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1
\
HISTORIA
DE gTl BLAS
< ,^r\\ DE SANTILLANA,
PUBLICADA EN FRANCES POR A. R. LE SAGE^
TAADUCIDA AL CA8TBLLA|I0^ ^ ^ v^^' ^ '
POR EL PADRE ISLA,
OOAftMlOA , lICnriCADA f AIOIADA
|l0r Ii0n.4foart0ta |)dia g Maxva.
EN LA LIBRERiA EUROPEA DE BAUDRY,
CALL! DO COQ-BAnrr-HOHORA, 9,
CnCA DEL lAlTII.
1838
THE NEW YORK
PUBLIC LIBRARY
5817*.* i
A«rf M, LINOX AMD
TICMM FOUNOATIOMt.
A 1912 L
EL EDITOR.
Al determiDarme à ofreoer al publico esta nueva edicion , me be pro-
poeslo:
4** Proporcionar la mayor economia de precio conforme à la estrechez
del tiempo , à la mengua de las fortunas , y al acrecentamiento de estîma-
cioo qoe ha tomado y Ta lomando cada dia entre nosolros la moneda por
causa de su escasez.
2* Limar, aclarar , rectiOcar y espailolizar algunas palabras, nombres,
frases y modismos del idioma galicano de que todavia se resentîa esta obra ,
y 00 poco la deslncian , para que desaparezca de ella esa pequeAa imper-
feccton y y qnede toda espaftola , como sin duda siempre debiô ser.
3° Salvar algunas nmisiones , y tambien varias equivocaciones en los
nombres de personas y lugares : equivocaciones en que se ba incarrido
siempre en todas las edidones , tanto francesas como espailolas , que ban
preoedido à esta.
4" Ponerle algonas notas histéricas y mitolôgicas , para que los lectores
no versados en esta parte de la literatmra puedan comprender bien algonos
pasages à qae se bace alosion en la obra , y darles todo el valor qoe en
sitîeoen.
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PROLOGO.
El célèbre padre Isla , que faè el primero que tradujo en 1783
obra al castellaDO , puso en la portada :
c Ayenturas de GO Bias de SantOIsma, robadas à E!q[)aAa, y
« adoptadas en Francia por M. Le Sage , restituidas i su patria
« y i su lengua natiya por un Espafiol zeloso que no sufre se
m burlende su nacion.» Y entre otras cosas que dijo en los prin-
dpios y Guriosas y buenas como suyas , aunque algunas no para
aqœl lugar, deseando probar su asercton de ser la obra espa-
ftola, se explicôasi hablando con el lector:
9 Pregqptarà yrnd. , como si lo oyera: ^Por que razon , 6 con
qaé fandamento se dice en el frontis de esta yerslon que las Ayen-
tnras de GO Bias fuëron adoptadas por M. Le Sage, quitindole
d honor de ser su padre legitimo y natural? Pues que, i no lo.
fné dertamente aquel monsieur ?
ciQuëUamacîfriamtfnfey sefior lector? En los partos meta-
fibricos dd entendimiento hay casi las mismas dudas , si ya no son
mayores, que en los fisicos, corpôreos y materiales^En estos se
sabe^ 6 se puede saber con certeza, la madré que los pariô,
pero. nunca se puede saber con la misma el padre que los engen-
dra. Para atajar los inconvenientes que estas dudas podian pro-
dndr, acudiô la ley con la ftmosa decision : Pater est quem nup-
ûœ demonanxnt; pero como en las producciones meptales no hay
matrimonio.que las legitime , tampoco estamos obligados â créer
qoe sea su yerdadero padre el que suena serlo en el frontispicîo ,
salyo Anicamente en las pyoducdones de los 10)ros sagrados. La
comeja que se yistiô de plumas agenas es una mera fabula :
solamente los ladrones y los plagiarios son las comejas yerda-
deras.
t Cenvengo ra eso , me replicarà acaso vmd, ; mas quisiera yo
saber iquë fandamento hay para agregar esa especie cornejiana
à nnestro bonisimo monsieur ? El mas sôlido y el mas graye que
cabe en una prudente conjetura. Sus mismos paisapos y p^egi-
ristas modestamente lo confiesan , y aun lo prueban con hechos
al parecer conduyentes. Los imparciales y moderados autores del
DkUofmaire kisunique portaiif,, esto es, Dicmnariokiitôricopor^
viîj PROLOGO.
tdAl 6 manual, los cuales formaban una compaAia 6 asociacion
de literatos de Paris , hombres todos maduros y retirados del
gran mundo , que no pertenecian â caerpo alguno regular, ecle-
8t&stico , politico , ni académico , y por consiguiente estaban libres
de todo espiritu de cuerpo 6 de partido , cuando llegan à tratar
de monsieur Alano Renato Le Sage en la edicion de Amsterdam
de 1771 , tomo iv , pàg. Itô, dicen asi en su nativo idioma:
<r Le Sage ( Alain René ) , poète françau , né à Ruys en Bretagne,
vers Can 1677, niourtU en 1743 à BotUogne sur mer. Son premier
ouvrage fui une traduction paraphrasée des Lettres d'Aristénète , au-
teur grec. Il apprit ensuite l'espagnol, et goûta beaucoup les auteurs
de ceUe nation , dont il a donné des traductions, ou plutôt des tmtla-
tions y qui ont eu beaucoup de succès. Ses principaux ouvrages en ce
genre sont : V Guzman d'AihtBiàie,endeux vol. tii-12, ouvrage ou
l'auteur fait pauer le sérieux à travers la firivolité qui en fait le fond.
8"* Le Bachelier de Salamanque , en deux vol. tit-12 , roman bien
écrit, et semé dune critique utile des moeurs du siècle. 3^ Gil Bias
de Santillane, en quatre vol. tfi-12. On y trotive des peintures vrmes
des moeurs des hommes, des choses ingénieuses et amusantes, des ré-
flexions juiticieuses. Il y a du choix et de t élégance dans les expre»-
sUms, et assez de netteté et de la gtàté dans les rédu. k^ Nouyelles av eo-
tures de don Quichote , en deux voL tn-12. Ce nouveau don Quichote
ne vaut pas t ancien; il y a pourtant quelques plaisanteries agréables.
6^ Le Diable boiteux, deux vol. tn-lS, ouvrage qui renferme des
traits propres à égayer l'esprit et à corriger les moeurs. 6** Mélanges
amusants des saillies' d*esprit et des traits historiques les plus
frappants , tii-12. Ce recueil est, ainsi que tous ceux de ce genre, un
mélange de bon et de mauvms. Cet auteur avait peu d'invention,
mais U avait de l'esprit, du goût, et l'art dembelUr les idées des au-
très , et de se les rendre propres. Este pasage, traducido fielmente
en nuestra lengua, dice asi :
ir Alano Renato Le Sage, poeta frances, naciô en Ruys de
Bretafla hécia el afio de 1677 , y muriô en el de 1743 en Bolonia
de Francia. Su primera obra fuë una traduccion parafréstica de
las Carias de Aristeneto, autor griego. Aprendiô despues la len-
gua espaflola, y se aficionô tanto à los autores de esta nacion»
que publico muchas traducciones , 6 por mejor decir , imitadones ,
que han tenido mucha aceptacion. Sus principales obras en este
género fuëron : 1* Guxman de Alfarache, en dos tomos en 12 ;
obra en que el autor introduce lo serio â Tueltas de lo friyolo
que en ella domina. 3 * £/ BachiUer de Salamanca , en dos tomos
en 12 , novela bien escrita , y sembrada de una critica provechosa
de las costumbres del siglo. Z^ Gil Bias de SantiUana, dondè se
encuentran pinturas muy propias y muy yivas de las costumbres
de los hombres , oosas ingeniosas y divertidas , reflexiones Ilenas
de juicio. El estilo, sin dejar de ser natural, es elegante, lasvo-
PROLOGO. ix
ces eastiias , y la narradon flaîda , limpia » gractOM y desembara-
zada.4* Nvtva» aventuras de don Quijote, en dos tomos en 12. Este
noero don Quqote no llega al antigao, ni oon mocho. S^ El Diablo co-
jwdo, dos tooH» en 12 » obra donde se encaentran algunos pasos
que sirren à la dirersion y i la ensefianza. 6* Misceldnea de maierioM
dtveriKiaf i ingetiiosa» ,yde sucesos hi^érieoi notablei , ooleocion en
qoehay baenoymalo, como entodogènerodeGolecdone8.E8teaa-
tor tenia poca invencion ; pero estaba dotado de ingenio y de bnen
gusto, Gomo tambien de un gran talento para engalanar las ideas
ôconoeptos de otros, haciendo suyos los pensamientos agenos.
« Hasta aqni dichos autores del Dtcdonario hiMôrico manual
en el articolo de M. Le Sage. Y pues los mismos paisanos y elo^
giadores, hombres por otra parte de la mayor imparcialidad, y
de ona delicadisima critica, cuentan al Gil Bios de SantiUana
entre las traduodones 6 imitaciones de la lengua espaftola, en
que H. Alano ejercitô el gkm taienlo de hacer suyos los pensa-
iBieDios agenos , ;quë mayor fondam^ito habiayo menester para
desphunar al Frances corneja, y restituir al EspaJk>l Gil Bias en
sa pelo 6 su pluma original?
t Pero si Ymd. cpiiere saber de mi que Espafiol fuë el verdadero
padre de aquel bijo, y como 6 por donde vino à parar la pobre
criatura en manos del seflor franees , eso es en lo que no le po-
drè servir con la seguridad que yo quisiera y ymd. mismo deseara.
Solo he podido averiguar que el tal M. Le Sage estuYO muchos
aflos eo Espafia, segun unos como secretario, y segun otros
eomo amigo 6 comensal de un embajador de Frauda; que su in-
dinacion i nuestra lengua , y lo mucho que le gustaban los gra-
ciosos escritos satiricos y morales que poco intes se habian pu-
blicado en ella, algunos anônimos , y otros con el nombre de sus
Terdaderos autores , le incité à solidtar el conocimiento y trato
con los unos y con los otros. Tuvo estrecha amistad con cierto
abogado andaluz que le diô el Samoso SueUo politico que comienza :
Poioba yo el Bocalim por eHwtio 6 por recreo, ei cual era una Ai-
riosa sàtira contra el ministerio de Espaila; que este mismo
abogado le confié à M. Le Sage el manuscrito de la novela de
G3 Bias 9 que era otra mas graciosa, mas llana y mas inteligible
sitira contra el gobiemo de dos grandes seûores que sucesi-
vamente se viëron i la frente del ministerio, para que, tradu-
cido en firances, le hidese estampar en Paris, y publicar como
naddo en aquel reino, supuesto que durante el actual gobierno
de Espafta no se podia imprimir en ella sin que peligrase la yida
del impresor y de todos los que tuTiesen parte en su publicacion.
Ann hay otra razon muy poderosa para créer que Le Sage no
foè el Terdadero antor de esta graciosa novela. Cualquiera que
la lease persuadirà que se escribiô en los reinados de Felipe III
y Felipe ÏV, cuyos ministros yprivados son satirizados en ella.
X PROLOGO.
M. Le Sage 9 habtendo nacido el afto de 1677, en qae ya habia
muerto Felipe lY , no podria yenir à Espaûa ni como secretario ,
ni como amigo ô comensal del embajador frances, hasta fines de
aquel siglo 6 principios del siguiente; tiempo en que ya Gil Bias
andaria oculto en las manos de algnnos coriosos , como escrito
anônimo y de autor desconocido. Y asi como dicho monsieur se
aficionô tanto i nuestras noyelas para imitarlas ôtraducirlasensu
idioma, es de créer que ejecutase lo mismo con la de Gil Bias,
hadéndole que bablase de molde y en frances lo que entes ha-
bia hablado en castellano y manuscrito. Esto es cuanto he podido
averiguar en el asunto , pero sin documentos suficientes que lo
prueben , ni testimonios respetables que lo califiquen. »
Esto dice el padre Isla^ pero de nuevas y diligentisimas inrestiga-
clones hechas sobre el origen y autor de esta obra apreciable ré-
sulta que Le Sage no estuyo nunca en Espafia, ni mënos fué autor
de ella, ni de las yarias obras espafiôlas que publico en Paris,
tomadas todas indudablemente de la biblioteca que le legô el
marques de Lyonne, embajador que yino de Francia i Espafta
en 1656, muy erudito y aficionado i la literatura espa&ola,
amigo de nuestros escritores de reputadon de aquel tiempo , y
comprador de todo lo bueno impreso y manuscrito que pudo ha-
ber à las manos. Esta sin duda es la razon de hallarse por falta de
un exacto conocimiento de nuestras cosas algunas equiyocadones
y errores en los nombres de personas, pueblos y distancias , di-
manadas probablemente de no comprender los Franceses nuestros
manuscritos con la perfeccion necesaria para la exactitud tipogrâ-
fica; y que, como se ha dicho al principio, se han salyado lo
postt)le en esta edidon.
DECLARAGION DE LE SAGE.
Gomo hay penonw qae no saben leer on libro «in apUcar los caractères
Tidosoa 6 ridicolos qae en él se ceoauran à personas delennioadaa, de-
daro é estoe malidosos lectores que harén mal y se eugafiarén macho en
haœr la apGeadon à ningnn iodiTîdao en particalar do los retratos que en-
oontrarân en esta obra. Protesto al publico qae soiamente me he propaes-
to representar la vida del comon de los hombres tal caal es; y no permita
Dû» qae jamas sea mi Animo seAalar à ninguno con el dedo. Si habiere al-
gono qae créa se ha dicho por él lo qoe paede convenir â tantos otros y le
aooDsejo qae calle y no se qa^e , porqae de otra manera él mismo se darà
à oonocer foera de tiempo. StuUè nudoHi auimi conscientiamf dice Fedro.
No mènes en Francia qae en Espaiia se hallan medicos, cuyo método
de carar no es otro qae sangrar sobradamente à sas enfermos. Los vidos y
los originales ridfcnlos son de todas las nadones. Ck)nfieso qae no siempre
describe exactamenle las costambres espallolas. Por cjemplo , los qae saben
como Tiven en fifadrid los comediantes qaizâ me notarén de haberlos
pintado con colores demasiadamente mitigados; pero cref deber hacerlo
asi f porqae fuesen algo mas parecidos A los naestros.
GIL BLAS DE SANTILLANA,
UNA PAL ABRITA AL LECTOR.
Antes de leer la historia de mi vida , escadia , fedor amigo , un cnento
queteToyéeontar.
Gaminaban jantos y é pié dos esindiaites desde PeAafiel à Salamanca,
Smtiéodosecanaadoa y sedientoa se sentàron junto é una fuente que estaba
en el camino. Despues que descansAron y miUgàron la sed , observéron por
casualidad una como lapida sépulcral , que à flor de la tierra se descubria
cerca de ellos, y sobre la lapida unas letras medio boiTadas por el tiempo
y por las pîsadas del ganado que venîa à beber à la fuente. Picoles la cu-
riosîdad , y lavando la piedra con agiia , pudiéron leer estas palabras cas-
tellanas : Aqvi esté enierrada el aima del liceneiado Pedro Garcia.
El mas mozo de los estudiantes , que era vlraracho y un^si es no es atolon-
drado, apénas Iey6 la itscripcion cuando exdamô riéndose é carcajada ten-
dida : i Gracioao disparate 1 lÀqui esta enierrada el aima ! Pues que i una
alma pueéli enterarse ? /Qnîett me diera à conocer el ignorantisimo avior
de ion ridiculo epiiafio! Y didendo esto se levante para irse. Su compa-
jlero, que era algo mas juicioso y reflezivo , dijo para consigo: Àqui hay
misterio f y no me he de apartar de este sitio hasta averiguarlo. Dejô par-
tir al otro, y sin perder tiempo sacô un cuchillo y comenzô é socavar la
tierra al rededor de la lapida hasta que logrô levantarla. Encontrô debajo
de ella un bolsillo; abriôle, y hallô en él cien ducados oon estas palabras en
latin : Decldrote por heredero mio à ti , eualquiera que seas , que has feni-
do ingénia para eniender el verdadero seniido de la inscripeion ; pero fe en-
eargo que uses de este dinero mejor que yo usé de él. Alegre el estudiante
oon este descnbrimiento voirie à poner la lapida como entes estaba , y pro-
siguiô su camino é Salamanca , Uevàndose el aima del licendado.
Tù , amigo lector , seas quien fueres , necesariamente te bas de parecer
à uno de estos dos estudiantes. Si lees mis aventuras sin hacer reflexion à
las instruodones morales que encierran , ningun fruto sacarés de esta lec-
t ura ; pero si las leyeres oon atencion , encontraràs en ellas , segun el pre-
cepto de Iforado , lo util m^zclado con lo agradable.
HISTORIA
DE GIL BLAS
DE SÂNTILLANA.
LIBRO PRIMERO.
CAPITULO I.
Nacùnieiito de Gfl Bias, j mi educacioD.
Bias de SantOIana, mi padre, despnes de haber servido mu-
chos aflos en los ejércitos de la monarqaia espaflola » se retiré al
lugar donde habia nacido. Casôse con una aldeana y y yo naci al
miindo diez meses despues que se habian casado. Pasàronse à
TÎTir à Oyiedo, donde mi madré se acomodô por ama de go-
bierno , y mi padre por escudero. Como no tenian mas bienes que
sa salario , corria gran peligro mi educadon de no haber sido la
oiejor, si Dios no me hubiera deparado un tio, que era canônigo
de aquella iglesia. Llamàbase Gil Perez : era hermano mayor de
mi madré, y habia sido mi padrino. Figurate aUà en tu imagina-
don, lector mio, un hombre pequeflo, de très pies y medio de
estatura, extraordinariamente gordo, con la cabeza zabullida
entre los hombros, y he aqui la vera effigies de mi tio. Por lo
demas era un edesiéstico que solo pensaba en darse buena vida ,
qaiero decir en comer y en tratarse bien , para lo cual le sumi-
nistraba sufidentemente la renta de su prebenda.
Llevôme à su casa cuando yo era niflo , y se encargô de nu edu-
cadon. Paredie desdeluego tan despejado, que resolyiô cultivar
mi talento. Compr6me una cartilla, y quiso él mismo ser mi
maestro de leer.Tambien hubiera querido enseftarme por si mismo
la lengua latina , porque ese dinero ahorraria ; pero el pobre Gil
Perez se viô precisado à ponerme bajo la ferula de un preceptor,
y me enyiô al doctor Godinez, que pasaba por el mas hàbil pédante
que habia en Oviedo. Aproveché tanto en esta' escuela , que al
cabo de cinco b seis afios entendia un poco los antores griegos,
4
2 GIL BLAS.
y safidenteinente los poetas latinos. Apliqoeme despaes à la lôgica,
que me enseflô à discurrir y argumentar sin término. Gustâbanme
mucho las disputas, y detenia à los que encontraba, conocidos 6
no concH/idos , para proponerles cuestiones y argumentos. Topà-
bame à veces con algunos manteistas» que no apetedan otra cosa,
y entônces era el oirnos disputar. |Qué voces! jqué patadas I
I que gestos I iqué contorsiones I iqué espumarajos en las bocas I
Mas pareciamos energùmenos que filôsofos.
De esta manera logré gran fama de sabio en toda la ciudad. A
mi tio se le caia la baba , y se lisonjeaba infinito con la esperanza
de que en virtud de mi reputacion presto dejaria de tenerme sobre
sus costillas. Dfjome un dia : 01a , Gil Bias , ya no ères niûo ; tienes
diez y siete aflos, y Dios te ha dado habilidad. Hemos menester
pensar en ayudarte. Estoy resuelto à enyiarte i la universidad de
Salamanca , donde con tu ingénie y con tu talento no dejaràs de
colocarte en algun buen puesto. Para tu yiage te daré algun dinero
y la mula , que vale de diez à doce doblones , la que podràs vender
en Salamanca, y mantenarte despues con el dinero, hasta que
logres algun empleo que te dé de comer honradamente.
No podia mi tio proponerme cosa mas de mi gusto , porque
reventaba per ver mundo : sin embargo supe vencerme, y disi—
mular mi alegria. Cuando Uegô la hora de marchar, solo me mostré
afligido del sentimiento de separarme de un tio à quien debia tanta»
obligaciones : entemeciôse el buen seftor, de manera que me di6
mas dinero del que me daria si hubiera leido ô penetrado lo que
pasaba en lo intime de mi corazon. Antes de montar quise ir à dar un
abrazo A mi padre y i mi madré , los cuales no anduviéron escasos
en materia de consejos. Exhortâronme à que todos los dias ^ico-
mendase à Dies à mi tio , A vivîr cristianamente, à no mezclarme
nunca en negodos peligrosos , y sobre todo à no desear, y macho
mènes à tomar lo ageno contra la voluntad de su duefio. Despaes
de haberme arengado largamente , me regaliron con su bendicion,
la unica cosa que podia esperar de dies. Inmediatamente monté
en mi mula, y sali de la dudad.
CAPITULO n.
De loft tii8t08 que toyo Gil Bias en el cami&o de Peftaflor, lo qae hiso coaiklo
Uegô aUf , y lo que le sucediô oon un hombre que œnô oon â.
Hèteme aqui ya fiiera de Oviedo , camino de Peftafler, en medio
de los campes , duefto de mi persona , de una mala mula , y de
cuarenta boenos ducados , sin contar algunos reales mas que ba-'
bia hurtado à mi bonisimo tie. La primera cosa que hice fué dejar
la mola A discredon , este es , que anduviese al pase que qnîsiese.
UBRO PRIMERO. 3
Eehéh el freno sobre d pesçuezo*, y sacando de la faltriqvera mb
dncados, los comenzé â cootar y recontar dentro del aombrerou
Vo podia oonteiier mi alexia : jamas me habia iristo con tanio
dinero junto : no me hartaba de yerle , tocarle y retocarle. Esti*
bale recoDtando quizâ por la vigéaima Tez , coando la mula a]z6 de
repente la cabeza en aire de espantadiza, agozô las orejas, y se
par6 en medio del camino. Juzgué desde luego que la babia espan-
tado alguna oosa, y examiné lo que podia ser. Vi en medio del
camino un sombrero con un rosario de cuentas gordas en au
copa; yal nismo tiempo oinna voz lastimosa, que pronundô
estas palabras : Seizor pasagero, tenga void, ffiedad de un pobre
nldado eOropeado, y sirvase de echar alguno$ reale$ en ese somr
hrero, q^e Dios te h pagard en el otro mundo, Yoiyi los ojos hàcia
donde Tenia la yoz , y yi al pie ^e nn matorral , à yeinte ô treinta
pasos de mi, una especie de soldado, que sobre dos palos cruzadoa
apoyaba la boca de una escopeta, que me pareciô mas larga que
una lanza, con la cual me apuntaba A la cabeza. Sobresaltéme ex*
trafiamente , mire como perdidos mis ducados , y empezé à temblar
como un azogado. Recogi lo mejor que pude mi dinero; metib
disimulada y bonitamente en la faltriquera, y quedAndome en las
manos con algunos reales , los foi echando poco à poco , y uno k
OHO , ^ el sombrero destinado para recibir la limosna de los crii^
tianos cobardes y atemorizados, A 6n de que conociese el soldado
qae yo me portaba noble y generosamente. Quedô satisfécbo de
migenerosidadyy di^e tantas gracias como yoespolazos A la mala,
para que caanto Antes me alejase de él; pero la maldita bestia ,
burlindose de mi impacienda , no por eso caminaba mas apriesa.
La viqa costumbre de caminar paso A paso bajo el gobierno de mi
lio la habia hecho oh idarse de lo que era el galope.
No me pareciô esta aventura el mejor agiiero para el resto del
Tiage. Yeia que aun no estaba en Salamanca, y que me podian
soceder otras peores. Pareciôme que mi tio habia andado poco
jNTudente en no baberme entregado A algun arrio-o. Eslo era sin
duda lo que debiera haber hedio ; pero le parecia que dAndome
SQ mala gastaria mémos en el viage ; lo cual le hizo mas foerza que
la consideracion de los peligros A que me exponia. Para reparar
esta ialta determmé vender mi mula en Pefiaflor, si tenia la dicha
de negar A aquel lugar, y ajustarme con un arrière hasta Astorga,
hadendo lo mismo con otro desde Astorga A Salamanca. Aunque
Donca habia salido de Oviedo, sabia los nombres de todos km
lagares por donde habia de pasar, habièndome informado de elloa
Antes de ponarme en camino.
liegoè felizmente A Peftafldr, y me pare A h paerta de im meson,
qae tenia bella aparienda. Apènas echè pié A tierra, cuando el
nesonero me «alio A reoibir con mneha cortesia. Ë1 mismo desatô
mi maleta y mis alfoijas , cargo con ellas , y me oondujo A an
4 GIL BLAS.
coarto mièntras sas criados Uevabanlamula é la caballeriza. Era
el tal mesonero el mayor hablador de todo Asturias, tan fôcfl en
contar sin necesidad todas sus cosas , como curioso en informarse
de las agenas. Dijome que se Uamaba Andres Corzuelo , y que ba-
bia servido al rey muchos aflos de sargento ; y se habia retirado
quince meses hacia , por casarse con una moza de Gastropol, que
era buen bocado , aunque algo morena. Y despues me refiriô otra
infinidad de cosas, que tanto importaba saberlas, como ignorar-
las. Hecha esta confianza , juzgândose ya acreedor à que yo le
eorrespondiese con la misma, me preguntô quien era, de donde
Tenia , y é donde caminaba. A todo lo cnal me considéré obligado
é responder articulo por ahiculo , puesto que cada pregunta la
acompaûaba con una profunda reverencia , suplicàndome muy res-
petuosamente qae perdontfse su puriosidad. Esto me empeftô in-
sensiblemente en una larga conversacion con M , en la cual ocnfriô
hablar del motivo y fin que tenia en desear deshacerme demi mula y
proseguir el viage con algun arriero. Todo me lo aprobô mucho y
y no cierto sucintamente , porque me représenté todos los acci-
dentes que me podian suceder, y me embocô mil funestas historias
de los caminantes. Pensé que nunca acabase; pero al fin acabô
diciéndome que, si querja vender la mula , el conocia an mule-
tero , hombre muy de 5ïen , que acaso la compraria. Respondile
me daria gusto en enviàrle à llamar ; y él mismo en persona par-
tie al punto à noticiatle mi deseo.
Volviô en brève acompaftado del chalan, y me le présenta pon-
derando mucho su honradez. Ëntrémos en el corral donde bsJ^îan
sacado mi mula. Paseàronla y repasearonla delante del mnletero ,
que con grande atencion la examiné de pies à cabeza. Pàsole mî)
tachas , hablando de ella muy mal. Confieso que tampoco podia
decir de ella mucho bien; pero lo mismo diria aunque fuera
la mula del papa. Protestaba que tenia cuantos defectos podia te-
ner el animal , apelando al juido del mesonero, que sin duda te-
nia sus razones para conformarse con el suyo. Ahora bien , me
preguntô friamente el chalan, ^cuanto pide vmd. por su mula?
Yo , que la daria de balde despues de! elogio que habia hecho de
ella, y sobre todo de la atestacion del seflor Corzuelo, que me
parecia hombre honrado , inteligente y sincere , le respond! re-
mîtiéndome en todo à lo que la apreciase su hombria de bien y sa
Gonciencia , protestando que me conformaria con elle. Replicôme ,
picàndose de hombre de bien y timorato> que, habiendo intere-
sado su conciencia, le tocaba en lo mas vivo, y en lo que mas le
dolia , porque al fin este era su lado flaco ; y efectivamente no era
el mas fîierte , porque en lugar de los diez 6 doce doblones en
que mi tio la habia valuado , no tuvo vergûenza de tasarla en très
ducados, que me entregô, y yo recibi tan alegre como si hubiera
ganado mucho en aquel trato.
LIBRO PRIHERa ^ &
Despaes de haberme deshecho tan yentijosam^te de mi iniila ,
ei mesonero me condujo à casa de mi arriero que el dia siguiente
habia de partir à Astorga. Dijome este qaa pensaba salir antes de
amanecer, y que el tendria cuidado de despertarme. Quedémôs de '
acaerdo en to que le habia de dar por comida y macho , y yo me
lolyi al meson en compafiia de Corzuelo^ el cual en el camino me
oamenzô à contar toda la historia del arriero. £ncaj6me cuanto se
deda de él en la villa; y aun llevaba traza de continuar aturdién-
dome Gon sus impertinentes habladurias, cuando por fortuna le
interrumpiô un hombre de buen aspecto .» cpie se acercô à él , y le
saludô con mucha urbanidad. Dejëlos à los dos, y prosegui mi
camino sin pasarme por et pensamiento que f udiese.yo tener parte
alguDa en su conversacion.
Luego que Uegué al meson, pedi decen^. Era dia de YÎémes,
y me contenté con hueyos. Hiéntras Ipa^oispottîan trabé couver-
sacion con la mesonera, que basfUr'é^dncçâJio sB habia dejado
Ter. Pareciéme bastantemente linda , de ibodafes muy desemba-
razados y vivos. Cuando me avjsàron que ya estaba hecha la tor-
tiDa , me sente à la mesa solo./ No bien habia comido el primer
bocado, be aqui que entra eV mesonero , en compaftia de aquel
hombre con quien se habia parado à hablar en el camino. £1 tal
caballero , que podia tener ireinta aflos , traia al lado un largo
chaiarote. Aoercândose à mi con cierto aire alegre y apresurado :
Seflor licenciado, me dijo , acabo de saber que vmd. es el sefior
Gfl Bias de Santillana , la bonra de Oviedo , y la antorcha de la
iilosofia. ;Es posible que sea vmd. aquel jôven sapientisimo ,
aquel ingenio sublime , cuya reputacion es tan grande^en todo este
pais? Vosotros no sabeis (yolviéndose al mesonero y à la meso-
oera ) que hombre teneis en casa. Teneis en cUa un tesoro. En
este mozo estais viendo la octava maravilla del mundo. Yolvién-
dose despues hàcia mi , y echàndome los brazos al cuello: Excuse
vmd., me dijo, mis arrebatos; no soy dueflo de mi mismo, ni
puedo.conte'ner la alegria que me causa su presencia.
Kopude responclerle de pronto, porqueme tenia tanestrecha-
mente abrazado, queapénasmedejaba jibrelarespiracion; pero
luego que desembarazé un poco la cabeza , le dije : Nunca crei
qae n)i nombre fuese conocido en Pefiaflor. ^Qué llama conocido?
me repuso en el mismo tono. Npsotro3 tenemos registro de todos
los grajades personages que nacen à veinte léguas en contorno.
Vmd. esta reputado por un prodigio, y no dudo que algun dia
darà i Espaâa tanta gloria el haberle producido, como à la Gre-
.cia el ser madré de sus sîete sabios. A estas palabras se siguiô
un oueyo abrazo , que hube de aguantar aun à peligro de que
me sucediese la desgracia de Anteo *. Por poca cxperiencia del
' Que fué abogado por Hercules de un abrazo.
6 •GIL BLAS.
mnndo que yo hubiera tenido, no me dejaria ser el dommgaillo
de 808 demostraciones , ni de sus hipèrboles. Sas imnoderadas
aduladones y exoesîvas alabanzas me harian conocer desde Inego
que era uno de aqnellos tndianes pegotes y petardistas que se
hallan en todas pûtes , y se întroducen con todo forastero para
Uenar la barriga i costa suya ; pero mis pocos aflos y mi ranidad
me hiciéron formar un juicio muy distinto. Mi panegirista y mi
admirador me pareciô un hombre muy de bien y muy real ; y
asi le convidé i cenar conmigo. Con mucho gusto , me respon-
diô prontamente; y estoy muy agradecido à mi buena estrella,
por haberme dado à conocer al ilustre seftor Gil Bias » y no
quiero malograr la fortuna de estar en su compafiia , y disfru-
tar sus fayores lo mas que me sea posible. A la yerdad , pro-
siguiô y no tengo gran apetito , y me sentaré à la mesa solo par
hacer compania à ymd. , comiendo algunos bocados meramente
por complacerle, y por mostrar cuanto apreciosus finezas.
Sentàse en trente de mi el seftor mi panegirista. Trajèronle un
cubiertOy y se arrojô à la tortilla con tanta ansia, y con tanta
precipitacion , como si hubiera estado très dias sin comer. Por
el gusto con que la comia conod que presto daria cuenta de ella.
Mandé se hiciese otra , lo que se ejecutô al instante : pusiéronla
en la mesa cuando acab&bamos, 6 por mejor decir cuando mi
huésped acababa de engullirse la primera. Sin embargo , comia
siempre oon igual presteza, y sin perder bocado afladia sin césar
alabanzas sobre alabanzas , las cuales me sonaban bien , y me
hacîan estar muy contento de mi personilla. Bebia frecuente-
mente , brindando unas yeces é mi salud , y otras à la de mi
padre y de mi madré , no harténdose de celebrar su fortuna en
ser padres de tal hijo. Al mismo tiempo echaba yino en mi
yaso y inciténdome à que le correspondiese. Con efecto no cor-
respondia yo mal à sus repetidos brindis ; con lo cual y con
sus aduladones me senti de tan buen humor que , yiendo ya
medio comida la segunda tortilla , pregunté al mesonero si tenia
algun pescado. El seftor Corzuelo, que segun todas las apa-
riencias se entendia con el petardista , respondiô : Tengo una
excelente trucha, pero costarà cara i los que la coman, y es
bocado demasiadamente delicado para ymd. ;Qué Ilama ymd.
demanadamente delicado? replicô mi adulador. Traiga ymd. la
trucha , y descuide de lo demas. Ningun bocado , por regalado
que sea , es demasiado bueno para el seftor Gil Bias de SantiIIana ,
que merece ser tratado como un prindpe.
Tuye particular gusto de que hubiese retrucado con tanto aire
las ultimas palabras de! mesonero , en lo cual no hizo mas que
antidpérseme. Dime por ofendido , y dije con enfedo al mesonero:
Venga la trucha , y otra yez pieuse mas en lo que dice. £1 me-
sonero , que no deseaba otra cosa , hizo cocer luego la trucha ^
LIBRO PRIMERO. ^ 7
y presentôla en la mesa. A vista del nueyo plato brillàron de
ak^ia los ojos del taimadOy que die mayores pruebas del
deseo qae tenia de complacerme, es decir, que se abalanzô al
pez del mismo modo qae se habia arrojado à las tortillas. No
obstante se Ti6 precisado à rendirse, temiendo algmi accidente,
porque se habia hartado hasta el goUete. En fin , despues de
haber comido y bebido hasta mas no poder , quiso poner fin a
la comedia. Oh sefior Gil Bias , ne dijo alzéndose de la mesa ,
estoy tan contento de lo bien que ymd. me ha tratado , que no
le pnedo dejar sin darle un importante consejo , del que me
pareoe tiene no poca necesidad. Desconfie por lo comun de todo
beoibre à qoien no conozca ; y esté siempre muy sobre si para
DO dcjarse engaAar de las alabanzas. Podri Tmd. encontrar
COB otros que quieran, como yo , divertirse à costa de su cre-
dofidad , Y P^^de suceder que las cosas pasen mas adelante. No
sea Tmd. su hazmereir , y no créa sobre su palabra que le ten-
gan por la octaya marayilla del mundo. Diciendo esto , riôse de
ni en mis bigotes , y Tolviôme las espaldas.
Senti tanto esta burla como cualquiera de las mayores desgra-
daa que me sucediëron despues. No hallaba consnelo yiéndome
borlado tan groseramente, 6, por mejor decir, yiendo mi orgullo
tan humillado. | Es posible , me decia yo , que aquel traidor se
habiese borlado de ml I j Pues que ! ; solamente busc6 al mesonero
para sonsacarle, 6 estaban ya de inteligencia los dos? i Ah, pobre
GQ Bias! muèrete de yergQenza, porque diste à estos bribones
jmto motiyo para que te hagan ridiculo. Sin duda que compon-
drin una buena historia de esta burla, la cual podrà muy bien llegar
à Orîedo, y en yerdad que te harA grandisimo honor. Tus padres
se arrepentîràn de haber arengado tanto A un mentecato. En yez
deexhortarme à que no engaûase à iiadie, debieran baberme enco-
mendado que de ninguno me dejase engafiar. Agitado de estos
amargos pensamientos%7 encendido en côlera, me encerré en mi
coarto, y me meti en la cama; pero no pude dormir , y apénas
habia cerrado los ojos^ cuando el arriero yino & despertarme, y
i decirme que solo esperaba por mi para ponerse en camino. Le-
yantëme prontamente, y miëntras'me estaba yistiendo yino Cor-
zœlo con la cuenta del gasto, en la cual no se olyidaba la trncha ;
y 00 solamente hobe de pasar por todo lo que él cargaba, sino que ,
aûintras le pagaba el dinero, tuye el dolor de conocer se estaba
relamiendo en la memoria del pasado chasco de la noche précé-
dente. Despues de haber pagado bien una cena que habia digerido
tan mal, parti con mi maleta à casa del arriero, dando à todos los
diaUos al petardtsta, al mesonero y al meson.
8 GIL BLAS.
CAPITULO m.
De la tentackm que tUTO el arrieni et d camino , en qae paro , j camo
Gil Bias se estrello contra Caribdis» qneriendo eritar i Sdla.
No era 70 solo el qae habia de caminar coa el arriero. Habianse
ajustado con el mismo dos h^oB de familia de Peftaflor; an mu-
chacho Ô niflo de coro de Mondofledo, qae iba à correr mundo ,
an caballerete de Âstorga, y una jôyen del Vierzo con quien aca-
baba de casarse. En may poco tiempo nos hicimos amigos , y
cada ano contô à donde iba, y de donde yenia. Aanqoe la novia
estaba en lo mejor de so edad , era tan morena y de tan poca gracia,
qae no me daba mucho gasto el mirarla : con todo eso, sus pocos
afios y so robustez inclin^on hàcia ella el arriero, tanto que resol-
Yiô hacer ana tentatiya para lograr sus foyores. Paso la jomada
en meditar el modo, y dilat&la ejecucion hasta la ultima posada.
Esta filé en Cacabelos. Hizonos apear en un meson que esta à la
entrada del lugar, esto es un poco fiiera de él, cuyo mesonere
sabia el muy bien que era un bombre callado, y amigo de com-
placer. Dispuso que nos condujese à un cuarto muy retirado ,
donde nos dejô cenar tranquilamente ; pero al fin de la cena yimos
entrar al arriero fiirioso como un demonio, yotando, jurande y
blasfemando ; y miràndonos à todos con ojos centellantes: î Por
yida de quien soy ! dijo, que me ban hurtado cien doblones que
traia en una bolsa de cuero, y por fiierza ban de parecer. Ahora,
ahora me yoy derecho al juez, para que dé tormento à todos ,
hasta que se descubra el ladron, y me restituya mi dinero. Diciendo
esto con un aire muy natural, nos yolyiô apresuradamente y con
eniadolas espaldas, dejàndonos atônitos, mirAndonos los unos à
los otros. 9
A nittguno le ocurriô que podia ser aquello una ficcion, porque
todayia no nos podiamos conocer bien; antes si sospechéyoque
el ladron seria el muchacho de coro, asi como él quizà sospecharia
lo mismo de mi. Fuera de eso, todos eramos unos pobres simples,
que no sabiamos las formalidades que preceden en semejantesca-
SOS à la prueba del tormento ; y desde luego creimos que se habia
decomenzar por aqui. Poseidos, pues, de esta aprehension, pre-
cipitadamente nos salimos del cuarto, escapando unos à la calle ,
y otros al buerto, para salyarse cada cual como pudiese; y el no«-
yio de Astorga, turbado con la idea del tormento, se salyô coaio
otro Eneas, ohidado enteramente de su muger. Entônces el ar-
riero, segun supe con el tiempo, mas incontinente que sus machos,
y muy alegre porque su estratagema habia producido el efecto que
pretendia, entrô en el cuarto donde estaba lanoyia, haciendo alar-^
LIBRO PRIMERO. 9
de de sa inyendoQ , y procurô aproyecharse de la ocaflion ; pero
aqaellaLacrecîaasturiaiia, à qoien daba mayores fîierzas la mala
traza del arrierOy hizo una vigorosa resistencia dando descompa-
sados gritos. La patrulla, que por casualidad se haUaba cerca de
una posada que sabia ser muy dîgna de su atencion, entrô en ella,
y preguntô quien daba y cual era el motiyo de aquellos gritos.
£1 mesonero estaba cantando ea la çocina, y fingiendo que nada
babia oido : no obstante, se viô predsado i conducir al coman-
dantey à la patrolla al cuarto de la persona que gritaba. Conociô
loego el aiférez el negocîo de que se trataba, y como era hombre
grosero y brutal, regalà proTisionalmente al enamorado arriero
eon cînco ô aeis buenos palos con el mango de la alabarda, y le
arengô con unas voces tan ofensivas al pudor, como la accion que
daba motivo à la arenga. No se contentô con esto : echo mano del
deiincuente, y le condujo à la presencia de! juez, juntamente con
h agrayiada delatora, que con toda resolucion quiso ir en persona
i quejarse deél, no obstante el des6rd^ en que se hallaba. Oyôla
d joez, y habiéndola obseryado atentamente, hallô que el acusado
no tenia escusa alguna, y que era indigno de perdon. Mandé al
ponto le despojasen , y que en su presencia le diesen doscientos
azotes; y ordenô despues que, si el dia siguiente no parecia el
marido de aquella muger, dos soldadosla Uevasen con toda de-
oenda i Âstorga à costa del arriero.
Por lo que toca à mi, atemorizado quizi mas que los otros ,
sali prontamente al campo, y atravesando terrenos, penetrando
matorrales, y saltando los fosos que ballaba en elcamino, Ileguë
por fin à un lôbrego y espeso bosque. Iba à entrar en él, y à es-
conderme en el mas erizado matorral , cuando me yi de repente
con dos hombres à caballo que se paràron delante de mi. ^ Quien
Ta aDé? dijéron; y como el miedo y la sorpresa no me dejàron
hablar, acercàndose mas, cada uno me puso al pecbo una pistola,
intimàndome pena de la yida , que les dijese quien era, de donde
renia, y que iba yo à hacer en aquel bosque. A esta manera de
preguntar , que me pareciô un quid pro quo del tormento con que
se habia burlado de nosotros el arriero, respondi que era un pobre
estodiante de Oyiedo , que iba à continuar mis estudios en Sala-
manca , refiriéndolçs lo que nos acababa de suceder , y confesando
senciOamente que el miedo del tormento me habia hecho huir ,
sin saber dondie esconderme. Diéron una grande carcajada cuando
oyéron un discurso que tanto mostraba mi sencillez , y uno de
eues me dijo : No tengas miedo, querido : vente con nosotros , y
QO temas, que te pondrémos en toda seguridad. Diciendo esto, me
bizo montar en la grupa de su caballo, yvolviendo las riendas,
nos envainàmos todos très en lo mas intrincado y mas espeso del
bûsque.
No sabia yo que pensar de tal encuentro; mas no obstante no
10 GIL BLAS.
prooosticaba oosa mria. Si estos hombrés fiueran ladrones » me
4ecia yo à mi mîsmo, yame hnbieran robado , y quizà asesinado
tambien. Acaso serin algunos buenos hidalgos de esta tierray qne,
Yîéadome ateinorizado, se ban compadecido de mi, y por caridad
me llevan i su casa. No me durô mocho la duda. Despnes de ad-
gunas Taeltas y revueltas, con grandisimo silencio, llegàmos por
fin al pie de ana colina, donde nos apeémos. Aqui hemos de dor-
mir, d^o uno de los caballeros. Por mas que yo yolvia los ojos à
todas partes no yeia casa , choza 6 cabafla, ni la mas minima sefial
de habitadon : cnando vi que aqaeUos dos hombres alzàron una
gran trampa de madera , cnbierta de tierra y de enramada que
ocnltaba una largaentrada soterrénea may pendiente, por donde
los caballos por si mismos se dejàron resbalar, como quienes ya
estaban acostumbrados. Los caballeros me hiciëron entrar con
dlos y y dejàron caer la trampa con anas caerdas que para este
efedo estaban fuertemente atadas i ella. Y he aqui al digno so-
brino de mi tio el canônigo Gil Perez metido como raton en tma
ratonera.
cAPrruLO IV.
Descripcion de la cueva aoteiriaea, y de lo qat Tio en elk Gil Bias.
Entônces conod entre que especie de gentes me hallaba; y ft-
cQmente se puede adirinar que este conocimiento me quitaria el
primer temor : pero otro macho mayor se apoderô luego de mi.
Di por supuesto que iba à perder la vida con mis pobres ducados :
y miràndome como una yictima qoe era condacida al sacrifido ,
caminaba mas muerto que yivo entre mis conductores , coando
adyirtiendo ellos mismos que de pies à cabeza iba temblando ,
me eihortàron con la mayor dulzura, pero inûtilmente, â que
depusiese todo temor. Habriamos caminado como unos dosdentos
pasos, siempre bajando , y siempre caracoleando, cuando entré-
mos en una especie de caballeriza , à que daban luz dos grandes
candiles que pendian de la bôveda. Habia en ella una buena pro-
vision de paja, y muchos sacos atestados de cebada. Podian caber
en ella cômodamente hasta veinte caballos, pero & la sazon sola-
mente habia los dos que acababan de llegar. Vino à atarlos al
pesebre un negro yayiejOy pero en la traza fomido y yigoroso. Sa-
limos de la csî)allerizay y à la triste luz de otros candiles que pa-
recian alumbrar solo para que se yiese el horror de aquellacaverna,
llegàmos à la cocina , donde una yieja estaba asando las yiandas
y disponiendo la cena. No feltaba en la cocina utensQio alguno de
los necesarioSy é inmediata à ella estaba la despensa bien abaste-
dda de todo gènero de proyisiones. La codnera ( porque es me-
UBRO PRIMERO. 11
nesier qae la describa ) era una persona de sesenta afios, y encima
de dlos algonos mas. Cuando moza eran sas cabellos de un robio
extraordiiiarîamente vivo , porque aun en su présente edad no
estaban tan blanoos, qae de trecho en trecho no se conservasen
dgonas manchas, residaoa del primitivo color. El de la eara era
acekonado ; sa barba puntkiguda> con algona elevaeion; los fan
bk» may hondidos, y nna nariz tan larga y encorvada , que casi
Degaba à besar la boca con la panta, y sas ojos tan encamados,
qae parecîan dos tomates madnros.
Settora Leonarda, dijo uno de los caballeros, presentindome
i aqpiel bello ingel de tînieUas , mire este mocko que la traemos ;
y TolTiéndose despues à mi , y yièndome pàlîdo y eoasumklo ,
me dijo : YneWe, qaerido, en ti, y no tengas miedo , pues no te
qneremos hacer maJ. Nos hacia foltaun mozo que aliviase en algo
i nuestra pobre cocinera : te encontràmos, y esta ha sido tu for-
tona. Ocoparis la plaza de on mozo que moriô qaince dias ha ,
porqne era de delicada œmplexion. La tuya parece mas robusta,
y no fliorîrds tan presto. A la yerdad no volyeràs ya à ver el sol,
pero en recompensa corneras bien, y tendras siempre buenalum-
bre. Pasaràs la yida con Leonarda, que es una criatura muy
amabie y hmnana. Tendras coantas oonyeniendas quisieres ; y
ahora conooeris que no has yenido à yiyir entre algonos por-
dioseros y despilferrados. Al mismo tiempo tomô una luz y me
mandô le sigaiese. Ueyôme à una bodega, donde yi ana infinidad
de botellas, y grandes yasijas de barro bien tapadas , Uenas to-
das de yinos esqaisitos. Hizomepasar despues por muchos coartos :
«nos atestadoa de piezas de lienzo , y otros de rioos paAos y
lelas de lana y seda. En otro yi plata y oro, y mucha bajîHa mar^
cada eon difi^entes escados de armas. SeguBe despaes à una gran
sala, qae alombraban très grandes arafias de metal, y condacia k
otros coartos que se comankaban con eHa. Aqai me hizo noeyas
pregantas, es à sdier, como me llamaba, y porqaé babia salido
deOyiedo. Despues que satisfice su curiosklad : Ahora bien , GH
Bias, me dijo con mucho agrado, puesto que solo saKste de to
paaia para lograr algon acomodo , parece que naciste de pîè ,
pues se te proporciona yiyir entre nosotros. Ya te lo he dicho ,
aqoi yiyirés en medio de la abundancîa; nadaris en oro y plata,
y estaris eon toda seguridad. Tal es este soterràneo, que aunque
Teagaden yeces à este bosqae la santa Hermandad, nunca darà
€oa él: la entrada solo la conocemos yo y mis camaradas. Acaso
me preguntaràs ^como hemos podido nosotros iabricar este so-
terréneo sin que lo sopiesen los paisanos de los higares yecinos?
pero has de saber, amigo mio, que esta no ha sklo obra nuestra,
sÎBO de mudios siglos. Despaes que los M oros se apoderéron de
Granada, de Aragon y de casi toda Espafia, los cristianos que
no se qoisiéron sujetar al yugo de los înfieles huyèron , y se
12 GIL BLAS.
ocoltéron en este pais, ea Yizcaya y ABturias, à donde se retiré
tambien el yaliente don Pelayo. Los fugitivos y dispersos yiyian
por famOias en los bosques y en las mas àsperas montaflas : unos
escondidos eu cavernas, y otros en soterràneos, que ellos mis-
mos fobricâron ; y este es uno de tantos. Despues que afortona-
damente arrojàron de EspaAa à sus enemigos , se Yolvièron à
sus ciudades» yîllas y lugares, y desde entônces los soterràneos
siryiéron de asîlos à las gentes de nuestra profesion. Es cîerto
que la santa Hermandad ha descubierto y destruido algonos ,
pero todayia han quedado muchos; y yo, gracias al cielo» quince
aAos hace que habito impunemente en este. Llàmome el capitan
Rolando ; soy el gefe de la compaftiay y el otro que yiste oonmigo
es uno de mis camaradas.
CAPITULO V.
De la Uegida de otros ladrones al soterrineo, y de la oonTenacton que
tuTiéron entre si.
No bien habia dicho estas palabras el capitan, cuando aparo-
ciëron en la sala seis caras nueyas, que eran su teniente y otros
cinco de la gayilla. Yenian cargados de^presa. Traian dos grandes
zurrones llenos de azùcar, canela, almendras y pasas. £1 teniente,
dirigiëndose al capitan , le dijo que habia despojado à un espe-
ciero de Benay ente de aquellos zurrones, como tambien del macho
que los Ueyaba ; y despues de haber dado cuenta de su expedi-
cion en la pieza que seryia de despacho, se entregô en la repo»-
teria la hacienda del especiero. Hecho *^8to se tratô de cenar y
de alegrarse. Preparàron ^en la sala una gran mesa, y à mi me
enyiàron à la cocina para que la tia Leonarda me instruyese en
lo que debia hacer.Cedi à la necesidad, ya que mi mala suerte lo
queria asi, y disimulando mi sentimiento me dispuse à seryir à,
una gente tan honrada.
Di principio por el aparador, cubriéndole de yasos y salyillas
de plata, flanqueadas de botellas llenas de excelente yino que el
seflor Rolando me habia ponderado. Puse en la mesa dos génères
de sopa , à cuya yista todos ocupâron sus asientos. Gomenzéron
â corner con mucho apetito, mantenièndome yo tras de ellos en
pié para seryirles el yino. £1 capitan les contô en pocas palabras
mi historiade Cacabelos, con la cual se diyirtièron mucho. Ase-
gurôles despues que yo era un mozo de mérito ; pero como es-
taba ya tan escarmentado de las alabanzas , pude oir mis elogios
sin peligro. Cony iniéron todos en que parecia yo como nacido para
ser copero suyo, y que yalia cien yeces mas que mi predecesor.
Como despues de su muerte la seftora Leonarda era la que habia
LIBRO PRQIERO. 13
•
servido el nectar A aqaellos dioses infernales, la priyAron de este
gk>rio80 empleo, para revestirme à mi de èl. De esta manera me
halié conyertido en nnero Ganimèdes, sucesor de aquella maldita
Hébe-.
Despnes de la sopa se presentô un gran plato de asado para
acabar de saciar à los seAores ladrones, los cuales bebian tanto
como comian , y en brève tiempo se pasiéron todos de buen hu-
mor, y oomenziron à meter mucha bulla. Hablaban todos à un
mismo tiempo: nno comenzaba una historia, otro le interrMa-
pia con un chiste, ô con una frialdad : este grita, aquel canta; y
en fin, ya no se entendian unos à otros. Fatigado Rolando de
una escena, en que él ponia mucho de su parte, pero todo inù-
tilmente, leyantô la voz en un tono que împuso sÛencio à la com-
paûia. Sefiores, les dijo, atencion à lo que voy à proponeros. En
vez de aturdirnos unos à otros , hablando todos A un tiempo , ;no
séria mejor divertirnos , y hablar como hombres de juicio y de
razoD? Ahora me ocurre un pensamiento. Desde que vivimos
jontos nunca hemos tenido la curîosidad de informarnos recipro-
camente de que familia ô casa somos , ni de la série de aventuras
por donde vinimos à abrazar esta profesion. Con todo, me pa-
r«ce esta una cosa muy digna de saberse. Hagàmonos , pues , esta
coofianza, que podrà servir no ménos para nuestra diversion que
para nuestro gobiemo. El teniente y los demas , como si tuvieran
algona cosa buena que contar, aoeptàron con grandes demostra-
Clones de alegria la proposicion del capitan, el cual comenzô &
faaUar en estos tèrminos.
Ya saben ustedes , sefiores , que yo soy hijo ùnico de un rîco
vecino de Madrid. Celebrôse mi nacimiento en la femilia con
grandes regocijos. Mi padre, que ya era viejo , sintiô suma ale-
gria al verse cou un heredero , y mi madré no quiso que otra mas
que ella me dièse de mamar. Yivia ent^nces mi abuelo matarno.
Érann hombre que -solo sabia rezar su rosario, y contar sus
proezas militares , porque habia servido al rey muchos aflos , y
no se ocupaba ya en mas. Insensiblemente vine yo A ser el idolo
de estas très personas. Contiuuamente me tenian en brazos. Por
miedo de que el estudio no me iatigase en mis primeros aAos ,
me los dejAron pasar en los divertimientos mas puériles. No con-
viene, decia mi padre, que los niflos se apliqnen A cosas sérias
hasta que el tiempo baya madurado un poco su razon. Esperando
i esta madurez, no aprendia A leer ni^scribir; mas no por eso
perdia el tiempo. Mi padre me enseftaba mil géneros de juegos;
' Bébé tenia en cl cielo cl oficio de servir cl necUr i los dîoses en copas de
oro; j habicndo un dia dado un tropezon , y caido sobre Minerra , en târmi-
■08 de que se ofendiese el pudor de esta diosa , para cvitar i^ales acontecimien-
toi se le dio por sucesor â Ganimëdes.
14 GIL BLAS.
coBOGÎa JO perféocaoïeiite los naipes, jogabe à los dados , y mi
abuelo me cootaba mil novelas sobre las expediciones militares
en que se habia hallado. Cantibame siempre wias mismas eoplas
acerca de dichas expediciones : cuando en espacio de très meses
babia aprendido bien diez o doce versos ^ los repetia sin errar un
punto delante de mis padres , los cuales se admiraban de mi pro-
digiosamemoria. No celebraban ménos mi agudo ingenio, cuando,
valiéndome de la libertad que t^ia para decir cuanto me viniese
à la boca, interrumpia sus conversaciones para decir à tuerto 6
derecho todo lo que me ocurrîa. Ëntànces mi madré me sufocaba
à caricias, y mi buen abuelo lloraba de puro gozo. No les iba
en zaga mi padre : siempre que me oia algun despropàsito 6 al-
guna bachilleria» miréndome con gran temura, exdamaba : |0h
que gradoso ères * y que Undo I Con estas alas no reparaba en
hacer impunemente en su presencia las mas indécentes acciones.
Todo me lo perdonaban, y todos me adoraban. Habia eatrado
ya en doce aûos, y aun no tenia ningun maestro. Buscironme fi*
nalmente uno, pero mandàndole expresamente que me ensefiase,
mas sin facultad para darme el menor castigo. A lo sumo le per*
mitiéron que alguna yez me amenazase solo para intimidanne.
Sirriô de poco este permiso , porque me burlaba de las amenazas
de mi preceptor, 6 bien con las làgrimas en los ojos iba à que*
jarme à mi madré ô à mi abuelo , diciéndoles que el ayo me habia
maltratado. En yano acudia el pobre diablo à desmentirme : te-
nianle por un hombre brutal , y siempre me creian à mi mas que
à ël. Un dia me araflé yo mismo, y me fui à quejar del maestro
porque me habia desollado : inmediatamente le despidiô de casa mi
madré sin querer darle oidos, por mas que protestaba al ddo y
à la tierra que ni siquiera me habia tocado.
De este mismo modo me fui desembarazando de mis preœpto-
res hasta que me present&roa uno como le deseabay me couyenia
para acabarme de perder. Era un badiiller de Alcalé; lexoelente
maestro para un hijo de familial Era inclinado à mugeres, al
juego y à la tabema. No me podian haber puesto en mejores ma-
nos. Desde luego se dedicô à ganarme por el amor y por la dul-
zura. Gonsiguiâo, y por este medio logré que tambien le amasen
mis padres, los cuales me entregàron enteramente à su gcdnemo.
No tuy iéron de que arrepentirse , porque en breye tîempo y desde
luego me perfeccionô en la ciencia del mundo. A fnerza de De-
yarme consigo à todos los parages donde tenia su diversion, me
înspirô de tal manera la afidon à eUo» que , à excepdon del latin ,
en lo demas era yo un muchacho universal. Guando viô que ya no
tenia necesidad de sus préceptes fiië à enseAarlos à otra parte.
Si Qu mi infancia habia vivido tan libremente i vista de mis pa-
dres, cuando comenzë à ser dueAo de mis acciones tuve sin duda
mayor libertad. En el 3eno de mi familia fné donde di las prime-
LIBRO PRIMBRO. 15
ras pmebas del aproYeehaiuiento de mi edaeacion.BiirUUine do
elios i bs daras y i todos mome&tos. Reianse de mis intrqpide-
ces^ y taoto mas las celebraban, caanto eran mas yiyas y nias
intolérables. Miéntras tanto cometia todo género de desôrdenes
000 otros mnchachos de mi edad y de mi humor. Como naestros
padres no nos dabaii todo el dinero que habiamos meoester para
l^oseguir en una vida tan deliciosa, cada uno robaba en su casa
csanto podia» y cuando esto no ateanzaba, nos dimos à robar
de aodie , y sîempre con fruto. Por desgracia Ilegô algun rumor
de esto à los oidos del corregidor. Quiso mandarnos preoder ; pero
foimos arisados con tiempo de su mala intencion. Recurrimos i
b fiiga, y dimonos à ejercitar el mismo oficto en los caminos pvH
blicos. Desde entônces acà be tenido la dicha de haber enyejecido
^ h profesîon , à pesar de los peligros que son anejos à dla.
Cuaodo el capitan acabè de hablar, el teniente tomd la palabra ^
y dijo asi : Scores , una educacion enteramente contraria à la del
seâor Rolando produjo en mi el mismo efecto que en él. Mi pa-
dre (île camicero en Toledo , y el hoad)re mas feroz que habia
» toda la dodad : mi madré no era de condicion mas suave que
su marido. Desde mi niftez me comenzâron à azotar i cual mas
podia, y como à competencia uno de otro. Cada dia redbîa mil
azotes. La mas minima folta que cometiese era castigada cou el
niayor rigor. En rano les pedia perdon con las lâgrimas en los
ojos, prometîendo la enmienda: no habia misericordia para mi,
y las mas reces me castigaban sin razon. Cuando mi padre me sa-
codia, siempre mi madré se ponia de su parte, en lugar de in-
't^rœder por mi. Estos malos tratamientos me inspiràron tanta
arersion à la casa paterna , que antes de cumplir los catorce aflos
me escape de ella. Tome el camino de Aragon y lleguë i Zara-
goza pidiendo limoana. Enhebréme aUl con unos pordioseros que
P^salxm una TÎda bastantemente feliz y icomodada. Enseftéronme
i contrahacer el ciego , el estropeado , y à figurar en las pio^aas
^loas ilagas postizas. Todas las mafianas , i la manera de los co~
nediaotes que se ensayan para representar sus papeles» nos eiH
tty&bamos nosotros para representar los nuestros , y despues
cada nno iba à ocupar su puesto. Por la noche nos juntébamos y
nos reiamos de los que se habian compadecido de nosotros por
^ dia. Cansème presto de yiyir entre aquellos misérables» y que-
riendo juntarme con otra gente mas honrada,me asodè con unos
«Mterot de la indtutria. Enseflàronme à hacer bellos juegos de
ii^os; pero nos vimos precisados à salir presto de Zaragoza,
Ppnpie nos descompusimos cou cierto ministro de justicia que
SM^pre nos habia protegido. Cada uno tome su partido. Yo» que
ne seniîa dispuesto à emprender grandes hechos, me acomodè
^ ona tropa de hombres yalerosos que hacian oontribuir i los
P^'sagmn y caminanies, agradéndome tanto su modo de yivir.
16 GIL BLAS.
qae desde entônces aci no he querido bascar otro. Si me hobie-
ran dado otra edncacion mas saaye, probablemente no seria
ahora mas que un pobre carnicero , cuando me haDo hoy coo el
honor y con el grado de vuestro teniente.
Sefiores , dijo entônces un ladron que estaba sentado entre el
teniente y el capitan; las historias que acabamos de oir no son
tan yariadas ni tan curiosas como la mia. Debo mi nacimiento i
una aldeana 6 labradora de las cercanias de SeviUa. Très sema-
nas despues que me diô à luz, como era todavia moza, bien pa-
recida, aseada y muy robusta, la busciron para que criase un
niflo , hijo de padres distinguidos , que acababa de naoer en di-
cha ciudad. Aceptô con gusto la propuesta, y ftiè à Serilla para
traerse el nifio à casa. Entregéronsele , y apàuis se yiô con ël en
su aldea , cuando obseryô que él y yo eramos algo parecidos, y
esta obseryacion le excité el pensamiento de trocamos, con la
esperanza de que con el tiempo le agradeceria yo el buen ofido.
Mi padre , que no era mas escrupuloso que su honrada muger,
aprobôlasupercheria.Desttertequeyhabièndonos mudado de pa-
fiales y el hijo de don Rodrigo de Herrera fné enyiado con mi
nombre à otra ama para que le criase, y à mi me criô mi madré
bajo el nombre del oiro.
Digan lo que quisieren sobre el instinto y foerza de la sangre,
los padres del caballerito fécilmente se dejéron engafiar. No tu-
viéron la mas minima sospechadelapiezaqueles habianjugadcT,
y hasta los siete aftos me tuyiéron siempre en sus brazos ; y siendo
su intencion hacerme un caballero completo , me busciron todo
gënero de maestros ; pero los mas habiles suelen hallar discipu-
los qae les hacen poCo honor : yo foi uno de estos. Tenia poca
disposicion para los ejerdcios que me ensefiaban , y muciio mfr-
nos inclinacion à las ciencias en que me querian instruir. Gustaba
mas de jugar cou los criados de casa , yéndolos i buscar i la ca-
balleriza y à la cocina. Pero el juego no foé mucho tiempo mi
pasion dominante. Aficionéme al yino , y me emborrachaba todos
los dias. Retozaba con las criadas ; pero particularmente me de-
diqué i cortejar é una moza roUiza de cocina, cuyo desemba-
razo y buen color me gustaban mucho , paredèndome que mere-
cia mis primeras atenciones. Enamoribsda con tan poca cautela,
que hasta el mismo don Rodrigo lo conociô. Reprehendiàne
égriamente, afeàndome la bajeza de mis indinaciones; y por te-
mor de que la presencia del objeto hiciese inutiles sus reprimen-
das , despidiô de casa é mi Dulcinea.
Irritôme mucho este procéder, y resolyi yengarme. Robe sus
pedrerias i la muger de don Rodrigo; corri en busca de mi bella
Helena, que yiyia en casa de una layandera amiga suya; saquëla
de ella i la mitad del dia para que ninguno lo supiese, y aun pasé
mas adelante. Lleyéla i su tierra, donde noscasàmos solemne-
LIBRO PRIMERO. 17
mrate, asi por dar este despique mas à los Herreras , como por
dqar à los hijos de fomilia un ejemplo tan bueno que imitar.
Ires meses despnes de mi arrebatado matrimonio supe que don
Rodrigo habia muerto. No dejé de sentir su muerte. Parti pron-
tamente à SeviUa à pedir su herencia , pero halIë las cosas muy
mudadas. Hi madré habia ya iallecido , y antes de su muerte tuyo
la indiscrecion de declarar lo que habia hecho, en presencia del
cora y de otros buenos testigos.£l hijo de don Rodrigo ocupaba
ya mi Ingar, 6 por mejor decir el suyo, y acababa de ser recono-
cido por tal con tanto mayor aplauso y alegria , cuanto era menor
la satisfeccion que yo les causaba. De manera que , no teniendo
Badaqae esperar en Seyilla, y festidiado ya de mi muger, me
agregué à ciertos caballeros de fortuna^ bajo cuya disciplina di
prÎDcipio à mis caravanas.
Acabô sa historia aqnel ladron , y comenzô otro la suya ,
diciendo que ël era hijo de un mercader de Burgos , y que en
80 mocedad , Ilevado de una mdiscreta deyocion , habia tornado
el hàbito de derta religion muy àustera^ de la cual habia apos-
tatado algunos afios despues. En fin, todos los ocho la4rones
faablàron por su turno , y cuando los hube à todos oido , no
me admiré de yerlos juntos. Mudéron luego de conversacion ,
y propusiéron yarios proyectos para la prôxima campafta, sobre
los cnales tomàron su resolucion , y se fiiéron à la cama. Encen-
diéron bujias , y cada uno se retirô à su cuarto. Yo segui al
capitan Rolando al suyo, y miéntras le ayudaba à desnudar:
Ahora bien, Gil Bias , me dijo, ya yes nuestro modo de yiyir.
Sîempre estamos alegres. Entre nosotros no se da lugar al tedio
ni à la enyidia. Jamas se oye aqui discordia ni disension: estamos
mas unidos que frailes. Tù comienzas ahora , hijo mio, à gozar
mia yida muy agradable , pues no te tengo por tan tonto que te
dé pena el yiyir entre ladrones.
CAPITULO VI. ,
Del intento de escaparse Gil Bias , y ëxito de su tentatiya.
Despnes que el capitan de bandoleros hizo esta apologia de
su honrada profesion , se metiô en la cama : yo quite la mesa »
y pose todas las cosas en su lugar. Fuime despues à la cocina ,
doode Domingo ( asi se llamaba el negro) y latia Leonarda me
esperaban cenando. Aunque no tem'a hambre me puse à la mesa.
No podia atrayesar bocado, y yiéndome tan triste , como era
regidar estarlo , procuraban consolarme aquellas dos anâlogas
figuras; pero sus consuelos contribuian mas à mi desesperacion
que à mi aUyio. ;De que te aflijes , hijo? me preguntô la yieja:
2
18 GIL BLAS.
antes bien debieras alegrarte de yerte entre nosotros: eres
mozo , y pareces docil , con que presto te perderias en el mun-
do y donde hallarias libertinos que te meterian en todo gënêro
de disoluciones , caando aqui esta segura ta inocencia. Tiene
razon la seftora Leonarda , dijo el yiejo negro con una toz moy
graYe , y se puede aftadir à lo que ha dicho , que en el mundo
no se encuentran mas que trabajos. Da muchas gracias à Dios ,
amigo mio , porqne de una yez para siempre te ha librado de
los peligroSy disgustos y aflicciones de la vida.
Sufiri con paciencia estos discursos , porque de nada me ser-
yiria el inquietarme. En fin , Domingo , despues de haber co-
mido y bebido bien , se fué à su caballeriza. Leonarda cogi6
una lintema , y me condujo à una covacha , que servia de ce-
menterio é los ladrones que morian de muerte natural , donde
yi un lecho que mas parecia tumba que cama. Este es tu cuarto ,
me dijo la yieja, pasàndome la mano por la cara. El mozo
cuya plaza tienes el honor de ocnpar durmiô en esa cama el
tiempo que yiviô con nosotros y y sus huesos reposan debajo
de ella : èl se dejô morir en la flor de su edad : no seas tu tan
simple que imites su ejemplo. Diciendo esto, entregôme la lin-
tema, y yolyiôse à su cocina. Puse la luz en el suelo, arro-
jème sobre aquel miserable lecho, no tanto para reposar,
cuanto para entregarme à mis tristes reflexiones. ; Oh cielos I
exclamé; ^habrà situacion mas infeliz que la mia? iQuieren que
renuncie para siempre el consuelo de yer la cara del sol ; y como
si no bastara hallarme enterrado yiyo à los diez y ocho aûos
de mi edad , me yeo reducido à seryir à unos ladrones , é
pasar el dia entre malyados , y la noche con los muertos ! Es-
tos pensamientos , que me parecian muy dolorosos , y con efecto
lo eran , me hacian llorar amargamente y sin consuelo. Malde-
cia mil yeces la gana que le habia dado à mi tio de enyiarme
â Salamanca. Arrepentiame de haber tenido tanto miedo à la
justicia de Cacabelos , y quisiera haber padecido el tormento
antes que yerme donde me hallaba. Pero considerando que me
consumia inùtilmente en yanos lamentos, comenzé à discorrir
en los medios de librarme. ;Pues que 7 me decia yo â mi mismo ,
l sera por yentura imposible encontrar modo de escaparme de
aqui 7 Los ladrones duermen profundamente , la cocinera y el
negro harén lo mismo dentro de poco tiempo: miéntras todos
estën dormidos ^no podré yo à feyor de esta linterna hallar el
camino por donde bajé à este calabozo infernal? A la yerdad
no se si tendre bastante fuerza para leyantar la trampa que
cubre la entrada , pero probarémos ; no quiero omitir nada de
cuanto pueda hacer. La desesperacion me prestaré fuerzas, y
puede ser que me saïga con ello.
Tomada esta gran resolucion, me leyanté cuando me pareciô
LIBRO PRIMERO. 19
qae Leooarda y Domingo podian ya estar dormidos. Cogi la
IiDterna, sali de mi covacha , y me encomendé à todos los santos
del cielo. No dej6 de costarme alguna dificultad el acertar con
las Tneltas y revueltas de aquel laberinto. Llegué en fin à la
poerta de la caballeriza, y me halle en el camino qae buscaba.
Foi andando y acercéndome à la trampa con cierta alegria mez-
dada de temor : mas ]ay ! en medio del camino me encontre con
«A maldita reja de hierro bien cerrada, y cuyas barras esta-
baa tan juntas , cpie apénas podia pasar la mano por entre ellas. ,
Vime Gortado y perdido con aquel nuevo imped imento que al
eotrar no habia advertido por estar abîerta la reja. Con todo , no
dejé de probar si podia abrir el.candado. Examiné la cerradura ,
Iddendo todo lo que pude por forzarla , cuando de repente me
apliuàron en las espaldas cinco 6 seis fuertes latigazos con un
bôen Tergajo de buey. Di un grito que resonô en toda la caver-
na; y mirando atrés yi al maldito negro en camisa, con una lin-
tema sorda en una mano , y con el azote en la otra. i 01a y bri-
boDzuelo! me dijo , ;c[uerias escaparte? no amiguito, no espères
sorpreBderme. Creiste que estaria abierta la reja; pues sàbete
que siempre la encontraràs cerrada. Cuando atrapamos à alguno,
le guardamos aqui , mal que le pesé , y si logra escaparse ha
de ser mas ladino que tu.
Miéntras tanto , al grito que yo habia dado despertàron très
ladrones, los cuales se levantàron y yistiéron à toda priesa,
creyendo que la santa Hermandad venia à echarse sobre ellos.
Llaméron à los demas , que en un instante se pusiéron en pié.
Toman las espadas y carabinas , y medio desnudos acuden à
donde estâbamos Domingo y yo. Pero luego que se informàron
à entendiëron el origen del rumor que habian oido , su inquietud
se convirUô en grandes carcajadas. i Como asi , Gil Bias ? me
dijoel ladron apôstata, ;no ha mas que seis horas que estas
con nosotros, y ya querias apostatar? Bien se conoce tu aver-
sion al silencîo y al retiro. ;Qué harias si fueses cartujo ? Anda ,
Tête à la cama, que por esta vez basta por castigo los yergajazos
COQ que te regalô Domingo ; pero si otra yez Tuelves â intentar
escaparte, por san Bartolomé que te hemos de desollar yiyo.
Diciendo esto se retiré. Los demas ladrones se volyièron â sus
cnartos; el yiejo negro muy ufano de su hazafia se recogiô à su^
caballeriza , y yo me yolvi é zambullir en mi cementerio , pap-
sando lo restante de la noche en snspirar y Uorar.
20 GIL BLAS.
CAPITULO VII.
Dc lo que hizo Gil Bias, no pudiendo hacer otra cosa.
Los primeros dias pensé morirme, rindiendo la vida â la me-
lancolia que me consmnia; pero al fin mi genk) me inspiré que
sufriese y disimulase. Esforzéme à mostrarme ménos triste. Co-
menzé à cantar y à reir , aunque sin gana. En una palabra , supe
disfrazarme tan bien, que Leonarda y Domingo cayéron en la
red , y creyéron buenamente que ya el péjaro se habia acostum-
brado â la jaula. Lo mismo juzgàron los ladrones. Manifestâba-
me muy alegre cuando les echaba de beber , y de cuando en
coando los diyertia tambien con alguna chocarreria ô bufonada. .
Esta libertad que me tomaba , les daba mucho gusto en vez de
enfedarlos. Gil Bias , me dijo el capitan en cierta ocasion en que
Îo hacia el gracioso y has hecho bien en desterrar la melancolia.
fe gusta mucho tu espiritu y tu buen humor. No se conoce à la
gente al principio : yo no te tenia por tan agudo y tan jovial.
Tambien los demas me honràron con mil alabanzas , exhor-
tândome à estar siempre de buen humor. Pareciôme que todos
estaban muy contentos conmigo; y aprovechéndome de tan buena
ocasion: Seftores, les dije, permitanme ustedes que les descu-
bra mi pecho. Dcsde que estoy en su compaflia no me conozco à
mi mismo ; paréceme que no soy el que era. Ustedes han des-
yaneddo las preocupaciones de mi educacion. Insensiblemente
se me ha pegado su espiritu , y he tomado el gusto à su hon-
rada profesion. Me muero por merecer el honor de ser uno de
sus compafteros , y de tener parte en los peligros de sus glorio-
sas proezas. Todos aplaudiéron este discurso , y alabéron mi
buena voluntad ; pero unanimemente conyiniéron en que me de-
jarian servir por algun tiempo, para probar mi vocacion , y que
despues correria mis caravanas , y al cabo se me conferiria la
honorifica plaza à que aspiraba.
Hube de conformarme por fuerza , y continuar en rencerme y
en ejercer mi oficio de copero. A la verdad quedé muy sentîdo ;
porque solo pretendia ser ladron por tener libertad de salir con
los demas , esperando que en alguna de sus correrias se me pre-
sentaria ocasion de escaparme de ellos. Esta ùnica esperanza era
la que me mantenia vivo. Sin embargo , el tiempo de la proba-
cion me parecia largo , y mas de una vez intenté sorprender la
yigilancia de Domingo , pero inùtilmente. Siempre estaba muy
alerta , tanto que no bastarian cien Orfeos para encantar à aquel
Cerbero. Es yerdad que por no hacerme sospechoso no empren-
dia todo lo que podia hacer para engaflarle. Veiame precisado
LIBRO PRÎippH). : 21
éTÎTiroon la' mayor caatda, porque^«ti4^é^^ra ladino, y ob-
servaba mncho todos mis pasos, palâBfas jf •qfS)^Mnientos. Asi
pues apelé à la paciencia , remitiéndome al tiempo* (tite los ladro-
oes me habian prescrito para rocibirme en sa QGAigregacion ,
coyo dia esperaba con tanta ansia, como si hubiefa de entrar
en una compaûia de honrados comerciantes.. .
En fin y gracias al cielo, llegô al cabo de se» meses este dî-
choso dia. £1 sefior Rolando dijo à sas cànlâraaas : Caballeros ,
es predso cumplir la palabra qne dimôs al pôKre Gil Bias. A mi
meparece bien este mnchacho , y espero que tendrémos en él an
hombre de proyecho. Soy de sentir qae mafiana le llevemos
cou nosotros , para qœ dé princîpio à coger laareles en los ca-
minos reaies. Nosotros mismos le hemos de poner en el que
guia à la gloria. Todos se conformiron con el parecer de su ca-
pitan; y para hacerme yer qae ya me miraban como à uno de
eOoSy desdeaqoel momento gie dispensàron de servirles. Resti-
toyèron à la seftora Leonarda en el empleo que antes tenia , y
de que la habian exonerado para honrarme à mi con él. Hiciè-
roQine arrimar el yestido que Ileyaba encima , y consistia en una
simple jaqaetilla may usada , y me acomodiron todos los des-
pojos de on caballero que acsd)abaa de robar : despues de lo cual
me dispose à luicer mi primera campaAa.
CAPiTULO vm.
AmiMiiia Gil Bias à. U» ladrones; que empresa aoomete en lôs camioos reaies.
Uida el fin de ona noche de setiembre sali del soterràneo con
les ladrones. Iba armado como todos con carabina , pistolas ,
espada y ona bayoneta, y montaba un buen caballo que habian
qoitado al caballero cuyos yestidos me habian tocado en suerte.
Como habia estado tanto tiempo en la oscuridad , cuando ame-
neciô no podîa safrir la luz , pero poco à poco se fucron acos-
tambrando mis ojos à tolerarla.
Pasémos por cerca de Ponferrada , y nos metimos en un bos-
quecfllo à orilla del camino de Leon. Mi estuyimos esperando à
q«e la fortuna nos ofreciese algun buen lance, cuando descubri-
nos un religioso de la ôrden de Santo Domingo montado , contra
la costombre de estos baenos padres , en una muy mala mula.
iRendito sea DiosI exdamô sonriéndose el capitan : he aquiel
grande ensayo de Gil Rlas. Es preciso que yaya a registrar cl
bolsillo de aquel fraile : yerémos.como se porta. Todos los ca-
maradas conviniéron efectiyamente en que aquella comision era
la que me oorrespondia, exhorténdome a que saliese de ella con
locimiento. Espero, soflores, dije, que quedaréis contentos. Yoy
22 GIL BLAS.
à despojar a aquel padre , à dejarle tan desnudo como la palma
de la mano , y traer aqui su mula. Eso no , dijo Rolando , no
merece la pena : aliviale solamente del bolsillo y tràelo : no te
pedimos mas. En esto sali del bosqae , y me encaminé al reli-
gioso , pidiendo al ciflo me perdonase la accion que iba à ejeca-
tar con tanta repugnancia. Bien hubiera querido poder escaparme
en aqnel mismo punto; pero todos mis compafieros estaban
mejor montados que yo , y si me vieran huir , correrian tras mi ,
y presto me atraparian 6 me espolearian por las espaldas con
una descarga de sus carabinas , con la que me hubiera ido muy
mal ; y asi no me atrevi à exponerme à una accion tan poco sego-
ra. Llegué pues al padre , y pedile la boisa , poniéndole al pecho
una pistola. Parôse un poco à mirarme , y sin mostrarse mny
sobresaltado : Muy mozo ères , hijo mio , me dijo , y muy tem-
prano te bas puesto à tan vil oficio. Padre mio , le respondi , sea
vil ô no lo sea, me alegrara haberle empezado mas presto. {Ah
querido ! me replicô el buen religioso , que no podia compren-
der el sentido de mis palabras , 4 que es lo que dices? 2 Oh , que
cèguedad I Escùchame , y te haré présente el infeliz estado en>
cpie te hallas. jOh , padre mio I le interrumpi con precipitacion ,
no se tome Yuesa reverencia ese trabajo, y déjese de moralizar,
qae no vengo é los caminos pùblicos à que me prediquen : quiero
dinero y no serm'ones. {Dinero I me dijo , muy maravillado. Mal
conoces la caridad de los Espafloles , si crées que las personas
de mi profesion y de mi caràcter lo necesitan para viajar : en
todas partes nos reciben y hospedan con agrado, nos tratan
muy bien, y cuando partimos, solo nos piden nuestras oracio-
nes: en fin, nosotros no lleyamos dinero para caminar, y nos
ponemos enteramente en manos de la Providencia. Pero al fin ,
padre mio , concluyamos , mis compaAeros me estàn esperando
en aquel bosque ; eche prontamente la boisa en tierra , ô sino
le mato.
A estais palabras , que pronuncié colérico y amenazàndole , el
buen religioso mostrô verse quitar la vida. Espéra, me dijo,
Yoy à satisfacerte , ya que absolutamente no puede ser btra cosa;
veo que con vosotros es ociosa toda figura retôrica. Diciendo
esto saco de debajo del hàbito una gran boisa de cuero , y la
dejô caer en el suelo. Dijele entônces que podia continuar su ca-
mino , y ël lo hizo sin esperar à que tnviese el trabajo de repe-
tirselo. Biô cuatro espolazos à la mula , que desmintiô la mala
opinion en que yo la tenia de ser tan Imena maula como la de
mi tio; y la bestia, dàndose por entendida del caritativo aviso,
comenzô desde luego à andar à buen paso. Apënas el fraile se
alejô de mi , cuando me apeë , recogi el bolson , que pesaba mu-
cho , y volvi à meterme en el bosque , donde los camaradas me
esperaban con impaciencia para darme mil parabienes por mi
LIBRO PREHERO. 23
gloriosa Victoria , como si me hubiera costado macho. Apénas
me diéroD lugar de apearme segun se apresaraban à abrazarme.
Animo , G9 Bias » me dijo Rotando , has hecho maraTîHas. Du-
rante tu expedicion no apartâmos los ojos de ti ; observé tu fir-
meza , tu resolucion , y todos tus movimientos ; y desde luego te
pronostico que con el tiempo seres un herôieo ladron , y el terror
de los caminos reales. £1 teniente y los demas aplaudiéron la
predkcion , asegurando qtie no podia dejar de verificarse algun
dia. Di é todos las gracias por el buen concepto que habian for-
mado de mi , prometiendo hacer todos los esfiierzos posibles
para mantenerlo.
Despnes que alabàron, tanto mas cnanto mënos lo merecia , la
TîSana acdon que habia hecho, les entrô la curiosidad de exami-
nar la presa. Yeamos, dijëron, que contiene la bolsa del religioso.
Sin doda, afiadiô uno de ellos, que estarà bien proyista, porque
estos padres no viajan como peregrinos. Desatôla el capitan, abriô-
la, y sacô dos 6 très pufiados de medallitas de cobre , mezcladas
€on agnus Dei , y algunos escapularios. Al rer el hurto de una
moneda tan nueva, todos prorrumpièron en tan descompasadas
carcajadas, que pensàron reventar de risa. A la yerdad , exclamô
el teniente , que todos debemos éstar muy agradecidos al sefior
G3 Bias : el primer ensayo que ha hecho puede ser muy saludable
â la compaftia. A esta bufonada siguiéron otras de los demas.
Aqnellos malyados, y sobre todos el apôstata, se diynticron con
m3 impias truhanerias sobre la materia, profiriendo dichos que
mostraban bien la corrnpcion de sus costumbres. Solo yo no te-
nia gana de reir. Yerdad es que me la quitaban los bufones que
tanto se alegraban à mi costa. Cada uno me flechaba alguna pulla,
y hasta el capitan me dijo : Aconsëjote , amigô Bias, que en ade*
lante no te yueWas à meter con frailes , porque son mas agudos
ychuscosquetù.
CAPITULO IX.
Del serio Uace qoe sigirio d la ayentura del fraile.
Estoyimos en el bosque la mayor parte de aquel dia sin haber
Tîsto pasagero alguno que enmendase el chasco que nos habia
dado el religioso. Salimos en fin para restituirnos à nuestro soter-
raneo , persuadidos de que las expediciones del dia se habian
acabado con el risible suceso que todayia daba materia à la con-
Tcrsacion y â las chuffetas, cuando descubrimos à lo lèjos un coche
tirado de cuatro mulas. Acercàbase à nosotros à gran paso y le
acompaftaban très hombres â caballo , que parecian venir bien
armados. Rolando nos mandô hacer alto para tratar de lo quo
34 GIL BLAS.
86 habta de hacer; y la resolucion fué que se les atacase. Pasi-
monos todos en ôrden, segun la disposicion del capitan , y mar-
chàmos en ôrden de batalla acercéndonos al coche. No obstante
los aplausos que habia recibido en el bosque, se apoderô de mi
un temblor universal, y senti baftado todo el cuerpo de un sudor
frio, que no me presagiaba cosa buena. Por mayor fortuna mia
me hallaba à la frente del cuerpo de batalla en medio del capitan y
del teniente, que de propôsito me pusiéron entre los dos para que
me hiciese al fiiego desde luego. Reparô Rolando lo mucho que
la naturaleza estaba padeciendo en mi : me mirô con ojos torvos ,
y cou Toz bronca me dijo : Oye , Gil Bias , trata de hacer tu deber ;
porque te adyierto que, si te acobardas , te levante de un pisto-
îetazo la tapa de los sesos. Estaba muy persuadido de que lo
haria mejor que lo decia, para no aprovecharme del dulce y fra-
ternal aviso : y asi solo pensé en recomendar mi aima é Dies.
Entre tante el coche y los caballeros se nos venian àcercando.
Desde luego conociéron la casta de pàjaros que erames ; y adivi-
nando nuestro intente per la ordenanza y pestura en que nos
velan, se paràron à tire de fusil. Todos traian armas ; y mièntras
se preparaban à recibirnos, saliô del coche un hembre de buen
parecer y ricamente vestido. Montô en un caballo de mano, que
une de los mentados tenia por la brida, y se puse à la (rente de
les demas. Aunque eran solo cuatro contra nueve , se arrojAron à
nosotros con un brio que aumentô mi temer. Ne per eso dejé de
prevenirme para disparari m carabina, aunque temblaban todos
les miembros de mi cuerpo come si estuviera azogade ; mas, per
centarlas cesascomo pasàron, cuando Uegô el case de dispa-
rarla, cerré los ojos, y voivi la cabeza à etra parte, de manera
qne aquel tire nunca puede ser à cargo de mi conciencia.
Ne me détendre en referir las circunstancias de la accien, pues
aunque me hallaba présente nada veia ; porque turbada cou el
terrer la imaginacien, me ocultaba el horror de un espectéculo
que verdaderamente me sacô fuera de ml. Lo unico que puede
decir es que , despues de un gran ruido de mosquetazes y car»-
binazos, oigritarà mis camaradas: Victoria! victoria! Al eir esta
aclamacion se disipô el miedo que se habia apoderado de mis
sentidos, y vi tendides en el campe les cadàveres de los cuatro
que venian à caballo. De nuestra parte solo muriô el apôstata ,
que en esta ecasion recibiô le que merecia per su apestasia y
sus malas chanzas sobre los escapularios y medallas. El teniente
fué heride en un braze , pero muy levemente, pues el tiro apènas
hize mas que rozarle un peco el pellejo.
Corriô luego el seftor Rolande à la penezuela del coche , y
vi6 dentro una dama de veinte y cuatro à veinte y cince aftos ,
que le pareciôhermesa, aun en el triste estade en que se hallaba.
Habiase desmayado durante la refriega, y aun ne habia vuelte en
LIBRO PRIMERO. 25
si : nriëntras ël se ocopaba en miraria , nosotros atendlmos é la
presa : lo primero que hicimos fuè apoderarnos de los caballos
qoe babian servido à los muertos, y que espantados con los tiros
se babian descarriado despues de quedar sin gaias. Las mulas
del coche permaneciéron quietas, aunqae durante la accion se ha-
bia apeado el cocfaero para ponerse en salvo. Echimos pie à
tierra pai:a qaitarles los tirantes, y las cargàmos con los cofres
que Tenian en la zaga y delantera del coche. Hecho esto, se sac6
de â à la se&ora por ôrden del capitan, la cual aun no habia re-
cobrado los sentidos, y se la puso à caballo con uno de los la-
drones mejor montados , dejando en el camino el coche, y à los
ma^'tos despojados de sus vestidos , y llevàndonos la sefiora,
las mulas , los caballos y preseas.
CAPITULO X.
De qoë modo se portàron los bandoleros con la seftora desmayada, Gran
projecto de Gil Bias , y sus résultas.
LIegémofl à la cueya una hora despues de anochecido. Lo pri-
mero que hicimos fué meter las mulas en la caballeriza, atarlas
al pesebre y cuidar de ellas; porque el vîejo negro liacia très
dias que estaba en cama, rendido à crueles dolores de gota, y
â on reumatismo, que apënas le dejaba libre mas que la lengua
para emplearla en mostrarnos su impaciencia, prorumpiendo en
las mas horribles blasfemias: dejàmos à aquel miserable jurar y
Uasfemar, y fufanos à la cocina à cuidar de la sefiora que estaba
sobrecogida de un parasiamo mortal. Nos dimos tan buena mafia,
que logrAmos Tolviese del desmayo : mas cuando recobrô sus
sentidos, y se yiô entre unoa hombres que no conocia, sintiè todo
el peso de su desgracia, y comenzô à desesperarse. Todo lo mas
horroroso que el sentimiento y el dolor pueden representar à la
imaginacion, otro tanto se Teia pintado en sus ojos, que levan-
taba al cielo, como para quejarse de las indignidades que la ame-
nazaban. Cediendo entônces à imàgenes tan espantosas , Tolyiô
de repente à desmayarse , cerr6 sus bellos ojos ; y los ladrones
temiéon que iban à perder aquella preciosa presa. El capitan ,
paredéndole mejor abandonarla à si mismo , que atormentarla
connuevos socorros, mandé la llevasen à la cama de Leonarda,
dejândola sola y encomendada à su buena suerte.
Pasimos nosotros à la sala, y uno de los ladrones, que habia
sido dmjano , reconoci6 el brazo del teniente , y le aplicô bàl-
samo. Hecha esta operacion, se pasô à Ter lo que habia en los
cofres. Hallàronse algunos Uenos de telas y encajes , otros de
vestidos , y el ultimo que se reconociù contenia algunos talegos
de doblones , cnya vista regocijô mucho à los interesados. Con-
36 GIL BLAS.
duido este registro , la cocinera poso la mesa , y sînriô la céna*
Desde luego se moviô la conyersacion sobre nuestra gran yio-
toria, y Rolando , yolyiéndose à mi, me dijo : Confiesa , Gîl
Bias , que has pasado un gran susto. No lo puedo negar ,
respond! yo ; entes bien lo confieso de buena fë ; pero déjenme
ustedes hacer dos 6 très campafias, y entônces se yerà si se pelear
como un Cid. Toda la compaftia se puso demi parte , diciendo : Se
le debe perdonar , porque la accion foè muy empeftada, y, para
un mozo que jamas habia yisto tirar un tiro, no lo ha hecho mal.
Habl6se luego de las mulas y caballos que hablamos traido ,
y resoly iôse que al dia siguiente iriamos todos à yenderlos à Han-
silla, donde yerosimilmente no habria Uegado todayia la noticia
de nuestra hazafla. Resuelto esto acabémos de cenar, y nos fui-
mos à la cocina à yer à la pobre sefiora. Hallàmosla en el mismo
estado. Con todo eso , y aunque apénas se percibia en ella un
leye aliento de yida, algunos ladrones no dejaban de mirarla con
ojos probnos , y hubieran satisfecho sus brutales deseos à no
haberles contenido el capitan, representàndoles que à lo ménos
debian de esperar à que se recobrase de aquel abatimiento de
tristeza que la tenia casi sin sentido. £1 respeto con que miraban
al capitan refrenô su incontinencia : sin esto ninguna cosa hubiera
salyado à la seflora, y aun despues de su muerte no habria es-
tado seguro su honor.
Dejémos en tan triste situacion à aquella infeliz seflora, con-
tenténdose Rolando con encargarâ Leonarda que la cuidase, y
nos retiràmos cada cual à nuestro cuarto. Por lo que é mi toca»
apénas me acosté, cuando, en yez de cntregarme al suefio, solo
me ocupé en considerar la infelicidad de aquella pobre seflora.
No dudaba que fuese persona de distincion, y por lo mismo-me
parecia ser mas deplorable su suerte. No podia pensar sin estre-
mecerme en los horrores que la esperaban, y me sentia tan fuer-
temente conmoyido , como si la sangre ô el amor me hubieran
unido à ella. En fin, despues de haberme compadecido de su des-
tino, solo pensé en los medios de preseryar su honor del pelî-
gro que corria , y en fugarme yo mismo de la maldita cueya.
Acordéme de que el negro no se podia moyer é causa de sus
dolores, y la cocinera tenia la Haye de la reja. Este pensamiento
meacalorôlaimaginacion,y me inspiré un proyecto, que médité
muy bien, y écuyaejecucion di principio delà manera siguiente.
Fingi que me habia asaltado un dolor célico. Prorrumpi desde
luego en ayes y quejidos , y despues empezé à dar gritos y ala-
ridos lastimosos. Despertàron al ruidolos compafieros, acudiéron
todos à mi cuarto, y me preguntàron que tenia. Respondiles que
estaba padeciendo un horrible côlico ; y para que lo cre^esen
mejor apretaba los dientes, hacia gestos y espantosas contor-
siones, reyolyiéndome i todas partes, y agîtàndome extraflamente.
LIBRO PRIMERO. 27
Hecho estOy de repeate me qaedé muy tranquilo y sosegado , oomo
si me hubieran dado algunas treguas los dolores. Un momento des-
poes comenzé à reToIcarme en la cama y à morderme las manos. En
QDapalabra,representécon talprimormipapel, quelosladrones^no
obstante de ser tan sutiles y tan astutos , se dejàron engafiar, y
creyëron que efectiyamente padecia violentisimos dolores. Asi pues,
lodos se diëron la mayor priesa à socorrerme. Uno me traia una
botella de aguardiente, y me hacia beber la mitad ; otro à pesar
miome administraba una la^ativa de aceite de almendras didces ;
otro iba â calentar paftos , y casi abrasando me los ponia en la
boca del estômago. En yano pedia misericordia : ellos atribuian
mis damores à la fuerza del oôlico, y me hacian padecer dolores
TerdaderoSy queriéndome aliyiar de los que no tenia. En fin, no
padiendo ya sufrir mas, me vi obligado à decir, que ya no sentia
retortijones, y que no necesitaba de remedios. Cesâron de mor-
tificarme con ellos, y yo me guardë bien de quejarme porque no
Tolyiesen à aplicénnelos.
Duré esta escena casi très horas ; y juzgando los ladrones que
ya DO podia tardar en venir el dia, .partiéron todos à Mansilla.
Uanîfe^ gran deseo de acompafiarlos, y me quise leyantar para
qae lo creyesen ; perd no lo permitiëron. No , no, Gil Bias , me
dijo Rolando , quédate aqui , hijo mio, porque te podria repetir
el cftiîco : otra vez yendrâs con nosotros, que por hoy no estas
en estado de hacerlo. Mostréme muy sentido de no ser de la
partida, y lo fingi con tanta naturalidad , cpie ninguno tuvo la
meoor sospecba de lo que yo meditaba. Luego que partiéron, lo
qoe yo deseaba tanto que se me hacian siglos los instantes, entré
en cuentasconmigo, y me dije à mi mismo : Ea, Gil Bias, ahora si
que Qecesitas gran înimo. Armate de yalor para acabar con lo
qne tan felizmente has comenzado. Domingo no esté en situacion
de oponerse à tu gloriosa empresa, ni Leonarda puede impedir
su ejecucion. Si no te aprovechas de esta oportunidad para es-
caparte , quizà no encontrarâs jamas otra tan favorable. Estas
reflexiones meinfundiéron alientoy confianza. Levantéme al punto
de la cama : yestime , tome la espada y las pistolas , fuime de-
recho à la cocina ; pero antes de entrar en ella , habiendo oido
bablar é Leonarda, me detuve, y apliqué el oido para escuchar lo
que hablaba. Discurria con la seûora desconocida, que, habiendo
vueho en si de su e egando desmayo, y comprendieudo entônces
todo su infortunio, Uoraba amargamente, édtàndole poco para
desesperarse. LIora, hija mia, le decia ella , y llora todo cuanto
quieras : no reprimas los suspiros, y da libertad à los sollozos ;
con eso te desahogarés. Es cîerto que parecia peligroso el acci-
dente, pero ya que rompiste en llorar no hay que temer. Asi que
se te haya mitigado el pesar , que poco é poco se desyanecerâ ,
te acostnmbraràfl k yiyir con estos sefiores, que todos son gente
28 GIL BLAS.
honrada , y hombres may de bien. Te tratarén mejor qae à una
princesa : todos à porfia se esmerarén en complacerte, y cadadia
te mostrarén mas amor. { Oh , y cuantas mugeres enyidiarian tu
fortuna si la sapieran I
No le di tiempo à que dijese mas. Entréme en la codna oon
intrepidez , y pùsele una pistola à los pechos-, amenazândola de
qoitarle en aquel momento b vida si no me entregaba pronta-
mente y sin replica la llave de la reja. Turbôse à YÎsta de mi ac-
cion y y aunque era ya de edad avanzada , todavia tenia tanto
apego à la vida, que no la quiso perder por tan poca cosa como
era entreganne 6 no entregarme una Have. Alargômela prontisi-
mamente, y luego que la tuye en la mano, volviéndome à la bella
dolorida, le dije: Sefkora, el cielo os ha enviado un libertador :
leyantaos para seguirme, que yo os conducirè y pondre con toda
seguridad donde me lo mandeis. No se hizo sorda à mi yoz :
mis palabras hiciëron tanta impresion en su espiritu, que reco-
brando todas las fîierzas que le quedaban , se levante , arrojôse
à mis pies , y solamente me sùplicô que conservase su hooar.
AIzéla del suelo, asegur&ndole que por mi parte nada temiese
y que confiase en mi honradez. Cogi despues unos cordeles que
habia en la cocina ; y ayudàndome la misma seûora, amarré con
ellos à Leonarda à los pies de una gran mesa , amenazàndole le
quitaria la vida al menor grito que dièse. Encendi luego una yela,
y acompafiado de la seftora desconocida pasé al cuarto donde
estaban las monedas y alhajas de plata y oro : Uenè los bolsîllos
de cuantos doblones pudiéron caber en ellos^ y para oUigar à la
sefiora à que hiciese otro tanto, le dije que en ello no hacia mas
que recobrar lo que era suyo. Despues de haber hecho una bue-
na provision, marchàmos à la cabaUeriza , donde entré yo, solo
con las pistolas amartiUadas. Daba por supuesto que el viejo ne-
gro no me dejaria ensillar y aparejar tranquilamente mi csd^allo,
y estaba resuelto à curarle de una vez de todos sus maies si no
queria ser bueno ; pero por mi buena suerte se hallaba é la sa-
zon tan agravado de los dolores que habia pasado , y que le
atormentaban aun, que saqué el caballo sin que dièse la menor
seftal de haberlo conocido. La seAora me esperaba é la puerta.
Cogimos prontamente el camino que guiaba à la salida de la
cueya : abrimos la reja , y Uegàmos à la trampa que cubria la
entrada. Costônos gran traJ)ajo el leyantarla, 6 por mejor decir ,
para lograrlo hubimos menester nueyas fuerzas que nos presto
el deseo de salyarnos.
Comenzaba à rayar el dia cuando nos yimos fiiera de aquel
abismo , y de lo que mas cuidàmos entônces fué de alejarnos
cuanto entes de él. Yo monté à caballo, puse à la seftora é la
grupa, y siguiendo à galope la primera senda que se nos présenta,
tardàmospoco en salir del bosque y entrar en una llanura, donde
LIBRO PRIMERO. 29
DOS encontràmos con Yario^ caminos. Seguimos uno à la aTen-
tora, teniendo yo grandisimo miedo de qae faesé qnizà el quo
gttiaba é Mansilla, y nos hallàsemos con Rolando y soscamaradaSy
que seria fotal encuentro. Pero fué Yano mi temor, porque en-
trâmes felizmeote en Astorga à cosa de las dos de la tarde. Ob-
servé que machos nos miraban con particular atencion, como si
hem para ellos un espectàculo nunca yisto el de una muger é
caballo tras de un hombre. Apeâmonos en el primer meson , y
ordenë al punto que guisasen una liebre y asasen una perdiz.
Miéntras esto se disponia conduje â la seAora à un cuarto donde
comemmos à discurrir , lo cusd no habiamos podido hacer en
ei camino por la priesa con que yiajàmos. Mostrôse muy agra-
décida al gran seryicio que le habia hecho , diciéndome que à
Tista de una accion tan generosa no se podia persuadir que yo
feese compaûero de los infomes de cuyo poder la habia libertado.
CoDtéle entônces mi historia para confirmarla en el buen con-
cepto en que me tenia. Con esto la empefié à que me favoreciese
COQ SQ confianza, y me refiriese sus désastres, como lo hizo, de
la manera que se dira en el capitulo siguiente.
CAPITULO XI.
Historia de doAa Meucia de Hosquera.
Naci en Yalladolid, y mi nombre es dofta Mencia deMosquera.
Mi padre don Martin , coronel de un regimiento , fiié muerto en
Portugal despues de haber consumido su patrimonio en el seryi-
cio del rey. Dejôme pocos bienes , y consiguientemente , aunque
hija ùnica , no era un gran partido para ser buscada en casamiento.
Mas à pesar de mi escasa fortuna no me fialtaban pretendientes.
Muchos caballeros de los mas principales de EspaAa solicitâron
mi mano ; pero el que se lleyô mi atencion fiié don Alyaro de
Meflo. A la verdad era el mas galan y airoso de todos , y reunia
ademas otras prendas recomendables que me decidiéron à su
&vor. Era prudente, entendido y yaliente , acompaftando é esto
ser muy comedido , atento , pundonoroso , y el hombre mas bien
portado del mundo. En las corridas de toros ninguno se mostra-
ha mas arriesgado , mas brioso , ni mas diestro ; y en las justas
era la admiracion de todos su despejo , habilidad y yalentia. Fi-
nalmente , le preferi à sus competidores , y le di mi mano.
Pocos dias despues de nuestro matrimonio se encontre en un
sitio relirado cou don Andres de Baeza, que habia sido uno de sus
aniiguos competidores en pretenderme. Picâronselos dos , sacâron
las espadas y costô la vida à don Andres. Era este sobrino del
corregidor de Valladolid , hombre de genio yiolento , y enemigo
mortal de la casa de Mello ; y por consiguiente juzgô don Al-
30 GDL BLAS.
yaro qae le importaba inflnito no retardar un punto su fuga.
Yolviôse inmediatamente à casa , contômelo sucedido , y me dijo :
Querida Mencia, es indispensable separarnos. Ya conoces al
corregidor ; me perseguirà encarnizadamente. No ignoras lo mu~
cho que puede en Espafla , y asi no estoy seguro en el reino. No
le permitiô decir mas su dolor. Hicele que tomase dinero y
algunas. joyas. Diôme despues los brazos, estrechôme en ellos ,
y esuivimos asi gran rato sin poder uno ni otro hablar palabra»
mezclàndose nuestras làgrimas, suspiros y soUozos. Vino un
criado i decir que estaba pronto el caballo : desasiôse demi , par-
tie y dejôme en un estado que no sabré pintar. ;Dichosa yo si
lo agudo. del dolor me hubiera quitado la yida I ; Que de penas
y torroentos me hubiera ahorrado I Pocas horas despues de par-
tido don Alvaro supo su fiiga el corregidor. Hizo le siguiesen ,
y no perdonô diligencia alguna para haberle à las manos. Frus-
trôlas todas mi esposo , y pùsose en salvo. Yièndose el juez redu-
ddo à no poder tomar otra yenganza que la satisfaccion de quitar
todos sus bienes à un hombre cuya sangre hubiera querido beber ,
confiscô cuanto pertenecia é don AWaro.
Halléme con esto en tan miserable situacîon , que apénas tenia
lo preciso para yiyir. Comenzè à retirarme de todos , quedàn-
dome con una sola criada. Pasaba los dias Uorando amarga-
mente , no ya mi necesidad , que llevaba con paciencia , sino la
ausencia de un adorado esposo , de quien no tenia noticia alguna ,
sii) embargo de haberme prometido , en nuestra dolorosa despe-
dida , que de cualquier parte del mundo donde se hallase procu-
raria inforroarme de su suerte. No obstante se pasàron siete
afios sin saber nada de él. Causàbame una profunda tristeza la
incertidumbre de su paradero. Supe al fin que , combatiendo por
las annas de Portugal en el reino de Fez , habia perdida la yida
en una batalla. Asi me lo refiriô un hombre recien yenido de
Africa , aseguràndome que conocia muy bien à don AWaro de
Mello , con quien habia seryido en el ejèrcito portugues , y que
èl mismo le habia yisto perecer en lo mas recio de la pelea. A
esto afiadiô otras circunstancias que me acabàron de persuadir
que ya no yivia mi esposo.
Yino en este tiempo À Yalladolid don Ambrosio Mesia Carri-
Uo , marques de la Guard ia. Era uno de aquellos sefiores entra-
dos en edad, que por sus'atentos y cortesanisimos modales hacen
olyidar sus afios , y logran aprecio entre las damas. Casual-
mente le refiriéron la historia de don AWaro , y con este motiyo
oyô hablar de mi en términos que tuyo gran deseo de yerme.
Para satisiacer su curiosidad se yaliô de una parienta mia , en
cuya casa me encontre. Yiôme , y quedô prendado de mi , à
pesar de la impresion de dolor que reparô en mi semblante:
;pero que digo , d pesarî quizi lo que mas le moviô fiië el mis-
LIBRO PRIMERO. 31
mo aire triste, melancôlico y marchito en que me yeia, hablén-
dole esto en fovor de mi fidelidad. Mi melancolia pudo ser caosa
de su amor. Por eso me dijo mas de una yez que me miraba como
on prodigio de constancia , y que enyidiaba la suerte de mi ma-
rido por desgraciada que fuese. En una palabra , quedô tan pa-
gado de mi que no necesitô verme segunda vez para tomar la
determinacion de casarse conmigo.
Valiose de la misma parienta mia para pedir mi consentimiento.
Vino esta é mi casa , y me manifesto que , habiendo mi^esposo
terminado sus dias en el reino de Fez , no era razon que estu-
Tiese enterrada por mas tiempo ; que habia ya Dorado sobrada-
mente à un hbmbre cuya compaûia habia gozado por solos pooos
momentos ; que debia no malograr la ocasion que se presentaba ,
y que seria la muger mas feliz y mas contenta del mundo. Aqui
ponderô la nobleza del marques , sus grandes bienes , y amabi-
lisimo caràcter. Pero por mas que empleaba su elocuencia en
hacerme palpables las yentajas que ballaria yo en aquel enlace »
D6 me pado persuadir , no ya porque dudase de la muerte de
doQ Alvaro , ni por el recelo de yolverle â yer cuando mënos
lo pensase: lo unico que mi parienta tenia que yencer era mi
poca indinacion» 6, por mejor decir, mi repugnancia à un se-
gundo matrimonio , despues de las desgracias que habia experi-
menudo en el primero. No por esto desconfiô, ni se acobardô ;
antes bien » interésada ya por don Arobrosio , redoblô sus ins-
taocias. Empeftô à toda mi parentela en la pretension del marques.
Comenzàron mis parientes à estrecharme y apurarme sobre que
aceptase un partido tan yentajoso. Yeiame sitiada siempre de
elles y importunàndome y atormentàndome con la continua can-
tinela de que no perdiese tan fayorable proporcion. Por otra
parte mi miseria era mayor cada dia , y na fiié esto lo que mè-
nes contribuyô à dejar yencer mi repugnancia.
No pudiendo pues resistir mas tiempo , cedi âl fin é tan repetidas
porfîas , y caséme con el marques de la Guardia , el cual el dia des-
pues de la boda me condujo i una bellisima hacienda que tenia cerca
de Burgos , entre Tardajos y Reyilla. Desde Inego se poyô de un
amor yehemente hàcia mi: observabayoen todas sus acciones un
Tivisimo deseo de agradarme: estudiaba en proporcionarme todo
caanto yo podia apetecer. Ningun esposo estimô nunca mas à su
muger , ni jamas amante alguno empleô mayor esmero en com-
placer à su dama. Sin duda que yo hubiera amado apasionadamente
à don Ambrosio, à pesar de la desproporcion de nuestras edades, si
hubiera sido capaz de amar à otro que é don Alyaro ; pero los cora-
zones constantes no aciertan à dar entrada à una segunda pasion. La
memoria de mi primer esposo inutilizaba todos los esfuerzos de!
segundo para hacerse querer de mi : no podia corresponder à sus
temuras sino con afectos y espresiones de gratitnd y de respeto.
32 GIL BLAS.
HaDébame en esta disposicion cuando un dia , aBoméndome à
una yentana de mi cuarto , yi en el jardin an aldeano que me mi-
raba con particular atencion. Tùyele por criado del jardinero , y
por entônces no hice caso de él ; pero al dia siguiente , habién-
dole yisto en el mismo sitio, me pareciô que estaba aun mas atento
à mirarme : esto me conmoyiô. Obseryèle tambien yo por mi par-
te con algun cuidado, y se me figurô descubrir en ël la fisono-
mia del desgraciado don Alyaro. Esta semejanza excitô en todos
mis sentidos una turbacion inexplicable , y di un gran grito sin
poderme contener. Por fortuna estaba sola entônces con Inès , la
criada de mi mayor confianza : descubrtle la sospecha que me agî-
taba , y ella no hizo mas que reir , creyendo que alguna ligëra
semejanza me habria alucinado. Serenaos, seftora , me dijo , y no
créais haber yisto à yuestro primer esposo. No es yerosimil que
se presentase aqui con el disfraz de aldeano , ni se hace creible
que aun yiya. Yo misma , aftadiô , yoy ahora al jardin à ver é
ese hombre , â informarme de quien es , y yolyeré al momento
à desengaûaros. Marché al jardin , y un instante despnes la veo
entrar en mi cuarto muy alterada : Sefiora , me dijo , yuestra sos-
pedia filé por cierto bien fimdada. £1 hombre que yisteis en
el jardin es yerdaderamente el mismo don Alyaro: luego se me
descubriô , y desea hablaros é solas.
Podia recibirle entônces , porque el marques habia partido à
Burgos , y asi dije é Inès que le condujese à mi cuarto por una
escalera sécréta. Ya se déjà conocer la agitacion en que yo me
hallaria. No pude sufrir la yista de un hombre que tenia derecho
para decirme cuanto le yiniese à la boca , y al parecer con razon.
Gai desmayada luego que le yi en mi presencia , como si hubiera
sido su sombra. Asi èl como Inès me socorrièron prontamente ,
y despues que yoWi del desmayo : Tranquilizaos , sefiora , me dijo
don Alyaro , y no sea mi presencia un suplicio para yos. No es
mi énimo causaros la mas minima amargura. No yengo como
marido Airioso À pediros cuenta de la tb que me juristeis , ni à
calificar de delito el segundo enlace que contrajisteis. Se muy
bien que todo fiié moyido por yuestra parentela , y no ignore las
persecuciones que habeis padeddo. Por otra parte estoy infor-
mado de la yoz de mi muerte esparcida en todo Yalladolid , y
tanto mas justamente creida de yos , cuanto ninguna carta mia os
podia asegurar de lo contrario. Finahnente se de que modo ha-
beis yiyido desde nuestra fatal separacion , y que la necesidad
mas que el amoros obligô à entregarosen los brazos de.... jAh ,
don Alyaro! le interrampi yo anegada en lâgrhnaSy ;por que
racon quereis disculpar à yuestra esposa? No tiene disculpa pues-
to que yiyis. | Desdichada de mi! i Ojalâ me yiera ahora en la mi-
serable situacion en que me hallaba entes de desposarme con
don Ambrosio! (Funeste casamientol {Ahl en aquella miseria
JLIBRO PRDIERO. 33
temtria â lo mtoos el consaelo de veros sin avergonzanne.
Amada Mencia , replicô don Alvaro en an tono qne mostraba
bien cuanto le habian enternecido mid légrimas , yo no me quejo
de d , Antes bien léjos de censurar la brillantez en que te yeo , jaro
qoe doy al cielo mil gracias. Desde el triste dia en que parti de
VaDadolid tuyesiempre contraria la fbrtuna; mi yida file un tejido
de desdichas, y para su colmo nunca me fué posible darte noticia
demL Segoro siempre de tu amor, seme representaba continua-
mente la situacion à que mi fatal carifto te habia reducido. Con-
sideraba i mi adorada Mencia baAada en Ugrimas, y esta consî-
deradon era mi mayor tormento. Confieso que algunas yeces tenia
por delito la dicha de haberte agradado. Deseaba que te hubieses
indinado i cualquier otro de mis competidores cuando* reflexio-
naba en lo mucho que te costaba la preferencia con que me habias
lionrado. Por fin, despues de siete aùos de penas, mas enamorado
de ti que nanca, be querido yolyer A yerte. No he podido resistir
i este deseo, y babiéndomelo permitido satisfocer el tèrmino de
mia larga esclayitud , he yuelto à Yalladolid disfrazado en este tra*
ge, ariesgo de ser conocido y descubierto. Alii lo he sabido todo »
y he yenido en seguida à esta posesion» donde he hallado modo
de mtrodudrme con el jardinero para ayudarle à cultiyar estos
jardines. Tal es el arbitrio que he tomado para lograr hablarte en
secreto. Mas no te imagines que con mi presencia yengo aqui à
turbar la yentura que gozas. Amote mas que à mi mismo : respeto
tu reposo; y acabada esta conyersacion par to lèjos de ti i ter-
rninar mis tristes dias, que sacrifico à tu amor.
No , don Alyaro , no » exclamé al oir estas palabras : el delo no
te hatraido aqui en balde; y no permkiré que segunda yez te
apartés de mi : quiero ir contigo , y solamente la muerte nos podré
separar en adelante. Crëeme é mi, Mencia , me replicô , yiye con
don Ambrosio, y no quieras ser compaflera de mis desdichas :
deja que cargue yo solo con todo el peso de ellas. Aftadiô à estas
otras razones semejantes; pero cuanto mas empefiado parecia en
querer sacrificarse é mi felicidad , mënos dispuesta me hallaba yo
i consentirlo. Luego que me yiô tan resuelta à seguirle , mudô de
repente de tono, y con semblante mas alegre me dijo : Mencia,
pues todayia amas tanto â don AWaro , que quieres preferir su
miseria â la abundancia en que te hallas, yàmonos à yiyir â Be-
tanzos, dudaddel reino de Galicia, donde hallarëmos un seguro
retiro. Si mis desgracias me quitéron todos mis biencs, no mehi-
cièron perder todos mis amigos. Aun me quedan algunos tan yer-
daderos, que me ban facilitado medios de poder sacarte de esta
casa. Con su auxilio compré en Zamora coche, mulas y caballos;
* y traigo por compafleros à très amigos gallegos, resueltos y ya-
lerosos. Todos estàn armados de carabinas y pistolas, y todos
etperan mi ayiso en el lugar de Reyilla. Aproyechémonos de la
5
34 GIL BLAS.
aosencia de don Ambrorio. Voy â dar ôrden de qoe traigan el
earraage à la paerta de esta casa, y al motnento partirémos. À
todo aocedi : fiié Tolando don Alvaro â Revilla , y en brève dempo
Tohiô con SOS très compafieros montados. Sadbronme de en medio
de mis criadas, que, no sabiendo que pensar de este aconted-
miento, huyëron despayoridas. Sola Inès era sabedora de todo ;
pero no quiso unir su suérte con la mia , porque estaba enamorada
de un page de don Ambrosio; lo que demnestra que el afecto de
los mas fieles criados no résiste à la prueba del amor. Entré en
el coche con don Alvaro, no Ileyando conmigo sino alguna ropa,
y dertas joyas que tenia âmes del segundo matrimonio; porque
nada quise tomar de lo que me habia regaladd el marques coando
sa casamiento. Seguimos el camino de Galida sin saber si ten-
driamos la fortuna de Uegar allé. Temiamos con razon que al ToWer
de Burgos don Ambrosio yiniese en seguimiento nuestro, acom-
pafiado de mucha gente, y que nos alcanzase; pero caminémos
dos dias sin que ninguno nos siguiese. Esperabamos que sucedîera
lo mismo en la tercera jornada , y ya caminabamos tranquilamente.
Contàbame don Alvaro la triste aventura que habia dado motivo à
la voz espardda de su muerte, y el modo de haber recobrado su
libertad despues de cinco afios de cautiverio , cuando encontrémos
en el camino â los ladrones en cuya compaftia estabais vos. El
que matàron cou todos sus acompaflados es el mismo , y el que me
bace derramar el torrente de làgrimas que ahora cae de mis ojos.
CAPlTULOXn.
Dd modo pooo gustoso con que Aie intemimpida la convenacion de la aeftora
y de Gil Bias.
Con efecto se deshacia en làgrimas dofia Mencia al acabar de
hacerme su relacion. Dejële dar entera libertad i los susp\jros , y
lloraba yo tambien : tan natural es interesarse en el dolor de los
infelices, y muy particiilarmente en el de una muger hermosa y
afligida. Iba à preguntarle que partido queria tomar en la coyuntura
en que se hallaba , y quizà ella misma iba tambien à consultarme lo
propio, si no hubiera sido interrumpida nuestra conversacion*
Oimos en el meson un gran rumor, quellamô nuestra atencion.
Causàbale la venida del corregîdor, que acompaftado de dos a1-
guacOes y muchos ministriles se entrô en el cuarto donde estaba-
mos. El primero que se acercô â mi fiië un caballerito que venia en
compaftia del corregidor : parôse â mirar muy de espado y muy
de cerca mi vestido, y despues de alguna suspension exclamô di-
ciendo : ; Vive el cielo que esta es mi mismisima ropilla ' ! la co*
' Vëasc una nota en el capîtnlo xi del libro tcrcero.
LIBRO PRIMERa dS
DOico tan bi^i eomo fae conoddo mi caballo. Sobre mi palabra
que podeis prender à esle hombre honrado. Sin dada es uno de
ios ladrones que tienen no se que oculta madriguera en este pais.
AI oir aquellas palabras me persuadi que sin duda me habia to-
cado por desgracia mia el despojo de aquel caballero , y por con-
siguiente me quedè sorprendido ë inmutado. £1 corregidor» que
por su oficio debia juzgar antes mal que bi^ de la turbacion en
que me yeia, hizo juicio de que la acusacion no era mal fundada;
jsospecbando que la seûora podia tambien ser complice, nos hizo
prender à Ios dos, y poner en cuartos separados.No era este juez
de aquellos dé rostro grave y ceiiudo; antes bien mostraba un
semblante apacible y risuefio, acompaftado de un modo de ha*
blar dnlce y cariftoso ; pero sabe Dios si era mejor que los prime-
ros. Lnego que estuye en la prision, yino à ella con sus dos pre-
cnrsores, esto es, sus dosalguaciles, los cuales , segun su buena
costnmbre, empezàron por regîstrarmebien las fàltrîqueras. ; Que
diapara aqnellahonradagente! Acaso en todos los de su vida
no habian tenido otro semejante. À cada pufiado de doblones que
me sacaban, estabayiendo que rebosaban sus ojos de alegria.
Hasta el mîsmo corregidor parecia que estaba fuera de si. Hijo,
me decîa en un tonoUeno de miel y dulzura , no extrafies ni tengas
recdo de lo que ejecntamos, que en esto no hacemos mas que
nnestro oficio. Si estes inocente, nada te perjudicarà. Miéntras
tanto fuéron poco à poco aliyiando del peso mis bolsillos , quitAn-
dome annio que habian respetado los ladrones, quiero decir , los
coarenta ducados de mi tio. Escudriûéronme de pies à cabeza sus
codiciosas 6 infatigables manos, hacièndome yolyer é todoâ la-
dos , y despojindome de todos los yestidos para yer si tenia guar-
dado aigun dinero entre el pellejo y la camisa. Despues que cum-
plîèron tan exactamente con aquella su importante obligacion , el
corregidor me hizo sus preguntas. Satisficelas presto, refiriéncVJe
ingènuamente todo lo sucedido. Hizo escribir mi declaracion , y
partiô con su gente y mi dmero, dejéndome desnudo sobre la
paja.
iOh, yidahumana! exclamé cuando me yi solo en aquel mise-
rable œtado, iqné llena estas de contratiempos y de caprichosaa
ayentoras! Desde que sali de Oyiedo no he experimentado mas
que desgradas. Apënas salgo de un peligro cuando caigo en otro.
Al Oegar à esta dudad estaba muy lëjos de pensar que en tan poco
tiempo habia de conocer à su corregidor. Haciendo estas re-
flexiones inutiles me y esti la maldita ropilla y lo restante de là ropa
que me habia puesto en aquel estado; y despues hablàndomey
alentàndome.à mi mismo : AÎnimo , Gil Bias , me dije , yalor y cona-
tanda. Yamos claros; piensa que despues de este tiempo yendrà
qoizi otro mas dichoso. i Sera bueno desesperarte porque te yes
en una prision ordinaria, despues de haber hecho tan penoso en-
36 GDL BLAS.
sayo de tu paciencia en la tenebrosa ciiey4iT | Has ay! afiadi tris-
temente, yo me alucino y me lisonjeo. ^Como sera posible que
saiga de esta càrcel, cuando acaban de quitanne los medics de
conseguirlo? Un pobre encarcelado sin dinero es on pàjaro i qmeD
cortan las alas.
En lugar de la liebre y de la perdiz que habia mandado com-
poner, me trajéron .un pedazo de pan negro y un jarro deagua,
dejàndome tascar «1 freno en mi calabozo. En el estuve quince
dias enteroSy sin ver en todos ellos otra persona que el alcaide,
que venia todas las maftanas à registrar y renovar las prisiones.
Cuando le veia, intentaba querer entablar conversacioncon el para
desahogarme algun tanto; pero aquel hombre nada respondia
â cuanto le preguntaba. Jamas me fiié posible sacarle ni una sola
palabra. Entraba y salia muchas yeces sin dignarse siquiera de
mirarme. Al dècimo sexto dia se dejô ver el corregidor, y me dijo :
Ya puedes alegrarte, porque te traigo una buena nueva. Hice que
fnese conducida À Burgos la seAora que venia contigo , examinéla
sobre quien eras , y tu conducta y sus respuetas te justifieàron.
Hoy mismo saldràs de la càrcel, con<al que el arrière en cuya
compaflia yiniste desde Pefiaflor à Cacabelos , segun has dicho ,
confirme tu declaracion. Esté en Astorga , ya le he enviado à
Ilamar, y le estoy esperando. Si conviene su declaracion con la
tuya, inmediatamente te pongo en libertad.
Consolàronme mucho estas palabras , y desde aquel memento
me considéré fuera de tode enredo. Di gracias al juez per la buena
y prenta justicia que mequeriahacer; y apénas babia acabade mi
cumplido cuando Uegô el arrière entre des alguaciles. Conocile
inmediatamente ; pero el bribon , que sin duda habia vendido mi
maleta con tode le que tenia dentro , temiende le ebligasên à res-
tituir el dinero que habia recibido si confesaba que me conoda^
dijo descaradamente que no sabia quien yo era, y que jamas
me habia yisto. i Ah traider! exclamé yo, confiesa que has yen-
dido mi repa^ y respeta la yerdad. Hirame bien. Yo soy une de
aquellos mozos à quienes amenazâste cou el termento en Cacabelos
llenande à tedos de miede. El taimado respendiô muy friamente
que le hablaba una jerigonza que él no entendia ; y come raiific6
y mantuye hasta el fin aquel solemnisime embuste, mi libertad se
difiriô hasta mejor ocasion. Hijo , me dijo el corregidor , bien yes
que el arrière ne concuerda con le que declaràste , y asi ne puedo
soltarte per mas que le deseo. Cenyinome , pues , armarme nue-
yamente de paciencia, y resolyerme À estar todavia â pan y agua^
y sufrir al silencioso carcelero. Cuando peusaba en que no podia
salir de entre las garras de la justicia, siendo asi que ho habia co-
metide délite alguno, me desesperaba con este triste pensamiento,
y echaba mènes ellôbrego soterràneo. Bien reflexionado, me decîa
yo & mi mismo, alli me hallaba mènes mal que en este calabozo-
LIBRO PRIMERO. 37
Por lo mèûos en aqaei comia y bebia alegremente con los ladrones;
DiTertiame god eltos, y me consolaba ladulce esperanza de poderme
escapar algon dia ; pero sere quizà muy feliz si solo paedo salir de
aqoi para ir égaleras ^ â pesar de mi inocencia.
CAPITULO xm.
Fbr ifaé cawnilîdad sale Gil Bias de la cArcd, y i donde ae encamina despueti
IGèntras yopasaba los dias y las noches en desvariar entregad^
i mis-tristes reflexiones» se diyulgéron por la ciudad mis ayen-
tonSy ni mas ni ménos que yo las habia dictado en mi déclara^
cioiL Mochas personas me qaisiéron yer por coriosidad. Yenian
Unas ea pos de otras, y se asomaban à una yentanilla que daba
hz à mi prision , y despues de haberme mirado algun tiempo
se retiraban silenciosas. Sorprendiôme aquella noyedad. Desde
mi entrada en la circel nunca babia yisto alma yiyiente asomarse
â la tal yentanilla que caia à un patio donde habitaban el silen-
do y el borror. Me hizo créer que yo habia llamado la atencion
de la dndad, pero^no acertaba à pronosticar si seria para mal
i para bien^
Uno de los primeros que yi file el muchacho ^ nifio 'de coro
de Mondofledo, que en Cacabelos se escape, como yo, de miedo
del tormento. Conocile luego, y el no fingiô desconocerme como
h habia- fingido el arriero. Saludàmonos una y otro» y entablà-
mos una larga conyersacion , en la cual me yi.precisado à ha-
cerle una nueya relacion de mis ayenturaa : lo que produjo dos
efectos diferenteS' en el énimo de los cîrcunstantes, pues que los
Uce reir, y me atraje su compasion. £1 por su^parle me contô
lo que habia pasado en el meson de Cacabelos entre el arriero
T la muger despues que un terror péiûco nos habia separado de
efla. Ea una palabra, contôme todo lo que dejo ya dicho. Des-f
pidiâse despues de mi , prometiëndome que sin perder tiempo
iba é haeer todo lo posible para que me dieran libertad. Desde
enténoes todas las personas que, como el, habian yenido i yer-
me por mera curiosidad, me aseguràron que mis desgracias les
moyian à compasion, ofrecièndome al mismo tiempo unirse con
aquel niozo para solidtar que me librasen de la cérceL
Cumplièron efectiyamente su palabra. Hablàron en &yor mio
al corregidor, quien, no dudando ya de mi inocencia, particular-
mente d^e que el nifto de coro« le contô ^ todo, lo-que sabia»
très semanas despues yino à- la prisioa^ y me dijo : Gil Bias»,
annqne , si fuese yo un juez soyero , podria detenerte aqui, iu>
quiero dilatar mas. tu causa. Yete : ya estes libre, y puedes salir
SB GIL BLAS.
cuaodo quiBieres. Pero dime, prosiguiô, si te Ueyéran al bosque
donde estaba el soterréoeOy ino le podrias descnbrir? No, seftor.
Je respond! ; porque como entré en el de noche, y sali inles del
dia , no me seria posible dar con él. Con eso se retiré el joez
diciendo que iba à dar ôrden al carcelero que me franquease la
puerta. Con efecto, un momento despues yino el alcaide con sus
aatélites» que traian un lio de ropa, los cuales con mucha gra-
vedad, y sin decir una sola palabra, me despojéron de la casaca
y de los calzones, que eran de pafio fino y casi nuevo, me me-
tièron por la cabeza una especie de chamarreta muy vieja y muy rash-
da émanera de escapulario,y conduidaestaceremonîayme pusièron
à la puerta de la cércel, echàndome A empeUones fîiera de ella.
La yergûenza que padeci al yerme en tan mata ropa modéré
mucho la alegria que comnnmente tienen los presos ouando han
recobrado su libertad. Tuye impulsos de salirme inmediatamente
de la ciudad por huir de la yista del pueblo, que no podia su-
frir sin rubor; pero pudo mas mi agradedmiento. Fui â dar las
gracias al cantorcillo i quien debia tanta obligacion. No pudo
dejar de reir luego que me yiô. A lo que adyierto, dîjo , pareoe
quela justidahahecho contigo todas sus habilidadesJNo me qœjo
de la justicia, le respondi , ella en si es muy justa : solamente
desearia yo que todos sus oficiales fueran hombres de bien y de
condencia. À lo mènos me pudieran haber dejado el yestido ;
pues me parece que no le habia pagado mal. Couyengo en eso ,
me replicô ; pero diràn que esas son formalidades que indispen-
sablemente se deben obseryar. Y sino dime : ; crées por yentura
que el cabidlo en que yeniste se ha restituido à su primer dueAoT
No lo créas : porqne el tal caballo esté actualraente en la caba-
lleriza del escribano, donde se depositô como una ptneba del
delito, y yo estoy persuadido de que su amo yerdadero nnnca
▼olyeré éyer ni siquiera la grupera. Pero mudemos de conyer-
sacion, continué el cantorcillo: ^ que énimo tienes, y que piensas
hacer ahora? Mi énnno es, le respondi, irme derecho é Burgos
é buscar é la sefiora é quien liberté de los ladrones. Natural-
mente me daré algun dinerillo , con el cual compraré «nos hé-
bitos nueyos , y partiré é Salamanca, donde proouraré aproye-
charme de mi latin. Hi mayor apuro es que aun no estoy en
Burgos, y es menester yiyir en el camino. Ya te entirado , me
replicé , aqui tienes mi boisa. Esté un poco yacia é la yerdad ;
mas ya sabes tu que un pobre cantor no es obispo. Al mismo
tiempo la sacé, y me la puso en las manos con tan buena yo-
luntad, que no pude ménos de aceptarla. Agradedselo tanto como
si me hubiera hecho duefio de todo el oro del mundo, y fe pa*
gué con mil protestas de seryirle : cosa que nunca tuyo efecto.
Despues de esto nos despedimos, y yo sali de aquel pueblo sin
yer é ninguna de las otras personas que habian contribuido a
' LIBRO PRIMERO. 39
Ubranne de la prision, contentàndome con darks dentro i% mi
oomon mS y mil bendiciones.
£1 cantorGiHo taTO mocha razon en no hacer ostentacion de
sa boisa, porqne en realidad encontre en ella poco dinero , y
lodo en calderilla. Por fortuna habia dos mesesque estaba acos-
tombrado à una Tida muy frugal, y todayia me restaban algunos
reaies cuando Uegué al lugar de Puentedura , poco distante de
Borgos. Detùyeme en él para saber de dofla Mencia. Entré en u»
meson, coya huéspeda era una moger pequefla, muy enjuta, yi-
yaracha, y de mala oondicion. Luego conoci por la mala cara que
me puso que no le habia gustado mucho mi chamarreta, lo que
CkSÔDente le perdonë. Sentéme A una asquerosa mesa , donde
oomi un pedazo de pan con un cuarteron de queso, y bebi algunos
tragos de un detestable yino que me trajéron. Durante la comida ,
que era may correspondiente à mi equipage, quise entablar con^
Tersacion con la huéspeda, que me diô à entender con un gesto
desdefioso que tenia à ménos hablar conmigo. Supliquéla que me
dijese si conocia al marques de la Guardia , si estaba léjos su
casa de campo , y particularmente si sabia en que habia parado
la marquesa su muger. Muchas cosas me preguntais , respondiôv
muy desdeflosa. Sin embargo me contesta en abreyiatura, y con
may mal talante, diciendo que la casa de campo de don Ambrosio«
disiaba una légua corta de Puentedura.
Despues que acabé de beber y de cenar, como era ya de nxH
die, mostré que deseaba recogerme, y pedi un cuarto. | Un
coarto para él I me dijo la mesonera, miréndome de hito en
hitocon altiyez y oon despredo : |un cuarto paraél ! Los cuartos
de mi casa los reseryo yo para gentes que no cenan pan y
qaeso. Todas mis camas estén ocupadas, porque estoy esperando-
à ciertos caballeros de importancia que yienen i hacer nocho
aqai : lo mas que te puedo ôfrecer es el pajar, porque creo na
sera la primera yez que hayas dormido sobre paja. En esto decia.
mas yerdad de lo que ella misma pensaba: no le répliqué pala-
bra; abrazé prudentemente el partido que me proponia ; fiiime
al piyar, y dormi con tranquilidad, como hombre que ya estaba
bedio à trabjyos.
CAPITULO XIV.
Keabimiento que le hizo en Burgos dofla Memcta.
No foi perezoso en leyantarme al dia siguiente. Fui â ajustar
la cuenta con la huéspeda, que ya estaba leyantada, y me pare-
eiô de mejor humor que el dia antécédente. Atribuilo â la pre-
seada de très honrados cuadrilleros de la santa Hermandad ,
40 GIL BLAS.
que con mocha familiaridad hablaban con eUa» y serian sin duda
los caballeros de importancia para quienes estaban desiinadas
todas las camas. Informéme en el lagar del camino que goiaba é
la casa de campo adonde yo queria ir , y se lo preguntè i on
paisano que me deparô la suerte del mismo carécter que mi an-
tiguo mesonero de PeAaflor. No contento con responderme é lo
que lepreguntaba, afiadiô que don Ambrosio habia muerto ti^s
semanas hacia, y que la marquesa, su muger , se habia reUrado
à un conyento de la ciudad , que me nombro. Al punto me en-
caminë en derechura à Burgos , y sin pensar ya en la casa de
campo fui yolando al monasterio en donde me dijëron que se
hallaba dofla Henda. Supliqué à la cornera se sirviese dedr é
aquella seflora que deseaba hablarle un mozo recien salido de
la cércel de Astorga. Inmediatamente fué é darle et recado la
tornera. Yolviô esta, y me hizo entrar en un locutorio , adonde
dentro de poco yi Uegar muy eulutada â dofla Mencia.
Bien yenido seas , Gil Bias , me dijo aquella yiuda con modo
muy afàble : cuatro dias ha que escribi i un conocido mio de
Astorga, suplicéndole te fuese à yer , y que de mi parte te ro-
gase yinieses à y isitarme inmediatamente que salieses de laprisîon.
Nunca dudé que presto te darian libertad. Bastaban para esto lag
cosas que yo dije al corregidor en descargo tuyo. Respondiè-
ronme que ya con efécto estabas libre, pero que no se sabia tu
paradero. Temi no yolyerte à yer , ni tener el gusto de darte
alguna prueba de mi agradecimiento , lo que hubiera sentido
extremadamentcConsuélate, afiadiô, conociendo que estaba ayer-
gonzado de 'presentarme é ella en tan miserable estado : no te de
pena alguna el hallarte en el infeliz ropage en que te yeo. Despues del
gran seryicio que me hicibte, séria yo la muger mas ingratadelas
mugeres si no hiciera nada por ti. Mi ànimo es sacarte del mal
estado en que te hallas; debo y puedo hacerlo , pues tengobienes
suficientes para poder corresponderte sin que me sea grayoso.
Los lances , continuô , que me sucediéron hasta el dia en que
nos separéron para meternos presos , ya los sabes como yo :
ahora yoy â contarte lo que me aconteciô desde entônoes. Luego
queel corregidor de Astorga dispuso que me condujesen à Burgos
despues de haberme oido la relacion puntual de mis sucesos, me
dirigi à la casa de don Ambrosio. Causô mi Ilegada una general
y extremada sorpresa, pero me dijéron que ya Uegaba tarde,
porque el marques , profimdamente afligido por mi fiiga , habia
caido grayemente enferme, y tanto, que los medicos désespéra-
ban de su yida. Esta triste noticia fiié un motiyo mas sobre los
muchos que ya tenia para Uorar el rigor de mi fatal destine. Con
todo eso quise que le ayisasen mi Ilegada : entré despues en su
çuartOy y corri â arrojarme de rodillas à la cabecera de su cama,
anegado en làgrimas el semblante, y el corazon traspasado del
, * LIBRO PRIMERO. 41
Dtf agodo dolor. ; Qaieii te ha traido aqiii T me dijo luego que
me fi6. ^Yienes à oomplaoerte en la obra de tus manosT ;No
te bastô habemie quitado la yida? ; Era menester , para mayor
. salisbcdon tuya, qae tus mismos ojos ftiesen testigos de i^i
noerte? Seflor, le respondi, ya os habrâ informado Ines de que
TO bni con mi legitimo esposo» y à no ser el fimesto accidente
que me priyô de ëi, nunca mas me hubierais yuelto â ver. Refe-
nJe al mismo tiempo como don Alvaro habia muerto à manos
de anos ladrones, y como me habian conducido al soterràneo ,
eon todo lo demas que me habia sucedido hasta entônces. Ape-
nasacabé de hablar cuando, alargândome cariflosamente la mano,
ffle dijo con temnra : Basta, hija, ya no me quejo de ti. | Pues
qoé! ;debo por yentura culpar un procéder tan justo y tan
bonrado T Hallàstete de repente con tu legitimo esposo é quien
adorabas ^ y me abandonéstes por irte con el : ; podré nunca
condenar con razon,nna conducta dictada por la conciencia y la
justicia? No por cierto ; ninguna razon tendria para quejarme.
Por eso no permiti que ninguno te siguiese. Respetaba en aqueUa
foga el sagrado derecho que la hacia licita y aun necesaria, como
tambien el debido amor que profesabas À tu querido y yerda-
dero esposo. En fin^ te hago justicia , protesto que con haberte
restimido à mi casa has recobrado toda mi ternura. Si , querida
Menda, tu presencia me colma de gozo y de consuelo : i mas
ay! coan poco me durarà uno y otro ! Conozco que mi ultima
bora se ya acercando. Apénas la suerte me yolyiô é juntar con-
tigo, caando me sera necesario arrancarme de ti con el ultimo
adios. Redoblôse mi llanto al oir palabras tan amorosas , las que
exdtéron en mi una afliccion extremada. Aunque adore é don
Alyaro , no Doré tanto por el. Muriô don Ambrosio al dia si-
guiente , y yo quedé duefla de la rica dote que roe habia seAalado
en las capitulaciones. No es mi ànimo emplearla mal. Aunque soy
todayia moza, ninguno me yerà pasar é tercerasnupcias. Esto,
ami parecer, solo es propio de mugeres sin pudor y sin delica-
deza. Antes bien te digo que yano tengo inclinacionalmundo , y
qneqoiero acabar mis dias en este conyento, y ser su bienhechora.
Tal filé el discurso de dofla Mencia , acabado el cual , sacô de
la iaitriquera un bolsillo , y me lo tiro por la reja del locutorio
adonde le pudiese alcanzar, diciendo : Toma, Gil Bias » esos cien
dncados, unicamente para que te yistas, y despues yuélyemei
ver, porque no quiero se limite à cosa tan corta mi agradeci-
flûento. Dile mil gracias , y le juré que no partiria de Burgos sin
Tolyer i despedirme de ella. Hecho este juramento (que estaba
bien resuelto i no quebrantar) me fui â buscar algun meson.
Entré en el primero que encontre , pedi un cuarto , y para pre-
caver el mal concepto que por el trage se podia formar de mi ,
dqe al mesonero que , aunque me yeia en aquellos pobres tra-
49 GIL BLA& ,
po8y tenia con qne pagar el ga8to.Al oir eitas palabras^ el
mesonero , que se llainaba Majuelo, y era natnralmente grandK
«imo bufon , miréndome y examinéndome atentamente de pies à
€abeza , me dijo con cierto aire malicioso y chnfletero , que
no necesitaba de mi aseyeracion para conocer que sin dada
haria yo en su casa mucho gasto » porque entre los remiendo»
de aquellos malos trapos se diyisaba en mi persona un no se
que de nobleza que le obligaba à créer que yo era un caballero
de grandes conyeniencias. No dejé de conocer que el bellaco se
esu^a burlando de mi ; y para cortar de repente sus bufonescas
frialdades, saqué el bolsUlo » y à yista suya conté sobre una mesa
mis ducados, los que le obligàron à fbrmar un juido mas fiiyo-
rable de mi. Roguéle que me hiciese buscar algun sastre, â lo
cual me replicô que seria mejor llamar à algmi prendero , el
cual traeria diferentes yestidos de todas clases para quedar pronto
yestido del todo. Armôme el consejo, y determine seguirle; pero
como se acercaba ya la noche, dilaté este négocie hasta el dia
siguiente , y solo pensé en cenar bien para resarcir lo mal que
habia comido desde que sali del soterrineo.
CAPITULO XV.
«
De fjaé modo m Yistiô Gil Slaf ; del nuero regalo qae le hîiola mtan. ; y del
equipage en que saliô de Biirgot.
Siryiéronme un copioso plato de manos de camero fritas, y le
comi casi todo: bebi é proporcion, y despues foiiûe é la cama.
Era esta muy décente ^ y esperaba que luego se apoderaria de
mis sentidos un profiindo sueAo; pero engafiéme, porque apè-
nas pude cerrar los ojos^ ocupada la imaginacion en que género
de yestido habia de escoger. iQué haré? deda; ; seguiré mi
primer intente de comprar unes hébitos largos para ir i ser d6-
mine en Salamanca? Pero ;â que fin yestirme de estudianteT
i Tengo deseos de consagrarme al estado eclesiàstico? ; acaso me
inclina é ello mi propension? Nada de eso : mis indinadones son
muy contrarias à la santidad que pide : quiero ceâir espada,
y yer de hacer fortuna en el mundo. Y â este me deddi.
Resolyi , pues , yestirme de caballero , bien persuadido de
que este bastaria para alcanzar un empleo douimportancia. Gon
tan lisonjeros proyectos estuye esperando el dia con grandisiflia
impadencia, y apénas rayô en mis ojos su primera luz» coando
salté de la cama. Hice tanto ruido en el meson que despertéron
todos. LIamé â los criados cpie estaban todayia en la cama, y me
respondiéron echàndome mil maldiciones. Al fin se yiéron oUi-
gados i leyantarse , y les di ôrden de que fuesen é buscar al
UBRO PRUIERO. 43
prendero. No tardô en llegar este con dos mozos cargados cada
ujio con on gran enToltorio. Saludôme con grandes campUmientos
y me dijo : CabaUero , ha tenido ymd. foitona en dirigirse à mi
mas bien que à otro : no quiero desacreditar à mis compafleros,
ni pennita Dios qae haga el menor agrayio à sa reputacion ; mas
aqai para entre los dos , ninguno de ellos sabe que cosa es con-
denda : todos son mas doros que judios : yo soy el ùnico de
mi oficio qoe la tiene ; me limito i una ganancia justa y razona-
tie, contentindome con an real por cada cuarto; equivoquéme,
quise decir con un cuarto por real.
Despues de este preàmbulo , que yo crei tontamente al pie de
la letra, mandô à los mozos que desatasen los envoltorios. Ense-
ââroome yestidos de todos géneros y colores , muchos de ellos
de pajk> enteramente lisos. Beseché estos con despredo por de-
masiado hqmildes. Presenltronme despues otro que parecia ha-
berse cortado expresamente para mi» el cual me deslambrô sin
embargo de que estaba un poco usado. Se componia de una ropilla,
DDos odzoneSy y una capa; la ropilla con mangas acuchilladas, y
todo el de terciopela azul bordado de oro. Escogi este , y pre-
ganté el precio. El prendero , que conodô cuanto me agradaba,
me dijo: En verdad que es vmd. un sefior de gusto muy
delicado , y se Té bien que lo entiende. Sepa ymd. que este yes-
tido se hizo para uno de los primerpp sugetos del reino, que no
se le puso très yeces. Obserye bien la calidad del terciopelo , y
hallarà que es del mejor: ^pues que dire del bordado? no pa-
reœ cabe mayor delicadeza ni primor. T bien, le pregunté,
^cuanto pedis por él? Sefior , me respondiô, ayer no le quise dar
por sesenta ducados , y si esto no es cierto , no sea yo hombre
de bien. A la yerdad la contestacion era conyincente. Yo le ofreci
cuarenta y cinco , aunque acaso no yalia la mitad. Caballero ,
replicô él friamente , yo po soy hombre que pido mas de lo
JQSto , ni rebajo un ochayo de lo que digo la primera yez. Tome
ymd. este otro yestido , coutiiraô presenténdome el primero que
yo habia desechado , que se le daré mas barato. Todo esto solo
senria para aumentar en mi la gana que tenia del otro; y como
me imaginé que no rebajaria ni un marayedi de lo que habia pe-
dido , le entregué sus sesenta ducados. Cuando yiô la fecilidad
eon que se los habia dado , juzgo que, no obstante la delicadeza
de su rigida condencia , se arrepintiô mucho de no haberme pe-
dido mas. Pero al fin » contento con haber ganado é real por
cuarto, se despidiô con sus mozos , à los cuales tampoco dejè^^
de agasajar , dàndoles para beber. ^^
Viéndome ya con un yestido tan sefior » comenzé â penser en
lo restante para pres^tarme en la calle con toda autoridad y
decencia , lo que me entretuyo toda la mafiana. Gompré pafiuelo,
sombrero y médias de seda, zapatos y una espada. Vestime
44 GIL BLAS.
inmediaonneiite; ; pero que gozo foe el mio coando me vi tu
bien eqaipado ! no me cansaba de mirarme. Ningui pavo real
ae recreô nuoca tanto en mirar y remirar el dorado plomage de
8u cola. Aquel mismo dia pasé â visitar segonda yez A dofia
Mencia, la cual me toIyîô â recibir con la mayor urbanîdad y
agasajo. Diôme naeras gracias por el seryicio que le habia he-
cho y à que siguiô una salva de reciprocos cumplidos. Despaes ,
deseéndome en todo la mayor prosperîdad, se despidiô de mi,
y se retirôy regaléndome solo una sortîja de treinta dobloiies,
y suplicàndome la conservase siempre por memoria.
Quedëme frio cuando me tI con la tal sortija , porqne babia
contado con regalo de mncho mas precio. En esta suspicion,
mal contento de la geuerosidad de la seAora» Tolvi al meson
, haciendo mil calendarios ; pero apénas habia Uegado cuando en-
tré en él un hombre que venia iras de mi , el cui^ desembo-
zando la capa mostrô un talego bastante largo que traia ddMqo
del brazo. Asi que vi el talego , que parecia lleno de dinero,
abri tanto ojo , y lo mismo hiciëron algunas personas que es-
taban présentes; y me pareciô oir la voz de un serafin cuando
aquel hombre me dijo, poniendo el talego sobre una mesa :
Seûor Gil Bias , mi seùora la marquesa suplica A ymd. se sirva
admitir esta cortedad en prueba de su agradecimiento. Hice mil
cortesias al portador, acompafiadas de otros tantos cumplimien-
tos , y luego que saliô del meson me arrojè sobre el talego
como un gayilan sobre su presa , y Ileyèmele à mi cuarto. De-
satële sin perder tiempo , yaciéle sobre una mesa, y me encontre
con mil ducados que contenia. Acababa de contarlos al tiempo
que el mesonero, que habia oido las palabras del portador,
entré para saber lo que iba en el talego. Asombréle la Tîsta de
tanta plata, y exclamé admirado: {Fuego de Dios, y cuanto
dinero! Sin duda sabeis , afiadié conjnalicia, sacar buen partido
de las damas. Apénas ha veinte y cuatro horas que estais en
Burgos, y ya haceis contribuir à las marquesas.
No me desagradé esta sospecha, y estuve tentado i dejar i
Majuelo en su error por lo que lisonjeaba à mi vanidad. No me
admiro de que los mozos se alegren de ser tenidos por afortu-
nados con las mugeres ; pero pudo mas en mi la inocencia de
mis costumbres, que la vanagloria. Desengafiè al mesonero, y le
conté toda la historia de dofla Mencia. Oyéla con singular aten-
don, y despues le confié el estado de mis asuntos, suplicéndole,
>^^^ pues se mostraba tan interesado en seryirme, me ayudase con
" sus consejos. Quedése como pensativo algun tiempo, y tomando
luego un aire serio, me dijo : Seflor Gil Bias , confieso que desde
que yi à ymd. le cobré particular inclinacion ; y ya que le me-
rezco la confianza de que me hable con tanta franqueza, debo
corresponder à ella diciéndole sin lisonja lo que siento. Â mi me
LIBRO PRIMERO. 45
paraoe *qae ymd. es on horabre nacido para la ^oorte , y asi le
aooosejo se Taya à ella , y procure introdacirse con algan graa
seflor , Tieodo de mezclarse ea sus negocios , y sobre todo en
los de sus pasatiempos y devaoeos , sin lo cual perderé ymd. el
tiempo, y nada adelantaré con el. Conozco bien é los grandes :
ningnn aprecio bacen del zelo y de la lealtad de un hombre de
bien, y solo esliman à las personas que les son necesarias para
sus fines. Ademas de este tiene Tmd. otro recurso : es mozo ,
bien dispuesto, galan ; y esto, aun cnando fnera un hombre sin
ulento, bastaba y aun sobraba para encaprichar à su fevor i al-
gona Yinda poderosa, 6 alguna hern^osa dama^mal casada. Si el
amor empobrece â muchos ricos , talyez sabe tambien eûri-
qneoer à los que eran pobres. Soy pues de parecer que yaya ymd.
i Madrid ; pero conviene se présente con ostentacion , pues alli ,
como en todas partes, se juzga de las personas no por lo que son,
sinopor k> que aparentan ser; y ymd. solamente seréatendido épro-
pordon de la figura que biciere. Quiero proporcionarle un criado
mozo, fiel, cuerdo y prudente, en fin , un hombre de mi mano.
Compre ymd. dos mutas , una para si , y otra para èl , y sin perder
timpo p6ngase en camino lo mas pronto que le sea posible.
No podia ménos de abrazar un consejo que era tan de mi
gusto. Al dîa siguiente compré dos mulas, y recibi el criado que
Majuelo me propuso. Era un hombre de treinta aftos , y de
on aspecto humilde y deyoto. Dijome ser rayano de Galicia, y
Damarse Ambrosio Lamela. Lo que mas admiré en él fîiè que,
siendo los demas criados por lo comun muy interesados , este
nose paraba en pedir gran salario. Dijome que en este asunto se
coDtentaria con lo que quisiese darle. Compré unos botines , y
noa maleta para lleyar mi ropa y mis ducados , ajusté la cuenta
cooelmesonero, y al amanecer sali de Burgoscamino de Madrid.
CAPITULO X\l.
Donde se re que ningono debe fiane mucho de la prosperidad.
Dormimos en Dueftas la primera jomada, y el dia siguiente
entrimos en Yalladolid a las cuatro de la tarde. Apeimonos en
on meson , que me pareciô séria el mejor de la ciudad. Mi criado
se fùé à cuidar de las mulas , y yo mandé é un mozo de la posada
lleyase la maleta ai cuarto que me diéron. Llegué tan fiatigado ,
que sin quitarme los botines me eché en la cama, donde insen-
siblemente me quedé dormido. Eraya casi noche cuando desperté.
Liamé à Ambrosio ; no estaba en el meson , pero tardé poco en
parecer. Preguntéle de donde yenia , y me respondiô , deyoto y
Gompungido , que de una iglesia de dar gracias al Sefior por
46 GIL BLAS.
habernos librado de toda desgrada en d camfaio. Alab61e sa
devocion , y le mandé que encargase me dispusiesen algo que
oenar.
Al mismo tiempo que le hablaba, entrô en mi cnarto el me-
aonero con ana hacha encendida en la mano , ahimbrando i una
aeiiora ricamente vestida, la coal me pareciô mas hermosa que
jôren. Dàbale el brazo nn escndero, y un morfllo la segoia
Uevéndole la cola del yestido. Quedè no poco sorprendido caando
la sefiora,' despnes de hacerme ana profunda reverenda, me
preguntô si por ventura seria yo el seflor Gil Bias de Santfllana.
Apénas le respond! que si, caando , desasièndose del escudero,
yino apresuradamente à darme an abrazo con tal alborozo y
alegria , que afladiô muchos grades é mi admiracion. 2 Sea mil
yeces bendito el delo, exclam/», por tan dichoso encuentro! à
ymd., seAor caballero, é ymd. yenia yo buscando. Al oir esto
se me yino é la memoria el petardista taimado de Peflaflor, y
ya iba i sospechar que aquella seftora era una solemne embus-
tera , ô una descarada ayenturera ; pero lo que afiadi6 me obligé
i formar de ella un juicio mas foyorable. Yo soy , me dijo ,
prima hermana de dofia Mencia de Mosquera, que debe é ymd.
tantas obllgaciones. He recibido hoy mismo una carta suya , en
que me participa el yiage de ymd. à la cprte , y me encarga le
trate bien, y le obsequie si transitare por esta dudad. Dos horas
ha que la ando corriendo toda , iendo de meson en meson à
saber que forasteros se han apeado en ellos; y por las seflas que
me diô de ymd. el mesonero , conoci que podia ser el libertador
de mi prima. Ya que he tenido la dicha de encontrarle , quiero
manifestarle lo mucho que me intereso en los bénéficies que se
hacen é mi familia, y particularmente à mi querida Mencia. Me hari
ymd. el foyor de yenir ahora mismo i hospedarse en mi casa ,
donde estaré ménos mal que en un meson. Quise excusarme, hadèn-
dole présente que no podia admitir su fineza sin incomodarla;
pero filé precise rendirme à sus eficaces instancias. Habia à la puerta
del meson un coche que nos estaba esperando. £lla misma tuyo
gran cuidado de hacer poner dentro de él la maleta y todo mi
equipage, porque en Yalladolid , dijo , hay muchisimos bribones,
lo cual era demasiadamente cierto. En fin , entrâmes en el coche
ella y yo con su yejete escudero ; y me dejé sacar del meson de esta
manera con gran pesar del mesonero, porque asi se yeia priyado
del gasto que él suponia que yo habia de hacer en su posada
con la sefiora , el escudero y el morito.
Despues de haber rodado bastante parô en fii) el coche à la
puerta de una casa grande , adonde subimos à una sala bien
adornada é iluminada con yeinte ô treinta bujias. Habia en clla
tambien muchos criados , à quienes preguntô la seflora si habia
Tenido don Rafael. Respondiéronle que no ; y ella me dijo , yol-
LIBRO PRDIERO. 47
fiendose i mi : Sefior Gil Bias , estoj esperando à mi hennano,
qae ha de YoWer esta noche de ana qointa que tenemos à dos
legnas de aqoi. { Guan agradable sera su sorpresa coando se
eDcoentre en su casa con un huèsped i qaien tanto debe toda
Boestra fiamilia ! Al mismo punto que acabô de decir estas pala-
bras « oimos midOy y supimos le causaba la llegada de don
Rafoel. Dqôse presto Ter este cabailero , qae era on jôyen de
bello taDe y muy airoso. Hermano , le dijo la seûora , no sabes
coanto me alegro de ta yaelta. Tu me ayudaràs à obsequiar
como merece ad seik>r Gil Bias de Santillaiia. Nanca podrèmos
pagar lo que ha hecho por nuestra parientâ dofta Mencia. Toma
esta carta, afiadiô, y lee lo que en ella me escribe. Abriôla don
Ra6el, y leyô en alta voz lo siguiente :
tft tpiirida Camila : et sH^ GH Bios de SantiUana, que me ha
takadô et honor y la vida, acaba de salir para la corte, y sin dvda
jnsard por VaUadoUd. Te ruego eneareddamente por el vinculo
dd jMrenteseo, y aun mas por la amistad que nos une, le agasajes
^obseqiàes cuanto puedas, obHgdndole d que descame algunos dia$
en m casa. Espero no me negaràs este gusto , y que mi libertador
rmbhrd de ti y del primo don Rafael todo género de atenciones»
Bwgos, etc. Tu prima que te orna : DONA Mengia.
; Como asi I exclamé don Rafael luego que leyô la carta ; ; es
posible sea este el cabailero à quien debe no mènosque el honor
y la vida mi parienta I Doy gracias al cielo por este dichoso en-
coentro. Diciendo esto se acercô à mi , y àbrazàndome estrecha-
mente , dijo : i Oh que gusto y que fortuna la mia en tener en mi
casa al seflor Gfl Bias de SantiUana ! No era menester que mi '
prima la marquesa le recomendase : bastaba ayisarnos que pasaba
por aqoi. Sabemos muy bien mi hermana y yo como debemos
tratar k un hombre que hizo el mayor servicîo del mundo à la
persona i qaien mas amamos de toda nuestra parentela. Corres-
pond! lomqor que pude é todas aquellas expresiones , y à otras
mâchas semejantes, acompafladas de mil caricias. Advirtiendo
despnes don Rafoel que todayia tenia yo puestos los botines ,
mandô â sus criados me los quitasen.
Pasimos despues al cuarto donde estaba esperàndonos la cena.
Sentimonos à la mesa, oolocàndome à mi en medio de los dos her-
manos, quienes mièntras cenabamos me dijèron mil expresiones
cariftosas : celebraban todas mis palabras como otros tantos rasgos
de gracia y de discrecion ; y era de ver el cuidado con que me ha-
cian plato, stryiéndome de cuanto habia en la mesa. Don Rafael brin^
dabafrecaentemente à la salnd de doila Mencia, y yo correspondu^
del mismo modo. Dofla Camila no se descuidaba en imitarnos , y é
▼eces me pareda que me miraba como é hurtadillas de una ma-
nera que podia significar mucho , y aun lleguè à créer que para
hacerlo boscaba ocasion, como quien temia que su hermano lo
48 GIL BLAS.
adyntiefle. BastA esto {Mira persaadirme que ya me habia hecho
dueflo de la yoluntad de aqaella seflora , y para resolver apro-
Techanne de este descubrimiento por poco qae me detayiese
en Yalladoltd. Con esta esperanza me rendi f&cQinente à la cone-
sana sùplica que me hicièron de que me detuviese en su com-
paflia algunos dias. Agradeciéron mucho mi condesoendencia ; y
la particular alegria que mostrô dofla Camila me confirma en
la opinion de que habia hallado en mi un hombre muy de su
gusto.
Yièndome determinado don Raiael é detenerme algun tiempo ,
me propuso un yiage à su qùinta , de la que me hizo una mag-
nifica descripcion , como tambien de las diversiones que qoeria
proporcionarme en ella. Unas vcces , decia , nos dirertirëmos en
la caza, otros en la pesca; y si ymd. gusta de pasearse, en-
contrarà bosques sombrios y jardines deliciosos. Ademas de
esto no nos faltarà buena compaAia ; y creo que no echaré ymd.
de mënos la ciudad. Acepté la oferta , y qnedémos en que al dia
siguiente iriamos é la tal divertidisima quinta. Leyantémonos de
la mesa con esta resolucion ; y don Rafiael lleno de alegria me
diô un estrechisimo abrazo , dicièndome : Seflor Gil Bias , ahi le
dejo à ymd. con mi hermana ; yoy à dar las ôrdenes necesarias
para el yiage y para que se ayise é las personas que nos han de
acompafiar. Dicho esto se saliô del cuarto , y yo quedè é solas
con la sefiora dàndole conyersacion , en la que no desmintiô lo
que yo habia juzgado de las tiernas miradas de la cena. Tomôme
la mano , y mirando con atencion la sortija , dijo : Parece muy
' lindo este diamante , pero es pequefiito : ^Entiende ymd. de pe-
dreria? Respondile que no. Lo siento , me replicô ; porque si lo
entendiera me diria cuanto y aie esta piedrâ, mostràndome on
grueso rubi que tenia en el dedo ; y mièntras yo lo miraba , alla-
diô : Regalômelo un tio mio, que fiié gobernador en Filipinas , y
los joyeros de Yalladolid le aprecian en trescientos doblones. Lo
creo y répliqué, porque me parece primoroso. Pues ya que i
ymd. le gusta » repuso ella, qniero hagamos un trueque. Dî-
ciendo y haciendo , me cogiô mi sortija , y metiôme la suya en
mi dedo. Despues de este cambio , que yo tuye por un regalo
hecho con gracia y noyedad , Camila me apretô la mano , y me
miré con temura : luego cortando de repente la conyersacion
me diô las buenas noches , y se retirô , enteramente confusa y
como ayergonzada de haberme manifestado demasiado sus sen-
timientos.
Aunque era yo entônces uno de los cortejantes mas noyieios,
no dejé por eso de penetrar lo mucho y bueno que significaba
aquella precipitada fuga, y desde luego consenti en que no posa-
ria mal el tiempo en la quinta. Poseido de esta lisonjera idea , y del
brillante estado de mis negocios , me encerrë en el cuarto donde
UBRQ PRIMERO. 49
haim dedonmr y y preyine à mi criado me despertase temprano
el dia siguiente. En lugar de pensar en acostarme , me entregué
enteramente à los alegres pensamienlos que me inspiraban mi ma-
leca , que estaba sobre una mesa , y mi rubi. Gracias à Dios , de-
cia , que si antes fiii miserable , ya no lo soy. Mil dacados por
una parte , y una sortija de trescientos doblones por otra , es un
deeeote caudal para bandearme algun tiempo. Ahora yeo que
Majoelo no me engaûô. Sin duda que en Madrid encenderé en
amor àmflmugeres,cuando tan fàcilmente be agradado àCamila.
Venianseme à la nnaginacion todas las palabras y acciones de
aqueDa sefiora , y gozaba anticipadamente de todos los pasatiem-
p(» que don Rafael me habia ponderado de su quinta. Con todo
fso , é pesar de unas ideas tan halagûeflas , no dejô el sueflo de
hacer sa oficio ; y asi sintiéndome adormecido , me desuudë y me
meti en la canuL
Al despertar el dia siguiente conod que era tarde. Âdmiréme
de que Ajnbrosio no me hubiese despertado habiëndoselo man-
dado ; pero dije entre mi : Ambrosio , mi fiel Ambrosio , estari
eo alguna iglesia » 6 le habrà hoy cogido la pereza. Mas tardé
poco en perder el buen concepto qne habia hecho de èl , para
dar lugar à otro ménos favorable , aunque mas justo y yerdade-
ro ; pues habièndome leyantado , y no hallando mi maleta en
todo el cnarto , sospeché que me la habia robado por la noche.
Para aclarar mis sospechas , abri la puerta , y comenzé é Uamar
al hipocrita repetidas yeces , y con yoz muy esforzada. A mis gri-
tos acndiô un yiejo , y me dijo: ^Qué quiere ymd.^ seflor ? todos
suscriados han salido de mi casa antes de amanecer. ^Quë es eso
de mi casa? le répliqué yo. Pues que ^no es esta la de don Ra-
Ëiel? Yo no se quien es ese caballero , respondiô el yiejo : solo
se que esta es una casa de huéspedes , que yo soy su dueâo , y
que, una hora antes que ymd. Uegase , aquella seflora con quien
cenô anoche yino à pedirme un cuarto para un caballero princi-
pal que ella dijo yiajaba incognito : yo le di este , habiéndomelo
pagado adelantado.
Cai entônces en la cuenta : conoci lo que debia pensar de dofia
Camila y de don Rafael , y comprend! que mi criado, instruido
i ibndo de todos mis negocios , me habia yendido à aquellos dos
grandisimos brîbones. En yez de echarme à mi solo la culpa de
tan pesaroso suceso y y de conocer que no me hubiera acaecido
à no haber tenido la ligereza é indiscrecion de descubrirme à Ma-
jnelo mn la menor necesidad , me yolyi contra la inocente ibr-
tuoa , y maldije mil yeces mi suerte. £1 posadero , à quien conté
mi ayentura (de la cual quizà el bellaco estaria mejor informado
que yo) mostrô acompafkarme en mi sentimiento. Compadeciôse
de mi y y protesté lo mucho que sentia que este lance hubiese
SQoedido en sa casa ; pero yo creo , à pesar de todas sus protes-
4
80 GIL BLAS.
tas, que H Xmo tama parte «n esta picardia oomo el mesonero
de Burgos, à qaien siempre atribai el honor de la invendon.
CAPITULO XVII.
Partftdo que tomo Gil Bk» de nMiltas del trifte mceio de la casa de poaada.
Despaes de haber llorado bien, pero en vano, mi desgracia,
comenzè i hacer reflexioaes , y saqué de allas que, en lugar de
rendirme à la desesperacion y desaliento, debia animarme à
luchar contra mi mala suerte. Yolvi pues à despertar mi valor ,
y me decia à mi mismo miéntras me estaba vistiendo : aun doy
gracias à mi fortuna de que aquellos malvados no se Uerasen
tambien mis yestidos , y algunos ducados que tengo en las £al-
triqueras; y les agradecia el haber andado tan comedidos, pues
habian tenido tambien la generosidad de dejarme los botines ,
los cuales di al posadero por la tercera parte de lo que me ha-
bian costado. En fin sali de la posada, sin tener necesidad , gra-
cias à Dios, de quien me lleyase el hatillo. Lo primero que hice
filé ir al meson donde me habia apeado el dia antécédente, à
Ter si mis mulas se habian librado de la borrasca , aunque à la
verdad juzgaba que Ambrosio no las habria ohidado; y ojalà
que siempre hubiera juzgado de èl con tanto acierto, pues supe
que aquella misma noche habia tenido buen cuidado de sacarlas.
Gon que dando por supuesto que yo no las Yolyeria i ver, como
tampoco mi maîeta , caminaba triste y sin destino por las calles ,
pensando en el rumbo que habia de tomar. Ofreciôseme la idea
de Yolver à Burgos para recurrir segunda yez à doAa Mencia ;
pero considerando que esto séria abusar de su bondad , y que
ademas me tendria por un simple, desechë este pensamiento.
Juré st guardarme bien en adelante de mugeres ; y por entônces
no me fiaria ni aun de la casta Susana. De cuando en cuando po-
nia los ojos en mi sortija; mas acordéndome que habia sido re-
galo de Camila , suspiraba de rabia y de dolor. ; Ah ! decia entre
mi , nada entiendo de rubies ; pero bien entiendo y conozco à la
gentecilla que hace estos cambios. No me parece p reciso ir i on
joyero para conocer que soy un pobre mentecato.
Gon todo , no quise dejar de ir i saber lo que yalia la sortija ,
que reconocida por un lapidario la tasô en tre^ ducados. Al pir
semejante tasa, aunque no me causA sorpresa, di à todos los
diablos lasobrina del gobernador de Filipinas, 6, por mejor
decir , solo les renoyé el don que mil yeces les habia hecbo de
ella. Al salir de casa del lapidario encontre un mozo que se pari
à mirarme. No pude caer al pronto en quien era , aun(](ùe en otro
LIBRO PRIMERO. 51
tiempo lebabia conocido may bien. ^Como que, Gfl Bias , me dijo ,
finges aeaso no conocerme? Es posible que en dosafios me haya
nnidado tarfto, que no conozcas al hijo del barbero Nuftez ? Acaér-
date de Fabricio, ta paisano y tu eondiscipulo de lôgica, y de caan-
us veces arguimos los dos en casa de! doctor Godinez sobre los
oniversales y grados metafisîcos.
Ant6s que acabase de hablar, habia yo venido en conocimiento
de quien era. Abrazàmonos estrechamente con mil demostra-
ciones de admiracion y de alegria. ; Ah , querido amigo , prosh-
gaiô Fabricio , y que encaentro tan feliz, y coanto me alegro de
voWerte i ver ! â Pero en que equipage te veo? A la yerdad que
estis yestido como un principe ! Bella espada , médias de seda ,
calzon y yestido de terciopelo con bordado de plata. \ Fuego !
Estome hueleà un fortunon deshecho. Apuesto i que alguna vieja
liberal te hizo dueûo de su bolsillo. Te engaAas , le respondi : mi
fortunano ha sido tan feliz como imaginas. A otro perro con ese
haeso , replicô él. Tu quieres hacer el reservado ; ; pero & mi , que
las Tendo ! Dime por TÎda tuya : ese beUisimo rubi que tanto brilla
en ese dedo , ^de quien lehubiste? De una grandisima bribona ,
ie respondL Fabricio , mi querido Fabricio , sabe que, en yez de
serel Adonis de las mugeres de Yalladolid , he sido su domin-*
Pronnncië estas palabras en tono tan lastimoso , que]Fabricio
conodô muy bien que me habian jugado alguna bnria. Apurôme
|iara que le dijese por que razon estaba tan quejoso del bello
sexo. Tuve poco que hacer en resolverme à satisfocer su curio-
sidad ; pero como la relacion era algo larga , y no queriamos se-
paramos tan presto , entrimos en un figon para discurrir con
mas oomodidad y sosiego. AlU nos desayunàmos , y miéntras tan-
to le hice menuda relacion de cuanto me habia sucedido desde
Bii salida de Oriedo. Conyino en que mis aventuras eran muy
extrafias , y despues de asegurarme lo mucho que sentia verme
en el esiado en que me hallaba , aftadio : Amigo , es menester
consolamos y animamos en todas las desgracias de la vida. Eso
es lo que distingue un pecho generoso de un corazon apocado;
4yese un hornive de entendimiento reduddo à la miseria? es-
péra €on valor y paciencia otro tîempo mas feliz. Nunea, dice
Ciceron , nunca debt t|it hmnbre ahatirAe tanto, que Uegue à olvidarte
fUqueei homkrt. Yo por mi soy de este caràeter. Las desventu-
ras no me acobardan ; se superarias , y se resistir à los golpes
de la mata fortuna. Por qemplo , amaba en Oviedo â la hifa de
on vecino honrado , y ella me amaba à mi : pedila i su padre ,
negémela como era regular. Otro cualquiera se hubiera muerto
de pesadombre ; pero yo ( admira la fuerza de mi talento ) , de
acuerdo con la misma muchacha, la robe de casa de sus padres.
Era viva , atolondrada , y alegre sobremanera : por consiguienfe,
52 GIL BLAS.
pudo mas con ella ei placer qoe la obligacion. Anduvimos seis
meses paseàndonos per Galicia , y llegô à tal punto su deseo de
viajar y qne qniso ir à Portugal ; pero tomô oiro compafiero de
viage, y me dejô plantado. Si no fiiera el que soy , me hobiera
desesperado y abatido con el peso de esta nueva desgrada ; mas
no cometi tal disparate. Mas prudente y sufrido que Menelao » en
fagar de armarme contra el Paris que me habia robado mi He-
lena , me alegré mucho de verme libre de ella. No qneriendo
despues volver à Asturias por eyitar contiendas con la justicia ,
me interne en el reino de Leon , donde anduye de lugar en logar
gastandoel dinero que me habia quedado del rapto de mi nin£ai ;
pues en aqueUa ocasion ambosnos proveimos suficientemente de
dinero y ropa. Al fin me halle ai Degar à Palencia con un solo
ducado , con el cual tuye que comprar un par de zapatos : y el
resto durô pocos dias. Yime perplejo en aqueUa situacion. Comen-
zaba ya à guardar dieta ; y era indispensable tomar algon par-
tido. Resolyi , pues , ponerme â seryir. Acomodème desde laego
con un rico mercader de paAos que tenia un hijo dado à todos
los yicios. En su casa encontre un seguro asQo contra la abstinen-
cia ; pero igualmente un grandisimo obstàculo. Mandôme el padre
que espiase al hijo , y suplicôme el hijo le ayudase à engaAar al
padre. Era preciso optar : preferi la sùplica al precepto , y esta
preferencia me costô el ser despedido. Pasè despues à servir à
un pintor ya hombre viejo , el cual queria enseftarme por caridad
los principios de su arte , pero al mismo tiempo me dejaba mo-
rir de hambre ; y esto me disgustô de la pintura, y de la mansion
en Palencia. Vlneme à Valladolid, donde, por la mayor fortuna del
mundOy me acomodé con un administrador del hospital. Con él
estoy todayia , y cada instante mas dbntento. El sefior Manuel Or-
do&ez , mi amo ^ es el hombre mas yirtuoso del mundo , pues
siempre ya con los ojos bajos y un rosario de cuentas gordas
en la mano. Dicen que desde mozo solo tuyo puesta su atencion
en el bien de los pobres, y le mira con mucho amor , empleando
à este fin un zelo infatigable. Esto no se ha quedado sin recom-
pensa : todo ha prosperado en sus manos. ;Qué bendicion de!
cielo! El se ha hecho rico cuidando de la hacienda de los pobres.
Luego que acabô Fabricio su discurso ^ le dije: Por cierto me
alegro de verte tan contento con tu suerte; pero, hablando en
confianza , paréceme que podias hacer un papel mas brilUate en
el mundo que el de criado. Un mozo de tu talento debia pensar nus
alto. Te engafias mucho, Gil Bias, me respondiô : has de saber que
para un hombre demi humor no puede haber mejor situacion cpie
la mia«Gonfieso que el oficio de criado es penoso para unmenteca-
to ; mas para un mozo despejado tiene grandes atractivos. Un in-
genio superior , que se pone à seryir , no sirve materialmente
como un pobre bobo : entra mènos & servir que A mandar en
LIBRO PROIERO. 53
b casa^ primer cuidado es estadiar bien el geoio y las inclinaciones
del amo. Hdaga sus defectos, lisonjea sus pasiones, sirvele en eUas,
segnsjeasD confianza, y héteie que ya le tiene agarrado por la
nariz. De esta manera me he gobernado con mi administrador . Desde
kego conod de que pie cojeaba. Adverti que todo sa deseo era
le tuTÎesen por santo. Fingi creerlo , porque esto nada cuesta ;
J aim hice mas , procure imitarle representando en su presencia
elmismo papel que el presentaba delante de los demas : engafié al
cogaâador , y poco i poco rine à ser su todo , y como su primer
Dinistro.Bajo susauspicios y en su escuela espero que al^n'dia
esufféa i mi cargo los asuntos de los pobres , porque me intereso
tanto per su bien como mi amo. ^Y quien sabe si por este camipo
flegaré tambien à hacer igual ô mayor fortuna !
iBeDas y alegres esperanzasi querido Fabricio, le répliqué:
doitemfl parabienes por ellas. Has por lo queé mi toca, yuél-
Tome é mis primeros pensamientos. Yoy à trocar mi vestido
bordado por unas bayetas , iréme é Salamanca , matricularéme en
la uniyersidad, y me pondre é preceptor. {Gran proyecto ! re-
pose Fabricio : {graciosa idea ! ;puede haber mayor locura que
meterte i pédante en lo mejor de tu vida? ;Sabes bien^ pobrete,
en lo que te empeûas abrazando ese partido? Luego que halles
coQTeDJencia te obserrarà toda la casa. £xaminar&[i escrupulo-
nmente tas mas minimas acciones. Sera preciso que estes fin-
giendo y venciëndote continuamente , que afectes un eiterior
Mérita» y quo parezcas un hombre adornado de todas las yir-
tades. No tendras un instante por tuyo para diyertirte. Censor
cterno de tu disctpulo , todo el dia te se ira en ensefiarle el latin,
y en reprenderle y corregirle cuando diga ô haga alguna cosa
contra la buena crianza. Y al cabo de tanto trabajo y sujecion
iqnépremio te espéra? si el seftorito sale trarieso y mal incli-
Bado, i ti te echarén la culffa, diciendo qqe le oriéste mal, y
SOS padres te despediràn sin recompensa , y aun quizà sin pa-
garte. Asi, pues , no me hables del tîd oficio de preceptor, por-.
qoe es un benefido con cargo de aimas. Hàblame del empleo de-
criado, que es beneficio simple que à nada obliga. ;Està el amo*
fleno de TÎdos? pues el talento superior del criado los sabe li-
soDJear, conyirtiëndolos à yeces en propia utilidad. Un criado de
^^ jaez yiye con mucha paz en una buena casa. Come y bebe à
so gosto, por la noche se ya é la cama, y como un hijo àfi ft.-
milia dnenne tranquilamente , sin tener que pensar en el cami-
cero Ri en el panadero.
Amîgô Gil àas , prosiguiô Fabricio , nunca acabaria si te hu*
biera de contar todas las yentajas que se encuentran en la no
louy lacida , pero nray proyechosa carrera de criado. Créemc ,
desecha para siempre el pensamiento de ser preceptor, y signe
nigemplo. Sea asi, Fabricio, le respondi; pero no todos lo&
54 GIL BLAS.
dias 86 haUan administradores como el que tù has hallado ; y si
yo me determinara é servir, quisiera é lo mènos enoonirar con
im buen amo. ;0h I reposo el , en eso tienes razon. Yo tomo por
mi cuentael bascértele, y lo hare, aunqne no sea mas qae por
contribuir à que no se yayan é enterrar en una uniyersidad Ids
talentos de un hombre eomo t&.
La prôxima miseria que me amenazaba , la resolution y segu-
ridad con que Fabricio me hablo, aun mas que sus razones, me
persuadiéron finalmente à que me pusiese à servir. Tomada esta
determinadon , salimos del figon , y Fabricio me dijo: Ahora
mismo quiero conducirte en derechura ft casa de un hombre ft
quien recurre la mayor parte de los que buscan amo. Tiene emi-
sarios que le informan de cuanto pasa en todas las familias,
sabe las que necesitan criados y en un registro muy exacto lleva
razon no solo de las plazas vacantes , sino tambien de las bae-
nas 6 malas cualidades de los amos : en fin , el fùë quien me aco-
mode con el administrador.
Fuimos hablando de esta especie de despacho y oficina pù-
blica tan singular, hasta que llegàmos à una callejuela , y en an
rincon de ella ft una casa baja , donde el hqo del barbero Nufiez
me hizo entrar; nos encontrftmos con un hombre de cincuenta
aflos , que estaba escribiendo. Saludàmosle cortesana y ann res-
petuosamente ; pero fnese por ser de genio natnralmente sober-
bio y grosero , ô bien porque , estando acostumbrado à no tra-
tar sino con lacayos y cocheros , lo estaba tambien à recibir las
visitas assaz descortesmente , no se levante , ni aun casi se digne
de miramos, contenténdose con hacer una ligera indinacion de
cabeza. Con todo , poco despues me mirô con atencion. Conoci
muy bien se admiraba de que un mozo con un vestido bordado
quisiera ponerse é servir de criado , cuando podia pensar que
iba yo à buscar uno. Durôle poco esta duda , porque Fabrido le
dijo al punto : Seflor Arias de Londofta , aqui le presento à vmd.
el mayor amigo mio. £s un hijo de buena femilia , y sus desgra-
cias le han reducido à lanecesidad de servir. Propordônele vmd.
una buena couveniencia , contando seguramente con su corres-
pondiente agradecimiento. SeAores , respondiô firiamente Arias ,
esa es la cantinela general de todos ustedes : antes de acomodarse
prometen mucho ; pero despues de bien acomodados , tù que le
viste , y de todo se olvidan. Como que , replieô Fabrido , ^esté
vmd. quejoso de mi? ;no me he portado bien? Hejor pudieras
haberte portado : tu conveniencia équivale à la de primer oficial
de cualquier oficina, y has correspondido como si te hobîese
aeomodado con un autorcillo. Tome yo entônces la palabra , y
para que conociese el seJk>r Arias que no servia ft un ingrato ,
quise que el agradecimiento precediese al fevor. Pàsele en la
mano dos ducados, prometiëndole que no se limitaria ft tan poca
LIBHO PRIHERO. 66
cosa mi reoonocimiento como me colocase en una baena casa.
Mostrose contento de mi procéder, diciendo : Asi gusto yo de
qoe ae trace conmigo. Hay vacantes exœleates puestos : leerélos
y Tmd. esoogerâ el que mejor le pareciere. Al dear esto , calôse
Ids anteojos, tome saregistro, sd)riôley reyolyiô algunas hojas,
y comenzô asi: Necesita lacayo el capitan TorbellinOy hombre
eolénoOy brutal y iantéstico ; gnifie sin cesar, blasfema, da de
gtripea y y may é menado estropea é los criados. Pase ymd. ade-
hnte, dije yo prontamente ; no me gnsta el sefior capitan. Riôse
Arias de mi Tiyeza , y prosigniô leyendo : Sofia M anoela de Sando^
val, TÎoda, y entrada en edad, impertinente y caprichosa, se
halla sin criado. For lo comun no tiene mas que uno, y ese apénas
h pnede aguantar un dia entero. Diez aflos ha que solo ha} en su
casa una librea^y sirye para todos los criadds qtie recibe, sean flacos
ô gordos, grandes 6 pequeftos. Se pnede decir que no hac«n mas
que probérsela, y asi todavia esta nueya, aunque se la han puesta
dos mil. Falta un criado al doctor AWaro Faftez , medico quimico.
Trata bien à sus criados, dales bien de comer, y un gran salario ;
pero faace en ellos la experiencia de sus remedios , y se obserya
que en casa de este quimico hay siempre yacantesplazas de crîados.
No lo dudo , interrumpiô Fabricio, dando una carcajada ; pero
yamos claros, que nos ya ymd. proponiendo admirables conye-
niendas. Ten un poco de paciencia , replicô Arias de Londofia , to-
dayla no las he leido todas , y puede haber alguna que te con-
tente. Diciendo esto , prosiguiô su lectura de esta manera : Très
semanas ha que esta sin criado dofta Alfonsa do Solis : es una se-
ik>ra andana y deyota , que pasa en la iglesia las très partes del
dia , y quiere tener siempre junto â si al criado. Otro : ayer des-
pidiô al suyo el licenciado Gedillo , hombre ya yiejo , y canônigo
de este cabildo. Alto ahi , sefior Arias de Londofia , interrumpiô
Fabrido: é ese puesto nos atenemos : el canônigo Cedillo es
grande amigo de mi amo , y yo le cohozco mucho; se que go-
biema su casa en dase de ama una yieja beata que se llama la
seflora Jadnta , y es la que todo lo manda. Es una de las mejorcs
casas de Valladolid , porque en ella se yiye con gran paz , y sc^
corne grandemente. Fuera de eso, el canônigo es un sefior en-
fermizo , gotoso inveterado , que tardarâ ppco en hacer testa-
mento , y se puede esperar algun legàdillo: {gran espcranza para
un criado ! Gil Bias, continuô Fabricio volyiëndosé hàcia mi , no
perdamos tiempo. Vémonos derechos â casa del licenciado : yo
mismo te quiero presentar, y salir por fiador tuyo. Habiendo di-
cho esto , por no malograr la ocasion , nos dcspedimos acclera-
damente del sefior Arias , quicn meofreciô , por mi dinero , que ,
si no lograba aquella convenicneia , me proporcionaria ptra t^n
b«ena , y aun quîzà mejor.
W GIL BLAS.
LIBRO SEGUNDO.
CAPITULO I.
Enln GU Blai por criado dd lioenciado GcdiOo ; esUdo en que este te hallaba ,
J retratQ de su ama.
Por ooiedo de no Ilegar tarde nos pusimos de un brinco en
casa del licenciado. Estaba cerrada la puerta, Ilamémos^ y bajô
à abrir iina nifla como de diez afios , à qaien el ama llamaba
sobrina, aunque malas lenguas suponian entre las dos parentes-
CO mas estrecho. Le estabamos preguntando si se podria hablar
al seûor canônigo , cuando se dejô ver la seûora Jacinta. Era
una muger entrada ya en la edad de discrecion , pero todavia
de buen parecer, y sobre todo de un color fresco y hermoso.
Yenia vestida con una especie de bâta de pafto ordinario , que
ceftia con una ancha correa de cuero , de la cual pendia por un
lado un manojo de Haves , y por otro un gran rosarîo de cuentas
gordas. Saludémosla con mucho respeto, y ella nos correspondiô
con igual cortesania , pero con un aire devoto , y los ojos bajos.
He sabidOy le dijo nii camarada, que el seftor licenciado Ce-
dillo necesita un mozo honrado que le sirra , y vengo à pre-
sentarle este , que espero le daré gusto. Alzô entônces la vista
el ama, mirôme atentamente , y no acertando à conciliar mi
yestido bordado con el discurso de Fabrido , preguntô si era
yo el que pretendia entrar é servir. Si, seûora, respondiô el hijo
de Nufiez « el mismo es; porque, tal como vmd. le vé, le han
sucedido desgracias que le precisan à ello. Consolarése en sus
infbrtunios si tiene la dicha de colocarse en esta casa, y vivir
en compaûia de la virtuoça sefiora Jacinta , la cual es digna de
ser ama de un patriarca de las Indias. Al oir esto la buena de
la beata,, apartô los ojos de mi por volverlos al que le hablaba
con tanta gracia „ y quedô como sorprendida al ver un rostro
que no le parecia desconocido. Tengo alguna idea , le dijo , de
haber visto ya esa cara, y estimaria que vmd. ayudase à mi
memoria. Casta seftora Jacinta, le respondiô Fabricio, es y ba
sido grande honor mio haber merecido la atencion de vmd. Dos
Veces he venido a esta casa acompafiando à mi amo el seflor
Manuel Qrdofiez , administrador del hospital. Justamente , repliée
entônces el ama , acuérdome muy bien , ya caigo en la cuonta.
LIBRO SECUNDO. 67
Buta deck que esté en casa dei seflor Manuel Ordofiez para
siber que sera ymd. nm hombre muy de bien. Su empleo es
sa mayor elogio , y no era fécil que este mozo encontrase mcjor
fiaddr. Yenga ymd. conmigo , y hablaré al seflor Cedillo, que sin
dnda tendra gran gusto de recibir un criado yenido por tal mano.
Segnimos al ama del canônigo, el cual yiyia en un cuarto bajo,
compuesto de dnco piezas à un mismo piso, todas muy
décentes. Byonos esperasemos un instante en la primera , mien-
tns iba à avisar al seûor eanônigo, que estaba en la segunda.
Despoes de haberse detenido algun tiempo , sin dnda para in-
formaiie y preTenirle de todo , yolviô à nosotros , y nos dijo
que podiamos entrar. Yimos al Tiejo gotoso sepultado en una
silla poltrona , con una almohada detras de la cabeza , descan-
sando les brazos en unas almobadillas , y apoyando las piemas
en on ahnobadon de pluma. Acercàmonos i ël , sin escasear las
GOrteslas; y tomando Fabricio la palabra , no se contenté con
repetirle lo que ya habia dicho de mi â la seflora Jacinta , sino
qae se poso à hacer un panegirico de mi mérito , extendiéndose
priodpiâfflente sobre el grande honor que me habia granjeado
bajo d magisterio del doctor Godinez en las disputas de filoso-
fia , como si fdera necesario ser gran filôsofo para servir à un
canôoigo* Sin embargo ; no dejô de aludnarle el bello elogio
que bizo Fabricio de mi ; y conociendo por otra parte que yo
DO desagradaba à la seûora Jacinta: Amigo, respondiô i mi &h
dor, desde luego recibo à este mozo; basta que tù me le pré-
sentes, Nomedisgusta sutraza, yjuzgobien de sus costumbres,
sujpiesto me le propone un criado del seûor Manuel Ordoflez.
Luego que Fabricio me yiô admitido , hizo una gran corte-
sia d canônigo , otra mas profunda â la seflora Jacinta , y se
despidio may alegre didéndome al oido que me quedase alli,
y que ja nos yeriamos. Apénas habia salido de la sala , cuando
à lieendado me preguntô como me llamaba , y porqué habia
^0 de mi tierra, obligàndome con sus preguntas i con-
^ toda la historia de mi vida en presencia de la seflora Ja^
Çnta. Diyertilos à entrambos , sobre todo con la relacion de mi
^^^1^ ayentora. Dofla Camila y don Rafeel les hiciéron reir tan
^^^iftmmte, que le hubo de costar la yida al pobre gotoso ;
P^ la risa le excitô una tos tan yiolenta , que temi fiiese Uegada
^ hora: aun no habia hecho testamento : considèrese cuanto se
^baria la buena ama. Vila toda trémuia y azorada correr de
aqni psni alli por socorrer al buen yiejo^ haciendo con èl lo que
se hace oon los niflos cuando tosen con yiolencia , estregarle la
^te, y darle palmaditas en las espaldas ; pero al fin todo fuë
^^ pnro miedo. Ceso de toser el licenciado , y el ama de ator-
"otarie. Quise enténces proseguir mi relacion ; mas no me la
P*™>W6 la seflora Jacinta , lemerosa de que le repiiiese la tost
58 GIL BLAS.
al amo. Uevôme al guardaropa donde , entre otros vestidos ,
estaba el de mi predeoesor. Hizomele poner , y gnardé el mio ,
lo que no me disgnstô , porqne deseaba conseryarle , con eq>e-
ranza de que todayia podria seryinne. Desde el guardaropa pa-*
sàmos lo8 dos à disponer la comida.
No me mostrè novicio en el ofido de cocinero. Habia hecfao
mi aprendizage bajo la disciplina de la seflora Leonarda , que
podia pasar por buena maestra de cocina, bien que no compara-
ble con la sefiora Jacinta , la cual merecia ser cocinera de un ar-
zobispo. Sobresalia en todo género de guisos y platos. Sazonaba
delicadamente un jigote , la chanfoina, y en genial toda especie
de picadillo ; de manera* que eran sumamente gratos al paladar.
Cuando estuyo dispuesta la comida , yolyimos al cuarto dd ca-
nônigo , donde, miéntras yo ponia los manteles en una mesilla in-
mediata à su silla poltrona, el ama le ponia la seryilleta , pren-
dièndosela por detras con alfileres. Se le siryiô una sopa que se
podia presentar â un corregidor de Madrid , y una firitada , que
podia ayiyar el apetito de un yirey , si el ama de propôsito no
hubiera escaseado las especias , por no irritar la gota del canô-
nigo. A yista de tan deÛcados manjares , mi buen yiejo , que yo
creia estaba baldado de todos sus miembros , diô pruebas de
que aun no habia perdido del todo el uso de los brazos. Siryiose
de elles para ayudar à que le desembarazasen de la almohada y
demas impedimentos , disponiéndose i comer alegremente. Las
manos tampoco se negiron i seryirle : aunque trémulas iban y ve-
nian con bastante ligereza à donde era menester » bien que dçr-
ramando en la seryilleta y en los manteles la mitad de lo que lie-
yaba é la boca. Cuando yi que ya no queria mas del firito , le
puse delante una perdiz rodeada de dos codomices asadas , que
la seftora Jacinta le trinchô con el mayor aseo y pulidez. De
cuando en cuando le hacia beber grandes tragos de yino mezdado
con un poco de agua en una taza de plata bastantemente ancha y
profunda , aplicàndosela ella misma A la boca y teniéndola con
las manos , como si fîiera à un niAo de quince meses. Se comiô
las pechugas y las piemas y sin dejar los alones. Siguiëronae los
postres ; y cuando acabô de comer , el ama le quicô la seryiUeta,
yolyiôleé poner la almohada, y dejàndole dormir tranquilamente
la siesta , nos retirâmes nosotros à corner.
Esta era la comida diaria de nuestro canônigo , acaso el mayor
tragon de todo el cabildo ; pero la cena era mas parca. Contenté-
base cou un polio ô con un conejo> y con algun cubflete de fruta.
En su casa , por lo que toca à la comida , estaba yo bien ,
y lo pasaba alegremente; solo tenia un trabajo, no poco pesado
para mi. Era precise estar despîerto una gran parte de la noche
yelando al amo. Padecia este una retencion de orûia, que le obli*
gaba é pedir el orinal.dicz yeces cada hora. Ademas sodaba mn-
LIBRO SEGUNDO. 59
dio , y era menester madarie de camisa cod frecaeocia. Gil Bias,
me dijo la segunda noche, tu eres mafloso y diligente, y veo
que me acomodarà mucho tu modo de servir. Solamente te en-
cargo que des tambien guste é la seftora Jacinta, çomplaciéndola
y obedeciëndola en todo como si yo lo mandase , 'y guardes con
eOa ia mayor armonia. Quince aflos ha que me sirve con un zelo
y amor particular. Tiene tanto cuidado de mi que no se como
pagérselo ; y confiésote que por esto la estimo mas que à toda
mi familia. Por ella despedi de mi casa à un sobrino camal hijo
de mi propia hermana, ë hice bien. No podia yer à esta pobre
nager » y Iqos de agradecerle lo que hada conmigo , continua-
siente la estaba insultando , burlandose de su yirtud y tratàndola
de embustera , porque à la gente moza de hoy todo lo que suena
àreoogimieoto y deyodonle parece hipocresia; pero ya me li-
bre de tan buena alhaja, porque soy hombre que prefiero à todos
io« respetos de la sangre el amor que me tienen y el bien que me
hacen. Ymd., seAor, tiene muchisima razon, le respondi ; el agra-
dedmiento debè siempre poder mas que las leyes de la naturaleza.
Sin doda, replicô èl; y en mi testamento haréverel poco caso
que hago de mis parientes. El ama tendra buena parte en él ; y no
me olyidaré de (i como prosigas sirviéndome segun has comenza-
do. £1 cnado que despedi ayer perdiô una buena manda por su
mal modo ; si no me hubiera yisto predsado à despedirle , por-
que ya no le podia aguantar , yo solo le habria hecho rico ; pero
era un soberbio , que no tenia el mas leye respeto à la seûora
Jaonta, y era muy holgazan. No le gustaba acompaftarme de no-
che , y se le hacia intolerable el estar despierto para asistirme en
lo que podia ocurrir. ; Que bribon ! exclamé yo , como si el es-
piritu de Fabrido se hubiera pasado al mio : no merecia por
derto estar al lado de un amo tan bueno como su merced. El que
bgra esta fortnna debe ser de un zelo infotigable : ha de compla-
oerse ai su trabajo, y ha de créer que nada hace, aun cuando sude
angre por seryirle.
Gonoci que le habian gustado mucho al canônigo estas ultimas
pabdnras, y no le gustô mfanos la que le di de estar sionpre pronto
y obediente é las ;ôrdenes de la seftora Jadnta. Queriendo ,
pues , pasar por uncriado que no temiatrabajo ni fotiga, pro-
omréseryîr en un todo con el mayor zelo y el mejor modo que
me era posible. iKunca me quejë de que pasaba sin dormir todas-
las nocheSy sin embargo de que se me hada esto muy cuesta arri-
ha. A. no ser por la esperanza del legado , presto me hubiera
cansado de una yida tan penosa ; bien es yerdad que descansaba
y dormia algunas horas entre dia. El ama ( à la cual debo hacer
esta justida ) cnidaba mucho de mi ; lo que debo atribuir al es-
mero cou que procnraba yo granjearme su yoluntad con todo gé-
aero de modales atentos y respetuosos. Cuando comiamos juntos
60 GIL BLAS.
ella y su sobrina , que se Hamaba Inesilla , estaba yo pronto à
mudarles de platos^ à servirles de beber , y en fin à hacer con
ellas lo que haria el mas fiel y mas leal criado. Por estos medios
llegué à conseguir su amistad. Un dia que la seftora Jacinu habia
salido à hacer no se que compras, halUndome solo con Inesilla,
comenzé à darle conversacion , y le pregunté si viyian todayia
sus padres. ; Oh ! no, me repondiô la nifta: mucho tiempo ha que
muriëron , segun me lo ha dicho mi tia , porque yo nunca los
conoci. Creila piadosamente , aunqne su respuesta no fué mny ca-
tegôrica , y la fui poniendo en tanta gana de parlar , que poco à
poco me dijo mas de lo que yo queria saber. Descubriàme , 6 ,
por mejor decir , descubri yo por su sencillez , que la sefiora tia
tenia un amigo que estaba en casa de un antigno canônigo en ca-
lidad de mayordomo , y que tenian ajustado entre los dos apro-
yecharse de la herencia de sus amos, y gozarla en paz por medio
de un casamiento , cnyos privilegios disfrutaban de antemano.
Ya dqo dicho que la seflora Jacinta, aunqne algo entrada en
afios, se mantenia de muy buen parecer. Es verdad que ningon
medio perdonaba para conservarse bien. Por otra parte dormîa
con sosiego, miéntras yo estaba en pië yelando]*sd amo. Pero
sobre todo lo que mas contribuia à mantener en ella aqoel color
yiyo y fresco era , segun me dijo Inesilla , una fnente que tenia
en cada pierna.
CAPITULO U.
Que remedioB fuminittriron al canônigo habiendo empeorado en su enfer-
medad ; lo que reralto , y que dejo 4 Gil Bias en su testament».
Servi très meses al seilor licenciado Cedillo sin quejarme de
las malas noches que me daba. Cayô malo al cabo de este tiempo ;
entrôle calentura , y con ella se le irrité la gota. Recurriè a los
medicos , siendo la primera yez que lo hada en toda su yida ,
aunque habia sido larga. Llamô determinadamente al doctor
Sangredo, à quien tenian en Yalladolid por otro Hipocrates. La
seik>ra Jacinta hubiera querido mas que el canônigo ante todas
cosas comenzase por hacer testamento ; pero ademas de que no
le parecia à él que estaba de tanto peligro , en ciertas materias
era un poco caprichoso y testarudo. Fui , pues , à buscar al doc-
tor Sangredo , y condùjele à casa. Era un homfare alto , seco y
macilento, que por espado de cuarenta aflos , A lo mènos , tenia
continuamente empleada la tigera de las parcas. Su exterior era
graye , serio , con un si es no es de desdefioso ; su voz gntural ,
sonora y ahuecada ; pronundaba las palabras con un tantico do
recalcamiento , lo que à su parecer daba mayor nobleza A las ex-
LIBRO SECUNDO. 61
{iresiones. Parecia que media sus discursos geométricamente, y
era singular en sus opiniones.
Deques de haber observado al enfenno , comenzô à hablar asi
en toiio magistral : Tràtase aqui de suplir el defecto de la transpi-
racion escasa, dificultosa y detenida. Otros medicos ordenarian
sin dnda en este easo remedies salinos , urinosos y volatiles , que
por h mayor parte tienen algo de azufre y mercurio ; pero los
pHTgaates y los sudorificos son drogas perniciosas inventadas por
curanderos.Todas las preparaciones quimicas me parecen inyencio-
nes para arroinar la naturaleza; yo echo mano de medicamentos
mas simples y seguros. ;Quë es lo que vmd. acostumbra comer?
pregnntô ai enfermo. Comunmente cubiletes y manjares jugosos,
respondiô el canonigo. | Cubiletes y manjares jngososi exdamô
sospenso y admirado el doctor ; ya no me maravillo de que vmd.
haja enfermado. Los manjares deliciosos son gustos emponzofia-
dos, lazes que la sensualidad anna à los hombres para destruir-
los con mayor seguridad. Es preciso que ymd. renuncie à todo
alimento debuen gusto: los mas desabridos son los mas propios
para la salud. Como lasangre es insipida, esta pidiendo alimen-
tos anàlogos à su naturaleza. ^Y bebe vmd. yino? le Yolviô à
pregontar. Si, sefior, pero aguado, respondiô el enfermo. iQué
dice Tmd. aguado ! exclamô el doctor. \ Que desôrden ! \ que es-
pafltoso desarreglo I Debia vmd. haberse muerto cien afios ha.
4 Y que edad es la de ymd.? Yoy à pntrar en sesentâ y nuere
anos, repuso el licenciado. Justamente, continuô el medico, la
vejez anticipada siempre es fruto de la intemperancia. Si vmd.
hobiera bebido solo agua dara toda su vida , y usado de alimen-
ta» simples , como manzanas cocidas , por ejemplo , y guizantes
^jndias, no se veria ahora atormentado de la gota , y todos sus
nûembros qeroerian todayia fôcilmente sus respectivas funciones.
^n todo , no desconfio de restablecerle , como se entregue cîe-
gsmente à cuanto yo ordenare. El canônigo , aunqne gustaba de
boenos bocados , ofreciô obedecerle en todo y por todo.
EntÔDces Sangredo me dijo fiiese prontamente â Uamar à un
^^ador que él mismo me nombrô , y le hizo sacar à mi amo
^ tazas complétas de sangre para empezar â suplir la falta de
^^iracion. Despues dijo al sangrador: Maese Martin Qftez,
dentro de très horas yolved à sacarle otras seis , y maâana repo-
li lo mismo. Es error créer que la sangre sea necesaria para
j^ii^serTacion de la yida: por mucha que se le saque à un en-
^o,inmca sera demasiada. Como en tal estado apénas tiene
que hacer movimiento ni ejerdcio , sino el preciso para no morir-
^) no necesita mas sangre para yiyir que la que ha menester un
hombre dormido. En uno y otro la yida solo consiste en el pubo
ïfj la respiradon. No creyendo mi buen amo que un tan gran
oMico padiese hacer fidsos sOogismos , oonyino en dejarse san«-
63 GIL BLAS.
grar. Defipoes qoe el doctor ordenô frecuentes y copiosas san-
grias , aÊadiô era tambien preciso dar de beber al enfermo agua
caliente à cada paso , asegurando que el agua en abandancia era
el mayor especifico contra todas las enfermedades. Con esto con-
cluyô su Yisita, y se fiiè diciéndonos à la seftora Jacinta y & mi
que ël salia por fiador de la salud del seftor canônigo , con ta!
que se obseryase à la letra todo lo que acababa de prescribir. £1
ama , que quizà juzgaba todo lo contrario de lo que él se prome-
tia de su mètodo , le diô palabra de que se obseryaria con la mas
eserupulosa exactitud. Con efecto , inmediatamente pusimos i ca-
lentar agua ; y como el doctor nos habia encargado tanto que ftie-
semos libérales de ella, luego le hicimos beber cinco 6 seis coar-
tillos: una hora despues repetimos lo mismOy y de tiempo en
tiempo Tolviamos à ello , de manera que en el espado de pocas
horas lemetimos un rio de agua en la barriga. Ayudàndonos por
otra parte el sangrador con la cantidad de sangre que le sacaba,
en mënos de dos dias pusimos al pobre canônigo à las puertas
de la muerte.
Ya no podia mas el buen eclesiistico , y presentàndole yo un
gran vaso del soberano especifico para que le bebiese: Quita alla ,
amigo Gil Bias , me dijo con voz desmayada , ya no puedo be-
ber mas. Conozco que me es preciso morir à pesar de la grande
yirtud del agua , y que no me siento mejor , aunque apënas me
ha quedado en el cuerpo una gota de sangre : prueba clara de que
el medico mas hébil y mas sabio del mundo no es capaz de pro-
longamos un instante la vida cuando llegô el tërmino fatal. Es ya
necesario disponerme para partir al otro mundo. Anda, pues, y
tràeme aqui un escribano , que quiero hacer testamento. Cuando
oi estas palabras , que dertamente no me désagradàron, fingi
entristeoerme muchisimo ; y disimulando la gana que tenia de eje-
cutar cuanto antes el encargo que me acababa de dar , como hace
en taies casos todo heredero: jOh, seAor! le respondt, dando
un profimdo suspiro , no esté su merced tan malo , por la misera-
cordia de Dios , que today ia no pueda esperar leyantarse. No , no ,
hyo mio , repuso ; esto ya se acabô. Estoy yiendo que sube la
gota ^ y que la muerte se ya acercando : ye , pues , y haz cuanto
antes lo que te he mandado. Conoci efectiyamente que se le ma-
daba el semblante , y que iba perdiendo terreno por instantes ;
por lo que persuadido de que el asunto estrechaba , marché yo-
îando i ejecutar lo que me habia ordenado , dejando con el en*
lermo à la seftora Jacinta , la cual temia aun mas que yo que nuestro
canônigo se nos muriese sin testar. Ëntréme en casa del primer
escribano que encontre: Seftor , le dije , mi amo el licendado Ce-
dUlo esti acabando ; quiere hacer su ultima disposicion , y no hay
queperder tiempo. Era el escribano un hombre rechoncho y pe-
queflito» de genio alegre, y amigo de bufonearse. ^Qué medico
LIBRO SECUNDO. 63
le aûte? me {ff^gimtô. £1 doctor Sangredo , le respondL Pues
Tamos p Tsmos apriesa , repuso éi cogiendo apresuradamente la
capa y el sombroro , porque ese doctor es tan expeditÎYo , que no
(te logar i los enférmos para Ilamar à ios escribanos. Es un hom-
bre qae me ha hecho perder muchos testamentos.
Didendo esto, salfanos juntos» andandoaceleradamente para 11e-
gar énies que d enfermo entrase en agonia ; y yo dije en el ca-
nmioalesaritNmo: Yasabevmd. qneàunpobretestadorcuando
«sti eofiormo snele ialtarle la memoria , por lo que suplico à ymd.
que p si es menester , la haga algun recuerdo de mi lealtad y de
mi lelo. Yo te lo prometo , me respondiô , y jRate de mi palabra ,
poes es josto que un amo recompense à un criado que le ha ser«
ïido bîea; y asi por poco que le vea indinado à pagar tus ser-
lidos , le exhortaré é que te deje alguna buena manda. Cuaado
Degimos à casa halUmos todavia al enfermo despejado , y con lo-
dos sus sentidos. Estaba junto à èl la sefiora Jacinta , ballado el
rofltro en Ugrimas. Acabiiba de hacer bien su ptq^el , disponien-
do al canônîgo à que le dejase lo mejor que tenia. Quedô el es-
cribano solo con el amo; y los dos nos salimos i la antesala»
donde enoontrémos al Salvador que venia à hacerle otra san-
gria. Deténgase , maese Martin, le dqo el ama; ahora no puede
entrar , porque esta su merced hadendo testamento. Le aangra-
réis i Tuestro placer luego que acabe.
Estabamos con gran temor la beata y yo de que muriese en e)
mîsmo acto de testar ; pero por fortuna se formalizô el instru-
menio que nos ocasionaba aquella inquietud. Vimos salir al escri-
bano y que, encontréndome al paso , dàndome una pdknadita cb
el hombro, y sonriëndose, me dijo: No ha sido echado e» obndo
GU Bkuz palabras que me llenAron de alborozo , y agradeci tanto
h memoria que mi amo habia hecho de mi, que obed encomen-
darie may de y&ns à Dtos despnes de su muerte , la que tarda poco
en suoeder ; porque habiéndole sangrado otra vez el sangrador, d
pobre Tiejo , que ya estaba casi exangue, espirô en el mismo mo-
Biento. Apénas acababa de exhalar el ultimo suspiro, cuando entrô
el mèdîoo , que se quedô cortado y mudo , no obstante de estar
tan acostoinbrado & despachar cuanto-àntes i sus enférmos; cpn
todoeso, lëjosdeatribuir sumuerteàtantaagua, yitantasssu^
grias , Tolyiô las espaldas diciendo con firialdad que habia muerto
porque le habian sangrado poco , y no dAdole biastante agua ca-
liente. El ejecutor de la medicina , quiero dedr el sangrador ,
Tiendoqueya no era necesario su ministerio , se mardiôtinnliien ,
f iguiendo al doctor Sangredo , didendo uno y otro que desde el
primer dia habian desahociado d licendado. Y en efecto , casi
mmca se engafiaban cuando pronunciaban semejante £aUo.
Luego que TÎmos moerlo à nuestro amo , la sefiora Jadnta ,
hMifla y yo eomenzàmos on conciert» de fiimebres alaridos^ y
6b GIL BLAS.
tales que ie oyëron en toda la veciudad. La beata sobre todo ,
que tenia mayor motivo para estar alegre, leyantaba el griiu
con lamentos tan funestos, que parecia la muger mas afligida del
mundo. En un instante se Ilenô la casa de gente , atraida mas de
curiosidad que de compasion. Los parientes del difiinto se pre-
sentàron tambien muy pronto , y hallàron tan desconsolada à la
beata, que se persuadièron que el canônigo habia muerto ab m-
testato. Pero tardô poco en abrirse à presencia de todos el testa-
mentodispuesto coulas formalidades necesarias : y cuando yiëron
que el testador dejaba las mejores albajas à la seftora Jadnta y
à la nifla, pronunciàron una oracion funèbre del canénigo poco
decorosa à su memoria, motejando al mismo tiempo A la beata ,
sin olyidarme à mi que yerdaderamente lo merecia. £1 licenciado,
en paz sea su aima, para obligarme A que no me olvidSise de él en
toda mi vida, se explicaba asi en el articulo del testamento que
hablaba conmigo : Item, por cuanto Gil Bias es un maxo que tiene
(Ugun bafk}de lUeratura, para que acabe de perfeccumarse y se haga
hombre sabio le dejo nn libreria con todos los libros y manuscritos ,
sin exceptuar ninguno.
No sabia yo donde podia estar la tal soûada libreria , porque
en ninguna parte de la casa la habia visto jamas. Solo habia sobre
una tabla en el cuarto del can6nigo cinco 6 seis libros con algun
legajo de papeles ; y los taies libros no podian seryirme para
nada. Uno se titulaba El Cocinero perfecto ; otro trataba de la indir
gestion, y del modo de curarla ; los demas eran las cuatro partes
del breviario medio roidas de la polilla. En cuanto à los manus-
critos, el mas curioso era todos los autos de un pleito que habia se-
guido el canônigo para conseguir la prebenda. Despues que
examiné mi legado con mayor atencion de la que (A se merecia,
se lo cedi à los parientes del difunto, que tanto me le habian en-
vidiado. Entreguéles tambien el vestido que tenia à cuestas , y
volyi à tomar el mio , contentàndome con que me pagasen mi
sabrio, y fonne à buscar otra conveniencia. Por lo que toca i la
seftora Jacinta , ademas del dinero y alhajas que el canônigo le
habia dejado, se leyantô con otras muchas cosas que ocoltamente
habia depositado en su buen amigo durante la enfermedad del
diftmto.
CAPITULO m.
Entra Gil Blai à terTÎr al doctor Sangredo, y se haoe famoao médioo.
Resblvi ir à buscar al seflor Arias de Londofia, para escoger
en su registro otra casa donde seryir ; pero cuando estaba may
cerca del rincon donde yivîa, me encontre eon el doctor Sangredo,
à qoien no habia yisto desde la muerte de mi amo , y me atrevi
LIBRO SECUNDO. 65
i nludârie. Conoci6me iiimediatamente» aanqae estaba en oiro
trage, y mostrando particular gusto de yerme : Hijo mio, me dijo,
ahora mismo iba pensando en ti. He menester un criado , y tù
ères el qae me conviene, con tal que sepas leer y escribir. Como
Tmd., dije, no pida mas, dèlo todo por hecho. Pues siendo asi ,
repliai, yente conmigo, porque tù ères el hombre que yo busco.
En mi casa lo pasarés alegremente ; te trataré con distincion ; no
te seftahré salario, pero nada te faltarâ. Cuidarè de vestirte con
deœncia; te enseAaré el gran secreto de curar todo género de
eofermedadea ; y en una palabra , mas seras discipulo mio que
criado.
Aceptë la proposicion del doctor con la esperanza de salir un
eèlebre medico bajo la direccion de tan gran maestro. Lletôme
hego i sa casa para instruirme en el ministerio à que me desti-
oata. Redodase este à escribir el nombre , la calle y casa donde
Tîrian les enfermos que le llamaban mlëntras él visitaba à otros
firroqaianos. Para este fin tenia un libro en que asentaba todo
lodicho una criada yieja , à la cual se reducia toda su femilia ;
pero sobre no saber palabra de ortografia, escribia tan mal, que
por lo comun no se podia comprender lo escrito. Encargtoe ,
pves, i mi este registro, que se podia intitular con razon regutro
noniiorio 6 lÀbro de difuntot, porque morian casi todos aquellos
CQfos nombres se apuntaban en él. Escribia, por decirlo asi, los
nombres de los que querian partir de este mundo , ni mas ni
ménos qoe en las casas de posta se apuntan los nombres de los
qne piden carruage 6 cabaUos. Estaba casi siempre con la pluma
en la mano, porque en aquel tiempo el doctor Sangredo era el
mèdioo mas acreditado de todo Yalladolid , debiendo su réputa-
tion àmialocuelaespeciosa, sostenida de cierto aire graye, y al
mismo tiempo apacible, junto con algunas afortnnadas curas que
hiroQ oelebradas mas de lo que merecian.
l^racticaba mucho la fiacultad , y por consiguiente le fructifia
caba bien. No por eso el trato de su casa era el mejor. En ella
se Ti?ia muy firugalmente. Garbanzos, habas y manzanas cocidas
ô qneso, era nuestra comida ordinaria. Decia que estos alimen-
tos eranlos mas conyenientes al estèmago, por ser mas dociles &
h tritoracion. Con todo eso, aunque los consideraba muy faciles
dedigerir, no queria que nos hartasemos de ellos, en lo que
tenia mncha razon ; pero si A la criada y à mi nos prohibia comer
omcho, en recompensa nos permitia beber agua sin tasa. Léjos
de andiar en esto con escasez, nos decia muchas yeces : Bebed ,
ilijos mios : la salud consiste en que todas las partes de nuestra
^'^ifpmk se conseryen flexibles , égiles y hûmedas. Bebed agua
^abandancia, porque es el disolyente uniyersal que précipita
Mas las sales. ; Esta acaso detenido y lento el curso de la
^^e? ella le aoelera. ;Està répido y predpiudo? le detiene.
5
66 GIL BLAS.
EsCaba el buen doctor tan persaadido de esto, que aun el inisnio
no bebia mas que agaa, sin embargo de hallarse ya en edad muy
avanzada. Definia la yejez diciendo era una tisis natural, que nos
deseca y consume. Fundado en esta definicion, lamentaba la
ignorancia de los que Uaman al vino la leche de loi viejos. Soste-
nia que antes bien los desgasta y los destruye , diciendo muy
elegantemente que este licor, asi para los yiejos como para todos
los demas, era un amigo traidor y un gusto muy engafloso.
A pesar de tan bellos raciodnios, à los ocho dias que estuve
en aquella casa, padeci una diarrea, acompaflada de cnieles do-
lores de estômago, lo que tuve la temeridad de atribuir al //t-
iolvente univenal, y à la mala calidad de los alimentos que oomia.
Quejéme de esto al nneyo amo, esperando que al cabo vendria
à condescender, y à darme algun poco de vino en las comidas ;
pero era muy enemigo de este licor para tener semejante con-
descendencia. Cuando te hayas acostumbrado à beber agua , me
dijo, conoceràs sus virtudes. Por lo demas , si te disgusta mucho
el agua pura, hay mil arbitrios inocentes para corregir el de-
sabrimiento de las bebidas acuosas. La salvia y la beténîca les
comunica un gusto delicioso ; y si quieres que lo sea mucho mas^
mezcla un poco de flor de romero, de clavel ô de amapola.
Por mas que ponderase las excelencias del agua , y por mas
que me ensefiase el modo de componer bebidas exquisitas sin
que para nada fuese necesario el vino , la bebia yo con tanta
moderacion que, advirtiéndolo él , me dijo un dia : Ta no me
admiro, Gil Bias , de que no gozes una perfecta salad , porqae
no bebes bastante , amigo mio ; el agua bebida en poca cantidad
solo sirve para remover la porcion de la bilis , y darle mayor
vigor y actividad, cuando es necesario anegarla en un diluyente
copioso. No temas, hijo, que la abundancia del agua te débilite
ni enfrie dèmasîado el estômago. Léjos de ti ese terror pénioo
con que miras la frecuencia de tan saludable bebida. Yo salgo
por fiador de su buen efécto , y si no te satisface mi fianza , el
divine Celso saldrà et abonarla. Este oréculo latino haœ un ad-
mirable elogio del agua, y afiade en termines expresos que los
que , por beber vino , se excusan con la debilidad del estémago
levantan un ftdso testimonio à esta entrafia para encubrir su
sensualidad.
Como hubiera side cosa fea dar pruebas de indôdl cuando
daba principio à la carrera de la medicina , mostrë que me hacia
fnerza la razon; y aun confieso que efectivamente la crei. Pro-
seguiy pues, en beber agua , bajo la fe de Celso ; 6 por mejor
decir, comenzè à anegar la bilis, bebiendo en gran copia aquel
licor ; y aunque cada dia me sentia mas desazonado, pudo mas
la preocupacion que la experiencia. Tenia, como se vé, una admi-
rable disposicion para ser medico. Sin embargo , no pudiendo
LIBRO SEGUNDO. 67
mas à la ^iolencia de los males que me atormentaban ,
tome h resolatton de dejar la casa del doctor Sangredo ; pero
este me honrô con un nuevo empleo, el cual me hizo mudar de
parecer. Mira, hijo, me dijo un dia , yo no soy de aqueOos amos
iogratos y duros, que dejan enyejecer à los criados sin pasarles
por el pensamiento el recompensar sus servicios. Estoy contento
contlgo, te quiero; y, sin aguardar A que me hayas servido mas
tiempo , es mi Animo hacerte dichoso. Ahora mismo te Toy i
desoibrir lo mas sutil del saludable arte que profeso tantos aûos
ha. Los demas medicos piensan consiste en el estudio penoso do
mû dendas tan inutiles como dificultosas : yo inteifto abreyiar
on camino tan largo, y ahorrarte el trabajo de estudiar la fisica,
la Darmacia, la botànica y la anatomia. Sà)ete, amigo, que para
corar todo género de males no es menester mas que sangrar y
haoer beber agua caliente. Este es el gran secreto para curar
todas las enfermedades del mundo. Si : este maravilloso secreto
que yo te comunico, y la naturaleza no ha podido ocultar à mis
profandas observadones, mantenièndose impenetrable à mis her-
manos y compafteros , se reduce à solos dos puntos : sangrias
y agua caliente, uno y otro en abundancia. No tengo mas que
enseflarte. Ya sabes de raiz toda la medicina, y si te aprovechas
de mis largas experiencias , seres tan gran medico como yo. Al
présente me puedes aliviar mucho. Por las maAanas te estarés en
casa i tener cuenta del registro , y por las tardes iras à yisitar
mis enfermos. Yo asistiré A la nobleza y al clero : tù yisitaràs à
los del estado general que me Uamaren, y despues de haber ejer-
ddo algun tiempo , haré te incorporen en nuestro gremio. He
aqui, Gil Bias, que ya ères sabio , sin ser medico, cuando otros
por mochos aftos , y la mayor parte toda la yida , son medicos
Antes de ser sabios.
Di gradas al doctor por haberme puesto en estado en tan poco
tiempo de ser sustituto suyo ; y en seftal de mi agradecimiento
le oired que toda la yida seguiria A ciegas sus opiniones, aunque
fuesen contrarias A las del mismo Hipocrates. Pero esta palabra
DO era del todo sincera, porque no podia conformarme con su
opinion acerca del agua, y en mi corazon déterminé beber yino
siempre que fuese A yisitar mis enfermos. Segunda yez me des-
Budé de mi yestido , y tome otro de mi amo para presentarme
en trage de medico. Hecho esto me dispuse A practicar la medi-
dna A Costa de los pobres c(ue cayesen en mis manos. Tocôme
dar prmcipio por un alguacil que adolecia de un dolor de cos-
tado. Dispose le sangrasen sin piedad, y que no se negasen A
darle de beber agua caliente con abundancia. Entré despues en
casa de un pastelero , A quien la gota le hacia poner los gritos
en el delo. No tuye mas compasion de su sangre que de la del
alguacil, y fui muy liberal en mandarle dar agua caliente. Valié-
68 GIL BLAS.
ronme doce resiles las dos visitas , y qaedé tan contente eon
el nuevo ejercicio , que solo deseaba cosecha de enfermos y
achacosos.
Al salir de casa del pastelero me encontre con Fabricio , &
quien no habia \isto desde la muerte del licenciado CedOlo.
Mirôme atento y atônito por algun tiempo , y despues diô una
carcajada tan grande que parecia iba à reventar de risa. No
dejaba de tener razon : Ueyaba yo una capa tan larga que me
Uegaba à los talones ; la chupa y el calzon eran tan ancbos , que
sobraban mucho para dos cuerpos como el mio. En fin, mi
figura podia pasar por original y grotesca. Dejéle desabogar , y
aun yo mismo le hubiera acompaAado , si no me contuviera el
decoro de la calle , y la representacion de medico , que no es un
animal risible. Si mi ridiculo trage habia movido à risa à Fabn-
cio 9 mi seriedad se la aumentô , y despues que se riô cuanto
quiso :; Por cierto, Gil Bias, exclamô, que estes estrafalaria-
mente puesto! ^ quien diablos te ha disfirazado asi? Poco à poco,
Fabricio , poco à poco , y trata con todo respeto à un nuevo
Hipocrates. Sébete que soy sustituto del doctor Sangredo, me-
dico el mas famoso de Yalladolid. Très semanas ha que estoy en
su casa , y en este breye tiempo me ha ënsefiado radicalmente la
medicina , de manera que , como él no puede yisitar é todos los
enfermos que le llaman , visito yo una parte de ellos para ali-
y iarle. Él asiste é la gente principal , y yo à la plèbe. ; Bellamente !
replicé Fabricio : eso en buen romance quiere decir que te ha
cedido la sangre plebeya , y èl se ha guardado la ilustre. Boite
cl parabien de la parte que te ha tocado, que en mi concepto es
la mejor, porque é un medico le conyiene mas ejercer su facultad
con la gente pobre que con la opulenta. j Yiyan los medicos de
aldea y de arrabal ! sus yerros son mènos sabidos , y no meten
tanta bulla sus asesinatos. Si , amigo : tu suerte me pareoe la mas
enyidiable , y (por hablar à manera de Alejandro) si yo no fuera
Fabricio , querria ser Gil Bias.
Para que el hijo del barbero Nuûez conociese que no exa-
geraba ni mentia en alabar tanto mi présente condicion, le
mostré los doce reaies del alguacil y del pastelero , y despues
nos entràmos los dos en una taberna para beber â costa de ellos.
Presentàronnos un yino bueno , el cual me pareciô mucho mejor
de lo que era por la gran gana que tenia de beberle. Echëme ai
cuerpo yalientes tragos , y ( con licencia del oràculo latino ) al
paso que iba bebiendo , conoei que el estômago no se quejaba
de las injusticias que le habia hecho. Detuyimonos bastante
tiempo Fabricio y yo en la taberna , y nos burlémos largamente
de nuestros amos , como es uso y costumbre entre todos los cria-
dos.Viendo que se acercaba la noche nos retiràmos , quedando apa-
labrados de yolyernos à yer la tarde siguiente en el mismo parage.
7^
LIBRO SEGUNDO. 69
CAPITULO IV.
Prosigne Gil Bias e|ercieiido la medidna con tanto acierto oomo capacidad.
Ayeptura de la sortija reoobrada.
No bien habia yo entrado en casa caando tambien Tohiô à ella
d doctor Sangredo. Infonnèle de los enfennos qae habia yisitado,
y le puse en la mano ocho reales que restàron de los doce que me
habian yalido mis recelas. Ocho reales , me dijo, por dos visitas
son poca cosa ; pero al fin es preciso recibir lo que nos dieren.
Tomôlos , y embolsindose los seis, me diô solo dos. Toma, Gil
Bias , prosiguio , ahi te doy para que empiezes à juntar un ca*-
pital , pnes desde luego te cedo la cnarta parte de lo que me
loca. Presto seres rico , amigo mio, porque este aûo , queriendo
Dies y habrà muchas enfermedades.
Contentéme , y con razon , pues habiendo resnelto quedarme
con la tercia parte de lo que recibia, y cediéndome el doctor
la Guana parte de lo que yo le entregaba , yenia é tocarme , si
no me engafla mi aritmética , la mitad de lo que realmente per-
cibia. Esto me diô nueyo aliento para aplicarme à la medicina. Al
dia siguiente luego que comi volvi é echarme à cuestas el hibito
de sustituto , y sali é campafia. Visité muchos enfennos de los que
TO mismo habia sentado en el libro, y à todos les receté los mis-
mos medicamentosa aunque padecian diferentes enfermedades.
Uasta aqui las cosas iban viento en popa , y ninguno , gracias al
ctdo, se habia alborotado contra mis recetas. Pero nunca iaitan
censores del mètodo de un medico , por excelente que sea. Entré
en casa de un droguero que tenia un hijo hidrôpiço , y me en-
contre con cierto mediquillo de color amulatado , que se llamaba
el doctor Cuchillo , Uevado alii por un pariente del mercader.
Hice profundas cortesias é todos los circunstantes , pero parti-
colarmenteal tal figurilla, que me persuadi habia sido llamado
para consultar sobre la enfermedad que teniamos entre manos^
Saludôme con mucha gravedad ; y despues de haberme mirado
atentamente : Seûor doctor, me dijo, yo conozco à todos los medicos
de Valladolid , hermanos y compaûeros mios ; pero confieso que
la fisonomia de vmd. es para mi enteramente nueva , por lo que
es preciso que ymd. haya yenido & establecerse en esta dudad de
muy poco tiempo i esta parte. Yo , seflor , le respondl , soy un
joyen pasante que ejerzo à la sombra y bajo los auspicios del
doctor Sangredo , tan conocido en este pueblo y en toda la co-
marca. Doy à ymd. la enhorabuena , me replicô cortesmente , de
que haya adoptado el método de un hombre tan grande. No dudo
que sera ymd. habilisimo, aunque tan mozo todavia. Dijo estQ
70 GIL BLAS.
con tanta naturalidad , que no pode discernir si hablaba de veras ,
6 si ^ burlaba de mi. Estaba pensando en lo que habia de re—
plicar, cuandoel droguero tomô la palabra, y nos dijo : Seflores,
tengo por cierto que ustedes saben uno y otro perfectamente la
medicina , y asi les suplico que , si gustan , se sirvan consultar
entre los dos que es lo que debo hacer para lograr el consuelo de
ver bueno à mi hijo.
Oyendo esto el doctorcillo , comenz6 à observar al enfermo ,
y habiéndome hecho nocar todos los sintomas que descubrian ik
naturaleza de la enfermedad , me preguntô de que manera pen-
saba yo curarla. Mi parecer es , le respondi , que se le sangre
todos los dias , y que se le dé é beber agua caliente en abundancia.
Al oir esto el mediquin, me preguntô sonrièndose con aire socar-
ron : ^Y crée vmd. c(ue con esos excelentes remedios se le salyarà
la vida al enfermo ? \Y como que lo creo ! respondi animoso ; sin
dnda se conseguiré ese efecto , pues son unos especificos contra
todo género de maies ; y sino , que lo diga el doctor Sangredo.
Segun eso , replico el doctor Cuchillo , se engafta mucho Celso , y
escribiô un gran disparate > asegurando que para facilitar la co-
racion de un hidrôpico es conyeniente dejarle padecer hambre y
sed. i Oh ! le respondi : yo no tengo à Celso por oréculo. Enga-
fiôse , como se engafiàron btros , y algunas yeces me complazco
en ir contra sus opiniones. Conozco por la explicacion de ymd.,
repuso Cuchillo , la préctica segura y buena que el doctor San-
gredo quiere inspirar à todos los profesores jôyenes. La sangria
y la bebida es su medicamento universal ; por lo que no me ad-
miro ya de que tantos hombres honrados perezcan en sus manos.
Dejèmonos de invectivas , le interrumpi yo con sequedad : no esté
bien en uh hombre de la profesion de vmd. tocar esa teda. Sin
sacar sangre, y sin dejarlos beber, se hsm enviado muchos
hombres é la sepultura ; y quizà vmd. habrà despachado à ella
mas que otros. Si vmd. tiene algo contra el sefior Sangredo ,
escriba impugnàndole, que no dejarà ciertamente de responder,
y entônces verémos quien es el que queda vencido. jPor san
Pedro y san Pablo! prorumpiô lleno de côlera el doctorcillo,
que vmd. no conoce al doctor Cuchillo. Sepa, pues, amigo mio,
que tengo garras y colmillos , y que de ningun modo me causa
miedo Sangredo , cl cual , mal que le pesé à su vanidad y pre-
suncion , en suma no es mas que un original sin copia. La figura
del mediquillo me hizo despreciar su côlera. Respondile con
enlado ; correspondiôme con el mismo ; y en brève vinimos é
las manos. Dimonos algunas pufiadas , y nos arrancàmos uno â
otro porcion de pelos antes que el droguero y su parienta nos
pudiesen separar. Luego que lo hubiéron conseguido, pagé-
ronme la visita, é hicièron quedar à mi antagonista, que vero-
similmente les pareciô mas hébil que yo.
UBRO SEGUNDO. 71
Despoes de esta aventora , faltô poco para que me sucediese
otra. Fui à visitar à cierto sochantre que estaba con calentura.
Apénas me oy6 hablar de agua caliente , cuando se mostrô tan
rebelde à este remedto ^ que comenzô à echar yotos. Dijome
mO desTerguenzas , y aun me amenazô de que me echaria por
la Tentana. Sali de aquella casa mas de priesa de lo que hsd)ia
aitrado. No quise visitar mas enfermos aquel dia , y me fiii de-
recho à la taberna de lo caro , donde la Tispera habiamos que-
dado apalabrados Fabricio y yo. Como ambos teniamos buenas
ganas de beber, lo hicimos perfectamente, y despues nos reti-
rémos cada uno à su casa, en buen estado^ambos » quiero decir,
moros van , moros yienen. No conociô êl doctor Sangredo el
achaqae de que yo adolecia ; porque le conté con tanta energia
io que me habia suoedido con el doctorcillo , que atribuyô mis
descompasadas i^cciones y mis palabras mal articuladas al enojo
y côlera que me babia causado el lance que le referia. Fuera
de eso , como él era interesado en el hecho , se alterô algo
contra el doctor Cuchillo ; y asi me dijo : Hiciste muy bien, GO
Bias y en yolver por el honor de nuestros remcdios contra aquel
tborto , ô por mejor decir, embrion de nuestra facultad. Pues
<[^f ^pîensa el grandisimo ignorante que nose deben adminis-
trar é los hidrôpicos bebidas acuosas? ipobre mentecato! pues
yo defenderë delantede todo elmundo que con el agua sepuede
carar todo gènero de hidropesias, y que es un especifico igualmente
âdaptado para estas , como para los reumatismos y opilaciones. Es
tambien muy propia para aquel género de calenturas que por una
parte abrasan al enfermo, y por otra le hielan ; y es maravilloso re-
medio para todas aquellas enfermedades que se atribuyen à hu-
mores firios , serosos , fiematicos y pituitosos. Esta opinion solo
parece extrada à los principiantes , cual es Cuchillo , incapaces de
discurrir como filôsofos ; pero es muy probable en buena medicina;
ysieOosfueran capaces de penetrar la razonen que se funda, en
vez de desacreditarme , llegarian à ser mis mayores apasionados.
Tanta era su côlera , que ni aun le pasô siquiera por el pen-
samienlo que yo hubiese bebido : pues por irritarle mas adre-
démente habia yo aftadido algunas circunstancias de mi pegujal
ô de mi fecunda inventiya. Con todo eso , aunque estsJ^a tan
ocupado en lo que le acababa de contar, no dejô de advenir
que aquella noche habia yo bebido mas agua de la que acostum-
braba , porque con cfecto el vino me habia dado muchisima sed.
Otro que no fuese el doctor Sangredo habria maliciadp un poco
de aquella grande sed que me aquejaba , y de los sendos vasos
de agua que bebia ; pero ël creyô buenamente que yo iba aficio-
nandome à las bebidas acuosas ; y asi me dijo sonriéndose: Amigo
Gîl , à lo que veo , ya parece que no tienes tanta enemistad con
el agua. Por vida mia que la bebes como pudieras cl mas deti-
73 / GIL BLAS.
cioso nectar. No me admiro de eso , porqae ya sabia yo que
con el tiempo te acostambrarias à este soberano licor. Seftor , le
respondiy dice bien aquel refran : coda cosad tu tiempo, y lot
naboê en adviento. Lo que es abora , créa su merced que daria
yo una cuba entera de vino por una sola azumbre de agua.
Quedô tan encantado el doctor con esta respuesta , que tomô de
ella ocasion para ponderar las excelencias de aquella bebida.
Hizo nuevamente su panegirico , no ya como panegirista frio ,
sino como un orador entusiasmado. Mil y aun mil miQones de
yeces , exclamô , eran mas estimables , y mas inocentes que las
tabernas de nuestros tiempos , las termôpilas de los siglos pasa-
dos , donde no se iba à malgastar yergonzosamente la hacienda
y la \ida , anegàndose en el vino; sino que concurrian alii é di-
vertirse honestamente , y à beber sin riesgo agua caliente en
abundancia. Nuncase admirarà bastantemente là' sabia prévision
de los antiguos gobernadores de la vida civil , que institayéron
. lugares publicos donde cada uno pudiese libremente acudir i be-
ber agua à su satisfoccion , haciendo encerrar el vino en las
cuevas de los boticarios , con severa prohibicion de que ninguno
le pudiese beber si no le recetaba el medico. ; Oh , que rasgo de
prudencia ! Sin duda, aftadiô , que , por una reliquia de la antigua
firugalidad , digna del siglo de oro , se conservan aun el dia de
hoy algunas pocas personas, que, como tu y como yo , solamente
beben agua , persuadidas de que evitaràn ô curarân todos los
males bebiendo agua caliente , que no haya hervido , porque
tengo observado que la hervida es mas pesada , y no la abraza
tan bien el estômago como la que sin hervir Ilega solo à ca-
lentarse. Mas de una vez temi reventar de risa mièntras mi
amo discurria en el asunto con tanta elocuencia. Con todo eso
me mantuve serio , y aun hice mas , pues mostrë ser del mismo
sentir que el doctor Sangredo ; abominé del uso del vino , y me
compadeci de los hombres que tenian la desgracia de pagarse de
una bebida tan perniciosa. Despues de esto , como todavla me
sentia con sobrada scd , llené de agua caliente una gran taza , y
de una asentada me la echè toda al cuerpo. Yamos, sejk)r , dije
à mi amo y hartémonosde este benéfico licor, y resucîtemos en
esta casa aquellas antiguas termôpilas , de cuya falta tanto se
lamenta vmd. Celebrô mucho estas palabras , y por mas de
una hora entera me estuvo exhortando à que bebiese siempre
agua. Prometlle que la beberia toda la vida; y para cumplir
mejor mi palabra , me acosté con firme propôsito de ir todos los
dias à la taberna.
El lance pesado que habia tenido en casa del droguero no me
quitô el gusto de ir à recetar eldia siguiente sangrias y agua ca-
liente. Al salir de la casa de un poeta que estaba frenético , me
encontre con una vieja , la cual se llegô à mi > y me preguntô si
LIBRO SECUNDO. 73
mi medico. Respondlle qae si , y ella me soplicô con macba hu-
mtUad me siryiese acompaftarla à su casa , donde estaba indis-
poesta sa sobrka , que se sentia mala desde el dia anterior , igno-
rando coal fnese su enfermedad. Seguila , y guiàndome à su casa,
me hizo entrar en un cuarto adornado de muebles muy décentes ,
donde vi una muger en cama. Acerquëme é ella para obseryarla.
Desde loego me Uamô la atencion su fisonomia , y despues de
haberla mirado por algunos momentos , reconoci , sin quedarme
génère de duda, que era aquella misma aventurera que habia
hecho tan perfectamente el papel de Gamila. Por lo que à ella to-
ca , me pareciô no me habia conocido , ya fiiese por tenerla aba-
tida el mal , ô ya por el trage de medico en que me veia. To-
mèle el pnlso , y yi que tenia puesta mi sortija. Senti una terrible
oonmocion al reconocer una aJhaja à la cual tenia yo tanto dere-
cho , y estuye Aiertemente tentado à quitàrsela por fuerza ; pero
satnendo que las mageres luego comienzan à gritar , y temiendo
acudiese à su defensa el dichoso don Rafael , ô algun otro de
tantos protectores como tiene siempre el bello sexo para acudir
i sus gritos , resisti é la tentacion. Pareciôme séria mejor disi-
nnilar por entônces hasta consultar el caso con Fabricio. Abrazé,
pues y este ultimo partido. Miéntras tanto la yieja me apuraba
para que declarase el mal de que adolecia su postiza 6 su yerda-
dera sobrina. No fui tan mentecato que quisiese confesar que no
le conocia , Antes bien , haciendo de hombre sabio é imitando à
mi maestfo , dije cou mucha grayedad que todo dependia de falta
de transpiracion , y por consiguiente que era menester san-
grarla inmediatamente , y humedecerla bien , haciéndole beber
agua caliente en cantidad , para cararla segun el debido mëtodo.
Abreyië la yisita cuanto pude, y fiiime derecho A buscar al
hijo de Nuftez , é quien tardé poco en encontrar , porque iba à
cierta dîligencia de su amo. Contéle mi nueva aventura , y le pre-
ganté si le parecia conveniente que me yaliese de algunos algua-
dies para recobrar mi alhaja , prendiendo à Camila. No por cierto ,
me respondiô ; no pieuses en tal disparate , ese séria el medio
mas seguro para que nunca vieses en tu mano la sortija. Esa gente
no es muy inclinada à hacer restitudones , y sino acuérdajte de
lo que te sucediô en Astorga ; tu caballo , tu dinero , y hasta
tupropio yestido, todo quedô en sus ufias. Es necesario , pues,
apelar A nuestra industria, si cpiieres recobrar tu desgraciado
diaoïante. Déjamelo pensar à mi miéntras yoy à dar un recado de
mi amo al proyeedor del hospital ; espérame en la taberna de
que somos parroquianos , y ten un poco de paciencia , que presto
nos yerémos.
Mas de très horas hada que le estaba esperando cuando al
cabo pareciô. Al principio no leconod, porque habia mudado de
trage: traia el pelo trenzado, y unos bigotes postizos, que le ta-
74 GIL BLAS.
paban la mitad de la cara: del cinto le colgaba ana espada larga »
cuya cazoleta tenia por lo ménos très pies de circonferencia , y
marchaba al freote de cinco hombres , todos con aire tan resuelto
y detenninado como él , lleyando igaalmente sus grandes yigo-
tes y espadas largas. Servitor , sefior Gil Bias , me dijo , acercàn-
dose à ml con resolacion y despejo. Aqui tiene vmd. un algim—
cil de nuevo cuAo , y m esta honradagente que me acompaAa ,
unos corchetes del mismo temple. Solo queda à cargo de ymd.
el guiarnos à casa de la mugw que le robô el diamante ; y le cm-
pefto mi palabra de que le recobiarâ. Abrazé à Fabricio luego
que le oi estas palabras , conociendo poi^ ellas la estratagema que
habia inventado para fayorecerme , aproband^ mucho semejante
arbitrio. Saludé tambien à los fingidos ministriles , los coale» eran
très criados y dos mancebos de barbero , todos amigos suyos ,
à quienes habia metido en que hiciesen aquel papel. Mandé tra-
jesen vino para que refrescase la ronda , y à la entrada de la no-
che nos encaminàmos é casa de Camila. Llamàmos à la puerta ,
queya encontràmos cerrada. Vino à abrirla la vieja: y creyendo
que eran mtnistros de justicia los que yenian conmigo , y que no
iban é su casa sin algun mal fin , se Uenô la pobre dé miedo.
No se turbe , madré , le dijo Fabricio , que no yenimos por mal ,
sino à un negocio de poca importancia, que presto se evacuara.
Diciendo esto nos fuimos introduciendo hasta el cuarto de la en-
ferma y guiàndonos la y ieja , que iba delante alumbrando coq una
yela en un candelero de plata. Tome el candelero , y acercàndo-
me à la cama de Camila , aplicando la luz à mi cara para que me
yiese mejor: Infâme, le dije, ^. conoces ahora aquel crèdulo Gil
Bias y é quien tan yillanamente engaâaste ? En fin , ya te encontre ,
bribonaza. £1 corregidor diô oidos é mi querella, y ôrdeniestos
seAores de arrestarte y encerrarte en un calabozo. £a, pues , se-
ftor alguacil , dije à Fabricio , cumpla con lo que le ban mandado ,
y haga lo que le toca. No necesito , respondiô con yoz bronca y
desabrida , que ninguno me acuerde mi obligacion. Ya tengo noti-
cia de esta buena alhaja , pues tiempo ha que esta esorita y regis-
trada en mi libro de memoria. Levàntese , reina mia , y yistase
pronto , que yo tendre la fortuna de irla siryiendo de escudero ,
si lo lleva à bien , hasta la càrcel pùblica de esta ciudad.
Al oir esto Camila , aunque parecia tan postrada , adyirtiendo
que dos ministriles se disponian à sacarla por fiierza de la cama,
se sentô en ella, y juntas las manos« en tono de suplicante , mt-
ràndome con ojos en que se yeia pintado el desconsuelo y el ter-
ror: Sefior Gil Bias, me dijo, apiàdese ymd. de mi: esto se lo
pido por aquella su casta madré , que le diô à luz despues de
haberle tenido nueye meses en sus maternales entraftas. Auoque
confieso mi culpa , todayia fui mas desgraciada que delincuente.
Voy à restituirle su diamante , y por amor de Dios no me pierda.
UBRO SEGUNDO. 75
Udendo esto se sacô la sartija, y me la puso en la maoo. Pero
yo le respond! que no me contentaba con solo el diamante , sino
qoe uunbîen queria se me restituyesen los mil ducados que se me
habian robado en la posada. SeAor , replicô ella^, los mil ducados
no me los pida ymd. A mi, pidaselos al traidor de don Rafael , à
qnien no he Tisto desde entônces acâ , que aquella misma noche
se los Ueyô. ; Ah buena maula ! interrumpiô Fabricio , jpues que ,
no hay mas que decir que no tuviste arte ni parte en ello, para
darte por legitimamente disculpada? Basta que hayas sido com-
plice del don Rafael , para que se te pida estrecha cuenta de toda
ta TÎda pasada. Sin duda que tendras archivadas en la condencia
l>ellas cosas. Yen , yen à la càrcel , donde haras una buena con-
fusion general. Tambien quiero Uevar en tu compaAia A esta bue-
na Tîeja , à quien juzgo impuesta en una infinidad de lances cu-
riosos , qoe al seAor corregidor no le pesarA saber.
Al oir esto las dos mugeres no omitiëron medio alguno para
moTemos A piedad. Albc4*otAron la casa A gritos , llantos y lamen-
tos. Miëntras la TÎeja , puesta de hinojos , ya delante del alguacil ,
ya delante de los ministriles , procurâba exdtar su compasion ,
Camila , del modo mas tierno y patëtico del mundo , me suplicaba
y conjuraba la librase de mano de la justida. Era este un espectA-
colo digno de Ter se. Fîngl ablandarme, y dije al hijo de NuAez:
Sejk)r alguacil , puesto que ya he recobrado mi diamante , se me da
poco de lo demas. No deseo se afl\ja A esta pobre muger , porque no
qniero la muerte del pecador. ] Bueno por cierto I me respondiô,
îmd. es muy compasivo , y no yalia un pepino para alguacil. Yo no
poedo ménos de complir con mi obligacion ; y el seAor corregidor
^xpresamenteme mandô prendiese A estas princesas , porque quie-
re sa seAoria hacer con ellas un ejemplar que sirya de escarmiento.
Hagame ymd. el fayor , le répliqué , de hacer por mi alguna cosa,
y saayizar on tantico el rigor de la ôrden , en fayor del regalo que
estas damas le quieren hacer en corta demostracion de su recono-
cimiento. [ Oh ! seAor doctor, repuso Fabricio , ese es otro cantar.
No puedo resisttr A esa figura retôrica usada tan A tiempo. Ea, pues»
Teamos lo que me quiere regalar. Daréle A ymd. , dijo Camila, un
collar de perlas , y unos pendientes de piedras que yalen buen di—
nero. Si, respondiô Fabrido taimadamente , con tal que no seau
de las que te enyiô tu tio el gobemador de Filipinas , porque esas
00 las quiero. Os aseguro que son finas , dijo Camila ; y al mismo
tiempo mandô A layieja trajese una cajita donde estaban el collar
y los pendientes , que ella misma puso en manos del seAor algua-
cil; y aunque este era tan diestro lapidario como yo, no dejô de
conocer , sin quedarle alguna duda , que eran finas asi las piedras
de los pendientes , como las perlas del collar. Estas alhajas , dijo
despues de haberlas mirado atentam^te , me parecen de buena
ley ^ y si se aAade A ellas el candelero de plata que el seAor Gil
70 GIL BLAS.
Bias tiene en la mano , no respondo ya de mi obediencia al set
corregidor. No creo , dije entonces à Camila , que por semeja
firiolera quiera vind. deshacer un convenio que le tiene tanta cuenlj
Diciendo y haciendo quite la vela del candelero , se la entr
gué à la vieja , y alargué este i Fabricio ^ que, contentândose <
ello, quizé porque no viô en la sala ninguna otra cosa de pre
que se pudiese llevar fôcilmente, dijo à las dos mugercs: Aéîod
reinas mias , y pierdan cuidado , que Yoy i hablar al seftor cor{
regidor , y à dejarlas con ël mas puras y mas blancas que la vïis^
ma nieye. Nosotros le sabemos pintar las cosas como queremosj
y nunca le hacemos reladon que no sea yerdadera , sino cuandi^
lenemos algun poderoso motiyo que nos obligue à desfigurar ui
poco la yerdad.
CAPITULO V.
ï
Prosigue la aTentura de la tortija ; drja Gil Bias la medidna , y le aasenta
de YalladoUd.
Ejecutado tan felizmente el admirable proyecto de Fabricio ,
salimos de casa de Camila alabàndpnos de un suceso que habia
superado nuestras esperanzas , porque solo habiamos ido â re-
cobrar una sortija , y nos Uevàmos lo demas sin ceremonia ni el
menor remordimiento. Léjos de hacer escrùpulo de haber robado
A dos mugeres del partido , creiamos haber hecho un acto me-
ritorio. Seâores, dijo Fabricio, luego que estuvimos en la calle,
soy de parecer que para coronar esta bella hazafia yayamos à
nuestra taberna de lo caro , donde pasarémos alegremente la no-
che. Maftana venderémos el collar, los pendientes y el candelero;
harëmos nuestras cuentas, y repartirèmos el dinero como herma-
nôs. Hecho esto cada uno se ira à su casa , y discurrirà lo que
mejor le pareciere para excusarse de haber pasado la noche fuera
de ella. Tuvimos por muy prudente y juicioso el pensamiento
del seftor alguacil. Yolvimos , pues, todos à nuestra taberna, pa-
reciéndoles A unos que fàcilmente encontrarian algun buen pre-
texto para disculpar el haber donnido fiiera , y no dAndoselcs a
otros un pito de que los despidiesen sus amos.
Diôse ôrden de que se nos dispusiese una buena cena , y nos
sentàmos à la mesa con tanto apetito como alegria. Durante ella
se suscitéron especies muy graciosas ; sobre todo Fabricio , que
era fecundisimo, y hombre de gran talento para mantener siempre
viva la conversacion , y divertir é toda la compafiia. Ocurrièronle
mil dichos Uenos de sal espaâola , que nada debe à la sal ética ;
pero estando en lo mejor de la diversion y de la risa, turbô nues^
tra alegria un lance inesperado y snmamente desagradable. Entré
LIBRO SECUNDO. 77
Bd cuarto donde escabamos un hombre bastante bien plantado,
âqnien aoompaAaban otros dos de moy mala catadara. Tras es-
tos eotriron otros très ; y enfin de très en très fuèron entrando
basta doce , todos con espadas , carabinas y bayonetas. Conoci-
liosqoe eran mînistros yerdaderos de justicia, y fécîlmente pe-
Ktréfflos sa intencion. AI principio pensàmos en defendernos ,
pero en on instante nos rodeéron y nos contuvîéron , asi por su
um namero , como por el respeto que tuvimos à las armas
le foego. Seâores , nos dijo el comandante con cierto airecillo
bortoo, tengo noticia de la ingeniosa inyendon con que ustedes
bn recobrado de mano de cierta aventurera no se que preciosa
sortija. £1 estratagema fué ingenioso y excelente^ tanto que
Derece ser publicamente premiado: recompensa que no se les
pede i osiedes negar. La justicia , que tiene destinado à ustedes
^ alojamiento en su misma casa y no dejaré dertamente de
fremitf an esfuerzo tan raro de ingenio. Turbéronse.à estas pa-
hbras todas las personas à quienes se dirigian, y mudàmos todos
detODoy de semblante, Uegàndonos la yez de experimentar el
Bismo terror que habiamos causado en casa de Camila. Sin em-
bargo, FabriciOy aunquepélido y casi muerto, intenté discul-
innios. Seûor, dijo todo trémulo , nuestra intencion fiié sin duda
bofitt, y en grada de ella se nos puede perdonar aquella ino-
cette sopercheria. ^Qoè diablos? replicô el comandante con vî-
vezâ, ^â esa Hamas tu snpercheria inocente ? ^Ignoras por yen-
tnra que huele à càftamo , 6 cuando mënos à baqueta esa inocente
SQpercheria? Fuera de que à ninguno le eslicito hacerse justicia &
simjsmo por su propia mano , os llevésteis , ademas de la sor-
tija, on collar de perlas , un candelero de plata, y unos pendientes
dediamantes. Lo peor de todo es que para hacer este robo os
bgisteis ministros de justicia. {Unos hombres misérables supo-
nerse gente honrada para baeer tal villania , y cometer semejante
naldad! ^Os parece esta una culpa venial que se lava con agua
beodita? Seréis muy dichosos si solo se echa mano de la penca
para borrarla y castigarla. Cuando llegàmos à comprender que la
cosa era mas séria de lo que nosotros babiamos imaginado , nos
«<teos todos à sus pies , y le suplicàmos con légrimas que se
apiadase de nosotros y de nuestra inconsiderada juyentud ; pero
todos naestros damores fuéron inutiles. Bespreciô cou indigna->.
don la propuesta que le hicimos de cederle el collar, los pen-
dientes y el candelero. Tampoco cpiiso admitir la sortija que yer-
daderamente era mia , quizâ porque se la ofirecia à presencia de
tantos testigos. En fin estuyo inexorable. Hizo desarmar à mis
compafteros , y nos lleyô à todos à la càrcel. En el camino me
coQto uno de los alguaciles que , habiendo sospechado la vieja
?]e TiTia con Camila que no eramos gente de justicia , nos habia
s«guido à lo lèjos hasta la tabema , y que , teniendo modo de ocul-
78 GIL BLAS.
tarse y oonfirmar sus sospechas , diô prontamente parte de todo
à ana ronda para yengarse de nosotros.
En la càroel nos registriron à todos hasta la cunisa. Quité-
ronnos el collar, los pendientes y el candelero , como tambien à
mi aquella sortija de rubies de las Filipinas , que por desgrachi
habia metido en un bolsillo , sin dejarme siquiera los pocos reales
que aquel dia me habian valido mis recetas , por donde conoci
que los ministriles de Valladolid sabian tan bien su ofido oomo
los de Astorga , y que toda aquella gentecilla tenia unos mis-
misimos modales. Miéntras nos despojaban de dichas alhajas y
de lo demas que encontréron, el cabo de ronda referia nuestra
aventura à los ejecutores del espolio. Pareciôles el negocio de
tanca gravedad, que algunos nos pronosticaban iriamos é la
borca sin remedio , y otros mènos severos decian que la cosa
se podria componer con doscientos azotes y algunos aflos de
servicio en las galeras. Miéntras resolvia sobre esto el corregidor ,
nos encerréron en un oscuro calabozo , donde dormimos sobre
paja extendida ni mas ni ménos que se extiende para que dner-
man los caballos. Hubiera quizé durado esto largo tiempo , y no
habriamos salido de alli sino para ir à galeras , si al siguiente
dia, habiendo oido el seflor Manuel OrdoAez lo que habia suce-
dido , no hubiese tomado â su cargo hacer todo lo posible por
sacar à Fabricio de la càrcel , lo que no podia ser sin que â to-
dos nos diesen libertad. Era un hombre que estaba muy bien
quisto en todo Valladolid ; ë hizo tantos empeAos , y revolTÎô
tanto , que al cabo de très dias nos yitnos todos libres , bien
que no salimos de la prision como babiamos entrado. El collar,
los pendientes , el candelero , y hasta mi pobre rubi , todo se
quedô allé. Esto me trajo à la memoria aquello de Virgilio: Sic
vos non vobis , etc,
Luego que nos yfanos fuera de la cércel , nos fiiimos todos é
buscar nuestros amos. Recibiôme muy bien el doctor Sangredo, y
me dijo : Mi Gil Bias , no supe tu desgracia hasta esta maftana, y
estaba pensando en empefiarme fuertemente por ti. Es menester,
amigo, no desconsolarte ni acobardarte por este accidente ; antes
bien ahora mas que nunca te has de aplicar à la medicina. Res-
pondile que este era mi ànimo , y con efecto me apliqué entera-
mente à ella. Léjos de faltarme que trabajar, nunca hubo mas
enfermos , como lo habia pronosticado mi amo. Acometiéron
fiebres epidèmicas en la ciudad y arrabales. Teniamos que visi-
tar cada uno todos los dias ocho ô diez enfermos, por lo que
se déjà conocer que se beberia mucha agua, y que se derrama-
ria gran porcion de sangre. Mas yo no se como era esto : todos
se nos morian , ô porque nosotros los curabamos mal ( lo cual
claro esté que no podia ser), 6 porque eran incurables las en-
fermedades. A raro enfermo haciamos tercera yisita , porque à
LIBRO SECUNDO. 79
ia segnnda nos venian à decir que ya le habian enterrado , 6 à
lo mènos qoe estaba agonizando. Como todayia era yo un me-
dico noero , poco acostnmbrado à los homicidios , me afligia
flmcbo de los sucesos funestos que me podian imputar. Seitor,
dQe un dia al doctor Sangredo , protesto al cielo y à la tierra
qoe obserTO exactamente el mëtodo de ymd. , pero con todo
mis enfermos se yan al otro mundo. Parece que ellos mismos
adredemente se qnieren morir, no mas que por tener el gusto
de desacreditar nuestros remedios. Hoy mismo encontre dos que
Devaban à enterrar. Hijo, me respondio , poco mas, poco ménos,
k) propio me sucede à mi. Pocas veces logro la satisfaccion de
qoe sanen los enfermos que caen en mis manos : y si no estu-
Tiera tan seguro de los principios que sigo , creeria que mis me-
dicameatos eran enteramente contrarios A las enfermedades. Se-
Aor, le répliqué , si vmd. quisiera creerme , seria yo de sentir
qoe mudasemos de mètodo. Probemos por curiosidad el usar en
noestras recelas de preparaciones qulmicas ; ensayemos el quer-
mes ; lo peor que nos podré suceder sera lo mismo que expe-
rimeniamos con nuestra agua y con nuestras sangria^. I)e buena
gana, me respondio, haria yo esa prueba si no iFiiera por un
ioconyeniente. Acabo de publicar nn libro en que ensalzo faasta
las nobes el frecuente uso de la sangria y del agua ; ^y ahora
qoieres tu que yo mismo desacredite mi obra? jOh ! repuse yo ;
siendo asi , no es razon concéder ese triunfo à sus enemigos.
Dirian que ymd. se habia desengafiado , y le quitarian el ere-
dito. Perezca kntea el pueblo, nobleza y clero, y Ileyemos nos-
otros adelante nuestra tema. Al cabo nuestros compaAeros , â
pesar de lo mal que estân con la lanceta , no yeo que hagan
mas milagros que nosotros , y creo que sus drogas yalen tanto
como nnestros especificos.
Fuhnos , pues , eontinuando con nuestro mètodo fayorito , y
en pocas semanas dej&mos mas yiudas y buërfanos que el fa-
moso sitio de Troya. Pareda que habia entrado la peste en Ya-
Iladolid : tantos eran los entierros que se yeian. Todos los dias
se pr^entaba en nuestra casa un padre que nos pedia un hijo ,
â qoien habiamos echado à la sepultura, 6 un tio que se quejaba
de que hobiesemos muerto à su sobrino ; pero nunca yeiamos â
ningun sobrino 6 hijo que yiniese à darnos las gracias por que
con nuestros remedios habiamos dado la salud à su padre à â
su tio. Por lo que toca à los maridos , tambien eran prudentes ;
pues niaguno yino a lamentarse de nosotros porque hubiese per-
dido à sa muger. Con todo eso algunas personas yerdaderamente
afligidas yenian tal yez à desahogar con nosotros su pena. Tra-
tébannos de ignorantes , de asesinos , de yerdugos , sin perdo-
nar los tèrminos y yoces mas descompuestas, mas rùsticas y mas
ignominiosas. Irritébanme sus epitetos groseros ; pero mi maes-
80 GIL BLAS*
iro , qae e^tat» may aoostombrado à eDog , los oia con la mayor
frescura y serenidad de énimo. Acaso me hubiera yo tambien
hecho con el tiempc^a oirlos con igual serenidad si el cielo, quîzà
por librar de este azote mas i los enfermos de Yalladolid , no
hubiera suscitado un accidente que desterrô en mi la inclinacton
à la medicina que ejercia con tan infeliz ëxito , y el cual des-
cribirè fielmente aunque el lector se ria A mi costa.
Habia cerca de casa un juego de pelota , à donde concurria
diarîamente toda la gente ociosa del pueblo, entre ella uno de
aquellos valentones y perdonavidas de profésion, que se erigen
en maestros, y deciden definitivamente todas las dudas que ocurren
en semejantes parages. Era Vizcaino, y hacia que le Uamasen don
Rodrigo de Mondragon. Parecia como de treinta afios, hombre
de estatura ordinaria, seco y nervudo. Sus ojos eran pequefios y
centellantes, que parecia daban Tueltas en las ôrbitas, y que
amenazaban A todos los que le miraban; una nariz muy chata le
caia sobre unos bigotes retorcidos , que en forma de media luna
le subian hasta las sienes. Su yoz eran tan Aspera y desabrida» que
bastaba oirla para cobrar terror. Este guapo se levanto cou el
mando del juego de pelota. ResoWia soberana y decisivamente
todas las disputas que ocurrian entre los jugadores. No admitia
mas apelacion de sus sentencias que la espada ô la pistola : el que
no se conformaba con ellas tenia seguro al dia siguiente un de-
safio. Este seftor don Rodrigo , tal cual le acabo de pintar , y sin
que el don que siempre iba delante de su nombre le quitase el
ser plebeyo , hizo una tierna impresion en el corazon de la duefia
del juego. Tenia esta cuarenta aftos, era rica, bastante bien pa-
recida , y habia quince meses que estaba yiuda. No se que diablos
la pudo enamorar de aquel hombre. Seguramente que no se enamo-
rô de él por su hermosura. Séria sin duda por aquel no $é qui de
que todos hablan , y ninguno sabe explicar. Como quiera que sea,
el hecho es que ella se enamorô de aquella rara figura, y deter-
miuô darle su mano. Cuando estaba ya para concluirse el tratado,
cayô gravemente enferma , y por su desgracia me tocô A mi el ser
su medico. Aunque su enfermedad no hubiera sido de suyo tan
maligna, bastarian mis remedios para hacerla peligrosa. Al cabo
de cuatro dias Uené de luto el juego de pelota, porque envié A la
duefia del juego A donde enYi2j3a A mis enfermos , y sus parientes
se apoderAron de cuanto dejô. Don Rodrigo, desesperado de haber
perdido su noyia, ô , por mejor decir , la esperanza de un matri-
monio tan yentajoso , no satisfecho con vomitar fuego y llamas
contra mi, jurô que me atrayesaria de parte A parte con la espada
la primera yez que me viese. Diôme noticia de este juramento un
yecino mio caritativo, y me aconsejô no saliese de casa para no
encontrarme con aquel diablo de hombre. Este aviso, que me
pareciô no era de despreciar, me Uenô de miedo y turbadon.
UBRO 8EGUND0. 81
ConlîDiiaiiieiite me imagioaba que veia entrar en casa al forioso
Vîzcamo ; y este pensamiento no me dejaba. sosegar. Obligôme en
fin â dejar fa medîcina, y à bnscar modo de m)rarme de semejante
sobresalto. Yolyi à coger mi yestido bordado , despedime de mi
amOy que por mas que hizo no me pudo contener , y al amanecer
de^dia signiente sali de la ciudad » lemiendo siempre encontrar â
don Rodiiîgo de Mondragon en el camino.
CAPITULO VI-
A àaoâe se encamino Gil Bias despues que saliô de Valladolidi y qjaé especît
de hombre se incorporô oon d.
Caminaba muy aprisa, y de caando en cuando yolyia â mirar
atras por yer si me segnia el formidable Vizcaino. Teniale tan pré-
sente en la imaginacion» que cada bulto y cada érbol me parecia
que era èl ; y continuamente me estaba dando saltos el corazon ;
pero despnes que anduye una buena légua, me sosegué , y prosegul
mi yiage con mayor quietud , dirigiëndome à Madrid , à donde ha-
bia hedio ânimo de ir. No senti dejar à Valladolid , y solo si el
kaberme separado de Fabricio, mi amado Pilades, sin haber po-
dido despedirme de èl. No me pesaba el haber abandonado la me-
dicîna, antes bien pedia perdon à Dios de haberla ejercido. Con
todo no dejé de contar el dinero que lleyaba , aunque era el sala-
rie de mis homicidios y de mis asesinatos ; semejante à las mugeres
pûblicas, que, despues de arrepentidas de su mala yida, no por
eso dejan de contar con gusto el dinero que les ha yalido. Hallème
con unos cinco ducados , lo que me pareciô bastante para Uegar â
Madrid, donde creia hacer fortuna. Ademas tenia gran gana de
yer aqnella corte , que me habian pintado oomo el compendio de
todas las marayillas del mnndo.
Miéntras iba pensando en lo que habia oido decir de ella , y re-
creindome anticipadamente en las diyersiones y gustos que me
imaginaba habia de gozar , oi la toz de un hombre que yenia can-
tando tras de mi à gaznate tendido. Traia à cuestas una maleta , en
la mano una guitarra, y al lado una larguisima espada. Camiimba
€oa tanto brio, que muy presto me alcanzô. Era uno de aqudlos
dos aprendices de foarbero que habian estado presos conmigo por
la ayentnra de la sortija. Desde luego nos conocimos los dos , y
annqne nno y otro estabamoa en tan diferente trage, quedAmos
%uahnente admirados de yemos juntos en auquel sitio. Si yo me
mostrè alegre por ir en su compafiia durante el yiage , èl no 0ia^
niféstô ménos alborozo por faaberme encontrado. Contèle breye-
mente la causa de haber dejado & Valladolid ; y èl me correspcpMliô
dicièndome que habia tenido una pelotera con su maestro, de çuya
6
X
>
82 GIL BLAS.
résulta mo y otro se babian despedido para siempre. Si bnbiera
querido mantenerme aim en Valladolid , afladiô, babria encontrado
diez tiendas por una » porqoe sin y anidad me atreyerë â decîr que
acaso no se encontrarâ en toda Espafia quien sepa rasorar mejor
â pelo y contrapelo , ni levantar mejor onos bigotes ; pero no pade
resistir i la yehementegana de yolver â ver mi patria , de la que
ha diez aftos qne falto. Quiero respirar algun tiempo el aire natiyo,
y saber como estén mis parientes. Pasado ma&ana espero yerme
entre ellos , porqne residen en Olmedo , yiUa muy conocida , mas
aci de Segoyia.
Me déterminé à ir en compaflia del barbero hasta su lagar, y
desde alli pasar à Segoyia , con esperanza de encontrar algana
mayor comodidad para llegar à Madrid. Comenzimos à habku* de
cosas indiferentes para diyertir la molestia del camino. Era el mo-
zuelo de bnen humor y de muy grata conyersacion. Al cabo de una
bora me preguntô si tenia apetito. En llegando al meson lo Te-
rémos , lerespondi. ;Pero no sepuede tomar antes alguna j^ya?
me replicô ; yo traigo en la alforja algo que almorzar : cuando ca-
mino siempre tengo cuidado de lleyar para la bucôlica , y no gusto
de cargar con yestidos , ropa blanca , ni otros trapos inutiles , me-
tiendo solo en la alforja municiones de boca , mis nayajas y un
poco de jabon » y colgando la yacia del dnto. Alabé su preyision ,
y conyine en que tomasemos el refirigerio que me proponia. Me
sentia con bambre , y consenti en gozar de un grande almuerzo i
yista de lo que me acababa de decir. Desyiâmonos un poco del
camino para sentamos en un prado, donde sacô su proyision
éi barberillOy que toda consistia en media docena de ceboUas,
algunos mendrugos de pan» y unos bocados de queso; pero lo
que présenté como lo mejor y mas precioso de la alforja fiié
una botita llena de yino que asegurô ser muy exquisito y sa-
)>roso. Aunque los manjares no eran los mas delicados , como
à los dos nos apretaba el bambre, nos supiëron muy bien^ y
no los desairémos. Yadimos tambien toda la bota , que bacia
dos azumbres , de un yino que à mi parecer no merecia que el
bnrberOlo lo hubiese alabado tanto. Conduida nuestra firugal.re-
fiiccion 9 nos yolyimos à poner en camino y à continuar nuestro
yiàge con mas yigor y con mayor alegria. El barberillo , à quien
Fabrido habia dicho que mi yida estaba llena de ayenturas muy
singulareSy me suplicô se las contase, para poder dedr que las
habia oido de mi propia boca. Parecièndome que nada podia
negar à un bombre que acababa de regalarme con tan es^léndido
almuerzo , le dl el gusto que deseaba , y en correspondencia le
dije era menester me refiriese tambien èl su yida. Por lo que toca
i mi historian contesté y no merece derto ser contada, porqae
toda ella ê^ reduee à hedios sendllos ; pero sin embargo , afiadiô,
va que ifo lettenios cosa mqor en que entretenernos, se la re-
LIBRO SECUNDO. 83
feriré i ymd. tal cnal ella ha sido. Y diciendo y haciendo comenzô
i contarb poco mas ô mënos en los tèrminos siguientes.
CAPITULO VU.
Hîstoria del mancebillo barbero.
Fernando Perez de la Fuente, mi abuelo (porque me gusta
tomar las cosas moy de atras ) , despues de haber seguido el oficio
de barbero en la noble vOla de Olmedo por espacio de cincuenta
aftos, moriô dejando cuatro hijos. £1 prjmogénito, por nombre
Nicolas y heredô la tienda, y siguiô la misma profesion. Beltran^
que fuë el segundo , se metiô en la cabeza el ser mercader , y
tntô en merceria. £1 tercero , llamado Tomas, se dedicô à maestro
de esc^ela. £1 coarto y que se llamaba Pedro , sintiëndose incli-
nado à estadiar , vendiô su légitima, y se fiié à Madrid, donde
esperaba darse con el tiempo à conocer por su erudicion y su
îngenio. Losotros très hermanos nunca se separàron , mantenién-
dose en Olmedo, y alli se casàron todos très con hijas de labra*
dores , que trajëron en matrimonio poca dote , pero en recom-
pensa de ella una gran fecundidad ; pues parece habian apostado
i coal habia de parir mas. Mi madré , que era la muger del barbero,
parié seis en los cinco afios primeros de casada , siendo yo uno
de ellos. Mi padre , luego que txxfe foerzas , me puso à su oficio,
y apënas cumpli quince aftos , cuando un dia me echo à cuestas la
alforja que veis, y cifièndome esta misma espada : £a Diego, me
dîjo , ya puedes ganar la vida, yete à correr mundo. £stâs algo
basto , y te conviene yiajar para limarte , como tambien para
perfeocionarte en tu oficio. Yete, pues, y no vuelras à Olmedo
hasta haber andado toda Espafta; no quiero oir hablar de ti hasta
que hayas hecho todo esto. Diôme un paternal abrazo , cogiôme
de la mano , y bonitamente me condujo hasta ponerme de patitas
eolacalle.
Esta fîië la tiema despedida de mi padre; pero mi madré,
que era de genio ménos àspero , se mostrô mas sentida de mi
marcha. Echo algunas làgrimas , y aun me metiô à escondidàs en
la mano un ducado. Sali , pues , de Ofanedo en esta conformidad ,
y tome el camino de Segovia. No bien habia andado doscientos
pasos , cuando eiaminë la alforja , picàndome la curiosidad de
saber lo que lleyaba. Encontréme un estuche hendido y abierto
por todas partes , dentro del cual habia dos nayajas de afeitar,
tan mohosas , gastadas y mngrientas , que parecian haber seryido
à diez generaciones , con una tira de cuero para suavizarlas, y
un pedazo de jabon. Ademas de eso hallè una camisa nueva de
càfiamo , un par de zapatos viejos de mi padre , y lo que sobre
84 GIL BLAS.
todo me alegrô fuèron anos veinte reales qae encontre enraehos
en un trapo. A esto se reducia todo mi haber. Por aqui podri
Tmd. conocer lo mucho que fiaba mi padre en mi habUidad,
cuando me echo de su casa con tan poco ajuar. Sin embargo ^ la
posesion de un ducado y veinte reales mas no dej6 de deslum-
brar â unmuchacho que en toda su ^ida habia Tisto tanto dinero
'junto. Consideréme con un caudal inagotable; y Ueno de alegria
prosegui mi camino mirando de cuando en cuando el puflo de
mi tizona, cuya hoja se me enredaba entre las piernas, me mo-
lestaba, é impedia caminar.
nàcia el anochecer Uegué ai reducido lugar de Ataquines, coo
una hambre que ya no podia sufrir. Entré en el meson» j
como si me sobrase mucho para el gasto, mandé en yoz alia
que me trajesen de cenar. El mesonero me estuvo mirando coa
atencion algun tiempo » y conociendo lo que podia ser yo : Si , me
dijo con mucha dulzura ; si , caballerito mio ; vmd. sera servido
como un principe. Condùjome à una pieza pequefia, y un cuarto
de hora despues me sirviô un encebollado de gato , que comi con
tanto apetito como si fuera de liebre ô de conejo. Acompafiô este
esquisito guisado con un yino que, segun él decia, el rey no le
bebia mejor. Y aunque conoci muy bien que ya era un yino em-
brion de yinagre, sin embargo le hice tanto honor como habia
hecho al gato. Despues era menester, para ser tratado en todo
como un principe , que me dispusiesen una cama , mas propia
para despertar à una ptedra , que para dormir. Figurese vmd.
una tarima tan corta , que , aun siendo yo pequefio , no podia
extender las piernas sin que saliesen fiiera la mitad. Fuera de
eso , el colchon de pluma se reducia à una especie de jergon
ético y estrujadOy cubierto de una sàbana doblada, que despues
de su ultima lavadura habria servido quizà à cien pasageros.
Con todo eso, en la cama que fielmente acabo de pintar, con la
barriga Uena de gato y de aquel precioso vino que antes des-
cribi , gracias à mis pocos afios y à mi natural robustez , dormi
profundamente , y pasé la noche sin la mas levé indigestion.
AI dia siguiente , luego que hube almorzado , y pagado bien
la buena comida que me habian servido , me planté de una tirada
en Segovia. Asi que llegué tuve la fortuna de que me recibiesen
en una tienda , dàndome solo de comer y vestir ; pero no paré alli
mas que seis meses, porque otro mancebo barbero, con quien
habia trabado amistad y queria ir à Madrid, me levantô de cas-
cas , y me marché con él à esta villa. Acomodéme luego fàcflmente
sobre el mismo pié que en Segovia , en una tienda de las mas con-
curridas, pues su vecindad al corral' del Principe atraia à alla
' Hb'i 8c nombraban entonces los teatrot en Madrid , j asî se han nombra^
caii haita nucslros diafl^
LEBRO SEGUNDO. 85
tanCa multitud de parroqaianos , qae el maestro ^ dos mancebos y
TO no bastabamos à dar abasto à todos. Alii iban personas de todas
dases , y entre ellas y comediantes y autores. Una vez se juntàron
dos sajetos dct esta clase : pustëronse à hablar de los poetas y las
poesias del tiempo , y les oi prononciar el nombre de mi tio. En-
ténoes me apliquë à oirlos con mayor atencion. Don Juan de Za-
haleta , dijo uno , es on autor de quien me parece que el publico
no debe estar muy satisfecho. Es un bombre firio , sin fiiego y sin
ioTentiya. La ultima comedia suya le desacreditô excesiyamente.
Y LuisYdez de GueTara, dijo el otro , ^no acaba de regalarnos
con una bellisima obra? ^Puede haber cosa mas miserable? Nom-
faréroQ no se à cuantos otros poetas , cuyos nombres no tengo
présentes ; pero me acuerdo bien de que hablâron de ellos muy
mal. De mi tio bîciéron àmbos mas honorifica mencion. Si , dijo
ono de eOos , don Pedro de la Fuente es un grande autor ; sus
escritos estan Denos de una gracia y de una erudicion , que at
mismo tiempo instruyen y deleitan por su delicada sal. No me ad-
miro de que sea estimado de la corte y del pueblo , ni de que
nmchos seâores le bayan seflalado pensiones. Ha rauchos aAos
qaegoza una gruesa renta , y el duque de Medinacelt le da casa y
mesa ; por lo que nada gasta , y asi es preciso que esté muy bien
y tenga diaero.
No perdi palabra de todo lo que dijéron de mi tio aquellos
poetas. Yasabiamos en la fomflia que hacia mucho ruido en Ma-
drid con motivo de sus obras. Algunas personas al pasar por
Ohnedo nos habian informado de lo bien admitido que estaba ;
pero oomo nunca nos habia esorito, y parecia- haberse extratlado
mucho de nosotros , oiamos todas aquellas noticias con la mayor
indîférencia. No obstante , como la buena sangre no puede mentir,
lue0O que oi decir que lo pasaba tan bien, y me informé de las
sefias de su casa, tuve tentaeion de ir â yerley dar me à conocer
con él. Solo me detenia el haber oido â los cômicos llamarle don
Pedro. Aquel don me hada titubear, recelando fuese otro del
mismo nombre y apellido de mi tio. Con todo eso Tenci al cabo
este temor, pareciéndome que asi como habia sabido hacerse
sabio,podiatambien haber sabido hacerse noble y cabalîero, y
asi resolvi presentarme & él. Para esto al dia siguienie con licencia
de mi maestro me vesti lo mas decentemente que pude , y sali â la
calle no poco yanaglorioso y cuellierguido de Terme sobrino de
on hombre cuyo ingenio metia en la corte tanta bulla. Sabido es
que los barberos no son la gente del mundo ménos sujeta â la
ranidad. Gomenzé, pues, & tenerme en gran opinion, y cami-
nando con orgullosagrayedad , pregunté por la casa del duque d^
Medînaceli. Enseftéronmela , y entrando en ella supliqué al por-
tero me dijese cual era el cuarto del sefior don Pedro de la Fuente.
Suba ymd. por aqoella escalerilla, me dijo , mostràndomc una que
86 GJDL BLAS*
estaba al fin'de nn patio , y Uame i la primera puerta que encaentr»
à mano derecha. Hicelo asi ; Ilamé à la puerta , y saliô à abrir un
mocito , à quien preguntè si yiyia alli el seikor don Pedro de la
Fueute. Si, seftor, me respondiô , pero ahora no se le puede entrar
recado. Lo siento mucho, répliqué, pues Terdaderamente le qui-
siera liablar, porque le traigo noticias de su fomilia. Aunqne se las
trajera del padre santo de Roma no le haria yo à ymd. entrar en
este momento , pues esta actualmente componiendo, y mîéntras
trabaja no quiere que ninguno entre à interrumpirle y distraerle*
De nadie se déjà yer hasta medio dia; y asi puede ymd. ir i dar
una vuelta y volver entônces.
Salime , pues , y me fui à pasear por Madmd toda la mafiana ,
pensando siempre en el modo con que mi tio me recibiria. Sin
duda , deciayo para mi, que tendra grandisimo gusto de yerme
y conocerme , porque media su corazon por el mio ; asi contaba
con que séria muy tierno el acto de ternos y reconocernos. Al fin
Tolvi con toda diligencia à la hora seikalada. Viene ymd. muy à
tiempo , me dijo el page : presto saldrà mi amo , espère ymd. aqui ^
que y oy à ayisarle. Volyiô dentro de un instante , y me hizo entrar
donde estaba mi tio, cuya yista me llenô de gozo, porque luego
obseryè en su cara el aire de nuestra familia. Era tan parecida
i mi tio Tomas que le hubiera tenido por el mismo , à no ha-*
berle yisto eu aquel traje y en aquel estado. Saludéle con pro-
fundo respecto , y le dije que era hijo de maese Nicolas de la
Fuente , el barbero de Olmedo , y hermano de su sefloria , y que
hacia très semanas que estaba en Madrid siguiendo el mismo
oficio de mi padre, en calidad de mancebo, con ànimo de an--
dar la Espaâa para perfeccionarme en la facultad. Miëntras le
estaba hablando adyerti que mi tio estaba distraido y pensatiyo ,
dudando à la cuenta si me conoceria ô no por sobrino, ô dis-
curriendo algun arbitrio para eximirse de mtcon arte y con des-
treza. Tomô este segundo partido, y afectando cierto aire joyial
y risueûo, me dijo : Y bien, amigo, ;como estàn de salud tu
padre y tus tios? ^en que estado se hallan las cosas de la fami-
lia? Comenzè à informarle de su fecunda propagacion : fuile nom-
brando uno por uno todos los hijos yarones y hembras , corn-
prendiendo en la relacion hasta los nombres de sus padrinos y
madrinas. Pareciôme que no se interesaba demasiado en tan me-
nuda explicacion ; y queriendo conseguir su intencion : Ahora
bien , querido Diego , me dijo , apruebo mucho el que pienses
correr mundo para perfeccionarte en tu oficio, y te aconsejo
no te detengas mucho tiempo en Madrid. Este es un lugar muy
pemicioso para la juyentud , y tù te perderias en él. Mudio me-
jor haras en recorrer otras ciudades del reino , donde no estàn
tan estragadas las costumbres. Vête , pues , y cuando yayas a
marchar, yuelve â yerme, que te darë un doblon paraayuda del
LIBRO SEGUNDO. 87
viage. Dtdendo esto me fa6 Ueyando poco à poco hàcia la puerta
de la sala , y me despidiô con buenas palabras.
Noconoci, por mi poca malicia, que solo buscaba pretextos
para alejarme de si. YoWi a la tieada, y di cuenta à mi amo de
k Tisita que acababa de hacer. £1 buen hombre, que no penetrô
mas que yo la verdadera intencion del seftor don Pedro , me
dgo : Yo no soy del parecer de tu do. En lugar de exhortarte
à correr mundo y me parece debiaaconsejarteqne permanecieses
en Madrid. £1 trata con tantas personas de distincion que fàcil-
mente puede colocarte en una casa grande , donde en breye
tiempo podrias hacer gran fortuna. Pagado de estas palabras ,
que excitâron en mi imaginacion grandiosas esperanzas , dentra
de dos dias yolri i casa de mi seâor tio , y le propuse que podia
emplear su valimiento para acomodarme con algun personage de
la corte. Disgustôle mucho la proposicion. A un hombre vano ,
qne entraba francamente en casa de los grandes , y se sentaba con
eDos i la mesa , no le agradaba mucho que un sobrino suyo co--
miese con los criados , miéntras él estuviese comiendo con los
amos , pues en tal caso el Dieguillo Ilenaria de yergûenza al seikor
don Pedro. Este, pues, se irrité fùriosamente^y Ueno de cèlera^
me dîjo : ; Como , bribonzuelo , quieres abandonar tu oficio ! Anda,
vête y que yo te dejo en manosde los que te dan tan malos con-
sejos. Sal de mi cuarto , repito , y no vueWas à poner los pies
en él si no quieres que te haga castigar como mereces. Quedè
aturdido al oir estas palabras , y mucho mas me espantô la bronca
y destemplada yoz con que las pronunci& Retiréme Uorando, y
muy ap^adumbrado de la aspereza con que me habia tratado
mi tio. Con todo eso , como siempre he sido de natural yivo y
'altiyo, presto se me enjugô el Uanto, pasé, por la contraria, del
sentimiento à la indignacion, y resolyi'no hacer caso de un mal
pariente sin el cual habia yiyido hasta alli y esperaba yiyir. sin
necesitarle para uada.
No pensé entônces masque en cultiyar mi talento , y en apli-
carme al trabajo. Afeitaba todo el dia , y por la noche, para re~
crear un poco el ànimo , aprendia à tocar la guitarra , siendo mi
maestro un hombre de edad à quien yo afeitaba. LIamàbase Mar-
cos de Obregon , y me enseftaba la mùsica , que sabia perfccta-
mente , porque habia sido cantor en una iglesia. Era hombre
cuerdo,. de tanta capacidad como experiencia , y me queria como
si filera Jiijo suyo. Seryia de escudero i la muger de ua medico,
que yiyia à treintapasos dé nuestra casa. Ibale yo à yer todos
los dias al anochecer cuando no habia que hacer en la tienda ; y
sentados los dos en el umbral de la puerta , tocabamos algunas
sonatas que no desagradaban à la yecindad. Nuestras yoces no
eran muy gratas ; pero dando à la guitarra, y cantando cada uno
metôdicamente la parte que le tocaba, gustabamos à las gentes
88 GIL BLAS.
que DOS pian. Divertiase particularmente connuestramisica dofia
Marcelina, que asi se Ilamaba la mager del medico. Bajaba tàgor-
nas veces â oirnos al portal, y nos hacia repetir las tonadillas
que mas le agradaban. Su marido no le impedia esta diversion ,
pues aunque Espaikoly viejo no era zeloso. Por otra parte , sn
profesion le tenia empleado todo el dia, y cuando se retirais é
casa por la noche iba tan cansado de visitar enfermos, que se
acostaba muy temprano, y ninguna aprension le causaba el gusto
que su muger tenia de oir nuestras mùsicas , qnizi por juzgar que
no eran capaces de excitar en ella perniciosas impresiones. A esto
se afiadia que, aunque su muger era à la rerdad jôven y linda ,
no le daba motiyo afguno para el mas minimo recelo , siendo de
una yirtud tan adusta que no podia sufrir que los hombres m
aun siquiera la mirasen. Y asi no llevaba à mal tuTÎese aqueF
honesto ë inocente pasatiempo, y nos dejaba cantar todo cuanto
queriamos.
Una noche que fui à la puer ta del medico para divertirme ,
como acostumbraba, encontre al viejo escudero, que me estaba
esperando. Tomôme por la mano, y me dijo queria nos fiiese-
mos los dos à pasear un poco antes de principiar la mùsîca. Asf
que nos vimos en una calle excusada y solitaria , â donde me fiië
Ileyando , y donde conociô que me podia hablar con libertad :
Querido Diego, me dijo con semblante triste , tengo que cornu—
nicarte reservadamente una cosa. Temo mucho , hijo mio , que
uno y otro nos hemos de arrepentir de esta mùsica que damos à
la puerta de mi amo. No puedes dudar lo mucho que te quiero,
y he lenido gran gusto en ensefiarte à tocar la guitarra y à can-
tar ; pero si hubiera previsto la desgracia que nos amenaza , te
aseguro de veras que hubiera escogido otro sitio para darte las
lecciones. Sobresaltôme esta relacion, y supliquë al escudero que se
explicasemas claro, diciëndome francamente que era lo que podia—
mos temer , porque yo no era hombre que quisiese hacer frente
al peligro , y que todavia no habia dado la vuelta por Espafia.
Yoy, me respondiô, à decirte lo que debes saber para conocer
el riesgo eh que nos hallamos.
Cuando un afto ha entre à servir al medico, me llevô una
maflana al cuarto de su muger, y presenténdome à ella me dijo:
Marcos , esta seflora es tu ama , y siempre la has de acompa-
fiar à cualquier parte que vaya. Quedé admirado al ver à dofia
Harcelina. Encontréme con una dama jôven, yen extremo her-
mosa , gustàndome sobre todo lo airoso de su talle, y lo apaci-
ble de su semblante. SeAor, respondi al amo , me tengo por
muy dichoso en servir à una seftora tan amable. Desagradô
tanto â dofia Marcelina mi respuesta , que con semblante airado
me dijo : / Oiga el impertinente, el atrevtdo ! i Quien le ha ensefUido d
tomarse estas Ubertades ? Sepa desde luego que no gusto de lisonjas^
LIBRO SEGUNDO. 89
fit n^ifimlo requiebros. Sorprendièronme extrafiamente unas pah-
ixras tan àsperas pronundadas por aquella boca tan agraciada ,
y tan agenas de lo qae prometia sa apacible rostro. No acertaba
yo k conciliar aqael modo de hablar grosero y desabrido con
todo lo demas qae observaba en una muger de presencia* tan
grata. El marido, acostumbrado ya à eOo , léjos de enfiidarse ,
se tenia por may afbruinado en que le hubiese tocado una mu-
ger de aquel extrafio carActer, tanto que me dijo : Marcos , mi
muger es on prodigio de yirtud ; y yi^do que se ponia e(
manto para ir & misa , me mandô que la fuese acompafkando à
la iglesia. Apènas salimos i la calle , cuando encontrémos do9
moialvetes , que , admirados del aire y garbo de dofla Marcelina ,
ie dijéron aJ paso algunas cosas muy lisonjeras ; pero dla les
respondîô con tal despego » y les dijo tantas necedades, cpie los
pobres quedàron corridos y suspensos , sin poder comprender
como poidia haber en el mundo una muger que llevase à ma)
d ser alabada y aplaudida. Sefiora, le dije, haga ymd. que no
eye, y pase adelante sin contestar à lo que le dicen ; ménos
nudo es callar que responder con desabrimiento. Eso no , re-
pfico ella : qaiero ensellar à esos insolentes que yo no soy mu-
ger que sufro me pierdan el respeto. En fin » profiriô tantos
desatinoSy que no pude ménos de decirle mi sentir , aunque
fiiese à peligro de disgustarla. Le hice présente , del mejor modo
que me f^é posible, que hada injuria à la naturaleza, echando à per-
der con su caricter adusto mil bellas prendas de que la habia do-
tado : que una muger de genio afoble y de modales atentos podia
hacerse amar sin el auxilio de la hermosura; cuando , por el
contrario, la mas hermosa si no es afeble y agasajadora se hace
un objeto de desprecio. A estas razones afiadi otras , dirigidas A
Ja correccion de sus ésperos modales. Despues de haberla acon-
sejado i mi satisfocdon, teml me costase caro mi zelo y fideli-
dad , excitando su cèlera, y produciendo algun efecto que me
fuese de poco gusto: mas no suoediô asi , no se enfadô de mis
iosinuaciones, contenténdose oon no seguirlas ; y el mismo efec-
to produjèron las que tuye la tonteria de hacerle los dias si-
gnientes.
Cansëme de adyertirle en yano sus .defectos, y abandonna é
la aspereza dé su genio. Pero ^ quien lo creyera? Este natural
tan agreste, esta muger tan orgullosa, de dos meses à esta parte
ha mudado enteramente de condicion. Hoy es atenta con to-
dos, y à todos trata con modales muy cariflosos. Ya no es
aquella Harcelina, que no respondia sino necedades à los hom-
bres que la elogiaban, ya oye con agrado sus lisonjas. Gnsta le
digan que es hermosa , y que ningun hombre la puede mirar
sm cobrarle aficion. Son muy de su gusto los requiebros ; y en
suma ya es otra muy diferente muger. Esta mudanza apénas es
90 GEL BLAS.
comprenBiUe ; pero lo qae maa te ha de admirar es el saber
que tiimismo has obrado este gran milagro. Si, mi querido
Diego ,. ta has sido el autor de una trasformadon tan extrada r
tu qoien has conyertido aquel tigre feroz en una mansisima cor-
dera ; en una palabra , tu has merecido su atencion , como lo
he obseryado mas de, una yez; y ô yo oonozco mal à las mu—
gères , ô mi ama se *abrasa por ti en un yehementisimo amor.
Esta es, hijo mio , la triste noticia que tenia que da^te, y esta
es ladesgraciada situacion en que les dos nos hallamos.
Yo no yeo , respond! al yiejo , gran motiyo de afligimos en
todo lo que ymd. me ha dicho , ni mucho ménos que sea des-
gracia mia el que me ame una muger hermosa. { Ah Diego ! me
replied, bien se conoce que discurres como mozo. Solo miras el
cebo , y no ternes el anzuelo. Te paras solo en el placer ; pero
yo, como yiejo y experimentado , preyeo los disgustos que
causa despues, porque no hay cosa que tarde ô temprano no se
descubra. Si prosigues en yenir à cantar à nuestra puerta, con
tu yista se encenderà cada dia mas la pasion de dofta Harcelina,
y olyidada tal yez de todo recato llegarà à conocerlo el doctor
Oloroso su marido, el cual se ha mostrado tan condescendiente
hasta aqui , pœrque no tiene el mas leye motiyo para tener ze-
los; pero despues se pondra fùrioso, se yengarâ de su muger,
y podrà hacernos à ti y à mi un flaco seryicio. Pues bien , se-
fior Marcos , le répliqué , cedo à yuestras razones , y me eor-
trego à yuestros consejos. Digame ymd. que debo hacer, y
como me he de portar para eyitar todo siniestro accidente. De-
jando los dos nuestras mùsicas , me respondiô , y no yolyiendo
tu a parecer delante de mi seûora. Una yez que no te yea, poco
à poco se le ira entibiando la pasion , y recobrarà su tranqui-
lidad. Espérame en casa del maestro, que yo te iré â buscar , y
alla tocarémos y cantarémos sin inconyeniente. Ofrecilo asi ; y
con efecto hice propôsito de no ir mas i la puerta de! medico ,
y estarme encerrado en mi tienda , pues que yo era un mozo
que no podia ser yisto sin peligro.
Sin embargo el buen Marcos, à pesar de su prudencia, ex-
perimentô dentro de pocos dias que el medio discurrido y acon-
sejado por ël no siryiô para templar el fuego de dofta Marce-
lina , antes bien produjo un efecto enteramente contrario. Esta
seAora à la segunda noche que no nos oyô cantar le preguntô
por que razon habiamos suspendido nuestra mùsica , y cual era
la causa de que yo me hubiese retirado. Respondiôle que tenia
tantas ocupaciones , que no me dejaban un instante para diyer-
tirme. Mostrôse satisfecha de esta excusa, y por très dias sufriô
mi ausencia con bastante firmeza ; mas al cabo de este tiempo
perdiô la paciencia, y le dijo à su escudero : Marcos , tù me
engaftas : Diego no ha dejado de yenir aqui sin motiyo ; y esta
LIBRO SEGCNDO. 9t
enderra a]gun misterio que qoiero descubrir. Habia, y no me
ocultes nada , que asi te lo mando. Sefkora, respondiè Û pagan-
dole con otra mentira, ya que vmd. quiere saber las cosas como
son, sepa que al pobre Diego le ha sucedido mucbas veces vol*
yarse à su casa despues de nuestras mùsicas , y encontrarse sin
œna ^ y ya no se atreve à exponerse à ir à la cama sin cenar.
jComo sin cenar! exdamô ella lastimada. ^Porquë no me k) bas
dicfao antes ? ; Pobre mozo ! Anda al instante , y traémelo ooih
tigo y aseguréndole que nnnca Yoherà à su casa sin cenar, por-
que yo daré ôrden que se le guarde aqui siempre algun plato.
;Qaè es lo que oigo ! exclamô el escudero, admirado de oirla
bablar de aquella suerte; ; que mudanza, cielos ! ^Sois yos, se-
Bora, la que me hablais en esos términos? ^Pues de cuando aci os
habeis hedio tan compasiva y sensible? Desde que tu yiniste é
esta casa^ me respondiô prontamente; ô por mejor decir, desde
que reprendiste mis modales desdeftosos, y te empeftàste en sua-
Tîzar la aspereza de mis costumbres. Mas , ; ay de mi ! prosi-
gaiô ella entemecida, que he pasado de un extremo à otro. De
altiva è insensible que era , me he Yuelto sobrado mansa y ca-
rifiosa. Amo à tu amigo Diego sin poderlo remediar , y su an-
sencia.may léjos de templar mi amor le inflama n^as y mas. ^Es
posiblc , sejïora , replicô el yiejo , que un mozo que nada tiene
de hermoso ni gallardo haya exciudo en vos una pasion tan vé-
hémente? Yo disculparîa Yuestra inclinacion si os la hubiera
iospirado algun caballero de gran mérite... ; Ah Marcos ! tnter-
ninipiô Marcelina, ô yo no me parezco en nada à las otras mu-
geres , ô tù , no obstante tu larga experiencia , todavia no las
conoces bien , si te persuades que el mérite es quien las mueve
para elegir à un sugeto. Si he de juzgarlo por mi misma , nunca
reflexionan para enamorarse. El amor es un desôrden de la ra-
zoQ, que é pesar nuestro nos arrastra tras de un objeto , y nos
sujeta à él. Es una enfermedad que nace en nosotras , y nos
atormei^ta como la rabia à los animales. No te canses pues en
persuadirme de que Diego no es digno de mi cariâo ; basta que
le ame para figurarme en él mil prendas que no descubres tu , y
que quizà tampoco él tendra. En Yano te empeûas en hacerme
créer que ni sus facciones ni su figura tienen cosa que pueda Ile-
Tarme la atencion; à mi me parece hechicero y mas hermoso que
el sol ; fuera de que tiene en su toz una suayidad que me en-
canta^ y se me figura que toca la guitarra con una gracia y pri-
mer particular. Pero, seûora , replicô Marcos , ; habeis pensado
bien lo que es el tal Diego ? Su baja y humilde condicion... Yo
no soy mejor que él , me interrumpiô ; pero aun cuando fîiera
una muger de distincion, nunca repararia en eso.
£1 resultado de esta conferencia fiié que , desesp^anzado el
Tiejo escudero de adekmtar cosa alguna con su ama en este
92 GIL BLAS.
punto , la dejô en bu capricho, y se retirô como un diestro pi-
loto cede à la tormenta que le desvia del puerto à donde se ha
propuesto desembarcar. Aon hizo mas : por dar gusto à sa ama
me yino à buscar , me llamô aparté, y despues de haberme con—
tado todo lo sucedido entre ella y èl : Bien yes, Diego, me dijo,
que no podemos excusarnos de continuar nuestras mùsicas à la
puerta de Marcelina. Es indispensable, amigo mio, que esta
seflora te yuelya à yer , porque de otra manera nos exponemos
i que haga alguna locura que perjudique mas que nada à su
reputacion. No me bice de rogar , y respondile que iria à su casa
Gon mi guitarra asi que anocheciese, y que podia lleyar é su
ama esta agradable noticia. Hizolo asi , y diô à la apasionada
amante la mas alegre y gustosa nueya que podia desear, con la
esperanza de yerme y oirme aquella noche.
Pero faltô poco para que un lance pesado le hubiese frustrado
esta esperanza. No pude salir de casa hasta despues de muy
anochecido , y por mis pecados era la noche muy obscura. Garni-
naba à tientas por la calle , y quizâ lleyaba andado ya la mitad
del camino , cuando de una yentana me regalàron de pies à ca-
beza con cierto ; agua va! que Usonjeaba poco el sentido del olfato.
Viéndome en tal estado no sabia que partido tomar. Volyerme
à casa era exponerme & las pesadas zumbas de los otros man-
cebos compafteros mios : ir à la de Marcelina en aquel magni-
fico equipage no me lo permitia la yergûenza. Besolyime na
obstante é ir é casa del medico , persuadido de que encontraria é
Marcos à la puerta, y que todo se remediaria antes de presen-
tarme en aquel estado é Marcelina. Con efecto fué asi : encon-
tréle esperàndome é la puerta , y luego que me yiô me dijo que
el doctor Oloroso acababa de recogerse, y que aquella noche
nos podiamos diyertir à nuestro sabor. Bespondile que ante
todas cosas era menester limpiarme el yestido , y le conté lo que
me habia pasado. Mostrôse muy condolido de elle , y me hiso
entrar en donde me estaba esperando su ama. Apénas oyô esta
seflora mi suda ayentura , y me yiô en el triste estado en que
me hallaba, prorumpiô en expresiones del mayor dolor, como
si me hubieran sucedido las mas funestas desgracias; y despues
como si hablase con la puerca que me habia puesto de aquella
manera, se desfogô echàndole mil maldiciones. Seflora, le dijo
Marcos, moderad esos impulsôs, considerad que el lance foè
puro efecto de casualidad , y no conyiene mostrar tan foerte
enojo. ^Como quieres , respondiô ella , que no sienta yiyamente
la ofensa que se ha hecho à este inocente cordero , à esta palo-
ma sin biel, que ni aun se queja del ultraje que ha recibido?
I Ojalà fuera yo hombre en esta ocasion para yengarle !
Otras mil cosas dijo, pruebas todas de su ciego amor, que
igualmentd acreditô con las acciones , porque miéntras Marcos
LIBRO SEGUNDO. 93
ne estaba limpiando con ana toaUa, Maredina fîië corriendo i
sa coarto , trajo ana csqita llena de todo género de perfumes »
qoemô cantidad de ellos, sahomô todos mis yestidos, y los rociô
con espiritos olorosos en abondancia. Concluido el sahumerio j
ji^rsorio, la caritatiya sefiora foe en persona à la cocina, y
me trajo pan, yino, y algunos pedazos de carnero asado qae te-
nu goardados para ml Obligôme é comer , y teniendo gusto en
serrirme ella misma, ya me hacia plato, y ya me echaba de
beber , à pesar de cuanto Marcos y yo podiamos hacer y decir
para que no se humillase à semejantes demostraciones. Acabada
h cena templàmos prontamente los instrumentos , y arreglàmos
las yoces para dar principio ànuestro concierto, Marcelina quedô
embelesada de oirnos ; bien es yerdad que escogimos de propô-
sito ciertos cantares y letrillas amorosas que halagaban su amor ;
y debo confesar que, miëntras cantabamos, yo lanzaba de cuando
en cuando hécia ella unas ojeadas tiernas que pegaban foego à las
estopas porque el juego ^ne iba ya gustando. No me cansaba el
concierto , aunqne ya habia mucho que duraba. Por lo que toca
i la seAora, las horas le paredan instantes, y de buena gana hu-
biera estado oyèndonos toda la noche , si su escudero , à quien
los instantes se le hacian horas, no le hubiera ayisado que era,
ya tarde. Diole el trabajo de decirselo mas de diez yeces ; pero
daba oon un hombre infotigable en este punto , que no la dejo
sosegar hasta que yo me ausenté. Como era cuerdo y prudente ,
y yeia à sa ama tan locamente apasionada, temia nos sucediese
algon desastre. El tiempo yerificô lo fondado de su temor , porque
el medico , ya foese porqoe comenzô à entrar en sospecha, y â
dudar de algun enredo secreto , ô ya porque el diablUlo de los
zelos , que hasta entônces le habia respetado, quiso inquietarle ,
comenzô à reprender nuestras mùsicas, y aun bizo mas , prohi-
bîëndonoslas en tono de amo que qoeria ser obedecido; y sin
dar razon alguna de lo que mandaba, declarô no aguantaria
mas se admitiese en su casa à ninguno de fuera. Notificôme
Marcos esta resolucion , que hablaba tan particularmente con-
migo , y no puedo negar que por entônces me desazonô muchi-
simo, porque sentia perder las esperanzas que habia concebido.
Con lodo eso, por no faltar à la obligacion de fiel historiador,
debo confesar que â corta reflexion me costô poco el confor-
marme, y Ueyar en paciencia aquel reyes de la fortuna. No asi
Harcelina, cuya aficion cobrô mayor foerza. Querido Marcos,
dijo al eseudero , de ti solo espero algun consuelo ; ruégote que
hagas todo lo posible para que tenga el gusto de yer sécréta—
mente à Diego. ^Quë es lo que ymd. me pide, seftora? le res-
pondiô colérico; demasiada contemplacion he tenido con ymd.
No,. no quiera Dios que por fomentar una loca pasion contri-
baya yo à deshonrar é mi amo , â la pérdida de yuestra repa-
M GIL BLAS.
tacion » y i mancharme à mi misino con el borron de tal infamia ,
despaes de haber pasado toda la Tida por bombre muy de bien ,
por criado fiel y de ana conducta irreprensible. Antes dejarë la
casa que servir en ella de un modo tan yergonzoso. ] Ah Marcos !
replied la sefiora, asostadade estas ultimas palabras, me atra—
viesas de parte é parte el corazon cuando hablas de marcharte.
;Paes qné ! ; piensas, cmel, dejarme despues que me has reducido
al lastimoso estado en que me yeo ! Restituyeme primero aquel
orgullo y aquella tranquila altivez que tu mismo me quitàste. lOh,
y quien tuviera ahora aquellos felicisimos defectos ! gozaria de
gran paz mi corazon en lugar del tumulto que le agita , gracias à
tus imprudentes reconyenciones. Tû , tù fuiste quien estragâste mis
eostumbres cuando quisiste enmendarlas... Pero| que es lo que digo I
continué ella llorando , ; desdîchada de mi ! ; é que fin darte en
cara con tan injustas quejas ! no , amado padre , no fuiste tû e]
autor de mi infortunio ; mi mala suerte foé la ùnica que me préparé
mi desgracia. No hagas caso , te pido , de las necias palabras que
profiero. Mi pasion me ha trastornado el juicio ; compadécete
de mi flaqueza. Tù ères mi ùnico consudo ; y si aprecias mi vida,
no me niegues tu asistencia.
Al decir estas palabras credo sullanto de manera que no pado
continuar. Sac6 el paftuelo, cubriôse con él el rostro, y se
dejô caer en una siUa, como una persona que se rinde al peso
de su afliccion. £1 buen Marcos , que era de la mejor pasta de
escuderos que jamas se ha yisto , no pudo resistir à un espec-
tàculo tan lastimoso , que le conmoviô yivamente , y mezclô
sus compasiyas làgrimas con las de su afligida ama , dicièndole
lleno de temura: ; Ah, sefiora, y que atractiyo es el yuestro !
no tengo foerzas para combatir yuestra pena que acaba de ren-
dir mi yirtud , y prometo auxiliaros. Ya no me admiro de que
el amorhayatenido poder para haceros olyidar de yuestro de-
ber , cuando la compasion sola lo ha tenido para no acordarme
yo del mio. De manera que el pobre escudero , & pesar de su
irreprensible conducta, se sacrifice muy seryicialmente à la pa~
sion de Marcelina. A la mafiana siguiente yino à contarme todo
lo sucedido , y me dijo tenia ya pensado el modo de propor-
cionarme una conversacion sécréta con su ama. Con esto animô
mi esperanza ; pero dos horas despues llegô à mis oidos una
noticia tan triste como no esperada. £1 mancebo de una botica
que habia en el barrio , y era uno de nuestros parroquianos ,
yino & hacerse la barba. Miéntras me disponiaé rasurarle me dijo :
Seftor Diego, ^como le ya â ymd. con su amigo el yiejo escudero
Marcos de Obregon?ya sabra ymd. que esta para marcharse de
casa del doctor Oloroso. No por cierto , le respondi. Pues sëpalo
ymd., me replicô , y no dude que la cosa es derta. Hoy sin felta
le despedtrin. Su amo y el mio acaban de tener ahora una con-
LIBRO SEGUNDO. 95
Tersadon , i que me kallé présente , en la coal dijo el primero al
segondo : Seftor boticario , tengo que bacer à vmd. una suplica.
No estoy oontento con un viejo escndero que tengo en casa , y
en sa lugar qaisiera una dueûa fiel , severa y vigilante , que guar-
(bse âmi muger. Ya entîendo y respondiô mi amo : ymd. necesi-
tariade la seftora Melancia , que fuè la que custodîô à mi difunta
esposa, que aunque^ ba seis semanas que enviudé , todavia la
maatengo en casa. À la yerdad me séria muy util para gober-
Darla; pero se la cedo & vmd. gustoso por lo mucho que me in-
tereso en sa honor. Bien puede descuidar con ella en punto à la
seguridad de su bonra , porque es la perla de las dueâas , y un
TO'dadero dragon para guardar la castidad del sexo fragil. En
doce a&os enteros que estuvo al lado de mi muger ( que como
Tmd. sabe era moza y linda ) no y\ en mi casa ni aun la sombra
de un galan. Si por cierto , bonita era la dueAa para sufrirlo ;
sobre este punto no aguantaba chanzas. Aun dire mas : mi muger
iksprincipios gustaba mucho de pasatîempos y galanteos ; pero
la 8efk>ra Melancia supo fundirla tan de nuevo , que la incliné en-
teramente à la yirtud. En fin , es un tesoro para vuestra seguri-
dad. Quedô el seûor doctor muy satis fiecho de unos informes tan
imedida de su deseo , y ambos conyiniéron en que hoy mismo iria
la doefta & ocopar el lugar del escudero.
Esta noticia , que tuye por cierta , como en efecto lo era , des-
concerto las ideas de todos los buenos ratos que yo esperaba lo-
grar ; y Marcos , que y ino despues de comer , acabô de desyane-
cèrmelas , confirmando todo lo que me habia dicho el mancebo.
Amigo Diego , me dijo el bnen escudero , estoy contentisimo con
qneel doctor Oloroso me haya despedido , porque me ha librado
demolestisimos disgustos y cuidados. Ademas de haberme echado
àcaestas, muy contra mi indinacion, un yillanisimo empleo »
neoesitaba andar continuamente ideando trazas y urdiendo enre-
dos para que pudieses hablar secretamente à Marcelina. ; Que em-
broUo ! GÀracias al cielo me yeo ya fuera de estos cuidados , y
sobre todo de los peligros que los acompafian. Por lo que â ti
<oca, hijo miOy tambien debes alegrarte de haber perdido algunos
ratos de un placer momentàneo , à trueque de h2d>erte librado de
luttas pesadumbres , sustos y riesgos. Agradôme mucho la mo-
^ de Marcos , porque me pareciô que ya nada podia esperar , y
^ bacerme gran yiolencia déterminé alrâadonar el campo. No era
yo, lo confieso , de aquellos amantes porfiados que hacen yam-
dad de Incbaroontra todos los obstàculos; pero aun cuandolo
i^era, la seftora Melancia dejaria bien burlado mi empefto y te»
^dad. £1 genio riguroso que atribulan k aquella muger era
<^ de desesperar à los amantes mas pertinaces y atreyidos.
Sin embargo de los colores con que me la habian pintado , no
^^ de entender , dos ô très dias despues , que la sefk>ra médica
«6 GIL BLAS.
habia adormectdo i aquel Argos, y oorrompido sa fidelidad. Salia
70 ana mafiana de casa à afeitar à un vecino naestro , coando una
baena TÎeja se Ilegô é mi , y me pregontô si era yo Diego de la
Fuente, Respondile que si , y ella me replicô : Pues à ymd. venia
yo buscando. Yaya su merced esta noche à la paerta de doua
Marcelina , haga algana seftal , y luego le sera abierta. May bien ,
le répliqué yo : pero es preciso que quedemos de acaerdo sobre
que seûal ha de ser. Yo se remedar marairillosamente el maullido
del gato , y maullaré dos 6 très veces. Basta eso , repaso la mensa-
géra de amor : yoy & dar parte de su respuesta à la seftora. Ser-
Tidora deTmd.^ seftor Diego , el cielo le'consenre. {Quégalan
sois 1 A fe que si yo fuera una nifia de quince aftos no le bus-
caria para otra. Diciendo esto se desviô de mi aquella oficiosa Yîeja.
Agitôme terriblemente este mensage , y toda la moral de Mar-
cos se la Uevô el aire. Espéré con impaciencia la noche , y coando
me pareciô que ya estaria durmiendo el doctor Oloroso, me enca-
miné hàcia su puerta. Alli di principio à mis maollidos, que debian
oirse de léjos , y hacian mucho honor al maestro que me habia
ensefiado tan bello îdioma. Un momento despues \^b la misma
Marcelina à abrir con mucho tiento la puerta , y ^olviô é cer-
rarla luego que yo hube entrado, Subimos à la sala en donde ha-
biamos tenido nuestro ultimo concierto , la cual estaba débilmente
alumbrada por una luz que ardia sobre la chimenea. Nos senti-
mos juntos para dar principio à nuestra conyersacion , alterados
ambos, aunque con la diferencia de que el placer solo causaba la
conmocion de Marcelina , y la mia estaba mezclada con un poco
de sobresalto. En vano me aseguraba mi dama que nada teniamos
que temer por parte de su marido , pues se habia apoderado de
mi un temblor que turbaba mi alegria. Sin embargo , le pregunté :
Seftora , i como habeis podido engaftar la y igilancia de vuestra aya?
Por lo que oi decir de Melancia , no creia que os foese posible
hallar medios de darme noticias Tuestras , y mucho mènes de
yemosà solas. Sonriéndose enténces Marcelina de mipregonta,
me contesté : Dejarà de sorprenderte de la sécréta entreyista que
tenemos esta noche juntos , luego que te haya contado lo que pasô
entre las dos. Cuando entré en esta casa, mi marido le hizomil
caricias , y me dijo : Marcelina , te entrego à la direccion de esta
discreta seftora , que es un compendio de todas las yirtudes , y un
espejo en que debes mirarte de continue para instruirte en la rao-
destia. Esta admirable persona dirigié por espacio de doce aftos i
ia muger de un boticario amigo mio : pero dirigié... de lo que
bay poco , en termines que hizo de ella casi una santa.
Estas alabanzas, que el aspecto gray ede Melancia no desmentia ,
me costéron muchas làgrimas , y me pusiéron desesperada. Me
figuré las lecciones que tendria que escuchar desde la maftana hasta
la noche , y las reprensiones que me séria forzoso aguantar todes
LIBRO 8EGUND0. 97
k» dias. En fio , conBeiiti en llegar à ser )a muger mas desgraciada
del mando , y oWidando toda coasideracion en medio de una
esperanza tan cruel , le dije con mucha seqaedad à la aya luego
que me yi sola con ella : Sin duda os dispondréis para hacerme
padeoer mucbo; pero debo advertiros que soy poco sufrida, y
que no dejaré por mi parte de daros cuantos desaires pueda. Os
declaro que mi corazon esta dominado de una pasion que no se-
rin capaces de arrancar de ël y uestras reconyenciones. Sobre esto
podeis tomar vuestras medidas: redoblad Yuestra vigilancia,
porqae os prometo no omitir nada para engaâarla. AI oir estas
palabras la dnefta adusta , que bien crei iba é ensartarme un ser-
mon por primera entrada , se puso risueAa , y me dijo con un
tono a£8d>le : Mucho me agrada Yuestro carâcter ; Yuestra franque-
za proYOca la mia, pues yeo que nacimos la una para la otra.
; Ah ! bella Harcelina , que mal me conoceis si formais juicio de
mi por el elogio de Yuestro esposo ô por la severidad de mi exte-
rior ! No me teogais por enemiga de los placeres, porque no me
hago agenta de los zelos de los maridos sino para ser util à las
mngeres hermosas. Hace mucho tiempo que 'poseo el grande arte
de disfirazarme; y puedo decir que soy doblemente feliz ,
porque disfruto i un mismo tiempo de la comodidad del vicio y
de la reputacion que da la Yirtud. Para entre nosotras , el mundo
no es YÎrtuoso sino de este modo : cuesta demasiado adquirir el
fondo de las virtudes , y por eso en el dia todos se contentan coa
tener sas apariencias.
Dejaos guiar por mi, continué la aya, y yeréiscomo se la
pegamos tan bien al Yiejo doctor Oloroso , que os aseguro tendra
la mîsnia suerte que el seftor.fermacéutico , porque no me parece
mas respetable la Create de un medico que la de un boticario.
l Pobre seUor ! [cuantas piezas le jugimos su muger y yo! j Que
amable era aquella seûora» y de que bello caricter! jSu aima
goze de Dios ! Os aseguro que ha pasado bien su juventud : ha
tenido que se yo cuantos amantes à quienes introduje en su casa
sin que su marido lo adyirtiese jamas. Asi , seftora , miradme con
ejos mas fayorables , y estad conyencida de que , por mas talento
que tuYÎese el escudero que os seryia, nada perderéis en el
trueque , y aun tal ycz os seré mas util que él.
Figorate ahora, Diego , continuô Marcelina , si habrè agrade-
ddo à la dueûa el habérseme descubierto con tanta franqueza ,
cnando la creia de una Yirtud austera. Ye ahi como se juzga mal
de las mugeres. Melancia se granjeô desde luego mi afecto por
este caràcter de sinceridad , y la abrazé con un gozo estremado
que le manifesté con anticipation cuanto me alegraba de tenerla
por aya. Haciénd(da en segnida enteramente confidenta de mis
Mitinuentos , le pedi que me propordonase cuanto antes una
coBYersacion à solas contigo ; lo que efectivamente cumpliô ^
7
98 GIL BLAS.
valiéndose esta maftana de la vieja que te bablô , y que es una
mensajera que le sirviô muchas yecea para la muger del boti-
cario. Pero lo que hay de mas gracioso en esta aventura , aâadiô
Marcelina riéndose, es que Melancia > por la relacion que le hice
de la Gostumbre que tiene mi esposo de pasar la noche sosegada-
mente , se acosté junto à él , y ocupa mi lugar en este momento.
Lo siento mucho , sefiora, dtje entônces é Marcelina, y de ningun
modo apruebo yuestra invencion. Yuestro marido puede muy
bien despertarse , y echar de yer ef engailo. ; Oh , eso no ! replicô
ella oon precipitadon; no tengas el menor cuidado por eso, y
no hagas que un yano temor adbare el placer que debes tener
en baltarte con una muger que te cpiiere.
La esposa del doctor, obseryandoque este discurso no desya-
necia mis temores , ho omitio nada de cuanto creyô é proposito
para serenarme , y por fin hizo tanto que Ilegô à conseguirlo.
Desde este momento ya no pensé mas que en aproyecharme de la
ocasion; pero al tiempo en que Cupido, acompaftado de las
Risas y de los Juegos, se disponia é labrar mi félicidad , ounos dar
unas foertes aldabadàs à la puerta de la calle. Al instante el Amer
y su comitiya yolâron à manera de unos pajarillos timidos espan-
tados repentinamente por un gran ruido. Marcelina me oodtô
debajo de una mesa que habia en la sala ; apagô la luz , y ( como
lo h^ia concertado con su aya , en caso que este contratiempo
sucediese ) se fuè à la puerta de la alcoba en que dormia su ma-
rido. Entretanto, los golpes que atronaban la casa continuabancon
tanta repeticion que , despertando el doctor , se sente en la cama
dando yoces à Melancia. Arrojôse esta de la cama , aunque el yiejo,
quecreia era su muger, le deciaque no se levantase; reuniôse
con su ama, que , sintièndola à su lado , la Uamaba à gritos para
que foese àyer quien estaba & la puerta. Ya estoy aqui, seftora,
le respondiô la aya , yolyeos & la cama si quereis, que yo yoy
à yer lo que es. Durante este tiempo , habiéndose desnudado
Marcelina, se acostô con el doctor, que no tuyo la menor sospe-
cha de que le engafiasen. Bien es yerdad que esta escena acababa
de representarse en la oscuridad por dos aarices, de las cuales
una era incomparable , y la otra tenia mucha disposicion para
serlo.
La aya no tardô en presentarse en bâta de dormir y con una
luz en la mana, diciendo à su amo : Seâor doctor , tenga ymd.
la bondad de levantarse à prisa , porque al librero Fernandez
Buendia , yecino nuestro , le acometiô una apoplegia , y os llaman
de su parte para que yoleis à su socorro. El medico ,^ yistién-
dose lo mas pronto que pudo , partie à casa del enfermo , y su
muger en bâta de noche yino con la aya à la sala en donde yo
estaba , y me sacàron de debajo do la mesa mas muerto que
viyo. Nada tienes que temer, Diego, me dijo Marcelina, seré-
LDRO SEGUNDO. 99
uate. Al mismo tiempo, diciéndome en dos palabras de que
modo se babia arreglado la cosa, quiso ^ seguida volver à
tomar el hilo de la conyersacion que tenia conmigo y habia
sido inierrompida; pero se opuso à esto la aya. Seftora, le
dijo , Yuestro marido acaso puede hallar muerto al librero , y
vol verse inmediàtamente; ademas de que,aAadiô, yiëndome
trapasado de miedo , ^ que hariais con ese pobre mozo , no
haliéndose en estado de oontinuar la conversacion? Mas vale
poiMrle en la calle , y dejar el negocio para maftana. Dofta Mar-
ceUna oonyino en ello » aunque â pesar suyo , tan amiga era de
lo présente; y creo qve sintiô bastante no haber podido hacer
pomr al doctor el nneyo bonete que le tenia destinado.
En cuanto à mi, ménos afligido de baber malogrado los mas
precîosos favores del amor, que gozoso de yerme libre del
pelîgro, me foi à casa del maestro, en dondepasé el resto de la
noche en reflexionar sobre mi aventura. Estuve algun tiempo
indecîso si àcudiria à la cita de la noche siguiente , porque no
formaba juicîo de salir mas bien Hbrado en esta segnnda calave-
rada que en la primera ; pero el diablo , que siempre nos cerca ,
6, por mejor decir, se apodera de nosotros en semejantes
lances, me hizo créer que pasaria por unmentecato si me que-
daba à la mitad de an camino tanbueno; y ann représenté à mi
imaginacion à Marcelina con nuevos atraetiyos , y pondéré el
precio de los placeres que me esperaban. Resolvi, pues , continuai*
mientremes, y muy resuelto âtener mâfs firmeza, con tanbellas
disposiciones , me foi al dia siguiente Ala puerta del doctor entre
once y docede la nodie,y enmediô de ùna dscoridad tan grande
que no se veia brillar una sola estrefla en el cielô. Manllé dos 6
très veces para avisar que estaba en la callé ; pero como nadie
bajaba à abrirme, no me contenté con empezar de nuevo, sino
que me puse à remedar todos los dif^entes gritos de gato que* un
pastor de Olmedo mè babia enseiïado^ y lo hice tan al natural,
que un yecino que volvia à su casa , tenièndomépor utto de estos
animales cnyos manlKdos imitaba , cogié un guijarro que tro-
pez6 con los pies y nie le arrojé con toda su foerza, diciendo :
jMeUdito sea et ^tt^f^Recibi tàn foerte golpe en la cabeza que
quedé aturdido por el pronto', y faite poco para que cayese en
tierra atolondrado. Esto basté para que dièse al diablo el galan-
teo, y perdiendo el 'amor juntamente çon la sangre, me volvi à
casa, dônde desperté ë hice levantar & todos. El maestro reco-
nocié la herida que le parecîé peligrosa , pero no tuvo malas ré-
sultas y se cerré al cabo de tres.semanas. En todo este tiempo
no ol hablar de Marcelina. Es natural quo Melancia, para despren-
derla de mi , le buscafise algdn otro conocimiento , de lo que no
me informé porque nada me importaba ; pues sali de Madrid
para andar la Espafla luego que me vi perfectamente curado.
58! T.
too GIL BLAS.
CAPITULO vin.
Encuentro de Gil Bias j ta oompaAero oon un hombre que estaba iDojando
mendrugos de pan en unafuente, j conversacion que con â tuvie'ron.
CoDtôme el amigo Diego de la Foente otras ayentaras que le
sucediéron en adelante ; pero todas de tan poca importancia ,
que no merecen la pena de referirse. Sin «nbargo , me vi preci-
sado à otrselas , y en verdad que no file {H'eve la relacion , pues
durô hasta que llegàmos à Puente de Duero , donde nos detu-
vimos lo restante de aquel dia. Hicimos en el meson que nos
dispusiesen una buena sopa, y asasen una liebre, despaes de
cercioramos de que era verdaderamente tal. Al amanecer del dia
siguiente proseguimos nuestro camino , habiendo entes Uenacft
la bota de un vino mediano , y metido en las mochilas algunos
pedazos de pan , juntamente con la mitad de la liebre que nos
habia sobrado de la cena.
Despues de liaber caminado oerca de dos léguas ^ nos sentimos
con gana de almorzar, y habiendo visto como à doscientos pasos
de camino un grupo de àrboles que haciaq sombra deliciosisima »
escogimos aquel sitio , è hicimos alto en el. AUi encontràmos à
un hombre como de yeinte y siete à veinte y ocho aûos , que
estaba mojando en una fiiente algunos zoquetes de pan. Tenia i
su lado sobre la yerba una espada larga y una mochila. Pareeio^
nos mal yestido , mas por otra parte , de luien rostro , y bien
plantado. Saludàmosle oortesmente y y él nos correspondiô cm
igual cortesania. Presentônos luego sus mendrugos mojados , y
con cierto aire risueûo y despejado nos dijo si eramos servidos.
Admitimos el convite e^ el mismo tono , mas con la condicioo
de que habia de tener é bien que juntasemos los almuerzos para
que fuesen mas abundantes. Vino eu ello con. mucho gusto , y
nosotros sacàmos nuestras proyisiones , lo que ciertamente no
le desagradô. jOh! seûores, exclama enagenado de alegria,
yerdaderamente que ustedes yienen bien proyistos de municio-
nés de boca , y se conoce que son hombres prevenidos , y que
miran à lo yenidero. Yo me fio demasiado en la fortuna. Sin
embargo , à pesar del miserable estado en que ustedes me yçn ,
les puedo asegurar que alguna vez hago un papel muy brillante.
Sepan ustedes que no pocas me tratan 4^ principe y estoy ro-
deado de guardias. Segun eso , dijo Diego, sera ymd. comediante.
Adiyinôlo ymd., respondiô el desconocido, porlp ménosbaquince
aflos que no tengo otro oficio. Siendo niûo representaba ya ci^tos
papeles cortos, esto es, que tuyiesen poco que aprender.Uablemos
francamente, replicô el barbero , meneando ladinamente la cabeza ,
LIBRO SEGUNDO. 101
lengo dificuiiad encreerlo, porqueconozco bieu a luttcomeauuites,
y se qne estos sefiores no aoostambran caminar à pie , ni hacer
almuerzos à lo san Anton ; y nie temo , me temo que si vmd.
ha faecfao algun papel no habra sido otro que el de enoender y
apagar las lamparillas. Piense ymd. de mi lo que quisiere ^ res-
pondiô el histrion, lo cierto es que hago los primeros papeles,
y comunmente me hacen representar el de primer galan. Siendo
asi ,, repuso mi camarada , doy â ymd. la enhorabuena , y oe-
lebro mucho que el sefior Gil Bias y yo hayamos tenido la honra
de desayunamos en compaASa de tan gran personage.
Comenzimos entônces i roer nuestros regojos y las preciosas
reliqnias de la liebre , alternando con tan frecuentes topetadas
à la bola, que en poco tiempo la dejàmos enteramente pes
con pez, sin que en todo este tiempo desplegase los labios
ninguno de los très. Al cabo rompiô el silencio el barberOlo,
diciendo al comediante : Estoy admirado de ver & ymd. en es-
tado tan lastimoso. No se puede dudar que es mucha pobreza
para un héroe de teatro , y perdone vmd. si le hablo con esta
daridad. Por cierto, replicô el actor, que se conoce no ha oido
ymd. hablar del fimioso comediante Melchor Zapata; porque ha
de saber ymd. que , por la misericordia de Dios , no soy de
genio delicado. Me da ymd. mucho gusto en hablarme con tanta
firanqueza , porque tambien gusto yo de hablar con ella. Confieso
de buena fe que no soy rico ; y sino miren ustedes esta ro-
piDa. Didendo esto nos mostrô el forro de ella, que era todo
de los carteles de comedia que se fijan en las esquinas. Esta es
la tela qne comunmente me sirve de forro ; y si todayia tienen
curiosidad de yer lo que hay en nri goardaropa , contentarè à
ustedes *: hélo aqui. Y al mismo tiempo sacô de la mochfla un
yestido entero, guamecido de esterilla yieja de plata felsa, una
gorra muy raida,. cpn un penacho de yiejisimas plumas, unas
médias de seda con mas agujeros que un criyo ô una salvadera,
j unes zapatos muy usados de badanîll^ encarnada. Ya yen
ustedes ahora que soy medianamente infeliz. Eso es lo que me
admira, lereplicô Diego. {Pues que! ^no tiene ymd. muger ni
hija? Si, seftor , respondiô Zapata; pero yea ymd. la desgracia
de mi estrella : tengo muger moza , mas no por eso estoy mas
adelantado. Casème cou una linda comedianta , esperaado que
no me dejaria morir de hambre ; pero por mi poca fortuna di
con una muger de juicio y de un recato incorruptible. ; Quieili
diablos no se engafiaria como yo! Una muger yirtuosa que
era del nèmero de k>8 cômicos de la légua , me habia forzosa-
mente de tocar à mi en suerte. Seguramente es desgracia , dijo
el barbero; pero ;,porqué no se casô ymd. con alguna bonita
comedianta de las corapafiias de Madrid? Entènoes si que logfa-
ria su iotento. Conyengo en elKi , respondiô eHarsance , pero â
102 GIL BLAS.
un pobre comediante de la legua no le es licite elevar sus peo:^
samientos à tan encqmbradas heroinas. Eso solamente lo podra
haoer alguno de la compania del corral del Principe , y aun en
ella se yen muchos predsados à casarse con otras mugeres que
no son de la profesion , y por fortuna suya Madrid es bueno , y
se suelen encontrar en el algunas que se las pueden apostar à las
princesas de teatro.
^Peroque, le replico mi compaûero, nunca pensé vmd. entrar
en alguna de las compaflias de la corte ? ^ Acaso se necesita un
mérito consumado para. lograrlo? {Bravo! respondiô Melchor ,
vmd. se burla con su mérito consumado. Yeinte actores hay en
cada compaftia ; pregunte vmd. al publico lo que siente de ellos,
y oirà cosas bcliisimas. Has de la mitad por lo mènos mereciaii
ir cargados como yo con la mochila , y en medio de eso no es
tan fâcil como se piensa ser recibido entre ellos ; pues se necesita
dinero 6 grandes cmpe&os que suplan por la habitidad. Ninguno
puede saberlo mejor que yo, porcpie ahora mismo acabo de re-
presentar en Madrid, y salgo mas aturdido de palmadas y silbidos
que todos los diablos , sin embargo de que me prometia ser muy
aplaudido , porque representaba gritaudo , manoteando , des-
coyunténdome y torciendo el cuerpo hàcia todas partes, con mil
gesticulaciones y posturas cien léguas distantes de todo lo natu-
ral , hasta llegar una vez casi à dar en la cara una puftada à mi
dama miéntras yo estaba declamando. En una palabra, repre-
sentaba imitando la escuela que el vulgo célébra en los grandes
actores ; y en medio de eso lo que aplaudia tapto en otros no
lo podia sufirir en mi. Yea vmd. cuanto puede la preocupadon.
En vista de ello, no acertando à dar gusto , y no teniendo medio
para ser admitido en la compaftia à pesar de todos los silbidos
de la mosqueteria, dejè à Madrid , y me vuelvo é mi Zamora ,
donde estén mi muger y mis compafieros, que no hacen alii
gran fortuna ; y quiera Dios no nos veamos precisados à pedir
limosna para poder pasar à otra eiudad , como mas de una vez
nos ha sucedido.
Diciendo esto nuestro principe dram&tico, se levante, echose à
cuestas la mochila , ciftôse la espada, y despidiéndose de nosotros :
Adios , nos dijo con mucha gravedaid, quieran los dioses inmor-
tales derramar sobre ustedes à manos llenas sus favores. Y quie-
ran los mismos , Ic respondiô Diego en el propio tono , que
halle vmd. en Zamora à su muger mudada y mejor establecida.
Luego que el seftor Zapata nos volviô la espalda , comenzô à
gesticular y k reprcsentar caminando, y nosotros le comcnzàmos
â silbar para que no se le olvidascn tan presto los silbidos de
Madrid, Gon efecto, creyô que todavia le sonaban en los oidos :
y volViendo la cara, y viendo que nosotros nos divertiamos â
su eo^ta, lèjos de darse por ofendido , èl mismo ayudô â la
LIBRO SECUNDO. 103
zamba, y prosiguiô su viage dando grandisimas carcsyadas.
Gonrespondimosiy por nuestra parte cou grande algazara ; y
cagiendo otra yez el camino real, seguimos nuestra marcha.
CAPITULO IX.
Eftado en que encontre Diego A sus parientea ; y cemo Gii Bias te separô de el
despaes de haber participado de ciertas dirernones.
Filimos aquel dia à dormir entre Mojados y YaldestiUas a an
Ingarcfllo cayo nombre se me ha olvidado , y al signiente é las
once de la mafiana entrémos en la Uanada de Olmedo. Sefior Gil
Bias, me dijo mi camarada, aquel es eV lugar de mi nacimiento.
No le paedo yolver à ver sin llenarme de jùbilo : tan natural
es en todos el amar su patria. Sefior Diego, le respondi, un
bombre como \md. , que tanto amor tiene à su tierra , parece
debia haber hablado de ella con mayor estimacion. Ymd. me la
pinto como si fuera un lugarcillo ô una aldea, y à mi se me
présenta como una ciudad. Era razon que por lo ménos la tra-
tase vmd. de villa grande. Yo le pido perdon , respondiô el
barbero; pero dire que despues de haber yisto é Madrid, Toledo,
Zaragoza , y otras principales dudades de Espafta en la yuelta
que he dado por ella, todo me parece aldea. Conforme ibamos
adelantando en la llanura, y acercéndonos â Olmedo, nos paredô
>er junto al pueblo multitud de gente , y cuando nos hallàmos
à dîstancia de poder discemir los objetos, tuvimos mucho en quo
diyertir la yista.
Yimos très pabellones 6 tiendas de campafta , poco distantes
una de otra, y al rededor de ellas muchedumbre de codneros y
ayudantés de cocina, que estaban disponiendo una gran comida.
Unos ponian unas mesas largas dentro de las tiendas , otros
echaban yino en grandes yasijas de barro : estos atendian à que
codesen las oUas, y aquellos daban yueltas à luengos asadores,
en que estaban espetadas yiandas de todo género. Pero à mi
nada me lleyô tanto la atencion como un espacioso teatro que
obseryé bastante eleyado , que estaba adornado con algunos bas-
tîdores de carton pintado de diferentes colores^ y Ueno de ins-
cripdones griegas y latinas. Luego que el barbero yiô tanto
griego y tanto latin, dijo : Esto me huele terriblemente à mi tio
Tomas ; apuesto algo 'à que ha andado aqui su mano , porque
sabe de memoria una infinidad de libros de aula. Lo que me
enfeda es que en las conyersaciones encsya sin césar pasages
enteros de los taies libros , cosa que no à todos agrada. Fuera
de eso, ha traduddo yarios poetas griegos y latinos, y esté ins-^
truido en la antigûedad, lo que se conoce por las notas con que
104 GIL BLAS.
!os ha enriquecido, como verbigracia aqnella de qne en Ataum
Uoraban tos ni1io$ cuando lo$ asotaban : cosa que si no foera por
su yasta y selecta erudicion, nosotros no la sabriamos,
Despues de haber visto mi camarada y yo todas las cosas que
acabo de decir, nos diô gana de preguntar ;porquè y para que
se hacian todas aquellas preyenciones ? Al tiempo que nos iba-
mos à informar se encontre Diego con un hombre, que conociô
ser su tio el sefior Tomas de la Fuente, y que al parecer mos-
traba ser el director de la fiesta. Fuimonos à èl apresuradamente ;
mas este maestro de primeras letras tardô algo en conocer é sa
sobrino ; tanta mudanza babia hecho en aquel pobre moso la
ausencia de diez afios. Conocido al fin, le abrazo estrediisnna-
mente, y te dijo : i Oh querido sobrino Diego, con que al cabo
has yuelto à yer à tus dioses pénates, y el cielo te ha restituido
sano y salyo à tu fomilia ! ; Oh dia très y cuatro yeces beato I
albo dies noianda lapillo ! Muchas noyedades encontraràs en la
parentela. Tu tio Pedro , aquel gran talento , ya es yiaima de
Pluton : très meses ha que muriô. Hombre ayariento, que toda
su yida estuyo temiendo le habian de foltar siete pies de tierra
para enterrarse : argenti paUebat amore. Tenia muehas pensiones
de los grandes ; y no gastaba diez )loblones al afio en oomida y
yestido. No daba de corner al ûnico criado que le seryia. Mas
insensato que aquel Griego Aristipo , el cual, caminando por los
desiertos de Libia, hizo à sus esclayos que dejasen en ellos todas
las grandes riquezas que Ueyaban , alegando que aqueUa carga
les incomodaba en la marcha, amontonaba toda la plata y todo
el pro que podîa haber à las manos. Mas i para que ? Para que
lo gozasen sus herederos à quienes no podia sufrir. Dejô à su
muerte treinta mil ducados , que se repartièron entre tu padre ,
tu tio Beltran y yo. Todos nos hallamos en estado de pasarlo
bien. Mi hermano Nicolas colocô ya i su hija Teresa, que acaba
de casarse con el hijo de uno de nuestros alcaldes : connublo
junxU stabili, propriamque dicaviL Este himeneo, concluido bajo
los mas félices auspicios , es el que estaraos celebrando hace ya
do ^ dias con todo el aparato que yes. Hicimos leyantar estas
tiendas de campafia en esta llanura. Los très herederos de Pedro
tienen cada uno la suya ; y por su turno costean la fiesta de un
dia. Hubiera celebrado mucho hubieses llegado antes para que
gozascs de todas. Antes de ayer, dia ea que se celebrô laboda,
oorriô tu padre con el gasto ; y diô una soberbiaccHnida, y des-
pues hubo parejas, y se corriô sortija. Tu tio el mercader tomô
de su cuenta el dia de ayer , y nos diyertiô con una belliskna
fiesta paatoril. Yistiô de pastores i los diez muchachos mas lin-
dos y agraciados del lugar , y de pastoras à las diez muchachas
raas pulidas y aseadas que habia en todo Olroedo^ «npdeando en
en^anarlas las cintas mas ricas y los raas preciosos di||es <|ue
LIBRO SEGUNDO. 105
se halUroD en sa Uenda. Toda acpiella hicida juveotad armé mil
gradosisimas daozas, cantando despues otras tantas letrillasmuy
cfauscas» tiernas y amorosas. Y aunque no parecia, posible cosa
mas diTertida , con todo eso no die gran golpe ; sin duda por-
qne en Castilla la Yicga hemos perdido el gusto à las diversiones
pastoriles.
Hoy me toca à mi, y pienso divertir à los yecinos dc CMmedo
con an especticnlo todo de mi invention : finis earonabk opm*
Uaodé alzar an teatro , en el cual, con la ayuda de Dios , hari
representar por mis discipulos una de mis tragedias, inthulada :
Los pasaiiempos de Mulet Bugentuff rey de Marruecos. Seejecutarà
con el mayor primor, porque entre los mochachos los hay qne
dedaman oomo los mas célèbres comediantes de Madrid. Son
todoa hijos de honradas fiunilias de Peftafiel y Segovia, y los
tengo en mi casa à pupilage. ; Excelentes représentantes I Yer-
dad es que les he ensefiado yo. Su dedamacion parecerà aca-
fiada en el cufto del maestro, til ita dicanu En cuanto à la tragedia,
DO te qaiero hablar de ella , puesto que la has de oir , por no
privarté del placer de la sorpresa; y solo dire sendllamente
que dejarà extàticos à todos los espectadores. Es nno de aque-
Oos asuntos tr^gicos que ponen todo el alma en conmocion, por
las terribles imégenes de la muerte que ofrecen à la fantasia.
Yo siempre he sido de la opinion de Aostôteles , que es nece-
sario excitar el terror. ] Ah I si yo me hubiera dedicado al teatro,
nonca saldrian à él sino heroes sanguinarios y principes asesinos,
y me baûaria siempre en sangre. En mis tragedias se verian
morir no solo à los primeros personages, sino hasta las mismas
goardiaa. ;Qaé digo , hasta las mismas guardkasi Haria tambien
degoUar al apuntador. En fin, solo me agrada lo terrible : este
es todo mi gusto. De esta manera los poemas de esa especie se
levantan con el aplauso de la muchedumbre , mantienen el lo^o
de los comediantes, y hacen célèbre el nombre de los autores.
Acababa de pronunciar estas palabras cuando vimos salir del
pueblo y enirar en la llanurà un gran gentio de uno y otro sexo.
Erau los dos esposos, acompaâados de sus amigos y parientes,
é iban precedidos de diez ô doce tocadores de instrumentos, que
tailian todos à un tiempo, hadendo un conderto muy ruidosQ.
Saliàles al encuentro Diego , y diose à conocer. Inmediatamente
resonéron por el campo \€5 gritos de alegria con que fué recibido
del acompailamiento , corriendo todos à abrazarle, y procurando
cada uno ser el primero. No tuvo poco que hacer en corres-
ponder à todas las demostraciones de amor y cumplimientos que
le bidéron. SoCocàbanle à abrazos todos los de la familia y cuantos
se hallaban présentes ; y luego que se aquieto on poco aquel pri-
mer torbion , le dijo su padre: Seas bien venido, hijo Diego : en
verdad que durante tu ausencia han adelantado mucho tus pa-
106 GIL BLAS.
rientes : ;no es asi? Por ahora no te digo mas; à su tiempo lo
sabris muy por menor. Miéntras tanto el gentio se foé adelantando
hécia la Uanura, llegô à ella , entrôse en las tiendas, y foëse sen—
tando à las mesas, que ya estaban preparadas. Yo no dejé é mi
compaftero ; sentéme junto à èl , y entrambos Gomimos con los
dos novios , que me parecièron corresponder bien uno i otro.
Durô mucho tiempo la comida, porque el preceptor 6 maestro
tUYO la Tanidad de querer que très yeces se cubriese la mesa ,
por aventajarse à sus hermanos, que no habian dispuesto las c€h-
sas con tanta magnificencia.
Despues del banqueté todos los convidados mostréron grande
impaciencia por ver larepresentacion de la obra del seftor Tomas,
no dudando, decian, que una produccion de ingenio tan superior
séria dignisima de oirse. Acercàmonos , pues , al teatro , donde
todos los mùsicos ocnpaban ya el lugar de la orquesfa para tocar
en los intermedios. Esperaban todos con el mayor silencio i que
se dièse principio à la tragedia. Bejàronse ver los actores en la
escena ; y el autor con su obra en la mano estaba tras las eortinas
en sitio donde pndiese apuntar y ser oîdo de los que represen-
taban. Conmucha razon nos habia preyenido que era tràgico su
drama, porque en el primer acto elrey de Marruecos maté por
via de diversion cien esdavos à fiechazos. En el segundo hizo
degollar treinta oficiales Portugueses que uno de sus capitanes
liabia hecho prisioneros : finalmente en el tercero aquel monarca,
cansado de sus mugeres , pegô èl mismo por su mano fhego i un
palacio aislado , donde estaban encerradas , y juntamente con él
las redujo todas; à ceniza. Los esclavos moros y los oficiales Por-
tugueses estaban representados por unas figuras de mimbre hechas
con algun primor , y el palacio , que era de carton , se aparentaba
abrasado por un fuega artificial. Este incendio , acompaflado de
lastimosos gritos , que parecian salir de en medio de las llamas ,
di6 fin à la tragedia, y cerrô el teatro de una manera patëtica y
divertida. Resonéron en toda la llanura los Yi?as y los aplausos
con que fué celebrado un drama de tan ingeniosa invencion : lo
que acreditô el buen gusto del poeta , y su singular acierto en la
eleccion y oportunidad de los asuntos.
Creia y o que ya nada habia que ver despues de Los pasatiempos de
Mulei BugetUuf; pero engafiéme. Anunciéronnos un nuevo espec-
téculo los timbales y trompetas. Era este la distribucion de los
premios , porque Tomas de la Fuente , para mayor solemnidad
de la fiesta, à todos sus discipulos, asi pupilos comolos que no
lo eran , les habia hecho trabajar varias composiciones , y en aquel
• dia se habian de repartir los premios à los mas sobresalientes ,
consistiendo aquellos en ciertos libros que el mismo preceptor é
Costa suya habia ido à comprar â Segovia. De repente , pues , se
dejàron ver en el teatro dos bancos largos de escuela , y un ar*
LIBRO TERCEHO. 107
mario ô estante Ueno de libros pequeflos encuadernados con aseo.
Entonces todos los actores se presentâron en la escena , y for-
màron un semidrcalo delante del seftor Tomas , el caal se dejaba
Ter con tanta graTedad y aatoridad como pudiera an prefecto de
colegio. Tenia en la mano la lista de los nombres de los que de-
bian ser premiados. Entregôsela al rey de Marruecos , quien se
pnso à leerla en alta toz , Uamando uno por nno à los nombrados
para recibir el premio. Cada cual iba con respeto à recibir un libro
de la mano del pédante , inclinéndose profiindamente al ir y al
Tolyer coando pasaban delante del monarca mairoqni. Juntamente
con el libro se les coronaba à todos coti una guirnalda de laurel»
y despnes se iban sentando en uno de los dos bancos para que
faesen yistos , aplaudidos y admirados de todos » pero particular-
mente de sus madrés, amigos y parientes. Por mas cuidado que
puso el preceptor en que todos quedasen contentos , no lo pudo
conseguir, porque obseryàndose que la mayor parte de los premios
habîan tocado à los pupilos , como regularmente se acostumbra ,
las madrés de los otros discipulos lo Uevàron muy à mal, se al-
borotiron , y acusàron al maestro de parcialidad ; y tanto , que
una iesta tan gloriosa y tan alegre hasta aquel punto , faite poco
para que se acabase tan desgraciadamente como el banqueté de
les Lapitas '.
LIBRO TERCERO.
CAPITULO I.
Liegada de Gil Bias â Madrid , y primer amo â quien sirriô alli.
Betuyeme algunos dias en casa del barbero , y juntéme des-
pues con un mercader de Segovia que pas6 por Olmedo. Habia ido
â Yalladolid con cuatro mulas cargadas de varies géneros , y se
Tolvia à su casa con todas ellas de vacio. Hizome montar en una,
y tomàmos tanta amistad en el camino , que cuando llegàmos à
Segovia se empefiô en que me faospedase en su casa. «Dos dias
' Cuando se casô Piritoo, rey de ios Lapitas, con Hipodamia, convidô à su
boda â los principales Gentauros y Lapitas. Despues de acalorados oon los Tinos
y licores , el centauro Enrition quiso yiolentar â la noria Hipodamia , y los
otros ccntanros dias jôvenes convidadas ; pero los Lapitas indignados cortâron la
nari7 y las orejas a Eurition , y se trabô entre ambos partidos un combate san-
griento.
108 GIL BLAS.
descansè en ella , y caando me yiô resueho à marcfaar à Madrid
con el arriero, me di6 una carta, encargândome mocho que la
entregase yo mismo en mano propia, sin decirme que era una
carta de recomendacion. Hicelo asi , ponîèndola yo mismo en
manos del sefior Mateo Melendez , mercader de pafkos , que Tivia
en la Puerta del Sol , esquina de la callejuela del Cofre. Apënas
abriô el pliego, y leyô su cotitenido, cuando me dijo con un modo
muy agradable : Seftor Gil Bias, mi corresponsal Pedro Palac^os
me recomienda la persona de vmd. con tan vivas expreaioncs ,
que no puedo dejar de ofrecerle un cuarte en mi casa. Ademaa
de esto me suplica le busqué una buena conveniencia, cosa de
que me encargo con gusto , y con esperanza de que no me seri
muy dificil colocar é vmd. ventajosamente.
Aceptë la generosa oferta de Melendez con tanto mayor gusto
cuanto veia que mi dinero se iba por instantes acabando ; pero
no le fui gravoso largo tiempo. Pasados ocho dias me dijo acababa
de proponerme à un caballero amigo suyo que necesitaba de on
ayuda de càmara, y que , segun todas las sefias , no se me escaparia
esta conveniencia. Con efecto , habiëndose dejado ver el tal ca-
ballero en aquel mismo memento : Seftor , le dijo Melendez ,inos-
tràndome à él, este es el mozo de quien hablAmos poco ha , de
cuyo procéder ine constituyo por fiador , como pudiera del mio
mismo. Mirôme atentamente el caballero, y respondiô que le
gustaba mi fisonomia , y que desde luego me recibia en su ser-
vicio. Sigame , afladi6 , que yo le instruire en lo que deberé hacer.
Diciendo esto se despidiô del mercader , y me llevô consigo à la
calle Mayor, frente por trente de San Felipe el Real. Entrâmes
en una casa muy buena , donde él ocupaba un cuarto : subîmes
unes cinco ô seis escalones , y me introdujo en un aposento cerrado
con dos buenas puertas , en la primera de las cuales habia una re-
jilla de hierro para ver à les que Ilamaban. Pasémos despues i
otra pieza donde tenia su cama con otros varies muebles mas
aseados que preciosos.
Si mi nuevo ame me habia mirado bien en casa de Melendez,
tambien yo le examiné à él despues con particular atenden. Era
un hombre de unes cincuenta aûos , de aspecto frio y série. Pa-
reciôme de buena indole, y no formé mal concepte de él. Hizome
muchas preguntas acerca de mi familia , y satisfedie de mis res-
puestas:*Gii Bias, me dgo, yo contemple que ères un meze de
gran juicio , y me alegro mucho de que me sirvas ; y per tu
parte espère estaràs contente con tu acomodo. Te daré seis reaies
al dia para que comas y te vistas , sin perjuicio de algunos pro-
vechos que pedris tener conmige ; yo no soy hombre que dé
mucha molestia à los criados : nunca corne en casa, sine siempre
cen mis amigos. Per la maflana ne tienes que hacer mas que
limpiarme bien los vestidos; lo restante del dia te queda libre.
LIBRO TERGERO. 109
y pnedes hacer lo que quieras: basta que por la noche te retires
à casa temprano , y me espères à la puerta de mi cuarto : esto
es todo lo que exijo de ti. Despues de haberme dado esta ins-
troocion, saoô seis reaies del bolsillo , y me los entregô para em-
pezar à cumplir nuestro iguste. Sallmos los dos juntos , cerrô
él mismo las puertas, lleyôse consigo la Haye, y me dijo : No
tienes que seguirme , y puedes irte à donde te diere la gana ;
per o cuidado que te encuentre en la escalera cuando vuelva à
casa por la nodie. Diciendo esto se marchô , y me dejô que dis-
pnsiese de mi como mejor se me antojase.
Vamos claros , Gil Bias , me dije entônces à mi mismo , que
oo te era posible encontrar amo mejor. Tu sirves à un hombre
que por limpiar sus yestidos , hacerle la cama y barrer su cuarto
por la maûana te da seis reaies cada dia , y libertad de hacer
dermes lo que qaisieres, ni mas ni mënos que un estudiante en
liempo de vacadones. A fe que no sera fâcil hallar otra conve-
nieocia igual. Ya no me admiro del hipo que tenia por venir à
Madrid ; sin duda era presagio de la fortuna que me esperaba.
Pasé todo el dia en andar de calle en caUe, viendo muchas cosas
que me cogian de nuevo, y que no me daban poca ocupacion*
Por la noche cené en una hosteria , poco distante de nuestra
casa » y prontamente me retiré al sitio donde d amo me habia
mandado le esperase. Llegô très cuartos de hora despues » y se
mostrô contento de mi puntualidad. Muy bien , me dijo , eso me
gusta ; yo quiero criados que sean exactos en hacer lo que les
mando. Dicho esto , abriô las puertas del cuarto , cerrôlas , y
como nos hallàbamos à oscuras , echo yescas y encendio una
Tela. Ayudèle despues â desnudar, y luego que se metiô en la
cama encendi por su mandado una lamparilla que habia en la
chimenea , cogi la yela y Uevëla à la antesak , donde me acosté
en un catre. Al dia siguiente se levantô entre nueve y diez de
la maûana ; acepillë sus vestidos , diôme mis seis reaies , y des-
pidiôme hasta la noche. Saliô fuera de casa , sin descuidarse
de cerrar bien las dos puertas , y hëtele aqui que uno y otro
DOS separàmos para el resto del dia.
Tal era nuestra vida , que à mi me parecia muy dulce y aco-
modada. Lo mas gracioso de todo era , que yo no sabia aun
como se Uamaba mi amo , y Melendez lo ignoraba tambien. So-
lo conocîa al tal caballero por uno de tantos como conqurrian à
su lonja à comprar gëneros ; y los yecinos tampoco pudiéron
satisfacer mi curiosidad. Aseguràronme todos que no sabian que
clase de hombre era mi amo , aunque hacia dos afk>s que vivia
en aquel barrio. Dijéronme que no trataba con ninguno de los
yecinos; y algunos, acostumbrados à juzgar temerariamente
mal de todo , inferiaii de aqui que era un hombre de quien no
se podia formar juicîo alguno bueno. Con el tiempo se adelantô
110 GIL BLAS.
mas : sospechôse fiiese una espia del rey de Portugal ■ ; y me
aconsejàron caritativamente que tomase mis medidas acerca del
particular. £1 aviso me puso en sumo cuidado , porque desde
luego formé juiclo de que, si era verdad lo que se decia, corria
yo gran peligro de Tisitar los calabozos de Madrid. Mi inocencia
no me podia asegurar/y mis pasadas desgracias me obligaban
à temerla justicia. Habia experimentado ya dos veces que, si no
quita la vida à los inocentes , à lo ménos guarda tan mal con
ellos las leyes de la hospitalidad , que siempre es una desgracia
hospedarse en su casa , aunque sea por poco tiempo.
Consulte con Melendez lo que debia hacer en tan criticas y
delicadas circunstancias ; pero no supo que conscjo darme. No
podia créer que mi amo fuese espia , mas tampoco tenia razon
fuerte y positiva para negarlo. Tome , pues , el partido medio
de observar bien to^os sus pasos , y si descubria que verdade-
rameute era un enemigo del estado , abandonarle enteramente ;
pero al mismo tiempo me parecio que la prudencia, y lo bien
hallado que estaba con el , pedian que caminase con el mayor
tiento y circunspeccion en poner por obra lo que habia deter-
minadOy sin asegurarme antes de la verdad. Gomenzé, pues, à
examinar todas sus acciones y movimientos , y para sondearlos
mejor : Seftor, le dije una noche miéntras le estaba desnudando ,
no sabe un hombre como ha de vivir para librarse de malas
lenguas. El mundo esta perdido , y nosotros tenemos unos ve-
cinos que no valen un demonio. {Malditas bestias ! No créera
su merced como hablan de nosotros. Y bien , GQ Bias , me res-
pondiô, ^qué es lo que pueden decir? {Ah, seftor! répliqué, i
la murmuracion nunca le falta asunto. Encuéntralos 6 los suefia
hasta en la misma virtud. ^No es bueno que nuestros vecinos
tienen aliento para decir que nosotros somos gente peligrosa, y
que la corte debe vigilar nuestra conducta? En una palabra , di-
cen que su merced es espia del rey de Portugal. Entonces aizé
los ojos y le miré con cuidado, como Alejandro à su medico,
para notar el efecto que producia lo que acababa de decirle.
Pareciôme que se turbaba algun tanto , lo cual confirmaba po-
derosamente las conjeturas de la vecindad : noté que poco des-
pues se quedô pensativo y cabizbajo , y esto tampoco lo inter-
prété muy fovorablemente. Asi estuvo por un brève rato ; pero
luego , como quien vuelve en si , me dijo en un tono y con ros-
tro muy tranquilo : Gil Bias , dejemos à los vecinos que digan lo
* Habia en el tiempo â que se refiere esta historia ( que se supooe sçr hâcîa los
aAoB de 1648) guerras porfiadas entre Espana y Portugal con motivo de la rc-
belion de esta potenda para sustraerse de la dominacion espanola , y alzar por
su rey al duque de Braganza , como lo verified con auxilio de la Francia y de
etras potencias rÎTalcs del gran podcrîo de la Espana.
UBRO TERCERO. Ill
que qoisiereo; naesCra qaietud no ha de depénder de sus mali-
gnas expresiones. No hagamos caso de lo que dicen los hom-
bres , miéntras no demos motiyo i que lo digan.
Aoostôse despues con mucho sosiego , y yo hice lo mismo ,
sin saber que pensar. Al dîa siguiente , cuando ibamos à salir de
casa» oimosUamar recio à la puerta de laescalera. Acudiô con
prontitud et amo , y mirando por la rejilla , viô à un hombre
bien i^estido, que le dijo: Seftor caballero, yo soy alguacil, y
Tengo de parte del seâor corregidor à decir à vmd. que su
sefioria desea hablarle dos palabras. ^Qué me quiere el seûor
corregidor? respondiô mi amo. Eso es lo que no se, replicô el
alguadl ; pero vaya vmd. à su casa , y presto lo sabré. Yo le
beso las manos al sefior corregidor, repuso su merced ; yo no
tengo nada que yer con su seûoria. Diciendo estas palabras cerrô
enfadado la segnnda puerta, y comenzindose à pasear por el
coarto en ademan de un hombre , segun lo que à mi me parecia,
à quien habia dado mucho que discurrir el recado del alguacil ,
me poso en la mano mis seis reaies , y me dijo : Amigo Gil RIas ,
tu poedes irte à pasear à donde quieras , que yo no pienso salir
de casa tan pronto , y en toda la maAana no te he menester.
Persuadime , al oir esto, que tenia miedo de que le prendiesen,
y que por eso no queria salir. Dejële , pues ; y para yer si me
engaâaba en mi sospecha me escondi en parafe desde donde po-
dia observar si salta 6 no. Hubiera tenido paciencia para man-
tenerme alli toda la maAana, si él mismo no me hubiese aliviado
de este trabajo ; pues al cabo de una hora le ti salir, y presen-
tarse en la calle con un desembarazo y un aire de confianza ,
que dejô confondida mi penetracion. Sin embargo , no me des-
lumbrâron estas apariencias , antes bien me hiciéron entrar en
mayor desconfianza. Pareciôme que todo aquello po;dia muy bien
ser con estudio , y aun casi llegué à créer que se habia detenido
en casa aquel tiempo para recoger sus joyas y dinero , y que
probablemente iba à ponerse en salvo huyendo. Perdi la espe-
ranza de yerle mas, y aun estuye perplejo en si iria aquella
noche à esperarle en la puerta de la escalera , tan persuadido
estaba de que saldria aquel dia de Madrid para librarse del pe~
ligro que le amenazaba. Sin embargo , no dejé de ir à esperarle,
y qnedé admirado de yerle yolyer como acostumbraba. Acos-
tése sin la menor muestra de cuidado ni inquietud ; y por^ la
mafiana se leyantô y yistiô con la mayor serenidad.
No bien acabô de yestirse cuando Ilamàron de repente à la
puerta. Fué èl mismo à mirar por la rejilla quien Damaba. Viô
que era el alguacil del dia anterior ; preguntôle que se le ofirecîa,
y el alguacil respondiô que abriese al sefior corregidor. Al oir
este nombre temible se mè helô toda la sangre. Habia ya cobrado
un endiablado miedo y mas que pànico terror à toda esta casta
112 GIL BLAS.
de pàjaros desde que taye la desgracia de caer en sus manos, y
eo aquel momento hubiera querido hallarme cien léguas distante
de Madrid ; pero mi amo , que no era tan espantadizo ni tan
medroso como yo , abriô la puerta con sosiego , y recibiô al se-
fior corregidor con respeto. Ya ve vmd., dijo à mi amo» que no
yengo à su casa con grande acompaftamiento , porque nunca he
gustado de hacer las cosas con estruendo. Sin hacer caso de los
rumores poco fovorables à ymd. que corren por el pueblo ,
me ha parecido que su persona era acreedora à que se la tratase
con miramiento. Sirvase vmd. decirme como se Uama, quien es, y
que hace en Madrid. Sefior, le respondiô mi amo , mi nombre
es don Bernardo de Castelblanco , fomilia conocida en Castilla la
Nueya. Mi ocopacion en Madrid se reduce é pasearme, fire-
Guentar los teatros, y diyertirme con algunos pocos amigos, geote
toda muy honrada , y de honesta y grata conyersacion. Sin duda,
dijo el juez, tendra ymd. una gran renta. No» seâor, reposo
mi amo» no tengo rentas, ni tierras » y ni aun casa. Pues ^de que
yiye ymd.? le replied el corregidor. De lo que yoy â enseûar à
y. S.» respondiô don Bernardo ; y al mismo tiempo alzo un tapiz,
y abriô una puerta que estaba tras de él , sin que yo la hubiese
obseryado » y luego otra que estaba despues de aquella » é hizo
entrar al juez en un cuartito , donde habia un gran cofre todo
lleno de oro , que quiso yiese con sus mismos ojos. Ya sabe
y. S.» le dijo entônces » que nosotros los Espaûoles somos por lo
general poco amigos del trabajo; mas por grande que sea la
ayersion con que otros le miran , puedo asegurar que ninguna se
iguala con la mia. Soy naturalmente tan perezoso y holgazan» que
no yalgo para ningun empleo ni ocupacion. Si quisiera canonizar
mis yicios dândoles el nombre de yirtudes» diria que mi pereza
era una indolencia filosôfica, un rasgo del entendimiento desen-
gaAado de lo que el mundo solicita y busca con tanto ardor ;
pero debo confesar de buena fe que soy haragan y perezoso
de nacimiento , tanto que si me yier^ precisado à trabajar para
corner, creo me dejaria morir de hambre. En este supuesto »
à fin de pasar una vida que se acomodase con mi humor, por
no tener la molestia de cuidar de mi hacienda , y mucho mas por
no haber de lidiar con administradores ni mayordomos»
conyerti en dinero contante todo mi patrimonio , que consistia
en muchas posesiones considerables. Cincuenta mil ducados en
oro hay en este cofre, lo que basta y aun sobra nara lo que
puedo yiyir, aunque pase de un siglo » pues no Uegan à mil
los que gasto cada aûo , y cuento ya diez lustres de edad. No
me da cuidado lo yenidero » porque » gracias al delo , no ado-
lezco de alguno de aquellos très yicios que comunmente arruinan
à los hombres. Soy poco inclinado i comilonas y meriendas :
juego poco y y por mera diyersion; y estoy ya muy desenga-
LIBRO TERCERO. 113
ftado de las mageres. No temo que en mi veje2 me cuenten en
el numéro de aqnellos Tiejos lasciyos , à quienes las mozuelas
Tenden sus mentidos ë interesados favores à precio de oro.
lOby J que dichoso es Tmd. ! exclamé el corregidor. Tenian-
le contra toda razon por un espia, personage que de ningun modo
podia convenir à un hombre de su carécter. Prosiga vmd.,
don Bernardo , en vivir como ha vivido hasta aqui. Tan lëjos
estaré de turbar sus dias tranquilos y serenos , que desde luego
los enyidiOy y me dedaro por su defensor. Pidole à ymd.
sa amistad, y yo le ofrezco la mia. ; Ah sefior ! exclamô mi amo
penetrado de tan atentas como apreciables palabras , admito el
precioso don que Y. S. me ofrece. Su amistad es complemento
de mi felicidad. Despues de esta conversacion , que el alguacil
y yo oimos desde fiiera , el corregidor se despidiô de mi amo ,
que no hallaba expresiones con que manifestarle su agradeci-
nûento. Yo de mi parte , por imitar à mi amo , y ayudarle à
hacer los honores de la casa, hartè al alguacil de profiindas cor-
tesias » aunque en el corazon le miraba con aquel tedio- con
que todo hombre de bien mira à un corchete.
CAPITULO U.
De la admindioii que caïuô i Gil Bias el cncuentro oon el capitan Rolando, y de
las cosas cariosas que le oontô aquel bandolero.
Luego que don Bernardo de Castelblanco hubo despedido al
corregidor acompaûàndole hasta la calle, Tohiô prontamente ù
œrrar el cofre, y todas las puertas que le resguardaban. Hecha
esta diligencia saliô de casa muy placentero por haberse gran-
jeado tan importante amistad » y yo no ménos alegre por ver
asegurados ya mis seis reaies. La gana que tenia de contar esta
aventura à Melendez me obligé à encaminarme à su casa , pero
al estar ya cerca de ella me encontre con el capitan Rolando.
No puedo explicar lo sorprendido que me quedé con este en-
cuentro , ni pude ménos de estremecerme y temblar à su yista.
El tambien me conociô » llegôse à mi grayemente , y conser-
Tando todayia su aire de superioridad , me mandô le siguiese.
ObedeciletemblandOy y en el camino iba diciendo entre mi mis-
mo: {Pobre de mi! ahora querré que le pague todo lo que le
debo. ^À donde me lleyarâ? puede que tenga en esta yilla al-
guna cueya oscura. { Diablo ! si tal creyera, en este mismo mo-
mento le haria yer que no tengo gota en los pies. Con estos
pensamientos iba andando tras de èl , muy atento é obseryar el
sitio donde pararia , con intento de huir de èl à carrera tcndida
por poco sospeehoso cpie me paredese.
8
114 GIL BLAS.
Presto me aacô Rolando de este cuidado , y desranecie todo
mi temor. Entrôse ea una fiamosa taberna ; segnile : mandô traer
del mejor vino ^ y dispuao se hiciese comida para los das.
Miënuras tanto nos metimos en un cuarto , y asi que el caipitan
se viô solo conmigo , me haUô de esta snerte ': Sin duda , Gil
Bias, que estaràs muy admirado de verte aqui con tu antigao
comandante ; pero mas te admirarés cuando hayas oido lo que
te voy à contar. £1 dia que te dejé en la oneva , y marché con
mis compaûeros à MansUla à Tender las mulas y caballos que
babiamos robado la noche ant^ior , encontràmos al hijo del
eorregidor de Leon, acompaftado de cuatro hombres i caballa,
todos bien armados , que seguian su coche. Acometimoslos : di-
mosmuerte à dos de ettos » y los otros dos hnyèron. Temiendo
el buen cochero hiciesemos lo mismo con su amo , nos suplicô
COQ Ugrimas que por amor de IMos no quitasemos la vida al
hijo ùnico del seûor eorregidor de Leon. Estas palabras, en yez
de enternecer à mis oompafteros, les enardeciéron mas. Sefiores,
d^o uno » no dejemos escapar al bijo del enemigo mas mortal
de los de nuestra profèsion. i A cuantos de estos no ha hecho
ajusticiar su padre? Yenguémoslos , y sacrifiquemos esta rio-
lima à sus cenizas. Todos los demas aplaudièron tan inhumano
consejo , y hasta mi teniente iba ya à ser el gran sacerdote de
aquel sangriento sacrificio, si yo no le hubiera detenîdo el
brazo. Aguarda , le dije ; i à que fin derramar sangre sin nece^
sidad? Contentémonos con el bolsîllo de este pobre mozo, y
pues no hace resistencia , séria una barbaridad matarle ; fuera de
que él no es responsable de las acciones de su padre, ni aim el
padre en condenarnos é mnerte hace mas que cumpiir con la
obligacion de su oficio, asi como nosocros complimos con la del
nuestro en robar i los caminantes.
Intercedi, pues» por el hijo del eorregidor, y no le foé inteil
mi interœsion. Solo le cogbnos todo el dinero que Heyaba, y
jontamente nos apoderàmos de los caballos de los dos hombrea
que habian muerto en la refriega, y vendimoslos enMansiMa con
los demas que conduciamos. Volyimonos despues é nuestro so-
terréneo, à donde llegémos el dia siguîente poco Antes de ama-
necer* No quedàmos poco atônitos de yer levaatada la trampa ,
y mucho mas de encontrar A Leonarda àmarrada fuertemenle en
la oocinaâ Contônos en dos palabras todo lo acaecido, y nos ad-
mirémos mucho de que hubieses podido engafiarnos ; nnnca te
hubieramos creido eapaz de jogarnos semejante petardo , y te
perdonàmos el cbasco en gracia de la inyencion. Lnego que des-
atamos A la cocinera , le di ôrden de que nos oompu»ese bien
de corner. Entre tanto foiotos A la caballerna A cuidar de los
cabaUos , y encontrAmos casi espirando al yiejo negro , que en
yeinte y cuatro horas no habia probada bocado, ni yisto per*
LIBRO TERCERO. 113
tona dgana que le Bocorriese. Deseabimos darle algun afiirio ,
pero hsiiia perdido ya del todo el çonocimieiito , y nos pare^
d6 an caso tan desesperado d sujoj que , à peaar de noestra
boena Tcrfnntad, desamparimos A aqoel miserable que estaba
entre la Tida y la muerte. No por eso dejàmos de aentarnoa
i fat mesa ; y despoes de haber almorzado grandemente nos re-
tirémos à noestros cuartos , donde eatayimos dtamiendo 6 de^
cansando todo el dia. Cuando despertâmos nos dqo Leonards
que ya habia maerto Domingo. Ueyémoa el eadàyer à la coya-
Aai donde te acordaris qne dormias , y alii le hicimos el fane-
rai y como si bnbiera tenido el honor de ser uno de noestros
compafleros.
Al cabo de cinco 6 seis dias sacediô que , babiendo hecbo una
salida, encontrémos muy de mafiana A la entrada del bosqne très
cuadrHIas de la santa Hermandad , que al parecer nos esta-
ban esperando para dar sobre nosotros. Al pronto no des^
cubrimos mas que una. No la temimos ; y aunque superior en
numéro â nuestra tropa la atacàmos ; pero al tiempo que eataba^
mos peleando con ella , las otras dos, que habian hallado modo
de mantenerse embosardas , se echéi'on de repente sobre noso-
tros y nos rodeàron de manera , qoe de nada nos siryiô nuestro
yalor. Fuènos necesario céder al nâm^ro de )os enemigos. Nues*
tro teniente y dos de nuestros camaradas muriéron en la
fnndon. Los otros dos y yo, cercados por todaa partes, nos
yimos predsados à rendirnos ; y miéntras las dos cuadrillas noa
Deyaban presos à Leon , la tercera fiié à oegar y destruir la eue-
Ta, que file descubierta del modo sîgoiente: atrayesando el
bosqoe un labrador dei lugar de Luyego yolviendo à sa casa,
yî6 por casualidad alzada la trampa de k cneya que dejAste
abierta el mismo dia que te escapéste con la sefkora , y sospe--
ch6 que aqoeila era nuestra habitacion, y no teniendo yador
para entrar en ella , se cootentô con obseryar bien sus contor^
nos ; y para acertar mejor con el sitio descortezô ligeramente
algonos irboles yecinos , y otros mas de trecho en trecho ,
tiasta estar fuéra del bosqœ. Pas6 despoes à Leon , diô parte
de aquel descubrimiento al corregidor , cuyo gozo fné mucho
mayor , por cnanto estaba iaformado de que su bijo habia sido
robado por nœstra compaûia. El corregidor hizo juntar las très
coadrWas para prendemos , y les diô por guia al labrador que
habia descubierto el soterràneo.
Mi Hegada à la ciudad de Leon fné on grande especciculo
para todos sas yecinos. Auncpie yo bubieca sîdo on general por-
mgoes ' hedio prisionero de guerra , no habria sîdo mayor la
cvrîoeidad con que todos corrian y se atropellaban por yerme.
' yësK U hûU pàg. 110.
116 GIL BLAS.
Aquel es , decian, aquel es el capitan , y el terror de toda esta
tierra: merecia ser atenaceado , y no ménos sus dos compaûe-
ros. Presentâronnos al coriregidor , que dcsde luego comenzô A
insultarme : Ya lo yes , malvado, me dijo ; el cielo cansado de
tus delitos te ha entregado & mi justicia. Seflor , le respondi , es
cierto que he cometido muchos ; pero à lo ménos no tengo que
acusarme del de haber quitado la vida al hi:o de Y. S* Si yîye ,
à mi me lo debe ; y me parece que este servicio es acreedor
i algun reconodmiento. \ Ah iniame ! replied , sin duda que es*
taria bien empleado un procéder generoso con hombres de tu
caràcter. Y aun cuando yo te quisiera perdonar, ^me lo per-
mitiria por yentura la obligacion de mi empleo? Dicfao esto
nos mandé meter en un calabozo , donde no dejô podrir & mis
compafleros. Saliéron de él al cabo de très dias para represen-
tar un papel un poco tràgico en la plaza mayor. Por lo que toca
à mi , estuye très semanas enteras en la càrcel. Tuye por cierto
que se dilataba mi suplicio para que fuese mas terrible ; y en
fin , cada dia estaba esperando un nueyo gënero de muerte ,
cuando al cabo mandô el corregidor que me Ueyasen à sa
presencia , y estando en ella me dijo : Oye tu sentencia. Quedas
libre. Si no fuera por ti , mi hqo hubiera sido asesinado en me-
dio de un camino. Como padre deseaba agradecerte este gran
beneficio ; pero no pudiendo absolyerte como juez , escribi à là
corte en tu feyor. Pedl aJ rey el perdon de tus delitos , y le con-
segui. Yete à donde quieras ; pero o-éeme , aftadiô, aproyéchate
de tan feliz como no esperado suceso. Yuelye en ti, y abandona
para siempre esa desastrada yida.
Atrayesado el corazon cou estas ultimas palabras, tome el
camino de Madrid , con prop6sito de yiyir con sosiego en esta
yilla. Encontre ya muertos â mis padres , y su herenda en manos
de un yiejo pariente nuestro , que me diô aquella cuenta fiel que
acostumbran los tutores. Solo pude lograr très mil ducados, que
acaso no componian la cuarta parte de lo que debia heredar.
Pero iqué habia de hacer? Nada adelantarîa con ponerle pleito ,
sino tener de ménos todo lo que gastase en él. Por huir la ocio^
sidad compré una yara de alguacil ; y segun cuqaplo con mi em-
pleo , parece que no he tenido otro en toda mi yida. Mis nueyos
compafleros por decoro se habrian opuesto à mi admision si
bubieran sabido mi historia ; pero por fortuna mia la ignoraban,
6 (lo que yiene à ser lo mismo) afectéron ignorarla, porque
en este bonrado cuerpo todos tienen interes en que no se sepan
sus hechos, susyirtudes y milagros. Por la misericordia de Dios
ninguno tiene nada que echar en cara â los demas ; lleye el diablo
al mejor. Con todo eso , amigo mio , continué Rolando , yo quiero
descubrirte mi corazon. No me gusta el oficio que he tomado.
Pide una conducta demasiadamente delicada y misteriosa , que
LIBRO TERCERO. 117
solo da lugar à suUlezas y raposerias. {Oh , y cuanto echo de
mènos mi antigua y noblo profesion ! Confieso que es mas se-
gon la nueva , pero es mas gustosa y divertida la otra, y yo soy
amante de la alegria y de la libertad. Yoy yiendo que tengo traza
de exonerarme de este empleo , y desaparecer el dia mënos pen-
sado para retirarme à las montafias que estàn en el nacimiento
del Tajo. Se que hay alli cierta madriguera , habitada por una
Talerosa tropa llena de Catalanes determinados, cuyo nombre
solo es su mayor elogio. Si me quieres seguir, irèmos à aumentar
el oàmero de aquellos grandes hombres. Me brindan con el em*
pleo de seg[undo capita de tan Oustre compaftia; y harè que te
reciban en ella, asegur&ndoles que diez veoeste he yisto com*
bâtir é mi lado , y ensalzarè hasta las nubes tu yalor. Hablaré
mgor de ti que un general de un oficial cuando le quiere ade-
lantar ; pero me guardaré bien de tomur en boca la pieza que nos
jogiste , porque esto te haria sospechoso, y asi no dire palabra
de la aventura consabida. Ahora bien, afladiô, gestes pronto i
segainne ? Ëspero tu respuesta.
Cada uno tiene sus inclinaciones , respond! i Rolando ; ymd.
es inelinado à las empresas àrduas y peligrosas , y yo à una TÎda
tranquila y sosegada. Ya te entiendo , me interrumpiô ; aquella
seûora, cuyo amor te hizo hacer lo que emprendisie, latienes
todavia mny dentro del corazon ; y sin duda que en su amable
coinpafiia gozas aquella Tida cémoda y gusiosa & que te llama tu
nclioadon. Gonfiesa con sinceridad que, despues de haberle restt*
tuido susmuebles, estais comiendo juntos los doblones que re-
cogisteis y robàsteis de la cueya. Respondile que estabà muy equi-*
vocado, y para desengaflarle, en pocas palabras le conté toda la
historia de la sefiora, con todo lo ciemas que me habia sucedido
desde que me escape de su compaikia. Al fin de la comida me
ToWiô à hablar de los seftores catalanes, y me confesô que e»-
taba resuelto à ir à juntarse con ellos, volyiëndome à dar otro
tiento para persuadirme à que abrazase aquel partido. Pero
îiendo que no lo podia conseguir, me miré con un aire fiero,
y me dijo con cierta seriedad feroz : Ya que tienes un corazon
tan yil y bajo que prefieres tu seryil condicion al honor de en-
trar en la compaAia de unos hombres yalerosos , te abandono i
la viOania de tus ruines inclinaciones : mas escucha bien las par-
labras que yoy à decirte , y gràbalas profiindamente en tu me-
moria. Olyida enteramente que me yolyiste à encontrar hoy , y
jamas me tomes en boca con persona yiyiente de este mundo ;
porque si llego & saber que alguna yez has hablado de mi... Ya
me conoces , y no te digo mas. Al decir esto llam6 al tabemero,
pag6 la comida, y nos leyantàmos. de la. mesa para ir cada cu^
por su camino.
118 GIL BLA8.
CAHTDLO UI.
Deja Gil Bias à dpn Bernardo de Caaftelblanoo » y entra i senrir i an elegante.
Salimos de la tatMrna, y cuando nos eslabamos despidiendo
«no y otro pasaba mi amo por la calle. Y iàme , y observé que
mas de una tcz se yokiô à mirar oon cuidado al capîtan. Pa*-
reciôme que le habia sorprendido el yerme en compaftia de se-
mejante sugeto. A la yerdad , la traza de Rolando no excitaba
ideas muy ftvorables de sus costumbres. Era un hombre mny
aho, carilargo, de nariz aguilefia; y aunque no de desgraciada
igora, tenia no se que trazas de un grandisimo bribon.
No me engaftè en mi sospecha. Cuando don Bernardo se re-
tiré â casa por la noche , le halle muy prevenido contra la cata-
dura de] capitan» y propenso à créer todas las proezas que yo
le pudiera contar de él , si me hubiera atrevido à referirselas.
Gil Bias, me dijo, ;quien era aquel pajarraco con quien te vi
poco hace? Respondile que era un alguacil, y me imaginé que
quedaria satisfecho con esta respuesta ; pero me hizo otras mu-
dias preguntas, y como me yiese perplejo en las respuestas,
porque me acordaba de las amenazas de Rolando , cortô de re-
pente la conversacion , y metiôse en la cama. La mafiana si-
guiente, luego que acabé de hacer las haciendas ordinarias me
entregô seis ducados en lugar de seis reaies , y me di)o : Toma,
amigo , estos ducados por lo que me has servîdo hasta aqui , y
▼ete i servir à otra casa , queyo no me puedo acomodar oon on
criado que cultiva tan honradas amistades. De pronto no me
OGurriô otra cosa que decirle sino que habia eonocido en Yalla-
dolid à aquel alguacil , con motivo de haberle asistido en cierta
eniermedad cuando ejercia yo la medicina. ;BelIamente! No se
puede negar que es ingeniosa la salida; mas ^porqué no respon-
diste anoche lo mismo en vez de turbarte? Seflor, le dîje, no me
atrevi i decirlo por prudencia, y esta es la verdad. Ciertamente ,
mereplicô, dàndome carifiosas palmaditas en el hombro, que
eso es ser prudente hasta lo sumo , y en yerdad que yo no te te*
nia por tanto. Anda, hijo mio , yete en paz , y date por despedido.
Partime inmediatamente, y fiiime en derechura à dar esta mah
noticia à mi protector Melendez, el cual me dijo por coosolarme
que pensaba hacer diligencias para acomodarme en otra casa me-
jor. Con efèctOy pocos dias despucs me dijo : Amigo Gil Bias,
muy léjos estaris tu de pensar en la fortuna que ahora yoy A
anundarte. Tendras el mejor puesto del mundo. Sàbete que te he
acomodado con don Matias de Silya. Es un sujeto de la primera
distincion, y uno de aquellos sefloritos mozos que se llaman
LIBRO TERCERO. 119
eêegtaaa. Tengo la hoara de ser sa mercader. Acude à mi tienda
por todo cuanto se le ofrece : es yerdad que todo ^^a ai iiado ;
pero nada se ya à perder aunca con estos seftores. Comanmente
se casan cob herederas ricas , que pagan todas sus deudas ; y
cnando esto no , se le cargan los gàieros à tan subido precio »
qoe annqne no se cobre mas que la cuarta parte de las partidas ,
siempre queda ganancioso el mercader que sabe sn oficto. £1
mayordomo de don Matias es amigo mio : yamos à boscarle, que
èl es quien te ha de présentât k su amo, y puedes estar seguro
de que por respeto mio bare de ti particular estimacion.
Miëntras ibamos caminando à casa de don Matias, me dijo el
mercader : Paréceme may conyeniente que estes informado del
carécter del mayord<mio. LUmase Gregorio Rodriguez , y aqui
para entre los dos, es an hombre nacido del polyo de la tierra ,
y sintiéndose con talento para d manejo econàmico , siguiô su
indinacion , y Se ha enriquecido arruinando dos casas cuyas ren-
ias nuuig6. Te preyengo que es hombre muy yano , y gusta mucho
de que los demas criados se le humillen. A ël han de acudir to-
dos los que pretenden algnna gracia del amo. Si alguno consigne
algo sin su participaeion , siempre tiene prontos mil artificios
para hacer que se reyoqne la gracia , 6 que le sea enteramente
initll. Ten esto présente para tu gobiemo. Haz tu oorte al'seftor
Rodriguez , aun mas que à tu mismo amo , y no perdones dili-
gencîa alguna para eonseryarte siempre en su fayor. Su amistad
le sera de gran proyecho, te pagarà puntualmente tu salario, y
si logras merecer sa confianza no se ccmtentarà con esto , por--
que tiene mnchos arbitrios para dar en que ganar. Don Matfas es
on mozo que S(do piensa en diyertirse , y nada cuida de los in^
tereses de su casa. Mira ahora si poede haberla mejor para tal
mayordomo.
Laego que llegémos i la casa pregantémos si podîamos hablar
al seftor Rodriguez. Respondiëronnos que si , y que leencontra-
riaoïos en su coarto. Efectiyamente le hallémos en él , y estaba
€on on labrador, que tenia en la mano un talego de terliz , lleno ,
i lo que pareda, de dinero. £1 mayordomo, que me pareciô
■las péUdo y amarillo que una doncella cansada de su es^
tado, se leyantô apresurado , y cotrib con los lM*azos abiertos à
recibir é Melendez. £1 mercadar abriô tambien los suyos , y se
abraziroQ estrechisimamente , en cuyas demostraciones de amor
habia por lo ménos tanto artifido como yerdad. Despues de esto
se tratô de mt. Rodriguez me examiné de pies à c9Â)eza , y me
dgo coH mucha afobilidad que yo era el mismisimo que conyenia
é don Matias, y que ël tomaba à su cargo presentarme à este
sefior. Le significô el mereader lo mucho que se interesaba por
mi , y suplic6 al mayordomo que me tomase bajo su proteccîon ,
y dejénitome cod ël se retiré, despidiëndose eon mochos cum-
120 GIL BLAS.
plimientos. Luego que saliô , me dijo Rodriguez : Yo te presen—
taré al amo despues que haya despachado a este pobre IsÂrador.
Acercose al paisano , y tomindole el talego le dijo : Veamos si es-
tàn aqui los quinientos doblones. Contôlos por su misma mano »
y hallàndolos justos , diô su recibo al labrador, y le despidiô.
Guardô luego los doblones en el talego , y Tuelto é mi : Ahora
podemos ir, me dijo , à Ter al amo , que se estarà yistiendo ,
porque no se leyanta hasta medio dia , y ya es cerca de la una.
Con efecto , acababa entônces de leyantarse don Matias.£staba
en bâta , repantigado en una silla poltrona , con una piema so-
bre un brazo de la silla , y era su ocupacion estar picando un
cigarro. Hablaba con un lacayo que bacia oficio de ayuda de cà-
mara interinamente. Seftor, le dijo el mayordomo , aqui esti este
mocito, que tengo el gusto de presentar é V. S. para reemplazar
al criado que se sirriô despedir antes de ayer. Su fiador es Melen-
dez el mercader de V. S. : asegura que es un mozo de mértto , y
yo creo que V. S. estarà contento con èl , y se darà por bien ser-
Tido. Basta que tu me le présentes , respondiô su seftoria , para
quelereciba: yo le declaro desde luego mi ayuda de cémara, y
queda ya eracuado este negocio. Rodriguez , hablemos de otra
cosa , pues has yenido cuando iba à mandar que te llamasen. Te
Yoy à'dar una mala nueya , mi amado Rodriguez : anoche estuye
muy desgraciado en el juego ; perdi cien doblones que lleyaba en
et bolsillo , y otros doscientos sobre mi palabra. Ya sabes lo ne-
cesario que es à personas de mi condicion pagar cuanto antes
este gènero de deudas. Estas son propiamente las que el honor
nos obliga à satisfocer con puntualidad : las otras basta que se
paguen cuando se pueda. Es preciso , pues , que me busqués en
el dia doscientos doblones, y se los enyies à la condesa de Pe-
drosa. Seûor, respondiô el mayordomo, mas fôcil es decirlo que
ejecntarlo. ;Donde quiere Y. S. que encuentre yo tanto dinero ?
No puedo cobrar un marayedi de sus arrendadores por mas
amenazas que les hago; me es indispensable mantener la casa y
la familia con toda la decencia que conyiene ; me cuesta sudores
de sangre el hallar modo para soportar tanto gasto. Es yerdad
que hasta aqui , por la miserioordia de Dios , le he podido sobre-
lleyar; pero no se ya a que santo encomendarme , y me yeo re-
dncido al ultimo apuro. Cuanto estes hablando es inùtil , respondiô
don Matias, y todas esas noticias solo siryen de enfedarme. Ro->
driguez , no tienes que esperar que yo mude de conducta , ni que
quiera tomar à mi cargo el gobiemo de mi hacienda. ; Porcierto
que séria muy buena diyersion para un hombre como yo ! ; Pa-
cienda! replicô el mayordomo : en tal caso estoy persuadido de
que presto se yerà Y. S. libre para siempre de ese cuidado. Ya
me cansas , y me matas con tanta bachilleria , repuso enfiidado el
sefk>rita Ôèjame arruinar sin que me lo recuerdes. Es menester»
LIBRO TERCERO. 121
te digo , qae busqués esos doscientos doblones ; Taelyo é decîr
que es menester, y quiero precisamente que los busqués y los
haDes. Pues segun eso , dijo Rodriguez , yoy à Ter si los quiere
dar aquel buen Tiejo que otras^eces ha prestado dinero à V.S.,
aonqae à creeida usura. Ve , y recurre aunque sea al oiismo dia-
bio y respondiô don Mafias : como yo tenga los doscieutos do-
blones, todo lo demas no me importa un bledo.
No bien acababa de decir estas palabras colérico y enojado »
enando al irse el mayordomo , entré en su cuarto otro seftorito
mozo, Uamado don Antonio Centelles. ^Quë tienes, amigo? pre-
guntô este é mi amo: perece que estas de mal humor ; yeo en tu
semblante un cierto no se que , que me lo hace sospechar. Sin
duda que te ha puesto asi el bruto queacaba de salir de aqui. Es
derto, respondiô don Matias : es mi mayordomo , y siempre que
Tiene à mi cuarto me da un mal rato : no sabe hablar sino de mis
negocios , y repite mil yeces que me como mis rentas , y me en-
guUo el capital ; ] gran bestia ! como si IFuera él quien lo perdiese.
Amîgo y respondiô don Antonio , en el mismo caso me hallo yo.
Mi mayordomo no es mas mirado que el tuyo. Cuando el gran-
disimo ganapan en fuerza de mis repetidas ôrdenes me trae algun
dinero , no parece sino que me dà lo que es suyo : me dice que
me pierdo , y que todas mis rentas estén embargadas. Yéome
predsado à tomar la palabra para cortar la conyersacion. Pero lo
peor de todo es , dijo don Matias , que no podemos yivir sin estas
gentes , y que para nosotros es este un mal necesario. Conyengo
en eso , respondiô Centelles... Pero aguarda un poco , prosiguiô
reyentando de risa , que ahora , ahora me ocurre un pensamiento
mny gracioso y nunca imaginado. Podemos hacer cômiças las es~
cenas sérias que cada dia représentâmes con estes hombres , y
que nos sirya de diyersion lo mismo que nos apesadumbra. Ha-
gémoslo de este modo. Yd pediré à tu mayordomo el dinero que
hayas menester , y tu pedirés al mio el que yo necesite. Dejaré-
mosles decir todo lo que quieran , y nosotros los oirèmos con
oidos de mercader. Al cabo del aflo tu mayordomo me presen-
tarà sus cuentas , y el mio te daré las suyas. De esta manera yo
solo ciré hablar de tus gastos : tù solo tendras noticia de los mios ;
y y eras como nos diyertimos.
A esta ingeniosa inyencion sesiguiëron mil chistosas agudezas/
que alegràron à los dos seftorttos , y une y otro laslleyàron ade-
lante eon mucho alborozo. Interrumpiô Gregorio Rodriguez su
alegre conyersacion , entrando en la sala acompafiado de un ye-
jeté tan calyo , que apénas se le descubria un cabello. Quiso des*
pedirse don Antonio , y dijo : Adios , don Matias , que presto nos
yolyerëmos à yer. Quiero dejarte oon estes seflores , con quienes
quizà tendras que tratar negocios importantes. No , no , respon-
diô mi amo : estate aqui , que tu en nada nos estorbas. Este buen
139 GIL BLA&
Tîejo que yes es un honibre raoy de bien , que me presta dmero
i un Teinte por ciento. j^Como d un veinie por àeniof replicô Cen-
telles como admirado. À fé que has sido afortunado en caer en tan
bnenas manos ; yo oompro el dinero é peso de oro , porqne ningii^
no me le qniere prestar mënos de à treinta y ires por ciento.
iQué usura! exdamo entônces el usurerisimo Tiejo, ^tioien al-
ma esos bribones ? i creen por Centura que no hay otro mnndo ?
Ya no extraAo que se déclame tanto contra las personas que près—
ttfi i interes. £1 exorbitante precio i que venden sus emprèstkos
es lo que nos desacredita à todos » quiténdonos hi honra y la re--
putacion:yo i lo ménos solo presto pnramente por senrir i Ion
que se yalen de mi ; y si todos mis compaùeros siguieran mi
ejempio no estariamos tan desacreditados. ;Ah! si los tiempos pré-
sentes fueran tan felices como los pasados , tendria el mayor gus*
to en abrir mi bolsa , y ofrecèrsela à Y. S. sin el mas minimo
interes , pues aun en medio de mi pobreza casi tengo escrupolo
de prestar mi dinero i un miserable Teinte por ciento. i Mas ob
Dios ! parece que el dinero se ha Tuelto à enterrar en las entra*
ûas de la tierra : ya no se encuentra un ochaTO , y su escasez me
obliga à ensancliar U0|»O€O las estrechas reglas de mi moralidad.
^Cuanto dinero ha menester Y. S? preguntô, ToWiendose
bàcia mi amo. Doscientos doblones » respondiô este. Cuatrocien-
tos traigo en un talego , dijo el usurero » contarè la mitad , y se
la entregarè i Y. S. Al mismo tiempo sao6 de debajo de la capa
un talego de terliz , que me pareciô ser el mismo que aquel labra-
dor acababa de dejar con quinientos doblones en el cuarto de Ro-
driguez. Luego me ocurriô lo que debia pensar de aquella manio-
bra , y tI por experiencia la mucha razon con que Melendez me
habia ponderado lo diestro que era el mayordomo en hacer so
negodo. El Tiejo abriô el talego , Taciô los doblones sobre una
mesa y y pùsoseà contarlos. La Tista de toda aquella cantîdad
encendiô la eodicia de mi amo. Sefior Dimas , dijo al usurero , aho-
ra mismo me ocurre una reflexion , que me parece cuerda. Yer-
daderamente yo era un pobre mentecato cuando solo pedi à Tmd.
el dinero que precisamente hàbia menester para desempefisr mi
honor y mi palabra ; no acordàndome de que me quedaba sin un
ochaTO para el gasto preciso de mi casa , y que maflana me Toria
precisado à recurrir à Tmd. Tomaré , pues , esos cuatrodentos
doblones sobre el mismo piè , para excusarle el trabajo de hacer
otro Tiaje é mi casa. Seftor , respondiô el Tîejo , es cierto que te-
nia destinada una parte de este dinero para un buen lîcenciado ,
heredero de grandes posesiones, que emplea cuanto tiene en reti-
rer del mundo à muchas pobres jÔTenes que peligraban en ël ,
manteniéndolas despues en su retiro ; mas una Tez que Y. S. nece-
sita de esta cantîdad , ahi la tiene toda à su disposioion. Basta que
Y. 8. se digne sefiakr Upoiecas sufidentes y libres para asegurar
LIBRO TERGERO. 12S
ricqrifialy los rèdilos. i Oh ! porlocpie toca àlasegoridad, inter-
mm^ Rodrigaez sacando del bolsfllo un papel , la tendra ¥md.
aon fluiyor de la qoe pudiera desear , solo con qae el sellor don
Mafias se digne echar su finna en esta letra de cambio. En Tutnd
de dia libra à ruestro favor qutnientos doblones contra Tidegon
«rrendador de los estados de Mondejar. Me confonno , repHcé
d usurero , porqne no soy hombre que me haga de rogar. En-
tteoes el mayordomo presentô una pluma à mi amo , que sin
leer la letra firme su nombre talareando.
CondiHdo este negodo , se despidiô el Tiejo de don Matias,
y esie le diô un estredio d[>razo , dicièndole: Hasta la vista , s^
ftor Dimas , soy todo de ymd. No se cierto porqué son tenidos por
braxmes todos los de su oficio. Yo por mi juzgo que son unos en-
tes mny necesarios al estado , el consuelo de mil hîjos de familia ,
y el recurso de todos los seûores que gastan mas de lo que per-
Bûten sus rentas. Tienes razon, dijo entônces Gentelles, los
usoreros son unos bombres de bien , que merecen ser muy esti-«
mados y honrados ; y yo qui^o abrazar tambien à este , que Fe
eotttenu oon un veinte por ciento. Diciendo esto se acercô al vîejo
para abrazarle , y los dos elegantes para divertirse se lo enyiaban
reciprocamente nno al otro , como si fiiera una pelota. Despues
de haberle bien zarandeado , le dejàron ir con el mayordomo »
que merecîa mejor aquellos zarandeos y aun alguna cosa mas.
Luego que sdiô Rodriguez con el testaferro de sus maldades
enviô don Matias à la condesa de Pedrosa la mitad de aquel dinero
por mano de un lacayo que estaba conmigo en la antesala , y la
otra mitad la metiô en un bolsillo de seda y oro , que llevaba or-
dinariamente en la faltriquera. Contentisimo de verse con tanto
dinero , dijo muy alegre à don Antonio: Y bien ;en que hemos
de pasar d dia de boy? Pensteioslo un poco , y tengamos entre
los dos consejo privado. Que me place , respondiô Centelles , que
eso es ser hombre dejuido: conferenciemospues.Cuando iban i
tratar de lo que habian de hacer, entriron otros dos seftoritos,
poco mas 6 mènos de la misma edad de mi amo , esto es de veinte
y ocho i treinta alk>s ; uno de los cuales se Uamaba don Alejo
Seguier , y el otro don Fernando de Gamboa. Luego que se viéron
juntos los cuatro , comenzàron à darse tantos abrazos como si en
diez aftos no se hubieran visto. Despues de esta ceremonia don
Fernando , que era de genio muy alegre , dirigiendo la palabra i
don Matias y i don Antonio: Y bien, seAores , les dijo: ^donde
pensais comer hoy? Si no estais convidados os quiero Uevar à
una casita de los cidos , donde beberéis un vinito de los dioses.
Anoche cenè en ella , y no sali hasta las cinco ô seis de la mafia-
na. Ojali bubiese yo tenido la misma prudencia , exdamô mi amo ,
pues asi no hubiera perdido mi dinero.
Yo y d^o Centelles , quiie tener anoche una nueva diversion ,
134 GIL BLAS.
porqae la variedad es madre del gusto. Llev^e un amigo i casa
de uno de aquellos ricotes que hacen su negocio manejando los
del estado ; un asentista. £n el adorno de la casa se'yeia magnt-
ficencia y eleocion de muebles exquisilos ; la mesa bien cubierta
y senrida ; pero descubri en los amos de la casa cieita ridiculez ,
que me divirtiô extremadamente. El duelk) , aunque de nacimiento
bajo y de educacion grosera , afectaba modales à lo grande. Su
muger , aunque era fesi de gana , creia ser una Vénus , y adeinas
decia mil necedades , sazonadas con un acento irizcaino que les
daba nn gran realce. Fuera de eso , estaban sentados à la mesa
cuatro ^ cinco nifios con su ayo. Considerad ahora cuanto me di-
yertiria aquella cena casera.
Pues yo y seflores, dijo don Alejo Seguier , cenë con una come-
* dianta , con Arsenia. Eramos seis de mesa: Arsenia , Florimnnda,
una nifia amiga suya , maja de profesion , el marques de Zenete ,
don Juan de Moncada , y yuestro seryidor. Pasémos la noche en
beber y en decir galanterias. \ Pero que noche ! Es yerdad qae
Arsema y Florimunda no son de las mas discretas ; pero ; que im-
porta? su desembarazo snple la felta de talento. Son unas criatii-
ras tan alegres , yiyarachas y diyertidaa, que las prefiero à las
mugeres juidosas.
CAPITULO IV.
Haoe amistad Gil Bias con los criados de los elegantes ; secreto admirable que
estos le enseniron para lograr â poca oosta la faroa de hombre agudo , y sin-
gular jiiramento que i instancia de ellos bizo en una cena.
Prosiguiéron aquellos seAoritos charlando de esta maneca, has-
ta que don Matias , à quien yo entretanto ayudaba à yestir , se
hallo en disposicion de poder salir de casa. Dijome entôncesqoe le
siguiese ; y todos los cuatro elegantes toméron juntos el camino de
la casa adonde habia ofirecido lleyarlos don Fernando de Gamboa.
Comenzé pues à marchar detras de ellos , juntamente con los otros
très criados , porque cada uno de los caballeritos Ileyaba el suyo.
Obseryé con admiracion que los taies criados procuraban remedar
en todo à sus amos , imitando su aire y moyimientos. Ssdudèlos à
todos , como un nueyo camarada suyo. Correspondiéronme de la
misma manera ; y uno de ellos , despues de haberme mirado atenta-
mente por un breye rato , me dijo : Hermano , conozco por toda
tu traza que nunca has seryido â ningun caballerito de esta es-
pecie. Es yerdad, le respondi, porque hamuypocotiempo que
llegué é Madrid. Asl me lo parece à mi tambien , replicô H , todayia
hueles à lugar , porque te yeo timido , atado , y obseryo en tu
modo de manejarte un no se que de aldeanismo , rusticidad y en-
LIMIO TERGERO. 1S5
eoghnmto. Pero no importa : yc te prometo sobre mi palabra
qae presto te desbastarémos y te pulirémos. Esa es lisonja , le ré-
pliqué. Nada* de eso , me respondiô : esta cierto de que no hay
hombre por tosco que sea à qnien no sepamos aoepillar y pulir.
No necesitâ decirme mas para que yo eonodese que tenia por
compafiaros nno lindos periHanes , y que no podia caer en ma-
jores manos para llegar à ser un mozo de proyecho. Cuando lie-
gémos i la ^ casa hallàmos ya preparada la mesa , y dispuesta
la oomida , que don Fernando hsÂia tenido cuidado de encargar
deade por la maftana. Sentàronse à la mesa nuestro amos , y nos-
otros nos dispusimos à servirles. Comenzàron é comer y i
charlar con mucha alegria , y era para mi grandisima diversion
el yerlos y oirlos. Su carécter, sus pensamientos y sus expresiones
me dÎTertian completamente. ; Que TiTeza ! ; que chistes ! j que
agndezas ! me parecian unos bombres de diférente espede. Cuan-
do se sÔTTiëron los postres les pusimos muchas botellas de los
mqores TÎnos de Espafla , y levantados los manteles nos reti-
rémos los crîados à otro cuarto, donde habia mesa para nosotros.
Tardé poco en conocer que los caballeros criados de mi cua-
driOa eran hombres de mucho mayor mérito de lo que yo me
habia imaginado. No se contentaban con imitar los modales de sus
amos ; afectaban hablar el mismo lenguage , y los bellacos lo ha-
dan tan i la perfeccion , que i réserva de un cierto aîrecillo de
nobleza , que no sabian remedar , en todo lo demas parecian los
mismos. Admirabame su desenvoltura y desembarazo , pero mu-
cho mas me admiraba su prontitud y la agudeza de sus dichos,
tando que absolutamente désespéré de llegar nunca é parecerme
à eDos. El criado de don Fernando , en yista de que su amo era
d que regalaba à los nuestros , hacia los honores del banqueté ,
y Uamando al duefto de la casa , le dijo : Patron , triiganos aci
diez botelhis del yino mas generoso que tenga , y segun ymd.
acostnmbra cérguelo en la partida del que bebiéron nuestros amos.
Con mucho gusto, respondiô él; pero, seâor Caspar, ya sabe
Tmd. que el sefior don Fernando me esta debiendo muchas comi-
das; si por medio de ymd.pudiera cobrar algun dinerillo...Oh ! res-
pondiô el criado , nopaseis cuidado porlo que se os debe. Yo salgo
por fiador de que las deudas de mi amo son como plata quebrada. Es
Terdad que algunos acreedores han hecho embargar nuestras
rentas, pero m^pana harémos que se levante el secuestro, y seréis
pagado de todo el importe de la cnoita sin examinarla. Tràjonos el
vino, no embargante el secuestro, y bebimospoderosamente mién-
tras llegaba el dia de que este se alzase. Eran de ver los brindis que
continuamente nos haciamosunos à otros , llamàndonos redpro-
camente por los nombres de nuestros amos. El criado de don An-
tonio llamaba Gamboa al de don Fernando , y el de don Fernando
ilamaba CenulUi al de don Antonio , y i mi me Uamaban SUva.
136 GILHJkS.
Poco à poeo HOB fîiisMMtodM emborraehanda bqo munnoÊAreB
postixoSy ni mas ni mèmMi como lo habiao heoho oiieatitM
sefiores amoa bajo los suyos propioa.
Annqiie en la realMad no brfllaba yo tanto como mia camanK
das y m embargo no dejiron de moatrarse bastante oontentos
conmtgo. Amigo Silva, me dijo uno de los niènoa tartaoiodoa ,
espero que barëmoa de ti algo bueno. Yeo que tieaes fonde é
ingenio ; pero no sabes aproyecharte de èl. El miedo de habiar
mal te acobarda : no te atreyes à hacerlo por* temor de decir
aignn despropôsito ; con lodo eso , ^coantoa pasau hoy en el
mundo por hombres agudos é mgeniosos, S(rio- porqne se
arriesgan à decir cuanto se les yiene à la boca , annqne digan
ta! yez cien disparates ? Calificarése de una noble yiyeza de ea-
piritu ta mismo atolondramiento. Aanqne digas mû desatinos ,
como entre ellos se te escape algnn didio agudo , se olyidaràn
las otras necedades , y solo se tendra présente y se oelebrari
la tal agudeza , haciëndose conoepto superior de ta singolar
mèrito. Esto y no mas hacen nnestros amos , y esto y no mas
debe hacer todo aquel que aspire à la reputacion de hombre de
ingenio y chiatoso.
Sobre qoe yo no aspiraba & otra cosa, el medio que me en^
seflaban para conseguirlo me pareciô tan fàc3 y practicable que
jozgué no debia despreciarle. Gomenzé é probarle inmediatamente ,
ynoayudô poco el yinoque habiabebido para que no me salieae
mal aquella primera prueba. Quiero decir, que desde luego co^
menzè à habiar à diestro y siniestro, y tuve la fortuna de mezclar
entre mil extrayagancias algunas agudezas, que -me granjeàron
grandes aplausos. Llen6me de gran confianza este primer enaayo.
Anmenté con tragos la charlataneria para que me ocurriese algun
oonceptillo, y qaiso la casualidad que no se malograsen mis ea-
fuerzos.
Ahora bien, me dijo el que me habia dado la inaportantiaima
leocion , ^no conoces tù mismo que ya empiezas à ciyiUzarte? Aun
no ha dos horas que est&a en nuestra oompaAia, y ya erea mn
hombre may diferente dd que eras : cada dia iras mejoraado. Ya
estéa yiendo y palpando que cosa es esto de seryir à caballeroa
y personas de distindon. insenaiUemente deya y ennobleee el
énimo; efecto que no se expérimenta siryiendo à gente baja» ni
aim é la de mediana condicion. Sin dada, le respond! , y por tanio
de hoy en adelante quiero oonsagrar mis seryidos i la noUeza.
{Brayo, brayo 1 exchmô el criado de don Fernando, que eataba
ya ahm^ado : no es dado é la gente baja el tener peosamîèntos
attos , ni talentos superiores eomo noaotros. Ea , seAores , aûadî6,
alto todos , y hagamos juramento por la laguaa Estigia de niniGa
seniri esa genledlla de media bràga. iMmonos mucbo del pen-
aamienio d^ Gaispar» edebrémosle,y ooa la botella en una anno
LIBRO TERGERO. 197
y el Taso en oCra , hicimos todos aqnel bufooesco Jnnunemo.
MantuTimonos sentados à la mesa hasta que plago i nueftros
aoMB redrarse, que fné à media noche; lo que à mis camaradas
pareGîô on exceso de sobriedad. Verdad es que si los tales seflo-*
litos saliAron de alii tan temprano , foe per ir à yer à una eleganta
mala cabeza que vivia en el barrio de Palacio , y tenia su casa abierts
dia y noche à toda la gente del bronce. Bra una mnger de tretnta
y ciBCO à cuarenta aAos, linda ai extremo, todavia de singular
atractivo , y tan diestra en el arte de agradar, que, segun se decia,
vendia mas caros los rebuscos de su belleza , que habia vendido
las primtdas. Vidian en la misma casa otras dos 6 très damas de
la misma laya, que no contribuian poco al concur so de sefiore»
que en eHa se Tcia. Ponianse A jngar despues de corner, oenaban
alli, y pasaban la noobe en beber y divertirse. Nnestros amos aê
detuYièron en la tal casa hasta el amanecer, y mièntras ellos se
dirertian eon las damas de buen humor, nosotros nos holgabamos
eon las oiadas , que no eran menos joviales que sus amas. En fin,
nos separâmos todos luego que se mostrô la aurora, y cada uno
se retiré à descansar.
Mi amo se levantô â medio dia como acostumbraba. Vistiôse,
salîô, segi^le , y entràmos en casa de don Antonio Centelles , donde
encotttràmos à un tal don Alvaro de Acufla. Era un hombre ya
entrado en aik>s , y disoluto de profesion. Todos los mozuelos que
qnerian ser elegantes se ponian en sus manos, y acndian à sn
êsGuela. Formàbalos à su gusto, ensenàndoles à hicnr en el gran
mnndo, y à malgastar sus caudales. Don Antonio no necesitaba
de esta leccion, porque ya se habia comido el snyo. Luego que
se abrazàron los très , dijo Centelles  mi amo :  fe, don Matias ,
que no podias haber llegado â mejor tîempo. Don Alvaro ha ve-
nîdo para Hevarme à casa de un particular que ha convidado hoy
i corner al marquez de Zenetey à don Juan de Moncada;y yo quiero
que ta seas del convite. Pero i como se Qama ese tal ? preguntô don
Matias. Se llama Gregorio Noriega , respondiô don Alvaro ; y en dos
palabras te dire lo que es est« mozo.Es hijo de m joycro rico que ha
ido â negodar en pedreria àlos paises eïtrangeros , y al partir le ha
dqado el goce de una gran renta. Gregorio es un pobre tonto , pro-
penso à comer y gastar todo su dinerohaciendo el elegant© , y qae re-
Virata por parecer hombre ingenioso y agudo , à pesar de la naturtH
leza , que no le ha concedMo esta gracia. Pùsose en mis manos partr
que le dirigîese ; yo lo hago à mi modo, y en verdad quelellevoea
buen estado, pues el fondo de su caudal est&ya medio eonsumido. Eso
es lo qneyo nodudo, mterrumpiôCenteOes, y eapero verie presto
en d bospilaK Yamoft, don Matias , conozcamos à ese hombre, y
ayud&nosle i que ncAe de arruinarse. Vengo en ello, dijo niî amo ,
porque tengo gran gusto en dar en tierra con la fortuna de eso0
seftoritos plèbeyos que qineren hondDrearse y conftmifirse oob
iS8 GIL BLA&
nosotros. ComOy por ejemplo , nada he celebrado tanto como la
raina del hijo de aqael asentiata, à qnien el juego y la iraaidad
de qaerer figurar con los grandes obligiron é vender su misma
cam. I Oh I replicô don Antonio, ese tal no merece le tengan lés-
tima, porque no es mènos nedo ni mènos presumido en sa miserîa
que lo era en su prosperidad.
Partiéron, pues, mi amo, Centelles y don Alvaro» à casa de
Gregorio Noriega. Mogicon, criado de Centelles , y yo, fdimos
tambien tras de ellos, muy persuadidos los dos de que nos es-
peraba una gran bucôlica , y ambos tambien muy contentos de
cooperar por nuestra parte & la destruccion de aquel pobre men-
tecato. AI entrar en su casa vimos mucha gente ocupada en disponer
la oomida , y nos diô en las narices un olor de cocina , que anunciaba
al ol£ato el recreo que tendria luego el paladar. Acababan de lie-
gar el marques de Zenete y don Juan de Moncada.Dejôse despues
yer el duefto de la casa, que desde luego me.pareciô un solem-
nisimo majadero. Afectaba inutilmente el aire y modales de los
elegantes; pero era una feisima copia de aquellos hermosos ori-
ginales , 6 por mejor decir, atolondrado que se esforzaba por os-
tentar despejo y desembarazo. Figurémonos un hombre de este
car&cter entre cinco bufones de profésion, empeûados ùnicamente
en burlarse de èl y en bacerle gastar cuanto tenia. Seftores, dijo
don AWaro despnes de los primeros cumplimientos , este es el se-
ftor Gregorio Noriega , que , sobre mi palabra , presento à ustedes
como uno de los mas cabales y perfectos caballeros. Posée mil
bellas prendas, y es un jôyen muy culto. (Escojan ustedes lo que
quisieren : es igualmente hâbil en todas las âicultades , desde la
lôgica mas alta y sutil , hasta la mas pura y delicada ortografia.
I Oh seftor I eso ya es demasiado , interrumpiô Gregorio , sonrién-
dose sin ninguna gracia: yo si , seftor don Akaro, que podia de-
cirselo à vmd., porque ymd. si que es aquello que se Ilama un
pozo de ciencia, Por cierto , replicô don Alyaro , que mi énimo no
foé buscarme una alabanza tan aguday discreta; pero en Terdad,
sefiores , que el nombre del seftor Gregorio haré gran ruido en
el mundo. Yo, dijo don Antonio, lo que admiro en él , aun mas
que su ortografia, es el acierto en la deccion de las personas
con quienes trata. En lugar de buscar comerciantes , solo gusta
de tratar con caballeros, sin darsele nada de lo macho que esta
comunicacion le ha de costar. Tiene unos pensamientos tan nobles
y elevados , que me admiran. Esto es lo que se Hama gastar con
buen gusto y gran discernimiento.
A estos irônicos discursos se siguièron otros muchos *en todo
semejantes. Burlàronse completamente del pobre Gregorio; y de
cuando en cuando, en tono de elogios, le lanzaban ciertas pullas
que no conocia el pobre bobo ; antes bien todo lo convertis en
sustancia tomando al pié de la letra cuanto le decian , y se mos-
LIBRO TERCERO. 129
traba miiy satisfecho de sus taimados huéspedes, creyendo le har
dan macho fayor, siendo asl que se mofoban de èl. En fin, fué el
hazmereir miéntras la comida, y aun todo el resto del dia y de la
noche, porque toda la pasàron los seftores mios en aquella direr-
mtL Nosotros bebimos à discrecion , ni mas ni mënos que nues-
Iras aoios, y todos estabamos bien compuestos cuando salimos
de a.w àA aeftor Gregorio.
^ CAPITULO V.
Vëse en Bias de repente en lances de amor oon una hermosa desconocida.
Despues de haber dormido algunas horas , me levante de buen
humor, y acordàndome del consejo que me habia dado Melendez,
fui miéntras despertaba el amo à hacer la corte al mayordomo , é
cuya yanidad me pareciô halagaba el cuidado que yo ponia en ren-
dirle mis obsequios. Recibiôme con mucho agrado, y me preguntô
si me acomodaba bien la yida que bacian los seftores. Respondile
que , aunque era nueya para mi, no desconfiaba de hacerme à ella
Gon el tiempo.
Eféctiyamente foé asi , porque tardé muy poco en acostum-
brarme. De reposado y juicioso que antes era, pasé de repente à
ser yiyaracho, atolondrado y zumbon. Diôme la enhorabuena de
mi trasformacion el criado de don Antonio ; y me dijo que para
ser hombre ilustre no me faltaba mas que tener lances amorosos.
Representôme que esta era una cosa absolutamentenecesaria para
formar un jôyen completo ; que todos nuestros camaradas eran
amados de alguna persona linda, y que él tenia la fortuna de que
le mirasen con buenos ojos dos seftoras de distincion. Crei que
mentia aquel bellaco , y le dije : Âmigo Mogicon , no se puede
negar que ères buen mozo y agudo ; pero no alcanzo como han
podido prendarse de un hombre de tu condicion dos seftoras dis-
tinguidas , en cuya casa no estas. ; Gran dificultad por cierto ! res-
pondiô Mogicon : ellas ni aun siquiera saben quieu yo soy. Estas
conquistas las he hecho usando de los yestidos de mi amo , y la
cosa pasô de esta suerte. Yestime de seftor , imité bien los modales
de ta! , y fiiime al paseo. Hice gestos y cortesias a todas las que
encontraba , hasta que tropezé cou una que correspondiô à mis
expresiyas muecas. Seguila, y logré tambien hablarle. Tome el
nombre de don Antonio Centelles : pedi una cita , hizo algunos es^
guinces , insté , conyino al fin en ello , etc. Hijo mio , asi me lie
gobernado yo para lograr taies fortunas ; y si tù las quieres tener ,
signe mi ejemplo.
Era mucha la gana que yo tenia de hacerme hombre ilustre
para que dejase de poner en pràctica este consejo , y mas cuando
9
130 GIL BLAS.
tampoco sentia en ml gran repugnancia en teotar alguna empresa
de amor.ResoIvi, pnes, disfrazarme de sefior para buscar amorosas
aventuras. No quise Testirme en nuestracasa parque no se advir-
tiese ; pero escogl en el guardaropa el mejor yestido de mi amo y
hice un paquete , y Ueyéle à casa de cierto barberillo amigo mio,
donde podia disfirazarme libremente. Yestime alli lo mejor ^^
pude, ayudândome el barbero ; y cuando nos parecîô que ^a no
cabia mas , me encaminë hàcia el prado de San Gerônimo , de
donde estaba bien persuadido & que no voWeria sin haber eiicon-
trado alguna fortuna; pero no tuve necesidad de ir tanlégos ^«ira
hallar una de las mas brillantes.
Al atrayesar una calle excusada vi salir de una casa pequefia y
entrar en un coche que estaba â la puerta una seâora ricamente
Testida y muy hermosa. Paréme k mirarla , y la saludé de manera
que pudo bien conocer que no me habiadisgustado , y ella por si
me hizo ver que merecia mi atencion mas de lo que yo pensaba ,
porque levante disimuladamente el vélo , y descubriô un momento
la cara mas linda y graciosa del mundo. Fuëse en esto el coche,
y yo quedé en la calle sorprendido de aquella aparicion. ; Oh , que
hermosura! me decia yo à mi mismo. jCaspita! No me falt^a
otra cosa para acabar de irastornarme. Si las dos sefioras que
aman à Mogicon son tan hermosas como esta , digo que es el
ganapan mas dichoso de todos los ganapanes. Estaria yo loco con
mi suerte si mereciese servir â una dama como esta. Miéntras hacia
estas reflexiones voivi casualmente los ojos hàcia la casa de donde
habia yisto salir à aquella linda persona , y vi asomada à la reja
de un cuarto bajo à una vieja, que me hizo sefias de que entrase.
Fui volando à la casa, y en una sala muy decentemente amue-
blada encontre à la venerable y disimulada vieja, que, teniéndome
cuando ménos por algun marques , me saludô con mucho res-
peto y me dijo : Sin duda, seûor , que Y. S. habrà formado mal
juicio de una muger que , sin tener el honor de conoccrie , le ha
hecho seftal para que entrase en su casa ; pero juzgarà mas favo-
rablemente de mi cuando sepa que no lo hago asi con todos , y
que V. S. me parece algun seftor de la corte. No se engafta vmd.,
amiga , le interrumpi , avanzando la pierna derecha y ladeando
un poco el cuerpo sobre el costado izquierdo. Soy , sin vanidad ,
de una de las mejores casas de Espaiïa. Bien se conoce , prosiguiô
la vieja , y à cien léguas se echa de ver. Yo , seftor , tengo gran
gusto , lo confieso , en servir de algo à las personas de circuns-
tancias , y este es mi flaco. Habiendo observado desde mi reja
que Y. S. miraba con mucha atencion à aquella seftora que acaba
de salir de aqui , me atrevo à suplicarle me diga con toda con-
fianza si le ha gustado. Me ha gustado tanto , le respondi , que à
fe de caballero os aseguro no he visto en mi vida criatura màs sa-
laria. Asi , pues , madré mia , haced que ella y yo nos veamos i
LIBRO TERCERO. 131
solas , y oontad con mi agradecimiento. Este es aco de aqaellos
servicios que nosotros los grandes seflores nonca pagamosmal.
Ya he dicho à V. S. , replicô la yieja , que tod» yo estoy dedi-
cada à serTÎr à personas de distincion , y que mi mayor gusto
es poderks ser util en alguna cosa. Por ejemplo , yo recibo en
mi casa ciertas mugeres , à quienes el concepto en que estan de
bonestas y virtuosas no les permite admitir en la suya corte-
jantes , y les ofirezco la mia para que puedan conciliar en ella su
inclinacion con la decencia exterior. ; Bellamente ! le respond!, y
es mny yerosimil que vmd. acabe de hacer este serricio é esa
dama de quien estamos hablando. No por cierto , repuso ella ,
esa es una seilora yiuda y moza, que desea tener un amante ;
pero es de un gusto tan delicado en este particular, que no se
si encontrarà en y« S. lo que busca, aunque seaun seûor, à lo
que parece , de gran mërito. Très caballeros le he {«esentado »
todos très à cual mas galan y mas airoso ; y sin embargo ninguno
le ha contentado, despidîéndolos à todos con desden. ; Oh madre !
exclamé yo con cierto aire de confianza , eso à mi no me acobarda :
disponed que yo le hable , y os doy mi palabra que presto os darè
bnena cuenta de ella. Tengo deseo de vcrme à solas con una her-
mosura esquiva , porque hasta ahora ninguna he tropezado de
esa especie. Pues bien, repuso la vieja, yenga Y. S. mafiana à
esta misma hora, y satisfarà ese deseo. No foltarè, respondi; y
verémos si un caballero mozo y gallardo pierde esa conquista.
Yolyi à casa del barfoerillo sin empeûarme en buscar otras
ayenturas hasta yer el éxito delà présente. £1 siguiente dia, des-
pnes de haberme yestido i lo seftor, fui â casa de la yieja una
faora entes de la que ella me faabia sefialado. Sefior, me dijo,
Y. S. ha venido muy pootnal ^ à lo que le estoy yerdaderamente
agradecida; aunque es yerdad queel motiyo lo mereoe bien. He
yisto à nuestra yiudica , y las dos hemos habiado mucho de Y. S.
Encargôme que nada le dijese de este; pero he cobrado tanto
amor à Y. S. que no puedo mènos de decirle que ha quedado
mny prendada de su persona , y que sera un seflor afortunado.
Hablando aqui entre los dos , la tal yiudica es un bocado muy
apetitoso. Su marido yiyiô poco tiempo cou ella; fixé un relâtn**
pago su matrimonio, y se puede dedr que casi tiene el mërito de
una doncella. Sin duda que la buena yieja queria bablar de
aquellas doncellas putatiyas que saben viy ir en el ceKbato sin echar
nada de mënos.
Tardô poco nuestra heroina en Uegar à casa de la yieja en
codie de alquiler como el dia anterior, pero yestida con ricas
galas. Luego que se dejô yer en la sala, sali al encuentro, dando
principio à mi papel por cinco 6 seis profnndas cortesias i lo ele-
gante , acompaftadas de garbosas contorsiones. Acercàndome des-
pues k ella con mucha femiliaridàd , le dije : Beina mia , aqui
132 GIL BLAS.
tiene vmd. à sus pies, en este caballerito mozo , ana de las mas
dinciles conquistas ; pero desde que toye ayer la dicha de ver
esos beOos ojos , astros del mas hermoso cielo, ni an solo ins-
tante se ha borrado de mi imaginacion el yivo retrato de tan
perfecto original, de modo que enteramente ofusco el de cierta
duquesa que ya comenzaba é poseer mi corazon. Sin duda, res-
pondiô eUa , quitàndose el Telo, que el triunfo es muy glorioso
para mi ; mas ni por eso es muy pura mi alegria , porque un
seflorito de vuestra edad es naturalmente inclinado à la va-
riedad y à la mudanza, siendo tan dificultoso de fijar como el
azogue 6 el espiritu rolétil. Reina mia , le répliqué , si é vmd.
le place , dejemos à un lado lo futuro , y pensemos solo en lo
présente. Ymd. es bella , yo la amo , embarquémonos sin re-
flexion , como lo hacen los marineros ; no miremos à los peli-
gros de la nayegacion; (longamossolamentelos ojos en los pla-
ceres que la acompaâan.
INciendo esto me arrojé precipitadamente à los pies de mi
ninfa , y para imitar mejor é los elegantes , le supliquë y ann im-
portuné de un modo urgente que me hiciese fcliz. Pareciôme
algun tanto conmoyida con mis instandas ; pero juzgando sin
duda que aun no era tiempo de accéder à ellas , me idejô de si
con cierto cariAoso enojo diciéndome : Deténgase Y. S., que me
parece un poco atreyido , y me temo que sea ann mas libertino.
Que, seftorita, exclamé yo, ^serà posible que ymd. aborrezca k
un hombre à quien aman las mugeres de la primera tijera? So-
lamente à las yulgares y aldeanas parecen mal esas tachas. Eso
ya es demasiado, repuso ella, ya no puedo mas, y asi me rindo
à razon tan poderosa. Yeo que con los seflores son inâifles los
espantos y reparos ; es preciso que una pobre muger ande la
mitad del camino. Yuestra es ya la yietoria,afiadi6 aparentando
una especie de yergûenza, oomo si padeciera mucho su pudor
en aquella confesion. Yos, seûor, me habeis inspirado afectos
que jamas he sentido por nadie; solo me felta saber quien es
Y. S. para determinarme à escogerle por mi amante. Téngole
por un sefior , y por un seftor de nobles y honrados pensamien-
tos. Con todo eso no estoy muy segura , y aunque me confieso
inclinada é su persona , no acabo de resolyerme â hacer ûnico
dueûo de mi amor y de mi temura à un desconocido.
Acordéme entônces del ingenioso modo con que el criado de
don Antonio habia salido de otro apuro semejante ; y queriendo
yo , à ejemplo suyo , ser tenido por mi amo , dije à mi yiuda :
No tongo reparo de manifestaros mi nombre y apellido , pues
no es tan oscuro que me ayergûenze de confesarlo. ^Habeis
oido hablar alguna yez de don Matias de Silya? Si, seftor, res-
pondiô ella , y aun dire tambien que en cierta ocasion le yi en
casa de una amiga mia. Turbôme un poco , à pesar de mi des-
LIBRO TERCERO. 13a
cara, esta inesperada respuesta; pero serenéndome al punto, y
cobrando aliento para salir bien de aquel barranco , prosegai
didendo : Me alegro , Angel mio , de que conozcais à un caba-
Uero.^ à quien... tambien conozco yo : pues sabed , ya que me-
es preciso decirlo , que los dos somos de una misma casa* Su
abndo se casé con la cuAada de un tio de mi padre , y asi- so-
moa, como yels^ parientes bastante cercanos. Yo me llamo don
César, y soy hijo ùnico del ilustre don Fernando de Ribera,
que mnriô quince aûos ha en una batalla que se diô en la raya
de Portugal. Fn6 una accion endiabladamente Tiva , y os haria
una exacta y menuda relacion de ella , pero séria malograr los
momentos preciosos que el amor quiere que yo emplee en cosas
de mayor gusto.
Bespues de esta conyersacion me mostrè mas yivamente en—
cendido y apasionado ; pero al fin todo yino é parar en nada.
Los favores que mi adorada deidad me concediô solo sirviéron
para bacerme saspirar por los que me negô. La cruel volviô A
meterae en su coche , que la estaba esperando à la puerta. Yô
con todo eso no dejé de retirarme muy satisfedio do nri buena
fortuna , aunque todavia no fuese compléta mi yentura. Si no
he podido hasta ahora lograr , me decia yo à mi mismo , mas
que feyores i médias , sin duda es porque , siendo mi princesa
una dama tan distinguida, le pareciô quo no podia ni debia ren-
dirse al primer ataque. La altiyez de su nacimiento retardé mî
dicha ; pero esta solo se diferirà por algunos dias. Verdad es
que por otra parte se me ofrecia tambien que quizà podia ser
una de las chuscas mas ladinas y refinadas. Con todo eso me in^
dinabaiyasà mirar la cosa por la mejor parte que por la peor,.
y asi me mantuye firme enr el buen concepto que habia formada
de la* dama« Habiamos quedado de acuerdo , cuando nos des^
pedfanos, en que nos yolyeriamos à yer el dia siguiente ; y con^
la esperanza de estar tan yecino al colmo de mi» deseos, me*
reereaba yo en pensar que era infolible su logro.
Ocupado de tan risueAos pensamientos llegué é casa dèl bar-
bero. Mudé de yestido , y fui en busca de mi amo > que sabia
estaba en cierta casa de juego. Halléte con efecto j'ugando, y
conoci que ganaba , porque no era de aquellos jugadbres ser^
nos que se enriquecen ô arruinan sin mudar dé semblante. Ift
amo era burlon , y aun insolente cuando le daba biea; pero si
perdia no. habia quien le aguantase. Leyantôse muy alegre del
juego y y se dirigiô al corrsd de lacaHe del Principe. Seguile hasta
la puerta del teatro , y alli me* puso en la mano un ducado , di-
eiéndome : Toma-, Gil Bias , que quiero entres à la parte en mi
gananda.'Yete à diyertir con tus amigos, y é media noche iris
a buscarme à casa de Arsenia , donde he de cenar en compafiia
de don Alejo Seguier. Didendo esto entrése en el teatro , y yo
134 GIL BLAS.
me qaedé discorriendo en que gastar mi ducado segon la intan-
cioD del donador ; pero tardé poco en resolverme. Presentoseme
en aquel punto Clarin, criado de don Alejo, y Ileyéle conmigo
à la primera tabema , donde esta\imos bebiendo y divirtiéndonos
hasta media noche. Desde alli nos fuimos à casa de Arsenia , donde
Clarin debia tambien hallarse , habî^dosele dado la misma
ôrden que à mi. Abriônos la puerta un lacayuelo , y nos hizo
entrar en una sala baja , donde estaban dos criadas , la una de
Arsenia y la otra de Florimunda , riëndose ambas à carcajada
tendida, mièntras sus dos amas se estaban divirtiendo en el
cuarto principal con nuestros amos.
La llegada de dos mozos de buen humor que salian de cenar
bien no podia desagradar à aquellas damiselas , que acababan
tambien de acomodarse oon las sobras de una cena , y cena de
comediantas. Pero ; cual fué mi admiraciop cuando en una de
aquellas criadas reconoci à mi viudita, é mi adorable Tîuda que
yo habia tenido por una marquesa 6 condesa ! Ella tambien me
paredô no mènos sorprendida de ver à su querido don César de
Ribera conyertido de elegante en lacayo. Sin embargo , nos mi-
rémos uno i otro sin turbamos ; y aun nos diô à entrambos tal
tentacion de risa , que no pudimos reprimirla ; despues de lo
cual y Laura , que este era el nombre de mi princesa , retiràn-
dome é parte , mièntras Clarin hablaba con la compafiera , me
alargô con gracia la mano , diciéndome en toz baja : Tôquola
i^md.y seâor don César, dejémonos de quejas, y en tcz de ellas
hagàmonos amistosos cumplimientos. Ymd. hizo su papel à las
mil maravillas, y yo no représenté desgraciadamente el mio.
^Qué le parece del lance? lYaya ; confiese vmd. que me tuvo por
ima de aquellas damas que à veces se diyierten en imitar à las
que hacen por oficio lo que ellas por burla. Es verdad , le res-
pondi; pero , reina mia, seas lo que fiieres, sàbete que aun-
que he mudado de forma no he mudado de parecer. Admite
benignamente mi cariûo , y permite que acabe el ayuda de càmara
de don Matias lo que tan felizmente comenzô don César de
Ribera. Quita alla , repuso ella : ten por cierto que te amo mas
en tu propio original que en el retrato de otro. Tù ères entre
los hombres lo mismo que yo entre las mugeres : esta es la
mayor alabanza que puedo darte. Desde este mismo punto te
recibo en el numéro de mis apasionados. No necesitamos ya de
la Tieja para nada : puedes venir aqui con libertad , porque
nosotras las damas de teatro vivimos sin sujecion mezcladas con
los hombres. Convengo en que esto no é todos parece bien ;
pero el publico se rie , y nuestro oficio , como tû sabes , es solo
divertirle. .
No pasô la conyersacion mas adelante , porque no estabamos
solos. Hizose general; fué viva, alegre, festiva y Ilena de
LIBRO TERGERO. 135
agodezas y de equivocos nada dificOes de entender. La criada de
Arsenia , mi adorada Laara, superô à todos mostrando mas in-
genio y mas agudeza que yirtud. Por otra parte nuestros amos
y las comediaDtas reian arriba tan descompuestamente , que se
conocia no ser su conyersacion mas seria ni mas circunspecta que
la nuestra. Si se bubieran escrito todas las bellas cosas que se
dijéron aquella noche en casa de Arsenia , creo se bnbiera com-
puesto un libro muy instructiyo para la juyentud. Miéntras tanto
Degô la bora de retirarse cada uno à su casa; quiero decir
que ya babia amanecido , y fùè preciso separarnos. Clarin sigui6
4 don Alejo , y yo me retire con don Matias. .
CAPITULO VI.
Oe la oonTersacion de algunos senores sobre los oomediantes de la compania
del teatro del Principe.
Al mismo tiempo que se levantaba mi amo de la cama, re-
cibiô un billete de don Alejo Seguier , en que decia le quedaba
esperando en su casa. Pasémos à ella, y encontrémos alli al
marques de Zeneie y à otro caballerito de buena traza, à quien
jro nunca babia yisto. Don Matias , dijo Seguier à mi amo pre-
sentindole el tal caballerito , este cabsdlero es don Pompeyo de
Castro , mi pariente. Reside en la corte de Portugal casi desde
su infoncia. Ayer nocbe Ilegô à Madrid , y maftana se restituye à
Lisboa. No nos concede mas que este dia para gozar de su
compaûia y conversacion. Yo quiero aprovecbar un tiempo tan
predoso , y para bacerle mas grato y diyertido, necesito de ti y
del marques de Zenete. Al oir esto , mi amo diô un estrecbisimo
abrazo al pariente de don Alejo , y reciprocamente se bicièron
grandes cumplidos. A mi me agradô mucbo todo lo que decia
don Pompeyo , y desde luego biee juicio de que era hombre de
entendimiento sôlido , y de discemimiento delicado.
Comiéron todos en casa de Seguier , y despues de comer se
pusiéron à jugar para diyertir el tiempo basta la bora de la
comedia. Entônces fuëron todos al teatro del Principe , donde
se representaba la nueya tragedia intitulada : La reina de Car^
tago. Acabada la representacion yolyièron juntos à cenar donde
hid>îan comido , y toda la conyersadon se la lleyô la tragedia
que acababan de oir , y los actores que la representàron. En
Goanto al drama, dijo don Matias, hago poco aprecio de él ,
porqne encuentro à Enëas mas frio è insuiso que en la Eneida ;
pero es preciso confésar que se représenté diyinamente. Yeamos
io que nos dice el seftor don Pompeyo , porque sospecbo que
no se ha de conformar con mi sentir. Seftores , respondiô aquel
136 GIL BLÂS.
cabaOero sonriéndose , Teo à nstedes tan pegados de sas actores^^
y tan hediizados particolannente de sas actrices , qae no me
atrcTO â confesar qoe en este punto no concuerdan nuestras
opiniones. Bien dicho , interrompiô burlàndose don Âlejo , por-
que aqui séria mal recibida la Yuestra. Haces bien en respetar
las actrices à presencia de los panegiristas de sa repatacîon.
Nosotros Tivimos y bebemos todos los dias con ellas ; somos
defensores del primor con que representan ; y si fuere menester
darémos testimonio de ello. No lo dudo, interrumpiô el pariente,
y tambien pudieran ustedes darlo de su vida y costumbres ,
segunla familiaridad conque me parece las tratan.
Sin duda que seràn mejores vuestras comediantas de Lisboa ,
dijo entônces zumbàndose el marques de Zenete. Si , ciertamente,
respondiô don Pompeyo, yalen algo mas que las de Madrid : por
lo mënos hay algunas en quienes no se nota el mas minimo de-
fecto. Esas taies , replicô el marques , pueden contar con vues-
Iras certificaciones. Yo, repuso don Pompeyo, no tengotrato
alguno con ellas , ni concurro & sus reuniones ; y asi puedo
juzgar de su mèrito sin preocupacion ni parciaJidad. Pero de
buena fe , prosiguiô , ; estais yerdaderamente persuadidos de que
en vuestro teatro teneis una compaftia excelente? No pardiez, res-
pondiô el marques , yo solamente defiendo un numéro muy corto
de los actores , y echo à un lado à todos los demas. i Pero no
me negarèis que es admirable la primera dama que représenta
el papel de Dido ' ? ^ No lo représenta con toda la nobleza, coa
toda la magestad , y con todo el agrado que nos figuramos en
aquella desgraciada reina? ^ Y no habeis admirado el arte con
que interesa al espectador en sus afectos, haciéndole sentir
aquellos mismos moYimientos diversos que exdtan en ella las
diferentes pasiones? Parece que se arroba 6 que se exhala
cuando Uega à lo mas delicado y patètico de la declamacion.
ConTengOy respondiô don Pompeyo , en que sabe conmover y
entemecer; esto quiere decir que représenta bien, pero no
que carezca de defectos. Dos ô très cosas me chocàron en ella*
Por ejemplo : si quiere expresar un afecto de admiracion ô de
sorpresa, yuelye y reyuelye aquellos ojos de un modo tan
violento y tan fuerade lo natural, que yerdaderamente dice muy
mal en la magestuosa grayedad de una princesa. Aftàdese à esto
que , con engrosar la yoz , que tiene naturalmente dulce y deli-
cada , forma un sonido bronco bastante desapacible. Fuera de
eso en mas de un Ingar de la tragedia hacia ciertas pausas que
alteraban ù ofuscaban el sentido , dando motiyo para sospechar
' Era una cëlebre actriz Uamada Angela, que tomô el sobrenombre de Dido^
por lo bien que deseropenô muchas veces la pieza de que aqui se habla , corn-
pue^ por Guillen de Castro.
LIBRO TERCERO. 137
que no comprendia bien aquello mismo qae decia. Sin embargo
€|iu»*o mas bien saponer que estaba distraida que acosarla de
fiadta de inteligencia.
A lo que yeo, dijo don Matias al censor, ;yo8 no os atreye-
riais à componer yersos en alabanza de nuestras cômicas? No
digais eso , respondiô don Pompeyo ; Antes bien descubro en
ellas on gran tsdento al trayës de sas defectos , y aun dire que
me encantô la que hizo papel de criada en el entremes. i Que
naturalidad la suya I ] con que gracia se presentô en las tablas !
Cuando tiene que decir algun chiste , le sazona con cierta risita
taSmada, llena de mil gracias, que le afiaden infinita sal \ Podrà
quizA notàrsele de que alguna yez se déjà lleyar algo de su
yiyeza, y que pasa los limites de un desembarazo comedido ;
pero no hemos de ser tan rigurosos. Yo solo quisiera se cor-
rtgiese de una mala costnmbre que ha tornado. Muchas yeoes,
en medio de una escena, y en un pasage serio , interrompe de
improyiso la acdon por dejarse Ileyar de una loca gana de reir
que le da. Diréseme acaso que entàices es precisamente
cuando mas la aplauden los del patio. ] Grande aprobacion por
cierto!
^Y que nos dice ymd. de los comediantes? interrumpiô el
marques ; sin duda que contra estos dispararà toda su artille-
ria, cuando no ha perdonado à las comediantas. No es asi, res-
pondiô don Pompeyo ; yi algunos actores jôyenes que prometen
macho ; sobre todo me gustô bastante aquel comediante gordo
que hizo el papel de primer ministro de Dido '. Recita muy na-
turalmente, y asi se recita en Portugal. Si esos le contentâron à
ymd. tanto, dijo Seguier, habrà qaedado hechizado del que
hizo el papel de Enéas. ;No le pareciô à ymd. un gran come-
diante, un actor original? Y aun demasiado original, respondiô
el censor , porque tiene tonos que son priyatiyos suyos ; por
seftas que son bien agudos y bien descompasados , tanto que
casî todos salen fuera de lo natural. Précipita las palabras donde
se enderra el sentido , y se detiene en las otras que no contie-
nen alguno. Tal yez hace tambien gran esfiierzo en las paras
eonjanciones. Diyirtiôme mucho , con especialidad en aquel pa-
sage en que explica à su confidente la yiolencia que le cuesta la
necesidad de abandonar à su princesa. No es £&cil expresar un
dolor mas cômicamente. Poco & poco, primo, replicô don Alejo,
al paso que yas , nos haras créer que aun no se ha introducido
el mejor gusto en la corte de Portugal. ^Sabes que el actor de
quien se trata es un hombre singular? ^No oistes las palmadas
' Prohablemeste era la graciosa Antonia Infante, no me'nos c(9ebre en su
lînea que la anterior.
* Debiô ser Sebastian de Prado, actor insigne en tiempo de Felipe ly .
1S8 GIL BLAS.
y lo8 vivas con que todos le aplaudiëron? Todo eso prueba qae
DO es tan malo oomo le pintas. Nada prueban, replied don Pom-
peyOy esas palmadas ni esos yiyas. Dejemos » sefiores, si les
place, esos aplausos del yulgo. Frecuentemenie los da may
fiiera de tiempo y contra toda razon , y por lo comun aplaude
mènos el verdadero mérito que el folso, como nos lo ensefta
Fedro por medio de una Câbula ingeniosa. Permitidme que os
la cuente.
Jnntôse en una gran plaza de cierta ciudad todo el pueblo para
ver las habilidades que hacian unos charlatanes titiriteros. Entre
eUos babia uno que se Uevaba los aplausos de todos. Estebufon,
al acabar otros varios juegos de manos , quiso cerrar la fundon
dando al pueblo un espectâculo nuevo. Dejôse ver solo en el
tablado, cubriôse la cabeza con la capa, agachôse, y çomenzé i
remedar el gruftido de un cochinillo , con tanta propiedad que
todos creyéron que verdaderamente tenia escondido debajo de
la capa algun marranito verdadero. Comenzàron todos à gritar
que se quitase la capa, hizolo asi , y viendo que no tenia cosa
alguna debajo de eUa , se renovàron los aplausos y la grande
algazara del populacho. Un lugareûo que estaba en el auditorio»
chocàndole mucho aquellas importunas expresiones de necia ad-
miradon, gritô pidiendo silencio, y dijo : Sefiores, sin razon se
admiran ustedes de lo que hace ese bufon. No ha hecfao el papel
del marranito con tanta perfeccion como à ustedes les pareoe.
Yo lo se hacer mucho mejor que el , y si alguno lo duda no
tiene mas que concnrrir à este sitio maûana à la misma hora.
£1 puebloy preocupado ya en favor del charlatan, se junto al dia
siguiente aun en mucho mayor numéro que el anterior , mas
para silbar al paisano que por divertirse en ver lo que habia
prometido. Dejàronse ver en el teatro los dos competidores. Co-
menzô el bufon y fué mas aplaudido que lo habia sido nunca.
Siguiôse despues el labrador : agachôse cubierto oon su eapa ,
tirô de la oreja à un marranito que ilevaba escondido bajo del
brazo , y el animalito empezô à dar unos gruftidos muy agudos.
Sin embargo, el auditorio dedarô la victoria por el pantomimo,
y atolondrô al paisano con silbidos. No por eso se turbô ni cor-
riô el buen lugarefto ; antes bien , mostrando el kchoncillo al au-
ditorio : Senores, dijo con mucha socarroneria, ustedes no me kan
stlbadod mi » sino al marrano. Miren ahora que buenos jueces son*
Primo , dijo don Alejo , en verdad que tu fibula pica que
rabia. Con todo eso , à pesar de tu lechonciUo , nosotros nos
mantenemos en lo dicho. Mndemos de asunto, prosiguiô, porque
este ya me empalaga. i Con que tù estas resuelto à marchar maftana,
sin hacer caso del gran gusto que tendria yo en disCrutar por
mas tiempo de tu amable compafiia? Tambien quisiera yo, res-
pondiô su pariente , gozar mas despado de la tuya , pero no
LIBRO TERCERO. 139
puedo. Ya te dye qae vine à la corte & cierto negocio de estado.
Ayer hablë ai primer ministro, maftana tengo que voWer i yerle,
y un momento despues me es preciso partir en posta para res-
tiioirme à Lisboa. Càtate un portugues hecho y derecho, replicè
^^egnier , y segun todas las sefias nunca vendras à establecerte
en Madrid. Creo que no, respondîô donPompeyo. Tengo la fortuna
de que me quiere el rey de Portugal, y estoy bien hallado en su
corte; pero ; créeras tu que, no obstante la bondad con que me
distingue , faltô poco para que saliese desterrado para siempre
de sus dofflinios? ;Como asi? le replicô don Alejo. Cuénta-
noslo por tu vida. Con mucho gusto , respondiô don Pompeyo ,
y al mismo tiempo os contaré tambien la historia de mis su-
cesos.
CAPITULO VII.
Historia de don Pompeyo de Castro.
Ya sabe don Alejo , prosiguiô don Pompeyo , que desde mis
mas tiemos aftos me incliné à las armas , y como en Espa&a go-
zabamos una paz octayiana , tome el partido de ir à Portugal.
De alli pasé à Africa con el duque de Braganza, que me empleô
en su ejèrdto. Era yo un segundo de los mènos ricos de Espa&a,
lo que me puso en precision de distinguirme con haza&as que
meredesen la atendon del generaL Hice mi deber de modo que
el duque me adelantô, y me puso en parage de continuar en el ser-
Tido con bonor. Despues de una larga guerra , cuyo fin no
ignoran ustedes, me dediqué à seguir la corte, y S. M., por los
buenos informes que di^on de mi los générales , me gratified
con una pension considerable. Agradecido i la generosidad del
montfca, no perdi ocasion de manifestar mi reoonocimiento.
Poniame en su presencia à aquellas horas en que era permitido
verle y bacerle la corte. Por esta conducta me granjeé insen-
sibl^nente su estimadon , y recil^i nuevos beneficios de su be-
nignidad.
Un dia que me distingui en una carrera de sortija y en una
corrida de toros que precediô à ella , toda lo corte aplaudiô mi
valor y mi destreza ; y cuando yoIyi i casa colmado de ada-
maciones, me haUé con un billete en que se me decia que cierta
dama, cuya conquista medebia lisonjear mas que toda la gloria
granjeada en aquel dia , deseaba hablarme ; y que para esto à la
entrada de la noche concurriese à derto sitio que se me neùar-
hba. Diéme mas gusto este papel que todas las alabanzas que
habia recibido, no dudando fiiese una dama de la primera dis-
tincion la' que me escribia. Fâcilmente creeràn usiedes que no
140 GIL BLAS.
XDéàeBCxûôk, y qae apënas anocheciôy fdi Tolando al parage que
86 me habia indicado. Esperébame en ël una yieja para seirîrme
de gnia, y me introdttjo por una porteznela en el jardin de una
gran casa» donde me condujo à un rioo gabinete, en que me dejô
enoerradOy diciéndome : Strrase Y. S. de esperar aqui miéntras
aTÎso à mi ama. Yi mil cosas preciosisimas en aqnel gabinete-,
que estaba ilominado con gran numéro de bujias , magnifioencia
que me confirmé en el conoepto que yo baîbia formado de la
nobleza de aquella dama. Y si todo lo que estaba mirando con-
tribuia à ratificarme en que no podia mènos de ser aquella una
persona de la mas alta ealidad , mucho mas me confirmé en mi
opinion cuando ella se dejô yer cou un aire yerdaderamenle
noble y magestuoso. Sin embargo no era lo que yo bsdiia pensado.
Caballero , me dijo , à irista del paso que acabo de dar en
Yuestro feTor , séria inùtil querer ocultaros los tiernos afectos
que habeis excitado en mi corazon. No penseis que estos me los
inspira el gran mèrito que habeis mostrado hoy i yista de toda
la corte, no por cierto : este mérito no hizo mas que predpitar
su maniféstacion.Os he yisto mas de una vez: me heinformado de
quien sois , y el elogio que me han hecho me ha determinado
à seguir mi inclinacion. Pero no os lisonjeis , prosîguiô ella ,
creyendo que habeis hecho la conquista de alguna duquesa. Yo
no soy mas que la yiuda de un simple oficial de guardias del
rey : lo ùnico que puede hacer gloriosa Tuestra viotoria es la
preferencia que os doy sobre uno de los mayores seAores del
reino. £1 duque de Almeida me ama, y haoe cuanto puede para ser
correspondido ; pero no lo consigue, y solo admito sus obsequios
por yanidad.
Aunque estas palabras me diéron i entender que trataba con
una chusca amiga de ayenturas amorosas , no dejè de mostrarme
agradecido à mi estrella por este encuentro* Dofta Hortensia
( que asi se llamaba ) estaba en la flor de su juyentnd , y su ex-
tremada hermosura me encantaba. Fuera de esto me ofrecia so"
duefto de un corazon que se negaba à las pretensiones de un
duque. ; Gran triunfo para un caballero espaftol ! Arrojéme i los
pies de Hortensia para rendirle gracias por sus fayores. Dijele
cuanto podia decirle un hombre apasionado , y creo que quedà
muy satisfecha de las yiyas expresiones con que le asegurè de mi
fidelidad y gratitud. Separâmonos , quedando ambos los mayores
amigos del mundo , despues de haber couTenidb en yernos todas
las noches que no pudiese yenir à su casa el duque , tomando
ella à su cargo avisarme muy puntualmente. Asi lo hizo, y yo
yine é ser el Adonis de aquella nueya Yénus.
Pero los placeres de esta yida duran poco. A pesar de las
precauciones que tomô Hortensia para que nuestra amistad no
Hegase à noticia de mi competidor , no dejô de saber este todo
LIBRO TERCERO. 141
lo que nos impoitaba tanto que ignorase* Enterôle de eDo ana
criada desoontenta ; y aquel seftor, naturalmente generoso, pero
altivo y zeloso y arrebatado, se indigna sobremanera de mi an-
dacia. La ira y los zelos le turbàron la razon , y sigaieiido solo
lo que le dictaba sa enojo, determinô tomar yenganza de mi de
on inodo infome. Una noche qae estaba yo en casa de Hortensia
me espéré à la puerta blsa. del jardin, en compaAia de sas cria-
dos armados todos de garrotes. Laego qae sali hizo que se arro-*
jasen à mi aqaellos canallas , y les mandô me matasen à palos.
Dadle faerte, les decia, maera à garrotazos ese temerano;
qne oon esta infamia qaiero castigar su insolencia. Apénas dijo
estas palabras cuando todos me asaltâron » y me diéron tantos
palos qae me dejéron tendido en tierra sin sentido. Retiràronse
despues con su amo , para qoien aquella cruel escena habia sido
el mas divertido espectàculo. Permaneci el resto de la noche
ea el estado en que me dejâron , basta que al romper el dia pa-
sàron junto é mi algunas personas que, observando que todavia
respiraba , tuyiëron le caridad de llevarme é casa de un cinn
jano. Porfortuna se adyirtiô que no eran mortaleslos golpes, y
toTe tambien la de caer en manos de un hombre hàbil que me
corô perfectamente en dos meses. Al cabo de este tiempo yolyi
à presentarme en la corte , donde prosegoi en el mismo mëtodo
que entes; pero sin yoWer à eatnar en casa de Hortensia, la
coal tampoco hizo por su parte diligenda algona para que nos
rièsemos , porque à este solo predo le habia perdcmado el du-
que su infidelidad.
Como todos sabian mi ayentora , y ninguno me tenia por co-
barde, se admiraban de yerme tan sereno como si no hubiera
redbido la menor afrenta, sin saber que discurrir de mi apa-
rente indiferenda. Unos creian que, à pesar de mi yalor, la
calidad del agresor me contenta y me obligaba é tragarme el
uitrage ; y otros con mayor fundamento no se fiaban en mi si-
lendo , y miraban como una calma engaftosa la sosegada situa-
don que aparentaba. £1 rey pens6 , como estos , que yo no era
hombre que olyidase un agrayio sin tomar satisfoccion de él , y
que no dejaria de yengarme cuando encontrase oportunidad.
Para ayeriguar si habia adiyinado mi pensamiento , me hizo en-
trar un dia en su gabinete , y me dijo : Don Pompeyo , ya se el
iaoce que te sucediô , y confieso que estoy admirado de yer tu
tranquÛidad. Tu ciertamente maquinas y disimulas. Seftor, le res-
popdi , ignoro qoien pudo ser mi ofensor , porque me acome-
tièron de noche unos desconocidos , fué una desgracia de la qae
es forzoso consdarme. No, no, replicô el rey; no pieuses
alucinarme con esa respuesta poco sincera: estoy infbrmado de
U)do : el duque de Almeida faé el que mortalmente te ofendiô.
Tu ères noble y EspaAol> y se may bien à lo que te empeftan esas
142 GIL BLAS.
do8 drcoostandas. Sin duda has hecho ànimo de vengarte , y
qaiero decisiyameiite me confieses la detennmacion que has to-
rnado ; y no temas qoe llegue jamas el caso de arrepenttrte de ha-
berme confiado tu secreto.
Pues ya que V. M. lo manda , respond! , no puedo ménos de
manifestarle con toda verdad mi pensamiento. Si, sefkMr , solo
pienso en vengar la afrenta que he recibido. Todo hombre que
ha nacido como yo es responsable de su honor à su linage y à
su mismo nacimiento. Y. M. sabe muy bien la injuria que se me
ha hecho, y yo he resuelto asesinar al duque de un modo que cor-
responda à la ofensa. Le sepultaré un puûal en el pecho , 6 le
le^antaré la tapa de los sesos de un pistoletazo , y me refiigiaré
en Espafta , si pudiere. Tal es , seâor, mi intencion. A la ver-
dad , repuso el rey, me parece violenta ; pero no por eso me
atreveré à condenarla , oonsiderada la cruel airenta que te hizo el
dnque. Conozco que merece el castigo que le tienes dispuesto ;
pero suspëndelo por un poco , no lo pongas en ejecudon tan
presto: dame tiempo para pensar y encontrar algun medio que
os esté bien à los dos. ; Ah ! seftor, exclamé yo no sin alguna
conmocion, pues ^à que fin me obligô V. M. à descubrirle mi
secreto? ;Qué medio puede jamas?... Si no encnentro aignno que
te dqe satisfecho , interrumpiô el rey, podràs ejecutar entônces
lo que tienes pensado. No pretendo abusar de la confiaaza que
me has hecho ; no sacrificaré tu honor , y en esta conformidad
puedes vivir muy tranquilo.
Andaba yo discurriendo que mcdios podia bnscar el rey para
componer amigablemente este negocio ; y be aqui oomo lo dis-
puso.llablô à solas à mi enemigo, y le dijo: Duque, tu has ofén*
dido i don Pompeyo de Castro y no ignoras que es un caballcro
ilustre, à quienyo estimo , y que me ha servidobien. Es preciso
le des satisfaccion. Seûor, respondiô el duque , no se la negaré;
si esta quejoso de mi procéder , pronto estoy à darlesatisEaùcdon
cou las armas. £s muy diferente la que le debes dar , repli*
cô el rey : un Espafiol noble conoce muy bien las leyes del pundo-
nor para querer medir su espada noblemente con un cobarde
asesino. No puedo darte otro nombre , ni tù podràs borrar la
bajeza de una accion tan villana sino presentando tu mismo un
palo à tu enemigo , y ofrcciéndote â que él te apalée por su
mano. ; Santo cielo ! exclamé mi enemigo , pues que , seflor ,
l quiere Y. M. que un hombre de mi clase se degrade y humilie
delante de un caballero particular hasta Uevar con paciendaal-
gonos palos ! No llegarà ese caso, respondiô el rey : yo obli-
garé à don Pompeyo à darme palaJira de que no te tocari ; solo
exijo le pidas perdon de tu yiolencia presentàndole el palo.
Seftor, replicô el duque , eso es pedirme demasiado « y prefiero
el quedar expuesto é las ocultas asechanzas de su enojo. Apre-
LIBRO TERCERO. 143
do ta vida , repuso el monarca , y quisiera que este asniito no
toriera funestas résultas. Para terminarlo con ménos disgusto
tnyo y sere yo solo testigo de dicba satisfaccion , que te mando
des al espaftol.
Neoesitô el rey de todo su poder para oonsegnir que el du-
que se sujetase & nn paso tan humiliante ; pero al fin lo logrô.
Enyiôme despues à llamar, y contôme la conversacion que
habia tenido con mi enemigo , preguntàndome al mismo tiempo
si me contentaria yo con la satisfaccion en que ambos habian
conrenido. Respondile que si, y di palabra de que, lèjos de
ofenderle , ni aun siquiera tomaria en la mano el palo que me
presentase. Dispuestas asi las cosas , concurrimos el duque y yo
al cnarto del rey, en cierto dia y i cierta hora , y S. M. se cerrô
con nosotros en su gabinete. Ea, dijo al primero, conoced
ruestra falta, y mereced el perdon. Diôme entônces sus discul-
pas mî contrario , y presentôme el baston que tenia en la mano.
Tomad , don Pompeyo , ese baston , me dijo el rey , y no os
detenga mi presencia para tomar venganza de vuestro honor ul-
trajado. Yo os levanto la palabra que disteis de no maltratar
al duque. No seûor, respond!, basta que se baya sujetado â ser
apaleado por mi : un EspafloI ofendido no pide mayor satisfaccion.
FÎies bien , repuso el rey , ya que los dos os dais por satisfe-
chos, podréis ahora tomar librementeel partido que se acostum-
bra entre caballeros , segun el procéder regular. Medid yuestras
espadas para terminar el duelo. Eso es lo que yo deseo vira-
mente , dijo cl duque con toz alterada y descompuesta , porque
solo eso es capaz de consolarme del yergonzoso paso qu!e
acabo de dar.
Dichas estabras palabras se retiré colérico y abochomado , y
dos horas despues me enyiô â decir que me esperaba en cierto
sitio retirado. Acudi alla, y le encontre dispuesto â reflir en
forma. Tenia unos cuarenta y cinco aflos , y no le iahaba 4es-
treza ni yalor ; pudiéndose decir con yerdad que era igual el
partido. Venid , don Pompeyo , me dijo , y terminemos de una
Tez nuestras contiendas. Dno y otro debemos estar airados , vos
por el modo coa que os traié , y yo por haberos pedido peN-
don. Diciendo esto echo prccipîtadamente mano à la espada , y
tanto , que no me dîô tiempo para responderle. Tirôme dos é
très estocadas con la mayor presteza, pero ture la fortuna de
parar los golpes. Acometiïe despues, y conoci que reflia con on
hombre tan diestro en defenderse como en acometer , y no se
lo que hubiera sido de mi à no haber tropezado èl y caido de
espaldas cuando se defendia retiràndose. DetÙYcme asi queleyf
en tierra , y le dije se leyantase. i Por que razonme perdonais?
me preguntô. Me ofende mucbo esa piadosa generosidad. Tam-
bien quedaria muy obscurecida mi gloria, le respond! yo , si
144 GIL BLAS.
qnisiera aproTedianne de Toestra desgracia. LeTantaos , vuelvo
é dedr , y prosigamos niiestro daelo.
No y don PompeyOy me dijo miéntras se iba IcTantando, &
yista de un rasgo tan noble no me pennite mi bonor empufiar
h espada contra yos. iQoé diria el mnndo de mi si tuviera la
fiitalidad de pasaros el pecho ? Tendriame por nn rain cobarde
si quitaba la vida à qnien pudo darme la moerte. No puedo ,
pueSy annarme contra yaestra vida; antes bien mi gratitad ha
convertido en dulces y amorosos afectos los furiosos movimien-
tos que agitaban mi corazon. Don Pompeyo , continué , cese-
mos ya de aborreceraos ; poco dije : seamos amigos. i Ah se-
fior, exdamë yo , y con que placer acepto una propuesta tan
gustosa ! Desde este instante os juro unasincerisima amistad , y
para daros desde luego la prueba mas positiva de ella, os pro-
meto no poner mas los pies en casa de doua Hortensia , aun
cuando eUa lo deseara. No admito la promesa, dijo èl » antes
bien quiero cederos esta se&ora : es mas razon que yo os la
dejcy puesto que su inclinacion à vos es natural en ella. No, no,
le interrumpi ; vos la amais, y los fovores que me hicîese
podrian inquietaros; y asi quiero sacrificarla à vuestrapaz y
quietud. jOh, insigne Espaûol , lleno todo de nobleza y generosi-
dad ! exclam6 arrebatado el duque , y estrechàndome entre sus
brazos : me encanta vuestro modo de pensar. i Oh , y que re-
mordimientos siento al oirlo ! ; Con que dolor, y con cuanta ver-
gûenza se me présenta à la memoria el ultrsge que os hice ! Pa-
réceme ahora muy ligera la satisfiaiccion que os di en el gabinete
del rey, Quiero repararla de un modo mas publico ; y para
borrar enteramente la infomia , os ofrezco una sobrina mia, de
cuya mano puedo disponer: es una heredera rica, que aun no
ha cumplido quince afios , y todavia mas hermosa que jôven.
Di al duque todas aquellas gracias que me podia inspirar el
hoior de enlazarme con su familia ; y pocos dias despues me
casé con su sobrina. Toda la corte se congratulé con aquel per-
sonage, por baber labradolafortuna de un caballero à quien habia
cubierto de ignominia ; y mis amigos se alegràron conmigo del
feliz desenlace de una aventura que prometia un término mas
triste. Desde entônces acà, seftores mios, vivo con el mayor gusto
en Lisboa. Mi esposa me ama, y yo la amo. Su tio me da cada
dia nuevas pruebas de su amistad ; y puedo preciarme de que
merezco un buen concepto al rey , y prueba de su estimacion
es la importancia de! négocio que de su ôrden me ha traido â
Madrid.
LIBRO TERCERO. 145
CAPITULO VIII.
For qaé accidente se re precisado Gil Bias i buscar nuero aoomodo.
Esta filé la historia que contô don Pompeyo , y qae oimos el
oiado de don Alejo y yo, aanque nos mandàron que nos reti-
rasemos antes que la principiase. Hicimoslo esi ; pero nos que-
dimos à la puerta de la sala, que de propôsito dejémos entor-
uada, y pudimos oir todo lo que dijo sin perder una sola palabra.
Prosiguiéron despues bebiendo aqueUos seftores; y se separàron
antes del dia, porque como don Pompeyo habia de hablar por
la maflana al ministro» era razon que le diesen tiempo de repo-
sar algun tanto. £1 marques de Zenete y mi amo se despidiéron
de aquel caballero, abrazàndole y dejàndole con su pariente.
Nosotros por esta vez nos acostémos al amanecer ; y al dia
siguiente mi amo me bonrô dàndome otro nuevo empleo. Gil
Bias, me dijo, toma papel, tinta y pluma para escribir dos 6 très
cartas que quiero dictarte, pues te hago mi secretario. i Brayo I
dije entre mi : esto se Dama acrecentamiento de encargos. Lacayo
para ir detras de mi amo à todas partes, ayuda de càmara para
ayudarle à yestir, y secretario para escribirle las cartas, dictàn-
domelas su seûoria. £1 cielo sea loado por todo. Yoy , como
la triforme Hécate ^ , à representar très muy distintos personages.
Tu no sabes , prosiguiô mi amo , que fin îleyo en escribir estas
cartas. Yoy à decirtelo ; pero se callado , porque te va la vida
en eOo. À cada paso tropiezo con gentes que me apestan ala-
bàndose de sus felioes galanteos , y yo quiero sobrepujar à su
Tanidad ; para k) que he pensado llevar siempre en el bolsillo
varios billetes fingidos de diferentes damas , y leérselos cuando
ellos hagan necio alarde de sus triunfos. Esto me divertira un
rato , y seré mas dichoso que todos mis compafleros , porque
ellos solicitan esas fortunas solo por tener el gusto de publî-
carias, y yo tendre el gusto de referirlas sin los malos ratos que
trae consigo el pretenderlas. Pero tu, afladiô, procura desfigurar
tu letra , mudando la forma de manera que los papeles no pa-
rezcan escritos de una misma mano.
Tome, pues, pluma, tinta y papel para obedecer i don Matias,
quien me dicté un bSlete en los térmînos siguientes : Anoehe
faUdile d tu palabrOj ytwîe defàste ver en el sitio cancerlado. ; Ah
don Maiias! no se que podrds decir para disculparte. Grande ha
iido mi error ; pero bien has casligado nù vanidad y la Ugeteza con que
' Fingpn unoa poetas à esta divinidad con très cabczas de muger; y otro»
COQ una de caballo, una de perro y otra de jabali.
AO
14C GIL BLAS.
creia yo que todas las dwernone$, y aun todoi lot negocio$ del mando
debian ceder algtuto de ver d dona Clara de Men doza. Despues de
este billete ine hizo escribir otro como de uoa dama que posponia a
an gran seftor por amor é sa persona ; y otro en fin en el coalotra
dama le decia que, si estUYiera segura de sa discreciôn, barian juntos
el Yiage de Citerea '. No contentindose con haoenne escribir
unos billetes tan beBos , me obligaba i que los firmase con el
nombre de varias seftoras muy distingnidas. No pade mènos de
dedrle qae la cosa me parecia demasiadamente delicada ; pero
me respondiô secamente que nanca me metiese en darle consejos
miéntras no me los pidiera. Yime precisado à callar y obede-
cerle. Acabôse de vestir, ayadéndole yo : metiô los bflletes en
el bolsillo, y saliô de casa. Segaile , y foimos à la de don Joan
de Moncada, que tenia conyidados aquel dia à cinco 6 seis caba-
lleros amigos sayos.
Hubo ana gran comida, y reinô en toda ella la alegria, que es
la saba mejor de los banquetes. Todos los conyidados contri-
buyèron à mantener diyertida la conyersacion, unos con cbistes,
y otros contando ayentoras qae eUos decian haberles sacedido.
No malogrô mi amo tan feyorable ocasion de hacer Incir los
papeles amorosos qae me habia hecho escribir. Ley6los en alta
yoz y en tono tan natural , que , i excepcion de su secretario ,
todos los demas pudiéron tenerlos por muy yerdaderos. Entre
los caballeros que se ballàron présentes à tan descarada lectura,
habia uno que se llamaba don Lope de Yelasco , hombre graye
y de juicio, el cual, en yez de celebrar como los demas las ima-
ginarias fortunas , preguntô friamente à mi amo si le habia cos-
tado macho hacerse dueflo de la yolantad de dofta Clara. Ménos
que nada, le respondiô don Matias , pues ella faé la que di6 los
primeros pasos. Yiôme en el paseo; prendôse de mi ; mandô que
me siguiesen ; sopo quien yo era ; escribiôme , y citôme para sa
casa à la una de la noche, caando todos estaban durmiendo. Fut
aUà , introdujèronme en su cuarto... Lo demas no permite mî
prudencia que lo diga.
Cuando don Lope de Yelasco oyô aquella lacônica relacion, se
turbô tanto que todos se lo conocièron , y no era dificultoso
adiyinar lo nmcbo que se interesaba en el honor de aqaella
dama. Todos esos billetes , dijo à mi amo, miràndole con sem-
blante airado, son enteramente felsos , en particular el de dofta
Clara de Mendoza, de que tanta ostentacion haceis. No hay en
Espafla seftorita mas recatada y honesta que ella. Dos afios ha
que la obsequia un caballero que no os cede en nacimiento ni en
prendas personates, y apénas ha podido conseguir de ella los
' Es decir que st embaraarian juntos en una concha para ir al templo de
yénu«.
UBRO TERCERO. 147
nu înoœiites Csiyores ; siendo asi que se paede Usonjear de qae^
si fdera capaz de concéder algano» à ningan otro sino à el se log
dispensaria. ^ Y quien os dice lo contrario? replied mi amo en
DD tono barlon. Yo no me aparto de qqs es una sefiorita mny
honesta : yo lambien soy un muy honesto caballerito ; con que
debeis créer que nada pasaria que no fiiese bonestisimo. | Ob !
660 ya pasa de raya, interrumpiô don Lope. Dejémonos de
ehanzas : yos sois un impostor, y jamas dofla Clara os diô cita
para de nodie : no puedo tolerar que mancbeis su reputacion.
Tampoco à mi me permite abora la prudencia dedros lo demas.
Ydicîendo estas palabras mirô con arrogancia à los concurrentes,
y se retira con un aire que anonciaba las malas consecuencias
que podriateneraquel negocio. Mi amo, que tenia bastante valor
para un seflor de su carécter, bizo poco caso de las amenazas
de don Lope. ; Gran tonto 1 exclamô dando una carcajada. Los
cabolleros andantes solo defendian la tin pair hermosura de sus
damas; pero este quiere defender la «m par honestidad delà suya,
lo que me pareœ empefto todavia mas eitravagante.
LÀ retirada de Velasco , à la que en yano quiso oponerse
Moncada, no descompuso la fiesta. Los caballeros, sin parar la
atencion en ello , prosiguièron alegràndose, y no se separàron
hasta el amanecer. Mi amo y yo nos acostémos à las cinco de la
mafiana. El sueAo ya me rendia, y h2d)ia becbo ànimo de dormir
bien ; pero echaba la cuenta sin la buèspeda, 6 por mejor decir,
sin nnestro portero, el que una bora despues me yino â desper-
tar, y à dedrme que estaba â la puerta de la calle un mozo que
preguntaba por mi. ] Ah , maldito portero I dije bostezando entre
eniiadado y dormido , i no considéras que solo ba una bora
que me acostë? Di à ese bombre que estoy durmiendo , y que
Tuelya mas tarde. Dice, respondiô el portero, que tiene precision
de hablarte Inego , luego, porqae es cosa urgente. Levantéme â
estas palabras, poniëndome solamente los calzones y una almiHa,
y ecbando mil pestes fîii à yer lo que me queria el mozo que me
bnscaba. Amigo, le dije, ;qné negocio tan urgente es el que me
propordona la honra de yerte tan de maflana? Una carta, res-
pondiô , que tengo que entregar en mano propia al sefk>r don
Hatias , y es preciso la lea cuanto antes. Su contenido e^ de la
mayor importancia , y asi te ruego que me Ueyes é su cuarto.
Persuadidodeque debia ser alguna cosa de grande consecnencia,
me tome la licencia de ir à despertar â mi amo. Perdone Y. S.,
le dije , si le yengo é interrumpir el suefio, pero la importan-
da... 4 Que diantres me quieres? dijo enfedado. SeAor, dijo
enfonces el mozo que me acompaftaba, es una carta de don Lope
de Yelasco, que debo entregar à Y. S. Incorpordse don Matias ,
tomô el billeie, ley61e , y dijo con mncho sosiego al criado de
don Lope : ffijo, yo nunca me leyanto hasta medio dia, aunque
148 GIL BLAS.
me conTiden para la mayor diversion del mando : mira ahora
si me levantaré à las seis de la mafiana para ir à reftir. Dile é ta
amo que , como me espère hasta las doce y media en el sitio que
me dice, seguramente nos yerèmos en él : dale esta respuesta.
Y diciendo esto, ToWiôse à echar, y tardô muy poco en qoddarse
de nuevo dormido.
 las onoe y media se levantô y vistiôcon grandisima pachorra.
Saliô de casa diciëndome que por aquella yez me dispensaba de
seguirle ; pero yo no pude resistir â la curiosidad de ver en lo
que paraba aquel negocio. Fuime tras de ël à lo largo hasta el
prado de S. Gerônimo, donde vi â lo léjos à D. Lope de Velasco
que le estaba esperando. Ëscondime donde sin ser visto pudiese
obseryar â los dos ; y yi que se juntéron , y que un momento
despues comenzéron & reflir. Durô mucho la pendencia, peleando
uno y otro con mucha destreza y con ignal yalor ; pero al fin
se declarô la victoria por don Lope, qaien de una estocada pasô
dé parte à parte à mi amo, dejàndole tendido en tierra, y huyendo
muy satisfecho de haberse vengado. Corri acelerado à don Matias,
halléle sin sentido y casi muerto ; espectàculo que me enterneciô
tanto , que no pude ménos de echar à llorar por ver una muerte
para la cual, sin pensarlo, habia yo servido de instrumento. £n
medio de esto y de mi justo sentimiento, no dejè de pensar en
hacer lo que me importaba. Yolvime al punto à casa sin bablar
palabra à nadie. Hice mi hatillo , en el que por inadvertencia
meti tambien algunas cosillas de mi amo, y luego que lo llevé à
casa del barbero donde tenia guardado el vestido de que usaba
en mis aventuras, esparci la yoz de la desgracia que haibia suce-
dido siendo yo testigo de ella. Contëla à quien me la quiso oir ;
pero sobre todo fui â contérsela à Rodriguez. Este, ménos afli-
gido que solicito en tomar las providencias oportunas , junto A
todos los criados de don Matias , mandôles que le siguiesen , y
foimos todos al lugar de la pelea. Levantàmos à don Matias",
que aun respiraba : llevàmosle à casa , y al cabo de très horas
muriô. Tal foé el trégico fin del seûor don Matias de Silva mi
amo, por el imprudente gusto de leer papeles amorosos fingi-
dos por él.
CAPITULO IX.
Del amo à quien Gîl Bias fu^ â servir despues «de la muerte de don Matias
de Silya.
Hecho el entierro de don Matias, fuéron , pasados unos dias ,
pagados y despedidos todos sus criados. Yo estableci mimorada
en casa del barberillo , con quien empezaba à contraer estre-
chisima amistad. Prometiame estar alli eon mas gusto y mayor
LIBRO TERCERO. 149
Kbertad que en casa de Melendez. Como me hallaba con algun
dinerillo , no me di prisa à boscar nueva conveniencia ; y por
otra parte me habia becho may delicado sobre este particular.
Ya no gostaba servir & gente comun y plebeya, y aun entre la
noble qaeria examinar bien entes el empleo que me querian dar.
Aun el mejer no me parecia sobrado para mi , persuadido de
que todo era poco para quien habia servido à un caballero rico ,
mozo y elegante.
Esperando à que la fortuna me ofireciese una casa cual yo me
imaginaba merecer, juzguè no podia emplear mejor mi ociosidad
que en dedicarme & obsequiar é la bella Laura , à quien no
habia yisto desde el dia en que nos desengaftàmos los dos tan
graciosamente. No me pasô por el pensamiento yolyer à yes-
tirme à lo don César de Ribera. Séria una grande extrayagancia
disfrazarme ya con aquel trage, y mas cuando mi propio yestido
era bastante décente , pudiendo pasar por un t6rmino medio
entre don César y Gil Bias , sobre todo hall&ndome bien calzado ,
peinado y afeitado, con ayuda de mi amigo el barbero. En este
estado fui à casa de Arsenia » y encontre â Laura sola en la
fflisma sala donde en otra ocasion le habia hablado. Exclamô
luego que me yiô: ;Qué milagro es este? ^eres tû? paréceme
que sueûo ; porque te crei muerto , 6 que te babias perdido.
Hace siete u ocho dias que te dije podias yenir à yerme ; mas à
lo que yeo no abusas de la libertad que te conceden las damas.
I>lsculpéme con la muerte de mi amo, y con las ocupaciones
à que diô lugar, afiadiendo muy cortesanamente que aun en medio
" de eDas tenia siempre muy présente en el corazon y en la me-
moria à mi amada Laura. Siendo asi, me dijo ella , se acabiron
ya las quejas, y te confésaré que tambien te he tenida yo muy
présente. Luego que supe Ia> desgracia de don Matias , me ocurriô
un pensamiento , que acaso no te desagradarà. Dîas ha que oi
dedr à mi ama que se alegraria de encontrar un mozo que su*
piese de cuentas y gobiemo de una casa paraser su mayordomo,
y Ueyase razon del dinero que se le entregara para el gasto de
esta, bunediatamente puse los ojos en tu seftoria^ pareciéndome
que sérias el mas à propôsito para este empleo. Tambien me pa-
reoe i mi , respond! yo , que le desempeflaria à las mil marayilias.
He leîdo las Economias de AristôteUs; y por lo que toca à lleyar
tua cuenta, ese ha sido siempre mi fderte. Pero , hija mia, afiadi,
una sola dificnltad me impide entrar à seryir à Arsenia. ^Qué di-
ficultad? replicô Laura. He jurado, repuse, no seryir jamas à
gente comun, y lo peor es que lo juré por la laguna Estigia. Si
el mismo Jupiter no se atreviô à yiolar este juramiento , mira tù
cuanto deberà respçtarle un pobre criado. ^A quien Hamas gente
comun? replicô Laura con mucho despego. ^Por quienes tieneS tu
À las comediantas? ^parécete que son por ahi algunas abogadillas,
150 GIL BLAS.
6 algimas procoradorai ? Sibete, amigo mio, que fa» comediantas
son nobles y archinobles , por los enfauxs que oontraen con los
primeros personages de la corte.
Siendo asi, le dije, cuenta conmigo, hija mia, para ese empleo
que me destinas ; pero con tal que no me degrade , ni me haga
Taler mènos de lo que soy. No tengas miedo de eso , repnao
Laura : pasar de la casa de un elegante à la de una heroina de
teatro , es hacer el mismo papel en el gran mundo. Nosotras es-
tamos en una misma linea con las personas de la primera dis-
tindon : el mismo aparato de cuarto , la misma mesa , y en reali-
dad es menester que se nos confunda con ellos en la TÎda ciYÎL
Con efectOy aûadiô, si se consideran bien un nuirques y un co-
mediante , en el discurso de un dia vienen casi à ser una misma
cosa. Si el marques en las très cuartas partes del dia es superior
al comediante , el comediante en la otra cuarta supera mucho
mas al marques , porque représenta el papel de emperador 6 de
rey. Esta, à mi ver» es una compensacion de noMeza y de gran-
deza que nos iguala con las personas de la corte. Asi es, por
cierto» respond!; sin duda que estais à niyel unos con otros.
Los comediantes no son ya gentuza, como pensaba yo hasta
aqui; y me has metido en gana de servir à un gremio tan dis-
tinguido y tan honrado. Me alegro » repuso ella » y no tienes mas
que Tolver de aqui à dos dias. Me tomo este tiempo para ir
m^parando i mi ama à fin de que te reciba. Le hablarè en tu
nivor; puedo algo con ella, y me persnado que lograrè que
entres en casa.
Di las gracias à Laura por su buena voluntad , aseguràndole
quedaba sumamente reconocido à sus finezas , con expresiones
taies que no podia dudar de mi agradecimiento. Sîguiô dei^ues
nna larga conversacion entre los dos , la que interrumpi6 on
lacayo que vino à decir i mi princesa que Arsenia la llamaba. Se-
parâmonos ; y yo sali con grandes esp^ranzas de que presto
tendria la fortunâ de pasarlo à pedir de boca. No dejé de vol-
ver al plazo seûalado. Ya te estaba esperando , me dijo Laura ,
para darte la alcgre noticia de que ères de los nuestros. Yen
conmigo , que quiero presentarte à mi sefiora. Didendo esto me
llevô i una habitacion compnesta de cinco 6 seis piezas, à cual
mas rica y mas soberbiamente alhajadas.
îQué lujo! ;quë magnificencîa! Pareciéme que entraba en casa de
alguna vireina , 6 , por mejor decir, crei estaba viendo todas las
riquezas del mundo juntas en aquella. Lo cierto es que habia en ella
lo mas rico de todas las naciones, tanto que se podia définir aquella
habitacion oon mucha propiedad : el templo de una diosa, d cuya» aras
ofrecm todo canûnanle lo mas raro y predoso de tu pms.Yi à la deidad
magestuosamente sentada en un almohadon de brocado carmesi
con franjas de oro. Era bçlla y corpulenta , porque habia engorda-
UBRO TER€ERO. 161
do con el iiumo de los sacrificios. Estaba en un gracîoBO desa-
liAo y y ocupaba sus lindas manos en componer un primoroso
u>cido naevo para Inenrlo aqoeUli noche en el teatro. Se&ora ,
le dgo la criada , este es d mayordomo de que tengo hablado ;
y puedo asegurar à ymd. seria dificil encontrar otro que fuese
Bias à prop6sito. Mir6aie Arsenia con particular atencion, y
isne la dicha de gnstarle. i Como asi , Laura ? exclamé ella ,
I cpiien te die noticia de tan beUo mozo ? Ya estoy Tiendo que
me iri muy bien con el. Y Tolviéndose à mi: Querido, me dijo»
tn eres el que yo buscaba , y el que irerdadeFamente me aco--
moda. Solo tengo que dedrte una palabra : EstarAs contento con-
raigo si me sir^es bien« Respondfle que karia ciianio estuviese
de mi parte para agradarh en todo. Viendo que estabamos
acordes , me despedi prontamente para ir i busear mi hatillo y
volver à tcnnar poeesion de la nneva easa.
CAPITULO X.
Entra Gil Bias i ienir de mayordomo en oasa de Ancgoda j informes que le da
liaura de los oomediantes.
Era poco mas 6 mènes la bora de la comedia , cuando mi
nueya ama me dijo la siguiese al teatro en compaftia de Laura*
Entrémos en el yestoario , y alii quitindose el vestido que lie-
raba, se puso otro magnifico para presentarseen la esGen&Asi
que CTipezô la representacion me Uevô Laura i un sitio desde
donde podiamos oir y yer perfectmnente. Desagradôme la mayor
parte de los représentantes » sin duda porque ya estaba prédis-
pnesto contra eilos en yirtud delo que le habia oido é don Pom-
peyo. Con todo eso faéron muy aplandidos, aunque algunos me
hiciéron acordar de la fabula del lechoncillo.
Tenia Laura graA ouidado de irmo'diciendo el nombre de los
comediantes y comediantas conforme iban saliendo al teatro ; y
no oonteiua con nombrarlos» hacia un retrato satirico de cada uno.
Este, declares un atolondrado;aquel un insolente. Aquellamelin-
drosa que yes^cuyo aire es mas descarado que gracioso, se llama
Rosarda, y fué muy mala adquisicion para la compaflia. Mas yaldria
que se marchera .con la que se esta formando de 6rden del yirey de
Noeya-Espafta y ya à salir inmediatamente para America. Mira
bien aquel astro luminoso que acaba de presentarse , aquel be*>
Uo sol que ya eaminando à su ocaso : Uâmase Casilda, y si cada
ano de los amantes que ha tenido la hubiera contribuido con una
piedra labrada para iiabricar una piramide , como dioen que en
otro tiempo lo hizo cierta reina de Bgipto , podria haher erigido
una que Uegase al fercer cielo. En fin , é cada coal fué pegando
159 GIL BLAS.
Laura su parchecito. {Que mala lengua! ni aun i so misma ama
perdonô.
Sin embargo de esto , confieso mi flaqneza , estaba yo apasio-
nado de eUa , aunqne su caràcter , moralmente hablando , nada
tenia de bueno. De todos decia mal con tanta gracia , que me gusK
laba hasta su misma malignidad.En los intermedios se leyanfaba
para ir à ver si Arsenia necesitaba algo , y en vez de volTer
prontamente , se enhetenia tras del teatro à recoger los reqaier;
bros 7 lisonjas que le decian los hombres. Una yez la segui para
obser varia , j yi que tenia machos conocidos. Note que très
comediantes uno en pos de otro la detuyiéron para hablarle , y
observé que gastaban demasiada familiaridad. No me agradô
esto mucho , y por la primera vez de mi vida comenzë àexperi-
mentar lo que eran zelos. Yolvime à mi sitio tan pensativo y
melancôlico , que Laura lo echo de ver laego que volvi6. ^Qaè
tieneSy Gil Bias? me preguntô admirada: ^qué negro humor se
ha apoderado de ti desde que te dejé? Muestras un semblante
triste y sombrio , que no se i que atribuirlo. Y lo peor es ,
reina mia , que es con sobrada razon , le respondi. Me parece
que andas algo suelta ; y esto me da c[ue pensar à mi mas que
à ti mi sentimiento. Yo mismo acabo de verte muy alegre y di-
vertida con los comediantes... Al oir esto dijo ella , soltando
una grandisima carcajada : Yamos claros , que es gracioso el
motivo detupesadumbre. ; Pues que! ^de tan poco te espantas?
eso es una friolera, y si estas algun tiempo cou nosotros veràs
otras mil lindezas. Es menester , hijo mio , que te vayas hacien-
do à nuestras mafias. Entre nosotros no se gastan hazafierias ,
ni mucho ménos se usan zelos. En la nacion cômica los zelosos se
llaman ridiculos» y asi apénas se encuentra uno. Padres, maridos,
hermanos, tios, primos, todos son la gente mas bien avenida
del mondo; y muchas veces ellos mismos son los que establecen
sus femilias.
Despues de haberme exhortado à no sospechar mal de mnguno ,
y é no inquietarme por nada de cuanto viese , me declarô qae yo '
era el jFéKz mortal que habia encontrado el oamino de su corazon ,
y me asegurô que me amaria siempre , y à nadie mas. Despues
de una seguridad como esta , de la cual podia yo bien dudar sia
temor de que me tuviese por muy desconfiado y le ofreci no espan-
tarme de nada ; y con efecto , cnmpli mi palabra. Aquella misma
noche la vi hablar â solas , reir y divertirse con varios sin dàrse-
me un bledo. Acabada la comedia volvimos à casa con nuestra
ama ; y poco despues llegô Florimunda con très sefiores viejos
y un comediante » que venian à cenar en compania de las dos.
Ademas de Laura y yo habia en casa una cocinera» un mozo
de cocina y un lacayuelo. Juntimonos todos para disponer la
cena. L^ cocinera , que era tan hàbil como la seftora Jacinta , dis-
LIBRO TERCERO. 1S3
paso las ykuidas ayadéndole el marmiton. La doncella y el la-
cayaelo posiéron la mesa , y yo caidé de cnbrir el aparador con la
mas bella vajiUa de plata , y algnnos ^asos de oro , TOtos ofre-
ddos à la deidad de aqael templo. Adornèle tambien con dife-
rentes boiellas de yinos exquisitos , haciendo de copero » para que
viese mi ama qae era yo hombre para todo. Admiréme de ver e 1
porte y aire de las comediantas durante la cena , aparentando ser
damas de importancia , y figuràndose ellas mîsmas que eran se-
floras de la primera distindon. Lèjos de dar à los seflores el tra-
lamiento de exceleneia , no les daban ni aun el de seikoria, conten-
téndose con llamarlos por sus apellidos. Es verdad que ellos se
tenian la culpa , porque se Cuniliarizaban demasîado con ellas. El
comediante por su parte , como acostumbrado à hacer el papel de
bèroe , les trataba tambien sin cumplimiento : brindaba i su salud,
y hada los honores de la mesa. Â fè , dije entre mi , que cuando
Laora me dijo que un marques y un comediante eran iguales parte
del dia , pudo afladir que aun lo eran mucho mas por la noche ,
]Nies la pasan bebiendo juntos toda ella.
Arsenia y Florimunda eran naturalmente alegres. Ocurriéronles
mfl didios chistosos , y algo mas , mezdados con foyordllos y
monerias miqr celebradas por aquellos randos pecadores. Mièn-
tras mi ama couTcrsaba inocentemente con uno , su amiga, que
se haDaba entre los dos , no hacia dertamente el papel de Susana
con ellos. Yo estaba considerando atentamente aquel retablo ( que
à la yerdad tenia muchos atractiyos para un mozo de mi edad )
coando se sirrièron los postres. Entônces puse en la mesa bote-
lias de licores con sus copas c£>rrespondienteSy y me retiré à cenar
con Laura , que me estaba esperando. Y bien , Gil Bias , me dijo ,
;qué te parece de esos seftores que bas yisto? Sin duda, le res-
pond! , son los cortqos de Arsenia y de Florimunda. Te engaikas ,
replicô eQa: son unos yiejos Tohiptnosos que galantean i todas
sin fijarse en ntnguna. Se contentan solo con un poco de agrado »
y son tan generosos que pagan bien los levés fevores que se les
conceden. Florimunda y mi ama estàn ahora sin amantes, à Dios
gracias , hablo de aquellos amantes que quieren alzarse con la
*aotoridad de maridos, y que sean para si solos todos los gustos
d^la casa porque hacen el gasto de ella. Yo soy de opinion que
ana muger de juicio debe huir de todo lo c[ue huele A empefio par-
ticular. ^À que fin sujetarse i ninguno que la domine? Mas vale
ganar poco à poco alhajas , que comprarlas de una vez i Costa de
tan impertinente sujecion.
Cuando Laura estaba de humor de parlar, lo que le acontecia casi
de continno , nada le costaban las palabras : tanta era la soltura
de su lengua. Cont6me mil lances que habian sucedido à las co-
mediantas del corral del Principe ; y conoci por sus conversacio-
nés que no podia estar yo en mejor escuela para conocer perfec-
1S4 GIL BLA8.
tamente lo$ vicios. Hallibaiiie por mi desgrada en «la edad eo
que estos apënas causan horror , y afladiase à esto que la tal nifta
los sabia pintar tan bien » que en ellos solo consideraba yo pla-
ceres y delicias. No tuvo tiempo para instninrme ni aun de la dé-
cima parte de las gloriosas hazaûas de las faeroinas de teatro ,
porque no habia mas que très boras que estaba hablando. Los
seàores y los comediantes se retiràron al fin con Fioriraunda ,
acompafiiàndola hasta su casa.
Luego que salîèron , me di6 diez doblones mi ama, didéodo-
me: Toma , Gil Bias , ese dinero para el gasto. Maûana Tienen à
comer cinoo ô seis de mis compafieros y oompafteras, procura
regalarnos bien. Seûora , le respond! , con diez doblones me acre-
¥0 à dar una snntuosa comida , aunque sea à toda la cuadrilla
cèmica. ^Qué es eso de cuadrilla? repuso ella. Mira como haMas.
No se debe Uamar cuadrilla , sioo compaâia. Se dice moy bien una
cuadrilla de bandidos 6 de holgazanes; puede decirse una cua*
drilla de autores ô de poetas ; pero guéûrdate de volver à decir
cuadrilla de comediantes. La nuestra es compaftia; y sobre todo
los actores de Madrid merecen bien que à su cuerpo se le de este
nombre. Pedi perdon à miama de haber usado de unaexpresion
lanpoco respetuosa» suplicàndole disculpase mi ignorancia, y
protestando que, siempre que hablase de los seâores representan*
les de Madrid colectivamente , diria oompaâia, y jamas cuadrilla.
CAPITULO XI.
Od modo con que viTian entra sî lot comediantes , y como trataban â los
aatores de comediaa.
Al dia siguiente muy de maftana sali â campafta para dar
principio à mi empleo de mayordomo. £ra TÎgilia ; y por ôrden
de mi ama compré buenos polios , conejos , perdices , y otras
frioleras de semejante especic. Como los seAores càmicos no estàn
contentos de los ritos de la iglesia con respecto à ellos , no ob-
seryan con mucha puntualidad sas mandamientos. Llevé à casa
mas comida de la que bastaria para alimentar à doce persouas
honradas los très dias de carnestolendas. La cocinera Uivo bien
en que diyertirse toda la maâana. Miéntras ella cuidaba de ade-
rezar la comida se leyantô Arsenia de la cama, y se sento al to-
cador , donde estuvo hasta medio dia. Llegàron entônces los se- .
âores comediantes Ricardo y Casimiro. A estos se siguiéron dos
comediantaSy Constancia y Leonorfun momento despues se dejô
ver Florimunda, acompaûada de un faombre que tenia toda la
traza de un caballero majo: el cabello peinadoâ la ùbima moda,
un sombrero con una ala levantada , y su penacbo de plmnas en
LIBRO TERCERO. 155
figan de ramfllete ; cakones ajnstados ; ropBa * bordada con So-
res de oro , y medio desabrochada, por donde se descubria una
finisiiiia camisa gnarnecida de ricos encajes; guanlesy paAoelo de
cambray delicadisimo , metidos en la guarnicion 6 cazoleta de la
eapada ; capa larga, terciada sobre el homtH'O con mudio garbo
y bizarria.
Cod todo eso , aunque de tan buena traza, y hombre Terdadera-
mente bien plantado , toda^ia me pareciô deseubrir en él un no
se que de extraâo que me chocaba. £s imposible , decia yo entre
mi , que no sea un hombre raro este sugeto. No me engaâè en mi
concepto , porque era un ente singular. Luego que entré en el
coarto de Ârsenia fuè precipitadamente à abrazar à todas las co-
fliediantas y comediantes con mayor intrepidez y algazara que el
nozalvete mas atronado. Gomenzô à hablar , y me confirmé en mi
opinion. Se recalcaba sobre cada silaba, y pronnnciaba las pala-
bras con cierto modo enfitico , pomposo y gutural , accionando ,
gesticalando , y haciendo con los ojos aquellos moyimientos que ,
é su parecer , estaba pidiendo el asunto. Tuye la curiosidad de
pn^ntar à Laura quien era aquel caballero. Disculpa tu curiosi-
dad , me respondiô prontamente. Es imposible no teneria al Ter
por la primera vez al sefior Carlos Alfonso de la Yentoleria. Yoy
é pintéitdle al natural. Primeramente fuè en otro tiempo come-
diante ; dejô el teatro por antojo , y se arrepintiô despues mirén-
dolo con juicio. ;Has reparado en su cabello negro? pues sàbete
que es teftido , ni mas ni mènos que sus cejas y bigotes. Es mas
viejo que Saturne. Sin embargo , como sus padres , cuando naciô ,
se olyidâron de hacer asentar su nombre en el libre de bautiza-
dos y él se aprovecha de este descuido para quitarse Teinte alios
por lo mènes. Fuera de eso , es el hombre mas pagado de si mis-
mo que quizà se encontrarà en toda Espafia. Paso los ocho pri-
meros lustres * de su yida en una compléta ignorancia; y para
hacerse sabio encontre despues un cierto preceptor que le en-
sefiô é deletrear en griego y en latin. Aprendiô de memoria una
multitud dé cuentos y chistes, que i fuerza de repetirlos se ha
Uegado à persuadir de que son suyos efectivamente. Hàoelos
Tenir i la conyersacion aunque sea arrastràadolos por los cabe»
Oos, y se puededecir de U que lo luce su entendimiento à costt
de su memoria. Finalmente , se dice que es un grande actor » y
lo creo piadosamente ; pero te confieso que nunca me ha g«s-
tado. Algnnas yeces le oigo dedaroar aqui» y entre otros defeOos ,
* RopiUa era una espccie de chaqaeta larga con faldetas que por delante se
itjuitaba al cuerpo : tenia en los hombros sus brahones para adomo ,' y era miiy
•emejante à las que usan los actores cuando TÛten k la antigna espaAola. Tarn*
Inen soUan llamarla juhon.
' Cada Instro es cinco aâos.
156 GIL BLAS.
es muy yisible el de una pronoiiciacion tan afectada» y con una voz
tantrémola, qaedacierto aire antiguo y ridicalo àsu dedamadon.
Tal file el retrato qae la seflora Laura me hizo de aqnel his-
trion faonorario , de qoien puedo decir con verdad que no he
Yisto mortal de un aspecto mas orgulloso en todos los dias de
mi yida. Queria hacer tambien el chistoso y discreto , sacando
de su mollera dos ô très cuentos, que nos encajô en tono grave
y bien estudiado. Por otra parte las comediantas y comediantes,
que ciertamente no habian yenido à callar , tampoco estuyiéron
mndos. Gomenzâron à hablar de sus camaradas ausentes , à la
verdad de nn modo pooo caritatiyo; pero esto es menester per-
donérselOy tanto a los comediantes como à los antores. Acalo-
rose un poco la conyersadon à expensas del prôjimo. ; Habeis
sabidOy amigas, dijo Gasimiro, el nuevo pasage de nuestro com-
paAero Gesarino ? Gomprô esta maflana un par de médias de
seda , dntas y enoages , hadendo despues que un page se los
lleyase al ensayo como de parte de cierta condesa. { Que bribo-
nada I exclamô el seflor Ventoleria con cierta risita yana y mo-
fodora. En mi tiempo se usaba mas realîdad. Ninguno pensaba
en semejantes fiodones. Es verdad c[ue aun las damas de mayor
distincion nos ahorraban la ruindad y el trabajo de inventarlas;
pues tenian el eapricho de ir ellas mismas en persona à comprar
lo que nos regalaban. Fardiez , repuso Ricardo , en el mismo
tono y que ese eapricho aun no se les ha pasado ; y si fiiera
licito decir todo lo que uno sabe en este punto... Pero es fiierza
callar dertos lances , particularmente cuando tocan à personas
de suposicion.
SeAoreSy interrumpiô Florimunda, suplico â ustedes dejen à
un lado esos lances y buenas fortunas, puesto que todo el
mundo las sabe , y hablemos algo de nuestra Ismenia. He oido
que se le ha escapado aquel sefïor que gastaba tanto con ella.
Es muy cierto, respondiô Gonstanza» y aun dire mas ; tambien
acaba de perder un rico mayordomo , à quien sin rçmedio hu-
biera dejado sin camisa. Lo se originalmente. Su mensagero hizo
un qui pro quo, Hevando al seAor un billete que era para el
mayordomo, y al mayordomo una carta que escribia al seflor.
Dos grandes pérdidas, afladiô Florimunda. i Oh! replicô pron>
tamente Constanza , por lo que toca à la del seAor , es poco
importante, pues yahabiaconsumidocasi toda su hacienda; pero
el mayordomo ahora comenzaba su carrera. No ha pasado aun por
la adùana de las coquetas, y asi es una pérdida muy digna de
llorarse.
 esto, poco mas ô mënos, se redujo la conversacion antes
de comer, y sobre el mismo asunto continuô durante la comida.
Y como nunca acabaria yo si hubiese de referir cuantas especies
se tocàron, todas de murmuracion 6 de fatuidad, cl lector lie vara
LIBRO TERCERO. 157
à bien qae las suprima, para contarle el modo con que file reci-
bido an pobre diablo de autor, que Ilegô à casa de Arsenia hécia
el fin de la comida.
Entré nnestro lacayuelo donde estaban oomiendo, y en yoz
alla dijo â mi ama : Seftora, ahi esta un hombre con la camîsa
sucîa y Ileno de cazcarrias hasta el cogote, que con perdon de
ustedes tiene traza de poeta, y dice que desea hablar à vmd.
Hazle subir, respondiô Arsenia. Nada de cumplimientos, seflores,
aûadiôy que es un autor. Efectivamente era uno que habia corn-
puesto cîerta tragedia admitida por la compaflia; y traia el papel
que habia de representar mi ama. Uamàbase Pedro de Moya. Al
entrar hizo cinco ô seis profundas cortesias à los concurrentes ,
sin que ninguno de ellos se levantase, ni siquiera le saludase.
Solamente Arsenia le correspondiôcon una simple inclinacion de
cabeza. Fuése acercando , pero siempre temblando y confiiso :
cayéronsele los guantes y el sombrero ; le^antôlos , y se acercô
i mi ama; y presenténdole un papel mas respetuosamente que un
litigante présenta à su juez un memorial: Dignaos, sefiora, le dijo,
de aceptar el papel que tengo la honra de ofrecer à yuestros
pies. Rccibiôle eUa con la mayor frialdad» y con cierto aire de
despredo , sin dignarse ni aun de responder una sola palabra à
sa cumplimiento.
No por eso se acobardô nuestro autor, el cual, aproyechando
aquella ocasion para distribuir otros papeles , dîô uno é Casi-
miro y otro i Florimunda, qnienes los tomàron sin mas cortesia
ni ceremonias que las que habia usado Arsenia ; entes por el
contrario el comediante, naturalmente muy cortes, como lo son
casi todos estos seflores, le insulté con chanzas picantes; pero el
buen Pedro de Moya las Ueyô con paciencia, y no se atreyiô à
volyerle las nueces al càntaro porque no lo pégase despues su
trigica composicion. Retirôse sin decir palabra, pero à mi pare-:
cer yiyamente picado del recibimiento que le habian hecho. Tengo
por cierto que alli en su interior no dejaria de decir mil pestes
de los comediantes como merecian; y estos, depues que èl saliô»
comenzàron à hablar de los autores con mucho respeto. Paré-
ceme, dijo Florimunda, que el seûor Pedro de Moya no ha ido
muy satisfecho de nosotros.
Y bien, seflora, interrumpiô Casimiro, ^qué cuidado se os
da? ^Por yentura son dignos de nuestra atencion los autores ?
Si los igualaramos i nosotros , ese séria el mejor medio para
echarlos à perder. Tengo bien conoddos à esos pobres diablos,
y por eso mismo se que, si los trataramos de otra manera, presto
se olyidarian de lo que son, y nos perderian el respeto. Traté-
mosloSy pues, como esclayos, y no temamos que les apuremos
la paciencia. Si enfadados se retiraren de nosotros algnn tiempo,
no durarâ mucho : la mania de escribir les harà presto yolyer à.
158 GIL BLAS.
boscamos, j daréii gracias i Dios si nos dignamos de repreaentar
toe obras. Tienes mocha razon, dijo entônces Arsenia : sola-
mente perdemos aquellos autores cuya fortona labramos con
nuestra habilidad, paes luego que los hemos acreditado 7 poesto
en parage de que tengan que comer , se dan é la odosidad, 7 ya
no quieren traibajar ; pero al fin la compafiia se consuela, 7 "el
publico tiene ménos qae padecer.
Aplaudièron todos este parecer, y quedàron en que los auto-
reSy à pesar de lo mal que los trataban los comediantes, siempre
les estaban muy obligados , porque les eran dendores de todo )o
que tenian. Asi los abatian los histriones, haciéndolos infertores
à ellos, 7 dertamente no podian despreciarlos mas.
CAPITULO XU.
Toma Gil Bias indinacion al teatro , entrtfgase enteramente a los pasatiempoa
de la Tida comica, y dentro de pooo se disgusta de ella.
Los convidados se quedàron hablando sobre mesa basta que
llegô la hora de ir al teatro , y entônces marchàron todos à ël
SeguiloSy y vi tambien la comedia que se représenté aquel dia ,
la que me gustô de manera, que hice ànimo de no perder nin-
guna. Asi me fui insensiblemente acostumbrando à los actores :
é tanto tiega la fiierza de la costumbre. Uevàbanme particular-
mente la atencion aquellos que hacian mas gestos y daban mas
grRos en las tablas , y no era yo el ùnico de este gusto.
No me causaba ménos agrado la discrecion de las piezas
que el modo de representarlas. Algunas yerdaderamente me
embelesaban : sobre todo aquellas en que se dejaban ver i un
mismo tiempo en el teatro todos los cardenales, 6 los doce pares
de Frauda. Sabia de memorîa muchos pasos de aquellos incom-
parables poemas. Acuérdome de que en dos dias aprendi toda
entera una comedia femosa, mtitulada : La re'ma de Iom fioret. La
Rosa era la reina , que tenia por confidenta é la Violeta, 7 por
escudero al Jazmin. No habia para mi obras mejores que las
parecidas à estas , persuadido de que daban mucho honor k
nuestra nacion.
No me oontentaba cou adomar mi memoria con los trozos
mas selectos de estas bellas producdones draméticas , sino que
tambien me apliqué à perfeccionar el gusto , y para conseguirlo
con acierto escuchaba con la mayor atencion el parecer de los
comediantes. Si alababan una pieza , yo la estimaba, y despre-
ciaba todas aquellas de que les oia haMar mal. Pareciame que
eran tan înteligentes en piezas teatrales como los diaman-
LIBRO TERCERO. 169
ttftas en piedras preciosas. Sin embargo , observe que la trage-
dia de Pedro de Moya faé muy aplaudida, aanque ellos habian
pronostkado que todos la ailbarian. Pero no baste esta expe-
nencia para que su critka se me biciese sospechosa ; y entes
quise créer que el publico carecia de gusto y discemimiento ,
que dndar de la infelibilidad de la compaftia. No obstante , me
aseguraban todos que ordinariamente eran redbidas con aplausos
aqoellas comedias nuevas de que los actores formaban mal con-
ceptOy y por el contrario , silbadas casi todas las que ellos mas
ceiebrabaiL Dedanme que era regla general suya hablar siempre
mal de las obras , y me citaban mil ejemplares de algunas que
babian desmentido sus decisiones. Todo esto fué menester para
que al cabo me desengaflase.
No se me olvidaré jamas lo que sucediô un dia en que se
représenté una comedia nueva *. Habiales parecido à los come-
diantes firia y iastidiosa, adelantàndose à pronosticar que el
aoditorio no la veria condnir. Con esta preocupacion represen-
tàron la primera jomada, que mereciô grandes aplausos. Admi-
rôlos mucho esto. Representâron la segunda , la cual aun fué
mas aplaudida que la primera. Y he aqui à todos mis pobres
actores atAnitos. | Como diablos es esto ! exclamaba Casimiro :
esta comedia adquiere foma. Representâron la tercera, que fué
sin comparacion mas celebrada que las otras dos. Yo no lo
entiendo, dijo Ricardo : cuando creiamos que esta pieza no lo-
graria aceptadon, todos la aplauden. Seflores , dijo entônces un
cômico ingenuamente , la causa es porque hay en ella mil gra-
cias y raagos ingeniosos que nosotros no habiamos comprendido.
Desde entônces dejé de tener i los comediantes por buenos
joeces, y me hice justo apreciador de su mérito. Ellos mismos
acreditaban con cuanta razon la gente les afeaba varias ridicu-
leoes. Veia yo claramente que los aplausos nada merecidos tenian
echados à perder tanto é los cômicos como à las cômicas , los
cnaleSy consideràndose como personas de suma importancia, y
objetos dignos de admiradon, estaban persuadidos de que hacian
gran favor al publico en divertirle. Dàbanme muy en rostro sus
defiectos; mas, por mi desgracia» su modo de vivir Uegô à
gastarme demasiado , y asi me vi metido Ue pies à cabeza en
el desenfreno y en la disolucion. Ni podia ser otra cosa. Todas
SOS conversaciones eran pemiciosas à la juventud , y nada veia
en ellos que no contribuyese à estragarme. Aun euando no su-
piera yo todo lo que pasaba en las casas de Constancia, Casilda
j las demas comediantas , bastaba para perderme lo que estaba
Tiendo en la de Arsenia. Ademas de aquellos sefiores ya viejos
de que habI6 antes, concurrian é ella varios elegantes, y no pocos
' Esta fué El amor af uso » de don Antonio de Solis.
160 GIL BLAS.
hgos de familia , que encootraban en los nsureros todo el dinero
que habian menester para arroiiiarae. Algnna yez recibian tambien
 ciertos agentes de quienes se seryian, los coales, en yez de ser
pagados por su trabajo , lea pagaban i ellas porque se dejasen
seryir.
Florimunda yiyia pared por medio de Arsenia, y todos los
dias comian y cenaban juntas. Estaban las dos tan unidas que
causaba admiracion à las gentes yer tanta armonla entre corte-
sanas» y se creia que tarde 6 temprano se romperia su amîstad
por algun obsequiante ; pero conocian mal à tan perfectas ami-
gas, porque era muy intima su union : en lugar de ser zelosas
como las demas mugeres, hacian yida comun. Gustaban mas de
repartir entre si los despojos de los hombres , que de disputarse
neciamente sus amorosos suspiros.
Laura, à ejemplo de estas dos ilustres compareras, aproye-
chaba tambien el tiempo , no dejando malograr lo mas florido
de sus afïos. Habiame ella dicho que yeria mil lindezas, y no me
engafiô. Con todo eso, yo no hacia el zeloso , por haberie pro-
metido que proGuraria adoptar el espiritu de la compafiia. Disi-
mule por algun tiempo, contenténdome con preguntarle ei nombre
de los sugetos con quienes la yeia à solas en conyersacion ; pero
siempre me respondia que era un tio ô un primo carnal suyo.
\ Ob, y cuanta multitud de parientes tenia I Su familia debia ser
mas numerosa que la del rey Priamo K Mas no era negodo de
atenerse ùnicamente à su infinita parentela : hacia tambien sus
salidas fiiera del àrbol genealôgico, y no se olyidaba de ir decuando
en cuando à representar el papel de seftora yiuda en casa de la
yieja de antafio. En fin, Laura, por dar al lector una idea cabal
de su persona, era tan jôyen, tan linda y tan alegre como su
ama, excepto que esta diyertia al pueblo publicamente , y la
criada solo lo hacia en secreto. Yo cedi al torrente, y por espacio
de très semanas me entregué à todo gënero de placeres y pasa-
tiempos; pero debo decir que en medio de ellos me sentia ator-
mentado de crueles remordimientos, efecto de mi educacion, que
llenaban de amargura todas mis delicias. No triunfô la disolucion
de tan saludables remordimientos : al contrario , eran mayores
cuanto mas me abandonaba à mis desôrdenes. Comenzéron estos
à caiisarme horror , gracias à mi natural complexion. | Ah des-
yenturado ! me deda yo à mi mismo : ; es esto lo que esperaba
de ti tu familia ? No te bastaba haberla engaiiado tomando otra
carrera que la de preceptor ? £1 yerte precisado é seryir i te
dispensa de cumplir con las leyes de hombre de bien?iParéceie
* Ultimo rey de Troya , de qaien se dice turo hasta cincuenta hijos habidos
con Tanas esposas : de una sola diez y naeve Taroncs y doce hembras. Y co-
node de ettos una numnrostsinia descendencia.
LIBRO CUARTO. 161
tjne te puede ser de algun proyecho el yiyir enlre gente tan
Tidosa? £n unos reina la inyidia, la ira y la ayarida ; el pudor
7 la yergûenza estàû desterrados de otros ; estos se entregan i
la intemperancMl y à la pereza ; aqoellos al orguUo y i la inao-
leacia.£sto ie acabô : no quiero yiyir mas con los siete pecados
capitales»
!»■■■» ■■>■■■ >»>»■>
LIBRO CUARTO.
CAPITULO I.
Mo pudiendo Gil Bias «comodane i Us costmnbres de los oomediantet, se sale
de casa de Araenia , y halla m^or coiiTemeiicia.
Un tantico de honor y de religion que conseryaba todayia en
medio de tan estragadas costumbres me obligé no solo à dejar
é Arsenia , sino tambien à romper toda comunicacion con Laura»
à quien sin embargo no podia ménos de amar, aon conodendo
que me hacia mil infidelidades. Dichoso aquel que sabe aproye-
charse de dertos momentos en que la razon yiene à turbar los
ilidtos embelesos que la tienen obcecada. Amaneciô, pues, una
maflana , muy dichosa para mi , en la cual hice mi hatillo , y sin
cQptar con Arsenia, que, si ya à decir yerdad , casi nada me
dcbia de mi salario, ni despedirme de mi querida Laura, sali
de aqnella casa, en que solo se respiraba libertinage. Premiôme
inmediatamente el delo esta buena obra , pues encontrando al
mayordomo de mi dUunto amo don Matias , le saludé , y èl, co-
nodëndome al instante , me preguntô à qnien seryia. Respondile
que liabia estado un mes en casa de Arsenia, cuyas costumbres
desenyueltas no me cuadraban , y que en aquel mismo punto yo-
luntariamente acababa de dejarla por salyar mi inocencia. El
mayordomo , como si de suyo fuera hombre escrupuloso , aprobô
mi delicadeza , y me dijo que , pues yo era un mozo tan honrado,
queria ël mismo buscarme una buena conyeniencia. Cumpliô
puntualmente su palabra , y en aquel mismo dia me acomod6
con don Vicente de Guzman , de cuyo mayordomo ël era grande
amigo.
No podia entrar en m^or casa ; y asi nunca me arrepenti de
haber estado en ella. Era don Vicente un caballero ya anciano y
muy rico, que habia muchos aAos yiyia feliz sin pleitos y sin
muger , porque los medicos le habian priyado de la suya que-
rièndola curar de una tos, que yerostanilmente la dejaria yiyir
11
tea GIL BLAS.
mas largo tiempo ai no httbiera tornado soa reaiedios. No pensô
jamas en Tolverse à casar, dedicàndose enteramente à la edu-
cadon de Aurora sa hqa «nica , que entraba entènces en los
Teinte y seis aAos , y era ana seûorita compléta. Juntaba a sa
hermoiora pooo coman on entendimiento despejado , y grande
instruccion. Su padre era hombre de poco talento ; pero tenia el
de saber gobernar sn casa. Solo le haUaba yo un defecto , que à
los yiejos selesdebeperdonar : gastaba mucho dehablar, sobre
todo de guerras y batallas. Si por una desgracia se tocaba esta
tecia en su presencia , luego sonaba en su boca la trompeta be-
rôica , y se tenian por muy afortunados los oyentes si se conten-
taba con embocarles la reladon de très batallas y dos sitios.
Como babia militado las dos terceras partes de su vida, era^u
memoria un manantial inagotable de fiinciones y hazaAas milî-
tares , que no siempre se oian con el gusto con que el las rela-
taba. Â esto se aAadia c[ue era muy prolijo , sobre ser un poco
tartamudOy con lo cual sus relaciones se bacian en extremo
desagradables. En lo demas no era facil encontrar un seAor de
mejor caràcter. Siempre de igual humor , nada testarudoni capri-
choso ; cosa yerdaderamente rara en un bombre de su dase.
Annqne gobernaba sn hacienda con juicio y economia , se tra-
taba muy decentemente. Gomponiase su familia de varios criados,
y de très criadas que seryian k Aurora. Conoci desde luego que
el niayordomo de don Matias me habia colocado en una buena
casa» y solamente pensé en el modo de conseryarme en ella.
Apliquéme i conocer bien el terreno , y à estudiar el genio é
înclinaciones de todos : arreglé despues mi conducta por este
conodmiento , y en poco tiempo logré tener en mi foyor al
amo y à todos mis compaAeros.
Haîbiase pasado casi un mes desde mi entrada en casa de don
Vicente , cuando se me figurô que su hija me distinguia entre
los demas criados. Siempre que me miraba me parecia obseryar
en sus ojos derto agrado que no adyertia en ella cuando miraba
k los otros. A no haber tratado yo con elegantes y comediantes,
nunca me hubiera pasado por la imaginacion qœ Aurora pen-
sase en mi ; pero me habian abierto los ojos aquellos seftores
mios 9 en cuya escuela no siempre estaban en el mejor predica*
mento aun las damas de la mas alta esfera. Si hemos de dar
crédito à algunos histriones , me decîa yo é mi mîsmo , tal yez
sueien yenir é las se floras mas cysUnguidas dertas £ant2uiias , de
las cuales saben ellas aproyecharse. ^ Que se yo si mi ama tendri
de estos caprichos ? Pero no, afiadia inmedîatamente , no puedo
persnadirme tal cosa : no es esta seftorita una de aqoellas Me-
satinas * que , olyidadas de la noble altiyez que les infnnde su
* Uimanse Mesalinas à lasinpudicas, porqae YalDria Mesalina , mnger dd
LIBRO CUABTO. 163
nacâniento, se rinden à la indecencia de hamillarse hasta el
polTO , y se deshonran à si mismas sin rubor. Sera quizà una
de aquellas yinaosas , pero tiemas y amorosas doncellas , que ,
sin traspasar los limites que la yirtod prescribe i su ternura ,
no hacen escrùpulo de inspirar , ni de sentir ellas mismas una
pasioo delicada que las entretiene sin peligro.
Este era el juido que yo fbrmaba de mi ama , sin saber preci-
sam^ite à que atenerme. Miéntras tanto , siempre que me yeia » no
dejaba de sonreirse y alegrarse : de manera que sin pasar por
nedo podia cualquiera créer tan bellas apariencias, y por lo
mismo no halle medio de impedir que me sedujesen. Consenti •
pues, en que Aurora estaba muy prendada de mi mérite , y
comenzé à considcrarme como uno de aquellos criados afortu*
nados i quienes et amor hace dulcisima la seryidumbre. Para
mostrarme en cierto modo ménos indigno del bien que parecia
querer proporcionarme la fortuna, empezé à cuidar del aseo de
mi persona mas de lo que habia cuidado hasta allL Gastaba
todo mi dinero en comprar ropa blanca , aguas de olor y po-
Duidas.Lo primero que haciapor lamaftana, luego que me levan-
laba de la cama, era layarme, perfomarme bien, y yestirmc
con todo el aseo posible , para no presentarme con desaliflo à
mi ama en caso que mé Uamase. Con este cuidado de compo-
nerme, y con otros medios que empleaba para agradar, me
lisonjeaba de que no tardaria^mucho en dedararse mi yentnra.
Entre las criadas de Aurora habia una que ae llamaba la
Ortiz. Era una yieja que hacia mas de yeinte aAos que seryia en
casa de don Vicente. Habia criado i su hija , y conseryaba toda-
yia el tltulo de duefla , aunque ya no ejercia aquel penoso
empleo. Por el contrario , en lugar de yigilar las acciones de
Aurora, como lo hacia en otro tiempo, entônces solo atendia à
ocultarlas , con lo cual gozaba toda la confianza de su ama. Una
nocfae , habiendo buscado la dueAa ocasion de hablarme , sin que
nadie pudiese oimos , me dijo en yoz baja que, si .yo era pru-
dente'y caUado » bajase al jardin & media noche , donde sabria
oosas qae no me disgustarian. Respondile , apretàndole hi mano,
que sin fiilta aiguna bajaria , y prontamente nos separàmos para
no ser sorprendidos. Ya no dude entônces de ser yo el objeto
del carijk) de Aurora. | Oh , y que Uirgo se me hizo el tiempo
hasta la cena, sin embargo de que siempre se cenaba temprano ,
y desde la cena hasta que mi amo se recogiô ! Paredame quo
aqnella noche todo se hacia en casa con extraordinaria lentitud.
Y para aumento de mi fostidio , cuando don Vicente se retiré é
cmperador de Roma Claudio , fuë tal rez la mas disoluta, impudica y deâenfror
Bada de que hace mencioii la historia. Fuë maerta con uno de fus amantes de
ôrden de su marido el aAo 46 de la era cristiana.
164 GIL BLAS.
sa caarto , en yez de pensar en dormirse , se poso à repetinne
SOS campaflas de Portugal con que tanto me habia machacado.
Pero lo cfue jamas habia hecho , y lo que precisamente giiard6
para regalarme aquella noche , foe irme nombrando uno por uno
todos los oficiales que se habian hallado en ellas , refiriéndome
ai mismo tiempo las hazaftas de cada cual. No puedo ponderar
cnanto padeci en estarle oyendo basta que concluyô. Al fin acabô
de babiar y se metiô en la cama. Retirème inmedîatamente al
cttarto donde estaba la mia , y del que se bajaba por una escalera
sécréta al jardin. Untème de pomada todo el cuerpo ; puseme
une camisola limpia bien perfumada ; y nada omiti de cuanto me
pareciô podia contribuir à fomentar el capricho que me habîa
figurado en mi ama , oon lo que fui al sitio dfi la cita.
No encontre en ël é la Ortiz, y juzgué que, cansada de espe-
rarme » se habia vuelto à su cuarto , lo que me hizo perder todas
mis esperanzas. Eché la culpa à don Vicente , y cuando estaba
dando al diablo sus campailas, diô el relox, conté las horas, y
vi que no eran mas que las diez. TuTe por cierto que el relox an-
daba mal, creyendo imposible que no fuese ya por lo mènos la
una de la noche ; pero estaba tan engaftado, que un cuarCo de hora
despues toIyI à contar las diez de otro relox. | Bravo! dije en-
tônces entre mi : todayia me faltan dos horas enteras de poste 6
de centinela. No culparàn mi tardanza. Pero ;qué haré basta las
doce? Paseémonos en este jardin, y pensemos en el papel que
debo hacer , que es para mi harto nuevo. No estoy acostumbrado
à las bizarrias de las damas de distincion; solamente se lo que
se practica con las comediantas y mugercillas. Se présenta uno à
ellas con familiaridad y franqueza , y les dice su atreyido pensa-
miento sin reparo; pero con las sefloras se observa otro ceremo-
nial. Es menester , à lo que me parece, que el galan sea cortes ,
complaciente, tierno y moderado, pero sin ser timido. No ha de
querer precipitar atropelladamente su fortuna : para lograrla debe
esperar el momento feyorable.
Asi discurria yo , y asi me proponia procéder con Auront. Fi-
guràbame que dentro de poco tendria la dicha de yerme à los
pies de aquella amable persona, y decirle mil cosas amorosas.
Gon este fin traia à la memoria los pasages de las comedias que
me pareciô podian seryirme y darme gran lucimiento en nuestra
conyersacion à solas. Lisonjeàbame de que los aplicaria con opor-
tunidad; y esperaba que, à ejemplo de algunos comediantes que
yo conocia , pasaria por hombre de entendimiento , aunque no
tuyiese mas que memoria. Miéntras me ocupaba en estos pensa-
mientos , los cuales diyertian mi impaciencia con mas gusto que
las relaciones militares de mi amo, oi dar las once. \ Bneno ! dije
entônces; ya no me foltan mas que sesenta minutos que esperar:
armèmonos de paciencia. Cobré ànimo, y volyime i recrear con
LIBRO CUARTO. 165
las aiegres fantasias de mi imaginacion , parte paseàndome, j
parte sentândome en un delicioso cenador formado en el ex-
tremo del jardin. Uegô en fin la hora de mi tan deseada, es
decir las doce. Pocos instantes despues se dej6 ver la Ortiz , tan
pnntoal como yo, pera mènos impaciente. Seftor Gil Bias, me
dijo al acercarse , ;coanto ha que esté ymd. aqni ? Dos horas » le
respondi. En yerdad, afiadiô ella riëndose, que es vmd. muy
€imiplidOy y da gosto darle citas para estas horas. Es cierto, pro-
sigoiô ya en tono serio , que eso y mucho mas merece la dicha
que le yoy à anunciar. Mi ama quiere hablar & solas con ymd. , y
me ha mandado que le introduzca en su cuarto en donde le espé-
ra: no tengo otra cosa que decirle; lo demas es un secreto que
Tmd. no debe saber sino de su propia boca. Sigame à donde le
condozca; y dicho esto me cogiô de la mano, y ella misma me
introdujo misteriosamente en el aposento del ama por una puerta
fiilsa de que tenia^ la Dave.
CAPITULO II.
Como redbiô Anrora d Gil Bias , y la coiiTersacioii que oon él toTo.
Halle A Aurora vestida de trapillo , lo que no me disgustè : sa-
ludëla cen el mayor respeto y con la mejor gracia que me fiiè
posible. Recibiôme con semblante risueiio; hizome sentar junto à
81 repugnândolo yo, y lo que mas me agradô fué que mand6 â
su embajadora se retirase à su cuarto y nos dejase solos. Despues
de este preludio, volviéndose h&cia mi, me dijo : Gil Bias, ya
babrés advertido que te miro con buenos ojos , y te distingo
entre todos los criados de mi padre : cuando esto no foese bas-
tante para hacerte conocer la* particularidad con que te estimo ,
juzgo que no te dejari dudarlo este paso que ahora doy.
No le di'tiempo para que dijese mas. Pareciôme que como
hombre discreto debia respetar su pudor, y no darle lugar à mayor
explicadon. Leyantème enagenado, y arrojàndome à sus pies
como un hëroe de teatro que se arrodilla ante su princesa , ex-
damé en tono declamatorio : \ Ah, sefioral i me habré engafiado ?
;se dirigen â mi yuestras palabras? ;serà posible que Gil Bias ,
juguete hasta aqui de la fortuna y el desecho de toda la natura-
leza, sea tan yenturoso que haya podido inspiraros afectos...
Baja un poco la yoz, me dijo sonriëndose mi ama, por no des-
pertar A las criadas que duermen en el cuarto yecino. Leyéntate ,
yuelye & sentarte , y escùchame hasta que acabe sin interrumpirme.
Si, Gfl Bias, prosiguiô yolviendo & su afiible seriedad : es cierto
que te estbno, y en prueba de ello yoy à fiarte un secreto, del
cual pende d sosiego de mi yida. Sabe que amo & un cabaUerito
mozo^ galan, airoso y de ilustre nadmiento, llamado don Luis
166 CIL BLAS.
Pacheoo. Le yeo algunas yeces en el paseo y en laoomedîa; pero
nunca le be hablado. Ignoro su caràcter , y tambien cuales son sas
prendas» si bueoas ô malas. Esto quisiera aaberlo pontuabnente ,
para lo coal necesHo de un bombre sagaz y sinoero, que, înfor-
màndose bien de sus cosiumbres , sepa darme ona cœnta fiel de
ellas. He puesto los ojos en ti con preferencia à los éea^ criados ,
persuadida de que nada arriesgo en daite este encargo. Espéra
que le desempefiarés con tanto sigflo y cautela, que nunca tendre
motivo para arrepentirme de baberte escogido por depositario
de mi mas intima confianza.
Gallô mi seftorita para oir mi respuesta. AI prindpio me torbè
algun tanto, conociendomi necio engafto; pero Tolviendo pron*
tamente en ml , y yenciendo la yergûenza que causa siempre la
temeridad cuando sale con desgracii^, sape mostrarle un zelo tan
viyo, y un ardor tan grande en todo lo que fiiese servirla y com-
placeria, que si no alcanzô para desimpresionarla dd mal con-
cepto que pudo haberle hecho formar mi atreyida presuncion, bas-
tariapor lomënos para que conodese que yo sabia enmendar may
bien una necedad. Pedile no mas que dos dias de tiempo para poderle
dar razon puntual de don Luis , los que me concediô ; y llamando
ella misma & la Ortiz, esta me yolyiô à conducir al jardin, di-
ciëndome con cierto aire burlon al despedirse : Buenos noches, Gil
Bias ; no te yolyeré é encargar otra yez que no dejes de acndir
temprano al sitio de la cita, porque ya esta yista tu puntualidad.
Yolyime à mi cuarto , no sin algun pesar de yer frostrado mi
pensamiento. Gon todo eso tuye bastante juicio para oonsolarme
y conocer que me tenia mas cnenta ser el confidente que el
amante de mi ama. Ofreciôseme tambien que esto podia hacerme
hombre, pues los medianeros de amor eran regiûarmente bien
recompensados por su trabajo : reflexiones que me diyirtièron y
consolâron, y fnime & acostar con firme resolucion de obedecer
y seryir & mi ama en cuanto exigiese de mi. Leyantéme al dia si-
guiente, y sali de casa à desempefiar mi encargo. No era dtficil
saber donde yiyia un caballero tan conoddo oomo don Luis.
Tome al instante informes de ël en la yecindad ; pero los su-
getos à quienes me dirigi no pudi^on satis£acer del todo mi
curiosidad. £sto me obligô à hacer nueyas ayeriguaciones el dia
siguiente , y fui mas afortunado que en el anterior. Encontre ca-
sualmente en la calle à un mozo & quien yoconocia; detuyimonos
& hablar , y en aquel punto se llegô é ël uno de sus amigos, y le
dijo que le habian despedido de casa de don Josë Pacheco , padre
de don Luis, por haberle acusado de que se habia bebido un
barrfl de yino. No perdi una ocasion tan oportuna para saber
cuanto deseaba, lo que consegui à fiierza de preguntas ; de ma-
nera que yolyi à casa muy contento porque ya podia cumplir la
palabra que habia dado à mi seftorita, con quien habia quedado
LIBRO CUARTO. 167
de acaerdo que yolveria é yerla en el mismo ntio , y de la misma
manera que la noche antécédente. No estuve en esta tan inquieto
como en la primera: léjos de impacientarme con las prolijas re-
laciones de mi amo , yo mismo le saqué la conyersadon de sus
combates. Espéré & que fnese media noche con la mayor tran^
qiuilidad del mundo , y no me moyi hasta que conté bien las doce
de todos los relojes que se podian oir desde casa. Entônces bajé
oon mncho sosiego al jardin, sin pensar en perfumes ni en po-
madas , pues hasta en esto me corregi*
Encontre ya à la fiel duefia en el sitio mismo, y la taimada me
dijo con algo de socarroneria : En yerdad , Gil Bias, que hoy ha
rebajado mucho tu puntnalidad. No le respondi palabra , fin-
giendo que no la oia, y ella me condujo al cuarto donde Aurora
me estaba esperando. Preguntôme luego que me yiô si me habia
informado bien acerca de don Luis , y si habia averiguado mu-
chas cosas. Si, sefiora , le respondi ; tengo con que satisfacer yues-
tra curiosidad. En primer lugar os dire que muy ea breye marcha
â Salamanca à concluir sus estudios. Segun lo que me han dicho
es un sefiorito lleno de honor y probidad ; y en cuanto al yalor,
no le paede feltar, pues es caballero y Castellano. Fuera de eso ,
es un mozo enteudido y de bellos modales; pero lo que quizà os
darà poco gusto, y que sin embargo no puedo ménos de deciros,
es qpe yiye algo demasiado à la moda de los sefkoritos moder*
nos, quiero decir, que es un grandisimo libertino. ^ Créera ymd.
que, siendo tan jôyen como es, ha tenido ya amistad con dos
comediantas? ^Qué es lo que me dices? exclamé Aurora. |Dios
mio , y que costumbres ! Pero dune , Gil Bias , pestas bien cierto
de que tiene una yida tan licendosa? ;Gomo si estoy cierto? le
respondi: no hay cosa mas segura. Todo me lo ha contado un
crtado de su casa , que fué despedido de ella esta mafiana ; y ya
se sabe que los criados son muy yeraces siempre que se trata de
publicar los defectos de sus amos. Fuera de eso, el tal don Luis
es may amigo de don Alejo Seguier, de don Antonio Gentelles ,
y de don Fernando de Gamboa , prueba constante de su disolu*
don. Basta , Gil Bias , dijo suspirando mi pobre sefiorita : en fîierza
de to informe comienzo desde ahora & combatir mi indigno amor.
Aunque habia echado ya profiindas raices en mi corazon, no
desconfio de arrancarle de él. Yete, prosiguiô, y admite en pre-
mio de tu trabajo esta corta demostracion de mi agradedmiento.
Al dedr esto me pnso en la mano un bolsillo , que ciertamente
DO estaba yacio, afiadiendo : Solo te encargo que guardes bien d
secreto que he confiado à tu silencio.
Aseguréle que en este particular podia yiyir sin el menor recelo,
porque yo era el Harpôcrates * de los criados confidentes. Dicho
* Entre los antigaos era el dios del sîlencio^
168 GIL BLAS.
esto me retiré impacieDtisimo por saber lo que conlenia el bol-
siOo. Abrile , y halle en él yeinte doblones. Luego se me ofred&
que sin duda habria sido Aurora mas liberal conmigo siyo le ha-
biera dado otra notida mas agradable, caando pagaba con tanta
generosidad nna que le habia causado tanto disgosto. Me peso de
no haber imitado à los .escribanos y alguaciles que disfirâzan à
Teoes la verdad; y me enfadé mucho contra mi tonteria por ha-
ber snfocado en sa nacimiento un amor que con el tiempo podia
prodacirme grandisimas utilidades si yo no hubiera hecho un nedo
alarde de ser sincero; pero al fin me consolé con los yeinte do-
blones, que me recompensaban yentajosamente de lo que habia
gastado tan sin yenir al caso en pomadas y perfumes*
CAPITULO m.
De U gran matadon qae sobrevino en casa de don yicente , y de la extrada
determinacion que el amor hizo tomar i la bella Aurora.
Poco despues de esta ay entura se sintiô malo don Vicente. Sobre
ser de una edad bastante ayanzada , los sintomas de su enfermedad
eran tan yiolentos y que desde luego se temîéron funestas résultas.
LIamôse é los dos mas fiamosos medicos de Madrid ; uno era el
doctor Andres , y el otro el doctor Oquendo. Pulséron atenta-
mente al doliente; y despues de una exacta observacion conyinié-
ron entrambos en que los humores estaban en una preternatural
fermentacîon y moyimiento. En solo esto fiiëron de un parecer, y
estuyiéron discordes en todo lo demas. El uno queria que se pur-
gara el enfermo aquel mismo dia , y el otro opinaba que la purga
se diIatase.El doctor Andres decia que, por lo mismo que loshu*
mores estaban en una yiolenta agitacion de flujo y reflujo , se les
habia de expeler aunque crudos con purgantes , entes que se fija-
sen en alguna parte noble y principal. Oquendo opinaba, por el
contrario, que, estando todayia incoctos y crudos los humores, se
debia esperar & que madurasen antes de recurrir à los purgantes.
Pero ese mëtodo, replicaba el otro , es directamente opuesto al
que nos ensefia el principe de la medicina : Hipocrates adyierte
que se debe purgar al principio de la enfermedad y desde los pri-
meros dias de la mas ardiente calentura , diciendo eu términos
expresos que se ha de acudir prontamente con la purga cuando
los humores estân en orgaano, es decir, en su mayor agitacion.
I Oh ! en eso esta yuestra equiyocacion , repuso Oquendo : Hipo-
crates no entiende por la yoz orgasmo la agitacion yiolenta , sino
mas bien la madurez de los humores.
Acaloràronse nuestros doctores en esta disputa. El uno récite
el texto griego, y cité todos los autores que le explicaban como
LIBRO CUARTO. 169
ël. El otro se fiaba en la traduccion latina , empefiàndose con
mayor calor, y tomando el asunto en tono mas £dto. ^A cual de
los dos se habia de créer? Don Vicente no era hombre que pu-
diese resolver aqnellacaestion ; pero hallàndose precisado à elegir
una de las dos opiniones , adoptô la del que habia echado al otro
mundomas enfermos, quiero decir, la del mas yiejo. Viendo esto
el doctor Andres , que era el mas mozo , se retiré; pero no sin
dedr primero cuatro pullas bien picantes al mas anciano sobre su
argarmo; y he aqui que quedô triunfante Oquendo; y como se-
guia los mismos principios que el doctor Sangredo, hizo sangrar
copîosamente al enfermo , esperando para purgarle à que los hu-
mores estuviesen cocidos ; pero la muerte , que temiô quizà que
ona purga, tan sabiamente diferida , no le quitase la presa que ya
tenia agarrada , impidiô la coccion , y se llevô à mi pobre amo.
Ta! fîiè el fin del sefior don Vicente , que perdiô la vida porque
sa medico no sabia el griego.
Despues de haber hecho Aurora à su padre las exequias corres-
pondientes à un hombre de su distinguido nacimiento, entrô en la
administracion de todo lo que tocaba à la casa. Bueâa ya de su
Tohmtad, despidiô algunos criados , remunerindolos en propor-
cion de su lealtad y méritos. Hecho esto se retirô à una quinta que
tenia à las mérgenes del Tajo , entre Sacedon y Buendia. Yo fol
ono de los que permaneciéron con ella , y la siguiéron & la aldea.
No solo eso , sino que tambien tuye la fortuna de que necesitase de
mL No obstante el fiel informe que yo le habia dado de don Luis ,
todayia le amaba y 6 por mejor decir, no pudiendo con todos sus
esfoerzos ycncer la yiolencia del amor^ se habia dejado lleyar de
sa impulso. Como ya no necesitaba tomar precauciones para ha-
blarme à solas, me dijo un dia suspirando : Gil Bias , yo no puedo
olyidar à don Luis : por mas que hago para desecharle del pen-
samiento , se me représenta siempre , no ya como tu me le pintàste
encenagado en los yidos, sino como yo quisiera que foese,
tiemo , amoroso y constante. Entemeciôse al decir estas palabras,
y no pudo reprimir algunas làgrimas. Tambien à mi me foltô poco
para llorar : tanto foë lo que me conmoyiô su llanto. Ni podia ha-
cerle mejor la corte que mostrandome afligido de su pena. Veo,
amigo Bias, continuô enjugàndose sus hermosos ojos, yeo tu
baen corazon, y estoy muy satisfecha de tu zelo , que prometo
recompensar bien. Nunca mas que ahora me ha sido necesario tu
anxilio. Voy à descubrirte el pensamiento que ocupa en este ins-
tante mi atencion : sin duda te parecerà extravagante y caprichoso.
Has de saber que quiero ir cuanto antes à Salamanca, donde he
pensado disfrazarme de caballero bajo el nombre de don Felix ,
y hacer conocimiento con Paeheco , de modo que llegue à ganar
su amistad y confianza. Hablaréle frecuentemente de doua Au-
rora de Guzman , suponiéndome primo suyo , y como es natural
170 GO. BLAS.
que desèe oonooerla , aqui es donde yo le aguardo. Nosotros ten-
drèmos ea Salamanca dos posadas, en una harè el papel de don
Felix , y en la otra el de dofia Aurora : y dejàndome yer de don
Luis Unas yeces yestida de hombre y otras de muger, espero
traerle al fin que me he propuesto. Confieso , afiadiô ella misma ,
que es muy extrafto mi proyecto ; pero la pasion que me arrastra ,
y la inocente intencion con que camino , acaban de cegarme sobre
el paso à que me quiero arriesçar.
Yo era del mismo parecer que Aurora en cuanto à la exUraya-
gancia del designio , que creia muy insensate. Sin embargo ,
aunque le tenia por tan contrario à la razon , me guardé muy bien
de hacer el pedagogo , antes si comenzé â dorar la pildora , y
me esforzë é querer persuadir que, en yez de ser una idea dispa-
ratada, era una delicada inyencion de ingenio que no podia traer
consecuencia. No me acuerdo ya cuanto le dije para convenoeria
de esto; pero cediô à mis persuasiones , porque à los amantes
siempre les agrada que se celebrenj aplaudaa sus mas locos des-
yarios. En fin , conyinimos los dos en que esta temeraria em-
presa la debisypos mirar como una especie de comedia burlesca
inyentada para diyertimos , en la cual solo habia de pensar cada
uno en representar bien su papel. Escogimos los actores entre las
gentes de la casa , y repartimos à cada cual el suyo. Todos le ad-
mitiéron sin quejarse ni hacer esguinces, porque no eramos co-
mediantes de profesion. A la sefiora Ortiz se le encomendô el de
tia de dofia Aurora , sefialàndosele un criado y una doncella, y
habia de llamarse dofia Jimena de Guzman. A ml me tocaba el de
ayuda de càmara de dofia Aurora , que habia de disfrazarse de
caballero ; y una de las criadas, disfirazada de page, le habia de
seryir separadamente. Arreglados asi los papeles , nos restituimos
à Madrid , donde supimos se hallaba today ia don Luis , pero dis-
poniendo su yiage à Salamanca. Dimes ôrden para que se hiciesen
cuanto antes los yestidos que habiamos menester, i fin de usar
de ellos en tiempo y lugar; y hechos que fuéron se dobléron y
metiéron en diferentes baules ; y dejando al mayordomo el cui-
dado de la casa , marchô doua Aurora en un coche de colleras ,
tomando el camino del reino de Leon, acompafiada de todos los
que entrabamos en la comedia.
Ibamos atrayesando por Castilla la Yieja, cuando se rompiô el
eje del coche , entre Ayila y Yinaflor, à trescientos 6 cuatrocien-
tos pasos de una quintaque se dejaba yer al piè de una montafla.
Yeiamonos muy apurados porque se acercaba la noche; pero un
aldeano que acertô à pasar por alli nos sacô de aquel conflicto.
Informônos de que aquella quinta era de una tal dofia Elyira,
yiuda de don Pedro Pinares , y fué tanto el bien que dijo de
aquella sefiora, que mi ama se déterminé à enyiarme à suplicarle
de su parte se siryiese recogemos en su casa por aquella noche.
LIBRO CUARTO. 171
No desmintiôdofiaElyira el informe del aldeano; bien en verdad
qne jo desempeflé mi comision de tal modo que la hobiera incli-
nado à recibimos en sa qninta , ann cuando no hubiera sido la se-
ftora mas agasajadora del mnndo : me recibiô con mucha afabiK-
dad , y respondiô à mi sùplica en los tërminos que yo deseaba.
Pasàmos todos à la qninta tirando las mulas el coche con el mayor
tiento que se pudo. Encontràmos à la puerta à la yiada de don
Pedro, que saliô cortesanamente al encuentro de mi ama. Paso
en silencio los reciprocos cnmplimientos qne ambas se hidéron ;
solo dire que dofia Elvira era una sefiora ya de edad avanzada ,
pero à quien ninguna muger del mundo excedia en desempeftar
noblemeate las obligadones de la hospitalidad. Condujo à dofla
Aurora à un magnifia cuarto, donde, dejàndola en libertad para
que descansase , fîié à dar disposidones hasta sobre las cosas
mas menudas tocantes à nosotros. Hecho esto, luego que estuyo
dispuesta la cena mandôse sirriese en el cuarto de Aurora, donde
las dos se sentéron & la mesa. No era la viuda de don Pedro una
de aquellas personas que no saben obsequiar en un convite man-
tenièndose en él con un aire enfodosamente grave , silendoso y
pensativo ; antes bien era de genio jovial , y sabia mantener
siempre grata la conversacion. Explicàbase noblemente con
frases escogidas y adecuadas ; yo admiraba su talento y el modo
fine y delicado con que expresaba sus pensamientos , lo que me
tenia embelesado, y no ménos encantada se manifèstaba Aurora.
Se cobréron las dos una estrecha amistad , y quedâron de
acaerdo en mantenerla correspondiéndose por cartas. Nuèstro
coche no podia estar compuesto hasta el dia siguiente , y era
muy natural que no pudiesemos salir hasta muy tarde, por lo
que nos detuvimos todo aquel dia en la misma quinta. A noso-
tros se nos sirviô tambien una cena muy abundante, yasi dor-
mimos todos tan bien como habiamos cenado.
Al dia siguiente descubriô mi ama nuevo fondo y nuevas gra-
cias en la conversacion de dofia Elvira. Gomiëron las dos en una
sala en que habia muchas pinturas , entre las cnales sobresalia
<ina , cuyas figuras estaban pintadas con la mayor propiedad , y
que ofrecia à la vista un asunto verdaderamente tràgico. Era un
caballero muerto , tendido en tierra , baflado en su misma san-
gre, cuyo semblante parecia que, aun despues de muerto, es-
<^ba amenazando. Gerça de él se dejaba ver tendido tambien el
cadiver de una dama jôven , aunque en diferente actitud , atra-
vesado el pecho con una espada , y cuando se representaba exha-
bndo el Ûtimo aliento tenia clavados los ojos en un jôven , que
expresaba tener un mortal dolor de perderla. El pincel habia re-
presentado tambien en aquel lienzo otra figura , que no Damaba
ménos la atencion. Era un anciano de grave , hermoso y vene-
"^able aspecto, que, conmovido vivamente de los funestes objetos
172 GIL BLAS.
que se le presentaban i la vista, no semaniféstabamènosafligido
que el jôven. Podriase dedr que aquellas imégeoes sangrien—
tas excitaban en el mozo y en el anciano iguales moyimieiitos ^
pero causando en los dos diferentes impresiones. El yiejo,
poseido de una profunda tristeza, parecia estar abatido enlera—
mente de ella; mas en el mozo se echaba de ver el furor mez—
clado con la afliccion. Todos estos afectos estaban tan vivamente
expresadoSy que no nos cansabamos de ver y admirar aqnel
cuadro. Preguntô mi ama que suceso 6 que historia representaba
aqueila pintura. Sefiora , le respondi6 dofia Elvira , es una pin—
tura fiel de las desgracias de mi fomilia. Esta respuesta picô tanto
la curiosidad de Aurora, y manifesto un deseo tan véhémente
de saber mas , que la viuda de don Pedro no pudo dispensarse
de prometerle la satisiaocion que deseaba. Esta promesa fné
hecha à presencia de la Ortiz, de sus dos compafieras y mia;
todos cuatro nos detuvimos en la sala despues de la comida. Hi
ama quiso que nos retirasemos ; pero dofia Elvira, que conocio
nuestra gana de oir la explicacion de aquel cuadro , tuvo la be-
nignidad de decirnos que nos quedasemos, afiadiendo que la
historia que iba é reférir no era de aquellas que pedian sea*eto.
Un poco despues principiô su relacion en los tèrminos siguientes.
CAPITULO IV.
EL CASAMIBOTO POR YENGANZA.
NOVELA.
Rogerio, rey de Sicilia, tuvo un hermano y una hermana.
El hermano , que se llamaba Manfredo, se rebelô contra él, y
encendiô en el reino una guerra no mënos sangrienta que peli-
grosa ; pero tuvo la desgrada de perder dos batallas y de caer
enmanos del rey, quien se contentô con privarle de la libertad
en castigo de su rebelion ; clemencia que solo produjo el efecto
de ser tenido por b&rbaro en el concepto de algunos vasallos
suyos , persuadidos de que no habia perdonado la vida à su
hermano sino para ejercer en ël una venganza lenta ë inhumana.
Todos los demas , con mayor fundamento , atribuian à sola su
hermana Matilde el duro trato que à Manfredo se le daba en la
prision. Con efecto , esta princesa siempre habia aborrecido a
aquel desgraciado principe , y no cesô de perseguirle miëntras
ël viviô. Muriô Matilde poco despues de Manfredo , y su tem-
prana muerte se tuvo como un justo castigo de su desapiadaéo
corazon.
Dejô dos hijos Manfredo , ambos de tiema cdad. Vacilé por
LIBRO CUARTO. 173
algun tiempo Rogerio sobre si les haria qaitar layida, temiendo
que en edad mas ayanzada no les ocurriese la idea delTengar el
cruel trato qae se habia dado à su padre y resucitando un par-
lido que todavia se sentia con foerzas para causar peligrosas
turbaciones en el estado. Comunicô su pensamiento aï senador
Leondo Sifredo^ su primer ministro, quien, para disuadirle de
aquel intento , se encargô de la educacion del principe Enrique,
que era el primogènito, y aconsejô al rey que confiase la de!
mas jÔTcn y por nombre don Pedro , al contestable de Sicilia.
Persoadido Rogerio de qne estos dos fieles ministros educarian
i sus sobrinos con todala sumision que& ël se le debia, los en-
tregô à su lealtad y cuidado, tomando para si el de su sobrina
Constanza. Era esta de la edad de Enrique , ë hija ùnica de la
princesa Matilde. Pùsole maestros que la ensefiasen, y criadas
que la sirviesen, sin perdonar nada para su educacion.
Tenia Sifredo una quinta distante dos léguas cortas de Pa-
lermo y en un sitio llamado Belmonte. En eOa se dedicô este
ministro à dar é Enrique una enseûanza , por la que mereciese
con el tiempo ocupar el real trono de Sicilia. Descubriô desde
luego en aquel principe prendas tan amables, que se aficionô .à
èl oomo si no tuytera otros hijos, aunque era padre de dos ni-
fias. La mayor y que se llamaba dofia Blanca y contaba un ailo
ménos que el principe, y estaba dotada de singular hermosura:
la menor, por nombre Porcia, cuyo nacimiento habia costado
la yida à su madré, se hallaba aun en la cuna. Enamoréronse
une de otro Blanca y Enrique luego que fiiéron capaces de
amar, pero no tenian libertad de hablarse à solas. Sin embargo,
no dejaba el principe de lograr tal cual yez alguna ocasion para
eDo. Aproyechô tan bien aquellos preciosos momentos, que
pndo persuadir â la hija de Sifiredo à que le permitiese poner
por obra un designio que estaba meditando. Sucediô oportuna-
mente en aquel tiempo que Leoncio , de ôrden del rey , se yiô
predsado à hacer un yiage & unas de las proyincias mas remo-
tas de la isla ; y durante su ausencia mandô Enrique hacer una
abertnra en el tabique de su cuarto, que estaba pared por me-
dio del de dofla Blanca. Cerrôla con un bastidor y tablas de
madera tan ajustadas é la abertura, y pintadas del mismo color
del tabique , que no se distinguia de él , ni era fftcil se conociese
el artificio. Un hibil arquitecto , à quien el principe habia con-
fiado su proyecto , ejecutô esta obra con tanta diligencia como
secreto.
Por esta puerta se introducia algunas yeces el enamorado
Enrique en el cuarto de doua Blanca, pero sin abnsar jamas de
aquella licencia. Si Blanca tuyo la imprudencia de permitir una
ratrada sécréta en su estancia , fîié no obstante confiada en las
palabras qoe él le habia dado de que nunca pretenderia de ella
174 GIL BLAS.
gino los fovores mas inooentes. Hallôla una nodie extraordina-
riamente ioqaieta y sobresaltada. Era el caso el haber aabido qae
Rogerio estaba grayemente enfermo , y qae habia despachado
una estrecha ôrden é Sifiredô de que pasase à la corte prontamente
para otorgar ante él su testamrato, como gran candller del reino.
Figuràbase Ter à Enrique ya en el trono y temia perderle cuan—
do se yiese en aquella elevadon : este temor le cansaba mucha
inquietnd. Tenia baikados de ligrimas los ojos cuando entrô ea
su cuarto Enrique. Seflora , le dijo , ^ que noyedad es esta ?
^cual es el motivo de esa profunda tristeza ? Seûor, respondiô
ella, no puedo ocultaros mi sobresalto. El rey.yuestro tio de-
jar& presto de vivir, y vos ocuparéis su lugar. Cuando considero
lo que va à alejaros de mi vuestra nueya grandeza , confieso
que me aflijo. Un monarca mira las cosas con ojos muy dîyer-
SOS que un amante ; y aquello mismo que era todo su embeleso
cuando reconocia un poder superior al suyo, apénas le hace mas
que una ligera impresion en la eleyacion del trono. Sea presen-
timientOy sea razon, siento enmipecho moyimientos que me agi-
tan, y que no alcanza à calmar toda la confianza à que me alienta
yuestra bondad : no desconfio de yuestro amor ; desconfio so-
lamente de mi yentura. Adorable Blanca , replicô el principe ,
obliganme tus temores , y ellos justifican mi pasion à tus atrac-
tiyos ; pero el exceso à que llevas tus desconfianzas ofende mi
amor , y (si me atreyo à decirlo) la estimacion que me debes.
No, no; no pieuses que mi suerte pueda separarse de la tuya;
crée mas bien que tù sola seras siempre mi alegria y mi felici-
dad. Destierra, pues, de ti ese yano temor. ;£s posible que
quieras turbar con él estos felicisimos momentos? {Ah se&or!
replicô la hija de Leoncio , luego que yuestros yasallos os
yean coronado , os pedirin por reina una princesa que des-
cienda de una larga série de reyes, cuyo brillante himeneo
afiada nueyos estados à los yuestros ; y tal yez j ay ! yos cor-
responderèis à sus esperanzas aun à pesar de yuestras mas
firmes promesas. ^Y porqué, repuso Enrique no sinalgana altera-
cion, porquë te anticipas à figurarte una idea triste de lo yeni-
dero ? Si el cielo dispusiere del rey mi tio , juro que te daré la
mano en Palermo â presencia de toda mi corte. Asi lo pro-
meto y poniendo por testigo todo lo mas sagrado que se conoce
entre nosotros.
Aquietôse la hija de Sifredo con las protestas de Enrique ; y lo
restante de la conyersacion se redujo é hablar de la enfermedad
del rey , manifestando Enrique exï este caso la bondad y no-
Ueza de su corazon. Mostrôse muy afligido del estado en que
se hallaba el monarca su tio , pudiendo mas en él la fuerza de
la sangre que el atractivo delà corona. Pero aun no sabia Blanca
todas las desdichas que la amenazaban. Habiéndola yisto el con-
LIBRO CUARTO. 175
destable de Scilia A tiempo que ella saUa del cuaito de sa padre,
un dia que el habia yenido à la quinta de Belmoote A negocios
iraponantes , quedô ciegameDte prendado de ella ; pidiôsela A
Sifredo al dia signiente, y este se la ocmcediô; mas sobreyiniendo
al mismo tiempo la enférmedad de Rogerio, se suspendiô el ca-
samiento , del que dofia Blanca no habia sido sabedora.
Unamaftona, al acabar Enrique de yestirse quedô ^ingularmente
sorprendido de yer entrar en su cuarto A Leondo seguido de
dofta Blanca. Seftor , le dijo aquel ministro , yengo A daros una
noticia que sin duda os aAigirA, pero acompafiada de un con-
suelo que podrA mitigar en parte yuestro dolor. Acaba de morir
el rey yuestro tio, y por su mu«rte quedais heredero de la co-
rona. La Sîdlîa esya yuesira. Los grandes del reino estAn aguar-
dando en Palermo yuestras ôrdenes. Yo , sefior , yengo encar-
gado de ellos A recibirlas de yuestra boca , y en compaAia de
mi bija Blanca , para rendiros los dos el primero y mas sincero
bomenage que os deben todos yuestros yasallos. Al principe no
le cogiô de nueyo esta noticia , por estar ya informado dos me-
ses Antes de la graye enfermedad que padecia el rey , qu^ poco
A poco iba acabando con èl. Sin embargo, quedô suspenso algun
tiempo ; pero rompiendo despues el silendo , y yolyiéndose A
Leondo, le dijo estas palabras: Prudente Sifredo, te miro y te
miraré siempre como A padre, y me alegraré de gobernarme
por tus consqos; tu serAs rey de Sicilia mas que yo. Dicho
esto, se llegô A una mesa donde habia una escribania , tomô un
pliego de papel, y echo en èl su firma en bianco... ^Què haceis ,
seAor?leinterrumpiô Sifredo. Mostraros mi amor y mi^gratitud,
respondîô Enrique ; y en seguida présenté A Manca aquel papel
y &ina , didèndole : Recibid, seftora, esta prenda de mi (é y
del dominio que os doy sobre mi yoluntad. Tomôla Manca , eu*
briéndose su hermosa cara de un honestisimo rubor, y respon*
diô al principe : Redbo con respeto las gracias de mi rey; pero
estoy sujeta A un p^dre, y espero que no Ueyarèis A mal ponga
en sus manos yuestro papel , para que use de 61 como le aconse-
jare su prudencia.
Entregô efectiyamente A su padre el papel con la firma en
Manco de Enrique. Gonodé enlÂnces Sifredo lo que hasta aquel
ponte no habia descubierto su penetracion. Gomprendiô toda la
mtendon del prindpe, y le contesta diciendo : Espero que
V. M. notendrA motiyo para arrepoitirse de la confianza que se
sînre hacer de mi , y esté bien seguro de que jamas abusaré de
eDa. Amado Leondo , interrumpiô Enrique , no temas que pueda
llegar semejante caso: sea el que fnere el uso que hideres de
mi papel , no dudes que siempre lo aprobarë. Abora yuelye
A Palermo , dispon todo lo neeesario para mi coronadon , y di
A mis yasallos que yoy prontamente Arec3)ir el juramento de su
176 GIL BLAS.
fidelidad , y à darles las nuiyores segoridades de mi amor. Obe-
deciô el ministro las ôrdenes de su uuevo amo, y oiarchô A Pa*
lermo , Uevando consigo à dofla Blanca.
Pocas horas despues partie tambien de Belmonte d mismo
Enrique, pensando mas en su amor que en el eleyado paesto à
que iba à ascender.
Luego qua se dejô ver en la ciudad » resonàron en el aire mO
aclamadones de alegria, y entre ellas entré Enrique en palado,
donde hallô ya hechos todos los preparativos para su coronadon.
Encontre en él i la princesa Constanza vestida de riguroso Into,
mostràndose traspasada de dolor por la muerte de Rogerio. Hi-
ciéronse los dos sobre este asunto redprocos cumplidos, y ambos
los desempeA&ron con discrecion, aunqne con algo mas de firîal-
dad por parte de Enrique que por la de Constanza , la cual ,
no obstante los disturbios de la fiimilia, nunca habia querido
mal à este principe. Ocupô el rey el trono , y la princesa se
sente é su lado en una silla puesta un poco mas abago. Los mag*
nates del reino se sentàron donde à cada uno segun su dase ô
empleo le correspondia. Empezô la oeremonia ; y Leondo , que
como gran canciller de! reino era depositario del teatamento del
difunto rey, diô principio i ella leyéndolo en alta yoz. Contenia
en sustancié que, haUândose el i^y stn hijos, nombraba por
sucoesor en la corona al hijo primogènito de Manfredo , con la
précisa condicion de casarse con la princesa Constanza , y que
si no queria darle la mano de esposo , quedase exduido de la
corona de Sicilia, y pasase esta al infante don Pedro, su her-
mano menor, bajo la misma condicion.
Quedô Enrique altamente sorprendido al oir esta clausula. No
se puede expresar la pena que le causé ; pero creciô hasta lo
sumo cuando, acabada la lectura del testamento , yiô que Leon-
cio , hablando con todo el consejo , dijo asi : Seflores , habiendo
pnesto en noticia de nuestro nuevo monarca la ultima disposi-
cion del difimto rey, este generoso principe consiente en honrar
con su real mano à su prima la princesa Constanza. Interrumpiô
el rey al canciller, diciëndole conturbado : Acordaos, Leoncio,
del papel que Blanca... Seûor, respondiô Sifredo, interrumpièn-
dole con precipitadon, sin darle tiempo à que se explicase mas ,
ese papel es este que presento al consejo. En èl reconocerén los
grandes del reino el augusto sello de Y. M., la estimadon que
hace de la princesa, y su ciega deferenda à las ultimas dispo-
siciones del difunto rey su tio. Acabadas de decir estas palabras,
comenzô à leer el papel en los tërminos en que èl mismo le ha-
bia Uenado. En èl prometia el nuevo monarca é sus pueblos, en
la forma mas autèntica , casarse con la princeza Constanza , con-
forméndose con las intendones de Rogerio. Resonàron en la sala
los aplausos de todos los circunstantes, diciendo: Vwa el ma-
LKRO CUARTO. 177
fndmmo rey Enrique. Como era notoria à todos la aversion que
este principe habia tenido siempre à la princesa, temian, no sin
razon, qne» indignado de la condidon del testamento , excitase
movimientos en el reino, y se encendiese en el una guerra civil
que le desolase ; pero asegurados los grandes y el pueblo con
la leclora del papel que acababan de oir, esta seguridad diô mo-
vno & las aclamaciones universales, que despedazaban secreta-
mente el corazon del nuevo rey.
Constanza, que por su propia gloria, y guiada de un afecto
de cariAo , tenia en todo esto mas interes que otro alguno , se
aprovechô de aquella ocasion para asegurarle de su eterno re-
conocimiento. Por mas que el principe quiso disimular su tur-
bacion, era tanta la que le agitaba cuando recibiô el cumplido
de la princesa, que ni aun acertô à responderle con la corte-
sana atencion que exigia do el. Rindiose en fin é la violencia que
el se hacia » y Ilegindose al oido à Sifredo , que por razon de su
empleo estaba bastante cerca de su persona , le dijo en voz baja :
^Qué es esto, Leoncio? el papel que tu hijapuso en tus manos
BO foe para que usases de ël de esa manera. Vos <ais.«. Acor-
daoSy seûor, de vuestra gloria, le respondiô Sifredo con entereza.
Si no dais la mano à Constanza, y no cumplis la voluntad del
rey vuestro tio , perdiôse para vos el reino de Sicilia. Apénas
dijo esto se separô del rey para no darle lugar é que replicase.
Qaedô Enrique sumamente confiiso , no pudiendo resol verse à
abandonar à Elança, ni à dejar de partir con ella la magestad y
gloria del trono. Estando dudoso largo rato sobre el partido
que habia de tomar, se déterminé al cabo , parecièndole haber
encontrado arbitrio para conservar A la hija de Sifredo sin verse
predsado à la renuncia del trono. Aparentô quererse sujetar é
la voluntad de Rogerio , lisonjeàndose de que , miéntras solicitaba
la dispensa de Roma para casarse con su prima, granjearia & su
foyor con gracias à los grandes del reino, y afianzaria su poder
de manera que ninguno le pudiese obligar à cumplir la condidon
del testamento.
Abrazado este designio se sosegô un poco, y volyiëndose é
Constanza le confirmé lo que el gran canciller le habia dicho en
publico ; pero en el mismo punto en que hacia traicion à su propio
corazon, ofreciendo su fé â la princesa, entré Elança en la sala
del consejo , adonde iba de érden de su padre à cumplimentar à
la princesa, y llegâron à sus oidos las palabras que Enrique le
decia. Fuera de eso , no creyendo Leoncio que pudiese ya dudar
de su desgraciada suerte, le dijo, presentândola à Constanza :
Rinde , hija mia , tu fidelidad y respeto à la reina tu seûora, de-
seândole todaslas prosperidades de un floreciente rdnado y de
un feliz himeneo. jGolpe terrible, que atravesé el corazon de la
desgraciada Elança! En vano se esforzô â disimular su pesar.
178 GIL BLAS.
Demudôsele el semblante encendièndosele de repente, y pasando
en nn momento de incendio é palidez , con un temblor 6 estre-
medmiento general de todo sa caerpo. Sin embargo , no entré
en sospecha algona la princesa , pues atribuyô el desôrden de
sus palabras à la natural cortedad de una doncella criada léjos del
trato de h corte , y poco acostumbrada A ella. No sucediô lo
mismo con el rey, quien perdiô toda su compostura y magestad
A yista de Blanca, y sali6 fiiera de si mismo leyendo en sus ojos
la pena que la atormentaba. No dudô que , creyendo las aparien-
das, ya en su corazon le^tuyiese por un traidor. No habria aido
tan grande su inquietud si hubiera podido hablarle ; pero (como
era esto posible à yista de toda la SicOia que tenia puestos los ojos
en èl? Por otra parte el cruel Siflredo cerrô la puerta A esta es-
peranza. EstuYO viendo este ministro todo lo que pasaba en e)
corazon de los dos amantes, y queriendo precaver las calamidades
que podia causar al estado la yiolencia de su amor , hizo con arte
salir de la concurrença A su hija, y tomô cou ella el camino de
Belmonte, bienresuelto por muchasrazones A casarla cuanto Antes.
Luego que llegAron A aquel sitio, le hizo saber todo el horror
de su suerte. Declarôle que la habia prometido al condestable..
I Santo cielo ! exdamô trasportada de un dolor que no bastô é
contener la presencia de su padre, i y que crueles suplidos té-
nias guardados para la desgraciada Blanca 1 Fué tan violento su
arrebatOy que todas las potencias de su aima quedâron suspensas.
Helado su cnerpo , frio y pAlido , cayô desmayada en los brazos
de su padre. Conmovièronse las entrafias de este yièndola en
aquel estado. Sin embargo , aunque sintiô yivamente lo que pa*
deda su hija, se mantuyo firme en su primera determinadon.
Yolyié Blanca en si, mas por la foerza de su mismo dolor , que
por el agua con que la rociô su padre. Abriô sus desmayados
ojos, y yiendo la priesa que se daba A socorrerla : Seftor, le dijo con
yoz casi apagada, me ayergttenzo de que hayais yisto mi flaqueza ;
pero la muerte, que no puede tardar ya en poner fin A mis tor-
mentos, os librarA presto de una hija desdichada, que sin yuestro
consentimiento se atreyiô A disponer de su corazon. No, amada
Blanca, respondiô Leoncio, no morirAs : Antes bien espero que
tu yirtud yolverA presto A ejercer sobre tl su poder. La preten-
cion del condestable te da honor; pues bien sabes que es el
primer hombre del estado... Estimo su persona y su gran mérito ,
interrumpiô Blanca; pero, seûor, el reyme habia hecho esperar...
Hija, dijo Sifredo interrumpiéndola, se todo lo que me puedes
decir en este asunto. No ignoro el afecto con que miras A este
prindpe , y ciertamente que , en otras Circunstandas , léjos de
desaprobarlo, yo mismo procuraria con todo empefio asegurarte
la mano de Enrique, si el interes de su gloria y el del estado no
le pusieran en precision de dArsela A Gonstanza. Gon esta ànica
♦ LIBRO CUARTO. I79
é indîspeiiBable condicioB le dedarô por sucesor rayo el difonto
rey* ^Qaieres tù qae prefiera ta persona é la corona de SicUia T
Créeme, hqa, te acompaào Thrameate en el dolor que te aflige :
€oa todo esOy sapuesto que no podemoa luchar contra el destino,
haz un esfderzo generoso. Tu misma gloria se înteresa en que
hagas ver à todo el remo que no fîiiste capaz de consentir en
una esperanza aèrea : fiiera de que ta pasion al rey podia dar
motÎYO é rumores poco fiiyorables à tu decoro ; y para eyi*
tarlos el ùnico medio es que te cases con el condestable. En fin,
Haoca, ya no es tiempo de deliberar ; el rey te déjà por un
troDO, y da su mano à Constanza. Al condestable le tengo dada
mi pidabra : desempéûala tu , te ruego ; y si para resoWerte
fîiere necesario que me yalga de mi autoridad , te lo mando.
INchas estas palabras la dejô , déndole lugar para que refle-
xionase sobre lo que acababa de decirle. Esperaba que, despaes
de haber pesado bien las razones de que se habia yalido para
sostener su yirtud contra la inclinadon de su corazon, se deter-
minaria por si misma à dar la mano al condestable. No se en*
gaAô en esto ; pero | cuanto oostô A la infeliz Blanca tan dolorosa
resoliidon I Hallébase en el estado mas digno de listima : d
sentîmiento de ver que habian pasado à ser eyidencias sus pre-
sentimîentos sobre la deslealtad de Enrique, y la precision , no
casândose con él, de entregarse à un hombre i quien no le era
poable amar, causaban en su pecbo unos impulsos de afliccion
tan yiirfentos , que cada instante era un nueyo tormento para
ella. Si es cierta mi desgracia, exclamaba, ^como es posible que
yo résista à ella sin costarme la yida? Desapiadada suerte, i â
que fin me lisonjeabas con las mas dulces esperanzas si babias
de arrojarme en un abismo de maies? t Y tù, pèrfido amante,
ta te «itregas é otra cuando me prometes una fidelidad etema I
^Has podido tan pronto olyidarte de la fe que me juriste? Per-
mita el cielo, en castigo de tu cruel engafto, que el l^o conyugal
qae vas i manchar con un perjurio , se conyierta en teatro de
crueles remordimientos, en yez de los licitos placeres que espéras;
que las caricias de Constanza derramen un yeneno en tu femen-
tido pecbo ; y que tu himeneo sea tan funesto como el mio. Si,
traidor; si, felso ; serè esposa del condestable, i quien no amo ,
para yengarme de mi misma, y para castigarme de haber elegido
tan mal el objeto de mi loca pasion. Ya que la religion no me
permite darme la muerte, quiero que los dias que me quedan
de yida sean una cadena de pesares y molestias. Si conservas
todayia algunamor hàcia mi, sera yengarme tambien de ti el arro-
jarme i tu ytsta en los brazos de otro ; pero si me has olyidado
eateramente, podri ilo menos gloriarse la Sicilia de haber pro-
doddb ana muger ijue sapo castigar en si misma la demasiada
ligereza eon qœ disposo de su corazon.
180 GIL BLAS.
En esta dolorosa sitnacion pasô la noche que precediô a so
matrimoDio con d condestaMe aqaella infeliz yictinia del amor
y del deber. £1 dia sigaiente, hallando Sifredo pronta y dispuesta
a sa hija é obedecerle en lo que deseaba , se diô priesa i no
malograr tan fiiTOrable coyuntora. Hizo ir aquel mismo dia al
oondestable i Belmonte , y se célébré de secreto el matrimonîo
en la capilla de aqueila quinta. ; Oh , y que dia aquel para Blanca !
No le bastaba renunciar é una corona , perder on amante ama-
do , y entregarse i on objeto aborrecido, sino qae era menés-
ter hacerse la mayor yiolencia, y disimolar su angustia delante
de un marido naturalmente zeloso , y que le profesaba nn yehe-
mentisimo cariAo. LIeno de jùbilo el esposo , porque era ya suya ,
no se apartaba un momento de su lado , y ni ann le dejaba el
triste consuelo de llorar é solas sus desgracias. Llegô la noche ,
y con ella la hora en que à la hija de Leoncio se le aumentô la
pena. Pero jqué fuè de ellacuando, habiéndola desnudado sus
criadas , la dejàron sola con el condestable ! Preguntôle este
respetuosamente cual era el motiyo de aquel decaîmiento en
que parecia cpie estaba. Turbo esta pregnnta é Blanca, quien
fingiô que se sentia indispuesta. Al pronto quedô el esposo en-
gaAado , pero permanecîô poco en su error. Como yerdadera-
mente le tenia inquieto el estado en que la yeia , y la instaba à
que se acostase , estas instancias , que ella interprété mal , ofre-
dèron é su imaginacion la idea mas amarga y cruel ; tanto , que
no siendo ya duefla de poderse reprimir, dié libre curso A sus
suspiros y à sus làgrimas. ; Oh , que espectAculo para un hom-
bre cpie pensaba haber Ilegado al colmo de sus deseos ! Enténces
ya no puso duda en que en la afliccion de su esposa se ocultaba
alguna cosa de msi aguero para su amor. Con todo eso, aunque
este conocimiento le puso en términos casitan déplorables como
los de Blanca, pudo tanto consigo, que supo disimular sus
rezelos. Repîtié las instancias para que se acostase, déndole pa-
labra de que la dejaria reposar quietamente todo lo que hubiese
menester, y aun se ofirecié à llamar à sus criadas si juzgaba que
su asistencia le podia seryir de algun aliyio. Respondié Blanca ,
serenada cou esta promesa, que sokmente necesitaba dormir para
reparar el desfeUecimiento que sentia. Fingié creerla el condes-
table. AcostÂronse los dos ; y pasâron una noche muy diférente
de la que concede el amor y el himeneo à dos amantes apasio-
nados.
Hiéntras la hija de Sifredo se entregaba à su dolor , andaba
el oondestable considerando dentro de si que cosa podia ser la
que Henaba de amargura su matrimonio. Persuadiase que tenia
algun competidor ; pero cuando le queria descubrir se enredaban
y confimdian sus ideas , y sabia solamente que èl era el hombre
mas infeliz del mundo. Habia pasado con este desasosiego las
LIBRO eUARTO. Î81
ios tereeras partes de la noche cuando llegô à sus oidos an niido
confosa. Qnedô sumamente sorprendido , sintiendo ciertos pasos
lentos en sa mismo caarto. TùyoIo por ilasion , acordéndose de
qm él por si faabia cerrado la puerta Inego que se retiriron las
criadas de Blanca. Descorriô no obstante la cortina de la ,cama
para infonnarse por sas propios ojos de la causa que podia haber
ocasionado aquel ruido ; pero habiëndose apagado la luz que
babia quedado encendida en la chimenea , solo podo oir una
Toz dèbQ y ténue que llamaba repetidamente à Blanca. Encen-
diëronse entônces sas zelosas sospechas, conyirtiëndose en foror :
sobresaltado su honor le obligé à leyantarse , y consideréndose
obligado é precayer una afirenta, 6 A tomar venganza de ella ,
ecbô mano à la espada , y con. ella desnuda acudiô fiirioso héda
donde creia oir la yoz. Siente otra espada desnuda que hace
resistencia à la suya; ayanza, y adyierte que el otro se retira.
Sîgue al que se defiende , y de repente cesa la defensa , y sucede
al ruido el mas profiindo silencio. Busca é tientas por todos los
rincooes del cuarto al que pareciahnir , y no le encuentra. Para*
se , escucha, y ya nada oye. jQué encanto es este ! Acércase
é la puerta, que à su parecer habia iayorecido la fiigav
del secreto enemigo de su honra ; tienta el cerrojo , y hit-
llala cerrada como la habia dejado. No pudiendo comprender
eosa alguna de tan extrafio suceso, llama i los criados que esta-
ban mas cercanos , y como para eso abriô la puerta , cerrando
el paao de ella , se mantuyo con cantela , para que no se escapase
el que boscaba.
A sus repetidas yoces acuden algonos criados todos con luces.
Toma èl mismo una, y yuelye i examinar todos los rincones del
coarto y siempre con la espada desnuda. A ninguno halla , y no
descubre- ni aun el menor indicio de que nadie haya entrado en
él, no encontréndose puerta sécréta, ni abertura.por donde pu-
diera introducirse. Sin embargo, no le era posible cegarse ni
aincinarse sobre tantos incidentes que le persuadian su desgracia.
Esto despertô en sw fantasia gran confusion de pensamientos.
Reearrir à Blanoa para el desengaflo , parecia recurso inùtil ,
igualmente que arriesgado, pues le importaba tanto ocultar la
yerdad, que no se podia esperar de ella la mas leye explîcacion^
Adoptô , pues , el partido de ir à desahogar su corazon con
Leoncio, despues de haber mandado à los criados se fuesen,
diciëndoles que creia haber oido algun ruido en el cuarto , pero
que se habia equiyocadoc Encontre à su suegro que salta de su
aposento, habiéndole despertado el rumor que habia oido, y le
conl6 menudamente todo loque le habia pasado, eon muestras do
extrafla agitaoion y de un profimdo dolor.
Sorprendiôse Sifredo al oir el suceso ; y no dndô ni un sol&
momento de su yerdad, por mas que las apariencias la repre-
in GIL BLAS.
Mmtaflen pooo natural , parecièndole desde laego que todo era
ponble en ia dega pasion del rey ; peosamiento que le alligiô
▼iramente. Pero lëjos de fomentar hû zelosas sospechas de su
jano, le representô en tono de seguridad que aqueDa toz que
ae imaginaba haber oido y y aquella espada que se figuraba ha-
berse opuesto à la suya , no podian ser sino fiintasias de una inia-
ginadon engaftada por los zdos: que no era posible que ninguno
tuyiese aliento para entrar en el cuarto de su hija : que la trîsteza
que babia advertido en ella podk ser efecto natural de algnna
indisposidon : que el honor nada tenia que yer con las alte-
radones de la salnd : que la mudanza de estado en una doncella
aoostumbrada i Tivir en la soledad , j que se yeia repentina-
mente entregada à un hombre sin haber tenido tiempo para oo-
nocerle ni amarle, podia muy bien ser la causa de aquellos suspi-
ros, de aqueDa aflicdon, y de aquel amargo liante : qued amor en el
eorazon de las doncellas de sangre noble solo se enoendia con d
tiempo y con los obsequies ; y que asi le aconsejaba calmase sus
rezdos y anmentase su amor y sus finezas, para ir disponiendo poco
ipoco àBlanca à mostrarse mas cariitosa; y que lerogabaen fin
tolriese hécia dla, persuadido de que su desconfianza y turbadon
ofendian su yirtud.
Nada respondiô el condestable é las razones de su suegro , 6
porque en efecto comenzô à créer que pudo haberle engaftado la
oonfosion en que estaba su espiritu , ô porque le pareciô mas
conyeniente disimular y que intentar en yano cony^cer al anda-
no de un acontecimiento tan desnudo de yerosimîlitud. Restî-
tnyôse al cuarto de su muger , se yolyiô à la cama , y procuré
lograr àlgun descanso de sus penosaa inquietudes é benefido del
sneûo. Por lo que toca é Blanca no estaba mas tranquila que él y
porque habia oido claramente todo lo que oyô su esposo , y no
podia atribuir à ilusion un lance de cuyo secreto y motiyos esta-
ba tan enterada* Estaba admirada de que Enrique hubiese pen-
sado en introdudrse en su cuarto despues de haber dado tan
solemnemente su palabra é la princesa Gonstanza ; y en yez de
darse el parabien de este paso , y de que le cansase alguna aie-
gria y lo conceptuô como un nueyo ultraje , que encendia encôlera
su pecho.
Mièntras b hija de Sifredo preocupada contra el jôyen rey le
juzgaba por el mas përfido de los hombres , el desgradado mo-
narca» mas prendado que nunca de su amada Blanca, deseaba
hablarle para desengafiarla contra las apariencias que le condena-
ban. Hubiera yenido mucho mas presto é Bdmonte para este
efecto , é habërselo permitido los cuidados y ocupaciones del
gobiemo , ô si antes de aquella noche hubiera podido eyadirse
de la corte. Conocia bien todas las entradas de un sitio donde se
habia criado , y ningun obsticulo tenia para hallar modo de in-
LIBRO CDARTO. 183
trodttdrse en la qointa, hatneadose quedado con la Uave de una
eotrada seoreta que comunicaba à los jardines. Por estos Ilegô à
su antiguo cuarto , y desde ël se introdujo en el de Blanca. Fàcil
es imagînar cuanta séria la admiracion de este principe cuando
iropezô alli con un hombre y con una espada que salia al en-
cuentro de la suya. Faltô poco para que no se desonbriese , ha*
ciendo caMgar en aquel mismo instante al temerario que tenia
atrevkniento de levantar su mano sacrilega contra su propio
rey ; p^o la consideracîon que debia à la hija de Leoncio sus-
pendiô su resentimiento : se retiré por donde habia entrado , y
mas turbado que antes i^ohiô a tomar el camino de Palermo.
Uegô i la ciudad poco intes <pie despuntase el dia , y se encer-
rô ea su coarto, tan agitado que no le fué posible lograr ningun
descanso , y no pensô mas que en Yolyer é Belmonte. La segu-
ridad de su yida , su mismo honor , y sobre todo su amor , le
exdtabaa à que procurase saber sin dilacion todas las drcunstan-
eias de tan cruel acontecimiento.
Apénas se leyantô diô ôrden que se preyiniese el tren de caza ,
y con pretexto de querer diyertirse en ella se foè al bosque de
Bdmonte eon sus monteros y algunos cortesanos. Cazô por disi-
molo algun tiempo , y cuando yiô que toda su eomitiya corria
tras de los perros , él se separô , y marché solo à la quinta dé
Leoncio. Estaba seguro de no perdorse , porque tenia muy cono-
ddaa todas hs sendas del bosque ; y no permitiëndole su impa-
denda atender i la fotiga de su caJ^dlo» en breye tiempo corrié
todo el espacio que le separaba del objeto de sa amor. Caminaba
discurriendo algun pretexto plausible que le proporcionase yer
en secreto à la Uja de Sifredo , cuando, al atreyesar un sendero
que iba i dar à una de las puertas del parque, yié no léjos de si
à dos mugeres que estaban sentadas en conyersacion à la sombra
de un érboL No dudé que eran algunas personas de la quinta, y
estayista le causé algun sobresalto ; pero su agitacion llegé à lo
somo cuando, yolyiendo aquellas mugeres la cabeza al ruido que
hada el caballo , reconodé que su adorada Blanca era una de
ellaa. Habia salido de la quinta, Ileyaado consigo é Nise, criada
de su mayor confianza , para Uorar con libertad su desdicha en
aqnel sitio retirado.
Luego que Enrique la conocié, fué yolando héda ella , pred*
pitése , por decirlo asi , del caballo , arrojése & sus pies , y des-
cobriendo en sus ojos todas las seliales de la mas yiya afliocion,
le dijo entemeddo : Suspende , bella Blanca , los impetus de tu
dolor. Las apariencias confieso que me hacen parecer culpable é
tus ojos ; mas cuando estes enterada del designio que he Ibrmado
oon respecto é ti , puede ser que lo que miras como delito te
parezea una prudsa de mi inoceneia y del exceso de mi amor.
Estas palabras , que en el caqceptfl^ de Enrique le paredan ci^ia-
18& GIL BLAS.
ces de mitigar la pena de Blanca , solo sirrièron para exacerbarla
mas. Qaiso responderle; pero los soQozos ahogiron sa toz«
Asombrado el principe de verla tan turbada, prosiguiô dicièn-
dole : Pues que , sefiora , ^es posible que no pneda yo cahnar el
desasosiego que os agita? ^Porcpié desgracia he perdido yues-
tra confianza, yo que expongo mi corona y hasta mi vida por
conseryarme solo para yos ? Entônces la hija de Leondo , ha-
ciendo el mayor esfuerzo sobre si misma para expiicarse ^ le
respondiô : SeAor , ya liegan tarde yuestras promesas : no hay
ya poder en el mando para qne en adelante sea una misma la
suerte de los dos. i Ay Blanca ! interrumpiô el rey precipitada-
mente y I que palabras tan crueles han proferido tus labios!
^Quien sere capaz en el mundo de hacerme perder ta amor?
;Quien sera tan osado que tenga aliento paY« oponerse al foror
de un rey que reduciria à cenizas toda la Sicilia Antes que sufrir
que ninguno os robe à sus esperanzas? Inùtil serA , seihor , todo ynes-
tro poder , respondiô con desmayada yoz la hija de Sifiredo, para
allanar el inyencible obst^culo que nos sépara. Sabed qoe ya soy
muger del condestable.
I Muger del condestable t exdamô el rey dando algunos pa-
SOS atras ; y no pudo decir mas, tan sorprendido qnedô de aqael
impensado golpe. Faltâronle las Aierzas , y cayô desmayado al
pié de un àrbol que estaba alli cerca. Quedô pâido, trèmulo , y
tan -enagenado que solo tenia libres los ojos para fijarlos en
Blanca de un modo tan tierno, que desde luego la dcgaba corn-
prender cuanto le habia afligido cl infortunio que le annndaba.
Blanca por su parte le miraba tambien con semblante tal qoe
manifesûba ser muy parecidos los afectos de su corazon à los
que tanto agitaban el de Enrique. Mirébanse los dos dcsyenta-
rados amantes con un silencio en que se dejaba traslucir eierta
espede de horror. Por ultimo, el principe, y(rfyiendo algun tanto
de su trastorno por un esfiierzo de yalor , tomô de nueyo la
palabra y dijo à Blanca suspirando : j. Que habeis hedio, seik>ra?
Vuestra credulidad me ha perdido à mi, y os ha perdido à yos.
Resintiôse Blanca de que el rey i su parecer la calpase, cuando
ella yiyia persuadida de que tenia de su parte las mas poderosas
razones para estar quejosa de él, y le dijo : iQué, seAor, preten»
deis por yentura afiadir el disimulo à la infidelidad ? ;Qaerriais
que desmintiese à mis ojos y i mis oidos , y que é pesar de sa
testiinonio os tuyiese por inocente? No , seflor , confieso que no
me siento con yalor para hacer esta yiolencia à mi razon. Ski
embargo , dijo el rey , esos testigos de que tanto os fiais os haa
engafiado ciertamente. Han conspirado contra yos, y os han hecho
traîcion. Tan yerdad es que yo estoy inocente, y qae siempre os
he sido fiel, como io es que yos sois esposa del condestable.
l INies que , seflor , repuso Blanca , negaréis que yo misma os ai
LIBRO CUARTO. 185
ccMifimuir é Constanza el don de yuestra mano y de Tuestro
corazoD? i No asegar&steis à los grandes del reino que os
conformariais con la rolantad del rey difonto , y à la princesa
que recibiria de yuestros nuevos Tasallos los horaenages que se
debîan i una reina y esposa del principe Enrique ? ; Mis ojos
estaban fascinados ? Confesad, confesad mas bien, infiel, que no
creisteis debia contrapesar el corazon de Blanca el interes de una
corona ; y sinabatiros à fingir lo que no sentis , ni quizà habeis
sentido jamas, decid que os pareciô asegurar mejor ei trono de
Sicilia con Constanza, que con la hija de Leondo. AI cabo, seflor ,
tenais razon : igualmente desmerecia yo ocupar un trono tan so-
berano, como poseer el corazon de un principe como tos. Era
demasiada ini temeridad en aspirar à la posesion de uno y otro^
pero YDS tampoco debiais mantenerme en este error. No ignorais
los sobresaltos que me ha costado perderos, lo que siempre
tuve por infalible para mi. ;A que fin asegurarme lo contrario?
l que fin tanto empefio en desvanecer mis temores? Entônoes
me hobiera quejado de mi suerte y no de vos , y hubiera sido
siempre ruestro mi corazon , ya que no podia serlo una mano
que ningun otro pudiera jamas haber logrado de mi. Ya no es
liempo de disculparos. Soy esposa del condestable ; y por no
exponerme à las consecuencias de una conversacion que mi glo-
ria no me permite alargar sin padecer mucho el rubor , dadme
licencia, seAor, para cortarla,.y para que deje à un principe à
quien ya no me es licito escuchar.
Blcho esto se alejô de Enrique con toda la celeridad que le
permitia el estado en que se encontraba. Aguardaos , sefiora ,
damaba Enrique , no desespereis à un principe resuelto à dar
en tierra con el trono que le echais en cara haber preferido à yos,
antes que corresponder à lo que esperan de él sus nueyos ya-
sallos. Ya es inùtil ese sacrificio , respondiô Blanca. Debierais
haber impedido dièse la mano al condestable Antes de abando-
naros à tan generosos impulsos ; y puesto que ya no soy libre,
me importa poco que la Sicilia quede redudda à payesas , ni que
deis yuestra mano à quien quisiereis. Bi tuye la flaqueza de
dejar sorprender mi corazon , tendre à lo ménos yalor para so-
focar sus moyimientos, y que yea el rey de Sicilia que la esposa
del condestable ya no es ni puede ser amante del principe En-
rique. Al decir estas palabras se hallô à la puerta del parque ,
entrôse en él con precipitacion , acompafiada de Nise , cerrô la
puerta con impetu, y dejô al rey traspasado de dolor. No
podia ménos de sentir el de la profunda herida que habia abierto
en su corazon la noticia del matrimonio de Blanca. ^Injusta
Blanca f ] Blanca cruel I exdamaba: ;es posible que asi bubieses
perdido la memoria de nuestras reciprocas promesas? A pesar
de mis juramentos y los tuyos, estamos ya separados. ^Conque
186 GIL BLAS.
DO foe mas que una ilusion la idea que yo me babia formado
de aer algun dia el ùnioo duello tuyo ? I Ah » cruel , y que caro
me cnesta el haber llegado é conseguîr que mi amor fiiese de ti
correspondido I
Representôsele entônces A la imaginacion coa la mayor i^iveza
la fbrtuna de su rival » acompaûada de todos los horrorea de
los zelos ; y esta pasion se apoderô tan foertemente de H por
algunos mementos/ que le Cadtô poco para sacrificar à su resen—
timiento al condestable , y aun al mismo Sifredo. Pero poco
despues entré la razon à cafanar los impetus de su côlera* Con
todo eso y cuando oonsideraba imposible el desimpresionar à
Blanca del concepto en que estaba de su infidelidad, se deseape-
raba. Lisonjeàbase de que cambiaria aquel concepto si hallaba
arbitrio para hablaria à solas. Animado con este pensamiento ,
se persuadiô de que era menester alejar de su compaflia al
condestable y y resolviô hacerle prender como à reo sospe-
choso en las circunstancias en que se hallaba el estado. En este
anpuesto diô la orden compétente al capitan de sus guardias ,
el cual partiô à Belmonte, se apoderô de su persona à la «utrada
de la noche , y Ileyôle consigo al castillo de Palermo.
Consternôse el palado de Belmonte con este acontecimiento.
Sifredo partiô al punto é responder al rey de la inocencia de sa
yernOy y é representarle las fimestas consecuencias de semejante
prision. Preyiendo bien el rey este paso que su ministro daria,
y deseando lograr un rato de libre conyersacion con Blanca
entes de dar libertad al condestable , habia mandado expresa-
mente que no se dejase entrar é nadie en su cuarto aquella
noche. Pero Sifredo, à pesar de esta prohibicion , logrô intro-
ducirse en la estancia del rey : Seftor , le dijo luego que se yiô
en su presencia y si es permitido à un respetuoso y fiel yasallo
quejarse de su soberano, yengo à quejarme à yos de yos mismo.
;Qué delito ha cometido mi yemo? ;Ha considerado V. M. la
eterna afrenta de que cubre à mi familia , y las résultas de una
prision que puede alejar de su seryicio à las personas que ocu-
pan los primeros puestos del estado? Tengo avisos dertos, res-
pondiô el rey, de que el condestable mantiene inteiigencias
criminates con el infiainte don Pedro. \ £1 condestable inteiigencias
criminales ! interrumpiô sorprendido Leondo. i Ah , senor ! no
lo créa Y. M. : sin duda han abusado de vuestro magnanime co-
razon. La traicion nunca tuvo entrada en la familia de Sifredo ;
bàstale al condestable ser yemo mio para hallarse en este punto
al abrigo de toda sospecha. El esta inocente; otros motivos se-
cretos son los que os han inducido à prenderle.
Puesto que me hablas con tanta claridad, repuso el rey, quiero
eorresponderte con la misma. Tù te quejas de que yo haya
mandado arresiar al condestable. ] Ahl ^y no podrë yo tambien
LIBRO CUARTO. 187
quqarme de la crueldad? TA , bérbaro Sifredo, tù ères el que
me has arrebatado inhamanamente mi reposo , poniéndome en
situadon con tns coidados oficiosos de qne enyidie la saerte de
los hombres mas infelices. No, no te Ksonjees de que yo adopte
108 ideas. Yanamente esté resuelto mi matrimonio con Gonstanza...
I Que, sefiqr I interrompiô estremecièndose Leoncio : ^como sera
posible que no os caseis con la princesa, despues de haberla
lisonjeado con esta esperanza à vista de todo el reino ? Si es que
engafio su esperanza , repuso el monarca , échate à ti solo la
culpa. I Porqué me pusiste tù mismo en precision de ofrecèr lo'
que no podia cumplir ? ; Quien te obligô à escribir el nombre
de Consianza en un papel que se habia hecho para tu hija?
Sabias mny bien mi intendon. ; Quien te diô autoridad para
tiranizar el corazon de Blanca , obligàndola à casarse con un
hombre k quien no amaba ? ; Y quien te la diô sobre el mio ,
para disponer de él en favor de una princesa ft quien miro con
horror ? ; Te has plvidado ya de que es hija de aquella cruel
Madide que, atropellando todos los derechos de la sangre y de
la homanidad, hizo espirar ft mi padre entre los hierros del mas
duro cautiyerio ? ^ Y à esta querias tu que yo dièse mi mano ?
No, Sifredo^ no aguardes de mi este paso. Antes de ver encendidas
las teas de tan horrible himeneo , veràs arder toda la Sicilia , y
anegados de sangre sus campos.
I Que es lo que escucho I exclamé Leoncio : | que terribles
amenazas 1 1 que funestos anuncios me haceis I Pero en vano me
sobresaltOy continué mudando de tono. No, seflor, nada de esto
temo. Es demasiado el amor que profesais à vuestros vasallos
para acarrearles tan triste suerte. No sera capaz im ciego amor
de avasallar vuestra razon. Echariais un etemo borron à vuestras
virtodes si os dejarais Oevar de las flaquezas propias de hombres
Tulgares. Si yo di mi hija al condestable fuë, sefior , ùnicamente
par granjear para vuestro servido à un hombre valeroso , que ,
con la foerza de su brazo y del ejèrcito que tiene à su disposicion,
apoyase vuestros intereses contra las pretensiones del prindpe
don Pedro. Pareciôme que uniéndole & mi familia con lazos tan
estrechos... | Ah 1 que esos lazos , interrumpiô Enricpie , esos
fimestos lazos son los que à mi me han perdido. | Cruel amigo !
;qné te habia hecho yo para que descargases sobre mi tan duro
è intolerable golpe ? Habiate encargado que manejases mis in-
tereses; pero ^cuando te di facultad para que esto foese à
Costa de mi corazon? ; porqué no dejéste que yo mismo de-
fendîese mis derechos? iparëcete que no tendria valor ni fiierzas
para hacerme obedecer de todos los vasallos que osasen opo-
nerse à mi voluntad ? Si el condestable fnese uno de ellos sabrîa
yo muy bien castigarle. Yasé que los reyes no han de ser tiranos,
y que su primera obligadon es la de mirar por la feliddad de-
188 GIL BLAS.
sus pueblos ; i pero han de ser esdayos de estos los mismos
soberanos , y esto desde el momento en qae el delo los elige
jMira gobernarlos ? ; pierden por ventura el derecho que la mianuk
naturaleza concediô à todos los hombres de ser duettos de sas
afectos? I Ahy Leoncio I si los reyes han de perder aquella pre-
ciosa libertad que gozan los demas hombres , ahi te abandono
una corona que tu me aseguràste & costa de mi sosiego.
Seûor y replico el ministro , no puede ignorar Y. M. que el rey
su tio sujetô la sucesion al trono à la précisa condicion del ma-
trimonio con la princesa Constanza. ;Y quien diô autoridad al
rey mi tio , repuso acalorado Enrique , para establecer tan yio-
lenta como injusta disposicion? ; Habia recibido acasoéltan in-
digna ley de su hermano el rey don Cérlos cuando entré à su-
cederle? ; Y por yentura debias tù tener la flaqueza de someterte
i una condicion tan inicua? Cierto que para un gran canciller
estas poco enterado de nuestros usos. En una palid>ra , cuando
promet! mi mano à Constanza fîié inyoluntaria mi promesa, que
nunca tuye intencion de cumplirla. Si don Pedro funda su espe-
ranza de ascender al trono en mi constante resolucion de no
efectuar aquella palabra , no mezdemos à los pueblos en una
contienda que haria derramar mucha sangre. La espada entre nos-
otros solos puede terminar la disputa , y decidir cual de los dos
sere el mas digno de reinar.
No se atrei^iô Leoncio à apurarle mas , y se contenté con pe-
dir de rodillas la libertad de su yerno , la que consiguiô dicièn-
dole el rey : Anda , y restitùyete é Belmonte , que presto ira aUi
el condestable. Retirôse el ministro , y marché à su quinta , per-
suadido de que su yerno yendria luego à ella ; pero engaûése ,
porque Enrique queria yer à Blanca aquella. noche , y con este
fin dilaté hasta el dia siguiente la libertad de su esposo«
Miëntras tanto entregado este à sus tristes pensamientos , hacia
dentro de si crueles reflexiones. La prisionle habia abierto los
ojos , y héchole conocer cual era la yerdadera causa de su des-
gracia. Entregado enteramente à layiolencia de los zelos, y ol-
yidado de la lealtad que hasta alli le habia hecho tan recomen-
dable , solo respiraba yenganza. Persuadido de que el rey no
malograria la ocasion , y no dejaria de ir aquella noche à yisitar
à doAa Blanca, para sorprenderlos é entrambos suplicé. al go-
beniador del castillo de Palermo le dejase salir de la. prision por
algunas horas , dàndole palabra de honor de que Antes de ama-
necer se restituiria A ella. £1 gobemador , que era todo suyo ,
tuyo poca dificultad en darle este gusto , y mas habiendo sabido
ya que Sifiredo habia alcanzado del rey su libertad , y ademas
de eso le dié un caballo para ir à Belmonte. Partie prontameme ,
llegé al sitio , até el calû^llo A un Arbol , entré en el parque por
una puerta pequefta cuya llaye tenia, y tuyo la fortuna de intro-
LIBRO CUARTO. 189
tiicirse en la quinta sin ser sentido de nadie. Llegô hasta el caarto
de su moger , y se escondiô iras un biombo que habia en la an-
tesala. Pensaba observar desde alli todo lo que pudiese suceder,
y entrar de repente en la estancia de su esposa al menor ruido
que oyese. Yiô salir à Nise , que acababa de dejar é su ama , y
se retLraba à un cuarto inmediato donde ella dormia.
La hija de Sîfredo y que fôcilmente habia penetrado el yerda-
dero motlTO del arresto de su marido , tuYO por cierto que aquella
noch« no Yolyeria este à Belmonte , aunque su padre le habia
didio babcrle el rey asegurado le seguiria presto. Igualmente se
presamiô que el rey aprovecharia aquella ocasion para yerla y
hablarla con libertad. Con este pensamiento le estaba esperando
para afearle una accion que para ella podia tener terribles con-
secnencias. Con efecto , poco tiempo despues que Nise se habia
retirado , se abriô la falsa puerta y apareciô el rey, quien ,'arro-
jàndose A los pies de Blanca , le dijo : No me condeneis hasta ha-
benne oido. Si mandé arrestar al condestable , considerad que
ya no me restaba otro medio para justificarme. Si es delincuente
este artificio, la culpa es de vos sola. ^Porqué os negàsteis à
oirme «sta maflana? Tardarâ poco en yerse libre yuestro esposo ,
y entônces ] ay de mi I ya no tendre recurso para hablaros. Oid-
me y pues , por la ultima yez. Si yuestro padre ocasiona mi des-
Tenturada suerte , al ménos concededme el triste consuelo de
partknparos que yo no me he atraido este infortunio por mi in-
fidelidad. Si ratifiqué é Constanza la promesa de mi mano , fué
porque, en las circunstancias en que me pnso Sifredo , no podia
hacer otra cosa. Ërame preciso engaâar à la princesa por yues-
tro înteres y por el mio , para asegnraros la corona y la mano
de yuestro amante. Tenia esperanza de conseguirlo y y habia to-
rnado mis medidas para romper aquella obligacion; pero yos des-
truisteis mi plan, y disponiendo con demasiada focilidad de yuestra
persona , preparâsteis un etemo dolor à dos corazones que un
entrafiable amor hubiera hecho perpetuamente féhces.
Biô fin à este breye razonamiento con seflales tan yisibles de
ana yerdadera desesperacion , que Blanca se enterneciô , y ya no
le quedô la menor duda de la inocencia de Enrique. Alegrôse un
poco al principio; pero un momento despues fué en ella mas
viyo el dolor de su desgracia, i Ah , seflor I dijo : despues de lo
que ha dispuesto de nosotros la suerte , me causa nueya pena el
saber que estais inocente. ; Que es lo que he hecho , desdichada
de mi I EngaAôme mi resentimiento. Juzgué que me habiais aban-
donado ; y arrebatada de despecho recibi la mano del condesta-
ble , que mi padre me présenté. \ Ah infeUz I Yo fui la delincuente ,
y yo misma fabriqué nuestra desgracia. | Conque cuando estaba
tan qnejosa de yos , acusàndoos en mi corazon de que me habiais
engafiado , era yo , imprudente y ligerisima amante , la que rom-
190 GIL BLAS.
pia lofl laaEOs"qae habia jnrado hacer indisoliibles I Yengaoa ahcMra ,
seûor , pues os toca haoerlo. Aborreoed à la iograta BlaiMau. Olvi-
dad^ 4 Y OS pareoe cpie lo podré hacer, seflora? intemunpio
Enrique tristemente : ;qae sera posiMe arrancar de mi ooraxon
una pasion que ni aun yuestra injusticia podrà sofocarla? Con todo
eso , seûor , dijo suspirando la hija de Sifredo , es menester que
OS esforzeis para conseguirlo. Y tos, seftora, replied el rey,
I seréis capaz de hacer ese erfuerzo? No me prometo lograrlo ,
respondiô Blanca , pero nada omitiré para ello : lo intentaré coaa-
to pneda. ; Ah cruel I exdarnô el rey , fidhnente olvidarëîs à En-
rique, puesto que teneis tal pensamiento. Y tos , seAor , ^què es
lo que pensais? repuso Blanca con encereca: i os lisonjeais d» qne
OS tolère continuar en obsequiarme ? No tengais tal esperanza. Si
no quiso el cielo que naciese para reina , tampoco me formô para
que diese oidos à ningun amor que no sea legitimo. Mi esposo es ,
igualmente que vos , de la nobilisima casa de Anjou, y aun cnan-
do k) que debo à solo él no foera un obstéculo inyendble i Tue»-
tros amorosos servicios , mi honor jamas podria permitîrlos.
Suplico , pues , i Y. M. que se retire , y que baga ànimo de no
Yolrerme A rer. îOh , que tiranial exdamô el rey: ;es posible ,
Blanca , que me trateis oon tanto rigor ? \ Conque no basta para
atormentarme el que yo os vea esposa del condestaUe ; sino que
quereis ademas privarme de yuestra yista , ùnico consuelo qne me
queda ! Huid cuanto entes , seftor , respondiô la hija de Sifredo
derramando algnnas làgrhnas : la yista de lo que se ha amado
tiernamente déjà de ser un bien luego que se pierde la espe-
ranza de poseerlo. À Bios , seftor, retiraos de mi presenda. Dé-
bets este esfuerzo à yuestra gloria y i mi reputacion. Tambîen
os lo pido por mi repose , porque al fin, aunque mi yirtud no se
altera con los moi^imientos de mi corazon , la memoria de Tues-
tra ternura me présenta combates tan terribles , que me cnesta
extraordinarios esfuerzos el resistirlos.
Pronunciô estas ultimas palabras con tanta energia, que, sin ad-
yertirlo , dejô caer al suelo un candelero que estabaen una mesa
detras de ella. Apagôse la bugia; côgela Blanca à tîentas , abre la
puerta de la antesala ,. y para encenderla y a al gabinete de Nise ,
que aun no se habia acostado. Yuelye cou luz , y apénas la yiô
el rey la instô de nueyo para que le permitiese continuar en sus
obsequios. A la yoz del monarca entré repentinamente el con--
destable con la espada en la mano en el cuarto de su esposa,
casi al mismo tiempo que ella : se llega à Enrique lleno del resen-
timiento cpie su furor le inspiraba , y le dice: Ya es demasiado ,
tirano , no me tengas por tan yil ni tan cobarde que pueda sufrir
la afrenta que haces à mi honor. | Ah traidor ! respondiô el rey
desenyainando la espada para defbnderse ; ^piensas por yentura
ejecutar tu intente impnnemente? Bicho este prindpian un com*
LIBRO CUARTO. 191
bate sobremanera fogoso para que durase macbo. Temiendo el
oondestable que Sifiredo y sus criados acodiesen demasiado pron-
to i los grito^ qae daba doAa Blanca y y le estorbasen su ven-
ganza, peleaba ya sin juicio y sin Qpnocimieato y sin cautela. Fuera
de si de furor el mismo se metiô por la espada de su enemigo ,
atraveséndose de parte à parte hasta la gnamicion.Gayô en tierra,
y vièndole el rey derribado se detuTo.
Al Ter la hija de Leoncio à su esposo en tan lastimoso estado y
se arrojô al suelo para socorrerle y é pesar de la repugnanda oon
qaelemiraba.El inJPdii esposo, lleno de resentimiento oontra ella,
no se entemeciô ni ann é yista de aquel testimonio que le daba
de sn dolor y de su compasion. La muerte y que tenia tan oerca*
na, no bastô para apagar en él el incendio de los zelos. En aque-
nosùltimos momentos solo se acordô de la fbrtuna de sa eompe-
tidor ; idea tan ingrata y espantosa , que aientando sus espiritm
y dando un momentàneo yigor é las pocas fuerzas que le quo-
daban , le hizo alzar la espada y que aun tenia en la maoo , y la
sepidtô toda eila en el seno de su muger y dicièndole : M uere y es-
posa infel , ya que los sagrados yfaiculos del matrimonio no bas-
tiron para que me conservases aquella fe que me juriste al pié
de los altares. Y ta , Enrique , prosiguiô oon yoz desmayada , no
te glories ya de tu destino y puesto que no te aprovecharés de rai
desgracia : con esto muero contento. Dqo estas palabras , y espi-
rô ; pero con un semblante que aun entre las sombras de la nraer*
te dejaba yer un no se que de altiyo y de terriMe. El de Hanca
ofrecia é la Tîsta un espectâculo bien diyerso. Habia caido mor-
talmente herida sobre el moribundo cuerpo de su esposo: y la
sangre de esta inocente yictima se confiindia cou la de su homi*
cida, cuya ejecncion fiiè tan pronta è impensada y que no diô In-
gar al rey para precayer su efecto.
Prorumpiô este principe malayentnrado en un lastimoso grito
caando yiô caer i Blanca ; y mas herido que ella del golpe que le
quttaba la yida y aeudiô à prestarle el mismo auxilio que ella
misma habia querido prestar à su roarido , f del cual habia sido
tan mal recompensada ; pero Blanca le dijo cou yoz desfelledda :
Sefior, yuestra diligencia es mutil : soy la ^ctima que estaba pi-
diendo la suerte inexorable. Quiera el delo que ella aplaque su
<^lera, y asegure la felicidad de yuestrb reinado. Al acabar estas
palabras , Leondo , que habia acudido al eco de sus lamentosos
ayes, entré en el cuarto, y atônito de yer los objetos que se
presentaban & sus ojos, quedô inmôyiU' Blanca , que no le habia
^isto, prosiguiendo su discursocon et rey : A Dios y seflor, le dijo »
conservad afeetuosamente mi memoria, pues mi amor y mis
desgracias os obligan à ello. Desterrad de yuestro pecho toda
sombra de resentimiento contra mi amado padre, respetad sus
<^na8 , compadeceos de su pena , y haoed justicia i su zelo. Sobre
19S GIL BLAS.
todo manifestad à todo el mando mi inooendia: esto es lo que
mas prindpalmente os encargo. A Dios , amado Eoriquè.^ Yo me
maero.^ Redbid mi postrer adiento.
A estas palabras espirô. Quedôse suspenso êl rey» goar-
dando por algun tiempo an profimdo sileDcio. Rompiile en fin
didendo i Sifredo : Mira , Leoncio , la obra de tas manos. Con-
tèmplala bien , y considéra en este trégico suceso el fruto de tu
oficîoso zelo por mi servicio. Nada respondiô el anciano ; tan
penetrado estaba de dolor. Pero ^à que fin empellarme en
querer referir lo que no cabe en ninguna explicadon? fiasta
decir que uno y otro prorumpièron en las mas tiemas quejas
laego que la vehemencia del dolor abriô camino al desahogo de
loB aféctos interiores.
El rey conservô toda su vida la mas dulce memoria de su
amante y sin poderse jamas resolver à dar la mano i Constanza.
El in£ante se coligô con ella para hacer que se cumpliese lo dis-
puesto por Rogerio en su testamento; pero se Tiéron precisados
î céder al principe Enrique , quten triunfô al cabo de todos sus
enemigos. A Sifredo le desprendiô del mundo, y aun de su
misma patria, el insoportable tedio que le causaba el tropel de
tantas desgracîas. Abandonô la Siciiia , y pasindose é ffspaâa
con Porcia, la ùnica faija que le habia quedado, comprô esta
quinta. En ella sobre^iviô quince aûos à la muerte de Blanca :
tuYO el consuelo de casar à Porcia antes de morir con don Ge-
rônimo de Siha , y yo soy el ùnico fruto de este matrimonio.
Esta es, prosiguiô la yiuda de don Pedro Pinares, la historia
de mi fàmilia, y una fiel relacion de las desgracias que repré-
senta ese cuadro , que mi abuelo Leoncio hizo pintar para que
quedase à la posteridad un monumento de este fùnesto suœso.
CAPITULO V.
De lo que hizo do^a Aurora de Guzman luego que Ilego i Salamanca.
Despues de haber .la Ortiz , sus compaAeras y yo oido esta
historia, nos salimos de la sala, donde dejàmos solas é doua
Aurora y dofia Elvira. Pasâron las dos lo restante del dia en
yarias diversiones, sin fastidiarse una de otra; y cuando par-
timos al dia siguiente , fiié tan dolorosa su separacion , como
pudiera serlo la de dos intimas amigas , acostumbradas toda la
yida à la mas^ dulce y tiema compaikia.
Uegémos en fin A Salamanca sin que nos sucediese el menor
contratiempo. Alquilàmos luego una casa enteramente amue-
blada; y la duefia Ortiz, segun lo quebabiamos tratado, se
comenzé é llamar dofia Jimena de Guzman. Ck>mo habia sido
UBRO CUARTO. 193
duefta tanto tiempo, no podia mènos de hacer bien su papel.
Saliô una mafiana con Aurora , una doncella y un page » y se en-
caminéron à una posada de caballeros, donde supiëron que
ordinariamente se alojaba Pacheco. Pxeguntô la Ortiz si habia
algun cuarfo desocupado, y habiéndole respondido que si, le
«"nseftâron uno deoentemente puesto. Tomôlo de su cuenta , y
aun adelantô un mes de alquiler, expresando era para un sobrino
suyo que iba de Toledo à estudiar à Salamanca , y al que esperaba
aquel dkL
Despues que la dueAa y mi ama dejéron ajustado aquel alo-
jamiento, se retiràron al suyo, y la bella Aurora, stn perder
tiempo , se yistiô de caballero. Para cubrir sus cabellos negros
se puso unapeluca rubia , y tifténdose del mismo color las cejas,
se disfirazô de suerte que pareda un seAortto distinguido. Era
garboso y desembarazado ; y à no ser la cara, que era demasia-
damente linda para hombre , ninguna otra cosa hacia sospechoso
su disfraz. Imitôle en el mismo la criada que le habia de serrir
de page, y todos nos persuadimos que tambien esta representaria
bien su papel, asi porque no era de las mas hermosas, como
por tener cierto airedllo descarado , muy à propôsito para el
personage que le tocaba hacer. Despues de comer, hallàndose las
dos actrices en estado de presentarse en su teatro , esto es , en
la posada de caballeros , ellas y yo marchàmos allé» Metimonos
en un coche, y lleyàmos los baules y la ropa que era menester.
La posadera, llamada Bemarda Ramirez , nos recibiô con el
mayor agasajo, y nos condujo â nuestro cuarto, donde comenzàmos
à trabar conrersacion con ella. Convintmos en la comida que nos
habia de dar, y en lo que habiamos de pagarle cada mes. Pre-
guntémosle despues si tenia muchos huéspedes. Por ahora,
respondiô, notengoninguno : nunca me ialtarian siquisierarecibir
àtodo gènero de gentes; pero mi genio no lo liera, y en mi
casa solo admito personas de distincion. Esta misma noche es-
pero uno que yiene de Madrid à concluir sus estudios. Llémase
don Luis Pacheco , caballero de Teinte alios lo mas , que acaso
conoceràn ustedes ô habràn oido hablar de él. No , respondio
Aurora: no ignoro que es de una fieunilia ilustre ; pero no se sus
calidades ; y habiendo de yiyir en su compaikia en una misma
casa , tendria particular gusto de saber que hombre es. Seftor,
repaso la huéspeda mirando al fingido caballero » es un caballerito
de linda cara , ni mas ni ménos que la Tuestra ; y desde luego
aseguro que ambos os ayendréis bien. lYiye diezl que podré
jactarme de tener en mi casa los dos seftoritos mas galanes y
aîrosos de toda Espafta. Segun eso , replicô mi ama , ese tal caba-
llerito h9bT& tenido en Salamanca mil galanteos. {Oh ! en cuanto à
eso, respondiô la yieja, debo confesar que es un enamorado de
profesion. Basta que se deje yer para Ueyarse de calles à cualquier
194 GIL BLAS.
miiger. Entre otras robe el corazon de una jôven y belh oomo ella
sola , hija de un anciano doctor en leyes ; y en coanto a su cariâo
hécia don Luis es aquello que se llama locura. Su nombre es dojla
Isabel. Pero digame , le repiicô Aurora con prontitud , i y don
Luis le corresponde igualmente? Que la amaba entes que volviese
à Madrid) respondiô la Ramirez , no tiene duda; pero si ahora
la quiere ô no la quiere , eso es lo que yo no se, porque el tal
caballerito en este punto es poco de fiar. Corre de muger en
muger, como lo hacen comunmente todos los de su edad y de su
clase.
Apënas acababa la viuda de decir estas palabras , cuando se
oy6 en el patio ruido de caballos. Asomàmonos é la ventana ,
yyimos dos hombres que se apeaban, que eran el mismo don
Luis Pacheco, que llegaba de Madrid , con su criado. Dejônos la
yieja para ir à recibirlos , y preparôse mi ama , no sin alguna
comnocion , à representar su personaje de don Felix. Poco des-
pues yimos entrar en nuestro cuarto é don Luis con botas y
espnelas en traje de camino. Acabo de saber, dijo saludando a
dofia Aurora , que un caballero Toledano esta alojado en esta
posada, y espero me permitiré le manifieste el gusto que tengo
de lograr bajo un mismo techo tan buena compafiia. Miéntras
respondia mi ama à este cumplimiento , me paredô que Pacheco
estabasuspenso deyer Aun caballero tanamable. Con efecto, no
se pudo contener sin decirle que jamas habia yisto hombre tan
galan ni tan bien plantado. Despues de varios discursos acompa-
flados de mil reciprocos y cortesanos cumplimientos , se retirô
don Luis al cuarto que se le habia destinado.
Miéntras se hacia quitar las botas y se mudaba de ropa , un
page , que le buscaba para entregarle una carta , encontre por
casualidad é doAa Aurora en la escalera , y teniëndola por don
Luis y à quien no conocia : Caballero, le dijo , aunque no conozco
al se/kor don Luis Pacheco , me parece no debo preguntar é vmd.
si lo es, y estoy persuadido de que no me engaflo, segna las
sefias que me han dado. No, amigo, respondiô mi amacongran
serenidad ; ciertamente que no te engajkas , y sabes cumplir con
puntualidad los encargos que te dan : has adiyinado muy bien
que soy don Luis Pacheco : dame esa carta y vête , que ya coi-
daré de enyiar la respuesta. Marchôse el page; y cerréndose
Aurora en su cuarto con su criada y conmigo , abriô la carta, y
nos ley 6 lo que signe : Acabo de saber vuesira Uegada d Salamanca :
alegrôme tanto esta noHda , que terni perder eljtùcio. f^AmaU todapia
d vuestra Isabel? Aseguradle cuanto antes de que no os habeis mu"
dodo. Uorird de contento si te dais el consuelo de kaberle sida fieL
En yerdad que el papel es apasionado, dijo Aurora, y
muestra un aima del todo enamorada. Esta dama es una compe-
tidora que no debe despreciarse; entes bien juzgo que debo
LIBRO CUARTO. 195
haoer todo lo posibte para desprenderia de don Luis , haciendo
cuanto me seadable para que â no la yuelva à ver. Laempresa
es algo ardua, lo oonfieso ; mas no desconfio de salir con ella.
Parôse à pensar sobre este punto , y un momento despues afia-
diô : Yo me obligo i ver enemistados à los dos en ménos de
veinte y cuatro horas. Con efécto , habiendo Pacheco descan-
sado on poco en su cuarto , volviô é buscarnos al nuestro , y
renoTÔ la con^ersacion con Aurora antes de cenar. Caballero ,
le dijo en tono de zumba, creo que los maridos y los amantes
no han de celebrar mucho yuestra yenida à Salamanca , y que
les ha de causar harta inquietud ; yo por lo ménos ya comienzo
à temer mucho por mis damas* ; Oiga vmd.! le respondiô mi ama
en el mtsmo tono , su temor no esta mal fundado. Don Felix de
Mendoza es un poco temible ,. asi os lo prevengo. Ya he estado
otra Tez en esta ciudad , y se por experiencia que en ella no son
insensibles las mugeres. i Que prueba tiene ymd. de eUo ? inter-
mmpîô don Luis conpresteza. Unademostrativa, replicô la hija
de don Yicente. Habrà un mes que transité por esta ciudad , y
habîéndome detenido en ella no mas que ocho dias, en este
li^eve tiempo , os lo digo en toda confianza , se apasionô ciega-
meRte de mi la hija de un anciano doctor en leyes. *
Conoci que se habia turbado don Luis al oir estas palabras.
;Y se podrÀ saber, sin pasar por indiscrete , replicô , el nombre
de esa seAora? iQué llama vmd. sin pasar por indiscrete? repuso
el fingido don Felix : ; pues que motive puede haber para Imcer
de este un misterio ? ^por yentura me teneis per mas GEdlado que
lo son en este punto los de mi edad? no me hagais esa injusticia.
Ademas de que , hablando entre los dos , el objeto tampoco es
digne de tan escrupuloso miramiento , porque al fin solo es una
pobre particular, y los bombres de distincion no se emplean se-
riamente en estas gentes de poca suposicion , y aun creen que
les hacen mucho honor en quitarles el crédite. Diréos , pues , sin
répare , que la hija del tal doctor se llama Isabel. ^Y el tal
doctor , intermmpiô impaciente ya Pacheco , se llama acaso et
sefior Marcos de la Uana? Justamente, respondié mi ama. Lea
vmd. este papel que acaba de enviarme : per él veri si me
quiere bien la tal nifia. Pasô les ojos don Luis per el billete, y
conociendo la letra se quedô confuse. ^Qué veo? prosiguiô en-
cônces Aurora con admiracien. Parece que se os muda el celer.
Creo , Dies me lo perdene , que tomai» interes per esa dama.
i Oh , y cuante me pesa de haber hablado cen tanta franqueza !
Antes bien os dey gracias per elle , replicô don Luis en un tone
mezclade de côlera y despeche. i Ah , pérfida ! | ah , inconstante !
iOh , don Felix , y que favor es merezco! He habeis sacade de
un ^ror en que quizà hubîera estado largo tiempo. Creia que me
amaba : i que digo amaba? me parecia que me adoraba Isabel.
196 GIL BLAS.
Yo miraba con algnn aprecio â esta mnchacha ; pero ahora reo
que es nna muger digoa de mi mayor deisprecio. Apniebo vnestro
noble modo de pensar, dijo Aurora , manifestando tiunbien por
su parte mucha indignacion. La hija de un doctor en leyes de-
biera tenerse por muy dichosa en que la qnisiese un oabaHerito
de tanto mérito oomo vos. No puedo disculpar su yeleidad , y lè-
jos de aeeptar el sacrifido que me hace de vos , quiero castigaria
despf eciando sus favores. Por lo que â ml toca , dijo Paeheoo ,
juro no Tolverla â Ter en toda mi TÎda , y esta seri mi unica ven-
ganza» Teneis sobrada razon, respondiô el fingido Mendoza;
pero con todo , para que conozca mejor el menosprecio con que
la tratamos , séria yo de parecer que los dos le escrîbieramos se*
paradamente un papel en que la insultasemos à nuestra satisfiBMS-
cion. Yo los cerraré , y se los enviaré en respuesta à su carta ; mas
antes de Uegar à este extremo sera bien que lo consulteis con
Tuestro corazon , no sea que algun dia os arrepintais de haber
roto la amistad con Isabel. No , no , interrumpiô don Luis , no
pienso tener jamas semejante flaqueza, y convengo desde hiego
en que, por mortificar A esa ingrata , se ponga inmediatamente
por otoa lo que hemos discurrido. a»
Sin perder tiempo fui yo mismo â traerles papel y tinta , y uno
y otro se pusièron é componer dos papeles muy gustosos para la
hija del doctor Marcos de la Liana. Espedalmente Pacheoo no en-
contraba voces bastante fuertes que le oontentasen para expresar
sus sentimientos ; y asi hizo pedazos cinco ô seis billetes , por pu-
recerle sus expresiones poco enérgicas y poco duras. Al cabo
compuso uno que le satisfizo , y à la verdad tenia razon para que-
dar satisfecho , porque estaba ooncebido en estos términos :
Aprende ya d conocerte, reina trua, y no tengoi la pretuncum de
créer que yo te anu). Para eMto era meneHer oiro miriio mayor que
el tuyo. No veo en ti elmenor airactivo que merezca mi aiencion mas
que por un momento. Solamenie puedes aspirar d lo$ mdenêos que
te tribuiardn loi hopalandat mas misérables de la umverndad. Es-
cribiôy pues, esta agradable carta, y cuando Aurora acabô la
snya , que no era mënos ofensiya , las cerrô entrambas bajo una
cubierta, y entregàndome el pliego : Toma, Gil Bias, me dijo, y
haz que Isabel reciba este pliego esta noche. Ya me entiendes ,
afiadiô guiûindome de ojo ; seftal cuyo significado entendi periéo-
tamente. Si , seikor, le respondi : seré Tmd. servido eomo desea.
Aesponderle esto , hacerle una cortesia , y salir de casa , todo
filé uno. Luego que me vi en la calle , me dije i ml mismo : ;Coa-
que , seAor Gil Bias , parece que se hace prueba de vuestro talento
y que représentais en esta comedia el importante papel de criado
confidente ? SI , sefior. Pues, amigo mio , es menester mostrar que
tienes habilidad para desempefiar un papel que pide tanta. El sefior
don Felix se contenté con hacerte una sefia : fitee de tu pénétra-
LIBRO GUARTO. 197
don. ^Comprendiste bien lo que aquella guifiada qoiso decir ? Si
por cierto : quisome dar à entender que entregase solamente el
billete de don Luis. No significaba otra cosa aquella guifiadura.
No toye en esto la menor duda ; conque didendo y haciendo ,
rompi el sobrescrito , saqué de él la carta de Pacheco , y la Ueyé
à casa del doctor Marcos , habiéndome antes informado de donde
TÎTia. Encontre â la puerta al mismo pagecito à quien habîa visto
en la posada de los caballeros, Hermano, le dije , ^seréîs yos por
fbrtuna el criado de la hija del seAor doctor Marcos de la Llana?
Respondiôme que si en tono de mozo experto en estos lances; y
yo le afiadi : Teneis una fisonomia tan honrada^ y una cara tan de
amigo de seryir al prôjimo , que me atrevo à suplicaros entregueis
i Tuestraama estepapelito de cierto caballero conocido suyo.
l Y quien es ese caballero? me preguntô el pagecillo ; y apénas
le respondi que era don Luis Pacheco , cuando todo regocijado
me respondiô : { Ah I si el papel es de ese seûorito , sigueme ,
pues tengo ôrden de mi ama de introducirte en su cuarto , que
quiere hablarte. Seguile en efecto , y llegnè â una sala , donde muy
presto se dejô ver la seûora. Quedé admirado de su hermosura ,
tanto que me pareciô no haber visto focciones mas lindas en mi
TÎda. Tenia un aire tan delicado y anifiado , que parecia ser de
edad de quince aflos , sin embargo de que habia mas de tremta que
caminaba por si misma sin necesitar de andadores. Amigo , me
preguntô con cara risuefla, ;eres criado de don Luis Pacheco?
Si y seAora, le respondi , très semanas ha que entré A serynr â su
mercéd ; y didendo esto le entreguè respetuosamente el fatal papel
que se me habia encargado. Leyôle dos 6 très yeces , con sem-
blante de dudar de. lo que sus mismos ojos yeian. Gon effecto ,
nada esperaba mënos que semejante respuesta. Alzaba los ojos
al delo , mordiase les labios , y todos sus indeliberados moyi-
mientos hacian patente lo que pasaba dentro de su corazon. Vol-
viése despues hàcia mi y me dijo : Amigo mio : ^ don Luis se ha
Yuelto loco desde que se ausentô de mi ? No comprendo su modo
de procéder. IMme, amigo , si lo sabes, ;quë motiyo ha tenido
para escribirme un papel tan cortesano , tan atento?... ;Qué de-
monio le tiene poseido? Si quiere romper conmigo, ^no sabria
hacèrlo sin ultrajarme con una carta tan gr osera?
Seflora, le respondi afectando un aire lleno de sinceridad^ es
derto que mi amo no ha tenido razon para eso ; pero en cierta
manera se yiô en términos de no poder hacer otra cosa. Si me dais
palabra de guardar el secreto , yo os descubriré todo el misterio.
Te ofirezco guardarle, me respondiô ella prontamente : no temas
que te perjudique ; y asi explicate eon toda libertad. Pues , seftora,
continué yo , he aqui el caso en dos palabras. Un momento des-
pues que mi amo redbiô yuestro papel entrô en la posada una
dama tapada con un manto de los mas dobles : preguntô por el
198 GIL BLAS.
seAor Pacheco , hablôle A solas , y de alii i algun tiempo , al fin
de la conversacton le oi decir estas précisas pialabras : Mejttrats
que nunca la volverm d ver; pero no me contenta con eito. Es me-
nester que ahora mUmo le etaibau un btllete que yo nûsma quiero
dictaros. Esto quiero absoUUamente de vo$, Sujetî6se don Luis à todo
lo qae desealm aquella muger, y entregàndome despues el bi-
Hete, me dijo : Toma este papel, ayerigua donde viire el doctor
Marcos de la Liana , y procura con maâa que esta carta se en-
tregue en propia mano & su hija Isabel.
De aqui inferiréis , seftora , que la tal carta es hechura de al-
guna enemiga yuestra , y por consiguiente que mi amo poca 6
ninguna culpa ha tenido en esta maniobra. ; CHi cielos! exclamé
ella : pues esto es todavia mas de lo que yo pensaba. Has me
ofende su infidelidad que las indignas é injuriosas expresiones
que se atreyiô & escribir su mano. ; Ah » infiel ! ; ha podido con-
traer otra amistad !... Pero revistiéndose de repente de altivez »
aâadiô despechada : Abandônese en buen hora libremente à su
nuevo amor, que yo no pienso impedirlo. Decidle de mi parte
que no necesitaba insultarme para obligarme à dejar libre el
campo à mi competidora; y que desprecio demasiado à un
amante tan yoltario para tener el menor deseo de atraérmele de
nueyo. Diciendo esto me despidio , y se retiré muy enojada con-
tra don Luis.
Yo sali de casa del doctor Marcos de la Liana muy satisfécho
de mi mismo , conociendo bien que si queria aprrader el oficîo
de tercero me hallaba con suficientes talentos para salir maestro
en poco tiempo. Yolyime à nnestra posada ^ donde encontre ce-
nando juntos à los seûores Mendoza y Pacheco » y en oonyersa-
cion con tanta confianza como si se hubieran conocido y tratado
muchos aâos. Conociô Aurora en mi alegre y risuefk) semblante
que no habia desempeftado mal mi comision. ^ Conque ya estas
de yuelta, Gil Bias? me dijo en tono festiyo. £a, danos cnenta
de tu embajada. Tuye para responder que recurrir à mi talento.
Dije que habia entregado el pliego en mano propia à Isabel , la
que, despues de haber leido los dos dulcisimos y temisimos pa-
pelés , prorumpiô en grandes carcajadas como una loca, diciendo :
Por yida mia que los dos sefk)ritos escriben con bellisimo estilo.
No se puede negar que nadie es capaz de imitarlo. Eso , dijo mi
ama , se llama sacar el caballo , é salir del atolladero airosa-
mente. £n yerdad que la tal seftora mia es una chula de prueba
y muy diestra. Desconozco enteramente en esta ocasion à doâa
Isabel y interrumpiô don Luis : la tenia en muy distinto concepto.
Yotambien, replico Aurora, habia formado otrojuido de ella.
Es preciso confesar que hay mugeres que saben hacer toda clase
de papeles. A una de estas amè yo , y en yerdad que se bnrié de
mi largo tiempo. Gil Bias lo puede decir : parecia la muger mas
LIBRO CUARTO. 109
juiciosa y mas honesta que habia en todo el mondo. Asi es , res-
pond! yo introdaciéndome en la oonversacion ; era capaz de en-
gadar al mas astuto , y aon à mi mismo me hubiera engaflado.
Dîéron grandes carcajadas el fingido Mendoza y el yerdadero
Pacheco cuando me oyéron hablar de esta suerte ; y lèjos de des-
aprobar el que yo me tomase la libertad de mezclarme en su con-
Tersacîon , me dirigian é menudo la palabra para divertirse con
mis respuestas. Proseguimos nuestro razonamiento sobre el arte
(le fingir, que en supremo grado poseen las mugeres ; y el resul-
tado de nuestros discursos fiié que Isabel quedé legal y judicial-^
mente dedarada por una chnia de profesion. Don Luis protesté de
naevo que jamas la volveria à ver, y A ejemplo suyo don Felix
JHTÔ que siempre la miraria con el mas alto desprecio. Acabadas
estas protestas estrechàron mas su amistad, prometiendo que
fiinguna cosa tendrian resenrada uno para otro; antes bien que
todas se las comunicarian reciprocamente. Sobre mesa se detuviè-
ron un rato , diciendo cosas graciosisimas , y despues se separà-
ron para irse à dormir cada cual à su cuarto. Yo acompaâë i
Aurora hasta el suyo, donde di fiel y verdadera cuenta de la couver-
sadon que habia tenido con la hija del doctor, sin omitir la
drcunstancia mas menuda. Faltô poco para que me abrazase de
pura alegrta. Querido Gil Bias , me dijo , tu ingenio y habilidad
me tîene encantada. Guando nos arrastra una pasion en que es
precîso recurrir é invenciones y estratagemas , es grau fortuna
tener un criado tan advertido y tan ingenioso como tu , que tomas
verdadero interes en nuestros asuntos. Ànimo, pues, amigo
mio. Nos hemos sacudido de una muger que podia hacernos mal
tercio. No me descontenta el principio ; pero como los lances de
amor estàn sujetos i varias revoluciones , soy de parecer que
cuanto âmes acometamos nuestra ideada empresa , y que desde
maâana empieze â representar su papel Aurora de Guzman.
Aprobé d pensamiento , y dejando al sefior don Felix con su
page , me retiré al euarto donde tenia mi cama.
CAPITULO VI.
De que ardides se valiâ Aurora para que la amase don Luis Padieco.
El primer cuidado de los dos nuevos amigos fuë reunirse al
dia siguiente , y comenzàron con abrazos , que Aurora se viA
predsada â dar y recibir por hacer bien el personage de don
Felix. Fuéron juntos â pasearse por la ciudad , acompafléndoles
yocon Chilîndron , criado de don Luis. Parémonos à la pnerta de
la universîdad à leer varios carteles de libros que acababan de
fijar â la puerta. Habia tambien leyendo otras muchas personas ,
200 GIL BLAS.
y entre ellas se me hizo reparable un hombrecaUo., que hacia
critica de las obras que se aanndaban. Observe que le estaban
oyendo otros con singular atendon, y me persuadi tambieo de
que el creia m^*eoer que le escudiasea. Pareda vano y hombre
de tono dedsivo , como lo suele ser la mayor parte de las per-
sonas diiquHas. Esa nueva traducdon de Haracio, que anunda este
cartel con letras gordas , decia i los circunstantes, es una olxa
en prosa, compuesta por un autor viejo del colegio : libro muy
estimado de los escoUures, que ban agotado de él ya cuatro edi-
dones , sin que ningun inteligente haya comprado siqui^ra un
ejemplar. No era mas favorable la critica que hacia de los demas
libros : todos los motejaba sin caridad : probablemente seria al-
gun autor. Yo de buena gana le hubiera estado oyendo hasta que
acabase de hablar; pero me fu6 predso seguir i don Luis y a
don Felix, que, fiastidiados de aquel hombredUo, y no impor-
téndoles poco ni macho los libros que criticaba, prosiguîëroa su
camino alejàndose de cl y de la universidad.
Llegàmos é la posada é la hora de comer. Sentôse mi ama & la
mesa con Pacheco , y dtestramente hizo que la oonversacion re-
cayese sobre su fiunilia. Mi padre , dijo , es un segundo de la
casa de Hendoza, establedda w Toledo : mi madré ^ hermana
carnal de dofla Jimena de Guzman , que haoe pocos dias vino à
Salamanca en seguimiento de derto negodo de importancia,
trayendo consigo à su sobrina dojka Aurora, hija ùnîca de don
Vicente de Guzman , à quien quizà habrà vmd. conpddo. No ,
respondiô don Luis ; pero he oido hablar mucho de H , iguahnente
que de Aurora vuestra prima. Decidme si puedo créer todo lo
que dicen de esta sefiorita : me han asegurado que es sin igual
en hermosura y entendimiento. En cuanto â entendimiento, res-
pondiô don Felix, es cierto que no le felta , y tambien lo es que
ha procurado cultivarlo; pero en cuanto é hermosura, no creo
que sea tanta como ponderan, cuando oigo decir que ella y yo
nos parecemos mucho. Siendo eso asi , replicô prontamente don
Luis , queda muy acreditada su fama. Yuestras focdones son re-
gulares, vuestra tez muy delicada, y asi no puede mènos de ser
linda vuestra prima. Yo tendria mucho gusto en verla y hablar
con ella. Desde luego me ofrezco à satisfacer vuestra curiosidad ,
repuso el fingido Mendoza; hoy mismo despues de corner irémos
los dos a casa de mi tia.
Hudô entônces de conversacion mi ama, y empezéronlos dos é
hablar de cosas indiferentes. Por la tarde, miéntras se disponian para
ir é casa de doAa Jimena, me anticipé yo à prévenir é la dueûa que
se preparase para recibir esta visita. Hecha esta diligencia, me res-
titui prontamente â la posada para acompaAar à don Felix, quien
finalmente condujo al seAor don Luis à casa de su tia. Apénas en-
traron en ella cuando se encontréron con doâa Jimena , que les hizo
LIBRO CUARTO. 201
seOa de que metiesen pooo ruido, diciéndoles en vox baja : Paso,
pasito : no despierten ostedes à mi sobrioa, que desde ayer acà ha
estado padeciendo una fiiriosa jaqueca , la cual ha poco tiempo
que la dej6, y habrâ un cuarto de hora que la pobre nifia se re-
tira é descansar un poco. Siento mucho esa indisposicion, dijo
Mendoza, aparentando sentimiento, porque esperaba tener el
gusto de que Tiesemos à mi prima, pues queria hacer este ob-
seqnio â mi amigo Pacheco. No es eso tan urgente , respondiô la
Ortiz sonrièndose : pueden ustedes dejarlo para mafiana. DetuTÎé-
ronseun rato los dos caballeritos con la yieja, y despues de una
brere conrersacion se retiriron.
Condujonos don Luis à casa de un amigo suyo, Damado don
Gabriel de Pedrosa, donde pasémos lo restante del dia; cenàmos
con 61 , y dos horas despues de media noche yolvimos à la po-
aada. Habriamos andado como la mitad del camino cuando tro-
pezémos con dos hombres que estaban tendidos en medio de la
calle. Creimos que serian algunos infélices recien asesinados , y
nos parémos à socorrerlos , en caso de llegar â tiempo nuestro
socorro. Mièntras nos estabamos informando del estado en que
se hallaban , cuanto lo podia permitir la oscuridad de la noche,
he aqui que Uega una ronda. £1 cabo nos tuyo por asesinos , y
dié ôrden é sus gentes de que nos cercasen ; pero mudô de opi-
nion , haciendo mejor juicio luego que nos oyô hablar , y mucbo
mas cuando â la luz de una linterna sorda deseubriô las nobles
faociones de Mendoza y de Pacheco. Mandé à los alguaciles que
exanunasen y reconociesen aquellos dos hombres que nosotros
creiamos asesinados, y hallàron ser un Ucenciado gordo y su
criado priyados enteramente de yina, à mas bien borrachos
muertos. Seûores , exclama un ministril , conozco muy bien é este
gran bd)edor : es el seAor licenciado Guiomar ,. rector de nuestra
universidad. Aqui donde ustedes le yen es un grande hombre,
un tjdento extraordinario. No hay filôsofo à quien no confîmda
en un argumento : tiene una fecundia sin igual. Làstima es que sea
tan inclinado al yino , à pleitos y â mugeres. Ahora yendrà de
cenar con su IsabeliUa , en donde por desgracia èl y el que le guia
se habràn emborrachado , y ambos han caido en el arroyo. Antes
que el buen licenciado fuese rector le sucedia esto con bastante
frecuencia; los honores, como ustedes yen, no siempre mudan
las costumbres. Nosotros dejàmos à los dos borrachos en manos
de la ronda , que cuidô de lleyarlos à su casa , y nos fuimos i la
nuestra , donde cada uno tratô de irse à dormir.
Don Felix y don Luis se leyantàron al dia siguiente à eso del
medio dia , y , yueltos à reunir , su primera conyersacion fué de
dofia Aurora de Guzman. Gil Bias , me dijo mi ama , yé à casa
demi tia dofia Jimena , y pregùniale de mi parte si el sefior Pa-
checo y yo podemos ir hoy à \er à mi prima. Parti al punto i
a02 GIL BLAS.
desempeihar mi comision , ô por mejor decir à qoedar de acaerdo
con la duefia sobre el modo con que nos habiamos de gobernar ;
y despues que tomAmos nuestras medidaspuntuales , Tolvi con la
respuesta al fingido Mendoza , y le dije : Yuestra prima Aurora
esta may buena; ella misma me ha cncargado os asegure que
yuestra visita le ser del mayor agrado; y dofia Jimena me enco-
mendô afirmase al sefior Pacheco que siempre sera muy bien re-
cibido en su casa por yuestra recomendacion.
Conoci que estas ultimas palabras habian gustado mucho à don
Luis. Tambien lo conociô mi ama , y desde luego arguyô de eQo
un dicboso presagio. Poco antes de comer yino à la posada ei
criado de dofia Jimena , y dijo & don Felix : Sefior , un hombre
de Toledo fué à preguntar por su merced en casa de su seûora
tia, y dej6 en elh este billete. Abriôle el fingido Mendoza , y
leyô en él estas clâusulas en yoz que las pudiesen oir todos : Si
quereiM saber de vuestro padre, con otras noticioâ de consecuencia ^
que os importan mucho, leido este, venid prontamente al meson del
CabaUo Negro , cerca de la universidad. Tengo grandes deseos de
saber cuanto antes estas noticias que tanto me interesan para no
satisfecer mi curiosidad al momento : hasta luego, Pacheco,
continué ; si no yolyiere dentro de dos horas , podeis ir yos solo
à casa de mi tia , adonde concurrirë yo tambien despues de corner.
Ya sabeis el recado que os diô Gil Bias de parte de «dofia Jimena :
en yirtud de él podeis con franqueza hacer esta yisita. Biciendo
esto saliô de casa mandândome le siguiese.
Yase déjà discurrir que , en yez de tomar el camino del meson
del CabaUo Negro, nos fiiimos derechitos à casa de la Qrtîz , y
nos dispusimos al enredo. Quitôse Aurora sus postizos cabellos
rubios y lavôse y estregôse muy bien las cejas ; yistiôse demuger,
y quedô como naturalmente era, una triguena hermosa. Puede
decirse que el disfraz la transformaba de mènera, que doua Au-
rora y don Felix parecian dos personas diferentes; y aun en
trage de muger parecia mas alta que yestida de hombre : bien es
yerdad que los grandes tacoues aumentaban la estatura. Luego
que à su hermosura aâadiô los demas auxilios que el arte podia
prestarle, esperô à don Luis, con una agitacion mezcladaderezelo
y de esperanza. Unas yeces confiaba en su talento y en su her-
mosura^ y otras temia que le saliese mal aquella tentativa. La
Ortiz se dispuso por su parte lo mejor que pudo para ayudar à sa
ama. Por lo que hace à mi , como no convcnia que Pacheco me
yiese en aquella casa , y como , é semejanza de aquellos actores
que solo aparecen en el teatro cuando esta para conduirse la
comedia, no debia parecer en ella hasta el fin de ta yisita, sali
asi que acabé de comer.
En fin , todo estaba ya prevenido cuando Uegô don Luis. Re-
cibiôle dofla Jimena con el mayor agrado , y tuyo con Aurora
LIBRO CUARTO. 203
una conversacion qoe durô de dos é très horas. Al cabo de
eDas entré yo en la sala donde estaban , y dirigiëndoma à don
Lais , le dije : Caballero , mi amo don Felix suplica à vmd. se
sirva perdonarle si hoy no puede Tenir, porque esta con très
hombres de Toledo , de quienes no puede desembarazarse. ; Ab,
iibeitÎBîUo ! exclamé doua Jimena , sin duda estarà de jarana. No,
seûora , répliqué yo prontamente , esté en realidad con aquellos
hombres , tratando de negocios muy serios : es cierto que le ha
causado grandisimodisgusto elno poder venir aqui , y me ha en-
cargado deciroslo igualmente que à doua Aurora. ; Oh ! yo no
admito sus disculpas , repuso mi ama chanceéndose. Sabiendo
que be estado indispuesta debia mostrar mas atencion con las
personas que le son tan allegadas. En castigo de esta falta no
quiero yerle en dos semanas. j Ah , seAora ! dijo entônces don
Luis, no tomeis tan cruel resolucion. Sôbrale é don Felix por
castigo el no haberos visto hoy.
Despaes de haberse chanceado algun tiempo sobre el mismo
asonto , se retiré Pacheco. La bella Aurora mudô inmediatamente
de trage , y volviôse à poner su vestido de caballero. Trasiadôse
é la posada lo mas breye que le fiié posible , y apënas entré dijo
à don Lois : Perdonadme , amigo , si no pude ir à buscaros é
casa de mi tia ; hallëme con unas gentes tan pesadas que no pude ,
por mas que hice, desenredarme de ellas. Lo ùnico que me
consaela es que à lo mënos habeis tenido lugar para satisfacer
Tuestra curiosidad y yuestros deseos. Y bien , i que os ha pare-
cido mi prima ? decidmelo ingenuamente. 4 Que me ha de pare-
cer? respondiô Pacheco; me ha hechizado. Teneis razon en de-
cir que los dos sois muy parecidos. En mi vida he visto focciones
mas semejantes. El mismo aire de cara , los mismos ojos , la
misma boca , y hasta el mismo eco de voz. No hay mas dite-
rencia entre los dos sino que vuestra prima es algo mas alta; es
triguefta y vos rubio; sois festivo y ella séria. Eso ùnicamente
os diferencia uno de otro. En cuanto à entendimiento , continué ,
no cabe mas. En una palabra , es una dama de mërito extremado.
Pronunciô Pacheco tan fuera de si estas ultimas palabras , que
don Felix le dijo sonriëndose : Pësame, amigo, de haberos pro-
porcionado este conocimiento con doua Jimena; y si quereis
creerme no volvais mas à su casa ; os lo aconsejo por vuestra
qoietud. Dofia Aurora de Guzman podria insensiblemente qui-
taros el sosiego ë inspiraros^una pasion... No necesito voherla &
ver , înterrumpiô don Luis , para estar ya ciegamente prendado
de ella. El mal , si lo hay, e^tâ hecho. Tanto peor para vos ,
replied el fingîdo Mendoza; porque >vos no sois hombre de con-
teotaros con una sola , y mi prima no es doua Isabel. Os ha-
blo daro como amigo : no es muger capaz de sufrir amante
ino que no vaya por el camino real, ipor el camino real? re-
a04 GIL BLAS.
pitiô don Luis : i y paede irse por otro hActa una sefloiita de sa i
lidad? Es agraTÎanne el creerme capaz de mirarla con ojos pro—
fenos. Gonocedme mejor^ mi querido Hendoza. ] Ah! yo me tendrn
por el mas dichoso de todos los hombres si aprobara mi solici-
tod y quisiera unir su suerte con la mia. | Oh , don Luis 1 re—
puso don Felix , supuesto que pensais de ese modo, desde este
instante me tendra de su parte vuestro amor, y desde Inego os
ofrezco mis buenos ofidos con Aurora. Hafiana mismo darë
prindpio i ellos , procurando ganar à mi tia , que tiene macho
ascendiente sobre mi prima.
Pacheco di6 mil gracias ai caballero que le hacia una ofenat
tan apreciable ; y mi ama y yo yimos con gusto que no podia din-
girse mejor nuestra estratagema. El dia siguiente afiadlmos al-
gunos grados mas al amor de don Luis con otra inyendon. Paso
Aurora à su cnarto despues de suponer que habia ido & hablar
con dofia Jimena como para interesarla en su iayor, y le dija
asi : Hablè à mi tia , y no me costô poco reducirla i que fiaiyo-
reciese yuestros deseos. Hallèla foertemente preocupada contra
y OS: yo no s6 quien le habia metido en la âj>eza que erais un
lîbertino : lo cierto es que alguno le ha dado una idea poco
fayorable de yuestras costumbres. Por fortuna tome yuestro
partido con tal teson, que logré por ultimo desimpresionaria de
todo. No obstante y prosiguiô Aurora» é mayor abundamiento
quiero que los dos solos tengamos una conferenda con mi Ua,
para asegurarnos mas de su feyor y de su a^oyo. Manifesto Pa-
checo una grande impaciencia por hablar cuanto intes con doua
Jimena , y don Felix procurô que lograse esta satisfiaocion la
maflana del dia siguiente bastante temprano. Gondujole él mismo
à la seûora Ortiz , y los très tuyièron una conyersacion , en la
cual diô muy bien don Luis à conocer el mucho terreno que d
amor habia ganado en su corazon en tan breye tiempo. Fingiése
la sagaz Jimena muy pagada de la tiema aficion que mostraba
à su sobrina , y le olFireciô hacer cuanto estuyiese de su parte
para persuadirla à que le dièse su mano. Arrojôse Pacheco é
los pies de tan buena tia , y le rindiô mil gracias. A este tiempo
preguntô don Felix si su prima se habia leyantado. No, res-
pondiô la duefia , today ia esta durmiendo, y por ahora no
se la podrà yer ; pero yuelvan ustedes esta tarde , y le habia-
rén cuanto qaieran ; respuesta que, como se puede créer , acre-
centô en gran manera la alegria de don Luis , â quien se le hizo
eterno el resto de aquella maâana. Restituyése, pues , é su po-
sada en compafiia del fingido Mendoza, quien tenia la mayor
complacencia en obseryar todos sus moyimientos, y en descubrir
en ellos todas las seâales de un amor yerdadero.
Toda la conyersacion fuë acerca de Aurora. Acabada la oo-
mîda dijo don Felix à Pacheco : Ahora mismo me ha ocnrrido
LEBRO CUARTO. 205
on pensamiento. Me parece que podrâ ser may del cago el qae
TO me adelaate an poco à casa de mi tia para hablar à solas à
mi prima , y ayeriguar ^ si paedo , el estado de su corazon en
ôrden é vuestra persona. Aprobô don Luis esta idea, dejô salir
primero à su amigo , y èl le siguiô una hora despues. Mi ama
sopo aproyechar el tiempo, de manera que cuando llegô su
imante ya estaba yestida de muger. Despues de haber saludado
à doua Aurora y à su tia , dijo don Luis : Yo crei encontrar aqui
à don Felix. Esta escribiendo en mi gabinete , respondiô dofia Ji-
mena, y presto saldrà. Quedô satisfecho don Luis con esta res-
paesta , y «mpezô à entablar conversacion oon las dos. Sin em-
bargo , à pesar de la presencia del objeto amado , noté que las
horas pasaban sin que Mendoza saliese ; y no pudo ya don Luis
disimular mas su extrafteza. Aurora mud6 de repente de tono ,
echôse é reir , y le dijo : ;£s posible , seftor don Luis , que no
bayais aun sospechado la inocente burla que os estamos ba-
cirâdo? Pues que, ^unos cabellos rubios, pero postizos, y dos
cejastelïidaSy me desfiguran tanto que os bayais dejado enga-
fiar hasta este punto? DesengaAaos, caballero , prosiguiô , vol-
Tiendo à sa natural seriedad , acabad de conocer que don Felix
de Hendoza y dofta Aurora de Guzman son una misma persona.
No se contenté con sacarle de su error , sino que le confesô
(ambien la flaqueza de su pasion , y todos los pasos que esta
misma le habia sugerido para redadrle al estado en que la veia.
No quedô el tierno amante mènos encantado que sorprendido de
io que oia y veia: ecbôse â los pies de mi ama , y lleno de gozo
le dijo: ; Ah beOa Aurora! ^puedo créer con efecto que yo
>0f el hombre dichoso que ha merecido à tu bondad tan finas
demostradones? ;Qué puedo hacer para agradecerlas? un amor
eterno no séria sufidente para pagarlas* A estas palabras se si-
guiéroQ otras mil halagûefias expresiones, despues de lo cual los
dos amantes habliron de las medidas que debian tomar para lle-
W d complimiento de sus deseos. Resolviôse que todos par-
tiesemos inmediatamente à Madrid, donde se desenlazaria nuestra
^media por medio de un casamiento. Asi se ejecutô, y al cabo
^ qaince dias se casô don Luis con mi ama , celebràndose la
l^a con ostentacion y un sinnùmero de diversiones.
CAPITULO VU.
MudaGil Bias de acomodo, pasando â senrir â don Gonzalo Pacheco.
Très semanas despues de este casamiento » queriendo mi ama
'^mpensar mis buenos seryicios , me regalô cien doblones , y
®e djjo : Gil Bias, yo no te despido de mi casa, puedes mante-
206 GIL BLAS.
nerte en ella todo el tiempo que quisieres ; pero sibete que don
Gonzalo Pacheco, tio de mi marido , desea mucho seas sa ayada
de cémara. Le he hablado tan bien de ti , que me ha pedido te
persuada i que vayas à serTirle. Es un seflor ya de dias , pero
de bellisimo genio , y estoy cierta de que te iré muy bien
con èl.
Di mil gracias à Aurora por sos favores ; y como ya no ne-
cesitaba de ml acepté con tanto mas gusto el partido que me
proporcionaba , cuanto que yo no saiia de entre la fiamilia. Fui ,
pues , una mafiana de parte de la recien casada é casa del seftor
don Gonzalo , que todavia estaba en la cama , aunque era cerca
de medio dia. Entré en su cuarto , y le halle tomando un caldo
que acababa de traerle un page. Tenia el buen viejo los bigotes
envueltos en nnos papelillos, ojos hundidos y casi amortiguados,
un rostro descarnado y macilento. Era de aquellos solterones
que f habiendo sido muy libertines en la mocedad , no son mas
contenidos en la yejez. Kecibiôme con agrado , y me dijo que, si
le queria servir cou el mismo zelo con que habia servido â su
sobrina , podia contar con que me haria feliz. Qfrecile emplear
igual esmero en cumplir con mi obligacion en su casa que en la
de su sobrina , y deside aquel momento me recibiô en su servi-
dumbre.
Heme aqui , pues, con un nuevo amo , el cual sabe Dtos que
hombre era. Cuando se levantô crel estar viendo la resurrec-
cion de Làzaro. Figurese el lector un cuerpo alto y tan seco que,
si se le yiese en cueros , séria à propôsito para aprender la os-
teologia : las piernas eran tan chupadas que , aun despues de
très 6 cuatro pares de médias que se puso , me parecian delga-
disimas. Ademas de eso esta momia viviente era asmàtica, aoom-
paûando con una tos cada palabra. Luego tomô chocolate ; y
mandando despues que le trajesen papel y tinta , escribiô un
billete que cerrô y entregô al page que le habia servido el caldo,
para que le Uevasc é su destine. Apènas partiô este , cuando ,
volviëndose à mi, me dijo: Amigo Gil Bias, de aqui adelante
pienso que seas tù confidente de mis encargos , parUcularmente
los respectives à defka Eufrasia, que es una jôven à quien amo ,
y de quien sey tiernamente correspondido.
;Santo Dies ! dije prontamente para mi capote, ; y como podrén
los mozos dejar de créer que los aman cuando este viejo cho-
cho esté persuadido de que le idolatran? Hoy mismo , prosi-
guiô ël , iras conmigo à casa de esta senora , porque casi to-
das las noches ceno con ella. Te quedarés admirado de ver so
modestia y compostura. Muy lèjos de imitar à aquellas loqnillas
que se pagan de la juventnd y se prendan de las apariencias, es
ya de un entendimiento claro y de un juicio maduro : no busca
en los hombres sine el buen modo de pensar , y prefiere é la
LIBRO CUARTO. 207
belleza del rostro una persona cpe sepa amar. No limité é solo
esto el sefior don Gonzalo el elogio de su dama , sino qae se
empeAô en persuadirme que era un compendio de todas las per-
iecdones; pero encontre con un oyente dificil en dejarse con*
Tencer sobre este punto. Despues de haber cursado en la escuela
de las comediantas , y sido testigo ocular de todas sus manio-
bras , nunca crei que los viejos fuesen muy afortunados en amor.
Sin embargo , fingi , por complacerle ùnicamente, que le creia ,
y aun hice mas, pues no solo alabé la discrecion y el buen gusto
de dofta Eufirasia , sino que me adelantè à decir que tampoco
ella podria encontrar otro sugeto mas amable. £1 buen hombre
no conociô que yo le lisonjeaba ; entes por el contrario tomô
por Terdadera mi alabanza. Tanta verdad es que nada se ar-
riesga en adular â los grandes , pues admiten con gusto aun las
iisonjas mas desmedidas.
D^ues de esta conyersacion comenzô el yiejo â arrancarse
con anas pinzas algnnos pelos blancos de la barba : se lavô los
ojos que estaban llenos de lagaftas : lo mismo hizo con los oi*
dos , manos y cara ; y concluidas sus abluciones , se tîAô de ne-
gro el bigote , las cejas y el pelo, gastando en el tocador mas
tiempo que emplea una viuda vieja empefiada en desmentir el
«strago de los afios. No bien habia acabado de vestirse y cuando
entré en su cuarto el conde de Azumar, amigo suyo, y tan
Tiejo como èl , pero muy diférente en todo lo demas. Este traia
SOS Tenerables canas descubiertas , se apoyaba en un baston, y
en vez de querer parecer jôven mostraba hacer alarde de su ancîa-
nidad. Âmigo Pacheco, dijo luego que entré, vengo à comer
contigo. Bien Tenido, conde, le respondié mi amo, y al mismo
tiempo se abrazàron, y pusiéron à hablar miéntras se hacia hora
de sentarse A la mesa. Al principio fué la conyersacion sobre una
corrida de toros que pocos dias ànt^s se habia celebrado, yha-
Uéron de los picadores que habian mostrado mayor destreza y
valor. Sobre esto el viejo conde , à manera de aquel otro Nes-
tor, é quien todas las cosas présentes le Servian de ocasion para
alabar las pasadas, dijo suspirando: Ya no se hallan boy los bom-
'ffes que se velan en otros tiempos. Ni los toros , ni los tor-
neos se hacen con aquella magnificencia con que se hacian en
ïïnesira mocedad.
Yo me rcia interiormente de laridicula preocupadon del sefior
^ïide de Azumar, el cual no se contenté con aplicarla ùnicamente
^ los toros y à los torneos , pues cuando se siryié la fruta en la
ïïiesa dijo , mirando unos excelentes melocotones que se habian
poesto en ella : En mi tiempo eran mucho mayores los melocoto-
■^ delo que son ahora: la naturaleza se débilita cada dia. Segun
^9 dije yo enténces para ml sonrièndome , los melocotones en
tiempo de Adan debian ser de énorme tamaflo.
208 GIL BLAS.
DetuYOfie el oonde de Azamar con don Gonzalo hasta cerca de la
nocfae. Luego que este se desembarazô de él saliô de casa» dicién-
dome le acompafiase , y foimos derechos à la de Eufrasia , dis-
tante como cien pasos de la noestra. Encontrimosia en un cuarto
alhajado con primor. Estaba yestidacon gusto^ y mostraba un as-
pecto de tan florida juventud , que casi parecia una niAa, sîn em-
bargo de que ya llegaba por lo ménos à los treinta. Podia pasar
por linda , y desde luego admiré su talento. No era de aquellas
cortesanas que brillan por su locuacidad , por su desembsffazo y
por su desenvoltura. Tanto en sus acciones como en sus palabras
sobresalia en ella el juicio , la modestia y la penetracion. Sin afec-
tar ingenio » se echaba de rer en todo lo que decia. Gonsideréla
yo cou no poca admiracion » y dije: ; Oh cielos ! ;es posible que
pueda ser disoluta una muger al parecer tan modesta? Y es que
vivia yo persuadido de que necesariamente habia de ser desen-
Tuelta toda dama cortesana. Admirâbame aquel aparente recato ,
sin hacerme cargo de que las taies nin&s saben acomodarse â
todos los genios , conformindose al carécter de los ricos y seflo*
res que ca^n en sus manos. Si gustan unos de yiveza y atolondra-
miento , con estos serân intrépidas y casi locas: si agrada â otros
el sosiego y compostura , siempre las encontrarén con un exterior
tranquilo , honesto y virtuoso. Yerdaderos camaleones , mudan
de color segun el genio y humor de las personas que las visiran.
No era don Gonzalo del gusto de aquellos caballerosque se pa-
gan de hermosuras desenvueltas , intes se le hacian insufribles ;
y para que le agradase una muger era menester que tuyiese cier-
to aire de modestia. Asi Eufrasia , gobernéndose por esta idea»
hacia ver que habia mas comediantas que las que representan en
los teatros. Dejé à mi amo cou su ninfa , y pasé i una sala , donde
me encontre oon una ama de gobierno yieja » que yo habia oono-
cido cuando era criada de una comedianta. Ella tambien me co-
nociô inmediatamente , y representémos una escena de reconoci-
miento digna de una comedia. ^ Aqui estas » amtgo Gil Bias? me
dijo Hena de alegria. Segun eso has salido de casa de Arsenia co-
mo yo de la de Gonstanza. Asi es» respondi yo : mucho tiempo ha
que la dejé , y despues entrée seryir à una seûora de distincion»
porque la yida de la gente de teatro no me aoomodaba. Yo mismo
me despedi » sin dignarme decir à Arsenia ni una palabra. Htciste
muy bien , me respondiô la yieja , que se llamaba Beatriz ; y poco
mas 6 ménos lo hice yo con Gonstanza. Una mafkana le di mi
cuenta luego que me levante : ella me la recibiô sin decirme nada ,
y de esta manera nos despedimos» como dicen, à la francesa.
Hucho celebro , repuse yo , que tù y yo nos hallemos en casa
mas honorifica. Dofta Eufrasia me parece seAora de distincion ,
y la creo de muy buen carécter. No te engafias en eso » respondià
Beatriz. Mi ama es una muger bien nacida » como lo manifiesian
LDRO CUARTO. 209
SOS 0iodale8; y por lo que loca al geido seri difkal hallar otra
mas sosegada ni mas apacible. No es de aqaellas amas altiyas y
dîficfles de contentaic» que nada les gnsta , que en todo encuen-
tran que decir , gritan sin oesar , mortifican é todos los criados ,
y es un infierno el serrirlas. Hasta ahora no le he oido reflir
siquiera una yez : tan amiga es de la paz. Cuando hago alguna
Gosa que no le gusta , me lo reprende sin enfodo , y sin prorum*
pir en aquellos dicterios de que tanto usan las mugeres soberbias.
Tambien mi amo , répliqué yo , es un seûor muy aiable : se fiunt-
liariza conmigo, y me trata como à un igual mas bien que como
à un lariado : en un palabra , es el caballero mejor del mundo : en
coanto à esto , tos y yo estamos mejor que cuando estabamos
con las comediantas. Mil yeces idejor » repuso Beatrix. Yo lleyo
ahora una yida muy retirada , sîendo asi que la de entônces era
tan bolliciosa. En nuestra casa no entra mas hombre que el seftor
don Gonzalo ; y en mi soledad tampoco yeré yo â otro que à ti ,
de lo que me alegro mocho. Tiempo ha que te miraba con buenos
ojos , y mas de una yez tuye enyidia é Laura porque eras tan
amigo snyo. Pero en fin , no desconfio de ser tan dichosa como
ella ; pues aunque no tenga su juyentud ni su hermosura , en ré-
compensa detesto la yolubilidad , cuya prenda ningun hombre
puede remunerar suficientemente : en punto â fidelidad soy una
tortoIiUa. ^
Como la buena Beatriz era una de las muchas que se yen obli-
gadas à brindar con sus fayores , porque sin eso ninguno los
pretenderia , no tuye la menor tentacion de aproyecharme de su
generosidad : pero tampoco me pareciô cony eniente hablar de ma-
nera que pudiese rezelar que la despreciaba; entes bien tuye la
adyotencia de hablarle en tërminos que no perdiese la esperanza
de reducirme é corresponderle. Yo me imagînaba haber conquis-
tado i una criada yieja ; pero tambien me engafié miserablemente
en esta ocasion. Galanteébame ella , no solo por mi linda cara ,
sino para granjearme i feyor de los intereses de su ama , à quien
tenia tanto amor , que ningun medio perdonaba cuando se tra-
taba de complacerla y seryirla. Reconoci mi error la mafiana si-
gniente ^ en que fui à entregar à dofla Eufrasia un billete amoroso
de mi amo. Redbiôme con agrado , y me dijo mil cosas carijlo-
sas ; y la criada diô tambien su pincelada en mi elogio. Una admi-
raba mi fisonomia , otra hallaba en ml cierto aire de moderadon
y de prudenda. Al oir à las dos , mi amo poseia un tesoro en mi
persona. En una palabra , me alabàron tanto que desconfië de
sus elogios. Desde luego pénétré el fin de ellos ; pero los oia con
una aparente simplicidad , con cuyo artifido engaûé à aquellas
bribonas , que al cabo se quitàron la mascariOa.
Escndui , Gil Bias , me dqo dofta Eufirasia : en ti consiste hacer
tufortuna: proeedamos todos de acaerdo, amigo mio. Don Gont^
' 14
210 GIL BLAS.
zalo es Tiejo, su salud moy delicadâ; una caleatariBa ayudada
de on buen medico basta para echarle A la sepuluva. Apro?e-
chèmonos bien de los pooos momentos que le restan , y goberaé-
monos de modo que me deje A mi la mayor parte de sus bienes.
A ti te toearâ una buena pordon , asi te lo prometo , y paedes
ootttar con mi palabra como con una escritora otorgada ante todos
los escribanos de Madrid. Se&ora , le respond! , disponga ymd.
à su arbitrio de este su ''fiel serVidor ; solamente le suplioo me
diga lo que debo hacer , y lo demas dëjelo de mi cuenta, que
espero se darâ por bien servida. Pues ahora bien , rqraso eUa ,
lo que has de haoer es observar cnidadosa y diligentemente i tu
amo , y darme razon puntual de todos sus pasos. Cuando baUes
con él procura cou arte introdudr la oonversadon sobre las mu-
geres y toma de aqui ocasion para cou destreza y mafia dedrle
mucho bien de mi. Tu mayor estudio ha de sor el tenerle siempre
ocnpado de su Eufrasia en cuanto te sea posible. Espia con saga-
cidad si algun pariente suyo le hace la corte oon la mira à su he-
renda , y avisame sin perder un instante, que yo los ediaré a
pique. No te pido mas. Tengo muy conocidos los diferentes génies
de la parentela de tu amo : s6 el modo de hacerlos ridknios à los
ojos de este , y ya he desconceptuado en su énimo i sus prmos
y sobrinos.
For esta instruccion , y por otras que afiadiô Eufrasia , conoci
que era nna de aquellas mugeres que solo se dedican i compla-
cer à yiejos generosos. Pocos dias antra habia obligado & don
Gonzalo & vender una posesion , cuyo precio le re^ô. Todos
los dias le chupaba algo , y ademas de eso esperaba que no la
olvidaria en su testamento. Mostrème muy deseoso de hacer to-
do lo quemepedia; mas por no disimular nada, oonfieso que,
cuando volvia à casa , iba muy dudoso sobre si contribuiria à
engafiar à mi amo , ô A apartarle de su querida. Este Altimo par-
tido me parecia mas honrado que el otro , y me sentia mas in-
dinado à cumplir con mi obligacion que à foltar à elia. Conside-
raba por otra parte que en suma nada de positive me habia
ofreddo Eufrasia, y quizà por esto mas que por otro motivo no
pndo corromper mi fidelidad. Resolvi , pues , servir con zelo à
don Gonzalo , persuadido de que , si l<>graba arrancarle del lado
de su idolo , séria mejor recompensado por una acdon buena ,
que por las malas que yo pudiera hacer.
Para conseguir mejor el fin qne me habia propuesto , fingi
dedicarme enteramente à servir à dofia Eufrasia. Hicele créer que
oontinuamente estaba hablando de ella A mi amo , y sobre este
supuesto le embocaba mil patraias, que la pobre creia como
otros tantos evangelios : artifido con el cual me interné tanto en
su confianza ,1 que me contaba por el mas degamente empefiado
en promover «us intereses. A mayor àbundamioito a|iarenté cam-
LIBRO CUARTO. 211
bien estar enamorado de Beatriz , la cual estaba tan ufiuia de la
conquista de un mozo , que no se le daba un pito de que la en-
gafiase, con tal que la engaflase bien. Cuando mi amo y yo esta-
bamos con nuestras dos reinas , representabamos dos cuadros
diferentes; pero ambos por el mismo estilo. Don Gonzalo seco.
y amariDo , como ya le he retratado , parecia un moribundo en
la agonia cuando miraba â su Filis con ojos lénguidos y amoro-
SOS. Hi Nise , siempre que yo la miraba apasionado , remedaba
los melindres y acciones de una nifla, poniendo en movimiento
todos los registros de una truhana yieja y bien amaestrada. Co-
nociase que habia cursado estas escuelas por lo ménos unos bue-
nos cuarenta aûos. Habiase refinado en servicio de una de aquellas
heroinas del partido , que saben el secreto de hacerse amar ha»*
la la Tcjez , y mueren cargadas de los despojos de dos 6 très
generaciones.
No me bastsdMi ya el ir con mi amo todos los dias à casa de
Eofrasia : muchas veces iba solo , particularmente de dia ; y à
œalquiera hora que fuese , nunca encontraba en ella é hombre,
ni ménos é muger alguna que me diese mains sospechas , 6 modo
de descttbrir en Eufrasia el menor indicio de infidelidad. Esto
me eansaba no poca admiracion, porque no acertaba à compren-
der como pudiese ser tan escrupulosamente fid é don Gonzalo
una muger jÔTcn y hermosa.
Pero en esta admiracion no habia juicio alguno temerario ^ pues
la bella Eufrasia , como pronto yerémos , para hacer mas tole-
rable el tiempo que tardaba en heredar à don Gonzalo , se habia
proTtsto de un amante mas proporcionado â sus afios.
Cierta maûana muy temprano fui à entregar un billete é la
tal nïAa de parte de mi amo, segun la costumbre diaria. Hizome
entrar en su cuarto , y divisé en él los pies de un hombre que
estaba esoondido detras de un tapiz. No di la mas minima seilal
de que le veia; y asi que desempefté mi encargo, me sali sin
dar â entender hubiese notado cosa alguna ; pero aunque no
debia sorprenderme este objeto , y mas cuando en nada me
peijudîcaba à mi, no dej6 con todo de inquietarme mucho. | Ah
malvada I decia yo con enfedo. ] Ah traidora Eufrasia ! No te
<x>ntentas con engaûar i un buen viejo, haciéndole créer que le
amas, sino que te entregas é otro amante para hacer mas abo-
minable tu yillana traicion. Pero, bien mirado, era yo muy necio
en discurrir de esta suerte. Antes debia reirme de aquella aven-
tura, y mîrarla comounacompensaciondelfastidioy de los nuilos
rates que Eufrasia sufrïa con el trato de mi amo. A lo ménos hubiera
hechomejorenno hablar palabra, que en valerme de esta oca-
sion para acreditarme de buen criado. Pero en vezde moderar mi
zelo abrazé con mayor calor los intereses de don Gonzalo, y le hice
pantual rdadon de lo que habia visto ; afladiendo que dbfia
S12 GIL BLAS.
Eufirasia habia solicitado corromper mi fidelidad» y en praeba deello
no le ocultë nada de k> que me habia dicho; de manera qae estavo
en sa mano el conocimiento del verdadero caràcter de su ena-
morada. Hizome mil preguntas, como dadando de lo que deda ;
pero mis respuestas fuéron tales , que le quitéron la satisfoccion
de poder dudarlo. Quedô atônito y asombrado de lo que habia
oido ; y sin que le sirviese en este lance su ordinaria serenidad,
se asomô à su semblante un repentino impetu de côlera , que
podia parecer presagio de que Eufrasia pagaria su infidelidad.
Basta 9 Gil Bias , me dijo : estoy sumamente agradecido al zdo
y amor que me muestras ; me agrada infinito tu honrada leal-
tad. Ahora mismo yoy à casa de Eufrasia à Henarla de recon-
venciones y é romper para siempre la amistad con esta mgrata.
Diciendo, esto saliô efectivamente, y se f ué en derechura i su
casa, no queriendo que le acompafiase yo , por librarme de la
mala figura que habia de hacer si me hidlase présente à la are-
riguacion de aquellos hechos.
Miëntras tanto quedé esperando con la mayor impacienda que
Yolyiese mi amo. No dud£d)a que , à vista de tan poderosos mo-
tifos para quejarse de su ninfo, volveria desviado de sus atrac-
tivos, ô cuando ménos resuelto à una eterna separacion. Con
este alegre pensamiento me daba i mi mismo el parabien de mi
obra; me representaba el placer que tendrian los herederos le-
gitimos de don Gonzalo cuando supiesen que su pariente ya no
era juguete de una pasion tan contraria é sus intereses; me fign-
raba que todos se me confèsarian obligados ; y en fin que iba
yo à distinguirme de los demas criados , mas dispuestos por lo
comun à mantener à sus amos en sus desôrdenes , que à reti-
rarlos de ellos. Apreciaba yo el honor, y me lisonjeaba de que
me tendrian por el corifeo de todos los siryientes ; pero una
idea tan halagûeûa se desvaneciô pocas horas despues ; porque
Tolviô mi amo, y me dijo : Amigo Gil Bias, acabo de tener una
conversacion muy acalorada con Eufirasia. Llamëla iugrata»
aleve; llenëla de improperios : ^pero sabes lo que me respon-
diô? que hacia mal en dar crëdito é criados : sostiene con em-
pefio que me has hecho una relacion falsa. Si he de creerla, tu
no ères mas que un impostor, un criado vendido à mis sobrinos,
por cuyo amor no perdonarias medio alguno para ponerme mal
con ella. Yo mismo la yi derramar algunas làgrimas; y làgrimas
yerdaderas : me ha jurado por cuanto hay de mas sagrado que
ni te habia hecho la mas minima proposicion , ni ye à ningun
bombre. Lo mismo me asegùrô Beatrix, que me parece muger
honrada é incapaz de mentir ; de modo que , contra mi propia
yoluntad , se desyaneciô todo mi enojo.
4 Pues que, se∨ interrumpi yo con sentimiento, dudais de
mi siaceridad» desconfiais de,,. No bqo mio , repuso él , te hago
LIBRO CUARTO. 213
jostida : no creo qae estes de acuerdo con mis sobrinos ; estoy
persuadido de que solo por buen zelo te interesas en todo lo
que me toca, y te lo agradezco ; pero mochas Teces engafian
las apariencias. Puede suceder que realmente no hubieses yisto
lo que te parecio yer; y en tal caso considéra lo'mocho que
habré ofendido à.Eofrasîa tu acusacion. Mas, sea lo que fuere ,
yo no puedo ménos de amarla. Asi lo quiere mi estrella ; y aun
me ha side indispensable hacerle el sacrifido que exige de mi
amor : este sacri&io es despedirte. Sièntolo mucho, mi pobre Gil
Bias, continoôy y te aseguro que no he consentido en elio sin
afliodon ; mas no puedo pasar por otro punto : compadècete de
mi debilidad. Lo que te debe consolar es que no saldràs sin ré-
compensa ; fuera de que ya he pensado colocarte con unasefiora
amiga mia, en cuya casa lo pasarés perfectamente.
Qaedè mortificadisimo al yer que mi zelo habia redundado en
mi perjoicio. Maldije mil yeces é Eufrasia y lamenté la flaqueza
de don Gonzalo en haberse dejado dominar de ella. No dejaba
tampoGO de conocer el buen yiejo que, en despedirme de su
casa , solo por complacer é su dama , no hacia la accion mas
honrosa. Para cohonestar su poco espiritu , y al mismo tiempo
hacenne tragar mejor la pUdora , me regalô dncuenta ducados ,
y èl mismo me condujo el dia siguiente à casa de la marquesa
de Chayes. Dijole en mi presencia que era yo un mozo de buenas
prendas ; que él me queria mncho ; pero que por ciertos res-
petos de feinilia se yeia predsado à su pesar à quedarse sin mi,
y le suplicaba con el mayor encarecimiento me admitiese de
crîado. Desde aquel punto me recibiô la marquesa , y yo me yf
do repente con nueya ama y en Queya casa.
CAPITULO vm.
Garicter de la marquesa de Ghayet ; y pênonas que ordinariamente
la Tisitaban.
Bra la marquesa de Chayes una yiuda de treinta y cinco aftos,
beDa, àita, y bien propordonada. No tenia hijos, y gozaba de
diez mil ducados de renta. Nunca yi muger mas séria , ni que
OKénos hablase. Con todo eso era celebrada en Madrid , y gene-
ralmente tenida por la se&ora de mayor talento. Lo que quizà
contribuia mas que todo à esta uniyersal reputacion, era là con-
correnda i su casa de los primerbs personages de la corte , asi
^ Dobleza como en literatura : problema que yo no jpe atreyeré
i decidir. Solo dire que bastaba oir su nmibre para conceptuar
que el que aUi concnrria era de un gran talento , y que su casa
iâ Ilamiiian por excelenda el tribunal de Uu obrag ingeniotas.
814 GIL BLAS.
Cob eftcto» todos lot dias se leian en eHa ya poemas drama-
ticoa, ya poesiaa liricaa, pero siempre sobre asuntos sèrios.
Negâbase la entrada A loda composidon jocosa. La mejor come-
dia, 6 la noyela mas ingeoiosa y mas alegre no se miraba sino
como una pneril y ligera prodaodon , que no merecia alabanza
algnna. Por el contrario, la mas minima obra séria, una oda, on
sonetOy una ègloga pasaban alii por el ultimo esfderzo del ingenio
humano. Pero sacedia tal vez qae el publico no se confonnaba
con la decision del tribunal; antes bien censaraba sin reparo las
obras que babian sido en el muy aplaudidas.
La marquesa me hizo maestresala de sa casa. Era incombencia
de mi empleo arreglar el coarto de mi nneva ama para redbir
las gentes, disponiendo almohadones para las damas, sillas para
los caballeros, y cada cosa en su respectiYO sitio ; quedéndome
despues en la aniesala para anunciar é introducir A los que lie-
gaban. El primer dia, conforme yo los iba introduciendo, el ayo
de pages , que easualmente se hallaba entônces conmigo en la
antâsala , me los pintaba gradosamente. Llamibase Andres de
Molina el tal ayo, y aunque era naturalmente aerio y burlon, no
le feltaba entendimiento. £1 primero que se présenté fiié on
obispo : anuncié su venida, y despues que hubo entrado , me
dijo el maestro de pages : Ese prelado es de un caréctor bastante
gracioso* Tiene algun valimiento en la corte, mas no tanto conM>
quiere persuadir. Ofrécese à servir A todos , y A ninguno sirve.
Encontrôle un dia en la antecAmara del rey un caballero que le
saludô. Detàvole el obispo , hizole mil cumplimientos , le cogié
la mano, apretôsela , y le dijo x Soy todo de V. S. : no me niegue
el fayor de acreditarle mi amistad , pues no moriré. contento si
no logro alguna ocasion de serrirle. Correspondiôle el caba-
llero con expresiones de reconocimiento , y apénas se habian
separado, cuando el obispo, Tolyiéndose A uno de los que iban A
su lado, le dijo : Quiero conocer A este hombre, y no me acuerdo
quien es : solo tengo una idea confiisa de haberle yisto en alguna
parte.
Poco despues del obispo se dejô ver un sefiorito , hijo de
câerto grande, A quien hice entrar inmediatamente en d cuttto
de mi ama. Asi que entré me dijo el seftor Molina : Este sefio-
rito es tambien un ente raro. Va A una casa sin otro fin que el
de tratar con el duefto de ella de negodos de importanda ; estA
en conversacion con él una 6 dos horas, y se marcha sin haber
hablado siquiera una pahd)ra sobre el asunto A que habia ido.
 este tiempo viendo el ayo de los pages Uegar A dos sefloras ,
aûadié: Ve aqul A doua Aiigela de Pefiafiel, y A dofia Margarita
de MontalTan* Estas dos sefloras en nadase parecen una à ou^:
dofia Ibrgarita presume de filôsola; se las tiene tiesas con los
mayores doctores de Salamanca, y ningono la ha yisto œder
LIBRO GUARTO. 215
jamas à sus argameatos. Dofta Angela, por el contrario , aanquo
es verdaderamente instraida, nunca hace de doctora. Sas pensa*-
mienlos son finos» sus disciirsos sôlidos, y sus expresiones deln
cadas , nobles y naturales. Este segondo carâcter , le respondf
yo, 66 on caricier muy amable ; pero el otro me parece cae muy
mal ^1 el bello sexo. ^Qué dice ymd. rmty nuU en el hello texof
replioô Molina prontamente ; es tan fastidioso aun en los horn-
iNres, que à machos hace ridicalos. Tambien nuestra ama la
marqaesa adolece an poco de este achaque filosôfioo. Yo no se
solnre que se tratari hoy en nuestra academia ; pero se dispu-
taré mocho.
Al aeabar estas palalnras yfanos entrar an hombre seco , muy
grave , cejqonto y francido. No le perdonô mi caritatiyo ins-
tractor. Este es , me dijo , ano de aqaellos entes serios que
qoioren pasar por hombres de gran talento é ftivor de su silen-
do 6 de algunas sentencias de Seneca , y que examinados de
cerca no son mas que onos pobres mentecatos. Tras de este
entré an caballerito de bastante buena presenda , pero con aire
de hiHubre pagado de si mismo. Preguntë à Molina qnien era ,
y me respondiô : Es un poeta dramàtico, el caal ha compuesto
den mil Tersos en su vida qae no le han valido cuatro cuartos ;
pero eo récompensa con solos seis renglones en prosa acaba de
finrmarse una buena renta.
Iba é dedrte me expUcase en que habia consistido el haber
logrado à tan poca costa aqaella fortona , caando oi an gran
romor en la escalera. i Bravo 1 exclamô el maestro de pages ,
aqni tenemos al lioendado Campanario , que se deja oir macho
antes qne se le vea. Comienza à hablar en vox alta desde la
poena de la caUe, y no lo deja hasta qne vuelve à salir por ella.
Con efecto resonahs en toda la casa la vox del licenciado Cam-
panariOy que al fin se present^ en la antesala con un bachiller
amigo svyOy y no cesè de hablar mièntras dard su visita. Este
licendadOy dije à Molina , parece hombre de ingenio. Si lo es ,
me respondié : tiene ocurrencias muy chistosas : se explica con
gracia y agudeza : es muy divertida su conversadon ; pero ade-
mas de ser un haUador molestistmo , repite siempre sus dichos
y coentos. En soma» para no estimar las cosas mas de lo que
valen» estoy persoadido de qoe su mayor mérito consiste en
aquel aire oômico y festivo cou qae sazona io que dice ; y asi
no creo que le haria mncho honor ana colecdon de sus agude-
sas y sus gracias.
Faérott entrando despues otras personas , de todas hs cuales
me hizo Molna muy gradoias descripdones , sin olvidar la pin-
tara de la marquesa, que fuè de mi gusto. Esta , me dijo , tiene
an taleato regvdar, en medio de so fflosofia. Su carâcter no es
impertinente , y da poco que hacer à los que la sirven. Entre
S16 GIL BLAS.
las personas distiiigiiidas es de las mas radonales que oonozoo :
no se le adyierte pasion alguna : ni el jqego , ni los galanteos le
gostan: solo le agrada la conyersadon; y en una pÂladra, sa
▼ida séria intolerable para la mayor parte de las damas. Este elo-
gio del maestro de pages me hizo formar on conoepto yentajoso
de mi ama. Sin embargo , pocos dias despues no pude ménos de
sospechar que no era tan enemiga del amor ; y el fondamento de
mi sospecha foe el signiente*
Estando una maAana en el tocador se presentô en la antesala
nn hombredllo como de coarenta ados , pero de malisima figura,
mas mugriento que el autor Pedro de Moya, y à mayor abundiH
miento muy corcobado. Dijome que deseaba haUar é la marque-
sa ; y preguntàndole yo de parte de quien : De la mia , me res-
pondiô arrogante : diga ymd. é la seitora que soy aquel caballero
del cual estuvo haUando ayer con doâa Ana de Velasoo. Apénas
se lo dge à mi ama, eaando toda enagenada de alegria me man-
dô le hiciese entrar. No solo le recibiô con extrafias demostra-
ciones de aprecio , sino que mandé salir é todas las criadas , de
modo que el corcobadillo , mas afortanado que una persona de
proyecho , se quedô é solas con ella. Las criadas y yo nos
reimos un poco de esta yisita tan graciosa que durô una hora ;
al cabo de la cual mi ama le despidiô cou mil oortesanas expre-
siones , que demostraban bien lo contenta que qnedaba de £1.
En efe^ , lo qaedô tanto que por la noche me Damé à parte ,
y me dijo : Gil Bias , cuando yenga el corcobado hazie entrar
ei| mi gabinete lo mas secretamente que puedas ; cuyo encargo
confieso que me diô mucbo en que sospechar. Sin embargo ,
obededendo la ôrden de la marquesa , luego que se dejô yer
aquel hombrecillo y que foé à la maflana siguiente, le introduje
por una escalera escusada hasta el gabinete de la seAora. Carita-
tiyam^te hice lo mismo por dos ô très yeces; de lo cual inferi
6 que la marquesa tenia estrafiadarias indinadones , 6 que el cor-
cobadiDo le seryia de tercero.
Poseido yo de esta idea , me deda: Si mi ama se ha enamo-
rado de un buen mozo , se lo perdono ; pero si se h^ prendado
de semejante macaco , no puedo yerdaderameute disôdpar un
gusto tan dqirayado. ;Pero cuan mal pensaba yo de aquella
sefiora ! Aquel macaco se empleaba en la magia , y oomo se
ponderaba su denda à la marquesa , que creta gustosa en los
prestigios de los saltimbanquis , tenia conyersactones à solas con
a. Hacia yer los objetos en un yaso y enseftaba à dar yueltas al
çedazo , y reyelaba por dinero todos los misterios de h cibala;
6 bien ( para hablar cou mas exactitud ) era un bribon que subsist
tia à expensas de las personas demasiado crédulas, y se décisif
que é ello contribuian muchas seûoras de distindon.
LIBRO CUARTO. 317
CAHTULO IX.
P^ tfa4 incidente GU Bias salio de casa de la marquesa de GhaTes , j coal fué
su paradero.
Seis meses habia que yo servia à la marquesa de Chayes , y
me hallaba muy contento con mi conyeniencia; pero mi destino no
me permitiô mantenenne mas tiempo en su casa , ni mènos qae-
danne por entônces en Madrid. El motiyo fué el lance que yoy
àcontar.
Entre las criadas de la marquesa habia una llamada Porcia ,
que y sobre jôyen y hermosa, era de un caràcter tan bueno,
que me captô la yoluntad sin saber que me séria necesario dis-
putar su corazon. El secretario de la marquesa » hombre sober-
bio y zeloso , estaba enamorado de mi idolo , y apènas adyirtiô
mi amor , cuando , sin procurar informarse si Porcia me corres-
pondia , resolyiô que nos midiesemos la espada , y me citô una
mailiana para un parage retirado. Como era un hombrecfllo que
apèna^ me Ilegaba â los hombros , me pareciô enemigo poco
temible , y Ileno de confianza acudi al sitio sefialado. Lisonjeà-
bame yo de una compléta yictoria , y de adquirir por ella nue-
yo mérito con Porcia ; pero el resultado humillô mucho lt\ pre-
suncion. £1 secretarillo, que habia aprendido dos 6 très afios la
esgrima , me desarmô como i un niûo ; y ponièndome al pecho
la punta de la espada, me dijo: Prepàrate paramorir, 6 dame
palabra sobre tu honor de que hoy mismo saldràs de casa de
la marquesa de Chayes sin pensar mas en Porcia. Prometiselo
3si, y lo ciunpli sin repugnancia.Corriame de presentarme delante
de los criados de la casa despues dé haber sido tan ignominio-
samente yencido , y mucho mas de presentarme ante la hermosa
Belena » , inocente ocasion de nuestro desaflo. No yolyl , pues ,
i casa sino para recoger mi ropsi y dinero , y el mismo dia me
encaminé à Toledo , con la boisa bastante proyista , y cargado
con toda mi ropa puesta en un lio. Àîinque por ningun caso me
habia obligadô â salir de Madrid , juzguë me conyendria mucho
alejarme de aquella yilla , à lo mënos por algunos afios , y asi
tome la determinacion de dar una yuelta por Espafia , detenién-
dome en las ciudades y pueblos el tiempo que me pareciese.
Con el dinero que tengo , me decia , gastàndolo con discrecion ,
* Hermosa Helena se dice & nna muger por alasion & la grlega Helena esposa
oel rey Menelao , cuya extremada hermosura exdto en Paris » hSjo del rey de
Tvoya Priamo, el deseo de poseerla , y la robo à sa esposo y à la Grecia , lo qne
fuë cansa de las famosas gnerras entre Griegoa y Troyanot , que no acabéron
W>t» U destmocion de Troya.
218 GIL BLÂS.
tendre {lara correr gran parte del reino , y coando se haya aca-
bado , me pondre de nuevo 4 servir ; pues un mozo como yo
hallarâ acomodos sobrantes cuando le venga en voluntad buacar-
los y y no tendre mas que escoger.
Como tenia particulares deseos de ver à Toledo, Ueguë alli al
cabo de très dias , y fui à tomar posada en un bnen meson , en
donde me tuviëron por un caballero de importancia con el auxi-
Ko de mi T^stido de aventuras amorosas que no dejë de po~
nerme ; y con el aire que tome de elegante , podia fôcilmente
introducirme con las buenas mozas que yivian en la yecindad ;
pero habiendo sabido que era necesario comenzar en su casa por
hacer un gran gasto , fuè forzoso contener mis deseos. Hallàn-
dome siempre con gusto de yiajar, despues de haber yisto todo
lo que habia de curioso en Toledo , sali de alli un dia al ama-
necer, y tome el camino de Cuenca con animo de pasar al reino
de Aragon. Al segundo dia de jornada me meti en una venta
que encontre en el camino , y cuando empezaba à refirescarme
entra una partida de cuadrilleros de la santa Hermandad. Estes
seAores pidiëron vino, y mièntras estaban bebiendo les oi haccr
mencion de las seftas de un jôven à quien llevaban ôrden de
prender. El caballero, decia uno de ellos, no tiene mas que veinte
y très aftos, el pelo largo y negro, bella estatura, nariz aguilefta,
y moiua un caballo castaûo.
Estuyelos yo escuchando sin mostrar atencion à lo que de-
cian, y en la realidad me importaba poco el saberlo. Dejélos en
la yenta , y prosegui mi camino ; pero no habia andado aun
medio cuarto de légua cuando encontre à un mocito muy galan
que iba en un caballo castafto. i Vive diez ! dije para mi , que ô
yo me engaflo mucho , 6 este es el sujeto à quien buscan los
cuadrilleros. Tiene el pelo largo y negro , y la nariz aguilefia ;
seguramente él es à quien quieren atrapar , y be de haccrle un
buen servicio. SeAor, le dije, permitame ymd. que le pregunte si
le ha sucedido algun pesado lance de honor. El jôyen sin res-
ponderme fijô los ojos en m( , y mostrôse admirado de mi pre-
gunta. Aseguréle que esta no nj^cia de piira c'urîosidad., y qqedô
bien convencido de ello luego que le conté todo lo que habia
oido à los ministros en la yenta. Generoso desconocido, me res-
pondiô, no puedo ocullaros que tengo motiyo para créer ser
efectiyamente yo à quien busca esa gente ; y por lo mismo yoy
à tomar otro camino para no caer en sus manos. Yo séria de
parecer, repuse entônces, que buscasemos por aqui un sitio retî-
rado donde ymd. estuyiese seguro y ambos à cubierto de una
gran tempestad que yeo nos esta amenazando. Al decir esto ,
descubrimos una calle de érboles bastante firondosos, y habién-
donos metido en ella , nos condujo al pié de una montaAa, donde
encontrémos una ermita.
LIBRO CUARTO. 219
Era esta «la ^nde y profonda grata que el tiempo habia
socavado en la Mda de aquel monte, y delante de ella se regis-
traba como un corral que habia fobricado el arte, cayas parcâes
se componian de una especie de argamasa formada de pedre-
zuelaSy rodeado todo para mayor delensa de un género de foso
cubierto de yerdes céspedes. Los contoroos de la gruta estaban
sembradoB de flores olorosas que llenaben de suavisima firagran-
cta el ambiente inmedîato; y cerca de la misma gruta se descnbria
uoa hendidura en el monte , de oayo centro brotabÀ un manan-
tial de agua que corria é dilatarse por una praderia. A la en-
irada de esta cneva solitaria habia un buen ermitafio que parecia
m horobre eonsumido por la Tejez. Apoyébase en un bàculo, y
en la otra mano llevaba un gran rosario de cuentas gordas y de
Teinte dieœs por lo mènos. Su cabeza estaba como sepnluida en
ao capuz de lana parda , con unas largas orejwas ; y su barba
mas blanea que la nieve le bajaba hastti la eioiara. Acercémonos
é él, y yo le dije : Padre mio , ^noa dari licencia para que le
pidamos nos réfugié contra la tempestad que viene sobre noso-
0*0$? Yenid , hijos mios , respondiô et anacoreta despues de
haberme mirado con atencion , mi pobre gruta esta à vnestra
disposidon, y podréis estar en ella todo el tiempo que quisie-
reis. El caballo, aâadiô , le podets meter en jacfuel corral , sefia-
iindolo eon la mano , donde creo que éstarà bi^ acomodado.
Metimos en èl el oaballo, y nosotros nos.refugi&mos en la gruta,
acompafiéndonos siempre el venerable Tiejo.
Apënas entrémos en ella cuando cayé ukia copio^a Uuvia mez-
dada de relàmpagos y espantosos truenos. £1 ermitaûo se hincô
de rodillas delante de una estampa de san Pacomio , que estaba
pegada i la pared, y nosotros hicimos lo mîsmo à ejemplosuyo.
Cesô la tempestad, y cesiron tambien nuestras oraciones.Levan-
t^onos; père como todavia seguia lloviendo y la noche se
acercaba, nos dijo el ermitafio : Yo, hijos mios, no os aconse-
j^ os pongais en camino con este temporal, y mas estando
tan cerca la noche, à no obligaros à ^Uo alguo negocio grave
y urgente. Respond imosle que ninguna cosa nos impedia el de*
tenemos sino el justo temor de incomodarle, y qit^d à no ser
^te, Antes le sufdicariamos nos pe^mitiese pasar alli la noche.
La incomodidad sera para vosotros , respondiô cortesanamento
el anacoreta : tendrais mala cama y peor cena, porque solo puedo
ofreceros la de un pobre ermitafio.
En esto nos hizo sentar à una desdichada y rùstica mesUla ,
donde nos sirviô unas cebollas con algunos mendrugos , y un
jarre de figua. Esta, dijo, es mi comida y cena ordinarily; pero
W es razon hacer algun exceso en obsequio do unos hués^
P^es tan honrados. D90 , y marchô luego é traer un pedazo de
qneso y dos puflados de avellanas , que echo sobre la mesa. Mi
SM GIL BLAS.
Gompafiero , qae no tenia macho apetito , hixo poco gasto de
aquellos manjares. Observôlo ei ermitafio , y dijo : Veo qoe estais
aoostmnbrado à mesas mas regaladas que la mia, 6 per mefor
decir, que la sensoalidad ha estragado en tos el gusto natural.
Yo tambien he yiyido en el mundo. EntAnces no eran bastante
baenos para mi los manjares mas delicados, ni los gaisados mas
exquisitos; pero la soledad y el hambre ban restitoido la poreza
al paladar. Ahora solo me* gostan las raioes , la leche , las fratas,
y en una palabra , todo aquello que senria de alimento i noes-
tros primeros padres
Miéntras el anacoreta estaba hablando , el caballerito se quedé
oomo enagenado en una profunda cavilacion. NotAlo el yiejo , y
le dijo : Hijo mio , yos teneis atravesado el corazon con alguna
espina que os punza mncho. ^No podré saber el motivo de la
grave afliccion que os alormenta? desah^gad conmigo vuestro
pecho. No me nraeve à este deseo la coriosidad : la caridad es la
tnica causa que é ello me anima. Hàllome en edad en que puedo
daros algun buen consejo; y vos me pareoeis estar en una situa-
don que necesita bien de él. Si , padre mio , respondi6 el caballe-
rito arrancando del pecho un doloroso suspiro: es muy derto
que tengo gran necesidad de consejo; y pues vos me ofreoeîs el
vuestro con piedad tan generosa, quiero seguûrle. Estoy may
persuadido de que nada arriesgo en descubrirme é un hombre
como vos. No bijo , replicô el ermitaflo , no teneis que temer :
soy hombre à quien se le puede confiar enalquiera oosa, sea la
que fÎMre. Entônces el caballero hablô de esta manera^
CAPITULO X.
Historia de don Alfonso y de la bella Serafina.
Nada , padre mio , os ocultarë , como ni tampoco i este calxh
Ilero que me escucha. Hariale gran agrayio en desconfiar de él é
yista de la generosa accion que nsô conmigo. Yoy, pues , à con-
tares mis Jésgracias.
Nad en Madrid , y mi origen fhë el que yoy à referir. Un
oficial de la guardia alemana*, llamado él baron de Steinbach ,
entrando una noche en su casa , se hallô al pié de la escalera
' Era la guardia real que hacîa el servicio militar en el palacîo de los reyes
de Espana. Durô todo el tiempo que ocupo el trono espaAol la dinastia austriaca
desde el emperador de Alemania Girlos V, primero de este nombre en Castilla ,
hasta que por muerte sin sncesion de Carlos II entro la actual dinastia fran-
cesa de Borbon , que aboliô aquella guardia , y creô la nuera llamada de corp^
à semejansa de la de los reyes de Francia.
LIBRO CUARTO. 221
000 on eoYoItorio de lieozo. Leyaotôle, DevôIe al coarto de sa
moger, desenyolYiôley y encontr&ron un niûo recien nacido, en-
Yoeho en paflales may aseados y finos , y un billete que deda
ser hqo de padres distinguidos^ que à su tîempo se darian à co-
Docer, y que el nifio estaba ya bautizado con el nombre de Al-
fonso. Este desgraciado nifto soy yo , y esto es todo cuanto se.
Victima del honor 6 de la infidelidad , ignoro si mi madré me
exposo ùnicamente para ocultar algunos yergonzosos amores ; ô
si, seducida por un amante peijuro, se yiô en la cruel necesidad
de abandonarme.
Como quiera que sea , al baron y à su muger les entemeciô
mucho mi desgrada; y como no tenian sucesion, resoWiëron
criarme como si foera hijo suyo, conseryàndome el nombre de
don Alfonso. Al paso que crecia yo en edad , crecia el amor en
elles hicia mi. Hacianme mil caricias en pago de mis apadbles
modales y por mi dodlidad. Todos sus pensamientos eran de
darme la mejor educacion.Buscéronme maestros de todas mate-
lias. Lèjos de esperar con impaciencia i que se descubriesen mis
padres y parecia por el contrario que deseaban no se manifesta-
sen jamas. Luego que el baron me viô capaz de poder seguir la
milicia, me aplkô à servir al rey. Consiguiôme una bandera, y
inand6 hacerme un pequeAo equipage. Para animarme à buscar
ocasiones de adquirir gloria y darme à conocer, me hizo pré-
sente que la carrera del honor estaba abierta à todo el mundo ,
y que la guerra podria hacer mi nombre tanto mas glorioso,
coanto solo séria deudor à mi valor y à mi espada de la gloria que
adcpiriese. Al mismo tiempo me revelô el secreto de mi nacimiento,
qae hasta alli me habia callado. Como en todo Madrid pasaba
por Ujo suyo , y yo mismo efectivamente me tenia por tal, con-
fieso me turbô no poco esta confianza. No podia pensar en ello
sin Uenarme de rubor. Por lo mismo cpie mis nobles pensa-
nnentos y mis honrados impulsos me aseguraban de un distin-
e^do nacimientOy era mayor el dolor de yerme desamparado
de aquellos à quienes le habia debido.
Pasè à servir en los Paises Bajos, donde se hizo la paz poco
despaes que Uegué al ejërcito. Hallândose Espafta sin ene-
inigos , me restitua à Madrid ; y el baron y su muger me recî-
bièron con nuevas demostraciones de cariAo. Eran pasados dos
meses desde mi regreso , cuando una maûana entré en mi cuarto
^ pagecillo , y me entregô en las manos un billete concebido
pooo mas ô mènos en estos tërminos iNotoy feam anUrahecha;
) con todo e90 vmd. me ve todoi los dias d mi balcon con grande
^f^erencia : frialdad muy agena de un moxo tan galon. Eooy tan
ofendida de este procéder ^ que por vengarme quisiera inspirar amor
^ œ coraxon de hieb.
Asi que lei este billete me persuadi sin la mener duda de que
322 GIL BLAS.
era de una yiadita Uamada Leooor, que vivia en frenie de mi
casa y y tenia fiima de ser alegre de cascos. Eiamînë sobre este
punto al pagecillo , que por algnn breve rate quiso haoer el ca-
llado; pero é costa de un ducado que le di satisfizo mi curio-
sidad , y se encargô de llevar à su ama mi respuesta. Deciale en
ella que conocia y confesaba mi delito , del cual estaba ya medio
vengada , segun lo que yo sentia en mi.
Con efecto, no dejô de hacerme impresion esta gradosa
manera de granjear la Toinntad. No sali de casa en todo aquel
dia» asoméndome frecuentemente al balcon para obsenrar à la
sefiora , que tampoco se descuidô de dejarse Ter al suyo. Hicele
sefias é las cuales correspondiô ; y el dia siguiente me enviô à
decir por el mismo pagecito que, si entre once y doce de aquella
noche queria yo hallarme en nuestra calle, podiamos hablarnos
à la reja de un cuarto bajo. Aunque no estaba muy enamorado
de una viuda tan vira, sin embargo no dejë de responderle muy
apasionadamente; y i la rerdad espéré à que anochedese con
tanta impacîencia como si efectivamente la amara mucho. Luego
que fné de noche sali à pasearme al Prado , para entretener el
tiempo hasta la hora de la cita, y apénas entré en el paseo,
cuando, acercindose à mi un hombre montado en un hermoso ca-^
ballo, se apeô precipitadamente, y miràndome con ceûo: Caba-
llero , me dijo , ^no sois vos el hijo del baron de Steînbach? £1
mismo, le respondi. Luego tos sois el citado , prosigniô él, para
dar esta noche conversacion à Leonor en su reja. He visto sus
billetes , y vuestras respuestas , que me raostrô el pagecfllo. Os
he venido siguiendo hasta aqui desde que salisteis de casa, para
adyertiros que teneis un competidor, cuya yanidad se indigna de
dispntar el corazon de una dama con un hombre como tos. Me
parece no necestto deciros mas ; y pues nos hailamos en sitio
retirado, decidan la disputa las espadas, à ménos de que tos, por
evitar el castigo que preparo é vuestra temeridad , me deis pa-
labra de romper toda comunicacion con Leonor. Sacrificadme las
esperanzas que teneis , 6 en este mismo punto os quito la Tida.
Ese sacrificio, respondi, se habia de peidir, y no exigirse. Lo
hubiera podido concéder à Tuestros ruegos; p^o lo niego à
vuestras amenazas.
Pues rifiamos, dijo él atando el caballo à un ârbol, porque
es indecoroso à una persona de mi esfera bajarse é suplicar à un
hombre de la vuestra ; y aun la mayor parte de mis iguales pues-
tos en mi lugar se Tengarian de vos de un modo ménos hon-
roso. Ofendiéronme mucho estas ultimas palabras , y viendo que
él habia sacado la espada , saqué yo tambien la mia. Reflfimos
con tanto empefto que duré poco el combate. Sea que le cegase
su demasiado ardor, ô sea que yo fuese mas diestro que él , le
dl desde luego una estocada mortal , que le hico prônero titu-
UBRO CUARTO. 223
bear, y despoes caer en tierra. Ëntônces no penrt mas que en
ponerme en salyo , y montando en sa propio caballo , tome el
camino de Toledo. No volvi à casa del baron de Steinbacb , pa-
reciéndome que la rehcion de mi lance solo sen^iria para afligirle,
y coando consideraba el peligro en que me hallaba, veia que no
debia perder un momento en alejanne de Madrid.
Poseido enteramente de amarguisimas reflexiones andure toda
hnoche y la maûana del dia siguiente; pero à eso del medio
dia me yi precisado à detenerme para que el caballo descansara,
Y se mitigase el calor> que cada instante era mas inagaantable.
Det&Teme, pues, en una aldea hasta puesto el sol, y continué
loego mi camino con ànimo de no apearme hasta estar en To-
ledo. Me hallaba ya dos léguas mas aUà de Ulescas cuando é eso
de media noche me cogiô en campo raso una fiiriosa tempestad»
semejante à la que acaba de sobrecogemos. Lleguème é las ta-
pias de un jardin que yl à pocos pasos de mi ; y no hallando
abrigo mas comodo , me arrime con mi caballo lo mejor que
pade à una puerta pequefta de una estancia que estaba casi en
un éngulo de la misma cerca, sobre la cual habia un balcon.
Apoyàndome en la puerta vi que no la habian co'rado , y dis-*
curri que este habria sido culpa de los criados. Me apeé , y no tanto
por curiosidad , como por resguardarme mas del agua , que no de«
jabade incomodarme mucho debajo del balcon, me entré en aquella
habitadon baja , juntamente cou el caballo, tiràndole por la brida.
Dunuite la tempestad procuré reconooer aquel sitio ; y aunque
S0I9 podia registrarle  fayor de los relémpagos , juagué era una
qninta de alguna persona opulenta. Estaba aguardando por ins->
taotes que oesase la tempestad para seguir mi camino ; pero ba-
biendo yisto & lo léjos una gran luz , mudé de parecer. Bejé
resgnardado el cabidlo en aquella pieza, cuidando de cerrar la
paerta, y fiiime acercando hàciala luz , presumiendo que estaban
todavia levantados en la casa, para suplicarles me diesen abrigo
por aquella noche. Despues de haber atravesado algunos corre-
dores, me halle en una sala, cuya puerta estaba ignafanente
abterta. Entré en ella, y viendo su suntuosidad à beneficio de
ma magnifica araâa con varias bugias , ya no me quedô duda de
qoe aquella casa de campo era de algun gran personage. £1 pa-»
vimento era de màrmol, el friso pintado y dorado con arte, la
<^rnisa primorosamente trabsyada , y el techo me pareciô obra
de los mas diestros pintores; pero lo que mas me Uevô la aten-
cion foé una mnltîtud de bustos de heroes espaAoles , puestos
*obre beilisimos pedestales de mérmol jaspeado , que adomaban
'tt paredes del salon. Tuye bastante cnidado para «iterarme de
^as estas cosas , porque habîendo aplicado de coando en cuando
^ oido para ver si sentia rumor, no llegué à pereibir ninguno,
^^ à ver persona alguna.
224 GIL BLAS.
A un lado del ttlon habia una paerta entornada ; la entreabri,
y noté ana crojia de cuaitos , en el ultimo de los oudes habia Inz.
Consulté conmigo mismo lo que debia hacer, si yolverme por
donde babia yenido , 6 animarme à penetrar hastt aquel cuarto.
La prudencia dictaba que el paitido mas acertado era el de re-
tirarme ; pero pndo mas en mi la curiosidad que la prudencia , Ô,
por mejor decir , file mas poderosa la fuerza del destino que me
arrastraba. Ueyé, pues, mi empe&o adelante, y atrayeaando
todas las piezas lleguë é la ultima , donde ardia sObre una mesa
de màrmol una bugia puesta en un candelero de plata sobredorada.
Besde luego conoci que era un cuarto de yerano , alhajado con
singular gusto y riqueza ; pero yolyiendo presto los ojos hàcia una
cama , cuyas cortinas estsJMm entreabiertas à causa del calor , yi
un objeto que me robô toda la atencion. Era una jôyen que, à
pesar del estruendo payoroso de los truenos, dormia profiinda-
mente. Acerquéme à ella con el mayor silencio, y i Cayor de la luz
de la bugia, descubri una tez tan delicada y un rostro tan hermoso,
que yerdaderamente me encant&ron. Al yerla, toda mi màquina
se conmoyiô : me senti enteramente enagenado ; pero por mas
agitado que me tuyiesen mis impulsos , el concepto que hioe de la
nobleza de su sangre me impidiô formar ningun pensamiento te-
merario , pudiendo mas el respeto que la pasion. Uiéntras estaba
yo embelesado en contemplarla , se despertô.
F&cil es de imaginar cuanto la sobresaltaria el yer i un hombre
desconocido à media noche en su cuarto > y al piè de su misma
cama. Toda asustada y estremecida diô un gran grito. Hice cuanto
pude para acpiietarla; hinqué una rodilla en tierra, y Deno de
respeto le dije : No temais, seftora, que yo no he entrado aqui
cou ànimo de ofénderos. Iba é proseguir ; pero ella , atemorizada,
no tuyo siquiera libertad para escucharme. Comenzô à llamar i
grandes yoces à sus criadas , y como ninguna le respondiese , co-
gi6 à toda priesa una bâta ligera que estaba al pié de la cama , cu-
briôse con eDa, saltô acelerada al suelo, agarrô la bugia, y atrayes6
corriendo toda la crujia de cuartos , Damando sin césar à sus don-
cellas , y & una hermana suya menor ^ que y iyia en la misma quinta,
bajo de su custodia. Por momentos estaba yo temiendo yer sobre
mi toda la £amilia , y que sin merecerlo ni oirme me tratasen mal ;
pero quiso mi fortuna cpie, por mas gritos que dîô, nadie pa-
reciô sino un criado yiejo , que de poco le bubiera seryido si sjgo
tuyiera que temer. No obstante , con la presencia del buen yiejo
alenténdose algun tanto , me preguntô con altiyez quien era yo ,
por donde y à que fin habia tenido atreyimiento para mçterme en
su casa. Comenzë à justificarme ; pero apénas le dije que habia
entrado por la puerta del cuarto del jardin , que habia hallado
abierta, cuando exclamé al instante didendo : i Justo delo , y que
sospechas me yienen ahora al pensamiento !
LIBRO CUARTO. 225
En esto va con la luz à registrar todos los cuartos de la quinta ,
y no encaentra à ninguna de sas criadas , ni é su hermana ; entes
si ye que estas se habian Uevado cada una sus ropas. Pareciën-
dole que se habian yerificado sobradamente sus sospechas , se
Yokiô adonde yo habia quedado , y articulando mal las palabras
con la côlera : Infome, me dijo, no afladas la mentira é la traiciop.
No te ha traido é esta quinta lacasualidad , ni has entrado en ella
por el motiyo que finges. Tu ères de la comitivade don Fernando
de Leiya, y complice en su delito ; pero no espères huir de mi
Tenganza , pues tengo aun bastante gente en casa que te prenda.
Seflora , le dije , no me confundais , os ruego , con yuestros ene-
mîgos. Ni conozco à don Fernando de Leiya, ni se todavia
quien sois y os. Yo soy un desgraciado , à quien cierto lance de ho-
nor ha obligado à ausentarse de Madrid ; y os juro, por cuanto hay
de mas sagrado, que, i no haberme precisado à ello la tempestad,
no hubiera entrado en yuestra quinta. Dignaos , seflora , formar
mejor concepto de mi. En yez de suponerme complice en ese de-
lito que tanto os ofende , yivid persuadida de que estoy pronti-
simo à yengaros. Estas ultimas palabras, que pronuncié con ardor
y yiyeza, la tranquflizâron de modo que desde aquel punto
mostrô no mirarme ya como à enemigo. Cesô en el mismo mo-
mento su enojo , pero entrô à ocupar su lugar el mas acerbo
dolor. Comenzô à Uorar amargamente ; y sus légrimas me enter-
nedéron de manera que no me senti mënos afligido que ella , aun
cuando ignoraba la causa de su pena. No me contenté con acom-
paikarla en el llanto, sino que, deseoso de yengar su afrenta, me
entrô una especie de furor. Seikora , exclamé , entre lastimado y
colërico , ^ quien ha tenido atrevimiento para ultrajaros? ^y que
especie de ultraje ha sido el yuestro? Hablad, seflora, porque
^nestras ofensas ya son mias. i Quereis que busqué à don Fernando,
y que le atrayiese de parte à parte cl corazon ! Nombradme todos
aquellos que quereis os sacrifique ; mandad , y seréis obedecida.
Cueste lo que costare yuestra y enganza , este desconocido , à quien
babeis mirado como enemigo , se expondrà por amor de yos i
cualquier riesgo.
Quedôse suspensa aquella seflora à y ista de un arrebato tan ines-
perado , y enjugando sus légrûnas , me dijo : Perdonad , seflor ,
mi temeraria sospecha à la infeliz situation en que me hallo.
Vuestros generosos sentimientos han desengaflado à la desgra-
cîada Serafina , y me quitan ademas hasta el natural rubor que
me causa el que un extraflosea testigo de una afrenta hecha é mî
noble s«ngre. Si , generoso desconocido , reconozco mi error , y
admito yuestras ofertas ; pero no quiero la muerte de don Fer-
nando. Bien esté , seflora , répliqué; 4 pero en que deseais que os
sirya ? Seflor , respondiô Serafina , el motiyo de mi pesar es el si-
guiente : don Fernando de Leiya se enamorô de mi hermana
45
aaS GIL BLAS.
Julia, é quien viô en Toledo, donde yivimos de ordinario. Pi-
diôsela A mi padre , que es el conde de Polan , quien se la negô
por antigoa enemistad que hay entre las dos casas. Mi hermana ,
que apénas tiene quince aik>s , se habri de] ado engaftar de mis
criadas , sin duda ganadas por don Fernando , y noticioso este
de que las dos hermanas estabamos en esta casa de campo , habrà
aproyechado la ocasion para robarà la mal aconsejada Julia. Yo
solo quisiera saber en que parte la ha depositado , para que mi
padre y mi hermano , que ha dos meses estAn en Madrid » tomen
sus medidas. Suplicoos , pues , seAor , que os tomeis el trabajo de
recorrer los contomos de Toledo , y de averiguar , si fnese po-
sible, adonde ha ido à parar aquella pobre muchacha ; diligencia
é que os quedarA tan obligadacomo agradecida toda mi fomilia.
No tenia présente aquella seAora que el encargo que me daba
no conyenia à un hombre é quien importaba tanto salir cuanto
entes de los tërminos y jurisdiccion de Castilla. i Pero que mucho
no hidese ella esta reflexion cuando ni yo mismo la hice? Soma-
mente gozoso de la fortuna de yerme en ocasion de servir à una
persona tan amable , admiti gustoso la comision , ofreciendo des-
empeftarla con el mayor zelo y diligencia. Con efecto , no espéré
i que amaneciese para ir à cumplir lo prometido. Dejé al punto é
Serafina , suplicândole me perdonase el susto que inocentemente
le habia dado , y aseguràndole que presto sabria de mi. Salime ,
pues, por donde habia entrado en laquinta, pero con el énimo
tan ocupado siempre en aquella seAora, que fïcilmente adverti
estaba del todo prendado de ella ; y nada me lo hizo conocer mejor
que la inquietud é impaciencta con que me apresuraba d compla-
cerla , y las amorosas quimeras que yo mismo me forjaba en la
imaginacion. Pareciame que Serafina , aun en medio de su senti-
miento, habia echado bien de ver los primeros fuegos de mi amor,
y que no le habia quizà desagradado. Lisonje&bame de que , si lo-
^aba averiguar lo que tanto deseaba , séria mia toda la gloria.
Al llegar aqui cortô don Alfonso el hilo de su historia , y dijo
al ermitaflo : Perdonadme , padre , si , poseido de mi pasion , me
detengo en menudencias , que tal vez os fastidiarén. No , hijo ,
respondiô el anacoreta , de ningun modo me cansan ; antes bien
deseo saber hasta donde llegô el amor que te inspirù dofia Se-
rafina para arreglar mis consejos con mayor conocimiento.
Ëncendida la fontasia con tan lisonjeras imàgenes, prosiguiô el
caballerito , busqué inùtihnente por espacio de dos dias al ro-
bador de Julia; y frustradas todas las diligencias, no pude des--
cubrir el menor rastro deél. Desconsoladisimo de ver inutilizados
mis pasos y desvelos , volvi à la presencia de Serafina , A quien
discurria hallar en el estado mas inquieto y desgraciado del mundo ;
pero la encontre mas tranquila de lo que yo pensaba. Dijome que
habia sido mas venturosa que yo, pues ya sabia donde se hallaba
LIBRO CUARTO. 227
sa hermana: que habia recibido una carta de don Feroando, en
que le decia que despues de haberse casado de secreto con Julia
la habia depositado en un convenu) de Toledo. Envié su carta é
mi padre , prosiguiô Serafina , no sin esperanza de que la cosa
acabe bien , y que un solemne matrimonio sea el iris de paz que
dé fin à la inveterada discordia de las dos casas*
Luego cpie me informô del paradero de su hermana , me hablô
del trabajo que me habia ocasionado , y sobre todo , aûadiô ella
misma, los peligros à que os expuso mi imprudencia en seguir
a un robador , sio acordanne de que me habiais confiado que
aadabats fo^bivo por cierto lance de honor ; de lo cual me pidiô
mfl perdones en los términos mas atentos. Conociendo que estaba
t&ko de reposo, me condujo à la sala, donde los dos nos sen-
tamos. Estaba vestida con una bata de tafetan bianco , con listas
negras , y cubria su cabeza un sombrerillo de los mismos colores
que la bata, guarnecido con un airoso plumage negro, lo que me
hizo juzgar que podia ser viuda, aunque por otra parte parecia
de tan pocos afios , que no sabia yo que discurrir.
Si era grande mi deseo de saber quien ella era, no era ménos
viva su curiosidad de saber lo mismo de mi. Pregnntôme mi
nombre y apellido, no dudando, dijo, à vista de mi noble aire,
y aun mas de la generosa piedad que me habia hecho abrai^ar
con tanto empeflo sus intereses , la nobleza de mi nacimiento^
Dejéme perplejo la pregunta : encendiôseme el rostro : me turbé;
yconfieso que, teniendo ménos rubor en mentir que en decir la
verdad , respondi que era hijo del baron de Steinbach , oficial
de la guardia alemana. Decidme tambien, replicô ^ dama , por-
que habeis salido de Madrid ; pues desde luego ps puedo ofrecer
todo el valimiento y los buenos oficios de mi padre y de mi her-
mano don Gaspar. Esto es lo ménos que puede hacer mi agra-r
decimiento con un caballero que por servnrme desprecio su propia
?ida. Ninguna dificultad tuve en referirle por menor todas las
circunstancias de nuestro desafio. Ella misma echo toda la culpa
al caballero que me habia injuriado, y me vol vie â ofrecer que
interesaria à su fomilia en mi favor.
Habiendo yo satisfecho su curiosidad , me animé à suplicarle
contentase la mia, y le pregunté si era ô no libre. Très afios ha ,
respondiô , que mi padre me obligô à casarme con don Diego de
Lara, y quince meses que estoy vinda. ^Pues que desgracia, seftora,
le pregunté, fué la que tan presto os privô de vuestro esposo?
Voy, seAor, à responderos, repuso ella, y corresponder à la
con&mza & que me confieso deudora.
Don Diego de Lara era un caballero muy bienapersonado.Amé-
bame ciegamente; y aunque empleaba cuanta diligencia puede
^plear el mas tiemo amante para hacerse agradable al objeto
amado , y aunque tenia mil bellas cualidades , nunca pudo gran-
238 GIL BLAS.
gearse mi carijk). El amor no sietnpre es efecto del anhelo ni del
mérito conocido. \ Ah ! aftadiô ella sospirando ; muchas veces
nos eautiva à la primera vista una persona qne no conocemos.
No me era posible amarle. Mas avergonzada que prendada de las
continuas muestras de su amor , y forzada à corresponder à ellas
sin inclinacion , si me acusaba i mi misma interiormente de ingra-
titud , tambien me contemplaba muy digna de compasion. Por
desgracia de ambos él tenia todavla mas delicadeza que amor.
En mis acciones y palabras descubria claramente mis mas ocnltos
pensamientos. Leia cuanto pasaba en lo mas intimo de mi alma ;
quejâbase é cada paso de mi indiferencia ; y le era tanto mas sen-
sible el no poder conquistar mi corazon , cuanto mas segnro estaba
de que ningun otro rival se le disputaba , ne contando yo apènas
diez y seis aAos , y habiendo sabido , antes de ofrecerme su mano ,
por mis criadas , todas parciales suyas , que ningun hombre se le
habia anticipado é llevarse mi atencion. Si , Serafina , me decia
muchas veces , me alegraria mucho de que estuvieses encapri—
chada é fevor de otro , y de que esta fuese la ùnica causa dc la
frialdad con que me miras. Esperaria entônces que tu virtnd y mi
constancia triunfarian al cabo de esa tibieza ; pero ya desespero
de veneer un corazon , que no se ha rendido à tantos y tan convin-
centes testimonios de mi extremado amor. Cansada de oirie repetir
tantas veces la misma queja , le dije un dia que , en vez de turbar su
reposo y el nlio mostrando tanta delicadeza , haria mejor en de~
jarlo todo en manos del tiempo. Con efecto , yo me hallaba en-
tônces en una edad poco capaz de sentir los vivos impulsos de
ana pasion tan fogosa; y este era el prudente partido que don
INego debiera haber abrazado. Pero viendo que se habia pasado
un aflo entero sin haber adelantado mas que el primer dia , per^
diô la paciencia , à por mejor decir el juicio , y fingiendo que le
llamaba à la corte no se que négocie de importancia , marchô à
los Paises Bajos à servir en calidad de voluntario , y encontre lo
que deseaba en los peligros en que se metia , es decir , el fin de
la vida y el de sus pesares.
Concluida esta relacion , todo el reste de la conversacion que
tuvimos SeraBna y yo fué acerca del singular caràcter de su ma-
rido. Interrumpiô nuestra conferencia un correo que llegô en
aquel mismo punto , el cual puso en manos de Serafina una carta
del conde de Polan. Pidiôme licencia para abrirla , y observé
que conforme la iba leyendo se iba poniendo pàlida y trémnla.
Luego que la acabô de leer^ alzô los ojos al cielo, diô un gran
suspire , y empezô à correr per su rostre untorrente de lâgrimas.
No siendo posible que yo viese con serenidad su pena , me tnrbè,
y come si hubieraya presentido el terrible golpe que iba à llevar ^
me cogiô un mortal terrer que me helô toda la sangre. Seâora ,
le dije con voz desfallecida, ^ sera licite saber de vos que funestas
UBRO CUARTO. 229
noticias os anancia esa carta ? Tomadia , seftor , me respondiô^
tristemente , y leed vos mismo lo que mi padre me escribe. ] Ay.
demi! que su contenidoos mteresademasiado.
Estremecime al oir estas palabras , tome temblando la carta,
y vi que decia lo siguiente : Tu hermano don Gaspar iuvo oyer un
desafiO en el Prado. Rectbiô en él una eslocada ; de la cual ha muerto
hoij , declarando al morir que elcabaUero que le maté fué el hijo del
baron de Slembach , oficial de la guardiaalemana. Para mayor disgra-
cia et matador escape sm saberse donde se ha escondido; pero aunque
lo esté en las entranas de la iierra , se hardn todas las diligencias posi-
bUs para hallarle. Hoy se despachan reqtàsUorias à varias ju^Hdas ,
que no dejardn de arrestarle , como ponga los pies en algun lugar de
iu jurisdiccion ; y voy tambien d pracilcar olros medios oportunos para .
cerrarletodos loscaminos, El gonde de Pol an.
FiguraoseltrastornoquelalecturadeestacartacausariaenmiâBÎ-
mo. Quedèinmô'vil algunos instantes, sia espiritu ni fuerza para
hablar. En medio de aquel desmayo y desaliento se me représenté
con la mayor yiveza todo lo que la mnerte de don. Caspar tenia
de cmel para mi amor. Al memento caigo en unafiiriosa deses-
peracion. Arrojéme i los pies de Serafina , y presenténdole la
espada desnuda : Seiknra , le dije , excusad al conde de Polan
la molesta fatiga de buscar à un hombre que podria burlar sus
mas aaivas diligcncias. Vengad tos misma à vuestro hermano ,
sacrificadle por vuestra bella mano su homicida. ^Qué os dete-
neis?descargad el golpe, y sea fttal à su enemigo el mismo
acero que à èl le quitô la Yida. Seflor , respondié Serafina, enter-
necida algun tanto de yer mi accion , yoqueria à don Caspar , y
aunque tos le matisteis como caballero , y él mismo fuè à buscar
sn desgracia , al fin soy su hermana , y no puedo ménos de tomar su
partido.Si , don Alfonso , ya soy enemiga vuestra , y harë contra
^os todo lo que la sangre y el carifto pneden pretender de mi ; pero
no abusaré de yuestra adyersa fortuna. En vano ha dispuesto en-
tregaros en manos de mi yenganza , pues si el honor me arma con-
tra vos, èl mismo me prohibe vengarme ruinmente. Las leyes de -
la hospitalidad deben ser inaltérables : segun ellas no puedo cor-
responder con un y\\ asesinato al generoso servicio que me habei».
hecho. Huid, escapad, y burlad , si pudiereis, nuestrasmas y iras
pesquisas; poneos é cubierto del rigor de las leyes , y libraos del
inminente peligro que os amenaza.
Paes que, seâora, le répliqué : estando en yuestra mano la
venganza, ^la dejais-à larseyeridad de las leyes, que pueden
quedar desairadas? f Ab, seftora! atrayesad y os misma con esta
espada el pecho de un malyado , que yerdaderamente no merece
le perdoneis. No , seflora , no useis de un procéder tan noble y
tan generoso con un hombre como yo. i Sabeis quien soy? Aun-
que todo Madrid me tiene por hijo del baron de Steinbach , na
230 GIL BLAS.
soy mas que an desgraciado à quien ha criado en su casa por
caridad. Yo mismo ignoro A quienes debo el ser. No importa
eso y interrompiô Serafina precipitadamente , como si la hubieran
causado nneva pena mis^ ultimas palabras : annqne fuarais tos el
hombre mas vil del mundo » haria siempre lo que me dicta mi
honor. Bien esté , seilora, répliqué : ya que la muerte de un her-
mano no ha bastado é persuadiros que derrameis mi sangre ,
▼oy é cometer otro delito haciëndoos una ofensa, que tengo per
cierto no me la perdonaréis : sabed , seftora , que os adoro :
que desde el mismo punto en que yi vuestra hermosura qaedé
hechizado ; y que , à pesar de la oscuridad de mi nacimiento ,
no perdia la esperanza de poseeros. Estaba tan ciegamente ena-
morado , 6 por mejor decir Uegaba à un punto mi yanldad , que
me lisonjeaba de que algun dia descubriria el cielo mi origen ,
y que este séria tal , que sin rergûenza podria manifestaros mi
nombre. Despues de una declaracion que tanto os ultraja, ^serà
posible que todavia no os résolvais à castigarme?
Esa temeraria declaracion , replied la dama , en otro tiempo
sin duda me ofenderia , pero la perdono é la turbacion en que
OS veo ; fuera de que ni la situacion en que yo misma me hallo
me permite dar oidos à las expresiones que proferis. Yuelvo à
deciros » don Alfonso » aûadiô derramando algunas Ugrimas, que
partais luego de aqui , y os alejeis de una casa que estais Il^iando
de dolor : cada instante que os deteneis aumenta mis penas. Ya
no resistOy seAora, répliqué levantandome, voy A alejarme de
vos; pero no penseis que, cuidadoso de conservar una vida que
OS es odiosa , vaya à buscar un asilo para defenderla. No , no ,
yo mismo quiero voluntariamente sacrificarme a vuestro dolor.
Parto é Toledo , donde esperaré con impaciencia la suerte que
vos me préparais : y entregàndome à vuestras persecuciones ,
anticîparé yo mismo de este modo el fin de todas mis desdichas.
Retiréme al decir esto. Diéronme mi caballo , y parti en dere-
chura A Toledo, donde me detuve de intento ocho dias, con tan
poco cilidado de ocultarme , que verdaderamente no se como no
me prendiéron ; porque no puedo créer que el conde de Polan ,
tan empefiado en tomarme todos los caminos, se olvidase de
cerrarme el de Toledo. En fin, ayer sali de aquel pueblo, donde
se me hacia intolerable mi propia libertad ; y sin fijarme ni aun
proponerme destino ninguno determinado , Uegué A esta ermita
con tanui serenidad como pudiera un hombre que nada tuviese
que temer. Estos son , padre mio , los cuidados que me ocupan
al présente; y ruégoos me ayudeis con vuestros consejos.
LIBRO CUAHTO. 231
CAPITULO XI.
Quien era ei Tiejo ermitano , j como coaocio Gil Bias que se hallaba entre
amigos.
Luego que don Alfonso acabô la triste reladoji de sus infortu-
nios y le dijo el ermitaAo : Hijo mto , mucha imprudencia fuë el
haberos detenido tanto en Toledo. Yo miro con muy diferentes
ojos que yos todo lo qne me habeis contado , y yuestro amor à
Serafina me parece mia yerdadera locnra. Greedme à mi : no os
cegueis : es menester olyidar k esa jôyen , pues no esta destinada
para yos. Ceded yoluntariamente à los grandes estorbos que os des-
yiaji de ella , y entregaos é yuestra estrella» lacual, segnn todas
las seûales , os promete muy distintas ayenturas. Sin duda encon-
traréis con alguna bella jôyen, que Ymk en yos la misma impre-
sion , sin que hayais quitado la yida k ninguno de sus hermanos.
Iba à decirle muchas cosas para exhortarle à la paciencia,
coando yimos entrar en la ermita à otro ermitafk) cargado con
Unas alforjas bien Uenas. Yenia deCuenca, donde habia recogido
una limosna muy copiosa. Parecia mas mozo que su compafkero ;
su barba era roja, espesa y bien poblada. Bien yenido, hermano
Antonio , le dijo el yiejo anacoreta : ^qufr noticias nos traes de
la ciudad? Bien malas, respondiô el hermano barbirojo : ese
papel OS las diri ; y entregôle un billetecerrado en forma de carta.
Tomôle el yiejo , y despues de haberle leido con toda la aten-
don que merecia su contenido , exclamé : { Loado sea Dios !
Pues se ha descubierto ya la mecha , tomemos otro modo de
yiyîr. Mudemos de estilo , prosiguiô , dirigiendo la palabra al
jôyen caballero. En mi teneis un hombre con quien jnegan como
con yos los caprichos de la fortuna. De Guenca, que dista una
légua de aqui , me escriben han informado mal de mi à la jus-
ticia , cuyos ministros deben yenir maftana à prenderme en esta
ermita ; pero no encontrarén la liebre en la cama. No es la pri-
mera yez que me yeo en este apuro ; y gracias à Dios casi siempre
he sabido librarme con honra y desembarazo. Yoy à presentarme
en otra nueya figura ; porque habeis de saber que , tal cual me
yeis , no soy ermitafto ni yiejo.
Diciendo y haciendo se desnudô del saco grosero que le lle-
gaba hasta los pies : dejôse yer con una jaquetilla ô capotillo de
sarga negra con mangas perdidas. Quitôse el capuz , desatô un
sntil cordon , que sostenia su gran barba postiza , y ofredô a los
ojos de los circunstantes un mozo de yeinte y ocho à treinta
afios. £1 hermano Antonio , à su imitacion, hizo lo mismo : qui-
tôse el hàbito y la barba eremidca , y sacô de una area yieja y
232 GIL BLAS.
carcomida una raida sotanilla, con qne se cobriA lo mejor que pado.
1 Pero quien podrà concebir lo admirado y atônito que me quedé
cuando en el viejo ermitaflo reconoci al sefior don Rafael , y en
el hermano Antonio à mi fidelisimo criado Ambrosio de Lamela?
2 Vire Diez ! exclamé al punto , sin poderme contener, que estoy
en tierra amiga. Asi es, sefïor Gil Bias, dijo riendo don Rafael.
Sin saber como ni cuando , te has encontrado con dos grandes y
antiguos amigos tuyos. Confieso que tienes algun motive para
estar quejoso de nosotros ; pero pelitos à la mar, olvidemos lo
pasado , y demos gracias A Dies de que nos ha vuelto à jontar.
Ambrosio y yo os ofrecemos nuestros servicios , que no son
para despreciarlos. Nosotros A ninguno hacemos mal, A ninguno
apaleamos , a ninguno asesinamos , y solamente queremos yivir à
Costa agena. Agrégate A nosotros dos , y tendrAs una yida an—
dante , pero alegre. No la hay mas divertida como se tenga un
poco de prudencia. No es esto decir que , A pesar de ella , el en-
cadenamiento de las causas segundas no sea tal A ?eces que no
nos acarree muy pesadas ayenturas ; pero, en cambio , hallamos
las buenas mejores ; y ya estâmes acostumbrados A la inconstan-
cia de les tiempos y A las vicisitudes de la fortuna.
SeAor caballero , prosiguiô el fingido ermitafto yolyiéndose à
don Alfonso , la misma proposicion os hacemos A vos, que me
parece no debeis despreciar en el estado en que presume os ha-
liais; porqué ademas de la precision de andar siempre fugitive y
escendido , tengo para mi que no estais muy sobrado de dinero.
Asi es , dijo don Alfonso , y eso misme es le que aumenta mi
pesadumbre. £a pues , repuse don Rafael , buen anime , no nos
separemos les cuatro : este es el mejor partide que podeis to-
mar. Nada os faltarA en nuestra compafiia , y nosotros sabrémes
inutilizar todas las pesquisas y requisitorias de yuestros enemi-
gos. Hemes corrido teda Espafta , y sabemos todos sus rincones,
besques , matorrales , sierras quebradas , cuevas y escondrijes ,
abrigos segurisimos contra las brutalidades de la justicia. Agra-
deciôles don Alfonso su buena yeluntad ; y hallAndose efectiva-
mente sin dinere y sin recurso , determine ir en su compafiia ;
tambien yo tome igual partide , per no dejar A aquel jôyen , a
quien habia cobrade ya grande inclinacien.
Cenyinimos , pues , todos cuatro en andar juntos y no sépa-
râmes. Tratôse entônces sobre si marchariames en aquel misme
punto , 6 nos dctendriamos primero A dar un tiento A una beta
llena de exquisite vine que el dia anterior habia traido de
Cuenca el hermano Antonio ; pero don Rafael , come mas expe-
rimentade , fué de parecer que ante todas cosas se debia pensar
en ponernos en salve ; y que asi era de sentir que caminasemos
teda la neche para llegar A un besque muy espese que habia
entre Villar del Saz y Almodovar, dende hariames alto, y libres
UBRO CUARTO. 233
de toda zozobra descansariamos el dia siguiente. Abrazôse este
pareoer, y los dos ermitaûos acomodàron su ropa y demas pro-
Tisiones en dos enToltorios , y equilibrando ei peso lo mejor
que pudiéron los cargàron en el caballo de don Alfonso. Todo
esto se ejecutô cod la mayor presteza y diligencia, y al instante
nos pasimos en camino alejândonos de la ermita , y dejando por
herencia à la justicia los dos sacos de ermitaûos , las dos barbas
blanca y roja , dos tarimas , una mesa coja , un area medio po-
drida, dos siUas de paja despeluzadas , y la estampa de san Pa-
comio.
AnduTimos toda la noche , y cuando estabamos ya muy ren-
didos del cansancio , al despuntar el dia descubrimos el bosque
à donde se encaminaban nuestros pasos. La yista de! puerto alegra
y da Tîgor à los marineros fatigados de una larga navegacion :
cobràmos ànimo , y Uegàmos por ultimo al fin de nuestra carrera
entes de salir el sol : penetramos hasta lo interior del bosque ,
donde haciendo alto en un delicioso sitio, nos echàmos sobre la
verde yerba de un espacioso prado , rodeado de corpulentas en-
cinas , cuyas frondosas ramas , entretejiëndose unas con otras ,
negaban la entrada à los ray os del sol. Descargàmos el caballo ,
quitàjnosle la brida ^ y echàmosie é pacer por el prado. Sentà-
monos , sacâmos de las alforjas del hermano Antonio algunos
zoquetes de pan , muchos pedazos de carne asada, y como unos
perros hambrientos nos abalanzàmos à ellos , compitiendo unos
con otros en la presteza y en la gana de comer. Con todo eso
obligabamos al hambre à que aguardase un poco , por los fre-
cuentes abrazos que dabamos à la bota, que en moyimiento poco
ménos que continuo estaba casi siempre en el aire , pasando de
unas manos à otras.
Acabado el almuerzo , dijo don Rafeiel à don Alfonso : Caba-
- Hero , à vista de la confianza que vmd. me ba heclio , justo seré
tambien que yo cuente la historia de mi yida con la misma since-
ridad. Gran gusto me daréis en eso , respondiô el jôven. Y à mi
grandisimo , aûadi yo , porque tengo ansia de saber yuestras
aventuras , que no dudo serén dignas de oirse. Y como que lo
son , replicô don Rafael ; lo han sido tanto , que pienso algun dia
escribirlas : con esta obra hago ànimo de diyertir mi yejez , por-
que en el dia todavia soy mozo , y quiero aftadir materiales para
aumentar el yolùmen. Pero ahora estamos fatigados : récupéré-
monos con algunas horas de suefto : miéntras dormimos los très ,
Ambrosio yelarà y harà centinela para evitar toda sorpresa ; que
despues dormira ël y nosotros estarémos de escucha ; pues aun-
que pienso que aqui nos hallamos con toda seguridad , nunca
sobra la precaucion. Dicho esto se tendiô à la larga sobre la
yerba; don Alfonso hizo lo mismo ; yo imité â los dos , y Lamela
comenzô à hacernos la guardia.
234 GIL BLAS.
£i pobre don Alfonso , en vez de donnir, no hizo mas que
pensar en sus desgracias. Por lo que toca à don Rafoel se quedô
dormido inmediatamente ; pero despertô dentro de una hora , y
yiéndonos dispuestos à oirle , dijo à Lamela : Amigo Ambrosio ,
ahora puedes tù ir à descansar. No , no , respondiô Lamela ; nin-
guna gana tengo de dormir ; y annqne se ya todos los sucesos de
yuestra vida , son tan instructiyos para las personas de naestra
profesion , que tendre especial gusto en oirlos contar otra yez.
Asi pues y comenzô don Rafael la historia de su yida en los ter-
minos siguientes.
>>■>•••»•■•>
LIBRO QUINTO.
CAPITULO I.
Historia de don Rafael.
Soy hijo de una comedianta de Madrid > famosa por su habili-
dad , pero mucho mas por sus célèbres ayenturas. IJamébase Lu-
einda. En cuanto à mi padre , no puedo sin temeridad asegurar
quien fuese. Podia muy bien decir quien era el sugeto de distindon
que cortejaba à mi madré al tiempo que yo nad , pero esta ëpoca
no es prueba conyincente de que yo le debiese el ser. Las per-
sonas de la clase de mi madré son por lo comun tan poco de fiar
en este punto, que cuando se mnestran masindinadas à un seftor,
le tienen ya prevenido algun sustituto por su dinero.
No hay cosa como no hacer aprecio de lo que digan malas len-
guas.Mimadre, en yez de darme à criar donde ningnno me cono-
ciese, sin hacer misterio alguno me cogîa de la mano , y me
lleyaba al teatro muy francamente, no dàndosele un pito de lo
mucho que se hablaba de ella , ni de las folsas risitas que causaba
solo el yerme. En fin , yo era su idolo, y la diyersion de cuantos
Tcnian à casa , los cuales no se cansaban de hacerme mil fiestas.
No parecia sino que en todos ellos hablaba la sangre à fayor mio.
Dejàronme pasar los doce primeros aûos de mi yida en todo
género de friyolos pasatiempos. Apënas me enseftàron à leer y
escribir, y mucho ménos la doctrina cristiana. Solamente aprendi
é cantar, bailar y tocar un poco la guitarra. À esto se reducia
todo mi saber cuando el marques de Leganes me pidiô para que
estuviese en compaûia de un hijo suyo ùnico , poco mas ô ménos
de mi edad. Consintiô en ello Ludnda con mucho gusto ; y en-
UBRO QUINTO. 285
tÔDOes faë el tiempo en quecomenzë â ocuparme en algunacosa
seria. £1 tal caballerito estaba tan adelantado como yo , y fiiera
de eso no parecia haber nacido para las ciencias. Apénas conocia
ana letra del abecedario^ sin embargo qne habia quince meses
que tenia para esto un preceptor. Los demas maestros sacaban
el mismo fruto de sus lecciones ; de modo que à todos les tenia
apurada la paciencia. Es Tcrdad que â ninguno le era Ucito cas->
tigarle , antes bien A todos les estaba mandado expresamente le
ensefiasen sin mortificarle : ôrden que , unida à la mala disposi-
cion del seAorito para el estudio , hacia inùtil la enseilanza que
se le daba.
Pero al maestro de leer le ocurriô un bello medio para meter
miedo al discipulo sin contravenir à la ôrden de su padre. Este
medio fué azotarme à mi siempre que aquel lo merecia. No me
gusto el tal arbitrio, y asi me escape, y fui é quejarme à mi ma-
dré de una cosa tan injusta ; pero ella , aunque me queria mucho ,
tuTO ralor para resistir â mis Ugrimas; y considerando lo déco-
roso y Tentajoso que era para su hijo el estar en casa de un mar-
ques, me Tolyiô à ella inmediatamente; y hèteme aqui otra vez
en poder del preceptor. Como este habia observado que su in-
▼encion habia producido buen efecto , prosiguiô azotândome en
lugar de hacerlo al seâorito ; y para qiie el castigo hiciese mas
impresion en ël, me sacudia de firme; de modo que estaba se-
guro de pagar diariamente por el jôven Leganes , pudiendo yo
decir con toda verdad que ninguna letra del aliabeto aprendiô
el hijo del marques que no me costase à mi cien azotes. Echen
ustedes la cuenta del numéro é que ascenderian estos.
No eran solamente los azotes lo que tenia que aguantar en
aquella casa. Como toda la gente de ella me conocia , los criados
inferiores , hasta los mismos marmitones , me echaban en cara â
cada paso mi nacimiento. Esto llegô à aburrirme tanto , que un
dia hui, despues de haber tenido mafia para robar al preceptor
todo èl dinero que tenia, el cual podia ser como nnos ciento y
cincuenta ducados. Tal fué la yenganza que tome de las injustas y
crueles zurras con que su merced me habia favorecido, y creo
que no podia tomar otra que le fnera mas sensible. Este juego de
manosle supe hacercon tanto primor y sutileza, que aunque fiié
mi primer ensayo , dejé burladas cuantas pesquisas se hiciëron
dos dias para saber quien habia sido el raterillo. Sali de Madrid
y Ileguè à Toledo , sin que ninguno fuese en mi seguimiento.
Entraba entônces en mis quince aflos. ;Gran gusto es hallarse
un hombre en aquella edad con dinero, sin sujecion à nadie, y
duefio de si mismo ! Hice presto conocimiento con dos mozuelos
que me hiciéron listo , y ayudéron à comer mis cien ducados. Jun-
tëme tambien con cîertos caballeros de la garra , los cuales culti-
vàron tan felizmeote mis buenas disposiciopes naturales , que en
236 GIL BLAS.
poco tiempo Uegnë à ser uno de los mas ricos caballeros de sv
orden.
Al cabo de cinco aftos se me pnso en la cabeza el viajar y ver
tierras.Dejé é mis cofrades, y qneriendo dar principioà mîsca-
ravanas por Extremadura, me dirigi  Alcantara; pero antes de
entrar en el pueblo halle una bellisima ocasion de ejercitar mis
talentos , y no la dejé escapar. Cômo caminaba â piè , y cargado
con mi mochila , que no pesaba poco , me scaitaba à ratos à des-
cansar à la sombra de los àrboles que estaban à orillas del ca-
mino, Una de estas reces me encontre cou dos mozos, àmbos
hijos de gente de forma , los cuales estaban en alegre conyersa-
cion al fresco en un yerde prado. Saludélos con mucha cortesia,
lo que me pareciô no baberles desagradado , y con esto entablà-
mos luego conversacion. £1 de mas edad no llegaba é quince
afios , y ambos eran muy sencillos. SeAor caminante , me dijo el
mas jôyen , nosotros somos hijos de dos ricos ciudadanos de Pla-
sencia : nos cntrô un gran deseo de ver el reino de Portugal » y para
conteiitarlo cada uno hurtô cien doblones é su padre. Caminamos
é pié para que nos dure mas el dinero , y podamos asi ver mas
provincias. iQuè le parece à vmd? Si yo tuviera tanta plata, les
respond! , Dios sabe à donde iria à dar conmigo. Recorreria con
ël las cuatro partes del mundo. ; A donde vamos & parar ! ; dos-
cientos doblones! £s una suma de que nunca se vera el fin. Silo
teneis à bien , hijos mios , aûadi , yo os acompaûarë hasta la villa
de Almoharin, é donde voy à recibir la herencia de un tio mio
que muriô despues de haber vivido alli el espacio de veinte aAos.
Respondiéronme los dos mozos que tendrian el mayor gusto en
ir en mi compaAia. Con esto , despues de haber descansado un
poco todos très , marchàmos juntos à Alcantara, donde entrâmos
mucho antes de anochecer.
Alojàmonos todos en un meson , pedimos un cuarto , y nos dié-
ron uno donde habia un armario que se cerraba con Have. Diji-
mos que se nos dispusiese de cenar, y mièntras propuse à mis
compafieritos si gustaban que saliésemos à dar una vuelta por el
pueblo. Agradôles mucho la proposicion; guardàmos nuestros
hatillos en el armario, cerràmoslos, y uno de los dos jôvenes
guardo la Have en la faltriquera. Salimos del meson , fuimos à ver
algunas iglesias , y estando en la principal » fiugi de pronto que
me habia ocurrido un ncgocio de importancia , y asi dije : Queri-
dos , ahora me acuerdo de que un amigo de Toledo me encargô
dijese de su parte dos palabras à un mercader que vive cerca de
esta iglesia : esperadme aqui, que voy y vuelvo en un momento.
Diciendo esto me aparté de ellos. Yuelvo à la posada , voimc de-
rccho al armario , quebranto lacerradura , registro sus mochilas ,
y encuentro sus doblones. {Pobres nifios! Robéselos todos, sin
dejarles siquiera uno para pagar el piso de la posada. Hedio esta
LIBRO QUINTO. 237
sali prontamente del pueblo, y tome el camino de Mérida, sin
darme caidado de lo qae dirian ni harian las inocentes criaturas.
Pttsome este lanoe en estado de poder caminar con mas como-
didad. Âunque tenia pocos aftos me sentia capaz de portarmecon
juicio, y puedo decir que estaba suficientemente adelantado para
aquella edad. Determine comprar una mula ; como lo bice efecti-
vamente en el primer lugar donde la encontre. Converti la mo-
chila en una maJeta, y empezé à hacerme algo mas el hombre de
importancia. A la tercera Jornada encontre en el camino à un
hombre que iba cantando yisperas à grandes yoces. Desde luego
conoci que era algun sochantre. Animo , le dtje , seûor bachiller ,
y vaya ymd. adelante , que lo canta de pasmo. Caballero , me res-
pondio , soy cantor de una iglesia, y quiero ejercitar la voz.
De esta manera entràmos en conversaeion , y no tardé en cono-
cer que me haUaba con un hombre mny divertido y agudo. Ten-
dria como de yeinte y cuatro à yeinte y cinco aûos , y como él iba
â piè y yo à caballo , de propôsito refirenaba la mula para ir à su
paso por el gusto de oirle. Hablàmos entre otras cosas de Toledo.
TeDgo bien conocida aquella ciudad » me dijo el cantor : he estado
eu ella muchos aûos , y tengo alli algunos amigos. 4 Y en que calle
vivia ymd.?le interrumpi. En la calle Nueya, respondiô, donde
vivia con don Vicente de Buenagarra y don Matias del Cordel,
otros dos 6 très honrados caballeros. Uabitabamos y comiamos
juntos, y lo pasabamos alegremente. Sorprendime al oirle estas
palabras, porque los sugetos quecitaba eran los mismos caballe-
ros de la garra que en Toledo me habian recibido en su nobilisimo
ôrdeo. Seftor cantor , exclamé entônces , esos ilustrisimos se&ores
son muy conocidos mios , porque yivimos juntos en la misma
calle Nueya« Ya os entiendo , me respondiô S(Miriéndose ; eso es
(iecir que entràsteis en la ôrden très aûos despues que yo sali
de ella. Dejë la compafiia de aquellos caballeros , prosegui, por-
que se me puso en la cabeza el viajar y yer mundo. Pienso an-
dar toda Espafia, y sîn duda yaldré mas cuando tenga mas
oxp^iencia. ; Acertado pensamiento! dijo el cantor : para perfec-
cionar el ingenio y los talentos no hay mejor escuela que la de
▼iqar. Por hi misma razon dejé yo k Toledo , aunque nada me
i^ltaba en aquella ciudad. Gracias à Dios que me ha dado à cono-
<^r à un caballero de mi ôrden cuando ménos lo pensaba. Una-
nH>no8 los dos ,. caminemos juntos , hagamos una liga ofensiva y
defensiva contra el bolsillo del prôjimo, y aprovechemos todas
^ ocasiones que se ofrezcan de mostrar nuestra habilidad.
Dijome esto con tanta firanqueza y gracia, que desde luego
^cpté la proposicion. En el mismo punto grangeô toda mi con-
fenza y yo la suya. Abrimonos reciprocamente el pecho , con-
^mesu historia, y yo le dije mis aventuras. Confiôme que yenia
^^ Portalegre , de donde le habia hecho salir cierto lance malo •
238 GIL BLAS.
grado por an oontratiempo , obligéndole é ponerse en salvo pre-
cipitadamente bajo el traje de sopista en que le vela. Luego que
me infonnô de todos sus asuntos , determinémos dirigimos à M é-
rida à (irobar fortuna , y yer si podiamos dar alli ongolpe maes-
tro , y despues marchar é otra parte. Desde aqnel instante se hi-
ciéron comunes nuestros bienes. Es yerdad que Morales , asi se
Ilamaba mi nuevo compaftero » no se ballaba en may brillante
situacion. Todo su haber consistia en cinco 6 seîs ducados , j en
alguna ropa que llevaba en la mochila ; pero si yo estaba macbo
mejor que éi en dînero , en récompensa él estaba macho mas
adelantado que yo en el arte de engaftar A los hombres. Monta-
bamos los dos alternatiyamente en la mula, y de esta manora lie-
gàmos en fin é Mërida.
Apeémonos en un meson del arrabal : Morales se puso otro
yestido que sacô de su mochila , y fiiimos a andar por la dudad
para descubrir terreno, y yer si se nos presentaba algan buen
lance. Considerabamos muy atentamente cuantos objetos se ofre-
cian à nuestra vista. Nos pareciamos , como hubiera dicho Ho-
mero, é dos milanos , que desde lo mas alto de las nubes tienen
fijos los ojos en la tierra , asechando todos los rincones por ver
si atisban algunos poUuelos para lanzarse sobre elles. Estabamos
en fin esperando à que la casualidad nos trajese é la m^o alguna
ocasion de ejercitar nuestra habilidad , cuando yimos en la calle
un caballero bastante canoso , el cual , firme con la espada en la
mano, se defendia contra très que le Ueyaban à mal traer. Cho-
corne infinite la desigualdad del combate ; y como soy natural-
mente espadachin acodi corriende con mi espada à ponerme al
lado del caballero, cuyo ejemplo imité Morales, y en brève
tiempo pasimos en vergonzosa ftiga à los très enemigos que tan
villanamente le habian acometido.
Diônos el anciano an millon de gracias. Respondimosle cor-
tesmente que habiamos celebrado en extreme la dichosa casuali-
dad que tan oportunamente nos habia propercionado aquella
ocasion de servirle , y le suplicàmos nos confiase el motive que
habian tenide aquelles hombres para querer asesinarle.Seâores,
nos respondiô, estey muy agradecido à vucstrageneresaaocion,
y no puedo negarmeà satisfiacer vuestra curiesidad. Yo mellamo
Gerônime Miajadas ; soy vedne de esta ciudad , donde vive de
mi hacienda. Une de los très asesinos , de que ustedes me han
librade , esté enamorado demi hija, y me la pidiô per medio de
être sugete , y perque ne le di mi censentimiento , vino à ven-
garsede mi con espada en mano. ^ Y se podré saber , le répliqué
yo, per quérazen negô vmd. suhija al ta! caballero? Vôisela â
decir é vmd., me respendiô. Tenia yo un hermano comerciante
en esta ciudad , llamade Agustin , que hace des meses estaba en
Calatrava alojado en casa de Juan Vêlez de la Membrilla , su cor-
LIBRO QUINTO. 239
responsal. Eran los dos intimos amigos; pidiôle Juan Yelez mi
imica hija Florentina para su hijo , con el fin de estrechar mas y
mas la union éintereses de las dos familias. Prometiôsela mi her-
mano, no dudando, por el cariâo que nos teniamos los dos, que
JO ratificaria su promesa. Asi lo hice , porque apënas volviô
Agusûn à Mérida, y me propnso esta boda, cuando consenti en
ella por darle gusto , y no desairar su palabra. Enviô el retrato
de Florentina é Calatraya ; pero el pobre no pudo ver el fin de su
uegociacîon porque se le llevô Dios très semanas ha. Poco Antes
de morir me pidiô encarecidamente que no casase à mi hija con
otro que con el hijo de su corresponsal. Ofreciselo asi , y este
es el motivo porque se la negué al caballero que acaba de aco-
meterme, aunque era un partido muy ventajoso para mi casa. Yo
soy esdayo de mi palabra : por instantes estoy esperando al hijo
de Juan Vêlez de la M embrilla para que sea yerno mio , aunque
jamas le he visto à él ni à su padre. Perdonen ustedes si les he
cansado con relacion tan prolija , lo que no hubiera hecho à no
haber querido ustedes mismos saberla.
Ëscuchéle con la mayor atencion , y adoptando el extrafio pen-
samiento que de repente me ocurriô , aiectè quedar del todo
asombrado. Alzé los ojos al cielo , y yoWiendome hàcia el buen
viejo , le dije en tono patético : i Es posible , seûor Gerônimo
MiajadaSy qae al momento de entrar yo en Mérida haya tenido
la fortuna de salvar la vida à mi venerado suegro 1 Estas pala-
bras causâron en el viejo grande admiracion , y no fué menor
la que produjèron en Morales, el cual, en el modo de mirarme,
ne di6 à entender que yo le parecia un gran tunante. i Que es
lo que me dices? respondiô lleno de gozo el aturdido yiejo.
;Es posible que tu seas el hijo del corresponsal de mi hermano?
Si , sefior , le respond! con desembarazo , y abrazàndole estre-
chamente prosegui diciëndole: Si, seftor, yo soy eldichoso mortal
para quîen esta destinada la amable Florentina ; pero antes de
manifestaros el gozo que me causa la honra de enlazarme con
Tnestra ilustre fomilia , dadme licencia para que desahogue el
sentimiento que renueya en mi la duke memoria del sefior
Agustin yaestro hermano : séria yo el hombre mas ingrato del
mundo si no Uorase amargamente la muerte de aquel à quien
siempre me confesaré deudor de la mayor felicidad de mi yida.
Dicho esto yolyi à dar un abrazo al buen Gerônimo, saqué el
paftuelo , é hice como que me enjugaba las làgrimas. Morales ,
qae desde luego conociô lo mucho que nos podia yaler aquel
enibuste, quiso tambien ayudarme por su parte. Fingiôse criado
Biio, y comenzô à dar muestras de mayor sentimiento que el
que yo habia mostrado por la muerte del sefior Agustin , diciendo
inny lastimado : ] Ah, sefior Gerônimo ! iy que pèrdida ha hecho
vmd. perdiendo à su querido hermano ! Era un hombre muy de
240 GIL BLAS.
bien, el fénîx de los comerciantes , un mercader desinteresado ,
un mercader de buena fe , un mercader de aquellos que no se
ven hoy.
Tratàbamos con un hombre tan sencillo como crèdalo , que ,
léjos de sospechar le engaftabamos , él mismo nos ayudaba à
Ilevar adelante nuestro enredo. Y bien , me preguntô , ij por-
quë no viniste derechamente à apearte à mi casa? ^Â que fin
irte é meter en un meson? Entre nosotros ya estân de mas los
cumplimientos. SeAor , respondiô Bloralcs , tomando la palabra
por mi, mi amo es algo ceremonioso; liene este defccto, y me
disculparé que yo se lo afée : fuera de que en cierta manera es
disculpable en no haberse atrevido à presentarse en vuestra casa
en el trage en que le yeis. Nos ban robado en el camino , y los
ladrones nos dejàron despojados de toda la ropa. Dice la ver-
dad este mozo, sefior de Miajadas , le interrumpi yo : ese es el
motiyo porque no me fui en dercchura à vuestra casa. Tenia
yergiienza de presentarme en tan pobre equipage ante una sefîo-
rita à quien jamas habia yisto , y para hacerlo con la decencia
que era razon, estaba esperando la yuelta de un criado que
he despachado à Calatraya. No admito la excusa, repuso el
yiejo : ese accidente no debiô detenerte para servirte de mi
casa ; y desde aqui mismo quiero que vayas à ser dueûo de
ella.
Dicicndo esto, él mismo me cogiô de la mano para guiarme ,
y por el camino fuimos hablando del robo, y dije que todo ello
me importaba un bledo , y que solo habia sentido me quitasen
el retrato de mi amada sefiorita Florentina. Respondiome el
seftor Ger6nimo, sonriéndose, que presto me consolaria de esta
pérdida, porque el original valia mas que la copia. Con efecto ,
luego que llegàmos à su casa hizo llamar à la hija, que solo con-
taba diez y seis aâos , y podia pasar por una persona perfecta.
Aqui teneis, me dijo, à la persona que os pronletiô su tic mi
diÀmto hermano. ; Ah, sefior ! exclamé yo entônces en aire de
apasionado , no hay necesidad de decirme que es la amable
se&orita Florentina. Sus hechiceras facciones estin grabadas en
mi mcmoria , y mucho mas en mi amante corazon. Si el retrato
que perdi , y era solo un bosquejo de sus mas que humanas
perfecciones , supo encender mil hogueras en mi enamorado
pecho, figuraos lo que ahora pasarà dentro de mi , teniendo à
la yista el original. SeAor , me dijo Florentina , son demasiado
lisonjeras vuestras exprcsiones, y no soy tan yana que créa me-
recerlas. No hagas caso de lo que dice mi hija, me interrumpio
su padre, y ye adelante con esos bellos cumplimientos. Diciendo
esto me dejô solo con su hija, y asiendo de la mano à Morales
se fué à otrocuarto conél, y le dijo : ^Conque al fin os robàron
toda yuestra ropa , y con ella es cosa muy natural que tambien
LIBRO QUINTO. 241
se neyasen todo yuestro dinero, que es^ por donde Biempre em-
piezan ? Si, neuov^ respondiô mi camarada : asaitônos una cna-
drilla de bandoleros junto é Castilblanco, y no nos dej6 mas que
el yestido que traemos à cuestas ; pero estâmes esperando por
momentos letras de cambio para equipamos con la decencia que
es razon.
Entre tanto que yienen esas letras, replicô el anciano sacando
an bolsillo y alargéndoselo, ahi yan esos cien doblones, de que
podréis disponer. { Jesus, seftor ! replicô Morales ; perdôneme
sa mercedy que yo no lo puedo rccibir, porque estoy cierto que
me regaflarà mi amo , y quizà me despedirà. \ Santo Dios ! to*
dayia no le conoce ymd. bien. Es delicadisimo en esta materia.
Nanca faé de aquellos hijos de familia que estàn prontos à tomar
de todas manos ; no le gusta à pesar de sas pocos afios contraer
deudas» y antes pedirâ limosna que tomar prestado ni un solo
marayedi. Tanto mejor » dijo el buen hombre , ahora le estimo
macho mas. Yo no puedo Ueyar con pacienda que los hijos de
gente honrada contraigan deudas ; eso se deja para los caba--
UeroSy los cuales estén ya en antigua posesion de contraerlas.
Por tanto yo no qaiero estrechar à tu amo, y si le desazona el
que le ofrezcan dinero, no se hable mas en el asunto. Diciendo
esto quiso yolyer i meter en la foltriquera el bolsillo ; pero de-
tenièndole el brazo mi compaflero, le dijo : Tenga ymd., sefior,
que ahora mismo me ocurre un pensamiento. £s cierto que mi
amo tiene una grandisima repugnancia à tomar dinero ageno ;
pero no descpnfio de hacerle admitir yuestros cien doblones :
todo qaiere mafia. Una cosa es pedir dinero prestado à los ex-
irafk>s, y otra es recibirle cuando yoluntariamente se lo ofirece
ano de la familia ; y sabe may bien pedir dinero à su padre
coando lo ha mraester. Es un mozo que, como ymd. ye, sabe
distinguir de personas , y hoy considéra à su merced como à
segondo padre.
Coo esta y otras semejantes razones se diô por conyencido
el baen yiejo : alargô el bobillo à Morales , y yolyiô à donde
estabamos su hija y yo haciéndonos çumplimientos , con lo que
interrumpiô nuestra conyersacion. Informo & su hija de lo may
obligado que me estaba ; y sobre esto se desahogô en expre-
siones que me hici^ron no dudar de su gran reconocimiento. No
malogré tan fayorable ocasion , y le dije que la mayor prueba
de agradecimiento que podia darme era el acelerar mi union
con su hija. Rmdiôse con el mayor agrado & mi impacienda,
y me empeftô su palabra de que à mas tardar dentro de très
dias séria esposo de Florentina; y aun afiadiô que , en lugar de
los seis mil ducados que habia ofrecido por su dote , daria diez
mil p»a manifesuirme lo agradecido que estaba al seryicîè que
yo le habia hedio.
16
243 GILBLAS.
Estabemos Morales y yo bien regahdos ea easa dd baen
Gerônimo de Miajadas, viyiendo alegrteimos con b prôxiina
esperanza de embobarnos no ménoa qoe diez mU docados , y
con inimo resueho de retirarnos prontamente de Mèrida con
ellos. Torbaba sin embargo algun tanto esta alegria el rezdo de
que dentro de aqaeDos très dias podia parecer el verdadero
hijo de Joan Velez de la MembriDa^ y dar en tierra con nuestra
aofiada felicidad. El resoltado acreditô qne no era mal fdndado
nuestro temor.
Llegô al dia siguiente à casa del padre de Florentina una e»-
pecie de aldeano , que traia una maleta : no me hallaba yo en
casa à la sazon, pero estaba en ella Morales. Sefior^ dijo el hombre
al bnen yiejo, soy criado del caballero de Calatraya que ha de ser
Yuestro yerno; quiero decir, del seftor Pedro de la Membrilla;
acabamos ahora de llegar los dos , y él estarà aqui dentro de
un momento ; yo me he adelantado para ayisàrselo à su merced.
Apénas acabô de dedr esto , cuando llegô su amo » lo que sor-
prendiô mucho al Tiejo, y turbô algo à Marales.
Este seftor noYio , que era un mozo airoso y de los mas bien
formados , dirîgiô la palabra al padre de Florentina; pero el
buen sefior no le dejô acabar su salutacion » entes Yolviéndose
à mi compafiero, le dijo : Y bien, ;qné quiere dedr esto? En-
tônces Morales , à quien ninguna persona del mundo aventajaba
en descaro , tomando un aire desembarazado , respondià pron-
tamente al yiejo : Seftor, esto quiere decir queesos dos hombres
son de la cuadrîUa de los ladrones que nos robiron en el ca-
mino real. Conôzcolos à entrambos bien , pero particularmente
al que tiene atrevimiento para fingirse hijo del seftor Juan Velez
deb Membrilla.El yiejo creyô sin dudar à Morales, y persuadido
de que los dos forasteros eran unos bribones, les dijo : Sefiores,
ustedes ya llegan muy tarde, porque hay quien se ha anticipado;
el seftor Pedro de la Membrilla esta hospedado en mi casa desde
ayer. Mire ymd. lo que dice , le replicô el mozo de Gabtraya ,
sepa que le engaftan y que tiene en su casa A un impostor. Mi
padre el seftor Juan Velez de la Membrilla no tiene mas hijo
que yo. À otro perro con ese hueso , respondiô el yiejo; yo se
muy bien quien ères tù. ^No conooes à este mozo, seftalando à
Morales, A cuyo amo roUste en el camino de Calatraya? jComo
robar ! repuso Pedro : à no estar en yuestra casa le cortaria las
orejas à ese desyergonzado que tiene la însolencia de tratarme
de ladron. Agradezca à ynestra presencia, cuyo respeto reprime
mi justa ira. Seftor, continué él, yuelyo à deciros que os engaftan :
yo soy el mozo à quien el seftor Agustin su hermano prometiô h
hija de ymd. i Quiere que le ensefte todas las cartas que 61 escribiô
à mi padre cuando se trataba este matrimonio? ^Créera ymd. al
retrato de Florentina que me enyiô él poco antes de su muerte.
LIBRO QUINTO. i43
No , replicô el yiejo , el retr^to no me bare mas fiierea que
las cartas ; estoy bien enterado del modo con que cayô en tus
manos ; y el consejo mas caritativo qoe te pueido dar es que
cuanco intes saigas de Mérida para librarte del castigo que me-
receo tos semejantes. Eso ya es demasiado» interrumpiô el ultra-
jado mozo : no aguantaré jamas que me roben impunemente mi
nombre, ni mudio ménos que me bagan pasar per salteador de
caminos. Gonozco i varies sugetos de esta ciudad ; yoy à bus-
carlos 9 y yolveré con ellos à confundir la impostura que tan
P'eocapado os tiene contra ml. Bicbo este se retiré con su criado,
; Mondes quedô triun&nte. Esta misma aventura impeliô i Ge-
rônimo de Miajadas à determinar que se efectuase la boda con
la mayor brevedad, à cuyo fin saliè â hacer las diligencias.
Aunqae mi compaûero estaba muy alegre yiendo al padre de
Florentina tan favorable k nuestro intente , con todo no las te-
nia todas oonsigo. Temia las consecuencias de les pasos que
jozgaba , con razon , no dejaria el seftor Pedro de dar , y me es-
peraba con impaciencia para informarme de todo lo que pasaba.
Encontréle sumamente pensativo, y le dije: ^Qué tienes, amigo?
parëceme que tu imaginacion esté ocupada en grandes cosas. Y
como que lo esta , me respondiô , y al mismo tiempo me refirio
U>do le que habia pasado , afiadiendo al fin : Mira abora si tenia
fimdamento para estar pensativo. Tu temeridad nos ha metido
en estes atolladeros. No puedo negar que la empresa era fame-
. sa , y te bubiera cohnado de gloria como saliera bien ; pero segun
todas las seâales tendra mal fiii ; y soy de parecer que antes que
se descubra el enredo pongamos les pies en polvorosa , conten-
tindonos con la pluma que bemos arrancado de la ala de este
buen pave.
Sefior Morales , le répliqué , no hay que apresuramos : vmd.
cede C&cilmente i las dificultades , y bace muy poco honor à don
Matias del Gordel , y àlos demas caballeros de laôrden con quie-
^ ba vivido en Toledo. Quien aprendiô en la escuela de. tan
insignes maestros no debe entrar en cuidado con tanta facilidad.
Yo , que quiero seguir las buellas de estes béroes , y acreditar
que soy digne discipulo de su escuelà , bago frente à ese obstâ-
calo que tanto te espanta , y me oblige à desvanecerle. Si lo con-
signes, repuso mi camarada, desde luego declararè que superas
i todos los varenes ilustres de Plutarco.
Al acabar de bablar Morales, entrô Gerénimo de Miajadas ,
y nie d\jo: Acabo de disponerlo todo para tu boda: esta noçhe
seras ya yemo mio. Tu criado te habrà contado lo sucedido : ^què
me dices de la infamia de aquel bribon que me queria embocar
<pie era hijo del corresppnsal de mi hermano? Estaba Morales
<^<iadeso de saber como saldria yo de este aprieto : y no qUedô
poco sorprendido de oirme, cuando, mirando tristemente é Mia-
244 GIL BLAS.
jadas , le respondi con la mayor sinceridad : Seftor , de mi de-
penderia manteneros en yaestro error, y aproyecharme de él;
pero conozco qae no he nacido para sostener una mentira , 7
asi quiero hablaros con toda yerdad. Confieso que no soy bijo
de Juan Yelez de la Membrflla. [ Que es lo que oigo ! interrum-
pi6 precipitadamente el yiejo entre colérico y sorprendîdo. ^Pues
que, no sois y os el mozo A quien mi hermano... Sosiéguese ymd.,
sefior ', le interrumpl yo tambien : y ya que empezë una narra-
cion fiel y sincera , siryase oirme con paciencia hasta conclnîrla.
Ocho dias ha que amo ciegamente à yuestra hija, y su amor es
el que me ha detenido en Mérida. Ayer , despnes que acudi à
yuestra defensa , pensaba pedirosla por esposa ; pero me tapés-
teis la boca con decirmé que estaba ya prometida à otro. Al mis-
mo tiempo me dijisteis que al morir yuestro hermano os habia
encargado eficazmente que la casaseis con Pedro de la Membri-
lia ; que asi se lo ofrecisteis , y que en fin érais esclayo de yues-
tra palabra. Consiernado de oiros , y reducido mi amor é la des-
esperacion , me inspiré la estratagema de que me he yalido. Os
dire sin embargo que mil yeces me he aycrgonzado en mi
interior de esta cautela ; pero me persuadi de que yos mismo me
la perdonariais , luego que llegaseis i saber que soy un principe
italiano que yiajo incoamto. Mi padre es soberano de ciertos ya~
Hes que estân entre los Suizos , el Milanes y la Saboya. Y aun
me imaginaba que os sorprenderia agradablemente cuando os
reyelase mi nacimiento : y desde entônces me recreaba en pensar
el gozo que causaria à Florentina el saber , despues de haberme
desposado con ella , el fino y discreto chasco que le habia dado.
El cielo no quiere , prosegui mudando de tono , que yo tenga
lanto placer. Pareciô el yerdadero Pedro de la Membrilla: debo
réstituirle su nombre , cnèsteme lo que me oostare. Yuestra pro-
mesa os obliga é recibirle por yerno. Lo siento sin poder que-
jarme: pues debeis preferirle à mi , sin reparar en mi alta clase,
ni en la cruel situacion-à que vais à reducirme. No quiero
representaros que yuestro hermano no era mas que tio de Flo-
fentina, y que yos sois su padre: que pareœ mas puesto en
razon corresponder à la obligacion que me teneis , que hacer
punto en cumplir oira , la cual à la yerdad os liga muy leyemente.
iQnè duda tiene eso? exclamé el buen Gerénimo de Miajadas.
Es una cosa muy clara ; y asi estoy muy léjos de yacilar entre
yos y Pedro de la Membrilla. Si yiyiera mi hermano Agustin, él
mismo desaprobaria que prefiriese el tal Pedro i un hombre que
mesalyé la yida , y que ademas de eso es un principe que quiere
honrar mi familia con tan no merecida como nunca imaginada
alianza. Séria predso que yo fuese enemigo de mi fortuna ,
é hubiese perdido el juicio , para que os negase mi hija , y no
solicitase todoi lo posible la mas pronta ejecucion de este matri-
LIBRO QUINTO. 245
monio. Con todo eso , seAor , répliqué yo ^ no qutsiera que rmd.
partiese con precipitacion : no haga nada sin deliberarlo con ma-
durez: atienda solo à sus intereses; y sin respeto é la nobleza
de mi sangre... Os burlais de mi, interrumpiô Miajadas. ^Debo
yacilar an momento? No, principe mi<^ , y os ruego que desde
esta misma noche os digneis honrar con vuestra mano é la di-
chosa Florentina. En hora buena » le respondi. Id vos mismo à
darle esta noticia , y à informaria de su yenturosa suerte.
Miéntras el buen hombre iba à dar parte é su hija de la con-
quista que habia hecho su hermosura , no ménos que de un gran
principe , Morales , que habia estado oyendo toda la conversa-
don , se arrodillô de repente delante de mi , y me dijo : Seûor
principe italiano , hijo del soberano de los yalles que estàn en-
tr^ los Suizos , el Milanes y la Saboya, permitame V. A. me ar-
roje é sus pies para darle prueba de mi alegria y de mi pasmosa
admiracion. Afbie bribon que ères un prodigio. Teniame yo
por el mayor hombre del mundo ; pero, hablando francamente,
anio bandera i yista de tu pabellon , sin embargo de que tienes
ménos experiencia que yo. Seguneso» le respondi, ^yanotiénes
miedo? Cierto que no , replicô él. No temo ya al seûor Pedro:
que yenga ahora su merced cuando quisiere. Y hétenos aqui à
Morales y i mi mas firmes en nuestros estribos, Gomenzâmos à
discorrir sobre el camino que habiamos de tomar asi que reci-
biesemos la dote , con la cual contabamos con mas seguridad que
si la tuyieramos ya en el bolsillo. Sin embargo todayia no ]a
habiamos pOlado , y el fin de la ayentura no correspondiô muy
bien à nuestra confianza.
Poco tiempo despues yimos yenir al mocito de Calatraya. Acom-<
paâébanle dos yccinos y un alguacil tan respetable por sus bi-
gotes y por su tez amulatada como por su empleo. Estaba con
uosotros el padre de Florentina. Seûor Miajadas , le dijo el tal
mozo, aqui os traigo à estos très hombres de bien que me co-
nocen , y pueden decir quien soy. Si por cierto, dijo el alguacil ,
y declaro ante quien conyenga como yo te conozco muy bien ,
te llamas Pedro , y ères hijo ùnico de Juan Yelez de la Membrilla.
Cualquiera que se atreya à decir lo contrario es un solemnisimo
embastero. Seftor alguacil, dijo entônces el buen Gerônimo Mia-
jadas, yo le creo à ymd.: para ml es tan sagrado yuestro testi-
monio como el de los seAores mercaderes que yienen en yuestra
compaflia. Estoy del todo conyencido de que este caballerito que
los ha conducido à mi casa es hijo ùnico del corresponsal de mi
difunto hermano. ^Pero que me importa? He mudado de dicti-
men, y ya no pienso darlc mi hija.
Ohl eso es otra cosa, dijo el alguacil: yo solo he yenido à
yuestra casa para aseguraros que conocia à este hombre ; por lo
que toca à yuestra hija , vos sois su padrc , y ninguno os puede
346 GIL BLAS.
obligar k casaria contra yaestra Tolantad. Tampoco prétende yo,
interrompiô Pedro » forzar la voluntad del sefior Miajadas, que
paede disponer de go hija como tenga por coDTeniente ; pero de-
searia saber por que razon ha yariado de parecer: ^tiene algun
motiyo para quejarse de mi? | Ah I ya que pierdo la dulce espe-
ranza de ser sq yemo , quisiera tener el consuelo de saber que
no la perdi por culpa mia. No tengo la menor queja de tos, res-
pondi el yiejo , antes bien qs confesaré que siento yenne obli-
gado à faltar à mi palabra , y os pido mil perdones. Vos sois tan
generoso que me persuado no IIeyar6i8 é mal que yo haya pre-
ferido é yos un pretendiente A quien debo la yida. Este es el ca-
ballero que yeis aqut: este seflor , prosiguiô sefiaMndome, es d
que me salyô de un gran peligro , y para mayor disculpa mia ,
debo aftadir que es un prfaicipe italiano , que , à pesar de la desi-
gualdad de nuestra dase , se digna enlazar con Florentba , de la
cual esta enamorado.
Al oir esto Pedro se quedô mudo y confuso , y los dos mer^
caderes abriendo tanto ojo quediron como absortos; pero el al-
gnacil y como acostumbrado A mirar las cosas por el mal lado ,
sospechô que detras de aquella extraordinaria ayentura se ocul-
taba algun enredo que le podia yaler algunos cuartos. Empezà à
mirarme con la mas escrupulosa atencion , y como mb fiBicciones ,
que nunca habia yisto , ayudaban poco à su buena yoluntad , se
yolyid à examinar à mi camarada con igual curiosidad. Por des-
gracia demi altezayConociôàMorales^y acordéndose dehaberle
yisto en la cércel de Ciudad Real : i Ah 1 j ah ! exclamô sin poderse
contener ; he aqui uno de nuestros parroquianos. He acuerdo
de este cabaDero , y os le doy por uno de los mayores bribo-
nés que calienta el sol de Espafta en todos sus reinos y sefiorios.
Poco é poco , sefior alguadl, dijo Gerônimo Hiajadas ; que ese
pobre mozo de quien haceis tan mal retrato es un criado del se-
ûox principe. Sea en buen hora, respondiô: eso me basta para
saber lo que debo créer ; por el criado saco yo lo que sera el amo.
No me queda la menor duda de que estos dos sefiores son dos
picaros de marca , que se han unido para burlarse de yos. Soy
muy pràctico en conocer esta casta de pàjaros ; y para haceros
yer que son dos lindas ganzùas ^ en este mismo punto yoy à Ile-
yarlos à la cércel. Quiero que se aboquen cou el sefior corregi-
dor , para que tengan con él una conyersacion reseryada, y sepan
de la boca de su sefioria que todayia se usan por acé penques y
rebenques. AJto ahi, sefior ministro , replicô el yiejo: no hay que
Ueyar tan adelante el negocio. Los del hébito de ymd. no tieneB
reparo en mortificar à una persona honrada. ; No podrà ser este
criado un bribon^ sin que el amo lo sea? i Es por yentura cosa
mieva ver brîbones al servîcio de los principes? Vmd. se chancea
con sus principes , repuso el alguaciLEste mozo , yuelvo & decir,
LIBRO QUINTO. 347
es on tonante ; y asi desde ahora les intimo é los éos que se den
pretot al rey. Si rehusan ir yolantariamente é la càrcety yeinte
hombres tengo à la puerta qoe los Uevaràn por fiierza. Yamos,
principe mio , me dijo en seguida , yamos andando.
Al oir estas palabras qnedè tocto fàera de mi , y lo mismo le
suoediô é Morales » y nuestra turbacion nos faizo sospediosos à
Gerônimo Miajadas, ô , por mejor decir, nos perdiô enteramente
en sa concepto. Bien se persuadiô de que habiamos querido en-
gaftarle , y con todo eso tomô en esta ocasion el partido que
debe tomar nna persona delicada. Sefior ministro, dijo al alguacQ^
yuestras sospechas pueden ser £adsas y tambien verdaderas;
pero , sean lo que foeren , no apnremos mas la materia^ Os su-
plico que no impidais que estos caballeros salgan y se retiren
adonde mejor les pareciere. Es una gracia que os pido para
cnn4>lir con la obligacion que les debo. La mia» interrumpii el
alguadl , séria llevarlos à la circel sin atender à yuestros ruegos ;
sin embargo por respeto yuestro quiero dispensarme ahora del
cumplimiento de mi deber, con la condicion de que en este mismo
momento han de salir de la ciudad ; porqne si maftana losveo
en ella , les aseguro por quien soy que han de ver lo que les pasa.
Cuando Morales y yo oimos decîr que estabamos libres , yol^
yimos àrespirar. Quisimos hablar con resolucion, y sostener
que eramos hombres de honor; pero el alguacfl con una mi-
rada de soslayo nos impuso sflencio. No se porqué esta gente
tiene ascendiente sobre nosotros. Yimonos, pues, precisados à
oeder Florentina y la dote à Pedro de la Membrilla » que y^Or
similmente pasô à ser yemo de Gerônimo de Miajadas.
Retirëme con mi camarada, y tomémos el camino de IVujilIOy
con el consuelo de haber à lo ménos ganado cien doblones en
esta ayentura. Una hora antes de anochecor pasabamos por una
aldea con énimo de ir A hacer noche mas adelante, y yfanos en
ella un meson de bastante buena apariencia para aquel lugar.
Estaban el mesonero y la mesonera sentados à la poerta en un
poyo. El mesonero , hombre alto , seco y ya entrado en dias ,
estaba rascando una guitarra para diyertir à su muger, que
mostraba oirle con gusto. Viendo el mesonero que pasabamos
de largo : Sefiores, nos gritô^ aconsejo à ustedes que hagan
dto en este lugar : hay très léguas mortales i la primera posada,
y creénme que no lo pasarén tan bien como aqui : entren uste*
des en mi casa, que seràn bien tratados, y por poco dinero.
Bejimonos persuadir : acercàmonos mas al mesonero y é la me-
sonera; saludémoslos y y habiéndonos sentado junto é ellos nos
pushnos todos cuatro à hablar de cosas indiférentes. £1 meso-
nero decia que era cuadrillero de la santa Hermandad , y la
inesonera t^a pinta de ser una buena pieza , que sabia yender
bien sus agiqetas.
248 GIL BLAS.
Interrompiô nuettra coQTersadon la llegada de doee 6 qainoe
bombres moDtados, unos en caballos, y otros ,en malafl, se-
guidos de como unes treinta madios de carga. ; Oh caantos
huèspedes! exdamd el mesonero: ^donde podré yo alojar é
tanta gente? En un instante se \iô la aldea Uena de hombres y
de caballerias. Habia por fortuna una espaciosa granja oerca
del meson, en la que se acomodÂron los machos y cargas, y
las mulas y caballos se repartiéron en irarias caballerizas del
meson y del lugar. Los hombres pensàron ménos en donde ha-
bian de dormir que en mandar disponer nna buena cena , la
que se ocupâron en hacer el mesonero , la mesonera y una
crîada , dando fin de todas las aves del corral. Con esto y un
guisado de oonejo y de gato, y una abundante sopa de ooles
hecha con carnero , hubo para toda la comitira.
Morales y yo mirabamos à aqueilos caballeros , los coales
tambien nos miraban à nosotros de cuando en cnando. En fin ,
IrabÂmos conversadon , y les dqimos que si lo tenian à bien
eenariamos en compafiia , y habi^donos respondido que ten-
drian en ello particular gusto» nos sentémos todos juntos é la
mesa* Entre ellos habia uno que parecîa mandaba à los demas ;
y aunque estos le trataban con bastante fiamiliaridad, sin em-
bargo se conocia le miraban con algun respeto. Lo cierto es
que ocupaba siempre el lugar mas distinguido, que hablaba
alto , que algunas yeces contradecia à los otros sin reparo , y
que léjos de hacer lo mismo con él mas bien pareda que todos
adherian à su dictâmen. La conyersacion recayô casualmente so-
bre Andalucia , y como Morales comenzase é alabar mudio é Se-
Tîllay el hombre de quien voy hablando le dîjo : Caballero, ymd.
hace el elogio de la ciudad donde yo nad , é à lo ménos muy
cerca de ella , porque mi madré me diô à luz en el arrabal de
Mairena. En el mismo me pariô la mia , respondiô Morales, y no
es posible que yo deje de conocer à los parientes de ymd. , co-
nociendo desde el alcalde hasta la ultima persona del arrabal.
^Quien fiié su seftor padre? Un honrado escribano , respondiô el
caballero, Uamado Martin Morales. {Martin Morales! exclamé
mi compaAero no mènos alegre que sorprendido : {à fe mia que
la ayentura es bien extrafia! Segun eso sois mi hermano mayor
Manuel Morales. Justamente, respondiô el otro, y por oonsî-
guiente tù ères mi hermanico Luis , à quien dejè en la cuna
cuando sali de la casa paterna. Ese es mi nombre, replicô mi
camarada, y dicho esto se leyantâron los dos de la mesa, y se
diéron mil abrazos. Volyièndose despues el sefior Manuel i todos
los que estabamos présentes , dijo : Seûores , este suceso liene
algo de marayilloso : la casualidad dispone que encuentre y re-
conozca à un hermano , à quien ha por lo mènos mas de yeinte
aàos que no he yisto : dadme licencia para que os le présente.
LEBRO QVINTO. 249
Emôfioes lodos los caballeros , qae por cortesia estaban m pie ,
saludiroa al hermano menor de Morales-y le dièron repetidos
abrazos. Bespues de esto dos yolvimos à la mesa, la qae no de-
jamos en toda la noche. Los dos hermaaos se sentàron uno
junto al otrOy y estuyiéron hablando en toz baja de las oosas
de sa familia, miéntras los demas convtdados bebiamos y nos
alegrabamos.
Tuvo Luis una larga conversacion con su hermano Manuel, y
coocluida, me llamô aparté, y me dijo: Todos estos caballeros
son criados del conde de Montaâos , à quien el rey acaba de
Dombrar \irey de Hallorca. Conducen el equipage de su amo i
Alicante, donde deben embarcarse. Mi hermano , que es el ma-
yordomo de su excelencia , me ha propuesto llevarme consigo ,
y à yista de la repugnancia que le mostrè de dejar tu compaftia,
me dijo que si tu quieres yenir con nosotros te focilitarà un
buen empleo. Caro amigo, continuô él, te aconsejo que no des-
precies este partido : yamos juntos i Mallorca; si alli lo pasamos
bien, nos quedarèmos: y si no nos tuyiere cuenta, nos yolye-
rèmos à EspaAa.
Admit! con gusto la propuesta : incorporàmonos el jôyen Mo-
rales y yo con la familia del conde, y partimos del meson antes
del amanecer del dia siguiente. Pusimonos en camino para Ali-
cante yendo à largas jornadas. Luego que llegàmos comprè una
guitarra, y me mandé hacer un yesddo décente antes de embar-
carme. Ya no pensaba yo sino en la isla de Mallorca , y lo mis-
mo sucedia à mi camarada Morales. Parecia que ambos habiamos
renundado para siempre à la yida l^ibona. Es preciso decir la
yerdad : uno y otro queriamos acreditamos de hombres de bien
entre aquellos caballeros , y este respeto nos contenia. En fin ,
nos embarcàmos alegremente , lisonjeàndonos con la esperanza
de llegar presto à Mallorca : pero no bien habiamos salido del
goifo de Alicante, cuando nos cogiô una furiosa borrasca. {Que
ocasion tan buena era esta para hacer ahora una bella descrip-
don de la tempestad , pintândoos el aire todo inflamado , la yiya
luz de los relàmpagos, el estampido de los truenos, la ràpida
caida de los rayos , el silbido de los yientos , y la hinchazon de las
olas , etc.! Pero dejando à un lado todas las flores retôricas , os
dire sencillamente que foé tan recia la tormenta , que nos obligiV
â ancorar en la pùnta de la Cabrera, que es una isla desierta,.
defendida con un fortin , cuya guarnicion consistia entônces en
cinco ô seis soldados, y un oficial que nos recibiô con mucho
agasajo.
Como nos yeiamos precisados à deteneroos alli muchos dias
para componer nuestro yelàmen, procurémos pasar el tiempo en
diferentes diyersiones para eyitar el fostidio. Siguiendo cada una
$u inclinacion, unos jugaban à los naipes , otros à la pelota, etc.;
2S0 GIL BLAS.
yo me iba à pasear por la tsla con otros coBipafleros amantes
del paseo. Saltabamos de peflaaco en peftasco , porque d terreno
es desigual y tan pedregoso qne apènas s» descobrîa en él un
palmo de tierra. Un dia qae, considerando aqaeUos logares
àridos y Becos , estabamos admirando los caprichos de la nam-
raleza^ que es fecunda ô estérfl donde le da la gana, sentfaoos
todos de repente on olor mijiy grato qae nos dej6 sorprendidos.
Lo quedàmos mncho mas coando , volriéndonos hàda el oriente ,
de donde yenia aquella fragancia» yimos un campo todo cobierto
de madreselya mas hennosa y odorifera qne la de Andalncia.
Acercémonos gustosos à aquellos bellisimos arbustes que per-
fiunaban el aire circunyecino , y hallàmos que cercaban la en-
trada de una cayema muy profunda. Era esta ancha y poco
sombria : bajâmos à eUa por una escalera 6 caracol de picora ,
adomado de flores que primorosamente guamecian sus lados.
Cuando estuyfanos abajo yimos serpentear sobre un suelo de
arena mas roja que el oro yarios arroyuelos formados de las
gotas que destilabim continuamente los peftascos, y se perdian
en la misma arena* Paredonos tan clara y cristalina el agua que
nos diô gana de beberla , y la hallàmos tan fresca y delgada ,
que resolyimos yolyer à este lugar el dia siguiente^ Ileyando
con nosotros algunas botellas de yino , persuadidos de que lo
beberiamos alii con gusto.
Dejâmos con sentimiento un sitio tan deliciosOy y cuando nos
restituimos al fuerte pondérâmes à nuestros camaradas la notida de
tan feliz descubrimi^nto; pero el comandante del fuerte nos dijo que
nos adyertia en amistad que per ningun case yolyiesemos à la cueya
de que tan enamorados babiamos quedado. ^ Y eso porque? le
pregunté yo : ^hay por yentura algo que temer? Y mucho, me
respondiô. Los corsarios de Àrgel y de Tripoli yienen algunas
yeces é esta isia , y faacen aguada en ese parage, y une de estos
dias sorprendiéron en él à dos soldados, y les lleyéron esdayos.
Por mâs seriedad con que nos lo decia el oficial , no le quisi-
mes créer. Parecianos que se zumbaba, y al dia siguiente yolyi
yo à la cayerna con très caballeros de la comitiya, y de intente
no quisimos lleyar armas de fiiego para mostrar que no tenîamos
el mas minime temor. Morales no quîse yenir con nosotros , y
se quedô jugando con su hermano y otros del Castillo.
BajÂmos al bonde de la cueya come el dia anterior, y pusi-
mos à refrescar la botellas de yino en une de los arroyuelos. À
le mejor que estabamos bebiendo, tocande la guitarra, y diyir-
tiéndonos con mucha algazara y alegria, yimos â la beca de la
cayerna muchos hombres con bigotes , turbantes , y yestidos A
la turca. Juzgémos al pronto que eran algunes del nayie , que
juntamente con el comandante se habian disfrazado para chas-
quearnos. Creidos de esto nos echàmos é reir, y dejâmos b^ar
LIBRO QUINTO. 251
hasta dies de.ettos Bin pensar eo defendernos ; pero presto que-
dàmos tristemente desengaftados , yiendo ser un pirata que yenia
con su gente à esclayizamos. Rendios, perros, nos dijo en lengua
castellana , 6 aqui mortréts todo». Al mismo tiempo nos pusiëron
al pecho las carabinas los que con el yenian^ y que é la menor
resistenda las hubieran disparado. Preferimos la esdayitud à la
miièrte , j entregâmos las espadas al pirata. Nos hizo cargar de
cadenas y nos lleyàron à su buque, que no estaba muy distante^
leyantâron anclas , hiciéronse à la yela y dnglàron hàcia Ârgel.
De este modo fuimos justamente castigados del poco aprecio
que faicimos del ayiso del comandante del fnerte. La primera
cosa que hizo el corsario fné registrarnos y quitamos cuanto di-
nero lleyabamos. | Gran golpe de mano para él ! Los doscientos
doblones del mercader de Plasencia , los ciento que Gerônimo de
Miajadas habia dado A Morales , y que por desgracia lleyaba yo
oonmigo, todo lo arrebafiô sin misericordia. Los bolsillos de
mis camaradas tampoco estaban mal proyistos : en suma, el pirar
ta hizo una buena pesca , de lo que estaba muy contento ; y el
grandisimo yergante , no bastindole haberse apoderado de todo
nuestro dinero , comenzA i insultamos con bufonadas , que nos
eran mucho mènos] sensibles que la dura necesidad de aguàn-
tarlas. Despues de mil impertinentes truanadas, y para moferse
de nosotros de otro modo , mand6 traer las botellas que habia-
mos pnesto à refrescar , y comenzA à yadarlas todas ayudàndole
sus gentes , y repttiendo à nuestra salud muchos brindis por ir-
rision. ^
Durante este tiempo mis camaradas mostraban on semblante
que daba A entender lo que interiormentepasaba en eIlos.Se les.
hacia tanto mas doloroso el cautiyerio, cuanto mas alegre era
la idea de ir à la isla de Mallorca. Por lo que A mi toca tuye yalor
para tomar desde luego mi determinadon ; y mènos apesadum-
brado que los otros, no solo trabé conyersadoncon nuestro capitan
mofodor, sino que leayudè yo mismo à lleyar adelante la zumba,
cosa que le cayô muy en gracia. Oyes , mozo, me dijo, me gnsta
tu buen humor y tu gento ; y, si bien se considéra, en yez de gemh* y
snspirar lo mejor es armarse de paciencia y acomodarse con el tiem-
po. Tôcanos una buena tocata, afiadiô yiendo que yo lleyaba una
guitarra : yeamos à lo que llega tu habilidad. Mandô me desata-
sen lo brazos , y al punto comenzé é tocar de tal modo que
mereci sus aplausos : :bien es yerdad que yo no manejaba mal
este instrumento. Tambien me hizo cantar, y no quedô ménos
satisfecho de mi yoz : todos los Turcos que habia en el bajel
mostràron con gestos de admiracion el placer con que me ha-
bian oido , por lo que conoci que en materia de musica no care-
cian de gusto. £1 pirata se arrimô à mi , y me dijo al oido que
séria un esclayo afortunado , y que podia estar cierto de que
253 GIL BLAS.
mis talentos me proporcioaarian un deslino que haria muy
Ueyadera la esclavitad.
Estas palabras me consolàron algo; pero por mas halagûeûas
que fuesen no dejaba de inquietarme el empleo que el pirata
me habia pronosticado » y^temia que no fiiese de mi aceptacion.
Al llegar al puerto de Argel Vimos una multitud de personas
que habian acudido para yernos , y , sin que ann hubiesemos sal-
tado en tierra , hiciéron resonar el aire con mil gritos de aie-
gria y alborozo. AcompaAaba à estos un confiiso rumor de
trompetas, flautas moriscas y otros instrumentos del uso de aque-
lia gente , y que causaban un estruendo desentonado , mas que
una mùsica apacible. Aquella extraordinaria algazara nada de la
fiilsa noticia que se habia esparddo por la ciudad que el renegado
Hahometo» que asi se Uamaba nuestro pirata , habia muerto pe-
leando con una gruesa embarcacion genovesa ; y todos sus pa-
rientes y amigos, informados de su regreso, acudian à darle mues-
tras de su regocijo.
Luego que desembarcàmos , à mi y à mis compai&eros nos
Ueyiron al palacio del bajà Soliman , donde un escribano cris-
tiano nos examinô à cada uno en particular , preguntàndonos el
nombre , edad , patria , religion y habilidad. Entônces Mahome-
to , mostréndome al bajà , le ponderô mi voz y mi destreza en
tocar la guitarra. No hubo menester mas Soliman para determi-
narse à tomarme â su seryicio , y desde aquel punto quedë rc-
seryado para su serrallo , à donde me condujèron para instalarme
en el empleo que me estaba destinado. Los demas cautiyos fuè-
ron lleyados à la plaza mayor , y yendidos segun costumbre.
Verificôse lo que Mahometo me habia pronosticado en el bqel ,
porque ciertamente fui muy afortunado : no me entregàron à
las guardias de las mazmorras , ni me destinâron à trabajar en
las obras pùblicas ; antes bien mandô Soliman , por aprecio par-
ticular , que me agregasen en cierto sitio priyado à cinco ô seis
esclayos de distincion , cuyo rescate se esperaba presto , y à
quienes no se empleaba sino en trabajos ligeros , y se me en-
cargo el cuidado de regar en los jardines las flores y los naran-
jos. No podia tener yo una ocupacion mas suaye , y por eso di
gracias à mi estrella , presintiendo , sin saber porquè , que no
séria desgraciado al seryicio de Soliman.
Este bajà ( porque es necesario que haga su retrato ) era un
hombre de cuarenta a&os , bien plantado , muy atento , y aun
muy galanpara Turco. Tenia por favorita una Cachemiriana , que
por su talento y hermosura se habia hecho duefta ab soluta de èl.
Idolatraba en ella , y no pasaba dia en que no la festejase con
alguna diyersion nueva ; unas yeces era un concierto de yoces
y de instrumentos ; otras una comedia à la turca , es decir , unes
dramas en los cualos no se tenia mas respeto al pudor y al decoro
LIBRO QUINTO. 2S3
que â las réglas de Aristôteles. La favorita , qae se Ilamaba
Fairakhnaz , era apasionadisima é semejantes espectécalos , y
aon algunas yeces mandaba é sus criadas representar piezas arabes
en presencia del bajé. Ella misma solia tambien hacer su papel ,
y lo ejecutaba con tal viveza y tanta gracia , que hechizaba A
todos los espectadores. Un dia en que yo asisti à una de estas
Amdones niezclado entre los mùsicos y me mandé Soliman que
en un intennedio cantase y tocase solo la guitarra. Hicelo asi y
tnye la fortuna de darle tanto gusto, que no solo me aplaudiô
cou palmadas sino de yira toz ; y la favorita , à lo que me pa-
reciô , me mirô con ojos fovorables.
El dia siguiente por la maftana , estandô yo regando los naran-
jos en los jardines, pas6 junto à mi un eunuco , que, sin detenerse
ni hablar palabra, dejô caer à mis pies un billete : recogile pron*'
lamente con una turbacion mezclada de alegrîa y de temor : echéme
à la Isffga en el suelo porque no me yiesen de las ventanas del
serraDo, y ocnlt&ndome detras de los naranjos , le abri presuroso.
Hallé dentro de él un preciosisimo briUante , y escritas en buen
castdlano estas palabras : Jùven cruAano, da m\i gracias al cielo
par iu esclaviiud. El amor y la fortuna la hardn feliz : el amor, si
te muestras sensible à los atractivos de una persona hermosa : y
la fortuna, si tienes vahr para arroslrar todo género de peligros.
No dudë ni un solo momento que el billete era de la sultana
fayorita; el brillante y el estilo me lo persuadian. Ademas de que
nnnca foi cobarde , la yanidad de verme fayorecido de la dama
de un gran principe , y sobre todo la esperanza de conseguir de
ella cnatro yeces mas dinero del que me era menester para mi
rescate, me determinâron à tentar esta nneva ayentura à costa
de cnalquiera riesgo. Prosegui, pues , en mi ocupadon , pensando
siempre en el modo que podria tener para introducirme en el cuarto
de Famikhnaz , ô por mejor decir, en los arbhrios que ella di»-
cnrriria para abrirme este camino ; pareciéndome , y con funda-<
mento , que no se contentaria con lo hecho , y que ella misma se
adelantaria A librarme de este cuidado. Con e^cto no me engaftë :
de alli à una hora volyiô à pasar junto à mi el mismo eunuco de
antes , y me dijo : Cristiano , i has heeho tus reflexiones? j, tendras
yalor para seguirme ? Respondile que si. Pues bien , afiadîA él , el
cielo te guarde; manana por la mafiana me volverds d ver; estd rfw-
puesto para dejarte conducir, y dîcho esto se retiré. Efectivamente
al dia siguiente, à cosa de las ocho de la mafiana, se dejé yer, y
mehizo sefial de que le siguiese. Obedeci, y me condujo à una sala
donde habia un gran rollo de Kenzo pintado , que acababan de
traer él y otro eunuco , para Heyarlo à la cémara de la sultana >
y faabta de seryir para la decoracion de una comedia arabe , que
ella tenia dispuesta para diyertir al baji.
Los dos eunucos, yiéndome dispoesto à bacer todo lo que qui^
254 GIL BLAS.
sieseo , no perdiéron Uempo. DesarroUaroo el telon , hidéronme
tender à la larga en medio de el , y lo arrolliron otra yez, vol-
Yîèndome y reyolyiéndome dentro de ël mismo con peligro de
sofocarme. Cogiéronio cada nno de on extremo » y de esta manera
me introdojèron sin riesgo en el cuarto donde dormia le bella Ca-
chemiriana. Estaba sola con una esclava Tieja , enteramente dedi-
cadai darle gusto. Desenyolviéron ambas el telon , y Farrnkhnaz,
luego que me yiô, mostrô una alegria , que maiUfestaba biea el
carécter de las mugeres de su pais. En medio de mi natural ia-
trepidez confieso que, cuando me yi de repente trasportado al
cuarto secreto de las mugeres » senti cierto terror. Conociôlo muy
bien la foyorfta, y para disiparlo me dijo : No temas, cristiano ,
porque Soliman acal» de marchar à su casa de recreo donde se
détendra todo el dia^ y nosotros bablarèmos aqui libremente.
Animéronme estas palabras ^ y me hicièron cobrar un espiritu
y seguridad que ao'ecentô el contento de mi patrona. Esclayo ,
me dijo , tu persona me ha agradado , y quiero hacerte mas
suaye el rigor de la esdayitud. Te considero muy digno de la
inclinadon que te he tornado. Aunquè te yeo en trage de esdavo,
descubro en tus modales un aire noble y galan, que me obliga
à créer no ères persona comun. Hàblame con toda confianza, y
dime qnien ères. S6 muy bien que los esclayos bien naddos
ocultan su condicion para que les cueste mënos el rescate; pero
conmigo no debes gastar ese disimulo, y ann me ofenderia mu-
cho semejante precaiicion^ pues que te prometo tu libertad. Se
pues sincero , y confiésame que no te criéste en pobres pafiales.
Con efectOy seftora» le respondi, corresponderia ruinmente A
yuestra generosa bondad si usara con yos de artifido ; ya que
teneis empefto en que os descubra quien soy, yoy à obedeceros:
soy hijo de un grande de Espafia. Quizé decia en esto la yerdad,
por lo ménos h sultana asi lo creyô , y dàndose à si misma el
parabien de haber puesto los ojos en un hombre ilostre , me
asegurd que haria todo lo posible para que los dos nos yiesemos
à solas con frecuencia. Tuyimos una larga conyersacion. En mi
yida he tratado con muger de mayor talento y atractiyo. Sabia
muchas lenguas, y sobre todo la castellana, que haUaba me-
dianamente. Cuando le pareciô que era tiempo de separamos ,
me hizo meter en un gran ceston de juncos » cubierto con un
repostero de seda trabajado por su misma mano , y Uamando à
los mismos eunucos que me habian introducido , les entregô
aquella carga , como un regalo que ella enyiaba al bajà : lo que
es tan sagrado entre los que hacen la guardia al cuarto de las
mugeres, que ninguno tiene la osadia de mirarlo.
Hallàmos Farrukhnaz y yo otros yarios arbitrios para hablar^
nos ; y la amable sultana poco à poco me fiié inspirando tanto
amor hâcia ella, como ella me le tenia à mi. Dos meses estuyiéron
LIBRO QUINTO. 255
ocaltas miestras amorosas yisitas, sin embargo de ser oosa muy
dificil que en un serraUo se escapenpor largo tiempo i los ojos
ie tantos argos; pero nn contratiempo desconcertô nuestras
medidas , y mudô enterameme de aspecto mi fortona. Un dia en
que «Biré en el Goarto de la sultana metido dentro de un dragon
artificial qne se habia becho para un espectàculo , cuando estaba
yo hablando con «11a creido de que Soliman se ballaba aun
fuera , entré este tan de repente en el cuarto de su faTorita, que
la Tieja esdaTa no tuTO tiempo de avisamos , y mucbo ménos yo
para-ocnltarme; y asi fui el primero que se ofrecié à los ojos del bajâ«
Hostrôse sumamente admirado de verme en aquel sitio, y
socediendo en un momento la ira à la. admiradon, arrojaban
fdego sus ojos , despidiendo Hamas de indignadon y furor. Con^
sidéré entônces que era llegada la ultima hora de mi yida , y me
imaginaba ya en medio de los mas crueles tormentos. Por lo que
toca & Farirakhnaz conoci que tambien estaba sobresaltada; pero
en Tez de confesar su delito , y pedir perdon de él, dijo à So-
liman : Seûor, supticoos no me condeneis entes de oirme. Con-
iieso que todas las apariencîas me condenan , y me representan
infiel y traidora à yos , y por consiguiente merecedora de los
mas horrorosos castigos. Yo misma hice yenir à mi cuarto à este
caatÎTO , y para introducirle en él me yall de los mismos artifi-
cios que pudiera usar si estuyiera ciegamente enamorada de su
persona^ Sin embargo de eso , & pesar de todas estas exteriorir
dades , pongo por testigo al gran Profeta de que no os he sido
desleal. Quise hablar cou este esclayo cristiano para persuadirle
i que dejase su secta , y abrazase la de los yerdaderos creyrates.
AI principio encontre en él la resistencia que aguardaba; mas al
fia he desyanecido sus preocupaciones , y en este punto me es-
^ dando palabra de que se harà mahometano.
Confieso que era obligacion mia desmentir à la fiayorita sin
fcspeto algnno al peligro en que me hallaba; pero turbada la
>^20n en aquel lance , y acobardado el espiritu à yista del riesgo
<|ue corria mi yida y la de una dama à quien amaba , me quedé
confuso y cortado. No tuye yalor para articular una palabra; y
persuadido Soliman por mi silendo de que era yerdad cuanto
habia dicho la sultana , depnso su ira , y le dijo : Quiero créer que
DO me has ôfendido , y que el zelo de hacer una cosa que fiiese
grata al profeta te moyi6 A arriesgarte â una acdon tan delicada«
Pot eso disculpo tu imprudenda cou tal que el esdayo tome el
^'u^te en este mismo punto. Inmediatamente hizo yenir é su
presenda un morabito. Vistiéronme A la turca, y yo les dejé
hacer cuanto quisiéron sin la mener resistenda , ô por mejor de-
*, ni yo mismo sabia k) que me hacia en aq|uella turbadon de
*o^ mis potendas. iCuantos cristianos hqbieran sido tan co-
l^des como yo en esta ocasion !
2S6 GIL BLAS.
CoDdirida la ceremonia , mli del serraBo con el nombre de
Sidy Haly à tomar posesion de on empleo de poca monta i que
Soliman me destiné. No ToWi a \er à la sultana ; pero ono de sas
eonucos ^ino à boscarme cierto dia , y de so parte me entregô
nna porcion de piedras preciosas, estimadas en dos mil ftflfantnot
de oro, y jnntamente nn billete en qne me asegoraba que jamas
olyidaria la generosa complacencia con que me habia hecho ma-
hometano por salvarie la yida. Con efiecto , ademas de los regalos
que habia reciindo de la bella Faimkhnaz , consegui por su me-
diadon otro empleo de mas importancia que el primero , de
manera que en mënos de seis i siete aûos me halle el rene^o
mas rioo de todo Argel.
Ya habrin conocido ustedes que, si yo ooncurria A las oraciones
que hacian los musulmanes en sus mezquitas, y practicaba las
demas ceremonias de su ley, era todo una mera ficcion. Por lo
demas estaba firmemente resuelto A Tolver à entrar en el seno
de la iglesia , para lo que pensaba retirarme algun dia à Espafta 6
Italia con las riquezas que hubiese juntado. Miéntras tanto yivia
muy alegremente ; estaba alojado en una hermosa casa , tenia jar-
dines magnificos , moltttud de esclavos, y un serrallo bien abas-
tecido de mugeres bonitas. Aunque el uso del yino estA prohibido
en aquella tierra a los mahometanos , sin embargo pocos Moros
dejan de beberlo secretamente. Yo por lo mènos lo bebia sin es-
crùpulOy como lo hacen todos los renegados.
Acuérdome que me acompafiaban comunmente en mis borra-
cheras un par de camaradas , con quienes muchas yeoes pasaba
loda la noche^con las botellas sobre la mesa. Uno era Judio y el
otro Arabe. Tenialos por hombres de bien, y en esta confianza
yiyia con ellos sin reserya. Cony idëlos una noche à cenar ; y aquel
dia se me habia muerto un perro que yo queria mocho. Layàmos
el cuerpo , y lo enterrémos con todas las ceremonias que acos-
tumbràn los musulmanes en el funeral de sus difiintos. No lo
hicfanos ciertamente por burlarnos de la religion de Mahoma ,
sino solo por diyertimos y satisfiicer el capricho que tuye , es*
tando medio tornado de yino , de celebrar las exequias de mi
amado animalillo.
Sin embargo , faltô poco para que esta inconsiderada aocion
me perdiese enteramente. £1 dia siguiente se présenté en mi casa
un hombre que me dijo : Sefior Sidy Haly, yengo A buscar i
ymd. para cierto asunto de importancia. £1 sefior cadi tiene pre-
cision de hablarle : siryase tomar el trabajo de llegarse A su casa
inmediatamente. Decîdme , os suplico , le preguntè , que es lo que
me quiere. £1 mismo os lo dirA , respondiô el Moro : todo ïo que
puedo decir es que un mercader que ayer cenô con ymd. le ha
dado parte de no se que impia 6 irreligtosa aocion que se eje-
cutô en yuestra casa çon motiyo de enterrar on perro. Yo os no-
LIBRO QUINTO. 257
tifico de ofido que comparezcais hoy mismo ante el juez , con
apercibimiento de que, no cumpliëndolo asi , se procédera crjmî-
nalmente contra Tuestra persona. Dijo , y sin aguardar respuesta,
me Yolviô la espalda, dejàndome aténito con su apercibimiento.
No tenia el Arabe la mas minima razon para estar quejoso de mi ,
ni 70 podia comprender porqué me habia jugado una pieza tan
ruin. Sin embargo, la cosa era muy digna de atencion. Yo tenia
bien conocido at cadi por bombre severe en la apariencia , pero
en el fbndo poco escrupuloso y muy avaro. Meti en el bolsillo
doscientos sultaninos de oro, y fui derecho à presentarme à él.
Hizome entrar en su despacho , y luego me dijo en tono colérico
y fîirioso : Sois un impio , un sacrilego , un hombre abominable.
Habeis dado sepultura à un perro como si fiiera un musulman.
4 Que sacrilegio ! i que profanacion! ^Es este el respeto que pro-
fésàis à las mas vénérables ceremonias de nuestra santa ley? 4 Os
hictsteis mahometano ûnicamente para burlaros de las ceremo-
nias mas sagradas de nuestro Alcoran? Sefior cadi, le respond!,
el Arabe que yino i haceros una relacion tan alterada ô tan malig-
namente desfigurada, aquel amigo traidor fuë complice en mi
delito , si por tal se debe reputar haber dado sepultura à un do*
mèstico fiel , à un inocente animal , que tenia mil bellas calida-
des. Amaba tanto à las personas de mèrito y distincion , que hasta
en su muerte quiso dejarles testimonies irréfragables de su esti-
macion y afecto. En su testamento , en el que me nombre por
ùnîco albacea, repartie entre ellas sus bienes, legando à unas
Teinte escudos, à otras treinta, etc.; y es tanta verdad lo que
digo , que tampoco se olyidô de vos , pues me dejô rouy encar-
gado que os entregase los doscientos sultaninos de oro que ha-
Uaréis en este bolsillo ; y dicho esto le alargué el que lleyaba pre-
yenido. Perdiô el cadi toda su grayedad cuando me oyô dectr
esto , sin poder contener la risa , y como estabamos solos tomô
francamente el bolsillo , y me despidiô diciendo : Id en paz , Sidy
Haly, hicisteis cuerdamente en haber enterrado oon pompa y
con honor à un perro que hacia tanto aprecio de los sugetos de
mérite.
Sali por este medio de aquel pantano ; y si el lance no me hizo
mas cnerdo , à lo ménos me enseûô à ser mas circunspecto. No
yoly i à tratar con el Arabe ni con el Judio , y escogi para mi ca-
marada de botellas à un caballero de Lioma , que era esclayo mio,
llamado Azarini. No era yo como aquellos renegades que tratan
à los cautiyos cristianos peor qiie los mismos Turcos. Los mios
no seimpacientaban aunque se les retardase el rescate. Tratébalos
con tenta benignidad , que muchas yeces me dccian les costaba
mas susptros el miedo de pasar à servir à otro amo, que el deseo
de conseguir la Ilberiad , gin embargo de ser esta tan dnlce y
tan apetecible à todos los que gimen en cautiverio.
<7
258 GIL BLAS.
Yoliriéron un dia los jabeqoes de Soliman cargados de presa,
y en ella den esdayos de nno y otro sexo , apresados todos m
las eostas de Espafia. Reserro Solnnan para si un oortisimo nu-
méro 9 y los demas fîiéron puestos en yenta. Fui A la plaza donde
esta se celebraba , y comprè una mudiacha espaftola de diez â
doce ajk>s. Lloraba la pobrecita amargamente, y se desesperaba.
Admirado yo de yerla afligirse asi en tan tiema edad , me Oegué
à ella y le dije en lengua castellana que no se apesadumbrase
tanto y asegunjuidole que habia caido en manos de un amo que ,
aunque lleyaba turbante, era deoorazon humano. La jôven, po-
seida enteramente de su dolor, ni siquîera atendia à mis palabras.
Gemia , suspiraba , y se deshacia en légrimas inconsolables , pro-
rumpiendo de cuando en cuando en esta exclamacion : jAy madré
mia, y porqui me habrdn separado de ti! Todo lo Uevaria en pa-
ctenda cùtno esiuvieramo» juntas. Miëntras deda estas palabras ,
tenia puestos los ojos en una muger de cuarenta y cineo à dn-
cuenta aftos , distante pocos pasos , la cual muy modesta , silen-
dosa y con los ojos bajos , estaba esperando à que algono la
comprase. Preguntéle si era su madré aquella muger à quien mi-
raba. Si , sefior , me respondiô con tierno sentimiento ; por amor
de Dios haga su merced que jamas me separen de eUa.Bien esta,
hija mia , le dije; si para tu consuelo no deseas mas que el estar
juntas las dos , presto quedarés contenta y consolada. Al mismo
tiempo me acerquë à la madré para comprarla ; pero no bien la
miré con un poco de cuidado , cuando reconod en ella , con la
conmocion que podeis imaginar , todas las iacciones y demas
sefiales de Lucinda. ; Cielos ! exclamé dentro de mi mismo : ^qné
es lo que veo ? Esta es mi madré , no puedo dudarlo. Pero ella ,
ô ya Aiese porque el \\\o dolor del estado en que se ballaba no
la dejaba yer otra cosa mas que enemigos en todos los objetos
que se le presentaban , ô ya fuese porque el trage mahometano
me bacia parecer otro, 6 bien que en el espacio de doce alios
que no me babia Tisto me hubiese desfigurado, el hecho es que
realmente ella no me conociô. En fin , yo la comprè , y me la Ueyè
à mi casa.
No quise dilatarle el gusto de que me conodese. Sej&ora, le
dije, ^es posible que no os acordeis de baber Tîsto nunca esta
cara? ^Pues que, unos bigotes y un turbante me desfiguran de
suerte que os impidan conocer à Tuestro hijo Rafael ? Volviô en si
al oir estas palabras : mirème , remirôme , reconoci6me , y arro-
jindose à mi con los brazos abiertos , nos estrechàmos tiema-
mente. Gon igual temura abrazë despues à su querida hija, li
cual estaba tan ignorante de que tenia un bermano , cono yo
ageno de tener una hermana. Confesad , dije entônce»^ mi madré,
que en todas vuestras comedias no hàboîa lenfdo un encnentro y
reconocimiento tan positiyo como este. Hijo , me respondié sus-
LIBRO QUINTO. 259
pirando, grandisima alegria he tenido en Tolyeite â yer; pero
esta alegria esta mezclada con un amargulsimo pesar. ; Dios mio !
I eo que estado he tenido la desgracia de encontrarte ! Mi escla-
Titud me seriamil yeces mènos sensible que ese trage odioso... À
fe 9 madre , le respond! sonriëndome , que me admiro de Tuestra
deiicadeza : por cierto que no es muy propia de una comedianta.
A la yerdad , sefiora , que sois muy otra de lo que erais , si este
mi disfiraz os ha dado tanto enojo. En lugar de enojaros contra
mi turbante , miradme como é un cômico que représenta el papel
de on Turco en el teatro. Aunque renegado , soy tan musulman
oomo lo era en Espafia ; y en la realidad permanezco siempre en
mi religion. Cuando sepais todas las aventuras que me han acon-
tecido en este pais me disculparèis. El amor fué la causa de mi
delito. Sacrifiquè à esta deidad. En esto me parezco algo à tos ;
fiiera de que hay aun otra razon que debe templar yuestro dolor
de yenne en la situacion en que me yeis. Temiais experimentar
en Argel una dura esclayitud , y habeis hallado en yuestro amo
on hijo tienio , respetuoso , y bastante rico para que yiyais con
regalo y con quietud en esta ciudad , hasta que se nos propor-
cione ocasion oportuna para que todos podamos seguramente
volyer à Espafta. Reconoced ahora la yerdad de aquel proy^bio
que dice : no hay mal que por bien no venga,
Hijo miOy me dijo Lucinda, una yez que estes resuelto ft res-
tituirte ft tu patria y abjurar el mahometismo, quedo consolada.
Entônces irft con nosotros tu hermana Beatriz, y tendre el gusto
de yolyerla à yer sana y saWa en Castilla. Si, seflora , le res-
pond! : espero que le tendrèis , pues lo mas presto que sea
posible irëmos todos très ft juntarnos en Espafia con el resto de
nuestra fomilia, no dudando yo que habréis dejado en ella al-*
gunas otras prendras de yuestra fecundidad. No , hijo , repuso
mi madre, no he tenido mas hijos que à yosotros dos ; y has
de saber que Beatriz es firuto de un matrimonio de los mas leg!-
timos. Pero, sefiora, répliqué, 4 que razon tuyisteis para con-
céder & mi hermanita esa preeminencia que me negàsteis ft mi?
^Y como OS habeis resuelto à casaros? Acuèrdome haberos oido
decir mil yeoes en mi niftez que nunca perdonariais ft una mnger
jôyen y linda el sujetarse ft un marido. Otros tiempos , otras cos-
iumbresy respondiô ella. Si los hombres mas firmes en sus pro-
pôsitos estftn mas sujetos à mudar, 4 que razon habrft para
pretender que las mugeres sean invariables en los suyos? Voy ft
contarte , oontinu6 , la historia de mi yida desde que saliste de
Madrid. Hizome despues la siguiente relacion que jamas olvi-
daré , y de la cual no quiero priyaros , porque es curiosisima.
Habrft oosa de treoe afios, si te acuerdas, que dejAste la casa
del marquesito de Leganes. En aquel tiempo el duque de Medi-
naceli me dijo que deseaba cenar oonmigo priyadamente. Sefia-
260 GIL BLAS.
lome el dia, esperèle, vioo, y le gustè. Pidiôme el saerifido de
todos los compeUdores qae podia tener , y se le concedî con
la esperanza de que me lo pagarîa bien, y asi lo ejecutô. £1 dîa
siguieate me envîô Yarios regalos, à que siguiéron otros muchos
en lo sucesiyo. Temia yo que no duraria largo tiempo en mis
prisiones un seftor de aquella elevacion, y lo temia con tanto
mayor fiindamento , cuanto no ignoraba que se habia escapado
de otraSy en que le habian aprisionado varias fiunosas beldades,
cuyas dukes cadenas lo mismo habia sido prob^rlas que rom—
perlas. Sin embargo , lëjos de disgustarse , cada dia parecia mas
embelesado de mi condescendencia. En suma, tuve el arte de
aseguràrmele, y de impedir que su corazon , naturalmente to-
luble, se dejase arrastrar de su nativa propension.
Très meses hacia que me amaba, y yo me lisonjeaba de que
su carifto séria durable , cuando cierto dia una amiga mia y yo
concurrimos à una casa donde se hallaba la duquesa e^osa
del duque , y habiamos ido à ella convidadas para oir un con-
cierto de mùsica de voces è instrumentos. Sentâmonos casual-
mente un poco detras de la duquesa, la cual llevô muy à mal
que yo me hubiese dejado ver en un sitio donde ella se hallaba.
Enviôme à decir por una criada que me suplicaba me saliese
de alli al instante. Respondi à la criada con mucha groseria ; de
lo que irritada la duquesa se quejô à su esposo, el cual vino à
mi, y me dijo : Lucinda, sal prontaniente de aqui : cuando los
grandes seAores se inclinan à mozuelas como tu, no deben estas
olvidarse de lo que son : si alguna vez os amamos à vosotras
mas que à nuestras mugeres , siempre las respetamos à estas
mucho mas que à vosotras ; y siempre que (i^ngais la insolencia
de pretender igualaros con ellas, seréis tratadas con la indigni-
dad que mereceis.
Por fortuna que el duque me dijo todo esto en voz tan baja
que ninguno pudo comprenderlo. Retiréme avergonzada y con-
(usa , pero Ilorando de rabia por el desaire que habia recibido.
Para mayor pesar mio los comediantes y comediantas aquella
misma noche supiëron, no se como, todo lo que me habia pa-
sado. No parece sino que hay algun diablillo asechador y
zizaflero que se divierte en descubrir à unos lo que sucede à
otros. Hace, por ejemplo, un comediante en una francachela al-
guna extravagancia ; acaba una comedianta de acomodarse con
un mozuelo galan y adinerado ; toda la compaftia inmediata-
mente sabe hasta la mas ridicula menudencia. Asi supiéron mis
compafteros cuanto me habia pasado en el concierto , y ^be
Bios cuanto se divirtiéron à mi costa. Reina entre eUos un cierto
espiritu de caridad que se descubre bien t^n semejantes ocasio-
nés. Con todo eso yo no hice caso de sus habladurias , y tardé
poco en consolarme de la pérdida del duque, que no volviô à
LIBRO QUINTO. 261
parecer por mi casa, y luego supe babia tornado amistad con una
cantarina.
Mîéntras una comedianta tiene la fortuna de ser aplaudida ,
nunca le faltan amantes ; y el amor de un gran seftor, aunque
no dure mas que très dias, siempre aftade nuevos realces à su
mérito. Yo me yi sitiada de apasionados luego que se esparciô
por Madrid la yoz de que el duque me habia dejado. Los mis-
mos competidores que yo le habia sacrificado , mas enamorados
de mis hechizos que antes , yolviéron à porfia à galantearme.
Fuera de estos recibi los obsequiosos tributos de otros mil cora-
zones. Nunca fiii tan de moda como enténces. Entre los que soli-
citaban mi ftiYor, ninguno me pareciô mas ansioso que un Aleman
gordo, gentilhombre del duque de Osuna. Su figura no era muy
apreciable, pero se mereciô mi atencion con mil doblones que
habia juntado en casa de su amo , y los prodigô por lograr la
dicha de entrar en el numéro de mis amantes favorecidos. Este
bueo seflor se llamaba BrutandorfF. Mîéntras hizo el gasto fué
bien recibido ; pero apènas se le apurô la boisa, hallô la puerta
cerrada. Enfisidado de este procéder mio , me fué à buscar à la
comedia, diôme sus quejas, y pprque me rei de èl é sus hocicos,
arrebatado de côlera me sacudiô un bofeton à la tudesca. Di
un gran grito, sali al teatro, interrumpi la comedia , y dirigiën-
dome al duque , que estaba en su aposento con su esposa la
duquesa, me qu^é i ël en alta voz de los modales tudescos oon
que me habia- tratado su gentilhombre. Mandô et duque seguir
la comedia , diciendo que despues de ella oiria à las partes.
Acsteda la representacion me présenté muy alterada al duque,
oiponiendo mi queja con yehemencia. Et Aleman despachô su
defensa en dos palabras, diciendo que en yez de arrepentirse
de lo hecho era hombre para repetirlo. El duque de Osuna ,
oidas las partes , y yohiéndose al Aleman , sentenciô de esta
manera : Brntandori¥, te despido de mi casa, y te prohibo que
te présentes mas delante de mi, no porque has dado un bofeton
à una comedianta , sino porque has faltado al respeto debido
à tus amos, y turbado un espectàcuto publico en presencia de
los dos.
Esta sentencia me atrayesô el aima. Apoderôse de mi una ira
rabiosa, y un inexplicable furor al yer que no habian despe-
dido al Aleman por la ofénsa que me habia hecho. Creia yo
que un oprobio cômo aquel , cometido contra una comedianta ,
debia castigarse como un delito de lésa mageslad , y contaba
con que el Tudesco padeceria una pena aflictiya. Abriôme los
ojos este yergonzosisimo suceso , y me hizo conocer que el
mundo sabe dtstinguir entre el comediante y los personages que
représenta. Esto me disgustô de) teatro en términos , que desde
aquel puntoresolyi dejarlo^ è irme à yivir léjos de Madrid. Es-
263 GIL BLAS.
cogi para mi retiro la ctadad de Valencia , y parti de incôgniio
à ella y llevando conmigo hasta el yalor de yeinte mil ducados
en dinero y alhajas ; caudal que me parecia bastante para man-
tenerme con decencia el resto de mis dias , pues mi ànimo era
Uevar una vida retirada. Tome en aquella ciudad una casa pe-
queAa, y no recibi mas femilia que una criada y un page , para
quienes era tan desconocida como para todas las demas del
yecindario. Fingi ser yiuda de un empleado de la real casa , y
que habia escogido para mi retiro la ciudad de Valencia , por
haber oido que su temple era uno de los mas benignos , y su
terreno uno de los mas deliciosos de EspaAa. Trataba con muy
poca gente; y mi conducta era tan arreglada , que à ninguno le
pudo pasar por el pensamiento que yo hnbiese sido comica. Sin
embargo, y é pesar de mi cuidado en yivir escondida y retirada,
puso los ojos en mt un hidalgo que yiyia en una quinta propia ,
cerca de Paterna. Era un caballero bastante bien dispuesto , y
como de treinta y cinco à cuarenta aAos ; pero un noble muy
adeudado , lo que no es mas raro en el reino de Valencia que
en otros muchos paises.
Habiendo agradado mi persona é este hidalgo , quiso saber si
en lo demas podria yo conyenirle. À este fin despachô sus ocu'l-
tos batidores para que ayeriguasen mis circunstandas, y por los
informes que le diéron , tuyo el gusto de saber que yo era
yiuda, de trato nada fiaistidioso , y ademas de eso bastante rica.
Hizo juicio desde luego que yo era la que habia menester ; y
muy presto se dejô yer en mi casa una buena yieja, que me dijo
de su parte que, prendado de mi honradez tanto como de mi
hermosura, me ofrecia su mano , y que ratificaria esta oferta si
merecia la dicha de que quisiese ser su esposa. Pedi très dias de
término para pensarlo y resolverme. Informéme en este tiempo
de las calidades de aquel hidalgo ; y por el mucho bien que
me dijéron de él, aunque sin disimularme el lastimoso estado de
sus rentas , déterminé gustosa casarme con ël , como lo hice
dentro de muy pocos dias.
Don Manuel de Jërica, este era el nombre de mi esposo , me
condujo luego i su hacienda. La casa tenia cierto aspecto de
antigûedad, de lo que hacia mucha yanidad el dueflo. Deda que
la habia hecho edificar uno de sus progenitores ; y de la yejez
de la fâbrica deducia que la familia de Jerica era la mas antigua
de toda Espafla. Pero el tiempo habia maltratado tanto aquel
bello monumento de nobleza, que porque no yiniese à tierra
lo habian apuntalado. ; Que dicha para don Manuel la de habarse
casado conmigo ! Gastôse en reparos la mitad de mi dîaero , y
lo restante en ponemos en estado de hacer grau figura en el
pais ; y hèteme aqui en un nueyo mundo, por decir lo asi, y con-
vertida de repente en seftora de aldea y de hacienda. ; Que tras-
LURO QUINTO. 263
fonnacion ! Era yo muy buena actriz para no saber representar
y flostener el esplendor que correspondia à mi nuevo estado.
Revestiame en iodo de ciertos modales teatrales de nobleza , de
magestad y desembarazo, que hacian formar en la aldea un alto
concepto de mi nacimiento. ;0h cuanto se hubieran diyertido
à Gosta mia si hubiesen sabido la yerdad del hecho I {Con cuantos
satiricos motes me hubiera regalado la nobleza de los contornos,
y cuanto hubieran rebajado los respetuosos obsequios que me
tributaban las demas gentes I
Yivi por espacio de seis afios feliz y gustosamente en compa-
ftia de don Manuel , al cabo de los cuales se le Ueyô Dios. De-
j6me bastaates negodosque desenredar, y por fruto de nuestro
matrimonio à tu hermana Beatriz , que à la sazon oontaba cuatro
afk)s de edad cumplidos. Nuestra qoinia, que era à lo que esta-
ban redacidos nuestros bienes , se ballid>a por desgracia empe-
ftada para aeguridad de muchos acreedores, el principal de los
cuales se Ilamaba Bernardo Astuto , nombre que le conyenia per-<
fectamente. Ejercia en Valencia el oficio de procurador , que iesn
empefiaba como hombre consumado en todas las trampas de los
pleitos; y à mayor abundamiento habia estudiado leyes , para sa-
ber mejor hacer injusticias. ;0h que terrible acreedor! Una
qointa entre las ufias de semejante procurador es lo mismo que
ona paloma en las garras de un milano. Por tanto el sefior Astuto »
apénas snpo la muerte de mi marido, puso sitio à mi pobre
qointa. Infeliblemente la hubiera hecho yolar con las. minas que
las supercherias légales comenzaban à formar , si mi fortuna ô mi
estrella no la hubiera salyado. Quiso esta que de enemigo se conr
yirtiese en esclayo mio. Enamorôse de ml en una conyersacion
que tuyo conmigo con motiyo de nuestro pleito. Confieso que de
mi parte hice cuanto pude para inspirarle amor, obligàndome el
deseo de salyar mi posesion à probar con el todos aquellos arti-
fidos que me habian salido tan bien en tantasocasiones. Yerdad
es que con toda mi destreza creia no poder enganchar al procu-
rador , tan embebecido en su oficio , que parecia incapaz de admi-
tir nmguna impresion amorosa. Con todo, aquel socarron, aquel
inarrajo , aquel empuerca papel me miraba con mayor complar-
cencia de la que yo pensaba. Sefiora , me dijo un dia, yo no en-
tiendo de enamorar : dedicado siempre à mi profesion , nunca he
Guidado de aprender las réglas , los uses , ni los diferentes modes
de galantear. Sin embargo de eso no ignore lo esencial; y para
aborrar de palabras solo dire que si ymd. quiere casarse conmigo
quomarèmos ai instante el proceso , alejaré à los demas acree-
dores , que se han reunido conmigo para hacer yender su ha-
cienda; ymd. seriduefta del usnfruao, y su hija de la propiedad.
El interes de Beatriz y el mio no me dejàron yacilar ni un solo
ponte. Aceptéal instante la proposicion; el procurador cumpliô
964 GIL BLAS.
su palabra , volviô sas armas contra los otros acreedores , y ;
gar6ma en la posesion de mi qaiota. Quizé ftié esta la primera
yez que sapo servir bien i la vioda y al haèrfeno.
LIeguë, paeSy é verme procuradora, sin dejar por eso de ser
sefiora de aldea , annque este matrimonio me perdiô en el oon-
oepto de la nobleza valenciana. Las seftoras de la primera dis-
tincion me miràron como à mia moger que se babia envilecido , y
no quisiëron visitarme mas. Vime precisada é tratar solamente
Gon las aldeanas , ô con seftoras de medio pelo. No dejô de cau-
sarme esto alguna pena> porqueme habia acostumbrado por es-
pacio de seis afios à tratarme ùnicamente con personas de carécter.
Verdad es que tardé poco en consotarme, porque tome cono-
cimiento con una escribana y dos procuradoras , cada una de un
carécter muy digno de risa. Yo me diyertia înfinito de Ter su ridi-
culez. Estas medio seftoras se tenian por personas ilustres. Pen-
saba yo que solamente las comediantas eran las que no se cono-
cian à si mismas ; mas reo que esta es una flaqueza universaL
Cada uno crée que es mas que su vecino. En este partieular toco
ahora que tan locas son las hidalgas de aldea , como las damas de
teatro. Para castigarlas quisiera yo que se les obligase é conser-
yar en sus casas los retratos de sus abuelos , y apuesto coalquiera
cosa à que no los colocarian en los sitios mas yisibles«
A los ouatro aftos de matrimonio cayô enferme el seftor As-
tnto , y muriô sin baberme quedado bijos de él. Afladiéndose lo
que él me dejô à lo que yo posela , me balIé una yiuda rica , y por
tal me tenian. En virtud de esta iama oomenzô i obsequiarme un
caballero siciliano , Uamado Coliiichini , resuelto à ser mi amante
para arruinarme , ô ser desde luego mi marido , dejandc^à mi ar-
bitrio laeleccion. Hs^ia yenido de Palermo para yer la Espafla;
y despues de haber satisfecho su curiosidad , estaba en Valenda
esperando , segun decîa , ooasion de embarcarse para restituirse
à Sictlia. Tenia yeinte y cinco aftos ; era , aunque pequefio de
cuerpo , bien plantado ; y en fin me agradaba su figura. HaDé
modo de hablarme à solas , y , te confieso la yerdad , desde la
primera conyersacion quedé loca perdida por éL No quedôél mè-
nes enamorado de mi ; y creo , Bios me lo perdone , que en aquei
mismo punto nos hubieramos casado , si la muerte del procura-
dor, que aun estaba muy reciente, me hubiera permitido bacer
tan presto otra boda ; porque desde que comenzé é tomar indi-
nacion à loi^ matrimonies respetaba los estilos del mundo.
Convinimos , pues , en dilatar un poco nuestro casamiento por
el bien parecer. Miéntras tanto Colifichini proseguia obsequiào-
dome , y léjos de entibiarse en su amor , se mostraba mas véhé-
mente cada dia. £1 pobre mozo no estaba sobrado de dinero ; co-
nocilo , y procuré que nunca le faltase. Ademas de que mi edad era
doble de la suya, me acordaba de haber hecho contribuir i los
UBRO QUINTO. 265
hombres en la flor de mis afios , y miraba Jo que daba oomo una
especie de restilucion en descargo de mi conciencia. Estuyimos
esperando con la mayor paciencia que nos fdë posible à qae pa-
sase el tiempo que prescribe â las viudas el ceremonial del respeto
hnmano para pasar à otras nupdas. Apénas llegô , cuando fiiimos à
la iglesia à unirnos con aquel estrecho lazo que solo puede des-
atar la muerte. RetirAmonos despues ami quinta, dondepuedo
decir que Tivimos dos aflos , ménos como esposos que como dos
tiernos amantes, j Pero ay ! que no nos habiamos unido para que
Doestra dicha fnese duradera. Al cabo de este breve tiempo un
dolor de costado me privé de mi adorado Colifichini.
Aqui no pude ménos de interrumpir â mi madre , diciéndole :
iPnes quel seAora, ^tambien mnriô vuestro tercer marido? Sin
dada sois una plaza que solo puede tomarse à costa de la vida
de sus conquistadores. Hijomio, loomoha deser? merespondiô
da : xpor ventura puedo yo alargar los dias que el cielo tiene
oontados? Si he perdido très maridos, jcomo lo he de remediar ?
 dos los Doré mucho : el que ménos légrimas me costô fiié el
procorador. Como me casé con él puramente por interes , tardé
poco en consolarme de su muerte. Pero yolviendo â Colifichini te
dire que, algunos meses despues de muerto , deseando yo ver una
casa de campo junto à Palermo, que me habia seûalado para mi
viodedad en nuestro contrato matrimonial , y tomar posesion de
eDa personalmente , me embarqué para Sicilia con mi hija Beatriz ;
pero en el viaje foimos apresadas por los corsarios del bajà de Ar-
gel. Coodujéronnos â esta ciudad , y por fortuna nuestra te encon-
tràste en la plaza donde estabamos puestas en Yenta.À no ser estohur
bîeramoscaido en manos de un amo desapiadado , que nos hubiera
nudtratado , y bajo cuya dura esclavitud quizà habriamos gemido
toda la vida sin que tù hubieses oido hablar nunca de nosotras.
Tai fuéy seftores , la relacion que mi madre me hizo. Coloquéla
despnes en el mejor cuarto de mi casa, con la libertad de yivir
como mejor le pareciese ; cosa que fué muy de su gusto. Habiase
^^n^igado tanto en ella el hébito deamar en yirtud de tan repetîdos
^08, que no le era posible estar sin un amante 6 sin un marido.
Anduyo yagueando por algun tiempo , poniendo los ojos en algu-
nos de mis esclavos ; hasta que finabnente llamô toda su atencion
Haly Pegelin, renegado griego que frecuentaba mi casa. Inspirôle
^ un amor mucho mas yiyo que el que habia tenido é Colifi-
chini, y era tan diestra en agradar à los hombres, que hallô el
secreto de encantar tambien à este. Aunque conoci desde luego
que obraban de acuerdo los dos, me di por desentendido de su
trato, pensando solo en el modo de restituirmeà Espafia. Habiame
dado licencia el bajà para armar una embarcacion à fin de ir en
corso A ejercitar la pirateria. Ocupàbame enteramente el cuidado
' de este armamento, y ocho dias ànlea que se acabase d^e à Lu-
266 GIL BLAS.
cinda : Madre, presto saldrémos de Argel, y dejarémos para
siempre an lugar que tanio aborreceis.
Mudôsele el (x^r al oir estas palabras , y guardô un profondo
silencio. Sorprendiôme esto extrailamente, y le dije admirado :
îQuè es esto , seftora! iqoé novedad veo en yuestro semblante !
parece qae os aflîjo en yez de causaros alegria. Creia daros una
■oticia agradable participândoos qae todo lo tengo dispuesto para
nuestro yiage : ; no deseariais acaso restitniros à Espaila? No »
hijo mio , me respondii : confieso qae ya no lo deseo. Tuye alli
tantos disgoslos que be renunciado à ella para siempre. ; Qaé es
lo que oigo! exclamé penetrado de dolor : {ah seftora! decîd
mas bien que el amor es quien os hace odiosa yuestra patria.
I Santos cieloSy y que madanzai Cuando llegàsteis à esta dadad
todo cuanto se os ponia delante os causaba horror ; pero Haly
Pegelin os hace mirar las cosas con otros ojos. No lo niego, res~
pondiô Lucinda : es derto que amo & este renegado , y quiero
que sea micuarto marido. ^Quë proyecto es el yuestro? inter-
mmpi todo horrorizado. {Vos casaros cob un musulman I Sin
dnda habeis olyiyado que sois cristiana, 6 por mejor dedr,
solamente lo habeis sido hasta aqul de pnro noinbre. ; Ah , madré
mia ! \y que de cosas estoy yiendo ya I Habeis resuelto perderos
para siempre , porque yais à hacer por yuestro gusto lo que yo
no hice sino por necesidad.
Otras muchas cosas le dije para disuadirla de aquel intento ;
pero fuë predicar en desierto , porque se habia oerrado en ello.
No contenta con dejarse arrastrar de su mala inclinadon, de-
jàndome à mi por entregarse à un renegado , quiso lleyarse eon-
sigo àBeatriz; pero à esto me opuse fuertemente. jAh infeliz
Lucinda ! le dije ; si nada es capaz de conteneros , é lo mënos
abandonaos sola al fiiror que os posée , y no querais condudr à
una inocente al precipicio en que os apresurais à caer. Luckida se
marchô sin replicar , quizi por alguna yislumbre de luz qae por
entônces rayô en ella, y le impidiô obstinarse en pedir su hija.
Asi lo creia ya; pero conocia muy mal à mi madré. Uno de mis
esclayos me dijo dos dias despues : Seftor , mirad por yos. Un
cautiyo de Pegelm acaba de confiarme un secreto que no debo
ocultaros para que no perdais tiempo en aproyecharos de èl.
Vuestra madré ha mudado de religion , y para yengarse de yos
por haberle negado su hija , esté determinada â dar parte al bajà
de yuestra prôxima fuga. No tuye la menor duda de que Lucinda
era capaz de hacer todo lo que mi esclayo me ayisaba. Habiala
yo estadiado muoho, y estaba persuadido de que, à fuerza de
representar papeles trégicos en el teatro , se habia fiamilianzado
tanto con el crimen , que muy bien me hubiera hecho quemar
yiyo , y no te conmoyeria mas mi muerte que si yiese represen*
tada en unatragedia esta catàstrofe sangrienta.
LIBRO QUmTO. 287
Por tauto no quise despreciar el aviso que me diô el esdayo.
Apresorë caanto pade las prereBciones del embarco , y tome ,
segon costombre de los corsarios argelinos que van à corso , al-
guaos Turcos comnigo , pero solamente los que eran necesarios
para no hacerme sospechoso , y sali del puerto con todos mis es-
dayos y mi hermana Beatriz. Ya se persaadir&n nstedes de que
no me oWidaria de Ueyar al mismo tiempo todo el dinero y alha-
jas que habia en mi casa, y podia importar hasta unos seis mil
dncados. Laego que nos yimos en plena mar , lo primero que
hicimos fué asegurarnos de los Turcos , â quienes encadenàmos
filcilmente por ser mncbo mayor el numéro de mis esclayos. Tu-
yimos un yiento tan feyorable que en poco tiempo arribàmos A
las costas de Italia. Entrimos en el puerto de Lioma con la mfiyor
felicidad ; y toda la ciudad, i lo que creo, acudiô à nuestro des-
embarco. Entre los que concorriéron à èl estaba por casualidad
6 por curiosidad el padre de mi esclayo Azarini. Miraba atenta-
mente à todos mis cautiyos conforme iban desembarcando , y
aunque en cada uno de ellos deseaba yer las foociones de su hijo ,
ninguna esperanza tenia de encontrarlas. |Pero que jAbilo I |qué
abrazos se dièron padre ë hijo despues de baberse reconoddo I
Luego que Azarini le informe de quien era yo , y del motiyo que
me lleyaba & Lioma , me obligé el buen yiejo à que faese à alo-
jarme à su casa , juntamente con mi hermana Beatriz. Pasarë en
silencio la menuda relacion de mil cosas que me fué preciso prao-
ticar para yoWer à reconciliarme con el gremio de la iglesia , y
solo dire que abjure el mahometismo con mucha mayor fe que le
habia abrazado. Purguème enteramente del humor mahometano,
>>yendi mi bajel , y di libertad à todos los esclayos. Por lo que
t^ica à los Tur<x>s se les asegurô en las cérceleç de Lioma para can-
gearlos à su tiempo por otros tantos cristianos. Los dos Azarinis
padre è hijo usAron conmigo de todo gënero de atenciones. El
bijo se casô con mi hermana Beatriz ; partido que â la yerdad no
dejaba de ser yentajoso para ël, porque al cabo era hija de un
catMdlero , y heredera de la hacienda de Jërica , cuya administra-
don habia dejado mi madré à cargo de un rioo labrador de Pa-
tema cnando resolyiô pasar & Sicilia.
Despues de haberme detenido en Lioma algun tiempo , marche
A Florencia deseoso de yer aqnella ciudad. Lleyë conmigo algu-
nas cartas de recomendacion que el yiejo Azarini me diô para
algnnos amigos sayos en la corte del gran duque , A quienes me
recomendaba como un caballero espaftol pariente suyo. Yo aftadi
el don A mi nombre de bautismo , A imitacion de no pocos paisa-
nos mios plebeyos que, sin tenerle , y por honrarse, se le ponen
A si mismos en los paises extrangeros. Haciame, pnes , Ilamar con
descaro don Rafael, y como habia traido de Ârgel lo que basta-
ba para sostener dignamente esta nobleza , me présenté en la corte
S68 GIL BLAS.
con brfllaotez. Los catiaUeros à qaienes me habia reoomendado
Azarini pablicatNiD en lodas partes que yo era un sugeto de dis-
tindon ; y como no lo desmentian los modales caballeresoGS que
habia estudiado bien , era generahnente tenido por persona de
importancia.
Supe introdncirme muy presto con los primeros sefiores de la
corte y los cuales me presentâron al gran duque , y tuve la foptu-
na de caerle en gracia. Dediquëme à hacerle la corte , y à estu-
diarle el genio« Oia para esto con atencion lo que decîan de ël los
cortesanos mas viejos y experimentados. CHbserré entre otras co-
sas que le gustaban mucho los cuentos graciosos traidos con opor-
tunidad , y los dichos agndos. Esto me sirviô de régla , y todas
las maAanas escribia en mi libro de memoria los cuentos que que-
ria contarle durante el dia. Sabia tan grande numéro de ellos , que
parecia tener un saco lleno , y aunque procuré gastarlos con eco-
nomia , poco é poco se fiiè apurando el caudal » de suerte que
me hubiera yisto precisado à repeUrlos ô A haoer yer que habia
conduido mis apotegmas , si mi taiento , fecundo en invenciones ,
no me hubiese socorrido con abundancia ; de manera que yo mis-
mo compuse cuentos galantes 6 c6micos , que dîTirtièron mucho
al gran duque. Y , lo que sucede muchas yeces à los ingeniosos
y agudos de profesion , por la mafiana apuntaba en mi libro de
memoria las agudezas que habia de decir por la tarde , vendièn-
dolas como ocurridas de repente.
Methne tambien à poeta , y consagré mi musa à las alabanzas
del principe. Confieso de buena fe que mis yersos no valian mu-
cho , y por eso nadie los criticô ; pero aun cuando hubieran sido
mejores , dudo que el duque los hubiera celebrado mas : el he-
cho es que le agradaban infinito , lo que quizà dependeria de los
asuntos que yo elegia. Fuese por lo que quisiese , aquel prmdpe
estaba tan pagado de mi que lleguè à causar zelos à los cortesa-
nos. Estos quisiéron averiguar quien era yo ; pero no lo consi-
guièron , y solo Uegiron à descubrir que habia sido renegado. No
dejâron de ponerlo en noticia del principe , con esperanza de des-
bûicarme; pero, léjos de salir con la suya, este diisme sirviô
ûnicamente para que el gran duque me obligase un dia à que le
hiciese una fiel relacion de mi cautiverio en Àrgel. ObedecÛe , y
mis aventuras le divirtiëron infinito.
Luego que la acabé , me dijo : Don Rafael , yo te estimo mu-
cho , y quiero darte de ello un prueba tal que no te deje gènero
de duda. Yoy à hacerte depositario de mis secretos , y para po-
nerte desde luego en posesion de confidente mio , te digo que
amo con pasîon à la muger de uno de mis ministros. Es la seâora
mas linda de mi corte , pero al mismo tiempo la mas virtuosa.
Ocupada enteramente on el gobierno de su casa , y del todo
entregada al amor de un marido que la idolâtra , parère que ella
LIBRO QUINTO. 269
sola ignora lo celebrada que es en Florencia su hermosura. Por
aqui conoceràs la dificultad de conquistar sa corazon. En medio
de eso esta deidad , inaccesible à los amantes, alguna i^ez me ha
oido suspirar por ella : he hallado medios de hablarle à solas ;
conoce mis sentimientos interiores , mas no por eso me lisonjeo
de haberle inspirado amor , no habiëndome dado ningun motiyo
para formarme ana idea tan lisonjera. Sin embargo , no desconfio
de qae Degae à série grata mi constancia y la misteriosa con-
docta qoe observo. Lai pasion que abrigo en mi pecho à esta
dama , ella sola la conoce. En vez de dejarme Ueyar de mi in-
clinacion sin reparo algnno , abusando del poder y antoridad de
soberano , mi mayor cuidado es ocultar à todo el mando el co-
nocimiento de mi amor. Paréceme deber esta atencion à Hasca-
rini» que es el esposo de la qae amo. El desinteres y zelo con
que me sirre , sus seryicios y sa probidad me obligan & procéder
con el mayor secreto y circunspeccion^ No quiero clayar an pu*
ûal en el pecho de este marido infeliz dedaràndome amante de
sa muger. Quisiera que ignorase siempre , si posible fuera , el
fiiego que me abrasa ; porque estoy persuadido de que moriria
de pena si llegase à saber lo que ahora te confio. Por eso le ocul-
to los pasos que doy , y he pensado yalerme de ti para que ma-
nifiestes à Lucrecia lo mucho que me hace padecer la yiolencia
à que me condeno yo ùiismo : tu seras el que le declares mis
amorosos afectos , no dudando que desempefiaràs muy bien este
delicado encargo. Traba conocimiento con Hascarini, procura
granjear su amistad , introducete en su casa , y logra la libertad
de hablar à su muger. Esto es lo que espero de ti , y lo que
estoy seguro haras con toda la destreza y discrecion que pide
un encargo tan delicado.
Habiendo prometido al gran duque hacer todo lo posible para
corresponder â su confianza, y contribuir à la satisfaccion de sus
deseos y cumpli presto mi palabra. Nada omiti para adquirir la
amistad de Mascarini , lo que me costô poco trabajo. Sumamen-
te pagado de que solicitase su amistad un cortesano bien quisto
del principe , me ahorrô la mitad del camino. Franqueôme sa
casa 9 tuye libre la entrada en el cuarto de su muger , y me atre-
yerë à decir que en yista de mi cauto procéder no tuyo la me*
nor sospecha de la negociadon de que estaba encargado. Es yer-
dad que, como era poco zeloso , aunque Italiano , se fiaba en la
yirtud de su esposa , y encerràndose en su despacho , me dejaba
muchos ratos solo con Lucrecia. Dejando desde luego â un lado
los rodeos , le hablé del amor del gran daque, y le declare que
yo iba à su casa precisamente à tratar de este asunto. Pareciôme
que no le tenia grande inclinacion ; pero al mismo tiempo conoci
que la vanidad le hacia oir con gusto su pretension, y se com-
placia en oirla sin qaerer corresponder à ella. Era yerdadera^
3T0 GIL BLAS.
mente mager joidoMi y nmy pradente; pero al ftn era miiger ,
J adveiti que sa yirtad iba inseiisiblemente râdièDdose à la li-
sonjera idea de tener aprisionado à su soberano. En conclnsion ,
el principe podia con fondamento esperar que sin renoyar la via-
lenda de Tarquino Teria & esta Locrecia esdava de sa amor. Sin
embargo , un lance impensado desyaneciô sus esperanzas , como
ahora oirén ustedes.
Soy nataralmente atrevido con las mogeres , costumbre qae
contraje entre los Tarcos. Lucrecia era bermosa ; y olvidândome
de qoe con ella solamente debia hacer el papel de negociador ,
le hablè por mi en lagar de bablarle por el gran duque. Ofredle
mis obsequios lo mas cortesmente que pude, y en vez de ofen~
derse de mi osadia , y de responderme con enfeido , me dijo son-
riëndose: Confesad, don Rafiael, que el gran duque ha tenido
grande acierto en elegir un agente muy fiel y muy zeloso , pues
le servis con ana lealtad que no hay palabras para encarecerla.
Seftora , le respondi en el mismo tono , las cosas no se han de
examinar con tanto escrùpulo. Suplicoos que dejemos A un lado
las reflexiones , que conozco no me ferorecen mucho ; yo sola-
mente sigo lo que me dicta el corazon. Sobre todo , no creo ser
el primer confidente de un principe que en punto a galanteo ha
sido traidor & su amo. Es cosa muy frecuente en los grandes se-
flores hatlar en sus Mercurios unos rivales peligrosos. Bien puede
ser asiy replicô Lucrecia, pero yo soy altiva, y solo un prin-
cipe séria capaz de mover mi inclinacion. Arreglaos por este prin-
cipio, prosiguiô ella volviendo à revestirse de su natural serie-
dad , y mudemos de conversacion. Quiero olvidar lo que me
acabais de decir , con la condicion de que jamas os suceda vol ver à
tocar semejante asunto , pues de lo contrario podréis arrepentiros.
Aunque este era un aviso al lector, de que yo debiera haberme
aprovechado , prosegui no obstante en hablar de mi pasion à la
muger de Mascarini, y aun la importuné con mas eficacia que an-
tes à que correspondiese é mi carifto , llevando à tal extremo mi
temeridad que quise tomarme algunas libertades. Ofendida entén-
ces la dama de mis expresiones y de mis modales musulmanes,
se llenô de côlera* contra mi , amenazàndome de que no tardaria
el gran duque en saber mi insolencia , y que le suplicaria me cas-
tigase como merecia. Dime yo tambîen por ofendido de sus ame-
nazaSy y convirtiëndose en odio mi amor , déterminé tomar ven-
ganza del desprecio con que me habia tratado. Fuime à ver con
su marido , y despues de haberle hecho jurar que no me descu-
briria , le informé de la inteligencia que reinaba entre su muger y
el principe , pintàndola muy enamorada para dar mas interes â la
relacion. Lo primero que hizo el ministro , para precaver todo
accidente , foé encerrar sin mas ceremonia en un cuarto reservado
à sa esposa , encargando à personas de toda confianza la casto-
LIBRO QUINTO. 271
dîaseo esirechamente« Mièntras ella estaba cercada de yigilantes
argos que la obseryaban y no dejaban camino algano por donde
podiesen llegar al gran duque noticias suyas, yo me présenté à
este principe con rostro triste , y le dije que no debia pensar mas
en Lacrecia , porque Mascarini sin duda babia descubierto todo
noestro enredo , puesto que habia comenzado é guardar à su mu-
ger;que yo no sabia por donde padiese haber entrado en sos*
péchas de mi , pues siempre habia yo usado del mayor disimulo
y mafia : que quizà la misma Lucrecia habria informado de todo
à su esposo , y de acuerdo con ël se habria dejado encerrar para
librarse de splicitaciones que ponian en sobresalto su yirtud.
Mostrôse el principe muy afligido de oirme : entônces me com-
padeciô mucho su sentimiento , y mas de una yez me peso de lo
que habia dicho; pero ya no tenia remedio. Por otra parte con-
fieso que experimentaba un maligno placer cnando considerabael
estado à que habia reducido à una muger orgullosa que habia des-
preciado mis suspiros.
Yo gozaba impunemente del placer de la yenganza , cuando
on dia , estando en presencia del gran duque con cinco ô seis
seûores de su corte, nos preguntôâ todos: ;Què castigo os pa-
reoe mereoerîa un hombre que hubiese abusado de la confianza
de su principe é intentado robarle su dama ? Herecia , respoii-
di6 uno de los cortesanos , ser descuartizado yiyo : otro opinô
que debia ser apaleado hasta que espîrase : el mënos cruel de
estes Italianos , y el que se mostrô mas feyorable al delincuente,
dqo que ël se contentaria con hacerle arrojar de lo alto de
ona terre. Y don Rafael, replicô entônces el gran duque, ;de
que parecer es ? porque estoy persuadido de que los Espa-
floles no son mënos seyeros que los Italianos en semejantes
ocasiones.
Conod bien, comose puede discurrir, que Mascarini habia
violado su juramento , 6 que su muger habia hallado medio de
informar al gran duque de cuanto habia pasado entre los dos.
En mi rostro se echaba de yer la tnrbacion que me agitaba ;
pero à pesar de ello respondi con entereza al gran duque: Se-
^r , los EspaAoles son mas generosos ; en igual lance perdona-
nan al confidente, y con este rasgo de bondad producirian en
sa aima un eterno arrepentimiento de haberles sido traidor. Pues
bien , me dijo el duque , yo me contemplo capaz de esa genero-
sidad y perdono al traidor, reconociendo que solo debo culpar-
ine & mi nûsmo por haberme fiado de un hombre à qnien no
conocia , y de quien tenia motiyos de desconfiar en razon de lo
que me habian contado de ël. Don Rafiaiel , aftadiô , la yenganza
quetomo de yos es que salgais inmediatamente de todos mis esta-
dos , y no yolyais à poneros en mi presencia. Retiréme en el mis-
OK) panto , mënos aÂigido de mi desgracia , que gozoso de haber
272 GIL BLAS.
escapado de este apuro à tan poca oosta. Al dia s^uiente me
emlMffque en un tmque catalan que saliô del puerto de Lioma para
Barcelona.
Cuando Ilegô don Rafeel à este punto de su historia no me
pude contener en decirle : Para un hombre tan adyertido como
sois y me pareoe fué grande error no haber salido de Florencia asi
que descubristeis à Hascarini el amor del principe hàcia Lucrecia.
Debiais tener por cierto que tardaria poco el gran duque en saber
Tuestra traicion. Con\engo en ello , respondiô el hijo de Lucinda,
7 por lo mismo habia pensado buir cuanto antes , i pesar del jo-
ramento que me hizo el ministro de no exponerme al resenti-
miento del principe. Llegué à Barcelona , continua , con lo que
me babia quedado de las riquezas que traje de Àrgel , cuya ma-
yor parte habia disipado en Florencia por ostentar que era on
caballero espaAol. No me detuve largo tiempo en Catalufla. Re-
yentaba por yolverme cuanto entes à Madrid , encantado lugar
de mi nacimiento , y satisfice mis ansiosos deseos lo mas presto
que me fué posible. Luego que llegué à la corte me apeé por
casualidad en una de las posadas de caballeros , en donde yiyia
una dama Uamada Camila , que aunque habia salido ya de la
menor edad , era una muger muy salada ; testigo el seûor Gil
Bias , que por aquel mismo tiempo poco mas 6 ménos la tîô en
Yalladolid. Aun era mas discreta que hermosa , y ninguna aven-
turera tuvo mayor talento para traer la pesca à sus redes ; pero
no se parecia à aquellas ninfas que se aprovechan del agradeci-
miento de sus galanes. Si acababa de despojar à algun mayordomo
de un gran sefior , inmediatamente repartia los despojos con el
primer caballero mendicante que fuese de su gusto.
Apénas nos \imos los dos cuando nos amémos » y la confor-
midad de nuestras indinaciones nos uniô tan estrechamente ,
que presto pasô à hacer comunes nuestros bienes. À la verdad
no eran estos muy considerables > y asi los comimos en poco
tiempo. Por nuestra desgracia solo pensabamos uno y otro en
agradarnos , sin yalernos de las disposiciones que ambos tenia-
mos para vivir à costa agena. La miseria en fin despertô nuestros
ingenios que el placer tenia aletargados. Qaerido Ra£Biel , me
dijo un dia Gamila , pongamos treguas à nuestro amor , deje-
mos de guardarnos una fidelidad que nos arruina. Tu puedes em-
bobar é alguna yiuda rica, y yo pescar à algun viejo poderoso.
Si proseguimos siéndonos fioles uno à otro , ye ahi dos fortanas
perdidas. Hermosa Camila, respond! yo prontamente, me ganas
por la mano , pues iba â hacerte la misma propuesta : yengo en
ello y reina mia. Si por cierto , para la mejor conseryacion de
nuestro amor es menester intentar conquistas utiles. Nuestras
infidelidades serén triunfos para entrambos.
Ajustado este tratado salimos à campafla. Al prindpio por mas
LIBRO QUINTO. »S
diligendasqne hiclmos no pudimos encontrar lo que biiflcabamos.
A Camila solamente se le presentaban pisayerdes ^ es decir » aman-
tes qne no tienen un cuarto ; y à mi solo se me ofrecian aquellaa
mogeres que mas quieren imponer contribuciones que pagarlas.
Como el amor se negaba à socorrer nuestras neceiidades » ape-
làmoa à enredos j bellaquerias. Hicimos tantos y tanias, que el
corregidor llegô à saberlas , y este juez en extremo seyero diô
èrden à un alguacil para que nos prendiese; pero este» que era
tan baeno como taimado el corregidory nos hizo espaldas para
que saliesemos de Madrid , mediante una propineja que le dimos.
Tomâmos el camino de Valladolid, è hicimos pié en aqnella ciudad*
Alquilé una casa donde me alojè con Camila , que por eyitar el
escéndalo pasaba por hermana mia. Al principio nos contuy imos en
ejercer nnestra habilidad , y comenzâmos à tantear y conocer bien
el terreno Antes de acometer ninguna empresa.
Un dia se llegA i mi en la calle un hombre, y saludAndome muy
eortesmente me dijo : ^Seftor don Rafael , no me conoce ymd. ?
Respondile que no. Pues yo , me replicô, oonosco à ymd. mucho
por haberle yisto en la corte de Toscana , donde seryia yo en
las guardias del gran duque. Pocos meses ha que dejë el seryicîo
de aquel principe , y me yine à Espaûa con un Italiano de los
mas astutos. Estamos en Valladolid très semanas ha, yivimos en
compaûia de un Castellano y de un Gallego , mozos los dos segu-
ramente muy honrados » y nos mantenemos todos cou el trabajo
de nuestras manos. Lo pasamos opiparamente. y nos diyertimos
como unos principes. Si ymd. quiere agregarse à nosotros serA muy
bien redbido de mis compaûeros , porque siempre le he tenido
i ymd. por un hombre muy de bien, naturalmente poco escru-
puloso » y caballero profeso en nnestra ôrden.
La firanqneza cou que me bablô aquel bribon me estimulô A
respondertodel mismo modo. Ya que te has franqueado conmigo
con tanta sinceridad, le respondi, quiero hablarte con la misma.
Es yerdad que no soy noyicio en yuestra profesion, y si la mo-
destia me permitiera referirte mis proezas, yerias que no me has
hecho demasiada meroed en tu yeniajoso concepto ; pero , dejando
é on lado alabanzas propias, me contcntaré con dedrte , admi-
tiendo la plaza que me ofreces en yuestra compaflia, que no
perdonaré diligencîa alguna para haceros conocer que no la des-
mereaco. Apënas dije à aquel ambidextro que consentia enaumen-
tar el numéro de sus camaradas , cuando me condujo à donde
estos estaban , y desde el mismo punto me di à conocer à todos.
Atti fuè donde y i por primera yez al ilustre Ambrosio de Lamela»
Examinâronme aquellos seftores sobre el arte de apropiarse sutil-^
mente lo ageno. Quisiéroïi saber si tenia principios de la fecnltad,
y descubrUes tantas tretas nueyas para ellos , que se quedéron
adoivados ; pero mucho mas se pasmAron cuando , despreciando
48
9!é GIL BLAS.
yo la SQtileza de mis manos, como una cosa miiy ordinarâi ^ les
asegaré que en lo qae yo me ayeotajaba era en golpes magistrales
de hurtar cpie pedian ingenio ; y para persnadtrles que era Terdad ,
les conté la aventara de Gerônimo de Mîajadas, y tiastô la sen-
dlla relacion de aquei snceso para que me reconodesen per de an
talento superior , y todos à una me nombraaen por gefe say o. Tardé
poco en acreditar el acierto de su eleocion en una midtitad de
bribonerias que hicimôs , de todas las cuales fui yo por decîrlo
asi la Haye maestra. Cuando necesitabamos alguna actrîz para for-
jar mejor algun enredo , ecbabamos mano de Gamila , que r^re-
sentaba-con primor cuantos papeles se le encargaban.
Diôle por aquel tiempo à nuestro cofrade Ambrosio la tenta-
don de îr â su pais , y con efecto marché à Galida , asegurén-
donos de su yuelta. Despues que satisfizo sus deseos » Tolviô
por Burgos , sin duda para dar algun golpe de maestro , en donde
un mesonero conocido suyo le acomodé con el seAor Gil Bias de
Santillana , de cuyos asuntos le informé muy bien. Ymd. , seùor
Gil Bias , prosiguié dirigiéndome la palabra , se acordarà sin doda
del modo con que le desbalijàmos en la posada de caballeros de
Yalladolid. Tengo por cierto que desde hiego sospecbé vmd. qoe
su criado Ambrosio habia sido el principal instrum^ito de aqael
robo, y en Terdad que le sobre la razon para sospecbarlo.
Luego que llegé à Vsîlladolid Tino en busca nuestra, enterénos
de todo , y la ga^illa se encargo de lo demas ; pero no sabra vmd.
las resueltas de aquel pasage, y quiero informarle de ellas. Am-
brosio y yo cargàmos cou la balija , y montados en yuestras
mulas tomâmos el camino de Madrid , sin contar con Camila ni
con los demas camaradas, los cuales se admirarian tanto como
Tos de ver que no pareciamos al dîa siguiente.
A la segunda jornada mud&mos de pensamiento : en yez de ir
à Madrid, de donde no habia salido sin motivo, pasàmos por
Cebreros , y continuàmos nuestro camino hasta Toledo. Lo pri-
mero que hicimos en aquella ciudad fùé vestirnos muy decente-
mente ; y luego yendiéndonos por dos hermanos gallegos que yia-
jaban por curiosidad , en poco tiempo hidmos conocimiento con
mucha gente de distincion. Estaba yo tan acostumbrado à los mo-
dales cortesanos y caballerescos, que f&dlmente se engaMron
cuantos me yiéron y tratàron. Â esto se afladia que , como en un
pais desconocido la calidad de los forasteros regularmenie se
mide por el gasto que hacen , y por el lucimiento con que se
portan, ofuscàJ)amos à todos con magnificos festines que empe-
zémos i dar à las damas. Entre las que yo yisitaba encontre con
una que me gusté , pareciéndome mas linda y jéyen que Gsunila.
Quise saber quien era , y me dijéron se Uamaba Y iohmte , muger
de un caballero que , cansado ya de sus caricias , galanteaba i
nna cortesana que se habia apoderado de su corazon. No nece-
LIBROQUINTO. 275
site saber mafl para determinarme à haoer i dofia Violante duefia
soberana de todos mis pensamientos.
Tarda poco ella misma en oonocer la adquisicion que habia
hecho« Gomenzé à seguirla à todas partes , y à hacer mil locuras
para persuadirle de que no aspiraba yo à otra cosa que à con-
soiarla de las infidelidades de su marido. Pensé un tanto sobre
esio , y al cabo tuve el gusto de conocer que aprobaba mis in-
tenciones. Recibi en fin un billete de ella en respuesta à muchos
que yo le habîa escrito por medio de una de aquellas Tiejas que
en Espafia è Italia son tan cômodas. Dedame la dama en el tal
billete que au marido cenaba todas las noches en casa de su
aoiiga f y que hasta muy tarde no Tolvia à la suya. Desde luego
oomprendi lo que me queria decir con esto. AqueUa misma noche
fiii à hablar por la reja con dofia Violante , y tuve con ella una
conyersacion de las mas tiernas. Antes de separarnos quedémos
de acuerdo en que todas la noches à la misma hora pos hablaria-
mos en el propio sitio , sin perjuicio de las demas galanterias
qae nos fuese permitido practicar por el dia.
Hasta entônces don Baltasar, que asi se Uamaba el marido de
Violante , podia darse por bien ser^ido ; pero siendo otros mis
deseos, fîil una noche al sitio consabido con ânimo de decirle
. que ya no podia yivir si no lograba hablarle é solas en un lo-
gar mas conyeniente al exceso de mi amor, fineza que aun no
habia podido conseguir de ella. Apènas Uegué cerca de la reja,
coando yi Tenir por la calle é un hombre, el cual conoci cpie
me obseryaba. Con efecto , era el marido de doua Violante, que
aqnella noohe se retiraba à casa algo temprano , y yiendo pa-
nido alli à un hombre comenzô èl mismo â pasearse por la ca-
He. Dudè algun tiempo lo que debia haoer; pero al fin me dé-
terminé à llegarme à don Baltasar sin conocerle , ni que èl me
conociese à mi , y le dije : Caballero , suplico â ymd. que por
esta noche me deje libre la calle , que en otra ocasion le seryiré
7^ à ymd. Seftor, me respondiô, la misma sùplica iba yo à ha-
cerle i ymd. Yo cortejo à una seftorita que yiye à yeinte pasos
de aqui , à la cual un hermano suyo hace guardar con la mayor
vigQancia; por lo que quisiera yer desocupada del todo la calle.
Espère ymd., répliqué, qae ahora me ocurre un modo para que
^nÂos quedémos servidos sin incomodamos , porque la dama
lue yo cortejo yiye en esta casa , mostràndole la propia suya.
Vmd. puede diyertirse en la otra miéntras yo me diyierto en esta,
y hacernos espaldas los dos si alguno de nosotros fuere acome-»
tido. Conyengo en ello , repuso él : yoy à ocupar mi sitio , ymd.
qoédese en el suyo , y socorràmonos mutuamente en caso de n^
<^idad. Diciendo esto se aparté de mi , pero fué para obser-
i^arme mejor, lo que podia hacer sin riesgo porque la noche
estaba oscura.
276 GIL BLAS.
Aoercàndome onténces m reœlo é la reja de Violante , no tardô
eala en yenir, y oomcnzimosihaUar. No me ohidé de instar à ml
reina para qne me conoedieae una aodienda priyadaen atîo re-
aery ado. Resistiôse on pooo i mis mego« para haoer mas apreciable
el fiiy or ; pero despaes echéndome nn papel qoe ya traia preyenido
en el bobOlo: Ahi ya, me dijo , lo que deseais^y yerëis bien dea-
padiadas yuestras supiicas. AI decir esto se retir6 por <
iba yiniendo ya la bora en que aoostumbraba à recogerse â
su marido ; pero este , que babia conocido muy Men ser su i
ger el idolo & quien yo sacrificaba , me sali6 al encuentro, y oon
un fiogido gozo me preguntô : Y bien , caballero» ^eatà ymd.
contento de su buena fortnna? Tengo motiyo para estario , le
respond! : y & ymd. ;como le fué con la suya? ^Mostrôsele d
amor risueik) y fii vorable ? ;0h ! no , me respondio eon despecho.
£1 maldito hermano de mi querida yolyiô de su casa de campo
un dia intes de lo que habîamos pensado , y este contratiempo
ha aguado el contento con que yo me habia lisoigeado.
Hicimonos don Baltasar y yo reciprocas protestas de amistad ,
y nos citimos para yemos en la plaza mayor la maAana siguiente.
Despues que nos separàmos se fiié don Baltasar derecbo à su
casa, donde no mostrô i su muger el menor indîcio de las no-
ticias que tenia de ella, y al otro dia acudiô é la phza segun lo
acordado , y de alli & un momento llegué yo. Saludimonos om
yiyas demostracîones de amistad, tan aleyosas por su parte como
sinceras por la mia. Hizome el artificioso don Baltasar una fiil-
sa confianza de sus lances amorosos con la dama de quien me
habia hablado la noche anterior. Contôme una larga ftbula que
habia foijado , todo con el siniestro fin de obliganne â cones-
penderie, conténdoleyo el modo oon que habia hecho conocîr
miento con Violante. Cai incautamente en el lazo, y oon la ma-
yor firanqueza del mundo le confesë todo lo que me habia
snoedido; y no contento con esto le ensefté el papel que habia
recibido, y aun le lei tambien su contexte, que era el siguiente:
Maêana vri d cerner en cota de doêa Inei; ya $ahm donde vwe:
alH habUxtèmot d toUu. No puedo negaroê por mas largo 6empo
an favor que juxgo merecds.
Ese es un papel, dijo don Baltasar, que le promete é ymd. d me-
recido premio de sus amorosos suspires. Doile é ymd. de ante--
mano la enhorabuena de la dicha que le aguarda. No deji de
parecer algo turbado miéntras haUaba de esta manera; pero fit-
cilmente me deslumbrô , ocultando à mis ojos su conmodon y
encjo. Estaba tan embelesado en mis halagûefias esperanzas^
que no me paraba en obsenrar i mi confidente, annque este se
yiô predsado à dcgarme, sin duda por temor de que conociese su
agitadon. Partiô luego & contar i su cufiado esta ayentura, é
ignore que pasô entre los dos; solo se que don Baltasar yino à
LIBRO QUINTO. 277
casa de dofta Inès A tieiiipo que yo estaba con Violante. Sapfanos
cpie era el el cpie Ilamaba , y yo me escape por una pnerta felsa
Antes que etitrase en la sala. Lnego que desapared se aquietéron
hs dos mugereSy que se habian asustado mucho con la repeiH
tma renida del marido. Recibiëronle con tanta serenidad , que
desde luego sospediA me habian escondido 6 hecho escapadizo.
Lo que dijo i do^a Ines y é su muger no os lo puedo contar,
porque nunca lo he sabido.
Entretanto, no acabando todavia de conocer quedonBaltasar
se burlaba cruelmente de mi sinceridad , sali de la casa echén-
dole mQ maldidones , y me fui derecho i la plaza, donde habia
dicho à Lamela me aguardase. No le encontre, porque el bri-
bon tenia tambien su poco de trapiBo , y con snerte mas dichosa
que la mia. Miëntras le esperaba , yi à mi falso confidente yenir
Ûcia mi con rostro muy alegre y roucho desembarazo. Luego que
liegô A ml me preguntô como me habia ido con mi ninfa en casa
de dofta loes. No se que demonio , le respond! , enyidioso de
mis gustos, me yino i echar un jarro de agua en todos ellos.
Miéntras estaba à solas con ella instando y suplicando, Ilamô à
h puerta su maldito marido , A quien lleye Barrabas. Me fné pre«
ciso pensar en el modo de retirarme prontamente , y asi me
BKirchè por una puerta excusada dando mil yeoes al diablo al
gnmdisimo importune que yiene siempre A desbaratar mis desi-
enios. A la yerdad lo siento , repuso don Baltasar, alegrisimo
^ su interior de yerme desazonado. Ese es un marido molesto,
que no merece se le dé cuarteL jOh ! en cnanto A eso , répliqué
70, no dudeis que seguiré yuestro consejo. Os doy palabra de
que esta misma noche se le darA pasaporte para el otro barrio.
Sa muger, al separarnos , me dijo que fiiese adelante con mi
empefio , y no abandonase la empresa por tan pocas cosas : que
prosigniese en acudir A su yentana A la hora acostumbrada;
porque estaba resuelta A introducirme ella misma en su casa ;
P^o que en todo case no dejase de ir escoltado con dos 6 très
camaradas para que en cualquier lance me hallase bien preye-^
mdo. (Oh, que prudente es esa dama! me respondiô éL Yo me
ofrezco desde luego A acompaftaros. jOh , querido amigo , ré-
pliqué yo fuera de mi de puro gozo y ecliAndole los brazos al
coello, y de cuantas finezas os soy deudor! Ann haré mas por
^os , repuso el : yo conozco A un mozo que es un Alejandro ;
^^ nos acompafiarA , y con tal escolta podréis diyertiros A yues-
^0 gusto sin sobresalto ni contratiempo.
^0 encontraba yoces para explicar mi agradecimiento A los
favores de aquel nuevo amigo , tan encantado me tenia su zelo.
^<»ptè en fin el auxilio quo me ofrecia , y dAndonos el santo
para cerca de la puerta dc Violante A la entrada de la noche, nos
«^paramos* Don Baltasar fu6 «^ buscar à su cuftado , que era el
278 GIL BLAS.
Alejandro de quien me habia hablado ; y yo me quedé paseando
con Lamela, el Cfud, aunque no ménos admirado que yo de la
eficada con que don Baltasar se inieresaba en este asunto , cayo
tambien en la red como yo habia caido , sin pasarle por el pen-
samiento la menor desconfianza de la sencillez de aquellas fine-
zas. Gonfieso que una simplicidad tan garrafal no se podia per-
donar a unos hombres como nosotros. Cuando me pareciô que
era hora de presentarme à la yentana de Violante , Ambrosio y
yo nos acercàmos à ella bien preyenidos de buenas armas. Ha-
llàmos en el mismo sitio al marido de la dama , acompafiado de
otro hombre, que nos esperaban & pié firme. Llegôse à ml don
Baltasar y me dijo : Este es el caballero de cuyo yalor bablimos
esta maAana. Entre ymd. en casa de esa seitora, y disfirute su
dicha sin rezelo ni inquietud.
Acabados los reciprocos cumplimientos , llamé à la puerta de
mi ninfa , y yino à abrirla una especie de dueûa. Entré sin ad-
yertir lo que pasaba à mis espaldas , y Ueguë hasta una sala
donde Violante me esperaba. Miéntras la estaba saludando, los
dos traidores que me siguiëron hasta dentro de la casa habian
entrado en ella tan atropelladamente , y cerrado tras de si la
puerta con tanta yiolencia , que el pobre Ambrosio se quedô en
la. calle. Descubriéronse entônces, y ya podeis imagînar el
apure en que yo me yeria. Bien se déjà conocer que fu6 forzoso
enténces llegar à las manos. Acometiéronme los dos al mismo
tiempo con las espadas desnudas y y yo les correspond! dàndoles
tanto que hacer, que se arrepintiéron presto de no haber tomado
medidas mas seguras para la yenganza. Pasé de parte à parte al
marido; y el cuùado yiéndole en aquel estado tomô la puerta,
que Violante y la duefia habian dejado abierta al escaparse
miéntras nosotros reftiamos. Fuile siguiendo hasta la eaDe,
donde me réuni con Lamela, que, no habiendo podido sacar ni
una sola palabra à las dos mugeres que habia yisto ir huyendo,
no sabia precisamente à que atribuir el rumor que acababa de
oir. Volyimos à la posada , y recogiendo lo mejor que teniamos,
montémos en nuestras mulas, y salimos de la dudad Antes que
amaneciese.
Conocimos muy bien que el lance podia tener. malas résultas,
y que se harian en Toledo pesquisas , contra las cnales séria im-
prudencia no tomar todo género de precauciones. Hicimos noche
en Villarubia en un meson, en donde à poco rato entrô un mer-
cader de Toledo que caminaba à Segorye. Genémos con él , y nos
contô el tràgico suceso del marido do» Violante , mostràndose tan
ageno de sospecharnos reos en él , que con libertad le hicimos
toda suerte de preguntas. Seûores, nos dijo, el caso lo supe esta
mafiana al ir é montar i caballo ; se hacen grandes diligencias
para encontrar & Violante ; y me han asegurado que , siendo el
LIBRO QUINTO. 279
corregidor pariente de don Baltasar , esté en ànimo de no per-
donar medio algono para descobrir los autores del homicidio.
£sto es todo lo que se.
Annqae nada me espantéron las pesqoisas del corregidor dé
Toledo, no obstante » tomèdesde luego la determinacion de salir
cuanto antes de Castillala Nueya, haciéndome cargo de que si en-
contrabaa é Violante confesaria esta cuanto habia pasado , 7 daria
tales sellas de mi persona, que la justicia despacharia répida-
mente varias gentes en mi seguimiento. Por todas estas conside-
raciones resolvimos desviamos del camino real desde el dia si-
gaiente. Tuyimos la fortuna de que Lamela habia corrido las très
partes de Espaika, y tenia bien conocidas todas las sendas extra-
Tiadas por donde podiamos pasar con seguridad à Aragon. En
Tez de imos derechos à Cuenca , nos metimos en las montallas
que estàn entes de Uegar à la ciudad , y por senderos muy prao-
ticados por mi conductor , Uegàmos à una gruta que tenia tpda la
apariencia de ermita. Con efecto era la misma à donde ayer noche
Uegàron ustedes à pedirme los recogiese.
Miéntras estaba yo examinando sus contornos que me repre-
sentaban un pais deliciosisimo, me dijo mi compafkero : Seis aftos
ha que, pasando yo por aqui, me hospedô caritatiyamente en esta
ermita on andano y yenerable ermitafto , que repartie conmigo
los escasos vipères que tenia. Era un santo yaron , y me dijo
cosas tan sautas y tan buenas, que faltô poco para que yo dejase
el mundo.Acasoyiyirà todayia, yquieroyer si esasi. Dicho esto
se apeô de la mula el curioso Ambrosio , y entrando en la ermita,
despues de haberse detenido en ella algunos momentos, saliô
diciéndome : Apeaos, don Rafael, y yenid à yer un espectéculo
lûuy tiemo.Eché pié â tierra inmediatamente, y atando nuestras
mulas à un Arbol , segui à Lamela hasta la gruta , donde entré , y
vi tendido en una y il tarima A un yiejo anacoreta , pàlido y mo-
ribundo. Pendiadesu yenerable rostro una blanca tmrba tan po-
blada y larga, que le lle^aba hasta la cintura, y tenia en sus
manos juntas entrelazado un gran rosario. Al ruido que hicimos
cuando nos aoercàmos à ël , entreabriô los ojos , que la muerte
habia comenzado ya à cerrar , y despues de haberoos mirado ua
momento nos dijo : Hermanoi nùos, seoM quienes fuereis, aprove^
ckaoB del espectdculo que se ofrece à vuestra vista. Cuarenta aàoi hc
vimdo en elmundo, y sesenta en esta soledad, {Ah, y que largo me
parece ahora el tiempo que dediqué d mis deUites, y al conirario qtii
^^^^"^ el que he consagrado d la penUencia! / Ah ! mucho temo que las
(lusieridades del hermano Juan no hayon sido battantes para expiât
^ pecados del lieenciado don Juan de Sotis.
Apènas dijo estas palabras cuando espirô ; y los dos nos que*
démos atânitos éyista de su muerte. Taies objetos siempre hacen
%ina impresion hasta en los mayores Ubertinos ; pero dnrôpoco
ISO GIL BLAS.
mmtra oonmocton , porqoe olyidemos presto io qae mtbtHm de
dedraotf^ Gomeozamos i haoer inyeatario de todo lo cpie habtt
en la ermita, en Io que no tardàmos macho tiempo, paes iodo0
los mnebles oonristian en lo que habeis podido Ter en elbu No solo
la tenia el hermano Juan mal amaebiada , sino que haata la des-
pensa estaba mal protista. Todas las proyisiones que haDenios se
redudan à anas pocas ayellanas y algunos mendrugos de pan casi
petrificados , que à la cuenta no habian podido mascar las des-^
pobladas encias del santo yaron : digo despoUadas, porque ob^
seryémos que se le habia caido la dentadura. Todo lo que con-
tenia esta morada solitaria y todo lo que yeiamos , nos bada
mirar à este boen anacoreta como i un santo. Una sola cosa nos
namô la atendon : hallàmos un papel plegado en forma de carta ,
que el difimto habia dejado sobre la mesa, en la oual encargaba
i quien le leyese que Ueyase su rosario y sus sandalias al obispo
de Guenca. No acaiNibamos de entender cou que intendon habia
podido aquel noeyo padre iei desierto desear que se hidese à su
obispo semejante regalo. Olianos esto i Cedta de humildad , à à
cierto hipo de ser tenido por santo. Pero ^ quien sabe si solo fué
un si es no es de tonteria? Es punto que no me même à deddir.
Hablando de ello Lamelay yo, le ocarriô â aquel un extrafio
pensamiento. Quedteionos , me dijo , en esta ermita , y disfirazè*
monos de ermitafios. Enterremos al hermano Juan. Tu pasar&s
por él ; y yo con el nombre de hermano Antonio irè i pedîr If-
mosna por los Ingares y aldeas del oontorno. De esta manera, no
solo estarémos à cnbierto de ks pesquisas del corregidor , que
no ereo pueda pensar en buscamos aqui, sino que espero lo
pasarémos bien , en yirtud de los conodmientos qoe tengo en la
dudad de Guenca. Aprobè este extrafio pensamiento , no ya por
las razones que Ambrosio me alçgaba , sino por un rasgo de ex-
trayagancia , y como para representar un papel en una pieza de
teatro. Abrimos , pues , una sepultura à treinta ô cuarenta pasos
de la gruta , y enterremos en eUa modestamente al anacoreta des-
pues de haberle despojado de su hàbito , que consistia en una
sola tunica ceûida al cuerpo con una correa de cuero , y le cor-
timos tambien la barba para hacerme con ella à mi una postiza ;
en fin , hechos los fiinerales tomàmos posesion de la ermita.
Pasàmoslo muy mal el primer dia , yiéndonos predsados à
mantenernos solamente de la triste provision que nos habia de-
jado el difunto ; pero el dia siguiente entes de amanecer saliô
Lamela à campafta con las dos mulas que yendiô en Coenca , y por
la noche yolyiô cargado de yiyereff y de otras cosillas que hsîbia
eomprado. Trajo todo lo que era menester para disCrazamos
bien. Hîzo para si una tunica 6 hàbito de pafto pardo, y una
barbflla roja de crines , la que se supo acomodar con tal arto
que parecia natural. No hay en el mundo mozo mas mafioso que
LiBROQUiirra mi
ë. Arregl6 tunbien la bsrba del hermano Joan , ajuaiômeia i la
on, 7 pàaome en la cabeea on gran gorro de lana oscura, que
eontribiria mocho para disimalar el àrtificto. Se puede decir que
Dada iaitaba para nnestro disfraz. Hallémonos los dos en esle rt»
dkalo equipage » de manera que no podiamos miramos sin reir-
nos , Tiéndonos en on trage que ciertamente no nos conyenia.
Cod la tunica del hermano Juan heredè tambien su rosario y sus
sandalias , que no hioe escrùpnlo de apropiarme en ves de rega-
Unelasal obispo de Guenca.
Hacia très dias que estabamos en la ermila sin haber yisto en
todos eUos alma yiyiente ; pero al cuarto entriron en la gruta dos
aldeanes que traian al diftanto » creyendo que estuyiese todayia
yiyo, pan, qneso y oebollas. Luego que los yi me echë en mi
ttrima» y me fué fàal alucinarlos, fiiera de que ellos no podian dis-
tiogoirme bien por la escasa luz de la ermita^ y procuré imitar
le mqor que pude la yoz del'liermano Juan , cuyas ultimas pala-
lyas habia oido ; de manera que los pobres hombres no tuyièron
la menor sospecAa de aqueUajsupercheria, y si solo mostriron
algaiia admiradon de hallarse en la gruta con otro ermitallo»
Pero adyirtiéndolo el socarron de Lamela , les dijo con cierto aire
bipocriton : No os admireis , hermanos, de yerme & mi en esta
soledad. Estaba yo en una ermita de Aragon, y la he dejado por
venir à acompaAar al yenerable y discreto hermano Juan y y asis-
tirle en su extrema yejez , considerando la necesidad que tendria
en ella de este aliyio. Los aldeanos prorumpiëron en infinitaa
alabanzas de Ambrosio » ensalzando hasta el cielo su herôîca ca-
ridad , y dindose à si mismos mil parabienes por la dicha de tener
dos hombres santos en su pais.
Ebbia comprado Lamela unas grandes alforjas , y cargado oon
dlas partiô por la primera yez à dar principio & la demanda en la
^dad de Guenca , que solo dista una légua corta de la ermita.
CoiBo la natnraleza le ha dotado de un exterior deyoto y corn-
P^iBgido , y ademas de eso posée en supremo grado el arte de
haoerlo yaler , no dejô de moyer el corazon de las personas ca-
^tiyas A darle limosna, y asi en poco tiempo llenô tes alforjas de
los dones de su liberalidad. Amigo Ambrosio , le dije cuando
TolTi6 à la ermita, te doy el parabien del admirable talento que
tienes para ablandar y enternecer las aimas cristianas. {Vive diez
<pe parece has ejercitado por muchos lAos el oficio de deman-
dante capuchino ! Algo mas he hecho, me respondiô, que hacer
^f^dante cosecha , porque has de saber que he encontrado à
^erta ninfa llamada Bérfaara» que Aie algo mia en^tro tiempo.
Ijâ he hallado bien mudada ; pues se ha dado como nosotros é la
devocion. Viye con otras dos 6 très beatas que edifican .el nrando
^pùHico , y hacen una yida muy difercnte en casa. Al principio
"omeconodô , tanto que me yi obllgado A decirle : ^Gomo asi ,
S(B GIL BLAS.
sefiora Barbara? tEs posible qae ya desconozcais à ono de vaes-
tr08 antigaos amigos, y yuestro humflde aervidor Ambroaio?
Por yida mia, amigo Lamela , reapondiô Barbara , que jamas po-
dia aoflar elyerte yestido con ese trage. ^Por que diables de
ayentura has yenido à parar en ermitafio ! Esc es cosa larga , le
respond!, j ahora no puedo detenerme à contirosla; pero ma-
ftana à la noche yolyerë y satisfarë yuestra coriosidad. Tambieo
yendrâ conmigo mi oompafiero el hermano Juan. ;Qaè hermaoo
Juan? replîcô ella : ^aquel yiejo y buen ermitallo que yiye en
una ermita cerca de esta ciudad? Tù no sabes lo que te dices ,
pnes se asegura que tiene mas de cien afkos. Es yerdad y le res-
pond! , que en otro tiempo tuyo esa edad ; pero de pocos dias i
esta parte se ha remozado tanto que no soy yo mas mozo que el.
Pues bien , respondiô Barbara , siendo eso asi, que yenga con-
tigo : sin duda que en eso se oculia algun misterio.
No dejàmos de ir ai dia siguiente luego que fuè noche à casa de
aquellas santurronas , que para recibirnos mejor nos tenîan pre-
yenida una gran cena. Asi que entrémos en su casa nos quitânos
las barbas postizas y el hébito eremitioo , y sin ceremonia nos
presentémos i estas princesas taies cuales eramos ; eOas, porno
parecer mënos firancas que nosotros , nos mostréron de cuanto
son capaces las felsas deyotas cuando arriman à un lado las gaz-
mofterias do la aparente deyocion. Pasàmos casi toda la nod^e à
la mesa; y no nos retirémos à nuestra gruta basta poco Antes de
amanecer. Bepetimos presto la yisita , 6 por mqor decir , segui-
mos el mismo método por espacio de très meses, y gastimos con
aquellas ninfes mas de los dos tercios de nuestro caudal ; pero
cierto zeloso lo ha descubierto todo , dando parte à la justida.,
la cual debia hoy ira la ermita i echarnos mano. Ayer , mièntras
Ambrosio hacia su demanda en Cuenca, una de las beatas le en-
tregô un billete , diciéndole : Una amiga mia me escribe esta
carta y que iba i enyiaros con un propio. Muéstresela al hermano
Juan y y tomen sus medidas en informàndose de su contenido.
Este es , seftores , aquel mismo billete que Lamela me entrée
ayer en yuestra presencia , y el que nos oMigô à abandonar tan
precipitadamente nuestra solitaria habitacion.
CAPITULO n.
De la oonferencia que tuTiëron don Rafael y sus oyentes, y de la aTentura que
les suocdiô al querer salir del bosque.
Luego que acabô don Ra£ael de contar su historia y que me
pareciô algo larga, don Alfonso le dijo, por cortesia, que y»-
daderamente le habia diyertido mucho. Despues de este cnmplido ,
LIBRO QUINTO. S83
tomô ta palabra el seftor Lamela ^ y yoWiëndose al compaflero
de sas hazaAas le dijo : Don Rafael , el sol esta ya para ponerse,
y me parece del caso que tratemos del partido que hemos de to»
mar. Dices bien , respondiô su camarada : es menester pensar â
donde hemos de ir. Yo, continuô Lamela, soy de parecer que
sin perder tiempo nos pongamos en camino , y procuremos Ue-
gar esta noche à Requena, para entrar mafiana en el reino de
Valencia, donde pondrémos en moyimiento los registros de nues-
tra industria. Siento acà dentro de mi corazon no se que presagio
de que darèmos golpes magistrales. Don Rafael , que sobre estos
asimtos tenia gran fe en sus pronôsticos infalibles , aocediô. luego
à sa opinion. Don Alfonso y yo , como nos habiamos puesto en
manos de aquellos dos hombres de bien , esperàmos sin hablar
palabra el resultado de aquella conférenCia.
ResoWiôse , pues , que tomasemos la yuelta de Requena, y nos
dispusimos todos para ello. Hicimos una comida como la de la
maâanay y despues cargàmos el caballo con la bota de vino, y
lo restante de las provisiones. Sobreyiniendo la noche , de cuya
lobreguez teniamos necesidad para caminar seguros, quisimos
salir del bosque; pero aun no habiamos andado cien pasos,
coando descubrimos por entre los érboles una luz que nos diô
mucho en que pensar. ^Quë significa aquolla luz? preguntô don
Rafael. ^Seràn acaso los corchetes de la justicta de Cuenca des-
pachados en seguimiento nuestro , y que creyéndonos en este
bosque nos yendràn i buscar en él? No lo pienso , dijo Ambro-
sio; antes bien seràn algunos pasageros que, por haberles cogido
la noche, se habràn refugiado aqui hasta que amanezca; pero
en todo caso , porque puedo engaûarme , quiero yo ir i reco-
nocerlos : miéntras tanto quedaos los très en este sitio, que
TuelTo en un momento. Diciendo esto se fué acercando poco à
poco à donde se dejaba ver la luz , que no estaba muy distante.
Fué desyiando con mucho tiento las ramas y matorrales que
le impedian el paso , y al mismo tiempo mirando cou toda la
atendon que à su parecer merecia el caso , yiô sentados sobre la
yerba, al rededor de unayela colocada sobre un montoncito de
Sierra , é cuatro hombres , que acababan de comer una empa-
nada y de agotar una gran bota de yino. À pocos pasos de dis-
^cia descubriô à un hombre y à una muger atados à dos àrbo-
les> y algo mas allé un coche de camino con mulas ricamente
enjaezadas. Desde luego sospechô que los cuatro hombres que
estaban sentados debian ser ladrones, y por la conyersacion que
les oyôacabô de conocer que no babia sido temeraria su sospe-
<^a. Disputaban los cuatro salteadores sobre de qnien habia de
ser la dama que habia caido en sus manos , y trataban de sor^
t^rla. Enterado plenamente Lamela , yolyiô àdondeestabamos,
y nos informé menudamente de todo lo que habia yisto y oido.
tt4 GIL BLAS.
SeftoraB, dtjo enfonces don Alfonso , la moger y el hombrc
que tienen atados à los irboles los bdrones, qotei aeràn una
seflora y nn catMiUero de distkidon. i Y hemos de sufirir nosotros
que sir?an de yictimas à la barbarie y à la brutalidad de unos
malhechores? Creedme, seflorea, echMnonoa aobre eatos bao-
didos y y moeran todos à nuestras manos. Conaîento en eUo ,
dijo don Rafael, yo esloy tan pronto à hacer ana baena accioo
como una nuda. Ambroaio por sa parte protestô qae solo de-
sedMi concarrir à ona empresa tan loable , de la coal prereia
qae seriamos bien recompensados, segun sa modo de pensar :
y aan me atreyo â dedr, afladiô, qae en esta ocasion el peligro
no me amedrenta, y qae ningan ad>allero andante se manifesto
nunca mas pronto al servicio de las damas. Pero , si se ban de
decir las cosas sin faltar i la yerdad , el riesgo no era grande »
porqae babièndonos dicho Lamela qae las armas de los ladrones
estat»an todas amontonadas en an sitio à diez 6 doce pasos de
eiloSy no nos fiié may dificil ejecatar naestra resohidon. Atàmos,
pues, à an irbol el eaballo , y nos foimos acercando con silen-
cio y i paso lento à los ladrones. Acalorados estos oon el yino,
hablaban todos metiendo on rnido confoso qae fityoreda mucho
el golpe de la sorpresa. Apoderémonos de sas annas antes de
qae nos yiesen, y disparàndolas sobre ellos à boca de jarre ,
todos caatro qu^àron tendidos pn el saelo.
Darante esta expedicion se apagô la laz , y nos qaedâmos en la
oscaridad : sin embargo de esto acadimos inmediatam^te à
desatar el hombre y la mnger, qae estaban tan poseidos de ter-
ror, qae no tayiéron aliento para damos las gracias por el bîeo
que acababamos de hacerles. Yerdad es que ignoraban aan si
debian mirâmes como & bienhechores , 6 como i nneyos bandi-
dos qae los habian librado de los otros , qaizà para tratarlos
peor. Pero nosotros procorémos sosegarlos asegarindoles qae
los ibamos à condacir & una yenta que , segun decia Ambrosio,
no distaba mas que media légua de alli , donde podrian tomar
las precaociones necesarias para llegar con seguridad à donde
se dirigian. Despoes de que los habimos animado , los methnos
en su coche , y los sacAmos fiiera del bosque , tinmdo nosotros
las mulas por el freno. Nuestros anacoretas fiiéron en segaida à
yisîtar las feltriqueras de los yencidos ; despues faimos A desatar
el caballo de don Alfonso , y nos apoderémos tambien de los
que eran de los ladrones , que estaban atados à yarios irboles
junto al campo de batalla. Montados en nnos , y Ueyados otros
del diestro , seguimos al hermano Antonio , que habia montado
en una mula del coche , hactendo de cochero para condacîrlo â
la yenta , habiendo tardado dos horas en llegar à ella , aunqae ei
seAor Lamela nos habia dicho que no estaba muy aparta^da del
bosque.
LIBRO QUmra 986
Lhmémos à la paerta con faertes golpcs, porque toda la gente
de la casa estaba ya acostada. Leyantéronse , y yistiëronse de
prisa el Tentero y la Tentera, que no mostràron el menor enfodo
de que les hnbiesen despertado à lo mejor del suefto , coando
vièron una comitiya que prometia hacer macho mas gasto en su
casa del que efecliyamente hize. En un momento encendièron
laces por toda la yenta. Don Alfonso y el ilustre hijo de Lucinda
diëron la mano à la seflora y al caballero para ayudarlos à bajar
del coche , siryiéndoles como de gentOes b<Hnbres hastfi el coar*
toâ donde los conduyo el yentero. Alli se hiciëron mil reciprocos
complimientos; y qued&mos muy admirados cuando llegàmos à si^r
que los personages à quienes acababamos de libertar eran el conde
dePoIany su hijaSerafina. Pero ;qaien podrà describir el asom-
bro de esta seûora y de don Alfonso coando se conociteoo? £1
conde no réparé en este pasage porque estaba distraido en otras
cosas. Pùsose à contarnos menudamente el modo con que les
habian asaltado los ladrones, y se habian apoderado de su hija
y de él despues de haber muerto al postillon , à un page , y à un
ayuda de càmara. Acabô diciendo que nos estaba infinitamente
agradecido , y que si queriamos ir é Toledo » donde estaria de
îoelta dentro de un mes, nos daria pruebas que bastasen à hacemos
conocer si era ingrato 6 reconocido.
A la hija de aquel seûor no se le olyidô darnos tambien mil
gnicias por su dichosa libertad ; y habiendo juzgado don Rafeel y
yo que gustaria don Alfonso de que le fadlitasemos el me*
dio de hablar un rato à soks con aquella yiuda jôyen , lo dis*
posimos prontamente , entreteniendo al conde de Polan. Bella
Serafina , le dijo don Alfonso en yoz muy baja , ya no me
qnejaré de la desgraciada snerte que me obliga à yiyir como
00 hombre desterrado^ de la sociedad ciyil , habi^do tenido
la fbrtana de contribuir al importante ser^icio que se os ha be-*
cho. {Pues quel le respondiô ella suspirando, ;)Sois yos el que me
l^issalyado la yida y el honor? ;gois yos à quien mi padre y
yo somos tan deudores? |Ah don Alfonso 1 ^porque fuisteis
vos quien diô muerte à mi hermano ? No le dijo mas ; pero él
eomprendiô bastante ppr sus palabras y por el toao en que las
^jo que , si amaba con extremo à Serafina, no era ménos amado
de elk.
—»••••••■••••
S86 GIL BLAS.
LIBRO SEXTO.
CAPITULO I.
De lo que hid^ron Gil Bias j sos oompaflerot despao que se separâron dd
oonde de PoUq : del importante proyecto que formo Ambrosio ; j oamo le
fjecuto*
Despnes de haber pasado el conde de Polan la mitad de h
noche en darnos gracias y y asegurarnos que podîamos contar
oon sa eterno agradecimiento , llamô al Tentero para consaltar
con el de qaé modo llegaria con seguridad â Taris , à donde
tenia inimo de ir. Dejàmos qae tomase sobre esto sus medidas,
y nosotros salimos de la venta sigaiendo el camino que Lamela
quiso escoger.
Al cabo de dos horas de marcha nos amaneciô ya cerca de
Gampîllo. LIegémos prontamente à las montaflas qae hay entre
aqnella villa y Reqaena , y alli pasàmos el dîa en descansar y
en contar naestro caadal , que se habia aumentado macho con
el dinero que habîamos cogido é los ladrones , en cuyas faltri-
queras se encontràron mas de trescientos doblones en difereotes
monedas. Al entrar de la noche nos yolvimos à poner en ca-
mino, y el dia siguiente al amanecer entrâmos en el reîno de
Valencia. Retiràmonos al primer bosque que encontràmos, em-
boscâmonos en él , y llegémos é un sitio por donde corria un
arroyuelo de agua cristalîna que iba lentamente à jantarse con
las del Guadalaviar. La sombra con que nos conyidaban los ir-
boles y la abundante yerba que el campo ofrecia para los ca-
ballos, nos hubîeran determinado é hacer alto en aquel parage,
aun caando no esturieramos ya resueltos é descansar aigunas
horas en él.
ÂpeimonoB , paes , y haciamos énimo de pasar alli aquel dia
alegremente ; pero cuando fahnos é almorzar nos hallimos con
poquisimos yiveres. Empezaba à foltarnos el pan , y nuestra
bota se habia conyertido en un cuerpo sin alma. Sefioréis, dijo
entônces Ambrosio , sin Ceres y sin Baco é ninguno agrada el
sitio mas .delicioso. Soy de parecer que renovemos nuestras pro-
yisiones , y asi marcho à este fin à Chelva , que es uaa linda
yilla, distante de aqui solas dos léguas , y tardaré poco en tan
corto viage. Dicho esto , cargo en el caballo la bota y las aK
foijas y montô , y partiô del bosque é tan buen paso , que nos
prometfanos séria muy pronta su yuelta. Teniamos motiyo para
LIBRO SEXTO. S87
creerlo asi , y agnardabamos por momentos & Lamela ; mas sin
embargo , no Tolyio tan presto coino lo esperabamos. Era ya
macho mas del medio dia, y aun se aproximaba la noche para
cobrir los érboles con su negro manto , cuando yimos à nuestro
proyeedor, caya tardanza comenzaba à damos coidado. Engaftô
alegremente nuestro sobresalto con las muchas cosas de que
Yenia proyisto. No solo traia la bota llena de exquisito yino, y
atestadas las alfoijas de carnes asadas , sino que reparàmos un
gran £ardo acomodado à las ancas del caballo , que se Ueyô
naestra atencion. Conociôlo Ambrosio , y nos dijo sonriéndose :
Âpuesto yo à don Rafeel, y à todos los mas diestros del mundo,
que no son capaces de adiyinar porquë ni para que he com-
piado todo este enyoltorio de ropa. Diciendo esto lo desatô èl
nismo para que yieramos por menor lo que encerraba. Mos-
trônos un manteo negro , y una sotana del mismo color ; dos
chnpas, y dos pares de calzones; un tintero de cuerno con su
salyadera y caûon para meter las plumas ; una mano de papel
fino, un seUo grande, y un candado, juntamente con una barreta
de lacre yerde. j Par dioz , seftor Ambrosio , exclamé zumbàn-
dose don Rafael luego que yiô todas aquellas baratijas , que
habeis empleado bien el dinero I f, Que diablos piensas hacer de
todos esos cachiyaches ? Un uso admirable» respondiô Lamela.
Todas estas cosas no me han costado sino diez doblones, y estoy
persuadido de que nos han de yaler mas de quinientos. Contad
seguramente con ellos. No soy hombre que me cargo de géneros
inutiles ; y para haceros yer que no he comprado à tontas y à
locas, yoy à daros parte de un proyecto que he formado : un
proyecto que sin disputa es de los mas ingeniosos que puede
Goncebir el entendimiento humailo. Vais à oirlo, y estoy seguro
que qaedaréis atonitos al saberlo : estadme atentos.
Despues de haber hecho mi provision de pan , me entré en
una pasteleria y mandé que me asasen seis perdices, otras tantas
poUas, é igual numéro de gazapos. Miéntras todo esto se estaba
ssando entré en la pasteleria un hombre encendido en cèlera ,
qaejàndose agriamente de la injuria que le habia hecho un mer-
ger del pueblo, y le dijo al pastelero : Por Santiago apéstol
que Samuel Simon es el mercader mas ruin que hay en todo
CheWa. Acaba de afrentarme pùblicamente en su tienda , pues
no me. ha querido fiar el grandisimo ladron seis yaras de paiio,
^iendo como sabe que soy un artesano que cumplo bien , y
^c i ninguno he quedado jamas à deber un cuarto. i No os
admirais de semejante bruto? El fia sin reparo à los caballeros,
coando sabe poir experiencia que de muchos de ellos no ha de
cobrar ni un ochayo, y no quiere fiar à un yecino honrado que
^tà seguro de que le ha de pagar hasta el ultimo marayedi.
iQoè maniaJ i maldito Judlo! i ojalà le engaften ! Puede ser que
988 GIL BLAS.
se me ODmpla algan dia esle deseo, y no fidtaiin mercadem qne
me aoompaften en &.
Oyendo yo hablar de este modo à aquel pobre menestral,
que dîjo ademas otras muchas cosas , de repente me asahô el
deseo de yengarle, y de hacer una pesada burla al seAor Samael
Simon. Amigo, pregunté al hombre que se quejaba tan amarga-
mente^ ;no me dirëîs que caracter tiene ese mercader? £1 peor
que se puede discurriry me respondiô con enfieido. Es un desen-
firenado usnrero, aunque en su exterior aparenta ser un bombre
i^irtuoso : es un judio que se yolyiô catôlico , pero en el fondo
de su aima es todavia tan judio como Pilatos : porque se ase-
gura haber abjurado por interes.
No perdi palabra de todo lo que dijo el irritado menestral;
y luego que sali de la pasteleria, procuré informarme de la casa
de Samuel Simon. Ensefl6mela un hombre. Parème à ver su
tienda , examinèla toda , y mi imaginacion, siempre pronta a £i-
Yorecerme, me sugiere un enredo que abrazo cou presteza,
parecièndome digno del criado del seftor Gil Bias. Fuime derecho
â una roperia, y compré los vestidos que veis , uno para hacer
el pape! de oomisario del santo Oficio, otro para representar el
de secretario, y ei tercero para fingir el de alguadl. Ved abi ,
seflores, lo que hice y lo que fué la causa de mi tardanza.
I Ah, querido Ambrosio, interrumpiô don Bafael arrebatado de
gozo, y que admirable idea ! {que plan tan asombroso I Envidio
tan sutilistma invencion. Daria yo los mayores enredos de mi vida
porque se me hubiese ofrecîdo este tan ingenioso. Si» amigo Lamela,
prosiguiôy penetro bien todo el fondo, todo el yalor de tu delicado
pensamiento, y no debes poner duda en que el ëxito sera dichoso.
Solo has menester dos buenos llctores que no echen i perder
una comedia tan bien imaginada ; pero estos actores los tîenes â
mano. Tù tienes un aspecto devoto y harés muy bien de comt-
sario del santo Oficio , yo representarë el secretario , y el sefior
Gil Bias , si gusta , harà de alguacil. Ya estàn repartidos los pfr-
peles ; maftana representarèmos la comedia ; y yo respondo del
buen ëxito , à mënos que sobrevenga alguno de aquellos lances
impreyistos , que dan en tierra con los designios mas bien
combinados.
Por lo que A mi toca, solo comprend! en confîiso el proyecto
que don Rafoel alabô tauto ; pero durante la cena me lo expii-
câron, y yerdaderamente me pareciô ingenioso. Despues que bu-
bimos despachado gran parte de la provision, y becho à la bota
copiosas sangrias, nos tendimos sobre la yerba, y tardàmos poco
en dormirnos ; pero no fiië largo nuestro suefto , porque m»
hora despues le interrumpiô el desapiadado Ambrosio gritando
entes del dia : /£n pii, en pii ! los que traen entre manos grandes
empresas que ejecutar no han de ser perezosos. |Maidito sea
LIBRO SEXTO. S89
el seflor oomisario, le dijo don Rafael entre despierto y dormî-
do y y Id que su seftoria ha madrugado ! En yerdad que el ju~
diazo de Manuel Simon dare â todos los diablos tanta yigilancia.
Conyengo en ello, respondiô Lamela, y os dire de mas A mas ,
afiadié riëndose , que esta noche soAë que yo le estaba arran-
cando pelos de la barba, i Y este sneflo, seAor secretario, no es
de mny mal agûero para el desdichado Samuel? Con estas y
otras mû chufietas que se dijéron , nos pusimos todos de mny
buen humor. Almorzémos alegremente , y luego nos dispusimos
para representar cada uno su papeL' Ambrosio se echo à cuestas
las hopalandas, de manera que tenia toda la traza de un verda-
dero oomîsario. Don Rafeel y yo nos vestimos de modo que
pareciamos perfectamente un secretario y un alguacil. Emple&mos
bastante tiempo en difrazamos y en ensayar lo que habiamos
de hacer, tanto que eran ya mas de las dos de la tarde cnando
salimos del bosque para encaminamos à Cheha. Es yerdad que
ninguna cosa nos apuraba ; entes bien era del caso no dejar-
nos yer en el lugar hasta algo entrada la noche. Por lo mîsmo
camÎDàmos poco à poco , y aun tuyimos que detcncmos casi à
las puertas del paeMo , dando tiempo à que obscureciese ente-
nimente.
Cuando nos pareciô tiempo , dejàmos los caballos en aquel
sitio à cargo de don Alfonso, que se alegrô mucho de no tener
que hacer otro papel. Don Rafoel , Ambrosio y yo nos fuimos
en derechura à la puerta de Samuel Simon. El mismo saliô é
abrirla, y quedô extrafiamente sorprendido de yer en su casa
aqneDas très figuras; pero lo quedô mucho mas luego que La-
mêla, que Ueyaba la (ôlabra, le dijo en tono imperioso : Seflor
Samuel, de parte del santo Oficio, cuyo indigno comisario soy,
os ordeno que en este mismo momento me entregueis la Haye
de yoestro despacho. Quiero yer si hallo en èl con que justificar
las delaciones y acusaciones que se nos han presentado contra yos.
El mercader , à quien habian turbado estas palabras , retro-
cedi6 dos pasos como si alguno le hubiese dado un golpe en
el pecho, y lëjos de sospechar en nosotros alguna supercheria ,
creyô de buena (e que algun enemigo oculto le habia delatado
al santo Oficio; 6 tambienes mny posible que, no reconociéndose
èl mismo por muy buen catôlico, temiese con Fundamento haber
dado motiyo para alguna sécréta informacion. Sea lo que fuere,
nnnca yi hombre mas confuso. Obedeciô sin resistencia , y con
todo el respeto que corresponde A un hombre que teme à la in-
qnisicion. £1 mismo nos abriô su despacho, y al entrar le dijo
Ambrosio : Seflor Samuel , à lo ménos recibis con sumision las
ërdoies del santo Oficio ; pero, afladiô , reiiraos & otro cuarto ,
y dejadme practicar libremente mi empleo. Samuel no fué ménos
obediente à esta segunda ôrdcn que lo habia sido à la primera :
19
290 GIL BLAS.
retirôse ft sit tieoda» y nosotros très entrémos en sa despa-
cho 9 donde sin pérdida de tiempo nos pnsfanos à bnscar el
dinero , que nos costô poco trabajo y mènes tiempo encon-
trar , porque estaba en un cofire abierto , donde habia mas del
que podiamos Ue^ar. Consistia en gran numéro de talegos,
puestos unos sobre otros, y todo en moneda de plata. Nosotros
hubieramos querido mas que fuese en oro ; pero no pudiendo
ya ser esto, nos fùé forzoso hacer de la necesidad virtud. Uené-
mos bien los bolsîUos, las feltriqueras, el hueco de los çalzones,
y en fin todo aquello donde lo podiamos eneajar ; de suerte que
todos ibamos cargados oon un peso exorbitante, sin que ningnno
lo pudiese conocer, gracias à la destreza de Ambrosio y de doo
Rafoel, que me hiciéron yer con esto que no hay en el mnndo
cosa mejor que saber bien cada uno el arte que profesa.
Salimos del cuarto despues de haber hecho nuestro negocio : y
por una razon que es f&cil de adivînar , el seftor comîsario sacô
su candado que quiso echar por su misma mano à la puerta ; plan-
t6le el sello , y luego dijo à Simon : Maese Samuel , de parte del
tribunal os prohibo que Uegueis à este candado , ni tampoco à
este sello , que debeis respetar , pues que es el sello del santo
Oficio. Maflana volveré à esta misma hora à quitarlo y é daros ôr-
denes. Hecho esto mandô abrir la puerta de la calle , por la cnal
fuimos todos desfilando alegremente , y cuando hubimos andado
como unos cincuenta pasos comenzâonos à caminar oon tal lige-
reza , que apènas tocabamos con el pié en tierra sin embargo de
la pesada carga que llevabamos. Salimos presto fhera de la yilla,
y Yolviendo à montar en nuestros caballos tomàmos el camioa
de Segorye» dando gracias por tan feliz suceso al dios Mercurio '•
CAPITULO n.
De la resoludon que totniron D. Alfonso y Gii Bias despnet de esta aTentura-
Anduyimos toda la noche segun nuestra loable costumbre, y
al amanecer nos hallàmos à la vista de una miserable aldea dis-
tante dos léguas de Segorve. Como todos estabamos cansados,
nos desYiàmos con gusto del camino real para llegar hasta unos
sauces que descubrimos al pié de una colina à cosa de unos mil ô
mil y doscientos pasos de la aldea , en la cual no nos paredô coo-
veniente detenemos. Yimos que aquellos àrboles hacian una apa-
cible sombra , y que les baftaba el pié un arroyuelo. Agradônos
lo delicioso del sitio , y resolviendo pasar en él lo restante del
' Protector de lot ladroues.
LIBRO SEXTO. 291
dia , nos apeémos , quitàmos los firenos à los caballos para qne
padieseD pacer , nos echàmos sobre la Tarde yerba, y despues
de haber reposado un poco , acabàmos de desocupar las alforjas y
la bola. Luego que hubimos almorzado opiparamente , nos pu-
simos à Gontar el dinero que habiamos robado à Samuel Simon, y
haMmos que ascendia à très mil ducados ; con cuya cantidad y
el caudal que ya teniamos , podiamos alabamos de poseer un me-
dîano capital.
Yiendo que se faabian acabado nuestras provisiones , y era me-
nester pensar en hacer otras, Ambrosio y don Rafael , que ya se
habian quitado los disfraces , dijéron que querian tomarse este
trabajo y porque el suceso de Chelva les habia avivado el gusto
de las aventuras , y tenian gana de ir à Segorye à Ter si se les
presmitaba alguna ocasion de emprender otra nueva hazaûa. Yos-
otros, dijo el bijo de Lncinda, no teneis mas que esperamos à
la sombra de estos sauces , que presto estarèmos de Tuelta. Se-
tter douRafeel, respond! yo sonriéndomey no sea que la ida de
ustedes sea como la del humo : temo que, si una tcz se Tan, tarde
DOS juntarémos. Esa sospecha , replicô Ambrosio, es muy ofen-
siTa k nuestro honor , y no mereciamos que nos hicieseis tan
poca merced. Es Terdad que en parte os disculpo de la descon-
fianza que teneis de nosotros acordàndoos de lo que hicimos en
YaDadolid; y de créer que no hariamos mas escrùpulo de aban-
donaros que à los compafleros que dejàmos en aquella ciudad.
Sîn embargo os engaâais enormemente. Aquellos camaradas à
quienes Tendîmes eran de un perTerso caràcter , y ya no po-
diamos aguantar mas su compaftia. Es menester hacer jùsticia à
los de nuestra profesion, diciendo que no hay gremio alguno en
la Tida ciTil en que el interes dé mënos motiTO à la diTision; pero
coando no son conformes las indinaciones, puede alterarse la
union como en lodos los demas gremios hnmanos. Por tanto ,
sefk)r Gfl Bias, suplico à Tmd. y al seftor don Alfonso que tengan
mas confianza de nosotros , y que tranquilizen su espiritu tocante
al deseo que don Rafael y yo tenemos de ir à SegorTe.
Es muy fôcil , dijo entônces el hijo de Lucinda , libraries do
todo motiTO de inquietud en este punto : basta para eso dejarlos
doejlos del caudal , que es la mejor fianza que tendràn en sus
manos de nuestra Tuelta. Ya Te Tmd., seflor Gil Bias, que esto
se Uama ir derechos al punto de la dificultad. Ambos qu^aréis
asi re8guardados\ sin que Ambrosio niyo tengamos sospechas de
que os ausenteis con tan rica fianza. En Tista de una prueba tan
conTincente de nuestra bucna fe , ^tendréis todaTia dificultad en
fiaros de nosotros? No por cierto, respond! yo; y asi podcis
ahora hacer todo lo que os pareciere. Partiéron inmediatamente
con la bota y las alforjas , dejàndome à la sombra de los sauces
con don Alfonso, el cual me dijo luego que se foèron : Seftor Gil
292 GIL BLAS.
Has , quiero abriros enteramente mi pecho. Me estoy oontinna-
mente acasando de la condescendencia qae tuve en Tenir hasta aqni
con esos bribones. No os pnedo decir cuantos millares de yeces
me he arrepentido ya de ello. Ayer noche miëntras me quedé
gaardando los caballos hice mQ reflexiones qne me despedasaban
el corazon. Considéré qae era may ageno de an jôven qae naciô
con honra vivir con anos hombres tan yiciosos como Rafiiel y La-
mela; que si por desgracia (como may fécilmente paede suceder)
llegase à ser tal algan dia el resaltado de ana de estas maldades,
que cayesemos en manos de la justicia, safrirè la vergûenza de
Terme castigado con ellos como ladron , y qnizi con una muerte
afrentosa. No poedo apartar ni on solo instante de mi imagina-
cion estas fùnestas ideas; y asi os confieso qae estoy resuelto i
separarme para siempre de so compaflia , por no ser complice en
los delKos que cometan. Tengo por cierto , afladio , que no desa-
probaréîs este pensamiento. Cierto es que no, le respond!. Aonque
ymd. me yiô ayer hacer el papel de algaacil en la comedia de Sa-
muel Simon , no por eso créa que semejantes piezas son de mi
gusto. El cielo me es testigo de que miéntras estaba representando
tan distinguido papel me dije é mi mismo : A fe, amigo Gil Bias,
que si la justicia viniera ahora à echarte la mano , sin duda me-
reoerias bien el salario que te tocase. Asi que, seûor don Alfonso,
no estoy mas dispuesto que Tmd. à continuar en tan mala com-
paftia y y de muy buena gana le acompaflaré , si es que me lo
permite, à cualquiera parte que vaya. Cuando Tuelvan estos se-
ftores les suplicarémos que se haga el repartimiento del dinero ,
y maflana muy temprano, 6 esta misma nochc , nos despedirèmos
de ellos para siempre.
Aprobô mi proposicion el amante de la bella Serafina , y me
dijo : Irèmos à Yalenciîi , y nos embarcarëmos para Italia, donde
podrèmos entrar al seryicio de la repùblica de Yenecîa. ^No yale
mas seguir la carrera de las armas , que continuar la yida yil y
criminal quetraemos? En aquella podemos traer buen porte con
el dinero que nos haya tocado. No déjà de remorderme la con-
ciencia el seryirme de un bien tan mal adquirido ; pero ademas
de que la necesidad me obliga à ello , protesto resarcir & Sa-
muel Simon el dafio luego que tenga la menor fortuna en la guer-
ra. Aseguré à don Alfonso que yo tenia la misma intencion , y
quedàmos de acuerdo en que el dia siguiente al amanecer nos
separariamos de nuestros camaradas. No dimos lugar à latenta-
cion de aproyecharnos de su ausencia , esto es , huir al momento
con el dinero : la confianza que habian hecho de nosotros dejàndo-
nos dueftos de ël ni aun nos permitiô que nos pasase semejante
ruindad por el pensamiento , aunque la burla que me hiciéron en
la posada de caballeros de Yalladolid disculpase en cierto modo
este robo.
LIBRO SEXTO. S93
A la caida de la tarde volyiëroa de Segorye Ambrosio y don
Rafael. La primera cosa que- nos dijèron fuè que habian he-
cho un Yîage muy feliz , y que dejaban echados los cimientos
de una aventura que , segun todas las seAales , séria sin com-
paracion de mucho mas producto que la del dia anterior.
Comenzô & explicarnos el plan el faijo de Lucinda ; pero don
Alfonso le atajô , diciéndole cortesmente que ël estaba resuelto
â separarse de la compafiia ; y yo por mi parte les déclaré ha-
llarme en la misma resolucion. Por mas que hiciéron para mo-
yemos à que prosiguiesemos acompafiàndoles en sus expediciones,
no les foë posible conseguirlo. La maûana siguiente nos despe-
dimos de ellos despues de haber repartido por iguales partes el
dinero ; y los dos tomàmos el camino de Valencia.
CAPITULO m.
Como don Alfonso se halla en el colmo de su alegria , y la aYentara por la
cual se TÎô de repente Gil Bias en un estado dichoso.
Caminàmos felizmente hasta Buflol ^ donde por desgracia fuè
I^eciso detenernos. Sintiôse malo don Alfonso. Diôle una calen-
tura tan ardiente , que le crei en el mayor riesgo. Quiso la for-
tuna que no hubiese medico en el lugar , y salimos à poca costa
de aquel susto , pues solo nos costô el miedo. Al tercer dia se
hallô el enfermo enteramente limpio de calentura , à lo que no
contribuyô poco mi cuidadosa asistencia. Mostrôse muy agrade-
cido à lo que habia hecho por ël , y como era reciproca la
incUnacion del uno al otro , nos jurimos una eterna amistad.
Proseguimos nuestro yiage firmes siempre en la resolucion de
embarcamos para Italia à la primera ocasion que se ofreciera
ajsi que llegasemos à Valencia ; pero el cielo que ^os preparaba
una suerte feliz dispuso las cosas de otro modo. Vimos à la
puerta de una hermosa quinta que habia en el camino mucha
gente aldeana de ambos sexos que bailaban formando corro.
Acercémonos à yer la fiesta , y don Alfonso , que estaba muy
ageno de hallar el objeto que se le présenté , se quedô sorpren-
dido de yer entre los circunstantes al baron de Steinbach. Este,
que tambien reconociô à don Alfonso , corriô luego hàcia ël con
los brazos abiertos , y todo arrebatado de gozo exclamé : | Ah,
qnerido don Alfonso I jyosaqui! 4 Que agradable encuentro!
Cnando por todas partes os andan buscando , una feliz casua-
lidad os ha puesto delante de mis ojos.
Apeôse al instante mi compaftcro , y fiië precipitado à dar mil
abrazos al baron , cuya alegria me parcciô excesiva. Ven , hijo
294 GIL BLAS.
mio y le dijo el buen \iejo : presto sabrés quien eres, y mejora-
rés mucho de fortuna. Diciendo esto le oondujo à la habitadon,
à donde yo tambien fui , habiéndome apeado y atado à an àrbol
los caballos. £1 primero à quieo encontràmos foe al duefto de h
mîsiiia quinta, que mostraba ser de edad de cincuenta aAos, y
tenia bellisimo aspecto. Seftor , le dijo el baron de Steinbach
presentando à doii Alfonso , aqai teneis à ynestro hijo. A estas
palabras don César de Leiya , que asi se llamaba aquel caballero,
echo los brazos al cuello à don Alfonso , y le dîjo llorando de
gozo : Reoonoce, hijo mio , al padre que te diô el ser. Si te be
dejado ignorar tanto tiempo quien ères » crée que ha sido à
Costa de hacerme à mi mismo una cruel violencia. Mil yeces
he suspirado de pena ; pero no podta procéder de otra manera.
Caserne con tu madré , llevado solo de amor , porque su nact-
miento era muy inferior al mio : yivia yo bajo la autoridad de on
padre de genio duro que me redujo à tener secreto un matri-
monio contraido sin su consentimiento. £1 baron de Stein-
bach era el ùnico depositario de mi confianza , y de acuerdo
conmigo se encargô de criarte. £n fin , ya no vive mi padre, y
puedo manifestar al mundo que tu ères mi ùnico heredero. ^o
es esto lo mas , aftadiô , pienso casarte con una sefiora , cuya
nobleza es igual à la mia. Seflor, le interrumpiô don Alfonso,
no me hagais pagar sobrado cara la dicha que me anunciais.
^No puedo saber que tengo el honor de ser hijo yuestro sin
que esta noticia \enga acompaftada de otra que necesaria-
mente me ha de hacer desgraciado ? ] Ah , seûor ! No querais
ser mas cruel conmigo que lo fuè yuestro padre con yos. Si
este no aprobô yuestros amores , é lo mènos tampoco os obli-
gô é recibir una esposa escogida por él. Hijo mio , respondiô
don César, ni yo pretendo tampoco tiranizar tus deseos ; todo lo
que exijo de tu sumision es que tengas la condescendencia de
yer à la que te tengo destinada antes de resolyerte à tomar otro
partido. Aunque es hermosa , y tu enlace con ella muy yenta-
joso para ti , no por esto te haré yiolencia para que la tomes
por esposa. No esta léjos , hàllase actnalmente en esta misma
casa ; yen , y confesaràs que no hay un objeto mas amable. Di-
ciendo esto condujo i don Alfonso à un magnifico cuarto,
A)nde les acompaûàmos el baron de Steinbach y yo.
£staban en él el conde de Polan con sus dos hijas Serafina y
Julia, con don Fernando de Leiya su yerno, el cual era sobrioo
de don César , y con otras muchas sefioras y caballeros. Don Fer-
nando , que segun se ha dicho habia sacado é Julia de su casa ,
acababa de casarse con ella , y con motiyo de la boda habiao
concurrido à aqucUa celebridad los aldeanos de los contornos.
Luego que se dejô yer don Alfonso ', y que su padre le présente
à toda la concurrencia , se leyantô el coude de Polan , y corriô
LIBRO SÉPTIMO. 295
exhalado à abrazarle , diciendo à gritos : Sea bien venido mi li-
bertador ! Bon Alfonso , prosiguiô el conde , reoono<^ lo que
paede la yirtud en las almas generosas. Si tu quitàste la \ida â
mi hîjo , tambien salvàste la mia. Desde este mismo pnnto te
hago el sacrificio de mi resentimiento , y te declaro dneAo de
Serafina , cuyo honor libràste tambien. Este es el desempefio de
obligacion en qne me constituyô tu yalor y tu generosidad. El
hijo de Boa César correspondiô con las mas vivas expresiones
al cumplido que le hacia el conde de Polan , no siendo iïcil dis-
cernir coal de los dos afectos disputaba la preférencia en su
agitado corazon, si el gozo de haber descnbierto su distinguido
nacimiento , ô la dicha tan cercana de lograr por esposa à Sera-
fina. Con efectOy pocos dias despues se celebrô el matrimonio
con el mayor regocijo y aplauso de los contrayentes y de toda
la parentela.
Como yo habia sido-nno de los que acudiëron à libertar a!
Gonde de Polan , este me conociô, y me dijo que mi fortuna
corria de sa cuenta. Yo le di muchas gracias por su generosidad ^
y no quise separarme de don Alfonso , el cual me hizo mayordomo
de su casa , honràndome con toda su confianza. Luego que se
casô y no pudiendo olvidar el daûo que se babia hecho à Samuel
Simon, me enviô à llevar â este comerciante todo el dinero que le
habiamos robado ; esto es y à hacer una restitncion , lo cual en un
inayordomo se llama empezar el oficio por donde debia acabar.
LIBRO SÉPTIMO.
CAPITULO I.
De los amores de Gii Bias y la seûora Lorenza S^fora.
Fui , pues , & Chelva à llevar al buen Simon los très mil duca-
dos que le habiamos robado. Confieso francamente que en el cami-
no me diéron tentaciones de quedarme con ellos para dar con tan
biienos auspicios principio à mi mayordomia , lo que podia hacer
eso sin riesgo , bastando para viajar cinco 6 seis dias, y volverme
<^ino si hubiera cumplido con el encargo :* don Alfonso y su padre
me tenian en muy buen concepto para sospecfaar de mi fidelidad ;
lodo me favoreda: sin embargo , resisti à la tentacion , y la ven-
ci como hombre de honor , lo que no es poco loable en un mozo
296 GIL BLAS.
que £6 habia acompaûado con grandes picaros. Yo aseguro que
muchos d.e los que solo tratan con hombres de bien son en este
punto mënos escrupniosos ; y sino , diganlo aquellos deposHa-
rios que » sin peligro de perder sn fema , pueden apropiarse lo
que se les ha confiado.
Hecha la restitucion que no esperaba el mercader , voWi à b
quinta de Lei\ a , en donde ya no estaba el conde de Polan , que
con Julia y don Fernando habian marchado à Toledo. Halle é mi
nuevo amo mas prendado que nunca de su Serafina , à esta cada
dia mas enamorada de su esposo , y à don César contentisimo
de tener consigo à ambos. Dediquéme é ganar la voluntad de este
amoroso^ padre , y lo consegui. Me hiciéron mayordomo de la
casa 9 todo lo gobernaba ^ recibia el dinero de los arrendadores,
corria con el gasto , y tenia una autoridad despôtica sobre los
criados ; pero léjos de imitar la conducta ordinaria de los de mi
empleo , nunca abusé de mi poder. No despedia ilos que me dis-
gustaban, ni exigia de los demas una ciega subordînacion. Si acn-
dian à don César ô à su hijo pidiendo alguna gracia , léjos de
estorbarlo hablaba en su fevor. Por otra parte la estimacion que
continuamente me mostraban mis amos aviyaba mi zelo en ser-
yirlos » sin atender a otra cosa que à sus intereses. Administré
con manos muy limpias, y fui un mayordomo de los pooos que bay.
Cu^do estaba mas contento con mi suerte , envidioso el Amor
de lo bien que me trataba la Fortuna, quiso que k èl tambien
tuviese que agradecerle , y para eso encendiô ea el corazon de
la seflora Lorenza Séfora , criada primera de Serafina , una yio-
lenta incHnacion al seAor mayordomo. Si he de hablar con la
fidelidad de historiador , mi enamorada habia cumplido los cin-
cuenta; pero la frescura de su tez , su rostro agradable, y dos
hermosos ojos que sabia manejar con destreza , podian hacer pa-
sar por afortunada mi conquista. La hubiera yo deseado de un
poco mas color ^ porque estaba muy descolorida ; pero esto lo
atribui à la austeridad del celibato.
Usa mucho tiempo del atractivo de sus mirada^ carifiosas ; mas
yo, en lugar de corresponder à ellas , aparentaba no conocer sas
designios : y ast me tuvo por novato en el amor , y no le desa-
gradô mi cortedad. Juzgô era inùtil el lenguage de los ojos coa
un nnichacho é quien creia ménos instruido de lo que estaba;
y asi en nuestra primera conversacion se me déclaré en tèrmi-
nos formates y à fin de que no lo dndase. Se manejô como ma*
ger pràctica ; hizo como que se turbaba , y despues de baberme
dicho à su satisfoccion cuanto quiso , se tapô la cara para per-
suadirme que se avergonzaba de haberme manifestado su fia-
queza. Fué preciso rendirme : mostréme muy afecto à sus cariAos,
no tanto por amor , como por vanidad : hice el apasionado , y
aun afecté quererla con tal ardor, que se yiô precisada a reûir^
LIBRO SÉPTIMO. 297
me ; pero esto foé con tanta blandura que , cuaodo me encargaba
procurase contenerme , no pareda disgustada de mi atrevimiento.
Hobiera Uegado à mas el caso si Sèfora no hubiera temido que
hidese mal juicio de su yirtud concediéndome tan fàcilmente la
vktoria. De esta suerte nos separàmos hasta otra conversacion ,
persoadida ella de que su aparente resistencia la haria pasar en
mi concepto por un modelo del recato , y yo cou la dulce espe-
ranza de Ter bien pronto el fiti de esta ayentura.
Tal era el feliz estado en que me hallaba, cuando un lacayo
de don César vino à aguar mi contento cou una mala nueva. Era
este uno de aquellos criados que se dedican à saber cuanto pasa
en el interior de las casas. Como continuamente me hacia la corte ,
y todos los dias me traia alguna noticia, me dijo una maâana
que acababa de hacer un gracioso descubrimiento que me comu-
nicaria en confianza , pero con la condicion de guardar secreto ,
por ser cosa de la dama Lorenza Séfora, cuyo enojo temia. Fuë
tanta la curiosidad en que me puso , que le ofreci el mayor si-
gilo : procure no manifestar que en ello tenia el mas leye interes,
pregunténdole con frialdad que descubrimiento era aquel de que
me bablaba con tanta réserva. Es , me dijo , que la seftora Lo-
renza introduce de oculto en su cuarto todas las noches al drujano
del Ingar , que es un mozo bien plantado ; y el bellaco se esté
bien sosegado con ella. Doy de barato , prosiguiô con tono socar-
ron, que esta accion sea muy inocente; pero ymd. convendré en
que un mozo que entra misteriosamente en el cuarto de una sol-
tera da motivo para que no se juzgue bien de su conducta.
Esta noticia me desazonô tanto como si estuviera enamorado
de yeras; procuré ocultar mi inquietud , y aun me esforzé hasta
celebrar con risa una nueya que me atrayesaba el aima ; pero
laegoqneestuye solo me desquité ecbando milbrayatas , diciendo
dos mQ desatinos , y me puse à discurrir el partido que podria
tomar. Ya despreciaba à Lorenza y me proponia abandonarla sin
dignarme oir sus descargos ; y ya creyendo era punto mio es-
<:armentar al cirujano , pensaba desafiairle. Preyaleciô esta ultima
determinacion. Escondime al anoch^r, y en efecto le yi entrar
en el cuarto de mi duefia de un modo sospecboso. Solo esto fal-
taba para encender mi ira, que acaso sin este incidente se hu-
biera mitigado. Sali de casa , y me aposté junto al camino por
donde elgalan debiamarcharse. Le esperaba à pië firme » y cada
inomento ayiyaba otro tanto el deseo qne tenia de llegar con ti
i las manos. En fin , dejôse yer mi enemigo , salile al encuentro
<^o aire de maton ; pero yo no se como diablos sucediô que me
balte rependnamente sobrecogido de un terror pànico como un
béroe de Homero , parado en medio de mi camino , y tan tur-
bado como Paris cuando se présenté à combatir con Menelao.
I^me à miras à mi hombre , que me parecié robusto y y igoroso.
398 GIL BLAS.
y su espada desmesaradamente larga. Todo eilo hacia en mi so
efecto ; pero fuese la negra honrilla à otra causa , aunque estaba
yiendo el peligro con unos ojos que lo hacian todayfa mayor, i
pesar de mi miedo, que me aguijoneabapara que me volviese , tnye
aliento para desenyainar mi tizona , é irme derecho al cirojano.
Sorprendiôle mi accion. ^Qué es esto , seftor Gil Bias 7 exdamô :
I que significan esas demostraciones de cabaUero andante? i Ymd.
sin duda tiene gana de cbancearse? No , seftor barbero , le res-
pond! ; no, es cosa muy seria : quiero saber si es ymd. tan yaliente
como galan. No créa ymd. le hayan de dejar gozar tranqailamence
las finezas de la dama que acaba de yer en casa. ; Por san Gosme,
repuso el cirujano dando una gran carcajada de risa , que es on
buen chasco ! 2 Las apariencias , yiye diez , son harto engafiosas !
Por estas palabras presumi que tenia tanta gana de quimera
como yo , lo que me hizo ser mas audaz. A otro perro con ese
hueso , le répliqué ; à otro con esa , amigo mio ; yo no soy
hombre à quien satisfece la simple negatiya. Ya yeo , prosiguiô,
que me sera preciso hablar claro para eyitar la desgracia que
nos puede suceder é yos 6 à ml. Yoy, pues , & reyelaros nn se-
creto , no obstante que los de nuestra profesion deben ser may
callados. Si la dama Lorenza me admite con cautela en su apo-
sento p es porque los criados no sepan su enférmedad. Todas las
noches yoy à curarle un cancer inveterado que tiene en la es-
palda. Yea ymd. el fundamento de las yisitas que tanto le in-
quietan. Tranquilizese de aqui en adelante sobre este particular;
pero si no esté satisfecho con esta declaracion , y quiere absolu-
tamente que riAamos , digalo , y manos & la obra , poes no soy
hombre que huirè el cuerpo. Habiendo dicho estas palabras sac6
su montante , cuya yista me horrorizô , y se puso en defensa con
un aire que nada bueno me anunciaba. Basta , le dije enyainando
mi espada , yo no soy tan bàrbaro que no ceda é la razon. Per
lo que ymd. me ha dicho yeo que no es mi enemigo ; abrazé*
monos. Mis palabras le diéron à entender que yo no era tan
temible como le pareci al principio ; enyainô con risa la espada,
me abrazô , y nos separémos los mayores amigos del mando.
Desde este momento Sëfora se presentaba à mi imaginacîon
como la cosa mas desagradable. Eyité todas las ocasiones que me
propordonaba de hablarle à solas ; y mi cuidado y estadio en
huir de ella le hiciéron conocer mi interior. Admirada de ans
mudanza tan grande quiso saber la causa , y habiendo enoontrado
al fin el medio de hablarme à solas , me dijo : Seûor mayordomo,
digame ymd., si gusta , el porqué eyita hasta mis miradas , ;
porqué , en lugar de buscar como otras yeces propordon de ha-
blarme , se extrafta tanto de mi. Es yerdad que yo di los primeros
pasos , pero ymd. me correspondiô. Acuérdese , si no lo lleya i
mal , de la conyersadon que tuyimos solos ; entteoes era ymd*
UBftO SÉPTIMO. 299
lodo fuego , y âhora no es mas que un hielo. ;Qaé significa esta
madanza ? La pregunta era muy delicada para un hombre sincero ;
y à la yerdad me quedé muy perplejo. No tengo présente lo que
le respondl ; solamente me acuerdo que le disgnstô infinito. Se*
fora parecia un corderô por su semblante aiable y modesto ; pero
coando se encolerizaba era una tigre. Creia, me dijo echàndome
una mirada Uena de despecho y rabia , creia honrar mucho à un
faombrecillo como ël , manifestândole un afecto que caballeros y
personas muy nobles faarian gran vanidad de haber merecido.
Me esti muy bien empleado por haberme bajado indignamente
hasta un miserable aventnrero.
Si bubiera parado en esto , hubiera salido yo del paso à poca
Costa ; pero su lengua furiosa me dijo mQ apodos à cual peor.
Ken conozco que debi recibirlos & sangre firia , y reflexionar que,
despreciando el triunfo de una yirtud que yo babia tentado , co-
metia un delito que las mugeres no perdonan jamas. Un hombre
seosato en mi lugar se hubiera reido de estas injurias ; pero yo
era tan vivo que no pude sufrirlas , y perdi la pacicncia. Sefiora ,
le dije , à nadie despreciemos : si esos caballeros de quienes ymd.
habla le hubiesen yisto las espaldas, aseguro que su curiosidad
no hubiera pasado adelante. Apënas hube disparado esta saeta
cuando la enfurecida duefta me pegô la mas grande bofetada que
jamas ha dado muger colérica. Para no recibir otra , y evitar la
granizada de golpes que hubieran caido sobre mi , tome la puerta
con la mayor ligereza. IM mil gracias al cielo de yerme fuera de
este mal paso , imaginando que nada tenia que temer, pues la dama
se hàbia yengado , y me parecia que por su propia estimacion
debia callar este lance. En efecto , pasàron quince dias sin saber
imda de ella , y principiaba à olvidarla cuando supe que estaba
mala : confieso que tuye la flaqueza de afligirme ; me diô làstima ,
imaginando que , no pudiendo esta desgraciada amante yencer un
dmor tan mal pagado, se habria rendido é su dolor. Me conside-
raba yo la principal causa de su enfermedad , y ya que no podia
amarla, & lo mënos la compadecia. jPero cuanto me engaftaba!
sa temura conyertida en odîo , no pensabamas que en perderme.
Estando una mafiana oon don Alfonso noté que se hallaba triste
y pensatiyo : preguntéle con respeto que tenia. Tengo pesa-
dambre , me dijo , de yer à Serafina tan débtl , ingrata é injusta.
Ti te admiras , afladiô , observando mi suspension ; pues crée
que es muy cierto lo que te digo. No se pu- que moti?o te has
becho tan odîoso à Lorenza su criada , que dice es infaliMe su
maerte si no sales prontamente de casa. Como Serafina te ama ,
no debes dudar habri resistido é los impulsos de este aborre-
cimiento , con los cuales no puede condescender sin ser desa-
e^decida é injusta; pero al fin es muger» y ama eon extremo
i Sëfora que la ha criado. La quiere como si fuera su madré, y
300 GDL BLAS.
creeria ser causa de sa moerte si no le dièse gusto. Por lo qa«
baoe à mi , aunque quiero tanto à Serafina , no pienso del misoio
modo, y no consentiré te apartés de ml, aunque perecieseD
todas las dueftas de Espafla, pues te miro no como à criado
sino como é hermano.
Luego que acabô de hablar don Alfonso , le dije : Seflor, yo
he naddo para ser juguete de la fortnna. Pensaba cesaria de per-
seguirme en vuestra casa , en donde todo me prometîa una vida
feliz y tranquila: pero al fin me es preciso dejarla, aunque ood
ella pierda mi mayor gusto. No , no , exclamô el g^ieroso hijo
de don César. Déjame , yo convenceré à Serafina : no se ha de
dedr que te hemos sacrificado al capricho de una duefia;
demasiado la contemplâmes en otras cosas. Pero , seâor , ré-
pliqué , irritaréis mas à Serafina si la resistis : mas bien quiero
retirarme que exponerme, permaneciendo en casa, i causar
desazon entre dos esposos tan perfectos : si esta desgracia suce-
diese , jamas hallaria yo consnelo. Don Alfonso me prohibiô to-
mar este partido , y le tî tan resuelte , que Lorenza no hubiera
logrado su intente , si yo no hubiese permanecido en mi pro-
p6sito. Es Terdad que , picado de la venganza de la dueAa , tare
mis impulses de cantar de piano y descubrirla; pero lae^o
me compadecia censiderando que, si revelaba su flaqueta, heria
mortalmente à una infeliz , de cuya desgracia era yo la caosa ,
y à quien dos maies irrémédiables echaban al heyo. Juzgaè,
pues , que en concieneia debia restablecer el sosiego en la casa
saliéndome de ella , pues que era un hombre que ocasionaba
tante dafke. Hicelo asi al dia siguiente antes de amanecer , sin
despedirme de mis âmes , temiende que su cariûe esterbase mi
partida , y solo dejé en mi cuarte una cuenta puntual de mi ad-
ministracion.
CAPITULO II.
De lo que sucedid à Gil Bias despues de dejar la casa de Leiva , y de las felioei
coQsecaencias que tuTo el mal saccso de sus amores.
Yo tenia un buen caballe, y llevaba en mi maleta descientes
deblones, précédentes la mayor parte de lo que me toc6 de les
bandoleros que matées , y de les mil ducades que robàmes i
Samuel Simon , porque don Alfonso habia restitnido genero-
samente teda la cantidad , cediéndeme la parte que me habia
tecade. Asi, mirande mi caudal per esta circunstancia como ya
legitime , gezaba de él sin escrupulo de concieneia. En una edad
corne la que yo entônces tenia , se confia mucho en el prepio
mérite , y fuera de este , cen mi dinero nada creta debia temer
UBRO SËPTIMO. 301
en adelante. Por otra parte Toledo me ofrecia un agradable asilo,
y no dadaba que el conde de Polan tendria mucho gusto en
recibir en sa casa à uno de sus libertadores. Pero este recurso
debia ser cuando todo corriese torbio , y antes de valerme de
él quise gastar parte de mi dinero en correr los reinos de Hur-
cia y Granada que deseaba Ter con particularidad. Con este in-
tente tome el camino de Almansa, de donde prosiguiendo mi
yiage fui de pueblo en pueblo hasta la ciudad de Granada , sin
que me sucediese contratiempo alguno. Parecia que la Fortuna,
satisfecha ya de tantos chascos como me habia jugado , queria
en fin dejanne en paz ; pero esta traidora me preparaba otros
machos y como se vera en adelante.
Uno de los primeros sugetos que encontre en las calles de Gra-
. oada fîié el sefior don Fernando de Leiva, yerno como don Al-
fonso del conde de Polan. Ambos quedimos.sorprendidos de
Ternos en Granada. ; Que es esto , Gil Bias , me dîjo , tù en
Granada? ^quë es lo que aqui te trae? SeAor, le dije, si Tmd.
se admira de venue en este pais, con mucha mas razon se mara-
yillari coando sepa la causa que me ha obligado i dejar la casa
del seftor don César y su hijo. En seguida le conté cuanto me
habia pasado con Séfora, sin callarle nada: causale gran risa
el lance, y ya sosegado me dijo seriaroente: Amigo, voy à to-
mar por mi cuenta este negocio , escribiré à mi cuAada... No ,
no, seûor , interrumpi ; si^>lico à vmd. no haga tal cosa : no he
salido de la casa de Leiva para volyer à ella. Si ymd. gusta ,
puede emptear de otro modo el feyor que le debo : ruego à
^d. que, si alguno de sus amigos necesita un secretario 6
mayordomo , me présente y recomiende , que doy à vmd. palabra
de no desairar su informe. Con mucho gusto , respondiô: mi ye-
nida à Granada ha sido à yisitar à una tia mia ya anciana que
esta enferma, y todavia pasaràn très semanas entes que me yuelya
^ mi quinta de Lorqui , en donde ha quedado Julia. En aquella
casayiyo, prosiguiô seflalàndome una suntuosa que estabaà cien
P^sos de nosotros: yenme é ver pasados algunos dias, que quizi
te habré ya buscado un acomodo.
Efectiyamente la primera vez que nos yimos me dijo : El seftor
anobispo de Granada , mi pariente y amigo , que es un grande
^^itor, necesita de un hombre instruido y de buena letra para
poner en limpio sus obras. Ha compuesto , y todos los dias com-
pone homilias , que predica con mucho aplauso. Como te con-
^mplo à propôsito para el caso, te he recomendado, y me ha
prometido admitirte : ye y preséntate de mi parte : por el modo
^Q que te reciba conocerés el buen informe que le he dado.
La conveniencia me pareciô ta! como podia desear ; y asi
i^bîéndome compuesto lo mejor que pude , fiii una maftana i
Pi'esentarme é este prelado. Si yo hubiera de imitar à los auto-
309 GILBLAS.
Rft de BOTchs , hflrit aqw mat dewripcim |wpot del
anobispal de Granada , me extenderia sobre la eaiructora dd
ediBdo , celebraria la riqaeza de sns muebles , hablaria de sus
estataas y pinturas , y no dejaria de contar al lector la menor de
todas las historias que en ellas se representan ; pero me oonten-
taré con decir que iguala en magnifioencia al palacio de imestros
reyes.
Vi en las antesalas una muchednmbre de edesiâsticos y se-
glares » la mayor parte fimiiliares de su ilustrisima , limosneros ,
gentileshombres , escuderos 6 ayudas de cémara. Los Testîdos de
los seglares eran costosos , tanto que mas parecian de sefiores
que de criados : se mostraban altÎTOS , y hacian el papel de hom-
bres de importancia : al Ter su afectacion no pude ménos de reirme
y burlarme interiormente de elles. \ Par diez I me decia entre mi,
estas gentes tienen la fortuna de no sentir el yugo de la serri-
dumbre ; porque al fin si lo sintieran me parece deberian osten-
tar mènes altaneria. Acerquëme à un personage grave y grueso
que estaba à la puerta de la cémara del arzobispo para abrîrla
y cerrarla cuando era necesario , y le pregunté cou mucha corte-
sia si podria hablar à su ilustrisima. Espérese ymd. me dîjo
secamente, que su ilustrisima va à salir à oir misa, y al paso le
oirà Ymd. No respond! palabra , armème de paciencia , ë hicc
por tramar conversacion con algunos de los sirrientes ; pero
aqueUos seftores no se dignàron contestarme, sino que se entre-
tuTièron en examinarme de pies à cabeza; y despues , miran-
dose unes à otros, se sonriéron con orguUo de la lib€«tad que
habia tenido de mezclarme en su conversacion.
Gonfieso que me quedé del todo corrido al verme tratado asî
por unes criados. Todavia no habia Tuelto de mi confusion
cuando se abriô la puerta del estudio, y saliô el arzobispo.
Inmediatamente guardéron todos un proAmdo silencîo, dcjàron
sus modales insolentes , y mostràron un semblante respetuoso
delante de su amo. Tendria el prelado unes sesenta y nueve ajk>s,
y casi se semejaba à mi tio Gil Perez el canônigo, es dedr , que
era pequeûo y grueso , y ademas muy patiestevado , y tan caWo
que solo tenia un mechon de pelo hécia el cogote ; por lo cual
lleyaba embutida la cabeza en una i^palina que le cubria las orejas.
Con todo y noté en él un aire de caballero, sin duda porque yo
sabia que lo era. La gente comun mirémos à los grandes con
una cierta preocupacion que por lo regular les presta un aspecto
de seAorio que la naturaleza les ha negado. Luego que me lià
el arzobispo se yino é mi , y me pregunto cou mucha dulzora
que era lo que se me ofrecia. Le dije era el recomendado del
sefior don Fernando de Leiya. ;Ah! exclamô, ^eres tù el qoe
me ha alabado tanto? ya estes recibido : me idegro de tan buen
^* quédate desde luego en casa. Dichas estas pdabras,
LnAO SËPTIMO. 303
se apoy6 sobre dos escnderos , y habiendo oido à algnnos ecle-
siéstîcos que llegâoron à hablarle , saliô de la sala. Apéoas estaba
fîiera coando yiniéron é saludarme los mismos qae poco antes
habian despreciado mi conyersacion : me rodean , me agasajan ,
y maestran la mayor alegria de yerme comensal del arzobispo.
Habian oido lo qae me babia dicho su amo , y deseabaa con
ansia saber que empleo debîa tener cerca de su seftoria ilnstri-
sima; pero para vengarme del desprecio que me habian hecho,
taye la malicia de no satisfocer su curiosidad.
No tardô mucho en yoWer su seftoria ilostrisima , y me bizo
entrar en su estndio para hablarme é solas. Yo pensé bien que su
intendon era tantear mis talentos, por lo que me atrincheré y
préparé para medir todas mis palabras. Principiô haciéndome
algnnas preguntas sobre las humanidades. Tuye la fortuna de no
responder mal , y hacerle yer que conocia bastante los autores
griegos y latinos. Examinôme despnes de dialéctica, y cabahnente
aqai era en donde yo le esperaba. Encontrôme bien dmentado
en eOa , y me dijo con cierta admiracion : Se conoce que bas
tenido buena educacion. Yeamos ahora tu letra. Saqué de la
feltriquera una muestra que babia lleyado expresamente para
este caso , la que no desagradô à mi prelado. Me alegro de que
tengas tan buena forma, eidamô, y todayia mas de que tengas
tan bnen entendimiento. Daré las gracias à mi sobrino don Fer-
nando porque me ba proporcionado un jôyen tan de proyecbo.
A la yerdad cpie me ba hecbo un buen présente.
Interrumpiô nuestra conyersacion la llegada de algunos caba-
Deros granadinos que iban à comer con su ilustrisima. Dejélos,y
me retiré à donde estaban los familiares, quienes me colmàron
de cumplimientos y obsequios. Comi con ellos, y si miéntras la
comida procuràron obseryar mis acciones, yo no examiné ménos
hs snyas. \ Que modestia guardaban los eclesiésticos ! todos me
paredéron nnos santos; tanto era el respeto que me babia infun-
dido el palacio arzobispal : no me pasô por la imaginacion que
aqnello podia ser gazmofteria, como si fdera imposible que esta
se hallase en casa de los principes de la iglesia.
Me tocô sentarme al lado de un antiguo ayuda de cémara, 11a-
mado Melcbor de la Ronda, quien tenia cuidado de seryirme
buenos bocados. Yiendo su atencion, procuré yo tenerla conél,
y mi politica le agradô mucbo. Seftor caballero, me dijo en yoz
baya luego que acabémos de corner, quisiera bablar con ymd. à
solas; y diciendo esto me lleyô à un sitio de palacio en donde
nadie podia oimos , y alli me tuyo este razonamiento : Hijo mio ,
desde el instante que te yi te cobré inclinacion , de cuya yerdad
yoy é darte una prueba , confiàndote un secreto que te sera de gran
Qtilidad. Estes en una casa en donde se confiinden los yerdaderos
yirtuosos eon los falsos. Para oonocer este terreno necesitabas
304 GIL BLAS.
infinito tiempo, y Toy é excnsarte un estndio tan largo y desa-
gradable, pintândote los genios de onos y de otros, lo que podrà
seryirte de gobîerno.
No sera malo, prosiguiô, dar principio por su flostrlsiina. Es
an prelado may piadoso, ocapado continaamente en edificar al
paeblo , y en encaminarle à la yirtad con admirables sermones
morales , que el mismo compone. Yeinte aftos hace que dejo la
cone para dedicarse enteramente à conducir su rebafto : es an
sabio y un grande orador qae tiene paesto su conato en predi-
car, y el pueblo le oye con mucho gusto. Tal yez tendra en esto
su poco de vanidad ; pero ademas de que no toca à los hombres
el penetrar los corazones, no pareceria bien que me pusiese yo
à escudrifiar los defectos de una persona cuyo pan como. Si me
fiiera permitido reprender algana cosa en mi amo , vituperaria
sn severidad ; porque castiga con demasiado rigor las flaquezas
de los eclesiàsticos , cnando debiera mirarlas con piedad. Sobre
todo persigue sin misericordia à los que , fiados en su inocenda ,
piensan justificarse juridicamente, desatendiendo su autoridad.
Tiene tambien otro defecto que es comun à muchas personas
grandes : aunque ama à sus criados, atiende poco & sus serricios;
los dejarà enyejecer en su casa sin pensar en proporcionarles
algun acomodo. Si alguna vez los gratifica, es porque hay qaien
tiene la bondad de hablar por ellos ; pues por lo que hace & sa
ilustrisima , jamas se acordaria de hacerles el menor bien.
Esto me dijo de su amo el ayuda de càmara, y siguiô dàndome
razon del carécter de los eclesiàsticos con quienes babiamos oo-
mido: me los retratô muy al contrario de lo que aparentaban:
es verdad que no me dijo eran gentes infomes, pero si bastante
malos sacerdotes. No obstante exceptuô à algunos, cuya virtud
me alabô mucho. Con esta leccion aprendi el modo de porlarme
con estos sefiores , y aquella misma noche en la cena me revesti
como ellos de un exterior compuesto. No es de admirar se hallen
tantos hipôcritas , cuando nada cuesta el serlo.
CAPITULO m.
Llega Gil Bias i ter el privado del arzobispo de Granada , y el oondocto de sus
gracias.
Miéntras la siesta habia yo sacado de la posada mi maleta y
caballo , y yuelto despues à cenar à palacio » en donde me pusîé-
ron un cuarto décente cou muy buena cama. £1 dia siguimite me
hizo llamar su ilustrisima muy de maAana para darme à copiât
una homilia, encargàndome mucho lo hiciera con toda la exacti-
tud posible ; ejecatélo asi sin omitir acento, punto ni coma, de lo
LIBRO SËPTIUO. 305
qae nMiûfestô el prdado ua grande placer mezclado de sorpresa.
Laego que recorrîô todas las hojas de mi copia, exclamô admi-
rado: (Eteroo DiosI ^puede darseuna cosa mas correcta? Eres
may buen copiante por ser perfecto gramàtico. Hàblame con satis-
faociott , amigo mio , ^has encontrado al escribir alguna cosa que
te baya chocado? ;algan descuido en el estilo , 6 algun término
impropio ? es muy fàdl se me haya escapado algo de esto en el
calor de la composicîon. |0h, seflorl respondi modestamente,
no tengo tanta iostruccion que pueda meterme à critico , y aun
coando la tuTiera, estoy cierto de que las obras de su ilustrisima
no ca^ian bajo mi censura. Sonriôse con mi respuesta , y nada
me replicô; pero en medio de toda su piedad se traslucia que
amaba cod pasion sus escritos.
Acabé de granjear su amistad con esta adulacion ; cada dia
me qaeria mas , tanto que don Fernando , que visitaba frecuen-
temente à mi amo , me asegurô habia de tal modo ganado su
Toluntad , que podia dar por hecha mi fortuna. Mi amo mismo
lo confirmô poco tiempo despues con la ocasion siguiente. Ha-
biendo relatado con vehemencia una tarde en su estudio deiante
de mi una homilia que habia de predicar en la catedral al otro
dia y DO se contenté con preguntarme en general que me habia
parecido , sino que me obligô à decirle los pasages que mas ha-
biaa Uamado mi atencion , y tuve la fortuna de dtarle aquellos
de que el estaba mas satisfecho , y que eran sus faToritos : esto
me hizo pasar en el concepto de su ilustrisima por un conocedor
delicado de las verdaderas bellezas de una obra. Eso es , exclamô,
le que se llama tener gusto y finura. Si , querido , te aseguro que
no es ttt oido oreja de asno. En fin , quedô tan contento de mi ,
que me dijo conmucha expresion : Gil Bias , no tengas ya cuidado,
que tu fortuna corre de mi cuenta , y te proporcionarè una que
te sea agradable. Yo te estime , y en prueba de ello quiero que
seas mi confidente.
Al oir estas palabras me eché é los pies de su ilustrisima ,
penetrado de reconocimiento. Abrazé gustosamente sus piemas
torcidaSy y creime ya un hombre que estaba en camino de llegar
i ser rico. Si » hijo mio , prosiguiô el arzobispo , cuyo discurso
habia interrumpido mi accion ; quiero h^certe depositario de mis
mas ocultos pensamientos : escuçba ^tent^mente lo qvie Toy à
decirte. Tengo gusto en predicar^yel Sei|pr beudice mis homi-
lias, porque mueven i los pecadores, les hacen volver en si , y
recurrir à la penitencia. Tengo la satisfaccion de ver à un avaro,
atemorizado con las imégenes que présente à su codicia , abrir
sus tesoros y distribuirlos con mane prôdiga : à un lascive huir
de sus torpezas ; à los ambiciosos retirarse à las ermitas , y
hacer constante y firme en sus obligaciones k una esposa i quien
bacia titubear un amante seductor. Estas conversiones , que son
2»
306 GIL BLAS.
firecuentes , deberian por si sobs excitarme al trabajo ; pero , ce
confieso mi flaqueza , todaTia me moeve otro premio , premio
de que la delicadeza de mi Tirtad mè reprende inutilmente; este
es el aprecio que hace el publico de las obras bien acabadas. La
gloria de pasar por un orador oonsumado tiene para mi mochos
atractivos. Hoy pasan mis obras por enèrgicas y sublimes ; pero
no querria caer en las feltas de los buenos escritores que escri-
ben muchos aftos, y si conservar toda mi reputacion.
En este supuesto, mi amado Gil Bias, continué el prelado,
exqo una cosa de tu zelo : cuando adviertas que mi pluma en-
yejece, cuando notes que mi estilo dedina, no dejes de airisar-
melo. En este punto no me fio de mi mismo , porque d amor
propio podria cegarme. Esta obserTadon necesita de un enten-
dimiento imparcial, y asi elijo el tuyo que contempio i prop6-
sitOy y desde luego abrazaré tu dictémen. Seflor, le dije, su
ilustrisima esta todatia muy distante de ese tiempo, à Dios gra-
cias : ademas de que un ingenio como el de su Ûustrisima se
conservarâ mas bien que los de otro temple, 6 para hablar con
propiedad, su ilustrisima sera siempre el mismo. Yo miro â su
ilustrisima como à un segundo cardenal Jimenez, cuyo superior
talento parecia recibir nuevas fuerzas de los aftos , en Ingar de
debilitarse con ellos. Dèjate de alabanzas, amigo mio, respondiô
mi amo ; yo se que puedo declinar de un momento à otro: en
la edad en que me hallo ya se empiezan à sentir los achaqœs ,
y los maies del cuerpo alteran el entendimiento. De nneyo te lo
encargo , Gil Bias , no te detengas un momento en ayisarme
luego que adviertas que mi cabeza se débilita : no temas ha-
blarme con franqueza y sinceridad , porque tu aviso sera para
mi una prueba del amor que me tienes. Por otra parte va en
ello tu interes ; pues si por desgracia tuya supiese se decia en
la ciudad que mis sermones habian decaido de su ordinaria de-
vadon, y que podia ya dar de mano i mis tareas , perderias no
solo mi afecto , sino el acomodo que te tengo prometido. Te
hablo con toda claridad, esto sacarias de tu nedo silendo.
Aqui acabô la exhortacion de mi amo para oir mi respuesta ,
que se redujo à prometerle cuanto deseaba^ Desde aquel pvnto
nada tuvo secreto para mi, y vine é ser su privado. Todos los
familiares envidiaban mi suerte, ménos el prudente Melchor de
la Ronda. Era de ver éofâo trataban los gentilesbombres y es-
cuderos al confidente de siï Sastrisima; no se afrentaban de
humillarse por tenerme contento; sus bajezas me hacian dudar
fiiesen EspaAoles. Aunque conocia les guiaba el interes, y nunca
me engaAàron sus Ksonjas , no dejé por eso de servirles. Mis
buenos oficios movièron é su ilustrisîaia à proporcionarles em-
pleos. Â uno le hizo dar una compaAia, y le puso en esiado de
Ittcir en el ejèrdto : à otro enviô & Méjico con un gran destine ;
LIBKO SÉPTIMO. 307
y no oWidando à mi amigo Melchor logrë para él una buena
gratificacion. Esto me hizo conocer que si el prelado de su pro-
pio motiyo no daba , à lo mènos rara yen negaba lo que se le
pedia.
Pero me parece debo referir con mas extension lo que hice
por nn edesiàstico. Un dia nuestro mayordomo die présenté un
Kcendado Uamado Luis Garcia, hombre todavia mOto y de buena
prcsencia, y me dijo : SeJk>T Gil Bias, este honradb eclesiàstico
es une de mis mayores amigos : ha sido capellan de unas monjas;
pero su yirtud no ba podido librarse de malas linguas. Le
ban desacreditado tanto con su ilustrisima, que le ha suspen-
dido 9 y no quiere escuchar ninguna solicitud à iavor suyo ; nos
hemos yalido de lo principal de Granada » pero nuestro amo es
inflexible.
Sefiores, les dije, este negocio se ha gobernado mal, y hubiera
sido mejor no hiber empeûado à nadie; por hacerle bien al sefior
Kcenciado le han hecho mucho daito. Yo conozoo à su ilustri-
sima , y se que las sùplicas y recomendaciones no hacen mas
qne agravar en su idea la culpa de un eclesiàstico. No ha mucho
qne le oi decir à èl mismo que , à cuantas mas personas empefta
en m favor un eclesiàstico que esta irregular, tanto mas aumenta
el escàndalo, y tanto mas seyero es para con él. Malo es eso ,
dijo el mayordomo , y mi amigo se yeria muy apurado si no
tuyiera tan bnena letra ; pero por fortuna escribe primorosa-
mente, y contesta habîlidad se ingénia para mantenerse. Tuye la
curiosidad de ver si la letra que se me celebraba era mejor que
la mia. £1 licendado me manifesto una muestra que traia preye-
nida, la cual me admirô, pues me parecia una de las que dan los
maestros de escuela. Hièntras miraba tan bella forma de letra ,
me^ocurriô una idea, y pedi à Garcia me dejase el papel, dicién-
dole que acaso le séria util : que no podia decirle mas por
entônces ; pero que al otro dia hablariamos largamente. El licen-
ciado, à quien el mayordomo habia, segun presumo, celebrado
mi ingenio, se retirô tan satisfecho como si ya le hubiesen restî-
tuido à sus fùnciones.
A la yerdad yo deseaba servirle , y desde aquel dia trabajé en
ello del modo que yoy à decir. Estando solo con el arzobispo le
ensefié la letra de Garcia, que le gustô infinito , y aproyediàn-
dome entônces de ta ocasion , le dije : SeAor, una yez que su ilus-
trisima no quiere imprimir sus homilias, à lo ménos desearia yo
que se escribiesen de esta letra.
El prelado me respondiô : Annque me agrada la tuya, te con-
fieso que no me disgustaria tener copiadas mis obras de estamano.
No se necesita mas, prosegui, que el consentimiento de yuesa
ilustrisima : el que tiene esta habilidad es un licenciado conoddo
mio; y se alegrarà tanto mas de servir à su ilustrisima, cuanto
308 GIL BLA&
que por este medio podrà esperar de su bondad se sirra sacM-Ie
del miserable estado en que por desgracia se balla.
;Como se Uama ese lioenciado? me preguntô. Luis Garcia, le
dije, y esté Ueno de amargura por haber caido en la desgracia
de su ilustrisinuu Ese Garcia ^ intemimpiô, si nome engallo,
ba sido capelbm de unconveoto de monjas, y ha incurrido en
las censuras «elesiàsticas. Todavia me acuerdo de los memoriales
que me ban dlido contra el ; sus costumbres no son muy buenas.
Seûor, dije, no pretendo justificarle; pero se quetiene enenûgos,
y asegura que sus acusadores ban tirado mas i hacerle dafto que
à decir la Tcrdad. Bien puede ser, replio/i el arzobispo, porque
en el mundo hay ànimos muy perversos; pero aun suponiendo
que su conducta no haya sido siempre irreprensible , acaso se
habrà arrepentido , y sobre todo à gran pecado gran miseri-
eordia. Tréeme ese licenoiado à quien desde luego leyanto las
censuras.
Hé aqui como los hombres mas rigidos templan su severidad
cuando media el interes propio. El arzobispo concediô sin difi-
cultad à la vana complacencia de ver sus obras bien escritas lo
que habia negado à los mas poderosos empefkos. Al instante di
esta BOlicia al mayordomo , quien sin pèrdida de tiempo la par-
ticip6 à su amigo Garcia. AI dia siguiente vino à darme las gra*-
das correspondientes al favor conseguido. Le présenté à mi amo,
quien , contentàndose con una ligera reprension , le diô aigunas
homilias para que las pusiera en limpio. Garcia lo desempefto tan
perfectamente » que su ilustrisima le restableciè en su ministerio»
y aun le diô el curato de Gabia , lugar grande inmediato à Gra-
nada; lo que prueba muy bien que los beneficios no siempre se
confieren à la virtud.
CAPITULO rv.
Dale un accidente de apoplegfa al anobispo. Del lance critiço en que se halla
Gil Bias , y del modo con que saliô de ël.
Hièntras yo me ocupaba en servir de este modo à unos y à
otroSy don Fernando de Leiva se disponia para dejar à Granada.
Visité à este seftor Antes de su partida , para darle de nuevo
gracias por el excelente acomodo que me habia proporcionado.
Viéndome tan gnstoso , me dijo : Mi amado Gil Bias, me alegro
mucho que estes tan satisfecho de mi tio el arzobispo. Ester
oontentisimo, le respond!, con este gran prelado, y debo estarlo;
porque ademas de ser un seftor muy amable , nunca podré agra-
deoer bastante los favores que le merezco ; pero todo esto ne-
cesitaba para consolarme de hi separacion del seftor don César
LIBRO SËPTIMO. 300
y de BO hijo. No creo que elios la hayftii sentido mènos , dijo don
Fernando ; pero puede ser que no os hayais separado para siem-
pre y y que la fbrtana yuelva à reuniros algun dia. Estas pala-
bras me enterneciéron de modo que no pude ménos de suspirar :
entônces conoci que mi amor A don Alfonso era tanto , que hu-
bîera dqado con gusto al arzobispo y caanto podia esperar de
su privanza por volverme à la casa de Leiya , siempre que se
habiera quitado el obstàculo que me habîa alejado de ella. Don
Fernando adyirtiô mi ternura, y le agradô tanto, que me abrazô
diciendo que toda su fomilia se interesaria siempre en mi bien
estar.
A los dos meses de haberse marchado este caballero, y cuando
me yeia yo mas fayorecido , tuyimos un gran susto en palacio.
Acometiôle al arzobispo una apoplegia , pevo se acudiô con tan
prontos y eficaces remedies, que sanô A muy pocos dias, annque
qaedô algo tocado de la cabeza. Al primer sermon que compuso
bien lo echè de yer ; pero no hallando bastante perceptible la di-
ferencîa que habia entre este y los antécédentes, para inferir que
el orador empezaba à decaer, aguardé â que predicase otro para
dccidir. Hizolo , y no fné menester esperar mas : el buen pre-
lado unas yeces se rozaba y repetia , otras se remontaba hasta
las nubes, ô se abatia hasta el suelo : en fin su oracion fiië difîisa,
una arenga de catedràtico cansado , ô un sermon de mision sin
concierto.
No fol yo solo quien lo notô , sino que casi todos los que le
oyëron, como si les hubieran pagado para que lo examinasen, se
decîan al oido : Este sermon buele à apoplegia. Yamos , sefior
censor y ârbitro de las homilias , me dije entônces â mi mismo,
prepàrese ymd. para hacer su oficio. Ya ve ymd. que su ilustri-
sima déclina : ymd. esté en obligaciôn de adyerttrselo , no solo
como depositario de sus eonfianzas , sino tambîen por temor de
que alguno de sus enemigos se os anticipe : si llegara este caso
sabe ymd. muy bien sus consecueticias ; séria ymd. borrado de
su testamento , en el cual sin duda le tiene seflalado una manda
mejor que la biblioteca del licenciado Cedillo.
A estas reflexiones seguian otras enteramente contrarias , por-
qtie me parecia muy expuesto dar un aviâo tan desagradable
qoe yo juzgaba no recibiria con gusto un âûtor enCaprichado por
snsobras.Luego, desechando esta idea, miraba como imposible
que desaprobase mi libertad , habiéndomelo inculcado con tanto
^nipefio. AAàdase à esto que yo pensaba decirselo con mafia , y
hacerle tragar suayemente la plldora. En fin , persuadièndome que
siriesgaba mas en callar que en hablar, me déterminé à romper
el silencio.
Solo una cosa me inquietaba, y era no saber como sacar la con-
^ersadon. Por fortuna el orador mismo me sac6 de este cnidado.
310 GVL BLAS.
pregantàDdome que se deda de ti en el pùblioo , y si hatûa gas-
tado su ultimo sermon. Respondi que sas bomillas siempre ad-
miraban ; pero qae à mi parecer la ultima no habia moyido taoto
al auditorio como las antécédentes. ;Como es eso , amigot res-
pondiô sobresaltado^ ;habrà encontrado algun Aristaroo ' ? No,
seftor ilustrisimOy le dije» no son obras las de su ilustrisima qoe
haya qulen se atreya àoensuiarlas , antes todos las oelebran ; pero
como su ilustrisima me tiene mandado le hable con franqueza y
con sinceridad , me tomarë la licencia de decir que el ultimo ser-
mon no me parece t^ier la solidez de los précédentes. ^Piensa
su flustrisima de otro modo ? À estas palabras mudô de color mi
amo , y con una sonrisa fbrzada]^me dijo : ^SeAor Gil Bias , con-
que esta composicion no es del gusto de vmd.? No digo eso ,
sefior ilustrisimo , interrumpi todo turbado ; es excelente, aun-
que un poco inferior à las otras obras de su ilustrisima. Ya en-
tiendo , replicô, te parece que voy biqando : ^no es esot Aeorta
de razones, tu crées que ya es tiempo de que pieuse en retirarme.
Jamas , le contesté , hubiera yo hablado à su ilustrisima con tanta
daridad, si expresamente no me lo hubiera mandado ; y pues en
esto no hago mas que obedecer à su ilustrisima , le suplico reo-
didamente no Heve à mal mi atreyimiento. No lo permita Dtos ,
interrumpiô precîpitadamente » no permita Dios que os reprenda
tal cosa : en eso séria yo muy injusto. No me desagrada el que
me digas tu dictâmen , sino que me desagrada tu dictémen mis-
mo ; yo me engafté extremadamente en haberme sometido à tu
limitada capacidad.
Aunque estaba tan turbado , procuré buscar los medios de en-
mendar lo hecho; pero es imposible sosegar à un autor irritado,
y mas si esta acostumbrado à no escuchar sino alabanzas. No ba-
blemos mas del asunto , hijo mio , me dijo : tù ères todavia muy
nifio para distinguir lo verdadero de lo felso : has de saber que
en mi yida be compuesto mejor homilia que la que tiene la des-
gracia de no merecer tu aprobacion. Gracias al cielo , mi enten-
dimiento nada ha perdido todayia de su yigor. En adelante
yo elegiré mejores confidentes ; quiero otros mas espaces de de-
ddir que tù. Ânda , prosiguiô empujàndome para que saliera de
sa estudio , y dile à mi tesorero que te entregue den ducados »
y anda bendito de Dios con ellos. À Dios , seftor Gil Bias , me
alegraré logre ymd. todo género de prosperidades con algo mas
de gusto.
' Câebre critico del tiempo de Ptolemeo Filadelfo.
LIBRO 8ÉPTIM0. 311
CAPITULO V.
Piitido que tome Gil Bias despues que le despidiô el atiobispo r su casual
encuenlro con d licenciado Garcia, j como le manifesto este sa agradeci-
Sali del estndio maldidendo el capricho , 6 por mejor decir ,
la fiaqaeza del arzobispo y y todayia mas irritado contra el que
afligido de baber perdido su favor; y aun dude por algun
liempo si iria à tomar mis cien ducados ; pero despues de haberlo
reflexionado bien, no quise tener la tonteria de perderlos. Co-
noci qne esta gratificacion no me privaria del derecho de po-
ner en-ridicolo à mi buen prelado , lo que me proponia hacer
siempre que se hablase en mi presencia de sus homilias.
Fui , pues y à pedir al tesorero cien ducados , sin decirle una
sola palabra de lo que acababa de pasar entre mi amo y yo.
Despaes me despedl para siempre de Melchor de la Ronda , quien
me queria tanto, que no pudo dejar de sentir mucho mi desgra-
cia. (Hiseryé que mièntras le daba cuenta de lo sucedido su
rostro manifestaba sentimiento. No obstante el respeto que debia
al arzobispo, no pudo mènos de vituperar su condncta; pero
Gomo en mi enojo juré que el prelado me las habia de pagar» y
que k sa costa habia yo de divertir â toda la ciudad , el prudente
Meldior me dijo : Créeme , amado Gil Bias , pésate tu pena y
caUa ; los bombres plebeyos deben respetar siempre à las perso-
nas distingaidas , por mas motivo que tengan para quejarse de
ellas. Gonfieso que hay seftores muy groseros que no merecen
acencion alguna : pero al fin pueden hacer daAo y y es preciso
temerlos.
Agradeci al antiguo ayuda de cémara su buen consejo , y le
prometi aprovecharme de él. Bespues de esto me dijo : Si vas à
Madrid procura ver à José Navarro mi sobrino , que es gefe de
lareposteria del seftor don Baltasar de Zùûiga, y me atrevo i
dedrte que es un mozo digno de tu amistad. Es franco , vivo ,
servidal , y amigo de hacer bien sin interes ; yo quisiera que
fuerais amigos. Le respondi que no dejaria de verle luego que
Hegase à Madrid, â donde pensaba volver. S^i inmediatamente de)
palacio arzobispal con ànimo de no poner mas en él los pies.
Tal vez hubiera marchado al instante à Toledo si hubiese con*
servado mi caballo ; pero le habia vendido en el tiempo de mi
fortuna, creyendo que ya no le necesitaria. Resolvi tomar un
cuarto amuebladOy formando mi plan de permanecer todavia un
mes en Granada , y de irme en seguida é casa del conde de
Polan.
Como se acercaba la hora de corner , pregunté à mi huésped^
313 GIL BLAS.
ri habria por alii eerca algana bosteria » y me respondiô que à
do8 pasos de su casa habia uoa excelente , en donde daban bien
de comer , y â la cual concarrian muebas gentes de forma. Hîce
me la enseftasen , y foi inmedîatamente â ella. Entré en una gran
sala bastante parecida à an refectorio: habia sentadas à nna mesa
larga , cubierta con unos manteles sndos , nnas diez ô dooe per-
sonas , que estaban en conversacion al mismo tiempo qne iban
despachando sa pitanza. Trajèronme la mia , qae en otra oeasîon
sin duda me habria hec{io sentir la mesa que acababa de perder;
pero como estaba entônces tan picado contra el arzobispo , la
frugalidad de mi hosteria me parecia preferible é la abondancîa
de su palacio. Yituperaba la variedad y multitad de manjares que
se sîrven en semejantes mesas , y discam'endo como padiera ha-
cerlo siendo medico en Yalladolid , decia : Desgraciados los que
se hallan frecuentemente en mesas tan nocîvas , en las que es pre-
ciso estar siempre sajetando el apetito para no cargar demasiado
el estômago: por poco qae se coma ^no se come siempre bas-
tante ? Mi mal humor me hacia alabar los aforismos que antes
habia despreciado.
Cuando iba rematando mi racion sin temer pasar los Ifanftes
de la templanza, entré en la sala el licenciado Luis Garcia, aquel
capellan de monjas que logrô el curato de Gabia del modo que
dejo referido. Al instante que me viô , vino é saludarme precipi-
tadamente como un hombre arrebatado de alegria: me abraz6>
y me yi precisado à aguantar un nueyo y muy largo cumplimîento
cion que me did gracias por el bien que le habia hecho » mo-
liéndome con demostraciones de reconocimiento. Sentôse i mi
lado diciendo : ; Oh 1 vive Dios, mi amado bienhechor, que pues
he tenido la fortuna de encontraros no nos hemos de despedir
sin beber un trago ; pero como no vale nada el vino de esta po-
sada , si vmd. gusta en acabando de comer irémos à cierta parte
en donde he do regalar à vmd. con una botella del vino mas
seco de Lucena, y un exquisito moscatel de Fuencarral. Por esta
Yez es preciso correr un gallo : suplico à vmd. que no me niegne
este gusto. ;Que no lenga yo la fortuna de ver â vmd. é lo mè-
nos por algunos dias en mi curato de Gabia ! alli obsequiaria é
vmd. como é un Mecenas generoso , à quien debo las comodida-
des y la tranquilidad de la vida que gozo.
Miéntras me hablaba le trajèron su racion. Empezôi comer, pero
sin césar de decirme de cuando en cuando alguna lisonja. En uno
de esios intervalos , con motivo de haberme preguntado por su
amigo el mayordomo , le manifesté sin misterio mi salida de la
casa arzobispal , y le conté hasta las menores circunstancias de roi
desgracia, lo queescnchô con mucha atencion. A rista de tanto
como acababa de decirme ^ quien no hubiera ereido oirle , lleno
de un seutimfento producido por la gratitud , declamar contra
LIBRO SÉPTMO. 313
el arzobiipo ? Poes no lo hûo asi ; Antes al contrario bajô la cth
beza, estQYO Irio y pensatiyo hasta que acabô de comer, sin
habkur mas palabras, y despues leyantAndose de la mesa acelera-
damente , me sahidô con firialdad , y se fiié. Este ingrato , yîendo
que ya no podia yo série Atil , ni aun quiso tomarse la molestia
de ocaltarme su indîferencia. Me rei de su ingratitud , y mirin-
dole con todo el desprecio que merecia, le dije bien alto para
que me oyese : | Ola , ola ! prudente capellan de monjas , Taya
irmd. à refirescar ese exqoisito ytno de Lucena con que me ha
conyidado.
CAPITULO Vl.
Va Gil Bias à Ter rrpresenUr A los comicos de Granada : de la admiracioD
qae le caoso d Ter â una actriz, y de lo qoe le pasb con ella.
Todayia no habia salido Garcia de la sala cnando entréron dos
caballeros may bien portados , que yinièron à sentarse junto i
mi. Prindpiaron k hablar de los cémicos de la compaflia de Gra-
nada , y de nna comedia nueya que se representaba entônces. De
sa conyersacion inferi que aquella pieza era muy aplaudida; y
diôme deseo de yerla aquella misma tarde. Como casi siempre
faabia estado en el palacio, en donde estaba anatematizada esta
clase de recreo , no habia yisto comedia alguna desde que yiyia
eo Granada , y toda mi diversion se habia reducido à las homilias.
Luego qae fùè hora me marché al teatro , en donde halle un
eran concorso. Oi al rededor de mi diferentes conversaciones
sobre la pieza antes que se empezase , y observé que todos se
metîan à dar su veto sobre ella declaréndose unes en pro , otros
en contra. Dedan à mi derecha: ^Se ha yisto jamas una obra
mejor escrita ? y à mi izquierda exclamaban : ;Qué estilo tan mi-
serable t En yerdad se debe convenir en que si abundan los malos
autores abandan mas los peores criticos. Guando pienso en los
disgustos que los poetas draméticôs tienen que sufrir , me admiro
de que haya algunos tan atrevidos que hagan frente é la ignoran-
^ del yulgo , y à la censura peligrosa de los sàbios superficia-
les , que corrompen algunas veces el juicio del publico.
En fin , el gracioso se présenté para dar principio à la escena:
por todas partes sonô un palmoteo general , lo que me diô é
conocer <|ue era uno de aquellos actores consentidos, à quienes
el Yulgo todo se lo disimula. Ëfectivamente , este cômico no de-
^ palabra ni hacia gesto que no le atrajesen aplausos ; y como
^ le manifestaba demasiado el gusto con que se le veia , por
eso abnsaba de él ; pues noté que algunas veces se propasdlm
^to sobre la escena, que era neoesaria toda la aceptacion con
quo se le oia para que no perdiese su reputacion. Si en lugar de
314 GIL BLAS.
aplaadirle le hubiefen sflbado , frecoentMiiente ge le hnbiera be-
cho josticia.
Pdmoteâron tambien del mîsmo modo à otros comediaiites ,
pero paiticularmente â una actriz que hacia el papel de gracîofia.
Mîrèla con cuidado , y me faltan tèrminos para expresar la aor-
presa con que reconoci en ella à Laura, i mi querida Laara , â
quien suponia todavia en Madrid al lado de Arsenia. No podia
dudar que fiiese ella, porque su estaluray sua taodoaes y su
metal de voz , todo me aseguraba que yo no me eqniyocaba.
Sin embargo, como si desconfiara de mis ojos y de mis oidos,
pregunté su nombre à un caballero que estaba i mi lado. ^Pues
de que tierra viene vmd.? me dijo: sin duda \md. acaba de He-
gar cuando no conoce à la hermosa Estela.
La semejanza èra demasiado perfecta para que pudiese equi-
Yocarme; y desde luego comprend! bien que Laura al mudar
de estado habia tambien mudado de nombre ; y deseoso de saber
noticîas de ella , porque el publico jamas ignora las de los cômi-
COS, me informé del mismo sugeto si esta Estela tenia algun
cortejo de importancia. Respondiôme que un gran seikMr porto-
gues , Ilamado el marques de Harialba , que dos meses habia se
hallaba en Granada , era quien gastaba mucho cob ella. Has me
hubiera dicho à no haber temido cansarle con mis preguntas.
Pensé mas en la noticia que este caballero acababa de darme que
en la comedia; y si al salir alguno me hubiese preguatado el
asunto de eUa, no hubiera sabido que decirle. Todo el liempo
se me faé en pensar en Laura y Estela , y me déterminé à yisi-
tarla en su casa al otro dia« No dejaba de inquietarme el oomo
me recibiria. Tenia fùndamento para pensar que no le dièse
gusto mi Tisita en el estado tan brillante en que se hallaba, y
aun de presumir que una cômica de tanto nombre fingiese no
conocerme por yengarse de un hombre del cual tenia derta-
mente motiyos de estar sentida; pero nada de esto me desanimo.
Despues de una cena ligera ( pues en mi posada no se hacian de
otra clase ) me retiré à nû cuarto con mucha impadencia de ha*
llarme ya en el dia siguiente.
Dormi poco, y me levante al amanecer: mas paredéndome
que la dama de un gran sefior no se dejaria ver tan de maflana,
antes de ir à su casa gasté très 6 cuatro horas en componerme,
afeitarme, peinarme y perfùmarme, porque queria presentarme
i ella en tal aparato que no se ayergonzase de yerme. Sali i
cosa de las diez , pregunté en la casa de comedias donde yi?ia,
y pasé à la suya. Yiyia en un cuarto principal de una casa grande.
Abriôme la puerta una criada, à quien le dije pasa^e recado de
que un jôyen deseaba hablar à la seftora Estela. Entré con ël, é
inmediatamente oi que su ama gritô : i Quien es ese jéyeo?
i que me quiere ? que entre.
LIBRO SËPTIMO. 315
fiiflcarri haber Degado en mala ocasion, poes eataria an Por-
togaes con ella al tocador, y que para hacerle créer no era
miiger que recibia recadoa aospechosoa alzaba tanto el grito.
Dicho y hecho : eataba alii el marques de Marialba , que pasaba
con ella casi todaa laa maAanas. Por tanto esperaba yo un mal
recibimientOy cuando aquella actriz original viéndome entrar se
arrojô A mi con los brasos abiertos , exdamando como fiiera de
si; {Ay, hermano miol ^erea tu? Diciendo esto me abrazô
mochas yeoes, y vohiendose despues hécia el Portugues, le
dijo : Sellor , perdonad si en yuestra presencia cedo à los impul-
ses de la sangre. Despues de très aftos de ausencia no puedo
Yolver à yer â un hermano é quien amo tiernamente , sin darle
pruebas de mi afecto. Dime pues» mi amado Gil Bias, conti-
nue dirîgiéndose é mi» dime algo de nuestra fomilia: ;como
ha (piedado?
Estas palabras me turbàron por el pronto ; pero inmediata-
mente pénétré la intencion de Laura ^ y apoyando su artificio le
respond! con un tone propio de la escena que émbos ibamos â
representar : Nuestros padres estàn buenos , gracias à Dies , que-
rida hermana. Tu te marayillares de venue cômica en Granada ,
iaterrumpiô; pero no me eondenes sin oirme. Bien sabes que
hace très aftos mi padre creyô establecerme yentajosamente
casàndome con el capitan don Antonio Coello, quien me Ueyô
desde Astorias à Madrid su patria. Â los seis meses de estar en
ella le sucediô un lance de honor ocasionado de su genio yio-
lento y y maté à un cabaUero que me habia mostrado alguna aten-
cion. Era el muerto de Cunilia muy ilustre» y de mucho vali-
miento. Mi marido, que ninguno tenia, se salyô huyendo é
CataloAa ' oon todo cuanto encontrô en casa de dinero y piedras
predosas. Embarcôse en Barcelona, pas6 à Italia, se alistô bsgo
las banderas de los Yenedanos , y al fin perdiô la yida en la Mo-
rea en una bataUa contra los Turcos. En este tiempo fiië confis^
cada una posesion que era el unico bien que poseiamos, y yine
à quedar redudda à unas asistencias escasisimas. i Y que partido
podia tomar en situadon tan critica? Una yiuda jôyen y de ho-
nor se halla en mucho compromise : yo carecia de medios para
restitQtnne à Asturias, 4 y que haria alll? £1 solo consuelo que
hubiera redbido de mi familia hubiera side compadecerse de mi
^agrada. Por otra parte, yo habia recibido muy buena educa-
cioa para resolyerme & abrazar una yida licendosa. ;Pues que
vlHtrio me qnedaba? el de hacerme cômica para conseryar mi
r^tacion.
Al oir & Laura finalizar asi su novela, fiié tal el impulse de
' Gono U CaUduAa eituva por aquel tiempo en rebelion , serria de acogida a
los prôfii{^ del reste de Ja pcniQsula.
31<> GIL BLAS.
risa qae me di6 qae apènat paderepriminiie; pero a) fln lo con-
segui, y le dije con mucha grayedad : Hermana mia, apniebo tn
procéder , j me alegro mucho de encontrarte en Granada tan
honradamente establecida.
El marques de Marialba, qoe no babia perdido ana paUdmi
de nuestra conversacion , tomd al pie de la letra todos los en-
redos que le did la gana de ensartar â la Tinda de don Antonio.
Tambien se mezdô en la conyersacion pregonténdome ai teiûa
algun empleo en Granada, 6 en otra parte. Dadé an momento si
mentiria; pero me pareciô no habia necesidad de ello ; y le dîje
lo cierto , contàndole punto por ponto oomo habia entrado en casa
del arzobispo, y como habia salido; lo que divirtiô infinilo al
seftor portogues. Es yerdad qae , à pesar de lo qae habia pro*
metido & Melchor , me diyerti an poco à coata del arzobispo. Lo
mas gracioso fiié que, imaginando Laura que esta era una noreh
como la suya, daba anas carcajadaa que habiera excoaado à
haber sabido que era la realidad.
Despues de haber acabado mi reladon, que condui habkmdo
del cuarto que habia tomado alquilado, ayisiron para corner.
Quise al momento retirarme para ir à comer à mi hosterfa, pero
Laura me detuvo. 4 En que piensas, hermano mio? me dijo;
has de quedarte à comer conmigo. Tampoco consentîrè estes maa
tiempo en una posada. Mi intencion es que yiyas y comas en mi
casa , y asi haz traer tu equipage hoy mismo , que aqul hay ana
cama para ti.
El seftor portugues, à quien tal yez no agradaba esta hospî-
talidad , dijo à Laura : No , Ëstela , no tienes aqui comodidad para
recibir à nadie. Tu hermano , afiadiô , me parece an baen mozo,
y con la recomendacion de ser cosa tan tuya me intereso por éL
Quiero tomarle ami seryicio : sera à quien mas quiera de mis se-
cretarios , y le haré depositario de mis confianzas. Qae no deje
de ir desde esta noche à dormir â casa ; yo mandaré le pongan
an cuarto. Le seftalo cuatrocientos ducados de soeldo, y si eo
adelante tengo motivo, como lo espero, para estar contanto de
ël , le pondre en estado de consolarse de haber sido demasiado
sincero con sa arzobispo.
A las gracias que di por esto al marques afiadiô Laura otras
mas expresiyas. No hablemos mas de ello, interrumpiô el marques ;
es negocio concluido. Al acabar estas palabras se despidiô de sa
princesa de teatro , y se marché. Laura me hizo pasar al momento
à un cuarto retirado, en donde yiéndose scia conmigo, dijo : Ha-
biera rebentado si hubiese contenido mas tiempo la risa, y de*
jàndose caer en un sillon , y apretândose los hijares , empezô i
reir como una loca. Yo no pude ménos de hacer lo mismo ; y
cuando nos hubimos cansado me dijo : Confiesa , GH Bias , que
acabamos derepresentar una graciosa comedia ; pero yo no espe-
UBRO SÉPTIMO. 317
raba tuviese tan baen fin : mi inimo solameiue era proporcionarte
la mesa y coarto en casa , y para ofrecértelo con decoro fingi qpie
eras mi hertnano : me alegro que la casualidad te baya facilitado
tan baen acomodo. El marques de Marialba es un caballero muy
genaroso , que barà por ti aun mas de lo que ha prometido.
Otra que yo , continuô ella, acaso no hubiera recibido con tan
baen semblante à un hombre que deja sus amigos sin despedirse
de ellos; pero yo soy de aquellas chicas de buena pasta, que
ynelvenâ Ter siempre con agrado al picarillo à quien amiron.
Confesé de buena fé mi desatencion , y le pedi me la perdouase ;
despues de lo cual me Ueyô é un comedor muy aseado. Nos sen-
timos à la mesa , y coino teniamos de testigos una doncella y
un lacayo , nos tratamos de hermanos. Luego que acabémos de
corner , Tolyimos al mismo cuarto en donde babiamos estado en
coaTersacion , y alli mi incomparable Laura , entregàndose à su
alegria natural , me pidiô cuenta de lo que me habia sucedido
desde Duestra ultima vista. Hicele de ello una fiel narracion, y
Guando hube satisfecho su curiosidad, ella contentô la mia rela-
téndome su historia en estos términos.
CAPITULO VIL
Historia de Laura.
Voy à contarte lo mas compendiosamente que pueda por que
casu^dad abrazé la profesion cômica. Despues que tan honrada-
meote me dejàste , sucediëron grandes acontecimientos. Mi ama
Arsenifiymas decansada que de disgustada del mundo, abjurô
el teatro , y me llevô consigo à una hermosa hacienda que acababa
deconaprsr cerca de Zamora con monedas extrangeras. Bien pres-
to hicimos conocimientos en esta ciudad , à la que ibamos coq
frecuencia, y en donde nos deteniamos uno ô dos dias.
En uno de estos viajeciUos don Felix Maldoaado , hijo ùnico
del corregidor, me viô casualmente, y le cai en gracia. Buscô
ocasion de hablarme à solas , y , por no ocultarte nada , yo con-
tribai dgo para hacërsela hallar. Este caballero no tenia Teinte
aâos p era hermoso como un sol , su persona muy bien formada^
y eneantaba mas todayia con sus modales amables y generosos
que COB su cara. He ofreciô con tan buena Toluntad y tanta ins-
tancia un grueso brillante que Uevaba en el dedo , que no pude
minofl de admitirlo. Estaba muy gustosa y vana con un galan tan
amable ; pero \ que mal hacen las mozuelas ordinarias en pren-
darse de los hijos de fieunilia cuyos padres tienen autoridad I £1
torregidor , que era el mas serero de los de su dase , advertido
de Buestro Irato» procurô evilar con presteza sus résultas. Me
318 GIL BLAS.
hizo prender por ana coadriBa de esbirros que, à pesar de vàê
gritos , me Deyiron al hospido de la Caridad.
Alii , sin mas forma de proceso , la soperiora me hizo despo-
jar de mi anillo y vestidos , y poner un largo saco de sarga ce-
nidento , ceflido por la dntora con una ancha correa negra de
caero , de la que pendia un rosario de cuentas gordas que me
Uegaba hasta los talones. Despues me Ileyéron é una sala en
donde encontre un fraile viejo de no se que ôrden, que princK
piô à Qxhortarme à la penitenda , del mismo modo poco mas 6
mènos que la seflora Leonarda te exhortô é ti i la pactencia en
el sôtano. Me dijo debia estar muy agradedda é las personas que
me mandaban encerrar alli , pues que me bacian un gran bene-
iido sacândome de los lazos del demonio, en los cuales estaba
infelizmente enredada. Te confieso francamente mi ingratitud;
muy lèjos de ser agradecida é los que me habian hecho este favor,
les echaba mil maldiciones.
Ocho dias pasè sin hallar consuelo ; pero é los nuere , porqne
yo contaba hasta los minutos , mi suerte pareciô querer mudar
de aspecto. Al atravesar un patio pequeflo encontre al mayoi^
domo de la casa, que todo lo mandaba, y hasta la superiora le
obedecia. No daba las cuentas de su administracion sino al cor—
regidor, de quien ùnicamente dependia , y que tenia una entera
confianzaenèl. Llamébase don Pedro Zendono, natural de Salce-
do en Yizcaya. Figûrate un hombre alto, pélido, descamado, y
de una catadura propia para moddo de una pintura del buen la-
dron. Parecia que ni aun miraba à las hermanas. Gara tan hipô-
crita no la habràs visto aunque hayas estado en el palacio arzo-
bispal.
Encontre, pues, continua ella, al sefior Zendono, que me detUTO,
dicièndome : Consnélate, hija mia, estoycompadecMo de tus des-
gradas. Nada mas dijo, y continué su camino, dejando à mi arbitrio
hacer los comentarios que quisiese sobre un texto tan laoônico.
Como yo le tenia por un hombre de bien, me imaginaba ftcilmente
que se habia tornado el trabajo deexaminar la causa de mi encierro,
y que no hallàndome bastante culpable para mereoer que se me
tratara tan indignamcnte , queria empeflarse en mi favor oon el
corregidor. Pero conocia mal al Vizcaino , sus intendones eran
otras. Habia proyectado en su mente hacer un viage , del que me
diô parte algunos dias despues. Amada Laura mia, me dijo , es
tanto lo que siento tus trabajos , que he resuelto poner fin i
ellos. No ignoro que esto es querer perderme ; pero ya no soy
mio , ni puedo vivir mas que para ti. La situacion en que te veo
me atraviesa el aima, y asi intento sacarte mafiana de tu encierro,
y Ilevarte yo mismo à Madrid, sacrificàndolo todo al placer de ser ta
libertador. Poco me feltô para morir de gozo al oir i Zendono;
el cual juzgando por mis extremos que lo que yo mas deseaba
LIBRO SÉPTIMO. 319
era escaparme , toTO al dia sigaieote la osadia de robarme â yista
de todos del modo que Toy à contar. Dijo é la snperiora que
tenia ôrden para UeTanne à presencia del corregidor, que se ha-
Daba en una casa de recreo é dos léguas de la ciudad, y me hi-
zo con todo descaro subir con éi en una silla de posta , tirada de
dos bnenas mulas que habia comprado para el caso. No lleyaba*
mos con nosotros mas que un criado que conducia la sîUa , y que
era enteramente de la confianza del mayordomo. Comeuz^os à
caminar, no como yo ereia hicia Madrid , sino hâcia las Monte-
ras de Portugal, é donde llegàmos en ménos tiempo del que ne-
œsitaba el corregidor de Zamora para saber nuestra Aiga y des-
pachar en nuestro seguûniento sus galgos. Antes de entrar en
firaganza el Vizcaino me hizo poner un Testido de hombre que
Ueraba prcvenido , y contândome ya por suya , me dijo en la
hosteria donde nos idojAmos : Bella Laura , no tomes à mal que
te haya traido â Portugal. £1 corregidor de^Zamora nos harà
boflcar en Auestra patria como â dos criminales â quienes la Es-
paOa no debe dar ningun asilo ; pero , afiadiô ël , podemos po-
oernos é eubierto de su resentimiento en este reino extrafio ,
aaoqae en el dia esté sujeto al dominio espaflol : à lo ménos es-
tarémos aqui mas seguros que en nuestro pais. Dèjate pues per-
saadir, éngel mio : sigue â un hombre que te adora ; vamos A
y'xyir à Coimbra; alli pasarëmos sin temor nuestros dias en me-
dio de onos padficos placeres.
Una propuesta tan eficaz me hizo ver que trataba con un ca-
ballero é quien no gustaba servir de conductor â las princesas
por la gloria de la cabaOeria. Comprend! que contaba mucho
con mi agradecimiento, y aun mas con mi miseria. Sin embargo,
manque estos dos motivos me hablaban en su fevor, me negué
renieltamente A lo que me proponia. Es yerdad que por mi parte
tenia dos razones poderosas para mostrarme tan reseryada ,
poes no era de mi gusto ni lo creia rico. Pero cuando volviendo
i estrecharme ofireciô ante todas cosas casarse conmigo, y me
lûzo ver palpablemente que su administracion le habia snmim's-
trado caudal para mucho tiempo, no lo oculto , comenzé à escu-
<^le. Me deslumbrô el oro y la pedrerla que me enseAô , y
^ténces expérimenté que el interes sabe hacer trasformaciones
tan bien eomo d amor. Mi Vizcaino fiié poco à poco haciéndose
otro hombre à mis ojos : su cuerpo alto y seoo se me représenta
<le ana estatura Bna y delicada ; su palidez una blancura hermosa,
y hasta su aspecto hipôcrita me mereciô un nombre fevorable*
£nt6nces aceplé sin repugnancia su mano à presencia del cielo, à
qnien tome por testigo de nuestra union. Despues de esto ya no
tQTo que experimentar ninguna contradiocioa por mi parte , y si-
guiendo nuestro camino, muy presto Coimbra recibiô dentro de
s»8 muros à un nueyo matrimonio.
aao GIL BLAS.
Mi iiiiri4o me oomprô muy boeooi veslidas de moger, y me
regalô machos diamantes » entre los coales conod d de don Felix
llaJdonado. No necesité mas para adivinar de donde yenmo
todas las piedras preciosas qve yo habia yisto > y para persoa-
dinne de que no me habia casado con on rigido observador del
sëpdmo articulo del Decàlogo ; pero consideràndome como la
causa primera de sus juegos de manos se los perdonaba. Una
muger disculpa hasta las malas acdones que haoe oomecer so
hermosura; y â no sor esto , ; que mal hombre me hubiera pa-
reddo!
Dos 6 très meses pasë con ai bastante gustosa , porqve me
bacia mil carifios, y parecia amarme tiemamente* Sia embargo ,
las pruebas de amistad que me daba no eran mas que falsas
apariencias. £1 bribon me engaûaba, y me preparaba el trato
que toda soltera seducida por un hombre infâme debe esperar
de él. Un dia à mi ^uelta de misa no encontre en la casa mas
que las paredes. Los muebles y hasta mis ropas habian desapa-
reddo. Zendono y su fiel criado habian tornado tan bien sus
medidas, que en ménos de una hora se habia ejecutado comple-
tamente el despojo de mi casa; de modo que con el solo vestido
que lle^aba puesto , y la sortija de don Felix que por fortuna
tenia en el dedo , me yi como otra Ariadna abandonada de un
ingrato. Pero te aseguro que no me entretuve à baoer elegias
sobre mi infortunio , antes bien di gracias al cielo por haberme
librado de un perverso que no podia ménos de caer tarde ô tesi-
prano en manos de la justicia. Miré el tiempo que habiamos pa-
sado juntos como ^n tiempo perdido que yo no tardaria en
reparar. Si hubiera querido permanecer en Portugal y entrar al
servicio de alguna seftora ilustre , las habria teoido de sobra;
pero ya fuese el amor que tenia à mi pais, à y a fiiese arrastrada
por la fuerza de mi estrella que me preparaba alli mejor suerte,
solo pensé en yolver é yer â Espada. Vendi el diamante à un
joyerOy que me di6 su importe en monedas de oro» y sali con
una seûora espaftola, ya anciana, que iba à Sevilla eo una silla
yolante.
Esta seûora , llamada Dorotea , venta de ver à una parienu
suya que \ivia en Coimbra, y se yoKia à Sevilla en donde tenia
su casa. Cougeniàmos ambas de tal modo, que desde la primera
Jornada trabàmos amistad , la que se estrechô tanto en el cami-
no, que cuando UegÀmos à Sevilla no me permiti6 alojar sino en
su casa. No tuve motiyo para arrepentirme de haber hecho se-
mejante conocimiento , pues no he yisto jamas muger de mejor
carécter. TodaySa se descubria en sus facdones y en la yiyeza de
sus ojos que en su moc^sdad habria hecho puntear à sus rejas
bastantes guitarras, y por eso sin duda habia tenido muchos
maridos nobles , y yiyia honradamente coa lo que le d^éron.
LIBRO SËPTIHO. 321
Entre ocras exodentes prendas tenia la de ser may oompasiya
con las doncellas desgraciadas. Cnando le conté mis infortunîos
tomô con tanto ardor mi causa qoe Uenô de maldiciones à Zen-
dono. I Ah perros I dijo en an tOno qae parecia haber encontrado
en sa Tîaje algun mayordomo; {misérables ! en el mando hay. bri-
bones qae como este se deleitan en engafiar é las mageres. Lo
qae me consoela , qaerida hija mia , es qae , segun tu relacion ^ no
estes ligada con el pérfido Vizcaino. SI tu casamiento con él es
bsstante baeno para servirte de disculpa , en recompensa es bas-
tante malo para permitirte contraer otro mejor cuando halles
ocasion para ello.
Todos los dias salia con Dorotea para ir é la iglesia , 6 à visî-
tar i dguna amiga, que es el medio segnro de encontrar pron-
tamente algana aventura. Me atraje las miradas de muchos caba-
llerosy entre los cuales algunos quisiéron tentar el vado. Habléron
por segunda mano à mi vieja patrona; pero los unos no tenian
CDD que soportar los gastos de an menage , y los restantes to-
dayia eran unos babosos , io que bastaba para qaitarme la gana
de escacharlos, sabiendo por mi experienda las consecuendas
de ello. Un dia nos ocurrié ir à yer representar los cômicos de
SeyQla, que habian anunciado en los carteles la representacion de
la comedia femosa El Embajador de si mwno, compuesta por
Lope de Yega Carpio.
Entre las actrices que se presentâron en el teatro , yi à una de
mis antignas amigas, à Fenicia, aquella moza gorda, pero muy
alegre, que te acordaris era criada de Florimunda, y con quien
ceoàste algunas yeces en casa de Arsenia. Sabia yo muy bien que
Penida hacia mas de dos afios que no estaba en Madrid , pero
ignoraba que fuese cômica. Era tal la fanpaciencia que tenia de
ad>rasarlay qae me parecié larguisima la pieza. Quizà tenian tam-
bien la calpa los que la representaban , que no lo hacian ni tan
bien ni tan mal que me diyirtieran ; porque te confieso que ^ como
soy tan risuefta, un cômioo perfectamente ridiculo no me divierte
ménos que uno excelente. En fin, llegado el esperado momento,
es decir, el fin de la femosa comedia , fiiimos mi viuda y yo al
vestuario , en donde yfanos à Fenida que hacia la desdeflosa y es-
cachando con melindres el dulce gorgeo de un tiemo pajarito ,
que al parecer se habia dejado coger con la liga de su declama-
cion. Luego que me yiô se despidiô de él cortesmente , yino à mi
con los brazos abiertos, y me diô todas las muestras de amistad
imaginables. Por mi parte la abrazé con el mayor agrado. Mutua-
mente nos maniféstàmos el placer que teniamos en yolyernos à
^er; pero no permitiéndonos el tiempo ni el sitio metemos en
una larga conversadon, dejémos para el dia inmediato el hablar
en su casa mas extensamente.
El gosto de hablar es ona de las pasiones mas ytyas de las mu-
21
322 GIL BLAS.
gères, y particiilanneiite la mia. No pade pegar los «^os ei| coda
la noche, tal era el deseo que teria de yerme con Fenida, y
hacerle preguutas sobre preguntas. Dios sabe si fui p^ezosa
para leyantarme ë ir à donde me habia dicho que viyia. Estaba
alojada con toda la compaftia en un gran meson. Una criada que
encontre al entrar, y à quien supliquë me condujese al cuarto
de Fenîcia, me hizo subir à un corredor, à lo largo del cual
habîa dlez 6 doce cuartos pequeftos , separados solamente por
unos tabiques de madera , y ocupados por la cuadrilla alegre. Mi
conductora tocô à una puerta» la cual abrio Fenicia, cuya lengna
rabiaba tanto como la mia por hablar. Apénas nos tomimos eï
tiempo de sentarnos , y nos pusimos en disposicion de parlar sin
césar. Teniamos que preguntamos sobre tantas cosas^ que se
atropellaban las preguntas y las respuestas de un modo extraor-
dinario.
Despues de haber contado mutuamente nuestras aventuras, é
instruidas del sictual estado de nuestros asuntos, me preguntô
Fenicia que partido queria tomar : porque al fin , me dijo , es
preciso hacer alguna cosa , no estando bien yisto en una persona
de tu edad el ser inùtil à la sociedad. Respondile que habia re-
suelto , hasta encontrar mejor fortuna , colocarme con alguna
seftorita distinguida. Quitate alla , exdamô mi amiga , no pienses
en eso. {Es posible, amiga mia, que aun no te bayas cansado
de servir? ;no te bas £astidiado de estar sujeta à la voluntad de
otros , respetar sus caprichos , oir que te r^aûan, y en ana pa-
labra de ser esclava? ;Porqué no abrazas como yo la vida cô-
mica? ninguna cosa es mas conveniente para las personas de ta-
lento que carecen de posibles y de lucida cuna. Es un esUido
medio entre la nobleza y la plèbe, una condidon libre y desem-
barazada de las étiquetas mas incômodas de la vida civil. Nues-
tras rentas nos las paga en moneda contante el publico , que es
el poseedor de sus fondos ; en una palabra , siempre vivinios
alegres , y gastamos nuestro dinero del mismo modo que le ga-
namos.
El teatro , prosiguiô, favorece sobre todo à las mugeres.To-
davia me salen los colores al rostro siempre que me acuerdo
de que cuando servia à Florimunda no oia sino à los criados de
la compaftia del Principe, y que ningun hombre de suposidoo
me miraba à la cara. ^De que nacia esto? de que yo no hacia
alli papel : por buena que sea una pintura , no se célébra si no
se expone à la vista pùblica. Pero despues que me puse en dia-
pines , esto es, que pareci en las tablas, ; que mudanza! Traigo
al retortero é los mejores mozos de los pueblos por donde ps-
samos. Una cômica tiene cierto atractivo en su oficio : si es di^
creta, qniero decir que no fevorece mas que à un solo amante,
esto le hace un honor distingoido ; se célébra su moderadon, l
UBRO SÉPTIMO. 323
coando mada de galan la miran como una verdadera vinda que
se Yiieiye à casar. Y aan à una viuda se la mira con dcsprecio
si contrae terceras nupcias , porque no parece sino que esto hiere
la delicadeza de los hombres ; al paso que una dama parece ha-
cerse mas apreciable à medida que aumenta el numéro de sus
foyorecidos, pues today ia despues de haber tenido cien cortejos
es un manjar apetitoso.
ik quien cuentas eso? interrumpi yo al Uegar aqui: ipiensas
ta que ignore esas yentajas? las he considerado muchas yeces;
y, babl&ndote sin ningun disimulo , te digo que lisonjean sobrado
a una muchacha de mi genio. Conozco en mi mucha inclinacion à
lavidacômica; pero esto no basta, pues se requière talento, y
yo DO tengo ninguno : algunas yeces me he puesto à recitar re-
ladones de comedia delante de Arsenia , y no ha quedado satisfecha
de mi, lo que me ha hedio no gustar del arte. No es extrafto
que le hayas disgustado, repliée Fenicia: ^ignoras que esas
grandes actrices son por lo comun enyidiosas? à pesar de su
vanidad temen se les presenten personas que las desluzcan. En
fin, yo sobre este asunto no me atendria solamente al yoto de
Arsenia; su decision no ha sîdo sinoera. Digote sin lisonja que
has nacido para el teatro. Tienes naturalidad , accion despejada
y may graciosa, un metal de yoz suaye, buen pecho, y'sobre
todo un buen palmito de cara. |^h, picaruela^ à cuantos encan-
taris si te haces comedianta !
A esto aftadiô otras expresiones seductoras, y me hizo deda-
mar algunos yersos para conyencerme â mi misma de la exce-
lente disposicion que tenia para el teatro ; y habiéndome oido ,
héron mayores sus elogios , hasta decirme que me ayentajaba à
todas las actrices de Madrid. En yista de esto no debia ya dudar
de mi mèrito , ni dejar de acusar à Arsenia de enyidia y de
mala fe. Me fué preciso conyenir en que mi persona yalia mucho.
Feniciame hizo repetir los mismos yersos delante de doscômicos
que entrévon en aquella sazon , los que se quedàron pasmados ,
y cuando yoWiéron de su admiracion fué para colmarme de ala-
banzas. Hablando seriamente, te aseguro que aunque los très
bnbieran ido à porfia sobre quien me habia de elogiar mas, no
bobieran empleado mas hipërboles. Hi modestia tuyo poco que
padecer con tantos elogios. Principié à créer que yalia algo, y
berne aqui resuelta â abrazar la profesion cômica.
No hablemos mas, querida mia, dije à Fenicia, esta hecho :
quiero seguir tu consejo , y entrar en la compaûia si no hay incon-
veniente. k esto mi amiga, arrebatada toda de gozo, me abrazô,
y SOS dos Gompaâeros no manifestaron ménos alegria que ella
^ yer mideierminacion.Quedàmos en que al dia siguiente por la
inaftana iria al teatro, y repetiria delante de toda la compaflia el
Biismo ensayo. Si en ca3ai de Fenicia adquiri upa opinion yenta-
8M GIL BLAS.
josa, todavia toe mas fiiyorable la de loa comediantes despaes
que recite en 8u presencia solo unos veinte versos; 7 aai me re-
cibièron may gostosos en la compafiia. Desde enfonces pose mi
atendon solo en el modo con que habia de salir la primera rei
i las tablas. Para qae fùese oon mas ladmiento , gasté todo d
dinero que me quedaba de la sortija ; 7 si no me présenté coo
ostentacion , à lo ménos hallé el arte de snplir la fÛta de mag-
nificenda oon on gnsto delicado. Presentéme en fin por la pri-
mera yez en la escena : {qaé pahnadas! {qoé aplansos! no
fijtarë , amigo mio , é la modestia si te digo qae arrebaté h
atendon de los espectadores. Era preciso haber presenciado la
celebridad qae adqairi en Seyilla para creerla« Foi el objecto
de todas las oon^ersaciones de la ciudad , la que por très se-
manas acudiô à bandadas à la comedia , de modo que la 00m-
paftia con esta novedad atrajo al pàblico , que ya empezaba à
desampararla. Me présenté de un modo que hechizô A todos,
lo que Aie publicar que me yendia al que mas diera. Una infi-
nidad de sugetos de todak edades 7 condiciones viniéron à ofre-
cerme sus obsequios 7 fiicultades. Por mi gusto hubiera esco-
gido al mas jôven 7 bonito ; pero nosotras solamente debemos
mirar al interes 7 à la ambicion cuando se trata de tomar ana
amistad. Esta es régla del teatro : por cu7a razon mereciô la
prefèrenda don Ambrosio de Nisafta, hombre 7a viejo 7 de mu7
rara figura , pero rico , generoso , 7 ono de los sefk>res mas pode-
rosos de Andalucia. Es yerdad que le costô caro. Tomô para mi
una hermosa casa , la adomô magnificamente , me bnsc6 un baen
codnero , dos laca70Sy una doncella , 7 me seAaI6 para el gasto
mil ducados mensuales. Afiade A esto ricos yestidos 7 muchas
jo7as. Arsenia nunca llegô é un estado tan brillante.
\ Que mudanza en mi fortuna ! ni aun 70 podia comprenderh,
ni me conoda à mi misma; por lo que no me espanto de que
ha7a tantas que se olyiden prontamente de la nada 7 miserta de
donde las sacô el capricho de algun poderoso. Te confieso in-
genuamente que los aplausos del publico , las expresiones lison-
jeras que oia por todas partes 7 la pasion de don Ambrosio
me infondiéron una yanidad que llegô hasta la extrayagancia.
Miré mi habilidad como un titnlo de nobleza , 7 tome el aire de
seAora; 7a escaseaba tanto las miradas cariik>sas, cuanto las ha*
bia prodigado antes; de suerte que me puse en el pié de no ha-
cer caso sino de duques , condes 7 marqiieses.
El seftor de Nisafta cou algunos de sus amigos yenia todas las
noches à cenar é casa : 70 por mi parte procuraba juntar las c6-
micas mas diyertidas, 7 pasabamos la ma7or parte de la noche en
beber 7 reir. Una yida tan agradable me acomodaba macho ; pero
no durô mas que seis meses. Si los seftores no tuyieran la fiici-
lidad de cansarse, serian mu7 amables. -Don Ambrosio me dqé
LIBRO SËPTIMO. ^5
por ana maja granadina cpie acababa de Uegar à Serilla , con
mâchas gracias, y el talento suficiente para hacerlas valer. Mi
aflicdon no darô mas que veinte y cuatro boras, porqne inmedia*
tamente ocapô sa lugar an caballero de veinte y dos aftos lia-
mado don Lais de Alcacer, tan bello mozo que pocos podian
comparàrsele. Con razon me preguntarés porquè elegi à un seâor
tan jÔYen, sabiendo qae el trato con esta clase de amantes es pe-
iigroso; y yo te dire que don Luis ni tenia padre ni madré ; y que
ya disponia de sa hacienda; ademas que este trato solo deben
temerlo las criadas y las misérables aventureras; las mugeres de
nnestra profesion son personas de titulo; nunca somos responsa-
bles de losefectos que producen nuestros atractivos. Desgraciadas
las iiamilias à cuyos herederos hemos desplumado.
Nos apasionémos tan extremadamente uno de otro Alcacer y
yo, que dodo baya habido jamas amor como el nuestro. Nos ama-
bamos con tanto ardor qae no parecia sino que estabamos he-
chizados: los qae sabian noestra pasion nos creian los amantes
mas dicbosos del mundo , y tal vez eramos los mas infelices. Don
Lais era amable por su rostro; pero tan zeloso, que me ator-
mentaba à cada instante con injustos rezelos. Por mas que yo
procurase no mirar à hombre alguno para acomodarme à su fia-
queza, su ingeniosa desconfianza hallaba delitos con que inutili-
râba mi cuidado. Si estaba en la escena, le parecia que mièntras
representaba miraba al descuido cariftosamente é algun jôven , y
me llenaba de reconvenciones. En una palabra, nuestras mas tier-
nas conversaciones estaban siempre mezcladas de quejas. No pu*
dimos aguantar mas ; à ambos nos faltô la paciencia , y nos sepa-
rimos amigablemente. i Créeras tu que el ultimo dia de nuestra
amistad fiié el masgustoso que habiamos tenido hasta entônces?
Ignalmente fatigados los dos de los maies que habiamos pade-
cldo , nos despedimos con la mayor alegria , semejantes à dos mi-
sérables cautivos que recobran su libertad despues de una dura
esdavitud.
pesde entènces he procurado precaverme del amor, y no
qolero mas amistad que turbe mi reposo. No sienta bien en nos-
otras suspirar como las demas mugeres, ni debemos abrigar en
naestro pecho una pasion, cuyas ridiculeces hacemos ver al publico.
Entre tanto mi fema iba tomando mas vuelo , publicando por
todas partes que yo era una actriz inimitable. Tanta nombradia
^ovi6 & los comediantes de Granada à que me escribiesen con-
vidàndome con ana plaza en su compaftia ; y para hacerme ver
que b propuesta no era despreciable, me enviéron ana razon
del importe de sus ultimas entradas, y de sus caudales, por lo
cual pareciéndome un partido ventajoso lo acepté, aunque en lo
ïniimo de mi corazon sentia dejar à Fenicia y â Dorotea , â
quienes amaba tanto cuanto una muger es capaz de amar à otra.
326 GIL BLAS.
À la prûnera la dejé en SeyiDa ocapada en deiretir la yajiDa de
un platerillOy que por Yanidad qoeria tener por cortejo à ima
comedianta. Se me ba olvidado dedrte que al baoerme oàmicai
mode por capricho el nombre de Laora en el de Estela » y ood
este sali para Granada.
Alli principle mi ejercido oon tanta felicidad oomo en Se-
yiDa, ë inmediatamente me yi rodeada de amantes; pero como
no queria fayorecer sino â quien dièse boenas seflaleSy me
porté con tal reserya que pude ofnscarlos. Sin embargo , te-
miendo pagar la pena de una conducta que de nada seryia, y
que no me era natural , pensaba declararme à fayor de un oidor
jôyen , de nadmiento plebeyo , quien por razon de su empleo,
de una buena mesa, y de arrastrar coche, hacia el papel de
seAor , cuando yi la primera yez al marques de Marialba. Este
seflor portugues , que yiaja en Espafta por mera curiosidad , al
pasar por Granada se detuyo. Fuè à la oomedia, y aquel dia
no représenté yo. Mirô con mucha atencion à las actrices que se
presentàron , hallô una que le gustô , y desde el dia siguiente
empezô à tratar con ella. Estaba ya para conyenirse cuando me
présenté yo en el teatro. Mi presencia y mis monadas yolyiéron
prontamente la yeleta. Ya mi Portugues no pensé mas que en
mi , y, é decir yerdad, como yo no ignoraba que mi oompaftera
habia agradado à este seftor, procuré desbancarla, y tuye la
fortuna de conseguirlo. Bien se que ella me ha aborrecido; pero
esto poco importa. Debiera saber que entre las mugeres es na-
tural esta ambicion , y que las mas intimas amigas no hacen escrû-
pulo de ella.
CAPITULO VIIl.
Del recibiraiento que hid^n à. Gil Bias Ioa comicoi de Granada , y de la penona
à quien reconodô en el Testuario.
En el punto mismo que Laura acababa de contar su historia,
una comedianta yieja, yecina suya, que yenia à sacarla
para ir à la comedia. Esta yenerable heroina de teatro hubiera
sido primorosa para hacer el papel de la diosa Cotis '• Mi her-
mana no dejô de presentar su hermano é esta figura aAeja» y
sobre ello mediàron grandes cumplimientos de ambas partes.
Las dejé solas, diciendo à la yiuda del mayordomo que iria
é buscarla al teatro luego que hubiera hecho lleyar mi ropa à
casa del marques , que ella me enseAô. Fui inmediatamente al
cuarto que tenia alquilado , pagué à mi huéspeda , di à un mozo
' Era la deidad de lof plaoeres Yolaptuoses,
LIBRO SÉPTIMO. 827
ni maleta , y fîii con él à una gran posada en donde estaba alo-
jado mi amo. Encontre é la puerta é su mayordomo , cpie me
pregontô si era yo el hermano de la seftora Estela. Respondi
qoe si , y me dijo : Paes sea ymd. inny bien venido , caballero.
£1 marques deMarîalba, de quien tengo la honra de ser mayor-
domo , me ha mandado os reciba con todo agasajo : se le ha pre-
parado 4 Tmd. on cuarto ; si^ vmd. gasta yo se lo enseftarè.
Me sabiô à lo ultimo de la casa, y me introdujo en un aposento
tan pequefto que solo cabia una cama muy estrecha, un armario
y dos sillas ; ta! era mi habitacion. Ymd. no estarà aqui muy i
sas aacharas, me dijo mi conductor, pero en recompensa pro-
meto A Tmd. ^e en Lisboa estaré soberbiamente alojado. Met!
mi maleta en el armario , del cual me lleve la Haye, y preguntë
à que hora se cenaba. Me respondiéron que el seftor cenaba
comunmente fnera, y que daba à cada criado un tanto al mes
para su mantenimiento. Hice algunas otras preguntas, y conoci
que los criados del marques eran unes hoîgazanes afortunados.
AI cabo de una breye conyersacion dejé al mayordomo , y fui à
buscar à Laura» entretenido agrads^lemente con los presagios
de mi nuevo acomodo.
Luego que Ueguë à la puerta de la casa de comedias, y dije
era hermano de Estela, todo se me franqueô. Hubierais yisto
las centinelas hacerme paso A porfia , como si yo fuera uno de
los principales personages de Granada. Todos los dependientes
del teatro que encontre en el trénsito me hiciéron proAindas
reyerencias. Pero lo que yo quisiera poder pintar bien al lector ,
es el recibimiento que con una seriedad cômica me hiciéron en
el yestuariOy en donde encontre toda la compaftia yestida ya,
y pronta & principiar. Los comediantes y comediantas , à quienes
Laura me présenté, seagolpàronhiciami. Los hombres me con-
fimdiéroa à abrazos , y las mugeres en seguida , aplicando sus
rostres pintados ai mio, lo Uenâron de arrebol y blanqnete. Nin-
guno queria ser el ultimo i cumplimentarme , y todos se pusié-
ron à hablarme à un tiempo. No bastaba yo à responderles ;
pero mi bermana yino à mi socorro , y como tenia ejercitada
la lengua, cumpliô con todos por mi.
No paréron los cumplimientos en los actores y actrices : Aie
precise aguantar los del tramoyista, yiolinistas, apuntador, des-
pabilador y sotadespabilador ; en fin, de todos los dependientes
del teatro, que al rumor de mi Ilegada yiniéron corriendo
^ examinar mi persona : no pareda sino que estas gentes eran to-
das de la inelusa , que jamas habian yisto hermanos.
Eiktretanto empezô la comedia: algunos cabaOeros que estaban
("n el yestuario se retiràron & tomar sus asientos, y yo, como de
<^sa , continué eu conyersacion con los actores que no represen-
taban. Entre estes habia uno é quien llamâron y oi le nombra-
328 GILBLAS.
ban Melchor. Esle nombre me choc6 ; y habiendo mirado aten-
tamente al angelo & qnîen se le daba, me paredô haberle visto
en algona parte. AI fin me aoordé de ël , y vi que era Melchor
Zapata , aqnel pobre càmico de la légua que, como dije en el li-
bro legundo de mi historia, estaba mojando iç^ndrugos de pan
en nna fuente.
AI instante le Ilamé é parte, y le dije : Si no me engaûo, vmd.
es el seftor Melchor con quien tuye la bonra de almorzar un dia
i la orilla de una dara fiiente entre Valladolid y Segovia* Iba yo
con un mancebo de barbero , juntimos algunas provisiones que
lievabamos oon las de vmd., y compushnos entre los très ma oo-
mida escasa, que se sazonô con mil conversaciones agradaUes.
Zapata se quedô como pensatÎYO algunos instantes, ydespues me
respondiô : Ymd. me habla de una oosa de que sin dificultad
bago memoria. Enténces yenia de Madrid , en donde habiasalido
para prueba en aquel teatro, y me voWia i Zamora. Tambien
me acuerdo que mis negocios andaban de mala data. Y yo por
esas seftas , le dije , vengo en conocimienio de que vmd. Uevaba
un jubon forrado de carteles de comedias. Tampoco he olvidado
que ymd- se quejaba en aquel tiempo de que tenia una muger
muy hoxtesta. { Oh ! por esa parte ya no me quejo , dijo Zapata oon
precipitacion : {viye diez que la buena muger se ha enmendado
en esto, y asi mi jubon ya mejoip forrado !
Al ir à darle la enhorabuena de tan felis inudanza , tnyo pre-
cision de dejarme para salir à la escena. Con el deseo de cono-
cer â su muger, me acerquè i un comediante , y le supliquè me
]a mostrase, lo que hizo diciendo : Yéala ymd., esa es Narcisa,
la mas linda de nuestras damas despues de la hermana de vmd.
Juzgué que esta actriz debia ser aquella à quien se habia aficio-
nado el marques de Marialba antes de haber yisto é su Enda,
y mi cQnjetura no salie errada. Acabada la oomedia acompafiè à
Laura à su casa en donde yi muchos codneros que estaban dis-
poniendo una gran cena. Aqui puedes cenar, me dijo ella. Nada
mënos que eso, le respondi ; el marques querrà quisà estar solo
contigo. No, respondiô ella , ahora yendrà con dos amigos su-
yos , y uno de nuestros compalkeros ; y si. tu quieres , seras la
sexta persona. Bien sabes que en casa de ias cômicas los secre-
tarios tienen priyilegio de comer con sus amos. Es verdad, le
dije ; pero todayia no es tiempo de contarme entre los sécréta-
rios foyoritos : para obtener este cargo honorifico debo entes
emplearme en alguna comision de confianza. Diciendo esto dejé
à Laura , y fui à mi hosteria, donde hice ânimo de corner todos
los dias, porque mi amo no tenia casa.
LIBRO SÉPTIHO. 329
CAPITULO IX.
Del hombre extraordinario con quien Gil Bias ceno aquella noche,
y de lo que paso entre ellos.
Advert! que eo un rincon de la sala estaba cenando solo ua
firaile viejo vestido de paflo pardo, y por curiostdad me sente
en frenle de él ; salodèle con mucha orbanidad , y el no se mos-
tro mtoos cortes que yo. Trajëronme mi pitanza, que principiè
à despachar con buenas ganas , y miéntras comia sin dedr una
palabra, miraba frecuentemente é este raro personage, y siempre
le halle puestos los ojos en mi. Cansado de su alian en mirarme ,
le haUé ea estos términos : Padre, ;nos habrémos visto tal vez
en otra parte fuera de aqui? Ymd. mo esta observando como â
an bombre que no le es enteramente desconocido.
Respondiôme con mucha gravedad : Si os miro con esta aten-
cion solo es para admirar la singular yariedad de atenturas que
estin grabiadas en las rayas de vuestro rostro. À lo que veo, le
dije con un aire burlon, yuestra reyerencia sabe la metoposco-
pia. Bien podria lisonjearme de poseerla, dijo el firaile, y de ha-
ber proaosticado cosas que el tiempo no ha desmentido ; no se
ménos la quiromancia , y me atreyo à decir que mis oràculos
son infialîbles cuando he comparado la inspeccion de la mano con
la del rostro.
Aunque aquel yiejo tenia todo el aspecto de hombre sabio ,
me pareciô tan loco que no pude dejar de reirme en su cara ; pero
en lugar de ofenderse de mi descortesia, se sonriô de ella, y
despaes de haber paseado su yista por la sala, y aseguràdose de
que nadie nos oia , continué bablando de esta manera : No me
^panto de yeros opuesto i estas dos ciencias que en el dia se
tienen por firiyolas; el largo y penosoestudio que requieren de»-
^^aima à todos los sabios, que, deapechados de no haberlas po-
dido adquirir, las abandonan y desacreditan. Por lo que hace à
inî no me ha acobardado la oscuridad en que estân envueltas ,
m tampoco las dificultades que se suceden sin césar en la inda-
8^on de los secretos quimicos, y en el arte marayilloso de
traosmutar los metales en oro.
Pero no presumo, prosiguiô habiendo tornado nuevo aliento,
qoe hablo cou un jôyen que conceptùe de suejtos mis pensar-
mientos. Una leye prueba de mi habilidad os dispondrà à juzgar
^ &yorablemente de mi , que todo cuanto pudiera deciros.
IKcho e6to , sacô del bolsillo un frasquillo lleno de un licor en-
^^^niado, y prosiguiô dicîendo : Vea ymd. aqui un elixir que he
^^nipuesto esta maftana del zumo de ciertas plantas destiladas
330 GIL BLAS.
por alambiqne , porqne à imitadon de Demôcrito he empleado
casi toda mi vida en descnbrir las propiedades de los simples y de
los minérales. Vmd. va é experimentar sa virtud. El yino que es^
tamos bebiendo es muy malo ; pnes ra à ser exqnisitCK Al mismo
tiempo echo dos gotas de su elixir en mi botella , que Tolyiéron
mi vino mas delicioso que los mejores que se beben en EspaAa.
Todo lo marayilloso sorprende, y una rez preocupada la ima-
ginadon, el jnido se extravia. Pasmado de yer uq secreto tan
bueno , y persuadido de que era menester ser poeo ménos que
diablo para haberlo hallado , exdamé lleno de admiradon : ; Oh ,
padre mio ! suplico é Tmd. me perdone si antes le he tenîdo por
un Tiejo loco. Ahora le hago à ymd. justicia; no neoesîto yer
mas para estar conyenddo de que, si quisiera, podria hacer en
un instante un tejo de oro de una barra de hierro. ; Que dichoso
faera yo si poseyera esa admirable ciencia ! £1 cielo os libre de
tenerla jamas , interrumpiô el yiejo dando un profundb snspîro.
Tu no sabeSy hijo mio , lo que deseas. En lugar de enyidiarme,
tenme mas bien làstima de haber tomado tanto trabajo para ha-
cerme infeliz. Siempre yiyo inquieto , temo ser descubierto , y
que una prision perpétua sea el premio de todos mis afaoes. Cod
este temor paso una yida errante, disfrazado unas yeces de clé-
rigo 6 de fraile , otras de caballero ô paisano. ^ Y te parece que
sera yentajoso el saber hacer oro à ese predo? Y ^las riqaezas
no son un yerdadero suplicio para aquellos que no las disfirutan
con quietud?
Ese discurso me parece muy sensato , dije entônces al fiiôsofo.
Nada îguala al gusto de yîyir con sosiego ; ymd. me hace mirar coo
desprecio la piedra filosofal. Yo os estimaria que me yaticinaseis
lo que me ha de acontecer. De muy buena gana , hîjo mio , me
respondiô ; ya he obseryado yuestra fisonomia : mostrad yuestra
mano. Presentèsela con una confianza que no me harà honor en
el ànimo de aignnos lectores, que en mi lugar acaso habrian hecho
otro tanto. La examiné muy atentamente , y al momento exdamô :
i Ah ! I y que de trànsitos de la afliccion à la alegria , y de la' aie-
gria à la afliccion ! i que série azarosa de desgracias y de pros-
peridades ! mas ya habeis experimentado una gran parte de esta^
altematiyas de la fortuna ; y no os restan mas desgradas qae
probar : un seftor os daré un buen destino , que ito estari sujeto
à mutacioncs.
Despues de haberme afirmado que podia estar seguro de su pro-
nôstico, se despidiô de mi saliendo delà hosteria , donde qaedé
muy pensatiyo de lo que acababa de oir.
No dudaba yo que fnese el marques de Marialba el tal sefior,
y por consiguiente nada me parecia mas posible que el cumpli-
miento del yaticinio. Pero cuando yo no hubiese yisto la mener
apariencia de ello , no me hubiera impedido eso el dar al fraile
LIBRO SËPTIMO. 83f
entero crèdito : tanta era la autoridad que por su elixir habia
cobrado en mi ànimo.
Por mi parte y para acelerar la felicidad que me habia pre-
dicho y determine servir al marques con mas afecto que lo ha-
bia hecho à ninguno de los otros amos. Con esta resolucion me
retiré é naestraposada con una alegria imponderable cual nunca
sacô una muger de casa de las decidoras de la buena yentura.
CAPITULO X.
De la oomision qae el marqaes de Harialba dio i Gil Bias, y oomo la desempefto
este fiel secretario.
Todavia no habia yuelto el marques de casa de su comedianta ;
pero en su aposento encontre à los ayudas de càmara que juga-
ban à les naipes esperando su yenida. Me introduje con elles , y
nos entretuyimos sdegremente hasta las dos de la madrugada en
que Ilegô nuestro amo. Sorprendiôse un poco al yerme , y me
dijo con una afabilidad que daba à entender volyia contente de
su yisita : Gil Bias» ^porqué no te has acostado? Yo le res-
pond! que queria saber antes si tenia alguna cosa que mandarme.
Puede ser, dijo» te encargue por la maftana un asunto, y en-
tances te darè mis ôrdenes. Ye à descansar, y sabe que te dis-
penso de esperarme, pues me bastan los ayudas de càmara.
Bespnes de esta adyertencia» que no dejô de agradarme, pues
me excasaba la sujecion que algunas yeces hubiera lleyado con
disgusto y dejè al marques en su cuarto , y me retiré é mi guar-
dnia. Me acosté ; pero no pudiendo dormir, segui el consejo de
Pitégoras, de traer à la memoria por la noche lo que hemos bê-
che en el dia para aplaudir nuestras buenas acciones, 6 vituperar
las malas.
Mi conciencia no estaba tan limpia que dejase de remorderme
haber apoyado la mentira de Laura. Por mas que yo me decia
para disculparme de que no habia podido decentemente desmentir
à una muchacha que no habia tenido otra mira que la de mi
bien , y que en algun modo me habia visto en la precision de ser
complice de su engafio; poco satisfecho de esta excusa, yo mismo
me respondia que no debia Ueyar tan adelante el embuste , y que
era demasiado descaro el querer vivir con un sefior cuya con-
fianza pagaba tan mal. En fin, despues de un severe examen con-
fine en que si no era un bribon me ialtaba poco.
Pasando de aqui à las consecuencias, reflexionë que aventuraba
mncho en engafiar i un hombre de distincion, quien por mis pe-
cados acaso tardaria poco en descubrir el enredo. Una reflexion
tan juiciosa aterrô algun tanto mi espiritu; pero bien presto des-*
332 GIL BLAS.
Taneciéron mi temor las ideas del contento y del interes. Por ocra
parte la profecia del hombre del elixir hubiera bastado para tran-
quilizarme; y asi me entregué i imàgenes muy risaeftas-Me pase
à hacer cuentas de aritmèlica y à calcular paraconmigo mismo la
suma à que asoenderian mis salarios al cabo de diez aftos de ser-
vicio. A esto aAadi las gratificaciones que redbiria de mi amo; y
midiëndolas por su caràcter liberal , ô mas bien segun mis deseos ,
tenia una intemperancia de imaginacion, si puede hablarse de este
modo , que no ponia limites à mi fortuna. Tanta félicidad me oon-
ciliô poco à poco el suefio , y me quedé dormido haciendo castillos
en el aire.
Por la maftana me levante cosa de las naeTe para ir à recîbir
las ôrdcnes de mi amo ; pero al abrir mt puerta para salir, me ad-
miré de verle venir en bâta y gorro. Estaba solo , y me dijo : Gil
Bias , al despedirme anoche de tu hermana , le ofreci pasar é su
casa esta maftana , pero un negocio de importancia no me permite
cumplirlo. Vey dUe de mi parte cuanto siento esteoontratiempo,
y asegùrale que aun cenaré esta noche con ella.Noes esto lo mas,
afiadiô entregàndome una boisa con una cajita de zapa guamecida
de piedras ; llëvale mi retrato , y toma para ti esta boisa, en donde
van cincuenta doblones, que te doy en prueba de la amistad que
ya te he cobrado. Con una mano tome el retrato, y con la otra
la boisa de mi tan poco merecida. Fui corriendo ad momento &
casa de Laura, diciendo en medio del exceso de alegria que me
enagenaba: ;Bueno , bueno! la prediccion se verifica visiblemente.
I Que fortuna es ser hermano de una buena moza que admite
galanteos ! Es làstima que no haya en esto tanta bonra oomo pro-
vecho y utilidad.
Laura , contra la costumbre de las personas de su profesion,
solia madrugar. Halléla al tocador, en donde, esperando à sa
Portugues , aftadia i su hermosura natural todos los atractivos
auxiliares que el arte podia prestarle. Amable Estela , le dije al
entrar, iman de los extrangeros , ya puedo comer con mi amo ,
pues me ha honrado con un encargo que me dà esta prerogativa,
el cual vengo à evacuar. Dice que no puede tener el gusto de
verte esta maftana , como lo habia pensado ; pero para consolarte
de esto , cenarà esta noche contigo ; y te envia su retrato , con lo
que me parece quedaràs algo mas consolada.
Entreguéle la caja , que cou el vivo resplandor de los brillantes
de que estaba guarnecida alegrô infinito su vista. Abri6la, y ha-
bîèndola cerrado despues de heiber considerado la pintura por
mero cumplimiento , volviè à mirar las piedras: celebrô su her-
mosura y me dijo con sonrisa: Ve aqui unas copias que las damas
de teatrô estiman mucho mas que los originales. Dijele en seguida
que el generoso Portugues aldarmeel retrato me habia regalado
cincuenta doblones. Me alegro infinito , me dijo eHa. Este seftor
UBRO SËPTIMO. 333
prindpia por donde ami raras veoes acaban otros. A ti es, mi
qaerida, respond! yo, à quien debo este regalo , que el marques
me hizo à causa de fratemidad. Yo quisiera, dijo eUa,te hiciera
otros como ese todos los dias : no puedo ponderarte cuanto te
amo. Desde el instante en que te vi , te amé tan estrechamente
que el tiempo no ha podido romper esta union. Cuando te echë
de mènes en Madrid , no perdi las esperanzas de recobrarte , y
ayer al ^erte te recibi como à un hombre que yolvia à su centro*
En^una palabra , amigo mio , el cielo nos ha destinado el uno para
el otro : tù seras mi marido ; pero antes es preciso enriquecernos.
Laprndencia exige que comenzemos por aqui. Todayia quiero tener
très 6 coatro cortejos para ponerte en una sitnacion aventajada.
Dfle cortesmente las gracias por el trabajo que queria tomarse
por mi, é însensiblemente nos Aiimos metiendo en una conversa-
don que duré hasta el mediodia. Entônces me retiré para ir à
dar caenta é mi amo del modo con que habia sido recibido su
regalo. Aunqne Laura no me habia dado sus instrucciones sobre
este ponte , compuse en el camino una buena arenga para cum-
plimentarle de su parte ; pero fiié tiempo perdido, porque cuando
lleguë i la posada me dijëron que el marques acababa de salir ;
y estaba decretado que no yolveria à yerle mas , como puede
leerse en el capitule siguiente.
CAPITULO XI.
De la noticla qae supo Gil Bias , y que faë un golpe mortal para A.
Fuime à mi posada , en donde encontre dos sugetos , cen
qaienes cemi , y cen cuya gustesa conyersacion me entretuye en
la mesa hasta la hora de la comedia , que nos séparâmes , elles
para ir à sus quehaceres , y ye para temar el camino del teatro.
Advierto de paso que ye tenia motiyo para estar de buen hu-
mor, porque la alegria habia reinado en la conyersacion que
acababa de tener cen estes caballeres , mostréndeseme ademas
prepicia la fertuna ; pero cen todo sentia una tristeza que no es-
taba en mi mano desechar. À yista de este , ne se diga que ne
se presienten las desgracias que nos amenazan.
Al entrar en el yestuarie se acercô à ml Melcher Zapata ,. y
me dije en yez baja que le signiera. He lleyô à un sitie excu-
sado , y me dijo le siguiente : Setter mio , mn-o corne un deber
dar à ymd. un ayise muy importante. Vmd. ne ignora que el
marques de Marialba se enamorô primero de Narcisa mi espesa;
y aun habia elegido dia para yenir à picar en mi cebo, cuando
la artificiosa Estela hallô medio de descencertar la partida y de
airaer à su casa i este setter portugues. Bien cenece ymd. que
unacômicaho pierde tan buena presa stn despeche. Mi muger
33fc GIL BLAS.
esté iniiy resentida de esto : nada es capaz de omitir para ren-*
garse ; y por desgracia de ymd. se le présenta para eDo una oca-
sion ÊiYorable. Ayer, si ymd. hace memoria , todos nnestros
dependientes acadiéron à \erle. £1 sotadespabilador dijo à algii«
nas personas de la compaftia que oonoda à ymd., y que de ningon
modo era hermano de Estela.
Esta noticia, aAadiô Melchor, ha llegado é oidos de Nardsa,
que no ha dejado de preguntérsela al que la ha dado , y este se
la ha repetido. Dice conociô à ymd. de criado de Arsenia, cuando
Estela, bajo el nombre de Laura, la seryia en Madrid. Mi esK
posa, contentisima con este descubrimiento , se lo participarà
al marques de Harialba , que ha de yenir esta tarde à la comedia.
Gamine ymd. en esta inteligencia , y si no es en realidad hermano
de Estela, le aconsejo como amigo, y por nuestro antiguo co-
nocimicnto , que se ponga en salyo. Narcisa, que no bnsca mas
que una yictima, me ha permitido se lo adyierta & ymd. para
que eyite con una pronta Àiga cualquier accidente funesto.
Me hubiera sido inùtil saber mas ; di gracias por este ayiso al
histrion, que conociô muy bien por mi sobresalto que yo no
estaba en el caso de desmentir al sotadespabilador. Como real-
mente no tenia intencion de Ueyar hasta este punto la desyer-
gûenza , ni aun fiii à despedirme de Laura , temiendo no quisiese
obligarme à que siguiera el enredo. Bien sabia yo que eUa era
buena comedianta para salir con fiadlidad de este berengenal ;
pero yo no yeia mas que un castigo infalible que me amenazaba,
y no estaba tan enamorado que quisiese burlarme de ël. Déter-
miné, pues, poner tierra por medio, cargando con mis dioses
pénates , es decir, con mi ropa ; y en un abrir y cerrar de ojos
me desapareci del coliseo , y en un momento hice sacar y tras-
ladar mi maleta i la posada de un arriero que al dia signiente i
las très de la maAana debia salir para Toledo. Hubiera deseado
estar yo con el conde de Polan , cuya casa me parecia el ùnico
asilo que habia seguro para mi ; pero no hallàndome aun en eOa,
no podia pensar sin inquietud en el tiempo que me restaba que
pasar en una dudad en donde temia me buscasen aquella misma
BOche.
No dejé de ir & cenar é mi hosieria , â pesar de estar tan zozo-
broso como un deudor que sabe andan en seguimiento suyo los
alguaciles ; pero no creo que la cena hizo en mi estômago un ei-
celente quflo. Miserable juguete del miedo , miraba con cuidado
i todas las personas que entraban en la sala ; y temblaba como
an azogado siempre que por mi desgracia eran algunas de mala
catadura, cosa que no es rara en taies parages. Despues de haber
œnado en medio de continuos sobresaltos , me leyanté de la mesa,
y me yolyi é la posada del ordinario , en donde me eché sobre
p^ja fresca hasta la hora de marchar.
UBRO SËPTIMO. 335
Puedo aseganir que durante este tiempo ejercitë bien mi pa-
cienda : mfl tristes pensamientos viniéron à asaitarme : si algun
instante me qnedaba traspuesto , soAaba que yeia furiosQ al mar-
ques lastimando à golpes el henaoso rostro de Laura , y haciendo
pedazos cuanio habia en su casa ; ô ya que le oia mandar à sus
criâdos que me matasen à palos. Despertaba despavorido, y
siendo tan gustoso despertar despues de haber soAado cosas
fimestas , para mi era esto mas cruel que el mismo suefto.
Por fortuna me sac6 de esta angustia el arriero » yiniendo â
avisarme que estaban prontas las mulas. Inmediatamente me le-
vante , y gracias al cielo me puse en camino curado radicalmente
de Laura y de la quiromancia. Conforme nos ibamos alejando de
Granada, iba mi espiritu recobrandosu serenidad. Empezé é trabar
conYersacion con el arriero , el cual me contô algunas historias
di?ertîdas que me hiciéron reir, y fui perdiendo insensiblemente
mi temor. Dormi cou sosiego en Ubeda, donde hicimos noche é
la primera jornada » y â la cuarta Ilegàmos à Toledo. Mi primer
cuidado fuë preguntar por la casa del conde de Polan , y persua-
dido de que no consentiria me alojase en otra , fui alla ; pero yo
habia hecho la cuenta sin la huèspeda , pues no encontre en ella
mas que al portero , quien me dijo que su amo habia salido el
dia antes para la quinta de Leiy a y de donde le babian escrito que
Serafina estaba enferma de peligro.
Yo no habia contado con la ausencia del conde , que disminuyô
el gusto que iania de estar en Toledo , y fué causa de que tomase
otra determinacion. Yiéndome tan cerca de Madrid , me resohi
à ir alla , discurriendo que en la corte podria hacer fortuna ,
pneSy.segun habia oido decir, no era necesario en ella tener un
talento superior para adelantar. Al dia siguiente me aprovechè
de un caballo de retomo que me llevô à esta capital de la Espaiïa»
i donde la buena suerte me conducia para que hidese papeles
mas brillantes que los que hasta enténces me habia hecho re-
présentai
cAPiTULO xn.
Gil filas 86 aloja en una posada de caballeros, en donde adqidere conodmiento
con el capitan Chinchilla : que dase de hombre era este oficial, y que negocio
le habia Ûeyado i Madrid.
Asi que llegué à Madrid estableci mi habitacion en una posada
de caballeros, en donde entre otras personas vivia un capitan
^iejo, que desde lo ultimo de Castilla la Nueva habia yenido &
b corte à pretender una pension que creia tener bien merecida :
'bm&base don Anibal de Chinchilla. Mo sin espanto le yi la pri*
oiera yez : era un hombre de sesenta afios, de una estatura gigan-
336 ^ GIL BLAS.
tesca, y sonuunente flaco. Tenia unos bigotes poblados que so-
bian, retorciéndose por los dos lados, hasia las sienes; adenuis
de que le faltaba an brazo y ana pierna, llevaba tapado on ojo
con an gran parche de tafetan T«rde , y casi todo so rostro estaba
lleno de cîcatriœs. En lo demas era como otro eoalquiera : no
carecia de entendimiento, y aan mènos de grayedad. En coanto
à SOS costombres era moy rigide, y se preciaba sobre todo de
ser delicado en panto de honor.
A las dos 6 très conrersaciones qae tayimos, me bonrô con
sa confianza, y sape todos sos asantos. Me conté en que ocasio-
nes se habia dejado un ojo en Népoles, an brazo en Lombardia
y ana piema en los Paises Bajos. Admiré, en las reladones qne
me hizo de las batallas y sitios , el que no se le escapase ninguna
fanfarronada ni palabra en aJabanza saya, siendo asi qae sindî-
ficultad le habiera perdonado el qae alabase la mitad del caerpo
qae le qaedaba en recompensa de la otra qae habia perdido.Los
oficiales que yaelyen sanos y salyos de la gaerra no son siempre
tan modestos.
Me dijo que sobre todo sentia à par de sa alma haber disipado
ana considerable hacienda en sas campaftas, de saerte que no ie
habian quedado mas qae cien dacados de renta , con lo qae ape-
nas tenia para aliflar sas bigotes, pagar sa alojamiento, y dar à
copiar sas memoriales. Porqae en fin, seikor cabaHero, afiadiô
encogièndose de hom'bros, todos los dias, àDios gracias, los
presento sin que se haga el mas minimo caso de ellos. Si ymd. lo
presenciara , no diria sino que apostabamos el ministro y yo sobre
coal habia de cansarse antes, si yo en darlos, 6 el en redbirlos.
Tambien tengo la honra de presentérselos al mismo rey; pero
tan Undo es Pedro como su amo, y entre estas y esotras la casa
de Chinchilla se arruina por fàlta de reparos.
No pierda ymd. las esperanzas, dije al capitan; ymd. sabe qoe
las cosas de palacio yan despacio. Acaso estarà ymd. hoy en yls-
peras de yer premiados con usura todos sus penosos seryicios.
No debo lisonjearme con esa esperanza , respondiô don Anibal :
aun no hace très dias qae hablë à uno de los secretarios del mi-
nistro ; y si he de dar crèdito à sus palabras, es preciso prestar
paciencia. ^ Y que le dijo à ymd., seAor oficialT le respondi : ta!
yez el estado en que ymd. se halla no le parece digno de recom-
pen^.ymd. lo yeré, respondiô Chinchilla : este secretario me ha
dicho claramente : Seftor hidalgo , no pondère ymd.tanto su zelo
y su fidelidad ; porque en haberse expuesto i los peligros por sa
patria no ha hecho ymd. mas qne cumplir oon su obligacion. La
gloria que résulta de las acciones herôicas es suficiente paga , y
debe bastar principalmente à an Espaftol. Desengàftese ymd. si mira
como deuda la gratificadon que solicita; en caso de que se os
concéda esta gracia la deberëis ùnicamente à la bondad del rey ,
LIBRO SÉPTIMO. 337
qae se contempla dendor à los yasallos que ban servido bien al
estado. Infiera ymd. de ahi , siguiô el capitan , lo que podré espe-
rar, y que al cabo habré de volverme comohe venîdo. Natural-
mente nos interesamos por un hombre honrado cuando se le ye
padecer : le exhorté à que se mantuviera firme : me ofreci à po-
nerle de balde en limpio sus memoriales; y Ileguè hasta ofrecerle
mi bolsillo » suplicàndole que tomase lo que quisiera de èl. Pero
DO era de aquellos que en semejantes ocasiones no necesitan de
muchos ruegos; iutes bien se mostrô muy pundonoroso y me diô
las gracias. Despues de estome dijo que, por no cansar i nadie/
se habia acostumbrado poco à poco à yivir con tanta sobriedad,
que el menor alimento bastaba para su subsistencia; lo que era
muy cierto. No se mantenia de otra cosa que de cebollas y ajos;
y asi estaba en los huesos. Para que nadie yiese sus malas comi-
das y se encerraba en su cuarto à la hora de ellas. No obstante ,
à fiierza de sùplicas consegui que cenasemos y comiesemos juntos.
Y engaflando su yanidad con una compasion ingeniosa , hice que
me trajesen mucha mas comida y bebida de la que yo necesi-
taba; instèle à comer y beber, lo que rehusô al principio con mil
ceremonias ; pero al fin cediô à mis instancias, y tomando insen-
siblemente mas confianza, él mismo me ayudaba â dejar limpio
mi plato y desocupada mi botella.
Loego que hubo bebido cnatro ô cinco tragos , y recuperado
su estômago con un buen alimento, me dijo en tono alegre : En
yerdady seftor Gil Bias, que sois muy seductor, pues haceis de
milo que quereis. Teneis un modo tan atractiyo que desyanece
hasta el temor de abusar de yuestra generosidad. Me pareciô que
mi capitan habia ya perdido tanto la cortedad , que si en aquel
instante le hubiera ofrecido dinero , no lo hubiera rehusado. No
quise hacer la prueba, y me contenté con faacerle mi comensal,
y tomarme el trabajo, no solamente de escribirle los memoriales ,
sino de ayudarle & componerlos. Gon el ejercicio de copiar homilias
habia aprendido é yarîar de frases , y aun llegado â ser medio
autor. £1 yiejo oficial por su parte se preciaba de poner bien un
papel; de modo que, trabajando los dos à competencia, com-
poniamos trozos de elocuencia dignos de los mas célèbres cate-
dràticos de Salamanca ; pero por mas que agotasemos nuestro en-
tendimiento en sembrar flores de retôrica en estos memoriales ,
todo era , como se suele decir , sembrar en la arena. Aunque mas
ponderasemos los méritos de don Anibal , la corte ningun aprecio
hacia de ellos, lo que no excitaba à este inyàlido à elogiar à los
oficiales que se arruinan en la guerra ; antes bien maldecia con
su mal humor à su estrella, y daba al diablo à Nàpoles , Lom-
bardia y los Paises Bajos *.
' Todot estos paises estuTiéron sometidos à la Espaàa cou mas 6 mènes ampli-
338 GIL BLAS.
Para mayor mortificacion suya aconteciô que , habieodo cierto
dia recitado en presencia del rey on soneto sobre el nacimieuto
de ana infonta un poeta preseutado por el duque de Alba, se le
concediô delante de sus barbas una pension de quinientos da-
cados. Creo que el mutilado capitan se habria yuelto loco si no
hubiera yo cuidado de consolarle. Yiéndole fuera de si, le dîje :
^Qué es lo que vmd. tiene? nada de esto debia ymd. extraAar :
^no estàn de tiempo inmemorial los poetas en posesion de hacer
à los principes tributarios de las musas? No hay testa coronada
que no tenga pensionado à alguno de estos seftores ; y , hablando
aqni entre nosotros , las pensiones dadas é los poetas trasmiten
A la posteridad la noticia de la liberalidad de los reyes , cuando
las otras en nada contribuyen à su fama pôstuma. ^Cuantas re-
compensas no diô Augusto? ^cuantas pensiones concediô de que
no tenemos noticia ? Pero la posteridad mas remota sabri como
nosotros que Virgiliorecibiô de este emperador mas de doscien-
tos mil escudos de gratificacion.
Por mas que dijese à don Anibal , no pudo digerir el fruto del
soneto que se le habia sentado en el estômago , y asi resolriô
abandonarlo todo , no obstante que quiso antes enyidar el resto,
presentando un memorial al duque de Lerma. Para este efecto
fiiimos los dos à casa del primer ministro. AUi encontrâmos à un
jôyen^ quien, despues de haber saludado al capitan , le dijo con
cariAo : 4, Hi amado y antiguo amo , es posible que yo yea à ymd.
aqui? i Que negocio le trae à casa de S. £.? Si necesita de alguna
persona de yalimiento , no deje ymd. de mandarme, yo le ofrezco
mis fiacultades. Perico , dijo el oficial , pues que , ^ tienes algun
empleo bueno en la casa? Â lo mënos, respondiô el jôyen, es
bastante para seryir à un hidalgo como ymd. Siendo asi , pro-
siguiô sonriëndose el capitan , recurro à tu proteccion. Desde
luego se la concedo à ymd., repitiô Perico. Digame ymd. sa
asuntOy y prometo sacar raja del primer ministro.
No bien habiamos enterado de él à este jôyen tan lleno de
buen deseo , cuando preguntô donde yiyia don Anibal. Nos diô
palabra de que el dia siguiente se yeria con nosotros , y se des-
pidiô sin decirnos lo que queria hacer , ni aun si era ô no criado
del duque de Lerma. La agudeza del ta! Perico excitô mi curio-
sidad , y quise saber quien era. Es, me dijo el capitan , un mu-
chacho que me seryia algunos aAos hace, y que , habiëndome yisto
en la indigencia , me dejô por buscar mejor acomodo. No se lo
tome à mal , porque , como se suele decir , por mejoria mi casa
dejaria. Es un lagarto que no carece de talento , é intrigante como
todos los diablos ; pero à pesar de toda su habilidad no me fio
tud miéntrasocupô este trono la dinastia austriaca; y en ellos se sortuvicn»
guerras casi continuas y de mas gloria que provecho.
LIBRO SÉPTIHO. 339
mucho del zelo que acaba de manifestarme. Puede ser , le dije ,
que no os sea inutil. Si , por ejemplo , es criado de alguno de
las principales dependientes del daque , podrâ servir é vmd. de
mucîio ; pues no ignora que en casa de los grandes todo se hace
por partido y cabala; que estos tienen en su seryidumbre fayo-
rîtos que los gobieman, y estos igualmente son gobernados por
SQS^ criados.
À la maâana siguiente vino Perico â nuestra posada, y nos dijo :
Seflores, si ayer no déclaré los medios que tenia para servir al
capitan Chinchilla , fué porque no estabamos en parage propio
para explicarlos; fuera de que qneria tentar el vado antes de
franqaearme con ustedes. Sepan , pues, que yo soy el lacayo de
confianza del seAor don Rodrigo Calderon , primer secretario del
duque de Lerma. Hi amo y que es muy enamorado , va casi todas
las noches à cenar con un ruiseftor de Aragon , que tiene enjau-
lado en el barrio de palacio ; es una muchacha muy bonita de
Albairacin, discreta, y que canta con primer, y per este le
Haman la seftora Sirena. Como todas las mafianas le llevo un
billete amoroso, venge ahora de verla, y le he propuesto que
haga pasar al seftor don Anibal per tio suye , y que con este en-
gajk> empeâe à su galan à protegerle. Ha venido gustosa en elle ,
porque ademas del tal cual provecho que juzga le puede resultar,
le es de mucha satisfoccion el que le tengan por sobrina de un
hidalgo yaliente.
£1 sefior de Chinchilla puso mal geste , y mostrô repugnanda
à hacerse complice de una folsedad , y todavia mas à permitir
que una aventurera le deshonrase diciendo ser parienta suya; le
que sentia no solamento por si , sine porque creia que esta igno-
minia retrocedia à sus abuelos. Tanta delicadeza chocô à Perico
paredèndole inoportuna. ; Se burla vmd. ? exclamô : vea vmd.
aqui le que son les hidalgos de aldea , en quienes todo se reduce
é una vanidad ridicula. ^ No se admira vmd. , prosiguiô diri-
giéndose à mi , de esta escrupulosidad ? Vote à brios : en la corte
no se debe parar en esas delicadezas ; vengala fbrtunadel modo
que quîera , que no hay que perderla.
Sostuve el parecer de Perico , y ambos arengémos tante al
capitan , que à pesar suye le hicimos se fingiese tio de Sirena.
Dado este paso , que no costô poco trabajo , hicimos entre los
très un nuevo memorial para el ministre, que despues de revisto,
aumentado y corregido , le puse en limpio , y Perico se le Uevô
â la Aragonesa , la que aquella misma tarde se le recomendô al
sefior Calderon, hablàndole con tal empeAo, que este secretario,
creyèndola verdaderamente sobrina del capitan, ofreciô apoyarle.
El efecte de esta trama le vimos à pocos dias. Perico volviô
con aire victorioso à nuestra pesada. Ruenas nuevas tenemos ,
dijo à Chinchilla : el rey haré una distribucion de encemiendas.
340 GO. BLAS.
benefidos y pouiones , en las qae no seri vmd. olvidado ; y asi
86 me ha encargado os lo asegure ; pero al mismo tiempo se me
ha prevenido pregunte à Tmd. que hace ànimo de regalar û Si—
rena. Por lo qae respecta à mi digo que nada quiero , porcfue
prefiero & todo el oro del mundo el gusto de haber contribaido
& mejorar la fortuna de mi amo antiguo ; pero no es lo mlsmo
nuestra ninfa de Albarracin : es algo interesada cuando se traça
de servir al prôjimo ; tiene esa pequefla felta ; y siendo capaz de
tomar dinero de su mismo padre, yea vmd. si rehusari el de un
tio postizo.
Diga caanto quiere, dijo don Anibal : si quiere todos los afios
la tercera parte de la pension que me han de dar, se la prometo, y
me parece que es bastante dàdiva , aun cuando se tratara de todas
las rentas de su majestad catôlica. Yo por mi me fiaria de la pala-
bra de vmd., replicô el mensagero de don Rodrigo, pues se qae
no feltarà à ella; pero se trata con una niâa naturalmente muy
desconfiada. Por otra parte ella apetecerà mucho mas que vmd.
le dé una vez por todas las dos terceras partes con anticipacioa
y en dinero contante. ;De donde diablos quiere ella que yo lo
saque? interrnmpiô Âsperamente el oficial; ella debe creerme
algun contador mayor : sin duda que tù no la has enterado de
mi situacion. Perdone vmd., repuso Perico ; sabe muy bien que
vmd. esta mas miserable que Job : no puede ignorarlo despues
de lo que le tengo dicho ; pero pierda vmd. cuidado , que yo
tengo arbitrio para todo. Conozco & un picaro oidor, ya viejo,
que se contenta con prestar su dinero al diez por ciento ; vmd.
le haràante escribano cesion de la pension del primer aâo en pago
de igual suma que recibirà vmd. deducido el interes. En ôrden
à la fianza, el prestamista se darà por satisfècho con vuestra casa
de ChinchSla tal como esté, por lo que sobre este punto no tea-
dràn ustedes disputa.
£1 capitan asegurô que siempre que lograse la fortuna de par-
ticipar de las gracias que habtan de concederse el dia siguiente ,
aceptaria estas condiciones. En efecto se verified que le diesen
una pension de trescientos doblones sobre una encomienda. Asi
que supo la noticia, diô cuantas seguridades se le pidiéron , arre-
glô sus asuntos, y se volviô à su pais con algunos doblones que
le habian quedado.
LIBRO SÉPTIMO. 341
CAPITULO xin.
Encnentra Gil Bias en la oorte à sa queiido amigo Fabricio, y de la grande ale-
gria que de ello recibiëron. A donde fuéron los dos, y de la curiosa conrer-
tadon qae tUTiéron.
Me habia acostambrado à ir todas las maflanas é palacio, en
donde pasaba dos ô très horas enteras en yer entrar y salir à los
grandes, qoienes alli me parecian desnados de aquel resplandor
qae en otras partes los rodea.
Un dia que me paseaba contoneindome por aquellas galerias,
hadendo como otros muchos un papel bastante ridiculo, yi à
FabriciOy à qnien habia dejado en Yalladolid sirviendo à un ad-
ministrador del hospital. Lo que me admiré en extreme fué yerle
hablar femiliarmente con el duque de Medinasidoni^ y el mar-
ques de Santa Cruz. Â mi ps^ecer estos dos sefiores ^staban de
oirle; ademas de esto ël iba vestido como un caballero. ;Si me
eDgaflaré? me decia à mi mismo : ;serà aquel el hijo del barBero
Nafiez ? puede que sea algun jôven cortesano que se le parezca.
No tardé mncho en salir de la duda; idos los seAores, me acer-
que à Fabricio , que conociéndome inmediatamente me agarrô
de la mano, y despues de haberme hecho atravesar con ël por
medio del gentio para salir de las galerias, me dijo abrazéndome :
Mi amado Gil Bias, mucho me alegro yerte. ;Qué haces en Ma-
drid?, pestas todavia sirviendo? ^tienes algun empleo en la corte?
Â6Q que estado tienes tus asuntos? dame cuenta de todo lo que
Veha sucedido despues de tu salida precipitada de Yalladolid.
Mttchas cosas me pregunta3 à un tiempo, le respond! ; y el logar
donde estamos no es à propôsito para contar ayentura». Tienes
naon, medijo, mejor estarëmos en mî casa; yente conmigo, que
no esta lëjos de aqui. Estoy independiente , alojado en buen pa-
rage y con muy. buenos mueblea, yiyo contento y soy feliz,, pues
qpç areo serlo,
Aceptë el partido , y acompaAé â Fabricio , quien me detuyo
al Degar à una casa de bella iachada , en la que me dijo yiyia.
Atra^esémos un patio que tenia por un lado una gran escalera
que conducia à unos aposentos soberbios , y por el otro una
subida tan oscura como estrecha, por donde Aiimos àlayiyienda
que me habia ponderado, la cual se reducia à una sala, de la
<pe mi ingenioao amigo habia hecho cuatro separadas con tablas
de pino, siryiendo la primera de antesala à la scgunda en donde
donnia ^ la tercera de despacha, y la ultima de cocina. La sala
y antesala estaban adornadas de mapas y papeles de conclusiones
de filosofia; y los trastos que correspondian à la colgadura con*
342 GIL BLAS.
flistîan en una gran cama de brocado estropeada , nnas siOas
viejas de sarga amarilla gnarnecidas con una franja de seda de
Granada del mismo color , ana mesa con pies dorados cnbierta
de on cordoban que parecia haber sido encamado y ribeteado
con una franja de oro felso que se habia yu^o negro con el
tiempo, y un armario de ébano adomado de figuras esculpidas
groseramente. En su despacho tenia por escritorio una mesiu ;
y su biblioteca se componia de algunos libros y muchos legajos
de papeles que tenia en tablas puestas unas sobre otras à lo
largo de la pared. La cocina, que no desluda à lo demas, oon-
tenia vidriado y otros utensilios neoesarios.
Fabricio , despues de haberme dado tiempo de mirar bien so
babitaciouy me dijo: ;Qué juicio formas de mi equipage y de mi
Tivienda? ;no te ha encantado verla? À fe mia que si, le res-
pond! sonriéndome : debes hacer bien tu negocio en Madrid para es-
tar tan bien proyisto. Sin duda tienes algun buen empleo. £1 cielo
me guarde de eso, me replicô : el partido que he tomado es su-
perior i todos los empleos* Un sugeto de distincion, de quien es
esta casa, me ha dejado una sala, de la que he hecho cuatro
piezas que he alhajado como ves : à mi nada me feilta, y solo me
ocupo en lo cpie me agrada. Hàblame con mas claridad. Je dije,
porque avivas mi deseo de saber lo que haces. Pues bien, me
dijo , voy à complacerte : me he metido à ser autor, me he de-
dicado à la literatura, escribo en verso y prosa , y hago à pluma
y à pelo.
I Tu favorito de Apolo ! exclamé riëndome. Eso es lo que ja-
mas hubiera adivinado ; mënos me sorprenderia verte dedicado
i otra cualquiera cosa. Y i que atractivo has podido hallar en la
profesion de poeta? porque me pareceque à semejantes gentes
las desprecian en la vida civil , y que no son las mas ricas. j Oh f
quitate allé, replicô: eso es bueno para aquellos misérables an-
tores, cuyas obras son el desecho de los libreros y de los cômi-
cos. ^Seri de extraflar que no se estimen semejantes escritores?
Pero los buenos , amigo mio , estân en el mundo en otro con-
cepto ; y yo puedo decir sin vanidad que soy de este numéro.
No lo dudo , le dije , tù ères un mozo de gran talento , y asi tus
composiciones no pueden ser malas ; pero lo ùnico que deseo
saber , y me parece digno de mi curiosidad , es como te ha dado
la mania de escribir.
Tu admiracion es fundada, dijo Nuftez. Estaba tan contento
eon mi suerte en casa del senor Manuel Ordoftez , que no de-
seaba otra ; pero hacièndose mi ingenio superior poco i poco
eomo el de Plauto à la servidumbre, compuse una comedîa que
hice representar é unos cômicos que estaban en Yalladolid. Anti-
que no valia un pito , fué may aplaudida, de lo que inféri que el
publico era una vaca mansa de lèche , que ficilmente se dejaba
LIBRO SÉPTIMO. 343
ordeftar. Esta reflexion , y la locura de componer nuevas piezas,
me hiciëroa dcjar el hospital. £1 amor à la poesia me quitô el de
las riquezas ; y para adquirir buen gusto , déterminé venir &
Madrid , como à centro de los ingenios. Me despedi del admi-
nistrador, que, como me amaba tanto, sintiô bastante mi reso-
lucion, y me dijo: Fabricio, iporqué quieres dejarme? ^aca-
so te habrë dado , sin pensarlo, algun motiyo de disgusto? No,
sefior y le respondi, ymd. es el mejor de todos los amos , y es-
toy muyagradecido à sus favores ; pero bien sabe que cada uno
debe seguir su estrella. Me contemplo nacido para etërnizar mi
nombre con obras de ingenio. { Que locura ! me replicô aquel
buen amo ; ya estes connaturalizado con el hospital , y ères la can-
tera de donde se sacan los mayordomos, y aun los administra-
dores. Si quieres dejar lo sôlido para pasar el tiempo en frusle-
rias , el mal es para ti , hijo mio.
Yiendo el administrador cuan inùtilmente combatia mi designio ,
me pagô mi salario, y en reconodmiento de mis servicios me
diô de guantes cincuenta ducados , de modo que con esto , y lo
que habia podido juntar en las pequeftas comisiones que se ha-
bian encargado é mi integridad , me vi en estado de presentarme
decentemente en Madrid , lo que no dejë de hacer; aunque los
escritores de nuestra nacion no cuidan mucho del aseo. Inme-
diatamente hice conocimiento con Lope de Yega Carpio , Miguel
de Cervantes Saavedra , y los demas célèbres autores ; pero con
preferencia à estos dos grandes hombres , elegi para preceptor
mio à. un jôven bachiller cordobes , al incomparable don Luis de
Gôngora , el ingenio mas brillante que jamas produjo Espaûa ,
el cual no quiere que sus obras se impriman miéntras viva , y se
contenta con leérselas à sus amigos. Lo cpie hay de particular es
que la naturaleza le ha dotado del raro talento de manejar con
acierto todo género de poesias : sobresale principalmente en las
composiciones satiricas, que son su fiierte. Nos es como LucQio >
un torrente turbio , que arrastra consigo mucho cieno ; sino el
Tajo , cuyas aguas puras corren sobre arenas de oro.
Tan buena pintura me haces de ese bachiller , le dije é Fabri-
cio y que no dudo que una persona de tanto mérito tenga muchos
envidiosos. Todos los autores , respondiô él , tanto buenos como
inalos , le muerden : uno dice que le gusta el estilo hinchado ,
los conceptillosy las metàforas y las trasposiciones. Sus versos ,
dice otro , se parecen en lo oscuro à los que cantaban en sus
procesiones los sacerdotes salios^ y que nadie entendia. Tambien
' Poeta satîrico que naciô en Suesa el ano 147 y murio en Nàpoles et io3 an-
^ de la eracristiana. Es oonsiderado como inyentor de la sÂiira entre los latino»,
y ^ q[aien imitâron despues Horacio , Persio y Juyenàl. Horacio le compara a nu
no que en su cuno arrastra arenas preciosas cnvueltas en Iode.
344 GIL BLAS.
hay qaien le ceDSura de que tan presto hace sooetos 6 romances,
y tan presto comedias , décimas y yillancicos , como si locamente
se hubiera propuesto deslucir é los mejores escritores en todo
género de poesia ; pero todas estas saetas de la envidia se cm-
botan dando contra una musa apreciada de grandes y pequefios.
Tal es el maestro con quien bice mi aprendizage, y me atreyo
i decir sin vanidad que le imito ; habiéndome bebido de tal modo
su espiritu , que ya compongo trozos sublimes que no los juzga-
ria indignos de si. A ejemplo suyo voy à vender mi mercancia â
las casas de los grandes , en las cuales soy muy bien recibido ,
y en donde hallo gentes que no son muy descontentadizas. Es
yerdad que mi modo de recitar es balagûefto , lo que no dafia à
mis composiciones. En fin, muchos seAores me estiman, y sobre
todo yivo con el duque de Medinasidonia cbmo Horacio vivia
con Mecenas. He aqui , prosiguiô , de que modo me he trasfor-
mado en autor ; nada mas tengo que contarte: à ti te toca ahora
cantar tus victorias.
Entônces tome la palabra ; y suprimiendo todo aquello que me
pareciô no ser del caso, le hice la relacion que me pedia; des-
pues de la cual se tratô de comer , y sac6 de su armario de
ëbano servilletas, pan, un pedazo de lomo de camero asado^
una botella de vino exquisito , y nos sentémos i la mesa con
aquella alegria propia de dos amigos que yuelven à encontrarse
despues de una larga separacion. Ya \es , me dijo , mi vida libre
é independiente. Si quisiera seguir el ejemplo de mis compafieros,
ùria à comer todos los dias en casa de las personas distinguidas;
pero ademas de que el amor al trabajo me retiene de ordinario
en casa , soy un nuevo Aristipo ; pues tan contento estoy con
el trato de gentes como con el retiro , con la abundancia como
con la frugalidad.
Nos supo tan bien el vino que fuë menester sacar otra botella
del armario. De sobremesa lo di à entender tendria gusto en yer
algunas de sus producciones , y al instante buscô entre sus pa-
pelés un soneto que me leyô con ènfasis ; pero â pesar del sainete
de la lectura, me pareciù tan oscuro que nada pude compren-
der. Conociôlo, y me dijo: Este soneto no te ha parecido mny
claro ; i no es asi? Le confesè que hubicra querido algo mas de
claridad. Echôse â reir de mi » y prosiguiô : Lo mejor que tiene
este soneto, amigo mio, es el no ser inteligible. Los sonetos»
las odas y las demas obras que piden sublimidad , no quieren
estilo sencillo y natural ; antes bien en la oscuridad consiste todo
su mérito. Con que el poeta créa entenderlo es bastante. Tu le
burlas de mi , interrumpi yo : todas las poesias , sean de la na-
turaleza que fueren , piden juicio y claridad ; y si tu incompa-
rable Gôngora no escribe con mas claridad que tu, te con-
iicso que decae mucho en mi opinion : es un poeta que, cuando
LIBRO SËPTIMO. 345
mas , no puede engaftar sino à su siglo. Yi^amos ahora tu prosa»
Enseûôme un prôlogo que me dijo pensaba poner al frente de
una coleccion de comedias que estaba imprimiendo ». y me pre-
guntô que me babia parecido. No me gusta mas tu prosa , le
dije, que tus yersos. £1 soneto es una algaravia; en el prôlogo
hay expresiones demasiado estudiadas , palabras que el publico
no conoce , frases enredosas , y en una palabra , tu estilo es ex-
travagante y y muy ageno de los libros de nuestros buenos y
antiguos autores. i Pobre ignorante I exclamô Fabricio : ; no sa-
bes tu que todo escritor en prosa que aspira hoy é la reputa-
cion de pluma delicada afecta esta singularidad de estilo , estas
expresiones equivocas que tanto te chocan ? Nos hemos aunado
cinco ô seis novadores animosos que hemos emprendido mudar
et idioma de bianco en negro , y con la ayuda de Dios lo hemos
de conseguir , à pesar de Lope de Y ega , de Solis , de CeryénteSy
y de todos los demas ingenios que critican nuestros nuevos mo-
des de hablar. Tenemos de nuestra parte gran numéro de sugetos
distinguidoSy y hasta teôlogos contamos en nuestro partido«
Sobre todo, continuô, nuestro designio es loable; y fuera de
preocupaciones , nosotros somos mas apreciables que aquellos
escritores sencillos que se explican en el lenguage del comun de
los hombres. No se porqué merecen el aprecio de tantas gentes
honradas. £so séria bueno en Aténas y eu Roma , en donde to-
dos se confundian; por lo que Socrates dijo é Alcibiades que el
pueblo era un maestro excelente de la lengua; pero en Madrid
es otra cosa : aqui tenemos estilo bueno y malo , y los cortesanos
se explican de un modo diferente que el pueblo. En fin , desen-
gâftate, que nuestro nuevo estilo supera al de nuestros antago-
nistas. Quiero probarte la diferencia que hay de la gallardia de
nuestra diccion é la bajeza de la suya. EUos dirian por ejemplo
llanamente: los intermecUos hermosean una comedia. Y nosotros
con mas gracia decimos : bs intermedios hacen hermosura en una
comedia. Observa bien este hacer hermosura : i percibes tu toda la
briUantez , la delicadeza y gracia que esto contiene ?
Habiendo interrumpido à^minovador con una carcajada, le
dije : Yete al diablo , Fabricio , con tu lenguage culto : tù ères un
estrafalario. Y tù, con tu estilo natural , repuso él , ères un gran
bestia. Ye , prosiguiô , aplicândome aquellas palabras del arzo-
bisoo de Granada; dile a mi.te^orero que te entregue cien ducados,
S anda bendito de Dios con ellos. A Dios, sehor GH Bios, me aie-
graré logre vmd. todo género de prosperidades con algo mas de gusto.
Repeti mis carcajadas al oir esta pulla ; y Fabricio , sin pèrder
nada de su buen humor , me perdonô el desacatô con que habia
hahiado de sus escritos. Despues de habernos bebido la segunda
botella, nos levantamos de la mesa tan amigos como antes. Sa-
lîmes con &nimo de ir A pasearnos al Prado ; pero al pasar por
346 GIL BLAS.
delante de una tienda de vinos generosos nos diô gana de entrar.
 esta casa concarrian regalarmente gentes de forma. Yi en
dos salas diferentes à algunos caballeros que se divertian de va-
rios modos. En la una jugaban à los naipes y al ajedrez » y en b
otra babia diez ô doce que estaban muy atentos escuchando la
disputa de dos argumentantes. No tuvimos necesidad de acercar-
nos para oir que el asunto de la contienda era un punto de me-
tafisica ; porque era tal cl calor y yehemencia con que hablaban ,
que no parecian sino dos energumenos. Yo pienso que si se les
hubiera aplicado el anillo de Eleàzaro , se hubieran yisto salir
demonios de sus narices. jYalgame Dios! dije à mi compaâero:
I que fogosidad , que pulmones I no parece sino que aquellos dis-
putadores habian nacido para pregoneros. La mayor parte de los
hombres yerran su vocacion. Asi es la verdad , respondiô , estas
gentes descienden al parecer de Novio, aquel banquero romano,
cuya voz sobresalia por entre el ruido de los carreteros ; pero lo
que mas me disgusta de sus altercaciones , es que atolondran los
oidos infructuosamente. Dej&mos à estos metaftsicos gritadores,
y con esto se me desvaneciô el dolor de cabeza que me habian
causado. Nos fiiimos à un rincon de otra sola , y had)iendo bebido
algunas copas de vino generoso , principiàmos é examinar à los
que entraban y salian. Como Nufiez los conocia casi à todos|, dijo :
Por vida mia que la disputa de nuestros filôsofos lleva traza de
no acabarse en gran rato , pero à bien que llega tropa de refres-
CO : estos très que entran van à tomar parte en la disputa. Pero
^ves esos dos sugetos originales que salen? pues la personilla
morena , seca , y cuyos cabellos lacios y largos le caen en partes
iguales por detras y delante, se llama don Julian de Yillanufio. £s
un togado nuevo que la echa del elegante. El otro dia iulmos un
^unigo y yo é comer con el , y le sorprendimos en una ocupacioa
muy singular : se divertia en su estudio tirando y haciendo traer
por un gran lebrel los legajos de un pleito que esta defendieado,
los que su perro desgarrad)a à grandes dentelladas. El licenciado
que le acompafla , aquel cara de tomate , se llama don Querubin
Tonto ; es canônigo de la iglesia de Toledo , y el hombre mas
negado del mundo. No obstante , al ver su aire placentero , la vi-
veza de sus ojos , su risa fingida y màliciosa , le tendr&n por sa-
bio y de gran perspicacia. Cuando se lee en su presencia alguna
obra delicada y profunda , pone la mayor atencion , como si pe-
netrara su asunto ; pero maldita la cosa que entiende. Este foé
uno de los convidados en casa del togado , en donde se dijéron
mil chisles y agudezas , sin que é mi don Querubin se le oyese
el metal de la voz ; pero en recompensa los gestos y demostra-
Clones con que aplaudia nuestros chistes daban una aprobacion
superior al mërito de nuestras gracias.
l Conoces , dije i Nuftez , à aquellos dos desgreftados que estan
LIBRO SËPTIMO. 347
de codos sobre una mesa en el rincoiiy hablando tan bajo y de
cerca , que parece qae se besan ? ^o , me respondiô , no los he
Tislo en mi vida ; pero segnn todas las apariencias serin politi-
cos de cafë que murmnran del gobiemo. ^Yes i ese caballerete
galan que silbando se pasea por la sala, sostenièndose ya sobre
un pié , y ya sobre el otro? pues es don Agustin Horeto , poeta
mozo que muestra gran talento , pero à quien los adoladores y
los ignorantes le ban Uenado los cascos de yanidad. Aquel i quien
se acerca es uno de sus compaûeros , que compone yersos pro-
saicos ô prosa en rimas , y & quien tambien sopla la musa.
Today ia hay mas autores , prosiguiô , sefialàndome dos hom-
bres que entraban con espada: no parece sino que se han citado
para yenir A pasar reyista delante de ti. Ye alli à don Bernardo
Deslenguado , y é don Sebastian de YOlayiciosa. El primero es
un sugeto de mala indole , un autor que parece ha nacido bajo
e\ signe de Saturno , un mortal malëfico , que se complace en abor-
recer à todo el mundo , y à quien nadie ama. Por lo que hace
à don Sebastian , es un mozo de buena fe , autor muy concienzu-
do. Poco hace que diô al teatro una comedia que ha gustado en
extreme , y por no abusar mas tiempo de la estimacion del pu-
blico la ha hecho imprimir.
£1 caritatiyo discipulo de Gôngora se preparaba para conti-
nnar explicàndome las diferentes figuras del cuadro yarîable que
teniamos à la yista , cuando yino i interrumpirle un gentilhom-
bre del duque de Medinasidonia, diciéndole : Seftor don Fabricio ,
yengo en busca de ymd. para decirle que el duque mi seftor qui-
Bîera hablarle , y espéra à ymd. en su casa. Sabiendo Nuftez que
para satisfacer el deseo de un gran seftor no hay priesa que bas-
te y me dejô al momento por ir à yer lo que le queria su Hece-
nas y y yo quedè muy admirado de haber oido tratarle de don
y de mirarle asi conyertido en noble , à pesar de ser su padre
maese Grisôstomo el barbero.
CAPITULO XIV.
fabricio coloca à Gil Bias en casa del conde Galiano , titnlo de Sicilia.
El gran deseo de yer à Fabricio me lleyô bien de mafiana à
su casa. Buenos dias , le dije al entrar , seftor don Fabricio , flor^
y Data de la nobleza asturiana. Al oirme se echo à reir. i Con-
que has notado , me dijo , que me han tratado de don ? Si , caba-
Bero mio, le respondi, y permiteme te diga que ayer cuando me
conteste tu trasformacion , te olyidàste de lo mejor. Ciertamen-
^e» respondiô; pero en yerdad que si he tomado este dictado
<ie honor , no es tanto por satisfocer mi yanidad , como por aco-
348 GIL BLAS.
modarme à la de los otros. Tù conoces i los E3pafloles ; maldito
el caso que hacen de an hombre honrado si tiene la desgrada
de aer pobre 6 plebeyo , y aun te dire que veo tantas gentes , y
Bios sabe que clase de gentes , que hacen les Ilamen don Fran-
cisco, don Gabriel , don Pedro , 6 don como t& quieras llamar-
le y que es preciso confesar que la nobleza es una cosa comun,
y que un plebeyo que tiene mèrito la bonra cuando qaiere agre-
garse à ella.
Pero mudemoa de conversadon , afladiô tanoche, durante la
cena en casa del duque de Medinasidonia, en donde entre otros
conyidados sehallaba el conde Galiano , titnlo de Sicilîa, se toc6
la eonversacion sobre los ridiculos efectos del amor propio. Yo
me alegrè de hallar ocasion de diyertir & la concurrencia sobre
el mismo punto, y les conté la historia ie- las homilias. Puedes
imaginar cuanto reirian y que apodos no se darian à ta arzo-
bispa; lo que no te ha Tenido mal, porque se han compadecido
de ti y y despues de haberme hecho el conde Galiano muchas
preguntas acerca de tu persona, à las cuales puedes créer res-
pond! como debia, me encargô que te présente à él, y para este
fin iba ahora mismo é buscarte. Segun parece quiere nombrarte
por uno de sus secretarios ; y te aconsejo no desprecîes este
partido. En casa de este seftor te hallarés perfectamente; es rico,
y hace en Madrid un gasto de embajador. Dicen ha yenîdo à la
corte é tratar con el duque de Lerma sobre ciertas haciendas de
la corona que este ministro piensa enagenar en Sicilia. En fin ,
el conde , aunque Siciliano , parece generoso, lleno de rectitud y
de ingenuidad. No puedes hacer mejor cosa que acomodarte
con este seftor , porque probablemente es el que debe hacerte
rico segun lo que te pronosticâron en Granada.
Habia resuelto , dije à Nuftez , pasearme y divertirme algon
tiempo antes de ponerme é servir ; pero me hablas del conde
siciliano de un modo que me hace mudar de intenciones : ya
quisiera estar con él. Pronto estaràs, me dijo, 6 yo me engafto
mucho. Entônces salimos ambos para ir à yer al conde , que
ocupaba la casa de don Sancho de Ayila su amigo, quien estaba
entônces en una hacienda de campo.
Encontrémos en el patio muchos pages y lacayos con libreas
primorosas, y en la antesala muchos escuderos, gentileshombres ,
y otros criados. Si los yestidos eran magnificos, los rostros eran
tan extrayagantes , que se me figuréron una manada de monos.
yestidos é la espaftola. Puede afirmarse que hay caras de hom-
bres y mugeres à las que el arte no puede dar hermosura.
Habiendo don Fabricio hecho pasar recado, fué admitido in-
mediatamente en la sala ^ é donde le segui. Estaba el conde en
bâta y sentado en un sofé , y tomando chocolate. Le saludâmos
con dcmostraciones del mas profundo respeto, y ël nos corres-
LI6R0 SËPTIMO. 349
pondiô inclinando la cabeza, y con an aspecto tan afiible , que
le oobrë grande indinacion. i Efécto admirable y ordinarîo que
causa comonmente en nosotros la favorable acogida de los
grandes I Preciso es que nos reciban muy mal para que nos
desagraden.
Despues que tomô el chocolate , se diyirtiô algun tiempo en
juguetear cqu un gran mono al que llamaba Cupido. Ignoro por-
qué pusiéroA^el nombre de este dios à aquel animal , à no ser
que fùese por causa de su malicia , porque en otra cosa absolu-
tamente no le parecia; pero tal cuaî era, su amo tenia puesto
todo sa carifko en èl ; y estaba tan prendado de sus gracias, que
00 le soltaba de sus brazos. Aunque nos divertian poco los
brincos del mono, aparentémos que nos bechizaban, lo que com-
pladô macho al Siciliano, quien suspendiô el gusto que tenia en
aqoel pasatiempo para decirme : En roano de vmd. estarâ, amigo
mio , ser uno de mis secretarios ; si le .conviene el partido, le
darè doscientos doblones al aâo ; basta que don Fabricio sea
qoien présente à Tmd. y responda de su conducta. Si , sefior ,
excbmô Nufiez, soy mas arrogante que Platon , que no se atre-
viô à salir por fiador de un amigo suyo que enviaba à Dionisio
el tirano ; pero no temo merecer reconvenciones.
Agradeci con una reyerencia al poeta de Asturias su fina
arrogancia , y despues dirigiëndome al amo , le aseguré de mi
<elo y fidelidad. Apènas yiô aquel seflor que yo aceptaba su
propuesta hizo llamar à su mayordomo, é quien hablô en secreto,
y en seguida me dijo : Gil Bias, luego te dire en lo que pienso
emplearte; entretanto ye con mi mayordomo, que yaj le he
dado ôrden de lo que ha de hacer de ti. Obedeci dejando à Fa-
bricio con el conde y Cupido.
El mayordomo , que era un Mesines de los mas diestros , me
llevô i su cuarto llenéndome de cumplimientos. Hizo llamar al
sastre de la casa, y le mandô hacerme prontamente un yestido de
igual magnificencia que los de los criados mayores. £1 sastre me
tomô la medida y se retiré. En cuanto à yuestra habitacion, dijo
el Mesines , os he destinado una que os gustarà. Ahora bien ,
prosigaiô, ;os habeis desayunado? Respondile que no. {Que
pobre mozo sois! me dijo; ;porquë no hablais? estais en una
casa en donde no hay mas que decir lo que se quiere para te-
nerlo : yenid conmigo» que yoy à lleyaros à un parage en donde
i Dios gracias nada felta.
Dicho esto me hizo bajar à la despensa, en la que hall&mos et
repostero, que era un Napolitano que yalia tanto como un Me-
sines, de modo que pudiera decirse de ambos que eran à coal
peer. Este honrado hombre estaba con dnco 6 seis amigos suyos
atracéndose de jamon, lenguas de yaca, y otras cames saladas
que les hadan menudear los tragos. Entrémos en el corro , y
350 GIL BLAS.
ayudimos i aporar los mqores yinos del seflor conde. Hiéntras
esto pasaba eo la reposteria, se representaba la misina ccMnedia
en la oocina, en donde el cocinero tambien obsequiaba é très o
cuatro conoddos suyos, qnienesnobebianmënosTÎno que noso-
tros, y se hartaban de empanadas de perdices y conejos. Hasu
los marmitones se regalaban con lo que podian pescar. Yo pensé
estar en el puerto de Arrebatacapas, y en ana casa emregada al
pOlage ; pero cuanto estaba yiendo era nada en comparacion de
lo qne no veia.
CAPITULO XV.
De los empleof que el ooode Galiano dio en m casa i Gil Bias.
Habiendo salido à hacer lleyar el equipage A mi nueya habita-
cion , encontre à la y uelta al conde en la mesa con muchos sefto-
res y el poeta Nuflez , que con aire desembarazado se hada ser-
yir como uno de tantos , y se mezdaba en la conyersacion. Al
mîsmo tiempo obseryé que no deda palabra que no cayese en
gracia A los circunstantes. {Viya el talento! el que lo tienepuede
hacer cuantos papeles quiera.
For lo que é mi toca , comi cou los criados mayores, que fùè-
ron seryidos cou corta diferencia como el amo. Acabada la co-
mida , me retiré à mi cuarto , en donde reflcxionando sobre mi
condicion , me dije à mi mismo : Ahora bien , Gil Bias , ya estas
siryiendo à un conde siciliano , cuyo caràcter no conoces. Si se
ha de juzgar por las apariencias , estaràs en su casa como d pez
en el agua ; pero de nada se puede estar seguro ; y la malignidad
de tu estrella te ha hecho yer muy de ordinario que no debes
fiarte de ella. Ademas de esto ignoras el destino que quiere darte.
Ya tiene secretarios y mayordomo : ^en que querrà que tù le
airy as? Siempre querrà que Ileyes el caduoéo , quiero dedr
que seas su confidente secreto : pues sea enborabuena. No se
podria entrar bajo mejor pié en casa de un seAor para an-
dar mucho en poco tiempo. Siryiendo empleos mas honrosos
se camina lentamente, yo aun con eso no siempre se consigne d fin.
En medio de estas bellas reflexiones yino un lacayo é decirme
que todos los caballeros que habian comido en casa se habian
marchado , y que su seûoria me Uamaba. Fui yolando à su aq[K>-
sento y en donde le encontre echado en un sofa para dormir la
siesta , y con su mono al lado. Acércate , Gil Bias , me dijo y to-
ma una silla y escuchame. Obedecile , y me hablô en estes ter-
minos : Me ha dicho don Fabricio que , entre otras bueoas ca-
lidades , tienes la de amar à tus amos , y que ères un mozo de
mucha integridad. Estas dos cosas me ban determinado é recibiri^
para mi seryicio. Necesito un criado que me tenga afecto , cuide
LEBRO SËPTIHO. 351
de mis intereses , y ponga todo su conato en conseryar mis bie-
nés. Es verdad que soy rico ; pero mis gastos exoeden todos los
a6os à mis rentas. ^Y porqué? pwqae me roban, porque me
saquean, y vivo en mi casa como en un monte lleno de ladrones.
Sospecho que mi mayordomo y mi repostero caminan de acuerdo ;
y si no me engafto, ve aqui mas de lo que se necesita para'
arroinanne enteramente. He diras que si los contemplo bribones
porqué no los despido; ^pero en donde hallaré otros que sean
fonnadosde mejor barro? Es preciso contentarme con hacer que
Tigile sobre ellosuna persona encargada de inspeccionar su conduo-
ta. A ti y Gil Bias , he elegido para el desempeûo de esta comision.
Sila évacuas bien, ten por cierto que no serviras à un ingrato.
Cuidarë de emplearte muy ventajosamente en Sicilia.
Despues de haberme bablado de esta manera , me despidiô ,
y aqnella misma noche delante de todos los criados fui proclama-
do por superintendente de la casa. Por el pronto no fuè muy
sensible esta novedad al Mesines y al Napolitano , porque yo les
pareoia un picarillo facil de ganar, y contaban con que , partien-
do comnigo la torta, tendrian libertad para continuar su rumbo ;
pero al dia siguiente se hallàron muy chasqueados cuando les
manifesté que yo era enemigo de toda malversacion. Pedi al
mayordomo un estado de las provisiones : visité el depôsito de
los vinos, registre io que habia en la reposteria^ quiero decir
la vajilla y manteleria, y despues les exhorté à mirar por el caudal
del amOy à nsar de economia en el gasto, y acabé mi exhortacion
con asegurarles que daria cuenta à su sefloria de cuanto malo
\iese hacer en su casa.
No me contenté con esto y sino que quise tener un espia para
averiguar si habia alguna inteligencia entre ellos , y â este fin me
valide un marmiton , que, engolosinado con mis promesas,
dijo que no podia baber escogido à otro mas à propôsito que i
él para saber lo que pasaba en casa : que el mayordomo y el
l'epostero estaban aunados , y cada uno hurtaba por su parte :
que lodos los dias enviaban fuera la mitad de las provisiones que
se compraban para el gasto de la casa : que el Napolitano man-
tenia à una dama que vivia en frente del colegio de Santo Tomas ;
y el Mesines à otra en la puerta del Sol : que estos dos caballe-
ros hacian Uevar todas las mananas à casa de sus ninfas toda es-
pecie de provisiones : que el cocinero por su parte regalaba
may buenos platos à una viuda que conocia en la vecindad ; y
que en agradecimiento de los servicios que hacia é los otros dos,
^isponia como ellos de los vinos del dep6sito. Finalmente, que
estos très criados eran la causa del gasto tan énorme que se hacia
^ casa del se&or conde. Si vmd. no me crée , aâadiô el marmi-
jon, témese el trabajo de estar maflana por la mafiana à eso de
1^ siete cerca del colegio de Santo Tomas, me veri cargado con
352 GIL BLAS.
on esporton qne le haii ver que no miento. Segnn eso , le dlje,
eres el mandadero do esos galanes proyeedores? Yo soy, respon-
di6 , el que sirvo al reposftero , y uno de mis camaradas hace los
recados del mayordomo.
Esta noticia me pareciô digna de ayeriguarse. El dia siguiente
tuTe la curiosidad de ir cerca del eolegio de Sanio Tomas à la
hora seflalada. No tuye que aguardar mncho à mi espia , pues
bien pronto le \i llegar con un gran esporton lleno de came ,
ayes y caza. Conté las piezas, y las apuntè en mi libro de me-
morial que fui à mostrar al amo, despues de haber dicho al mar-
miton tiue cumpliese como de ordinario su encargo.
El seflor siciliano , que era de un caràcter muy yiyo , quiso en
el primer impulso despedir al Napolitano y al Mesines; pero des-
pues de haber lo pensado , se contentô con despedir al- àltimo ,
cnya p!aza recayô en mi ; por lo que mi empleo de superinten-
dente quedô suprimido poco despues de su creacion , y confieso
con franqueza que no me peso. Hablândo con propiedad este no
era mas que un empleo honorifico de espia, un destino qoanada
tenia de sôlido ; siendo asi que llegando à ser seftor mayordomo
tenia à mi disposition la caja del dinero , que es lo prmcipal.
Un mayordomo es el criado de mas suposicion en casa de un
seftor ; y son tantos los gages anejos à la mayordomia, que po-
dria enriquecerse sin faltar à la hombria de bien.
El bellaco del Napolitano no dejô por eso sus malas mafias ;
y adyirtiendo que yo tenia un zelo riguroso , y que asi no dejaba
de registrar todas las maftanas las proyisiones que compraba ,
no las extrayiaba; pero el tunante continuô haciendo traer cada
dia la misma cantidad. Con esta trampa, aumentando el prOyecho
que sacaba de lo sobrante de la mesa que de derecho le perte-
necia , hallô medio de enyiar la carne cocida à su queridita » ya
que no podia cruda. Aquel diablo nada perdia , y el conde nada
habia adelantado con tener en su casa al fenix de los mayordo-
mos. La excesiya abundancia que vi reinar en las comidas me
hizo adiyinar este nuevo ardid, é inmediatamente puse en ello re-
medio , despojàndolas de todo lo supèrfluo ; lo que sin embargo
hice con tanta prudencia^ que no se notaba nhiguna escasez.
Nadie hubiera dicho sino que continuaba siempre la misma pro-
fusion, y sin embargo no dejé de disminuir con esta economia
considerablemente el gasto , que era lo que el amo deseaba :
queria ahorrar sin parecer ménos esplëndido ; de suerte que so
ayaricia se sujetaba é su ostentacion.
No paràron aqui mis providencias, porque tambien r^naé
otro abuso. Yiendo que el yino iba por la posta, sospechè qoe
habia tambien trampa por este lado. Eféctiyamente, si, por ejon-
plo, habia doce à la mesa de su sefloria, se bebian cincoenta y
algunas yeces hasta sesenta botellas , lo que no podia ménos de
LIBRO SEPTDIO. 853
eaosarme admiracion. Consulté sobre esto â mi oràcQlOy es decir,
â mi marmiton , con quien y o tenia algunas conyersaciones se^
cretas , en las que me oontaba con toda fideMdad lo qne se de-
cia y hacia en la cocina , en donde nadie se rezelaba de éL Me
dijo que el desperdicio de que yo me quejaba procedia de una
nueya liga que se habia formado entre el repostero , el cocinero
y los lacayos que seryian el yino i la me^a: que estos se Ueya-
ban la^ botellas medio llenas , y las distribuian despues entre los
confederados. Refti à los lacayos , y les amenazë con echarlos A
la calle si yolyian à reincidir, y esto basté para que se enmen-
dasen. Tenia gran cuidado de in(ormar à mi amo de las menores
cosas que hacia en su bénéficie ; con lo que me llenaba de ala-
banzaSy y cada dia me cobraba mas afecto. Por mi parte recom-
pensé al marmiton que me hacia tan buenos oficios , haciéndole
ayudante de cocina. De este modo ya ascendiendo un criado fiel
en las casas principales.
El Napolitano rabiaba de yer que siempre andaba tras de él ;
lo que sentia mas yiyamente era el tener que aguantar mis re-
paros siempre que me daba las cuentas , porque para quitarle
el motivo de sisar me tome la molestia de ir à los mercados , é
informarme del precio de los géneros , de suerte que le esperid)a
con esta preyencion; y como él no dejaba de querer remachar
el clayo, yo le rechazaba yigorosamente , bien persuadido de
que me maldeciria cien yeces al dia ; pero la causa de sus maldi-
ciones me quitaba todo temor de que se cumpliesen. No se como
podîa resistir é mis pesquisas , ni como continuaba sirviendo al
seftor siciliano : sin duda que él i pesar de todo esto hacia su
agosto.
Contaba à Fabrido, à quien yeia algunas yeces , mis inau-
ditas proezas econômicas ; pero le hallaba mas propenso à yi-
tnperar mi conducta que à aprobarla. Quierâ Bios , me dijo un
dia y que al cabo y al postre sea bien recompensado tu desin-
teres; pero, hablando aqui para los dos, creo que saldriasmas
bien librado si no te estrellases tanto con el repostero. ^Pues
qnéy le respondi, este ladron ha de tener la osadia de poner
en la cuenta del gasto diez doblones por un pescado que no costô
mas que cnatro? ^y quieres tù que yo pase esta partida? ^Y
porqué nô? replicô serenamente; que te dé la mitad del au-
mento, y harà las cosas en forma. A fe mia, amigo, contmuô
meneando la cabeza , que no te sabes gobemar. Tù â la yerdad
echas à perder las cosas, y tienes traza de seryir mucho tiempo,
pues no te chupas el dedo teniéndolo en la miel. Has de saber
que la Fortuna es semejante i aqueUas damiselas yiyas y ydei-
dosas & quienes no pueden sujetar los galanes timidos. Reime
de las expresiones de Nufiez , que por su parte hizo otro tanto,
y qniso persuadirme que aquello habia sido solo una chanza :
23
351 GIL BLAS.
se ayergonzaba de haberme dado inùtilmente nn mal conaejo.
Continue siempre en el firme propôsito de ser fiel y zeloso ,
atrevièndome à asegurar que en cuatro meses con mi economia
ahorré i mi amo por lo mènos très mil dacados.
CAPITULO X\l.
Del accidente que acometiô al mono del conde Galiano , y de la pena que causô i
este lienor. Gomo Gil Bias cayô eofermo ; y cuales foéron las résultas de su
enfermedad.
El sosiego qae reinaba en la casa le tiirb6 extrafiamente on
snceso^neal lector le parecerà una bagatela; pero que no obs-
tante llegô à ser muy serio para los criados , y sobre todo para
mi. CupidOy aquel mono de que he hablado, aquel animai tan
querido del amo , al saltar un dia de una ventana à otra , totnô
tan mal sus medidas que cayô al patio , y se dislocô una pata.
Apënas supo el conde esta desgracia cuando empezô à dar gritos
como una muger ; y en et exceso de su sentimiento echo la culpa
i sus criados sin excepcion , y faltô poco para que los echara é
todos é la calle. No obstante , limité su indignacion à maldecir
nuestro descuido , y darnos mil epitetos con palabras descbme-
didas. Inmediatamente hizo Ilamar à los cirujanos mas habiles
de Madrid en fracturas y dislocaciones de huesos. Reconociéron
la pata del herido , repusièron el hueso en su lugar , y la iren-
diron ; pero por mas que asegurasen no ser cosa de cuidado ,
no pudiëron conseguir que mi amo no retuviese é une de ellos
para que permaneciera al lado del animal hasta su perfecta eu-
racion.
Haria mal si pasara en silencio las penas è inquietudes que
tUYO el seftor siciliano durante este tiempo. ^Se creeri que no
se apartaba en todo el dia de su CupidoT Estaba présente cuando
le curaban , y de noche se leyantaba dos 6 très yeces i yerle.
Lo mas penoso era que con precision habian -de estar todos los
criados , y principalmente yo , siempre leyantados , para acudir
pronto A lo que se necesitara en servicio del mono. En una pa-
labra y no hubo en la casa un instante de reposo hasta que h
maldita bestia , curada de su caida » yoWiô i sus saltos y yolte-
retas ordinarias. À yista de esto bien podemos dar crëdito é h
narracion de Suetonio , cuando dice que Caligula amaba tanto i
su caballo que le puso una casa ricamente alhajada con criados
para seryirle, y que tambien queria hacerle consul. Hi amo no
estaba mënos enamorado de su mono , y con gusto le hubiera
nombrado corregidor.
Por desgracia mia yo me distingni mas que todos los criados
LEBRO SËPTIMO. 355
en oomplacer al amo » y trabajë tanto en cuidar de su Cupido ,
que cai enfenno. He di6 una foerte calentura, que se agrayô de
modo que perdi el sentido. Ignore lo que hicièron conmîgo en
los qinnce dias que estuve à la muerte ; y solamente se que mi
mocedad lochô tanto con la calentura , y tal yez contra los re-
medies que me diéron , que al fin recobré el conocimiento. El
primer uso que hice de èl fuè observar que estaba en un cuarto
diferente del mio ; quise saber porquè , y se lo pregunté à una
Tieja que me asistia, pero me respondiô que no hablara, porque
el medico lo habia prohibido expresamente. Cuando estâmes bue-
nos , ordinariamente nos burlamos de estes doctores ; pero en
estando malos nos sometemos con docilidad à sus préceptes.
Aunque mas desease hablar con mi asistenta, tome la deter-
minacion de callar ; y estaba pensando en este à tiempo que en-
trâron dos como elegantes muy desembarazados , con yestidos
de terdopelo , y ricas camisolas guarnecidas de encajes. Me ima-
giné que eran algunos seûores , amigos de mi amo , que por
atencion & él me yenian à yer, y en esta inteligencia hice un es--
fiierzo para incorporarme, y por politica me quite el gorro ; pero
mi asistenta me yolyiô à tender à la larga, dicièndome que aque-
ilos seAores eran el medico y el boticario que me asistian.
£1 doctor se acercô é mi , me tom6 el pulso , mirôme atenta-
mente el rostre , y habieudo obseryado todas las seâales de una
prôxima curacion , se reyistiô de un aspecto yictorioso , como si
hubiese paesto mucho de suyo , y dijo que solo faltaba tomase una
porga para acabar su obra ; y que en yista de este bien podia ala-
barse de haber hecbo una buena curacion. Bespues de haber ha-
Uado de esta suerte , dicté al boticario una receta, mirândose al
mismo tiempo é un espejo , atusàndose el pelo , y haciendo taies
gestes que no pude dejar de reirme é pesar del estado en que
me halhJia. Hizome una cortesia y se marchô, pensando mas en
su cara que en las drogas que habia recetado.
Luego que saltô, el boticario, que sin duda no fuè à mi casa
en yano » se préparé para ejecutar lo que se puede discurrir.
Fuese porque temiese que la yieja no se daria buena mafia , 6
sea para hacer yaler mas el gënero, quiso operar por si mismo ;
pero à pesar de su destreza, apénas me habia disparado la carga »
cuando , sin saber como , la rechazè sobre el manipulante po-
niëndole el yestido de terciopelo como de perlas. Tuyo este ac-
cidente por adeala del oficio. Tomô una toalla, se limpiô sin de-
cir palabra , y se fué bien resuelto à hacerme pagar lo que le
Ueyase el quitamanchas, à quien sin duda tuyo precision deen-
viar su yestido.
A. la mafiana siguiente yolyiô yestido mar llanamente , aunque
nada tenia que ayenturar ya , y me trajo la purga que el doctor
habia recetado el dia entes. Yo me sentia por mementos mejor ;
3â6 GIL BLAS.
pero ftiera de eso , habia cobrado tanta aversion desde el dîa
anterior à los medicos y boticarios , que maldecia hasta las um-
irersidades en donde é estos sefiores se les da la facoltad de
matar hombres sin riesgo. Con esta disposicion déclaré enfedado
que no queria mas remedios , y que fîieran à los dîablos Hipo-
crates y sus secuaces. El botîcario^.é quien maldita de Dtos la
cosa se le daba de que yo diera el destino que quisiera à su
medicina, con tal que se la pagase, la dejô sobre la mesa» y se
retiré sin decirme una palabra.
Inmediatamente hice arrojar por la yentana aquel maldito
brebaje , contra el cual habia formado tal aprension , que habria
creido beber veneno si lo hubiera tornado. Â esta desobediencia
aftadi otras : rompi el silencîo , y dije con entereza é la que me
cuidaba , que lo que positivamente queria era me dièse noticias
de mi amo. La vieja, que temia excitar en mi una alteracion
peligrosa si me respondia , 6 por el contrario , que si dejaba de
satisfacerme irritaria mi mal , se detuvo un poco ; pero la insté
con tal empefto , que al fin me respondiô : Caballero , ymd. no tiene
mas amo que à ymd. mismo. El conde Galiano se ha Tuelto à Sicilia.
Me parecia increible lo que oia ; pero nada era mas derto.
Este seAor, desde el segundo dia de mi enfermedad, temiendo
que muriese en su casa, tuvo la bondad de hacerme trasladar
con lo poco que tenia à una posada , en donde me dejô aban-
donado sin mas ni mas é la providencia y al cuidado de una
asistenta. En este tiempo tuvo ôrden de la corte para restituirse
à Sicilia , y se marché tan aceleradamente que no pudo pensar
en ml y ya fuese porque me contaba con los muortos , é ya por-
que las personas de distincion suelen padecer estas faltas de
memoria.
Mi asistenta fiiè la que me lo conté todo, y me dijo que elh
era la que habia buscado medico y boticario para que no muriese
sin su asistencia. Estas bellas noticias me hiciëron caer en un
profîindo desvario. i  l)ios mi establecimiento yentajoso en
Sicilia ! | à Dios mis mas dulces esperanzas ! cr Cuando os suceda
alguna gran desgracia , dice un papa , examinaos bien, y encon-
traréis que siempre habeis tenido alguna parte de culpa. » Con
perdon de este santo padre , no puedo descubrir en que hubiese
yo contribuido fc mi fatalidad en aquella ocasion.
Cuando yi desvanecidas las lisonjeras fentasmas de que me
habia llenado la cabeza, lo primero que me ocupé el pensa-
miento fuè mi maleta , que hice traer à mi cama para registrarla.
Al yerla abierta suspire: | Ay mi amada maleta , exclamé, ûnico
consuelo mio ! à lo que yeo has estado à merced de manos age-
nas. No, no, seftor Gil Bias, me dijo enténces la yieja, créa
ymd. que nada le han robado. He guardado su maleta lo mismo
que mi honra.
LIBRO SËPTIHO. 857
Encontre el yestido que lleyaba caando entré à serrir al
conde; pero basque en yano el que me mandô hacer el MesH
oes. Mi amo no habia tenido por conveniente dejànnelo , 6alguoo
se lo habia apropiado. Todo lo restante de mi ajuar estaba alli,
y tambien una boisa grande de cuero donde tenia mi dinero. Lo
contëdosveceSy porque à la primera , no ballando mas que cin-
cuenta doblones, no crei quedasen tan pocos de doscientos y
sesenta que dejé en ella antes de mi eniermedad. i Que es esto?
tmena muger , dije â mi asistenta. Mi caudal se ha disminuido
rnocho. Nadie ha Uegado é él , respondiô la yieja , y he gastado
loménos que me ha sido posible; pero las enfermedades cuestan
mucho: es necesario estar siempre dando dinero. Yea ymd.,
afiadiô la buena econômica sacando de la Sadtriquera un legajo
de papeles , yea ymd. una cuenta del gasto tan cabal como el
orOy y que os barà yer que no he malgastado un ochayo.
Recorri la cuenta, que bien tendria sus quince à yeinte hojas.
I Dios misericordioso i \ que de ayes se habian comprado mièn-
tras yo estuye sin sentido l Solamente en caldos ascenderia la
soma por lo mènos à doce doblones. Las otras partidas eran
oorrespondientes à esta. No es decible lo que habia gastado en
carbon y en luz, en agua, en escobas, etc. Sin embiairgo, por
may Ilena que estuyiese su lista , el total Uegaba apënas à treinta
doblones , y por consiguiente debian quedar todayia doscientos
treinta. Dijeselo ; pero la vieja con un aire de sencillez empezô &
poner por testigos é todos los santos de que en la boisa no habia
mas que ochenta doblones cuando el mayordomo del conde le
habia entregado mi maleta.;Qué dice ymd.? buena muger, le
iaterrumpi con precipitacion. ; Fuë el mayordomo quien diô â
vmd. mi ropa? El fuë realmcnte, me respondiô: por mas seiUis
que al dàrmela me dijo : Tome ymd., buena muger , cuando el
se&orGil Bias este frito en aceite, no deje ymd. de obsequiarle
con un bnen entierro. En esta maleta hay con que hacerle las
hooras.
i Ah 9 maldito Napolitanoj exclamé entônces , ya no necesito
saber en donde para el dinero que pie falta. Tù lo has Ileyado
para desquitarte de lo que te he impedido hurtases. Despues de
esta inyectiya di gracias al cielo de que el bribon no hubiese
cargado con todo. No obstante , aunque yo tenia motiyo para
imputarle el hurto , no dejé de discurrir que acaso podia haberlo
hecho mi asistenta. Mis sospechas tan presto recaian sobre el uno
como sobre el otro; mas para mi siempre era lo mismo. Nada
dije à la yieja , ni tampoco quise altercar sobre las partidas do
su larga cuenta , porque nada hubiera adelantado : es preciso quo
cada uno haga su oficio. Mi resentimiento se redujo â pagarle ,
y despedirla de alli à très dias.
Me imagino que al salir de mi casa fuë à ayisar al boticario de
358 GIL BLAS.
que yo la habia despedido y me hallaba ya restableddo y faerte
para poder tomar las de Yilladiego sin pagarle , porque le ti ye-
nir de alii à poco que apénas podia echar el aliento. Di6me so
coenta , en la que yenian los supuestos remedios que me habia
suministrado cuando estaba yo sin sentido , puestos con unos
nombres que no entendi aunque habia sido medico. Esta se po-
dia llamar propiamente cuenta de boticario , y asl cuando Oegô
el caso de la paga altercàmos bastante; pretendiendo yo que re-
bajase la mitad , y èl porfiando que no bajaria un maravedi; pero
haciëndose cargo al fin el boticario de que las habia con un mozo
que en el dia podia marcharse de Madrid , tome à bien eonten-
tarse con lo que le ofrecia , es decir , con très partes raas de lo •
que yaliansus medicinas , por no exponerse à perderlo todo. Con
mucho sentimiento mio le aflojè el dinero , con lo que se retir6
bien yengado de la desazoncilla que le causé el dia de la laTativa.
£1 medico Uegé casi al punto , porque estos animales yan siem-
pre uno tras otro. Le satisfice el importe de sus yisitas , que
habian sido frecuentes , y se marché contento. Has para acredi-
tarme que habia ganado bien su dinero , entes de retirarse me
refirié por menor las mortales consecuencias que habia precavi-
do en mi enfermedad , lo cual hizo en términos mny elegantes y
con un aspecto agradable; pero nada comprendl de cuanto dijo.
Luego que sali de él , me juzgué ya libre de todos los fiamiliares
de las parcas ; pero me engaftaba , porque vino tambien un ciru-
jano 9 à quien en mi vida habia yisto. Saludéme muy cortesmen-
te , y manifesté mucho gusto de hallarme fuera del peligro en
que me habia visto , atribuyenda este beneficio , decia él , é dos
copiosas sangrias que me habia hecho , y é unas yentosas que
habia tenido la honra de aplicarme. Esta pluma quedaba que ar-
rancarme todavia : me fué preciso asimismo pagar al cirujano.
Con tantas evacuaciones se quedé tan flaco mi bolsillo , que se
podia decir era un cuerpo aniquilado ; y que ni aun le quedaba
el humedo radical.
Al yerme otra yez abismado en tan miserable situacion empezi'.
à desanimarme. En casa de .mis ùhimos amos me habia aficiona-
do de suerte à las comodidades de la vida , que no podia ya oo-
mo en otro tiempo considerar la indigeucia del modo que un
filésofo cinico. Â la yerdad no debia entristecerme , teniendo
repetidas experiencîas de que la Fortuna apénas me derribaba
cuando me volyia à levantar: antes hubiera debido mirar mi in-
feliz estado como una ocasion de inmediata prosperidad.
•••>•••>>•>•»•> •>
LIBRO OCTAVO. 36»
LIBRO OCTAVO.
CAPITULO I.
GQ Bias adquiere an buen ccmocimiento, j logra an empleo que le consuela
de la ingratiiad del oonde Galiano. Historia de don Yalerio de Lana.
Como en todo este tiempo no habia oido hablar de Nufiez ,
discDiri habria ido à diTertirse à algun lugar. Luego que pude
andar , fui à sa casa , y supe que en efecto hacia très semanas
estaba en Andalucia con el duque de Medinasidonia.
Al despertarme una maâana me ocurriôà la memoria Melchor
de la Ronda , y me acordè que le habia ofrecido en Granada ir
i Ter à su sobrino si algun dia Tolvia à Madrid ; y querienda
CDmplir mi promesa aquel mismo dia , me informé de la casa de
don Baltasar de Zùftiga , y pasé â ella. Preguntè por el seAor José
Navarro , que no tardé en presentarse : habiëndole saludado , y
dichole quien era , me recibié atentamente , pero con frialdad r
de suerte que no podia conciliar aquel recibimiento indiferente^
con el retrato que me habian becbo de este repostero. Iba é re-
tirarme con ànimo de no vol ver à hacerle otra visita , cuando^
mostréndome de repente un semblante apacible y risuefio^, me
dijo oon mucha expresion : { Ah , seftor Gil Bias de Santillana !
saplico à vmd. me perdone el recibimiento que le he hecho. Mi
memoria tiene la culpa de que yo no haya manifestado el buen
afecto con que estoy dispuesto à favor de vmd : se me> habia olvi-
dado su nombre , y ya no pensaba en el caballero que me reco-
mendaban en una carta que recibi de Granada hace mas de cua-r
tro meses.
Permitidme que os abraze, aAadiô, estrechàndome lleno de
gozo; mi tio Melchor , à quien estimo y venero como à mi pro-
pio padre , me encarga encarecidamente que, si por acaso tengo
la honra de ver à vmd., le trate como si fuera vmd. su hijo, y
emplee , en caso necesarie , mi valimiento y el de mis amigos
^ obsequio de vmd. Me hace un elogio del buen corazon y ta-
lento de vmd. en taies términos , que aun cuando no me moviera
i ello su recomendacion , me empeilaria en servirle. Mireme vmd.»
pneSy le suplico , como à un hombre à quien mi tio por su carta
hacomunicado toda la inclinacion que le profesa: franqueo à vmd.
mi amistad ; no me niegue la suya.
Respondi con el agradecimiento debido â la cortesia de José;
7 ^ el mismo instante contrajimos una estrecha amistad , siendo
^''^^^^ francos y sinc^os. No dudé descubrirle el triste estado
360 GIL BLAS.
de mis asuntos, y apënas le oy6 cuando me dqo: He encargo
del coidado de acomodar à ymd., y entre tanto no deje vmd. de
Tenir i corner conmigo todos los dias, que tendra mejor comida
qae en la posada donde esta.
La oferta halagaba demasiado i an convaleciente escaso de di^-
nero , y ensefiado i los buenoa bocados , para que yo la dese-
chase : aceptéla , pnes , y me repuse tanto eu aquella casa , que é
los quince dias tenia ya una cara de monge bernardo. Parecîôme
que el sobrino de Helchor hacia en aquella casa su agosto ; ;pero
como no lo haria, teniendo i un mismo tiempo très empleos,
pues era gefe de la reposter ia, de la cueva y de la despensa?
Ademas, y sin perjuido de nuestra amistad , yo creo que ël y d
mayordomo estaban muy bien avenidos.
Ya estaba yo perfectamente restablecido, cuando » yièndome un
dia mi amigo José llegar i casa de Zùfliga para corner, segun mi
costumbre, me saliô à recibir, y me dijo con alegria : Selkor Gil
Bias , tengo que proponeros un acomodo muy bueno : sepa Tmd.
que el duque de Lerma, primer ministro de la corona deEspaâa,
para entregarse enteramente al despacho de los negocios del
estado, confia el cuidado de los suyos à dos personas : para re-
caudar sus rentas ha escogido à don Diego de Monteser, y ha
encargado la cuenta del gasto de su casa à don Rodrigo Calde-
ron. Estos dos confidentes ejercen sus empleos con una autori-
dad absoluta , y sin depender uno de otro. Don Diego tiene re-
gularmente â sus ôrdenes dos .administradores que hacen las
cobranzas; y como supe esta maftana que habia despedido i uno
de ellos , fui à pedir su plaza para vmd. £1 seûor de Monteser, que
me conoce, y de quien me precio ser estimado, me la ha conce-
dido sin dificuldad por los buenos informes que le he dado de
las costumbres y capacidad de \md. , y hoy despues de corner
irèmos â su casa.
Asi lo hicimos: fui recibido con mucho agrado, y colocado
en el empleo del administrador que habia sido despedido , el
cual consistia en yisitar nuestras granjas , repararlas , cobrar sus
arrendamientos, y en una palabra , mi incumbencia era coidar de
los bienes del campo. Todos los meses daba mis cuentas à don
I^^go, quien , à pesar de todo el bien que le habia dicho mi amigo
de mi , las examinaba con mucha atencion ; pero esto era lo que
yo queria , porque aunque mi rectitud habia sido tan mal pagada
en casa de mi ultimo amo , estaba resuelto a couservarla siempre.
Supimos un dia que se habia pegado fuego à la quinta de
Lerma , y reducido à cenizas mas de la mitad , y con esta noticia
inmediatamente pasë à ella à reconocer el dafto. Habièndome in-
formado puntualmente de las circunstancias del incendio , formé
una extensa relacion de cllas , que Monteser. manifesté al duque
de Lerma. El ministro , à pesar del sentimiento que tenia de sa-
LIBRO OCTAVO. 361
ber tan mala naeva, admird la relacion , y no pudo ménos de
pregnntar quien era Stt autor. Don Diego no se contentô con de-
cirselo, sino qae le hablo tan à &vor mio , que pasados seis
meses se acordô S. E. de esto con motivo de una historia que
Toy à contar, y sin la cual puede ser que jamas hubiera yo lo-
grado empleo en la corte. Esta historia es la siguiente :
£n la calle de las Infontas vivia entônces una seAora anciana,
Damada Inesilla de Cantarilla, cuyo nacimiento no se sabia a
punto fijo : unos decian era hija de un guitarrero , y otros de un
comendador de la ôrden de Santiago. Fuese lo que fuese , ella
era una persona admirable , pues la naturaleza le habia conoe-
dido el singular privilegio de hechizar à los hombres durante el
curso de su \ida, que subsistia aun despues de quince lustros
cumplidos. Habia sido el idolo de los seAores de la corte an*
tigua , y se yeia adorada de los de la nueva : el tiempo , que no
respeta la hermosura, trabajaba en Tano en disminuir la suya : la
marchitabay si; pero no le quitaba el poder de agradar. Un
semblante noble , un entendimiento embelesador, y muchas gra-
cias naturales , le hacian excitar pasiones hasta en su Tejez.
Don Yalerio de Luna , cabaUero de veinte y cinco aûos , y uno
de los secretarios del duque de Lerma , visitaba à Inesilla , y
quedô enamorado de ella : declarôle su pasion , y siguiô la liebre
con lodo el ardor que el amor y la juventud son capaces de ins-
pirar. La seAora, que tenia sus motivos para no querer condes-
cinder con sus deseos , no sabia que bacerse para contener*
los. No obstante y creyô un dia haber encontrado arbitrio para
ello, hadendo pasar sJ jôyen à su gabinete, donde, enseAéndole
un relox que estaba sobre una mesa, le dijo: Yed la bora que
es : boy hace setenta y cinco aAos que naci i la misma : à fe que
me caerian bien los aitiores en esta edad.Yolved, hijo mio , en tos
mismo , y ahogad unos sentîmientos que no convienen ni à tos
ni à mi. A esta reconyencion juiciosa , el caballero, à quien no
bacia fiierza la razon , respondiô à la seAora con toda la impetuo-
sidad de un hombre poseido de los movimientos que le agitaban :
Cruel Inès, ;porquè recurris à esos frivolos artifîcios? ; pensais
que pueden haceros otra à mis ojos? No os lisonjeeis con una
esperanza tan engaAosa; ya seais tal cual os veo, 6 ya mi vista
padezca alguna ilusion , yo no he de césar de amaros. Pues bien,
replicô ella : una yez que con tanta porfia quereis continuar con
Tuestra pretension, hallaréis de aqui en adelante cerrada mi
puerta; y asi os probibo y os mando que jamas os presenteis à
mi yista.
Acaso se créera que, en yirtud de esto, turbado y confuso don
Valerio de lo que acababa de oir, se retirô cortesmente ; pero
sueediô todo lo contrario , pues se hizo mas importuno. £1 amor
hace en los enamorados el mismo efecto que el yino en los
963 GIL BLAS.
bomchoi. El catudlero soplioô, nispirô » y fMoando
mente de los niegos é la Tioleocia, inteatô lognur por foena lo
que no podîa obtener de otro modo ; pero la seilora , recha-
zéndoleoon valor, le dijo initada: Detente, temerario, voy i
refrenar to loco amor : sabe que ères hijo mio.
Atônito don Yalerio de oir semejantes palabras, soapendîôsa
atrevimiento ; pero discorriendo qae Inesilla decîa aqnello para
librarse de su solicitud , le respondiô : Vos inventais esa fiîbala
para huir de mis deseos. No, no , interrompiô ella : te revelo on
secreto que siempre te hubiera ocoltado, si no me hobieras re-
ducido i la necesidad de declaràrtelo. Veinte y seîs alios haoe
qae amaba é don Pedro de Luna, tn padre, qae era entônœs
gobemador de Segovia; tù fuiste el frato de noestros amores:
te reconociô , te hizo criar con coidado ; y ademas de que no te-
nia otro hijo , tos buenas prendas le estimuléron à dqarte cao-
dal. Yo por mi parte no te he desamparado : laego qae te vi ya
metido en el trato del mundo, he procurado atraerte i mi casa
para inspirarte aquellos modalos corteses que son tan necesarios
en una persona fina, y que solo las mugeres pueden enseftar i
los caballeros mozos: y aun he hecho mas, he empleado todo
mi valimiento para colocarte en casa del primer ministro : en
fin , me he interesado por ti como debia hacerlo por un hijo*
Sabido esto, mira lo que déterminas : si puedes purîficar tus
sentimientos , y mirarme solo como i una madré, no te ecfaaré
de mi presencia , y te amarè tan tiernamente como basta aqul ;
pero si no ères capaz de hacer este esfiierzo , que la razon y la
naturaleza exigen de ti, huye al momento, y librame del horror
de verte.
Miéntras Inesilla bablaba de esta suerte , guardaba don Ya-
lerio un triste silencio : nadie hubiera dicho sino que llamaba en
su auxilio à la virtud para vencerse à si mismo ; pero esto era
en lo que mënos pensaba. Meditaba otro designio, y preparaba
à su madré un espectéculo muy diverso, porque, viendo que era
insuperable el obstàculo que se oponia à su felicidad , se rindiô
cobardemente â la desesperacion ; y sacando la espada, se atra-
vesé con ella. Se castigô como otro Edipo , con la diferencia de
que al Tébano le cegô el dolor de haber consumado el crimen,
y el Castellano al contrario se atravesô de sentimiento de no har
berle podido cometer.
£1 desgraciado don Yalerio no muriô al instante : tuvo Uempo
de arrepentirse y pedir al cielo perdon de haberse quitado la
vida à si mismo. Como por su muerte quedô vacante el empleo
de secretario en casa del duque de Lerma , este ministro , que
no habia echado en olvido la relacion que escribi del incendie ,
ni el elogio que de mi se le habia hecho, me eligiô para sustituir
à estejôven.
LIBRO OCTAVO. 963
CAPiTULO n.
Presentan & Gil Bias al duque de Lerma , quien le admite por uno de sus s
tarios. Este ministro le seAala el trabajo que ha de hacer, y qaeda gustoso
deiO.
Monteser me paiticipô esta agradable noticia, dicièndome:
Amigo Gil Bias, siento os separeis de mi; pero como os estime,
no puedo ménos de alegrarme seals sucesor de doo Yalerio. Ha-
réis fortona si seguis dos consejos que Yoy à daros : el primero
es y qae os mostreis tan adicto i S. £., que no dade que le pro-
fesais el mayor afecto ; y el segundo , que hagais la corte à don
Rodrigo Calderon , porque este hombre maneja el ânimo de su
amo como una blanda cera. Si teneis la dicha de agradar i este
secretario fayorito , me atrevo i aseguraros con certidumbre que
sobirëîs mucho en poco tiempo.
Dilas gracias â don Diego por sus saludables consejos, y le
dije : Hàgame vmd. el fevor de explicarme el caràcter de don
Rodrigo , porque he oido decir que es un sngeto nada bueno ;
pero aunque alguna vez el pueblo acierta en sus juicios , no me
fio de las pinturas que suele hacer de las personas que estân en
candelero. Sirvase ymd., pues , decirme lo que piensa del seflor
Calderon. Asunto es delicado , me respondiô el apoderado con
una sonrisa maligna : a cualquiera otro le diria sin detenerme
que es un hidalgo honrado , de quien no se podria decir sino
bien ; pero con vos quiero ser franco , porque ademas de que
conozco Tuestra prudencia , me parece debo hablaros daramente
de don Rodrigo, pues os he avisado que debiais gùardarle mira-
mientos : de otro modo no haria mas que serviros à médias.
Ya sabeis, pues, prosiguiô, que era un simple criado de
S. £. cnando todavia no era este mas que don Francisco de San-
doval, y que por grados ha llegado à ser su primer secretario.
No se ha visto nunca hombre mas vano. Jamas corresponde i
las cortesias que se le hacen, é no precisarle à ello razones muy
poderosas. En una palabra , él se considéra como un compa-
ûero del duque de Lerma , y en realidad podria decirse que par-
ticipa de la autoridad del primer ministro, pues que le hace
conferir los gobiernos y los empleos é quien se le. antoja. El
publico frecuentemente murmura de ello; mas èl no hace caso:
con tal que saque lo que llamamos para guantes , le importa
muy poco la censura publica. Por lo que acabo de decir cono-
ceréis , aûadiô don Diego , como debeis portaros con un hombre
tan altanero. (Oh! bien esta; dèjeme vmd. é mi: muy mal han
de andar las cosas para que no me estime: cuando se conoce
el flaco de un hombre à quien se intenta agradar , es precise
364 GILBLAS.
ser poco dtestro para no consegairlo. Siendo asi , repnso Mod-
teser , voy â presentaros ahof a mismo al duque de Lenna.
Al instante pasàmos â casa del ministro , à qoien enoontrémos
dando audiencia en una gran sala , en donde habia mas gente
que en palado. Alli vi comendadores y caballeros de Santiago
y de Calatrava que solicitaban gobiemos y Tireinatos; obispos
que y siendo sus diôcesis contrarias à su salud, querian ser arzo-
bispoSy nada mas que por mudar de aires;y tambien may bue-
nos religiosos dominicos y franciscanos que pedian con toda bn-
mildad mitras : vi tambien oficiales reformados haciendo el mismo
papel que el capitan Chinchilla , esto es , que se consumian es-
perando una pension. Si el duque no satisfiacia los deseos de to-
dos , recibia i lo mënos con agrado sus memoriales, y adyerti
que respondia muy cortesmente à los que le hablaban.
Esperâmos cou paciencia que despachara â todos los preten-
dtentes. Entônces don Diego le dijo: SeAor, aqul esta Gil Bias de
Santillana , à quien Y. E. ha elegido para ocupar el empleo de
don Valerio. Mirôme el duque , y me dijo con mncha afabilidad
que lo tenia merecido por los servicios que le habia hecfao. Me
hizo despues entrar en su despacho para hablarme à solas , 6
mas bien para formar juicio de mi talento por mi conyersacion.
Quiso saber quien yo era , y la historia de mi vida , diciëndome
se la contase fielmente. {Que relacion tan larga laque se me pe-
dia I Mentir à un primer ministro de Espafla no era regular ; y por
otra parte habia tantos pasages que podian ajar mivanidad, que
no sabia como resolverme à hacer una confesion general. ;Como
salir de este apuro? Adopté el partido de disimular la verdad
en aquellos puntos en que me hubiera avergonzado de decîrla
desnuda; perô , à pesar de todo mi artificio , no dejô de perci-
birla. Seftor de Santillana , me dijo sonrièndose al fin de mi nar-
racion, à lo que veo , vmd. ha sido un si es no es travieso.
Seflor, lerespondi sonrojado, Y.E. me ha mandado sea sincere,
y le he obedecido. Yo te lo agradezco, replico: yeo, hijo mio,
que te has librado de los peligros à poca costa ; extraûo que el
mal ejemplo no te haya perdido enteramente. ; Cuantos hombres
de bien se pervertirian si la fbrtuna los pusiera à semejantes
pruebas I
Amigo Santillana , continué el ministro , no te acuerdes mas de
lo pasado : piensa solamente en que ahora sirves al rey, y que te
has de emplear en adelante en su servicio. Sigueme, que voy à
decirte en que te has de ocupar. Dicho esto, el duque me llerô
& un cuartito inmediato à su despacho, donde tenia sobre yarios
estantes unos yeinte libros de registro en folio muy graesos.
Aqui , me dijo , has de trabajar. Todos estos registros que yes
componen un diccionario de todas las familias nobles que hay en
los reinos y principados de la monarquia espaftola. Cada libro
LIBRO OCTAVO. dG5
contiene , poir Arden alfabético , un resumen de la historia detodos
los hidalgos del reino , en la que se especifican los serTicios que
ellos y sus antepasados han becho al estado , como tambien los
lances de honor que les han ocurrido. Tambien se hace mendon
de sus bienes , de sus costumbres , y en una palabra de todas sus
boenas 6 malas calidades ; de modo que, cuando pMen algunas
gracias al gobierno, yeo de una ojeada si las merecen. À este fin
tengo sugetos asalariados en todas partes que procuran averi-
goarlo è instruirme enviindome sus informes ; pero conio estos
son difusos , y estàn Ilenos de modismos provinciales , es nece-
sario extractarlos y pulirlos , porque el rey qniere algunas veces
que le lean estos registros. Este trabajo pide un estilo limpio y
conciso y por lo cual desde este instante quiero emplearte en él.
En seguida saco de una gran cartera llena de papeles un in-
forme que me entregô , y me dejô en mi cuarto para que con
libertad hidese yo el primer ensayo. Lei el papel, que no sola-
mente me pareciô lleno de tèrminos bàrbaros, sino tambien de
enconOy no obstante de ser su autor un fraile de la ciudad de
Solsona. Afectando su reyerencia el estilo de un hombre de bien ,
denigraba sin piedad à una honrada fiimilia catalana , y sabe
Dios si decia la verdad. Juzgué leer un libelo infamatorio , y por
tanto escmpulizé trabajar en él. Temia hacerme complice de una
calomnia; no obstante , aunque recien introducido en la corte,
pasë por alto el mal ô bien obrar del religîoso ; y dejando à su
cargo toda la iniquidad , si la habia , principië à deshonrar en
bellas frases castellanas i dos ô très generacîones que acaso se^
rian mny honradas. Ya habia compuesto cuatro 6 cinco piginas,
coandOy deseoso el duque de saber qtié tal meportaba, yolviô y
Dte dijo : Santill^ina , ensèflame lo que has hecbo, que quiero yerlo.
Al mismo tiempo pasô la vista por mi escrito , y leyô el princi»
pio cou mucha atencion. Yo me sorprendi al ver lo que le gustô.
Aanqoe estaba tan inclinado i tu feyor, me dgo , te confieso que
bas excedido à lo que esperaba deti. No solamente escribes con
toda la propiedad y precision que yo quiero , sino que ademas
CDcaentro tu estilo fluido y festivo. Bien me acreditas el acierto
que he tenido en escoger tu pluma , y me consuelas de la pèrdida
de tu predecesor.El ministre no hubieralimitado é esto mielogio
si à este tiempo no hubiera yenido é interrumpirle su sobrino el
coade de Lémos. S. £. le diô muehos abrazos , y le redbiô de
un modo que me hizo entender'le amaba tiernamente. Los dos
se encerràron para tratar en secreto de un negocio de Ssunilia de
que laego hablaré , y del que estaba el duque entônces mas ocu-
pado que de los del rey.
Hiëntras estaban encerrados ol dar las doce. Gomo sabia que
los secretarios y coyachuelistas dejaban é esta hora el bufete para
^ i corner é donde querian » dejé ea aqud estado mi ensayo , y
366 GIL BLAS.
sali para ir, no à casa de Monteser, porque ya me habia pagado
mis salarios y despedido, sino i la mas fâmosa hosteria del bar-
rio de palacio. Una de las ordinarias no conirenîa i mi persona.
Piema que ahora sirvet al rey. Estas palabras que et duqoe me
habia dicho se me Tenîan sin césar à la memoria , y eran otras
tantas semillas de ambicion que férmentaban por momeatos en
mi inimo.
CAPITULO m.
Sabe Gil filas que su empleo no déjà de tener desazones. De la înqaietod qne k
causé esta nueTa, y la conducta que se iriô oblisado a gardar.
Al entrar tuve gran cuidado de hacer saber al bosterero que
era yo un secretario del primer ministro , y como tal no sabia
que mandarle que me trajese de corner. Temia pedir cosa que
oHese i estrechez » y asi le dije me dièse lo que le pareciera. Me
regalô muy bien, y me hizo servir como é persona de distincion,
lo que me llenô mas que la comida. Al pagar tire sobre la mesa
un doblon , y cedi à los criados lo que debian Tolverme , que
séria à lo mènos la cuarta parte, saliendo de la hosteria con gra-
yedad y tiesura, en ademan de un jôven muy pagado de su
persona.
A yeinte pasos habia una gran posada de caballeros en donde
de ordinario se hospedaban seflores extrangeros. Alquilë un apo-
sento de cinco ô seis piezas con buenos muebles , como si p
tuyiese dos ô très mil ducados de renta , y pagué adelantado el
primer mes. Despues de esto volvi é mi tarea, y empleé toda la
siesta en continuar lo comenzado por la ma Aana. En una pieza inme-
diata à la mia estaban otros dos secretarios; pero estos no hacian
mas que poner en limpio lo que el mismo duque les daba à oo-
piar. Desde la misma tarde al retiramos me hice amigo de ellos,
y para grangear mejor su amistad los lleyé à casa de mi hoste-
rero, en donde les hice servir los mejores platos que ofrecia la
estacion, y los vinos mas delicados y estimados en Espafia.
Sentàmonos à la mesa, y empezâmos i conversar con mas aie-
gria que entendimiento, porque, sin hacer agravio é mis convi-
dados y conoci desde luego que no debian i sus talentos los
empleos que ocupaban en su secretaria. Eran hibties & la verdad
en hacer hermosa letra redonday bastard illa; pero no teniaola
menor tintura de las que se enseAan en las universidades.
En recompensa sabian con primor lo que les tenia cuenta , y
me diëron à entender que no estaban tau embriagados con el
honor de estar en casa del primer ministro , que no se quejasen
de su estado. Cinco meses ha que servimos, decîa uno, à nuestra
Costa. No nos pagan el sueido; y lo peor es que esté por arre-
LIBRO OCTAVO. 367
glar , y no sabemos bajo que pie estamos. Por lo que hace & mi,
decia el otro, qaisiera hafaier recibido yeinte zarriagazos en lugar
de saeldo , con tal que me dejasen la libertad de tomar otro
destino; porque despues de las cosas sécrétas qae he escrito,
no me atreveria i retirarme de mi propio motivo , ni à pedir
licencia para ello. Bien puede ser que fuese à ver la torre de
Segovia ô el Castillo de Alicante.
;Pues como hacen ustedes para mantenerse ? les dije : sin duda
tendrén hacienda. He respondiéron que muy poca ; pero que por
fortuna yivian en casa de una viuda bonrada , que les fiaba , y
daba de comer é cada uno por cien doblones al afio. Toda esta
eonversacion, de la cual no perdi palabra , bajô al punto mis
hamos altaneros. Me figuré que seguramente no se tendria con-
migo mas atencion que con los otros : que por consiguiente no
debia estar tan satisfecho de mi empleo : que era mènos sôlido
de lo que yo habia creido, y que en fin debia economizar mucho
el bolsillo. Estas reflexiones me sanaron de la furia de gastar.
Principié é arrepentirme de haber convidado à aquellos secreta-
nos, y â desear se acabase la comida ; y cuando llegô el caso
de pagar la cuenta, tuve una disputa con el hosterero sobre su
importe.
Separàmonos à media noche, porque no les instë à que bebie-
lan mas. Ëllos se marchâron à casa de su viuda , y yo me retiré
i mi soberbia habitacion , lleno de rabia de haberla alquilado, y
prometiendo de yeras dejarla al fin del mes. Â pesar de que me
acosté en una buena cama, mi desazon me quitô el sueflo. Pasé
lo restante de la noche en discurrir los medios de no servir de
baide al rey, y me atuve sobre este particular à los consejos de
Monteser. Me levante con énimo de ir à cumplimentar é don
Rodrigo Calderon , halléndome entônces en la mejor disposicion
para presentarme à un hombre tan altivo, y de cuyo iavor bien
oonocia yo que necesitaba; y oon efecto pasé à casa de este
secretario.
Sa vivienda tenia comunicacion con la del dnque de Lerma »
y era igual i ella en magnificencia : no hubiera sido fôcil distin-
guir por los mnebles al amo del criado. Dije le entrasen recado
de que estaba alli el sucesor de don Valerio ; pero esto no im-
pidiô me hiciesen esperar mas de una hora en la antesala. Seflor
oiievo secretario, me decia yo en este tiempo, tenga ymd. pacien-
cia si gusta. À ymd. le harin morder el qo antes que ymd. se
'o haga morder â otros.
Al fin abriéron la pnerta del cuarto : entré , y me acerqué â
don Rodrigo , que acababa de escribir un billete amoroso é su
Sirena encantadora, y se lo estaba entregando en aquel momento
i Perico. No me habia presentado al arzobispo de Granada , al
<^de Galiano , ni aun al primer ministro , con tanto respeto
368 GILBLAS.
como ante el seAor Calderon ; le nhidè iMyando la cabeta hasta
el raelo, y le pedi sa proteodon en tèrminos de que no pœdo
acordarme sin rubor, tan llenos estaban de snmision. En el éoi-
mo de otro mënos Tano que él no me hubiera bedio ningan
fevor mi bajeza ; pero i ël le agradéron macho mis raitreros
rendimientos, y me respondiô con bastante conesia que no ma-
lograria ninguna ocasion en que pudîera serrirme.
Sobre esto le di gracias con grandes demostradones de zelo
por la inclinacion fororable que me manifestaba , y le asegoré
de mi eterno reconocimiento : despues, temîendo inoomodarie,
sait suplicàndole me perdonase si habia intermmpido sus impor-
tantes ocupaciones. Luego que di este paso tan indecoroso , me
retiré & mi despacho, y conclut la obra que se me habia encargado.
El dncpe no dejô de entrar por la maftana, y quedando no mènos
complacido del fin de mi trabajo que del principio, me dijo : Esto
esté may bueno ; escribe lo mejor que puedas este compendio
histôrico en el registro de Catalnfta, y concluido, toma de la
boisa otro informe , que pondras en ârden del mismo modo.
Tuve una conversacion bastante larga con S. E., cuyo modo afa-
ble y femiliar me encantaba» \ Que diférenda entre él y Calderon I
eran dos personas que contrastaban singularmente.
Aquel dîa me fui à una hosteria en donde se comia i precio
fijo, y resoivi ir alli de incognito todos los dias basta ver el
cfecto que producian mi respeto y sumision. Tenia yo dtnero para
très meses à lo mas, y me prescribi este término para trabajar
â Costa deqnien hubicse lugar, proponiéndome, siendolas locoras
mas cortas las mejores , abandonar, pasado este término, la corte
y su oropel , si no me seftalaban sueldo. Dispuesto asi mi plan , nada
me quedô por hacer en dos meses para agradar al seftor Calderon ;
pero hizo tan poco caso de todo loque yo practicabapara oonse-
^irlo , que perdi las esperanzas. Mudé de conducta con respecto
à él , cesé de hacerle la corte, y solo pensé en aprovechanne de
los momentos de conversacion que yo tenia con el duque.
CAPITULO IV.
Gil Bias oonsigue el fayor del duque de Lerma , que le confia un secreto
de importaucia.
Aunque S. £. me veia todos los dias por un instante , sin em-
bargo pnde grangearle insensiblemente la yoluntad en taies tèrmi-
nos, que un dia, despues de comer, me dijo : Escucha , Gil Bias;
sabe que me agrada tu ingenio , y que te estimo. Eres un mozo
zeloso, fiel, muy inteligente y callado; y asi me pareoe que no
erraré si te hago duefio de mi confianza. A estas palabras me
LBBRO OCTAVO. 969
arrojè à Bas pies; y despues de haberle besado respetuosamente
la mano, que me alargô para levantarme, le respondi : ] Es po-
sible que se digne V. E. honrarme con an iavor tan grande I
I cuaotos enemigos secretos me yan à suscitar yuestras bondades !
Pero solo temo el reneor de ana persona , que es don Rodrigo
Calderon. Nada tienes que temer de èl, respondiô el duque : yo
le conozco ; desde su niûez me ba querido , y puedo decir que
sus sentimientos son tan conformes con los mios, que quiere
todo lo que me gusta, asi como aborrece todo cuanto me desa-
grada. En lugar de temer que te tenga aversion^ debes al con-
trario contar con su amistad. Por aqui conoci lo astjua que era
el seûor don Rodrigo , que habia conquistado el ànimo de S. £.,
y que yo debia procurar estar muy bien con él.
Para principiar, prosiguiô el duque , a ponerte en posesion de
mi confianza, voy à descubrirte un designio que medito, por-
que conviene te enteres de èl à fin de que procures desempeûar
]os encargos que pienso darte en adelante. Hace mucho tiempo
que yeo mi autoridad generalmente respetada , que mis ôrdenes
se obedecen ciegamente, y que dispongo à mi arbitrio de los car-
gos» empleos, gobiernos, yireinatos, beneficios> y aunme atreiro
à decir, que reino en Espafia. Mi fortuna no puede llegar i mas ;
pero quisiera preservarla de las borrascas que empiezan & ame-
nazarla ; y à este efecto desearia me sucediese en el ministerio
el conde de Lëmos , mi sobrino.
Habiendo advertido el ministro que este ultimo punto me ha-
bia sorprendido en extremo , me dijo : Yeo bien , Santillana ,
conozco bien lo que te admira. Te parece muy extrafio que pre-
fiera mi sobrino à mi propio hijo el duque de Uceda; pero bas
de saber que este es de cortisimos alcances para ocupar mi puesto,
y que ademas soy su enemigo. No puedo lleyar el que baya ha-
llado el secreto de agradar al rey, y que este quiera hacerle su
privado. El favor de un soberano se parece à la posesion de
una muger à quien se adora ; es esta una felicidad tan envidiable
que nadie quiere que un rival tenga parte en ella por mas que
le unan à él los lazos de la sangre y de la amistad.
En esto te manifiesto, continué, lo Intimo de mi corazon. Ya
he întcntado desconceptuar en el ànimo del rey al duque de Uceda,
y no habiendo podido conseguirlo , he levantado otra bateria ;
quiero que el conde de Lémos por su parte se grangee la esti-
madon del principe de EspaAa. Siendo gentilhombre de c&mara
con destino à su cuarto , tiene ocasion de hablarle à cada paso ,
y ademas de que tiene talento , yo se un medio de hacerle lograr
esta empresa. Con esta estratagema , contraponiendo mi hijo à
mi sobrino, suscitaré entre estos primos una competencia que
les obligarà à ambos à buscar mi apoyo , y esta necesîdad que
tendrin de mi hari me estén uno y otro sumisos : ve aqui cual
S4
^70 GIL M.AS.
es mi proyecto , afiadiô , y ta mediacion no me serA ioAUl en él.
Te enviarè à hal>lar secretamente al conde de Lémos , y me con-
tarés de sa parte lo que tenga qae participarme.
Despoes de esta confianza , qae yo miraba como dinero coo-
tante, cesô mi inquietad. En fin, decia yo, heme aqai colocado
en una sitoacion que me promete montes de oro; porqae es im-
posible que el confidente de un hombre que gobierna la monar-
quia espaAoIa no se halle bien presto eolmado do riqaezas.
Poseido de tan dulce esperanza veia con indiferencia apararse
mi pobre bolsillo.
CAPITULO V.
En el que se rerâ â Gil BlasUeno de gozo, de honra , y de miseria.
Bien presto se echo de ver el favor que yo merecia al minis-
trOy y él mismo lo dabaâ entender pùblicamente , entr^àndome
la boisa de los papeles que acostumbraba entes Uevar S. £•
mismo cuando iba à despachar. Esta novedad, quediô motivo
para que me tuviesen en el concepto do un valido, excité la en-
vidia de muchos , y me atrajo bastantes cumplimientos de corte.
Los dos oficiales , mis inmediatos , no fuéron los ùltimos à feli-
citarme sobre mi prôxima elevacion, ymeconvidàronàcenar en
casa de su viuda, no tanto por correspondencia, coanto con la
mira de tenerme obligado à su £avor para en adelante. Me veia
obseqniado por todas partes ,Jy hasta el orgulloso Calderon mudô
de modales conmigo. Ya me Uamaba zeiior de SaniUiana, coando
hasta entônces me habia tratado siempre de vos, sin haber em-
pleado jamas el tratamiento de vmd. ; se me mostraba muy pro-
picio, especialmente cuando pensaba que nuestro favorecedor
podia notarlo ; pero aseguro que no trataba con ningun toato.
Yo correspondia à sus atenciones con tanta mas urbanidad coanto
mas le aborrecia. No se hubiera portado mejor un cortesano
consumado.
Tambien acompaftaba al duque mi sefkor cuando iba i palado,
que por lo regular era très veces al dia. Por la maAana entraba
en el cuarto de S. M. cuando ya estaba despierto; se ponia de
rodillas junto à la cabecera de su cama ; hablàbale de lo que ha*
bia S. M. de hacer en el dia , y le dîctaba las cosas que habia de
decir , con lo que se retiraba. Despues de comer vol via, no para
hablarle de negocios, sino de cosas alegres : le divertia contàn-
dole todos los lances graciosos que ocurrian en Madrid , los cua-
les era siempre el primero que los sabia , porque tenia personas
pagadas é este efecto; y en fin, iba por la noche la tercera vez
à ver al rey , le daba cuenta como le parecia de lo que habia he-
LIBRO OCTAVO. 371 •
cho en el dia, y le pedia por ceremonia sus ôrdenes para el dia
siguiente. Miéntras estaba con S. M. yo me qaedaba en la anteca-.
mara, en donde habia personas distinguidas dedicadas à solicitar
la proteccion de la cone , que anhelaban mi oonversacion , y se
Tanag^orîaban de que yo me dignara concedërsela. En vista de
este, icomo podria yo no creerme hombre de importancia?
Muchos hay en la corte que con mènos fundamento se tienen por
taies.
Un dia tuve mayor molivo para envanecerme. El rey, à quien
el daque habia hablado con grande elogio de mi estilo , tuvo la
coriosidad de ver una muestra de él. S. £. me hizo tomar el re-
gistro de Catahifia , Uevôme é presencia del monarca y y me mandô
leyeseel primer extracto que habia formado. Si la presencia de!
soberano me turbô al pronto , la del ministro me animô inmedia-
lamente , y lei mi obra que S. M. oyô con agrado ; y tuvo la bon-
dad de asegurar que estaba satisfecho de mi , y aun la de encar-
gar é su ministro cuidase demis ascensos : todo lo cual en pada
disminuyô el orgullo deque yo ya estaba poseido, y la couver-^
sacion que tuye pocos dias despues con el conde de Lémos acabô
de llenarme la cabeza de ideas ambiciosas.
Fui un dia à buscar à este seAor de parte de su tio al cuarto
del principe , y le présenté una carta credencial , en la que el du-
que le aseguraba podia hablarme con confianza , como que estaba
enterado del asunto que tenian entre manos, y escogido para
mensagero de ambos. El conde , asi que leyô la esqnela , me con-
dujo é un cuarto donde nos encerrâmos solos, y alli aquel ca-
ballero jôyen me hablô en estos términos : Supuesto que ymd.
ha logrado la confianza del duque de Lerma , no dudo que la
mereceréy ni tengo dificultad en hacer à vmd. depositario de la
mia. Sabra vmd., pues, que las cosas van à pedir de boca : el
principe de Espaûa me distingue entre todos los seilores de sa
servidumbre , que estudian el modo de agradarle. Esta maûana
he tenido una conférenda con S. A., en la que me ha parecido
estar disgustado de verse por la mezquindad del rey sin iacultades
para seguir los impulsos de su generoso corazon, y aun de ha-
cer un gasto correspondiente â un principe. Yo le he maniféstado
cuanto lo sentia ; y aprovechândome de la ocasion he ofirecido
Hevarle maflana cuando se levante mil doblones, esperando
mayores sumas, las que he asegurado le suministraré sin tar-
danza : mi oférta le ha complacido mucho , y estoy cîerto de
capiar su benevolencia si le cumplo la palabra. Id , aftadiô , no-
liciad â mi tio estos pormenores , y volved esta tarde â decirm*
su sentir acerca de ello.
Luego que concluyô, me despedi de él, y pasé à dar parte al
duque de Lerma, quien , oido mi recado, enviô â pedir à Calderon
ttil doblones, de que me hice cargo aquella tarde, y fui & lie-
372 GIL BLA&
vàrselos al conde , didendo entre mi : Bueno , bueno ; ahora Teo
claramente cual es el medio infelible de que se vale el miaistro
)Kira salir con su intento : pardiez que tiene razon ; y segun to—
das las seflales estas prodi^^idades no le arraioaran : fôcîlmente
adivino de que eofre saca estos hermosos doblones; pero bien
consideradOy ;no es razon que el padre sea quien mantenga al
hijo? Al separarme del conde de Lémos me dijo en voz baja : A
IKos , nuestro amado confidente : el principe de Espafta es un
poco inclinado à las damas , y sera necesario que tu y yo tratc^
mos de este punto en la primera ocasion , porque preveo que
muy presto necesitaré de tu ministerio. Me retiré reflexionando
en estas palabras , que à la verdad no eran ambiguas , y que me
llenaban de satisfoccion. Como diablos es esto, decia yo, ;si
estaré proximo é ser el mercurio del heredero de la monarquia ?
Yo no examinaba j»i esto era bueno é malo , porque la calidad
del galan ofiiscaba mi conciencia. ; Que gloria para mi ser agente
de los placeres de un gran principe I ;0h! poco à poco, senor
Gil Bias y se me dira , no se trataba en cuanto à tos mas que de
haceros un agente subalterno ; convengo en ello ; pero en sus-
tancia estos dos cmpleos son de tanto honor uno como otro :
sola mente se diferencian en el provecho.
Curopliendo bien con estas nobles comisiones, adelantando
mas de dia en dia en la gracia del primer ministro , y con tan
lisonjeras esperanzas , i que feliz no habria yo sido si la ambicion
me hubiera preservado de la hambre ! Ya hacia mas de dos
meses que habia dejado mi aposento magnifico , y ocupaba un
cuarto pequefto en una de las posadas de caballeros mas econ6-
micas. Aunque esto me causaba sentimiento, lo lle>aba con pa-
ciencia, porque salia de madrugada, y no vol via hasta la noche
â la hora de acostarme. Todo el dia estaba en mi teatro , es
decir, en casa del duque, en donde hacia el papel de seûor;
pero cuando me retiraba à mi cuartito desaparecia el seâor, y
solo quedaba el pobre Gil Bias sin dinero, y lo peor de todo sin
tener de que hacerle. Ademas de que yo era demasiado orgulloso
para descubrir à alguno mis necesidades ; à nadie conocia que
pudiese socorrerme sino à Navarro , à quien no me atrevia a
recurrir, por haber hecho poco caso de él desde que me habia
introducido en la corte. Me vi precisado é vender mis vestidos
uno à uno sin quedarme mas que con aquellos que precisamente
necesitaba , y ya no iba â la hosterla por no tener con que pagar
mi manutencion. Mas ; que hacia yo para subsistir? Voy à de-
cirlo: todas las maOanas nos traian à la oficina para desayunarnos
on panedllo y un traguito de vino; esto era cuanto nos hacia
dar el ministro. Yo no comia mas en todo el dia, y comunmente
me acostaba sin cenar.
Tal era la suerte de un hombre que brillaba en la corte, y
LIBRO OCTAVO. 373
que debia causar mas léstima que envidia. Sin embargo , no pu-
diendo resistir & mi misem, me determine por ultimo à desco-
brirsela con mafia al duque de Lerma si encontraba ocasion. Por
fortuna se présenté esta en el Escortai , i donde el rey y el prin-
cipe de Espafia fiiëron algunos dias despues.
CAPITULO VI.
Que modo tuTO Gil Bias de dar à conooer sa pobreza al duque de Lerma ,
\y como se porto oon ël este ministro.
Cnando el rey estaba en el Escortai mantenia i toda la comi-
tiva , de modo que alli no sentia yo el peso de la miseria. Dormia
en nnarecàmara cerca del cuarto del duque. Una maflana habién-
dose levantado el ministro segun su costumbre al romper el dia^
me hizo tomar algunos papeles con recado do escribir , y me
dijo le siguiese à los jardines de palacio. Nos sentâmos debajo
de unos àrboles , en donde por ôrden suya me puse en la actî-
tud de un hombre que escribe sobre la copa de su sombrero ,
y S. E. aparentaba leer un papel que tenia en la mano. Desde
léjos parecia que estabamos ocupados en negocios muy grades ,
y â la verdad solo hablabamos de bagatelas , porque é S. E. no le
disgttstaban.
Ya hacia mas de una bora que le diyertia con todas las agu-
dezas que me sugeria mi humor jocoso , cuando yiniéron à plan-
tarse dos urracas sobre los àrboles que nos cubrian con su
sombra. Comenzéron & charlar con tanta algazara, que nos Ua-
mâron la atencion. Estas aves, dijo el duque , parece que riften,
y me alegraria saber el asunto de su pendencia. Sefior, le dije,
la'cnriosidad de Y. E. me trae à la memoria una fabula indiana
que lei en Pilpai ô en otro autor fabulista. El ministro me pre-
guntô que fabula era esta , y se la conté en estos térmmos:
En cierto tiempo reinaba en Persia un buen monarca , que, no
teniendo suflciente capacidad para gobernar por si mismo sus
estados, dejaba este cuidado à su gran yisir. Este ministro 11a-
mado Atalmuc tenia un gran talento. Sostenia sin fetiga el peso
de aquella vasta monarquia , manteniéndola en una paz profunda ,
y poseia tambien el arte de hacer amaUe y respetable la auto-
ridad real , en tërminos que los vasallos hallaban un padre afec-
tuoso en un visir fiel à su monarca. Atalmuc tenia entre sus se-
cretarios un jôven cachemiriano llamado Zangir , à quien estimaba
mas que à los otros , y con cuya conversacion se complacia ,
lie?éndole eonsigo a la caza, y descubriéndole hasta sus mas
intimos secretes. Un dia que andaban cazando ambos por un
bofique, viendo el yisir dos cueryos que graznaban sobre an
974 GIL BLAS.
érboly d$o i n secretario: Me alegran «ibw lo qae estas aves
se dicen en sa lengua. Seftor, le respondié d Cachemiriano ,
Toestros deseos se pueden satisfacer. ; Y como ? dijo Atalmnc
Habeis de saber , seftor^ respondiô Zangir ^ qae an denridi ca-
balista me enseftô el idioma de las ayes. Si lo deseais , yo escu-
charé é estos Cuervos , y os repetirë palabra por pa]id>ra lo que
les haya oido.
Consintiô en ello el yisir, y acercAndose et Cachemiriano i los
caeryoSy y haciendo como que los escachaba atentamente, yol-
y 16 despaes i sa amo , y le dijo: Seflor , ;podriais creerlo? nos-
otros somos el asonto de sa conyersacion. Eso no es posible ,
exclamô el ministro persiano. ^Pnes que dicen de nosotros?
Uno de ellos , replicô el secretario , ha dicbo : Ye aqui al mismo
gran yisir , â esa éguila tatelar que cabre con sas alas la Persia
como sa nido, y que se desyela sin césar por su conseryacion.
Para descansar de sus penosas tareas yiene à cazar a este bos-
qoe con su fiel Zangir. ; Qaè dichoso es este secretario en servir
i on amo qœ le hace mil fayores 1 Poco i poco , interrampié el
otro cueryo, poco i poco: no pondères tanto la félicidad de
ese Cachemiriano. Es cierto que Atalmuc conversa con él fiuni-
liarmente, que le honra con sa confianza; y tampoco pongo
dada en que tendra intencion de darle algun dia un empleo im-
portante ; pero entre tanto Zangir se morirà de hambre. Este
pobre infeliz esta viviendo en un miserable caarto de una po-
sada, en donde carece de lo mas necesario; en una palabra,
pasa una vida miserable sin que ninguno de la corte lo eche de
yer. El gran visir no cuida de saber si tiene 6 no oon que vivir,
y contenténdose con tenerle afecto , le déjà entregado à la mi-
séria.
Aqui cesë de hablar para ver como se explicaba el duqae de
Lerma , quien me preganto sonriëndose , que impresion habia
hecho este apôlogo en el ànimo de Atalmuc, y si aquel gran
yisir se habia ofendîdo del atrevimiento de su secretario. No,
seûor y le respondi algo turbado de su pregunta : la fabula dice
al contrario que le colmô de beneficios. Fué fortuna , repitiô
el dnqœ con seriedad, porque hay ministros que no llevarian é
bien se les diesen semejantes lecciones. Pero , afladi6 oort^ido
la conyersacion y levantindose, creo que el rey no tardaré ma-
cho en despertar. Mi obUgacion me llama é su lado. Didio este
se encaminômuy de prisa hàcia palacio sin hablarme mas, y, i lo
que me pareciô, may disgustado de mi fôbnla indiana.
Seguile hasta la puerta del caarto de S. M., y despaes fui â
poner los papeles que llevaba en el sitio de donde los habia
tomado. Entré en un gabinete, en donde trabajaban nuestros dos
secretarios copiantes, que tambien habian ido â hi jomada. ^Qué
tiene ymd.» seflor de Santillana, dijéron ai verme? ymd. esta
LIBRO OCTAVO. 875
moy demudado. A vmd. le ha sucedido algan lance pesaroso.
Yo estaba demasiado impresionado del mal efecto de mi apô-
logo para ocaltarles la causa de mi afliccion; y asi les conté las
cosas que Iiabia dicho al duque ; y se manifestéron sensibles é la
gran pesadumbre de que les pareci poseido. Tiene ymA. razon
para estar desazonado , me dijo uno de ellos: S. E. toma algunas
veces las cosas al rêves. Esa es mucha >erdad , dîjo el otro ;
qutera Bios que sea vmd. mejqr tratado que lo fùé un secretario
del cardenal Espinosa , que, cansado de no haber recibido nada
en quince meses que le tenia empleado su eminencia, se tomô
un diala libertad de manifestarie sus necesidades, y de pedir
algun dinero para mantenerse. Razon es, le dijo el ministro,
que se os pague. Tomad, prosiguiô, dàndole una libranza de
mil docados, id à la tesoreria real à recibir este dinero; pero
acordaos al mismo tiempo que quedo agradecido à vuestros ser-
vîcios. £1 secretario se hubiera ido consolado de ser despedido ,
si despues de recibidos los mil ducados le hubiesen dejado bu6ca^
acomodo en otra parte; pero al salir de casa del cardenal le
prendiô un alguacil , y le condujo à la torre de Segovia , en donde
ha estado mucho tiempo.
Este hecbo histôrico aumentô mi temor de modo que me con-
templé perdido , y no hallando consuelo , empezé é reprenderme
de mi poca padencia , como si no la hubiese tenido sobrada. ; Ay
de mi ! decia, ipara que me habré yo aventurado à relatar aquella
deagraciada fôbula, que ba desagradado al ministre! Acàso iria
ya à sacarme de mi apuro , y quizâ estaba yo en visperas de
hacer una de aquellas fortunas ràpidas que asombran. iQué de
riquezas , que de honores pierdo por mi desatino ! Debia haber
mirado que hay grandes que no gustan se les advierta nada , y
que hasta las mas levés cosas que tienen obligacion de dar
quieren sean recibidas como gracias. Mejor me hubiera estado
continuar con mi dieta, sin maniféstar nada al duque , y aun de-
jarme morir de hambre para echarle é él toda la culpa.
Aunqne hubiera conservado alguna esperanza, mi amo, à quien
vi por la siesta , me la habria desvanecido enteramente. S. £. se
mostrô contra su costumbre muy serio conmigo, y no me hablô
palabra, lo que en el reste del dia me caus6 una inquietud mor-
tal , sin que en la noche estuviese mas tranquflo. La desazon de
ver desaparecerse mis agradables ilusiones , y el temor de au-
mentar el numéro de los presos de estado , solo me permitièron
suspirar y lamentarme.
El dia siguiente fué el dia de crisis. El duque me hizo llamar
aquella mafkana : entré en su cuarto mas azorado que un reo que
va à ser juzgado. Santillana , me dijo alargàndome un papel que
tenia en la mano , toma esta libranza... Esta palitea libranza me
estremeci6, y dije entre ml : ;0h cielos ! j aqui tenemos al car--
376 GIL BLAS.
denal Espinosa ! el carroage esti prevenido para Segovia. £1
sobresalto que se apoderè demi eo aquel momento fîièud que in-
temunpi al ministro , y arrojàDdome à sus piëa , le dije , anûegado
en Uanto : SeAor , sapUco à V. £. may hunildemente perdone mi
atrevimiento. La necesidad me obligé à dar à entender à Y . E.
mi miseria.
El duque no pado dejar de reirse al ver mi torbacion. Con-
suëlate, Gil Bias, me respondiô, y^^me : aunqae el descabrirme
tus necesidades sea echarme en cSraëTno haberlas precavîdo,
no te lo tomo à mal , amigo mio ; intes bien me atribuyo el mal
à mi mismo por no haberte preguntado de que te mantenias.
Mas para comenzar a enmendar este descoido , te doy una lî-
branza de mil y quinientos ducados , los cuales te entregaran a
la yista en la tesoreria real. No es esto solo : lo mismo te pre-»
meto todos los aûos ; y ademas te doy focultad de que me babies
en fevor de personas rieas y generosas que busquen tu proteocion.
En el impulso de gozo que me causàron estas palabras besè
los pies al ministro, quien, habièndome mandado levantar, ^gui6
hablando conmigo familiarmente. Por mi parte quise recobrar mi
buen humor ; pero no me fué posible pasar con tanta rapidez
de la pena à la alegria. Quedé tan turbado como un delincuente
que oye gritar perdon en el instante que creia recibir el golpe
mortal. Mi amo atribuyo mi agitacion à solo el temor de haberle
desagradadOy aunque el temor de una prision perpétua no tuvo
en ello ménos parte ; y me confesô que habia aparentado tibieza
para yer si yo sentia mucho su mudanza; que mi sentimiento le
habia hecho conocer la incliiiacion que le tenia , por lo que ël
tambien me apreciaba mas.
CAPITULO VU.
De lo bien que empleô sas mil y quinientos ducados : dd primer ncgocio en que
raediô , y del provecho que saoô de él.
El rey, como si hubiera qucrido librarme de mi impaciencia,
se Tolviô el dia siguiente é Madrid : fui volando â la tesoreria real ,
en donde cobrë inmediatamente el importe de mi libramiento.
Es de admirar que no se le trastorne el juicio à un mendigo que
pasa prontamente de la miscria à la opulencia. Yo mudè asi que
varié de suerte, y no escuchë mas que à mi ambiçion y mi vanidad.
Dejë mi miserable posada de caballeros pars^ los secretarios que
aun no habian aprendido el lenguage de los pàjaros ,_ y por la
segunda vez alquilë mi hermosa yivienda, que por fortooa
estaba desocupada. Envié à buscar un sastre femoso que vestia
à casi todos los elegantes : me tomo la medida , y me Ilevô à
LIBRO OCTAVO. 877
casa de un mercader de donde sacô seis varas de paflo que decia
se necesitaban para hacerme un vesUdo. { Seis varas de paAo
para un yesUdo â la espaAoIa ! \ À donde iramos à parar !... Pero
no murmoremos sobre esto. Los sastres afamados siempre ne-
cesitan mas que los otros. Compré ademas ropa blanca que me
hacia gran falta, médias de seda , y un sombrero de castor con
galon de oro.
Despues de esto , no siëndome décente pasar sin un lacayo ,
snpliquè à Vicente Foreto mi huèsped me buscase nno de su
satisfoccion. Los mas de los extrangeros que alojaban en su casa
solian, luego que llegaban à Madrid , recibir criados espafloles;
lo que atraia à aquella posada todos los lacayos que se en-
contrabaa sin acomodo. £1 primero que se présenté era un
mozo de una fisonomia tan apacible y tan devota que no le
quise ; me parecia yer en él à Amlu'osio de Lamela. Yo no
quiero , dije à Foreto , criados que tengan un aspecto tan vir-
tuoso , porque estoy escarmentado de ellos. Apénas despaché â
este , cuando Uegô otro que me parecia muy despierto , mas aris-
cado que un page cortesano, y ademas un si es no es taimado. Este
me agradô. Hicele algunas preguntas , à las que respondiô cou
despejo ; çonoci que era travieso , y como de molde para mis
asuntos. Le recibi , y no me peso de mi eleccion ; entes adverti
bien presto que habia hecho un buen hallazgo. Como el duque
me habia permitido le hablase à fevor de las personas é quienes
(ieseara servir , y yo estaba en ânimo de no despreciar tan util
penniso , necesitaba de un perdiguero que descubriese la caza ;
es decir , de un hombre astuto que tuviese mafia , y pudiera
escudrifiar y traerme gentes que tuviesen que pedir al primer
ministro. Cabalmente esta era la habilidad de Escipion , que asi
se llamaba mi lacayo , que habia servido à dofla Ana de Guevara ,
ama de lèche del principe de EspaAa, en cuya casa la habia
ejercitado , siendo esta sefkora una de aquellas que miràndose
con algun valimiento en la oorte quieren aprovecharse de él.
Asi que manifesté à Escipion que me era posible obtener
gracias del rey , saliô à campafta , y el mismo dia me dijo : Seftor ,
he hecho un gran descubrimiento ; acaba de llegar à Madrid un
mozo , caballero granadino , llamado don Rogerio de Rada. Desea
la protecdon de vmd. para con el duque de Lerma en un negocio
de honor , y pagarà bien el favor que se le haga : me he visto
con é\y y queria dirigirse à don Rodrigo, cuyo poder le han
ponderado; pero se lo he quitado de la cabeza, haciéndole
saber que este secretario vendia sus buenos oficios à peso de
oro , en vez de que vmd. se contentaba cou una décente demos-
tracion de agradecitniento , y que aun haria vmd.'el empefio
de balde si su situacion le permiiiese seguir su inclinacion
generosa y desinteresada. En fin , le he hablado de modo que
378 GIL BLAS.
maAana por la maflana le tendra vmd. aqai de madrogada.
{GomOy poegy le dije, sefkor Esdpion, ymd. ha andado ya
macho camino ! Conosco que no es ymd. noyicio en materia de
manejos , y extrafio que no esté ymd. mas rico. Esto es lo que
no debe sorprender é ymd. , me respondîô ; yo no atesoro , y
qniero qae circule el dinero.
Efectiyamente yino à verme don Rogerio de Rada , i qoien
recibi con una cortesia mezclada de grayedad. Sefior mio,
dije , antes de tomar cartas por ymd. , quiero saber el negocio
de honor que le trae é la corte, porque podria ser tal que no
me atreviera é hablar de él al primer ministro. Hégame ymd. ,
pues, si gusta, una fiel relacion, y créa que tomaré con calor
sus intereses , si son tales que pueda tomarlos é su cargo un
hombre honrado. Con mucho gusto, respondio el Granadino,
yoy à contar à ymd. mi historia sinceramente , y Aie de esta
suerte.
CAPITULO VIII.
Historia de don Rogerio de Rada.
Don Anastasio de Rada, hidalgo granadino , yivia dichoso en
la ciudad de Antequera con doua Estefania , su esposa , Ui que ,
ademas de su genio a£able y extremada hermosura , poseia una
sôlida yirtud. Si amaba ticrnamente à su marido , èl la corres^
pondia con extremo. Pero era muy zeloso ; y aunque no tenia
motiyo para dudar de la fidelidad de su muger , no dejaba de
yivir inquieto. Temia que algun enemigo oculto de su sosiego
intentase ofender su honor , y esta sopecha le hacia deconfiar de
sus amigos , ménos de don Huberto de Hordales que entraba li-
bremeçte en su casa como primo de Estefonia , siendo â la yer-
dad este el ùnico hombre de quien debia rezelar.
Efectiyamente, don Huberto, sin atender al parentesoo que
los unia , ni â la amistad particular que don Anastasio le profe-
saba, se enamorô de su prima, y tuyo atreyimiento de declararle
su amor. La seftora , que era prudente , en lugar de un rompi-
miento que hubiera tenido fotales consecuencias , reprendiô con
suavidad é su pariente lo graye de su maldad en qnerer seducirla
y deshonrar à su marido , y le dijo muy seriamente que no debia
esperar el logro de sus designos.
Esta moderacion solo siryiô de inflamar mas al caball^o , et
cual, imaginando que eranecesario arriesgarlo todo con una muger
de este caràcter , principiô à usar con ella de modales poco aten-
tos ; y un dia tuvo la avilantez de estrecharla à que satisfaciesc
sus deseos. Ella le rcchazô con seyeridad , y le amenazô con
que hariaque don Anastasio castigasc su arrojo.Espantado de la
LIBRO OCTAVO. 919
simeiiaza d galan , ofreciô do hablarle mas de amor , y en fe de
esta promesa Estefiinia le perdonô lo pasado.
Bon Huberto , que nataralmente era de mala indole , no podo
▼er tan mal pagado sa cariflo sin conoebir an y\l deseo de yea-
ganza. Conocia à don Anastasio por hombre zeloso y capaz de
créer todo caanto el qaisiera infiindirle: este conocimiento le
bastô para idearelmas horrible designio qae poeda caber en el
corazon mas malvado. Una tarde que se paseaba solo con este
dëbil esposo , le dijo con semblante may melancôlico : Mi amado
s^o^îgOy yo ^^ puedo estar mas dempo sin reyelaros an secreto
que no pensara descubriros si no conociera qae os importa mas
yaestro honor que yuestro reposo : yuestro pundonor y el mio
en punto de ofensas no me permiten ocultaros lo que pasa en
vuestra casa. Preparaos é oir una noticia que os causarâ tanta
afliccion como asombro, porque yoy àherirosen la parte mas
sensible.
Ya OS entiendo , interrompiô don Anastasio todo turbado ,
Tuestra prima me es infiel. Yo no la reconozco por prima y re-
poso Hordales con aspecto irritado : la desconozco ; es indigna de
teneros por marido. Eso es demasiado hacerme padecer , excla-
ma don Anastasio ; hablad : i que ha hecho Estefenia? Os ha
vendido , prosiguiô don Huberto. Teneis nn riyal â quien recibe
de ocultOy cuyo nombre no puedo decir, porque el adùltero é
lay or de una noche oscura se ha escondido de quien le obser-
yaba. Lo que yo se es que os engafla : y de ello estoy seguro.
£1 interes que debo tomar en este asunto os afianza la yerdad de
mi narracion. Cuando me declare contra Estefania es precise que
esté bien conyencido de su infidelidad.
Es inùtil y continue , habiendo obseryado que sus palabras cau-
saban el efecto que esperaba , es ocioso deciros mas. Adyierto
estais indignado de la ingratitud con que se atreye à pagar yues-
tro amor, y que méditais ana justa yenganza: yo no me opon-
drë à ella. No os pareis à considerar cual es la yictima que yais
 sacrificar : mostrad à toda la ciudad que nada hay que no
podais inmolar à yuestro honor.
De este modo excitaba el traidor â un esposo demasiado crédu-
le contra una muger inocente ; y le pintô con tan yiyos colores
la afrenta de que se cubria si dejaba la ofénsa sin castigo , que
llegô à encender en côlera à don Anastasio, el cual, perdido el
juicio , pareciendo que las furias le agitaban , yuelye à su casa
resuelto à dar de pufialadas à su desgraciada esposa. La encuen-
tra que iba é meterse en la cama ; al pronto se contiene esperan-
do que les criados se retiren. Entônces , sin contenerle el temor
de la ira del cielo , ni el deshonor que podria resultar à una
henrada femilia , ni aun cl amer natural que debia tener & la
criatura de seis meses de que su muger estaba embarazada , se
ago GIL BLAS.
acercô i su vioûma , y lleno de furor le dqo : Es preciso qne
mueras, malvada, y solo te queda un iosuinte de vida que mi
bondad te deja , para que pidas perdon al cielo del ultraje que
me has hecho. No quiero que pierdas tu alma como has perdido
el honor.
Dicho esto sacè un pufial : su accion y expresiones sobresal-
târon à EsteCania , la que echàndose à sus pies le dijo con las ma-
nos cruzadas , y fuera de si: ^Quë teneis, seflor? ^quë motive
de disgusto os he dado por desgracia mia para que llegueis à tal
extremo? ^ porqué quereis quitar la yida à Yuestra esposa? Si
sospechais que no os ha sido fiel, mirad que os engafiais.
No, no, repuso el irritado zeloso, estoy muy cierto de vuestra
traicion. Las personas que me lo han dicho son de todo crédite.
Don Huberto.... ; Ah, seftor ! interrumpiô ella con precipitacion :
no debeis fiaros de don Huberto, que no es tan amigo yuestro
como pensais. Si os ha dicho alguna cosa contra mi virtud , no
debeis creerle. Callad, infâme, replied don Anastasio : vos misma
acreditais mis sospechas con querer poner mal conmîgo à Hor-
dales, no penseis desvanecerlas ; si me lo quereis hacer sospe-
choso es porque esta enterado de yuestra mala conducta. Qui-
sierais destruir su testimonio ; pero semejante artificio es inutil ,
y aumenta en mi el dcseo que tengo de castigaros. Amado esposo
mio, repitiô la inocente Estefonia llorando amargamente, temed
yuestra ciega côlera ; si seguis sus moyimientos , oometerëis una
accion de que no podrëis consolaros cuando reconozcais la io-
justicia. Por amor de Dios aplacad yuestro enojo; à lo mënos
esperad que se aclaren vuestras sospechas , que entônces haréis
mas justicia à una muger que no es culpable.
A otro que à don Anastasio hubieran hecho fnerza estas pala-
bras, y today ia se hubiera enternecido mas con la afliccion de la
que las pronunciaba; pero el cruel marido, lëjos de ablandarse,
le dijo segunda yez que se encomendara à Dios , y alzô el brazo
para herirla. Detente , bàrbaro , gritô : si el amor que me has
tenido se ha extinguido enteramente ; si la ternura con que te he
amado se ha borrado de tu memoria ; si mis làgrimas no alcan-
zan à hacerte desistir de tu execrable intento, respeta siquiera â
tu propia sangre ; no armes tu mano furiosa contra nn inocente
que aun no ha yisto la luz. Tu no puedes ser yerdugo sin ofender
al cielo y à la tierra. Por lo que à mi toca te perdono mi muerte;
pero no dudes que la suya pedirà justicia de un atentado tan
horrible.
Por muy determinado que estuyiese don Anastasio à no hacer
caso de las disculpas de Estefania , las imigenes espantosas que
ofreciéron à su espiritu estas ultimas palabras no dejàron de
suspenderle ; y asi , como si hubiese temido que esta emocioo
paralizase su resentimiento , se aproyechô apresnradamente del
LIBRO OCTAVO. 381
iuror que le qnedaba, y atravesô con el pHftal el costado dereeho
de su nrageTy que cayendo al punto en tierra^ él la creyô muerta.
Saliô prontamente de su casa, y desapareciô de Anteqoera.
Entre tanto aquella desgradada esposa quedô tan tnrbada del
golpe que habia recibido, que permaneciè algunos instantes ten-
dida en tierra sin dar sefiales de ^ida ; pero recobrando al cabo
sus espiritus, empezô é quejarse y gémir , lo que hizo acudiese
luia duejla que la seryia. Luego que esta buena muger viô é su
ama en un estado tan lastimoso , diô taies gritos que despertè à
los demas criados y à los yecinos cercanos , de modo que en un
instante se llenô la sala de gente. Se llamàron cirujanos, quienes,
habiendo regiscrado la herida, no la tuviëron por peligrosa,
sin que errasen en su concepto. Curéron en poquisimo tiempo
à Estefania, quien diô félizmente à luz un hijo très meses des-
pues de aquel cruel suceso, y yo, seAor Gil Bias, soy el fruto de
a quel infeliz parto.
Aunque la murmuracion en ningana manera réserva la virtud
de las mugeres , respetô no obstante la de mi madre ; y esta
sangrienta escena se contaba en la ciudad como arrojo de un
marido zeloso. Es verdad que mi padre estaba reputado por
hombre Tiolento y fàcil en sospechar. Hordales juzgô con razon
que su prima presumiria que él con sus chismes habia trastornado
el ànimo de don Anastasio ; y satisfecho de haberse à lo mènos
▼engado , cesô de visitarla. Por no cansar é V. S. no me déten-
dre en contar la educacion que tuve ; solamente dire que mî
madre se dedicô principalmente à hacerme enseftar el arte de la
esgrima , y que me ejercité mucho tiempo en )as mas célèbres
escuelas de Granada y Seyilla. Ësperaba mi madre con impa-
ciencia que yo tuviese edad para medir mi espada con la de don
Huberto , para enlerarme entônces del motivo que tenia para
quejarse de él : y yiéndome en fin ya de diez y ocho aûos , me
lo descubriô, derramando abundantes làgrimas , y penetrada de
un amargo dolor. \ Que impresion no hace en un hijo dotado de
yalor y sensibilidad la vista de una madre en este estado ! Bus-
qué prontamente à Hordales, le conduje à un sitio retirado , en
donde despues de un largo combate le di très estocadas, y cayô
en tierra.
Sintiéndose don Huberto mortalmente herido , fijô en ml sus
ultimas miradas, y me dijo que recibia la muerte de mi mano ,
como justo castigo del delito que habia cometido contra el honor
de mi madre. Confesôme que , por vengarse del rigor con que le
habia despreciado, tomô la resolucion de perderla; y luego
espirô pidiendo perdon de su culpa al cielo , à don Anastasio ,
à Estefenia y é mi. No juzgué acertado volver à casa â informar
à mi madre de este acontecimiento, cuyo cuidado dejé à la lama.
Pasè la sierra, y Uegué â la ciudad de Malaga, donde me em-
3S3 GIL BLAS.
barque con un corsario que salia del puerto, quien , conceptuando
que no me feltaba valor, consintiô gustoso en que me uniese à
los Yoluntarios que tenia à bordo.
No ttirdàmos mucho en hallar ocasion de distinguirnos. En las
cercanias de las islas de Alboran enoontràmos un corsario de
Melilla, que Tolvia hàcia las costas de Afirica con una embarca-
don espafiola rîcamente cargada, que habia apresado en las
aguas de Cartagena. Acometimos intrépidamente al Africano , y
nos apoderàmos de sus dos bajeles, en los cuales iban ochents
cristianos que condncia esclayos à Berberia ; y aprovechando un
viento que se leyantô, y nos era favorable para acercamos à la
Costa de Granada, Uegàmos en brève tiempo à Punta de Helena.
Preguntamos à los cautivos à quienes babiamos liberiado de
que parages eran , y yo hice esta pregunta à un bombre de
mny buen aspecto , que podia tener cincuenta aâos cumplidos.
Respondiôme suspirando que era de Antequera. Su respuesta me
commoviô sin saber porqué ; |y tambien adverti que se turbaba.
Dijele : Yo soy paisano vuestro , ^ podrèmos saber vuestra fiuni-
lia ? ; Ah ! me dijo , no me insteis à que satisfieiga vuestra curiosi-
dad si no qnereis renovar mi dolor. Diez y odio aAos hace que
falto de Antequera, en donde no se pueden acordar de mi sin
horror. Vmd. habrà quizà oido muchas veces hablar de mi. Me
Uamo don Anastasio de Rada. ; Vàlgame Biosl exclamé, f, debo
créer lo que oigo ? i con que vmd. es don Anastasio ? ^ es pues mi
padre el que veo ? ; Que decis, jô ven , exclamé miràndome atônitot
; sera posible seais aquel nifio desgraciado que todavia estaba en
el vientre de su madré cuando la sacrifiqué à mi furor? Si, padre
mio , le dije , yo soy à quien la virtuosa Estefonia pariô très me-
ses despues de la f unesta noche en que la dejésteis anegada eo sa
saugre.
Bon Anastasio no esperô à que acabase estas palabras para abra-
zarme estrediamente , y en un cuarto de hora no hicimos mas
que mezclar nuestros suspiros y lAgrimas. Despues de habemos
entregado à lostiernos afectos que semejante encuentro debia
inspirar, alzô mi padre los ojos al cielo para darle gracias de ha-
ber salvado la vida à £ste£ania; pero pasado un momento , como
si temiese dàrselas sin motivo, se dirigiô â mi, y me preguntô
de que manera se habia averiguado ]a inocencia de su muger.
Seâor, le respondi, nadie ha dudado jamas de ella sino vos. La con-
ducta de vuestra esposa ha sido siempre irrrèprensible. Es nece-
sario que yo os desengaûe. Sabed que don Huberto fué quien os
engaftô; y entônces le conté toda la perfidia de este pariente;
como me habia vengado de él, y lo que me habia confesado al morir.
A mi padre no le causô tanto placer el haber recobrado la liber-
tad como el oir las nuevas que le anunciaba. Colmado de aie-
gria volviô é abrazarme tiernamente : y no se cansaba de mani-
LIBRO OCTAVO. 383
festarme lo gustoso que estaba coninigo. Vamos , hijo mio , me
dijo , tomeoios presto el camino de Antequera. No tendre sosiego
hasta echarme à los pies de una esposa à quien tan indignamente
he tratado ; porque despues de conocida mi injusticia siento crue-
ls remordimientos qae despedazan mi corazon. Beseando yo réunir
estas dos personas para mi tan amables , no quise se alargase tan
dutce momento. Dejé àl corsario , y como mi padre no queria ex-
ponerse à los peligros del mar, comprè en Adra , con el dinero
que me toc6 de la presa , dos mulas. £1 camino dio tiempo para
que me contase sus aventuras , que escuchë con aquella atencion
ansiosa que presto el principe de Itaca ' à la narracion de las del
rey su padre. En fin , despues de muchas jornadas lleg&mos al pie
del monte mas inmediato é Antequera , en donde hicimos alto ,
y esperémos la media noche para entrar secretamente en nuestra
casa.
Imagine Y. S. la sorpresa de mi madre al rer à un marido que
creia perdido para siempre ; y todavia la admiraba mas el modo
milagroso con que puede decirse le habia sido restituido. Pidiô-
le mi padre perdon de su barbarie con demostraciones tan vé-
hémentes de arrepentimiento, que entemecida mi madre, en
lugar de mirarle como é un asesino, viô en él un hombre i quien
el cielo la habia sometido ; tan sagrado es el nombre de esposo
para una muger virtnosa. Estefeida sintiô en extremo mi fùga ,
y tavo mucho gusto de venue; pero su alegria no fué sin de-
sazon. Una hermana de Hordales procedia criminalmente contra
el matador de su hermano , y me hacia buscar por todas partes ;
de suerte que mi madre estaba inquiéta viéndome en nuestra
casa sin seguridad. Esto me obligô & partir aquella misma no-
che para la corte, adonde vengo, seftor, é solicitar el perdon,
que espero obtener, puesto que V. S. quiere hablar à mi fovor
sJ primer ministro , y apoyarme con todo su valimiento.
£1 valiente hijo de don Anastasio di6 fin aqui à su narracîon,
y yo con mucha gravedad le dije: Basta, sefior don Rogerio; el
caso me parece perdonable; quedo con el encargo de referir
puntualmente este asunto à S. E., y me atrevo à prometeros su
proteccion. Sobre esto el Granadino me diô mil gracias, que por
un oido me hubieran entrado , y por otro salido , à no haberme
asegurado se seguiria la gratificadon al favor que le hiciera ; pero
luego que toco esta cuerda me puse en movimiento. El mismo
dia conté este suceso al duque, quien, habiëndome permitido le
presentara el caballero , le dijo : Don Rogerio , estoy enterado
del lance de honor que os trae à la corte : Santillana me ha di-
cho todas sus circunstancias : sosegaos. Vuestra accion es discul-
pable; y S. M. gusta de perdonar d los nobles que vengan su
' TeUmaco ^ cuando yolriô sa padre UHses de las expediciones por laGrecia.
384 GIL BLAS.
honor ofendido. Es neœnrio que por para formaUdad esteis
preso ; pero \iyid seguro de que no lo estaréis largo tiempo. En
Santillana teneis un buen amigo que se encargari de lo demas;
el acelerarà yuestra libertad.
Don Rogerio hizo una profunda rererencia al minbtro , sobre
cuya palabra se Aie à la càrcel. Sa carta de perdon se le expédié
kunediatamente en foerza de mi solicilud. En mënos de diez diss
enyié é este nuevo Telémaco à reunirse con su Ulises y su Pé-
nélope ; en vez de que si no hubiera tenido protector y dinero
acaso hubiera pasado un afto en la prision. De todo esto no sa-
qué mas que cien doblones : no fué este lance muy provechoso;
pero yo no era todavia un don Rodrigo Galderon para despre-
ciarlo.
CAPITULO IX.
Por que medios Gil Bias hizo en poco tiempo una gran foiluna ; y de oomo tomô
el aire de persona de importancia.
£1 asunto que acabo de referir me engolosinô , y diez doblones
que di â Ëscipion por su corretage le animàron à bacer naevas
investigaciones. Ya dejo celebrados sus talentos para esto , por lo
que se le podia dar el renombre de Ëscipion el grande. El se-
gundo pénitente que me Uevô fué un impresor de libros de caba-
lleria , que se habia enriquecido à despecho del sano juicio. Este
impresor habia reimpreso una obra de uno de sus compafieros ,
y le habian embargado la edicion. Por trescientos ducados con-
segui se le devolviesen sus ejemplares , y le libre de una fiierte
multa. Aunque esto no era de la inspeccion del primer ministre,
S. £. quiso à mi ruego interponer su autoridad. Despues del im-
presor me trajo à las manos un mercader, y el negocio era el
siguiente. Un navio portugues habia sido apresado por un cor-
sario berberisco , y represado por otro de Cadiz. Las dos tcrceras
partes de mercancias de que iba cargado pertenecian é un raercader
de Lisboa , que , habiéndolas reclamado inùtilmente , yenia é la
corte de EspaAa à buscar un protector cuyo yalimiento fbese
bastante para hacérselas entregar, y tuyo la fortuna de encon-
trarlo en mi. Me empeAé por él , y recobrô sus géneros mediante
la cantidad de cuatrocientos doblones que pagô por el fayor.
Me parece que oigo al lector gritarme al Uegar aqui : Animo,
seftor de Santillana : càizese ymd. las botas ; pues esta en camino
de adelantar su fortuna. ; Oh 1 no dejaré de haoerlo. Si no me
engaûo , yeo Uegar à mi criado con un nueyo quidam que acaba
de enganchar. Cabalmente es Ëscipion : escuchémosie. Sefkor, me
dice , permitame ymd. le présente à este fiftmoso empirîco, quien
solicita un priyilegio para yender sus medicamentos por espado
LIBRO OCTAVO. 385
de dieoK aftos en todas las ciadades de la monarquia de Espafia,
€on exdosion de oualesquiera otros , es decir, que se prohiba i
las personas de su profesion establecerse en los lugares donde
esté. Por via de agradecimiento dare doscientos doUones al que
le saque el privilegio. Yo dije al charlatan » tomando el aspecto
de un protector : Id, amigo mio , i^uestra solicitud corre de mi
coenta. En efecto , pocos dias despues le saqué un privilegio que
le pennitia engafiar al pueblo exclusivamente en todos los reinos
de Espaâa.
Yo conoci la verdad de aquel refran que dice que el comer
y el rascar todo es empezar ; pero ademas de que adyertia que la
eodicia iba creciendo en mi & mefdida que iba adquiriendo ri-
quezaSy habia logrado de S. E. con.tanta facilidad las cuatro
gracfais de que acabo de hablar, que no^me detuye en pedirle la
qiunta« Esta fuè el gobierno de la ciudad de Vera en la costa de
Granada para un cabaUero de Calatrava que me ofrecia mil do-
Mones. £1 ministro se echo à reir yiéndome caminar tan de priesa.
\ Yiye diez» amigo Gil Bias, me dijo, como apretaisi Deseais
TÎTamente hacer bien al priSjimo. Mirad : cuando no se tratemas
que de bagatelas , no repararë en eUo ; pero cuando me pidais
gobiernos ù otras cosas de importandaos quedaréis enhorabuena
con la mitad del provecbo , y à mi me darëis la otra. No podeis
pensar, continue, el gasto que lengo precision de hacer, ni cuan»
tos arbitrios necesito para mantener la dignidad de mi empleo ,
porque , à pesar del desinteres que aparento à los ojos del mundo,
OS eonfieso que no soy tan imprudente que quiera abandonar mis
intereses propios. Siryaos esto de gobierno.
Con esta adyertencia me quite mi amo el temor de importu*
narle , à mas bien me exdtà à que prosiguiese con mayor empeûo,
y me senti ann mas sediento de riquezas que antes. Hubiera yo
entônees con gusto hecho fijar un cartel que dijese que todos
aquellos qae quisiwau conseguir gradas en la corte no tenian
mas que acndir à mi : yo iba por un lado , y Esdpion por otro,
boscando ocasiones de seryir por dinero. Mi caballero de Cala*
traya alcanzô el gobierno de Vera por sus mil doblones , y bien
presto bice concéder otro por el mismo predo é un caballero
de Santiago. No contento con nombrar gobemadores, concedi
hàbitos de las èrdenes militares, trasformè algunos buenos
plebeyos en malos hidalgos , con famosos titnlos de noblesa :
qvise tambien que la clereda participase de mis foyores , y asi
conferi benefidos cortos, canongias , y algunas dignidades ecle-
siisticas. En ôrden i los obispados y arzoUspados era el colador
de ellos el seAor don Rodrigo Calderon , quien ademas nombraba
para las togas , encomiendas y yireinatos ; lo que prueba que no
se proyeian los empieos grandes mejor que los pequefios, por-
que los sujelos i quienes nosotros degiamos para ocnpar los
S5
386 GIL BLAS.
puestos , de que haciamos on tràfico tan honorifico , no eran
Biempre los mas hâbfles ni los mas honrados. Sabiamos may bien
que los burlones de Madrid se divertian en este punto à costa
nuestra; pero nosotros pareciamos à los avaros que se consiielan
- de las murmuraciones del pueblo recontando su dinero.
Isocrates llama con razon à la intemperancia y à la locura com-
^aileros tMepamblei de Un rtcot. Guando me vi duefio de treînta
mil ducados , y en disposicion de ganar quizi diez tantos mas ,
juzgué me tocaba hacer un papel digno de un confidente^del pri-
mer ministro : alquilè una casa entera , que hice adomar lii|o6a-
mente ; comprë el «oche de un escribano que lo habia echado per
ostentacion , y que se deshizo de él por consejo de su panadero.
Recibi un cochero, très lacayos; y como es regular promover a
los criados antiguos , asoendi à Escipion al triple honor de mi
ayuda de càmara , mi secretario y mayordomo mio ; pero lo que
acabô de colmar mi orgullo foe que el ministro tuviese à bien
que mis criados lleirasen su librea. Con esto perdi lo que me
restaba de juicio : no estaba ménos loco que los discipulos de
Porcio Latro, cuando, â foerza de haber bdoido agua de comi-
nos 9 se pusiëron tan pélidos como su maestro , tmagîmtndose tan
sabîos como él ; poco me faltaba para juzgarme parieate del dnque
de Lerma. Se me puso en la cabeza pasaria por tal , y qnizàpor
uno de sus hijos bastardos ; cosa que me lisonjeaba extremada-
mente.
Aflâdase à esto que quise como S. £. tener mesa de estado ,
y à este efecto encarguë à Escipion me buscase un cocinero, y
me trajo uno que podiacasi compararsecon el del Romano No-
mentano de golosa memoria. Abasteci mi cueya de vinos exqui-
sitos ; y despues de haber hecho las demas provisiones necesarias,
principië â convidar gentes. Todas las noches yenian à cenar à
mi casa algunos de los principales covachuelistas del ministro ,
los cuales se apropiaban con yanidad el dictado de secretarios de
estado. Les tenia rony buena comida , y siempre iban bien bebi-
dos. Esdpion por su parte , porque tal amo tai criado , tambien
daba mesa en el tinelo , en donde à costa mia regalaba à sus oo-
nocidos. Pero ademas de que yo querîa à este mozo ; corne él
contribuia é hacerme ganar dinero , me pareda tenia derecho para
ayudarme à gastarlo ; fuera de que yo miraba estas disposîcîones
como un jôven que no reflexiona el daflo que se le signe, y solo
considéra el honor que le résulta de ellas. Habia asimismo otro
motiyo para no cuidar de esto, y era que los beneficios y em-
pleos no cesaban de traer agua al molino , con lo que mi caudal
se aumentaba cada dia, y yo creia- tener dayada la meda de la
fortuna.'
Solo fiiltaba à mi yanidad que Fabricio foese testigo de mi yida
ostentosa. Greyendo babria ya yuelto de Andalucia quise tener el
LIBRO OCTAVO. 387
^sto de sorprenderic , y à este fin le envié un papel anônimo ,
en el que le decia que un seflor siciliano , amigo suyo, le espe-
raba à cenar , seAalàndole dia y hora y lugar à donde debia acudir :
la dta era en mi casa. Nuùez vino à ella, y se quedô sumamente
admirado cuando snpo que yo era el sefior extrangero que le
habia conyidado. Si , ledije, amigo mio, yo soy el dueflo de esta
casa. Tengo coche , buena mesa, y sobre todo un gran caudal.
I Es posible , exclamô con viveza , que te encuentre nadando en la
opulencial \ cuanto mç alegro de haberte colocado con el conde
Galianol Bien te decia yo que aquel seflor era generoso, y que
no tardaria en acomodarte. Sin duda , afiadiô , que segulste el
sabio consejo que te di de aflojar algo la rienda al repostero ; sea
enhorabuena : con esa prudente conducta «ngordan tanto los ma-
yordomos de las casas grandes.
Dejé à Fabricio aplaudirse cuanto quiso de haberme llevado
é casa del conde Galiano; y despues, para moderar la alegria que
manifestaba de haberme agenciado tan buen puesto , le dije sin
omitir circnnstancia las seflales de agradecimiento con que este
seflor habia pagado lo que le habia servido ; pero percibiendo
que mi poeta mièntras yo le referia estos pormenores cantaba
interiormente la palinodia , le dije : Yo perdono al Siciliano su in-
gratitud. Hablando aqui entre los dos , mas motÎTO tengo de darme
el parabien que de lamentarme. Si el conde no se hubiera por-
tado mal conn^o, le habria seguido é Sicilia, en donde todavia
le estaria sirviendo esperanzado de un acomodo incierto. En una
palabra , no séria confidente del duque de Lerma.
Estas àltimas palabras dejéron tan atônito à Nuflez, que por
el pronto no pudo desplegar los labios ; pero luego rompiendo de
golpe el silencio me dijo : ;£s verdad lo que oigo? \ Que lograis
de la confianza del primer ministro ! La divido , le respond! , con
don Rodrigo Calderon , y segun las apariencias Uegaré mas léjos.
En yerdad, seflor de Santillana, replicô , que me causais admi-
radon. Sois capaz de desempeflar toda clase de empleos. \ Que
talentos seunen en vosl 0 mas bien, para servirme de una ex-
presion à nuestro modo , poseeis un talento universal ; es decir
que para todo sois adecuado. Finalmente, seflor, prosiguiô , me
alegro modio de la prospertdad de Y. S. | Oh , que diablos ! in-
lerrumpi yo, seflor Nuflez , nada de seflor ni sefioria. Dejaos de
esos tratamientos, y vivamos siempre con familiaridad. Tienes
razon, repitiô; aunque te hayas enriquecido no debo mirarte con
otros ojosque con los que te he mirado siempre. Pero , afladiô,
te confieso mi flaqueza ; al oir tu fortmia me ofosqué : gracias à
Dios, pasado mi alucinamiento no veo en ti mas que à mi amigo
Gil Bias.
Nuestra conversadon fué int*jrrumpida por cuatro ô cinco co-
vachuelistas que llegâron: Seflores , les dije , mostréndolesà Nu-
388 GIL BLAS.
fiez , ostedes cenarén con el seftor don Fabricio , que hace yenùê
digoos del rey Nama \ y qœ escribe en prosa como nadie escribe.
Por desgracia yo hablaba con gentes que hacian tan poco easo
de la poesia , que dejàron cortado al poeta: apènas se dîgniron
mirarle: per mas que dijo cosas may agudas para atraerse su
atencion , no le escuchàron ; lo que le picô tanto que, tomaado
una licencia poèlica , se escurrié suiilmente de entre todos , y desa-
pareciô. Nuestros coyachuelistas no advirtiéron su reiirada, y se
sentâron à la mesa sin preguntar siquiera que se habia hecho.
Al siguiente dia por la mafiana cuando yo me aeababa de ves-
tir y me disponia à salir de casa , el poeta de las Asturias entrô
en mi gabinete. Perdoname , amigo mio , me dijo , si he ofendido
à tus covachuelistas , pero hablando con franqueza me encontre
tan desairado entre ellos , que no pude resistir. Son para mi may
fastidiosos unos hombres tan presumidos y almidonados. No al-
canzo como tu, que tienes un entendimiento tan delicado, pue-
des acomodarte à conyidados tan estupidos. Yo quiero desde hoy
traerte otros mas listos. Tendre , le dije , mucha satisfaccion en
eso f y para ello me fio de tu gusto. Con razon , me respondiô ;
yo te prometo talentos superiores , y de los mas entretenîdos.
Yoy de aqai i una casa de irinos generosos A donde ran A ren-
nirse dentro'de poco ; los apalabraré para que no se comprome-
tan con otro , porque son tan festivos que en todas partes los
apetecen.
INcho esto 9 me dejô ; y por la noche à la hora de cenar yol>
yiô acompaflado de solos seis autores que me présenté imo tras
otro, haciéndome su elogio. Si se le hubiera de créer /aqnellos
grandes ingenios sobrepujaban à los de Grecia y de Italia , y sus
obras , decia él , merecian imprimirse en letras de oro. Recîbi
à aquellos seftores muy atentamente , y aun afectè llaiarkM de
atenciones , porque la nacion de los autores es un poco yana y
amiga de gloria. Aunque no hubiera encargado à Escipion que
la cena fiiese abundante , como él sabia la clase de gentes à que
debia obsequiar en aquel dia , la habia dispuesto con iNrofusion.
En fin , nos sentàmos à la mesa con mucha alegria. Mis poetas
principiéron é hab)ar de si propios , y alabarse. Uno citaba coo
y anidad los grandes y las sefioras à quienes agradaba su musa : otro,
yitaperando la eleccion que una academia de literatos aeababa de
hacer de dos sugetos , decia modestamente que debian haberle ele*
gido : los demas discurrian cou la misma presundon. Miéntras
comian, me fastidiâron con trozos de yersos y de prosa: cada
uno de ellos recitaba por tumo algun pasage de sus escrîtos : uno
lee un soneto; el otro dedama una escena trâgîca; otro lee h
* Lot Tenos oscnrM que cantaban lot taoerdotet taliot en tas pfoeetîonM ha-
biaq rido oompaettot por Nama.
LIBRO OCTAVO. 369
critica de una comedia ; y el cuarto, leyendo A su yez una oda de
Anacreonle , traducida en malos versos espaûoles , es interram-
pido poT uno de sus oompaAeros , que le dice se ha servido de
una Yoz impropia. £1 autor de la traduccion defiende lo contra-
rio ; y se arma una disputa en la cnal todos los ingenios toman
panido. Las opiniones son diversas , los disputantes se acaloran
y Uegan à las injurias. Todo esto era tolerable ; pero aquellos
fnriosos se leyantan de la mesa , y andan à cachetés. Fabricio ,
£sci|Non , mi cochero , mis lacayos y yo , en que nos vimos para
ponerlos en paz. Cuando se yièron separados , saliéron de mi
casa como de una taberna , sin pedirme ningun perdon de su
impolitica.
Nuftez y sobre cuya palabra habia yo fbrmado una idea agra-
daMe de aquella comida, se quedô atônito del lance. Y bien, le
dije, amigo , ;me elogiaréis todavia à yuestros conridados? A
fémiaque me habeis traido unas gentes bien despreciables. Atën-
gome é mis covachnelistas ; no me hables mas de autores. Yo no
pienso , me respondiô , presentarte otros , pues acabas de yer î
los mas juiciosos.
CAPITULO X.
Corrômpeiue enteramente las oostnmbres de Gil Bias en la oorte : del encargo
que le diô el oonde de Lémos , y de la intriga en que este seAor y él se
metiéron.
Lnego que se llegè à saber que era yo privado del duqne
de Lerma, empezè à tener corte. Todas las maflanas estaba
mi antesala llena de gente , à quien daba audienda al levantar-
me. Yenian A mi casa dos dases de personas , unas interesàndo-
me Gon dinero para que pidiese alguna gracia al ministro , y otras
à moverme con sùpiicas para conseguirles graiu lo que preten-»
dian. Las primeras tenian seguridad de ser escuchadas y bien
seryidas. En ôrden à las segundas , me desembarazaba pronta-
mente con excusas , 6 los entretenia tanto tiempo que les hacia
perder la pacienda. Antes de hacer papel en la corte era yo nft-
turaknente piadoso y caritativo ; pero como en ella no hay esta
debtlidad , me hice mas duro que un pedemal , y de consiguien-
te perdi tambien el carifto à mis amigos , y me desnudë de todo
d afecio que les tenia. En prueba de esta yerdad voy i contar
oomo tratë en una ocasion i José Navarro.
Este José Navarro, al que tanto tenia que agradecer, y quien ,
para decirlo de una vez, era la causa primordial demi fortnna,
yino un dia à mi casa. Despues de haberme mostrado mucho
amor , como lo acostumbraba à hacer siempre que me enoontra-
390 GIL H.AS.
ba y me raplicô pidiese al doque de Lenna cîerto empleo para
tmo de SOS amîgos , dkaeDdome que el sugeco por qoîen se inte-
resaba era an mozo may amable , y de gran mèrito , pero que
necesitaba empleo para sobsisUr. I>(e dado, afladiô José, que,
sieodo vmd. tan baeno , y amigo de hacer un fevor , tendra gus-
to en hacer bien à on pobre hombre honrado. Sa indigeacia es
on titulo qne merece el apoyo de ymd. Tengo la seguridad de
que me ibréis las gracias , porqae os proporciono ocasion de
ejercer yaestra condicion caritatiya. Esto era decinne claramente
que esperaba qae hiciese este Cavor de balde. Aonqoe esto me dis-
gttstaba , no dejé de aparentar que estaba muy propkao à ser-
Yîrle. Me alegro , respondi à Navarro , de tener esta ocasion en
qne poder miauiifestar é ymd. mi yivo agradecimiento à cnanto
ymd. ha hecho por mi : me basta qne ymd. se interese por coal-
qaiera , y no necesita otra recomendacion para decidirme à ser-
yirle. Su amigo de ymd. tendra el empleo qae desea : cuente ymd.
con elio. Este es asunto mio , y no de ymd.
Con estas expresiones José se fué may satisfécho de mi feyor.
Sin embargo , sa recomendado se qaedô sin empleo , porque
lo hice dar à otro por mil ducados qae meti en mi gaveta. Pre-
fer! tomar este dinero à los agradecimientos que hobiera red-
bido de mi buen repostero , é quien con an modo pesaroso dije
coando nos yolySmos à yer : j Ah I mi amado Nayarro , ymd.
me bablô tarde. Galderon se me anticipé à dar el empleo que
ymd. sabe. Siento en extremo no dar é ymd. mejor notida.
José me creyô de baena fe , y nos separàmos mas amigos que
nunca; pero creo que presto descubriô la yerdad porqae no
yolviô à parecer por mi casa. En yez de sentir alganOs remor-
dimientos de haberme portado tan mal con an amigo yerda-
dero , y à quien tanto debia , quedé muy contento. Ademas de
que ya me pesaban los feyores que me habia hecho , no me pa-
recia conyeniente tratar con reposteros en la categoria en que me
haUaba en la corte.
Yohamos al conde de Lémos , de qnien hace tiempo no he
hablado , y al qne yisitaba algunas yeces. Le habia Ueyado mil
doblones, como tengo dicho, y todayia le lleyé otros mil por
ôrden del duque sa tio , del dinero que yo tenia de S. E. En
este dia fué cuando el conde qniso tener una larga conyersadon
conmigo , en la cual me manifesto que al fin habia logrado su
intento, y que enteramente gozaba del fey or del principe de
Espafia de quien era el ànico confidente , y en seguida me dii>
un encargo muy bonroso , para el cual ya me tenia destinado.
Amigo Santîllanay me dijo,.yamos, manos à la obra. No dejeis
de hacer cuanto podais para descubrir alguna beldad , digna de
diyertîr à este principe galan. Entendimiento teneis : nada mas
os digo. Id , corred , inyestigad , y cuando hayais descubierto una
LIBRO OCTAVO. »1
cosa buena decidmelo. Ofreci al conde no omitir diligencia para
contribair al baen desempefto de mi empleo, cuyo ejercido no
debe de ser may dificil , paes hay tantas gentes que se ocapan
en éL
Yo no estaba muy acostumbrado à este género de ayerigua-
dones ; pero no dudaba que Esdpion séria tambien admirable
para el caso. Lnego que yolvi à casa le Ilamë y le dije à solas :
Hijo mio , tengo que hacerte un encargo importante. En medio
de tanto como sabes me favorece la fortuna , conozco que me
£adta alguna cosa. Fàcilmente adivino lo que es , interrumpiô sin
dejarme acabar lo que queria decirle; ymd. necesita una ninia
agradable, que le distraiga un poco y le divierta; y en efecto ,
es de maravillar que vmd. en la flor de sus dias no la tenga ,
cuando yiejos barbones no puedenestar sin ella. Admiro tu pers-
picada, le dije sonriéndomcSi, amigo mio^necesito una dama,
pero la quiero Tenida de tu mano; mas adyierte que soy muy
delîcado en este negocio: quiero una persona linda, y que no
tenga malas costumbres. Lo que ymâ. desea, interrumpiô £sci-
pion sonriéndose , es algo raro ; no obstante estamos , à Dios
gradas, en un pueblo en donde hay de todo, y espero encon-r
trar presto lo que ymd. pretaide.
Ëfectivamente à las très dias me dijo : He descubierto unte-
soro, una seftorila jôven Uamada Catalina, de buena familia, y
de indecible hermosura. Viye à la sombra de una tia suya en
una casita en donde subsisten ambas muy decentemente con sus
haberes , que no son considerables. La criada que las sirve es
conodda mia, y acaba de asegurarme que, aunque no dan en-
trada i nadie , no séria dificil la hallase un galan rieo y esplën*
dido , con tal que para no escandalizar entarse en su casa solo
de noche y con todo sigilo. En esta inteligencia le he pintado &
vmd. como un hombre digno de que le admitan en su casa, y he
supHcado â la criada se lo proponga à las dos seAoras, lo'cual
me ha ofrecido , como tambiea ir maAana à un sitio determinado
à darme la respuesta. Bravo va el negocio , le respond! ; pero
temo te engaûe la criada. No , no, replicô, no me dejo yo enga-
ftar tan fàcilmente: he preguntado ya à los vecinos, y de lo que
me han dicho he inferido que la seftora Catalina es tal como
vmd. la puede desear, es dècir una Dànae, de quien vmd. puede
ser el Jupiter enviando Iluvia de doblones.
Sm embargo de la desconlBianza que tenia de esta dase de
hallazgos, no dejè de aceptar este, y como la criada al dia st-
guiente avisase à Escipion que podia preseniarme aquella misma
noche en casa de sus amas , entre once y doce me entré en ella
Gon mucho sigilo. La criada me recibiô à oscuras , me cogiô de
la mano , y me Uevô à una sala décente , en donde encontre â las
dos seAoras airosamente vestidas , y sentadas en almohadones
S93 GIL «LAS.
de raM>. Lnego que me vièron se lerantAroa , y me salndiron
eon tanta finnra que me pareeîéron personas dis^guidas. La tia»
que se Uamaba la aefiora Mencia y aanque tadayia de boen pore-
cer, no atrajo mi atencion. Es Terdad que toda se la DeTaba la
sobrina, que me paredô una diosa; y aunque examinada ri^
gurosamente podia dedrse que no era una hermosura perfecta,
tenia con todo tantas gracias que » afkadidas à un rostro atrao-
tiyo y Toluptuoso, ofdscaban , y hadan imperceptibles sus de-
lectos.
Su yista me UurbA los sentidos : olyidé que iba como émisa-
rio y hablë en mi propio y privado nombre y y me manifesté apa-
sionado. La sefiorita » cnyo entendimiento yo juzgsdMi très yeœs
mayor de lo que realmente era» tan bien me habia parecido»
aeal)ô de enamorarme con sus respuestas. Ya prindpiaba yoé
estar fuera de ml , cuando para moderar la tia mis impubos tome
la palabra y me dijo : Seflor de Santillana , voy à haUar A Y. S.
francamente. Por el mucbo bien que me han dicho de Y. S. le be
permitido entrar en mi casa, sin ponderarle et gran ftiTor que
id bago en ello ; pero no créa Y. S. por eso que ba adelantâdo
algo: hasta ahorahe criado à mi sobrina con recato, y tos sois,
por decirlo asi, el primer caballero à quien la he presentado. Si
08 parece digna de ser vuestra esposa, tendre el mayor gusto en
que ellalogre este honor: yed si à este precio os conyiene, pues
à otro no la conseguirèis.
Este tiro à quema ropa abuyentô el Amor que me iba à dia-
parar una flécha. Hablando sin metifora, un casamiento pro-
puesto tan é secas me hizo entrar en mi mismo , y yolyiendo de
repente à ser fiel agente del conde de Lèmos, nmdé de tono, y
respondi é la seiiora Mencia : Sefiora, y uestra fraoqueza me agrada ,
y por tanto quiero imitarla. Aunque hago un papel distinguido
en la corte, no basta este para merecer é la sin igual Catalina;
le tefago reseryado un partido mas brillante : la destino para el
principe de Espaiia. Me parece » respondiô la tia friamente, que
bastaba despreciar à mi sobrina , sin que fuera neoesario acom-
pafiar el desprecio con la burla. No me burlo , seftora , exdamè :
hablo seriamente; tengo ôrden de buscar una persona de mërito
i quien pueda honrar con sus yisitas sécrétas el prindpe de Es-
pafia» y en casa de ymd. he hallado lo que buscaba.
Esta declaracion sorprendiô en gran manera é la seftora Men->
cia, à quien conoci no le habia desagradado. Sin embargo,
creyendo que debia hacer la reseryada, me replicô en estes
tërminos : Aun cuando tomara al pié de la letra lo que Y. S. me
dice , ha de saber que no soy de carécter que haga yanidad dd
Infiame honor de yer à mi sobrina ser dama de un prindpe; mi
decoro se ofénde con la idea^.. iQué bendita es ymd., le inter-
rumpf , con su yirtud! Ymd. piensa como una simple aldeaoa, y
UBRO OCTAVO. 393
se diancea si mira estas cosas con tanto eseràpolo : eso es qui*
taries lo que tienen de bueno : es neœsario mirarlas eonmejores
ojos. Considerad à los pies delà dichosa Catalina al heredero de
la monarquia; represeotaos que la adora y la llena de regalos;'
y pensad eo fin que quizi puede nacer de ella un héroe que in-
mortalize el nombre de su madré con el suyo.
Fingiô la tia no saber à que resoWerse aunque estaba determi-
nada à aceptar mi propuesta; y Catalina, que ya hubiera que»
rido poseer al principe » aparentô la mayor indiferencia ; por lo
qae tuve que hacer nuevos esfiierzos para estrediar la plaza^
basta que al fin la sefiora Hencia , yièndome ya cansado , y en
disposicion de lerantar el sitio » tocô la Hamada y y ajust^os
una capitnlacion que contenia los articulos siguientes : Prhnero :
que si ^ por los informes que dièse yo al principe de las gracias
de Catalina, gustaba de ella, y determinaba hacerle una visita
nocturna, séria de mi cargo adyertir de ella àlassefloras, como
igualmente de la noche que eligiese para este efecto. Segundo :
que el principe habia de entrar en casa de dichas seûoras como
un (]^an cualquiera, y acompafiado solo de mi y de su principal
confidente.
Celebrado este conyenio , me hiciéron mil agasajos tia y so-
brina : empezéron à tratarme femiliarmente , con lo que me
aventuré à algunas llanezas que no fuèron muy mal recibidas ; y
cuando nos separàmos me abrazâron de su propio motivo , ha-
ciéndome todas las caricias imaginables. Es cosa maravillosa la
facilidad con que se traba amistad entre los corredores de amor ,
digàmoslo asi, y las mugeres que los necesitan : al verme salir
de alli tan favorecido , nadie hubiera dicho sino que yo habia
sido mas dichoso de lo que era en realidad.
El conde de Lémos tuyo suma alegria cuando le dije que ha-
bia hecho un descubrimiento cual podia apetecerlo. Le bablé de
Catalina en taies tërminos, que le entr^on deseos de yerla.
Le conduje la noche siguiente , y me confesô que habia hecho
muy buen haDazgo. Dijo à las seûoras que no dadaba que el
principe quedase muy complacido de yer à la seftorita que yo
le habia elegido, y que esta por su parte no quedaria descon-
tenta de tàl amante, por ser el principe generoso , afeble y Ileno
de bondad. En fin, les ofreciôque le conduciria dentro de aigu-
nos dias del modo que deseaban , esto es , sin acompafiamiento
ni ruido. Este seflor se despidiô , y yo me retiré con ël para ir à
tomar el coche en que habiamos venido , el cual nos esperabaal
fin de la calle. Despues me llevô à mi casa , y me encargô entc-
rase el dia siguiente â su tio de esta principiada aventura, y le
suplicase de su parte le euviara mil doblones para finalizarla.
Con efecto , al dia siguiente fui à dar puntual cuenta de cuanto
habia pasado al duque de Lerma , callando la parte que habia te-
394 GIL BLAS.
nido Esdpion en el negocio para pasar yo por antor del descii-
brimiento de Catalina; porqoe de todo hace uno mérite para
con los grandes.
Y asi filé que se me diéron gracias de ello. Seùor Gil Bias,
me dijo el ministro con aire bnrlon , me alegro que ymd. nna a
sus demas talentos el de descobrir las hermosuras halagûeftas; y
no extraflarà qne, coando yo necesite alguna, acoda à vmd. Se-
Aor, le respond! en el mîsmo tono, agradeeco la preférencia;
pero permitaseme que diga que escrupulizaria si proporcionase
esta dase de placeres é Y. E. ; porque hace tanto tiempo que el
seflor don Rodrigo esta en posesion de ese empleo , que se leha-
ria una injusticia en despojarle de él. El duque se sonriô de mi
respuesta , y mudando de conversadon me preguntô si su sobrino
pedia dinero para esta empresa. Perdonad , le dije , él suplica é
Y. £. le envie mil doblones. Esta bien, respondiô el ministro,
no tienes mas que Uevirselos ; dile que no los escasee, y que
aplauda todos los gastos que el prindpe quiera hacer.
CAPITULO XL
De la yisita sccreta, y de los regalos que el principe hiio à Catalina.
En aquel mismo punto llevé los mil doblones al conde de Le-
mos. No podiais yenir mas à tiempo, me dijo este seûor. He
hablado al principe , quien ha caido en el lazo , y desea con im-
paciencia ver à Catalina , por lo que se ha resuelto que esta no-
che saïga secretamente de palacio para ir à su casa. LdS medidas
estàn ya tomadas. Diselo asi à las sefioras , y dales el dinero que
me traes : es necesario manifestarles que el que Ta i verlas no es
un amante comun, fiiera de que los regalos de los principes
deben précéder é sus galanteos. Supuesto que le has de acom-
paûar conmigo, prosiguiô, hàllate esta noche en palaclo à la
hora de acostarse. Tambien sera preciso que tu coche, porque
me parece del caso servirnos de èl , nos espère à media noche
cerca de palacio.
Me fui inmediatamente à casa de las seâôras , en la que no yi à
Catalina, por estar, segun se me dijo, acostada, y solo hablè con
la seAora Mencia. Perdone ymd. , seAora , le dije , si yengo de
dia à su casa, porque no puedo hacer otra cosa : me es preciso
avisar à vmd. que el prindpe vendra aqui esta noche; y reciba
ymd., aftadi entregàndole el talego en donde lleyaba el dinero ,
reciba vmd. una ofrcnda que cuvia al templo de Citerea para
que le sean propicias sus deidades. Ya ve ymd. que no les he
proporcionado una mala conveniencia. Doy à vmd. Jas gracias ,
me respondiô ; pero digame , seAor de Santillana , si al principe
LIBRO OCTAVO. S»&
le gosta la mùsica. Con extremo y le conteste : ninguna cosa le di-
vierte tanto como una buena yoz acompallada de un laud tocado
con destreza. Mucho mejor, exclamô ella enagenada de alegria;
lo que Ymd. dice me Uena de gozo, porque mi sobrina tiene la
garganta de un ruisefior , tafte marayillosamente el laud ^ y tambien
baila con perfeccion. {Vive diez» exclamé, esas son muchas ha-
bilidades, tia mial No necesita tantas una seAorita para hacer
fortuna : una sola de esas gracias le basta.
Dtspuestas asi las cosas, esperë la bora en que el principe solia
acostarse. Llegada esta , di mis ôrdenes ai cochero , y me réuni al
conde de Lémos, quien me dijo que el principe, paraquedarse
solo antes de tiempo , iba à fingir una ligera indisposicion , y aun
acostarse , à fin de hacer créer mejor que estaba malo ; pero que
de alli à una hora se leyantaria , y por una puerta falsa tomaria una
escalera excusada que iba à dar à los patios. Luego que me enterô
de lo que ambos habian concertado, me apostô en un sitio por
donde me asegurô habian de pasar. Durô taiito el poste que co-
menzé à créer que nuestro galan habia tomado otro camino, 6
perdido el deseo de yer à Catalina, como si los principes abando-
naran estos antojos entes de haberlos satisfecho. Enfin, cuando
creia que me habian oly idado y se Ilegàron à mi dos hombres , que
conoci ser los que esperaba , y los conduje à mi coche , en el cual
subiëron ambos. Yo iba cerca del cochero para guiarle, y le hice
parar à cincuenta pasos de donde yiyian las seAoras. Di la mano al
principe y à su compaûero para ayudarles à bajar, y marchàmos i
la casa, cuya puerta nos abriëron inmediatamente que llamàmos,^
y Yolyiëron â cerrar.
^ principio nos encontràmos en las mismas tinieblas que yo
me yi la primera yez, aunque por distincion habian puesto en
la pared una lamparilla, cuya luz era tan escasa, que solamente
la percibiamos sin que eUa nos alumbrara. Todo esto seryia para
hacer la ayentura mas agradable à su héroe , el cual qued6 yi-
yamente sorprendido à yista de las sefioras, que le recibiéron
en la sala, en donde la claridad de un sin numéro de bugias ré-
compensé la oscuridad que habia en el patio. La tia y la so-
brina se presentéron en gracioso trage de casa seductoramente
descuidado, y con aire tan atractiyo que no se podian mirar sin
embelesamiento. Nuestro principe, si no hubiera tenido que es-
coger, se hubiera contentado muy bien con la seftora Hencia ;
pero diô la preferenda , como era razon , à las gracias de la jô-
yen Catalina.
Y bien, principe mio, le dijo el conde, ;podiamos haber pro-
porcionado à Y. A. el gusto de yer dos personas mas bonitas?
Ambas me embelesan, respondiô el principe; no pienso sacar
libre de aqui mi corazon, pues si faltara la sobrina, no se esca-
paria de la tia.
396 GIL BLAS.
Despues de este complimiento tan agradable para ana tia, dijo
mO cosas lisonjeras é Catalina, é las que esta respondiô con
macha discredon. Gomo les es pennhido à las gentes honradas
que hacen el personage que yo en esta ocasion mezdarse en la
conrersacion de los amantes, siempre que sea para atizar el
fuego , dije al galan que su ninEa cantaba y tocaba é las mil ma-
ravfllas. Se alegrô de saber tnyiese estas habilidades , y le sa-
plicô le dièse alguna muestra de ellas. Con macho gusto cedi6 à
sus instancias : y tomando un laud bien templado , tocô sonatas
tiemas , y cantô de un modo tan expresiyo , que el principe se
ech6 à SOS pies enagenado de amor y de placer. Pero dejemos i
un lado esta pintura, y digamos solamente que la dulce embria-
guez en que se babia sepultado el heredero de la monarqoia
hizo que las horas le pareciesen momentos, y que toyiesemos
que arrancarle de aquella peligrosa casa cuando ya se acercaba
el dia. Los sefiores agentes le condujëron prontamente à palado,
y le dejàron en su aposento. Despues se yolyiéron à su casa tan
contentos de haberle unido con una aventurera » como si le hu-
biesen casado con una princesa.
La mafiana siguiente conté el suceso al duque de Lerma, por-
que todo lo queria saber » y al concluîr mi narracion Hegô el
conde de Lëmos , y nos dijo : £1 principe de Espafla esta tan
prendado de Catalina, y le ha gustado tanto, que piensa ir à
yerla con frecuencia , y no aficionarse à otra : quisiera enyiarle
hoy dos mil doblones en joyas , pero no tiene dinero. Ha acu-
dido é mi y me ha dicho: Mi amado Lëmos, es preciso me bus-
qués al momento esta cantidad. Se que te incomodo, que apuro
tu bolsillo, y por tanto mi corazon te esta muy agradecido: y
si en algun tiempo me hallo en estado de serte reconocido de
otro modo que por el agradecimiento à todo lo que has hecho
por mi, no te arrepentirés do haberme seryido. Yo le respond!,
separàndome de él inmediatamente: Principe mio , tengo amigos
y crédito; voy à buscar lo que V. A. desea. No es dificil salis-
facerle, dijo entônces el duque â su sobrino. Santillana yai
traeros ese dinero, 6 si quereis, ël mismo comprari las joyas,
porque es muy inteligente en pedrerias , y sobre todo en rubies:
;no es yerdad, Gil filas? aftadiô miràndome con un airetai-
mado. ; Que malicioso sois, seiiori le respondi; yeo que Y. E.
quiere hacer reir à costa mia al seflor conde ; y asi sucedié. El
sobrino preguntô i que misterio encerraba aquello ? Ninguoo ,
replicô el tio riëndose ; es que un dia Santillana quiso trocar
un diamante por un rubl , y este trueque no redundô ni en ho-
nor ni en provecho suyo.
Hubiera salido bien Kbrado si el ministro no hubiera didio
mas ; pero se tomô el trabajo de contar la pieza que Camila y
don Rafeel me habian jugado en la posada de caballeros , y se
LIBRO OCTAVO. 3W
extendio pankmlarmente en las circonstaocias que yo mas sentia.
Deapues de haberse divertido bien S. £• , me mandé acompaAar
al conde de Lèmos , qaien me Ue^ô é casa de on joyero en donde
escogimos las joyas que fuimos k enseàar al principe de Espafia,
las cuales se me confiâron para que se las entregase à Catalina»
y despaes fui à mi casa à tomar dos mil doblones del dinero de>
duqoe para irlas à pagar.
Ea oeioso preguntar si la noche signiente me recibiéron oon
agrado las sefloras cuando les présenté los regalos de mi emba-
jada y que consistian en un bello par de rosetas de diamantes
para la ua, y unas arracadas de lo mismo para la sobrina. £na*
genadas una y otra con estas demostraciones de amor y genero*
sidad del principe , empezàron à charlar como dos cottMrras, y
i darme gracias porque les habia agenciado tan buen conocî-
miento , y con el exceso de su alegria dièron k entender lo que
eran. Se les escapéron alganas palabras que me hiciéron sospe*
char que yo habia facilitado una bribona al hijo de nuestro gran
monarca. Para averiguar con certeza si yo habia sido autor de
tan buena obra, me retiré eon intente de tener mia conferenda
con Escipion.
CAPITULO XII.
Qnîeii en CataKnâ : perjklejidad de 6U 8Us; so înqmetnd $ y iâ prectadon
qae tomô pan tranqoîHur m âoiroo.
AI entrar en mi casa oi un gran estrépito , y preguntada la
causa , me dijéron que Escipion tenia aquella noche é cenar A
seis amigos suyos. Cantaban cuanto mas alto podian , y daban
grandes carcajadas de risa. Esta cena à la Terdad no era el ban»
quête de los siete sabios.
El que daba el festin , luego que supo mi llegada, dijo é sus
conridados: Seftores , no es nada, es el amo que ha Tuelto: no
os inquieteis por eso , continuad divîrtiéndoos. Yoy é decirle
dos palabras , y al instante vuelvo. Bicho esto se yino é mi :
iQué griteria es esa? le dije; ;é que clase de personages feste-
jas alla bajo? ;son poetas? Perdone vrnd., me respondiô: séria
lâslima dar i beber vuestro yino é semejantes sugetos ; yo se
hacer mejor uso de él. Entre mis convidados hay un jôyen muy
rico que quiere lograr un empleo por vuestra mediacion y por
sa dinero , y à causa suya se haoe la fiesta. À cada trago que
bebe aumenta diez doblones à lo que ha de tocaros , y qm'ero
haoerle beber hasta el amanecer. En ese supuesto, le responds ,
Toëlyete à la mesa y no escasees el yino de mi cueya.
No juzgué oportuno hablarle entônces de Catalina , dejàndolo
para por la maftana al leyantarme, lo que hice de esta suerte:
398 GIL BLA&
Amigo Escipion y ta sabes de que modo vivimos los dos ; yo te
trato mas como à compaAero que como é criado , y por consi-
guiente har&s muy mal eu engafiarme como à amo. Entre noso-
tros no ha de haber secreto: yoy A decirte una cosa que te sor-
prenderé , y tù por tu parte me diris io que piensas de las dos
mugeres que me has dado à conocer. Hablando los dos en satis-
faocion, sospecho que son dos taimadas, tanto mas astutas,
coanto mas sencillez aparentan. Si les hago justicia, no tiene el
principe de Espafla gran motiTO de estarme agradecido , porque
te confieso que para el te pedi la dama. Le he Ueyado à casa de
Catalina , y se ha enamorado de ella. Seûor , me respondtô Es-
cipion, ymd. se porta demasiado bien conmigo para que yo le
folte à la sinceridad. Âyer tuve una conversadon é solas con la
criada de estas dos ninfas , y me contô su historia , que me ha
parecido diyertida. Yoy é haceros sudntamente reladon de ella,
y no sentirèis haberla oido.
Catalina, prosiguiô, es hija de un hidalgnillo aragones. Ha-
biendo quedado hoérfena de edad de quince afkos , y tan pobre
como bonita, diô oidos é un comendador andano, quien la llevô
é Toledo , donde muriô à los seis meses , despues de haberle
seryido mas de padre que de esposo. Recogiô ella su herencia y
que consistia en algunas ropas, y en trecientos doblones en
dinero contante, y se fué luego à yiyir con la seftora Menda,
que todayia se mantenia de buen ver , annque ya iba cuesta abajo.
Estas dos buenas amigas permaned^on juntas , y principiàron A
tener una conducta de que la justicia quiso tomar conocimiento.
Esto desagradô à las sefloras , quienes por enfftdo ô por otra
causa dejàron prontamente à Toledo , y viniëron é Madrid , en
donde yiven cerca de dos aftos hace sin tratarse con ninguna se-
ftora de la yecindad. Pero oiga vmd. lo mejor: han sdquilado
dos casas pequefias separadas solamente por un tabique , pudién-
dose pasar de una A otra por una escalera de comunicadon que
hay en los sôtanos. La seftora Menda vive con una criada de
poca edad en una de ellas, y la yiuda del comendador ocupa la
otra con una duefta yieja, A quien hace pasar por su abuela;
de modo que nuestra arogonesa tan presto es una sobrina edo-
cada por su tia , como una pupila bajo la tutela de su abuela.
Cuandohace de sobrina, se llama Catalina; y cuando de nieta,
Sirena.
Âl oir el nombre de Sirena interrumpi todo asustado A Esci-
pion : ;Qué me dices ? me haces temblar. ; Ay de ml t temo que
esa maldita aragonesa sea la querida de Calderon. Cabalito, res-
pondi6, la misma es. Yo creia dar A vmd. un gran gusto parti-
cipAndoIe esta noticia. Pues no lo créas, répliqué ; mas me causa
disgusto que alegria. ^No preyes tu las consecuencias ? No , A fe
mia, replicô Esdpion. ;Quë mal pœde yenir de ahi? Don Ro-
LIBRO OCTAVO. 399
drigo no ha'de descobrir precisamente lo que pasa; y si ymd.
teme qne se lo digan, preyéngaselo al primer ministro , contén-
dole el caso sendllaiDente. É1 conocerà la boena fe de ymd.; y si
despoes qoisiese Calderon ponerle à mal con S. £. y el daque
yerà que no trata de perjudicarle sino por espiritu de venganza.
Con estas palabras me desyaneciô Escipion el miedo. Segai sa
consejOy y di parte al daque de Lerma de este fotal descubri-
miento ; y tambien aparenté contàrselo con aire triste , para
persuadirle de que sentia haber inocentemente dado al principe
la dama de don Rodrigo ; pero el -ministro , léjos de compade-
cerse de su favorito , se burlô de ello. Bespues me dijo que
siguiera en mi comision , y que sobre todo era gran gloria para
Calderon amar à la misma dama que el principe de Espaûa , y
recîbir la misma acogida que èl. Instrui en los mismos términos
al conde de Lémos, quien me asegurô su proteccion si el primer
secretario descubria la trama y queria ponerme à mal con el
duqae.
Con esta maniobra crei haber salyado la nave de mi fortuna
del peligro de encallar , y me sosegué. Segui aoompafiando al
principe à casa de Catalina » por otro nombre la bella Sirena , que
tenia la destreza de encontrar pretextos para apartar de su casa
à don Rodrigo , y ocultarle las noches que ella tenia precision
de dedîcar à su ilustre riyal.
CAPITDLO XIII.
Signe Gil Bias baciendo el papel de seAor : tiene noticias de su familia \ impre-
sion que le hici<^ron : se desoompadra con Fabricio.
Ya Ileyo dicho que por las mafianas tenia comunmente en mi
antesala mndias gentes que yenian à proponerme varios asuntos ;
pero yono queria que me los propusiesen yerbalmente. Siguiendo
el estilo de la corte , ô por mejor decir , para hacer mas de
persona, decia à todopretendiente:Tràigame \md. un memorial ;
y me babia aeostumbrado tanto i esto , que un dia respondi asi
é mi casero cuando yino à recordarme que le debia un afio de
casa. Por lo que hace al carnicero y panadero , no daban lugar
à qoe yo les pidiese memorial , pues eran muy puntuales en
traerlos todos los meses. Escipion, que era un yiVo retrato mio,
hacia lo mismo con los que acudian à èl para que se empeflase
conmigo à su fayor.
Yo tenia otra ridicule^ que no pienso perdonarme; habia dado
eo la jEaUiidad de hablar de los grandes como si yo fuese de su
misma estera. Si, por ejemplo , tenia que citar al duque de Alba,
al duque de Osuna , ô al de Hedinasidonia , decia con llaneza
400 COL BLAS.
Albùf Onma, Medmaridania. En una palabra, me habia pneito
tan orgnlloso y yano » qae jû no era hijo de mis padres. { Ah ,
pobre duefla , y pobre escadero , ni pensaba en vosotros, ni
habia tenido cuidado algano de informanne de Toestra snerte !
La corte tiene la yirtad del rio Leteo , qne nos hace olridar de
naestros parientes y amigos, si se hallan en infeliz estado»
Cuando mas olyidada tenia â mi fomilia , entrô ona mafiana en
mi casa on mozo , que me dijo deseaba hablarme i solas un
moroento : le hice entrar en mi despacho , en donde , sin dedrle
-se sentase por pareoerme hombre ordinario , le pregmité qvé me
qneria. Sefior Gil Bias, me dijo , ; pues que no me conoœ vmd.f
Por mas que le miré con atencion , tuve que responderle que
no caia en quien era. Yo soy , me replioô , un patsano yuestro ,
natural del mismo Oyiedo » ë hijo de Beltran Moscada el espe-
ciero , yecino de yuestro tio el canteigo. Yo os reconosco muy
bien. Hemos jugado mil yeces los dos à la gallma ciega.
De los juegos de mi niûez , le respondi , solo conseryo una
idea conAisa ; los coidados que me han ocupado despues me
los han borrado de la memoria. He yenido à Madrid, me dijo,
A lyustar cuentas con el corresponsal de mi padre. He oido ha-
bfaur de ymd. , y me han dicho que esté en un gran puesto en la
corte y y ya tan rico como un Judio , de lo que doy à ymd. la
enborabuena , y ofrezco à mi yuelta al pais IJenar de gozo à su
iamilia, dindole una nueya tan gustosa.
Aunque no fiiera mas que por cumplimiento , no podia
mënos de preguntar como estaban mis padres y tio ; pero lo
hice con tal frialdad , que no dl motiyo à mi buen especiero
para admirar la fuerza de la sangre. Bien me lo diô A enten-
der , pues se manifesto sorprendido de la indiferenda que yo
mostraba hàcia unas personas à quienes debia profésar sumo
eariflo; y como era mozo franco y grosero : Yo creia, me dijo
desabridamente , que tuyieseis mas amor y aficion à yuestros
parientes. No parece sino que los habeis olyidado segon la
iîrialdad con que me preguntais por ellos. ^ Ignorais cual es su
situacion? pues sabed que yuestro padre y yuestra madré estin
todayia siryiendo, y que el buen canônigo Gil Perez, agoyiado
de yejez y de acbaques, esta ya para yiyir poco. Es neœsario
tener buen oorazon , prosiguiô ; y supuesto que os hallais en i
estado de socorrer à yuestros padres , os aconsqo como amigo >
les enyieis todos los aflos doscientos doblones. Este socorro les
propordonarà sin menoscabo yuestro una yida c6moda y «ft-
cbosa. I
En lugar de entemecerme la pmtura <|Ue hacia de mi famîlia, |
me incomodô la libertad que se tomaba de aoonsejarme sîn qoe '
yo se lo rogase; quizà con mas mafia me hubiera persnadido»
pero su franqneza solo siryiô para irritarme. El lo oonociô bm
LIBRO OCTAVO. 401
por el ceAodo silencto que guardè , y continuando sa exbortacion
con mënos caridad que malicia , me impaciento. { Oh ! eso ya es
demasiadOy respondi lleno de côlera. Yaya vnid., sefior de
Moscada, no se meta en negocios agenos. Yaya y busqué al
correspoDsal de su padre, y ajuste sus cuentas con ël.; Quien
es vmd. para enseftarme mi obligacion? Se mejor que ymd. lo
que he de hacer en este caso. Dicho esto echë de mi despacho
si espederOy y le envié à Oviedo à vender azafran y ptmienta.
No dejë de reflexionar en lo que acababa de decirme , y acu-
sàndome i mi mismo de ser un hijo desnaturalizado , me en-
temecL Traje à la memoria los afanes que les habia costado â
mis padres mi niûez y mi educacion. Me représenté lo que les
debîa , y à mis reflexiones siguiéron algunos impulsos de agra-
decimiento, que no obstante de nada sirviéron. Mi ingratitud
sofooô bien pronto estos afectos, y i ellos sucediô un profundo
olvido. Muchos padres hay que tienen hijos semejantes.
La codicia y la ambicion de que estaba poseido mudàron del
todo mi carécter. Perdi toda mi alegria, y andaba siempre
distraido y pensativo , en una palabra hecho un insensato. Yién-
dome Fabricio ocupado continuamente en pos de la fortuna ,
y tan indiferente con ël , no venia à mi casa sino rara vez; pero
no pudo dejar de decirme un dia : En verdad , Gil Bias , que ya
no te conozco. Antes de venir à la corte siempre ténias el ànimo
tranquilo; y ahora te veo constantemente agitado. Formas proyecto
sobre proyecto para enriquecerte , y cuanto mas adquieres mas
deseas. Ademas , ^me atreveré à decirlo? ya no tienes conmigo
aquellos desahogos del corazon , aquellas femiliaridades en que
consiste el encanto de la amistad i entes por el contrario me tratas
con réserva, y ocultas lo intimo de tu aima. Tambien observe que
las atenciones de que usas conmigo son como forzadas. En fin ,
este Gil Bias no es aquel mismo Gil Bias que yo conocia.
Tiï sin duda te chanceas , le respondi con frialdad : yo ni»-
guna mutacion percibo en roi. Tienes fasçinados los ojos, re-
plicô, y no debes preguntàrselo à ellos : crëeme, ères otro del
que eras. Dilo , amigo , ingenuamente ^nos tratamos acaso como
otras vecest Guando por la maftana llamaba à tu puerta, venias
tu mismo à abrirme , y muchas veces casi dormido , y yo en-
traba en tu cuarto sin cumplimiento : pero boy jqué diférencia !
tienes lacayos , y se me hace esperar en tu antesala miéntras
dan el recado de si puedo hablarte. Despues de esto , como me
recibes? Con una fria politica, y haciendo el selior. Parece que
mis visitas principian à incomodarte. ; Crées tu que semejante
recibimiento agrade à un hombre que ha sido tu camarada? No ,
Santillana , no ; de ningun modo me conviene. Â Dios ; séparé-
monos amigablemente. Deshagàmonos ambos , tù de un censor de
lus accîones , y yo de un nuevo rico que se desconoce à si propio.
4M GIL BLA8.
Me senti mas exasperado que conmovido de sus reprensio*
nés , y dejè se retirase sin haœr el menor esfoerzo para detenerle.
La amistad de un poeta no era oosa tan preciosa qoe snpèrdida
me causase aflîccion en et eslado en que me haDaba : ademas,
ficflmente encontre consaelo en el trato de aignnos empleados
de palado , con qnienes por la semejanza de caràcter habia re-
ctentemente contraido estredia amistad. Estos nneyos conoct>
mientos eran con sngetos, cnya mayor parte renia de no se
donde, y à qnienes sa dichosa estrella habia oondnddo i sas
empleos. Todos estaban ya acomodados ; y atribayendo estos
misérables solo à sa mërito los beneficios que el rey se habia
dignado hacerles , se olvidaban como yo de si mismos y todos
nos creiamos anos personages may respetables. jOh Fortona !
Te ahl como dispensas los fiiTores hs mas veoes. Hizo bien
el estoico Epicteto en compararte con ana jôven ihstre que se
entrega k criados.
>■••»■••■•—»«>■
LIBRO NOVENO.
CAPITULO I.
Eicipion qaiere catsr 4 Oil Bias , y le propone la hija de on rieo j famoto
platero : de loa pasot.qae se di^raii i este fis.
Una noche, despnes de haber despedido é la concarrenda que
habia ido é cenar conmigo , yiéndome solo con Esdpion le pre-
ganté qaè habia hecho aqael dia. Dar on golpe de maestro, me
respondiô : propordonar A ymd. an rico establedmiento; paes le
qniero casar con la hija ànica de an platero] conocido mio. (Hija
de an platero ! exclamé oon aire d^eftoso : ^ has perdido el
jaiciof Caando se tiene tal coal mèrito , y se mk en la cone en
cierta altora , me parece qne se deben tener ideas mas eieyadas^
{Ah y seftor 1 repitiô Escipion , no lo créais asi. Pensad qne el
▼aron es qnien ennoblece ; y no seais mas delîcado que mO
sefiores qae padiera dtaros. ^Sabe vmd. bien qne la heredera
de qaien hablo es an partido de den mil dacados à lo mënos?
^no es este an boen trozo de phteria? Caando oi hablar de ana
sama tan grande me hice mas tratable. Desde Inego cedo al die-
témen de mi secretario ; la dote me détermina. ^ Guaado qoieres
tù qne la reciba? Yamos despado, seAor, me respondià; on
poco de padenda. Es menester qae trate yo entes del asonto coo
LIBBO NOVENO. *03
el padre y y que le hnga venir en eflo. Bueno , respond! riendo a
carcajadas, ^todavia estas ahi? Ve por cierto un casamiento
bien adelantado. Mas de lo que vmd. piensa, replicô; solo
qniero una hora de conversacion con el platero , y respondo de
su consentimiento ; pero intes de ir mas lëjos capitiilemos si
¥ind. gnsta. Suponiendo que yo haga recibir à ymd. cien mil du-
cadoSy ;^coantos me tocaràn A mi ? Veinte mfl , le respondi. Ala*
bado sea Dios y dijo : yo limitaba Yuestro agradedmiento à diez
mil. Vmd. es la mitad mas generoso que yo. Yamos : desde ma*
Aana me emplearë en esta negodadon , y poede ymd. contar con
que se conseguirà , ô yo no soy sino un bestia.
Efectiyamente à los dos dias me dijo : He hablado con el se-
Aor Gabriel de Salero, que este era el nombre del padre de la niâa,
y es tanto lo que le he ponderado yuestro yalimiento y mënto,
que diô oidos à la propuesta que le hice de recibiros por yerno.
Sera yuestra su hija con den mil ducados» siempre que le hagais
ver claramente que sois yalido del ministro. Si no consiste mas
que en eso , dije entônces à Escipion , presto estarë casado. Pero
tratando de la muehacha : ^ La has yisto? ; es hermosa? No tanto
eomo la dote , respondiô. Hablando aqui para los dos , esta rica
heredera no es muy bonita ; pero por fortuna à ymd. ningun cui-
dado le da esto. À fe mia que no , hijo mio » le respondi. Noso*
tros los cortesanos, nes casamos solameute por casarnos, y
buscamos la hermosura en las mugeres de nnestros amigos ; y si
por acaso se halla en las nuestras , la miramos con tanta indife-
rencia, que es bien mereddo el que por ello nos castiguen.
TodaySa no lo he dicho todo , repitio Esdpion ; el seftor Ga-
briel conyida à ymd. à eenar esta noche , y hemos quedado en
que no le ha de hablar ymd. del casamiento proyectado. Debe
conyidar à muchos mercaderes amigos snyos à esta cena , à la
cual ha de asistir ymd. como un simple convidado ; y maftana yen-
dr& el é cenar con ymd. del mismo modo : en esto conocerà
ymd. que este hombre quiere experimentarle antes de pasar ade-
lante. Conyendrà que ymd. se contenga un poco delante de ël.
i Oh ! pardiez ! interrumpi con aire de.oonfiaùza ^ aunque examine
lo que quiera , no puedo mènos de salir ganancioso en este
examen.
Todo se ejecutô puntualmente ; hîce me condujeran é casa dd
platero , quien me redbiô tan iamiKarmente como si nos hubie-
semos yisto ya muchas yeces. Era de tan buena pasta que, co-
mo solemos decir , se pasaba de cortes. Me presentô la seflora
Eugenia su muger , y la jôyen Gabriela su hija : yo les hice mil
cumplimientos sin contrayenir à lo tratado , y les dije mil tonte-
rias en muy bellos tèrminos y frases de corte.
Gabriela , à pesar de cuanto me habia dicho ^e ella mi secre-
tario, no me pareciô fea , ya fiiese porque estaba muy bien puesta»
404 GIL BLAS.
6 ya porqoe no lamirase smo al trayes de la dote. iQaé bnena
casa tenia el seûor Gabriel ! Yo creo que habrà mènos plata
en las minas del Peru que la que habia alii. Este metal se
ofrecia à la vista por todas partes en mil formas diferentes. Cada
sala y Y particdarmente la de la cena , era un tesoro. {Que espec-
tàculo para los ojos de un yemo ! £1 suegro , para bacer mas
lucido el convite, habia convidado à cinco ô seis mercaderes,
todos personas graves y enfodosas , que solo hablàron de co-
mercio » y puede decirse que su conversacion mas bien fiië una
conferencia de négociantes que una plàtica de amigos.
La noebe siguiente tuve à cenar en mi casa al platero ; y como
no podia deslumbrarle con mi vajilla, recurri é otra ilusion.
Gonvidé é cenar A aquellos amigos mios que hacian mayor figura
en la corte , y que yo sabia ser unos ambiciosos que no ponian
limites a sus deseos. No hablàron de otra cosa mas que de las
grandezas y de los empleos brillantes y lucrativos à que aspira-
ban , lo cual produjo su efecto. Aturdido el buen Gabriel de oir
sus grandes ideas , se tenia, à pesar de su riqueza, por un misero
moital en comparacion de aquellos sefiores. Por mi parte , afeo-
tando moderacion , dije me contentaria con una mediana fortona,
como de veinte mil ducados de renta , con cuyo motivo aquellos
hambrientos de honores y riquezas exclaméron dictendo queharia
mal y y que, siendo tan querido como era del primer mlnistro,
no debia contentarme con tan poco. £1 suegro no perdiô ni una
de estas palabras , y crei advertir al retirarse que iba muy sa-
tisfecho.
Escipion no dejô de ir à verle el dia siguiente por la maûana, para
preguntarle si yo le habia gustado. He quedado muy prendado ,
le respondiô » tanto que me ha robado el corazon. Pero , seàor
Escipion , aftadiô , suplico à vmd. por nuestra antigua amistad que
me hable sinceramente. Todos , como vmd. sabe , tenemos nuestro
flaco:digame vmd. cual es el del sefiorSantillana.^sjugador?
^es cortejante? ^cual es su inclinacion viciosa? suplico à vmd.no
me la oculte. Vmd. me ofende , seftor Gabriel , con semejante pre-
gunta , replicô el medianero. Me intereso mas por vmd. que por
mi amo , y si tuviera algun vicio capaz de hacer à su hija desgra-
ciada , ^se lo hubiera propuesto por yerno ? Juro à brios que no :
yo soy muy servidor de vmd. ; pero en salisfaccion , el ùnico
defecto que le encuentro es no tener ninguno. Para jôven es muy
juicioso. Otro tanto oro , respondiô el platero ; cso me agrada.
Yaya vmd. , amigo mio , puede asegurarle que lograrà la mano de
mi hija , y que se la daria aun cuando no fuera querido del
ministro*
Luego que mi secretario me diô noticia de esta conversacion,
fui al raomento à casa de Salero à darle gracias de la disposicion
fovorable en que esttaba hécia mi. À este tiempo ya habia declarado
LIBRO NOVENO. 405
su Yolantad à su moger y à su hija , quienes por el modo con que
me redbiëron me hiciëron conocer que se sujetaban sin repugnaiH
cia à ella. Despues de haber prevenido la noche antes al duque de
Lerma, le présenté el suegro. S. £. le recibiô con mucho agasigo, le
manifesto la satisfiftccion que tenia en que hubiese elegido para yerno
â un hombre à quien queria ascender. Despues siguiô haciendo el
elogio de mis buenas prendas , y dijo tanto bien de mi , que el buen
Gabriel creyô haber encontrado en mi sefloria el mejor partido
de Espafia para su bija. Ëstaba tan gozoso que las légrimas se
le asomaban. Al despedirnos me estrechô entre sus brazos y
me dijo : Hijo mio , es tanta la impaciencia que tengo de yeros
esposo de Gabriela que dentro de ocho dias à mas tardar lo
seréis.
CAPITULO U.
Por qpé casualidad m acordô Gil Bias de doa Alfonso de htïyat, y dclserTicio
que le bizo.
Dcjemos en este estado mi casamiento, porque asi lo exige el
6rden de mi historia , y quiere que cuente el servicio que hice â
don Alfonso mi antiguo amo. Yo habia olvidado à este caballero en-
teramente , y ahora dire por que causa me acordé de él.
Yacô en aquel tiempo el gobierno de la ciudad de Valencia , y
habiëndolo sabido, pensé en don Alfonso de Leiva. Considéré que
este empleo le vendria perfectamente , y quizâ ménos por amistad
que por ostentacion, déterminé pedirlo para él , haciéndome cargo
de que, si lo obtenia, me daria este paso-un honor excesivo. Me di-
1*^6^ 9 pues 9 ftl duque de Lerma y le dije que habia sido mayor-
domo de don César de Leiva y de su hijo , y que, teniendo grandes
motîTOS para vivirles agradecido, me tomaba la libertad de suplicar
S. E. concediese al uno 6 al otro el gobierno de Valencia. £1 ministro
me respondiô : Con mucho gusto , Gil Bias ; yo me alegro de que
seas reconocido y generoso. Por otra parte me hablas de una fa-
mOîa à. quien estimo. Los Leivas son buenos servidores del rey, y
mereeen bien este empleo. Puedes disponer de él à tu arbitrio , yo
te le doy por regalo de la boda.
Gustosisimo de haber conseguido mi intento , fui sin perder ins-
tante i casa de Calderon à hacer extender el despacho para don
Alfonso. Habia a^i un crecido numéro de personas , que con rcs-
petoosasilencio aguardaban à que les dièse audiencia don Rodrigo.
Atrayesé por entre aquella gente , y me présenté à la puerta del gar
binete que me fué abierta , y en él encontre no se â cuantos caba-
Héros , comendadores y otros sugetos distinguidos , à quienes Cal-
deron oia por su 6rden. Era de admirar el diferente modo con que
les recibia. Se contentaba con hacer k estos una ligera inclinacion
406 GIL BLAS.
de cabesa ; honnba à aqoellos oon ooa cortesia , y lot condiieia
hasta la poena de su gabinete , gradoando por decirlo asi el apre-
do GOD que los distingaia por loa diyeraos oumplimientos qoe
empIeaixL Por otra parte vi é algnnoa de aquellos sogetos , qae,
ofinididos del poco caso que de elloe hacia, maldecian en au oorazoa
la neoesidad que lea obligabaà hnmillam en an presencia. Otros
yi que por el contrario se reian entre si rnismoa de so aire fimtàs-
tico y presumido. Por mas que hacia estas obsenradones no me
hallalNi en estado de aprovechanne de eDas , poes me portaba en
iguales ténninos en mi casa, y ningon cuidado me daba el qoe se
aprobasen ô se vituperasen mis modales orgoUosos» oon tal que me
los respetasen.
Habiéndome atisbado casualmente don Rodrigo » dejô precipi-
tadamente à un hidalgo que le hablaba, y yino à abrazarme con
demostradones de amistad que me sorprendiéron. îAh ! amado
eompaâero mio, exdamô, ;qué asunto es el que me propordona el
gusto de yer à ymd. aqui ? ;en que pnedo seryir é ymd ? Dijele à lo
que iba, y en seguida me asegurô en los ténninos mas politicos que
el dia siguiente à la misma hora se expediria el despadio que yo
solicitaba. Su atendon no paré aqui, pues me aoompaAô hasta la
puerta de la antesab , lo que jamas hacia sino con los grandes
seftores, y aOi me yolyiô é abrazar. ;Qué significan estos obse^
quios? deda yo en el camino; ;qu6 me anunciant ;^i meditarà
este hombre mi ruina ; 6 , preyiendo que déclina sa fay or , querri
grangear mi amistad , y tenerme de su parte , con la mira de
que intercéda por èl con el amo ? No sabia é cual de estas oonje-
iuras atenerme. Cuando yolvi al dia siguiente , me tratô del raismo
modo f Uenindome de caricias y cumplimientos. Es yerdad que
ias desquitô en el recibimiento que hizo à otras personas que se
presentàron à hablarle: porque à unas tratô groseramente, k
otras hablô con frialdad , y à casi todas descontentô ; pero qoe-
dâron suficientemente yengadas con on lance que ocorriô y que
no debo pasar en silencio, el cual seryirà de locdon à los coira-
chudistas y secretarios que le lean.
Habiéndose Ilegado à Calderon un hombre yestido Uanamenle»
y que no aparentaba lo que era , le hablô de derto memorial
que decia haber presentado al duque de Lerma. Don Rodrigo
no solo no mirô ai caballero , sino que le dijo isperameote : ;Co-
mo se llama ymdl, amigo? £n mi niAez me llamaban Frasquito,
le respondiô con serenidad el tal ; despues me han llamado don
Francisco de Zûâiga, y hoy me llamo el conde de Pedroaa. Sor-
prendido deesto Calderon , y yiendo que trataba oon on hombre
de la primera distincion , quiso dtsculparse , y dijo : SeAor, per-
done V. E. si, no conociéndole... Yo no neoesito de tus excusas,
interrumpiô con altivez Frasquito ; las desprecio tanio como tus
modales groscros. Sabe que ei secretario de un ministre debe re-
LIBRO NOVENO. 40T
cibir cortenuente é toda clase de personas. Se si quieres tan
fantéstico, c|ue te mireB como el sustituto de tu amo ; pero no
te olyides de que no eres mas que un crîado suyo.
£8te pasage mortificô infinito al soberbio don Rodrigo , quien
no obstante nada se enmendd. Por lo qne hace à mi , saqué firuto
del caso. ResoWi mirar con quien hablaba en mis audiencias, y no
ser insolente sino con los mudos. Como el despacho de don Al-
fonso estaba ya expedido » lo recogi y se lo enrié por un correo
extraordinario à este seflor con carta del duque de Lenna , en
la que S. E. le ayisaba qne el rey le habia nond^rado para el go-
InerBO de Valencia. No ie di parte de la que tenia en este nom*
bramiento , ni quise ann escribirle , porqne tenia gusto de dedr-
selo de boea , y de causarle esta agradable sorpresa cuando
viniese à la corte à prestar el juramento.
CAPITULO 111.
De las prcparatiTos que se hioîëroii para el casamiento de Gil Bias, y del grande
aconteâmieDto que los inutilizo.
Volvamos à mi bella Gabriela, con quien dentro de echo dia^
habia de celebrajr mi matrimonio. Por ambas partes se hacian
preparatiyos para esta cereiQOuia. Salero comprô ricos trages
para la noyia > y yo le busqué una doncella , un lacayo y un es-
cudero andano, todo lo cual eligiô Escipion, que esperaba toda-
yia con mas impaciencia que yo el dia en que habian de entre-
garme la dote.
La yispera de este dia tan deseado cenë en casa del suegro con
tio0 , tias f primos y primas de mi noyia. Hice perfectamente el
papel de un yerno hipôcrita; mostrëme muy obsequioso con el
|Ait«^ y su muger; fingime apasionado de Gabrida, agasajé
i toda la familia, cuyas conyersadones y expresiones msqade-
ras y toscas escuchë con paciencia; y asi en premio de elia
tuye la dicha de agradar à todos los parientes» que se al^rà-
ron de mi enlace con eUos.
Acabada la comida pasàron los conyidados à una gran sala ,
en donde habia dispuesta una musica de yoces é instrumentos
que no se ejecutè mal , aunque no se hnbiesen elegido las me-
jores habilidades de Madrid. Nos puso de tan buen humor lo
bien que cantàron que empezàmos & bailar. Dios sabe con que
primor, pues me tuyiéron por discipulo de Terpsicore , aunque
no tenia mas prindpios de este arte que dos 6 très lecdoues
que en casa de la marquesa de Chaves me habia dado un maes^
trillo de baile que iba à enseflar à los pages. Despues de ha-
bernoa diveriido bastante pensâmes w retiramos, y entônccs
408 GIL BLAS.
prodigué las ooitesias y Gamplimientos. A Dk>s , mi amado hijo,
me dijo Salero abrazàndome: maAana por la maikaiia iré é to
casa à llevar el dote en boeoa moneda de oro. Sera ymd. bien
recibido» respond!, amado padre mb. Luego, habièndome
despedido de la fomilia , sobi en mi coche que me esperaba à
la puerta » y tome el camino de mi casa.
Apènas habia andado doscientos pasos, coando quince o
Teinte hombres, nnos à pie y otros à caballo, armados todos
de espadas y carabinas, rodeàron mi ooche, y lo detoriëroii
gritando : Favor al rey. Hicièronme bajar aceleradamente , y me
metiéron en una silbi de posta à donde el prindpal de ellos
snbiô conmîgo , y dijo al cochero qne tomase el camino de Se-
govia. Jnzguè qne cl que iba à mi lado era algun honrado al-
guacil, y habiéndole preguntado el motivo de mi prisioa, me
respondio del modo que acostumbran estos sefiores, quiero de-
cir brutalmente, que no tenia necesidad de darme cuenta de él.
Yo le dije que quizà se equiTOcaba. No , no , respondio , estoy
seguro de que no he errado el golpe. Ymd. es el sefior de
Santillana; à \md. es à quien tengo ôrden de oonducir à donde
le llevo. No teniendo nada que replicar à esto, tome el par-
tido de callar. Lo restante de la noche caminâmos por la ori-
Ua del rio Manzanares con un prbfùndo silencio. En Golmenar
mudàmos de caballos, y llegàmos à la caida de la tarde i Se-
govia y en cuya torre me encerràron«
CAPITULO IV.
Be que modo fué traUdo Gil Uas en la torre de SegoTia , y de oomo tapo la
causa de su prision.
Lo primero fiié meterme en un encierro sin mas cama que m
jergon de paja como si faese un reo digno del ultimo supHcto.
Pasé la noche , no con el mayor desconsuelo , porque todavia no
oonocia todo mi mal , sino repasando en mi imaginacion que sé-
ria lo que habria acarreado mi desgracia. No dudaba fiiese obra
de Calderon ; sin embargo , por mas que lo sospechase , no corn-
prendia como hnbiese podido conseguir que el duque de Lerma me
tratase con tanta crueldad. Otras yeces me imaginaba que me ha-
brian preso sin noticia de S. £. , y otras que este seflor mismo me
habria hecho arrestar por alguna razon politica , como saelen ha-
cet algunas veces los ministros con sus fevoritos.
Agitado con estas varias conjeturas vi à favor de una luz que
entraba por una reja pequefia lo horroroso del siiio en donde me
hallaba. Me afligi entônces en extremo , y mis ojos fnëroD dos
raudales de légrimas , que la memoria de mi prosperidad hacia
LIBRO NOVENO. 409
inagotables. Cuando estaba en la mayor afliocion eDirô ea el en-
cierro un carcelero que me traia para aquel dia un pan y un can-
taro de agua. He mirô , y viendo que tenia el rostro bafiado en
légrimas , aunque carcelero se moYÎô é compasion, y me dijo : No
se desanime vmd. , sefior preso ; las desgracias de la vida se ban
de sufrir con resignacion. Ymd. es jôyen , y iras de este tiempo
Tendra otro. Entre tanto coma ymd. con gusto el pan del rey.
INciendo esto , se retirô mi consolador , à quien solo respond!
con suspiros. Todo el dia lo empleé en maldecir mi estrella, sin
pensar en comer nada de mi racion , que en el estado en que me
hallaba , mas me parecia un efecto de la indignacion del rey , que
un présente de su bondad , pues seryia mas bien para prolongar
la pena de los desgraciados que para mitigarla.
En esto llegô la noche , y al instante oi un gran ruido de llaves
que me Ueyô la atencion. Abrièron la puerta del calabozo , y en-
tré un hombre con una bugia en la mano, el que, llegàndose à mi ,
me dijo : Seûor Gil Bias , yea ymd. à uno de sus amigos antiguos.
Yo soy aquel don Andres de Tordesillas que yiyia con ymd. en
Granada -, y era gentilhombre del arzobtspo cuando ymd. gozaba
del fayor de aquel prelado. Ymd. le pidiô , si hace memoria , que
me dièse un empleo en Méjico , para el cual se me nombre ; pero
en lugar de embarcarme para Indias , me quedè en la ciudad de
Alicante. Alli me casé con la hija del capitan del castillo , y por
una série de sucesos , que contaré à ymd. luego , he yenido i
ser alcaide de la torre de Segoyia.Ymd. ha tenido la forluna,
continué , de encontrar en un hombre que tiene el cargo de mal-
tratarle un amigo que nada escasearà para suayizar el rigor de
su prision. Tengo ôrden expresa de que no deje à ymd. hablar
con nadie , que le haga dormir sobre paja, y que no le dé mas
alimento que pan y agua; pero ademas de que soy caritatiyo, y
no habia de dejar de compadecerme de sus maies, ymd. me ha
seryidOy y mi agradecimiento puede mas que las ôrdenes que he
recibido. Léjos de seryir de instrumento para la crueldad que se
quiere usar con ymd. , mi ànimo es tratarle lo mejor que sea po-
sible. Leyàntese ymd. , y yéngase conmigo.
Mi énimo estaba tan turbado que no pude responder una sola
palabra al seflor alcaide , aunque sus expresiones merecian tanta
gratitud. Le segtii , me hizo atrayesar un patio , y subir por una
escalera muy estrecha à una pequefla pieza que habîa en lo alto
de la torre. Habiendo entrado en ella me sorprendi bastante al
yer sobre una mesa dos yelas que ardian en candeteros de cobre,
y dos cubiertos bastante Hmpios. Inmediatamente , me dijo Tor-
desillas , yan à traer de comer à ymd. ; ambos cenarémos aqui.
Le he destinado para su habitacîon este cuartito en donde estarà
mejor que en el encierro , pues yerâ desde su yentana las floridas
riberas del Eresma , y el yalle delicioso que desde el pié de las
410 GIL BLAS.
BMHitaaas que Mparan las dos CasUUas se exUeode hasta Coca.
No dudo que al prindpio no le haié ningaoa impresioo una tîsu
tan agradaUe ; pero cnando el tiempo haya hecho snced^ una
duloe melancolia à la amargura de su dolor , tendri gusto en re-
croar la Tista con unos objetos tan deleitables. Ademas de esto
cuente ymd. con que no le ftdtari ropa blanca , ni las demas cosas
que neoesita nn liombre amigo del aseo. Sobre todo tendri ymd.
buena cama , estari bien mantenido , y le proporcionaré los libros
que quiera , y en una palabra , todas las oomodidades de que pue-
de disfrutar un preso.
Con tan corteses ofertas me senti algo aliviado , cobré animo,
y di mil gracias i mi carcelero* Le dije que su generoso procéder
me restituia la yida , y que deseaba baUarme en estado de mani-
festarle mi gratitud. ^Pues porquë no habria de Tolrer vmd. à
yerse en su primer estado ? me respondîô : ^cree ymd. habw per-
dido para siempre la libertad? se engafta si asi lo juzga; y me
atreTO i asegurarle que con algunos meses de prision habrâ ymd.
pagado. ^Què dice vmd., seftor don Andres? exdam6. Parece
que vmd. sabe el motiro de mi desgracia. Gonfieso , me dijo , que
no lo ignoro. El alguacil que ha conducido i Tmd. aqui me ha
confiado este secreto , y no tengo dificultad ea reveUrselo. Me ba
dicho que y informado el rey de que ymd. y el oonde de Lteios
habian llevado de noche al principe de Espafta i casa de una da-
ma sospechosa, acababa, para castigaros de eOo, de desterrar
al conde , y enviaba à vmd. à esta torre , para ser tratado en elh
con todo el rigor que ha experimentado desde que Tino^^Pacs,
comoy le dije, ha llegado i saber esto el rey? esta circunstan-
cia quisiera yo saber particularmente. Y esto es, respondiô, lo
que cabahnente no me ha dicho el alguacil » y lo que i la cuenu
ni aun el mismo sabe.
En este punto de nuestra conversacion entréron muchos cria-
dos que traian la cena. Pusièron en la mesa pan , dos tazas, dos
botellas y très fuentes , en la una de las cuales venia un guisado
de liebre con mucha cebolla, aceite y azafran; en la otra una
olla podrida, y en la tercera un pavipoUo con salsa de tomate.
Luego que yiô Tordesillas que nos habian servido lo necesario,
despadiô i sus criados para que no oyesen nuestra conTersacion.
Gerrô la puerta , y nos sentémos el uno en frente del otro. Em-
pezemosy me dijo , por lo mas urgente : despues de dos dias de
dieta, es precise que ymd. tenga buen apetito; y diciendo este
me hizo un buen plato. Creia seryir à un hambriento , y efecti-
yamente tenia motivo para pensar que yo me atracaria de sas
manjares ; sin embargo engaûè sus esperanzas , pues , por mocba
necesidad que tuviese de comer, los bocados se me quedaban
atrayesados en la boca sin podcr tragarlos: tan oprimido tenia
el corazon a causa de mi estado actual. En yano mi alcaide, p«^
LIBRO NOYENO. 411
alegar de mi espiritu las crueles ideas que sin eesar le afligiao »
me ezcitabaà beber, y celebraba lo exquisito de sa Tino, pues
aon cuando me hubiera dado nectar, le hubiera bebido eolônces
sin gusto. ËI lo conociô, y tomando oiro mmbo se puso i con-
tarme con estilo alegre la bistoria de su casamiento ; pero con
esto todavia consiguiô mènos el fin. Escuchë su relacion tan dis-
iraido que , cuando la conduyô, no hubiera podido dear lo que
acababa de contarme. Juzgôqueera demasiada empresa querer
entretener por aquella noche mis penas. Despues de conduida la
cena se levante de la mesa, y me dijo : SeAor de Santillana, yoy
à dejar à ymd. descansar, 6 mas bien meditar con libertad sobre
su desgracia ; pero repito que no sera de larga duracion. £1 rey
es naturalmente bueno , y cuando se le haya pasado el enfado y y
considère la deplorable situacion en que crée i vmd., le parecerà
que esta bastante castigado. Dicho esto » el sefior alcaide bajô ë
Ûzo que subiesen los criados à quitar la mesa. Se llevéron hasta
las luces » y yo me acosté à la escasa luz de un candil oolgado en
la pared.
CAPITULO V.
De lo que reflexioii6 antes de dormine , y dd ruido que le despcrto.
Dos horas por lo mënos se me pasàron en reflexionar sobre
lo que me habia dicho Tordesillas. Conque aqui me estoy, de-
cîa , por haber contribuido à los placeres del heredero de la co-
rona, i Que imprudencia ha sido el haber servido en semejantes
cosas à un principe tan jôven I Pues todo mi delito consiste en
que es muy niûo. Quizà el rey, en lugar de haberse irritado tanto,
se hubiera reido si fiiese de mas edad. ; Pero quien habrà dado
semejante aviso al monarca, sin haber temido el resentimiento
del principe y el del duque de Lerma? Sin duda este querrà ven-
gar al conde de Lémos su sobrino. Pero lo que yo no puedo
comprender es como el rey ha podido descubrirlo.
Siempre yolvia à pensar en esto. Sin embargo , lo que mas
me afligia, mas me desesperaba, y lo que no podia desechar de
mi imaginacion , era el saqueo que temia habrian padecido todos
mis efc«tos. (Tesoro miol exclamé , ^donde estas? Amadas ri-
quezas mias, ;qué ha sido de vosotras? ;en que manos habeia
caido? î Ay de mi, os he perdido en mènos tiempo del que oa
ganét Me representaba el desôrden que habria en mi casa, y
sobre esto hacia reflexiones é cual mas tristes. La confusion de-
tantos pensamientos diferentes me sepukô en una tristeza que
me filé provechosa , pues cogi el sueûo que la noche entes no
habia podido reconciliar. Tambien contribuyéron é eUo la buena
cama , la fatiga que habia padecido , y los vapores del vino y de
412 GIL BLAS.
la oena. Me qaedé proftandamente dormido , y segun las seftaies
me hubiera amanecide aai , à no habenne despertado de impro-
Tiflo un ruido bastaute extraordinario para una cérceL Oi tocar
una guitarra , y à un hombre que cantaba al son de ella. Esciicbé
con atencion ; pero ya nada ol. Crei que era un suefto ; pero de
alii à un instante Tolvi à oir el mismo instrumento , y que canta-
ban los versos siguientes :
I kj de m( ! un aiio felioe
Parece un sopio ligero;
Pero sin dicha , un instante
Es un siglo de tormento.
Esta copia, que parecia se habia compuesto de intento para mi,
aumentô mis pesares. La yerdad de estas palabras, me decia yo,
harto la experimento. Me parece que el tiempo de mi fdicidad ha
pasado bien pronto, y que hace un siglo que estoy preso. Volvi
à sepultarme en una terrible melancolia, y & desconsolarme como
si tuviese gusto en ello. Mis lamentos diëron fin con la noche , y
los primeros rayos del sol que alumbràron mi estancîa calmàron
un poco mis inquietudes. Me levante à abrir la ventana para que
entrase el aire en el cuarto ; miré el campo , cuya vista me trajo
à la memorîa la bella descripcion que el seftor alcaide me habia
hecho de él ; pero no encontre objetos con que acreditar la ver-
dad de lo que me habia dicho. El Eresma, que yo creia & lo
ménos igual al Tajo , me pareciô solo un arroyo. Lai ortiga y el
cardo eran el ùnico adorno de sus riberas fhridas, y el supuesto
valu delicioso no ofreciô à mi vista sino tierras la mayor parte in-
cultas. Al parecer todavia no gozaba yo de aquella dulce melan-
colia que debia representarme las cosas de otro modo de como
las veia entônces.
Estaba é medio vestir cuando llegô Tordesillas acompaflado
de una criada auciana que me traia camisas y toallas. Seitor GQ
Bias, me dijo, aqui tiene vmd. ropa blanca ; usé vmd. de eUa sin
reparo, que yo cuidarè de que la tenga siempre de sobra. Y
bien, afladiô, ^como ha pasado vmd. la noche? ^ha aplacado
el sueflo sus penas por algunos instantes? Puede ser, respondi,
que durmiera todavia si no me hubiera despertado una vos
acompafiada de una guitarra. El caballero que ha turbado su
reposo, respondiô, es un reo de estado que esta en un cuarto
inmediato al de vmd. Es un caballero de la ôrden de Calatrava,
y de muy buena presencia, que se llama don Gaston de Cogollos.
Si ustedes quieren pueden tratarse y comer juntos, 'y asi en sus
conversaciones se consolaràn mùtuamente , y para ambos sera
esto de mucha satisfaccion. Manifesté à don Andres que agra-
decia infinito la licencia que me daba de unir mi dolor con el
de este caballero ; y como dièse à entender mi vivo deseo de
LffiRO NOVENO. 413
conocer à aqael compaflero en mi desgracia , niiestro cortea al-
caide desde aquel mismo dia me proporcionô este gusto. Comi
con don Gaston , cuyo bello aspecto y gentileza me cautivéron.
I Cual seria su hermosura cuando deslumbrô mis ojos acostnm-
brades à ver la juventud mas bella de la corte? Imaginese un
hombre que parecia una miniatura , uno de aqnellos ^roes de
noyela, que para desvelar i las princesas no necesitaba mas que
presentarse : afiàdase à esto que la naturaleza , que comunmente
distribuye con desigualdad sus dones , habia dotado é Cogollos
de mucho valor y entendimiento ; y se formarâ una ligera idea
de las perfecciones que le adornàban.
Si él me hechizô , por mi parte tuve la fortuna de no desagra-
darle. Aunque le supliqué no dejase de cantar por mi de noche,
nunca voWio à hacerlo temiendo incomodarme. Dos personas à
quienes aflige una mala suerte se unen con facilidad. A nuestro
conocimiento se siguiô bien presto una tierna amistad , la cual
se estrechô cada dia mas. La libertad que teniamos de bablar
cuando queriamos nos sirviô muchisimo , pues en nuestras con-
Tersaciones nos ayudabamos reciprocamente à Uevar con pacien-
da nuestra desgracia.
Una siesta entré en su cuarto à tiempo que se preparaba à
tocar la guitarra. Para oirle mas cômodamente me sente en un
banquillo, que era la unica silla que tenia, y él sobre su cama:
tocô una sonata tierna, y cantô despues una copias que explica-
ban la desesperacion à que reducia à un amante la crueldad de
su dama. Asi que acabô, le dije sonriéndome : Caballero , nunca
necesitarà vmd. emplear taies versos en sus galanteos , porque
su persona no encontraré mugeres esquivas. Vmd. me favorece,
respondiô : los versos que vmd. acaba de oir los compuse para
ablandar un coraaeon que yo creia de diamante » para enternecer
à una dama que me trataba con un rigor extremado. Es preciso
cuente à vmd. esta historia, y al mismo tiempo sabra vmd. la de
mis desgracias.
CAPITULO VI.
Hûtoiia de don GaiUm de Cogollos , y de doàa Elena de Galisteo.
Presto harà cuatro aflos que sali de Madrid para Coria à ver
à mi tia dofta Leonor de Lajarilla » una de las mas ricas viudas
de Castilla la Yieja , y de quien soy ùnico heredero. Apénas
llegué à su casa cuando el amor vino à turbar mi sosiego. Me
puso en un cuarto , cuyas ventanas daban eu frente de las zelo-
sias de una sefiora, à quien ftcilmente podia ver, pues eran muy
claras, y la calle estrecha. No desprecié esta proporcion , y me
pareciô tan beDa mi vedna, que quedé apasionado de ella. Se lo
414 GIL BLAS.
maiûfestè prontameote con miradas tan Tiras , que no podlan
equiyocane : ella lo conocio ; pero no era de aqoellas seAoritas
que haoen gala de semejante obaeryaciony y toda?la GOirespon-
diô mènos à nua seftas.
Quise aaber el nombre de aqnella peligrosa persona , que tan
prontaniente trastomaba los corasones , y sape se Ilamaba doika
Elena , que era hija ùnica de don Joije de Galisteo, qne poaeia i
algnnas léguas de Goria una hacienda de macho prodncto : que
se le presentaban frecaentemente baenos parddos , pero qoe so
padre los despreciaba todos con la mira de casarla con don
Agustin de la Higuera, su sobrino , el que con la esperanza de
este casamiento tenia libertad de yer y hablar todos los dias à
sn prima. No me desalenté por eso , entes bien seanasentô en
mfi el amor; y el orgoAoao placer de desboncar à un riyal amado
qairi me excitô mas que mi amor à Ueyar adelante mi empresa.
Continué , pues , mirando cariftosamente i mi Elena. Enyié tam-
bien emisarios à Felicia su criada para solicitar sn mediadon.
Hioe igualmente hablar por seftas é mis dedos ; pero estas de-
mostraciones fixëron inutiles. La misma respuesta tnre de la
criada que del ama. Ambas se mostràron duras é inaooesibles.
Yiendo que rehusaban responder al lenguage de mis cjos, re-
Gurri à otros interprètes : puse gente en campaAa para descubrir
si Felicia tenia algun conodmiento en la dudad , y lleguè & ^saber
que su mayor amiga era una seftora andana Uamada Teodora »
y que se yisitaban con frecuencia. Alegre con esta notida bus-
qué é Teodora, à quien obligué con dàdtyas à seryirme. Se in-
teresô por mi » y me ofreciô fecilitarme en su casa una conyer-
sacion sécréta con su amiga , promesa que cumpliô al dia sigoiente.
Ya dejo de ser desgraciado , dije à Felida ; pues mis penas han
excitado tu piedad.^ Que no debo à tu amiga por haberte îndi-
nado à que me des la satisfitcdon de hablarte? Seftor, me res-
pondi6 y Teodora es dnefta de mi yoluntad : me ha hablado por
ymd.; y si pudiera yo hacerle feliz, bien presto conseguiria sas
deseos ; pero con toda esta buena yoluntad no se si podré seras
de gran provecho. No qniero lisonjear à ymd. : so empresa es
muy difidl. Ymd. ha puesto los ojos en una seflorita cuyo corazon
es de otro : \ y que sefiorita ! Es tan disimulada y altiya que, si
ymd. con su constancia y obsequios consigne merecerle algunos
suspiros » no piense que su altaneria le dé la satisfaocion de de-
mostrârselo. ; Ah ! mi amada Felida, prorrumpi con dolor, ^pan
que me expresas todos los obstâcnlos que tengo que reneer?
Estas circunstandas me atrayiesan el aima. Engàftame , y no me
désespères. Dicho esto , y cogiéndole una mano , le pose en el
dedo un diamante de trecientos doblones, didèndole al mismo
tiempo cosas tan tiemas que la hice llorar.
Le persuadiéron tanto mis palabras , y quedA tan contenta con
LIBRO NOYENO. 416
mi generoftidad , que no qniso dejarme sin consaelo ; y allanando
un poco las dificuldades , me dijo : Seftor, lo que acabo de decir
à ^md. no debe quitarle toda esperanza. £s yerdad que sa rival
no es aborrecido. Viene à casa i yer con libertad à su prima , le
habla cuando quiere , y esto es lo que iayorece à ymd. La cos-
tuinbre que tienen de estar ambos juntos todos los dias entibia un
poco su trato. Me parece que se separan sin pena, y se yuelven
à yer sin gusto. Se podria decir que estàn ya casados. En una
palabra , no parece que mi ama tiene una ciega pasion i don Agus-
tin. Por otra parte hay mucha diferencia de sus prendas perso-
nates à las de ymd., y esta particularidad no la obseryarâ inàtik
mente una seftorita de tan delicado gusto como doAa Elena. No
se aoobarde ymd. , continue su galanteo , que yo no dejaré pasar
ninguna ocasion de hacer yaler & mi ama lo que ymd. se esmera
en agradarle; y por mas que disimule, descubriré su intérieur Id
trayes de sus disimulos.
Despues de esta conyersacion , Felicia y yo nos séparâmes muy
satisfechos nno de otro. Yo me dispuse de nueyo à obsequiar en
secreto é la hija de don Jorge; dile una mùsica, en la coal uiia
bella yoz canto los yersos que ymd. ha oido. Acabado el oo»*
eierto» lacriada, para sondear à su ama, le pregnntô si se habia
diyertido. La yoz , dijo dofla Elena» me ha gustado» Y las pafaK
bras que ha cantado ;no son muy expresivas? De eso es » dijo
la seflora » de lo que no he hecho apredo algmio , atendiendo solo
al canto; ni se me da nada el saber quien me ha dado estamùsica.
Segun eso , exclamé la criada , el pobre don Gaston de Cogollos
esta muy lëjos de merecer la atencion de ymd. , y es muy looo
en gastar el tiempo en mirar naestras zelosias. Pn^e ser que no
sea ël , dijo el ama friamente , sino algun otro caballero que con
este ooncierto ha querido dedararme su pasion. Perdone ymd.,
respondiô Felicia » esté ymd. muy engafiada, es el mismo don
Gaston ; pofque esta mafiana ha Uegado à mi en la calle, y su--
plicado diga à ymd. de su parte que la adora à pesar de los ri-
gores con que paga su amor ; y que en fin se tendra por el
hombre mas feUz si le permite acreditar su temora con sus ob^
seqaiosyatenciones.Estasexpre8ioneSy prosiguiô, denotan bien
que no me engafto.
La hija de don Jorge mudô repentinamente de semblante , y
nrirando con aire severe à su criada , le dijo : ; Gomo tienes atre-
yîmiento para proposarte à contarme esa necia conyersacion? No
te suceda otra yez el yenirme con semejantes impertinencias. Y
si ese temerario tiene todayia la osadia de hablarte , te mando le
digas se dirija à otra persona que haga mas case de sus galanteos,
y que elija un pasatiempo mas décente que el de estar todo el
dia à la ventana observando lo que hago en mi cuarto.
La segnnda yez que yi à Felicia , me diô cuenta puntual de
416 GIL BLAS.
codas las drconstancias de esta eonyersadon , y para persnadimie
de que mi pretencion no podia ir mejor, aseguraba que aquelhs
palabras no se debian tomar al pie de la letnu Por lo que â mi
toca, que procedia sencillamente , y no creia se pudiese ezplicar
el texto en mi fevor, desconfiaba de los comentarios que eOa ha-
cia. Se burlô de mi desconfianza , pidiô papel y tinta i su amiga,
y me dijo : Seflor mio , escriba vmd. prontamente à doâa Elena
como an amante desesperado. Pintele viyamente sus penas , y so-
bre todo laraéntese de la prohibicion de asomarse à la ventana.
Promètale vmd. que obedecerà su precepto; pero asegùrele que
le costarà la vida : pinte Tmd. esto tan lindamente como ustedes
los caballeros saben hacerlo , y lo demas queda à mi cuidado.
Espero que las résultas haràn é mi penetracion mas honor dd
que vmd. le hace.
Yo hubiera sido el primer amante que, encontrando tan opor-
tuna ocasion de escribir à su dama , la hubiera desapro^echado.
Compuse una carta mny patética, y entes de cerrarla se la enseâé
à Felicia , quien despues de haberla leido se sonriô , y me dijo
que, si las mugeres sabian el arte de encaprichar i los hombres,
en recompensa no ignoraban eUos el de embobar â las mugeres.
La criada tome el billete , asegurindome que si no prodacia buen
efecto , no séria culpa de ella : me encargô mucho tuTÎese gran
cuidado de no dejarme yer à la ventana por algunos dias, y se
voIyîô al momento à casa de don Jorje.
SeAora, dijo à doAa Elena cuando llegô, he encontrado à don
Gaston. Ha venido i hablarme , y me ha tenido una conversa-
cion muy lisonjera ; me ha preguntado temblando , y como un
reo que va à oir su sentencia , si habia hablado i vmd. de su
parte. Yo, por no faltar à vuestras ôrdenes, no le he dejado pro-
seguir , y le he hartado de injurias, y dejado aturdido de ver mi
enojo. Me alegro, reapondiô doâa Elena, que me hayas librado
de ese importuno ; pero para eso no habia necesidad de habiarle
descortesmente : siempre es preciso que unadoncellatenga agrado.
Seflora, replico la criada, à un amante apasionado no se le aleja
cou palabras suaves , pues vemos que ni aun se consigue este
fin con enojo y furor. Don Gaston, por ejemplo , no se ha desa-
nimado. Despues de haberle llenado de improperios , como he
dicho , fui à casa de vuestra parienta , adonde me habeis enviado.
EstaseAora, por mi desgracia, me ha tenido mucho tiempo:
digo mucho tiempo , porque à la vuelta he encontrado otra vez
al mismo. Yo no esperaba verle mas , y su vista me ha turbado
tanto , que mi lengna , pronta en todas ocasiones , no ha podido
en esta pronunciar una palabra. Pero y entre tanto ;qué ha hecho
él? Aprovechàndose de mi silencio, à mas bien de mi turbacion,
me ha metido en la mano un papel que he guardado sin saber
lo que me hacia, y desapareciô al momento.
UBRO NOVENO. 417
Bicfao esto sacô del seno mi carta, y se la entregô en tono de
chanzaàsu ama, quienla tomô como por diversion, la leyô
con todo, y despues hizo la reseryada. Enverdad, Felicia, dijo
seriamente à su criada, que ères una loca en haber recibido este
biUele. i Que podrà pensar de esto don Gaston , y que debo
créer yo misma? Tu me das motiyo con tu conducta para que
desconfie de tu fidelidad, y à.ël para que sospecbe que corres-
pondo à su indinacion. ( Ay de mi I Puede, ser que en este
instante créa que leo y releo con gusto sus expresiones. Ye aqui
à que afrenta expones mi altiyez. De ninguna manera, seftora,
le respondiô la criada , él no puede pensar de esta suerte ^ y caso
que asi fuese, pronto sabra lo contrario. Le dire la primera yez
que le yea, que he enseftado à ymd. su carta; que ymd. la ha
mirado con la mayor indiferencia , y que , sin lêerla , la ha hecho
ymd. pedazos con un frio despreçio. Libremente puedes afir-
marle, repuso dofia Elena, que yo no la he leido, pprque me
hallaria muy apurada si tuyiera que decir sblamente dos pala-^
bras. La hîja de don Jorje no se contentô con hablar en cstos
términos , sino que aun rasgô mi billete , y prohibiô à su criada
hablarle jamas de mi.
Como yo habia prometido no galantearla desde mis yentanas,
porque mi yista desagradaba, las tuye cerradas muchos dias
para que mi obediencia mereciese mas aprecio; pero en des-
quite de mis seflas, que me estaban prohibidas, me dispuse à
dar musicas à mi cruel Elena, f uime ma noche.debajo de su
balcon con los mùsicos , cuando un çaballero con espada en
mano turbô el concierto dando de golpes à los instrumentistas ,
quienes inmediatamente huyéron. El corage que anims^a à este
atreyido despertô el mio, y arrojàndome à èl para castigarle^
prindpiàmos un reflido cpmbate. Dofla Elena y su criada oyen
el mido de las espadas , miran por las zelosias, y yen dos hom-
bres que riften. Dan grandes gritos : obligan à don Jorje y sus
Griados à que se leyanten inmediatamente , y acudea con muchos
yecinos k separar klos combatientes ; pero ya Uegéron tarde. Solo
encontràron en el sitio à un çaballero nadandp en su sangre y
casi sin yida, y conocièron que era yo el desgraciado. Me lle^
yéron à casa de mi tia , y se llamàron los cirujanos mas habiles
de la dudad.
Todo el mundo se compadeciô de mi, y especialmente dofla
Elena, que entènces descubriôel interior de su corazon. Sudisi*
mulô se rindiô al sentimiento ; y ya ^lo. créera ymd.? no era
aquella seûorita que tanto se preciaba de no hacer caso de mis
obsequios, sino una tierna amante.que se entregaba sin reserya
i su dolor; y asi el resto de la noche lo pasô Uorando con s.ij^
criada, y maldiciendo à su. primo don Agustin. de la Higuera, à
quien eUas creian autor de sus légrimas , como en efecto él era
37
418 GIL n^AS.
qaien habia intermmpido la mûsica tan fanestamente. Tan disi-
mnlado como au prima, habia oonoctdo mi intendon, j nada
habia didio de ella; é imagioando qae Elena me correspondta ,
habia hecho esta accion tan violenta para moatrar que era méoos
aufirido de lo que se pensaba. No obstante , este triste aocidentie
se oMdo poco tiempo despues por la alegria que sobreTlno.
Aunque mi herida era peligrosa , la habilidad de los drujanos me
sao6 â salyo. Todayfa no salia yo coando dofta Leonor , mi tia ,
filé é verse con don Jorje , j le propnso mi casamiento con doda
Elena. Consintiô en este enlace tanto mas gustoso coanto que
entônces miraba à don Agnstin como à un hombre à quien quizé
no YoWeria à ver mas. El buen yiejo rezelaba que su hija ten-
dria repugnanda & casarse conmigo , à causa de que el primo la
Higuera habia tenido la libertad de yisicarla mucho tiempo para
grangear su cariflo ; pero se mostrô tan dispuesta à obedeoéf eu
este pnnto à su padre , que de aqui podemos inférn* que en Es--
pafla, como en todas partes , es afortunado con las mugeres et
âhimo que flega.
Luego que pude hablar à solas con Felicia, supe hasta qnè
extremo habia afligido à su ama el desgracîado sOoèso de mi pa-
sadapendencia. De modo que, no dudandoya ser el Paris de mi
Elena, bendeda yo mi herida, pues habia tenido tan bosnas
consecuendas para mi amor. Obtuve permiso del seftor dkm Jorje
para hablar à su hija en presencia de la criada. | Que gustosa fué
esta conversacion para mi 1 Tanto supliqué , y de tal manora insté
i la seftorita à que me dîjese si su padre violentaba su inclinacion
concedîèndome su mano , que me confesô que no la deUa sola-
mente & su obediencia. À vista de esta halagûefia dedaradon ,
solo pensé en agradar y en inventar galanteos miéntrâs llegaba
el dia de la boda , que habia de celebrarse oon una magnifiea ca-
balgata, en que toda la nobleza de Coria y sus cercanias se pre-
paraba para lucirlo.
IM con este fin un gran banqueté en una hermosa casa de re-
creo que tenia mi tia cerca de la ciudad del lado de Monroy. Don
Jorje y su hija concurriéron con todos sus parientes y amigos.
Se habia dispuesto por mi érden un concierto de voces é instn^
mentos , y hecho venir una compaftia de cômioos de la légua
para que representaran una comedia. Cuando estabamos i mîtad
de la comedia , entrâron é decirme que estaba en la anteaala un
hombre que queria hablarme de un negodo muy interesantepara
mL Me levante de la mesa para ir é ver quien era, y me encontre
con un desconoddo que me paredô ser un ayuda de eàmara, el
que me entregô un billete , que abri y oontenia estas palabras :
«r Si estimais el honor, como debe un caballero de vuestro èrden,
c no dejeis mafkana por la matkana de ir à la llanura de H ouroy,
«r en donde encontraréis à un sugeto que quiere daros satiaEio-
LIBRO NOYENO. 41»
« cion de la ofensa que 08 ha hecho , y poneros , si paede, fiiera de
ff estado de casaros con dofia Elena. Don Agdstin de la Higueha^
Si el amor tiene mucho imperio sobre los Espaftoles , el pondo-
nor tiene todavia mas. No pude leer el billete con ànimo tranr
qoilo. Al solo nombre de don Agustin se encendiô en mis yenas
on fbego que casi me hizo olyidar las obligaciones indispensables
de aquel dia. Tuye tentaciones de eyadirme de la concnrrencia
para ir inmediatamente en busca de mi enemigo. No obstante ,
me contuye temiendo turbar la funcion , y dije al que me habia
traido la carta : Amigo mio , podeis decir al caballero que os en-
Tia que deseo demasiado renoyar con ël el combate » para no
hallarme maAana antes que saïga el sol en el sitio que me seûala.
Oespues de haber despachado al mensagero con la respuesta,
Tolyi é reunirme con mis conyidados , y me sente à la mesa ,
disimulando de modo que nfnguno sospechô lo que me pasaba »
y lo restante del dia aparenté estar entretenido como los otros con
la diyersion de la fiesta , la cnal se acabô à media noche. La con-
cnrrencia se séparé » y todos se retiràron i la ciudad del mismo
modo que habian yenido , ménos yo que me quedé con pretexto
de tomar el fresco la maAana sigoiente ; pero no era por otro
motiyo sino para acudir mas pronto al sitio de la cita. En lugar
de acostarme , aguardë con impaciencia é que amaneciera, ë in-
mediatamente monte en el mejor caballo que tenia , y parti
8olo< como para pasearme en el campo. Gamine hàcia Honroy ,
ea cuya llanura descubri â un hombre à caballo queyenia à mi &
rienda suelta : yo hice lo mismo para ahorrarle la mitad del ca-
mino y y asi bien presto nos encontràmos , y yi que era mi riyaL
Caballero , me dijo con insolencîa , yengo î pesar mio ^ pelear
segunda yez con ymd. ; pero la culpa es yuestra. Despues del
bnoe de la mùsica, debi6 ymd. renunciar yoluntariamente é la
hija de don Joije, ô saber que, si ymd. persistia en el designiode
obsequiarla^ nuestros debates no habian cesado. Ymd. se baen-
aoberbecido , le respondi , del logro de una yentaja que quizé
debiô ménos k su destreza que à la oscuridad de la noche. Ymd.
se olyida de que las yictorias no son siempre de uno. Siempre
son mias , replicô con arrogancia , y yoy à hacer yer à ymd. que
asi de dia como de noche se castigar à los atreyidos que estor-*
ban mis intentos.
A estas altaneras palabras solo respondi echando pië i tierra»
lo cnal hizo tambien don Agustin. Atimos los caballos à un àr-
bol y y principiàmos à reftir con igual denuedo. Confieso inge-*
nuamente que tenia que pelear con un enemigo que sabia manejar
las armas oon mas destreza que yo > no obstante mis dos aûos de
escoela. Era consumado ea la esgrima, y asi no podia expoqer
yomi yida A mayor peligro. Sin embargo « como de ordina^io
sncede que al mas fuerte le yenza el mas dëbil , mi riyal recibiô
490 Ga BLAS.
una estocada en el corazon à pesar de sa destreza, y caya
inaerto.
Yolyi al mstiinte à la casa de recreo , en donde conté lo que
babia pasade i mi criado , caya fidelidad conocia. Dijele despues :
Mi amado Ramiro , antes qae la justicia sepa el caso , toma an
baen caballo » y ye à infonnar à mi tia del saceso : pidele de mi
parte dinero y joyas para mi viage, y yen à bascarme é Plasen-
cia. En la primera bosteria » como se entra en la cîadad , me en-
contrarés.
Ramiro eyacuô sa comision osn tanta presteza » qae llegô à
Plasencia très boras despaes que yo. Dijome que dofia Leonor
se habia alegrado mas que no afligido de un combate que repa-
raba la afrenta que habia yo rectbido en el primero, y que me
enyîaba todo el oro y pedreria que tenia, para que yiajar acômo-
damentepor paises extrangeros miéntras ella componia mi asunto.
Para omitir las circunstancias supèrfluas dire que atrayesé por
Castilla la Nueya para ir al reino de Valencia à embarcarme en
Dénia. Pasé à Italia, en donde me puse en estado de recorrer las
cortes y presentarme en ellas con decencia.
Miéntras que, léjos de mi Elena, pensaba yo en engafiar mi
amor y tristezas lo mas que me era posible , esta sefiora en Corîa
lloraba secretamente mi ausencia. En lugar de aplaudir las per-
secuciones de su iamilia contra mi por la muerte de la Higuera ,
deseaba al contrario cesasen por una pronta compostora, y ace-
lerasen mi regreso. Ya habian pasado seis meses , y creo que su
constancia habria yencido siempre al tiempo , si solo hubiera te-
nido que luchar con este ; pero tenia todayia enemigos mas po-
derosos. Don Bias de Cambados, hidalgo de la costa occidental de
Galicia , pasô à Coria à recoger una rica herencia que le habia dis-
putado en yano don Miguel de Caprara , su primo , y se ayectndô
alli por haberle parecido aqael pais mas agradable que el sayo.
Cambados era bien plantado, parccia afoble y atento, siendo al
mismo tiempo muy persuasiyo. Presto hizo conocimiento con
todas las gentes décentes de la ciudad , y supo los asuntos de
unes y de otros.
No estuYO mucho tiempo sin saber que don Joije tenia una
hija, cuya peligrosa hermosura parecia no inflamar à los hom-
bres sino para su desgracia, cosa que excité su curiosidad. Qoiso
yer à una seAora tan temible , y habiendo buscado é este efecto
la amistad de su padre , consiguié ganarla tan bien , que el TÎejo ,
mirândole ya como à yemo, le dié entrada en su casa, con per-
miso de hablar en su presencia à dofia Elena. El Gallego nada
tardé en enamorarse de ella; esto era ineyitable : se déclaré con
don Jorje, quien le dijo que accedia à su pretension , pero que
no queria predsar à su hija , y que asi la dejaba dueûa de la fiety
cion. En seguida se yalié don Bias de todos los medios que pndo
LIBRO NOVENO. 421
discurrir para agradarla; pero estaba tan prendada de mi, que
no le die oidos. Felicia sin embargo se habia interesado por
aquel caballero , habiéndola obligado este con regalos A contri-
buir à su amor, y asi empleaba en ello toda sa habilidad: Por
otra parte el padre ayudaba à lacrîada con reconyencione8.;'y
con todOy en un afio entero no hiciéron mas que atormentar A
dofia Elena , sin poder reducirla A olvidarme.
Yicndo Gambados que don Jorje y Felicia se empefiaban inù-
tilmente por el , les propuso un arbitrio para veneer la obstina-
cion de una amante tan apasionada. Yed aqui, les dijo, lo que he
pensado : fingirëmos que un mercader de Coria acaba de recibir
carta de un comerciante italiano, en la que, deques de hablarle
largamente de negocios de comercio , se leerAn las palabras si-
goientes : <r Poco tiempo hace que Uegô A la corte ie Parma un
e caballero espaAol, llamado don Gaston de GogoUos. Dice ser
«r sobrino y ùnico heredero de una yiuda rica de Coria Ilamada
<v doila Leonor de Lajarilla, y prétende easarse con la hija de un
« seûor poderoso; pero no quieren aceptar su propuesta hasta
« baberse informado de la yerdad , y tengo el encargo de pre-
«r gnntArselo A ymd. Digame , le suplico , si conoce A este don
« Gaston , y en que consisten los bienes de su tia. La respuesta
<r de ymd. decidirA este enlace. Parma , etc. a
Esta trampa le pareciô al yiejo un juego y engafto perdonable
en los enamorados : la criada » aun mënos escrupulosa que el
buen hombre, la aplaudiA mucho. La ficcion les pareciô tanto
mejor cuanto que conocian la altiyez de Elena , la cual , como no
Uegara A sospechar el fraude , era una muger capaz de resolyerse
A abrazar el partido que Id proponian. Don Jorje tomô A su cargo
el anunciarle por si mismo mi inconstancia , y para que pareciera
la cosa mas natural , hacerle hablar al mercader que habia re-
cibido de Parma la supuesta carta. EfectuAron el pensamiento
como lo liabian formado. El padre alterado, y aparentando>enojo
y despecho , le dijo : Hija mia Elena , nada mas te dire sino que
nuestros parientes todos los dias claman sobre que jamas per-
mita entre en nuestra femilia al homicida de don Agustin , y hoy
tengo otra razon mas poderosa para alejarte de don Gaston. '
Ayergiiènzate de série tan fiel. Es un yoltario , on pérfido ; y ye
aquL una prueba cierta de su infidelidad : lee tu misma esa carta,
que un mercader de Coria acaba do recibir de Italia. Asustada
Elena tomô el fingido papel, lo leyô, meditô sobre todas sus
expresiones , y se quedô sJ)sorta de la nueya de mi inconstancia.
Un afecto de ternura le hizo despues yerter algunas:lAgrimas;
pero recobrando presto su orgullo , las enjugô , y dijo con en-
tereza A su padre : Seftor^ ymd., que ha sido testigo de mi flaqueza,
séalo tambien de la yictoria que yoy A conseguir sobre mt. Ya se
acabô; don Gaston es ya despreciable A mis ojos; eu èl solo yeo
GILBLAS.
d hombre mas indigno de este mimdo. No haUemos mas de él.
Vamot, nada me deticne ya; dispoesta estoy à dar la mano à
doo Bias* Ojali que mi casamiento précéda ai de aqœl fkrSdo
qae ttui mal ha pagado mi amor. Don Jorje, eoageaado de aie-
gria al oir estas palabras, abraz6 i sa hija, alabô la esfonada
resolucion que tomaba , y aplaadîèndose del féliz èxito de la es-
tratagema , se diô priesa à cumplir los deseos de mi rivaL De este
modo me quitéron à dofta Elena , la qoe se entregô précipita-
damente à Gambados, sin qnerer escnchar al amor que le hablaba
por mi en sa corazon, ni ann dadar an instante de ona notida
qae debiera haber encontrado mènos credolidad en ana amante.
Impelida de sa orgoDo solo diô oidos à sa yanidad ; y el resen-
Cimîento de la injaria qae imaginaba habia yo hecho à sa hermo-
•ara saperô al interes de su amor. Sin embargo , pasados aigu-
nos dias despaes de sa casamiento , sintiô alganos remordimientos
de haberlo acelerado : se le previno entônces qoe la carta del
mercader podia haber sldo fingida , y esta sospecha la inqaietô ;
pero el enamorado don Bias no dsdba logar é qae su moger ali-
mentase ideas contrarias à sa reposo , y no pensaba mas que en
divertirla , lo qae consegoia con repetidos placeres que tenia arte
para inyentar.
Ella parecîa vivir may gastosa con an esposo tan obsecpiioso ,
y reinaba entre ambos ana perfecta anion, caando mi tîa corn-
paso mi asooto con los parientes de don Agostin , de lo qae re-
cibi ayiso en Italia inmediatamente. Estaba entônoes en Regio ,
en la Calabria Ulterior. Pasé à Sicilia , de alli à EspaAa , y llevado
en alas del amor Uegué en fin & Coria. Doua Leonor , que no me
habia escrito el casamiento de la hija de don Jorje , me lo noticiô
i mi llegada , y yiendo qae me afligia , dijo : Haces mal , sobrino
,mio, demostrarte tan sentido de la pèrdida de una dama que no
ha podido serte fiel. Creeme , destierra del corazon y de la me-
moria é ana persona qae ya no es digna de ocuparlos.
Gomo mi tia ignoraba que habian engaâado à doila Elena , tenia
razonpara hablarme asi, y no podia darme un consejo mas dis-
creto ; por lo qae me promet! seguirlo , ô à lo ménos aparentar an
' aire indiferente , si no era capaz de y encer mi pasion. Sin embargo ,
no pude resistir al deseo de saber de que modo se habia concer-
tado este casamiento , y para enterarme resolyi yer à la amiga
de Felicia, es decir, à la sefiora Teodora , dequienya osheha-
blado. Fui à su casa , en donde casualmeute encontre à Fdicia , la
cual, estando muy agena de yerme , se turbô, y quiso retirarse por
eyitar la ayeriguadon que juzgô qnerria yo hacer. La detuve , ;
le dije : ^Porqué huis de mi? ^ no esta contenta la peijura Elena
oon haberme sacrificado? ^os ha prohibido escnchar mis quejas?
1 6 tratais solamente de eyitar mi presencia por haceros on mériiO
con la ingrata de haberos negado à oirlas?
LIBRO ICOVBffO. 423
Seftor, me respondiô la criada, confieso ingenuamcrnte que
Yuestra presencia me confiinde; no puedo yeros sia sentirme
despedazada de mil remordimientos. À mi ama la han seduddo ;
j yo be tenido la desgracia de ser complice en la sedaccion. À viata
de esto , j^paedo yo sin vergûenza presentarme à ymd.T i Oh cie*-
loa ! repliqaé yo con sorpresa , i que me dices ? £x(Jb»te con mas
daridad. Ent6nces la criada me contô punto por puiito la estrata*-
^erna de que se habia valido Gambados para robarme à dofka
JSlena; y advirtiendo que su narradon meatravesaba el aima» se
eisforzô à consolarme : me ofreciô sus boenos ofidos para con su
ama : me prometiô desengaûarla y pintarle mi desesperacion ; en
ima palabra , no omitir nad|i para snaviasar el rigor de mi suerte :
en fin me di6 esperanzas que mitigàron algun tanto mis penas.
Dejando à un lado las infinitas contradiccione^ que tuvo que
safrir de parte de doua Elena para que consintiera en verme , al
fin pudo conseguirlo , y resol viéron entre^^llas que me introdudrian
aecretamente en casa de don Bias la primera vez que este saliese
para una hacienda à donde iba de tiempo en tiempcJi cazar , y en
la que se detenia por lo comun un di^ 6 dos. Este designio no
tardô en ejecutarse : el marido se ausentô , de lo que advertido yo ,
fui introduci^Q en el cuarto de su muger.
Quise principiar la conversadon con reconvenciones ; pero
ella me hizo callar diciéndome ; EsinùtU traer 4b memoria lo
pasado ; aqui no se trata de enternecemos uno y otro , y os
^ngafiais si me creeis di^puesta à halagar vuestro afecto. Yo os
declaro que no he dado mi consentimiento para esta sécréta en-
trevista, ni he cedido à las instandas que se me han hecho sino
para dedros de viva voz que en adelante no debeis pensar mas
que en ohidarme. Quizà viviria yo mas satisfecha de mi suerte,
si esta se hubiese unido é la vuestra; pero ya que el delo lo ha
dispuesto de otra manera, quiero obedecer sus decretos.
Pues que y sefiora, le respond! , (no basta el haberos perdido?
^no basta ver al dichoso don Bias poseer pacificamente la ùnica
persona que soy capaz de amar , smo que tambiea:debo dester-
raros de mi pensamiento? iQuereis privarme de mi amor, y
quitarme el ùnlco bien que me queda! {Ah, cruel I ; Pensais que
0ea posible que un hombre à quien robésteis el corazon voelva
à recobr%rleT Conoceos mas bien, que os conoceis, y dejaos de
exhortarme en vano à que os borre de mi memoria. Esté bien,
repliçô ella con precipitacion, pues cesad vos tambien de esperar
que yo corresponda a vuestra pasion con algun agradecimiènto.
8olo una palabra tengo que deciros : la esposa de don Bias no
sera la amante de don Gaston; caminad sobre este supuesto* Re-
liraoSy afiadiô, y acabemos prontamente una conversacion de
que me reprendo à mi misma , à pesar de la pureza de mis. tnten-
dones , y que mir.aria como un crimen si la prolongase.
494 GIL BLAS.
' Al oir estas palabras ^ que me privaban de toda esperanza ,
me arrojé à los pies de dofta Elena : bablèle con la mayor ter-
nura, y empleé hasta las Ugrimas para entemeceria; pero todo
esto no siryîô mas que de excitar acaso algunos afectos de lis-
tima, que tuvo buen cuidado de ocultar^ y que sacrifico i an
deber. Despues de haber apurado infructuosamente las expresio-
nes amorosaSy los ruegos y las làgrimas, mi carifio se conviniô
de repente en furor ^ y saqué la espada con intento de atraYesaime
con ella à presencia de la inexorable Eleiia^ que apènas advirtiô
mi accion, cuando se arrojô A mi para precaver sus consecnen-
cias. Deteneos, Cogollos, me dijo : ^es este el modo que teneis
de mirar por mireputacion? Quitàndoos asi la vida /vais à des-
honrarme, y hacer pasar à mi marîdô por un asesino.
En la desesperacion de que estaba dominado , muy lèjos de
atender à estas palabras como debîa , no pensaba mas que en
burlar los esfuerzos que bacian el ama y la criada para saWarme
de mi funesta mano : sin duda hubiera conseguido demasiado
pronto mi intento , si don Bias , que estaba avisado de nuestra
entre vista, y que en lugar de ir à su hacienda se babia escon-
dido detras de un tapiz para oir nuestra conversacion, no ha-
biera acudido corriendo âunirse à ellas. Sefior don Gaston, ex-
clama', deteniéndome el brazo, recôbrese vmd. y no se rinda
cobardemente al furioso enagenamiento que le agita.
Yo interrumpi à Caïnbados diciéndole: ^Es ymd. quien me
impide ejecutar mi resolucion cuando debiera atravesar mi pecho
cou un puàal? Mi amor, aunque desgraciado, os ofende. ^No
basta que me sorprendais de noche en el cuarto de vuestra es-
posat ;Se necesita mas para excitar yuestra yenganza? Tra^pa-
sadme para libraros de un hombre que no puede dejàr de adorar
é dOâa Elena sino cesando de yiyir. En yano , me respondiô
don Blas^ procura ymd. interèsar mi honor para que le dé la
muerte. Bkstante castigado queda ymd. de su temeridad; y yo
agradezco tanto à mi esposa sus* sentîmientos yirtuosos, que le
perdono la ocasion en que los ha manifestado. Greedme, Co-
gollos, afiadiô, ho os desespereis como un débil amante; someteos
con yalor à la nècesidad.
El prudente Gallego con estas y otras semejantes expresiones
càlmô p6co à poco mi arrebato , y despertô mi yirtud. Me re-
tiré con ànimo de alejarme de Elena y de los lugares que habî-
taba, y dos dias despues me Tolvi & Madrid, en donde, no que-
riehdo ya ocuparme sino en el cuidado de mi fortuna , comenzé
à preseniarme en la corte, y à ganar en ella amigos; pero he
tenido la desgracia de contraer una estrecha amistad cou el
marques doYilIareal, gran seftor portugues, el cual, por haberse
sospechado de él que pensaba en libertar à Portugal del dominio
de los Espaftoles , esta hoy en el castillo de Alicante. Como el
UBRO NOVENO. 425
daqoe de Lenna hà sabido que yo era intimo amigo de este se-
fior, me ha hecho tambien prender y conducir aqai.E8te ministro
crée que pnedo ser complice en el tal proyecto » ultraje quo es
mas sensible para un hombre noble y castellano.
Aquicesô de hablar don Gaston, y yo le consolé diciendo : Ca-
ballero , el honor de ymd. no pnede recibir lesion alguna en esta
desgracia, la cual en adelante sin duda sera à ymd. de proTecho.
Gnando el duque de Lerma se entere de su inocencia , no de-
jaré de darle un empleo importante para restablecer la buena
opinion de un caballero acusado injustamente de traidon.
CAPITULO Vil.
Cscîpion Ta à la torre de SegOTÎa à Ter à. Gil filas , j le da muchas notidas.
Tordesillas , que entrô en la sala , interrumpiô nuestra con-
Tersacion, didéndome: Seûor Gil Bias , acabo de hablar con un
mozo que se ha presentado â la puerta de esta prision , y pre-
guntado si estaba ymd. preso; y no habiéndole querido dar res-
puesta, me dijo llorando: Noble alcaide, no desprecie ymd. mi
humilde sùplica; digame si el seflor Santillana esta aqui. Soy su
principal criado, y si me permite yerle, harà en ello una obra
de caridad. En S^oyia esta ymd. tenido por un hidalgo compa-
siyo y y asi espero no me niegue el feyor de hablar un instante
con mi querido amo , que es mas infeliz que culpado. En fin ,
continué don Andres , este mozo me ha manifestado tanto deseo
de yer à ymd. que le he prometido darle à la noche este gusto.
Aseguré à Tordesillas que el mayor placer que podia darme
era traerme aquel joyen , quien probablemente tendria que de-
cirme cosas muy importantes. Espéré con impaciencia el momento
de yer à mi fiel Escipion , porque no dudaba fuese èl, y A la
yerdad no me engaftaba. À la caida del dia se le diô entrada en
la torre ; y su gozo, que solamente podia igualarse con el mio ,
se mostrô al yerme con arrebatos extraordinarios. Yo, cou el
jùbilo que senti al yerle , le abrazé, y él hizo lo mismo cou todo
cariflo. Fué tal la satisfaccion que tuyiéron de yerse el amo y el
secretario , que se confundiéron en uno con este abrazo.
En seguida de esto pregunté à Escipion en que estado habia
dejado mi casa. Ya no tiene ymd. casa, me respondiô, y para
ahorrarle el trabajo de hacer preguntas sobre preguntas , yoy à
dedr en dos palabras lo que ha pasado en ella. Yuestros muebles
han sido saqueados , tanto por îos ministros como por los cria-
dos de ymd., los cuales , miràndole ya como un hombre entera-
mente perdido , han tornado â cuenta de sus salarios cuanto han
podido Ueyar. La fortuna fué que tuye la habilidad de salyar de
sus garras dos grandes talegos de doblones de à ocho que saqué
4ae GIL BLA&
del oofre, y pine en sdro. Salero, A qaien he bedio depositario
de ellos , os los deyolyerà caando salgais de la torre , en donde
no creo eateia mndio tiempo A expensaa de S. IL, pnea habeia
aido preao sin conochniento del dnqae de Lerma.
Preganté i Escipion de donde adbia que S. E. no tenia parte
en mi desgracia. ] Ah ! ciertamente, me respondiô » de eDo ealoy
moy bien informado » pnea on amigo mio, confidente del dnqm
de Uceda , me ha contado todas las partionlaridadea de ynestra pri-
aion. Me ha dicho qne, habiendo descnbierto GaMeron por medio
de nn criado que la sefiora Sirena , naando de otro nombre, re-
cibia de noche al principe de Espaika , y qae el conde de Lëmoa
manejaba esta trama raliéndose del sefior de Santillana, habia
resaelto vengarse de ellos y de su querida ; para cuyo logro dn
rigiéndose aecretamente al duqae de Uceda, se lo descnbriô todo,
y que alegre este de que se le hubiese presentado tan bella oca-
sion de perder à su enemigo, no dej6 de aproyecharla, infor-
mando al rey de lo que habia sabido, y baciéndole présente con
eficacia los peligros i que el principe ae habia expuesto. Indi-
gnado S. M. de esta noticia, mandô poner en h^ casa de las Re-
cogidas A Sirena , desterrô al conde de Umo% , y condenô à Gil
Mas à una prision perpétua- Vea vmd. aqui, prosiguiô Escqpion,
lo que me ha dicho mi amigo. Ya ve vmd, que sa desgrada es
obra del duque de Uceda, 6 mas bien de don Rodrigo Calderon.
Esta relacion me hizo créer que coq el tiempo podrian compo-
nerse mis asuntos; y que el duque de Lerma, resentido del
destierro de su sobrino , todo lo pondria en movimiento para
hacerle volver â la corte , y me lisonjeaba de que & E. no me
olvidaria. i Que gran cosa es la esperanza I De on golpe me con-
solé de la pèrdida de mis efectoa , y me puse tan alegre como si
tuviera motivo para estarlo. Léjos de mirar ml prision como una
habitacion desdichada , en donde quizà habia de acabar mis dias ,
me pareciô un medio de que se valia la fbrtuna para elevarme A
algun gran puesto. Mi fantasia discurria del modo siguiente : los
allegados del primer ministro son don Fernando de Borja, d
padre Gerânimo de Florencia , y sobre todo fray Luis de AUaga ,
quien le debe el lugar que ocupa cerca del rey. Con el feyor de
estos poderosos amigos , S. £. destruirA A sus enemigos; 6 por
otra parte el estado acaso mudarA presto de semblante, S. M. esta
muy achacoso, y asi que muera, la primera cosa que harA d
princq>e suhijo serA Uamar al conde de Lémos, quien me sacarA
inmediatamente de aqui , me presentarA al monarca, cl que, para
compensar los trabajos que he padecido , me colmarA de benefi-
cios. Embelesado asi con pensar en los gustos Tenideros , cast yi
no sentia los maies présentes. Creo tambien que los dos talegos de
doblones que mi secretario habia depositado en casa del platero con-
tribuyëron tanto como la esperanza para consolarme prontamonie.
LIBRO NOVENO. 4»
El lelo é intagridad de Escipion me habia agradado macho » y
en proeba de ello le ofreci la mitad del dinero que habia salvado
del pfllage , lo que rehusô. Espero de ymd. , me dijo » otra sefial
de reoonocimiento. Admirado lanto de sus palabras, como de que
rehusara la oferta , le pregunté que podia hacer por el. No nos
separemos , me respondiô ; permita Tmd. que una mi foituna con
la snya: jamas he tenido i ningun amo el amor que tengo à ymd.
Y yo , hijo mio , le dije , puedo asegurarte que no amas à un in-
Urato.Desde el pnnto en que te presentàste para servinne , gustè
de ti ; posible es que ambos hayamos nacido bajo los signos de
Ubra 6 Géminis , que segun dicen son las dos conslelaciones que
unen à los hombres. Admito gustoso la compafiia que me propo-
nes; y para dar principio à ella yoy à pedir al sefior alcaide te
encierre conmigo en esta torre« Eso es lo que quiero , exclamé:
▼md. me ha adivinado el pensamiento , è iba i suplicarle preten-
dièse esta gracia , pues aprecio mas yuestra compaflia que hi li-
bertad. Solamente saldré algunas yeces para ir à Madrid à adqui-
rir notidas à la coyachuela , y yer si ha habido en la corte alguna
mndanza que pueda série à ymd. iayorable ; de modo que en mi
tendre ymd. i un mismo tiempo un confidente , un correo y un
espia.
Estas yentajas eran demasiado considerables para priyarme de
ellas. Retuye, pues, conmigo à un hombre tan util con licencia
del generoso alcaide , que no me quiso negar tan dulce consuelo.
CAPITULO Vin.
Del primer Tiage que hizo Escipion à Madrid : cual fae' el motiTo y éxito de A.
Dale à Gil filas una eofermedad, j résultas que tUTo.
Aunque comunmente decimos que no tenemos mayores enemi*
gos que nuestros criados , no hay dnda en que cuando nos son
fieles y afectos son nuestros mejores amigos. La inclinacion que
Esdpion me habia manifestado me hada mirarle como à mimisma
persona. Asi ya no hubo subordinacion ni étiqueta entre Gil Rlas
y su secretario. Habitàron en adelante comiendo y durmiendo
juntos.
La conyersacion de Escipion era muy diyertida, y con razon
se le podria haber llamado el hombre de buen humor. Ademas
era discreto , y me iba bien con sus consejos. Un dia le dije :
Amigo mio , me parece no séria malo que yo escribiese al duque
de Lerma; esto no puede produdr mal efecto.^Quë te parece à
4i ? Ya estoy ^ respondiô ; pero los grandes se mudan tanto de
un instante à otro , que no se como recibiré yuestra carta. No
obstante soy de dictàmen que no se pierde nada en que escribais.
4S8 GIL HLAS.
pero con mafia. Aanque el ministro os estima , no fieia opr esa
en qae se acordarà de vos. Esta snerte de protecMres fiiciknente
olvida à aqoellos de qnienes ya no oyen lutblar.
Aunqae eso es may cierto, le répliqué, yo hago mejor con-
cepto de mi favorecedor. Conozco sa bondad ; estoy persoadîdo
de qae se compadeoe de mis penas , y que siempre las tiene pré-
sentes. À la caenta espéra para sacarme de la prision que se
aplaque la cèlera del rey. Sea enhoraboena, respondiô; ye me
alegraré qae el jaicio qae vmd. bace de S. E. sea verdadero.
Implore vmd. sa patrodnio por medio de ana carta may expre-
siva, qae yo se la Ilevaré y entregaré en so propia mano. Pedi
papel y tintero, y compase un trozo de elocaencia , qoe à Esci-
pion le pareciô patético , y Tordesillas jnzgô superior i las mis-
mas homilias del arzobispo de Granada*
Yo me lisonjeaba de que el duque de Lerma se compadeceria
al leer la triste pintura que le hacia del miserable estado en que
no estaba; y con esta confianza bice partir mi oorreo, el caal
apénas llegô à Madrid, coando faè é casa del mmistro. Eneon-
trô à uno de mis amigos ayuda de càmara, que le facilitô oca-
sion dehablar aldaque, é quien dijo, presenténdole el pliego que
llevaba : Sefior, uno de los mas fieles criados de V. £., el caal
duerme sobre paja en un oscuro cahbozo de la torre de Sego-
Tia, le suplica muy humildemente lea esa carta, que de listîma
le ha facilitado poder escribir uno de los carceleros. El ministre
la abriô y leyô ; pero aunqae viô en eOa un retrato capaz de en-
temecer el corazon mas duro, lëjos de mostrarse compadecido,
levantô la yoz , y dijo al correo delante de algunas personas que
podian oirlo : Amigo, dlga vmd. à Santillana que es mucha osa-
dia el recnrrir à mi despues de la accion perversa que ha come-
tido , y por la cual se le ha impuesto el castigo que merece. Es
un hombre indigno que ya no debe contar con mi apoyo, y é
quien abandono al resentimiento del rey.
Escipion sin embargo de su desahogo se quedô turbado de oir
hablar de esta suerte al ministre ; pero é pesar de su turbacion
no dejô de intercéder por mi. SeAor, replicô , aquel pobre preso
morirà de dolor cuando sepa la respuesta de V. E. El duqae no
respondiô à mi int^cesor sino miràndole de sobre ojo , y toI-
yiéndole la espalda. Asi me trataba este ministre para disimalar
mejor la parte que habia tenido en la amoresa intriga del prin-
cipe de Espaûa ; y este es le que deben esperar todos los agentes
inferiores de quienes se valen los grandes seftores en sus secre-
tos y peligrosos manejos.
Cuando mi secretario volviô à Segovia , y me conté el resul-
tado de su comision , me sepulté de nuevo en el abismo de tris-
tezas en que cai el primer dia de mi prision , y aun me crei mas
desgraciado foltàndome la proteccion del duque de Lerma. I>ecai
LBBRO NOVENO. 429
de ànimo y y por mas que me dijéron para consolarme , todo
fdé iDÙtil ; atormentironme otra vez los pesares , de manera que
insensiblemente me causâron una grave enfermedad.
£1 seftor alcaide , que se interesaba en mi salud , creido de
que para recobrarla era lo mejor Uamar medicos, me trajo dos
cfue tenian traza de ser unos zelosos servidores de la diosa Libi-
tiua ^ Seflor Gil Bias y me dijo al preslentàrmelos , yea vmd. aqui
dos Hipocrates que yienen à yisitarle , y que dentro de poco le
pondràn bui^no. Era tal la oposicion que tenia yo à estes doo-
tores, que seguramente los habria recibido muy mal si me hubiera
qnedado algun apego â la vida; pero me sentia tan cansado de ella,
que agradeci à Tordesillas el que me pusiera en sus mauos.
Caballero , me dijo uno de los medicos , es necesario ante to-
das cosas que ymd. tenga confianza en nosotros. La tengo muy
grande, le respond!; pues estoy cierto de que con la asistencîa
de ustedes quedarë curado de todos mis maies en pocos dias.
Si , respondiô , lo quedari ymd. mediante Bios : y nosotros ha-
rémos à lo ménos lo que esté de nuestra parte para ello. En
efecto, estes seftores se portarou tan maravillosamente, que à
ojos vistas me iban llevando â la sepultura. Desconfiado ya don
Andres de mi curacion , hizo venir un religiose de san Fran-
cisco para que me ayudase à bien morir. El buen padre , despues
debaber hecho su deber, se retiré; y yo, viéndome en mi ultima
bora , hice sefias à Escipion para que se acercara à mi cama.
Amado amigo mio , le dije con una voz casi apagada , tal era la
debilidad que las medicines y sangrias me habian causado , de los
dos talegos que hay en casa de Gabriel te dejo uno , y te suplico
Ueves el otro à Asturias à mis padres , quienes , si todavia vi-
yen, estaràn necesitados. Pero jay de mi! temo mucho que no
han de haber podido sobrevivir à mi ingratitud. Lo que Mos-
cada sin duda les habrà contado de mi dureza quizà les habrà
causado la muerte. Si el cielo los ha conservado à pesar de la
indiferencia con que he pagado su temura, les daràs el talego
de doblones , suplicàndoles me perdonen mi mala correspon-
dencia; y si se han muerto , te encargo emplees el dinero en pe-
dir al cielo por el descanso de sus aimas y la mia. Diciendo este
le alargué una mano , que bafiô cou sus làgrimas sin poder res-
ponderme una palabra, tal era la afliccion que tenia el pobre
mozo de mi pérdida; lo que prueba que el liante de un heredero
no es siempre risa disimulada.
Esperaba, pues, experimentar el trance de la muerte, y no
obstante me engaâé. Habiéndome desahudado mis doctores , y
dej'ado campo libre à la naturaleza, esta fiié la que me sacô del
peligro. La calentura , que segun su pronéstico debia Ilevarme al
* DîoM de io8 funerales.
ISO GIL VLAS.
ocro mmido^ qoiso desmentirlos , y me dejô: poeo à pooo me
r68tableci con la mayor feliddad , y un perfecto sosiego de espi-
lita file el firuto de ml^mal. Ya «itônoes no necesité de consnelo,
Antes bien miré las riquezas y honores con aqoel desprecio qne
inspira la eercania de la mnerte; y yuelto en mi miamo bendeda
mi desgracia , y daba gracias al cielo como si me hnbiese hedio
nn fiivor particular, è hice firme propôsito de no toIyot mas à
la corte aun cuando el duque de Lerma quisiese llamarme i
ella, con animo , si salia de la prision, de comprar una casa de
campo , y Tiyir en ella como filôsofo.
Esdpion aprobé mi pensamiento , y me dijo que , para que
tuviese efecto cuanto antes, pensaba volver à Madrid i solicitar
mi soltura. Me ha ocurrido una cosa, afladiô; conozoo A una
persona que podrà seryimos, y es la criada fiiTorita de la ama
de leche del principe , que es una muchacha de entendimiento :
Yoy A que haUe à su ama , y i poner todos los medios imagina-
bles para sacar à Ymd. de esta torre, en d(Hide annque se le de
el mejor trato, siempre es prision. Dices bien, le respond! ; Ye,
amigo mio , sin perder tiempo , A dar prindpio à esa diligenda.
I Pluguiese al cielo que estuYieramos ya en nuestro retiro !
CAPITULO IX.
Escipion Tuelve à Ifadrid; oomo y con qaé condiciones alcanzè U liberUd de
Gil Bias ; à doude fuéron los dos despues de haber salido de la torre de Sego-
Tia, y convenacioii que tuviëron.
Sali6 , pues , Escipion para Madrid , y yo faiterin rolYÎa me
dediqué à la lectura. Tordesillas me suministraba mas libros de
los que yo queria, los que le prestaba un comendador Yiejo que
no sabia leer , pero que, queriendo hacer ostentacion de hombre
sabio, tenia una gran libreria. Sobre todo me agradaban las
buenas obras morales , porque encontraba en eUas à cada me-
mento pasages que lisonjeaban mi aYcrsion à la corte , y la afi-
cion que habia cobrado à la soledad*
Très semanas estuye sin oir hablar de mi agente, el cual yoI-
yiô eo fin, y me dijo muy contento : Ahora si, seftor de Sandllana,
que traigo à ymd. buenas nueyas. La sefiora ama ha tomado
cartas por Ymd. Su criada, à mis ruegos, y mediantecien doUo-
nes que le he ofrecido , ha tenido la bondad de moYerla A que
pida al principe solicite yuestra soltura; y este que, c(Hno otras
Yeces he dicho à ymd. , nada le niega , ha prometido hablar al
rey su padre é fin de conseguirla. He yenido à toda prisa à de-
ciroslo, y Con la misma yuelyo à dar la ultima mano ft mi obra.
Diciendo esto me dejô y Yolyiô à tomar el camino de la corte.
No fuè largo su tercer yiage. Al cabo de ocho dias estoyo de
LIBRO NOYENO. 4âi
Tudca, 7 ne dijo 40e el principe habia , aunqne no isin trabajo »
oblenUlo del rey mi libertad , lo cual en el mismo dia me con^
finnô el seflor alcaide , qmen TinO A deciAne abrazândome : Hi
amado Gil Bias , gt-adas al cielo , vrad. ya esti libre , y tiene
abiertaa las puertas de esta prision ; pero las dos condiciones con
qae ae le concede à ymd.esta libertad qnizé le darin mucha pena,
7 aiento yenne en la obligadon de bacërselas saben S. M. pro-
hibe k vmd. se présente en la corte, y le manda salir de las dos
Ca^iriltos en d târmino de un mes. Me es de gran mortificacion
el que se le prohiba à ymd. ir à la corte. Pues yo estoy mny
toontentOy le reitpondi : bien sabe Dios lo que pienso de ella: solo
esperaba del rey una grada , y me ha hecho dos.
Yiéndome ya libre, hice alquilar dos mnlas , en las cnales sa-^
limes el dia sigmente mi confidente, y yo , despues de haberme
despedido de Cogollos ^ y dado mil gracias à Tordesillas por
todos los fiiyores que me habia hecho. Tomàmos alegremente el
camino de Madrid para recoger del seftor Gabriel los dos talegos,
en cada uno de los cuales habia quinientos doblones de à ocho.
En el camino me dijo mi compafiero : Si no tenemos bastante
dinero para oomprar una hacienda magnifica , A lo mènos habrA
para una mediana. Yo me daria por feliz » le respond! , aun
cnando no tuyiese mas que una choza ; en ella estaria contento
con mi suerte. Aunque apénas he Uegado à la mitad de mi carrera,
esloy tan deseoganado del mundo , que solo quiero yiyir para
mi. Ademas de esto te digo que me he formado de los placeras
de la yida campestre una idea que me embelesa y hace que los
goze con anticipacion. Me parece que ya yeo el esmalte de los
pradoSy que oigo el canto de los ruiseâores, yel murmullodelos
arroyos ; que unas yeces creo diyertirme en la caza , y otras en
la pesca. Imaginate, amigo mio, los diferentes recreos que nos
esperan en la soledad , y tendres tanta' complacencia como yo.
En ôrden à nuestro sustento , el mas simple sera el mejor ; un
pedazo de pan podrà satisfiicernos cuando nos atormente d
hambre ; y el apetito con que k> comamos nos le haré parecer
may salnroso. El deleite no consiste en la bondad de los aKmen-
toa esquisitos, sino en nosotros; y esto es tanta yerdad como
que mis comidas mas delicadas no son aquellas en que yeo reinar
el arte y la abundanda ; la frugalidad es una fuente de delicias
maravillosa para conseryar la salud.
€on d permiso de ymd. , seftor GO Bias, me interrumpié mi
iecretario, yo no soy enteramente de su opinion sobre la supuesta
fmgalidad con que ymd. quiere obsequiarme. i Porque nos he-
mos de mantener como nnos DîAgenes? aun cuando comamos
bien , no caerèmos enfermos por eso. Crëame ymd. : ya qne
tenemeSy gracias à Dios, con que yiyir cômodamente en nnestro.
retiro, no le hagamos la mansion del hambre y de la pobreza.
4SS GIL BLAS.
Lnego qoe tengaittos ana hacienda, serft preciso abasteoerla de
boenos vinos, y de todas las demas proirisiones conTenientes i
personas de entendimiento , que no dejan el trato humane para
rennnciar à las comodidades de la vida, sino mas bien para go-
zarlas oon mas qoietad. Ito que coda tmo ttene en tu casa , dice
Hesiodo, no daika; en lugar de que lo que no ge ûene fntede
daêar. Vale moi^ aAade, tener uno en su ca$a las comom necesarias,
que detear tenerlat.
I Que diablos es eso , seflor Escipion , interrumpi ; vmd. ha
manejado los poetas griegos ! {ola! ^en donde Iey6 Tmd. a
Hesiodo? En casa de un sabio , respondiô. Servi algun tiempo
en Salamanca à un pédante, que era un gran comentador ; en un
abrir y cerrar de ojos componia un grueso volùmen, reoopilando
pasages hebreos , griegos y latinos que extractaba de los libros
de su biblioteca , y traducia al castellano. Como yo era su ama-
nuense he retenido no se cuantas sentencias, todas tan notables
como la que acabo de citar. Siendo asi , le répliqué , tîenes la
memoria bien adomada. Pero viniendo A nuestro proyecto, 4 en
que reino de Espafia te parece del caso que fijemos nnestra re-
sidencia filosôfica? Yo opino por Aragon, respondiô mi confi-
dente ; alli enoontrarémos sitios muy amenos , en donde podrémos
pasar una vida deleitosa. Esta bien, le dije, sea asi ; detengàmonos
en Aragon , consiento en ello : { ojalà descubramos una morada
que me proporcione todos los placeres con que se recréa mi
imaginacion !
CAPITULO X.
De lo que hiciënm al Uegar i Bladrid ; a quien encontrô Gil filas en la calle ,
y de lo que se siguiô â este encuentro.
Luego que llegimos A Madrid fuimos A apeamos i una peqnefta
posada, en la cual se habia alojado Escipion en sus viages. Lo
primero que hicimos iFué ir à casa de Salero A recoger nuestros
doblones. Recibiônos muy bien , y me manifesté se alegraba mu-
cho de Terme en liber tad. Aseguro A vmd. , afiadiô, que he sen-
tido mucho su desgracia , la cual me ha disgustado de la amistad
de las gentes de la corte , cuyas fortunas estAn muy en el aire.
He casado A mi hija Gabriela con un rico mercader. Vmd. ha
obrado con juicio, le respondi: ademas de que este partido es
mas sôlido , un plebeyo que Uega A ser suegro de un noble no
estA siempre gustoso con su seflor yemo«
Despues, mudando de conversadon , y viniendo A nuestro
asunto , prosegui: Seflor Gabriel, hAganos vmd. el favor , si gus-
ta , de entregarnos los dos mil doblones que... Vuestro dinero
estA pronto , interrumpiô el platero , el cual , habiëndonos hecho
LIBRO NOYENO. 433
pasar à su gabinete nos mostrô dos talegos , en los euales habia
unoB rôtolos que dedan : Estos taUgcs de dobUmes son del setior
GU BUu de StmûUana. Yed aqoi, me dijo , el depôsîlo tal como
se me confié.
Di gracias à Salero del favor qne me habia hecho , y muy con-
solado de haberme quedado sin sa hîja , nos lleyàmos los tale-
gos à la posada , en donde contémos nuestras monedas. La caenta
se encontre cabal , rebajados los cincaenta doblones qae se ha-
bian gastado en conseguir mi libertad. Ya no pensàmos mas que
en disponemos para ir à Aragon. Mi secretario tomô â sa cargo
comprar una silla volante y dos mulas. Yo por mi parte cuidé de
la compra de ropa blanca y yestidos. En una de las veces que
iba arriba y abajo à estas compras , encontre al baron de Stein-
bach , aquel oficial de la guardia alemana en cuya casa se habia
criado don Alfonso.
Sdudé à este cabaOero aleman , quien , habiéndome tambien co-
nocidOy se yino à mi y me abrazô: He alegro en extremo, le
dije y de ver A sa sefioria en tan buena salud , y al mismo tiempo
de tener ocasion de saber 4e mis amados seflores don César y don
Alfonso de Leiya. Puedo dar à vmd. noticias suyas muy ciertas,
me respondiô » poes ambos estàn actaalmente en Madrid y en mi
casa. Très meses hace que yiniéron à la corte à dar gracias al
rey de un empleo que S. M. ha conferido à don Alfonso en pre-
mio de los servicios que sus abuelos hiciëron al estado; le ha
nombrado gobemador de la ciudad de Yalencia , sin que le haya
pedido este cargo , ni solicitidolo por otra, persona. No se ha he-
cho una gracia mas espontànea ; lo cual prueba que nuestro mo-
narca gusta de recompensar el valor.
Aunque yo sabia mejor que Steinbach el origen de esto , no
manifesté saber la menor cosa de lo que me contaba , y si un de-
seo tan vivo de saludar à mis antiguos'amos , qae para satisfa-
cerlo me condujo inmediatamente à su casa. Yo queria probar
à don Alfonso , y juzgar por su recibimiento si me estimaba toda-
Tia. Le encontre en una sala jugando al ajedrez con la baronesa
de Steinbach. Luego que me conociô , dejô el juego , y se vino
à mi arrebatado de gozo , y estrechàndome entre sus brazos , me
dijo en un tono que manifestaba una ingenua alegria: SantiHana,
l conque al fin vuelvo à verte ! estoy loco de contento. No ha es-
tado en mi mano el que no hayamos permanecido siempre juntos ;
yo te rogné , si haces memoria , que no te fiieras de la casa de
Leiva, y tu no hidste caso de mis ruegos. No obstante no te lo
impato à deUto, Antes bien te agradezco el motive de tu ida;
pero desde entônces debieras haberme escrito , y ahorrarme el
frabajo de hacerte buscar inùtibnente en Granada , en donde mi
caftado don Fernando me habia escrito que estabas.
Despues de esta ligera reconvendon, continué , dime que ha-
434 GOLBLAS.
eet en Madrid. Bagubnneiiie teadiis aqoi «Igao empleo. Ten por
derto que me imereso abora^vi» que oonca en to Ueii. Sefior,
le respondi, no hace todam cuatro nesea que ocii|ialm eo h
oorte on poesto de bastante oonsideracioiL Tenia la hcum de mt
lecretaiio y confidente del doqne de Lerma. iEs poaible ! exda-
ni6 don AUbnao con grande aaombro. ;Qnè ! ^iuia mereddo tv
la oonfianza de este |»iBier miniairo? Logrè an iavor , respondi,
y lo perdi del modo qne Toy i dedr. Entôncea le come toda
esta hiatoria » y condui mi narradva exponiéndcrfe la deiennina-
cion que haUa tomado de cooiprar con lo poco que me qoedaha
de mi proaperidad paaada una pobre dioza para paaar en ella
nna vida retirada.
£1 hqo de don Géaar, despnea de haberme oido con madu
aumdon,medijo:MiamadoGilBlaayyasabe8qae8iemprete he
qaerido, y ahora mas que nanca ; y paes el cido me ha pneato
en esiado de poder aomentar toa bienea, qoiero que no aeas mas
tiempo jugnete de la Fortona. Para libertarte de sa poder, te
qniero dar una hacienda que no podrà quitarte; y pues estis
determinado A yiyir en d campo, te doy una pequefta qninu
que tenemoa cercade Liria, distante cuatro léguas de Valenda»
que ya has yisto tcu Este regalo podemos hacerlo sin inoomo-
damos, y me atrevo à asegurar que mi padre no deaaprobarà
esta determinadon , y que Serafina recibirà en eDogran contento.
Me arrojé à los pies de don Alfonso, quien al momemo me
hizo levantar : le bes6 la mano; y mas enamorado de su buen
corazon que de su benefido , le dije : Seftor , voestras finezas me
cauUvan : el don que me haceis me es tanto maa agradable,
cuanto que precede al agradedmiento de un favor que yo he he-
cho à vmd.; y mas bien quiero deberlo à su generosidad que à
su gratitud. Mi gobemador se quedô algo suspenso de lo qne
oia, y no pudo mènos de preguntarme de que (ayor le haUaba.
Dij^o con todas sus circunstancias, lo cual aumentô au admi-
radon. Estaba muy léjos de pensar , como el baron de Stdnbach ,
que el gobierno de h dudad de Valencia se le hubiese dado per
mediadon mia. No obstante, no teniendo ya duda de ello, me
dijo : Gil Bias, pnes que te debo mi empleo, no quiero darte
solo la pequefta hacienda de Liria, quiero agregar à ella dos
mil ducados de renta al alio.
Alto ahi, seftor don Alfonso, interrumpi, no deq^ierte vrod.
mi codida. Los bienes no sirven mas que para ooriomper mis
eostumbres, como harto lo tengo experimentado. Aoepto gns-
toso Tuestra quinta de Liria. En ella viviré cômodamente con lo
que tengo por otra parte : esto me es suficiente; y léjos de de-
sear mas, primero consentiré en perder todo lo que hay de sn-
pèrflno en lo que poseo. Las riquezas son una carga en un retiro,
en donde solo se busca la tranquilidad.
UBBO NOVENO. 485
Don Cesar Degô cuando estabamos en esta conyeraacion. No
■Mwfniitè al Terme rnënos alegria que su bijo ; y cuando supo el
motÎTO dd agradecimiento i que me estaba obligada su fiimilia,
se empeftô en que habia de aceptar yo la renta, lo cual rehusè
de nneyo. En fin, el padre y el hijo me condujéron i casa de un
escribano , en donde otorgàron la escritura de donacion , que
ambos firmàron con mas gusto que si fuera un instrumento i
(sLYor suyo. FînaKzado el contrato, me lo entregiron, diciendo
que la hacienda de Liria ya no era suya, y que fiiese cuando
qiûsîese & tomar pos^ion de ella. Despues se volviéron à casa
del baron de Steinbach, y yo fui Tolando à la posada, en donde
dejë pasmado à mi secretario cuando le dije que teniamos una
hacienda en el reino de Valencia, y le conté el modo como aca-
baba de adquirirla. ;Cuanto puede producir esta pequeâa here-
dad? me dijo. Quinientosducados de renta , le respondi , y puedo
asegorarte que es una amena soledad. Yo la be visto por haber
estado en ella muchas yeces en calidad de mayordomo de los se-
ftores deLeiva. Es una casa pequefia, situada i la orilla del Gua-
dalaviar en una aldea de cinco ô seis vecinos, y en un pais her-
mosisimo.
Lo que me gusta mucbo, exclamô Escipion, es que tendra-
mos alli caza, Tino de Benicarlô, y excelente moscatel. Vamos,
amo mio, dèmonos priesa à dejar el mundo, y Uegar à nuestra
ermita. No tango ménos deseo que tu , le respondi , de estar alla ;
pero intea es preciso hacer un Tiage à Asturias, porque mis pa-
dres no deben ballarse en buen estado. Quiero ir i yerlos , y
Devirmelosi Liria, en donde pasarin sus ultimos dias oon des-
canso. Acaso me habri el cielo deparado este asilo para reci-
birlos en èl , y si dejara de hacerlo asi , me castigaria. Escipion
apoyé macho mi determinacion, y aun me excitô â ejecutarla ;
no perdamos tiempo, me dijo, ya tengo carruage. Compremos
pnmtamente mulas, y tomemos elcamino de Oviedo. Si, amigo
mio, le respondi, marchemos cuanto intes. Me es indispensabfe
repartir las conyeniencias de mi retiro con los que me han dado
el ser* Presto estarànos de yuelta en nuestra aldea , y en llegando
quiero escribir en letras de oro sobre la puerta de mi casa estos
dos versos latinos :
Invem portum : Spes et Foriuna , valete :
Sat me iusUtis; iuditc nunc alios '.
' RalW y a el puerto : 4 Dîos » Bsperansa y Fortana :
Battante me Imriâfidi ; bqrlaos ya da otros.
>■■»■»••■•■■>■
436 GIL HAS.
LIBRO DEGIMO.
CAPrruLOi.
Sale GÛ Bl«t pan Astorias j paia por TaBadolid, donde Tuiti i
tigao el doctor Sangredo; j se encaentra cawlmente ooo d
OdIoAeK admiiiittndor del hospital.
€aando me estaba disponiendo i salir de Madrid ooo Esci-
pion para ir A Asturias, el duqne de Lerma file creado carde-
nal por la santidad de Paalo V. Queriendo este papa establecer
la inqnisidou en el reino de Nàpoles, bonr^ obn el capelo à
este ministro para empefiarle à hacer que el rey Felipe aprobase
tan laudable designio. A todos los que conocian perfectamente à
este nnevo miembro del sacro colegio les parecié oomo à mi
que la iglesia acababa de hacer una excelente adquisidon.
Escipion , que hubiera qnerido mas yolver i yerme en an
puesto brillante de la corte , que sepultado en un retiro , me
aconsejô que me presentase al nuero cardenal : Paede ser , me
dijo , que su eminencia, viéndole à ymd. foera de ht prisîon por
ôrden del rey, no créa ya deber fingirse irritado contra ymd.,
y podrà admitirle de nueyo i su senricio. Seftor Esoiplon , le
respondi , ymd. ha olyidado sin duda que solo oonsegni la li-
bertad bajo condicion de salir inmediatamente de las dos Gas-
tillas. Fuera de eso, ;me crées ya disgustado de mi quinta de
Liria? Ya te lo he dicho, y te lo yuelyo k repetir, que aonqae
el duque de Lerma me restituyese A su gracia , y me ofireciese
el mismo puesto que ocupa don Rodrigo Calderon, le renun-
ciaria. Mi determinacion esta tomada ; quiero ir A Oyiedo A bus-
ciar à mis padres , y retirarme con ellos é las cercanias de la
dudad de Valencia. En cuanto à ti, amigo mio, si est&s arre-
pentido de unir tu suerte con la mia, no tienes mas que de-
cirlo y que estoy pronto â darte la mitad del dinero que ten-
go , ^ te quedaràs en Madrid en donde adelantaris tu fortnna
hasta'donde pudiereS.
^Cômo asi? replicô mi secretario algo resentido de estas ex-
presiones , ^es posible que yipd. sospeche que sea yo capaz de
tener repugnancia à seguirle à su retiro? Esa sospecha ofende
mi zelo y mi inclinacion.^Pues que , Escipion , aquel fiel criado,
que por tomar parte en sus penas hubiera pasado con gusto el
resto de sus dias con ymd. en el akàzar de Segoyia, tendra
ahora repugnancia en acompafiarle en una mansion donde espéra
LIBRO DÉGDIO. 437
gozar mQ delicias? No, seftor, no, ningima gana tengo de di-
soaidir â ymd. de su resolucion; pero qoiero confesarle mi ma-
ticia : si le aconsejé que se presentase al duqne de Lerma, fiiè
tnicameDte para sondearle y Ter si todayia le quedaban algunas
rcliqaias de ambîcion. £a, pues, ya que se halla ymd. tan des-
prendido de las grandezas, abandonemos prontamente la oorte
para ir à disfnitar de aqnellos inocentes y deliciosos placeres
de qae nos formimos una idea tan risuefia.
Con efecto , poco despaes salimos de Madrid en una silla ti-
rada de dos buenas mulas, guiadas por un mozo que tuTe por
conyeniente agregar à mi comitiva» Dormimos el primer dia en
Galapagar al pié de Guadarrama, el segundo en Segovia, de
donde sali sin detenerme à visitar al generoso alcaide Torde-
sillas , pasé por Portillo , y llegné al dia siguiente à Yalladolid.
Al descubrir esta ciudad no pude mënos de dar un profhndo
suspîro , que lildëndolo oido mi compafiero , me preguntô la
causa. Hijo mîo, le dije, es la de que ejerci mucho tiempo en
Yalladolid la medicina ; y sobre este punto me estàn atormen-
tando los remordimientos secretes de mi conciencia , pues me
parece que todos aquellos que mate salen de sus sepulcros para
venir i despedazarme. ;Qnè imaginacioni dijo mi secretario;
sin dada, sefior de SantÔlana, que es vmd. un pobre hombre.
;Porqué se arrepiente vmd. de haber hecho su oficio? jPor
ventnra los doctores ancianos sienten los mismos remordimien-
tos? No, sefior , llevan la suya adelante cou el mayor sosiègo del
mnndo, imputando à la naturaleza los accidentes funestos, y
atrOHjyëndose à elles solamente los felices.
En verdad, repuse, que el doctor Sangredo, cuyo mètodo
segnia yo fielmente, era de este carieter. Âunque viese morir
cada dia veinte enfermes entre sus manos , vivia tan persuadido
de la excelencia de la sangria del brazo , y de la bebida frecuente,
i los cuales llamaba sus dos especificos para todo gènero de
enfermedades, que si morian los pacientes , lo achacaba siempre
à haber bebido poco , y é que no los habian sangrado bastante.
iVive dîez! exclamô Escipîon dando una carcajada, que me cita
vmd. un sugeto original. Si tienes curiosidad de verle y oirle »
repose yo , mafiana la podràs satisfecer, como no baya muerto
y esté en Yalladolid , lo que dudo mucho , porque ya era viejo
cnando le dejé , y desde entônces acâ se ban pasado bastantes
altos.
Lo primero que hicimos , asi que llegémos al meson é donde
fhfanos à apeamos , fué preguntarpor el tal doctor. Supimos que
aun no se habia muerto ; pero que , no pudiendo ya visitar ni ha-
cer mucho movimiento à causa de su gran vejez, habia abando-
nado el campo é otros très 6 cuatro doctores, que habian ad-
quirido gran fema por otro nuevo método de curar , que no valia
438 GIL BLAS.
que d sujo. RefloWiiiios hacer parada d dia signieiite , lanto
para qae descansasen las mulaSy como porterai doctor Sangreda
À coaa de las diez de la maftana fiiimos à su casa , y le hallàoios
seotado eo ona silla poltrona oon «n libro en la nano. LevaDiôse
Inego que nos yiô , vino bàcia nosotros oon paso nmy firme para
on setenton , y nos preguntô que le queriamos. iPues que , seitor
doctor, le respond! , es posiMe que ya no me eonozca Tmd.,
siendo asi que tuye la fortune de haber sido uno de sus disci-
pulos ? ; No se acuerda vmd. de un cierto G3 Bias que en otro
tiempo filé su comensal y su sustitutoT iComo asi? me replicô
dàndome un abrazo : ^eres tù Santillana 7 cierto qae no te habia co-
pocido , y me alegro infinito de yolTcrte i yer« ^Que bas hecho des-
pues que nos separémos ? sin duda habris ejercido siempre la me-
dicina. Teniale, le respond! , mucha inclinacîon; p«ro raxones
poderosas me apartiron de ella.
Peor para ti , replicô Sangredo ; oon los prindptos que apren-
diste de mi hubieras Uegado à ser un medico hàbil , con tal que
el delo te hubiera hecho la gracia de preseryarte de! peligroso
amor â la quimica. i Ah , hqo mio 1 exdamô arrancando un dolo-
roso suspiro , j que noyedades se han introducido en la medicina
de algunos alios i esta parte I À este arte se le quita d honor y
la dignidad : este arte , que en todos tiempos ha respetado la yida
de los hombres , hoy se halla en poder de la temeridad , de la
presuncion y de la impericia ; porque los hechos hablan, y presto
alzaràn el grito hasta las piedras contra el desôrden de los nue-
vos pràcticos: lapides clamabunt. Se yen en esta dudad algunos
medicos , 6 que se llaman taies , que se ban unddo d carro de
triunfo del antiraonio : currus triumphaUi antàmomi: unos deserto-
res de la escuela de Paracelso , adoradores dd quermes, y caraa-
deros de casudidad , que bacen consistir toda la dmicia médîca
en saber preparar dguAas drogas qnimicas. ^ Que mas te dire?
En su método todo esta desconocido: la sangria dd piè» por
ejemplOy eo otros tiempos tan raras yeces practicada, hoy es la
nnica que se usa. Los purgantes , antiguamente suaves y benig-
nos, se ban conyertido en emëtioo y en quermes; ya todo no as
mas que un caos, en que cada uno se toma la libertad de hacer
lo que se le antoja, y traspasa los limites dd ôrden y de bt sa-
biduria que nuestros i»'imitiyos maestros sefialàron.
Aunque estaba reventando por reir d oir una dedamacîon tan
cômica, pude contenerme; y aun bice mas, dedamè contra e\
quermes , sin saber lo que era , y di d diablo sin mas reflexion à
los que lo babian inventado. Advirtiendo Esdpion lo mucho que
me divertia esta escena , quiso contribuir tambien por su parte a
dia. ¥o, seûor doctor , dijoà Sangredo, soy résobrino de on
medico de la escuela antigua, y oomo td pido à vmd. licencia
para dedararme enemigo de los remedios quimicos. Mi difunto
LIBRO DÉCmO. 43»
tio , qpe santa gloria baya , era tan ciego parUdario de Hipocra-
tes , que se baliô nochaa veces con los empiricos , que no habla-
bsm con el debîdo respeto de este rey de la medicina. La razon
no quiere foerza; de bnena gana seria yo el verdogo de esos
ignorantes novadores , de quienes vmd. se queja con tanta jnsticia
como eloqnehcia. i Que trastomo no causan en la sodedad ciyil
esos misérables?
Ese desôrden^ replicô el doctor , va todavia mas léjos de lo
que Tmd. piensa : de nada me ha servido publicar un libro contra
esos asesinos de la medicina ; antes al contrario cada dia van en
anmento. Los drujanos , cnyo gran hipo es querer hacer de me-
dicos, se creen capaces de serlo cuando solo se trata de recetar
qaennes y emètico, aftadiendo sangrias del pie à su antojo. Uegan
basts el puntode mezclar el quermes en las pôdmas y codmientos
cordiales , y cétate que ya se juzgan iguales à los grandes mèdh-
COS. Este oontagio ha cundido hasta dentro de los daostros. Hay
entre los firailes ciertos legos , que son é un mismo tiempo boti-^
carios y cirujanos. Estos monos medicos se aplican i la qnhnica,
y hacen drogas pemidosas » oon las que abrevian la vida de sus
padres reyefendos. En fin , en ValladoHd se cnentan mas de se-
senta conyentos de frailes y monjas : contemple vmd. ahora el
destrozo que hace en ellos el quermes junto con el emëtico y la
sangria del pié. Seflor Sangredo , dije yo entônces, es muy justa
la indignadon de Tmd. contra esos enyenenadores ; yo me lamente
de lo mismo , y entre à la parte en su compasivo temor per la
vida de los hombres , manifiestamente amenazada por un método
tan diférente del de ymd. Mucho temo que la quimica no sea al-
gun dia la ruina de la medidna , como le es de los reines la
moneda fidsa. | Quiera el dele que este dia iatal no esté cerca de
llegar!
Aqui Uegaba nuestra cenversacien ouande entré en el cuarto
del doctor una criada vieja , que le traia en una bandeja un pa-
nedllo tierno, un vase y dos garrafitas llenas» una de agua y
ocra de Tine. Luego que comiô un bocado, echo un trago en el
cual dertamente habia mezclado dos terceras partes de agua;
père este no le librô de las reconvenciones que me daba mo-
tive para hacerle. ; 01a ! i ola ! seûor doctor , le dije ; le he eo-
gide é vmd. en el garlito. i Ymd. beber vino , cuando siempre
se ha dedarade centra esta bebida; y cuando en las très cuartas
partes de su vida no ha bebido sine agua I { De cuando acâ se
ha contrariado vmd. é si mismo? No puede servirle de excusa su
edad avanzada ; pues en un lugar de sus escritos define la vejez
diciendo que es una tûis natural que poco d poco n09 va desecando
y emmamenth , y en fuerza de esta definidon lamenta vmd. la
igneranda de aqnellos que Uaman al vino la leehe de loi viejot,
4 Que dira vmd. ahora en su defensa?
440 GILBLAS.
DigOy me respondiô el viejo , qae me reooimeiies sin rasoo.
Si yo bebiera yiao pnro , tendrias moUvo para mirarme oomo â
on infiel obsenrador de mi propia doclrina ; pero ya baa risto
que el vino qae he bebido estaba raoy aguado. Otni oontradio-
don» le répliqué yo, oii querido maestro ; acnèrdese irmd. de que
UeYd» muy à mal que el canônigo Cedillo bebiese tîuo, aonqoe
lo mezclaba con mocha agua. Confiese ymd. de buena fe que al
cabo ha reconocido su error, y que el Tino no es un licor tan fa-
nesto como ymd. lo sentd en sus obras, con tal que se beba. coo
moderacion.
Hallôse nuestro doctor algo atarugado con esta replica ; no
podia negar que en sus libros habia prohibido el uso del Tino ;
pero como la yergûenza y la vanidad le impedian confesar que yo
le hacia una justa recouTencion , no sabia que responderme. Para
sacarle de este pantano mudé de conversacion , y poco despues
me despedi de ël , exhortindole à^que se mantnyiese siempre
firme contra los nuevos medicos. Animo» sefkor Sangredo, le
dije; no se cause ymd. de desacreditar el quermes , y persiga à
sangre y fuego la sangria del pie. Si, à pesar de su zdo y amor i
la ortodoxia mèdica , esa raza empirica logra arruinar la rigidez
antigua, por lo ménos tendra ymd. el consuelo de haber becho
cuanto estaba de su parte para sostenerla.
Al rotiramos mi secretario y yo à nuestro meson hablando
del gracioso y original caracter del tal doctor , pasô cerca de nos-
otros por la calle un hombre como de cincuenta y cinco à se-
senta afios, que caminaba con los ojos bajos y un rosario de
cuentas gordas en la mano. Miréle atentamente , y sin dificultad
conoci que era el seAor Manuel Ordoftez, aquel buen> administra-
dor del hospital , de quien se hizo tan hoaorifica mencion en e)
capitulo xvn del libro primero de mi historia. Lleguéme i él
con grandes muestras de respeto, y le dije : Saludo al yenerable
y discreto seAor Manuel Ordoftez , el hombre mas à propôsilo
del mundo paraconseryar la hacienda de los pobres. Al oir estas
palabras me mirô con mucha atencion y me respondiô que mi
fisonomia no le era desconocida , pero que no podia acordarse
en donde me habia yisto. Yo iba , le respondl , i casa de ymd.
en tiempo que le seryia an amigo mio llamado Fabricio NuAez.
iAhl ya me acuerdo, repuso el administrador con unasonr^
maligna , por sefias que los dos erais muy buenas alhajas é bids-
teis admirables muchachadas. i Y que se ha hecho el pobre Fa-
bricio ? siempre que pienso en él me tienen con cuidado sos
asuntillos.
Me he tomado la libertad de detener k ymd. en la caDe , dije al
seflor Manuel , precisamente para darle noticias suyas. Sepa ymd.
que Fabricio esta en Madrid ocupado en hacer obras miaoeUn
neas. ^ A que llama obras misceléneas ? me repliée. Quiero
LIBRO DËGIMO. 441
decor, le contesté» que escribe en prosa y en verso : compone
Gomedias y novelas : en sama , es un mozo de ingenio , y es bien
recibido en bs casas distingnidas-^Y oomo lo pasa con su panadero?
me pregontô el administrador. No tan bien, le respondi , como
COQ las personas de calidad ; porque , aqni para entre los dos ,
creo que esta tan pobre oomo Job. {Ohl en eso no tengo la
menor dnda , repuso Ordoftez. Haga la corte i los grandes todo
lo que qoisiere ; sus complacendas , sus lisonjas, y sns vergon-
zosas bajezas le prododràn todavia mènos que sus obras. Desde
Inego os lo pronostico: algnn dia le yerëis en el hospital.
Eso no me cansarà noyedad , dije yo , porque la poesia ha lle-
Tado à él à otros muchos. Hucho mejor hubiera hecho mi amigo
Fabricîo en haberse mantenido à la sombra de vmd. , que à la
hora de estaestaria nadando en oro. À lo mènos nada le £altaria,
respondié Ordoûez ; yo le queria bien , y poco à poco le iba as*
cendiendo de puesto en puesto , hasta asegurarle un sôlido aoo-
modo en la casa de los pobres ^ cuando se le antojô querer pasar
por hombre de ingenio. Gompuso una comedia que hizo repre-
aentar por los comediantes que à la sazon se hallaban en esta
ciadad ; la pieza logrô aoeptaciou , y desde aquel punto se le tras-
tornô la cabeza ai autor. Imaginôse ser otro Lope de Vega, y
prefiriendo el humo de los aplausos del publico à las yerdaderas
conyeniendas que mi amistad le preparaba , se despidiô de mi
casa. En yano procuré persuadirle que dejaba la came por
correr tras la sombra : no pude detener à este loco â quien ar^
rastraba el furor de escribir. No conoda su felicidad , afladiô ,
bnena prueba es de esto el criado que recibl despues que él me
dejô: mas juicioso que Fabrido y con ménos talento que él , se
apîicô unicamente à desempeftar bien los encargos que le hago,
y à darme gusto. Por eso le he adelantado como merecia , y en
la actualidad esta desempeftando en el hospital dos destinos ,
el menor.de los cuales es mas que sufidente para sustentar à un
hombre de bien cargado de una numerosa iamilia.
CAPITULO n.
Prooigae Gil Bias sa Tiage , y Uega felizmente à Oviedo : en que estado haDa à
su familia ; muerte de su padre , y sus consecuencias.
Desde Yalladolid nos pusimos en seis dias en Oviedo , à donde
llegàmos sin habemos sucedido la menor desgracia en el viage,
à pesar del refran^que dice : huelen de léjos lo» bcmdoleras el dinero
de los pasagerotn A la verdad , si hubieran olido el nuestro , no
habrian errado el golpe ; y solo dos habitantes de una cueva
habrian bastado para soplamos nuestros dobloncs , porque en
442 GIL BLAS.
la corle yo no habia aprendklo à ser Taltente , y Beltnm mi ibozo
de mulas no parecia tener gana de dejarse matar por defeader
la boba de sa amo ; solo Escipion era un poco espadachin.
Ya era de noche coando llegémos é la cindad : nos apeimos
en on meson poco distante de la casa de mi tio el canônigo Gil
Peres. Deseaba yo tener noticia del estado en qae se hàliaban
mis padres antes de presentarme à ellos; y para saberlo no po-
dia dirigirme é qnien me informase mejor que al mesonero y la
mesonera , qae sabia ser personas qae no podrian ignorar coanto
pasaba en casa de sas vecinos. Gon efecto , de^Nies de baberme
mirado el mesonero con la mayor atencion me conocîè , j ex-
damô Aiera de si : ; Por san Antonio de Padaa qae este es el
hgo del boen escndero Bias de Santillana ! Si por derto , afiadiô
la mesonera : el mismo es , y apènas se ha moda^o : es aqœl
despabiladillo Gil Bias qae tenia mas talento que caerpo : firé-
ceme que le estoy yiendo caando venia aqui con la botella por
▼ino para cenar sa tio.
SeAora , dije à la mesonera» no se paede negar qae tieiie vmd.
ona memoria feliz; pero déme vmd. le raego noticias de mi fin-
milia : sin dada qne mis padres no deben estar en una sîtoacion
agradable. Demasiado cierto es, respondiô la mesonera; por triste
qoe sea el estado en qae ymd. pueda representérselos , no es
posible imaginar que haya dos personas mas dignas de oompasion
que ellos. El baen sefior Gil Perez esta baldado de la mitad del
eoerpo» y naturalmente viyirâ may poco : su padre de ymd.» que
de algun tiempo & esta parte viye con el canônigo , padece ona
opresion de pecho, 6 por mejor decir, se hallaactaalmente entre
la vida y la muerte; y su madré de vmd., que tampoco goza la
mejor salud, se Te predsada à servir de asistenta â los dos en-
fermos.
Asi que ot esta relacion , que me bizo conooer qœ era hijo »
-dejé à Beltran en el meson en guarda de mi equipage», y aoora-
paûado de mi secretario Escipion , qae no quiso apartarse de
mi lado , pasé à casa de mi tio. Apénas me puse delante de mi '
madré , caando cierta conmodon que sintiô en su interior le hizo
conocer quien yo era aun antes de tener tiempo para examinar
las fiicciones de mi rostro. Hijo mio , me dijo tristemente echén-
dome los brazos al cuello , ven à ver morir k tu padre; & tiempo
llegas para ser testigo de tan doloroso espectàculo. Didendo este
me Ilevô à un cuarto donde el triste Bias de Santillana , tendido
en una cama, que mostraba bien la miseria de un pobre escndero,
•estaba ya à los ùltimos. Sin embargo, aunque cercado de las som-
bras de la muerte, todavfia conservaba algun conocimiento.
Amado esposo , le dijo mi madré , aqui tienes A tu hijo Gil Bias,
qne te pide perdon de todos los disgustos que te ha causado ,
y te ruega le eches tu bendicion. Al oir esto abriô mi padre los
LIBRO DÉCIMO. 443
0908, que ya comensabao & cerrane para aiempre, fijôlos ca
nAy J obsenrando , à pesar de la postracion en que se hallaba ,
que yo Uoraba sa pèrdida^ se enterneciô de mi dolcn*. Quiso ha-
blarme , mas no pudo. Yo enfonces le tome mia mano , y mî6n-
tras se la baflaba en lâgrimas, sin poder proferir una palabra ,
exhalô el ultimo aliento» como si solo hid)iera esperadoà que
yo ilegase para espirar.
Mi madré tenia demasiado consentida esta mnerte para afiigirse
desmedidamente ; qnizi me afligi yo mas qoe ella, sin embargo
de que mi padre en sa vida me habia dado la menor demostra-
cion de cariilo. Ademas de qae bastaba ser hijo suyo para Uo-
rarle , me acasaba é mi mismo de no haberle sooorrido : y acor-
disdome de haber tenido esta insensibilidad , me consideraba
ooaio on monstruo de ingratitad , à por mejor decir, como un
parrtcida. Mi tio, à qoien vi despaes postrado en otra cama poco
mèiios pobre, y en an estado lâstîmoso, me hizo experimentar
otteYDS remordimientos. Hijo desnaturalizado , me dije à mi mis-
mo y considéra para ta mayor tormento la miseria en que se ha»
Uan tus parientes. Si los hubieras sooorrido con parte de lo que
te sobraisa de los Menés que poseias Antes de estar preso , les
hnbieras proporcionado las comodidades à que no podia aicanzar
la renta de la prebenda, y de esta manera acaso hobieras alar-
gado la vida à tu padre.
£1 desdichado Gil Perez estaba ya lelo; habia perdido la m^
nM>ria y el joicio. De nada me siririô estrecharle entre mis brazos
y darle muestras de mi temura , porque ninguna impresion le
Udéron. Por mas que mi «adre le decia que yo era su sobrino
Gil BlaSy no hacia mas qoe mirarme con un aire imbécil sin res-
ponder nada. Aon coando la sangre y el agradecimiento no me
hubioran (d^ado à compadecerme de un tio à qoien tanto debia,
no hubtera podido mènos de hacerlo yiéndole en una situacion
tan digna de làstima»
Durante este tiempo Ëscipion gaardaba un profàndo silenck>^
me acompaftaba en mi pena, y mezclaba por amistad sus sus^
pires con los mios. Parecîéndome que despaes de tan larga au-
sencia lendria mi madré mâchas cosas reservadas que dedrme ,
y que podia detenerla la presenda de un hombre à quien no:
oonoda, le llamè à parte, y le dije: Yete , hijo mio, à descan-
sar al meson , y déjame aqui con mi madré /que acaso te creeria
de mas en unaconversadon, que no recaerà sino sobre asuntos.
de fomilia. Retirôse Esoipion por no incomodamos, y efectrva-
mente mi madré y yo estuyimos hablando toda la noche. Nos;
dimos redprocamente fiel cuenta de todo lo que A une y otro»
nos habia sucedido desde mi salida de Oviedo. Ella me hizo ex-
tensa relaeion de todas las desazones que habia tenido en las va-
riai casas donde habia servido de duefta , confiàndome en el
444 GIL BLAS.
aminto mâchas cosas que no me habieni alegrado las hnlriese
oido mi secretario , sin embargo de no tener yo nada reaerrado
para éA. Con todo el respeto qne iébo à b memoria de mi raadre,
dire qne la bnena seftora era algo prolija en sns relaciones, y
me hubiera ahorrado las très coartas partes de su historîa ai ho-
biese suprimido las cîrcunstancias inutiles de ella.
Acabô por fin su relacion » y 70 di prindpio à la mia. Conté
por eneima todas mis aventoras ; pero coando Uegoé à la yisita
que me habia hecho en Madrid el hîjo de Beltran Moscada , el
espedwo. de Oriedo , me extendi un pooo sobre este pasage.
GonfifisOy seflora, dije é mi madré, que recibi con despego al tal
mozo, el cual por yengarse de ello no habrà dqado de habhros
may mal de mL Asi es, me respondiô : dijonos que te habia en-
contrado tan engreido con el favor del primer ministre de la
monarqoia , qne apénas te habias dignado conocerle ; y que
coando te pinte nuestras miserias le oiste con la mayor frkddad.
Pero como los padres y las madrés, aftadiô eHa, procaran siem-
pre disculper à sus Ujos , no pudimos cre^ tnyieses tan mal
corazon^ Tu yenida é Oviedo acredita la buena optm'on qne
teniamos de ti , y el sentimiento de que le yeo Ileno la acaba de
confirmar.
Me hace macho fay or, respond!, ese boea concepto que à ymd.
debo ; pero lo cierto es que en la relacion del hijo de Moscada
hay alguna yerdad. Cuando me yino é yer estaba yo embriagado
con mi fortuna , y la ambidon que me dominaba no me permitia
pensar en mis parientes. De consiguiente, hallindome en seme-
jante disposicion, no es de admirar que redbiese mal à un hombre
que, acercéndoso à mi de un. modo grosero , me dijo bnital-
mente que , habiendo sabido que yo estaba mas rico que un
Judio , iba é aconsejarme que enyiase à ustedes algun dinero ,
respecto à que se yeian en grande necesidad , y aun me echo
en cara en tèrminos nada comedidos mi indiferenda hàcîa mi
gente. Me incomodô su llaneza, y perdiendola padencia le echë
à empujones de micuarto. Confieso que me porté mal en aquella
ocasion , que ihbi reflexionar no era culpa yuestra la fialta de
atencîon del espedero, y que su oonsejo merecia seguirse, aon-
que habia sido grosero el modo de dàrmelo. Esto fîié lo que
me ocurriô al pensamiento un momento despues que habia des-
pedido à MoscsMla. La sangre hizo en mi su ofido , y acordén-
dome de mis obligaciones hàcia mis padres , me avergonzè de
haberlas cumplido tan mal, y senti remordimientos deloscaaies
no puedo sin embargo hacer mérito con ymd., puesto que fiié-
ron sofocados inmediatamente por la ayarida y por la ambicîon.
Pero despues fiil encerrado por ôrden del rey en el alcàzar de Se-
goyia en donde cai grayemente enfermo, y esta diohosa^nfennedad
es la que à ymd. le restituye su hijo. Si por derto : mi enfer-
UBRO DtCnia 445
medad y mi prision iaèron las qoe hiciéron recobnir à la natu-
ndeza todos sus derochos, y las que me han desprendido ente-
rameote db la corte* Hoy solo suspiro por la soledad y y he
▼enido i Asturias con el fin unicamente de suplicar à ymd. se
▼enga canmigo à que disfniiemos juntos las dulzuras de una
vida retîrada. Si ymd. admite mi oferta , la conducirè à una po*
sesion que tengo en el reino 4e Valencia, en donde espero que
pasarémos una yida muy cômoda. Bien podré vmd. conocer que
mi ânimo era Ueyar tambien à mi padre; pero ya que el cielo
ha dispuesto otra cosa , logre yo à lo ménos la satisfiaccion de
tener en mi compaftia à mi madre, y pueda reparar con todas
las posibles atenciones el tiempo que pasé sin senrirle de nada.
Quedo muy agradedda à tus buenas intenciones , me dijo en-
téttoes mi madre; sin duda alguna me iria contigo , à no impe-
dirmelo algunas dificultades. En primer lugar no puedo desam-
parar à tu tio y mi hermano en el estado en que se halla : despues
de esc, estoy muy connaturalizada con este pais para que yo le
deje; sin embargo, como esto raerece examinarse con madurez ,
quiero meditarlo despacio : por ahora solamente debemos pensar
en los funerales de tu padre. Ese cuidado , le respondl , se lo
encargarèmos à este mozo que ymd; ha yisto conmigo , que es
mi secretario : tiene talento y zelo, y podemos descuidar en el.
No bien habia pronundado estas pdabras cuando entré Esci-
pioD, porque era ya dia daro. Preguntônos si podia seryimos de
algo en el apuro en que nos hallabamos. Respondile que Ilegaba
may à tiempo para redbir una ôrden importante que pensaba
darle. Luego que se impuso de lo que se trataba : Basta , dijo ,
ya tengo ideada aoà en mi cabeza toda la ceremonia , y nstedes
podrén fiarse de mi. Pero guardaos bien, aûadiô mi uAdre , de
pensar en un fanerai que tenga la menor apariencia de osten-
tadon : por modesto que sea, nunca lo sera demasiado para mi
e9|K>se, À quien toda la dudad ha conoddo por un escudero de
los mas pobres. Sefiora , respondi6 Escipion , aunque hubiera
sido mucho mas infeliz, no por eso rebsgarè dos maravedis. Solo
dd>o tener présentes las drcunstandas de mi amo : habiendo
sido fayorito del duque de Lerma, à su padre debe enterràrsele
con grandeza.
Aprobé el designio de mi secretario, y aun le encarguè que no
eoonomizase el dinero : nn resto de yanidad que yo oonseryaba
u>day{a se desperté en esta ocasion. Me lisonjeè de que , hadendo
este dispendio por un padre que ninguna herencia me dejaba ,
admirarian todos mi porte generoso. Mi madre por su parte , à
pesar de la gran modestta que aparentaba , no dejaba de ale*
grarse de que su marido faese enterrado con pompa. Bimos ,
pues, amplias facultades à Esdpion , que sin perder tiempo mar-
ché à dar las disposidones necesaria» para on suntuoso eatierro.
4M GILHLAL
irril6 eotfni mkàh métd y arndMai; à todo« los TeriiiM de
Chriedo , desde el mayor hatta el menor, chocô infinito mi oaieii-
tadon. Etie raimttro de b noche à la maftana, deda uno, tiene
dinero para enterrar à su padre , y no lo loyo para mantenerle.
Mejor bubiera sido , deda otro , haber tenido mas amor à sa pa-
dre yiTO , qae hacerle tantas homus despaes de rnoerto. En fin ,
ninguna lenjpia peoô de oorta, cada una disparô sn saeta. No se
oontentéron eon esto : coando salfanos de la iglesia, asi à mi oomo
â Esdpion y à Beltran nos cargiron de injurias, aoompaflindonos
hasta nuestra casa las befiisy griteria delos muduichos , los coales
lleviron à Beltran é pedradas hasta el meson. Para disipar la canalia
qnese habia agolpado delante de la casa demi tîo, foë menester que
mi madré se asomase à la yentana , y asegurase à todos que no
tenia queja ninguna de mi. Otros hubo que fuèron corriendo al
meson donde estaba mi siUa para hac^la mil pedazos, como in-
laliblemente lo hnbieran ejecutado , si el mesonero y la mesonera
no hnbieran hallado modo de sosegar aquellos énimos iîiriosos,
y disuadirles de semejante intento.
Todas estas afrentas , que eran otros tantos efectos de lo que
habîa haUado de mi el mozo especiero en la dodad , me iaspta-
ron tal aversion hécia mis paisanos , que déterminé salir cnanto
Antes de Oyiedo% en donde, é no haber sido eslo, tal yez me
hubiera detenido algnn tiempo mas. Dijosdo à mi madré dara-
mente , y cemo no estaba ménos sentida que yo de ver lo mal
que me habia recibido mi pais, no se opnsoàmi resolocion. Solo
se tratô del modo de portarme con ella en adelame. Madré , le
dije, ya que ymd. no puede abandonar à mi tio , no'dri)0 insîstir
en que se yenga ymd. conmigo ; pero como , segnn lodas las se-
fiales , no puede estar muy distante el fin de sus dias , deme ymd.
pabbra de yenir A yiyir en mi compaAia luego que H falle«au
Esa palabra , hijo mio , no te la daré ; yo quiero pasar en As-
turias los pocos dias que me quedan de yida, y con total iode-
pendencia. Pues que , seftora, le répliqué, ;no seri ymd. dnefla
absohita en mi casa? No lo se, hijo mio, me respondiô : tal yet
te eaamorarâs de alguna nifia linda, y te casarés con ella; sera
mi nuera, yo su suegra, y no podrémbs yiyir juntas. Vmd., le
dije, preyë losdisgustos muy de léjos. For aliora no pienso en
casarme ; pero si en algon tiempo tuyiese esta idea , esté ymd.
derta de que mandarë é mt muger que en todo y por todo esté
sujeta à la yoluntad de ymd. Te obligas temerariameote à uaa
eosa , repuso mi madré , que nunca podrAs cumplir ; Antes bien
no me atreyeria yo A afirmar que , si entre la suegra y la mun
ocurriesen algunas desazones , no te dedarases A feyor de ta
muger Antes que al mio, por grande que fiiese su sinrazon.
Seftora , haÎMa ymd. como un orAodo , dijo mi seeretario me-
LIBRO DÉCIMO. 447
tiéndose en la conyersacion ; yo pîenso como vmd. que las oneras
déciles son may contadas. Asi, pues^ para que ymd. y mi amo
qneden oontentos , ya que quiere ymd. decididamente permaneoer
en las Asturias y ël en el reino de Valencia, sera menester que
le seftale una renta anual de cien doblones , que yo me encaegcr
de traer aqui todos los aik» , y por este medio la madré y ei
hijo esiarén muy satisfechos uno de otro é doscientaa léguas de
distancia. Aprobiron el couTenio las dos partes inieresadas , y
yo desde luego paguë adelantado el primer aflo, y sali de Oriedo
el dia siguiente antes de amanecer, por miedo de que el popu--
lacbo no me tratara como i san Estètum. Tal fuè el recibimiento
qae se me hizo en mi patria. Admirable leodon para aquellas per-
sonas de humilde nadmiento, que, habiendo enriquecido fiiera de su
pais , quieren yoWer à H para hacer de personas de importancia.
CAPITULO m.
Toma Oil Bias d camioo del reino de Valencia, y Uega en fin à Liria ; descrip-
cîon de m qainta ; como fui recibido en etta , j que gentes encontre allî.
Tonàmos el camino de Leon, despues el de Palenda» y si-
guîeodo nuestro Tiage à cortasjornadas, llegémos al cabo de
▼einte dias à Segorre , y al dia siguiente por la maftana entrimos
en mi quinta , que solo dista cinco léguas de aquella eiudad.
Adverti que, conforme nos ibamos acercando, mi secretario ob-
servaba con la mayor atencion todas las quintas que à diestra y
siniestra Se le ofredan é la vista. Luego que descubria alguna de
grande apariencia , me deda ensefténdomela con el dedo: Me aie-
grara que fiiera aquel nuestro retiro.
No 86 , amigo mio , le dije , que idea te bas formado de nuestra
morada ; pero si te la figuras como una casa magnifica , como la
hacienda de un gran seftor, desde luego te digo que estes muy
equivocado. Si no quieres que tu imaginacion se ria despues de
ti y represèntate aquella casa campestre que Hecénas regalô é
Horacio , sitnada en el pais de los Sabinos cerca de Tivoli. Haz
caenta que don Alfonso me ha hecho un regalo muy semejante à
aqueL Segnn eso , replicô Escipion , solo debo esperar que tendre-
mos por albergue una cabafla. Acuèrdate , repuse yo , que siempre
te hîce una descripdon muy modesta de ella; y si quieres juzgar
p<Mr ti mismo de la fidelidad de mi pîntura , vuelve la vista hécia
el rio Gnadalaviar, y mira sobre su orilla , junto à aquella al-
debuela de nueve à diez casas, aquella que tiene cuatro torrecOlas,
que esa es mi quinta.
; Diantre ! exdamô ent&Aces asombrado mi secretario : aquel
edifioio es una preci6sidad* Ademas del aspecto de nobleza que
Je dan sus torrecillas , puede lAadirse que esti bien si^mdo ,
448 GIL BLAS.
bien oonstniîdo y rodeado de oercanias mas delidosas que los con-
tornos de Seyîlla» Uamados por exceleocia el paraiso terrenal.
El aîtio no podia ser maa de mi gnsto annqne nosoiros misraos
le hobieramoa escogido. Riègale un rio con sus aguaa, y un es-
peao boaque esté brindando con su sombra al que quiera paaear-
se aun en la mitad del dia. i Ob, que amable soledadi 4 ah mi
querido amol todas las trazas son de que permanecerèmos
en èl largo tiempo. Me alegro mucho , le respond!, de que te
agrade tanto nuestro retiro, del cual aun no conoces todas bs
conveniencias.
Divertidos en esta oonTersacîon , llegàmos finalmente à la casa ,
cnyas puertas nos fuéron abiertas al punto que dijo Escipion era
yo el seftor Gil Bias de Santillana , que iba i tomar posesion de
su quinta. Al oir un nombre tan respetable para aquellas gentes ,
dejàron entrar la silla en un espacioso patio, donde al punto me
apeë ; apoy&ndome gravemente de Escipion y haciendo de pei^
sonage, pasé à una sala , en la que inmediatamente se me pre-
sentàron siete ù ocho criados, diciendo que venian à ofrecerme
sus reyerentes obsequios , como à su nueyo seâor, habiëndolos
don César y don Alfonso escogido para que me siryiesen, nno de
cocinero , otro de ayudante de cocina , otro de pinche de la mîsma,
otro de portero, y los demas de lacayos, con probibidon à to-
dos de recibir de ml salario alguno, porque aqneUos seûores
querian corriesen de su cuenta todos los gastos de mi casa. El
principal de estos criados, y que como tal lleyaba la palabra, era
el cocinero , el cual se llamaJt)a maestro Joaquin. Dijome habia
hecho una buena proyision de los mejores yinos de Espafla, y
que por lo tocante al aderezo de la comida, habiendo tenido d
bonor de seryir por espacio de seis afkos en la cocina del seûor
arzobispo de Valencia , esperaba componer unos platos que exd-
tasen mi apetito. Yoy i disponerme , aâadiô , para dar i V. S.
una prueba de mi habilidad. Miéntras llega la hora de comer po-
drà y. S. dar un paseo y yisitar su quinta para reconocer si se
balla en estado de ser hsJ[)itada por Y. S.
Va se puede considerar que yo no dejaria de hacer esta yîsita:
y Escipion, aun mas curioso de hacerla que yo , me feé condo-
ciendo de pieza en pieza : recorrimos toda la casa de arriba
absgo sin que ningun rincon se escapase à nuestra curiosidad,
por lo ménos asi nos lo pareciô; y por todas partes halle motiyo
para admirar la gran bondad que don César y su hijo tenian para
conmigo. Entre otras cosas , Uamàron mi atencion dos aposeôtos
adornados cou unos muebles, que, sin llegar à ser magnifioos,
eran de buen gusto. Estaba el uno colgado de tapiceria de los
Paises Btyos, y en él una cama y sillas cubiertas de terciopelo,
todo bien conseryado , à pesar de haberse hecho en tiempo que
los Moros ocupaban el reino de Valencia. De igual gusto eran
LIBRO DËCniO. 449
lo8 mnebles del otro apo8ento:cubria sas paredes ana colgadura
antigua de damasco genoTes , de color de cafla , con una cama y
sHIas de b misma tela , guarnecidas de franjas de seda azul.Todos
estos efectos , que en an inventario hubieran sido poco aprecia-
dos , parecian alii ostentosos.
Despues de haber examinado bien todas las cosas , mi secreta-
no y yo yohimos à la sala, en qae estaba ya puesta ana mesa
con dos cubiertos. Sentimonos à ella , y al punto se nos sirviô
ona oUa podrida tan delicada que nos diô léstima de que el arzo-
bispo de Valencia no tuyiese ya al cocinero que la habia sazonado.
Verdad es que teniamos buenas ganas, y esto contribula â que
no nos supiese mal. Â cada bocado que comiamos , mis lacayos
de nueva fecha nos presentaban unos grandes ^asos que Uenaban
hasta el borde de un vino rico de la Mancha. No atreyiéndose
Esdpion à dejar yer delante de ellos la satisfaccion interior que
experimentaba , me la daba â entender con miradas expresiyas ,
Y yo le manifestaba con las mias que estaba tan contento como él.
Un plato de asado , compuesto de dos codornices gordas que
acompafiaban é un lebratillo de exquisito gusto , noshizo dejar la
olla podrida, y acabô de saciarnos. Luego que hubimos comido
como dos hambrientos y bebido à proporcion , nos leyantémos
de la mesa para ir al jardin à dormir yoluptuosameute la siesta
en algun sitio fresco y agradable.
Si mi secretario se habia mostrado basta entônces muy satisfe-
cho de cuanto habia visto , aun lo quedô mas cuando yiô el jar-
din y que le pareciô comparable con el parterre del Escorial.
Bien es yerdad que don César, que de cuando en cuando yenia â
Liria, tenia gusto en hacerlo cultiyar y hermosear. Todas las
calles estaban bien cubiertas de arena , y enfiladas de naranjos :
an gran estanque de mérmol bianco , en cuyo centro un leon
de bronce arrojaba copiosos chorros de agua , la hermosura de
las flores y la diversidad de frutas , todos estos objetos embele-
sâron à Escipion; pero lo que mas le encantô fué una prolongada
calle de érboles que bajaba en decliye continuado hasta la habi-
tacion del arrendatario , cubierta con el espeso foliage de unos
frondosos irboles. Haciendo el elogio de un sitio tan é propôsito
para preservarse del calor, nos detuyimos en èl y nos sentâmos
al pié de un olmo , à donde el suefio acudiô presto à apoderarse
de dos hombres algo alegrillos que acabsfban de comer bien.
Dos- horas despues despertimos despayoridos al ruido de
muchos escopetazos disparados tan cevca de nosotros, que nos
asustaron. Leyantémonos precipitadamente ; y para inforroamos
de lo que era , fulmos à la casa del arrendatario , y alli encon-
tràmos ocho 6 diez aldeanos todos yecinos del lugar, que dispa-
raban y quitaban el orin de sus escopetas para celebrar mi venida
que^ acababan de saber. La mayor parte de ellos me conocia ya
450 GIL BLAS.
por haberme yisto algunas veoes en aquella qointa ejercer el
empleo de mayordomo. Apënas me ?iëron , gritàron todos i on
minno tiempo : ; Viva ntiesfro nueyo êeàor! ;Sea bien venido d
lArial Didendo esto ToWieron é cargar sds esoopetas» y me
obsequiiron con una descarga general. Recibilos con el mayor
agrado que me file posible , pero guardando siempre grayedad ,
porqae no me pareciô conveniente fiimiliarizarme demasiado con
ellos. Ofreciles mi proteccion , y les di ademas oomo unos veinte
doblones, expresion que, segun creo» no foe la qne mènos les
agradô. Retiréme despues con mi secretario , dejàndoles la liber-
tad de echar todavia mas pôlvora al aire , y nos foimos al bo^
que y en donde nos estuvimos paseando hasta la noche , sin que
nos cansase la vista de los érboles ; tanto nos embelesaba el gusto
de yeroos en nuestra nueva posesion.
Durante nuestro paseo no estaban ociosos el codnero , su ayu-
dante , ni el galopin. Ocupàbanse todos très en disponemos una
cena superior à la comida ; tanto que, cuando voWimos del paseo .
y enlrémos en la sala donde habiamos comido » qnedémos muy
admirados de ver poner en la mesa cuatro perdigones asados,
un guisado de conejo à un lado , y un capon en pepitoria al otro ;
sirviendo despues de intermedio orejas de puerco, polios en es-
cabeche , y crema de chocolate. Bebimos abundantemente vino
de Lucena y otros muchos excelentes. Cuando conocimos que ya
no podiamos beber mas sin exponer nuestra salud , pensàmos en
imos é acostar. Mis criados tomérota entônces luces y me condu^
jéron al mejor cuarto , en donde me desnudiron con mucha ofik
ciosidad; pero luego que me diéronmi bâta denodie y ml gorro
de dormir, los despedi diciéndoles en tdno de amo :RetiraoSy que
ya no os necesito para lo demas.
Habièndolos despachado é todos me quedé solo con Esdpion
para conversar un poco con èl.Preguntéle que juicio formaba del
trato que se me daba por ôrden de los seAores de LeÎTa. Por
vida mia, me respondiô^ que me parece no puede dàrseos me-
jor, y solamente deseo que esto dure mucho. Pues yo no lo deseo,
le répliqué : no debo permitir que mis bienhechores hagan tantos
gastos por mi , porque esto séria abusar de su generosidad. Fuera
de eso , tampoco me acomoda servirme de criados asalariados
por otro 9 porque creeria no hallarme en mi casa. À todo esto se
aûade que yo no me lie retirado aqui para viyir con tanto apa-
rato. i Que necesidad tenemos de tantos criados? b&stanos Bel-
tran , un cocinero , un mozo de cocina y un lacayo. Sin embargo
de que à mi secretario no le pesaria vivir siempre â costa de!
gobernador de Valencia , no se opuso A mi delicadeza en este
punto ; antes bien, conformândose con mi dictémen , aprobô la
reforma que yo queria hacer. Decidido esto se saliô él de mi
cuarto para retirarse al suyo.
LIBRO DËGIMO. 4SI
CAPITULO IV.
Marcha Gil Bias i Valencia y Tinta à los BeAores de Leiva ; de la convenacion
que taYo con ellos, y de la baena aoogida que le bizo doAa Serafina .
Acabë de desnudarme y me acostë ; pero yiendo que no podia
quedanne dormido , me abandonë i mis reflexiones. Se me re-
présenté la generosidad con que los seflores de Leiya pagaban
îa indinacion que yo les tenia , y sumamente agradecido A las
nuevas sefiales que de ello me daban , resolvi marchar el dia si-
guieiite à yisitarlos para satisfocer la impaciencia que tenia de
manifestarles mi gratitud. Ya me complacia anticipadamente la
idea de yolver à ver pronto à Serafina; pero este placer no era
del todo completOy porque no podia pensar sin pesadumbre en
que al mismo tiempo tenia que soportar la presenda de la seflora
Lorenza Séfora , que pudiéndose acordar todayia del lance del
bofeton no se alegraria mucho de yerme. Cansada la imaginadon
con todas estas especies , me quedë finalmente dormido , y no
despertè hasta que empezô à dejarse yer el sol.
Me leyantë con prontitud > y enteramente puesto el pensamiento
en el yiage que meditaba , tardé poco en yestirme. Al acabar
entré mi secretario en mi cuarto : Escipion, le dije, aqui tienes
à un bombre que se dispone para ir à Valencia. No puedo mënos
de ir inmediatamente à yisitar à unos seftores à quienes debo mi
buena fortuna ; y cada instante de tardanza en el cumplimiento
de este deber parece acusarme de ingratitud. A tl , amigo mio , te
dispenso de acompaflarme ; quédate aqui durante mi ausencia ,
que no pasarà de ocho dias. Id , sefior, respondié , y cumplid con
don Alfonso y su padre, que me parece agradecen el zelo que
se les manifiesta, y que estàn muy reconocidos à los s^yidos
que se les ban hecho : son tan raras las personas distinguidas que
tienen ese caràcter, que no estin por demas cualesquiera consi-
deradones que se les manifiesten. U érden à Beltran para que se
dispusiese à partir, y miéntras que ël preparaba las mulas tome
yo chocolate. En seguida monté en mi silla , dejando mandado A
mis criados que mirasen A mi secretario como A mi misma persona,
y que obededesen sus érdenes como las mias.
En mënos de cuatro horas Ueguë A Valencia , y fui en dere-
chura A apearme A las caballerizas de! gobernador. Dejando alH
mi carruage , hice me condujesen al cuarto de este sefior, en
donde se hallaba A la sazon cou su padre don César. Abri sin
ceremonia la puerta y acercAndome A los dos : Los criados , les
dqe 9 no enyian recado delante para presentarse A sus amos ;
aqui estA un antiguo criado de yuestras seftorias que yiene A
452 GIL BLAS.
ofrecerles sus respetos. Diciendo esto quise arrodillarme en su
presencia; pero ellos no lo permitièron y ambos me estrechftron
entre sus brazos con todas las demostraciones de una yerdadera
amistad. ^Y bien , mi querido Santillana , me dijo don Alfonso ,
has ido ya é Liria é tomar poseston de tu hacienda? Si seflor, le
respond! y y suplico à V. S. se sirya permitirme que se la de-
Yuelva. ^Pues porquë? me replied : ^has encontrado en ella al-
guna cosa que no te acomode ? Nada de eso , respond! : por lo
que toca à la ppsesion me agrada infinito ; pero lo que no me
acomoda es tener en ella cocineros de arzobispo , y très yeces
mas' criados de los que he menester, ocasionando i V. S. un
gasto tan crecido como supérfluo.
Si hubieras aceptado , dijo don César, la pension de dos mil
ducados que te oîrecimos en Madrid , nos hnbieramos limitado
à regalarte esa quinta alhajada como esté ; pero no habiëndola
tù querido admitir, nos pareciô que en recompensa debiamos
hacer k) que hicimos. Eso es demasiado, le respond!; basta que
y. SS. me fayorezcan solamente con la hacienda , que es snfi-
ciente para colmar todos mis deseos. Ademas de lo mucho que
cuesta A Y. SS. mantener tanta gente, aseguro que una famUia tan
numerosa me incomoda, y me causa gran sujecion. En suma»
seAores, aftadi, ô Y. SS. recobren su finca, ô dignense dejérmela
gozar à mi modo. Pronuncié estas ultimas palabras con tanta en-
tereza , que padre é hijo , que de ningun modo cpierian yiolen-
tarme , me permitièron al fin disponer de la quinta como mqor
me pareciese.
Les repetia mil gracias por haberme concedido esta libertad
sin la cual yo no podia ser dichoso , cuando don Alfonso me in-
terrumpiô diciendo : Mi querido Gil Bias , quiero presentarte à
una dama , que tendra singular gusto de yerte ; y hablando de
este modo me tomô de la mano , y me condujo al cuarto de
Serafina, la cual asi que me yiô porumpiô en un grito de alegria.
Sefiora» le dijo el gobernador, creo que la llegada de nuestro
amigo Santillana i Yalencia no os sera ménos gustosa que à mi.
De eso , respondiô ella , el mismo Santillana debe estar mny per-
suadido. No ha sido capaz el tiempo de borrar de mi memoria
el £ayor que me hizo , y afiado al agradecimiento que me me-
rece el que debo à un hombre à quien yos sois deudor. Res-
pond! é mi seAora la gobernadora que me consideraba mas
que suficientemente pagado del peligro que yo habia corrido
juntamente con los demas que me ayudéron à librarla , expo--
niendo mi yida por conseryar la suya ; y despues de muchos
cumplimientos reciprocos don Alfonso me sacô fuera del cuarto
de Serafina» y fiiimos à reunirnos con don César, é quien hallé-
mos en una sala acompafiado de muchos cabàlleros que estaban
aquel dia conyidados à corner.
LIfiRO DÊCIHO. 453
Saladéronme todos con mucha cortesania , y me hiciéron tan-
tos mas acatamientos caanto que supiéron por don Cesar que
yo habia sido uno de los principales secretariôs del duque de
Lerma. Y aun quizà no ignoraria la mayor parte de ellos que
don Alfonso habia obtenido à influjo mio el gobierno de Valen-
cia y porque al cabo todo se llega é saber. Como quiera que sea,
desde que nos sentémos à la mesa solo se hablô del nueyo car-
denal ; unos hacian 6 aparentaban hacer grandes elogios de él ,
y otros le ensalzaban , pero entre dientes » y como se suele decir
con la boca chica. Luego conoci que con esto querian incitarme
à que habiase extensamente sobre su eminencia y que les di-
Tîrtiese à costa suya. De buena gana hubiera dicho lo que pen-
saba de él ; pero contuse la lengua , lo que me hizo pasar en
el concepto de aquellos caballeros por un mozo muy discreto.
Conduida la comida , se retiréron los conyidados à sus casas
à Jlormir la siesta. Don César y su hijo , instados del mismo de-
seo y se encerràron en sus cuartos. Yo, lleno de impaciencia por
yer cuanto antes una ciudad que tanto habia oido alabar, sali
del palacio del gobernador con ànimo de pasear las calles. En-
contre é la puerta un hombre que se acercô é mi , y me dijo :
^Me daré licencia el seftor de Santillana para que le salude?
Preguntéle quien. era , y me respondiô : Soy el ayuda de cà-
mara del sefkor don César, y era uno de sus lacayos cuando su
merced estaba de mayordomo de la casa. Todas las maftanas
iba al cuarto de su merced , que siempre me hacia mil fayores ,
y le informaba de todo lo que pasaba en casa. ^ No se acuerda
su merced que un dia le dije que el cirujano de la aldea de Leiya
entraba secretamente en el cuarto de la seAora Lorenza Séfora ?
De eso me acuerdo muy bien , le respondi : y ahora que se ha-
bia de esa duefta, ^qué se ha hecho? {Ah! repuso él, luego que
su merced se ausentô , la pobre mugcr cayô mala de pasion de
ânimo , y al cabo muriô mas llorada del ama que del amo.
Despues que el ayuda de càmara me informé del triste fin de
Séfora , me pidiô perdon de lo que me habia detenido , y me
dej6 proseguir mi camino. No pude ménos de suspirar acordân-
dome de aquellii desdichada duefia; y compadeciéndome de su
suerte me echaba la culpa de su desgracia sin pensar que debia
atribuîrse mas bien é su cancer que al mérito mio de que se
habia prendado.
Obseryaba con gusto todo lo que parecia digno de ser notado
en la ciudad. £1 palacio arzobispal entretuyo agradablemente mi
TÎsta y y lo mismo los hermosos porticos de la lonja ; pero lo
que me lleyô toda la atencion fiié una gran casa que yi é lo léjos ,
en la cual entraba mucha gente. Acerquéme à ella para saber por-
que acudta alli un concurso tan crecido de hombres y mugeres ;
y presto sali de mi curiosidad , leyendo estas palabras escritas
454 GIL BLAS.
con letras de oro en una lépida de màrmol negro qne estaba so-
bre la puerta : Poioda de los représentâmes. Lei tambien los car-
teles y en los cnales los cômîcos ofrecian por la primera yez aquel
dia la representadon de una tragedia nueya de don Gabriel
Triaquero.
CAPITULO V.
Ya Gil BUs à la eomedia, j re repretentar una tragedia nueva : que ezito
toTo la pieza. Garicter dd pueblo de Valencia.
DetûTeme algnnos momentos i la paerta para bacerme cargo
de las personas qae entraban^ y bablalas de todas calidades. Vi
eabaOeros de buena traza y ricamente yestidos , y gentoalla de
tan mala catadura como trage. Vi yarias sefioras de titolo que
se apeaban de sus coches para ir à ocupar los aposentos que ha-
bian mandado tomar, y dgunas ayentureras que iban é caza de
mentecatos. Este confùso tropel de toda clase de espectadores
me inspirô el deseo de aumentar su numéro. Ya me disponîa à
tomar btllete cuando el gobemador y su esposa Uegéron. Reco-
nociéronme entre la mudiedumbre, y habiëndome mandado Ha-
mar me lley&ron é su palco, en donde me sente detras de
Ids dos 9 de modo que podia hablar cômodamente con ambos.
Estaba el salon lleno de gente de alto é bajo, el patio mny api-
fiado, y la luneta llena de caballeros de las très ôrdenes milita:-
res. ; Grande entradal dije â don Alfonso. No hay que admirarse
de esOy me respondiô, porcpie la tragedia que se ya à repre-
sentar esta compnesta por don Gabriel Triaquero , apeDidado el
poeîa de moda. Cuando los carteles de los cômicos anuncian al-
gnna nueya composicion suya , toda la ciudad de Valencia se pone
ei^ moyimiento : hombres y mugeres no saben hablar de otra
cosa : todos los palcos se abonan; y el dia de la primera repre-
sentadon 80 estropean las gentes à la puerta por entrar, siendo
asi que se dobla el precio , exceptuando ùnicamente el del patio ,
à qnien siempre se respeta demasiado por temor de que se al-
tère. Sin duda , dije entônces al gobemador, que esa viya cu-
riosidad del publico , esa fiiriosa impaciencia que tiene por oir
todas las composiciones nueyas de don Gabriel , me dan ana idea
yentajosa del ingénie de ese poeta.
Al Uegar aqui nuestra conyersacion se dejéron yer en el teatro
los actores. Callàmos inmediatamente para oirlos con atendon.
Desde el principio comenzàron los aplausos, & cada yerso se re-
petian , y al fin de cada jornada habia un palmoteo que pareda
yenirse al suelo el teatro. Concluida la representacion , me mos-
tr&ron al autor, el cual iba modestamente por los aposentos à
recoger los aplausos de que caballeros y damas le llenaban à
competencia.
LIBRO DÉCIHO. 455
Nosotros Tolvimos al palacio del gobernador, adonde poco
despues llegiron très 6 cuatro caballeros cruzados y dos autores
antiguos muy apreciables en sa dase , acompafiados de un caba-
Uero de Madrid , sugeto de talento y de gusto. Todos habian es-
tado en la comedia , y durante la cena no se hablô sino de la
nueya pieza. ^Qué les parece à ustedes de la tragedia , preguntô
on caballero de Santiago? ^No es esto lo que se llama una obra
perfecta? Pensamientos sublimes , expresiones tiernas , versifica-
don Tigorosa , nj|ja le fidta ; en una palabra es un poema com-
puesto para los inteligentes. No creo , respondiô un caballero de
Alcantara , que nadie pueda pensar de â de otra manera. Esta
pieza tiene algunos trozos que parecen dictados por el mismô
Apolo y y ciertos lances manejados con destreza : dîgalo si no el
sefior, alUdid, dirigiendo la palabra al caballero castellano^ que
me parece entendido , y apuesto à que es de mi opinion. No
apaeste ymd., caballero , le respondiô el de Madrid con cierta
risita falsa. Yo no soy de este pais : en Madrid no acostumbramos
à decidir con tanta facilidad. Lëjos de juzgar del mërito de una
pieza que oimos por la primera yez , desconfiamos de sus belle-
zas cuando solamente la escuchamos en boca de los actores ; y
por mucha impresion que nos haga , suspendemos el juicio hasta
haberla leido ; porque en la realidad no siempre nos causa en el
papel el mismo placer que nos ha causado en la escena.
Por esOy antes de calificar un poema , prosiguiô , lo examinamos
escrupulosamente ; y por grande que pueda ser la fiama de un
autor, no puede deslumbramos : cuando Lope de Vega mismo
y Calderon ofrecian composiciones nueyas , hallaban jueces se-
veros en sus ^dmiradores , los cuales no los eleyàron à la cum-
bre de la gloria hasta despues de haber juzgado que eran dignos
de ella.
; Oh ! por cierto, intemimpiô el caballero de Santiago, nosotros
no somos tan timidos como ustedes ; no esperamos para decidir
a que se imprima una pieza. A la primera representacion conoce-
mos todo su mërito : ni aun para eso nos es necesario oirla con
la mayor atencion , sino que nos basta saber que es produccion
de don Gabriel para persuadirnos de que no tiene ningun defecto.
Las obras de este poeta deben seryir de ëpoca al nacimiento del
buen gusto. Los Lopes y los Calderones no eran mas que unos
aprendices en comparacion de este gran msiestro del teatro. El
Madrileflo , que miraba à Lope y à Calderon como los Sôfocles
y Euripides de los Espaftoles , indignado con este discurso teme-
rariOy exdamô ; (Que sacrilegio dramiticol Supuesto, seftores ,
que ustedes me obligan à juzgar como acostumbran par la pri-
mera representacion, les dire que no me ha gustado la tragedia
de su don Gabriel. Es un drama zurcido de rasgos mas brillantes
que sôlidos. Las très cuartas partes de les yersos son malos , à
4S6 GIL BLAS.
sin buena rima, los caractères mal formados 6 mal sosteoidos ,
J los conceptos firecuentemeate muy esouros^
Los dos autores que estaban à la mesa , y que , por una mode^
racion tan loable como rara , no habian dicho nada porqne no se
les sospechase de envidiosos , no pudièron mènos de aprobar con
los ojos la opinion de este caballero ; lo que me hizo créer que
su silencio era ménos un efecto de la perfeccion de la obra que
de su politica. En cuanto à los caballeros cruzados , comenzéron
de nuevo à elogiar à don Gabriel , y aun le colocàron entre los
dioses. Esta extravagante apoteôsis y ciega idolatria impacienté-
ron al Castellano , que, alzando las manos al cielo , exclamô repen-
tinamente entusiasmado : ;0h divino Lope de Yega, raro y su-
blime ingenio , que dejâste un inmenso espacio entre tl y todos
los Gabrieles que quieran igualarte ! y tu , melifluo Calderon ,
cuya suavidad elegante y purgada de ejpicismo es inimitable , no
temais uno ni otro que Tuestros altares sean derribados por este
bijo novel de las musas. Muy afortunado sera si la posteridad ,
cuya delicia formarèis asi. como formais la naestra , hace men-
cion de èl.
Este gracioso apôstrofé, que ninguno esperaba, hizo reir é
toda la concurrencia , con lo cual se levantô de la mesa , y se re-
tiré. Â mi me condujéron por 6rden de don Alfonso al cuarto
que me tenta dispuesto ; encontre en él una buena cama , en la
que habiëndose acostado mi seAoria, se durmiô, compadecièn-
dome tanto como el caballero castellano de la injusticia que los
ignorantes bacian é Lope y à Calderon.
CAPITULO VI.
Gil BLaB paseândose por las celles de Valencia encaentra à un religioso, à quîen
le pareoe conocer : que bombre era este religioso.
Como no habia podido ver toda la ciudad el dia anterior , me
levante y sali al siguiente para acabar de examinarla. Divisé en
la calle à un cartnjo, que sin duda iba à negocios de su comuni-
dad. Caminaba con los ojos bajos , y con un aspecto tan devoto
que se llevaba la atencion de todos. Pasô muy cerca de mi, mi-
réle atentamente , y me pareciô ver en él & don Rafeel , aquel
aventurero que ocupa tan honorifico lugar en varios^ capitules de
esta historia.
Me quedé tan asombrado y conmovido de este inesperado en-
cuentro , que en vez de acercarme al monge , permaneci inmôvfl
por algunos mementos , lo que le diô tiempo para alejarse de mi.
{Juste cielo! dije: ^se habrén visto jamas dos rostres mas pa-
recidos? iQue deberé pensar? ^Creeré que este es Rafael?
LIBRO DÉGIMO. 497
I pero puedo imaginar qae no lo sea? Tiiye demasiada curiosidad
de saber la yerdad para no pasar adelante.
Hioe que me ensefiasen el camkio de la cartuja , A donde fui
al momento con la esperanza de volyer à yer al tal hombre cuan-
do se restituyese al monasterio , y resuelto à detenerle para ha-
blarle ; pero no tuye necesidad de aguardarle para quedar ente-
lado de todo. Al Uegar à la puerta del monasterio , otra cara que
yo conocia trocô mi duda en cenidumbre , y reconoci en el lego
portero à Ambrosio Lamela , mi aniiguo criado.
Fuë igual la sorpresa de ambos de encontrarnos alii. ^Serà
acaso una ilusion? le dije al saludarle : ^es realmente un amigo
mio el que tengo à la yista? Al pronto no me conociô , ô acaso
fingiô no conocerme; pero considerando que era iniitil la fiocion,
y hadendo como quien de repente se acuerda de una cosa olyi-
dada: |Ah seflor Gil Bias I exclam^, perdone su merced si no le
conoci tan prontamente. Desde que yiyo en este santo lugar y me
dedico â cumplir con los deberes que prescriben nuestras réglas ,
yoy perdiendo insensiblemente la memoria de lo que he yisto en
el mnndo.
Tengo un yerdadero gozo , le dije , de yolyerte 4 yer despues
de diez afios con un trage tan respctable. Y yo , respondid , me
ayergûenzo de presentarme con el 4 un hombre que ha sido tes-
tigo de mi mala yida: este hàbito me la esta continuamente re-
prendiendo. | Ah 1 afiadiô dando un suspiro y para ser digno de
Ileyarle debiera haber yiyido siempre en la inocencia. Por ese
modo de hablar ^ que me causa sumo placer , le répliqué , se ye
claramente , mi caro hermano , que el dedo del Seftor os ha to-
cado. Vuelyt) à deciros que me lleno de gozo , y estoy impaciente
por saber de que modo milagroso entràsteis en el buen camino
yos y don Rafael , porque estoy persuadido de que el es é quien
acabo de encontrar en la ciudad en hàbito de cartujo : me ha pe-
lade de no haberle detenido en la calle para hablarle , y le es-
pero aqui par^ reparar mi falta cuando se retire al monasterio.
No se engaAô su merced , me dijo Lamela , el mismo don Ra-
fael es à quien ymd. ha yisto ; y en cuanto à la relacion que ymd.
me pide es la siguiente. Despues de habernos separado de ymd.
cerca de Segorye y el hijo de Lucinda y yo tomimos el camino
de Valencia con ânimo de hacer alii alguna de las nuestras. Quiso
la casualidad que entrasemos en la iglesia de cartujos à tiempo
que los religiosos estaban rezando en el coro : detuyimonos é
considerarlos , y conocimos por nuestra misma experiencia que
los malos no pueden ménos de yenerar la yirtud. Admiràmonos del
fervor con que rezaban y de aquel aire pénitente y desasido de
los placeres del siglo , y de la serenidad que se dejaba yer en
sus semblantes , y que manifestaba tan bien la quietud de sus
coneiencias.
45d GIL BLAS.
Haciendo estas obseryaciones cabnos en una meditacion qae
nos filé saludable. Comparàmos nuestras costombres con las de
estos baenos religiosos, y la diferencia que haUimos entre anas
y otras nos Uenô de turbacion y de inquietnd. Lamela, me dîjo
don Rafae] luego que salimos de la iglesia, ^qaè ûnpresion ha
causado en ti lo que acabamos de ver? Por lo que à mi toca» no
puedo ocuItàrtelOy no lengo el ànimo sosegado : me agitan naos
moyimientos que me son desconoddos ; y por la primera yez de
mi yida me acuso de mis iniquidades. En îgual disposidon me
hallo yo » le respond! : las malas acciones que he cometîdo se
leyantan en este instante contra mi , y mi corazon , que jamas
habia sentido remordimientos, esta en la actualidad despedazado
por ellos. ;Ah querido Âmbrosiol continnô mi compaftero:
somos dos oyejas descarriadas, que el Padre celestial quiere por
su piedad yolver al aprisco. El es, amigo mîo , él es quien nos
llama; no seamos sordos i su yoz; renunciemos é nuestras
iniquidades, dejemosladisoludon en que yiyimos, y comenzemos
desde hoy é trabiyar seriamente en el grande negocio de nnestra
salyacion ; debemos pasar el resto de nuestra yida en este mo-
nasteriOy y consagrarla à la penitencia.
Aprobè el pensamiento de Rafael, prosiguiô el hermano Am-
brosio, y toniàmos la generosa resolucion de metemos cartnjos.
Para ponerla por obra , recurrimos al padre prior , que apènas
supo nuestro designio cuando , para probar nuestra yocacion,
mandô se nos diescn celdas, y se nos tratase como i reKgiosos
durante un afto eatero. ObseryAmos las reglas cou tanta exao-
titud y constancia, que fiiimos recibidos de noyicios. Estabamos
tan contentos con nuestro estado y tan Ilenos de fervor, que su-
frimos yalerosamente los trabajos del noyiciado , y en seguida
se nos admitiô à la profesion. Poco despues de ella , habiendo
mostrado don Rafoel un talento à propôsito para el mancjo de
negocios, le nombràron para aliyiar A un padre anciano que era
entônces procurador. Mas hubiera querido el hi|o de ûicinda
emplear todo el tiempo en la oracion ; pero se yiô obtigado i
sacrificar este gusto à la necesidad que se tenia de ël. Adquiriô
un conocimiento tan completo de los intereses de la casa , que
le juzgéron capaz de sustituir al anciano procurador , muerto
très afios despues. Y asi esté ejerdendo en la actualidad este
^^vgo, y puede decirse que le desempefia cou grande satisfeccion
de los padres , que alaban mucho su conducta en la administra-
cion de los bienes temporales. Pero lo que mas admira es que,
à pesar del cuidado que se le confié de recaudar nuestras reo-
tas, no parece ocupado sino en la yida eterna. Si los negodos le
dejan un momento de reposo se abisma en profiindas medita-
dones : en una palabra, es uno de los mejores indiyiduos de este
monasterio.
LIBRO DËGIMO. 459
Interrompi à Lamela caando llegaba aqui con un grande moyi-
miento de gozo qae manifesté al ver é Rafeel y que à este punto
se dej6 yer de nosotros. He aqui , exclamé , he aqui el santo
procarador que yo estaba esperando con tanta impaciencia; y al
mismo tiempocorri hàda él y le di un abrazo. No se desdeftô de
recibirie, y sin dar la mas leye muestra de que mi yista le bu-
biese causado la menor alteradon : Sea Bios loado , sefior de
SantSIana, me dijo con una yoz llena de dulzura^ Dios sea loado
por el placer que me causa el yeros. Yerdaderamente , le dije ,
mi querido Rafeel , yo tomo toda la parte posible en yuestrà
felicidad. Fray Âmbrosio me ha oontado la historia de yuestra
eonyersion , y confieso que su rel»Dion me ha encantado. i Que
Ventura la yuestra, amados amigos mios , la de poder lisonjearos
de ser de aquel corto numéro de escogidos que deben gozar de
una bienayenturanza etema!
Dos misérables como nosotros , respondiô en tono muy hu-
milde el hijo de Lucinda, no podian concebir semejanté esperanza ;
pero el arrepentimiento de los pecados les bizo hallar gracia ante
el Padre de las misericordias. ^ Y ymd. » seftor Gil Bias, aftadiô,
no piensa tambien en merecer que el Sefior le perdone las culpas
que contra él ha cometido? ^Qué asuntos le han traido é ymd.
A Valencia? (ejerce por desgracia algun empleo peligroso? No,
A Dios gracias, le respond! : desde que sali de la corte hago una
yida honrada. Unas yeces gozo de la inocente diyersion delcampo
en una hacienda que tengo distante pocas léguas de esta ciudad,
y otras yengo à recrearme algunos dias cou mi amigo el sefior
gobernador , à quien ustedes dos conocen muy bien.
Ent6nces les conté la historia de don Alfonso de Leiya , que
oyéron con atencion ; y cuando les dije que yo habia Ueyado de
parte de este sefior à Samuel Simon los très mil ducados que le
habiamos hurtado, Lamela me interrumpiô , y dirigiendo la pa-
labra é Rafael, le dijo : Segun eso, padre Hilario, el buen mer-
cader ya no debe quejarse de un robo que se le ha restituido
Gon usura , y nosotros dos debemos tener la conciencia bien
tranquila sobre este punto. Con efecto, dijo el procurador, antes
que el hermano Ambrosio y yo tomasemos el habite , hicimos
entregar secretamente à Samuel Simon mil y quinientos ducados
por mano de un honrado eclesiàstico , que quiso tomarse el
trabajo de ir à Chelya à hacer esta restitucion sécréta. Tanto
peor para Samuel si fué capaz de embolsarse esta cantidad des-
pues de haber sido reintegrado enteramente por el sefior de
Santillana. iPero esos mil y quinientos ducados, répliqué yo,
se le entregiron fiefanentef Sin duda alguna, contesté don Rafael :
yo responderia de la integridad del edesiAstico como de la mia.
Y yo tambien le abonaria, dijo Lamela ; especialmente despues
que ganô dos pleitos que le suscitAron por depôsitos que se le
460 GIL BLAS.
habian confiado , y en los qae fiiéron condenados en coscas sos
aousadores.
Nuestra conversacion daro todavia algan tiempo, y laego
nos separémoSy ellos exhorténdome à quo tuviese siempre pré-
sente el santo temor de Dios , y yo recomendàndome a sus
buenas oraciones. Fui a) momento à yerme con don Alfonso ,
y le dije : Nunca acertaria Y. S. con quien acabo de tener una
larga conversacion : no hago mas que separarme de dos véné-
rables cartujos que Y. S. conoce : el uno se llama el padre Hi-
lario , y el otro el hermano Ambrosio. Te equiirocas , me res-
pondiô don Alfonso, porque no conozco à ningun cartnjo.
Perdone Y. S. , le répliqué , pues conociô en CbeWa al her-
mano Ambrosio , comisario de la inquisicion , y al padre Hîlarto,
secretario. |0h cielos! exclamô sorprendido el gobemador :
; sera posible que Rafael y Lamela se hayan metido cartujos !
Es positivo 9 le respond! , y aAos ha que profèsàron. El primero
es proearador de la casa , y el segundo portero.
Quedô pensativo algunos momentos el hijo de don César, y
luego meneando la cabeza dije : Harto sera que el seftor comisa-
rio de la inquisicion y su secretario no estén representando aqui
una nueva comedia. Y. S., repuse yo , juzga de lo présente por
el tiempo pasado ; pero yo , que vengo de hablarles , juzgo
mas benignamente. Es yerdad que no se ye el fondo de los co-
razones; mas segun todas las apariencias, estos son dos bribones
conyertidos. Bien puede ser, respondiô don Alfonso, porque
hay mnchos libertinos que , despues de haber escandalizado al
mundo con sus desôrdenes , se enci^rran en los claustros para
hacer una rigurosa penitencia : me alegraria mucho de que
nuestros dos monges fiieran de estos libertinos.
lY porqué no lo serian ? le dije : ellos han abrazado volun-
tariamente la yida monéstica muchos aftos ha, y se portan en
ella con la mayor edificacion. Di todo lo que quisieres , me
contesté el gobernador , pero à mi nada me gusta que los cau-
dales del monasterio estén en poder del padre Hilario, de quien
no podria ménos de desconfiar. Cuando me acuerdo de la donosa
relacion que nos hizo de sus ayenturas, tiemblo por los pobres
cartujos. Quicro suponer como tù que haya tomado el hàbito
con muy buena intencion ; pero el manejo del dinero puede des-
pertar su codicia. A ningun borracho que ha dejado el vino se
le debe fiar la Have de la bodega.
Pocos dias despues se yerifico no ser infundada la desconfianza
del gobernador. Desapareciéron de repente el procurador y el
portero con el dinero del monasterio : noticia que , esparcida
al punto por la ciudad , no dejô de dar que reir é los burlones
que celebran siempre las desgracias de los religiosos que ttenen
UBRO DÉCIMO. 461
fema de ricos. Por lo que toca al gobernador y à mi, nos com-
padecimos de los cartujos , sin hacer alarde de qae conodamos
à los apôstatas.
CAPITULO VIL
Gil Bias se restitnye i su qaintji de LirU ; de la noticia agradable qne Escipion
le diô , y de la reforma que hiciëron en su familia.
Ocho dias fuéron los qae me detuye en Valencia , gozando
del mando , y viiriendo como los condes y marqueses , entre-
tenido en ver comedias, y concorrir à bailes, conciertos, ban-
quêtes y tertulias de damas , proporcionàndome todas estas
diyersiones tanto el seûor gobernador , como la seftora gober-
nadora , à quienes hice la corte tan cumplidamente qae ambos
sintiéron mi regreso à Liria , y aan me obligàron antes de marchar
é qae les prometiera repartir el tiempo entre ellos y mi soledad.
Gonyinimos en que permaneceria en la ciudad el inyierno, y el
yerano en mi quinta. Con esta condicion me dejâron libertad
mis bienhechores para que me fiiese à gozar de sus beneficios.
Escipion , que deseaba con ansia mi yuelta , se alegrô infinito
de ella , aumenténdose sa gozo con la relacion que le hice de mi
yiage. ;Y tù, amigo mio, le preguntë, que te has hecho aqui
dorante mi ausencia? ;te has diyertido mucho? Cuanto puede
hacerlo, me respondiô, an crîado fiel que nada ama tanto como
la presencia de su amo. He paseado por todos los puntos de
nuestros pecpieftos estados; y sentàndome unas yeces junto é la
fuente que esta en el bosque , contemplaba con particular gusto
la claridad de sus aguas tan puras y cristalinas como las de
aquella sagrada fuente cuyo estruendo hacia resonar el espacioso
bosque de Albunea ; y recostado otras al pié de un érbol oia
cantar à los ruiseftores y jilgueros. En fin , he cazado , he pes-
cado; pero lo que me ha gustado aun mas que todos estos
pasatiempos ha sido la lectmra de muchos libros tan utiles como
entretenidos.
Interrumpi con precipitacion à mi secretario pregunténdole
donde habia hallado aquellos libros. Los he encontrado, me
respondiô, en una selecta libreria que hay en casa^ que me ha
enseâado el maestro Joaquin. ^ Pero en que parte esta esa libre-
ria? le yolyi à preguntar : ;no registrâmos foda la casa el dia
que Ilegémos? Asi le pareciô à vmd., me respondiô; pero sepa
que solamente recorrimos très dtstritôs olvidindosenos el cuarto ;
y alli es donde don César cuando yenia à Liria empleaba una
parte de su tiempo en la leaura. Hay en esta libreria may buenos
libros que se nos han dejado como un recurso seguro contra
el tedio para cuando nuestros jardines despojados de flores y
463 GIL BLAS,
naestro boscpie de hoja no puedan preserrarnos de 61. Los se-
flores de Leiya no han hecho las cosas i médias , sino qae han
caidado tanto del alimento espiritual como del corporal.
Esta noticia me causô ana yerdadera alegria. Hice que me en-
seflasen el caarto distrito , en el cual se me ofredô un espectà-
culo muy agradable. Halltoie en una yivienda , que desde luego
destine para mi morada , como don César la habia escogido para
si. La cama de dicbo seftor estaba alii todavia con todos los ador-
nos y es é saber , una tapiceria que representaba el rapto de las
Sabinas. De aquella cémara pasé à ungabinete que tenia estantes
bajos al rededor llenos de libros , y sobre la estanteria los re-
tratos de todos nuestros reyes. Habia tambien en 61 , al lado de
una ventana , que tenia vistas à una campifta deliciosa , un escri-
torio de ébano delante de un gran sofià de tafilete negro ; pero lo
que princîpalmente llamô mi atencion fué la libreria. Componiase
de obras de filôsofos , poetas, bistoriadores, y gran numéro de
libros de caballeria. Conoci que don César gustaba de estos , en
yista de los muchos que de esta clase babia juntado. Confieso
no sin rubor que yo no era ménos aficionado à estas producdo-
nés 9 A pesar de las extravagancias de que estân atestadas, ya
porque no fiiese entônces un lector delicado , ya porque lo ma-
rayilloso hace à los Espafioles muy indulgentes.Con todo eso dire
en abono mio que haUaba mas deleite en los libros de moral
recreatiya , y que Ludano, Horado y Erasmo eran mis autores
favoritos.
Amigo mio y dije é Escipion luego que pasé la yista por mi
libreria, aqui si que tenemos en que diyertimos; mas por ahora
no pienso en otra cosa que en reformar nuestra fiauaulia. Ya le he
ahorrado à vmd. , me respondiô , la mitad de ese trabajo. Du-
rante su ausencia he estudiado bien à sus criados , y me atreyo
à decir que los conozco perfectamente. Comenzemos por el maes-
tro Joaquin: creo que es un bribon completo, y no pongo la
menor dnda en que le faabràn despedido de casa del arzobispo
por alguQOS errores de aritmética en las cuentas del gasto de
cocina. No obstante es necesario conseryarle , por dos razones:
la primera, porque es buen cocinero; y la segunda, porque yo
no le perderé de yista, espiaré todas sus aociones , y en yerdad
que ha de ser muy diestro para podérmela pegar. Ya le he dicho
que ymd. estaba en énimo de despedir las très panes de sus
criados , noticia que le turbô y apesadumbrô mudio, tanto que
Uegô à decirme que, teniendo,como tenia, tanta indinacion à ser-
yir é vmd., se contentaria con la mitad del salario que goza ai
présente, solo por no salir de casa; lo que me hace soqiechar
que hay en la aldea alguna muchachuela de quien no quisiera
alejarse. Por lo que toca al ayudante de cocina, prosiguiô, es
un borracho , y el portero un insolente que para nada le nece-
LIBRO DËCmO. 463
shamos , oomo tampoco al cazador. El oficio de este le podré yo
desempefiar may bien, como se lo harë yer A irmd. mafiana, ya
que tenemos en casa escopetas , pôlyora y mnniciones. Entre los
lacayos solo hay uno que me parece buen mozo , y es el Arago-
nés. Nos quedjtfémos con él , y echarémos à los demas^ que son
unos malas cabezas , pues d ninguno de ellos tendria yo en casa
aim cuando tuvieramos necesidad de den criados.
Despues de haber tratado largamente sobre todos estos pun-
tes y resolvimos quedamos con el cocinero , con el mozo de
cocina y con el Aragones , y despedir con buen modo i todos los
demas. AA se ejecutô en aquel mismo dia, regalàndoles Escipion
en nombre mio , ademas de su salario , algunos doblones que
sacô del area del dinero. Hecha esta reforma , emprendimos es-
tablecer cierto ôràen en la quinta, arreglando las obligaciones
que correspondian à cada criado , y comenzando desde entônces
k mantenemos â nuestra oosta. Yo me hubiera contentado con
on trato frugal ; pero mi secretario , que apetecia los buenos
bocados y platos regalados, no era hombre que quisiese tener
ociosa la habilidad del maestro Joaquin. La ejercitô tan bien que
nuestras comidas y cenas eran abundantes y delicadas.
CAPITULO vm.
Auores de Gil Bias y de la bella Antonia.
Dos dias despues de mi yuelta de Valencia i Liria , el labrador
Basilio mi arrendatario yino al tiempo en que me estaba vis-
tiendo à pedirme el permiso para presentarme su hija Antonia ,
que deseaba, decia él, tener el honor de saludar à su nuevo
amo. Habièndole respondido que en eso me ^daria mucho gusto ,
se saliô y yoWiô inmediatamente A entrar con la hermosa An-
tonia. Creo deber dar este epiteto A una jôyen de diez y seis A
diez y ochô aftos , que ademas de unas facciones regulares tenia
unos colores muy hermosos , y los mejores ojos del mundo. Solo
estaba yestida de sarga ; pero su garboso tsdle , su aire mages-
tooso 9 y unas gracias que no siempre acompafian A la juyentud ,
daban realce A la sencillez de su trage. Tenia la cabeza descu-
bierta, el pelo recogido atras, y un ramillo de flores encima
îmitando la sencillez de las Lacedemonias.
Cuando la yi entrar en mi cuarto me quedé tan suspenso de
yer su bermosura como los paladines de Carlo Hagno cuando
yièron A la bella Angelica. En yez de recibir A Antonia con jo-
yial desembarazOy y decirle algunas cosas lisonjeras, en yez de
congratular A su padre por la fortuna de tener tan preciosa y
agraciada hija , quedè admirado , turbado , suspenso y sin poder
464 GIL BLAS.
pronunciar palabra. Escipion , que conociô mi torbadon , tomo
la palabra por mi , ë hizo la costa de las alabanzas que yo debia
à aquella amable persona. Ella » à quien no deslombro mi per-
sona en bata y gorro» me saludô sin cortwse, y me hizo ud
cumplido que aunque de los mas comunes me acabo de encan-
tar. Entre tanto que mi secretario , Basilio y su hija se hacian
reciprocos cumplimientos , yo volvi en mi , y como si qoisiera
compensar al estupido silencio que habia guardado basta enfon-
ces y pasé de un extreme à otro , extendiéndome en discorsos
obseqoiosos , y haUando con tanta fogosidad que Basilio entré
en cuidado ; y consideràndome ya como un hombre que iba à
poner en ejecucion cuanto le fdese dable para sedudr i Antonia,
se apresurô à salir con ella de mi cuarto , resnelto quizà à apar-
tarla de mi vista para siempre.
Asi que Escipion se ballô à solas conmigo , me dijo sonrién-
dose : Otro remédie teneis contra el fiastidio de la soledad. No
sabia yo que yuestro arrendatario tuviese una hija tan linda , por-
que nunca la vi , aunque estuye dos veces en su casa. Debe coi-
dar de guardarla , y en esto le disculpe , porque en realidad es
un bocado muy apetitoso ; pero , aftadiô , esto creo que no es
necesario decirsclo à ymd., porque à la primera yista le deslum-
brô. No te lo niego , respondi. ; Ah ! hijo mio » he creido yer
una diosa en aquella criatura : me ha dejado de repente abra-
sado en amor. El rayo tarda mas en herir que la flécha con que
ella ha atravesado mi corazon.
Hucho gozQ me causa ymd., replicô mi secretario , en confe-
sarme que al fin ha llegado à enamorarse. Para ser enteramente
feliz en la soledad de los campos no le faltaba otra cosa. Ahora
si que gracias à Bios tiene ymd. todo lo que ha menester. Bien
se , continuô , que nos costarâ algun trabajo burlar la yigilancta
de Basilio; pero eso corre de mi cuenta, y he de hacer que an-
tes de très dias logre ymd. tener una sécréta conyersacion cou
Antonia. Sefior Escipion , le respondi , quizà no podria ymd. cum-
plir esa palabra; fuera de que no quiero hacer experiencia de
elle. Estoy muy distante de querer tentar la yirtud de esa don-
cella, cuyo recato me parece merecer otras consideraciones. Y
asi, léjos de exigir de tu zelo me ayudes à deshonrarla , solo deseo
que emplees tu mediacion en focilitar mi casamiento con eUa,
con tal que su corazon no esté ya prendadç de otro. No esperaba
yo ciertamente, me respondiô, que ymd. tomase tan de golpe
semejante resolucion. En yerdad que no todos los sefiores de
aldea, si se hallasen en igual caso que ymd., prooederian con
tanta honradez , ni se dirigirian ft solicitar à Antônia por medios
legitimes sino despues de haber tentado otros inùtilmente. Por lo
demas , aftadiô , no créa ymd. que desapruebo su amor , ni que
esto lo digo por disuadirle de su intente, pues al contrario con-
LIBRO DÉCIMO. 465
fieso (pie la hija del arrendatario es merecedora del honor que
* vmd. quiere hacerle » siempre que pueda entregar à viùd. un co-
razon intacto y agradecido: eso es lo que hoy mismo sabré por
la oonyersacion que pienso tener con su padre, y quizà con ella
misma.
Mi confidente era un hombre puntualisimo en cumplir lo que
prometia. Fuë à verse secretamente con BasQio, y por la tarde
Tino à Hii gabinete , donde yo le estaba esperando entre la impa-
cieacia y el temor. Observé que volvia muy alegre, lo que me
hizo pronosticar desde luego que me traia buenas nuevas. Si he
de créer é tu risuefia cara , le dije , estoy en que vienes é anun-
ciarme que presto veré satisféchos mis deseos. Asi es , me res-
pondiô y mi querido amo , todo le sale à vmd. à medida de su
deseo : he hablado à Basîlio y à su hija del designio de vmd. £1 padre
esta Ueno dé gozo de saber que vmd. quiere ser su yerno ; y
puedo asegurar que sois del gusto de Antonia. \ Oh cielo I inters
rumpi todo enagenado de gozo : ; conque he tenido la dicha
de parecer bien à tan amable criatura ! No-Io dude vmd., me
respondiô, ella os ama ya, y en verdad que esta confesion no
la he oido de su boca, sino que la he inferido de la alegria que
ha manifestado al saber vuestro designio. Sin embargo , prosi-
guié , vmd. tiene un rival. \ Un rival 1 exclamé poniéndome pà-
Itdo* No os inquietéis por eso, me dijo , este rival no os robarâ
el corazon de vuestra dama. Ese tal es el maestro Joaquin vues-
tro cocinero. ] Ah ladron! dije entônces soltando una gran car-
cajada; ve ahi porqué ha mostrado tal repugnancia A dejar mi.
servicio. Gabalmente, aftadiô Ëscipion; dias pasados pidiô en
matrimonio é Antonia, que le fiié negada cortesmente. Salvo tu
mejor parecer, creo que convendrà , le répliqué yo, deshacer-
nos de ese picaro antes que llegue i saber que quiero casarme
con la hija de Basilio ; un cocinero , como sabes , es un rival pe-
ligroso. Tiene vmd. razon, respondiô mi confidente : se le debe
echarde casa; maâana por la mafiaoa le despediré antes que se
ponga à disponer la comida ; y con eso vmd. ya no tendra nada
que temer de sus salsas ni de su amor. Sin embargo, continué
Ëscipion, no déjà de dolerme el perder tan buen cocinero ; pero
sacrifico mi golosina à la seguridad de vmd. No debes , le dije ,
sentir tanto su pérdida, porque no es irreparable; voy à hacer
venir de Valencia un cocinero que valga tanto como él. Eikefecto ,
inmediatamente escribi à don Alfonso diciéndole que necesitaba un
cocinero, y al diasiguienteme enviôuno que consolô à Ëscipion.
Aunqueesie zeloso secretario me habia dicho haberadvertido que
Antonia alla en su interior se alegraba mucho de haber hecho la
conquista dr '^i seûor , no me atrevia à fiarme de su relacion , te-
miendo si Mese dejado engaûar de falsas apariencias. Para
cercioran e ello » resolvi hablar yo mismo à la hermoaa An-
50
466 GIL BLAS.
tonia y y i este efecto me foi i casa de BasSio , à quien confinné^
euanto le habia dicho mi embajador. Este baen labrador , bom-*
bre sencillo y franco , despues de haberme escocbado , me aseguré
qae me conoedia sa hija con una iadecible satisCaocion; pero no
piense Y. S., aftadio , qoe se la doy porque es seftor de este lu--
gar; aun cuando no fiiera Y. S. mas que mayordomo de don César
y de don Alfonso , le preferiria i todos los demas amantes que se
presentaseuy porque siempre le hetenido grande indinacâon; y
lo que mas siento es que mi Antonia no tenga una dote conside-
rable que ofrecerle. No le pido ninguna, le dije; su persona es
el unico bien à que aspiro. Doy A Y. S. mil gracias, exclamé ;
pero no es esa mi cuenta : yo no soy ningun descamisado para
casar as( k mi hija : Basilio de Buentrigo tiene, A Dios gracias,
con que dotarla» y quiero elladé i Y. S. de cenar si Y. S. le da
de comer. En una palabra , las rentas de esta quinta no exceden
de quinientos ducados, y yo haré que lleguen i mil en gracia de
este matrimonio.
Pasaré por cuanto quisieres , mi amigo Basilio , le respond! , y
nunca reAirèmos por materia de intereses : supuesto que los dos
estamos de acuerdo , solo se trata de obtener el consentimiento
de tu hija. Y. S. tiene ya el mio , me dijo , y este ; no basta ? No,
le respond!; si el tuyo me es necesario , el de ella lo es tambien.
El suyo dépende del mio , repuso él , y no se atreverà k resollar
en mi presencta. Antonia , le répliqué , sumisa k la autoridad pa-
ternal , sin duda estaré pronta & obedecer ciegamente ; mas no
se si en esta ocasion lo haré sin repugnancia , y por poca que
tuviese , nunca me consolaria de haber sido causa de su desgrada :
en fin, no me basta que me dés su mano, sino que es necesario
que su corazon no lo sienta. { Que diantre 1 dijo Basilio , yo no
entiendo todas esas filosofias ; bable Y. S. mismo oon Antonia,
y Tcré , si mucfao no me engaAo , que nada apetece mas que ser
Tuestra esposa. Dicho esto , Uamô î su hija , y me dej6 un me-
mento k solas con ella.
Para no malograr tan preciosos instantes, fîii desde luego al
asunto : Bella Antonia , le dije , decide de mi suerte ; aunque tengo
ya el consentimiento de tu padre , no créas que quiero valerme
de él para violentar tu gusto. Por dulce que me sea tu posesion ,
yo la rennncio si me dices que no la he de deber sino solamente
k tu obediencia. Eso es , sefior, me respondiô ella , lo que nunca
os dire; yuestra solicitud es para mi tan grata que jamas podré
causarme pena , y en vez de oponerme al consentimiento de mî ^
padre , apruebo su eleccion. No se , prosiguiô , si hago bien ô mal
en hablaros de este modo ; pero si no me hubierais agradado ,
séria bastante franca para deciroslo : pues i porqué no podré
declararos lo contrario con la misma libertad?
Al oir estas palabras , que no pude escuchar sin quedar ena-
LIBRO DÉCIHO. 467
genado , hinqnë una rodilla en tierra delante de Antonia , y en
el exceso de mi alegria tomândole una de sus hennosas manos
se la besé con ademan tiemo y apasionado. Mi amada Antonia »
le dije, tu franqueza me hechiza: continua; no te violentes por
nada , pues hablas à tu esposo : lea yo en tus ojos lo que pasa
en tn corazon , para que pueda lisonjearme de que no yeris sin
complacencia estrecharse lu suerte con la mia. À esta sazon entrô
BasQio , y no pude proseguir. Deseoso este de saber lo que su hija
me habia respondido , y dispuesto à reflirla si me hubiese mani-
festado la mraor aversion y volviô prontamente à reunirse con*
migo. Y bien , me dijo , i esté Y. S. contento con la respuesra
de Antonia? Lo estoy tanto> le responds, que desde este mo-
mento yoy à ocuparme en los preparatives de mi casamiento ; y
dicbo esto dejè à padre è hija para tr à celebrar consejo sobre el
asonto con mi secretario.
CAPITULO IX.
Caïamiento de GU Bias y la bella Antonia : aparato eon que se hizo ; que pnrso-
nas asittieron iéL,y fiestas con que se celebrô.
Annqae no necesitaba del permise de los sefiores de Leiva
para casarme , juzgàmos Escipion y yo que no podria excusarme,
sin faltar é la gratitude de participarles mi designio de unirme
con la bija de Basilio, y aun de pedirles su consentimiento por
polltica.
Marché al memento i Yalencia , donde todos se quedéron tan
sorprendidos de verme, como de saber el motive de mi viage.
Don César y don Alfonso , que conocian à Antonia por baberia
visto varias veces, me diéron mil enhorabuenas de haberla ele-
gido por esposa. Sobre todo don César me hizo un cumplimiento
tan expresivo , que, à no estar yo persuadido de que aquel se-
fier habia dejado del todo ciertos pasatiempos , sospecharia que
mas de una vez habia ido à Liria , no tanto por ver su quinta ,
como à la hija de su arrendador. Serafina por su parte , despues
de haberme asegurado que siempre tomaria mucho interes en
mis satisfacciones , me dijo que habia eido hacer mil elegies de
Antonia. Pere , afiadiô con algo de malicia , y como para zahe-
rirme sobre la indiferencta con que habia correspendido al amor
de Séfera , aunque no me hubieran ponderado su hermosura ,
jamas hubiera dudado de tu bnen gusto , porque se le delicado
que es.
No se contentéron den César y su hijo con aprobar mi matri-
monio , sine que quisiéron que les gastos de la boda corriesen
todos de su cuenta. Yuelve , me dijéron , à tomar el camino de
Liria , y no saigas de alli hasta que eigas hablar de nosotres ; ni
468 GIL BLAS.
hagas preparati^o alguno para la boda, que ese es cuidado nnestro.
Por condescender con la Toluntad de aqueOos seftores » me
vohi à mi quinta. Comuniqué à Basilio y à sa hija las inten-
Clones de nuestros protectores , y esuivimos esperando con la
mayor pacienda que nos foe posiMe noticias suyas. Ninguna to-
vimos en el espacio de ocho dias; pero al noyeno ytmos Uegar
un coche de cuatro mulas con costoreras dentro , que traian her-
mosas telas de seda para vestir à la novia, escoltando el coche
muchos lacayos montados en mulas. Uno de ellos me entrego
una carta de parte de don Alfonso , en que me decia este seftor
que el dia siguiente estaria en Liria con su padre y su esposa ,
y que al otro celebraria la ceremonia del matrimonio el provisor
de Valencia. Con efecto , al otro dia Uegéron i mi quinta don
Cesar, su hijo , Serafina y el provisor, todos cuatro en nn coche
de seis caballos , precedido de otro con cuatro , en que yeman
las criadas de Serafina, y seguido de la guardia del gobomador.
Luego que la gobernadora entrô en la quinta, mostrô yivos
deseos de yer à Antonia , la cual , asi que supo la llegada de Se-
rafina, acudiô à saludarlay besarle la mano , lo que ejecotô con
tanta gracia que dejô admirada à la comitiya, Y bien, Sera-
fina, preguntô don César i su nuera, ^què os parece Antonia?
;podia Santillana hacer una eleccion mejor? No , respondiô Sera-
fina ; parece que nacièron el uno para el otro , y no dudo que su
enlace -sera muy feliz. En fin , todos alabàron mr noyia , y si les
pareciô bien con su yestido de sarga ,quedéron aun mas encan-
tados de elb cuando se présenté con trage ostentoso; pues,
segun la nobleza y desembarazo de su persona , parecianohaber
usado otros en su yida.
Uegado el momento en que un dulce himeneo habia de unir
para siempre nuestra suerte , don Alfonso me tomô de la mano
para conducirme al altar, y Serafina hizo el mismo honor A h
noyia : en este ôrden nos dirigimosâ la iglesia de la aldea, en
donde nos estaba esperando el proyisor para casamos; cere-
monia que se celebrô con grandes aclamaciones de los habitantes
de Liria y de los labradores ricos del contorno , A quienes habia
conyidado Basilio é la boda de Antonia , los cuales Ueyaban con-
sigo à sus hijas adornadas de cintas y de flores , y con panderetas
en la mano. Nos yolyimos en seguida à la quinta , en donde , por
disposicion deEscipion director del festin , habia preyenidas très
mesas , una para los seflores, otra para su comitiya, y la ter-
cera, que era la mayor, para todos los demas conyidados. An-
tonia se sente en la primera , porque asi lo quiso la gobernadora;
yo hice los honores de la segunda, y Basilio asistiô A la de los
aldeanos. Escipion à ninguna se sentô ; no hacia mas que ir y yenir
de una à otra cnidando de que las mesas estuyiesen bien seryidas,
y todos contentos.
LIBRO DÊGIMO. W9
Los cocineros del gobernador eran los qae habnn dispuesto
ia oomkla , y ya se deja entender que nada feltaria en ella. Los
exquisitos yinos de que el maestro Joaquin habia hecho provision
fiara mi se gastâron con profusion. Los convidados comenzaban
à «calorarse, y reinaba una alegria general » cuando fuè turbada
de repente por un acontecimiento que me sobresaltô. Habiendo
entrado mi secretario en la sala donde yo comia con los princi-
pales criados de don Alfonso , y las criadas de Serafina , cayô
de repente desmayado , perdiendo el conocimiento. Leyantémo
prontamente à socorrerle,y miéntras estaba ocupado en hacerle
▼oWer en si, una de las criadas se desmayô tambien. Todos nos
persnadimos que estos dos desmayos encerraban algun misterio;
y en efecto ocnltaban uno que tardô poco en aclararse ; porque
recobrando de alii à poco Escipion el uso de los sentidos , me
dijo en Yoz baja : ; El dia mas alegre para vmd. habia de ser para
mi el mas in£ftusto 1 Ninguno puede evitar su desgracia , afiadiô ;
acabo de encontrar A mi muger en una de las criadas de Serafina.
I Que es lo que oigo I exclamé ; no puede ser. ;Como? (Sérias
acaso el marido de esa muger que ac8l)a de desmayarse al mismo
tiempo que tu7 Si , seAor, me respondiô ; soy su marido , y juro A
vdmI. que no podia la fortuna jugarme una pieza mas ruin que
presentarla à mis ojos. Ignore , amigo mio , répliqué, las razones
que tienes para quejarte de tu esposa ; pero , sea el que fnere el
motivo que haya dado para ello , te ruego que te réprimas : si'
me amas , no turbes la fiesta haciendo publico tu resentimiento.
Sefior, repuso Escipion , quedaréis satisfecho de mi ; vais à yer
8i se disimular perfectamente.
Hablando de este modo se acercô hàcia Su muger à quien sus^
compalleras tambien habian hecbo volver en si , y abrazàndola
con tanta ternura como si efectivamente hubiera estado lleno de
gozo por Tolverla i yer : ; Ah mi querida Beatriz , le dijo , con-
que al fin el cieio nos yuelye é juntar al cabo de dîez afios de
separadon ! { Oh dulce momento para mi ! Yo no se , le respon-
diô su muger, si expérimentas realmente algun placer en yol-
yerme i encontrar; pero à lo ménos estoy bien persuadida de
que no te di ningun motive juste para abandonarme. Porque me
enoontréste una noche con el sefior don Fernando de Leiva que
estaba enamorado de mi ama Julia , y à cuya pasion favorecîa
yo , se te figuré é ti que yo le daba oidos é costa de tu honor y
del mio : al momento te trastoman la cabeza los zelos, dejas A
Toledo, y huyes de mi como de un monstruo , sin dignarte si-
quieift pedirme satisfiEKX^ion ni escuchar mis descargos; dime ahora,
si gustas, ;cual de los dos tiene mas derecho para quejarse ? Tù
sin duda , le replicô Escipion. Ciertamente que si , continué elia ;
don Fernando luego que partiste de Toledo se casé con Julia ,
A la queestuve sirviendo todo el tiempo que vivié; pero despues
470 GIL BLA&
que una muerte temprana nos b arrebatA , me tomô i so ser-
Tick) <flo hermana mi seAora , y tanto eDa oomo UMlaa sua criadas
te podrÂD informar de la pureza de mis costumbres.
No teniendo que replicar mi secretario é estas razooes , paes
no podia probar fuesea falsas, cediô gastoso A la fiierza de ellas,
y dijo à su esposa : Vueho i repetir que reconozco mi culpa , y
te pido perdon de ella A vista de este respetable concarso. En-
t6nces iatercediendo por él, rogué à Beatriz olvidase lo pasado,
aseguràndole que su marido no pensaria en adelante mas que en
tratarla con el mayor cariAo. Rindiôse é mi suplica; todos k»
circunstantes celebràron la reunion de estos dos esposos» y pars
soiemnizarla mejor se les hizo sentar A la mesa juntos : se rept-
tiéron A porfia los brindis por la salud de entrambos, y mas pa-
recia que el festin se habia dispuesto para celebrar aquella re-
oonciliacion que para féstejar mi boda.
La tercera mesa fiiè la primera que qnedô desierta. Leyanté-
ronse de ella los aldeanos mozos para formar bailes con las jôvenes
aldeanas que con el ruido de sus panderetas atrajëron bien pronto
A los convidados de las otras mesas y les inspiràron el deseo de
seguir su ejemplo. Todos se pusièron en movimiento : los de->
pendientes del gobernador bailAron con las criàdas de la gober-
nadora , y hasta los mismos seftores se mezcléron en la fiesta.
Don Alfonso bailô una zarabanda con Serafina, y don César otra
con Antonia , la cual Tino despues A buscarme para que bailase
con ella , y en yerdad que no lo hizo mal para una persona que
no tenia mas que algunos prindpios de , baile que babia apren-
dido en casa de una parienta suya avecîndada en Albarracin. Yo
que 9 como ya he dicho, me habia enseftado A bailar en casa de
la marquesa de Chaves , pasé en el concepto de todos por un
gran bailarin. Beatriz y Escipion prefiriéron al baile una con-
yersacion entre los dos para darse reciproca cuenta de lo que
les habia sucedido miéntras habian estado separados ; pcro foè
interrumpido su coloquio por Serafina, que informada de snen-
cuentro los hizo Uamar para manifestarles lo mucbo que de elle
sealegraba. Hijos mios» les dijo, en este dia de regocijo se
acrecienta mi satisfaccion yièndoos restituidos uno A otro. Amigo
Escipion, aAadiô, ahi te entrego A tu esposa , asegurAndote que
su conducta ha sido siempre irreprensible ; vive aqui con ella
en perfecta armonia. Y tu , Beatriz , dedicate al seryicio de An-
tonia y no le seas mènes afecta que tu marido lo es al seAor de
Santillana. Escipion , no pudiendo ya A vista de esto mirar A sa
muger sino como A otra Pentiope , prometiô tratarla con todas
las atenciones imaginables.
ReUrAronso los aldeanos y aldeanas A sus casas despaes de
haber estado bailando toda la tarde; pero continué la fiesta en
la quinta. Sirviôse una magnifica cena; y cuando se tratô de irse
LIfiRO nËCmO. 471
todos i reooger, el provisor bendgo el leeho nupoial : Serafioa
desnudô à la uovia» y los sefiores de Leiva me hicièroa la mis-
ma honra. Lo mas gradoso fiië que los dependieates de don Al-
fonso y las criadas de la gobemadora quisièron para diyertirse
l»racticar la misma oeranonia ; desnud Jo'on à fieatriz y à Esd-
pion , los coales , para bacer mas cômica la escena , se dejâron
desnudar y acostar guardàndo gran gravedad.
CAPITULO X.
Lo que sucediô despues de la boda de Gil Bias y de la bella Autonia. Princijii»-
de la historia de Ëscipion.
Al dia siguiente de mi boda los seftores de Leiya regreséron-
à Valencia despoes de baberme dado otras mil selUdes de amis*
tad; de tal modo qne mi buen seeretario y yo nos qnedémo»
s<rios en la quint&con nuestras mogere» y nuestros criados.
£1 empeflo que hicimos nno y otFO en agradar à noestras es-
posas no fdè inùtîl; pnes en poco tiempo inspiré yo â la mia
lanto amor como le profésaba, y Esdpion hizo olyidar à la snya
los disgustos que le habia causado. Beatric, que era de carécter
dôeil y aftble , se grangeô âcilmente el cariflo de su' nueyaama
y ganô su confianza. En Bn , todos cuatro nos avenimos perfeo-
tamente^ y comenzàmos A gozar de una snerte enyidiable, pa-
sando la vida en los mas dulces entretenimientos. Antonia era
bastanle séria; pero Beatrix y yo eramos muy alegres ; y aun
cuando no lo fneramos nos bastaria estar con Esdpion para no
eonooer la melancoUa; porqne era un hoinbre sin* igual para la
sociedad ^ una de aquellas personas fesliyas que solo con pre-
sentarse diyierten â la concurrenda.
Un dia que despues de corner se nos antojô ir A dormir la
siesta al sitio mas apadble del bosqne, mi seeretario estaba de
tan buen humor, que nos quitô à todos el suefio con sus gra*
dosas ocurrencias^ Calla esa boca, le dije, amigo mio, ô si
quieres que no durmamos cuèntanos alguna cosa que merezca
Buestra atendon. Con mucho gusto, seftor, me respondiô*
iQuiere ymd. que le cuente la historia del rey don Pekyo? De
mcgor gaua oiria la tnya, le répliqué; pero ese gusio nunca me
lo has querido dar desde que y ivimos juntos , ni espero que ja-'
mas me lo des : ;de que proyiene esto? Si no he contado à ymd.
la historia de mi yida ha consistido en que jamas me ha manî-
féstado el menor deseo de saberla ; por consiguiente no tengo yo
la culpa de que ymd. ignore mis ayenturas ; y por poca curio-
sidad que tenga de oirlas estoy pronto à satisfacérsek. Antonia ,
Beatrix y yo le cogimos la palabra , y nos dispusimos à escuchar
47S GIL BLAS.
80 reiacion , que no podia méiios de caviar en nosoCros on boen
efecto, ya dîyirtîéndonos » 6 ya exdténdonos al raeflo.
Yo y oomenz6 à decir Esdpion , seria hi)o de an grande de Es-
pafla de primera ciase , 6 oiiando mènos de on caMIero del bà*
bito de Santiago 6 de Alcintara , si esio hobiera estado en mi
mano ; pero como ningono es doello de escoger padre , han de
saber ostedes que el mio, llamado ToriMo £8C^[Hon , ftié «n bon-
rado cuadrillero de la santa Hermandad. Como iba y Tenia per
los caminos reaies , por donde sa profesion le obligaba i andar
casi siempre, cierto dia encontre casoahnenle entre Cuenca y To-
ledo A ana gitanilla qoe le pareciô moy Unda. Caminaba sola , à
pié, y lleyaba consigo todo sa ajoar en ona especie de moddla
echada al hombro. ^A donde vas as( , prenda mia? le dyo , soa-
yizando cuanto podo la toz , qoe era natorafanente bronca. Ca-
ballero , contesté ella , Toy à Toledo , donde de on modo 6 de
otro espero ganar de comer Tiyiendo honradameMe. Ta imencîon
es moy loaUe , replicô él , y no dodo qoe para eso tendres yario»
arbitrios. Si , gracias à IMos , respondiô la gitanilla , tengo varias
habtlidades: rt haoer pomadas, y qointas esendas moy utiles
para las damas ; digo la boena yentora: se dar yoeltas al oedazo
para bacer qoe se encœntren las oosas perdidas; y maestro
coanto se qaîere yer en ona redoma 6 en on espejo.
Paredèndole i Toribio qoe ona jôyen como esta era on par-
tido moy yentajoso para on hombre como él , i qoien sa empleo
apteas le prodada para mantenerse, sin embargo de saber des-
empeAarle con la mayor exactitnd , le proposo si qoeria ser so
esposa. Aceptô la nifia la propoesta ; se fbèron ambos inmedia-
tamente A Toledo , en donde se casiron , y en mi yen ostedes d
digno firuto de este noble matrimonio. Fijéron sa residenda en
on arrabal , en donde mi madré comenzô é yender pomadas y
qointas esendas ; pero yiendo qoe este trato prododa pooo , co-
menzô A hacer de adiyina. Entônces foé coando se yiéron Iloyer
en sa casa pesos doros y doblones. Mil mentecatos de ambos
sexos posièron bien pronto en aoge la fieana de Cosoolina , qoe
asi se Uamaba la gitana. No pasaba dia sin que vinîese algimo A
ocoparla en su ministerio : ya llegaba on sobrino pobre , qoe qoe-
ria saber ooando su tio , de qoien era ùnico heredero , partiria
para la otra yîda ; y ya llegaba una doncella que deseaba oon an-
sia ayerigoar si un caballero mozo qoe le habia dado pahtMH
de casamiento se la compliria.
PersuAdome de que ustedes darAn por supoesto qoe los yati-
cioios de mi madré siempre eran feyorables A las personas A qoie-
nes los hacia: si se cumplian , enhorabuena ; pero si algooa yez
yenian A reconyenirla por haber socedido lo contrario de lo que
liabia pronosticado , contestaba irescamentc qoe debia echarse la
culpa al dîablo , qoe , A pesar de la iiierza de los conjoros que
LIBRO DÊCIMO. 473
eRft empleaba para obtigarle A que le revelase lo ftitoro , tenia
«ilgonas yeces la malicia de engafiarla.
Caando mi madre ^ por honor del oficio , creia deber hacer
visible a! diablo en sus operaciones , entônces era Toribio Esei-
pion quien hacia el papel del diablo , y lo desempefiaba con per-
fcodon , porque la aspereza de su toz y la fealdad de su rostro
cuadraban à maravilla con lo que representaba. Poca credulidad
era menester para espantarse al aspecto de mi padre ; pero un
dia Tino por desgracia cierto capitan majadero que quiso yer al
diablo , y le atravesô de parte à parte con la espada. Informada'
la inquisicion de la muerte del diablo despachô sus ministros con-
tra la Goscolina , à qnien prendiéron , embargando al mismo tiem-
po todos sus efectos ; y à mi , que à la sazon solo tenia siete
aAos , me metièron en et hospicio de los nifios huérfenos. Habia
en esta casa unos caritatiyos eclesiàsticos que, estando bien do-
fados para cuidar de la educacion de los pobres huèrianos , te-
nian el trabajo de ensefiarles A leer y escribir. Pareciôles que yo
promelia mucho , y por esta causa me distinguièron entre los
demas , escogièndome para hacer sus recados. Yo era el que lie-
Taba sus cartas, hacia sus demas encargos y les ayudaba à misa.
En pago de mis seryicios tratéron de ensefiarme la lengua latina ;
pero lo ejecutiron con tanta aspereza , y me tratéron con tal ri-
gor, A pesar de los seryicios que les hacia, que , no pudiendo ya
reaistir mas , un dia en que me enyiAron A un recado , cogi las
de Vilbdiego , y en yez de yolyer al hospicio me escape de To-
ledo por el arrabal del lado de Seyilla.
Aunque A la sazon apénas tenia nueye a|los cumplidos , no cabia
en mi de contento de yerme en lîbertad y duefio de mis acciones.
No lleyaba que corner ni dinero ; pero nada me importaba, porque
tampoco tenia leccion que estudiar , ni temas que componer. Des-
pues de haber andado dos horas , comenzéron mis piernecitas
é negarme su seryicio. Como nunca habian hecho tan larga
caminata ftië preciso pararme A descansar. Sentéme al pié de
on Arbd que estaba A orillas del camino real, y para entretener-
me saqué el arte que lleyaba en el bolsillo. Comenzè A ojearle
por diyersion ; pero acordAndome de las palmetas y de los azo-
tes que me habia costado , desgarré las hojas , diciendo lleno de
oMera: \ Ah maldito libro ! ya no me harés llorar mas. Estando
satisfaciendo mi yenganza , y sembrando la tierra al rededor de
mi de declinaciones y conjugaciones , pasô casualmente por alK
an ermitafio de aspecto yenerable , con barba blanca , y unos gran-
des anteojos. Acercôse A mi , mirôme con mucha atencion , y yo
tambien le estuye mirando con la misma. Hijito mio , me dîjo
sonriëndose , me parece que los dos nos hemos mirado con ca-
rifto , y que no hariamos mal en yiyir juntos en mi ermita , que
solo dÎBta dosdentos pasos de aquL Buen proyecho le haga A
474 GIL M.AS.
vind., le respoodi cm bastante sequedad, que yo
tengo de ser ermttaflo. Al otr eata respuesu , el bnen viejo die
una grande cartayada de risa » y me dijo atyrazàndome : Mi h&bito ,
hqo mio , no debe asuatarte ; si es poco grato à la yisia, es de
grande utilidad y pues me hace dueAo de un deleitoso retire , y
de varios Ingarcitos cîrcunvednos , cuyos ha&tontes me aman , ô
por mejor dedr , me idolatran. Vente eonmigo, aûadiô , y te pon-
dre un hébito oomo el mio. Si te fiiese bien con él , partidparéfi
conmigo de las dulzuras de la Tida que hago ; y si no te aoomo-
dase esta , no solo seras duefto de marcharte , sino que poedes
contar con que al separarnos no dejaré de haucerte todo el bien
que pued|i.
Dejéme persuadir, y segui al viejo ermitaûo, que me hizo
varias preguntas , é las que respondi con una ingenuidad que no
siempre he tenido en adelante. Luego que llegémos i la ermiia
me présenté algunas frutas que dévoré en on instante » porque
en todo el dia no habia comido mas que on zoqnete de pan seoo
con que me habia desayunado en el hospicio por la maftana. El
solitario, viéndome menear tan bien las quijadas» me dyo: Ànimo»
hijo mio y no dejes de comer por miedo de que.se acaben las
frutas 9 pues gracias al cielo tengo muy buena provision de ellas.
No te he traido aqui para matarte de hambre: lo que era m»-
cha verdad , porque una hora despues de nuestra llegada en-
cendiô lumbre, puso i.asar una pierna de carnero; y miëntras
yo daba vuelias al asador» él dispuso una mesita » oubriéndoia
con un mantel no muy limpio , y poniendo en ella dos cnbin^
tos y uno para él y otra para mu
Luego que el carnero estuvo en sazon y le sac6 del asador,
cortô algunos pedazos de él» y nos sentàmos à cenar; pero
nuestra cena no fué como la de las ov^jas, porque bebimos un
exquisito vino y del cual tenia tambien el ermitaûo un buen re-
puesto. Y bien , amiguito , me dijo luego que nos ievantàmos de
la mesa, pestas contento con mi trato? l>e este modo comtés
mîéntras estuvieres conmigo. Por lo demas harés en este eremn
torio lo que mejor te paredere; solo exijo de ti que me aoom-
paAes cuando vaya à recoger la limosna à los lugares vecinos;
me serviras para Uevar del cabestro un borriquillo cargado de
dos banastas , que los aldeanos caritativos llenan ordinariam^ite
de huevos , pan y carne y pescado : no te pido mas. Haré , le res-
pondi y todo lo que vmd.quiera con tal que no me obligue à es-
tudiar el latin. No pudo ménos de reirse de mi senciUez el her-
mano Crisôstomo , que asi se Ilamaba el anciano ermitafto , y
me asegurô de nuevo que no pensaba nunca violeatar mis indi*
naciones.
AI dia siguiente salimos à nuestra demanda » Uevando yo ei
borrico por el cabestro y y recogimos copiosas liinosnas, perque
LIBRODÉCIMO. 475
DO babia aldeanoque do toyiese gasto en ecbàr algnna cosa en
noestras banastas. Uuo daba un pan entero , otro un bœn pe-
dazo de tocino ; quien una gallma, y qaien una perdiz. ^Què maa
dire à uatedes? llevàmos à la ennita viyeres para mas de una ae-
maiia; buena prueba de lo nracho que amaban al h^mano Cri-
sôstomo aquellas gentes. Verdad es que este tambien les servia
bastante d^doles buenos consejos cuando venian â consultaries
padficando los matrimonios en que reinaba la dîscordia , pro-
porcionando dotes para casarse las solteras , déndoles remedios
para mil clases de maies, y ensefiando varias oraciones à las mo~
gères casadas que deseaban tener bijos.
Ya yen ustedes , por lo que acabo de referir, que yo estaba
bien tratado en la ennita. Si la comida era buena , la cama no
era desgraciada. Acostàbame sobre buena paja fresca , teniendo
por cabecera una almobada de lana, y cubrièndome con una manta
de lo miamo; de manera que ne hacia mas que un suefto, d
coal duraba toda la noche. El hermano Crisôstomo, que me ha<-
bîa ofrecido un hébito de ermitafto , me hiso uno él mismo des-
badendo otro yiejo suyo^ y me llamô el herroanito Escipion.
Âpénas me présenté en làs aldeas yecinas con aquel nœyo trage,
cai à todos tan en gracia , que el pobre borrico apénas podîa con
la carga. Todos se esmeraban eu dar é eual mas al hermanito s
tanto placer tenian en yerme.
 un muchacho de mi edad no podia desagradarle la yida
ociosa y regalona que disfrutaba en compaflia del yiejo ermi-
tafto ; asi es que me aficioné tanto à ella y que la hubiera conti-
nuado siempre, si las Parcas no me hubieran hilado otros dîaa
muy diferentes ; pero el destino que debia llenar me arrastrô é
dejar bien pronto el regalo , y me hizo abandonar al hermano
Criaôstomo de la manera que yoy à referir.
Veia mochas yeces andar al viejo en la alraohada que le ser-*
via de cabecera , sin hacer otra cosa que descoserla y yolyerla
à coser. Obseryé un dia que metia en ella algun dinero , lo que
excitô en mi un movimiento de curiosidad que me propuse sa^
tisfacer al primer yiage que el hermano Crisôstomo hiciese à.To**
ledo , à donde solia ir una vez à la semana. Aguardè con impa^
ciencia este dia , sin tener por entânces mas ofajeto que e) de
oontentar mi curiosidad. Enfin el buen hombre partiô , y yo des*
cosi la almohada , en donde halle entre la lana como unos cin-*
cuenta escudos en toda clase de monedas.
Yerosimilmente este tesoro séria efecto del agradecimiento de
los aldeanos é quienes habia curado con sus remedios , y de las
aldeanas que por la yirtud de sus oraciones habian tenido hijos.
Sea lo que fuere , apénas yi que aquel era un dinero que sin te-
mor podia apropiarme , cuando se déclaré mi complexion g»*
tana ; diôme una tentacion de robarle , que no se podia atriboir
«76 GIL BLAS.
Bioo é ia Itaersa de la sangre que corria por mis veiuuL Cedl aio
reaisteiidaà la teotacion; encerrè el diDero en on saqofllo de pa-
to en qae metiamos nnestros peines y noeBtros gorros de dor-
mir, J despaes de haberme despojado del hébito de ermitailo ,
y Toelto i tomar mi veatido de haèrfimo , me alcgé de la ermita ,
parecièndome qae llevaba en mi saquillo todaa las riquezas de
las Indias.
Ustedes acaban de oir mi primer ensayo , oontinoô Escipion ,
y no dada que esperarén ona série de aociones del mtsmo jaez :
no engaftaré sus esperanzas, porque aun tengo que contarles
oiras hazafias parecidas à esta entes de llegar é mis aociones
loables; pero al fin llegarëmos allé, y ustedes yeràn por mi
narradon que de un gran picaro se puede bacer an hombre de
bien.
k pesar de mis pocos aftos no fdl tao sfanple que tomase el
camino de Toledo , porque me expondria à encontrarme cou el
hermano Grisôstomo , que sin duda hubiera querido Tolver à
juntarse con su dinero. Tome , pues , la ruta del lugar de Galvez,
donde me entré en un meson , cuya huèspeda era una TÎuda
como de cuarenta afkos , y tenia todas las cualidades que se re-
quieren para saber Tender bien sus agujetas. Laego que esta
muger puso los ojos en mi, conociendo por el vestido que me
habia escapado del hospîcio de los huërfanos , me preguntô quien
era, y à donde iba. Respondile que, babiendo muerto mis pa-
dres , me Teia en la necesidad de buscar conyeniencia. Y dime,
bijo , me yolviô à preguntar, ;jsabes leer? Le asegurë que si, y
que tambien escribia lindamente. En verdad yo sabia formar las
letras , y juntarlas de manera que figuraba una cosa asi como
escrita, lo que me parecîa sobrado para Ueyar Ja cuenta de un
meson de aldea. Pues yo te recibo, repuso la mesonera, para
que me sirvas; no seras inûtil en mi casa» porque correras
oon el libro de! gasto , y llevaràs cuenta de lo que me deben y
debo. No te daré salario , aftadiô , porque los mucbos caballeros
que yienen i parar A este meson siempre dan algo à los cria-
dos , con que segnramente puedes conlar cou sacar muy buenos
Acepté el partido , pero reseryéndome, como ustedes presu-
miràn , la fiicultad de mudar de aires siempre que la perma-
nencia en Galyez no me acomodase. Apteas me vi apalabrado
para seryir en el meson , cuando senti mi énimo incomodado con
una grande inquietud. No querîa que nadie supiese que yo tenia
dinero , y no sabia donde esconderle de modo que ningnno pu-
dièse dar con él. Como no conocia aun la casa, no me podia
iiar de aquellos sitios que me parecian mas é propôsito para
guardarlo. {Oh, y cuanto embarazo nos causan las riquezas!
Déterminé en fin ooultarle en un rincon del psyar , parecièndome
LIBAO DÉGIHO. 477
qae en ningaoa otra parte podia estar mas segaro, y procuré so-
seganne coanto me fiié posibie.
Eramos très criados en el meson ; on mozo rollizo que cuh-
daba de la cuadra, una moza gallega^ y yo. Cada uno sacaba lo
que podia de los huéspedes asi de à piè como de é caballo que
paraban en él. Yo recibia de estos sngetos aignn dineriflo cuando
les iba à presentar la cuenta del gasto ; daban tambien alguna
cosa al mozo de la cuadra para que cuidase de sus caballerias ;
pero la Gallega , que era el idolo de los ealeseros y arrieros que
pasaban por alli , ganaba mas escudos que nosotros maravedises.
Luego que juntaÂ)a yo algunos reaies , los Hevaba al pajar para
aumentar mi caudal ; y cuanto mas crecia este , conocia yo que
mi tiemo corazon ibiâ tomando mas apego â ël. Besaba algunas
veces mis monedas, y las estaba contemplando con un dulce em-
beleso que solamente los ayaros pueden comprender suficiente-
mente.
El amor que tenia à mi tesoro me obligaba é irisitarle treinta
Teces al dia. Encontraba à menudo à la mesonera en la escalera
del psyar, y como era una muger de suyo muy desconfiada,
quiso un dia saber que era lo que à cada instante me Ilevaba al
pajar. Subiô à el ^ y comenzô à escudriftarlo todo , rezelando que
yo tendria escondidas algunas cosas que le babria hurtado. Re-
Yolviô la paja que cubria mi bolson > y diô con él. Abriôle ^ y
▼iendo dentro pesos duros y doblones, creyô 6 fingiô créer que yo
le habia robado aquel dinero. Por de contado se apoderô del
caudal , y tratàndome de bribonzuelo , ladroncillo y malvado ,
mandô al mozo de la oaballeriza, enteramente dedicado à com-
placerla» que mesacudiese unabuena zurrade azotes ; y despues de
haberme hecho desollar de esta manera, me echo à la calle, dicién*
dome que no queria aguantar picaros en su casa. En mmo asegu-
raba yo y clamaba que nada le habia hurtado : la mesonera decia
lo contrario , y todos le daban mas crédito à ella que à mi ; y de
esta manera hs monedas delhermanoCrisôstomo pasàron de manos
de un ladron à las de una ladrona.
Lloré la pérdida de mi dinero , coma se llora la muerte de un
hijo ùnioo ; pero si mis làgrimas no fiiéron bastantes para hacerme
recobrar lo que habia perdido , por lo ménos fiiéron causa para
mover àcompasion â algunas personas que me las yeian yerter , y
entre otras al cura de Galyez , que casuahnente pasô junto à ml.
Mostrôse lastimado del triste estado en que me yeia , y me lleyô
consigo à su casa. En ella , à fin de sonsacarme , usô del medio de
manifestarse muy compadecido de mi. (Cuanta làstima, dîjo, me
causa este pobre muchacbo ! ;Qué maravilla es que en sus pocos
afios , en su ninguna experiencia y falta de reflexion , haya corne-
tido una accion ruin ? Apénas se encontrarà un hombre que no haya
hedio alguna en eldiscurso de su yida. En seguida , dîrigiéndome
478 GIL BLAS.
la palabra:Hijo mio» afladi6, ^de qaélngar deEspafla eras , y
quienes son tus padres? porque tienes trasa de ser hijo de gente
honrada ; hàblame en confiania , y caenta cod qae no te des-
ampararè.
£1 cura , con estas halagûeflas y caritativas palabras , me iiié
inseosibleniente empefiando en que le descubrîese todos mis pa-
soa, y lo hice con mucha ingennidad, sin reservarle nada : despues
de lo cual me dijo : Amigo mio , aunque es cierto que no esta
bien en los ermitaftos el atesorar, eso no desminuye tu culpa ; en
robar al hermano Cris6stomo siempre has quebrantado el man-
damiento que prohibe hurtar ; pero yo me encargo de oblîgar à
la mesonera A que devuelva el dinero , y hacérselo entregar al
hermano Crisàstomo ; y asi por esta parte puedes desde ahora
aquietar tu concîencia. Juro à ustedes que esto era lo que ménos
cuidado me daba; pero el cura que tenia sus fines no parô aqui:
Hijo mio, prosiguiô, quiero empeftarme à fovor tuyo, y bus-
carte una buena convenienda. HaAana mismo pienso enyiarte à
Toledo con un arriero , y te daré una carta para un sobrino mio ,
canônigo de aquella catedral , que no rehusarà admitirte por mi
recomendacion en el numéro de sus criados, los cuales todos lo
pasan en su casa como unos beneficiados que se regalan A costa
de la prebenda ; y puedo asegurarte con certidumbre que alli lo
pasaràs perfectamente.
Consolôme tanto esta seguridad , que luego olvidé el talego y
los azotes que me babian dado , y ya no pensé mas que en el
placer de Tivir como un beneficiado. Al dia siguiente, miéntras
estaba yo almorzando , llegô à casa del cura un arriero con dos
mulas. Subiéronme en la una , y montando mi conductor en la
otra, tomâmos el camino de Toledo. Hi compaflero de yiage
gastaba bupn humor, y le gustaba divertirse i costa del prôjimo.
Querido Escipion , me dijo, en verdad que tienes un bnen amigo
en el seûor cura de Galyez : no podia darte mayor prueba de
lo mucho que te quiere que el acomodarte con su sobrino el
canônigo , à quien tango el honor de conocer, y es sin dada la
perla de su cabildo. No es ciertamente uno de aquellos devotos»
cuyo semblante macilento y extenuado esti predicando morti-
ficacion y abstinencia : es gordo , Colorado , siempre alegre y
festivo : un hombre en fin que se divierte en todo lo que se
présenta, y que gusta mucho de tratarse bien. Estarés en su casa
à pedir de boca.
Conociendo el socarron del arriero el placer con que le escn-
chaba, continué el elogio del canônigo, ponderàndome lo mucho
que yo celebraria mi fortuna cuando me yiese ya criado suyo.
No cesô de hablar hasta que llegàmos al lugar de Cobisa, donde
nos apeàmos para echar un pienso à las mulas. En tanto que ë
andaba de aqui para alU por el meson , se le cayô casualmente
LIBRO DÉCIMO. 479
del bolsillo un papel que yo pode coger sin que el lo advirtiese,
y que halle medio de leer miéntras él estaba en la cuadra. Era
ana carta dirigida à los capellanes del hospicio de los huérfanos,
conoebida en estos términos :
JIfiiy seûores mios : me creo obUgado en caridad a enviar d 9u
poder un bribonzueto que ie escapô de ese hootch. Paréceme un
muchacho muy despabUado , y par lo miimo muy digno de que ti«-
tedcM 9e shvan tenerle encerrado. No dudo que d fuerza de corre-
girle podrdn ustedei hacer de él un mozo de provecho. Queda
rogando d Dio9 conserve d ustedeê en tan piadoto como caritaiivo
mmuterio el cura de Galvez.
Luego que acabë de leer esta carta , que me manifestaba la
buena intencion del seftor cura, no dude un punto sobre el par-
tido que habia de tomar. Salir inmediatamente del meson , y
ponerme en las orillas del Tajo, distante mas de una legua de aquel
logar , todo file obra de un momento. El miedo me presto alas
para huir de los capellanes del hospicio de los huérfonos, al que
de ningnn modo queria volver : tanto me habia disgustado sa
modo de enseflar la gramàtica. Entré en Toledo tan alegre como
si supiera à donde habia de ir é comer y beber. Es verdad que
aquella es una ciudad de bendicion , en la cual un hombre de
talento reducido A vivir é costa agena no puede morirse de ham-
bre, pues no bien habia entrado en la plaza cuando un caballero
bien Testido, à cuyo lado pasaba, agarràndome por el brazo me
dijo : Chiquito, f, quieres servirme? porque me alegrara tener un
criado como tû. Y yo un amo como Tuesa merced , le respond!
prontamente. Siendo asi , me replicô y desde ahora mismo date
por recibido, signeme; y yo lo hice sin replica.
Este caballero , que podia tener como unos treinta alios , y se
Uamaba don Abel, estaba hospedado en una posada de caballeros ,
donde ocupaba un cuarto decentemente alhajado. Era un jugador
de profesioUy y vean ustedes la vida que haciamos : por la ma-
ftana le picaba yo tabaco para fimiar cinco ô seis cigarros , le
limpîaba la ropa , iba i Uamar al barbero para que le yinîesc é
afeitar y componerle los bigotes , y hecho esto, se marchaba & las
casas de juego , de donde no vohia hasta las once 6 doce de la
noche; pero todas las mafianas entes de salir sacaba très reaies
del bolsillo y y me los daba para que comiese , dejàndome liber-
tad para que hiciera lo que se me antojase hasta las diez de la
noche , con tal de que me hallara en casa cuando volviera. Es-
taba él muy contento conmigo , y diô ôrden para que se me
hicîese una librea muy galana , con la cual parecia propiamente
un mensagero de damas de galanteo. Tambien yo estaba muy
alegre con mi oficio , y en yerdad no podia hallar otro que mas
adaptase à mi genio.
Hacia ya casi un mes que pasaba tan buena Tida , cuando el
480 GIL9LASL
amo me pregmitô un dia si estaba conteoto con èl, y habiëndoie
contestado que no podia estarlo mas : Pues biea , me replioô ,
maftana saldrémos para Sevilla à doiide me Ilaman mis oegodos.
No te pesarà el ver aquella capital de Andaluday pues ya habrés
oido mucbas yeces decir que qmen no ha vlsio d Sevilla no ha
vlsio maraviUa. Que me place, respoadi yo ; estoy proato à seguir
à vmd. â cualquiera parte del mundo. En el mismo dia el ordi-
nario de Sevilla vino é la posada de caballeros à tomar on gran
baul donde estaba la ropa de mi amo , y al siguiente iomâM>8
el camino de Andalucia.
Era el seûor don Abel tan afortunado en el juego , qne sola-
mente perdia cuando le acomodaba , lo que le obligaba à mudar
con firecuencia de lugar por no estar expuesto al resentimi^to y
yenganza de los mentecatos que se dejaban engaikar ; y este Aie
el motivo de nuestro viage. LIegados é Sevilla , nos alojàmos en
una posada de caballeros cerca de la puerta de Côrdoba, donde
comenz&mos à vivir como en Toledo. Pero mi amo hallô dife-
rencia entre las dos ciudades. En las casas de juego de SeviUa
encontrô jugadores tan afortunados como èl , de suerte que al-
gunas veces volvia à casa de muy mal humor. Una maûana que
todavia le duraba el enojo de haber perdido cien doUones el
dia anterior, me preguntô porquè no habia Uevado la ropa sucia
à la lavandera. Seûor , le respond! yo , porque enteramente se
me olvidô.
Al oir esto se encendiô en côlera , y me pegô media docena de
bofetadas tan terribles que me hiciéron ver mas luces que las
que habia en el templo de Salomon , diciéndome al mismo tiempo :
Toma, bribonzuelo, esto es para que otra yez te acuerdes de
cumplir con tu obligacion. ^Quieres que cien yçces te adyierta
yo lo que debes hacer? ;Porqué no ères tan puntual para ser-
vir como para corner? No siendo un bestia, como ciertamente
no lo ères, bien podias tener présente lo que debes hacer sin es-
perar à que yo te lo recordara. Dicho esto se saliô muy enfiidado
del cuarto , dejàndome sumamente sentido de las bofetadas que
me diô por tan pequeAo motivo.
Poco despues le sucediô no se que lance en el juego, qoeyol-
viô à casa muy acalorado. Escipion , me dijo , he determinado
irme à Italia , y debo embarcarme mafiana en un buque que se
vuelve à Gènova. Tengo mis motivos para hacer este yiage; dis-
curro querràs venir conmigo y aprovechar esta ezcelente oca-
sion de ver el pais mas delicioso del mundo. Respondi que ve-
nin en ello ; pero en mi interior pensaba en desaparecer al tiempo
de ir à marchar. Andaba discurriendo el modo de vengarme de
las bofetadas, y me pareciô que este era el mas ingenioso. Sa-
tisfecho y ufeno de que me hubiese ocnrrido semejante idea, no
pude contenerme de confiérsela à cierto valentoo, à quien en-
LIBRO D£CIMO. 48i
coDtré casoafanente en la caOe. Habia 70 conlraido en Seyilla
algnnas malas amistades, 7 principabnente la de este goapo.
Contèle el lance de las bofetadas , 7 el motivo de ellas; 7 reye*
léndole el designio en que estaba de dejar à don Abel, escapàiH
dome coando se foese i embarcar, le pregunté que le parecia
esta detenninacion.
El yalenton , arqneando las oejas 7 retorciëndose el bigote, 7
despnes afeando en tono grave la accion de mi amo , me dijo :
Mocito» seres un hombre sin honra toda tu vida si te contentas
con la friYola yenganza que bas meditado para yolyer por ella.
No basta dejar à don Abel 7 no pisar mas su casa ; es menester
darle un castigo proporcionado à tu afrenta. Robémosle tu 7 70
code su equipage 7 dinero para repartirlo despues entre los dos
Gomo buenos hermanos. No obstante mi natural propension à
faortar , no dejô de estremecerme 7 causarme algun horror un
robo de tanta importancia. En medio de eso el archiganzàa que
me hizo la propuesta tuyo arte para conyencerme : 7 yean uste^
des cual fiié el èxito de nuestra empresa. El jaqueton, hombre
robnsto 7 rollizo » yino à la posada el dia siguiente à boca de
nodie. M ostréle el gran baul en que mi amo habia encerrado sus
repas y 7 le pregunté si podria ël solo cargar con un mueble tan
pesado. ;Tan pesadoT me dijo; sàbete que, cuando se trata de
lleyar lo ageno , cargaria 70 con el area de Noé. Diciendo este
agarrô el baul , echôsele à cuestas como si fnera una paja , 7 bajô
las escaleras con la ma7or ligereza. SeguQe 70 al mismo paso , 7
7a estabamos los dos à la puerta de la calle , cuando hete aqui à
don Abel , que por gran fortuna su7a llegô à tiempo tan oportuno.
£ A donde yas con ese cofre? me dijo mu7 enfadado. Fuë tanta
mi tarbadpn que no acerté à responderle ni una sola palabra, 7
el guapeton, yiendo erirado el golpe, echo el baul à tierra 7 se
eacapô para ahorrar contestadones. ^ A donde yas pues con ese
baul? me yoWiô é preguntar mi amo. Sefior, le respond! mas
muerto que y iyo , le hacia lleyar al buque donde su merced se ha
de embarcar mafiana para Italia. ^Pero por donde sabias tù, me
replicô, en que buque me habia de embarcar? Seflor, repnse
prontamente , quien lengua tiene à Roma va : informariame en él
puerto , 7 alli me lo dirian. Al oir esta respuesta, que se le hizo-
mu7 sospechosa, me mirô con unos ojos que parecia quererme
tragar , 7 70 temi repitiese las bofetadas. Pero dime, replicô otra
yez, ^ quien te mandô que sacases el baul fuera de la posada sin
6rden mia.^ Su merced mismo, le dije. ^Ya no se acnerda ymd.
de la reprension que me di6 hace pocos dias? ^No me dijo ymd.
regafiàndome que sin esperar sus ôrdenes hidese por mi mismo
mi obligadon para seryirle? pues en cumplimiento de este pre-
cepto iba é lleyar su cofre de ymd. à la embarcacion. Entônces
el jugador, conodendo que tenia 70 mas nudicia de la que èl ha-
51
48S GIL BLAS.
bia creidOy me despidtô de su casa, dicièndome aerenamente :
Seftor Çscipion, é mi no me acomodaa criados tan sutiles ; Taya
ymd.y aeûor Escipion, el cielo le guie. No me gnsta jogar con
sugetos que tan pronto tienen una carta de mas como de ménos.
Qaitate de mi presencia, aAadî6, mudando de tonô» si ne qaie-
res que te haga cantar sin solfa.
No aguardé à que me lo dijese dos veoes : me alqè al mo-
mento Ueno de miedo de que me mandase quitar el vestido , que
por fortuna me dejô , y ecbë à andar pensando à donde podria ir
à alojarme con dos reaies à que se reducia todo mi caudaL Uegué
à la puerta del palacio arzobispal é tiempo que se estaba dispo-
niendo la oena » y salia de la cocina un olor tan grato que se per-
cibia una légua en contorno. [Céspiia! dije entre mi, meconten-
taria con cualquiera de estos piatos que me regalan el olfaîo, y
aun solo con que me dejasen meter en alguno los coatro deditos
y el pulgar. Pero que, ;no podré discurrir un medio para pro-
bar estos piatos que no he hecho mas que oler? ;Porquè no?
Esto no me parece imposible. Entregado enteramente i este pen-
samiento me ocurriô una feliz trcta que quise probar inmedia-
tamente , y no me salio mal. Entrëme en el patio de palacio , y
comenzé à correr hàcia las cocinas gritando a mas no poder en
aire y tono de asustado: Socorro! tocorro! como si me yiniera
sîguiendo alguno para quitarme la vida.
À mis descompasadas roces acudiô apresurado el maestro
Diego, cocinero del arzobispo, con très ô cuatro galopines de
cocina ; y no viendo à nadic mas que à mi , todos me pregunté-^
ron que tenia , y porquè gritaba de aquella manera. SeAores ,
les respondi fingiendo miedo, por amor de Dios favorézcanme
ustedes , y librenme de ese asesino que me quiere matar. ; A
donde esté ese asesino? exclamé Diego, porque tu estes solo,
y tras de ti no Tiene ni siquiera un gato. Vamos , bijo nio, so-
siégate : sin duda que algun bufon se ha querido divertir en asos-
tarte , y se ha retirado luego que te ha visto entrar en palacio ,
porque cuando ménos le hubieramos cortado lasorejas. No, no,
le dije al cocinero : no me siguiô de chanza ; es un gran ladron
que queria robarme, y estoy seguro de que me esta esperando
en la calle. Si fuese asi , replied el cocinero, en verdad que ten^
drà que aguardarte largo tiempo , porque has de cenar y dormir
aqni, y no te dejarëmos salir hasta maûana.
No puedo ponderar el gusto que me causàron estas ultimas
palabras , ni lo admirado que me quedé cuando conductdo por el
maestro Diego à las ODcinas se me présenté i la vista el aparato
de la cena. Conté hasta quince personas empleadas en ella; mas
no pude contar la variedad de exquisitos plaios que se me ofire-
ciéron à la yista« Entônces fué cuando conoci por la primera
Tez lo que era sensnaiidad, recibiendo i naris llena el olor de
LIBRO DÉCIHO. ^483
tantas delicadisiiiias viandas que jamas habia probado. Tuve h
hoara de cenar y dormir con los galopines de cocina, todos los
coales quedâron tan prendados de mi, que cnando à la mafiana
sigaiente foi à dar gracias al maestro Diego por el fiiYor que
me habia hecho en recojerme con tanta generosidad la noche
anterior, me dijo : Mis mozos de coctna te han tornado tanto ca-
rxfio 9 que todos à una toz me ban asegurado se alegrarian de
tenerte por camarada. Dime ahora con toda franqueza si gusta-
rias ser su compafiero. Yo le respond! que si lograra tal for-
tuna me tendria por el hombre mas feliz del mnndo. Siendo eso
asi, amigo mio, me dijo, desde este mismo punto te puedes con*
tar por criado de la casa arzobispal ; y diciendo esto me llevô al
cuarto del mayordomo, el cual, obserrandomi despejo, mejnzgô
digno de ser admitido entre los marmitones.
Al instante que tome posesion de tan decoroso empleo , el
aiaestro Diego , que seguia la antigua costumbre de los cocineros
de las casas grandes, con^iene à saber, de enviar todos los dias
Tarios platos é sus queriditas , me eligiô para enyiar à cierta
dama de la vecindad ya trozos de^ternera, y ya ayes y caceria.
Era la buena seAora una viuda de treinta afios é lo mas , muy
linda y vivaracba, y que tem'a todas las trazas de no ser del todo
fiel à su generoso cocinero. Este, no contento con proyeerla de
pan, carne, tocino y aceite, la abastecia tambien de vino; y todo
esto , ya se entiende , à costa del seftor arzobispo.
En el palacio de su ilustrisima acabé de perfeccionarme en mis
mafkas, pegando un chasco de que todavia hayy habrà por largo
tiempo en Serilla gjran memoria. Los pages y otros familiares
pensAron en representar una comedia para celebrar los dias del
amo. Escogièron la de Lo$ Benavides; y como era menester un
muchacho de mi edad que hiciese el papel de rey nifio de Leon,
echâron mano de ml. El mayordomo , que se preciaba de saber
representar, tomô de su cuenta el ensayarme, y con efecto me
diô algunas lecciones, asegnrando à todos que no séria yo el
que me portase peor. Como la foncion la costeaba el arzobispo,
no se perdonô gasto alguno para que foese lucida. Armôse en un
salon un soberbio teatro adomado con el mejor gusto , en uno
de cnyos jados se dispuso un lecho de cëspedes , donde debia yo
fingirme dormido cuando yiniesen los Moros à asaltarme para
Uevarme prisionero. Luego que todos los actores estoviéron en-
sayados, el arzobispo seflalô dia para la foncion , convidando A
todas las damas y principales caballeros de la ciudad.
Llegada la hora de la comedia cada actor se vistiô del trage
que le correspondia. Por lo quetoca al mio el.sastre me le pré-
senta acompaAado del mayordomo , que, habiendo tenido el tra-
bajo^de ensayarme, quiso tener tambien la paciencia de vermc
restir. Tràjome el sastre un ropage talar de rico terciopelo azul,
484 GIL BLAS.
todo guarneddo de galones y botones de oro, y con mangai^
largas adornadas con flecos del mismo metal. El propio mayoi^
domo me puso en la cabeza por su mano una corona de carton
dorado , sembrada de mudias perlas finas , mezcladas con âlgu-
nos diamantes falsos. Pusiëronme una £aja de seda de color de
rosa, recamada toda de flores de plata , y cuyos remates eran dos
graciosas borlas de hilo de oro. À cada cosa de estas que me
ponian, se me figuraba que me estaban dando alas para Tolar y
escaparme. Comenzô en fin la comedia al anochecer : yo abri la
escena con una relacion , la cual concluia diciendo que , no pa-
diendo resistir à las dulzuras del sueAo , iba à entregarme i el.
Con efecto , me meti entre bastidores , y me recosté en el lecho
de céspedes que me estaba preparado ; pero en lugar de dormir,
me puse solo à pensar de que modo podria salir à la calle y es-
caparme con mis vestiduras reales. Una escalerilla oculta, por
la cual se bajaba desde el teatro al salon, me pareciô i propô-
sito para la ejecucion de mi designio. Levantème de la cama con
mùcho tiento, y YÎendo que nadie me observaba , me escunipor
dicha escalerilla al salon , à cuya puerta pude Uegar diciendo :
d un lado , a un lado, que voy d mudar de îrage, Todos se posiè-
ron en fila para dejarme pasar, de manera que en mënos de dos
minutos sali libremente del palacio à fevor de la oscuridad , y
me fui à casa de mi amigo el yalenton.
Quedôse pârado de venue en aquel trage ; contéle el caso, que
le hizo reir hasta mas no poder. Abrazôme con lanto mas rego-
cijo cuanto se lisonjeaba de tener parte en los despojos del rey
de Leon : me felicitô por haber dado un golpe tan diestro , y me
dijo que si los progresos correspondian à los principios haria yo
con el tiempo gran ruido en el mundo por mi talento. Despues
que nos alegràmos y divertimos largamente los dos celebrando
mi grande hazaAa, pregunté yo à mi jaqueton : ; Y que hemos
de hacer abora de estos ricos vestidos? Eso no te dé cuidado,
me respondiô ; conozco à un prendero muy hombre de bien , el
cual compra toda la ropa que le llevan à vender sin andar con
preguntas, una vez que le tenga cuenta el comprarla. Maûana le
buscaré y le traeré aqui.
En efecto , al dia siguiente muy de mafiana se levantô dejéndome
en la cama , y dos horas despues volvià con el prendero, el cual traia
un Ho cubîerto con tela amarilla. Amigo , me dijo , aqui te présente
al seftor Ibaftez de Segovia, hombre de la mayor integridad, é
pesar del mal ejemplo que le dan los de su oficio. El te dira lo que
vale en conciencia el vestido de que te quieres desbacer , y pued^
fiarte ciegamente en lo que te dijere. En cuanto à eso> dijo el pren-
dero, me tendria por el hoinbre mas ruin y miserable dd mundo si
tasara una cosa en mënos de lo que vale. Hasta ahora, gracias é
Dios, ninguno ha tachado de esto à Ibaflez de Segovia. Yeamos,
LIBRO DËCIMO. 485
afiadiô, esa ropa qae ymd. quiere Tender, y le dire en concien-
cia lo qae vale. Aqui esta, dijo el valenton poniëndosela delante :
no me negarà ymd. que nada hay mas magnifico : obserre vmd.
la hermosura de este terciopelo de Génova, y lo exqnisito de su
gaaraicion. Verdaderamente que me encanta, respondiô el pren-
dero despues de haber examinado el yestido con la mayor aten*
cion; es de lo que no he yisto en mi yida. ; Y que juicio hace
▼md., le preguntô mi amigo, de las perlas que adoman esta co-
rona? Si fueran redondas, respondià Ibaûez, no tendcian pre-
cio ; pero taies cuales son me parecen bellisimas , y me gustan
tanto como lo demas. No puedo mènos de decir lo que siento :
otro prendero estafador en mi lugar aparentaria despreciar la
mercancia para adquirirla à bajo precio , y no se ayergonzaria
de ofrecer por ella veinte doblones; pero yq, que tengo con^
ciencia , ofrezco cuarenta.
Aun cuando Ibaiïez hubiera ofrecido ciento , no. hubiera sido
un apreciador muy justificado , pues que solamente las perlas
yalian mas de doscientos; pero.el yalenton, que se entendia con
èl y me dijo : Mira la fortuna que has tenido en tropezar con un
hombre tan timorato. £1 seflor Ibaâez aprecia las cosas como si
estuyiera en el articulo de la muerte. Asi es , respondiô el pren-
dero 9 y por eso no hay que andar regateando conmigo ni por
un solo marayedi; en cuyosupuesto este me parece ya negocio
conduido : yoy à dar el dinero. Espère ymd., le replicô el ya-
lenton; entes de eso es menester que mi amiguito se pruebe el
yestido que le dije à ymd. trajese para él , y mucho me engafiaré
si no le yiene pintado. DesenycJyiô entônces el lio el prendero ,
y me présenté una ropilla y unos calzones de buen paûo musgo»
con botones de plata , todo medio usado. Me leyanté para pro-
banne el yestido, y aunque me yenia muy ancbo y muy largo,
les pareci6 â los dos compinches haberse hecho i propôsito
para mi. Ibaâez lo tasô en diez doblones , y como nada se habia de
replicar à lo que decia , me fué preciso pasar por eHo : de ma*
nera que sacô treinta doblones del bolsQlo, les dejô sobre una
mesa , hizo un enyoltorio de mis y estiduras reaies y de mi corona,
y se lo lleyô-
Lnego que se marchô me dijo el yalenton : Estoy muy satisfecho
de este prendero. Tenia razon para estarlo , porque puedo asegu»
rar que le sacô por lo mènos cien doblones de beneficio. Sin em-
bargo no se contentô con esto; tomô sin ceremonia la mitad del
dinero que habia sobre la mesa , y me dejô lo restante diciéndome :
Mi querido Escipion , te aconsejo que con esos quince doblones
que te quedan saïgas al momento de esta tiudad , en donde pue-
des considerar las diligencias que se haràn para buscarte de ôrden
del seAor arzobispo. Tendria yo el mayor sentimiento si , despues
de la herôica accion que has hecho para inmortalizar tu nombre.
466 GIL BLAS.
te expati^ras neciamente à ser encerrado en ana prision. Respon-
dile que ya estaba resuelto i alejanne cuanto fcntes de SeviUa; j
conefecto^habiendo oomprado un sombrero y algunaa camisas,
sali de la ciudad, y caminando por la espaciosa y amena campiAa
que entre Yiflas y oliyares conduce à la antigua ciudad de Car-
mona, en très dias Deguè i Cordoba*
Alojème en un meson à la entrada de la plaza mayor donde
viven los mercaderes. Vendime por un hijo de lamiiia natural de
Toledo » que viajaba ùnicamente por mi gusto : mi trage era
bastante décente para harcerto créer ; y algunos doblones que
de propôsito saqué delante del posadero le acabâron de persua*
dir, si ya en yista de mis pocos aftos no me tuvo por algun ma-
chacho trayieso que se habia escapado de casa de sus padres
despues de haberles robado. Como quiera que fuese , él no se
mostrô muy deseoso de saber mas de lo que yo le deda, quizé
por temor de que su curiosidad no me obligase i mudar de
posada- Por seis reaies diarios se daba buen trato en esta casa ,
donde comunraente habia gran concnrrencia de gentes. Conté por
la noche à la cena hasta doce personas de mesa , y lo mqor que
habia era que todos comian siu hablar palabra , excepto uno
que 9 hablando sin oesar à diestro y siniestro , compensaba bien
eon su chsurlataneria el silencio de los demas. Predébase de
agudo y de gradoso , oontando cuentos y embsmastando chisses
para divertimos, los que alguna vez nos hacian reir à carcajadas,
mënos en verdad per celebrar sus ocurrencias que por boriarnos
de ellas.
Yo por mi hacia tan poco caso de todo lo que charlaba aqnei
estrafelario , que me hubiera leyantado de la mesa sin poder
dar razon de nada de cuanto habia hablado , à no haberse meUdo
èl mismo en una conyersacion que me importaba. Sefiores , ex*
clamô al fin de la cena : les reservo â ustedes para postre un gra-
doso chasco que los dias pasados diô un picaro de mudiacho en
el palacio del arzobispo de Seyilla. Gontômelo cierto bachiDer,
amigo mio , que se hallô présente. Sobresaltâronme un poco estas
palabras , no dudando que el lance que iba à contar em el mio ,
y con efecto no me engaûé. Refiriô el tal sugeto el pasagecon toda
exactitud , y aun me hizo saber lo que yo ignoraba, es dechr, lo
ocurrido en el salon despueft de mi fiiga, que fuë lo que voy à re-
feriràustedes.
Apénas me escape , cuando los Moros , que segun el ôrd^i de
la comedia que se representaba debian apoderarse de mi , apa-
reciéron en la escena con el designio de venir à sorprenderme
en la cama de césped en que me creian dormido ; pero cuando
quistèron echarse sobre el rey de Leon se quediron sumamente
atAnîtos de no encontrar ni rey ni roque. Paru la comedia, agn
tàronse todos los actores > unes me llaman , otros me buscan ;
LIBRO DÊCIMO. 4«7
este grita, y aquel me da à todos los diablds. El arzobLspo , que
oyô la bulla y confbsion qae habia detras del teatro , pfeguntô
la causa. À la voz del prelado uo page que hacja de gracioso en
la comedia saliA y dijo: No tema ya su ilustrisima que los
Moros hagan prisionero al rey de Leon , porque acaba de po-
nerse en salvo con sus vestiduras reales. {Bendito sea DiosI
exclamô el arzobispo : ha hecho muy bien en huir de los ene-
migos de nuestra religion , libréndose de las cadenas que le
preparaban. Sin duda se habrà Yuelto à Leon, capital de su
reîno ; y deseo que baya llegado con toda felicidad. Por lo de-
mas , mando seriamente que ninguno yaya en su seguimiento :
sentiria mncho que su magestad tuviese que padecer la menor
desazon por parte mia. Luego que dijo esto, diô ôrden de que
se leyese en alla yoz mi papel , y se acabase la comedia.
GAPITULO XI.
Pnmgue la histom de EscîpioD.
Miëntras me durô el dinero , el posadero us6 de grandes
atenciones conmigo ; pero luego que advirtiô que se me habia
acabado, comenz6 é tratarme con desagrado buscando camorra
à cada paso , y una maftana me dijo que le hiciese el gusto de
salir de su casa. Dejéla desdeftosamente , y me entré à oir misa
en la iglesia de los padres dominicos. Miéntras la estaba oyendo
se acercô à mi un anciano pobre y me pidiô limosna ; saqué
del bolsillo dos 6 très maravedises que le di diciendo: Amigo
mio 9 ruegue ymd. à Dios que me proporcione pronto una buena
conyeniencia : si fiiere aida su oracion no se arrepentirà de haberla
hechOy y cuente con mi agradecimiento.
À estas palabras me mirô el pobre con mucha atencion , y
con seriedad me dijo: xQué clase de conyeniencia desea ymd.?
Qiiisiera, le respondi, acomodarme de lacayo en cualquiera casa
en donde lo pasase bien. Me preguntA si me urgia. No puede
urgir mas , le contesté , porque si no logro cuanto entes la di-
cha de colocarme, no hay medio , ô habré de morir de hambre,
6 tendre que ser uno de yuestros compafteros. Si llegara ese
caso 9 repuso él , se le haria à ymd. ïnuy cuesta arriba no estan-
do acostumbrado à nuestra yida; pero à poco que se hiciese à
ella, perferiria nuestro estado al de seryir, que es sin disputa
inferior à la mendicidad. Sin embargo ya que ymd. quiere mas
senfir que pasar como yo una yida holgada é independiente ,
dentro de poco tendra ymd. amo. Aqui donde ymd. me ye pue-
do série util : hàllese aqui maûana à esta misma hora.
T4iyebuen cuidado de no faltar : yolyi al dia sigoienteal mismo
46a GIL BLAS,
sitiOy «1 donde no tardé mncho à presentarse el mendigo , que
acercéndose à ml me dijo que tuviera la bondad de seguirle. Hi-<
celo asi , y me Ileyô à un siôtano no distante de la misma iglesîa,
y en el cual tenia su albergue. Entrémos ambos en ël, y habièn-
donos sentado en un banco largo que por lo ménos habrîa senrido
cien aftos , el potrre me hablô de esta manera : Una buena action ,
como dice el refiran , halla siempre su recompensa; ayer me diô
Ymd- limosna , y esto me ha determinado à proporcionarle una
buena colocacion , la que si Dios quiere se conseguirà may presto.
Conozco à un dominico anciano llamado el padre Alejo, que es un
santo religioso , y un excelente director espiritual : tengo el ho-
nor de ser su demandadero , y desempefio este empleo con tanta
discrecion y fidelidad , que nunca se niega à emplear sa yali-
miento en mi favor y en el de mis amigos. Yo le hablé de vmd.
y le dejè muy inclinado i servirle. Le presentarë à su reyerencia
cuando vmd. quiera.
No hay que perder momento , dije al viejo mendigo , yamos
ahora mismo à yer ese buen religioso. Vino en ello el pobre , y
al momento me condujo à lacelda del padre Alejo, à quien en-
contrémos escribiendo cartas espirituales. Suspendiô sa trabajo
para hablarme , y me dijo que à ruegos del mendigo se interesaba
por mi. Habiendo sabido , continué , que el seftor Baltasar Ve^
lazquez necesita de un criado , le he escrito esta mafiana en ta
feyor, y acaba de responderme que te recibirà degamente yendo
con mi recomendacion : puedes ir hoy mismo à yerle de mi parte ,
porque es mi pénitente y mi amigo. Sobre esto el religioso me
estuvo exhortando por espacio de très cuartos de hora à que
Gumpliese bien con mis deberes , y se extendiô particularmente
sobre la obligacion que yo tenia de servir con esmero al seik>r
Velazquez , y concluyô aseguràndome que él cuidaria de mante-
nerme en mi acomodo , con tal que mi amo no tuyiese queja de mi.
Despues de haber dado gracias por su favor al religioso , sali
del conyento con el pordiosero , quien me dijo que el seftor BaW
tasar Velazquez era un mercader de pafios anciano , rico , càn-
dido y bondadoso ; y no dudo , aftadiô , que lo pasarà >ind.
perfectamente en su casa. Me informé del sitio donde yiyia, y al
momento pasé alla despues de haber prometido al m^idigo
mostrarme agradecido à sus buenos servicios tan pronto como
estuviese bien arraigado en mi acomodo. Entré en una gran
tienda, en donde dos mancebos decentemente puestos, qoe se
paseaban de un lado é otro con modales afectados , esperaban
compradores. Preguntéles sr el amo estaba en casa , y les dije
que tenia que hablarle de parte del padre Alejo. Al oir este nom-
bre yeneraï)le me hiciéron entrar en la trastienda , donde estaba
el mercader hojeando un gran libro de asiento que tenia sobre
el escritorio; saludéle respetuosamente , y habiéndome acercada
LIBRO DËCIMO. 489
à â : Sefior, le djje, 70 soy el mozo que el reverendo padre
Alejo le ha propaesto para criado. { Ah t hijo mio , me respondiô,
seas may bien venido ; basta que te envie ese santo hombre : te
recibo à mi serrido con preferencia à très ô cuatro criados por
quienes me han hablado ; es negocio concluido , y desde hoy te
corre el salario.
No necesité estar mucho tiempo en casa del mercader para co-
nocer que era tal cual me le haJ)ian pintado : y aun me paredô
tan sencillo que no pude mènos de pensar en lo mucho que me
costaria dejar de jugarle alguna pieza. Hacia cuatro aflos que es-
taba yiudo , y tenia dos hijos » uno varon que acababa de cumplir
Teinte y cinco aûos» y una hembra que entraba en los quince.
Esta , educada por una duefia severa , y dirigida por el padre
Alejo y caminaba por la senda de la yirtud ; pero Gaspar Velaz-
quez , su hermano , aunque nada se habia omitido para hacerle
hombre de bien, tenia todos los vicios de un mozo Ucencioso. À
ireces pasaba dos 6 très dias fuera de casa, y sicuando volvia le
daba el padre alguna reprension , Gaspar le mandaba callar le-
vantando la voz mas que ël.
Escipion , me dijo un dia el YÎejo , tengo un hijo que me da
mucho que sentir ; esta envuelto en todo género de desôrdenes ,
lo que yerdaderamente extrafio , porque su educacion de ningun
modo fué descuidada; le he tenido buenos maestros, y mi amigo
el padre Alejo ha hecho cuanto ha podido para atraerle al ca-
mino de la virtud sin haberlo podido conseguir : Gaspar se ha
enfangado en el libertinage. Acaso me diras que le he tratado
con demasiada indulgencia en la pubertad , y que eso le habrà
perdido ; pero no es asi : le he castigado siempre que me pareciô
necesario el rigor; porque aunque soy tan bonazo , tengo ente-
reza en las ocasiones que la piden ; y aun le hice encerrar en una
casa de correccion , de donde saliô peor que entrô en ella. En
una palabra, es de aquellos mozos perdidos , à quienes no pue-
dencorrcgir el buen ejemplo, las reprensiones , ni loscastigos;
solo Dios puede hacer este milagro.
Si no me causô léstima la afliccion de aquel desgraciado padre,
A lo ménos aparenté que la tenia. ] Cuanto me compadezco, se-
fior ! le dije : un hombre tan honrado como ymd. merecia tener
mejor hijo. ^Qué le hemos de hacer, hijo mio? me respondiô :
Dios ha querido privarme de este consuelo. Entre los pesares
que me da Gaspar, continu6 , te dire en confianza uno que me
causa mucho desasosiego , y es la inclinacion à robarme , que con
demasiada frecuencia halla medios de satisfacer, à pesar de mi
Tigilancia. El criado antecesor tuyo estaba de inteligencia con ël ,
y por eso le despedi ; pero de ti espero que no te dejarés seducir
de mi hijo , y que miraràs con zelo y fidelidad por mis intereses,
eomo sin duda te lo habré encargado mucho el padre Alejo. AsI
480 GIL BLAS.
es, sefior, le répliqué : durante una hora su reverencia no hizo
otra cosa que exhortarme à no tener puesta la mira sino en el
bien de su merced ; pero puedo asegurar que para esto no neoest-
taba de su exhortacion , porque me siento dispuesto à seryir à
su meroed fielmente , y por ultimo le prome^ un zelo à toda
pnieba.
Para sentenciar un pleito es necesario oir à las dos partes. £1
mocito Yelazquezy elegante hasta dejarlo de sobra, juzgando por
mi fisonomia que yo no séria mas dificfl de seducir que mî an-
tecesor , me llamô à un parage retirado , y me hablô en eslos
términos : Escucha, amigo mio : estoy persuadido de que nii pa-
dre te habrà encargado que me espies; pero te advierto que
mires com^ lo haces , porque este oficio tiene sus quiebras. Si
llego à conocer que andas averiguando mis acciones , te he de
matar à palos ; pero si quieres ayudarme à engaftar à mi padre
puedes esperarlo todo de mi agradecimiento. ; Quieres que te
hable mas daroT tendres tu parte en las redadas que echemos
juntos : escoge , y en este mismo momeuto declârate por el padre
6 por el hijo , porque no admito neutralidad.
Seflor, le respondi, mucho me estrecha ymd,, y veo bi^i que
no podré ménos de declararme en su foyor, auuque en la rea-
lidad me répugna ser traidor al seûor Velazquez. Déjate de esos
escrùpuloSy replicô Caspar : mi padre es un \iejo ayaro que
quisiera traerme todavia con andadores ; un miserable que me
niega lo que necesito, rehusàndose à contribuir é mis placeres,
siendo estos de pura necesidad en la edad de yeinte y cinco aûos:
este es el verdadero aspecto bajo el cual debes mirar i mi padre.
Basta, seftor, le dije ; no es posible resistir é un motiyo tan jnsto
de queja ; me ofrezco à ayudar à vmd. en sus loables empresas;
pero ocultemos ambos bien nuestra inteligencia para que no se
yea en la calle yuestro fiel aliado, Creo que lo acertaré ymd. si
aparenta aborrecerme; hàbleme con aspereza en presencia de
los demas , sin escasear las malas palabras : tampoco harà daûo
tal cual bofeton, y algun puntapië en las asentaderas; intes bien
cuanta mas ayersion me mostrare ymd. tanta mayor confianza harà
de mi el seâor Baltasar. Por mi parte fingiri huir de la conver-
sacion de ymd. : en la mesa le seryiré mosttando que lo hago i
mas no poder; y cuando hable de ymd. con los mancebos de la
tienda, no lleye à mal que diga de su persona cuanto malo me
yiniere â la boca.
I Viye diez ! exclamô el mozo Velazquez al oir estas ultimas
palabras , que estoy admirado de ti , amigo mio ; en la edad que
tienes muestras un ingenio singular para todo lo que sea enredo:
desde luego me prometo de èl los mas felices resultados ; y espero
que con el auxilio de tu talento no he de dejar ni un solo doblon
à mi padre. Vmd. me honra demasiado, le dije, confiando tanto en
LIBRO DECIMO. 491
mi industria : bare cuanto pueda para no desmentir el coacepto
que ha formado de ml , y si no puedo consegairlo ^ k lo menus
no sera culpa mia.
Tardé poco en hacer ver à Gaspar que yo era efectivamente el
hombre que necesitaba; y he aqui cual fué el primer seryicio que
le hice. £1 area del dinero de Baltasar estaba en la alcoba doede
dormia este buen hombre , al lado de su cama , y le servia de
redinatorio. Siempre que yo la vela me alegraba la vista , y en
mi interior le decia muchas veces : Mi amada area, ^ estaràs
siempre cerrada para mi? ^-no tendre nunca el placer de con-
templar el tesoro que encierras? Como yo iba cuando me daba
la gana à la alcoba , cuya entrada solo à Gaspar le estaba probi-
bida, entréun diaà tiempo que su padre, creyendo que nadie le
yeia, despues de haber abierto y vuelto à cerrar el area , escondiô
la Dare detras de un tapiz. Noté cuidadosamente el sitio, y di parte
de este descubrimiento al amo mozo , que me dijo abrazéndome
de alegria : ] Ah ! mi querido Escipion, que es lo que acabas de
decirme? Nuestra fortuna es becha, hijo mio : hoy mismo te daré
cera, estamparàs en ella la Ilave, y me devolyeràs la cera pron-
tamente : poco trabajo me costarà hallar un cerrajero servicial
en Gérdoba , que no es la dudad de Espaâa en donde hay ménos
bribones.
l Pero à que fin, dije é Gaspcr, quîere vmd. mandar hacer una
Dave fiilsa, cuando podemos servirnos do la verdadera 7 Es cierto,
me respondiô ; pero temo que mi padre por desconfianza ô por
otro motive la quiera esconder en otra parte ; y lo mas seguro
es tener una que sea nuestra, Grel fundado su rezelo, y aprobmido
au pensamiento me dispuse à estampar la Have en la cera , lo que
ejecuté una maflana miëntras que mi viejo amo hacia una visita
al padre Alejo» con quien tenia frecuentemente largas conversa-
dones. No contente cou este , me servi de la Uave para abrir el
area , que, estando llena de talegos grandes y pequefios, me puso
en una perplejidad agradable , porque no sabia ciûd escoger, sin-
tiéndome ciegamente enamorado de los unes y de los otros. Sin
embargo , como el miedo de ser sorprendido no me permitia
hacer un detenido exftmen, echè mano é Dios y i ventura de une
de lo8 mayores. En seguida habiendo cerrado el area y vuelto é
poner la Have detras del tapiz , sali de la alcoba con mi presa,
que fui i esconder debajo de mi cama ea una pieza pequefia
donde yo dormia.
Despues de concluida esta operadon con tanta félicidad , me fui
à buscar al jôven Velazquez, que me estaba esperando en una
casa vedna para donde me habia dado cita , y le Uenë de gozo
conténdole lo que acababa de ejecutar. Quedô tan satisfecho de
mi que me hizo mil caridas , y me ofireciô generosamente la mitad
del dinero que habia en el talego , que yo no quise aceptar. Se-
493 GD. BLAS.
fior, le dije , este primer talego es para vind. solo , sirrase ymcf.
de él para sus necesidades. Presto Tolyerë à hacer una visita al
area , en donde , gracias à Dios , hay dinero para entrambos.
Efectivamente, très dias despues saqué de ella otro talego , que
contenia como el primero quinientos escudos , de los cuales no
quise admitir mas que la cuarta parte , por mas instancias que
me hizo Gaspar para obligarme à que los repartiesemos entre los
dos como buenos hermanos.
Luego que el mozuelo se yiô con tanto dinero , y por consi-
guîente en estado de satisiacer la pasion que tenia à las mugeres
y al juego , se entregô à ellas totalmente ; y aun tuvo la desgra^
cia de encapricharse con una de aquellas femosas damas corte-
sanas que en poco tiempo devoran y se tragan los caudales mas
pingûes. Ocasionôle esta tan excesivos gastos , y me puso en la
necesidad de hacer tantas; visitas al area, que al fin el yîefo Ve*
lazquez echo de yer que le robaban. Escipion , me dijo una ma*
fiana, tengo quehacerte una confianza: alguno me roba, amigo
mio: han abierto mi area del dinero , y me han sacado de èl
muchos talegos. El hecho es constante , ; pero à quien debo atn-
buir este roboT 6, por mejor decir, ; quien otro sino mi hijo
puede haberle hecho? Gaspar habrà entrado furtivamente en mi
alcoba, 6 acaso tu mismo le habràs introdueido en ella, porque
estoy tentado à creerte su confederado aunque parezcais mal
ayenidos los dos. Sin embargo , no quiero ri)rigar esta sospecha,
habiendo salido el padre Alejo por responsable de tu fidelidad.
Respondi que, gracias al cielo, no me tentaba la hacienda agena,
y acompafié esta mentira con una exterioridad hipôcrita que con^
tribuyô à sincerarme.
Con efecto , el viejo no volviô à hablarme sobre el - asnnto ;
pero no dejô de enyolverme en su desconfianza, y tomando
precaucîones contra nuestros atentados , mandô poner al area
una cerradura nueva, euya Haye traia desde entônce» continua-
mente en la fohriquera. Habiëndose interrumpido por este medio
toda comunicacion entre nosotros y los talegos , quedémos sin
saber lo que nos pasaba,. particularmente GAspar , que no pa-
diendo ya gastar tanto con su ninfe, temiô haUarse precisado à
no yerla mas. En medio de esto discurriô un arbitrio ingenioso
que le proporcionô mantener su correspondencia por algunos
dias mas, y fuëel de apropiarse por \ia de emprëstito aqueOo
que me habia tocado à mi de las sangrias que yo habia hecho
d area. Entreguële hasta el ultimo maradevi , lo que , a mi pa-
recer , podia pasar por una restitucion anticipada que yo hacia
al mercader anciano en la persona de su heredero.
Luego que et desordenado mozo acabô de consumir aquel re-
curso , considerando que ya no le quediaba ningun otro , cay6
en una melancolia profunda y oscura , que poco é poco trastornô
UBRO IHÈGIMO. 493
su razoD. No miraodo ya é sa padre sino como à un hombre que
caosaba la desgracia de su yida^ diô en una fiiriosa desesperacion,
y y sin escuchar la voz de la sangre , el miserable concibiô el
horroroso designio de envenenarle. Poco satisfécho con haberme
confiado este execrable proyecto , tuvo aliento para proponerme
le sir^iese de instrumento à su yenganza. Horrorizéme al oirle
seoiejante propuesta, y le dije: j Es posible, seûor, que esteis
tan dejado de la mano de Dies que bayais podido formar esa abo-
minable resolucion I j Pues que ! i tendriais valor para quitar la
vida al autor de la yuestra? ;Habriase de ver en Espaâa, en el
seno del cristianismo , cometerse un crimen cuya sola idea hor-
rorizaria à las mas bàrbaras naciones? No, mi querido amo»
aâadi echàndome à sus pies, no, Ymd. no harà una accion que
ezcitaria contra si toda la indignacion de la tierra, y que séria
castigada cou un infâme supHcio.
Aleguéle todavia à Caspar otras razones para disuadirle de un
pensamiento tan culpable ; y yo no se donde pude encontrar ra-
docinios tan honrados y discretos como empleé para combatir
sa desesperacion; lo derto es que le hablè como pudiera un
doctor de Salamanca , é pesar de ser tan jôven è hijo de la Cos-
colina. No obstante, por mas que hice para convencerle de que
debîa yolver sobre si y desechar animosamente las détestables
ideas que se hâbian apoderado de su ànimo , fiié inutil toda mi
elocuencia* Bajé la cabeza , y guardando un taciturne silencio ,
me hizo comprender que no desistiria à pesar de cuanto pudiera
decîrle.
En yista de esto, tomando mi det^rminacion, dije al anciano
qae queria hablarle en secreto; y habiéndome encerrado con
ël: Sefk>r, le dije, permitame vmd. que me arroje à sus pies é
implore su misericordia. Dichas estas palabras , me postré de-
lante de ël lleno de agitacion , y con el rostro bafiado en làgri-
mas. Atënito el mercader de aquella demostracion , y de verme
tan turbado , me preguntô que habia hecho. Un delito de que me
arrepiento, le respond! , y que llorarë toda mi vida: he tenido
la flaqueza de dar oidos à su hijo de ymd., y de ayudarle à que
le robase. AI mismo tiempo le hice una confesion sincera de todo
lo sucedido en este particular, despues de lo cual le di cuenta de
la conversacion que acababa de tener con Gaspar, cuyo desig-
nio le revelë sin omitir la menor circunstancia.
Por mas mal concepto que el anciano Velazquez tuviese de su
hijo, apënas podia dar crëdito amis palabras. Sin embargo, no
dndando de la yerdad de mi narradon: Escipîon, me dijo le-
yanténdome del suelo, porque estaba todayia arrodillado, yo te
perdono en gracia del importante aviso que acabas de darme.
Gaspar, continue alzando la voz, Caspar quiere quitarme la
Yida. t Ah hijo ingrato 1 monstruo à quien hubiera valido mas
494 GIL BLAS.
ahogar al tiempo de nacer qne dejarle Tivir para set an parri-
cida! ;qaè xnoriyo denes para atentar contra mis diasT i Todos
los aftos te doy ana cantidad snficiente para tos diversiones» y
no estis contento t i conque seri necesario para contentarte per-
mitirte qae disipes todos mis bienes? Habiendo hecho esta do--
lorosa apôstrofe , me encargô el secreto , y me dijo qne le de-
jase solo para pensar lo que debia hacer en tan delicada coyantora.
Yo estaba con la mayor inqaietud por saber qne resolucion
tomaria aquel desgraciado padre , cuando en el mismo dia Ilam6
i Caspar , y sin darle à entender lo que sabia » le hablô de este
modo: Hijo mio, he recîbido ana carta de Hérida, en que me
dicen que» si te quieres casar , se proporciona un& seâorita de
quince aftos , que , sobre ser muy hermosa« llevari consigo un
gran dote. Si no tienes repugnancia ai matrimonio , m^fiana al
romper la aurora partirèmos los dos à Mérida; verémos la per-
sona que te proponen , y si te gusta te casarés con alla. Cuando
Caspar oyà hablar de un gran dote, y creyendo tenerlo ya en su
poder, respondiô sin \acilar que estaba pronto é hacer d ^iage ;
y con efecto el dia siguiente al amanecer marchâron solos , y
montados ambos en bnenas mulas.
Luego que llegàron à las montafias de Fesira , y se riéron en
un sitio tan apetecido de los salteadores como temîdo de los
pasageros , Baltasar echo pië é tierra , diciendo à su hijo que hi-
ciese lo mismo. Obedeciô el mozo , y preguntô para que le hacîa
apear en aquel parage. Voy à decirtelo, le respondiô el anciano
miréndole con unos ojos en que estaban pintados la côlera y el
dolor. No irémos i Mérida , y la boda de que te he hablado es
ana mera invencion mia solo para atraerte aquL No î|^oro,
hijo ingrato y desnaturalizado , no ignore el atentado que proyec-
tas : se que por disposicion tuya se tiene preparado un yeoeno
paradàrmele; pero dime, insensato, ^has podido lisonjearte
de quitarme de este modo impunemente la vida? iQaé error 1
Tu crimen se descubrirîa bien pronto y moririas à manos del
verdugo. Hay, continué, otro medio mas seguro para que sa-
tisfegas tu ftiror sin exponerte à ana muerte ignominiosa; aqai
estamos los dos sin testigos , y en un sitio en que cada dia se
cometen asesinatos. Ya que tan sediento estes de mi sangre , se-
polta en mi pecho tu puflal , y se atribuirà esta muerte & les sal-
teadores. A estas palabras , descobriendo Baltasar el pecho , y
seûalando el sitio de! coi'azon à su hijo: Mira, Caspar , atediô;
dame aqui un golpe mortal para castigariye de haber engen-
drado é un malyado como tu.
El jôven Velazquez , herido como de un rayo con estas pala-
bras , muy léjos de intentar sincerarse , cayô de repente sin sen-
tido à los pies de su padre. El buen anciano, yiéndole en aquel
estado , que le pareciô un principio de arrepentimiento , no podo
LIBRO DËGIMO. 495
mènes de céder k la pasion paternal , y acndiô prontamente à
socorrerle; pero Caspar, laego que yolviô en si, no pudiendD
sofrir la presencia de un padre tan justamente irritado , hizo un
esfùerzo para levantarse, yoUià à montar en su mula , y se alejô
sin decir una palabra. Dejôle ir Baltasar, y abandonàndole à sus
remordimientos, se restituyô à Côrdoba, en donde seis meses
despoes supo que su hijo habia tornado el hibito en la cartuja
de Sevilla para pasar alli el resto de su Tida haciendo penitencia.
CAPITULO XU.
Fin de la historia de Escipion.
Ocasiones hay en que el mal ejemplo suele producir buenos
efectos. La conducta que el jôren Velazquez habia tenido me
obligé à hacer sérias reflexiones sobre la mia. Gomenzé à com-
batir mi inclinacion à hurtar, y me propuse viyir como hombre
honrado. £1 hàbito que yo habia contraido de apoderarme de
cuanto dinero podia haber A las manos se habia radicado en mi
con actos tan repetidos , que no era fécil de yencer. Sin em-
bargo 9 esperaba lograrlo , persuadido de que para ser yirtuoso
no es menester mas que quererlo de yeras. Emprendi , pues , esta
grande obra, y el cielo bendijo mis esfuerzos: dejé de mirar '
con ojos codiciosos el area del mercader anciano, y aun creo
que aunque hubiera estado en mi mano sacar de ella algunos ta-
legos no los hubiera tocado : sin embargo confesarë que hubiera
sido gran imprudencia poner A esta prueba mi integridad reciente,
de lo cual se guardô muy bien Velazquez.
Concurria frecuentemente à su casa un caballero jôyen de la
ôrden de Alcantara , llamado don Manrique de Medrano. Todos
le estimabamos mucho porque era uno de nuestros parroquianos
mas nobles, aunque no de los mas ricos. Prendôse tanto de mi
este caballero, que siempre que me encontraba se detenia à ha-
blar conmigo mostrando gusto en ello. Escipion , me dijo un dia,
si yo tuviera un criado de tu buen humor , creeria poseer un te-
soro, y si no estuyieras con un sugeto à qnien estimo/ nada
omitiria para atraerte à mi servicio. Seûor, le respond! , eso le
costaria muy poco à V. S. , porque tengo inclinacion A las per-
sonas distinguidas: este es mi flaco: sus modales caballerosos
me encantan. Siendo eso asi , me replicô don Manrique , quiero
suplicar A mi amigo el seûor Baltasar que permita te pases de
su seryicio al mio, y creo que no me negarA este favor. Conce-
diôselo Velazquez inmediatamente , y con tanta mayor facilidad
coanto que se per^uadia que la përdida de un criado bribon no
era irreparable. Por mi parte me alegré de esta traslacion » no
496 GIL BLAS.
paredëndome el criado de on mercader sino on deshnrrapado
ea comparadoa del criado de on caballero de Alcantara.
Para hacer à ustedes un retrato fiel de mi naeyo amo , les di*
ré que era un mozo arrogante , que encantaba à todos por sus
apacibles costumbres y por su talento , y que ademas tenia mncho
valor y probidad. Solo le feltaban bienes de fortuna ; pero siendo
el segundo de una casa mas ilustre que rica , se veia obligado â
yivir à expensas de una tia anciana résidente en Toledo , que,
amàndole como si fiiera hijo suyo , cuidaba de suministrarle cuan-
to dinero habia menester para mantenerse. Veslia siempre con
mucho aseo, y en todas t^tes era bien recibido. Yisitsdba las
principales seftoras de la ciudad , y entre otras à la marquesa de
Almenara, que era una vittda de setenta y dos afios, cnyos mo-
dales atractiTOS y agudeza de entendimiento atraian à su casa
toda la nobleza de Cordoba. Damas y caballeros gustaban de su
conversacion , y su casa se llamaba la buena tocMad.
Mi amo era uno de los que mas firecuentemente obsequiaban
i esta seûora. Una noche que acababa de separarse de eUa , me
pareciô verle en un desasosiego que no era natural. Seftor , le
dije , parece que V. S. esta agitado : ; podrâ este fiel criado saber
la causa? iLe ha acontecido A V. S. algnna cosa extraordinarîa?
Mi amo se sonriô à esta pregunta , y me confesè que con efecto
le ocupaba la imaginacion una conversacion séria que acababa
de tener con la marquesa de Almenara. Me alegrara, le dije rién-
dome , que esa nifla setentona hubiese hecho à V. S. una deckn
racion de amor. Pues no lo tomes A chanza , me respondiô : has
de saber, amigo mio, que la marquesa me ama. Me ha dicho:
Me compadece tanto vuestra escasa fortuna , cuanto apredo vues-
tra distinguida nobleza : os miro con particular inclinadon , y he
determinado daros mi mano para proporcionaros un estado cô-
modo , no pudiendo decentemente enriqueceros de otro modo.
Preveo que este enlace darà mucho que reir de mi al pàblîco ;
que seré el objeto de las murmuraciones , y que todos me ten-
dràn por una vieja loca que quiere casarse. No me da cnidado ;
todo lo despreciaré por proporcionar à vmd. una suerte venturo-
sa ; y lo ûnico que temo » me ha afladido^ es que mostreis repo-
gnancia al cumplimiento de mi deseo.
Esto es lo que me ha dicho la marquesa , prosiguiô mi amo.
Tenièndola , como la tengo , por la seftora mas juiciosa y pruden-
te de Côrdoba , considéra lo admirado que quedaria yo de oirla
hablar en aqnellos términos. Le he respondido que me maravî-
Uaba de que me hiciese el honor de proponerme su mano una se-
flora que siempre habia persistido en la resolucion de subsistir
viuda hasta la muerte. Â esto me ha replicado que poseyendo tan
considerables bienes queria hacer participante«le ellos en vida é
un hombre honrado à quien estimaba. Sin duda , le répliqué en-
UBRO DËCIMO. 497
tônoes 9 que Y. B. estft ya resuelto à saltar la bdla. ;Puedes du-
darlo? me respondiô mi amo. La marquesa es duefia de imnensos
bîenes ^ y tiene prendas eminentes : era preciso estar loco para
malograr an establecimiento tan ventajoso para mi.
Âhl)éle mucho el pensamiento de aprovechar tan excelente oca-
sion de adelantar su fortuna, y aun le persuadi que acelcrase les
preparativos: tanto ^a el miedo que yo tenia de que se frustrase
este enlace. Pero por fortuna la marquesa estaba mas deseosa
que yo de que se realizara ; y à este fin diô ôrdenes tan eficaces ,
que en pocos dias se dispuso todo lo necesario para oelebrar la
boda. Apènas se esparciô por Cérdoba la yoz de que la marquesa
▼ieja de Almenara se casaba con don Manrique de Medrano, cuan-
do comenzàron los bufones à divertirse muy à costa de la buena
viuda ; pero por mas que agotàron todas sus bufonadas y cho-
carrerias , no aflojô esta un punto en su resolucion. Dejé hablar
à los ociosos , y se fué muy sosegada à la iglesia con su don Man-
rique. Celebrose la boda con tan gran fausto , que diéron nuevo
motive à la murmuracion. La novia , se decia , debiera , à lo mè-
nes por pudor , haber suprimido la pompa y el estrèpito como
impropios en la boda de viudas ancianas que se casan con mozos.
La marquesa , lëjos de mostrarse avergonzada de ser é su edad
esposa de un jôven como aquel , se entregaba sin réserva al gozo
que en elle experimentaba. Toda la nobleza cordobesa de une
y otro sexo estuvo convidada à una esplèndida cena , y é un baile
no mènes suntuoso que siguiô despues ; al fin del cual nuestros
reciencasados desaparecièron para ir à una habitacion donde, en-
cerràndose con una criada mayor y conmigo , la marquesa* diri-
giô à mi amo estas palabras : Don Manrique , ved aqui vuestro
cuarto 9 el mie esti al otro extreme de la casa; de noche eada
une estarà en el suyo , y per el dia yivirèmes juntes como ma-
dré è hije. Al principie se engaftô mi amo , creyendo que la se-
ûera no le hablaba de aquella suerte sine para obligarle & que
le hiciese una dulce yiolencia ; è imaginândose que per buena
correspondencia debia mostrarse apasionado , se acercô à ella y
se ofreciô eon vivas instancias à servirle de ayuda de cémara ;
pero ella, muy lèjos de permitir que la desnudase, le desviô con
semblante série » dicièndole: Deteneos , don Manrique ; si me te-
nets por una de esas viejas verdes que vuelven à casarse per
fragiÛdad , estais equivocado : ne me he casado con vos sine
para proporcionares las ventajas que puedo per nuestro contrate
matrimonial. Este es un don gratuite de mi corazon , y no exijo
de vuestro reconocimiento sine demostraciones de amistad. IM-
cho este nos dejô à mi amo y à mi en nuestro cuarto , retiràn-
dose ella al suyo cou su criada, y prohibiendo absolutamente al
caballero que la jcompa&ase.
Despues que se retiré permanecimos los dos un gran rate atô-
32
498 GIL BLAS.
nitos de lo que acababamos de oir. Esdpion, me dijo mi arao ,
^esperabas oir lo que me ha dicho la marqoesa? ^qoë juicio
haces de una seftora como esta? Juzgo , 8efk>r, le respondi , que
es de lo que no hay. ; Que dicha tiene vmd. en poseerla ! Esto se
Dama un beneficio simple sin carga. Yo , replicô don Manriqne ,
no acabo de admirar el caricter de una esposa tan apreciable, y
pretendo compensât con todas las atenciones imaginables el sa-
crificio que ha hecho por mi. Continuâmos bablando de la seûora,
y despues nos retiràmos à'dormir, yo en una cama que habiaen
uù cuartito inmediato , y mi amo en otra regalada y magnifica
que le habian puesto ; y f n la cual creo que allé en lo iniimo
de su corazon no le peso mucho dormir solo, quedando pagado
de ello con un ligero susto.
El dia siguiente comenzàron de nuevo los regocijos, en los que la
reciencasada se mostrô de tan buen humor que diô nuevo piboloi
las chanzonetas de los zumbones. Ella era la primera qoe se reia de
lo que decian, les excitaba à chanoearse y aun les daba piè para qoe
aumentasen la chacota. El caballero por su parte no se mostraba
ménos contento que su esposa ; y al yer el aspecto cariftoso cou
que la miraba y le hablaba , se hubiera dicho que estaba ena-
morado de la andanidad. AquelU noche tuviéron los dos espo-
sos otra conversacion, y quedâron de acuerdo en que sin inco-
modarse uno à otro yiyirian del mismo modo que lo habian
hecho entes de su casamiento. Sin embargo» merece ^logiarse la
conducta de don Manrique ; hizo por consideracion à su muger
lo que pocos maridos hubieran hecho en su lugar, que iîié apar-
tarse del trato que tenia con cierta seftorita de la dase media é
quien amaba y de la que era correspondido, no qneriendo, de-
cia, mantener una amistad que pareceria insultar ladeUcada con-
ducta que su esposa observaba con èl.
Hiéntras estaba dando unas pruebas tan yisibles de agradeci-
miento i esta seftora anciana , ella se las pagaba con usnra ,
aunque las ignorase. Hizole duefto del area de su dinero , que
yalia mas que la de Velazquez. Como habia reformado so casa
durante su yiudez , la restituyô al mismo pié en que estaba en
yida de su primer marido : aumentô el numéro de criados» Henô
sus caballerizas de caballos y mulas; en una palabra , por sus
generosas bondades el caballero mas pobre del ôrden de Alcan-
tara llegô à ser el mas opulento de ella. Acaso me pregontarén
ustedes que saqué de todo esto : mi ama me régalé cincuenta
doblones y mi amo ciento, hacièndome ademas su secretario con
el sueldo de cuatrocientos escudos; y aun hizo de mi tanta oon-
fianza que me nombre su tesorero.
\ Su tesorero l exclamé , interrumpiendo à Escipion coando
llegô à este paso, y riéndome é carcajadas. Si, seftor , me rq>iicô
con semblante sereno y formai , si , seftor^ su tesorero ; y aon me
LIBRO DÉGIHO. 499
atreyo à decir que desempeftè con honor aquel empleo. Es Verdad
que acaso habré quedado debiendo alguna cosilla à la caja ; porque
Gomo me cobraba anticipadameute de mi salario , y dejé de re-
pente el serricio del caballero, no es imposible que haya resultado
en la cuenta algun alcance ; de todos modoa es la ùkima recon-
▼encion que se me podrà hacer , supuesto que desde entônces acà
he sido un hombre Ileno de rectitud y de probidad.
Hallébame, pues, continué el hijo de la Coscolina , de secre^
tario y tesorero de don Manrique , que YÎvia tan satisfecho de
mi como yo lo estaba de él , cuando recibiô una carta de Toledo
en que le noticiaban que su tia dofta Teodora Moscoso estaba à
los ùltimos de su yida. Le fuè tan dolorosa esta noticia , que al
momento partiô i dicha cîudad para asistir à aquella seùora que
hada muchos aflos desempeûaba con ël los oficios de madré.
Acompaûèle en aquel yiage con un ayuda de cémara y un lacayo
solamente; y montados todos cuatro en los mejores caballos de
la cuadra , Ilegémos en posta à Toledo , en donde encontrémos
i doAa Teodora en tal estado que nos i\à esperanzas de que no
moriria de aquella enfermedad. Con efecto no desmintiô el resul-
tado nuestros pronésticos , aunque contrarios al de un medico
yiejo que la asistia.
Miéntras que la salud de nnestra buena tia se iba restableciendo
visiblemente , mènos quizé por los remedios que le hacian tomar,
que por la presencia de su querido sobrino , el seùor tesorero
empleaba su tiempo lo mas alegremente que podia con ciertos
jôyeneSy cuyo trato era muy i propôaito para proporcionarle
ocasiones de gastar su dînero. Llev&banme algunas veces à los
garitos en donde me indtaban à jugar con ellos , y como yo no
era tan diestro jugador como mi amo don Abel, perdia muchas
mas yeoes de las que ganaba : insensiblemente me iba afictonando
al juego y y si me hubiera entregàdo del todo à esta pasion , sin
duda me hubiera precisado à tomar de la caja algunas mesadas
anticipadas ; pero por fortuna el amor salyô la caja y mi yirtud.
Pasaado yo un dia cerca de la iglesia de San Juan de los Reyes,
vi asomada à una zelosia , cuyas portezuelas estaban abiertas , A
una linda nifia que mas parecia deidad quecriatura. Si encontrara
otrayoz mas expresiya, usaria de ella para dar ientender à us-
tedes la fiierte impresion que senti al y^la. Informëme de quien
era, y despues de yarias diligendas supe que se Ilamaba Beatrix , y
que era doncella de dofta Julia , bija segnnda del oonde de Polan.
Beatriz interrumpiô aqui i Escipion riendo i carcajada tendida,
y dirigiendo la palabra à mi muger.: Amable Antonia, le dijo,
mireme ymd. bien, y digame por su yida si à su parecer tengo
semblante de diyinidad. Por lo mènos entônces , le dqo Escipion,
ie ténias à mis ojos ; y ahora que tu fidelidad ya no me es sos-
pechosa , me pareces mas hermosa que nunca. Mi secretario, des-
500 GIL BLAS.
pues de una respnesta tan amorosa, pro8i(;aiô asi sa hisioria:
Este descubrimienlo acabô de enoenderme , do & la verdad en
un ardor Icgitimo, porque me imagine que Sktlmente podria
triunfar de su virtud eombatiéndola con présentes capaces de
desquiciarla; pero yo conocia mal à la casta Beatriz. Inùtilmente
le ofreci mi bolsillo y mis obsequios pôr medio de ciertas mu-
gercillas mercenarias , pues oy6 con mucho enojo la propuesta.
Su resistencia encendiô mas mis deseos, y recurri al ultimo ar-
bitrio f que fu6 ofreCerle mi mano , la que aceptô luego que aopo
era yo secretario y tesorero de don Manriqi^e. Paredônos à los
dos que convenia tener oculto nuestro matrimonio por al^o
tiempo , y asi nos casémos de secreto , siendo testigos la seAora
Lorenza Séfora , aya de Serafina , y otros criados del conde de
Polan. Luego que me casé con Beatriz , ella misma me fadlitô el
modo de verla y hablarle de noche en el jardin, en donde yo en-
traba por una puertecilla cuya llave me entregô. Dificihnenle se
hallarian dos esposos que se amasén con mas ternura que nosama-
bamos Beatriz y yo : era igual en ambos la impaciencia con que
esperabamos la hora seftalada para yemos y hablamos ; ambos
acudiamos alli con la misma ansia » y siempre se nos hacîa corto
el tiempo que pasabamos juntos , aunque algunas yeces no de-
jaba de ser bien largo.
Una noche , que ftié para mi tan cruel como habian sido deli-
ciosas las anteriores , al ir â entrar en el jardin , quedé sor-
prendido de hallar abierta la puertecilla. Sobresaltôme aqudla
novedad, y formé de ella un mal juicio : me puse pàlido y trémnlo,
como si hubiese presentido lo que iba i sucederme ; y acercin-
dome en medio de la oscuridad hécia un cenador en donde habîa
solido hablar à mi esposa , oi la yoz de un hombre ; me detuye
para percibir mejor, y al momento llegàron A mis oidos estas
palabras : No nie hagas penar mas, mi querida Bealriz, compléta
mï fetkidad, y piensa que de ella dépende tu fortuna. En yez de
tener la paciencia de escuchar todayia , crei no tener necesidad
de oir mas : un fiiror zeloso se apoderô de mi aima , y no res-
pû*ando sino yenganza , desenyainé la espada y entré précipita-
damente en el cenador. ; Ah ! yil seductor, exdamé , cualquiera
que tù seas , antes de quitai^me el honor serA menester que me
arranques la yida. Diciendo estas palabras oerré contra el caba*
Hero que estaba en conversacion con Beatriz , que se puso al
momento en defensa , y se batiô como persona mas diestra en el
manejo de las armas que yo , que no habia recibido sino algunas
lecciones de esgrima en Côrdoba. Sin embargo y à pesar de su
destreza le tiré una estocada que no pudo parar, ô mas bien tuvo
un tropiezo; y De caer al sueIo,y creyendo haberle herîdo mor-
talmente , me puse en salyo à carrera tendida , sin querer res-
ponder à Beatriz que me llamaba.
LIBRO DfiCIHO. 501
Asi fdé pantoalmente, internimpîô la mng^ de Esdpion diri-
giéndonos la palabra; yo le llamaba para sacarle de su error.
£1 caballero que estaba hablando conmigo en el cenador era don
Fernando de Leiya. Este seâor, que amaba tiernamente à mi
aina Jnlia, estaba detennînado à sacarla de casa, paredèndole
que no la podria oonseguir sino por este medio , y yo misma le
habia citado para el jardin con el fin de eoncertar con 61 estafuga,
de la cual me aseguraba èl que pendia mi fortuna; pero. por
mas que Bamé à mi esposo se alejô de mi oomo de una esposa
infiel.
En el estado en que me hallaba , repHcô Escipion , era capaz
de eso y mucho mas. Los que saben por experiencia que cosa
son zdos , y las extra^agancias que hacen cometer aun & los mas
sensatos , no se àdmiraràa del trastorso que causàron en mi débit
imaginacion. Al.momento pasè dé un extremo à otro : i los sen-
timientos de temura que un instante antes me animaban héda mi
esposa, me sobreyiniéron bien pronto impulsos de aborreci-
mientOy é hice jnramento de abandonarla y de desecharla para
siempre de mi memoria. Por otra parte creia haber muerto é un
caballero , y bajo este conçepto , temeroso de caer en manos de
la justida , experimentaba la turbacion penosa que persigue por
todas partes, como una fiiria à un hombre que acaba de cometer
un crimen. En esta horrible situacion , no pensando mas que en
ponerme en saho , y sin volyer siquiera à la posada , en aquel
mismo punto salide Toledo sin mas equipage que el vestido que
tenia puesto. Es verdad que Uevaba en et bolsillo hasta unos
sesenta doblones , lo que no dejaba de ser un recurso bastante
bneno para un mozo que tenia hecho énimo de no pasar de
criado toda su yida.
Gamine toda aquella noche , 6 por mejor decir, fui corriendo,
porque la idea de los alguaciles , présente siempre à mi imagina-
cion, me daba un continuo yigor. Amaneci entre Rodillas y Ma-
qneda, y cuando Ileguè à este ultimo pueblo, siotiëndome algo
censado , entré en la iglesia que acababan de abrir, y despues de
haber hecho una breve oracîon , me semé en un banco.para des-
cansar. Puseme é meditar en el estado de mis negodos , que no
me daban poco en que discnrrir ; pero* no tuye tiempo para hacer
mochas reflexiones, porque luego oi resonar en la iglesia très 6
ooatro chasquidos de làtigo que me hiciéron créer pasaba por
alli algun alquilador ; me leyanté al momento para ir à yer si me
engaAaba ; y cuando estuye en la puerta yi uno montado en una
mula , que Ueyaba dereata otras dos. Parad». amigo mio, le grité:
l à. donde yan esas mulas? A Madrid , me respondiô : en eilas
han yenido à este pneblo dos religiosos dominioos , y me yoy
allA de retomoi
La ocasion que se presentaba de hacer el yiage de Madrid ,
30i GIL BLAS.
me inspiré deseo de verifiearle ; ajnstème con d aiqailador } moote
en ana de sus mulas , y nos encaminàmoft hàda lllescas , en
donde debiamos hacer noche.
No bien habiamos salido de Haqneda, coando el alquilador,
persona de treinta y cinco é caarenia aftos , empezô à entonar
càmioos de la iglesia & toda toe : comenzô por los salmos qae
los canônigos cantan à maitines» en segnida camô el Credo , oomo
en las misas solemnes ; y luego pasando à las visperas, me las
cantô codas sin perdonarme ni ann el Magrùficat. Aunque el ma-
jadero me aturdia los oidos , yo no podia ménos de reir ; y ann
le incitaba i continuar enando se yeia precisado à detenerse
para cobrar aliento. ;Ânimo, buen amigo! te deda, prosiga
yfmd.f que si el cielo le ha dado tan buenos puhnones , ymd. no
haoe mal uso de ellos. i Oh ! en cuanto éreso , not , me respondîé,
no me parezco gracias i Dios à la mayor parte de los alqoilado-
res que no cantan sino canciones infiunes 6 impias ; ni tampooo
canto nonca romances sobre nuestras guerras contra los Mores »
porqne son unas cosas à lo mènos friyolas » coando no aean in-
décentes. Teneis, le répliqué , una pureza de corazon que raras
veces tienen los alquilmiores ; y siendo tan escrupuloso en ponto
de canciones , ; habeis hecho tambien voto de castidad en la» po-
sadas donde hay criadas mozas? Seguramente, me respondié; la
continenda es tambien una cosa de que me precip en estos para-
ges; en ellos solo me ocupa el cuidado de mis mulas. No quedé
poco admirado de oir hablar de este modo à aquel fenix de los
alqniladores ; y teniéndole por un hombre de bien y de talento,
entaUé conversadon con él luego que acabé de cantar coanto le
dié la gana.
Llegàmos à lllescas é la caida de la tarde. Luego que nos qiei-
mos en el meson , dejé â mi compaftero que cuidase de sus mvdas ,
y me meti en la codna é encargar al mesonero que nos disposîase
una buena cena , lo que prometié hacer tan bien , que me aoor-
darta, dijo él , toda mi vida de haberme alojado en su meaon.
Pregunte su merced, aftadié , pregunte à su alquilador quimi soy
yo. I Voto i tal I que desafiaria i todos los cocineros de Madrid y
de Toledo i hacer una olla podrida como las que yo hago. Esu
noche quiero agasajar k su meroed con un guisado de gazapo com-
puesto de mi mano, y Terà si tengo razon para ponderar mi babil»-
dad. Didio esto , mostràndome una cazuela en que habia, segon â
decia , un conejo hecho ya trozos : Mire vmd., continué, lo que
pienso darle despues que le haya echado pimienta , sal » yino, un
manojo de yerbas , y algunos otros ingredientes que empleo en
mis salsas , con lo que espat> regalar é su merced con un gui-
sado que se pudiera presentar à un ooncador mayor.
£1 mesonero , despues de haber hecho de este modo su elogio,
comenzé à disponer la cena. Miéntras tanto me entré en on cnarto ,
LURO DÉGIMO. 503
y echindome en una mala cama que habia alli, me quedé dor-
mîdo de cansando por no habw sosegado nada la noche ante*
cedente. De alli à dos horas yino à despertarme el alquilador,
diciendo : Seftor amo , la cena esta pronta , yenga ymd. si gusta
é sentarse i la mesa ; la cual estaba pnesta en una sala con solos
dos cabtertos. Sentémonos i ella el alquilador y yo , y nos tra-
jëron el guisado ; me tiré k él con ansîa , y me sapo muy bien ,
ya faese porque el hambre me le hizo apetitoso , ya por el sai-
nete que le daban los ingredientes del cocinero. En seguida nos
siryiéron an trozo de carnero asado ; y obseryando que el alqui-
lador solo tomaba de este segnndo phto , le preganté ^ porqué
no tomaba del otro ? Me respondiô sonriëndose , que no le gus-
laban los guisos ; cuya respuesta , ô por mejor decir, la risita
con que la habia acompaflado , me pareciô misteriosa. Vmd. me
ocultay le dije, la yerdadera razon que le impide comer de este
guisado : hâgame el gusto de decirmela. Ya que ymd. tiene tanta
coriosidad de saberla, replicô él, le dire que tengo repugnancia
à Ilenarme el estômago de esa especie de guisotes desde que, ca-
minando de Toledo à Cuenca, me diéron una noche en un meson
por conejo de yiyar un jigote de gato; lo que me ha hecho co-
brar ayersion à los cochifritos.
Apénas el alquilador me dijo estas palabras perdf enteramente
el apetito en medio del hambre que me deyoraba. Se me eucajô
en la cabeza que acababa de corner conejo solo en el nombre, y
ya no miré el guisado sino haciéndole gestos. £1 arriero , léjos
de desyanecer mi aprension , me la aumentô diciëndome que los
mesoneros y pasteleros en Espafia hacian con frecuencia aquella
especie de quid pro quo; lo que , como ustedes pueden pensar, no
me siryiô de mucho consuelo, antes bien me quitô del todo la
gana , noya de yoher à probar el guisote , mas ni aun de tocar
al asado, temiendo que el carnero no lo fdese mas realmente que
el conejo. Leyantéme de la mesa echando mil maldiciones al
guiso, al mesonero y al meson; yolyime i tender en la cama, y
pasé la noche con mas quietud de la que pensaba. El dia siguicnte
muy temprano , despues de haber pagado al mesonero con tanta
larguezacomo si me hubiera tratado perfectamente , sali de Oies-
cas tan ecupado el pensamiento en el guisado , que me parecian
gatos eoantos animales se me ofrecian A la yista.
Entràmos temprano en Madrid, y despues de haber satisfecho
al conductor me hospedé en una posada de caballeros cerca de
la puerta del Sol. Aunque mis ojos estaban acostumbrados al
gran mundo, no dejàron de deslumbrarse con el concurso de
sefiores que se yen comunmente en el centro de la corte.« Pas-
môme el énorme numéro de coches , y la gran multitud de gen*
tileshombres , pages y lacayos que los grandes lleyaban de co-
miiîra. Llegô à lo sumo mi admiracion, ouando, babiendo ido é
«M GIL BLAS.
▼er el rey miré al moaarca rodeado de sus oortesanos. Qoedé
epcantado à ?ista de tal especticulo'; y dge para mi : Ya no bm
admiro de haber oido dedr que es indispensaMe ver la corte de
Madrid para formar concepto cabal de su maguificencia : oelebro
• infinito el visitarla, y el corazon me dioe que he de hacer algo en
ella. Sin embargo nada mas hice que contraer algunas amistades
inùtOes : fiii poco a poco gastando todo mi dinero , y me tuve
por muy dichoso en haberme acomodado » à pesar de todo mi
mérite, con un pédante de Salanumca, i quien conoc» casaal-
mente que habia ido à la corte , su patria , à negodos personates.
Llegué A ser sus pies y sus manos , y cuando se restiuiyô à su
uniyersîdad me llevô en su compaAia.
LlamÂbase don Ignacio de Ipifta esteminuevo amo. El mismo
se tomaba el don por haber sido maestro de un dnque, el cual
por agradecimiento le habia seftalado una renta vitalicîa : gozaba
otra por catedrAtico jubilado del colegio, y ademas de eso sa-
caba del publico doscientos à trecientos doblones annales por
los libres de moral dogmàtica que solia dar à la prensa. El modo
eon que componia sus obras me parece digno de contarse. Gas-
taba casi todo el dia en leer autores hebreos , griegos y latinos,
y en escribir en médias cuartillas de papel todos los apotegmas,
6 pensamientos sublimes que encontraba en ellos ; conforme iba
llenando las cuartillas me las hacia ensartar en un alambreen fi-
gura deguimalda, y cada una formaba un toîno. iQué de libres
perrersos haciamos ! Apénas se pasaba mes alguno sin qjaefor-
masemos cuando ménos dos yolùmenes , y al momento îban à
fatigar la prensa. Lo mas extraordinario era que estas compila-
ciones se hacian pasar por cosas nueyas ; y si los critioos trata-
ban de hacer ver al autor que era un plagiario de las obras de
los antiguos, les contestaba con orguUoso descaro : Fwrio lœta-
mur in ipso.
Tambien era gran comentador, y estd>an tan Henos de enidi-
cion sus comentos , qae A cada paso hacia notas sobre cosas que
no merecian reparo ; asi como en las médias cuartillas de papel
escribia inoportunamente pasages de Hesiodo y de otros autores.
Yo no dejë de aproyechar en casa de este sabio, y séria ingra-
titud negarlo ; pues A lo ménos , 'A Aierza de copiar sus olH'as ,
fui aprendiendo A escribir decentemente ; y considerAndome él
no ya como criado , sino como discipulo suyo , ilustrô mi en-
tendimiento sin descuidarse en arreglar mis costumbres. Si por
casualidad llegaba A saber que algun otro criado habia hecho algo
malo : Escipion , me decia , guArdate bien , hijo » de hacer lo que
ha hecho ese bribou : un criado debe esm^wse en servir letl-
* mente A su amo. En una palabra , no perdia ocasion don Ignacio
de exhortarme A la virtud ; y sus palabra3 en mi hacian tanta
impresion » que en los quince meses que le servi, no tuve la mas
' LIBRO DÊCmO. fi06
miiiiiiia teutacion de jugarle ninguiia de las piezas à que estaba
aeostumbradOy ni tampoco hiee en su casa la mas levé trayesura.
Ya dejo dicho que el doctor Ipifta era hijo de Madrid , donde
tenia aoa parienta Ilamada Catalina , que era camarera del ama que
habîa criado al principe de Asturias. La tal sirvienta, que es la
misma de quien me yaii para sacar al seâor SantiUana de la torre
de Segoyia, deseosa de hacer algo por su pariente don Ignacio,
se empeûô con su ama para que le consiguiese del duque de
Lerma alguna pieza eclesiéstica« £1 ministro le confiriô el arce-
dianato de Granada , porque siendo aquel reino pais de con-
quista, todas las prebendas son del patronato real, y de nom-
bramiento del rey. Luego que lo supimos marchémos à Madrid
porque quiso el doctor dar las .gracias i sus bienhechoras antes
de ir à Granada. Con esta ocasion las tuve frecuentes de yer y
tratar i la tal Catalina , que se pago mucho de mi buen humor y
desembarazo. No me gusto à mi ménos la mozuela, y tanto que
no pude dejar de corresponder à ciertas sefiales de particular io-
dinacion que me manifestaba; en conclusion , nos enamoràmos
uno deotro. Perdôname, queridaBeatriz, esta confesion que hago;
el mirarte entônces como iofiel i mt fué lo que me hizo propar
sar é lo que no me era permitido.
Miéntras tanto el doctor don Ignacio iba disponiendo su yiaje
à Granada. Sobresaltados su parienta y yo de la dolorosa sepa-
racion que se acercaba discurrimos un arbitrio que nos libre de
este golpe. Fingime grayemente enfermo , quejàndome de la ca-
beza» del yientre y del pecho con todas las demostraciones del
hombre mas angustiado del mundo. Mi amo Ilamo à un medico,
el cual , despues de haberme reconocido , me dijo de buena fe
que mi enfermedad era mas séria de lo que parecia, y que yero-
fimilmente no me leyantaria tan presto de la cama. Impaciente el
doctor por irse à su catedral, no tuyo por oportuno dilatar mas
sa yiaje, y prefiriô tomar otro criado para que le siryiera; con-
tentàndose con entregarme al cuidado de una asistenta , à la cual
dejô cierta cantidad de dinero para mi entierro si moria, 6. para
recompensar mis servicios si sialia de rai enfermedad.
Luego que supe que don Ignacio habia salido para Granada
me halle curado de todos mis maies. Levantéme , despedi al me-
dico que habia dado tan notoria prueba de su gran penetracion,
y me deshice de la asistenta, que me robô mas de la mitad del
dinero que debia entregarme. Miéntras yo representaba este pa-
pel, Catalina desempeflaba otro muy diyerso con su ama doAa
Ana de Gueyara, à la cual persuadiéndola de que yo era un. in-
trigante ducho, la pnso en deseo de escogerme por uno de sus
agentes. La sefiora ama, que tenia mucho apego à las riquezas,
era dada à manejos que pudieran producirlas , y necesitando de
personas à propôsito para ello, me recibiô entre sus criados«
506 GIL BLAS.
Tardé poco en dar proetMS de mi talento. Diteie algniHw
gog deHcadoi que pedian Yiyeza y mafia, los que paedo aaegorar
sin iranidad desempefté à an satisfaodon ; por lo que qnedô tan
pagada de mi, como yo pooo satisfecho de ella, pues era tan
codiciosa , que nada me tocaba de lo mueho que le redituaban
mis manipulaciones y mi industria. Pareciale que solo con pa-
garme puntual y exactamente mi salario usaba conmigo de so-
brada generosidad. Este exceso de avaricia me hubiera hecbo
salir muy presto de su casa, à no haberme detenido en ella el
afecto A Catalina, la cual , enamorada cada dia mas y mas de mi,
me propusoformalmente que nos casasemos.
iPoco A pocol le respond! , querida mia, esa eeremonia no la
podemos hacer tan prontamente ; para eso es menester esperar
la muerte de cierta joyendta que^se anticipé â tl, y oon quien
por mis pecados estoy ya casado. À otro perro oon ese hneso ,
replied Catalina; ahora te quieres fingir casado para cohonestar
cortesanamente la repugnancia que tienes i casarte conmigo. En
vano asegurè mil veces que le decia la pura Terdad , pues no
hnbo forma de hacèrsela créer ; y pareciéndole que mi sinoera
confesion era una excusa, se diôpor ofendida, y desde aquel
mismo pnnto mudô de estilo conmigo. No llegémos à reftîr ni i
romper del todo nuestra comunicacion; pero resfiriéndose Tîsi-
blemente nuestro reciproco cariflo , quedô reducido nuestro
trato à los precisos tèrminos que no se podian negar à la buena
crianza y al bien parecer.
En este estado me hallaba cuando supe que d seftor Gil Has
de Santillana, secretario del primer ministro del rdno de Es-
pafla, estaba à la sazon sin criado. Pint&ronme esta conyenien-
cia como la mayor y mas yentojosa à que podia aspirar. El se-
flor de Santillana , me dijéron, es un caballero de mucho mérito,
un mozo sumamente querido del duque de Lerma , y i cuya
sombra no puedes mënos de hacer una gran fortuna : ademas de
eso , es de un corazon generoso y lleno de bizarria ; hadendo
tù sus negocios , no dudes que haras tambien el tnyo. No ma»
logré la ocasion; presentème al seftor Gil Bias, à quien tomfr
desde Inego inclinacion : agradôle mi fisonomia , redbiôme en su
casa, y no me detuye un punto en dqar por ël la de la sellora
ama; y este, si Dios quiere, serA el ultimo amo A quien sirya.
Asi diô fin A su historia el buen Escipion , y yolyiëndose des-
pues A mi me hablô en estos tèrminos : Seftor de Santillana, hA-
game ymd. el feyor de atestiguar A estas sefloras que siempre
me ha tenido por un criado tan fiel como zeloso. He menester
de este testimonio para persuadirles que el hijo de la Cosoolina
corrigiô en yuestra compaftia sus malas costumbres , sucedîendo
A ellas en su corazon y en sus operacîones yirtuosos y honia-
dos pensamientos.
LIBRO UNDËCIMO. SWI
Asi es, 86fk)ras , les dije, eso puedo asegarAroslo. Si en sa ni-
fiez Esdpion era un verdadero picaro, se ha corregido despnes
tan completamente , que ha llegado à ser nn dechado perfedo
de criados. Léjos de tener de que quejarme, ni que reprender en
sa modo de poruirse desde que esta en mi casa» debo al con-
trario confesar que le soy deudor de muchas obligaciones. La
iioche que me prendiëron para lleyarme al alcizar de Segovia
libertô mi casa del pillage y puso en seguridad parte de mis efec-
tos , que impunemente pudo haberse apropiado. No contento oon
baber mirado por la conserracion de mis bienes , quiso , Uevado
de puro afecto , encerrarse conmigo en mi prision , prefiriendo
à los atractivos de la libertad el triste consuelo de aoompafiarme
eo mis trabajos.
———f »<»—»—
LIBRO UNDÉCIMO.
CAPITULO I.
De Goino Gil Bias tQTO la mayor alegria que habia ezperimentado en ta vida, y
del funeste accidente que la turbô. Mutaciones sobreyenidaa en la oorte, qne
fnëron causa de que Santillana Tolyiese â ella.
Ya dejo dicho que Antonia y Beatrix se avenian muy bien las
dos : la una acostumbrada à Tivir como eriada sumisa, y la otra
acostumbréndose gustosa A ser ama. Escipion y yo eramos dos
maridos muy condescendientes y muy amados de nuestras espo-
sas para no tener bien pronto la satisfiaccion de ser padres. Am*
bas se sintiéron embarazadas casi al mismo tiempo : Beatriz fiië
la primera que pariô y diô à luz una nifla, y pocos dias despues
Antonia nos llenô de alegria déndome un nifto. Enyié à mi se-
cretario à Valencia à lleyar esta notida al gobernador, que yino
inmediatamente é Liria en compaftia de Serafina y de la marque-
sa de Priego , à sacar de pila à los reden naddos, teniendo ej
gusto de afiadir esta prueba mas de afecto à todas las que yo
habia redbido de ël. Mi hijo » que tuvo por padrinos A este se*
ftor y à la marquesa, se llamô Alfonso; y la seflora gobema-
dora » queriendo dispensarme el honor de que yo fuera su com-
padre por dos titulos, se presto & ser madrina juntamente
conmigo de la hija de Escipion, à la cual se le puso el nombre
de Serafina.
El nacimiento de mi hyo no solamente alegrô à las personas
de la quinta , sino que todos los vecinos de Liria le celebriron
508 GILBLA8.
uonbien con festejos que nanifesliroii que todo el lugar tomaha
parte en las satisiaoeHHies de an bbùot. Pero } ah 1 y coan brere
filé nnestra alegria 1 6 , por mejor decir» de repente se oon^irtio
toda en ayes , en Ilantos y en sospiros por nn sooeso que en mas
de veinte aAos no he podido oUidar , y que tendre etemamente
en la memoria. Moriô mi hgo, y à pooos dias le s\gai6 an nradre,
sin embargo de haber tenido on parto feliz ; una violenta calen-
tara me arrebaté mi querida esposa pasados los eatoroe nieses
de nuestro matrimonio. Figurese el lector, si es posible, coanta
seria mi amargura : cai en un abatimiento dQ inimo y en una es^
topidez inexplicable; tanto qoe parecia hsber qoedado insensible
à fderza de sentir la pèrdida que habia experimentado. Pasè cinco
6 seis dias en tan doloroso estado , sin qnerer ni poder tomar
ningun alimento, y creo que sin la compaflia de Esdpion me hu-
biera dejado morir de hambre , 6 habiera perdido eoteramente
el juicio; pero este discreto secretario supo distraer mi afliccion
tomando parte en ella. Hallaba el secreto de hacerme tomar aigu-
nos caldos presentàndomelos con un semblante tan triste, que
parecia me los ponia delante , no tanto por conseryar mi yida ,
como por dar pâbulo à mi padecer. £1 afectuoso criado escribiô
al mismo tiempo à don Alfonso noticiindole las desgradas que
me habian sucedido y la lastimosa situacion en que me encon-
traba. Este sefior tiemo y compasiyo , este amigo generoso fué
inmediatamente A Liria. Yo no puedo traer k la memoria sin en-
ternecerme el momento en que se présenté A mi yista : Mi amado
Santillana, me dijo echàndome los brazos al cuello, no yengo à
consolarte » yengo solo à llorar contigo la pérdida de ta amable
Antonia, asi como tù irias 4 Horar conmigo la de mi adorada
Serafina si la muerte me la bubiera arrebatado. Con efecto yertiô
algunas lâgrimas, y confundiô sus suspiros con los mios. En
medio de la pesadumbre que me tenia fiiera de mi , no dejàron
de excitar en mi corazon un yiyo agradedmiento las afectuosas
demostraciones de don Alfonso.
Este gobernador tuyo una larga conyersacion con Esdpion
sobre lo que conyendria adoptar para yencer mi pesadunÂre.
Juzgàron que seria necesario por algun tiempo alejarme de Liria,
en donde por todas partes se me representaba continuamente la
imégen de Antonia. Conyenidos en esto me propuso el hijo de
don César si queria ir con él à Valencia , y mi secretario apoyô
tân eficazmente le propuesta , que la acepté. Dejé à Escipion y i
su muger en la quinta , en la que no yeia cosa que no aumentase
mi melancolia , y marché con el gobernador. Luego que llegué i
Valencia, don César y su nuera no perdonéron diligenda alguiia
para diyertir mi afliccion , echando mano de todas las distrac-
ciones oportunas para disiparla; pero, A pesar de todos sas
esfderzos , permaneci sumergido on una profunda mefamcolia de
LIBRO UNDÉCIMO. 509
que no padiëron sacanne. Nada omitia tampoco por su parte
Êscipion de cuanto pensaba podia contribuir à resiituirme à mi
amtigua tranquilidad. Iba firecuememente de Liria é Valencia & in-
formarse por si mismo de mi estado , y se vohia mas alegre 6
mas triste segun me yeia mas 6 ménos dispuesto à consolarme.
Una maûana entrô muy azorado en mi cuarto» y me dijo : Se-
fior, corre por la ciudad una noticia que llama la atencion de toda
la monarqaia. Se dice que Felipe III ya no existe , y que ocupa
el trono el principe su hijo. Aftidese que al cardenal duque de
Lerma le ban ^eparado de su empleo con prohibicion de pre-
aentarse en la corte , y que don Gaspar de Guzman , conde de
Olivares , es en la actualidad primer ministro. Sentime conmo-
▼ido.de esta noticia sin saber porquë» y conociéndolo Escipion,
me pregunté si no tomaba yo alguna parte en este grande acae-
cimiento. ;Vqué parte quieres tu , hijo mio , que yo tome en el?
le respond! : ya dejé la corte; todas las mutaciones que puedea
sobreyenir en ella me deben ser indiferentes.
Muy desprendido^se halla ymd. del mundo para la edad que
tiene , replicô el hijo de la Coscolina , si yo me hallase en su lugar
no dejaria de tentarme mucho la curiosidad : iria à Madrid à pre*
seatarme al nueyo monarca para yer si se acordaba de haberme.
yisto : este gusto no me lo perdonaria. Ya te entiendo , le dije ,
tu quisieras que yo yolyiera à la corte para tentar en ella de
nueyo la fortuna » 6 por mejor decir , para yolyer à ser alii aya*
rientoy ambicioso. ^Porquè se habian de estragar today ia alii
las cosiumbres de ymd.? me replied Escipion : tenga ymd. ma&
confianza que la que tiene en su yirtud : yo salgo por fiador de
ymd. Las sanas reflexiones que le obligé i haoer su desgracia
acerca de los peligros de la corte son muy del caso para preca-
yerse de ellos. Yuélyase, pues , à embarcar animosamente en un
mar cuyos escollos le son bien conocidos. Calla, adulador , le in-
terrumpi sonriéndome : pestas ya cansado de yerme pasu* una
yida tranquila? yo creia que estimabas mas mi sosiego.
Aqui Uegaba nuestra conyersacion cuando entréron en mi
cuarto don César y su hijo , quienes me confrméron la noticia de
la muerte del rey , y la desgracia del cardenal duque de Lerma ,
aAadiendo que , habiendo este pedido licoieia para retirarse 4
Roma y en lugar de dérsela, se le habia mandado fiiese à yiyir A
su marquesado de Dénia. Despues , como si estuyieran ambos de
acuerdo con mi secretario , me aconsejéron fuese à Madrid , y
me presentase al nueyo rey , puesto que ya me conoda^ y le
habia hecho unos seryicios que los grandes recompensan con bas-r
tante gusto. Yo A lo ménos, dijo don Alfonso , no tengo la ma-
nor duda de que se acordarà de los tuyos, ni de que deje Fe*
lipe I Y de pagar las deudas del principe de Asturias. Del mismp
sentir soy yo, dqo don César, y ann el oorazon me esté diciendo
510 GIL BLAS.
qoe el viage de SeaUHam i la ooite le ha de abrir camino para
grandes empleos.
En ?erdady seflores mios» exclamé, qae ostedes no ban me-
dttado bien lo qne me aoonsejan. Segon les pareoe , no tengo mas
que ir é Madrid para lograr la Have dorada 6 algan gobiemo,
7 estin muy equivocados. Yo al contrario estoy may persuadido
de que el rey no reparari en mi aunque me présente é sa rista;
y si ustedes lo desean harë la pmeba para desengaûarlos. Cogié-
ronme Inego la palabra los seAores de Leiva, y me instàroo
tanto , que no pode ménos de prometerles qae coanto intes iria
à Madrid. LnegoTiue mi secretario me viô determinado à baœr
este viage, expérimenté ana alegria descompasada, imagin^n-
dose qae lo mismo séria ponerme yo delante del naevo mo-
narca, que distingairme entre la confosion. En este ooocepto ,
foijando en su mente las mas pomposas quimeras» me encum-
braba é los primeros empleos del estado, y él se acreoentaba à
favor de mi engrandecimiento.
Dispase, pues, mi yiage i la corte, no ya con énimo de toI-
ver i incensar é la Fortuna , sino ùnicamente por oomplaoer à
doa César y à su hijo , i quienes se les habia metido en Lbi cabeza
que imnediatamente me atraeria el favor del soberano. À dedr
yerdad, i mi tambien me picaba un poco el deseo de probar si
d rey se habia olvidado enteramente de mi. Arrastrado de esu
natural curiosidad , pero sin esperanza ni aun pensamiento de
lograr la mas levé ventaja en el nneyo reinado, tome el camino
de Madrid, acompafkado de Escipion, dejando él caidado de mi
hacienda à Beatriz , que era muy baena tauger de gobîenio.
CAPITULO IL
Marcha Gil Bias à Madrûl, dëjaM Ter en la corte , recoDÔoele el rej, reoomién-
dak â su prianer ministro, j efectot de esta reconendacion.
En ménos de ocho dias liegémos à Madrid, habîéndonos de-
jado don Alfonso dos de sus mejores cabaDos para que hidese-
mos el yiage con mayor diligencia. Apeàmonos en la pcsada de ca-
balleros donde ya en otro tiempo me habia hospedado , propia
de Vicente Forero , mi antiguo patron , que tuvo mucho gusto
de yolvenne à ver.
Era este un hombre que se preciaba de saber todo lo que pa-
saba en la corte y en la yilla , y le pregunté que habia de nueyo.
Mttchas noyedades , me respondié : despues de la muerte de Fe-
lipe III los amigos y los partidarios del cardenal doqoe de Lerma
se yaliéron de yarios medios para mantener i sa eannencia en d
ministerio ; pero sus esfuerzos han sido inutiles , porque el conde
LIBRO UNDÉCIMO. ' 511
de Oliyarespudo mas cpie todos ellos. Qnierendecif queEspafia
nada ha perdido en el cambio , porqne el noero primer ministro
tiene talento y oonocimienlos tan yastos qne es capaz de gober-
nar el mando entero. {Dios lo quiera! Lo que no admite dada
es, continoôy qne la nacion ha concebido la idea mas yentajosa
de su capacidad. El tiempo nos dira si el sucesor del duque de
Lerma Uena 6 no el paesto qne ocupaba sa aniecesor. Empeflado
ya Forero en nna conyersacion tan de sa genio, me hizo nna
pnntoal relacion de todasias mutaciones que se habian hecho en
lacorte desde qne el conde de CMiyares manejaba el timon de la
monarqaia.
À los dos dias de mi llegada à Madrid foi é palacio cuando ya
el rey habia acabado de comer ; me coloqné al paso por donde
debiaentrarâ su gabinete, y no me miré. Yolyi el dia siguiente
al mismo parage , y no fui mas dichoso. El subsiguîenie ecb6
sobre mi una mirada al pasar; pero no di6 muestras de haber
reparado en mi , y en yistade esto tome mi resolucion. Tù yes,
dije à Escipion que me acompaflaba , que el rey ya no me conoce,
6 que, si me conoce , no quiere hacer caso de mi. Lo mas aoer-
tado seré yolyer â tomar el camino de Valencia. No yayamos
tan i prisa, sefior, me respondi6 mi secretario; ymd. sabe me-
jor que yo que para negociar en la corte es menester paciencia.
No deje ymd. de presentarse al rey ; â ftaerza de oflrecerse à su
yisca le obligarà ymd. à considerar mas atentamente, y é reoor-
dar las fMsciones de su agente oerca de la beUa Catalioa.
Solo porque Escipion no tuyiese que reconyenirme tuye la
oondescendencia de continnar del mismo modo por espacio de
très semanas. Llegô finalmente un dia en que , habiendo atraidb
la atencion del monarca, me mando Uanar. Entré en su gabinete ,
no sin gran tnrbadon de hallarme i solas oon mi rey. iQuien
ères? me dijo, tus feociones no me son desoonocidas r ; donde
te he yisto? Seilor, le respondi temblando, yo tuye la honra de
conducir una noche à Y. M. con el conde de Lèmos é casa..*
i Ah I ya me acuerdo , interrumpiô el rey; tù eras secretario del
duque de Lerma, y si no me engaAo tu nombre es SantiHana*
No me he olyidado de que en aquella ocasion me seryiste con
mocho zelo , ni tampoco de que fdèron mal recompensadbs tus
afiines. ^No estuyiste preso por aquel lance? Si, séftor, le répli-
qué : cuatro meses lo estuye en el alcàzar de Segoyia ; pero
y. M. tuyo la bondad de mandarme poner en Kbertad. Eso, res-
pondiô, no satisfizo la obligacion que contraje con Santillana;
no basta haber hecho que se le pusiese en libertad , debo pre-
miarle tambien lo mocho que padeciô por seryirme.
Al acabar el rey de decir estas padabras , entré en el gabinete
el conde de Oliyares. Todo espanta & los foyoritos. Quedô ab-
sorto de yer alli é un desconocido; y el rey anmentô su sorpresa
51S ' GIL BLAS.
dkiendole : Conde , pongo i m coidado este jôren : te eocavgo
que le des algun empleo y procures adelanurle. Aparentô el mi-
nistro recibir esta érdeD con agrado, miràndome de pies é ca-
beza, y mostrando mquietud por saber quiea yo era. Vete , amigo
miOy anadié el monarca dirigiëndome la palabra y kaciéodome
seAa de que me retirase : d conde no dejari de emplearte en
provecho de mi 8er?icio y de tus intereses.
Sali inmediatamente del gabinete, y me reoni al hijo de la
Coscolioa , que , muy impaciente por saber lo que d rey me ha-
bia dicho, se hallaba en una agitacion imponderable; y al mo-
mento me pfeguntô si era uecesario volyer i Valencia 6 p^ma-
necer en la corte. Tu lo podràs juzgar, le respondi; y al mismo
tiempo le llené de contento refiriéndole palabra por palabra la
conversacion que acababa de lener con el monarca. Querido
amo , me dijo enfonces Escipion en.el exceso de su alegria, ;se
burlaré ymd. otra y et de mis pronâsticos? Confiese vmd. , que
ni los seAores de Leiya ni yo discurriamos mal cuando le insta-
bamos tanto à que se presentase luego en Madrid. Ya le yeo i
ymd. en un pueslo eminente : sera el Calderon del oonde de Oli-
yares. Eso es lo que mènos deseo, interrumpi; ese destino esta
oercado de demasiados precipicios para excitar mi anhelo. Yo
quisiera un empleo que no me ofrecîera ninguna ocasion de ha-
cer injusticias ni un yergonzoso tràfico de los £ayores del rey :
despues del uso que he hecho de mi pasado yalimiento , no puedo
ménos de precayenne contra la ayaricia y contra la ambidoo.
Ànimo , seftor, me replicô mi secretario» el ministro os colocari
en algun puesto que podais desempeftar sin dejar de ser hombre
de bien.
Instado mas por Escipion que por mi cnriosidad , me fiii et dia
siguiente à casa dd conde de Oliyares antes de amanecer, noti-
cioso de que todas las maftanas en yerano y en inyiemo daha
audienda con luz artificial à cuantos querian haUarle. Me coloquè
por modestia en unrincon de la sala , y desde alli estuye obser-
yando bien al conde luego que se dej6 yer, porque habia fijado
poco la atencion sobre él en el gabinete del rey. Era un hombre
de estatura ménos que médiane, y podia pasar por gordo en un
pais donde los mas son flacos : tan cargado de espaldas que
parecia corcobado, aunqoe no lo era eu realidad : su cabeza»
que era de gran tamafto, caia sobre el pedio : tenia el cabello
negro y lacio, la cara larga, el color aceitunado, la boca hnn-
dida, y la barbilla puntiaguda y muy leyantada.
Este conjunto no formaba una persona may bien parecida; cod
todo eso, como yo me le figuraba inclinado à ml fay or, le mi-
raba con indulgencia y me.parecia bien : yerdad es que redbia
à todos con un aire tan afad)le y boudadoso , y tomaba tan cor-
tesmente los memoriales que se le presentaban , que esto suplia
LIBRO UNDfiCDfO. &ia
la Eftlta de su baena figura. Sin embargo , cuando me llegô la vez
de acercarme para saludarle y qoe me conociera , me echo una
mirada ceûnda y amenazadora , y ToWiéndome la espalda sin dî-
gnarse oirme se entrô en su gabinete. Entônces me pareciô aquel
sefior aun mas feo de lo que naturalmente era. Sali de la sala
atônito en extremo de un recibimiento tan éspero y desabrido ,
no sabîendo que inférir de èl.
Reunîdo con Escipion que me esperaba à la puerta , i Sabes ,
ledije, el recibimiento que he tenido? No, seftor, me respondiô ;
pero no es dificîl de adiyinar: el ministro, pronto i conformarse
eon la Tolnntad del rey, sin duda habri propuesto à ymd. un
empleo de împortancia. Te engaftas , le répliqué. Referile entôn*
ees el lance segun habia pasado, el que escuchô con atencion,
y hiego me difo : Preciso es que el conde no le conociera & rmd.
à le tuTiera por otro. Mi parecer es que yuelva ymd. à verle, y
no dude que le recibiri con mejor semblante. Tome el consejo
de mi secretario; presentéme segunda vez al ministro, quien me
recibîô todaria peor que la primera; arque6 las cejas mirindome
como si mi presencia le cansase enojo : despues apartô de mi la
Tista , y se retirô sin hablar una palabra.
Lleg6me al aima este procéder, y tore tentacîones deregresar
inmediatamente é Valencia ; pero Eseipionno ces6 de oponerse i
dio, nopodiendo resoWerse à renunciar & hs esperanzas que habia
concebido. ^ No conoces , le dije, que el conde quiere alejarme de
la oorte? Habiendo yisto él mismo la inelinaeion que me mani-
fest6 e) monarca , ^no basta eso para atraerme la aversion de
su favorito? GedamoSy hijo mio, cedamos con gusto al poder
de un enemigo tan temible. Seftor, respondiô Escipion montando
en GÔlera contra el duque de OKvares , yo no abandonaria tan
iiieilmente el campo : iria i quejarme al rey del poco caso que
ha hecho el ministro de su recomendacion. ; Mal consejo ! amigo
mio , le dije ; si yo diera un paso tan imprudente , poco tarda-
ria en arrepentirme : ni aun se si corro peligro en detenerme en
esta capital.
A estas palad>ras mi secretario mudôde parecer, y consMerando
que efeetifamente las habiamos con un hombre que podia toI-
Temos à enyiar à la torre de Segovia , partrêipô de mi temor y
no resistiô mas al deseo que yo tenia de dejar à Madrid , de
donde resoM akjarme el iSB siguiente.
55
514 GIL BLAS.
CAPITULO III.
M motWo que tuTo Gil Bias para no poner por obra el pensanûeiito de dejar
la corte , y del importante ser?icio que le hico José NaTarro.
Al yolverme é la posada de caballeros encontre à José Na-
varro, repostcro de don fialtasar de ZùAîgay mi antiguo amigo.
Le saludé acercàndome à èl , y le pregunté si me oonocia , y si
tendrîa aun la bondad de querer hablar i un desatento que haîbia
pagado con ingratitad su amistad. ^Laego vmd. mismo confiesa,
me respondiô, que no procediô bien conmigo? Si, seAor, le
respond! , y tiene vmd. sobrada razon para Uenarme de recon-
venciones, porqae las merezco ; si es que no he expiado mi cri-
men con los remordimientos que à ël se ban seguido. Ya que
vmd. esta tan arrepentido de su culpa , repnso Navarro déndo-
me im abrazo , no debo acordarme mas de ella. Yo tambien le
estreché cuanto pude entre mis brazos, y ambos rénovâmes
desde aquel punto nuestra antigua amistad. Habia sabido mi
prision y el trastorno de mi suerte , pero ignoraba lo demas : le
informé de todo contàndole hasta la conversacion que habia te-
nido con el rey , sin ocultarle el mal recibimiento que me acababa
de hacer el ministro , ni el designio en que me hallaba de yol-
verme à mi retiro. No trate vmd. de irse, me dijo : snpaesto que
el monarca le ha manifestado inclinacion , es necesario que vmd.
haga que le sirva de algo. Aqui para entre los dos , el ccmde
de Olivares tiene sus extravagancias ; es caprichoso , y i veces ,
como en la présente ocasion , procède de un modo que irrita ,
pues él solo tiene la clave de sus acciones estrambécicas. Por lo
demas , sea cual fuere la causa de haberos recibido tan mal ,
permaneced aqui à pié firme, porque os aseguro que él no podré
impedir que os aprovecheis de la bondad del rey; y i mayor
abundamiento yo le dire dos palabras al seAor don fialtasar de
ZùAiga 9 mi amo , que es tio del conde de Olivares , y le aynda
i sostener el peso del gobierno. Preguntôme despues Navarro
donde yo vivia , y sin decirme mas nos separémos.
Tardé poco en volverle à ver : el dia siguiente fué à buscar-
me. SeAor de Santillana , me, dijo , vmd, tiene un protector : mi
amo quiere £avorecerle. En virtud del informe que le he dado
de vmd. me ha ofrecido recomendarle al conde de Olivares su
sobrino, y no dudo que le incline a su fovor. Hi amigo Navarro,
no queriéndome servir à médias , me présenté dos dias despoes
é don Baltasar, quien me dijo con semblante apadble : Seftor de
Santillana , su amigo José me ha hecho un elogio tan complido
de vmd. que me ha movido à protegerle. Hice una profunda
LIBRO UNDÉCDfO. 515
reverencia al seflor de ZùAîga , dicièndole que toda mi tida me
confesaria samamente reconocido al seAor Nayarro por baberme
grangeado la proteccîon de an ministro à quien Ilamaban con
justa razon la aruarcha del consejo. Al oir don Baltasar esta li-
soDJera contestacion me diô una palmadita en el hombro rién-
dose , y me dijo : Paede tmd. volver mafiana à casa del conde
de Oliyares, y qaedari mas contento de él.
Con efectOy al otro dia me présenté en su antesala por la ter-
cera yez; reconociôme entre la maltîtud de pretendientes, mi-
rôme y sonriôse ; lo que desde luego me pareciô un pronéstico
feliz. Esto yabien, dije entre mi, el tio debe haber reducido à
la razon al sobrino. Asi , pues , desde entônces me promet! una
acogîda feyorable, y en yerdad que no me engafiè. Despnes que
el conde despachô à los demas , me hizo entrar en su gabinete ,
Y en tono muy familiar me dijo : Perdona , amigo Santillana, el
apuro en que te he puesto por diyertîrme. Me he compladdo
en inquietarte para probar tu discrecîon y yer el partido que
tomabas en yista de mi mal humor. Sin dada tù te persuadirias
de que me eras desagradable ; pero al contrario » hijo mio , te
confesaré que aprecio mucho tu persona. Aunque el rey mi amo
no me hubiera mandado cuidar de tu fbrtuna , lo haria yo por
mî propia inclinacion. Ademas, don Baltasar de Zùfiiga mi tio,
à quien nada puedo negar , me ha encargado te mire como à
persona por quien ël se interesa ; y no necesito mas para deter-
minarme i ponerte à mi lado.
Esta primera entrada hizo tanta impresion en mi ànimo , qae
quedé casi enagenado. Me echè à los pies del ministro, y babièn-
dome dicho que me leyantase prosiguiô de esta manera: Despues
de comer yuelye aci, y yé à yerte con mi mayordomo , que él
te darà las ôrdenes que yo le encargare. Dicho esto salie S. E.
de su despachô para ir é oir misa, que es lo que acostumbraba
hacer todos los dias despues de dar audiencia , y en seguida se
marchaba à palacio para hallarse en el cuarto del rey al tiempo
de leyantarso S. M.
CAPITULO IV.
Logra Gil Bias el afecto j oonfianxa del conde de OlÎTares.
No me descttidé en yoWer despues de comer & casa del primer
ministro. Pregunté por su mayordomo, que sellamaba don Ra-
mon Caporis, el cual, luego que oyô mi nombre, me saludé
con particular respeto , y me dijo : Caballero , sigame ymd. si
gusta, que yoy à conducirle é la habitacion que se le ha des-
tinado en esta casa. Dicho esto me lleyô por una escalerilla se-
516 GIL BLA&
crett, la cual cpoduciA à im« fila de einoo 6 ses sabs 4 on
mismo piso, que fonnabaii an ala de la casa» alhajadas rego—
larmettteu Esia es , me dyo , la habitacion que S. E. le weflgilfl
Vmd. diafrutari aqoi de ona mesa de seis cubiertos de caaaia
de S. E.: sera ser^ido por sus propios criados , y tendra aîca»-
pre à su disposicioa un coehe. Aua no la he dicho todo: & £.
me ha encomendado eficaasmeute que tengai void. las mîsma8€x>ift-
sideracîones que si fuera de la casa de Guzmau.
;Què diablos siguifica todo esto? me decia à mi Busmo:
i como coDsiderarë yo estas distioeîones? ^quien sabe si euvol-
veràn alguoa malîcia, 6 si today ia por divertirse e) mînistrobarà
que me traten tau hoiMMrificameute? Miéntras me hallaba m esta
incertidumbre, fluctuando entre el temor y la esperanza, yino un
page i decirme que el conde me Ilamaba. Fui vcdando i Ter 4
S. E., que estaba solo en sa gabinete. Y bien, Santiliana, me
dijo^ ; estas conteoto con tu habitacion y con las ôrdenes que be
dado i don Ramon? Las bondades de V. E., le respondt, me
parecen exeesivas, y no las acepto sin sozobra. ^Pues porquè?
me replico ; ^puede caber exceso en hoorar ^ una persona que
el rey me ha recomendado, y de qnîen quiere que yo cuide?
En tratarte bonorificamente no hago mas que m deber: por
mucho que baga por ti» no te adipirea, y cuenta con una fortnua
brillante y sôlida si me ères tan afecto como k> fuisfie ai daque
de Lermsw
Pero ya quehemos nombrado é esiesefior , prosiguiô., he oido
deoir que viyiais. los dos coa mucha intimidad. Criera saber
como Ofi conocisteis , y en que te empleaba aquel mimstro: ne
me octtltes nada » dimelo todo oon sineeridad. Acordéme entôn-
ces de la perplejidad en que me vi cuando me encontre con el
doque de Lerma en semejante caso , y d^ medio que me yali
para salir de ella; el cual praeiiqué aun mas afortunadameoter
quiero decir que en mi informe di el mqor colorido que pude
4 los lances mas escabrosos, y toqué Hgeramente aqudlos que
me hacian poco honor. Tambien procuré poser en buea lugnr
al duque de Lerma, aunque conocia que no disculpàndole del
todo hubiera dado mas gusto à mi oyente. Por lo que toca à
don Rodrigo Calderon nada le perdoné: le individualize las ha-
zaftas que sabia relativas al tràfico que hacia de encomiendas,
beneficios y gobiemos.
En cuanto à don Rodrigo Calderon , interrumpiô el ministro,
todo cuanto me dîcea es muy confonne i CKertos docmnemos
que me ban presentado contra ë, y qœ coniienen testnenioa
dé acasacion aun mas importâmes. Se va i snstancîar sa cansa
inmediatamen^; .y si deseas su pérdida, creo que tus deseoa que*
darénsatisfedios, No-deseo su mnerte, le dije , aonquapo qoed6
por él que yo no hoieiiese encontrado la mia e» la torra de Se^
LIBRO UNDËCIHO. 517
^Via y doade tayo te cdj^a de que pensiamciéBe tergo tiempo.
^Cmim? replioô & E.; |dba Rodrigo Aie qmes causé tu pri-
aîoa? he aid lo que jo ignorai». Dob Baltaaar , i quien Natarro
conté tu iHStoria , me dijo si que el difanto rey te habia man-
dado prender en castigo de haber conducido de noche al prin-
cqpe de Espaâa a un parage aospeohoso ; pero no se nada mas ,
y no puedo adivinar que papei hada Cdderon en esa farsa. Et
papel de un amante que se venga de un ultrage recibido» le res-
pond!. Enténces ie conté todos los pormenores de la aTentnra ,
In cnal le paredé tan diyertida que , à pesar de su seriedad , no
pudo asénos do reir, é mas bien ilorar de ptecer. Catalina, tan
promo Bobrina como aîeta , le alegré en extremo ; como aslmis-
mo te parte que habia kenido en el negodo d duqae de Lerma.
Luego que acabé mi retecion » me despidié el eonde » dtoièn-
dome que no dejaria de emplearme el d» signiente. Fuime en
dtsredutra àessa do don Bidtasar de Zùfifga i darle gracias por los
bnenos oicâos quo me habia faedio» y al mismo tiempo é parti-
eipar à mi amigo José las iayoraUes disposiciones qne el minis-
tre manifestaba bicte mi.
CÂPITULD V.
GonTenacion sécréta que tuTo Gil Bbs coq Nàyam» ; y primera coaa en que
le ocùpô el oondiede OftÎTares.
Apénas vi é Josécuando le dtje agitado que tenia muchas co-
aas que noticiarleb LleTéme à un sitio retirado, donde habién-
dole onterado de lo ocurrido^ le preguaté que le pareda lo que
le acababa de dedr. Parëceme, respondié , que estais en yispe-
ras de una gran f<ntnna: todo se oé présenta propido. Agradais
al primer ministro , y, lo que no dejaré de serrâros de algo, yo
me faallo bastante enterado para podor haoeros el mismo servi-
do que os hizo mi tio MefchOr do b Ronda cuando entrésteis
en el patedo del arzobispo de Granada. Aquel os ahorré el tra-
bajo de estudimr el genio del pretedo y de sus prindpides femi-
liares^ manifestàndoos el caràcter de cada uno; yo, â ejemplo
anyo , qoiero daros é conocer cual es el del conde , el de te con-
desa an mugor ^ y d de doua Maria de Guzman su hîja ùnica.
El ministro tîone talento perspicaz , profundo y à propésito
para formar grandes fHroyectos. Se preda de hombre universal
porque tiene una sonlorà idea de todas las ciendas , y se crée
capa2 de doddir en todo. Se imagina ser un jurisconsiiko eonsu-
mado ^ un gran capitan , y un politioo de los mas sagaoes. Aflada
vmd. à eso que es tao encaprichado en su parecer, qne qoiere
que prevalezca sobre el de los demas; y esto solo porque no se
S18 GIL BLAS.
jazgoe qoe le gobiema por dictimen de otro; defecto que , b»-
blando entre los dos , poede producir fanestas consecaencias en
grayisimo peijaicio de la monarquia. Brilla en el conaejo por
cierta elocoencia nataral , y eacribiria tan elegantemente como
habla, si no afectara , para dar dignidad à su estBo, el haoerle
oscuro y nniy estudiado: tiene pensamientos extravagantes, es
caprichoso y fiintâstioo. Este es el retrato de su entendimiento ; vea
rmi. abora el de su corason. Es generoso y buen amigo. Se le
aeosa de vengativo , pero {cuan pocos son los que dejan de aerlo
▼iéndose con igual poder, y en tanta eleyacion ! Tambien le mo-
tejan de ingrate porque hizo desterrar al duque de Uoeda y à
fray Luis de Aliaga, à quienes debia grandes fovorea; mas eso
puede perdonàrsde, porque el deseo de ser primer ministro
dispensa de ser agradecido.
Dofta Inès de Zùftiga y Velasco, condesa de Oliyares, prosi-
gui6 Jos6 , es una sefiora en quien no advierto otra tacha que
la de vender é peso de oro las gracias que por su interœsion se
consiguen. Doâa Maria de Guzman , hoy dia el partido m^or y
mas yentajoso de toda Espafta, es una seûorita compléta, y el
idolo de su padre. Con arreglo é estas luces que os doy , podréis
arreglar yuestra conducta. Haced mucho la corte à estas dos se-
fioras , mostraos mas adicto al conde de Olivares que lo fuisteis
al duque de Lerma entes de yuestro yiage i Segovia, y Ilegarèis
à ser un sefkor insigne y poderoso.
Tambien os aconsejo que no dejeis de visitar de cuando en
cuando â mi amo don Baltasar : es verdad que no necesitaréis
de él para yuestros asoensos ; mas con todo siempre convendré
tenerle propicio^ Al présente os estima y le mereceis buen con-
cepto ; procurad conservaros en su amistad , porque en la oca-
sion os podrà servir. Pero como tio y sobrino , répliqué yo à
Navarro, gobieman el estado, ; quien sabe si con el tiempo no
se originaràn entre los dos algunos zelillos ? No hay que temer, me
respondiô , porque reina entre ambos una estrechisima union.
Sin don Baltasar nunca hubiera sido primer ministro el conde de
Oltvares; porque despues de la muerte de Felipe III todos los
amigos y partidarios de la casa de Sandoval se dividièron unos i
fovor del cardenal , y otros al de su hijo ; pero mi amo , el mas
perspicaz de todos los cortesanos , y el conde , que no es mènos
sagaz que â , frustréron todas sus medidas, y las toméron por
su parte tan ajustadas para asegurarse en este puesto, que al fin
dejiron burlados é todos sus competidores* Nombrado primer
ministro el conde de Olivares , repartie el ministerio con su tio
don Baltasar , dando à este el encargo de[los negocios exteriores,
y reservando para si el de los i^teriores , de suerte que , estre-
chando por este medio los vinculos de la amistad que deben na-
taralraente unir à las personas de una misma sangre , estos dos
LIBRO UNDËCIMO. 519
sefioreSy independientes uno de otro, viven en ana armonia que
me parece inalterable.
Esta Ale la conTersacion que tuve con Jose , de la coal me
promet! sacar buen partido. Despnes pasé à dar las gracias al
sefior don Baltasar de lo mucho que se habia interesado
por mi. Respondiôme con el mayor agrado que aprovecha-
ria gostoso todas las ocasiones que se le proporcionasen de
serrirme , y que celebraba infinito verme igualmente contento y
satisfecho de su sobrino , é quien me asegurô Yolveria à hablar é
fàYor mîo, aunque no sea mas, afladiô, que para que conozcais
CDan présentes tengo en mi corazon todos yuestros intereses, y
al mismo tiempo entendais que en lugar de un protector habeis
adquirido dos; tan à pechos habia tomado el fayorecerme el se-
HOT don Baltasar en atencion é los buenos oficios de Navarro.
Desde aquella misma noche dejè mi posada de caballeros para ir
A yiyir en casa del primer ministro, donde cené con Esctpion en mi
aposento , en el cual fiiimos seryidos por criados de la misma casa,
fjuienes , durante la cena, miéntras nosotros afectabamos una gra-
yedad seyera , tal yez reirian entre si del respeto que se les babia
mandado nos guardasen. ^
Apénas leyantàron la mesa se retir&ron, y mi secretario, de-*
jando de reprimirse , me dijo mil locuras que su buen humor y sus
lisonjeras esperanzas le sugiriéron. Por lo que é mi toca, aunque
estaba embelesado con la brillante situacion en que comenzaba
à yerme , aun no sentîa en mi interior ninguna disposicion à de-
jarme deslumbrar de ella ; y asl luego que me acosté me quedé
dormido tranquilamente, sin entregar mi imaginadon à las ideas
risueflas que podian ocuparla ; en yez de que Escipion durmiô
poco , pues pasô la mitad de la noche atesorando para casar à su
hija Sera&i9.
No bierf me habia acabado de yestir el dia stguiente, cuando
viniëron à Ilamarme de parte del conde. Fui inmediatamente à
yer à S. E., el cual me dijo : Ea , Santillana , yeamos algo de lo
que sabes hacer ; tù nie has dicho que el duque de Lerma te en-
cargaba algunas memorias para que se las redactases : yo tengo
una que destino para prueba de tu capacidad , y de cuyo objeto
yoy à enterarte. Se trata de componer una obra que disponga
al publico en ftiyor de mi ministerio. Ya he hecho correr secre-
tamente la yoz de que he encontrado los negocios en gran des-
ôrden , y es menester ahora manifestar à los ojos de la corte y
del publico la triste situacion à que se halla reducida la monar-
quia^Conyiene presentar sobre esto un cuadro que llame la aten-
cion pùblica , y no deje echar de mènds é mi predecesor ; despues
ponderarés las medidas que he adoptado para hacer que sea glo-
rioso el gobierno del rey , florecientes sus estados , y sus yasallos
oiompletamente dichosos.
520 GIL BLAS.
Dicho esto dm entregô on papel que cwKteBh kM jiiitos «lou-
vos de )os pueblos para estar descontentos coo el gofeierno ante-
rior; y me aeuerdo que couMaba de dies anioulos, el meaor de
los oiales era muy bastaate para aobresahiur à todo boea EspaâoL
Hizome despaes pasar à on gabinetillo oonti(pio i su despacbo ,
y alii me dejô solo para que trabajase am lib^rtad. Gomenzé pues
i componer mi memoria \o mejor que me fiié posiUe; expHse
primeramente el estado laatimoao en que se hallaba la mooarquia;
el erario exhauato, ha reataa de la corooa eataneadas en maaos
de aaentiataa , y la marina arrainada. Recapilolé deapoes loa de-
fecios Gometidioa por loa que habian gobernado la aacion ea
d reiaado aaierior , y las fiinestas conseeueacias que podian traer
coasigo. En fin , pinië la monarquia ea el mayor peligro , y cen-
suré tan acremente al ministerio anterior qae , segaa mi armo-
ria , la caida del duque de Lerma era nua f dicidad para la EapaAa.
k la yerdad , auaque yo no tenia ningua motiTo de qaeja de
aquel seftor , sin embargo no me peso baoerle esta buena obra.
Finatanente , despues de haber hecho la mas espaatoaa pintura
de los males que amenazaban à la EspaAa , alentaba los ànimos,
kaciendo maftosamente concebir à los puetdos esperanzas lison-
jeras para lo sucesiTO. Hacia hablar al oonde de Oiiyares como
i un restaurador enviado por la Proyidencia para la salyacion
de la patria: prometia montes de oro; y en una palabra, Ueoé
tan completamente los deseos del ministro , que quedô sorpreu-
dido de mi obra cuando acabô de leerla. Saniillana , me dijo ,
itù sabes que has hecho una obra digna de an secretarîo de es-
tado ? Ya no me admiro de que el daque de Lerma se valiese de
tu pluma. Tu estilo es lacônico y aun elegante ; pero me parece
demasiado sencillo: y al mismo tiempo , haciëndome notar les
pasages que no eran de su gusto, los varié ; juzgando yo por sus
correcciones que le gustaban , como me bàbia dicho Mayarro ,
las expresiones estndiadas y oscuras. Sin embargo, aanque la agra-
dase tanto la noUeza , à , por mejor decir , la cultura en la die*
cion y no por eso dej6 de consertar las dos terceras partes de
mi m^noria ; y para darme la mcjor [Nrueba de sa plena satisfac-
cion , me enviô por don Ramon trecienios doblones alacabar yo
de comer.
CAPITULO VI.
fin que ioTirtiô Gil Bias estos trecientos doblones , y iximision qu« diù â
Escipion. ResulUdo de la memoria de que acaba de hablarse.
Esta generosidad del ministro diô nuevo motiyo â Escipion
para repetirme mil parabienes de haber Tuelto i la corte. Vmd. vé,
me dijo , que la Fortuna tiene grandes designios para favorecerle.
LIBHO UNDÉGMO. SSI
I tMk Tttid. ahora arrepeotido de haber dqado au soladad ? i Vt*
va el seftor conde de Olivares ! que es un amo muy difiurenie de
su predeoeaor. À pesar de aer vmd. muy afecto al duque de Ler-
ma y le dejô morir de hambre machos meses sîn regalarle ni un
triste peso doro ; mas el conde ya le ha dado una grat^cacioa
que ymd. no se bubiera atrevido é esperar sino despnes de lai^
gos senrîcios. Me alegraria mucho , afiadiô , de que los seAores
de LeîTa fnesen tesitigos de la prosperidad de vmd. ô à lo mènos
de que la supiesen. Tiempo es de noticUrsela, le respondi, y de
esto iba A hablaite ; porque no dudo desearén con mucha impa^
ciencia saber de mi; pero aguardaba para hacerlo â yerme en nu
eatado fifo , y dectrles positivamente si me quedaria en la oorte
6 no. Ahora que estoy seguro de mi suerte , puedes ir é Yalen*^
cia cuando quieras é informar à aquellos sefiores de mi situacioa
actual , que miro como obra suya , siendo derto que , à no ba<-
bèrmelo ellos persuadido , jamas me hubiera determinado à toI-
ver à Madrid. [Oh , mi amado amo , exclamé el hijo de la Cosco*
lina y que alegria Toy A darles cuando les cuente lo que ha suoedido
à Tmd.t jCuanto diera por hallarme ya i las pnertas de Valencia !
pero pronto estarë alli. Los dos caballos de don Alfonso estân
prevenidos ; ^oy & ponerme en camino con un lacayo de S. E.;
porque ademas de que me gusta llevar compafiia por el camino»
rmd. sabe que la librea de un primer ministro deslumbra.
No pude mènos de reirme de la necia yanidad de mi sécréta^
rio ; y con todo eso yo , quizA aun mas rano que él , le permiti
hacer lo que le diô la gana. Marcha , le dije , y vuelye pronta*
mente , porque tengo que darte otro encargo. Quiero enviarte
& Asturias A llevar dinero à mi madré. Por pnra negligencia he
dejado pasar el tiempo en que prometi enyiarle cien doblones
que tu mismo te obligiste & ponerle en mano propia. Las pro*
mesas de esta especie deben ser tan sagradas para un bijo , que
me acuso de mi poca puntualidad en cumplirlas. Seftor , me res*
pondiô Escipion , en seis semanas quedaràn desempeflados am»
bos encargos ; habré yisto à los sefiores de Leiya , dado una yuelta
por yuestra quinta , y yisitado segunda yez la ciudad de Oyiedo ,
de la cual no me puedo acordar sin dar al diablo las très partes
y media de sus habitantes. Entreguë , pues , al hijo de la Gosco-
lina cien doblones para la pension de mi madré , y otros ciento
para él , deseando que hictese felizmente el largo yiage que îÈm
î emprender.
Poco despues de su partida S. E. mandé imprimir nuestra
memoria, que apénas se hizo pûblica cuando fuè asunto de to-
das las conyersaciones de Madrid. Al pueblo , amigo siempre de
noyedades, le gustô infinito. La disipacion de las rentas reaies ,
que estaba pintada con los mas yiyos colores, le indignéron
contra el dnque de Lerma; y si los golpes que se descargaban
582 GIL BLAS.
contra este mioistro no foèron aplaodidos de todoe, i lo ménos
mereciéron la aprobacîon de niocboa. En cnanto & las pomposas
promesas que hada el oonde de (MWares » y entre ellas U de en-
brir por medio de una discreta economia las atenciones del estado
sin gravar i los yasaUos » desIombrAron i todos generalmente y
les confirmàron en el gran ooncepto qne ya tenian de sas lalentos ;
de manera qoe por toda la pobladon resonàron sas alabanzas.
El ministro» satisfecho de haber consegnido con esta obra sa
objeto» qoe no habia sido otro que el de grangearse la estima*
cion pùblica , qoiso mereoerla yerdaderamente por medio de uns
aodon laudable que fuese ùtfl al rey. Recorriô para ello à h in-
yendon del emperador Galba , es decir, que hizo que los parti-
calares qoe se habian enriqueddo , sabe Dios oomo , con el manejo
de los caudales pùblicos , resarciesen al erario. Laego que el conde
hizo yomitar à aqaelias sangoijuelas la sangre qoe liabian cbo-
padOy y la gnardô en hs areas reaies , tratô de cooseryarla en
ellas hauâendo suprimir todas las pensiones , sin exceptoar la soya»
como tambien las gratificaciones qne se daban del caudal de S. M.
Para lograr la ejecudon de este designio , que no podia yerificarse
sin mudar la Caz del gobierno, me mandô componer otra memoria,
cuya sustancia y método me indicé : en seguida me encargô que
procurase eleyar todo lo posible la ordinaria sencillez de mi
estilo , para dar mas dignidad à mis frases. Ya estoy hedio cargo,
seftor, le dije : V. £. quiere soblimidad y brillantez , pues la ten-
dra. Encerrëme en el mismo gabinete donde anteriormente habia
trabajado , y alli puse manos à la obra despues de haber inyocado
al genio elocuente del arzobispo de Granada.
Gomenzé por exponer que era preciso. conseryar con todo
rigor los fondos que habia en areas reaies , qoe no dd>ian em-
plearse absolutamente sino en las necesidades de la monarquia,
oomo que eran un fondo sagrado que se debia reseryar para
împoner respeto à los enemigos de la nacion. Despues hada pré-
sente al monarca, qne era â qoien se dirigia la memoria, que,
suprimiendo las pensiones y gratificaciones cargadas sobre la real
hadenda , no por eso se priyaba del gusto que tmidria en re-
compensar generosamente el mèrito y seryicios de los yasallos
que se hiciesen acreedores i sus reaies gradas; pues sin tocar à
su tesoro quedaba en estado de concéder grandes recompensas:
porque para unos tenia yireinatos, gobiernos, hàbitos de las
ôrdenes militares , y empleos en sus cjércitos ; para otras en-
comiendas sobre las cuales podria imponer muchas pensiones,
titolos de CastiUa, y magistraturas ; y por ultimo, todo gènero
de beneficios edesiàsticos para los que quisiesen seguir la carrera
de la iglesia.
Esta memoria , mucho mas larga que la auterior , me ocupo
cerca de très dias , y por mi fortune sali6 tan acomodada al gusto
LIBRO UNDËGIMO. 523
de mi amo, pôr einar atestadà de yooes enSMcas y de déasulas
metafôricas , que me colmô de alabanzas. Mucho me agrada la
qae has hecho , me dijo , ensefiândome los pasages mas pomposos,
estas si que son expresiones yaciadas en buen molde. | Ânmio !
amigo mio, ya estoy preyieado qae me seryirés de grande atOidad.
Sin embargo y en medio de los elogios qne me prodigô, no dej6
de retocar la memoria ; puso en ella macho de sa casa , y form6
ona pieza de elocoencia qae admirô al rey y é todalacorte. El pu-
blico la honrô tambien con so aprobacion , presagiô fèlicidades
para lo Yenidero, y se hsonjeô de que la moftarqoia rec(d>raria
su antigno esplendor bajo el ministerio de an personage tan in-*
signe. Yiendo S. E. la mucha funa qae le habia grangeado aquel
escrito , quiso qœ por la parte qne yo tenia en èl reoogiese algun
fralo ; y asi dispaso qne se me dièse ana pension de qainientos
escados sobre la encomienda de Gastilla; lo qae me fîiè tanto mas
apredable , cqanto que este no era on bien mal adqoirido, ann-
qae lo habia ganado con macba fecilidad.
CAPITDLO VU.
Por <iaé cainalidad , en donde y en que estado ToWià â enoontrar Gîl Bbi à
su amigo Fabricio ; y oonversacion que tuyiëron.
Ningana oosa le gustaba tanto al conde como saber lo qne se
pensaba en Madrid de la condacta que obseryaba en su ministe-
rio. Todos los dias me preguntaba que se decia de èl ^ y aan
tenia pagadas espias que le contaban puntualmente cuanto pasaba
en la poblacion. Xe referian hasta las mas ligeras conyersadones
que habtan oido ; y como les tenia encargado que le dijesen fran-
camente la Verdad , no tenia poco que sufirir algunas yeces su
amor propio ; porque la lengua del pueblo es tan snelta que nada
respeta.
Luego que conoci que el conde era amigo de que se le diesen
noticias , me dediqué à ir por las tardes é los sitios publicos y
mezclarme en las conyersadones de personas décentes , donde
las hubiera. Cuando hablaban del gobierno escucbaba con aten-
don, y si dedan algo digno de que lo supiese S. E. no dejaba de
noticiàrselo ; pero debe obseryarse que jamas le decia nada que
no le fuera fityorable.
Yolyiendo en derta ocasion de uno de estos sitios pasë por
delante de la puerta de un hospital , y me diô gana de entrar en èl.
Recorri dos 6 très salas llenas de enfermos, y mirando à todas par-
tes» yi entre aquellos desgradados, & quienes no podia considerar
sin làstima, uno que fijô mi atendon, po rque me pareciô yer en èl à
mi paisano y antiguo camarada Fabrido. Acerquànemas i su cama
para enterarme rnqor, y aunque no pude ya dudar que era el poeta
SM GILILAâ.
Noies^MBtodo me^MiTeaigviios imtaBtn ànîrarie, pcno sin de-
cirl6Mdft.Élflie ooBOdô faei^, y neniraiM del ^iaiio m^
bo rom|H6iido el siieacio , le é^ : O dm ojot ne engeteft, é este
qwb mâto e» Fabrîcîo. EI mlMio loy ^ ae respoadtô fnmmeate , y
no debes maraviOiute. Desde que me eeparè de ti^ no he teaide
otro oêcio qae el de aelor : he eoaqiiiefllo Boveles , ocuDedias , y
loda obue de obras de ingenio ; y be Begado al fin de esta cairert,
qne es ptrar ea an hospital.
No pvde aiënos de reinae al oir estas idtiaias palabras, y
aiocho mas al yer la seriedad con qne las pronnacîè. {Paon qaé !
exdaaië: ^ ta arasa te ha traidoilaa miserable estado? 4 es po*
nUe qne te haya jagsdo una pieai tan Tillana? Tùmisaio lo estis
▼ieodOyTeposoél;^ estas casas saelen Teairéparartodoslosqae
prasoaiende ingenîos.Tày hqo niio, h> acertiste ea aeguir otro rua*
bo;peroyanoe8tés ea ta ooite, y mepareoeqae tasasoatos haama-
dado nNichodeaspeci)o:yanniaeacaerdodehaberoidodedrqae
de ôrden del rey te habiaa metido ea an castilo. Asi iaë puataai-
mente , repose yo : la fortnna en qne me yiste coando nos sépa-
râmes filé muy pasagera ^ pues pooos dias despues perdl de
repente mi empleo , mis bienes y mi libertad. Sin embargo , ami-
go mîo , hoy me vuelves i ver en un estado muoho mas brillante
que aquel en qne meconodste en otro tiempo. Eso ao es posible,
dijo Nuflez : tu aspecto es juicioso y modesto ; no noto en ti
aquella Tanidad y aqaella altaneriaqne suelen inspirar kts prospert-
dades. Las desgracias » le répliqué» ban purificado mi Yiriod. £d
la esouela de la ady«rsidad ^rendi à gosar de las riciaezas sia
dejarme domtnar por elles.
Acaba, pues, y dime» interruoiqpîé Fabricio» îacorporiadose
en la cama oon jiUttlo » que empleo es el que tienes, y ea que le
oeupas al présente. ;Ere8 por Tentuia nayordomo de dgun gras
seAor arrniaado » ô de alguna Tîuda ricaî Todavia estoy raocho
mejor , le respond! ; pero ahora dispénsame » te ruego » de ex-
piicamie mas; que ea nsejor ocasion coaieutaré enteramente tu
curiosidad. Al présente bâstete saber que est<^ ea situacioa de
poder servirte» 6 mas bien de ponerte ea estado de no nece-
aitar de nadie para pasarlo con deœncia; con tal qae me des
palabra de no componer mas obras de ingenio ea verso ni ea
prosa.^ Seras capaz dehaœr tan gran sacrificio? Ya le he heche
al cielo , me dijo » en la enfermedad mortal de que me Tes
convaleciente. Un religioso domioioo me ha moyido i abjurar
de la poesia como de una ocupacîoa que » si no es crimmal » des-
^ia por lo méaos de la prudencia.
Mil parabienes te doy por tan ouerda resobcioA) bû qoeriëo
Nuftez ; pero guirdate bien de la reeaida. Esa es la que no temo,
me replacé ; porque tengo hecho firmisimo propésito de abando-
nar i las musas : por seftas de que cuando eatrâste ea esta sala
LIBRO UNDÉCIMO. 525
esiabfl hadendo una compoaicioft en verso an que me deapedia
de ellas para siempre. Seftor Fabrieio, le dije emteces m^
neando la cabeza; no se si el padre dominico j yo podrèmoa
fcnrnos de ta abjoracion ; parque te yeo ciegamente eiMnnorado
de aquellas doctas doncellas. No, no, me respondiô con viveza:
ten^ ya rolos todos los lazos que me estrechaiian coa elhs^To»
davia be hecho mas ; pues he cobrado aversion al publico : bo
merece que los autores quteran consagrarle sua destelos ; y yo
me aTergonzaria mucho de componer algnna obra que lograse su
aproliacion. Y no creas^ coatînuô , que ei reseadraiento me dicta
este leoguage: digotelo coo serenidad; tanto case hagode loa
aplausos del publico como de sus desprecios. £s dificil saber
quien gana 6 quien pierde con el : es tan caprichoso que hoy
piensa de una manera y maAana de otra. Muy locos son los poe-
tas dramàticos que se llenan de vanidad cuando yen que sus pro-
dueeiones han sido recibidas eon aplauso. Aunque la primera
yez que se representen causen mucho ruido por la noyedad , si
yeinte aflos despues vuehen à parecer en el teatro , son por la
mayor parte mal recibidas. La misma fortnna corren por lo
eoman las noyelas y los demas libros de pura diversion cuando
sales à luz ; poes si à los principioa logran la aprobacioa de
todos , poco i poco la van perdiendo , hasta que al fin Uegaa à
caer en desprecio. Los que viven ahora aeusan de mal gusto i
los que les han precedido , y el mismo defecto lea imputaràn à
elloB los que vengan despues. De donde concluyo que los autorea
que son aplaudidos en este sigk) serén silbedos en el siguîenie.
Asi que todo el honor y toda la estimadon que nos grangea el
buen éxito de una obra impresa no es en suma otra cosa que
una para quimera , una ilusion de nuestra fantasia, y ua ihego
de paja, cuyo humo desvanece el viento en un instante.
A pesar de que conoci desde luego ser efecto de melancolia y*
de mal humor este juicioso modo de diseurrir de mi. poêla de-
Asturias, no me A por entendido, y solo le dîje: Verdadera--
mente* quedo gozoso de verte divorciado de las obras de inge-
nio , y curado radicalmente de la mania de eseribir. Desd9 aliora
paed^ est»r seguro de que euanto antes te havA dar un empleo
con que puedas mantenerte decorosamente sin fiitigar tu imagi^
nadon. Mejor para ml , respondié muy alegre : el ingenio co^-
mîenza é olerme mal, y ya le considero como el don mm fanesto
que d cielo puede concéder a! bombre. Deseo , anado Fabrido,
repuse yo , que conserves siempre esas ideas ; y te vuelvo à re-
petir que, si persistes en abandonar la poesb, muy presto te haré
COR un empleo tan bonroso eomoloerativo; pero mièniraa logro
hacerte este servido, te roego qmadmilas esta conaprneba de
mi amiatad; y didendo esto le pose en lli Mme un bobSio en
que habria como mios aesenfa debïoneSi
596 GIL BLAS.
; (Ni f geueroso amigo ! exclamé eoagenado de goio j de gr»-
titnd el Ujo del barbero NuAeE. iQoè gracias debo dar al cido
por haberte traido à este hospital I Hoy mismo quiero salir de &
con ta socorro. EféaiYamenie asl lo ejecutô hai^dose lleYar â
una boeoa posada. Pero antes de separamos le informé de mi
alojamiento , convidindole i qae me fiiese i yer loego qoe se
sintiese perfectameote recoperado. Quedése muy sorprendido
Goando le dije que Yivia en casa del conde de OUvares. {Oh
bienayenturado Gil Bias, me dijo, qae tienes la fortana de agra-
dar i los ministrosi Me complaico en ta felicidad, poes haces
tan baen aso de ella.
CAPITULO VIII.
Gil Idas M graogea cada dia mas ei afecto del ministro : Tadvc Escipkm a
Madrid, j rclacioii que bace a Santillana de so Tiajc.
El conde de OUvares , à quien en adelante Uamaré el conde-
duque, porque con ese titulo se digne honrarle el rey por este
tiempo y tenia una flaqueza que desoibri en el , no sin firoto para
mi, y era la de querer que le tuvieran cariAo.Laego que conocia
que alguno le servia con buen afecto , le daba parte en su amis-
tad* No me descuidè en aprovecharme bien de esta obseryacion;
pues no contento con ejecutar puntualmente cuanto me mandaba,
obedecia sus érdenes con demostraciones de zelo que le encan-
taban. Estudiaba su gusto en todas las oosas para conformarme
é él y anticiparme à sus deseos en cuanto me hiera posible.
Por este modo de procéder, con el que casi nunca se déjà de
conseguir lo que se intenta, Uegué insensiblemente à ser el fa-
Yorito de mi amo, quien por su parte, conociendo que yo ado-
lecia tambien de la misma flaqueza que èl , me ganô la yoluntad
con las demostraciones de cariflo que me hizo conmigo. Me gran-
geé tanto su amistad, que Uegué à partidpar de su confianzaigual-
mente qoe el seftor Carnero su primer secretario.
Este se habia yalido de los mismos medios que yo para agradar
à S. E., y lo habia logrado tan bien, que le reyelaba los arcaoos
del gabinete ; y asi los dos eramos confidentes del primer ministro
y los depositarios de sus secretos ; pero con esta diferenda, que
à Carnero solo le hablaba de los negocios de estado , y é mi de
los que tocaban à sus intereses personales ; lo que formaba, por
decirlo asi, dos departamentos separados, con lo cual uno y
otro estabamos igualmente gustosos , viviendo juntos sin zelos y
sio amistad. Yo tenia motivo para estar contento con mi destino,
porque proporcionàndome conUnuamente la ocasion de estar con
el conde-duqce , me ponia en estado de penetrar en el fondo de
LIBRO UNDËCIMO. 5»
su alma » que dej6 de ocultarme, en medio de ser natarahnente
reseryadOy cuando Uegi à convencerse de la sinceridad de mi
afecto bàda èi.
Santillana^ me dijo mi dia, tù bas Tisto al duque de Lenna go-
zar de nna aaloridad que mènos parecia la de un ministro fo?o-
rito que el poder de un monarca absoluto : sin embargo , yo soy
BDas feliz que lo era ël en el mayor auge de su fortuna. El tenia
dos enemigos formidables en el duque de Uceda su propio hijo ,
y en el eoiàesor de Felipe III; en vez de que yo à nadie Teo cerca
del rey con bastante foror para perjudicarme, ni aun de quien
jo sospeche que me tenga mala voluntad. Es yerdad , coutinuô ,
que desde mi elevacion al ministerio puse el mayor cuidado en
que no estuviesen al lado de S. M. otras personas que las enlaea-
das conmigo por amistad 6 por parentesco. Gon vireinatos ô
embajadas me he ido deshaciendo de lodos los seâores cuyo mé-
rite personal hubiera podido hacerme decaer algo de la gracia
del soberano , que yo quiero gozar entera y exclusivamente ; de
manera que en la actuaKdad me puedo lisonjear de que ningun
grande me hace sombra. Ya ves, Gil Bias, aûadiô, que te des-
cnbro mi corazon : oomp tengo'motiyo para créer que me erea
enteramente afecto , he echado mano de ti para que seas mi con-
fidente. Tienes entendimiento , te contemplo juicioso , prudente
y discreto; en una palabra te codsidero A propteito para el des*
empeOo de mil comisiones que piden un sugeio muy inteligente
y que tome parte en mis intereses.
No pude desechar del todo las ideas lisonjeras que estas pa-
labras excit&ron en mi imaginacion; subiéronseme repentina-
mente à la cabeza algunos humos de ambicion y de avarida ,
que despertàron en mi ciertos afectos de que creia haber triun-
fado. Asegnré al ministro que haria cuanto estuviese de mi parte
para corresponder à sus deseos , y me préparé para ejecutar
sin escrupulo todas las ôrdenes que tuTiera por conveniente
darme.
Entre tatito que yo me disponia de este modo k erigir nuevos
ahares i la Fortuna, yolviô Escipioa de su yiage. No tengo, me
dijo y muy larga reladon que haceros : causé une grande alegria
à los seOores de Leiya cuando les dije la buena acogida que ymd.
hallô en el rey luego que le conodô, y de que modo se conduce
oon ymd. el oonde de Olivares.
Interrompi à Escipion diciéndole : Mas alegria les hubieras
causado , amigo mio , si hubieras podido contarles el predica-
mento en que me faallo en el dia para oon el ministro. Son yer-
daderamente de admirar los ràpidos progresos que despues de.
tu partida he hecho en el corazon de S. E. Sea Dios bendito , mi
querido amo » reqKmdiô , ya presiento que tendrémos excelentes
destinos que desempeftar.
sa» GILILAS.
• Ifodeino» de oMvemdan, le dqe, y hablemos 4e Oriedo.
CoanA) sritace de Astorias ^en que estado dejiste i mi madré?
{ Ah seftor 1 me respondiô tomando de repente ua aspecto M-
gido : las noticias qae tengo qne daroa sobre ese ponto no son
siao tristes, t Oh ctelos! exclamé: sîa doda mi madré ha naerto*
Seîs meses ha , dijo mi secretario , qae la buena seAora page ei
tributo à la natoraleza, y lo mismo el seftor Gil Perex sa tio
devffld.
AflHpéme Tiramente la mnertie de mi madré , amiqae en mi
iofancia no babia recibido de ella aqoellas caricias qae tanto ne-
cesitan los hijos para ser agradecidos en lo saeesivo. TaoAiicn
derrami algimas légrimas por el buen canènigo , acordàndoBse
del'coidado qae habia tenido de mt educacton. Â la Terdad no
doré nacho mi pesadambre; que mny presio q«ed6 redorida i
ona liema menoria que siempre he conserrado de mis panenies.
CAPITULO IX.
Go«o y COWL faien oai» d oood«-da%ii0 i m hiyk ûnîca , y lo» sîaMbora que
produjo este matrimonio.
PoGO despoes del regreso del bijo de la Coscolina ri al oonde-
doqae por espacîo de unos ocho dias may parado y pensatifo.
Me persuadi de qae estaba medîtando algona grande eaipresa de
poUtioa ; pero presto llegaè i saber qae lo que le tenia tan sas-
penso era un asaoto domèstico. Gil Bias, me dijo ma tarde, sio
doda habrés reparado que hace dias qoe ando pensativo. Asi es,
hijo mio ; no poedo negar que enteramente me ooopa an aegocio,
de! coal pende el sosiego de mi aima, y Toy i eonfiéirtdo.
Mi hija dofla Maria , continua , se halla ya en edad de tom«r
estado , y son mnchos los pretendientes qae aspiran é sa mana
El conde de Niebla , primogénito del duqae de Medinasidonia ,
cabeza de la casa de Goaaan, y don Lais de Haro, hîjo y he-
redero del marqaes del Carpio y de mi hermana mayor, son los
dos concarrentes qae parecen mas dignos de merecer la prefer
rencia. Sobre todo el mèrito del ultimo es tan superior al de sos
competidores, qae toda la corte esta persoadida de qae sera et
que preferiré para yerno. Gon todo eso , sin pararme en expKcarte
los motiTos que tengo para desecfaar à ambos, te dire que he
pœsto los ojos en don Ramiro Nattes de Gmman, marqaes de
Toral, cabeza de la casa de los Goimanes de Abrados. Â este
seftor y à. los hijos qoe naderea de mi h^a qoiero dejar todos
ans Menés, rinoolarios al titalo de oonde de OKrares y ancjar i
él la graadeia; de snerte qae ans nietos y sas descendientei qae
vinieren de la rama de Abrados y de la de Olivaras pasmrln por
LIBRO UNDËCmO. 529
primogënitos de la casa de Guzman. Dime, Santillana, afladiô,
^ apruebas este proyecto? Seftor, le respond! , es propio de la ca-
pacidad y talento que le ha formado : lo ûnico que rezelo es que
el daque de Medinasidonia podrà quejarse de él. Quèjese cuanto
quiera , respondiô , nada me importa : no tengo indinacion à su
ramaquehausurpado à la de Abrados el derecho de primogeni-
tara y los titulos anejos à ella ; ménos impresion me harân sus
quejas que el sentimiento que tendra mi hermana la marquesa
del Carpio al yer que su hijo pierde el enlace con mi hija. Pero
sobre todo yo quiero hacer mi gusto , y don Ramiro sera prefe-
rido i todos sus rivales : asi lo tengo determinado.
Habiendo el condenluque tomado esta resolucion, no pasô
sin embargo à ejecutarla sin afianzarla primero con un golpe
diestro de politica. Présenté un memorial al rey y à la reina su-
plicando à sus magestades se dignasen disponer de la mano de
su hija doua Maria , exponiéndoles las calidades de los seAores
que la pretendian, y remitièndose enteramente à la eleccion de
sus magestades: bien que , hablando del marques de Toral , no se
dejaba de conocer su particular indinacion à este partido. En
virtud de esto el rey » que deseaba mucho complacer à su ministro,
le diô por escrito la respuesta siguiente : Jmgo d don Ramiro Nufiex
digno de doàa Maria. Sin embargo, eUge por ti misnio : el partido
que mai te convenga serd el que d mi mas me agrade, El Ret.
Manifesté el ministro esta respuesta con cierta afectacion ; y
fingiendo entenderla como una ôrden del soberano , se diô prisa
à casar à su hija con el marques de Toral , resolucion de que se
resintiô vivamente la marquesa del Carpio , comô todos los Guz—
mânes , que estaban muy satisfechos con la esperanza del enlace
con doâa Maria. En medio de esto unos y otros , cuando yiéron
que no podian impedir el casamiento, aparentiron celebrarle
con las mayores demostraciones de alegria. Parecia que toda la
fimiQia estaba fuera de si de contento ; pero tardé poco en verse
yengado su disgusto del modo mas cruel y doloroso para el conde.
À los diez meses diô à luz dofla Maria una niûa que muriô al nacer ,
y poco despues la misma madré fué victima de su sobreparto.
iQuèpèrdida para un padre idolâtra, por decirlo asi , de su
hija , y mas viendo con esto desvaneoido su proyecto de quitar
el derecho de primogenitura à la rama de Medinasidonia! Esto
le afligiô tan profiindamente que se encerrô por algunos dias sin
que le viese nadie sino yo , que, conformàndome à su excesivo
sentimiento, me mostraba tan apesadumbrado comoél. Forzoso
es decir la verdad : yo aprovechè esta coyuntura para derramar
nuevaa làgrimas en memoriade Antonia. La semejanzaque habia
entre sa muerte y la de la marquesa de Toral volviô é abrir una
herida mal cicatrizada, causàndome tanto sentimiento, que el
ministro, à pesar de lo abatido que le tenia su propia pena, no
54
&90 GIL BLAS.
pado mènos de adYertîr la mia. Admirôle yerme tomar tan activa
pane en sas aouarguras, Gil Bias, me dijo an dia qae le pareci
abismado en una profunda tristeza , es an consuelo muy dulce
para mi el tener un confidente tan sensible à mis angostîas. j Ah
aeûor ! le respondi , Yendiéndole por fineza mi quebranto , séria
yo el hombre mas ingrato , y mi corazon el mas duro si no las
sintiera tan ^ivamente. ;Pttes qaé ! ipodria V.E. llorar lamnerte
de una hija de tanto mèrito, y à quien amaba tan tiernamente ,
sin que yo mezclase mis légrimos con las suyas? No , seâor : me
uene V. E. demasiado colmado de beneficios para qae yo pueda
dejar en toda mi vida de tomar parte en sus satisCaociones y en
sus pesadumbres.
CAPITULO X.
Kncuentra Gil BUscasualmente il poeU NoAex : refiérele este qae ie repretenU
una tragedia suya en el teatro del Principe : desgraciado ^to qae tuTo ; y
efecto favorable que le produjo esta desgracia.
Comenzaba el ministro i consolarse , y por consignîente tam-
bien yo à reoobrar mi buen humor, cuando sali ana tarde i pa-
searme solo en coche. En el camino encontre al poeta asturiano,
à quien no habia visto despues de su salida del hospital. Adverfi
que esuba decentemente vestido. Uaméle , hicele entrar en èl
coche , y Aiimos juntos i pasear en el prado de San Gerônimo.
Selk>r Nuùez , le dije , ha sido fortuna mia haberos encontrado
por casualidad ; à no ser asi nunca lograria el gusto de... Déjate
de reconyencioues, Santillana, interrumpiô con predpitadoo :
confieso de buena fe que de propôsito no quise ir à visitarte , y
te Toy a decir el motivo. Tù me prometiste un buen empleo , con
tal qae renundase à la poesia , y yo he encontrado otro mas sôlido
con la condicion de hacer versos : he aceptado este ultimo por
ser mas conforme à mi geuio. Un amigo mio me ha colocado en
casa de don Beltran Gomez del Ribero , tesorero de las galeras
del rey. Este don Beltran queria mantener i sas expensas an baen
ingenio , y habièndole parecido muy sublime mi versificadon, me
ha preferido à cinco ô seis aatores que se presentàron para oca-
par la plaza de secretario de su ramo.
Me alegro infinito de eso, querido Fabricio, le dije, porque
ese don Beltran verosimilmente sera muy rico. ; Como rico ! me
replicô Fabricio : dicen que ni aun -él mismo sabe lo que tiene.
Pero como quiera que sea , he aqui en que consiste ei empleo que
desempefio en su casa. Como se preda de cortejante y qaiere pa-
sar por hombre de ingenio , se vale de mi pluma para oomponer
billetes llenos de sal y de gracia , dirigidos i mochas damas muy
vivarachas con quienes tiene frecuente correspondenda. En su
LIBRO UNDÉCmÔ. 531
nombre escribo à una en yerso, à otra en prosa , y algunas yeces
yo mismo soy el portador de los billetes para hacer ver mis mu-
chos ta]entos.
Pero tù no me enteras , le dije , de lo que mas deseo saber :
te pagan bien tus epigramas epistolaresT Con mocha liberalidad,
me respondiô : no todos los ricos son espléndidos , pues algunos
conozco que son muy tacaftos ; pero don Beltran se porta con-
mlgo generosamente. Ademar de los doscientos doblones de
soeldo que me tiene sefialados , me da de tiempo en tiempo al-
gunas pequeAas gratificadones ; lo coal me pone en estado de
hacer el papel de seftor, y de pasar d tiempo alegremente con
algunos autores tan enemigos como yo de la melancolia. Eh soma,
le répliqué yo, i es tu tesorero hbmbre de tanto gusto que co-
nozca las bellezas de una obra y note sus defectos? Oh, tanto
como eso no , me respondiô Nufiez ; aunque tiene una yerbosidad
que deslumbra , no es inteligente. Sin embargo , se crée otro
Tarpa * : decide resueltamente , y sostiene su opinion con tanta
altaneria y tenacidad que las mas de las yeces , cuando disputa ^
todos se yen obligados A céder para eyitar una granizada de ex-
presiones descorteses que acostumbra descargar sobre los que
le contradicen.
De aqui puedes inferir que pongo el mayor cuîdado en no
oponerme jamas à lo que dîce , por mas razon que muchas ye-
ces me asista para ello , porque ademas de los epitetos poco gus-
tosos que oiria de su boca , es seguro que me echaria à la calle.
ApruebOy pues, continué, todo lo que ël alaba, y repruebo
todo cuanto le disgusta. Por esta condescendencia , que en la
realidad poco 6 nada me cuesta, pues fî&cilmente me acomodo
al caràcter y genio de las personas que me pueden senrir, me he
hecho duefio de la estimacion y yoluntad de mi patrono. Empe-
nôme en componer una tragedia , cuya idea me sugiriô èl mismo.
Gompùsela à yista suya ; si sale bien , deberé toda mi gloria à las
lecciones que ël me ha dado.
Preguntële eltitulo de la tragedia; y me respondiô : Intitùlase
el Conde de Saldafia^ la cual se representarà en el corral del
Principe dentrode très dias. Deseo mucho,ie répliqué, que lo-
gre todo el aplanso y concepto que tu ingenio me hace esperar.
Yo tambien lo espero , me dijo él : yerdad es que no hay espe-
ranzas mas felibles que estas, por estar tan inciertos los autores
del éxito que tendràn sus obras en las tablas.
Llegô en fin el dia de la primera representacion. Yo no asisti
é ella por haberme dado el ministro cierto encargo que me lo
* Espurio Mecio Tarpa fuë un crîtico romano del tiempo de Augasto, nom-
brado en compania de otros caatro para examinar las obras dramâticas y
demas composiciones poëticas.
532 GIL BLAS.
estorbô; j lo mat qae pude haoer fM enyiar à Escipion para
qae à lo mènos me informase del éxito de una pieza en qae me
interesaba. Despnes de haberle estado esperando con impaciencia ,
le yi entrar con on semblante que me di6 mala espina , y no me
dej6 presaeiar cosa buena. Y bien, le preguntë, ;como ha recH
bido el publico à el Conde de Saida4Uif Malisimamente, me
respondii : en mi yida he yisto comedia tratada con mayor igno-
minia ; me he salido indignado de la insolencia del patio. No es-
toy yo mënos indignado, le interrumpi, contra la mania que
Noflez tiene de componer piezas dramâticas. ^No debe haber
perdido el juicio para preferir los ignominiosos silbidos del po-
pulacho al decoroso estado en que pnde colocarle ? Asi me des-
ahogaba yo echando pestes contra el poeta de Asturias por la
inclinacion que le tenta , afligièndome de la desgracia de su dra-
ma , miëntras èl estaba tan satisfecbo de su obra.
Efectiyamente dos dias despues le yi entrar en mi eoarto que
no cabia en si de gozo. Santillana , exclamé alborozado luego que
me yiô , yengo à darte parte de mi suma felicidad. La composi-
cion de una mala tragedia ha causado mi fortuna. Ya sabrés lo
mal que fiiè recibido mi pobre Conde de Salda^ : todos los es-
pectadores se amotiniron contra ël ; pero este desenfreno ani-
yersal fiië justamente el que aseguré mi dicha para toda la yida.
Quedë aturdido al oir hablar de este modo al poeta NuAez.
iComo asi, FabridoT le preguntë pasmado: ^es posible qued
alto desprecio con que fiië tratada tu tragedia , sea puntualmente
el motiyo de tu desmesurada alegria? ^i es ni mas ni mënos,
me respondiô. Ya te dije la mucha parte que don Beltran tayo
en su composicion ; por lo mismo la calificô de una obra é to-
das luces excelente. Picado en extremo de que el pAblico hubiera
sido de un sentir tan contrario al suyo , me dijo esta mafiana :
Nuflez,
yictrix causa Du» placuii , ted vicia Catoni /
si tu tragedia pareciô tan mal i las gentes» é mi me gustô mncho,
y esto te debe bastar. Y para que te oonsueles del dolor que na-
turalmente te causarà la injusticîa y el mal gusto del siglo pré-
sente, desde ahora te senalo dos mil escudos de renta annal y
yitalicia sobre todos mis bienes. Vamos desde aqui à casa de mi
escribano à otorgar la escritura. Gon efécto , partimos inmedia-
tamente. El tesorero firmô la escritura de donacion, y me ha
pagado el primer afto anticipado.
Di mU parabienes à Fabricio por el desgraciado ëxito de so
Conde de SaldafUi, que habia redundado en proyecho ^el autor.
Tienes razon , prosiguiô ël , en cumplimentarme por una cosa
tan oxtraAa. \ Dichoso yo una y mil yeces de haber sido silbado!
LIBRO UNBÉCIMO. S33
Si el publico mas benevolo me hubiera honracfo con sus apian-
SOS, ^qnë fruto hubiera sacado de ellosT Ninguno, 6 à lo sumo
algunos reales que de nada me servirian ; pero los silbidos en
un instante me ban puesto en estado de pasar cômodamente el
resto de mis dias.
CAPITULO XL
Conngue Santillana un empleo para Esdpion, el cual te embarca para
Nueya Espa&a.
No mirô mi secretario sin alguna enyidia la fanpensada fortuna
del poeta Nufiez , de manera que en toda una semana no cesô
de hablarme de ella. Admirado estoy, me decia, de los capri-
chos de la Fortuna, la cual muchasveces parece que se deleita
en colmar de bienes à un detestable autor, miëntras abandona à
los mejores en manos de la miseria : \ cnanto celebraria yo que
nn dia se le antojase hacerme rico de la noche i la maftana ! Eso,
le dije , podri quizà suceder mas presto de lo que piensas. Tù
estas ahora en el templo de esa deidad , porque , si no me en-
gaflo mucho , la casa de un primer ministro se puede muy bien
Ilamar el templo de la Fortuna, donde de repente seven eleyados
y opulentos los que logran su favor. Becis, seûor, mucha verdad,
me respondiô; pero es men ester tener paciencia para esperarle.
Yuèlvote à decir, le répliqué, que te sosiegues-. iquien sabe si
quizi à estas horas se te esta preparando alguna buena comi-
sion? Con efecto, pocos dias despues se me presentô ocasion
de emplearle àtilmente en servicio del conde-duque, y no la dejè
Hallàbame una maAana en conversacion con don Ramon Ca-
poris, mayordomo del primer ministro, y era el asunto sobre
las rentas de S. E. Mi seflor, decia él, goza'de varias encomien-
das en todas las ôrdenes mUitares, que le reditùan oada afio
cuarenta mil escudos, sin mas obligacion que la de llevar la
Cruz de Alcantara. Fuera de eso los très empleos de gentil-
hombre de càmara , caballerizo mayor, y gran canciller de Indias,
le producen doscientos mil escudos. Pero todo esto es nada en
comparacion de los inmensos caudales que saca de las Indias.
4 Sabe vmd. como? Cuando los buques del rey salen de Sevilla ô
de Lisboa para aquellos patses , hace embarcar en ellos vino ,
aceite y todo el trigo que le produce su condado de Olivares, sin
que le cueste un maravedi la conduccion. En Indias se venden
estos géneros à precio cuatro veces mayor del que valen en Es-
pafta. Con el dinero quegana en esta venta, compra especeria ,
colores y otras drogas que en el nuevo mundo estàn casi de
334 GIL BLAS.
balde , y en Europa se Tenden â subido predo. Este es un tréfioo
que le vale machos milloDes sin el menor perjuicio del erario. Y
Bo extrafiarà vmd., continuô, que las persooas empleadas en
hacer este comercio vuelvan todas cargadas de riquezas , por-
que S. E. Ueva à bien que haciendo su negocio hagan tûnbien
ellas cl suyo.
El hijo de la Coscolina , que escuchaba nuestra couTersadon ,
no pudo oir hablar asi à don Ramon sin interrumpirle : Fardiez ,
seAor CaporiSy exdamô , que yo de buena gana séria uno de esos
empleados , y mas que ha muchos afios tengo grandes deseos de
ver â Mèjico. Presto satisferia yo tu curiosidad , le dijo el mayor-
dormo , si el seAor de Santillana no se opusiera à tus deseos.
Aunque soy algo delicado en la eleccion de los sugetos que en-
yio A las Indias para hacer este trifico » porque al fin yo soy el
que los nombro , desde luego te sentaria degamente en mi re-*
gistro , con tal que lo consintiese tu amo. Mucha satisfacdon
tendria, dije à don Ramon, en que vmd. me dièse esta prueba
de amistad. Escipion es un mozo à quien estimo , y ademas de
eso es muy capaz y tan puntaal en todo lo que se pone à su
<^^go» que espero no daràel menor motivo de disgusto: res-
pondo por él como pudiera responder por ml mismo.
Siendo asi, replicô Caporis, desde luego puede marcharàSe-
yilla, de donde dentro de un mes se harén à la vela los navios
que han de pasar à Indias. Llevarà una carta mia para derto
sugeto que le instruira bien en todo lo que debe hacer para uti-
lizar mucho sin el menor perjuicio de los mtereses de S. E. , que
siempre deben ser muy sagrados para H.
Alegrlsimo Escipion con el nueyo empleo , dispuso su yiage a
Sevilla con mil escudos que le di para que comprase en Andalu-
da vino y aceite , y pudiese asi traficar por su cuenta en las In-
dias. Mas siu embargo de las esperanzas que Uevaba de mqorar
de fortuna en el viage, no pudo separarse de mi sîn légrnnas,
ni yo privarme de él con ojos enjutos.
CAPITULO XU.
Llega â Madrid don Alfonso deLeiya : motiyo de su TÎage : grave aflîccioo de
Gil Bias ; j alegrîa que le signiô.
Apénas se habia ausentado Escipion , cuando un page de! mi-
nistro entrô en mi cuarto y me entregô un billete que contenia
estas palabras : Si el seikor de Santillana qvmete lonutrte la mo-
lestia de ir al meum de San Gabriel en la calle de Toledo , vera
en él d uno de sus magores amtgos^
é Quien podrà ser este amigoT decia yo entre mi mismo, i y
LIfiRO UNDÉCIHO. 63&
por que razon me ocultarà sn nombre? Tal vez quiere sazo-
narme el gusto de verle con el sainete de la sorpresa. Sali at
instante de casa , me encaminè à la calle de Toledo , Ileguè al
sitio seftalado , y me quedé no poco saspenso de encontrar à don
Alfonso de Leiva. |Qué es lo que veol exclamé: | Y. S. aqui^
seflor I Si , mi querido Gil Bias , me respondiô teniéndome estre-
chamente abrazado. £1 mismo don Alfonso en persona es el que
tienes & la yista. ; Pero que negocio le ha traido à Y. S. à Ma-
drid? le dije. Te yoy à sorprender, me respondiô, y afligirte
enteràndote de la causa de mi viage. Sàbete que me han quitado
el gobierno de Yalencia, y que el primer ministro ha mandado me
présente en la corte à dar cuenta de mi conducta. Permaneci un
caarto de hora en un profiindo silencio: despues yoWiendo à
lomar la palabra : ; De que se le acusa à Y. S. ? le dije : Nada se ,
respondiô ; pero atribuyo mi desgrada à la visita que hice très
semanas ha al cardenal duque de Lerma, que hace un mes se
halla confinado en su palacio de Dénia.
iOh! en verdad , interrùmpi yo, que Y. S.tiene razon en atri-
buir su desgracia à esa indiscreta yisita: no hay que buscar
otra culpa ; y Y. S. me permitiri le diga que se olvidô de consultar
su acostumbrada prudencia cuando fué à yer à un ministro des-
graciado. £1 yerro ya se cometiô , me dijo él , y he tomado yo-
luntariamente mi determinacion. Me retiraré con mi familia é la
<|uinta de Leiya , donde pasaré en un profundo sosiego el resto
de mis dîas. Lo ùnico que ahora me aflige , aftadiô , es el yerme
obligado à presentarme à un ministro orguUoso y dominante ,
que quizà me recibirà con poco agrado , cosa intolerable para
quien naciô con alguna honra. À pesar de que esto es una ne-
cesidad , he querido hablarte antes de someterme à ella. Sefior ,
le dije , no se présente Y. S. al ministro sin que yo sepa antes
de lo que se le acusa , pues el mal no es irreparable. Sea lo
que fuere, Y. S. se seryirà Ueyar à bien que yo dé en el asunto
todos aquellos pasos que exigen de mi la gratitud y el afecto.
Diciendo esto le dejé en el meson , aseguràndole que dentro
de poco nos yolveriamos à yer.
Como yo no interyenia ya en ningun negocio de estado desde
las dos memorias de que he hecho tan elocuente mencion , fol i
buscar à Carnero para preguntarle si era yerdad que é don Al*
fonso de Leiya se le habia quitado el gobierno de la ciudad de
Yalenda. Aespondiôme que si y pero que ignoraba la causa de
ello. Con esto resolyi sin yacilar acudir al mismo ministro para
saber de su propia boca los motiyos que podia tener para estar
quejoso del hijo de don César.
Estaba yo tanpenetrado de dolor por este fatal acontecimiento,
que no tuye necesidad de aparentar tristeza para parecer afligido
à los ojos del conde. ;Qné tienes, Santillana? me preguntô luego
536 GIL BLAS.
que me viô : deacubro en lu semblante sefiales de pesadumbre ,
Y aun yeo que las légrimas estén prontas à correr de tus ojos.
^Te ha ofendido alguno? babia, y pronto quedarés vengado.
SeAor, le respond! llorando, aon cuando quisiera disimular mi
pena no podria , porque casi llega à términos de desesperadon.
Acaban de asegurarme que ya no es gobernador de Valencia
don Alfonso de Leiva , y no podian darme noticia que me faera
mas sensible* ;Quë me dices, Gil Bias ? repuso el ministro admi-
rado : i pues que tienes tu con don Alfonso ni con su gobiemo ?
Entônces le bice una puntual relacion de todas las obligacionea
que debia à los seAores de Leiva , y despues le conté como y
cuando habia yo obtenido del duque de Lerma para el hijo de
don César el gobierno de que se trataba. Despues que S. E. me
oyô con una atencion llena de bondad h&cia mi, me dijo : En-^
juga tus légrimas, amigo mio. Ademas de que yo ignoraba lo que
me acabas de contar , te confésaré que miraba a don Alfonso
como hechura del cardenal de Lerma. Ponte en mi lugar ; la yî-
sita que hizo à este purpurado ; no te le hubiera hecbo sospe-
choso? Quiero no obstante créer que, habiéndosele oonferido sa
empleo por aquel jninistro , puede haber dado este paso por un
mero impulso de agradedmiento. Siento haber separado de sa
empleo à un hombre que te le debia à ti ; pero si deshice lo
que habias hecho tù , puedo repararlo , y aun quiero hacer por
ti mas de lo que hizo el duque de Lerma. Don Alfonso de Leiya
tu amigo no era mas que gobernador de la ciudad de Valencia ;
pero yo le hago yirey del reino de Aragon. Te doy licencia para
que le comuniques esta noticia , y puedes dedrle que yenga à
prestar juramento.
Cuando oi estas palabras pasé del extremo de la afliocion ion
exceso de alegria que me enagenô en términos que lo conodô
S. E. en el modo de manifestarle mi agradecimiento ; mas no le
desagradô el desconcierto de mis palabras, y como le habia en-
terado Ae que don Alfonso esuJ^a en Madrid , me dijo que
podia yo presentàrsele en aquel mismo dia. Fui yolando al meson
de San Gabriel, en donde colmé de gozo al hijo de don César
anunciàndole su nuevo empleo. No podia créer lo que yo le
decia, porque tenia dificultad en persuadirse de que, por mas
amistad que me tuviera el primer ministro , fuera capaz de dar
yireinatos por mi influjo. Condùjele à casa del conde-duque, que
le recibiô muy afoblemente , y le dijo que se habia comporlado
tan bien en su gobierno de la ciudad de Valencia , que contem-
plândole el rey apto para desempeûar un empleo mas eleyado ,
le habia nombrado para el vireinato de Aragon. Por otra parte,
aftadiô , esta dignidad no es superior à la categoria de yuestro
nacimiento , y la nobleza aragonesa no podria quejarse de la
eleccion de la corte. S. E. no me tomô en boca , y el publico
UBRO UNDÉGIHO. 637
igDorô la parte que 70 habia tenido en aqoel negocio , lo que
poso à cubierto à don Alfonso y al ministro de las habladurlas
del publico sobre el nombramiento de un virey que era he-
chura mia.
Luego que el hîjo de don César estuvo seguro de su promo-
cion y despachô un propio à Valencia para noticiarla à su padre
y à Serafina, que al momento pasàron à Madrid ; y su primera
diligencia fué Yisitarme y colmarme de demostraciones de viro
agradecimiento. ; Que espectâculo tan tierno y glorioso fiiè para
mi yer à las très personas que mas amaba en el mundo abra-
zarme â competencial Tan agradecidos à mi amor como al es-
plendor que el yireinato iba â afiadir à su casa, no hallaban
palabras con que manifestar su reconocimiento. Me hablaban como
81 trataran con un igual suyo , paredendo haber ohidado que
habian sido mis amos : todo les parecia poco para darme prue-
bas de amistad. Para suprimir circunstandas inutiles , don Al-
fonso, despues de haber recibido el real despachô, dado gracias
al rey y al ministro , y prestado el juramento acostumbrado »
marchô de Madrid con su familia para ir à establecer su resi-
dencia en Zaragoza. Hizo alli su entrada pùblica con la mayor
magnificencia ; y los Aragoneses acreditàron con sus adamaciones
que yo les babia dado un virey que les era muy acepto.
cAPiTULO xm.
Encuentra Gil Bias en palado i don Gaston de Cogollos, j i don Andres de
Tordesillas : â donde f uëron todos très : fin de la historia de don Gaston y
doAa Elena de Galisteo : que senricio hizoSantillana 4 Tordesillas.
Loco estaba yo de contento por haber iransformado tan fe-
lizmente en yirey i un gobemador depuesto. Los mismos seflores
de Leiva no estaban tan alegres como yo. Presto se me ofredô
otra ocasion de emplear mi yalimiento à fayor de un amigo ; lo
que creo conyeniente contar, para hacer yer à mis lectores que
ya no era yo aquel mismo Gil Bias que en el mihisterio anterior
yendia las mercedes de la corte.
Halléndome un dia en la antecàmara del rey hablando con al-
gunos seflores, que no se desdeflaban de admitirme i su con-
yersacion , sabiendo que me queria el primer ministro , yi entre
la multitud à don Gaston de Cogollos , aquel reo de estado â
quien habia dejado en el alcâzar de Segoyia , que estaba con el
alcaide del mismo alcizar don Andres de Tordesillas. Separème
gustoso de las personas con quienes estaba, para ir à dar un
abrazo à estos dos amigos mios. Si elles se admiràron mucho
de yerme alli , yo me admiré mas de encontrarme con ellos.
538 GIL BLAS.
Despaes dereclprocos abrazos» me dijo doo Gaston: SeAor de
Santfllana, tenemos muchas cosas qoe deciraoa, y no estâmes en
parage à proposiio para eUo ; pennitame Tmd. qoe le condozca
à un sitio en donde el seftor de TordesOlas y yo tendrémos el
gusto de hablar largamente con vmd. Vine en ello ; abrimonos
paso por entre el gentio, y salimos de palacio. Hallàmos el cocbe
de don Gaston , qne le estaba esperando en la calle , metimonos
en el los très , y fuimos à apeamos en la plaza mayor, en donde
se hacen las corridas de toros % qoe alli yiyia Gogollos en ona
soberbia casa.
Seûor Gil Bias, me dijo don Andres luego qoe entrémos en
una sala alhajada con magnificencia , paréoeme que coando ymd.
saliô de Segovia habia cobrado horror à la eorte , y qne iba re-
suelto à alejarse de ella para siempre. Ese era en efecto mi de-
Signio y le respondi , y miéntras yiviô el difunto rey no mode de
parecer ; pero luego que sope que ocupaba el trono el prindpe
su bijo, quise yer si el nuevo monarca me conocia:GOiiOGÎ6me;
y tu?e la dicha de que me recibiese benignamente; ti mismome
recomendô al primer ministro, quien me cobrô amistad, y con
el cual estoy en mucho mas auge del que nunca estuye oon el
duque de Lerma. Esto es, sefior don Andres » todo lo que te-
nia que decirle ; ahora digame ymd. si se mantiene todayia de
alcaide del alcazar de Segoyia. No por cierto, me respondiô;d
conde-duque puso à otro en mi lugar creyéndome probablemente
parcial de su predecesor. Yo, dijo entônces don Gaston, obtuve
mi libertad por uoA razon contraria. Apénas supo el primer mi-
nisiro que yo estaba en la prision de Segoyia por ôrden del duqoe
de Lerma , cuando me mando poner en libertad ; abora se trata,
sefior Gil Bias , de contaros lo que me suoediô desde que sali
del alcazar.
Lo primero que hice, continué, despues de haber dado mil
gracias à don Andres por las atenciones que le babia debido
durante mi arresto, fuè yenirme é Madrid. Presentfane al conde-
duque de Olivares , el cual me dijo : No tema ymd. que la des-
gracia que le ha sucedido perjudique en lo mas minimo i su re-
putacion. Ymd. se halla plenamente justificado, y estoy tanto mas
seguro de su inocencia , cuanto que el marques de YiUareal , de
' Antes de haber en Madrid plaza construida determiDadamente para las
corridas de toros, se ejecutaban estas en diferentes pantos, aegun eran mas 6
menos suntuosas , 6 plausibles los motivos de las fiestas en cuya oelebridad se
hacian. Las en que, ademas de lidiar con los toros , donde salian i acrediCar
su destreza y valentia los caballeros, se corrian tambien parejas , ae jogaba de
canas y de sortija , que eran bastante frecuentes , se ejecutaban en U plan
mayor 6 del mercado , situada en el mismo parage donde hoy esta, aonque de
figura mas irregular.
LIBRO UNDËCIMO. 539
quien se le sospechaba à ymd. complice , no era culpable. À pe-
sar de ser Portugues y aun pariente del daque de Braganza, es
mènes pardal del duque que del rey mi seftor. Por consiguiente
no debiô imputàrsele à vmd. como delito su conexion con el
marques ; y para ireparar la injusticia que se bizo à ymd. acu-
sàndole de traicion , el rey le hace teniente capitan de su guardia
espaûola. Acepté este empleo suplicando à S. £. me permitiese,
antes de entrar à desempeûarle, pasar à Coria à yer à mi tia
doua Leonor de Lajarilla. Concediôme el ministro un mes de li-
cencia para el yiage , el que emprendi acompafiado de un solo
lacayo.
Habiamos pasado ya de Colmenar , y entrado en un èamino
hondo entre dos colinas , cuando yimos à un caballero que se
estaba defendiendo yalerosamente de très hombres que le aco-
metian à un tiempo. No me detuye un punto en ir à socorrerle :
fui yolando hàcia él , y me puse à su lado. Obseryë cuando me
batia que nuestros enemigos estaban enmascarados , y que re-
ûiamos con anîmosos combatientes. Sin embargo , à pesar de su
vigor y destreza quedàmos yencedores : atrayesë à uno de los
très , que cay6 del caballo , y los otros dos huyèron al momento.
Verdad es que la yictoria no fiiè ménos funesta para nosotros
que para el desgraciado à quien yo habia muerto ; porque, des-
pues de la accion , tanto mi compafiero como yo nos hallémos
peligrosamente heridos. Pero figùrese ymd. cual séria mi sor-
presa cuando conoci que el caballero à quien habia socorrido
era Gambados , marido de dofta Elena. No quedô ël ménos ad-
mirado al yer que era yo su defensor. ; Ah don Gaston I exda-*
mô; pues que, |sois y os quien venis à socorrerme! Cuando
abrazàsteis mi partido con tanta generosidad , sin duda ignorar
bais que defendiais à un hombre que os habia robado yuestra
dama. Es cierto que lo ignoraba, le respondi; pero aun cuando
lo h^ibiera sabido, ;os parece que hubiera titubeado en hacer lo
que hice? ;Me tendrèis en tan mal concepto que créais tengo
una alma y il? No, no, respondiô: tengo mejor opinion deyos^
y si muero de las heridas que acabo de recibir, deseo que las
Yuestras no os impidan aproyecharos de mi muerte. Cambados,
le dije , aunque no he oWidado today ia é doiia Elena, sabed que
no apetezco poseerla à costa de yuestra yida; y aun me alegro
mucho de haber contribuido é salyaros de los golpes de très
asesinos , pues que en ello hice una accion que agradecerà yues-
tra esposa.
Miéntras estabamos hablando de este modo, mi lacayo se
apeô , y acercàndose al caballero que estaba tendido en el suelo
le quitô la mascarilla , y nos hizo yer unas focciones que luego
conociô Gambados. Es Gaprara , exdamô , aquel pérfido primo ,
que, en despecho de haber perdido una rica herencia que injus-
540 GIL BLAS.
tamente me habia dispatado , haœ macho tiempo qae pensab»
asesinarme, y habia por ultimo elegido este dia para reaÛzar sos
deseos ; pero el cielo ha permitido qae 61 mismo haya side b
yictima de su atentado.
Entre tanto naestra aaogre oorria en abondancia, y per ins-
tantes nos ibamos debilitando. Sin embargo , heridos como esta-
bamoSy tuvimos ànimo para Ilegar hasta el logar de Yillarejo,
qae no distaba mas qae dos tiros de ftisil del campo de batalla.
Llegados al primer meson , UamAmos drujanos , y vino nno que
nos dijéron ser may hébil. Exunind naestras heridas , y hsdlô
qae eraa may peligrosas ; hizo la primera cura, y i la mafiana
aigniente despues de haber leyantado el yendaje dedarô mortales
las de don Bias, pero no las mias ; y sas pronôstioos no salièroo
falsos.
Yiéndose Gambados desahaciado , solo pensô en prepararse à
morir. Envi6 un propio à su mager para informarla de todo lo
aaoedido , y del triste estado en que se hallaba. Tarda poco do&a
Elena en presentarse en Yillarejo , à donde llegô con el espirita
fiiertemente agitado por dos causas diferentes ; por el peligro
que corria la vida de su marido, y por el temor de que mi vista
Yolviese i encender en sa pecho on fiiego mal apagado : dos
afectos que la tenian en ana terrible conmocion. SeAorar, le dijo
don Bias luego qae la yiô , aun yenis i tiempo para redbir mi
ultima despedida ; yoy à morir, y miro mi muerte como an cas-
tigo del cielo por la iUsedad con que os robe à don Gaston. Hay
léjos de quejarme de él, yo mismo os exhorto i que le resti-
tuyais un corazon que le usurpé* DoAa Elena no le respondio
sino con légrimas , y à la yerdad esta era la mejor respuesta que
le podia dar ; porque no estaba tan desprendida de mi que ha-
biese olvidado el artificio de que se habia yalido don Bias para
determinarla i serme infiel.
Aconteci6 lo que el cirujano habia pronosticado , que en më-
nos de très dias muriô Gambados dé sus heridas , en yez de que
las mias anunciaban una pronta curacion. La yiuda , ocapada
ùnicamente en el cuidado de que trasladasen à Goria el cadaver
de su esposo , para bacerle los honores que ella debia à sus ce-
nizas , saliô de Yillarejo para volverse aJU despues de haberse
informado como por mera urbanidad del estado en que yo me
hallaba. Scguila luego que pudé tomando el camino de Coria,
donde acabé de restablecenne. Entônces mi tia doAa Leonor y don
Jorge de Galisteo determinâron casarnos à la viuda y i mi antes
que la Fortana nos jugase otra pieza como la pasada. Efectuôse
secretamente el matrimonio , en atencion à là reciente maerte de
don Bias ; y de alli à pocos dias volvi à Madrid con doAa Elena.
Gomo se habia pasado el tiempo de mi licencia , terni que el mi>
nistro hubtese dado à otro la tenencia de guardias que se me ha-
LIBRO UNDËCmO. 541
bia conferido ; pero no babia dispuesto de ella , y tiiYO la bondad
de admitir la disculpa que le di de mi tardanza.
Soy , pues , prosiguiô Cogollos , primer teniente de la guardia
espaâola , y estoy muy contento con mi empleo. He grangeado
amigos de trato agradable con quienes yIyo gustoso. He alegrara
poder decir otro tanto, internimpi6 aqui don Andres , pues estoy
muy léjos de viyir contento con mi suerte : perdi el empleo que
tenia , el cual me daba de comer, y me veo sin amigos que puedan
ayudarme à adquirir otro sôlido. Perdone ymd., sefior don Andres,
dije yo entônces sonriéndome ; en mi tiene ymd. un amigo que
puede servirle de algo. Vuelvo, pues, à decir que el conde-
duque me estima aun quizà mas de lo que me estimaba el duque de
Lerma , ^ y se atreve vmd. à decirme en mi cara que no conoce é
nadie que le pueda proporcionar un empleo sôlido ? Pues ^no le
hice en otro tiempo un servicio semgante? Acuërdese ymd. de
que por el yalimiento del arzobispo de Granada logrè que se le
nombrase à vmd. para ir à Méjico à desempeûar un empleo en
que hubiera hecbo su fortuna , si el amor no le bubiera detenido
en la ciudad de Alicante : pues me ballô en mejor estado de po-
der servir à vmd. actualmente, que estoy al lado del primer mi-
nistro« Supuesto eso , me pongo en manos do ymd., repuso Tor-
desillas ; pero , aâadi6 sonriëndose tambien , suplico à ymd. que
no me haga el fovor de enyiarme à Nueya EspaAa, porque no
querria ir aUà aunque me bicieran présidente de la audiencia de
Méjico.
Al Uegar aqui nuestra conyersacion fué interrumpida por dofia
Elena que entr6 en la sala , y cuya persona , Uena de atractiyos ,
correspondia i la encantadora idea que me babia formado de
ella. SeAora , le dijo Cogollos y este cal>allero es el sefior de San-
tillana, de quien os be bablado varias yeces, y cuya amable
compaflia calm6 frecuentemente en la prisîon mis pesares. Si, se-
flora, dije à dofia Elena; mi conyersacion le agradaba, porque
siempre era ymd. el asunto de elIa. La bija de don Jorge respondiô
modestamente à mi cumplimiento ; despues de lo cual me despedi
de ambos esposos , aseguràndoles lo mucbo que celebraba que el
himeneo bubiese por ultimo coronado sus prolongados amores.
Despues dirigiendo la palabra à Tordesillas y le rogué que me
infbrmase de su babitacion, y, babiéndolo becbo , le dije : Bon
Andres 9 de ymd. no me despido : espero que antes de ocbo dias
yerà ymd. que yo reuno el poder à la buena yoluntad.
No quedé por embustero : al dia siguiente el conde-duque me
propordonô la ocasion de servir i este alcaide. Santillana, me
dijo S. E., esta vacante la plaza de gobernador de la circel real
de Yalladolid; vale mas de trecientos doblones al aflo, y me
dan ganas de dirtela. No la quiero, sefior , le respondi, aunque
valga diez mil ducados de renta : renuncio à todos los empleos
542 GIL BLAS.
que no paeda desempeftar sin alejarme de V. E. Pero este , re-
plicô el ministro , paedes desempeAarle muy bien , sin neoesidad
de salir de Madrid sino para ir de cuando en cuando à Vallado-
lid é yisitar la cérœl. Ij^ga Y . E. caanto gaste , repnse yo , no
acepto ese empleo sino con la condicion de qae se me permita
rennnciarlo à fiiyor de an digno hidalgo llamado don Andres de
Tordesillas, alcaide quefué del alc&zar de Segovia. Me alegraria
hacerle este présente en reconocimiento de los buenos procède-
res de que osô conmigo durante mi prision.
Sonriôse el ministro de oirme hablar asi , y me dijo : Por lo
que veOy Gfl Bias , quieres hacer un gobernador de la circel real
del modo que hiciste un TÎrey. Pues bien , sea asi , amigo mio ,
desde hiego te concedo la plaza vacante para TordesOIas ; poro
dime francamente que gratificacion debe producirte , porqne no
te tengo por tan simple que quieras empefiar tu valimiento de balde.
Seflor , le respondi, ^no deben pagarse las deudas? Don Andres
me propordonô sin interes todas las comodidades que pudo ,
^no seré justo que yo le corresponda? Muy desprendido os ha-
beis hechOy sefior de Santillana, me replicô S. E.; me parece
que lo erais mucho ménos en el ultimo ministerio. Es verdad , le
repuse , porque el mal ejemplo estragô mis costumbres : como
entônces todo se vendia, me conformé con el nso ; y como en
el dia todo se dâ , he vuelto à recobrar mi integridad.
Logréy pues y que se proveyese en don Andres de Tordesillas
el gobierno de la càrcel real de Valladolid , y le hice marchar
iuego k dicha ciudad tan contento con su nuevo empleo , como
lo quedé yo por haber desempeflado para con ël las obligaciones
que le debia.
rCAPlTULO XIV.
Va Rantillapa à casa del poeta Nuiiex : que penonas enoontro en ella ; j que
oonversacion tuTÛfron alli.
Un dia despues de comer se me antojô ir é ver al poeta as-
turiano, movido solo de la curiosidad de saber que vivienda
tenia. Me encaminé i casa del seftor don Beltran Gomez del Ri-
hero, y pregunté en ella por NuAez. Ya no vive aqui, me res-
pondiô un lacayo que estaba à la puerta; vive ahora en aquella
casa , afiadiô mostràndome una que estaba cerca , y ocupa un
cuarto que cae à espaldas de ella. Fuime allé , y despues de hab»
atravesado un patio pequefto, entré en una sala enteramente
desalhajada , en donde halle à mi amigo Fabricio sentado toda-
via à la mesa con cinco 6 seis amigos suyos i quienes habia con-
vidado aquel dia.
LIBRO UNDËCIMO. 543
Estaban al fin de la comida, y por consigaiente metidos en dis-
puta ; pero luego que me yiéron , sacediô un profiindo silencio à
su ruidosa conversacion. Levantôse apresuradamente Nuftez para
recibirme, exclamando : Caballeros, aqui esta el seftor de San-
tillana que tiene la bondad de honrarme con una de sus visitas :
ayùdenme ustedes é tributar respetuosos obsequios al valido del
primer ministro. AI oir esto todos los conyidados se levantâron
tambien para saludarme; y en consideracion al titulo que se me
habia dado , me hiciéron cumplimientos muy reverentes. Aunque
yo no tenia necesidad de beber ni de corner , no me pude escusar
de sentarme à la mesa con ellos , y aun de corresponder i un
brîndis que me dirigiëron.
Paréciëndome que mi presencia les impedia continuar hablando
con libertad : Sefiores , les dije , creo haJber interrumpido su con-
versacion; suplico à ustedes la continàen, à sino me retiro.
Estes sefioreSy dijo entônces Fabricio, estaban hablando de la
Ifigenia de Euripides. El bacbiller M elcbor de Y illegas , erudito
de primer ôrden y preguntaba al seAor don Jacinto de Romarate
^qué eralo que mas le interesaba en aquella tragedia? Asi es,
dijo don Jacinto y y yo le be respondido que el peligro en que se
veia Ifigenia. Y yo, dijo el bachiller, yo le be replicado, lo que
estoy pronto à demostrar , que no es el peligro lo que forma el
verdadero interes de la pieza. Pues ;,cttal es? exclamé el anciano
licenciado Gabriel de Leon. El yiento, respondiô elbachiller.
Todos diéron una carcajada al oir unarespuesta que yo nocrei
formai, imaginàpdome que Melchor no la habia dado sino por
alegrar la conyersacion. Pero no tenia yo noticia de aquel sabio :
era un hombre que no entendia de burlas , y asi dijo con grande
seriedad : Rian ustedes cuanto Içs diere la gana, que yo siempre
sostendrë que lo que debe bacer mas impresion en el espectador,
lo que debe interesarle y suspenderle mas , es el yiento. Y sino
figùrense ustedes un numeroso ejército unido precisamente para
ir à sitiar à Troya. Consideren la impaciencia de capitanes y sol-
dados por emprender y conclutr aquel sitio , y restituirse cuanto
intes à la Grecia, en donde habian dejado todo lo que mas ama-
ban en este mundo, sus dioses lares, sus mugeres y Sus hijos.
Leyéntase de repente un maldito viento contrario que los detiene
en Aulida, y. los tiene ce mo clayados en aquel puerto, tanto que
miéntras no se mude no les es posible ir à sitiar la dudad de
Priamo. Pues este yiento es el que forma el interes de la tra-
gedia. Yo me declare à fevor de los Griegos porque apruebo su
designio , y solo deseo la partida de su flota , mirando con indt-
ferencia Ifigenia en peligro, pues que su muerte es un medio para
obtener de los dioses un yiento favorable.
Cuando Yillegas acabô de hablar , se renovàron his carcajadas
à su Costa. Fingiô Nuftez apoyar socarronamente aquella ridicula
644 GIL BLAS.
opinion , tolo por dar mas materia de borla à los zambones ,
los caales se divirtiëron diciendo mil graciosiaimas chafletas so-
bre los vientos. Pero el bachillery mirindolos i todos con aire fle
mâtico y orgulloso , los tratô de ignorantes y gente yolgar. Yo
estaba temiendo à cada momento que se agarrasen y se dîesen
de mojicones estos botarates , que es el término ordinario de sus
disputas ; pero fiié vano mi temor , porque todo se redujo à Ue-
narse reciproeamente de desyergûenzas , y se retiràron despues
de haber comido y bebido à discrecion.
Luego que se marchéron pregunté à Fabricio porqué no rîr
via en casa del tesorero , y si acaso habia ocurrido alguna desa-
venencia entre los dos. ^Desaveuencia? me respondiô, Bios me
libre de ello : nunca ha estado en mayor auge mi estimacion con
don Beltran. Supliquéle me permitiese vivir en casa separada , y
alquilé en esta el cuarto que ves para gozar de mayor libertad*
Aqui recibo à mis amigos que me vienen à ver con frecnencia ,
y lo paso alegremente con ellos , porque ya sabes que mi genio
no es muy inclinado é dejar grandes riquezas à mis herederos.
Mi mayor gusto es ballarme al présente en estado de tener todos
los dias à mi mesa buena compaûia sin peligro de arruinarme.
Me alegro infinito , querido NuAez , le répliqué , y no puedo mè-
nes de repetirte mil parabienes por el éxito de tu ultima tragedia.
Las odiocientas composiciones dram&ticas del gran Lope de Ve-
ga no le yalièron la cuarta parte de lo que te ha valide à ti tu
Cottde de Saldaàa.
LIBRO DUODECIMO.
CAPITULO L
Enyia el ministra i Toledo à Gil Bias : motivo y éiiio de su TÎage.
Hacia ya cerca de un mes que S. E. me repetia todos les dias:
Santillana , ya llegando el tiempo en que quiero emplear tu ta-
lento y destreza ; pero este tiempo nunca acababa de i^enir. Llego
en fin y y S. £. me hablô en estos termines : Se dice que hay
en la compaûia de comices de Toledo una actriz muy celebrada
per su habilidad : se asegura que baila y canta divinamente: qoe
arrebata à los espectadores cuando représenta ; y se aikade tam-
bien que es muy hermosa. Una persona tan recomendable es di-
gna de venir à representar en la corte. Al rey le gustan las oo-
UBRO DUODECIMO. 545
médias , h mùsica y el baOe , y no le desagrada la hermosura.
No me pareoe razon que S. M. carezca del placer de ver y oir i
una muger de tanto mërito. Por esto he resuelto enyiarte à Toledo
para que juzgues por ti mismo si esa actriz es tan peregrina; yo
ne atendrè desde luego à la impresion que cause en ti, y me fio
enteramente en tu discernimiento.
Respond! à S. £. que esperaba dar buena cuenta de aquella
coinisîon ; y desde luego emprendi mi ^iage , acompaûado de un
lacayo , à quien hice dejar la librea del ministro para desempe-
fiar mi encargo con mayor secreto ; precaucion que agradô a S. £.
Tomiy pues 9 el camino de Toledo , en donde me apeè en un me-
son iwnediato al alcizar. No bien me habia apeado cuando el me-
iBOBero ^ teniéndome sin duda por algun caballero de las cercanias ,
me dijo : Naturalmente vendra Y. S. à ver la augusta ceremonia
del auto de te que se célébra maftana en Toledo. Yo, que nada
fiabîa de lai auto , le respond! inmediatamente que si , para ocul-
taf mejor mi designio , y cortarle la gana de preguntarme mas
sobre el fin que llevaba à aquella ciudad. Yeré Y. S., prosiguiô
él , uaa de las mas excelentes procesiones que jamas se ban yis-
u> ; pues hay , segun se dice , mas de den penitenciados , entre
los cuales pasan de diez los que han de ser quemados.
Coa efecto , el dta siguiente antes de salir el sol oi tocar to-
das las campanas de la ciudad en sefkal de que iba i darse prin-
cipio al auto de fe. Con la curiosidad de ver esta ceremonia me
yesti aceleradamente , y me encaminë hàcia la inquisicion. Habia
alli cerca , y de trecho en trecho por donde habia de pasar la pro-
cesion , tablados altos , en uno de los cuales me coloquè por mi
dinero. Iban primero los padres dominicoi » precedidos del es-
tandarte de la fe , 6 pendon del santo tribunal. Tras de dichos
religiosos venian los reos con sus capotilios ô especie de esca-
pularios de tela amarilla , formada en ellos por la parte anterior
y posterior el aspa de san Andres de tela roja , Uamada sanbe-
iitfOy y todos con corozas en la cabeza , con llamas pintadas las
de los condenados é la hoguera , y sin ellas las de los otros de
menor pena.
Hiraba yo à todos aquellos infelices cou la compasion que no
se puede negar à la humanidad , cuando crei descubrir entre los
eicorozados sin Uamas al reverendo padre Hilario y é su com-
palleio el hermano Ambrosio. Pasàrou tan cerca de mi , que no
pUde equivocarme. \ Que es lo que estoy viendo I dije entre mi
mismo , el cielo, cansado de los excesos de estos dos malvados ,
los ha entregado à la justicia de la inquisicion. Hablando con-
mîgo de esta suerte me senti aterrorizado , se apoderô de mi un
temUor universal , y mi ànimo se ttirbô en términos que terni
caer deamayado. Las relacioaes que yo habia tenido con aquellos
briboQieSy la aventura de Cheha, y en fio , todo lo que habia-
55
546 GIL BLAS.
mos hecho juntos acodiô en aquel momento i representarse à mi
imaginacion ; y crei que no podia dar saficientes gracias & Dies
de haberme preservado del sanbenito y de la coroza.
Acabada la ceremonia me restitui al meson temblando per el
terrible espectaculo que acababa de ver ; pero las tristes ideas
de que tenia Ueno el inimo se disipàron insensiblemente, y
solo pensé en desempeftar con acierto la comision que me habia
encargado mi amo. Espéré con impaciencia la bora de la com^
dia para ir & ella , pareciéndome que este era el primer paso que
debia dar. Llegada que foé , me dirigi al teatro , donde casuai-
mente me sente junto à un caballero del hàbito de Alcantara con
quien entablé luego conyersacion , y le dîje si daba licencia à
un forastero para hacerle una pregunta. Csd)allero , me respon-
diô muy atentamente , ymd. me bonraré en ello. He oîdo ponde-
rar , prosegui , à los cômicos de Toledo , ; me babrén engafiado?
No , me respondiô el caballero , la compafiia no es mala , y i la
yerdad hay en ella dos papeles excelentes. Entre otros oîri ymd.
é la bella Lucrecia , actriz de catorce aftos , que le pasmarà. No
sera menester que yo se la muestre é ymd. cuando se deje yer
en la escena, porque la distinguirà fôcilmente. Yolyile à pregun-
tar si representaria aquella tarde : me respondiô que si , y aun
que tenia un papel de mucho ludmiento en la piesa que se iba
é representar.
Principiô la comedîa , y apareciéron en la escena dos actrices
que nada babian omitido de cuanto pudiera contribuir à hacer-
las encantadoras ; perô , i pesar del brillo de sus- diamantes , ni
una ni otra me pareciéron ser la que yo esperaba. En fin, dejôse
yer Lucrecia en el fondo del teatro , y su aproximacion à la es-
cena fué anunciada con un palmoteo general. ; Ah I esta es , dije
para mi : ; que aire tan noble ! ; que talle I { que hermosos ojos!
iqué salada criatura I Con efecto, me llené completamente, 6,
por mejor decir, su persona me dejô absorto. Desde los primeros
yersos que récité conoci que tenia naturalidad , fuego , maestria
superior é su edad , y réuni yoluntariamente mis aplausos A los
universales que le tribute el concurso en todo el tiempo que duré
la representacion. Y bien , me dijo enténces el caballero , ya ye
ymd. la justicia que hace el publico à Lucrecia. No me admiro,
le respondi. Pues ménos se admirarfa ymd. , me replied , si la
oyera cantar : es yerdaderamente una sirena : pobres de aquellos
que la oyen , si no se precayen tapéndose los oidos para no
quedar encantados. No es mènos temible cuando baiia; sus pasos
son tan peligrosos como su yoz ; hechizan los ojos y cautiyan el
corazon. Scgun eso, exclamé yo entônces , sera preciso confesar
que esta nifla es un portento. i Y quien es el mortal yenturoso
que tienc la dicha de arruinarse por una criatura tan preciosa?
No tiene ningun amante que se scpa , me dijo, y aun la mnrmu-
LIBRO DUODECIMO. 547
racion no le atribuye ningnna amistad secreta : no obstante, ada-
diô , acaso pudiera lenerla , porque Lacrecia esta bajo la vigi-
lancia de sa lia Estela, que sin disputa es la mas àstuta de todas
las cômicas.
Al oir el nombre de Estela , pregunté con precipitacion al ta!
cabattero si aquella Estela era actriz de la compafiia de Toledo.
Y de las mejores, me replicô: hoy no ba representado , y en
Terdad que no hemos perdido poco. Por lo comun hace el pape!
de gracîosa , y yerdaderamente lo desempefla que es un primor.
I Que expresion da à sus papeles ! tal vez les aûade algo de su
myencion ; pero este es un hermoso defecto que le hace gracia.
Contôme otras mil marayillas de la tal Estela , y por el retrato
qae me hizo de su persona no dudé fuese Laura , aquella misma
qae dejé en Granada, y de quien he hablado tanto en mi historia.
Para cérciorarme me fui derecho al yestuario concluida la co-
media. Pregunté por la sefiora Estela , y yolyiendo los ojos à
tbdas partes la yi sentada al brasero en conyersacion con algunos
sefkores, que quizà no la obsequiaban sino porque era tia de Lu-
crecia. Uegué à saludar i Laura , y fuese por capricho, 6 por
yengarse de mi precipitada fuga de Granada, fingiô no conocerme,
y recibi6 mi saludo con tanta sequedad que me dej6 un poco
parado. En lugar de reconyenirle con risa su frio redbimiento ,
foi tan simple que mostrè formalizarme , y aun me retiré inco-
modado , resuelto en aquel primer impulso de cèlera à yolyerme
à Madrid el dia siguiente. Para yengarme de Laura , decia yo ,
no quiero que su sobrina tenga el honor (le representar delante
del rey : para esto , no tengo mas que hacer al ministre el re-
trato que se me antoje de Lucreda ; y me bastarà decirle que
bafla con poco garbo , que su yoz es àspera , y que toda su
gracia consiste en sus pocos afios : estoy seguro que desde luego
se le pasaré à S. E. la gana de hacerla ir é la corte.
Esta era la yenganza que pensaba tomar del desaire que Laura
me habia hecho ; pero durô poco mi resentimiento. La mafiana
siguiente, cuando me estaba disponiendo é marchar, entrô un
lacayuelo en mi cuarto, y me dijo: Aqui traigo un billete que
tengo que entregar al sefior de ^ntillana. Yo soy, hijo mio , le
dije , toméndole la carta que abri , y que contenia estas palabras :
Olvida el modo con que oyer te recibi en el teairo, y ven con el
pOTtador a donde il te guie. Segui luego al lacayuelo , que me
Ileyô à una casa muy décente , no distante del teatro , y me in-
trodujo en un cuarto alhajado con aseo y buen gusto, donde
encontre à Laura en su tocador.
Se leyantô para abrazarme, didendo : Seûor Gil Bias, conozco
que ymd. tuyo motiyo para salir ayer poco contente del reci-
bimiento que le hice cuando foé à saludarme en el yestuario : un
antiguo amigo tenia derecho para esperar de mi una acogida mas
548 GIL BLAS.
afoble : no leogo otra disculpt sino que me haUaba à la aazon de
maltoimo homar, por haber oido ciertos dicbos malignes que
algimos de loa seùores cèmicos tenian aobre la condoou de mi
sobrina , caya hom^ me importa mas que la mia. La prectpitada
y desabrida retirada de vmd. me bko rciyer al momento de
mi distraocioD, y en el mismo pualo di àrden à mi lacayo para
que siguiese à vmd., y ayeriguase su poaada con énimo de repa-
rar hoy mi folta. Ya queda, le dije, enteramente reparada, ni
querida Laura ; no haUemos mas de eso : ahora enterémonos
mutaamente de lo que nos ha suoedido desde el malayentorado
dia en que el temor de un justo casiigo me oblige à salir tan
aceleradamente de Granada. Te dejé , si te aouerdas , metida en
un grande embroUo. ;Como saliste de él7 ^No es verdad ^k ne-
oesitiste de toda tu maestria para apaciguar à tu amante porta-
gués? Nada de eso, respondiô Laura; 4 pues no sabes que en
semejantes lances los bombres son tan débiles que ellos misBioa
aborran à veoes i las mugeres hasta el 4rab^o de justificarse Y
Sostuye» continué ella , al marques de Marialba que eras hei^
. mano mio. Perdone ymd., seftor de Santillana , que le hable oon
la familiaridad que en otro tiempo, porque no puedo desiNrea-
derme de las costumbres aAejas. Dir^ , pues , que le hablé oon
desembarazo y entereza. ^No conoce ymd., le dqe al seûor por-
tugues, que todo eso es obra de los selos y de la indignadaa?
Narcisa, mi compaftera y riyal, colèrka de yer que yo posée
paclficamente un corazon que ella ha perdido , forj6 todo este
embuste. Goheché al. sotadespabilador del teatro, quien para
apoyar su resentimi^kto tuyo el descaro de dedr que me habîa
yisto en Madrid siryiendo à Arsenia. Nada hay mas Mso : la
yinda de don Antonio CoeUo ha temdo sieBq>re pensamientos
demasiado nobles para quererse someter â ser criada de una cô-
mica. Fuera de este , otra patente prueba de la fidsedad de esta
imputacion, y de la c<Mispiracion de mis aousadores, as la pre-
«ipitada fii^ de mi hermano , que si estuyiera présente dejaria
sin duda bien confîindida la calumnia; pevo Narcisa ciertameme
habrà empleado algun nueyo artifdo para hacerle desapareœr.
Aunque estas razones , prosiguiô Laura , no bastasen para
hacer mi compléta apologia, el marques tuyo la bondad de con-
tentarse con eDas; tanto que el càndido sefior prosigui6 aman-
dome hasta el dia en que dej6 à Graaada para yoherse à Vor-
tugal. En yerdad su partida foë muy inmiediata i la tuya, y la
muger de Zspdâ^i tuyo d consuelo de yerme perder el amante
que yo le habia quitado. Permaneci todayia despues algunos
aftos en Granada; pero habièndose introdueido en la compaHia
disensiones, como firecuentemente sucede entre nosotres, lodos
los càmicos se aeparirw: unes marchiron é SeyiUa» otros à
C6rdoba, y yo me vine à Toledo» donde estoy baœ diez silos
LIBRO DUODECIMO. 549
CO» mi 8iri)riaa Lucrecia, à quieBayer oiate representar, puesio
que estttviateB en la cooiedia.
No pade dejar de reirme al llegar aquL Laura oie pregimt6 de
que me reia. ;Pues que no lo adiyinas? le respondir: tu no
tienes hemumo ni hermana; por consigaiente no poedes ser tia
de Lucreda. Ademas de eso, cuando cotejo d tiempo que ha que
aoa separémos con la edad que représenta Lucrecia , me parece
que puede ser algo mas estrecho el parentesco entre vosotra»
dos.
Ya le entiendo à vmd.» sellor Gil Bias» replicô algo sonrojada
la yiuda de don Antonio Codlo : como vmdC tiene tan présentes
loa tiempos » no hay medio de ^ngafiarle. Ahora bien > amigp
mio , Lucrecia es hya mia y del marques de Marialha, y el firuto
de nuestro trato> porque no quiero ocultarte mas esta yerdad.
Vaya, reina mia,. répliqué yo, que es grande el esfuerzo que
haces en reyelarme este secreto, despues que me confiàste tus
aventuras con el administrador del hospital de Zamoniu Como
quiera que sea , yo te aseguro que Lucrecia es una nifia.de tanto
mirito que el publico jamas podrà agradecerte como debe el re-
gale que le biciste en ella. ; Ojalà fiieran como este todos los que
le hacen tus compaûeras y amigas !
Quien sabe si algun lector ladino al llegar aqpii se acordari de,
las sécrétas conversaciones que Laura y yo tuyimos en. Granada
cuando era secretario del marques de Marialba» y se le antojarà
sospechar que podia yo tener algun derecbo para disputar al
marques la paternidad de Lucrecia : le protesto por mi honor
f^ae séria injusta su sospecba.
Di en seguîda à Laura cuenta de mis ayenturas , basta el es-
tado actual de mis asuntos. Oyôme con una atencion que mos-
traba bien no série indiferente lo que le decia. Amigo Santillana,
me dijo luego que acabé ^ yeo que représentas un papel bri-
llante en el teatro del mundo , y. no akanzo à manifestarte lo
mucho que me complazco en eUo. Cuando yo Ueye à Madrid à
Lucrecia para colocarla en la compaflia del Principe , me atrevo
à lisonjearme de que haUarâ en el seflor de Santillana un pode-
roso protector. No lo dudes, le respondi: cuenta conmigo^ que
bare admitir é tu hija en la compafiia del Principe cuando quie«
raa; esto pu^Io prometërtelo sin haoer alarde de mi poder.
Desde luego te cogeria la palabra, replicô Laura , y mafiana mis-
mo marcharia é Madrid si no estuyiera escriturada en esta com-
paftia. Esa escritura la anula una real ôrden , le respondi ; yo
me encargo de ella, y la recibiràs antes de ocho dias. Tendre
gran placer en robarles à los Toledanos tu Lucrecia: una acttiz
tan linda ha nacido para los cortcsanos , y nos pertenccc de de-
redio.
À este tiempo entrô Lucrecia en el cuarto. Crei ver à la diosa
650 GIL BLAS.
Hebé ■ ; tanta era sa gracia y sa lindeza : acababa de leYantarse,
y ludendo sa hermosora natoral sin los anxilios del arte , pre-
senudNi à mi yista on objeto encantador. Ven^ sobrina mia, le
dijo sa madré, yen à agradecer é este seftor la buena yohntad
qoe nos tiene. Es ano de mis amigos antiguos , qae tiene gran
yalimiento en la corte , y esté empeflado en colocamos é ambas
en la oompafiia del Principe. De esto mostrô alegria la nifta, qoe
me hizo ona proftmda oortesia, y me dijo con ana sonrisa embe-
lesadora : Doy é vmd. may hamildes gracias por sa benèvola in-
tencion ; pero al qoererme separar de on publico qœ me estima ,
;està ymd. segaro de qae no desagradaré al de Madrid ? Tal yez
perderè en el cambio ; porque mochas yeces he oido decir à mi
tia haber conoddo actores muy aplaodidos en una cindad y su-
foados en otra, lo coal me sobresalta: tema ymd. eiponerme al
desprecio de la corte, y exponerse à si mismo à sofinr sas re-
conyenciones. Hermosa Lacreda, le respondl, eso es lo qae ni
ano ni otro debemos temer ; entes bien lo unico qae temo es
qae ymd. encienda ana gaerra dyil entre los grandes, enamo-
rindolos i todos. El sobresalto de mi sobrina, me dijo Laora,
me parece mejor fundado qae el de ymd* ; pero bien considerado
ambos los tengo por yanos. Si Lucrecia no poede Ilamar la aten-
cion pùblica por sas atractiyos , en recompensa no es tan mala
actriz qae deba ser despreciada.
Siguiô todayia algan tiempo la conyersacion, y pade adyertir
por la parte que tomô Lacrecia en ella qae era una jôyen de ex-
traordinario talento. En seguida me despedi de las dos , asegn-
ràndoles qae inmediatamente recibirian ôrden de la corte para îr à
Madrid.
CAPITULO IL
Da Santillana caenta de su oomision al mimstit> , qaten le eDcarga el cmàmA»
^ de haoer qae resga Lucreda à Madrid ; de la llegada de esta actrit, y de sa
primera representacion en la oorte.
Cuando yolyi à Madrid balle al conde-duque may impadente
por saber el resultado de mi yiage. Gil Bias, me dijo , ^has yisto
à nuestra comedianta? ^merece que se le haga yenir à la corte?
Seûor, le respond! , la foma , que pondéra comunmente mas de
lo justo à las mugeres hermosas , se queda muy escasa respecio
de la jôyen Lucreda, que es una persona adnurable, tanto por
su hermosura , como por sus habilidades.
' Hebé era la dîosa de la juTentud y de las gracias, y en el ciclo se oca-
palïa en servir el nectar en copas de oro à los dioses, como se ha dicho en U
nota del libro primero, capitule ▼.
LIBRO DUODECIMO. 551
I Es posiblel exclamé el ministro con una satisfaccion interior
que lei en sas ojos , y que me hizo pensar que me babia enviado
à Toledo por su interes personal: 4 es posible que Lucrecia sea
tan amable como me dices ? Cuando V. £. la vea , le respondi ,
confesarâ que no se puede hacer su elogio sin disminuir sus he-
chizos. Santillana, replied S. £., hazme una puntual relacion de
tu viage, porque tendre particular gusto en oirla. ïomando en-
tônces la palabra para satisfacer â mi amo , le conté hasta la
historia de Laura inclusive. Dijele que esta actriz habia tenido à
Lucrecia del marques de Marialba, seftor portugues, que, babièn-
dose detenido en Granada viajando , se habia enamorado dc ella.
Finahnente , despues de haber hecho à S. E. una menuda relaçiop
de lo que babia pasado entre aqueHas comediantas y yo , me dijo :
Me alegro infinito de que Lucrecia sea bija de un sugeto distin-
goido ; eso me interesa todavia mas en su favor, y es necesario
trperla à la corte. Pero continua, afiadio, del modo que has comen-
zado, y no me tomes en boca , sino que en todo ha de sonar uni-
camente Gil Bias de Santillana.
Fui à verme con Carnero, à quien dijc quo S. £. queria que
ël despachase una Arden , por la cual el rey admitia en su com-
paflia cômica à Estela y à Lucrecia, actrices de la de Toledo.
Muy bien , seftor de Santillana , respondiô Carnero con una son-
risa maligna, al momento sera vmd. servido , porque segun to-
das las seûas ymd. se interesa por esas dos damas. Al mismo.
tiempo exteudiô de propio puAo y me entregô la ôrden, que sin
pèrdida de tiempo envié à Estela por el mismo lacayo que me
habia acompafiado à Toledo. Ocbo dias despues Uegàro» à Ma-
drid madré é hija : fùéron & hospedarse en una fonda ioi^ediaia
al corral del Principe , y su primer cuidado fiié enviérmeto à
decir por medio de un billete. Pasé al punto â la fonda , en donde,
despues de mil ofertas por mi parte, y de agradecimientos por
la suya, las dejé para que se dispusiesen à su primer^ salida à
las tablas , deseAndosela dichosa y brillante.
Se biciéron anunciar al publico como dos actrices nuevas que
la compaflia del Principe acababa de admitir por ôrden de la
corte , y representéron por primera yez una comedia que solian
representar en Toledo con aplauso.
^ En que parte del mundo déjà de gustar la n^vedad en punto
à espectéculos? Hubo aquel dia en el corral de comedias un
coDCurso extraordinario de espectadores. No nccesito decir que
no faite & esta representadon. Estuve algo agitado antes que la
comedia principiase, porque, por mas confianza que yo tuviera
en la habilidad de la madré y de la hija, temia de su éxito : tanto
me interesaba por ellas. Pero apénas abriéron la boca , se des-
Taneciô mi temor con los aplausos que recibiéron. Todos celé-
braban à Estela como una actriz consumada en bi parte graciosa.
S59 GIL BLAS.
y k Lncreda oomo on prodigio para los papdes amorosos. Esta
àltima arrebatô los oorazones : iinos admiréron la hermosnra de
sas ojos , à otros encantô la saavidad de su toe ; y sorprendidos
todos de 80S gracias y de so joyentod florida, salièroo heclii-
zados de so persona.
EI oende-daqoe, qoe se interesaba mas de lo qoe yo creia en
el estreno de esta actriz , asisti6 aqoella tarde i la oomedia , y
le vi salir hicta el fin de la fondon moy prendado, i lo qoe me
paredô , de noestras dos cômicas. Con la coriosîdiul de saber si
iiabia qoedado satistecho de eDas , le segoi i so casa , y mecièn-
dome en so gabinete, en donde acababa de entrar : Y bien , su-
itor excelentisimo, le dije, i le ha gostado à Y. E. la Marialbha?
Mi excelmda , me respondiô sonriéndose , séria descontentadiza
si se negara i onir so yoto con el del pAblîco. Si , hijo mio , estoy
encantado de to Locreda, y no dodo qoe el rey la yea con placer.
CAPITULO m.
Logr« Luciecia mnoba oelebricUd en la oorte : reprwenU delante àû nj , que
se enamora de ella ; y retultas de ettos amores.
La primera salida al teatro de las dos actrices imeyas Uamè
hego la atencion en la corte. Habl6se de ellas el dia sigoiente
en el coarto del rey. Aigonos seflores alabàron tanto à Locreda,
y la pintiron tan bermosa , qoe el retrato excttô la coriosîdad
del monarca, el coal iio solo disimolô la impresion qoe le habia
hecho, sino qoe callô y aparentô no atender à aqoella conyersadon.
Con todo, loego qoe se yiô à solas con el conde-<loqoe , le
pregontô qoien era derta actriz que tanto le habian ponderado.
El ministro le respondi6 qoe era ona jôyen cômica de Toledo qœ
habia representado el dia anterior por primera yez con mocha
aceptadon. Esta actriz , aûadiô , se llama Locrecia, nombre que
conyiene con mocha propiedad à las mogeres de so profèsion.
Conodala Santillana , y me hablô tan bien de dia , qoe me pare-
ciô conyeniente recibirla en la compaikia c6mica de Y. M. Sonriôse
el rey coando oyô mi nombre, recordando quizâ en aqoel mo-
mento de qoe por mi habia conoddo à Catalina, y presintiendo
acaso qoe le habia de prestar el mismo seryicio en esta ocaaon.
Como quiera qoe esto foese, el rey dijo al ministro : Conde,
mafiana qoiero yer representar i esa Locreda : ten cuidado de
hacërsek) saber.
Contôme et conde-duqoe esta conyersadon que habia tenido
eon el rey , y me mandô n- à la casa de las dos comediantas para
preyenirlas de la intencion de S. M. Parti yolando , y habiendo
encontrado é Laura la primera , Yengo , le dge , à daros una gran.
UBRO DUODECIMO. 8S3
notida. Mafiana tendrëis entre vuestros eq>eetadore$ al aoberano de
la moparquia ; asi me ha mandado el miaistro que os lo prevenga.
No dudo que tu y tu hija emplearèis todos yue^os esfuerzos para
corresponder al honor que el monarca qniere hacero». À ese fin os
aconsejo elijaîs una comedia en que haya baile y mùsica , para
que Lacrecia pueda lucir todas sus habilidades. Seguirémos tu
consejo , me respondiô Laura , y harèmos lo posQde para que S, M.
quede contento* No podrà mënos de quedarlo, répliqué yo , yirado
enténœs à Lucrecia que yenia en trage casero , con çl cual parecia
cien yeces mas agraciada y linda que adornada con las mas sobw-
bias galas del teatro. Quedarà tanto mas contepto S. M. de tu ama*
ble sobrina, cuanto que ninguna cosa le diyierte mas que el
baile y el oir cantar ; y ; quien sabe si acaso no la mirarà cou
buenos o]os , tentàndole los de Lucrecia? No quisiera, interrum-
piô Laura , que S. M. tuyiese tal tentacion : porque à pesar de ser
un monarca tan poderoso, pudiera hallar obstâculo^ en d cunv-
plîmiento de susdeseos. Auoque Lucrecia se ha criado entre basti*
dores y entre las licencias del teatro » tiene Virtnd ; y bien que
no le desagraden los aplausos en la escena, todayia aprecia mas
ser tenida por doncella honrada , que por actriz sobresaliente.
Tia mia , dijo entônces la Marialbita tomando parte en la conyer^
sadon , ; à que fin forjar monstruos imaginarios para combatirlos ?
Nunca me yerè en el caso de desdeûar los suspiros del rey;
porque la delicadeza de su gusto le librarà del sonrojo interior
que padeceria por haberse abatido basta poner los ojos en mi*
Pero , amable Lucrecia, le dije, si aconieciera que el rey quisiese
ofrecerte su corazon, ^sérias tan cruel que le dejases suspirar é
lus pies como â otro cualquier amante? ;Y porque no? respon<-
diô prontameote ; sin duda que lo haria asi : pues , prescindiendo
de la yirtud , conozco que mi yanidad se lisonjearia mas en re-
sistir A su pasion , que en rendirme à ella. No me admirô poco
oir hablar de esta manera à una discipula de Laura. Despedime
de las dos alabando à la ultima por haber dado é la otra tan
buena educacion.
Impacienteel rey por yer à Lucrecia, fué la tarde siguiente al
teatro. Representôse una comedia intermediada de mùsica cantante
y de baile s en la cual sobresaliô en todas cosas nuestra j6yea
actriz.
Desde el principio hasta el fin no aparté los ojos del monarca,
à yer si podia descubrir por los suyos lo que pasaba en su in-*
' De las minuciosas indagaciones que se han faecho sobre la narrativa de esta
historia f se deduce que la comedia que se representô en este dia f ne' El Desden
con el Desden , que acababa de componer en su florida edad don Agustin Mo-
reto/<f se repetia con aplauso y A porfîa en todas las ciudades, como siicede
boy wisroo , y sucederâ hasta el fin del mundo.
5S4 GIL BLAS.
tenor ; pero burlô toda mi peoetradon con on aire de mages-
toosa grayedad que mostrô conatantemente haata el fin ; y asi
haaCa el dia siguieDte no sape lo que tenia tantas ganas de aaber.
Santfllana , me dijo el ministro , yengo del caarto del rey : me
ha hablado de Lacrecia con tan encarecidas exprestones qae no
dudo ha quedado may prendado de ella. Y como yo le tenia
dicho que tu eras quien la hiciste Tenir de Toledo, ha mostrado
deseo de hablar privadamente contigo sobre este particolar. Ve
al momento é presentarte à la puerta de su caarto , donde ya
hay orden de que te dejen entrar : corre y yuelve al instante à
enterarme de esa conversacion.
Marché al punto al caarto del rey , i quien encontre solo : pa-
seàbase i paso largo esperàndome , y parecia estar pensativo.
Hizome mucbas preguntas acerca de Lucrecia , cuya historia me
obligô à contarle ; y cuando la acabé , me preguntô si aquella
jôven habia tenido alguna distraccion. Habiéndole asegurado re-
soeltamente que no , sin embargo de conocer lo arriesgadas
que suelen ser semejantes aserdones , el monarca diô muestras
de gran placer. Siendo eso asi , repuso , te elijo por agente mio
para con Lucrecia , y quiero que sepa por tu conducto que cora-
zon ha conquistado. Ye i decirselo de mi parte, aftadi6 entre-
géndome un cofredto Ueno de joyas de Talor de mas de dncuenta
mil ducados , y dile que le ruego acepte este présente como pren-
da de otras pruebas mas sôlidas de miafécto.
Antes de desempefiar esta comision paséàver al conde-duque,
à quien di cuenta fiel de lo que el rey me habia dicho. Pensiaba
yo que aquel ministro, en lugar de celebrar la noticia, la senti-
ria ; porque , como ya dijé , sospechaba yo que tenia sus desi-
gnios amorosos hâcia Lucrecia , y que sabria con sentimiento que
su seAor era su riyal ; pero me engafiaba, porque, léjos de desazo-
narle la noticia , se alegr6 tanto de oirla que , no pudiendo disimu-
lar su gozo , dejô escapar algunas expresiones que yo recogi. / Ah
rey mio ! exclamô, aliora H que te iengo seguro ; desde este ptoUo van
d intimidarte ios negocios. £sta apôstrofe me hizo Ter con clari-
dad todo el manejo del conde-duque, y conoci que este seflor,
temiendo que el monarca quisiera ocuparse en asuntos serios ,
procuraba distraerle con las diyersiones mas anélogas à su ca-
récter. Santillana , me dijo Inego , no pierdas tiempo ; Te cuanto
entes , amigo mio , é obedecer la importante ôrden que se te ha
dado , y de que muchos cortesanos se gloriarian se les hubiese
confiado. Piensa , continuô , que no tienes aqul al conde de Lè-
mos que te quite la roejpr parte del honor el serricio hecho ;
tuyo sera por entero , y ademas todo el fruto.
De este modo me dorô S. E. la pildora , que tragué lo mejor
que pude , m^ no sin percibir su amargura ; porque despves de
mi prision me habia acostumbrado i mirar las cosas bayo un
LEBRO DUODECIMO. 555
piinto de Tîsta religioso ; y el empleo de M ercurio en gefé no
me pareda tan honorlfico Gomo me decian. No obstante, aonque no
era tan yidoso que padiera ejerdtarlo sin remordimiento , tam*
pocoeratantami yirtad qae tuyiese yalor para rehusarlo. Obe-
deci , pnes , al rey Gon tanto mayor gusto , cuanto que yeia al
mismo tiempo que mi obedienda agradaria al ministro , i quien
anhelaba complacer.
Pareciôme conyeniente ayistarme primero con Laura y ha-
blarle del particular à solas. Expusele mi comision en los termi-
nes mas moderadoSy conduyendo mi arenga con ponerle en la
mano el cofireciDo. À yista de las joyas , no pudiendo ocnltar
sa alegria, la manifesto abiertamente. Seftor Gil Bias , exdamô ,
à presencia del mejor y mas antiguo de mis amigos no debo re-
primirme. Haria ml en ostentar contigo una fingida seyeridad
de costnmbres, y andar en retredierias. Si por cierto, prosi-
gaiô ella , confieso que me foltan yoces para explicar el rego-
cijo que me ha causado una conquista tan predosa, cuyas yen-
tajas conozco ; pero babhndo entre los dos temo que Lucrecia
las mire con otros ojos : porque aunque criada en el teatro , es
tan timorata , y de tanto pundonor, que ya ha desechado las
ofertas de dos seftores amables y opulentos. Dirésme quizà, pro-
siguiô ella, que dos seftores no son dos reyes: conyengo en
ello , y tambien en que un amante coronado puede hacer titu-
bear layirtud de Lucreda. Con todo eso no puedo ménos de de-
cirte que el éxito es muy dudoso, y te aseguro que yo no harè
Tîolenda à mi hqa. Si esta, léjos de considerarse fiaiyoredda con
el afecto momentàneo del rey, lo mira como mancha de su re-
cato, espero que este gran monarca no se dé por ofendido de
su repuisa. Vuelye maftana , afiadiô , y te dire si has de lleyarle
una respuesta fieiyorable 6 sus joyas.
À pesar de esto, yo no dudaba que Laura exhortaria mas
bien à Lucreda à desyiarse de su deber que à mantenerse en él ;
y contaba positiyamente con esta exhortacion. Sin embargo supe
con sorpresa al dia siguiente que Laura habia tenido tanta difi-
Goltad en encaminar su hija hida el mal , oomo otras madrés la
tienen en conducir las suyas hécia el bien : y lo que mas hay que
admirar todayia es que Lucrecia, despues de haber tenido al-
gunas Gonyersadones sécrétas con el monarca, quedô tan arre-
pentida de haber condescendido con sus deseos, que de repente
rennndô al mundo , y se encorrô en un conyento de la yilla de
Madrid , dondeluego enfermé y muriô à impulsos de la yergûenza
y del dolor. Laura, por su parte, mconsolable de la. pérdida
de su hija, de cuya muerte se consideraba autora, se metiô en
las arrepentidas, donde pas6 el resto de su yida llorando los
amargos gustos de sus floridos aftos. Afligio mucho al rey el
inopinado retiro de Lucrecia ; pero como por su genio , natu-
5M GIL BLAS.
raloMole indiMdo i dîTertine, kaoan poca manftM m M bs
peaadoaifares, le M oaosohiidko poco à pooo. El oonde-doque
apareDtA la mayor indftrenoa ë înaeBtibiUdad eo este sooeao ,
bien que no dejô de deiaionarle , oomo CMhieBie lo creeri d
adtertido lector.
CAPPTULO IV.
Maefoeaipleo qn« oonfim el mmistro à Stiitîttaïui.
Me foi tan leoaibie k deigracia de Lncreeia, y eipervMnifc
lantoe reiKirdiniîealos de haber contribaido à alla , qae , eon»-
derindome eomo on iafame, i penar de la elevacioB del amante
à qoien kabia serTîdo , resoki abandonar para siempre ei cadaœo,
y manifestando ai mmistro la repngpumcia qm me cansaba el
llerarle » le supUqoë me emfdeaae en audqaiera om oosa. San-
tillana , me dqo , me agrada sobre mènera ta ddkadeza , y pves
ères un mozo tan honrado ^ qniero darte ana ocapadoa mas
conforme i tu pmdencia ; ôyela, y escooha om ateadon la eon-
fanza qne voy à hacerte.
Algvnos afios entes de mi prirania , tontinoâ , vi por casoBr-
lidad à ona dama qve me pareciô tan airosa y tan Imcb que hi^
la siguiesen. Sape que era una GeooTesa llanuMia dofla Margarita
Espinola , que rivia en Madrid i expenses de su hersaoaiira : me
dîjéron tambien que don Frandsoo de ValoaDoel, alcalde de oorte,
sugeto anciano , rioo y casado , gastaba mudio oon elià. Esta dr-
cunstanda, que al pareeer debiera haberme inspîrado despredo
kéda ella , encendiô en mi el deseo mas Teheaâenle de eosrar à
la parte en sus faTores con Yalcarcel. Para satisfiEK)er esie ca-
pricho me ¥ali de una medianera de amor, coya habilidad me
facilité en breye tiempo una conrersadon sécréta oon la Geno-
▼esa, é la que signièron otras mâchas ; de manera que tanto mi
rival como yo eramos igualmente bien admitidos , gracias â nues-
tras didiTas; y qnizé tendria algun otro galan tan iavoreddo
como nosotros dos.
Como quiera que sea , Margarita en aqudla oonftisioD de cor-
tenantes llegô msensiblemente à ser madré, y diô i hiz nn nifio»
con cuya paternidad quiso honrar i cada uno de sus amantes en
particular; pero como ninguno podia precisffse en conciencia de
que le era debido aqnel honor , todos lo renuoci&ron , de suerte
que la Genoyesa se yiô predsada i criarle en su casa con d
producto de sus galanteos ; lo que dura diez y ocho ailos, al
cabo de los coales muriô la madré, dejando à su hijo sin bienes,
y lo peor de todo sin cducadon.
Tal es f continué S. E., la confianza que tenia que hacerte:
ahora yoy A enterarte del gran proyccto qu<^ tengo forroado.
Quiero sacar de su infeliz sucrtc A este jôven sin ventura , y ,
LIBRO DUODECIMO. S57
hacîéndole pasar de mi extreme à otro, elevarle é los honores
y reconooerle for hijo mio.
Al oir on proyecto tan extravagante no me ftié posible callar.
|Como, seAorl exdame, ;es posible qoe haya cabido en V.E.
una resolucion tan extraAa? Perdôneme V. E. esta expresion hija
de mi selo. Tù la hallarés josta , replicô con predpitacion, cuando
te haya dicbo las razones cpie me han determinado A tomarla.
No qaiero sean herederos mios mis parientes colaterales. Tal
yez me diras que no soy tan viejo qne no pueda todayia espe-
rar ten^ sucesion con la condesa de Oliyares; pero cada uno se
conoce à si mismo ; bàstete saber que he probado înùtilmente
todos los secretos de la quimica para volver à ser padre« Asi pnes,
ya que la fortuna, sapliendo lo que fiadta i la natoraleza, me pré-
senta on mucbacho del cual no es del todo imposible sea yo el y er-
dadero padre , quiero adoptarle por hijo : asi lo he resuelto.
Viendo yo encaprichado al ministro en semejante adopdon ,
dejédeoponermeàsa idea, sabiendo eracapaz de cualquier gran
desacierto entes que desistir de su parecer. Ahora solo se trata ,
prosiguiôél» de dar una edncacion correspondiente à don Enrique
Felipe de Guzman; porque bajo este noiyibre quiero que sea
cooocido hasta que se halle en estado de poseer las dignidades
que le esperan. En ti , mi querido Santillana, he puesto los ojos
para que le gobiernes ; descuido enteramente en tu capaddad ,
y en tu adhesion hàcia mi, sobre elcuidado deestablecer su casa,
de proporcionarle toda clase de maestros , y en un palabra de
hacerle un cabaUero oompleto. Quise negarme i admîtir seme*
jante empleo » represeotando al conde-duque que no podia en
conciencia encargarme de un ministerio que jamas habiaejercido»
y que pedia mas ilustracion y mérito del que yo tenia ; pero
luego me interrumpiô y me tapé la boca didéndome con entereza
que absoltttamente queria fuese yo el ayo de su hijo adopttyo ,
à quien destinaba para ocupar los primeros puestos de la mo-
narqnia. He resigné, pues » à desempeftar este destino por com**
placer à S. E», quien en premio de mi condescendencia aumentô mi
escasa reata con una pension de mil escudos que hizo se me con-
cediese, 6 mas bien me diè ëL sobre una enoomienda de la érden de
Montesa.
CAPITULO V.
Bft reoûnocido âutëotifiaiiieDte d hijo de U Genoresa bajo el nombre de don En-
rique Felipe de Guzman : estableoe SanffiUanâ la casa de este seftor, y le pro-
ptictona toda dase de maestros.
Con efecto tarda poco el conde-duque en reconooer por hijo
suyo al de doua Margarita Espinola. Hizose esta adopdoo por
medio de escritura publica y solenme eop notida y aprobadon
5SB GIL BLAS.
del rey. A don Enriqne Felipe de Gmman (este foe el nombre
que se dt6 à aquel hijo de mocfaos {Midres ) se le dedarô por
Anioo heredero del condado de (Mi?are8 y dd docado de San
Lucar, El ministrOy para qne nadie lo ignorase, diô parte de
ello por medio de Camero à los embajadores y i los grandes de
Espafla, qoedando todos altamente sorprendidos. Los ociosos y
bufones de Madrid taTîèron asanto para diyertirse y reir por
largo tiempo , y los poetas saiiricos no perdiëron tan beUa oca-
sion de desahogar sa mordaddad.
Pregunté al condenloqae donde estaba el pwsonage que & E.
qneria fiar i mi caidado. En Madrid esta , me respondiâ , a
cargo de una tia, de caya oompaAia le sacaré Inego que tu le
tengas ya buscada casa y fimiilia. Esto se hizo en poco tiempo :
alqailé una habitadon que hioe adomar magnificamente; basque
pages, an portero» criados menores , y con el aoxilio de Capo-
ris en breye prove! los empleos prindpales de la casa. Redbida
toda esta gente di parte à S. E., quien bizo venir al eqaivoco
y nuevo véstago del gran tronco de los Gazmanes. Presentôse à
mis ojos un mozo de buen aspecto. Don Enrique, le dijo S. E. ,
seftaléndome à mi cqn el dedo , este cabaDero que aqui ves es
el sugeto que yo mismo he escogido para que te gobieme y guie
en la carrera del mundo. Tengo puesta en el toda mi confimza,
y le he dado poder y autoridad absoluta sobre dL Si , Santillana,
afiadiô dirigiëndose i mi , i tu caidado le entrego enteramoite,
muy seguro de que me darés bnena cuenta de èL Â estas pala-
bras afiadiô el ministro otras para exhortar al jôven i some-
terse à mi voluntad ; despues de lo cual lleyé idon Enrique con-
migo à su casa.
L«ego que estuvhnos en ella , hice venir ante èl é todos los
criados , explicando é cada uno el oficio que tenia. El manifesté
no causarle novedad la mntacion de estado, entes bien admitîa con
tanta naturalidad todas las demostradones de atencion y de res-
peto que se le tributaban , como si hubiera sido por nacimiento
aqaello que representaba por capricho y por casualidad. No le
fiaJtaba talento , pero era ignorante en sumo grado. Apënas sabia
leer ni escribir. Busqnéle un preceptor que le enseftase los m-
dimentos de la lengua latina, maestros de geografia, de historia
y de esgrima. Ya se déjà discurrir que no me olvidaria de un
maestro de baile ; pero habia i la sazon tantos y tan famosos
en Madrid, que solamente me halle perplejo en la eleodon, no
sabiendo à quien dar la preferenda.
Hallàbame asi indeciso cuando vi entrar en el portai de casa
un sugeto ricamente vestido , quien me dijéron queria hablarme.
Sali é redbirle creyendo que era , cuando mënos , un caballero
de Santiago 6 de Alcantara, y despues de hacerme mil cortesias
que acreditaban su profesion: Seftor de Santillana, me dijo,
LIBRO DUODECIMO. fi»
como he sabido qae es V. S. quien elige los maestros del sellor
don Enrique , yengo â ofrecerle mis serricios. Yo, seflor , alia-
diôy me Uamo Martin Ligero, y gracias à Dîos tengo battante
reputacion : no acostombro andar i caza de discipiiloSy qne eso
es bneno para los maestrillos prindpiantes. Comnumente espero à
que me busqoen ; pero enseâando como eosello al seftor doque
de Medinasidonia , al sefkor don Luis de Haro, y à algunos otros
caballeros de la casa de GuTman, de la cual me precio ser como
criado y seryidor nato , me pareciô ser de mi obligacion anti-
ciparme. Por lo que Tmd. me dice, repuse yo , veo ser el su-
geto que nos hacia felta. ^Cuanto lleva ymd. al mes? Cuatro
doblones de oro, me respondiô, que es el precio corriente,
y no doy mas de dos lecciones por semana. ] Cuatro doblones t
le répliqué: eso es demasiado. ;Como demasiado? repuso con
aire de admiracion, y tal vez Y. S. no repararà en dar un do-
blon por mes à un maestro de filosofia.
No me fné posible contener la risa â vista de una contesta-
cion tan ridicula, y pregunté al seftor Ligero si en conciencia
creia que un hombre de su profesion era preferible à un maes-
tro de filosofia. Y como que lo creo, me respondiô: nosotros
somos cien reces mas utiles i la sociedad que esos seftores mios.
Y sino , digame Y. S. ; que cosa son los hombres antes de pa-
sar por nuestras manos? estatuas de màrmol, osos mal domes-
ticados ; pero nuestras lecciones los desbastan poco à poco , y
les haoen tomar insensiblemente formas regulares: en una pa-
labra, nosotros les enseftamos aaitudes de nobleza y gravedad.
Rendfane é las razones de aquel maestro de baile , y le recibi
para que enseftase à don Enrique por los cuatro doblones al
mes y que era el precio corriente entre los grandes maestros de
aquel arte.
CAPITULO VI.
Vaelre EBcipion de Nuerâ-EfpaAa : aoomôdale Gil BUs en caM de don Enrique.
Estudioe de este seAorito : honores que se le oonfieren, y oon que seùora le
casa el oonde-duque. Como à Gil filas se le hito noble con repugnancia suya.
Aun no habia recibido la mitad de la fomilia de don Enrique
cnando Escipion yolriô de Méjico. Preguntële si estaba contento
lie su expedicion. Debo estarlo y me respondiô , pues que con
los très mil ducados que tenia en dinero contante he traido dos
veces mas en gèneros de buen despacho en este pais. Hijo mio ,
le dije, yo te doy mil enhorabuenas, y pues bas comenzado à
hacer fortuna, en tu mano esta acabarla, haciendo el afto c|ue
yiene otro yiage à las Indias ; 6 si te acomoda mas un puesto
honrado en Madrid , por no exponerte à los trabajos y peligros
fiCO GIL BLAS.
4e tan larga navegacioii, no lienes mâs que habbur, qm ye pedrè
dàitelo. Pardîez, me respondio el hqo de br Goicolûuiy que en
efo no hay que dudar; mas quiero ocnpar on boen deitîno al
lado de ymd. que exponeme de nnero i les peiîgrea de
iarga nayegacion. ExpUqoese vomI., mi amo: ^qoè
piensa dar à sa criado?
Para enterarle mas bien de todo, le oontë la hîstoria del se-
iorito qoe el conde-duque acababa de introdocir en la casa de
Guzman. Despnes de baberle infonnado de este coiioso penne-
nor, y hèchole saber qae este ministro me habîa nombrado ayo
de don Enrique, le dîje que queria hacerle ayud&de céoMra de
este hijo adoptifo. Escipion, que no deseaha otra cosa, eoeptô
Gon gosto este acomodo , y le desempeftô tan bien , que en mènos
de très 6 cuatro dias se atngo la eonianza y el afécto de su
nueyo amo.
Se me habia figurado que los pedagogos que babia elegido
para enseflar al hijo de la Geno^esa porderian su tiempo, pare-
cièndome que en su edad séria indisc^^lînable; sin embargo en-
gaftô mis rezelos. Comprendia y retenia ftcibneme cnanlo le en-
seflaban; de lo que estaban muy contentos sua maestros. Pasë
inmedîatamente î dar esta noticia al conde-dnqoe ^ qne la redbiô
oon extraordinario gozo. Santillana, me dijo enagenado » no sa-
bes la alegria que me causas con asegurarme qne don Enrique
tiene feliz memoria y penetracion. Este me hace reoonocer en èl
mi sangre, y acaba de persuadirme que es h|jo mîo. Noie amaria
mas si fiiera hijo de mi esposa. Amîgo, tu mismo confésaris que
la naturaleza se va explicando. Guardéme bien de decir A S. E.
lo que pensaba sobre el particular» y respelando su Eaqueza le
dqé gozar del placer ftJso 6 verdadero de ereerse padre de don
Enrique.
Aunque todos los Guzmanes aborrecian de muerte al tal sefio-
rito de nueyo cufto, disimulaban por poHtica, y aun algunos de
ellos fingian solicitar su amistad. Visitàbanle los embajadores y
los grandes que habia en Madrid , tratàndoie con el nsûsmo res-
peto y atencion que si ftiera hijo leghimo del condo-duqoe. Li-
sonjeado extremadamente este ministro con d indenso que se
ofrecia à su idolo » se diô priesa à colmarle de dignidades. La
primera gracia que pidiô al rey para don Enrique fiiè la cmz de
Alcantara con una encomienda de diez mil escudos. Solicita
poco despues la Haye de gentilhombre, y deseando «itroncarle
con una de las fiimilias mas esdarecidas de Espaûa, puso loa ojos
en dofia Juana de Velasco , hqa del duque de Gastilla , y foè tanto
su poder, que lo logrô à pesar del mismo duque padre delà noyia,
y de sus parientes.
Algunos dias entes de hacerse la boda me enyiô à llaoMr S. E.,
y luego que me yiô me puso en ia mano «m pergamino . dicién-
LIBRO DUODECIMO. 561
dome : Aqui tiennes , GO Bias, una ejecotoria que he solicitado
parati: ya eres noble. Sé&or, le respondi sorprendido de lo que
acababa de oir, V. E. sabe que soy hijo de una duefta y de un
escudero ; parèoeme que agregarme & la nobleza seria en cierta
manera profanaria; y entre todas las gracias que el rey me puede
hacer, ninguna merezco ni deseo mènos. Tu humilde nacimieoto ,
replic6elministr0y es un obstàculo muy fàcil de allanar : te has
ocupado en los negocios del estado bajo el ministerio del duque
de Lerma y del mio ; ademas , aùadié sonriéndose , 4 no has hedio
al monarca serviciosque merecen ser premiados? En una pala-
bra y Santillana , eres acreedor à la honra que quiero hàcerte ;
fuera de eso , el empleo que ejerces cerca de mi hijo exige que seas
noble ; y por eso he solicitado tu ejecutoria. Rindome y seAor, le
répliqué , puesto que asi lo quiere Y . £. ; y diciendo esto sali con
mi ejecutoria metiéndomela en el bolsillo.
Con que ahora soy caballero , me dije à mi mismo cuando estuve
en la calle : héteme que ya soy noble sin tener que agradecérselo à
mis parientes : ya podré cuando me acomode hacer que me llamen
don Gii Bla$; y si à algun conocido mio se le antoja reirse de m&
Uamàndome de este modo , le harè yer mi ejecutoria ; pero leâ-
mosla , continue sacàndola del bolsillo , y yeamos de que manera
se borra en ella el villanismo. Lei pues el real titulo , que decia en
sustancia: que el rey, en reconocimiento del zelo que en mas de
una ocasion habia mostrado yo por su seryicio y por el bien del
estado , habia tenido à bien recompensarme con la merced de no-
ble , etc. Y me atrev o à decir, en laLabanza mia , que no me inspirô
el menor orgullo ; entes bien , no perdiendo jamas de vista la hu-
mildad de mi nacimiento , este honor en yez de engreirme me hu-
millaba. Por lo mismo me propuse encerrar la ejecutoria en un
cajon en lugar de hacer ostentacion de poseerla.
CAPITULO VU.
Gil Bias TueWe à encontrar casualmente â Fabricio : ultima conyersacion
que ambos tuviéron ; y consejo importante que Nuikez diô i Santillaoa.
El poeta asturiano , como se habrà notado , se ohidaba fâcil-
mente de mi. Por mi parte, mis ocupaciones no me permitiaa ir
à Tisitarle , y asi no habia yuelto à yerle desde el lance de la &r
mosa disertacion sobre la Ifigenia de Euripides , cuando quiso la
casualidad que un dia le encontrase en la puerta del S(à , que
salia de una imprenta. Me acerquë à ël diciëndole : { 01a ! ola I se-
fior Nuûez, \md. yiene de casa de un impresor; eso me huele
à que quieres regalar al publico con alguna nueya composicion
tuya.
56
56t GIL BLA&
Sin dada debe esperaria , me respondié ; actaalmeiile estoy ha-
eiendo imprimir un librîto que ha de meter mucho ruido entre
loa literatos. No dudo de su mérito , le répliqué ; pero me pare-
oe que la mayor parte de esos papeiuchos son unas bagatelas que
hacen poco honor à sus autores. Convengo en eso , me respon-
dt6 , pues se muy bien que solamente aquellos ociosos que quie-
ren leer todo cuanto se imprime gustan de diyertirse perdiendo
el tiempo en la iectura de esos folletos. Cou todo he caido en la
tentacion , y te confieso que es un hijo de la necesidad. Ya sabes
que el hambre es la que obliga al lobo à salir de su madrignera.
iComo asi! répliqué yo admirado. {Es posible que me llegue
à decir esto el autor de el Conde de Saldaûal \Vn hombre que
tiene dos mil escudos de renta ha de habtar de esa manera ! Va-
mos poco é poco , amigo , me interrumpiô Nnflez ; ya no soy aqnel
poeta afortunado que gozaba de una renta bien pagada. Desor-
denàronse de repente los negocios del tesorero don Beltran , di-
sip6 el dînero del rey , embargàronle todos los bienes » y se lleyô
el diablo mi pension. Malo es eso , le dije ; ;pero no te ha qne-
dado aun atguna esperanza por ese iado ? Haldita , me respon-
diô : el seflor Gomez del Ribero esta tan miserable como su poe-
ta ; cayô en el agua, sin que pueda jamas salir & la orilla.
Segun eso , hijo mio , repuse yo , te yeo en términos de que
me sera preciso solicitar algun empleo que pueda consolarte de
la pérdida de tu pension. No quiero que te tomes ese trabajo ,
me dijo ; aunque me ofrecieras en las secretarias del ministro un
empleo de très mil ducados de sueido le rehusaria. Las ocopa-
ciones de las oficinas no conyienen à los que se han criado entre
las musas. À estos solamente les conyienen distraccioneii litera-
rias. En fin , ;,qué quieres que te diga? yo naci para yiyir y mo-
rir poeta y y quiero seguir mi suerte. Por lo demas, continué,
no créas que nosotros seamos tan infelices como parece. Fuera
de que yiyimos en una total independencia , tenemos asegurada
la comida sin cuidados ni iatigas. Se crée comunmente que co-
memos é lo demécrito , pero es engafto manifiesto. No se hallarà
entre nosotros ni siquiera uno , sin exceptuar à los compositores
de almanaques , que no tenga una buena casa à donde ir à co-
mer. Yo tengo dos donde soy bien recibido , y en ellas dos eu-
biertos asegurados , uno en la mesa de un director general de la
real hacienda, é quien dedîqué una noyela, y otro en la de un
caballero rico de Madrid , que tiene el flujo de querer que siem-
pre le acpmpaften eruditos é la mesa : por fortuna no es muy de-
licado para elegir , y asi Fàcilmente halla cuantos quiere en la
poblacion.
En ese caso , dije al poeta asturiano ^ ya no te tengo listima ,
puesto que estas contento con tu suerte. Como quiera que sea , te
aseguro de nuevo que en Gil Bias tendras siempre un buen ami-
LIBRO DUODECIMO. 5C3
CO, à pesar de tu descnido ea cultivar su amistad: si necesitas
mi bolsfllo aende francamente à mi. Sentirë que una yerguenza
foera de tiempo te prive de un anxilio que nunca te foltarâ , y é
mi me niegue el gusto de serte ûtiL
En esas generosas eipresiones , exclamô Nuiiez , te reconozco ,
Saatillana , y te doy mil gracias por la gran disposicion é iavore-
c^me en que te veo. En prueba de mi gratitud é esa fineza , quie-
ro darte un consejo saludable. Miéntras que today ia dura el po-
der del conde-duque , y te mantienes en su gracia, aproyecba el
tiempo , date priesa à enriqaecerte , porque ese ministro , à lo que
me ban asegurado , yacila en su asiento. Preguntéle si aquello lo
sàbitk de buen original , y me respondiô: Lo se por un caballero
de Calatraya yiejo , que tiene buen oliato , à quien todos escu-
cban como un oréculo , y le oi decir ayer : El conde-duque tiene
mncbos enemigos , y todos conspiran à derribarle. Cuenta de-
masiado con el ascendiente que ha logrado sobre el énimo del
rey; pero el monarca , à lo que se dice , ha comenzado ya â
dar oidos é las quejas que le llegan de él. Agradeci à Nuâez
la prevencion , pero hice poco caso de ella , y me yolyi à casa
persuadido de que la priyanza de mi amo era indesquiciable é la
manera de aquellas y iejas encinas que , arraigadas profundamente
en la tierra , se burlan de los mas yiolentos huracanes.
CAPITULO VIII.
Descubre Gil Bias ser cierto cl aviso que le diô Fabricio : hacc el rey un viagc
à. Zaragoza.
Lo que el poeta asturiano me habia dicho no carecia de funda-
mento. Se formaba dentro de palacio cierta conspiracion para der-
ribar al conde-duque , é cuya frente se decia estaba la misma rei-
na. Sin embargo , nada se traslucia en el publico de las medidas
que tomaban los confederados para hacer caer al ministro , y se
pas6 mas de un aûo sin que yo notase que su priyanza disminuyera.
Pero el leyantamiento deCatalufia, sostenido por la Francia,
y los desgraciados sucesos de la guerra contra los rebeldes ,
diéron motiyo à la murmuracion del pueblo y é sus quejas contra
el gobiemo. Estas fuéron causa de que se tuviera un consejo à
presencia del rey , al que quiso S. M. concurriese el marques
de la Grana, embajador de la corte de Yiena. Tratôse en él si
era mas conyeniente que el monarca se mantuyiese en Castilla ,
6 que pasase à Aragon à dejarse yer de sus tropas. El conde-
duque, que no tenia gana de que el rey saliera para el ejército,
habI6 el primero, y représenté que no juzgaba acertado que
S. M. desamparase el centro de sus estados, apoyando esta
564 GIL BLA8.
opinion con todas las razones qae le sugirié 9u elocaenda. Si—
guîéronle en la misma todos los miembros del consejo , A excep-
cion del marques de la Grana» que, llevado de su zelo por la
casa de Austria , y con la franqueza genial de su nacton , se opuso
abiertamente al parecer del primer ministro , y defendiô lo con-
trario con razones tan poderosas , que convencido el rey de so
solidez , abrazô esta opinion , aunque opuesta al sentir de todos
los votos del consejo , y seûalô el dia de su salida para el ejército.
Esta fué la primera vez de su vida que el monarca dejô de
seguir el dictâmen de su privado ; novedad quelellenôde amar-
gura , consideràndola como una terrible afrenta. Al mismo tiempo
que se retiraba à su gabinete â tascar en plena libertad el fir<tno,
me viô , me llamô , y encerrândose conmigo en su cuarto » me
contô trëmulo , agitado y como fuera de si , lo que habia pasado
en el consejo. En seguida , como si no pudiera volver de su sor-
presa : Si, Santillana, continué, el rey , que hace mas de yeinte
a&os que no habla sino por mi boca» ni ve por otros ojos que por
los mios f ha preferido el dictâmen del marques de la Grana al
mio. Pero ;de que modo? colmando de elogios à este embaja-
dor, y alabando sobre todo su zelo por la casa de Austria, como
si este Aleman tuviera mas que yo. Por aqui fàcilmente se conoce,
prosiguiô el ministro, que hay un partido formado contra mi,
y que la reina esta â su cabeza. ^ Y eso le inquiéta à Y. £.? le
répliqué yo : doce aAos ha que la reina esta acostumbrada à ver
à Y. £. dueAo de los negocios ; y otros tantos que Y. E. acos-
tumbrô al rey à no consultar con su esposa ninguno de elles.
Respecto del marques de la Grana pudo muy bien el rey indinarse
à su parecer por el gran deseo que tiene de ver su ejército y de
hacer una campaâa. No das en ello , interrumpiô el conde , di
mas bien que mis enemigos esperan que , hallàndose el rey entre
sus tropas , estarà siempre rodeado de los grandes que le ha-
bran de seguir, y entre ellos habràmas de uno poco satisfecbo
de mi que se atreverà à decir mil maies de mi ministerio. Pero
se engaàan miscrablemente , afiadiô , porque sabré disponer que
durante el yiage se haga el rey inaccesible à todos los grandes.
Asi lo ejecutô efectivamente , pero de un modo que merece re-
ferirse por menor.
LIegado el dia que se seûalô para la salida del rey, despues de
haber nombrado este à la reina por gobernadora durante su
ausencia , se puso en camino para Zaragoza ; pero habiendo que-
rido pasar por Aranjuez le pareciô tan delicioso aquel sitio , que
se detuvo cerca de très semanas en él. De Aranjuez le hizo el
ministro ir à Cuenca, donde le tenia dispuestas taies diversiones
que permaneciô largo tiempo en aquella ciudad. De alli se tras-
firiô â Molina de Aragon, donde la caza le embelesô por muchos
dias. Llegô al cabo à Zaragoza „ de donde estaba poco distante
LIBRO DUODECIMO. 565
el ejército: ya se prépafaba para ir alll; pero el condc-daque se
lo disuadià hacîéndole créer que se ponia é peligro de caer en
manos de los Franceses , que ocupaban las llanuras de M onzon ;
de suerte que el rey, atemorizado de un peligro que no podia
temer, resolvtô mantenerse encerrado en su palacio comopudiera
en una prision. Aprovechândose el minislro de aquel pànico ter-
ror, y bajo prétexte de velar en su seguridad , era , por decitlo
asi , como un centinela de vista ; de manera que los grandes ,
despnes de haber hecho excesivos gastos para seguir con la cor-
respondiente decencia al soberano , no tuviéron el consuelo de
lograr ni una sola andieneia de él. Cansado finalmente el monarca,
6 de estar mal alojado en Zaragoza, 6 de perder el tiempo en
ella, 6acaso de verse alii prisionero, se restitnyô cuanto entes
à Madrid , y concluyô asi la campafla , dejando al marques de les
Vêlez , general del ejército , el cuidado de sostener el honor de
las armas espa&olas.
CAPITULO IX.
De la rebelion de Portugal , j caida del oonde-daque.
Pooos dias despues del regreso del rey se esparciô por Ma-
drid una mala nueva. Sùpose que los Portugueses , aprovechàn-
dose del levantamiento de Cataluâa , y pareciéndoles ocasion muy
oportuna esta para sacudir el yugo de la dominacion de Espafta,
habian tomado las armas y aclamado al duque de Braganza por
rey de Portugal, resueltos absolutamente à mantenerle en el
trono sin miedo de que Espaûa lo pudiese estorbar, estando ocu-
pada en Alemania , en Italia , en Flindes y en Catalufla. No les
erafàcil hallar coyuntura mas favorable para librarse de una do-
minacion que aborrecian.
Lo mas singular fiiè que, cuando la corte y todos sus habi-
tantes se hallaban en la mayor consternacion por aquella nove^
dad , el conde-duque quiso divertir al rey à expensas del duque
de Braganza ; pero S. M., lëjos de prestarse à sus insipides gra-
cejos, tomô un semblante serio que enteramente le iumutô, ha-
cîéndole prever su inminente desgraoia. Acabô el ministre de dar
por cierta su caida cuando supo poco despues que la reina se
babia manifestado sin réserva contra él , diciendo pùblicamente
que su mala administracion habia dado lugar à la rebelion de
Portugal. Luego que la mayor parte de los grandes , especial-
mente aquellos que habian seguido al rey en el viage é Zara-
goza, advirtiéron la tempestad que se iba levantando contra el
conde-duque , se uniéron â la reina. Pero lo que diô el ultimo
golpe decisive fiié que la duquesa viuda de Mantua, goberna-
dora que habm sîdo de Portugal , regresô de Lisboa à Madrid,
566 GIL BLAS.
é hizo Ter al rey qae de la rebdion de los Portugueses solo te-
nia la culpa la eonducta de su primer ministro.
Hicièron tanta impresion en el énimo del monarca las palabras
de aquella princesa , que desde el mismo punto cesô el eneapri-
chamiento hécia su priyado , y se desprendiô de todo el afecto
que le habia tenido. No bien Uegô à noticia del ministro que el
rey daba oidos é las quejas y murmuraciones de sus enemigos ,
cuando le escribiô pidiëndole licencia para dejar su empleo y
retirarse de la corte , puesto que se le hada la injusticia de im-
putarle todas las desgracias que durante su ministerio habian su-
cedido à la monarquia. Pareciale que esta suplica haria grande
efecto en el corazon del rey, suponiendo que aun se conserTaria
en él inclinacion suficiente para no consentir jamas en semqante re-
tiro ; pero la ùnica^respuesta de S. M. fuë que le concedia el permiso
que solicitaba , y que asi podia irse é donde mejor le parecîere.
Estas pocas palabras escritas de propio pufto del rey fuéron
como un rayo para S. E., que no lo esperaba deningunamanera.
Sin embargo , por mas atônito que estuyiese , aparentô un aire
de entereza , y me pregunt/» que haria yo en su lugar. Bespon-
dile que fécUmente tomaria mi determinacion abandonando para
siempre la corte , y retiràndome à alguno de mis estados A pasar
tranquilamente el resto de mis dias. Piensas juiciosamente , re-
puso mi amo » y estoy resueho à ir à terminar mi carrera en Loe-
ches despues que haya hablado una sola tcz con el monarca
para representarle que he practicado cuanto era posible en lo
humano para sostener la pesada carga que tenia sobre mis hom-
bros, sin haber tenido mas culpa en los siniestros aconteci-
mientos de que me acusan » que la que tiene un diestro piloto
que, é pesar de cuanto puede hacer, mira su bajel arrefcÂtado
por los vientos y por las olas. Lisonjeâbase el ministro de que
aun podia aquietarse el rey, y volver las cosas al estado en que
se habian hallado; pero no pudo conseguir audiencia; Antes bien
se le enyiô à pedir la Have de que se servia para entrar en el
cuarto de S. M. siempre que qneria.
Conociô entônces que ya no le quedaba esperanza , y se re-
solviô buenamente é retirarse. Examiné sus papeles, 7 quemô
gran parte de ellos , en lo que obrô con mucha prudencia. Nom-
bre los dependientes y criados que le habian de segnir, y
ordenô que todo estuyiese pronto para marchar el dia siguiente.
Temiendo que al salir de palacio le insultase el populacho , se
leyantô muy de maûana , y entes de amanecer saliô por la puerta
de las cocinas ; y metiéndose en un coche yiejo con su confésor
y conmigo, tomo sin riesgo el camino de Loeches, pueblo corlo
de que era seftor, donde la condesa su muger habia fundado un
convento de relîgiosas dominicas. En mënos de cuatro horas nos
pnsimos en él , y poco despues llegô el resto de la femilia.
LIBRO DUODECIMO. â67
CAHTULO X.
Cnidadot que por el pronta inquietiron al coodenliique : siguese i ellos un
dichoso sosiege : metodo de vida que entablô en su retire.
La condesai de Olivares dejô ir à su marido à Loeches, y per-
maneciô algunos dias mas en la corte con el objeto de tentar si
por medio de sùplicas y lâgrimas podria hacer que yolvieran é
llamarle. Pero à pesar de haberse echado é los pies de SS. MM.,
el rey no hizo aprecio de sus exposictones , aunque preparadas
con arte; y la reina , que la aborrecia de muerte, se complacia
en yerh llorar. No por eso se acobardô la esposa del ministro
desgraciado : abatiôse basta el punto de implorar la proteccion
de las damas de la renia ; pero el Fruto que recogiô de sus ba-
jezas fuë* conocer que excitaban el desprecio mas bien que la
compasion. Desconsolada de haber dado tantos pasos dégra-
dantes y se filé é reunir con su esposo para lamentarse con ël do
la pérdida de un empleo, que, bajo un reinado como el de aqueF
monarca , puede decirse* que era el primero de la monarquià.
La relacion que hizo là condesa del estado en que habia de-
jado las cosas en Madrid anmentô extraordinariamente la aflic-
cion del conde-duque. Yuestros enemigos , le dijo Horando , el
dnque de Medinaceli y los otros grandes que os aborrecen , no
cesan de alabar al rey por la resolucion de haberos separado
del ministerio ; y el pueblo célébra con insolencia yuestra des-
gracia, como si el fin de todas^ las que expérimenta el estado
dependiese del de yuestra administradon. Seftora, le respondiâ
mi amo , imitad mi ejemplo : lleyad con resignacion yuestros pe-
sares , porque es precise céder à la borrasca que no se puede
disipar. Creia yo, es yerdad, que podria perpetuar mi yali-
mientamiéntras me durasela yidà, ilùsion ordinaria en los mi-
nistres y priyados , los cualesse olyidan por le comun de que su
suerte dépende de ta yoluntad del soberano. El duque de Lerma
^no se engafiô igualmente que yo , aunque estaba persuadido de
que la purpura con que se hallaba reyestido era un seguro ga-'
rante de la perpétua duracion de su autoridad?
De este modo exhortaba el conde-duque à su esposa â ar-
marse de paciencta , miéntras él mismo se hallaba en una agita-
cion que se renoyaba diariamente con las cartas que recibia de
don Enrique, el cual, habiendo permanecido en Ta corte para
obseryar cuanto alli pasaba , cuidaba de informarle de todo pun-
tualmente. El portador de estas cartas era Escipion , que se ha-
bia qnedado en casa del hîjo adoptiyo de S. £., delà cual habia
saHdo yo inmediatamente despues de su matrimonio con dofia
Juana. Las cartas yenian siempre llenas de noticias poco gus-
ses GIL BLAS.
tosaSy y lo peor era que en las circunstancias no se podian es-
perar otras. Decia en unas que , no contentos los grandes con
celebrar pùblicamente la caida del conde-daque , hacian cuanto
podian para que todas sus hechuras fuesen remoTÎdas de los em-
pleos que ocupatMun, y reemplazadas porsus enemigos. Avisaba
en otras que iba adquiriendo £avor don Lois de Haro » quien ,
segun todas las seftales , séria nombrado primer ministro. Pero
entre todas las noticias que desazonaban â mi amo , la qne mas
le llegô al aima fué la mutacion que se hizo en el vireinato de
Nàpoles , que la corte ùnicamente por desairarle quitô al duque
de Medina de las Torres é quien èl apreciaba, para dàrselo al
almirante de Castilla à quien siempre habia aborrecido.
Paede decîrse que en el espacio de très meses todo foé dis-
gustos y desasosiego para el conde-duque ; pero su confesor,
que era un religioso dominico tan ejemplar como elocuente,
hallô modo de consolarle : à fuerza de representarle con energia
que ya no debia pensar mas que en su salvacion , logrô , eon el
anxilio de la divina gracia , la dicha de desprender su animo de
la corte. S. E. no quiso ya saber nada de Madrid» ni pensar mas
que en disponerse para una buena muerte. Ia condesa , desen-
gaftada tambien, y aprovechàndose de la oportunidad que le
ofrecia aquel retiro , hallô en el convento de religiosas que ha-
bia fundado todo el consuelo que podia desear, pr^rairado por
la divina providencia. Hubo entre aquellas religiosas algunas de
singular virtud , cuyos tiernos coloquios convirtiéron insensible-
mente en dulcedumbre los sinsabores de su vida.
Al paso que mi amo apartaba de su pensamiento los negocios
del mundo , se quedaba mas tranquilo. Entablô un nueyo më-
todo de yida, y una distribucion de horas de la manera si-
guientc. Pasaba casî toda la maûana en la iglesia de las monjas
oyendo misas » iba en seguida à comer, y despues se divertia
por espacio de dos horas à varios juegos conmigo y otros cria-
dos de su mayor confianza: luego se retiraba por lo regular à su
despacho , donde se estaba hasta puesto el sol. Ëntônces salia à
dar un paseo por el jardin , ô tomaba el coche , y daba una
Yuelta por las cercanias del lugar, acompaûado siempre de su
confesor 6 de mi.
Un dia que ibamos solos , y que yo admiraba la serenidad que
brillaba en su semblante , me tome la licencia de decirle : Seftor,
permitame Y. E, que le manifieste mi regodjo : al ver el aire de
satisfaccion que Y. E. muestra , juzgo que principia é famfliari-
zarse oon la soledad. Ya estoy del todo famiiiarizado , me res-
poadiô y y aunque hace mudio tiempo que estoy habituado a
ocuparme ^n los negocios, te protesto, hijo mio, que cada dia
cobro.masaficion à la vida gustosa y padfica que aqui disfnito.
LIBRO DUODECIMO. 569
CAPITULO XI.
El condd-duque se pone repentinamente trUte y pensatiro : motiTo
extraordinario de su tiisteza, y resultado fatal que tuTo.
S. E. para variar sus ocupaciones se entretenia tambien algu-
nas yeces en caltivar su jardin. Un dia qae yo le estaba yiendo
trabajar me dijo en tono festivo : Aqui tienes , Santillana , à un
mioistro desterrado de la corte, convertido en jardinero en
Loeches. Sefior, le respond! en el mismo tono , me parece que
estoy Yiendo é Dionisio Siracnsano enseAando & leer y escribir à
Ids niAos de Corinto despues de haber dictado leyes in Sicilia.
Sonriôse un poco mi amo de mi respuesta y y mostrô que no le
desagradaba la comparacion.
Toda la familia estaba contentisima y admirada de yer al conde
lan superior à su desgracia , rebosando de gozo en una yida tan
diferente de la que habia tenido basta alii , cnando adyertimos
en el una repentina mudanza que iba creciendo yisiblemente y y
nos causô grandisîmo dolor. Vimosie taciturno , pensatiyo y se-
pultado en una profunda melancolia. Dejô todo pasatiempo , y
ninguna impresion le hacia cuanto discurriamos para diyertirle.
Asi que acababa de comer se encerraba en su cuarto, donde
permanecia solo hasta la noche. Pareciônos que aquella tristeza
podria nacer de acordarse de la grandeza pasada , y en esta in-
teligencia le dejabamos é solas con el padre dominico ; pero su
elocuencia tampoco pudo yencer la melancolia del duque, la
coal, en yez de disminuirse, cada dia se iba aumentando.
Ocurri6me que la tristeza del ministro podia procéder de algun
motiyo ô disgusto reseryado que no queria manifestar, lo cu a
me hizo formar el designio de arrancarle su secreto : para con-
seguirlo aguardé el momento de hablarle sin testigos , y habién-
dolo hallado : SeAor, le dije con aire mezclado de respeto y de
cariAo, ^serà permitido à Gil Bias atreyerse à hacer una pre-
gunta i su amo? Pregunta lo que gustes , me respondiô , que yo
te lo permito. ^Qué se ha hecho, réplique , aquella alegria que se
notaba en el semblante de Y. £.7 ^Habrà perdido ya Y. E. aquel
ascendientc que tenia sobre la fortuna? ^Serà acaso posible
que la pérdida del fayor eicite nneyas inquietudes en Y. E.?
iQuerrâ Y. E. yolyer à snmergirse en aquel abismo de amar-
guras de que su yirtud le habia libertado? No, gracias al cielo ,
respondiô el ministro , ya no me atormenta la memoria del gran
papel que représenté en el teatro de la corte; y olyidé para
siempre todos los obseqaios que alli se me tributâron. Pues, se-
Aor, le répliqué, ^st Y.E. ha podido desechar de si todas esai$
570 GIL BLAS.
memorias , ; porquè se déjà dominar de una meiancolia qoe A
todos nos aflige? ^QaëtieneV.E.? mi querido amo, prommpi
arrojàndome à sus pies : Y. E. tiene algun secreto pesar que le
deyora. ^Qaerrà Y. E. hacer un misterio de ello à Santillana,
cuya réserva > zelo y fidelidad tiene tan conocidos? ;Quë delito
es el Biio para haber desmerecido su antigua confianza? La po-
sées todavia, me dijo S. £.; pero confieso que me cnesta mocha
repugnancia revelarte el motivo de la tristeza en que me yes se*
pultado : sin embargo no puedo negarme â las instancias de un
criado y de un amigo como tù : sabe pues el motivo de mi pena:
solo Santillana me podria merecer que le hiciese semqante oon-
fesion. Si, continuô , me domina una negra^ meiancolia que pooo
à poco me ya acortando los dias de la yida. Gasi à cada instante
estoy viendo un espectro que se pone delante de mi bajo una for-
ma espantosa. Trabajo en yano por persuadirme à mi mismo de
que es una mera ilusion, una fontasma que nada tiene de realidad :
sus continuas apariciones me turban y trastoman. Y si tengo la
cabeza bastante fuerte para yiyir persuadido de que viendo i
este espectro nada yeo, soy tambien bastante dèbil para afligirme
con esta vision. Mira lo que me bas obligado à que te confiese ,
afiadiô : juzga ahora si me sobraba razon para ocultar à todos
el verdadero motivo de mi meiancolia.
Oi con tanto dolor como admiracion una cosa tan extraordi-
naria, y que suponia que su màquina se iba desorganizando. Seûor,
dije al ministro, ^quien sabe si eso procède del escaso alimen-
to que toma Y. £.? porque su sobriedad es excesiva. Eso miano
pensé yo al principio , me respondiô , y para experimentar si
debia atribuirlo à la dieta , como hace algunos dias mas de lo
ordinario : pero todo es inûtil , porque la fantasma no desapareoe.
Ella desaparecerà , te répliqué para consolarle , y si Y. E. quisiera
distraerse un poco volviendo i entretenerse en el juego con sus
fieles criados , me persuado de que no tardaria en verse libre
de esos negros vapores.
Pocos dias despues de esta conversacion cayô S. E. enfermo,
y conociendo él mismo que el mal se haria de cuidado envié a
buscar à Madrid dos escribanos para disponer su testameoto ;
é hizo venir tambien très célèbres medicos , que tenian la £una
de curar algunas veces sus enfermos. Luego que se divulgô por
cl palacio la Uegada de estos ùltimos , no se oyéron en él mas
qoe lameutos y gemidos , mirando todos como muy c^xana la
rauerte del amo : tan imbuidos estaban contra taies profesores.
Habian estos Uevado consigo un boticario y un cirujano , eje-
cutores ordinarios de sus ôrdenes; y dejando primero à los es-
cribanos hacer su oficio y entrâron en seguida ellos â desem-
pefiar el suyo. Como seguian los principios del doctor Sangredo,
recetàron desde la primera consulta sangrias sobre sangrias ; de
LIBRO DUODECIMO. 571
manera que al cabo de seis dias redajéron & los ultimos al conde-
daque, y al séptimo le libriron de su vision.
La muerte del ministro ôcasionô en todo el palado de Loecfaes
un agudo y sinoero dolor. Sus criados le llorâron amargamente,
y léjos de consolarse de su përdida con la memoria que hizo de
todos en su testamento , no habia sîquiera uno que no hubiera
rennndado gustoso el legado que le tocaba por restituirle à la
yida. Yo, que èra el mas querîdo de S. £., y que me habia afi-
cionado à él por pura inclinacion hâcia su persona , senii aun
mas que los otros su fellecimiento : dudo que Antonia me baya
costado mas làgrimas que el conde-duque.
CAPITULO XU.
Lo que pasô eu el palacio de Loeches despues de la muerte del conde-duque ,
y partido que tomô Santillana.
Con arreglo à la Toluntad del ministro fîié sepultado su cada-
ver en el convento de las religiosas ^ sin pompa ni ostentacion ,
acompaàado de nuestros lamentos. Despues de los funerales la
condesa de Olivares nos hizo leer el testamento , del cual toda la
fàmilia tuvo motivo para quedar contenta. Â cada uno dejô el
difunto una manda correspondiente al empleo que tenia , siendo
lamenor de dos mil escudos: la mia fiié la mayor de todas;
S. £. me dejô diez mil doblones en prueba del singular afecto que
me habia profesado. No se olvidô de los hospitales , y fiindo
aniversarios en muchos conventos.
La condesa de Olivares enviô à Madrid à todos los criados ,
para que cada uno cobrase su manda de su mayordomo don
Ramon Caporis que tenia ôrden de entregàrsela ; pero yo no
pude ir con ellos, porque una fiierte calentura, efecto de mi
afliccion, me detuvo en el palacio siete ù ocho dias. No me aban-
donô en todo ese tiempo el padre domlnico ; porque este buen
religioso me habia tornado inclinacion, é interesàndose en mi
salud me preguntô, luego que me viô restablecido , que pensaba
hacer de mi. No se todavia , mi reverendo padre , lo que haré ,
le respond! ; porque en este punto no estoy aun de acuerdo con-
migo mismo. Algunos momentos estoy tentado i encerrarme en
una celda para hacer penitencia. | Momentos predosos ! exclamé
el religioso , sefior Santillana , { y que bien haria vmd. en apro-
vecharse de ellos I Aconsëjole como amigo que , sin dejar de ser
seglar, se retire para siempre à algun convento » en donde por
medio de algunas donaciones piadosas de sus bienes pueda ex-
piar los extravios de una vida mundana , à ejemplo de muchas
personas que han terroinado asi su carrera.
573 GIL BLAS.
En la disposicion eo qae me haDaba no me ineomodô el con-
sejo del religioso ; y respondl à sa reyerencta qae me tomaria
tiempo para reflexionarlo. Pero habiendo consoitado sobre el
pariicolar é Esdpion , A qoien yi an momento despues que al
padre y se opuso A este pensamiento, que le paredô un delirio.
; Es posible, seAor de Santillana , me dijo , que ymd. se incline
a semejanie retire? ;pues no tiene en su quinta de Liria otro
mas agradable? Si en otro tiempo qnedô tan enamorado de él,
con mayor razon le agradarà ahora qae se halla en edad mas
adeouada para dejarse embelesar de las bellezas y atractiyos de
la naturaleza.
Poco trabajo le costô al hijo de la Coscolina hacerme madar
de opinion. Amigo mio , le dije , mas puedes to que el padre do-
minico. Yeo con efecto que me serA mejor yolyer A mi qainta,
y A ello me decido. Volyerèmonos A Liria luego que mi salud
me permita ponerme en camino , lo que no puede tardar mu-
cho, pues ya estoy sin calentura, y en brève tiempo espero re-
cobrarme del todo. Fuimonos Escipion y yo A Madrid, cuya
yista no me alegrô tanto como me alegrabii ea otro tiempo. Sa-
biendo que era casi universal el horrorrcon que se oia el nombre
de un ministre coya memoria me era tan apreciable , no podia
mirar esta villa con buen semblante , y asi solo me detuve en
ella cinco ô seis dias que necesitô Escipion para disponor lo
necesario A nuestra salida para Liria. Mièntras él cuidaba de esto,
yo me fui A ver con Caporis, que al punto me entregô mi legado
en doMones efectivos. Lo mismo hioe con los depositaries de
las encomiendas sobre las cuales yo tenia mis pensiones ; con-
certé con ellos el modo de librarme los pages ; en una palabra ^
dejé arreglados todos mis asuntos.
El dia Antes de partir pregunté al hijo de la Coscolina si se
habia despedido de don Enrique. Si y sefkor , me respondiô , y
ambos nos hemos separado esta mafiana amistosamente: no
obstante él me ha asegurado que sentia le dejase ; pero si él es-
taba contente conmigo, yo no lo estaba con él: no basta que
el criado agrade al amo ; es menester tambien que el amo agrade
al criado ; de otra manera se avienen mal : fiiera de que » aftadiô,
don Enrique no hace sino un triste papel en la corte. Se le mira
en ella con el mayor desprecio ; en las calles todos le sefialan
con el dedo , y ninguno le llama mas que el hijo de la Genovem,
Vea vmd. ahora si para un mozo de honra séria cosa de gusto
servir A un amo desacreditado.
Saltmos por ultimo de Madrid al amanecer, y tomAmos el
camino de Guenca. Iba ordenado el equipage de la manera si-
gniente : mi confidente y yo ibamos en una calesa de dos mutas
condocidaa por un calesero; seguian très machos cargados de
ropa y dinero guiados por dos mozos de mulas; tras de estes
LIBRO DUODIÈCIMO. 573
veoian dos robustes lacayos escogidos por Escipion , montados
sobre dos mulas y completamente armados. Los mozos Uevaban
por su parte sables , y el calesero an par de pistolas en el arson
de la silia. Como eramos siete hcmibres , y los sais de mueho ya^
lor y gran resolacion , me puse en camino alefiremente y sin el
menor rezelo de que me robasen mi herencia. Al pasar por los
pueblos se gallardeaban nuestros madios y mulas haciendo re-
sonar sus campanillas ; y los paisanos se asomahan à las puertas
para ver pasar nuestro acompaftamienio , que les pareda, cuando
ménos , el de algun grande que iba à tomar posesion de un th
reinato.
CAPITULO XIII.
Vuelve Gil Bias à su quinta : tiene el gusto de enoontrar ya casadera k m
ahijada Serafina ; y éi mismo se enamora de una aeAorita.
Quince dias tardé hasta Liria, porque no habia precision de
acelerar las jornadas : solamente deseaba Uegar con salud y des-
cansado , lo que efectivamente consegui. La primera vista de mi
quinta me causô algunos pensamientos tristes , acordàndome d«
mi Antonia; pero luego procuré desecharlos, divirtiendo la ima-
ginacion à cosas que me gustasen, lo que no fiiè dificil , porque
al cabo de veinte y cinco aâos que habian pasado desde su
muerte , estaba ya muy mitigado el dolor de aquella pérdida.
Al punto que entré en la quinta viniéron presurosas à sàh^
darme Beatriz y su hija Serafina: despues de esto el padre, la
madré y la hija se llenàron de abrazos con tantas demostraciones
de alegria que me encantàron. Luego que se desahogàron ^'é la
atencion en mi ahijada , y dije: ; Es positde que sea esta aqueUa
Serafina que yo dejé en la cuna cuando. .me ausenté de Liria l
Pasmado estoy de yerla tan bella y tan (areoida. Es menester que
pensemos en casarla. ;Como asi? queri^o padrioo , exclamé mi
ahijada sonrosàndose un poco al oir mis ultimas palabras , ; no
bien me ha visto ymd. cuando ya piensa en sépararme de- si?
No, hija roia, le respond! , no pretendemos separarte de noso-*
tros dindote marido: qaeremos que el que te busqué consienta
en vivir con nosotros.
Uno que tiene esa circunstancia , dijo entènces Beatriz , pré-
tende à la niAa. Cierto hidalgo de un lagar inmediato viô é Sera-
fina un dia en misa en la iglesia del lugar, y'qnedi muy prendado
de ella. Yino despues à verme, declarômo su intencion, y pidiè
mi consentimiento. Poco adelantaria vrnd-^Je respoadi, aunqœ
yo se le concediera.: Serafina dépende de su padre y de rss pa-
drinOy que son los .àsûcos que pueden dispone de su mano. Lo
mas que puedo hacer por ymd. es escribirles para infbjrmaiies de
su soUpitnd honrofa para mi hija. Con ^eoto , seltores , prosiguié
'574 GIL BLAS.
ella » esto ibft i escribir i vstedes ; mas ya que m haOan aqni
haràn lo que mejor les (Nuresca.
Pero en simia , dijo Esdpion , i que caracter tiene eee hidalgo ?
^Se pareoe acaso à la mayor parte de Iob de su dase? ^Esti
enyanecidoeon sa nobleza, y es insolente con los plebeyos? i Oh!
lo que es eso no , respondiô Beatris. Es un mozo may a£aJ>le y
atento con todos, sobre ser bien parecido, y que aun no ha
cumplido treinta aftos. Nos baoes, dije & Beatriz, an buen re-
trato de ese caballero:;como se llama? Don Juan de Antella,
respondiô la muger de Escipion. Ha poco tiempo que heredô à
su padre , y vive en una hacienda propia que solo dista una légua
de aqui, en oompania de una seAorita jôven hermana suya. Oi en
otro tiempo , repuse yo , hablar de la fomilia de ese hidaJgo , que
es una de las mas nobles del reino de Valencia. Aprecio mënos,
exdamô Escipion , la hidalguia que las buenas prendas ; y ese
don Juan nos convendrà si es hombre de bien. A lo mënos esa
fama tiene , dqo Serafina tomando parle en la conversadon ; y
los yecinos de Liria que le conocen le ponderan mucho. Cuando
01 estas breyes palabras à mi ahijada, me sonrei mirando à su
padre , el cual conodô por ellas oomo yo que aquel galan no des-
agradaba à su hija.
Tardô poco el caballero en saber nuestra llegada , y dos dias
despues vino à presentarse en nuestra quinta. Se nos acercô con
buenos modales; y léjos de que su presencia desminliese el in-
forme que Beatriz nos habia dado , nos hizo formar mucho mayor
concepto de sa mèrito. Dijonos que como vecino venia é darnos
la bienvenida. Reciblmosle con la mayor atencion y agrado que
nos fué posible; pero esta visita fué de pura urbanidad , pasàn-
dose todo en reciprocos cumplimientos ; y don Juan, sin haUamos
una palabra de su amor à Serafina , se retiré rogindonos sola-
mente que le permitieramos repetir sus visitas para aproyecharse
mejor de una vedndad que juzgaba habia de série may gustosa.
Despues que se fué nos preguntô Beatriz que tal nos parecia
aquel hidalgo : le respondimos que nos habia prendado y qae nos
parecia que la fortuna no podia oCrecer mejor eolocacion à Serafina.
Al dia siguiente despues de comer sali con el hijo de la Cos-
colina para ir à pagar la visita que debiamos à don Juan. Tome-
mos el cammo de sa lugar, guiados por un aldeano que despues
de haber caminado très cuartos de légua nos dijo : Aquella es la
quinta de don Joan de Antella. Recorrimos con la vista todos
aquellos campos , y estuvimos largo rato sin verla , hasta que
llegando al pié de un coliado la descubrimos en medio de un
bosqiie rodeado de corpulentos irboles» ooya irondosidad y espe-
sura la ocultaban é la vista. Tenia un aspeeco antiguo y deierio-
rado que acreditaba ménos la opulencia que la nobleza de su
dueAo. Sin embargo , cuando ya estuvimos dentro advertimos
UBRO DUODECIMO. 575
que el aseo y buen gusto de los muebles recompensaba la caduca
vejez del edificio.
Don Juan nos recibiô en una sala decentemente adornada , en
donde nos présenté una sefiora que nombrô delante de nosotros
sa hermana Dorotea , y que podia tener de diez y nueve à veinte
aAos. Estaba yestida de gala como quien esperaba nuestra visita
caidadosa de parecernos bien ; y presentàndose â mi yista con
todos sns atractiyos , hizo la misma impresion que Antonia , es
decir que me quedë turbado ; pero supe disimular tanto , que ni
el mismo Escipion lo pudo adyertir. Nuestra conyersacion verso
como la del dia anterior sobre el contento mutuo que tendriamos
de vernos algunas veces y de vivir con la armonia de buenos
vecinos. Don Juan no tomô todavia en boca é Serafina , ni por
nuestra parte se dijo cosa alguna que le pudiese dar ota^èn à de-
clarar su amor , persuadidos de que en ese punto lo mejor era
dejarle venir. Durante la conyersacion echaba yo de cuando en
cuando alguna ojeada à Dorotea , sin embargo de simular mirarla
lo ménos que me era posible ; y cada vez que mis miradas se
encontraban con las suyas eran estas otras tantas fléchas con que
me atravesaba el corazon. Confésaré con todo , por hacer recta
justicia al objeto amado , que no era una hermosura compléta :
aunque tenia la tez muy blanca , y los labios mas encarnados que
la rosa , su nariz era un poco larga , y sus ojos pequeâos ; pero
sin embargo el conjunto me embelesaba.
En suma no sali de casa de Antella con el sosiego con que ha-
bia entrado , y al volverme à Liria con la imaginacion puesta en
Dorotea , no veia ni hablaba sino de el]a.;Qué es esto , mi amo?
me dijo Escipion miràndome como suspenso : mucho le ocupa a
vmd. la hermana de don Juan : i le habrà inspirado é vmd. amor ?
Si, amigo, le respondi, y estoy corrido de ello. ; Oh cielos ! Yo que
desde la muerte de Antonia he mirado mil hermosuras cou indife-
rencia, ^ sera posible que encuentre â la edad en que me hallo
una que me inflame sin que yo lo pueda resistir ? Sefior, me re-
pKcô el hijo de la Coscolina , pareciame à mi que debia vmd. celé--
brar esa aventura en vez de quejarse de ella : vmd. se halla toda-
via en una edad en que nada tiene de ridiculo abrazarse en una
amorosa llama, ni el tiempo ha maltratado tanto su semblante que
le baya quitado la esperanza de agradar. Crëame vmd., la primera
vez que vea à don Juan , pidale sin temor su hermana, segtiro de
que no la podrâ negar à un hombre de sus circunstancias. Fuera
de que, aun cuando quisiese absolutamente casarla con algun hi-
dalgo , vmd. lo es , pues tiene su ejecutoria que basta para su
posteridad. Despues que el tiempo haya echado à la tal ejecutoria
el espeso velo que cubre el origen de todas las familias , quiero
decir, despues de quatro 6 dnco generaciones , la descendencia de
los Santillanas sera de las mas ilustres.
576 GIL BLAS.
CAPITULO ULTIMO.
De las dos bodas que se celebrâron en la quiuta de Liria , con lo cual se da £in
â la bistoria de Gfl Bias de Santillana.
Animôme taato Escipion a declararme amante de Dorotea , que
ni siquiera me pasô por la imaginacion qae me exponia à on des-
aire. Con todo eso no me déterminé à eÛo sin cierto rezelo. Aun-
que mi rostro disimulaba macho mis aûos , y podia quitanne à
lo mënos diez de los qae tenia sin miedo de no ser creido , no
por eso dejaba de dudar con fundamento qae pudiera agradar â
una mager jôven y Kermosa. Sin embargo resoh i airiesgarme, y
hacer la peticion la primera vez que viera à sa hermano , el cual,
por sa parte, no teniendo seguridad de consegair à mi ahijada^
no estaba sin zozobra.
Volviô à mi quinta al dia siguiente por la maftana à tiempo qae
acababa de vestirme. Seûor de Santillana , me dijo , hoy Tengo a
Liria à tratar oon ymd. de un asnnto may serio. Hicele entrar en
mi despacho , y desde luego en^ezô à hablar sobre el particular.
GreOy me dijo , que no ignora vmd. el negocio que me trae. Yo
amo à Serafina ; vmd. lo puede todo con su padre : suplicole fia-
Torezca mi pretension , disponiendo que consiga el objeio de mi
amor : debayo à vmd. la felicidad de mi i^ida. SeAor don Juan,
le respond! , ya que vmd. ha ido derechamente al asunto , no ex-
traûe que yo imite su ejeroplo , y que , despues de haberle pro-
metido mis buenos oficios para cou el padre de mi ahijada , im-
plore los de ymd. para con su hermana.
À estas ultimas palabras don Juan dejô escapar un tierno snspiro
del cual inferi un agûero favorable. {Es postt>le , seAor , exclamé
prontamente , que Dorotea i la primera yista baya conquistado
Yuestro corazon I Me ha encantado , le dije , y me tendre por el
hombre mas dichoso del mundo si mi pretension agradase a uno
y à otro. De eso debe ymd. estar seguro , me replicô , pues aun-
que somos nobles no desdefiamos el enlace de ymd. Me alegro,
repuse yo > que no tenga ymd. dificultad en admitir por cafiado
à un plebeyo : esto mismo me obliga à estimarle mas, porque es
pruebad^ subuenjuido ; pero sepa vmd. que, ann cnando su ya-
nidad le indujese à no permi^r que su hermana diera la mano i
ninguno que no fuera noble , todavia tenia yo con que contentar
su presuncion. Vejnte y ocho ajk>s me he empleado €hi las ofici*
nas del ministerio ; y el rey , para recompensar los sertîcîos que
hice a] estado , me gratifioô cou una ejecutoria de noUexa que yoy
à enseûar à vmd. Diciendo esto.saquè la fJ6CoU>ria de oo cajou ,
entreguésela al hidalgo , que la leyô de cniz à fecfaa atemameote
LIBRO DUODECIMO. 577
con la mayor satisfaccion. Esta muy buena , me dijo al devoher-
mela: Dorotea es de vmd. Y vmd., exclamé yo, cuentecon Serafina.
QuediroD , pues , determinados de esta manera entre nosotros
los dos matrimonioSy y solo restaba saber si las novias conscn-
tirian gustosas : porque ni don Juan ni yo , igualmente delicados ,
pretendiamos conseguirlas contra sa Toluntad. YolviAse este hi-
dalgo à su quinta de Amelia à participar mi pretension à su her-
mana , y yo llamé à Escipion , Beatrix y mi ahijada para darles
parte de la conyersacion que habia tenido con don Juan. Beatriz
fué de dictàmen que se le admitiese por esposo sin vacilar , y Se-
rafina diô à entender con su silencio que era del mismo parecer
que su madré. No fuè de otro su padre; pero mostrô alguna inquie-
tud por el dote que le parecia preciso dar , correspondiente A un
hidalgo como aquel , y cuya quinta tenia urgente necesidad de re-
paros. Tapé la boca à Escipion , diciéndole que eso me tocaba à
mi , y que yo le daba cuatro mil doblones de dote à mi ahijada.
Fui A ver à don Juan aquella misma tarde. Yuestro asunto , le
dije, Ta à pedir de boca; deseo que el mio no se halle en peor
estado. Ya que no puede ir mejor , me respondiô ; no he nece-
sitado emplear la autoridad para obtener el consentimiento de
Dorotea. La persona de vmd. le contenta , y sus modales le agra-
dan. Ymd. rezelaba no ser de su gusto, y ella teme con mas ra-
zon que , no teniendo que ofrecerle sino su corazon y su mano...
{ Que mas puedo desear I exclamé foera de mi de alegria. Una yez
que la amable Dorotea no tenga repugnancfa à unir su suerte con
la mia, nada mas pido. Soy bastante rico para casarme con ella
sin dote y y con solo poseerla quedaràn colmados todos mis deseos.
Don Juan y yo , completamente satisfechos de haber conduci-
do dichosamente las cosas à este estado , resolvimos excusar to-
das las ceremonias superiluas para acelerar cuanto antes nuestras
bodas. Dispuse que mi fiituro cufiado se abocase con los padres
de Serafina; y conyenidos en las capitulaciones del matrimonio
se despidiô de nosotros , promctiendo Tolver al dia siguiente
acompaflado de su hermana Dorotea. £1 deseo de parecer bien
à esta seftorita me obligé à emplear por lo ménos.tres horas
largas en vestirme , engalanarme y adonizarme , y ni aun asi me
pude reducir à estar contento con mi figura. Para un mozalbete
que se dispone à ir à ver a su querida , esto es un recreo ; mas para
un hombre que comienza à envejecer , es una ocupacion. Con todo
fui mas afortunado de lo que esperaba ; volvi à ver à la hermana
de don Juan , y ella me mirô con semblante tan favorable , que
todavia me presumi \aler alguna cosa. Tuve con ella una larga
conyersacion : quedé hechizado de su caràcter y de su juicio , y
me persuadl de que con buen tratamiento y mucha condescen-
dencia podria llegar à ser un esposo querido. Lleno de tan dul-
ce esperanza envié à buscar dos escribanos à Yalencia que for-
57
578 GIL BLAS.
malizàron la escritura matrimonial. Despues acadimos al cara da
Patema, qae yino à Liria y nos casô & don Juan y à mi con
nuestras noyias.
Encendi , pues ^ por la segunda vez la antorcha de himeneo ,
y nunca tuye motiyo de arrepentirme. Dorotea , como mnger
yirtuosa» no tenia mayor gusto que cumplir con su oblîgacion,
y como yo procuraba adelantarme à Qenar sus deseos , tardô
poco en enamorarse de mi como si yo estuyiera en mi juyentud.
Por otra parte , en don Juan y en mi ahijada se encendiô con
igual yiyeza el amor conyugal , y lo mas singular fué que las
dos cuAadas contrajéron la mas estrecha y sincera amistad. Por
mi parte adyerti en mi cufiado tan buenas prendas , que le cobrè
un yerdadero carifko , que no me pagô con ingratitud. En fin ,
la union que reinaba entre nosotros era tal , que cuando tenia-
mos que separarnos por la noche para yolyernos à reunir el dîa
siguiente, esta separacion no se yerificaba sin sentimiento; lo
que diô motiyo à que ambas familias nos resolyiesemos à no
formar mas que una sola, que tan pronto yiyia en la quînta de
Liria como en la de Amelia y à la cual para este efecto se le hi*
ciëron grandes reparos con los doblones de S. E.
Très aûos hace ya , amigo lector , que paso una yida deliciosa
al lado de personas tan queridas. Para coimo de mi dicha el cielo
se ha dignado concederme dos hijos , de quienes creo pruden-
temente ser padre , y cuya educacion ya à ser el entretenimieoto
de mi ancianidad.
FIN.
INDICE.
UBRO PRIMERO.
Cap. I. Nacimiento de Gil Bias , 7 su educacion. pag. i
-^ II. De los sustos que tuTo Gil Bias en el camino de PeAaflor, lo
que hizo cuando llego alii, j lo que le sucedio oon un
hombre que ceno con el. a
— III. De la tentacion que tuTo el arriero en el camino, en que par6,
y como Gil Bias se estrello contra Garibdis, queriendo eyi-
tar à Scila. 8
— IV. Descripcion de la cuera soteirânea, y de lo que tîô en ella
Gil Bias. 10
— V. De la llegada de otros ladroues al soterrineo, 7 de la conyer-
sacion que tuviëron entre si. \i
— YI. Del intento de escaparse Gil Bias, y ëzito de su tentatira. 17
— VU. De lo que hizo Gil Bias, no pudiendo hacer otra cosa. ao
— VIII. AcompanaGil Bias â los ladrones; que empresa acomete en
los caminos reaies. 31
— IX. Del serio lance que siguio â la arentura del fraile. a3
— X. De que modo se portâron los bandoleros oon la seAora des-
mayada. Gran proyecto de Gil Bias, y sus résultas. a5
— XI. Historia de doAa Mencîa de Hosquera. vg
— Xn. Del modo poco gustoso con que fuë interrumpida la conversa-
cion de la senora y de Gil Bias. 34
— XIII. Por que casualidad sale Gil Bias de la cârcel , y i donde se en-
camino despues. 87
— XIV. Becibimiento que le hizo en Burgos doAa Hencfa. 89
— XV» De que modo se ristio Gil Bias; del nuero regalo que le hizo
la senora; 5 del equipage en que saliô de Burgos. 4^
— XVI. Donde se Te que ninguno dcbe fiarse mucho de la prospe-
ridad. 4^
— XVII. Partido que tomo Gil Bias de résultas del triste succso de la
casa de posada. 5o
UBRO SEGUNDO.
Cap. I. Entra Gil Bias por criado del lîcenciado Cedillo; estado en que
este se hallaba , y retrato de su ama. 56
— II. Que remedies suministrâron al canônîgo habiendo empeorado
en su enfermedad; lo que résulté, y que dejô â Gil Bias en
su testamento. 60
— III. Entra Gil Blasa senrir al doctor Sangredo, y se hace famoso
medico. 64
5S0 INDICE.
— I V . Prosîgue Gil Bias ejerciendo la medicina oon Unto acierto oomo
capaddad. ÂTentura de la sortija reoobrada. 69
— V. Proùgue la aTentura de la sortija jdeja Gil Elas la medicinay
y se auscnta de ValladoUd. ^6
— VI. K donde se encaminô Gil Bias despues que salio de VaUadolid,
y qu<^ especie de hombre se incoiporô con ël. 8 1
— VII. Historia del mancebillo barbero. 83
— VIU. EncuentfX) de Gil Bias j su compaAero oon un hombre qne es-
taba mojando mendmgoa de pan en una fuente, y oonyer-
sacion que con â tuTiéron. 100
— I\ . Estado en que encontro Die^ â sus parientes ; y oomo Gil Bias
se scparô de ël despues de baber participado de ciertas di-
Tersiones» io3
LIBRO TERCERO.
Cap. I. Llegada de Gil Bias â Madrid, y primer amo à quien sûrid
alli. 107
— II. De la admiracion que causé à Gil Bias el encuentro oon él
capitan Rolando , j de las oosas curiosas que le contô aquel
bandolero. ii3
— III. Déjà Gil Bias à don Bernardo de Castelblanoo , y entra â ier-
▼ir k un elegante. 118
— IV. Hace amistad Gil Bias con los criados de los elegantes ; secreto
admirable que estos le enseAàron para lograr â poca oosta la
fama de hombre agudo; y singular juramento que âinstan-
cia de ellot hizo en una cena. i x}
— V. Vëse Gil Bias de repente en lances de amor oon nna hennosa
desconocida. 199
— VI. De la conyersacion de algunos seAores sobre lot comediantes
de la companîa del teatro de! Principe. i35
— VII. Historia de don Pompeyo de Castro. i39
— VIII. Por que accidente se ve precisado Gil Bias à buscar nuero
acomodo. i45
— IX. Del amo à quien Gil Bias fuë â serrir despues de la mnerte de
don Matias de Silya. i48
— X. Entra Gil Bias à servir de mayordomo en casa de Arsenia ; in«
formes que le da Laura de los comediantes. i5i
— XI. Del modo con que Tivian entre si los comediantes , y como
trataban â los autores de comedias. i54
— XII. Toma Gil Bias indinacion al teatro, entrëgase enteramente
à los pasatiempos de la yida cômica , y dentro de poco se
disgu^ de ella. i58
LffiRO CUARTO.
Cap. I. No pudiendo Gil Bias acomodarse â las costumbres de los co-
mediantes, se sale de casa de Arsenia, 7 haUa mejor 000-
yeniencia. 161
— II. Como recibio Aurora d Gil Bias; y la oonyersadon que oon ël
tuvo. i65
INDICE. 581
-^ III. De la gran mutacion que sobrevino en caaa de don Vicente,
y de la extrana detemiinacion que el anior hizo tomar à la
bella Aurora. i68
— IV. El Casamientopor yenganza, NoTcla. 173
— V. De lo que hizo dona Aurora de Guzman luego que llegô i Sa-
lamanca. 19a
— VI. De que ardides se Talio Aurora para que la aroase don Luis Pa-
checo. 199
-^ VII. Huda Gil Bias deacomodo, pasando i serTÎr à don Gonzalo
Pacheco. ao5
— VIII. Cardicter de la marquesa de Chaves ; y personas que ordinaria-
mente la Yisitaban. a 1 3
— I\. Por que incidente Gil Bias saliô de casa de la marquesa de Cha-
yes , y cual fuë su paradero. 2 1 7
— X. Historia de don Alfonso y de la bella Serailna. ;i2o
— XI. Quien era el viejo ermitano, y como conociôGîl Bksque se
hallaba entre amigos, a3 1
LIBRO QUINTO,
Gap. I. Historia de don Rafael. « a3j
— II. De la conferencia que tuTÎëron don Rafael y sus oyentes, y de
la aventura que les sucedio al querer salir del bosque. 28-2
UBRO SEXTO.
Cap. I. De lo que hiciéron Gil Bias y sus companeros despues que se
separâron del conde de Polan : del importante prbyecto que
forma Ambrosto ; y como se ejecuto. a86
— II. De la resohicion que tomâron don Alfonso y Gil Bias despues
de esta aventura. 290
— III. Como don Alfonso se halla en el colmo de su alegrîa , y la aven-
tura por la cual se vio de repente Gil Bias en un estado
dichoso. 293
UBRO SÉPTIMO.
Cap. I. De los amores àt Gil Bias y hi seAora Lorenza Sëfonu ngS
— II. De lo que sucedio â Gil Bias despues de dejar la casa de Leiva,
y de las feUces oonsecuendas que tuvo el mal snceso de sus
amores. 3oo
— - III. Llega Gil Bias â ser el privado del arzobispo de Granada , y el
conducto de sus gracias. 3o\
— IV. Dale un accidente de apoplegfa al arzobispo. Del lance crî-
tico en que se halla Gil Bias, y del modo con que saliô de ël. 3o8
— V. Partido que tom6 Gil Bias despues que le despidio el arzo-
bispo : su casual encuentro con el licenciado Garcia , y
como le manifesto este su agradecimiento. 3i i
— VI. Va Gil Bias à ver representar à los cômicos de Granada : de
la admiracion que le causô el ver a una actriz, y de lo que
le paso con ella. 3 1 3
INDICE.
— vn. HUtoria de Laura. 317
— Vin. Del recibimiento que hidéron à Gil Bias los cômiooe de Gra-
nada , y de la penona â quien reoouociô en el Testiiario. 3^
— IX. Del hombre extraordinario oon quien Gil Bias oenô aquella no-
cbe, y de lo que paso entre ellos. 329
— X. De ta oomisîon que el marques de Marialba diô à Gii Bias, y
oomo la desempeào este fiel secretario. 33i
— XI. De la noticia que supo Gil Bias, y que fué un golpe mortal
para â. 333
— XII. Oil Bias se aloja en una posada de caballeros, en donde ad-
quiere conocimiento oon el capitan Gbincbilla : que dase de
hombre era este ofidal, y que negocio le habia llevado â
Madrid. 335
— XIU. Encuentra Gil Bias en la oorte k su querido amigo Fabricio, y
de la grande alegria que de ello redbiéron. A donde fuëroo
los dos , j de la curiosa conversacion que tuTiéron. 34 1
— XIV. Fabricio coloca â Gil Bias en casa del conde Galiano, titulo de
Siciiia. 3{7
— XY. De los empleoi que el oonde Galiano dio en su casa â Gil Bias. 35o
— XVI. Del accidente que acometio al mono del conde Galiano , j de la
pena que causô à este senor. Como Gil Bias cayo enfermo ; y
cuales fu^ron las résultas de su enfermedad. 354
UBRO OCTAVO.
Caf. I. Gil Bias adquiere un buen conocimiento, y logra un empleo
que le consuela de la ingratitud del conde Galiano. Historia
de don Valerio de Luna . 359
— IK Presentan à Gil Bias al duque de Lerma , quien le admite por
uno dc sus secretarios. Este ministro le senala el trabajo que
ba de hacer, y queda gustoso de ël. 363
— > m. Sabe Gil Bias que su empleo no deja de tener desazones. De la
inquietud que le causô esta nueva , y la conducta que se tîo
obligado à guardar. 366
— rV. Gil Bias consigne el favor del dilque de Lerma , que le confia
un secreto de importancia. 368
— y. En el que se Terâ à Gil Bias lieno de gozo» de honra, y de
miseria. 370
— VI. Que modo tuTo Gil Bias de dar â conocer su pobreza al duque
de Lerma, y como se porto con â este ministro. 373
*— VII. De lo bien que empleô sus mil y quinientos ducados : del primer
negocio en que medio , y del provecho que saoô de (H. 376
— VIII. Historia de don Rogerio de Bada. 378
— • IX. Por que medios Gil Bias hizo en poco tiempo una gran fbrtuna ;
y de oomo tomô el aire de persona de importancia. 384
— X. Gorrômpensc enteramente las costumbres de Gil Bias en la
corte : del encargo que le diô el oonde de Lémos , y de la
intriga en que este seAor y ël se metiëron. 389
— XI. De la yisita sécréta , y de los regaloe que el prindpe hizo i
Catalina. 394
— XII. Quien era Catalina : perplejidad de Gil Bias; su inquietud ; y
la precaudon que tomô para tranquilizar eu inimo. 397
INDICE. 583
— XIII. Signe Gil Bias haciendo el papel de seAor : tiene noticias de su
familia ; imprenon que le hicîëron : te deioompadra con
Fabricio. 3g9
LffiRO NOVENO.
Gap. I. Escipion quiere casar â Gil Bias , y le propone la hija de un
rieo y famoflo platero : de los pasos que se diëroo à este fin. ^tn
— n. Por que casualidad se aoordô GÛ Bias de don Alfonso de Leiva
y del serricio que le hizo. 4<^^
— III. De los preparatÎTOs que se hicîëron para el casamiento de Gil -
Bias, y del grande acontecimiento que los inutilizô. 4^7
— IV. De que modo fnë tratado Gil Bias en la torre de SegoTia, y
de como supo la causa de su prîsion. 4^
— y. De lo que reflexiono antes de dormirse , y dd ruido que le
despertô. * 4^*
— VI. Historia de don Gaston de CogoUos y de doAa Elena de
Galisteo. 4i3
— YII. Escipion ya â la torre de Segovia â Ter â Gil Bias, y le da
muchas noticias. 4^^
— VIII. Del primer viage que hizo Escipion à Madrid : cual tué d mo-
tiro y e'zito de ël. Dale à Gil Bias una enfermedad, y résultas
que tuvo. - 4^7
— IX. Escipion ynelTe à Madrid; oomo y con qaé condicîones al-
canzô la libertad de Gil Bias ; â doude fuëron los dos despues
de haber salido de la torre de Segovia, y conTersacionque
tuviëron. :23o
— X. De lo que hidëfon al llegar à Madrid; 4 quien encontre Gil
Bias en la calle, j de lo que se siguio i este encuentro» 4^^
UBRO DÊGIMO.
Gap. I. Sale Gil Bias para Asturias y pasa por Valladolid, donde yisita
à su amo antiguo el doctor Sangredo; y se encuentra ca-
sualmente con el seAor Manuel Ordoûez administrador del
hospital. 43^
— II. Prosigue Gil Bias su yiage , y llega felizmente à Oriedo : en
que estado haUa à su familia } muerte de su padre, y sus con-
secuencias. 44'
— III. Toma Gil Bias el camino del reino de Valencia, y llega en fin â
Liria ; descripcion de su quinta ; oomo fué recibido en ella ,
y que gentes encontro aUi. 447
— IV. Marcha Gil Bias à Valencia y TÎsita à los seùores de Leira ; de
la conyersadon que tuTo oon ellos, y de la buena acogîda
que le hizo doua Serafina. 4^ >
— V. Va Gil Bias â la comedia, y ve representar una tragedia nueva :
que ëzito tuYo la pieza. Caricter dd pueblo de Valencia. 4^4
— VI. Gil Bias paseàndose por las calles de Valencia encuentra 4 un
rdigioso, â quien le pareoe oonocer : que hombre era este
religiose. 4^
— Vn. Gil Bias se restituée â su quinta de Liria ; de la noiicia agra-
584 INDICE.
dable que Etcipion le dio , y de la reforma que hiciëron en
su familia. 4^ i
— VIII. Amoret de Gil Bias y de la bella Antooia. 463
— 1\. Casamiento de Gil Bias y la bella Antonia : aparato oon que
se hizo ; qu^ persooas asisUëron â â , y G/ëtHêM eon que se
celebrô. ^&]
— X. Lo que sucediô despues de la boda de Gil Bias y de la belia
Antonia. Principio de la historia de Escipion. 47'
— XI. Prosigue la bistoria de Escipion. 4^7
— XII. Pin de la bistoria de Escipion. 49^
UBRO UNDËOMO.
Cap. I. De como Gil Bias tuTo la mayor alegrîa que habia ezperimen-
tado en su Tida, y del funesto accidente que la turbô. Mu-
taciopes sobrevenidas en la corie , que fuéron causa de que
Santillana TolTiese â ella. 507
— il. Marcha Gil Bias a Madrid, déjase Ter en la corta, retionocele
el rtjf recomiéndale à su primer ministro , y efectos de esta
recomendacion. 5 1 o
— UI. ]>el motivo que tuTo Gil Bias para no poner por obra el pensa-
miento de dcjar la corte, y del importante serricio que le
bizo José Navarro. 5i4
— IV. Logra Gil Bias el afecto y confianza del oonde de OlÎTares. 5i5
— V. GonTersacion sécréta que tuTo Gil Bias con Navarro; y pri-
mera cosa en que le ocupô el conde de Olivares. 5i 7
— VI. En que invirtiô Gil Bias estos trecientos doblones, y comi-
sion que diô à Escipion. Besultado de la memoria de que
acaba de hablarse. • 5ao
— VII. Por que casualidad, en donde y en que estado volvio à en-
contrar Gil Bias à su amigo Fabricio ; y conversacion que
tuviéron. 5^3
— VllI. Gil Bias se grangea cada dia mas el afecto del ministro :
▼nelve Escipion à Madrid, y relacion que hace à Santillana
de su yiage. 5if^
— IX. Como y con quien caso el oonde-duque â su hija unica , y los
sinsabores que produjo este matrimonio. 5^8
-* X. Encnentra Gil Bias casualmente al poeta NuAez : refiërele este
que se représenta nna tragedia suya en el teatro del Prin-
cipe : desgraciado éxito que tuvo ; y efecto favorable que
le produjo esta desgracia. 53o
— XI. Consigue Santillana un eropleo para Escipion , el cual se em-
barca para Nueva EspaAa. 533
•*- XII. Llega â Madrid don Alfonso de Leiva : motivo de su viage :
grave afliccion de Gil Bias ; y alegria que le sigui6. 534
— XIII.Encuentra Gil Bias en palacio âdon Gaston de Cogollos, y â
don Andres de Tordesillas : a donde fuëron todos très : fin
de la bistoria de don Gaston y doAa Elena de Galisteo : que
servicio bizo Santillana 4 Tordesillas. 537
— XIV. Va Santillana à casa del poeta NuAez : que personos encontre
en ella ; y que conversacion tuviéron alU. 54^
INDICE. 585
UBRO DUODECIMO.
Cap. I. EnTia el ministro i Toledo à Gil Bias : motiyo y exito de su
viagc. 544
— II. Da SantiUana cuenta de su comision al ministro, quien le
encarga el cuidado de hacer que yenga Lucrecia à Madrid :
de la llegada de esta actriz, y de su primera representacion
en la corte. 55o
— m. Logra Lucrecia mucha celebridad en la corte : représenta de-
lante del rey, que se enamora de ella ; y résultas de estos
amores. 55a
— ly. NueYo empleo que confiriô el ministro à Santillana. 556
— V. Es reconocido autënticamente el hijo de la Genoyesa bajo el
nombre de don Enrique Felipe de Guzman : establece San-
tillana la casa de este seùor, y le proporciona toda dase de
maestros. 557
— YI. Vuel^e Escipion de Nueva EspaAa : aoom^ale Gil Bias en casa
de don Enrique : estudios de este seâorito : honores que se
le oonfieren , y oon que seâora le casa el conde-duque :
como i Gil Bias se le bizo noble con repugnancia suya. 559
— VU. Gil Bias Tuelye à encontrar casualmente à Fabricio : ultima
conyersacion que ambos tuyiërouj y oonsejo importante
que NuAez diô à Santillana. 56 1
— VIII. Descubre Gil Bias ser cierto el ayiso que le diô Fabricio : hace
el rey un yiage d Zaragoza. 563
— IX. De la rebelionde Portugal,ycaidadel oonde-duque. 565
— X. Guidados que por el pronto inquietàron al oonde-duque : si-
guese à ellos un dichoso sosiego : mëtodo de yida que en-
tablô en su retiro. 567
— XI. El conde-duque se pone repentinamente triste y pensatiyo :
motiyo extraordinario de su tristeza , y resultado fatal que
tnyo. 569
— XII. Lo que paso en el palacio de Loeches despues de la muerte del
conde-duque, y partido que tomô Santillana. 571
^ Xni. Vuelye Gil Bias à su quinta : tiene el gusto de encontrar ya
casadera à su ahijada Serafina ; y ël mismo se enamora de
una seâorita. 573
Capitvlo ultimo. De las dos bodas que se celebraron en la quinta de
Liria, con lo cual se da fin i la historia de Gil Bias de
Santillana. 576
FIN DEL INDICE.
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