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Full text of "Histoire de Gil Blas de Santillane"

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1 


\ 


HISTORIA 

DE  gTl  BLAS 


<  ,^r\\  DE  SANTILLANA, 

PUBLICADA  EN  FRANCES  POR  A.  R.  LE  SAGE^ 

TAADUCIDA  AL  CA8TBLLA|I0^    ^    ^  v^^'  ^    ' 

POR  EL  PADRE  ISLA, 

OOAftMlOA  ,  lICnriCADA  f  AIOIADA 

|l0r  Ii0n.4foart0ta  |)dia  g  Maxva. 


EN  LA  LIBRERiA  EUROPEA  DE  BAUDRY, 

CALL!  DO  COQ-BAnrr-HOHORA,  9, 


CnCA  DEL  lAlTII. 


1838 


THE  NEW  YORK 

PUBLIC  LIBRARY 

5817*.*  i 

A«rf  M,  LINOX  AMD 
TICMM  FOUNOATIOMt. 

A  1912  L 


EL  EDITOR. 


Al  determiDarme  à  ofreoer  al  publico  esta  nueva  edicion ,  me  be  pro- 
poeslo: 

4**  Proporcionar  la  mayor  economia  de  precio  conforme  à  la  estrechez 
del  tiempo ,  à  la  mengua  de  las  fortunas ,  y  al  acrecentamiento  de  estîma- 
cioo  qoe  ha  tomado  y  Ta  lomando  cada  dia  entre  nosolros  la  moneda  por 
causa  de  su  escasez. 

2*  Limar,  aclarar ,  rectiOcar  y  espailolizar  algunas  palabras,  nombres, 
frases  y  modismos  del  idioma  galicano  de  que  todavia  se  resentîa  esta  obra , 
y  00  poco  la  deslncian ,  para  que  desaparezca  de  ella  esa  pequeAa  imper- 
feccton  y  y  qnede  toda  espaftola ,  como  sin  duda  siempre  debiô  ser. 

3°  Salvar  algunas  nmisiones ,  y  tambien  varias  equivocaciones  en  los 
nombres  de  personas  y  lugares  :  equivocaciones  en  que  se  ba  incarrido 
siempre  en  todas  las  edidones ,  tanto  francesas  como  espailolas ,  que  ban 
preoedido  à  esta. 

4"  Ponerle  algonas  notas  histéricas  y  mitolôgicas ,  para  que  los  lectores 
no  versados  en  esta  parte  de  la  literatmra  puedan  comprender  bien  algonos 
pasages  à  qae  se  bace  alosion  en  la  obra ,  y  darles  todo  el  valor  qoe  en 
sitîeoen. 


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PROLOGO. 


El  célèbre  padre  Isla ,  que  faè  el  primero  que  tradujo  en  1783 
obra  al  castellaDO ,  puso  en  la  portada  : 

c  Ayenturas  de  GO  Bias  de  SantOIsma,  robadas  à  E!q[)aAa,  y 
«  adoptadas  en  Francia  por  M.  Le  Sage ,  restituidas  i  su  patria 
«  y  i  su  lengua  natiya  por  un  Espafiol  zeloso  que  no  sufre  se 
m  burlende  su  nacion.»  Y  entre  otras  cosas  que  dijo  en  los  prin- 
dpios  y  Guriosas  y  buenas  como  suyas ,  aunque  algunas  no  para 
aqœl  lugar,  deseando  probar  su  asercton  de  ser  la  obra  espa- 
ftola,  se  explicôasi  hablando  con  el  lector: 

9  Pregqptarà  yrnd. ,  como  si  lo  oyera:  ^Por  que  razon ,  6  con 
qaé  fandamento  se  dice  en  el  frontis  de  esta  yerslon  que  las  Ayen- 
tnras  de  GO  Bias  fuëron  adoptadas  por  M.  Le  Sage,  quitindole 
d  honor  de  ser  su  padre  legitimo  y  natural?  Pues  que,  i  no  lo. 
fné  dertamente  aquel  monsieur  ? 

ciQuëUamacîfriamtfnfey  sefior  lector?  En  los  partos  meta- 
fibricos  dd  entendimiento  hay  casi  las  mismas  dudas ,  si  ya  no  son 
mayores,  que  en  los  fisicos,  corpôreos  y  materiales^En  estos  se 
sabe^  6  se  puede  saber  con  certeza,  la  madré  que  los  pariô, 
pero.  nunca  se  puede  saber  con  la  misma  el  padre  que  los  engen- 
dra. Para  atajar  los  inconvenientes  que  estas  dudas  podian  pro- 
dndr,  acudiô  la  ley  con  la  ftmosa  decision  :  Pater  est  quem  nup- 
ûœ  demonanxnt;  pero  como  en  las  producciones  meptales  no  hay 
matrimonio.que  las  legitime ,  tampoco  estamos  obligados  â  créer 
qoe  sea  su  yerdadero  padre  el  que  suena  serlo  en  el  frontispicîo , 
salyo  Anicamente  en  las  pyoducdones  de  los  10)ros  sagrados.  La 
comeja  que  se  yistiô  de  plumas  agenas  es  una  mera  fabula  : 
solamente  los  ladrones  y  los  plagiarios  son  las  comejas  yerda- 
deras. 

t  Cenvengo  ra  eso ,  me  replicarà  acaso  vmd,  ;  mas  quisiera  yo 
saber  iquë  fandamento  hay  para  agregar  esa  especie  cornejiana 
à  nnestro  bonisimo  monsieur  ?  El  mas  sôlido  y  el  mas  graye  que 
cabe  en  una  prudente  conjetura.  Sus  mismos  paisapos  y  p^egi- 
ristas  modestamente  lo  confiesan ,  y  aun  lo  prueban  con  hechos 
al  parecer  conduyentes.  Los  imparciales  y  moderados  autores  del 
DkUofmaire  kisunique  portaiif,,  esto  es,  Dicmnariokiitôricopor^ 


viîj  PROLOGO. 

tdAl  6  manual,  los  cuales  formaban  una  compaAia  6  asociacion 
de  literatos  de  Paris ,  hombres  todos  maduros  y  retirados  del 
gran  mundo ,  que  no  pertenecian  â  caerpo  alguno  regular,  ecle- 
8t&stico ,  politico ,  ni  académico ,  y  por  consiguiente  estaban  libres 
de  todo  espiritu  de  cuerpo  6  de  partido ,  cuando  llegan  à  tratar 
de  monsieur  Alano  Renato  Le  Sage  en  la  edicion  de  Amsterdam 
de  1771 ,  tomo  iv ,  pàg.  Itô,  dicen  asi  en  su  nativo  idioma: 

<r  Le  Sage  (  Alain  René  ) ,  poète  françau ,  né  à  Ruys  en  Bretagne, 
vers  Can  1677,  niourtU  en  1743  à  BotUogne  sur  mer.  Son  premier 
ouvrage  fui  une  traduction  paraphrasée  des  Lettres  d'Aristénète ,  au- 
teur grec.  Il  apprit  ensuite  l'espagnol,  et  goûta  beaucoup  les  auteurs 
de  ceUe  nation ,  dont  il  a  donné  des  traductions,  ou  plutôt  des  tmtla- 
tions  y  qui  ont  eu  beaucoup  de  succès.  Ses  principaux  ouvrages  en  ce 
genre  sont  :  V  Guzman  d'AihtBiàie,endeux  vol.  tii-12,  ouvrage  ou 
l'auteur  fait  pauer  le  sérieux  à  travers  la  firivolité  qui  en  fait  le  fond. 
8"*  Le  Bachelier  de  Salamanque ,  en  deux  vol.  tit-12 ,  roman  bien 
écrit,  et  semé  dune  critique  utile  des  moeurs  du  siècle.  3^  Gil  Bias 
de  Santillane,  en  quatre  vol.  tfi-12.  On  y  trotive  des  peintures  vrmes 
des  moeurs  des  hommes,  des  choses  ingénieuses  et  amusantes,  des  ré- 
flexions  juiticieuses.  Il  y  a  du  choix  et  de  t élégance  dans  les  expre»- 
sUms,  et  assez  de  netteté  et  de  la  gtàté  dans  les  rédu.  k^  Nouyelles  av  eo- 
tures  de  don  Quichote ,  en  deux  voL  tn-12.  Ce  nouveau  don  Quichote 
ne  vaut  pas  t  ancien;  il  y  a  pourtant  quelques  plaisanteries  agréables. 
6^  Le  Diable  boiteux,  deux  vol.  tn-lS,  ouvrage  qui  renferme  des 
traits  propres  à  égayer  l'esprit  et  à  corriger  les  moeurs.  6**  Mélanges 
amusants  des  saillies'  d*esprit  et  des  traits  historiques  les  plus 
frappants ,  tii-12.  Ce  recueil  est,  ainsi  que  tous  ceux  de  ce  genre,  un 
mélange  de  bon  et  de  mauvms.  Cet  auteur  avait  peu  d'invention, 
mais  U  avait  de  l'esprit,  du  goût,  et  l'art  dembelUr  les  idées  des  au- 
très ,  et  de  se  les  rendre  propres.  Este  pasage,  traducido  fielmente 
en  nuestra  lengua,  dice  asi  : 

ir  Alano  Renato  Le  Sage,  poeta  frances,  naciô  en  Ruys  de 
Bretafla  hécia  el  afio  de  1677 ,  y  muriô  en  el  de  1743  en  Bolonia 
de  Francia.  Su  primera  obra  fuë  una  traduccion  parafréstica  de 
las  Carias  de  Aristeneto,  autor  griego.  Aprendiô  despues  la  len- 
gua espaflola,  y  se  aficionô  tanto  à  los  autores  de  esta  nacion» 
que  publico  muchas  traducciones ,  6  por  mejor  decir ,  imitadones , 
que  han  tenido  mucha  aceptacion.  Sus  principales  obras  en  este 
género  fuëron  :  1*  Guxman  de  Alfarache,  en  dos  tomos  en  12  ; 
obra  en  que  el  autor  introduce  lo  serio  â  Tueltas  de  lo  friyolo 
que  en  ella  domina.  3  *  £/  BachiUer  de  Salamanca ,  en  dos  tomos 
en  12 ,  novela  bien  escrita ,  y  sembrada  de  una  critica  provechosa 
de  las  costumbres  del  siglo.  Z^  Gil  Bias  de  SantiUana,  dondè  se 
encuentran  pinturas  muy  propias  y  muy  yivas  de  las  costumbres 
de  los  hombres ,  oosas  ingeniosas  y  divertidas ,  reflexiones  Ilenas 
de  juicio.  El  estilo,  sin  dejar  de  ser  natural,  es  elegante,  lasvo- 


PROLOGO.  ix 

ces  eastiias ,  y  la  narradon  flaîda ,  limpia  »  gractOM  y  desembara- 
zada.4*  Nvtva»  aventuras  de  don  Quijote,  en  dos  tomos  en  12.  Este 
noero  don  Quqote  no  llega  al  antigao,  ni  oon  mocho.  S^  El  Diablo  co- 
jwdo,  dos  tooH»  en  12  »  obra  donde  se  encaentran  algunos  pasos 
que  sirren  à  la  dirersion  y  i  la  ensefianza.  6*  Misceldnea  de  maierioM 
dtveriKiaf  i  ingetiiosa»  ,yde  sucesos  hi^érieoi  notablei ,  ooleocion  en 
qoehay  baenoymalo,  como  entodogènerodeGolecdone8.E8teaa- 
tor  tenia  poca  invencion  ;  pero  estaba  dotado  de  ingenio  y  de  bnen 
gusto,  Gomo  tambien  de  un  gran  talento  para  engalanar  las  ideas 
ôconoeptos  de  otros,  haciendo  suyos  los  pensamientos  agenos. 

«  Hasta  aqni  dichos  autores  del  Dtcdonario  hiMôrico  manual 
en  el  articolo  de  M.  Le  Sage.  Y  pues  los  mismos  paisanos  y  elo^ 
giadores,  hombres  por  otra  parte  de  la  mayor  imparcialidad,  y 
de  ona  delicadisima  critica,  cuentan  al  Gil  Bios  de  SantiUana 
entre  las  traduodones  6  imitaciones  de  la  lengua  espaftola,  en 
que  H.  Alano  ejercitô  el  gkm  taienlo  de  hacer  suyos  los  pensa- 
iBieDios  agenos ,  ;quë  mayor  fondam^ito  habiayo  menester  para 
desphunar  al  Frances  corneja,  y  restituir  al  EspaJk>l  Gil  Bias  en 
sa  pelo  6  su  pluma  original? 

t  Pero  si  Ymd.  cpiiere  saber  de  mi  que  Espafiol  fuë  el  verdadero 
padre  de  aquel  bijo,  y  como  6  por  donde  vino  à  parar  la  pobre 
criatura  en  manos  del  seflor  franees ,  eso  es  en  lo  que  no  le  po- 
drè  servir  con  la  seguridad  que  yo  quisiera  y  ymd.  mismo  deseara. 
Solo  he  podido  averiguar  que  el  tal  M.  Le  Sage  estuYO  muchos 
aflos  eo  Espafia,  segun  unos  como  secretario,  y  segun  otros 
eomo  amigo  6  comensal  de  un  embajador  de  Frauda;  que  su  in- 
dinacion  i  nuestra  lengua ,  y  lo  mucho  que  le  gustaban  los  gra- 
ciosos  escritos  satiricos  y  morales  que  poco  intes  se  habian  pu- 
blicado  en  ella,  algunos  anônimos ,  y  otros  con  el  nombre  de  sus 
Terdaderos  autores ,  le  incité  à  solidtar  el  conocimiento  y  trato 
con  los  unos  y  con  los  otros.  Tuvo  estrecha  amistad  con  cierto 
abogado  andaluz  que  le  diô  el  Samoso  SueUo  politico  que  comienza  : 
Poioba  yo  el  Bocalim  por  eHwtio  6  por  recreo,  ei  cual  era  una  Ai- 
riosa  sàtira  contra  el  ministerio  de  Espaila;  que  este  mismo 
abogado  le  confié  à  M.  Le  Sage  el  manuscrito  de  la  novela  de 
G3  Bias  9  que  era  otra  mas  graciosa,  mas  llana  y  mas  inteligible 
sitira  contra  el  gobiemo  de  dos  grandes  seûores  que  sucesi- 
vamente  se  viëron  i  la  frente  del  ministerio,  para  que,  tradu- 
cido  en  firances,  le  hidese  estampar  en  Paris,  y  publicar  como 
naddo  en  aquel  reino,  supuesto  que  durante  el  actual  gobierno 
de  Espafta  no  se  podia  imprimir  en  ella  sin  que  peligrase  la  yida 
del  impresor  y  de  todos  los  que  tuTiesen  parte  en  su  publicacion. 
Ann  hay  otra  razon  muy  poderosa  para  créer  que  Le  Sage  no 
foè  el  Terdadero  antor  de  esta  graciosa  novela.  Cualquiera  que 
la  lease  persuadirà  que  se  escribiô  en  los  reinados  de  Felipe  III 
y  Felipe  ÏV,  cuyos  ministros  yprivados  son  satirizados  en  ella. 


X  PROLOGO. 

M.  Le  Sage  9  habtendo  nacido  el  afto  de  1677,  en  qae  ya  habia 
muerto  Felipe  lY ,  no  podria  yenir  à  Espaûa  ni  como  secretario , 
ni  como  amigo  ô  comensal  del  embajador  frances,  hasta  fines  de 
aquel  siglo  6  principios  del  siguiente;  tiempo  en  que  ya  Gil  Bias 
andaria  oculto  en  las  manos  de  algnnos  coriosos ,  como  escrito 
anônimo  y  de  autor  desconocido.  Y  asi  como  dicho  monsieur  se 
aficionô  tanto  i  nuestras  noyelas  para  imitarlas  ôtraducirlasensu 
idioma,  es  de  créer  que  ejecutase  lo  mismo  con  la  de  Gil  Bias, 
hadéndole  que  bablase  de  molde  y  en  frances  lo  que  entes  ha- 
bia hablado  en  castellano  y  manuscrito.  Esto  es  cuanto  he  podido 
averiguar  en  el  asunto ,  pero  sin  documentos  suficientes  que  lo 
prueben ,  ni  testimonios  respetables  que  lo  califiquen.  » 

Esto  dice  el  padre  Isla^  pero  de  nuevas  y  diligentisimas  inrestiga- 
clones  hechas  sobre  el  origen  y  autor  de  esta  obra  apreciable  ré- 
sulta que  Le  Sage  no  estuyo  nunca  en  Espafia,  ni  mënos  fué  autor 
de  ella,  ni  de  las  yarias  obras  espafiôlas  que  publico  en  Paris, 
tomadas  todas  indudablemente  de  la  biblioteca  que  le  legô  el 
marques  de  Lyonne,  embajador  que  yino  de  Francia  i  Espafta 
en  1656,  muy  erudito  y  aficionado  i  la  literatura  espa&ola, 
amigo  de  nuestros  escritores  de  reputadon  de  aquel  tiempo ,  y 
comprador  de  todo  lo  bueno  impreso  y  manuscrito  que  pudo  ha- 
ber  à  las  manos.  Esta  sin  duda  es  la  razon  de  hallarse  por  falta  de 
un  exacto  conocimiento  de  nuestras  cosas  algunas  equiyocadones 
y  errores  en  los  nombres  de  personas,  pueblos  y  distancias  ,  di- 
manadas  probablemente  de  no  comprender  los  Franceses  nuestros 
manuscritos  con  la  perfeccion  necesaria  para  la  exactitud  tipogrâ- 
fica;  y  que,  como  se  ha  dicho  al  principio,  se  han  salyado  lo 
postt)le  en  esta  edidon. 


DECLARAGION  DE  LE  SAGE. 


Gomo  hay  penonw  qae  no  saben  leer  on  libro  «in  apUcar  los  caractères 
Tidosoa  6  ridicolos  qae  en  él  se  ceoauran  à  personas  delennioadaa,  de- 
daro  é  estoe  malidosos  lectores  que  harén  mal  y  se  eugafiarén  macho  en 
haœr  la  apGeadon  à  ningnn  iodiTîdao  en  particalar  do  los  retratos  que  en- 
oontrarân  en  esta  obra.  Protesto  al  publico  qae  soiamente  me  he  propaes- 
to  representar  la  vida  del  comon  de  los  hombres  tal  caal  es;  y  no  permita 
Dû»  qae  jamas  sea  mi  Animo  seAalar  à  ninguno  con  el  dedo.  Si  habiere  al- 
gono  qae  créa  se  ha  dicho  por  él  lo  qoe  paede  convenir  â  tantos  otros  y  le 
aooDsejo  qae  calle  y  no  se  qa^e ,  porqae  de  otra  manera  él  mismo  se  darà 
à  oonocer  foera  de  tiempo.  StuUè  nudoHi  auimi  conscientiamf  dice  Fedro. 

No  mènes  en  Francia  qae  en  Espaiia  se  hallan  medicos,  cuyo  método 
de  carar  no  es  otro  qae  sangrar  sobradamente  à  sas  enfermos.  Los  vidos  y 
los  originales  ridfcnlos  son  de  todas  las  nadones.  Ck)nfieso  qae  no  siempre 
describe  exactamenle  las  costambres  espallolas.  Por  cjemplo ,  los  qae  saben 
como  Tiven  en  fifadrid  los  comediantes  qaizâ  me  notarén  de  haberlos 
pintado  con  colores  demasiadamente  mitigados;  pero  cref  deber  hacerlo 
asi  f  porqae  fuesen  algo  mas  parecidos  A  los  naestros. 


GIL  BLAS  DE  SANTILLANA, 

UNA  PAL  ABRITA  AL  LECTOR. 


Antes  de  leer  la  historia  de  mi  vida ,  escadia ,  fedor  amigo ,  un  cnento 
queteToyéeontar. 

Gaminaban  jantos  y  é  pié  dos  esindiaites  desde  PeAafiel  à  Salamanca, 
Smtiéodosecanaadoa  y  sedientoa  se  sentàron  junto  é  una  fuente  que  estaba 
en  el  camino.  Despues  que  descansAron  y  miUgàron  la  sed ,  observéron  por 
casualidad  una  como  lapida  sépulcral ,  que  à  flor  de  la  tierra  se  descubria 
cerca  de  ellos,  y  sobre  la  lapida  unas  letras  medio  boiTadas  por  el  tiempo 
y  por  las  pîsadas  del  ganado  que  venîa  à  beber  à  la  fuente.  Picoles  la  cu- 
riosîdad ,  y  lavando  la  piedra  con  agiia ,  pudiéron  leer  estas  palabras  cas- 
tellanas  :  Aqvi  esté  enierrada  el  aima  del  liceneiado  Pedro  Garcia. 

El  mas  mozo  de  los  estudiantes ,  que  era  vlraracho  y  un^si  es  no  es  atolon- 
drado,  apénas  Iey6  la  itscripcion  cuando  exdamô  riéndose  é  carcajada  ten- 
dida  :  i  Gracioao  disparate  1  lÀqui  esta  enierrada  el  aima  !  Pues  que  i  una 
alma  pueéli  enterarse  ?  /Qnîett  me  diera  à  conocer  el  ignorantisimo  avior 
de  ion  ridiculo  epiiafio!  Y  didendo  esto  se  levante  para  irse.  Su  compa- 
jlero,  que  era  algo  mas  juicioso  y  reflezivo ,  dijo  para  consigo:  Àqui  hay 
misterio  f  y  no  me  he  de  apartar  de  este  sitio  hasta  averiguarlo.  Dejô  par- 
tir al  otro,  y  sin  perder  tiempo  sacô  un  cuchillo  y  comenzô  é  socavar  la 
tierra  al  rededor  de  la  lapida  hasta  que  logrô  levantarla.  Encontrô  debajo 
de  ella  un  bolsillo;  abriôle,  y  hallô  en  él  cien  ducados  oon  estas  palabras  en 
latin  :  Decldrote  por  heredero  mio  à  ti ,  eualquiera  que  seas ,  que  has  feni- 
do  ingénia  para  eniender  el  verdadero  seniido  de  la  inscripeion  ;  pero  fe  en- 
eargo  que  uses  de  este  dinero  mejor  que  yo  usé  de  él.  Alegre  el  estudiante 
oon  este  descnbrimiento  voirie  à  poner  la  lapida  como  entes  estaba ,  y  pro- 
siguiô  su  camino  é  Salamanca ,  Uevàndose  el  aima  del  licendado. 

Tù ,  amigo  lector ,  seas  quien  fueres ,  necesariamente  te  bas  de  parecer 
à  uno  de  estos  dos  estudiantes.  Si  lees  mis  aventuras  sin  hacer  reflexion  à 
las  instruodones  morales  que  encierran ,  ningun  fruto  sacarés  de  esta  lec- 
t  ura  ;  pero  si  las  leyeres  oon  atencion ,  encontraràs  en  ellas ,  segun  el  pre- 
cepto  de  Iforado  ,  lo  util  m^zclado  con  lo  agradable. 


HISTORIA 

DE  GIL  BLAS 

DE  SÂNTILLANA. 


LIBRO  PRIMERO. 


CAPITULO  I. 

Nacùnieiito  de  Gfl  Bias,  j  mi  educacioD. 

Bias  de  SantOIana,  mi  padre,  despnes  de  haber  servido  mu- 
chos  aflos  en  los  ejércitos  de  la  monarqaia  espaflola  »  se  retiré  al 
lugar  donde  habia  nacido.  Casôse  con  una  aldeana  y  y  yo  naci  al 
miindo  diez  meses  despues  que  se  habian  casado.  Pasàronse  à 
TÎTir  à  Oyiedo,  donde  mi  madré  se  acomodô  por  ama  de  go- 
bierno ,  y  mi  padre  por  escudero.  Como  no  tenian  mas  bienes  que 
sa  salario ,  corria  gran  peligro  mi  educadon  de  no  haber  sido  la 
oiejor,  si  Dios  no  me  hubiera  deparado  un  tio,  que  era  canônigo 
de  aquella  iglesia.  Llamàbase  Gil  Perez  :  era  hermano  mayor  de 
mi  madré,  y  habia  sido  mi  padrino.  Figurate  aUà  en  tu  imagina- 
don,  lector  mio,  un  hombre  pequeflo,  de  très  pies  y  medio  de 
estatura,  extraordinariamente  gordo,  con  la  cabeza  zabullida 
entre  los  hombros,  y  he  aqui  la  vera  effigies  de  mi  tio.  Por  lo 
demas  era  un  edesiéstico  que  solo  pensaba  en  darse  buena  vida , 
qaiero  decir  en  comer  y  en  tratarse  bien ,  para  lo  cual  le  sumi- 
nistraba  sufidentemente  la  renta  de  su  prebenda. 

Llevôme  à  su  casa  cuando  yo  era  niflo ,  y  se  encargô  de  nu  edu- 
cadon. Paredie  desdeluego  tan  despejado,  que  resolyiô  cultivar 
mi  talento.  Compr6me  una  cartilla,  y  quiso  él  mismo  ser  mi 
maestro  de  leer.Tambien  hubiera  querido  enseftarme  por  si  mismo 
la  lengua  latina ,  porque  ese  dinero  ahorraria  ;  pero  el  pobre  Gil 
Perez  se  viô  precisado  à  ponerme  bajo  la  ferula  de  un  preceptor, 
y  me  enyiô  al  doctor  Godinez,  que  pasaba  por  el  mas  hàbil  pédante 
que  habia  en  Oviedo.  Aproveché  tanto  en  esta'  escuela ,  que  al 
cabo  de  cinco  b  seis  afios  entendia  un  poco  los  antores  griegos, 

4 


2  GIL  BLAS. 

y  safidenteinente  los  poetas  latinos.  Apliqoeme  despaes  à  la  lôgica, 
que  me  enseflô  à  discurrir  y  argumentar  sin  término.  Gustâbanme 
mucho  las  disputas,  y  detenia  à  los  que  encontraba,  conocidos  6 
no  concH/idos ,  para  proponerles  cuestiones  y  argumentos.  Topà- 
bame  à  veces  con  algunos  manteistas»  que  no  apetedan  otra  cosa, 
y  entônces  era  el  oirnos  disputar.  |Qué  voces!  jqué  patadas  I 
I  que  gestos  I  iqué  contorsiones  I  iqué  espumarajos  en  las  bocas  I 
Mas  pareciamos  energùmenos  que  filôsofos. 

De  esta  manera  logré  gran  fama  de  sabio  en  toda  la  ciudad.  A 
mi  tio  se  le  caia  la  baba ,  y  se  lisonjeaba  infinito  con  la  esperanza 
de  que  en  virtud  de  mi  reputacion  presto  dejaria  de  tenerme  sobre 
sus  costillas.  Dfjome  un  dia  :  01a ,  Gil  Bias ,  ya  no  ères  niûo  ;  tienes 
diez  y  siete  aflos,  y  Dios  te  ha  dado  habilidad.  Hemos  menester 
pensar  en  ayudarte.  Estoy  resuelto  à  enyiarte  i  la  universidad  de 
Salamanca ,  donde  con  tu  ingénie  y  con  tu  talento  no  dejaràs  de 
colocarte  en  algun  buen  puesto.  Para  tu  yiage  te  daré  algun  dinero 
y  la  mula ,  que  vale  de  diez  à  doce  doblones ,  la  que  podràs  vender 
en  Salamanca,  y  mantenarte  despues  con  el  dinero,  hasta  que 
logres  algun  empleo  que  te  dé  de  comer  honradamente. 

No  podia  mi  tio  proponerme  cosa  mas  de  mi  gusto ,  porque 
reventaba  per  ver  mundo  :  sin  embargo  supe  vencerme,  y  disi— 
mular  mi  alegria.  Cuando  Uegô  la  hora  de  marchar,  solo  me  mostré 
afligido  del  sentimiento  de  separarme  de  un  tio  à  quien  debia  tanta» 
obligaciones  :  entemeciôse  el  buen  seftor,  de  manera  que  me  di6 
mas  dinero  del  que  me  daria  si  hubiera  leido  ô  penetrado  lo  que 
pasaba  en  lo  intime  de  mi  corazon.  Antes  de  montar  quise  ir  à  dar  un 
abrazo  A  mi  padre  y  i  mi  madré ,  los  cuales  no  anduviéron  escasos 
en  materia  de  consejos.  Exhortâronme  à  que  todos  los  dias  ^ico- 
mendase  à  Dies  à  mi  tio ,  A  vivîr  cristianamente,  à  no  mezclarme 
nunca  en  negodos  peligrosos ,  y  sobre  todo  à  no  desear,  y  macho 
mènes  à  tomar  lo  ageno  contra  la  voluntad  de  su  duefio.  Despaes 
de  haberme  arengado  largamente ,  me  regaliron  con  su  bendicion, 
la  unica  cosa  que  podia  esperar  de  dies.  Inmediatamente  monté 
en  mi  mula,  y  sali  de  la  dudad. 


CAPITULO  n. 

De  loft  tii8t08  que  toyo  Gil  Bias  en  el  cami&o  de  Peftaflor,  lo  qae  hiso  coaiklo 
Uegô  aUf ,  y  lo  que  le  sucediô  oon  un  hombre  que  œnô  oon  â. 

Hèteme  aqui  ya  fiiera  de  Oviedo ,  camino  de  Peftafler,  en  medio 
de  los  campes ,  duefto  de  mi  persona ,  de  una  mala  mula ,  y  de 
cuarenta  boenos  ducados ,  sin  contar  algunos  reales  mas  que  ba-' 
bia  hurtado  à  mi  bonisimo  tie.  La  primera  cosa  que  hice  fué  dejar 
la  mola  A  discredon ,  este  es ,  que  anduviese  al  pase  que  qnîsiese. 


UBRO  PRIMERO.  3 

Eehéh  el  freno  sobre  d  pesçuezo*,  y  sacando  de  la  faltriqvera  mb 
dncados,  los  comenzé  â  cootar  y  recontar  dentro  del  aombrerou 
Vo  podia  oonteiier  mi  alexia  :  jamas  me  habia  iristo  con  tanio 
dinero  junto  :  no  me  hartaba  de  yerle ,  tocarle  y  retocarle.  Esti* 
bale  recoDtando  quizâ  por  la  vigéaima  Tez ,  coando  la  mula  a]z6  de 
repente  la  cabeza  en  aire  de  espantadiza,  agozô  las  orejas,  y  se 
par6  en  medio  del  camino.  Juzgué  desde  luego  que  la  babia  espan- 
tado  alguna  oosa,  y  examiné  lo  que  podia  ser.  Vi  en  medio  del 
camino  un  sombrero  con  un  rosario  de  cuentas  gordas  en  au 
copa;  yal  nismo  tiempo  oinna  voz  lastimosa,  que  pronundô 
estas  palabras  :  Seizor  pasagero,  tenga  void,  ffiedad  de  un  pobre 
nldado  eOropeado,  y  sirvase  de  echar  alguno$  reale$  en  ese  somr 
hrero,  q^e  Dios  te  h  pagard  en  el  otro  mundo,  Yoiyi  los  ojos  hàcia 
donde  Tenia  la  yoz  ,  y  yi  al  pie  ^e  nn  matorral ,  à  yeinte  ô  treinta 
pasos  de  mi,  una  especie  de  soldado,  que  sobre  dos  palos  cruzadoa 
apoyaba  la  boca  de  una  escopeta,  que  me  pareciô  mas  larga  que 
una  lanza,  con  la  cual  me  apuntaba  A  la  cabeza.  Sobresaltéme  ex* 
trafiamente ,  mire  como  perdidos  mis  ducados ,  y  empezé  à  temblar 
como  un  azogado.  Recogi  lo  mejor  que  pude  mi  dinero;  metib 
disimulada  y  bonitamente  en  la  faltriquera,  y  quedAndome  en  las 
manos  con  algunos  reales ,  los  foi  echando  poco  à  poco ,  y  uno  k 
OHO ,  ^  el  sombrero  destinado  para  recibir  la  limosna  de  los  crii^ 
tianos  cobardes  y  atemorizados,  A  6n  de  que  conociese  el  soldado 
qae  yo  me  portaba  noble  y  generosamente.  Quedô  satisfécbo  de 
migenerosidadyy  di^e  tantas  gracias  como  yoespolazos  A  la  mala, 
para  que  caanto  Antes  me  alejase  de  él;  pero  la  maldita  bestia , 
burlindose  de  mi  impacienda ,  no  por  eso  caminaba  mas  apriesa. 
La  viqa  costumbre  de  caminar  paso  A  paso  bajo  el  gobierno  de  mi 
lio  la  habia  hecho  oh  idarse  de  lo  que  era  el  galope. 

No  me  pareciô  esta  aventura  el  mejor  agiiero  para  el  resto  del 
Tiage.  Yeia  que  aun  no  estaba  en  Salamanca,  y  que  me  podian 
soceder  otras  peores.  Pareciôme  que  mi  tio  habia  andado  poco 
jNTudente  en  no  baberme  entregado  A  algun  arrio-o.  Eslo  era  sin 
duda  lo  que  debiera  haber  hedio  ;  pero  le  parecia  que  dAndome 
SQ  mala  gastaria  mémos  en  el  viage  ;  lo  cual  le  hizo  mas  foerza  que 
la  consideracion  de  los  peligros  A  que  me  exponia.  Para  reparar 
esta  ialta  determmé  vender  mi  mula  en  Pefiaflor,  si  tenia  la  dicha 
de  negar  A  aquel  lugar,  y  ajustarme  con  un  arrière  hasta  Astorga, 
hadendo  lo  mismo  con  otro  desde  Astorga  A  Salamanca.  Aunque 
Donca  habia  salido  de  Oviedo,  sabia  los  nombres  de  todos  km 
lagares  por  donde  habia  de  pasar,  habièndome  informado  de  elloa 
Antes  de  ponarme  en  camino. 

liegoè  felizmente  A  Peftafldr,  y  me  pare  A  h  paerta  de  im  meson, 
qae  tenia  bella  aparienda.  Apènas  echè  pié  A  tierra,  cuando  el 
nesonero  me  «alio  A  reoibir  con  mneha  cortesia.  Ë1  mismo  desatô 
mi  maleta  y  mis  alfoijas ,  cargo  con  ellas ,  y  me  oondujo  A  an 


4  GIL  BLAS. 

coarto  mièntras  sas  criados  Uevabanlamula  é  la  caballeriza.  Era 
el  tal  mesonero  el  mayor  hablador  de  todo  Asturias,  tan  fôcfl  en 
contar  sin  necesidad  todas  sus  cosas ,  como  curioso  en  informarse 
de  las  agenas.  Dijome  que  se  Uamaba  Andres  Corzuelo ,  y  que  ba- 
bia  servido  al  rey  muchos  aflos  de  sargento  ;  y  se  habia  retirado 
quince  meses  hacia ,  por  casarse  con  una  moza  de  Gastropol,  que 
era  buen  bocado ,  aunque  algo  morena.  Y  despues  me  refiriô  otra 
infinidad  de  cosas,  que  tanto  importaba  saberlas,  como  ignorar- 
las.  Hecha  esta  confianza ,  juzgândose  ya  acreedor  à  que  yo  le 
eorrespondiese  con  la  misma,  me  preguntô  quien  era,  de  donde 
Tenia ,  y  é  donde  caminaba.  A  todo  lo  cnal  me  considéré  obligado 
é  responder  articulo  por  ahiculo ,  puesto  que  cada  pregunta  la 
acompaûaba  con  una  profunda  reverencia ,  suplicàndome  muy  res- 
petuosamente  qae  perdontfse  su  puriosidad.  Esto  me  empeftô  in- 
sensiblemente  en  una  larga  conversacion  con  M ,  en  la  cual  ocnfriô 
hablar  del  motivo  y  fin  que  tenia  en  desear  deshacerme  demi  mula  y 
proseguir  el  viage  con  algun  arriero.  Todo  me  lo  aprobô  mucho  y 
y  no  cierto  sucintamente ,  porque  me  représenté  todos  los  acci- 
dentes que  me  podian  suceder,  y  me  embocô  mil  funestas  historias 
de  los  caminantes.  Pensé  que  nunca  acabase;  pero  al  fin  acabô 
diciéndome  que,  si  querja  vender  la  mula ,  el  conocia  an  mule- 
tero ,  hombre  muy  de  5ïen ,  que  acaso  la  compraria.  Respondile 
me  daria  gusto  en  enviàrle  à  llamar  ;  y  él  mismo  en  persona  par- 
tie al  punto  à  noticiatle  mi  deseo. 

Volviô  en  brève  acompaftado  del  chalan,  y  me  le  présenta  pon- 
derando  mucho  su  honradez.  Ëntrémos  en  el  corral  donde  bsJ^îan 
sacado  mi  mula.  Paseàronla  y  repasearonla  delante  del  mnletero , 
que  con  grande  atencion  la  examiné  de  pies  à  cabeza.  Pàsole  mî) 
tachas ,  hablando  de  ella  muy  mal.  Confieso  que  tampoco  podia 
decir  de  ella  mucho  bien;  pero  lo  mismo  diria  aunque  fuera 
la  mula  del  papa.  Protestaba  que  tenia  cuantos  defectos  podia  te- 
ner  el  animal ,  apelando  al  juido  del  mesonero,  que  sin  duda  te- 
nia sus  razones  para  conformarse  con  el  suyo.  Ahora  bien ,  me 
preguntô  friamente  el  chalan,  ^cuanto  pide  vmd.  por  su  mula? 
Yo ,  que  la  daria  de  balde  despues  de!  elogio  que  habia  hecho  de 
ella,  y  sobre  todo  de  la  atestacion  del  seflor  Corzuelo,  que  me 
parecia  hombre  honrado ,  inteligente  y  sincere ,  le  respond!  re- 
mîtiéndome  en  todo  à  lo  que  la  apreciase  su  hombria  de  bien  y  sa 
Gonciencia ,  protestando  que  me  conformaria  con  elle.  Replicôme , 
picàndose  de  hombre  de  bien  y  timorato>  que,  habiendo  intere- 
sado  su  conciencia,  le  tocaba  en  lo  mas  vivo,  y  en  lo  que  mas  le 
dolia ,  porque  al  fin  este  era  su  lado  flaco  ;  y  efectivamente  no  era 
el  mas  fîierte ,  porque  en  lugar  de  los  diez  6  doce  doblones  en 
que  mi  tio  la  habia  valuado ,  no  tuvo  vergûenza  de  tasarla  en  très 
ducados,  que  me  entregô,  y  yo  recibi  tan  alegre  como  si  hubiera 
ganado  mucho  en  aquel  trato. 


LIBRO  PRIHERa        ^  & 

Despaes  de  haberme  deshecho  tan  yentijosam^te  de  mi  iniila , 
ei  mesonero  me  condujo  à  casa  de  mi  arriero  que  el  dia  siguiente 
habia  de  partir  à  Astorga.  Dijome  este  qaa  pensaba  salir  antes  de 
amanecer,  y  que  el  tendria  cuidado  de  despertarme.  Quedémôs  de  ' 
acaerdo  en  to  que  le  habia  de  dar  por  comida  y  macho ,  y  yo  me 
lolyi  al  meson  en  compafiia  de  Corzuelo^  el  cual  en  el  camino  me 
oamenzô  à  contar  toda  la  historia  del  arriero.  £ncaj6me  cuanto  se 
deda  de  él  en  la  villa;  y  aun  llevaba  traza  de  continuar  aturdién- 
dome  Gon  sus  impertinentes  habladurias,  cuando  por  fortuna  le 
interrumpiô  un  hombre  de  buen  aspecto .»  cpie  se  acercô  à  él ,  y  le 
saludô  con  mucha  urbanidad.  Dejëlos  à  los  dos,  y  prosegui  mi 
camino  sin  pasarme  por  et  pensamiento  que  f  udiese.yo  tener  parte 
alguDa  en  su  conversacion. 

Luego  que  Uegué  al  meson,  pedi  decen^.  Era  dia  de  YÎémes, 
y  me  contenté  con  hueyos.  Hiéntras  Ipa^oispottîan  trabé  couver- 
sacion  con  la  mesonera,  que  basfUr'é^dncçâJio  sB  habia  dejado 
Ter.  Pareciéme  bastantemente  linda ,  de  ibodafes  muy  desemba- 
razados  y  vivos.  Cuando  me  avjsàron  que  ya  estaba  hecha  la  tor- 
tiDa ,  me  sente  à  la  mesa  solo./ No  bien  habia  comido  el  primer 
bocado,  be  aqui  que  entra  eV  mesonero ,  en  compaftia  de  aquel 
hombre  con  quien  se  habia  parado  à  hablar  en  el  camino.  £1  tal 
caballero ,  que  podia  tener  ireinta  aflos ,  traia  al  lado  un  largo 
chaiarote.  Aoercândose  à  mi  con  cierto  aire  alegre  y  apresurado  : 
Seflor  licenciado,  me  dijo ,  acabo  de  saber  que  vmd.  es  el  sefior 
Gfl  Bias  de  Santillana ,  la  bonra  de  Oviedo ,  y  la  antorcha  de  la 
iilosofia.  ;Es  posible  que  sea  vmd.  aquel  jôven  sapientisimo , 
aquel  ingenio  sublime ,  cuya  reputacion  es  tan  grande^en  todo  este 
pais?  Vosotros  no  sabeis  (yolviéndose  al  mesonero  y  à  la  meso- 
oera  )  que  hombre  teneis  en  casa.  Teneis  en  cUa  un  tesoro.  En 
este  mozo  estais  viendo  la  octava  maravilla  del  mundo.  Yolvién- 
dose despues  hàcia  mi ,  y  echàndome  los  brazos  al  cuello:  Excuse 
vmd.,  me  dijo,  mis  arrebatos;  no  soy  dueflo  de  mi  mismo,  ni 
puedo.conte'ner  la  alegria  que  me  causa  su  presencia. 

Kopude  responclerle de  pronto,  porqueme  tenia  tanestrecha- 
mente  abrazado,  queapénasmedejaba  jibrelarespiracion;  pero 
luego  que  desembarazé  un  poco  la  cabeza ,  le  dije  :  Nunca  crei 
qae  n)i  nombre  fuese  conocido  en  Pefiaflor.  ^Qué  llama  conocido? 
me  repuso  en  el  mismo  tono.  Npsotro3  tenemos  registro  de  todos 
los  grajades  personages  que  nacen  à  veinte  léguas  en  contorno. 
Vmd.  esta  reputado  por  un  prodigio,  y  no  dudo  que  algun  dia 
darà  i  Espaâa  tanta  gloria  el  haberle  producido,  como  à  la  Gre- 
.cia  el  ser  madré  de  sus  sîete  sabios.  A  estas  palabras  se  siguiô 
un  oueyo  abrazo ,  que  hube  de  aguantar  aun  à  peligro  de  que 
me  sucediese  la  desgracia  de  Anteo  *.  Por  poca  cxperiencia  del 

'  Que  fué  abogado  por  Hercules  de  un  abrazo. 


6  •GIL  BLAS. 

mnndo  que  yo  hubiera  tenido,  no  me  dejaria  ser  el  dommgaillo 
de  808  demostraciones ,  ni  de  sus  hipèrboles.  Sas  imnoderadas 
aduladones  y  exoesîvas  alabanzas  me  harian  conocer  desde  Inego 
que  era  uno  de  aqnellos  tndianes  pegotes  y  petardistas  que  se 
hallan  en  todas  pûtes ,  y  se  întroducen  con  todo  forastero  para 
Uenar  la  barriga  i  costa  suya  ;  pero  mis  pocos  aflos  y  mi  ranidad 
me  hiciéron  formar  un  juicio  muy  distinto.  Mi  panegirista  y  mi 
admirador  me  pareciô  un  hombre  muy  de  bien  y  muy  real  ;  y 
asi  le  convidé  i  cenar  conmigo.  Con  mucho  gusto ,  me  respon- 
diô  prontamente;  y  estoy  muy  agradecido  à  mi  buena  estrella, 
por  haberme  dado  à  conocer  al  ilustre  seftor  Gil  Bias  »  y  no 
quiero  malograr  la  fortuna  de  estar  en  su  compafiia ,  y  disfru- 
tar  sus  fayores  lo  mas  que  me  sea  posible.  A  la  yerdad ,  pro- 
siguiô  y  no  tengo  gran  apetito ,  y  me  sentaré  à  la  mesa  solo  par 
hacer  compania  à  ymd. ,  comiendo  algunos  bocados  meramente 
por  complacerle,  y  por  mostrar  cuanto  apreciosus  finezas. 

Sentàse  en  trente  de  mi  el  seftor  mi  panegirista.  Trajèronle  un 
cubiertOy  y  se  arrojô  à  la  tortilla  con  tanta  ansia,  y  con  tanta 
precipitacion ,  como  si  hubiera  estado  très  dias  sin  comer.  Por 
el  gusto  con  que  la  comia  conod  que  presto  daria  cuenta  de  ella. 
Mandé  se  hiciese  otra ,  lo  que  se  ejecutô  al  instante  :  pusiéronla 
en  la  mesa  cuando  acab&bamos,  6  por  mejor  decir  cuando  mi 
huésped  acababa  de  engullirse  la  primera.  Sin  embargo ,  comia 
siempre  oon  igual  presteza,  y  sin  perder  bocado  afladia  sin  césar 
alabanzas  sobre  alabanzas ,  las  cuales  me  sonaban  bien ,  y  me 
hacîan  estar  muy  contento  de  mi  personilla.  Bebia  frecuente- 
mente ,  brindando  unas  yeces  é  mi  salud ,  y  otras  à  la  de  mi 
padre  y  de  mi  madré ,  no  harténdose  de  celebrar  su  fortuna  en 
ser  padres  de  tal  hijo.  Al  mismo  tiempo  echaba  yino  en  mi 
yaso  y  inciténdome  à  que  le  correspondiese.  Con  efecto  no  cor- 
respondia  yo  mal  à  sus  repetidos  brindis  ;  con  lo  cual  y  con 
sus  aduladones  me  senti  de  tan  buen  humor  que ,  yiendo  ya 
medio  comida  la  segunda  tortilla ,  pregunté  al  mesonero  si  tenia 
algun  pescado.  El  seftor  Corzuelo,  que  segun  todas  las  apa- 
riencias  se  entendia  con  el  petardista ,  respondiô  :  Tengo  una 
excelente  trucha,  pero  costarà  cara  i  los  que  la  coman,  y  es 
bocado  demasiadamente  delicado  para  ymd.  ;Qué  Ilama  ymd. 
demanadamente  delicado?  replicô  mi  adulador.  Traiga  ymd.  la 
trucha ,  y  descuide  de  lo  demas.  Ningun  bocado ,  por  regalado 
que  sea ,  es  demasiado  bueno  para  el  seftor  Gil  Bias  de  SantiIIana , 
que  merece  ser  tratado  como  un  prindpe. 

Tuye  particular  gusto  de  que  hubiese  retrucado  con  tanto  aire 
las  ultimas  palabras  de!  mesonero ,  en  lo  cual  no  hizo  mas  que 
antidpérseme.  Dime  por  ofendido ,  y  dije  con  enfedo  al  mesonero: 
Venga  la  trucha ,  y  otra  yez  pieuse  mas  en  lo  que  dice.  £1  me- 
sonero ,  que  no  deseaba  otra  cosa ,  hizo  cocer  luego  la  trucha  ^ 


LIBRO  PRIMERO.     ^  7 

y  presentôla  en  la  mesa.  A  vista  del  nueyo  plato  brillàron  de 
ak^ia  los  ojos  del  taimadOy  que  die  mayores  pruebas  del 
deseo  qae  tenia  de  complacerme,  es  decir,  que  se  abalanzô  al 
pez  del  mismo  modo  qae  se  habia  arrojado  à  las  tortillas.  No 
obstante  se  Ti6  precisado  à  rendirse,  temiendo  algmi  accidente, 
porque  se  habia  hartado  hasta  el  goUete.  En  fin ,  despues  de 
haber  comido  y  bebido  hasta  mas  no  poder ,  quiso  poner  fin  a 
la  comedia.  Oh  sefior  Gil  Bias ,  ne  dijo  alzéndose  de  la  mesa , 
estoy  tan  contento  de  lo  bien  que  ymd.  me  ha  tratado ,  que  no 
le  pnedo  dejar  sin  darle  un  importante  consejo ,  del  que  me 
pareoe  tiene  no  poca  necesidad.  Desconfie  por  lo  comun  de  todo 
beoibre  à  qoien  no  conozca  ;  y  esté  siempre  muy  sobre  si  para 
DO  dcjarse  engaAar  de  las  alabanzas.  Podri  Tmd.  encontrar 
COB  otros  que  quieran,  como  yo ,  divertirse  à  costa  de  su  cre- 
dofidad ,  Y  P^^de  suceder  que  las  cosas  pasen  mas  adelante.  No 
sea  Tmd.  su  hazmereir ,  y  no  créa  sobre  su  palabra  que  le  ten- 
gan  por  la  octaya  marayilla  del  mundo.  Diciendo  esto ,  riôse  de 
ni  en  mis  bigotes ,  y  Tolviôme  las  espaldas. 

Senti  tanto  esta  burla  como  cualquiera  de  las  mayores  desgra- 
daa  que  me  sucediëron  despues.  No  hallaba  consnelo  yiéndome 
borlado  tan  groseramente,  6,  por  mejor  decir,  yiendo  mi  orgullo 
tan  humillado.  |  Es  posible ,  me  decia  yo ,  que  aquel  traidor  se 
habiese  borlado  de  ml  I  j  Pues  que  !  ;  solamente  busc6  al  mesonero 
para  sonsacarle,  6  estaban  ya  de  inteligencia  los  dos?  i  Ah,  pobre 
GQ  Bias!  muèrete  de  yergQenza,  porque  diste  à  estos  bribones 
jmto  motiyo  para  que  te  hagan  ridiculo.  Sin  duda  que  compon- 
drin  una  buena  historia  de  esta  burla,  la  cual  podrà  muy  bien  llegar 
à  Orîedo,  y  en  yerdad  que  te  harA  grandisimo  honor.  Tus  padres 
se  arrepentîràn  de  haber  arengado  tanto  A  un  mentecato.  En  yez 
deexhortarme  à  que  no  engaûase  à  iiadie,  debieran  baberme  enco- 
mendado  que  de  ninguno  me  dejase  engafiar.  Agitado  de  estos 
amargos  pensamientos%7  encendido  en  côlera,  me  encerré  en  mi 
coarto,  y  me  meti  en  la  cama;  pero  no  pude  dormir ,  y  apénas 
habia  cerrado  los  ojos^  cuando  el  arriero  yino  &  despertarme,  y 
i  decirme  que  solo  esperaba  por  mi  para  ponerse  en  camino.  Le- 
yantëme  prontamente,  y  miëntras'me  estaba  yistiendo  yino  Cor- 
zœlo  con  la  cuenta  del  gasto,  en  la  cual  no  se  olyidaba  la  trncha  ; 
y  00  solamente  hobe  de  pasar  por  todo  lo  que  él  cargaba,  sino  que , 
aûintras  le  pagaba  el  dinero,  tuye  el  dolor  de  conocer  se  estaba 
relamiendo  en  la  memoria  del  pasado  chasco  de  la  noche  précé- 
dente. Despues  de  haber  pagado  bien  una  cena  que  habia  digerido 
tan  mal,  parti  con  mi  maleta  à  casa  del  arriero,  dando  à  todos  los 
diaUos  al  petardtsta,  al  mesonero  y  al  meson. 


8  GIL  BLAS. 

CAPITULO  m. 

De  la  tentackm  que  tUTO  el  arrieni  et  d  camino ,  en  qae  paro ,  j  camo 
Gil  Bias  se  estrello  contra  Caribdis»  qneriendo  eritar  i  Sdla. 

No  era  70  solo  el  qae  habia  de  caminar  coa  el  arriero.  Habianse 
ajustado  con  el  mismo  dos  h^oB  de  familia  de  Peftaflor;  an  mu- 
chacho  Ô  niflo  de  coro  de  Mondofledo,  qae  iba  à  correr  mundo , 
an  caballerete  de  Âstorga,  y  una  jôyen  del  Vierzo  con  quien  aca- 
baba  de  casarse.  En  may  poco  tiempo  nos  hicimos  amigos ,  y 
cada  ano  contô  à  donde  iba,  y  de  donde  yenia.  Aanqoe  la  novia 
estaba  en  lo  mejor  de  so  edad ,  era  tan  morena  y  de  tan  poca  gracia, 
qae  no  me  daba  mucho  gasto  el  mirarla  :  con  todo  eso,  sus  pocos 
afios  y  so  robustez  inclin^on  hàcia  ella  el  arriero,  tanto  que  resol- 
Yiô  hacer  ana  tentatiya  para  lograr  sus  foyores.  Paso  la  jomada 
en  meditar  el  modo,  y  dilat&la  ejecucion  hasta  la  ultima  posada. 
Esta  filé  en  Cacabelos.  Hizonos  apear  en  un  meson  que  esta  à  la 
entrada  del  lugar,  esto  es  un  poco  fiiera  de  él,  cuyo  mesonere 
sabia  el  muy  bien  que  era  un  bombre  callado,  y  amigo  de  com- 
placer.  Dispuso  que  nos  condujese  à  un  cuarto  muy  retirado , 
donde  nos  dejô  cenar  tranquilamente  ;  pero  al  fin  de  la  cena  yimos 
entrar  al  arriero  fiirioso  como  un  demonio,  yotando,  jurande  y 
blasfemando  ;  y  miràndonos  à  todos  con  ojos  centellantes:  î  Por 
yida  de  quien  soy  !  dijo,  que  me  ban  hurtado  cien  doblones  que 
traia  en  una  bolsa  de  cuero,  y  por  fiierza  ban  de  parecer.  Ahora, 
ahora  me  yoy  derecho  al  juez,  para  que  dé  tormento  à  todos , 
hasta  que  se  descubra  el  ladron,  y  me  restituya  mi  dinero.  Diciendo 
esto  con  un  aire  muy  natural,  nos  yolyiô  apresuradamente  y  con 
eniadolas  espaldas,  dejàndonos  atônitos,  mirAndonos  los  unos  à 
los  otros.  9 

A  nittguno  le  ocurriô  que  podia  ser  aquello  una  ficcion,  porque 
todayia  no  nos  podiamos  conocer  bien;  antes  si  sospechéyoque 
el  ladron  seria  el  muchacho  de  coro,  asi  como  él  quizà  sospecharia 
lo  mismo  de  mi.  Fuera  de  eso,  todos  eramos  unos  pobres  simples, 
que  no  sabiamos  las  formalidades  que  preceden  en  semejantesca- 
SOS  à  la  prueba  del  tormento  ;  y  desde  luego  creimos  que  se  habia 
decomenzar  por  aqui.  Poseidos,  pues,  de  esta  aprehension,  pre- 
cipitadamente  nos  salimos  del  cuarto,  escapando  unos  à  la  calle , 
y  otros  al  buerto,  para  salyarse  cada  cual  como  pudiese;  y  el  no«- 
yio  de  Astorga,  turbado  con  la  idea  del  tormento,  se  salyô  coaio 
otro  Eneas,  ohidado  enteramente  de  su  muger.  Entônces  el  ar- 
riero, segun  supe  con  el  tiempo,  mas  incontinente  que  sus  machos, 
y  muy  alegre  porque  su  estratagema  habia  producido  el  efecto  que 
pretendia,  entrô  en  el  cuarto  donde  estaba  lanoyia,  haciendo  alar-^ 


LIBRO  PRIMERO.  9 

de  de  sa  inyendoQ ,  y  procurô  aproyecharse  de  la  ocaflion  ;  pero 
aqaellaLacrecîaasturiaiia,  à  qoien  daba  mayores  fîierzas  la  mala 
traza  del  arrierOy  hizo  una  vigorosa  resistencia  dando  descompa- 
sados  gritos.  La  patrulla,  que  por  casualidad  se  haUaba  cerca  de 
una  posada  que  sabia  ser  muy  dîgna  de  su  atencion,  entrô  en  ella, 
y  preguntô  quien  daba  y  cual  era  el  motiyo  de  aquellos  gritos. 
£1  mesonero  estaba  cantando  ea  la  çocina,  y  fingiendo  que  nada 
babia  oido  :  no  obstante,  se  viô  predsado  i  conducir  al  coman- 
dantey  à  la  patrolla  al  cuarto  de  la  persona  que  gritaba.  Conociô 
loego  el  aiférez  el  negocîo  de  que  se  trataba,  y  como  era  hombre 
grosero  y  brutal,  regalà  proTisionalmente  al  enamorado  arriero 
eon  cînco  ô  aeis  buenos  palos  con  el  mango  de  la  alabarda,  y  le 
arengô  con  unas  voces  tan  ofensivas  al  pudor,  como  la  accion  que 
daba  motivo  à  la  arenga.  No  se  contentô  con  esto  :  echo  mano  del 
deiincuente,  y  le  condujo  à  la  presencia  de!  juez,  juntamente  con 
h  agrayiada  delatora,  que  con  toda  resolucion  quiso  ir  en  persona 
i  quejarse  deél,  no  obstante  el  des6rd^  en  que  se  hallaba.  Oyôla 
d  joez,  y  habiéndola  obseryado  atentamente,  hallô  que  el  acusado 
no  tenia  escusa  alguna,  y  que  era  indigno  de  perdon.  Mandé  al 
ponto  le  despojasen ,  y  que  en  su  presencia  le  diesen  doscientos 
azotes;  y  ordenô  despues  que,  si  el  dia  siguiente  no  parecia  el 
marido  de  aquella  muger,  dos  soldadosla  Uevasen  con  toda  de- 
oenda  i  Âstorga  à  costa  del  arriero. 

Por  lo  que  toca  à  mi,  atemorizado  quizi  mas  que  los  otros , 
sali  prontamente  al  campo,  y  atravesando  terrenos,  penetrando 
matorrales,  y  saltando  los  fosos  que  ballaba  en  elcamino,  Ileguë 
por  fin  à  un  lôbrego  y  espeso  bosque.  Iba  à  entrar  en  él,  y  à  es- 
conderme  en  el  mas  erizado  matorral ,  cuando  me  yi  de  repente 
con  dos  hombres  à  caballo  que  se  paràron  delante  de  mi.  ^  Quien 
Ta  aDé?  dijéron;  y  como  el  miedo  y  la  sorpresa  no  me  dejàron 
hablar,  acercàndose  mas,  cada  uno  me  puso  al  pecbo  una  pistola, 
intimàndome  pena  de  la  yida ,  que  les  dijese  quien  era,  de  donde 
renia,  y  que  iba  yo  à  hacer  en  aquel  bosque.  A  esta  manera  de 
preguntar ,  que  me  pareciô  un  quid  pro  quo  del  tormento  con  que 
se  habia  burlado  de  nosotros  el  arriero,  respondi  que  era  un  pobre 
estodiante  de  Oyiedo ,  que  iba  à  continuar  mis  estudios  en  Sala- 
manca ,  refiriéndolçs  lo  que  nos  acababa  de  suceder ,  y  confesando 
senciOamente  que  el  miedo  del  tormento  me  habia  hecho  huir , 
sin  saber  dondie  esconderme.  Diéron  una  grande  carcajada  cuando 
oyéron  un  discurso  que  tanto  mostraba  mi  sencillez ,  y  uno  de 
eues  me  dijo  :  No  tengas  miedo,  querido  :  vente  con  nosotros ,  y 
QO  temas,  que  te  pondrémos  en  toda  seguridad.  Diciendo  esto,  me 
bizo  montar  en  la  grupa  de  su  caballo,  yvolviendo  las  riendas, 
nos  envainàmos  todos  très  en  lo  mas  intrincado  y  mas  espeso  del 
bûsque. 

No  sabia  yo  que  pensar  de  tal  encuentro;  mas  no  obstante  no 


10  GIL  BLAS. 

prooosticaba  oosa  mria.  Si  estos  hombrés  fiueran  ladrones  »  me 
4ecia  yo  à  mi  mîsmo,  yame  hnbieran  robado ,  y  quizà  asesinado 
tambien.  Acaso  serin  algunos  buenos  hidalgos  de  esta  tierray  qne, 
Yîéadome  ateinorizado,  se  ban  compadecido  de  mi,  y  por  caridad 
me  llevan  i  su  casa.  No  me  durô  mocho  la  duda.  Despnes  de  ad- 
gunas  Taeltas  y  revueltas,  con  grandisimo  silencio,  llegàmos  por 
fin  al  pie  de  ana  colina,  donde  nos  apeémos.  Aqui  hemos  de  dor- 
mir, d^o  uno  de  los  caballeros.  Por  mas  que  yo  yolvia  los  ojos  à 
todas  partes  no  yeia  casa ,  choza  6  cabafla,  ni  la  mas  minima  sefial 
de  habitadon  :  cnando  vi  que  aqaeUos  dos  hombres  alzàron  una 
gran  trampa  de  madera ,  cnbierta  de  tierra  y  de  enramada  que 
ocnltaba  una  largaentrada  soterrénea  may  pendiente,  por  donde 
los  caballos  por  si  mismos  se  dejàron  resbalar,  como  quienes  ya 
estaban  acostumbrados.  Los  caballeros  me  hiciëron  entrar  con 
dlos  y  y  dejàron  caer  la  trampa  con  anas  caerdas  que  para  este 
efedo  estaban  fuertemente  atadas  i  ella.  Y  he  aqui  al  digno  so- 
brino  de  mi  tio  el  canônigo  Gil  Perez  metido  como  raton  en  tma 
ratonera. 

cAPrruLO  IV. 

Descripcion  de  la  cueva  aoteiriaea,  y  de  lo  qat  Tio  en  elk  Gil  Bias. 

Entônces  conod  entre  que  especie  de  gentes  me  hallaba;  y  ft- 
cQmente  se  puede  adirinar  que  este  conocimiento  me  quitaria  el 
primer  temor  :  pero  otro  macho  mayor  se  apoderô  luego  de  mi. 
Di  por  supuesto  que  iba  à  perder  la  vida  con  mis  pobres  ducados  : 
y  miràndome  como  una  yictima  qoe  era  condacida  al  sacrifido , 
caminaba  mas  muerto  que  yivo  entre  mis  conductores ,  coando 
adyirtiendo  ellos  mismos  que  de  pies  à  cabeza  iba  temblando , 
me  eihortàron  con  la  mayor  dulzura,  pero  inûtilmente,  â  que 
depusiese  todo  temor.  Habriamos  caminado  como  unos  dosdentos 
pasos,  siempre  bajando ,  y  siempre  caracoleando,  cuando  entré- 
mos  en  una  especie  de  caballeriza ,  à  que  daban  luz  dos  grandes 
candiles  que  pendian  de  la  bôveda.  Habia  en  ella  una  buena  pro- 
vision de  paja,  y  muchos  sacos  atestados  de  cebada.  Podian  caber 
en  ella  cômodamente  hasta  veinte  caballos,  pero  &  la  sazon  sola- 
mente  habia  los  dos  que  acababan  de  llegar.  Vino  à  atarlos  al 
pesebre  un  negro  yayiejOy  pero  en  la  traza  fomido  y  yigoroso.  Sa- 
limos  de  la  csî)allerizay  y  à  la  triste  luz  de  otros  candiles  que  pa- 
recian  alumbrar  solo  para  que  se  yiese  el  horror  de  aquellacaverna, 
llegàmos  à  la  cocina ,  donde  una  yieja  estaba  asando  las  yiandas 
y  disponiendo  la  cena.  No  feltaba  en  la  cocina  utensQio  alguno  de 
los  necesarioSy  é  inmediata  à  ella  estaba  la  despensa  bien  abaste- 
dda  de  todo  gènero  de  proyisiones.  La  codnera  (  porque  es  me- 


UBRO  PRIMERO.  11 

nesier  qae  la  describa  )  era  una  persona  de  sesenta  afios,  y  encima 
de  dlos  algonos  mas.  Cuando  moza  eran  sas  cabellos  de  un  robio 
extraordiiiarîamente  vivo ,  porque  aun  en  su  présente  edad  no 
estaban  tan  blanoos,  qae  de  trecho  en  trecho  no  se  conservasen 
dgonas  manchas,  residaoa  del  primitivo  color.  El  de  la  eara  era 
acekonado  ;  sa  barba  puntkiguda>  con  algona  elevaeion;  los  fan 
bk»  may  hondidos,  y  nna  nariz  tan  larga  y  encorvada ,  que  casi 
Degaba  à  besar  la  boca  con  la  panta,  y  sas  ojos  tan  encamados, 
qae  parecîan  dos  tomates  madnros. 

Settora  Leonarda,  dijo  uno  de  los  caballeros,  presentindome 
i  aqpiel  bello  ingel  de  tînieUas ,  mire  este  mocko  que  la  traemos  ; 
y  TolTiéndose  despues  à  mi ,  y  yièndome  pàlîdo  y  eoasumklo , 
me  dijo  :  YneWe,  qaerido,  en  ti,  y  no  tengas  miedo ,  pues  no  te 
qneremos  hacer  maJ.  Nos  hacia  foltaun  mozo  que  aliviase  en  algo 
i  nuestra  pobre  cocinera  :  te  encontràmos,  y  esta  ha  sido  tu  for- 
tona.  Ocoparis  la  plaza  de  on  mozo  que  moriô  qaince  dias  ha , 
porqne  era  de  delicada  œmplexion.  La  tuya  parece  mas  robusta, 
y  no  fliorîrds  tan  presto.  A  la  yerdad  no  volyeràs  ya  à  ver  el  sol, 
pero  en  recompensa  corneras  bien,  y  tendras  siempre  buenalum- 
bre.  Pasaràs  la  yida  con  Leonarda,  que  es  una  criatura  muy 
amabie  y  hmnana.  Tendras  coantas  oonyeniendas  quisieres  ;  y 
ahora  conooeris  que  no  has  yenido  à  yiyir  entre  algonos  por- 
dioseros  y  despilferrados.  Al  mismo  tiempo  tomô  una  luz  y  me 
mandô  le  sigaiese.  Ueyôme  à  una  bodega,  donde  yi  ana  infinidad 
de  botellas,  y  grandes  yasijas  de  barro  bien  tapadas ,  Uenas  to- 
das  de  yinos  esqaisitos.  Hizomepasar  despues  por  muchos  coartos  : 
«nos  atestadoa  de  piezas  de  lienzo ,  y  otros  de  rioos  paAos  y 
lelas  de  lana  y  seda.  En  otro  yi  plata  y  oro,  y  mucha  bajîHa  mar^ 
cada  eon  difi^entes  escados  de  armas.  SeguBe  despaes  à  una  gran 
sala,  qae  alombraban  très  grandes  arafias  de  metal,  y  condacia  k 
otros  coartos  que  se  comankaban  con  eHa.  Aqai  me  hizo  noeyas 
pregantas,  es  à  sdier,  como  me  llamaba,  y  porqaé  babia  salido 
deOyiedo.  Despues  que  satisfice  su  curiosklad  :  Ahora  bien ,  GH 
Bias,  me  dijo  con  mucho  agrado,  puesto  que  solo  saKste  de  to 
paaia  para  lograr  algon  acomodo ,  parece  que  naciste  de  pîè , 
pues  se  te  proporciona  yiyir  entre  nosotros.  Ya  te  lo  he  dicho , 
aqoi  yiyirés  en  medio  de  la  abundancîa;  nadaris  en  oro  y  plata, 
y  estaris  eon  toda  seguridad.  Tal  es  este  soterràneo,  que  aunque 
Teagaden  yeces  à  este  bosqae  la  santa  Hermandad,  nunca  darà 
€oa  él:  la  entrada  solo  la  conocemos  yo  y  mis  camaradas.  Acaso 
me  preguntaràs  ^como  hemos  podido  nosotros  iabricar  este  so- 
terréneo  sin  que  lo  sopiesen  los  paisanos  de  los  higares  yecinos? 
pero  has  de  saber,  amigo  mio,  que  esta  no  ha  sklo  obra  nuestra, 
sÎBO  de  mudios  siglos.  Despaes  que  los  M oros  se  apoderéron  de 
Granada,  de  Aragon  y  de  casi  toda  Espafia,  los  cristianos  que 
no  se  qoisiéron  sujetar  al  yugo  de  los  înfieles  huyèron ,  y  se 


12  GIL  BLAS. 

ocoltéron  en  este  pais,  ea  Yizcaya  y  ABturias,  à  donde  se  retiré 
tambien  el  yaliente  don  Pelayo.  Los  fugitivos  y  dispersos  yiyian 
por  famOias  en  los  bosques  y  en  las  mas  àsperas  montaflas  :  unos 
escondidos  eu  cavernas,  y  otros  en  soterràneos,  que  ellos  mis- 
mos  fobricâron  ;  y  este  es  uno  de  tantos.  Despues  que  afortona- 
damente  arrojàron  de  EspaAa  à  sus  enemigos ,  se  Yolvièron  à 
sus  ciudades»  yîllas  y  lugares,  y  desde  entônces  los  soterràneos 
siryiéron  de  asîlos  à  las  gentes  de  nuestra  profesion.  Es  cîerto 
que  la  santa  Hermandad  ha  descubierto  y  destruido  algonos , 
pero  todayia  han  quedado  muchos;  y  yo,  gracias  al  cielo»  quince 
aAos  hace  que  habito  impunemente  en  este.  Llàmome  el  capitan 
Rolando  ;  soy  el  gefe  de  la  compaftiay  y  el  otro  que  yiste  oonmigo 
es  uno  de  mis  camaradas. 


CAPITULO  V. 

De  la  Uegida  de  otros  ladrones  al  soterrineo,  y  de  la  oonTenacton  que 

tuTiéron  entre  si. 

No  bien  habia  dicho  estas  palabras  el  capitan,  cuando  aparo- 
ciëron  en  la  sala  seis  caras  nueyas,  que  eran  su  teniente  y  otros 
cinco  de  la  gayilla.  Yenian  cargados  de^presa.  Traian  dos  grandes 
zurrones  llenos  de  azùcar,  canela,  almendras  y  pasas.  £1  teniente, 
dirigiëndose  al  capitan ,  le  dijo  que  habia  despojado  à  un  espe- 
ciero  de  Benay  ente  de  aquellos  zurrones,  como  tambien  del  macho 
que  los  Ueyaba  ;  y  despues  de  haber  dado  cuenta  de  su  expedi- 
cion  en  la  pieza  que  seryia  de  despacho,  se  entregô  en  la  repo»- 
teria  la  hacienda  del  especiero.  Hecho  *^8to  se  tratô  de  cenar  y 
de  alegrarse.  Preparàron  ^en  la  sala  una  gran  mesa,  y  à  mi  me 
enyiàron  à  la  cocina  para  que  la  tia  Leonarda  me  instruyese  en 
lo  que  debia  hacer.Cedi  à  la  necesidad,  ya  que  mi  mala  suerte  lo 
queria  asi,  y  disimulando  mi  sentimiento  me  dispuse  à  seryir  à, 
una  gente  tan  honrada. 

Di  principio  por  el  aparador,  cubriéndole  de  yasos  y  salyillas 
de  plata,  flanqueadas  de  botellas  llenas  de  excelente  yino  que  el 
seflor  Rolando  me  habia  ponderado.  Puse  en  la  mesa  dos  génères 
de  sopa ,  à  cuya  yista  todos  ocupâron  sus  asientos.  Gomenzéron 
â  corner  con  mucho  apetito,  mantenièndome  yo  tras  de  ellos  en 
pié  para  seryirles  el  yino.  £1  capitan  les  contô  en  pocas  palabras 
mi  historiade  Cacabelos,  con  la  cual  se  diyirtièron  mucho.  Ase- 
gurôles  despues  que  yo  era  un  mozo  de  mérito  ;  pero  como  es- 
taba  ya  tan  escarmentado  de  las  alabanzas ,  pude  oir  mis  elogios 
sin  peligro.  Cony iniéron  todos  en  que  parecia  yo  como  nacido  para 
ser  copero  suyo,  y  que  yalia  cien  yeces  mas  que  mi  predecesor. 
Como  despues  de  su  muerte  la  seftora  Leonarda  era  la  que  habia 


LIBRO  PRQIERO.  13 

• 

servido  el  nectar  A  aqaellos  dioses  infernales,  la  priyAron  de  este 
gk>rio80  empleo,  para  revestirme  à  mi  de  èl.  De  esta  manera  me 
halié  conyertido  en  nnero  Ganimèdes,  sucesor  de  aquella  maldita 
Hébe-. 

Despnes  de  la  sopa  se  presentô  un  gran  plato  de  asado  para 
acabar  de  saciar  à  los  seAores  ladrones,  los  cuales  bebian  tanto 
como  comian ,  y  en  brève  tiempo  se  pasiéron  todos  de  buen  hu- 
mor, y  oomenziron  à  meter  mucha  bulla.  Hablaban  todos  à  un 
mismo  tiempo:  nno  comenzaba  una  historia,  otro  le  interrMa- 
pia  con  un  chiste,  ô  con  una  frialdad  :  este  grita,  aquel  canta;  y 
en  fin,  ya  no  se  entendian  unos  à  otros.  Fatigado  Rolando  de 
una  escena,  en  que  él  ponia  mucho  de  su  parte,  pero  todo  inù- 
tilmente,  leyantô  la  voz  en  un  tono  que  împuso  sÛencio  à  la  com- 
paûia.  Sefiores,  les  dijo,  atencion  à  lo  que  voy  à  proponeros.  En 
vez  de  aturdirnos  unos  à  otros ,  hablando  todos  A  un  tiempo ,  ;no 
séria  mejor  divertirnos ,  y  hablar  como  hombres  de  juicio  y  de 
razoD?  Ahora  me  ocurre  un  pensamiento.  Desde  que  vivimos 
jontos  nunca  hemos  tenido  la  curîosidad  de  informarnos  recipro- 
camente  de  que  familia  ô  casa  somos ,  ni  de  la  série  de  aventuras 
por  donde  vinimos  à  abrazar  esta  profesion.  Con  todo,  me  pa- 
r«ce  esta  una  cosa  muy  digna  de  saberse.  Hagàmonos ,  pues ,  esta 
coofianza,  que  podrà  servir  no  ménos  para  nuestra  diversion  que 
para  nuestro  gobiemo.  El  teniente  y  los  demas ,  como  si  tuvieran 
algona  cosa  buena  que  contar,  aoeptàron  con  grandes  demostra- 
Clones  de  alegria  la  proposicion  del  capitan,  el  cual  comenzô  & 
faaUar  en  estos  tèrminos. 

Ya  saben  ustedes ,  sefiores ,  que  yo  soy  hijo  ùnico  de  un  rîco 
vecino  de  Madrid.  Celebrôse  mi  nacimiento  en  la  femilia  con 
grandes  regocijos.  Mi  padre,  que  ya  era  viejo ,  sintiô  suma  ale- 
gria al  verse  cou  un  heredero ,  y  mi  madré  no  quiso  que  otra  mas 
que  ella  me  dièse  de  mamar.  Yivia  ent^nces  mi  abuelo  matarno. 
Érann  hombre  que -solo  sabia  rezar  su  rosario,  y  contar  sus 
proezas  militares ,  porque  habia  servido  al  rey  muchos  aflos ,  y 
no  se  ocupaba  ya  en  mas.  Insensiblemente  vine  yo  A  ser  el  idolo 
de  estas  très  personas.  Contiuuamente  me  tenian  en  brazos.  Por 
miedo  de  que  el  estudio  no  me  iatigase  en  mis  primeros  aAos , 
me  los  dejAron  pasar  en  los  divertimientos  mas  puériles.  No  con- 
viene,  decia  mi  padre,  que  los  niflos  se  apliqnen  A  cosas  sérias 
hasta  que  el  tiempo  baya  madurado  un  poco  su  razon.  Esperando 
i  esta  madurez,  no  aprendia  A  leer  ni^scribir;  mas  no  por  eso 
perdia  el  tiempo.  Mi  padre  me  enseftaba  mil  géneros  de  juegos; 

'  Bébé  tenia  en  cl  cielo  cl  oficio  de  servir  cl  necUr  i  los  dîoses  en  copas  de 
oro;  j  habicndo  un  dia  dado  un  tropezon ,  y  caido  sobre  Minerra ,  en  târmi- 
■08  de  que  se  ofendiese  el  pudor  de  esta  diosa ,  para  cvitar  i^ales  acontecimien- 
toi  se  le  dio  por  sucesor  â  Ganimëdes. 


14  GIL  BLAS. 

coBOGÎa  JO  perféocaoïeiite  los  naipes,  jogabe  à  los  dados ,  y  mi 
abuelo  me  cootaba  mil  novelas  sobre  las  expediciones  militares 
en  que  se  habia  hallado.  Cantibame  siempre  wias  mismas  eoplas 
acerca  de  dichas  expediciones  :  cuando  en  espacio  de  très  meses 
babia  aprendido  bien  diez  o  doce  versos  ^  los  repetia  sin  errar  un 
punto  delante  de  mis  padres ,  los  cuales  se  admiraban  de  mi  pro- 
digiosamemoria.  No  celebraban  ménos  mi  agudo  ingenio,  cuando, 
valiéndome  de  la  libertad  que  t^ia  para  decir  cuanto  me  viniese 
à  la  boca,  interrumpia  sus  conversaciones  para  decir  à  tuerto  6 
derecho  todo  lo  que  me  ocurrîa.  Ëntànces  mi  madré  me  sufocaba 
à  caricias,  y  mi  buen  abuelo  lloraba  de  puro  gozo.  No  les  iba 
en  zaga  mi  padre  :  siempre  que  me  oia  algun  despropàsito  6  al- 
guna  bachilleria»  miréndome  con  gran  temura,  exdamaba  :  |0h 
que  gradoso  ères  *  y  que  Undo  I  Con  estas  alas  no  reparaba  en 
hacer  impunemente  en  su  presencia  las  mas  indécentes  acciones. 
Todo  me  lo  perdonaban,  y  todos  me  adoraban.  Habia  eatrado 
ya  en  doce  aûos,  y  aun  no  tenia  ningun  maestro.  Buscironme  fi* 
nalmente  uno,  pero  mandàndole  expresamente  que  me  ensefiase, 
mas  sin  facultad  para  darme  el  menor  castigo.  A  lo  sumo  le  per* 
mitiéron  que  alguna  yez  me  amenazase  solo  para  intimidanne. 
Sirriô  de  poco  este  permiso ,  porque  me  burlaba  de  las  amenazas 
de  mi  preceptor,  6  bien  con  las  làgrimas  en  los  ojos  iba  à  que* 
jarme  à  mi  madré  ô  à  mi  abuelo ,  diciéndoles  que  el  ayo  me  habia 
maltratado.  En  yano  acudia  el  pobre  diablo  à  desmentirme  :  te- 
nianle  por  un  hombre  brutal ,  y  siempre  me  creian  à  mi  mas  que 
à  ël.  Un  dia  me  araflé  yo  mismo,  y  me  fui  à  quejar  del  maestro 
porque  me  habia  desollado  :  inmediatamente  le  despidiô  de  casa  mi 
madré  sin  querer  darle  oidos,  por  mas  que  protestaba  al  ddo  y 
à  la  tierra  que  ni  siquiera  me  habia  tocado. 

De  este  mismo  modo  me  fui  desembarazando  de  mis  preœpto- 
res  hasta  que  me  present&roa  uno  como  le  deseabay  me  couyenia 
para  acabarme  de  perder.  Era  un  badiiller  de  Alcalé;  lexoelente 
maestro  para  un  hijo  de  familial  Era  inclinado  à  mugeres,  al 
juego  y  à  la  tabema.  No  me  podian  haber  puesto  en  mejores  ma- 
nos.  Desde  luego  se  dedicô  à  ganarme  por  el  amor  y  por  la  dul- 
zura.  Gonsiguiâo,  y  por  este  medio  logré  que  tambien  le  amasen 
mis  padres,  los  cuales  me  entregàron  enteramente  à  su  gcdnemo. 
No  tuy  iéron  de  que  arrepentirse ,  porque  en  breye  tîempo  y  desde 
luego  me  perfeccionô  en  la  ciencia  del  mundo.  A  fnerza  de  De- 
yarme  consigo  à  todos  los  parages  donde  tenia  su  diversion,  me 
înspirô  de  tal  manera  la  afidon  à  eUo»  que ,  à  excepdon  del  latin , 
en  lo  demas  era  yo  un  muchacho  universal.  Guando  viô  que  ya  no 
tenia  necesidad  de  sus  préceptes  fiië  à  enseAarlos  à  otra  parte. 

Si  Qu  mi  infancia  habia  vivido  tan  libremente  i  vista  de  mis  pa- 
dres, cuando  comenzë  à  ser  dueAo  de  mis  acciones  tuve  sin  duda 
mayor  libertad.  En  el  3eno  de  mi  familia  fné  donde  di  las  prime- 


LIBRO  PRIMBRO.  15 

ras  pmebas  del  aproYeehaiuiento  de  mi  edaeacion.BiirUUine  do 
elios  i  bs  daras  y  i  todos  mome&tos.  Reianse  de  mis  intrqpide- 
ces^  y  taoto  mas  las  celebraban,  caanto  eran  mas  yiyas  y  nias 
intolérables.  Miéntras  tanto  cometia  todo  género  de  desôrdenes 
000  otros  mnchachos  de  mi  edad  y  de  mi  humor.  Como  naestros 
padres  no  nos  dabaii  todo  el  dinero  que  habiamos  meoester  para 
l^oseguir  en  una  vida  tan  deliciosa,  cada  uno  robaba  en  su  casa 
csanto  podia»  y  cuando  esto  no  ateanzaba,  nos  dimos  à  robar 
de  aodie ,  y  sîempre  con  fruto.  Por  desgracia  Ilegô  algun  rumor 
de  esto  à  los  oidos  del  corregidor.  Quiso  mandarnos  preoder  ;  pero 
foimos  arisados  con  tiempo  de  su  mala  intencion.  Recurrimos  i 
b  fiiga,  y  dimonos  à  ejercitar  el  mismo  oficto  en  los  caminos  pvH 
blicos.  Desde  entônces  acà  be  tenido  la  dicha  de  haber  enyejecido 
^  h  profesîon ,  à  pesar  de  los  peligros  que  son  anejos  à  dla. 

Cuaodo  el  capitan  acabè  de  hablar,  el  teniente  tomd  la  palabra  ^ 
y  dijo  asi  :  Scores ,  una  educacion  enteramente  contraria  à  la  del 
seâor  Rolando  produjo  en  mi  el  mismo  efecto  que  en  él.  Mi  pa- 
dre (île  camicero  en  Toledo ,  y  el  hoad)re  mas  feroz  que  habia 
»  toda  la  dodad  :  mi  madré  no  era  de  condicion  mas  suave  que 
su  marido.  Desde  mi  niftez  me  comenzâron  à  azotar  i  cual  mas 
podia,  y  como  à  competencia  uno  de  otro.  Cada  dia  redbîa  mil 
azotes.  La  mas  minima  folta  que  cometiese  era  castigada  cou  el 
niayor  rigor.  En  rano  les  pedia  perdon  con  las  lâgrimas  en  los 
ojos,  prometîendo  la  enmienda:  no  habia  misericordia  para  mi, 
y  las  mas  reces  me  castigaban  sin  razon.  Cuando  mi  padre  me  sa- 
codia,  siempre  mi  madré  se  ponia  de  su  parte,  en  lugar  de  in- 
't^rœder  por  mi.  Estos  malos  tratamientos  me  inspiràron  tanta 
arersion  à  la  casa  paterna ,  que  antes  de  cumplir  los  catorce  aflos 
me  escape  de  ella.  Tome  el  camino  de  Aragon  y  lleguë  i  Zara- 
goza  pidiendo  limoana.  Enhebréme  aUl  con  unos  pordioseros  que 
P^salxm  una  TÎda  bastantemente  feliz  y  icomodada.  Enseftéronme 
i  contrahacer  el  ciego ,  el  estropeado ,  y  à  figurar  en  las  pio^aas 
^loas  ilagas  postizas.  Todas  las  mafianas ,  i  la  manera  de  los  co~ 
nediaotes  que  se  ensayan  para  representar  sus  papeles»  nos  eiH 
tty&bamos  nosotros  para  representar  los  nuestros ,  y  despues 
cada  nno  iba  à  ocupar  su  puesto.  Por  la  noche  nos  juntébamos  y 
nos  reiamos  de  los  que  se  habian  compadecido  de  nosotros  por 
^  dia.  Cansème  presto  de  yiyir  entre  aquellos  misérables» y  que- 
riendo  juntarme  con  otra  gente  mas  honrada,me  asodè  con  unos 
«Mterot  de  la  indtutria.  Enseflàronme  à  hacer  bellos  juegos  de 
ii^os;  pero  nos  vimos  precisados  à  salir  presto  de  Zaragoza, 
Ppnpie  nos  descompusimos  cou  cierto  ministro  de  justicia  que 
SM^pre  nos  habia  protegido.  Cada  uno  tome  su  partido.  Yo»  que 
ne  seniîa  dispuesto  à  emprender  grandes  hechos,  me  acomodè 
^  ona  tropa  de  hombres  yalerosos  que  hacian  oontribuir  i  los 
P^'sagmn  y  caminanies,  agradéndome  tanto  su  modo  de  yivir. 


16  GIL  BLAS. 

qae  desde  entônces  aci  no  he  querido  bascar  otro.  Si  me  hobie- 
ran  dado  otra  edncacion  mas  saaye,  probablemente  no  seria 
ahora  mas  que  un  pobre  carnicero ,  cuando  me  haDo  hoy  coo  el 
honor  y  con  el  grado  de  vuestro  teniente. 

Sefiores ,  dijo  entônces  un  ladron  que  estaba  sentado  entre  el 
teniente  y  el  capitan;  las  historias  que  acabamos  de  oir  no  son 
tan  yariadas  ni  tan  curiosas  como  la  mia.  Debo  mi  nacimiento  i 
una  aldeana  6  labradora  de  las  cercanias  de  SeviUa.  Très  sema- 
nas  despues  que  me  diô  à  luz,  como  era  todavia  moza,  bien  pa- 
recida,  aseada  y  muy  robusta,  la  busciron  para  que  criase  un 
niflo ,  hijo  de  padres  distinguidos ,  que  acababa  de  naoer  en  di- 
cha  ciudad.  Aceptô  con  gusto  la  propuesta,  y  ftiè  à  Serilla  para 
traerse  el  nifio  à  casa.  Entregéronsele ,  y  apàuis  se  yiô  con  ël  en 
su  aldea ,  cuando  obseryô  que  él  y  yo  eramos  algo  parecidos,  y 
esta  obseryacion  le  excité  el  pensamiento  de  trocamos,  con  la 
esperanza  de  que  con  el  tiempo  le  agradeceria  yo  el  buen  ofido. 
Mi  padre ,  que  no  era  mas  escrupuloso  que  su  honrada  muger, 
aprobôlasupercheria.Desttertequeyhabièndonos  mudado  de  pa- 
fiales  y  el  hijo  de  don  Rodrigo  de  Herrera  fné  enyiado  con  mi 
nombre  à  otra  ama  para  que  le  criase,  y  à  mi  me  criô  mi  madré 
bajo  el  nombre  del  oiro. 

Digan  lo  que  quisieren  sobre  el  instinto  y  foerza  de  la  sangre, 
los  padres  del  caballerito  fécilmente  se  dejéron  engafiar.  No  tu- 
viéron  la  mas  minima  sospechadelapiezaqueles  habianjugadcT, 
y  hasta  los  siete  aftos  me  tuyiéron  siempre  en  sus  brazos  ;  y  siendo 
su  intencion  hacerme  un  caballero  completo ,  me  busciron  todo 
gënero  de  maestros  ;  pero  los  mas  habiles  suelen  hallar  discipu- 
los  qae  les  hacen  poCo  honor  :  yo  foi  uno  de  estos.  Tenia  poca 
disposicion  para  los  ejerdcios  que  me  ensefiaban ,  y  muciio  mfr- 
nos  inclinacion  à  las  ciencias  en  que  me  querian  instruir.  Gustaba 
mas  de  jugar  cou  los  criados  de  casa ,  yéndolos  i  buscar  i  la  ca- 
balleriza  y  à  la  cocina.  Pero  el  juego  no  foé  mucho  tiempo  mi 
pasion  dominante.  Aficionéme  al  yino ,  y  me  emborrachaba  todos 
los  dias.  Retozaba  con  las  criadas  ;  pero  particularmente  me  de- 
diqué  i  cortejar  é  una  moza  roUiza  de  cocina,  cuyo  desemba- 
razo  y  buen  color  me  gustaban  mucho ,  paredèndome  que  mere- 
cia  mis  primeras  atenciones.  Enamoribsda  con  tan  poca  cautela, 
que  hasta  el  mismo  don  Rodrigo  lo  conociô.  Reprehendiàne 
égriamente,  afeàndome  la  bajeza  de  mis  indinaciones;  y  por  te- 
mor  de  que  la  presencia  del  objeto  hiciese  inutiles  sus  reprimen- 
das ,  despidiô  de  casa  é  mi  Dulcinea. 

Irritôme  mucho  este  procéder,  y  resolyi  yengarme.  Robe  sus 
pedrerias  i  la muger  de  don  Rodrigo;  corri  en  busca  de  mi  bella 
Helena,  que  yiyia  en  casa  de  una  layandera  amiga  suya;  saquëla 
de  ella  i  la  mitad  del  dia  para  que  ninguno  lo  supiese, y  aun  pasé 
mas  adelante.  Lleyéla  i  su  tierra,  donde  noscasàmos  solemne- 


LIBRO  PRIMERO.  17 

mrate,  asi  por  dar  este  despique  mas  à  los  Herreras ,  como  por 
dqar  à  los  hijos  de  fomilia  un  ejemplo  tan  bueno  que  imitar. 
Ires  meses  despnes  de  mi  arrebatado  matrimonio  supe  que  don 
Rodrigo  habia  muerto.  No  dejé  de  sentir  su  muerte.  Parti  pron- 
tamente  à  SeviUa  à  pedir  su  herencia ,  pero  halIë  las  cosas  muy 
mudadas.  Hi  madré  habia  ya  iallecido ,  y  antes  de  su  muerte  tuyo 
la  indiscrecion  de  declarar  lo  que  habia  hecho,  en  presencia  del 
cora  y  de  otros  buenos  testigos.£l  hijo  de  don  Rodrigo  ocupaba 
ya  mi  Ingar,  6  por  mejor  decir  el  suyo,  y  acababa  de  ser  recono- 
cido  por  tal  con  tanto  mayor  aplauso  y  alegria ,  cuanto  era  menor 
la  satisfeccion  que  yo  les  causaba.  De  manera  que ,  no  teniendo 
Badaqae  esperar  en  Seyilla,  y  festidiado  ya  de  mi  muger,  me 
agregué  à  ciertos  caballeros  de  fortuna^  bajo  cuya  disciplina  di 
prÎDcipio  à  mis  caravanas. 

Acabô  sa  historia  aqnel  ladron ,  y  comenzô  otro  la  suya , 
diciendo  que  ël  era  hijo  de  un  mercader  de  Burgos ,  y  que  en 
80  mocedad ,  Ilevado  de  una  mdiscreta  deyocion ,  habia  tornado 
el  hàbito  de  derta  religion  muy  àustera^  de  la  cual  habia  apos- 
tatado  algunos  afios  despues.  En  fin,  todos  los  ocho  la4rones 
faablàron  por  su  turno ,  y  cuando  los  hube  à  todos  oido ,  no 
me  admiré  de  yerlos  juntos.  Mudéron  luego  de  conversacion , 
y  propusiéron  yarios  proyectos  para  la  prôxima  campafta,  sobre 
los  cnales  tomàron  su  resolucion ,  y  se  fiiéron  à  la  cama.  Encen- 
diéron  bujias ,  y  cada  uno  se  retirô  à  su  cuarto.  Yo  segui  al 
capitan  Rolando  al  suyo,  y  miéntras  le  ayudaba  à  desnudar: 
Ahora  bien,  Gil  Bias ,  me  dijo,  ya  yes  nuestro  modo  de  yiyir. 
Sîempre  estamos  alegres.  Entre  nosotros  no  se  da  lugar  al  tedio 
ni  à  la  enyidia.  Jamas  se  oye  aqui  discordia  ni  disension:  estamos 
mas  unidos  que  frailes.  Tù  comienzas  ahora ,  hijo  mio,  à  gozar 
mia  yida  muy  agradable ,  pues  no  te  tengo  por  tan  tonto  que  te 
dé  pena  el  yiyir  entre  ladrones. 


CAPITULO  VI.       , 

Del  intento  de  escaparse  Gil  Bias ,  y  ëxito  de  su  tentatiya. 

Despnes  que  el  capitan  de  bandoleros  hizo  esta  apologia  de 
su  honrada  profesion ,  se  metiô  en  la  cama  :  yo  quite  la  mesa  » 
y  pose  todas  las  cosas  en  su  lugar.  Fuime  despues  à  la  cocina , 
doode  Domingo  (  asi  se  llamaba  el  negro)  y  latia  Leonarda  me 
esperaban  cenando.  Aunque  no  tem'a  hambre  me  puse  à  la  mesa. 
No  podia  atrayesar  bocado,  y  yiéndome  tan  triste ,  como  era 
regidar  estarlo ,  procuraban  consolarme  aquellas  dos  anâlogas 
figuras;  pero  sus  consuelos  contribuian  mas  à  mi  desesperacion 
que  à  mi  aUyio.  ;De  que  te  aflijes ,  hijo?  me  preguntô  la  yieja: 

2 


18  GIL  BLAS. 

antes  bien  debieras  alegrarte  de  yerte  entre  nosotros:  eres 
mozo ,  y  pareces  docil ,  con  que  presto  te  perderias  en  el  mun- 
do  y  donde  hallarias  libertinos  que  te  meterian  en  todo  gënêro 
de  disoluciones ,  caando  aqui  esta  segura  ta  inocencia.  Tiene 
razon  la  seftora  Leonarda ,  dijo  el  yiejo  negro  con  una  toz  moy 
graYe ,  y  se  puede  aftadir  à  lo  que  ha  dicho ,  que  en  el  mundo 
no  se  encuentran  mas  que  trabajos.  Da  muchas  gracias  à  Dios , 
amigo  mio ,  porqne  de  una  yez  para  siempre  te  ha  librado  de 
los  peligroSy  disgustos  y  aflicciones  de  la  vida. 

Sufiri  con  paciencia  estos  discursos ,  porque  de  nada  me  ser- 
yiria  el  inquietarme.  En  fin ,  Domingo ,  despues  de  haber  co- 
mido  y  bebido  bien ,  se  fué  à  su  caballeriza.  Leonarda  cogi6 
una  lintema ,  y  me  condujo  à  una  covacha ,  que  servia  de  ce- 
menterio  é  los  ladrones  que  morian  de  muerte  natural ,  donde 
yi  un  lecho  que  mas  parecia  tumba  que  cama.  Este  es  tu  cuarto , 
me  dijo  la  yieja,  pasàndome  la  mano  por  la  cara.  El  mozo 
cuya  plaza  tienes  el  honor  de  ocnpar  durmiô  en  esa  cama  el 
tiempo  que  yiviô  con  nosotros  y  y  sus  huesos  reposan  debajo 
de  ella  :  èl  se  dejô  morir  en  la  flor  de  su  edad  :  no  seas  tu  tan 
simple  que  imites  su  ejemplo.  Diciendo  esto,  entregôme  la  lin- 
tema, y  yolyiôse  à  su  cocina.  Puse  la  luz  en  el  suelo,  arro- 
jème  sobre  aquel  miserable  lecho,  no  tanto  para  reposar, 
cuanto  para  entregarme  à  mis  tristes  reflexiones.  ;  Oh  cielos  I 
exclamé;  ^habrà  situacion  mas  infeliz  que  la  mia?  iQuieren  que 
renuncie  para  siempre  el  consuelo  de  yer  la  cara  del  sol  ;  y  como 
si  no  bastara  hallarme  enterrado  yiyo  à  los  diez  y  ocho  aûos 
de  mi  edad ,  me  yeo  reducido  à  seryir  à  unos  ladrones ,  é 
pasar  el  dia  entre  malyados ,  y  la  noche  con  los  muertos  !  Es- 
tos pensamientos ,  que  me  parecian  muy  dolorosos ,  y  con  efecto 
lo  eran ,  me  hacian  llorar  amargamente  y  sin  consuelo.  Malde- 
cia  mil  yeces  la  gana  que  le  habia  dado  à  mi  tio  de  enyiarme 
â  Salamanca.  Arrepentiame  de  haber  tenido  tanto  miedo  à  la 
justicia  de  Cacabelos ,  y  quisiera  haber  padecido  el  tormento 
antes  que  yerme  donde  me  hallaba.  Pero  considerando  que  me 
consumia  inùtilmente  en  yanos  lamentos,  comenzé  à  discorrir 
en  los  medios  de  librarme.  ;Pues  que  7  me  decia  yo  â  mi  mismo , 
l  sera  por  yentura  imposible  encontrar  modo  de  escaparme  de 
aqui  7  Los  ladrones  duermen  profundamente ,  la  cocinera  y  el 
negro  harén  lo  mismo  dentro  de  poco  tiempo:  miéntras  todos 
estën  dormidos  ^no  podré  yo  à  feyor  de  esta  linterna  hallar  el 
camino  por  donde  bajé  à  este  calabozo  infernal?  A  la  yerdad 
no  se  si  tendre  bastante  fuerza  para  leyantar  la  trampa  que 
cubre  la  entrada ,  pero  probarémos  ;  no  quiero  omitir  nada  de 
cuanto  pueda  hacer.  La  desesperacion  me  prestaré  fuerzas,  y 
puede  ser  que  me  saïga  con  ello. 

Tomada  esta  gran  resolucion,  me  leyanté  cuando  me  pareciô 


LIBRO  PRIMERO.  19 

qae  Leooarda  y  Domingo  podian  ya  estar  dormidos.  Cogi  la 
IiDterna,  sali  de  mi  covacha ,  y  me  encomendé  à  todos  los  santos 
del  cielo.  No  dej6  de  costarme  alguna  dificultad  el  acertar  con 
las  Tneltas  y  revueltas  de   aquel  laberinto.  Llegué  en  fin  à  la 
poerta  de  la  caballeriza,  y  me  halle  en  el  camino  qae  buscaba. 
Foi  andando  y  acercéndome  à  la  trampa  con  cierta  alegria  mez- 
dada  de  temor  :  mas  ]ay  !  en  medio  del  camino  me  encontre  con 
«A  maldita  reja  de  hierro  bien  cerrada,  y  cuyas  barras  esta- 
baa  tan  juntas ,  cpie  apénas  podia  pasar  la  mano  por  entre  ellas. , 
Vime  Gortado  y  perdido  con  aquel  nuevo  imped  imento  que  al 
eotrar  no  habia  advertido  por  estar  abîerta  la  reja.  Con  todo ,  no 
dejé  de  probar  si  podia  abrir  el.candado.  Examiné  la  cerradura , 
Iddendo  todo  lo  que  pude  por  forzarla ,  cuando  de  repente  me 
apliuàron  en  las  espaldas  cinco  6  seis  fuertes  latigazos  con  un 
bôen  Tergajo  de  buey.  Di  un  grito  que  resonô  en  toda  la  caver- 
na;  y  mirando  atrés  yi  al  maldito  negro  en  camisa,  con  una  lin- 
tema  sorda  en  una  mano ,  y  con  el  azote  en  la  otra.  i  01a  y  bri- 
boDzuelo!  me  dijo ,  ;c[uerias  escaparte?  no  amiguito,  no  espères 
sorpreBderme.  Creiste  que  estaria  abierta  la  reja;  pues  sàbete 
que  siempre  la  encontraràs  cerrada.  Cuando  atrapamos  à  alguno, 
le  guardamos  aqui ,  mal  que  le  pesé ,  y  si  logra  escaparse  ha 
de  ser  mas  ladino  que  tu. 

Miéntras  tanto ,  al  grito  que  yo  habia  dado  despertàron  très 
ladrones,  los  cuales  se  levantàron  y  yistiéron  à  toda  priesa, 
creyendo  que  la  santa  Hermandad  venia  à  echarse  sobre  ellos. 
Llaméron  à  los  demas ,  que  en  un  instante  se  pusiéron  en  pié. 
Toman  las  espadas  y  carabinas ,  y  medio  desnudos  acuden  à 
donde  estâbamos  Domingo  y  yo.  Pero  luego  que  se  informàron 
à  entendiëron  el  origen  del  rumor  que  habian  oido ,  su  inquietud 
se  convirUô  en  grandes  carcajadas.  i  Como  asi ,  Gil  Bias  ?  me 
dijoel  ladron  apôstata,  ;no  ha  mas  que  seis  horas  que  estas 
con  nosotros,  y  ya  querias  apostatar?  Bien  se  conoce  tu  aver- 
sion al  silencîo  y  al  retiro.  ;Qué  harias  si  fueses  cartujo  ?  Anda , 
Tête  à  la  cama,  que  por  esta  vez  basta  por  castigo  los  yergajazos 
COQ  que  te  regalô  Domingo  ;  pero  si  otra  yez  Tuelves  â  intentar 
escaparte,  por  san  Bartolomé  que  te  hemos  de  desollar  yiyo. 
Diciendo  esto  se  retiré.  Los  demas  ladrones  se  volyièron  â  sus 
cnartos;  el  yiejo  negro  muy  ufano  de  su  hazafia  se  recogiô  à  su^ 
caballeriza ,  y  yo  me  yolvi  é  zambullir  en  mi  cementerio ,  pap- 
sando  lo  restante  de  la  noche  en  snspirar  y  Uorar. 


20  GIL  BLAS. 

CAPITULO  VII. 

Dc  lo  que  hizo  Gil  Bias,  no  pudiendo  hacer  otra  cosa. 

Los  primeros  dias  pensé  morirme,  rindiendo  la  vida  â  la  me- 
lancolia  que  me  consmnia;  pero  al  fin  mi  genk)  me  inspiré  que 
sufriese  y  disimulase.  Esforzéme  à  mostrarme  ménos  triste.  Co- 
menzé  à  cantar  y  à  reir ,  aunque  sin  gana.  En  una  palabra ,  supe 
disfrazarme  tan  bien,  que  Leonarda  y  Domingo  cayéron  en  la 
red ,  y  creyéron  buenamente  que  ya  el  péjaro  se  habia  acostum- 
brado  â  la  jaula.  Lo  mismo  juzgàron  los  ladrones.  Manifestâba- 
me  muy  alegre  cuando  les  echaba  de  beber ,  y  de  cuando  en 
coando  los  diyertia  tambien  con  alguna  chocarreria  ô  bufonada. . 
Esta  libertad  que  me  tomaba ,  les  daba  mucho  gusto  en  vez  de 
enfedarlos.  Gil  Bias ,  me  dijo  el  capitan  en  cierta  ocasion  en  que 

Îo  hacia  el  gracioso  y  has  hecho  bien  en  desterrar  la  melancolia. 
fe  gusta  mucho  tu  espiritu  y  tu  buen  humor.  No  se  conoce  à  la 
gente  al  principio  :  yo  no  te  tenia  por  tan  agudo  y  tan  jovial. 

Tambien  los  demas  me  honràron  con  mil  alabanzas ,  exhor- 
tândome  à  estar  siempre  de  buen  humor.  Pareciôme  que  todos 
estaban  muy  contentos  conmigo;  y  aprovechéndome  de  tan  buena 
ocasion:  Seftores,  les  dije,  permitanme  ustedes  que  les  descu- 
bra  mi  pecho.  Dcsde  que  estoy  en  su  compaflia  no  me  conozco  à 
mi  mismo  ;  paréceme  que  no  soy  el  que  era.  Ustedes  han  des- 
yaneddo  las  preocupaciones  de  mi  educacion.  Insensiblemente 
se  me  ha  pegado  su  espiritu ,  y  he  tomado  el  gusto  à  su  hon- 
rada  profesion.  Me  muero  por  merecer  el  honor  de  ser  uno  de 
sus  compafteros ,  y  de  tener  parte  en  los  peligros  de  sus  glorio- 
sas  proezas.  Todos  aplaudiéron  este  discurso ,  y  alabéron  mi 
buena  voluntad  ;  pero  unanimemente  conyiniéron  en  que  me  de- 
jarian  servir  por  algun  tiempo,  para  probar  mi  vocacion ,  y  que 
despues  correria  mis  caravanas ,  y  al  cabo  se  me  conferiria  la 
honorifica  plaza  à  que  aspiraba. 

Hube  de  conformarme  por  fuerza ,  y  continuar  en  rencerme  y 
en  ejercer  mi  oficio  de  copero.  A  la  verdad  quedé  muy  sentîdo  ; 
porque  solo  pretendia  ser  ladron  por  tener  libertad  de  salir  con 
los  demas ,  esperando  que  en  alguna  de  sus  correrias  se  me  pre- 
sentaria  ocasion  de  escaparme  de  ellos.  Esta  ùnica  esperanza  era 
la  que  me  mantenia  vivo.  Sin  embargo ,  el  tiempo  de  la  proba- 
cion  me  parecia  largo ,  y  mas  de  una  vez  intenté  sorprender  la 
yigilancia  de  Domingo ,  pero  inùtilmente.  Siempre  estaba  muy 
alerta ,  tanto  que  no  bastarian  cien  Orfeos  para  encantar  à  aquel 
Cerbero.  Es  yerdad  que  por  no  hacerme  sospechoso  no  empren- 
dia  todo  lo  que  podia  hacer  para  engaflarle.  Veiame  precisado 


LIBRO  PRÎippH).  :  21 

éTÎTiroon  la'  mayor  caatda,  porque^«ti4^é^^ra  ladino,  y  ob- 
servaba  mncho  todos  mis  pasos,  palâBfas  jf  •qfS)^Mnientos.  Asi 
pues  apelé  à  la  paciencia ,  remitiéndome  al  tiempo*  (tite  los  ladro- 
oes  me  habian  prescrito  para  rocibirme  en  sa  QGAigregacion , 
coyo  dia  esperaba  con  tanta  ansia,  como  si  hubiefa  de  entrar 
en  una  compaûia  de  honrados  comerciantes.. . 

En  fin  y  gracias  al  cielo,  llegô  al  cabo  de  se»  meses  este  dî- 
choso  dia.  £1  sefior  Rolando  dijo  à  sas  cànlâraaas  :  Caballeros , 
es  predso  cumplir  la  palabra  qne  dimôs  al  pôKre  Gil  Bias.  A  mi 
meparece  bien  este  mnchacho ,  y  espero  que  tendrémos  en  él  an 
hombre  de  proyecho.  Soy  de  sentir  qae  mafiana  le  llevemos 
cou  nosotros ,  para  qœ  dé  princîpio  à  coger  laareles  en  los  ca- 
minos  reaies.  Nosotros  mismos  le  hemos  de  poner  en  el  que 
guia  à  la  gloria.  Todos  se  conformiron  con  el  parecer  de  su  ca- 
pitan;  y  para  hacerme  yer  qae  ya  me  miraban  como  à  uno  de 
eOoSy  desdeaqoel  momento  gie  dispensàron  de  servirles.  Resti- 
toyèron  à  la  seftora  Leonarda  en  el  empleo  que  antes  tenia ,  y 
de  que  la  habian  exonerado  para  honrarme  à  mi  con  él.  Hiciè- 
roQine  arrimar  el  yestido  que  Ileyaba  encima ,  y  consistia  en  una 
simple  jaqaetilla  may  usada ,  y  me  acomodiron  todos  los  des- 
pojos  de  on  caballero  que  acsd)abaa  de  robar  :  despues  de  lo  cual 
me  dispose  à  luicer  mi  primera  campaAa. 


CAPiTULO  vm. 

AmiMiiia  Gil  Bias  à.  U»  ladrones;  que  empresa  aoomete  en  lôs  camioos  reaies. 

Uida  el  fin  de  ona  noche  de  setiembre  sali  del  soterràneo  con 
les  ladrones.  Iba  armado  como  todos  con  carabina ,  pistolas , 
espada  y  ona  bayoneta,  y  montaba  un  buen  caballo  que  habian 
qoitado  al  caballero  cuyos  yestidos  me  habian  tocado  en  suerte. 
Como  habia  estado  tanto  tiempo  en  la  oscuridad ,  cuando  ame- 
neciô  no  podîa  safrir  la  luz ,  pero  poco  à  poco  se  fucron  acos- 
tambrando  mis  ojos  à  tolerarla. 

Pasémos  por  cerca  de  Ponferrada ,  y  nos  metimos  en  un  bos- 
quecfllo  à  orilla  del  camino  de  Leon.  Mi  estuyimos  esperando  à 
q«e  la fortuna  nos  ofreciese  algun  buen  lance,  cuando  descubri- 
nos  un  religioso  de  la  ôrden  de  Santo  Domingo  montado ,  contra 
la  costombre  de  estos  baenos  padres ,  en  una  muy  mala  mula. 
iRendito  sea  DiosI  exdamô  sonriéndose  el  capitan  :  he  aquiel 
grande  ensayo  de  Gil  Rlas.  Es  preciso  que  yaya  a  registrar  cl 
bolsillo  de  aquel  fraile  :  yerémos.como  se  porta.  Todos  los  ca- 
maradas  conviniéron  efectiyamente  en  que  aquella  comision  era 
la  que  me  oorrespondia,  exhorténdome  a  que  saliese  de  ella  con 
locimiento.  Espero,  soflores,  dije,  que  quedaréis  contentos.  Yoy 


22  GIL  BLAS. 

à  despojar  a  aquel  padre ,  à  dejarle  tan  desnudo  como  la  palma 
de  la  mano ,  y  traer  aqui  su  mula.  Eso  no ,  dijo  Rolando ,  no 
merece  la  pena  :  aliviale  solamente  del  bolsillo  y  tràelo  :  no  te 
pedimos  mas.  En  esto  sali  del  bosqae ,  y  me  encaminé  al  reli- 
gioso  ,  pidiendo  al  ciflo  me  perdonase  la  accion  que  iba  à  ejeca- 
tar  con  tanta  repugnancia.  Bien  hubiera  querido  poder  escaparme 
en  aqnel  mismo  punto;  pero  todos  mis  compafieros  estaban 
mejor  montados  que  yo ,  y  si  me  vieran  huir ,  correrian  tras  mi , 
y  presto  me  atraparian  6  me  espolearian  por  las  espaldas  con 
una  descarga  de  sus  carabinas ,  con  la  que  me  hubiera  ido  muy 
mal  ;  y  asi  no  me  atrevi  à  exponerme  à  una  accion  tan  poco  sego- 
ra.  Llegué  pues  al  padre ,  y  pedile  la  boisa ,  poniéndole  al  pecho 
una  pistola.  Parôse  un  poco  à  mirarme ,  y  sin  mostrarse  mny 
sobresaltado  :  Muy  mozo  ères ,  hijo  mio ,  me  dijo ,  y  muy  tem- 
prano  te  bas  puesto  à  tan  vil  oficio.  Padre  mio ,  le  respondi ,  sea 
vil  ô  no  lo  sea,  me  alegrara haberle  empezado  mas  presto.  {Ah 
querido  !  me  replicô  el  buen  religioso  ,  que  no  podia  compren- 
der  el  sentido  de  mis  palabras ,  4  que  es  lo  que  dices?  2  Oh ,  que 
cèguedad  I  Escùchame ,  y  te  haré  présente  el  infeliz  estado  en> 
cpie  te  hallas.  jOh ,  padre  mio  I  le  interrumpi  con  precipitacion , 
no  se  tome  Yuesa  reverencia  ese  trabajo,  y  déjese  de  moralizar, 
qae  no  vengo  é  los  caminos  pùblicos  à  que  me  prediquen  :  quiero 
dinero  y  no  serm'ones.  {Dinero  I  me  dijo ,  muy  maravillado.  Mal 
conoces  la  caridad  de  los  Espafloles ,  si  crées  que  las  personas 
de  mi  profesion  y  de  mi  caràcter  lo  necesitan  para  viajar  :  en 
todas  partes  nos  reciben  y  hospedan  con  agrado,  nos  tratan 
muy  bien,  y  cuando  partimos,  solo  nos  piden  nuestras  oracio- 
nes:  en  fin,  nosotros  no  lleyamos  dinero  para  caminar,  y  nos 
ponemos  enteramente  en  manos  de  la  Providencia.  Pero  al  fin , 
padre  mio ,  concluyamos ,  mis  compaAeros  me  estàn  esperando 
en  aquel  bosque  ;  eche  prontamente  la  boisa  en  tierra ,  ô  sino 
le  mato. 

A  estais  palabras ,  que  pronuncié  colérico  y  amenazàndole ,  el 
buen  religioso  mostrô  verse  quitar  la  vida.  Espéra,  me  dijo, 
Yoy  à  satisfacerte ,  ya  que  absolutamente  no  puede  ser  btra  cosa; 
veo  que  con  vosotros  es  ociosa  toda  figura  retôrica.  Diciendo 
esto  saco  de  debajo  del  hàbito  una  gran  boisa  de  cuero ,  y  la 
dejô  caer  en  el  suelo.  Dijele  entônces  que  podia  continuar  su  ca- 
mino ,  y  ël  lo  hizo  sin  esperar  à  que  tnviese  el  trabajo  de  repe- 
tirselo.  Biô  cuatro  espolazos  à  la  mula ,  que  desmintiô  la  mala 
opinion  en  que  yo  la  tenia  de  ser  tan  Imena  maula  como  la  de 
mi  tio;  y  la  bestia,  dàndose  por  entendida  del  caritativo  aviso, 
comenzô  desde  luego  à  andar  à  buen  paso.  Apënas  el  fraile  se 
alejô  de  mi ,  cuando  me  apeë ,  recogi  el  bolson ,  que  pesaba  mu- 
cho ,  y  volvi  à  meterme  en  el  bosque ,  donde  los  camaradas  me 
esperaban  con  impaciencia  para  darme  mil  parabienes  por  mi 


LIBRO  PREHERO.  23 

gloriosa  Victoria ,  como  si  me  hubiera  costado  macho.  Apénas 
me  diéroD  lugar  de  apearme  segun  se  apresaraban  à  abrazarme. 
Animo ,  G9  Bias  »  me  dijo  Rotando ,  has  hecho  maraTîHas.  Du- 
rante tu  expedicion  no  apartâmos  los  ojos  de  ti  ;  observé  tu  fir- 
meza ,  tu  resolucion ,  y  todos  tus  movimientos  ;  y  desde  luego  te 
pronostico  que  con  el  tiempo  seres  un  herôieo  ladron ,  y  el  terror 
de  los  caminos  reales.  £1  teniente  y  los  demas  aplaudiéron  la 
predkcion ,  asegurando  qtie  no  podia  dejar  de  verificarse  algun 
dia.  Di  é  todos  las  gracias  por  el  buen  concepto  que  habian  for- 
mado  de  mi ,  prometiendo  hacer  todos  los  esfiierzos  posibles 
para  mantenerlo. 

Despnes  que  alabàron,  tanto  mas  cnanto  mënos  lo  merecia ,  la 
TîSana  acdon  que  habia  hecho,  les  entrô  la  curiosidad  de  exami- 
nar  la  presa.  Yeamos,  dijëron,  que  contiene  la  bolsa  del  religioso. 
Sin  doda,  afiadiô  uno  de  ellos,  que  estarà  bien  proyista,  porque 
estos  padres  no  viajan  como  peregrinos.  Desatôla  el  capitan,  abriô- 
la,  y  sacô  dos  6  très  pufiados  de  medallitas  de  cobre ,  mezcladas 
€on  agnus  Dei ,  y  algunos  escapularios.  Al  rer  el  hurto  de  una 
moneda  tan  nueva,  todos  prorrumpièron  en  tan  descompasadas 
carcajadas,  que  pensàron  reventar  de  risa.  A  la  yerdad ,  exclamô 
el  teniente ,  que  todos  debemos  éstar  muy  agradecidos  al  sefior 
G3  Bias  :  el  primer  ensayo  que  ha  hecho  puede  ser  muy  saludable 
â  la  compaftia.  A  esta  bufonada  siguiéron  otras  de  los  demas. 
Aqnellos  malyados,  y  sobre  todos  el  apôstata,  se  diynticron  con 
m3  impias  truhanerias  sobre  la  materia,  profiriendo  dichos  que 
mostraban  bien  la  corrnpcion  de  sus  costumbres.  Solo  yo  no  te- 
nia gana  de  reir.  Yerdad  es  que  me  la  quitaban  los  bufones  que 
tanto  se  alegraban  à  mi  costa.  Cada  uno  me  flechaba  alguna  pulla, 
y  hasta  el  capitan  me  dijo  :  Aconsëjote ,  amigô  Bias,  que  en  ade* 
lante  no  te  yueWas  à  meter  con  frailes ,  porque  son  mas  agudos 
ychuscosquetù. 

CAPITULO  IX. 

Del  serio  Uace  qoe  sigirio  d  la  ayentura  del  fraile. 

Estoyimos  en  el  bosque  la  mayor  parte  de  aquel  dia  sin  haber 
Tîsto  pasagero  alguno  que  enmendase  el  chasco  que  nos  habia 
dado  el  religioso.  Salimos  en  fin  para  restituirnos  à  nuestro  soter- 
raneo ,  persuadidos  de  que  las  expediciones  del  dia  se  habian 
acabado  con  el  risible  suceso  que  todayia  daba  materia  à  la  con- 
Tcrsacion  y  â  las  chuffetas,  cuando  descubrimos  à  lo  lèjos  un  coche 
tirado  de  cuatro  mulas.  Acercàbase  à  nosotros  à  gran  paso  y  le 
acompaftaban  très  hombres  â  caballo ,  que  parecian  venir  bien 
armados.  Rolando  nos  mandô  hacer  alto  para  tratar  de  lo  quo 


34  GIL  BLAS. 

86  habta  de  hacer;  y  la  resolucion  fué  que  se  les  atacase.  Pasi- 
monos  todos  en  ôrden,  segun  la  disposicion  del  capitan ,  y  mar- 
chàmos  en  ôrden  de  batalla  acercéndonos  al  coche.  No  obstante 
los  aplausos  que  habia  recibido  en  el  bosque,  se  apoderô  de  mi 
un  temblor  universal,  y  senti  baftado  todo  el  cuerpo  de  un  sudor 
frio,  que  no  me  presagiaba  cosa  buena.  Por  mayor  fortuna  mia 
me  hallaba  à  la  frente  del  cuerpo  de  batalla  en  medio  del  capitan  y 
del  teniente,  que  de  propôsito  me  pusiéron  entre  los  dos  para  que 
me  hiciese  al  fiiego  desde  luego.  Reparô  Rolando  lo  mucho  que 
la  naturaleza  estaba  padeciendo  en  mi  :  me  mirô  con  ojos  torvos , 
y  cou  Toz  bronca  me  dijo  :  Oye ,  Gil  Bias ,  trata  de  hacer  tu  deber  ; 
porque  te  adyierto  que,  si  te  acobardas ,  te  levante  de  un  pisto- 
îetazo  la  tapa  de  los  sesos.  Estaba  muy  persuadido  de  que  lo 
haria  mejor  que  lo  decia,  para  no  aprovecharme  del  dulce  y  fra- 
ternal aviso  :  y  asi  solo  pensé  en  recomendar  mi  aima  é  Dies. 

Entre  tante  el  coche  y  los  caballeros  se  nos  venian  àcercando. 
Desde  luego  conociéron  la  casta  de  pàjaros  que  erames  ;  y  adivi- 
nando  nuestro  intente  per  la  ordenanza  y  pestura  en  que  nos 
velan,  se  paràron  à  tire  de  fusil.  Todos  traian  armas  ;  y  mièntras 
se  preparaban  à  recibirnos,  saliô  del  coche  un  hembre  de  buen 
parecer  y  ricamente  vestido.  Montô  en  un  caballo  de  mano,  que 
une  de  los  mentados  tenia  por  la  brida,  y  se  puse  à  la  (rente  de 
les  demas.  Aunque  eran  solo  cuatro  contra  nueve ,  se  arrojAron  à 
nosotros  con  un  brio  que  aumentô  mi  temer.  Ne  per  eso  dejé  de 
prevenirme  para  disparari  m  carabina,  aunque  temblaban  todos 
les  miembros  de  mi  cuerpo  come  si  estuviera  azogade  ;  mas,  per 
centarlas  cesascomo  pasàron,  cuando  Uegô  el  case  de  dispa- 
rarla,  cerré  los  ojos,  y  voivi  la  cabeza  à  etra  parte,  de  manera 
qne  aquel  tire  nunca  puede  ser  à  cargo  de  mi  conciencia. 

Ne  me  détendre  en  referir  las  circunstancias  de  la  accien,  pues 
aunque  me  hallaba  présente  nada  veia  ;  porque  turbada  cou  el 
terrer  la  imaginacien,  me  ocultaba  el  horror  de  un  espectéculo 
que  verdaderamente  me  sacô  fuera  de  ml.  Lo  unico  que  puede 
decir  es  que ,  despues  de  un  gran  ruido  de  mosquetazes  y  car»- 
binazos,  oigritarà  mis  camaradas:  Victoria!  victoria!  Al  eir  esta 
aclamacion  se  disipô  el  miedo  que  se  habia  apoderado  de  mis 
sentidos,  y  vi  tendides  en  el  campe  les  cadàveres  de  los  cuatro 
que  venian  à  caballo.  De  nuestra  parte  solo  muriô  el  apôstata , 
que  en  esta  ecasion  recibiô  le  que  merecia  per  su  apestasia  y 
sus  malas  chanzas  sobre  los  escapularios  y  medallas.  El  teniente 
fué  heride  en  un  braze ,  pero  muy  levemente,  pues  el  tiro  apènas 
hize  mas  que  rozarle  un  peco  el  pellejo. 

Corriô  luego  el  seftor  Rolande  à  la  penezuela  del  coche ,  y 
vi6  dentro  una  dama  de  veinte  y  cuatro  à  veinte  y  cince  aftos , 
que  le  pareciôhermesa,  aun  en  el  triste  estade  en  que  se  hallaba. 
Habiase  desmayado  durante  la  refriega,  y  aun  ne  habia  vuelte  en 


LIBRO  PRIMERO.  25 

si  :  nriëntras  ël  se  ocopaba  en  miraria ,  nosotros  atendlmos  é  la 
presa  :  lo  primero  que  hicimos  fuè  apoderarnos  de  los  caballos 
qoe  babian  servido  à  los  muertos,  y  que  espantados  con  los  tiros 
se  babian  descarriado  despues  de  quedar  sin  gaias.  Las  mulas 
del  coche  permaneciéron  quietas,  aunqae  durante  la  accion  se  ha- 
bia  apeado  el  cocfaero  para  ponerse  en  salvo.  Echimos  pie  à 
tierra  pai:a  qaitarles  los  tirantes,  y  las  cargàmos  con  los  cofres 
que  Tenian  en  la  zaga  y  delantera  del  coche.  Hecho  esto,  se  sac6 
de  â  à  la  se&ora  por  ôrden  del  capitan,  la  cual  aun  no  habia  re- 
cobrado  los  sentidos,  y  se  la  puso  à  caballo  con  uno  de  los  la- 
drones  mejor  montados ,  dejando  en  el  camino  el  coche,  y  à  los 
ma^'tos  despojados  de  sus  vestidos ,  y  llevàndonos  la  sefiora, 
las  mulas ,  los  caballos  y  preseas. 

CAPITULO  X. 

De  qoë  modo  se  portàron  los  bandoleros  con  la  seftora  desmayada,  Gran 
projecto  de  Gil  Bias ,  y  sus  résultas. 

LIegémofl  à  la  cueya  una  hora  despues  de  anochecido.  Lo  pri- 
mero que  hicimos  fué  meter  las  mulas  en  la  caballeriza,  atarlas 
al  pesebre  y  cuidar  de  ellas;  porque  el  vîejo  negro  liacia  très 
dias  que  estaba  en  cama,  rendido  à  crueles  dolores  de  gota,  y 
â  on  reumatismo,  que  apënas  le  dejaba  libre  mas  que  la  lengua 
para  emplearla  en  mostrarnos  su  impaciencia,  prorumpiendo  en 
las  mas  horribles  blasfemias:  dejàmos  à  aquel  miserable  jurar  y 
Uasfemar,  y  fufanos  à  la  cocina  à  cuidar  de  la  sefiora  que  estaba 
sobrecogida  de  un  parasiamo  mortal.  Nos  dimos  tan  buena  mafia, 
que  logrAmos  Tolviese  del  desmayo  :  mas  cuando  recobrô  sus 
sentidos,  y  se  yiô  entre  unoa  hombres  que  no  conocia,  sintiè  todo 
el  peso  de  su  desgracia,  y  comenzô  à  desesperarse.  Todo  lo  mas 
horroroso  que  el  sentimiento  y  el  dolor  pueden  representar  à  la 
imaginacion,  otro  tanto  se  Teia  pintado  en  sus  ojos,  que  levan- 
taba  al  cielo,  como  para  quejarse  de  las  indignidades  que  la  ame- 
nazaban.  Cediendo  entônces  à  imàgenes  tan  espantosas ,  Tolyiô 
de  repente  à  desmayarse ,  cerr6  sus  bellos  ojos  ;  y  los  ladrones 
temiéon  que  iban  à  perder  aquella  preciosa  presa.  El  capitan , 
paredéndole  mejor  abandonarla  à  si  mismo ,  que  atormentarla 
connuevos  socorros,  mandé  la  llevasen  à  la  cama  de  Leonarda, 
dejândola  sola  y  encomendada  à  su  buena  suerte. 

Pasimos  nosotros  à  la  sala,  y  uno  de  los  ladrones,  que  habia 
sido  dmjano ,  reconoci6  el  brazo  del  teniente ,  y  le  aplicô  bàl- 
samo.  Hecha  esta  operacion,  se  pasô  à  Ter  lo  que  habia  en  los 
cofres.  Hallàronse  algunos  Uenos  de  telas  y  encajes ,  otros  de 
vestidos ,  y  el  ultimo  que  se  reconociù  contenia  algunos  talegos 
de  doblones ,  cnya  vista  regocijô  mucho  à  los  interesados.  Con- 


36  GIL  BLAS. 

duido  este  registro ,  la  cocinera  poso  la  mesa ,  y  sînriô  la  céna* 
Desde  luego  se  moviô  la  conyersacion  sobre  nuestra  gran  yio- 
toria,  y  Rolando ,  yolyiéndose  à  mi,  me  dijo  :  Confiesa  ,  Gîl 
Bias ,  que  has  pasado  un  gran  susto.  No  lo  puedo  negar , 
respond!  yo  ;  entes  bien  lo  confieso  de  buena  fë  ;  pero  déjenme 
ustedes  hacer  dos  6  très  campafias,  y  entônces  se  yerà  si  se  pelear 
como  un  Cid.  Toda  la  compaftia  se  puso  demi  parte ,  diciendo  :  Se 
le  debe  perdonar ,  porque  la  accion  foè  muy  empeftada,  y,  para 
un  mozo  que  jamas  habia  yisto  tirar  un  tiro,  no  lo  ha  hecho  mal. 

Habl6se  luego  de  las  mulas  y  caballos  que  hablamos  traido , 
y  resoly iôse  que  al  dia  siguiente  iriamos  todos  à  yenderlos  à  Han- 
silla,  donde  yerosimilmente  no  habria  Uegado  todayia  la  noticia 
de  nuestra  hazafla.  Resuelto  esto  acabémos  de  cenar,  y  nos  fui- 
mos  à  la  cocina  à  yer  à  la  pobre  sefiora.  Hallàmosla  en  el  mismo 
estado.  Con  todo  eso ,  y  aunque  apénas  se  percibia  en  ella  un 
leye  aliento  de  yida,  algunos  ladrones  no  dejaban  de  mirarla  con 
ojos  probnos ,  y  hubieran  satisfecho  sus  brutales  deseos  à  no 
haberles  contenido  el  capitan,  representàndoles  que  à  lo  ménos 
debian  de  esperar  à  que  se  recobrase  de  aquel  abatimiento  de 
tristeza  que  la  tenia  casi  sin  sentido.  £1  respeto  con  que  miraban 
al  capitan  refrenô  su  incontinencia  :  sin  esto  ninguna  cosa  hubiera 
salyado  à  la  seflora,  y  aun  despues  de  su  muerte  no  habria  es- 
tado seguro  su  honor. 

Dejémos  en  tan  triste  situacion  à  aquella  infeliz  seflora,  con- 
tenténdose  Rolando  con  encargarâ  Leonarda  que  la  cuidase,  y 
nos  retiràmos  cada  cual  à  nuestro  cuarto.  Por  lo  que  é  mi  toca» 
apénas  me  acosté,  cuando,  en  yez  de  cntregarme  al  suefio,  solo 
me  ocupé  en  considerar  la  infelicidad  de  aquella  pobre  seflora. 
No  dudaba  que  fuese  persona  de  distincion,  y  por  lo  mismo-me 
parecia  ser  mas  deplorable  su  suerte.  No  podia  pensar  sin  estre- 
mecerme  en  los  horrores  que  la  esperaban,  y  me  sentia  tan  fuer- 
temente  conmoyido ,  como  si  la  sangre  ô  el  amor  me  hubieran 
unido  à  ella.  En  fin,  despues  de  haberme  compadecido  de  su  des- 
tino,  solo  pensé  en  los  medios  de  preseryar  su  honor  del  pelî- 
gro  que  corria ,  y  en  fugarme  yo  mismo  de  la  maldita  cueya. 
Acordéme  de  que  el  negro  no  se  podia  moyer  é  causa  de  sus 
dolores,  y  la  cocinera  tenia  la  Haye  de  la  reja.  Este  pensamiento 
meacalorôlaimaginacion,y  me  inspiré  un  proyecto,  que  médité 
muy  bien,  y  écuyaejecucion  di  principio  delà  manera  siguiente. 

Fingi  que  me  habia  asaltado  un  dolor  célico.  Prorrumpi  desde 
luego  en  ayes  y  quejidos ,  y  despues  empezé  à  dar  gritos  y  ala- 
ridos  lastimosos.  Despertàron  al  ruidolos  compafieros,  acudiéron 
todos  à  mi  cuarto,  y  me  preguntàron  que  tenia.  Respondiles  que 
estaba  padeciendo  un  horrible  côlico  ;  y  para  que  lo  cre^esen 
mejor  apretaba  los  dientes,  hacia  gestos  y  espantosas  contor- 
siones,  reyolyiéndome  i  todas  partes,  y  agîtàndome  extraflamente. 


LIBRO  PRIMERO.  27 

Hecho  estOy  de  repeate  me  qaedé  muy  tranquilo  y  sosegado ,  oomo 
si  me  hubieran  dado  algunas  treguas  los  dolores.  Un  momento  des- 
poes  comenzé  à  reToIcarme  en  la  cama  y  à  morderme  las  manos.  En 
QDapalabra,representécon  talprimormipapel,  quelosladrones^no 
obstante  de  ser  tan  sutiles  y  tan  astutos ,  se  dejàron  engafiar,  y 
creyëron  que  efectiyamente  padecia  violentisimos  dolores.  Asi  pues, 
lodos  se  diëron  la  mayor  priesa  à  socorrerme.  Uno  me  traia  una 
botella  de  aguardiente,  y  me  hacia  beber  la  mitad  ;  otro  à  pesar 
miome  administraba  una  la^ativa  de  aceite  de  almendras  didces  ; 
otro  iba  â  calentar  paftos ,  y  casi  abrasando  me  los  ponia  en  la 
boca  del  estômago.  En  yano  pedia  misericordia  :  ellos  atribuian 
mis  damores  à  la  fuerza  del  oôlico,  y  me  hacian  padecer  dolores 
TerdaderoSy  queriéndome  aliyiar  de  los  que  no  tenia.  En  fin,  no 
padiendo  ya  sufrir  mas,  me  vi  obligado  à  decir,  que  ya  no  sentia 
retortijones,  y  que  no  necesitaba  de  remedios.  Cesâron  de  mor- 
tificarme  con  ellos,  y  yo  me  guardë  bien  de  quejarme  porque  no 
Tolyiesen  à  aplicénnelos. 

Duré  esta  escena  casi  très  horas  ;  y  juzgando  los  ladrones  que 
ya  DO  podia  tardar  en  venir  el  dia,  .partiéron  todos  à  Mansilla. 
Uanîfe^  gran  deseo  de  acompafiarlos,  y  me  quise  leyantar  para 
qae  lo  creyesen  ;  perd  no  lo  permitiëron.  No ,  no,  Gil  Bias ,  me 
dijo  Rolando ,  quédate  aqui ,  hijo  mio,  porque  te  podria  repetir 
el  cftiîco  :  otra  vez  yendrâs  con  nosotros,  que  por  hoy  no  estas 
en  estado  de  hacerlo.  Mostréme  muy  sentido  de  no  ser  de  la 
partida,  y  lo  fingi  con  tanta  naturalidad ,  cpie  ninguno  tuvo  la 
meoor  sospecba  de  lo  que  yo  meditaba.  Luego  que  partiéron,  lo 
qoe  yo  deseaba  tanto  que  se  me  hacian  siglos  los  instantes,  entré 
en  cuentasconmigo,  y  me  dije  à  mi  mismo  :  Ea,  Gil  Bias,  ahora  si 
que  Qecesitas  gran  înimo.  Armate  de  yalor  para  acabar  con  lo 
qne  tan  felizmente  has  comenzado.  Domingo  no  esté  en  situacion 
de  oponerse  à  tu  gloriosa  empresa,  ni  Leonarda  puede  impedir 
su  ejecucion.  Si  no  te  aprovechas  de  esta  oportunidad  para  es- 
caparte ,  quizà  no  encontrarâs  jamas  otra  tan  favorable.  Estas 
reflexiones  meinfundiéron  alientoy  confianza.  Levantéme  al  punto 
de  la  cama  :  yestime ,  tome  la  espada  y  las  pistolas ,  fuime  de- 
recho  à  la  cocina  ;  pero  antes  de  entrar  en  ella ,  habiendo  oido 
bablar  é  Leonarda,  me  detuve,  y  apliqué  el  oido  para  escuchar  lo 
que  hablaba.  Discurria  con  la  seûora  desconocida,  que,  habiendo 
vueho  en  si  de  su  e egando  desmayo,  y  comprendieudo  entônces 
todo  su  infortunio,  Uoraba  amargamente,  édtàndole  poco  para 
desesperarse.  LIora,  hija  mia,  le  decia  ella ,  y  llora  todo  cuanto 
quieras  :  no  reprimas  los  suspiros,  y  da  libertad  à  los  sollozos  ; 
con  eso  te  desahogarés.  Es  cîerto  que  parecia  peligroso  el  acci- 
dente, pero  ya  que  rompiste  en  llorar  no  hay  que  temer.  Asi  que 
se  te  haya  mitigado  el  pesar ,  que  poco  é  poco  se  desyanecerâ , 
te  acostnmbraràfl  k  yiyir  con  estos  sefiores,  que  todos  son  gente 


28  GIL  BLAS. 

honrada ,  y  hombres  may  de  bien.  Te  tratarén  mejor  qae  à  una 
princesa  :  todos  à  porfia  se  esmerarén  en  complacerte,  y  cadadia 
te  mostrarén  mas  amor.  { Oh ,  y  cuantas  mugeres  enyidiarian  tu 
fortuna  si  la  sapieran  I 

No  le  di  tiempo  à  que  dijese  mas.  Entréme  en  la  codna  oon 
intrepidez ,  y  pùsele  una  pistola  à  los  pechos-,  amenazândola  de 
qoitarle  en  aquel  momento  b  vida  si  no  me  entregaba  pronta- 
mente  y  sin  replica  la  llave  de  la  reja.  Turbôse  à  YÎsta  de  mi  ac- 
cion  y  y  aunque  era  ya  de  edad  avanzada ,  todavia  tenia  tanto 
apego  à  la  vida,  que  no  la  quiso  perder  por  tan  poca  cosa  como 
era  entreganne  6  no  entregarme  una  Have.  Alargômela  prontisi- 
mamente,  y  luego  que  la  tuye  en  la  mano,  volviéndome  à  la  bella 
dolorida,  le  dije:  Sefkora,  el  cielo  os  ha  enviado  un  libertador  : 
leyantaos  para  seguirme,  que  yo  os  conducirè  y  pondre  con  toda 
seguridad  donde  me  lo  mandeis.  No  se  hizo  sorda  à  mi  yoz  : 
mis  palabras  hiciëron  tanta  impresion  en  su  espiritu,  que  reco- 
brando  todas  las  fîierzas  que  le  quedaban ,  se  levante ,  arrojôse 
à  mis  pies ,  y  solamente  me  sùplicô  que  conservase  su  hooar. 
AIzéla  del  suelo,  asegur&ndole  que  por  mi  parte  nada  temiese 
y  que  confiase  en  mi  honradez.  Cogi  despues  unos  cordeles  que 
habia  en  la  cocina  ;  y  ayudàndome  la  misma  seûora,  amarré  con 
ellos  à  Leonarda  à  los  pies  de  una  gran  mesa ,  amenazàndole  le 
quitaria  la  vida  al  menor  grito  que  dièse.  Encendi  luego  una  yela, 
y  acompafiado  de  la  seftora  desconocida  pasé  al  cuarto  donde 
estaban  las  monedas  y  alhajas  de  plata  y  oro  :  Uenè  los  bolsîllos 
de  cuantos  doblones  pudiéron  caber  en  ellos^  y  para  oUigar  à  la 
sefiora  à  que  hiciese  otro  tanto,  le  dije  que  en  ello  no  hacia  mas 
que  recobrar  lo  que  era  suyo.  Despues  de  haber  hecho  una  bue- 
na  provision,  marchàmos  à  la  cabaUeriza ,  donde  entré  yo,  solo 
con  las  pistolas  amartiUadas.  Daba  por  supuesto  que  el  viejo  ne- 
gro no  me  dejaria  ensillar  y  aparejar  tranquilamente  mi  csd^allo, 
y  estaba  resuelto  à  curarle  de  una  vez  de  todos  sus  maies  si  no 
queria  ser  bueno  ;  pero  por  mi  buena  suerte  se  hallaba  é  la  sa- 
zon  tan  agravado  de  los  dolores  que  habia  pasado ,  y  que  le 
atormentaban  aun,  que  saqué  el  caballo  sin  que  dièse  la  menor 
seftal  de  haberlo  conocido.  La  seAora  me  esperaba  é  la  puerta. 
Cogimos  prontamente  el  camino  que  guiaba  à  la  salida  de  la 
cueya  :  abrimos  la  reja ,  y  Uegàmos  à  la  trampa  que  cubria  la 
entrada.  Costônos  gran  traJ)ajo  el  leyantarla,  6  por  mejor  decir , 
para  lograrlo  hubimos  menester  nueyas  fuerzas  que  nos  presto 
el  deseo  de  salyarnos. 

Comenzaba  à  rayar  el  dia  cuando  nos  yimos  fiiera  de  aquel 
abismo ,  y  de  lo  que  mas  cuidàmos  entônces  fué  de  alejarnos 
cuanto  entes  de  él.  Yo  monté  à  caballo,  puse  à  la  seftora  é  la 
grupa,  y  siguiendo  à  galope  la  primera  senda  que  se  nos  présenta, 
tardàmospoco  en  salir  del  bosque  y  entrar  en  una  llanura,  donde 


LIBRO  PRIMERO.  29 

DOS  encontràmos  con  Yario^  caminos.  Seguimos  uno  à  la  aTen- 
tora,  teniendo  yo  grandisimo  miedo  de  qae  faesé  qnizà  el  quo 
gttiaba  é  Mansilla,  y  nos  hallàsemos  con  Rolando  y  soscamaradaSy 
que  seria  fotal  encuentro.  Pero  fué  Yano  mi  temor,  porque  en- 
trâmes felizmeote  en  Astorga  à  cosa  de  las  dos  de  la  tarde.  Ob- 
servé que  machos  nos  miraban  con  particular  atencion,  como  si 
hem  para  ellos  un  espectàculo  nunca  yisto  el  de  una  muger  é 
caballo  tras  de  un  hombre.  Apeâmonos  en  el  primer  meson ,  y 
ordenë  al  punto  que  guisasen  una  liebre  y  asasen  una  perdiz. 
Miéntras  esto  se  disponia  conduje  â  la  seAora  à  un  cuarto  donde 
comemmos  à  discurrir ,  lo  cusd  no  habiamos  podido  hacer  en 
ei  camino  por  la  priesa  con  que  yiajàmos.  Mostrôse  muy  agra- 
décida  al  gran  seryicio  que  le  habia  hecho ,  diciéndome  que  à 
Tista  de  una  accion  tan  generosa  no  se  podia  persuadir  que  yo 
feese  compaûero  de  los  infomes  de  cuyo  poder  la  habia  libertado. 
CoDtéle  entônces  mi  historia  para  confirmarla  en  el  buen  con- 
cepto  en  que  me  tenia.  Con  esto  la  empefié  à  que  me  favoreciese 
COQ  SQ  confianza,  y  me  refiriese  sus  désastres,  como  lo  hizo,  de 
la  manera  que  se  dira  en  el  capitulo  siguiente. 

CAPITULO  XI. 

Historia  de  doAa  Meucia  de  Hosquera. 

Naci  en  Yalladolid,  y  mi  nombre  es  dofta  Mencia  deMosquera. 
Mi  padre  don  Martin ,  coronel  de  un  regimiento ,  fiié  muerto  en 
Portugal  despues  de  haber  consumido  su  patrimonio  en  el  seryi- 
cio del  rey.  Dejôme  pocos  bienes ,  y  consiguientemente ,  aunque 
hija  ùnica ,  no  era  un  gran  partido  para  ser  buscada  en  casamiento. 
Mas  à  pesar  de  mi  escasa  fortuna  no  me  fialtaban  pretendientes. 
Muchos  caballeros  de  los  mas  principales  de  EspaAa  solicitâron 
mi  mano  ;  pero  el  que  se  lleyô  mi  atencion  fiié  don  Alyaro  de 
Meflo.  A  la  verdad  era  el  mas  galan  y  airoso  de  todos ,  y  reunia 
ademas  otras  prendas  recomendables  que  me  decidiéron  à  su 
&vor.  Era  prudente,  entendido  y  yaliente ,  acompaftando  é  esto 
ser  muy  comedido ,  atento ,  pundonoroso ,  y  el  hombre  mas  bien 
portado  del  mundo.  En  las  corridas  de  toros  ninguno  se  mostra- 
ha  mas  arriesgado ,  mas  brioso ,  ni  mas  diestro  ;  y  en  las  justas 
era  la  admiracion  de  todos  su  despejo ,  habilidad  y  yalentia.  Fi- 
nalmente ,  le  preferi  à  sus  competidores ,  y  le  di  mi  mano. 

Pocos  dias  despues  de  nuestro  matrimonio  se  encontre  en  un 
sitio  relirado  cou  don  Andres  de  Baeza,  que  habia  sido  uno  de  sus 
aniiguos  competidores  en  pretenderme.  Picâronselos  dos ,  sacâron 
las  espadas  y  costô  la  vida  à  don  Andres.  Era  este  sobrino  del 
corregidor  de  Valladolid ,  hombre  de  genio  yiolento ,  y  enemigo 
mortal  de  la  casa  de  Mello  ;  y  por  consiguiente  juzgô  don  Al- 


30  GDL  BLAS. 

yaro  qae  le  importaba  inflnito  no  retardar  un  punto  su  fuga. 
Yolviôse  inmediatamente  à  casa ,  contômelo  sucedido ,  y  me  dijo  : 
Querida  Mencia,  es  indispensable  separarnos.  Ya  conoces  al 
corregidor  ;  me  perseguirà  encarnizadamente.  No  ignoras  lo  mu~ 
cho  que  puede  en  Espafla ,  y  asi  no  estoy  seguro  en  el  reino.  No 
le  permitiô  decir  mas  su  dolor.  Hicele  que  tomase  dinero  y 
algunas.  joyas.  Diôme  despues  los  brazos,  estrechôme  en  ellos , 
y  esuivimos  asi  gran  rato  sin  poder  uno  ni  otro  hablar  palabra» 
mezclàndose  nuestras  làgrimas,  suspiros  y  soUozos.  Vino  un 
criado  i  decir  que estaba  pronto  el  caballo  :  desasiôse  demi ,  par- 
tie y  dejôme  en  un  estado  que  no  sabré  pintar.  ;Dichosa  yo  si 
lo  agudo.  del  dolor  me  hubiera  quitado  la  yida  I  ;  Que  de  penas 
y  torroentos  me  hubiera  ahorrado  I  Pocas  horas  despues  de  par- 
tido  don  Alvaro  supo  su  fiiga  el  corregidor.  Hizo  le  siguiesen , 
y  no  perdonô  diligencia  alguna  para  haberle  à  las  manos.  Frus- 
trôlas  todas  mi  esposo ,  y  pùsose  en  salvo.  Yièndose  el  juez  redu- 
ddo  à  no  poder  tomar  otra  yenganza  que  la  satisfaccion  de  quitar 
todos  sus  bienes  à  un  hombre  cuya  sangre  hubiera  querido  beber , 
confiscô  cuanto  pertenecia  é  don  AWaro. 

Halléme  con  esto  en  tan  miserable  situacîon ,  que  apénas  tenia 
lo  preciso  para  yiyir.  Comenzè  à  retirarme  de  todos ,  quedàn- 
dome  con  una  sola  criada.  Pasaba  los  dias  Uorando  amarga- 
mente ,  no  ya  mi  necesidad ,  que  llevaba  con  paciencia ,  sino  la 
ausencia  de  un  adorado  esposo ,  de  quien  no  tenia  noticia  alguna , 
sii)  embargo  de  haberme  prometido ,  en  nuestra  dolorosa  despe- 
dida ,  que  de  cualquier  parte  del  mundo  donde  se  hallase  procu- 
raria  inforroarme  de  su  suerte.  No  obstante  se  pasàron  siete 
afios  sin  saber  nada  de  él.  Causàbame  una  profunda  tristeza  la 
incertidumbre  de  su  paradero.  Supe  al  fin  que ,  combatiendo  por 
las  annas  de  Portugal  en  el  reino  de  Fez ,  habia  perdida  la  yida 
en  una  batalla.  Asi  me  lo  refiriô  un  hombre  recien  yenido  de 
Africa ,  aseguràndome  que  conocia  muy  bien  à  don  AWaro  de 
Mello ,  con  quien  habia  seryido  en  el  ejèrcito  portugues  ,  y  que 
èl  mismo  le  habia  yisto  perecer  en  lo  mas  recio  de  la  pelea.  A 
esto  afiadiô  otras  circunstancias  que  me  acabàron  de  persuadir 
que  ya  no  yivia  mi  esposo. 

Yino  en  este  tiempo  À  Yalladolid  don  Ambrosio  Mesia  Carri- 
Uo ,  marques  de  la  Guard  ia.  Era  uno  de  aquellos  sefiores  entra- 
dos en  edad,  que  por  sus'atentos  y  cortesanisimos  modales  hacen 
olyidar  sus  afios ,  y  logran  aprecio  entre  las  damas.  Casual- 
mente  le  refiriéron  la  historia  de  don  AWaro ,  y  con  este  motiyo 
oyô  hablar  de  mi  en  términos  que  tuyo  gran  deseo  de  yerme. 
Para  satisiacer  su  curiosidad  se  yaliô  de  una  parienta  mia ,  en 
cuya  casa  me  encontre.  Yiôme ,  y  quedô  prendado  de  mi ,  à 
pesar  de  la  impresion  de  dolor  que  reparô  en  mi  semblante: 
;pero  que  digo ,  d  pesarî  quizi  lo  que  mas  le  moviô  fiië  el  mis- 


LIBRO  PRIMERO.  31 

mo  aire  triste,  melancôlico  y  marchito  en  que  me  yeia,  hablén- 
dole  esto  en  fovor  de  mi  fidelidad.  Mi  melancolia  pudo  ser  caosa 
de  su  amor.  Por  eso  me  dijo  mas  de  una  yez  que  me  miraba  como 
on  prodigio  de  constancia ,  y  que  enyidiaba  la  suerte  de  mi  ma- 
rido  por  desgraciada  que  fuese.  En  una  palabra ,  quedô  tan  pa- 
gado  de  mi  que  no  necesitô  verme  segunda  vez  para  tomar  la 
determinacion  de  casarse  conmigo. 

Valiose  de  la  misma  parienta  mia  para  pedir  mi  consentimiento. 
Vino  esta  é  mi  casa ,  y  me  manifesto  que ,  habiendo  mi^esposo 
terminado  sus  dias  en  el  reino  de  Fez ,  no  era  razon  que  estu- 
Tiese  enterrada  por  mas  tiempo  ;  que  habia  ya  Dorado  sobrada- 
mente  à  un  hbmbre  cuya  compaûia  habia  gozado  por  solos  pooos 
momentos  ;  que  debia  no  malograr  la  ocasion  que  se  presentaba , 
y  que  seria  la  muger  mas  feliz  y  mas  contenta  del  mundo.  Aqui 
ponderô  la  nobleza  del  marques ,  sus  grandes  bienes  ,  y  amabi- 
lisimo  caràcter.  Pero  por  mas  que  empleaba  su  elocuencia  en 
hacerme  palpables  las  yentajas  que  ballaria  yo  en  aquel  enlace  » 
D6  me  pado  persuadir ,  no  ya  porque  dudase  de  la  muerte  de 
doQ  Alvaro ,  ni  por  el  recelo  de  yolverle  â  yer  cuando  mënos 
lo  pensase:  lo  unico  que  mi  parienta  tenia  que  yencer  era  mi 
poca  indinacion»  6,  por  mejor  decir,  mi  repugnancia  à  un  se- 
gundo  matrimonio ,  despues  de  las  desgracias  que  habia  experi- 
menudo  en  el  primero.  No  por  esto  desconfiô,  ni  se  acobardô  ; 
antes  bien  »  interésada  ya  por  don  Arobrosio ,  redoblô  sus  ins- 
taocias.  Empeftô  à  toda  mi  parentela  en  la  pretension  del  marques. 
Comenzàron  mis  parientes  à  estrecharme  y  apurarme  sobre  que 
aceptase  un  partido  tan  yentajoso.  Yeiame  sitiada  siempre  de 
elles  y  importunàndome  y  atormentàndome  con  la  continua  can- 
tinela  de  que  no  perdiese  tan  fayorable  proporcion.  Por  otra 
parte  mi  miseria  era  mayor  cada  dia ,  y  na  fiié  esto  lo  que  mè- 
nes contribuyô  à  dejar  yencer  mi  repugnancia. 

No  pudiendo  pues  resistir  mas  tiempo ,  cedi  âl  fin  é  tan  repetidas 
porfîas ,  y  caséme  con  el  marques  de  la  Guardia ,  el  cual  el  dia  des- 
pues de  la  boda  me  condujo  i  una  bellisima  hacienda  que  tenia  cerca 
de  Burgos ,  entre  Tardajos  y  Reyilla.  Desde  Inego  se  poyô  de  un 
amor  yehemente  hàcia  mi:  observabayoen  todas  sus  acciones  un 
Tivisimo  deseo  de  agradarme:  estudiaba  en  proporcionarme  todo 
caanto  yo  podia  apetecer.  Ningun  esposo  estimô  nunca  mas  à  su 
muger ,  ni  jamas  amante  alguno  empleô  mayor  esmero  en  com- 
placer  à  su  dama.  Sin  duda  que  yo  hubiera  amado  apasionadamente 
à  don  Ambrosio,  à  pesar  de  la  desproporcion  de  nuestras  edades,  si 
hubiera  sido  capaz  de  amar  à  otro  que  é  don  Alyaro  ;  pero  los  cora- 
zones  constantes  no  aciertan  à  dar  entrada  à  una  segunda  pasion.  La 
memoria  de  mi  primer  esposo  inutilizaba  todos  los  esfuerzos  de! 
segundo  para  hacerse  querer  de  mi  :  no  podia  corresponder  à  sus 
temuras  sino  con  afectos  y  espresiones  de  gratitnd  y  de  respeto. 


32  GIL  BLAS. 

HaDébame  en  esta  disposicion  cuando  un  dia ,  aBoméndome  à 
una  yentana  de  mi  cuarto ,  yi  en  el  jardin  an  aldeano  que  me  mi- 
raba  con  particular  atencion.  Tùyele  por  criado  del  jardinero ,  y 
por  entônces  no  hice  caso  de  él  ;  pero  al  dia  siguiente ,  habién- 
dole  yisto  en  el  mismo  sitio,  me  pareciô  que  estaba  aun  mas  atento 
à  mirarme  :  esto  me  conmoyiô.  Obseryèle  tambien  yo  por  mi  par- 
te con  algun  cuidado,  y  se  me  figurô  descubrir  en  ël  la  fisono- 
mia  del  desgraciado  don  Alyaro.  Esta  semejanza  excitô  en  todos 
mis  sentidos  una  turbacion  inexplicable ,  y  di  un  gran  grito  sin 
poderme  contener.  Por  fortuna  estaba  sola  entônces  con  Inès ,  la 
criada  de  mi  mayor  confianza  :  descubrtle  la  sospecha  que  me  agî- 
taba ,  y  ella  no  hizo  mas  que  reir ,  creyendo  que  alguna  ligëra 
semejanza  me  habria  alucinado.  Serenaos,  seftora ,  me  dijo ,  y  no 
créais  haber  yisto  à  yuestro  primer  esposo.  No  es  yerosimil  que 
se  presentase  aqui  con  el  disfraz  de  aldeano ,  ni  se  hace  creible 
que  aun  yiya.  Yo  misma ,  aftadiô ,  yoy  ahora  al  jardin  à  ver  é 
ese  hombre ,  â  informarme  de  quien  es ,  y  yolyeré  al  momento 
à  desengaûaros.  Marché  al  jardin ,  y  un  instante  despnes  la  veo 
entrar  en  mi  cuarto  muy  alterada  :  Sefiora ,  me  dijo ,  yuestra  sos- 
pedia  filé  por  cierto  bien  fimdada.  £1  hombre  que  yisteis  en 
el  jardin  es  yerdaderamente  el  mismo  don  Alyaro:  luego  se  me 
descubriô ,  y  desea  hablaros  é  solas. 

Podia  recibirle  entônces ,  porque  el  marques  habia  partido  à 
Burgos ,  y  asi  dije  é  Inès  que  le  condujese  à  mi  cuarto  por  una 
escalera  sécréta.  Ya  se  déjà  conocer  la  agitacion  en  que  yo  me 
hallaria.  No  pude  sufrir  la  yista  de  un  hombre  que  tenia  derecho 
para  decirme  cuanto  le  yiniese  à  la  boca ,  y  al  parecer  con  razon. 
Gai  desmayada  luego  que  le  yi  en  mi  presencia ,  como  si  hubiera 
sido  su  sombra.  Asi  èl  como  Inès  me  socorrièron  prontamente , 
y  despues  que  yoWi  del  desmayo  :  Tranquilizaos ,  sefiora ,  me  dijo 
don  Alyaro ,  y  no  sea  mi  presencia  un  suplicio  para  yos.  No  es 
mi  énimo  causaros  la  mas  minima  amargura.  No  yengo  como 
marido  Airioso  À  pediros  cuenta  de  la  tb  que  me  juristeis ,  ni  à 
calificar  de  delito  el  segundo  enlace  que  contrajisteis.  Se  muy 
bien  que  todo  fiié  moyido  por  yuestra  parentela ,  y  no  ignore  las 
persecuciones  que  habeis  padeddo.  Por  otra  parte  estoy  infor- 
mado  de  la  yoz  de  mi  muerte  esparcida  en  todo  Yalladolid ,  y 
tanto  mas  justamente  creida  de  yos ,  cuanto  ninguna  carta  mia  os 
podia  asegurar  de  lo  contrario.  Finahnente  se  de  que  modo  ha- 
beis yiyido  desde  nuestra  fatal  separacion ,  y  que  la  necesidad 
mas  que  el  amoros  obligô  à  entregarosen  los  brazos  de....  jAh , 
don  Alyaro!  le  interrampi  yo  anegada  en  lâgrhnaSy  ;por  que 
racon  quereis  disculpar  à  yuestra  esposa?  No  tiene  disculpa  pues- 
to  que  yiyis.  |  Desdichada  de  mi!  i  Ojalâ  me  yiera  ahora  en  la  mi- 
serable situacion  en  que  me  hallaba  entes  de  desposarme  con 
don  Ambrosio!  (Funeste  casamientol  {Ahl  en  aquella  miseria 


JLIBRO  PRDIERO.  33 

temtria  â  lo  mtoos  el  consaelo  de  veros  sin  avergonzanne. 

Amada  Mencia ,  replicô  don  Alvaro  en  an  tono  qne  mostraba 
bien  cuanto  le  habian  enternecido  mid  légrimas ,  yo  no  me  quejo 
de  d ,  Antes  bien  léjos  de  censurar  la  brillantez  en  que  te  yeo ,  jaro 
qoe  doy  al  cielo  mil  gracias.  Desde  el  triste  dia  en  que  parti  de 
VaDadolid  tuyesiempre  contraria  la  fbrtuna;  mi  yida  file  un  tejido 
de  desdichas,  y  para  su  colmo  nunca  me  fué  posible  darte  noticia 
demL  Segoro  siempre  de  tu  amor,  seme  representaba  continua- 
mente  la  situacion  à  que  mi  fatal  carifto  te  habia  reducido.  Con- 
sideraba  i  mi  adorada  Mencia  baAada  en  Ugrimas,  y  esta  consî- 
deradon  era  mi  mayor  tormento.  Confieso  que  algunas  yeces  tenia 
por  delito  la  dicha  de  haberte  agradado.  Deseaba  que  te  hubieses 
indinado  i  cualquier  otro  de  mis  competidores  cuando*  reflexio- 
naba  en  lo  mucho  que  te  costaba  la  preferencia  con  que  me  habias 
lionrado.  Por  fin,  despues de  siete  aùos  de  penas,  mas  enamorado 
de  ti  que  nanca,  be  querido  yolyer  A  yerte.  No  he  podido  resistir 
i  este  deseo,  y  babiéndomelo  permitido  satisfocer  el  tèrmino  de 
mia  larga  esclayitud ,  he  yuelto  à  Yalladolid  disfrazado  en  este  tra* 
ge,  ariesgo  de  ser  conocido  y  descubierto.  Alii  lo  he  sabido  todo  » 
y  he  yenido  en  seguida  à  esta  posesion»  donde  he  hallado  modo 
de  mtrodudrme  con  el  jardinero  para  ayudarle  à  cultiyar  estos 
jardines.  Tal  es  el  arbitrio  que  he  tomado  para  lograr  hablarte  en 
secreto.  Mas  no  te  imagines  que  con  mi  presencia  yengo  aqui  à 
turbar  la  yentura  que  gozas.  Amote  mas  que  à  mi  mismo  :  respeto 
tu  reposo;  y  acabada  esta  conyersacion  par  to  lèjos  de  ti  i  ter- 
rninar  mis  tristes  dias,  que  sacrifico  à  tu  amor. 

No ,  don  Alyaro ,  no  »  exclamé  al  oir  estas  palabras  :  el  delo  no 
te  hatraido  aqui  en  balde;  y  no  permkiré  que  segunda  yez  te 
apartés  de  mi  :  quiero  ir  contigo ,  y  solamente  la  muerte  nos  podré 
separar  en adelante.  Crëeme  é  mi,  Mencia ,  me  replicô ,  yiye  con 
don  Ambrosio,  y  no  quieras  ser  compaflera  de  mis  desdichas  : 
deja  que  cargue  yo  solo  con  todo  el  peso  de  ellas.  Aftadiô  à  estas 
otras  razones  semejantes;  pero  cuanto  mas  empefiado  parecia  en 
querer  sacrificarse  é  mi  felicidad ,  mënos  dispuesta  me  hallaba  yo 
i  consentirlo.  Luego  que  me  yiô  tan  resuelta  à  seguirle ,  mudô  de 
repente  de  tono,  y  con  semblante  mas  alegre  me  dijo  :  Mencia, 
pues  todayia  amas  tanto  â  don  AWaro ,  que  quieres  preferir  su 
miseria  â  la  abundancia  en  que  te  hallas,  yàmonos  à  yiyir  â  Be- 
tanzos,  dudaddel  reino  de  Galicia,  donde  hallarëmos  un  seguro 
retiro.  Si  mis  desgracias  me  quitéron  todos  mis  biencs,  no  mehi- 
cièron  perder  todos  mis  amigos.  Aun  me  quedan  algunos  tan  yer- 
daderos,  que  me  ban  facilitado  medios  de  poder  sacarte  de  esta 
casa.  Con  su  auxilio  compré  en  Zamora  coche,  mulas y  caballos; 
*  y  traigo  por  compafleros  à  très  amigos  gallegos,  resueltos  y  ya- 
lerosos.  Todos  estàn  armados  de  carabinas  y  pistolas,  y  todos 
etperan  mi  ayiso  en  el  lugar  de  Reyilla.  Aproyechémonos  de  la 

5 


34  GIL  BLAS. 

aosencia  de  don  Ambrorio.  Voy  â  dar  ôrden  de  qoe  traigan  el 
earraage  à  la  paerta  de  esta  casa,  y  al  motnento  partirémos.  À 
todo  aocedi  :  fiié  Tolando  don  Alvaro  â  Revilla ,  y  en  brève  dempo 
Tohiô  con  SOS  très  compafieros  montados.  Sadbronme  de  en  medio 
de  mis  criadas,  que,  no  sabiendo  que  pensar  de  este  aconted- 
miento,  huyëron  despayoridas.  Sola  Inès  era  sabedora  de  todo  ; 
pero  no  quiso  unir  su  suérte  con  la  mia ,  porque  estaba  enamorada 
de  un  page  de  don  Ambrosio;  lo  que  demnestra  que  el  afecto  de 
los  mas  fieles  criados  no  résiste  à  la  prueba  del  amor.  Entré  en 
el  coche  con  don  Alvaro,  no  Ileyando  conmigo  sino  alguna  ropa, 
y  dertas  joyas  que  tenia  âmes  del  segundo  matrimonio;  porque 
nada  quise  tomar  de  lo  que  me  habia  regaladd  el  marques  coando 
sa  casamiento.  Seguimos  el  camino  de  Galida  sin  saber  si  ten- 
driamos  la  fortuna  de  Uegar  allé.  Temiamos  con  razon  que  al  ToWer 
de  Burgos  don  Ambrosio  yiniese  en  seguimiento  nuestro,  acom- 
pafiado  de  mucha  gente,  y  que  nos  alcanzase;  pero  caminémos 
dos  dias  sin  que  ninguno  nos  siguiese.  Esperabamos  que  sucedîera 
lo  mismo  en  la  tercera  jornada ,  y  ya  caminabamos  tranquilamente. 
Contàbame  don  Alvaro  la  triste  aventura  que  habia  dado  motivo  à 
la  voz  espardda  de  su  muerte,  y  el  modo  de  haber  recobrado  su 
libertad  despues  de  cinco  afios  de  cautiverio ,  cuando  encontrémos 
en  el  camino  â  los  ladrones  en  cuya  compaftia  estabais  vos.  El 
que  matàron  cou  todos  sus  acompaflados  es  el  mismo ,  y  el  que  me 
bace  derramar  el  torrente  de  làgrimas  que  ahora  cae  de  mis  ojos. 

CAPlTULOXn. 

Dd  modo  pooo  gustoso  con  que  Aie  intemimpida  la  convenacion  de  la  aeftora 

y  de  Gil  Bias. 

Con  efecto  se  deshacia  en  làgrimas  dofia  Mencia  al  acabar  de 
hacerme  su  relacion.  Dejële  dar  entera  libertad  i  los  susp\jros ,  y 
lloraba  yo  tambien  :  tan  natural  es  interesarse  en  el  dolor  de  los 
infelices,  y  muy  particiilarmente  en  el  de  una  muger  hermosa  y 
afligida.  Iba  à  preguntarle  que  partido  queria  tomar  en  la  coyuntura 
en  que  se  hallaba ,  y  quizà  ella  misma  iba  tambien  à  consultarme  lo 
propio,  si  no  hubiera  sido  interrumpida  nuestra  conversacion* 
Oimos  en  el  meson  un  gran  rumor,  quellamô  nuestra  atencion. 
Causàbale  la  venida  del  corregîdor,  que  acompaftado  de  dos  a1- 
guacOes  y  muchos  ministriles  se  entrô  en  el  cuarto  donde  estaba- 
mos.  El  primero  que  se  acercô  â  mi  fiië  un  caballerito  que  venia  en 
compaftia  del  corregidor  :  parôse  â  mirar  muy  de  espado  y  muy 
de  cerca  mi  vestido,  y  despues  de  alguna  suspension  exclamô  di- 
ciendo  :  ;  Vive  el  cielo  que  esta  es  mi  mismisima  ropilla  '  !  la  co* 

'  Vëasc  una  nota  en  el  capîtnlo  xi  del  libro  tcrcero. 


LIBRO  PRIMERa  dS 

DOico  tan  bi^i  eomo  fae  conoddo  mi  caballo.  Sobre  mi  palabra 
que  podeis  prender  à  esle  hombre  honrado.  Sin  dada  es  uno  de 
ios  ladrones  que  tienen  no  se  que  oculta  madriguera  en  este  pais. 
AI  oir  aquellas  palabras  me  persuadi  que  sin  duda  me  habia  to- 
cado  por  desgracia  mia  el  despojo  de  aquel  caballero ,  y  por  con- 
siguiente  me  quedè  sorprendido  ë  inmutado.  £1  corregidor»  que 
por  su  oficio  debia  juzgar  antes  mal  que  bi^  de  la  turbacion  en 
que  me  yeia,  hizo  juicio  de  que  la  acusacion  no  era  mal  fundada; 
jsospecbando  que  la  seûora  podia  tambien  ser  complice,  nos  hizo 
prender  à  Ios  dos,  y  poner  en  cuartos  separados.No  era  este  juez 
de  aquellos  dé  rostro  grave  y  ceiiudo;  antes  bien  mostraba  un 
semblante  apacible  y  risuefio,  acompaftado  de  un  modo  de  ha* 
blar  dnlce  y  cariftoso  ;  pero  sabe  Dios  si  era  mejor  que  los  prime- 
ros.  Lnego  que  estuye  en  la  prision,  yino  à  ella  con  sus  dos  pre- 
cnrsores,  esto  es,  sus  dosalguaciles, los  cuales  ,  segun  su  buena 
costnmbre,  empezàron  por  regîstrarmebien  las  fàltrîqueras.  ;  Que 
diapara  aqnellahonradagente!  Acaso  en  todos  los  de  su  vida 
no  habian  tenido  otro  semejante.  À  cada  pufiado  de  doblones  que 
me  sacaban,  estabayiendo  que  rebosaban  sus  ojos  de  alegria. 
Hasta  el  mîsmo  corregidor  parecia  que  estaba  fuera  de  si.  Hijo, 
me  decîa  en  un  tonoUeno  de  miel  y  dulzura ,  no  extrafies  ni  tengas 
recdo  de  lo  que  ejecntamos,  que  en  esto  no  hacemos  mas  que 
nnestro  oficio.  Si  estes  inocente,  nada  te  perjudicarà.  Miéntras 
tanto  fuéron  poco  à  poco  aliyiando  del  peso  mis  bolsillos ,  quitAn- 
dome  annio  que  habian  respetado  los  ladrones,  quiero  decir ,  los 
coarenta  ducados  de  mi  tio.  Escudriûéronme  de  pies  à  cabeza  sus 
codiciosas  6  infatigables  manos,  hacièndome  yolyer  é  todoâ  la- 
dos  ,  y  despojindome  de  todos  los  yestidos  para  yer  si  tenia  guar- 
dado  aigun  dinero  entre  el  pellejo  y  la  camisa.  Despues  que  cum- 
plîèron  tan  exactamente  con  aquella  su  importante  obligacion ,  el 
corregidor  me  hizo  sus  preguntas.  Satisficelas  presto,  refiriéncVJe 
ingènuamente  todo  lo  sucedido.  Hizo  escribir  mi  declaracion ,  y 
partiô  con  su  gente  y  mi  dmero,  dejéndome  desnudo  sobre  la 
paja. 

iOh,  yidahumana!  exclamé  cuando  me  yi  solo  en  aquel  mise- 
rable œtado,  iqné  llena  estas  de  contratiempos  y  de  caprichosaa 
ayentoras!  Desde  que  sali  de  Oyiedo  no  he  experimentado  mas 
que  desgradas.  Apënas  salgo  de  un  peligro  cuando  caigo  en  otro. 
Al  Oegar  à  esta  dudad  estaba  muy  lëjos  de  pensar  que  en  tan  poco 
tiempo  habia  de  conocer  à  su  corregidor.  Haciendo  estas  re- 
flexiones  inutiles  me  y  esti  la  maldita  ropilla  y  lo  restante  de  là  ropa 
que  me  habia  puesto  en  aquel  estado;  y  despues  hablàndomey 
alentàndome.à  mi  mismo  :  AÎnimo ,  Gil  Bias ,  me  dije ,  yalor  y  cona- 
tanda.  Yamos  claros;  piensa  que  despues  de  este  tiempo  yendrà 
qoizi  otro  mas  dichoso.  i  Sera  bueno  desesperarte  porque  te  yes 
en  una  prision  ordinaria,  despues  de  haber  hecho  tan  penoso  en- 


36  GDL  BLAS. 

sayo  de  tu  paciencia  en  la  tenebrosa  ciiey4iT  |  Has  ay!  afiadi  tris- 
temente,  yo  me  alucino  y  me  lisonjeo.  ^Como  sera  posible  que 
saiga  de  esta  càrcel,  cuando  acaban  de  quitanne  los  medics  de 
conseguirlo?  Un  pobre  encarcelado  sin  dinero  es  on  pàjaro  i  qmeD 
cortan  las  alas. 

En  lugar  de  la  liebre  y  de  la  perdiz  que  habia  mandado  com- 
poner,  me  trajéron  .un  pedazo  de  pan  negro  y  un  jarro  deagua, 
dejàndome  tascar  «1  freno  en  mi  calabozo.  En  el  estuve  quince 
dias  enteroSy  sin  ver  en  todos  ellos  otra  persona  que  el  alcaide, 
que  venia  todas  las  maftanas  à  registrar  y  renovar  las  prisiones. 
Cuando  le  veia,  intentaba  querer  entablar  conversacioncon  el  para 
desahogarme  algun  tanto;  pero  aquel  hombre  nada  respondia 
â  cuanto  le  preguntaba.  Jamas  me  fiié  posible  sacarle  ni  una  sola 
palabra.  Entraba  y  salia  muchas  yeces  sin  dignarse  siquiera  de 
mirarme.  Al  dècimo  sexto  dia  se  dejô  ver  el  corregidor,  y  me  dijo  : 
Ya  puedes  alegrarte,  porque  te  traigo  una  buena  nueva.  Hice  que 
fnese  conducida  À  Burgos  la  seAora  que  venia  contigo ,  examinéla 
sobre  quien  eras ,  y  tu  conducta  y  sus  respuetas  te  justifieàron. 
Hoy  mismo  saldràs  de  la  càrcel,  con<al  que  el  arrière  en  cuya 
compaflia  yiniste  desde  Pefiaflor  à  Cacabelos ,  segun  has  dicho , 
confirme  tu  declaracion.  Esté  en  Astorga ,  ya  le  he  enviado  à 
Ilamar,  y  le  estoy  esperando.  Si  conviene  su  declaracion  con  la 
tuya,  inmediatamente  te  pongo  en  libertad. 

Consolàronme  mucho  estas  palabras ,  y  desde  aquel  memento 
me  considéré  fuera  de  tode  enredo.  Di  gracias  al  juez  per  la  buena 
y  prenta  justicia  que  mequeriahacer;  y  apénas  babia  acabade  mi 
cumplido  cuando  Uegô  el  arrière  entre  des  alguaciles.  Conocile 
inmediatamente  ;  pero  el  bribon ,  que  sin  duda  habia  vendido  mi 
maleta  con  tode  le  que  tenia  dentro ,  temiende  le  ebligasên  à  res- 
tituir  el  dinero  que  habia  recibido  si  confesaba  que  me  conoda^ 
dijo  descaradamente  que  no  sabia  quien  yo  era,  y  que  jamas 
me  habia  yisto.  i  Ah  traider!  exclamé  yo,  confiesa  que  has  yen- 
dido  mi  repa^  y  respeta  la  yerdad.  Hirame  bien.  Yo  soy  une  de 
aquellos  mozos  à  quienes  amenazâste  cou  el  termento  en  Cacabelos 
llenande  à  tedos  de  miede.  El  taimado  respendiô  muy  friamente 
que  le  hablaba  una  jerigonza  que  él  no  entendia  ;  y  come  raiific6 
y  mantuye  hasta  el  fin  aquel  solemnisime  embuste,  mi  libertad  se 
difiriô  hasta  mejor  ocasion.  Hijo ,  me  dijo  el  corregidor ,  bien  yes 
que  el  arrière  ne  concuerda  con  le  que  declaràste ,  y  asi  ne  puedo 
soltarte  per  mas  que  le  deseo.  Cenyinome ,  pues ,  armarme  nue- 
yamente  de  paciencia,  y  resolyerme  À  estar  todavia  â  pan  y  agua^ 
y  sufrir  al  silencioso  carcelero.  Cuando  peusaba  en  que  no  podia 
salir  de  entre  las  garras  de  la  justicia,  siendo  asi  que  ho  habia  co- 
metide  délite  alguno,  me  desesperaba  con  este  triste  pensamiento, 
y  echaba  mènes  ellôbrego  soterràneo.  Bien  reflexionado,  me  decîa 
yo  &  mi  mismo,  alli  me  hallaba  mènes  mal  que  en  este  calabozo- 


LIBRO  PRIMERO.  37 

Por  lo  mèûos  en  aqaei  comia  y  bebia  alegremente  con  los  ladrones; 
DiTertiame  god  eltos,  y  me  consolaba  ladulce  esperanza  de  poderme 
escapar  algon  dia  ;  pero  sere  quizà  muy  feliz  si  solo  paedo  salir  de 
aqoi  para  ir  égaleras ^  â  pesar  de  mi  inocencia. 


CAPITULO  xm. 

Fbr  ifaé  cawnilîdad  sale  Gil  Bias  de  la  cArcd,  y  i  donde  ae  encamina  despueti 

IGèntras  yopasaba  los  dias  y  las  noches  en  desvariar  entregad^ 
i  mis-tristes  reflexiones»  se  diyulgéron  por  la  ciudad  mis  ayen- 
tonSy  ni  mas  ni  ménos  que  yo  las  habia  dictado  en  mi  déclara^ 
cioiL  Mochas  personas  me  qaisiéron  yer  por  coriosidad.  Yenian 
Unas  ea  pos  de  otras,  y  se  asomaban  à  una  yentanilla  que  daba 
hz  à  mi  prision ,  y  despues  de  haberme  mirado  algun  tiempo 
se  retiraban  silenciosas.  Sorprendiôme  aquella  noyedad.  Desde 
mi  entrada  en  la  circel  nunca  babia  yisto  alma  yiyiente  asomarse 
â  la  tal  yentanilla  que  caia  à  un  patio  donde  habitaban  el  silen- 
do  y  el  borror.  Me  hizo  créer  que  yo  habia  llamado  la  atencion 
de  la  dndad,  pero^no  acertaba  à  pronosticar  si  seria  para  mal 
i  para  bien^ 

Uno  de  los  primeros  que  yi  file  el  muchacho  ^  nifio  'de  coro 
de  Mondofledo,  que  en  Cacabelos  se  escape,  como  yo,  de  miedo 
del  tormento.  Conocile  luego,  y  el  no  fingiô  desconocerme  como 
h  habia-  fingido  el  arriero.  Saludàmonos  una  y  otro»  y  entablà- 
mos  una  larga  conyersacion ,  en  la  cual  me  yi.precisado  à  ha- 
cerle  una  nueya  relacion  de  mis  ayenturaa  :  lo  que  produjo  dos 
efectos  diferenteS'  en  el  énimo  de  los  cîrcunstantes,  pues  que  los 
Uce  reir,  y  me  atraje  su  compasion.  £1  por  su^parle  me  contô 
lo  que  habia  pasado  en  el  meson  de  Cacabelos  entre  el  arriero 
T  la  muger  despues  que  un  terror  péiûco  nos  habia  separado  de 
efla.  Ea  una  palabra,  contôme  todo  lo  que  dejo  ya  dicho.  Des-f 
pidiâse  despues  de  mi ,  prometiëndome  que  sin  perder  tiempo 
iba  é  haeer  todo  lo  posible  para  que  me  dieran  libertad.  Desde 
enténoes  todas  las  personas  que,  como  el,  habian  yenido  i  yer- 
me  por  mera  curiosidad,  me  aseguràron  que  mis  desgracias  les 
moyian  à  compasion,  ofrecièndome  al  mismo  tiempo  unirse  con 
aquel  niozo  para  solidtar  que  me  librasen  de  la  cérceL 

Cumplièron  efectiyamente  su  palabra.  Hablàron  en  &yor  mio 
al  corregidor,  quien,  no  dudando  ya  de  mi  inocencia,  particular- 
mente  d^e  que  el  nifto  de  coro«  le  contô  ^  todo,  lo-que  sabia» 
très  semanas  despues  yino  à- la  prisioa^  y  me  dijo  :  Gil  Bias», 
annqne ,  si  fuese  yo  un  juez  soyero ,  podria  detenerte  aqui,  iu> 
quiero  dilatar  mas.  tu  causa.  Yete  :  ya  estes  libre,  y  puedes  salir 


SB  GIL  BLAS. 

cuaodo  quiBieres.  Pero  dime,  prosiguiô,  si  te  Ueyéran al  bosque 
donde estaba  el  soterréoeOy  ino le podrias  descnbrir?  No,  seftor. 
Je  respond!  ;  porque  como  entré  en  el  de  noche,  y  sali  inles  del 
dia ,  no  me  seria  posible  dar  con  él.  Con  eso  se  retiré  el  joez 
diciendo  que  iba  à  dar  ôrden  al  carcelero  que  me  franquease  la 
puerta.  Con  efecto,  un  momento  despues  yino  el  alcaide  con  sus 
aatélites»  que  traian  un  lio  de  ropa,  los  cuales  con  mucha  gra- 
vedad,  y  sin  decir  una  sola  palabra,  me  despojéron  de  la  casaca 
y  de  los  calzones,  que  eran  de  pafio  fino  y  casi  nuevo,  me  me- 
tièron  por  la  cabeza  una  especie  de  chamarreta  muy  vieja  y  muy  rash- 
da  émanera  de  escapulario,y  conduidaestaceremonîayme pusièron 
à  la  puerta  de  la  cércel,  echàndome  A  empeUones  fîiera  de  ella. 
La  yergûenza  que  padeci  al  yerme  en  tan  mata  ropa  modéré 
mucho  la  alegria  que  comnnmente  tienen  los  presos  ouando  han 
recobrado  su  libertad.  Tuye  impulsos  de  salirme  inmediatamente 
de  la  ciudad  por  huir  de  la  yista  del  pueblo,  que  no  podia  su- 
frir  sin  rubor;  pero  pudo  mas  mi  agradedmiento.  Fui  â  dar  las 
gracias  al  cantorcillo  i  quien  debia  tanta  obligacion.  No  pudo 
dejar  de  reir  luego  que  me  yiô.  A  lo  que  adyierto,  dîjo ,  pareoe 
quela  justidahahecho  contigo  todas  sus  habilidadesJNo  me  qœjo 
de  la  justicia,  le  respondi ,  ella  en  si  es  muy  justa  :  solamente 
desearia  yo  que  todos  sus  oficiales  fueran  hombres  de  bien  y  de 
condencia.  À  lo  mènos  me  pudieran  haber  dejado  el  yestido  ; 
pues  me  parece  que  no  le  habia  pagado  mal.  Couyengo  en  eso , 
me  replicô  ;  pero  diràn  que  esas  son  formalidades  que  indispen- 
sablemente  se  deben  obseryar.  Y  sino  dime  :  ;  crées  por  yentura 
que  el  cabidlo  en  que  yeniste  se  ha  restituido  à  su  primer  dueAoT 
No  lo  créas  :  porqne  el  tal  caballo  esté  actualraente  en  la  caba- 
lleriza  del  escribano,  donde  se  depositô  como  una  ptneba  del 
delito,  y  yo  estoy  persuadido  de  que  su  amo  yerdadero  nnnca 
▼olyeré  éyer  ni  siquiera  la  grupera.  Pero  mudemos  de  conyer- 
sacion,  continué  el  cantorcillo:  ^ que  énimo  tienes,  y  que  piensas 
hacer  ahora?  Mi  énnno  es,  le  respondi,  irme  derecho  é  Burgos 
é  buscar  é  la  sefiora  é  quien  liberté  de  los  ladrones.  Natural- 
mente  me  daré  algun  dinerillo ,  con  el  cual  compraré  «nos  hé- 
bitos  nueyos ,  y  partiré  é  Salamanca,  donde  proouraré  aproye- 
charme  de  mi  latin.  Hi  mayor  apuro  es  que  aun  no  estoy  en 
Burgos,  y  es  menester  yiyir  en  el  camino.  Ya  te  entirado ,  me 
replicé ,  aqui  tienes  mi  boisa.  Esté  un  poco  yacia  é  la  yerdad  ; 
mas  ya  sabes  tu  que  un  pobre  cantor  no  es  obispo.  Al  mismo 
tiempo  la  sacé,  y  me  la  puso  en  las  manos  con  tan  buena  yo- 
luntad,  que  no  pude  ménos  de  aceptarla.  Agradedselo  tanto  como 
si  me  hubiera  hecho  duefio  de  todo  el  oro  del  mundo,  y  fe  pa* 
gué  con  mil  protestas  de  seryirle  :  cosa  que  nunca  tuyo  efecto. 
Despues  de  esto  nos  despedimos,  y  yo  sali  de  aquel  pueblo  sin 
yer  é  ninguna  de  las  otras  personas  que  habian  contribuido  a 


'     LIBRO  PRIMERO.  39 

Ubranne  de  la  prision,  contentàndome  con  darks  dentro  i%  mi 
oomon  mS  y  mil  bendiciones. 

£1  cantorGiHo  taTO  mocha  razon  en  no  hacer  ostentacion  de 
sa  boisa,  porqne  en  realidad  encontre  en  ella  poco  dinero ,  y 
lodo  en  calderilla.  Por  fortuna  habia  dos  mesesque  estaba  acos- 
tombrado  à  una  Tida  muy  frugal,  y  todayia  me  restaban  algunos 
reaies  cuando  Uegué  al  lugar  de  Puentedura ,  poco  distante  de 
Borgos.  Detùyeme  en  él  para  saber  de  dofla  Mencia.  Entré  en  u» 
meson,  coya  huéspeda  era  una  moger  pequefla,  muy  enjuta,  yi- 
yaracha,  y  de  mala  oondicion.  Luego  conoci  por  la  mala  cara  que 
me  puso  que  no  le  habia  gustado  mucho  mi  chamarreta,  lo  que 
CkSÔDente  le  perdonë.  Sentéme  A  una  asquerosa  mesa ,  donde 
oomi  un  pedazo  de  pan  con  un  cuarteron  de  queso,  y  bebi  algunos 
tragos  de  un  detestable  yino  que  me  trajéron.  Durante  la  comida , 
que  era  may  correspondiente  à  mi  equipage,  quise  entablar  con^ 
Tersacion  con  la  huéspeda,  que  me  diô  à  entender  con  un  gesto 
desdefioso  que  tenia  à  ménos  hablar  conmigo.  Supliquéla  que  me 
dijese  si  conocia  al  marques  de  la  Guardia ,  si  estaba  léjos  su 
casa  de  campo ,  y  particularmente  si  sabia  en  que  habia  parado 
la  marquesa  su  muger.  Muchas  cosas  me  preguntais ,  respondiôv 
muy  desdeflosa.  Sin  embargo  me  contesta  en  abreyiatura,  y  con 
may  mal  talante,  diciendo  que  la  casa  de  campo  de  don  Ambrosio« 
disiaba  una  légua  corta  de  Puentedura. 

Despues  que  acabé  de  beber  y  de  cenar,  como  era  ya  de  nxH 
die,  mostré  que  deseaba  recogerme,  y  pedi  un  cuarto.  |  Un 
coarto  para  él  I  me  dijo  la  mesonera,  miréndome  de  hito  en 
hitocon  altiyez  y  oon  despredo  :  |un  cuarto  paraél  !  Los  cuartos 
de  mi  casa  los  reseryo  yo  para  gentes  que  no  cenan  pan  y 
qaeso.  Todas  mis  camas  estén  ocupadas,  porque  estoy  esperando- 
à  ciertos  caballeros  de  importancia  que  yienen  i  hacer  nocho 
aqai  :  lo  mas  que  te  puedo  ôfrecer  es  el  pajar,  porque  creo  na 
sera  la  primera  yez  que  hayas  dormido  sobre  paja.  En  esto  decia. 
mas  yerdad  de  lo  que  ella  misma  pensaba:  no  le  répliqué  pala- 
bra; abrazé  prudentemente  el  partido  que  me  proponia  ;  fiiime 
al  piyar,  y  dormi  con  tranquilidad,  como  hombre  que  ya  estaba 
bedio  à  trabjyos. 

CAPITULO  XIV. 

Keabimiento  que  le  hizo  en  Burgos  dofla  Memcta. 

No  foi  perezoso  en  leyantarme  al  dia  siguiente.  Fui  â  ajustar 
la  cuenta  con  la  huéspeda,  que  ya  estaba  leyantada,  y  me  pare- 
eiô  de  mejor  humor  que  el  dia  antécédente.  Atribuilo  â  la  pre- 
seada  de  très  honrados  cuadrilleros  de  la  santa  Hermandad , 


40  GIL  BLAS. 

que  con  mocha  familiaridad  hablaban  con  eUa»  y  serian  sin  duda 
los  caballeros  de  importancia  para  quienes  estaban  desiinadas 
todas  las  camas.  Informéme  en  el  lagar  del  camino  que  goiaba  é 
la  casa  de  campo  adonde  yo  queria  ir ,  y  se  lo  preguntè  i  on 
paisano  que  me  deparô  la  suerte  del  mismo  carécter  que  mi  an- 
tiguo  mesonero  de  PeAaflor.  No  contento  con  responderme  é  lo 
que  lepreguntaba,  afiadiô  que  don  Ambrosio  habia  muerto  ti^s 
semanas  hacia,  y  que  la  marquesa,  su  muger ,  se  habia  reUrado 
à  un  conyento  de  la  ciudad ,  que  me  nombro.  Al  punto  me  en- 
caminë  en  derechura  à  Burgos ,  y  sin  pensar  ya  en  la  casa  de 
campo  fui  yolando  al  monasterio  en  donde  me  dijëron  que  se 
hallaba  dofla  Henda.  Supliqué  à  la  cornera  se  sirviese  dedr  é 
aquella  seflora  que  deseaba  hablarle  un  mozo  recien  salido  de 
la  cércel  de  Astorga.  Inmediatamente  fué  é  darle  et  recado  la 
tornera.  Yolviô  esta,  y  me  hizo  entrar  en  un  locutorio ,  adonde 
dentro  de  poco  yi  Uegar  muy  eulutada  â  dofla  Mencia. 

Bien  yenido  seas ,  Gil  Bias ,  me  dijo  aquella  yiuda  con  modo 
muy  afàble  :  cuatro  dias  ha  que  escribi  i  un  conocido  mio  de 
Astorga,  suplicéndole  te  fuese  à  yer ,  y  que  de  mi  parte  te  ro- 
gase  yinieses  à  y  isitarme  inmediatamente  que  salieses  de  laprisîon. 
Nunca  dudé  que  presto  te  darian  libertad.  Bastaban  para  esto  lag 
cosas  que  yo  dije  al  corregidor  en  descargo  tuyo.  Respondiè- 
ronme  que  ya  con  efécto  estabas  libre,  pero  que  no  se  sabia  tu 
paradero.  Temi  no  yolyerte  à  yer ,  ni  tener  el  gusto  de  darte 
alguna  prueba  de  mi  agradecimiento ,  lo  que  hubiera  sentido 
extremadamentcConsuélate,  afiadiô,  conociendo  que  estaba  ayer- 
gonzado  de 'presentarme  é  ella  en  tan  miserable  estado  :  no  te  de 
pena  alguna  el  hallarte  en  el  infeliz  ropage  en  que  te  yeo.  Despues  del 
gran  seryicio  que  me  hicibte,  séria  yo  la  muger  mas  ingratadelas 
mugeres  si  no  hiciera  nada  por  ti.  Mi  ànimo  es  sacarte  del  mal 
estado  en  que  te  hallas;  debo  y  puedo  hacerlo ,  pues  tengobienes 
suficientes  para  poder  corresponderte  sin  que  me  sea  grayoso. 

Los  lances ,  continuô ,  que  me  sucediéron  hasta  el  dia  en  que 
nos  separéron  para  meternos  presos ,  ya  los  sabes  como  yo  : 
ahora  yoy  â  contarte  lo  que  me  aconteciô  desde  entônoes.  Luego 
queel  corregidor  de  Astorga  dispuso  que  me  condujesen  à  Burgos 
despues  de  haberme  oido  la  relacion  puntual  de  mis  sucesos,  me 
dirigi  à  la  casa  de  don  Ambrosio.  Causô  mi  Ilegada  una  general 
y  extremada  sorpresa,  pero  me  dijéron  que  ya  Uegaba  tarde, 
porque  el  marques ,  profimdamente  afligido  por  mi  fiiga ,  habia 
caido  grayemente  enferme,  y  tanto,  que  los  medicos  désespéra- 
ban  de  su  yida.  Esta  triste  noticia  fiié  un  motiyo  mas  sobre  los 
muchos  que  ya  tenia  para  Uorar  el  rigor  de  mi  fatal  destine.  Con 
todo  eso  quise  que  le  ayisasen  mi  Ilegada  :  entré  despues  en  su 
çuartOy  y  corri  â  arrojarme  de  rodillas  à  la  cabecera  de  su  cama, 
anegado  en  làgrimas  el  semblante,  y  el  corazon  traspasado  del 


,  *  LIBRO  PRIMERO.  41 

Dtf  agodo  dolor.  ;  Qaieii  te  ha  traido  aqiii  T  me  dijo  luego  que 

me  fi6.  ^Yienes  à  oomplaoerte  en  la  obra  de  tus  manosT  ;No 

te  bastô  habemie  quitado  la  yida?  ;  Era  menester ,  para  mayor 

.  salisbcdon  tuya,  qae  tus  mismos  ojos  ftiesen  testigos  de  i^i 

noerte?  Seflor,  le  respondi,  ya  os  habrâ  informado  Ines  de  que 

TO  bni  con  mi  legitimo  esposo»  y  à  no  ser  el  fimesto  accidente 

que  me  priyô  de  ëi,  nunca  mas  me  hubierais  yuelto  â  ver.  Refe- 

nJe  al  mismo  tiempo  como  don  Alvaro  habia  muerto  à  manos 

de  anos  ladrones,  y  como  me  habian  conducido  al  soterràneo , 

eon  todo  lo  demas  que  me  habia  sucedido  hasta  entônces.  Ape- 

nasacabé  de  hablar  cuando,  alargândome  cariflosamente  la  mano, 

ffle  dijo  con  temnra  :  Basta,  hija,  ya  no  me  quejo  de  ti.  |  Pues 

qoé!  ;debo  por  yentura  culpar  un  procéder  tan  justo  y  tan 

bonrado  T  Hallàstete  de  repente  con  tu  legitimo  esposo  é  quien 

adorabas  ^  y  me  abandonéstes  por  irte  con  el  :  ;  podré  nunca 

condenar  con  razon,nna  conducta  dictada  por  la  conciencia  y  la 

justicia?  No  por  cierto  ;  ninguna  razon  tendria  para  quejarme. 

Por  eso  no  permiti  que  ninguno  te  siguiese.  Respetaba  en  aqueUa 

foga  el  sagrado  derecho  que  la  hacia  licita  y  aun  necesaria,  como 

tambien  el  debido  amor  que  profesabas  À  tu  querido  y  yerda- 

dero  esposo.  En  fin^  te  hago  justicia ,  protesto  que  con  haberte 

restimido  à  mi  casa  has  recobrado  toda  mi  ternura.  Si ,  querida 

Menda,  tu  presencia  me  colma  de  gozo  y  de  consuelo  :  i  mas 

ay!  coan  poco  me  durarà  uno  y  otro  !  Conozco  que  mi  ultima 

bora  se  ya  acercando.  Apénas  la  suerte  me  yolyiô  é  juntar  con- 

tigo,  caando  me  sera  necesario  arrancarme  de  ti  con  el  ultimo 

adios.  Redoblôse  mi  llanto  al  oir  palabras  tan  amorosas ,  las  que 

exdtéron  en  mi  una  afliccion  extremada.  Aunque  adore  é  don 

Alyaro ,  no  Doré  tanto  por  el.  Muriô  don  Ambrosio  al  dia  si- 

guiente ,  y  yo  quedé  duefla  de  la  rica  dote  que  roe  habia  seAalado 

en  las  capitulaciones.  No  es  mi  ànimo  emplearla  mal.  Aunque  soy 

todayia  moza,  ninguno  me  yerà  pasar  é  tercerasnupcias.  Esto, 

ami  parecer,  solo  es  propio  de mugeres  sin  pudor  y  sin  delica- 

deza.  Antes  bien  te  digo  que  yano  tengo  inclinacionalmundo ,  y 

qneqoiero  acabar  mis  dias  en  este  conyento,  y  ser  su  bienhechora. 

Tal  filé  el  discurso  de  dofla  Mencia ,  acabado  el  cual ,  sacô  de 

la  iaitriquera  un  bolsillo ,  y  me  lo  tiro  por  la  reja  del  locutorio 

adonde  le  pudiese  alcanzar,  diciendo  :  Toma,  Gil  Bias  »  esos  cien 

dncados,  unicamente  para  que  te  yistas,  y  despues  yuélyemei 

ver,  porque  no  quiero  se  limite  à  cosa  tan  corta  mi  agradeci- 

flûento.  Dile  mil  gracias ,  y  le  juré  que  no  partiria  de  Burgos  sin 

Tolyer  i  despedirme  de  ella.  Hecho  este  juramento  (que  estaba 

bien  resuelto  i  no  quebrantar)  me  fui  â  buscar  algun  meson. 

Entré  en  el  primero  que  encontre ,  pedi  un  cuarto ,  y  para  pre- 

caver  el  mal  concepto  que  por  el  trage  se  podia  formar  de  mi , 

dqe  al  mesonero  que ,  aunque  me  yeia  en  aquellos  pobres  tra- 


49  GIL  BLA&  , 

po8y  tenia  con  qne  pagar  el  ga8to.Al  oir  eitas  palabras^  el 
mesonero ,  que  se  llainaba  Majuelo,  y  era  natnralmente  grandK 
«imo  bufon ,  miréndome  y  examinéndome  atentamente  de  pies  à 
€abeza ,  me  dijo  con  cierto  aire  malicioso  y  chnfletero ,  que 
no  necesitaba  de  mi  aseyeracion  para  conocer  que  sin  dada 
haria  yo  en  su  casa  mucho  gasto  »  porque  entre  los  remiendo» 
de  aquellos  malos  trapos  se  diyisaba  en  mi  persona  un  no  se 
que  de  nobleza  que  le  obligaba  à  créer  que  yo  era  un  caballero 
de  grandes  conyeniencias.  No  dejé  de  conocer  que  el  bellaco  se 
esu^a  burlando  de  mi  ;  y  para  cortar  de  repente  sus  bufonescas 
frialdades,  saqué  el  bolsUlo  »  y  à  yista  suya  conté  sobre  una  mesa 
mis  ducados,  los  que  le  obligàron  à  fbrmar  un  juido  mas  fiiyo- 
rable  de  mi.  Roguéle  que  me  hiciese  buscar  algun  sastre,  â  lo 
cual  me  replicô  que  seria  mejor  llamar  à  algmi  prendero ,  el 
cual  traeria  diferentes  yestidos  de  todas  clases  para  quedar  pronto 
yestido  del  todo.  Armôme  el  consejo,  y  determine  seguirle;  pero 
como  se  acercaba  ya  la  noche,  dilaté  este  négocie  hasta  el  dia 
siguiente ,  y  solo  pensé  en  cenar  bien  para  resarcir  lo  mal  que 
habia  comido  desde  que  sali  del  soterrineo. 

CAPITULO  XV. 

« 

De  fjaé  modo  m  Yistiô  Gil  Slaf  ;  del  nuero  regalo  qae  le  hîiola  mtan.  ;  y  del 
equipage  en  que  saliô  de  Biirgot. 

Siryiéronme  un  copioso  plato  de  manos  de  camero  fritas,  y  le 
comi  casi  todo:  bebi  é  proporcion,  y  despues  foiiûe  é  la  cama. 
Era  esta  muy  décente  ^  y  esperaba  que  luego  se  apoderaria  de 
mis  sentidos  un  profiindo  sueAo;  pero  engafiéme,  porque  apè- 
nas  pude  cerrar  los  ojos^  ocupada  la  imaginacion  en  que  género 
de  yestido  habia  de  escoger.  iQué  haré?  deda;  ;  seguiré  mi 
primer  intente  de  comprar  unes  hébitos  largos  para  ir  i  ser  d6- 
mine  en  Salamanca?  Pero  ;â  que  fin  yestirme  de  estudianteT 
i  Tengo  deseos  de  consagrarme  al  estado  eclesiàstico?  ;  acaso  me 
inclina  é  ello  mi  propension?  Nada  de  eso  :  mis  indinadones  son 
muy  contrarias  à  la  santidad  que  pide  :  quiero  ceâir  espada, 
y  yer  de  hacer  fortuna  en  el  mundo.  Y  â  este  me  deddi. 

Resolyi ,  pues ,  yestirme  de  caballero ,  bien  persuadido  de 
que  este  bastaria  para  alcanzar  un  empleo  douimportancia.  Gon 
tan  lisonjeros  proyectos  estuye  esperando  el  dia  con  grandisiflia 
impadencia,  y  apénas  rayô  en  mis  ojos  su  primera  luz»  coando 
salté  de  la  cama.  Hice  tanto  ruido  en  el  meson  que  despertéron 
todos.  LIamé  â  los  criados  cpie  estaban  todayia  en  la  cama,  y  me 
respondiéron  echàndome  mil  maldiciones.  Al  fin  se  yiéron  oUi- 
gados  i  leyantarse ,  y  les  di  ôrden  de  que  fuesen  é  buscar  al 


UBRO  PRUIERO.  43 

prendero.  No  tardô  en  llegar  este  con  dos  mozos  cargados  cada 
ujio  con  on  gran  enToltorio.  Saludôme  con  grandes  campUmientos 
y  me  dijo  :  CabaUero ,  ha  tenido  ymd.  foitona  en  dirigirse  à  mi 
mas  bien  que  à  otro  :  no  quiero  desacreditar  à  mis  compafleros, 
ni  pennita  Dios  qae  haga  el  menor  agrayio  à  sa  reputacion  ;  mas 
aqai  para  entre  los  dos ,  ninguno  de  ellos  sabe  que  cosa  es  con- 
denda  :  todos  son  mas  doros  que  judios  :  yo  soy  el  ùnico  de 
mi  oficio  qoe  la  tiene  ;  me  limito  i  una  ganancia  justa  y  razona- 
tie,  contentindome  con  an  real  por  cada  cuarto;  equivoquéme, 
quise  decir  con  un  cuarto  por  real. 

Despues  de  este  preàmbulo ,  que  yo  crei  tontamente  al  pie  de 
la  letra,  mandô  à  los  mozos  que  desatasen  los  envoltorios.  Ense- 
ââroome  yestidos  de  todos  géneros  y  colores ,  muchos  de  ellos 
de  pajk>  enteramente  lisos.  Beseché  estos  con  despredo  por  de- 
masiado  hqmildes.  Presenltronme  despues  otro  que  parecia  ha- 
berse  cortado  expresamente  para  mi»  el  cual  me  deslambrô  sin 
embargo  de  que  estaba  un  poco  usado.  Se  componia  de  una  ropilla, 
DDos  odzoneSy  y  una  capa;  la  ropilla  con  mangas  acuchilladas,  y 
todo  el  de  terciopela  azul  bordado  de  oro.  Escogi  este ,  y  pre- 
ganté  el  precio.  El  prendero ,  que  conodô  cuanto  me  agradaba, 
me  dijo:  En  verdad  que  es  vmd.  un  sefior  de  gusto  muy 
delicado ,  y  se  Té  bien  que  lo  entiende.  Sepa  ymd.  que  este  yes- 
tido  se  hizo  para  uno  de  los  primerpp  sugetos  del  reino,  que  no 
se  le  puso  très  yeces.  Obserye  bien  la  calidad  del  terciopelo ,  y 
hallarà  que  es  del  mejor:  ^pues  que  dire  del  bordado?  no  pa- 
reœ  cabe  mayor  delicadeza  ni  primor.  T  bien,  le  pregunté, 
^cuanto  pedis  por  él?  Sefior ,  me  respondiô,  ayer  no  le  quise  dar 
por  sesenta  ducados ,  y  si  esto  no  es  cierto ,  no  sea  yo  hombre 
de  bien.  A  la  yerdad  la  contestacion  era  conyincente.  Yo  le  ofreci 
cuarenta  y  cinco ,  aunque  acaso  no  yalia  la  mitad.  Caballero , 
replicô  él  friamente ,  yo  po  soy  hombre  que  pido  mas  de  lo 
JQSto ,  ni  rebajo  un  ochayo  de  lo  que  digo  la  primera  yez.  Tome 
ymd.  este  otro  yestido ,  coutiiraô  presenténdome  el  primero  que 
yo  habia  desechado ,  que  se  le  daré  mas  barato.  Todo  esto  solo 
senria  para  aumentar  en  mi  la  gana  que  tenia  del  otro;  y  como 
me  imaginé  que  no  rebajaria  ni  un  marayedi  de  lo  que  habia  pe- 
dido ,  le  entregué  sus  sesenta  ducados.  Cuando  yiô  la  fecilidad 
eon  que  se  los  habia  dado ,  juzgo  que,  no  obstante  la  delicadeza 
de  su  rigida  condencia ,  se  arrepintiô  mucho  de  no  haberme  pe- 
dido  mas.  Pero  al  fin  »  contento  con  haber  ganado  é  real  por 
cuarto,  se  despidiô  con  sus  mozos ,  à  los  cuales  tampoco  dejè^^ 
de  agasajar ,  dàndoles  para  beber.  ^^ 

Viéndome  ya  con  un  yestido  tan  sefior  »  comenzé  â  penser  en 
lo  restante  para  pres^tarme  en  la  calle  con  toda  autoridad  y 
decencia ,  lo  que  me  entretuyo  toda  la  mafiana.  Gompré  pafiuelo, 
sombrero  y  médias  de  seda,    zapatos  y  una  espada.  Vestime 


44  GIL  BLAS. 

inmediaonneiite;  ;  pero  que  gozo  foe  el  mio  coando  me  vi  tu 
bien  eqaipado  !  no  me  cansaba  de  mirarme.  Ningui  pavo  real 
ae  recreô  nuoca  tanto  en  mirar  y  remirar  el  dorado  plomage  de 
8u  cola.  Aquel  mismo  dia  pasé  â  visitar  segonda  yez  A  dofia 
Mencia,  la  cual  me  toIyîô  â  recibir  con  la  mayor  urbanîdad  y 
agasajo.  Diôme  naeras  gracias  por  el  seryicio  que  le  habia  he- 
cho  y  à  que  siguiô  una  salva  de  reciprocos  cumplidos.  Despaes , 
deseéndome  en  todo  la  mayor  prosperîdad,  se  despidiô  de  mi, 
y  se  retirôy  regaléndome  solo  una  sortîja  de  treinta  dobloiies, 
y  suplicàndome  la  conservase  siempre  por  memoria. 

Quedëme  frio  cuando  me  tI  con  la  tal  sortija ,  porqne  babia 
contado  con  regalo  de  mncho  mas  precio.  En  esta  suspicion, 
mal  contento  de  la  geuerosidad  de  la  seAora»  Tolvi  al  meson 
,  haciendo  mil  calendarios  ;  pero  apénas  habia  Uegado  cuando  en- 
tré en  él  un  hombre  que  venia  iras  de  mi ,  el  cui^  desembo- 
zando  la  capa  mostrô  un  talego  bastante  largo  que  traia  ddMqo 
del  brazo.  Asi  que  vi  el  talego ,  que  parecia  lleno  de  dinero, 
abri  tanto  ojo ,  y  lo  mismo  hiciëron  algunas  personas  que  es- 
taban  présentes;  y  me  pareciô  oir  la  voz  de  un  serafin  cuando 
aquel  hombre  me  dijo,  poniendo  el  talego  sobre  una  mesa  : 
Seûor  Gil  Bias ,  mi  seùora  la  marquesa  suplica  A  ymd.  se  sirva 
admitir  esta  cortedad  en  prueba  de  su  agradecimiento.  Hice  mil 
cortesias  al  portador,  acompafiadas  de  otros  tantos  cumplimien- 
tos ,  y  luego  que  saliô  del  meson  me  arrojè  sobre  el  talego 
como  un  gayilan  sobre  su  presa ,  y  Ileyèmele  à  mi  cuarto.  De- 
satële  sin  perder  tiempo ,  yaciéle  sobre  una  mesa,  y  me  encontre 
con  mil  ducados  que  contenia.  Acababa  de  contarlos  al  tiempo 
que  el  mesonero,  que  habia  oido  las  palabras  del  portador, 
entré  para  saber  lo  que  iba  en  el  talego.  Asombréle  la  Tîsta  de 
tanta  plata,  y  exclamé  admirado:  {Fuego  de  Dios,  y  cuanto 
dinero!  Sin  duda  sabeis ,  afiadié  conjnalicia,  sacar  buen  partido 
de  las  damas.  Apénas  ha  veinte  y  cuatro  horas  que  estais  en 
Burgos,  y  ya  haceis  contribuir  à  las  marquesas. 

No  me  desagradé  esta  sospecha,  y  estuve  tentado  i  dejar  i 
Majuelo  en  su  error  por  lo  que  lisonjeaba  à  mi  vanidad.  No  me 
admiro  de  que  los  mozos  se  alegren  de  ser  tenidos  por  afortu- 
nados  con  las  mugeres  ;  pero  pudo  mas  en  mi  la  inocencia  de 
mis  costumbres,  que  la  vanagloria.  Desengafiè  al  mesonero,  y  le 
conté  toda  la  historia  de  dofla  Mencia.  Oyéla  con  singular  aten- 
don,  y  despues  le  confié  el  estado  de  mis  asuntos,  suplicéndole, 
>^^^  pues  se  mostraba  tan  interesado  en  seryirme,  me  ayudase  con 
"  sus  consejos.  Quedése  como  pensativo  algun  tiempo,  y  tomando 
luego  un  aire  serio,  me  dijo  :  Seflor  Gil  Bias ,  confieso  que  desde 
que  yi  à  ymd.  le  cobré  particular  inclinacion  ;  y  ya  que  le  me- 
rezco  la  confianza  de  que  me  hable  con  tanta  franqueza,  debo 
corresponder  à  ella  diciéndole  sin  lisonja  lo  que  siento.  Â  mi  me 


LIBRO  PRIMERO.  45 

paraoe  *qae  ymd.  es  on  horabre  nacido  para  la  ^oorte ,  y  asi  le 
aooosejo  se  Taya  à  ella ,  y  procure  introdacirse  con  algan  graa 
seflor ,  Tieodo  de  mezclarse  ea  sus  negocios ,  y  sobre  todo  en 
los  de  sus  pasatiempos  y  devaoeos ,  sin  lo  cual  perderé  ymd.  el 
tiempo,  y  nada  adelantaré  con  el.  Conozco  bien  é  los  grandes  : 
ningnn  aprecio  bacen  del  zelo  y  de  la  lealtad  de  un  hombre  de 
bien,  y  solo  esliman  à  las  personas  que  les  son  necesarias  para 
sus  fines.  Ademas  de  este  tiene  Tmd.  otro  recurso  :  es  mozo , 
bien  dispuesto,  galan  ;  y  esto,  aun  cnando  fnera  un  hombre  sin 
ulento,  bastaba  y  aun  sobraba  para  encaprichar  à  su  fevor  i  al- 
gona  Yinda  poderosa,  6  alguna  hern^osa  dama^mal  casada.  Si  el 
amor  empobrece  â  muchos  ricos ,  talyez  sabe  tambien  eûri- 
qneoer  à  los  que  eran  pobres.  Soy  pues  de  parecer  que  yaya  ymd. 
i  Madrid  ;  pero  conviene  se  présente  con  ostentacion ,  pues  alli , 
como  en  todas  partes,  se  juzga  de  las  personas  no  por  lo  que  son, 
sinopor  k>  que  aparentan  ser;  y  ymd.  solamente  seréatendido  épro- 
pordon  de  la  figura  que  biciere.  Quiero  proporcionarle  un  criado 
mozo,  fiel,  cuerdo  y  prudente,  en  fin ,  un  hombre  de  mi  mano. 
Compre  ymd.  dos  mutas ,  una  para  si ,  y  otra  para  èl ,  y  sin  perder 
timpo  p6ngase  en  camino  lo  mas  pronto  que  le  sea  posible. 

No  podia  ménos  de  abrazar  un  consejo  que  era  tan  de  mi 
gusto.  Al  dîa  siguiente  compré  dos  mulas,  y  recibi  el  criado  que 
Majuelo  me  propuso.  Era  un  hombre  de  treinta  aftos ,  y  de 
on  aspecto  humilde  y  deyoto.  Dijome  ser  rayano  de  Galicia,  y 
Damarse  Ambrosio  Lamela.  Lo  que  mas  admiré  en  él  fîiè  que, 
siendo  los  demas  criados  por  lo  comun  muy  interesados ,  este 
nose  paraba  en  pedir  gran  salario.  Dijome  que  en  este  asunto  se 
coDtentaria  con  lo  que  quisiese  darle.  Compré  unos  botines ,  y 
noa  maleta  para  lleyar  mi  ropa  y  mis  ducados ,  ajusté  la  cuenta 
cooelmesonero,  y  al  amanecer  sali  de  Burgoscamino  de  Madrid. 

CAPITULO  X\l. 

Donde  se  re  que  ningono  debe  fiane  mucho  de  la  prosperidad. 

Dormimos  en  Dueftas  la  primera  jomada,  y  el  dia  siguiente 
entrimos  en  Yalladolid  a  las  cuatro  de  la  tarde.  Apeimonos  en 
on  meson ,  que  me  pareciô  séria  el  mejor  de  la  ciudad.  Mi  criado 
se  fùé  à  cuidar  de  las  mulas ,  y  yo  mandé  é  un  mozo  de  la  posada 
lleyase  la  maleta  ai  cuarto  que  me  diéron.  Llegué  tan  fiatigado , 
que  sin  quitarme  los  botines  me  eché  en  la  cama,  donde  insen- 
siblemente  me  quedé  dormido.  Eraya  casi  noche  cuando  desperté. 
Liamé  à  Ambrosio  ;  no  estaba  en  el  meson ,  pero  tardé  poco  en 
parecer.  Preguntéle  de  donde  yenia ,  y  me  respondiô ,  deyoto  y 
Gompungido ,  que  de  una  iglesia  de  dar  gracias  al  Sefior  por 


46  GIL  BLAS. 

habernos  librado  de  toda  desgrada  en  d  camfaio.  Alab61e  sa 
devocion ,  y  le  mandé  que  encargase  me  dispusiesen  algo  que 
oenar. 

Al  mismo  tiempo  que  le  hablaba,  entrô  en  mi  cnarto  el  me- 
aonero  con  ana  hacha  encendida  en  la  mano ,  ahimbrando  i  una 
aeiiora  ricamente  vestida,  la  coal  me  pareciô  mas  hermosa  que 
jôren.  Dàbale  el  brazo  nn  escndero,  y  un  morfllo  la  segoia 
Uevéndole  la  cola  del  yestido.  Quedè  no  poco  sorprendido  caando 
la  sefiora,' despnes  de  hacerme  ana  profunda  reverenda,  me 
preguntô  si  por  ventura  seria  yo  el  seflor  Gil  Bias  de  Santfllana. 
Apénas  le  respond!  que  si,  caando ,  desasièndose  del  escudero, 
yino  apresuradamente  à  darme  an  abrazo  con  tal  alborozo  y 
alegria ,  que  afladiô  muchos  grades  é  mi  admiracion.  2  Sea  mil 
yeces  bendito  el  delo,  exclam/»,  por  tan  dichoso  encuentro!  à 
ymd.,  seAor  caballero,  é  ymd.  yenia  yo  buscando.  Al  oir  esto 
se  me  yino  é  la  memoria  el  petardista  taimado  de  Peflaflor,  y 
ya  iba  i  sospechar  que  aquella  seftora  era  una  solemne  embus- 
tera ,  ô  una  descarada  ayenturera  ;  pero  lo  que  afiadi6  me  obligé 
i  formar  de  ella  un  juicio  mas  foyorable.  Yo  soy ,  me  dijo , 
prima  hermana  de  dofia  Mencia  de  Mosquera,  que  debe  é  ymd. 
tantas  obllgaciones.  He  recibido  hoy  mismo  una  carta  suya ,  en 
que  me  participa  el  yiage  de  ymd.  à  la  cprte ,  y  me  encarga  le 
trate  bien,  y  le  obsequie  si  transitare  por  esta  dudad. Dos  horas 
ha  que  la  ando  corriendo  toda ,  iendo  de  meson  en  meson  à 
saber  que  forasteros  se  han  apeado  en  ellos;  y  por  las  seflas  que 
me  diô  de  ymd.  el  mesonero ,  conoci  que  podia  ser  el  libertador 
de  mi  prima.  Ya  que  he  tenido  la  dicha  de  encontrarle ,  quiero 
manifestarle  lo  mucho  que  me  intereso  en  los  bénéficies  que  se 
hacen  é  mi  familia,  y  particularmente  à  mi  querida  Mencia.  Me  hari 
ymd.  el  foyor  de  yenir  ahora  mismo  i  hospedarse  en  mi  casa , 
donde  estaré  ménos  mal  que  en  un  meson.  Quise  excusarme,  hadèn- 
dole  présente  que  no  podia  admitir  su  fineza  sin  incomodarla; 
pero  filé  precise  rendirme  à  sus  eficaces  instancias.  Habia  à  la  puerta 
del  meson  un  coche  que  nos  estaba  esperando.  £lla  misma  tuyo 
gran  cuidado  de  hacer  poner  dentro  de  él  la  maleta  y  todo  mi 
equipage,  porque  en  Yalladolid ,  dijo ,  hay  muchisimos  bribones, 
lo  cual  era  demasiadamente  cierto.  En  fin ,  entrâmes  en  el  coche 
ella  y  yo  con  su  yejete  escudero  ;  y  me  dejé  sacar  del  meson  de  esta 
manera  con  gran  pesar  del  mesonero,  porque  asi  se  yeia  priyado 
del  gasto  que  él  suponia  que  yo  habia  de  hacer  en  su  posada 
con  la  sefiora ,  el  escudero  y  el  morito. 

Despues  de  haber  rodado  bastante  parô  en  fii)  el  coche  à  la 
puerta  de  una  casa  grande ,  adonde  subimos  à  una  sala  bien 
adornada  é  iluminada  con  yeinte  ô  treinta  bujias.  Habia  en  clla 
tambien  muchos  criados ,  à  quienes  preguntô  la  seflora  si  habia 
Tenido  don  Rafael.  Respondiéronle  que  no  ;  y  ella  me  dijo ,  yol- 


LIBRO  PRDIERO.  47 

fiendose  i  mi  :  Sefior  Gil  Bias ,  estoj esperando  à  mi  hennano, 
qae  ha  de  YoWer  esta  noche  de  ana  qointa  que  tenemos  à  dos 
legnas  de  aqoi.  { Guan  agradable  sera  su  sorpresa  coando  se 
eDcoentre  en  su  casa  con  un  huèsped  i  qaien  tanto  debe  toda 
Boestra  fiamilia  !  Al  mismo  punto  que  acabô  de  decir  estas  pala- 
bras «  oimos  midOy  y  supimos  le  causaba  la  llegada  de  don 
Rafoel.  Dqôse  presto  Ter  este  cabailero ,  qae  era  on  jôyen  de 
bello  taDe  y  muy  airoso.  Hermano ,  le  dijo  la  seûora ,  no  sabes 
coanto  me  alegro  de  ta  yaelta.  Tu  me  ayudaràs  à  obsequiar 
como  merece  ad  seik>r  Gil  Bias  de  Santillaiia.  Nanca  podrèmos 
pagar  lo  que  ha  hecho  por  nuestra  parientâ  dofta  Mencia.  Toma 
esta  carta,  afiadiô,  y  lee  lo  que  en  ella  me  escribe.  Abriôla  don 
Ra6el,  y  leyô  en  alta  voz  lo  siguiente  : 

tft  tpiirida  Camila  :  et  sH^  GH  Bios  de  SantiUana,  que  me  ha 
takadô  et  honor  y  la  vida,  acaba  de  salir  para  la  corte,  y  sin  dvda 
jnsard  por  VaUadoUd.  Te  ruego  eneareddamente  por  el  vinculo 
dd  jMrenteseo,  y  aun  mas  por  la  amistad  que  nos  une,  le  agasajes 
^obseqiàes  cuanto  puedas,  obHgdndole  d  que  descame  algunos  dia$ 
en  m  casa.  Espero  no  me  negaràs  este  gusto ,  y  que  mi  libertador 
rmbhrd  de  ti  y  del  primo  don  Rafael  todo  género  de  atenciones» 
Bwgos,  etc.  Tu  prima  que  te  orna  :  DONA  Mengia. 

;  Como  asi  I  exclamé  don  Rafael  luego  que  leyô  la  carta  ;  ;  es 
posible  sea  este  el  cabailero  à  quien  debe  no  mènosque  el  honor 
y  la  vida  mi  parienta  I  Doy  gracias  al  cielo  por  este  dichoso  en- 
coentro.  Diciendo  esto  se  acercô  à  mi ,  y  àbrazàndome  estrecha- 
mente ,  dijo  :  i  Oh  que  gusto  y  que  fortuna  la  mia  en  tener  en  mi 
casa  al  seflor  Gfl  Bias  de  SantiUana  !  No  era  menester  que  mi  ' 
prima  la  marquesa  le  recomendase  :  bastaba  ayisarnos  que  pasaba 
por  aqoi.  Sabemos  muy  bien  mi  hermana  y  yo  como  debemos 
tratar  k  un  hombre  que  hizo  el  mayor  servicîo  del  mundo  à  la 
persona  i  qaien  mas  amamos  de  toda  nuestra  parentela.  Corres- 
pond! lomqor  que  pude  é  todas  aquellas  expresiones ,  y  à  otras 
mâchas  semejantes,  acompafladas  de  mil  caricias.  Advirtiendo 
despnes  don  Rafoel  que  todayia  tenia  yo  puestos  los  botines , 
mandô  â  sus  criados  me  los  quitasen. 

Pasimos  despues  al  cuarto  donde  estaba  esperàndonos  la  cena. 
Sentimonos  à  la  mesa,  oolocàndome  à  mi  en  medio  de  los  dos  her- 
manos,  quienes  mièntras  cenabamos  me  dijèron  mil  expresiones 
cariftosas  :  celebraban  todas  mis  palabras  como  otros  tantos  rasgos 
de  gracia  y  de  discrecion  ;  y  era  de  ver  el  cuidado  con  que  me  ha- 
cian  plato,  stryiéndome  de  cuanto  habia  en  la  mesa.  Don  Rafael  brin^ 
dabafrecaentemente  à  la  salnd  de  doila  Mencia,  y  yo  correspondu^ 
del  mismo  modo.  Dofla  Camila  no  se  descuidaba  en  imitarnos ,  y  é 
▼eces  me  pareda  que  me  miraba  como  é  hurtadillas  de  una  ma- 
nera  que  podia  significar  mucho ,  y  aun  lleguè  à  créer  que  para 
hacerlo  boscaba  ocasion,  como  quien  temia  que  su  hermano  lo 


48  GIL  BLAS. 

adyntiefle.  BastA  esto  {Mira  persaadirme  que  ya  me  habia  hecho 
dueflo  de  la  yoluntad  de  aqaella  seflora ,  y  para  resolver  apro- 
Techanne  de  este  descubrimiento  por  poco  qae  me  detayiese 
en  Yalladoltd.  Con  esta  esperanza  me  rendi  f&cQinente  à  la  cone- 
sana  sùplica  que  me  hicièron  de  que  me  detuviese  en  su  com- 
paflia  algunos  dias.  Agradeciéron  mucho  mi  condesoendencia  ;  y 
la  particular  alegria  que  mostrô  dofla  Camila  me  confirma  en 
la  opinion  de  que  habia  hallado  en  mi  un  hombre  muy  de  su 
gusto. 

Yièndome  determinado  don  Raiael  é  detenerme  algun  tiempo , 
me  propuso  un  yiage  à  su  qùinta ,  de  la  que  me  hizo  una  mag- 
nifica  descripcion ,  como  tambien  de  las  diversiones  que  qoeria 
proporcionarme  en  ella.  Unas  vcces ,  decia ,  nos  dirertirëmos  en 
la  caza,  otros  en  la  pesca;  y  si  ymd.  gusta  de  pasearse,  en- 
contrarà  bosques  sombrios  y  jardines  deliciosos.  Ademas  de 
esto  no  nos  faltarà  buena  compaAia  ;  y  creo  que  no  echaré  ymd. 
de  mënos  la  ciudad.  Acepté  la  oferta ,  y  qnedémos  en  que  al  dia 
siguiente  iriamos  é  la  tal  divertidisima  quinta.  Leyantémonos  de 
la  mesa  con  esta  resolucion  ;  y  don  Rafiael  lleno  de  alegria  me 
diô  un  estrechisimo  abrazo ,  dicièndome  :  Seflor  Gil  Bias ,  ahi  le 
dejo  à  ymd.  con  mi  hermana  ;  yoy  à  dar  las  ôrdenes  necesarias 
para  el  yiage  y  para  que  se  ayise  é  las  personas  que  nos  han  de 
acompafiar.  Dicho  esto  se  saliô  del  cuarto ,  y  yo  quedè  é  solas 
con  la  sefiora  dàndole  conyersacion ,  en  la  que  no  desmintiô  lo 
que  yo  habia  juzgado  de  las  tiernas  miradas  de  la  cena.  Tomôme 
la  mano ,  y  mirando  con  atencion  la  sortija ,  dijo  :  Parece  muy 
'  lindo  este  diamante ,  pero  es  pequefiito  :  ^Entiende  ymd.  de  pe- 
dreria?  Respondile  que  no.  Lo  siento ,  me  replicô  ;  porque  si  lo 
entendiera  me  diria  cuanto  y  aie  esta  piedrâ,  mostràndome  on 
grueso  rubi  que  tenia  en  el  dedo  ;  y  mièntras  yo  lo  miraba ,  alla- 
diô  :  Regalômelo  un  tio  mio,  que  fiié  gobernador  en  Filipinas ,  y 
los  joyeros  de  Yalladolid  le  aprecian  en  trescientos  doblones.  Lo 
creo  y  répliqué,  porque  me  parece  primoroso.  Pues  ya  que  i 
ymd.  le  gusta  »  repuso  ella,  qniero  hagamos  un  trueque.  Dî- 
ciendo  y  haciendo ,  me  cogiô  mi  sortija ,  y  metiôme  la  suya  en 
mi  dedo.  Despues  de  este  cambio ,  que  yo  tuye  por  un  regalo 
hecho  con  gracia  y  noyedad ,  Camila  me  apretô  la  mano ,  y  me 
miré  con  temura  :  luego  cortando  de  repente  la  conyersacion 
me  diô  las  buenas  noches ,  y  se  retirô ,  enteramente  confusa  y 
como  ayergonzada  de  haberme  manifestado  demasiado  sus  sen- 
timientos. 

Aunque  era  yo  entônces  uno  de  los  cortejantes  mas  noyieios, 
no  dejé  por  eso  de  penetrar  lo  mucho  y  bueno  que  significaba 
aquella  precipitada  fuga,  y  desde  luego  consenti  en  que  no  posa- 
ria  mal  el  tiempo  en  la  quinta.  Poseido  de  esta  lisonjera  idea ,  y  del 
brillante  estado  de  mis  negocios ,  me  encerrë  en  el  cuarto  donde 


UBRQ  PRIMERO.  49 

haim  dedonmr  y  y  preyine  à  mi  criado  me  despertase  temprano 
el  dia  siguiente.  En  lugar  de  pensar  en  acostarme ,  me  entregué 
enteramente  à  los  alegres  pensamienlos  que  me  inspiraban  mi  ma- 
leca ,  que  estaba  sobre  una  mesa ,  y  mi  rubi.  Gracias  à  Dios ,  de- 
cia ,  que  si  antes  fiii  miserable ,  ya  no  lo  soy.  Mil  dacados  por 
una  parte  ,  y  una  sortija  de  trescientos  doblones  por  otra ,  es  un 
deeeote  caudal  para  bandearme  algun  tiempo.  Ahora  yeo  que 
Majoelo  no  me  engaûô.  Sin  duda  que  en  Madrid  encenderé  en 
amor  àmflmugeres,cuando  tan  fàcilmente  be  agradado  àCamila. 
Venianseme  à  la  nnaginacion  todas  las  palabras  y  acciones  de 
aqueDa  sefiora ,  y  gozaba  anticipadamente  de  todos  los  pasatiem- 
p(»  que  don  Rafael  me  habia  ponderado  de  su  quinta.  Con  todo 
fso ,  é  pesar  de  unas  ideas  tan  halagûeflas ,  no  dejô  el  sueflo  de 
hacer  sa  oficio  ;  y  asi  sintiéndome  adormecido ,  me  desuudë  y  me 
meti  en  la  canuL 

Al  despertar  el  dia  siguiente  conod  que  era  tarde.  Âdmiréme 
de  que  Ajnbrosio  no  me  hubiese  despertado  habiëndoselo  man- 
dado  ;  pero  dije  entre  mi  :  Ambrosio ,  mi  fiel  Ambrosio ,  estari 
eo  alguna  iglesia  »  6  le  habrà  hoy  cogido  la  pereza.  Mas  tardé 
poco  en  perder  el  buen  concepto  qne  habia  hecho  de  èl ,  para 
dar  lugar  à  otro  ménos  favorable ,  aunque  mas  justo  y  yerdade- 
ro  ;  pues  habièndome  leyantado ,  y  no  hallando  mi  maleta  en 
todo  el  cnarto ,  sospeché  que  me  la  habia  robado  por  la  noche. 
Para  aclarar  mis  sospechas ,  abri  la  puerta  ,  y  comenzé  é  Uamar 
al  hipocrita  repetidas  yeces ,  y  con  yoz  muy  esforzada.  A  mis  gri- 
tos  acndiô  un  yiejo ,  y  me  dijo:  ^Qué  quiere  ymd.^  seflor  ?  todos 
suscriados  han  salido  de  mi  casa  antes  de  amanecer.  ^Quë  es  eso 
de  mi  casa?  le  répliqué  yo.  Pues  que  ^no  es  esta  la  de  don  Ra- 
Ëiel?  Yo  no  se  quien  es  ese  caballero ,  respondiô  el  yiejo  :  solo 
se  que  esta  es  una  casa  de  huéspedes ,  que  yo  soy  su  dueâo  ,  y 
que,  una  hora  antes  que  ymd.  Uegase ,  aquella  seflora  con  quien 
cenô  anoche  yino  à  pedirme  un  cuarto  para  un  caballero  princi- 
pal que  ella  dijo  yiajaba  incognito  :  yo  le  di  este ,  habiéndomelo 
pagado  adelantado. 

Cai  entônces  en  la  cuenta  :  conoci  lo  que  debia  pensar  de  dofia 
Camila  y  de  don  Rafael ,  y  comprend!  que  mi  criado,  instruido 
i  ibndo  de  todos  mis  negocios ,  me  habia  yendido  à  aquellos  dos 
grandisimos  brîbones.  En  yez  de  echarme  à  mi  solo  la  culpa  de 
tan  pesaroso  suceso  y  y  de  conocer  que  no  me  hubiera  acaecido 
à  no  haber  tenido  la  ligereza  é  indiscrecion  de  descubrirme  à  Ma- 
jnelo  mn  la  menor  necesidad  ,  me  yolyi  contra  la  inocente  ibr- 
tuoa ,  y  maldije  mil  yeces  mi  suerte.  £1  posadero ,  à  quien  conté 
mi  ayentura  (de  la  cual  quizà  el  bellaco  estaria  mejor  informado 
que  yo)  mostrô  acompafkarme  en  mi  sentimiento.  Compadeciôse 
de  mi  y  y  protesté  lo  mucho  que  sentia  que  este  lance  hubiese 
SQoedido  en  sa  casa  ;  pero  yo  creo ,  à  pesar  de  todas  sus  protes- 

4 


80  GIL  BLAS. 

tas,  que  H  Xmo  tama  parte  «n  esta  picardia  oomo  el  mesonero 
de  Burgos,  à  qaien  siempre  atribai  el  honor  de  la  invendon. 


CAPITULO  XVII. 

Partftdo  que  tomo  Gil  Bk»  de  nMiltas  del  trifte  mceio  de  la  casa  de  poaada. 

Despaes  de  haber  llorado  bien,  pero  en  vano,  mi  desgracia, 
comenzè  i  hacer  reflexioaes ,  y  saqué  de  allas  que,  en  lugar  de 
rendirme  à  la  desesperacion  y  desaliento,  debia  animarme  à 
luchar  contra  mi  mala  suerte.  Yolvi  pues  à  despertar  mi  valor , 
y  me  decia  à  mi  mismo  miéntras  me  estaba  vistiendo  :  aun  doy 
gracias  à  mi  fortuna  de  que  aquellos  malvados  no  se  Uerasen 
tambien  mis  yestidos ,  y  algunos  ducados  que  tengo  en  las  £al- 
triqueras;  y  les  agradecia  el  haber  andado  tan  comedidos,  pues 
habian  tenido  tambien  la  generosidad  de  dejarme  los  botines , 
los  cuales  di  al  posadero  por  la  tercera  parte  de  lo  que  me  ha- 
bian costado.  En  fin  sali  de  la  posada,  sin  tener  necesidad ,  gra- 
cias à  Dios,  de  quien  me  lleyase  el  hatillo.  Lo  primero  que  hice 
filé  ir  al  meson  donde  me  habia  apeado  el  dia  antécédente,  à 
Ter  si  mis  mulas  se  habian  librado  de  la  borrasca ,  aunque  à  la 
verdad  juzgaba  que  Ambrosio  no  las  habria  ohidado;  y  ojalà 
que  siempre  hubiera  juzgado  de  èl  con  tanto  acierto,  pues  supe 
que  aquella  misma  noche  habia  tenido  buen  cuidado  de  sacarlas. 
Gon  que  dando  por  supuesto  que  yo  no  las  Yolyeria  i  ver,  como 
tampoco  mi  maîeta ,  caminaba  triste  y  sin  destino  por  las  calles , 
pensando  en  el  rumbo  que  habia  de  tomar.  Ofreciôseme  la  idea 
de  Yolver  à  Burgos  para  recurrir  segunda  yez  à  doAa  Mencia  ; 
pero  considerando  que  esto  séria  abusar  de  su  bondad ,  y  que 
ademas  me  tendria  por  un  simple,  desechë  este  pensamiento. 
Juré  st  guardarme  bien  en  adelante  de  mugeres  ;  y  por  entônces 
no  me  fiaria  ni  aun  de  la  casta  Susana.  De  cuando  en  cuando  po- 
nia  los  ojos  en  mi  sortija;  mas  acordéndome  que  habia  sido  re- 
galo  de  Camila ,  suspiraba  de  rabia  y  de  dolor.  ;  Ah  !  decia  entre 
mi ,  nada  entiendo  de  rubies  ;  pero  bien  entiendo  y  conozco  à  la 
gentecilla  que  hace  estos  cambios.  No  me  parece  p  reciso  ir  i  on 
joyero  para  conocer  que  soy  un  pobre  mentecato. 

Gon  todo ,  no  quise  dejar  de  ir  i  saber  lo  que  yalia  la  sortija  , 
que  reconocida  por  un  lapidario  la  tasô  en  tre^  ducados.  Al  pir 
semejante  tasa,  aunque  no  me  causA  sorpresa,  di  à  todos  los 
diablos  lasobrina  del  gobernador  de  Filipinas,  6,  por  mejor 
decir ,  solo  les  renoyé  el  don  que  mil  yeces  les  habia  hecbo  de 
ella.  Al  salir  de  casa  del  lapidario  encontre  un  mozo  que  se  pari 
à  mirarme.  No  pude  caer  al  pronto  en  quien  era ,  aun(](ùe  en  otro 


LIBRO  PRIMERO.  51 

tiempo  lebabia  conocido  may  bien.  ^Como  que,  Gfl  Bias ,  me  dijo , 
finges  aeaso  no  conocerme?  Es  posible  que  en  dosafios  me  haya 
nnidado  tarfto,  que  no  conozcas  al  hijo  del  barbero  Nuftez  ?  Acaér- 
date  de  Fabricio,  ta  paisano  y  tu  eondiscipulo  de  lôgica,  y  de  caan- 
us  veces  arguimos  los  dos  en  casa  de!  doctor  Godinez  sobre  los 
oniversales  y  grados  metafisîcos. 

Ant6s  que  acabase  de  hablar,  habia  yo  venido  en  conocimiento 
de  quien  era.  Abrazàmonos  estrechamente  con  mil  demostra- 
ciones  de  admiracion  y  de  alegria.  ;  Ah ,  querido  amigo ,  prosh- 
gaiô  Fabricio ,  y  que  encaentro  tan  feliz,  y  coanto  me  alegro  de 
voWerte  i  ver  !  â  Pero  en  que  equipage  te  veo?  A  la  yerdad  que 
estis  yestido  como  un  principe  !  Bella  espada ,  médias  de  seda , 
calzon  y  yestido  de  terciopelo  con  bordado  de  plata.  \  Fuego  ! 
Estome  hueleà  un  fortunon  deshecho.  Apuesto  i  que  alguna  vieja 
liberal  te  hizo  dueûo  de  su  bolsillo.  Te  engaAas ,  le  respondi  :  mi 
fortunano  ha  sido  tan  feliz  como  imaginas.  A  otro  perro  con  ese 
haeso ,  replicô  él.  Tu  quieres  hacer  el  reservado  ;  ;  pero  &  mi ,  que 
las  Tendo  !  Dime  por  TÎda  tuya  :  ese  beUisimo  rubi  que  tanto  brilla 
en  ese  dedo ,  ^de  quien  lehubiste?  De  una  grandisima  bribona , 
ie  respondL  Fabricio ,  mi  querido  Fabricio ,  sabe  que,  en  yez  de 
serel  Adonis  de  las  mugeres  de  Yalladolid ,  he  sido  su  domin-* 


Pronnncië  estas  palabras  en  tono  tan  lastimoso ,  que]Fabricio 
conodô  muy  bien  que  me  habian  jugado  alguna  bnria.  Apurôme 
|iara  que  le  dijese  por  que  razon  estaba  tan  quejoso  del  bello 
sexo.  Tuve  poco  que  hacer  en  resolverme  à  satisfocer  su  curio- 
sidad  ;  pero  como  la  relacion  era  algo  larga ,  y  no  queriamos  se- 
paramos  tan  presto ,  entrimos  en  un  figon  para  discurrir  con 
mas  oomodidad  y  sosiego.  AlU  nos  desayunàmos ,  y  miéntras  tan- 
to le  hice  menuda  relacion  de  cuanto  me  habia  sucedido  desde 
Bii  salida  de  Oriedo.  Conyino  en  que  mis  aventuras  eran  muy 
extrafias  ,  y  despues  de  asegurarme  lo  mucho  que  sentia  verme 
en  el  esiado  en  que  me  hallaba ,  aftadio  :  Amigo ,  es  menester 
consolamos  y  animamos  en  todas  las  desgracias  de  la  vida.  Eso 
es  lo  que  distingue  un  pecho  generoso  de  un  corazon  apocado; 
4yese  un  hornive  de  entendimiento  reduddo  à  la  miseria?  es- 
péra €on  valor  y  paciencia  otro  tîempo  mas  feliz.  Nunea,  dice 
Ciceron ,  nunca  debt  t|it  hmnbre  ahatirAe  tanto,  que  Uegue  à  olvidarte 
fUqueei  homkrt.  Yo  por  mi  soy  de  este  caràeter.  Las  desventu- 
ras  no  me  acobardan  ;  se  superarias ,  y  se  resistir  à  los  golpes 
de  la  mata  fortuna.  Por  qemplo ,  amaba  en  Oviedo  â  la  hifa  de 
on  vecino  honrado ,  y  ella  me  amaba  à  mi  :  pedila  i  su  padre , 
negémela  como  era  regular.  Otro  cualquiera  se  hubiera  muerto 
de  pesadombre  ;  pero  yo  (  admira  la  fuerza  de  mi  talento  ) ,  de 
acuerdo  con  la  misma  muchacha,  la  robe  de  casa  de  sus  padres. 
Era  viva ,  atolondrada ,  y  alegre  sobremanera  :  por  consiguienfe, 


52  GIL  BLAS. 

pudo  mas  con  ella  ei  placer  qoe  la  obligacion.  Anduvimos  seis 
meses  paseàndonos  per  Galicia ,  y  llegô  à  tal  punto  su  deseo  de 
viajar  y  qne  qniso  ir  à  Portugal  ;  pero  tomô  oiro  compafiero  de 
viage,  y  me  dejô  plantado.  Si  no  fiiera  el  que  soy ,  me  hobiera 
desesperado  y  abatido  con  el  peso  de  esta  nueva  desgrada  ;  mas 
no  cometi  tal  disparate.  Mas  prudente  y  sufrido  que  Menelao  »  en 
fagar  de  armarme  contra  el  Paris  que  me  habia  robado  mi  He- 
lena ,  me  alegré  mucho  de  verme  libre  de  ella.  No  qneriendo 
despues  volver  à  Asturias  por  eyitar  contiendas  con  la  justicia , 
me  interne  en  el  reino  de  Leon ,  donde  anduye  de  lugar  en  logar 
gastandoel  dinero  que  me  habia  quedado  del  rapto  de  mi  nin£ai  ; 
pues  en  aqueUa  ocasion  ambosnos  proveimos  suficientemente  de 
dinero  y  ropa.  Al  fin  me  halle  ai  Degar  à  Palencia  con  un  solo 
ducado ,  con  el  cual  tuye  que  comprar  un  par  de  zapatos  :  y  el 
resto  durô  pocos  dias.  Yime  perplejo  en  aqueUa  situacion.  Comen- 
zaba  ya  à  guardar  dieta  ;  y  era  indispensable  tomar  algon  par- 
tido.  Resolyi ,  pues ,  ponerme  â  seryir.  Acomodème  desde  laego 
con  un  rico  mercader  de  paAos  que  tenia  un  hijo  dado  à  todos 
los  yicios.  En  su  casa  encontre  un  seguro  asQo  contra  la  abstinen- 
cia  ;  pero  igualmente  un  grandisimo  obstàculo.  Mandôme  el  padre 
que  espiase  al  hijo ,  y  suplicôme  el  hijo  le  ayudase  à  engaAar  al 
padre.  Era  preciso  optar  :  preferi  la  sùplica  al  precepto ,  y  esta 
preferencia  me  costô  el  ser  despedido.  Pasè  despues  à  servir  à 
un  pintor  ya  hombre  viejo ,  el  cual  queria  enseftarme  por  caridad 
los  principios  de  su  arte ,  pero  al  mismo  tiempo  me  dejaba  mo- 
rir  de  hambre  ;  y  esto  me  disgustô  de  la  pintura,  y  de  la  mansion 
en  Palencia.  Vlneme  à  Valladolid,  donde,  por  la  mayor  fortuna  del 
mundOy  me  acomodé  con  un  administrador  del  hospital.  Con  él 
estoy  todayia ,  y  cada  instante  mas  dbntento.  El  sefior  Manuel  Or- 
do&ez ,  mi  amo  ^  es  el  hombre  mas  yirtuoso  del  mundo ,  pues 
siempre  ya  con  los  ojos  bajos  y  un  rosario  de  cuentas  gordas 
en  la  mano.  Dicen  que  desde  mozo  solo  tuyo  puesta  su  atencion 
en  el  bien  de  los  pobres,  y  le  mira  con  mucho  amor ,  empleando 
à  este  fin  un  zelo  infatigable.  Esto  no  se  ha  quedado  sin  recom- 
pensa :  todo  ha  prosperado  en  sus  manos.  ;Qué  bendicion  de! 
cielo!  El  se  ha  hecho  rico  cuidando  de  la  hacienda  de  los  pobres. 
Luego  que  acabô  Fabricio  su  discurso  ^  le  dije:  Por  cierto  me 
alegro  de  verte  tan  contento  con  tu  suerte;  pero,  hablando  en 
confianza ,  paréceme  que  podias  hacer  un  papel  mas  brilUate  en 
el  mundo  que  el  de  criado.  Un  mozo  de  tu  talento  debia  pensar  nus 
alto.  Te  engafias  mucho,  Gil  Bias,  me  respondiô  :  has  de  saber  que 
para  un  hombre  demi  humor  no  puede  haber  mejor  situacion  cpie 
la  mia«Gonfieso  que  el  oficio  de  criado  es  penoso  para  unmenteca- 
to  ;  mas  para  un  mozo  despejado  tiene  grandes  atractivos.  Un  in- 
genio  superior  ,  que  se  pone  à  seryir ,  no  sirve  materialmente 
como  un  pobre  bobo  :  entra  mènos  &  servir  que  A  mandar  en 


LIBRO  PROIERO.  53 

b  casa^  primer  cuidado  es  estadiar  bien  el  geoio  y  las  inclinaciones 
del  amo.  Hdaga  sus  defectos,  lisonjea  sus  pasiones,  sirvele  en  eUas, 
segnsjeasD  confianza,  y  héteie  que  ya  le  tiene  agarrado  por  la 
nariz.  De  esta  manera  me  he  gobernado  con  mi  administrador .  Desde 
kego  conod  de  que  pie  cojeaba.  Adverti  que  todo  sa  deseo  era 
le  tuTÎesen  por  santo.  Fingi  creerlo ,  porque  esto  nada  cuesta  ; 
J  aim  hice  mas ,  procure  imitarle  representando  en  su  presencia 
elmismo  papel  que  el  presentaba  delante  de  los  demas  :  engafié  al 
cogaâador ,  y  poco  i  poco  rine  à  ser  su  todo ,  y  como  su  primer 
Dinistro.Bajo  susauspicios  y  en  su  escuela  espero  que  al^n'dia 
esufféa  i  mi  cargo  los  asuntos  de  los  pobres ,  porque  me  intereso 
tanto  per  su  bien  como  mi  amo.  ^Y  quien  sabe  si  por  este  camipo 
flegaré  tambien  à  hacer  igual  ô  mayor  fortuna  ! 

iBeDas  y  alegres  esperanzasi  querido  Fabricio,  le  répliqué: 
doitemfl  parabienes  por  ellas.  Has  por  lo  queé  mi  toca,  yuél- 
Tome  é  mis  primeros  pensamientos.  Yoy  à  trocar  mi  vestido 
bordado  por  unas  bayetas ,  iréme  é  Salamanca ,  matricularéme  en 
la  uniyersidad,  y  me  pondre  é  preceptor.  {Gran  proyecto  !  re- 
pose Fabricio  :  {graciosa  idea  !  ;puede  haber  mayor  locura  que 
meterte  i  pédante  en  lo  mejor  de  tu  vida?  ;Sabes  bien^  pobrete, 
en  lo  que  te  empeûas  abrazando  ese  partido?  Luego  que  halles 
coQTeDJencia  te  obserrarà  toda  la  casa.  £xaminar&[i  escrupulo- 
nmente  tas  mas  minimas  acciones.  Sera  preciso  que  estes  fin- 
giendo  y  venciëndote  continuamente ,  que  afectes  un  eiterior 
Mérita»  y  quo  parezcas  un  hombre  adornado  de  todas  las  yir- 
tades.  No  tendras  un  instante  por  tuyo  para  diyertirte.  Censor 
cterno  de  tu  disctpulo ,  todo  el  dia  te  se  ira  en  ensefiarle  el  latin, 
y  en  reprenderle  y  corregirle  cuando  diga  ô  haga  alguna  cosa 
contra  la  buena  crianza.  Y  al  cabo  de  tanto  trabajo  y  sujecion 
iqnépremio  te  espéra?  si  el  seftorito  sale  trarieso  y  mal  incli- 
Bado,  i  ti  te  echarén  la  culffa,  diciendo  qqe  le  oriéste  mal,  y 
SOS  padres  te  despediràn  sin  recompensa ,  y  aun  quizà  sin  pa- 
garte.  Asi,  pues ,  no  me  hables  del  tîd  oficio  de  preceptor,  por-. 
qoe  es  un  benefido  con  cargo  de  aimas.  Hàblame  del  empleo  de- 
criado,  que  es  beneficio  simple  que  à  nada  obliga.  ;Està  el  amo* 
fleno  de  TÎdos?  pues  el  talento  superior  del  criado  los  sabe  li- 
soDJear,  conyirtiëndolos  à  yeces  en  propia  utilidad.  Un  criado  de 
^^  jaez  yiye  con  mucha  paz  en  una  buena  casa.  Come  y  bebe  à 
so  gosto,  por  la  noche  se  ya  é  la  cama,  y  como  un  hijo  àfi  ft.- 
milia  dnenne  tranquilamente ,  sin  tener  que  pensar  en  el  cami- 
cero  Ri  en  el  panadero. 

Amîgô  Gil  àas ,  prosiguiô  Fabricio ,  nunca  acabaria  si  te  hu* 
biera  de  contar  todas  las  yentajas  que  se  encuentran  en  la  no 
louy  lacida ,  pero  nray  proyechosa  carrera  de  criado.  Créemc , 
desecha  para  siempre  el  pensamiento  de  ser  preceptor,  y  signe 
nigemplo.  Sea  asi,  Fabricio,  le  respondi;  pero  no  todos  lo& 


54  GIL  BLAS. 

dias  86  haUan  administradores  como  el  que  tù  has  hallado  ;  y  si 
yo  me  determinara  é  servir,  quisiera  é  lo  mènos  enoonirar  con 
im  buen  amo.  ;0h  I  reposo  el ,  en  eso  tienes  razon.  Yo  tomo  por 
mi  cuentael  bascértele,  y  lo  hare,  aunqne  no  sea  mas  qae  por 
contribuir  à  que  no  se  yayan  é  enterrar  en  una  uniyersidad  Ids 
talentos  de  un  hombre  eomo  t&. 

La  prôxima  miseria  que  me  amenazaba ,  la  resolution  y  segu- 
ridad  con  que  Fabricio  me  hablo,  aun  mas  que  sus  razones,  me 
persuadiéron  finalmente  à  que  me  pusiese  à  servir.  Tomada  esta 
determinadon ,  salimos  del  figon ,  y  Fabricio  me  dijo:  Ahora 
mismo  quiero  conducirte  en  derechura  ft  casa  de  un  hombre  ft 
quien  recurre  la  mayor  parte  de  los  que  buscan  amo.  Tiene  emi- 
sarios  que  le  informan  de  cuanto  pasa  en  todas  las  familias, 
sabe  las  que  necesitan  criados  y  en  un  registro  muy  exacto  lleva 
razon  no  solo  de  las  plazas  vacantes ,  sino  tambien  de  las  bae- 
nas  6  malas  cualidades  de  los  amos  :  en  fin ,  el  fùë  quien  me  aco- 
mode  con  el  administrador. 

Fuimos  hablando  de  esta  especie  de  despacho  y  oficina  pù- 
blica  tan  singular,  hasta  que  llegàmos  à  una  callejuela ,  y  en  an 
rincon  de  ella  ft  una  casa  baja ,  donde  el  hqo  del  barbero  Nufiez 
me  hizo  entrar;  nos  encontrftmos  con  un  hombre  de  cincuenta 
aflos ,  que  estaba  escribiendo.  Saludàmosle  cortesana  y  ann  res- 
petuosamente  ;  pero  fnese  por  ser  de  genio  natnralmente  sober- 
bio  y  grosero ,  ô  bien  porque ,  estando  acostumbrado  à  no  tra- 
tar  sino  con  lacayos  y  cocheros ,  lo  estaba  tambien  à  recibir  las 
visitas  assaz  descortesmente ,  no  se  levante ,  ni  aun  casi  se  digne 
de  miramos,  contenténdose  con  hacer  una  ligera  indinacion  de 
cabeza.  Con  todo ,  poco  despues  me  mirô  con  atencion.  Conoci 
muy  bien  se  admiraba  de  que  un  mozo  con  un  vestido  bordado 
quisiera  ponerse  é  servir  de  criado ,  cuando  podia  pensar  que 
iba  yo  à  buscar  uno.  Durôle  poco  esta  duda ,  porque  Fabrido  le 
dijo  al  punto  :  Seflor  Arias  de  Londofta ,  aqui  le  presento  à  vmd. 
el  mayor  amigo  mio.  £s  un  hijo  de  buena  femilia ,  y  sus  desgra- 
cias le  han  reducido  à  lanecesidad  de  servir.  Propordônele  vmd. 
una  buena  couveniencia ,  contando  seguramente  con  su  corres- 
pondiente  agradecimiento.  SeAores ,  respondiô  firiamente  Arias , 
esa  es  la  cantinela  general  de  todos  ustedes  :  antes  de  acomodarse 
prometen  mucho  ;  pero  despues  de  bien  acomodados ,  tù  que  le 
viste ,  y  de  todo  se  olvidan.  Como  que ,  replieô  Fabrido ,  ^esté 
vmd.  quejoso  de  mi?  ;no  me  he  portado  bien?  Hejor  pudieras 
haberte  portado  :  tu  conveniencia  équivale  à  la  de  primer  oficial 
de  cualquier  oficina,  y  has  correspondido  como  si  te  hobîese 
aeomodado  con  un  autorcillo.  Tome  yo  entônces  la  palabra  ,  y 
para  que  conociese  el  seJk>r  Arias  que  no  servia  ft  un  ingrato , 
quise  que  el  agradecimiento  precediese  al  fevor.  Pàsele  en  la 
mano  dos  ducados,  prometiëndole  que  no  se  limitaria  ft  tan  poca 


LIBHO  PRIHERO.  66 

cosa  mi  reoonocimiento  como  me  colocase  en  una  baena  casa. 

Mostrose  contento  de  mi  procéder,  diciendo  :  Asi  gusto  yo  de 
qoe  ae  trace  conmigo.  Hay  vacantes  exœleates  puestos  :  leerélos 
y  Tmd.  esoogerâ  el  que  mejor  le  pareciere.  Al  dear  esto ,  calôse 
Ids  anteojos,  tome  saregistro,  sd)riôley  reyolyiô  algunas  hojas, 
y  comenzô  asi:  Necesita  lacayo  el  capitan  TorbellinOy  hombre 
eolénoOy  brutal  y  iantéstico  ;  gnifie  sin  cesar,  blasfema,  da  de 
gtripea  y  y  may  é  menado  estropea  é  los  criados.  Pase  ymd.  ade- 
hnte,  dije  yo  prontamente  ;  no  me  gnsta  el  sefior  capitan.  Riôse 
Arias  de  mi  Tiyeza ,  y  prosigniô  leyendo  :  Sofia  M anoela  de  Sando^ 
val,  TÎoda,  y  entrada  en  edad,  impertinente  y  caprichosa,  se 
halla  sin  criado.  For  lo  comun  no  tiene  mas  que  uno,  y  ese  apénas 
h  pnede  aguantar  un  dia  entero.  Diez  aflos  ha  que  solo  ha}  en  su 
casa  una  librea^y  sirye  para  todos  los  criadds  qtie  recibe,  sean  flacos 
ô  gordos,  grandes  6  pequeftos.  Se  pnede  decir  que  no  hac«n  mas 
que  probérsela,  y  asi  todavia  esta  nueya,  aunque  se  la  han  puesta 
dos  mil.  Falta  un  criado  al  doctor  AWaro  Faftez ,  medico  quimico. 
Trata  bien  à  sus  criados,  dales  bien  de  comer,  y  un  gran  salario  ; 
pero  faace  en  ellos  la  experiencia  de  sus  remedios ,  y  se  obserya 
que  en  casa  de  este  quimico  hay  siempre  yacantesplazas  de  crîados. 

No  lo  dudo ,  interrumpiô  Fabricio,  dando  una  carcajada  ;  pero 
yamos  claros,  que  nos  ya  ymd.  proponiendo  admirables  conye- 
niendas.  Ten  un  poco  de  paciencia ,  replicô  Arias  de  Londofia ,  to- 
dayla  no  las  he  leido  todas ,  y  puede  haber  alguna  que  te  con- 
tente. Diciendo  esto ,  prosiguiô  su  lectura  de  esta  manera  :  Très 
semanas  ha  que  esta  sin  criado  dofta  Alfonsa  do  Solis  :  es  una  se- 
ik>ra  andana  y  deyota ,  que  pasa  en  la  iglesia  las  très  partes  del 
dia ,  y  quiere  tener  siempre  junto  â  si  al  criado.  Otro  :  ayer  des- 
pidiô  al  suyo  el  licenciado  Gedillo ,  hombre  ya  yiejo ,  y  canônigo 
de  este  cabildo.  Alto  ahi ,  sefior  Arias  de  Londofia ,  interrumpiô 
Fabrido:  é  ese  puesto  nos  atenemos  :  el  canônigo  Cedillo  es 
grande  amigo  de  mi  amo ,  y  yo  le  cohozco  mucho;  se  que  go- 
biema  su  casa  en  dase  de  ama  una  yieja  beata  que  se  llama  la 
seflora  Jadnta ,  y  es  la  que  todo  lo  manda.  Es  una  de  las  mejorcs 
casas  de  Valladolid ,  porque  en  ella  se  yiye  con  gran  paz ,  y  sc^ 
corne  grandemente.  Fuera  de  eso,  el  canônigo  es  un  sefior  en- 
fermizo ,  gotoso  inveterado ,  que  tardarâ  ppco  en  hacer  testa- 
mento ,  y  se  puede  esperar  algun  legàdillo:  {gran  espcranza  para 
un  criado  !  Gil  Bias,  continuô  Fabricio  volyiëndosé  hàcia  mi ,  no 
perdamos  tiempo.  Vémonos  derechos  â  casa  del  licenciado  :  yo 
mismo  te  quiero  presentar,  y  salir  por  fiador  tuyo.  Habiendo  di- 
cho  esto ,  por  no  malograr  la  ocasion ,  nos  dcspedimos  acclera- 
damente  del  sefior  Arias ,  quicn  meofreciô ,  por  mi  dinero ,  que , 
si  no  lograba  aquella  convenicneia ,  me  proporcionaria  ptra  t^n 
b«ena ,  y  aun  quîzà  mejor. 


W  GIL  BLAS. 


LIBRO  SEGUNDO. 


CAPITULO  I. 


Enln  GU  Blai  por  criado  dd  lioenciado  GcdiOo  ;  esUdo  en  que  este  te  hallaba , 
J  retratQ  de  su  ama. 


Por  ooiedo  de  no  Ilegar  tarde  nos  pusimos  de  un  brinco  en 
casa  del  licenciado.  Estaba  cerrada  la  puerta,  Ilamémos^  y  bajô 
à  abrir  iina  nifla  como  de  diez  afios ,  à  qaien  el  ama  llamaba 
sobrina,  aunque  malas  lenguas  suponian  entre  las  dos  parentes- 
CO  mas  estrecho.  Le  estabamos  preguntando  si  se  podria  hablar 
al  seûor  canônigo ,  cuando  se  dejô  ver  la  seûora  Jacinta.  Era 
una  muger  entrada  ya  en  la  edad  de  discrecion ,  pero  todavia 
de  buen  parecer,  y  sobre  todo  de  un  color  fresco  y  hermoso. 
Yenia  vestida  con  una  especie  de  bâta  de  pafto  ordinario ,  que 
ceftia  con  una  ancha  correa  de  cuero ,  de  la  cual  pendia  por  un 
lado  un  manojo  de  Haves ,  y  por  otro  un  gran  rosarîo  de  cuentas 
gordas.  Saludémosla  con  mucho  respeto,  y  ella  nos  correspondiô 
con  igual  cortesania ,  pero  con  un  aire  devoto ,  y  los  ojos  bajos. 

He  sabidOy  le  dijo  nii  camarada,  que  el  seftor  licenciado  Ce- 
dillo  necesita  un  mozo  honrado  que  le  sirra ,  y  vengo  à  pre- 
sentarle  este ,  que  espero  le  daré  gusto.  Alzô  entônces  la  vista 
el  ama,  mirôme  atentamente ,  y  no  acertando  à  conciliar  mi 
yestido  bordado  con  el  discurso  de  Fabrido ,  preguntô  si  era 
yo  el  que  pretendia  entrar  é  servir.  Si,  seûora,  respondiô  el  hijo 
de  Nufiez  «  el  mismo  es;  porque,  tal  como  vmd.  le  vé,  le  han 
sucedido  desgracias  que  le  precisan  à  ello.  Consolarése  en  sus 
infbrtunios  si  tiene  la  dicha  de  colocarse  en  esta  casa,  y  vivir 
en  compaûia  de  la  virtuoça  sefiora  Jacinta ,  la  cual  es  digna  de 
ser  ama  de  un  patriarca  de  las  Indias.  Al  oir  esto  la  buena  de 
la  beata,,  apartô  los  ojos  de  mi  por  volverlos  al  que  le  hablaba 
con  tanta  gracia  „  y  quedô  como  sorprendida  al  ver  un  rostro 
que  no  le  parecia  desconocido.  Tengo  alguna  idea ,  le  dijo  ,  de 
haber  visto  ya  esa  cara,  y  estimaria  que  vmd.  ayudase  à  mi 
memoria.  Casta  seftora  Jacinta,  le  respondiô  Fabricio,  es  y  ba 
sido  grande  honor  mio  haber  merecido  la  atencion  de  vmd.  Dos 
Veces  he  venido  a  esta  casa  acompafiando  à  mi  amo  el  seflor 
Manuel  Qrdofiez  ,  administrador  del  hospital.  Justamente ,  repliée 
entônces  el  ama ,  acuérdome  muy  bien ,  ya  caigo  en  la  cuonta. 


LIBRO  SECUNDO.  67 

Buta  deck  que  esté  en  casa  dei  seflor  Manuel  Ordofiez  para 
siber  que  sera  ymd.  nm  hombre  muy  de  bien.  Su  empleo  es 
sa  mayor  elogio  ,  y  no  era  fécil  que  este  mozo  encontrase  mcjor 
fiaddr.  Yenga  ymd.  conmigo ,  y  hablaré  al  seflor  Cedillo,  que  sin 
dnda  tendra  gran  gusto  de  recibir  un  criado  yenido  por  tal  mano. 
Segnimos  al  ama  del  canônigo,  el  cual  yiyia  en  un  cuarto  bajo, 
compuesto   de    dnco  piezas  à  un  mismo   piso,   todas  muy 
décentes.  Byonos  esperasemos  un  instante  en  la  primera ,  mien- 
tns  iba  à  avisar  al  seûor  eanônigo,  que  estaba  en  la  segunda. 
Despoes  de  haberse  detenido  algun  tiempo ,  sin  dnda  para  in- 
formaiie  y  preTenirle  de  todo ,  yolviô  à  nosotros ,  y  nos  dijo 
que  podiamos  entrar.  Yimos  al  Tiejo  gotoso  sepultado  en  una 
silla  poltrona ,  con  una  almohada  detras  de  la  cabeza ,  descan- 
sando  les  brazos  en  unas  almobadillas ,  y  apoyando  las  piemas 
en  on  ahnobadon  de  pluma.  Acercàmonos  i  ël ,  sin  escasear  las 
GOrteslas;  y  tomando  Fabricio  la  palabra ,  no  se  contenté  con 
repetirle  lo  que  ya  habia  dicho  de  mi  â  la  seflora  Jacinta ,  sino 
qae  se  poso  à  hacer  un  panegirico  de  mi  mérito ,  extendiéndose 
priodpiâfflente  sobre  el  grande  honor  que  me  habia  granjeado 
bajo  d  magisterio  del  doctor  Godinez  en  las  disputas  de  filoso- 
fia ,  como  si  fdera  necesario  ser  gran  filôsofo  para  servir  à  un 
canôoigo*  Sin  embargo  ;  no  dejô  de  aludnarle  el  bello  elogio 
que  bizo  Fabricio  de  mi  ;  y  conociendo  por  otra  parte  que  yo 
DO  desagradaba  à  la  seûora  Jacinta:  Amigo,  respondiô  i  mi  &h 
dor,  desde  luego  recibo  à  este  mozo;  basta  que  tù  me  le  pré- 
sentes, Nomedisgusta  sutraza,  yjuzgobien  de  sus  costumbres, 
sujpiesto  me  le  propone  un  criado  del  seûor  Manuel  Ordoflez. 

Luego  que  Fabricio  me  yiô  admitido ,  hizo  una  gran  corte- 
sia  d  canônigo ,  otra  mas  profunda  â  la  seflora  Jacinta ,  y  se 
despidio  may  alegre  didéndome  al  oido  que  me  quedase  alli, 
y  que  ja  nos  yeriamos.  Apénas  habia  salido  de  la  sala ,  cuando 
à  lieendado  me  preguntô  como  me  llamaba ,  y  porqué  habia 
^0  de  mi  tierra,  obligàndome  con  sus  preguntas  i  con- 
^  toda  la  historia  de  mi  vida  en  presencia  de  la  seflora  Ja^ 
Çnta.  Diyertilos  à  entrambos ,  sobre  todo  con  la  relacion  de  mi 
^^^1^  ayentora.  Dofla  Camila  y  don  Rafeel  les  hiciéron  reir  tan 
^^^iftmmte,  que  le  hubo  de  costar  la  yida  al  pobre  gotoso  ; 
P^  la  risa  le  excitô  una  tos  tan  yiolenta ,  que  temi  fiiese  Uegada 
^  hora:  aun  no  habia  hecho  testamento  :  considèrese  cuanto  se 
^baria  la  buena  ama.  Vila  toda  trémuia  y  azorada  correr  de 
aqni  psni  alli  por  socorrer  al  buen  yiejo^  haciendo  con  èl  lo  que 
se  hace  oon  los  niflos  cuando  tosen  con  yiolencia ,  estregarle  la 
^te,  y  darle  palmaditas  en  las  espaldas  ;  pero  al  fin  todo  fuë 
^^  pnro  miedo.  Ceso  de  toser  el  licenciado ,  y  el  ama  de  ator- 
"otarie.  Quise  enténces  proseguir  mi  relacion  ;  mas  no  me  la 
P*™>W6  la  seflora  Jacinta ,  lemerosa  de  que  le  repiiiese  la  tost 


58  GIL  BLAS. 

al  amo.  Uevôme  al  guardaropa  donde ,  entre  otros  vestidos , 
estaba  el  de  mi  predeoesor.  Hizomele  poner ,  y  gnardé  el  mio , 
lo  que  no  me  disgnstô ,  porqne  deseaba  conseryarle ,  con  eq>e- 
ranza  de  que  todayia  podria  seryinne.  Desde  el  guardaropa  pa-* 
sàmos  lo8  dos  à  disponer  la  comida. 

No  me  mostrè  novicio  en  el  ofido  de  cocinero.  Habia  hecfao 
mi  aprendizage  bajo  la  disciplina  de  la  seflora  Leonarda ,    que 
podia  pasar  por  buena  maestra  de  cocina,  bien  que  no  compara- 
ble con  la  sefiora  Jacinta ,  la  cual  merecia  ser  cocinera  de  un  ar- 
zobispo.  Sobresalia  en  todo  género  de  guisos  y  platos.  Sazonaba 
delicadamente  un  jigote  ,  la  chanfoina,  y  en  genial  toda  especie 
de  picadillo  ;  de  manera*  que  eran  sumamente  gratos  al  paladar. 
Cuando  estuyo  dispuesta  la  comida ,  yolyimos  al  cuarto  dd  ca- 
nônigo ,  donde,  miéntras  yo  ponia  los  manteles  en  una  mesilla  in- 
mediata  à  su  silla  poltrona,  el  ama  le  ponia  la  seryilleta ,  pren- 
dièndosela  por  detras  con  alfileres.  Se  le  siryiô  una  sopa  que  se 
podia  presentar  â  un  corregidor  de  Madrid  ,  y  una  firitada ,  que 
podia  ayiyar  el  apetito  de  un  yirey ,  si  el  ama  de  propôsito  no 
hubiera  escaseado  las  especias ,  por  no  irritar  la  gota  del  canô- 
nigo.  A  yista  de  tan  deÛcados  manjares ,  mi  buen  yiejo ,  que  yo 
creia  estaba  baldado  de  todos  sus  miembros ,  diô  pruebas  de 
que  aun  no  habia  perdido  del  todo  el  uso  de  los  brazos.  Siryiose 
de  elles  para  ayudar  à  que  le  desembarazasen  de  la  almohada  y 
demas  impedimentos  ,  disponiéndose  i  comer  alegremente.  Las 
manos  tampoco  se  negiron  i  seryirle  :  aunque  trémulas  iban  y  ve- 
nian  con  bastante  ligereza  à  donde  era  menester  »  bien  que  dçr- 
ramando  en  la  seryilleta  y  en  los  manteles  la  mitad  de  lo  que  lie- 
yaba  é  la  boca.  Cuando  yi  que  ya  no  queria  mas  del  firito ,   le 
puse  delante  una  perdiz  rodeada  de  dos  codomices  asadas ,   que 
la  seftora  Jacinta  le  trinchô  con  el  mayor  aseo  y  pulidez.  De 
cuando  en  cuando  le  hacia  beber  grandes  tragos  de  yino  mezdado 
con  un  poco  de  agua  en  una  taza  de  plata  bastantemente  ancha  y 
profunda ,  aplicàndosela  ella  misma  A  la  boca  y  teniéndola  con 
las  manos ,  como  si  fîiera  à  un  niAo  de  quince  meses.  Se  comiô 
las  pechugas  y  las  piemas  y  sin  dejar  los  alones.  Siguiëronae  los 
postres  ;  y  cuando  acabô  de  comer ,  el  ama  le  quicô  la  seryiUeta, 
yolyiôleé  poner  la  almohada,  y  dejàndole  dormir tranquilamente 
la  siesta ,  nos  retirâmes  nosotros  à  corner. 

Esta  era  la  comida  diaria  de  nuestro  canônigo ,  acaso  el  mayor 
tragon  de  todo  el  cabildo  ;  pero  la  cena  era  mas  parca.  Contenté- 
base  cou  un  polio  ô  con  un  conejo>  y  con  algun  cubflete  de  fruta. 
En  su  casa ,  por  lo  que  toca  à  la  comida ,  estaba  yo  bien , 
y  lo  pasaba  alegremente;  solo  tenia  un  trabajo,  no  poco  pesado 
para  mi.  Era  precise  estar  despîerto  una  gran  parte  de  la  noche 
yelando  al  amo.  Padecia  este  una  retencion  de  orûia,  que  le  obli* 
gaba é  pedir  el  orinal.dicz  yeces  cada  hora.  Ademas  sodaba  mn- 


LIBRO  SEGUNDO.  59 

dio ,  y  era  menester  madarie  de  camisa  cod  frecaeocia.  Gil  Bias, 
me  dijo  la  segunda  noche,  tu  eres  mafloso  y  diligente,  y  veo 
que  me  acomodarà  mucho  tu  modo  de  servir.  Solamente  te  en- 
cargo  que  des  tambien  guste  é  la  seftora  Jacinta,  çomplaciéndola 
y  obedeciëndola  en  todo  como  si  yo  lo  mandase ,  'y  guardes  con 
eOa  ia  mayor  armonia.  Quince  aflos  ha  que  me  sirve  con  un  zelo 
y  amor  particular.  Tiene  tanto  cuidado  de  mi  que  no  se  como 
pagérselo  ;  y  confiésote  que  por  esto  la  estimo  mas  que  à  toda 
mi  familia.  Por  ella  despedi  de  mi  casa  à  un  sobrino  camal  hijo 
de  mi  propia  hermana,  ë  hice  bien.  No  podia  yer  à  esta  pobre 
nager  »  y  Iqos  de  agradecerle  lo  que  hada  conmigo ,  continua- 
siente  la  estaba  insultando ,  burlandose  de  su  yirtud  y  tratàndola 
de  embustera ,  porque  à  la  gente  moza  de  hoy  todo  lo  que  suena 
àreoogimieoto  y  deyodonle  parece  hipocresia;  pero  ya  me  li- 
bre de  tan  buena  alhaja,  porque  soy  hombre  que  prefiero  à  todos 
io«  respetos  de  la  sangre  el  amor  que  me  tienen  y  el  bien  que  me 
hacen.  Ymd.,  seAor,  tiene  muchisima  razon,  le  respondi  ;  el  agra- 
dedmiento  debè  siempre  poder  mas  que  las  leyes  de  la  naturaleza. 
Sin  doda,  replicô  èl;  y  en  mi  testamento  haréverel  poco  caso 
que  hago  de  mis  parientes.  El  ama  tendra  buena  parte  en  él  ;  y  no 
me  olyidaré  de  (i  como  prosigas  sirviéndome  segun  has  comenza- 
do.  £1  cnado  que  despedi  ayer  perdiô  una  buena  manda  por  su 
mal  modo  ;  si  no  me  hubiera  yisto  predsado  à  despedirle  ,  por- 
que ya  no  le  podia  aguantar  ,  yo  solo  le  habria  hecho  rico  ;  pero 
era  un  soberbio ,  que  no  tenia  el  mas  leye  respeto  à  la  seûora 
Jaonta,  y  era  muy  holgazan.  No  le  gustaba  acompaftarme  de  no- 
che ,  y  se  le  hacia  intolerable  el  estar  despierto  para  asistirme  en 
lo  que  podia  ocurrir.  ;  Que  bribon  !  exclamé  yo ,  como  si  el  es- 
piritu  de  Fabrido  se  hubiera  pasado  al  mio  :  no  merecia  por 
derto  estar  al  lado  de  un  amo  tan  bueno  como  su  merced.  El  que 
bgra  esta  fortnna  debe  ser  de  un  zelo  infotigable  :  ha  de  compla- 
oerse  ai  su  trabajo,  y  ha  de  créer  que  nada  hace,  aun  cuando  sude 
angre  por  seryirle. 

Gonoci  que  le  habian  gustado  mucho  al  canônigo  estas  ultimas 
pabdnras,  y  no  le  gustô  mfanos  la  que  le  di  de  estar  sionpre  pronto 
y  obediente  é  las  ;ôrdenes  de  la  seftora  Jadnta.  Queriendo , 
pues ,  pasar  por  uncriado  que  no  temiatrabajo  ni  fotiga,  pro- 
omréseryîr  en  un  todo  con  el  mayor  zelo  y  el  mejor  modo  que 
me  era  posible.  iKunca  me  quejë  de  que  pasaba  sin  dormir  todas- 
las  nocheSy  sin  embargo  de  que  se  me  hada  esto  muy  cuesta  arri- 
ha.  A.  no  ser  por  la  esperanza  del  legado ,  presto  me  hubiera 
cansado  de  una  yida  tan  penosa  ;  bien  es  yerdad  que  descansaba 
y  dormia  algunas  horas  entre  dia.  El  ama  (  à  la  cual  debo  hacer 
esta  justida  )  cnidaba  mucho  de  mi  ;  lo  que  debo  atribuir  al  es- 
mero  cou  que  procnraba  yo  granjearme  su  yoluntad  con  todo  gé- 
aero  de  modales  atentos  y  respetuosos.  Cuando  comiamos  juntos 


60  GIL  BLAS. 

ella  y  su  sobrina  ,  que  se  Hamaba  Inesilla ,  estaba  yo  pronto  à 
mudarles  de  platos^  à  servirles  de  beber ,  y  en  fin  à  hacer  con 
ellas  lo  que  haria  el  mas  fiel  y  mas  leal  criado.  Por  estos  medios 
llegué  à  conseguir  su  amistad.  Un  dia  que  la  seftora  Jacinu  habia 
salido  à  hacer  no  se  que  compras,  halUndome  solo  con  Inesilla, 
comenzé  à  darle  conversacion ,  y  le  pregunté  si  viyian  todayia 
sus  padres.  ;  Oh  !  no,  me  repondiô  la  nifta:  mucho  tiempo  ha  que 
muriëron ,  segun  me  lo  ha  dicho  mi  tia ,  porque  yo  nunca  los 
conoci.  Creila  piadosamente ,  aunqne  su  respuesta  no  fué  mny  ca- 
tegôrica ,  y  la  fui  poniendo  en  tanta  gana  de  parlar ,  que  poco  à 
poco  me  dijo  mas  de  lo  que  yo  queria  saber.  Descubriàme ,  6  , 
por  mejor  decir ,  descubri  yo  por  su  sencillez ,  que  la  sefiora  tia 
tenia  un  amigo  que  estaba  en  casa  de  un  antigno  canônigo  en  ca- 
lidad  de  mayordomo ,  y  que  tenian  ajustado  entre  los  dos  apro- 
yecharse  de  la  herencia  de  sus  amos,  y  gozarla  en  paz  por  medio 
de  un  casamiento ,  cnyos  privilegios  disfrutaban  de  antemano. 
Ya  dqo  dicho  que  la  seflora  Jacinta,  aunqne  algo  entrada  en 
afios,  se  mantenia  de  muy  buen  parecer.  Es  verdad  que  ningon 
medio  perdonaba  para  conservarse  bien.  Por  otra  parte  dormîa 
con  sosiego,  miéntras  yo  estaba  en  pië  yelando]*sd  amo.  Pero 
sobre  todo  lo  que  mas  contribuia  à  mantener  en  ella  aqoel  color 
yiyo  y  fresco  era ,  segun  me  dijo  Inesilla ,  una  fnente  que  tenia 
en  cada  pierna. 

CAPITULO  U. 

Que  remedioB  fuminittriron  al  canônigo  habiendo  empeorado  en  su  enfer- 
medad  ;  lo  que  reralto ,  y  que  dejo  4  Gil  Bias  en  su  testament». 

Servi  très  meses  al  seilor  licenciado  Cedillo  sin  quejarme  de 
las  malas  noches  que  me  daba.  Cayô  malo  al  cabo  de  este  tiempo  ; 
entrôle  calentura ,  y  con  ella  se  le  irrité  la  gota.  Recurriè  a  los 
medicos ,  siendo  la  primera  yez  que  lo  hada  en  toda  su  yida , 
aunque  habia  sido  larga.  Llamô  determinadamente  al  doctor 
Sangredo,  à  quien  tenian  en  Yalladolid  por  otro  Hipocrates.  La 
seik>ra  Jacinta  hubiera  querido  mas  que  el  canônigo  ante  todas 
cosas  comenzase  por  hacer  testamento  ;  pero  ademas  de  que  no 
le  parecia  à  él  que  estaba  de  tanto  peligro ,  en  ciertas  materias 
era  un  poco  caprichoso  y  testarudo.  Fui ,  pues ,  à  buscar  al  doc- 
tor Sangredo ,  y  condùjele  à  casa.  Era  un  homfare  alto ,  seco  y 
macilento,  que  por  espado  de  cuarenta  aflos ,  A  lo  mènos ,  tenia 
continuamente  empleada  la  tigera  de  las  parcas.  Su  exterior  era 
graye ,  serio ,  con  un  si  es  no  es  de  desdefioso  ;  su  voz  gntural , 
sonora  y  ahuecada  ;  pronundaba  las  palabras  con  un  tantico  do 
recalcamiento ,  lo  que  à  su  parecer  daba  mayor  nobleza  A  las  ex- 


LIBRO  SECUNDO.  61 

{iresiones.  Parecia  que  media  sus  discursos  geométricamente,  y 
era  singular  en  sus  opiniones. 

Deques  de  haber  observado  al  enfenno ,  comenzô  à  hablar  asi 
en  toiio  magistral  :  Tràtase  aqui  de  suplir  el  defecto  de  la  transpi- 
racion  escasa,  dificultosa  y  detenida.  Otros  medicos  ordenarian 
sin  dnda  en  este  easo  remedies  salinos ,  urinosos  y  volatiles ,  que 
por  h  mayor  parte  tienen  algo  de  azufre  y  mercurio  ;  pero  los 
pHTgaates  y  los  sudorificos  son  drogas  perniciosas  inventadas  por 
curanderos.Todas  las  preparaciones  quimicas  me  parecen  inyencio- 
nes  para  arroinar  la  naturaleza;  yo  echo  mano  de  medicamentos 
mas  simples  y  seguros.  ;Quë  es  lo  que  vmd.  acostumbra  comer? 
pregnntô  ai  enfermo.  Comunmente  cubiletes  y  manjares  jugosos, 
respondiô  el  canonigo.  |  Cubiletes  y  manjares  jngososi  exdamô 
sospenso  y  admirado  el  doctor  ;  ya  no  me  maravillo  de  que  vmd. 
haja  enfermado.  Los  manjares  deliciosos  son  gustos  emponzofia- 
dos,  lazes  que  la  sensualidad  anna  à  los  hombres  para  destruir- 
los  con  mayor  seguridad.  Es  preciso  que  ymd.  renuncie  à  todo 
alimento  debuen  gusto:  los  mas  desabridos  son  los  mas  propios 
para  la  salud.  Como  lasangre  es  insipida,  esta  pidiendo  alimen- 
tos  anàlogos  à  su  naturaleza.  ^Y  bebe  vmd.  yino?  le  Yolviô  à 
pregontar.  Si,  sefior,  pero  aguado,  respondiô  el  enfermo.  iQué 
dice  Tmd.  aguado  !  exclamô  el  doctor.  \  Que  desôrden  !  \  que  es- 
pafltoso  desarreglo  I  Debia  vmd.  haberse  muerto  cien  afios  ha. 
4 Y  que  edad  es  la  de  ymd.?  Yoy  à  pntrar  en  sesentâ  y  nuere 
anos,  repuso  el  licenciado.  Justamente,  continuô  el  medico,  la 
vejez  anticipada  siempre  es  fruto  de  la  intemperancia.  Si  vmd. 
hobiera  bebido  solo  agua  dara  toda  su  vida ,  y  usado  de  alimen- 
ta» simples ,  como  manzanas  cocidas ,  por  ejemplo ,  y  guizantes 
^jndias,  no  se  veria  ahora  atormentado  de  la  gota ,  y  todos  sus 
nûembros  qeroerian  todayia  fôcilmente  sus  respectivas  funciones. 
^n  todo ,  no  desconfio  de  restablecerle ,  como  se  entregue  cîe- 
gsmente  à  cuanto  yo  ordenare.  El  canônigo ,  aunqne  gustaba  de 
boenos  bocados ,  ofreciô  obedecerle  en  todo  y  por  todo. 

EntÔDces  Sangredo  me  dijo  fiiese  prontamente  â  Uamar  à  un 
^^ador  que  él  mismo  me  nombrô ,  y  le  hizo  sacar  à  mi  amo 
^  tazas  complétas  de  sangre  para  empezar  â  suplir  la  falta  de 
^^iracion.  Despues  dijo  al  sangrador:  Maese  Martin  Qftez, 
dentro  de  très  horas  yolved  à  sacarle  otras  seis ,  y  maâana  repo- 
li lo  mismo.  Es  error  créer  que  la  sangre  sea  necesaria  para 
j^ii^serTacion  de  la  yida:  por  mucha  que  se  le  saque  à  un  en- 
^o,inmca  sera  demasiada.  Como  en  tal  estado  apénas  tiene 
que  hacer  movimiento  ni  ejerdcio ,  sino  el  preciso  para  no  morir- 
^)  no  necesita  mas  sangre  para  yiyir  que  la  que  ha  menester  un 
hombre  dormido.  En  uno  y  otro  la  yida  solo  consiste  en  el  pubo 
ïfj  la  respiradon.  No  creyendo  mi  buen  amo  que  un  tan  gran 
oMico  padiese  hacer  fidsos  sOogismos ,  oonyino  en  dejarse  san«- 


63  GIL  BLAS. 

grar.  Defipoes  qoe  el  doctor  ordenô  frecuentes  y  copiosas  san- 
grias ,  aÊadiô  era  tambien  preciso  dar  de  beber  al  enfermo  agua 
caliente  à  cada  paso ,  asegurando  que  el  agua  en  abandancia  era 
el  mayor  especifico  contra  todas  las  enfermedades.  Con  esto  con- 
cluyô  su  Yisita,  y  se  fiiè  diciéndonos  à  la  seftora  Jacinta  y  &  mi 
que  ël  salia  por  fiador  de  la  salud  del  seftor  canônigo ,  con  ta! 
que  se  obseryase  à  la  letra  todo  lo  que  acababa  de  prescribir.  £1 
ama ,  que  quizà  juzgaba  todo  lo  contrario  de  lo  que  él  se  prome- 
tia  de  su  mètodo ,  le  diô  palabra  de  que  se  obseryaria  con  la  mas 
eserupulosa  exactitud.  Con  efecto ,  inmediatamente  pusimos  i  ca- 
lentar  agua  ;  y  como  el  doctor  nos  habia  encargado  tanto  que  ftie- 
semos  libérales  de  ella,  luego  le  hicimos  beber  cinco  6  seis  coar- 
tillos:  una  hora  despues  repetimos  lo  mismOy  y  de  tiempo  en 
tiempo  Tolviamos  à  ello ,  de  manera  que  en  el  espado  de  pocas 
horas  lemetimos  un  rio  de  agua  en  la  barriga.  Ayudàndonos  por 
otra  parte  el  sangrador  con  la  cantidad  de  sangre  que  le  sacaba, 
en  mënos  de  dos  dias  pusimos  al  pobre  canônigo  à  las  puertas 
de  la  muerte. 

Ya  no  podia  mas  el  buen  eclesiistico ,  y  presentàndole  yo  un 
gran  vaso  del  soberano  especifico  para  que  le  bebiese:  Quita  alla , 
amigo  Gil  Bias ,  me  dijo  con  voz  desmayada ,  ya  no  puedo  be- 
ber mas.  Conozco  que  me  es  preciso  morir  à  pesar  de  la  grande 
yirtud  del  agua ,  y  que  no  me  siento  mejor ,  aunque  apënas  me 
ha  quedado  en  el  cuerpo  una  gota  de  sangre  :  prueba  clara  de  que 
el  medico  mas  hébil  y  mas  sabio  del  mundo  no  es  capaz  de  pro- 
longamos  un  instante  la  vida  cuando  llegô  el  tërmino  fatal.  Es  ya 
necesario  disponerme  para  partir  al  otro  mundo.  Anda,  pues,  y 
tràeme  aqui  un  escribano ,  que  quiero  hacer  testamento.  Cuando 
oi  estas  palabras ,  que  dertamente  no  me  désagradàron,  fingi 
entristeoerme  muchisimo  ;  y  disimulando  la  gana  que  tenia  de  eje- 
cutar  cuanto  antes  el  encargo  que  me  acababa  de  dar ,  como  hace 
en  taies  casos  todo  heredero:  jOh,  seAor!  le  respondt,  dando 
un  profimdo  suspiro ,  no  esté  su  merced  tan  malo ,  por  la  misera- 
cordia  de  Dios ,  que  today  ia  no  pueda  esperar  leyantarse.  No ,  no , 
hyo  mio ,  repuso  ;  esto  ya  se  acabô.  Estoy  yiendo  que  sube  la 
gota  ^  y  que  la  muerte  se  ya  acercando  :  ye ,  pues ,  y  haz  cuanto 
antes  lo  que  te  he  mandado.  Conoci  efectiyamente  que  se  le  ma- 
daba  el  semblante ,  y  que  iba  perdiendo  terreno  por  instantes  ; 
por  lo  que  persuadido  de  que  el  asunto  estrechaba ,  marché  yo- 
îando  i  ejecutar  lo  que  me  habia  ordenado ,  dejando  con  el  en* 
lermo  à  la  seftora  Jacinta ,  la  cual  temia  aun  mas  que  yo  que  nuestro 
canônigo  se  nos  muriese  sin  testar.  Ëntréme  en  casa  del  primer 
escribano  que  encontre:  Seftor ,  le  dije ,  mi  amo  el  licendado  Ce- 
dUlo  esti  acabando  ;  quiere  hacer  su  ultima  disposicion ,  y  no  hay 
queperder  tiempo.  Era  el  escribano  un  hombre  rechoncho  y  pe- 
queflito»  de  genio  alegre,  y  amigo  de  bufonearse.  ^Qué  medico 


LIBRO  SECUNDO.  63 

le  aûte?  me  {ff^gimtô.  £1  doctor  Sangredo ,  le  respondL  Pues 
Tamos  p  Tsmos  apriesa ,  repuso  éi  cogiendo  apresuradamente  la 
capa  y  el  sombroro ,  porque  ese  doctor  es  tan  expeditÎYo ,  que  no 
(te  logar  i  los  enférmos  para  Ilamar  à  ios  escribanos.  Es  un  hom- 
bre  qae  me  ha  hecho  perder  muchos  testamentos. 

Didendo  esto,  salfanos  juntos»  andandoaceleradamente  para  11e- 
gar  énies  que  d  enfermo  entrase  en  agonia  ;  y  yo  dije  en  el  ca- 
nmioalesaritNmo:  Yasabevmd.  qneàunpobretestadorcuando 
«sti  eofiormo  snele  ialtarle  la  memoria ,  por  lo  que  suplico  à  ymd. 
que  p  si  es  menester ,  la  haga  algun  recuerdo  de  mi  lealtad  y  de 
mi  lelo.  Yo  te  lo  prometo ,  me  respondiô ,  y  jRate  de  mi  palabra , 
poes  es  josto  que  un  amo  recompense  à  un  criado  que  le  ha  ser« 
ïido  bîea;  y  asi  por  poco  que  le  vea  indinado  à  pagar  tus  ser- 
lidos ,  le  exhortaré  é  que  te  deje  alguna  buena  manda.  Cuaado 
Degimos  à  casa  halUmos  todavia  al  enfermo  despejado ,  y  con  lo- 
dos  sus  sentidos.  Estaba  junto  à  èl  la  sefiora  Jacinta ,  ballado  el 
rofltro  en  Ugrimas.  Acabiiba  de  hacer  bien  su  ptq^el ,  disponien- 
do  al  canônîgo  à  que  le  dejase  lo  mejor  que  tenia.  Quedô  el  es- 
cribano  solo  con  el  amo;  y  los  dos  nos  salimos  i  la  antesala» 
donde  enoontrémos  al  Salvador  que  venia  à  hacerle  otra  san- 
gria. Deténgase ,  maese  Martin,  le  dqo  el  ama;  ahora  no  puede 
entrar ,  porque  esta  su  merced  hadendo  testamento.  Le  aangra- 
réis  i  Tuestro  placer  luego  que  acabe. 

Estabamos  con  gran  temor  la  beata  y  yo  de  que  muriese  en  e) 
mîsmo  acto  de  testar  ;  pero  por  fortuna  se  formalizô  el  instru- 
menio  que  nos  ocasionaba  aquella  inquietud.  Vimos  salir  al  escri- 
bano y  que,  encontréndome  al  paso ,  dàndome  una  pdknadita  cb 
el  hombro,  y  sonriëndose,  me  dijo:  No  ha  sido  echado  e»  obndo 
GU Bkuz  palabras  que  me  llenAron  de  alborozo ,  y  agradeci  tanto 
h  memoria  que  mi  amo  habia  hecho  de  mi,  que  obed  encomen- 
darie  may  de  y&ns  à  Dtos  despnes  de  su  muerte ,  la  que  tarda  poco 
en  suoeder  ;  porque  habiéndole  sangrado  otra  vez  el  sangrador,  d 
pobre  Tiejo ,  que  ya  estaba  casi  exangue,  espirô  en  el  mismo  mo- 
Biento.  Apénas  acababa  de  exhalar  el  ultimo  suspiro,  cuando  entrô 
el  mèdîoo ,  que  se  quedô  cortado  y  mudo ,  no  obstante  de  estar 
tan  acostoinbrado  &  despachar  cuanto-àntes  i  sus  enférmos;  cpn 
todoeso,  lëjosdeatribuir  sumuerteàtantaagua,  yitantasssu^ 
grias ,  Tolyiô  las  espaldas  diciendo  con  firialdad  que  habia  muerto 
porque  le  habian  sangrado  poco ,  y  no  dAdole  biastante  agua  ca- 
liente.  El  ejecutor  de  la  medicina ,  quiero  dedr  el  sangrador , 
Tiendoqueya  no  era  necesario  su  ministerio ,  se  mardiôtinnliien , 
f iguiendo  al  doctor  Sangredo ,  didendo  uno  y  otro  que  desde  el 
primer  dia  habian  desahociado  d  licendado.  Y  en  efecto ,  casi 
mmca  se  engafiaban  cuando  pronunciaban  semejante  £aUo. 

Luego  que  TÎmos  moerlo  à  nuestro  amo ,  la  sefiora  Jadnta , 
hMifla  y  yo  eomenzàmos  on  conciert»  de  fiimebres  alaridos^  y 


6b  GIL  BLAS. 

tales  que  ie  oyëron  en  toda  la  veciudad.  La  beata  sobre  todo  , 
que  tenia  mayor  motivo  para  estar  alegre,  leyantaba  el  griiu 
con  lamentos  tan  funestos,  que  parecia  la  muger  mas  afligida  del 
mundo.  En  un  instante  se  Ilenô  la  casa  de  gente ,  atraida  mas  de 
curiosidad  que  de  compasion.  Los  parientes  del  difiinto  se  pre- 
sentàron  tambien  muy  pronto ,  y  hallàron  tan  desconsolada  à  la 
beata,  que  se  persuadièron  que  el  canônigo  habia  muerto  ab  m- 
testato.  Pero  tardô  poco  en  abrirse  à  presencia  de  todos  el  testa- 
mentodispuesto coulas formalidades  necesarias  :  y  cuando  yiëron 
que  el  testador  dejaba  las  mejores  albajas  à  la  seftora  Jadnta  y 
à  la  nifla,  pronunciàron  una  oracion  funèbre  del  canénigo  poco 
decorosa  à  su  memoria,  motejando  al  mismo  tiempo  A  la  beata , 
sin  olyidarme  à  mi  que  yerdaderamente  lo  merecia.  £1  licenciado, 
en  paz  sea  su  aima,  para  obligarme  A  que  no  me  olvidSise  de  él  en 
toda  mi  vida,  se  explicaba  asi  en  el  articulo  del  testamento  que 
hablaba  conmigo  :  Item,  por  cuanto  Gil  Bias  es  un  maxo  que  tiene 
(Ugun  bafk}de  lUeratura,  para  que  acabe  de  perfeccumarse  y  se  haga 
hombre  sabio  le  dejo  nn  libreria  con  todos  los  libros  y  manuscritos  , 
sin  exceptuar  ninguno. 

No  sabia  yo  donde  podia  estar  la  tal  soûada  libreria ,  porque 
en  ninguna  parte  de  la  casa  la  habia  visto  jamas.  Solo  habia  sobre 
una  tabla  en  el  cuarto  del  can6nigo  cinco  6  seis  libros  con  algun 
legajo  de  papeles  ;  y  los  taies  libros  no  podian  seryirme  para 
nada.  Uno  se  titulaba  El  Cocinero  perfecto  ;  otro  trataba  de  la  indir 
gestion,  y  del  modo  de  curarla  ;  los  demas  eran  las  cuatro  partes 
del  breviario  medio  roidas  de  la  polilla.  En  cuanto  à  los  manus- 
critos, el  mas  curioso  era  todos  los  autos  de  un  pleito  que  habia  se- 
guido  el  canônigo  para  conseguir  la  prebenda.  Despues  que 
examiné  mi  legado  con  mayor  atencion  de  la  que  (A  se  merecia, 
se  lo  cedi  à  los  parientes  del  difunto,  que  tanto  me  le  habian  en- 
vidiado.  Entreguéles  tambien  el  vestido  que  tenia  à  cuestas ,  y 
volyi  à  tomar  el  mio ,  contentàndome  con  que  me  pagasen  mi 
sabrio,  y  fonne  à  buscar  otra  conveniencia.  Por  lo  que  toca  i  la 
seftora  Jacinta ,  ademas  del  dinero  y  alhajas  que  el  canônigo  le 
habia  dejado,  se  leyantô  con  otras  muchas  cosas  que  ocoltamente 
habia  depositado  en  su  buen  amigo  durante  la  enfermedad  del 
diftmto. 

CAPITULO  m. 

Entra  Gil  Blai  à  terTÎr  al  doctor  Sangredo,  y  se  haoe  famoao  médioo. 

Resblvi  ir  à  buscar  al  seflor  Arias  de  Londofia,  para  escoger 
en  su  registro  otra  casa  donde  seryir  ;  pero  cuando  estaba  may 
cerca  del  rincon  donde  yivîa,  me  encontre  eon  el  doctor  Sangredo, 
à  qoien  no  habia  yisto  desde  la  muerte  de  mi  amo ,  y  me  atrevi 


LIBRO  SECUNDO.  65 

i  nludârie.  Conoci6me  iiimediatamente»  aanqae  estaba  en  oiro 
trage,  y  mostrando  particular  gusto  de  yerme  :  Hijo  mio,  me  dijo, 
ahora  mismo  iba  pensando  en  ti.  He  menester  un  criado ,  y  tù 
ères  el  qae  me  conviene,  con  tal  que  sepas  leer  y  escribir.  Como 
Tmd.,  dije,  no  pida  mas,  dèlo  todo  por  hecho.  Pues  siendo  asi , 
repliai,  yente  conmigo,  porque  tù  ères  el  hombre  que  yo  busco. 
En  mi  casa  lo  pasarés  alegremente  ;  te  trataré  con  distincion  ;  no 
te  seftahré  salario,  pero  nada  te  faltarâ.  Cuidarè  de  vestirte  con 
deœncia;  te  enseAaré  el  gran  secreto  de  curar  todo  género  de 
eofermedadea  ;  y  en  una  palabra ,  mas  seras  discipulo  mio  que 
criado. 

Aceptë  la  proposicion  del  doctor  con  la  esperanza  de  salir  un 
eèlebre  medico  bajo  la  direccion  de  tan  gran  maestro.  Lletôme 
hego  i  sa  casa  para  instruirme  en  el  ministerio  à  que  me  desti- 
oata.  Redodase  este  à  escribir  el  nombre ,  la  calle  y  casa  donde 
Tîrian  les  enfermos  que  le  llamaban  mlëntras  él  visitaba  à  otros 
firroqaianos.  Para  este  fin  tenia  un  libro  en  que  asentaba  todo 
lodicho una criada  yieja ,  à  la  cual  se  reducia  toda  su  femilia  ; 
pero  sobre  no  saber  palabra  de  ortografia,  escribia  tan  mal,  que 
por  lo  comun  no  se  podia  comprender  lo  escrito.  Encargtoe , 
pves,  i  mi  este  registro,  que  se  podia  intitular  con  razon  regutro 
noniiorio  6  lÀbro  de  difuntot,  porque  morian  casi  todos  aquellos 
CQfos  nombres  se  apuntaban  en  él.  Escribia,  por  decirlo  asi,  los 
nombres  de  los  que  querian  partir  de  este  mundo ,  ni  mas  ni 
ménos  qoe  en  las  casas  de  posta  se  apuntan  los  nombres  de  los 
qne  piden  carruage  6  cabaUos.  Estaba  casi  siempre  con  la  pluma 
en  la  mano,  porque  en  aquel  tiempo  el  doctor  Sangredo  era  el 
mèdioo  mas  acreditado  de  todo  Yalladolid ,  debiendo  su  réputa- 
tion àmialocuelaespeciosa,  sostenida  de  cierto  aire  graye,  y  al 
mismo  tiempo  apacible,  junto  con  algunas  afortnnadas  curas  que 
hiroQ  oelebradas  mas  de  lo  que  merecian. 

l^racticaba  mucho  la  fiacultad ,  y  por  consiguiente  le  fructifia 
caba  bien.  No  por  eso  el  trato  de  su  casa  era  el  mejor.  En  ella 
se  Ti?ia  muy  firugalmente.  Garbanzos,  habas  y  manzanas  cocidas 
ô  qneso,  era  nuestra  comida  ordinaria.  Decia  que  estos  alimen- 
tos  eranlos  mas  conyenientes  al  estèmago,  por  ser  mas  dociles  & 
h  tritoracion.  Con  todo  eso,  aunque  los  consideraba  muy  faciles 
dedigerir,  no  queria  que  nos  hartasemos  de  ellos,  en  lo  que 
tenia  mncha  razon  ;  pero  si  A  la  criada  y  à  mi  nos  prohibia  comer 
omcho,  en  recompensa  nos  permitia  beber  agua  sin  tasa.  Léjos 
de  andiar  en  esto  con  escasez,  nos  decia  muchas  yeces  :  Bebed , 
ilijos  mios  :  la  salud  consiste  en  que  todas  las  partes  de  nuestra 
^'^ifpmk  se  conseryen  flexibles ,  égiles  y  hûmedas.  Bebed  agua 
^abandancia,  porque  es  el  disolyente  uniyersal  que  précipita 
Mas  las  sales.  ;  Esta  acaso  detenido  y  lento  el  curso  de  la 
^^e?  ella  le  aoelera.  ;Està  répido  y  predpiudo?  le  detiene. 

5 


66  GIL  BLAS. 

EsCaba  el  buen  doctor  tan  persaadido  de  esto,  que  aun  el  inisnio 
no  bebia  mas  que  agaa,  sin  embargo  de  hallarse  ya  en  edad  muy 
avanzada.  Definia  la  yejez  diciendo  era  una  tisis  natural,  que  nos 
deseca  y  consume.  Fundado  en  esta  definicion,  lamentaba  la 
ignorancia  de  los  que  Uaman  al  vino  la  leche  de  loi  viejos.  Soste- 
nia  que  antes  bien  los  desgasta  y  los  destruye ,  diciendo  muy 
elegantemente  que  este  licor,  asi  para  los  yiejos  como  para  todos 
los  demas,  era  un  amigo  traidor  y  un  gusto  muy  engafloso. 

A  pesar  de  tan  bellos  raciodnios,  à  los  ocho  dias  que  estuve 
en  aquella  casa,  padeci  una  diarrea,  acompaflada  de  cnieles  do- 
lores  de  estômago,  lo  que  tuve  la  temeridad  de  atribuir  al  //t- 
iolvente  univenal,  y  à  la  mala  calidad  de  los  alimentos  que  oomia. 
Quejéme  de  esto  al  nneyo  amo,  esperando  que  al  cabo  vendria 
à  condescender,  y  à  darme  algun  poco  de  vino  en  las  comidas  ; 
pero  era  muy  enemigo  de  este  licor  para  tener  semejante  con- 
descendencia.  Cuando  te  hayas  acostumbrado  à  beber  agua  ,  me 
dijo,  conoceràs  sus  virtudes.  Por  lo  demas ,  si  te  disgusta  mucho 
el  agua  pura,  hay  mil  arbitrios  inocentes  para  corregir  el  de- 
sabrimiento  de  las  bebidas  acuosas.  La  salvia  y  la  beténîca  les 
comunica  un  gusto  delicioso  ;  y  si  quieres  que  lo  sea  mucho  mas^ 
mezcla  un  poco  de  flor  de  romero,  de  clavel  ô  de  amapola. 

Por  mas  que  ponderase  las  excelencias  del  agua ,  y  por  mas 
que  me  ensefiase  el  modo  de  componer  bebidas  exquisitas  sin 
que  para  nada  fuese  necesario  el  vino ,  la  bebia  yo  con  tanta 
moderacion  que,  advirtiéndolo  él ,  me  dijo  un  dia  :  Ta  no  me 
admiro,  Gil  Bias ,  de  que  no  gozes  una  perfecta  salad ,  porqae 
no  bebes  bastante ,  amigo  mio  ;  el  agua  bebida  en  poca  cantidad 
solo  sirve  para  remover  la  porcion  de  la  bilis ,  y  darle  mayor 
vigor  y  actividad,  cuando  es  necesario  anegarla  en  un  diluyente 
copioso.  No  temas,  hijo,  que  la  abundancia  del  agua  te  débilite 
ni  enfrie  dèmasîado  el  estômago.  Léjos  de  ti  ese  terror  pénioo 
con  que  miras  la  frecuencia  de  tan  saludable  bebida.  Yo  salgo 
por  fiador  de  su  buen  efécto  ,  y  si  no  te  satisface  mi  fianza ,  el 
divine  Celso  saldrà  et  abonarla.  Este  oréculo  latino  haœ  un  ad- 
mirable elogio  del  agua,  y  afiade  en  termines  expresos  que  los 
que ,  por  beber  vino ,  se  excusan  con  la  debilidad  del  estémago 
levantan  un  ftdso  testimonio  à  esta  entrafia  para  encubrir  su 
sensualidad. 

Como  hubiera  side  cosa  fea  dar  pruebas  de  indôdl  cuando 
daba  principio  à  la  carrera  de  la  medicina ,  mostrë  que  me  hacia 
fnerza  la  razon;  y  aun  confieso  que  efectivamente  la  crei.  Pro- 
seguiy  pues,  en  beber  agua ,  bajo  la  fe  de  Celso  ;  6  por  mejor 
decir,  comenzè  à  anegar  la  bilis,  bebiendo  en  gran  copia  aquel 
licor  ;  y  aunque  cada  dia  me  sentia  mas  desazonado,  pudo  mas 
la  preocupacion  que  la  experiencia.  Tenia,  como  se  vé,  una  admi- 
rable disposicion  para  ser  medico.  Sin  embargo ,  no  pudiendo 


LIBRO  SEGUNDO.  67 

mas  à  la  ^iolencia  de  los  males  que  me  atormentaban , 
tome  h  resolatton  de  dejar  la  casa  del  doctor  Sangredo  ;  pero 
este  me  honrô  con  un  nuevo  empleo,  el  cual  me  hizo  mudar  de 
parecer.  Mira,  hijo,  me  dijo  un  dia ,  yo  no  soy  de  aqueOos  amos 
iogratos  y  duros,  que  dejan  enyejecer  à  los  criados  sin  pasarles 
por  el  pensamiento  el  recompensar  sus  servicios.  Estoy  contento 
contlgo,  te  quiero;  y,  sin  aguardar  A  que  me  hayas  servido  mas 
tiempo ,  es  mi  Animo  hacerte  dichoso.  Ahora  mismo  te  Toy  i 
desoibrir  lo  mas  sutil  del  saludable  arte  que  profeso  tantos  aûos 
ha.  Los  demas  medicos  piensan  consiste  en  el  estudio  penoso  do 
mû  dendas  tan  inutiles  como  dificultosas  :  yo  inteifto  abreyiar 
on  camino  tan  largo,  y  ahorrarte  el  trabajo  de  estudiar  la  fisica, 
la  Darmacia,  la  botànica  y  la  anatomia.  Sà)ete,  amigo,  que  para 
corar  todo  género  de  males  no  es  menester  mas  que  sangrar  y 
haoer  beber  agua  caliente.  Este  es  el  gran  secreto  para  curar 
todas  las  enfermedades  del  mundo.  Si  :  este  maravilloso  secreto 
que  yo  te  comunico,  y  la  naturaleza  no  ha  podido  ocultar  à  mis 
profandas  observadones,  mantenièndose  impenetrable  à  mis  her- 
manos  y  compafteros ,  se  reduce  à  solos  dos  puntos  :  sangrias 
y  agua  caliente,  uno  y  otro  en  abundancia.  No  tengo  mas  que 
enseflarte.  Ya  sabes  de  raiz  toda  la  medicina,  y  si  te  aprovechas 
de  mis  largas  experiencias ,  seres  tan  gran  medico  como  yo.  Al 
présente  me  puedes  aliviar  mucho.  Por  las  maAanas  te  estarés  en 
casa  i  tener  cuenta  del  registro ,  y  por  las  tardes  iras  à  yisitar 
mis  enfermos.  Yo  asistiré  A  la  nobleza  y  al  clero  :  tù  yisitaràs  à 
los  del  estado  general  que  me  Uamaren,  y  despues  de  haber  ejer- 
ddo  algun  tiempo ,  haré  te  incorporen  en  nuestro  gremio.  He 
aqui,  Gil  Bias,  que  ya  ères  sabio ,  sin  ser  medico,  cuando  otros 
por  mochos  aftos ,  y  la  mayor  parte  toda  la  yida ,  son  medicos 
Antes  de  ser  sabios. 

Di  gradas  al  doctor  por  haberme  puesto  en  estado  en  tan  poco 
tiempo  de  ser  sustituto  suyo  ;  y  en  seftal  de  mi  agradecimiento 
le  oired  que  toda  la  yida  seguiria  A  ciegas  sus  opiniones,  aunque 
fuesen  contrarias  A  las  del  mismo  Hipocrates.  Pero  esta  palabra 
DO  era  del  todo  sincera,  porque  no  podia  conformarme  con  su 
opinion  acerca  del  agua,  y  en  mi  corazon  déterminé  beber  yino 
siempre  que  fuese  A  yisitar  mis  enfermos.  Segunda  yez  me  des- 
Budé  de  mi  yestido ,  y  tome  otro  de  mi  amo  para  presentarme 
en  trage  de  medico.  Hecho  esto  me  dispuse  A  practicar  la  medi- 
dna  A  Costa  de  los  pobres  c(ue  cayesen  en  mis  manos.  Tocôme 
dar  prmcipio  por  un  alguacil  que  adolecia  de  un  dolor  de  cos- 
tado.  Dispose  le  sangrasen  sin  piedad,  y  que  no  se  negasen  A 
darle  de  beber  agua  caliente  con  abundancia.  Entré  despues  en 
casa  de  un  pastelero ,  A  quien  la  gota  le  hacia  poner  los  gritos 
en  el  delo.  No  tuye  mas  compasion  de  su  sangre  que  de  la  del 
alguacil,  y  fui  muy  liberal  en  mandarle  dar  agua  caliente.  Valié- 


68  GIL  BLAS. 

ronme  doce  resiles  las  dos  visitas ,  y  qaedé  tan  contente  eon 
el  nuevo  ejercicio ,  que  solo  deseaba  cosecha  de  enfermos  y 
achacosos. 

Al  salir  de  casa  del  pastelero  me  encontre  con  Fabricio ,  & 
quien  no  habia  \isto  desde  la  muerte  del  licenciado  CedOlo. 
Mirôme  atento  y  atônito  por  algun  tiempo ,  y  despues  diô  una 
carcajada  tan  grande  que  parecia  iba  à  reventar  de  risa.  No 
dejaba  de  tener  razon  :  Ueyaba  yo  una  capa  tan  larga  que  me 
Uegaba  à  los  talones  ;  la  chupa  y  el  calzon  eran  tan  ancbos ,  que 
sobraban  mucho  para  dos  cuerpos  como  el  mio.  En  fin,  mi 
figura  podia  pasar  por  original  y  grotesca.  Dejéle  desabogar ,  y 
aun  yo  mismo  le  hubiera  acompaAado ,  si  no  me  contuviera  el 
decoro  de  la  calle ,  y  la  representacion  de  medico ,  que  no  es  un 
animal  risible.  Si  mi  ridiculo  trage  habia  movido  à  risa  à  Fabn- 
cio  9  mi  seriedad  se  la  aumentô ,  y  despues  que  se  riô  cuanto 
quiso  :;  Por  cierto,  Gil  Bias,  exclamô,  que  estes  estrafalaria- 
mente  puesto!  ^  quien  diablos  te  ha  disfirazado  asi?  Poco  à  poco, 
Fabricio ,  poco  à  poco ,  y  trata  con  todo  respeto  à  un  nuevo 
Hipocrates.  Sébete  que  soy  sustituto  del  doctor  Sangredo,  me- 
dico el  mas  famoso  de  Yalladolid.  Très  semanas  ha  que  estoy  en 
su  casa ,  y  en  este  breye  tiempo  me  ha  ënsefiado  radicalmente  la 
medicina ,  de  manera  que ,  como  él  no  puede  yisitar  é  todos  los 
enfermos  que  le  llaman ,  visito  yo  una  parte  de  ellos  para  ali- 
y iarle.  Él  asiste  é  la  gente  principal ,  y  yo  à  la  plèbe.  ;  Bellamente  ! 
replicé  Fabricio  :  eso  en  buen  romance  quiere  decir  que  te  ha 
cedido  la  sangre  plebeya ,  y  èl  se  ha  guardado  la  ilustre.  Boite 
cl  parabien  de  la  parte  que  te  ha  tocado,  que  en  mi  concepto  es 
la  mejor,  porque  é  un  medico  le  conyiene  mas  ejercer  su  facultad 
con  la  gente  pobre  que  con  la  opulenta.  j  Yiyan  los  medicos  de 
aldea  y  de  arrabal  !  sus  yerros  son  mènos  sabidos ,  y  no  meten 
tanta  bulla  sus  asesinatos.  Si ,  amigo  :  tu  suerte  me  pareoe  la  mas 
enyidiable ,  y  (por  hablar  à  manera  de  Alejandro)  si  yo  no  fuera 
Fabricio ,  querria  ser  Gil  Bias. 

Para  que  el  hijo  del  barbero  Nuûez  conociese  que  no  exa- 
geraba  ni  mentia  en  alabar  tanto  mi  présente  condicion,  le 
mostré  los  doce  reaies  del  alguacil  y  del  pastelero ,  y  despues 
nos  entràmos  los  dos  en  una  taberna  para  beber  â  costa  de  ellos. 
Presentàronnos  un  yino  bueno ,  el  cual  me  pareciô  mucho  mejor 
de  lo  que  era  por  la  gran  gana  que  tenia  de  beberle.  Echëme  ai 
cuerpo  yalientes  tragos ,  y  (  con  licencia  del  oràculo  latino  )  al 
paso  que  iba  bebiendo ,  conoei  que  el  estômago  no  se  quejaba 
de  las  injusticias  que  le  habia  hecho.  Detuyimonos  bastante 
tiempo  Fabricio  y  yo  en  la  taberna ,  y  nos  burlémos  largamente 
de  nuestros  amos ,  como  es  uso  y  costumbre  entre  todos  los  cria- 
dos.Viendo  que  se  acercaba  la  noche  nos  retiràmos ,  quedando  apa- 
labrados  de  yolyernos  à  yer  la  tarde  siguiente  en  el  mismo  parage. 

7^ 


LIBRO  SEGUNDO.  69 


CAPITULO  IV. 

Prosigne  Gil  Bias  e|ercieiido  la  medidna  con  tanto  acierto  oomo  capacidad. 
Ayeptura  de  la  sortija  reoobrada. 

No  bien  habia  yo  entrado  en  casa  caando  tambien  Tohiô  à  ella 
d  doctor  Sangredo.  Infonnèle  de  los  enfennos  qae  habia  yisitado, 
y  le  puse  en  la  mano  ocho  reales  que  restàron  de  los  doce  que  me 
habian  yalido  mis  recelas.  Ocho  reales ,  me  dijo,  por  dos  visitas 
son  poca  cosa  ;  pero  al  fin  es  preciso  recibir  lo  que  nos  dieren. 
Tomôlos ,  y  embolsindose  los  seis,  me  diô  solo  dos.  Toma,  Gil 
Bias ,  prosiguio ,  ahi  te  doy  para  que  empiezes  à  juntar  un  ca*- 
pital ,  pnes  desde  luego  te  cedo  la  cnarta  parte  de  lo  que  me 
loca.  Presto  seres  rico ,  amigo  mio,  porque  este  aûo ,  queriendo 
Dies  y  habrà  muchas  enfermedades. 

Contentéme ,  y  con  razon ,  pues  habiendo  resnelto  quedarme 
con  la  tercia  parte  de  lo  que  recibia,  y  cediéndome  el  doctor 
la  Guana  parte  de  lo  que  yo  le  entregaba ,  yenia  é  tocarme ,  si 
no  me  engafla  mi  aritmética ,  la  mitad  de  lo  que  realmente  per- 
cibia.  Esto  me  diô  nueyo  aliento  para  aplicarme  à  la  medicina.  Al 
dia  siguiente  luego  que  comi  volvi  é  echarme  à  cuestas  el  hibito 
de  sustituto ,  y  sali  é  campafia.  Visité  muchos  enfennos  de  los  que 
TO  mismo  habia  sentado  en  el  libro,  y  à  todos  les  receté  los  mis- 
mos  medicamentosa  aunque  padecian  diferentes  enfermedades. 
Uasta  aqui  las  cosas  iban  viento  en  popa ,  y  ninguno ,  gracias  al 
ctdo,  se  habia  alborotado  contra  mis  recetas.  Pero  nunca  iaitan 
censores  del  mètodo  de  un  medico ,  por  excelente  que  sea.  Entré 
en  casa  de  un  droguero  que  tenia  un  hijo  hidrôpiço ,  y  me  en- 
contre con  cierto  mediquillo  de  color  amulatado ,  que  se  llamaba 
el  doctor  Cuchillo ,  Uevado  alii  por  un  pariente  del  mercader. 
Hice  profundas  cortesias  é  todos  los  circunstantes ,  pero  parti- 
colarmenteal  tal  figurilla,  que  me  persuadi  habia  sido  llamado 
para  consultar  sobre  la  enfermedad  que  teniamos  entre  manos^ 
Saludôme  con  mucha  gravedad  ;  y  despues  de  haberme  mirado 
atentamente  :  Seûor  doctor,  me  dijo,  yo  conozco  à  todos  los  medicos 
de  Valladolid ,  hermanos  y  compaûeros  mios  ;  pero  confieso  que 
la  fisonomia  de  vmd.  es  para  mi  enteramente  nueva ,  por  lo  que 
es  preciso  que  ymd.  haya  yenido  &  establecerse  en  esta  dudad  de 
muy  poco  tiempo  i  esta  parte.  Yo ,  seflor ,  le  respondl ,  soy  un 
joyen  pasante  que  ejerzo  à  la  sombra  y  bajo  los  auspicios  del 
doctor  Sangredo ,  tan  conocido  en  este  pueblo  y  en  toda  la  co- 
marca.  Doy  à  ymd.  la  enhorabuena ,  me  replicô  cortesmente ,  de 
que  haya  adoptado  el  método  de  un  hombre  tan  grande.  No  dudo 
que  sera  ymd.  habilisimo,  aunque  tan  mozo  todavia.  Dijo  estQ 


70  GIL  BLAS. 

con  tanta  naturalidad  ,  que  no  pode  discernir  si  hablaba  de  veras  , 
6  si  ^  burlaba  de  mi.  Estaba  pensando  en  lo  que  habia  de  re— 
plicar,  cuandoel  droguero  tomô  la  palabra,  y  nos  dijo  :  Seflores, 
tengo  por  cierto  que  ustedes  saben  uno  y  otro  perfectamente  la 
medicina ,  y  asi  les  suplico  que ,  si  gustan ,  se  sirvan  consultar 
entre  los  dos  que  es  lo  que  debo  hacer  para  lograr  el  consuelo  de 
ver  bueno  à  mi  hijo. 

Oyendo  esto  el  doctorcillo ,  comenz6  à  observar  al  enfermo  , 
y  habiéndome  hecho  nocar  todos  los  sintomas  que  descubrian  ik 
naturaleza  de  la  enfermedad ,  me  preguntô  de  que  manera  pen- 
saba  yo  curarla.  Mi  parecer  es ,  le  respondi ,  que  se  le  sangre 
todos  los  dias ,  y  que  se  le  dé  é  beber  agua  caliente  en  abundancia. 
Al  oir  esto  el  mediquin,  me  preguntô  sonrièndose  con  aire  socar- 
ron  :  ^Y  crée  vmd.  c(ue  con  esos  excelentes  remedios  se  le  salyarà 
la  vida  al  enfermo  ?  \Y  como  que  lo  creo  !  respondi  animoso  ;  sin 
dnda  se  conseguiré  ese  efecto ,  pues  son  unos  especificos  contra 
todo  género  de  maies  ;  y  sino ,  que  lo  diga  el  doctor  Sangredo. 
Segun  eso ,  replico  el  doctor  Cuchillo ,  se  engafta  mucho  Celso ,  y 
escribiô  un  gran  disparate  >  asegurando  que  para  facilitar  la  co- 
racion  de  un  hidrôpico  es  conyeniente  dejarle  padecer  hambre  y 
sed.  i  Oh  !  le  respondi  :  yo  no  tengo  à  Celso  por  oréculo.  Enga- 
fiôse ,  como  se  engafiàron  btros ,  y  algunas  yeces  me  complazco 
en  ir  contra  sus  opiniones.  Conozco  por  la  explicacion  de  ymd., 
repuso  Cuchillo ,  la  préctica  segura  y  buena  que  el  doctor  San- 
gredo  quiere  inspirar  à  todos  los  profesores  jôyenes.  La  sangria 
y  la  bebida  es  su  medicamento  universal  ;  por  lo  que  no  me  ad- 
miro  ya  de  que  tantos  hombres  honrados  perezcan  en  sus  manos. 
Dejèmonos  de  invectivas ,  le  interrumpi  yo  con  sequedad  :  no  esté 
bien  en  uh  hombre  de  la  profesion  de  vmd.  tocar  esa  teda.  Sin 
sacar  sangre,  y  sin  dejarlos  beber,  se  hsm  enviado  muchos 
hombres  é  la  sepultura  ;  y  quizà  vmd.  habrà  despachado  à  ella 
mas  que  otros.  Si  vmd.  tiene  algo  contra  el  sefior  Sangredo , 
escriba  impugnàndole,  que  no  dejarà  ciertamente  de  responder, 
y  entônces  verémos  quien  es  el  que  queda  vencido.  jPor  san 
Pedro  y  san  Pablo!  prorumpiô  lleno  de  côlera  el  doctorcillo, 
que  vmd.  no  conoce  al  doctor  Cuchillo.  Sepa,  pues,  amigo  mio, 
que  tengo  garras  y  colmillos ,  y  que  de  ningun  modo  me  causa 
miedo  Sangredo  ,  cl  cual ,  mal  que  le  pesé  à  su  vanidad  y  pre- 
suncion ,  en  suma  no  es  mas  que  un  original  sin  copia.  La  figura 
del  mediquillo  me  hizo  despreciar  su  côlera.  Respondile  con 
enlado  ;  correspondiôme  con  el  mismo  ;  y  en  brève  vinimos  é 
las  manos.  Dimonos  algunas  pufiadas  ,  y  nos  arrancàmos  uno  â 
otro  porcion  de  pelos  antes  que  el  droguero  y  su  parienta  nos 
pudiesen  separar.  Luego  que  lo  hubiéron  conseguido,  pagé- 
ronme  la  visita,  é  hicièron  quedar  à  mi  antagonista,  que  vero- 
similmente  les  pareciô  mas  hébil  que  yo. 


UBRO  SEGUNDO.  71 

Despoes  de  esta  aventora ,  faltô  poco  para  que  me  sucediese 
otra.  Fui  à  visitar  à  cierto  sochantre  que  estaba  con  calentura. 
Apénas  me  oy6  hablar  de  agua  caliente ,  cuando  se  mostrô  tan 
rebelde  à  este  remedto  ^  que  comenzô  à  echar  yotos.  Dijome 
mO  desTerguenzas ,  y  aun  me  amenazô  de  que  me  echaria  por 
la  Tentana.  Sali  de  aquella  casa  mas  de  priesa  de  lo  que  hsd)ia 
aitrado.  No  quise  visitar  mas  enfermos  aquel  dia ,  y  me  fiii  de- 
recho  à  la  taberna  de  lo  caro ,  donde  la  Tispera  habiamos  que- 
dado  apalabrados  Fabricio  y  yo.  Como  ambos  teniamos  buenas 
ganas  de  beber,  lo  hicimos  perfectamente,  y  despues  nos  reti- 
rémos  cada  uno  à  su  casa,  en  buen  estado^ambos  »  quiero  decir, 
moros  van ,  moros  yienen.  No  conociô  êl  doctor  Sangredo  el 
achaqae  de  que  yo  adolecia  ;  porque  le  conté  con  tanta  energia 
io  que  me  habia  suoedido  con  el  doctorcillo  ,  que  atribuyô  mis 
descompasadas  i^cciones  y  mis  palabras  mal  articuladas  al  enojo 
y  côlera  que  me  babia  causado  el  lance  que  le  referia.  Fuera 
de  eso ,  como  él  era  interesado  en  el  hecho ,  se  alterô  algo 
contra  el  doctor  Cuchillo  ;  y  asi  me  dijo  :  Hiciste  muy  bien,  GO 
Bias  y  en  yolver  por  el  honor  de  nuestros  remcdios  contra  aquel 
tborto ,  ô  por  mejor  decir,  embrion  de  nuestra  facultad.  Pues 
<[^f  ^pîensa  el  grandisimo  ignorante  que  nose  deben  adminis- 
trar  é  los  hidrôpicos  bebidas  acuosas?  ipobre  mentecato!  pues 
yo  defenderë  delantede  todo  elmundo  que  con  el  agua  sepuede 
carar  todo  gènero  de  hidropesias,  y  que  es  un  especifico  igualmente 
âdaptado  para  estas ,  como  para  los  reumatismos  y  opilaciones.  Es 
tambien  muy  propia  para  aquel  género  de  calenturas  que  por  una 
parte  abrasan  al  enfermo,  y  por  otra  le  hielan  ;  y  es  maravilloso  re- 
medio  para  todas  aquellas  enfermedades  que  se  atribuyen  à  hu- 
mores  firios ,  serosos ,  fiematicos  y  pituitosos.  Esta  opinion  solo 
parece  extrada  à  los  principiantes ,  cual  es  Cuchillo ,  incapaces  de 
discurrir  como  filôsofos  ;  pero  es  muy  probable  en  buena  medicina; 
ysieOosfueran  capaces  de  penetrar  la  razonen  que  se  funda,  en 
vez  de  desacreditarme ,  llegarian  à  ser  mis  mayores  apasionados. 

Tanta  era  su  côlera ,  que  ni  aun  le  pasô  siquiera  por  el  pen- 
samienlo  que  yo  hubiese  bebido  :  pues  por  irritarle  mas  adre- 
démente  habia  yo  aftadido  algunas  circunstancias  de  mi  pegujal 
ô  de  mi  fecunda  inventiya.  Con  todo  eso ,  aunque  estsJ^a  tan 
ocupado  en  lo  que  le  acababa  de  contar,  no  dejô  de  advenir 
que  aquella  noche  habia  yo  bebido  mas  agua  de  la  que  acostum- 
braba ,  porque  con  cfecto  el  vino  me  habia  dado  muchisima  sed. 
Otro  que  no  fuese  el  doctor  Sangredo  habria  maliciadp  un  poco 
de  aquella  grande  sed  que  me  aquejaba ,  y  de  los  sendos  vasos 
de  agua  que  bebia  ;  pero  ël  creyô  buenamente  que  yo  iba  aficio- 
nandome  à  las  bebidas  acuosas  ;  y  asi  me  dijo  sonriéndose:  Amigo 
Gîl ,  à  lo  que  veo ,  ya  parece  que  no  tienes  tanta  enemistad  con 
el  agua.  Por  vida  mia  que  la  bebes  como  pudieras  cl  mas  deti- 


73  /     GIL  BLAS. 

cioso  nectar.  No  me  admiro  de  eso ,  porqae  ya  sabia  yo  que 
con  el  tiempo  te  acostambrarias  à  este  soberano  licor.  Seftor  ,  le 
respondiy  dice  bien  aquel  refran  :  coda  cosad  tu  tiempo,  y  lot 
naboê  en  adviento.  Lo  que  es  abora ,  créa  su  merced  que  daria 
yo  una  cuba  entera  de  vino  por  una  sola  azumbre  de  agua. 
Quedô  tan  encantado  el  doctor  con  esta  respuesta ,  que  tomô  de 
ella  ocasion  para  ponderar  las  excelencias  de  aquella  bebida. 
Hizo  nuevamente  su  panegirico ,  no  ya  como  panegirista  frio , 
sino  como  un  orador  entusiasmado.  Mil  y  aun  mil  miQones  de 
yeces ,  exclamô ,  eran  mas  estimables ,  y  mas  inocentes  que  las 
tabernas  de  nuestros  tiempos ,  las  termôpilas  de  los  siglos  pasa- 
dos ,  donde  no  se  iba  à  malgastar  yergonzosamente  la  hacienda 
y  la  \ida ,  anegàndose  en  el  vino;  sino  que  concurrian  alii  é  di- 
vertirse  honestamente ,  y  à  beber  sin  riesgo  agua  caliente  en 
abundancia.  Nuncase  admirarà  bastantemente  là' sabia  prévision 
de  los  antiguos  gobernadores  de  la  vida  civil ,  que  institayéron 
.  lugares  publicos  donde  cada  uno  pudiese  libremente  acudir  i  be- 
ber agua  à  su  satisfoccion ,  haciendo  encerrar  el  vino  en  las 
cuevas  de  los  boticarios ,  con  severa  prohibicion  de  que  ninguno 
le  pudiese  beber  si  no  le  recetaba  el  medico.  ;  Oh ,  que  rasgo  de 
prudencia  !  Sin  duda,  aftadiô ,  que ,  por  una  reliquia  de  la  antigua 
firugalidad ,  digna  del  siglo  de  oro ,  se  conservan  aun  el  dia  de 
hoy  algunas  pocas  personas,  que,  como  tu  y  como  yo ,  solamente 
beben  agua ,  persuadidas  de  que  evitaràn  ô  curarân  todos  los 
males  bebiendo  agua  caliente ,  que  no  haya  hervido ,  porque 
tengo  observado  que  la  hervida  es  mas  pesada ,  y  no  la  abraza 
tan  bien  el  estômago  como  la  que  sin  hervir  Ilega  solo  à  ca- 
lentarse.  Mas  de  una  vez  temi  reventar  de  risa  mièntras  mi 
amo  discurria  en  el  asunto  con  tanta  elocuencia.  Con  todo  eso 
me  mantuve  serio ,  y  aun  hice  mas ,  pues  mostrë  ser  del  mismo 
sentir  que  el  doctor  Sangredo  ;  abominé  del  uso  del  vino ,  y  me 
compadeci  de  los  hombres  que  tenian  la  desgracia  de  pagarse  de 
una  bebida  tan  perniciosa.  Despues  de  esto ,  como  todavla  me 
sentia  con  sobrada  scd ,  llené  de  agua  caliente  una  gran  taza ,  y 
de  una  asentada  me  la  echè  toda  al  cuerpo.  Yamos,  sejk)r ,  dije 
à  mi  amo  y  hartémonosde  este  benéfico  licor,  y  resucîtemos  en 
esta  casa  aquellas  antiguas  termôpilas ,  de  cuya  falta  tanto  se 
lamenta  vmd.  Celebrô  mucho  estas  palabras ,  y  por  mas  de 
una  hora  entera  me  estuvo  exhortando  à  que  bebiese  siempre 
agua.  Prometlle  que  la  beberia  toda  la  vida;  y  para  cumplir 
mejor  mi  palabra ,  me  acosté  con  firme  propôsito  de  ir  todos  los 
dias  à  la  taberna. 

El  lance  pesado  que  habia  tenido  en  casa  del  droguero  no  me 
quitô  el  gusto  de  ir  à  recetar  eldia  siguiente  sangrias  y  agua  ca- 
liente. Al  salir  de  la  casa  de  un  poeta  que  estaba  frenético ,  me 
encontre  con  una  vieja ,  la  cual  se  llegô  à  mi  >  y  me  preguntô  si 


LIBRO  SECUNDO.  73 

mi  medico.  Respondlle  qae  si ,  y  ella  me  soplicô  con  macba  hu- 
mtUad  me  siryiese  acompaftarla  à  su  casa ,  donde  estaba  indis- 
poesta  sa  sobrka ,  que  se  sentia  mala  desde  el  dia  anterior ,  igno- 
rando  coal fnese  su  enfermedad.  Seguila ,  y  guiàndome  à  su  casa, 
me  hizo  entrar  en  un  cuarto  adornado  de  muebles  muy  décentes , 
donde  vi  una  muger  en  cama.  Acerquëme  é  ella  para  obseryarla. 
Desde  loego  me  Uamô  la  atencion  su  fisonomia ,  y  despues  de 
haberla  mirado  por  algunos  momentos ,  reconoci ,  sin  quedarme 
génère  de  duda,  que  era  aquella  misma  aventurera  que  habia 
hecho  tan  perfectamente  el  papel  de  Gamila.  Por  lo  que  à  ella  to- 
ca ,  me  pareciô  no  me  habia  conocido  ,  ya  fiiese  por  tenerla  aba- 
tida  el  mal ,  ô  ya  por  el  trage  de  medico  en  que  me  veia.  To- 
mèle  el  pnlso ,  y  yi  que  tenia  puesta  mi  sortija.  Senti  una  terrible 
oonmocion  al  reconocer  una  aJhaja  à  la  cual  tenia  yo  tanto  dere- 
cho ,  y  estuye  Aiertemente  tentado  à  quitàrsela  por  fuerza  ;  pero 
satnendo  que  las  mageres  luego  comienzan  à  gritar ,  y  temiendo 
acudiese  à  su  defensa  el  dichoso  don  Rafael ,  ô  algun  otro  de 
tantos  protectores  como  tiene  siempre  el  bello  sexo  para  acudir 
i  sus  gritos ,  resisti  é  la  tentacion.  Pareciôme  séria  mejor  disi- 
nnilar  por  entônces  hasta  consultar  el  caso  con  Fabricio.  Abrazé, 
pues  y  este  ultimo  partido.  Miéntras  tanto  la  yieja  me  apuraba 
para  que  declarase  el  mal  de  que  adolecia  su  postiza  6  su  yerda- 
dera  sobrina.  No  fui  tan  mentecato  que  quisiese  confesar  que  no 
le  conocia ,  Antes  bien ,  haciendo  de  hombre  sabio  é  imitando  à 
mi  maestfo ,  dije  cou  mucha  grayedad  que  todo  dependia  de  falta 
de  transpiracion ,  y  por  consiguiente  que  era  menester  san- 
grarla  inmediatamente ,  y  humedecerla  bien ,  haciéndole  beber 
agua  caliente  en  cantidad ,  para  cararla  segun  el  debido  mëtodo. 

Abreyië  la  yisita  cuanto  pude,  y  fiiime  derecho  A  buscar  al 
hijo  de  Nuftez ,  é  quien  tardé  poco  en  encontrar ,  porque  iba  à 
cierta  dîligencia  de  su  amo.  Contéle  mi  nueva  aventura ,  y  le  pre- 
ganté  si  le  parecia  conveniente  que  me  yaliese  de  algunos  algua- 
dies  para  recobrar  mi  alhaja ,  prendiendo  à  Camila.  No  por  cierto , 
me  respondiô  ;  no  pieuses  en  tal  disparate ,  ese  séria  el  medio 
mas  seguro  para  que  nunca  vieses  en  tu  mano  la  sortija.  Esa  gente 
no  es  muy  inclinada  à  hacer  restitudones ,  y  sino  acuérdajte  de 
lo  que  te  sucediô  en  Astorga  ;  tu  caballo ,  tu  dinero ,  y  hasta 
tupropio  yestido,  todo  quedô  en  sus  ufias.  Es  necesario ,  pues, 
apelar  A  nuestra  industria,  si  cpiieres  recobrar  tu  desgraciado 
diaoïante.  Déjamelo  pensar  à  mi  miéntras  yoy  à  dar  un  recado  de 
mi  amo  al  proyeedor  del  hospital  ;  espérame  en  la  taberna  de 
que  somos  parroquianos ,  y  ten  un  poco  de  paciencia ,  que  presto 
nos  yerémos. 

Mas  de  très  horas  hada  que  le  estaba  esperando  cuando  al 
cabo  pareciô.  Al  principio  no  leconod,  porque  habia  mudado  de 
trage:  traia  el  pelo  trenzado,  y  unos  bigotes  postizos,  que  le  ta- 


74  GIL  BLAS. 

paban  la  mitad  de  la  cara:  del  cinto  le  colgaba  ana  espada  larga  » 
cuya  cazoleta  tenia  por  lo  ménos  très  pies  de  circonferencia ,    y 
marchaba  al  freote  de  cinco  hombres ,  todos  con  aire  tan  resuelto 
y  detenninado  como  él ,  lleyando  igaalmente  sus  grandes  yigo- 
tes  y  espadas  largas.  Servitor ,  sefior  Gil  Bias ,  me  dijo ,  acercàn- 
dose  à  ml  con  resolacion  y  despejo.  Aqui  tiene  vmd.  un  algim— 
cil  de  nuevo  cuAo ,  y  m  esta  honradagente  que  me  acompaAa , 
unos  corchetes  del  mismo  temple.  Solo  queda  à  cargo  de  ymd. 
el  guiarnos  à  casa  de  la  mugw  que  le  robô  el  diamante  ;  y  le  cm- 
pefto  mi  palabra  de  que  le  recobiarâ.  Abrazé  à  Fabricio  luego 
que  le  oi  estas  palabras ,  conociendo  poi^  ellas  la  estratagema  que 
habia  inventado  para  fayorecerme ,  aproband^  mucho  semejante 
arbitrio.  Saludé  tambien  à  los  fingidos  ministriles ,  los  coale»  eran 
très  criados  y  dos  mancebos  de  barbero ,  todos  amigos  suyos , 
à  quienes  habia  metido  en  que  hiciesen  aquel  papel.  Mandé  tra- 
jesen  vino  para  que  refrescase  la  ronda ,  y  à  la  entrada  de  la  no- 
che  nos  encaminàmos  é  casa  de  Camila.  Llamàmos  à  la  puerta , 
queya  encontràmos  cerrada.  Vino  à  abrirla  la  vieja:  y  creyendo 
que  eran  mtnistros  de  justicia  los  que  yenian  conmigo ,  y  que  no 
iban  é  su  casa  sin  algun  mal  fin ,  se  Uenô  la  pobre  dé  miedo. 
No  se  turbe ,  madré ,  le  dijo  Fabricio ,  que  no  yenimos  por  mal , 
sino  à  un  negocio  de  poca  importancia,  que  presto  se  evacuara. 
Diciendo  esto  nos  fuimos  introduciendo  hasta  el  cuarto  de  la  en- 
ferma y  guiàndonos  la  y  ieja ,  que  iba  delante  alumbrando  coq  una 
yela  en  un  candelero  de  plata.  Tome  el  candelero ,  y  acercàndo- 
me  à  la  cama  de  Camila ,  aplicando  la  luz  à  mi  cara  para  que  me 
yiese  mejor:  Infâme,  le  dije,  ^. conoces ahora aquel  crèdulo  Gil 
Bias  y  é  quien  tan  yillanamente  engaâaste  ?  En  fin ,  ya  te  encontre , 
bribonaza.  £1  corregidor  diô  oidos  é  mi  querella,  y  ôrdeniestos 
seAores  de  arrestarte  y  encerrarte  en  un  calabozo.  £a,  pues ,  se- 
ftor  alguacil ,  dije  à  Fabricio ,  cumpla  con  lo  que  le  ban  mandado , 
y  haga  lo  que  le  toca.  No  necesito ,  respondiô  con  yoz  bronca  y 
desabrida ,  que  ninguno  me  acuerde  mi  obligacion.  Ya  tengo  noti- 
cia  de  esta  buena  alhaja ,  pues  tiempo  ha  que  esta  esorita  y  regis- 
trada  en  mi  libro  de  memoria.  Levàntese ,  reina  mia ,  y  yistase 
pronto ,  que  yo  tendre  la  fortuna  de  irla  siryiendo  de  escudero , 
si  lo  lleva  à  bien ,  hasta  la  càrcel  pùblica  de  esta  ciudad. 

Al  oir  esto  Camila ,  aunque  parecia  tan  postrada ,  adyirtiendo 
que  dos  ministriles  se  disponian  à  sacarla  por  fiierza  de  la  cama, 
se  sentô  en  ella,  y  juntas  las  manos«  en  tono  de  suplicante ,  mt- 
ràndome  con  ojos  en  que  se  yeia  pintado  el  desconsuelo  y  el  ter- 
ror: Sefior  Gil  Bias,  me  dijo,  apiàdese  ymd.  de  mi:  esto  se  lo 
pido  por  aquella  su  casta  madré ,  que  le  diô  à  luz  despues  de 
haberle  tenido  nueye  meses  en  sus  maternales  entraftas.  Auoque 
confieso  mi  culpa ,  todayia  fui  mas  desgraciada  que  delincuente. 
Voy  à  restituirle  su  diamante ,  y  por  amor  de  Dios  no  me  pierda. 


UBRO  SEGUNDO.  75 

Udendo  esto  se  sacô  la  sartija,  y  me  la  puso  en  la  maoo.  Pero 
yo  le  respond!  que  no  me  contentaba  con  solo  el  diamante ,  sino 
qoe  uunbîen  queria  se  me  restituyesen  los  mil  ducados  que  se  me 
habian  robado  en  la  posada.  SeAor ,  replicô  ella^,  los  mil  ducados 
no  me  los  pida  ymd.  A  mi,  pidaselos  al  traidor  de  don  Rafael ,  à 
qnien  no  he  Tisto  desde  entônces  acâ ,  que  aquella  misma  noche 
se  los  Ueyô.  ;  Ah  buena  maula  !  interrumpiô  Fabricio ,  jpues  que , 
no  hay  mas  que  decir  que  no  tuviste  arte  ni  parte  en  ello,  para 
darte  por  legitimamente  disculpada?  Basta  que  hayas  sido  com- 
plice del  don  Rafael ,  para  que  se  te  pida  estrecha  cuenta  de  toda 
ta  TÎda  pasada.  Sin  duda  que  tendras  archivadas  en  la  condencia 
l>ellas  cosas.  Yen ,  yen  à  la  càrcel ,  donde  haras  una  buena  con- 
fusion general.  Tambien  quiero  Uevar  en  tu  compaAia  A  esta  bue- 
na Tîeja ,  à  quien  juzgo  impuesta  en  una  infinidad  de  lances  cu- 
riosos ,  qoe  al  seAor  corregidor  no  le  pesarA  saber. 

Al  oir  esto  las  dos  mugeres  no  omitiëron  medio  alguno  para 
moTemos  A  piedad.  Albc4*otAron  la  casa  A  gritos ,  llantos  y  lamen- 
tos.  Miëntras  la  TÎeja ,  puesta  de  hinojos ,  ya  delante  del  alguacil , 
ya  delante  de  los  ministriles ,  procurâba  exdtar  su  compasion , 
Camila ,  del  modo  mas  tierno  y  patëtico  del  mundo ,  me  suplicaba 
y  conjuraba  la  librase  de  mano  de  la  justida.  Era  este  un  espectA- 
colo  digno  de  Ter  se.  Fîngl  ablandarme,  y  dije  al  hijo  de  NuAez: 
Sejk)r  alguacil ,  puesto  que  ya  he  recobrado  mi  diamante ,  se  me  da 
poco  de  lo  demas.  No  deseo  se  afl\ja  A  esta  pobre  muger ,  porque  no 
qniero  la  muerte  del  pecador.  ]  Bueno  por  cierto  I  me  respondiô, 
îmd.  es  muy  compasivo ,  y  no  yalia  un  pepino  para  alguacil.  Yo  no 
poedo  ménos  de  complir  con  mi  obligacion  ;  y  el  seAor  corregidor 
^xpresamenteme  mandô  prendiese  A  estas  princesas ,  porque  quie- 
re  sa  seAoria  hacer  con  ellas  un  ejemplar  que  sirya  de  escarmiento. 
Hagame  ymd.  el  fayor ,  le  répliqué ,  de  hacer  por  mi  alguna  cosa, 
y  saayizar  on  tantico  el  rigor  de  la  ôrden ,  en  fayor  del  regalo  que 
estas  damas  le  quieren  hacer  en  corta  demostracion  de  su  recono- 
cimiento.  [  Oh  !  seAor  doctor,  repuso  Fabricio ,  ese  es  otro  cantar. 
No  puedo  resisttr  A  esa  figura  retôrica  usada  tan  A  tiempo.  Ea,  pues» 
Teamos  lo  que  me  quiere  regalar.  Daréle  A  ymd. ,  dijo  Camila,  un 
collar  de  perlas ,  y  unos  pendientes  de  piedras  que  yalen  buen  di— 
nero.  Si,  respondiô  Fabrido  taimadamente ,  con  tal  que  no  seau 
de  las  que  te  enyiô  tu  tio  el  gobemador  de  Filipinas ,  porque  esas 
00  las  quiero.  Os  aseguro  que  son  finas ,  dijo  Camila  ;  y  al  mismo 
tiempo  mandô  A  layieja  trajese  una  cajita  donde  estaban  el  collar 
y  los  pendientes ,  que  ella  misma  puso  en  manos  del  seAor  algua- 
cil; y  aunque  este  era  tan  diestro  lapidario  como  yo,  no  dejô  de 
conocer ,  sin  quedarle  alguna  duda ,  que  eran  finas  asi  las  piedras 
de  los  pendientes ,  como  las  perlas  del  collar.  Estas  alhajas ,  dijo 
despues  de  haberlas  mirado  atentam^te ,  me  parecen  de  buena 
ley  ^  y  si  se  aAade  A  ellas  el  candelero  de  plata  que  el  seAor  Gil 


70  GIL  BLAS. 

Bias  tiene  en  la  mano ,  no  respondo  ya  de  mi  obediencia  al  set 
corregidor.  No  creo  ,  dije  entonces  à  Camila ,  que  por  semeja 
firiolera  quiera  vind.  deshacer  un  convenio  que  le  tiene  tanta  cuenlj 
Diciendo  y  haciendo  quite  la  vela  del  candelero ,  se  la  entr 
gué  à  la  vieja ,  y  alargué  este  i  Fabricio  ^  que,  contentândose  < 
ello,  quizé  porque  no  viô  en  la  sala  ninguna  otra  cosa  de  pre 
que  se  pudiese  llevar  fôcilmente,  dijo  à  las  dos  mugercs:  Aéîod 
reinas  mias ,  y  pierdan  cuidado ,  que  Yoy  i  hablar  al  seftor  cor{ 
regidor ,  y  à  dejarlas  con  ël  mas  puras  y  mas  blancas  que  la  vïis^ 
ma  nieye.  Nosotros  le  sabemos  pintar  las  cosas  como  queremosj 
y  nunca  le  hacemos  reladon  que  no  sea  yerdadera ,  sino  cuandi^ 
lenemos  algun  poderoso  motiyo  que  nos  obligue  à  desfigurar  ui 
poco  la  yerdad. 

CAPITULO  V. 

ï 

Prosigue  la  aTentura  de  la  tortija  ;  drja  Gil  Bias  la  medidna ,  y  le  aasenta 
de  YalladoUd. 


Ejecutado  tan  felizmente  el  admirable  proyecto  de  Fabricio , 
salimos  de  casa  de  Camila  alabàndpnos  de  un  suceso  que  habia 
superado  nuestras  esperanzas ,  porque  solo  habiamos  ido  â  re- 
cobrar  una  sortija ,  y  nos  Uevàmos  lo  demas  sin  ceremonia  ni  el 
menor  remordimiento.  Léjos  de  hacer  escrùpulo  de  haber  robado 
A  dos  mugeres  del  partido ,  creiamos  haber  hecho  un  acto  me- 
ritorio.  Seâores,  dijo  Fabricio,  luego  que  estuvimos  en  la  calle, 
soy  de  parecer  que  para  coronar  esta  bella  hazafia  yayamos  à 
nuestra  taberna  de  lo  caro ,  donde  pasarémos  alegremente  la  no- 
che.  Maftana  venderémos  el  collar,  los  pendientes  y  el  candelero; 
harëmos  nuestras  cuentas,  y  repartirèmos  el  dinero  como  herma- 
nôs.  Hecho  esto  cada  uno  se  ira  à  su  casa ,  y  discurrirà  lo  que 
mejor  le  pareciere  para  excusarse  de  haber  pasado  la  noche  fuera 
de  ella.  Tuvimos  por  muy  prudente  y  juicioso  el  pensamiento 
del  seftor  alguacil.  Yolvimos ,  pues,  todos  à  nuestra  taberna,  pa- 
reciéndoles  A  unos  que  fàcilmente  encontrarian  algun  buen  pre- 
texto  para  disculpar  el  haber  donnido  fiiera ,  y  no  dAndoselcs  a 
otros  un  pito  de  que  los  despidiesen  sus  amos. 

Diôse  ôrden  de  que  se  nos  dispusiese  una  buena  cena ,  y  nos 
sentàmos  à  la  mesa  con  tanto  apetito  como  alegria.  Durante  ella 
se  suscitéron  especies  muy  graciosas  ;  sobre  todo  Fabricio ,  que 
era  fecundisimo,  y  hombre  de  gran  talento  para  mantener  siempre 
viva  la  conversacion ,  y  divertir  é  toda  la  compafiia.  Ocurrièronle 
mil  dichos  Uenos  de  sal  espaâola ,  que  nada  debe  à  la  sal  ética  ; 
pero  estando  en  lo  mejor  de  la  diversion  y  de  la  risa,  turbô  nues^ 
tra  alegria  un  lance  inesperado  y  snmamente  desagradable.  Entré 


LIBRO  SECUNDO.  77 

Bd  cuarto  donde  escabamos  un  hombre  bastante  bien  plantado, 
âqnien  aoompaAaban  otros  dos  de  moy  mala  catadara.  Tras  es- 
tos  eotriron  otros  très  ;  y  enfin  de  très  en  très  fuèron  entrando 
basta  doce ,  todos  con  espadas ,  carabinas  y  bayonetas.  Conoci- 
liosqoe  eran  mînistros  yerdaderos  de  justicia,  y  fécîlmente  pe- 
Ktréfflos  sa  intencion.  AI  principio  pensàmos  en  defendernos , 
pero  en  on  instante  nos  rodeéron  y  nos  contuvîéron ,  asi  por  su 
um  namero ,  como  por  el  respeto  que  tuvimos  à  las  armas 
le  foego.  Seâores ,  nos  dijo  el  comandante  con  cierto  airecillo 
bortoo,  tengo  noticia  de  la  ingeniosa  inyendon  con  que  ustedes 
bn  recobrado  de  mano  de  cierta  aventurera  no  se  que  preciosa 
sortija.  £1  estratagema  fué  ingenioso  y  excelente^  tanto   que 
Derece  ser  publicamente  premiado:  recompensa  que  no  se  les 
pede  i  osiedes  negar.  La  justicia  ,  que  tiene  destinado  à  ustedes 
^  alojamiento  en  su  misma  casa  y  no  dejaré  dertamente  de 
fremitf  an  esfuerzo  tan  raro  de  ingenio.  Turbéronse.à  estas  pa- 
hbras  todas  las  personas  à  quienes  se  dirigian,  y  mudàmos  todos 
detODoy  de  semblante,  Uegàndonos  la  yez  de  experimentar  el 
Bismo  terror  que  habiamos  causado  en  casa  de  Camila.  Sin  em- 
bargo, FabriciOy  aunquepélido  y  casi  muerto,  intenté  discul- 
innios.  Seûor,  dijo  todo  trémulo ,  nuestra  intencion  fiié  sin  duda 
bofitt,  y  en  grada  de  ella  se  nos  puede  perdonar  aquella  ino- 
cette  sopercheria.  ^Qoè  diablos?  replicô  el  comandante  con  vî- 
vezâ,  ^â  esa  Hamas  tu  snpercheria  inocente  ?  ^Ignoras  por  yen- 
tnra  que  huele  à  càftamo ,  6  cuando  mënos  à  baqueta  esa  inocente 
SQpercheria?  Fuera  de  que  à  ninguno  le  eslicito  hacerse  justicia  & 
simjsmo  por  su  propia  mano ,  os  llevésteis ,  ademas  de  la  sor- 
tija, on  collar  de  perlas ,  un  candelero  de  plata,  y  unos  pendientes 
dediamantes.  Lo  peor  de  todo  es  que  para  hacer  este  robo  os 
bgisteis  ministros  de  justicia.  {Unos  hombres  misérables  supo- 
nerse  gente  honrada  para  baeer  tal  villania ,  y  cometer  semejante 
naldad!  ^Os  parece  esta  una  culpa  venial  que  se  lava  con  agua 
beodita?  Seréis  muy  dichosos  si  solo  se  echa  mano  de  la  penca 
para  borrarla  y  castigarla.  Cuando  llegàmos  à  comprender  que  la 
cosa  era  mas  séria  de  lo  que  nosotros  babiamos  imaginado ,  nos 
«<teos  todos  à  sus  pies ,  y  le  suplicàmos  con  légrimas  que  se 
apiadase  de  nosotros  y  de  nuestra  inconsiderada  juyentud  ;  pero 
todos  naestros  damores  fuéron  inutiles.  Bespreciô  cou  indigna->. 
don  la  propuesta  que  le  hicimos  de  cederle  el  collar,  los  pen- 
dientes y  el  candelero.  Tampoco  cpiiso  admitir  la  sortija  que  yer- 
daderamente  era  mia ,  quizâ  porque  se  la  ofirecia  à  presencia  de 
tantos  testigos.  En  fin  estuyo  inexorable.  Hizo  desarmar  à  mis 
compafteros ,  y  nos  lleyô  à  todos  à  la  càrcel.  En  el  camino  me 
coQto  uno  de  los  alguaciles  que ,  habiendo  sospechado  la  vieja 
?]e  TiTia  con  Camila  que  no  eramos  gente  de  justicia ,  nos  habia 
s«guido  à  lo  lèjos  hasta  la  tabema ,  y  que ,  teniendo  modo  de  ocul- 


78  GIL  BLAS. 

tarse  y  oonfirmar  sus  sospechas ,  diô  prontamente  parte  de  todo 
à  ana  ronda  para  yengarse  de  nosotros. 

En  la  càroel  nos  registriron  à  todos  hasta  la  cunisa.  Quité- 
ronnos  el  collar,  los  pendientes  y  el  candelero ,  como  tambien  à 
mi  aquella  sortija  de  rubies  de  las  Filipinas ,  que  por  desgrachi 
habia  metido  en  un  bolsillo ,  sin  dejarme  siquiera  los  pocos  reales 
que  aquel  dia  me  habian  valido  mis  recetas ,  por  donde  conoci 
que  los  ministriles  de  Valladolid  sabian  tan  bien  su  ofido  oomo 
los  de  Astorga ,  y  que  toda  aquella  gentecilla  tenia  unos  mis- 
misimos  modales.  Miéntras  nos  despojaban  de  dichas  alhajas  y 
de  lo  demas  que  encontréron,  el  cabo  de  ronda  referia  nuestra 
aventura  à  los  ejecutores  del  espolio.  Pareciôles  el  negocio  de 
tanca  gravedad,  que  algunos  nos  pronosticaban  iriamos  é  la 
borca  sin  remedio ,  y  otros  mènos  severos  decian  que  la  cosa 
se  podria  componer  con  doscientos  azotes  y  algunos  aflos  de 
servicio  en  las  galeras.  Miéntras  resolvia  sobre  esto  el  corregidor , 
nos  encerréron  en  un  oscuro  calabozo ,  donde  dormimos  sobre 
paja  extendida  ni  mas  ni  ménos  que  se  extiende  para  que  dner- 
man  los  caballos.  Hubiera  quizé  durado  esto  largo  tiempo ,  y  no 
habriamos  salido  de  alli  sino  para  ir  à  galeras ,  si  al  siguiente 
dia,  habiendo  oido  el  seflor  Manuel  OrdoAez  lo  que  habia  suce- 
dido ,  no  hubiese  tomado  â  su  cargo  hacer  todo  lo  posible  por 
sacar  à  Fabricio  de  la  càrcel ,  lo  que  no  podia  ser  sin  que  â  to- 
dos nos  diesen  libertad.  Era  un  hombre  que  estaba  muy  bien 
quisto  en  todo  Valladolid  ;  ë  hizo  tantos  empeAos ,  y  revolTÎô 
tanto ,  que  al  cabo  de  très  dias  nos  yitnos  todos  libres ,  bien 
que  no  salimos  de  la  prision  como  babiamos  entrado.  El  collar, 
los  pendientes ,  el  candelero ,  y  hasta  mi  pobre  rubi ,  todo  se 
quedô  allé.  Esto  me  trajo  à  la  memoria  aquello  de  Virgilio:  Sic 
vos  non  vobis ,  etc, 

Luego  que  nos  yfanos  fuera  de  la  cércel ,  nos  fiiimos  todos  é 
buscar  nuestros  amos.  Recibiôme  muy  bien  el  doctor  Sangredo,  y 
me  dijo  :  Mi  Gil  Bias ,  no  supe  tu  desgracia  hasta  esta  maftana,  y 
estaba  pensando  en  empefiarme  fuertemente  por  ti.  Es  menester, 
amigo,  no  desconsolarte  ni  acobardarte  por  este  accidente  ;  antes 
bien  ahora  mas  que  nunca  te  has  de  aplicar  à  la  medicina.  Res- 
pondile  que  este  era  mi  ànimo ,  y  con  efecto  me  apliqué  entera- 
mente  à  ella.  Léjos  de  faltarme  que  trabajar,  nunca  hubo  mas 
enfermos ,  como  lo  habia  pronosticado  mi  amo.  Acometiéron 
fiebres  epidèmicas  en  la  ciudad  y  arrabales.  Teniamos  que  visi- 
tar  cada  uno  todos  los  dias  ocho  ô  diez  enfermos,  por  lo  que 
se  déjà  conocer  que  se  beberia  mucha  agua,  y  que  se  derrama- 
ria  gran  porcion  de  sangre.  Mas  yo  no  se  como  era  esto  :  todos 
se  nos  morian ,  ô  porque  nosotros  los  curabamos  mal  (  lo  cual 
claro  esté  que  no  podia  ser),  6  porque  eran  incurables  las  en- 
fermedades.  A  raro  enfermo  haciamos  tercera  yisita ,  porque  à 


LIBRO  SECUNDO.  79 

ia  segnnda  nos  venian  à  decir  que  ya  le  habian  enterrado ,  6  à 
lo  mènos  qoe  estaba  agonizando.  Como  todayia  era  yo  un  me- 
dico noero ,  poco  acostnmbrado  à  los  homicidios ,  me  afligia 
flmcbo  de  los  sucesos  funestos  que  me  podian  imputar.  Seitor, 
dQe  un  dia  al  doctor  Sangredo ,  protesto  al  cielo  y  à  la  tierra 
qoe  obserTO  exactamente  el  mëtodo  de  ymd. ,  pero  con  todo 
mis  enfermos  se  yan  al  otro  mundo.  Parece  que  ellos  mismos 
adredemente  se  qnieren  morir,  no  mas  que  por  tener  el  gusto 
de  desacreditar  nuestros  remedios.  Hoy  mismo  encontre  dos  que 
Devaban  à  enterrar.  Hijo,  me  respondio ,  poco  mas,  poco  ménos, 
k)  propio  me  sucede  à  mi.  Pocas  veces  logro  la  satisfaccion  de 
qoe  sanen  los  enfermos  que  caen  en  mis  manos  :  y  si  no  estu- 
Tiera  tan  seguro  de  los  principios  que  sigo ,  creeria  que  mis  me- 
dicameatos  eran  enteramente  contrarios  A  las  enfermedades.  Se- 
Aor,  le  répliqué ,  si  vmd.  quisiera  creerme ,  seria  yo  de  sentir 
qoe  mudasemos  de  mètodo.  Probemos  por  curiosidad  el  usar  en 
noestras  recelas  de  preparaciones  qulmicas  ;  ensayemos  el  quer- 
mes  ;  lo  peor  que  nos  podré  suceder  sera  lo  mismo  que  expe- 
rimeniamos  con  nuestra  agua  y  con  nuestras  sangria^.  I)e  buena 
gana,  me  respondio,  haria  yo  esa  prueba  si  no  iFiiera  por  un 
ioconyeniente.  Acabo  de  publicar  nn  libro  en  que  ensalzo  faasta 
las  nobes  el  frecuente  uso  de  la  sangria  y  del  agua  ;  ^y  ahora 
qoieres  tu  que  yo  mismo  desacredite  mi  obra?  jOh  !  repuse  yo  ; 
siendo  asi ,  no  es  razon  concéder  ese  triunfo  à  sus  enemigos. 
Dirian  que  ymd.  se  habia  desengafiado ,  y  le  quitarian  el  ere- 
dito.  Perezca  kntea  el  pueblo,  nobleza  y  clero,  y  Ileyemos  nos- 
otros  adelante  nuestra  tema.  Al  cabo  nuestros  compaAeros ,  â 
pesar  de  lo  mal  que  estân  con  la  lanceta ,  no  yeo  que  hagan 
mas  milagros  que  nosotros ,  y  creo  que  sus  drogas  yalen  tanto 
como  nnestros  especificos. 

Fuhnos ,  pues ,  eontinuando  con  nuestro  mètodo  fayorito ,  y 
en  pocas  semanas  dej&mos  mas  yiudas  y  buërfanos  que  el  fa- 
moso  sitio  de  Troya.  Pareda  que  habia  entrado  la  peste  en  Ya- 
Iladolid  :  tantos  eran  los  entierros  que  se  yeian.  Todos  los  dias 
se  pr^entaba  en  nuestra  casa  un  padre  que  nos  pedia  un  hijo , 
â  qoien  habiamos  echado  à  la  sepultura,  6  un  tio  que  se  quejaba 
de  que  hobiesemos  muerto  à  su  sobrino  ;  pero  nunca  yeiamos  â 
ningun  sobrino  6  hijo  que  yiniese  à  darnos  las  gracias  por  que 
con  nuestros  remedios  habiamos  dado  la  salud  à  su  padre  à  â 
su  tio.  Por  lo  que  toca  à  los  maridos ,  tambien  eran  prudentes  ; 
pues  niaguno  yino  a  lamentarse  de  nosotros  porque  hubiese  per- 
dido  à  sa  muger.  Con  todo  eso  algunas  personas  yerdaderamente 
afligidas  yenian  tal  yez  à  desahogar  con  nosotros  su  pena.  Tra- 
tébannos  de  ignorantes ,  de  asesinos ,  de  yerdugos ,  sin  perdo- 
nar  los  tèrminos  y  yoces  mas  descompuestas,  mas  rùsticas  y  mas 
ignominiosas.  Irritébanme  sus  epitetos  groseros  ;  pero  mi  maes- 


80  GIL  BLAS* 

iro ,  qae  e^tat»  may  aoostombrado  à  eDog ,  los  oia  con  la  mayor 
frescura  y  serenidad  de  énimo.  Acaso  me  hubiera  yo  tambien 
hecho  con  el  tiempc^a  oirlos  con  igual  serenidad  si  el  cielo,  quîzà 
por  librar  de  este  azote  mas  i  los  enfermos  de  Yalladolid ,  no 
hubiera  suscitado  un  accidente  que  desterrô  en  mi  la  inclinacton 
à  la  medicina  que  ejercia  con  tan  infeliz  ëxito ,  y  el  cual  des- 
cribirè  fielmente  aunque  el  lector  se  ria  A  mi  costa. 

Habia  cerca  de  casa  un  juego  de  pelota ,  à  donde  concurria 
diarîamente  toda  la  gente  ociosa  del  pueblo,  entre  ella  uno  de 
aquellos  valentones  y  perdonavidas  de  profésion,  que  se  erigen 
en  maestros,  y  deciden  definitivamente  todas  las  dudas  que  ocurren 
en  semejantes  parages.  Era  Vizcaino,  y  hacia  que  le  Uamasen  don 
Rodrigo  de  Mondragon.  Parecia  como  de  treinta  afios,  hombre 
de  estatura  ordinaria,  seco  y  nervudo.  Sus  ojos  eran  pequefios  y 
centellantes,  que  parecia  daban  Tueltas  en  las  ôrbitas,  y  que 
amenazaban  A  todos  los  que  le  miraban;  una  nariz  muy  chata  le 
caia  sobre  unos  bigotes  retorcidos ,  que  en  forma  de  media  luna 
le  subian  hasta  las  sienes.  Su  yoz  eran  tan  Aspera  y  desabrida»  que 
bastaba  oirla  para  cobrar  terror.  Este  guapo  se  levanto  cou  el 
mando  del  juego  de  pelota.  ResoWia  soberana  y  decisivamente 
todas  las  disputas  que  ocurrian  entre  los  jugadores.  No  admitia 
mas  apelacion  de  sus  sentencias  que  la  espada  ô  la  pistola  :  el  que 
no  se  conformaba  con  ellas  tenia  seguro  al  dia  siguiente  un  de- 
safio.  Este  seftor  don  Rodrigo ,  tal  cual  le  acabo  de  pintar ,  y  sin 
que  el  don  que  siempre  iba  delante  de  su  nombre  le  quitase  el 
ser  plebeyo ,  hizo  una  tierna  impresion  en  el  corazon  de  la  duefia 
del  juego.  Tenia  esta  cuarenta  aftos,  era  rica,  bastante  bien  pa- 
recida ,  y  habia  quince  meses  que  estaba  yiuda.  No  se  que  diablos 
la  pudo  enamorar  de  aquel  hombre.  Seguramente  que  no  se  enamo- 
rô  de  él  por  su  hermosura.  Séria  sin  duda  por  aquel  no  $é  qui  de 
que  todos  hablan ,  y  ninguno  sabe  explicar.  Como  quiera  que  sea, 
el  hecho  es  que  ella  se  enamorô  de  aquella  rara  figura,  y  deter- 
miuô  darle  su  mano.  Cuando  estaba  ya  para  concluirse  el  tratado, 
cayô  gravemente  enferma ,  y  por  su  desgracia  me  tocô  A  mi  el  ser 
su  medico.  Aunque  su  enfermedad  no  hubiera  sido  de  suyo  tan 
maligna,  bastarian  mis  remedios  para  hacerla  peligrosa.  Al  cabo 
de  cuatro  dias  Uené  de  luto  el  juego  de  pelota,  porque  envié  A  la 
duefia  del  juego  A  donde  enYi2j3a  A  mis  enfermos ,  y  sus  parientes 
se  apoderAron  de  cuanto  dejô.  Don  Rodrigo,  desesperado  de  haber 
perdido  su  noyia,  ô ,  por  mejor  decir ,  la  esperanza  de  un  matri- 
monio  tan  yentajoso ,  no  satisfecho  con  vomitar  fuego  y  llamas 
contra  mi,  jurô  que  me  atrayesaria  de  parte  A  parte  con  la  espada 
la  primera  yez  que  me  viese.  Diôme  noticia  de  este  juramento  un 
yecino  mio  caritativo,  y  me  aconsejô  no  saliese  de  casa  para  no 
encontrarme  con  aquel  diablo  de  hombre.  Este  aviso,  que  me 
pareciô  no  era  de  despreciar,  me  Uenô  de  miedo  y  turbadon. 


UBRO  8EGUND0.  81 

ConlîDiiaiiieiite  me  imagioaba  que  veia  entrar  en  casa  al  forioso 
Vîzcamo  ;  y  este  pensamiento  no  me  dejaba.  sosegar.  Obligôme  en 
fin  â  dejar  fa  medîcina,  y  à  bnscar  modo  de  m)rarme  de  semejante 
sobresalto.  Yolyi  à  coger  mi  yestido  bordado ,  despedime  de  mi 
amOy  que  por  mas  que  hizo  no  me  pudo  contener ,  y  al  amanecer 
de^dia  signiente  sali  de  la  ciudad  »  lemiendo  siempre  encontrar  â 
don  Rodiiîgo  de  Mondragon  en  el  camino. 


CAPITULO  VI- 

A  àaoâe  se  encamino  Gil  Bias  despues  que  saliô  de  Valladolidi  y  qjaé  especît 
de  hombre  se  incorporô  oon  d. 

Caminaba  muy  aprisa,  y  de  caando  en  cuando  yolyia  â  mirar 
atras  por  yer  si  me  segnia  el  formidable  Vizcaino.  Teniale  tan  pré- 
sente en  la  imaginacion»  que  cada  bulto  y  cada  érbol  me  parecia 
que  era  èl  ;  y  continuamente  me  estaba  dando  saltos  el  corazon  ; 
pero  despnes  que  anduye  una  buena  légua,  me  sosegué ,  y  prosegul 
mi  yiage  con  mayor  quietud ,  dirigiëndome  à  Madrid ,  à  donde  ha- 
bia  hedio  ânimo  de  ir.  No  senti  dejar  à  Valladolid ,  y  solo  si  el 
kaberme  separado  de  Fabricio,  mi  amado  Pilades,  sin  haber  po- 
dido  despedirme  de  èl.  No  me  pesaba  el  haber  abandonado  la  me- 
dicîna,  antes  bien  pedia  perdon  à  Dios  de  haberla  ejercido.  Con 
todo  no  dejé  de  contar  el  dinero  que  lleyaba ,  aunque  era  el  sala- 
rie de  mis  homicidios  y  de  mis  asesinatos  ;  semejante  à  las  mugeres 
pûblicas,  que,  despues  de  arrepentidas  de  su  mala  yida,  no  por 
eso  dejan  de  contar  con  gusto  el  dinero  que  les  ha  yalido.  Hallème 
con  unos  cinco  ducados ,  lo  que  me  pareciô  bastante  para  Uegar  â 
Madrid,  donde  creia  hacer  fortuna.  Ademas  tenia  gran  gana  de 
yer  aqnella  corte ,  que  me  habian  pintado  oomo  el  compendio  de 
todas  las  marayillas  del  mnndo. 

Miéntras  iba  pensando  en  lo  que  habia  oido  decir  de  ella ,  y  re- 
creindome  anticipadamente  en  las  diyersiones  y  gustos  que  me 
imaginaba  habia  de  gozar ,  oi  la  toz  de  un  hombre  que  yenia  can- 
tando  tras  de  mi  à  gaznate  tendido.  Traia  à  cuestas  una  maleta ,  en 
la  mano  una  guitarra,  y  al  lado  una  larguisima  espada.  Camiimba 
€oa  tanto  brio,  que  muy  presto  me  alcanzô.  Era  uno  de  aqudlos 
dos  aprendices  de  foarbero  que  habian  estado  presos  conmigo  por 
la  ayentnra  de  la  sortija.  Desde  luego  nos  conocimos  los  dos ,  y 
annqne  nno  y  otro  estabamoa  en  tan  diferente  trage,  quedAmos 
%uahnente  admirados  de  yemos  juntos  en  auquel  sitio.  Si  yo  me 
mostrè  alegre  por  ir  en  su  compafiia  durante  el  yiage ,  èl  no  0ia^ 
niféstô  ménos  alborozo  por  faaberme  encontrado.  Contèle  breye- 
mente  la  causa  de  haber  dejado  &  Valladolid  ;  y  èl  me  correspcpMliô 
dicièndome  que  habia  tenido  una  pelotera  con  su  maestro,  de  çuya 

6 


X 


> 


82  GIL  BLAS. 

résulta  mo  y  otro  se  babian  despedido  para  siempre.  Si  bnbiera 
querido  mantenerme  aim  en  Valladolid ,  afladiô,  babria  encontrado 
diez  tiendas  por  una  »  porqoe  sin  y anidad  me  atreyerë  â  decîr  que 
acaso  no  se  encontrarâ  en  toda  Espafia  quien  sepa  rasorar  mejor 
â  pelo  y  contrapelo ,  ni  levantar  mejor  onos  bigotes  ;  pero  no  pade 
resistir  i  la  yehementegana  de  yolver  â  ver  mi  patria ,  de  la  que 
ha  diez  aftos  qne  falto.  Quiero  respirar  algun  tiempo  el  aire  natiyo, 
y  saber  como  estén  mis  parientes.  Pasado  ma&ana  espero  yerme 
entre  ellos ,  porqne  residen  en  Olmedo ,  yiUa  muy  conocida ,  mas 
aci  de  Segoyia. 

Me  déterminé  à  ir  en  compaflia  del  barbero  hasta  su  lagar,  y 
desde  alli  pasar  à  Segoyia ,  con  esperanza  de  encontrar  algana 
mayor  comodidad  para  llegar  à  Madrid.  Comenzimos  à  habku*  de 
cosas  indiferentes  para  diyertir  la  molestia  del  camino.  Era  el  mo- 
zuelo  de  bnen  humor  y  de  muy  grata  conyersacion.  Al  cabo  de  una 
bora  me  preguntô  si  tenia  apetito.  En  llegando  al  meson  lo  Te- 
rémos ,  lerespondi.  ;Pero  no  sepuede  tomar  antes  alguna  j^ya? 
me  replicô  ;  yo  traigo  en  la  alforja  algo  que  almorzar  :  cuando  ca- 
mino  siempre  tengo  cuidado  de  lleyar  para  la  bucôlica ,  y  no  gusto 
de  cargar  con  yestidos ,  ropa  blanca ,  ni  otros  trapos  inutiles ,  me- 
tiendo  solo  en  la  alforja  municiones  de  boca ,  mis  nayajas  y  un 
poco  de  jabon  »  y  colgando  la  yacia  del  dnto.  Alabé  su  preyision , 
y  conyine  en  que  tomasemos  el  refirigerio  que  me  proponia.  Me 
sentia  con  bambre ,  y  consenti  en  gozar  de  un  grande  almuerzo  i 
yista  de  lo  que  me  acababa  de  decir.  Desyiâmonos  un  poco  del 
camino  para  sentamos  en  un  prado,  donde  sacô  su  proyision 
éi  barberillOy  que  toda  consistia  en  media  docena  de  ceboUas, 
algunos  mendrugos  de  pan»  y  unos  bocados  de  queso;  pero  lo 
que  présenté  como  lo  mejor  y  mas  precioso  de  la  alforja  fiié 
una  botita  llena  de  yino  que  asegurô  ser  muy  exquisito  y  sa- 
)>roso.  Aunque  los  manjares  no  eran  los  mas  delicados ,  como 
à  los  dos  nos  apretaba  el  bambre,  nos  supiëron  muy  bien^  y 
no  los  desairémos.  Yadimos  tambien  toda  la  bota ,  que  bacia 
dos  azumbres ,  de  un  yino  que  à  mi  parecer  no  merecia  que  el 
bnrberOlo  lo  hubiese  alabado  tanto.  Conduida  nuestra  firugal.re- 
fiiccion  9  nos  yolyimos  à  poner  en  camino  y  à  continuar  nuestro 
yiàge  con  mas  yigor  y  con  mayor  alegria.  El  barberillo ,  à  quien 
Fabrido  habia  dicho  que  mi  yida  estaba  llena  de  ayenturas  muy 
singulareSy  me  suplicô  se  las  contase,  para  poder  dedr  que  las 
habia  oido  de  mi  propia  boca.  Parecièndome  que  nada  podia 
negar  à  un  bombre  que  acababa  de  regalarme  con  tan  es^léndido 
almuerzo ,  le  dl  el  gusto  que  deseaba ,  y  en  correspondencia  le 
dije  era  menester  me  refiriese  tambien  èl  su  yida.  Por  lo  que  toca 
i  mi  historian  contesté  y  no  merece  derto  ser  contada,  porqae 
toda  ella  ê^  reduee  à  hedios  sendllos  ;  pero  sin  embargo ,  afiadiô, 
va  que  ifo  lettenios  cosa  mqor  en  que  entretenernos,  se  la  re- 


LIBRO  SECUNDO.  83 

feriré  i  ymd.  tal  cnal  ella  ha  sido.  Y  diciendo  y  haciendo  comenzô 
i  contarb  poco  mas  ô  mënos  en  los  tèrminos  siguientes. 


CAPITULO  VU. 

Hîstoria  del  mancebillo  barbero. 

Fernando  Perez  de  la  Fuente,  mi  abuelo  (porque  me  gusta 
tomar  las  cosas  moy  de  atras  ) ,  despues  de  haber  seguido  el  oficio 
de  barbero  en  la  noble  vOla  de  Olmedo  por  espacio  de  cincuenta 
aftos,  moriô  dejando  cuatro  hijos.  £1  prjmogénito,  por  nombre 
Nicolas  y  heredô  la  tienda,  y  siguiô  la  misma  profesion.  Beltran^ 
que  fuë  el  segundo ,  se  metiô  en  la  cabeza  el  ser  mercader ,  y 
tntô  en  merceria.  £1  tercero ,  llamado  Tomas,  se  dedicô  à  maestro 
de  esc^ela.  £1  coarto  y  que  se  llamaba  Pedro ,  sintiëndose  incli- 
nado  à  estadiar ,  vendiô  su  légitima,  y  se  fiié  à  Madrid,  donde 
esperaba  darse  con  el  tiempo  à  conocer  por  su  erudicion  y  su 
îngenio.  Losotros  très  hermanos  nunca  se  separàron ,  mantenién- 
dose en  Olmedo,  y  alli  se  casàron  todos  très  con  hijas  de  labra* 
dores ,  que  trajëron  en  matrimonio  poca  dote ,  pero  en  recom- 
pensa de  ella  una  gran  fecundidad  ;  pues  parece  habian  apostado 
i  coal  habia  de  parir  mas.  Mi  madré ,  que  era  la  muger  del  barbero, 
parié  seis  en  los  cinco  afios  primeros  de  casada ,  siendo  yo  uno 
de  ellos.  Mi  padre ,  luego  que  txxfe  foerzas ,  me  puso  à  su  oficio, 
y  apënas  cumpli  quince  aftos ,  cuando  un  dia  me  echo  à  cuestas  la 
alforja  que  veis,  y  cifièndome  esta  misma  espada  :  £a  Diego,  me 
dîjo ,  ya  puedes  ganar  la  vida,  yete  à  correr  mundo.  £stâs  algo 
basto ,  y  te  conviene  yiajar  para  limarte ,  como  tambien  para 
perfeocionarte  en  tu  oficio.  Yete,  pues,  y  no  vuelras  à  Olmedo 
hasta  haber  andado  toda  Espafta;  no  quiero  oir  hablar  de  ti  hasta 
que  hayas  hecho  todo  esto.  Diôme  un  paternal  abrazo ,  cogiôme 
de  la  mano ,  y  bonitamente  me  condujo  hasta  ponerme  de  patitas 
eolacalle. 

Esta  fîië  la  tiema  despedida  de  mi  padre;  pero  mi  madré, 
que  era  de  genio  ménos  àspero ,  se  mostrô  mas  sentida  de  mi 
marcha.  Echo  algunas  làgrimas ,  y  aun  me  metiô  à  escondidàs  en 
la  mano  un  ducado.  Sali ,  pues ,  de  Ofanedo  en  esta  conformidad , 
y  tome  el  camino  de  Segovia.  No  bien  habia  andado  doscientos 
pasos ,  cuando  eiaminë  la  alforja ,  picàndome  la  curiosidad  de 
saber  lo  que  lleyaba.  Encontréme  un  estuche  hendido  y  abierto 
por  todas  partes ,  dentro  del  cual  habia  dos  nayajas  de  afeitar, 
tan  mohosas ,  gastadas  y  mngrientas ,  que  parecian  haber  seryido 
à  diez  generaciones ,  con  una  tira  de  cuero  para  suavizarlas,  y 
un  pedazo  de  jabon.  Ademas  de  eso  hallè  una  camisa  nueva  de 
càfiamo ,  un  par  de  zapatos  viejos  de  mi  padre ,  y  lo  que  sobre 


84  GIL  BLAS. 

todo  me  alegrô  fuèron  anos  veinte  reales  qae  encontre  enraehos 
en  un  trapo.  A  esto  se  reducia  todo  mi  haber.  Por  aqui  podri 
Tmd.  conocer  lo  mucho  que  fiaba  mi  padre  en  mi  habUidad, 
cuando  me  echo  de  su  casa  con  tan  poco  ajuar.  Sin  embargo  ^  la 
posesion  de  un  ducado  y  veinte  reales  mas  no  dej6  de  deslum- 
brar  â  unmuchacho  que  en  toda  su  ^ida  habia  Tisto  tanto  dinero 
'junto.  Consideréme  con  un  caudal  inagotable;  y  Ueno  de  alegria 
prosegui  mi  camino  mirando  de  cuando  en  cuando  el  puflo  de 
mi  tizona,  cuya  hoja  se  me  enredaba  entre  las  piernas,  me  mo- 
lestaba,  é  impedia  caminar. 

nàcia  el  anochecer  Uegué  ai  reducido  lugar  de  Ataquines,  coo 
una  hambre  que  ya  no  podia  sufrir.  Entré  en  el  meson»  j 
como  si  me  sobrase  mucho  para  el  gasto,  mandé  en  yoz  alia 
que  me  trajesen  de  cenar.  El  mesonero  me  estuvo  mirando  coa 
atencion  algun  tiempo  »  y  conociendo  lo  que  podia  ser  yo  :  Si ,  me 
dijo  con  mucha  dulzura  ;  si ,  caballerito  mio  ;  vmd.  sera  servido 
como  un  principe.  Condùjome  à  una  pieza  pequefia,  y  un  cuarto 
de  hora  despues  me  sirviô  un  encebollado  de  gato ,  que  comi  con 
tanto  apetito  como  si  fuera  de  liebre  ô  de  conejo.  Acompafiô  este 
esquisito  guisado  con  un  yino  que,  segun  él  decia,  el  rey  no  le 
bebia  mejor.  Y  aunque  conoci  muy  bien  que  ya  era  un  yino  em- 
brion  de  yinagre,  sin  embargo  le  hice  tanto  honor  como  habia 
hecho  al  gato.  Despues  era  menester,  para  ser  tratado  en  todo 
como  un  principe ,  que  me  dispusiesen  una  cama ,  mas  propia 
para  despertar  à  una  ptedra ,  que  para  dormir.  Figurese  vmd. 
una  tarima  tan  corta ,  que ,  aun  siendo  yo  pequefio ,  no  podia 
extender  las  piernas  sin  que  saliesen  fiiera  la  mitad.  Fuera  de 
eso ,  el  colchon  de  pluma  se  reducia  à  una  especie  de  jergon 
ético  y  estrujadOy  cubierto  de  una  sàbana  doblada,  que  despues 
de  su  ultima  lavadura  habria  servido  quizà  à  cien  pasageros. 
Con  todo  eso,  en  la  cama  que  fielmente  acabo  de  pintar,  con  la 
barriga  Uena  de  gato  y  de  aquel  precioso  vino  que  antes  des- 
cribi ,  gracias  à  mis  pocos  afios  y  à  mi  natural  robustez ,  dormi 
profundamente ,  y  pasé  la  noche  sin  la  mas  levé  indigestion. 

AI  dia  siguiente ,  luego  que  hube  almorzado ,  y  pagado  bien 
la  buena  comida  que  me  habian  servido ,  me  planté  de  una  tirada 
en  Segovia.  Asi  que  llegué  tuve  la  fortuna  de  que  me  recibiesen 
en  una  tienda ,  dàndome  solo  de  comer  y  vestir  ;  pero  no  paré  alli 
mas  que  seis  meses,  porque  otro  mancebo  barbero,  con  quien 
habia  trabado  amistad  y  queria  ir  à  Madrid,  me  levantô  de  cas- 
cas ,  y  me  marché  con  él  à  esta  villa.  Acomodéme  luego  fàcflmente 
sobre  el  mismo  pié  que  en  Segovia ,  en  una  tienda  de  las  mas  con- 
curridas,  pues  su  vecindad  al  corral'  del  Principe  atraia  à  alla 

'  Hb'i  8c  nombraban  entonces  los  teatrot  en  Madrid ,  j  asî  se  han  nombra^ 
caii  haita  nucslros  diafl^ 


LEBRO  SEGUNDO.  85 

tanCa  multitud  de  parroqaianos ,  qae  el  maestro  ^  dos  mancebos  y 
TO  no  bastabamos  à  dar  abasto  à  todos.  Alii  iban  personas  de  todas 
dases ,  y  entre  ellas  y  comediantes  y  autores.  Una  vez  se  juntàron 
dos  sajetos  dct  esta  clase  :  pustëronse  à  hablar  de  los  poetas  y  las 
poesias  del  tiempo ,  y  les  oi  prononciar  el  nombre  de  mi  tio.  En- 
ténoes  me  apliquë  à  oirlos  con  mayor  atencion.  Don  Juan  de  Za- 
haleta ,  dijo  uno ,  es  on  autor  de  quien  me  parece  que  el  publico 
no  debe  estar  muy  satisfecho.  Es  un  bombre  firio ,  sin  fiiego  y  sin 
ioTentiya.  La  ultima  comedia  suya  le  desacreditô  excesiyamente. 
Y  LuisYdez  de  GueTara,  dijo  el  otro ,  ^no  acaba  de  regalarnos 
con  una  bellisima  obra?  ^Puede  haber  cosa  mas  miserable?  Nom- 
faréroQ  no  se  à  cuantos  otros  poetas  ,  cuyos  nombres  no  tengo 
présentes  ;  pero  me  acuerdo  bien  de  que  hablâron  de  ellos  muy 
mal.  De  mi  tio  bîciéron  àmbos  mas  honorifica  mencion.  Si ,  dijo 
ono  de  eOos ,  don  Pedro  de  la  Fuente  es  un  grande  autor  ;  sus 
escritos  estan  Denos  de  una  gracia  y  de  una  erudicion ,  que  at 
mismo  tiempo  instruyen  y  deleitan  por  su  delicada  sal.  No  me  ad- 
miro  de  que  sea  estimado  de  la  corte  y  del  pueblo ,  ni  de  que 
nmchos  seâores  le  bayan  seflalado  pensiones.  Ha  rauchos  aAos 
qaegoza  una  gruesa  renta ,  y  el  duque  de  Medinacelt  le  da  casa  y 
mesa  ;  por  lo  que  nada  gasta ,  y  asi  es  preciso  que  esté  muy  bien 
y  tenga  diaero. 

No  perdi  palabra  de  todo  lo  que  dijéron  de  mi  tio  aquellos 
poetas.  Yasabiamos  en  la  fomflia  que  hacia  mucho  ruido  en  Ma- 
drid con  motivo  de  sus  obras.  Algunas  personas  al  pasar  por 
Ohnedo  nos  habian  informado  de  lo  bien  admitido  que  estaba  ; 
pero  oomo  nunca  nos  habia  esorito,  y  parecia-  haberse  extratlado 
mucho  de  nosotros ,  oiamos  todas  aquellas  noticias  con  la  mayor 
indîférencia.  No  obstante ,  como  la  buena  sangre  no  puede  mentir, 
lue0O  que  oi  decir  que  lo  pasaba  tan  bien,  y  me  informé  de  las 
sefias  de  su  casa,  tuve  tentaeion  de  ir  â  yerley  dar  me  à  conocer 
con  él.  Solo  me  detenia  el  haber  oido  â  los  cômicos  llamarle  don 
Pedro.  Aquel  don  me  hada  titubear,  recelando  fuese  otro  del 
mismo  nombre  y  apellido  de  mi  tio.  Con  todo  eso  Tenci  al  cabo 
este  temor,  pareciéndome  que  asi  como  habia  sabido  hacerse 
sabio,podiatambien  haber  sabido  hacerse  noble  y  cabalîero,  y 
asi  resolvi  presentarme  &  él.  Para  esto  al  dia  siguienie  con  licencia 
de  mi  maestro  me  vesti  lo  mas  decentemente  que  pude ,  y  sali  â  la 
calle  no  poco  yanaglorioso  y  cuellierguido  de  Terme  sobrino  de 
on  hombre  cuyo  ingenio  metia  en  la  corte  tanta  bulla.  Sabido  es 
que  los  barberos  no  son  la  gente  del  mundo  ménos  sujeta  â  la 
ranidad.  Gomenzé,  pues,  &  tenerme  en  gran  opinion,  y  cami- 
nando  con  orgullosagrayedad ,  pregunté  por  la  casa  del  duque  d^ 
Medînaceli.  Enseftéronmela ,  y  entrando  en  ella  supliqué  al  por- 
tero  me  dijese  cual  era  el  cuarto  del  sefior  don  Pedro  de  la  Fuente. 
Suba  ymd.  por  aqoella  escalerilla,  me  dijo ,  mostràndomc  una  que 


86  GJDL  BLAS* 

estaba  al  fin'de  nn  patio ,  y  Uame  i  la  primera  puerta  que  encaentr» 
à  mano  derecha.  Hicelo  asi  ;  Ilamé  à  la  puerta ,  y  saliô  à  abrir  un 
mocito ,  à  quien  preguntè  si  yiyia  alli  el  seikor  don  Pedro  de  la 
Fueute.  Si,  seftor,  me  respondiô ,  pero  ahora  no  se  le  puede  entrar 
recado.  Lo  siento  mucho,  répliqué,  pues  Terdaderamente  le  qui- 
siera  liablar,  porque  le  traigo  noticias  de  su  fomilia.  Aunqne  se  las 
trajera  del  padre  santo  de  Roma  no  le  haria  yo  à  ymd.  entrar  en 
este  momento ,  pues  esta  actualmente  componiendo,  y  mîéntras 
trabaja  no  quiere  que  ninguno  entre  à  interrumpirle  y  distraerle* 
De  nadie  se  déjà  yer  hasta  medio  dia;  y  asi  puede  ymd.  ir  i  dar 
una  vuelta  y  volver  entônces. 

Salime ,  pues ,  y  me  fui  à  pasear  por  Madmd  toda  la  mafiana  , 
pensando  siempre  en  el  modo  con  que  mi  tio  me  recibiria.  Sin 
duda ,  deciayo  para  mi,  que  tendra  grandisimo  gusto  de  yerme 
y  conocerme ,  porque  media  su  corazon  por  el  mio  ;  asi  contaba 
con  que  séria  muy  tierno  el  acto  de  ternos  y  reconocernos.  Al  fin 
Tolvi  con  toda  diligencia  à  la  hora  seikalada.  Viene  ymd.  muy  à 
tiempo ,  me  dijo  el  page  :  presto  saldrà  mi  amo ,  espère  ymd.  aqui  ^ 
que  y oy  à  ayisarle.  Volyiô  dentro  de  un  instante ,  y  me  hizo  entrar 
donde  estaba  mi  tio,  cuya  yista  me  llenô  de  gozo,  porque  luego 
obseryè  en  su  cara  el  aire  de  nuestra  familia.  Era  tan  parecida 
i  mi  tio  Tomas  que  le  hubiera  tenido  por  el  mismo ,  à  no  ha-* 
berle  yisto  eu  aquel  traje  y  en  aquel  estado.  Saludéle  con  pro- 
fundo  respecto ,  y  le  dije  que  era  hijo  de  maese  Nicolas  de  la 
Fuente ,  el  barbero  de  Olmedo ,  y  hermano  de  su  sefloria ,  y  que 
hacia  très  semanas  que  estaba  en  Madrid  siguiendo  el  mismo 
oficio  de  mi  padre,  en  calidad  de  mancebo,  con  ànimo  de  an-- 
dar  la  Espaâa  para  perfeccionarme  en  la  facultad.  Miëntras  le 
estaba  hablando  adyerti  que  mi  tio  estaba  distraido  y  pensatiyo , 
dudando  à  la  cuenta  si  me  conoceria  ô  no  por  sobrino,  ô  dis- 
curriendo  algun  arbitrio  para  eximirse  de  mtcon  arte  y  con  des- 
treza.  Tomô  este  segundo  partido,  y  afectando  cierto  aire  joyial 
y  risueûo,  me  dijo  :  Y  bien,  amigo,  ;como  estàn  de  salud  tu 
padre  y  tus  tios?  ^en  que  estado  se  hallan  las  cosas  de  la  fami- 
lia? Comenzè  à  informarle  de  su  fecunda  propagacion  :  fuile  nom- 
brando  uno  por  uno  todos  los  hijos  yarones  y  hembras ,  corn- 
prendiendo  en  la  relacion  hasta  los  nombres  de  sus  padrinos  y 
madrinas.  Pareciôme  que  no  se  interesaba  demasiado  en  tan  me- 
nuda  explicacion  ;  y  queriendo  conseguir  su  intencion  :  Ahora 
bien ,  querido  Diego ,  me  dijo ,  apruebo  mucho  el  que  pienses 
correr  mundo  para  perfeccionarte  en  tu  oficio,  y  te  aconsejo 
no  te  detengas  mucho  tiempo  en  Madrid.  Este  es  un  lugar  muy 
pemicioso  para  la  juyentud ,  y  tù  te  perderias  en  él.  Mudio  me- 
jor  haras  en  recorrer  otras  ciudades  del  reino ,  donde  no  estàn 
tan  estragadas  las  costumbres.  Vête ,  pues ,  y  cuando  yayas  a 
marchar,  yuelve  â  yerme,  que  te  darë  un  doblon  paraayuda  del 


LIBRO  SEGUNDO.  87 

viage.  Dtdendo  esto  me  fa6  Ueyando  poco  à  poco  hàcia  la  puerta 
de  la  sala ,  y  me  despidiô  con  buenas  palabras. 

Noconoci,  por  mi  poca  malicia,  que  solo  buscaba  pretextos 
para  alejarme  de  si.  YoWi  a  la  tieada,  y  di  cuenta  à  mi  amo  de 
k  Tisita  que  acababa  de  hacer.  £1  buen  hombre,  que  no  penetrô 
mas  que  yo  la  verdadera  intencion  del  seftor  don  Pedro ,  me 
dgo  :  Yo  no  soy  del  parecer  de  tu  do.  En  lugar  de  exhortarte 
à  correr  mundo  y  me  parece  debiaaconsejarteqne  permanecieses 
en  Madrid.  £1  trata  con  tantas  personas  de  distincion  que  fàcil- 
mente  puede  colocarte  en  una  casa  grande ,  donde  en  breye 
tiempo  podrias  hacer  gran  fortuna.  Pagado  de  estas  palabras , 
que  excitâron  en  mi  imaginacion  grandiosas  esperanzas ,  dentra 
de  dos  dias  yolri  i  casa  de  mi  seâor  tio ,  y  le  propuse  que  podia 
emplear  su  valimiento  para  acomodarme  con  algun  personage  de 
la  corte.  Disgustôle  mucho  la  proposicion.  A  un  hombre  vano , 
qne  entraba  francamente  en  casa  de  los  grandes ,  y  se  sentaba  con 
eDos  i  la  mesa ,  no  le  agradaba  mucho  que  un  sobrino  suyo  co-- 
miese  con  los  criados ,  miéntras  él  estuviese  comiendo  con  los 
amos ,  pues  en  tal  caso  el  Dieguillo  Ilenaria  de  yergûenza  al  seikor 
don  Pedro.  Este,  pues,  se  irrité  fùriosamente^y  Ueno de  cèlera^ 
me  dîjo  :  ;  Como ,  bribonzuelo ,  quieres  abandonar  tu  oficio  !  Anda, 
vête  y  que  yo  te  dejo  en  manosde  los  que  te  dan  tan  malos  con- 
sejos.  Sal  de  mi  cuarto ,  repito ,  y  no  vueWas  à  poner  los  pies 
en  él  si  no  quieres  que  te  haga  castigar  como  mereces.  Quedè 
aturdido  al  oir  estas  palabras ,  y  mucho  mas  me  espantô  la  bronca 
y  destemplada  yoz  con  que  las  pronunci&  Retiréme  Uorando,  y 
muy  ap^adumbrado  de  la  aspereza  con  que  me  habia  tratado 
mi  tio.  Con  todo  eso ,  como  siempre  he  sido  de  natural  yivo  y 
'altiyo,  presto  se  me  enjugô  el  Uanto,  pasé,  por  la  contraria,  del 
sentimiento  à  la  indignacion,  y  resolyi'no  hacer  caso  de  un  mal 
pariente  sin  el  cual  habia  yiyido  hasta  alli  y  esperaba  yiyir.  sin 
necesitarle  para  uada. 

No  pensé entônces  masque  en  cultiyar  mi  talento ,  y  en  apli- 
carme  al  trabajo.  Afeitaba  todo  el  dia ,  y  por  la  noche,  para  re~ 
crear  un  poco  el  ànimo ,  aprendia  à  tocar  la  guitarra ,  siendo  mi 
maestro  un  hombre  de  edad  à  quien  yo  afeitaba.  LIamàbase  Mar- 
cos de  Obregon ,  y  me  enseftaba  la  mùsica ,  que  sabia  perfccta- 
mente ,  porque  habia  sido  cantor  en  una  iglesia.  Era  hombre 
cuerdo,.  de  tanta  capacidad  como  experiencia ,  y  me  queria  como 
si  filera  Jiijo  suyo.  Seryia  de  escudero  i  la  muger  de  ua  medico, 
que  yiyia  à  treintapasos  dé  nuestra  casa.  Ibale  yo  à  yer  todos 
los  dias  al  anochecer  cuando  no  habia  que  hacer  en  la  tienda  ;  y 
sentados  los  dos  en  el  umbral  de  la  puerta ,  tocabamos  algunas 
sonatas  que  no  desagradaban  à  la  yecindad.  Nuestras  yoces  no 
eran  muy  gratas  ;  pero  dando  à  la  guitarra,  y  cantando  cada  uno 
metôdicamente  la  parte  que  le  tocaba,  gustabamos  à  las  gentes 


88  GIL  BLAS. 

que  DOS  pian.  Divertiase  particularmente  connuestramisica  dofia 
Marcelina,  que  asi  se  Ilamaba  la  mager  del  medico.  Bajaba  tàgor- 
nas  veces  â  oirnos  al  portal,  y  nos  hacia  repetir  las  tonadillas 
que  mas  le  agradaban.  Su  marido  no  le  impedia  esta  diversion , 
pues  aunque  Espaikoly  viejo  no  era  zeloso.  Por  otra  parte ,  sn 
profesion  le  tenia  empleado  todo  el  dia,  y  cuando  se  retirais  é 
casa  por  la  noche  iba  tan  cansado  de  visitar  enfermos,  que  se 
acostaba  muy  temprano,  y  ninguna  aprension  le  causaba  el  gusto 
que  su  muger  tenia  de  oir  nuestras  mùsicas ,  qnizi  por  juzgar  que 
no  eran  capaces  de  excitar  en  ella  perniciosas  impresiones.  A  esto 
se  afiadia  que,  aunque  su  muger  era  à  la  rerdad  jôven  y  linda , 
no  le  daba  motiyo  afguno  para  el  mas  minimo  recelo ,  siendo  de 
una  yirtud  tan  adusta  que  no  podia  sufrir  que  los  hombres  m 
aun  siquiera  la  mirasen.  Y  asi  no  llevaba  à  mal  tuTÎese  aqueF 
honesto  ë  inocente  pasatiempo,  y  nos  dejaba  cantar  todo  cuanto 
queriamos. 

Una  noche  que  fui  à  la  puer  ta  del  medico  para  divertirme , 
como  acostumbraba,  encontre  al  viejo  escudero,  que  me  estaba 
esperando.  Tomôme  por  la  mano,  y  me  dijo  queria  nos  fiiese- 
mos  los  dos  à  pasear  un  poco  antes  de  principiar  la  mùsîca.  Asf 
que  nos  vimos  en  una  calle  excusada  y  solitaria ,  â  donde  me  fiië 
Ileyando ,  y  donde  conociô  que  me  podia  hablar  con  libertad  : 
Querido  Diego,  me  dijo  con  semblante  triste ,  tengo  que  cornu— 
nicarte  reservadamente  una  cosa.  Temo  mucho  ,  hijo  mio  ,  que 
uno  y  otro  nos  hemos  de  arrepentir  de  esta  mùsica  que  damos  à 
la  puerta  de  mi  amo.  No  puedes  dudar  lo  mucho  que  te  quiero, 
y  he  lenido  gran  gusto  en  ensefiarte  à  tocar  la  guitarra  y  à  can- 
tar ;  pero  si  hubiera  previsto  la  desgracia  que  nos  amenaza ,  te 
aseguro  de  veras  que  hubiera  escogido  otro  sitio  para  darte  las 
lecciones.  Sobresaltôme  esta  relacion,  y  supliquë  al  escudero  que  se 
explicasemas  claro,  diciëndome  francamente  que  era  lo  que  podia— 
mos  temer ,  porque  yo  no  era  hombre  que  quisiese  hacer  frente 
al  peligro ,  y  que  todavia  no  habia  dado  la  vuelta  por  Espafia. 
Yoy,  me  respondiô,  à  decirte  lo  que  debes  saber  para  conocer 
el  riesgo  eh  que  nos  hallamos. 

Cuando  un  afto  ha  entre  à  servir  al  medico,  me  llevô  una 
maflana al cuarto  de  su  muger,  y  presenténdome  à  ella  me  dijo: 
Marcos ,  esta  seflora  es  tu  ama ,  y  siempre  la  has  de  acompa- 
fiar  à  cualquier  parte  que  vaya.  Quedé  admirado  al  ver  à  dofia 
Harcelina.  Encontréme  con  una  dama  jôven,  yen  extremo  her- 
mosa ,  gustàndome  sobre  todo  lo  airoso  de  su  talle,  y  lo  apaci- 
ble  de  su  semblante.  SeAor,  respondi  al  amo ,  me  tengo  por 
muy  dichoso  en  servir  à  una  seftora  tan  amable.  Desagradô 
tanto  â  dofia  Marcelina  mi  respuesta ,  que  con  semblante  airado 
me  dijo  :  /  Oiga  el  impertinente,  el  atrevtdo  !  i  Quien  le  ha  ensefUido  d 
tomarse  estas  Ubertades  ?  Sepa  desde  luego  que  no  gusto  de  lisonjas^ 


LIBRO  SEGUNDO.  89 

fit  n^ifimlo  requiebros.  Sorprendièronme  extrafiamente  unas  pah- 
ixras  tan  àsperas  pronundadas  por  aquella  boca  tan  agraciada , 
y  tan  agenas  de  lo  qae  prometia  sa  apacible  rostro.  No  acertaba 
yo  k  conciliar  aqael  modo  de  hablar  grosero  y  desabrido  con 
todo  lo  demas  qae  observaba  en  una  muger  de  presencia*  tan 
grata.  El  marido,  acostumbrado  ya  à  eOo ,  léjos  de  enfiidarse , 
se  tenia  por  may  afbruinado  en  que  le  hubiese  tocado  una  mu- 
ger de  aquel  extrafio  carActer,  tanto  que  me  dijo  :  Marcos  ,  mi 
muger  es  on  prodigio  de  yirtud  ;  y  yi^do  que  se  ponia  e( 
manto  para  ir  &  misa ,  me  mandô  que  la  fuese  acompafkando  à 
la  iglesia.  Apènas  salimos  i  la  calle ,  cuando  encontrémos  do9 
moialvetes ,  que ,  admirados  del  aire  y  garbo  de  dofla  Marcelina , 
ie  dijéron  aJ  paso  algunas  cosas  muy  lisonjeras  ;  pero  dla  les 
respondîô  con  tal  despego  »  y  les  dijo  tantas  necedades,  cpie  los 
pobres  quedàron  corridos  y  suspensos ,  sin  poder  comprender 
como  poidia  haber  en  el  mundo  una  muger  que  llevase  à  ma) 
d  ser  alabada  y  aplaudida.  Sefiora,  le  dije,  haga  ymd.  que  no 
eye,  y  pase  adelante  sin  contestar  à  lo  que  le  dicen  ;  ménos 
nudo  es  callar  que  responder  con  desabrimiento.  Eso  no ,  re- 
pfico  ella  :  qaiero  ensellar  à  esos  insolentes  que  yo  no  soy  mu- 
ger que  sufro  me  pierdan  el  respeto.  En  fin  »  profiriô  tantos 
desatinoSy  que  no  pude  ménos  de  decirle  mi  sentir ,  aunque 
fiiese  à  peligro  de  disgustarla.  Le  hice  présente ,  del  mejor  modo 
que  me  f^é  posible,  que  hada  injuria  à  la  naturaleza,  echando  à  per- 
der  con  su  caricter  adusto  mil  bellas  prendas  de  que  la  habia  do- 
tado  :  que  una  muger  de  genio  afoble  y  de  modales  atentos  podia 
hacerse  amar  sin  el  auxilio  de  la  hermosura;  cuando ,  por  el 
contrario,  la  mas  hermosa  si  no  es  afeble  y  agasajadora  se  hace 
un  objeto  de  desprecio.  A  estas  razones  afiadi  otras ,  dirigidas  A 
Ja  correccion  de  sus  ésperos  modales.  Despues  de  haberla  acon- 
sejado  i  mi  satisfocdon,  teml  me  costase  caro  mi  zelo  y  fideli- 
dad ,  excitando  su  cèlera,  y  produciendo  algun  efecto  que  me 
fuese  de  poco  gusto:  mas  no  suoediô  asi ,  no  se  enfadô  de  mis 
iosinuaciones,  contenténdose  oon  no  seguirlas  ;  y  el  mismo  efec- 
to produjèron  las  que  tuye  la  tonteria  de  hacerle  los  dias  si- 
gnientes. 

Cansëme  de  adyertirle  en  yano  sus  .defectos,  y  abandonna  é 
la  aspereza  dé  su  genio.  Pero  ^  quien  lo  creyera?  Este  natural 
tan  agreste,  esta  muger  tan  orgullosa,  de  dos  meses  à  esta  parte 
ha  mudado  enteramente  de  condicion.  Hoy  es  atenta  con  to- 
dos,  y  à  todos  trata  con  modales  muy  cariflosos.  Ya  no  es 
aquella  Harcelina,  que  no  respondia  sino  necedades  à  los  hom- 
bres  que  la  elogiaban,  ya  oye  con  agrado  sus  lisonjas.  Gnsta  le 
digan  que  es  hermosa ,  y  que  ningun  hombre  la  puede  mirar 
sm  cobrarle  aficion.  Son  muy  de  su  gusto  los  requiebros  ;  y  en 
suma  ya  es  otra  muy  diferente  muger.  Esta  mudanza  apénas  es 


90  GEL  BLAS. 

comprenBiUe  ;  pero  lo  qae  maa  te  ha  de  admirar  es  el  saber 
que  tiimismo  has  obrado  este  gran  milagro.  Si,  mi  querido 
Diego ,.  ta  has  sido  el  autor  de  una  trasformadon  tan  extrada  r 
tu  qoien  has  conyertido  aquel  tigre  feroz  en  una  mansisima  cor- 
dera ;  en  una  palabra ,  tu  has  merecido  su  atencion ,  como  lo 
he  obseryado  mas  de, una  yez;  y  ô  yo  oonozco  mal  à  las  mu— 
gères ,  ô  mi  ama  se  *abrasa  por  ti  en  un  yehementisimo  amor. 
Esta  es,  hijo  mio ,  la  triste  noticia  que  tenia  que  da^te,  y  esta 
es  ladesgraciada  situacion  en  que  les  dos  nos  hallamos. 

Yo  no  yeo  ,  respond!  al  yiejo ,  gran  motiyo  de  afligimos  en 
todo  lo  que  ymd.  me  ha  dicho ,  ni  mucho  ménos  que  sea  des- 
gracia mia  el  que  me  ame  una  muger  hermosa.  {  Ah  Diego  !  me 
replied,  bien  se  conoce  que  discurres  como  mozo.  Solo  miras  el 
cebo ,  y  no  ternes  el  anzuelo.  Te  paras  solo  en  el  placer  ;  pero 
yo,  como  yiejo  y  experimentado ,  preyeo  los  disgustos  que 
causa  despues,  porque  no  hay  cosa  que  tarde  ô  temprano  no  se 
descubra.  Si  prosigues  en  yenir  à  cantar  à  nuestra  puerta,  con 
tu  yista  se  encenderà  cada  dia  mas  la  pasion  de  dofta  Harcelina, 
y  olyidada  tal  yez  de  todo  recato  llegarà  à  conocerlo  el  doctor 
Oloroso  su  marido,  el  cual  se  ha  mostrado  tan  condescendiente 
hasta  aqui ,  pœrque  no  tiene  el  mas  leye  motiyo  para  tener  ze- 
los;  pero  despues  se  pondra  fùrioso,  se  yengarâ  de  su  muger, 
y  podrà  hacernos  à  ti  y  à  mi  un  flaco  seryicio.  Pues  bien ,  se- 
fior  Marcos  ,  le  répliqué ,  cedo  à  yuestras  razones ,  y  me  eor- 
trego  à  yuestros  consejos.  Digame  ymd.  que  debo  hacer,  y 
como  me  he  de  portar  para  eyitar  todo  siniestro  accidente.  De- 
jando  los  dos  nuestras  mùsicas ,  me  respondiô ,  y  no  yolyiendo 
tu  a  parecer  delante  de  mi  seûora.  Una  yez  que  no  te  yea,  poco 
à  poco  se  le  ira  entibiando  la  pasion ,  y  recobrarà  su  tranqui- 
lidad.  Espérame  en  casa  del  maestro,  que  yo  te  iré  â  buscar  ,  y 
alla  tocarémos  y  cantarémos  sin  inconyeniente.  Ofrecilo  asi  ;  y 
con  efecto  hice  propôsito  de  no  ir  mas  i  la  puerta  de!  medico , 
y  estarme  encerrado  en  mi  tienda  ,  pues  que  yo  era  un  mozo 
que  no  podia  ser  yisto  sin  peligro. 

Sin  embargo  el  buen  Marcos,  à  pesar  de  su  prudencia,  ex- 
perimentô  dentro  de  pocos  dias  que  el  medio  discurrido  y  acon- 
sejado  por  ël  no  siryiô  para  templar  el  fuego  de  dofta  Marce- 
lina ,  antes  bien  produjo  un  efecto  enteramente  contrario.  Esta 
seAora  à  la  segunda  noche  que  no  nos  oyô  cantar  le  preguntô 
por  que  razon  habiamos  suspendido  nuestra  mùsica ,  y  cual  era 
la  causa  de  que  yo  me  hubiese  retirado.  Respondiôle  que  tenia 
tantas  ocupaciones ,  que  no  me  dejaban  un  instante  para  diyer- 
tirme.  Mostrôse  satisfecha  de  esta  excusa,  y  por  très  dias  sufriô 
mi  ausencia  con  bastante  firmeza  ;  mas  al  cabo  de  este  tiempo 
perdiô  la  paciencia,  y  le  dijo  à  su  escudero  :  Marcos ,  tù  me 
engaftas  :  Diego  no  ha  dejado  de  yenir  aqui  sin  motiyo  ;  y  esta 


LIBRO  SEGCNDO.  9t 

enderra  a]gun  misterio  que  qoiero  descubrir.  Habia,  y  no  me 
ocultes  nada ,  que  asi  te  lo  mando.  Sefkora,  respondiè  Û  pagan- 
dole  con  otra  mentira,  ya  que  vmd.  quiere  saber  las  cosas  como 
son,  sepa  que  al  pobre  Diego  le  ha  sucedido  mucbas  veces  vol* 
yarse  à  su  casa  despues  de  nuestras  mùsicas ,  y  encontrarse  sin 
œna  ^  y  ya  no  se  atreve  à  exponerse  à  ir  à  la  cama  sin  cenar. 
jComo  sin  cenar!  exdamô  ella  lastimada.  ^Porquë  no  me  k)  bas 
dicfao  antes  ?  ;  Pobre  mozo  !  Anda  al  instante ,  y  traémelo  ooih 
tigo  y  aseguréndole  que  nnnca  Yoherà  à  su  casa  sin  cenar,  por- 
que  yo  daré  ôrden  que  se  le  guarde  aqui  siempre  algun  plato. 

;Qaè  es  lo  que  oigo  !  exclamô  el  escudero,  admirado  de  oirla 
bablar  de  aquella  suerte;  ;  que  mudanza,  cielos  !  ^Sois  yos,  se- 
Bora,  la  que  me  hablais  en  esos  términos?  ^Pues  de  cuando  aci  os 
habeis  hedio  tan  compasiva  y  sensible?  Desde  que  tu  yiniste  é 
esta  casa^  me  respondiô  prontamente;  ô  por  mejor  decir,  desde 
que  reprendiste  mis  modales  desdeftosos,  y  te  empeftàste  en  sua- 
Tîzar  la  aspereza  de  mis  costumbres.  Mas ,  ;  ay  de  mi  !  prosi- 
gaiô  ella  entemecida,  que  he  pasado  de  un  extremo  à  otro.  De 
altiva  è  insensible  que  era ,  me  he  Yuelto  sobrado  mansa  y  ca- 
rifiosa.  Amo  à  tu  amigo  Diego  sin  poderlo  remediar ,  y  su  an- 
sencia.may  léjos  de  templar  mi  amor  le  inflama  n^as  y  mas.  ^Es 
posiblc ,  sejïora ,  replicô  el  yiejo ,  que  un  mozo  que  nada  tiene 
de  hermoso  ni  gallardo  haya  exciudo  en  vos  una  pasion  tan  vé- 
hémente? Yo  disculparîa  Yuestra  inclinacion  si  os  la  hubiera 
iospirado  algun  caballero  de  gran  mérite...  ;  Ah  Marcos  !  tnter- 
ninipiô  Marcelina,  ô  yo  no  me  parezco  en  nada  à  las  otras  mu- 
geres ,  ô  tù ,  no  obstante  tu  larga  experiencia ,  todavia  no  las 
conoces  bien ,  si  te  persuades  que  el  mérite  es  quien  las  mueve 
para  elegir  à  un  sugeto.  Si  he  de  juzgarlo  por  mi  misma ,  nunca 
reflexionan  para  enamorarse.  El  amor  es  un  desôrden  de  la  ra- 
zoQ,  que  é  pesar  nuestro  nos  arrastra  tras  de  un  objeto ,  y  nos 
sujeta  à  él.  Es  una  enfermedad  que  nace  en  nosotras ,  y  nos 
atormei^ta  como  la  rabia  à  los  animales.  No  te  canses  pues  en 
persuadirme  de  que  Diego  no  es  digno  de  mi  cariâo  ;  basta  que 
le  ame  para  figurarme  en  él  mil  prendas  que  no  descubres  tu ,  y 
que  quizà  tampoco  él  tendra.  En  Yano  te  empeûas  en  hacerme 
créer  que  ni  sus  facciones  ni  su  figura  tienen  cosa  que  pueda  Ile- 
Tarme  la  atencion;  à  mi  me  parece  hechicero  y  mas  hermoso  que 
el  sol  ;  fuera  de  que  tiene  en  su  toz  una  suayidad  que  me  en- 
canta^  y  se  me  figura  que  toca  la  guitarra  con  una  gracia  y  pri- 
mer particular.  Pero,  seûora ,  replicô  Marcos ,  ;  habeis  pensado 
bien  lo  que  es  el  tal  Diego  ?  Su  baja  y  humilde  condicion...  Yo 
no  soy  mejor  que  él ,  me  interrumpiô  ;  pero  aun  cuando  fîiera 
una  muger  de  distincion,  nunca  repararia  en  eso. 

£1  resultado  de  esta  conferencia  fiié  que ,  desesp^anzado  el 
Tiejo  escudero  de  adekmtar  cosa  alguna  con  su  ama  en  este 


92  GIL  BLAS. 

punto ,  la  dejô  en  bu  capricho,  y  se  retirô  como  un  diestro  pi- 
loto  cede  à  la  tormenta  que  le  desvia  del  puerto  à  donde  se  ha 
propuesto  desembarcar.  Aon  hizo  mas  :  por  dar  gusto  à  sa  ama 
me  yino  à  buscar  ,  me  llamô  aparté,  y  despues  de  haberme  con— 
tado  todo  lo  sucedido  entre  ella  y  èl  :  Bien  yes,  Diego,  me  dijo, 
que  no  podemos  excusarnos  de  continuar  nuestras  mùsicas  à  la 
puerta  de  Marcelina.  Es  indispensable,  amigo  mio,  que  esta 
seflora  te  yuelya  à  yer ,  porque  de  otra  manera  nos  exponemos 
i  que  haga  alguna  locura  que  perjudique  mas  que  nada  à  su 
reputacion.  No  me  bice  de  rogar ,  y  respondile  que  iria  à  su  casa 
Gon  mi  guitarra  asi  que  anocheciese,  y  que  podia  lleyar  é  su 
ama  esta  agradable  noticia.  Hizolo  asi ,  y  diô  à  la  apasionada 
amante  la  mas  alegre  y  gustosa  nueya  que  podia  desear,  con  la 
esperanza  de  yerme  y  oirme  aquella  noche. 

Pero  faltô  poco  para  que  un  lance  pesado  le  hubiese  frustrado 
esta  esperanza.  No  pude  salir  de  casa  hasta  despues  de  muy 
anochecido ,  y  por  mis  pecados  era  la  noche  muy  obscura.  Garni- 
naba  à  tientas  por  la  calle ,  y  quizâ  lleyaba  andado  ya  la  mitad 
del  camino ,  cuando  de  una  yentana  me  regalàron  de  pies  à  ca- 
beza  con  cierto  ; agua  va!  que  Usonjeaba poco  el  sentido del olfato. 
Viéndome  en  tal  estado  no  sabia  que  partido  tomar.  Volyerme 
à  casa  era  exponerme  &  las  pesadas  zumbas  de  los  otros  man- 
cebos  compafteros  mios  :  ir  à  la  de  Marcelina  en  aquel  magni- 
fico  equipage  no  me  lo  permitia  la  yergûenza.  Besolyime  na 
obstante  é  ir  é  casa  del  medico ,  persuadido  de  que  encontraria  é 
Marcos  à  la  puerta,  y  que  todo  se  remediaria  antes  de  presen- 
tarme  en  aquel  estado  é  Marcelina.  Con  efecto  fué  asi  :  encon- 
tréle  esperàndome  é  la  puerta ,  y  luego  que  me  yiô  me  dijo  que 
el  doctor  Oloroso  acababa  de  recogerse,  y  que  aquella  noche 
nos  podiamos  diyertir  à  nuestro  sabor.  Bespondile  que  ante 
todas  cosas  era  menester  limpiarme  el  yestido ,  y  le  conté  lo  que 
me  habia  pasado.  Mostrôse  muy  condolido  de  elle ,  y  me  hiso 
entrar  en  donde  me  estaba  esperando  su  ama.  Apénas  oyô  esta 
seflora  mi  suda  ayentura ,  y  me  yiô  en  el  triste  estado  en  que 
me  hallaba,  prorumpiô  en  expresiones  del  mayor  dolor,  como 
si  me  hubieran  sucedido  las  mas  funestas  desgracias;  y  despues 
como  si  hablase  con  la  puerca  que  me  habia  puesto  de  aquella 
manera,  se  desfogô  echàndole  mil  maldiciones. Seflora,  le  dijo 
Marcos,  moderad  esos  impulsôs,  considerad  que  el  lance  foè 
puro  efecto  de  casualidad ,  y  no  conyiene  mostrar  tan  foerte 
enojo.  ^Como  quieres ,  respondiô  ella ,  que  no  sienta  yiyamente 
la  ofensa  que  se  ha  hecho  à  este  inocente  cordero ,  à  esta  palo- 
ma  sin  biel,  que  ni  aun  se  queja  del  ultraje  que  ha  recibido? 
I  Ojalà  fuera  yo  hombre  en  esta  ocasion  para  yengarle  ! 

Otras  mil  cosas  dijo,  pruebas  todas  de  su  ciego  amor,  que 
igualmentd  acreditô  con  las  acciones ,  porque  miéntras  Marcos 


LIBRO  SEGUNDO.  93 

ne  estaba  limpiando  con  ana  toaUa,  Maredina  fîië  corriendo  i 
sa  coarto ,  trajo  ana  csqita  llena  de  todo  género  de  perfumes  » 
qoemô  cantidad  de  ellos,  sahomô  todos  mis  yestidos,  y  los  rociô 
con  espiritos  olorosos  en  abondancia.  Concluido  el  sahumerio  j 
ji^rsorio,  la  caritatiya  sefiora  foe  en  persona  à  la  cocina,  y 
me  trajo  pan,  yino,  y  algunos  pedazos  de  carnero  asado  qae  te- 
nu goardados  para  ml  Obligôme  é  comer ,  y  teniendo  gusto  en 
serrirme  ella  misma,  ya  me  hacia  plato,  y  ya  me  echaba  de 
beber ,  à  pesar  de  cuanto  Marcos  y  yo  podiamos  hacer  y  decir 
para  que  no  se  humillase  à  semejantes  demostraciones.  Acabada 
h  cena  templàmos  prontamente  los  instrumentos ,  y  arreglàmos 
las  yoces  para  dar  principio  ànuestro  concierto,  Marcelina  quedô 
embelesada  de  oirnos  ;  bien  es  yerdad  que  escogimos  de  propô- 
sito  ciertos  cantares  y  letrillas  amorosas  que  halagaban  su  amor  ; 
y  debo  confesar  que,  miëntras  cantabamos,  yo  lanzaba  de  cuando 
en  cuando  hécia  ella  unas  ojeadas  tiernas  que  pegaban  foego  à  las 
estopas  porque  el  juego  ^ne  iba  ya  gustando.  No  me  cansaba  el 
concierto ,  aunqne  ya  habia  mucho  que  duraba.  Por  lo  que  toca 
i  la  seAora,  las  horas  le  paredan  instantes,  y  de  buena  gana  hu- 
biera  estado  oyèndonos  toda  la  noche ,  si  su  escudero ,  à  quien 
los  instantes  se  le  hacian  horas,  no  le  hubiera  ayisado  que  era, 
ya  tarde.  Diole  el  trabajo  de  decirselo  mas  de  diez  yeces  ;  pero 
daba  oon  un  hombre  infotigable  en  este  punto ,  que  no  la  dejo 
sosegar  hasta  que  yo  me  ausenté.  Como  era  cuerdo  y  prudente , 
y  yeia  à  sa  ama  tan  locamente  apasionada,  temia  nos  sucediese 
algon  desastre.  El  tiempo  yerificô  lo  fondado  de  su  temor ,  porque 
el  medico ,  ya  foese  porqoe  comenzô  à  entrar  en  sospecha,  y  â 
dudar  de  algun  enredo  secreto ,  ô  ya  porque  el  diablUlo  de  los 
zelos ,  que  hasta  entônces  le  habia  respetado,  quiso  inquietarle , 
comenzô  à  reprender  nuestras  mùsicas,  y  aun  bizo  mas ,  prohi- 
bîëndonoslas  en  tono  de  amo  que  qoeria  ser  obedecido;  y  sin 
dar  razon  alguna  de  lo  que  mandaba,  declarô  no  aguantaria 
mas  se  admitiese  en  su  casa  à  ninguno  de  fuera.  Notificôme 
Marcos  esta  resolucion ,  que  hablaba  tan  particularmente  con- 
migo ,  y  no  puedo  negar  que  por  entônces  me  desazonô  muchi- 
simo,  porque  sentia  perder  las  esperanzas  que  habia  concebido. 
Con  lodo  eso,  por  no  faltar  à  la  obligacion  de  fiel  historiador, 
debo  confesar  que  â  corta  reflexion  me  costô  poco  el  confor- 
marme,  y  Ueyar  en  paciencia  aquel  reyes  de  la  fortuna.  No  asi 
Harcelina,  cuya  aficion  cobrô  mayor  foerza.  Querido  Marcos, 
dijo  al  eseudero ,  de  ti  solo  espero  algun  consuelo  ;  ruégote  que 
hagas  todo  lo  posible  para  que  tenga  el  gusto  de  yer  sécréta— 
mente  à  Diego.  ^Quë  es  lo  que  ymd.  me  pide,  seftora?  le  res- 
pondiô  colérico;  demasiada  contemplacion  he  tenido  con  ymd. 
No,. no  quiera  Dios  que  por  fomentar  una  loca  pasion  contri- 
baya  yo  à  deshonrar  é  mi  amo ,  â  la  pérdida  de  yuestra  repa- 


M  GIL  BLAS. 

tacion  »  y  i  mancharme  à  mi  misino  con  el  borron  de  tal  infamia  , 
despaes  de  haber  pasado  toda  la  Tida  por  bombre  muy  de  bien  , 
por  criado  fiel  y  de  ana  conducta  irreprensible.  Antes  dejarë   la 
casa  que  servir  en  ella  de  un  modo  tan  yergonzoso.  ]  Ah  Marcos  ! 
replied  la  sefiora,  asostadade  estas  ultimas  palabras,  me  atra— 
viesas  de  parte  é  parte  el  corazon  cuando  hablas  de  marcharte. 
;Paes  qné  !  ;  piensas,  cmel,  dejarme  despues  que  me  has  reducido 
al  lastimoso  estado  en  que  me  yeo  !  Restituyeme  primero  aquel 
orgullo  y  aquella  tranquila  altivez  que  tu  mismo  me  quitàste.  lOh, 
y  quien  tuviera  ahora  aquellos  felicisimos  defectos  !  gozaria  de 
gran  paz  mi  corazon  en  lugar  del  tumulto  que  le  agita ,  gracias  à 
tus  imprudentes  reconyenciones.  Tû ,  tù  fuiste  quien  estragâste  mis 
eostumbres  cuando  quisiste  enmendarlas...  Pero|  que  es  lo  que  digo  I 
continué  ella  llorando ,  ;  desdîchada  de  mi  !  ;  é  que  fin  darte  en 
cara  con  tan  injustas  quejas  !  no ,  amado  padre ,  no  fuiste  tû  e] 
autor  de  mi  infortunio  ;  mi  mala  suerte  foé  la  ùnica  que  me  préparé 
mi  desgracia.  No  hagas  caso ,  te  pido ,  de  las  necias  palabras  que 
profiero.  Mi  pasion  me  ha  trastornado  el  juicio  ;  compadécete 
de  mi  flaqueza.  Tù  ères  mi  ùnico  consudo  ;  y  si  aprecias  mi  vida, 
no  me  niegues  tu  asistencia. 

Al  decir  estas  palabras  credo  sullanto  de  manera  que  no  pado 
continuar.  Sac6  el  paftuelo,  cubriôse  con  él  el  rostro,  y  se 
dejô  caer  en  una  siUa,  como  una  persona  que  se  rinde  al  peso 
de  su  afliccion.  £1  buen  Marcos ,  que  era  de  la  mejor  pasta  de 
escuderos  que  jamas  se  ha  yisto ,  no  pudo  resistir  à  un  espec- 
tàculo  tan  lastimoso ,  que  le  conmoviô  yivamente ,  y  mezclô 
sus  compasiyas  làgrimas  con  las  de  su  afligida  ama ,  dicièndole 
lleno  de  temura:  ;  Ah,  sefiora,  y  que  atractiyo  es  el  yuestro  ! 
no  tengo  foerzas  para  combatir  yuestra  pena  que  acaba  de  ren- 
dir  mi  yirtud ,  y  prometo  auxiliaros.  Ya  no  me  admiro  de  que 
el  amorhayatenido  poder  para  haceros  olyidar  de  yuestro  de- 
ber ,  cuando  la  compasion  sola  lo  ha  tenido  para  no  acordarme 
yo  del  mio.  De  manera  que  el  pobre  escudero ,  &  pesar  de  su 
irreprensible  conducta,  se  sacrifice  muy  seryicialmente  à  la  pa~ 
sion  de  Marcelina.  A  la  mafiana  siguiente  yino  à  contarme  todo 
lo  sucedido ,  y  me  dijo  tenia  ya  pensado  el  modo  de  propor- 
cionarme  una  conversacion  sécréta  con  su  ama.  Con  esto  animô 
mi  esperanza  ;  pero  dos  horas  despues  llegô  à  mis  oidos  una 
noticia  tan  triste  como  no  esperada.  £1  mancebo  de  una  botica 
que  habia  en  el  barrio ,  y  era  uno  de  nuestros  parroquianos , 
yino  &  hacerse  la  barba.  Miéntras  me  disponiaé  rasurarle  me  dijo  : 
Seftor  Diego,  ^como  le  ya  â  ymd.  con  su  amigo  el  yiejo  escudero 
Marcos  de  Obregon?ya  sabra  ymd.  que  esta  para  marcharse  de 
casa  del  doctor  Oloroso.  No  por  cierto ,  le  respondi.  Pues  sëpalo 
ymd.,  me  replicô ,  y  no  dude  que  la  cosa  es  derta.  Hoy  sin  felta 
le  despedtrin.  Su  amo  y  el  mio  acaban  de  tener  ahora  una  con- 


LIBRO  SEGUNDO.  95 

Tersadon ,  i  que  me  kallé  présente ,  en  la  coal  dijo  el  primero  al 
segondo  :  Seftor  boticario ,  tengo  que  bacer  à  vmd.  una  suplica. 
No  estoy  oontento  con  un  viejo  escndero  que  tengo  en  casa ,  y 
en  sa  lugar  qaisiera  una  dueûa  fiel ,  severa  y  vigilante ,  que  guar- 
(bse  âmi  muger.  Ya  entîendo  y  respondiô  mi  amo  :  ymd.  necesi- 
tariade  la  seftora  Melancia ,  que  fuè  la  que  custodîô  à  mi  difunta 
esposa,  que  aunque^  ba  seis  semanas  que  enviudé  ,  todavia  la 
maatengo  en  casa.  À  la  yerdad  me  séria  muy  util  para  gober- 
Darla;  pero  se  la  cedo  &  vmd.  gustoso  por  lo  mucho  que  me  in- 
tereso  en  sa  honor.  Bien  puede  descuidar  con  ella  en  punto  à  la 
seguridad  de  su  bonra ,  porque  es  la  perla  de  las  dueâas ,  y  un 
TO'dadero  dragon  para  guardar  la  castidad  del  sexo  fragil.  En 
doce  a&os  enteros  que  estuvo  al  lado  de  mi  muger  (  que  como 
Tmd.  sabe  era  moza  y  linda  )  no  y\  en  mi  casa  ni  aun  la  sombra 
de  un  galan.  Si  por  cierto ,  bonita  era  la  dueAa  para  sufrirlo  ; 
sobre  este  punto  no  aguantaba  chanzas.  Aun  dire  mas  :  mi  muger 
iksprincipios  gustaba  mucho  de  pasatîempos  y  galanteos  ;  pero 
la  8efk>ra  Melancia  supo  fundirla  tan  de  nuevo ,  que  la  incliné  en- 
teramente  à  la  yirtud.  En  fin ,  es  un  tesoro  para  vuestra  seguri- 
dad. Quedô  el  seûor  doctor  muy  satis  fiecho  de  unos  informes  tan 
imedida  de  su  deseo ,  y  ambos  conyiniéron  en  que  hoy  mismo  iria 
la  doefta  &  ocopar  el  lugar  del  escudero. 

Esta  noticia ,  que  tuye  por  cierta ,  como  en  efecto  lo  era ,  des- 
concerto  las  ideas  de  todos  los  buenos  ratos  que  yo  esperaba  lo- 
grar  ;  y  Marcos ,  que  y ino  despues  de  comer ,  acabô  de  desyane- 
cèrmelas ,  confirmando  todo  lo  que  me  habia  dicho  el  mancebo. 
Amigo  Diego ,  me  dijo  el  bnen  escudero  ,  estoy  contentisimo  con 
qneel  doctor  Oloroso  me  haya  despedido ,  porque  me  ha  librado 
demolestisimos  disgustos  y  cuidados.  Ademas  de  haberme  echado 
àcaestas,  muy  contra  mi  indinacion,  un  yillanisimo  empleo  » 
neoesitaba  andar  continuamente  ideando  trazas  y  urdiendo  enre- 
dos  para  que  pudieses  hablar  secretamente  à  Marcelina.  ;  Que  em- 
broUo  !  GÀracias  al  cielo  me  yeo  ya  fuera  de  estos  cuidados ,  y 
sobre  todo  de  los  peligros  que  los  acompafian.  Por  lo  que  â  ti 
<oca,  hijo  miOy  tambien  debes  alegrarte  de  haber  perdido  algunos 
ratos  de  un  placer  momentàneo ,  à  trueque  de  h2d>erte  librado  de 
luttas  pesadumbres ,  sustos  y  riesgos.  Agradôme  mucho  la  mo- 
^  de  Marcos ,  porque  me  pareciô  que  ya  nada  podia  esperar ,  y 
^  bacerme  gran  yiolencia  déterminé  alrâadonar  el  campo.  No  era 
yo,  lo  confieso ,  de  aquellos  amantes  porfiados  que  hacen  yam- 
dad  de  Incbaroontra  todos  los  obstàculos;  pero  aun  cuandolo 
i^era,  la  seftora  Melancia  dejaria  bien  burlado  mi  empefto  y  te» 
^dad.  £1  genio  riguroso  que  atribulan  k  aquella  muger  era 
<^  de  desesperar  à  los  amantes  mas  pertinaces  y  atreyidos. 
Sin  embargo  de  los  colores  con  que  me  la  habian  pintado ,  no 
^^  de  entender ,  dos  ô  très  dias  despues ,  que  la  sefk>ra  médica 


«6  GIL  BLAS. 

habia  adormectdo  i  aquel  Argos,  y  oorrompido  sa  fidelidad.  Salia 
70  ana  mafiana  de  casa  à  afeitar  à  un  vecino  naestro ,  coando  una 
baena  TÎeja  se  Ilegô  é  mi ,  y  me  pregontô  si  era  yo  Diego  de  la 
Fuente,  Respondile  que  si ,  y  ella  me  replicô  :  Pues  à  ymd.  venia 
yo  buscando.  Yaya  su  merced  esta  noche  à  la  paerta  de  doua 
Marcelina ,  haga  algana  seftal ,  y  luego  le  sera  abierta.  May  bien , 
le  répliqué  yo  :  pero  es  preciso  que  quedemos  de  acaerdo  sobre 
que  seûal  ha  de  ser.  Yo  se  remedar  marairillosamente  el  maullido 
del  gato ,  y  maullaré  dos  6  très  veces.  Basta  eso ,  repaso  la  mensa- 
géra  de  amor  :  yoy  &  dar  parte  de  su  respuesta  à  la  seftora.  Ser- 
Tidora  deTmd.^  seftor  Diego ,  el  cielo  le'consenre.  {Quégalan 
sois  1  A  fe  que  si  yo  fuera  una  nifia  de  quince  aftos  no  le  bus- 
caria  para  otra.  Diciendo  esto  se  desviô  de  mi  aquella  oficiosa  Yîeja. 

Agitôme  terriblemente  este  mensage ,  y  toda  la  moral  de  Mar- 
cos se  la  Uevô  el  aire.  Espéré  con  impaciencia  la  noche ,  y  coando 
me  pareciô  que  ya  estaria  durmiendo  el  doctor  Oloroso,  me  enca- 
miné  hàcia  su  puerta.  Alli  di  principio  à  mis  maollidos,  que  debian 
oirse  de  léjos ,  y  hacian  mucho  honor  al  maestro  que  me  habia 
ensefiado  tan  bello  îdioma.  Un  momento  despues  \^b  la  misma 
Marcelina  à  abrir  con  mucho  tiento  la  puerta ,  y  ^olviô  é  cer- 
rarla  luego  que  yo  hube  entrado,  Subimos  à  la  sala  en  donde  ha- 
biamos  tenido  nuestro  ultimo  concierto ,  la  cual  estaba  débilmente 
alumbrada  por  una  luz  que  ardia  sobre  la  chimenea.  Nos  senti- 
mos  juntos  para  dar  principio  à  nuestra  conyersacion ,  alterados 
ambos,  aunque  con  la  diferencia  de  que  el  placer  solo  causaba  la 
conmocion  de  Marcelina ,  y  la  mia  estaba  mezclada  con  un  poco 
de  sobresalto.  En  vano  me  aseguraba  mi  dama  que  nada  teniamos 
que  temer  por  parte  de  su  marido ,  pues  se  habia  apoderado  de 
mi  un  temblor  que  turbaba  mi  alegria.  Sin  embargo ,  le  pregunté  : 
Seftora ,  i  como  habeis  podido  engaftar  la  y  igilancia  de  vuestra  aya? 
Por  lo  que  oi  decir  de  Melancia ,  no  creia  que  os  foese  posible 
hallar  medios  de  darme  noticias  Tuestras ,  y  mucho  mènes  de 
yemosà  solas.  Sonriéndose  enténces  Marcelina  de  mipregonta, 
me  contesté  :  Dejarà  de  sorprenderte  de  la  sécréta  entreyista  que 
tenemos  esta  noche  juntos ,  luego  que  te  haya  contado  lo  que  pasô 
entre  las  dos.  Cuando  entré  en  esta  casa,  mi  marido  le  hizomil 
caricias ,  y  me  dijo  :  Marcelina ,  te  entrego  à  la  direccion  de  esta 
discreta  seftora ,  que  es  un  compendio  de  todas  las  yirtudes ,  y  un 
espejo  en  que  debes  mirarte  de  continue  para  instruirte  en  la  rao- 
destia.  Esta  admirable  persona  dirigié  por  espacio  de  doce  aftos  i 
ia  muger  de  un  boticario  amigo  mio  :  pero  dirigié...  de  lo  que 
bay  poco ,  en  termines  que  hizo  de  ella  casi  una  santa. 

Estas  alabanzas,  que  el  aspecto  gray  ede  Melancia  no  desmentia , 
me  costéron  muchas  làgrimas ,  y  me  pusiéron  desesperada.  Me 
figuré  las  lecciones  que  tendria  que  escuchar  desde  la  maftana  hasta 
la  noche ,  y  las  reprensiones  que  me  séria  forzoso  aguantar  todes 


LIBRO  8EGUND0.  97 

k»  dias.  En  fio ,  conBeiiti  en  llegar  à  ser  )a  muger  mas  desgraciada 
del  mando ,  y  oWidando  toda  coasideracion  en  medio  de  una 
esperanza  tan  cruel ,  le  dije  con  mucha  seqaedad  à  la  aya  luego 
que  me  yi  sola  con  ella  :  Sin  duda  os  dispondréis  para  hacerme 
padeoer  mucbo;  pero  debo  advertiros  que  soy  poco  sufrida,  y 
que  no  dejaré  por  mi  parte  de  daros  cuantos  desaires  pueda.  Os 
declaro  que  mi  corazon  esta  dominado  de  una  pasion  que  no  se- 
rin capaces  de  arrancar  de  ël  y  uestras  reconyenciones.  Sobre  esto 
podeis  tomar  vuestras  medidas:  redoblad  Yuestra  vigilancia, 
porqae  os  prometo  no  omitir  nada  para  engaâarla.  AI  oir  estas 
palabras  la  dnefta  adusta ,  que  bien  crei  iba  é  ensartarme  un  ser- 
mon por  primera  entrada ,  se  puso  risueAa ,  y  me  dijo  con  un 
tono  a£8d>le  :  Mucho  me  agrada  Yuestro  carâcter  ;  Yuestra  franque- 
za  proYOca  la  mia,  pues  yeo  que  nacimos  la  una  para  la  otra. 
;  Ah  !  bella  Harcelina ,  que  mal  me  conoceis  si  formais  juicio  de 
mi  por  el  elogio  de  Yuestro  esposo  ô  por  la  severidad  de  mi  exte- 
rior !  No  me  teogais  por  enemiga  de  los  placeres,  porque  no  me 
hago  agenta  de  los  zelos  de  los  maridos  sino  para  ser  util  à  las 
mngeres  hermosas.  Hace  mucho  tiempo  que  'poseo  el  grande  arte 
de  disfirazarme;   y  puedo  decir  que   soy    doblemente    feliz  , 
porque  disfruto  i  un  mismo  tiempo  de  la  comodidad  del  vicio  y 
de  la  reputacion  que  da  la  Yirtud.  Para  entre  nosotras ,  el  mundo 
no  es  YÎrtuoso  sino  de  este  modo  :  cuesta  demasiado  adquirir  el 
fondo  de  las  virtudes ,  y  por  eso  en  el  dia  todos  se  contentan  coa 
tener  sas  apariencias. 

Dejaos  guiar  por  mi,  continué  la  aya,  y  yeréiscomo  se  la 
pegamos  tan  bien  al  Yiejo  doctor  Oloroso ,  que  os  aseguro  tendra 
la  mîsnia  suerte  que  el  seftor.fermacéutico ,  porque  no  me  parece 
mas  respetable  la  Create  de  un  medico  que  la  de  un  boticario. 
l  Pobre  seUor  !  [cuantas  piezas  le  jugimos  su  muger  y  yo!  j  Que 
amable  era  aquella  seûora»  y  de  que  bello  caricter!  jSu  aima 
goze  de  Dios  !  Os  aseguro  que  ha  pasado  bien  su  juventud  :  ha 
tenido  que  se  yo  cuantos  amantes  à  quienes  introduje  en  su  casa 
sin  que  su  marido  lo  adyirtiese  jamas.  Asi ,  seftora ,  miradme  con 
ejos  mas  fayorables ,  y  estad  conyencida  de  que ,  por  mas  talento 
que  tuYÎese  el  escudero  que  os  seryia,  nada  perderéis  en  el 
trueque ,  y  aun  tal  ycz  os  seré  mas  util  que  él. 

Figorate  ahora,  Diego ,  continuô  Marcelina ,  si  habrè  agrade- 
ddo  à  la  dueûa  el  habérseme  descubierto  con  tanta  franqueza , 
cnando  la  creia  de  una  Yirtud  austera.  Ye  ahi  como  se  juzga  mal 
de  las  mugeres.  Melancia  se  granjeô  desde  luego  mi  afecto  por 
este  caràcter  de  sinceridad ,  y  la  abrazé  con  un  gozo  estremado 
que  le  manifesté  con  anticipation  cuanto  me  alegraba  de  tenerla 
por  aya.  Haciénd(da  en  segnida  enteramente  confidenta  de  mis 
Mitinuentos ,  le  pedi  que  me  propordonase  cuanto  antes  una 
coBYersacion  à  solas  contigo  ;  lo  que  efectivamente  cumpliô  ^ 

7 


98  GIL  BLAS. 

valiéndose  esta  maftana  de  la  vieja  que  te  bablô ,  y  que  es  una 
mensajera  que  le  sirviô  muchas   yecea  para  la  muger  del  boti- 
cario.  Pero  lo  que  hay  de  mas  gracioso  en  esta  aventura ,  aâadiô 
Marcelina  riéndose,  es  que  Melancia  >  por  la  relacion  que  le  hice 
de  la  Gostumbre  que  tiene  mi  esposo  de  pasar  la  noche  sosegada- 
mente ,  se  acosté  junto  à  él ,  y  ocupa  mi  lugar  en  este  momento. 
Lo  siento  mucho ,  sefiora,  dtje  entônces  é  Marcelina,  y  de  ningun 
modo  apruebo  yuestra  invencion.  Yuestro  marido  puede  muy 
bien  despertarse ,  y  echar  de  yer  ef  engailo.  ;  Oh ,  eso  no  !  replicô 
ella  oon  precipitadon;  no  tengas  el  menor  cuidado  por  eso,  y 
no  hagas  que  un  yano  temor  adbare  el  placer  que  debes  tener 
en  baltarte  con  una  muger  que  te  cpiiere. 

La  esposa  del  doctor,  obseryandoque  este  discurso  no  desya- 
necia  mis  temores ,  ho  omitio  nada  de  cuanto  creyô  é  proposito 
para  serenarme ,  y  por  fin  hizo  tanto  que  Ilegô  à  conseguirlo. 
Desde  este  momento  ya  no  pensé  mas  que  en  aproyecharme  de  la 
ocasion;  pero  al  tiempo  en  que  Cupido,  acompaftado  de  las 
Risas  y  de  los  Juegos,  se  disponia  é  labrar  mi  félicidad ,  ounos  dar 
unas  foertes  aldabadàs  à  la  puerta  de  la  calle.  Al  instante  el  Amer 
y  su  comitiya  yolâron  à  manera  de  unos  pajarillos  timidos  espan- 
tados  repentinamente  por  un  gran  ruido.  Marcelina  me  oodtô 
debajo  de  una  mesa  que  habia  en  la  sala  ;  apagô  la  luz ,  y  (  como 
lo  h^ia  concertado  con  su  aya ,  en  caso  que  este  contratiempo 
sucediese  )  se  fuè  à  la  puerta  de  la  alcoba  en  que  dormia  su  ma- 
rido. Entretanto,  los  golpes  que  atronaban  la  casa  continuabancon 
tanta  repeticion  que ,  despertando  el  doctor ,  se  sente  en  la  cama 
dando  yoces  à  Melancia.  Arrojôse  esta  de  la  cama ,  aunque  el  yiejo, 
quecreia  era  su  muger,  le  deciaque  no  se  levantase;  reuniôse 
con  su  ama,  que ,  sintièndola  à  su  lado ,  la  Uamaba  à  gritos  para 
que  foese  àyer  quien  estaba  &  la  puerta.  Ya  estoy  aqui,  seftora, 
le  respondiô  la  aya ,  yolyeos  &  la  cama  si  quereis,  que  yo  yoy 
à  yer  lo  que  es.  Durante  este  tiempo ,  habiéndose  desnudado 
Marcelina,  se  acostô  con  el  doctor,  que  no  tuyo  la  menor  sospe- 
cha  de  que  le  engafiasen.  Bien  es  yerdad  que  esta  escena  acababa 
de  representarse  en  la  oscuridad  por  dos  aarices,  de  las  cuales 
una  era  incomparable ,  y  la  otra  tenia  mucha  disposicion  para 
serlo. 

La  aya  no  tardô  en  presentarse  en  bâta  de  dormir  y  con  una 
luz  en  la  mana,  diciendo  à  su  amo  :  Seâor  doctor ,  tenga  ymd. 
la  bondad  de  levantarse  à  prisa ,  porque  al  librero  Fernandez 
Buendia ,  yecino  nuestro ,  le  acometiô  una  apoplegia ,  y  os  llaman 
de  su  parte  para  que  yoleis  à  su  socorro.  El  medico  ,^  yistién- 
dose  lo  mas  pronto  que  pudo ,  partie  à  casa  del  enfermo ,  y  su 
muger  en  bâta  de  noche  yino  con  la  aya  à  la  sala  en  donde  yo 
estaba ,  y  me  sacàron  de  debajo  do  la  mesa  mas  muerto  que 
viyo.  Nada  tienes  que  temer,  Diego,  me  dijo  Marcelina,  seré- 


LDRO  SEGUNDO.  99 

uate.  Al  mismo  tiempo,  diciéndome  en  dos  palabras  de  que 
modo  se  babia  arreglado  la  cosa,  quiso  ^  seguida  volver  à 
tomar  el  hilo  de  la  conyersacion  que  tenia  conmigo  y  habia 
sido  inierrompida;  pero  se  opuso  à  esto  la  aya.  Seftora,  le 
dijo ,  Yuestro  marido  acaso  puede  hallar  muerto  al  librero  ,  y 
vol  verse  inmediàtamente;  ademas  de  que,aAadiô,  yiëndome 
trapasado  de  miedo ,  ^  que  hariais  con  ese  pobre  mozo ,  no 
haliéndose  en  estado  de  oontinuar  la  conversacion?  Mas  vale 
poiMrle  en  la  calle ,  y  dejar  el  negocio  para  maftana.  Dofta  Mar- 
ceUna  oonyino  en  ello  »  aunque  â  pesar  suyo ,  tan  amiga  era  de 
lo  présente;  y  creo  qve  sintiô  bastante  no  haber  podido  hacer 
pomr  al  doctor  el  nneyo  bonete  que  le  tenia  destinado. 

En  cuanto  à  mi,  ménos  afligido  de  baber  malogrado  los  mas 
precîosos  favores  del  amor,  que  gozoso  de  yerme  libre  del 
pelîgro,  me  foi  à  casa  del  maestro,  en  dondepasé  el  resto  de  la 
noche  en  reflexionar  sobre  mi  aventura.  Estuve  algun  tiempo 
indecîso  si  àcudiria  à  la  cita  de  la  noche  siguiente ,  porque  no 
formaba  juicîo  de  salir  mas  bien  Hbrado  en  esta  segnnda  calave- 
rada  que  en  la  primera  ;  pero  el  diablo ,  que  siempre  nos  cerca  , 
6,  por  mejor  decir,  se  apodera  de  nosotros  en  semejantes 
lances,  me  hizo  créer  que pasaria  por  unmentecato  si  me  que- 
daba  à  la  mitad  de  an  camino  tanbueno;  y  ann  représenté  à  mi 
imaginacion  à  Marcelina  con  nuevos  atraetiyos ,  y  pondéré  el 
precio  de  los  placeres  que  me  esperaban.  Resolvi,  pues ,  continuai* 
mientremes,  y  muy  resuelto  âtener  mâfs  firmeza,  con  tanbellas 
disposiciones ,  me  foi  al  dia  siguiente  Ala  puerta  del  doctor  entre 
once  y  docede  la  nodie,y  enmediô  de  ùna  dscoridad  tan  grande 
que  no  se  veia  brillar  una  sola  estrefla  en  el  cielô.  Manllé  dos  6 
très  veces  para  avisar  que  estaba  en  la  callé  ;  pero  como  nadie 
bajaba  à  abrirme,  no  me  contenté  con  empezar  de  nuevo,  sino 
que  me  puse  à  remedar  todos  los  dif^entes  gritos  de  gato  que*  un 
pastor  de  Olmedo  mè  babia  enseiïado^  y  lo  hice  tan  al  natural, 
que  un  yecino  que  volvia  à  su  casa ,  tenièndomépor  utto  de  estos 
animales  cnyos  manlKdos  imitaba ,  cogié  un  guijarro  que  tro- 
pez6  con  los  pies  y  nie  le  arrojé  con  toda  su  foerza,  diciendo  : 
jMeUdito  sea  et  ^tt^f^Recibi  tàn  foerte  golpe  en  la  cabeza  que 
quedé  aturdido  por  el  pronto',  y  faite  poco  para  que  cayese  en 
tierra  atolondrado.  Esto  basté  para  que  dièse  al  diablo  el  galan- 
teo,  y  perdiendo  el 'amor  juntamente  çon  la  sangre,  me  volvi  à 
casa,  dônde  desperté  ë  hice  levantar  &  todos.  El  maestro  reco- 
nocié  la  herida  que  le  parecîé  peligrosa ,  pero  no  tuvo  malas  ré- 
sultas y  se  cerré  al  cabo  de  tres.semanas.  En  todo  este  tiempo 
no  ol  hablar  de  Marcelina.  Es  natural  quo  Melancia,  para  despren- 
derla  de  mi ,  le  buscafise  algdn  otro  conocimiento  ,  de  lo  que  no 
me  informé  porque  nada  me  importaba  ;  pues  sali  de  Madrid 
para  andar  la  Espafla  luego  que  me  vi  perfectamente  curado. 

58!  T. 


too  GIL  BLAS. 


CAPITULO  vin. 

Encuentro  de  Gil  Bias  j  ta  oompaAero  oon  un  hombre  que  estaba  iDojando 
mendrugos  de  pan  en  unafuente,  j  conversacion  que  con  â  tuvie'ron. 

CoDtôme  el  amigo  Diego  de  la  Foente  otras  ayentaras  que  le 
sucediéron  en  adelante  ;  pero  todas  de  tan  poca  importancia , 
que  no  merecen  la  pena  de  referirse.  Sin  «nbargo ,  me  vi  preci- 
sado  à  otrselas ,  y  en  verdad  que  no  file  {H'eve  la  relacion ,  pues 
durô  hasta  que  llegàmos  à  Puente  de  Duero ,  donde  nos  detu- 
vimos  lo  restante  de  aquel  dia.  Hicimos  en  el  meson  que  nos 
dispusiesen  una  buena  sopa,  y  asasen  una  liebre,  despaes  de 
cercioramos  de  que  era  verdaderamente  tal.  Al  amanecer  del  dia 
siguiente  proseguimos  nuestro  camino ,  habiendo  entes  Uenacft 
la  bota  de  un  vino  mediano ,  y  metido  en  las  mochilas  algunos 
pedazos  de  pan ,  juntamente  con  la  mitad  de  la  liebre  que  nos 
habia  sobrado  de  la  cena. 

Despues  de  liaber  caminado  oerca  de  dos  léguas  ^  nos  sentimos 
con  gana  de  almorzar,  y  habiendo  visto  como  à  doscientos  pasos 
de  camino  un  grupo  de  àrboles  que  haciaq  sombra  deliciosisima  » 
escogimos  aquel  sitio ,  è  hicimos  alto  en  el.  AUi  encontràmos  à 
un  hombre  como  de  yeinte  y  siete  à  veinte  y  ocho  aûos ,  que 
estaba  mojando  en  una  fiiente  algunos  zoquetes  de  pan.  Tenia  i 
su  lado  sobre  la  yerba  una  espada  larga  y  una  mochila.  Pareeio^ 
nos  mal  yestido ,  mas  por  otra  parte ,  de  luien  rostro ,  y  bien 
plantado.  Saludàmosle  oortesmente  y  y  él  nos  correspondiô  cm 
igual  cortesania.  Presentônos  luego  sus  mendrugos  mojados ,  y 
con  cierto  aire  risueûo  y  despejado  nos  dijo  si  eramos  servidos. 
Admitimos  el  convite  e^  el  mismo  tono ,  mas  con  la  condicioo 
de  que  habia  de  tener  é  bien  que  juntasemos  los  almuerzos  para 
que  fuesen  mas  abundantes.  Vino  eu  ello  con.  mucho  gusto ,  y 
nosotros  sacàmos  nuestras  proyisiones ,  lo  que  ciertamente  no 
le  desagradô.  jOh!  seûores,  exclama  enagenado  de  alegria, 
yerdaderamente  que  ustedes  yienen  bien  proyistos  de  municio- 
nés  de  boca ,  y  se  conoce  que  son  hombres  prevenidos ,  y  que 
miran  à  lo  yenidero.  Yo  me  fio  demasiado  en  la  fortuna.  Sin 
embargo ,  à  pesar  del  miserable  estado  en  que  ustedes  me  yçn , 
les  puedo  asegurar  que  alguna  vez  hago  un  papel  muy  brillante. 
Sepan  ustedes  que  no  pocas  me  tratan  4^  principe  y  estoy  ro- 
deado  de  guardias.  Segun  eso ,  dijo  Diego,  sera  ymd.  comediante. 
Adiyinôlo  ymd.,  respondiô  el  desconocido,  porlp  ménosbaquince 
aflos  que  no  tengo  otro  oficio.  Siendo  niûo  representaba  ya  ci^tos 
papeles  cortos,  esto  es,  que  tuyiesen  poco  que  aprender.Uablemos 
francamente,  replicô  el  barbero ,  meneando  ladinamente  la  cabeza , 


LIBRO  SEGUNDO.  101 

lengo  dificuiiad  encreerlo,  porqueconozco  bieu  a  luttcomeauuites, 
y  se  qne  estos  sefiores  no  aoostambran  caminar  à  pie ,  ni  hacer 
almuerzos  à  lo  san  Anton  ;  y  nie  temo ,  me  temo  que  si  vmd. 
ha  faecfao  algun  papel  no  habra  sido  otro  que  el  de  enoender  y 
apagar  las  lamparillas.  Piense  ymd.  de  mi  lo  que  quisiere  ^  res- 
pondiô  el  histrion,  lo  cierto  es  que  hago  los  primeros  papeles, 
y  comunmente  me  hacen  representar  el  de  primer  galan.  Siendo 
asi ,,  repuso  mi  camarada ,  doy  â  ymd.  la  enhorabuena ,  y  oe- 
lebro  mucho  que  el  sefior  Gil  Bias  y  yo  hayamos  tenido  la  honra 
de  desayunamos  en  compaASa  de  tan  gran  personage. 

Comenzimos  entônces  i  roer  nuestros  regojos  y  las  preciosas 
reliqnias  de  la  liebre ,  alternando  con  tan  frecuentes  topetadas 
à  la  bola,  que  en  poco  tiempo  la  dejàmos  enteramente  pes 
con  pez,  sin  que  en  todo  este  tiempo  desplegase  los  labios 
ninguno  de  los  très.  Al  cabo  rompiô  el  silencio  el  barberOlo, 
diciendo  al  comediante  :  Estoy  admirado  de  ver  &  ymd.  en  es- 
tado  tan  lastimoso.  No  se  puede  dudar  que  es  mucha  pobreza 
para  un  héroe  de  teatro ,  y  perdone  vmd.  si  le  hablo  con  esta 
daridad.  Por  cierto,  replicô  el  actor,  que  se  conoce  no  ha  oido 
ymd.  hablar  del  fimioso  comediante  Melchor  Zapata;  porque  ha 
de  saber  ymd.  que ,  por  la  misericordia  de  Dios ,  no  soy  de 
genio  delicado.  Me  da  ymd.  mucho  gusto  en  hablarme  con  tanta 
firanqueza ,  porque  tambien  gusto  yo  de  hablar  con  ella.  Confieso 
de  buena  fe  que  no  soy  rico  ;  y  sino  miren  ustedes  esta  ro- 
piDa.  Didendo  esto  nos  mostrô  el  forro  de  ella,  que  era  todo 
de  los  carteles  de  comedia  que  se  fijan  en  las  esquinas.  Esta  es 
la  tela  qne  comunmente  me  sirve  de  forro  ;  y  si  todayia  tienen 
curiosidad  de  yer  lo  que  hay  en  nri  goardaropa ,  contentarè  à 
ustedes  *:  hélo  aqui.  Y  al  mismo  tiempo  sacô  de  la  mochfla  un 
yestido  entero,  guamecido  de  esterilla  yieja  de  plata  felsa,  una 
gorra  muy  raida,.  cpn  un  penacho  de  yiejisimas  plumas,  unas 
médias  de  seda  con  mas  agujeros  que  un  criyo  ô  una  salvadera, 
j  unes  zapatos  muy  usados  de  badanîll^  encarnada.  Ya  yen 
ustedes  ahora  que  soy  medianamente  infeliz.  Eso  es  lo  que  me 
admira,  lereplicô  Diego.  {Pues  que!  ^no  tiene  ymd.  muger  ni 
hija?  Si,  seftor ,  respondiô  Zapata;  pero  yea  ymd.  la  desgracia 
de  mi  estrella  :  tengo  muger  moza ,  mas  no  por  eso  estoy  mas 
adelantado.  Casème  cou  una  linda  comedianta ,  esperaado  que 
no  me  dejaria  morir  de  hambre  ;  pero  por  mi  poca  fortuna  di 
con  una  muger  de  juicio  y  de  un  recato  incorruptible.  ;  Quieili 
diablos  no  se  engafiaria  como  yo!  Una  muger  yirtuosa  que 
era  del  nèmero  de  k>8  cômicos  de  la  légua ,  me  habia  forzosa- 
mente  de  tocar  à  mi  en  suerte.  Seguramente  es  desgracia ,  dijo 
el  barbero;  pero  ;,porqué  no  se  casô  ymd.  con  alguna  bonita 
comedianta  de  las  corapafiias  de  Madrid?  Entènoes  si  que  logfa- 
ria  su  iotento.  Conyengo  en  elKi ,  respondiô  eHarsance ,  pero  â 


102  GIL  BLAS. 

un  pobre  comediante  de  la  legua  no  le  es  licite  elevar  sus  peo:^ 
samientos  à  tan  encqmbradas  heroinas.  Eso  solamente  lo  podra 
haoer  alguno  de  la  compania  del  corral  del  Principe ,  y  aun  en 
ella  se  yen  muchos  predsados  à  casarse  con  otras  mugeres  que 
no  son  de  la  profesion ,  y  por  fortuna  suya  Madrid  es  bueno ,  y 
se  suelen  encontrar  en  el  algunas  que  se  las  pueden  apostar  à  las 
princesas  de  teatro. 

^Peroque,  le  replico  mi  compaûero,  nunca  pensé  vmd.  entrar 
en  alguna  de  las  compaflias  de  la  corte  ?  ^  Acaso  se  necesita  un 
mérito  consumado  para. lograrlo?  {Bravo!  respondiô  Melchor  , 
vmd.  se  burla  con  su  mérito  consumado.  Yeinte  actores  hay  en 
cada  compaftia  ;  pregunte  vmd.  al  publico  lo  que  siente  de  ellos, 
y  oirà  cosas  bcliisimas.  Has  de  la  mitad  por  lo  mènos  mereciaii 
ir  cargados  como  yo  con  la  mochila ,  y  en  medio  de  eso  no  es 
tan  fâcil  como  se  piensa  ser  recibido  entre  ellos  ;  pues  se  necesita 
dinero  6  grandes  cmpe&os  que  suplan  por  la  habitidad.  Ninguno 
puede  saberlo  mejor  que  yo,  porcpie  ahora  mismo  acabo  de  re- 
presentar  en  Madrid,  y  salgo  mas  aturdido  de  palmadas  y  silbidos 
que  todos  los  diablos ,  sin  embargo  de  que  me  prometia  ser  muy 
aplaudido ,  porque  representaba  gritaudo ,  manoteando ,  des- 
coyunténdome  y  torciendo  el  cuerpo  hàcia  todas  partes,  con  mil 
gesticulaciones  y  posturas  cien  léguas  distantes  de  todo  lo  natu- 
ral ,  hasta  llegar  una  vez  casi  à  dar  en  la  cara  una  puftada  à  mi 
dama  miéntras  yo  estaba  declamando.  En  una  palabra,  repre- 
sentaba imitando  la  escuela  que  el  vulgo  célébra  en  los  grandes 
actores  ;  y  en  medio  de  eso  lo  que  aplaudia  tapto  en  otros  no 
lo  podia  sufirir  en  mi.  Yea  vmd.  cuanto  puede  la  preocupadon. 
En  vista  de  ello,  no  acertando  à  dar  gusto ,  y  no  teniendo  medio 
para  ser  admitido  en  la  compaftia  à  pesar  de  todos  los  silbidos 
de  la  mosqueteria,  dejè  à  Madrid ,  y  me  vuelvo  é  mi  Zamora , 
donde  estén  mi  muger  y  mis  compafieros,  que  no  hacen  alii 
gran  fortuna  ;  y  quiera  Dios  no  nos  veamos  precisados  à  pedir 
limosna  para  poder  pasar  à  otra  eiudad ,  como  mas  de  una  vez 
nos  ha  sucedido. 

Diciendo  esto  nuestro  principe  dram&tico,  se  levante,  echose  à 
cuestas  la  mochila  ,  ciftôse  la  espada,  y  despidiéndose  de  nosotros  : 
Adios ,  nos  dijo  con  mucha  gravedaid,  quieran  los  dioses  inmor- 
tales  derramar  sobre  ustedes  à  manos  llenas  sus  favores.  Y  quie- 
ran los  mismos ,  Ic  respondiô  Diego  en  el  propio  tono ,  que 
halle  vmd.  en  Zamora  à  su  muger  mudada  y  mejor  establecida. 
Luego  que  el  seftor  Zapata  nos  volviô  la  espalda ,  comenzô  à 
gesticular  y  k  reprcsentar  caminando,  y  nosotros  le  comcnzàmos 
â  silbar  para  que  no  se  le  olvidascn  tan  presto  los  silbidos  de 
Madrid,  Gon  efecto,  creyô  que  todavia  le  sonaban  en  los  oidos  : 
y  volViendo  la  cara,  y  viendo  que  nosotros  nos  divertiamos  â 
su  eo^ta,  lèjos  de  darse  por  ofendido ,  èl  mismo  ayudô  â  la 


LIBRO  SECUNDO.  103 

zamba,  y  prosiguiô  su  viage  dando  grandisimas  carcsyadas. 
Gonrespondimosiy  por  nuestra  parte  cou  grande  algazara  ;  y 
cagiendo  otra  yez  el  camino  real,  seguimos  nuestra  marcha. 


CAPITULO  IX. 

Eftado  en  que  encontre  Diego  A  sus  parientea  ;  y  cemo  Gii  Bias  te  separô  de  el 
despaes  de  haber  participado  de  ciertas  dirernones. 

Filimos  aquel  dia  à  dormir  entre  Mojados  y  YaldestiUas  a  an 
Ingarcfllo  cayo  nombre  se  me  ha  olvidado ,  y  al  signiente  é  las 
once  de  la  mafiana  entrémos  en  la  Uanada  de  Olmedo.  Sefior  Gil 
Bias,  me  dijo  mi  camarada,  aquel  es  eV  lugar  de  mi  nacimiento. 
No  le  paedo  yolver  à  ver  sin  llenarme  de  jùbilo  :  tan  natural 
es  en  todos  el  amar  su  patria.  Sefior  Diego,  le  respondi,  un 
bombre  como  \md. ,  que  tanto  amor  tiene  à  su  tierra ,  parece 
debia  haber  hablado  de  ella  con  mayor  estimacion.  Ymd.  me  la 
pinto  como  si  fuera  un  lugarcillo  ô  una  aldea,  y  à  mi  se  me 
présenta  como  una  ciudad.  Era  razon  que  por  lo  ménos  la  tra- 
tase  vmd.  de  villa  grande.  Yo  le  pido  perdon ,  respondiô  el 
barbero;  pero  dire  que  despues  de  haber  yisto  é  Madrid,  Toledo, 
Zaragoza ,  y  otras  principales  dudades  de  Espafta  en  la  yuelta 
que  he  dado  por  ella,  todo  me  parece  aldea.  Conforme  ibamos 
adelantando  en  la  llanura,  y  acercéndonos  â  Olmedo,  nos  paredô 
>er  junto  al  pueblo  multitud  de  gente ,  y  cuando  nos  hallàmos 
à  dîstancia  de  poder  discemir  los  objetos,  tuvimos  mucho  en  quo 
diyertir  la  yista. 

Yimos  très  pabellones  6  tiendas  de  campafta ,  poco  distantes 
una  de  otra,  y  al  rededor  de  ellas  muchedumbre  de  codneros  y 
ayudantés  de  cocina,  que  estaban  disponiendo  una  gran  comida. 
Unos  ponian  unas  mesas  largas  dentro  de  las  tiendas ,  otros 
echaban  yino  en  grandes  yasijas  de  barro  :  estos  atendian  à  que 
codesen  las  oUas,  y  aquellos  daban  yueltas  à  luengos  asadores, 
en  que  estaban  espetadas  yiandas  de  todo  género.  Pero  à  mi 
nada  me  lleyô  tanto  la  atencion  como  un  espacioso  teatro  que 
obseryé  bastante  eleyado ,  que  estaba  adornado  con  algunos  bas- 
tîdores  de  carton  pintado  de  diferentes  colores^  y  Ueno  de  ins- 
cripdones  griegas  y  latinas.  Luego  que  el  barbero  yiô  tanto 
griego  y  tanto  latin,  dijo  :  Esto  me  huele  terriblemente  à  mi  tio 
Tomas  ;  apuesto  algo  'à  que  ha  andado  aqui  su  mano ,  porque 
sabe  de  memoria  una  infinidad  de  libros  de  aula.  Lo  que  me 
enfeda  es  que  en  las  conyersaciones  encsya  sin  césar  pasages 
enteros  de  los  taies  libros ,  cosa  que  no  à  todos  agrada.  Fuera 
de  eso,  ha  traduddo  yarios  poetas  griegos  y  latinos,  y  esté  ins-^ 
truido  en  la  antigûedad,  lo  que  se  conoce  por  las  notas  con  que 


104  GIL  BLAS. 

!os  ha  enriquecido,  como  verbigracia  aqnella  de  qne  en  Ataum 
Uoraban  tos  ni1io$  cuando  lo$  asotaban  :  cosa  que  si  no  foera  por 
su  yasta  y  selecta  erudicion,  nosotros  no  la  sabriamos, 

Despues  de  haber  visto  mi  camarada  y  yo  todas  las  cosas  que 
acabo  de  decir,  nos  diô  gana  de  preguntar  ;porquè  y  para  que 
se  hacian  todas  aquellas  preyenciones  ?  Al  tiempo  que  nos  iba- 
mos  à  informar  se  encontre  Diego  con  un  hombre,  que  conociô 
ser  su  tio  el  sefior  Tomas  de  la  Fuente,  y  que  al  parecer  mos- 
traba  ser  el  director  de  la  fiesta.  Fuimonos  à  èl  apresuradamente  ; 
mas  este  maestro  de  primeras  letras  tardô  algo  en  conocer  é  sa 
sobrino  ;  tanta  mudanza  babia  hecho  en  aquel  pobre  moso  la 
ausencia  de  diez  afios.  Conocido  al  fin,  le  abrazo  estrediisnna- 
mente,  y  te  dijo  :  i  Oh  querido  sobrino  Diego,  con  que  al  cabo 
has  yuelto  à  yer  à  tus  dioses  pénates,  y  el  cielo  te  ha  restituido 
sano  y  salyo  à  tu  fomilia  !  ;  Oh  dia  très  y  cuatro  yeces  beato  I 
albo  dies  noianda  lapillo  !  Muchas  noyedades  encontraràs  en  la 
parentela.  Tu  tio  Pedro  ,  aquel  gran  talento ,  ya  es  yiaima  de 
Pluton  :  très  meses  ha  que  muriô.  Hombre  ayariento,  que  toda 
su  yida  estuyo  temiendo  le  habian  de  foltar  siete  pies  de  tierra 
para  enterrarse  :  argenti  paUebat  amore.  Tenia  muehas  pensiones 
de  los  grandes  ;  y  no  gastaba  diez  )loblones  al  afio  en  oomida  y 
yestido.  No  daba  de  corner  al  ûnico  criado  que  le  seryia.  Mas 
insensato  que  aquel  Griego  Aristipo ,  el  cual,  caminando  por  los 
desiertos  de  Libia,  hizo  à  sus  esclayos  que  dejasen  en  ellos  todas 
las  grandes  riquezas  que  Ueyaban ,  alegando  que  aqueUa  carga 
les  incomodaba  en  la  marcha,  amontonaba  toda  la  plata  y  todo 
el  pro  que  podîa  haber  à  las  manos.  Mas  i  para  que  ?  Para  que 
lo  gozasen  sus  herederos  à  quienes  no  podia  sufrir.  Dejô  à  su 
muerte  treinta  mil  ducados ,  que  se  repartièron  entre  tu  padre , 
tu  tio  Beltran  y  yo.  Todos  nos  hallamos  en  estado  de  pasarlo 
bien.  Mi  hermano  Nicolas  colocô  ya  i  su  hija  Teresa,  que  acaba 
de  casarse  con  el  hijo  de  uno  de  nuestros  alcaldes  :  connublo 
junxU  stabili,  propriamque  dicaviL  Este  himeneo,  concluido  bajo 
los  mas  félices  auspicios ,  es  el  que  estaraos  celebrando  hace  ya 
do  ^  dias  con  todo  el  aparato  que  yes.  Hicimos  leyantar  estas 
tiendas  de  campafia  en  esta  llanura.  Los  très  herederos  de  Pedro 
tienen  cada  uno  la  suya  ;  y  por  su  turno  costean  la  fiesta  de  un 
dia.  Hubiera  celebrado  mucho  hubieses  llegado  antes  para  que 
gozascs  de  todas.  Antes  de  ayer,  dia  ea  que  se  celebrô  laboda, 
oorriô  tu  padre  con  el  gasto  ;  y  diô  una  soberbiaccHnida,  y  des- 
pues hubo  parejas,  y  se  corriô  sortija.  Tu  tio  el  mercader  tomô 
de  su  cuenta  el  dia  de  ayer ,  y  nos  diyertiô  con  una  belliskna 
fiesta  paatoril.  Yistiô  de  pastores  i  los  diez  muchachos  mas  lin- 
dos  y  agraciados  del  lugar ,  y  de  pastoras  à  las  diez  muchachas 
raas  pulidas  y  aseadas  que  habia  en  todo  Olroedo^  «npdeando  en 
en^anarlas  las  cintas  mas  ricas  y  los  raas  preciosos  di||es  <|ue 


LIBRO  SEGUNDO.  105 

se  halUroD  en  sa  Uenda.  Toda  acpiella  hicida  juveotad  armé  mil 
gradosisimas  daozas,  cantando  despues  otras  tantas  letrillasmuy 
cfauscas»  tiernas  y  amorosas.  Y  aunque  no  parecia,  posible  cosa 
mas  diTertida ,  con  todo  eso  no  die  gran  golpe  ;  sin  duda  por- 
qne  en  Castilla  la  Yicga  hemos  perdido  el  gusto  à  las  diversiones 
pastoriles. 

Hoy  me  toca  à  mi,  y  pienso  divertir  à  los  yecinos  dc  CMmedo 
con  an  especticnlo  todo  de  mi  invention  :  finis  earonabk  opm* 
Uaodé  alzar  an  teatro  ,  en  el  cual,  con  la  ayuda  de  Dios ,  hari 
representar  por  mis  discipulos  una  de  mis  tragedias,  inthulada  : 
Los  pasaiiempos  de  Mulet  Bugentuff  rey  de  Marruecos.  Seejecutarà 
con  el  mayor  primor,  porque  entre  los  mochachos  los  hay  qne 
dedaman  oomo  los  mas  célèbres  comediantes  de  Madrid.  Son 
todoa  hijos  de  honradas  fiunilias  de  Peftafiel  y  Segovia,  y  los 
tengo  en  mi  casa  à  pupilage.  ;  Excelentes  représentantes  I  Yer- 
dad  es  que  les  he  ensefiado  yo.  Su  dedamacion  parecerà  aca- 
fiada  en  el  cufto  del  maestro,  til  ita  dicanu  En  cuanto  à  la  tragedia, 
DO  te  qaiero  hablar  de  ella ,  puesto  que  la  has  de  oir ,  por  no 
privarté  del  placer  de  la  sorpresa;  y  solo  dire  sendllamente 
que  dejarà  extàticos  à  todos  los  espectadores.  Es  nno  de  aque- 
Oos  asuntos  tr^gicos  que  ponen  todo  el  alma  en  conmocion,  por 
las  terribles  imégenes  de  la  muerte  que  ofrecen  à  la  fantasia. 
Yo  siempre  he  sido  de  la  opinion  de  Aostôteles ,  que  es  nece- 
sario  excitar  el  terror.  ]  Ah  I  si  yo  me  hubiera  dedicado  al  teatro, 
nonca  saldrian  à  él  sino  heroes  sanguinarios  y  principes  asesinos, 
y  me  baûaria  siempre  en  sangre.  En  mis  tragedias  se  verian 
morir  no  solo  à  los  primeros  personages,  sino  hasta  las  mismas 
goardiaa.  ;Qaé  digo ,  hasta  las  mismas  guardkasi  Haria  tambien 
degoUar  al  apuntador.  En  fin,  solo  me  agrada  lo  terrible  :  este 
es  todo  mi  gusto.  De  esta  manera  los  poemas  de  esa  especie  se 
levantan  con  el  aplauso  de  la  muchedumbre ,  mantienen  el  lo^o 
de  los  comediantes,  y  hacen  célèbre  el  nombre  de  los  autores. 

Acababa  de  pronunciar  estas  palabras  cuando  vimos  salir  del 
pueblo  y  enirar  en  la  llanurà  un  gran  gentio  de  uno  y  otro  sexo. 
Erau  los  dos  esposos,  acompaâados  de  sus  amigos  y  parientes, 
é  iban  precedidos  de  diez  ô  doce  tocadores  de  instrumentos,  que 
tailian  todos  à  un  tiempo,  hadendo  un  conderto  muy  ruidosQ. 
Saliàles  al  encuentro  Diego ,  y  diose  à  conocer.  Inmediatamente 
resonéron  por  el  campo  \€5  gritos  de  alegria  con  que  fué  recibido 
del  acompailamiento ,  corriendo  todos  à  abrazarle,  y  procurando 
cada  uno  ser  el  primero.  No  tuvo  poco  que  hacer  en  corres- 
ponder  à  todas  las  demostraciones  de  amor  y  cumplimientos  que 
le  bidéron.  SoCocàbanle  à  abrazos  todos  los  de  la  familia  y  cuantos 
se  hallaban  présentes  ;  y  luego  que  se  aquieto  on  poco  aquel  pri- 
mer torbion ,  le  dijo  su  padre:  Seas  bien  venido,  hijo  Diego  :  en 
verdad  que  durante  tu  ausencia  han  adelantado  mucho  tus  pa- 


106  GIL  BLAS. 

rientes  :  ;no  es  asi?  Por  ahora  no  te  digo  mas;  à  su  tiempo  lo 
sabris  muy  por  menor.  Miéntras  tanto  el  gentio  se  foé  adelantando 
hécia  la  Uanura,  llegô  à  ella ,  entrôse  en  las  tiendas,  y  foëse  sen— 
tando  à  las  mesas,  que  ya  estaban  preparadas.  Yo  no  dejé  é  mi 
compaftero  ;  sentéme  junto  à  èl ,  y  entrambos  Gomimos  con  los 
dos  novios ,  que  me  parecièron  corresponder  bien  uno  i  otro. 
Durô  mucho  tiempo  la  comida,  porque  el  preceptor  6  maestro 
tUYO  la  Tanidad  de  querer  que  très  yeces  se  cubriese  la  mesa , 
por  aventajarse  à  sus  hermanos,  que  no  habian  dispuesto  las  c€h- 
sas  con  tanta  magnificencia. 

Despues  del  banqueté  todos  los  convidados  mostréron  grande 
impaciencia  por  ver  larepresentacion  de  la  obra  del  seftor  Tomas, 
no  dudando,  decian,  que  una  produccion  de  ingenio  tan  superior 
séria  dignisima  de  oirse.  Acercàmonos ,  pues ,  al  teatro ,  donde 
todos  los  mùsicos  ocnpaban  ya  el  lugar  de  la  orquesfa  para  tocar 
en  los  intermedios.  Esperaban  todos  con  el  mayor  silencio  i  que 
se  dièse  principio  à  la  tragedia.  Bejàronse  ver  los  actores  en  la 
escena  ;  y  el  autor  con  su  obra  en  la  mano  estaba  tras  las  eortinas 
en  sitio  donde  pndiese  apuntar  y  ser  oîdo  de  los  que  represen- 
taban.  Conmucha  razon  nos  habia  preyenido  que  era  tràgico  su 
drama,  porque  en  el  primer  acto  elrey  de  Marruecos  maté  por 
via  de  diversion  cien  esdavos  à  fiechazos.  En  el  segundo  hizo 
degollar  treinta  oficiales  Portugueses  que  uno  de  sus  capitanes 
liabia  hecho  prisioneros  :  finalmente  en  el  tercero  aquel  monarca, 
cansado  de  sus  mugeres ,  pegô  èl  mismo  por  su  mano  fhego  i  un 
palacio  aislado ,  donde  estaban  encerradas ,  y  juntamente  con  él 
las  redujo  todas;  à  ceniza.  Los  esclavos  moros  y  los  oficiales  Por- 
tugueses estaban  representados  por  unas  figuras  de  mimbre  hechas 
con  algun  primor ,  y  el  palacio ,  que  era  de  carton ,  se  aparentaba 
abrasado  por  un  fuega  artificial.  Este  incendio ,  acompaflado  de 
lastimosos  gritos ,  que  parecian  salir  de  en  medio  de  las  llamas , 
di6  fin  à  la  tragedia,  y  cerrô  el  teatro  de  una  manera  patëtica  y 
divertida.  Resonéron  en  toda  la  llanura  los  Yi?as  y  los  aplausos 
con  que  fué  celebrado  un  drama  de  tan  ingeniosa  invencion  :  lo 
que  acreditô  el  buen  gusto  del  poeta ,  y  su  singular  acierto  en  la 
eleccion  y  oportunidad  de  los  asuntos. 

Creia  y  o  que  ya  nada  habia  que  ver  despues  de  Los  pasatiempos  de 
Mulei  BugetUuf;  pero  engafiéme.  Anunciéronnos  un  nuevo  espec- 
téculo  los  timbales  y  trompetas.  Era  este  la  distribucion  de  los 
premios ,  porque  Tomas  de  la  Fuente ,  para  mayor  solemnidad 
de  la  fiesta,  à  todos  sus  discipulos,  asi  pupilos  comolos  que  no 
lo  eran ,  les  habia  hecho  trabajar  varias  composiciones ,  y  en  aquel 
•  dia  se  habian  de  repartir  los  premios  à  los  mas  sobresalientes , 
consistiendo  aquellos  en  ciertos  libros  que  el  mismo  preceptor  é 
Costa  suya  habia  ido  à  comprar  â  Segovia.  De  repente ,  pues ,  se 
dejàron  ver  en  el  teatro  dos  bancos  largos  de  escuela ,  y  un  ar* 


LIBRO  TERCEHO.  107 

mario  ô  estante  Ueno  de  libros  pequeflos  encuadernados  con  aseo. 

Entonces  todos  los  actores  se  presentâron  en  la  escena ,  y  for- 

màron  un  semidrcalo  delante  del  seftor  Tomas ,  el  caal  se  dejaba 

Ter  con  tanta  graTedad  y  aatoridad  como  pudiera  an  prefecto  de 

colegio.  Tenia  en  la  mano  la  lista  de  los  nombres  de  los  que  de- 

bian  ser  premiados.  Entregôsela  al  rey  de  Marruecos ,  quien  se 

pnso  à  leerla  en  alta  toz  ,  Uamando  uno  por  nno  à  los  nombrados 

para  recibir  el  premio.  Cada  cual  iba  con  respeto  à  recibir  un  libro 

de  la  mano  del  pédante ,  inclinéndose  profiindamente  al  ir  y  al 

Tolyer  coando  pasaban  delante  del  monarca  mairoqni.  Juntamente 

con  el  libro  se  les  coronaba  à  todos  coti  una  guirnalda  de  laurel» 

y  despnes  se  iban  sentando  en  uno  de  los  dos  bancos  para  que 

faesen  yistos ,  aplaudidos  y  admirados  de  todos  »  pero  particular- 

mente  de  sus  madrés,  amigos  y  parientes.  Por  mas  cuidado  que 

puso  el  preceptor  en  que  todos  quedasen  contentos ,  no  lo  pudo 

conseguir,  porque  obseryàndose  que  la  mayor  parte  de  los  premios 

habîan  tocado  à  los  pupilos ,  como  regularmente  se  acostumbra , 

las  madrés  de  los  otros  discipulos  lo  Uevàron  muy  à  mal,  se  al- 

borotiron ,  y  acusàron  al  maestro  de  parcialidad  ;  y  tanto ,  que 

una  iesta  tan  gloriosa  y  tan  alegre  hasta  aquel  punto ,  faite  poco 

para  que  se  acabase  tan  desgraciadamente  como  el  banqueté  de 

les  Lapitas  '. 


LIBRO  TERCERO. 


CAPITULO  I. 

Liegada  de  Gil  Bias  â  Madrid ,  y  primer  amo  â  quien  sirriô  alli. 

Betuyeme  algunos  dias  en  casa  del  barbero ,  y  juntéme  des- 
pues  con  un  mercader  de  Segovia  que  pas6  por  Olmedo.  Habia  ido 
â  Yalladolid  con  cuatro  mulas  cargadas  de  varies  géneros ,  y  se 
Tolvia  à  su  casa  con  todas  ellas  de  vacio.  Hizome  montar  en  una, 
y  tomàmos  tanta  amistad  en  el  camino ,  que  cuando  llegàmos  à 
Segovia  se  empefiô  en  que  me  faospedase  en  su  casa.  «Dos  dias 

'  Cuando  se  casô  Piritoo,  rey  de  ios  Lapitas,  con  Hipodamia,  convidô  à  su 
boda  â  los  principales  Gentauros  y  Lapitas.  Despues  de  acalorados  oon  los  Tinos 
y  licores ,  el  centauro  Enrition  quiso  yiolentar  â  la  noria  Hipodamia ,  y  los 
otros  ccntanros  dias  jôvenes  convidadas  ;  pero  los  Lapitas  indignados  cortâron  la 
nari7  y  las  orejas  a  Eurition ,  y  se  trabô  entre  ambos  partidos  un  combate  san- 
griento. 


108  GIL  BLAS. 

descansè  en  ella ,  y  caando  me  yiô  resueho  à  marcfaar  à  Madrid 
con  el  arriero,  me  di6  una  carta,  encargândome  mocho  que  la 
entregase  yo  mismo  en  mano  propia,  sin  decirme  que  era  una 
carta  de  recomendacion.  Hicelo  asi ,  ponîèndola  yo  mismo  en 
manos  del  sefior  Mateo  Melendez ,  mercader  de  pafkos ,  que  Tivia 
en  la  Puerta  del  Sol ,  esquina  de  la  callejuela  del  Cofre.  Apënas 
abriô  el  pliego,  y  leyô  su  cotitenido,  cuando  me  dijo  con  un  modo 
muy  agradable  :  Seftor  Gil  Bias,  mi  corresponsal  Pedro  Palac^os 
me  recomienda  la  persona  de  vmd.  con  tan  vivas  expreaioncs , 
que  no  puedo  dejar  de  ofrecerle  un  cuarte  en  mi  casa.  Ademaa 
de  esto  me  suplica  le  busqué  una  buena  conveniencia,  cosa  de 
que  me  encargo  con  gusto ,  y  con  esperanza  de  que  no  me  seri 
muy  dificil  colocar  é  vmd.  ventajosamente. 

Aceptë  la  generosa  oferta  de  Melendez  con  tanto  mayor  gusto 
cuanto  veia  que  mi  dinero  se  iba  por  instantes  acabando  ;  pero 
no  le  fui  gravoso  largo  tiempo.  Pasados  ocho  dias  me  dijo  acababa 
de  proponerme  à  un  caballero  amigo  suyo  que  necesitaba  de  on 
ayuda  de  càmara,  y  que ,  segun  todas  las  sefias ,  no  se  me  escaparia 
esta  conveniencia.  Con  efecto ,  habiëndose  dejado  ver  el  tal  ca- 
ballero en  aquel  mismo  memento  :  Seftor ,  le  dijo  Melendez  ,inos- 
tràndome  à  él,  este  es  el  mozo  de  quien  hablAmos  poco  ha ,  de 
cuyo  procéder  ine  constituyo  por  fiador ,  como  pudiera  del  mio 
mismo.  Mirôme  atentamente  el  caballero,  y  respondiô  que  le 
gustaba  mi  fisonomia ,  y  que  desde  luego  me  recibia  en  su  ser- 
vicio.  Sigame ,  afladi6 ,  que  yo  le  instruire  en  lo  que  deberé  hacer. 
Diciendo  esto  se  despidiô  del  mercader ,  y  me  llevô  consigo  à  la 
calle  Mayor,  frente  por  trente  de  San  Felipe  el  Real.  Entrâmes 
en  una  casa  muy  buena ,  donde  él  ocupaba  un  cuarto  :  subîmes 
unes  cinco  ô  seis  escalones ,  y  me  introdujo  en  un  aposento  cerrado 
con  dos  buenas  puertas ,  en  la  primera  de  las  cuales  habia  una  re- 
jilla  de  hierro  para  ver  à  les  que  Ilamaban.  Pasémos  despues  i 
otra  pieza  donde  tenia  su  cama  con  otros  varies  muebles  mas 
aseados  que  preciosos. 

Si  mi  nuevo  ame  me  habia  mirado  bien  en  casa  de  Melendez, 
tambien  yo  le  examiné  à  él  despues  con  particular  atenden.  Era 
un  hombre  de  unes  cincuenta  aûos ,  de  aspecto  frio  y  série.  Pa- 
reciôme  de  buena  indole,  y  no  formé  mal  concepte  de  él.  Hizome 
muchas  preguntas  acerca  de  mi  familia ,  y  satisfedie  de  mis  res- 
puestas:*Gii  Bias,  me  dgo,  yo  contemple  que  ères  un  meze  de 
gran  juicio ,  y  me  alegro  mucho  de  que  me  sirvas  ;  y  per  tu 
parte  espère  estaràs  contente  con  tu  acomodo.  Te  daré  seis  reaies 
al  dia  para  que  comas  y  te  vistas ,  sin  perjuicio  de  algunos  pro- 
vechos  que  pedris  tener  conmige  ;  yo  no  soy  hombre  que  dé 
mucha  molestia  à  los  criados  :  nunca  corne  en  casa,  sine  siempre 
cen  mis  amigos.  Per  la  maflana  ne  tienes  que  hacer  mas  que 
limpiarme  bien  los  vestidos;  lo  restante  del  dia  te  queda  libre. 


LIBRO  TERGERO.  109 

y  pnedes  hacer  lo  que  quieras:  basta  que  por  la  noche  te  retires 
à  casa  temprano ,  y  me  espères  à  la  puerta  de  mi  cuarto  :  esto 
es  todo  lo  que  exijo  de  ti.  Despues  de  haberme  dado  esta  ins- 
troocion,  saoô  seis  reaies  del  bolsillo ,  y  me  los  entregô  para  em- 
pezar  à  cumplir  nuestro  iguste.  Sallmos  los  dos  juntos ,  cerrô 
él  mismo  las  puertas,  lleyôse  consigo  la  Haye,  y  me  dijo  :  No 
tienes  que  seguirme ,  y  puedes  irte  à  donde  te  diere  la  gana  ; 
per o  cuidado  que  te  encuentre  en  la  escalera  cuando  vuelva  à 
casa  por  la  nodie.  Diciendo  esto  se  marchô ,  y  me  dejô  que  dis- 
pnsiese  de  mi  como  mejor  se  me  antojase. 

Vamos  claros ,  Gil  Bias ,  me  dije  entônces  à  mi  mismo ,  que 
oo  te  era  posible  encontrar  amo  mejor.  Tu  sirves  à  un  hombre 
que  por  limpiar  sus  yestidos ,  hacerle  la  cama  y  barrer  su  cuarto 
por  la  maûana  te  da  seis  reaies  cada  dia ,  y  libertad  de  hacer 
dermes  lo  que  qaisieres,  ni  mas  ni  mënos  que  un  estudiante  en 
liempo  de  vacadones.  A  fe  que  no  sera  fâcil  hallar  otra  conve- 
nieocia  igual.  Ya  no  me  admiro  del  hipo  que  tenia  por  venir  à 
Madrid  ;  sin  duda  era  presagio  de  la  fortuna  que  me  esperaba. 
Pasé  todo  el  dia  en  andar  de  calle  en  caUe,  viendo  muchas  cosas 
que  me  cogian  de  nuevo,  y  que  no  me  daban  poca  ocupacion* 
Por  la  noche  cené  en  una  hosteria ,  poco  distante  de  nuestra 
casa  »  y  prontamente  me  retiré  al  sitio  donde  d  amo  me  habia 
mandado  le  esperase.  Llegô  très  cuartos  de  hora  despues  »  y  se 
mostrô  contento  de  mi  puntualidad.  Muy  bien ,  me  dijo ,  eso  me 
gusta  ;  yo  quiero  criados  que  sean  exactos  en  hacer  lo  que  les 
mando.  Dicho  esto  ,  abriô  las  puertas  del  cuarto ,  cerrôlas ,  y 
como  nos  hallàbamos  à  oscuras ,  echo  yescas  y  encendio  una 
Tela.  Ayudèle  despues  â  desnudar,  y  luego  que  se  metiô  en  la 
cama  encendi  por  su  mandado  una  lamparilla  que  habia  en  la 
chimenea ,  cogi  la  yela  y  Uevëla  à  la  antesak ,  donde  me  acosté 
en  un  catre.  Al  dia  siguiente  se  levantô  entre  nueve  y  diez  de 
la  maûana  ;  acepillë  sus  vestidos ,  diôme  mis  seis  reaies ,  y  des- 
pidiôme  hasta  la  noche.  Saliô  fuera  de  casa ,  sin  descuidarse 
de  cerrar  bien  las  dos  puertas ,  y  hëtele  aqui  que  uno  y  otro 
DOS  separàmos  para  el  resto  del  dia. 

Tal  era  nuestra  vida ,  que  à  mi  me  parecia  muy  dulce  y  aco- 
modada.  Lo  mas  gracioso  de  todo  era ,  que  yo  no  sabia  aun 
como  se  Uamaba  mi  amo ,  y  Melendez  lo  ignoraba  tambien.  So- 
lo conocîa  al  tal  caballero  por  uno  de  tantos  como  conqurrian  à 
su  lonja  à  comprar  gëneros  ;  y  los  yecinos  tampoco  pudiéron 
satisfacer  mi  curiosidad.  Aseguràronme  todos  que  no  sabian  que 
clase  de  hombre  era  mi  amo ,  aunque  hacia  dos  afk>s  que  vivia 
en  aquel  barrio.  Dijéronme  que  no  trataba  con  ninguno  de  los 
yecinos;  y  algunos,  acostumbrados  à  juzgar  temerariamente 
mal  de  todo ,  inferiaii  de  aqui  que  era  un  hombre  de  quien  no 
se  podia  formar  juicîo  alguno  bueno.  Con  el  tiempo  se  adelantô 


110  GIL  BLAS. 

mas  :  sospechôse  fiiese  una  espia  del  rey  de  Portugal  ■  ;  y  me 
aconsejàron  caritativamente  que  tomase  mis  medidas  acerca  del 
particular.  £1  aviso  me  puso  en  sumo  cuidado ,  porque  desde 
luego  formé  juiclo  de  que,  si  era  verdad  lo  que  se  decia,  corria 
yo  gran  peligro  de  Tisitar  los  calabozos  de  Madrid.  Mi  inocencia 
no  me  podia  asegurar/y  mis  pasadas  desgracias  me  obligaban 
à  temerla  justicia.  Habia  experimentado  ya  dos  veces  que,  si  no 
quita  la  vida  à  los  inocentes ,  à  lo  ménos  guarda  tan  mal  con 
ellos  las  leyes  de  la  hospitalidad ,  que  siempre  es  una  desgracia 
hospedarse  en  su  casa ,  aunque  sea  por  poco  tiempo. 

Consulte  con  Melendez  lo  que  debia  hacer  en  tan  criticas  y 
delicadas  circunstancias  ;  pero  no  supo  que  conscjo  darme.  No 
podia  créer  que  mi  amo  fuese  espia ,  mas  tampoco  tenia  razon 
fuerte  y  positiva  para  negarlo.  Tome ,  pues ,  el  partido  medio 
de  observar  bien  to^os  sus  pasos ,  y  si  descubria  que  verdade- 
rameute  era  un  enemigo  del  estado ,  abandonarle  enteramente  ; 
pero  al  mismo  tiempo  me  parecio  que  la  prudencia,  y  lo  bien 
hallado  que  estaba  con  el ,  pedian  que  caminase  con  el  mayor 
tiento  y  circunspeccion  en  poner  por  obra  lo  que  habia  deter- 
minadOy  sin  asegurarme  antes  de  la  verdad.  Gomenzé,  pues,  à 
examinar  todas  sus  acciones  y  movimientos ,  y  para  sondearlos 
mejor  :  Seftor,  le  dije  una  noche  miéntras  le  estaba  desnudando , 
no  sabe  un  hombre  como  ha  de  vivir  para  librarse  de  malas 
lenguas.  El  mundo  esta  perdido ,  y  nosotros  tenemos  unos  ve- 
cinos  que  no  valen  un  demonio.  {Malditas  bestias  !  No  créera 
su  merced  como  hablan  de  nosotros.  Y  bien ,  GQ  Bias ,  me  res- 
pondiô,  ^qué  es  lo  que  pueden  decir?  {Ah,  seftor!  répliqué,  i 
la  murmuracion  nunca  le  falta  asunto.  Encuéntralos  6  los  suefia 
hasta  en  la  misma  virtud.  ^No  es  bueno  que  nuestros  vecinos 
tienen  aliento  para  decir  que  nosotros  somos  gente  peligrosa,  y 
que  la  corte  debe  vigilar  nuestra  conducta?  En  una  palabra ,  di- 
cen  que  su  merced  es  espia  del  rey  de  Portugal.  Entonces  aizé 
los  ojos  y  le  miré  con  cuidado,  como  Alejandro  à  su  medico, 
para  notar  el  efecto  que  producia  lo  que  acababa  de  decirle. 
Pareciôme  que  se  turbaba  algun  tanto ,  lo  cual  confirmaba  po- 
derosamente  las  conjeturas  de  la  vecindad  :  noté  que  poco  des- 
pues se  quedô  pensativo  y  cabizbajo ,  y  esto  tampoco  lo  inter- 
prété muy  fovorablemente.  Asi  estuvo  por  un  brève  rato  ;  pero 
luego ,  como  quien  vuelve  en  si ,  me  dijo  en  un  tono  y  con  ros- 
tro  muy  tranquilo  :  Gil  Bias ,  dejemos  à  los  vecinos  que  digan  lo 

*  Habia  en  el  tiempo  â  que  se  refiere  esta  historia  (  que  se  supooe  sçr  hâcîa  los 
aAoB  de  1648)  guerras  porfiadas  entre  Espana  y  Portugal  con  motivo  de  la  rc- 
belion  de  esta  potenda  para  sustraerse  de  la  dominacion  espanola  ,  y  alzar  por 
su  rey  al  duque  de  Braganza ,  como  lo  verified  con  auxilio  de  la  Francia  y  de 
etras  potencias  rÎTalcs  del  gran  podcrîo  de  la  Espana. 


UBRO  TERCERO.  Ill 

que  qoisiereo;  naesCra  qaietud  no  ha  de  depénder  de  sus  mali- 
gnas  expresiones.  No  hagamos  caso  de  lo  que  dicen  los  hom- 
bres ,  miéntras  no  demos  motiyo  i  que  lo  digan. 

Aoostôse  despues  con  mucho  sosiego ,  y  yo  hice  lo  mismo , 
sin  saber  que  pensar.  Al  dîa  siguiente ,  cuando  ibamos  à  salir  de 
casa»  oimosUamar  recio  à  la  puerta  de  laescalera.  Acudiô  con 
prontitud  et  amo ,  y  mirando  por  la  rejilla ,  viô  à  un  hombre 
bien  i^estido,  que  le  dijo:  Seftor  caballero,  yo  soy  alguacil,  y 
Tengo  de  parte  del  seâor  corregidor  à  decir  à  vmd.  que  su 
sefioria  desea  hablarle  dos  palabras.  ^Qué  me  quiere  el  seûor 
corregidor?  respondiô  mi  amo.  Eso  es  lo  que  no  se,  replicô  el 
alguadl  ;  pero  vaya  vmd.  à  su  casa ,  y  presto  lo  sabré.  Yo  le 
beso  las  manos  al  sefior  corregidor,  repuso  su  merced  ;  yo  no 
tengo  nada  que  yer  con  su  seûoria.  Diciendo  estas  palabras  cerrô 
enfadado  la  segnnda  puerta,  y  comenzindose  à  pasear  por  el 
coarto  en  ademan  de  un  hombre ,  segun  lo  que  à  mi  me  parecia, 
à  quien  habia  dado  mucho  que  discurrir  el  recado  del  alguacil , 
me  poso  en  la  mano  mis  seis  reaies ,  y  me  dijo  :  Amigo  Gil  RIas , 
tu  poedes  irte  à  pasear  à  donde  quieras ,  que  yo  no  pienso  salir 
de  casa  tan  pronto ,  y  en  toda  la  maAana  no  te  he  menester. 
Persuadime ,  al  oir  esto,  que  tenia  miedo  de  que  le  prendiesen, 
y  que  por  eso  no  queria  salir.  Dejële ,  pues  ;  y  para  yer  si  me 
engaâaba  en  mi  sospecha  me  escondi  en  parafe  desde  donde  po- 
dia observar  si  salta  6  no.  Hubiera  tenido  paciencia  para  man- 
tenerme  alli  toda  la  maAana,  si  él  mismo  no  me  hubiese  aliviado 
de  este  trabajo  ;  pues  al  cabo  de  una  hora  le  ti  salir,  y  presen- 
tarse  en  la  calle  con  un  desembarazo  y  un  aire  de  confianza , 
que  dejô  confondida  mi  penetracion.  Sin  embargo ,  no  me  des- 
lumbrâron  estas  apariencias ,  antes  bien  me  hiciéron  entrar  en 
mayor  desconfianza.  Pareciôme  que  todo  aquello  po;dia  muy  bien 
ser  con  estudio ,  y  aun  casi  llegué  à  créer  que  se  habia  detenido 
en  casa  aquel  tiempo  para  recoger  sus  joyas  y  dinero ,  y  que 
probablemente  iba  à  ponerse  en  salvo  huyendo.  Perdi  la  espe- 
ranza  de  yerle  mas,  y  aun  estuye  perplejo  en  si  iria  aquella 
noche  à  esperarle  en  la  puerta  de  la  escalera ,  tan  persuadido 
estaba  de  que  saldria  aquel  dia  de  Madrid  para  librarse  del  pe~ 
ligro  que  le  amenazaba.  Sin  embargo ,  no  dejé  de  ir  à  esperarle, 
y  qnedé  admirado  de  yerle  yolyer  como  acostumbraba.  Acos- 
tése  sin  la  menor  muestra  de  cuidado  ni  inquietud  ;  y  por^  la 
mafiana  se  leyantô  y  yistiô  con  la  mayor  serenidad. 

No  bien  acabô  de  yestirse  cuando  Ilamàron  de  repente  à  la 
puerta.  Fué  èl  mismo  à  mirar  por  la  rejilla  quien  Damaba.  Viô 
que  era  el  alguacil  del  dia  anterior  ;  preguntôle  que  se  le  ofirecîa, 
y  el  alguacil  respondiô  que  abriese  al  sefior  corregidor.  Al  oir 
este  nombre  temible  se  mè  helô  toda  la  sangre.  Habia  ya  cobrado 
un  endiablado  miedo  y  mas  que  pànico  terror  à  toda  esta  casta 


112  GIL  BLAS. 

de  pàjaros  desde  que  taye  la  desgracia  de  caer  en  sus  manos,  y 
eo  aquel  momento  hubiera  querido  hallarme  cien  léguas  distante 
de  Madrid  ;  pero  mi  amo ,  que  no  era  tan  espantadizo  ni  tan 
medroso  como  yo ,  abriô  la  puerta  con  sosiego ,  y  recibiô  al  se- 
fior  corregidor  con  respeto.  Ya  ve  vmd.,  dijo  à  mi  amo»  que  no 
yengo  à  su  casa  con  grande  acompaftamiento ,  porque  nunca  he 
gustado  de  hacer  las  cosas  con  estruendo.  Sin  hacer  caso  de  los 
rumores  poco  fovorables  à  ymd.  que  corren  por  el  pueblo , 
me  ha  parecido  que  su  persona  era  acreedora  à  que  se  la  tratase 
con  miramiento.  Sirvase  vmd.  decirme  como  se  Uama,  quien  es,  y 
que  hace  en  Madrid.  Sefior,  le  respondiô  mi  amo ,  mi  nombre 
es  don  Bernardo  de  Castelblanco ,  fomilia  conocida  en  Castilla  la 
Nueya.  Mi  ocopacion  en  Madrid  se  reduce  é  pasearme,   fire- 
Guentar  los  teatros,  y  diyertirme  con  algunos  pocos  amigos,  geote 
toda  muy  honrada ,  y  de  honesta  y  grata  conyersacion.  Sin  duda, 
dijo  el  juez,  tendra  ymd.  una  gran  renta.  No»  seâor,  reposo 
mi  amo»  no  tengo  rentas,  ni  tierras  »  y  ni  aun  casa.  Pues  ^de  que 
yiye  ymd.?  le  replied  el  corregidor.  De  lo  que  yoy  â  enseûar  à 
y.  S.»  respondiô  don  Bernardo  ;  y  al  mismo  tiempo  alzo  un  tapiz, 
y  abriô  una  puerta  que  estaba  tras  de  él ,  sin  que  yo  la  hubiese 
obseryado  »  y  luego  otra  que  estaba  despues  de  aquella  »  é  hizo 
entrar  al  juez  en  un  cuartito ,  donde  habia  un  gran  cofre  todo 
lleno  de  oro ,  que  quiso  yiese  con  sus  mismos  ojos.  Ya  sabe 
y.  S.»  le  dijo  entônces  »  que  nosotros  los  Espaûoles  somos  por  lo 
general  poco  amigos  del  trabajo;  mas  por  grande  que  sea  la 
ayersion  con  que  otros  le  miran ,  puedo  asegurar  que  ninguna  se 
iguala  con  la  mia.  Soy  naturalmente  tan  perezoso  y  holgazan»  que 
no  yalgo  para  ningun  empleo  ni  ocupacion.  Si  quisiera  canonizar 
mis  yicios  dândoles  el  nombre  de  yirtudes»  diria  que  mi  pereza 
era  una  indolencia  filosôfica,  un  rasgo  del  entendimiento  desen- 
gaAado  de  lo  que  el  mundo  solicita  y  busca  con  tanto  ardor  ; 
pero  debo  confesar  de  buena  fe  que  soy  haragan  y  perezoso 
de  nacimiento ,  tanto  que  si  me  yier^  precisado  à  trabajar  para 
corner,  creo  me  dejaria  morir  de  hambre.  En  este  supuesto  » 
à  fin  de  pasar  una  vida  que  se  acomodase  con  mi  humor,  por 
no  tener  la  molestia  de  cuidar  de  mi  hacienda ,  y  mucho  mas  por 
no    haber   de    lidiar    con   administradores    ni   mayordomos» 
conyerti  en  dinero  contante  todo  mi  patrimonio ,  que  consistia 
en  muchas  posesiones  considerables.  Cincuenta  mil  ducados  en 
oro  hay  en  este  cofre,  lo  que  basta  y  aun  sobra  nara  lo  que 
puedo  yiyir,  aunque  pase  de  un  siglo  »  pues  no  Uegan  à  mil 
los  que  gasto  cada  aûo ,  y  cuento  ya  diez  lustres  de  edad.  No 
me  da  cuidado  lo  yenidero  »  porque  »  gracias  al  delo ,  no  ado- 
lezco  de  alguno  de  aquellos  très  yicios  que  comunmente  arruinan 
à  los  hombres.  Soy  poco  inclinado  i  comilonas  y  meriendas  : 
juego  poco  y  y  por  mera  diyersion;  y  estoy  ya  muy  desenga- 


LIBRO  TERCERO.  113 

ftado  de  las  mageres.  No  temo  que  en  mi  veje2  me  cuenten  en 
el  numéro  de  aqnellos  Tiejos  lasciyos ,  à  quienes  las  mozuelas 
Tenden  sus  mentidos  ë  interesados  favores  à  precio  de  oro. 

lOby  J  que  dichoso  es  Tmd.  !  exclamé  el  corregidor. Tenian- 
le  contra  toda  razon  por  un  espia,  personage  que  de  ningun  modo 
podia  convenir  à  un  hombre  de  su  carécter.  Prosiga  vmd., 
don  Bernardo ,  en  vivir  como  ha  vivido  hasta  aqui.  Tan  lëjos 
estaré  de  turbar  sus  dias  tranquilos  y  serenos ,  que  desde  luego 
los  enyidiOy  y  me  dedaro  por  su  defensor.  Pidole  à  ymd. 
sa  amistad,  y  yo  le  ofrezco  la  mia.  ;  Ah  sefior  !  exclamô  mi  amo 
penetrado  de  tan  atentas  como  apreciables  palabras ,  admito  el 
precioso  don  que  Y.  S.  me  ofrece.  Su  amistad  es  complemento 
de  mi  felicidad.  Despues  de  esta  conversacion ,  que  el  alguacil 
y  yo  oimos  desde  fiiera ,  el  corregidor  se  despidiô  de  mi  amo , 
que  no  hallaba  expresiones  con  que  manifestarle  su  agradeci- 
nûento.  Yo  de  mi  parte ,  por  imitar  à  mi  amo ,  y  ayudarle  à 
hacer  los  honores  de  la  casa,  hartè  al  alguacil  de  profiindas  cor- 
tesias  »  aunque  en  el  corazon  le  miraba  con  aquel  tedio-  con 
que  todo  hombre  de  bien  mira  à  un  corchete. 


CAPITULO  U. 

De  la  admindioii  que  caïuô  i  Gil  Bias  el  cncuentro  oon  el  capitan  Rolando,  y  de 
las  cosas  cariosas  que  le  oontô  aquel  bandolero. 

Luego  que  don  Bernardo  de  Castelblanco  hubo  despedido  al 
corregidor  acompaûàndole  hasta  la  calle,  Tohiô  prontamente  ù 
œrrar  el  cofre,  y  todas  las  puertas  que  le  resguardaban.  Hecha 
esta  diligencia  saliô  de  casa  muy  placentero  por  haberse  gran- 
jeado  tan  importante  amistad  »  y  yo  no  ménos  alegre  por  ver 
asegurados  ya  mis  seis  reaies.  La  gana  que  tenia  de  contar  esta 
aventura  à  Melendez  me  obligé  à  encaminarme  à  su  casa ,  pero 
al  estar  ya  cerca  de  ella  me  encontre  con  el  capitan  Rolando. 
No  puedo  explicar  lo  sorprendido  que  me  quedé  con  este  en- 
cuentro ,  ni  pude  ménos  de  estremecerme  y  temblar  à  su  yista. 
El  tambien  me  conociô  »  llegôse  à  mi  grayemente ,  y  conser- 
Tando  todayia  su  aire  de  superioridad ,  me  mandô  le  siguiese. 
ObedeciletemblandOy  y  en  el  camino  iba  diciendo  entre  mi  mis- 
mo:  {Pobre  de  mi!  ahora  querré  que  le  pague  todo  lo  que  le 
debo.  ^À  donde  me  lleyarâ?  puede  que  tenga  en  esta  yilla  al- 
guna  cueya  oscura.  { Diablo  !  si  tal  creyera,  en  este  mismo  mo- 
mento  le  haria  yer  que  no  tengo  gota  en  los  pies.  Con  estos 
pensamientos  iba  andando  tras  de  èl ,  muy  atento  é  obseryar  el 
sitio  donde  pararia ,  con  intento  de  huir  de  èl  à  carrera  tcndida 
por  poco  sospeehoso  cpie  me  paredese. 

8 


114  GIL  BLAS. 

Presto  me  aacô  Rolando  de  este  cuidado ,  y  desranecie  todo 
mi  temor.  Entrôse  ea  una  fiamosa  taberna  ;  segnile  :  mandô  traer 
del  mejor   vino  ^  y  dispuao  se  hiciese  comida  para  los  das. 
Miënuras  tanto  nos  metimos  en  un  cuarto ,  y  asi  que  el  caipitan 
se  viô  solo  conmigo ,  me  haUô  de  esta  snerte  ':  Sin  duda  ,  Gil 
Bias,  que  estaràs  muy  admirado  de  verte  aqui  con  tu  antigao 
comandante  ;  pero  mas  te  admirarés  cuando  hayas  oido  lo  que 
te  voy  à  contar.  £1  dia  que  te  dejé  en  la  oneva ,  y  marché  con 
mis  compaûeros  à  MansUla  à  Tender  las  mulas  y  caballos  que 
babiamos  robado  la  noche  ant^ior ,  encontràmos  al  hijo  del 
eorregidor  de  Leon,  acompaftado  de  cuatro  hombres  i  caballa, 
todos  bien  armados ,  que  seguian  su  coche.  Acometimoslos  :  di- 
mosmuerte  à  dos  de  ettos  »  y  los  otros  dos  hnyèron.  Temiendo 
el  buen  cochero  hiciesemos  lo  mismo  con  su  amo ,  nos  suplicô 
COQ  Ugrimas  que  por  amor  de  IMos  no  quitasemos  la  vida  al 
hijo  ùnico  del  seûor  eorregidor  de  Leon.  Estas  palabras,  en  yez 
de  enternecer  à  mis  oompafteros,  les  enardeciéron  mas.  Sefiores, 
d^o  uno  »  no  dejemos  escapar  al  bijo  del  enemigo  mas  mortal 
de  los  de  nuestra  profèsion.  i  A  cuantos  de  estos  no  ha  hecho 
ajusticiar  su  padre?  Yenguémoslos ,  y  sacrifiquemos  esta  rio- 
lima  à  sus  cenizas.  Todos  los  demas  aplaudièron  tan  inhumano 
consejo ,  y  hasta  mi  teniente  iba  ya  à  ser  el  gran  sacerdote  de 
aquel  sangriento  sacrificio,  si  yo  no  le  hubiera  detenîdo  el 
brazo.  Aguarda ,  le  dije  ;  i  à  que  fin  derramar  sangre  sin  nece^ 
sidad?  Contentémonos  con  el  bolsîllo  de  este  pobre  mozo,  y 
pues  no  hace  resistencia ,  séria  una  barbaridad  matarle  ;  fuera  de 
que  él  no  es  responsable  de  las  acciones  de  su  padre,  ni  aim  el 
padre  en  condenarnos  é  mnerte  hace  mas  que  cumpiir  con  la 
obligacion  de  su  oficio,  asi  como  nosocros  complimos  con  la  del 
nuestro  en  robar  i  los  caminantes. 

Intercedi,  pues»  por  el  hijo  del  eorregidor,  y  no  le  foé  inteil 
mi  interœsion.  Solo  le  cogbnos  todo  el  dinero  que  Heyaba,  y 
jontamente  nos  apoderàmos  de  los  caballos  de  los  dos  hombrea 
que  habian  muerto  en  la  refriega,  y  vendimoslos  enMansiMa  con 
los  demas  que  conduciamos.  Volyimonos  despues  é  nuestro  so- 
terréneo,  à  donde  llegémos  el  dia  siguîente  poco  Antes  de  ama- 
necer*  No  quedàmos  poco  atônitos  de  yer  levaatada  la  trampa , 
y  mucho  mas  de  encontrar  A  Leonarda  àmarrada  fuertemenle  en 
la  oocinaâ  Contônos  en  dos  palabras  todo  lo  acaecido,  y  nos  ad- 
mirémos  mucho  de  que  hubieses  podido  engafiarnos  ;  nnnca  te 
hubieramos  creido  eapaz  de  jogarnos  semejante  petardo ,  y  te 
perdonàmos  el  cbasco  en  gracia  de  la  inyencion.  Lnego  que  des- 
atamos  A  la  cocinera ,  le  di  ôrden  de  que  nos  oompu»ese  bien 
de  corner.  Entre  tanto  foiotos  A  la  caballerna  A  cuidar  de  los 
cabaUos  ,  y  encontrAmos  casi  espirando  al  yiejo  negro ,  que  en 
yeinte  y  cuatro  horas  no  habia  probada  bocado,  ni  yisto  per* 


LIBRO  TERCERO.  113 

tona  dgana  que  le  Bocorriese.  Deseabimos  darle  algun  afiirio , 
pero  hsiiia  perdido  ya  del  todo  el  çonocimieiito ,  y  nos  pare^ 
d6  an  caso  tan  desesperado  d  sujoj  que ,  à  peaar  de  noestra 
boena  Tcrfnntad,  desamparimos  A  aqoel  miserable  que  estaba 
entre  la  Tida  y  la  muerte.  No  por  eso  dejàmos  de  aentarnoa 
i  fat  mesa  ;  y  despoes  de  haber  almorzado  grandemente  nos  re- 
tirémos  à  noestros  cuartos ,  donde  eatayimos  dtamiendo  6  de^ 
cansando  todo  el  dia.  Cuando  despertâmos  nos  dqo  Leonards 
que  ya  habia  maerto  Domingo.  Ueyémoa  el  eadàyer  à  la  coya- 
Aai  donde  te  acordaris  qne  dormias ,  y  alii  le  hicimos  el  fane- 
rai y  como  si  bnbiera  tenido  el  honor  de  ser  uno  de  noestros 
compafleros. 

Al  cabo  de  cinco  6  seis  dias  sacediô  que ,  babiendo  hecbo  una 
salida,  encontrémos  muy  de  mafiana  A  la  entrada  del  bosqne  très 
cuadrHIas  de  la  santa  Hermandad  ,  que  al  parecer  nos  esta- 
ban  esperando  para  dar  sobre  nosotros.  Al  pronto  no  des^ 
cubrimos  mas  que  una.  No  la  temimos  ;  y  aunque  superior  en 
numéro  â  nuestra  tropa  la  atacàmos  ;  pero  al  tiempo  que  eataba^ 
mos  peleando  con  ella ,  las  otras  dos,  que  habian  hallado  modo 
de  mantenerse  embosardas ,  se  echéi'on  de  repente  sobre  noso- 
tros y  nos  rodeàron  de  manera ,  qoe  de  nada  nos  siryiô  nuestro 
yalor.  Fuènos  necesario  céder  al  nâm^ro  de  )os  enemigos.  Nues* 
tro  teniente  y  dos  de  nuestros  camaradas  muriéron  en  la 
fnndon.  Los  otros  dos  y  yo,  cercados  por  todaa  partes,  nos 
yimos  predsados  à  rendirnos  ;  y  miéntras  las  dos  cuadrillas  noa 
Deyaban  presos  à  Leon ,  la  tercera  fiié  à  oegar  y  destruir  la  eue- 
Ta,  que  file  descubierta  del  modo  sîgoiente:  atrayesando  el 
bosqoe  un  labrador  dei  lugar  de  Luyego  yolviendo  à  sa  casa, 
yî6  por  casualidad  alzada  la  trampa  de  k  cneya  que  dejAste 
abierta  el  mismo  dia  que  te  escapéste  con  la  sefkora ,  y  sospe-- 
ch6  que  aqoeila  era  nuestra  habitacion,  y  no  teniendo  yador 
para  entrar  en  ella ,  se  cootentô  con  obseryar  bien  sus  contor^ 
nos  ;  y  para  acertar  mejor  con  el  sitio  descortezô  ligeramente 
algonos  irboles  yecinos ,  y  otros  mas  de  trecho  en  trecho , 
tiasta  estar  fuéra  del  bosqœ.  Pas6  despoes  à  Leon ,  diô  parte 
de  aquel  descubrimiento  al  corregidor ,  cuyo  gozo  fné  mucho 
mayor ,  por  cnanto  estaba  iaformado  de  que  su  bijo  habia  sido 
robado  por  nœstra  compaûia.  El  corregidor  hizo  juntar  las  très 
coadrWas  para  prendemos ,  y  les  diô  por  guia  al  labrador  que 
habia  descubierto  el  soterràneo. 

Mi  Hegada  à  la  ciudad  de  Leon  fné  on  grande  especciculo 
para  todos  sas  yecinos.  Auncpie  yo  bubieca  sîdo  on  general  por- 
mgoes  '  hedio  prisionero  de  guerra ,  no  habria  sîdo  mayor  la 
cvrîoeidad  con  que  todos  corrian  y  se  atropellaban  por  yerme. 

'  yësK  U  hûU  pàg.  110. 


116  GIL  BLAS. 

Aquel  es ,  decian,  aquel  es  el  capitan ,  y  el  terror  de  toda  esta 
tierra:  merecia  ser  atenaceado  ,  y  no  ménos  sus  dos  compaûe- 
ros.  Presentâronnos  al  coriregidor ,  que  dcsde  luego  comenzô  A 
insultarme  :  Ya  lo  yes ,  malvado,  me  dijo  ;  el  cielo  cansado  de 
tus  delitos  te  ha  entregado  &  mi  justicia.  Seflor ,  le  respondi ,  es 
cierto  que  he  cometido  muchos  ;  pero  à  lo  ménos  no  tengo  que 
acusarme  del  de  haber  quitado  la  vida  al  hi:o  de  Y.  S*  Si  yîye , 
à  mi  me  lo  debe  ;  y  me  parece  que  este  servicio   es  acreedor 
i  algun  reconodmiento.  \  Ah  iniame  !  replied ,  sin  duda  que  es* 
taria  bien  empleado  un  procéder  generoso  con  hombres  de  tu 
caràcter.  Y  aun  cuando  yo  te  quisiera  perdonar,  ^me  lo  per- 
mitiria   por  yentura  la  obligacion  de  mi  empleo?  Dicfao  esto 
nos  mandé  meter  en  un  calabozo  ,  donde  no  dejô  podrir  &  mis 
compafleros.  Saliéron  de  él  al  cabo  de  très  dias  para  represen- 
tar  un  papel  un  poco  tràgico  en  la  plaza  mayor.  Por  lo  que  toca 
à  mi ,  estuye  très  semanas  enteras  en  la  càrcel.  Tuye  por  cierto 
que  se  dilataba  mi  suplicio  para  que  fuese  mas  terrible  ;  y  en 
fin ,  cada  dia  estaba  esperando  un  nueyo  gënero  de  muerte  , 
cuando  al  cabo  mandô  el  corregidor   que  me  Ueyasen  à  sa 
presencia ,  y  estando  en  ella  me  dijo  :  Oye  tu  sentencia.  Quedas 
libre.  Si  no  fuera  por  ti ,  mi  hqo  hubiera  sido  asesinado  en  me- 
dio de  un  camino.  Como  padre  deseaba  agradecerte  este  gran 
beneficio  ;  pero  no  pudiendo  absolyerte  como  juez ,  escribi  à  là 
corte  en  tu  feyor.  Pedl  aJ  rey  el  perdon  de  tus  delitos ,  y  le  con- 
segui.  Yete  à  donde  quieras  ;  pero  o-éeme ,  aftadiô,  aproyéchate 
de  tan  feliz  como  no  esperado  suceso.  Yuelye  en  ti,  y  abandona 
para  siempre  esa  desastrada  yida. 

Atrayesado  el  corazon  cou  estas  ultimas  palabras,  tome  el 
camino  de  Madrid ,  con  prop6sito  de  yiyir  con  sosiego  en  esta 
yilla.  Encontre  ya  muertos  â  mis  padres ,  y  su  herenda  en  manos 
de  un  yiejo  pariente  nuestro ,  que  me  diô  aquella  cuenta  fiel  que 
acostumbran  los  tutores.  Solo  pude  lograr  très  mil  ducados,  que 
acaso  no  componian  la  cuarta  parte  de  lo  que  debia  heredar. 
Pero  iqué  habia  de  hacer?  Nada  adelantarîa  con  ponerle  pleito , 
sino  tener  de  ménos  todo  lo  que  gastase  en  él.  Por  huir  la  ocio^ 
sidad  compré  una  yara  de  alguacil  ;  y  segun  cuqaplo  con  mi  em- 
pleo ,  parece  que  no  he  tenido  otro  en  toda  mi  yida.  Mis  nueyos 
compafleros  por  decoro  se  habrian  opuesto  à  mi  admision  si 
bubieran  sabido  mi  historia  ;  pero  por  fortuna  mia  la  ignoraban, 
6  (lo  que  yiene  à  ser  lo  mismo)  afectéron  ignorarla,  porque 
en  este  bonrado  cuerpo  todos  tienen  interes  en  que  no  se  sepan 
sus  hechos,  susyirtudes  y  milagros.  Por  la  misericordia  de  Dios 
ninguno  tiene  nada  que  echar  en  cara  â  los  demas  ;  lleye  el  diablo 
al  mejor.  Con  todo  eso ,  amigo  mio ,  continué  Rolando ,  yo  quiero 
descubrirte  mi  corazon.  No  me  gusta  el  oficio  que  he  tomado. 
Pide  una  conducta  demasiadamente  delicada  y  misteriosa ,  que 


LIBRO  TERCERO.  117 

solo  da  lugar  à  suUlezas  y  raposerias.  {Oh ,  y  cuanto  echo  de 
mènos  mi  antigua  y  noblo  profesion  !  Confieso  que  es  mas  se- 
gon  la  nueva ,  pero  es  mas  gustosa  y  divertida  la  otra,  y  yo  soy 
amante  de  la  alegria  y  de  la  libertad.  Yoy  yiendo  que  tengo  traza 
de  exonerarme  de  este  empleo ,  y  desaparecer  el  dia  mënos  pen- 
sado  para  retirarme  à  las  montafias  que  estàn  en  el  nacimiento 
del  Tajo.  Se  que  hay  alli  cierta  madriguera ,  habitada  por  una 
Talerosa  tropa  llena  de  Catalanes  determinados,  cuyo  nombre 
solo  es  su  mayor  elogio.  Si  me  quieres  seguir,  irèmos  à  aumentar 
el  oàmero  de  aquellos  grandes  hombres.  Me  brindan  con  el  em* 
pleo  de  seg[undo  capita  de  tan  Oustre  compaftia;  y  harè  que  te 
reciban  en  ella,  asegur&ndoles  que  diez  veoeste  he  yisto  com* 
bâtir  é  mi  lado ,  y  ensalzarè  hasta  las  nubes  tu  yalor.  Hablaré 
mgor  de  ti  que  un  general  de  un  oficial  cuando  le  quiere  ade- 
lantar  ;  pero  me  guardaré  bien  de  tomur  en  boca  la  pieza  que  nos 
jogiste ,  porque  esto  te  haria  sospechoso,  y  asi  no  dire  palabra 
de  la  aventura  consabida.  Ahora  bien,  afladiô,  gestes  pronto  i 
segainne  ?  Ëspero  tu  respuesta. 

Cada  uno  tiene  sus  inclinaciones ,  respond!  i  Rolando  ;  ymd. 
es  inelinado  à  las  empresas  àrduas  y  peligrosas ,  y  yo  à  una  TÎda 
tranquila  y  sosegada.  Ya  te  entiendo ,  me  interrumpiô  ;  aquella 
seûora,  cuyo  amor  te  hizo  hacer  lo  que  emprendisie,  latienes 
todavia  mny  dentro  del  corazon  ;  y  sin  duda  que  en  su  amable 
coinpafiia  gozas  aquella  Tida  cémoda  y  gusiosa  &  que  te  llama  tu 
nclioadon.  Gonfiesa  con  sinceridad  que,  despues  de  haberle  restt* 
tuido  susmuebles,  estais  comiendo  juntos  los  doblones  que  re- 
cogisteis  y  robàsteis  de  la  cueya.  Respondile  que  estabà  muy  equi-* 
vocado,  y  para  desengaflarle,  en  pocas  palabras  le  conté  toda  la 
historia  de  la  sefiora,  con  todo  lo  ciemas  que  me  habia  sucedido 
desde  que  me  escape  de  su  compaikia.  Al  fin  de  la  comida  me 
ToWiô  à  hablar  de  los  seftores  catalanes,  y  me  confesô  que  e»- 
taba  resuelto  à  ir  à  juntarse  con  ellos,  volyiëndome  à  dar  otro 
tiento  para  persuadirme  à  que  abrazase  aquel  partido.  Pero 
îiendo  que  no  lo  podia  conseguir,  me  miré  con  un  aire  fiero, 
y  me  dijo  con  cierta  seriedad  feroz  :  Ya  que  tienes  un  corazon 
tan  yil  y  bajo  que  prefieres  tu  seryil  condicion  al  honor  de  en- 
trar  en  la  compaAia  de  unos  hombres  yalerosos ,  te  abandono  i 
la  viOania  de  tus  ruines  inclinaciones  :  mas  escucha  bien  las  par- 
labras  que  yoy  à  decirte ,  y  gràbalas  profiindamente  en  tu  me- 
moria.  Olyida  enteramente  que  me  yolyiste  à  encontrar  hoy ,  y 
jamas  me  tomes  en  boca  con  persona  yiyiente  de  este  mundo  ; 
porque  si  llego  &  saber  que  alguna  yez  has  hablado  de  mi...  Ya 
me  conoces ,  y  no  te  digo  mas.  Al  decir  esto  llam6  al  tabemero, 
pag6  la  comida,  y  nos  leyantàmos.  de  la. mesa  para  ir  cada  cu^ 
por  su  camino. 


118  GIL  BLA8. 

CAHTDLO  UI. 

Deja  Gil  Bias  à  dpn  Bernardo  de  Caaftelblanoo  »  y  entra  i  senrir  i  an  elegante. 

Salimos  de  la  tatMrna,  y  cuando  nos  eslabamos  despidiendo 
«no  y  otro  pasaba  mi  amo  por  la  calle.  Y  iàme ,  y  observé  que 
mas  de  una  tcz  se  yokiô  à  mirar  oon  cuidado  al  capîtan.  Pa*- 
reciôme  que  le  habia  sorprendido  el  yerme  en  compaftia  de  se- 
mejante  sugeto.  A  la  yerdad ,  la  traza  de  Rolando  no  excitaba 
ideas  muy  ftvorables  de  sus  costumbres.  Era  un  hombre  mny 
aho,  carilargo,  de  nariz  aguilefia;  y  aunque  no  de  desgraciada 
igora,  tenia  no  se  que  trazas  de  un  grandisimo  bribon. 

No  me  engaftè  en  mi  sospecha.  Cuando  don  Bernardo  se  re- 
tiré â  casa  por  la  noche ,  le  halle  muy  prevenido  contra  la  cata- 
dura  de]  capitan»  y  propenso  à  créer  todas  las  proezas  que  yo 
le  pudiera  contar  de  él ,  si  me  hubiera  atrevido  à  referirselas. 
Gil  Bias,  me  dijo,  ;quien  era  aquel  pajarraco  con  quien  te  vi 
poco  hace?  Respondile  que  era  un  alguacil,  y  me  imaginé  que 
quedaria  satisfecho  con  esta  respuesta  ;  pero  me  hizo  otras  mu- 
dias  preguntas,  y  como  me  yiese  perplejo  en  las  respuestas, 
porque  me  acordaba  de  las  amenazas  de  Rolando ,  cortô  de  re- 
pente la  conversacion ,  y  metiôse  en  la  cama.  La  mafiana  si- 
guiente,  luego  que  acabé  de  hacer  las  haciendas  ordinarias  me 
entregô  seis  ducados  en  lugar  de  seis  reaies ,  y  me  di)o  :  Toma, 
amigo ,  estos  ducados  por  lo  que  me  has  servîdo  hasta  aqui ,  y 
▼ete  i  servir  à  otra  casa ,  queyo  no  me  puedo  acomodar  oon  on 
criado  que  cultiva  tan  honradas  amistades.  De  pronto  no  me 
OGurriô  otra  cosa  que  decirle  sino  que  habia  eonocido  en  Yalla- 
dolid  à  aquel  alguacil ,  con  motivo  de  haberle  asistido  en  cierta 
eniermedad  cuando  ejercia  yo  la  medicina.  ;BelIamente!  No  se 
puede  negar  que  es  ingeniosa  la  salida;  mas  ^porqué  no  respon- 
diste  anoche  lo  mismo  en  vez  de  turbarte?  Seflor,  le  dîje,  no  me 
atrevi  i  decirlo  por  prudencia,  y  esta  es  la  verdad.  Ciertamente , 
mereplicô,  dàndome  carifiosas  palmaditas  en  el  hombro,  que 
eso  es  ser  prudente  hasta  lo  sumo ,  y  en  yerdad  que  yo  no  te  te* 
nia  por  tanto.  Anda,  hijo  mio ,  yete  en  paz ,  y  date  por  despedido. 
Partime  inmediatamente,  y  fiiime  en  derechura  à  dar  esta  mah 
noticia  à  mi  protector  Melendez,  el  cual  me  dijo  por  coosolarme 
que  pensaba  hacer  diligencias  para  acomodarme  en  otra  casa  me- 
jor.  Con  efèctOy  pocos  dias  despucs  me  dijo  :  Amigo  Gil  Bias, 
muy  léjos  estaris  tu  de  pensar  en  la  fortuna  que  ahora  yoy  A 
anundarte.  Tendras  el  mejor  puesto  del  mundo.  Sàbete  que  te  he 
acomodado  con  don  Matias  de  Silya.  Es  un  sujeto  de  la  primera 
distincion,  y  uno  de  aquellos  sefloritos  mozos  que  se  llaman 


LIBRO  TERCERO.  119 

eêegtaaa.  Tengo  la  hoara  de  ser  sa  mercader.  Acude  à  mi  tienda 
por  todo  cuanto  se  le  ofrece  :  es  yerdad  que  todo  ^^a  ai  iiado  ; 
pero  nada  se  ya  à  perder  aunca  con  estos  seftores.  Comanmente 
se  casan  cob  herederas  ricas ,  que  pagan  todas  sus  deudas  ;  y 
cnando  esto  no ,  se  le  cargan  los  gàieros  à  tan  subido  precio  » 
qoe  annqne  no  se  cobre  mas  que  la  cuarta  parte  de  las  partidas , 
siempre  queda  ganancioso  el  mercader  que  sabe  sn  oficto.  £1 
mayordomo  de  don  Matias  es  amigo  mio  :  yamos  à  boscarle,  que 
èl  es  quien  te  ha  de  présentât  k  su  amo,  y  puedes  estar  seguro 
de  que  por  respeto  mio  bare  de  ti  particular  estimacion. 

Miëntras  ibamos  caminando  à  casa  de  don  Matias,  me  dijo  el 
mercader  :  Paréceme  may  conyeniente  que  estes  informado  del 
carécter  del  mayord<mio.  LUmase  Gregorio  Rodriguez ,  y  aqui 
para  entre  los  dos,  es  an  hombre  nacido  del  polyo  de  la  tierra , 
y  sintiéndose  con  talento  para  d  manejo  econàmico ,  siguiô  su 
indinacion ,  y  Se  ha  enriquecido  arruinando  dos  casas  cuyas  ren- 
ias nuuig6.  Te  preyengo  que  es  hombre  muy  yano ,  y  gusta  mucho 
de  que  los  demas  criados  se  le  humillen.  A  ël  han  de  acudir  to- 
dos  los  que  pretenden  algnna  gracia  del  amo.  Si  alguno  consigne 
algo  sin  su  participaeion ,  siempre  tiene  prontos  mil  artificios 
para  hacer  que  se  reyoqne  la  gracia ,  6  que  le  sea  enteramente 
initll.  Ten  esto  présente  para  tu  gobiemo.  Haz  tu  oorte  al'seftor 
Rodriguez ,  aun  mas  que  à  tu  mismo  amo ,  y  no  perdones  dili- 
gencîa  alguna  para  eonseryarte  siempre  en  su  fayor.  Su  amistad 
le  sera  de  gran  proyecho,  te  pagarà  puntualmente  tu  salario,  y 
si  logras  merecer  sa  confianza  no  se  ccmtentarà  con  esto ,  por-- 
que  tiene  mnchos  arbitrios  para  dar  en  que  ganar.  Don  Matfas  es 
on  mozo  que  S(do  piensa  en  diyertirse ,  y  nada  cuida  de  los  in^ 
tereses  de  su  casa.  Mira  ahora  si  poede  haberla  mejor  para  tal 
mayordomo. 

Laego  que  llegémos  i  la  casa  pregantémos  si  podîamos  hablar 
al  seftor  Rodriguez.  Respondiëronnos  que  si ,  y  que  leencontra- 
riaoïos  en  su  coarto.  Efectiyamente  le  hallémos  en  él ,  y  estaba 
€on  on  labrador,  que  tenia  en  la  mano  un  talego  de  terliz ,  lleno , 
i  lo  que  pareda,  de  dinero.  £1  mayordomo,  que  me  pareciô 
■las  péUdo  y  amarillo  que  una  doncella  cansada  de  su  es^ 
tado,  se  leyantô  apresurado ,  y  cotrib  con  los  lM*azos  abiertos  à 
recibir  é  Melendez.  £1  mercadar  abriô  tambien  los  suyos ,  y  se 
abraziroQ  estrechisimamente ,  en  cuyas  demostraciones  de  amor 
habia  por  lo  ménos  tanto  artifido  como  yerdad.  Despues  de  esto 
se  tratô  de  mt.  Rodriguez  me  examiné  de  pies  à  c9Â)eza ,  y  me 
dgo  coH  mucha  afobilidad  que  yo  era  el  mismisimo  que  conyenia 
é  don  Matias,  y  que  ël  tomaba  à  su  cargo  presentarme  à  este 
sefior.  Le  significô  el  mereader  lo  mucho  que  se  interesaba  por 
mi ,  y  suplic6  al  mayordomo  que  me  tomase  bajo  su  proteccîon , 
y  dejénitome  cod  ël  se  retiré,  despidiëndose  eon  mochos  cum- 


120  GIL  BLAS. 

plimientos.  Luego  que  saliô ,  me  dijo  Rodriguez  :  Yo  te  presen— 
taré  al  amo  despues  que  haya  despachado  a  este  pobre  IsÂrador. 
Acercose  al  paisano ,  y  tomindole  el  talego  le  dijo  :  Veamos  si  es- 
tàn  aqui  los  quinientos  doblones.  Contôlos  por  su  misma  mano  » 
y  hallàndolos  justos ,  diô  su  recibo  al  labrador,  y  le  despidiô. 
Guardô  luego  los  doblones  en  el  talego ,  y  Tuelto  é  mi  :  Ahora 
podemos  ir,  me  dijo ,  à  Ter  al  amo ,  que  se  estarà  yistiendo , 
porque  no  se  leyanta  hasta  medio  dia ,  y  ya  es  cerca  de  la  una. 
Con  efecto ,  acababa  entônces  de  leyantarse  don  Matias.£staba 
en  bâta ,  repantigado  en  una  silla  poltrona ,  con  una  piema  so- 
bre un  brazo  de  la  silla ,  y  era  su  ocupacion  estar  picando  un 
cigarro.  Hablaba  con  un  lacayo  que  bacia  oficio  de  ayuda  de  cà- 
mara  interinamente.  Seftor,  le  dijo  el  mayordomo ,  aqui  esti  este 
mocito,  que  tengo  el  gusto  de  presentar  é  V.  S.  para  reemplazar 
al  criado  que  se  sirriô  despedir  antes  de  ayer.  Su  fiador  es  Melen- 
dez  el  mercader  de  V.  S.  :  asegura  que  es  un  mozo  de  mértto ,  y 
yo  creo  que  V.  S.  estarà  contento  con  èl ,  y  se  darà  por  bien  ser- 
Tido.  Basta  que  tu  me  le  présentes ,  respondiô  su  seftoria ,  para 
quelereciba:  yo  le  declaro  desde  luego  mi  ayuda  de  cémara,  y 
queda  ya  eracuado  este  negocio.  Rodriguez ,  hablemos  de  otra 
cosa ,  pues  has  yenido  cuando  iba  à  mandar  que  te  llamasen.  Te 
Yoy  à'dar  una  mala  nueya ,  mi  amado  Rodriguez  :  anoche  estuye 
muy  desgraciado  en  el  juego  ;  perdi  cien  doblones  que  lleyaba  en 
et  bolsillo ,  y  otros  doscientos  sobre  mi  palabra.  Ya  sabes  lo  ne- 
cesario  que  es  à  personas  de  mi  condicion  pagar  cuanto  antes 
este  gènero  de  deudas.  Estas  son  propiamente  las  que  el  honor 
nos  obliga  à  satisfocer  con  puntualidad  :  las  otras  basta  que  se 
paguen  cuando  se  pueda.  Es  preciso ,  pues ,  que  me  busqués  en 
el  dia  doscientos  doblones,  y  se  los  enyies  à  la  condesa  de  Pe- 
drosa.  Seûor,  respondiô  el  mayordomo,  mas  fôcil  es  decirlo  que 
ejecntarlo.  ;Donde  quiere  Y.  S.  que  encuentre  yo  tanto  dinero  ? 
No  puedo  cobrar  un  marayedi  de  sus  arrendadores  por  mas 
amenazas  que  les  hago;  me  es  indispensable  mantener  la  casa  y 
la  familia  con  toda  la  decencia  que  conyiene  ;  me  cuesta  sudores 
de  sangre  el  hallar  modo  para  soportar  tanto  gasto.  Es  yerdad 
que  hasta  aqui ,  por  la  miserioordia  de  Dios ,  le  he  podido  sobre- 
lleyar;  pero  no  se  ya  a  que  santo  encomendarme ,  y  me  yeo  re- 
dncido  al  ultimo  apuro.  Cuanto  estes  hablando  es  inùtil ,  respondiô 
don  Matias,  y  todas  esas  noticias  solo  siryen  de  enfedarme.  Ro-> 
driguez ,  no  tienes  que  esperar  que  yo  mude  de  conducta ,  ni  que 
quiera  tomar  à  mi  cargo  el  gobiemo  de  mi  hacienda.  ;  Porcierto 
que  séria  muy  buena  diyersion  para  un  hombre  como  yo  !  ;  Pa- 
cienda!  replicô  el  mayordomo  :  en  tal  caso  estoy  persuadido  de 
que  presto  se  yerà  Y.  S.  libre  para  siempre  de  ese  cuidado.  Ya 
me  cansas ,  y  me  matas  con  tanta  bachilleria ,  repuso  enfiidado  el 
sefk>rita  Ôèjame  arruinar  sin  que  me  lo  recuerdes.  Es  menester» 


LIBRO  TERCERO.  121 

te  digo ,  qae  busqués  esos  doscientos  doblones  ;  Taelyo  é  decîr 
que  es  menester,  y  quiero  precisamente  que  los  busqués  y  los 
haDes.  Pues  segun  eso ,  dijo  Rodriguez ,  yoy  à  Ter  si  los  quiere 
dar  aquel  buen  Tiejo  que  otras^eces  ha  prestado  dinero  à  V.S., 
aonqae  à  creeida  usura.  Ve ,  y  recurre  aunque  sea  al  oiismo  dia- 
bio  y  respondiô  don  Mafias  :  como  yo  tenga  los  doscieutos  do- 
blones, todo  lo  demas  no  me  importa  un  bledo. 

No  bien  acababa  de  decir  estas  palabras  colérico  y  enojado  » 
enando  al  irse  el  mayordomo  ,  entré  en  su  cuarto  otro  seftorito 
mozo,  Uamado  don  Antonio  Centelles.  ^Quë  tienes,  amigo?  pre- 
guntô  este  é  mi  amo:  perece  que  estas  de  mal  humor  ;  yeo  en  tu 
semblante  un  cierto  no  se  que ,  que  me  lo  hace  sospechar.  Sin 
duda  que  te  ha  puesto  asi  el  bruto  queacaba  de  salir  de  aqui.  Es 
derto,  respondiô  don  Matias  :  es  mi  mayordomo ,  y  siempre  que 
Tiene  à  mi  cuarto  me  da  un  mal  rato  :  no  sabe  hablar  sino  de  mis 
negocios ,  y  repite  mil  yeces  que  me  como  mis  rentas ,  y  me  en- 
guUo  el  capital  ;  ]  gran  bestia  !  como  si  IFuera  él  quien  lo  perdiese. 
Amîgo  y  respondiô  don  Antonio  ,  en  el  mismo  caso  me  hallo  yo. 
Mi  mayordomo  no  es  mas  mirado  que  el  tuyo.  Cuando  el  gran- 
disimo  ganapan  en  fuerza  de  mis  repetidas  ôrdenes  me  trae  algun 
dinero  ,  no  parece  sino  que  me  dà  lo  que  es  suyo  :  me  dice  que 
me  pierdo ,  y  que  todas  mis  rentas  estén  embargadas.  Yéome 
predsado  à  tomar  la  palabra  para  cortar  la  conyersacion.  Pero  lo 
peor  de  todo  es ,  dijo  don  Matias ,  que  no  podemos  yivir  sin  estas 
gentes ,  y  que  para  nosotros  es  este  un  mal  necesario.  Conyengo 
en  eso ,  respondiô  Centelles...  Pero  aguarda  un  poco ,  prosiguiô 
reyentando  de  risa ,  que  ahora  ,  ahora  me  ocurre  un  pensamiento 
mny  gracioso  y  nunca  imaginado.  Podemos  hacer  cômiças  las  es~ 
cenas  sérias  que  cada  dia  représentâmes  con  estes  hombres ,  y 
que  nos  sirya  de  diyersion  lo  mismo  que  nos  apesadumbra.  Ha- 
gémoslo  de  este  modo.  Yd  pediré  à  tu  mayordomo  el  dinero  que 
hayas  menester ,  y  tu  pedirés  al  mio  el  que  yo  necesite.  Dejaré- 
mosles  decir  todo  lo  que  quieran ,  y  nosotros  los  oirèmos  con 
oidos  de  mercader.  Al  cabo  del  aflo  tu  mayordomo  me  presen- 
tarà  sus  cuentas ,  y  el  mio  te  daré  las  suyas.  De  esta  manera  yo 
solo  ciré  hablar  de  tus  gastos  :  tù  solo  tendras  noticia  de  los  mios  ; 
y  y  eras  como  nos  diyertimos. 

A  esta  ingeniosa  inyencion  sesiguiëron  mil  chistosas  agudezas/ 
que  alegràron  à  los  dos  seftorttos  ,  y  une  y  otro  laslleyàron  ade- 
lante  eon  mucho  alborozo.  Interrumpiô  Gregorio  Rodriguez  su 
alegre  conyersacion ,  entrando  en  la  sala  acompafiado  de  un  ye- 
jeté  tan  calyo ,  que  apénas  se  le  descubria  un  cabello.  Quiso  des* 
pedirse  don  Antonio ,  y  dijo  :  Adios ,  don  Matias ,  que  presto  nos 
yolyerëmos  à  yer.  Quiero  dejarte  oon  estes  seflores ,  con  quienes 
quizà  tendras  que  tratar  negocios  importantes.  No ,  no ,  respon- 
diô mi  amo  :  estate  aqui ,  que  tu  en  nada  nos  estorbas.  Este  buen 


139  GIL  BLA& 

Tîejo  que  yes  es  un  honibre  raoy  de  bien ,  que  me  presta  dmero 
i  un  Teinte  por  ciento.  j^Como  d  un  veinie  por  àeniof  replicô  Cen- 
telles  como  admirado.  À  fé  que  has  sido  afortunado  en  caer  en  tan 
bnenas  manos  ;  yo  oompro  el  dinero  é  peso  de  oro ,  porqne  ningii^ 
no  me  le  qniere  prestar  mënos  de  à  treinta  y  ires  por  ciento. 
iQué  usura!  exdamo  entônces  el  usurerisimo  Tiejo,  ^tioien  al- 
ma esos  bribones  ?  i  creen  por  Centura  que  no  hay  otro  mnndo  ? 
Ya  no  extraAo  que  se  déclame  tanto  contra  las  personas  que  près— 
ttfi  i  interes.  £1  exorbitante  precio  i  que  venden  sus  emprèstkos 
es  lo  que  nos  desacredita  à  todos  »  quiténdonos  hi  honra  y  la  re-- 
putacion:yo  i  lo  ménos  solo  presto  pnramente  por  senrir  i  Ion 
que  se  yalen  de  mi  ;  y  si  todos  mis  compaùeros  siguieran  mi 
ejempio  no  estariamos  tan  desacreditados.  ;Ah!  si  los  tiempos  pré- 
sentes fueran  tan  felices  como  los  pasados ,  tendria  el  mayor  gus* 
to  en  abrir  mi  bolsa ,  y  ofrecèrsela  à  Y.  S.  sin  el  mas  minimo 
interes ,  pues  aun  en  medio  de  mi  pobreza  casi  tengo  escrupolo 
de  prestar  mi  dinero  i  un  miserable  Teinte  por  ciento.  i  Mas  ob 
Dios  !  parece  que  el  dinero  se  ha  Tuelto  à  enterrar  en  las  entra* 
ûas  de  la  tierra  :  ya  no  se  encuentra  un  ochaTO ,  y  su  escasez  me 
obliga  à  ensancliar  U0|»O€O  las  estrechas  reglas  de  mi  moralidad. 
^Cuanto  dinero  ha  menester  Y.  S?  preguntô,  ToWiendose 
bàcia  mi  amo.  Doscientos  doblones  »  respondiô  este.  Cuatrocien- 
tos  traigo  en  un  talego ,  dijo  el  usurero  »  contarè  la  mitad ,  y  se 
la  entregarè  i  Y.  S.  Al  mismo  tiempo  sao6  de  debajo  de  la  capa 
un  talego  de  terliz ,  que  me  pareciô  ser  el  mismo  que  aquel  labra- 
dor acababa  de  dejar  con  quinientos  doblones  en  el  cuarto  de  Ro- 
driguez. Luego  me  ocurriô  lo  que  debia  pensar  de  aquella  manio- 
bra ,  y  tI  por  experiencia  la  mucha  razon  con  que  Melendez  me 
habia  ponderado  lo  diestro  que  era  el  mayordomo  en  hacer  so 
negodo.  El  Tiejo  abriô  el  talego ,  Taciô  los  doblones  sobre  una 
mesa  y  y  pùsoseà  contarlos.  La  Tista  de  toda  aquella  cantîdad 
encendiô  la  eodicia  de  mi  amo.  Sefior  Dimas ,  dijo  al  usurero ,  aho- 
ra  mismo  me  ocurre  una  reflexion ,  que  me  parece  cuerda.  Yer- 
daderamente  yo  era  un  pobre  mentecato  cuando  solo  pedi  à  Tmd. 
el  dinero  que  precisamente  hàbia  menester  para  desempefisr  mi 
honor  y  mi  palabra  ;  no  acordàndome  de  que  me  quedaba  sin  un 
ochaTO  para  el  gasto  preciso  de  mi  casa ,  y  que  maflana  me  Toria 
precisado  à  recurrir  à  Tmd.  Tomaré ,  pues ,  esos  cuatrodentos 
doblones  sobre  el  mismo  piè ,  para  excusarle  el  trabajo  de  hacer 
otro  Tiaje  é  mi  casa.  Seftor ,  respondiô  el  Tîejo ,  es  cierto  que  te- 
nia destinada  una  parte  de  este  dinero  para  un  buen  lîcenciado , 
heredero  de  grandes  posesiones,  que  emplea  cuanto  tiene  en  reti- 
rer del  mundo  à  muchas  pobres  jÔTenes  que  peligraban  en  ël , 
manteniéndolas  despues  en  su  retiro  ;  mas  una  Tez  que  Y.  S.  nece- 
sita  de  esta  cantîdad ,  ahi  la  tiene  toda  à  su  disposioion.  Basta  que 
Y.  8.  se  digne  sefiakr  Upoiecas  sufidentes  y  libres  para  asegurar 


LIBRO  TERGERO.  12S 

ricqrifialy los  rèdilos.  i Oh  !  porlocpie  toca  àlasegoridad,  inter- 
mm^  Rodrigaez  sacando  del  bolsfllo  un  papel ,  la  tendra  ¥md. 
aon  fluiyor  de  la  qoe  pudiera  desear ,  solo  con  qae  el  sellor  don 
Mafias  se  digne  echar  su  finna  en  esta  letra  de  cambio.  En  Tutnd 
de  dia  libra  à  ruestro  favor  qutnientos  doblones  contra  Tidegon 
«rrendador  de  los  estados  de  Mondejar.  Me  confonno  ,  repHcé 
d  usurero ,  porqne  no  soy  hombre  que  me  haga  de  rogar.  En- 
tteoes  el  mayordomo  presentô  una  pluma  à  mi  amo ,  que  sin 
leer  la  letra  firme  su  nombre  talareando. 

CondiHdo  este  negodo ,  se  despidiô  el  Tiejo  de  don  Matias, 
y  esie  le  diô  un  estredio  d[>razo  ,  dicièndole:  Hasta  la  vista ,  s^ 
ftor  Dimas ,  soy  todo  de  ymd.  No  se  cierto  porqué  son  tenidos  por 
braxmes  todos  los  de  su  oficio.  Yo  por  mi  juzgo  que  son  unos  en- 
tes mny  necesarios  al  estado ,  el  consuelo  de  mil  hîjos  de  familia , 
y  el  recurso  de  todos  los  seûores  que  gastan  mas  de  lo  que  per- 
Bûten  sus  rentas.  Tienes  razon,  dijo  entônces  Gentelles,  los 
usoreros  son  unos  bombres  de  bien ,  que  merecen  ser  muy  esti-« 
mados  y  honrados  ;  y  yo  qui^o  abrazar  tambien  à  este ,  que  Fe 
eotttenu  oon  un  veinte  por  ciento.  Diciendo  esto  se  acercô  al  vîejo 
para  abrazarle ,  y  los  dos  elegantes  para  divertirse  se  lo  enyiaban 
reciprocamente  nno  al  otro ,  como  si  fiiera  una  pelota.  Despues 
de  haberle  bien  zarandeado ,  le  dejàron  ir  con  el  mayordomo  » 
que  merecîa  mejor  aquellos  zarandeos  y  aun  alguna  cosa  mas. 

Luego  que  sdiô  Rodriguez  con  el  testaferro  de  sus  maldades 
enviô  don  Matias  à  la  condesa  de  Pedrosa  la  mitad  de  aquel  dinero 
por  mano  de  un  lacayo  que  estaba  conmigo  en  la  antesala ,  y  la 
otra  mitad  la  metiô  en  un  bolsillo  de  seda  y  oro ,  que  llevaba  or- 
dinariamente  en  la  faltriquera.  Contentisimo  de  verse  con  tanto 
dinero ,  dijo  muy  alegre  à  don  Antonio:  Y  bien  ;en  que  hemos 
de  pasar  d  dia  de  boy?  Pensteioslo  un  poco ,  y  tengamos  entre 
los  dos  consejo  privado.  Que  me  place ,  respondiô  Centelles ,  que 
eso  es  ser  hombre  dejuido:  conferenciemospues.Cuando  iban  i 
tratar  de  lo  que  habian  de  hacer,  entriron  otros  dos  seftoritos, 
poco  mas  6  mènos  de  la  misma  edad  de  mi  amo ,  esto  es  de  veinte 
y  ocho  i  treinta  alk>s  ;  uno  de  los  cuales  se  Uamaba  don  Alejo 
Seguier ,  y  el  otro  don  Fernando  de  Gamboa.  Luego  que  se  viéron 
juntos  los  cuatro ,  comenzàron  à  darse  tantos  abrazos  como  si  en 
diez  aftos  no  se  hubieran  visto.  Despues  de  esta  ceremonia  don 
Fernando ,  que  era  de  genio  muy  alegre ,  dirigiendo  la  palabra  i 
don  Matias  y  i  don  Antonio:  Y  bien,  seAores  ,  les  dijo:  ^donde 
pensais  comer  hoy?  Si  no  estais  convidados  os  quiero  Uevar  à 
una  casita  de  los  cidos ,  donde  beberéis  un  vinito  de  los  dioses. 
Anoche  cenè  en  ella ,  y  no  sali  hasta  las  cinco  ô  seis  de  la  mafia- 
na.  Ojali  bubiese  yo  tenido  la  misma  prudencia ,  exdamô  mi  amo , 
pues  asi  no  hubiera  perdido  mi  dinero. 

Yo  y  d^o  Centelles ,  quiie  tener  anoche  una  nueva  diversion , 


134  GIL  BLAS. 

porqae  la  variedad  es  madre  del  gusto.  Llev^e  un  amigo  i  casa 
de  uno  de  aquellos  ricotes  que  hacen  su  negocio  manejando  los 
del  estado  ;  un  asentista.  £n  el  adorno  de  la  casa  se'yeia  magnt- 
ficencia  y  eleocion  de  muebles  exquisilos  ;  la  mesa  bien  cubierta 
y  senrida  ;  pero  descubri  en  los  amos  de  la  casa  cieita  ridiculez , 
que  me  divirtiô  extremadamente.  El  duelk) ,  aunque  de  nacimiento 
bajo  y  de  educacion  grosera ,  afectaba  modales  à  lo  grande.  Su 
muger ,  aunque  era  fesi  de  gana ,  creia  ser  una  Vénus ,  y  adeinas 
decia  mil  necedades ,  sazonadas  con  un  acento  irizcaino  que  les 
daba  nn  gran  realce.  Fuera  de  eso ,  estaban  sentados  à  la  mesa 
cuatro  ^  cinco  nifios  con  su  ayo.  Considerad  ahora  cuanto  me  di- 
yertiria  aquella  cena  casera. 

Pues  yo  y  seflores,  dijo  don  Alejo  Seguier ,  cenë  con  una  come- 
* dianta ,  con  Arsenia.  Eramos  seis  de  mesa:  Arsenia ,  Florimnnda, 
una  nifia  amiga  suya ,  maja  de  profesion ,  el  marques  de  Zenete , 
don  Juan  de  Moncada ,  y  yuestro  seryidor.  Pasémos  la  noche  en 
beber  y  en  decir  galanterias.  \  Pero  que  noche  !  Es  yerdad  qae 
Arsema  y  Florimunda  no  son  de  las  mas  discretas  ;  pero  ;  que  im- 
porta? su  desembarazo  snple  la  felta  de  talento.  Son  unas  criatii- 
ras  tan  alegres ,  yiyarachas  y  diyertidaa,  que  las  prefiero  à  las 
mugeres  juidosas. 

CAPITULO  IV. 

Haoe  amistad  Gil  Bias  con  los  criados  de  los  elegantes  ;  secreto  admirable  que 
estos  le  enseniron  para  lograr  â  poca  oosta  la  faroa  de  hombre  agudo ,  y  sin- 
gular jiiramento  que  i  instancia  de  ellos  bizo  en  una  cena. 

Prosiguiéron  aquellos  seAoritos  charlando  de  esta  maneca,  has- 
ta  que  don  Matias ,  à  quien  yo  entretanto  ayudaba  à  yestir ,  se 
hallo  en  disposicion  de  poder  salir  de  casa.  Dijome  entôncesqoe  le 
siguiese  ;  y  todos  los  cuatro  elegantes  toméron  juntos  el  camino  de 
la  casa  adonde  habia  ofirecido  lleyarlos  don  Fernando  de  Gamboa. 
Comenzé  pues  à  marchar  detras  de  ellos ,  juntamente  con  los  otros 
très  criados ,  porque  cada  uno  de  los  caballeritos  Ileyaba  el  suyo. 
Obseryé  con  admiracion  que  los  taies  criados  procuraban  remedar 
en  todo  à  sus  amos ,  imitando  su  aire  y  moyimientos.  Ssdudèlos  à 
todos ,  como  un  nueyo  camarada  suyo.  Correspondiéronme  de  la 
misma  manera  ;  y  uno  de  ellos ,  despues  de  haberme  mirado  atenta- 
mente  por  un  breye  rato ,  me  dijo  :  Hermano  ,  conozco  por  toda 
tu  traza  que  nunca  has  seryido  â  ningun  caballerito  de  esta  es- 
pecie.  Es  yerdad,  le  respondi,  porque  hamuypocotiempo  que 
llegué  é  Madrid.  Asl  me  lo  parece  à  mi  tambien ,  replicô  H ,  todayia 
hueles  à  lugar ,  porque  te  yeo  timido  ,  atado ,  y  obseryo  en  tu 
modo  de  manejarte  un  no  se  que  de  aldeanismo ,  rusticidad  y  en- 


LIMIO  TERGERO.  1S5 

eoghnmto.  Pero  no  importa  :  yc  te  prometo  sobre  mi  palabra 
qae  presto  te  desbastarémos  y  te  pulirémos.  Esa  es  lisonja ,  le  ré- 
pliqué. Nada*  de  eso ,  me  respondiô  :  esta  cierto  de  que  no  hay 
hombre  por  tosco  que  sea  à  qnien  no  sepamos  aoepillar  y  pulir. 

No  necesitâ  decirme  mas  para  que  yo  eonodese  que  tenia  por 
compafiaros  nno  lindos  periHanes ,  y  que  no  podia  caer  en  ma- 
jores manos  para  llegar  à  ser  un  mozo  de  proyecho.  Cuando  lie- 
gémos  i  la  ^  casa  hallàmos  ya  preparada  la  mesa ,  y  dispuesta 
la  oomida ,  que  don  Fernando  hsÂia  tenido  cuidado  de  encargar 
deade  por  la  maftana.  Sentàronse  à  la  mesa  nuestro  amos ,  y  nos- 
otros  nos  dispusimos  à  servirles.  Comenzàron  é  comer  y  i 
charlar  con  mucha  alegria ,  y  era  para  mi  grandisima  diversion 
el  yerlos  y  oirlos.  Su  carécter,  sus  pensamientos  y  sus  expresiones 
me  dÎTertian  completamente.  ;  Que  TiTeza  !  ;  que  chistes  !  j  que 
agndezas  !  me  parecian  unos  bombres  de  diférente  espede.  Cuan- 
do se  sÔTTiëron  los  postres  les  pusimos  muchas  botellas  de  los 
mqores  TÎnos  de  Espafla ,  y  levantados  los  manteles  nos  reti- 
rémos  los  crîados  à  otro  cuarto,  donde  habia  mesa  para  nosotros. 

Tardé  poco  en  conocer  que  los  caballeros  criados  de  mi  cua- 
driOa  eran  hombres  de  mucho  mayor  mérito  de  lo  que  yo  me 
habia  imaginado.  No  se  contentaban  con  imitar  los  modales  de  sus 
amos  ;  afectaban  hablar  el  mismo  lenguage ,  y  los  bellacos  lo  ha- 
dan  tan  i  la  perfeccion ,  que  i  réserva  de  un  cierto  aîrecillo  de 
nobleza ,  que  no  sabian  remedar ,  en  todo  lo  demas  parecian  los 
mismos.  Admirabame  su  desenvoltura  y  desembarazo  ,  pero  mu- 
cho mas  me  admiraba  su  prontitud  y  la  agudeza  de  sus  dichos, 
tando  que  absolutamente  désespéré  de  llegar  nunca  é  parecerme 
à  eDos.  El  criado  de  don  Fernando ,  en  yista  de  que  su  amo  era 
d  que  regalaba  à  los  nuestros ,  hacia  los  honores  del  banqueté , 
y  Uamando  al  duefto  de  la  casa ,  le  dijo  :  Patron ,  triiganos  aci 
diez  botelhis  del  yino  mas  generoso  que  tenga ,  y  segun  ymd. 
acostnmbra  cérguelo  en  la  partida  del  que  bebiéron  nuestros  amos. 
Con  mucho  gusto,  respondiô  él;  pero,  seâor  Caspar,  ya  sabe 
Tmd.  que  el  sefior  don  Fernando  me  esta  debiendo  muchas  comi- 
das;  si  por  medio  de  ymd.pudiera  cobrar  algun  dinerillo...Oh  !  res- 
pondiô el  criado ,  nopaseis  cuidado  porlo  que  se  os  debe.  Yo  salgo 
por  fiador  de  que  las  deudas  de  mi  amo  son  como  plata  quebrada.  Es 
Terdad  que  algunos  acreedores  han  hecho  embargar  nuestras 
rentas,  pero  m^pana  harémos  que  se  levante  el  secuestro,  y  seréis 
pagado  de  todo  el  importe  de  la  cnoita  sin  examinarla.  Tràjonos  el 
vino,  no  embargante  el  secuestro,  y  bebimospoderosamente  mién- 
tras  llegaba  el  dia  de  que  este  se  alzase.  Eran  de  ver  los  brindis  que 
continuamente  nos  haciamosunos  à  otros ,  llamàndonos  redpro- 
camente  por  los  nombres  de  nuestros  amos.  El  criado  de  don  An- 
tonio llamaba  Gamboa  al  de  don  Fernando ,  y  el  de  don  Fernando 
ilamaba  CenulUi  al  de  don  Antonio ,  y  i  mi  me  Uamaban  SUva. 


136  GILHJkS. 

Poco  à  poeo  HOB  fîiisMMtodM  emborraehanda  bqo  munnoÊAreB 
postixoSy  ni  mas  ni  mèmMi  como  lo  habiao  heoho  oiieatitM 
sefiores  amoa  bajo  los  suyos  propioa. 

Annqiie  en  la  realMad  no  brfllaba  yo  tanto  como  mia  camanK 
das  y  m  embargo  no  dejiron  de  moatrarse  bastante  oontentos 
conmtgo.  Amigo  Silva,  me  dijo  uno  de  los  niènoa  tartaoiodoa , 
espero  que  barëmoa  de  ti  algo  bueno.  Yeo  que  tieaes  fonde  é 
ingenio  ;  pero  no  sabes  aproyecharte  de  èl.  El  miedo  de  habiar 
mal  te  acobarda  :  no  te  atreyes  à  hacerlo  por*  temor  de  decir 
aignn  despropôsito  ;  con  lodo  eso ,  ^coantoa  pasau  hoy  en  el 
mundo  por  hombres  agudos  é  mgeniosos,  S(rio-  porqne  se 
arriesgan  à  decir  cuanto  se  les  yiene  à  la  boca ,  annqne  digan 
ta!  yez  cien  disparates  ?  Calificarése  de  una  noble  yiyeza  de  ea- 
piritu  ta  mismo  atolondramiento.  Aanqne  digas  mû  desatinos , 
como  entre  ellos  se  te  escape  algnn  didio  agudo ,  se  olyidaràn 
las  otras  necedades ,  y  solo  se  tendra  présente  y  se  oelebrari 
la  tal  agudeza ,  haciëndose  conoepto  superior  de  ta  singolar 
mèrito.  Esto  y  no  mas  hacen  nnestros  amos ,  y  esto  y  no  mas 
debe  hacer  todo  aquel  que  aspire  à  la  reputacion  de  hombre  de 
ingenio  y  chiatoso. 

Sobre  qoe  yo  no  aspiraba  &  otra  cosa,  el  medio  que  me  en^ 
seflaban  para  conseguirlo  me  pareciô  tan  fàc3  y  practicable  que 
jozgué  no  debia  despreciarle.  Gomenzé  é  probarle  inmediatamente , 
ynoayudô  poco  el  yinoque  habiabebido  para  que  no  me  salieae 
mal  aquella  primera  prueba.  Quiero  decir,  que  desde  luego  co^ 
menzè  à  habiar  à  diestro  y  siniestro,  y  tuve  la  fortuna  de  mezclar 
entre  mil  extrayagancias  algunas  agudezas,  que -me  granjeàron 
grandes  aplausos.  Llen6me  de  gran  confianza  este  primer  enaayo. 
Anmenté  con  tragos  la  charlataneria  para  que  me  ocurriese  algun 
oonceptillo,  y  qaiso  la  casualidad  que  no  se  malograsen  mis  ea- 
fuerzos. 

Ahora  bien,  me  dijo  el  que  me  habia  dado  la  inaportantiaima 
leocion ,  ^no  conoces  tù  mismo  que  ya  empiezas  à  ciyiUzarte?  Aun 
no  ha  dos  horas  que  est&a  en  nuestra  oompaAia,  y  ya  erea  mn 
hombre  may  diferente  dd  que  eras  :  cada  dia  iras  mejoraado.  Ya 
estéa  yiendo  y  palpando  que  cosa  es  esto  de  seryir  à  caballeroa 
y  personas  de  distindon.  insenaiUemente  deya  y  ennobleee  el 
énimo;  efecto  que  no  se  expérimenta  siryiendo  à  gente  baja»  ni 
aim  é  la  de  mediana  condicion.  Sin  dada,  le  respond! ,  y  por  tanio 
de  hoy  en  adelante  quiero  oonsagrar  mis  seryidos  i  la  noUeza. 
{Brayo,  brayo  1  exchmô  el  criado  de  don  Fernando,  que  eataba 
ya  ahm^ado  :  no  es  dado  é  la  gente  baja  el  tener  peosamîèntos 
attos ,  ni  talentos  superiores  eomo  noaotros.  Ea ,  seAores ,  aûadî6, 
alto  todos ,  y  hagamos  juramento  por  la  laguaa  Estigia  de  niniGa 
seniri  esa  genledlla  de  media  bràga.  iMmonos  mucbo  del  pen- 
aamienio  d^  Gaispar»  edebrémosle,y  ooa  la  botella  en  una  anno 


LIBRO  TERGERO.  197 

y  el  Taso  en  oCra ,  hicimos  todos  aqnel  bufooesco  Jnnunemo. 

MantuTimonos  sentados  à  la  mesa  hasta  que  plago  i  nueftros 
aoMB  redrarse,  que  fné  à  media  noche;  lo  que  à  mis  camaradas 
pareGîô  on  exceso  de  sobriedad.  Verdad  es  que  si  los  tales  seflo-* 
litos  saliAron  de  alii  tan  temprano ,  foe  per  ir  à  yer  à  una  eleganta 
mala  cabeza  que  vivia  en  el  barrio  de  Palacio ,  y  tenia  su  casa  abierts 
dia  y  noche  à  toda  la  gente  del  bronce.  Bra  una  mnger  de  tretnta 
y  ciBCO  à  cuarenta  aAos,  linda  ai  extremo,  todavia  de  singular 
atractivo ,  y  tan  diestra  en  el  arte  de  agradar,  que,  segun  se  decia, 
vendia  mas  caros  los  rebuscos  de  su  belleza ,  que  habia  vendido 
las  primtdas.  Vidian  en  la  misma  casa  otras  dos  6  très  damas  de 
la  misma  laya,  que  no  contribuian  poco  al  concur  so  de  sefiore» 
que  en  eHa  se  Tcia.  Ponianse  A  jngar  despues  de  corner,  oenaban 
alli,  y  pasaban  la  noobe  en  beber  y  divertirse.  Nnestros  amos  aê 
detuYièron  en  la  tal  casa  hasta  el  amanecer,  y  mièntras  ellos  se 
dirertian  eon  las  damas  de  buen  humor,  nosotros  nos  holgabamos 
eon  las  oiadas ,  que  no  eran  menos  joviales  que  sus  amas.  En  fin, 
nos  separâmos  todos  luego  que  se  mostrô  la  aurora, y  cada  uno 
se  retiré  à  descansar. 

Mi  amo  se  levantô  â  medio  dia  como  acostumbraba.  Vistiôse, 
salîô,  segi^le ,  y  entràmos  en  casa  de  don  Antonio  Centelles ,  donde 
encotttràmos  à  un  tal  don  Alvaro  de  Acufla.  Era  un  hombre  ya 
entrado  en  aik>s ,  y  disoluto  de  profesion.  Todos  los  mozuelos  que 
qnerian  ser  elegantes  se  ponian  en  sus  manos,  y  acndian  à  sn 
êsGuela.  Formàbalos  à  su  gusto,  ensenàndoles  à  hicnr  en  el  gran 
mnndo,  y  à  malgastar  sus  caudales.  Don  Antonio  no  necesitaba 
de  esta  leccion,  porque  ya  se  habia  comido  el  snyo.  Luego  que 
se  abrazàron  los  très ,  dijo  Centelles  Â  mi  amo  :  Â  fe,  don  Matias , 
que  no  podias  haber  llegado  â  mejor  tîempo.  Don  Alvaro  ha  ve- 
nîdo  para  Hevarme  à  casa  de  un  particular  que  ha  convidado  hoy 
i  corner  al  marquez  de  Zenetey  à  don  Juan  de  Moncada;y  yo  quiero 
que  ta  seas  del  convite.  Pero  i  como  se  Qama  ese  tal  ?  preguntô  don 
Matias.  Se  llama  Gregorio  Noriega ,  respondiô  don  Alvaro  ;  y  en  dos 
palabras  te  dire  lo  que  es  est«  mozo.Es  hijo  de  m  joycro  rico  que  ha 
ido  â  negodar  en  pedreria  àlos  paises  eïtrangeros ,  y  al  partir  le  ha 
dqado  el  goce  de  una  gran  renta.  Gregorio  es  un  pobre  tonto ,  pro- 
penso  à  comer  y  gastar  todo  su  dinerohaciendo  el  elegant© ,  y  qae  re- 
Virata  por  parecer  hombre  ingenioso  y  agudo ,  à  pesar  de  la  naturtH 
leza ,  que  no  le  ha  concedMo  esta  gracia.  Pùsose  en  mis  manos  partr 
que  le  dirigîese  ;  yo  lo  hago  à  mi  modo,  y  en  verdad  quelellevoea 
buen  estado,  pues  el  fondo  de  su  caudal  est&ya  medio  eonsumido.  Eso 
es  lo  qneyo  nodudo,  mterrumpiôCenteOes,  y  eapero  verie  presto 
en  d  bospilaK  Yamoft,  don  Matias ,  conozcamos  à  ese  hombre,  y 
ayud&nosle  i  que  ncAe  de  arruinarse.  Vengo  en  ello,  dijo  niî  amo , 
porque  tengo  gran  gusto  en  dar  en  tierra  con  la  fortuna  de  eso0 
seftoritos  plèbeyos  que  qineren  hondDrearse  y  conftmifirse  oob 


iS8  GIL  BLA& 

nosotros.  ComOy  por  ejemplo ,  nada  he  celebrado  tanto  como  la 
raina  del  hijo  de  aqael  asentiata,  à  qnien  el  juego  y  la  iraaidad 
de  qaerer  figurar  con  los  grandes  obligiron  é  vender  su  misma 
cam.  I  Oh  I  replicô  don  Antonio,  ese  tal  no  merece  le  tengan  lés- 
tima,  porque  no  es  mènos  nedo  ni  mènos  presumido  en  sa  miserîa 
que  lo  era  en  su  prosperidad. 

Partiéron,  pues,  mi  amo,  Centelles  y  don  Alvaro»  à  casa  de 
Gregorio  Noriega.  Mogicon,  criado  de  Centelles ,  y  yo,  fdimos 
tambien  tras  de  ellos,  muy  persuadidos  los  dos  de  que  nos  es- 
peraba  una  gran  bucôlica ,  y  ambos  tambien  muy  contentos  de 
cooperar  por  nuestra  parte  &  la  destruccion  de  aquel  pobre  men- 
tecato.  AI  entrar  en  su  casa  vimos  mucha  gente  ocupada  en  disponer 
la  oomida ,  y  nos  diô  en  las  narices  un  olor  de  cocina ,  que  anunciaba 
al  ol£ato  el  recreo  que  tendria  luego  el  paladar.  Acababan  de  lie- 
gar  el  marques  de  Zenete  y  don  Juan  de  Moncada.Dejôse  despues 
yer  el  duefto  de  la  casa,  que  desde  luego  me.pareciô  un  solem- 
nisimo  majadero.  Afectaba  inutilmente  el  aire  y  modales  de  los 
elegantes;  pero  era  una  feisima  copia  de  aquellos  hermosos  ori- 
ginales ,  6  por  mejor  decir,  atolondrado  que  se  esforzaba  por  os- 
tentar  despejo  y  desembarazo.  Figurémonos  un  hombre  de  este 
car&cter  entre  cinco  bufones  de  profésion,  empeûados  ùnicamente 
en  burlarse  de  èl  y  en  bacerle  gastar  cuanto  tenia.  Seftores,  dijo 
don  AWaro  despnes  de  los  primeros  cumplimientos ,  este  es  el  se- 
ftor  Gregorio  Noriega ,  que ,  sobre  mi  palabra ,  presento  à  ustedes 
como  uno  de  los  mas  cabales  y  perfectos  caballeros.  Posée  mil 
bellas  prendas,  y  es  un  jôyen  muy  culto.  (Escojan  ustedes  lo  que 
quisieren  :  es  igualmente  hâbil  en  todas  las  âicultades ,  desde  la 
lôgica  mas  alta  y  sutil ,  hasta  la  mas  pura  y  delicada  ortografia. 
I  Oh  seftor  I  eso  ya  es  demasiado ,  interrumpiô  Gregorio ,  sonrién- 
dose  sin  ninguna  gracia:  yo  si ,  seftor  don  Akaro,  que  podia  de- 
cirselo  à  vmd.,  porque  ymd.  si  que  es  aquello  que  se  Ilama  un 
pozo  de  ciencia,  Por  cierto ,  replicô  don  Alyaro ,  que  mi  énimo  no 
foé  buscarme  una  alabanza  tan  aguday  discreta;  pero  en  Terdad, 
sefiores ,  que  el  nombre  del  seftor  Gregorio  haré  gran  ruido  en 
el  mundo.  Yo,  dijo  don  Antonio,  lo  que  admiro  en  él ,  aun  mas 
que  su  ortografia,  es  el  acierto  en  la  deccion  de  las  personas 
con  quienes  trata.  En  lugar  de  buscar  comerciantes ,  solo  gusta 
de  tratar  con  caballeros,  sin  darsele  nada  de  lo  macho  que  esta 
comunicacion  le  ha  de  costar.  Tiene  unos  pensamientos  tan  nobles 
y  elevados ,  que  me  admiran.  Esto  es  lo  que  se  Hama  gastar  con 
buen  gusto  y  gran  discernimiento. 

A  estos  irônicos  discursos  se  siguièron  otros  muchos  *en  todo 
semejantes.  Burlàronse  completamente  del  pobre  Gregorio;  y  de 
cuando  en  cuando,  en  tono  de  elogios,  le  lanzaban  ciertas  pullas 
que  no  conocia  el  pobre  bobo  ;  antes  bien  todo  lo  convertis  en 
sustancia  tomando  al  pié  de  la  letra  cuanto  le  decian ,  y  se  mos- 


LIBRO  TERCERO.  129 

traba  miiy  satisfecho  de  sus  taimados  huéspedes,  creyendo  le  har 
dan  macho  fayor,  siendo  asl  que  se  mofoban  de  èl.  En  fin,  fué  el 
hazmereir  miéntras  la  comida,  y  aun  todo  el  resto  del  dia  y  de  la 
noche,  porque  toda  la  pasàron  los  seftores  mios  en  aquella  direr- 
mtL  Nosotros  bebimos  à  discrecion ,  ni  mas  ni  mënos  que  nues- 
Iras  aoios,  y  todos  estabamos  bien  compuestos  cuando  salimos 
de  a.w  àA  aeftor  Gregorio. 

^  CAPITULO  V. 

Vëse  en  Bias  de  repente  en  lances  de  amor  oon  una  hermosa  desconocida. 

Despues  de  haber  dormido  algunas  horas ,  me  levante  de  buen 
humor,  y  acordàndome  del  consejo  que  me  habia  dado  Melendez, 
fui  miéntras  despertaba  el  amo  à  hacer  la  corte  al  mayordomo ,  é 
cuya  yanidad  me  pareciô  halagaba  el  cuidado  que  yo  ponia  en  ren- 
dirle  mis  obsequios.  Recibiôme  con  mucho  agrado,  y  me  preguntô 
si  me  acomodaba  bien  la  yida  que  bacian  los  seftores.  Respondile 
que ,  aunque  era  nueya  para  mi,  no  desconfiaba de  hacerme  à  ella 
Gon  el  tiempo. 

Eféctiyamente  foé  asi ,  porque  tardé  muy  poco  en  acostum- 
brarme.  De  reposado  y  juicioso  que  antes  era,  pasé  de  repente  à 
ser  yiyaracho,  atolondrado  y  zumbon.  Diôme  la  enhorabuena  de 
mi  trasformacion  el  criado  de  don  Antonio  ;  y  me  dijo  que  para 
ser  hombre  ilustre  no  me  faltaba  mas  que  tener  lances  amorosos. 
Representôme  que  esta  era  una  cosa  absolutamentenecesaria  para 
formar  un  jôyen  completo  ;  que  todos  nuestros  camaradas  eran 
amados  de  alguna  persona  linda,  y  que  él  tenia  la  fortuna  de  que 
le  mirasen  con  buenos  ojos  dos  seftoras  de  distincion.  Crei  que 
mentia  aquel  bellaco ,  y  le  dije  :  Âmigo  Mogicon ,  no  se  puede 
negar  que  ères  buen  mozo  y  agudo  ;  pero  no  alcanzo  como  han 
podido  prendarse  de  un  hombre  de  tu  condicion  dos  seftoras  dis- 
tinguidas ,  en  cuya  casa  no  estas.  ;  Gran  dificultad  por  cierto  !  res- 
pondiô  Mogicon  :  ellas  ni  aun  siquiera  saben  quieu  yo  soy.  Estas 
conquistas  las  he  hecho  usando  de  los  yestidos  de  mi  amo ,  y  la 
cosa  pasô  de  esta  suerte.  Yestime  de  seftor ,  imité  bien  los  modales 
de  ta! ,  y  fiiime  al  paseo.  Hice  gestos  y  cortesias  a  todas  las  que 
encontraba ,  hasta  que  tropezé  cou  una  que  correspondiô  à  mis 
expresiyas  muecas.  Seguila,  y  logré  tambien  hablarle.  Tome  el 
nombre  de  don  Antonio  Centelles  :  pedi  una  cita ,  hizo  algunos  es^ 
guinces ,  insté ,  conyino  al  fin  en  ello ,  etc.  Hijo  mio ,  asi  me  lie 
gobernado  yo  para  lograr  taies  fortunas  ;  y  si  tù  las  quieres  tener , 
signe  mi  ejemplo. 

Era  mucha  la  gana  que  yo  tenia  de  hacerme  hombre  ilustre 
para  que  dejase  de  poner  en  pràctica  este  consejo ,  y  mas  cuando 

9 


130  GIL  BLAS. 

tampoco  sentia  en  ml  gran  repugnancia  en  teotar  alguna  empresa 
de  amor.ResoIvi,  pnes,  disfrazarme  de  sefior  para  buscar  amorosas 
aventuras.  No  quise  Testirme  en  nuestracasa  parque  no  se  advir- 
tiese  ;  pero  escogl  en  el  guardaropa  el  mejor  yestido  de  mi  amo  y 
hice  un  paquete ,  y  Ueyéle  à  casa  de  cierto  barberillo  amigo  mio, 
donde  podia  disfirazarme  libremente.  Yestime  alli  lo  mejor  ^^ 
pude,  ayudândome  el  barbero  ;  y  cuando  nos  parecîô  que  ^a  no 
cabia  mas ,  me  encaminë  hàcia  el  prado  de  San  Gerônimo ,  de 
donde  estaba  bien  persuadido  &  que  no  voWeria  sin  haber  eiicon- 
trado  alguna  fortuna;  pero  no  tuve  necesidad  de  ir  tanlégos  ^«ira 
hallar  una  de  las  mas  brillantes. 

Al  atrayesar  una  calle  excusada  vi  salir  de  una  casa  pequefia  y 
entrar  en  un  coche  que  estaba  â  la  puerta  una  seâora  ricamente 
Testida  y  muy  hermosa.  Paréme  k  mirarla ,  y  la  saludé  de  manera 
que  pudo  bien  conocer  que  no  me  habiadisgustado ,  y  ella  por  si 
me  hizo  ver  que  merecia  mi  atencion  mas  de  lo  que  yo  pensaba , 
porque  levante  disimuladamente  el  vélo ,  y  descubriô  un  momento 
la  cara  mas  linda  y  graciosa  del  mundo.  Fuëse  en  esto  el  coche, 
y  yo  quedé  en  la  calle  sorprendido  de  aquella  aparicion.  ;  Oh ,  que 
hermosura!  me  decia  yo  à  mi  mismo.  jCaspita!  No  me  falt^a 
otra  cosa  para  acabar  de  irastornarme.  Si  las  dos  sefioras  que 
aman  à  Mogicon  son  tan  hermosas  como  esta ,  digo  que  es  el 
ganapan  mas  dichoso  de  todos  los  ganapanes.  Estaria  yo  loco  con 
mi  suerte  si  mereciese  servir  â  una  dama  como  esta.  Miéntras  hacia 
estas  reflexiones  voivi  casualmente  los  ojos  hàcia  la  casa  de  donde 
habia  yisto  salir  à  aquella  linda  persona ,  y  vi  asomada  à  la  reja 
de  un  cuarto  bajo  à  una  vieja,  que  me  hizo  sefias  de  que  entrase. 

Fui  volando  à  la  casa,  y  en  una  sala  muy  decentemente  amue- 
blada  encontre  à  la  venerable  y  disimulada  vieja,  que,  teniéndome 
cuando  ménos  por  algun  marques ,  me  saludô  con  mucho  res- 
peto  y  me  dijo  :  Sin  duda,  seûor ,  que  Y.  S.  habrà  formado  mal 
juicio  de  una  muger  que ,  sin  tener  el  honor  de  conoccrie ,  le  ha 
hecho  seftal  para  que  entrase  en  su  casa  ;  pero  juzgarà  mas  favo- 
rablemente  de  mi  cuando  sepa  que  no  lo  hago  asi  con  todos ,  y 
que  V.  S.  me  parece  algun  seftor  de  la  corte.  No  se  engafta  vmd., 
amiga ,  le  interrumpi ,  avanzando  la  pierna  derecha  y  ladeando 
un  poco  el  cuerpo  sobre  el  costado  izquierdo.  Soy ,  sin  vanidad  , 
de  una  de  las  mejores  casas  de  Espaiïa.  Bien  se  conoce ,  prosiguiô 
la  vieja ,  y  à  cien  léguas  se  echa  de  ver.  Yo ,  seftor ,  tengo  gran 
gusto ,  lo  confieso ,  en  servir  de  algo  à  las  personas  de  circuns- 
tancias ,  y  este  es  mi  flaco.  Habiendo  observado  desde  mi  reja 
que  Y.  S.  miraba  con  mucha  atencion  à  aquella  seftora  que  acaba 
de  salir  de  aqui ,  me  atrevo  à  suplicarle  me  diga  con  toda  con- 
fianza  si  le  ha  gustado.  Me  ha  gustado  tanto ,  le  respondi ,  que  à 
fe  de  caballero  os  aseguro  no  he  visto  en  mi  vida  criatura  màs  sa- 
laria. Asi ,  pues ,  madré  mia ,  haced  que  ella  y  yo  nos  veamos  i 


LIBRO  TERCERO.  131 

solas ,  y  oontad  con  mi  agradecimiento.  Este  es  aco  de  aqaellos 
servicios  que  nosotros  los  grandes  seflores  nonca  pagamosmal. 

Ya  he  dicho  à  V.  S. ,  replicô  la  yieja ,  que  tod»  yo  estoy  dedi- 
cada  à  serTÎr  à  personas  de  distincion ,  y  que  mi  mayor  gusto 
es  poderks  ser  util  en  alguna  cosa.  Por  ejemplo ,  yo  recibo  en 
mi  casa  ciertas  mugeres ,  à  quienes  el  concepto  en  que  estan  de 
bonestas  y  virtuosas  no  les  permite  admitir  en  la  suya  corte- 
jantes ,  y  les  ofirezco  la  mia  para  que  puedan  conciliar  en  ella  su 
inclinacion  con  la  decencia  exterior.  ;  Bellamente  !  le  respond!,  y 
es  mny  yerosimil  que  vmd.  acabe  de  hacer  este  serricio  é  esa 
dama  de  quien  estamos  hablando.  No  por  cierto ,  repuso  ella , 
esa  es  una  seilora  yiuda  y  moza,  que  desea  tener  un  amante  ; 
pero  es  de  un  gusto  tan  delicado  en  este  particular,  que  no  se 
si  encontrarà  en  y«  S.  lo  que  busca,  aunque  seaun  seûor,  à  lo 
que  parece ,  de  gran  mërito.  Très  caballeros  le  he  {«esentado  » 
todos  très  à  cual  mas  galan  y  mas  airoso  ;  y  sin  embargo  ninguno 
le  ha  contentado,  despidîéndolos  à  todos  con  desden.  ;  Oh  madre  ! 
exclamé  yo  con  cierto  aire  de  confianza ,  eso  à  mi  no  me  acobarda  : 
disponed  que  yo  le  hable ,  y  os  doy  mi  palabra  que  presto  os  darè 
bnena  cuenta  de  ella.  Tengo  deseo  de  vcrme  à  solas  con  una  her- 
mosura  esquiva ,  porque  hasta  ahora  ninguna  he  tropezado  de 
esa  especie.  Pues  bien,  repuso  la  vieja,  yenga  Y.  S.  mafiana  à 
esta  misma  hora,  y  satisfarà  ese  deseo.  No  foltarè,  respondi;  y 
verémos  si  un  caballero  mozo  y  gallardo  pierde  esa  conquista. 

Yolyi  à  casa  del  barfoerillo  sin  empeûarme  en  buscar  otras 
ayenturas  hasta  yer  el  éxito  delà  présente.  £1  siguiente  dia,  des- 
pnes  de  haberme  yestido  i  lo  seftor,  fui  â  casa  de  la  yieja  una 
faora  entes  de  la  que  ella  me  faabia  sefialado.  Sefior,  me  dijo, 
Y.  S.  ha  venido  muy  pootnal  ^  à  lo  que  le  estoy  yerdaderamente 
agradecida;  aunque  es  yerdad  queel  motiyo  lo  mereoe  bien.  He 
yisto  à  nuestra  yiudica ,  y  las  dos  hemos  habiado  mucho  de  Y.  S. 
Encargôme  que  nada  le  dijese  de  este;  pero  he  cobrado  tanto 
amor  à  Y.  S.  que  no  puedo  mènos  de  decirle  que  ha  quedado 
mny  prendada  de  su  persona ,  y  que  sera  un  seflor  afortunado. 
Hablando  aqui  entre  los  dos ,  la  tal  yiudica  es  un  bocado  muy 
apetitoso.  Su  marido  yiyiô  poco  tiempo  cou  ella;  fixé  un  relâtn** 
pago  su  matrimonio,  y  se  puede  dedr  que  casi  tiene  el  mërito  de 
una  doncella.  Sin  duda  que  la  buena  yieja  queria  bablar  de 
aquellas  doncellas  putatiyas  que  saben  viy  ir  en  el  ceKbato  sin  echar 
nada  de  mënos. 

Tardô  poco  nuestra  heroina  en  Uegar  à  casa  de  la  yieja  en 
codie  de  alquiler  como  el  dia  anterior,  pero  yestida  con  ricas 
galas.  Luego  que  se  dejô  yer  en  la  sala,  sali  al  encuentro,  dando 
principio  à  mi  papel  por  cinco  6  seis  profnndas  cortesias  i  lo  ele- 
gante ,  acompaftadas  de  garbosas  contorsiones.  Acercàndome  des- 
pues  k  ella  con  mucha  femiliaridàd ,  le  dije  :  Beina  mia ,  aqui 


132  GIL  BLAS. 

tiene  vmd.  à  sus  pies,  en  este  caballerito  mozo ,  ana  de  las  mas 
dinciles  conquistas  ;  pero  desde  que  toye  ayer  la  dicha  de  ver 
esos  beOos  ojos ,  astros  del  mas  hermoso  cielo,  ni  an  solo  ins- 
tante se  ha  borrado  de  mi  imaginacion  el  yivo  retrato  de  tan 
perfecto  original,  de  modo  que  enteramente  ofusco  el  de  cierta 
duquesa  que  ya  comenzaba  é  poseer  mi  corazon.  Sin  duda,  res- 
pondiô  eUa ,  quitàndose  el  Telo,  que  el  triunfo  es  muy  glorioso 
para  mi  ;  mas  ni  por  eso  es  muy  pura  mi  alegria ,  porque  un 
seflorito  de  vuestra  edad  es  naturalmente  inclinado  à  la  va- 
riedad  y  à  la  mudanza,  siendo  tan  dificultoso  de  fijar  como  el 
azogue  6  el  espiritu  rolétil.  Reina  mia ,  le  répliqué ,  si  é  vmd. 
le  place ,  dejemos  à  un  lado  lo  futuro ,  y  pensemos  solo  en  lo 
présente.  Ymd.  es  bella ,  yo  la  amo ,  embarquémonos  sin  re- 
flexion ,  como  lo  hacen  los  marineros  ;  no  miremos  à  los  peli- 
gros  de  la  nayegacion;  (longamossolamentelos  ojos  en  los  pla- 
ceres  que  la  acompaâan. 

INciendo  esto  me  arrojé  precipitadamente  à  los  pies  de  mi 
ninfa ,  y  para  imitar  mejor  é  los  elegantes ,  le  supliquë  y  ann  im- 
portuné de  un  modo  urgente  que  me  hiciese  fcliz.  Pareciôme 
algun  tanto  conmoyida  con  mis  instandas  ;  pero  juzgando  sin 
duda  que  aun  no  era  tiempo  de  accéder  à  ellas ,  me  idejô  de  si 
con  cierto  cariAoso  enojo  diciéndome  :  Deténgase  Y.  S.,  que  me 
parece  un  poco  atreyido ,  y  me  temo  que  sea  ann  mas  libertino. 
Que,  seftorita,  exclamé  yo,  ^serà  posible  que  ymd.  aborrezca  k 
un  hombre  à  quien  aman  las  mugeres  de  la  primera  tijera?  So- 
lamente  à  las  yulgares  y  aldeanas  parecen  mal  esas  tachas.  Eso 
ya  es  demasiado,  repuso  ella,  ya  no  puedo  mas,  y  asi  me  rindo 
à  razon  tan  poderosa.  Yeo  que  con  los  seflores  son  inâifles  los 
espantos  y  reparos  ;  es  preciso  que  una  pobre  muger  ande  la 
mitad  del  camino.  Yuestra  es  ya  la  yietoria,afiadi6  aparentando 
una  especie  de  yergûenza,  oomo  si  padeciera  mucho  su  pudor 
en  aquella  confesion.  Yos,  seûor,  me  habeis  inspirado  afectos 
que  jamas  he  sentido  por  nadie;  solo  me  felta  saber  quien  es 
Y.  S.  para  determinarme  à  escogerle  por  mi  amante.  Téngole 
por  un  sefior ,  y  por  un  seftor  de  nobles  y  honrados  pensamien- 
tos.  Con  todo  eso  no  estoy  muy  segura ,  y  aunque  me  confieso 
inclinada  é  su  persona ,  no  acabo  de  resolyerme  â  hacer  ûnico 
dueûo  de  mi  amor  y  de  mi  temura  à  un  desconocido. 

Acordéme  entônces  del  ingenioso  modo  con  que  el  criado  de 
don  Antonio  habia  salido  de  otro  apuro  semejante  ;  y  queriendo 
yo ,  à  ejemplo  suyo ,  ser  tenido  por  mi  amo ,  dije  à  mi  yiuda  : 
No  tongo  reparo  de  manifestaros  mi  nombre  y  apellido ,  pues 
no  es  tan  oscuro  que  me  ayergûenze  de  confesarlo.  ^Habeis 
oido  hablar  alguna  yez  de  don  Matias  de  Silya?  Si,  seftor,  res- 
pondiô  ella ,  y  aun  dire  tambien  que  en  cierta  ocasion  le  yi  en 
casa  de  una  amiga  mia.  Turbôme  un  poco ,  à  pesar  de  mi  des- 


LIBRO  TERCERO.  13a 

cara,  esta  inesperada  respuesta;  pero  serenéndome  al  punto,  y 
cobrando  aliento  para  salir  bien  de  aquel  barranco ,  prosegai 
didendo  :  Me  alegro ,  Angel  mio ,  de  que  conozcais  à  un  caba- 
Uero.^  à  quien...  tambien  conozco  yo  :  pues  sabed ,  ya  que  me- 
es  preciso  decirlo ,  que  los  dos  somos  de  una  misma  casa*  Su 
abndo  se  casé  con  la  cuAada  de  un  tio  de  mi  padre ,  y  asi-  so- 
moa,  como  yels^  parientes  bastante  cercanos.  Yo  me  llamo  don 
César,  y  soy  hijo  ùnico  del  ilustre  don  Fernando  de  Ribera, 
que  mnriô  quince  aûos  ha  en  una  batalla  que  se  diô  en  la  raya 
de  Portugal.  Fn6  una  accion  endiabladamente  Tiva ,  y  os  haria 
una  exacta  y  menuda  relacion  de  ella ,  pero  séria  malograr  los 
momentos  preciosos  que  el  amor  quiere  que  yo  emplee  en  cosas 
de  mayor  gusto. 

Bespues  de  esta  conyersacion  me  mostrè  mas  yivamente  en— 
cendido  y  apasionado  ;  pero  al  fin  todo  yino  é  parar  en  nada. 
Los  favores  que  mi  adorada  deidad  me  concediô  solo  sirviéron 
para  bacerme  saspirar  por  los  que  me  negô.  La  cruel  volviô  A 
meterae  en  su  coche ,  que  la  estaba  esperando  à  la  puerta.  Yô 
con  todo  eso  no  dejé  de  retirarme  muy  satisfedio  do  nri  buena 
fortuna ,  aunque  todavia  no  fuese  compléta  mi  yentura.  Si  no 
he  podido  hasta  ahora  lograr ,  me  decia  yo  à  mi  mismo ,  mas 
que  feyores  i  médias ,  sin  duda  es  porque ,  siendo  mi  princesa 
una  dama  tan  distinguida,  le  pareciô  quo  no  podia  ni  debia  ren- 
dirse  al  primer  ataque.  La  altiyez  de  su  nacimiento  retardé  mî 
dicha  ;  pero  esta  solo  se  diferirà  por  algunos  dias.  Verdad  es 
que  por  otra  parte  se  me  ofrecia  tambien  que  quizà  podia  ser 
una  de  las  chuscas  mas  ladinas  y  refinadas.  Con  todo  eso  me  in^ 
dinabaiyasà  mirar  la  cosa  por  la  mejor  parte  que  por  la  peor,. 
y  asi  me  mantuye  firme  enr  el  buen  concepto  que  habia  formada 
de  la*  dama«  Habiamos  quedado  de  acuerdo ,  cuando  nos  des^ 
pedfanos,  en  que  nos  yolyeriamos  à  yer  el  dia  siguiente  ;  y  con^ 
la  esperanza  de  estar  tan  yecino  al  colmo  de  mi»  deseos,  me* 
reereaba  yo  en  pensar  que  era  infolible  su  logro. 

Ocupado  de  tan  risueAos  pensamientos  llegué  é  casa  dèl  bar- 
bero.  Mudé  de  yestido  ,  y  fui  en  busca  de  mi  amo  >  que  sabia 
estaba  en  cierta  casa  de  juego.  Halléte  con  efecto  j'ugando,  y 
conoci  que  ganaba ,  porque  no  era  de  aquellos  jugadbres  ser^ 
nos  que  se  enriquecen  ô  arruinan  sin  mudar  dé  semblante.  Ift 
amo  era  burlon ,  y  aun  insolente  cuando  le  daba  biea;  pero  si 
perdia  no.  habia  quien  le  aguantase.  Leyantôse  muy  alegre  del 
juego  y  y  se  dirigiô  al  corrsd  de  lacaHe  del  Principe.  Seguile  hasta 
la  puerta  del  teatro ,  y  alli  me*  puso  en  la  mano  un  ducado ,  di- 
eiéndome  :  Toma-,  Gil  Bias ,  que  quiero  entres  à  la  parte  en  mi 
gananda.'Yete  à  diyertir  con  tus  amigos,  y  é  media  noche  iris 
a  buscarme  à  casa  de  Arsenia ,  donde  he  de  cenar  en  compafiia 
de  don  Alejo  Seguier.  Didendo  esto  entrése  en  el  teatro ,  y  yo 


134  GIL  BLAS. 

me  qaedé  discorriendo  en  que  gastar  mi  ducado  segon  la  intan- 
cioD  del  donador  ;  pero  tardé  poco  en  resolverme.  Presentoseme 
en  aquel  punto  Clarin,  criado  de  don  Alejo,  y  Ileyéle  conmigo 
à  la  primera  tabema ,  donde  esta\imos  bebiendo  y  divirtiéndonos 
hasta  media  noche.  Desde  alli  nos  fuimos  à  casa  de  Arsenia ,  donde 
Clarin  debia  tambien  hallarse ,  habî^dosele  dado  la  misma 
ôrden  que  à  mi.  Abriônos  la  puerta  un  lacayuelo ,  y  nos  hizo 
entrar  en  una  sala  baja ,  donde  estaban  dos  criadas ,  la  una  de 
Arsenia  y  la  otra  de  Florimunda ,  riëndose  ambas  à  carcajada 
tendida,  mièntras  sus  dos  amas  se  estaban  divirtiendo  en  el 
cuarto  principal  con  nuestros  amos. 

La  llegada  de  dos  mozos  de  buen  humor  que  salian  de  cenar 
bien  no  podia  desagradar  à  aquellas  damiselas ,  que  acababan 
tambien  de  acomodarse  oon  las  sobras  de  una  cena ,  y  cena  de 
comediantas.  Pero  ;  cual  fué  mi  admiraciop  cuando  en  una  de 
aquellas  criadas  reconoci  à  mi  viudita,  é  mi  adorable  Tîuda  que 
yo  habia  tenido  por  una  marquesa  6  condesa  !  Ella  tambien  me 
paredô  no  mènos  sorprendida  de  ver  à  su  querido  don  César  de 
Ribera  conyertido  de  elegante  en  lacayo.  Sin  embargo ,  nos  mi- 
rémos  uno  i  otro  sin  turbamos  ;  y  aun  nos  diô  à  entrambos  tal 
tentacion  de  risa ,  que  no  pudimos  reprimirla  ;  despues  de  lo 
cual  y  Laura ,  que  este  era  el  nombre  de  mi  princesa ,  retiràn- 
dome  é  parte ,  mièntras  Clarin  hablaba  con  la  compafiera ,  me 
alargô  con  gracia  la  mano ,  diciéndome  en  toz  baja  :  Tôquola 
i^md.y  seâor  don  César,  dejémonos  de  quejas,  y  en  tcz  de  ellas 
hagàmonos  amistosos  cumplimientos.  Ymd.  hizo  su  papel  à  las 
mil  maravillas,  y  yo  no  représenté  desgraciadamente  el  mio. 
^Qué  le  parece  del  lance?  lYaya  ;  confiese  vmd.  que  me  tuvo  por 
ima  de  aquellas  damas  que  à  veces  se  diyierten  en  imitar  à  las 
que  hacen  por  oficio  lo  que  ellas  por  burla.  Es  verdad ,  le  res- 
pondi;  pero ,  reina  mia,  seas  lo  que  fiieres,  sàbete  que  aun- 
que  he  mudado  de  forma  no  he  mudado  de  parecer.  Admite 
benignamente  mi  cariûo ,  y  permite  que  acabe  el  ayuda  de  càmara 
de  don  Matias  lo  que  tan  felizmente  comenzô  don  César  de 
Ribera.  Quita  alla ,  repuso  ella  :  ten  por  cierto  que  te  amo  mas 
en  tu  propio  original  que  en  el  retrato  de  otro.  Tù  ères  entre 
los  hombres  lo  mismo  que  yo  entre  las  mugeres  :  esta  es  la 
mayor  alabanza  que  puedo  darte.  Desde  este  mismo  punto  te 
recibo  en  el  numéro  de  mis  apasionados.  No  necesitamos  ya  de 
la  Tieja  para  nada  :  puedes  venir  aqui  con  libertad ,  porque 
nosotras  las  damas  de  teatro  vivimos  sin  sujecion  mezcladas  con 
los  hombres.  Convengo  en  que  esto  no  é  todos  parece  bien  ; 
pero  el  publico  se  rie ,  y  nuestro  oficio ,  como  tû  sabes ,  es  solo 
divertirle. . 

No  pasô  la  conyersacion  mas  adelante ,  porque  no  estabamos 
solos.   Hizose  general;   fué  viva,    alegre,   festiva  y  Ilena  de 


LIBRO  TERGERO.  135 

agodezas  y  de  equivocos  nada  dificOes  de  entender.  La  criada  de 
Arsenia ,  mi  adorada  Laara,  superô  à  todos  mostrando  mas  in- 
genio  y  mas  agudeza  que  yirtud.  Por  otra  parte  nuestros  amos 
y  las  comediaDtas  reian  arriba  tan  descompuestamente ,  que  se 
conocia  no  ser  su  conyersacion  mas  seria  ni  mas  circunspecta  que 
la  nuestra.  Si  se  bubieran  escrito  todas  las  bellas  cosas  que  se 
dijéron  aquella  noche  en  casa  de  Arsenia ,  creo  se  bnbiera  com- 
puesto  un  libro  muy  instructiyo  para  la  juyentud.  Miéntras  tanto 
Degô  la  bora  de  retirarse  cada  uno  à  su  casa;  quiero  decir 
que  ya  babia  amanecido ,  y  fùè  preciso  separarnos.  Clarin  sigui6 
4  don  Alejo ,  y  yo  me  retire  con  don  Matias.    . 


CAPITULO  VI. 

Oe  la  oonTersacion  de  algunos  senores  sobre  los  oomediantes  de  la  compania 
del  teatro  del  Principe. 

Al  mismo  tiempo  que  se  levantaba  mi  amo  de  la  cama,  re- 
cibiô  un  billete  de  don  Alejo  Seguier ,  en  que  decia  le  quedaba 
esperando  en  su  casa.  Pasémos  à  ella,  y  encontrémos  alli  al 
marques  de  Zeneie  y  à  otro  caballerito  de  buena  traza,  à  quien 
jro  nunca  babia  yisto.  Don  Matias  ,  dijo  Seguier  à  mi  amo  pre- 
sentindole  el  tal  caballerito ,  este  cabsdlero  es  don  Pompeyo  de 
Castro ,  mi  pariente.  Reside  en  la  corte  de  Portugal  casi  desde 
su  infoncia.  Ayer  nocbe  Ilegô  à  Madrid ,  y  maftana  se  restituye  à 
Lisboa.  No  nos  concede  mas  que  este  dia  para  gozar  de  su 
compaûia  y  conversacion.  Yo  quiero  aprovecbar  un  tiempo  tan 
predoso ,  y  para  bacerle  mas  grato  y  diyertido,  necesito  de  ti  y 
del  marques  de  Zenete.  Al  oir  esto ,  mi  amo  diô  un  estrecbisimo 
abrazo  al  pariente  de  don  Alejo ,  y  reciprocamente  se  bicièron 
grandes  cumplidos.  A  mi  me  agradô  mucbo  todo  lo  que  decia 
don  Pompeyo ,  y  desde  luego  biee  juicio  de  que  era  hombre  de 
entendimiento  sôlido ,  y  de  discemimiento  delicado. 

Comiéron  todos  en  casa  de  Seguier ,  y  despues  de  comer  se 
pusiéron  à  jugar  para  diyertir  el  tiempo  basta  la  bora  de  la 
comedia.  Entônces  fuëron  todos  al  teatro  del  Principe ,  donde 
se  representaba  la  nueya  tragedia  intitulada  :  La  reina  de  Car^ 
tago.  Acabada  la  representacion  yolyièron  juntos  à  cenar  donde 
hid>îan  comido ,  y  toda  la  conyersadon  se  la  lleyô  la  tragedia 
que  acababan  de  oir ,  y  los  actores  que  la  representàron.  En 
Goanto  al  drama,  dijo  don  Matias,  hago  poco  aprecio  de  él , 
porqne  encuentro  à  Enëas  mas  frio  è  insuiso  que  en  la  Eneida  ; 
pero  es  preciso  confésar  que  se  représenté  diyinamente.  Yeamos 
io  que  nos  dice  el  seftor  don  Pompeyo ,  porque  sospecbo  que 
no  se  ha  de  conformar  con  mi  sentir.  Seftores ,  respondiô  aquel 


136  GIL  BLÂS. 

cabaOero  sonriéndose ,  Teo  à  nstedes  tan  pegados  de  sas  actores^^ 
y  tan  hediizados  particolannente  de  sas  actrices ,  qae  no  me 
atrcTO  â  confesar  qoe  en  este  punto  no  concuerdan  nuestras 
opiniones.  Bien  dicho ,  interrompiô  burlàndose  don  Âlejo ,  por- 
que  aqui  séria  mal  recibida  la  Yuestra.  Haces  bien  en  respetar 
las  actrices  à  presencia  de  los  panegiristas  de  sa  repatacîon. 
Nosotros  Tivimos  y  bebemos  todos  los  dias  con  ellas  ;  somos 
defensores  del  primor  con  que  representan  ;  y  si  fuere  menester 
darémos  testimonio  de  ello.  No  lo  dudo,  interrumpiô  el  pariente, 
y  tambien  pudieran  ustedes  darlo  de  su  vida  y  costumbres , 
segunla  familiaridad  conque  me  parece  las  tratan. 

Sin  duda  que  seràn  mejores  vuestras  comediantas  de  Lisboa , 
dijo  entônces  zumbàndose  el  marques  de  Zenete.  Si ,  ciertamente, 
respondiô  don  Pompeyo,  yalen  algo  mas  que  las  de  Madrid  :  por 
lo  mënos  hay  algunas  en  quienes  no  se  nota  el  mas  minimo  de- 
fecto.  Esas  taies ,  replicô  el  marques ,  pueden  contar  con  vues- 
Iras  certificaciones.  Yo,  repuso  don  Pompeyo,  no  tengotrato 
alguno  con  ellas ,  ni  concurro  &  sus  reuniones  ;  y  asi  puedo 
juzgar  de  su  mèrito  sin  preocupacion  ni  parciaJidad.  Pero  de 
buena  fe ,  prosiguiô ,  ;  estais  yerdaderamente  persuadidos  de  que 
en  vuestro  teatro  teneis  una  compaftia  excelente?  No  pardiez,  res- 
pondiô el  marques ,  yo  solamente  defiendo  un  numéro  muy  corto 
de  los  actores  ,  y  echo  à  un  lado  à  todos  los  demas.  i  Pero  no 
me  negarèis  que  es  admirable  la  primera  dama  que  représenta 
el  papel  de  Dido  '  ?  ^  No  lo  représenta  con  toda  la  nobleza,  coa 
toda  la  magestad ,  y  con  todo  el  agrado  que  nos  figuramos  en 
aquella  desgraciada  reina?  ^  Y  no  habeis  admirado  el  arte  con 
que  interesa  al  espectador  en  sus  afectos,  haciéndole  sentir 
aquellos  mismos  moYimientos  diversos  que  exdtan  en  ella  las 
diferentes  pasiones?  Parece  que  se  arroba  6  que  se  exhala 
cuando  Uega  à  lo  mas  delicado  y  patètico  de  la  declamacion. 
ConTengOy  respondiô  don  Pompeyo ,  en  que  sabe  conmover  y 
entemecer;  esto  quiere  decir  que  représenta  bien,  pero  no 
que  carezca  de  defectos.  Dos  ô  très  cosas  me  chocàron  en  ella* 
Por  ejemplo  :  si  quiere  expresar  un  afecto  de  admiracion  ô  de 
sorpresa,  yuelye  y  reyuelye  aquellos  ojos  de  un  modo  tan 
violento  y  tan  fuerade  lo  natural,  que yerdaderamente  dice  muy 
mal  en  la  magestuosa  grayedad  de  una  princesa.  Aftàdese  à  esto 
que ,  con  engrosar  la  yoz ,  que  tiene  naturalmente  dulce  y  deli- 
cada ,  forma  un  sonido  bronco  bastante  desapacible.  Fuera  de 
eso  en  mas  de  un  Ingar  de  la  tragedia  hacia  ciertas  pausas  que 
alteraban  ù  ofuscaban  el  sentido ,  dando  motiyo  para  sospechar 

'  Era  una  cëlebre  actriz Uamada  Angela, que  tomô  el  sobrenombre  de  Dido^ 
por  lo  bien  que  deseropenô  muchas  veces  la  pieza  de  que  aqui  se  habla ,  corn- 
pue^  por  Guillen  de  Castro. 


LIBRO  TERCERO.  137 

que  no  comprendia  bien  aquello  mismo  qae  decia.  Sin  embargo 
€|iu»*o  mas  bien  saponer  que  estaba  distraida  que  acosarla  de 
fiadta  de  inteligencia. 

A  lo  que  yeo,  dijo  don  Matias  al  censor,  ;yo8  no  os  atreye- 
riais  à  componer  yersos  en  alabanza  de  nuestras  cômicas?  No 
digais  eso ,  respondiô  don  Pompeyo  ;  Antes  bien  descubro  en 
ellas  on  gran  tsdento  al  trayës  de  sas  defectos ,  y  aun  dire  que 
me  encantô  la  que  hizo  papel  de  criada  en  el  entremes.  i  Que 
naturalidad  la  suya  I  ]  con  que  gracia  se  presentô  en  las  tablas  ! 
Cuando  tiene  que  decir  algun  chiste ,  le  sazona  con  cierta  risita 
taSmada,  llena  de  mil  gracias,  que  le  afiaden  infinita  sal  \  Podrà 
quizA  notàrsele  de  que  alguna  yez  se  déjà  lleyar  algo  de  su 
yiyeza,  y  que  pasa  los  limites  de  un  desembarazo  comedido  ; 
pero  no  hemos  de  ser  tan  rigurosos.  Yo  solo  quisiera  se  cor- 
rtgiese  de  una  mala  costnmbre  que  ha  tornado.  Muchas  yeoes, 
en  medio  de  una  escena,  y  en  un  pasage  serio ,  interrompe  de 
improyiso  la  acdon  por  dejarse  Ileyar  de  una  loca  gana  de  reir 
que  le  da.  Diréseme  acaso  que  entàices  es  precisamente 
cuando  mas  la  aplauden  los  del  patio.  ]  Grande  aprobacion  por 
cierto! 

^Y  que  nos  dice  ymd.  de  los  comediantes?  interrumpiô  el 
marques  ;  sin  duda  que  contra  estos  dispararà  toda  su  artille- 
ria,  cuando  no  ha  perdonado  à  las  comediantas.  No  es  asi,  res- 
pondiô don  Pompeyo  ;  yi  algunos  actores  jôyenes  que  prometen 
macho  ;  sobre  todo  me  gustô  bastante  aquel  comediante  gordo 
que  hizo  el  papel  de  primer  ministro  de  Dido  '.  Recita  muy  na- 
turalmente,  y  asi  se  recita  en  Portugal.  Si  esos  le  contentâron  à 
ymd.  tanto,  dijo  Seguier,  habrà  qaedado  hechizado  del  que 
hizo  el  papel  de  Enéas.  ;No  le  pareciô  à  ymd.  un  gran  come- 
diante, un  actor  original?  Y  aun  demasiado  original,  respondiô 
el  censor ,  porque  tiene  tonos  que  son  priyatiyos  suyos  ;  por 
seftas  que  son  bien  agudos  y  bien  descompasados  ,  tanto  que 
casî  todos  salen  fuera  de  lo  natural.  Précipita  las  palabras  donde 
se  enderra  el  sentido ,  y  se  detiene  en  las  otras  que  no  contie- 
nen  alguno.  Tal  yez  hace  tambien  gran  esfiierzo  en  las  paras 
eonjanciones.  Diyirtiôme  mucho ,  con  especialidad  en  aquel  pa- 
sage en  que  explica  à  su  confidente  la  yiolencia  que  le  cuesta  la 
necesidad  de  abandonar  à  su  princesa.  No  es  £&cil  expresar  un 
dolor  mas  cômicamente.  Poco  &  poco,  primo,  replicô  don  Alejo, 
al  paso  que  yas ,  nos  haras  créer  que  aun  no  se  ha  introducido 
el  mejor  gusto  en  la  corte  de  Portugal.  ^Sabes  que  el  actor  de 
quien  se  trata  es  un  hombre  singular?  ^No  oistes  las  palmadas 

'  Prohablemeste  era  la  graciosa  Antonia  Infante,  no  me'nos  c(9ebre  en  su 
lînea  que  la  anterior. 
*  Debiô  ser  Sebastian  de  Prado,  actor  insigne  en  tiempo  de  Felipe  ly . 


1S8  GIL  BLAS. 

y  lo8  vivas  con  que  todos  le  aplaudiëron?  Todo  eso  prueba  qae 
DO  es  tan  malo  oomo  le  pintas.  Nada  prueban,  replied  don  Pom- 
peyOy  esas  palmadas  ni  esos  yiyas.  Dejemos  »  sefiores,  si  les 
place,  esos  aplausos  del  yulgo.  Frecuentemenie  los  da  may 
fiiera  de  tiempo  y  contra  toda  razon ,  y  por  lo  comun  aplaude 
mènos  el  verdadero  mérito  que  el  folso,  como  nos  lo  ensefta 
Fedro  por  medio  de  una  Câbula  ingeniosa.  Permitidme  que  os 
la  cuente. 

Jnntôse  en  una  gran  plaza  de  cierta  ciudad  todo  el  pueblo  para 
ver  las  habilidades  que  hacian  unos  charlatanes  titiriteros.  Entre 
eUos  babia  uno  que  se  Uevaba  los  aplausos  de  todos.  Estebufon, 
al  acabar  otros  varios  juegos  de  manos ,  quiso  cerrar  la  fundon 
dando  al  pueblo  un  espectâculo  nuevo.  Dejôse  ver  solo  en  el 
tablado,  cubriôse  la  cabeza  con  la  capa,  agachôse,  y  çomenzé  i 
remedar  el  gruftido  de  un  cochinillo ,  con  tanta  propiedad  que 
todos  creyéron  que  verdaderamente  tenia  escondido  debajo  de 
la  capa  algun  marranito  verdadero.  Comenzàron  todos  à  gritar 
que  se  quitase  la  capa,  hizolo  asi ,  y  viendo  que  no  tenia  cosa 
alguna  debajo  de  eUa ,  se  renovàron  los  aplausos  y  la  grande 
algazara  del  populacho.  Un  lugareûo  que  estaba  en  el  auditorio» 
chocàndole  mucho  aquellas  importunas  expresiones  de  necia  ad- 
miradon,  gritô  pidiendo  silencio,  y  dijo  :  Sefiores,  sin  razon  se 
admiran  ustedes  de  lo  que  hace  ese  bufon.  No  ha  hecfao  el  papel 
del  marranito  con  tanta  perfeccion  como  à  ustedes  les  pareoe. 
Yo  lo  se  hacer  mucho  mejor  que  el ,  y  si  alguno  lo  duda  no 
tiene  mas  que  concnrrir  à  este  sitio  maûana  à  la  misma  hora. 
£1  puebloy  preocupado  ya  en  favor  del  charlatan,  se  junto  al  dia 
siguiente  aun  en  mucho  mayor  numéro  que  el  anterior ,  mas 
para  silbar  al  paisano  que  por  divertirse  en  ver  lo  que  habia 
prometido.  Dejàronse  ver  en  el  teatro  los  dos  competidores.  Co- 
menzô  el  bufon  y  fué  mas  aplaudido  que  lo  habia  sido  nunca. 
Siguiôse  despues  el  labrador  :  agachôse  cubierto  oon  su  eapa , 
tirô  de  la  oreja  à  un  marranito  que  ilevaba  escondido  bajo  del 
brazo  ,  y  el  animalito  empezô  à  dar  unos  gruftidos  muy  agudos. 
Sin  embargo,  el  auditorio  dedarô  la  victoria  por  el  pantomimo, 
y  atolondrô  al  paisano  con  silbidos.  No  por  eso  se  turbô  ni  cor- 
riô  el  buen  lugarefto  ;  antes  bien ,  mostrando  el  kchoncillo  al  au- 
ditorio :  Senores,  dijo  con  mucha  socarroneria,  ustedes  no  me  kan 
stlbadod  mi  »  sino  al  marrano.  Miren  ahora  que  buenos  jueces  son* 

Primo ,  dijo  don  Alejo  ,  en  verdad  que  tu  fibula  pica  que 
rabia.  Con  todo  eso ,  à  pesar  de  tu  lechonciUo ,  nosotros  nos 
mantenemos  en  lo  dicho.  Mndemos  de  asunto,  prosiguiô,  porque 
este  ya  me  empalaga.  i  Con  que  tù  estas  resuelto  à  marchar  maftana, 
sin  hacer  caso  del  gran  gusto  que  tendria  yo  en  disCrutar  por 
mas  tiempo  de  tu  amable  compafiia?  Tambien  quisiera  yo,  res- 
pondiô  su  pariente ,  gozar  mas  despado  de  la  tuya ,  pero  no 


LIBRO  TERCERO.  139 

puedo.  Ya  te  dye  qae  vine  à  la  corte  &  cierto  negocio  de  estado. 
Ayer  hablë  ai  primer  ministro,  maftana  tengo  que  voWer  i  yerle, 
y  un  momento  despues  me  es  preciso  partir  en  posta  para  res- 
tiioirme  à  Lisboa.  Càtate  un  portugues  hecho  y  derecho,  replicè 
^^egnier  ,  y  segun  todas  las  sefias  nunca  vendras  à  establecerte 
en  Madrid.  Creo  que  no,  respondîô  donPompeyo.  Tengo  la  fortuna 
de  que  me  quiere  el  rey  de  Portugal,  y  estoy  bien  hallado  en  su 
corte;  pero  ;  créeras  tu  que,  no  obstante  la  bondad  con  que  me 
distingue ,  faltô  poco  para  que  saliese  desterrado  para  siempre 
de  sus  dofflinios?  ;Como  asi?  le  replicô  don  Alejo.  Cuénta- 
noslo  por  tu  vida.  Con  mucho  gusto ,  respondiô  don  Pompeyo , 
y  al  mismo  tiempo  os  contaré  tambien  la  historia  de  mis  su- 
cesos. 

CAPITULO  VII. 

Historia  de  don  Pompeyo  de  Castro. 

Ya  sabe  don  Alejo  ,  prosiguiô  don  Pompeyo  ,  que  desde  mis 
mas  tiemos  aftos  me  incliné  à  las  armas ,  y  como  en  Espa&a  go- 
zabamos  una  paz  octayiana ,  tome  el  partido  de  ir  à  Portugal. 
De  alli  pasé  à  Africa  con  el  duque  de  Braganza,  que  me  empleô 
en  su  ejèrdto.  Era  yo  un  segundo  de  los  mènos  ricos  de  Espa&a, 
lo  que  me  puso  en  precision  de  distinguirme  con  haza&as  que 
meredesen  la  atendon  del  generaL  Hice  mi  deber  de  modo  que 
el  duque  me  adelantô,  y  me  puso  en  parage  de  continuar  en  el  ser- 
Tido  con  bonor.  Despues  de  una  larga  guerra ,  cuyo  fin  no 
ignoran  ustedes,  me  dediqué  à  seguir  la  corte,  y  S.  M.,  por  los 
buenos  informes  que  di^on  de  mi  los  générales ,  me  gratified 
con  una  pension  considerable.  Agradecido  i  la  generosidad  del 
montfca,  no  perdi  ocasion  de  manifestar  mi  reoonocimiento. 
Poniame  en  su  presencia  à  aquellas  horas  en  que  era  permitido 
verle  y  bacerle  la  corte.  Por  esta  conducta  me  granjeé  insen- 
sibl^nente  su  estimadon ,  y  recil^i  nuevos  beneficios  de  su  be- 
nignidad. 

Un  dia  que  me  distingui  en  una  carrera  de  sortija  y  en  una 
corrida  de  toros  que  precediô  à  ella  ,  toda  lo  corte  aplaudiô  mi 
valor  y  mi  destreza  ;  y  cuando  yoIyi  i  casa  colmado  de  ada- 
maciones,  me  haUé  con  un  billete  en  que  se  me  decia  que  cierta 
dama,  cuya  conquista  medebia  lisonjear  mas  que  toda  la  gloria 
granjeada  en  aquel  dia ,  deseaba  hablarme  ;  y  que  para  esto  à  la 
entrada  de  la  noche  concurriese  à  derto  sitio  que  se  me  neùar- 
hba.  Diéme  mas  gusto  este  papel  que  todas  las  alabanzas  que 
habia  recibido,  no  dudando  fiiese  una  dama  de  la  primera  dis- 
tincion  la'  que  me  escribia.  Fâcilmente  creeràn  usiedes  que  no 


140  GIL  BLAS. 

XDéàeBCxûôk,  y  qae  apënas  anocheciôy  fdi  Tolando  al  parage  que 
86  me  habia  indicado.  Esperébame  en  ël  una  yieja  para  seirîrme 
de  gnia,  y  me  introdttjo  por  una  porteznela  en  el  jardin  de  una 
gran  casa»  donde  me  condujo  à  un  rioo  gabinete,  en  que  me  dejô 
enoerradOy  diciéndome  :  Strrase  Y.  S.  de  esperar  aqui  miéntras 
aTÎso  à  mi  ama.  Yi  mil  cosas  preciosisimas  en  aqnel  gabinete-, 
que  estaba  ilominado  con  gran  numéro  de  bujias ,  magnifioencia 
que  me  confirmé  en  el  conoepto  que  yo  baîbia  formado  de  la 
nobleza  de  aquella  dama.  Y  si  todo  lo  que  estaba  mirando  con- 
tribuia  à  ratificarme  en  que  no  podia  mènos  de  ser  aquella  una 
persona  de  la  mas  alta  ealidad ,  mucho  mas  me  confirmé  en  mi 
opinion  cuando  ella  se  dejô  yer  cou  un  aire  yerdaderamenle 
noble  y  magestuoso.  Sin  embargo  no  era  lo  que  yo  bsdiia  pensado. 

Caballero ,  me  dijo ,  à  irista  del  paso  que  acabo  de  dar  en 
Yuestro  feTor ,  séria  inùtil  querer  ocultaros  los  tiernos  afectos 
que  habeis  excitado  en  mi  corazon.  No  penseis  que  estos  me  los 
inspira  el  gran  mèrito  que  habeis  mostrado  hoy  i  yista  de  toda 
la  corte,  no  por  cierto  :  este  mérito  no  hizo  mas  que  predpitar 
su  maniféstacion.Os  he  yisto  mas  de  una  vez:  me  heinformado  de 
quien  sois ,  y  el  elogio  que  me  han  hecho  me  ha  determinado 
à  seguir  mi  inclinacion.  Pero  no  os  lisonjeis ,  prosîguiô  ella , 
creyendo  que  habeis  hecho  la  conquista  de  alguna  duquesa.  Yo 
no  soy  mas  que  la  yiuda  de  un  simple  oficial  de  guardias  del 
rey  :  lo  ùnico  que  puede  hacer  gloriosa  Tuestra  viotoria  es  la 
preferencia  que  os  doy  sobre  uno  de  los  mayores  seAores  del 
reino.  £1  duque  de  Almeida  me  ama,  y  haoe  cuanto  puede  para  ser 
correspondido  ;  pero  no  lo  consigue,  y  solo  admito  sus  obsequios 
por  yanidad. 

Aunque  estas  palabras  me  diéron  i  entender  que  trataba  con 
una  chusca  amiga  de  ayenturas  amorosas ,  no  dejè  de  mostrarme 
agradecido  à  mi  estrella  por  este  encuentro*  Dofta  Hortensia 
(  que  asi  se  llamaba  )  estaba  en  la  flor  de  su  juyentnd ,  y  su  ex- 
tremada  hermosura  me  encantaba.  Fuera  de  esto  me  ofrecia  so" 
duefto  de  un  corazon  que  se  negaba  à  las  pretensiones  de  un 
duque.  ;  Gran  triunfo  para  un  caballero  espaftol  !  Arrojéme  i  los 
pies  de  Hortensia  para  rendirle  gracias  por  sus  fayores.  Dijele 
cuanto  podia  decirle  un  hombre  apasionado ,  y  creo  que  quedà 
muy  satisfecha  de  las  yiyas  expresiones  con  que  le  asegurè  de  mi 
fidelidad  y  gratitud.  Separâmonos ,  quedando  ambos  los  mayores 
amigos  del  mundo ,  despues  de  haber  couTenidb  en  yernos  todas 
las  noches  que  no  pudiese  yenir  à  su  casa  el  duque ,  tomando 
ella  à  su  cargo  avisarme  muy  puntualmente.  Asi  lo  hizo,  y  yo 
yine  é  ser  el  Adonis  de  aquella  nueya  Yénus. 

Pero  los  placeres  de  esta  yida  duran  poco.  A  pesar  de  las 
precauciones  que  tomô  Hortensia  para  que  nuestra  amistad  no 
Hegase  à  noticia  de  mi  competidor ,  no  dejô  de  saber  este  todo 


LIBRO  TERCERO.  141 

lo  que  nos  impoitaba  tanto  que  ignorase*  Enterôle  de  eDo  ana 
criada  desoontenta  ;  y  aquel  seftor,  naturalmente  generoso,  pero 
altivo  y  zeloso  y  arrebatado,  se  indigna  sobremanera  de  mi  an- 
dacia.  La  ira  y  los  zelos  le  turbàron  la  razon ,  y  sigaieiido  solo 
lo  que  le  dictaba  sa  enojo,  determinô  tomar  yenganza  de  mi  de 
on  inodo  infome.  Una  noche  qae  estaba  yo  en  casa  de  Hortensia 
me  espéré  à  la  puerta  blsa.  del  jardin,  en  compaAia  de  sas  cria- 
dos  armados  todos  de  garrotes.  Laego  qae  sali  hizo  que  se  arro-* 
jasen  à  mi  aqaellos  canallas ,  y  les  mandô  me  matasen  à  palos. 

Dadle  faerte,  les  decia,  maera  à  garrotazos  ese  temerano; 
qne  oon  esta  infamia  qaiero  castigar  su  insolencia.  Apénas  dijo 
estas  palabras  cuando  todos  me  asaltâron  »  y  me  diéron  tantos 
palos  qae  me  dejéron  tendido  en  tierra  sin  sentido.  Retiràronse 
despues  con  su  amo ,  para  qoien  aquella  cruel  escena  habia  sido 
el  mas  divertido  espectàculo.  Permaneci  el  resto  de  la  noche 
ea  el  estado  en  que  me  dejâron ,  basta  que  al  romper  el  dia  pa- 
sàron  junto  é  mi  algunas  personas  que,  observando  que  todavia 
respiraba ,  tuyiëron  le  caridad  de  llevarme  é  casa  de  un  cinn 
jano.  Porfortuna  se  adyirtiô  que  no  eran  mortaleslos  golpes,  y 
toTe  tambien  la  de  caer  en  manos  de  un  hombre  hàbil  que  me 
corô  perfectamente  en  dos  meses.  Al  cabo  de  este  tiempo  yolyi 
à  presentarme  en  la  corte ,  donde  prosegoi  en  el  mismo  mëtodo 
que  entes;  pero  sin  yoWer  à  eatnar  en  casa  de  Hortensia,  la 
coal  tampoco  hizo  por  su  parte  diligenda  algona  para  que  nos 
rièsemos  ,  porque  à  este  solo  predo  le  habia  perdcmado  el  du- 
que  su  infidelidad. 

Como  todos  sabian  mi  ayentora ,  y  ninguno  me  tenia  por  co- 
barde,  se  admiraban  de  yerme  tan  sereno  como  si  no  hubiera 
redbido  la  menor  afrenta,  sin  saber  que  discurrir  de  mi  apa- 
rente  indiferenda.  Unos  creian  que,  à  pesar  de  mi  yalor,  la 
calidad  del  agresor  me  contenta  y  me  obligaba  é  tragarme  el 
uitrage  ;  y  otros  con  mayor  fundamento  no  se  fiaban  en  mi  si- 
lendo  ,  y  miraban  como  una  calma  engaftosa  la  sosegada  situa- 
don  que  aparentaba.  £1  rey  pens6 ,  como  estos ,  que  yo  no  era 
hombre  que  olyidase  un  agrayio  sin  tomar  satisfoccion  de  él ,  y 
que  no  dejaria  de  yengarme  cuando  encontrase  oportunidad. 
Para  ayeriguar  si  habia  adiyinado  mi  pensamiento ,  me  hizo  en- 
trar  un  dia  en  su  gabinete ,  y  me  dijo  :  Don  Pompeyo ,  ya  se  el 
iaoce  que  te  sucediô ,  y  confieso  que  estoy  admirado  de  yer  tu 
tranquÛidad.  Tu  ciertamente  maquinas  y  disimulas.  Seftor,  le  res- 
popdi ,  ignoro  qoien  pudo  ser  mi  ofensor ,  porque  me  acome- 
tièron  de  noche  unos  desconocidos ,  fué  una  desgracia  de  la  qae 
es  forzoso  consdarme.  No,  no,  replicô  el  rey;  no  pieuses 
alucinarme  con  esa  respuesta  poco  sincera:  estoy  infbrmado  de 
U)do  :  el  duque  de  Almeida  faé  el  que  mortalmente  te  ofendiô. 
Tu  ères  noble  y  EspaAol>  y  se  may  bien  à  lo  que  te  empeftan  esas 


142  GIL  BLAS. 

do8  drcoostandas.  Sin  duda  has  hecho  ànimo  de  vengarte ,  y 
qaiero  decisiyameiite  me  confieses  la  detennmacion  que  has  to- 
rnado ;  y  no  temas  qoe  llegue  jamas  el  caso  de  arrepenttrte  de  ha- 
berme  confiado  tu  secreto. 

Pues  ya  que  V.  M.  lo  manda ,  respond! ,  no  puedo  ménos  de 
manifestarle  con  toda  verdad  mi  pensamiento.  Si,  sefkMr ,  solo 
pienso  en  vengar  la  afrenta  que  he  recibido.  Todo  hombre  que 
ha  nacido  como  yo  es  responsable  de  su  honor  à  su  linage  y  à 
su  mismo  nacimiento.  Y.  M.  sabe  muy  bien  la  injuria  que  se  me 
ha  hecho,  y  yo  he  resuelto  asesinar  al  duque  de  un  modo  que  cor- 
responda  à  la  ofensa.  Le  sepultaré  un  puûal  en  el  pecho ,  6  le 
le^antaré  la  tapa  de  los  sesos  de  un  pistoletazo ,  y  me  refiigiaré 
en  Espafta ,  si  pudiere.  Tal  es ,  seâor,  mi  intencion.  A  la  ver- 
dad ,  repuso  el  rey,  me  parece  violenta  ;  pero  no  por  eso  me 
atreveré  à  condenarla ,  oonsiderada  la  cruel  airenta  que  te  hizo  el 
dnque.  Conozco  que  merece  el  castigo  que  le  tienes  dispuesto  ; 
pero  suspëndelo  por  un  poco ,  no  lo  pongas  en  ejecudon  tan 
presto:  dame  tiempo  para  pensar  y  encontrar  algun  medio  que 
os  esté  bien  à  los  dos.  ;  Ah  !  seftor,  exclamé  yo  no  sin  alguna 
conmocion,  pues  ^à  que  fin  me  obligô  V.  M.  à  descubrirle  mi 
secreto?  ;Qué  medio  puede  jamas?...  Si  no  encnentro  aignno  que 
te  dqe  satisfecho ,  interrumpiô  el  rey,  podràs  ejecutar  entônces 
lo  que  tienes  pensado.  No  pretendo  abusar  de  la  confiaaza  que 
me  has  hecho  ;  no  sacrificaré  tu  honor ,  y  en  esta  conformidad 
puedes  vivir  muy  tranquilo. 

Andaba  yo  discurriendo  que  mcdios  podia  bnscar  el  rey  para 
componer  amigablemente  este  negocio  ;  y  be  aqui  oomo  lo  dis- 
puso.llablô  à  solas  à  mi  enemigo,  y  le  dijo:  Duque,  tu  has  ofén* 
dido  i  don  Pompeyo  de  Castro  y  no  ignoras  que  es  un  caballcro 
ilustre,  à  quienyo  estimo ,  y  que  me  ha  servidobien.  Es  preciso 
le  des  satisfaccion.  Seûor,  respondiô  el  duque ,  no  se  la  negaré; 
si  esta  quejoso  de  mi  procéder ,  pronto  estoy  à  darlesatisEaùcdon 
cou  las  armas.  £s  muy  diferente  la  que  le  debes  dar ,  repli* 
cô  el  rey  :  un  Espafiol  noble  conoce  muy  bien  las  leyes  del  pundo- 
nor  para  querer  medir  su  espada  noblemente  con  un  cobarde 
asesino.  No  puedo  darte  otro  nombre ,  ni  tù  podràs  borrar  la 
bajeza  de  una  accion  tan  villana  sino  presentando  tu  mismo  un 
palo  à  tu  enemigo ,  y  ofrcciéndote  â  que  él  te  apalée  por  su 
mano.  ;  Santo  cielo  !  exclamé  mi  enemigo ,  pues  que ,  seflor , 
l  quiere  Y.  M.  que  un  hombre  de  mi  clase  se  degrade  y  humilie 
delante  de  un  caballero  particular  hasta  Uevar  con  paciendaal- 
gonos  palos  !  No  llegarà  ese  caso,  respondiô  el  rey  :  yo  obli- 
garé  à  don  Pompeyo  à  darme  palaJira  de  que  no  te  tocari  ;  solo 
exijo  le  pidas  perdon  de  tu  yiolencia  presentàndole  el  palo. 
Seftor,  replicô  el  duque ,  eso  es  pedirme  demasiado  «  y  prefiero 
el  quedar  expuesto  é  las  ocultas  asechanzas  de  su  enojo.  Apre- 


LIBRO  TERCERO.  143 

do  ta  vida ,  repuso  el  monarca ,  y  quisiera  que  este  asniito  no 
toriera  funestas  résultas.  Para  terminarlo  con  ménos  disgusto 
tnyo  y  sere  yo  solo  testigo  de  dicba  satisfaccion ,  que  te  mando 
des  al  espaftol. 

Neoesitô  el  rey  de  todo  su  poder  para  oonsegnir  que  el  du- 
que  se  sujetase  &  nn  paso  tan  humiliante  ;  pero  al  fin  lo  logrô. 
Enyiôme  despues  à  llamar,  y  contôme  la  conversacion  que 
habia  tenido  con  mi  enemigo ,  preguntàndome  al  mismo  tiempo 
si  me  contentaria  yo  con  la  satisfaccion  en  que  ambos  habian 
conrenido.  Respondile  que  si,  y  di  palabra  de  que,  lèjos  de 
ofenderle ,  ni  aun  siquiera  tomaria  en  la  mano  el  palo  que  me 
presentase.  Dispuestas  asi  las  cosas ,  concurrimos  el  duque  y  yo 
al  cnarto  del  rey,  en  cierto  dia  y  i  cierta  hora ,  y  S.  M.  se  cerrô 
con  nosotros  en  su  gabinete.  Ea,  dijo  al  primero,  conoced 
ruestra  falta,  y  mereced  el  perdon.  Diôme  entônces  sus  discul- 
pas mî  contrario  ,  y  presentôme  el  baston  que  tenia  en  la  mano. 
Tomad ,  don  Pompeyo ,  ese  baston ,  me  dijo  el  rey ,  y  no  os 
detenga  mi  presencia  para  tomar  venganza  de  vuestro  honor  ul- 
trajado.  Yo  os  levanto  la  palabra  que  disteis  de  no  maltratar 
al  duque.  No  seûor,  respond!,  basta  que  se  baya  sujetado  â  ser 
apaleado  por  mi  :  un  EspafloI  ofendido  no  pide  mayor  satisfaccion. 
FÎies  bien ,  repuso  el  rey ,  ya  que  los  dos  os  dais  por  satisfe- 
chos,  podréis  ahora  tomar  librementeel  partido  que  se  acostum- 
bra  entre  caballeros ,  segun  el  procéder  regular.  Medid  yuestras 
espadas  para  terminar  el  duelo.  Eso  es  lo  que  yo  deseo  vira- 
mente ,  dijo  cl  duque  con  toz  alterada  y  descompuesta ,  porque 
solo  eso  es  capaz  de  consolarme  del  yergonzoso  paso  qu!e 
acabo  de  dar. 

Dichas  estabras  palabras  se  retiré  colérico  y  abochomado ,  y 
dos  horas  despues  me  enyiô  â  decir  que  me  esperaba  en  cierto 
sitio  retirado.  Acudi  alla,  y  le  encontre  dispuesto  â  reflir  en 
forma.  Tenia  unos  cuarenta  y  cinco  aflos ,  y  no  le  iahaba  4es- 
treza  ni  yalor  ;  pudiéndose  decir  con  yerdad  que  era  igual  el 
partido.  Venid ,  don  Pompeyo  ,  me  dijo  ,  y  terminemos  de  una 
Tez  nuestras  contiendas.  Dno  y  otro  debemos  estar  airados ,  vos 
por  el  modo  coa  que  os  traié ,  y  yo  por  haberos  pedido  peN- 
don.  Diciendo  esto  echo  prccipîtadamente  mano  à  la  espada ,  y 
tanto ,  que  no  me  dîô  tiempo  para  responderle.  Tirôme  dos  é 
très  estocadas  con  la  mayor  presteza,  pero  ture  la  fortuna  de 
parar  los  golpes.  Acometiïe  despues,  y  conoci  que  reflia  con  on 
hombre  tan  diestro  en  defenderse  como  en  acometer ,  y  no  se 
lo  que  hubiera  sido  de  mi  à  no  haber  tropezado  èl  y  caido  de 
espaldas  cuando  se  defendia  retiràndose.  DetÙYcme  asi  queleyf 
en  tierra  ,  y  le  dije  se  leyantase.  i  Por  que  razonme  perdonais? 
me  preguntô.  Me  ofende  mucbo  esa  piadosa  generosidad.  Tam- 
bien  quedaria  muy  obscurecida  mi  gloria,  le  respond!  yo ,  si 


144  GIL  BLAS. 

qnisiera  aproTedianne  de  Toestra  desgracia.  LeTantaos ,  vuelvo 
é  dedr ,  y  prosigamos  niiestro  daelo. 

No  y  don  PompeyOy  me  dijo  miéntras  se  iba  IcTantando,  & 
yista  de  un  rasgo  tan  noble  no  me  pennite  mi  bonor  empufiar 
h  espada  contra  yos.  iQoé  diria  el  mnndo  de  mi  si  tuviera  la 
fiitalidad  de  pasaros  el  pecho  ?  Tendriame  por  nn  rain  cobarde 
si  quitaba  la  vida  à  qnien  pudo  darme  la  moerte.  No  puedo , 
pueSy  annarme  contra  yaestra  vida;  antes  bien  mi  gratitad  ha 
convertido  en  dulces  y  amorosos  afectos  los  furiosos  movimien- 
tos  que  agitaban  mi  corazon.  Don  Pompeyo  ,  continué ,  cese- 
mos  ya  de  aborreceraos  ;  poco  dije  :  seamos  amigos.  i  Ah  se- 
fior,  exdamë  yo  ,  y  con  que  placer  acepto  una  propuesta  tan 
gustosa  !  Desde  este  instante  os  juro  unasincerisima  amistad ,  y 
para  daros  desde  luego  la  prueba  mas  positiva  de  ella,  os  pro- 
meto  no  poner  mas  los  pies  en  casa  de  doua  Hortensia ,  aun 
cuando  eUa  lo  deseara.  No  admito  la  promesa,  dijo  èl  »  antes 
bien  quiero  cederos  esta  se&ora  :  es  mas  razon  que  yo  os  la 
dejcy  puesto  que  su  inclinacion  à  vos  es  natural  en  ella.  No,  no, 
le  interrumpi  ;  vos  la  amais,  y  los  fovores  que  me  hicîese 
podrian  inquietaros;  y  asi  quiero  sacrificarla  à  vuestrapaz  y 
quietud.  jOh,  insigne  Espaûol ,  lleno  todo  de  nobleza  y  generosi- 
dad  !  exclam6  arrebatado  el  duque ,  y  estrechàndome  entre  sus 
brazos  :  me  encanta  vuestro  modo  de  pensar.  i  Oh ,  y  que  re- 
mordimientos  siento  al  oirlo  !  ;  Con  que  dolor,  y  con  cuanta  ver- 
gûenza  se  me  présenta  à  la  memoria  el  ultrsge  que  os  hice  !  Pa- 
réceme  ahora  muy  ligera  la  satisfiaiccion  que  os  di  en  el  gabinete 
del  rey,  Quiero  repararla  de  un  modo  mas  publico  ;  y  para 
borrar  enteramente  la  infomia  ,  os  ofrezco  una  sobrina  mia,  de 
cuya  mano  puedo  disponer:  es  una  heredera  rica,  que  aun  no 
ha  cumplido  quince  afios ,  y  todavia  mas  hermosa  que  jôven. 

Di  al  duque  todas  aquellas  gracias  que  me  podia  inspirar  el 
hoior  de  enlazarme  con  su  familia  ;  y  pocos  dias  despues  me 
casé  con  su  sobrina.  Toda  la  corte  se  congratulé  con  aquel  per- 
sonage, por  baber  labradolafortuna  de  un  caballero  à  quien  habia 
cubierto  de  ignominia  ;  y  mis  amigos  se  alegràron  conmigo  del 
feliz  desenlace  de  una  aventura  que  prometia  un  término  mas 
triste.  Desde  entônces  acà,  seftores  mios,  vivo  con  el  mayor  gusto 
en  Lisboa.  Mi  esposa  me  ama,  y  yo  la  amo.  Su  tio  me  da  cada 
dia  nuevas  pruebas  de  su  amistad  ;  y  puedo  preciarme  de  que 
merezco  un  buen  concepto  al  rey ,  y  prueba  de  su  estimacion 
es  la  importancia  de!  négocio  que  de  su  ôrden  me  ha  traido  â 
Madrid. 


LIBRO  TERCERO.  145 

CAPITULO  VIII. 

For  qaé  accidente  se  re  precisado  Gil  Bias  i  buscar  nuero  aoomodo. 

Esta  filé  la  historia  que  contô  don  Pompeyo ,  y  qae  oimos  el 
oiado  de  don  Alejo  y  yo,  aanque  nos  mandàron  que  nos  reti- 
rasemos  antes  que  la  principiase.  Hicimoslo  esi  ;  pero  nos  que- 
dimos  à  la  puerta  de  la  sala,  que  de  propôsito  dejémos  entor- 
uada,  y  pudimos  oir  todo  lo  que  dijo  sin  perder  una  sola  palabra. 
Prosiguiéron  despues  bebiendo  aqueUos  seftores;  y  se  separàron 
antes  del  dia,  porque  como  don  Pompeyo  habia  de  hablar  por 
la  maflana  al  ministro»  era  razon  que  le  diesen  tiempo  de  repo- 
sar  algun  tanto.  £1  marques  de  Zenete  y  mi  amo  se  despidiéron 
de  aquel  caballero,  abrazàndole  y  dejàndole  con  su  pariente. 

Nosotros  por  esta  vez  nos  acostémos  al  amanecer  ;  y  al  dia 
siguiente  mi  amo  me  bonrô  dàndome  otro  nuevo  empleo.  Gil 
Bias,  me  dijo,  toma  papel,  tinta  y  pluma  para  escribir  dos  6  très 
cartas  que  quiero  dictarte,  pues  te  hago  mi  secretario.  i  Brayo  I 
dije  entre  mi  :  esto  se  Dama  acrecentamiento  de  encargos.  Lacayo 
para  ir  detras  de  mi  amo  à  todas  partes,  ayuda  de  càmara  para 
ayudarle  à  yestir,  y  secretario  para  escribirle  las  cartas,  dictàn- 
domelas  su  seûoria.  £1  cielo  sea  loado  por  todo.  Yoy ,  como 
la  triforme  Hécate  ^ ,  à  representar  très  muy  distintos  personages. 
Tu  no  sabes ,  prosiguiô  mi  amo ,  que  fin  îleyo  en  escribir  estas 
cartas.  Yoy  à  decirtelo  ;  pero  se  callado ,  porque  te  va  la  vida 
en  eOo.  À  cada  paso  tropiezo  con  gentes  que  me  apestan  ala- 
bàndose  de  sus  felioes  galanteos ,  y  yo  quiero  sobrepujar  à  su 
Tanidad  ;  para  k)  que  he  pensado  llevar  siempre  en  el  bolsillo 
varios  billetes  fingidos  de  diferentes  damas ,  y  leérselos  cuando 
ellos  hagan  necio  alarde  de  sus  triunfos.  Esto  me  divertira  un 
rato ,  y  seré  mas  dichoso  que  todos  mis  compafleros ,  porque 
ellos  solicitan  esas  fortunas  solo  por  tener  el  gusto  de  publî- 
carias,  y  yo  tendre  el  gusto  de  referirlas  sin  los  malos  ratos  que 
trae  consigo  el  pretenderlas.  Pero  tu,  afladiô,  procura  desfigurar 
tu  letra ,  mudando  la  forma  de  manera  que  los  papeles  no  pa- 
rezcan  escritos  de  una  misma  mano. 

Tome,  pues,  pluma,  tinta  y  papel  para  obedecer  i  don  Matias, 
quien  me  dicté  un  bSlete  en  los  térmînos  siguientes  :  Anoehe 
faUdile  d  tu  palabrOj  ytwîe  defàste  ver  en  el  sitio  cancerlado.  ;  Ah 
don  Maiias!  no  se  que  podrds  decir  para  disculparte.  Grande  ha 
iido  mi  error  ;  pero  bien  has  casligado  nù  vanidad  y  la  Ugeteza  con  que 

'  Fingpn  unoa  poetas  à  esta  divinidad  con  très  cabczas  de  muger;  y  otro» 
COQ  una  de  caballo,  una  de  perro  y  otra  de  jabali. 

AO 


14C  GIL  BLAS. 

creia  yo  que  todas  las  dwernone$,  y  aun  todoi  lot  negocio$  del  mando 
debian  ceder  algtuto  de  ver  d  dona  Clara  de  Men doza.  Despues  de 
este  billete  ine  hizo  escribir  otro  como  de  uoa  dama  que  posponia  a 
an  gran  seftor  por  amor  é  sa  persona  ;  y  otro  en  fin  en  el  coalotra 
dama  le  decia  que,  si  estUYiera  segura  de  sa  discreciôn,  barian  juntos 
el  Yiage  de  Citerea  '.  No  contentindose  con  haoenne  escribir 
unos  billetes  tan  beBos ,  me  obligaba  i  que  los  firmase  con  el 
nombre  de  varias  seftoras  muy  distingnidas.  No  pade  mènos  de 
dedrle  qae  la  cosa  me  parecia  demasiadamente  delicada  ;  pero 
me  respondiô  secamente  que  nanca  me  metiese  en  darle  consejos 
miéntras  no  me  los  pidiera.  Yime  precisado  à  callar  y  obede- 
cerle.  Acabôse  de  vestir,  ayadéndole  yo  :  metiô  los  bflletes  en 
el  bolsillo,  y  saliô  de  casa.  Segaile ,  y  foimos  à  la  de  don  Joan 
de  Moncada,  que  tenia  conyidados  aquel  dia  à  cinco  6  seis  caba- 
lleros  amigos  sayos. 

Hubo  ana  gran  comida,  y  reinô  en  toda  ella  la  alegria,  que  es 
la  saba  mejor  de  los  banquetes.  Todos  los  conyidados  contri- 
buyèron  à  mantener  diyertida  la  conyersacion,  unos  con  cbistes, 
y  otros  contando  ayentoras  qae  eUos  decian  haberles  sacedido. 
No  malogrô  mi  amo  tan  feyorable  ocasion  de  hacer  Incir  los 
papeles  amorosos  qae  me  habia  hecho  escribir.  Ley6los  en  alta 
yoz  y  en  tono  tan  natural ,  que ,  i  excepcion  de  su  secretario , 
todos  los  demas  pudiéron  tenerlos  por  muy  yerdaderos.  Entre 
los  caballeros  que  se  ballàron  présentes  à  tan  descarada  lectura, 
habia  uno  que  se  llamaba  don  Lope  de  Yelasco ,  hombre  graye 
y  de  juicio,  el  cual,  en  yez  de  celebrar  como  los  demas  las  ima- 
ginarias  fortunas ,  preguntô  friamente  à  mi  amo  si  le  habia  cos- 
tado  macho  hacerse  dueflo  de  la  yolantad  de  dofta  Clara.  Ménos 
que  nada,  le  respondiô  don  Matias ,  pues  ella  faé  la  que  di6  los 
primeros  pasos.  Yiôme  en  el  paseo;  prendôse  de  mi  ;  mandô  que 
me  siguiesen  ;  sopo  quien  yo  era  ;  escribiôme ,  y  citôme  para  sa 
casa  à  la  una  de  la  noche,  caando  todos  estaban  durmiendo.  Fut 
aUà ,  introdujèronme  en  su  cuarto...  Lo  demas  no  permite  mî 
prudencia  que  lo  diga. 

Cuando  don  Lope  de  Yelasco  oyô  aquella  lacônica  relacion,  se 
turbô  tanto  que  todos  se  lo  conocièron ,  y  no  era  dificultoso 
adiyinar  lo  nmcbo  que  se  interesaba  en  el  honor  de  aqaella 
dama.  Todos  esos  billetes ,  dijo  à  mi  amo,  miràndole  con  sem- 
blante airado,  son  enteramente  felsos ,  en  particular  el  de  dofta 
Clara  de  Mendoza,  de  que  tanta  ostentacion  haceis.  No  hay  en 
Espafla  seftorita  mas  recatada  y  honesta  que  ella.  Dos  afios  ha 
que  la  obsequia  un  caballero  que  no  os  cede  en  nacimiento  ni  en 
prendas  personates,  y  apénas  ha  podido  conseguir  de  ella  los 

'  Es  decir  que  st  embaraarian  juntos  en  una  concha  para  ir  al  templo  de 
yénu«. 


UBRO  TERCERO.  147 

nu  înoœiites  Csiyores  ;  siendo  asi  que  se  paede  Usonjear  de  qae^ 
si  fdera  capaz  de  concéder  algano»  à  ningan  otro  sino  à  el  se  log 
dispensaria.  ^  Y  quien  os  dice  lo  contrario?  replied  mi  amo  en 
DD  tono  barlon.  Yo  no  me  aparto  de  qqs  es  una  sefiorita  mny 
honesta  :  yo  lambien  soy  un  muy  honesto  caballerito  ;  con  que 
debeis  créer  que  nada  pasaria  que  no  fiiese  bonestisimo.  |  Ob  ! 
660  ya  pasa  de  raya,  interrumpiô  don  Lope.  Dejémonos  de 
ehanzas  :  yos  sois  un  impostor,  y  jamas  dofla  Clara  os  diô  cita 
para  de  nodie  :  no  puedo  tolerar  que  mancbeis  su  reputacion. 
Tampoco  à  mi  me  permite  abora  la  prudencia  dedros  lo  demas. 
Ydicîendo  estas  palabras  mirô  con  arrogancia  à  los  concurrentes, 
y  se  retira  con  un  aire  que  anonciaba  las  malas  consecuencias 
que  podriateneraquel  negocio.  Mi  amo,  que  tenia  bastante  valor 
para  un  seflor  de  su  carécter,  bizo  poco  caso  de  las  amenazas 
de  don  Lope.  ;  Gran  tonto  1  exclamô  dando  una  carcajada.  Los 
cabolleros  andantes  solo  defendian  la  tin  pair  hermosura  de  sus 
damas;  pero  este  quiere  defender  la  «m  par  honestidad  delà  suya, 
lo  que  me  pareœ  empefto  todavia  mas  eitravagante. 

LÀ  retirada  de  Velasco ,  à  la  que  en  yano  quiso  oponerse 
Moncada,  no  descompuso  la  fiesta.  Los  caballeros,  sin  parar  la 
atencion  en  ello ,  prosiguièron  alegràndose,  y  no  se  separàron 
hasta  el  amanecer.  Mi  amo  y  yo  nos  acostémos  à  las  cinco  de  la 
mafiana.  El  sueAo  ya  me  rendia,  y  h2d)ia  becbo  ànimo  de  dormir 
bien  ;  pero  echaba  la  cuenta  sin  la  buèspeda,  6  por  mejor  decir, 
sin  nnestro  portero,  el  que  una  bora  despues  me  yino  â  desper- 
tar,  y  à  dedrme  que  estaba  â  la  puerta  de  la  calle  un  mozo  que 
preguntaba  por  mi.  ]  Ah ,  maldito  portero  I  dije  bostezando  entre 
eniiadado  y  dormido ,  i  no  considéras  que  solo  ba  una  bora 
que  me  acostë?  Di  à  ese  bombre  que  estoy  durmiendo ,  y  que 
Tuelya  mas  tarde.  Dice,  respondiô  el  portero,  que  tiene  precision 
de  hablarte  Inego ,  luego,  porqae  es  cosa  urgente.  Levantéme  â 
estas  palabras,  poniëndome  solamente  los  calzones  y  una  almiHa, 
y  ecbando  mil  pestes  fîii  à  yer  lo  que  me  queria  el  mozo  que  me 
bnscaba.  Amigo,  le  dije,  ;qné  negocio  tan  urgente  es  el  que  me 
propordona  la  honra  de  yerte  tan  de  maflana?  Una  carta,  res- 
pondiô ,  que  tengo  que  entregar  en  mano  propia  al  sefk>r  don 
Hatias ,  y  es  preciso  la  lea  cuanto  antes.  Su  contenido  e^  de  la 
mayor  importancia ,  y  asi  te  ruego  que  me  Ueyes  é  su  cuarto. 
Persuadidodeque  debia  ser  alguna  cosa  de  grande  consecnencia, 
me  tome  la  licencia  de  ir  à  despertar  â  mi  amo.  Perdone  Y.  S., 
le  dije ,  si  le  yengo  é  interrumpir  el  suefio,  pero  la  importan- 
da...  4  Que  diantres  me  quieres?  dijo  enfedado.  SeAor,  dijo 
enfonces  el  mozo  que  me  acompaftaba,  es  una  carta  de  don  Lope 
de  Yelasco,  que  debo  entregar  à  Y.  S.  Incorpordse  don  Matias , 
tomô  el  billeie,  ley61e ,  y  dijo  con  mncho  sosiego  al  criado  de 
don  Lope  :  ffijo,  yo  nunca  me  leyanto  hasta  medio  dia,  aunque 


148  GIL  BLAS. 

me  conTiden  para  la  mayor  diversion  del  mando  :  mira  ahora 
si  me  levantaré  à  las  seis  de  la  mafiana  para  ir  à  reftir.  Dile  é  ta 
amo  que ,  como  me  espère  hasta  las  doce  y  media  en  el  sitio  que 
me  dice,  seguramente  nos  yerèmos  en  él  :  dale  esta  respuesta. 
Y  diciendo  esto,  ToWiôse  à  echar,  y  tardô  muy  poco  en  qoddarse 
de  nuevo  dormido. 

  las  onoe  y  media  se  levantô  y  vistiôcon  grandisima  pachorra. 
Saliô  de  casa  diciëndome  que  por  aquella  yez  me  dispensaba  de 
seguirle  ;  pero  yo  no  pude  resistir  â  la  curiosidad  de  ver  en  lo 
que  paraba  aquel  negocio.  Fuime  tras  de  ël  à  lo  largo  hasta  el 
prado  de  S.  Gerônimo,  donde  vi  â  lo  léjos  à  D.  Lope  de  Velasco 
que  le  estaba  esperando.  Ëscondime  donde  sin  ser  visto  pudiese 
obseryar  â  los  dos  ;  y  yi  que  se  juntéron ,  y  que  un  momento 
despues  comenzéron  &  reflir.  Durô  mucho  la  pendencia,  peleando 
uno  y  otro  con  mucha  destreza  y  con  ignal  yalor  ;  pero  al  fin 
se  declarô  la  victoria  por  don  Lope,  qaien  de  una  estocada  pasô 
dé  parte  à  parte  à  mi  amo,  dejàndole  tendido  en  tierra,  y  huyendo 
muy  satisfecho  de  haberse  vengado.  Corri  acelerado  à  don  Matias, 
halléle  sin  sentido  y  casi  muerto  ;  espectàculo  que  me  enterneciô 
tanto ,  que  no  pude  ménos  de  echar  à  llorar  por  ver  una  muerte 
para  la  cual,  sin  pensarlo,  habia  yo  servido  de  instrumento.  £n 
medio  de  esto  y  de  mi  justo  sentimiento,  no  dejè  de  pensar  en 
hacer  lo  que  me  importaba.  Yolvime  al  punto  à  casa  sin  bablar 
palabra  à  nadie.  Hice  mi  hatillo ,  en  el  que  por  inadvertencia 
meti  tambien  algunas  cosillas  de  mi  amo,  y  luego  que  lo  llevé  à 
casa  del  barbero  donde  tenia  guardado  el  vestido  de  que  usaba 
en  mis  aventuras,  esparci  la  yoz  de  la  desgracia  que  haibia  suce- 
dido  siendo  yo  testigo  de  ella.  Contëla  à  quien  me  la  quiso  oir  ; 
pero  sobre  todo  fui  â  contérsela  à  Rodriguez.  Este,  ménos  afli- 
gido  que  solicito  en  tomar  las  providencias  oportunas ,  junto  A 
todos  los  criados  de  don  Matias ,  mandôles  que  le  siguiesen ,  y 
foimos  todos  al  lugar  de  la  pelea.  Levantàmos  à  don  Matias", 
que  aun  respiraba  :  llevàmosle  à  casa ,  y  al  cabo  de  très  horas 
muriô.  Tal  foé  el  trégico  fin  del  seûor  don  Matias  de  Silva  mi 
amo,  por  el  imprudente  gusto  de  leer  papeles  amorosos  fingi- 
dos  por  él. 

CAPITULO  IX. 

Del  amo  à  quien  Gîl  Bias  fu^  â  servir  despues  «de  la  muerte  de  don  Matias 
de  Silya. 

Hecho  el  entierro  de  don  Matias,  fuéron ,  pasados  unos  dias , 
pagados  y  despedidos  todos  sus  criados.  Yo  estableci  mimorada 
en  casa  del  barberillo ,  con  quien  empezaba  à  contraer  estre- 
chisima  amistad.  Prometiame  estar  alli  eon  mas  gusto  y  mayor 


LIBRO  TERCERO.  149 

Kbertad  que  en  casa  de  Melendez.  Como  me  hallaba  con  algun 
dinerillo ,  no  me  di  prisa  à  boscar  nueva  conveniencia  ;  y  por 
otra  parte  me  habia  becho  may  delicado  sobre  este  particular. 
Ya  no  gostaba  servir  &  gente  comun  y  plebeya,  y  aun  entre  la 
noble  qaeria  examinar  bien  entes  el  empleo  que  me  querian  dar. 
Aun  el  mejer  no  me  parecia  sobrado  para  mi ,  persuadido  de 
que  todo  era  poco  para  quien  habia  servido  à  un  caballero  rico , 
mozo  y  elegante. 

Esperando  à  que  la  fortuna  me  ofireciese  una  casa  cual  yo  me 

imaginaba  merecer,  juzguè  no  podia  emplear  mejor  mi  ociosidad 

que  en  dedicarme  &  obsequiar  é  la  bella  Laura ,  à  quien  no 

habia  yisto  desde  el  dia  en  que  nos  desengaftàmos  los  dos  tan 

graciosamente.  No  me  pasô  por  el  pensamiento  yolyer  à  yes- 

tirme  à  lo  don  César  de  Ribera.  Séria  una  grande  extrayagancia 

disfrazarme  ya  con  aquel  trage,  y  mas  cuando  mi  propio  yestido 

era  bastante  décente ,  pudiendo  pasar  por  un  t6rmino  medio 

entre  don  César  y  Gil  Bias ,  sobre  todo  hall&ndome  bien  calzado , 

peinado  y  afeitado,  con  ayuda  de  mi  amigo  el  barbero.  En  este 

estado  fui  à  casa  de  Arsenia  »  y  encontre  â  Laura  sola  en  la 

fflisma  sala  donde  en  otra  ocasion  le  habia  hablado.  Exclamô 

luego  que  me  yiô:  ;Qué  milagro  es  este?  ^eres  tû?  paréceme 

que  sueûo  ;  porque  te  crei  muerto ,  6  que  te  babias  perdido. 

Hace  siete  u  ocho  dias  que  te  dije  podias  yenir  à  yerme  ;  mas  à 

lo  que  yeo  no  abusas  de  la  libertad  que  te  conceden  las  damas. 

I>lsculpéme  con  la  muerte  de  mi  amo,  y  con  las  ocupaciones 

à  que  diô  lugar,  afiadiendo  muy  cortesanamente  que  aun  en  medio 

"  de  eDas  tenia  siempre  muy  présente  en  el  corazon  y  en  la  me- 

moria  à  mi  amada  Laura.  Siendo  asi,  me  dijo  ella ,  se  acabiron 

ya  las  quejas,  y  te  confésaré  que  tambien  te  he  tenida  yo  muy 

présente.  Luego  que  supe  Ia>  desgracia  de  don  Matias ,  me  ocurriô 

un  pensamiento ,  que  acaso  no  te  desagradarà.  Dîas  ha  que  oi 

dedr  à  mi  ama  que  se  alegraria  de  encontrar  un  mozo  que  su* 

piese  de  cuentas  y  gobiemo  de  una  casa  paraser  su  mayordomo, 

y  Ueyase  razon  del  dinero  que  se  le  entregara  para  el  gasto  de 

esta,  bunediatamente  puse  los  ojos  en  tu  seftoria^  pareciéndome 

que  sérias  el  mas  à  propôsito  para  este  empleo.  Tambien  me  pa- 

reoe  i  mi ,  respond!  yo ,  que  le  desempeflaria  à  las  mil  marayilias. 

He  leîdo  las  Economias  de  AristôteUs;  y  por  lo  que  toca  à  lleyar 

tua  cuenta,  ese  ha  sido  siempre  mi  fderte.  Pero ,  hija  mia,  afiadi, 

una  sola  dificnltad  me  impide  entrar  à  seryir  à  Arsenia.  ^Qué  di- 

ficultad?  replicô  Laura.  He  jurado,  repuse,  no  seryir  jamas  à 

gente  comun,  y  lo  peor  es  que  lo  juré  por  la  laguna  Estigia.  Si 

el  mismo  Jupiter  no  se  atreviô  à  yiolar  este  juramiento ,  mira  tù 

cuanto  deberà  respçtarle  un  pobre  criado.  ^A  quien  Hamas  gente 

comun?  replicô  Laura  con  mucho  despego.  ^Por  quienes  tieneS  tu 

À  las  comediantas?  ^parécete  que  son  por  ahi  algunas  abogadillas, 


150  GIL  BLAS. 

6  algimas  procoradorai  ?  Sibete,  amigo  mio,  que  fa»  comediantas 
son  nobles  y  archinobles ,  por  los  enfauxs  que  oontraen  con  los 
primeros  personages  de  la  corte. 

Siendo  asi,  le  dije,  cuenta  conmigo,  hija  mia,  para  ese  empleo 
que  me  destinas  ;  pero  con  tal  que  no  me  degrade ,  ni  me  haga 
Taler  mènos  de  lo  que  soy.  No  tengas  miedo  de  eso ,  repnao 
Laura  :  pasar  de  la  casa  de  un  elegante  à  la  de  una  heroina  de 
teatro ,  es  hacer  el  mismo  papel  en  el  gran  mundo.  Nosotras  es- 
tamos  en  una  misma  linea  con  las  personas  de  la  primera  dis- 
tindon  :  el  mismo  aparato  de  cuarto ,  la  misma  mesa ,  y  en  reali- 
dad  es  menester  que  se  nos  confunda  con  ellos  en  la  TÎda  ciYÎL 
Con  efectOy  aûadiô,  si  se  consideran  bien  un  nuirques  y  un  co- 
mediante ,  en  el  discurso  de  un  dia  vienen  casi  à  ser  una  misma 
cosa.  Si  el  marques  en  las  très  cuartas  partes  del  dia  es  superior 
al  comediante ,  el  comediante  en  la  otra  cuarta  supera  mucho 
mas  al  marques ,  porque  représenta  el  papel  de  emperador  6  de 
rey.  Esta,  à  mi  ver»  es  una  compensacion  de  noMeza  y  de  gran- 
deza  que  nos  iguala  con  las  personas  de  la  corte.  Asi  es,  por 
cierto»  respond!;  sin  duda  que  estais  à  niyel  unos  con  otros. 
Los  comediantes  no  son  ya  gentuza,  como  pensaba  yo  hasta 
aqui;  y  me  has  metido  en  gana  de  servir  à  un  gremio  tan  dis- 
tinguido  y  tan  honrado.  Me  alegro  »  repuso  ella  »  y  no  tienes  mas 
que  Tolver  de  aqui  à  dos  dias.  Me  tomo  este  tiempo  para  ir 
m^parando  i  mi  ama  à  fin  de  que  te  reciba.  Le  hablarè  en  tu 
nivor;  puedo  algo  con  ella,  y  me  persnado  que  lograrè  que 
entres  en  casa. 

Di  las  gracias  à  Laura  por  su  buena  voluntad ,  aseguràndole 
quedaba  sumamente  reconocido  à  sus  finezas ,  con  expresiones 
taies  que  no  podia  dudar  de  mi  agradecimiento.  Sîguiô  dei^ues 
nna  larga  conversacion  entre  los  dos ,  la  que  interrumpi6  on 
lacayo  que  vino  à  decir  i  mi  princesa  que  Arsenia  la  llamaba.  Se- 
parâmonos  ;  y  yo  sali  con  grandes  esp^ranzas  de  que  presto 
tendria  la  fortunâ  de  pasarlo  à  pedir  de  boca.  No  dejé  de  vol- 
ver  al  plazo  seûalado.  Ya  te  estaba  esperando ,  me  dijo  Laura , 
para  darte  la  alcgre  noticia  de  que  ères  de  los  nuestros.  Yen 
conmigo  ,  que  quiero  presentarte  à  mi  sefiora.  Didendo  esto  me 
llevô  i  una  habitacion  compnesta  de  cinco  6  seis  piezas,  à  cual 
mas  rica  y  mas  soberbiamente  alhajadas. 

îQué  lujo!  ;quë  magnificencîa!  Pareciéme  que  entraba  en  casa  de 
alguna  vireina ,  6 ,  por  mejor  decir,  crei  estaba  viendo  todas  las 
riquezas  del  mundo  juntas  en  aquella.  Lo  cierto  es  que  habia  en  ella 
lo  mas  rico  de  todas  las  naciones,  tanto  que  se  podia  définir  aquella 
habitacion  oon  mucha  propiedad  :  el  templo  de  una  diosa,  d  cuya»  aras 
ofrecm  todo  canûnanle  lo  mas  raro  y  predoso  de  tu  pms.Yi  à  la  deidad 
magestuosamente  sentada  en  un  almohadon  de  brocado  carmesi 
con  franjas  de  oro.  Era  bçlla  y  corpulenta ,  porque  habia  engorda- 


UBRO  TER€ERO.  161 

do  con  el  iiumo  de  los  sacrificios.  Estaba  en  un  gracîoBO  desa- 
liAo  y  y  ocupaba  sus  lindas  manos  en  componer  un  primoroso 
u>cido  naevo  para  Inenrlo  aqoeUli  noche  en  el  teatro.  Se&ora  , 
le  dgo  la  criada ,  este  es  d  mayordomo  de  que  tengo  hablado  ; 
y  puedo  asegurar  à  ymd.  seria  dificil  encontrar  otro  que  fuese 
Bias  à  prop6sito.  Mir6aie  Arsenia  con  particular  atencion,  y 
isne  la  dicha  de  gnstarle.  i  Como  asi ,  Laura  ?  exclamé  ella , 
I  cpiien  te  die  noticia  de  tan  beUo  mozo  ?  Ya  estoy  Tiendo  que 
me  iri  muy  bien  con  el.  Y  Tolviéndose  à  mi:  Querido,  me  dijo» 
tn  eres  el  que  yo  buscaba ,  y  el  que  irerdadeFamente  me  aco-- 
moda.  Solo  tengo  que  dedrte  una  palabra  :  EstarAs  contento  con- 
raigo  si  me  sir^es  bien«  Respondfle  que  karia  ciianio  estuviese 
de  mi  parte  para  agradarh  en  todo.  Viendo  que  estabamos 
acordes ,  me  despedi  prontamente  para  ir  i  busear  mi  hatillo  y 
volver  à  tcnnar  poeesion  de  la  nneva  easa. 

CAPITULO  X. 

Entra  Gil  Bias  i  ienir  de  mayordomo  en  oasa  de  Ancgoda  j  informes  que  le  da 
liaura  de  los  oomediantes. 

Era  poco  mas  6  mènes  la  bora  de  la  comedia ,  cuando  mi 
nueya  ama  me  dijo  la  siguiese  al  teatro  en  compaftia  de  Laura* 
Entrémos  en  el  yestoario ,  y  alii  quitindose  el  vestido  que  lie- 
raba,  se puso otro  magnifico  para  presentarseen  la  esGen&Asi 
que  CTipezô  la  representacion  me  Uevô  Laura  i  un  sitio  desde 
donde  podiamos  oir  y  yer  perfectmnente.  Desagradôme  la  mayor 
parte  de  los  représentantes  »  sin  duda  porque  ya  estaba  prédis- 
pnesto  contra  eilos  en  yirtud  delo  que  le  habia  oido  é  don  Pom- 
peyo.  Con  todo  eso  faéron  muy  aplandidos,  aunque  algunos  me 
hiciéron  acordar  de  la  fabula  del  lechoncillo. 

Tenia  Laura  graA  ouidado  de  irmo'diciendo  el  nombre  de  los 
comediantes  y  comediantas  conforme  iban  saliendo  al  teatro  ;  y 
no  oonteiua  con  nombrarlos»  hacia  un  retrato  satirico  de  cada  uno. 
Este,  declares  un  atolondrado;aquel  un  insolente.  Aquellamelin- 
drosa  que  yes^cuyo  aire  es  mas  descarado  que  gracioso,  se  llama 
Rosarda,  y  fué  muy  mala  adquisicion  para  la  compaflia.  Mas  yaldria 
que  se  marchera  .con  la  que  se  esta  formando  de  6rden  del  yirey  de 
Noeya-Espafta  y  ya  à  salir  inmediatamente  para  America.  Mira 
bien  aquel  astro  luminoso  que  acaba  de  presentarse ,  aquel  be*> 
Uo  sol  que  ya  eaminando  à  su  ocaso  :  Uâmase  Casilda,  y  si  cada 
ano  de  los  amantes  que  ha  tenido  la  hubiera  contribuido  con  una 
piedra  labrada  para  iiabricar  una  piramide ,  como  dioen  que  en 
otro  tiempo  lo  hizo  cierta  reina  de  Bgipto ,  podria  haher  erigido 
una  que  Uegase  al  fercer  cielo.  En  fin ,  é  cada  coal  fué  pegando 


159  GIL  BLAS. 

Laura  su  parchecito.  {Que  mala  lengua!  ni  aun  i  so  misma  ama 
perdonô. 

Sin  embargo  de  esto ,  confieso  mi  flaqneza ,  estaba  yo  apasio- 
nado  de  eUa ,  aunqne  su  caràcter ,  moralmente  hablando ,  nada 
tenia  de  bueno.  De  todos  decia  mal  con  tanta  gracia ,  que  me  gusK 
laba  hasta  su  misma  malignidad.En  los  intermedios  se  leyanfaba 
para  ir  à  ver  si  Arsenia  necesitaba  algo ,  y  en  vez  de  volTer 
prontamente ,  se  enhetenia  tras  del  teatro  à  recoger  los  reqaier; 
bros  7  lisonjas  que  le  decian  los  hombres.  Una  yez  la  segui  para 
obser varia ,  j  yi  que  tenia  machos  conocidos.  Note  que  très 
comediantes  uno  en  pos  de  otro  la  detuyiéron  para  hablarle ,  y 
observé  que  gastaban  demasiada  familiaridad.  No  me  agradô 
esto  mucho ,  y  por  la  primera  vez  de  mi  vida  comenzë  àexperi- 
mentar  lo  que  eran  zelos.  Yolvime  à  mi  sitio  tan  pensativo  y 
melancôlico ,  que  Laura  lo  echo  de  ver  laego  que  volvi6.  ^Qaè 
tieneSy  Gil  Bias?  me  preguntô  admirada:  ^qué  negro  humor  se 
ha  apoderado  de  ti  desde  que  te  dejé?  Muestras  un  semblante 
triste  y  sombrio ,  que  no  se  i  que  atribuirlo.  Y  lo  peor  es , 
reina  mia ,  que  es  con  sobrada  razon ,  le  respondi.  Me  parece 
que  andas  algo  suelta  ;  y  esto  me  da  c[ue  pensar  à  mi  mas  que 
à  ti  mi  sentimiento.  Yo  mismo  acabo  de  verte  muy  alegre  y  di- 
vertida  con  los  comediantes...  Al  oir  esto  dijo  ella ,  soltando 
una  grandisima  carcajada  :  Yamos  claros ,  que  es  gracioso  el 
motivo  detupesadumbre.  ;  Pues  que!  ^de  tan  poco  te  espantas? 
eso  es  una  friolera,  y  si  estas  algun  tiempo  cou  nosotros  veràs 
otras  mil  lindezas.  Es  menester ,  hijo  mio ,  que  te  vayas  hacien- 
do  à  nuestras  mafias.  Entre  nosotros  no  se  gastan  hazafierias , 
ni  mucho  ménos  se  usan  zelos.  En  la  nacion  cômica  los  zelosos  se 
llaman  ridiculos»  y  asi  apénas  se  encuentra  uno.  Padres,  maridos, 
hermanos,  tios,  primos,  todos  son  la  gente  mas  bien  avenida 
del  mondo;  y  muchas  veces  ellos  mismos  son  los  que  establecen 
sus  femilias. 

Despues  de  haberme  exhortado  à  no  sospechar  mal  de  mnguno , 
y  é  no  inquietarme  por  nada  de  cuanto  viese ,  me  declarô  qae  yo  ' 
era  el  jFéKz  mortal  que  habia  encontrado  el  oamino  de  su  corazon , 
y  me  asegurô  que  me  amaria  siempre ,  y  à  nadie  mas.  Despues 
de  una  seguridad  como  esta ,  de  la  cual  podia  yo  bien  dudar  sia 
temor  de  que  me  tuviese  por  muy  desconfiado  y  le  ofreci  no  espan- 
tarme  de  nada  ;  y  con  efecto ,  cnmpli  mi  palabra.  Aquella  misma 
noche  la  vi  hablar  â  solas ,  reir  y  divertirse  con  varios  sin  dàrse- 
me  un  bledo.  Acabada  la  comedia  volvimos  à  casa  con  nuestra 
ama  ;  y  poco  despues  llegô  Florimunda  con  très  sefiores  viejos 
y  un  comediante  »  que  venian  à  cenar  en  compania  de  las  dos. 
Ademas  de  Laura  y  yo  habia  en  casa  una  cocinera»  un  mozo 
de  cocina  y  un  lacayuelo.  Juntimonos  todos  para  disponer  la 
cena.  L^  cocinera  ,  que  era  tan  hàbil  como  la  seftora  Jacinta ,  dis- 


LIBRO  TERCERO.  1S3 

paso  las  ykuidas  ayadéndole  el  marmiton.  La  doncella  y  el  la- 
cayaelo  posiéron  la  mesa ,  y  yo  caidé  de  cnbrir  el  aparador  con  la 
mas  bella  vajiUa  de  plata ,  y  algnnos  ^asos  de  oro ,  TOtos  ofre- 
ddos  à  la  deidad  de  aqael  templo.  Adornèle  tambien  con  dife- 
rentes  boiellas  de  yinos  exquisitos ,  haciendo  de  copero  »  para  que 
viese  mi  ama  qae  era  yo  hombre  para  todo.  Admiréme  de  ver  e  1 
porte  y  aire  de  las  comediantas  durante  la  cena ,  aparentando  ser 
damas  de  importancia ,  y  figuràndose  ellas  mîsmas  que  eran  se- 
floras  de  la  primera  distindon.  Lèjos  de  dar  à  los  seflores  el  tra- 
lamiento  de  exceleneia ,  no  les  daban  ni  aun  el  de  seikoria,  conten- 
téndose  con  llamarlos  por  sus  apellidos.  Es  verdad  que  ellos  se 
tenian  la  culpa ,  porque  se  Cuniliarizaban  demasîado  con  ellas.  El 
comediante  por  su  parte ,  como  acostumbrado  à  hacer  el  papel  de 
bèroe ,  les  trataba  tambien  sin  cumplimiento  :  brindaba  i  su  salud, 
y  hada  los  honores  de  la  mesa.  Â  fè ,  dije  entre  mi ,  que  cuando 
Laora  me  dijo  que  un  marques  y  un  comediante  eran  iguales  parte 
del  dia ,  pudo  afladir  que  aun  lo  eran  mucho  mas  por  la  noche , 
]Nies  la  pasan  bebiendo  juntos  toda  ella. 

Arsenia  y  Florimunda  eran  naturalmente  alegres.  Ocurriéronles 
mfl  didios  chistosos ,  y  algo  mas ,  mezdados  con  foyordllos  y 
monerias  miqr  celebradas  por  aquellos  randos  pecadores.  Mièn- 
tras  mi  ama  couTcrsaba  inocentemente  con  uno ,  su  amiga,  que 
se  haDaba  entre  los  dos  ,  no  hacia  dertamente  el  papel  de  Susana 
con  ellos.  Yo  estaba  considerando  atentamente  aquel  retablo  (  que 
à  la  yerdad  tenia  muchos  atractiyos  para  un  mozo  de  mi  edad  ) 
coando  se  sirrièron  los  postres.  Entônces  puse  en  la  mesa  bote- 
lias  de  licores  con  sus  copas  c£>rrespondienteSy  y  me  retiré  à  cenar 
con  Laura ,  que  me  estaba  esperando.  Y  bien ,  Gil  Bias ,  me  dijo , 
;qué  te  parece  de  esos  seftores  que  bas  yisto?  Sin  duda,  le  res- 
pond! ,  son  los  cortqos  de  Arsenia  y  de  Florimunda.  Te  engaikas , 
replicô  eQa:  son  unos  yiejos  Tohiptnosos  que  galantean  i  todas 
sin  fijarse  en  ntnguna.  Se  contentan  solo  con  un  poco  de  agrado  » 
y  son  tan  generosos  que  pagan  bien  los  levés  fevores  que  se  les 
conceden.  Florimunda  y  mi  ama  estàn  ahora  sin  amantes,  à  Dios 
gracias ,  hablo  de  aquellos  amantes  que  quieren  alzarse  con  la 
*aotoridad  de  maridos,  y  que  sean  para  si  solos  todos  los  gustos 
d^la  casa  porque  hacen  el  gasto  de  ella.  Yo  soy  de  opinion  que 
ana  muger  de  juicio  debe  huir  de  todo  lo  c[ue  huele  A  empefio  par- 
ticular. ^À  que  fin  sujetarse  i  ninguno  que  la  domine?  Mas  vale 
ganar  poco  à  poco  alhajas ,  que  comprarlas  de  una  vez  i  Costa  de 
tan  impertinente  sujecion. 

Cuando  Laura  estaba  de  humor  de  parlar,  lo  que  le  acontecia  casi 
de  continno ,  nada  le  costaban  las  palabras  :  tanta  era  la  soltura 
de  su  lengua.  Cont6me  mil  lances  que  habian  sucedido  à  las  co- 
mediantas del  corral  del  Principe  ;  y  conoci  por  sus  conversacio- 
nés  que  no  podia  estar  yo  en  mejor  escuela  para  conocer  perfec- 


1S4  GIL  BLA8. 

tamente  lo$  vicios.  Hallibaiiie  por  mi  desgrada  en  «la  edad  eo 
que  estos  apënas  causan  horror ,  y  afladiase  à  esto  que  la  tal  nifta 
los  sabia  pintar  tan  bien  »  que  en  ellos  solo  consideraba  yo  pla- 
ceres  y  delicias.  No  tuvo  tiempo  para  instninrme  ni  aun  de  la  dé- 
cima parte  de  las  gloriosas  hazaûas  de  las  faeroinas  de  teatro  , 
porque  no  habia  mas  que  très  boras  que  estaba  hablando.  Los 
seàores  y  los  comediantes  se  retiràron  al  fin  con  Fioriraunda , 
acompafiiàndola  hasta  su  casa. 

Luego  que  salîèron ,  me  di6  diez  doblones  mi  ama,  didéodo- 
me:  Toma ,  Gil  Bias ,  ese  dinero  para  el  gasto.  Maûana  Tienen  à 
comer  cinoo  ô  seis  de  mis  compafieros  y  oompafteras,  procura 
regalarnos  bien.  Seûora ,  le  respond! ,  con  diez  doblones  me  acre- 
¥0  à  dar  una  snntuosa  comida ,  aunque  sea  à  toda  la  cuadrilla 
cèmica.  ^Qué  es  eso  de  cuadrilla?  repuso  ella.  Mira  como  haMas. 
No  se  debe  Uamar  cuadrilla ,  sioo  compaâia.  Se  dice  moy  bien  una 
cuadrilla  de  bandidos  6  de  holgazanes;  puede  decirse  una  cua* 
drilla  de  autores  ô  de  poetas  ;  pero  guéûrdate  de  volver  à  decir 
cuadrilla  de  comediantes.  La  nuestra  es  compaftia;  y  sobre  todo 
los  actores  de  Madrid  merecen  bien  que  à  su  cuerpo  se  le  de  este 
nombre.  Pedi  perdon  à  miama  de  haber  usado  de  unaexpresion 
lanpoco  respetuosa»  suplicàndole  disculpase  mi  ignorancia,  y 
protestando  que,  siempre  que  hablase  de  los  seâores  representan* 
les  de  Madrid  colectivamente ,  diria  oompaâia,  y  jamas  cuadrilla. 

CAPITULO  XI. 

Od  modo  con  que  viTian  entra  sî  lot  comediantes ,  y  como  trataban  â  los 
aatores  de  comediaa. 

Al  dia  siguiente  muy  de  maftana  sali  â  campafta  para  dar 
principio  à  mi  empleo  de  mayordomo.  £ra  TÎgilia  ;  y  por  ôrden 
de  mi  ama  compré  buenos  polios ,  conejos ,  perdices ,  y  otras 
frioleras  de  semejante  especic.  Como  los  seAores  càmicos  no  estàn 
contentos  de  los  ritos  de  la  iglesia  con  respecto  à  ellos  ,  no  ob- 
seryan  con  mucha  puntualidad  sas  mandamientos.  Llevé  à  casa 
mas  comida  de  la  que  bastaria  para  alimentar  à  doce  persouas 
honradas  los  très  dias  de  carnestolendas.  La  cocinera  Uivo  bien 
en  que  diyertirse  toda  la  maâana.  Miéntras  ella  cuidaba  de  ade- 
rezar  la  comida  se  leyantô  Arsenia  de  la  cama,  y  se  sento  al  to- 
cador ,  donde  estuvo  hasta  medio  dia.  Llegàron  entônces  los  se-  . 
âores  comediantes  Ricardo  y  Casimiro.  A  estos  se  siguiéron  dos 
comediantaSy  Constancia  y  Leonorfun  momento  despues  se  dejô 
ver  Florimunda,  acompaûada  de  un  faombre  que  tenia  toda  la 
traza  de  un  caballero  majo:  el  cabello  peinadoâ  la  ùbima  moda, 
un  sombrero  con  una  ala  levantada ,  y  su  penacbo  de  plmnas  en 


LIBRO  TERCERO.  155 

figan  de  ramfllete  ;  cakones  ajnstados  ;  ropBa  *  bordada  con  So- 
res de  oro ,  y  medio  desabrochada,  por  donde  se  descubria  una 
finisiiiia  camisa  gnarnecida  de  ricos  encajes;  guanlesy  paAoelo  de 
cambray  delicadisimo ,  metidos  en  la  guarnicion  6  cazoleta  de  la 
eapada  ;  capa  larga,  terciada  sobre  el  homtH'O  con  mudio  garbo 
y  bizarria. 

Cod  todo  eso ,  aunque  de  tan  buena  traza,  y  hombre  Terdadera- 
mente  bien  plantado ,  toda^ia  me  pareciô  deseubrir  en  él  un  no 
se  que  de  extraâo  que  me  chocaba.  £s  imposible ,  decia  yo  entre 
mi ,  que  no  sea  un  hombre  raro  este  sugeto.  No  me  engaâè  en  mi 
concepto  ,  porque  era  un  ente  singular.  Luego  que  entré  en  el 
coarto  de  Ârsenia  fuè  precipitadamente  à  abrazar  à  todas  las  co- 
fliediantas  y  comediantes  con  mayor  intrepidez  y  algazara  que  el 
nozalvete  mas  atronado.  Gomenzô  à  hablar ,  y  me  confirmé  en  mi 
opinion.  Se  recalcaba  sobre  cada  silaba,  y  pronnnciaba  las  pala- 
bras con  cierto  modo  enfitico ,  pomposo  y  gutural ,  accionando , 
gesticalando ,  y  haciendo  con  los  ojos  aquellos  moyimientos  que , 
é  su  parecer ,  estaba  pidiendo  el  asunto.  Tuye  la  curiosidad  de 
pn^ntar  à  Laura  quien  era  aquel  caballero.  Disculpa  tu  curiosi- 
dad ,  me  respondiô  prontamente.  Es  imposible  no  teneria  al  Ter 
por  la  primera  vez  al  sefior  Carlos  Alfonso  de  la  Yentoleria.  Yoy 
é  pintéitdle  al  natural.  Primeramente  fuè  en  otro  tiempo  come- 
diante  ;  dejô  el  teatro  por  antojo ,  y  se  arrepintiô  despues  mirén- 
dolo  con  juicio.  ;Has  reparado  en  su  cabello  negro?  pues  sàbete 
que  es  teftido ,  ni  mas  ni  mènos  que  sus  cejas  y  bigotes.  Es  mas 
viejo  que  Saturne.  Sin  embargo ,  como  sus  padres ,  cuando  naciô , 
se  olyidâron  de  hacer  asentar  su  nombre  en  el  libre  de  bautiza- 
dos  y  él  se  aprovecha  de  este  descuido  para  quitarse  Teinte  alios 
por  lo  mènes.  Fuera  de  eso ,  es  el  hombre  mas  pagado  de  si  mis- 
mo  que  quizà  se  encontrarà  en  toda  Espafia.  Paso  los  ocho  pri- 
meros  lustres  *  de  su  yida  en  una  compléta  ignorancia;  y  para 
hacerse  sabio  encontre  despues  un  cierto  preceptor  que  le  en- 
sefiô  é  deletrear  en  griego  y  en  latin.  Aprendiô  de  memoria  una 
multitud  dé  cuentos  y  chistes,  que  i  fuerza  de  repetirlos  se  ha 
Uegado  à  persuadir  de  que  son  suyos  efectivamente.  Hàoelos 
Tenir  i  la  conyersacion  aunque  sea  arrastràadolos  por  los  cabe» 
Oos,  y  se  puededecir  de  U  que  lo  luce  su  entendimiento  à  costt 
de  su  memoria.  Finalmente ,  se  dice  que  es  un  grande  actor  »  y 
lo  creo  piadosamente  ;  pero  te  confieso  que  nunca  me  ha  g«s- 
tado.  Algnnas  yeces  le  oigo  dedaroar  aqui»  y  entre  otros  defeOos , 

*  RopiUa  era  una  espccie  de  chaqaeta  larga  con  faldetas  que  por  delante  se 
itjuitaba  al  cuerpo  :  tenia  en  los  hombros  sus  brahones  para  adomo ,'  y  era  miiy 
•emejante  à  las  que  usan  los  actores  cuando  TÛten  k  la  antigna  espaAola.  Tarn* 
Inen  soUan  llamarla  juhon. 

'  Cada  Instro  es  cinco  aâos. 


156  GIL  BLAS. 

es  muy  yisible  el  de  una  pronoiiciacion  tan  afectada»  y  con  una  voz 
tantrémola,  qaedacierto  aire  antiguo  y  ridicalo  àsu  dedamadon. 

Tal  file  el  retrato  qae  la  seflora  Laura  me  hizo  de  aqnel  his- 
trion faonorario ,  de  qoien  puedo  decir  con  verdad  que  no  he 
Yisto  mortal  de  un  aspecto  mas  orgulloso  en  todos  los  dias  de 
mi  yida.  Queria  hacer  tambien  el  chistoso  y  discreto  ,  sacando 
de  su  mollera  dos  ô  très  cuentos,  que  nos  encajô  en  tono  grave 
y  bien  estudiado.  Por  otra  parte  las  comediantas  y  comediantes, 
que  ciertamente  no  habian  yenido  à  callar  ,  tampoco  estuyiéron 
mndos.  Gomenzâron  à  hablar  de  sus  camaradas  ausentes ,  à  la 
verdad  de  nn  modo  pooo  caritatiyo;  pero  esto  es  menester  per- 
donérselOy  tanto  a  los  comediantes  como  à  los  antores.  Acalo- 
rose  un  poco  la  conyersadon  à  expensas  del  prôjimo.  ;  Habeis 
sabidOy  amigas,  dijo  Gasimiro,  el  nuevo  pasage  de  nuestro  com- 
paAero  Gesarino  ?  Gomprô  esta  maflana  un  par  de  médias  de 
seda ,  dntas  y  enoages ,  hadendo  despues  que  un  page  se  los 
lleyase  al  ensayo  como  de  parte  de  cierta  condesa.  { Que  bribo- 
nada  I  exclamô  el  seflor  Ventoleria  con  cierta  risita  yana  y  mo- 
fodora.  En  mi  tiempo  se  usaba  mas  realîdad.  Ninguno  pensaba 
en  semejantes  fiodones.  Es  verdad  c[ue  aun  las  damas  de  mayor 
distincion  nos  ahorraban  la  ruindad  y  el  trabajo  de  inventarlas; 
pues  tenian  el  eapricho  de  ir  ellas  mismas  en  persona  à  comprar 
lo  que  nos  regalaban.  Fardiez ,  repuso  Ricardo  ,  en  el  mismo 
tono  y  que  ese  eapricho  aun  no  se  les  ha  pasado  ;  y  si  fiiera 
licito  decir  todo  lo  que  uno  sabe  en  este  punto...  Pero  es  fiierza 
callar  dertos  lances ,  particularmente  cuando  tocan  à  personas 
de  suposicion. 

SeAoreSy  interrumpiô  Florimunda,  suplico  â  ustedes  dejen  à 
un  lado  esos  lances  y  buenas  fortunas,  puesto  que  todo  el 
mundo  las  sabe ,  y  hablemos  algo  de  nuestra  Ismenia.  He  oido 
que  se  le  ha  escapado  aquel  sefïor  que  gastaba  tanto  con  ella. 
Es  muy  cierto,  respondiô  Gonstanza»  y  aun  dire  mas  ;  tambien 
acaba  de  perder  un  rico  mayordomo ,  à  quien  sin  rçmedio  hu- 
biera  dejado  sin  camisa.  Lo  se  originalmente.  Su  mensagero  hizo 
un  qui  pro  quo,  Hevando  al  seAor  un  billete  que  era  para  el 
mayordomo,  y  al  mayordomo  una  carta  que  escribia  al  seflor. 
Dos  grandes  pérdidas,  afladiô  Florimunda.  i  Oh!  replicô  pron> 
tamente  Constanza ,  por  lo  que  toca  à  la  del  seAor ,  es  poco 
importante,  pues  yahabiaconsumidocasi  toda  su  hacienda;  pero 
el  mayordomo  ahora  comenzaba  su  carrera.  No  ha  pasado  aun  por 
la  adùana  de  las  coquetas,  y  asi  es  una  pérdida  muy  digna  de 
llorarse. 

  esto,  poco  mas  ô  mënos,  se  redujo  la  conversacion  antes 
de  comer,  y  sobre  el  mismo  asunto  continuô  durante  la  comida. 
Y  como  nunca  acabaria  yo  si  hubiese  de  referir  cuantas  especies 
se  tocàron,  todas  de  murmuracion  6  de  fatuidad,  cl  lector  lie  vara 


LIBRO  TERCERO.  157 

à  bien  qae  las  suprima,  para  contarle  el  modo  con  que  file  reci- 
bido  an  pobre  diablo  de  autor,  que  Ilegô  à  casa  de  Arsenia  hécia 
el  fin  de  la  comida. 

Entré  nnestro  lacayuelo  donde  estaban  oomiendo,  y  en  yoz 
alla  dijo  â  mi  ama  :  Seftora,  ahi  esta  un  hombre  con  la  camîsa 
sucîa  y  Ileno  de  cazcarrias  hasta  el  cogote,  que  con  perdon  de 
ustedes  tiene  traza  de  poeta,  y  dice  que  desea  hablar  à  vmd. 
Hazle  subir,  respondiô  Arsenia.  Nada  de  cumplimientos,  seflores, 
aûadiôy  que  es  un  autor.  Efectivamente  era  uno  que  habia  corn- 
puesto  cîerta  tragedia  admitida  por  la  compaflia;  y  traia  el  papel 
que  habia  de  representar  mi  ama.  Uamàbase  Pedro  de  Moya.  Al 
entrar  hizo  cinco  ô  seis  profundas  cortesias  à  los  concurrentes , 
sin  que  ninguno  de  ellos  se  levantase,  ni  siquiera  le  saludase. 
Solamente  Arsenia  le  correspondiôcon  una  simple  inclinacion  de 
cabeza.  Fuése  acercando ,  pero  siempre  temblando  y  confiiso  : 
cayéronsele  los  guantes  y  el  sombrero  ;  le^antôlos ,  y  se  acercô 
i  mi  ama;  y  presenténdole  un  papel  mas  respetuosamente  que  un 
litigante  présenta  à  su  juez  un  memorial:  Dignaos,  sefiora,  le  dijo, 
de  aceptar  el  papel  que  tengo  la  honra  de  ofrecer  à  yuestros 
pies.  Rccibiôle  eUa  con  la  mayor  frialdad»  y  con  cierto  aire  de 
despredo ,  sin  dignarse  ni  aun  de  responder  una  sola  palabra  à 
sa  cumplimiento. 

No  por  eso  se  acobardô  nuestro  autor,  el  cual,  aproyechando 
aquella  ocasion  para  distribuir  otros  papeles ,  dîô  uno  é  Casi- 
miro  y  otro  i  Florimunda,  qnienes  los  tomàron  sin  mas  cortesia 
ni  ceremonias  que  las  que  habia  usado  Arsenia  ;  entes  por  el 
contrario  el  comediante,  naturalmente  muy  cortes,  como  lo  son 
casi  todos  estos  seflores,  le  insulté  con  chanzas  picantes;  pero  el 
buen  Pedro  de  Moya  las  Ueyô  con  paciencia,  y  no  se  atreyiô  à 
volyerle  las  nueces  al  càntaro  porque  no  lo  pégase  despues  su 
trigica  composicion.  Retirôse  sin  decir  palabra,  pero  à  mi  pare-: 
cer  yiyamente  picado  del  recibimiento  que  le  habian  hecho.  Tengo 
por  cierto  que  alli  en  su  interior  no  dejaria  de  decir  mil  pestes 
de  los  comediantes  como  merecian;  y  estos,  depues  que  èl  saliô» 
comenzàron  à  hablar  de  los  autores  con  mucho  respeto.  Paré- 
ceme,  dijo  Florimunda,  que  el  seûor  Pedro  de  Moya  no  ha  ido 
muy  satisfecho  de  nosotros. 

Y  bien,  seflora,  interrumpiô  Casimiro,  ^qué  cuidado  se  os 
da?  ^Por  yentura  son  dignos  de  nuestra  atencion  los  autores  ? 
Si  los  igualaramos  i  nosotros ,  ese  séria  el  mejor  medio  para 
echarlos  à  perder.  Tengo  bien  conoddos  à  esos  pobres  diablos, 
y  por  eso  mismo  se  que,  si  los  trataramos  de  otra  manera,  presto 
se  olyidarian  de  lo  que  son,  y  nos  perderian  el  respeto.  Traté- 
mosloSy  pues,  como  esclayos,  y  no  temamos  que  les  apuremos 
la  paciencia.  Si  enfadados  se  retiraren  de  nosotros  algnn  tiempo, 
no  durarâ  mucho  :  la  mania  de  escribir  les  harà  presto  yolyer  à. 


158  GIL  BLAS. 

boscamos,  j  daréii  gracias  i  Dios  si  nos  dignamos  de  repreaentar 
toe  obras.  Tienes  mocha  razon,  dijo  entônces  Arsenia  :  sola- 
mente  perdemos  aquellos  autores  cuya  fortona  labramos  con 
nuestra  habilidad,  paes  luego  que  los  hemos  acreditado  7  poesto 
en  parage  de  que  tengan  que  comer ,  se  dan  é  la  odosidad,  7  ya 
no  quieren  traibajar  ;  pero  al  fin  la  compafiia  se  consuela,  7  "el 
publico  tiene  ménos  qae  padecer. 

Aplaudièron  todos  este  parecer,  y  quedàron  en  que  los  auto- 
reSy  à  pesar  de  lo  mal  que  los  trataban  los  comediantes,  siempre 
les  estaban  muy  obligados ,  porque  les  eran  dendores  de  todo  )o 
que  tenian.  Asi  los  abatian  los  histriones,  haciéndolos  infertores 
à  ellos,  7  dertamente  no  podian  despreciarlos  mas. 


CAPITULO  XU. 


Toma  Gil  Bias  indinacion  al  teatro ,  entrtfgase  enteramente  a  los  pasatiempoa 
de  la  Tida  comica,  y  dentro  de  pooo se  disgusta de  ella. 


Los  convidados  se  quedàron  hablando  sobre  mesa  basta  que 
llegô  la  hora  de  ir  al  teatro ,  y  entônces  marchàron  todos  à  ël 
SeguiloSy  y  vi  tambien  la  comedia  que  se  représenté  aquel  dia , 
la  que  me  gustô  de  manera,  que  hice  ànimo  de  no  perder  nin- 
guna.  Asi  me  fui  insensiblemente  acostumbrando  à  los  actores  : 
é  tanto  tiega  la  fiierza  de  la  costumbre.  Uevàbanme  particular- 
mente  la  atencion  aquellos  que  hacian  mas  gestos  y  daban  mas 
grRos  en  las  tablas ,  y  no  era  yo  el  ùnico  de  este  gusto. 

No  me  causaba  ménos  agrado  la  discrecion  de  las  piezas 
que  el  modo  de  representarlas.  Algunas  yerdaderamente  me 
embelesaban  :  sobre  todo  aquellas  en  que  se  dejaban  ver  i  un 
mismo  tiempo  en  el  teatro  todos  los  cardenales,  6  los  doce  pares 
de  Frauda.  Sabia  de  memorîa  muchos  pasos  de  aquellos  incom- 
parables poemas.  Acuérdome  de  que  en  dos  dias  aprendi  toda 
entera  una  comedia  femosa,  mtitulada  :  La  re'ma  de  Iom  fioret.  La 
Rosa  era  la  reina ,  que  tenia  por  confidenta  é  la  Violeta,  7  por 
escudero  al  Jazmin.  No  habia  para  mi  obras  mejores  que  las 
parecidas  à  estas ,  persuadido  de  que  daban  mucho  honor  k 
nuestra  nacion. 

No  me  oontentaba  cou  adomar  mi  memoria  con  los  trozos 
mas  selectos  de  estas  bellas  producdones  draméticas ,  sino  que 
tambien  me  apliqué  à  perfeccionar  el  gusto ,  y  para  conseguirlo 
con  acierto  escuchaba  con  la  mayor  atencion  el  parecer  de  los 
comediantes.  Si  alababan  una  pieza ,  yo  la  estimaba,  y  despre- 
ciaba  todas  aquellas  de  que  les  oia  haMar  mal.  Pareciame  que 
eran  tan   înteligentes  en  piezas  teatrales  como  los  diaman- 


LIBRO  TERCERO.  169 

ttftas  en  piedras  preciosas.  Sin  embargo ,  observe  que  la  trage- 
dia  de  Pedro  de  Moya  faé  muy  aplaudida,  aanque  ellos  habian 
pronostkado  que  todos  la  ailbarian.  Pero  no  baste  esta  expe- 
nencia  para  que  su  critka  se  me  biciese  sospechosa  ;  y  entes 
quise  créer  que  el  publico  carecia  de  gusto  y  discemimiento , 
que  dndar  de  la  infelibilidad  de  la  compaftia.  No  obstante ,  me 
aseguraban  todos  que  ordinariamente  eran  redbidas  con  aplausos 
aqoellas  comedias  nuevas  de  que  los  actores  formaban  mal  con- 
ceptOy  y  por  el  contrario ,  silbadas  casi  todas  las  que  ellos  mas 
ceiebrabaiL  Dedanme  que  era  regla  general  suya  hablar  siempre 
mal  de  las  obras ,  y  me  citaban  mil  ejemplares  de  algunas  que 
babian  desmentido  sus  decisiones.  Todo  esto  fué  menester  para 
que  al  cabo  me  desengaflase. 

No  se  me  olvidaré  jamas  lo  que  sucediô  un  dia  en  que  se 
représenté  una  comedia  nueva  *.  Habiales  parecido  à  los  come- 
diantes  firia  y  iastidiosa,  adelantàndose  à  pronosticar  que  el 
aoditorio  no  la  veria  condnir.  Con  esta  preocupacion  represen- 
tàron  la  primera  jomada,  que  mereciô  grandes  aplausos.  Admi- 
rôlos  mucho  esto.  Representâron  la  segunda ,  la  cual  aun  fué 
mas  aplaudida  que  la  primera.  Y  he  aqui  à  todos  mis  pobres 
actores  atAnitos.  |  Como  diablos  es  esto  !  exclamaba  Casimiro  : 
esta  comedia  adquiere  foma.  Representâron  la  tercera,  que  fué 
sin  comparacion  mas  celebrada  que  las  otras  dos.  Yo  no  lo 
entiendo,  dijo  Ricardo  :  cuando  creiamos  que  esta  pieza  no  lo- 
graria  aceptadon,  todos  la  aplauden.  Seflores ,  dijo  entônces  un 
cômico  ingenuamente ,  la  causa  es  porque  hay  en  ella  mil  gra- 
cias y  raagos  ingeniosos  que  nosotros  no  habiamos  comprendido. 

Desde  entônces  dejé  de  tener  i  los  comediantes  por  buenos 
joeces,  y  me  hice  justo  apreciador  de  su  mérito.  Ellos  mismos 
acreditaban  con  cuanta  razon  la  gente  les  afeaba  varias  ridicu- 
leoes.  Veia  yo  claramente  que  los  aplausos  nada  merecidos  tenian 
echados  à  perder  tanto  é  los  cômicos  como  à  las  cômicas ,  los 
cnaleSy  consideràndose  como  personas  de  suma  importancia,  y 
objetos  dignos  de  admiradon,  estaban  persuadidos  de  que  hacian 
gran  favor  al  publico  en  divertirle.  Dàbanme  muy  en  rostro  sus 
defiectos;  mas,  por  mi  desgracia»  su  modo  de  vivir  Uegô  à 
gastarme  demasiado ,  y  asi  me  vi  metido  Ue  pies  à  cabeza  en 
el  desenfreno  y  en  la  disolucion.  Ni  podia  ser  otra  cosa.  Todas 
SOS  conversaciones  eran  pemiciosas  à  la  juventud ,  y  nada  veia 
en  ellos  que  no  contribuyese  à  estragarme.  Aun  euando  no  su- 
piera  yo  todo  lo  que  pasaba  en  las  casas  de  Constancia,  Casilda 
j  las  demas  comediantas ,  bastaba  para  perderme  lo  que  estaba 
Tiendo  en  la  de  Arsenia.  Ademas  de  aquellos  sefiores  ya  viejos 
de  que  habI6  antes,  concurrian  é  ella  varios  elegantes,  y  no  pocos 

'  Esta  fué  El  amor  af  uso  »  de  don  Antonio  de  Solis. 


160  GIL  BLAS. 

hgos  de  familia ,  que  encootraban  en  los  nsureros  todo  el  dinero 
que  habian  menester  para  arroiiiarae.  Algnna  yez  recibian  tambien 
  ciertos  agentes  de  quienes  se  seryian,  los  coales,  en  yez  de  ser 
pagados  por  su  trabajo ,  lea  pagaban  i  ellas  porque  se  dejasen 
seryir. 

Florimunda  yiyia  pared  por  medio  de  Arsenia,  y  todos  los 
dias  comian  y  cenaban  juntas.  Estaban  las  dos  tan  unidas  que 
causaba  admiracion  à  las  gentes  yer  tanta  armonla  entre  corte- 
sanas»  y  se  creia  que  tarde  6  temprano  se  romperia  su  amîstad 
por  algun  obsequiante  ;  pero  conocian  mal  à  tan  perfectas  ami- 
gas,  porque  era  muy  intima  su  union  :  en  lugar  de  ser  zelosas 
como  las  demas  mugeres,  hacian  yida  comun.  Gustaban  mas  de 
repartir  entre  si  los  despojos  de  los  hombres ,  que  de  disputarse 
neciamente  sus  amorosos  suspiros. 

Laura,  à  ejemplo  de  estas  dos  ilustres  compareras,  aproye- 
chaba  tambien  el  tiempo  ,  no  dejando  malograr  lo  mas  florido 
de  sus  afïos.  Habiame  ella  dicho  que  yeria  mil  lindezas,  y  no  me 
engafiô.  Con  todo  eso,  yo  no  hacia  el  zeloso ,  por  haberie  pro- 
metido  que  proGuraria  adoptar  el  espiritu  de  la  compafiia.  Disi- 
mule  por  algun  tiempo,  contenténdome  con  preguntarle  ei  nombre 
de  los  sugetos  con  quienes  la  yeia  à  solas  en  conyersacion  ;  pero 
siempre  me  respondia  que  era  un  tio  ô  un  primo  carnal  suyo. 
\  Ob,  y  cuanta  multitud  de  parientes  tenia  I  Su  familia  debia  ser 
mas  numerosa  que  la  del  rey  Priamo  K  Mas  no  era  negodo  de 
atenerse  ùnicamente  à  su  infinita  parentela  :  hacia  tambien  sus 
salidas  fiiera  del  àrbol  genealôgico,  y  no  se  olyidaba  de  ir  decuando 
en  cuando  à  representar  el  papel  de  seftora  yiuda  en  casa  de  la 
yieja  de  antafio.  En  fin,  Laura,  por  dar  al  lector  una  idea  cabal 
de  su  persona,  era  tan  jôyen,  tan  linda  y  tan  alegre  como  su 
ama,  excepto  que  esta  diyertia  al  pueblo  publicamente ,  y  la 
criada  solo  lo  hacia  en  secreto.  Yo  cedi  al  torrente,  y  por  espacio 
de  très  semanas  me  entregué  à  todo  gënero  de  placeres  y  pasa- 
tiempos;  pero  debo  decir  que  en  medio  de  ellos  me  sentia  ator- 
mentado  de  crueles  remordimientos,  efecto  de  mi  educacion,  que 
llenaban  de  amargura  todas  mis  delicias.  No  triunfô  la  disolucion 
de  tan  saludables  remordimientos  :  al  contrario ,  eran  mayores 
cuanto  mas  me  abandonaba  à  mis  desôrdenes.  Comenzéron  estos 
à  caiisarme  horror ,  gracias  à  mi  natural  complexion.  |  Ah  des- 
yenturado  !  me  deda  yo  à  mi  mismo  :  ;  es  esto  lo  que  esperaba 
de  ti  tu  familia  ?  No  te  bastaba  haberla  engaiiado  tomando  otra 
carrera  que  la  de  preceptor  ?  £1  yerte  precisado  é  seryir  i  te 
dispensa  de  cumplir  con  las  leyes  de  hombre  de  bien?iParéceie 

*  Ultimo  rey  de  Troya ,  de  qaien  se  dice  turo  hasta  cincuenta  hijos  habidos 
con  Tanas  esposas  :  de  una  sola  diez  y  naeve  Taroncs  y  doce  hembras.  Y  co- 
node  de  ettos  una  numnrostsinia  descendencia. 


LIBRO  CUARTO.  161 

tjne  te  puede  ser  de  algun  proyecho  el  yiyir  enlre  gente  tan 
Tidosa?  £n  unos  reina  la  inyidia,  la  ira  y  la  ayarida  ;  el  pudor 
7  la  yergûenza  estàû  desterrados  de  otros  ;  estos  se  entregan  i 
la  intemperancMl  y  à  la  pereza  ;  aqoellos  al  orguUo  y  i  la  inao- 
leacia.£sto  ie  acabô  :  no  quiero  yiyir  mas  con  los  siete  pecados 
capitales» 

!»■■■» ■■>■■■ >»>»■> 

LIBRO  CUARTO. 


CAPITULO  I. 

Mo  pudiendo  Gil  Bias  «comodane  i  Us  costmnbres  de  los  oomediantet,  se  sale 
de  casa  de  Araenia ,  y  halla  m^or  coiiTemeiicia. 

Un  tantico  de  honor  y  de  religion  que  conseryaba  todayia  en 
medio  de  tan  estragadas  costumbres  me  obligé  no  solo  à  dejar 
é  Arsenia ,  sino  tambien  à  romper  toda  comunicacion  con  Laura» 
à  quien  sin  embargo  no  podia  ménos  de  amar,  aon  conodendo 
que  me  hacia  mil  infidelidades.  Dichoso  aquel  que  sabe  aproye- 
charse  de  dertos  momentos  en  que  la  razon  yiene  à  turbar  los 
ilidtos  embelesos  que  la  tienen  obcecada.  Amaneciô,  pues,  una 
maflana ,  muy  dichosa  para  mi ,  en  la  cual  hice  mi  hatillo ,  y  sin 
cQptar  con  Arsenia,  que,  si  ya  à  decir  yerdad ,  casi  nada  me 
dcbia  de  mi  salario,  ni  despedirme  de  mi  querida  Laura,  sali 
de  aqnella  casa,  en  que  solo  se  respiraba  libertinage.  Premiôme 
inmediatamente  el  delo  esta  buena  obra ,  pues  encontrando  al 
mayordomo  de  mi  dUunto  amo  don  Matias ,  le  saludé ,  y  èl,  co- 
nodëndome  al  instante ,  me  preguntô  à  qnien  seryia.  Respondile 
que  liabia  estado un  mes  en  casa  de  Arsenia,  cuyas  costumbres 
desenyueltas  no  me  cuadraban ,  y  que  en  aquel  mismo  punto  yo- 
luntariamente  acababa  de  dejarla  por  salyar  mi  inocencia.  El 
mayordomo ,  como  si  de  suyo  fuera  hombre  escrupuloso ,  aprobô 
mi  delicadeza ,  y  me  dijo  que ,  pues  yo  era  un  mozo  tan  honrado, 
queria  ël  mismo  buscarme  una  buena  conyeniencia.  Cumpliô 
puntualmente  su  palabra ,  y  en  aquel  mismo  dia  me  acomod6 
con  don  Vicente  de  Guzman ,  de  cuyo  mayordomo  ël  era  grande 
amigo. 

No  podia  entrar  en  m^or  casa  ;  y  asi  nunca  me  arrepenti  de 
haber  estado  en  ella.  Era  don  Vicente  un  caballero  ya  anciano  y 
muy  rico,  que  habia  muchos  aAos  yiyia  feliz  sin  pleitos  y  sin 
muger ,  porque  los  medicos  le  habian  priyado  de  la  suya  que- 
rièndola  curar  de  una  tos,  que  yerostanilmente  la  dejaria  yiyir 

11 


tea  GIL  BLAS. 

mas  largo  tiempo  ai  no  httbiera  tornado  soa  reaiedios.  No  pensô 
jamas  en  Tolverse  à  casar,  dedicàndose  enteramente  à  la  edu- 
cadon  de  Aurora  sa  hqa  «nica ,  que  entraba  entènces  en  los 
Teinte  y  seis  aAos ,  y  era  ana  seûorita  compléta.  Juntaba  a  sa 
hermoiora  pooo  coman  on  entendimiento  despejado ,  y  grande 
instruccion.  Su  padre  era  hombre  de  poco  talento  ;  pero  tenia  el 
de  saber  gobernar  sn  casa.  Solo  le  haUaba  yo  un  defecto  ,  que  à 
los  yiejos  selesdebeperdonar  :  gastaba  mucho  dehablar,  sobre 
todo  de  guerras  y  batallas.  Si  por  una  desgracia  se  tocaba  esta 
tecia  en  su  presencia ,  luego  sonaba  en  su  boca  la  trompeta  be- 
rôica ,  y  se  tenian  por  muy  afortunados  los  oyentes  si  se  conten- 
taba  con  embocarles  la  reladon  de  très  batallas  y  dos  sitios. 
Como  babia  militado  las  dos  terceras  partes  de  su  vida,  era^u 
memoria  un  manantial  inagotable  de  fiinciones  y  hazaAas  milî- 
tares ,  que  no  siempre  se  oian  con  el  gusto  con  que  el  las  rela- 
taba.  Â  esto  se  aAadia  c[ue  era  muy  prolijo ,  sobre  ser  un  poco 
tartamudOy  con  lo  cual  sus  relaciones  se  bacian  en  extremo 
desagradables.  En  lo  demas  no  era  facil  encontrar  un  seAor  de 
mejor  caràcter.  Siempre  de  igual  humor ,  nada  testarudoni  capri- 
choso  ;  cosa  yerdaderamente  rara  en  un  bombre  de  su  dase. 
Annqne  gobernaba  sn  hacienda  con  juicio  y  economia ,  se  tra- 
taba  muy  decentemente.  Gomponiase  su  familia  de  varios  criados, 
y  de  très  criadas  que  seryian  k  Aurora.  Conoci  desde  luego  que 
el  niayordomo  de  don  Matias  me  habia  colocado  en  una  buena 
casa»  y  solamente  pensé  en  el  modo  de  conseryarme  en  ella. 
Apliquéme  i  conocer  bien  el  terreno ,  y  à  estudiar  el  genio  é 
înclinaciones  de  todos  :  arreglé  despues  mi  conducta  por  este 
conodmiento ,  y  en  poco  tiempo  logré  tener  en  mi  foyor  al 
amo  y  à  todos  mis  compaAeros. 

Haîbiase  pasado  casi  un  mes  desde  mi  entrada  en  casa  de  don 
Vicente ,  cuando  se  me  figurô  que  su  hija  me  distinguia  entre 
los  demas  criados.  Siempre  que  me  miraba  me  parecia  obseryar 
en  sus  ojos  derto  agrado  que  no  adyertia  en  ella  cuando  miraba 
k  los  otros.  A  no  haber  tratado  yo  con  elegantes  y  comediantes, 
nunca  me  hubiera  pasado  por  la  imaginacion  qœ  Aurora  pen- 
sase  en  mi  ;  pero  me  habian  abierto  los  ojos  aquellos  seftores 
mios  9  en  cuya  escuela  no  siempre  estaban  en  el  mejor  predica* 
mento  aun  las  damas  de  la  mas  alta  esfera.  Si  hemos  de  dar 
crédito  à  algunos  histriones ,  me  decîa  yo  é  mi  mîsmo ,  tal  yez 
sueien  yenir  é  las  se  floras  mas  cysUnguidas  dertas  £ant2uiias ,  de 
las  cuales  saben  ellas  aproyecharse.  ^  Que  se  yo  si  mi  ama  tendri 
de  estos caprichos ?  Pero  no,  afiadia  inmedîatamente ,  no  puedo 
persnadirme  tal  cosa  :  no  es  esta  seftorita  una  de  aqoellas  Me- 
satinas  *  que ,  olyidadas  de  la  noble  altiyez  que  les  infnnde  su 

*  Uimanse  Mesalinas  à  lasinpudicas,  porqae  YalDria  Mesalina ,  mnger  dd 


LIBRO  CUABTO.  163 

nacâniento,  se  rinden  à  la  indecencia  de  hamillarse  hasta  el 
polTO ,  y  se  deshonran  à  si  mismas  sin  rubor.  Sera  quizà  una 
de  aquellas  yinaosas ,  pero  tiemas  y  amorosas  doncellas ,  que , 
sin  traspasar  los  limites  que  la  yirtod  prescribe  i  su  ternura , 
no  hacen  escrùpulo  de  inspirar ,  ni  de  sentir  ellas  mismas  una 
pasioo  delicada  que  las  entretiene  sin  peligro. 

Este  era  el  juido  que  yo  fbrmaba  de  mi  ama ,  sin  saber  preci- 
sam^ite  à  que  atenerme.  Miéntras  tanto ,  siempre  que  me  yeia  »  no 
dejaba  de  sonreirse  y  alegrarse  :  de  manera  que  sin  pasar  por 
nedo  podia  cualquiera  créer  tan  bellas  apariencias,  y  por  lo 
mismo  no  halle  medio  de  impedir  que  me  sedujesen.  Consenti  • 
pues,  en  que  Aurora  estaba  muy  prendada  de  mi  mérite ,  y 
comenzé  à  considcrarme  como  uno  de  aquellos  criados  afortu* 
nados  i  quienes  et  amor  hace  dulcisima  la  seryidumbre.  Para 
mostrarme  en  cierto  modo  ménos  indigno  del  bien  que  parecia 
querer  proporcionarme  la  fortuna,  empezé  à  cuidar  del  aseo  de 
mi  persona  mas  de  lo  que  habia  cuidado  hasta  allL  Gastaba 
todo  mi  dinero  en  comprar  ropa  blanca ,  aguas  de  olor  y  po- 
Duidas.Lo  primero  que  haciapor  lamaftana,  luego  que  me  levan- 
laba  de  la  cama,  era  layarme,  perfomarme  bien,  y  yestirmc 
con  todo  el  aseo  posible ,  para  no  presentarme  con  desaliflo  à 
mi  ama  en  caso  que  mé  Uamase.  Con  este  cuidado  de  compo- 
nerme,  y  con  otros  medios  que  empleaba  para  agradar,  me 
lisonjeaba  de  que  no  tardaria^mucho  en  dedararse  mi  yentnra. 

Entre  las  criadas  de  Aurora  habia  una  que  ae  llamaba  la 
Ortiz.  Era  una  yieja  que  hacia  mas  de  yeinte  aAos  que  seryia  en 
casa  de  don  Vicente.  Habia  criado  i  su  hija ,  y  conseryaba  toda- 
yia  el  tltulo  de  duefla ,  aunque  ya  no  ejercia  aquel  penoso 
empleo.  Por  el  contrario ,  en  lugar  de  yigilar  las  acciones  de 
Aurora,  como  lo  hacia  en  otro  tiempo,  entônces  solo  atendia  à 
ocultarlas ,  con  lo  cual  gozaba  toda  la  confianza  de  su  ama.  Una 
nocfae ,  habiendo  buscado  la  dueAa  ocasion  de  hablarme ,  sin  que 
nadie  pudiese  oimos ,  me  dijo  en  yoz  baja  que,  si  .yo  era  pru- 
dente'y  caUado  »  bajase  al  jardin  &  media  noche ,  donde  sabria 
oosas  qae  no  me  disgustarian.  Respondile ,  apretàndole  hi  mano, 
que  sin  fiilta  aiguna  bajaria ,  y  prontamente  nos  separàmos  para 
no  ser  sorprendidos.  Ya  no  dude  entônces  de  ser  yo  el  objeto 
del  carijk)  de  Aurora.  |  Oh ,  y  que  Uirgo  se  me  hizo  el  tiempo 
hasta  la  cena,  sin  embargo  de  que  siempre  se  cenaba  temprano , 
y  desde  la  cena  hasta  que  mi  amo  se  recogiô  !  Paredame  quo 
aqnella  noche  todo  se  hacia  en  casa  con  extraordinaria  lentitud. 
Y  para  aumento  de  mi  fostidio ,  cuando  don  Vicente  se  retiré  é 

cmperador  de  Roma  Claudio ,  fuë  tal  rez  la  mas  disoluta,  impudica  y  deâenfror 
Bada  de  que  hace  mencioii  la  historia.  Fuë  maerta  con  uno  de  fus  amantes  de 
ôrden  de  su  marido  el  aAo  46  de  la  era  cristiana. 


164  GIL  BLAS. 

sa  caarto ,  en  yez  de  pensar  en  dormirse ,  se  poso  à  repetinne 
SOS  campaflas  de  Portugal  con  que  tanto  me  habia  machacado. 
Pero  lo  cfue  jamas  habia  hecho ,  y  lo  que  precisamente  giiard6 
para  regalarme  aquella  noche ,  foe  irme  nombrando  uno  por  uno 
todos  los  oficiales  que  se  habian  hallado  en  ellas ,  refiriéndome 
ai  mismo  tiempo  las  hazaftas  de  cada  cual.  No  puedo  ponderar 
cnanto  padeci  en  estarle  oyendo  basta  que  concluyô.  Al  fin  acabô 
de  babiar  y  se  metiô  en  la  cama.  Retirème  inmedîatamente  al 
cttarto  donde  estaba  la  mia ,  y  del  que  se  bajaba  por  una  escalera 
sécréta  al  jardin.  Untème  de  pomada  todo  el  cuerpo  ;  puseme 
une  camisola  limpia  bien  perfumada  ;  y  nada  omiti  de  cuanto  me 
pareciô  podia  contribuir  à  fomentar  el  capricho  que  me  habîa 
figurado  en  mi  ama ,  oon  lo  que  fui  al  sitio  dfi  la  cita. 

No  encontre  en  ël  é  la  Ortiz,  y  juzgué  que,  cansada  de  espe- 
rarme  »  se  habia  vuelto  à  su  cuarto ,  lo  que  me  hizo  perder  todas 
mis  esperanzas.  Eché  la  culpa  à  don  Vicente ,  y  cuando  estaba 
dando  al  diablo  sus  campailas,  diô  el  relox,  conté  las  horas,  y 
vi  que  no  eran  mas  que  las  diez.  TuTe  por  cierto  que  el  relox  an- 
daba  mal,  creyendo  imposible  que  no  fuese  ya  por  lo  mènos  la 
una  de  la  noche  ;  pero  estaba  tan  engaftado,  que  un  cuarCo  de  hora 
despues  toIyI  à  contar  las  diez  de  otro  relox.  |  Bravo!  dije  en- 
tônces  entre  mi  :  todayia  me  faltan  dos  horas  enteras  de  poste  6 
de  centinela.  No  culparàn  mi  tardanza.  Pero  ;qué  haré  basta  las 
doce?  Paseémonos  en  este  jardin,  y  pensemos  en  el  papel  que 
debo  hacer ,  que  es  para  mi  harto  nuevo.  No  estoy  acostumbrado 
à  las  bizarrias  de  las  damas  de  distincion;  solamente  se  lo  que 
se  practica  con  las  comediantas  y  mugercillas.  Se  présenta  uno  à 
ellas  con  familiaridad  y  franqueza ,  y  les  dice  su  atreyido  pensa- 
miento  sin  reparo;  pero  con  las  sefloras  se  observa  otro  ceremo- 
nial. Es  menester ,  à  lo  que  me  parece,  que  el  galan  sea  cortes , 
complaciente,  tierno  y  moderado,  pero  sin  ser  timido.  No  ha  de 
querer  precipitar  atropelladamente  su  fortuna  :  para  lograrla  debe 
esperar  el  momento  feyorable. 

Asi  discurria  yo ,  y  asi  me  proponia  procéder  con  Auront.  Fi- 
guràbame  que  dentro  de  poco  tendria  la  dicha  de  yerme  à  los 
pies  de  aquella  amable  persona,  y  decirle  mil  cosas  amorosas. 
Gon  este  fin  traia  à  la  memoria  los  pasages  de  las  comedias  que 
me  pareciô  podian  seryirme  y  darme  gran  lucimiento  en  nuestra 
conyersacion  à  solas.  Lisonjeàbame  de  que  los  aplicaria  con  opor- 
tunidad;  y  esperaba  que,  à  ejemplo  de  algunos  comediantes  que 
yo  conocia ,  pasaria  por  hombre  de  entendimiento ,  aunque  no 
tuyiese  mas  que  memoria.  Miéntras  me  ocupaba  en  estos  pensa- 
mientos ,  los  cuales  diyertian  mi  impaciencia  con  mas  gusto  que 
las  relaciones  militares  de  mi  amo,  oi  dar  las  once.  \  Bneno  !  dije 
entônces;  ya  no  me  foltan  mas  que  sesenta  minutos  que  esperar: 
armèmonos  de  paciencia.  Cobré  ànimo,  y  volyime  i  recrear  con 


LIBRO  CUARTO.  165 

las  aiegres  fantasias  de  mi  imaginacion ,  parte  paseàndome,  j 
parte  sentândome  en  un  delicioso  cenador  formado  en  el  ex- 
tremo  del  jardin.  Uegô  en  fin  la  hora  de  mi  tan  deseada,  es 
decir  las  doce.  Pocos  instantes  despues  se  dej6  ver  la  Ortiz ,  tan 
pnntoal  como  yo,  pera  mènos  impaciente.  Seftor  Gil  Bias,  me 
dijo  al  acercarse ,  ;coanto  ha  que  esté  ymd.  aqni  ?  Dos  horas  »  le 
respondi.  En  yerdad,  afiadiô  ella  riëndose,  que  es  vmd.  muy 
€imiplidOy  y  da  gosto  darle  citas  para  estas  horas.  Es  cierto,  pro- 
sigoiô  ya  en  tono  serio ,  que  eso  y  mucho  mas  merece  la  dicha 
que  le  yoy  à  anunciar.  Mi  ama  quiere  hablar  &  solas  con  ymd. ,  y 
me  ha  mandado  que  le  introduzca  en  su  cuarto  en  donde  le  espé- 
ra: no  tengo  otra  cosa  que  decirle;  lo  demas  es  un  secreto  que 
Tmd.  no  debe  saber  sino  de  su  propia  boca.  Sigame  à  donde  le 
condozca;  y  dicho  esto  me  cogiô  de  la  mano,  y  ella  misma  me 
introdujo  misteriosamente  en  el  aposento  del  ama  por  una  puerta 
fiilsa  de  que  tenia^  la  Dave. 

CAPITULO  II. 

Como  redbiô  Anrora  d  Gil  Bias ,  y  la  coiiTersacioii  que  oon  él  toTo. 

Halle  A  Aurora  vestida  de  trapillo ,  lo  que  no  me  disgustè  :  sa- 
ludëla  cen  el  mayor  respeto  y  con  la  mejor  gracia  que  me  fiiè 
posible.  Recibiôme  con  semblante  risueiio;  hizome  sentar  junto  à 
81  repugnândolo  yo,  y  lo  que  mas  me  agradô  fué  que  mand6  â 
su  embajadora  se  retirase  à  su  cuarto  y  nos  dejase  solos.  Despues 
de  este  preludio,  volviéndose  h&cia  mi,  me  dijo  :  Gil  Bias,  ya 
babrés  advertido  que  te  miro  con  buenos  ojos ,  y  te  distingo 
entre  todos  los  criados  de  mi  padre  :  cuando  esto  no  foese  bas- 
tante  para  hacerte  conocer  la*  particularidad  con  que  te  estimo , 
juzgo  que  no  te  dejari  dudarlo  este  paso  que  ahora  doy. 

No  le  di'tiempo  para  que  dijese  mas.  Pareciôme  que  como 
hombre  discreto  debia  respetar  su  pudor,  y  no  darle  lugar  à  mayor 
explicadon.  Leyantème  enagenado,  y  arrojàndome  à  sus  pies 
como  un  hëroe  de  teatro  que  se  arrodilla  ante  su  princesa ,  ex- 
damé  en  tono  declamatorio  :  \  Ah,  sefioral  i  me  habré  engafiado  ? 
;se  dirigen  â  mi  yuestras  palabras?  ;serà  posible  que  Gil  Bias , 
juguete  hasta  aqui  de  la  fortuna  y  el  desecho  de  toda  la  natura- 
leza,  sea  tan  yenturoso  que  haya  podido  inspiraros  afectos... 
Baja  un  poco  la  yoz,  me  dijo  sonriëndose  mi  ama,  por  no  des- 
pertar  A  las  criadas  que  duermen  en  el  cuarto  yecino.  Leyéntate , 
yuelye  &  sentarte ,  y  escùchame  hasta  que  acabe  sin  interrumpirme. 
Si,  Gfl  Bias,  prosiguiô  yolviendo  &  su  afiible  seriedad  :  es  cierto 
que  te  estbno,  y  en  prueba  de  ello  yoy  à  fiarte  un  secreto,  del 
cual  pende  d  sosiego  de  mi  yida.  Sabe  que  amo  &  un  cabaUerito 
mozo^  galan,  airoso  y  de  ilustre  nadmiento,  llamado  don  Luis 


166  CIL  BLAS. 

Pacheoo.  Le  yeo  algunas  yeces  en  el  paseo  y  en  laoomedîa;  pero 
nunca  le  be  hablado.  Ignoro  su  caràcter ,  y  tambien  cuales  son  sas 
prendas»  si  bueoas  ô  malas.  Esto  quisiera  aaberlo  pontuabnente , 
para  lo  coal  necesHo  de  un  bombre  sagaz  y  sinoero,  que,  înfor- 
màndose  bien  de  sus  cosiumbres ,  sepa  darme  ona  cœnta  fiel  de 
ellas.  He  puesto  los  ojos  en  ti  con  preferencia  à  los  éea^  criados , 
persuadida  de  que  nada  arriesgo  en  daite  este  encargo.  Espéra 
que  le  desempefiarés  con  tanto  sigflo  y  cautela,  que  nunca  tendre 
motivo  para  arrepentirme  de  baberte  escogido  por  depositario 
de  mi  mas  intima  confianza. 

Gallô  mi  seftorita  para  oir  mi  respuesta.  AI  prindpio  me  torbè 
algun  tanto,  conociendomi  necio  engafto;  pero  Tolviendo  pron* 
tamente  en  ml ,  y  yenciendo  la  yergûenza  que  causa  siempre  la 
temeridad  cuando  sale  con  desgracii^,  sape  mostrarle  un  zelo  tan 
viyo,  y  un  ardor  tan  grande  en  todo  lo  que  fiiese  servirla  y  com- 
placeria,  que  si  no  alcanzô  para  desimpresionarla  dd  mal  con- 
cepto  que  pudo  haberle  hecho  formar  mi  atreyida  presuncion,  bas- 
tariapor  lomënos  para  que  conodese  que  yo  sabia  enmendar  may 
bien  una  necedad.  Pedile  no  mas  que  dos  dias  de  tiempo  para  poderle 
dar  razon  puntual  de  don  Luis ,  los  que  me  concediô  ;  y  llamando 
ella  misma  &  la  Ortiz,  esta  me  yolyiô  à  conducir  al  jardin,  di- 
ciëndome  con  cierto  aire  burlon  al  despedirse  :  Buenos  noches,  Gil 
Bias  ;  no  te  yolyeré  é  encargar  otra  yez  que  no  dejes  de  acndir 
temprano  al  sitio  de  la  cita,  porque  ya  esta  yista  tu  puntualidad. 

Yolyime  à  mi  cuarto ,  no  sin  algun  pesar  de  yer  frostrado  mi 
pensamiento.  Gon  todo  eso  tuye  bastante  juicio  para  oonsolarme 
y  conocer  que  me  tenia  mas  cnenta  ser  el  confidente  que  el 
amante  de  mi  ama.  Ofreciôseme  tambien  que  esto  podia  hacerme 
hombre,  pues  los  medianeros  de  amor  eran  regiûarmente  bien 
recompensados  por  su  trabajo  :  reflexiones  que  me  diyirtièron  y 
consolâron,  y  fnime  &  acostar  con  firme  resolucion  de  obedecer 
y  seryir  &  mi  ama  en  cuanto  exigiese  de  mi.  Leyantéme  al  dia  si- 
guiente,  y  sali  de  casa  à  desempefiar  mi  encargo.  No  era  dtficil 
saber  donde  yiyia  un  caballero  tan  conoddo  oomo  don  Luis. 
Tome  al  instante  informes  de  ël  en  la  yecindad  ;  pero  los  su- 
getos  à  quienes  me  dirigi  no  pudi^on  satis£acer  del  todo  mi 
curiosidad.  £sto  me  obligô  à  hacer  nueyas  ayeriguaciones  el  dia 
siguiente ,  y  fui  mas  afortunado  que  en  el  anterior.  Encontre  ca- 
sualmente  en  la  calle  à  un  mozo  &  quien  yoconocia;  detuyimonos 
&  hablar ,  y  en  aquel  punto  se  llegô  é  ël  uno  de  sus  amigos,  y  le 
dijo  que  le  habian  despedido  de  casa  de  don  Josë  Pacheco ,  padre 
de  don  Luis,  por  haberle  acusado  de  que  se  habia  bebido  un 
barrfl  de  yino.  No  perdi  una  ocasion  tan  oportuna  para  saber 
cuanto  deseaba,  lo  que  consegui  à  fiierza  de  preguntas  ;  de  ma- 
nera  que  yolyi  à  casa  muy  contento  porque  ya  podia  cumplir  la 
palabra  que  habia  dado  à  mi  seftorita,  con  quien  habia  quedado 


LIBRO  CUARTO.  167 

de  acaerdo  que  yolveria  é  yerla  en  el  mismo  ntio ,  y  de  la  misma 
manera  que  la  noche  antécédente.  No  estuve  en  esta  tan  inquieto 
como  en  la  primera:  léjos  de  impacientarme  con  las  prolijas  re- 
laciones  de  mi  amo ,  yo  mismo  le  saqué  la  conyersadon  de  sus 
combates.  Espéré  &  que  fnese  media  noche  con  la  mayor  tran^ 
qiuilidad  del  mundo ,  y  no  me  moyi  hasta  que  conté  bien  las  doce 
de  todos  los  relojes  que  se  podian  oir  desde  casa.  Entônces  bajé 
oon  mncho  sosiego  al  jardin,  sin  pensar  en  perfumes  ni  en  po- 
madas ,  pues  hasta  en  esto  me  corregi* 

Encontre  ya  à  la  fiel  duefia  en  el  sitio  mismo,  y  la  taimada  me 
dijo  con  algo  de  socarroneria  :  En  yerdad ,  Gil  Bias,  que  hoy  ha 
rebajado  mucho  tu  puntnalidad.  No  le  respondi  palabra ,  fin- 
giendo  que  no  la  oia,  y  ella  me  condujo  al  cuarto  donde  Aurora 
me  estaba  esperando.  Preguntôme  luego  que  me  yiô  si  me  habia 
informado  bien  acerca  de  don  Luis ,  y  si  habia  averiguado  mu- 
chas  cosas.  Si,  sefiora ,  le  respondi  ;  tengo  con  que  satisfacer  yues- 
tra  curiosidad.  En  primer  lugar  os  dire  que  muy  ea  breye  marcha 
â  Salamanca  à  concluir  sus  estudios.  Segun  lo  que  me  han  dicho 
es  un  sefiorito  lleno  de  honor  y  probidad  ;  y  en  cuanto  al  yalor, 
no  le  paede  feltar,  pues  es  caballero  y  Castellano.  Fuera  de  eso , 
es  un  mozo  enteudido  y  de  bellos  modales;  pero  lo  que  quizà  os 
darà  poco  gusto,  y  que  sin  embargo  no  puedo  ménos  de  deciros, 
es  qpe  yiye  algo  demasiado  à  la  moda  de  los  sefkoritos  moder* 
nos,  quiero  decir,  que  es  un  grandisimo  libertino.  ^  Créera  ymd. 
que,  siendo  tan  jôyen  como  es,  ha  tenido  ya  amistad  con  dos 
comediantas?  ^Qué  es  lo  que  me  dices?  exclamé  Aurora.  |Dios 
mio ,  y  que  costumbres  !  Pero  dune ,  Gil  Bias ,  pestas  bien  cierto 
de  que  tiene  una  yida  tan  licendosa?  ;Gomo  si  estoy  cierto?  le 
respondi:  no  hay  cosa  mas  segura.  Todo  me  lo  ha  contado  un 
crtado  de  su  casa ,  que  fué  despedido  de  ella  esta  mafiana  ;  y  ya 
se  sabe  que  los  criados  son  muy  yeraces  siempre  que  se  trata  de 
publicar  los  defectos  de  sus  amos.  Fuera  de  eso,  el  tal  don  Luis 
es  may  amigo  de  don  Alejo  Seguier,  de  don  Antonio  Gentelles , 
y  de  don  Fernando  de  Gamboa ,  prueba  constante  de  su  disolu* 
don.  Basta ,  Gil  Bias ,  dijo  suspirando  mi  pobre  sefiorita  :  en  fîierza 
de  to  informe  comienzo  desde  ahora  &  combatir  mi  indigno  amor. 
Aunque  habia  echado  ya  profiindas  raices  en  mi  corazon,  no 
desconfio  de  arrancarle  de  él.  Yete,  prosiguiô,  y  admite  en  pre- 
mio  de  tu  trabajo  esta  corta  demostracion  de  mi  agradedmiento. 
Al  dedr  esto  me  pnso  en  la  mano  un  bolsillo ,  que  ciertamente 
DO  estaba  yacio,  afiadiendo  :  Solo  te  encargo  que  guardes  bien  d 
secreto  que  he  confiado  à  tu  silencio. 

Aseguréle  que  en  este  particular  podia  yiyir  sin  el  menor  recelo, 
porque  yo  era  el  Harpôcrates  *  de  los  criados  confidentes.  Dicho 

*  Entre  los  antigaos  era  el  dios  del  sîlencio^ 


168  GIL  BLAS. 

esto  me  retiré  impacieDtisimo  por  saber  lo  que  conlenia  el  bol- 
siOo.  Abrile ,  y  halle  en  él  yeinte  doblones.  Luego  se  me  ofred& 
que  sin  duda  habria  sido  Aurora  mas  liberal  conmigo  siyo  le  ha- 
biera  dado  otra  notida  mas  agradable,  caando  pagaba  con  tanta 
generosidad  nna  que  le  habia  causado  tanto  disgosto.  Me  peso  de 
no  haber  imitado  à  los  .escribanos  y  alguaciles  que  disfirâzan  à 
Teoes  la  verdad;  y  me  enfadé  mucho  contra  mi  tonteria  por  ha- 
ber snfocado  en  sa  nacimiento  un  amor  que  con  el  tiempo  podia 
prodacirme  grandisimas  utilidades  si  yo  no  hubiera  hecho  un  nedo 
alarde  de  ser  sincero;  pero  al  fin  me  consolé  con  los  yeinte  do- 
blones,  que  me  recompensaban  yentajosamente  de  lo  que  habia 
gastado  tan  sin  yenir  al  caso  en  pomadas  y  perfumes* 


CAPITULO  m. 

De  U  gran  matadon  qae  sobrevino  en  casa  de  don  yicente ,  y  de  la  extrada 
determinacion  que  el  amor  hizo  tomar  i  la  bella  Aurora. 

Poco  despues  de  esta  ay entura  se  sintiô  malo  don  Vicente.  Sobre 
ser  de  una  edad  bastante  ayanzada ,  los  sintomas  de  su  enfermedad 
eran  tan  yiolentos  y  que  desde  luego  se  temîéron  funestas  résultas. 
LIamôse  é  los  dos  mas  fiamosos  medicos  de  Madrid  ;  uno  era  el 
doctor  Andres ,  y  el  otro  el  doctor  Oquendo.  Pulséron  atenta- 
mente  al  doliente;  y  despues  de  una  exacta  observacion  conyinié- 
ron  entrambos  en  que  los  humores  estaban  en  una  preternatural 
fermentacîon  y  moyimiento.  En  solo  esto  fiiëron  de  un  parecer,  y 
estuyiéron  discordes  en  todo  lo  demas.  El  uno  queria  que  se  pur- 
gara  el  enfermo  aquel  mismo  dia ,  y  el  otro  opinaba  que  la  purga 
se  diIatase.El  doctor  Andres  decia  que,  por  lo  mismo  que  loshu* 
mores  estaban  en  una  yiolenta  agitacion  de  flujo  y  reflujo ,  se  les 
habia  de  expeler  aunque  crudos  con  purgantes ,  entes  que  se  fija- 
sen  en  alguna  parte  noble  y  principal.  Oquendo  opinaba,  por  el 
contrario,  que,  estando  todayia  incoctos  y  crudos  los  humores,  se 
debia  esperar  &  que  madurasen  antes  de  recurrir  à  los  purgantes. 
Pero  ese  mëtodo,  replicaba  el  otro ,  es  directamente  opuesto  al 
que  nos  ensefia  el  principe  de  la  medicina  :  Hipocrates  adyierte 
que  se  debe  purgar  al  principio  de  la  enfermedad  y  desde  los  pri- 
meros  dias  de  la  mas  ardiente  calentura ,  diciendo  eu  términos 
expresos  que  se  ha  de  acudir  prontamente  con  la  purga  cuando 
los  humores  estân  en  orgaano,  es  decir,  en  su  mayor  agitacion. 
I  Oh  !  en  eso  esta  yuestra  equiyocacion ,  repuso  Oquendo  :  Hipo- 
crates no  entiende  por  la  yoz  orgasmo  la  agitacion  yiolenta ,  sino 
mas  bien  la  madurez  de  los  humores. 

Acaloràronse  nuestros  doctores  en  esta  disputa.  El  uno  récite 
el  texto  griego,  y  cité  todos  los  autores  que  le  explicaban  como 


LIBRO  CUARTO.  169 

ël.  El  otro  se  fiaba  en  la  traduccion  latina ,  empefiàndose  con 
mayor  calor,  y  tomando  el  asunto  en  tono  mas  £dto.  ^A  cual  de 
los  dos  se  habia  de  créer?  Don  Vicente  no  era  hombre  que  pu- 
diese  resolver  aqnellacaestion  ;  pero  hallàndose  precisado  à  elegir 
una  de  las  dos  opiniones ,  adoptô  la  del  que  habia  echado  al  otro 
mundomas  enfermos,  quiero  decir,  la  del  mas  yiejo.  Viendo  esto 
el  doctor  Andres ,  que  era  el  mas  mozo ,  se  retiré;  pero  no  sin 
dedr  primero  cuatro  pullas  bien  picantes  al  mas  anciano  sobre  su 
argarmo;  y  he  aqui  que  quedô  triunfante  Oquendo;  y  como  se- 
guia  los  mismos  principios  que  el  doctor  Sangredo,  hizo  sangrar 
copîosamente  al  enfermo ,  esperando  para  purgarle  à  que  los  hu- 
mores  estuviesen  cocidos  ;  pero  la  muerte ,  que  temiô  quizà  que 
ona  purga,  tan  sabiamente  diferida ,  no  le  quitase  la  presa  que  ya 
tenia  agarrada ,  impidiô  la  coccion ,  y  se  llevô  à  mi  pobre  amo. 
Ta!  fîiè  el  fin  del  sefior  don  Vicente ,  que  perdiô  la  vida  porque 
sa  medico  no  sabia  el  griego. 

Despues  de  haber  hecho  Aurora  à  su  padre  las  exequias  corres- 
pondientes  à  un  hombre  de  su  distinguido  nacimiento,  entrô  en  la 
administracion  de  todo  lo  que  tocaba  à  la  casa.  Bueâa  ya  de  su 
Tohmtad,  despidiô  algunos  criados ,  remunerindolos  en  propor- 
cion  de  su  lealtad  y  méritos.  Hecho  esto  se  retirô  à  una  quinta  que 
tenia  à  las  mérgenes  del  Tajo ,  entre  Sacedon  y  Buendia.  Yo  fol 
ono  de  los  que  permaneciéron  con  ella ,  y  la  siguiéron  &  la  aldea. 
No  solo  eso ,  sino  que  tambien  tuye  la  fortuna  de  que  necesitase  de 
mL  No  obstante  el  fiel  informe  que  yo  le  habia  dado  de  don  Luis , 
todayia  le  amaba  y  6  por  mejor  decir,  no  pudiendo  con  todos  sus 
esfoerzos  ycncer  la  yiolencia  del  amor^  se  habia  dejado  lleyar  de 
sa  impulso.  Como  ya  no  necesitaba  tomar  precauciones  para  ha- 
blarme  à  solas,  me  dijo  un  dia  suspirando  :  Gil  Bias ,  yo  no  puedo 
olyidar  à  don  Luis  :  por  mas  que  hago  para  desecharle  del  pen- 
samiento ,  se  me  représenta  siempre ,  no  ya  como  tu  me  le  pintàste 
encenagado  en  los  yidos,  sino  como  yo  quisiera  que  foese, 
tiemo ,  amoroso  y  constante.  Entemeciôse  al  decir  estas  palabras, 
y  no  pudo  reprimir  algunas  làgrimas.  Tambien  à  mi  me  foltô  poco 
para  llorar  :  tanto  foë  lo  que  me  conmoyiô  su  llanto.  Ni  podia  ha- 
cerle  mejor  la  corte  que  mostrandome  afligido  de  su  pena.  Veo, 
amigo  Bias,  continuô  enjugàndose  sus  hermosos  ojos,  yeo  tu 
baen  corazon,  y  estoy  muy  satisfecha  de  tu  zelo ,  que  prometo 
recompensar  bien.  Nunca  mas  que  ahora  me  ha  sido  necesario  tu 
anxilio.  Voy  à  descubrirte  el  pensamiento  que  ocupa  en  este  ins- 
tante mi  atencion  :  sin  duda  te  parecerà  extravagante  y  caprichoso. 
Has  de  saber  que  quiero  ir  cuanto  antes  à  Salamanca,  donde  he 
pensado  disfrazarme  de  caballero  bajo  el  nombre  de  don  Felix , 
y  hacer  conocimiento  con  Paeheco ,  de  modo  que  llegue  à  ganar 
su  amistad  y  confianza.  Hablaréle  frecuentemente  de  doua  Au- 
rora de  Guzman ,  suponiéndome  primo  suyo ,  y  como  es  natural 


170  GO.  BLAS. 

que  desèe  oonooerla ,  aqui  es  donde  yo  le  aguardo.  Nosotros  ten- 
drèmos  ea  Salamanca  dos  posadas,  en  una  harè  el  papel  de  don 
Felix ,  y  en  la  otra  el  de  dofia  Aurora  :  y  dejàndome  yer  de  don 
Luis  Unas  yeces  yestida  de  hombre  y  otras  de  muger,  espero 
traerle  al  fin  que  me  he  propuesto.  Confieso ,  afiadiô  ella  misma , 
que  es  muy  extrafto  mi  proyecto  ;  pero  la  pasion  que  me  arrastra , 
y  la  inocente  intencion  con  que  camino ,  acaban  de  cegarme  sobre 
el  paso  à  que  me  quiero  arriesçar. 

Yo  era  del  mismo  parecer  que  Aurora  en  cuanto  à  la  exUraya- 
gancia  del  designio ,  que  creia  muy  insensate.  Sin  embargo , 
aunque  le  tenia  por  tan  contrario  à  la  razon ,  me  guardé  muy  bien 
de  hacer  el  pedagogo ,  antes  si  comenzé  â  dorar  la  pildora ,  y 
me  esforzë  é  querer  persuadir  que,  en  yez  de  ser  una  idea  dispa- 
ratada,  era  una  delicada  inyencion  de  ingenio  que  no  podia  traer 
consecuencia.  No  me  acuerdo  ya  cuanto  le  dije  para  convenoeria 
de  esto;  pero  cediô  à  mis  persuasiones ,  porque  à  los  amantes 
siempre  les  agrada  que  se  celebrenj  aplaudaa  sus  mas  locos  des- 
yarios.  En  fin ,  conyinimos  los  dos  en  que  esta  temeraria  em- 
presa  la  debisypos  mirar  como  una  especie  de  comedia  burlesca 
inyentada  para  diyertimos ,  en  la  cual  solo  habia  de  pensar  cada 
uno  en  representar  bien  su  papel.  Escogimos  los  actores  entre  las 
gentes  de  la  casa ,  y  repartimos  à  cada  cual  el  suyo.  Todos  le  ad- 
mitiéron  sin  quejarse  ni  hacer  esguinces,  porque  no  eramos  co- 
mediantes  de  profesion.  A  la  sefiora  Ortiz  se  le  encomendô  el  de 
tia  de  dofia  Aurora ,  sefialàndosele  un  criado  y  una  doncella,  y 
habia  de  llamarse  dofia  Jimena  de  Guzman.  A  ml  me  tocaba  el  de 
ayuda  de  càmara  de  dofia  Aurora ,  que  habia  de  disfrazarse  de 
caballero  ;  y  una  de  las  criadas,  disfirazada  de  page,  le  habia  de 
seryir  separadamente.  Arreglados  asi  los  papeles ,  nos  restituimos 
à  Madrid ,  donde  supimos  se  hallaba  today  ia  don  Luis ,  pero  dis- 
poniendo  su  yiage  à  Salamanca.  Dimes  ôrden  para  que  se  hiciesen 
cuanto  antes  los  yestidos  que  habiamos  menester,  i  fin  de  usar 
de  ellos  en  tiempo  y  lugar;  y  hechos  que  fuéron  se  dobléron  y 
metiéron  en  diferentes  baules  ;  y  dejando  al  mayordomo  el  cui- 
dado  de  la  casa ,  marchô  doua  Aurora  en  un  coche  de  colleras , 
tomando  el  camino  del  reino  de  Leon,  acompafiada  de  todos  los 
que  entrabamos  en  la  comedia. 

Ibamos  atrayesando  por  Castilla  la  Yieja,  cuando  se  rompiô  el 
eje  del  coche ,  entre  Ayila  y  Yinaflor,  à  trescientos  6  cuatrocien- 
tos  pasos  de  una  quintaque  se  dejaba  yer  al  piè  de  una  montafla. 
Yeiamonos  muy  apurados  porque  se  acercaba  la  noche;  pero  un 
aldeano  que  acertô  à  pasar  por  alli  nos  sacô  de  aquel  conflicto. 
Informônos  de  que  aquella  quinta  era  de  una  tal  dofia  Elyira, 
yiuda  de  don  Pedro  Pinares ,  y  fué  tanto  el  bien  que  dijo  de 
aquella  sefiora,  que  mi  ama  se  déterminé  à  enyiarme  à  suplicarle 
de  su  parte  se  siryiese  recogemos  en  su  casa  por  aquella  noche. 


LIBRO  CUARTO.  171 

No  desmintiôdofiaElyira  el  informe  del  aldeano;  bien  en  verdad 
qne  jo  desempeflé  mi  comision  de  tal  modo  que  la  hobiera  incli- 
nado  à  recibimos  en  sa  qninta ,  ann  cuando  no  hubiera  sido  la  se- 
ftora  mas  agasajadora  del  mnndo  :  me  recibiô  con  mucha  afabiK- 
dad ,  y  respondiô  à  mi  sùplica  en  los  tërminos  que  yo  deseaba. 
Pasàmos  todos  à  la  qninta  tirando  las  mulas  el  coche  con  el  mayor 
tiento  que  se  pudo.  Encontràmos  à  la  puerta  à  la  yiada  de  don 
Pedro,  que  saliô  cortesanamente  al  encuentro  de  mi  ama.  Paso 
en  silencio  los  reciprocos  cnmplimientos  qne  ambas  se  hidéron  ; 
solo  dire  que  dofia  Elvira  era  una  sefiora  ya  de  edad  avanzada , 
pero  à  quien  ninguna  muger  del  mundo  excedia  en  desempeftar 
noblemeate  las  obligadones  de  la  hospitalidad.  Condujo  à  dofla 
Aurora  à  un  magnifia  cuarto,  donde,  dejàndola  en  libertad  para 
que  descansase ,  fîié  à  dar  disposidones  hasta  sobre  las  cosas 
mas  menudas  tocantes  à  nosotros.  Hecho  esto,  luego  que  estuyo 
dispuesta  la  cena  mandôse  sirriese  en  el  cuarto  de  Aurora,  donde 
las  dos  se  sentéron  &  la  mesa.  No  era  la  viuda  de  don  Pedro  una 
de  aquellas  personas  que  no  saben  obsequiar  en  un  convite  man- 
tenièndose  en  él  con  un  aire  enfodosamente  grave ,  silendoso  y 
pensativo  ;  antes  bien  era  de  genio  jovial ,  y  sabia  mantener 
siempre  grata  la   conversacion.  Explicàbase  noblemente   con 
frases  escogidas  y  adecuadas  ;  yo  admiraba  su  talento  y  el  modo 
fine  y  delicado  con  que  expresaba  sus  pensamientos ,  lo  que  me 
tenia  embelesado,  y  no  ménos  encantada  se  manifèstaba  Aurora. 
Se  cobréron  las  dos  una  estrecha  amistad ,  y  quedâron  de 
acaerdo  en  mantenerla  correspondiéndose  por  cartas.  Nuèstro 
coche  no  podia  estar  compuesto  hasta  el  dia  siguiente ,  y  era 
muy  natural  que  no  pudiesemos  salir  hasta  muy  tarde,  por  lo 
que  nos  detuvimos  todo  aquel  dia  en  la  misma  quinta.  A  noso- 
tros se  nos  sirviô  tambien  una  cena  muy  abundante,  yasi  dor- 
mimos  todos  tan  bien  como  habiamos  cenado. 

Al  dia  siguiente  descubriô  mi  ama  nuevo  fondo  y  nuevas  gra- 
cias en  la  conversacion  de  dofia  Elvira.  Gomiëron  las  dos  en  una 
sala  en  que  habia  muchas  pinturas ,  entre  las  cnales  sobresalia 
<ina ,  cuyas  figuras  estaban  pintadas  con  la  mayor  propiedad ,  y 
que  ofrecia  à  la  vista  un  asunto  verdaderamente  tràgico.  Era  un 
caballero  muerto ,  tendido  en  tierra ,  baflado  en  su  misma  san- 
gre,  cuyo  semblante  parecia  que,  aun  despues  de  muerto,  es- 
<^ba  amenazando.  Gerça  de  él  se  dejaba  ver  tendido  tambien  el 
cadiver  de  una  dama  jôven ,  aunque  en  diferente  actitud ,  atra- 
vesado  el  pecho  con  una  espada ,  y  cuando  se  representaba  exha- 
bndo  el  Ûtimo  aliento  tenia  clavados  los  ojos  en  un  jôven ,  que 
expresaba  tener  un  mortal  dolor  de  perderla.  El  pincel  habia  re- 
presentado  tambien  en  aquel  lienzo  otra  figura  ,  que  no  Damaba 
ménos  la  atencion.  Era  un  anciano  de  grave ,  hermoso  y  vene- 
"^able  aspecto,  que,  conmovido  vivamente  de  los  funestes  objetos 


172  GIL  BLAS. 

que  se  le  presentaban  i  la  vista,  no  semaniféstabamènosafligido 
que  el  jôven.  Podriase  dedr  que  aquellas  imégeoes  sangrien— 
tas  excitaban  en  el  mozo  y  en  el  anciano  iguales  moyimieiitos  ^ 
pero  causando  en  los  dos  diferentes   impresiones.  El  yiejo, 
poseido  de  una  profunda  tristeza,  parecia  estar  abatido  enlera— 
mente  de  ella;  mas  en  el  mozo  se  echaba  de  ver  el  furor  mez— 
clado  con  la  afliccion.  Todos  estos  afectos  estaban  tan  vivamente 
expresadoSy  que  no  nos  cansabamos  de  ver  y  admirar  aqnel 
cuadro.  Preguntô  mi  ama  que  suceso  6  que  historia  representaba 
aqueila  pintura.  Sefiora ,  le  respondi6  dofia  Elvira ,  es  una  pin— 
tura  fiel  de  las  desgracias  de  mi  fomilia.  Esta  respuesta  picô  tanto 
la  curiosidad  de  Aurora,  y  manifesto  un  deseo  tan  véhémente 
de  saber  mas ,  que  la  viuda  de  don  Pedro  no  pudo  dispensarse 
de  prometerle  la  satisiaocion  que  deseaba.  Esta  promesa  fné 
hecha  à  presencia  de  la  Ortiz,  de  sus  dos  compafieras  y  mia; 
todos  cuatro  nos  detuvimos  en  la  sala  despues  de  la  comida.  Hi 
ama  quiso  que  nos  retirasemos  ;  pero  dofia  Elvira,  que  conocio 
nuestra  gana  de  oir  la  explicacion  de  aquel  cuadro ,  tuvo  la  be- 
nignidad  de  decirnos  que  nos  quedasemos,  afiadiendo  que  la 
historia  que  iba  é  reférir  no  era  de  aquellas  que  pedian  sea*eto. 
Un  poco  despues  principiô  su  relacion  en  los  tèrminos  siguientes. 

CAPITULO  IV. 

EL  CASAMIBOTO  POR  YENGANZA. 
NOVELA. 

Rogerio,  rey  de  Sicilia,  tuvo  un  hermano  y  una  hermana. 
El  hermano ,  que  se  llamaba  Manfredo,  se  rebelô  contra  él,  y 
encendiô  en  el  reino  una  guerra  no  mënos  sangrienta  que  peli- 
grosa  ;  pero  tuvo  la  desgrada  de  perder  dos  batallas  y  de  caer 
enmanos  del  rey,  quien  se  contentô  con  privarle  de  la  libertad 
en  castigo  de  su  rebelion  ;  clemencia  que  solo  produjo  el  efecto 
de  ser  tenido  por  b&rbaro  en  el  concepto  de  algunos  vasallos 
suyos ,  persuadidos  de  que  no  habia  perdonado  la  vida  à  su 
hermano  sino  para  ejercer  en  ël  una  venganza  lenta  ë  inhumana. 
Todos  los  demas ,  con  mayor  fundamento ,  atribuian  à  sola  su 
hermana  Matilde  el  duro  trato  que  à  Manfredo  se  le  daba  en  la 
prision.  Con  efecto ,  esta  princesa  siempre  habia  aborrecido  a 
aquel  desgraciado  principe  ,  y  no  cesô  de  perseguirle  miëntras 
ël  viviô.  Muriô  Matilde  poco  despues  de  Manfredo ,  y  su  tem- 
prana  muerte  se  tuvo  como  un  justo  castigo  de  su  desapiadaéo 
corazon. 

Dejô  dos  hijos  Manfredo ,  ambos  de  tiema  cdad.  Vacilé  por 


LIBRO  CUARTO.  173 

algun  tiempo  Rogerio  sobre  si  les  haria  qaitar  layida,  temiendo 
que  en  edad  mas  ayanzada  no  les  ocurriese  la  idea  delTengar  el 
cruel  trato  qae  se  habia  dado  à  su  padre  y  resucitando  un  par- 
lido  que  todavia  se  sentia  con  foerzas  para  causar  peligrosas 
turbaciones  en  el  estado.  Comunicô  su  pensamiento  aï  senador 
Leondo  Sifredo^  su  primer  ministro,  quien,  para  disuadirle  de 
aquel  intento ,  se  encargô  de  la  educacion  del  principe  Enrique, 
que  era  el  primogènito,  y  aconsejô  al  rey  que  confiase  la  de! 
mas  jÔTcn  y  por  nombre  don  Pedro  ,  al  contestable  de  Sicilia. 
Persoadido  Rogerio  de  qne  estos  dos  fieles  ministros  educarian 
i  sus  sobrinos  con  todala  sumision  que&  ël  se  le  debia,  los  en- 
tregô  à  su  lealtad  y  cuidado,  tomando  para  si  el  de  su  sobrina 
Constanza.  Era  esta  de  la  edad  de  Enrique ,  ë  hija  ùnica  de  la 
princesa  Matilde.  Pùsole  maestros  que  la  ensefiasen,  y  criadas 
que  la  sirviesen,  sin  perdonar  nada  para  su  educacion. 

Tenia  Sifredo  una  quinta  distante  dos  léguas  cortas  de  Pa- 
lermo y  en  un  sitio  llamado  Belmonte.  En  eOa  se  dedicô  este 
ministro  à  dar  é  Enrique  una  enseûanza  ,  por  la  que  mereciese 
con  el  tiempo  ocupar  el  real  trono  de  Sicilia.  Descubriô  desde 
luego  en  aquel  principe  prendas  tan  amables,  que  se  aficionô  .à 
èl  oomo  si  no  tuytera  otros  hijos,  aunque  era  padre  de  dos  ni- 
fias.  La  mayor  y  que  se  llamaba  dofia  Blanca  y  contaba  un  ailo 
ménos  que  el  principe,  y  estaba  dotada  de  singular  hermosura: 
la  menor,  por  nombre  Porcia,  cuyo  nacimiento  habia  costado 
la  yida  à  su  madré,  se  hallaba  aun  en  la  cuna.  Enamoréronse 
une  de  otro  Blanca  y  Enrique  luego  que  fiiéron  capaces  de 
amar,  pero  no  tenian  libertad  de  hablarse  à  solas.  Sin  embargo, 
no  dejaba  el  principe  de  lograr  tal  cual  yez  alguna  ocasion  para 
eDo.  Aproyechô  tan  bien  aquellos  preciosos  momentos,  que 
pndo  persuadir  â  la  hija  de  Sifiredo  à  que  le  permitiese  poner 
por  obra  un  designio  que  estaba  meditando.  Sucediô  oportuna- 
mente  en  aquel  tiempo  que  Leoncio ,  de  ôrden  del  rey ,  se  yiô 
predsado  à  hacer  un  yiage  &  unas  de  las  proyincias  mas  remo- 
tas  de  la  isla  ;  y  durante  su  ausencia  mandô  Enrique  hacer  una 
abertnra  en  el  tabique  de  su  cuarto,  que  estaba  pared  por  me- 
dio del  de  dofla  Blanca.  Cerrôla  con  un  bastidor  y  tablas  de 
madera  tan  ajustadas  é  la  abertura,  y  pintadas  del  mismo  color 
del  tabique ,  que  no  se  distinguia  de  él ,  ni  era  fftcil  se  conociese 
el  artificio.  Un  hibil  arquitecto ,  à  quien  el  principe  habia  con- 
fiado  su  proyecto ,  ejecutô  esta  obra  con  tanta  diligencia  como 
secreto. 

Por  esta  puerta  se  introducia  algunas  yeces  el  enamorado 
Enrique  en  el  cuarto  de  doua  Blanca,  pero  sin  abnsar  jamas  de 
aquella  licencia.  Si  Blanca  tuyo  la  imprudencia  de  permitir  una 
ratrada  sécréta  en  su  estancia ,  fîié  no  obstante  confiada  en  las 
palabras  qoe  él  le  habia  dado  de  que  nunca  pretenderia  de  ella 


174  GIL  BLAS. 

gino  los  fovores  mas  inooentes.  Hallôla  una  nodie  extraordina- 
riamente  ioqaieta  y  sobresaltada.  Era  el  caso  el  haber  aabido  qae 
Rogerio  estaba  grayemente  enfermo ,  y  qae  habia  despachado 
una  estrecha  ôrden  é  Sifiredô  de  que  pasase  à  la  corte  prontamente 
para  otorgar  ante  él  su  testamrato,  como  gran  candller  del  reino. 
Figuràbase  Ter  à  Enrique  ya  en  el  trono  y  temia  perderle  cuan— 
do  se  yiese  en  aquella  elevadon  :  este  temor  le  cansaba  mucha 
inquietnd.  Tenia  baikados  de  ligrimas  los  ojos  cuando  entrô  ea 
su  cuarto  Enrique.  Seflora ,  le  dijo ,  ^  que  noyedad  es  esta  ? 
^cual  es  el  motivo  de  esa  profunda  tristeza  ?  Seûor,  respondiô 
ella,  no  puedo  ocultaros  mi  sobresalto.  El  rey.yuestro  tio  de- 
jar&  presto  de  vivir,  y  vos  ocuparéis  su  lugar.  Cuando  considero 
lo  que  va  à  alejaros  de  mi  vuestra  nueya  grandeza  ,  confieso 
que  me  aflijo.  Un  monarca  mira  las  cosas  con  ojos  muy  dîyer- 
SOS  que  un  amante  ;  y  aquello  mismo  que  era  todo  su  embeleso 
cuando  reconocia  un  poder  superior  al  suyo,  apénas  le  hace  mas 
que  una  ligera  impresion  en  la  eleyacion  del  trono.  Sea  presen- 
timientOy  sea  razon,  siento  enmipecho  moyimientos  que  me  agi- 
tan,  y  que  no  alcanza  à  calmar  toda  la  confianza  à  que  me  alienta 
yuestra  bondad  :  no  desconfio  de  yuestro  amor  ;  desconfio  so- 
lamente  de  mi  yentura.  Adorable  Blanca ,  replicô  el  principe  , 
obliganme  tus  temores ,  y  ellos  justifican  mi  pasion  à  tus  atrac- 
tiyos  ;  pero  el  exceso  à  que  llevas  tus  desconfianzas  ofende  mi 
amor  ,  y  (si  me  atreyo  à  decirlo)  la  estimacion  que  me  debes. 
No,  no;  no  pieuses  que  mi  suerte  pueda  separarse  de  la  tuya; 
crée  mas  bien  que  tù  sola  seras  siempre  mi  alegria  y  mi  felici- 
dad. Destierra,  pues,  de  ti  ese  yano  temor.  ;£s  posible  que 
quieras  turbar  con  él  estos  felicisimos  momentos?  {Ah  se&or! 
replicô  la  hija  de  Leoncio ,  luego  que  yuestros  yasallos  os 
yean  coronado ,  os  pedirin  por  reina  una  princesa  que  des- 
cienda  de  una  larga  série  de  reyes,  cuyo  brillante  himeneo 
afiada  nueyos  estados  à  los  yuestros  ;  y  tal  yez  j  ay  !  yos  cor- 
responderèis  à  sus  esperanzas  aun  à  pesar  de  yuestras  mas 
firmes  promesas.  ^Y  porqué,  repuso  Enrique  no  sinalgana  altera- 
cion,  porquë  te  anticipas  à  figurarte  una  idea  triste  de  lo  yeni- 
dero  ?  Si  el  cielo  dispusiere  del  rey  mi  tio ,  juro  que  te  daré  la 
mano  en  Palermo  â  presencia  de  toda  mi  corte.  Asi  lo  pro- 
meto  y  poniendo  por  testigo  todo  lo  mas  sagrado  que  se  conoce 
entre  nosotros. 

Aquietôse  la  hija  de  Sifredo  con  las  protestas  de  Enrique  ;  y  lo 
restante  de  la  conyersacion  se  redujo  é  hablar  de  la  enfermedad 
del  rey ,  manifestando  Enrique  exï  este  caso  la  bondad  y  no- 
Ueza  de  su  corazon.  Mostrôse  muy  afligido  del  estado  en  que 
se  hallaba  el  monarca  su  tio ,  pudiendo  mas  en  él  la  fuerza  de 
la  sangre  que  el  atractivo  delà  corona.  Pero  aun  no  sabia  Blanca 
todas  las  desdichas  que  la  amenazaban.  Habiéndola  yisto  el  con- 


LIBRO  CUARTO.  175 

destable  de  Scilia  A  tiempo  que  ella  saUa  del  cuaito  de  sa  padre, 
un  dia  que  el  habia  yenido  à  la  quinta  de  Belmoote  A  negocios 
iraponantes ,  quedô  ciegameDte  prendado  de  ella  ;  pidiôsela  A 
Sifredo  al  dia  signiente,  y  este  se  la  ocmcediô;  mas  sobreyiniendo 
al  mismo  tiempo  la  enférmedad  de  Rogerio,  se  suspendiô  el  ca- 
samiento ,  del  que  dofia  Blanca  no  habia  sido  sabedora. 

Unamaftona,  al  acabar  Enrique  de  yestirse  quedô  ^ingularmente 
sorprendido  de  yer  entrar  en  su  cuarto  A  Leondo  seguido  de 
dofta  Blanca.  Seftor ,  le  dijo  aquel  ministro ,  yengo  A  daros  una 
noticia  que  sin  duda  os  aAigirA,  pero  acompafiada  de  un  con- 
suelo  que  podrA  mitigar  en  parte  yuestro  dolor.  Acaba  de  morir 
el  rey  yuestro  tio,  y  por  su  mu«rte  quedais  heredero  de  la  co- 
rona. La  Sîdlîa  esya  yuesira.  Los  grandes  del  reino  estAn  aguar- 
dando  en  Palermo  yuestras  ôrdenes.  Yo ,  sefior ,  yengo  encar- 
gado  de  ellos  A  recibirlas  de  yuestra  boca ,  y  en  compaAia  de 
mi  bija  Blanca ,  para  rendiros  los  dos  el  primero  y  mas  sincero 
bomenage  que  os  deben  todos  yuestros  yasallos.  Al  principe  no 
le  cogiô  de  nueyo  esta  noticia ,  por  estar  ya  informado  dos  me- 
ses  Antes  de  la  graye  enfermedad  que  padecia  el  rey ,  qu^  poco 
A  poco  iba  acabando  con  èl.  Sin  embargo,  quedô  suspenso  algun 
tiempo  ;  pero  rompiendo  despues  el  silendo ,  y  yolyiéndose  A 
Leondo,  le  dijo  estas  palabras:  Prudente  Sifredo,  te  miro  y  te 
miraré  siempre  como  A  padre,  y  me  alegraré  de  gobernarme 
por  tus  consqos;  tu  serAs  rey  de  Sicilia  mas  que  yo.  Dicho 
esto,  se  llegô  A  una  mesa  donde  habia  una  escribania ,  tomô  un 
pliego  de  papel,  y  echo  en  èl  su  firma  en  bianco...  ^Què  haceis , 
seAor?leinterrumpiô  Sifredo.  Mostraros  mi  amor  y  mi^gratitud, 
respondîô  Enrique  ;  y  en  seguida  présenté  A  Manca  aquel  papel 
y  &ina  ,  didèndole  :  Recibid,  seftora,  esta  prenda  de  mi  (é  y 
del  dominio  que  os  doy  sobre  mi  yoluntad.  Tomôla  Manca ,  eu* 
briéndose  su  hermosa  cara  de  un  honestisimo  rubor,  y  respon* 
diô  al  principe  :  Redbo  con  respeto  las  gracias  de  mi  rey;  pero 
estoy  sujeta  A  un  p^dre,  y  espero  que  no  Ueyarèis  A  mal  ponga 
en  sus  manos  yuestro  papel ,  para  que  use  de  61  como  le  aconse- 
jare  su  prudencia. 

Entregô  efectiyamente  A  su  padre  el  papel  con  la  firma  en 
Manco  de  Enrique.  Gonodé  enlÂnces  Sifredo  lo  que  hasta  aquel 
ponte  no  habia  descubierto  su  penetracion.  Gomprendiô  toda  la 
mtendon  del  prindpe,  y  le  contesta  diciendo  :  Espero  que 
V.  M.  notendrA  motiyo  para  arrepoitirse  de  la  confianza  que  se 
sînre  hacer  de  mi ,  y  esté  bien  seguro  de  que  jamas  abusaré  de 
eDa.  Amado  Leondo ,  interrumpiô  Enrique ,  no  temas  que  pueda 
llegar  semejante  caso:  sea  el  que  fnere  el  uso  que  hideres  de 
mi  papel ,  no  dudes  que  siempre  lo  aprobarë.  Abora  yuelye 
A  Palermo ,  dispon  todo  lo  neeesario  para  mi  coronadon ,  y  di 
A  mis  yasallos  que  yoy  prontamente  Arec3)ir  el  juramento  de  su 


176  GIL  BLAS. 

fidelidad ,  y  à  darles  las  nuiyores  segoridades  de  mi  amor.  Obe- 
deciô  el  ministro  las  ôrdenes  de  su  uuevo  amo,  y  oiarchô  A  Pa* 
lermo ,  Uevando  consigo  à  dofla  Blanca. 

Pocas  horas  despues  partie  tambien  de  Belmonte  d  mismo 
Enrique,  pensando  mas  en  su  amor  que  en  el  eleyado  paesto  à 
que  iba  à  ascender. 

Luego  qua  se  dejô  ver  en  la  ciudad  »  resonàron  en  el  aire  mO 
aclamadones  de  alegria,  y  entre  ellas  entré  Enrique  en  palado, 
donde  hallô  ya  hechos  todos  los  preparativos  para  su  coronadon. 
Encontre  en  él  i  la  princesa  Constanza  vestida  de  riguroso  Into, 
mostràndose  traspasada  de  dolor  por  la  muerte  de  Rogerio.  Hi- 
ciéronse  los  dos  sobre  este  asunto  redprocos  cumplidos,  y  ambos 
los  desempeA&ron  con  discrecion,  aunqne  con  algo  mas  de  firîal- 
dad  por  parte  de  Enrique  que  por  la  de  Constanza ,  la  cual , 
no  obstante  los  disturbios  de  la  fiimilia,  nunca  habia  querido 
mal  à  este  principe.  Ocupô  el  rey  el  trono ,  y  la  princesa  se 
sente  é  su  lado  en  una  silla  puesta  un  poco  mas  abago.  Los  mag* 
nates  del  reino  se  sentàron  donde  à  cada  uno  segun  su  dase  ô 
empleo  le  correspondia.  Empezô  la  oeremonia  ;  y  Leondo  ,  que 
como  gran  canciller  de!  reino  era  depositario  del  teatamento  del 
difunto  rey,  diô  principio  i  ella  leyéndolo  en  alta  yoz.  Contenia 
en  sustancié  que,  haUândose  el  i^y  stn  hijos,  nombraba  por 
sucoesor  en  la  corona  al  hijo  primogènito  de  Manfredo ,  con  la 
précisa  condicion  de  casarse  con  la  princesa  Constanza ,  y  que 
si  no  queria  darle  la  mano  de  esposo ,  quedase  exduido  de  la 
corona  de  Sicilia,  y  pasase  esta  al  infante  don  Pedro,  su  her- 
mano  menor,  bajo  la  misma  condicion. 

Quedô  Enrique  altamente  sorprendido  al  oir  esta  clausula.  No 
se  puede  expresar  la  pena  que  le  causé  ;  pero  creciô  hasta  lo 
sumo  cuando,  acabada  la  lectura  del  testamento ,  yiô  que  Leon- 
cio ,  hablando  con  todo  el  consejo ,  dijo  asi  :  Seflores ,  habiendo 
pnesto  en  noticia  de  nuestro  nuevo  monarca  la  ultima  disposi- 
cion  del  difimto  rey,  este  generoso  principe  consiente  en  honrar 
con  su  real  mano  à  su  prima  la  princesa  Constanza.  Interrumpiô 
el  rey  al  canciller,  diciëndole  conturbado  :  Acordaos,  Leoncio, 
del  papel  que  Blanca...  Seûor,  respondiô  Sifredo,  interrumpièn- 
dole  con  precipitadon,  sin  darle  tiempo  à  que  se  explicase  mas , 
ese  papel  es  este  que  presento  al  consejo.  En  èl  reconocerén  los 
grandes  del  reino  el  augusto  sello  de  Y.  M.,  la  estimadon  que 
hace  de  la  princesa,  y  su  ciega  deferenda  à  las  ultimas  dispo- 
siciones  del  difunto  rey  su  tio.  Acabadas  de  decir  estas  palabras, 
comenzô  à  leer  el  papel  en  los  tërminos  en  que  èl  mismo  le  ha- 
bia Uenado.  En  èl  prometia  el  nuevo  monarca  é  sus  pueblos,  en 
la  forma  mas  autèntica ,  casarse  con  la  princeza  Constanza ,  con- 
forméndose  con  las  intendones  de  Rogerio.  Resonàron  en  la  sala 
los  aplausos  de  todos  los  circunstantes,  diciendo:  Vwa  el  ma- 


LKRO  CUARTO.  177 

fndmmo  rey  Enrique.  Como  era  notoria  à  todos  la  aversion  que 
este  principe  habia  tenido  siempre  à  la  princesa,  temian,  no  sin 
razon,  qne»  indignado  de  la  condidon  del  testamento ,  excitase 
movimientos  en  el  reino,  y  se  encendiese  en  el  una  guerra  civil 
que  le  desolase  ;  pero  asegurados  los  grandes  y  el  pueblo  con 
la  leclora  del  papel  que  acababan  de  oir,  esta  seguridad  diô  mo- 
vno  &  las  aclamaciones  universales,  que  despedazaban  secreta- 
mente  el  corazon  del  nuevo  rey. 

Constanza,  que  por  su  propia  gloria,  y  guiada  de  un  afecto 
de  cariAo ,  tenia  en  todo  esto  mas  interes  que  otro  alguno ,  se 
aprovechô  de  aquella  ocasion  para  asegurarle  de  su  eterno  re- 
conocimiento.  Por  mas  que  el  principe  quiso  disimular  su  tur- 
bacion,  era  tanta  la  que  le  agitaba  cuando  recibiô  el  cumplido 
de  la  princesa,  que  ni  aun  acertô  à  responderle  con  la  corte- 
sana  atencion  que  exigia  do  el.  Rindiose  en  fin  é  la  violencia  que 
el  se  hacia  »  y  Ilegindose  al  oido  à  Sifredo ,  que  por  razon  de  su 
empleo  estaba  bastante  cerca  de  su  persona ,  le  dijo  en  voz  baja  : 
^Qué  es  esto,  Leoncio?  el  papel  que  tu  hijapuso  en  tus  manos 
BO  foe  para  que  usases  de  ël  de  esa  manera.  Vos  &ltais.«.  Acor- 
daoSy  seûor,  de  vuestra  gloria,  le  respondiô  Sifredo  con  entereza. 
Si  no  dais  la  mano  à  Constanza,  y  no  cumplis  la  voluntad  del 
rey  vuestro  tio ,  perdiôse  para  vos  el  reino  de  Sicilia.  Apénas 
dijo  esto  se  separô  del  rey  para  no  darle  lugar  é  que  replicase. 
Qaedô  Enrique  sumamente  confiiso ,  no  pudiendo  resol verse  à 
abandonar  à  Elança,  ni  à  dejar  de  partir  con  ella  la  magestad  y 
gloria  del  trono.  Estando  dudoso  largo  rato  sobre  el  partido 
que  habia  de  tomar,  se  déterminé  al  cabo ,  parecièndole  haber 
encontrado  arbitrio  para  conservar  A  la  hija  de  Sifredo  sin  verse 
predsado  à  la  renuncia  del  trono.  Aparentô  quererse  sujetar  é 
la  voluntad  de  Rogerio ,  lisonjeàndose  de  que ,  miéntras  solicitaba 
la  dispensa  de  Roma  para  casarse  con  su  prima,  granjearia  &  su 
foyor  con  gracias  à  los  grandes  del  reino,  y  afianzaria  su  poder 
de  manera  que  ninguno  le  pudiese  obligar  à  cumplir  la  condidon 
del  testamento. 

Abrazado  este  designio  se  sosegô  un  poco,  y  volyiëndose  é 
Constanza  le  confirmé  lo  que  el  gran  canciller  le  habia  dicho  en 
publico  ;  pero  en  el  mismo  punto  en  que  hacia  traicion  à  su  propio 
corazon,  ofreciendo  su  fé  â  la  princesa,  entré  Elança  en  la  sala 
del  consejo ,  adonde  iba  de  érden  de  su  padre  à  cumplimentar  à 
la  princesa,  y  llegâron  à  sus  oidos  las  palabras  que  Enrique  le 
decia.  Fuera  de  eso ,  no  creyendo  Leoncio  que  pudiese  ya  dudar 
de  su  desgraciada  suerte,  le  dijo,  presentândola  à  Constanza  : 
Rinde ,  hija  mia ,  tu  fidelidad  y  respeto  à  la  reina  tu  seûora,  de- 
seândole  todaslas  prosperidades  de  un  floreciente  rdnado  y  de 
un  feliz  himeneo.  jGolpe terrible,  que  atravesé  el  corazon  de  la 
desgraciada  Elança!  En  vano  se  esforzô  â  disimular  su  pesar. 


178  GIL  BLAS. 

Demudôsele  el  semblante  encendièndosele  de  repente,  y  pasando 
en  nn  momento  de  incendio  é  palidez ,  con  un  temblor  6  estre- 
medmiento  general  de  todo  sa  caerpo.  Sin  embargo ,  no  entré 
en  sospecha  algona  la  princesa ,  pues  atribuyô  el  desôrden  de 
sus  palabras  à  la  natural  cortedad  de  una  doncella  criada  léjos  del 
trato  de  h  corte ,  y  poco  acostumbrada  A  ella.  No  sucediô  lo 
mismo  con  el  rey,  quien  perdiô  toda  su  compostura  y  magestad 
A  yista  de  Blanca,  y  sali6  fiiera  de  si  mismo  leyendo  en  sus  ojos 
la  pena  que  la  atormentaba.  No  dudô  que ,  creyendo  las  aparien- 
das,  ya  en  su  corazon  le^tuyiese  por  un  traidor.  No  habria  aido 
tan  grande  su  inquietud  si  hubiera  podido  hablarle  ;  pero  (como 
era  esto  posible  à  yista  de  toda  la  SicOia  que  tenia  puestos  los  ojos 
en  èl?  Por  otra  parte  el  cruel  Siflredo  cerrô  la  puerta  A  esta  es- 
peranza.  EstuYO  viendo  este  ministro  todo  lo  que  pasaba  en  e) 
corazon  de  los  dos  amantes,  y  queriendo  precaver  las  calamidades 
que  podia  causar  al  estado  la  yiolencia  de  su  amor ,  hizo  con  arte 
salir  de  la  concurrença  A  su  hija,  y  tomô  cou  ella  el  camino  de 
Belmonte,  bienresuelto  por  muchasrazones  A  casarla  cuanto  Antes. 
Luego  que  llegAron  A  aquel  sitio,  le  hizo  saber  todo  el  horror 
de  su  suerte.  Declarôle  que  la  habia  prometido  al  condestable.. 
I  Santo  cielo  !  exdamô  trasportada  de  un  dolor  que  no  bastô  é 
contener  la  presencia  de  su  padre,  i  y  que  crueles  suplidos  té- 
nias guardados  para  la  desgraciada  Blanca  1  Fué  tan  violento  su 
arrebatOy  que  todas  las  potencias  de  su  aima  quedâron  suspensas. 
Helado  su  cnerpo ,  frio  y  pAlido ,  cayô  desmayada  en  los  brazos 
de  su  padre.  Conmovièronse  las  entrafias  de  este  yièndola  en 
aquel  estado.  Sin  embargo ,  aunque  sintiô  yivamente  lo  que  pa* 
deda  su  hija,  se  mantuyo  firme  en  su  primera  determinadon. 
Yolyié  Blanca  en  si,  mas  por  la  foerza  de  su  mismo  dolor ,  que 
por  el  agua  con  que  la  rociô  su  padre.  Abriô  sus  desmayados 
ojos,  y  yiendo  la  priesa  que  se  daba  A  socorrerla  :  Seftor,  le  dijo  con 
yoz  casi  apagada,  me  ayergttenzo  de  que  hayais  yisto  mi  flaqueza  ; 
pero  la  muerte,  que  no  puede  tardar  ya  en  poner  fin  A  mis  tor- 
mentos,  os  librarA  presto  de  una  hija  desdichada,  que  sin  yuestro 
consentimiento  se  atreyiô  A  disponer  de  su  corazon.  No,  amada 
Blanca,  respondiô  Leoncio,  no  morirAs  :  Antes  bien  espero  que 
tu  yirtud  yolverA  presto  A  ejercer  sobre  tl  su  poder.  La  preten- 
cion  del  condestable  te  da  honor;  pues  bien  sabes  que  es  el 
primer  hombre  del  estado...  Estimo  su  persona  y  su  gran  mérito , 
interrumpiô  Blanca;  pero,  seûor,  el  reyme  habia  hecho  esperar... 
Hija,  dijo  Sifredo  interrumpiéndola,  se  todo  lo  que  me  puedes 
decir  en  este  asunto.  No  ignoro  el  afecto  con  que  miras  A  este 
prindpe ,  y  ciertamente  que ,  en  otras  Circunstandas ,  léjos  de 
desaprobarlo,  yo  mismo  procuraria  con  todo  empefio  asegurarte 
la  mano  de  Enrique,  si  el  interes  de  su  gloria  y  el  del  estado  no 
le  pusieran  en  precision  de  dArsela  A  Gonstanza.  Gon  esta  ànica 


♦  LIBRO  CUARTO.  I79 

é  indîspeiiBable  condicioB  le  dedarô  por  sucesor  rayo  el  difonto 
rey*  ^Qaieres  tù  qae  prefiera  ta  persona  é  la  corona  de  SicUia  T 
Créeme,  hqa,  te  acompaào  Thrameate  en  el  dolor  que  te  aflige  : 
€oa  todo  esOy  sapuesto  que  no  podemoa  luchar  contra  el  destino, 
haz  un  esfderzo  generoso.  Tu  misma  gloria  se  înteresa  en  que 
hagas  ver  à  todo  el  remo  que  no  fîiiste  capaz  de  consentir  en 
una  esperanza  aèrea  :  fiiera  de  que  ta  pasion  al  rey  podia  dar 
motÎYO  é  rumores  poco  fiiyorables  à  tu  decoro  ;  y  para  eyi* 
tarlos  el  ùnico  medio  es  que  te  cases  con  el  condestable.  En  fin, 
Haoca,  ya  no  es  tiempo  de  deliberar  ;  el  rey  te  déjà  por  un 
troDO,  y  da  su  mano  à  Constanza.  Al  condestable  le  tengo  dada 
mi  pidabra  :  desempéûala  tu ,  te  ruego  ;  y  si  para  resoWerte 
fîiere  necesario  que  me  yalga  de  mi  autoridad ,  te  lo  mando. 

INchas  estas  palabras  la  dejô ,  déndole  lugar  para  que  refle- 
xionase  sobre  lo  que  acababa  de  decirle.  Esperaba  que,  despaes 
de  haber  pesado  bien  las  razones  de  que  se  habia  yalido  para 
sostener  su  yirtud  contra  la  inclinadon  de  su  corazon,  se  deter- 
minaria  por  si  misma  à  dar  la  mano  al  condestable.  No  se  en* 
gaAô  en  esto  ;  pero  |  cuanto  oostô  A  la  infeliz  Blanca  tan  dolorosa 
resoliidon  I  Hallébase  en  el  estado  mas  digno  de  listima  :  d 
sentîmiento  de  ver  que  habian  pasado  à  ser  eyidencias  sus  pre- 
sentimîentos  sobre  la  deslealtad  de  Enrique,  y  la  precision ,  no 
casândose  con  él,  de  entregarse  à  un  hombre  i  quien  no  le  era 
poable  amar,  causaban  en  su  pecbo  unos  impulsos  de  afliccion 
tan  yiirfentos ,  que  cada  instante  era  un  nueyo  tormento  para 
ella.  Si  es  cierta  mi  desgracia,  exclamaba,  ^como  es  posible  que 
yo  résista  à  ella  sin  costarme  la  yida?  Desapiadada  suerte,  i  â 
que  fin  me  lisonjeabas  con  las  mas  dulces  esperanzas  si  babias 
de arrojarme  en  un  abismo  de  maies?  t  Y  tù,  pèrfido  amante, 
ta  te  «itregas  é  otra  cuando  me  prometes  una  fidelidad  etema  I 
^Has  podido  tan  pronto  olyidarte  de  la  fe  que  me  juriste?  Per- 
mita  el  cielo,  en  castigo  de  tu  cruel  engafto,  que  el  l^o  conyugal 
qae  vas  i  manchar  con  un  perjurio ,  se  conyierta  en  teatro  de 
crueles  remordimientos,  en  yez  de  los  licitos  placeres  que  espéras; 
que  las  caricias  de  Constanza  derramen  un  yeneno  en  tu  femen- 
tido  pecbo  ;  y  que  tu  himeneo  sea  tan  funesto  como  el  mio.  Si, 
traidor;  si,  felso  ;  serè  esposa  del  condestable,  i  quien  no  amo , 
para  yengarme  de  mi  misma,  y  para  castigarme  de  haber  elegido 
tan  mal  el  objeto  de  mi  loca  pasion.  Ya  que  la  religion  no  me 
permite  darme  la  muerte,  quiero  que  los  dias  que  me  quedan 
de  yida  sean  una  cadena  de  pesares  y  molestias.  Si  conservas 
todayia  algunamor  hàcia  mi,  sera  yengarme  tambien  de  ti  el  arro- 
jarme i  tu  ytsta  en  los  brazos  de  otro  ;  pero  si  me  has  olyidado 
eateramente,  podri  ilo  menos  gloriarse  la  Sicilia  de  haber  pro- 
doddb  ana  muger  ijue  sapo  castigar  en  si  misma  la  demasiada 
ligereza  eon  qœ  disposo  de  su  corazon. 


180  GIL  BLAS. 

En  esta  dolorosa  sitnacion  pasô  la  noche  que  precediô  a  so 
matrimoDio  con  d  condestaMe  aqaella  infeliz  yictinia  del  amor 
y  del  deber.  £1  dia  sigaiente,  hallando  Sifredo  pronta  y  dispuesta 
a  sa  hija  é  obedecerle  en  lo  que  deseaba ,  se  diô  priesa  i  no 
malograr  tan  fiiTOrable  coyuntora.  Hizo  ir  aquel  mismo  dia  al 
oondestable  i  Belmonte ,  y  se  célébré  de  secreto  el  matrimonîo 
en  la  capilla  de  aqueila  quinta.  ;  Oh ,  y  que  dia  aquel  para  Blanca  ! 
No  le  bastaba  renunciar  é  una  corona ,  perder  on  amante  ama- 
do ,  y  entregarse  i  on  objeto  aborrecido,  sino  qae  era  menés- 
ter  hacerse  la  mayor  yiolencia,  y  disimolar  su  angustia  delante 
de  un  marido  naturalmente  zeloso ,  y  que  le  profesaba  nn  yehe- 
mentisimo  cariAo.  LIeno  de  jùbilo  el  esposo ,  porque  era  ya  suya , 
no  se  apartaba  un  momento  de  su  lado ,  y  ni  ann  le  dejaba  el 
triste  consuelo  de  llorar  é  solas  sus  desgracias.  Llegô  la  noche , 
y  con  ella  la  hora  en  que  à  la  hija  de  Leoncio  se  le  aumentô  la 
pena.  Pero  jqué  fuè  de  ellacuando,  habiéndola  desnudado  sus 
criadas ,  la  dejàron  sola  con  el  condestable  !  Preguntôle  este 
respetuosamente  cual  era  el  motiyo  de  aquel  decaîmiento  en 
que  parecia  cpie  estaba.  Turbo  esta  pregnnta  é  Blanca,  quien 
fingiô  que  se  sentia  indispuesta.  Al  pronto  quedô  el  esposo  en- 
gaAado ,  pero  permanecîô  poco  en  su  error.  Como  yerdadera- 
mente  le  tenia  inquieto  el  estado  en  que  la  yeia ,  y  la  instaba  à 
que  se  acostase ,  estas  instancias ,  que  ella  interprété  mal ,  ofre- 
dèron  é  su  imaginacion  la  idea  mas  amarga  y  cruel  ;  tanto  ,  que 
no  siendo  ya  duefla  de  poderse  reprimir,  dié  libre  curso  A  sus 
suspiros  y  à  sus  làgrimas.  ;  Oh ,  que  espectAculo  para  un  hom- 
bre  cpie  pensaba  haber  Ilegado  al  colmo  de  sus  deseos  !  Enténces 
ya  no  puso  duda  en  que  en  la  afliccion  de  su  esposa  se  ocultaba 
alguna  cosa  de  msi  aguero  para  su  amor.  Con  todo  eso,  aunque 
este  conocimiento  le  puso  en  términos  casitan  déplorables  como 
los  de  Blanca,  pudo  tanto  consigo,  que  supo  disimular  sus 
rezelos.  Repîtié  las  instancias  para  que  se  acostase,  déndole  pa- 
labra de  que  la  dejaria  reposar  quietamente  todo  lo  que  hubiese 
menester,  y  aun  se  ofirecié  à  llamar  à  sus  criadas  si  juzgaba  que 
su  asistencia  le  podia  seryir  de  algun  aliyio.  Respondié  Blanca , 
serenada  cou  esta  promesa,  que  sokmente  necesitaba  dormir  para 
reparar  el  desfeUecimiento  que  sentia.  Fingié  creerla  el  condes- 
table. AcostÂronse  los  dos  ;  y  pasâron  una  noche  muy  diférente 
de  la  que  concede  el  amor  y  el  himeneo  à  dos  amantes  apasio- 
nados. 

Hiéntras  la  hija  de  Sifredo  se  entregaba  à  su  dolor ,  andaba 
el  oondestable  considerando  dentro  de  si  que  cosa  podia  ser  la 
que  Henaba  de  amargura  su  matrimonio.  Persuadiase  que  tenia 
algun  competidor  ;  pero  cuando  le  queria  descubrir  se  enredaban 
y  confimdian  sus  ideas ,  y  sabia  solamente  que  èl  era  el  hombre 
mas  infeliz  del  mundo.  Habia  pasado  con  este  desasosiego  las 


LIBRO  eUARTO.  Î81 

ios  tereeras  partes  de  la  noche  cuando  llegô  à  sus  oidos  an  niido 
confosa.  Qnedô  sumamente  sorprendido ,  sintiendo  ciertos  pasos 
lentos  en  sa  mismo  caarto.  TùyoIo  por  ilasion ,  acordéndose  de 
qm  él  por  si  faabia  cerrado  la  puerta  Inego  que  se  retiriron  las 
criadas  de  Blanca.  Descorriô  no  obstante  la  cortina  de  la  ,cama 
para  infonnarse  por  sas  propios  ojos  de  la  causa  que  podia  haber 
ocasionado  aquel  ruido  ;  pero  habiëndose  apagado  la  luz  que 
babia  quedado  encendida  en  la  chimenea ,  solo  podo  oir  una 
Toz  dèbQ  y  ténue  que  llamaba  repetidamente  à  Blanca.  Encen- 
diëronse  entônces  sas  zelosas  sospechas,  conyirtiëndose  en  foror  : 
sobresaltado  su  honor  le  obligé  à  leyantarse ,  y  consideréndose 
obligado  é  precayer  una  afirenta,  6  A  tomar  venganza  de  ella , 
ecbô  mano  à  la  espada ,  y  con.  ella  desnuda  acudiô  fiirioso  héda 
donde  creia  oir  la  yoz.  Siente  otra  espada  desnuda  que  hace 
resistencia  à  la  suya;  ayanza,  y  adyierte  que  el  otro  se  retira. 
Sîgue  al  que  se  defiende ,  y  de  repente  cesa  la  defensa ,  y  sucede 
al  ruido  el  mas  profiindo  silencio.  Busca  é  tientas  por  todos  los 
rincooes  del  cuarto  al  que  pareciahnir ,  y  no  le  encuentra.  Para* 
se ,  escucha,  y  ya  nada  oye.  jQué  encanto  es  este  !  Acércase 
é  la  puerta,  que  à  su  parecer  habia  iayorecido  la  fiigav 
del  secreto  enemigo  de  su  honra  ;  tienta  el  cerrojo ,  y  hit- 
llala  cerrada  como  la  habia  dejado.  No  pudiendo  comprender 
eosa  alguna  de  tan  extrafio  suceso,  llama  i  los  criados  que  esta- 
ban  mas  cercanos ,  y  como  para  eso  abriô  la  puerta ,  cerrando 
el  paao  de  ella ,  se  mantuyo  con  cantela ,  para  que  no  se  escapase 
el  que  boscaba. 

A  sus  repetidas  yoces  acuden  algonos  criados  todos  con  luces. 
Toma  èl mismo  una,  y  yuelye  i  examinar  todos  los  rincones  del 
coarto  y  siempre  con  la  espada  desnuda.  A  ninguno  halla ,  y  no 
descubre-  ni  aun  el  menor  indicio  de  que  nadie  haya  entrado  en 
él,  no  encontréndose  puerta  sécréta,  ni  abertura.por  donde  pu- 
diera  introducirse.  Sin  embargo,  no  le  era  posible  cegarse  ni 
aincinarse  sobre  tantos  incidentes  que  le  persuadian  su  desgracia. 
Esto  despertô  en  sw  fantasia  gran  confusion  de  pensamientos. 
Reearrir  à  Blanoa  para  el  desengaflo ,  parecia  recurso  inùtil , 
igualmente  que  arriesgado,  pues  le  importaba  tanto  ocultar  la 
yerdad,  que  no  se  podia  esperar  de  ella  la  mas  leye  explîcacion^ 
Adoptô ,  pues ,  el  partido  de  ir  à  desahogar  su  corazon  con 
Leoncio,  despues  de  haber  mandado  à  los  criados  se  fuesen, 
diciëndoles  que  creia  haber  oido  algun  ruido  en  el  cuarto ,  pero 
que  se  habia  equiyocadoc  Encontre  à  su  suegro  que  salta  de  su 
aposento,  habiéndole  despertado  el  rumor  que  habia  oido,  y  le 
conl6  menudamente  todo loque  le  habia  pasado,  eon  muestras  do 
extrafla  agitaoion  y  de  un  profimdo  dolor. 

Sorprendiôse  Sifredo  al  oir  el  suceso  ;  y  no  dndô  ni  un  sol& 
momento  de  su  yerdad,  por  mas  que  las  apariencias  la  repre- 


in  GIL  BLAS. 

Mmtaflen  pooo  natural ,  parecièndole  desde  laego  que  todo  era 
ponble  en  ia  dega  pasion  del  rey  ;  peosamiento  que  le  alligiô 
▼iramente.  Pero  lëjos  de  fomentar  hû  zelosas  sospechas  de  su 
jano,  le  representô  en  tono  de  seguridad  que  aqueDa  toz  que 
ae  imaginaba  haber  oido  y  y  aquella  espada  que  se  figuraba  ha- 
berse  opuesto  à  la  suya ,  no  podian  ser  sino  fiintasias  de  una  inia- 
ginadon  engaftada  por  los  zdos:  que  no  era  posible  que  ninguno 
tuyiese  aliento  para  entrar  en  el  cuarto  de  su  hija  :  que  la  trîsteza 
que  babia  advertido  en  ella  podk  ser  efecto  natural  de  algnna 
indisposidon  :  que  el  honor  nada  tenia  que  yer  con  las  alte- 
radones  de  la  salnd  :  que  la  mudanza  de  estado  en  una  doncella 
aoostumbrada  i  Tivir  en  la  soledad ,  j  que  se  yeia  repentina- 
mente  entregada  à  un  hombre  sin  haber  tenido  tiempo  para  oo- 
nocerle  ni  amarle,  podia  muy  bien  ser  la  causa  de  aquellos  suspi- 
ros,  de  aqueDa  aflicdon,  y  de  aquel  amargo  liante  :  qued  amor  en  el 
eorazon  de  las  doncellas  de  sangre  noble  solo  se  enoendia  con  d 
tiempo  y  con  los  obsequies  ;  y  que  asi  le  aconsejaba  calmase  sus 
rezdos  y  anmentase  su  amor  y  sus  finezas,  para  ir  disponiendo  poco 
ipoco  àBlanca  à  mostrarse  mas  cariitosa;  y  que  lerogabaen  fin 
tolriese  hécia  dla,  persuadido  de  que  su  desconfianza  y  turbadon 
ofendian  su  yirtud. 

Nada  respondiô  el  condestable  é  las  razones  de  su  suegro ,  6 
porque  en  efecto  comenzô  à  créer  que  pudo  haberle  engaftado  la 
oonfosion  en  que  estaba  su  espiritu ,  ô  porque  le  pareciô  mas 
conyeniente  disimular  y  que  intentar  en  yano  cony^cer  al  anda- 
no  de  un  acontecimiento  tan  desnudo  de  yerosimîlitud.  Restî- 
tnyôse  al  cuarto  de  su  muger ,  se  yolyiô  à  la  cama ,  y  procuré 
lograr  àlgun  descanso  de  sus  penosaa  inquietudes  é  benefido  del 
sneûo.  Por  lo  que  toca  é  Blanca  no  estaba  mas  tranquila  que  él  y 
porque  habia  oido  claramente  todo  lo  que  oyô  su  esposo ,  y  no 
podia  atribuir  à  ilusion  un  lance  de  cuyo  secreto  y  motiyos  esta- 
ba tan  enterada*  Estaba  admirada  de  que  Enrique  hubiese  pen- 
sado  en  introdudrse  en  su  cuarto  despues  de  haber  dado  tan 
solemnemente  su  palabra  é  la  princesa  Gonstanza  ;  y  en  yez  de 
darse  el  parabien  de  este  paso ,  y  de  que  le  cansase  alguna  aie- 
gria  y  lo  conceptuô  como  un  nueyo  ultraje ,  que  encendia  encôlera 
su  pecho. 

Mièntras  b  hija  de  Sifredo  preocupada  contra  el  jôyen  rey  le 
juzgaba  por  el  mas  përfido  de  los  hombres ,  el  desgradado  mo- 
narca»  mas  prendado  que  nunca  de  su  amada  Blanca,  deseaba 
hablarle  para  desengafiarla  contra  las  apariencias  que  le  condena- 
ban.  Hubiera  yenido  mucho  mas  presto  é  Bdmonte  para  este 
efecto ,  é  habërselo  permitido  los  cuidados  y  ocupaciones  del 
gobiemo ,  ô  si  antes  de  aquella  noche  hubiera  podido  eyadirse 
de  la  corte.  Conocia  bien  todas  las  entradas  de  un  sitio  donde  se 
habia  criado ,  y  ningun  obsticulo  tenia  para  hallar  modo  de  in- 


LIBRO  CDARTO.  183 

trodttdrse  en  la  qointa,  hatneadose  quedado  con  la  Uave  de  una 
eotrada  seoreta  que  comunicaba  à  los  jardines.  Por  estos  Ilegô  à 
su  antiguo  cuarto ,  y  desde  ël  se  introdujo  en  el  de  Blanca.  Fàcil 
es  imagînar  cuanta  séria  la  admiracion  de  este  principe  cuando 
iropezô  alli  con  un  hombre  y  con  una  espada  que  salia  al  en- 
cuentro  de  la  suya.  Faltô  poco  para  que  no  se  desonbriese ,  ha* 
ciendo  caMgar  en  aquel  mismo  instante  al  temerario  que  tenia 
atrevkniento  de  levantar  su  mano  sacrilega  contra  su  propio 
rey  ;  p^o  la  consideracîon  que  debia  à  la  hija  de  Leoncio  sus- 
pendiô  su  resentimiento  :  se  retiré  por  donde  habia  entrado ,  y 
mas  turbado  que  antes  i^ohiô  a  tomar  el  camino  de  Palermo. 
Uegô  i  la  ciudad  poco  intes  <pie  despuntase  el  dia ,  y  se  encer- 
rô  ea  su  coarto,  tan  agitado  que  no  le  fué  posible  lograr  ningun 
descanso ,  y  no  pensô  mas  que  en  Yolyer  é  Belmonte.  La  segu- 
ridad  de  su  yida ,  su  mismo  honor ,  y  sobre  todo  su  amor ,  le 
exdtabaa  à  que  procurase  saber  sin  dilacion  todas  las  drcunstan- 
eias  de  tan  cruel  acontecimiento. 

Apénas  se  leyantô  diô  ôrden  que  se  preyiniese  el  tren  de  caza , 
y  con  pretexto  de  querer  diyertirse  en  ella  se  foè  al  bosque  de 
Bdmonte  eon  sus  monteros  y  algunos  cortesanos.  Cazô  por  disi- 
molo  algun  tiempo ,  y  cuando  yiô  que  toda  su  eomitiya  corria 
tras  de  los  perros ,  él  se  separô ,  y  marché  solo  à  la  quinta  dé 
Leoncio.  Estaba  seguro  de  no  perdorse ,  porque  tenia  muy  cono- 
ddaa  todas  hs  sendas  del  bosque  ;  y  no  permitiëndole  su  impa- 
denda  atender  i  la  fotiga  de  su  caJ^dlo»  en  breye  tiempo  corrié 
todo  el  espacio  que  le  separaba  del  objeto  de  sa  amor.  Caminaba 
discurriendo  algun  pretexto  plausible  que  le  proporcionase  yer 
en  secreto  à  la  Uja  de  Sifredo ,  cuando,  al  atreyesar  un  sendero 
que  iba  i  dar  à  una  de  las  puertas  del  parque,  yié  no  léjos  de  si 
à  dos  mugeres  que  estaban  sentadas  en  conyersacion  à  la  sombra 
de  un  érboL  No  dudé  que  eran  algunas  personas  de  la  quinta,  y 
estayista  le  causé  algun  sobresalto  ;  pero  su  agitacion  llegé  à  lo 
somo  cuando,  yolyiendo  aquellas  mugeres  la  cabeza  al  ruido  que 
hada  el  caballo ,  reconodé  que  su  adorada  Blanca  era  una  de 
ellaa.  Habia  salido  de  la  quinta,  Ileyaado  consigo  é  Nise,  criada 
de  su  mayor  confianza ,  para  Uorar  con  libertad  su  desdicha  en 
aqnel  sitio  retirado. 

Luego  que  Enrique  la  conocié,  fué  yolando  héda  ella ,  pred* 
pitése ,  por  decirlo  asi ,  del  caballo ,  arrojése  &  sus  pies ,  y  des- 
cobriendo  en  sus  ojos  todas  las  seliales  de  la  mas  yiya  afliocion, 
le  dijo  entemeddo  :  Suspende ,  bella  Blanca ,  los  impetus  de  tu 
dolor.  Las  apariencias  confieso  que  me  hacen  parecer  culpable  é 
tus  ojos  ;  mas  cuando  estes  enterada  del  designio  que  he  Ibrmado 
oon  respecto  é  ti ,  puede  ser  que  lo  que  miras  como  delito  te 
parezea  una  prudsa  de  mi  inoceneia  y  del  exceso  de  mi  amor. 
Estas  palabras ,  que  en  el  caqceptfl^  de  Enrique  le  paredan  ci^ia- 


18&  GIL  BLAS. 

ces  de  mitigar  la  pena  de  Blanca ,  solo  sirrièron  para  exacerbarla 
mas.  Qaiso  responderle;  pero  los  soQozos  ahogiron  sa  toz« 
Asombrado  el  principe  de  verla  tan  turbada,  prosiguiô  dicièn- 
dole  :  Pues  que ,  sefiora ,  ^es  posible  que  no  pneda  yo  cahnar  el 
desasosiego  que  os  agita?  ^Porcpié  desgracia  he  perdido  yues- 
tra  confianza,  yo  que  expongo  mi  corona  y  hasta  mi  vida  por 
conseryarme  solo  para  yos  ?  Entônces  la  hija  de  Leondo ,  ha- 
ciendo  el  mayor  esfuerzo  sobre  si  misma  para  expiicarse  ^  le 
respondiô  :  SeAor ,  ya  liegan  tarde  yuestras  promesas  :  no  hay 
ya  poder  en  el  mando  para  qne  en  adelante  sea  una  misma  la 
suerte  de  los  dos.  i  Ay  Blanca  !  interrumpiô  el  rey  precipitada- 
mente  y  I  que  palabras  tan  crueles  han  proferido  tus  labios! 
^Quien  sere  capaz  en  el  mundo  de  hacerme  perder  ta  amor? 
;Quien  sera  tan  osado  que  tenga  aliento  paY«  oponerse  al  foror 
de  un  rey  que  reduciria  à  cenizas  toda  la  Sicilia  Antes  que  sufrir 
que  ninguno  os  robe  à  sus  esperanzas?  Inùtil  serA ,  seihor ,  todo  ynes- 
tro  poder ,  respondiô  con  desmayada  yoz  la  hija  de  Sifiredo,  para 
allanar  el  inyencible  obst^culo  que  nos  sépara.  Sabed  qoe  ya  soy 
muger  del  condestable. 

I  Muger  del  condestable  t  exdamô  el  rey  dando  algunos  pa- 
SOS  atras  ;  y  no  pudo  decir  mas,  tan  sorprendido  qnedô  de  aqael 
impensado  golpe.  Faltâronle  las  Aierzas  ,  y  cayô  desmayado  al 
pié  de  un  àrbol  que  estaba  alli  cerca.  Quedô  pâido,  trèmulo  ,  y 
tan  -enagenado  que  solo  tenia  libres  los  ojos  para  fijarlos  en 
Blanca  de  un  modo  tan  tierno,  que  desde  luego  la  dcgaba  corn- 
prender  cuanto  le  habia  afligido  cl  infortunio  que  le  annndaba. 
Blanca  por  su  parte  le  miraba  tambien  con  semblante  tal  qoe 
manifesûba  ser  muy  parecidos  los  afectos  de  su  corazon  à  los 
que  tanto  agitaban  el  de  Enrique.  Mirébanse  los  dos  dcsyenta- 
rados  amantes  con  un  silencio  en  que  se  dejaba  traslucir  eierta 
espede  de  horror.  Por  ultimo,  el  principe,  y(rfyiendo  algun  tanto 
de  su  trastorno  por  un  esfiierzo  de  yalor ,  tomô  de  nueyo  la 
palabra  y  dijo  à  Blanca  suspirando  :  j.  Que  habeis  hedio,  seik>ra? 
Vuestra  credulidad  me  ha  perdido  à  mi,  y  os  ha  perdido  à  yos. 

Resintiôse  Blanca  de  que  el  rey  i  su  parecer  la  calpase,  cuando 
ella  yiyia  persuadida  de  que  tenia  de  su  parte  las  mas  poderosas 
razones  para  estar  quejosa  de  él,  y  le  dijo  :  iQué,  seAor,  preten» 
deis  por  yentura  afiadir  el  disimulo  à  la  infidelidad  ?  ;Qaerriais 
que  desmintiese  à  mis  ojos  y  i  mis  oidos ,  y  que  é  pesar  de  sa 
testiinonio  os  tuyiese  por  inocente?  No ,  seflor ,  confieso  que  no 
me  siento  con  yalor  para  hacer  esta  yiolencia  à  mi  razon.  Ski 
embargo ,  dijo  el  rey  ,  esos  testigos  de  que  tanto  os  fiais  os  haa 
engafiado  ciertamente.  Han  conspirado  contra  yos,  y  os  han  hecho 
traîcion.  Tan  yerdad  es  que  yo  estoy  inocente,  y  qae  siempre  os 
he  sido  fiel,  como  io  es  que  yos  sois  esposa  del  condestable. 
l  INies  que  ,  seflor ,  repuso  Blanca ,  negaréis  que  yo  misma  os  ai 


LIBRO  CUARTO.  185 

ccMifimuir  é  Constanza  el  don  de  yuestra  mano  y  de  Tuestro 
corazoD?  i  No  asegar&steis  à  los  grandes  del  reino  que  os 
conformariais  con  la  rolantad  del  rey  difonto ,  y  à  la  princesa 
que  recibiria  de  yuestros  nuevos  Tasallos  los  horaenages  que  se 
debîan  i  una  reina  y  esposa  del  principe  Enrique  ?  ;  Mis  ojos 
estaban  fascinados  ?  Confesad,  confesad  mas  bien,  infiel,  que  no 
creisteis  debia  contrapesar  el  corazon  de  Blanca  el  interes  de  una 
corona  ;  y  sinabatiros  à  fingir  lo  que  no  sentis ,  ni  quizà  habeis 
sentido  jamas,  decid  que  os  pareciô  asegurar  mejor  ei  trono  de 
Sicilia  con  Constanza,  que  con  la  hija  de  Leondo.  AI  cabo,  seflor , 
tenais  razon  :  igualmente  desmerecia  yo  ocupar  un  trono  tan  so- 
berano,  como  poseer  el  corazon  de  un  principe  como  tos.  Era 
demasiada  ini  temeridad  en  aspirar  à  la  posesion  de  uno  y  otro^ 
pero  YDS  tampoco  debiais  mantenerme  en  este  error.  No  ignorais 
los  sobresaltos  que  me  ha  costado  perderos,  lo  que  siempre 
tuve  por  infalible  para  mi.  ;A  que  fin  asegurarme  lo  contrario? 
l  que  fin  tanto  empefio  en  desvanecer  mis  temores?  Entônoes 
me  hobiera  quejado  de  mi  suerte  y  no  de  vos  ,  y  hubiera  sido 
siempre  ruestro  mi  corazon ,  ya  que  no  podia  serlo  una  mano 
que  ningun  otro  pudiera  jamas  haber  logrado  de  mi.  Ya  no  es 
liempo  de  disculparos.  Soy  esposa  del  condestable  ;  y  por  no 
exponerme  à  las  consecuencias  de  una  conversacion  que  mi  glo- 
ria no  me  permite  alargar  sin  padecer  mucho  el  rubor ,  dadme 
licencia,  seAor,  para  cortarla,.y  para  que  deje  à  un  principe  à 
quien  ya  no  me  es  licito  escuchar. 

Blcho  esto  se  alejô  de  Enrique  con  toda  la  celeridad  que  le 
permitia  el  estado  en  que  se  encontraba.  Aguardaos  ,  sefiora  , 
damaba  Enrique ,  no  desespereis  à  un  principe  resuelto  à  dar 
en  tierra  con  el  trono  que  le  echais  en  cara  haber  preferido  à  yos, 
antes  que  corresponder  à  lo  que  esperan  de  él  sus  nueyos  ya- 
sallos.  Ya  es  inùtil  ese  sacrificio ,  respondiô  Blanca.  Debierais 
haber  impedido  dièse  la  mano  al  condestable  Antes  de  abando- 
naros  à  tan  generosos  impulsos  ;  y  puesto  que  ya  no  soy  libre, 
me  importa  poco  que  la  Sicilia  quede  redudda  à  payesas ,  ni  que 
deis  yuestra  mano  à  quien  quisiereis.  Bi  tuye  la  flaqueza  de 
dejar  sorprender  mi  corazon ,  tendre  à  lo  ménos  yalor  para  so- 
focar  sus  moyimientos,  y  que  yea  el  rey  de  Sicilia  que  la  esposa 
del  condestable  ya  no  es  ni  puede  ser  amante  del  principe  En- 
rique. Al  decir  estas  palabras  se  hallô  à  la  puerta  del  parque , 
entrôse  en  él  con  precipitacion ,  acompafiada  de  Nise  ,  cerrô  la 
puerta  con  impetu,  y  dejô  al  rey  traspasado  de  dolor.  No 
podia  ménos  de  sentir  el  de  la  profunda  herida  que  habia  abierto 
en  su  corazon  la  noticia  del  matrimonio  de  Blanca.  ^Injusta 
Blanca  f  ]  Blanca  cruel  I  exdamaba:  ;es  posible  que  asi  bubieses 
perdido  la  memoria  de  nuestras  reciprocas  promesas?  A  pesar 
de  mis  juramentos  y  los  tuyos,  estamos  ya  separados.  ^Conque 


186  GIL  BLAS. 

DO  foe  mas  que  una  ilusion  la  idea  que  yo  me  babia  formado 
de  aer  algun  dia  el  ùnioo  duello  tuyo  ?  I  Ah  »  cruel ,  y  que  caro 
me  cnesta  el  haber  llegado  é  conseguîr  que  mi  amor  fiiese  de  ti 
correspondido  I 

Representôsele  entônces  A  la  imaginacion  coa  la  mayor  i^iveza 
la  fbrtuna  de  su  rival  »  acompaûada  de  todos  los  horrorea  de 
los  zelos  ;  y  esta  pasion  se  apoderô  tan  foertemente  de  H  por 
algunos  mementos/  que  le  Cadtô  poco  para  sacrificar  à  su  resen— 
timiento  al  condestable ,  y  aun  al  mismo  Sifredo.  Pero  poco 
despues  entré  la  razon  à  cafanar  los  impetus  de  su  côlera*  Con 
todo  eso  y  cuando  oonsideraba  imposible  el  desimpresionar  à 
Blanca  del  concepto  en  que  estaba  de  su  infidelidad,  se  deseape- 
raba.  Lisonjeàbase  de  que  cambiaria  aquel  concepto  si  hallaba 
arbitrio  para  hablaria  à  solas.  Animado  con  este  pensamiento , 
se  persuadiô  de  que  era  menester  alejar  de  su  compaflia  al 
condestable  y  y  resolviô  hacerle  prender  como  à  reo  sospe- 
choso  en  las  circunstancias  en  que  se  hallaba  el  estado.  En  este 
anpuesto  diô  la  orden  compétente  al  capitan  de  sus  guardias , 
el  cual  partiô  à  Belmonte,  se  apoderô  de  su  persona  à  la  «utrada 
de  la  noche ,  y  Ileyôle  consigo  al  castillo  de  Palermo. 

Consternôse  el  palado  de  Belmonte  con  este  acontecimiento. 
Sifredo  partiô  al  punto  é  responder  al  rey  de  la  inocencia  de  sa 
yernOy  y  é  representarle  las  fimestas  consecuencias  de  semejante 
prision.  Preyiendo  bien  el  rey  este  paso  que  su  ministro  daria, 
y  deseando  lograr  un  rato  de  libre  conyersacion  con  Blanca 
entes  de  dar  libertad  al  condestable ,  habia  mandado  expresa- 
mente  que  no  se  dejase  entrar  é  nadie  en  su  cuarto  aquella 
noche.  Pero  Sifredo,  à  pesar  de  esta  prohibicion ,  logrô  intro- 
ducirse  en  la  estancia  del  rey  :  Seftor ,  le  dijo  luego  que  se  yiô 
en  su  presencia  y  si  es  permitido  à  un  respetuoso  y  fiel  yasallo 
quejarse  de  su  soberano,  yengo  à  quejarme  à  yos  de  yos  mismo. 
;Qué  delito  ha  cometido  mi  yemo?  ;Ha  considerado  V.  M.  la 
eterna  afrenta  de  que  cubre  à  mi  familia ,  y  las  résultas  de  una 
prision  que  puede  alejar  de  su  seryicio  à  las  personas  que  ocu- 
pan  los  primeros  puestos  del  estado?  Tengo  avisos  dertos,  res- 
pondiô  el  rey,  de  que  el  condestable  mantiene  inteiigencias 
criminates  con  el  infiainte  don  Pedro.  \  £1  condestable  inteiigencias 
criminales  !  interrumpiô  sorprendido  Leondo.  i  Ah ,  senor  !  no 
lo  créa  Y.  M.  :  sin  duda  han  abusado  de  vuestro  magnanime  co- 
razon.  La  traicion  nunca  tuvo  entrada  en  la  familia  de  Sifredo  ; 
bàstale  al  condestable  ser  yemo  mio  para  hallarse  en  este  punto 
al  abrigo  de  toda  sospecha.  El  esta  inocente;  otros  motivos  se- 
cretos  son  los  que  os  han  inducido  à  prenderle. 

Puesto  que  me  hablas  con  tanta  claridad,  repuso  el  rey,  quiero 
eorresponderte  con  la  misma.  Tù  te  quejas  de  que  yo  haya 
mandado  arresiar  al  condestable.  ]  Ahl  ^y  no  podrë  yo  tambien 


LIBRO  CUARTO.  187 

quqarme  de  la  crueldad?  TA  ,  bérbaro  Sifredo,  tù  ères  el  que 
me  has  arrebatado  inhamanamente  mi  reposo ,  poniéndome  en 
situadon  con  tns  coidados  oficiosos  de  qne  enyidie  la  saerte  de 
los  hombres  mas  infelices.  No,  no  te  Ksonjees  de  que  yo  adopte 
108  ideas.  Yanamente  esté  resuelto  mi  matrimonio  con  Gonstanza... 
I  Que,  sefiqr  I  interrompiô  estremecièndose  Leoncio  :  ^como  sera 
posible  que  no  os  caseis  con  la  princesa,  despues  de  haberla 
lisonjeado  con  esta  esperanza  à  vista  de  todo  el  reino  ?  Si  es  que 
engafio  su  esperanza ,  repuso  el  monarca ,  échate  à  ti  solo  la 
culpa.  I  Porqué  me  pusiste  tù  mismo  en  precision  de  ofrecèr  lo' 
que  no  podia  cumplir  ?  ;  Quien  te  obligô  à  escribir  el  nombre 
de  Consianza  en  un  papel  que  se  habia  hecho  para  tu  hija? 
Sabias  mny  bien  mi  intendon.  ;  Quien  te  diô  autoridad  para 
tiranizar  el  corazon  de  Blanca ,  obligàndola  à  casarse  con  un 
hombre  k  quien  no  amaba  ?  ;  Y  quien  te  la  diô  sobre  el  mio , 
para  disponer  de  él  en  favor  de  una  princesa  ft  quien  miro  con 
horror  ?  ;  Te  has  plvidado  ya  de  que  es  hija  de  aquella  cruel 
Madide  que,  atropellando  todos  los  derechos  de  la  sangre  y  de 
la  homanidad,  hizo  espirar  ft  mi  padre  entre  los  hierros  del  mas 
duro  cautiyerio  ?  ^  Y  à  esta  querias  tu  que  yo  dièse  mi  mano  ? 
No,  Sifredo^  no  aguardes  de  mi  este  paso.  Antes  de  ver  encendidas 
las  teas  de  tan  horrible  himeneo ,  veràs  arder  toda  la  Sicilia ,  y 
anegados  de  sangre  sus  campos. 

I  Que  es  lo  que  escucho  I  exclamé  Leoncio  :  |  que  terribles 
amenazas  1 1  que  funestos  anuncios  me  haceis  I  Pero  en  vano  me 
sobresaltOy  continué  mudando  de  tono.  No,  seflor,  nada  de  esto 
temo.  Es  demasiado  el  amor  que  profesais  à  vuestros  vasallos 
para  acarrearles  tan  triste  suerte.  No  sera  capaz  im  ciego  amor 
de  avasallar  vuestra  razon.  Echariais  un  etemo  borron  à  vuestras 
virtodes  si  os  dejarais  Oevar  de  las  flaquezas  propias  de  hombres 
Tulgares.  Si  yo  di  mi  hija  al  condestable  fuë,  sefior ,  ùnicamente 
par  granjear  para  vuestro  servido  à  un  hombre  valeroso ,  que , 
con  la  foerza  de  su  brazo  y  del  ejèrcito  que  tiene  à  su  disposicion, 
apoyase  vuestros  intereses  contra  las  pretensiones  del  prindpe 
don  Pedro.  Pareciôme  que  uniéndole  &  mi  familia  con  lazos  tan 
estrechos...  |  Ah  1  que  esos  lazos  ,  interrumpiô  Enricpie ,  esos 
fimestos  lazos  son  los  que  à  mi  me  han  perdido.  |  Cruel  amigo  ! 
;qné  te  habia  hecho  yo  para  que  descargases  sobre  mi  tan  duro 
è  intolerable  golpe  ?  Habiate  encargado  que  manejases  mis  in- 
tereses; pero  ^cuando  te  di  facultad  para  que  esto  foese  à 
Costa  de  mi  corazon?  ;  porqué  no  dejéste  que  yo  mismo  de- 
fendîese  mis  derechos?  iparëcete  que  no  tendria  valor  ni  fiierzas 
para  hacerme  obedecer  de  todos  los  vasallos  que  osasen  opo- 
nerse  à  mi  voluntad  ?  Si  el  condestable  fnese  uno  de  ellos  sabrîa 
yo  muy  bien  castigarle.  Yasé  que  los  reyes  no  han  de  ser  tiranos, 
y  que  su  primera  obligadon  es  la  de  mirar  por  la  feliddad  de- 


188  GIL  BLAS. 

sus  pueblos  ;  i  pero  han  de  ser  esdayos  de  estos  los  mismos 
soberanos ,  y  esto  desde  el  momento  en  qae  el  delo  los  elige 
jMira  gobernarlos  ?  ;  pierden  por  ventura  el  derecho  que  la  mianuk 
naturaleza  concediô  à  todos  los  hombres  de  ser  duettos  de  sas 
afectos?  I  Ahy  Leoncio  I  si  los  reyes  han  de  perder  aquella  pre- 
ciosa  libertad  que  gozan  los  demas  hombres ,  ahi  te  abandono 
una  corona  que  tu  me  aseguràste  &  costa  de  mi  sosiego. 

Seûor  y  replico  el  ministro ,  no  puede  ignorar  Y.  M.  que  el  rey 
su  tio  sujetô  la  sucesion  al  trono  à  la  précisa  condicion  del  ma- 
trimonio  con  la  princesa  Constanza.  ;Y  quien  diô  autoridad  al 
rey  mi  tio ,  repuso  acalorado  Enrique ,  para  establecer  tan  yio- 
lenta  como  injusta  disposicion?  ;  Habia  recibido  acasoéltan  in- 
digna ley  de  su  hermano  el  rey  don  Cérlos  cuando  entré  à  su- 
cederle?  ;  Y  por  yentura  debias  tù  tener  la  flaqueza  de  someterte 
i  una  condicion  tan  inicua?  Cierto  que  para  un  gran  canciller 
estas  poco  enterado  de  nuestros  usos.  En  una  palid>ra ,  cuando 
promet!  mi  mano  à  Constanza  fîié  inyoluntaria  mi  promesa,  que 
nunca  tuye  intencion  de  cumplirla.  Si  don  Pedro  funda  su  espe- 
ranza  de  ascender  al  trono  en  mi  constante  resolucion  de  no 
efectuar  aquella  palabra ,  no  mezdemos  à  los  pueblos  en  una 
contienda  que  haria  derramar  mucha  sangre.  La  espada  entre  nos- 
otros  solos  puede  terminar  la  disputa ,  y  decidir  cual  de  los  dos 
sere  el  mas  digno  de  reinar. 

No  se  atrei^iô  Leoncio  à  apurarle  mas ,  y  se  contenté  con  pe- 
dir  de  rodillas  la  libertad  de  su  yerno ,  la  que  consiguiô  dicièn- 
dole  el  rey  :  Anda ,  y  restitùyete  é  Belmonte ,  que  presto  ira  aUi 
el  condestable.  Retirôse  el  ministro ,  y  marché  à  su  quinta ,  per- 
suadido  de  que  su  yerno  yendria  luego  à  ella  ;  pero  engaûése , 
porque  Enrique  queria  yer  à  Blanca  aquella.  noche ,  y  con  este 
fin  dilaté  hasta  el  dia  siguiente  la  libertad  de  su  esposo« 

Miëntras  tanto  entregado  este  à  sus  tristes  pensamientos ,  hacia 
dentro  de  si  crueles  reflexiones.  La  prisionle  habia  abierto  los 
ojos ,  y  héchole  conocer  cual  era  la  yerdadera  causa  de  su  des- 
gracia. Entregado  enteramente  à  layiolencia  de  los  zelos,  y  ol- 
yidado  de  la  lealtad  que  hasta  alli  le  habia  hecho  tan  recomen- 
dable ,  solo  respiraba  yenganza.  Persuadido  de  que  el  rey  no 
malograria  la  ocasion ,  y  no  dejaria  de  ir  aquella  noche  à  yisitar 
à  doAa  Blanca,  para  sorprenderlos  é  entrambos  suplicé.  al  go- 
beniador  del  castillo  de  Palermo  le  dejase  salir  de  la.  prision  por 
algunas  horas ,  dàndole  palabra  de  honor  de  que  Antes  de  ama- 
necer  se  restituiria  A  ella.  £1  gobemador ,  que  era  todo  suyo , 
tuyo  poca  dificultad  en  darle  este  gusto ,  y  mas  habiendo  sabido 
ya  que  Sifiredo  habia  alcanzado  del  rey  su  libertad ,  y  ademas 
de  eso  le  dié  un  caballo  para  ir  à  Belmonte.  Partie  prontameme , 
llegé  al  sitio ,  até  el  calû^llo  A  un  Arbol ,  entré  en  el  parque  por 
una  puerta  pequefta  cuya  llaye  tenia,  y  tuyo  la  fortuna  de  intro- 


LIBRO  CUARTO.  189 

tiicirse  en  la  quinta  sin  ser  sentido  de  nadie.  Llegô  hasta  el  caarto 
de  su  moger ,  y  se  escondiô  iras  un  biombo  que  habia  en  la  an- 
tesala.  Pensaba  observar  desde  alli  todo  lo  que  pudiese  suceder, 
y  entrar  de  repente  en  la  estancia  de  su  esposa  al  menor  ruido 
que  oyese.  Yiô  salir  à  Nise ,  que  acababa  de  dejar  é  su  ama ,  y 
se  retLraba  à  un  cuarto  inmediato  donde  ella  dormia. 

La  hija  de  Sîfredo  y  que  fôcilmente  habia  penetrado  el  yerda- 
dero  motlTO  del  arresto  de  su  marido ,  tuYO  por  cierto  que  aquella 
noch«  no  Yolyeria  este  à  Belmonte ,  aunque  su  padre  le  habia 
didio  babcrle  el  rey  asegurado  le  seguiria  presto.  Igualmente  se 
presamiô  que  el  rey  aprovecharia  aquella  ocasion  para  yerla  y 
hablarla  con  libertad.  Con  este  pensamiento  le  estaba  esperando 
para  afearle  una  accion  que  para  ella  podia  tener  terribles  con- 
secnencias.  Con  efecto ,  poco  tiempo  despues  que  Nise  se  habia 
retirado ,  se  abriô  la  falsa  puerta  y  apareciô  el  rey,  quien  ,'arro- 
jàndose  A  los  pies  de  Blanca ,  le  dijo  :  No  me  condeneis  hasta  ha- 
benne  oido.  Si  mandé  arrestar  al  condestable ,  considerad  que 
ya  no  me  restaba  otro  medio  para  justificarme.  Si  es  delincuente 
este  artificio,  la  culpa  es  de  vos  sola.  ^Porqué  os  negàsteis  à 
oirme  «sta  maflana?  Tardarâ  poco  en  yerse  libre  yuestro  esposo , 
y  entônces  ]  ay  de  mi  I  ya  no  tendre  recurso  para  hablaros.  Oid- 
me  y  pues ,  por  la  ultima  yez.  Si  yuestro  padre  ocasiona  mi  des- 
Tenturada  suerte ,  al  ménos  concededme  el  triste  consuelo  de 
partknparos  que  yo  no  me  he  atraido  este  infortunio  por  mi  in- 
fidelidad.  Si  ratifiqué  é  Constanza  la  promesa  de  mi  mano ,  fué 
porque,  en  las  circunstancias  en  que  me  pnso  Sifredo ,  no  podia 
hacer  otra  cosa.  Ërame  preciso  engaâar  à  la  princesa  por  yues- 
tro înteres  y  por  el  mio ,  para  asegnraros  la  corona  y  la  mano 
de  yuestro  amante.  Tenia  esperanza  de  conseguirlo  y  y  habia  to- 
rnado mis  medidas  para  romper  aquella  obligacion;  pero  yos  des- 
truisteis  mi  plan,  y  disponiendo  con  demasiada  focilidad  de  yuestra 
persona ,  preparâsteis  un  etemo  dolor  à  dos  corazones  que  un 
entrafiable  amor  hubiera  hecho  perpetuamente  féhces. 

Biô  fin  à  este  breye  razonamiento  con  seflales  tan  yisibles  de 
ana  yerdadera  desesperacion ,  que  Blanca  se  enterneciô ,  y  ya  no 
le  quedô  la  menor  duda  de  la  inocencia  de  Enrique.  Alegrôse  un 
poco  al  principio;  pero  un  momento  despues  fué  en  ella  mas 
viyo  el  dolor  de  su  desgracia,  i  Ah ,  seflor  I  dijo  :  despues  de  lo 
que  ha  dispuesto  de  nosotros  la  suerte ,  me  causa  nueya  pena  el 
saber  que  estais  inocente.  ;  Que  es  lo  que  he  hecho ,  desdichada 
de  mi  I  EngaAôme  mi  resentimiento.  Juzgué  que  me  habiais  aban- 
donado  ;  y  arrebatada  de  despecho  recibi  la  mano  del  condesta- 
ble ,  que  mi  padre  me  présenté.  \  Ah  infeUz  I  Yo  fui  la  delincuente , 
y  yo  misma  fabriqué  nuestra  desgracia.  |  Conque  cuando  estaba 
tan  qnejosa  de  yos ,  acusàndoos  en  mi  corazon  de  que  me  habiais 
engafiado ,  era  yo ,  imprudente  y  ligerisima  amante ,  la  que  rom- 


190  GIL  BLAS. 

pia  lofl  laaEOs"qae  habia  jnrado  hacer  indisoliibles  I  Yengaoa  ahcMra , 
seûor ,  pues  os  toca  haoerlo.  Aborreoed  à  la  iograta  BlaiMau.  Olvi- 
dad^  4  Y  OS  pareoe  cpie  lo  podré  hacer,  seflora?  intemunpio 
Enrique  tristemente  :  ;qae  sera  posiMe  arrancar  de  mi  ooraxon 
una  pasion  que  ni  aun  yuestra injusticia  podrà sofocarla?  Con  todo 
eso ,  seûor ,  dijo  suspirando  la  hija  de  Sifredo ,  es  menester  que 
OS  esforzeis  para  conseguirlo.  Y  tos,  seftora,  replied  el  rey, 
I seréis  capaz  de  hacer  ese  erfuerzo?  No  me  prometo  lograrlo , 
respondiô  Blanca ,  pero  nada  omitiré  para  ello  :  lo  intentaré  coaa- 
to  pneda.  ;  Ah  cruel  I  exdarnô  el  rey ,  fidhnente  olvidarëîs  à  En- 
rique, puesto  que  teneis  tal  pensamiento.  Y  tos  ,  seAor ,  ^què  es 
lo  que  pensais?  repuso  Blanca  con  encereca:  i  os  lisonjeais  d»  qne 
OS  tolère  continuar  en  obsequiarme  ?  No  tengais  tal  esperanza.  Si 
no  quiso  el  cielo  que  naciese  para  reina ,  tampoco  me  formô  para 
que  diese  oidos  à  ningun  amor  que  no  sea  legitimo.  Mi  esposo  es , 
igualmente  que  vos ,  de  la  nobilisima  casa  de  Anjou,  y  aun  cnan- 
do  k)  que  debo  à  solo  él  no  foera  un  obstéculo  inyendble  i  Tue»- 
tros  amorosos  servicios ,  mi  honor  jamas  podria  permitîrlos. 
Suplico ,  pues ,  i  Y.  M.  que  se  retire ,  y  que  baga  ànimo  de  no 
Yolrerme  A  rer.  îOh ,  que  tiranial  exdamô  el  rey:  ;es  posible , 
Blanca ,  que  me  trateis  oon  tanto  rigor  ?  \  Conque  no  basta  para 
atormentarme  el  que  yo  os  vea  esposa  del  condestaUe  ;  sino  que 
quereis  ademas  privarme  de  yuestra  yista ,  ùnico  consuelo  qne  me 
queda  !  Huid  cuanto  entes ,  seftor ,  respondiô  la  hija  de  Sifredo 
derramando  algnnas  làgrhnas  :  la  yista  de  lo  que  se  ha  amado 
tiernamente  déjà  de  ser  un  bien  luego  que  se  pierde  la  espe- 
ranza  de  poseerlo.  À  Bios ,  seftor,  retiraos  de  mi  presenda.  Dé- 
bets este  esfuerzo  à  yuestra  gloria  y  i  mi  reputacion.  Tambîen 
os  lo  pido  por  mi  repose ,  porque  al  fin,  aunque  mi  yirtud  no  se 
altera  con  los  moi^imientos  de  mi  corazon ,  la  memoria  de  Tues- 
tra  ternura  me  présenta  combates  tan  terribles ,  que  me  cnesta 
extraordinarios  esfuerzos  el  resistirlos. 

Pronunciô  estas  ultimas  palabras  con  tanta  energia,  que,  sin  ad- 
yertirlo ,  dejô  caer  al  suelo  un  candelero  que  estabaen  una  mesa 
detras  de  ella.  Apagôse  la  bugia;  côgela  Blanca  à  tîentas ,  abre  la 
puerta  de  la  antesala ,.  y  para  encenderla  y  a  al  gabinete  de  Nise , 
que  aun  no  se  habia  acostado.  Yuelye  cou  luz ,  y  apénas  la  yiô 
el  rey  la  instô  de  nueyo  para  que  le  permitiese  continuar  en  sus 
obsequios.  A  la  yoz  del  monarca  entré  repentinamente  el  con-- 
destable  con  la  espada  en  la  mano  en  el  cuarto  de  su  esposa, 
casi  al  mismo  tiempo  que  ella  :  se  llega  à  Enrique  lleno  del  resen- 
timiento  cpie  su  furor  le  inspiraba ,  y  le  dice:  Ya  es  demasiado , 
tirano ,  no  me  tengas  por  tan  yil  ni  tan  cobarde  que  pueda  sufrir 
la  afrenta  que  haces  à  mi  honor.  |  Ah  traidor  !  respondiô  el  rey 
desenyainando  la  espada  para  defbnderse  ;  ^piensas  por  yentura 
ejecutar  tu  intente  impnnemente?  Bicho  este  prindpian  un  com* 


LIBRO  CUARTO.  191 

bate  sobremanera  fogoso  para  que  durase  macbo.  Temiendo  el 
oondestable  que  Sifiredo  y  sus  criados  acodiesen  demasiado  pron- 
to i  los  grito^  qae  daba  doAa  Blanca  y  y  le  estorbasen  su  ven- 
ganza,  peleaba  ya  sin  juicio  y  sin  Qpnocimieato  y  sin  cautela.  Fuera 
de  si  de  furor  el  mismo  se  metiô  por  la  espada  de  su  enemigo , 
atraveséndose  de  parte  à  parte  hasta  la  gnamicion.Gayô  en  tierra, 
y  vièndole  el  rey  derribado  se  detuTo. 

Al  Ter  la  hija  de  Leoncio  à  su  esposo  en  tan  lastimoso  estado  y 
se  arrojô  al  suelo  para  socorrerle  y  é  pesar  de  la  repugnanda  oon 
qaelemiraba.El  inJPdii  esposo,  lleno  de  resentimiento  oontra  ella, 
no  se  entemeciô  ni  ann  é  yista  de  aquel  testimonio  que  le  daba 
de  sn  dolor  y  de  su  compasion.  La  muerte  y  que  tenia  tan  oerca* 
na,  no  bastô  para  apagar  en  él  el  incendio  de  los  zelos.  En  aque- 
nosùltimos  momentos  solo  se  acordô  de  la  fbrtuna  de  sa  eompe- 
tidor  ;  idea  tan  ingrata  y  espantosa ,  que  aientando  sus  espiritm 
y  dando  un  momentàneo  yigor  é  las  pocas  fuerzas  que  le  quo- 
daban ,  le  hizo  alzar  la  espada  y  que  aun  tenia  en  la  maoo ,  y  la 
sepidtô  toda  eila  en  el  seno  de  su  muger  y  dicièndole  :  M uere  y  es- 
posa  infel ,  ya  que  los  sagrados  yfaiculos  del  matrimonio  no  bas- 
tiron  para  que  me  conservases  aquella  fe  que  me  juriste  al  pié 
de  los  altares.  Y  ta ,  Enrique ,  prosiguiô  oon  yoz  desmayada ,  no 
te  glories  ya  de  tu  destino  y  puesto  que  no  te  aprovecharés  de  rai 
desgracia  :  con  esto  muero  contento.  Dqo  estas  palabras ,  y  espi- 
rô  ;  pero  con  un  semblante  que  aun  entre  las  sombras  de  la  nraer* 
te  dejaba  yer  un  no  se  que  de  altiyo  y  de  terriMe.  El  de  Hanca 
ofrecia  é  la  Tîsta  un  espectâculo  bien  diyerso.  Habia  caido  mor- 
talmente  herida  sobre  el  moribundo  cuerpo  de  su  esposo:  y  la 
sangre  de  esta  inocente  yictima  se  confiindia  cou  la  de  su  homi* 
cida,  cuya  ejecncion  fiiè  tan  pronta  è  impensada  y  que  no  diô  In- 
gar  al  rey  para  precayer  su  efecto. 

Prorumpiô  este  principe  malayentnrado  en  un  lastimoso  grito 
caando  yiô  caer  i  Blanca  ;  y  mas  herido  que  ella  del  golpe  que  le 
quttaba  la  yida  y  aeudiô  à  prestarle  el  mismo  auxilio  que  ella 
misma  habia  querido  prestar  à  su  roarido ,  f  del  cual  habia  sido 
tan  mal  recompensada  ;  pero  Blanca  le  dijo  cou  yoz  desfelledda  : 
Sefior,  yuestra  diligencia  es  mutil  :  soy  la  ^ctima  que  estaba  pi- 
diendo  la  suerte  inexorable.  Quiera  el  delo  que  ella  aplaque  su 
<^lera,  y  asegure  la  felicidad  de  yuestrb  reinado.  Al  acabar estas 
palabras ,  Leondo ,  que  habia  acudido  al  eco  de  sus  lamentosos 
ayes,  entré  en  el  cuarto,  y  atônito  de  yer  los  objetos  que  se 
presentaban  &  sus  ojos,  quedô  inmôyiU'  Blanca ,  que  no  le  habia 
^isto,  prosiguiendo  su  discursocon  et  rey  :  A  Dios  y  seflor,  le  dijo  » 
conservad  afeetuosamente  mi  memoria,  pues  mi  amor  y  mis 
desgracias  os  obligan  à  ello.  Desterrad  de  yuestro  pecho  toda 
sombra  de  resentimiento  contra  mi  amado  padre,  respetad  sus 
<^na8 ,  compadeceos  de  su  pena ,  y  haoed  justicia  i  su  zelo.  Sobre 


19S  GIL  BLAS. 

todo  manifestad  à  todo  el  mando  mi  inooendia:  esto  es  lo  que 
mas  prindpalmente  os  encargo.  A  Dios ,  amado  Eoriquè.^  Yo  me 
maero.^  Redbid  mi  postrer  adiento. 

A  estas  palabras  espirô.  Quedôse  suspenso  êl  rey»  goar- 
dando  por  algun  tiempo  an  profimdo  sileDcio.  Rompiile  en  fin 
didendo  i  Sifredo  :  Mira ,  Leoncio ,  la  obra  de  tas  manos.  Con- 
tèmplala  bien ,  y  considéra  en  este  trégico  suceso  el  fruto  de  tu 
oficîoso  zelo  por  mi  servicio.  Nada  respondiô  el  anciano  ;  tan 
penetrado  estaba  de  dolor.  Pero  ^à  que  fin  empellarme  en 
querer  referir  lo  que  no  cabe  en  ninguna  explicadon?  fiasta 
decir  que  uno  y  otro  prorumpièron  en  las  mas  tiemas  quejas 
laego  que  la  vehemencia  del  dolor  abriô  camino  al  desahogo  de 
loB  aféctos  interiores. 

El  rey  conservô  toda  su  vida  la  mas  dulce  memoria  de  su 
amante  y  sin  poderse  jamas  resolver  à  dar  la  mano  i  Constanza. 
El  in£ante  se  coligô  con  ella  para  hacer  que  se  cumpliese  lo  dis- 
puesto  por  Rogerio  en  su  testamento;  pero  se  Tiéron  precisados 
î  céder  al  principe  Enrique ,  quten  triunfô  al  cabo  de  todos  sus 
enemigos.  A  Sifredo  le  desprendiô  del  mundo,  y  aun  de  su 
misma  patria,  el  insoportable  tedio  que  le  causaba  el  tropel  de 
tantas  desgracîas.  Abandonô  la  Siciiia ,  y  pasindose  é  ffspaâa 
con  Porcia,  la  ùnica  faija  que  le  habia  quedado,  comprô  esta 
quinta.  En  ella  sobre^iviô  quince  aûos  à  la  muerte  de  Blanca  : 
tuYO  el  consuelo  de  casar  à  Porcia  antes  de  morir  con  don  Ge- 
rônimo  de  Siha ,  y  yo  soy  el  ùnico  fruto  de  este  matrimonio. 
Esta  es,  prosiguiô  la  yiuda  de  don  Pedro  Pinares,  la  historia 
de  mi  fàmilia,  y  una  fiel  relacion  de  las  desgracias  que  repré- 
senta ese  cuadro ,  que  mi  abuelo  Leoncio  hizo  pintar  para  que 
quedase  à  la  posteridad  un  monumento  de  este  fùnesto  suœso. 

CAPITULO  V. 

De  lo  que  hizo  do^a  Aurora  de  Guzman  luego  que  Ilego  i  Salamanca. 

Despues  de  haber  .la  Ortiz ,  sus  compaAeras  y  yo  oido  esta 
historia,  nos  salimos  de  la  sala,  donde  dejàmos  solas  é  doua 
Aurora  y  dofia  Elvira.  Pasâron  las  dos  lo  restante  del  dia  en 
yarias  diversiones,  sin  fastidiarse  una  de  otra;  y  cuando  par- 
timos  al  dia  siguiente ,  fiié  tan  dolorosa  su  separacion ,  como 
pudiera  serlo  la  de  dos  intimas  amigas ,  acostumbradas  toda  la 
yida  à  la  mas^  dulce  y  tiema  compaikia. 

Uegémos  en  fin  A  Salamanca  sin  que  nos  sucediese  el  menor 
contratiempo.  Alquilàmos  luego  una  casa  enteramente  amue- 
blada;  y  la  duefia  Ortiz,  segun  lo  quebabiamos  tratado,  se 
comenzé  é  llamar  dofia  Jimena  de  Guzman.  Ck>mo  habia  sido 


UBRO  CUARTO.  193 

duefta  tanto  tiempo,  no  podia  mènos  de  hacer  bien  su  papel. 
Saliô  una  mafiana  con  Aurora ,  una  doncella  y  un  page  »  y  se  en- 
caminéron  à  una  posada  de  caballeros,  donde  supiëron  que 
ordinariamente  se  alojaba  Pacheco.  Pxeguntô  la  Ortiz  si  habia 
algun  cuarfo  desocupado,  y  habiéndole  respondido  que  si,  le 
«"nseftâron  uno  deoentemente  puesto.  Tomôlo  de  su  cuenta ,  y 
aun  adelantô  un  mes  de  alquiler,  expresando  era  para  un  sobrino 
suyo  que  iba  de  Toledo  à  estudiar  à  Salamanca ,  y  al  que  esperaba 
aquel  dkL 

Despues  que  la  dueAa  y  mi  ama  dejéron  ajustado  aquel  alo- 
jamiento,  se  retiràron  al  suyo,  y  la  bella  Aurora,  stn  perder 
tiempo ,  se  yistiô  de  caballero.  Para  cubrir  sus  cabellos  negros 
se  puso  unapeluca  rubia ,  y  tifténdose  del  mismo  color  las  cejas, 
se  disfirazô  de  suerte  que  pareda  un  seAortto  distinguido.  Era 
garboso  y  desembarazado  ;  y  à  no  ser  la  cara,  que  era  demasia- 
damente  linda  para  hombre ,  ninguna  otra  cosa  hacia  sospechoso 
su  disfraz.  Imitôle  en  el  mismo  la  criada  que  le  habia  de  serrir 
de  page,  y  todos  nos  persuadimos  que  tambien  esta  representaria 
bien  su  papel,  asi  porque  no  era  de  las  mas  hermosas,  como 
por  tener  cierto  airedllo  descarado ,  muy  à  propôsito  para  el 
personage  que  le  tocaba  hacer.  Despues  de  comer,  hallàndose  las 
dos  actrices  en  estado  de  presentarse  en  su  teatro ,  esto  es ,  en 
la  posada  de  caballeros ,  ellas  y  yo  marchàmos  allé»  Metimonos 
en  un  coche,  y  lleyàmos  los  baules  y  la  ropa  que  era  menester. 

La  posadera,  llamada  Bemarda  Ramirez ,  nos  recibiô  con  el 
mayor  agasajo,  y  nos  condujo  â  nuestro  cuarto,  donde  comenzàmos 
à  trabar  conrersacion  con  ella.  Convintmos  en  la  comida  que  nos 
habia  de  dar,  y  en  lo  que  habiamos  de  pagarle  cada  mes.  Pre- 
guntémosle  despues  si  tenia  muchos  huéspedes.  Por  ahora, 
respondiô,  notengoninguno  :  nunca  me  ialtarian  siquisierarecibir 
àtodo  gènero  de  gentes;  pero  mi  genio  no  lo  liera,  y  en  mi 
casa  solo  admito  personas  de  distincion.  Esta  misma  noche  es- 
pero  uno  que  yiene  de  Madrid  à  concluir  sus  estudios.  Llémase 
don  Luis  Pacheco ,  caballero  de  Teinte  alios  lo  mas ,  que  acaso 
conoceràn  ustedes  ô  habràn  oido  hablar  de  él.  No ,  respondio 
Aurora:  no  ignoro  que  es  de  una  fieunilia  ilustre  ;  pero  no  se  sus 
calidades  ;  y  habiendo  de  yiyir  en  su  compaikia  en  una  misma 
casa ,  tendria  particular  gusto  de  saber  que  hombre  es.  Seftor, 
repaso  la  huéspeda  mirando  al  fingido  caballero  »  es  un  caballerito 
de  linda  cara ,  ni  mas  ni  ménos  que  la  Tuestra  ;  y  desde  luego 
aseguro  que  ambos  os  ayendréis  bien.  lYiye  diezl  que  podré 
jactarme  de  tener  en  mi  casa  los  dos  seftoritos  mas  galanes  y 
aîrosos  de  toda  Espafta.  Segun  eso ,  replicô  mi  ama ,  ese  tal  caba- 
llerito h9bT&  tenido  en  Salamanca  mil  galanteos.  {Oh  !  en  cuanto  à 
eso,  respondiô  la  yieja,  debo  confesar  que  es  un  enamorado  de 
profesion.  Basta  que  se  deje  yer  para  Ueyarse  de  calles  à  cualquier 


194  GIL  BLAS. 

miiger.  Entre  otras  robe  el  corazon  de  una  jôven  y  belh  oomo  ella 
sola ,  hija  de  un  anciano  doctor  en  leyes  ;  y  en  coanto  a  su  cariâo 
hécia  don  Luis  es  aquello  que  se  llama  locura.  Su  nombre  es  dojla 
Isabel.  Pero  digame ,  le  repiicô  Aurora  con  prontitud ,  i  y  don 
Luis  le  corresponde  igualmente?  Que  la  amaba  entes  que  volviese 
à  Madrid)  respondiô  la  Ramirez ,  no  tiene  duda;  pero  si  ahora 
la  quiere  ô  no  la  quiere ,  eso  es  lo  que  yo  no  se,  porque  el  tal 
caballerito  en  este  punto  es  poco  de  fiar.  Corre  de  muger  en 
muger,  como  lo  hacen  comunmente  todos  los  de  su  edad  y  de  su 
clase. 

Apënas  acababa  la  viuda  de  decir  estas  palabras ,  cuando  se 
oy6  en  el  patio  ruido  de  caballos.  Asomàmonos  é  la  ventana , 
yyimos  dos  hombres  que  se  apeaban,  que  eran  el  mismo  don 
Luis  Pacheco,  que  llegaba  de  Madrid ,  con  su  criado.  Dejônos  la 
yieja  para  ir  à  recibirlos ,  y  preparôse  mi  ama ,  no  sin  alguna 
comnocion ,  à  representar  su  personaje  de  don  Felix.  Poco  des- 
pues yimos  entrar  en  nuestro  cuarto  é  don  Luis  con  botas  y 
espnelas  en  traje  de  camino.  Acabo  de  saber,  dijo  saludando  a 
dofia  Aurora ,  que  un  caballero  Toledano  esta  alojado  en  esta 
posada,  y  espero  me  permitiré  le  manifieste  el  gusto  que  tengo 
de  lograr  bajo  un  mismo  techo  tan  buena  compafiia.  Miéntras 
respondia  mi  ama  à  este  cumplimiento ,  me  paredô  que  Pacheco 
estabasuspenso  deyer  Aun  caballero  tanamable.  Con  efecto,  no 
se  pudo  contener  sin  decirle  que  jamas  habia  yisto  hombre  tan 
galan  ni  tan  bien  plantado.  Despues  de  varios  discursos  acompa- 
flados  de  mil  reciprocos  y  cortesanos  cumplimientos ,  se  retirô 
don  Luis  al  cuarto  que  se  le  habia  destinado. 

Miéntras  se  hacia  quitar  las  botas  y  se  mudaba  de  ropa ,  un 

page ,  que  le  buscaba  para  entregarle  una  carta ,  encontre  por 

casualidad  é  doAa  Aurora  en  la  escalera ,  y  teniëndola  por  don 

Luis  y  à  quien  no  conocia  :  Caballero,  le  dijo ,  aunque  no  conozco 

al  se/kor  don  Luis  Pacheco ,  me  parece  no  debo  preguntar  é  vmd. 

si  lo  es,  y  estoy  persuadido  de  que  no  me  engaflo,  segna  las 

sefias  que  me  han  dado.  No,  amigo,  respondiô  mi  amacongran 

serenidad  ;  ciertamente  que  no  te  engajkas ,  y  sabes  cumplir  con 

puntualidad  los  encargos  que  te  dan  :  has  adiyinado  muy  bien 

que  soy  don  Luis  Pacheco  :  dame  esa  carta  y  vête ,  que  ya  coi- 

daré  de  enyiar  la  respuesta.  Marchôse  el  page;  y  cerréndose 

Aurora  en  su  cuarto  con  su  criada  y  conmigo ,  abriô  la  carta,  y 

nos  ley  6  lo  que  signe  :  Acabo  de  saber  vuesira  Uegada  d  Salamanca  : 

alegrôme  tanto  esta  noHda ,  que  terni  perder  eljtùcio.  f^AmaU  todapia 

d  vuestra  Isabel?  Aseguradle  cuanto  antes  de  que  no  os  habeis  mu" 

dodo.  Uorird  de  contento  si  te  dais  el  consuelo  de  kaberle  sida  fieL 

En   yerdad  que  el  papel  es  apasionado,  dijo  Aurora,  y 

muestra  un  aima  del  todo  enamorada.  Esta  dama  es  una  compe- 

tidora  que  no  debe  despreciarse;  entes  bien  juzgo  que  debo 


LIBRO  CUARTO.  195 

haoer  todo  lo  posibte  para  desprenderia  de  don  Luis ,  haciendo 
cuanto  me  seadable  para  que  â  no  la  yuelva  à  ver.  Laempresa 
es  algo  ardua,  lo  oonfieso  ;  mas  no  desconfio  de  salir  con  ella. 
Parôse  à  pensar  sobre  este  punto ,  y  un  momento  despues  afia- 
diô  :  Yo  me  obligo  i  ver  enemistados  à  los  dos  en  ménos  de 
veinte  y  cuatro  horas.  Con  efécto ,  habiendo  Pacheco  descan- 
sado  on  poco  en  su  cuarto ,  volviô  é  buscarnos  al  nuestro ,  y 
renoTÔ  la  con^ersacion  con  Aurora  antes  de  cenar.  Caballero , 
le  dijo  en  tono  de  zumba,  creo  que  los  maridos  y  los  amantes 
no  han  de  celebrar  mucho  yuestra  yenida  à  Salamanca ,  y  que 
les  ha  de  causar  harta  inquietud  ;  yo  por  lo  ménos  ya  comienzo 
à  temer  mucho  por  mis  damas*  ;  Oiga  vmd.!  le  respondiô  mi  ama 
en  el  mtsmo  tono ,  su  temor  no  esta  mal  fundado.  Don  Felix  de 
Mendoza  es  un  poco  temible ,.  asi  os  lo  prevengo.  Ya  he  estado 
otra  Tez  en  esta  ciudad ,  y  se  por  experiencia  que  en  ella  no  son 
insensibles  las  mugeres.  i  Que  prueba  tiene  ymd.  de  eUo  ?  inter- 
mmpîô  don  Luis  conpresteza.  Unademostrativa,  replicô  la  hija 
de  don  Yicente.  Habrà  un  mes  que  transité  por  esta  ciudad ,  y 
habîéndome  detenido  en  ella  no  mas  que  ocho  dias,  en  este 
li^eve  tiempo  ,  os  lo  digo  en  toda  confianza ,  se  apasionô  ciega- 
meRte  de  mi  la  hija  de  un  anciano  doctor  en  leyes.  * 

Conoci  que  se  habia  turbado  don  Luis  al  oir  estas  palabras. 

;Y  se  podrÀ  saber,  sin  pasar  por  indiscrete ,  replicô ,  el  nombre 

de  esa  seAora?  iQué  llama  vmd.  sin  pasar  por  indiscrete?  repuso 

el  fingido  don  Felix  :  ;  pues  que  motive  puede  haber  para  Imcer 

de  este  un  misterio  ?  ^por  yentura  me  teneis  per  mas  GEdlado  que 

lo  son  en  este  punto  los  de  mi  edad?  no  me  hagais  esa  injusticia. 

Ademas  de  que ,  hablando  entre  los  dos ,  el  objeto  tampoco  es 

digne  de  tan  escrupuloso  miramiento  ,  porque  al  fin  solo  es  una 

pobre  particular,  y  los  bombres  de  distincion  no  se  emplean  se- 

riamente  en  estas  gentes  de  poca  suposicion ,  y  aun  creen  que 

les  hacen  mucho  honor  en  quitarles  el  crédite.  Diréos ,  pues ,  sin 

répare ,  que  la  hija  del  tal  doctor  se  llama  Isabel.  ^Y  el  tal 

doctor ,  intermmpiô  impaciente  ya  Pacheco ,  se  llama  acaso  et 

sefior  Marcos  de  la  Uana?  Justamente,  respondié  mi  ama.  Lea 

vmd.  este  papel  que  acaba  de  enviarme  :  per  él  veri  si  me 

quiere  bien  la  tal  nifia.  Pasô  les  ojos  don  Luis  per  el  billete,  y 

conociendo  la  letra  se  quedô  confuse.  ^Qué  veo?  prosiguiô  en- 

cônces  Aurora  con  admiracien.  Parece  que  se  os  muda  el  celer. 

Creo ,  Dies  me  lo  perdene ,  que  tomai»  interes  per  esa  dama. 

i  Oh ,  y  cuante  me  pesa  de  haber  hablado  cen  tanta  franqueza  ! 

Antes  bien  os  dey  gracias  per  elle ,  replicô  don  Luis  en  un  tone 

mezclade  de  côlera  y  despeche.  i  Ah ,  pérfida  !  |  ah ,  inconstante  ! 

iOh ,  don  Felix ,  y  que  favor  es  merezco!  He  habeis  sacade  de 

un  ^ror  en  que  quizà  hubîera  estado  largo  tiempo.  Creia  que  me 

amaba  :  i  que  digo  amaba?  me  parecia  que  me  adoraba  Isabel. 


196  GIL  BLAS. 

Yo  miraba  con  algnn  aprecio  â  esta  mnchacha  ;  pero  ahora  reo 
que  es  nna  muger  digoa  de  mi  mayor  deisprecio.  Apniebo  vnestro 
noble  modo  de  pensar,  dijo  Aurora ,  manifestando  tiunbien  por 
su  parte  mucha  indignacion.  La  hija  de  un  doctor  en  leyes  de- 
biera  tenerse  por  muy  dichosa  en  que  la  qnisiese  un  oabaHerito 
de  tanto  mérito  oomo  vos.  No  puedo  disculpar  su  yeleidad ,  y  lè- 
jos  de  aeeptar  el  sacrifido  que  me  hace  de  vos ,  quiero  castigaria 
despf eciando  sus  favores.  Por  lo  que  â  ml  toca ,  dijo  Paeheoo , 
juro  no  Tolverla  â  Ter  en  toda  mi  TÎda ,  y  esta  seri  mi  unica  ven- 
ganza»  Teneis  sobrada  razon,  respondiô  el  fingido  Mendoza; 
pero  con  todo ,  para  que  conozca  mejor  el  menosprecio  con  que 
la  tratamos ,  séria  yo  de  parecer  que  los  dos  le  escrîbieramos  se* 
paradamente  un  papel  en  que  la  insultasemos  à  nuestra  satisfiBMS- 
cion.  Yo  los  cerraré ,  y  se  los  enviaré  en  respuesta  à  su  carta  ;  mas 
antes  de  Uegar  à  este  extremo  sera  bien  que  lo  consulteis  con 
Tuestro  corazon ,  no  sea  que  algun  dia  os  arrepintais  de  haber 
roto  la  amistad  con  Isabel.  No ,  no ,  interrumpiô  don  Luis ,  no 
pienso  tener  jamas  semejante  flaqueza,  y  convengo  desde  hiego 
en  que,  por  mortificar  A  esa  ingrata ,  se  ponga  inmediatamente 
por  otoa  lo  que  hemos  discurrido.  a» 

Sin  perder  tiempo  fui  yo  mismo  â  traerles  papel  y  tinta ,  y  uno 
y  otro  se  pusièron  é  componer  dos  papeles  muy  gustosos  para  la 
hija  del  doctor  Marcos  de  la  Liana.  Espedalmente  Pacheoo  no  en- 
contraba  voces  bastante  fuertes  que  le  oontentasen  para  expresar 
sus  sentimientos  ;  y  asi  hizo  pedazos  cinco  ô  seis  billetes ,  por  pu- 
recerle  sus  expresiones  poco  enérgicas  y  poco  duras.  Al  cabo 
compuso  uno  que  le  satisfizo ,  y  à  la  verdad  tenia  razon  para  que- 
dar  satisfecho ,  porque  estaba  ooncebido  en  estos  términos  : 
Aprende  ya  d  conocerte,  reina  trua,  y  no  tengoi  la  pretuncum  de 
créer  que  yo  te  anu).  Para  eMto  era  meneHer  oiro  miriio  mayor  que 
el  tuyo.  No  veo  en  ti  elmenor  airactivo  que  merezca  mi  aiencion  mas 
que  por  un  momento.  Solamenie  puedes  aspirar  d  lo$  mdenêos  que 
te  tribuiardn  loi  hopalandat  mas  misérables  de  la  umverndad.  Es- 
cribiôy  pues,  esta  agradable  carta,  y  cuando  Aurora  acabô  la 
snya ,  que  no  era  mënos  ofensiya ,  las  cerrô  entrambas  bajo  una 
cubierta,  y  entregàndome  el  pliego  :  Toma,  Gil  Bias,  me  dijo,  y 
haz  que  Isabel  reciba  este  pliego  esta  noche.  Ya  me  entiendes , 
afiadiô  guiûindome  de  ojo  ;  seftal  cuyo  significado  entendi  periéo- 
tamente.  Si ,  seikor,  le  respondi  :  seré  Tmd.  servido  eomo  desea. 

Aesponderle  esto ,  hacerle  una  cortesia ,  y  salir  de  casa ,  todo 
filé  uno.  Luego  que  me  vi  en  la  calle ,  me  dije  i  ml  mismo  :  ;Coa- 
que ,  seAor  Gil  Bias ,  parece  que  se  hace  prueba  de  vuestro  talento 
y  que  représentais  en  esta  comedia  el  importante  papel  de  criado 
confidente  ?  SI ,  sefior.  Pues,  amigo  mio ,  es  menester  mostrar  que 
tienes  habilidad  para  desempefiar  un  papel  que  pide  tanta.  El  sefior 
don  Felix  se  contenté  con  hacerte  una  sefia  :  fitee  de  tu  pénétra- 


LIBRO  GUARTO.  197 

don.  ^Comprendiste  bien  lo  que  aquella  guifiada  qoiso  decir  ?  Si 
por  cierto  :  quisome  dar  à  entender  que  entregase  solamente  el 
billete  de  don  Luis.  No  significaba  otra  cosa  aquella  guifiadura. 
No  toye  en  esto  la  menor  duda  ;  conque  didendo  y  haciendo , 
rompi  el  sobrescrito  ,  saqué  de  él  la  carta  de  Pacheco ,  y  la  Ueyé 
à  casa  del  doctor  Marcos ,  habiéndome  antes  informado  de  donde 
TÎTia.  Encontre  â  la  puerta  al  mismo  pagecito  à  quien  habîa  visto 
en  la  posada  de  los  caballeros,  Hermano,  le  dije ,  ^seréîs  yos  por 
fbrtuna  el  criado  de  la  hija  del  seAor  doctor  Marcos  de  la  Llana? 
Respondiôme que  si  en  tono  de  mozo  experto  en  estos lances;  y 
yo  le  afiadi  :  Teneis  una  fisonomia  tan  honrada^  y  una  cara  tan  de 
amigo  de  seryir  al  prôjimo ,  que  me  atrevo  à  suplicaros  entregueis 
i  Tuestraama  estepapelito  de  cierto  caballero  conocido  suyo. 

l  Y  quien  es  ese  caballero?  me  preguntô  el  pagecillo ;  y  apénas 
le  respondi  que  era  don  Luis  Pacheco ,  cuando  todo  regocijado 
me  respondiô  :  { Ah  I  si  el  papel  es  de  ese  seûorito ,  sigueme , 
pues  tengo  ôrden  de  mi  ama  de  introducirte  en  su  cuarto ,  que 
quiere  hablarte.  Seguile  en  efecto ,  y  llegnè  â  una  sala ,  donde  muy 
presto  se  dejô  ver  la  seûora.  Quedé  admirado  de  su  hermosura , 
tanto  que  me  pareciô  no  haber  visto  focciones  mas  lindas  en  mi 
TÎda.  Tenia  un  aire  tan  delicado  y  anifiado ,  que  parecia  ser  de 
edad  de  quince  aflos ,  sin  embargo  de  que  habia  mas  de  tremta  que 
caminaba  por  si  misma  sin  necesitar  de  andadores.  Amigo ,  me 
preguntô  con  cara  risuefla,  ;eres  criado  de  don  Luis  Pacheco? 
Si  y  seAora,  le  respondi ,  très  semanas  ha  que  entré  A  serynr  â  su 
mercéd  ;  y  didendo  esto  le  entreguè  respetuosamente  el  fatal  papel 
que  se  me  habia  encargado.  Leyôle  dos  6  très  yeces ,  con  sem- 
blante de  dudar  de.  lo  que  sus  mismos  ojos  yeian.  Gon  effecto , 
nada  esperaba  mënos  que  semejante  respuesta.  Alzaba  los  ojos 
al  delo ,  mordiase  les  labios ,  y  todos  sus  indeliberados  moyi- 
mientos  hacian  patente  lo  que  pasaba  dentro  de  su  corazon.  Vol- 
viése  despues  hàcia  mi  y  me  dijo  :  Amigo  mio  :  ^  don  Luis  se  ha 
Yuelto  loco  desde  que  se  ausentô  de  mi  ?  No  comprendo  su  modo 
de  procéder.  IMme,  amigo ,  si  lo  sabes,  ;quë  motiyo  ha  tenido 
para  escribirme  un  papel  tan  cortesano ,  tan  atento?...  ;Qué  de- 
monio  le  tiene  poseido?  Si  quiere  romper  conmigo,  ^no  sabria 
hacèrlo  sin  ultrajarme  con  una  carta  tan  gr osera? 

Seflora,  le  respondi  afectando  un  aire  lleno  de  sinceridad^  es 
derto  que  mi  amo  no  ha  tenido  razon  para  eso  ;  pero  en  cierta 
manera  se  yiô  en  términos  de  no  poder  hacer  otra  cosa.  Si  me  dais 
palabra  de  guardar  el  secreto ,  yo  os  descubriré  todo  el  misterio. 
Te  ofirezco  guardarle,  me  respondiô  ella  prontamente  :  no  temas 
que  te  perjudique  ;  y  asi  explicate  eon  toda  libertad.  Pues ,  seftora, 
continué  yo ,  he  aqui  el  caso  en  dos  palabras.  Un  momento  des- 
pues que  mi  amo  redbiô  yuestro  papel  entrô  en  la  posada  una 
dama  tapada  con  un  manto  de  los  mas  dobles  :  preguntô  por  el 


198  GIL  BLAS. 

seAor  Pacheco ,  hablôle  A  solas ,  y  de  alii  i  algun  tiempo ,  al  fin 
de  la  conversacton  le  oi  decir  estas  précisas  pialabras  :  Mejttrats 
que  nunca  la  volverm  d  ver;  pero  no  me  contenta  con  eito.  Es  me- 
nester  que  ahora  mUmo  le  etaibau  un  btllete  que  yo  nûsma  quiero 
dictaros.  Esto  quiero  absoUUamente  de  vo$,  Sujetî6se  don  Luis  à  todo 
lo  qae  desealm  aquella  muger,  y  entregàndome  despues  el  bi- 
Hete,  me  dijo  :  Toma  este  papel,  ayerigua  donde  viire  el  doctor 
Marcos  de  la  Liana ,  y  procura  con  maâa  que  esta  carta  se  en- 
tregue  en  propia  mano  &  su  hija  Isabel. 

De  aqui  inferiréis ,  seftora ,  que  la  tal  carta  es  hechura  de  al- 
guna  enemiga  yuestra ,  y  por  consiguiente  que  mi  amo  poca  6 
ninguna  culpa  ha  tenido  en  esta  maniobra.  ;  CHi  cielos!  exclamé 
ella  :  pues  esto  es  todavia  mas  de  lo  que  yo  pensaba.  Has  me 
ofende  su  infidelidad  que  las  indignas  é  injuriosas  expresiones 
que  se  atreyiô  &  escribir  su  mano.  ;  Ah  »  infiel  !  ;  ha  podido  con- 
traer  otra  amistad  !...  Pero  revistiéndose  de  repente  de  altivez  » 
aâadiô  despechada  :  Abandônese  en  buen  hora  libremente  à  su 
nuevo  amor,  que  yo  no  pienso  impedirlo.  Decidle  de  mi  parte 
que  no  necesitaba  insultarme  para  obligarme  à  dejar  libre  el 
campo  à  mi  competidora;  y  que  desprecio  demasiado  à  un 
amante  tan  yoltario  para  tener  el  menor  deseo  de  atraérmele  de 
nueyo.  Diciendo  esto  me  despidio ,  y  se  retiré  muy  enojada  con- 
tra don  Luis. 

Yo  sali  de  casa  del  doctor  Marcos  de  la  Liana  muy  satisfécho 
de  mi  mismo ,  conociendo  bien  que  si  queria  aprrader  el  oficîo 
de  tercero  me  hallaba  con  suficientes  talentos  para  salir  maestro 
en  poco  tiempo.  Yolyime  à  nnestra  posada  ^  donde  encontre  ce- 
nando  juntos  à  los  seûores  Mendoza  y  Pacheco  »  y  en  oonyersa- 
cion  con  tanta  confianza  como  si  se  hubieran  conocido  y  tratado 
muchos  aâos.  Conociô  Aurora  en  mi  alegre  y  risuefk)  semblante 
que  no  habia  desempeftado  mal  mi  comision.  ^  Conque  ya  estas 
de  yuelta,  Gil  Bias?  me  dijo  en  tono  festiyo.  £a,  danos  cnenta 
de  tu  embajada.  Tuye  para  responder  que  recurrir  à  mi  talento. 
Dije  que  habia  entregado  el  pliego  en  mano  propia  à  Isabel ,  la 
que,  despues  de  haber  leido  los  dos  dulcisimos  y  temisimos  pa- 
pelés ,  prorumpiô  en  grandes  carcajadas  como  una  loca,  diciendo  : 
Por  yida  mia  que  los  dos  sefk)ritos  escriben  con  bellisimo  estilo. 
No  se  puede  negar  que  nadie  es  capaz  de  imitarlo.  Eso ,  dijo  mi 
ama ,  se  llama  sacar  el  caballo ,  é  salir  del  atolladero  airosa- 
mente.  £n  yerdad  que  la  tal  seftora  mia  es  una  chula  de  prueba 
y  muy  diestra.  Desconozco  enteramente  en  esta  ocasion  à  doâa 
Isabel  y  interrumpiô  don  Luis  :  la  tenia  en  muy  distinto  concepto. 
Yotambien,  replico  Aurora,  habia  formado  otrojuido  de  ella. 
Es  preciso  confesar  que  hay  mugeres  que  saben  hacer  toda  clase 
de  papeles.  A  una  de  estas  amè  yo ,  y  en  yerdad  que  se  bnrié  de 
mi  largo  tiempo.  Gil  Bias  lo  puede  decir  :  parecia  la  muger  mas 


LIBRO  CUARTO.  109 

juiciosa  y  mas  honesta  que  habia  en  todo  el  mondo.  Asi  es ,  res- 
pond! yo  introdaciéndome  en  la  oonversacion  ;  era  capaz  de  en- 
gadar  al  mas  astuto ,  y  aon  à  mi  mismo  me  hubiera  engaflado. 

Dîéron  grandes  carcajadas  el  fingido  Mendoza  y  el  yerdadero 
Pacheco  cuando  me  oyéron  hablar  de  esta  suerte  ;  y  lèjos  de  des- 
aprobar  el  que  yo  me  tomase  la  libertad  de  mezclarme  en  su  con- 
Tersacîon ,  me  dirigian  é  menudo  la  palabra  para  divertirse  con 
mis  respuestas.  Proseguimos  nuestro  razonamiento  sobre  el  arte 
(le  fingir,  que  en  supremo  grado  poseen  las  mugeres  ;  y  el  resul- 
tado  de  nuestros  discursos  fiié  que  Isabel  quedé  legal  y  judicial-^ 
mente  dedarada  por  una  chnia  de  profesion.  Don  Luis  protesté  de 
naevo  que  jamas  la  volveria  à  ver,  y  A  ejemplo  suyo  don  Felix 
JHTÔ  que  siempre  la  miraria  con  el  mas  alto  desprecio.  Acabadas 
estas  protestas  estrechàron  mas  su  amistad,  prometiendo  que 
fiinguna  cosa  tendrian  resenrada  uno  para  otro;  antes  bien  que 
todas  se  las  comunicarian  reciprocamente.  Sobre  mesa  se  detuviè- 
ron  un  rato ,  diciendo  cosas  graciosisimas ,  y  despues  se  separà- 
ron  para  irse  à  dormir  cada  cual  à  su  cuarto.  Yo  acompaâë  i 
Aurora  hasta  el  suyo,  donde  di  fiel  y  verdadera  cuenta  de  la  couver- 
sadon  que  habia  tenido  con  la  hija  del  doctor,  sin  omitir  la 
drcunstancia  mas  menuda.  Faltô  poco  para  que  me  abrazase  de 
pura  alegrta.  Querido  Gil  Bias ,  me  dijo ,  tu  ingenio  y  habilidad 
me  tîene  encantada.  Guando  nos  arrastra  una  pasion  en  que  es 
precîso  recurrir  é  invenciones  y  estratagemas ,  es  grau  fortuna 
tener  un  criado  tan  advertido  y  tan  ingenioso  como  tu ,  que  tomas 
verdadero  interes  en  nuestros  asuntos.  Ànimo,  pues,  amigo 
mio.  Nos  hemos  sacudido  de  una  muger  que  podia  hacernos  mal 
tercio.  No  me  descontenta  el  principio  ;  pero  como  los  lances  de 
amor  estàn  sujetos  i  varias  revoluciones ,  soy  de  parecer  que 
cuanto  âmes  acometamos  nuestra  ideada  empresa ,  y  que  desde 
maâana  empieze  â  representar  su  papel  Aurora  de  Guzman. 
Aprobé  d  pensamiento ,  y  dejando  al  sefior  don  Felix  con  su 
page ,  me  retiré  al  euarto  donde  tenia  mi  cama. 

CAPITULO  VI. 

De  que  ardides  se  valiâ  Aurora  para  que  la  amase  don  Luis  Padieco. 

El  primer  cuidado  de  los  dos  nuevos  amigos  fuë  reunirse  al 
dia  siguiente ,  y  comenzàron  con  abrazos ,  que  Aurora  se  viA 
predsada  â  dar  y  recibir  por  hacer  bien  el  personage  de  don 
Felix.  Fuéron  juntos  â  pasearse  por  la  ciudad ,  acompafléndoles 
yocon  Chilîndron ,  criado  de  don  Luis.  Parémonos  à  la  pnerta  de 
la  universîdad  à  leer  varios  carteles  de  libros  que  acababan  de 
fijar  â  la  puerta.  Habia  tambien  leyendo  otras  muchas  personas , 


200  GIL  BLAS. 

y  entre  ellas  se  me  hizo  reparable  un  hombrecaUo.,  que  hacia 
critica  de  las  obras  que  se  aanndaban.  Observe  que  le  estaban 
oyendo  otros  con  singular  atendon,  y  me  persuadi  tambieo  de 
que  el  creia  m^*eoer  que  le  escudiasea.  Pareda  vano  y  hombre 
de  tono  dedsivo ,  como  lo  suele  ser  la  mayor  parte  de  las  per- 
sonas  diiquHas.  Esa  nueva  traducdon  de  Haracio,  que  anunda  este 
cartel  con  letras  gordas ,  decia  i  los  circunstantes,  es  una  olxa 
en  prosa,  compuesta  por  un  autor  viejo  del  colegio  :  libro  muy 
estimado  de  los  escoUures,  que  ban  agotado  de  él  ya  cuatro  edi- 
dones ,  sin  que  ningun  inteligente  haya  comprado  siqui^ra  un 
ejemplar.  No  era  mas  favorable  la  critica  que  hacia  de  los  demas 
libros  :  todos  los  motejaba  sin  caridad  :  probablemente  seria  al- 
gun  autor.  Yo  de  buena  gana  le  hubiera  estado  oyendo  hasta  que 
acabase  de  hablar;  pero  me  fu6  predso  seguir  i  don  Luis  y  a 
don  Felix,  que,  fiastidiados  de  aquel  hombredUo,  y  no  impor- 
téndoles  poco  ni  macho  los  libros  que  criticaba,  prosiguîëroa  su 
camino  alejàndose  de  cl  y  de  la  universidad. 

Llegàmos  é  la  posada  é  la  hora  de  comer.  Sentôse  mi  ama  &  la 
mesa  con  Pacheco ,  y  dtestramente  hizo  que  la  oonversacion  re- 
cayese  sobre  su  fiunilia.  Mi  padre ,  dijo ,  es  un  segundo  de  la 
casa  de  Hendoza,  establedda  w  Toledo  :  mi  madré  ^  hermana 
carnal  de  dofla  Jimena  de  Guzman ,  que  haoe  pocos  dias  vino  à 
Salamanca  en  seguimiento  de  derto  negodo  de  importancia, 
trayendo  consigo  à  su  sobrina  dojka  Aurora,  hija  ùnîca  de  don 
Vicente  de  Guzman ,  à  quien  quizà  habrà  vmd.  conpddo.  No , 
respondiô  don  Luis  ;  pero  he  oido  hablar  mucho  de  H ,  iguahnente 
que  de  Aurora  vuestra  prima.  Decidme  si  puedo  créer  todo  lo 
que  dicen  de  esta  sefiorita  :  me  han  asegurado  que  es  sin  igual 
en  hermosura  y  entendimiento.  En  cuanto  â  entendimiento,  res- 
pondiô don  Felix,  es  cierto  que  no  le  felta ,  y  tambien  lo  es  que 
ha  procurado  cultivarlo;  pero  en  cuanto  é  hermosura,  no  creo 
que  sea  tanta  como  ponderan,  cuando  oigo  decir  que  ella  y  yo 
nos  parecemos  mucho.  Siendo  eso  asi ,  replicô  prontamente  don 
Luis ,  queda  muy  acreditada  su  fama.  Yuestras  focdones  son  re- 
gulares,  vuestra  tez  muy  delicada,  y  asi  no  puede  mènos  de  ser 
linda  vuestra  prima.  Yo  tendria  mucho  gusto  en  verla  y  hablar 
con  ella.  Desde  luego  me  ofrezco  à  satisfacer  vuestra  curiosidad , 
repuso  el  fingido  Mendoza;  hoy  mismo  despues  de  corner  irémos 
los  dos  a  casa  de  mi  tia. 

Hudô  entônces  de  conversacion  mi  ama,  y  empezéronlos  dos  é 
hablar  de  cosas  indiferentes.  Por  la  tarde,  miéntras  se  disponian  para 
ir  é  casa  de  doAa  Jimena,  me  anticipé  yo  à  prévenir  é  la  dueûa  que 
se  preparase  para  recibir  esta  visita.  Hecha  esta  diligencia,  me  res- 
titui  prontamente  â  la  posada  para  acompaAar  à  don  Felix,  quien 
finalmente  condujo  al  seAor  don  Luis  à  casa  de  su  tia.  Apénas  en- 
traron  en  ella  cuando  se  encontréron  con  doâa  Jimena ,  que  les  hizo 


LIBRO  CUARTO.  201 

seOa  de  que  metiesen  pooo  ruido,  diciéndoles  en  vox  baja  :  Paso, 
pasito  :  no  despierten  ostedes  à  mi  sobrioa,  que  desde  ayer  acà  ha 
estado  padeciendo  una  fiiriosa  jaqueca ,  la  cual  ha  poco  tiempo 
que  la  dej6,  y  habrâ  un  cuarto  de  hora  que  la  pobre  nifia  se  re- 
tira é  descansar  un  poco.  Siento  mucho  esa  indisposicion,  dijo 
Mendoza,  aparentando  sentimiento,  porque  esperaba  tener  el 
gusto  de  que  Tiesemos  à  mi  prima,  pues  queria  hacer  este  ob- 
seqnio  â  mi  amigo  Pacheco.  No  es  eso  tan  urgente ,  respondiô  la 
Ortiz  sonrièndose  :  pueden  ustedes  dejarlo  para  mafiana.  DetuTÎé- 
ronseun  rato  los  dos  caballeritos  con  la  yieja,  y  despues  de  una 
brere  conrersacion  se  retiriron. 

Condujonos  don  Luis  à  casa  de  un  amigo  suyo,  Damado  don 
Gabriel  de  Pedrosa,  donde  pasémos  lo  restante  del  dia;  cenàmos 
con  61 ,  y  dos  horas  despues  de  media  noche  yolvimos  à  la  po- 
aada.  Habriamos  andado  como  la  mitad  del  camino  cuando  tro- 
pezémos  con  dos  hombres  que  estaban  tendidos  en  medio  de  la 
calle.  Creimos  que  serian  algunos  infélices  recien  asesinados ,  y 
nos  parémos  à  socorrerlos ,  en  caso  de  llegar  â  tiempo  nuestro 
socorro.  Mièntras  nos  estabamos  informando  del  estado  en  que 
se  hallaban ,  cuanto  lo  podia  permitir  la  oscuridad  de  la  noche, 
he  aqui  que  Uega  una  ronda.  £1  cabo  nos  tuyo  por  asesinos ,  y 
dié  ôrden  é  sus  gentes  de  que  nos  cercasen  ;  pero  mudô  de  opi- 
nion ,  haciendo  mejor  juicio  luego  que  nos  oyô  hablar ,  y  mucbo 
mas  cuando  â  la  luz  de  una  linterna  sorda  deseubriô  las  nobles 
faociones  de  Mendoza  y  de  Pacheco.  Mandé  à  los  alguaciles  que 
exanunasen  y  reconociesen  aquellos  dos  hombres  que  nosotros 
creiamos  asesinados,  y  hallàron  ser  un  Ucenciado  gordo  y  su 
criado  priyados  enteramente  de  yina,  à  mas  bien  borrachos 
muertos.  Seûores ,  exclama  un  ministril ,  conozco  muy  bien  é  este 
gran  bd)edor  :  es  el  seAor  licenciado  Guiomar ,.  rector  de  nuestra 
universidad.  Aqui  donde  ustedes  le  yen  es  un  grande  hombre, 
un  tjdento  extraordinario.  No  hay  filôsofo  à  quien  no  confîmda 
en  un  argumento  :  tiene  una  fecundia  sin  igual.  Làstima  es  que  sea 
tan  inclinado  al  yino ,  à  pleitos  y  â  mugeres.  Ahora  yendrà  de 
cenar  con  su  IsabeliUa ,  en  donde  por  desgracia  èl  y  el  que  le  guia 
se  habràn  emborrachado ,  y  ambos  han  caido  en  el  arroyo.  Antes 
que  el  buen  licenciado  fuese  rector  le  sucedia  esto  con  bastante 
frecuencia;  los  honores,  como  ustedes  yen,  no  siempre  mudan 
las  costumbres.  Nosotros  dejàmos  à  los  dos  borrachos  en  manos 
de  la  ronda ,  que  cuidô  de  lleyarlos  à  su  casa ,  y  nos  fuimos  i  la 
nuestra ,  donde  cada  uno  tratô  de  irse  à  dormir. 

Don  Felix  y  don  Luis  se  leyantàron  al  dia  siguiente  à  eso  del 
medio  dia ,  y ,  yueltos  à  reunir ,  su  primera  conyersacion  fué  de 
dofia  Aurora  de  Guzman.  Gil  Bias ,  me  dijo  mi  ama ,  yé  à  casa 
demi  tia dofia  Jimena ,  y  pregùniale  de  mi  parte  si  el  sefior  Pa- 
checo y  yo  podemos  ir  hoy  à  \er  à  mi  prima.  Parti  al  punto  i 


a02  GIL  BLAS. 

desempeihar  mi  comision ,  ô  por  mejor  decir  à  qoedar  de  acaerdo 
con  la  duefia  sobre  el  modo  con  que  nos  habiamos  de  gobernar  ; 
y  despues  que  tomAmos  nuestras  medidaspuntuales ,  Tolvi  con  la 
respuesta  al  fingido  Mendoza ,  y  le  dije  :  Yuestra  prima  Aurora 
esta  may  buena;  ella  misma  me  ha  cncargado  os  asegure  que 
yuestra  visita  le  ser  del  mayor  agrado;  y  dofia  Jimena  me  enco- 
mendô  afirmase  al  sefior  Pacheco  que  siempre  sera  muy  bien  re- 
cibido  en  su  casa  por  yuestra  recomendacion. 

Conoci  que  estas  ultimas  palabras  habian  gustado  mucho  à  don 
Luis.  Tambien  lo  conociô  mi  ama ,  y  desde  luego  arguyô  de  eQo 
un  dicboso  presagio.  Poco  antes  de  comer  yino  à  la  posada  ei 
criado  de  dofia  Jimena ,  y  dijo  &  don  Felix  :  Sefior ,  un  hombre 
de  Toledo  fué  à  preguntar  por  su  merced  en  casa  de  su  seûora 
tia,  y  dej6  en  elh  este  billete.  Abriôle  el  fingido  Mendoza ,  y 
leyô  en  él  estas  clâusulas  en  yoz  que  las  pudiesen  oir  todos  :  Si 
quereiM  saber  de  vuestro  padre,  con  otras  noticioâ  de  consecuencia  ^ 
que  os  importan  mucho,  leido  este,  venid  prontamente  al  meson  del 
CabaUo  Negro ,  cerca  de  la  universidad.  Tengo  grandes  deseos  de 
saber  cuanto  antes  estas  noticias  que  tanto  me  interesan  para  no 
satisfecer  mi  curiosidad  al  momento  :  hasta  luego,  Pacheco, 
continué  ;  si  no  yolyiere  dentro  de  dos  horas ,  podeis  ir  yos  solo 
à  casa  de  mi  tia ,  adonde  concurrirë  yo  tambien  despues  de  corner. 
Ya  sabeis  el  recado  que  os  diô  Gil  Bias  de  parte  de  «dofia  Jimena  : 
en  yirtud  de  él  podeis  con  franqueza  hacer  esta  yisita.  Biciendo 
esto  saliô  de  casa  mandândome  le  siguiese. 

Yase  déjà  discurrir  que ,  en  yez  de  tomar  el  camino  del  meson 
del  CabaUo  Negro,  nos  fiiimos  derechitos  à  casa  de  la  Qrtîz ,  y 
nos  dispusimos  al  enredo.  Quitôse  Aurora  sus  postizos  cabellos 
rubios  y  lavôse  y  estregôse  muy  bien  las  cejas  ;  yistiôse  demuger, 
y  quedô  como  naturalmente  era,  una  triguena  hermosa.  Puede 
decirse  que  el  disfraz  la  transformaba  de  mènera,  que  doua  Au- 
rora y  don  Felix  parecian  dos  personas  diferentes;  y  aun  en 
trage  de  muger  parecia  mas  alta  que  yestida  de  hombre  :  bien  es 
yerdad  que  los  grandes  tacoues  aumentaban  la  estatura.  Luego 
que  à  su  hermosura  aâadiô  los  demas  auxilios  que  el  arte  podia 
prestarle,  esperô  à  don  Luis,  con  una  agitacion  mezcladaderezelo 
y  de  esperanza.  Unas  yeces  confiaba  en  su  talento  y  en  su  her- 
mosura^ y  otras  temia  que  le  saliese  mal  aquella  tentativa.  La 
Ortiz  se  dispuso  por  su  parte  lo  mejor  que  pudo  para  ayudar  à  sa 
ama.  Por  lo  que  hace  à  mi ,  como  no  convcnia  que  Pacheco  me 
yiese  en  aquella  casa ,  y  como ,  é  semejanza  de  aquellos  actores 
que  solo  aparecen  en  el  teatro  cuando  esta  para  conduirse  la 
comedia,  no  debia  parecer  en  ella  hasta  el  fin  de  ta  yisita,  sali 
asi  que  acabé  de  comer. 

En  fin ,  todo  estaba  ya  prevenido  cuando  Uegô  don  Luis.  Re- 
cibiôle  dofla  Jimena  con  el  mayor  agrado ,  y  tuyo  con  Aurora 


LIBRO  CUARTO.  203 

una  conversacion  qoe  durô  de  dos  é  très  horas.  Al  cabo  de 
eDas  entré  yo  en  la  sala  donde  estaban ,  y  dirigiëndoma  à  don 
Lais ,  le  dije  :  Caballero ,  mi  amo  don  Felix  suplica  à  vmd.  se 
sirva  perdonarle  si  hoy  no  puede  Tenir,  porque  esta  con  très 
hombres  de  Toledo ,  de  quienes  no  puede  desembarazarse.  ;  Ab, 
iibeitÎBîUo  !  exclamé  doua  Jimena ,  sin  duda  estarà  de  jarana.  No, 
seûora ,  répliqué  yo  prontamente ,  esté  en  realidad  con  aquellos 
hombres ,  tratando  de  negocios  muy  serios  :  es  cierto  que  le  ha 
causado  grandisimodisgusto  elno  poder  venir  aqui ,  y  me  ha  en- 
cargado  deciroslo  igualmente  que  à  doua  Aurora.  ;  Oh  !  yo  no 
admito  sus  disculpas ,  repuso  mi  ama  chanceéndose.  Sabiendo 
que  be  estado  indispuesta  debia  mostrar  mas  atencion  con  las 
personas  que  le  son  tan  allegadas.  En  castigo  de  esta  falta  no 
quiero  yerle  en  dos  semanas.  j  Ah ,  seAora  !  dijo  entônces  don 
Luis,  no  tomeis  tan  cruel  resolucion.  Sôbrale  é  don  Felix  por 
castigo  el  no  haberos  visto  hoy. 

Despaes  de  haberse  chanceado  algun  tiempo  sobre  el  mismo 
asonto ,  se  retiré  Pacheco.  La  bella  Aurora  mudô  inmediatamente 
de  trage ,  y  volviôse  à  poner  su  vestido  de  caballero.  Trasiadôse 
é  la  posada  lo  mas  breye  que  le  fiié  posible ,  y  apënas  entré  dijo 
à  don  Lois  :  Perdonadme ,  amigo ,  si  no  pude  ir  à  buscaros  é 
casa  de  mi  tia  ;  hallëme  con  unas  gentes  tan  pesadas  que  no  pude , 
por  mas  que  hice,  desenredarme  de  ellas.  Lo  ùnico  que  me 
consaela  es  que  à  lo  mënos  habeis  tenido  lugar  para  satisfacer 
Tuestra  curiosidad  y  yuestros  deseos.  Y  bien ,  i  que  os  ha  pare- 
cido  mi  prima  ?  decidmelo  ingenuamente.  4  Que  me  ha  de  pare- 
cer?  respondiô  Pacheco;  me  ha  hechizado.  Teneis  razon  en  de- 
cir  que  los  dos  sois  muy  parecidos.  En  mi  vida  he  visto  focciones 
mas  semejantes.  El  mismo  aire  de  cara ,  los  mismos  ojos ,  la 
misma  boca ,  y  hasta  el  mismo  eco  de  voz.  No  hay  mas  dite- 
rencia  entre  los  dos  sino  que  vuestra  prima  es  algo  mas  alta;  es 
triguefta  y  vos  rubio;  sois  festivo  y  ella  séria.  Eso  ùnicamente 
os  diferencia  uno  de  otro.  En  cuanto  à  entendimiento ,  continué , 
no  cabe  mas.  En  una  palabra ,  es  una  dama  de  mërito  extremado. 
Pronunciô  Pacheco  tan  fuera  de  si  estas  ultimas  palabras ,  que 
don  Felix  le  dijo  sonriëndose :  Pësame,  amigo,  de  haberos  pro- 
porcionado  este  conocimiento  con  doua  Jimena;  y  si  quereis 
creerme  no  volvais  mas  à  su  casa  ;  os  lo  aconsejo  por  vuestra 
qoietud.  Dofia  Aurora  de  Guzman  podria  insensiblemente  qui- 
taros  el  sosiego  ë  inspiraros^una  pasion...  No  necesito  voherla  & 
ver ,  înterrumpiô  don  Luis  ,  para  estar  ya  ciegamente  prendado 
de  ella.  El  mal ,  si  lo  hay,  e^tâ  hecho.  Tanto  peor  para  vos , 
replied  el  fingîdo  Mendoza;  porque  >vos  no  sois  hombre  de  con- 
teotaros  con  una  sola ,  y  mi  prima  no  es  doua  Isabel.  Os  ha- 
blo  daro  como  amigo  :  no  es  muger  capaz  de  sufrir  amante 
ino  que  no  vaya  por  el  camino  real,  ipor  el  camino  real?  re- 


a04  GIL  BLAS. 

pitiô  don  Luis  :  i  y  paede  irse  por  otro  hActa  una  sefloiita  de  sa  i 
lidad?  Es  agraTÎanne  el  creerme  capaz  de  mirarla  con  ojos  pro— 
fenos.  Gonocedme  mejor^  mi  querido  Hendoza.  ]  Ah!  yo  me  tendrn 
por  el  mas  dichoso  de  todos  los  hombres  si  aprobara  mi  solici- 
tod  y  quisiera  unir  su  suerte  con  la  mia.  |  Oh  ,  don  Luis  1  re— 
puso  don  Felix ,  supuesto  que  pensais  de  ese  modo,  desde  este 
instante  me  tendra  de  su  parte  vuestro  amor,  y  desde  Inego  os 
ofrezco  mis  buenos  ofidos  con  Aurora.  Hafiana  mismo  darë 
prindpio  i  ellos  ,  procurando  ganar  à  mi  tia ,  que  tiene  macho 
ascendiente  sobre  mi  prima. 

Pacheco  di6  mil  gracias  ai  caballero  que  le  hacia  una  ofenat 
tan  apreciable  ;  y  mi  ama  y  yo  yimos  con  gusto  que  no  podia  din- 
girse  mejor  nuestra  estratagema.  El  dia  siguiente  afiadlmos  al- 
gunos  grados  mas  al  amor  de  don  Luis  con  otra  inyendon.  Paso 
Aurora  à  su  cnarto  despues  de  suponer  que  habia  ido  &  hablar 
con  dofia  Jimena  como  para  interesarla  en  su  iayor,  y  le  dija 
asi  :  Hablè  à  mi  tia ,  y  no  me  costô  poco  reducirla  i  que  fiaiyo- 
reciese  yuestros  deseos.  Hallèla  foertemente  preocupada  contra 
y  OS:  yo  no  s6  quien  le  habia  metido   en  la  âj>eza  que  erais  un 
lîbertino  :  lo  cierto  es  que  alguno  le  ha  dado  una  idea  poco 
fayorable  de  yuestras  costumbres.  Por  fortuna  tome  yuestro 
partido  con  tal  teson,  que  logré  por  ultimo  desimpresionaria  de 
todo.  No  obstante  y  prosiguiô  Aurora»  é  mayor  abundamiento 
quiero  que  los  dos  solos  tengamos  una  conferenda  con  mi  Ua, 
para  asegurarnos  mas  de  su  feyor  y  de  su  a^oyo.  Manifesto  Pa- 
checo una  grande  impaciencia  por  hablar  cuanto  intes  con  doua 
Jimena ,  y  don  Felix  procurô  que  lograse  esta  satisfiaocion  la 
maflana  del  dia  siguiente  bastante  temprano.  Gondujole  él  mismo 
à  la  seûora  Ortiz ,  y  los  très  tuyièron  una  conyersacion ,  en  la 
cual  diô  muy  bien  don  Luis  à  conocer  el  mucho  terreno  que  d 
amor  habia  ganado  en  su  corazon  en  tan  breye  tiempo.  Fingiése 
la  sagaz  Jimena  muy  pagada  de  la  tiema  aficion  que  mostraba 
à  su  sobrina ,  y  le  olFireciô  hacer  cuanto  estuyiese  de  su  parte 
para  persuadirla  à  que  le  dièse  su  mano.  Arrojôse  Pacheco  é 
los  pies  de  tan  buena  tia ,  y  le  rindiô  mil  gracias.  A  este  tiempo 
preguntô  don  Felix  si  su  prima  se  habia  leyantado.  No,  res- 
pondiô  la  duefia  ,  today ia  esta  durmiendo,   y  por  ahora  no 
se  la  podrà  yer  ;  pero  yuelvan  ustedes  esta  tarde  ,   y  le  habia- 
rén  cuanto  qaieran  ;  respuesta  que,  como  se  puede  créer  ,  acre- 
centô  en  gran  manera  la  alegria  de  don  Luis ,  â  quien  se  le  hizo 
eterno  el  resto  de  aquella  maâana.  Restituyése,  pues ,  é  su  po- 
sada  en  compafiia  del  fingido  Mendoza,  quien  tenia  la  mayor 
complacencia  en  obseryar  todos  sus  moyimientos,  y  en  descubrir 
en  ellos  todas  las  seâales  de  un  amor  yerdadero. 

Toda  la  conyersacion  fuë  acerca  de  Aurora.  Acabada  la  oo- 
mîda  dijo  don  Felix  à  Pacheco  :  Ahora  mismo  me  ha  ocnrrido 


LEBRO  CUARTO.  205 

on  pensamiento.  Me  parece  que  podrâ  ser  may  del  cago  el  qae 
TO  me  adelaate  an  poco  à  casa  de  mi  tia  para  hablar  à  solas  à 
mi  prima  ,  y  ayeriguar  ^  si  paedo ,  el  estado  de  su  corazon  en 
ôrden  é  vuestra  persona.  Aprobô  don  Luis  esta  idea,  dejô  salir 
primero  à  su  amigo ,  y  èl  le  siguiô  una  hora  despues.  Mi  ama 
sopo  aproyechar  el  tiempo,  de  manera  que  cuando  llegô  su 
imante  ya  estaba  yestida  de  muger.  Despues  de  haber  saludado 
à  doua  Aurora  y  à  su  tia ,  dijo  don  Luis  :  Yo  crei  encontrar  aqui 
à  don  Felix.  Esta  escribiendo  en  mi  gabinete ,  respondiô  dofia  Ji- 
mena,  y  presto  saldrà.  Quedô  satisfecho  don  Luis  con  esta  res- 
paesta ,  y  «mpezô  à  entablar  conversacion  oon  las  dos.  Sin  em- 
bargo ,  à  pesar  de  la  presencia  del  objeto  amado ,  noté  que  las 
horas  pasaban  sin  que  Mendoza  saliese  ;  y  no  pudo  ya  don  Luis 
disimular  mas  su  extrafteza.  Aurora  mud6  de  repente  de  tono  , 
echôse  é  reir  ,  y  le  dijo  :  ;£s  posible ,  seftor  don  Luis ,  que  no 
bayais  aun  sospechado  la  inocente  burla  que  os  estamos  ba- 
cirâdo?  Pues  que,  ^unos  cabellos  rubios,  pero  postizos,  y  dos 
cejastelïidaSy  me  desfiguran  tanto  que  os  bayais  dejado  enga- 
fiar  hasta  este  punto?  DesengaAaos,  caballero ,  prosiguiô ,  vol- 
Tiendo  à  sa  natural  seriedad ,  acabad  de  conocer  que  don  Felix 
de  Hendoza  y  dofta  Aurora  de  Guzman  son  una  misma  persona. 
No  se  contenté  con  sacarle  de  su  error ,  sino  que  le  confesô 
(ambien  la  flaqueza  de  su  pasion ,  y  todos  los  pasos  que  esta 
misma  le  habia  sugerido  para  redadrle  al  estado  en  que  la  veia. 
No  quedô  el  tierno  amante  mènos  encantado  que  sorprendido  de 
io  que  oia  y  veia:  ecbôse  â  los  pies  de  mi  ama ,  y  lleno  de  gozo 
le  dijo:  ;  Ah  beOa  Aurora!  ^puedo  créer  con  efecto  que  yo 
>0f  el  hombre  dichoso  que  ha  merecido  à  tu  bondad  tan  finas 
demostradones?  ;Qué  puedo  hacer  para  agradecerlas?  un  amor 
eterno  no  séria  sufidente  para  pagarlas*  A  estas  palabras  se  si- 
guiéroQ  otras  mil  halagûefias  expresiones,  despues  de  lo  cual  los 
dos  amantes  habliron  de  las  medidas  que  debian  tomar  para  lle- 
W  d  complimiento  de  sus  deseos.  Resolviôse  que  todos  par- 
tiesemos  inmediatamente  à  Madrid,  donde  se  desenlazaria  nuestra 
^media  por  medio  de  un  casamiento.  Asi  se  ejecutô,  y  al  cabo 
^  qaince  dias  se  casô  don  Luis  con  mi  ama ,  celebràndose  la 
l^a  con  ostentacion  y  un  sinnùmero  de  diversiones. 

CAPITULO  VU. 

MudaGil  Bias  de  acomodo,  pasando  â  senrir  â  don  Gonzalo  Pacheco. 

Très  semanas  despues  de  este  casamiento  »  queriendo  mi  ama 
'^mpensar  mis  buenos  seryicios ,  me  regalô  cien  doblones ,  y 
®e  djjo  :  Gil  Bias,  yo  no  te  despido  de  mi  casa,  puedes  mante- 


206  GIL  BLAS. 

nerte  en  ella  todo  el  tiempo  que  quisieres  ;  pero  sibete  que  don 
Gonzalo  Pacheco,  tio  de  mi  marido ,  desea  mucho  seas  sa  ayada 
de  cémara.  Le  he  hablado  tan  bien  de  ti ,  que  me  ha  pedido  te 
persuada  i  que  vayas  à  serTirle.  Es  un  seflor  ya  de  dias ,  pero 
de  bellisimo  genio ,  y  estoy  cierta  de  que  te  iré  muy  bien 
con  èl. 

Di  mil  gracias  à  Aurora  por  sos  favores  ;  y  como  ya  no  ne- 
cesitaba  de  ml  acepté  con  tanto  mas  gusto  el  partido  que  me 
proporcionaba ,  cuanto  que  yo  no  saiia  de  entre  la  fiamilia.  Fui , 
pues ,  una  mafiana  de  parte  de  la  recien  casada  é  casa  del  seftor 
don  Gonzalo ,  que  todavia  estaba  en  la  cama ,  aunque  era  cerca 
de  medio  dia.  Entré  en  su  cuarto ,  y  le  halle  tomando  un  caldo 
que  acababa  de  traerle  un  page.  Tenia  el  buen  viejo  los  bigotes 
envueltos  en  nnos  papelillos,  ojos  hundidos  y  casi  amortiguados, 
un  rostro  descarnado  y  macilento.  Era  de  aquellos  solterones 
que  f  habiendo  sido  muy  libertines  en  la  mocedad  ,  no  son  mas 
contenidos  en  la  yejez.  Kecibiôme  con  agrado  ,  y  me  dijo  que,  si 
le  queria  servir  cou  el  mismo  zelo  con  que  habia  servido  â  su 
sobrina  ,  podia  contar  con  que  me  haria  feliz.  Qfrecile  emplear 
igual  esmero  en  cumplir  con  mi  obligacion  en  su  casa  que  en  la 
de  su  sobrina ,  y  deside  aquel  momento  me  recibiô  en  su  servi- 
dumbre. 

Heme  aqui ,  pues,  con  un  nuevo  amo ,  el  cual  sabe  Dtos  que 
hombre  era.  Cuando  se  levantô  crel  estar  viendo  la  resurrec- 
cion  de  Làzaro.  Figurese  el  lector  un  cuerpo  alto  y  tan  seco  que, 
si  se  le  yiese  en  cueros ,  séria  à  propôsito  para  aprender  la  os- 
teologia  :  las  piernas  eran  tan  chupadas  que ,  aun  despues  de 
très  6  cuatro  pares  de  médias  que  se  puso ,  me  parecian  delga- 
disimas.  Ademas  de  eso  esta  momia  viviente  era  asmàtica,  aoom- 
paûando  con  una  tos  cada  palabra.  Luego  tomô  chocolate  ;  y 
mandando  despues  que  le  trajesen  papel  y  tinta  ,  escribiô  un 
billete  que  cerrô  y  entregô  al  page  que  le  habia  servido  el  caldo, 
para  que  le  Uevasc  é  su  destine.  Apènas  partiô  este ,  cuando , 
volviëndose  à  mi,  me  dijo:  Amigo  Gil  Bias,  de  aqui  adelante 
pienso  que  seas  tù  confidente  de  mis  encargos  ,  parUcularmente 
los  respectives  à  defka  Eufrasia,  que  es  una  jôven  à  quien  amo , 
y  de  quien  sey  tiernamente  correspondido. 

;Santo  Dies  !  dije  prontamente  para  mi  capote,  ;  y  como  podrén 
los  mozos  dejar  de  créer  que  los  aman  cuando  este  viejo  cho- 
cho  esté  persuadido  de  que  le  idolatran?  Hoy  mismo ,  prosi- 
guiô  ël ,  iras  conmigo  à  casa  de  esta  senora ,  porque  casi  to- 
das  las  noches  ceno  con  ella.  Te  quedarés  admirado  de  ver  so 
modestia  y  compostura.  Muy  lèjos  de  imitar  à  aquellas  loqnillas 
que  se  pagan  de  la  juventnd  y  se  prendan  de  las  apariencias,  es 
ya  de  un  entendimiento  claro  y  de  un  juicio  maduro  :  no  busca 
en  los  hombres  sine  el  buen  modo  de  pensar ,  y  prefiere  é  la 


LIBRO  CUARTO.  207 

belleza  del  rostro  una  persona  cpe  sepa  amar.  No  limité  é  solo 
esto  el  sefior  don  Gonzalo  el  elogio  de  su  dama  ,  sino  qae  se 
empeAô  en  persuadirme  que  era  un  compendio  de  todas  las  per- 
iecdones;  pero  encontre  con  un  oyente  dificil  en  dejarse  con* 
Tencer  sobre  este  punto.  Despues  de  haber  cursado  en  la  escuela 
de  las  comediantas ,  y  sido  testigo  ocular  de  todas  sus  manio- 
bras ,  nunca  crei  que  los  viejos  fuesen  muy  afortunados  en  amor. 
Sin  embargo ,  fingi ,  por  complacerle  ùnicamente,  que  le  creia , 
y  aun  hice  mas,  pues  no  solo  alabé  la  discrecion  y  el  buen  gusto 
de  dofta  Eufirasia ,  sino  que  me  adelantè  à  decir  que  tampoco 
ella  podria  encontrar  otro  sugeto  mas  amable.  £1  buen  hombre 
no  conociô  que  yo  le  lisonjeaba  ;  entes  por  el  contrario  tomô 
por  Terdadera  mi  alabanza.  Tanta  verdad  es  que  nada  se  ar- 
riesga  en  adular  â  los  grandes ,  pues  admiten  con  gusto  aun  las 
iisonjas  mas  desmedidas. 

D^ues  de  esta  conyersacion  comenzô  el  yiejo  â  arrancarse 
con  anas  pinzas  algnnos  pelos  blancos  de  la  barba  :  se  lavô  los 
ojos  que  estaban  llenos  de  lagaftas  :  lo  mismo  hizo  con  los  oi* 
dos ,  manos  y  cara  ;  y  concluidas  sus  abluciones ,  se  tîAô  de  ne- 
gro el  bigote  ,  las  cejas  y  el  pelo,  gastando  en  el  tocador  mas 
tiempo  que  emplea  una  viuda  vieja  empefiada  en  desmentir  el 
«strago  de  los  afios.  No  bien  habia  acabado  de  vestirse  y  cuando 
entré  en  su  cuarto  el  conde  de  Azumar,  amigo  suyo,  y  tan 
Tiejo  como  èl ,  pero  muy  diférente  en  todo  lo  demas.  Este  traia 
SOS  Tenerables  canas  descubiertas ,  se  apoyaba  en  un  baston,  y 
en  vez  de  querer  parecer  jôven  mostraba  hacer  alarde  de  su  ancîa- 
nidad.  Âmigo  Pacheco,  dijo  luego  que  entré,  vengo  à  comer 
contigo.  Bien  Tenido,  conde,  le  respondié  mi  amo,  y  al  mismo 
tiempo  se  abrazàron,  y  pusiéron  à  hablar  miéntras  se  hacia  hora 
de  sentarse  A  la  mesa.  Al  principio  fué  la  conyersacion  sobre  una 
corrida  de  toros  que  pocos  dias  ànt^s  se  habia  celebrado,  yha- 
Uéron  de  los  picadores  que  habian  mostrado  mayor  destreza  y 
valor.  Sobre  esto  el  viejo  conde ,  à  manera  de  aquel  otro  Nes- 
tor, é  quien  todas  las  cosas  présentes  le  Servian  de  ocasion  para 
alabar  las  pasadas,  dijo  suspirando:  Ya  no  se  hallan  boy  los  bom- 
'ffes  que  se  velan  en  otros  tiempos.  Ni  los  toros ,  ni  los  tor- 
neos  se  hacen  con  aquella  magnificencia  con  que  se  hacian  en 
ïïnesira  mocedad. 

Yo  me  rcia  interiormente  de  laridicula  preocupadon  del  sefior 
^ïide  de  Azumar,  el  cual  no  se  contenté  con  aplicarla  ùnicamente 
^  los  toros  y  à  los  torneos  ,  pues  cuando  se  siryié  la  fruta  en  la 
ïïiesa  dijo ,  mirando  unos  excelentes  melocotones  que  se  habian 
poesto  en  ella  :  En  mi  tiempo  eran  mucho  mayores  los  melocoto- 
■^  delo  que  son  ahora:  la  naturaleza  se  débilita  cada  dia.  Segun 
^9  dije  yo  enténces  para  ml  sonrièndome ,  los  melocotones  en 
tiempo  de  Adan  debian  ser  de  énorme  tamaflo. 


208  GIL  BLAS. 

DetuYOfie  el  oonde  de  Azamar  con  don  Gonzalo  hasta  cerca  de  la 
nocfae.  Luego  que  este  se  desembarazô  de  él  saliô  de  casa»  dicién- 
dome  le  acompafiase ,  y  foimos  derechos  à  la  de  Eufrasia ,  dis- 
tante como  cien  pasos  de  la  noestra.  Encontrimosia  en  un  cuarto 
alhajado  con  primor.  Estaba  yestidacon  gusto^  y  mostraba  un  as- 
pecto  de  tan  florida  juventud ,  que  casi  parecia  una  niAa,  sîn  em- 
bargo de  que  ya  llegaba  por  lo  ménos  à  los  treinta.  Podia  pasar 
por  linda ,  y  desde  luego  admiré  su  talento.  No  era  de  aquellas 
cortesanas  que  brillan  por  su  locuacidad ,  por  su  desembsffazo  y 
por  su  desenvoltura.  Tanto  en  sus  acciones  como  en  sus  palabras 
sobresalia  en  ella  el  juicio ,  la  modestia  y  la  penetracion.  Sin  afec- 
tar  ingenio  »  se  echaba  de  rer  en  todo  lo  que  decia.  Gonsideréla 
yo  cou  no  poca  admiracion  »  y  dije:  ;  Oh  cielos  !  ;es  posible  que 
pueda  ser  disoluta  una  muger  al  parecer  tan  modesta?  Y  es  que 
vivia  yo  persuadido  de  que  necesariamente  habia  de  ser  desen- 
Tuelta  toda  dama  cortesana.  Admirâbame  aquel  aparente  recato , 
sin  hacerme  cargo  de  que  las  taies  nin&s  saben  acomodarse  â 
todos  los  genios ,  conformindose  al  carécter  de  los  ricos  y  seflo* 
res  que  ca^n  en  sus  manos.  Si  gustan  unos  de  yiveza  y  atolondra- 
miento  ,  con  estos  serân  intrépidas  y  casi  locas:  si  agrada  â  otros 
el  sosiego  y  compostura ,  siempre  las  encontrarén  con  un  exterior 
tranquilo ,  honesto  y  virtuoso.  Yerdaderos  camaleones ,  mudan 
de  color  segun  el  genio  y  humor  de  las  personas  que  las  visiran. 

No  era  don  Gonzalo  del  gusto  de  aquellos  caballerosque  se  pa- 
gan de  hermosuras  desenvueltas ,  intes  se  le  hacian  insufribles  ; 
y  para  que  le  agradase  una  muger  era  menester  que  tuyiese  cier- 
to  aire  de  modestia.  Asi  Eufrasia ,  gobernéndose  por  esta  idea» 
hacia  ver  que  habia  mas  comediantas  que  las  que  representan  en 
los  teatros.  Dejé  à  mi  amo  cou  su  ninfa ,  y  pasé  i  una  sala ,  donde 
me  encontre  oon  una  ama  de  gobierno  yieja  »  que  yo  habia  oono- 
cido  cuando  era  criada  de  una  comedianta.  Ella  tambien  me  co- 
nociô  inmediatamente ,  y  representémos  una  escena  de  reconoci- 
miento  digna  de  una  comedia.  ^  Aqui  estas  »  amtgo  Gil  Bias?  me 
dijo  Hena  de  alegria.  Segun  eso  has  salido  de  casa  de  Arsenia  co- 
mo yo  de  la  de  Gonstanza.  Asi  es»  respondi  yo  :  mucho  tiempo  ha 
que  la  dejé ,  y  despues  entrée  seryir  à  una  seûora  de  distincion» 
porque  la  yida  de  la  gente  de  teatro  no  me  aoomodaba.  Yo  mismo 
me  despedi  »  sin  dignarme  decir  à  Arsenia  ni  una  palabra.  Htciste 
muy  bien ,  me  respondiô  la  yieja ,  que  se  llamaba  Beatriz  ;  y  poco 
mas  6  ménos  lo  hice  yo  con  Gonstanza.  Una  mafkana  le  di  mi 
cuenta  luego  que  me  levante  :  ella  me  la  recibiô  sin  decirme  nada , 
y  de  esta  manera  nos  despedimos»  como  dicen,  à  la  francesa. 

Hucho  celebro ,  repuse  yo ,  que  tù  y  yo  nos  hallemos  en  casa 
mas  honorifica.  Dofta  Eufrasia  me  parece  seAora  de  distincion , 
y  la  creo  de  muy  buen  carécter.  No  te  engafias  en  eso  »  respondià 
Beatriz.  Mi  ama  es  una  muger  bien  nacida  »  como  lo  manifiesian 


LDRO  CUARTO.  209 

SOS  0iodale8;  y  por  lo  que  loca  al  geido  seri  difkal  hallar  otra 
mas  sosegada  ni  mas  apacible.  No  es  de  aqaellas  amas  altiyas  y 
dîficfles  de  contentaic»  que  nada  les  gnsta ,  que  en  todo  encuen- 
tran  que  decir ,  gritan  sin  oesar ,  mortifican  é  todos  los  criados , 
y  es  un  infierno  el  serrirlas.  Hasta  ahora  no  le  he  oido  reflir 
siquiera  una  yez  :  tan  amiga  es  de  la  paz.  Cuando  hago  alguna 
Gosa  que  no  le  gusta ,  me  lo  reprende  sin  enfodo ,  y  sin  prorum* 
pir  en  aquellos  dicterios  de  que  tanto  usan  las  mugeres  soberbias. 
Tambien  mi  amo ,  répliqué  yo ,  es  un  seûor  muy  aiable  :  se  fiunt- 
liariza  conmigo,  y  me  trata  como  à  un  igual  mas  bien  que  como 
à  un  lariado  :  en  un  palabra ,  es  el  caballero  mejor  del  mundo  :  en 
coanto  à  esto ,  tos  y  yo  estamos  mejor  que  cuando  estabamos 
con  las  comediantas.  Mil  yeces  idejor  »  repuso  Beatrix.  Yo  lleyo 
ahora  una  yida  muy  retirada ,  sîendo  asi  que  la  de  entônces  era 
tan  bolliciosa.  En  nuestra  casa  no  entra  mas  hombre  que  el  seftor 
don  Gonzalo  ;  y  en  mi  soledad  tampoco  yeré  yo  â  otro  que  à  ti , 
de  lo  que  me  alegro  mocho.  Tiempo  ha  que  te  miraba  con  buenos 
ojos ,  y  mas  de  una  yez  tuye  enyidia  é  Laura  porque  eras  tan 
amigo  snyo.  Pero  en  fin ,  no  desconfio  de  ser  tan  dichosa  como 
ella  ;  pues  aunque  no  tenga  su  juyentud  ni  su  hermosura ,  en  ré- 
compensa detesto  la  yolubilidad ,  cuya  prenda  ningun  hombre 
puede  remunerar  suficientemente  :  en  punto  â  fidelidad  soy  una 
tortoIiUa.  ^ 

Como  la  buena  Beatriz  era  una  de  las  muchas  que  se  yen  obli- 
gadas  à  brindar  con  sus  fayores ,  porque  sin  eso  ninguno  los 
pretenderia ,  no  tuye  la  menor  tentacion  de  aproyecharme  de  su 
generosidad  :  pero  tampoco  me  pareciô  cony eniente  hablar  de  ma- 
nera  que  pudiese  rezelar  que  la  despreciaba;  entes  bien  tuye  la 
adyotencia  de  hablarle  en  tërminos  que  no  perdiese  la  esperanza 
de  reducirme  é  corresponderle.  Yo  me  imagînaba  haber  conquis- 
tado  i  una  criada  yieja  ;  pero  tambien  me  engafié  miserablemente 
en  esta  ocasion.  Galanteébame  ella ,  no  solo  por  mi  linda  cara , 
sino  para  granjearme  i  feyor  de  los  intereses  de  su  ama ,  à  quien 
tenia  tanto  amor ,  que  ningun  medio  perdonaba  cuando  se  tra- 
taba  de  complacerla  y  seryirla.  Reconoci  mi  error  la  mafiana  si- 
gniente  ^  en  que  fui  à  entregar  à  dofla  Eufrasia  un  billete  amoroso 
de  mi  amo.  Redbiôme  con  agrado ,  y  me  dijo  mil  cosas  carijlo- 
sas  ;  y  la  criada  diô  tambien  su  pincelada  en  mi  elogio.  Una  admi- 
raba  mi  fisonomia ,  otra  hallaba  en  ml  cierto  aire  de  moderadon 
y  de  prudenda.  Al  oir  à  las  dos ,  mi  amo  poseia  un  tesoro  en  mi 
persona.  En  una  palabra ,  me  alabàron  tanto  que  desconfië  de 
sus  elogios.  Desde  luego  pénétré  el  fin  de  ellos  ;  pero  los  oia  con 
una  aparente  simplicidad ,  con  cuyo  artifido  engaûé  à  aquellas 
bribonas ,  que  al  cabo  se  quitàron  la  mascariOa. 

Escndui ,  Gil  Bias ,  me  dqo  dofta  Eufirasia  :  en  ti  consiste  hacer 
tufortuna:  proeedamos  todos  de  acaerdo,  amigo  mio.  Don  Gont^ 

'       14 


210  GIL  BLAS. 

zalo  es  Tiejo,  su  salud  moy  delicadâ;  una  caleatariBa  ayudada 
de  on  buen  medico  basta  para  echarle  A  la  sepuluva.  Apro?e- 
chèmonos  bien  de  los  pooos  momentos  que  le  restan ,  y  goberaé- 
monos  de  modo  que  me  deje  A  mi  la  mayor  parte  de  sus  bienes. 
A  ti  te  toearâ  una  buena  pordon ,  asi  te  lo  prometo ,  y  paedes 
ootttar  con  mi  palabra  como  con  una  escritora  otorgada  ante  todos 
los  escribanos  de  Madrid.  Se&ora ,  le  respond! ,  disponga  ymd. 
à  su  arbitrio  de  este  su  ''fiel  serVidor  ;  solamente  le  suplioo  me 
diga  lo  que  debo  hacer ,  y  lo  demas  dëjelo  de  mi  cuenta,  que 
espero  se  darâ  por  bien  servida.  Pues  ahora  bien ,  rqraso  eUa , 
lo  que  has  de  haoer  es  observar  cnidadosa  y  diligentemente  i  tu 
amo ,  y  darme  razon  puntual  de  todos  sus  pasos.  Cuando  baUes 
con  él  procura  cou  arte  introdudr  la  oonversadon  sobre  las  mu- 
geres  y  toma  de  aqui  ocasion  para  cou  destreza  y  mafia  dedrle 
mucho  bien  de  mi.  Tu  mayor  estudio  ha  de  sor  el  tenerle  siempre 
ocnpado  de  su  Eufrasia  en  cuanto  te  sea  posible.  Espia  con  saga- 
cidad  si  algun  pariente  suyo  le  hace  la  corte  oon  la  mira  à  su  he- 
renda ,  y  avisame  sin  perder  un  instante,  que  yo  los  ediaré  a 
pique.  No  te  pido  mas.  Tengo  muy  conocidos  los  diferentes  génies 
de  la  parentela  de  tu  amo  :  s6  el  modo  de  hacerlos  ridknios  à  los 
ojos  de  este ,  y  ya  he  desconceptuado  en  su  énimo  i  sus  prmos 
y  sobrinos. 

For  esta  instruccion ,  y  por  otras  que  afiadiô  Eufrasia ,  conoci 
que  era  nna  de  aquellas  mugeres  que  solo  se  dedican  i  compla- 
cer  à  yiejos  generosos.  Pocos  dias  antra  habia  obligado  &  don 
Gonzalo  &  vender  una  posesion ,  cuyo  precio  le  re^ô.  Todos 
los  dias  le  chupaba  algo ,  y  ademas  de  eso  esperaba  que  no  la 
olvidaria  en  su  testamento.  Mostrème  muy  deseoso  de  hacer  to- 
do  lo  quemepedia;  mas  por  no  disimular  nada,  oonfieso  que, 
cuando  volvia  à  casa ,  iba  muy  dudoso  sobre  si  contribuiria  à 
engafiar  à  mi  amo ,  ô  A  apartarle  de  su  querida.  Este  Altimo  par- 
tido  me  parecia  mas  honrado  que  el  otro ,  y  me  sentia  mas  in- 
dinado  à  cumplir  con  mi  obligacion  que  à  foltar  à  elia.  Conside- 
raba  por  otra  parte  que  en  suma  nada  de  positive  me  habia 
ofreddo  Eufrasia,  y  quizà  por  esto  mas  que  por  otro  motivo  no 
pndo  corromper  mi  fidelidad.  Resolvi ,  pues ,  servir  con  zelo  à 
don  Gonzalo ,  persuadido  de  que ,  si  l<>graba  arrancarle  del  lado 
de  su  idolo ,  séria  mejor  recompensado  por  una  acdon  buena , 
que  por  las  malas  que  yo  pudiera  hacer. 

Para  conseguir  mejor  el  fin  qne  me  habia  propuesto ,  fingi 
dedicarme  enteramente  à  servir  à  dofia  Eufrasia.  Hicele  créer  que 
oontinuamente  estaba  hablando  de  ella  A  mi  amo ,  y  sobre  este 
supuesto  le  embocaba  mil  patraias,  que  la  pobre  creia  como 
otros  tantos  evangelios  :  artifido  con  el  cual  me  interné  tanto  en 
su  confianza  ,1  que  me  contaba  por  el  mas  degamente  empefiado 
en  promover  «us  intereses.  A  mayor  àbundamioito  a|iarenté  cam- 


LIBRO  CUARTO.  211 

bien  estar  enamorado  de  Beatriz ,  la  cual  estaba  tan  ufiuia  de  la 
conquista  de  un  mozo ,  que  no  se  le  daba  un  pito  de  que  la  en- 
gafiase,  con  tal  que  la  engaflase  bien.  Cuando  mi  amo  y  yo  esta- 
bamos  con  nuestras  dos  reinas ,  representabamos  dos  cuadros 
diferentes;  pero  ambos  por  el  mismo  estilo.  Don  Gonzalo  seco. 
y  amariDo ,  como  ya  le  he  retratado ,  parecia  un  moribundo  en 
la  agonia  cuando  miraba  â  su  Filis  con  ojos  lénguidos  y  amoro- 
SOS.  Hi  Nise ,  siempre  que  yo  la  miraba  apasionado ,  remedaba 
los  melindres  y  acciones  de  una  nifla,  poniendo  en  movimiento 
todos  los  registros  de  una  truhana  yieja  y  bien  amaestrada.  Co- 
nociase  que  habia  cursado  estas  escuelas  por  lo  ménos  unos  bue- 
nos  cuarenta  aûos.  Habiase  refinado  en  servicio  de  una  de  aquellas 
heroinas  del  partido ,  que  saben  el  secreto  de  hacerse  amar  ha»* 
la  la  Tcjez ,  y  mueren  cargadas  de  los  despojos  de  dos  6  très 
generaciones. 

No  me  bastsdMi  ya  el  ir  con  mi  amo  todos  los  dias  à  casa  de 
Eofrasia  :  muchas  veces  iba  solo ,  particularmente  de  dia  ;  y  à 
œalquiera  hora  que  fuese ,  nunca  encontraba  en  ella  é  hombre, 
ni  ménos  é  muger  alguna  que  me  diese  mains  sospechas ,  6  modo 
de  descttbrir  en  Eufrasia  el  menor  indicio  de  infidelidad.  Esto 
me  eansaba  no  poca  admiracion,  porque  no  acertaba  à  compren- 
der  como  pudiese  ser  tan  escrupulosamente  fid  é  don  Gonzalo 
una  muger  jÔTcn  y  hermosa. 

Pero  en  esta  admiracion  no  habia  juicio  alguno  temerario  ^  pues 
la  bella  Eufrasia ,  como  pronto  yerémos ,  para  hacer  mas  tole- 
rable el  tiempo  que  tardaba  en  heredar  à  don  Gonzalo ,  se  habia 
proTtsto  de  un  amante  mas  proporcionado  â  sus  afios. 

Cierta  maûana  muy  temprano  fui  à  entregar  un  billete  é  la 
tal  nïAa  de  parte  de  mi  amo,  segun  la  costumbre  diaria.  Hizome 
entrar  en  su  cuarto ,  y  divisé  en  él  los  pies  de  un  hombre  que 
estaba  esoondido  detras  de  un  tapiz.  No  di  la  mas  minima  seilal 
de  que  le  veia;  y  asi  que  desempefté  mi  encargo,  me  sali  sin 
dar  â  entender  hubiese  notado  cosa  alguna  ;  pero  aunque  no 
debia  sorprenderme  este  objeto ,  y  mas  cuando  en  nada  me 
peijudîcaba  à  mi,  no  dej6  con  todo  de  inquietarme  mucho.  |  Ah 
malvada  I  decia  yo  con  enfedo.  ]  Ah  traidora  Eufrasia  !  No  te 
<x>ntentas  con  engaûar  i  un  buen  viejo,  haciéndole  créer  que  le 
amas,  sino  que  te  entregas  é  otro  amante  para  hacer  mas  abo- 
minable tu  yillana  traicion.  Pero,  bien  mirado,  era  yo  muy  necio 
en  discurrir  de  esta  suerte.  Antes  debia  reirme  de  aquella  aven- 
tura, y  mîrarla  comounacompensaciondelfastidioy  de  los  nuilos 
rates  que  Eufrasia  sufrïa  con  el  trato  de  mi  amo.  A  lo  ménos  hubiera 
hechomejorenno  hablar  palabra,  que  en  valerme  de  esta  oca- 
sion  para  acreditarme  de  buen  criado.  Pero  en  vezde  moderar  mi 
zelo  abrazé  con  mayor  calor  los  intereses  de  don  Gonzalo,  y  le  hice 
pantual  rdadon  de  lo  que  habia  visto  ;  afladiendo  que  dbfia 


S12  GIL  BLAS. 

Eufirasia  habia  solicitado  corromper  mi  fidelidad» y  en praeba  deello 
no  le  ocultë  nada  de  k>  que  me  habia  dicho;  de  manera  qae  estavo 
en  sa  mano  el  conocimiento  del  verdadero  caràcter  de  su  ena- 
morada.  Hizome  mil  preguntas,  como  dadando  de  lo  que  deda  ; 
pero  mis  respuestas  fuéron  tales ,  que  le  quitéron  la  satisfoccion 
de  poder  dudarlo.  Quedô  atônito  y  asombrado  de  lo  que  habia 
oido  ;  y  sin  que  le  sirviese  en  este  lance  su  ordinaria  serenidad, 
se  asomô  à  su  semblante  un  repentino  impetu  de  côlera ,  que 
podia  parecer  presagio  de  que  Eufrasia  pagaria  su  infidelidad. 
Basta  9  Gil  Bias ,  me  dijo  :  estoy  sumamente  agradecido  al  zdo 
y  amor  que  me  muestras  ;  me  agrada  infinito  tu  honrada  leal- 
tad.  Ahora  mismo  yoy  à  casa  de  Eufrasia  à  Henarla  de  recon- 
venciones  y  é  romper  para  siempre  la  amistad  con  esta  mgrata. 
Diciendo,  esto  saliô  efectivamente,  y  se  f ué  en  derechura  i  su 
casa,  no  queriendo  que  le  acompafiase  yo ,  por  librarme  de  la 
mala  figura  que  habia  de  hacer  si  me  hidlase  présente  à  la  are- 
riguacion  de  aquellos  hechos. 

Miëntras  tanto  quedé  esperando  con  la  mayor  impacienda  que 
Yolyiese  mi  amo.  No  dud£d)a  que ,  à  vista  de  tan  poderosos  mo- 
tifos  para  quejarse  de  su  ninfo,  volveria  desviado  de  sus  atrac- 
tivos,  ô  cuando  ménos  resuelto  à  una  eterna  separacion.  Con 
este  alegre  pensamiento  me  daba  i  mi  mismo  el  parabien  de  mi 
obra;  me  representaba  el  placer  que  tendrian  los  herederos  le- 
gitimos  de  don  Gonzalo  cuando  supiesen  que  su  pariente  ya  no 
era  juguete  de  una  pasion  tan  contraria  é  sus  intereses;  me  fign- 
raba  que  todos  se  me  confèsarian  obligados  ;  y  en  fin  que  iba 
yo  à  distinguirme  de  los  demas  criados  ,  mas  dispuestos  por  lo 
comun  à  mantener  à  sus  amos  en  sus  desôrdenes ,  que  à  reti- 
rarlos  de  ellos.  Apreciaba  yo  el  honor,  y  me  lisonjeaba  de  que 
me  tendrian  por  el  corifeo  de  todos  los  siryientes  ;  pero  una 
idea  tan  halagûeûa  se  desvaneciô  pocas  horas  despues  ;  porque 
Tolviô  mi  amo,  y  me  dijo  :  Amigo  Gil  Bias,  acabo  de  tener  una 
conversacion  muy  acalorada  con  Eufirasia.  Llamëla  iugrata» 
aleve;  llenëla  de  improperios  :  ^pero  sabes  lo  que  me  respon- 
diô?  que  hacia  mal  en  dar  crëdito  é  criados  :  sostiene  con  em- 
pefio  que  me  has  hecho  una  relacion  falsa.  Si  he  de  creerla,  tu 
no  ères  mas  que  un  impostor,  un  criado  vendido  à  mis  sobrinos, 
por  cuyo  amor  no  perdonarias  medio  alguno  para  ponerme  mal 
con  ella.  Yo  mismo  la  yi  derramar  algunas  làgrimas;  y  làgrimas 
yerdaderas  :  me  ha  jurado  por  cuanto  hay  de  mas  sagrado  que 
ni  te  habia  hecho  la  mas  minima  proposicion ,  ni  ye  à  ningun 
bombre.  Lo  mismo  me  asegùrô  Beatrix,  que  me  parece  muger 
honrada  é  incapaz  de  mentir  ;  de  modo  que ,  contra  mi  propia 
yoluntad ,  se  desyaneciô  todo  mi  enojo. 

4 Pues  que,  se&or;  interrumpi  yo  con  sentimiento,  dudais  de 
mi  siaceridad»  desconfiais  de,,.  No  bqo  mio ,  repuso  él ,  te  hago 


LIBRO  CUARTO.  213 

jostida  :  no  creo  qae  estes  de  acuerdo  con  mis  sobrinos  ;  estoy 
persuadido  de  que  solo  por  buen  zelo  te  interesas  en  todo  lo 
que  me  toca,  y  te  lo  agradezco  ;  pero  mochas  Teces  engafian 
las  apariencias.  Puede  suceder  que  realmente  no  hubieses  yisto 
lo  que  te  parecio  yer;  y  en  tal  caso  considéra  lo'mocho  que 
habré  ofendido  à.Eofrasîa  tu  acusacion.  Mas,  sea  lo  que  fuere , 
yo  no  puedo  ménos  de  amarla.  Asi  lo  quiere  mi  estrella  ;  y  aun 
me  ha  side  indispensable  hacerle  el  sacrifido  que  exige  de  mi 
amor  :  este  sacri&io  es  despedirte.  Sièntolo  mucho,  mi  pobre  Gil 
Bias,  continoôy  y  te  aseguro  que  no  he  consentido  en  elio  sin 
afliodon  ;  mas  no  puedo  pasar  por  otro  punto  :  compadècete  de 
mi  debilidad.  Lo  que  te  debe  consolar  es  que  no  saldràs  sin  ré- 
compensa ;  fuera  de  que  ya  he  pensado  colocarte  con  unasefiora 
amiga  mia,  en  cuya  casa  lo  pasarés  perfectamente. 

Qaedè  mortificadisimo  al  yer  que  mi  zelo  habia  redundado  en 
mi  perjoicio.  Maldije  mil  yeces  é  Eufrasia  y  lamenté  la  flaqueza 
de  don  Gonzalo  en  haberse  dejado  dominar  de  ella.  No  dejaba 
tampoGO  de  conocer  el  buen  yiejo  que,  en  despedirme  de  su 
casa ,  solo  por  complacer  é  su  dama ,  no  hacia  la  accion  mas 
honrosa.  Para  cohonestar  su  poco  espiritu ,  y  al  mismo  tiempo 
hacenne  tragar  mejor  la  pUdora ,  me  regalô  dncuenta  ducados , 
y  èl  mismo  me  condujo  el  dia  siguiente  à  casa  de  la  marquesa 
de  Chayes.  Dijole  en  mi  presencia  que  era  yo  un  mozo  de  buenas 
prendas  ;  que  él  me  queria  mncho  ;  pero  que  por  ciertos  res- 
petos  de  feinilia  se  yeia  predsado  à  su  pesar  à  quedarse  sin  mi, 
y  le  suplicaba  con  el  mayor  encarecimiento  me  admitiese  de 
crîado.  Desde  aquel  punto  me  recibiô  la  marquesa ,  y  yo  me  yf 
do  repente  con  nueya  ama  y  en  Queya  casa. 

CAPITULO  vm. 

Garicter  de  la  marquesa  de  Ghayet  ;  y  pênonas  que  ordinariamente 
la  Tisitaban. 

Bra  la  marquesa  de  Chayes  una  yiuda  de  treinta  y  cinco  aftos, 
beDa,  àita,  y  bien  propordonada.  No  tenia  hijos,  y  gozaba  de 
diez  mil  ducados  de  renta.  Nunca  yi  muger  mas  séria ,  ni  que 
OKénos  hablase.  Con  todo  eso  era  celebrada  en  Madrid  ,  y  gene- 
ralmente  tenida  por  la  se&ora  de  mayor  talento.  Lo  que  quizà 
contribuia  mas  que  todo  à  esta  uniyersal  reputacion,  era  là  con- 
correnda  i  su  casa  de  los  primerbs  personages  de  la  corte ,  asi 
^  Dobleza  como  en  literatura  :  problema  que  yo  no  jpe  atreyeré 
i  decidir.  Solo  dire  que  bastaba  oir  su  nmibre  para  conceptuar 
que  el  que  aUi  concnrria  era  de  un  gran  talento ,  y  que  su  casa 
iâ  Ilamiiian  por  excelenda  el  tribunal  de  Uu  obrag  ingeniotas. 


814  GIL  BLAS. 

Cob  eftcto»  todos  lot  dias  se  leian  en  eHa  ya  poemas  drama- 
ticoa,  ya  poesiaa  liricaa,  pero  siempre  sobre  asuntos  sèrios. 
Negâbase  la  entrada  A  loda  composidon  jocosa.  La  mejor  come- 
dia,  6  la  noyela  mas  ingeoiosa  y  mas  alegre  no  se  miraba  sino 
como  una  pneril  y  ligera  prodaodon ,  que  no  merecia  alabanza 
algnna.  Por  el  contrario,  la  mas  minima  obra  séria,  una  oda,  on 
sonetOy  una  ègloga  pasaban  alii  por  el  ultimo  esfderzo  del  ingenio 
humano.  Pero  sacedia  tal  vez  qae  el  publico  no  se  confonnaba 
con  la  decision  del  tribunal;  antes  bien  censaraba  sin  reparo  las 
obras  que  babian  sido  en  el  muy  aplaudidas. 

La  marquesa  me  hizo  maestresala  de  sa  casa.  Era  incombencia 
de  mi  empleo  arreglar  el  coarto  de  mi  nneva  ama  para  redbir 
las  gentes,  disponiendo  almohadones  para  las  damas,  sillas  para 
los  caballeros,  y  cada  cosa  en  su  respectiYO  sitio  ;  quedéndome 
despues  en  la  aniesala  para  anunciar  é  introducir  A  los  que  lie- 
gaban.  El  primer  dia,  conforme  yo  los  iba  introduciendo,  el  ayo 
de  pages ,  que  easualmente  se  hallaba  entônces  conmigo  en  la 
antâsala ,  me  los  pintaba  gradosamente.  Llamibase  Andres  de 
Molina  el  tal  ayo,  y  aunque  era  naturalmente  aerio  y  burlon,  no 
le  feltaba  entendimiento.  £1  primero  que  se  présenté  fiié  on 
obispo  :  anuncié  su  venida,  y  despues  que  hubo  entrado ,  me 
dijo  el  maestro  de  pages  :  Ese  prelado  es  de  un  caréctor  bastante 
gracioso*  Tiene  algun  valimiento  en  la  corte,  mas  no  tanto  conM> 
quiere  persuadir.  Ofrécese  à  servir  A  todos ,  y  A  ninguno  sirve. 
Encontrôle  un  dia  en  la  antecAmara  del  rey  un  caballero  que  le 
saludô.  Detàvole  el  obispo ,  hizole  mil  cumplimientos ,  le  cogié 
la  mano,  apretôsela ,  y  le  dijo  x  Soy  todo  de  V.  S.  :  no  me  niegue 
el  fayor  de  acreditarle  mi  amistad ,  pues  no  moriré.  contento  si 
no  logro  alguna  ocasion  de  serrirle.  Correspondiôle  el  caba- 
llero con  expresiones  de  reconocimiento ,  y  apénas  se  habian 
separado,  cuando  el  obispo,  Tolyiéndose  A  uno  de  los  que  iban  A 
su  lado,  le  dijo  :  Quiero  conocer  A  este  hombre,  y  no  me  acuerdo 
quien  es  :  solo  tengo  una  idea  confiisa  de  haberle  yisto  en  alguna 
parte. 

Poco  despues  del  obispo  se  dejô  ver  un  sefiorito ,  hijo  de 
câerto  grande,  A  quien  hice  entrar  inmediatamente  en  d  cuttto 
de  mi  ama.  Asi  que  entré  me  dijo  el  seftor  Molina  :  Este  sefio- 
rito es  tambien  un  ente  raro.  Va  A  una  casa  sin  otro  fin  que  el 
de  tratar  con  el  duefto  de  ella  de  negodos  de  importanda  ;  estA 
en  conversacion  con  él  una  6  dos  horas,  y  se  marcha  sin  haber 
hablado  siquiera  una  pahd)ra  sobre  el  asunto  A  que  habia  ido. 
  este  tiempo  viendo  el  ayo  de  los  pages  Uegar  A  dos  sefloras , 
aûadié:  Ve  aqul  A  doua  Aiigela  de  Pefiafiel,  y  A  dofia  Margarita 
de  MontalTan*  Estas  dos  sefloras  en  nadase  parecen  una  à  ou^: 
dofia  Ibrgarita  presume  de  filôsola;  se  las  tiene  tiesas  con  los 
mayores  doctores  de  Salamanca,  y  ningono  la  ha  yisto  œder 


LIBRO  GUARTO.  215 

jamas  à  sus  argameatos.  Dofta  Angela,  por  el  contrario ,  aanquo 
es  verdaderamente  instraida,  nunca  hace  de  doctora.  Sas  pensa*- 
mienlos  son  finos»  sus  disciirsos  sôlidos,  y  sus  expresiones  deln 
cadas  ,  nobles  y  naturales.  Este  segondo  carâcter ,  le  respondf 
yo,  66  on  caricier  muy  amable  ;  pero  el  otro  me  parece  cae  muy 
mal  ^1  el  bello  sexo.  ^Qué  dice  ymd.  rmty  nuU  en  el  hello  texof 
replioô  Molina  prontamente  ;  es  tan  fastidioso  aun  en  los  horn- 
iNres,  que  à  machos  hace  ridicalos.  Tambien  nuestra  ama  la 
marqaesa  adolece  an  poco  de  este  achaque  filosôfioo.  Yo  no  se 
solnre  que  se  tratari  hoy  en  nuestra  academia  ;  pero  se  dispu- 
taré  mocho. 

Al  aeabar  estas  palalnras  yfanos  entrar  an  hombre  seco ,  muy 
grave ,  cejqonto  y  francido.  No  le  perdonô  mi  caritatiyo  ins- 
tractor.  Este  es ,  me  dijo ,  ano  de  aqaellos  entes  serios  que 
qoioren  pasar  por  hombres  de  gran  talento  é  ftivor  de  su  silen- 
do  6  de  algunas  sentencias  de  Seneca ,  y  que  examinados  de 
cerca  no  son  mas  que  onos  pobres  mentecatos.  Tras  de  este 
entré  an  caballerito  de  bastante  buena  presenda ,  pero  con  aire 
de  hiHubre  pagado  de  si  mismo.  Preguntë  à  Molina  qnien  era , 
y  me  respondiô  :  Es  un  poeta  dramàtico,  el  caal  ha  compuesto 
den  mil  Tersos  en  su  vida  qae  no  le  han  valido  cuatro  cuartos  ; 
pero  eo  récompensa  con  solos  seis  renglones  en  prosa  acaba  de 
finrmarse  una  buena  renta. 

Iba  é  dedrte  me  expUcase  en  que  habia  consistido  el  haber 
logrado  à  tan  poca  costa  aqaella  fortona  ,  caando  oi  an  gran 
romor  en  la  escalera.  i  Bravo  1  exclamô  el  maestro  de  pages , 
aqni  tenemos  al  lioendado  Campanario ,  que  se  deja  oir  macho 
antes  qne  se  le  vea.  Comienza  à  hablar  en  vox  alta  desde  la 
poena  de  la  caUe,  y  no  lo  deja  hasta  qne  vuelve  à  salir  por  ella. 
Con  efecto  resonahs  en  toda  la  casa  la  vox  del  licenciado  Cam- 
panariOy  que  al  fin  se  present^  en  la  antesala  con  un  bachiller 
amigo  svyOy  y  no  cesè  de  hablar  mièntras  dard  su  visita.  Este 
licendadOy  dije  à  Molina ,  parece  hombre  de  ingenio.  Si  lo  es , 
me  respondié  :  tiene  ocurrencias  muy  chistosas  :  se  explica  con 
gracia  y  agudeza  :  es  muy  divertida  su  conversadon  ;  pero  ade- 
mas  de  ser  un  haUador  molestistmo ,  repite  siempre  sus  dichos 
y  coentos.  En  soma»  para  no  estimar  las  cosas  mas  de  lo  que 
valen»  estoy  persoadido  de  qoe  su  mayor  mérito  consiste  en 
aquel  aire  oômico  y  festivo  cou  qae  sazona  io  que  dice  ;  y  asi 
no  creo  que  le  haria  mncho  honor  ana  colecdon  de  sus  agude- 
sas  y  sus  gracias. 

Faérott  entrando  despues  otras  personas ,  de  todas  hs  cuales 
me  hizo  Molna  muy  gradoias  descripdones ,  sin  olvidar  la  pin- 
tara  de  la  marquesa,  que  fuè  de  mi  gusto.  Esta ,  me  dijo ,  tiene 
an  taleato  regvdar,  en  medio  de  so  fflosofia.  Su  carâcter  no  es 
impertinente ,  y  da  poco  que  hacer  à  los  que  la  sirven.  Entre 


S16  GIL  BLAS. 


las  personas  distiiigiiidas  es  de  las  mas  radonales  que  oonozoo  : 
no  se  le  adyierte  pasion  alguna  :  ni  el  jqego ,  ni  los  galanteos  le 
gostan:  solo  le  agrada  la  conyersadon;  y  en  una  pÂladra,  sa 
▼ida  séria  intolerable  para  la  mayor  parte  de  las  damas.  Este  elo- 
gio  del  maestro  de  pages  me  hizo  formar  on  conoepto  yentajoso 
de  mi  ama.  Sin  embargo ,  pocos  dias  despues  no  pude  ménos  de 
sospechar  que  no  era  tan  enemiga  del  amor  ;  y  el  fondamento  de 
mi  sospecha  foe  el  signiente* 

Estando  una  maAana  en  el  tocador  se  presentô  en  la  antesala 
nn  hombredllo  como  de  coarenta  ados ,  pero  de  malisima  figura, 
mas  mugriento  que  el  autor  Pedro  de  Moya,  y  à  mayor  abundiH 
miento  muy  corcobado.  Dijome  que  deseaba  haUar  é  la  marque- 
sa  ;  y  preguntàndole  yo  de  parte  de  quien  :  De  la  mia ,  me  res- 
pondiô  arrogante  :  diga  ymd.  é  la  seitora  que  soy  aquel  caballero 
del  cual  estuvo  haUando  ayer  con  doâa  Ana  de  Velasoo.  Apénas 
se  lo  dge  à  mi  ama,  eaando  toda  enagenada  de  alegria  me  man- 
dô  le  hiciese  entrar.  No  solo  le  recibiô  con  extrafias  demostra- 
ciones  de  aprecio ,  sino  que  mandé  salir  é  todas  las  criadas ,  de 
modo  que  el  corcobadillo ,  mas  afortanado  que  una  persona  de 
proyecho ,  se  quedô  é  solas  con  ella.  Las  criadas  y  yo  nos 
reimos  un  poco  de  esta  yisita  tan  graciosa  que  durô  una  hora  ; 
al  cabo  de  la  cual  mi  ama  le  despidiô  cou  mil  oortesanas  expre- 
siones ,  que  demostraban  bien  lo  contenta  que  qnedaba  de  £1. 
En  efe^ ,  lo  qaedô  tanto  que  por  la  noche  me  Damé  à  parte , 
y  me  dijo  :  Gil  Bias ,  cuando  yenga  el  corcobado  hazie  entrar 
ei|  mi  gabinete  lo  mas  secretamente  que  puedas  ;  cuyo  encargo 
confieso  que  me  diô  mucbo  en  que  sospechar.  Sin  embargo , 
obededendo  la  ôrden  de  la  marquesa ,  luego  que  se  dejô  yer 
aquel  hombrecillo  y  que  foé  à  la  maflana  siguiente,  le  introduje 
por  una  escalera  escusada  hasta  el  gabinete  de  la  seAora.  Carita- 
tiyam^te  hice  lo  mismo  por  dos  ô  très  yeces;  de  lo  cual  inferi 
6  que  la  marquesa  tenia  estrafiadarias  indinadones ,  6  que  el  cor- 
cobadiDo  le  seryia  de  tercero. 

Poseido  yo  de  esta  idea ,  me  deda:  Si  mi  ama  se  ha  enamo- 
rado  de  un  buen  mozo ,  se  lo  perdono  ;  pero  si  se  h^  prendado 
de  semejante  macaco ,  no  puedo  yerdaderameute  disôdpar  un 
gusto  tan  dqirayado.  ;Pero  cuan  mal  pensaba  yo  de  aquella 
sefiora  !  Aquel  macaco  se  empleaba  en  la  magia ,  y  oomo  se 
ponderaba  su  denda  à  la  marquesa ,  que  creta  gustosa  en  los 
prestigios  de  los  saltimbanquis ,  tenia  conyersactones  à  solas  con 
a.  Hacia  yer  los  objetos  en  un  yaso  y  enseftaba  à  dar  yueltas  al 
çedazo ,  y  reyelaba  por  dinero  todos  los  misterios  de  h  cibala; 
6  bien  (  para  hablar  cou  mas  exactitud  )  era  un  bribon  que  subsist 
tia  à  expensas  de  las  personas  demasiado  crédulas,  y  se  décisif 
que  é  ello  contribuian  muchas  seûoras  de  distindon. 


LIBRO  CUARTO.  317 


CAHTULO  IX. 

P^  tfa4  incidente  GU  Bias  salio  de  casa  de  la  marquesa  de  GhaTes ,  j  coal  fué 

su  paradero. 

Seis  meses  habia  que  yo  servia  à  la  marquesa  de  Chayes ,  y 
me  hallaba  muy  contento  con  mi  conyeniencia;  pero  mi  destino  no 
me  permitiô  mantenenne  mas  tiempo  en  su  casa ,  ni  mènos  qae- 
danne  por  entônces  en  Madrid.  El  motiyo  fué  el  lance  que  yoy 
àcontar. 

Entre  las  criadas  de  la  marquesa  habia  una  llamada  Porcia , 

que  y  sobre  jôyen  y  hermosa,  era  de  un  caràcter  tan  bueno, 

que  me  captô  la  yoluntad  sin  saber  que  me  séria  necesario  dis- 

putar  su  corazon.  El  secretario  de  la  marquesa  »  hombre  sober- 

bio  y  zeloso ,  estaba  enamorado  de  mi  idolo ,  y  apènas  adyirtiô 

mi  amor ,  cuando ,  sin  procurar  informarse  si  Porcia  me  corres- 

pondia ,  resolyiô  que  nos  midiesemos  la  espada ,  y  me  citô  una 

mailiana  para  un  parage  retirado.  Como  era  un  hombrecfllo  que 

apèna^  me  Ilegaba  â  los  hombros ,  me  pareciô  enemigo  poco 

temible ,  y  Ileno  de  confianza  acudi  al  sitio  sefialado.  Lisonjeà- 

bame  yo  de  una  compléta  yictoria ,  y  de  adquirir  por  ella  nue- 

yo  mérito  con  Porcia  ;  pero  el  resultado  humillô  mucho  lt\  pre- 

suncion.  £1  secretarillo,  que  habia  aprendido  dos  6  très  afios  la 

esgrima ,  me  desarmô  como  i  un  niûo  ;  y  ponièndome  al  pecho 

la  punta  de  la  espada,  me  dijo:  Prepàrate  paramorir,  6  dame 

palabra  sobre  tu  honor  de  que  hoy  mismo  saldràs  de  casa  de 

la  marquesa  de  Chayes  sin  pensar  mas  en  Porcia.  Prometiselo 

3si,  y  lo  ciunpli  sin  repugnancia.Corriame  de  presentarme  delante 

de  los  criados  de  la  casa  despues  dé  haber  sido  tan  ignominio- 

samente  yencido ,  y  mucho  mas  de  presentarme  ante  la  hermosa 

Belena  » ,  inocente  ocasion  de  nuestro  desaflo.  No  yolyl ,  pues , 

i  casa  sino  para  recoger  mi  ropsi  y  dinero ,  y  el  mismo  dia  me 

encaminé  à  Toledo ,  con  la  boisa  bastante  proyista ,  y  cargado 

con  toda  mi  ropa  puesta  en  un  lio.  Àîinque  por  ningun  caso  me 

habia  obligadô  â  salir  de  Madrid ,  juzguë  me  conyendria  mucho 

alejarme  de  aquella  yilla ,  à  lo  mënos  por  algunos  afios ,  y  asi 

tome  la  determinacion  de  dar  una  yuelta  por  Espafia ,  detenién- 

dome  en  las  ciudades  y  pueblos  el  tiempo  que  me  pareciese. 

Con  el  dinero  que  tengo ,  me  decia ,  gastàndolo  con  discrecion , 

*  Hermosa  Helena  se  dice  &  nna  muger  por  alasion  &  la  grlega  Helena  esposa 
oel  rey  Menelao ,  cuya  extremada  hermosura  exdto  en  Paris  »  hSjo  del  rey  de 
Tvoya  Priamo,  el  deseo  de  poseerla ,  y  la  robo  à  sa  esposo  y  à  la  Grecia ,  lo  qne 
fuë  cansa  de  las  famosas  gnerras  entre  Griegoa  y  Troyanot ,  que  no  acabéron 
W>t»  U  destmocion  de  Troya. 


218  GIL  BLÂS. 

tendre  {lara  correr  gran  parte  del  reino ,  y  coando  se  haya  aca- 
bado ,  me  pondre  de  nuevo  4  servir  ;  pues  un  mozo  como  yo 
hallarâ  acomodos  sobrantes  cuando  le  venga  en  voluntad  buacar- 
los  y  y  no  tendre  mas  que  escoger. 

Como  tenia  particulares  deseos  de  ver  à  Toledo,  Ueguë  alli  al 
cabo  de  très  dias ,  y  fui  à  tomar  posada  en  un  bnen  meson ,  en 
donde  me  tuviëron  por  un  caballero  de  importancia  con  el  auxi- 
Ko  de  mi  T^stido  de  aventuras  amorosas  que  no  dejë  de  po~ 
nerme  ;  y  con  el  aire  que  tome  de  elegante ,  podia  fôcilmente 
introducirme  con  las  buenas  mozas  que  yivian  en  la  yecindad  ; 
pero  habiendo  sabido  que  era  necesario  comenzar  en  su  casa  por 
hacer  un  gran  gasto ,  fuè  forzoso  contener  mis  deseos.  Hallàn- 
dome  siempre  con  gusto  de  yiajar,  despues  de  haber  yisto  todo 
lo  que  habia  de  curioso  en  Toledo ,  sali  de  alli  un  dia  al  ama- 
necer,  y  tome  el  camino  de  Cuenca  con  animo  de  pasar  al  reino 
de  Aragon.  Al  segundo  dia  de  jornada  me  meti  en  una  venta 
que  encontre  en  el  camino ,  y  cuando  empezaba  à  refirescarme 
entra  una  partida  de  cuadrilleros  de  la  santa  Hermandad.  Estes 
seAores  pidiëron  vino,  y  mièntras  estaban  bebiendo  les  oi  haccr 
mencion  de  las  seftas  de  un  jôven  à  quien  llevaban  ôrden  de 
prender.  El  caballero,  decia  uno  de  ellos,  no  tiene  mas  que  veinte 
y  très  aftos,  el  pelo  largo  y  negro,  bella  estatura,  nariz  aguilefta, 
y  moiua  un  caballo  castaûo. 

Estuyelos  yo  escuchando  sin  mostrar  atencion  à  lo  que  de- 
cian,  y  en  la  realidad  me  importaba  poco  el  saberlo.  Dejélos  en 
la  yenta ,  y  prosegui  mi  camino  ;  pero  no  habia  andado  aun 
medio  cuarto  de  légua  cuando  encontre  à  un  mocito  muy  galan 
que  iba  en  un  caballo  castafto.  i  Vive  diez  !  dije  para  mi ,  que  ô 
yo  me  engaflo  mucho ,  6  este  es  el  sujeto  à  quien  buscan  los 
cuadrilleros.  Tiene  el  pelo  largo  y  negro ,  y  la  nariz  aguilefia  ; 
seguramente  él  es  à  quien  quieren  atrapar ,  y  be  de  haccrle  un 
buen  servicio.  SeAor,  le  dije,  permitame  ymd.  que  le  pregunte  si 
le  ha  sucedido  algun  pesado  lance  de  honor.  El  jôyen  sin  res- 
ponderme  fijô  los  ojos  en  m( ,  y  mostrôse  admirado  de  mi  pre- 
gunta.  Aseguréle  que  esta  no  nj^cia  de  piira  c'urîosidad.,  y  qqedô 
bien  convencido  de  ello  luego  que  le  conté  todo  lo  que  habia 
oido  à  los  ministros  en  la  yenta.  Generoso  desconocido,  me  res- 
pondiô,  no  puedo  ocullaros  que  tengo  motiyo  para  créer  ser 
efectiyamente  yo  à  quien  busca  esa  gente  ;  y  por  lo  mismo  yoy 
à  tomar  otro  camino  para  no  caer  en  sus  manos.  Yo  séria  de 
parecer,  repuse  entônces,  que  buscasemos  por  aqui  un  sitio  retî- 
rado  donde  ymd.  estuyiese  seguro  y  ambos  à  cubierto  de  una 
gran  tempestad  que  yeo  nos  esta  amenazando.  Al  decir  esto , 
descubrimos  una  calle  de  érboles  bastante  firondosos,  y  habién- 
donos  metido  en  ella ,  nos  condujo  al  pié  de  una  montaAa,  donde 
encontrémos  una  ermita. 


LIBRO  CUARTO.  219 

Era  esta  «la  ^nde  y  profonda  grata  que  el  tiempo  habia 
socavado  en  la  Mda  de  aquel  monte,  y  delante  de  ella  se  regis- 
traba  como  un  corral  que  habia  fobricado  el  arte,  cayas  parcâes 
se  componian  de  una  especie  de  argamasa  formada  de  pedre- 
zuelaSy  rodeado  todo  para  mayor  delensa  de  un  género  de  foso 
cubierto  de  yerdes  céspedes.  Los  contoroos  de  la  gruta  estaban 
sembradoB  de  flores  olorosas  que  llenaben  de  suavisima  firagran- 
cta  el  ambiente  inmedîato;  y  cerca  de  la  misma  gruta  se  descnbria 
uoa  hendidura  en  el  monte ,  de  oayo  centro  brotabÀ  un  manan- 
tial  de  agua  que  corria  é  dilatarse  por  una  praderia.  A  la  en- 
irada  de  esta  cneva  solitaria  habia  un  buen  ermitafio  que  parecia 
m  horobre  eonsumido  por  la  Tejez.  Apoyébase  en  un  bàculo,  y 
en  la  otra  mano  llevaba  un  gran  rosario  de  cuentas  gordas  y  de 
Teinte  dieœs  por  lo  mènos.  Su  cabeza  estaba  como  sepnluida  en 
ao  capuz  de  lana  parda ,  con  unas  largas  orejwas  ;  y  su  barba 
mas  blanea  que  la  nieve  le  bajaba  hastti  la  eioiara.  Acercémonos 
é  él,  y  yo  le  dije  :  Padre  mio ,  ^noa  dari  licencia  para  que  le 
pidamos  nos  réfugié  contra  la  tempestad  que  viene  sobre  noso- 
0*0$?  Yenid ,  hijos  mios ,  respondiô  et  anacoreta  despues  de 
haberme  mirado  con  atencion ,  mi  pobre  gruta  esta  à  vnestra 
disposidon,  y  podréis  estar  en  ella  todo  el  tiempo  que  quisie- 
reis.  El  caballo,  aâadiô ,  le  podets  meter  en  jacfuel  corral ,  sefia- 
iindolo  eon  la  mano ,  donde  creo  que  éstarà  bi^  acomodado. 
Metimos  en  èl  el  oaballo,  y  nosotros  nos.refugi&mos  en  la  gruta, 
acompafiéndonos  siempre  el  venerable  Tiejo. 

Apënas  entrémos  en  ella  cuando  cayé  ukia  copio^a  Uuvia  mez- 
dada  de  relàmpagos  y  espantosos  truenos.  £1  ermitaûo  se  hincô 
de  rodillas  delante  de  una  estampa  de  san  Pacomio ,  que  estaba 
pegada  i  la  pared,  y  nosotros  hicimos  lo  mîsmo  à  ejemplosuyo. 
Cesô  la  tempestad,  y  cesiron  tambien  nuestras  oraciones.Levan- 
t^onos;  père  como  todavia  seguia  lloviendo  y  la  noche  se 
acercaba,  nos  dijo  el  ermitafio  :  Yo,  hijos  mios,  no  os  aconse- 
j^  os  pongais  en  camino  con  este  temporal,  y  mas  estando 
tan  cerca  la  noche,  à  no  obligaros  à  ^Uo  alguo  negocio  grave 
y  urgente.  Respond  imosle  que  ninguna  cosa  nos  impedia  el  de* 
tenemos  sino  el  justo  temor  de  incomodarle,  y  qit^d  à  no  ser 
^te,  Antes  le  sufdicariamos  nos  pe^mitiese  pasar  alli  la  noche. 
La  incomodidad  sera  para  vosotros ,  respondiô  cortesanamento 
el  anacoreta  :  tendrais  mala  cama  y  peor  cena,  porque  solo  puedo 
ofreceros  la  de  un  pobre  ermitafio. 

En  esto  nos  hizo  sentar  à  una  desdichada  y  rùstica  mesUla , 
donde  nos  sirviô  unas  cebollas  con  algunos  mendrugos ,  y  un 
jarre  de  figua.  Esta,  dijo,  es  mi  comida  y  cena  ordinarily;  pero 
W  es  razon  hacer  algun  exceso  en  obsequio  do  unos  hués^ 
P^es  tan  honrados.  D90 ,  y  marchô  luego  é  traer  un  pedazo  de 
qneso  y  dos  puflados  de  avellanas ,  que  echo  sobre  la  mesa.  Mi 


SM  GIL  BLAS. 

Gompafiero ,  qae  no  tenia  macho  apetito ,  hixo  poco  gasto  de 
aquellos  manjares.  Observôlo  ei  ermitafio ,  y  dijo  :  Veo  qoe  estais 
aoostmnbrado  à  mesas  mas  regaladas  que  la  mia,  6  per  mefor 
decir,  que  la  sensoalidad  ha  estragado  en  tos  el  gusto  natural. 
Yo  tambien  he  yiyido  en  el  mundo.  EntAnces  no  eran  bastante 
baenos  para  mi  los  manjares  mas  delicados,  ni  los  gaisados  mas 
exquisitos;  pero  la  soledad  y  el  hambre  ban  restitoido  la  poreza 
al  paladar.  Ahora  solo  me*  gostan  las  raioes ,  la  leche ,  las  fratas, 
y  en  una  palabra ,  todo  aquello  que  senria  de  alimento  i  noes- 
tros  primeros  padres 

Miéntras  el  anacoreta  estaba  hablando ,  el  caballerito  se  quedé 
oomo  enagenado  en  una  profunda  cavilacion.  NotAlo  el  yiejo ,  y 
le  dijo  :  Hijo  mio ,  yos  teneis  atravesado  el  corazon  con  alguna 
espina  que  os  punza  mncho.  ^No  podré  saber  el  motivo  de  la 
grave  afliccion  que  os  alormenta?  desah^gad  conmigo  vuestro 
pecho.  No  me  nraeve  à  este  deseo  la  coriosidad  :  la  caridad  es  la 
tnica  causa  que  é  ello  me  anima.  Hàllome  en  edad  en  que  puedo 
daros  algun  buen  consejo;  y  vos  me  pareoeis  estar  en  una  situa- 
don  que  necesita  bien  de  él.  Si ,  padre  mio ,  respondi6  el  caballe- 
rito arrancando  del  pecho  un  doloroso  suspiro:  es  muy  derto 
que  tengo  gran  necesidad  de  consejo;  y  pues  vos  me  ofreoeîs  el 
vuestro  con  piedad  tan  generosa,  quiero  seguûrle.  Estoy  may 
persuadido  de  que  nada  arriesgo  en  descubrirme  é  un  hombre 
como  vos.  No  bijo ,  replicô  el  ermitaflo ,  no  teneis  que  temer  : 
soy  hombre  à  quien  se  le  puede  confiar  enalquiera  oosa,  sea  la 
que  fÎMre.  Entônces  el  caballero  hablô  de  esta  manera^ 

CAPITULO  X. 

Historia  de  don  Alfonso  y  de  la  bella  Serafina. 

Nada ,  padre  mio ,  os  ocultarë ,  como  ni  tampoco  i  este  calxh 
Ilero  que  me  escucha.  Hariale  gran  agrayio  en  desconfiar  de  él  é 
yista  de  la  generosa  accion  que  nsô  conmigo.  Yoy,  pues ,  à  con- 
tares  mis  Jésgracias. 

Nad  en  Madrid ,  y  mi  origen  fhë  el  que  yoy  à  referir.  Un 
oficial  de  la  guardia  alemana*,  llamado  él  baron  de  Steinbach  , 
entrando  una  noche  en  su  casa ,  se  hallô  al  pié  de  la  escalera 

'  Era  la  guardia  real  que  hacîa  el  servicio  militar  en  el  palacîo  de  los  reyes 
de  Espana.  Durô  todo  el  tiempo  que  ocupo  el  trono  espaAol  la  dinastia  austriaca 
desde  el  emperador  de  Alemania  Girlos  V,  primero  de  este  nombre  en  Castilla , 
hasta  que  por  muerte  sin  sncesion  de  Carlos  II  entro  la  actual  dinastia  fran- 
cesa  de  Borbon ,  que  aboliô  aquella  guardia ,  y  creô  la  nuera  llamada  de  corp^ 
à  semejansa  de  la  de  los  reyes  de  Francia. 


LIBRO  CUARTO.  221 

000  on  eoYoItorio  de  lieozo.  Leyaotôle,  DevôIe  al  coarto  de  sa 
moger,  desenyolYiôley  y  encontr&ron  un  niûo  recien  nacido,  en- 
Yoeho  en  paflales  may  aseados  y  finos ,  y  un  billete  que  deda 
ser  hqo  de  padres  distinguidos^  que  à  su  tîempo  se  darian  à  co- 
Docer,  y  que  el  nifio  estaba  ya  bautizado  con  el  nombre  de  Al- 
fonso. Este  desgraciado  nifto  soy  yo ,  y  esto  es  todo  cuanto  se. 
Victima  del  honor  6  de  la  infidelidad ,  ignoro  si  mi  madré  me 
exposo  ùnicamente  para  ocultar  algunos  yergonzosos  amores  ;  ô 
si,  seducida  por  un  amante  peijuro,  se  yiô  en  la  cruel  necesidad 
de  abandonarme. 

Como  quiera  que  sea ,  al  baron  y  à  su  muger  les  entemeciô 
mucho  mi  desgrada;  y  como  no  tenian  sucesion,  resoWiëron 
criarme  como  si  foera  hijo  suyo,  conseryàndome  el  nombre  de 
don  Alfonso.  Al  paso  que  crecia  yo  en  edad ,  crecia  el  amor  en 
elles  hicia  mi.  Hacianme  mil  caricias  en  pago  de  mis  apadbles 
modales  y  por  mi  dodlidad.  Todos  sus  pensamientos  eran  de 
darme  la  mejor  educacion.Buscéronme  maestros  de  todas  mate- 
lias.  Lèjos  de  esperar  con  impaciencia  i  que  se  descubriesen  mis 
padres  y  parecia  por  el  contrario  que  deseaban  no  se  manifesta- 
sen  jamas.  Luego  que  el  baron  me  viô  capaz  de  poder  seguir  la 
milicia,  me  aplkô  à  servir  al  rey.  Consiguiôme  una  bandera,  y 
inand6  hacerme  un  pequeAo  equipage.  Para  animarme  à  buscar 
ocasiones  de  adquirir  gloria  y  darme  à  conocer,  me  hizo  pré- 
sente que  la  carrera  del  honor  estaba  abierta  à  todo  el  mundo , 
y  que  la  guerra  podria  hacer  mi  nombre  tanto  mas  glorioso, 
coanto  solo  séria  deudor  à  mi  valor  y  à  mi  espada  de  la  gloria  que 
adcpiriese.  Al  mismo  tiempo  me  revelô  el  secreto  de  mi  nacimiento, 
qae  hasta  alli  me  habia  callado.  Como  en  todo  Madrid  pasaba 
por  Ujo  suyo ,  y  yo  mismo  efectivamente  me  tenia  por  tal,  con- 
fieso  me  turbô  no  poco  esta  confianza.  No  podia  pensar  en  ello 
sin  Uenarme  de  rubor.  Por  lo  mismo  cpie  mis  nobles  pensa- 
nnentos  y  mis  honrados  impulsos  me  aseguraban  de  un  distin- 
e^do  nacimientOy  era  mayor  el  dolor  de  yerme  desamparado 
de  aquellos  à  quienes  le  habia  debido. 

Pasè  à  servir  en  los  Paises  Bajos,  donde  se  hizo  la  paz  poco 
despaes  que  Uegué  al  ejërcito.  Hallândose  Espafta  sin  ene- 
inigos ,  me  restitua  à  Madrid  ;  y  el  baron  y  su  muger  me  recî- 
bièron  con  nuevas  demostraciones  de  cariAo.  Eran  pasados  dos 
meses  desde  mi  regreso ,  cuando  una  maûana  entré  en  mi  cuarto 
^  pagecillo ,  y  me  entregô  en  las  manos  un  billete  concebido 
pooo  mas  ô  mènos  en  estos  tërminos  iNotoy  feam  anUrahecha; 
)  con  todo  e90  vmd.  me  ve  todoi  los  dias  d  mi  balcon  con  grande 
^f^erencia  :  frialdad  muy  agena  de  un  moxo  tan  galon.  Eooy  tan 
ofendida  de  este  procéder ^  que  por  vengarme  quisiera  inspirar  amor 
^  œ  coraxon  de  hieb. 
Asi  que  lei  este  billete  me  persuadi  sin  la  mener  duda  de  que 


322  GIL  BLAS. 

era  de  una  yiadita  Uamada  Leooor,  que  vivia  en  frenie  de  mi 
casa  y  y  tenia  fiima  de  ser  alegre  de  cascos.  Eiamînë  sobre  este 
punto  al  pagecillo ,  que  por  algnn  breve  rate  quiso  haoer  el  ca- 
llado;  pero  é  costa  de  un  ducado  que  le  di  satisfizo  mi  curio- 
sidad ,  y  se  encargô  de  llevar  à  su  ama  mi  respuesta.  Deciale  en 
ella  que  conocia  y  confesaba  mi  delito ,  del  cual  estaba  ya  medio 
vengada ,  segun  lo  que  yo  sentia  en  mi. 

Con  efecto,  no  dejô  de  hacerme  impresion  esta  gradosa 
manera  de  granjear  la  Toinntad.  No  sali  de  casa  en  todo  aquel 
dia»  asoméndome  frecuentemente  al  balcon  para  obsenrar  à  la 
sefiora ,  que  tampoco  se  descuidô  de  dejarse  Ter  al  suyo.  Hicele 
sefias  é  las  cuales  correspondiô  ;  y  el  dia  siguiente  me  enviô  à 
decir  por  el  mismo  pagecito  que,  si  entre  once  y  doce  de  aquella 
noche  queria  yo  hallarme  en  nuestra  calle,  podiamos  hablarnos 
à  la  reja  de  un  cuarto  bajo.  Aunque  no  estaba  muy  enamorado 
de  una  viuda  tan  vira,  sin  embargo  no  dejë  de  responderle  muy 
apasionadamente;  y  i  la  rerdad  espéré  à  que  anochedese  con 
tanta  impacîencia  como  si  efectivamente  la  amara  mucho.  Luego 
que  fné  de  noche  sali  à  pasearme  al  Prado ,  para  entretener  el 
tiempo  hasta  la  hora  de  la  cita,  y  apénas  entré  en  el  paseo, 
cuando,  acercindose  à  mi  un  hombre  montado  en  un  hermoso  ca-^ 
ballo,  se  apeô  precipitadamente,  y  miràndome  con  ceûo:  Caba- 
llero ,  me  dijo ,  ^no  sois  vos  el  hijo  del  baron  de  Steînbach?  £1 
mismo,  le  respondi.  Luego  tos  sois  el  citado ,  prosigniô  él,  para 
dar  esta  noche  conversacion  à  Leonor  en  su  reja.  He  visto  sus 
billetes ,  y  vuestras  respuestas ,  que  me  raostrô  el  pagecfllo.  Os 
he  venido  siguiendo  hasta  aqui  desde  que  salisteis  de  casa,  para 
adyertiros  que  teneis  un  competidor,  cuya  yanidad  se  indigna  de 
dispntar  el  corazon  de  una  dama  con  un  hombre  como  tos.  Me 
parece  no  necestto  deciros  mas  ;  y  pues  nos  hailamos  en  sitio 
retirado,  decidan  la  disputa  las  espadas,  à  ménos  de  que  tos,  por 
evitar  el  castigo  que  preparo  é  vuestra  temeridad ,  me  deis  pa- 
labra de  romper  toda  comunicacion  con  Leonor.  Sacrificadme  las 
esperanzas  que  teneis ,  6  en  este  mismo  punto  os  quito  la  Tida. 
Ese  sacrificio,  respondi,  se  habia  de  peidir,  y  no  exigirse.  Lo 
hubiera  podido  concéder  à  Tuestros  ruegos;  p^o  lo  niego  à 
vuestras  amenazas. 

Pues  rifiamos,  dijo  él  atando  el  caballo  à  un  ârbol,  porque 
es  indecoroso  à  una  persona  de  mi  esfera  bajarse  é  suplicar  à  un 
hombre  de  la  vuestra  ;  y  aun  la  mayor  parte  de  mis  iguales  pues- 
tos  en  mi  lugar  se  Tengarian  de  vos  de  un  modo  ménos  hon- 
roso.  Ofendiéronme  mucho  estas  ultimas  palabras ,  y  viendo  que 
él  habia  sacado  la  espada ,  saqué  yo  tambien  la  mia.  Reflfimos 
con  tanto  empefto  que  duré  poco  el  combate.  Sea  que  le  cegase 
su  demasiado  ardor,  ô  sea  que  yo  fuese  mas  diestro  que  él ,  le 
dl  desde  luego  una  estocada  mortal ,  que  le  hico  prônero  titu- 


UBRO  CUARTO.  223 


bear,  y  despoes  caer  en  tierra.  Ëntônces  no  penrt  mas  que  en 
ponerme  en  salyo ,  y  montando  en  sa  propio  caballo ,  tome  el 
camino  de  Toledo.  No  volvi  à  casa  del  baron  de  Steinbacb ,  pa- 
reciéndome  que  la  rehcion  de  mi  lance  solo  sen^iria  para  afligirle, 
y  coando  consideraba  el  peligro  en  que  me  hallaba,  veia  que  no 
debia  perder  un  momento  en  alejanne  de  Madrid. 

Poseido  enteramente  de  amarguisimas  reflexiones  andure  toda 
hnoche  y  la  maûana  del  dia  siguiente;  pero  à  eso  del  medio 
dia  me  yi  precisado  à  detenerme  para  que  el  caballo  descansara, 
Y  se  mitigase  el  calor>  que  cada  instante  era  mas  inagaantable. 
Det&Teme,  pues,  en  una  aldea  hasta  puesto  el  sol,  y  continué 
loego  mi  camino  con  ànimo  de  no  apearme  hasta  estar  en  To- 
ledo. Me  hallaba  ya  dos  léguas  mas  aUà  de  Ulescas  cuando  é  eso 
de  media  noche  me  cogiô  en  campo  raso  una  fiiriosa  tempestad» 
semejante  à  la  que  acaba  de  sobrecogemos.  Lleguème  é  las  ta- 
pias  de  un  jardin  que  yl  à  pocos  pasos  de  mi  ;  y  no  hallando 
abrigo  mas  comodo ,  me  arrime  con  mi  caballo  lo  mejor  que 
pade  à  una  puerta  pequefta  de  una  estancia  que  estaba  casi  en 
un  éngulo  de  la  misma  cerca,  sobre  la  cual  habia  un  balcon. 
Apoyàndome  en  la  puerta  vi  que  no  la  habian  co'rado ,  y  dis-* 
curri  que  este  habria  sido  culpa  de  los  criados.  Me  apeé ,  y  no  tanto 
por  curiosidad ,  como  por  resguardarme  mas  del  agua ,  que  no  de« 
jabade  incomodarme  mucho  debajo  del  balcon,  me  entré  en  aquella 
habitadon  baja ,  juntamente  cou  el  caballo,  tiràndole  por  la  brida. 
Dunuite  la  tempestad  procuré  reconooer  aquel  sitio  ;  y  aunque 
S0I9  podia  registrarle  Â  fayor  de  los  relémpagos ,  juagué  era  una 
qninta  de  alguna  persona  opulenta.  Estaba  aguardando  por  ins-> 
taotes  que  oesase  la  tempestad  para  seguir  mi  camino  ;  pero  ba- 
biendo  yisto  &  lo  léjos  una  gran  luz ,  mudé  de  parecer.  Bejé 
resgnardado  el  cabidlo  en  aquella  pieza,  cuidando  de  cerrar  la 
paerta,  y  fiiime  acercando  hàciala  luz ,  presumiendo  que  estaban 
todavia  levantados  en  la  casa,  para  suplicarles  me  diesen  abrigo 
por  aquella  noche.  Despues  de  haber  atravesado  algunos  corre- 
dores,  me  halle  en  una  sala,  cuya  puerta  estaba  ignafanente 
abterta.  Entré  en  ella,  y  viendo  su  suntuosidad  à  beneficio  de 
ma  magnifica  araâa  con  varias  bugias ,  ya  no  me  quedô  duda  de 
qoe  aquella  casa  de  campo  era  de  algun  gran  personage.  £1  pa-» 
vimento  era  de  màrmol,  el  friso  pintado  y  dorado  con  arte,  la 
<^rnisa  primorosamente  trabsyada ,  y  el  techo  me  pareciô  obra 
de  los  mas  diestros  pintores;  pero  lo  que  mas  me  Uevô  la  aten- 
cion  foé  una  mnltîtud  de  bustos  de  heroes  espaAoles ,  puestos 
*obre  beilisimos  pedestales  de  mérmol  jaspeado ,  que  adomaban 
'tt  paredes  del  salon.  Tuye  bastante  cnidado  para  «iterarme  de 
^as  estas  cosas ,  porque  habîendo  aplicado  de  coando  en  cuando 
^  oido  para  ver  si  sentia  rumor,  no  llegué  à  pereibir  ninguno, 
^^  à  ver  persona  alguna. 


224  GIL  BLAS. 

A  un  lado  del  ttlon  habia  una  paerta  entornada  ;  la  entreabri, 
y  noté  ana  crojia  de  cuaitos ,  en  el  ultimo  de  los  oudes  habia  Inz. 
Consulté  conmigo  mismo  lo  que  debia  hacer,  si  yolverme  por 
donde  babia  yenido ,  6  animarme  à  penetrar  hastt  aquel  cuarto. 
La  prudencia  dictaba  que  el  paitido  mas  acertado  era  el  de  re- 
tirarme  ;  pero  pndo  mas  en  mi  la  curiosidad  que  la  prudencia ,  Ô, 
por  mejor  decir ,  file  mas  poderosa  la  fuerza  del  destino  que  me 
arrastraba.  Ueyé,  pues,  mi  empe&o  adelante,  y  atrayeaando 
todas  las  piezas  lleguë  é  la  ultima ,  donde  ardia  sObre  una  mesa 
de  màrmol  una  bugia  puesta  en  un  candelero  de  plata  sobredorada. 
Besde  luego  conoci  que  era  un  cuarto  de  yerano ,  alhajado  con 
singular  gusto  y  riqueza  ;  pero  yolyiendo  presto  los  ojos  hàcia  una 
cama ,  cuyas  cortinas  estsJMm  entreabiertas  à  causa  del  calor ,  yi 
un  objeto  que  me  robô  toda  la  atencion.  Era  una  jôyen  que,  à 
pesar  del  estruendo  payoroso  de  los  truenos,  dormia  profiinda- 
mente.  Acerquéme  à  ella  con  el  mayor  silencio,  y  i  Cayor  de  la  luz 
de  la  bugia,  descubri  una  tez  tan  delicada  y  un  rostro  tan  hermoso, 
que  yerdaderamente  me  encant&ron.  Al  yerla,  toda  mi  màquina 
se  conmoyiô  :  me  senti  enteramente  enagenado  ;  pero  por  mas 
agitado  que  me  tuyiesen  mis  impulsos ,  el  concepto  que  hioe  de  la 
nobleza  de  su  sangre  me  impidiô  formar  ningun  pensamiento  te- 
merario ,  pudiendo  mas  el  respeto  que  la  pasion.  Uiéntras  estaba 
yo  embelesado  en  contemplarla ,  se  despertô. 

F&cil  es  de  imaginar  cuanto  la  sobresaltaria  el  yer  i  un  hombre 
desconocido  à  media  noche  en  su  cuarto  >  y  al  piè  de  su  misma 
cama.  Toda  asustada  y  estremecida  diô  un  gran  grito.  Hice  cuanto 
pude  para  acpiietarla;  hinqué  una  rodilla  en  tierra,  y  Deno  de 
respeto  le  dije  :  No  temais,  seftora,  que  yo  no  he  entrado  aqui 
cou  ànimo  de  ofénderos.  Iba  é  proseguir  ;  pero  ella ,  atemorizada, 
no  tuyo  siquiera  libertad  para  escucharme.  Comenzô  à  llamar  i 
grandes  yoces  à  sus  criadas ,  y  como  ninguna  le  respondiese ,  co- 
gi6  à  toda  priesa  una  bâta  ligera  que  estaba  al  pié  de  la  cama ,  cu- 
briôse  con  eDa,  saltô  acelerada  al  suelo,  agarrô  la  bugia,  y  atrayes6 
corriendo  toda  la  crujia  de  cuartos ,  Damando  sin  césar  à  sus  don- 
cellas ,  y  &  una  hermana  suya  menor  ^  que  y iyia  en  la  misma  quinta, 
bajo  de  su  custodia.  Por  momentos  estaba  yo  temiendo  yer  sobre 
mi  toda  la  £amilia ,  y  que  sin  merecerlo  ni  oirme  me  tratasen  mal  ; 
pero  quiso  mi  fortuna  cpie,  por  mas  gritos  que  dîô,  nadie  pa- 
reciô  sino  un  criado  yiejo ,  que  de  poco  le  bubiera  seryido  si  sjgo 
tuyiera  que  temer.  No  obstante ,  con  la  presencia  del  buen  yiejo 
alenténdose  algun  tanto ,  me  preguntô  con  altiyez  quien  era  yo , 
por  donde  y  à  que  fin  habia  tenido  atreyimiento  para  mçterme  en 
su  casa.  Comenzë  à  justificarme  ;  pero  apénas  le  dije  que  habia 
entrado  por  la  puerta  del  cuarto  del  jardin ,  que  habia  hallado 
abierta,  cuando  exclamé  al  instante  didendo  :  i  Justo  delo ,  y  que 
sospechas  me  yienen  ahora  al  pensamiento  ! 


LIBRO  CUARTO.  225 

En  esto  va  con  la  luz  à  registrar  todos  los  cuartos  de  la  quinta , 
y  no  encaentra  à  ninguna  de  sas  criadas ,  ni  é  su  hermana  ;  entes 
si  ye  que  estas  se  habian  Uevado  cada  una  sus  ropas.  Pareciën- 
dole  que  se  habian  yerificado  sobradamente  sus  sospechas ,  se 
Yokiô  adonde  yo  habia  quedado ,  y  articulando  mal  las  palabras 
con  la  côlera  :  Infome,  me  dijo,  no  afladas  la  mentira  é  la  traiciop. 
No  te  ha  traido  é  esta  quinta  lacasualidad ,  ni  has  entrado  en  ella 
por  el  motiyo  que  finges.  Tu  ères  de  la  comitivade  don  Fernando 
de  Leiya,  y  complice  en  su  delito  ;  pero  no  espères  huir  de  mi 
Tenganza ,  pues  tengo  aun  bastante  gente  en  casa  que  te  prenda. 
Seflora ,  le  dije ,  no  me  confundais ,  os  ruego ,  con  yuestros  ene- 
mîgos.  Ni  conozco  à  don  Fernando  de  Leiya,  ni  se  todavia 
quien  sois  y  os.  Yo  soy  un  desgraciado ,  à  quien  cierto  lance  de  ho- 
nor ha  obligado  à  ausentarse  de  Madrid  ;  y  os  juro,  por  cuanto  hay 
de  mas  sagrado,  que,  i  no  haberme  precisado  à  ello  la  tempestad, 
no  hubiera  entrado  en  yuestra  quinta.  Dignaos ,  seflora ,  formar 
mejor  concepto  de  mi.  En  yez  de  suponerme  complice  en  ese  de- 
lito que  tanto  os  ofende ,  yivid  persuadida  de  que  estoy  pronti- 
simo  à  yengaros.  Estas  ultimas  palabras,  que  pronuncié  con  ardor 
y  yiyeza,  la  tranquflizâron  de  modo  que  desde  aquel  punto 
mostrô  no  mirarme  ya  como  à  enemigo.  Cesô  en  el  mismo  mo- 
mento  su  enojo ,  pero  entrô  à  ocupar  su  lugar  el  mas  acerbo 
dolor.  Comenzô  à  Uorar  amargamente  ;  y  sus  légrimas  me  enter- 
nedéron  de  manera  que  no  me  senti  mënos  afligido  que  ella ,  aun 
cuando  ignoraba  la  causa  de  su  pena.  No  me  contenté  con  acom- 
paikarla  en  el  llanto,  sino  que,  deseoso  de  yengar  su  afrenta,  me 
entrô  una  especie  de  furor.  Seikora ,  exclamé ,  entre  lastimado  y 
colërico ,  ^  quien  ha  tenido  atrevimiento  para  ultrajaros?  ^y  que 
especie  de  ultraje  ha  sido  el  yuestro?  Hablad,  seflora,  porque 
^nestras  ofensas  ya  son  mias.  i  Quereis  que  busqué  à  don  Fernando, 
y  que  le  atrayiese  de  parte  à  parte  cl  corazon  !  Nombradme  todos 
aquellos  que  quereis  os  sacrifique  ;  mandad ,  y  seréis  obedecida. 
Cueste  lo  que  costare  yuestra  y enganza ,  este  desconocido ,  à  quien 
babeis  mirado  como  enemigo ,  se  expondrà  por  amor  de  yos  i 
cualquier  riesgo. 

Quedôse  suspensa  aquella  seflora  à  y  ista  de  un  arrebato  tan  ines- 
perado ,  y  enjugando  sus  légrûnas ,  me  dijo  :  Perdonad ,  seflor , 
mi  temeraria  sospecha  à  la  infeliz  situation  en  que  me  hallo. 
Vuestros  generosos  sentimientos  han  desengaflado  à  la  desgra- 
cîada  Serafina ,  y  me  quitan  ademas  hasta  el  natural  rubor  que 
me  causa  el  que  un  extraflosea  testigo  de  una  afrenta  hecha  é  mî 
noble  s«ngre.  Si ,  generoso  desconocido ,  reconozco  mi  error ,  y 
admito  yuestras  ofertas  ;  pero  no  quiero  la  muerte  de  don  Fer- 
nando. Bien  esté ,  seflora ,  répliqué;  4 pero  en  que  deseais  que  os 
sirya  ?  Seflor ,  respondiô  Serafina ,  el  motiyo  de  mi  pesar  es  el  si- 
guiente  :  don  Fernando  de  Leiya  se  enamorô  de  mi  hermana 

45 


aaS  GIL  BLAS. 

Julia,  é  quien  viô  en  Toledo,  donde  yivimos  de  ordinario.  Pi- 
diôsela  A  mi  padre ,  que  es  el  conde  de  Polan ,  quien  se  la  negô 
por  antigoa  enemistad  que  hay  entre  las  dos  casas.  Mi  hermana , 
que  apénas  tiene  quince  aik>s ,  se  habri  de] ado  engaftar  de  mis 
criadas ,  sin  duda  ganadas  por  don  Fernando ,  y  noticioso  este 
de  que  las  dos  hermanas  estabamos  en  esta  casa  de  campo ,  habrà 
aproyechado  la  ocasion  para  robarà  la  mal  aconsejada  Julia.  Yo 
solo  quisiera  saber  en  que  parte  la  ha  depositado ,  para  que  mi 
padre  y  mi  hermano ,  que  ha  dos  meses  estAn  en  Madrid  »  tomen 
sus  medidas.  Suplicoos ,  pues ,  seAor ,  que  os  tomeis  el  trabajo  de 
recorrer  los  contomos  de  Toledo ,  y  de  averiguar ,  si  fnese  po- 
sible,  adonde  ha  ido  à  parar  aquella  pobre  muchacha  ;  diligencia 
é  que  os  quedarA  tan  obligadacomo  agradecida  toda  mi  fomilia. 

No  tenia  présente  aquella  seAora  que  el  encargo  que  me  daba 
no  conyenia  à  un  hombre  é  quien  importaba  tanto  salir  cuanto 
entes  de  los  tërminos  y  jurisdiccion  de  Castilla.  i  Pero  que  mucho 
no  hidese  ella  esta  reflexion  cuando  ni  yo  mismo  la  hice?  Soma- 
mente  gozoso  de  la  fortuna  de  yerme  en  ocasion  de  servir  à  una 
persona  tan  amable ,  admiti  gustoso  la  comision ,  ofreciendo  des- 
empeftarla  con  el  mayor  zelo  y  diligencia.  Con  efecto ,  no  espéré 
i  que  amaneciese  para  ir  à  cumplir  lo  prometido.  Dejé  al  punto  é 
Serafina ,  suplicândole  me  perdonase  el  susto  que  inocentemente 
le  habia  dado ,  y  aseguràndole  que  presto  sabria  de  mi.  Salime , 
pues,  por  donde  habia  entrado  en  laquinta,  pero  con  el  énimo 
tan  ocupado  siempre  en  aquella  seAora,  que  fïcilmente  adverti 
estaba  del  todo  prendado  de  ella  ;  y  nada  me  lo  hizo  conocer  mejor 
que  la  inquietud  é  impaciencta  con  que  me  apresuraba  d  compla- 
cerla ,  y  las  amorosas  quimeras  que  yo  mismo  me  forjaba  en  la 
imaginacion.  Pareciame  que  Serafina ,  aun  en  medio  de  su  senti- 
miento,  habia  echado  bien  de  ver  los  primeros  fuegos  de  mi  amor, 
y  que  no  le  habia  quizà  desagradado.  Lisonje&bame  de  que ,  si  lo- 
^aba  averiguar  lo  que  tanto  deseaba ,  séria  mia  toda  la  gloria. 

Al  llegar  aqui  cortô  don  Alfonso  el  hilo  de  su  historia ,  y  dijo 
al  ermitaflo  :  Perdonadme ,  padre ,  si ,  poseido  de  mi  pasion ,  me 
detengo  en  menudencias ,  que  tal  vez  os  fastidiarén.  No ,  hijo , 
respondiô  el  anacoreta ,  de  ningun  modo  me  cansan  ;  antes  bien 
deseo  saber  hasta  donde  llegô  el  amor  que  te  inspirù  dofia  Se- 
rafina para  arreglar  mis  consejos  con  mayor  conocimiento. 

Ëncendida  la  fontasia  con  tan  lisonjeras  imàgenes,  prosiguiô  el 
caballerito ,  busqué  inùtihnente  por  espacio  de  dos  dias  al  ro- 
bador  de  Julia;  y  frustradas todas  las  diligencias,  no  pude  des-- 
cubrir  el  menor  rastro  deél.  Desconsoladisimo  de  ver  inutilizados 
mis  pasos  y  desvelos ,  volvi  à  la  presencia  de  Serafina ,  A  quien 
discurria  hallar  en  el  estado  mas  inquieto  y  desgraciado  del  mundo  ; 
pero  la  encontre  mas  tranquila  de  lo  que  yo  pensaba.  Dijome  que 
habia  sido  mas  venturosa  que  yo,  pues  ya  sabia  donde  se  hallaba 


LIBRO  CUARTO.  227 

sa  hermana:  que  habia  recibido  una  carta  de  don  Feroando,  en 
que  le  decia  que  despues  de  haberse  casado  de  secreto  con  Julia 
la  habia  depositado  en  un  convenu)  de  Toledo.  Envié  su  carta  é 
mi  padre ,  prosiguiô  Serafina ,  no  sin  esperanza  de  que  la  cosa 
acabe  bien ,  y  que  un  solemne  matrimonio  sea  el  iris  de  paz  que 
dé  fin  à  la  inveterada  discordia  de  las  dos  casas* 

Luego  cpie  me  informô  del  paradero  de  su  hermana ,  me  hablô 
del  trabajo  que  me  habia  ocasionado ,  y  sobre  todo ,  aûadiô  ella 
misma,  los  peligros  à  que  os  expuso  mi  imprudencia  en  seguir 
a  un  robador ,  sio  acordanne  de  que  me  habiais  confiado  que 
aadabats  fo^bivo  por  cierto  lance  de  honor  ;  de  lo  cual  me  pidiô 
mfl  perdones  en  los  términos  mas  atentos.  Conociendo  que  estaba 
t&ko  de  reposo,  me  condujo  à  la  sala,  donde  los  dos  nos  sen- 
tamos.  Estaba  vestida  con  una  bata  de  tafetan  bianco ,  con  listas 
negras ,  y  cubria  su  cabeza  un  sombrerillo  de  los  mismos  colores 
que  la  bata,  guarnecido  con  un  airoso  plumage  negro,  lo  que  me 
hizo  juzgar  que  podia  ser  viuda,  aunque  por  otra  parte  parecia 
de  tan  pocos  afios ,  que  no  sabia  yo  que  discurrir. 

Si  era  grande  mi  deseo  de  saber  quien  ella  era,  no  era  ménos 
viva  su  curiosidad  de  saber  lo  mismo  de  mi.  Pregnntôme  mi 
nombre  y  apellido,  no  dudando,  dijo,  à  vista  de  mi  noble  aire, 
y  aun  mas  de  la  generosa  piedad  que  me  habia  hecho  abrai^ar 
con  tanto  empeflo  sus  intereses ,  la  nobleza  de  mi  nacimiento^ 
Dejéme  perplejo  la  pregunta  :  encendiôseme  el  rostro  :  me  turbé; 
yconfieso  que,  teniendo  ménos  rubor  en  mentir  que  en  decir  la 
verdad ,  respondi  que  era  hijo  del  baron  de  Steinbach ,  oficial 
de  la  guardia  alemana.  Decidme  tambien,  replicô  ^  dama ,  por- 
que  habeis  salido  de  Madrid  ;  pues  desde  luego  ps  puedo  ofrecer 
todo  el  valimiento  y  los  buenos  oficios  de  mi  padre  y  de  mi  her- 
mano  don  Gaspar.  Esto  es  lo  ménos  que  puede  hacer  mi  agra-r 
decimiento  con  un  caballero  que  por  servnrme  desprecio  su  propia 
?ida.  Ninguna  dificultad  tuve  en  referirle  por  menor  todas  las 
circunstancias  de  nuestro  desafio.  Ella  misma  echo  toda  la  culpa 
al  caballero  que  me  habia  injuriado,  y  me  vol  vie  â  ofrecer  que 
interesaria  à  su  fomilia  en  mi  favor. 

Habiendo  yo  satisfecho  su  curiosidad ,  me  animé  à  suplicarle 
contentase  la  mia,  y  le  pregunté  si  era  ô  no  libre.  Très  afios  ha , 
respondiô ,  que  mi  padre  me  obligô  à  casarme  con  don  Diego  de 
Lara,  y  quince  meses  que  estoy  vinda.  ^Pues  que  desgracia,  seftora, 
le  pregunté,  fué  la  que  tan  presto  os  privô  de  vuestro  esposo? 
Voy,  seAor,  à  responderos,  repuso  ella,  y  corresponder  à  la 
con&mza  &  que  me  confieso  deudora. 

Don  Diego  de  Lara  era  un  caballero  muy  bienapersonado.Amé- 
bame  ciegamente;  y  aunque  empleaba  cuanta  diligencia  puede 
^plear  el  mas  tiemo  amante  para  hacerse  agradable  al  objeto 
amado ,  y  aunque  tenia  mil  bellas  cualidades ,  nunca  pudo  gran- 


238  GIL  BLAS. 

gearse  mi  carijk).  El  amor  no  sietnpre  es  efecto  del  anhelo  ni  del 
mérito  conocido.  \  Ah  !  aftadiô  ella  sospirando  ;   muchas   veces 
nos  eautiva  à  la  primera  vista  una  persona  qne  no  conocemos. 
No  me  era  posible  amarle.  Mas  avergonzada  que  prendada  de  las 
continuas  muestras  de  su  amor ,  y  forzada  à  corresponder  à  ellas 
sin  inclinacion ,  si  me  acusaba  i  mi  misma  interiormente  de  ingra- 
titud ,  tambien  me  contemplaba  muy  digna  de  compasion.  Por 
desgracia  de  ambos  él  tenia  todavla  mas  delicadeza  que  amor. 
En  mis  acciones  y  palabras  descubria  claramente  mis  mas  ocnltos 
pensamientos.  Leia  cuanto  pasaba  en  lo  mas  intimo  de  mi  alma  ; 
quejâbase  é  cada  paso  de  mi  indiferencia  ;  y  le  era  tanto  mas  sen- 
sible el  no  poder  conquistar  mi  corazon ,  cuanto  mas  segnro  estaba 
de  que  ningun  otro  rival  se  le  disputaba ,  ne  contando  yo  apènas 
diez  y  seis  aAos ,  y  habiendo  sabido ,  antes  de  ofrecerme  su  mano , 
por  mis  criadas ,  todas  parciales  suyas ,  que  ningun  hombre  se  le 
habia  anticipado  é  llevarse  mi  atencion.  Si ,  Serafina ,  me  decia 
muchas  veces ,  me  alegraria  mucho  de  que  estuvieses  encapri— 
chada  é  fevor  de  otro ,  y  de  que  esta  fuese  la  ùnica  causa  dc  la 
frialdad  con  que  me  miras.  Esperaria  entônces  que  tu  virtnd  y  mi 
constancia  triunfarian  al  cabo  de  esa  tibieza  ;  pero  ya  desespero 
de  veneer  un  corazon ,  que  no  se  ha  rendido  à  tantos  y  tan  convin- 
centes  testimonios  de  mi  extremado  amor.  Cansada  de  oirie  repetir 
tantas  veces  la  misma  queja ,  le  dije  un  dia  que ,  en  vez  de  turbar  su 
reposo  y  el  nlio  mostrando  tanta  delicadeza ,  haria  mejor  en  de~ 
jarlo  todo  en  manos  del  tiempo.  Con  efecto ,  yo  me  hallaba  en- 
tônces en  una  edad  poco  capaz  de  sentir  los  vivos  impulsos  de 
ana  pasion  tan  fogosa;  y  este  era  el  prudente  partido  que  don 
INego  debiera  haber  abrazado.  Pero  viendo  que  se  habia  pasado 
un  aflo  entero  sin  haber  adelantado  mas  que  el  primer  dia ,  per^ 
diô  la  paciencia ,  à  por  mejor  decir  el  juicio ,  y  fingiendo  que  le 
llamaba  à  la  corte  no  se  que  négocie  de  importancia ,  marchô  à 
los  Paises  Bajos  à  servir  en  calidad  de  voluntario ,  y  encontre  lo 
que  deseaba  en  los  peligros  en  que  se  metia ,  es  decir ,  el  fin  de 
la  vida  y  el  de  sus  pesares. 

Concluida  esta  relacion ,  todo  el  reste  de  la  conversacion  que 
tuvimos  SeraBna  y  yo  fué  acerca  del  singular  caràcter  de  su  ma- 
rido.  Interrumpiô  nuestra  conferencia  un  correo  que  llegô  en 
aquel  mismo  punto ,  el  cual  puso  en  manos  de  Serafina  una  carta 
del  conde  de  Polan.  Pidiôme  licencia  para  abrirla ,  y  observé 
que  conforme  la  iba  leyendo  se  iba  poniendo  pàlida  y  trémnla. 
Luego  que  la  acabô  de  leer^  alzô  los  ojos  al  cielo,  diô  un  gran 
suspire ,  y  empezô  à  correr  per  su  rostre  untorrente  de  lâgrimas. 
No  siendo  posible  que  yo  viese  con  serenidad  su  pena ,  me  tnrbè, 
y  come  si  hubieraya  presentido  el  terrible  golpe  que  iba  à  llevar  ^ 
me  cogiô  un  mortal  terrer  que  me  helô  toda  la  sangre.  Seâora , 
le  dije  con  voz  desfallecida,  ^  sera  licite  saber  de  vos  que  funestas 


UBRO  CUARTO.  229 

noticias  os  anancia  esa  carta  ?  Tomadia ,  seftor ,  me  respondiô^ 
tristemente ,  y  leed  vos  mismo  lo  que  mi  padre  me  escribe.  ]  Ay. 
demi!  que  su  contenidoos  mteresademasiado. 

Estremecime  al  oir  estas  palabras  ,  tome  temblando  la  carta, 
y  vi  que  decia  lo  siguiente  :  Tu  hermano  don  Gaspar  iuvo  oyer  un 
desafiO  en  el  Prado.  Rectbiô  en  él  una  eslocada  ;  de  la  cual  ha  muerto 
hoij ,  declarando  al  morir  que  elcabaUero  que  le  maté  fué  el  hijo  del 
baron  de  Slembach ,  oficial  de  la  guardiaalemana.  Para  mayor  disgra- 
cia et  matador  escape  sm  saberse  donde  se  ha  escondido;  pero  aunque 
lo  esté  en  las  entranas  de  la  iierra ,  se  hardn  todas  las  diligencias  posi- 
bUs  para  hallarle.  Hoy  se  despachan  reqtàsUorias  à  varias  ju^Hdas , 
que  no  dejardn  de  arrestarle ,  como  ponga  los  pies  en  algun  lugar  de 
iu  jurisdiccion  ;  y  voy  tambien  d  pracilcar  olros  medios  oportunos  para . 
cerrarletodos  loscaminos,  El  gonde  de  Pol  an. 

FiguraoseltrastornoquelalecturadeestacartacausariaenmiâBÎ- 
mo.  Quedèinmô'vil  algunos  instantes,  sia  espiritu  ni  fuerza  para 
hablar.  En  medio  de  aquel  desmayo  y  desaliento  se  me  représenté 
con  la  mayor  yiveza  todo  lo  que  la  mnerte  de  don.  Caspar  tenia 
de  cmel  para  mi  amor.  Al  memento  caigo  en  unafiiriosa  deses- 
peracion.  Arrojéme  i  los  pies  de  Serafina ,  y  presenténdole  la 
espada  desnuda  :  Seiknra ,  le  dije ,  excusad  al  conde  de  Polan 
la  molesta  fatiga  de  buscar  à  un  hombre  que  podria  burlar  sus 
mas  aaivas  diligcncias.  Vengad  tos  misma  à  vuestro  hermano , 
sacrificadle  por  vuestra  bella  mano  su  homicida.  ^Qué  os  dete- 
neis?descargad  el  golpe,  y  sea  fttal  à  su  enemigo  el  mismo 
acero  que  à  èl  le  quitô  la  Yida.  Seflor ,  respondié  Serafina,  enter- 
necida  algun  tanto  de  yer  mi  accion ,  yoqueria  à  don  Caspar ,  y 
aunque  tos  le  matisteis  como  caballero ,  y  él  mismo  fuè  à  buscar 
sn  desgracia ,  al  fin  soy  su  hermana ,  y  no  puedo  ménos  de  tomar  su 
partido.Si ,  don  Alfonso ,  ya  soy  enemiga  vuestra ,  y  harë  contra 
^os  todo  lo  que  la  sangre  y  el  carifto  pneden  pretender  de  mi  ;  pero 
no  abusaré  de  yuestra  adyersa  fortuna.  En  vano  ha  dispuesto  en- 
tregaros  en  manos  de  mi  yenganza ,  pues  si  el  honor  me  arma  con- 
tra vos,  èl  mismo  me  prohibe  vengarme  ruinmente.  Las  leyes  de  - 
la  hospitalidad  deben  ser  inaltérables  :  segun  ellas  no  puedo  cor- 
responder  con  un  y\\  asesinato  al  generoso  servicio  que  me  habei». 
hecho.  Huid,  escapad,  y  burlad ,  si  pudiereis,  nuestrasmas  y  iras 
pesquisas;  poneos  é  cubierto  del  rigor  de  las  leyes ,  y  libraos  del 
inminente  peligro  que  os  amenaza. 

Paes  que,  seâora,  le  répliqué  :  estando  en  yuestra  mano  la 
venganza,  ^la  dejais-à  larseyeridad  de  las  leyes,  que  pueden 
quedar  desairadas?  f  Ab,  seftora!  atrayesad  y  os  misma  con  esta 
espada  el  pecho  de  un  malyado ,  que  yerdaderamente  no  merece 
le  perdoneis.  No ,  seflora ,  no  useis  de  un  procéder  tan  noble  y 
tan  generoso  con  un  hombre  como  yo.  i  Sabeis  quien  soy?  Aun- 
que todo  Madrid  me  tiene  por  hijo  del  baron  de  Steinbach ,  na 


230  GIL  BLAS. 

soy  mas  que  an  desgraciado  à  quien  ha  criado  en  su  casa  por 
caridad.  Yo  mismo  ignoro  A  quienes  debo  el  ser.  No  importa 
eso  y  interrompiô  Serafina  precipitadamente ,  como  si  la  hubieran 
causado  nneva  pena  mis^  ultimas  palabras  :  annqne  fuarais  tos  el 
hombre  mas  vil  del  mundo  »  haria  siempre  lo  que  me  dicta  mi 
honor.  Bien  esté ,  seilora,  répliqué  :  ya  que  la  muerte  de  un  her- 
mano  no  ha  bastado  é  persuadiros  que  derrameis  mi  sangre , 
▼oy  é  cometer  otro  delito  haciëndoos  una  ofensa,  que  tengo  per 
cierto  no  me  la  perdonaréis  :  sabed ,  seftora ,  que  os  adoro  : 
que  desde  el  mismo  punto  en  que  yi  vuestra  hermosura  qaedé 
hechizado  ;  y  que ,  à  pesar  de  la  oscuridad  de  mi  nacimiento , 
no  perdia  la  esperanza  de  poseeros.  Estaba  tan  ciegamente  ena- 
morado ,  6  por  mejor  decir  Uegaba  à  un  punto  mi  yanldad ,  que 
me  lisonjeaba  de  que  algun  dia  descubriria  el  cielo  mi  origen , 
y  que  este  séria  tal ,  que  sin  rergûenza  podria  manifestaros  mi 
nombre.  Despues  de  una  declaracion  que  tanto  os  ultraja,  ^serà 
posible  que  todavia  no  os  résolvais  à  castigarme? 

Esa  temeraria  declaracion ,  replied  la  dama ,  en  otro  tiempo 
sin  duda  me  ofenderia ,  pero  la  perdono  é  la  turbacion  en  que 
OS  veo  ;  fuera  de  que  ni  la  situacion  en  que  yo  misma  me  hallo 
me  permite  dar  oidos  à  las  expresiones  que  proferis.  Yuelvo  à 
deciros  »  don  Alfonso  »  aûadiô  derramando  algunas  Ugrimas,  que 
partais  luego  de  aqui ,  y  os  alejeis  de  una  casa  que  estais  Il^iando 
de  dolor  :  cada  instante  que  os  deteneis  aumenta  mis  penas.  Ya 
no  resistOy  seAora,  répliqué  levantandome,  voy  A  alejarme  de 
vos;  pero  no  penseis  que,  cuidadoso  de  conservar  una  vida  que 
OS  es  odiosa ,  vaya  à  buscar  un  asilo  para  defenderla.  No ,  no , 
yo  mismo  quiero  voluntariamente  sacrificarme  a  vuestro  dolor. 
Parto  é  Toledo ,  donde  esperaré  con  impaciencia  la  suerte  que 
vos  me  préparais  :  y  entregàndome  à  vuestras  persecuciones , 
anticîparé  yo  mismo  de  este  modo  el  fin  de  todas  mis  desdichas. 

Retiréme  al  decir  esto.  Diéronme  mi  caballo  ,  y  parti  en  dere- 
chura  A  Toledo,  donde  me  detuve  de  intento  ocho  dias,  con  tan 
poco  cilidado  de  ocultarme ,  que  verdaderamente  no  se  como  no 
me  prendiéron  ;  porque  no  puedo  créer  que  el  conde  de  Polan , 
tan  empefiado  en  tomarme  todos  los  caminos,  se  olvidase  de 
cerrarme  el  de  Toledo.  En  fin,  ayer  sali  de  aquel  pueblo,  donde 
se  me  hacia  intolerable  mi  propia  libertad  ;  y  sin  fijarme  ni  aun 
proponerme  destino  ninguno  determinado ,  Uegué  A  esta  ermita 
con  tanui  serenidad  como  pudiera  un  hombre  que  nada  tuviese 
que  temer.  Estos  son ,  padre  mio ,  los  cuidados  que  me  ocupan 
al  présente;  y  ruégoos  me  ayudeis  con  vuestros  consejos. 


LIBRO  CUAHTO.  231 


CAPITULO  XI. 

Quien  era  ei  Tiejo  ermitano ,  j  como  coaocio  Gil  Bias  que  se  hallaba  entre 

amigos. 

Luego  que  don  Alfonso  acabô  la  triste  reladoji  de  sus  infortu- 
nios  y  le  dijo  el  ermitaAo  :  Hijo  mto ,  mucha  imprudencia  fuë  el 
haberos  detenido  tanto  en  Toledo.  Yo  miro  con  muy  diferentes 
ojos  que  yos  todo  lo  qne  me  habeis  contado ,  y  yuestro  amor  à 
Serafina  me  parece  mia  yerdadera  locnra.  Greedme  à  mi  :  no  os 
cegueis  :  es  menester  olyidar  k  esa  jôyen ,  pues  no  esta  destinada 
para  yos.  Ceded  yoluntariamente  à  los  grandes  estorbos  que  os  des- 
yiaji  de  ella ,  y  entregaos  é  yuestra  estrella»  lacual,  segnn  todas 
las  seûales ,  os  promete  muy  distintas  ayenturas.  Sin  duda  encon- 
traréis con  alguna  bella  jôyen,  que  Ymk  en  yos  la  misma  impre- 
sion ,  sin  que  hayais  quitado  la  yida  k  ninguno  de  sus  hermanos. 

Iba  à  decirle  muchas  cosas  para  exhortarle  à  la  paciencia, 
coando  yimos  entrar  en  la  ermita  à  otro  ermitafk)  cargado  con 
Unas  alforjas  bien  Uenas.  Yenia  deCuenca,  donde  habia  recogido 
una  limosna  muy  copiosa.  Parecia  mas  mozo  que  su  compafkero  ; 
su  barba  era  roja,  espesa  y  bien  poblada.  Bien  yenido,  hermano 
Antonio ,  le  dijo  el  yiejo  anacoreta  :  ^qufr  noticias  nos  traes  de 
la  ciudad?  Bien  malas,  respondiô  el  hermano  barbirojo  :  ese 
papel  OS  las  diri  ;  y  entregôle  un  billetecerrado  en  forma  de  carta. 
Tomôle  el  yiejo ,  y  despues  de  haberle  leido  con  toda  la  aten- 
don  que  merecia  su  contenido ,  exclamé  :  { Loado  sea  Dios  ! 
Pues  se  ha  descubierto  ya  la  mecha ,  tomemos  otro  modo  de 
yiyîr.  Mudemos  de  estilo ,  prosiguiô ,  dirigiendo  la  palabra  al 
jôyen  caballero.  En  mi  teneis  un  hombre  con  quien  jnegan  como 
con  yos  los  caprichos  de  la  fortuna.  De  Guenca,  que  dista  una 
légua  de  aqui ,  me  escriben  han  informado  mal  de  mi  à  la  jus- 
ticia ,  cuyos  ministros  deben  yenir  maftana  à  prenderme  en  esta 
ermita  ;  pero  no  encontrarén  la  liebre  en  la  cama.  No  es  la  pri- 
mera yez  que  me  yeo  en  este  apuro  ;  y  gracias  à  Dios  casi  siempre 
he  sabido  librarme  con  honra  y  desembarazo.  Yoy  à  presentarme 
en  otra  nueya  figura  ;  porque  habeis  de  saber  que ,  tal  cual  me 
yeis ,  no  soy  ermitafto  ni  yiejo. 

Diciendo  y  haciendo  se  desnudô  del  saco  grosero  que  le  lle- 
gaba  hasta  los  pies  :  dejôse  yer  con  una  jaquetilla  ô  capotillo  de 
sarga  negra  con  mangas  perdidas.  Quitôse  el  capuz ,  desatô  un 
sntil  cordon  ,  que  sostenia  su  gran  barba  postiza ,  y  ofredô  a  los 
ojos  de  los  circunstantes  un  mozo  de  yeinte  y  ocho  à  treinta 
afios.  £1  hermano  Antonio ,  à  su  imitacion,  hizo  lo  mismo  :  qui- 
tôse el  hàbito  y  la  barba  eremidca ,  y  sacô  de  una  area  yieja  y 


232  GIL  BLAS. 

carcomida  una  raida  sotanilla,  con  qne  se  cobriA  lo  mejor  que  pado. 

1  Pero  quien  podrà  concebir  lo  admirado  y  atônito  que  me  quedé 
cuando  en  el  viejo  ermitaflo  reconoci  al  sefior  don  Rafael ,  y  en 
el  hermano  Antonio  à  mi  fidelisimo  criado  Ambrosio  de  Lamela? 

2  Vire  Diez  !  exclamé  al  punto ,  sin  poderme  contener,  que  estoy 
en  tierra  amiga.  Asi  es,  sefïor  Gil  Bias,  dijo  riendo  don  Rafael. 
Sin  saber  como  ni  cuando ,  te  has  encontrado  con  dos  grandes  y 
antiguos  amigos  tuyos.  Confieso  que  tienes  algun  motive  para 
estar  quejoso  de  nosotros  ;  pero  pelitos  à  la  mar,  olvidemos  lo 
pasado ,  y  demos  gracias  A  Dies  de  que  nos  ha  vuelto  à  jontar. 
Ambrosio  y  yo  os  ofrecemos  nuestros  servicios ,  que  no  son 
para  despreciarlos. Nosotros  A  ninguno  hacemos  mal,  A  ninguno 
apaleamos  ,  a  ninguno  asesinamos ,  y  solamente  queremos  yivir  à 
Costa  agena.  Agrégate  A  nosotros  dos ,  y  tendrAs  una  yida  an— 
dante ,  pero  alegre.  No  la  hay  mas  divertida  como  se  tenga  un 
poco  de  prudencia.  No  es  esto  decir  que ,  A  pesar  de  ella ,  el  en- 
cadenamiento  de  las  causas  segundas  no  sea  tal  A  ?eces  que  no 
nos  acarree  muy  pesadas  ayenturas  ;  pero,  en  cambio ,  hallamos 
las  buenas  mejores  ;  y  ya  estâmes  acostumbrados  A  la  inconstan- 
cia  de  les  tiempos  y  A  las  vicisitudes  de  la  fortuna. 

SeAor  caballero ,  prosiguiô  el  fingido  ermitafto  yolyiéndose  à 
don  Alfonso  ,  la  misma  proposicion  os  hacemos  A  vos,  que  me 
parece  no  debeis  despreciar  en  el  estado  en  que  presume  os  ha- 
liais;  porqué  ademas  de  la  precision  de  andar  siempre  fugitive  y 
escendido ,  tengo  para  mi  que  no  estais  muy  sobrado  de  dinero. 
Asi  es ,  dijo  don  Alfonso ,  y  eso  misme  es  le  que  aumenta  mi 
pesadumbre.  £a  pues ,  repuse  don  Rafael ,  buen  anime ,  no  nos 
separemos  les  cuatro  :  este  es  el  mejor  partide  que  podeis  to- 
mar.  Nada  os  faltarA  en  nuestra  compafiia ,  y  nosotros  sabrémes 
inutilizar  todas  las  pesquisas  y  requisitorias  de  yuestros  enemi- 
gos.  Hemes  corrido  teda  Espafta ,  y  sabemos  todos  sus  rincones, 
besques ,  matorrales ,  sierras  quebradas ,  cuevas  y  escondrijes , 
abrigos  segurisimos  contra  las  brutalidades  de  la  justicia.  Agra- 
deciôles  don  Alfonso  su  buena  yeluntad  ;  y  hallAndose  efectiva- 
mente  sin  dinere  y  sin  recurso ,  determine  ir  en  su  compafiia  ; 
tambien  yo  tome  igual  partide ,  per  no  dejar  A  aquel  jôyen ,  a 
quien  habia  cobrade  ya  grande  inclinacien. 

Cenyinimos ,  pues ,  todos  cuatro  en  andar  juntos  y  no  sépa- 
râmes. Tratôse  entônces  sobre  si  marchariames  en  aquel  misme 
punto ,  6  nos  dctendriamos  primero  A  dar  un  tiento  A  una  beta 
llena  de  exquisite  vine  que  el  dia  anterior  habia  traido  de 
Cuenca  el  hermano  Antonio  ;  pero  don  Rafael ,  come  mas  expe- 
rimentade ,  fué  de  parecer  que  ante  todas  cosas  se  debia  pensar 
en  ponernos  en  salve  ;  y  que  asi  era  de  sentir  que  caminasemos 
teda  la  neche  para  llegar  A  un  besque  muy  espese  que  habia 
entre  Villar  del  Saz  y  Almodovar,  dende hariames  alto,  y  libres 


UBRO  CUARTO.  233 

de  toda  zozobra  descansariamos  el  dia  siguiente.  Abrazôse  este 
pareoer,  y  los  dos  ermitaûos  acomodàron  su  ropa  y  demas  pro- 
Tisiones  en  dos  enToltorios ,  y  equilibrando  ei  peso  lo  mejor 
que  pudiéron  los  cargàron  en  el  caballo  de  don  Alfonso.  Todo 
esto  se  ejecutô  cod  la  mayor  presteza  y  diligencia,  y  al  instante 
nos  pasimos  en  camino  alejândonos  de  la  ermita ,  y  dejando  por 
herencia  à  la  justicia  los  dos  sacos  de  ermitaûos ,  las  dos  barbas 
blanca  y  roja ,  dos  tarimas ,  una  mesa  coja ,  un  area  medio  po- 
drida,  dos  siUas  de  paja  despeluzadas ,  y  la  estampa  de  san  Pa- 
comio. 

AnduTimos  toda  la  noche ,  y  cuando  estabamos  ya  muy  ren- 
didos  del  cansancio ,  al  despuntar  el  dia  descubrimos  el  bosque 
à  donde  se  encaminaban  nuestros  pasos.  La  yista  de!  puerto  alegra 
y  da  Tîgor  à  los  marineros  fatigados  de  una  larga  navegacion  : 
cobràmos  ànimo ,  y  Uegàmos  por  ultimo  al  fin  de  nuestra  carrera 
entes  de  salir  el  sol  :  penetramos  hasta  lo  interior  del  bosque , 
donde  haciendo  alto  en  un  delicioso  sitio,  nos  echàmos  sobre  la 
verde  yerba  de  un  espacioso  prado ,  rodeado  de  corpulentas  en- 
cinas ,  cuyas  frondosas  ramas ,  entretejiëndose  unas  con  otras , 
negaban  la  entrada  à  los  ray  os  del  sol.  Descargàmos  el  caballo , 
quitàjnosle  la  brida  ^  y  echàmosie  é  pacer  por  el  prado.  Sentà- 
monos ,  sacâmos  de  las  alforjas  del  hermano  Antonio  algunos 
zoquetes  de  pan ,  muchos  pedazos  de  carne  asada,  y  como  unos 
perros  hambrientos  nos  abalanzàmos  à  ellos ,  compitiendo  unos 
con  otros  en  la  presteza  y  en  la  gana  de  comer.  Con  todo  eso 
obligabamos  al  hambre  à  que  aguardase  un  poco ,  por  los  fre- 
cuentes  abrazos  que  dabamos  à  la  bota,  que  en  moyimiento  poco 
ménos  que  continuo  estaba  casi  siempre  en  el  aire ,  pasando  de 
unas  manos  à  otras. 

Acabado  el  almuerzo ,  dijo  don  Rafeiel  à  don  Alfonso  :  Caba- 
-  Hero ,  à  vista  de  la  confianza  que  vmd.  me  ba  heclio ,  justo  seré 
tambien  que  yo  cuente  la  historia  de  mi  yida  con  la  misma  since- 
ridad.  Gran  gusto  me  daréis  en  eso ,  respondiô  el  jôven.  Y  à  mi 
grandisimo ,  aûadi  yo ,  porque  tengo  ansia  de  saber  yuestras 
aventuras ,  que  no  dudo  serén  dignas  de  oirse.  Y  como  que  lo 
son ,  replicô  don  Rafael  ;  lo  han  sido  tanto ,  que  pienso  algun  dia 
escribirlas  :  con  esta  obra  hago  ànimo  de  diyertir  mi  yejez ,  por- 
que en  el  dia  todavia  soy  mozo  ,  y  quiero  aftadir  materiales  para 
aumentar  el  yolùmen.  Pero  ahora  estamos  fatigados  :  récupéré- 
monos  con  algunas  horas  de  suefto  :  miéntras  dormimos  los  très , 
Ambrosio  yelarà  y  harà  centinela  para  evitar  toda  sorpresa  ;  que 
despues  dormira  ël  y  nosotros  estarémos  de  escucha  ;  pues  aun- 
que  pienso  que  aqui  nos  hallamos  con  toda  seguridad ,  nunca 
sobra  la  precaucion.  Dicho  esto  se  tendiô  à  la  larga  sobre  la 
yerba;  don  Alfonso  hizo  lo  mismo  ;  yo  imité  â  los  dos ,  y  Lamela 
comenzô  à  hacernos  la  guardia. 


234  GIL  BLAS. 

£i  pobre  don  Alfonso ,  en  vez  de  donnir,  no  hizo  mas  que 
pensar  en  sus  desgracias.  Por  lo  que  toca  à  don  Rafoel  se  quedô 
dormido  inmediatamente  ;  pero  despertô  dentro  de  una  hora ,  y 
yiéndonos  dispuestos  à  oirle ,  dijo  à  Lamela  :  Amigo  Ambrosio , 
ahora  puedes  tù  ir  à  descansar.  No ,  no ,  respondiô  Lamela  ;  nin- 
guna  gana  tengo  de  dormir  ;  y  annqne  se  ya  todos  los  sucesos  de 
yuestra  vida ,  son  tan  instructiyos  para  las  personas  de  naestra 
profesion ,  que  tendre  especial  gusto  en  oirlos  contar  otra  yez. 
Asi  pues  y  comenzô  don  Rafael  la  historia  de  su  yida  en  los  ter- 
minos  siguientes. 


>>■>•••»•■•> 


LIBRO  QUINTO. 


CAPITULO  I. 

Historia  de  don  Rafael. 

Soy  hijo  de  una  comedianta  de  Madrid  >  famosa  por  su  habili- 
dad ,  pero  mucho  mas  por  sus  célèbres  ayenturas.  IJamébase  Lu- 
einda.  En  cuanto  à  mi  padre ,  no  puedo  sin  temeridad  asegurar 
quien  fuese.  Podia  muy  bien  decir  quien  era  el  sugeto  de  distindon 
que  cortejaba  à  mi  madré  al  tiempo  que  yo  nad ,  pero  esta  ëpoca 
no  es  prueba  conyincente  de  que  yo  le  debiese  el  ser.  Las  per- 
sonas de  la  clase  de  mi  madré  son  por  lo  comun  tan  poco  de  fiar 
en  este  punto,  que  cuando  se  mnestran  masindinadas  à  un  seftor, 
le  tienen  ya  prevenido  algun  sustituto  por  su  dinero. 

No  hay  cosa  como  no  hacer  aprecio  de  lo  que  digan  malas  len- 
guas.Mimadre,  en  yez  de  darme  à  criar  donde  ningnno  me  cono- 
ciese,  sin  hacer  misterio  alguno  me  cogîa  de  la  mano ,  y  me 
lleyaba  al  teatro  muy  francamente,  no  dàndosele  un  pito  de  lo 
mucho  que  se  hablaba  de  ella ,  ni  de  las  folsas  risitas  que  causaba 
solo  el  yerme.  En  fin ,  yo  era  su  idolo,  y  la  diyersion  de  cuantos 
Tcnian  à  casa ,  los  cuales  no  se  cansaban  de  hacerme  mil  fiestas. 
No  parecia  sino  que  en  todos  ellos  hablaba  la  sangre  à  fayor  mio. 

Dejàronme  pasar  los  doce  primeros  aûos  de  mi  yida  en  todo 
género  de  friyolos  pasatiempos.  Apënas  me  enseftàron  à  leer  y 
escribir,  y  mucho  ménos  la  doctrina  cristiana.  Solamente  aprendi 
é  cantar,  bailar  y  tocar  un  poco  la  guitarra.  À  esto  se  reducia 
todo  mi  saber  cuando  el  marques  de  Leganes  me  pidiô  para  que 
estuviese  en  compaûia  de  un  hijo  suyo  ùnico ,  poco  mas  ô  ménos 
de  mi  edad.  Consintiô  en  ello  Ludnda  con  mucho  gusto  ;  y  en- 


UBRO  QUINTO.  285 

tÔDOes  faë  el  tiempo  en  quecomenzë  â  ocuparme  en  algunacosa 
seria.  £1  tal  caballerito  estaba  tan  adelantado  como  yo ,  y  fiiera 
de  eso  no  parecia  haber  nacido  para  las  ciencias.  Apénas  conocia 
ana  letra  del  abecedario^  sin  embargo  qne  habia  quince  meses 
que  tenia  para  esto  un  preceptor.  Los  demas  maestros  sacaban 
el  mismo  fruto  de  sus  lecciones  ;  de  modo  que  à  todos  les  tenia 
apurada  la  paciencia.  Es  Tcrdad  que  â  ninguno  le  era  Ucito  cas-> 
tigarle ,  antes  bien  A  todos  les  estaba  mandado  expresamente  le 
ensefiasen  sin  mortificarle  :  ôrden  que ,  unida  à  la  mala  disposi- 
cion  del  seAorito  para  el  estudio ,  hacia  inùtil  la  enseilanza  que 
se  le  daba. 

Pero  al  maestro  de  leer  le  ocurriô  un  bello  medio  para  meter 
miedo  al  discipulo  sin  contravenir  à  la  ôrden  de  su  padre.  Este 
medio  fué  azotarme  à  mi  siempre  que  aquel  lo  merecia.  No  me 
gusto  el  tal  arbitrio,  y  asi  me  escape,  y  fui  é  quejarme  à  mi  ma- 
dré de  una  cosa  tan  injusta  ;  pero  ella ,  aunque  me  queria  mucho , 
tuTO  ralor  para  resistir  â  mis  Ugrimas;  y  considerando  lo  déco- 
roso  y  Tentajoso  que  era  para  su  hijo  el  estar  en  casa  de  un  mar- 
ques, me  Tolyiô  à  ella  inmediatamente;  y  hèteme  aqui  otra  vez 
en  poder  del  preceptor.  Como  este  habia  observado  que  su  in- 
▼encion  habia  producido  buen  efecto ,  prosiguiô  azotândome  en 
lugar  de  hacerlo  al  seâorito  ;  y  para  qiie  el  castigo  hiciese  mas 
impresion  en  ël,  me  sacudia  de  firme;  de  modo  que  estaba  se- 
guro  de  pagar  diariamente  por  el  jôven  Leganes ,  pudiendo  yo 
decir  con  toda  verdad  que  ninguna  letra  del  aliabeto  aprendiô 
el  hijo  del  marques  que  no  me  costase  à  mi  cien  azotes.  Echen 
ustedes  la  cuenta  del  numéro  é  que  ascenderian  estos. 

No  eran  solamente  los  azotes  lo  que  tenia  que  aguantar  en 
aquella  casa.  Como  toda  la  gente  de  ella  me  conocia ,  los  criados 
inferiores ,  hasta  los  mismos  marmitones ,  me  echaban  en  cara  â 
cada  paso  mi  nacimiento.  Esto  llegô  à  aburrirme  tanto ,  que  un 
dia  hui,  despues  de  haber  tenido  mafia  para  robar  al  preceptor 
todo  èl  dinero  que  tenia,  el  cual  podia  ser  como  nnos  ciento  y 
cincuenta  ducados.  Tal  fué  la  yenganza  que  tome  de  las  injustas  y 
crueles  zurras  con  que  su  merced  me  habia  favorecido,  y  creo 
que  no  podia  tomar  otra  que  le  fnera  mas  sensible.  Este  juego  de 
manosle  supe  hacercon  tanto  primor  y  sutileza,  que  aunque  fiié 
mi  primer  ensayo ,  dejé  burladas  cuantas  pesquisas  se  hiciëron 
dos  dias  para  saber  quien  habia  sido  el  raterillo.  Sali  de  Madrid 
y  Ileguè  à  Toledo ,  sin  que  ninguno  fuese  en  mi  seguimiento. 

Entraba  entônces  en  mis  quince  aflos.  ;Gran  gusto  es  hallarse 
un  hombre  en  aquella  edad  con  dinero,  sin  sujecion  à  nadie,  y 
duefio  de  si  mismo  !  Hice  presto  conocimiento  con  dos  mozuelos 
que  me  hiciéron  listo ,  y  ayudéron  à  comer  mis  cien  ducados.  Jun- 
tëme  tambien  con  cîertos  caballeros  de  la  garra ,  los  cuales  culti- 
vàron  tan  felizmeote  mis  buenas  disposiciopes  naturales ,  que  en 


236  GIL  BLAS. 

poco  tiempo  Uegnë  à  ser  uno  de  los  mas  ricos  caballeros  de  sv 
orden. 

Al  cabo  de  cinco  aftos  se  me  pnso  en  la  cabeza  el  viajar  y  ver 
tierras.Dejé  é  mis  cofrades,  y  qneriendo  dar  principioà  mîsca- 
ravanas  por  Extremadura,  me  dirigi  Â  Alcantara;  pero  antes  de 
entrar  en  el  pueblo  halle  una  bellisima  ocasion  de  ejercitar  mis 
talentos ,  y  no  la  dejé  escapar.  Cômo  caminaba  â  piè ,  y  cargado 
con  mi  mochila ,  que  no  pesaba  poco ,  me  scaitaba  à  ratos  à  des- 
cansar  à  la  sombra  de  los  àrboles  que  estaban  à  orillas  del  ca- 
mino,  Una  de  estas  reces  me  encontre  cou  dos  mozos,  àmbos 
hijos  de  gente  de  forma ,  los  cuales  estaban  en  alegre  conyersa- 
cion  al  fresco  en  un  yerde  prado.  Saludélos  con  mucha  cortesia, 
lo  que  me  pareciô  no  baberles  desagradado ,  y  con  esto  entablà- 
mos  luego  conversacion.  £1  de  mas  edad  no  llegaba  é  quince 
afios ,  y  ambos  eran  muy  sencillos.  SeAor  caminante ,  me  dijo  el 
mas  jôyen ,  nosotros  somos  hijos  de  dos  ricos  ciudadanos  de  Pla- 
sencia  :  nos  cntrô  un  gran  deseo  de  ver  el  reino  de  Portugal  »  y  para 
conteiitarlo  cada  uno  hurtô  cien  doblones  é  su  padre.  Caminamos 
é  pié  para  que  nos  dure  mas  el  dinero ,  y  podamos  asi  ver  mas 
provincias.  iQuè  le  parece  à  vmd?  Si  yo  tuviera  tanta  plata,  les 
respond! ,  Dios  sabe  à  donde  iria  à  dar  conmigo.  Recorreria  con 
ël  las  cuatro  partes  del  mundo.  ;  A  donde  vamos  &  parar  !  ;  dos- 
cientos  doblones!  £s  una  suma  de  que  nunca  se  vera  el  fin.  Silo 
teneis  à  bien ,  hijos  mios ,  aûadi ,  yo  os  acompaûarë  hasta  la  villa 
de  Almoharin,  é  donde  voy  à  recibir  la  herencia  de  un  tio  mio 
que  muriô  despues  de  haber  vivido  alli  el  espacio  de  veinte  aAos. 
Respondiéronme  los  dos  mozos  que  tendrian  el  mayor  gusto  en 
ir  en  mi  compaAia.  Con  esto ,  despues  de  haber  descansado  un 
poco  todos  très ,  marchàmos  juntos  à  Alcantara,  donde  entrâmos 
mucho  antes  de  anochecer. 

Alojàmonos  todos  en  un  meson ,  pedimos  un  cuarto ,  y  nos  dié- 
ron  uno  donde  habia  un  armario  que  se  cerraba  con  Have.  Diji- 
mos  que  se  nos  dispusiese  de  cenar,  y  mièntras  propuse  à  mis 
compafieritos  si  gustaban  que  saliésemos  à  dar  una  vuelta  por  el 
pueblo.  Agradôles  mucho  la  proposicion;  guardàmos  nuestros 
hatillos  en  el  armario,  cerràmoslos,  y  uno  de  los  dos  jôvenes 
guardo  la  Have  en  la  faltriquera.  Salimos  del  meson ,  fuimos  à  ver 
algunas  iglesias ,  y  estando  en  la  principal  »  fiugi  de  pronto  que 
me  habia  ocurrido  un  ncgocio  de  importancia ,  y  asi  dije  :  Queri- 
dos ,  ahora  me  acuerdo  de  que  un  amigo  de  Toledo  me  encargô 
dijese  de  su  parte  dos  palabras  à  un  mercader  que  vive  cerca  de 
esta  iglesia  :  esperadme  aqui,  que  voy  y  vuelvo  en  un  momento. 
Diciendo  esto  me  aparté  de  ellos.  Yuelvo  à  la  posada ,  voimc  de- 
rccho  al  armario ,  quebranto  lacerradura ,  registro  sus  mochilas , 
y  encuentro  sus  doblones.  {Pobres  nifios!  Robéselos  todos,  sin 
dejarles  siquiera  uno  para  pagar  el  piso  de  la  posada.  Hedio  esta 


LIBRO  QUINTO.  237 

sali  prontamente  del  pueblo,  y  tome  el  camino  de  Mérida,  sin 
darme  caidado  de  lo  qae  dirian  ni  harian  las  inocentes  criaturas. 

Pttsome  este  lanoe  en  estado  de  poder  caminar  con  mas  como- 
didad.  Âunque  tenia  pocos  aftos  me  sentia  capaz  de  portarmecon 
juicio,  y  puedo  decir  que  estaba  suficientemente  adelantado  para 
aquella  edad.  Determine  comprar  una  mula  ;  como  lo  bice  efecti- 
vamente  en  el  primer  lugar  donde  la  encontre.  Converti  la  mo- 
chila  en  una  maJeta,  y  empezé  à  hacerme  algo  mas  el  hombre  de 
importancia.  A  la  tercera  Jornada  encontre  en  el  camino  à  un 
hombre  que  iba  cantando  yisperas  à  grandes  yoces.  Desde  luego 
conoci  que  era  algun  sochantre.  Animo ,  le  dtje ,  seûor  bachiller , 
y  vaya  ymd.  adelante ,  que  lo  canta  de  pasmo.  Caballero ,  me  res- 
pondio ,  soy  cantor  de  una  iglesia,  y  quiero  ejercitar  la  voz. 

De  esta  manera  entràmos  en  conversaeion ,  y  no  tardé  en  cono- 
cer  que  me  haUaba  con  un  hombre  mny  divertido  y  agudo.  Ten- 
dria  como  de  yeinte  y  cuatro  à  yeinte  y  cinco  aûos ,  y  como  él  iba 
â  piè  y  yo  à  caballo ,  de  propôsito  refirenaba  la  mula  para  ir  à  su 
paso  por  el  gusto  de  oirle.  Hablàmos  entre  otras  cosas  de  Toledo. 
TeDgo  bien  conocida  aquella  ciudad  »  me  dijo  el  cantor  :  he  estado 
eu  ella  muchos  aûos ,  y  tengo  alli  algunos  amigos.  4  Y  en  que  calle 
vivia  ymd.?le  interrumpi.  En  la  calle  Nueya,  respondiô,  donde 
vivia  con  don  Vicente  de  Buenagarra  y  don  Matias  del  Cordel, 
otros  dos  6  très  honrados  caballeros.  Uabitabamos  y  comiamos 
juntos,  y  lo  pasabamos  alegremente.  Sorprendime  al  oirle  estas 
palabras,  porque  los  sugetos  quecitaba  eran  los  mismos  caballe- 
ros de  la  garra  que  en  Toledo  me  habian  recibido  en  su  nobilisimo 
ôrdeo.  Seftor  cantor ,  exclamé  entônces ,  esos  ilustrisimos  se&ores 
son  muy  conocidos  mios ,  porque  yivimos  juntos  en  la  misma 
calle  Nueya«  Ya  os  entiendo ,  me  respondiô  S(Miriéndose  ;  eso  es 
(iecir  que  entràsteis  en  la  ôrden  très  aûos  despues  que  yo  sali 
de  ella.  Dejë  la  compafiia  de  aquellos  caballeros ,  prosegui,  por- 
que se  me  puso  en  la  cabeza  el  viajar  y  yer  mundo.  Pienso  an- 
dar  toda  Espafia,  y  sîn  duda  yaldré  mas  cuando  tenga  mas 
oxp^iencia.  ;  Acertado  pensamiento!  dijo  el  cantor  :  para  perfec- 
cionar  el  ingenio  y  los  talentos  no  hay  mejor  escuela  que  la  de 
▼iqar.  Por  hi  misma  razon  dejé  yo  k  Toledo ,  aunque  nada  me 
i^ltaba  en  aquella  ciudad.  Gracias  à  Dios  que  me  ha  dado  à  cono- 
<^r  à  un  caballero  de  mi  ôrden  cuando  ménos  lo  pensaba.  Una- 
nH>no8  los  dos ,.  caminemos  juntos ,  hagamos  una  liga  ofensiva  y 
defensiva  contra  el  bolsillo  del  prôjimo,  y  aprovechemos  todas 
^  ocasiones  que  se  ofrezcan  de  mostrar  nuestra  habilidad. 

Dijome  esto  con  tanta  firanqueza  y  gracia,  que  desde  luego 
^cpté  la  proposicion.  En  el  mismo  punto  grangeô  toda  mi  con- 
fenza  y  yo  la  suya.  Abrimonos  reciprocamente  el  pecho ,  con- 
^mesu  historia,  y  yo  le  dije  mis  aventuras.  Confiôme  que  yenia 
^^  Portalegre ,  de  donde  le  habia  hecho  salir  cierto  lance  malo  • 


238  GIL  BLAS. 

grado  por  an  oontratiempo ,  obligéndole  é  ponerse  en  salvo  pre- 
cipitadamente  bajo  el  traje  de  sopista  en  que  le  vela.  Luego  que 
me  infonnô  de  todos  sus  asuntos ,  determinémos  dirigimos  à  M  é- 
rida  à  (irobar  fortuna ,  y  yer  si  podiamos  dar  alli  ongolpe  maes- 
tro ,  y  despues  marchar  é  otra  parte.  Desde  aqnel  instante  se  hi- 
ciéron  comunes  nuestros  bienes.  Es  yerdad  que  Morales ,  asi  se 
Ilamaba  mi  nuevo  compaftero  »  no  se  ballaba  en  may  brillante 
situacion.  Todo  su  haber  consistia  en  cinco  6  seîs  ducados ,  j  en 
alguna  ropa  que  llevaba  en  la  mochila  ;  pero  si  yo  estaba  macbo 
mejor  que  éi  en  dînero ,  en  récompensa  él  estaba  macho  mas 
adelantado  que  yo  en  el  arte  de  engaftar  A  los  hombres.  Monta- 
bamos  los  dos  alternatiyamente  en  la  mula,  y  de  esta  manora  lie- 
gàmos  en  fin  é  Mërida. 

Apeémonos  en  un  meson  del  arrabal  :  Morales  se  puso  otro 
yestido  que  sacô  de  su  mochila ,  y  fiiimos  a  andar  por  la  dudad 
para  descubrir  terreno,  y  yer  si  se  nos  presentaba  algan  buen 
lance.  Considerabamos  muy  atentamente  cuantos  objetos  se  ofre- 
cian  à  nuestra  vista.  Nos  pareciamos ,  como  hubiera  dicho  Ho- 
mero,  é  dos  milanos ,  que  desde  lo  mas  alto  de  las  nubes  tienen 
fijos  los  ojos  en  la  tierra ,  asechando  todos  los  rincones  por  ver 
si  atisban  algunos  poUuelos  para  lanzarse  sobre  elles.  Estabamos 
en  fin  esperando  à  que  la  casualidad  nos  trajese  é  la  m^o  alguna 
ocasion  de  ejercitar  nuestra  habilidad ,  cuando  yimos  en  la  calle 
un  caballero  bastante  canoso ,  el  cual ,  firme  con  la  espada  en  la 
mano,  se  defendia  contra  très  que  le  Ueyaban  à  mal  traer.  Cho- 
corne  infinite  la  desigualdad  del  combate  ;  y  como  soy  natural- 
mente  espadachin  acodi  corriende  con  mi  espada  à  ponerme  al 
lado  del  caballero,  cuyo  ejemplo  imité  Morales,  y  en  brève 
tiempo  pasimos  en  vergonzosa  ftiga  à  los  très  enemigos  que  tan 
villanamente  le  habian  acometido. 

Diônos  el  anciano  an  millon  de  gracias.  Respondimosle  cor- 
tesmente  que  habiamos  celebrado  en  extreme  la  dichosa  casuali- 
dad que  tan  oportunamente  nos  habia  propercionado  aquella 
ocasion  de  servirle ,  y  le  suplicàmos  nos  confiase  el  motive  que 
habian  tenide  aquelles  hombres  para  querer  asesinarle.Seâores, 
nos  respondiô,  estey  muy  agradecido  à  vucstrageneresaaocion, 
y  no  puedo  negarmeà  satisfiacer  vuestra  curiesidad.  Yo  mellamo 
Gerônime  Miajadas  ;  soy  vedne  de  esta  ciudad ,  donde  vive  de 
mi  hacienda.  Une  de  los  très  asesinos ,  de  que  ustedes  me  han 
librade ,  esté  enamorado  demi  hija,  y  me  la  pidiô  per  medio  de 
être  sugete ,  y  perque  ne  le  di  mi  censentimiento ,  vino  à  ven- 
garsede  mi  con  espada  en  mano.  ^  Y  se  podré  saber ,  le  répliqué 
yo,  per  quérazen  negô  vmd.  suhija  al  ta!  caballero?  Vôisela  â 
decir  é  vmd.,  me  respendiô.  Tenia  yo  un  hermano  comerciante 
en  esta  ciudad ,  llamade  Agustin ,  que  hace  des  meses  estaba  en 
Calatrava  alojado  en  casa  de  Juan  Vêlez  de  la  Membrilla ,  su  cor- 


LIBRO  QUINTO.  239 

responsal.  Eran  los  dos  intimos  amigos;  pidiôle  Juan  Yelez  mi 
imica  hija  Florentina  para  su  hijo ,  con  el  fin  de  estrechar  mas  y 
mas  la  union  éintereses  de  las  dos  familias.  Prometiôsela  mi  her- 
mano,  no dudando,  por  el  cariâo  que  nos  teniamos  los  dos,  que 
JO  ratificaria  su  promesa.  Asi  lo  hice ,  porque  apënas  volviô 
Agusûn  à  Mérida,  y  me  propnso  esta  boda,  cuando  consenti  en 
ella  por  darle  gusto ,  y  no  desairar  su  palabra.  Enviô  el  retrato 
de  Florentina  é  Calatraya  ;  pero  el  pobre  no  pudo  ver  el  fin  de  su 
uegociacîon  porque  se  le  llevô  Dios  très  semanas  ha.  Poco  Antes 
de  morir  me  pidiô  encarecidamente  que  no  casase  à  mi  hija  con 
otro  que  con  el  hijo  de  su  corresponsal.  Ofreciselo  asi ,  y  este 
es  el  motivo  porque  se  la  negué  al  caballero  que  acaba  de  aco- 
meterme,  aunque  era  un  partido  muy  ventajoso  para  mi  casa.  Yo 
soy  esdayo  de  mi  palabra  :  por  instantes  estoy  esperando  al  hijo 
de  Juan  Vêlez  de  la  M embrilla  para  que  sea  yerno  mio ,  aunque 
jamas  le  he  visto  à  él  ni  à  su  padre.  Perdonen  ustedes  si  les  he 
cansado  con  relacion  tan  prolija ,  lo  que  no  hubiera  hecho  à  no 
haber  querido  ustedes  mismos  saberla. 

Ëscuchéle  con  la  mayor  atencion ,  y  adoptando  el  extrafio  pen- 
samiento  que  de  repente  me  ocurriô ,  aiectè  quedar  del  todo 
asombrado.  Alzé  los  ojos  al  cielo ,  y  yoWiendome  hàcia  el  buen 
viejo ,  le  dije  en  tono  patético  :  i  Es  posible ,  seûor  Gerônimo 
MiajadaSy  qae  al  momento  de  entrar  yo  en  Mérida  haya  tenido 
la  fortuna  de  salvar  la  vida  à  mi  venerado  suegro  1  Estas  pala- 
bras causâron  en  el  viejo  grande  admiracion ,  y  no  fué  menor 
la  que  produjèron  en  Morales,  el  cual,  en  el  modo  de  mirarme, 
ne  di6  à  entender  que  yo  le  parecia  un  gran  tunante.  i  Que  es 
lo  que  me  dices?  respondiô  lleno  de  gozo  el  aturdido  yiejo. 
;Es  posible  que  tu  seas  el  hijo  del  corresponsal  de  mi  hermano? 
Si ,  sefior ,  le  respond!  con  desembarazo ,  y  abrazàndole  estre- 
chamente  prosegui  diciëndole:  Si,  seftor,  yo  soy  eldichoso  mortal 
para  quîen  esta  destinada  la  amable  Florentina  ;  pero  antes  de 
manifestaros  el  gozo  que  me  causa  la  honra  de  enlazarme  con 
Tnestra  ilustre  fomilia ,  dadme  licencia  para  que  desahogue  el 
sentimiento  que  renueya  en  mi  la  duke  memoria  del  sefior 
Agustin  yaestro  hermano  :  séria  yo  el  hombre  mas  ingrato  del 
mundo  si  no  Uorase  amargamente  la  muerte  de  aquel  à  quien 
siempre  me  confesaré  deudor  de  la  mayor  felicidad  de  mi  yida. 
Dicho  esto  yolyi  à  dar  un  abrazo  al  buen  Gerônimo,  saqué  el 
paftuelo ,  é  hice  como  que  me  enjugaba  las  làgrimas.  Morales , 
qae  desde  luego  conociô  lo  mucho  que  nos  podia  yaler  aquel 
enibuste,  quiso  tambien  ayudarme  por  su  parte.  Fingiôse  criado 
Biio,  y  comenzô  à  dar  muestras  de  mayor  sentimiento  que  el 
que  yo  habia  mostrado  por  la  muerte  del  sefior  Agustin ,  diciendo 
inny  lastimado  :  ]  Ah,  sefior  Gerônimo  !  iy  que  pèrdida  ha  hecho 
vmd.  perdiendo  à  su  querido  hermano  !  Era  un  hombre  muy  de 


240  GIL  BLAS. 

bien,  el  fénîx  de  los  comerciantes ,  un  mercader  desinteresado , 
un  mercader  de  buena  fe ,  un  mercader  de  aquellos  que  no  se 
ven  hoy. 

Tratàbamos  con  un  hombre  tan  sencillo  como  crèdalo  ,  que , 
léjos  de  sospechar  le  engaftabamos ,  él  mismo  nos  ayudaba  à 
Ilevar  adelante  nuestro  enredo.  Y  bien ,  me  preguntô  ,  ij  por- 
quë  no  viniste  derechamente  à  apearte  à  mi  casa?  ^Â  que  fin 
irte  é  meter  en  un  meson?  Entre  nosotros  ya  estân  de  mas  los 
cumplimientos.  SeAor ,  respondiô  Bloralcs ,  tomando  la  palabra 
por  mi,  mi  amo  es  algo  ceremonioso;  liene  este  defccto,  y  me 
disculparé  que  yo  se  lo  afée  :  fuera  de  que  en  cierta  manera  es 
disculpable  en  no  haberse  atrevido  à  presentarse  en  vuestra  casa 
en  el  trage  en  que  le  yeis.  Nos  ban  robado  en  el  camino ,  y  los 
ladrones  nos  dejàron  despojados  de  toda  la  ropa.  Dice  la  ver- 
dad  este  mozo,  sefior  de  Miajadas ,  le  interrumpi  yo  :  ese  es  el 
motiyo  porque  no  me  fui  en  dercchura  à  vuestra  casa.  Tenia 
yergiienza  de  presentarme  en  tan  pobre  equipage  ante  una  sefîo- 
rita  à  quien  jamas  habia  yisto  ,  y  para  hacerlo  con  la  decencia 
que  era  razon,  estaba  esperando  la  yuelta  de  un  criado  que 
he  despachado  à  Calatraya.  No  admito  la  excusa,  repuso  el 
yiejo  :  ese  accidente  no  debiô  detenerte  para  servirte  de  mi 
casa  ;  y  desde  aqui  mismo  quiero  que  vayas  à  ser  dueûo  de 
ella. 

Dicicndo  esto,  él  mismo  me  cogiô  de  la  mano  para  guiarme , 
y  por  el  camino  fuimos  hablando  del  robo,  y  dije  que  todo  ello 
me  importaba  un  bledo ,  y  que  solo  habia  sentido  me  quitasen 
el  retrato  de  mi  amada  sefiorita  Florentina.  Respondiome  el 
seftor  Ger6nimo,  sonriéndose,  que  presto  me  consolaria  de  esta 
pérdida,  porque  el  original  valia  mas  que  la  copia.  Con  efecto , 
luego  que  llegàmos  à  su  casa  hizo  llamar  à  la  hija,  que  solo  con- 
taba  diez  y  seis  aâos ,  y  podia  pasar  por  una  persona  perfecta. 
Aqui  teneis,  me  dijo,  à  la  persona  que  os  pronletiô  su  tic  mi 
diÀmto  hermano.  ;  Ah,  sefior  !  exclamé  yo  entônces  en  aire  de 
apasionado ,  no  hay  necesidad  de  decirme  que  es  la  amable 
se&orita  Florentina.  Sus  hechiceras  facciones  estin  grabadas  en 
mi  mcmoria ,  y  mucho  mas  en  mi  amante  corazon.  Si  el  retrato 
que  perdi ,  y  era  solo  un  bosquejo  de  sus  mas  que  humanas 
perfecciones ,  supo  encender  mil  hogueras  en  mi  enamorado 
pecho,  figuraos  lo  que  ahora  pasarà  dentro  de  mi ,  teniendo  à 
la  yista  el  original.  SeAor ,  me  dijo  Florentina ,  son  demasiado 
lisonjeras  vuestras  exprcsiones,  y  no  soy  tan  yana  que  créa  me- 
recerlas.  No  hagas  caso  de  lo  que  dice  mi  hija,  me  interrumpio 
su  padre,  y  ye  adelante  con  esos  bellos  cumplimientos.  Diciendo 
esto  me  dejô  solo  con  su  hija,  y  asiendo  de  la  mano  à  Morales 
se  fué  à  otrocuarto  conél,  y  le  dijo  :  ^Conque  al  fin  os  robàron 
toda  yuestra  ropa ,  y  con  ella  es  cosa  muy  natural  que  tambien 


LIBRO  QUINTO.  241 

se  neyasen  todo  yuestro  dinero,  que  es^  por  donde  Biempre  em- 
piezan  ?  Si,  neuov^  respondiô  mi  camarada  :  asaitônos  una  cna- 
drilla  de  bandoleros  junto  é  Castilblanco,  y  no  nos  dej6  mas  que 
el  yestido  que  traemos  à  cuestas  ;  pero  estâmes  esperando  por 
momentos  letras  de  cambio  para  equipamos  con  la  decencia  que 
es  razon. 

Entre  tanto  que  yienen  esas  letras,  replicô  el  anciano  sacando 
an  bolsillo  y  alargéndoselo,  ahi  yan  esos  cien  doblones,  de  que 
podréis  disponer.  { Jesus,  seftor  !  replicô  Morales  ;  perdôneme 
sa  mercedy  que  yo  no  lo  puedo  rccibir,  porque  estoy  cierto  que 
me  regaflarà  mi  amo  ,  y  quizà  me  despedirà.  \  Santo  Dios  !  to* 
dayia  no  le  conoce  ymd.  bien.  Es  delicadisimo  en  esta  materia. 
Nanca  faé  de  aquellos  hijos  de  familia  que  estàn  prontos  à  tomar 
de  todas  manos  ;  no  le  gusta  à  pesar  de  sas  pocos  afios  contraer 
deudas»  y  antes  pedirâ  limosna  que  tomar  prestado  ni  un  solo 
marayedi.  Tanto  mejor  »  dijo  el  buen  hombre ,  ahora  le  estimo 
macho  mas.  Yo  no  puedo  Ueyar  con  pacienda  que  los  hijos  de 
gente  honrada  contraigan  deudas  ;  eso  se  deja  para  los  caba-- 
UeroSy  los  cuales  estén  ya  en  antigua  posesion  de  contraerlas. 
Por  tanto  yo  no  qaiero  estrechar  à  tu  amo,  y  si  le  desazona  el 
que  le  ofrezcan  dinero,  no  se  hable  mas  en  el  asunto.  Diciendo 
esto  quiso  yolyer  i  meter  en  la  foltriquera  el  bolsillo  ;  pero  de- 
tenièndole  el  brazo  mi  compaflero,  le  dijo  :  Tenga  ymd.,  sefior, 
que  ahora  mismo  me  ocurre  un  pensamiento.  £s  cierto  que  mi 
amo  tiene  una  grandisima  repugnancia  à  tomar  dinero  ageno  ; 
pero  no  descpnfio  de  hacerle  admitir  yuestros  cien  doblones  : 
todo  qaiere  mafia.  Una  cosa  es  pedir  dinero  prestado  à  los  ex- 
irafk>s,  y  otra  es  recibirle  cuando  yoluntariamente  se  lo  ofirece 
ano  de  la  familia  ;  y  sabe  may  bien  pedir  dinero  à  su  padre 
coando  lo  ha  mraester.  Es  un  mozo  que,  como  ymd.  ye,  sabe 
distinguir  de  personas ,  y  hoy  considéra  à  su  merced  como  à 
segondo  padre. 

Coo  esta  y  otras  semejantes  razones  se  diô  por  conyencido 
el  baen  yiejo  :  alargô  el  bobillo  à  Morales ,  y  yolyiô  à  donde 
estabamos  su  hija  y  yo  haciéndonos  çumplimientos ,  con  lo  que 
interrumpiô  nuestra  conyersacion.  Informo  &  su  hija  de  lo  may 
obligado  que  me  estaba  ;  y  sobre  esto  se  desahogô  en  expre- 
siones  que  me  hici^ron  no  dudar  de  su  gran  reconocimiento.  No 
malogré  tan  fayorable  ocasion ,  y  le  dije  que  la  mayor  prueba 
de  agradecimiento  que  podia  darme  era  el  acelerar  mi  union 
con  su  hija.  Rmdiôse  con  el  mayor  agrado  &  mi  impacienda, 
y  me  empeftô  su  palabra  de  que  à  mas  tardar  dentro  de  très 
dias  séria  esposo  de  Florentina;  y  aun  afiadiô  que ,  en  lugar  de 
los  seis  mil  ducados  que  habia  ofrecido  por  su  dote ,  daria  diez 
mil  p»a  manifesuirme  lo  agradecido  que  estaba  al  seryicîè  que 

yo  le  habia  hedio. 

16 


243  GILBLAS. 

Estabemos  Morales  y  yo  bien  regahdos  ea  easa  dd  baen 
Gerônimo  de  Miajadas,  viyiendo  alegrteimos  con  b  prôxiina 
esperanza  de  embobarnos  no  ménoa  qoe  diez  mU  docados ,  y 
con  inimo  resueho  de  retirarnos  prontamente  de  Mèrida  con 
ellos.  Torbaba  sin  embargo  algun  tanto  esta  alegria  el  rezdo  de 
que  dentro  de  aqaeDos  très  dias  podia  parecer  el  verdadero 
hijo  de  Joan  Velez  de  la  MembriDa^  y  dar  en  tierra  con  nuestra 
aofiada  felicidad.  El  resoltado  acreditô  qne  no  era  mal  fdndado 
nuestro  temor. 

Llegô  al  dia  siguiente  à  casa  del  padre  de  Florentina  una  e»- 
pecie  de  aldeano ,  que  traia  una  maleta  :  no  me  hallaba  yo  en 
casa  à  la  sazon,  pero  estaba  en  ella  Morales.  Sefior^  dijo  el  hombre 
al  bnen  yiejo,  soy  criado  del  caballero  de  Calatraya  que  ha  de  ser 
Yuestro  yerno;  quiero  decir,  del  seftor  Pedro  de  la  Membrilla; 
acabamos  ahora  de  llegar  los  dos ,  y  él  estarà  aqui  dentro  de 
un  momento  ;  yo  me  he  adelantado  para  ayisàrselo  à  su  merced. 
Apénas  acabô  de  dedr  esto ,  cuando  llegô  su  amo  »  lo  que  sor- 
prendiô  mucho  al  Tiejo,  y  turbô  algo  à  Marales. 

Este  seftor  noYio ,  que  era  un  mozo  airoso  y  de  los  mas  bien 
formados ,  dirîgiô  la  palabra  al  padre  de  Florentina;  pero  el 
buen  sefior  no  le  dejô  acabar  su  salutacion  »  entes  Yolviéndose 
à  mi  compafiero,  le  dijo  :  Y  bien,  ;qné  quiere  dedr  esto?  En- 
tônces  Morales ,  à  quien  ninguna  persona  del  mundo  aventajaba 
en  descaro ,  tomando  un  aire  desembarazado ,  respondià  pron- 
tamente al  yiejo  :  Seftor,  esto  quiere  decir  queesos  dos  hombres 
son  de  la  cuadrîUa  de  los  ladrones  que  nos  robiron  en  el  ca- 
mino  real.  Conôzcolos  à  entrambos  bien ,  pero  particularmente 
al  que  tiene  atrevimiento  para  fingirse  hijo  del  seftor  Juan  Velez 
deb  Membrilla.El  yiejo  creyô  sin  dudar  à  Morales,  y  persuadido 
de  que  los  dos  forasteros  eran  unos  bribones,  les  dijo  :  Sefiores, 
ustedes  ya  llegan  muy  tarde,  porque  hay  quien  se  ha  anticipado; 
el  seftor  Pedro  de  la  Membrilla  esta  hospedado  en  mi  casa  desde 
ayer.  Mire  ymd.  lo  que  dice ,  le  replicô  el  mozo  de  Gabtraya , 
sepa  que  le  engaftan  y  que  tiene  en  su  casa  A  un  impostor.  Mi 
padre  el  seftor  Juan  Velez  de  la  Membrilla  no  tiene  mas  hijo 
que  yo.  À  otro  perro  con  ese  hueso ,  respondiô  el  yiejo;  yo  se 
muy  bien  quien  ères  tù.  ^No  conooes  à  este  mozo,  seftalando  à 
Morales,  A  cuyo  amo  roUste  en  el  camino  de  Calatraya?  jComo 
robar  !  repuso  Pedro  :  à  no  estar  en  yuestra  casa  le  cortaria  las 
orejas  à  ese  desyergonzado  que  tiene  la  însolencia  de  tratarme 
de  ladron.  Agradezca  à  ynestra  presencia,  cuyo  respeto  reprime 
mi  justa  ira.  Seftor,  continué  él,  yuelyo  à  deciros  que  os  engaftan  : 
yo  soy  el  mozo  à  quien  el  seftor  Agustin  su  hermano  prometiô  h 
hija  de  ymd.  i  Quiere  que  le  ensefte  todas  las  cartas  que  61  escribiô 
à  mi  padre  cuando  se  trataba  este  matrimonio?  ^Créera  ymd.  al 
retrato  de  Florentina  que  me  enyiô  él  poco  antes  de  su  muerte. 


LIBRO  QUINTO.  i43 

No ,  replicô  el  yiejo ,  el  retr^to  no  me  bare  mas  fiierea  que 
las  cartas  ;  estoy  bien  enterado  del  modo  con  que  cayô  en  tus 
manos  ;  y  el  consejo  mas  caritativo  qoe  te  pueido  dar  es  que 
cuanco  intes  saigas  de  Mérida  para  librarte  del  castigo  que  me- 
receo  tos  semejantes.  Eso  ya  es  demasiado»  interrumpiô  el  ultra- 
jado  mozo  :  no  aguantaré  jamas  que  me  roben  impunemente  mi 
nombre,  ni  mudio  ménos  que  me  bagan  pasar  per  salteador  de 
caminos.  Gonozco  i  varies  sugetos  de  esta  ciudad  ;  yoy  à  bus- 
carlos  9  y  yolveré  con  ellos  à  confundir  la  impostura  que  tan 
P'eocapado  os  tiene  contra  ml.  Bicbo  este  se  retiré  con  su  criado, 
;  Mondes  quedô  triun&nte.  Esta  misma  aventura  impeliô  i  Ge- 
rônimo  de  Miajadas  à  determinar  que  se  efectuase  la  boda  con 
la  mayor  brevedad,  à  cuyo  fin  saliè  â  hacer  las  diligencias. 

Aunqae  mi  compaûero  estaba  muy  alegre  yiendo  al  padre  de 
Florentina  tan  favorable  k  nuestro  intente ,  con  todo  no  las  te- 
nia todas  oonsigo.  Temia  las  consecuencias  de  les  pasos  que 
jozgaba ,  con  razon ,  no  dejaria  el  seftor  Pedro  de  dar ,  y  me  es- 
peraba  con  impaciencia  para  informarme  de  todo  lo  que  pasaba. 
Encontréle  sumamente  pensativo,  y  le  dije:  ^Qué  tienes,  amigo? 
parëceme  que  tu  imaginacion  esté  ocupada  en  grandes  cosas.  Y 
como  que  lo  esta ,  me  respondiô ,  y  al  mismo  tiempo  me  refirio 
U>do  le  que  habia  pasado ,  afiadiendo  al  fin  :  Mira  abora  si  tenia 
fimdamento  para  estar  pensativo.  Tu  temeridad  nos  ha  metido 
en  estes  atolladeros.  No  puedo  negar  que  la  empresa  era  fame- 
.  sa ,  y  te  bubiera  cohnado  de  gloria  como  saliera  bien  ;  pero  segun 
todas  las  seâales  tendra  mal  fiii  ;  y  soy  de  parecer  que  antes  que 
se  descubra  el  enredo  pongamos  les  pies  en  polvorosa ,  conten- 
tindonos  con  la  pluma  que  bemos  arrancado  de  la  ala  de  este 
buen  pave. 

Sefior  Morales ,  le  répliqué ,  no  hay  que  apresuramos  :  vmd. 
cede  C&cilmente  i  las  dificultades ,  y  bace  muy  poco  honor  à  don 
Matias  del  Gordel , y àlos  demas  caballeros  de  laôrden  con  quie- 
^  ba  vivido  en  Toledo.  Quien  aprendiô  en  la  escuela  de. tan 
insignes  maestros  no  debe  entrar  en  cuidado  con  tanta  facilidad. 
Yo ,  que  quiero  seguir  las  buellas  de  estes  béroes ,  y  acreditar 
que  soy  digne  discipulo  de  su  escuelà ,  bago  frente  à  ese  obstâ- 
calo  que  tanto  te  espanta ,  y  me  oblige  à  desvanecerle.  Si  lo  con- 
signes, repuso  mi  camarada,  desde  luego  declararè  que  superas 
i  todos  los  varenes  ilustres  de  Plutarco. 

Al  acabar  de  bablar  Morales,  entrô  Gerénimo  de  Miajadas , 
y  nie  d\jo:  Acabo  de  disponerlo  todo  para  tu  boda:  esta  noçhe 
seras  ya  yemo  mio.  Tu  criado  te  habrà  contado  lo  sucedido  :  ^què 
me  dices  de  la  infamia  de  aquel  bribon  que  me  queria  embocar 
<pie  era  hijo  del  corresppnsal  de  mi  hermano?  Estaba  Morales 
<^<iadeso  de  saber  como  saldria  yo  de  este  aprieto  :  y  no  qUedô 
poco  sorprendido  de  oirme,  cuando,  mirando  tristemente  é  Mia- 


244  GIL  BLAS. 

jadas ,  le  respondi  con  la  mayor  sinceridad  :  Seftor ,  de  mi  de- 
penderia  manteneros  en  yaestro  error,  y  aproyecharme  de  él; 
pero  conozco  qae  no  he  nacido  para  sostener  una  mentira ,  7 
asi  quiero  hablaros  con  toda  yerdad.  Confieso  que  no  soy  bijo 
de  Juan  Yelez  de  la  Membrflla.  [  Que  es  lo  que  oigo  !  interrum- 
pi6  precipitadamente  el  yiejo  entre  colérico  y  sorprendîdo.  ^Pues 
que,  no  sois  y  os  el  mozo  A  quien  mi  hermano...  Sosiéguese  ymd., 
sefior  ',  le  interrumpl  yo  tambien  :  y  ya  que  empezë  una  narra- 
cion  fiel  y  sincera ,  siryase  oirme  con  paciencia  hasta  conclnîrla. 
Ocho  dias  ha  que  amo  ciegamente  à  yuestra  hija,  y  su  amor  es 
el  que  me  ha  detenido  en  Mérida.  Ayer ,  despnes  que  acudi  à 
yuestra  defensa ,  pensaba  pedirosla  por  esposa  ;  pero  me  tapés- 
teis  la  boca  con  decirmé  que  estaba  ya  prometida  à  otro.  Al  mis- 
mo  tiempo  me  dijisteis  que  al  morir  yuestro  hermano  os  habia 
encargado  eficazmente  que  la  casaseis  con  Pedro  de  la  Membri- 
lia  ;  que  asi  se  lo  ofrecisteis ,  y  que  en  fin  érais  esclayo  de  yues- 
tra palabra.  Consiernado  de  oiros ,  y  reducido  mi  amor  é  la  des- 
esperacion ,  me  inspiré  la  estratagema  de  que  me  he  yalido.  Os 
dire  sin   embargo  que  mil  yeces  me  he  aycrgonzado  en  mi 
interior  de  esta  cautela  ;  pero  me  persuadi  de  que  yos  mismo  me 
la  perdonariais ,  luego  que  llegaseis  i  saber  que  soy  un  principe 
italiano  que  yiajo  incoamto.  Mi  padre  es  soberano  de  ciertos  ya~ 
Hes  que  estân  entre  los  Suizos ,  el  Milanes  y  la  Saboya.  Y  aun 
me  imaginaba  que  os  sorprenderia  agradablemente  cuando  os 
reyelase  mi  nacimiento  :  y  desde  entônces  me  recreaba  en  pensar 
el  gozo  que  causaria  à  Florentina  el  saber ,  despues  de  haberme 
desposado  con  ella ,  el  fino  y  discreto  chasco  que  le  habia  dado. 
El  cielo  no  quiere ,  prosegui  mudando  de  tono ,  que  yo  tenga 
lanto  placer.  Pareciô  el  yerdadero  Pedro  de  la  Membrilla:  debo 
réstituirle  su  nombre ,  cnèsteme  lo  que  me  oostare.  Yuestra  pro- 
mesa  os  obliga  é  recibirle  por  yerno.  Lo  siento  sin  poder  que- 
jarme:  pues  debeis  preferirle  à  mi ,  sin  reparar  en  mi  alta  clase, 
ni  en  la  cruel  situacion-à  que  vais  à  reducirme.  No   quiero 
representaros  que  yuestro  hermano  no  era  mas  que  tio  de  Flo- 
fentina,  y  que  yos  sois  su  padre:  que  pareœ  mas  puesto  en 
razon  corresponder  à  la  obligacion  que  me  teneis ,  que  hacer 
punto  en  cumplir  oira ,  la  cual  à  la  yerdad  os  liga  muy  leyemente. 
iQnè  duda  tiene  eso?  exclamé  el  buen  Gerénimo  de  Miajadas. 
Es  una  cosa  muy  clara  ;  y  asi  estoy  muy  léjos  de  yacilar  entre 
yos  y  Pedro  de  la  Membrilla.  Si  yiyiera  mi  hermano  Agustin,  él 
mismo  desaprobaria  que  prefiriese  el  tal  Pedro  i  un  hombre  que 
mesalyé  la  yida ,  y  que  ademas  de  eso  es  un  principe  que  quiere 
honrar  mi  familia  con  tan  no  merecida  como  nunca  imaginada 
alianza.  Séria  predso  que  yo  fuese  enemigo  de  mi   fortuna , 
é  hubiese  perdido  el  juicio ,  para  que  os  negase  mi  hija ,  y  no 
solicitase  todoi  lo  posible  la  mas  pronta  ejecucion  de  este  matri- 


LIBRO  QUINTO.  245 

monio.  Con  todo  eso ,  seAor ,  répliqué  yo  ^  no  qutsiera  que  rmd. 
partiese  con  precipitacion  :  no  haga  nada  sin  deliberarlo  con  ma- 
durez:  atienda  solo  à  sus  intereses;  y  sin  respeto  é  la  nobleza 
de  mi  sangre...  Os  burlais  de  mi,  interrumpiô  Miajadas.  ^Debo 
yacilar  an  momento?  No,  principe  mi<^ ,  y  os  ruego  que  desde 
esta  misma  noche  os  digneis  honrar  con  vuestra  mano  é  la  di- 
chosa  Florentina.  En  hora  buena  »  le  respondi.  Id  vos  mismo  à 
darle  esta  noticia ,  y  à  informaria  de  su  yenturosa  suerte. 

Miéntras  el  buen  hombre  iba  à  dar  parte  é  su  hija  de  la  con- 
quista  que  habia  hecho  su  hermosura ,  no  ménos  que  de  un  gran 
principe ,  Morales ,  que  habia  estado  oyendo  toda  la  conversa- 
don ,  se  arrodillô  de  repente  delante  de  mi ,  y  me  dijo  :  Seûor 
principe  italiano ,  hijo  del  soberano  de  los  yalles  que  estàn  en- 
tr^  los  Suizos ,  el  Milanes  y  la  Saboya,  permitame  V.  A.  me  ar- 
roje  é  sus  pies  para  darle  prueba  de  mi  alegria  y  de  mi  pasmosa 
admiracion.  Afbie  bribon  que  ères  un  prodigio.  Teniame  yo 
por  el  mayor  hombre  del  mundo  ;  pero,  hablando  francamente, 
anio  bandera  i  yista  de  tu  pabellon ,  sin  embargo  de  que  tienes 
ménos  experiencia  que  yo.  Seguneso»  le  respondi,  ^yanotiénes 
miedo?  Cierto  que  no ,  replicô  él.  No  temo  ya  al  seûor  Pedro: 
que  yenga  ahora  su  merced  cuando  quisiere.  Y  hétenos  aqui  à 
Morales  y  i  mi  mas  firmes  en  nuestros  estribos,  Gomenzâmos  à 
discorrir  sobre  el  camino  que  habiamos  de  tomar  asi  que  reci- 
biesemos  la  dote ,  con  la  cual  contabamos  con  mas  seguridad  que 
si  la  tuyieramos  ya  en  el  bolsillo.  Sin  embargo  todayia  no  ]a 
habiamos  pOlado ,  y  el  fin  de  la  ayentura  no  correspondiô  muy 
bien  à  nuestra  confianza. 

Poco  tiempo  despues  yimos  yenir  al  mocito  de  Calatraya.  Acom-< 
paâébanle  dos  yccinos  y  un  alguacil  tan  respetable  por  sus  bi- 
gotes y  por  su  tez  amulatada  como  por  su  empleo.  Estaba  con 
uosotros  el  padre  de  Florentina.  Seûor  Miajadas ,  le  dijo  el  tal 
mozo,  aqui  os  traigo  à  estos  très  hombres  de  bien  que  me  co- 
nocen ,  y  pueden  decir  quien  soy.  Si  por  cierto,  dijo  el  alguacil , 
y  declaro  ante  quien  conyenga  como  yo  te  conozco  muy  bien , 
te  llamas  Pedro ,  y  ères  hijo  ùnico  de  Juan  Yelez  de  la  Membrilla. 
Cualquiera  que  se  atreya  à  decir  lo  contrario  es  un  solemnisimo 
embastero.  Seftor  alguacil,  dijo  entônces  el  buen  Gerônimo  Mia- 
jadas, yo  le  creo  à  ymd.:  para  ml  es  tan  sagrado  yuestro  testi- 
monio  como  el  de  los  seAores  mercaderes  que  yienen  en  yuestra 
compaflia.  Estoy  del  todo  conyencido  de  que  este  caballerito  que 
los  ha  conducido  à  mi  casa  es  hijo  ùnico  del  corresponsal  de  mi 
difunto  hermano.  ^Pero  que  me  importa?  He  mudado  de  dicti- 
men,  y  ya  no  pienso  darlc  mi  hija. 

Ohl  eso  es  otra  cosa,  dijo  el  alguacil:  yo  solo  he  yenido  à 
yuestra  casa  para  aseguraros  que  conocia  à  este  hombre  ;  por  lo 
que  toca  à  yuestra  hija ,  vos  sois  su  padrc  ,  y  ninguno  os  puede 


346  GIL  BLAS. 

obligar  k  casaria  contra  yaestra  Tolantad.  Tampoco  prétende  yo, 
interrompiô  Pedro  »  forzar  la  voluntad  del  sefior  Miajadas,  que 
paede  disponer  de  go  hija  como  tenga  por  coDTeniente  ;  pero  de- 
searia  saber  por  que  razon  ha  yariado  de  parecer:  ^tiene  algun 
motiyo  para  quejarse  de  mi?  |  Ah  I  ya  que  pierdo  la  dulce  espe- 
ranza  de  ser  sq  yemo ,  quisiera  tener  el  consuelo  de  saber  que 
no  la  perdi  por  culpa  mia.  No  tengo  la  menor  queja  de  tos,  res- 
pondi  el  yiejo ,  antes  bien  qs  confesaré  que  siento  yenne  obli- 
gado  à  faltar  à  mi  palabra ,  y  os  pido  mil  perdones.  Vos  sois  tan 
generoso  que  me  persuado  no  IIeyar6i8  é  mal  que  yo  haya  pre- 
ferido  é  yos  un  pretendiente  A  quien  debo  la  yida.  Este  es  el  ca- 
ballero  que  yeis  aqut:  este  seflor ,  prosiguiô  sefiaMndome,  es  d 
que  me  salyô  de  un  gran  peligro ,  y  para  mayor  disculpa  mia , 
debo  aftadir  que  es  un  prfaicipe  italiano ,  que ,  à  pesar  de  la  desi- 
gualdad  de  nuestra  dase ,  se  digna  enlazar  con  Florentba ,  de  la 
cual  esta  enamorado. 

Al  oir  esto  Pedro  se  quedô  mudo  y  confuso ,  y  los  dos  mer^ 
caderes  abriendo  tanto  ojo  quediron  como  absortos;  pero  el  al- 
gnacil  y  como  acostumbrado  A  mirar  las  cosas  por  el  mal  lado , 
sospechô  que  detras  de  aquella  extraordinaria  ayentura  se  ocul- 
taba  algun  enredo  que  le  podia  yaler  algunos  cuartos.  Empezà  à 
mirarme  con  la  mas  escrupulosa  atencion ,  y  como  mb  fiBicciones , 
que  nunca  habia  yisto ,  ayudaban  poco  à  su  buena  yoluntad ,  se 
yolyid  à  examinar  à  mi  camarada  con  igual  curiosidad.  Por  des- 
gracia  demi  altezayConociôàMorales^y  acordéndose  dehaberle 
yisto  en  la  cércel  de  Ciudad  Real  :  i  Ah  1  j  ah  !  exclamô  sin  poderse 
contener  ;  he  aqui  uno  de  nuestros  parroquianos.  He  acuerdo 
de  este  cabaDero ,  y  os  le  doy  por  uno  de  los  mayores  bribo- 
nés  que  calienta  el  sol  de  Espafta  en  todos  sus  reinos  y  sefiorios. 
Poco  é  poco ,  sefior  alguadl,  dijo  Gerônimo  Hiajadas  ;  que  ese 
pobre  mozo  de  quien  haceis  tan  mal  retrato  es  un  criado  del  se- 
ûox  principe.  Sea  en  buen  hora,  respondiô:  eso  me  basta  para 
saber  lo  que  debo  créer  ;  por  el  criado  saco  yo  lo  que  sera  el  amo. 
No  me  queda  la  menor  duda  de  que  estos  dos  sefiores  son  dos 
picaros  de  marca ,  que  se  han  unido  para  burlarse  de  yos.  Soy 
muy  pràctico  en  conocer  esta  casta  de  pàjaros  ;  y  para  haceros 
yer  que  son  dos  lindas  ganzùas  ^  en  este  mismo  punto  yoy  à  Ile- 
yarlos  à  la  cércel.  Quiero  que  se  aboquen  cou  el  sefior  corregi- 
dor ,  para  que  tengan  con  él  una  conyersacion  reseryada,  y  sepan 
de  la  boca  de  su  sefioria  que  todayia  se  usan  por  acé  penques  y 
rebenques.  AJto  ahi,  sefior  ministro ,  replicô  el  yiejo:  no  hay  que 
Ueyar  tan  adelante  el  negocio.  Los  del  hébito  de  ymd.  no  tieneB 
reparo  en  mortificar  à  una  persona  honrada.  ;  No  podrà  ser  este 
criado  un  bribon^  sin  que  el  amo  lo  sea?  i  Es  por  yentura  cosa 
mieva  ver  brîbones  al  servîcio  de  los  principes?  Vmd.  se  chancea 
con  sus  principes ,  repuso  el  alguaciLEste  mozo ,  yuelvo  &  decir, 


LIBRO  QUINTO.  347 

es  on  tonante  ;  y  asi  desde  ahora  les  intimo  é  los  éos  que  se  den 
pretot  al  rey.  Si  rehusan  ir  yolantariamente  é  la  càrcety  yeinte 
hombres  tengo  à  la  puerta  qoe  los  Uevaràn  por  fiierza.  Yamos, 
principe  mio ,  me  dijo  en  seguida ,  yamos  andando. 

Al  oir  estas  palabras  qnedè  tocto  fàera  de  mi ,  y  lo  mismo  le 

suoediô  é  Morales  »  y  nuestra  turbacion  nos  faizo  sospediosos  à 

Gerônimo  Miajadas,  ô ,  por  mejor  decir,  nos  perdiô  enteramente 

en  sa  concepto.  Bien  se  persuadiô  de  que  habiamos  querido  en- 

gaftarle ,  y  con  todo  eso  tomô  en  esta  ocasion  el  partido  que 

debe  tomar  nna  persona  delicada.  Sefior  ministro,  dijo  al  alguacQ^ 

yuestras  sospechas  pueden  ser  £adsas  y  tambien  verdaderas; 

pero ,  sean  lo  que  foeren ,  no  apnremos  mas  la  materia^  Os  su- 

plico  que  no  impidais  que  estos  caballeros  salgan  y  se  retiren 

adonde  mejor  les  pareciere.  Es  una  gracia  que  os  pido  para 

cnn4>lir  con  la  obligacion  que  les  debo.  La  mia»  interrumpii  el 

alguadl ,  séria  llevarlos  à  la  circel  sin  atender  à  yuestros  ruegos  ; 

sin  embargo  por  respeto  yuestro  quiero  dispensarme  ahora  del 

cumplimiento  de  mi  deber,  con  la  condicion  de  que  en  este  mismo 

momento  han  de  salir  de  la  ciudad  ;  porqne  si  maftana  losveo 

en  ella ,  les  aseguro  por  quien  soy  que  han  de  ver  lo  que  les  pasa. 

Cuando  Morales  y  yo  oimos  decîr  que  estabamos  libres ,  yol^ 

yimos  àrespirar.  Quisimos  hablar  con  resolucion,  y  sostener 

que  eramos  hombres  de  honor;  pero  el  alguacfl  con  una  mi- 

rada  de  soslayo  nos  impuso  sflencio.  No  se  porqué  esta  gente 

tiene  ascendiente  sobre  nosotros.  Yimonos,  pues,  precisados  à 

oeder  Florentina  y  la  dote  à  Pedro  de  la  Membrilla  »  que  y^Or 

similmente  pasô  à  ser  yemo  de  Gerônimo  de  Miajadas. 

Retirëme  con  mi  camarada,  y  tomémos  el  camino  de  IVujilIOy 
con  el  consuelo  de  haber  à  lo  ménos  ganado  cien  doblones  en 
esta  ayentura.  Una  hora  antes  de  anochecor  pasabamos  por  una 
aldea  con  énimo  de  ir  A  hacer  noche  mas  adelante,  y  yfanos  en 
ella  un  meson  de  bastante  buena  apariencia  para  aquel  lugar. 
Estaban  el  mesonero  y  la  mesonera  sentados  à  la  poerta  en  un 
poyo.  El  mesonero ,  hombre  alto ,  seco  y  ya  entrado  en  dias , 
estaba  rascando  una  guitarra  para  diyertir  à  su  muger,  que 
mostraba  oirle  con  gusto.  Viendo  el  mesonero  que  pasabamos 
de  largo  :  Sefiores,  nos  gritô^  aconsejo  à  ustedes  que  hagan 
dto  en  este  lugar  :  hay  très  léguas  mortales  i  la  primera  posada, 
y  creénme  que  no  lo  pasarén  tan  bien  como  aqui  :  entren  uste* 
des  en  mi  casa,  que  seràn  bien  tratados,  y  por  poco  dinero. 
Bejimonos  persuadir  :  acercàmonos  mas  al  mesonero  y  é  la  me- 
sonera; saludémoslos  y  y  habiéndonos  sentado  junto  é  ellos  nos 
pushnos  todos  cuatro  à  hablar  de  cosas  indiférentes.  £1  meso- 
nero decia  que  era  cuadrillero  de  la  santa  Hermandad ,  y  la 
inesonera  t^a  pinta  de  ser  una  buena  pieza ,  que  sabia  yender 
bien  sus  agiqetas. 


248  GIL  BLAS. 

Interrompiô  nuettra  coQTersadon  la  llegada  de  doee  6  qainoe 
bombres  moDtados,  unos  en  caballos,  y  otros  ,en  malafl,  se- 
guidos  de  como  unes  treinta  madios  de  carga.  ;  Oh  caantos 
huèspedes!  exdamd  el  mesonero:  ^donde  podré  yo  alojar  é 
tanta  gente?  En  un  instante  se  \iô  la  aldea  Uena  de  hombres  y 
de  caballerias.  Habia  por  fortuna  una  espaciosa  granja  oerca 
del  meson,  en  la  que  se  acomodÂron  los  machos  y  cargas,  y 
las  mulas  y  caballos  se  repartiéron  en  irarias  caballerizas  del 
meson  y  del  lugar.  Los  hombres  pensàron  ménos  en  donde  ha- 
bian  de  dormir  que  en  mandar  disponer  nna  buena  cena ,  la 
que  se  ocupâron  en  hacer  el  mesonero ,  la  mesonera  y  una 
crîada ,  dando  fin  de  todas  las  aves  del  corral.  Con  esto  y  un 
guisado  de  oonejo  y  de  gato,  y  una  abundante  sopa  de  ooles 
hecha  con  carnero ,  hubo  para  toda  la  comitira. 

Morales  y  yo  mirabamos  à  aqueilos  caballeros ,  los  coales 
tambien  nos  miraban  à  nosotros  de  cuando  en  cnando.  En  fin , 
IrabÂmos  conversadon ,  y  les  dqimos  que  si  lo  tenian  à  bien 
eenariamos  en  compafiia ,  y  habi^donos  respondido  que  ten- 
drian  en  ello  particular  gusto»  nos  sentémos  todos  juntos  é  la 
mesa*  Entre  ellos  habia  uno  que  parecîa  mandaba  à  los  demas  ; 
y  aunque  estos  le  trataban  con  bastante  fiamiliaridad,  sin  em- 
bargo se  conocia  le  miraban  con  algun  respeto.  Lo  cierto  es 
que  ocupaba  siempre  el  lugar  mas  distinguido,  que  hablaba 
alto ,  que  algunas  yeces  contradecia  à  los  otros  sin  reparo ,  y 
que  léjos  de  hacer  lo  mismo  con  él  mas  bien  pareda  que  todos 
adherian  à  su  dictâmen.  La  conyersacion  recayô  casualmente  so- 
bre Andalucia ,  y  como  Morales  comenzase  é  alabar  mudio  é  Se- 
Tîllay  el  hombre  de  quien  voy  hablando  le  dîjo  :  Caballero,  ymd. 
hace  el  elogio  de  la  ciudad  donde  yo  nad ,  é  à  lo  ménos  muy 
cerca  de  ella ,  porque  mi  madré  me  diô  à  luz  en  el  arrabal  de 
Mairena.  En  el  mismo  me  pariô  la  mia ,  respondiô  Morales,  y  no 
es  posible  que  yo  deje  de  conocer  à  los  parientes  de  ymd. ,  co- 
nociendo  desde  el  alcalde  hasta  la  ultima  persona  del  arrabal. 
^Quien  fiié  su  seftor  padre?  Un  honrado  escribano ,  respondiô  el 
caballero,  Uamado  Martin  Morales.  {Martin  Morales!  exclamé 
mi  compaAero  no  mènos  alegre  que  sorprendido  :  {à  fe  mia  que 
la  ayentura  es  bien  extrafia!  Segun  eso  sois  mi  hermano  mayor 
Manuel  Morales.  Justamente,  respondiô  el  otro,  y  por  oonsî- 
guiente  tù  ères  mi  hermanico  Luis ,  à  quien  dejè  en  la  cuna 
cuando  sali  de  la  casa  paterna.  Ese  es  mi  nombre,  replicô  mi 
camarada,  y  dicho  esto  se  leyantâron  los  dos  de  la  mesa,  y  se 
diéron  mil  abrazos.  Volyièndose  despues  el  sefior  Manuel  i  todos 
los  que  estabamos  présentes ,  dijo  :  Seûores ,  este  suceso  liene 
algo  de  marayilloso  :  la  casualidad  dispone  que  encuentre  y  re- 
conozca  à  un  hermano ,  à  quien  ha  por  lo  mènos  mas  de  yeinte 
aàos  que  no  he  yisto  :  dadme  licencia  para  que  os  le  présente. 


LEBRO  QVINTO.  249 

Emôfioes  lodos  los  caballeros ,  qae  por  cortesia  estaban  m  pie , 
saludiroa  al  hermano  menor  de  Morales-y  le  dièron  repetidos 
abrazos.  Bespues  de  esto  dos  yolvimos  à  la  mesa,  la  qae  no  de- 
jamos  en  toda  la  noche.  Los  dos  hermaaos  se  sentàron  uno 
junto  al  otrOy  y  estuyiéron  hablando  en  toz  baja  de  las  oosas 
de  sa  familia,  miéntras  los  demas  convtdados  bebiamos  y  nos 
alegrabamos. 

Tuvo  Luis  una  larga  conversacion  con  su  hermano  Manuel,  y 
coocluida,  me  llamô  aparté,  y  me  dijo:  Todos  estos  caballeros 
son  criados  del  conde  de  Montaâos ,  à  quien  el  rey  acaba  de 
Dombrar  \irey  de  Hallorca.  Conducen  el  equipage  de  su  amo  i 
Alicante,  donde  deben  embarcarse.  Mi  hermano ,  que  es  el  ma- 
yordomo  de  su  excelencia ,  me  ha  propuesto  llevarme  consigo , 
y  à  yista  de  la  repugnancia  que  le  mostrè  de  dejar  tu  compaftia, 
me  dijo  que  si  tu  quieres  yenir  con  nosotros  te  focilitarà  un 
buen  empleo.  Caro  amigo,  continuô  él,  te  aconsejo  que  no  des- 
precies  este  partido  :  yamos  juntos  i  Mallorca;  si  alli  lo  pasamos 
bien,  nos  quedarèmos:  y  si  no  nos  tuyiere  cuenta,  nos  yolye- 
rèmos  à  EspaAa. 

Admit!  con  gusto  la  propuesta  :  incorporàmonos  el  jôyen  Mo- 
rales y  yo  con  la  familia  del  conde,  y  partimos  del  meson  antes 
del  amanecer  del  dia  siguiente.  Pusimonos  en  camino  para  Ali- 
cante yendo  à  largas  jornadas.  Luego  que  llegàmos  comprè  una 
guitarra,  y  me  mandé  hacer  un  yesddo  décente  antes  de  embar- 
carme.  Ya  no  pensaba  yo  sino  en  la  isla  de  Mallorca ,  y  lo  mis- 
mo  sucedia  à  mi  camarada  Morales.  Parecia  que  ambos  habiamos 
renundado  para  siempre  à  la  yida  l^ibona.  Es  preciso  decir  la 
yerdad  :  uno  y  otro  queriamos  acreditamos  de  hombres  de  bien 
entre  aquellos  caballeros ,  y  este  respeto  nos  contenia.  En  fin , 
nos  embarcàmos  alegremente ,  lisonjeàndonos  con  la  esperanza 
de  llegar  presto  à  Mallorca  :  pero  no  bien  habiamos  salido  del 
goifo  de  Alicante,  cuando  nos  cogiô  una  furiosa  borrasca.  {Que 
ocasion  tan  buena  era  esta  para  hacer  ahora  una  bella  descrip- 
don  de  la  tempestad ,  pintândoos  el  aire  todo  inflamado ,  la  yiya 
luz  de  los  relàmpagos,  el  estampido  de  los  truenos,  la  ràpida 
caida  de  los  rayos ,  el  silbido  de  los  yientos ,  y  la  hinchazon  de  las 
olas ,  etc.!  Pero  dejando  à  un  lado  todas  las  flores  retôricas ,  os 
dire  sencillamente  que  foé  tan  recia  la  tormenta ,  que  nos  obligiV 
â  ancorar  en  la  pùnta  de  la  Cabrera,  que  es  una  isla  desierta,. 
defendida  con  un  fortin ,  cuya  guarnicion  consistia  entônces  en 
cinco  ô  seis  soldados,  y  un  oficial  que  nos  recibiô  con  mucho 
agasajo. 

Como  nos  yeiamos  precisados  à  deteneroos  alli  muchos  dias 
para  componer  nuestro  yelàmen,  procurémos  pasar  el  tiempo  en 
diferentes  diyersiones  para  eyitar  el  fostidio.  Siguiendo  cada  una 
$u  inclinacion,  unos  jugaban  à  los  naipes ,  otros  à  la  pelota,  etc.; 


2S0  GIL  BLAS. 

yo  me  iba  à  pasear  por  la  tsla  con  otros  coBipafleros  amantes 
del  paseo.  Saltabamos  de  peflaaco  en  peftasco ,  porque  d  terreno 
es  desigual  y  tan  pedregoso  qne  apènas  s»  descobrîa  en  él  un 
palmo  de  tierra.  Un  dia  qae,  considerando  aqaeUos  logares 
àridos  y  Becos ,  estabamos  admirando  los  caprichos  de  la  nam- 
raleza^  que  es  fecunda  ô  estérfl  donde  le  da  la  gana,  sentfaoos 
todos  de  repente  on  olor  mijiy  grato  qae  nos  dej6  sorprendidos. 
Lo  quedàmos  mncho  mas  coando ,  volriéndonos  hàda  el  oriente , 
de  donde  yenia  aquella  fragancia»  yimos  un  campo  todo  cobierto 
de  madreselya  mas  hennosa  y  odorifera  qne  la  de  Andalncia. 
Acercémonos  gustosos  à  aquellos  bellisimos  arbustes  que  per- 
fiunaban  el  aire  circunyecino ,  y  hallàmos  que  cercaban  la  en- 
trada  de  una  cayema  muy  profunda.  Era  esta  ancha  y  poco 
sombria  :  bajâmos  à  eUa  por  una  escalera  6  caracol  de  picora , 
adomado  de  flores  que  primorosamente  guamecian  sus  lados. 
Cuando  estuyfanos  abajo  yimos  serpentear  sobre  un  suelo  de 
arena  mas  roja  que  el  oro  yarios  arroyuelos  formados  de  las 
gotas  que  destilabim  continuamente  los  peftascos,  y  se  perdian 
en  la  misma  arena*  Paredonos  tan  clara  y  cristalina  el  agua  que 
nos  diô  gana  de  beberla ,  y  la  hallàmos  tan  fresca  y  delgada , 
que  resolyimos  yolyer  à  este  lugar  el  dia  siguiente^  Ileyando 
con  nosotros  algunas  botellas  de  yino ,  persuadidos  de  que  lo 
beberiamos  alii  con  gusto. 

Dejâmos  con  sentimiento  un  sitio  tan  deliciosOy  y  cuando  nos 
restituimos  al  fuerte  pondérâmes  à  nuestros  camaradas  la  notida  de 
tan  feliz  descubrimi^nto;  pero  el  comandante  del  fuerte  nos  dijo  que 
nos  adyertia  en  amistad  que  per  ningun  case  yolyiesemos  à  la  cueya 
de  que  tan  enamorados  babiamos  quedado.  ^  Y  eso  porque?  le 
pregunté  yo  :  ^hay  por  yentura  algo  que  temer?  Y  mucho,  me 
respondiô.  Los  corsarios  de  Àrgel  y  de  Tripoli  yienen  algunas 
yeces  é  esta  isia ,  y  faacen  aguada  en  ese  parage,  y  une  de  estos 
dias  sorprendiéron  en  él  à  dos  soldados,  y  les  lleyéron  esdayos. 
Por  mâs  seriedad  con  que  nos  lo  decia  el  oficial ,  no  le  quisi- 
mes  créer.  Parecianos  que  se  zumbaba,  y  al  dia  siguiente  yolyi 
yo  à  la  cayerna  con  très  caballeros  de  la  comitiya,  y  de  intente 
no  quisimos  lleyar  armas  de  fiiego  para  mostrar  que  no  tenîamos 
el  mas  minime  temor.  Morales  no  quîse  yenir  con  nosotros ,  y 
se  quedô  jugando  con  su  hermano  y  otros  del  Castillo. 

BajÂmos  al  bonde  de  la  cueya  come  el  dia  anterior,  y  pusi- 
mos  à  refrescar  la  botellas  de  yino  en  une  de  los  arroyuelos.  À 
le  mejor  que  estabamos  bebiendo,  tocande  la  guitarra,  y  diyir- 
tiéndonos  con  mucha  algazara  y  alegria,  yimos  â  la  beca  de  la 
cayerna  muchos  hombres  con  bigotes ,  turbantes ,  y  yestidos  A 
la  turca.  Juzgémos  al  pronto  que  eran  algunes  del  nayie ,  que 
juntamente  con  el  comandante  se  habian  disfrazado  para  chas- 
quearnos.  Creidos  de  esto  nos  echàmos  é  reir,  y  dejâmos  b^ar 


LIBRO  QUINTO.  251 

hasta  dies  de.ettos  Bin  pensar  eo  defendernos  ;  pero  presto  que- 

dàmos  tristemente  desengaftados ,  yiendo  ser  un  pirata  que  yenia 

con  su  gente  à  esclayizamos.  Rendios,  perros,  nos  dijo  en  lengua 

castellana ,  6  aqui  mortréts  todo».  Al  mismo  tiempo  nos  pusiëron 

al  pecho  las  carabinas  los  que  con  el  yenian^  y  que  é  la  menor 

resistenda  las  hubieran  disparado.  Preferimos  la  esdayitud  à  la 

miièrte ,  j  entregâmos  las  espadas  al  pirata.  Nos  hizo  cargar  de 

cadenas  y  nos  lleyàron  à  su  buque,  que  no  estaba  muy  distante^ 

leyantâron  anclas ,  hiciéronse  à  la  yela  y  dnglàron  hàcia  Ârgel. 

De  este  modo  fuimos  justamente  castigados  del  poco  aprecio 

que  faicimos  del  ayiso  del  comandante  del  fnerte.  La  primera 

cosa  que  hizo  el  corsario  fné  registrarnos  y  quitamos  cuanto  di- 

nero  lleyabamos.  |  Gran  golpe  de  mano  para  él  !  Los  doscientos 

doblones  del  mercader  de  Plasencia ,  los  ciento  que  Gerônimo  de 

Miajadas  habia  dado  A  Morales ,  y  que  por  desgracia  lleyaba  yo 

oonmigo,  todo  lo  arrebafiô  sin  misericordia.  Los  bolsillos  de 

mis  camaradas  tampoco  estaban  mal  proyistos  :  en  suma,  el  pirar 

ta  hizo  una  buena  pesca ,  de  lo  que  estaba  muy  contento  ;  y  el 

grandisimo  yergante ,  no  bastindole  haberse  apoderado  de  todo 

nuestro  dinero ,  comenzA  i  insultamos  con  bufonadas ,  que  nos 

eran  mucho  mènos]  sensibles  que  la  dura  necesidad  de  aguàn- 

tarlas.  Despues  de  mil  impertinentes  truanadas,  y  para  moferse 

de  nosotros  de  otro  modo ,  mand6  traer  las  botellas  que  habia- 

mos  pnesto  à  refrescar ,  y  comenzA  à  yadarlas  todas  ayudàndole 

sus  gentes ,  y  repttiendo  à  nuestra  salud  muchos  brindis  por  ir- 

rision.  ^ 

Durante  este  tiempo  mis  camaradas  mostraban  on  semblante 
que  daba  A  entender  lo  que  interiormentepasaba  en  eIlos.Se  les. 
hacia  tanto  mas  doloroso  el  cautiyerio,  cuanto  mas  alegre  era 
la  idea  de  ir  à  la  isla  de  Mallorca.  Por  lo  que  A  mi  toca  tuye  yalor 
para  tomar  desde  luego  mi  determinadon  ;  y  mènos  apesadum- 
brado  que  los  otros,  no  solo  trabé  conyersadoncon  nuestro  capitan 
mofodor,  sino  que  leayudè  yo  mismo  à  lleyar  adelante  la  zumba, 
cosa  que  le  cayô  muy  en  gracia.  Oyes ,  mozo,  me  dijo,  me  gnsta 
tu  buen  humor  y  tu  gento  ;  y,  si  bien  se  considéra,  en  yez  de  gemh*  y 
snspirar  lo  mejor  es  armarse  de  paciencia  y  acomodarse  con  el  tiem- 
po. Tôcanos  una  buena  tocata,  afiadiô  yiendo  que  yo  lleyaba  una 
guitarra  :  yeamos  à  lo  que  llega  tu  habilidad.  Mandô  me  desata- 
sen  lo  brazos ,  y  al  punto  comenzé  é  tocar  de  tal  modo  que 
mereci  sus  aplausos  :  :bien  es  yerdad  que  yo  no  manejaba  mal 
este  instrumento.  Tambien  me  hizo  cantar,  y  no  quedô  ménos 
satisfecho  de  mi  yoz  :  todos  los  Turcos  que  habia  en  el  bajel 
mostràron  con  gestos  de  admiracion  el  placer  con  que  me  ha- 
bian  oido ,  por  lo  que  conoci  que  en  materia  de  musica  no  care- 
cian  de  gusto.  £1  pirata  se  arrimô  à  mi ,  y  me  dijo  al  oido  que 
séria  un  esclayo  afortunado ,  y  que  podia  estar  cierto  de  que 


253  GIL  BLAS. 

mis  talentos  me  proporcioaarian  un  deslino  que  haria   muy 
Ueyadera  la  esclavitad. 

Estas  palabras  me  consolàron  algo;  pero  por  mas  halagûeûas 
que  fuesen  no  dejaba  de  inquietarme  el  empleo  que  el  pirata 
me  habia  pronosticado  »  y^temia  que  no  fiiese  de  mi  aceptacion. 
Al  llegar  al  puerto  de  Argel  Vimos  una  multitud  de  personas 
que  habian  acudido  para  yernos  ,  y ,  sin  que  ann  hubiesemos  sal- 
tado  en  tierra ,  hiciéron  resonar  el  aire  con  mil  gritos  de  aie- 
gria  y  alborozo.  AcompaAaba  à  estos  un  confiiso  rumor  de 
trompetas,  flautas  moriscas  y  otros  instrumentos  del  uso  de  aque- 
lia  gente ,  y  que  causaban  un  estruendo  desentonado ,  mas  que 
una  mùsica  apacible.  Aquella  extraordinaria  algazara  nada  de  la 
fiilsa  noticia  que  se  habia  esparddo  por  la  ciudad  que  el  renegado 
Hahometo»  que  asi  se  Uamaba  nuestro  pirata ,  habia  muerto  pe- 
leando  con  una  gruesa  embarcacion  genovesa  ;  y  todos  sus  pa- 
rientes  y  amigos,  informados  de  su  regreso,  acudian  à  darle  mues- 
tras  de  su  regocijo. 

Luego  que  desembarcàmos ,  à  mi  y  à  mis  compai&eros  nos 
Ueyiron  al  palacio  del  bajà  Soliman ,  donde  un  escribano  cris- 
tiano  nos  examinô  à  cada  uno  en  particular ,  preguntàndonos  el 
nombre ,  edad ,  patria ,  religion  y  habilidad.  Entônces  Mahome- 
to ,  mostréndome  al  bajà ,  le  ponderô  mi  voz  y  mi  destreza  en 
tocar  la  guitarra.  No  hubo  menester  mas  Soliman  para  determi- 
narse  à  tomarme  â  su  seryicio ,  y  desde  aquel  punto  quedë  rc- 
seryado  para  su  serrallo ,  à  donde  me  condujèron  para  instalarme 
en  el  empleo  que  me  estaba  destinado.  Los  demas  cautiyos  fuè- 
ron  lleyados  à  la  plaza  mayor ,  y  yendidos  segun  costumbre. 
Verificôse  lo  que  Mahometo  me  habia  pronosticado  en  el  bqel , 
porque  ciertamente  fui  muy  afortunado  :  no  me  entregàron  à 
las  guardias  de  las  mazmorras ,  ni  me  destinâron  à  trabajar  en 
las  obras  pùblicas  ;  antes  bien  mandô  Soliman ,  por  aprecio  par- 
ticular ,  que  me  agregasen  en  cierto  sitio  priyado  à  cinco  ô  seis 
esclayos  de  distincion ,  cuyo  rescate  se  esperaba  presto ,  y  à 
quienes  no  se  empleaba  sino  en  trabajos  ligeros ,  y  se  me  en- 
cargo  el  cuidado  de  regar  en  los  jardines  las  flores  y  los  naran- 
jos.  No  podia  tener  yo  una  ocupacion  mas  suaye ,  y  por  eso  di 
gracias  à  mi  estrella ,  presintiendo  ,  sin  saber  porquè ,  que  no 
séria  desgraciado  al  seryicio  de  Soliman. 

Este  bajà  (  porque  es  necesario  que  haga  su  retrato  )  era  un 
hombre  de  cuarenta  a&os ,  bien  plantado ,  muy  atento ,  y  aun 
muy  galanpara  Turco.  Tenia  por  favorita  una  Cachemiriana ,  que 
por  su  talento  y  hermosura  se  habia  hecho  duefta  ab  soluta  de  èl. 
Idolatraba  en  ella ,  y  no  pasaba  dia  en  que  no  la  festejase  con 
alguna  diyersion  nueva  ;  unas  yeces  era  un  concierto  de  yoces 
y  de  instrumentos  ;  otras  una  comedia  à  la  turca ,  es  decir ,  unes 
dramas  en  los  cualos  no  se  tenia  mas  respeto  al  pudor  y  al  decoro 


LIBRO  QUINTO.  2S3 

que  â  las  réglas  de  Aristôteles.  La  favorita ,  qae  se  Ilamaba 
Fairakhnaz ,  era  apasionadisima  é  semejantes  espectécalos ,  y 
aon  algunas  yeces  mandaba  é  sus  criadas  representar  piezas  arabes 
en  presencia  del  bajé.  Ella  misma  solia  tambien  hacer  su  papel , 
y  lo  ejecutaba  con  tal  viveza  y  tanta  gracia ,  que  hechizaba  A 
todos  los  espectadores.  Un  dia  en  que  yo  asisti  à  una  de  estas 
Amdones  niezclado  entre  los  mùsicos  y  me  mandé  Soliman  que 
en  un  intennedio  cantase  y  tocase  solo  la  guitarra.  Hicelo  asi  y 
tnye  la  fortuna  de  darle  tanto  gusto,  que  no  solo  me  aplaudiô 
cou  palmadas  sino  de  yira  toz  ;  y  la  favorita ,  à  lo  que  me  pa- 
reciô ,  me  mirô  con  ojos  fovorables. 

El  dia  siguiente  por  la  maftana ,  estandô  yo  regando  los  naran- 
jos  en  los  jardines,  pas6  junto  à  mi  un  eunuco ,  que,  sin  detenerse 
ni  hablar  palabra,  dejô  caer  à  mis  pies  un  billete :  recogile  pron*' 
lamente  con  una  turbacion  mezclada  de  alegrîa  y  de  temor  :  echéme 
à  la  Isffga  en  el  suelo  porque  no  me  yiesen  de  las  ventanas  del 
serraDo,  y  ocnlt&ndome  detras  de  los  naranjos ,  le  abri  presuroso. 
Hallé  dentro  de  él  un  preciosisimo  briUante ,  y  escritas  en  buen 
castdlano  estas  palabras  :  Jùven  cruAano,  da  m\i  gracias  al  cielo 
par  iu  esclaviiud.  El  amor  y  la  fortuna  la  hardn  feliz  :  el  amor,  si 
te  muestras  sensible  à  los  atractivos  de  una  persona  hermosa  :  y 
la  fortuna,  si  tienes  vahr  para  arroslrar  todo  género  de  peligros. 

No  dudë  ni  un  solo  momento  que  el  billete  era  de  la  sultana 
fayorita;  el  brillante  y  el  estilo  me  lo  persuadian.  Ademas  de  que 
nnnca  foi  cobarde ,  la  yanidad  de  verme  fayorecido  de  la  dama 
de  un  gran  principe ,  y  sobre  todo  la  esperanza  de  conseguir  de 
ella  cnatro  yeces  mas  dinero  del  que  me  era  menester  para  mi 
rescate,  me  determinâron  à  tentar  esta  nneva  ayentura  à  costa 
de  cnalquiera  riesgo.  Prosegui,  pues ,  en  mi  ocupadon ,  pensando 
siempre  en  el  modo  que  podria  tener  para  introducirme  en  el  cuarto 
de  Famikhnaz ,  ô  por  mejor  decir,  en  los  arbhrios  que  ella  di»- 
cnrriria  para  abrirme  este  camino  ;  pareciéndome ,  y  con  funda-< 
mento ,  que  no  se  contentaria  con  lo  hecho ,  y  que  ella  misma  se 
adelantaria  A  librarme  de  este  cuidado.  Con  e^cto  no  me  engaftë  : 
de  alli  à  una  hora  volyiô  à  pasar  junto  à  mi  el  mismo  eunuco  de 
antes ,  y  me  dijo  :  Cristiano ,  i  has  heeho  tus  reflexiones?  j,  tendras 
yalor  para  seguirme  ?  Respondile  que  si.  Pues  bien ,  afiadîA  él ,  el 
cielo  te  guarde;  manana  por  la  mafiana  me  volverds  d  ver;  estd  rfw- 
puesto  para  dejarte  conducir,  y  dîcho  esto  se  retiré.  Efectivamente 
al  dia  siguiente,  à  cosa  de  las  ocho  de  la  mafiana,  se  dejé  yer,  y 
mehizo  sefial  de  que  le  siguiese.  Obedeci,  y  me  condujo  à  una  sala 
donde  habia  un  gran  rollo  de  Kenzo  pintado ,  que  acababan  de 
traer  él  y  otro  eunuco ,  para  Heyarlo  à  la  cémara  de  la  sultana  > 
y  faabta  de  seryir  para  la  decoracion  de  una  comedia  arabe ,  que 
ella  tenia  dispuesta  para  diyertir  al  baji. 

Los  dos  eunucos,  yiéndome  dispoesto  à  bacer  todo  lo  que  qui^ 


254  GIL  BLAS. 

sieseo ,  no  perdiéron  Uempo.  DesarroUaroo  el  telon ,  hidéronme 
tender  à  la  larga  en  medio  de  el ,  y  lo  arrolliron  otra  yez,  vol- 
Yîèndome  y  reyolyiéndome  dentro  de  ël  mismo  con  peligro  de 
sofocarme.  Cogiéronio  cada  nno  de  on  extremo  »  y  de  esta  manera 
me  introdojèron  sin  riesgo  en  el  cuarto  donde  dormia  le  bella  Ca- 
chemiriana.  Estaba  sola  con  una  esclava  Tieja ,  enteramente  dedi- 
cadai  darle  gusto.  Desenyolviéron  ambas  el  telon ,  y  Farrnkhnaz, 
luego  que  me  yiô,  mostrô  una  alegria ,  que  maiUfestaba  biea  el 
carécter  de  las  mugeres  de  su  pais.  En  medio  de  mi  natural  ia- 
trepidez  confieso  que,  cuando  me  yi  de  repente  trasportado  al 
cuarto  secreto  de  las  mugeres  »  senti  cierto  terror.  Conociôlo  muy 
bien  la  foyorfta,  y  para  disiparlo  me  dijo  :  No  temas,  cristiano , 
porque  Soliman  acal»  de  marchar  à  su  casa  de  recreo  donde  se 
détendra  todo  el  dia^  y  nosotros  bablarèmos  aqui  libremente. 

Animéronme  estas  palabras  ^  y  me  hicièron  cobrar  un  espiritu 
y  seguridad  que  ao'ecentô  el  contento  de  mi  patrona.  Esclayo , 
me  dijo ,  tu  persona  me  ha  agradado ,  y  quiero  hacerte  mas 
suaye  el  rigor  de  la  esdayitud.  Te  considero  muy  digno  de  la 
inclinadon  que  te  he  tornado.  Aunquè  te  yeo  en  trage  de  esdavo, 
descubro  en  tus  modales  un  aire  noble  y  galan,  que  me  obliga 
à  créer  no  ères  persona  comun.  Hàblame  con  toda  confianza,  y 
dime  qnien  ères.  S6  muy  bien  que  los  esclayos  bien  naddos 
ocultan  su  condicion  para  que  les  cueste  mënos  el  rescate;  pero 
conmigo  no  debes  gastar  ese  disimulo,  y  ann  me  ofenderia  mu- 
cho  semejante  precaiicion^  pues  que  te  prometo  tu  libertad.  Se 
pues  sincero ,  y  confiésame  que  no  te  criéste  en  pobres  pafiales. 
Con  efectOy  seftora»  le  respondi,  corresponderia  ruinmente  A 
yuestra  generosa  bondad  si  usara  con  yos  de  artifido  ;  ya  que 
teneis  empefto  en  que  os  descubra  quien  soy,  yoy  à  obedeceros: 
soy  hijo  de  un  grande  de  Espafia.  Quizé  decia  en  esto  la  yerdad, 
por  lo  ménos  h  sultana  asi  lo  creyô ,  y  dàndose  à  si  misma  el 
parabien  de  haber  puesto  los  ojos  en  un  hombre  ilostre ,  me 
asegurd  que  haria  todo  lo  posible  para  que  los  dos  nos  yiesemos 
à  solas  con  frecuencia.  Tuyimos  una  larga  conyersacion.  En  mi 
yida  he  tratado  con  muger  de  mayor  talento  y  atractiyo.  Sabia 
muchas  lenguas,  y  sobre  todo  la  castellana,  que  haUaba  me- 
dianamente.  Cuando  le  pareciô  que  era  tiempo  de  separamos , 
me  hizo  meter  en  un  gran  ceston  de  juncos  »  cubierto  con  un 
repostero  de  seda  trabajado  por  su  misma  mano ,  y  Uamando  à 
los  mismos  eunucos  que  me  habian  introducido ,  les  entregô 
aquella  carga ,  como  un  regalo  que  ella  enyiaba  al  bajà  :  lo  que 
es  tan  sagrado  entre  los  que  hacen  la  guardia  al  cuarto  de  las 
mugeres,  que  ninguno  tiene  la  osadia  de  mirarlo. 

Hallàmos  Farrukhnaz  y  yo  otros  yarios  arbitrios  para  hablar^ 
nos  ;  y  la  amable  sultana  poco  à  poco  me  fiié  inspirando  tanto 
amor  hâcia  ella,  como  ella  me  le  tenia  à  mi.  Dos  meses  estuyiéron 


LIBRO  QUINTO.  255 

ocaltas  miestras  amorosas  yisitas,  sin  embargo  de  ser  oosa  muy 
dificil  que  en  un  serraUo  se  escapenpor  largo  tiempo  i  los  ojos 
ie  tantos  argos;  pero  nn  contratiempo  desconcertô  nuestras 
medidas ,  y  mudô  enterameme  de  aspecto  mi  fortona.  Un  dia  en 
que  «Biré  en  el  Goarto  de  la  sultana  metido  dentro  de  un  dragon 
artificial  qne  se  habia  becho  para  un  espectàculo ,  cuando  estaba 
yo  hablando  con  «11a  creido  de  que  Soliman  se  ballaba  aun 
fuera ,  entré  este  tan  de  repente  en  el  cuarto  de  su  faTorita,  que 
la  Tieja  esdaTa  no  tuTO  tiempo  de  avisamos ,  y  mucbo  ménos  yo 
para-ocnltarme;  y  asi  fui  el  primero  que  se  ofrecié  à  los  ojos  del  bajâ« 
Hostrôse  sumamente  admirado  de  verme  en  aquel  sitio,  y 
socediendo  en  un  momento  la  ira  à  la.  admiradon,  arrojaban 
fdego  sus  ojos ,  despidiendo  Hamas  de  indignadon  y  furor.  Con^ 
sidéré  entônces  que  era  llegada  la  ultima  hora  de  mi  yida ,  y  me 
imaginaba  ya  en  medio  de  los  mas  crueles  tormentos.  Por  lo  que 
toca  &  Farirakhnaz  conoci  que  tambien  estaba  sobresaltada;  pero 
en  Tez  de  confesar  su  delito ,  y  pedir  perdon  de  él,  dijo  à  So- 
liman :  Seûor,  supticoos  no  me  condeneis  entes  de  oirme.  Con- 
iieso  que  todas  las  apariencîas  me  condenan ,  y  me  representan 
infiel  y  traidora  à  yos ,  y  por  consiguiente  merecedora  de  los 
mas  horrorosos  castigos.  Yo  misma  hice  yenir  à  mi  cuarto  à  este 
caatÎTO ,  y  para  introducirle  en  él  me  yall  de  los  mismos  artifi- 
cios  que  pudiera  usar  si  estuyiera  ciegamente  enamorada  de  su 
persona^  Sin  embargo  de  eso ,  &  pesar  de  todas  estas  exteriorir 
dades ,  pongo  por  testigo  al  gran  Profeta  de  que  no  os  he  sido 
desleal.  Quise  hablar  cou  este  esclayo  cristiano  para  persuadirle 
i  que  dejase  su  secta ,  y  abrazase  la  de  los  yerdaderos  creyrates. 
AI  principio  encontre  en  él  la  resistencia  que  aguardaba;  mas  al 
fia  he  desyanecido  sus  preocupaciones ,  y  en  este  punto  me  es- 
^  dando  palabra  de  que  se  harà  mahometano. 

Confieso  que  era  obligacion  mia  desmentir  à  la  fiayorita  sin 
fcspeto  algnno  al  peligro  en  que  me  hallaba;  pero  turbada  la 
>^20n  en  aquel  lance ,  y  acobardado  el  espiritu  à  yista  del  riesgo 
<|ue  corria  mi  yida  y  la  de  una  dama  à  quien  amaba ,  me  quedé 
confuso  y  cortado.  No  tuye  yalor  para  articular  una  palabra;  y 
persuadido  Soliman  por  mi  silendo  de  que  era  yerdad  cuanto 
habia  dicho  la  sultana ,  depnso  su  ira ,  y  le  dijo  :  Quiero  créer  que 
DO  me  has  ôfendido ,  y  que  el  zelo  de  hacer  una  cosa  que  fiiese 
grata  al  profeta  te  moyi6  A  arriesgarte  â  una  acdon  tan  delicada« 
Pot  eso  disculpo  tu  imprudenda  cou  tal  que  el  esdayo  tome  el 
^'u^te  en  este  mismo  punto.  Inmediatamente  hizo  yenir  é  su 
presenda  un  morabito.  Vistiéronme  A  la  turca,  y  yo  les  dejé 
hacer  cuanto  quisiéron  sin  la  mener  resistenda ,  ô  por  mejor  de- 
*,  ni  yo  mismo  sabia  k)  que  me  hacia  en  aq|uella  turbadon  de 
*o^  mis  potendas.  iCuantos  cristianos  hqbieran  sido  tan  co- 
l^des  como  yo  en  esta  ocasion  ! 


2S6  GIL  BLAS. 

CoDdirida  la  ceremonia ,  mli  del  serraBo  con  el  nombre  de 
Sidy  Haly  à  tomar  posesion  de  on  empleo  de  poca  monta  i  que 
Soliman  me  destiné.  No  ToWi  a  \er  à  la  sultana  ;  pero  ono  de  sas 
eonucos  ^ino  à  boscarme  cierto  dia ,  y  de  so  parte  me  entregô 
nna  porcion  de  piedras  preciosas,  estimadas  en  dos  mil  ftflfantnot 
de  oro,  y  jnntamente  nn  billete  en  qne  me  asegoraba  que  jamas 
olyidaria  la  generosa  complacencia  con  que  me  habia  hecho  ma- 
hometano  por  salvarie  la  yida.  Con  efiecto ,  ademas  de  los  regalos 
que  habia  reciindo  de  la  bella  Faimkhnaz ,  consegui  por  su  me- 
diadon  otro  empleo  de  mas  importancia  que  el  primero ,  de 
manera  que  en  mënos  de  seis  i  siete  aûos  me  halle  el  rene^o 
mas  rioo  de  todo  Argel. 

Ya  habrin  conocido  ustedes  que,  si  yo  ooncurria  A  las  oraciones 
que  hacian  los  musulmanes  en  sus  mezquitas,  y  practicaba  las 
demas  ceremonias  de  su  ley,  era  todo  una  mera  ficcion.  Por  lo 
demas  estaba  firmemente  resuelto  A  Tolver  à  entrar  en  el  seno 
de  la  iglesia ,  para  lo  que  pensaba  retirarme  algun  dia  à  Espafta  6 
Italia  con  las  riquezas  que  hubiese  juntado.  Miéntras  tanto  yivia 
muy  alegremente  ;  estaba  alojado  en  una  hermosa  casa ,  tenia  jar- 
dines  magnificos ,  moltttud  de  esclavos,  y  un  serrallo  bien  abas- 
tecido  de  mugeres  bonitas.  Aunque  el  uso  del  yino  estA  prohibido 
en  aquella  tierra  a  los  mahometanos ,  sin  embargo  pocos  Moros 
dejan  de  beberlo  secretamente.  Yo  por  lo  mènos  lo  bebia  sin  es- 
crùpulOy  como  lo  hacen  todos  los  renegados. 

Acuérdome  que  me  acompafiaban  comunmente  en  mis  borra- 
cheras  un  par  de  camaradas ,  con  quienes  muchas  yeoes  pasaba 
loda  la  noche^con  las  botellas  sobre  la  mesa.  Uno  era  Judio  y  el 
otro  Arabe.  Tenialos  por  hombres  de  bien,  y  en  esta  confianza 
yiyia  con  ellos  sin  reserya.  Cony idëlos  una  noche  à  cenar  ;  y  aquel 
dia  se  me  habia  muerto  un  perro  que  yo  queria  mocho.  Layàmos 
el  cuerpo ,  y  lo  enterrémos  con  todas  las  ceremonias  que  acos- 
tumbràn  los  musulmanes  en  el  funeral  de  sus  difiintos.  No  lo 
hicfanos  ciertamente  por  burlarnos  de  la  religion  de  Mahoma , 
sino  solo  por  diyertimos  y  satisfiicer  el  capricho  que  tuye ,  es* 
tando  medio  tornado  de  yino ,  de  celebrar  las  exequias  de  mi 
amado  animalillo. 

Sin  embargo ,  faltô  poco  para  que  esta  inconsiderada  aocion 
me  perdiese  enteramente.  £1  dia  siguiente  se  présenté  en  mi  casa 
un  hombre  que  me  dijo  :  Sefior  Sidy  Haly,  yengo  A  buscar  i 
ymd.  para  cierto  asunto  de  importancia.  £1  sefior  cadi  tiene  pre- 
cision de  hablarle  :  siryase  tomar  el  trabajo  de  llegarse  A  su  casa 
inmediatamente.  Decîdme ,  os  suplico ,  le  preguntè ,  que  es  lo  que 
me  quiere.  £1  mismo  os  lo  dirA ,  respondiô  el  Moro  :  todo  ïo  que 
puedo  decir  es  que  un  mercader  que  ayer  cenô  con  ymd.  le  ha 
dado  parte  de  no  se  que  impia  6  irreligtosa  aocion  que  se  eje- 
cutô  en  yuestra  casa  çon  motiyo  de  enterrar  on  perro.  Yo  os  no- 


LIBRO  QUINTO.  257 

tifico  de  ofido  que  comparezcais  hoy  mismo  ante  el  juez ,  con 
apercibimiento  de  que,  no  cumpliëndolo  asi ,  se  procédera  crjmî- 
nalmente  contra  Tuestra  persona.  Dijo ,  y  sin  aguardar  respuesta, 
me  Yolviô  la  espalda,  dejàndome  aténito  con  su  apercibimiento. 
No  tenia  el  Arabe  la  mas  minima  razon  para  estar  quejoso  de  mi , 
ni  70  podia  comprender  porqué  me  habia  jugado  una  pieza  tan 
ruin.  Sin  embargo,  la  cosa  era  muy  digna  de  atencion.  Yo  tenia 
bien  conocido  at  cadi  por  bombre  severe  en  la  apariencia ,  pero 
en  el  fbndo  poco  escrupuloso  y  muy  avaro.  Meti  en  el  bolsillo 
doscientos  sultaninos  de  oro,  y  fui  derecho  à  presentarme  à  él. 
Hizome  entrar  en  su  despacho ,  y  luego  me  dijo  en  tono  colérico 
y  fîirioso  :  Sois  un  impio ,  un  sacrilego ,  un  hombre  abominable. 
Habeis  dado  sepultura  à  un  perro  como  si  fiiera  un  musulman. 
4  Que  sacrilegio  !  i  que  profanacion!  ^Es  este  el  respeto  que  pro- 
fésàis  à  las  mas  vénérables  ceremonias  de  nuestra  santa  ley? 4 Os 
hictsteis  mahometano  ûnicamente  para  burlaros  de  las  ceremo- 
nias mas  sagradas  de  nuestro  Alcoran?  Sefior  cadi,  le  respond!, 
el  Arabe  que  yino  i  haceros  una  relacion  tan  alterada  ô  tan  malig- 
namente  desfigurada,  aquel  amigo  traidor  fuë  complice  en  mi 
delito ,  si  por  tal  se  debe  reputar  haber  dado  sepultura  à  un  do* 
mèstico  fiel ,  à  un  inocente  animal ,  que  tenia  mil  bellas  calida- 
des.  Amaba  tanto  à  las  personas  de  mèrito  y  distincion ,  que  hasta 
en  su  muerte  quiso  dejarles  testimonies  irréfragables  de  su  esti- 
macion  y  afecto.  En  su  testamento ,  en  el  que  me  nombre  por 
ùnîco  albacea,  repartie  entre  ellas  sus  bienes,  legando  à  unas 
Teinte  escudos,  à  otras  treinta,  etc.;  y  es  tanta  verdad  lo  que 
digo ,  que  tampoco  se  olyidô  de  vos ,  pues  me  dejô  rouy  encar- 
gado  que  os  entregase  los  doscientos  sultaninos  de  oro  que  ha- 
Uaréis  en  este  bolsillo  ;  y  dicho  esto  le  alargué  el  que  lleyaba  pre- 
yenido.  Perdiô  el  cadi  toda  su  grayedad  cuando  me  oyô  dectr 
esto ,  sin  poder  contener  la  risa ,  y  como  estabamos  solos  tomô 
francamente  el  bolsillo ,  y  me  despidiô  diciendo  :  Id  en  paz ,  Sidy 
Haly,  hicisteis  cuerdamente  en  haber  enterrado  oon  pompa  y 
con  honor  à  un  perro  que  hacia  tanto  aprecio  de  los  sugetos  de 
mérite. 

Sali  por  este  medio  de  aquel  pantano  ;  y  si  el  lance  no  me  hizo 
mas  cnerdo ,  à  lo  ménos  me  enseûô  à  ser  mas  circunspecto.  No 
yoly  i  à  tratar  con  el  Arabe  ni  con  el  Judio ,  y  escogi  para  mi  ca- 
marada  de  botellas  à  un  caballero  de  Lioma ,  que  era  esclayo  mio, 
llamado  Azarini.  No  era  yo  como  aquellos  renegades  que  tratan 
à  los  cautiyos  cristianos  peor  qiie  los  mismos  Turcos.  Los  mios 
no  seimpacientaban  aunque  se  les  retardase  el  rescate.  Tratébalos 
con  tenta  benignidad ,  que  muchas  yeces  me  dccian  les  costaba 
mas  susptros  el  miedo  de  pasar  à  servir  à  otro  amo,  que  el  deseo 
de  conseguir  la  Ilberiad ,  gin  embargo  de  ser  esta  tan  dnlce  y 
tan  apetecible  à  todos  los  que  gimen  en  cautiverio. 

<7 


258  GIL  BLAS. 

Yoliriéron  un  dia  los  jabeqoes  de  Soliman  cargados  de  presa, 
y  en  ella  den  esdayos  de  nno  y  otro  sexo ,  apresados  todos  m 
las  eostas  de  Espafia.  Reserro  Solnnan  para  si  un  oortisimo  nu- 
méro 9  y  los  demas  fîiéron  puestos  en  yenta.  Fui  A  la  plaza  donde 
esta  se  celebraba ,  y  comprè  una  mudiacha  espaftola  de  diez  â 
doce  ajk>s.  Lloraba  la  pobrecita  amargamente,  y  se  desesperaba. 
Admirado  yo  de  yerla  afligirse  asi  en  tan  tiema  edad ,  me  Oegué 
à  ella  y  le  dije  en  lengua  castellana  que  no  se  apesadumbrase 
tanto  y  asegunjuidole  que  habia  caido  en  manos  de  un  amo  que , 
aunque  lleyaba  turbante,  era  deoorazon  humano.  La  jôven,  po- 
seida  enteramente  de  su  dolor,  ni  siquîera  atendia  à  mis  palabras. 
Gemia ,  suspiraba ,  y  se  deshacia  en  légrimas  inconsolables ,  pro- 
rumpiendo  de  cuando  en  cuando  en  esta  exclamacion  :  jAy  madré 
mia,  y  porqui  me  habrdn  separado  de  ti!  Todo  lo  Uevaria  en  pa- 
ctenda  cùtno  esiuvieramo»  juntas.  Miëntras  deda  estas  palabras , 
tenia  puestos  los  ojos  en  una  muger  de  cuarenta  y  cineo  à  dn- 
cuenta  aftos ,  distante  pocos  pasos ,  la  cual  muy  modesta ,  silen- 
dosa  y  con  los  ojos  bajos ,  estaba  esperando  à  que  algono  la 
comprase.  Preguntéle  si  era  su  madré  aquella  muger  à  quien  mi- 
raba.  Si ,  sefior ,  me  respondiô  con  tierno  sentimiento  ;  por  amor 
de  Dios  haga  su  merced  que  jamas  me  separen  de  eUa.Bien  esta, 
hija  mia ,  le  dije;  si  para  tu  consuelo  no  deseas  mas  que  el  estar 
juntas  las  dos ,  presto  quedarés  contenta  y  consolada.  Al  mismo 
tiempo  me  acerquë  à  la  madré  para  comprarla  ;  pero  no  bien  la 
miré  con  un  poco  de  cuidado ,  cuando  reconod  en  ella ,  con  la 
conmocion  que  podeis  imaginar ,  todas  las  iacciones  y  demas 
sefiales  de  Lucinda.  ;  Cielos  !  exclamé  dentro  de  mi  mismo  :  ^qné 
es  lo  que  veo  ?  Esta  es  mi  madré ,  no  puedo  dudarlo.  Pero  ella , 
ô  ya  Aiese  porque  el  \\\o  dolor  del  estado  en  que  se  ballaba  no 
la  dejaba  yer  otra  cosa  mas  que  enemigos  en  todos  los  objetos 
que  se  le  presentaban ,  ô  ya  fuese  porque  el  trage  mahometano 
me  bacia  parecer  otro,  6  bien  que  en  el  espacio  de  doce  alios 
que  no  me  babia  Tisto  me  hubiese  desfigurado,  el  hecho  es  que 
realmente  ella  no  me  conociô.  En  fin ,  yo  la  comprè ,  y  me  la  Ueyè 
à  mi  casa. 

No  quise  dilatarle  el  gusto  de  que  me  conodese.  Sej&ora,  le 
dije,  ^es  posible  que  no  os  acordeis  de  baber  Tîsto  nunca  esta 
cara?  ^Pues  que,  unos  bigotes  y  un  turbante  me  desfiguran  de 
suerte  que  os  impidan  conocer  à  Tuestro  hijo  Rafael  ?  Volviô  en  si 
al  oir  estas  palabras  :  mirème ,  remirôme ,  reconoci6me ,  y  arro- 
jindose  à  mi  con  los  brazos  abiertos ,  nos  estrechàmos  tiema- 
mente.  Gon  igual  temura  abrazë  despues  à  su  querida  hija,  li 
cual  estaba  tan  ignorante  de  que  tenia  un  bermano ,  cono  yo 
ageno  de  tener  una  hermana.  Confesad ,  dije  entônce»^  mi  madré, 
que  en  todas  vuestras  comedias  no  hàboîa  lenfdo  un  encnentro  y 
reconocimiento  tan  positiyo  como  este.  Hijo ,  me  respondié  sus- 


LIBRO  QUINTO.  259 

pirando,  grandisima  alegria  he  tenido  en  Tolyeite  â  yer;  pero 
esta  alegria  esta  mezclada  con  un  amargulsimo  pesar.  ;  Dios  mio  ! 
I  eo  que  estado  he  tenido  la  desgracia  de  encontrarte  !  Mi  escla- 
Titud  me  seriamil  yeces  mènos  sensible  que  ese  trage  odioso...  À 
fe  9  madre ,  le  respond!  sonriëndome ,  que  me  admiro  de  Tuestra 
deiicadeza  :  por  cierto  que  no  es  muy  propia  de  una  comedianta. 
A  la  yerdad ,  sefiora ,  que  sois  muy  otra  de  lo  que  erais ,  si  este 
mi  disfiraz  os  ha  dado  tanto  enojo.  En  lugar  de  enojaros  contra 
mi  turbante ,  miradme  como  é  un  cômico  que  représenta  el  papel 
de  on  Turco  en  el  teatro.  Aunque  renegado ,  soy  tan  musulman 
oomo  lo  era  en  Espafia  ;  y  en  la  realidad  permanezco  siempre  en 
mi  religion.  Cuando  sepais  todas  las  aventuras  que  me  han  acon- 
tecido  en  este  pais  me  disculparèis.  El  amor  fué  la  causa  de  mi 
delito.  Sacrifiquè  à  esta  deidad.  En  esto  me  parezco  algo  à  tos  ; 
fiiera  de  que  hay  aun  otra  razon  que  debe  templar  yuestro  dolor 
de  yenne  en  la  situacion  en  que  me  yeis.  Temiais  experimentar 
en  Argel  una  dura  esclayitud ,  y  habeis  hallado  en  yuestro  amo 
on  hijo  tienio ,  respetuoso ,  y  bastante  rico  para  que  yiyais  con 
regalo  y  con  quietud  en  esta  ciudad ,  hasta  que  se  nos  propor- 
cione  ocasion  oportuna  para  que  todos  podamos  seguramente 
volyer  à  Espafta.  Reconoced  ahora  la  yerdad  de  aquel  proy^bio 
que  dice  :  no  hay  mal  que  por  bien  no  venga, 

Hijo  miOy  me  dijo  Lucinda,  una  yez  que  estes  resuelto  ft  res- 
tituirte  ft  tu  patria  y  abjurar  el  mahometismo,  quedo  consolada. 
Entônces  irft  con  nosotros  tu  hermana  Beatriz,  y  tendre  el  gusto 
de  yolyerla  à  yer  sana  y  saWa  en  Castilla.  Si,  seflora ,  le  res- 
pond! :  espero  que  le  tendrèis ,  pues  lo  mas  presto  que  sea 
posible  irëmos  todos  très  ft  juntarnos  en  Espafia  con  el  resto  de 
nuestra  fomilia,  no  dudando  yo  que  habréis  dejado  en  ella  al-* 
gunas  otras  prendras  de  yuestra  fecundidad.  No ,  hijo ,  repuso 
mi  madre,  no  he  tenido  mas  hijos  que  à  yosotros  dos  ;  y  has 
de  saber  que  Beatriz  es  firuto  de  un  matrimonio  de  los  mas  leg!- 
timos.  Pero,  sefiora,  répliqué,  4 que  razon  tuyisteis  para  con- 
céder &  mi  hermanita  esa  preeminencia  que  me  negàsteis  ft  mi? 
^Y  como  OS  habeis  resuelto  à  casaros?  Acuèrdome  haberos  oido 
decir  mil  yeoes  en  mi  niftez  que  nunca  perdonariais  ft  una  mnger 
jôyen  y  linda  el  sujetarse  ft  un  marido.  Otros  tiempos ,  otras  cos- 
iumbresy  respondiô  ella.  Si  los  hombres  mas  firmes  en  sus  pro- 
pôsitos  estftn  mas  sujetos  à  mudar,  4  que  razon  habrft  para 
pretender  que  las  mugeres  sean  invariables  en  los  suyos?  Voy  ft 
contarte ,  oontinu6 ,  la  historia  de  mi  yida  desde  que  saliste  de 
Madrid.  Hizome  despues  la  siguiente  relacion  que  jamas  olvi- 
daré ,  y  de  la  cual  no  quiero  priyaros ,  porque  es  curiosisima. 

Habrft  oosa  de  treoe  afios,  si  te  acuerdas,  que  dejAste  la  casa 
del  marquesito  de  Leganes.  En  aquel  tiempo  el  duque  de  Medi- 
naceli  me  dijo  que  deseaba  cenar  oonmigo  priyadamente.  Sefia- 


260  GIL  BLAS. 

lome  el  dia,  esperèle,  vioo,  y  le  gustè.  Pidiôme  el  saerifido  de 
todos  los  compeUdores  qae  podia  tener ,  y  se  le  concedî  con 
la  esperanza  de  que  me  lo  pagarîa  bien,  y  asi  lo  ejecutô.  £1  dîa 
siguieate  me  envîô  Yarios  regalos,  à  que  siguiéron  otros  muchos 
en  lo  sucesiyo.  Temia  yo  que  no  duraria  largo  tiempo  en  mis 
prisiones  un  seftor  de  aquella  elevacion,  y  lo  temia  con  tanto 
mayor  fiindamento ,  cuanto  no  ignoraba  que  se  habia  escapado 
de  otraSy  en  que  le  habian  aprisionado  varias  fiunosas  beldades, 
cuyas  dukes  cadenas  lo  mismo  habia  sido  prob^rlas  que  rom— 
perlas.  Sin  embargo ,  lëjos  de  disgustarse ,  cada  dia  parecia  mas 
embelesado  de  mi  condescendencia.  En  suma,  tuve  el  arte  de 
aseguràrmele,  y  de  impedir  que  su  corazon ,  naturalmente  to- 
luble,  se  dejase  arrastrar  de  su  nativa  propension. 

Très  meses  hacia  que  me  amaba,  y  yo  me  lisonjeaba  de  que 
su  carifto  séria  durable ,  cuando  cierto  dia  una  amiga  mia  y  yo 
concurrimos  à  una  casa  donde  se  hallaba  la  duquesa  e^osa 
del  duque ,  y  habiamos  ido  à  ella  convidadas  para  oir  un  con- 
cierto  de  mùsica  de  voces  è  instrumentos.  Sentâmonos  casual- 
mente  un  poco  detras  de  la  duquesa,  la  cual  llevô  muy  à  mal 
que  yo  me  hubiese  dejado  ver  en  un  sitio  donde  ella  se  hallaba. 
Enviôme  à  decir  por  una  criada  que  me  suplicaba  me  saliese 
de  alli  al  instante.  Respondi  à  la  criada  con  mucha  groseria  ;  de 
lo  que  irritada  la  duquesa  se  quejô  à  su  esposo,  el  cual  vino  à 
mi,  y  me  dijo  :  Lucinda,  sal  prontaniente  de  aqui  :  cuando  los 
grandes  seAores  se  inclinan  à  mozuelas  como  tu,  no  deben  estas 
olvidarse  de  lo  que  son  :  si  alguna  vez  os  amamos  à  vosotras 
mas  que  à  nuestras  mugeres ,  siempre  las  respetamos  à  estas 
mucho  mas  que  à  vosotras  ;  y  siempre  que  (i^ngais  la  insolencia 
de  pretender  igualaros  con  ellas,  seréis  tratadas  con  la  indigni- 
dad  que  mereceis. 

Por  fortuna  que  el  duque  me  dijo  todo  esto  en  voz  tan  baja 
que  ninguno  pudo  comprenderlo.  Retiréme  avergonzada  y  con- 
(usa ,  pero  Ilorando  de  rabia  por  el  desaire  que  habia  recibido. 
Para  mayor  pesar  mio  los  comediantes  y  comediantas  aquella 
misma  noche  supiëron,  no  se  como,  todo  lo  que  me  habia  pa- 
sado.  No  parece  sino  que  hay  algun  diablillo  asechador  y 
zizaflero  que  se  divierte  en  descubrir  à  unos  lo  que  sucede  à 
otros.  Hace,  por  ejemplo,  un  comediante  en  una  francachela  al- 
guna extravagancia  ;  acaba  una  comedianta  de  acomodarse  con 
un  mozuelo  galan  y  adinerado  ;  toda  la  compaftia  inmediata- 
mente  sabe  hasta  la  mas  ridicula  menudencia.  Asi  supiéron  mis 
compafteros  cuanto  me  habia  pasado  en  el  concierto ,  y  ^be 
Bios  cuanto  se  divirtiéron  à  mi  costa.  Reina  entre  eUos  un  cierto 
espiritu  de  caridad  que  se  descubre  bien  t^n  semejantes  ocasio- 
nés.  Con  todo  eso  yo  no  hice  caso  de  sus  habladurias  ,  y  tardé 
poco  en  consolarme  de  la  pérdida  del  duque,  que  no  volviô  à 


LIBRO  QUINTO.  261 

parecer  por  mi  casa,  y  luego  supe  babia  tornado  amistad  con  una 
cantarina. 

Mîéntras  una  comedianta  tiene  la  fortuna  de  ser  aplaudida , 
nunca  le  faltan  amantes  ;  y  el  amor  de  un  gran  seftor,  aunque 
no  dure  mas  que  très  dias,  siempre  aftade  nuevos  realces  à  su 
mérito.  Yo  me  yi  sitiada  de  apasionados  luego  que  se  esparciô 
por  Madrid  la  yoz  de  que  el  duque  me  habia  dejado.  Los  mis- 
mos  competidores  que  yo  le  habia  sacrificado ,  mas  enamorados 
de  mis  hechizos  que  antes ,  yolviéron  à  porfia  à  galantearme. 
Fuera  de  estos  recibi  los  obsequiosos  tributos  de  otros  mil  cora- 
zones.  Nunca  fiii  tan  de  moda  como  enténces.  Entre  los  que  soli- 
citaban  mi  ftiYor,  ninguno  me  pareciô  mas  ansioso  que  un  Aleman 
gordo,  gentilhombre  del  duque  de  Osuna.  Su  figura  no  era  muy 
apreciable,  pero  se  mereciô  mi  atencion  con  mil  doblones  que 
habia  juntado  en  casa  de  su  amo ,  y  los  prodigô  por  lograr  la 
dicha  de  entrar  en  el  numéro  de  mis  amantes  favorecidos.  Este 
bueo  seflor  se  llamaba  BrutandorfF.  Mîéntras  hizo  el  gasto  fué 
bien  recibido  ;  pero  apènas  se  le  apurô  la  boisa,  hallô  la  puerta 
cerrada.  Enfisidado  de  este  procéder  mio ,  me  fué  à  buscar  à  la 
comedia,  diôme  sus  quejas,  y  pprque  me  rei  de  èl  é  sus  hocicos, 
arrebatado  de  côlera  me  sacudiô  un  bofeton  à  la  tudesca.  Di 
un  gran  grito,  sali  al  teatro,  interrumpi  la  comedia ,  y  dirigiën- 
dome  al  duque ,  que  estaba  en  su  aposento  con  su  esposa  la 
duquesa,  me  qu^é  i  ël  en  alta  voz  de  los  modales  tudescos  oon 
que  me  habia- tratado  su  gentilhombre.  Mandô  et  duque  seguir 
la  comedia ,  diciendo  que  despues  de  ella  oiria  à  las  partes. 
Acsteda  la  representacion  me  présenté  muy  alterada  al  duque, 
oiponiendo  mi  queja  con  yehemencia.  Et  Aleman  despachô  su 
defensa  en  dos  palabras,  diciendo  que  en  yez  de  arrepentirse 
de  lo  hecho  era  hombre  para  repetirlo.  El  duque  de  Osuna , 
oidas  las  partes ,  y  yohiéndose  al  Aleman ,  sentenciô  de  esta 
manera  :  Brntandori¥,  te  despido  de  mi  casa,  y  te  prohibo  que 
te  présentes  mas  delante  de  mi,  no  porque  has  dado  un  bofeton 
à  una  comedianta ,  sino  porque  has  faltado  al  respeto  debido 
à  tus  amos,  y  turbado  un  espectàcuto  publico  en  presencia  de 
los  dos. 

Esta  sentencia  me  atrayesô  el  aima.  Apoderôse  de  mi  una  ira 
rabiosa,  y  un  inexplicable  furor  al  yer  que  no  habian  despe- 
dido  al  Aleman  por  la  ofénsa  que  me  habia  hecho.  Creia  yo 
que  un  oprobio  cômo  aquel ,  cometido  contra  una  comedianta , 
debia  castigarse  como  un  delito  de  lésa  mageslad ,  y  contaba 
con  que  el  Tudesco  padeceria  una  pena  aflictiya.  Abriôme  los 
ojos  este  yergonzosisimo  suceso ,  y  me  hizo  conocer  que  el 
mundo  sabe  dtstinguir  entre  el  comediante  y  los  personages  que 
représenta.  Esto  me  disgustô  de)  teatro  en  términos ,  que  desde 
aquel  puntoresolyi  dejarlo^  è  irme  à  yivir  léjos  de  Madrid.  Es- 


263  GIL  BLAS. 

cogi  para  mi  retiro  la  ctadad  de  Valencia ,  y  parti  de  incôgniio 
à  ella  y  llevando  conmigo  hasta  el  yalor  de  yeinte  mil  ducados 
en  dinero  y  alhajas  ;  caudal  que  me  parecia  bastante  para  man- 
tenerme  con  decencia  el  resto  de  mis  dias ,  pues  mi  ànimo  era 
Uevar  una  vida  retirada.  Tome  en  aquella  ciudad  una  casa  pe- 
queAa,  y  no  recibi  mas  femilia  que  una  criada  y  un  page ,  para 
quienes  era  tan  desconocida  como  para  todas  las  demas  del 
yecindario.  Fingi  ser  yiuda  de  un  empleado  de  la  real  casa ,  y 
que  habia  escogido  para  mi  retiro  la  ciudad  de  Valencia ,  por 
haber  oido  que  su  temple  era  uno  de  los  mas  benignos ,  y  su 
terreno  uno  de  los  mas  deliciosos  de  EspaAa.  Trataba  con  muy 
poca  gente;  y  mi  conducta  era  tan  arreglada ,  que  à  ninguno  le 
pudo  pasar  por  el  pensamiento  que  yo  hnbiese  sido  comica.  Sin 
embargo,  y  é  pesar  de  mi  cuidado  en  yivir  escondida  y  retirada, 
puso  los  ojos  en  mt  un  hidalgo  que  yiyia  en  una  quinta  propia , 
cerca  de  Paterna.  Era  un  caballero  bastante  bien  dispuesto ,  y 
como  de  treinta  y  cinco  à  cuarenta  aAos  ;  pero  un  noble  muy 
adeudado ,  lo  que  no  es  mas  raro  en  el  reino  de  Valencia  que 
en  otros  muchos  paises. 

Habiendo  agradado  mi  persona  é  este  hidalgo ,  quiso  saber  si 
en  lo  demas  podria  yo  conyenirle.  À  este  fin  despachô  sus  ocu'l- 
tos  batidores  para  que  ayeriguasen  mis  circunstandas,  y  por  los 
informes  que  le  diéron ,  tuyo  el  gusto  de  saber  que  yo  era 
yiuda,  de  trato  nada  fiaistidioso ,  y  ademas  de  eso  bastante  rica. 
Hizo  juicio  desde  luego  que  yo  era  la  que  habia  menester  ;  y 
muy  presto  se  dejô  yer  en  mi  casa  una  buena  yieja,  que  me  dijo 
de  su  parte  que,  prendado  de  mi  honradez  tanto  como  de  mi 
hermosura,  me  ofrecia  su  mano ,  y  que  ratificaria  esta  oferta  si 
merecia  la  dicha  de  que  quisiese  ser  su  esposa.  Pedi  très  dias  de 
término  para  pensarlo  y  resolverme.  Informéme  en  este  tiempo 
de  las  calidades  de  aquel  hidalgo  ;  y  por  el  mucho  bien  que 
me  dijéron  de  él,  aunque  sin  disimularme  el  lastimoso  estado  de 
sus  rentas ,  déterminé  gustosa  casarme  con  ël ,  como  lo  hice 
dentro  de  muy  pocos  dias. 

Don  Manuel  de  Jërica,  este  era  el  nombre  de  mi  esposo ,  me 
condujo  luego  i  su  hacienda.  La  casa  tenia  cierto  aspecto  de 
antigûedad,  de  lo  que  hacia  mucha  yanidad  el  dueflo.  Deda  que 
la  habia  hecho  edificar  uno  de  sus  progenitores  ;  y  de  la  yejez 
de  la  fâbrica  deducia  que  la  familia  de  Jerica  era  la  mas  antigua 
de  toda  Espafla.  Pero  el  tiempo  habia  maltratado  tanto  aquel 
bello  monumento  de  nobleza,  que  porque  no  yiniese  à  tierra 
lo  habian  apuntalado.  ;  Que  dicha  para  don  Manuel  la  de  habarse 
casado  conmigo  !  Gastôse  en  reparos  la  mitad  de  mi  dîaero  ,  y 
lo  restante  en  ponemos  en  estado  de  hacer  grau  figura  en  el 
pais  ;  y  hèteme  aqui  en  un  nueyo  mundo,  por  decir  lo  asi,  y  con- 
vertida  de  repente  en  seftora  de  aldea  y  de  hacienda.  ;  Que  tras- 


LURO  QUINTO.  263 

fonnacion  !  Era  yo  muy  buena  actriz  para  no  saber  representar 
y  flostener  el  esplendor  que  correspondia  à  mi  nuevo  estado. 
Revestiame  en  iodo  de  ciertos  modales  teatrales  de  nobleza ,  de 
magestad  y  desembarazo,  que  hacian  formar  en  la  aldea  un  alto 
concepto  de  mi  nacimiento.  ;0h  cuanto  se  hubieran  diyertido 
à  Gosta  mia  si  hubiesen  sabido  la  yerdad  del  hecho  I  {Con  cuantos 
satiricos  motes  me  hubiera  regalado  la  nobleza  de  los  contornos, 
y  cuanto  hubieran  rebajado  los  respetuosos  obsequios  que  me 
tributaban  las  demas  gentes  I 

Yivi  por  espacio  de  seis  afios  feliz  y  gustosamente  en  compa- 
ftia  de  don  Manuel ,  al  cabo  de  los  cuales  se  le  Ueyô  Dios.  De- 
j6me  bastaates  negodosque  desenredar,  y  por  fruto  de  nuestro 
matrimonio  à  tu  hermana  Beatriz ,  que  à  la  sazon  oontaba  cuatro 
afk)s  de  edad  cumplidos.  Nuestra  qoinia,  que  era  à  lo  que  esta- 
ban  redacidos  nuestros  bienes ,  se  ballid>a  por  desgracia  empe- 
ftada  para  aeguridad  de  muchos  acreedores,  el  principal  de  los 
cuales  se  Ilamaba  Bernardo  Astuto ,  nombre  que  le  conyenia  per-< 
fectamente.  Ejercia  en  Valencia  el  oficio  de  procurador ,  que  iesn 
empefiaba  como  hombre  consumado  en  todas  las  trampas  de  los 
pleitos;  y  à  mayor  abundamiento  habia  estudiado  leyes ,  para  sa- 
ber mejor  hacer  injusticias.  ;0h   que  terrible  acreedor!  Una 
qointa  entre  las  ufias  de  semejante  procurador  es  lo  mismo  que 
ona  paloma  en  las  garras  de  un  milano.  Por  tanto  el  sefior  Astuto  » 
apénas  snpo  la  muerte  de  mi  marido,  puso  sitio  à  mi  pobre 
qointa.  Infeliblemente  la  hubiera  hecho  yolar  con  las.  minas  que 
las  supercherias  légales  comenzaban  à  formar ,  si  mi  fortuna  ô  mi 
estrella  no  la  hubiera  salyado.  Quiso  esta  que  de  enemigo  se  conr 
yirtiese  en  esclayo  mio.  Enamorôse  de  ml  en  una  conyersacion 
que  tuyo  conmigo  con  motiyo  de  nuestro  pleito.  Confieso  que  de 
mi  parte  hice  cuanto  pude  para  inspirarle  amor,  obligàndome  el 
deseo  de  salyar  mi  posesion  à  probar  con  el  todos  aquellos  arti- 
fidos  que  me  habian  salido  tan  bien  en  tantasocasiones.  Yerdad 
es  que  con  toda  mi  destreza  creia  no  poder  enganchar  al  procu- 
rador ,  tan  embebecido  en  su  oficio ,  que  parecia  incapaz  de  admi- 
tir  nmguna  impresion  amorosa. Con  todo,  aquel  socarron,  aquel 
inarrajo ,  aquel  empuerca  papel  me  miraba  con  mayor  complar- 
cencia  de  la  que  yo  pensaba.  Sefiora ,  me  dijo  un  dia,  yo  no  en- 
tiendo  de  enamorar  :  dedicado  siempre  à  mi  profesion ,  nunca  he 
Guidado  de  aprender  las  réglas ,  los  uses ,  ni  los  diferentes  modes 
de  galantear.  Sin  embargo  de  eso  no  ignore  lo  esencial;  y  para 
aborrar  de  palabras  solo  dire  que  si  ymd.  quiere  casarse  conmigo 
quomarèmos  ai  instante  el  proceso ,  alejaré  à  los  demas  acree- 
dores ,  que  se  han  reunido  conmigo  para  hacer  yender  su  ha- 
cienda; ymd.  seriduefta  del  usnfruao,  y  su  hija  de  la  propiedad. 
El  interes  de  Beatriz  y  el  mio  no  me  dejàron  yacilar  ni  un  solo 
ponte.  Aceptéal  instante  la  proposicion;  el  procurador  cumpliô 


964  GIL  BLAS. 

su  palabra ,  volviô  sas  armas  contra  los  otros  acreedores ,  y  ; 
gar6ma  en  la  posesion  de  mi  qaiota.  Quizé  ftié  esta  la  primera 
yez  que  sapo  servir  bien  i  la  vioda  y  al  haèrfeno. 

LIeguë,  paeSy  é  verme  procuradora,  sin  dejar  por  eso  de  ser 
sefiora  de  aldea ,  annque  este  matrimonio  me  perdiô  en  el  oon- 
oepto  de  la  nobleza  valenciana.  Las  seftoras  de  la  primera  dis- 
tincion  me  miràron  como  à  mia  moger  que  se  babia  envilecido ,  y 
no  quisiëron  visitarme  mas.  Vime  precisada  é  tratar  solamente 
Gon  las  aldeanas ,  ô  con  seftoras  de  medio  pelo.  No  dejô  de  cau- 
sarme  esto  alguna  pena>  porqueme  habia  acostumbrado  por  es- 
pacio  de  seis  afios  à  tratarme  ùnicamente  con  personas  de  carécter. 
Verdad  es  que  tardé  poco  en  consotarme,  porque  tome  cono- 
cimiento  con  una  escribana  y  dos  procuradoras ,  cada  una  de  un 
carécter  muy  digno  de  risa.  Yo  me  diyertia  înfinito  de  Ter  su  ridi- 
culez.  Estas  medio  seftoras  se  tenian  por  personas  ilustres.  Pen- 
saba  yo  que  solamente  las  comediantas  eran  las  que  no  se  cono- 
cian  à  si  mismas  ;  mas  reo  que  esta  es  una  flaqueza  universaL 
Cada  uno  crée  que  es  mas  que  su  vecino.  En  este  partieular  toco 
ahora  que  tan  locas  son  las  hidalgas  de  aldea ,  como  las  damas  de 
teatro.  Para  castigarlas  quisiera  yo  que  se  les  obligase  é  conser- 
yar  en  sus  casas  los  retratos  de  sus  abuelos ,  y  apuesto  coalquiera 
cosa  à  que  no  los  colocarian  en  los  sitios  mas  yisibles« 

A  los  ouatro  aftos  de  matrimonio  cayô  enferme  el  seftor  As- 
tnto ,  y  muriô  sin  baberme  quedado  bijos  de  él.  Afladiéndose  lo 
que  él  me  dejô  à  lo  que  yo  posela ,  me  balIé  una  yiuda  rica ,  y  por 
tal  me  tenian.  En  virtud  de  esta  iama  oomenzô  i  obsequiarme  un 
caballero  siciliano ,  Uamado  Coliiichini ,  resuelto  à  ser  mi  amante 
para  arruinarme ,  ô  ser  desde  luego  mi  marido ,  dejandc^à  mi  ar- 
bitrio  laeleccion.  Hs^ia  yenido  de  Palermo  para  yer  la  Espafla; 
y  despues  de  haber  satisfecho  su  curiosidad ,  estaba  en  Valenda 
esperando ,  segun  decîa ,  ooasion  de  embarcarse  para  restituirse 
à  Sictlia.  Tenia  yeinte  y  cinco  aftos  ;  era ,  aunque  pequefio  de 
cuerpo ,  bien  plantado  ;  y  en  fin  me  agradaba  su  figura.  HaDé 
modo  de  hablarme  à  solas ,  y ,  te  confieso  la  yerdad ,  desde  la 
primera  conyersacion  quedé  loca  perdida  por  éL  No  quedôél  mè- 
nes enamorado  de  mi  ;  y  creo ,  Bios  me  lo  perdone ,  que  en  aquei 
mismo  punto  nos  hubieramos  casado ,  si  la  muerte  del  procura- 
dor,  que  aun  estaba  muy  reciente,  me  hubiera  permitido  bacer 
tan  presto  otra  boda  ;  porque  desde  que  comenzé  é  tomar  indi- 
nacion  à  loi^  matrimonies  respetaba  los  estilos  del  mundo. 

Convinimos ,  pues ,  en  dilatar  un  poco  nuestro  casamiento  por 
el  bien  parecer.  Miéntras  tanto  Colifichini  proseguia  obsequiào- 
dome ,  y  léjos  de  entibiarse  en  su  amor ,  se  mostraba  mas  véhé- 
mente cada  dia.  £1  pobre  mozo  no  estaba  sobrado  de  dinero  ;  co- 
nocilo ,  y  procuré  que  nunca  le  faltase.  Ademas  de  que  mi  edad  era 
doble  de  la  suya,  me  acordaba  de  haber  hecho  contribuir  i  los 


UBRO  QUINTO.  265 

hombres  en  la  flor  de  mis  afios ,  y  miraba  Jo  que  daba  oomo  una 
especie  de  restilucion  en  descargo  de  mi  conciencia.  Estuyimos 
esperando  con  la  mayor  paciencia  que  nos  fdë  posible  à  qae  pa- 
sase  el  tiempo  que  prescribe  â  las  viudas  el  ceremonial  del  respeto 
hnmano  para  pasar  à  otras  nupdas.  Apénas  llegô ,  cuando  fiiimos  à 
la  iglesia  à  unirnos  con  aquel  estrecho  lazo  que  solo  puede  des- 
atar  la  muerte.  RetirAmonos  despues  ami  quinta,  dondepuedo 
decir  que  Tivimos  dos  aflos ,  ménos  como  esposos  que  como  dos 
tiernos  amantes,  j  Pero  ay  !  que  no  nos  habiamos  unido  para  que 
Doestra  dicha  fnese  duradera.  Al  cabo  de  este  breve  tiempo  un 
dolor  de  costado  me  privé  de  mi  adorado  Colifichini. 

Aqui  no  pude  ménos  de  interrumpir  â  mi  madre ,  diciéndole  : 
iPnes  quel  seAora,  ^tambien  mnriô  vuestro  tercer  marido?  Sin 
dada  sois  una  plaza  que  solo  puede  tomarse  à  costa  de  la  vida 
de  sus  conquistadores.  Hijomio,  loomoha  deser?  merespondiô 
da  :  xpor  ventura  puedo  yo  alargar  los  dias  que  el  cielo  tiene 
oontados?  Si  he  perdido  très  maridos,  jcomo  lo  he  de  remediar  ? 
  dos  los  Doré  mucho  :  el  que  ménos  légrimas  me  costô  fiié  el 
procorador.  Como  me  casé  con  él  puramente  por  interes ,  tardé 
poco  en  consolarme  de  su  muerte.  Pero  yolviendo  â  Colifichini  te 
dire  que,  algunos  meses  despues  de  muerto ,  deseando  yo  ver  una 
casa  de  campo junto  à  Palermo,  que  me  habia  seûalado  para  mi 
viodedad  en  nuestro  contrato  matrimonial ,  y  tomar  posesion  de 
eDa  personalmente ,  me  embarqué  para  Sicilia  con  mi  hija  Beatriz  ; 
pero  en  el  viaje  foimos  apresadas  por  los  corsarios  del  bajà  de  Ar- 
gel.  Coodujéronnos  â  esta  ciudad ,  y  por  fortuna  nuestra  te  encon- 
tràste  en  la  plaza  donde  estabamos  puestas  en  Yenta.À  no  ser  estohur 
bîeramoscaido  en  manos  de  un  amo  desapiadado ,  que  nos  hubiera 
nudtratado ,  y  bajo  cuya  dura  esclavitud  quizà  habriamos  gemido 
toda  la  vida  sin  que  tù  hubieses  oido  hablar  nunca  de  nosotras. 

Tai  fuéy  seftores ,  la  relacion  que  mi  madre  me  hizo.  Coloquéla 
despnes  en  el  mejor  cuarto  de  mi  casa,  con  la  libertad  de  yivir 
como  mejor  le  pareciese  ;  cosa  que  fué  muy  de  su  gusto.  Habiase 
^^n^igado  tanto  en  ella  el  hébito  deamar  en  yirtud  de  tan  repetîdos 
^08,  que  no  le  era  posible  estar  sin  un  amante  6  sin  un  marido. 
Anduyo  yagueando  por  algun  tiempo ,  poniendo  los  ojos  en  algu- 
nos de  mis  esclavos  ;  hasta  que  finabnente  llamô  toda  su  atencion 
Haly  Pegelin,  renegado  griego  que  frecuentaba  mi  casa.  Inspirôle 
^  un  amor  mucho  mas  yiyo  que  el  que  habia  tenido  é  Colifi- 
chini, y  era  tan  diestra  en  agradar  à  los  hombres,  que  hallô  el 
secreto  de  encantar  tambien  à  este.  Aunque  conoci  desde  luego 
que  obraban  de  acuerdo  los  dos,  me  di  por  desentendido  de  su 
trato,  pensando  solo  en  el  modo  de  restituirmeà  Espafia.  Habiame 
dado  licencia  el  bajà  para  armar  una  embarcacion  à  fin  de  ir  en 
corso  A  ejercitar  la  pirateria.  Ocupàbame  enteramente  el  cuidado 
'  de  este  armamento,  y  ocho  dias  ànlea  que  se  acabase  d^e  à  Lu- 


266  GIL  BLAS. 

cinda  :  Madre,  presto  saldrémos  de  Argel,  y  dejarémos  para 
siempre  an  lugar  que  tanio  aborreceis. 

Mudôsele  el  (x^r  al  oir  estas  palabras ,  y  guardô  un  profondo 
silencio.  Sorprendiôme  esto  extrailamente,  y  le  dije  admirado  : 
îQuè  es  esto ,  seftora!  iqoé  novedad  veo  en  yuestro  semblante  ! 
parece  qae  os  aflîjo  en  yez  de  causaros  alegria.  Creia  daros  una 
■oticia  agradable  participândoos  qae  todo  lo  tengo  dispuesto  para 
nuestro  yiage  :  ;  no  deseariais  acaso  restitniros  à  Espaila?  No  » 
hijo  mio ,  me  respondii  :  confieso  qae  ya  no  lo  deseo.  Tuye  alli 
tantos  disgoslos  que  be  renunciado  à  ella  para  siempre.  ;  Qaé  es 
lo  que  oigo!  exclamé  penetrado  de  dolor  :  {ah  seftora!  decîd 
mas  bien  que  el  amor  es  quien  os  hace  odiosa  yuestra  patria. 
I  Santos  cieloSy  y  que  madanzai  Cuando  llegàsteis  à  esta  dadad 
todo  cuanto  se  os  ponia  delante  os  causaba  horror  ;  pero  Haly 
Pegelin  os  hace  mirar  las  cosas  con  otros  ojos.  No  lo  niego,  res~ 
pondiô  Lucinda  :  es  derto  que  amo  &  este  renegado ,  y  quiero 
que  sea  micuarto  marido.  ^Quë  proyecto  es  el  yuestro?  inter- 
mmpi  todo  horrorizado.  {Vos  casaros  cob  un  musulman I  Sin 
dnda  habeis  olyiyado  que  sois  cristiana,  6  por  mejor  dedr, 
solamente  lo  habeis  sido  hasta  aqul  de  pnro  noinbre.  ;  Ah ,  madré 
mia  !  \y  que  de  cosas  estoy  yiendo  ya  I  Habeis  resuelto  perderos 
para  siempre ,  porque  yais  à  hacer  por  yuestro  gusto  lo  que  yo 
no  hice  sino  por  necesidad. 

Otras  muchas  cosas  le  dije  para  disuadirla  de  aquel  intento  ; 
pero  fuë  predicar  en  desierto ,  porque  se  habia  oerrado  en  ello. 
No  contenta  con  dejarse  arrastrar  de  su  mala  inclinadon,  de- 
jàndome  à  mi  por  entregarse  à  un  renegado ,  quiso  lleyarse  eon- 
sigo  àBeatriz;  pero  à  esto  me  opuse  fuertemente.  jAh  infeliz 
Lucinda  !  le  dije  ;  si  nada  es  capaz  de  conteneros ,  é  lo  mënos 
abandonaos  sola  al  fiiror  que  os  posée ,  y  no  querais  condudr  à 
una  inocente  al  precipicio  en  que  os  apresurais  à  caer.  Luckida  se 
marchô  sin  replicar ,  quizi  por  alguna  yislumbre  de  luz  qae  por 
entônces  rayô  en  ella,  y  le  impidiô  obstinarse  en  pedir  su  hija. 
Asi  lo  creia  ya;  pero  conocia  muy  mal  à  mi  madré.  Uno  de  mis 
esclayos  me  dijo  dos  dias  despues  :  Seftor ,  mirad  por  yos.  Un 
cautiyo  de  Pegelm  acaba  de  confiarme  un  secreto  que  no  debo 
ocultaros  para  que  no  perdais  tiempo  en  aproyecharos  de  èl. 
Vuestra  madré  ha  mudado  de  religion ,  y  para  yengarse  de  yos 
por  haberle  negado  su  hija ,  esté  determinada  â  dar  parte  al  bajà 
de  yuestra  prôxima  fuga.  No  tuye  la  menor  duda  de  que  Lucinda 
era  capaz  de  hacer  todo  lo  que  mi  esclayo  me  ayisaba.  Habiala 
yo  estadiado  muoho,  y  estaba  persuadido  de  que,  à  fuerza  de 
representar  papeles  trégicos  en  el  teatro ,  se  habia  fiamilianzado 
tanto  con  el  crimen ,  que  muy  bien  me  hubiera  hecho  quemar 
yiyo ,  y  no  te  conmoyeria  mas  mi  muerte  que  si  yiese  represen* 
tada  en  unatragedia  esta  catàstrofe  sangrienta. 


LIBRO  QUmTO.  287 

Por  tauto  no  quise  despreciar  el  aviso  que  me  diô  el  esdayo. 
Apresorë  caanto  pade  las  prereBciones  del  embarco ,  y  tome , 
segon  costombre  de  los  corsarios  argelinos  que  van  à  corso ,  al- 
guaos  Turcos  comnigo ,  pero  solamente  los  que  eran  necesarios 
para  no  hacerme  sospechoso ,  y  sali  del  puerto  con  todos  mis  es- 
dayos  y  mi  hermana  Beatriz.  Ya  se  persaadir&n  nstedes  de  que 
no  me  oWidaria  de  Ueyar  al  mismo  tiempo  todo  el  dinero  y  alha- 
jas  que  habia  en  mi  casa,  y  podia  importar  hasta  unos  seis  mil 
dncados.  Laego  que  nos  yimos  en  plena  mar ,  lo  primero  que 
hicimos  fué  asegurarnos  de  los  Turcos ,  â  quienes  encadenàmos 
filcilmente  por  ser  mncbo  mayor  el  numéro  de  mis  esclayos.  Tu- 
yimos  un  yiento  tan  feyorable  que  en  poco  tiempo  arribàmos  A 
las  costas  de  Italia.  Entrimos  en  el  puerto  de  Lioma  con  la  mfiyor 
felicidad  ;  y  toda  la  ciudad,  i  lo  que  creo,  acudiô  à  nuestro  des- 
embarco.  Entre  los  que  concorriéron  à  èl  estaba  por  casualidad 
6  por  curiosidad  el  padre  de  mi  esclayo  Azarini.  Miraba  atenta- 
mente  à  todos  mis  cautiyos  conforme  iban  desembarcando ,  y 
aunque  en  cada  uno  de  ellos  deseaba  yer  las  foociones  de  su  hijo , 
ninguna  esperanza  tenia  de  encontrarlas.  |Pero  que  jAbilo  I  |qué 
abrazos  se  dièron  padre  ë  hijo  despues  de  baberse  reconoddo  I 
Luego  que  Azarini  le  informe  de  quien  era  yo ,  y  del  motiyo  que 
me  lleyaba  &  Lioma ,  me  obligé  el  buen  yiejo  à  que  faese  à  alo- 
jarme  à  su  casa ,  juntamente  con  mi  hermana  Beatriz.  Pasarë  en 
silencio  la  menuda  relacion  de  mil  cosas  que  me  fué  preciso  prao- 
ticar  para  yoWer  à  reconciliarme  con  el  gremio  de  la  iglesia ,  y 
solo  dire  que  abjure  el  mahometismo  con  mucha  mayor  fe  que  le 
habia  abrazado.  Purguème  enteramente  del  humor  mahometano, 
>>yendi  mi  bajel ,  y  di  libertad  à  todos  los  esclayos.  Por  lo  que 
t^ica  à  los  Tur<x>s  se  les  asegurô  en  las  cérceleç  de  Lioma  para  can- 
gearlos  à  su  tiempo  por  otros  tantos  cristianos.  Los  dos  Azarinis 
padre  è  hijo  usAron  conmigo  de  todo  gënero  de  atenciones.  El 
bijo  se  casô  con  mi  hermana  Beatriz  ;  partido  que  â  la  yerdad  no 
dejaba  de  ser  yentajoso  para  ël,  porque  al  cabo  era  hija  de  un 
catMdlero ,  y  heredera  de  la  hacienda  de  Jërica ,  cuya  administra- 
don  habia  dejado  mi  madré  à  cargo  de  un  rioo  labrador  de  Pa- 
tema  cnando  resolyiô  pasar  &  Sicilia. 

Despues  de  haberme  detenido  en  Lioma  algun  tiempo ,  marche 
A  Florencia  deseoso  de  yer  aqnella  ciudad.  Lleyë  conmigo  algu- 
nas  cartas  de  recomendacion  que  el  yiejo  Azarini  me  diô  para 
algnnos  amigos  sayos  en  la  corte  del  gran  duque ,  A  quienes  me 
recomendaba  como  un  caballero  espaftol  pariente  suyo.  Yo  aftadi 
el  don  A  mi  nombre  de  bautismo ,  A  imitacion  de  no  pocos  paisa- 
nos  mios  plebeyos  que,  sin  tenerle ,  y  por  honrarse,  se  le  ponen 
A  si  mismos  en  los  paises  extrangeros.  Haciame,  pnes ,  Ilamar  con 
descaro  don  Rafael,  y  como  habia  traido  de  Ârgel  lo  que  basta- 
ba  para  sostener  dignamente  esta  nobleza ,  me  présenté  en  la  corte 


S68  GIL  BLAS. 

con  brfllaotez.  Los  catiaUeros  à  qaienes  me  habia  reoomendado 
Azarini  pablicatNiD  en  lodas  partes  que  yo  era  un  sugeto  de  dis- 
tindon  ;  y  como  no  lo  desmentian  los  modales  caballeresoGS  que 
habia  estudiado  bien ,  era  generahnente  tenido  por  persona  de 
importancia. 

Supe  introdncirme  muy  presto  con  los  primeros  sefiores  de  la 
corte  y  los  cuales  me  presentâron  al  gran  duque ,  y  tuve  la  foptu- 
na  de  caerle  en  gracia.  Dediquëme  à  hacerle  la  corte ,  y  à  estu- 
diarle  el  genio«  Oia  para  esto  con  atencion  lo  que  decîan  de  ël  los 
cortesanos  mas  viejos  y  experimentados.  CHbserré  entre  otras  co- 
sas  que  le  gustaban  mucho  los  cuentos  graciosos  traidos  con  opor- 
tunidad ,  y  los  dichos  agndos.  Esto  me  sirviô  de  régla ,  y  todas 
las  maAanas  escribia  en  mi  libro  de  memoria  los  cuentos  que  que- 
ria  contarle  durante  el  dia.  Sabia  tan  grande  numéro  de  ellos ,  que 
parecia  tener  un  saco  lleno ,  y  aunque  procuré  gastarlos  con  eco- 
nomia ,  poco  é  poco  se  fiiè  apurando  el  caudal  »  de  suerte  que 
me  hubiera  yisto  precisado  à  repeUrlos  ô  A  haoer  yer  que  habia 
conduido  mis  apotegmas ,  si  mi  taiento ,  fecundo  en  invenciones , 
no  me  hubiese  socorrido  con  abundancia  ;  de  manera  que  yo  mis- 
mo  compuse  cuentos  galantes  6  c6micos ,  que  dîTirtièron  mucho 
al  gran  duque.  Y ,  lo  que  sucede  muchas  yeces  à  los  ingeniosos 
y  agudos  de  profesion ,  por  la  mafiana  apuntaba  en  mi  libro  de 
memoria  las  agudezas  que  habia  de  decir  por  la  tarde ,  vendièn- 
dolas  como  ocurridas  de  repente. 

Methne  tambien  à  poeta ,  y  consagré  mi  musa  à  las  alabanzas 
del  principe.  Confieso  de  buena  fe  que  mis  yersos  no  valian  mu- 
cho ,  y  por  eso  nadie  los  criticô  ;  pero  aun  cuando  hubieran  sido 
mejores ,  dudo  que  el  duque  los  hubiera  celebrado  mas  :  el  he- 
cho  es  que  le  agradaban  infinito ,  lo  que  quizà  dependeria  de  los 
asuntos  que  yo  elegia.  Fuese  por  lo  que  quisiese ,  aquel  prmdpe 
estaba  tan  pagado  de  mi  que  lleguè  à  causar  zelos  à  los  cortesa- 
nos. Estos  quisiéron  averiguar  quien  era  yo  ;  pero  no  lo  consi- 
guièron ,  y  solo  Uegiron  à  descubrir  que  habia  sido  renegado.  No 
dejâron  de  ponerlo  en  noticia  del  principe ,  con  esperanza  de  des- 
bûicarme;  pero,  léjos  de  salir  con  la  suya,  este  diisme  sirviô 
ûnicamente  para  que  el  gran  duque  me  obligase  un  dia  à  que  le 
hiciese  una  fiel  relacion  de  mi  cautiverio  en  Àrgel.  ObedecÛe ,  y 
mis  aventuras  le  divirtiëron  infinito. 

Luego  que  la  acabé ,  me  dijo  :  Don  Rafael ,  yo  te  estimo  mu- 
cho ,  y  quiero  darte  de  ello  un  prueba  tal  que  no  te  deje  gènero 
de  duda.  Yoy  à  hacerte  depositario  de  mis  secretos ,  y  para  po- 
nerte  desde  luego  en  posesion  de  confidente  mio ,  te  digo  que 
amo  con  pasîon  à  la  muger  de  uno  de  mis  ministros.  Es  la  seâora 
mas  linda  de  mi  corte ,  pero  al  mismo  tiempo  la  mas  virtuosa. 
Ocupada  enteramente  on  el  gobierno  de  su  casa ,  y  del  todo 
entregada  al  amor  de  un  marido  que  la  idolâtra ,  parère  que  ella 


LIBRO  QUINTO.  269 

sola  ignora  lo  celebrada  que  es  en  Florencia  su  hermosura.  Por 
aqui  conoceràs  la  dificultad  de  conquistar  sa  corazon.  En  medio 
de  eso  esta  deidad  ,  inaccesible  à  los  amantes,  alguna  i^ez  me  ha 
oido  suspirar  por  ella  :  he  hallado  medios  de  hablarle  à  solas  ; 
conoce  mis  sentimientos  interiores ,  mas  no  por  eso  me  lisonjeo 
de  haberle  inspirado  amor ,  no  habiëndome  dado  ningun  motiyo 
para  formarme  ana  idea  tan  lisonjera.  Sin  embargo ,  no  desconfio 
de  qae  Degae  à  série  grata  mi  constancia  y  la  misteriosa  con- 
docta  qoe  observo.  Lai  pasion  que  abrigo  en  mi  pecho  à  esta 
dama ,  ella  sola  la  conoce.  En  vez  de  dejarme  Ueyar  de  mi  in- 
clinacion  sin  reparo  algnno ,  abusando  del  poder  y  antoridad  de 
soberano ,  mi  mayor  cuidado  es  ocultar  à  todo  el  mando  el  co- 
nocimiento  de  mi  amor.  Paréceme  deber  esta  atencion  à  Hasca- 
rini»  que  es  el  esposo  de  la  qae  amo.  El  desinteres  y  zelo  con 
que  me  sirre ,  sus  seryicios  y  sa  probidad  me  obligan  &  procéder 
con  el  mayor  secreto  y  circunspeccion^  No  quiero  clayar  an  pu* 
ûal  en  el  pecho  de  este  marido  infeliz  dedaràndome  amante  de 
sa  muger.  Quisiera  que  ignorase  siempre ,  si  posible  fuera ,  el 
fiiego  que  me  abrasa  ;  porque  estoy  persuadido  de  que  moriria 
de  pena  si  llegase  à  saber  lo  que  ahora  te  confio.  Por  eso  le  ocul- 
to  los  pasos  que  doy ,  y  he  pensado  yalerme  de  ti  para  que  ma- 
nifiestes  à  Lucrecia  lo  mucho  que  me  hace  padecer  la  yiolencia 
à  que  me  condeno  yo  ùiismo  :  tu  seras  el  que  le  declares  mis 
amorosos  afectos ,  no  dudando  que  desempefiaràs  muy  bien  este 
delicado  encargo.  Traba  conocimiento  con  Hascarini,  procura 
granjear  su  amistad ,  introducete  en  su  casa ,  y  logra  la  libertad 
de  hablar  à  su  muger.  Esto  es  lo  que  espero  de  ti ,  y  lo  que 
estoy  seguro  haras  con  toda  la  destreza  y  discrecion  que  pide 
un  encargo  tan  delicado. 

Habiendo  prometido  al  gran  duque  hacer  todo  lo  posible  para 
corresponder  â  su  confianza,  y  contribuir  à  la  satisfaccion  de  sus 
deseos  y  cumpli  presto  mi  palabra.  Nada  omiti  para  adquirir  la 
amistad  de  Mascarini ,  lo  que  me  costô  poco  trabajo.  Sumamen- 
te  pagado  de  que  solicitase  su  amistad  un  cortesano  bien  quisto 
del  principe ,  me  ahorrô  la  mitad  del  camino.  Franqueôme  sa 
casa  9  tuye  libre  la  entrada  en  el  cuarto  de  su  muger ,  y  me  atre- 
yerë  à  decir  que  en  yista  de  mi  cauto  procéder  no  tuyo  la  me* 
nor  sospecha  de  la  negociadon  de  que  estaba  encargado.  Es  yer- 
dad  que,  como  era  poco  zeloso ,  aunque  Italiano ,  se  fiaba  en  la 
yirtud  de  su  esposa ,  y  encerràndose  en  su  despacho ,  me  dejaba 
muchos  ratos  solo  con  Lucrecia.  Dejando  desde  luego  â  un  lado 
los  rodeos ,  le  hablé  del  amor  del  gran  daque,  y  le  declare  que 
yo  iba  à  su  casa  precisamente  à  tratar  de  este  asunto.  Pareciôme 
que  no  le  tenia  grande  inclinacion  ;  pero  al  mismo  tiempo  conoci 
que  la  vanidad  le  hacia  oir  con  gusto  su  pretension,  y  se  com- 
placia  en  oirla  sin  qaerer  corresponder  à  ella.  Era  yerdadera^ 


3T0  GIL  BLAS. 

mente  mager  joidoMi  y  nmy  pradente;  pero  al  ftn  era  miiger , 
J  adveiti  que  sa  yirtad  iba  inseiisiblemente  râdièDdose  à  la  li- 
sonjera  idea  de  tener  aprisionado  à  su  soberano.  En  conclnsion , 
el  principe  podia  con  fondamento  esperar  que  sin  renoyar  la  via- 
lenda  de  Tarquino  Teria  &  esta  Locrecia  esdava  de  sa  amor.  Sin 
embargo ,  un  lance  impensado  desyaneciô  sus  esperanzas ,  como 
ahora  oirén  ustedes. 

Soy  nataralmente  atrevido  con  las  mogeres ,  costumbre  qae 
contraje  entre  los  Tarcos.  Lucrecia  era  bermosa  ;  y  olvidândome 
de  qoe  con  ella  solamente  debia  hacer  el  papel  de  negociador , 
le  hablè  por  mi  en  lagar  de  bablarle  por  el  gran  duque.  Ofredle 
mis  obsequios  lo  mas  cortesmente  que  pude,  y  en  vez  de  ofen~ 
derse  de  mi  osadia ,  y  de  responderme  con  enfeido ,  me  dijo  son- 
riëndose:  Confesad,  don  Rafiael,  que  el  gran  duque  ha  tenido 
grande  acierto  en  elegir  un  agente  muy  fiel  y  muy  zeloso ,  pues 
le  servis  con  ana  lealtad  que  no  hay  palabras  para  encarecerla. 
Seftora ,  le  respondi  en  el  mismo  tono ,  las  cosas  no  se  han  de 
examinar  con  tanto  escrùpulo.  Suplicoos  que  dejemos  A  un  lado 
las  reflexiones ,  que  conozco  no  me  ferorecen  mucho  ;  yo  sola- 
mente sigo  lo  que  me  dicta  el  corazon.  Sobre  todo ,  no  creo  ser 
el  primer  confidente  de  un  principe  que  en  punto  a  galanteo  ha 
sido  traidor  &  su  amo.  Es  cosa  muy  frecuente  en  los  grandes  se- 
flores  hatlar  en  sus  Mercurios  unos  rivales  peligrosos.  Bien  puede 
ser  asiy  replicô  Lucrecia,  pero  yo  soy  altiva,  y  solo  un  prin- 
cipe séria  capaz  de  mover  mi  inclinacion.  Arreglaos  por  este  prin- 
cipio,  prosiguiô  ella  volviendo  à  revestirse  de  su  natural  serie- 
dad ,  y  mudemos  de  conversacion.  Quiero  olvidar  lo  que  me 
acabais  de  decir ,  con  la  condicion  de  que  jamas  os  suceda  vol  ver  à 
tocar  semejante  asunto ,  pues  de  lo  contrario  podréis  arrepentiros. 

Aunque  este  era  un  aviso  al  lector,  de  que  yo  debiera  haberme 
aprovechado ,  prosegui  no  obstante  en  hablar  de  mi  pasion  à  la 
muger  de  Mascarini,  y  aun  la  importuné  con  mas  eficacia  que  an- 
tes à  que  correspondiese  é  mi  carifto ,  llevando  à  tal  extremo  mi 
temeridad  que  quise  tomarme  algunas  libertades.  Ofendida  entén- 
ces  la  dama  de  mis  expresiones  y  de  mis  modales  musulmanes, 
se  llenô  de  côlera*  contra  mi ,  amenazàndome  de  que  no  tardaria 
el  gran  duque  en  saber  mi  insolencia ,  y  que  le  suplicaria  me  cas- 
tigase  como  merecia.  Dime  yo  tambîen  por  ofendido  de  sus  ame- 
nazaSy  y  convirtiëndose  en  odio  mi  amor ,  déterminé  tomar  ven- 
ganza  del  desprecio  con  que  me  habia  tratado.  Fuime  à  ver  con 
su  marido ,  y  despues  de  haberle  hecho  jurar  que  no  me  descu- 
briria ,  le  informé  de  la  inteligencia  que  reinaba  entre  su  muger  y 
el  principe ,  pintàndola  muy  enamorada  para  dar  mas  interes  â  la 
relacion.  Lo  primero  que  hizo  el  ministro ,  para  precaver  todo 
accidente ,  foé  encerrar  sin  mas  ceremonia  en  un  cuarto  reservado 
à  sa  esposa ,  encargando  à  personas  de  toda  confianza  la  casto- 


LIBRO  QUINTO.  271 

dîaseo  esirechamente«  Mièntras  ella  estaba  cercada  de  yigilantes 
argos  que  la  obseryaban  y  no  dejaban  camino  algano  por  donde 
podiesen  llegar  al  gran  duque  noticias  suyas,  yo  me  présenté  à 
este  principe  con  rostro  triste ,  y  le  dije  que  no  debia  pensar  mas 
en  Lacrecia ,  porque  Mascarini  sin  duda  babia  descubierto  todo 
noestro  enredo ,  puesto  que  habia  comenzado  é  guardar  à  su  mu- 
ger;que  yo  no  sabia  por  donde  padiese  haber  entrado  en  sos* 
péchas  de  mi ,  pues  siempre  habia  yo  usado  del  mayor  disimulo 
y  mafia  :  que  quizà  la  misma  Lucrecia  habria  informado  de  todo 
à  su  esposo ,  y  de  acuerdo  con  ël  se  habria  dejado  encerrar  para 
librarse  de  splicitaciones  que  ponian  en  sobresalto  su  yirtud. 
Mostrôse  el  principe  muy  afligido  de  oirme  :  entônces  me  com- 
padeciô  mucho  su  sentimiento ,  y  mas  de  una  yez  me  peso  de  lo 
que  habia  dicho;  pero  ya  no  tenia  remedio.  Por  otra  parte  con- 
fieso  que  experimentaba  un  maligno  placer  cnando  considerabael 
estado  à  que  habia  reducido  à  una  muger  orgullosa  que  habia  des- 
preciado  mis  suspiros. 

Yo  gozaba  impunemente  del  placer  de  la  yenganza ,  cuando 
on  dia  ,  estando  en  presencia  del  gran  duque  con  cinco  ô  seis 
seûores  de  su  corte,  nos  preguntôâ  todos:  ;Què  castigo  os  pa- 
reoe  mereoerîa  un  hombre  que  hubiese  abusado  de  la  confianza 
de  su  principe  é  intentado  robarle  su  dama  ?  Herecia ,  respoii- 
di6  uno  de  los  cortesanos ,  ser  descuartizado  yiyo  :  otro  opinô 
que  debia  ser  apaleado  hasta  que  espîrase  :  el  mënos  cruel  de 
estes  Italianos  ,  y  el  que  se  mostrô  mas  feyorable  al  delincuente, 
dqo  que  ël  se  contentaria  con  hacerle  arrojar  de  lo  alto  de 
ona  terre.  Y  don  Rafael,  replicô  entônces  el  gran  duque,  ;de 
que  parecer  es  ?  porque  estoy  persuadido  de  que  los  Espa- 
floles  no  son  mënos  seyeros  que  los  Italianos  en  semejantes 
ocasiones. 

Conod  bien,  comose  puede  discurrir,  que  Mascarini  habia 
violado  su  juramento ,  6  que  su  muger  habia  hallado  medio  de 
informar  al  gran  duque  de  cuanto  habia  pasado  entre  los  dos. 
En  mi  rostro  se  echaba  de  yer  la  tnrbacion  que  me  agitaba  ; 
pero  à  pesar  de  ello  respondi  con  entereza  al  gran  duque:  Se- 
^r ,  los  EspaAoles  son  mas  generosos  ;  en  igual  lance  perdona- 
nan  al  confidente,  y  con  este  rasgo  de  bondad  producirian  en 
sa  aima  un  eterno  arrepentimiento  de  haberles  sido  traidor.  Pues 
bien ,  me  dijo  el  duque ,  yo  me  contemplo  capaz  de  esa  genero- 
sidad  y  perdono  al  traidor,  reconociendo  que  solo  debo  culpar- 
ine  &  mi  nûsmo  por  haberme  fiado  de  un  hombre  à  qnien  no 
conocia ,  y  de  quien  tenia  motiyos  de  desconfiar  en  razon  de  lo 
que  me  habian  contado  de  ël.  Don  Rafiaiel ,  aftadiô  ,  la  yenganza 
quetomo  de  yos  es  que  salgais  inmediatamente  de  todos  mis  esta- 
dos  ,  y  no  yolyais  à  poneros  en  mi  presencia.  Retiréme  en  el  mis- 
OK)  panto ,  mënos  aÂigido  de  mi  desgracia ,  que  gozoso  de  haber 


272  GIL  BLAS. 

escapado  de  este  apuro  à  tan  poca  oosta.  Al  dia  s^uiente  me 
emlMffque  en  un  tmque  catalan  que  saliô  del  puerto  de  Lioma  para 
Barcelona. 

Cuando  Ilegô  don  Rafeel  à  este  punto  de  su  historia  no  me 
pude  contener  en  decirle  :  Para  un  hombre  tan  adyertido  como 
sois  y  me  pareoe  fué  grande  error  no  haber  salido  de  Florencia  asi 
que  descubristeis  à  Hascarini  el  amor  del  principe  hàcia  Lucrecia. 
Debiais  tener  por  cierto  que  tardaria  poco  el  gran  duque  en  saber 
Tuestra  traicion.  Con\engo  en  ello ,  respondiô  el  hijo  de  Lucinda, 
7  por  lo  mismo  habia  pensado  buir  cuanto  antes ,  i  pesar  del  jo- 
ramento  que  me  hizo  el  ministro  de  no  exponerme  al  resenti- 
miento  del  principe.  Llegué  à  Barcelona ,  continua ,  con  lo  que 
me  babia  quedado  de  las  riquezas  que  traje  de  Àrgel ,  cuya  ma- 
yor parte  habia  disipado  en  Florencia  por  ostentar  que  era  on 
caballero  espaAol.  No  me  detuve  largo  tiempo  en  Catalufla.  Re- 
yentaba  por  yolverme  cuanto  entes  à  Madrid ,  encantado  lugar 
de  mi  nacimiento ,  y  satisfice  mis  ansiosos  deseos  lo  mas  presto 
que  me  fué  posible.  Luego  que  llegué  à  la  corte  me  apeé  por 
casualidad  en  una  de  las  posadas  de  caballeros ,  en  donde  yiyia 
una  dama  Uamada  Camila ,  que  aunque  habia  salido  ya  de  la 
menor  edad ,  era  una  muger  muy  salada  ;  testigo  el  seûor  Gil 
Bias ,  que  por  aquel  mismo  tiempo  poco  mas  6  ménos  la  tîô  en 
Yalladolid.  Aun  era  mas  discreta  que  hermosa ,  y  ninguna  aven- 
turera tuvo  mayor  talento  para  traer  la  pesca  à  sus  redes  ;  pero 
no  se  parecia  à  aquellas  ninfas  que  se  aprovechan  del  agradeci- 
miento  de  sus  galanes.  Si  acababa  de  despojar  à  algun  mayordomo 
de  un  gran  sefior ,  inmediatamente  repartia  los  despojos  con  el 
primer  caballero  mendicante  que  fuese  de  su  gusto. 

Apénas  nos  \imos  los  dos  cuando  nos  amémos  »  y  la  confor- 
midad  de  nuestras  indinaciones  nos  uniô  tan  estrechamente , 
que  presto  pasô  à  hacer  comunes  nuestros  bienes.  À  la  verdad 
no  eran  estos  muy  considerables  >  y  asi  los  comimos  en  poco 
tiempo.  Por  nuestra  desgracia  solo  pensabamos  uno  y  otro  en 
agradarnos ,  sin  yalernos  de  las  disposiciones  que  ambos  tenia- 
mos  para  vivir  à  costa  agena.  La  miseria  en  fin  despertô  nuestros 
ingenios  que  el  placer  tenia  aletargados.  Qaerido  Ra£Biel ,  me 
dijo  un  dia  Gamila ,  pongamos  treguas  à  nuestro  amor ,  deje- 
mos  de  guardarnos  una  fidelidad  que  nos  arruina.  Tu  puedes  em- 
bobar  é  alguna  yiuda  rica,  y  yo  pescar  à  algun  viejo  poderoso. 
Si  proseguimos  siéndonos  fioles  uno  à  otro ,  ye  ahi  dos  fortanas 
perdidas.  Hermosa  Camila,  respond!  yo  prontamente,  me  ganas 
por  la  mano ,  pues  iba  â  hacerte  la  misma  propuesta  :  yengo  en 
ello  y  reina  mia.  Si  por  cierto ,  para  la  mejor  conseryacion  de 
nuestro  amor  es  menester  intentar  conquistas  utiles.  Nuestras 
infidelidades  serén  triunfos  para  entrambos. 

Ajustado  este  tratado  salimos  à  campafla.  Al  prindpio  por  mas 


LIBRO  QUINTO.  »S 

diligendasqne  hiclmos  no  pudimos  encontrar  lo  que  biiflcabamos. 
A  Camila  solamente  se  le  presentaban  pisayerdes  ^  es  decir  »  aman- 
tes qne  no  tienen  un  cuarto  ;  y  à  mi  solo  se  me  ofrecian  aquellaa 
mogeres  que  mas  quieren  imponer  contribuciones  que  pagarlas. 
Como  el  amor  se  negaba  à  socorrer  nuestras  neceiidades  »  ape- 
làmoa  à  enredos  j  bellaquerias.  Hicimos  tantos  y  tanias,  que  el 
corregidor  llegô  à  saberlas ,  y  este  juez  en  extremo  seyero  diô 
èrden  à  un  alguacil  para  que  nos  prendiese;  pero  este»  que  era 
tan  baeno  como  taimado  el  corregidory  nos  hizo  espaldas  para 
que  saliesemos  de  Madrid ,  mediante  una  propineja  que  le  dimos. 
Tomâmos  el  camino  de  Valladolid,  è  hicimos  pié  en  aqnella  ciudad* 
Alquilé  una  casa  donde  me  alojè  con  Camila ,  que  por  eyitar  el 
escéndalo  pasaba  por  hermana  mia.  Al  principio  nos  contuy  imos  en 
ejercer  nnestra  habilidad ,  y  comenzâmos  à  tantear  y  conocer  bien 
el  terreno  Antes  de  acometer  ninguna  empresa. 

Un  dia  se  llegA  i  mi  en  la  calle  un  hombre,  y  saludAndome  muy 
eortesmente  me  dijo  :  ^Seftor  don  Rafael ,  no  me  conoce  ymd.  ? 
Respondile  que  no.  Pues  yo ,  me  replicô,  oonosco  à  ymd.  mucho 
por  haberle  yisto  en  la  corte  de  Toscana ,  donde  seryia  yo  en 
las  guardias  del  gran  duque.  Pocos  meses  ha  que  dejë  el  seryicîo 
de  aquel  principe ,  y  me  yine  à  Espaûa  con  un  Italiano  de  los 
mas  astutos.  Estamos  en  Valladolid  très  semanas  ha,  yivimos  en 
compaûia  de  un  Castellano  y  de  un  Gallego ,  mozos  los  dos  segu- 
ramente  muy  honrados  »  y  nos  mantenemos  todos  cou  el  trabajo 
de  nuestras  manos.  Lo  pasamos  opiparamente.  y  nos  diyertimos 
como  unos  principes.  Si  ymd.  quiere  agregarse  à  nosotros  serA  muy 
bien  redbido  de  mis  compaûeros ,  porque  siempre  le  he  tenido 
i  ymd.  por  un  hombre  muy  de  bien,  naturalmente  poco  escru- 
puloso  »  y  caballero  profeso  en  nnestra  ôrden. 

La  firanqneza  cou  que  me  bablô  aquel  bribon  me  estimulô  A 
respondertodel  mismo  modo.  Ya  que  te  has  franqueado  conmigo 
con  tanta  sinceridad,  le  respondi,  quiero  hablarte  con  la  misma. 
Es  yerdad  que  no  soy  noyicio  en  yuestra  profesion,  y  si  la  mo- 
destia  me  permitiera  referirte  mis  proezas,  yerias  que  no  me  has 
hecho  demasiada  meroed  en  tu  yeniajoso  concepto  ;  pero ,  dejando 
é  on  lado  alabanzas  propias,  me  contcntaré  con  dedrte ,  admi- 
tiendo  la  plaza  que  me  ofreces  en  yuestra  compaflia,  que  no 
perdonaré  diligencîa  alguna  para  haceros  conocer  que  no  la  des- 
mereaco.  Apënas  dije  à  aquel  ambidextro  que  consentia  enaumen- 
tar  el  numéro  de  sus  camaradas ,  cuando  me  condujo  à  donde 
estos  estaban ,  y  desde  el  mismo  punto  me  di  à  conocer  à  todos. 
Atti  fuè  donde  y  i  por  primera  yez  al  ilustre  Ambrosio  de  Lamela» 
Examinâronme  aquellos  seftores  sobre  el  arte  de  apropiarse  sutil-^ 
mente  lo  ageno.  Quisiéroïi  saber  si  tenia  principios  de  la  fecnltad, 
y  descubrUes  tantas  tretas  nueyas  para  ellos ,  que  se  quedéron 
adoivados  ;  pero  mucho  mas  se  pasmAron  cuando ,  despreciando 

48 


9!é  GIL  BLAS. 

yo  la  SQtileza  de  mis  manos,  como  una  cosa  miiy  ordinarâi  ^  les 
asegaré  que  en  lo  qae  yo  me  ayeotajaba  era  en  golpes  magistrales 
de  hurtar  cpie  pedian  ingenio  ;  y  para  persnadtrles  que  era  Terdad , 
les  conté  la  aventara  de  Gerônimo  de  Mîajadas,  y  tiastô  la  sen- 
dlla  relacion  de  aquei  snceso  para  que  me  reconodesen  per  de  an 
talento  superior ,  y  todos  à  una  me  nombraaen  por  gefe  say o.  Tardé 
poco  en  acreditar  el  acierto  de  su  eleocion  en  una  midtitad  de 
bribonerias  que  hicimôs ,  de  todas  las  cuales  fui  yo  por  decîrlo 
asi  la  Haye  maestra.  Cuando  necesitabamos  alguna  actrîz  para  for- 
jar  mejor  algun  enredo ,  ecbabamos  mano  de  Gamila ,  que  r^re- 
sentaba-con  primor  cuantos  papeles  se  le  encargaban. 

Diôle  por  aquel  tiempo  à  nuestro  cofrade  Ambrosio  la  tenta- 
don  de  îr  â  su  pais ,  y  con  efecto  marché  à  Galida ,  asegurén- 
donos  de  su  yuelta.  Despues  que  satisfizo  sus  deseos  »  Tolviô 
por  Burgos ,  sin  duda  para  dar  algun  golpe  de  maestro ,  en  donde 
un  mesonero  conocido  suyo  le  acomodé  con  el  seAor  Gil  Bias  de 
Santillana ,  de  cuyos  asuntos  le  informé  muy  bien.  Ymd. ,  seùor 
Gil  Bias ,  prosiguié  dirigiéndome  la  palabra ,  se  acordarà  sin  doda 
del  modo  con  que  le  desbalijàmos  en  la  posada  de  caballeros  de 
Yalladolid.  Tengo  por  cierto  que  desde  hiego  sospecbé  vmd.  qoe 
su  criado  Ambrosio  habia  sido  el  principal  instrum^ito  de  aqael 
robo,  y  en  Terdad  que  le  sobre  la  razon  para  sospecbarlo. 
Luego  que  llegé  à  Vsîlladolid  Tino  en  busca  nuestra,  enterénos 
de  todo ,  y  la  ga^illa  se  encargo  de  lo  demas  ;  pero  no  sabra  vmd. 
las  resueltas  de  aquel  pasage,  y  quiero  informarle  de  ellas.  Am- 
brosio y  yo  cargàmos  cou  la  balija ,  y  montados  en  yuestras 
mulas  tomâmos  el  camino  de  Madrid ,  sin  contar  con  Camila  ni 
con  los  demas  camaradas,  los  cuales  se  admirarian  tanto  como 
Tos  de  ver  que  no  pareciamos  al  dîa  siguiente. 

A  la  segunda  jornada  mud&mos  de  pensamiento  :  en  yez  de  ir 
à  Madrid,  de  donde  no  habia  salido  sin  motivo,  pasàmos  por 
Cebreros ,  y  continuàmos  nuestro  camino  hasta  Toledo.  Lo  pri- 
mero  que  hicimos  en  aquella  ciudad  fùé  vestirnos  muy  decente- 
mente  ;  y  luego  yendiéndonos  por  dos  hermanos  gallegos  que  yia- 
jaban  por  curiosidad ,  en  poco  tiempo  hidmos  conocimiento  con 
mucha  gente  de  distincion.  Estaba  yo  tan  acostumbrado  à  los  mo- 
dales cortesanos  y  caballerescos,  que  f&dlmente  se  engaMron 
cuantos  me  yiéron  y  tratàron.  Â  esto  se  afladia  que ,  como  en  un 
pais  desconocido  la  calidad  de  los  forasteros  regularmenie  se 
mide  por  el  gasto  que  hacen ,  y  por  el  lucimiento  con  que  se 
portan,  ofuscàJ)amos  à  todos  con  magnificos  festines  que  empe- 
zémos  i  dar  à  las  damas.  Entre  las  que  yo  yisitaba  encontre  con 
una  que  me  gusté ,  pareciéndome  mas  linda  y  jéyen  que  Gsunila. 
Quise  saber  quien  era ,  y  me  dijéron  se  Uamaba  Y iohmte ,  muger 
de  un  caballero  que ,  cansado  ya  de  sus  caricias ,  galanteaba  i 
nna  cortesana  que  se  habia  apoderado  de  su  corazon.  No  nece- 


LIBROQUINTO.  275 

site  saber  mafl  para  determinarme  à  haoer  i  dofia  Violante  duefia 
soberana  de  todos  mis  pensamientos. 

Tarda  poco  ella  misma  en  oonocer  la  adquisicion  que  habia 
hecho«  Gomenzé  à  seguirla  à  todas  partes ,  y  à  hacer  mil  locuras 
para  persuadirle  de  que  no  aspiraba  yo  à  otra  cosa  que  à  con- 
soiarla  de  las  infidelidades  de  su  marido.  Pensé  un  tanto  sobre 
esio ,  y  al  cabo  tuve  el  gusto  de  conocer  que  aprobaba  mis  in- 
tenciones.  Recibi  en  fin  un  billete  de  ella  en  respuesta  à  muchos 
que  yo  le  habîa  escrito  por  medio  de  una  de  aquellas  Tiejas  que 
en  Espafia  è  Italia  son  tan  cômodas.  Dedame  la  dama  en  el  tal 
billete  que  au  marido  cenaba  todas  las  noches  en  casa  de  su 
aoiiga  f  y  que  hasta  muy  tarde  no  Tolvia  à  la  suya.  Desde  luego 
oomprendi  lo  que  me  queria  decir  con  esto.  AqueUa  misma  noche 
fiii  à  hablar  por  la  reja  con  dofia  Violante ,  y  tuve  con  ella  una 
conyersacion  de  las  mas  tiernas.  Antes  de  separarnos  quedémos 
de  acuerdo  en  que  todas  la  noches  à  la  misma  hora  pos  hablaria- 
mos  en  el  propio  sitio ,  sin  perjuicio  de  las  demas  galanterias 
qae  nos  fuese  permitido  practicar  por  el  dia. 

Hasta  entônces  don  Baltasar,  que  asi  se  Uamaba  el  marido  de 
Violante ,  podia  darse  por  bien  ser^ido  ;  pero  siendo  otros  mis 
deseos,  fîil  una  noche  al  sitio  consabido  con  ânimo  de  decirle 
.  que  ya  no  podia  yivir  si  no  lograba  hablarle  é  solas  en  un  lo- 
gar  mas  conyeniente  al  exceso  de  mi  amor,  fineza  que  aun  no 
habia  podido  conseguir  de  ella.  Apènas  Uegué  cerca  de  la  reja, 
coando  yi  Tenir  por  la  calle  é  un  hombre,  el  cual  conoci  cpie 
me  obseryaba.  Con  efecto ,  era  el  marido  de  doua  Violante,  que 
aqnella  noohe  se  retiraba  à  casa  algo  temprano ,  y  yiendo  pa- 
nido  alli  à  un  hombre  comenzô  èl  mismo  â  pasearse  por  la  ca- 
He.  Dudè  algun  tiempo  lo  que  debia  haoer;  pero  al  fin  me  dé- 
terminé à  llegarme  à  don  Baltasar  sin  conocerle ,  ni  que  èl  me 
conociese  à  mi ,  y  le  dije  :  Caballero ,  suplico  â  ymd.  que  por 
esta  noche  me  deje  libre  la  calle ,  que  en  otra  ocasion  le  seryiré 
7^  à  ymd.  Seftor,  me  respondiô,  la  misma  sùplica  iba  yo  à  ha- 
cerle  i  ymd.  Yo  cortejo  à  una  seftorita  que  yiye  à  yeinte  pasos 
de  aqui ,  à  la  cual  un  hermano  suyo  hace  guardar  con  la  mayor 
vigQancia;  por  lo  que  quisiera  yer  desocupada  del  todo  la  calle. 
Espère  ymd.,  répliqué,  qae  ahora  me  ocurre  un  modo  para  que 
^nÂos  quedémos  servidos  sin  incomodamos ,  porque  la  dama 
lue  yo  cortejo  yiye  en  esta  casa ,  mostràndole  la  propia  suya. 
Vmd.  puede  diyertirse  en  la  otra  miéntras  yo  me  diyierto  en  esta, 
y  hacernos  espaldas  los  dos  si  alguno  de  nosotros  fuere  acome-» 
tido.  Conyengo  en  ello ,  repuso  él  :  yoy  à  ocupar  mi  sitio ,  ymd. 
qoédese  en  el  suyo ,  y  socorràmonos  mutuamente  en  caso  de  n^ 
<^idad.  Diciendo  esto  se  aparté  de  mi ,  pero  fué  para  obser- 
i^arme  mejor,  lo  que  podia  hacer  sin  riesgo  porque  la  noche 
estaba  oscura. 


276  GIL  BLAS. 

Aoercàndome  onténces  m  reœlo  é  la  reja  de  Violante ,  no  tardô 
eala  en  yenir,  y  oomcnzimosihaUar.  No  me  ohidé  de  instar  à  ml 
reina  para  qne  me  conoedieae  una  aodienda  priyadaen  atîo  re- 
aery  ado.  Resistiôse  on  pooo  i  mis  mego«  para  haoer  mas  apreciable 
el  fiiy or  ;  pero  despaes  echéndome  nn  papel  qoe  ya  traia  preyenido 
en  el  bobOlo:  Ahi  ya,  me  dijo ,  lo  que  deseais^y  yerëis  bien  dea- 
padiadas  yuestras  supiicas.  AI  decir  esto  se  retir6  por  < 
iba  yiniendo  ya  la  bora  en  que  aoostumbraba  à  recogerse  â 
su  marido  ;  pero  este ,  que  babia  conocido  muy  Men  ser  su  i 
ger  el  idolo  &  quien  yo  sacrificaba ,  me  sali6  al  encuentro,  y  oon 
un  fiogido  gozo  me  preguntô  :  Y  bien ,  caballero»  ^eatà  ymd. 
contento  de  su  buena  fortnna?  Tengo  motiyo  para  estario ,  le 
respond!  :  y  &  ymd.  ;como  le  fué  con  la  suya?  ^Mostrôsele  d 
amor  risueik)  y  fii vorable  ?  ;0h  !  no ,  me  respondio  eon  despecho. 
£1  maldito  hermano  de  mi  querida  yolyiô  de  su  casa  de  campo 
un  dia  intes  de  lo  que  habîamos  pensado ,  y  este  contratiempo 
ha  aguado  el  contento  con  que  yo  me  habia  lisoigeado. 

Hicimonos  don  Baltasar  y  yo  reciprocas  protestas  de  amistad , 
y  nos  citimos  para  yemos  en  la  plaza  mayor  la  maAana  siguiente. 
Despues  que  nos  separàmos  se  fiié  don  Baltasar  derecbo  à  su 
casa,  donde  no  mostrô  i  su  muger  el  menor  indîcio  de  las  no- 
ticias  que  tenia  de  ella,  y  al  otro  dia  acudiô  é  la  phza  segun  lo 
acordado ,  y  de  alli  &  un  momento  llegué  yo.  Saludimonos  om 
yiyas  demostracîones  de  amistad,  tan  aleyosas  por  su  parte  como 
sinceras  por  la  mia.  Hizome  el  artificioso  don  Baltasar  una  fiil- 
sa  confianza  de  sus  lances  amorosos  con  la  dama  de  quien  me 
habia  hablado  la  noche  anterior.  Contôme  una  larga  ftbula  que 
habia  foijado ,  todo  con  el  siniestro  fin  de  obliganne  â  cones- 
penderie,  conténdoleyo  el  modo  oon  que  habia  hecho  conocîr 
miento  con  Violante.  Cai  incautamente  en  el  lazo,  y  oon  la  ma- 
yor firanqueza  del  mundo  le  confesë  todo  lo  que  me  habia 
snoedido;  y  no  contento  con  esto  le  ensefté  el  papel  que  habia 
recibido,  y  aun  le  lei  tambien  su  contexte,  que  era  el  siguiente: 
Maêana  vri  d  cerner  en  cota  de  doêa  Inei;  ya  $ahm  donde  vwe: 
alH  habUxtèmot  d  toUu.  No  puedo  negaroê  por  mas  largo  6empo 
an  favor  que  juxgo  merecds. 

Ese  es  un  papel,  dijo  don  Baltasar,  que  le  promete  é  ymd.  d  me- 
recido  premio  de  sus  amorosos  suspires.  Doile  é  ymd.  de  ante-- 
mano  la  enhorabuena  de  la  dicha  que  le  aguarda.  No  deji  de 
parecer  algo  turbado  miéntras  haUaba  de  esta  manera;  pero  fit- 
cilmente  me  deslumbrô ,  ocultando  à  mis  ojos  su  conmodon  y 
encjo.  Estaba  tan  embelesado  en  mis  halagûefias  esperanzas^ 
que  no  me  paraba  en  obsenrar  i  mi  confidente,  annque  este  se 
yiô  predsado  à  dcgarme,  sin  duda  por  temor  de  que  conociese  su 
agitadon.  Partiô  luego  &  contar  i  su  cufiado  esta  ayentura,  é 
ignore  que  pasô  entre  los  dos;  solo  se  que  don  Baltasar  yino  à 


LIBRO  QUINTO.  277 

casa  de  dofta  Inès  A  tieiiipo  que  yo  estaba  con  Violante.  Sapfanos 
cpie  era  el  el  cpie  Ilamaba ,  y  yo  me  escape  por  una  pnerta  felsa 
Antes  que  etitrase  en  la  sala.  Lnego  que  desapared  se  aquietéron 
hs  dos  mugereSy  que  se  habian  asustado  mucho  con  la  repeiH 
tma  renida  del  marido.  Recibiëronle  con  tanta  serenidad ,  que 
desde  luego  sospediA  me  habian  escondido  6  hecho  escapadizo. 
Lo  que  dijo  i  do^a  Ines  y  é  su  muger  no  os  lo  puedo  contar, 
porque  nunca  lo  he  sabido. 

Entretanto,  no  acabando  todavia  de  conocer  quedonBaltasar 
se  burlaba  cruelmente  de  mi  sinceridad ,  sali  de  la  casa  echén- 
dole  mQ  maldidones ,  y  me  fui  derecho  i  la  plaza,  donde  habia 
dicho  à  Lamela  me  aguardase.  No  le  encontre,  porque  el  bri- 
bon  tenia  tambien  su  poco  de  trapiBo ,  y  con  snerte  mas  dichosa 
que  la  mia.  Miëntras  le  esperaba ,  yi  à  mi  falso  confidente  yenir 
Ûcia  mi  con  rostro  muy  alegre  y  roucho  desembarazo.  Luego  que 
liegô  A  ml  me  preguntô  como  me  habia  ido  con  mi  ninfa  en  casa 
de  dofta  loes.  No  se  que  demonio ,  le  respond! ,  enyidioso  de 
mis  gustos,  me  yino  i  echar  un  jarro  de  agua  en  todos  ellos. 
Miéntras  estaba  à  solas  con  ella  instando  y  suplicando,  Ilamô  à 
h  puerta  su  maldito  marido ,  A  quien  lleye  Barrabas.  Me  fné  pre« 
ciso  pensar  en  el  modo  de  retirarme  prontamente ,  y  asi  me 
BKirchè  por  una  puerta  excusada  dando  mil  yeoes  al  diablo  al 
gnmdisimo  importune  que  yiene  siempre  A  desbaratar  mis  desi- 
enios.  A  la  yerdad  lo  siento ,  repuso  don  Baltasar,  alegrisimo 
^  su  interior  de  yerme  desazonado.  Ese  es  un  marido  molesto, 
que  no  merece  se  le  dé  cuarteL  jOh  !  en  cnanto  A  eso ,  répliqué 
70,  no  dudeis  que  seguiré  yuestro  consejo.  Os  doy  palabra  de 
que  esta  misma  noche  se  le  darA  pasaporte  para  el  otro  barrio. 
Sa  muger,  al  separarnos ,  me  dijo  que  fiiese  adelante  con  mi 
empefio ,  y  no  abandonase  la  empresa  por  tan  pocas  cosas  :  que 
prosigniese  en  acudir  A  su  yentana  A  la  hora  acostumbrada; 
porque  estaba  resuelta  A  introducirme  ella  misma  en  su  casa  ; 
P^o  que  en  todo  case  no  dejase  de  ir  escoltado  con  dos  6  très 
camaradas  para  que  en  cualquier  lance  me  hallase  bien  preye-^ 
mdo.  (Oh,  que  prudente  es  esa  dama!  me  respondiô  éL  Yo  me 
ofrezco  desde  luego  A  acompaftaros.  jOh ,  querido  amigo ,  ré- 
pliqué yo  fuera  de  mi  de  puro  gozo  y  ecliAndole  los  brazos  al 
coello,  y  de  cuantas  finezas  os  soy  deudor!  Ann  haré  mas  por 
^os ,  repuso  el  :  yo  conozco  A  un  mozo  que  es  un  Alejandro  ; 
^^  nos  acompafiarA ,  y  con  tal  escolta  podréis  diyertiros  A  yues- 
^0  gusto  sin  sobresalto  ni  contratiempo. 

^0  encontraba  yoces  para  explicar  mi  agradecimiento  A  los 
favores  de  aquel  nuevo  amigo ,  tan  encantado  me  tenia  su  zelo. 
^<»ptè  en  fin  el  auxilio  quo  me  ofrecia ,  y  dAndonos  el  santo 
para  cerca  de  la  puerta  dc  Violante  A  la  entrada  de  la  noche,  nos 
«^paramos*  Don  Baltasar  fu6  «^  buscar  à  su  cuftado ,  que  era  el 


278  GIL  BLAS. 

Alejandro  de  quien  me  habia  hablado  ;  y  yo  me  quedé  paseando 
con  Lamela,  el  Cfud,  aunque  no  ménos  admirado  que  yo  de  la 
eficada  con  que  don  Baltasar  se  inieresaba  en  este  asunto ,  cayo 
tambien  en  la  red  como  yo  habia  caido ,  sin  pasarle  por  el  pen- 
samiento  la  menor  desconfianza  de  la  sencillez  de  aquellas  fine- 
zas.  Gonfieso  que  una  simplicidad  tan  garrafal  no  se  podia  per- 
donar  a  unos  hombres  como  nosotros.  Cuando  me  pareciô  que 
era  hora  de  presentarme  à  la  yentana  de  Violante ,  Ambrosio  y 
yo  nos  acercàmos  à  ella  bien  preyenidos  de  buenas  armas.  Ha- 
llàmos  en  el  mismo  sitio  al  marido  de  la  dama ,  acompafiado  de 
otro  hombre,  que  nos  esperaban  &  pié  firme.  Llegôse  à  ml  don 
Baltasar  y  me  dijo  :  Este  es  el  caballero  de  cuyo  yalor  bablimos 
esta  maAana.  Entre  ymd.  en  casa  de  esa  seitora,  y  disfirute  su 
dicha  sin  rezelo  ni  inquietud. 

Acabados  los  reciprocos  cumplimientos ,  llamé  à  la  puerta  de 
mi  ninfa ,  y  yino  à  abrirla  una  especie  de  dueûa.  Entré  sin  ad- 
yertir  lo  que  pasaba  à  mis  espaldas ,  y  Ueguë  hasta  una  sala 
donde  Violante  me  esperaba.  Miéntras  la  estaba  saludando,  los 
dos  traidores  que  me  siguiëron  hasta  dentro  de  la  casa  habian 
entrado  en  ella  tan  atropelladamente ,  y  cerrado  tras  de  si  la 
puerta  con  tanta  yiolencia ,  que  el  pobre  Ambrosio  se  quedô  en 
la.  calle.  Descubriéronse  entônces,  y  ya  podeis  imagînar  el 
apure  en  que  yo  me  yeria.  Bien  se  déjà  conocer  que  fu6  forzoso 
enténces  llegar  à  las  manos.  Acometiéronme  los  dos  al  mismo 
tiempo  con  las  espadas  desnudas  y  y  yo  les  correspond!  dàndoles 
tanto  que  hacer,  que  se  arrepintiéron  presto  de  no  haber  tomado 
medidas  mas  seguras  para  la  yenganza.  Pasé  de  parte  à  parte  al 
marido;  y  el  cuùado  yiéndole  en  aquel  estado  tomô  la  puerta, 
que  Violante  y  la  duefia  habian  dejado  abierta  al  escaparse 
miéntras  nosotros  reftiamos.  Fuile  siguiendo  hasta  la  eaDe, 
donde  me  réuni  con  Lamela,  que,  no  habiendo  podido  sacar  ni 
una  sola  palabra  à  las  dos  mugeres  que  habia  yisto  ir  huyendo, 
no  sabia  precisamente  à  que  atribuir  el  rumor  que  acababa  de 
oir.  Volyimos  à  la  posada ,  y  recogiendo  lo  mejor  que  teniamos, 
montémos  en  nuestras  mulas,  y  salimos  de  la  dudad  Antes  que 
amaneciese. 

Conocimos  muy  bien  que  el  lance  podia  tener.  malas  résultas, 
y  que  se  harian  en  Toledo  pesquisas ,  contra  las  cnales  séria  im- 
prudencia  no  tomar  todo  género  de  precauciones.  Hicimos  noche 
en  Villarubia  en  un  meson,  en  donde  à  poco  rato  entrô  un  mer- 
cader  de  Toledo  que  caminaba  à  Segorye.  Genémos  con  él ,  y  nos 
contô  el  tràgico  suceso  del  marido  do»  Violante ,  mostràndose  tan 
ageno  de  sospecharnos  reos  en  él ,  que  con  libertad  le  hicimos 
toda  suerte  de  preguntas.  Seûores,  nos  dijo,  el  caso  lo  supe  esta 
mafiana  al  ir  é  montar  i  caballo  ;  se  hacen  grandes  diligencias 
para  encontrar  &  Violante  ;  y  me  han  asegurado  que ,  siendo  el 


LIBRO  QUINTO.  279 

corregidor  pariente  de  don  Baltasar ,  esté  en  ànimo  de  no  per- 
donar  medio  algono  para  descobrir  los  autores  del  homicidio. 
£sto  es  todo  lo  que  se. 

Annqae  nada  me  espantéron  las  pesqoisas  del  corregidor  dé 
Toledo,  no  obstante  »  tomèdesde  luego  la  determinacion  de  salir 
cuanto  antes  de  Castillala  Nueya,  haciéndome  cargo  de  que  si  en- 
contrabaa  é  Violante  confesaria  esta  cuanto  habia  pasado ,  7  daria 
tales  sellas  de  mi  persona,  que  la  justicia  despacharia  répida- 
mente  varias  gentes  en  mi  seguimiento.  Por  todas  estas  conside- 
raciones  resolvimos  desviamos  del  camino  real  desde  el  dia  si- 
gaiente.  Tuyimos  la  fortuna  de  que  Lamela  habia  corrido  las  très 
partes  de  Espaika,  y  tenia  bien  conocidas  todas  las  sendas  extra- 
Tiadas  por  donde  podiamos  pasar  con  seguridad  à  Aragon.  En 
Tez  de  imos  derechos  à  Cuenca ,  nos  metimos  en  las  montallas 
que  estàn  entes  de  Uegar  à  la  ciudad ,  y  por  senderos  muy  prao- 
ticados  por  mi  conductor ,  Uegàmos  à  una  gruta  que  tenia  tpda  la 
apariencia  de  ermita.  Con  efecto  era  la  misma  à  donde  ayer  noche 
Uegàron  ustedes  à  pedirme  los  recogiese. 

Miéntras  estaba  yo  examinando  sus  contornos  que  me  repre- 
sentaban  un  pais  deliciosisimo,  me  dijo  mi  compafkero  :  Seis  aftos 
ha  que,  pasando  yo  por  aqui,  me  hospedô  caritatiyamente  en  esta 
ermita  on  andano  y  yenerable  ermitafto ,  que  repartie  conmigo 
los  escasos  vipères  que  tenia.  Era  un  santo  yaron ,  y  me  dijo 
cosas  tan  sautas  y  tan  buenas,  que  faltô  poco  para  que  yo  dejase 
el  mundo.Acasoyiyirà  todayia,  yquieroyer  si  esasi.  Dicho  esto 
se  apeô  de  la  mula  el  curioso  Ambrosio ,  y  entrando  en  la  ermita, 
despues  de  haberse  detenido  en  ella  algunos  momentos,  saliô 
diciéndome : Apeaos,  don  Rafael,  y  yenid  à  yer  un  espectéculo 
lûuy  tiemo.Eché  pié  â  tierra  inmediatamente,  y  atando  nuestras 
mulas  à  un  Arbol ,  segui  à  Lamela  hasta  la  gruta ,  donde  entré ,  y 
vi  tendido  en  una  y  il  tarima  A  un  yiejo  anacoreta ,  pàlido  y  mo- 
ribundo.  Pendiadesu  yenerable  rostro  una  blanca  tmrba  tan  po- 
blada  y  larga,  que  le  lle^aba  hasta  la  cintura,  y  tenia  en  sus 
manos  juntas  entrelazado  un  gran  rosario.  Al  ruido  que  hicimos 
cuando  nos  aoercàmos  à  ël ,  entreabriô  los  ojos ,  que  la  muerte 
habia  comenzado  ya  à  cerrar ,  y  despues  de  haberoos  mirado  ua 
momento  nos  dijo  :  Hermanoi  nùos,  seoM  quienes  fuereis,  aprove^ 
ckaoB  del  espectdculo  que  se  ofrece  à  vuestra  vista.  Cuarenta  aàoi  hc 
vimdo  en  elmundo,  y  sesenta  en  esta  soledad,  {Ah,  y  que  largo  me 
parece  ahora  el  tiempo  que  dediqué  d  mis  deUites,  y  al  conirario  qtii 
^^^^"^  el  que  he  consagrado  d  la  penUencia!  /  Ah  !  mucho  temo  que  las 
(lusieridades  del  hermano  Juan  no  hayon  sido  battantes  para  expiât 
^  pecados  del  lieenciado  don  Juan  de  Sotis. 

Apènas  dijo  estas  palabras  cuando  espirô  ;  y  los  dos  nos  que* 
démos  atânitos  éyista  de  su  muerte.  Taies  objetos  siempre  hacen 
%ina  impresion  hasta  en  los  mayores  Ubertinos  ;  pero  dnrôpoco 


ISO  GIL  BLAS. 

mmtra  oonmocton ,  porqoe  olyidemos  presto  io  qae  mtbtHm  de 
dedraotf^  Gomeozamos  i  haoer  inyeatario  de  todo  lo  cpie  habtt 
en  la  ermita,  en  Io  que  no  tardàmos  macho  tiempo,  paes  iodo0 
los  mnebles  oonristian  en  lo  que  habeis  podido  Ter  en  elbu  No  solo 
la  tenia  el  hermano  Juan  mal  amaebiada ,  sino  que  haata  la  des- 
pensa  estaba  mal  protista.  Todas  las  proyisiones  que  haDenios  se 
redudan  à  anas  pocas  ayellanas  y  algunos  mendrugos  de  pan  casi 
petrificados ,  que  à  la  cuenta  no  habian  podido  mascar  las  des-^ 
pobladas  encias  del  santo  yaron  :  digo  despoUadas,  porque  ob^ 
seryémos  que  se  le  habia  caido  la  dentadura.  Todo  lo  que  con- 
tenia  esta  morada  solitaria  y  todo  lo  que  yeiamos ,  nos  bada 
mirar  à  este  boen  anacoreta  como  i  un  santo.  Una  sola  cosa  nos 
namô  la  atendon  :  hallàmos  un  papel  plegado  en  forma  de  carta , 
que  el difimto  habia  dejado  sobre  la  mesa,  en  la  oual  encargaba 
i  quien  le  leyese  que  Ueyase  su  rosario  y  sus  sandalias  al  obispo 
de  Guenca.  No  acaiNibamos  de  entender  cou  que  intendon  habia 
podido  aquel  noeyo  padre  iei  desierto  desear  que  se  hidese  à  su 
obispo  semejante  regalo.  Olianos  esto  i  Cedta  de  humildad ,  à  à 
cierto  hipo  de  ser  tenido  por  santo.  Pero  ^  quien  sabe  si  solo  fué 
un  si  es  no  es  de  tonteria?  Es  punto  que  no  me  même  à  deddir. 

Hablando  de  ello  Lamelay  yo,  le  ocarriô  â  aquel  un  extrafio 
pensamiento.  Quedteionos ,  me  dijo ,  en  esta  ermita ,  y  disfirazè* 
monos  de  ermitafios.  Enterremos  al  hermano  Juan.  Tu  pasar&s 
por  él  ;  y  yo  con  el  nombre  de  hermano  Antonio  irè  i  pedîr  If- 
mosna  por  los  Ingares  y  aldeas  del  oontorno.  De  esta  manera,  no 
solo  estarémos  à  cnbierto  de  ks  pesquisas  del  corregidor ,  que 
no  ereo  pueda  pensar  en  buscamos  aqui,  sino  que  espero  lo 
pasarémos  bien ,  en  yirtud  de  los  conodmientos  qoe  tengo  en  la 
dudad  de  Guenca.  Aprobè  este  extrafio  pensamiento ,  no  ya  por 
las  razones  que  Ambrosio  me  alçgaba ,  sino  por  un  rasgo  de  ex- 
trayagancia ,  y  como  para  representar  un  papel  en  una  pieza  de 
teatro.  Abrimos ,  pues ,  una  sepultura  à  treinta  ô  cuarenta  pasos 
de  la  gruta ,  y  enterremos  en  eUa  modestamente  al  anacoreta  des- 
pues de  haberle  despojado  de  su  hàbito ,  que  consistia  en  una 
sola  tunica  ceûida  al  cuerpo  con  una  correa  de  cuero ,  y  le  cor- 
timos  tambien  la  barba  para  hacerme  con  ella  à  mi  una  postiza  ; 
en  fin ,  hechos  los  fiinerales  tomàmos  posesion  de  la  ermita. 

Pasàmoslo  muy  mal  el  primer  dia ,  yiéndonos  predsados  à 
mantenernos  solamente  de  la  triste  provision  que  nos  habia  de- 
jado el  difunto  ;  pero  el  dia  siguiente  entes  de  amanecer  saliô 
Lamela  à  campafta  con  las  dos  mulas  que  yendiô  en  Coenca ,  y  por 
la  noche  yolyiô  cargado  de  yiyereff  y  de  otras  cosillas  que  hsîbia 
eomprado.  Trajo  todo  lo  que  era  menester  para  disCrazamos 
bien.  Hîzo  para  si  una  tunica  6  hàbito  de  pafto  pardo,  y  una 
barbflla  roja  de  crines ,  la  que  se  supo  acomodar  con  tal  arto 
que  parecia  natural.  No  hay  en  el  mundo  mozo  mas  mafioso  que 


LiBROQUiirra  mi 

ë.  Arregl6  tunbien  la  bsrba  del  hermano  Joan ,  ajuaiômeia  i  la 
on,  7  pàaome  en  la  cabeea  on  gran  gorro  de  lana  oscura,  que 
eontribiria  mocho  para  disimalar  el  àrtificto.  Se  puede  decir  que 
Dada  iaitaba  para  nnestro  disfraz.  Hallémonos  los  dos  en  esle  rt» 
dkalo  equipage  »  de  manera  que  no  podiamos  miramos  sin  reir- 
nos ,  Tiéndonos  en  on  trage  que  ciertamente  no  nos  conyenia. 
Cod  la  tunica  del  hermano  Juan  heredè  tambien  su  rosario  y  sus 
sandalias ,  que  no  hioe  escrùpnlo  de  apropiarme  en  ves  de  rega- 
Unelasal  obispo  de  Guenca. 

Hacia  très  dias  que  estabamos  en  la  ermila  sin  haber  yisto  en 
todos  eUos  alma  yiyiente  ;  pero  al  cuarto  entriron  en  la  gruta  dos 
aldeanes  que  traian  al  diftanto  »  creyendo  que  estuyiese  todayia 
yiyo,  pan,  qneso  y  oebollas.  Luego  que  los  yi  me  echë  en  mi 
ttrima»  y  me  fué  fàal  alucinarlos,  fiiera  de  que  ellos  no  podian  dis- 
tiogoirme  bien  por  la  escasa  luz  de  la  ermita^  y  procuré  imitar 
le  mqor  que  pude  la  yoz  del'liermano  Juan ,  cuyas  ultimas  pala- 
lyas  habia  oido  ;  de  manera  que  los  pobres  hombres  no  tuyièron 
la  menor  sospecAa  de  aqueUajsupercheria,  y  si  solo  mostriron 
algaiia  admiradon  de  hallarse  en  la  gruta  con  otro  ermitallo» 
Pero  adyirtiéndolo  el  socarron  de  Lamela ,  les  dijo  con  cierto  aire 
bipocriton :  No  os  admireis ,  hermanos,  de  yerme  &  mi  en  esta 
soledad.  Estaba  yo  en  una  ermita  de  Aragon,  y  la  he  dejado  por 
venir  à  acompaAar  al  yenerable  y  discreto  hermano  Juan  y  y  asis- 
tirle  en  su  extrema  yejez ,  considerando  la  necesidad  que  tendria 
en  ella  de  este  aliyio.  Los  aldeanos  prorumpiëron  en  infinitaa 
alabanzas  de  Ambrosio  »  ensalzando  hasta  el  cielo  su  herôîca  ca- 
ridad ,  y  dindose  à  si  mismos  mil  parabienes  por  la  dicha  de  tener 
dos  hombres  santos  en  su  pais. 

Ebbia  comprado  Lamela  unas  grandes  alforjas ,  y  cargado  oon 
dlas  partiô  por  la  primera  yez  à  dar  principio  &  la  demanda  en  la 
^dad  de  Guenca ,  que  solo  dista  una  légua  corta  de  la  ermita. 
CoiBo  la  natnraleza  le  ha  dotado  de  un  exterior  deyoto  y  corn- 
P^iBgido ,  y  ademas  de  eso  posée  en  supremo  grado  el  arte  de 
haoerlo  yaler ,  no  dejô  de  moyer  el  corazon  de  las  personas  ca- 
^tiyas  A  darle  limosna,  y  asi  en  poco  tiempo  llenô  tes  alforjas  de 
los  dones  de  su  liberalidad.  Amigo  Ambrosio ,  le  dije  cuando 
TolTi6  à  la  ermita,  te  doy  el  parabien  del  admirable  talento  que 
tienes  para  ablandar  y  enternecer  las  aimas  cristianas.  {Vive  diez 
<pe  parece  has  ejercitado  por  muchos  lAos  el  oficio  de  deman- 
dante capuchino  !  Algo  mas  he  hecho,  me  respondiô,  que  hacer 
^f^dante  cosecha ,  porque  has  de  saber  que  he  encontrado  à 
^erta  ninfa  llamada  Bérfaara»  que  Aie  algo  mia  en^tro  tiempo. 
Ijâ  he  hallado  bien  mudada  ;  pues  se  ha  dado  como  nosotros  é  la 
devocion.  Viye  con  otras  dos  6  très  beatas  que  edifican  .el  nrando 
^pùHico ,  y  hacen  una  yida  muy  difercnte  en  casa.  Al  principio 
"omeconodô ,  tanto  que  me  yi  obllgado  A  decirle  :  ^Gomo  asi , 


S(B  GIL  BLAS. 

sefiora  Barbara?  tEs  posible  qae  ya  desconozcais  à  ono  de  vaes- 
tr08  antigaos  amigos,  y  yuestro  humflde  aervidor  Ambroaio? 
Por  yida  mia,  amigo  Lamela ,  reapondiô  Barbara ,  que  jamas  po- 
dia aoflar  elyerte  yestido  con  ese  trage.  ^Por  que  diables  de 
ayentura  has  yenido  à  parar  en  ermitafio  !  Esc  es  cosa  larga ,  le 
respond!,  j  ahora  no  puedo  detenerme  à  contirosla;  pero  ma- 
ftana  à  la  noche  yolyerë  y  satisfarë  yuestra  coriosidad.  Tambieo 
yendrâ  conmigo  mi  oompafiero  el  hermano  Juan.  ;Qaè  hermaoo 
Juan?  replîcô  ella  :  ^aquel  yiejo  y  buen  ermitallo  que  yiye  en 
una  ermita  cerca  de  esta  ciudad?  Tù  no  sabes  lo  que  te  dices , 
pnes  se  asegura  que  tiene  mas  de  cien  afkos.  Es  yerdad  y  le  res- 
pond! ,  que  en  otro  tiempo  tuyo  esa  edad  ;  pero  de  pocos  dias  i 
esta  parte  se  ha  remozado  tanto  que  no  soy  yo  mas  mozo  que  el. 
Pues  bien ,  respondiô  Barbara ,  siendo  eso  asi,  que  yenga  con- 
tigo  :  sin  duda  que  en  eso  se  oculia  algun  misterio. 

No  dejàmos  de  ir  ai  dia  siguiente  luego  que  fuè  noche  à  casa  de 
aquellas  santurronas ,  que  para  recibirnos  mejor  nos  tenîan  pre- 
yenida  una  gran  cena.  Asi  que  entrémos  en  su  casa  nos  quitânos 
las  barbas  postizas  y  el  hébito  eremitioo ,  y  sin  ceremonia  nos 
presentémos  i  estas  princesas  taies  cuales  eramos  ;  eOas,  porno 
parecer  mënos  firancas  que  nosotros ,  nos  mostréron  de  cuanto 
son  capaces  las  felsas  deyotas  cuando  arriman  à  un  lado  las  gaz- 
mofterias  do  la  aparente  deyocion.  Pasàmos  casi  toda  la  nod^e  à 
la  mesa;  y  no  nos  retirémos  à  nuestra  gruta  basta  poco  Antes  de 
amanecer.  Bepetimos  presto  la  yisita ,  6  por  mqor  decir ,  segui- 
mos  el  mismo  método  por  espacio  de  très  meses,  y  gastimos  con 
aquellas  ninfes  mas  de  los  dos  tercios  de  nuestro  caudal  ;  pero 
cierto  zeloso  lo  ha  descubierto  todo ,  dando  parte  à  la  justida., 
la  cual  debia  hoy  ira  la  ermita  i  echarnos  mano.  Ayer ,  mièntras 
Ambrosio  hacia  su  demanda  en  Cuenca,  una  de  las  beatas  le  en- 
tregô  un  billete ,  diciéndole  :  Una  amiga  mia  me  escribe  esta 
carta  y  que  iba  i  enyiaros  con  un  propio.  Muéstresela  al  hermano 
Juan  y  y  tomen  sus  medidas  en  informàndose  de  su  contenido. 
Este  es ,  seftores ,  aquel  mismo  billete  que  Lamela  me  entrée 
ayer  en  yuestra  presencia ,  y  el  que  nos  oMigô  à  abandonar  tan 
precipitadamente  nuestra  solitaria  habitacion. 


CAPITULO  n. 

De  la  oonferencia  que  tuTiëron  don  Rafael  y  sus  oyentes,  y  de  la  aTentura  que 
les  suocdiô  al  querer  salir  del  bosque. 

Luego  que  acabô  don  Ra£ael  de  contar  su  historia  y  que  me 
pareciô  algo  larga,  don  Alfonso  le  dijo,  por  cortesia,  que  y»- 
daderamente  le  habia  diyertido  mucho.  Despues  de  este  cnmplido , 


LIBRO  QUINTO.  S83 

tomô  ta  palabra  el  seftor  Lamela  ^  y  yoWiëndose  al  compaflero 
de  sas  hazaAas  le  dijo  :  Don  Rafael ,  el  sol  esta  ya  para  ponerse, 
y  me  parece  del  caso  que  tratemos  del  partido  que  hemos  de  to» 
mar.  Dices  bien ,  respondiô  su  camarada  :  es  menester  pensar  â 
donde  hemos  de  ir.  Yo,  continuô  Lamela,  soy  de  parecer  que 
sin  perder  tiempo  nos  pongamos  en  camino ,  y  procuremos  Ue- 
gar  esta  noche  à  Requena,  para  entrar  mafiana  en  el  reino  de 
Valencia,  donde  pondrémos  en  moyimiento  los  registros  de  nues- 
tra  industria.  Siento  acà  dentro  de  mi  corazon  no  se  que  presagio 
de  que  darèmos  golpes  magistrales.  Don  Rafael ,  que  sobre  estos 
asimtos  tenia  gran  fe  en  sus  pronôsticos  infalibles ,  aocediô.  luego 
à  sa  opinion.  Don  Alfonso  y  yo ,  como  nos  habiamos  puesto  en 
manos  de  aquellos  dos  hombres  de  bien ,  esperàmos  sin  hablar 
palabra  el  resultado  de  aquella  conférenCia. 

ResoWiôse ,  pues ,  que  tomasemos  la  yuelta  de  Requena,  y  nos 

dispusimos  todos  para  ello.  Hicimos  una  comida  como  la  de  la 

maâanay  y  despues  cargàmos  el  caballo  con  la  bota  de  vino,  y 

lo  restante  de  las  provisiones.  Sobreyiniendo  la  noche ,  de  cuya 

lobreguez  teniamos  necesidad  para  caminar  seguros,  quisimos 

salir  del  bosque;  pero  aun  no  habiamos  andado  cien  pasos, 

coando  descubrimos  por  entre  los  érboles  una  luz  que  nos  diô 

mucho  en  que  pensar.  ^Quë  significa  aquolla  luz?  preguntô  don 

Rafael.  ^Seràn  acaso  los  corchetes  de  la  justicta  de  Cuenca  des- 

pachados  en  seguimiento  nuestro ,  y  que  creyéndonos  en  este 

bosque  nos  yendràn  i  buscar  en  él?  No  lo  pienso ,  dijo  Ambro- 

sio;  antes  bien  seràn  algunos  pasageros  que,  por  haberles  cogido 

la  noche,  se  habràn  refugiado  aqui  hasta  que  amanezca;  pero 

en  todo  caso ,  porque  puedo  engaûarme ,  quiero  yo  ir  i  reco- 

nocerlos  :  miéntras  tanto  quedaos  los  très  en  este  sitio,  que 

TuelTo  en  un  momento.  Diciendo  esto  se  fué  acercando  poco  à 

poco  à  donde  se  dejaba  ver  la  luz ,  que  no  estaba  muy  distante. 

Fué  desyiando  con  mucho  tiento  las  ramas  y  matorrales  que 

le  impedian  el  paso ,  y  al  mismo  tiempo  mirando  cou  toda  la 

atendon  que  à  su  parecer  merecia  el  caso ,  yiô  sentados  sobre  la 

yerba,  al  rededor  de  unayela  colocada  sobre  un  montoncito  de 

Sierra ,  é  cuatro  hombres ,  que  acababan  de  comer  una  empa- 

nada  y  de  agotar  una  gran  bota  de  yino.  À  pocos  pasos  de  dis- 

^cia  descubriô  à  un  hombre  y  à  una  muger  atados  à  dos  àrbo- 

les>  y  algo  mas  allé  un  coche  de  camino  con  mulas  ricamente 

enjaezadas.  Desde  luego  sospechô  que  los  cuatro  hombres  que 

estaban  sentados  debian  ser  ladrones,  y  por  la  conyersacion  que 

les  oyôacabô  de  conocer  que  no  babia  sido  temeraria  su  sospe- 

<^a.  Disputaban  los  cuatro  salteadores  sobre  de  qnien  habia  de 

ser  la  dama  que  habia  caido  en  sus  manos ,  y  trataban  de  sor^ 

t^rla.  Enterado  plenamente  Lamela ,  yolyiô  àdondeestabamos, 

y  nos  informé  menudamente  de  todo  lo  que  habia  yisto  y  oido. 


tt4  GIL  BLAS. 

SeftoraB,  dtjo  enfonces  don  Alfonso ,  la  moger  y  el  hombrc 
que  tienen  atados  à  los  irboles  los  bdrones,  qotei  aeràn  una 
seflora  y  nn  catMiUero  de  distkidon.  i  Y  hemos  de  sufirir  nosotros 
que  sir?an  de  yictimas  à  la  barbarie  y  à  la  brutalidad  de  unos 
malhechores?  Creedme,  seflorea,  echMnonoa  aobre  eatos  bao- 
didos  y  y  moeran  todos  à  nuestras  manos.  Conaîento  en   eUo , 
dijo  don  Rafael,  yo  esloy  tan  pronto  à  hacer  ana  baena  accioo 
como  una  nuda.  Ambroaio  por  sa  parte  protestô  qae  solo  de- 
sedMi  concarrir  à  ona  empresa  tan  loable ,  de  la  coal  prereia 
qae  seriamos  bien  recompensados,  segun  sa  modo  de  pensar  : 
y  aan  me  atreyo  â  dedr,  afladiô,  qae  en  esta  ocasion  el  peligro 
no  me  amedrenta,  y  qae  ningan  ad>allero  andante  se  manifesto 
nunca  mas  pronto  al  servicio  de  las  damas.  Pero ,  si  se  ban  de 
decir  las  cosas  sin  faltar  i  la  yerdad ,  el  riesgo  no  era  grande  » 
porqae  babièndonos  dicho  Lamela  qae  las  armas  de  los  ladrones 
estat»an  todas  amontonadas  en  an  sitio  à  diez  6  doce  pasos  de 
eiloSy  no  nos  fiié  may  dificil  ejecatar  naestra  resohidon.  Atàmos, 
pues,  à  an  irbol  el  eaballo ,  y  nos  foimos  acercando  con  silen- 
cio  y  i  paso  lento  à  los  ladrones.  Acalorados  estos  oon  el  yino, 
hablaban  todos  metiendo  on  rnido  confoso  qae  fityoreda  mucho 
el  golpe  de  la  sorpresa.  Apoderémonos  de  sas  annas  antes  de 
qae  nos  yiesen,  y  disparàndolas  sobre  ellos  à  boca  de  jarre , 
todos  caatro  qu^àron  tendidos  pn  el  saelo. 

Darante  esta  expedicion  se  apagô  la  laz ,  y  nos  qaedâmos  en  la 
oscaridad  :  sin  embargo  de  esto  acadimos  inmediatam^te  à 
desatar  el  hombre  y  la  mnger,  qae  estaban  tan  poseidos  de  ter- 
ror, qae  no  tayiéron  aliento  para  damos  las  gracias  por  el  bîeo 
que  acababamos  de  hacerles.  Yerdad  es  que  ignoraban  aan  si 
debian  mirâmes  como  &  bienhechores ,  6  como  i  nneyos  bandi- 
dos  qae  los  habian  librado  de  los  otros ,  qaizà  para  tratarlos 
peor.  Pero  nosotros  procorémos  sosegarlos  asegarindoles  qae 
los  ibamos  à  condacir  &  una  yenta  que ,  segun  decia  Ambrosio, 
no  distaba  mas  que  media  légua  de  alli ,  donde  podrian  tomar 
las  precaociones  necesarias  para  llegar  con  seguridad  à  donde 
se  dirigian.  Despoes  de  que  los  habimos  animado ,  los  methnos 
en  su  coche ,  y  los  sacAmos  fiiera  del  bosque ,  tinmdo  nosotros 
las  mulas  por  el  freno.  Nuestros  anacoretas  fiiéron  en  segaida  à 
yisîtar  las  feltriqueras  de  los  yencidos  ;  despues  faimos  A  desatar 
el  caballo  de  don  Alfonso ,  y  nos  apoderémos  tambien  de  los 
que  eran  de  los  ladrones ,  que  estaban  atados  à  yarios  irboles 
junto  al  campo  de  batalla.  Montados  en  nnos ,  y  Ueyados  otros 
del  diestro ,  seguimos  al  hermano  Antonio ,  que  habia  montado 
en  una  mula  del  coche ,  hactendo  de  cochero  para  condacîrlo  â 
la  yenta ,  habiendo  tardado  dos  horas  en  llegar  à  ella ,  aunqae  ei 
seAor  Lamela  nos  habia  dicho  que  no  estaba  muy  aparta^da  del 
bosque. 


LIBRO  QUmra  986 

Lhmémos  à  la  paerta  con  faertes  golpcs,  porque  toda  la  gente 
de  la  casa  estaba  ya  acostada.  Leyantéronse ,  y  yistiëronse  de 
prisa  el  Tentero  y  la  Tentera,  que  no  mostràron  el  menor  enfodo 
de  que  les  hnbiesen  despertado  à  lo  mejor  del  suefto ,  coando 
vièron  una  comitiya  que  prometia  hacer  macho  mas  gasto  en  su 
casa  del  que  efecliyamente  hize.  En  un  momento  encendièron 
laces  por  toda  la  yenta.  Don  Alfonso  y  el  ilustre  hijo  de  Lucinda 
diëron  la  mano  à  la  seflora  y  al  caballero  para  ayudarlos  à  bajar 
del  coche ,  siryiéndoles  como  de  gentOes  b<Hnbres  hastfi  el  coar* 
toâ  donde  los  conduyo  el  yentero.  Alli  se  hiciëron  mil  reciprocos 
complimientos;  y  qued&mos  muy  admirados  cuando  llegàmos  à  si^r 
que  los  personages  à  quienes  acababamos  de  libertar  eran  el  conde 
dePoIany  su  hijaSerafina.  Pero  ;qaien  podrà  describir  el  asom- 
bro  de  esta  seûora  y  de  don  Alfonso  coando  se  conociteoo?  £1 
conde  no  réparé  en  este  pasage  porque  estaba  distraido  en  otras 
cosas.  Pùsose  à  contarnos  menudamente  el  modo  con  que  les 
habian  asaltado  los  ladrones,  y  se  habian  apoderado  de  su  hija 
y  de  él  despues  de  haber  muerto  al  postillon ,  à  un  page ,  y  à  un 
ayuda  de  càmara.  Acabô  diciendo  que  nos  estaba  infinitamente 
agradecido ,  y  que  si  queriamos  ir  é  Toledo  »  donde  estaria  de 
îoelta  dentro  de  un  mes,  nos  daria  pruebas  que  bastasen  à  hacemos 
conocer  si  era  ingrato  6  reconocido. 

A  la  hija  de  aquel  seûor  no  se  le  olyidô  darnos  tambien  mil 
gnicias  por  su  dichosa  libertad  ;  y  habiendo  juzgado  don  Rafeel  y 
yo  que  gustaria  don  Alfonso  de  que  le  fadlitasemos  el  me* 
dio  de  hablar  un  rato  à  soks  con  aquella  yiuda  jôyen  ,  lo  dis* 
posimos  prontamente ,  entreteniendo  al  conde  de  Polan.  Bella 
Serafina ,  le  dijo  don  Alfonso  en  yoz  muy  baja ,  ya  no  me 
qnejaré  de  la  desgraciada  snerte  que  me  obliga  à  yiyir  como 
00  hombre  desterrado^  de  la  sociedad  ciyil ,  habi^do  tenido 
la  fbrtana  de  contribuir  al  importante  ser^icio  que  se  os  ha  be-* 
cho.  {Pues  quel  le  respondiô  ella  suspirando,  ;)Sois  yos  el  que  me 
l^issalyado  la  yida  y  el  honor?  ;gois  yos  à  quien  mi  padre  y 
yo  somos  tan  deudores?  |Ah  don  Alfonso  1  ^porque  fuisteis 
vos  quien  diô  muerte  à  mi  hermano  ?  No  le  dijo  mas  ;  pero  él 
eomprendiô  bastante  ppr  sus  palabras  y  por  el  toao  en  que  las 
^jo  que ,  si  amaba  con  extremo  à  Serafina,  no  era  ménos  amado 
de  elk. 


—»••••••■•••• 


S86  GIL  BLAS. 

LIBRO  SEXTO. 


CAPITULO  I. 

De  lo  que  hid^ron  Gil  Bias  j  sos  oompaflerot  despao  que  se  separâron  dd 
oonde  de  PoUq  :  del  importante  proyecto  que  formo  Ambrosio  ;  j  oamo  le 
fjecuto* 

Despnes  de  haber  pasado  el  conde  de  Polan  la  mitad  de  h 
noche  en  darnos  gracias  y  y  asegurarnos  que  podîamos  contar 
oon  sa  eterno  agradecimiento ,  llamô  al  Tentero  para  consaltar 
con  el  de  qaé  modo  llegaria  con  seguridad  â  Taris ,  à  donde 
tenia  inimo  de  ir.  Dejàmos  qae  tomase  sobre  esto  sus  medidas, 
y  nosotros  salimos  de  la  venta  sigaiendo  el  camino  que  Lamela 
quiso  escoger. 

Al  cabo  de  dos  horas  de  marcha  nos  amaneciô  ya  cerca  de 
Gampîllo.  LIegémos  prontamente  à  las  montaflas  qae  hay  entre 
aqnella  villa  y  Reqaena ,  y  alli  pasàmos  el  dîa  en  descansar  y 
en  contar  naestro  caadal ,  que  se  habia  aumentado  macho  con 
el  dinero  que  habîamos  cogido  é  los  ladrones ,  en  cuyas  faltri- 
queras  se  encontràron  mas  de  trescientos  doblones  en  difereotes 
monedas.  Al  entrar  de  la  noche  nos  yolvimos  à  poner  en  ca- 
mino, y  el  dia  siguiente  al  amanecer  entrâmos  en  el  reîno  de 
Valencia.  Retiràmonos  al  primer  bosque  que  encontràmos,  em- 
boscâmonos  en  él ,  y  llegémos  é  un  sitio  por  donde  corria  un 
arroyuelo  de  agua  cristalîna  que  iba  lentamente  à  jantarse  con 
las  del  Guadalaviar.  La  sombra  con  que  nos  conyidaban  los  ir- 
boles  y  la  abundante  yerba  que  el  campo  ofrecia  para  los  ca- 
ballos,  nos  hubîeran  determinado  é  hacer  alto  en  aquel  parage, 
aun  caando  no  esturieramos  ya  resueltos  é  descansar  aigunas 
horas  en  él. 

ÂpeimonoB ,  paes ,  y  haciamos  énimo  de  pasar  alli  aquel  dia 
alegremente  ;  pero  cuando  fahnos  é  almorzar  nos  hallimos  con 
poquisimos  yiveres.  Empezaba  à  foltarnos  el  pan ,  y  nuestra 
bota  se  habia  conyertido  en  un  cuerpo  sin  alma.  Sefioréis,  dijo 
entônces  Ambrosio  ,  sin  Ceres  y  sin  Baco  é  ninguno  agrada  el 
sitio  mas  .delicioso.  Soy  de  parecer  que  renovemos  nuestras  pro- 
yisiones ,  y  asi  marcho  à  este  fin  à  Chelva ,  que  es  uaa  linda 
yilla,  distante  de  aqui  solas  dos  léguas ,  y  tardaré  poco  en  tan 
corto  viage.  Dicho  esto ,  cargo  en  el  caballo  la  bota  y  las  aK 
foijas  y  montô ,  y  partiô  del  bosque  é  tan  buen  paso  ,  que  nos 
prometfanos  séria  muy  pronta  su  yuelta.  Teniamos  motiyo  para 


LIBRO  SEXTO.  S87 

creerlo  asi ,  y  agnardabamos  por  momentos  &  Lamela  ;  mas  sin 
embargo ,  no  Tolyio  tan  presto  coino  lo  esperabamos.  Era  ya 
macho  mas  del  medio  dia,  y  aun  se  aproximaba  la  noche  para 
cobrir  los  érboles  con  su  negro  manto ,  cuando  yimos  à  nuestro 
proyeedor,  caya  tardanza  comenzaba  à  damos  coidado.  Engaftô 
alegremente  nuestro  sobresalto  con  las  muchas  cosas  de  que 
Yenia  proyisto.  No  solo  traia  la  bota  llena  de  exquisito  yino,  y 
atestadas  las  alfoijas  de  carnes  asadas ,  sino  que  reparàmos  un 
gran  £ardo  acomodado  à  las  ancas  del  caballo ,  que  se  Ueyô 
naestra  atencion.  Conociôlo  Ambrosio ,  y  nos  dijo  sonriéndose  : 
Âpuesto  yo  à  don  Rafeel,  y  à  todos  los  mas  diestros  del  mundo, 
que  no  son  capaces  de  adiyinar  porquë  ni  para  que  he  com- 
piado  todo  este  enyoltorio  de  ropa.  Diciendo  esto  lo  desatô  èl 
nismo  para  que  yieramos  por  menor  lo  que  encerraba.  Mos- 
trônos  un  manteo  negro ,  y  una  sotana  del  mismo  color  ;  dos 
chnpas,  y  dos  pares  de  calzones;  un  tintero  de  cuerno  con  su 
salyadera  y  caûon  para  meter  las  plumas  ;  una  mano  de  papel 
fino,  un  seUo  grande,  y  un  candado,  juntamente  con  una  barreta 
de  lacre  yerde.  j  Par  dioz ,  seftor  Ambrosio ,  exclamé  zumbàn- 
dose  don  Rafael  luego  que  yiô  todas  aquellas  baratijas ,  que 
habeis  empleado  bien  el  dinero  I  f,  Que  diablos  piensas  hacer  de 
todos  esos  cachiyaches  ?  Un  uso  admirable»  respondiô  Lamela. 
Todas  estas  cosas  no  me  han  costado  sino  diez  doblones,  y  estoy 
persuadido  de  que  nos  han  de  yaler  mas  de  quinientos.  Contad 
seguramente  con  ellos.  No  soy  hombre  que  me  cargo  de  géneros 
inutiles  ;  y  para  haceros  yer  que  no  he  comprado  à  tontas  y  à 
locas,  yoy  à  daros  parte  de  un  proyecto  que  he  formado  :  un 
proyecto  que  sin  disputa  es  de  los  mas  ingeniosos  que  puede 
Goncebir  el  entendimiento  humailo.  Vais  à  oirlo,  y  estoy  seguro 
que  qaedaréis  atonitos  al  saberlo  :  estadme  atentos. 

Despues  de  haber  hecho  mi  provision  de  pan ,  me  entré  en 
una  pasteleria  y  mandé  que  me  asasen  seis  perdices,  otras  tantas 
poUas,  é  igual  numéro  de  gazapos.  Miéntras  todo  esto  se  estaba 
ssando  entré  en  la  pasteleria  un  hombre  encendido  en  cèlera , 
qaejàndose  agriamente  de  la  injuria  que  le  habia  hecho  un  mer- 
ger del  pueblo,  y  le  dijo  al  pastelero  :  Por  Santiago  apéstol 
que  Samuel  Simon  es  el  mercader  mas  ruin  que  hay  en  todo 
CheWa.  Acaba  de  afrentarme  pùblicamente  en  su  tienda ,  pues 
no  me. ha  querido  fiar  el  grandisimo  ladron  seis  yaras  de  paiio, 
^iendo  como  sabe  que  soy  un  artesano  que  cumplo  bien ,  y 
^c  i  ninguno  he  quedado  jamas  à  deber  un  cuarto.  i  No  os 
admirais  de  semejante  bruto?  El  fia  sin  reparo  à  los  caballeros, 
coando  sabe  poir  experiencia  que  de  muchos  de  ellos  no  ha  de 
cobrar  ni  un  ochayo,  y  no  quiere  fiar  à  un  yecino  honrado  que 
^tà  seguro  de  que  le  ha  de  pagar  hasta  el  ultimo  marayedi. 
iQoè  maniaJ  i  maldito  Judlo!  i  ojalà  le  engaften  !  Puede  ser  que 


988  GIL  BLAS. 

se  me  ODmpla  algan  dia  esle  deseo,  y  no  fidtaiin  mercadem  qne 
me  aoompaften  en  &. 

Oyendo  yo  hablar  de  este  modo  à  aquel  pobre  menestral, 
que  dîjo  ademas  otras  muchas  cosas ,  de  repente  me  asahô  el 
deseo  de  yengarle,  y  de  hacer  una  pesada  burla  al  seAor  Samael 
Simon.  Amigo,  pregunté  al  hombre  que  se  quejaba  tan  amarga- 
mente^  ;no  me  dirëîs  que  caracter  tiene  ese  mercader?  £1  peor 
que  se  puede  discurriry  me  respondiô  con  enfieido.  Es  un  desen- 
firenado  usnrero,  aunque  en  su  exterior  aparenta  ser  un  bombre 
i^irtuoso  :  es  un  judio  que  se  yolyiô  catôlico ,  pero  en  el  fondo 
de  su  aima  es  todavia  tan  judio  como  Pilatos  :  porque  se  ase- 
gura  haber  abjurado  por  interes. 

No  perdi  palabra  de  todo  lo  que  dijo  el  irritado  menestral; 
y  luego  que  sali  de  la  pasteleria,  procuré  informarme  de  la  casa 
de  Samuel  Simon.  Ensefl6mela  un  hombre.  Parème  à  ver  su 
tienda ,  examinèla  toda ,  y  mi  imaginacion,  siempre  pronta  a  £i- 
Yorecerme,  me  sugiere  un  enredo  que  abrazo  cou  presteza, 
parecièndome  digno  del  criado  del  seftor  Gil  Bias.  Fuime  derecho 
â  una  roperia,  y  compré  los  vestidos  que  veis ,  uno  para  hacer 
el  pape!  de  oomisario  del  santo  Oficio,  otro  para  representar  el 
de  secretario,  y  ei  tercero  para  fingir  el  de  alguadl.  Ved  abi , 
seflores,  lo  que  hice  y  lo  que  fué  la  causa  de  mi  tardanza. 

I Ah,  querido  Ambrosio,  interrumpiô  don  Bafael  arrebatado  de 
gozo,  y  que  admirable  idea  !  {que  plan  tan  asombroso  I  Envidio 
tan  sutilistma  invencion.  Daria  yo  los  mayores  enredos  de  mi  vida 
porque  se  me  hubiese  ofrecîdo  este  tan  ingenioso.  Si»  amigo  Lamela, 
prosiguiôy  penetro  bien  todo  el  fondo,  todo  el  yalor  de  tu  delicado 
pensamiento,  y  no  debes  poner  duda  en  que  el  ëxito  sera  dichoso. 
Solo  has  menester  dos  buenos  llctores  que  no  echen  i  perder 
una  comedia  tan  bien  imaginada  ;  pero  estos  actores  los  tîenes  â 
mano.  Tù  tienes  un  aspecto  devoto  y  harés  muy  bien  de  comt- 
sario  del  santo  Oficio ,  yo  representarë  el  secretario ,  y  el  sefior 
Gil  Bias ,  si  gusta ,  harà  de  alguacil.  Ya  estàn  repartidos  los  pfr- 
peles  ;  maftana  representarèmos  la  comedia  ;  y  yo  respondo  del 
buen  ëxito ,  à  mënos  que  sobrevenga  alguno  de  aquellos  lances 
impreyistos  ,  que  dan  en  tierra  con  los  designios  mas  bien 
combinados. 

Por  lo  que  A  mi  toca,  solo  comprend!  en  confîiso  el  proyecto 
que  don  Rafoel  alabô  tauto  ;  pero  durante  la  cena  me  lo  expii- 
câron,  y  yerdaderamente  me  pareciô  ingenioso.  Despues  que  bu- 
bimos  despachado  gran  parte  de  la  provision,  y  becho  à  la  bota 
copiosas  sangrias,  nos  tendimos  sobre  la  yerba,  y  tardàmos  poco 
en  dormirnos  ;  pero  no  fiië  largo  nuestro  suefto ,  porque  m» 
hora  despues  le  interrumpiô  el  desapiadado  Ambrosio  gritando 
entes  del  dia  :  /£n  pii,  en  pii  !  los  que  traen  entre  manos  grandes 
empresas  que  ejecutar  no  han  de  ser  perezosos.  |Maidito  sea 


LIBRO  SEXTO.  S89 

el  seflor  oomisario,  le  dijo  don  Rafael  entre  despierto  y  dormî- 
do  y  y  Id  que  su  seftoria  ha  madrugado  !  En  yerdad  que  el  ju~ 
diazo  de  Manuel  Simon  dare  â  todos  los  diablos  tanta  yigilancia. 
Conyengo  en  ello,  respondiô  Lamela,  y  os  dire  de  mas  A  mas  , 
afiadié  riëndose ,  que  esta  noche  soAë  que  yo  le  estaba  arran- 
cando  pelos  de  la  barba,  i  Y  este  sneflo,  seAor  secretario,  no  es 
de  mny  mal  agûero  para  el  desdichado  Samuel?  Con  estas  y 
otras  mû  chufietas  que  se  dijéron ,  nos  pusimos  todos  de  mny 
buen  humor.  Almorzémos  alegremente ,  y  luego  nos  dispusimos 
para  representar  cada  uno  su  papeL'  Ambrosio  se  echo  à  cuestas 
las  hopalandas,  de  manera  que  tenia  toda  la  traza  de  un  verda- 
dero  oomîsario.  Don  Rafeel  y  yo  nos  vestimos  de  modo  que 
pareciamos  perfectamente  un  secretario  y  un  alguacil.  Emple&mos 
bastante  tiempo  en  difrazamos  y  en  ensayar  lo  que  habiamos 
de  hacer,  tanto  que  eran  ya  mas  de  las  dos  de  la  tarde  cnando 
salimos  del  bosque  para  encaminamos  à  Cheha.  Es  yerdad  que 
ninguna  cosa  nos  apuraba  ;  entes  bien  era  del  caso  no  dejar- 
nos  yer  en  el  lugar  hasta  algo  entrada  la  noche.  Por  lo  mîsmo 
camÎDàmos  poco  à  poco  ,  y  aun  tuyimos  que  detcncmos  casi  à 
las  puertas  del  paeMo ,  dando  tiempo  à  que  obscureciese  ente- 
nimente. 

Cuando  nos  pareciô  tiempo ,  dejàmos  los  caballos  en  aquel 
sitio  à  cargo  de  don  Alfonso,  que  se  alegrô  mucho  de  no  tener 
que  hacer  otro  papel.  Don  Rafoel ,  Ambrosio  y  yo  nos  fuimos 
en  derechura  à  la  puerta  de  Samuel  Simon.  El  mismo  saliô  é 
abrirla,  y  quedô  extrafiamente  sorprendido  de  yer  en  su  casa 
aqneDas  très  figuras;  pero  lo  quedô  mucho  mas  luego  que  La- 
mêla,  que  Ueyaba  la  (ôlabra,  le  dijo  en  tono  imperioso  :  Seflor 
Samuel,  de  parte  del  santo  Oficio,  cuyo  indigno  comisario  soy, 
os  ordeno  que  en  este  mismo  momento  me  entregueis  la  Haye 
de  yoestro  despacho.  Quiero  yer  si  hallo  en  èl  con  que  justificar 
las  delaciones  y  acusaciones  que  se  nos  han  presentado  contra  yos. 
El  mercader ,  à  quien  habian  turbado  estas  palabras ,  retro- 
cedi6  dos  pasos  como  si  alguno  le  hubiese  dado  un  golpe  en 
el  pecho,  y  lëjos  de  sospechar  en  nosotros  alguna  supercheria , 
creyô  de  buena  (e  que  algun  enemigo  oculto  le  habia  delatado 
al  santo  Oficio;  6  tambienes  mny  posible  que,  no reconociéndose 
èl  mismo  por  muy  buen  catôlico,  temiese  con  Fundamento  haber 
dado  motiyo  para  alguna  sécréta  informacion.  Sea  lo  que  fuere, 
nnnca  yi  hombre  mas  confuso.  Obedeciô  sin  resistencia ,  y  con 
todo  el  respeto  que  corresponde  A  un  hombre  que  teme  à  la  in- 
qnisicion.  £1  mismo  nos  abriô  su  despacho,  y  al  entrar  le  dijo 
Ambrosio  :  Seflor  Samuel ,  à  lo  ménos  recibis  con  sumision  las 
ërdoies  del  santo  Oficio  ;  pero,  afladiô ,  reiiraos  &  otro  cuarto , 
y  dejadme  practicar  libremente  mi  empleo.  Samuel  no  fué  ménos 
obediente  à  esta  segunda  ôrdcn  que  lo  habia  sido  à  la  primera  : 

19 


290  GIL  BLAS. 

retirôse  ft  sit  tieoda»  y  nosotros  très  entrémos  en  sa  despa- 
cho  9  donde  sin  pérdida  de  tiempo  nos  pnsfanos  à  bnscar  el 
dinero ,  que  nos  costô  poco  trabajo  y  mènes  tiempo  encon- 
trar ,  porque  estaba  en  un  cofire  abierto ,  donde  habia  mas  del 
que  podiamos  Ue^ar.  Consistia  en  gran  numéro  de  talegos, 
puestos  unos  sobre  otros,  y  todo  en  moneda  de  plata.  Nosotros 
hubieramos  querido  mas  que  fuese  en  oro  ;  pero  no  pudiendo 
ya  ser  esto,  nos  fùé  forzoso  hacer  de  la  necesidad  virtud.  Uené- 
mos  bien  los  bolsîUos,  las  feltriqueras,  el  hueco  de  los  çalzones, 
y  en  fin  todo  aquello  donde  lo  podiamos  eneajar  ;  de  suerte  que 
todos  ibamos  cargados  oon  un  peso  exorbitante,  sin  que  ningnno 
lo  pudiese  conocer,  gracias  à  la  destreza  de  Ambrosio  y  de  doo 
Rafoel,  que  me  hiciéron  yer  con  esto  que  no  hay  en  el  mnndo 
cosa  mejor  que  saber  bien  cada  uno  el  arte  que  profesa. 

Salimos  del  cuarto  despues  de  haber  hecho  nuestro  negocio  :  y 
por  una  razon  que  es  f&cil  de  adivînar ,  el  seftor  comîsario  sacô 
su  candado  que  quiso  echar  por  su  misma  mano  à  la  puerta  ;  plan- 
t6le  el  sello ,  y  luego  dijo  à  Simon  :  Maese  Samuel ,  de  parte  del 
tribunal  os  prohibo  que  Uegueis  à  este  candado ,  ni  tampoco  à 
este  sello ,  que  debeis  respetar ,  pues  que  es  el  sello  del  santo 
Oficio.  Maflana  volveré  à  esta  misma  hora  à  quitarlo  y  é  daros  ôr- 
denes.  Hecho  esto  mandô  abrir  la  puerta  de  la  calle ,  por  la  cnal 
fuimos  todos  desfilando  alegremente ,  y  cuando  hubimos  andado 
como  unos  cincuenta  pasos  comenzâonos  à  caminar  oon  tal  lige- 
reza ,  que  apènas  tocabamos  con  el  pié  en  tierra  sin  embargo  de 
la  pesada  carga  que  llevabamos.  Salimos  presto  fhera  de  la  yilla, 
y  Yolviendo  à  montar  en  nuestros  caballos  tomàmos  el  camioa 
de  Segorye»  dando  gracias  por  tan  feliz  suceso  al  dios  Mercurio  '• 


CAPITULO  n. 

De  la  resoludon  que  totniron  D.  Alfonso  y  Gii  Bias  despnet  de  esta  aTentura- 

Anduyimos  toda  la  noche  segun  nuestra  loable  costumbre,  y 
al  amanecer  nos  hallàmos  à  la  vista  de  una  miserable  aldea  dis- 
tante dos  léguas  de  Segorve.  Como  todos  estabamos  cansados, 
nos  desYiàmos  con  gusto  del  camino  real  para  llegar  hasta  unos 
sauces  que  descubrimos  al  pié  de  una  colina  à  cosa  de  unos  mil  ô 
mil  y  doscientos  pasos  de  la  aldea ,  en  la  cual  no  nos  paredô  coo- 
veniente  detenemos.  Yimos  que  aquellos  àrboles  hacian  una  apa- 
cible  sombra ,  y  que  les  baftaba  el  pié  un  arroyuelo.  Agradônos 
lo  delicioso  del  sitio ,  y  resolviendo  pasar  en  él  lo  restante  del 

'  Protector  de  lot  ladroues. 


LIBRO  SEXTO.  291 

dia ,  nos  apeémos ,  quitàmos  los  firenos  à  los  caballos  para  qne 
padieseD  pacer ,  nos  echàmos  sobre  la  Tarde  yerba,  y  despues 
de  haber  reposado  un  poco ,  acabàmos  de  desocupar  las  alforjas  y 
la  bola.  Luego  que  hubimos  almorzado  opiparamente ,  nos  pu- 
simos  à  Gontar  el  dinero  que  habiamos  robado  à  Samuel  Simon,  y 
haMmos  que  ascendia  à  très  mil  ducados  ;  con  cuya  cantidad  y 
el  caudal  que  ya  teniamos ,  podiamos  alabamos  de  poseer  un  me- 
dîano  capital. 

Yiendo  que  se  faabian  acabado  nuestras  provisiones ,  y  era  me- 
nester  pensar  en  hacer  otras,  Ambrosio  y  don  Rafael ,  que  ya  se 
habian  quitado  los  disfraces ,  dijéron  que  querian  tomarse  este 
trabajo  y  porque  el  suceso  de  Chelva  les  habia  avivado  el  gusto 
de  las  aventuras ,  y  tenian  gana  de  ir  à  Segorye  à  Ter  si  se  les 
presmitaba  alguna  ocasion  de  emprender  otra  nueva  hazaûa.  Yos- 
otros,  dijo  el  bijo  de  Lncinda,  no  teneis  mas  que  esperamos  à 
la  sombra  de  estos  sauces ,  que  presto  estarèmos  de  Tuelta.  Se- 
tter douRafeel,  respond!  yo  sonriéndomey  no  sea  que  la  ida  de 
ustedes  sea  como  la  del  humo  :  temo  que,  si  una  tcz  se  Tan,  tarde 
DOS  juntarémos.  Esa  sospecha ,  replicô  Ambrosio,  es  muy  ofen- 
siTa  k  nuestro  honor ,  y  no  mereciamos  que  nos  hicieseis  tan 
poca  merced.  Es  Terdad  que  en  parte  os  disculpo  de  la  descon- 
fianza  que  teneis  de  nosotros  acordàndoos  de  lo  que  hicimos  en 
YaDadolid;  y  de  créer  que  no  hariamos  mas  escrùpulo  de  aban- 
donaros  que  à  los  compafleros  que  dejàmos  en  aquella  ciudad. 
Sîn  embargo  os  engaâais  enormemente.  Aquellos  camaradas  à 
quienes  Tendîmes  eran  de  un  perTerso  caràcter ,  y  ya  no  po- 
diamos aguantar  mas  su  compaftia.  Es  menester  hacer  jùsticia  à 
los  de  nuestra  profesion,  diciendo  que  no  hay  gremio  alguno  en 
la  Tida  ciTil  en  que  el  interes  dé  mënos  motiTO  à  la  diTision;  pero 
coando  no  son  conformes  las  indinaciones,  puede  alterarse  la 
union  como  en  lodos  los  demas  gremios  hnmanos.  Por  tanto , 
sefk)r  Gfl  Bias,  suplico  à  Tmd.  y  al  seftor  don  Alfonso  que  tengan 
mas  confianza  de  nosotros ,  y  que  tranquilizen  su  espiritu  tocante 
al  deseo  que  don  Rafael  y  yo  tenemos  de  ir  à  SegorTe. 

Es  muy  fôcil ,  dijo  entônces  el  hijo  de  Lucinda ,  libraries  do 
todo  motiTO  de  inquietud  en  este  punto  :  basta  para  eso  dejarlos 
doejlos  del  caudal ,  que  es  la  mejor  fianza  que  tendràn  en  sus 
manos  de  nuestra  Tuelta.  Ya  Te  Tmd.,  seflor  Gil  Bias,  que  esto 
se  Uama  ir  derechos  al  punto  de  la  dificultad.  Ambos  qu^aréis 
asi  re8guardados\  sin  que  Ambrosio  niyo  tengamos  sospechas  de 
que  os  ausenteis  con  tan  rica  fianza.  En  Tista  de  una  prueba  tan 
conTincente  de  nuestra  bucna  fe ,  ^tendréis  todaTia  dificultad  en 
fiaros  de  nosotros?  No  por  cierto,  respond!  yo;  y  asi  podcis 
ahora  hacer  todo  lo  que  os  pareciere.  Partiéron  inmediatamente 
con  la  bota  y  las  alforjas ,  dejàndome  à  la  sombra  de  los  sauces 
con  don  Alfonso,  el  cual  me  dijo  luego  que  se  foèron  :  Seftor  Gil 


292  GIL  BLAS. 

Has ,  quiero  abriros  enteramente  mi  pecho.  Me  estoy  oontinna- 
mente  acasando  de  la  condescendencia  qae  tuve  en  Tenir  hasta  aqni 
con  esos  bribones.  No  os  pnedo  decir  cuantos  millares  de  yeces 
me  he  arrepentido  ya  de  ello.  Ayer  noche  miëntras  me  quedé 
gaardando  los  caballos  hice  mQ  reflexiones  qne  me  despedasaban 
el  corazon.  Considéré  qae  era  may  ageno  de  an  jôven  qae  naciô 
con  honra  vivir  con  anos  hombres  tan  yiciosos  como  Rafiiel  y  La- 
mela;  que  si  por  desgracia  (como  may  fécilmente  paede  suceder) 
llegase  à  ser  tal  algan  dia  el  resaltado  de  ana  de  estas  maldades, 
que  cayesemos  en  manos  de  la  justicia,  safrirè  la  vergûenza  de 
Terme  castigado  con  ellos  como  ladron ,  y  qnizi  con  una  muerte 
afrentosa.  No  poedo  apartar  ni  on  solo  instante  de  mi  imagina- 
cion  estas  fùnestas  ideas;  y  asi  os  confieso  qae  estoy  resuelto  i 
separarme  para  siempre  de  so  compaflia ,  por  no  ser  complice  en 
los  delKos  que  cometan.  Tengo  por  cierto ,  afladio ,  que  no  desa- 
probaréîs  este  pensamiento.  Cierto  es  que  no,  le  respond!.  Aonque 
ymd.  me  yiô  ayer  hacer  el  papel  de  algaacil  en  la  comedia  de  Sa- 
muel Simon ,  no  por  eso  créa  que  semejantes  piezas  son  de  mi 
gusto.  El  cielo  me  es  testigo  de  que  miéntras  estaba  representando 
tan  distinguido  papel  me  dije  é  mi  mismo  :  A  fe,  amigo  Gil  Bias, 
que  si  la  justicia  viniera  ahora  à  echarte  la  mano ,  sin  duda  me- 
reoerias  bien  el  salario  que  te  tocase.  Asi  que,  seûor  don  Alfonso, 
no  estoy  mas  dispuesto  que  Tmd.  à  continuar  en  tan  mala  com- 
paftia  y  y  de  muy  buena  gana  le  acompaflaré ,  si  es  que  me  lo 
permite,  à  cualquiera  parte  que  vaya.  Cuando  Tuelvan  estos  se- 
ftores  les  suplicarémos  que  se  haga  el  repartimiento  del  dinero , 
y  maflana  muy  temprano,  6  esta  misma  nochc ,  nos  despedirèmos 
de  ellos  para  siempre. 

Aprobô  mi  proposicion  el  amante  de  la  bella  Serafina ,  y  me 
dijo  :  Irèmos  à  Yalenciîi ,  y  nos  embarcarëmos  para  Italia,  donde 
podrèmos  entrar  al  seryicio  de  la  repùblica  de  Yenecîa.  ^No  yale 
mas  seguir  la  carrera  de  las  armas ,  que  continuar  la  yida  yil  y 
criminal  quetraemos?  En  aquella  podemos  traer  buen  porte  con 
el  dinero  que  nos  haya  tocado.  No  déjà  de  remorderme  la  con- 
ciencia  el  seryirme  de  un  bien  tan  mal  adquirido  ;  pero  ademas 
de  que  la  necesidad  me  obliga  à  ello ,  protesto  resarcir  &  Sa- 
muel Simon  el  dafio  luego  que  tenga  la  menor  fortuna  en  la  guer- 
ra.  Aseguré  à  don  Alfonso  que  yo  tenia  la  misma  intencion ,  y 
quedàmos  de  acuerdo  en  que  el  dia  siguiente  al  amanecer  nos 
separariamos  de  nuestros  camaradas.  No  dimos  lugar  à  latenta- 
cion  de  aproyecharnos  de  su  ausencia ,  esto  es ,  huir  al  momento 
con  el  dinero  :  la  confianza  que  habian  hecho  de  nosotros  dejàndo- 
nos  dueftos  de  ël  ni  aun  nos  permitiô  que  nos  pasase  semejante 
ruindad  por  el  pensamiento ,  aunque  la  burla  que  me  hiciéron  en 
la  posada  de  caballeros  de  Yalladolid  disculpase  en  cierto  modo 
este  robo. 


LIBRO  SEXTO.  S93 

A  la  caida  de  la  tarde  volyiëroa  de  Segorye  Ambrosio  y  don 
Rafael.  La  primera  cosa  que-  nos  dijèron  fuè  que  habian  he- 
cho  un  Yîage  muy  feliz ,  y  que  dejaban  echados  los  cimientos 
de  una  aventura  que ,  segun  todas  las  seAales ,  séria  sin  com- 
paracion  de  mucho  mas  producto  que  la  del  dia  anterior. 
Comenzô  &  explicarnos  el  plan  el  faijo  de  Lucinda  ;  pero  don 
Alfonso  le  atajô  ,  diciéndole  cortesmente  que  ël  estaba  resuelto 
â  separarse  de  la  compafiia  ;  y  yo  por  mi  parte  les  déclaré  ha- 
llarme  en  la  misma  resolucion.  Por  mas  que  hiciéron  para  mo- 
yemos  à  que  prosiguiesemos  acompafiàndoles  en  sus  expediciones, 
no  les  foë  posible  conseguirlo.  La  maûana  siguiente  nos  despe- 
dimos  de  ellos  despues  de  haber  repartido  por  iguales  partes  el 
dinero  ;  y  los  dos  tomàmos  el  camino  de  Valencia. 


CAPITULO  m. 

Como  don  Alfonso  se  halla  en  el  colmo  de  su  alegria ,  y  la  aYentara  por  la 
cual  se  TÎô  de  repente  Gil  Bias  en  un  estado  dichoso. 

Caminàmos  felizmente  hasta  Buflol  ^  donde  por  desgracia  fuè 
I^eciso  detenernos.  Sintiôse  malo  don  Alfonso.  Diôle  una  calen- 
tura  tan  ardiente ,  que  le  crei  en  el  mayor  riesgo.  Quiso  la  for- 
tuna  que  no  hubiese  medico  en  el  lugar ,  y  salimos  à  poca  costa 
de  aquel  susto ,  pues  solo  nos  costô  el  miedo.  Al  tercer  dia  se 
hallô  el  enfermo  enteramente  limpio  de  calentura ,  à  lo  que  no 
contribuyô  poco  mi  cuidadosa  asistencia.  Mostrôse  muy  agrade- 
cido  à  lo  que  habia  hecho  por  ël ,  y  como  era  reciproca  la 
incUnacion  del  uno  al  otro ,  nos  jurimos  una  eterna  amistad. 

Proseguimos  nuestro  yiage  firmes  siempre  en  la  resolucion  de 
embarcamos  para  Italia  à  la  primera  ocasion  que  se  ofreciera 
ajsi  que  llegasemos  à  Valencia  ;  pero  el  cielo  que  ^os  preparaba 
una  suerte  feliz  dispuso  las  cosas  de  otro  modo.  Vimos  à  la 
puerta  de  una  hermosa  quinta  que  habia  en  el  camino  mucha 
gente  aldeana  de  ambos  sexos  que  bailaban  formando  corro. 
Acercémonos  à  yer  la  fiesta ,  y  don  Alfonso  ,  que  estaba  muy 
ageno  de  hallar  el  objeto  que  se  le  présenté ,  se  quedô  sorpren- 
dido  de  yer  entre  los  circunstantes  al  baron  de  Steinbach.  Este, 
que  tambien  reconociô  à  don  Alfonso ,  corriô  luego  hàcia  ël  con 
los  brazos  abiertos ,  y  todo  arrebatado  de  gozo  exclamé  :  |  Ah, 
qnerido  don  Alfonso  I  jyosaqui!  4  Que  agradable  encuentro! 
Cnando  por  todas  partes  os  andan  buscando ,  una  feliz  casua- 
lidad  os  ha  puesto  delante  de  mis  ojos. 

Apeôse  al  instante  mi  compaftcro  ,  y  fiië  precipitado  à  dar  mil 
abrazos  al  baron ,  cuya  alegria  me  parcciô  excesiva.  Ven ,  hijo 


294  GIL  BLAS. 

mio  y  le  dijo  el  buen  \iejo  :  presto  sabrés  quien  eres,  y  mejora- 
rés  mucho  de  fortuna.  Diciendo  esto  le  oondujo  à  la  habitadon, 
à  donde  yo  tambien  fui ,  habiéndome  apeado  y  atado  à  an  àrbol 
los  caballos.  £1  primero  à  quieo  encontràmos  foe  al  duefto  de  h 
mîsiiia  quinta,  que  mostraba  ser  de  edad  de  cincuenta  aAos,  y 
tenia  bellisimo  aspecto.  Seftor ,  le  dijo  el  baron  de  Steinbach 
presentando  à  doii  Alfonso ,  aqai  teneis  à  ynestro  hijo.  A  estas 
palabras  don  César  de  Leiya ,  que  asi  se  llamaba  aquel  caballero, 
echo  los  brazos  al  cuello  à  don  Alfonso ,  y  le  dîjo  llorando  de 
gozo  :  Reoonoce,  hijo  mio ,  al  padre  que  te  diô  el  ser.  Si  te  be 
dejado  ignorar  tanto  tiempo  quien  ères  »  crée  que  ha  sido  à 
Costa  de  hacerme  à  mi  mismo  una  cruel  violencia.  Mil  yeces 
he  suspirado  de  pena  ;  pero  no  podta  procéder  de  otra  manera. 
Caserne  con  tu  madré ,  llevado  solo  de  amor ,  porque  su  nact- 
miento  era  muy  inferior  al  mio  :  yivia  yo  bajo  la  autoridad  de  on 
padre  de  genio  duro  que  me  redujo  à  tener  secreto  un  matri- 
monio  contraido  sin  su  consentimiento.  £1  baron  de  Stein- 
bach era  el  ùnico  depositario  de  mi  confianza ,  y  de  acuerdo 
conmigo  se  encargô  de  criarte.  £n  fin ,  ya  no  vive  mi  padre,  y 
puedo  manifestar  al  mundo  que  tu  ères  mi  ùnico  heredero.  ^o 
es  esto  lo  mas ,  aftadiô ,  pienso  casarte  con  una  sefiora ,  cuya 
nobleza  es  igual  à  la  mia.  Seflor,  le interrumpiô  don  Alfonso, 
no  me  hagais  pagar  sobrado  cara  la  dicha  que  me  anunciais. 
^No  puedo  saber  que  tengo  el  honor  de  ser  hijo  yuestro  sin 
que  esta  noticia  \enga  acompaftada  de  otra  que  necesaria- 
mente  me  ha  de  hacer  desgraciado  ?  ]  Ah ,  seûor  !  No  querais 
ser  mas  cruel  conmigo  que  lo  fuè  yuestro  padre  con  yos.  Si 
este  no  aprobô  yuestros  amores ,  é  lo  mènos  tampoco  os  obli- 
gô  é  recibir  una  esposa  escogida  por  él.  Hijo  mio ,  respondiô 
don  César,  ni  yo  pretendo  tampoco  tiranizar  tus  deseos  ;  todo  lo 
que  exijo  de  tu  sumision  es  que  tengas  la  condescendencia  de 
yer  à  la  que  te  tengo  destinada  antes  de  resolyerte  à  tomar  otro 
partido.  Aunque  es  hermosa  ,  y  tu  enlace  con  ella  muy  yenta- 
joso  para  ti ,  no  por  esto  te  haré  yiolencia  para  que  la  tomes 
por  esposa.  No  esta  léjos ,  hàllase  actnalmente  en  esta  misma 
casa  ;  yen ,  y  confesaràs  que  no  hay  un  objeto  mas  amable.  Di- 
ciendo esto  condujo  i  don  Alfonso  à  un  magnifico  cuarto, 
A)nde  les  acompaûàmos  el  baron  de  Steinbach  y  yo. 

£staban  en  él  el  conde  de  Polan  con  sus  dos  hijas  Serafina  y 
Julia,  con  don  Fernando  de  Leiya  su  yerno,  el  cual  era  sobrioo 
de  don  César ,  y  con  otras  muchas  sefioras  y  caballeros.  Don  Fer- 
nando ,  que  segun  se  ha  dicho  habia  sacado  é  Julia  de  su  casa , 
acababa  de  casarse  con  ella  ,  y  con  motiyo  de  la  boda  habiao 
concurrido  à  aqucUa  celebridad  los  aldeanos  de  los  contornos. 
Luego  que  se  dejô  yer  don  Alfonso  ',  y  que  su  padre  le  présente 
à  toda  la  concurrencia ,  se  leyantô  el  coude  de  Polan ,  y  corriô 


LIBRO  SÉPTIMO.  295 

exhalado  à  abrazarle ,  diciendo  à  gritos  :  Sea  bien  venido  mi  li- 
bertador  !  Bon  Alfonso  ,  prosiguiô  el  conde ,  reoono<^  lo  que 
paede  la  yirtud  en  las  almas  generosas.  Si  tu  quitàste  la  \ida  â 
mi  hîjo ,  tambien  salvàste  la  mia.  Desde  este  mismo  pnnto  te 
hago  el  sacrificio  de  mi  resentimiento ,  y  te  declaro  dneAo  de 
Serafina ,  cuyo  honor  libràste  tambien.  Este  es  el  desempefio  de 
obligacion  en  qne  me  constituyô  tu  yalor  y  tu  generosidad.  El 
hijo  de  Boa  César  correspondiô  con  las  mas  vivas  expresiones 
al  cumplido  que  le  hacia  el  conde  de  Polan ,  no  siendo  iïcil  dis- 
cernir  coal  de  los  dos  afectos  disputaba  la  preférencia  en  su 
agitado  corazon,  si  el  gozo  de  haber  descnbierto  su  distinguido 
nacimiento ,  ô  la  dicha  tan  cercana  de  lograr  por  esposa  à  Sera- 
fina. Con  efectOy  pocos  dias  despues  se  celebrô  el  matrimonio 
con  el  mayor  regocijo  y  aplauso  de  los  contrayentes  y  de  toda 
la  parentela. 

Como  yo  habia  sido-nno  de  los  que  acudiëron  à  libertar  a! 
Gonde  de  Polan ,  este  me  conociô,  y  me  dijo  que  mi  fortuna 
corria  de  sa  cuenta.  Yo  le  di  muchas  gracias  por  su  generosidad  ^ 
y  no  quise  separarme  de  don  Alfonso ,  el  cual  me  hizo  mayordomo 
de  su  casa  ,  honràndome  con  toda  su  confianza.  Luego  que  se 
casô  y  no  pudiendo  olvidar  el  daûo  que  se  babia  hecho  à  Samuel 
Simon,  me  enviô  à  llevar  â  este  comerciante  todo  el  dinero  que  le 
habiamos  robado  ;  esto  es  y  à  hacer  una  restitncion ,  lo  cual  en  un 
inayordomo  se  llama  empezar  el  oficio  por  donde  debia  acabar. 


LIBRO  SÉPTIMO. 


CAPITULO  I. 

De  los  amores  de  Gii  Bias  y  la  seûora  Lorenza  S^fora. 

Fui ,  pues ,  &  Chelva  à  llevar  al  buen  Simon  los  très  mil  duca- 
dos  que  le  habiamos  robado.  Confieso  francamente  que  en  el  cami- 
no  me  diéron  tentaciones  de  quedarme  con  ellos  para  dar  con  tan 
biienos  auspicios  principio  à  mi  mayordomia ,  lo  que  podia  hacer 
eso  sin  riesgo ,  bastando  para  viajar  cinco  6  seis  dias,  y  volverme 
<^ino  si  hubiera  cumplido  con  el  encargo  :*  don  Alfonso  y  su  padre 
me  tenian  en  muy  buen  concepto  para  sospecfaar  de  mi  fidelidad  ; 
lodo  me  favoreda:  sin  embargo ,  resisti  à  la  tentacion ,  y  la  ven- 
ci  como  hombre  de  honor ,  lo  que  no  es  poco  loable  en  un  mozo 


296  GIL  BLAS. 

que  £6  habia  acompaûado  con  grandes  picaros.  Yo  aseguro  que 
muchos  d.e  los  que  solo  tratan  con  hombres  de  bien  son  en  este 
punto  mënos  escrupniosos  ;  y  sino ,  diganlo  aquellos  deposHa- 
rios  que  »  sin  peligro  de  perder  sn  fema ,  pueden  apropiarse  lo 
que  se  les  ha  confiado. 

Hecha  la  restitucion  que  no  esperaba  el  mercader ,  voWi  à  b 
quinta  de  Lei\  a ,  en  donde  ya  no  estaba  el  conde  de  Polan ,  que 
con  Julia  y  don  Fernando  habian  marchado  à  Toledo.  Halle  é  mi 
nuevo  amo  mas  prendado  que  nunca  de  su  Serafina ,  à  esta  cada 
dia  mas  enamorada  de  su  esposo ,  y  à  don  César  contentisimo 
de  tener  consigo  à  ambos.  Dediquéme  é  ganar  la  voluntad  de  este 
amoroso^  padre ,  y  lo  consegui.  Me  hiciéron  mayordomo  de  la 
casa  9  todo  lo  gobernaba  ^  recibia  el  dinero  de  los  arrendadores, 
corria  con  el  gasto ,  y  tenia  una  autoridad  despôtica  sobre  los 
criados  ;  pero  léjos  de  imitar  la  conducta  ordinaria  de  los  de  mi 
empleo ,  nunca  abusé  de  mi  poder.  No  despedia  ilos  que  me  dis- 
gustaban,  ni  exigia  de  los  demas  una  ciega  subordînacion.  Si  acn- 
dian  à  don  César  ô  à  su  hijo  pidiendo  alguna  gracia ,  léjos  de 
estorbarlo  hablaba  en  su  fevor.  Por  otra  parte  la  estimacion  que 
continuamente  me  mostraban  mis  amos  aviyaba  mi  zelo  en  ser- 
yirlos  »  sin  atender  a  otra  cosa  que  à  sus  intereses.  Administré 
con  manos  muy  limpias,  y  fui  un  mayordomo  de  los  pooos  que  bay. 
Cu^do  estaba  mas  contento  con  mi  suerte ,  envidioso  el  Amor 
de  lo  bien  que  me  trataba  la  Fortuna,  quiso  que  k  èl  tambien 
tuviese  que  agradecerle ,  y  para  eso  encendiô  ea  el  corazon  de 
la  seflora  Lorenza  Séfora ,  criada  primera  de  Serafina ,  una  yio- 
lenta  incHnacion  al  seAor  mayordomo.  Si  he  de  hablar  con  la 
fidelidad  de  historiador ,  mi  enamorada  habia  cumplido  los  cin- 
cuenta;  pero  la  frescura  de  su  tez ,  su  rostro  agradable,  y  dos 
hermosos  ojos  que  sabia  manejar  con  destreza ,  podian  hacer  pa- 
sar  por  afortunada  mi  conquista.  La  hubiera  yo  deseado  de  un 
poco  mas  color  ^  porque  estaba  muy  descolorida  ;  pero  esto  lo 
atribui  à  la  austeridad  del  celibato. 

Usa  mucho  tiempo  del  atractivo  de  sus  mirada^  carifiosas  ;  mas 
yo,  en  lugar  de  corresponder  à  ellas ,  aparentaba  no  conocer  sas 
designios  :  y  ast  me  tuvo  por  novato  en  el  amor ,  y  no  le  desa- 
gradô  mi  cortedad.  Juzgô  era  inùtil  el  lenguage  de  los  ojos  coa 
un  nnichacho  é  quien  creia  ménos  instruido  de  lo  que  estaba; 
y  asi  en  nuestra  primera  conversacion  se  me  déclaré  en  tèrmi- 
nos  formates  y  à  fin  de  que  no  lo  dndase.  Se  manejô  como  ma* 
ger  pràctica  ;  hizo  como  que  se  turbaba ,  y  despues  de  baberme 
dicho  à  su  satisfoccion  cuanto  quiso ,  se  tapô  la  cara  para  per- 
suadirme  que  se  avergonzaba  de  haberme  manifestado  su  fia- 
queza.  Fué  preciso  rendirme  :  mostréme  muy  afecto  à  sus  cariAos, 
no  tanto  por  amor ,  como  por  vanidad  :  hice  el  apasionado ,  y 
aun  afecté  quererla  con  tal  ardor,  que  se  yiô  precisada  a  reûir^ 


LIBRO  SÉPTIMO.  297 

me  ;  pero  esto  foé  con  tanta  blandura  que ,  cuaodo  me  encargaba 
procurase  contenerme ,  no  pareda  disgustada  de  mi  atrevimiento. 
Hobiera  Uegado  à  mas  el  caso  si  Sèfora  no  hubiera  temido  que 
hidese  mal  juicio  de  su  yirtud  concediéndome  tan  fàcilmente  la 
vktoria.  De  esta  suerte  nos  separàmos  hasta  otra  conversacion , 
persoadida  ella  de  que  su  aparente  resistencia  la  haria  pasar  en 
mi  concepto  por  un  modelo  del  recato ,  y  yo  cou  la  dulce  espe- 
ranza  de  Ter  bien  pronto  el  fiti  de  esta  ayentura. 

Tal  era  el  feliz  estado  en  que  me  hallaba,  cuando  un  lacayo 
de  don  César  vino  à  aguar  mi  contento  cou  una  mala  nueva.  Era 
este  uno  de  aquellos  criados  que  se  dedican  à  saber  cuanto  pasa 
en  el  interior  de  las  casas.  Como  continuamente  me  hacia  la  corte , 
y  todos  los  dias  me  traia  alguna  noticia,  me  dijo  una  maâana 
que  acababa  de  hacer  un  gracioso  descubrimiento  que  me  comu- 
nicaria  en  confianza ,  pero  con  la  condicion  de  guardar  secreto , 
por  ser  cosa  de  la  dama  Lorenza  Séfora,  cuyo  enojo  temia.  Fuë 
tanta  la  curiosidad  en  que  me  puso ,  que  le  ofreci  el  mayor  si- 
gilo  :  procure  no  manifestar  que  en  ello  tenia  el  mas  leye  interes, 
pregunténdole  con  frialdad  que  descubrimiento  era  aquel  de  que 
me  bablaba  con  tanta  réserva.  Es ,  me  dijo ,  que  la  seftora  Lo- 
renza introduce  de  oculto  en  su  cuarto  todas  las  noches  al  drujano 
del  Ingar ,  que  es  un  mozo  bien  plantado  ;  y  el  bellaco  se  esté 
bien  sosegado  con  ella.  Doy  de  barato ,  prosiguiô  con  tono  socar- 
ron,  que  esta  accion  sea  muy  inocente;  pero  ymd.  convendré  en 
que  un  mozo  que  entra  misteriosamente  en  el  cuarto  de  una  sol- 
tera  da  motivo  para  que  no  se  juzgue  bien  de  su  conducta. 

Esta  noticia  me  desazonô  tanto  como  si  estuviera  enamorado 
de  yeras;  procuré  ocultar  mi  inquietud ,  y  aun  me  esforzé  hasta 
celebrar  con  risa  una  nueya  que  me  atrayesaba  el  aima  ;  pero 
laegoqneestuye  solo  me  desquité  ecbando  milbrayatas ,  diciendo 
dos  mQ  desatinos ,  y  me  puse  à  discurrir  el  partido  que  podria 
tomar.  Ya  despreciaba  à  Lorenza  y  me  proponia  abandonarla  sin 
dignarme  oir  sus  descargos  ;  y  ya  creyendo  era  punto  mio  es- 
<:armentar  al  cirujano ,  pensaba  desafiairle.  Preyaleciô  esta  ultima 
determinacion.  Escondime  al  anoch^r,  y  en  efecto  le  yi  entrar 
en  el  cuarto  de  mi  duefia  de  un  modo  sospecboso.  Solo  esto  fal- 
taba  para  encender  mi  ira,  que  acaso  sin  este  incidente  se  hu- 
biera mitigado.  Sali  de  casa ,  y  me  aposté  junto  al  camino  por 
donde  elgalan  debiamarcharse.  Le  esperaba  à  pië  firme  »  y  cada 
inomento  ayiyaba  otro  tanto  el  deseo  qne  tenia  de  llegar  con  ti 
i  las  manos.  En  fin ,  dejôse  yer  mi  enemigo ,  salile  al  encuentro 
<^o  aire  de  maton  ;  pero  yo  no  se  como  diablos  sucediô  que  me 
balte  rependnamente  sobrecogido  de  un  terror  pànico  como  un 
béroe  de  Homero ,  parado  en  medio  de  mi  camino  ,  y  tan  tur- 
bado  como  Paris  cuando  se  présenté  à  combatir  con  Menelao. 
I^me  à  miras  à  mi  hombre ,  que  me  parecié  robusto  y  y  igoroso. 


398  GIL  BLAS. 

y  su  espada  desmesaradamente  larga.  Todo  eilo  hacia  en  mi  so 
efecto  ;  pero  fuese  la  negra  honrilla  à  otra  causa ,  aunque  estaba 
yiendo  el  peligro  con  unos  ojos  que  lo  hacian  todayfa  mayor,  i 
pesar  de  mi  miedo,  que  me  aguijoneabapara  que  me  volviese  ,  tnye 
aliento  para  desenyainar  mi  tizona ,  é  irme  derecho  al  cirojano. 

Sorprendiôle  mi  accion.  ^Qué  es  esto ,  seftor  Gil  Bias  7  exdamô  : 
I  que  significan  esas  demostraciones  de  cabaUero  andante?  i  Ymd. 
sin  duda  tiene  gana  de  cbancearse?  No  ,  seftor  barbero ,  le  res- 
pond! ;  no,  es  cosa  muy  seria  :  quiero  saber  si  es  ymd.  tan  yaliente 
como  galan.  No  créa  ymd.  le  hayan  de  dejar  gozar  tranqailamence 
las  finezas  de  la  dama  que  acaba  de  yer  en  casa.  ;  Por  san  Gosme, 
repuso  el  cirujano  dando  una  gran  carcajada  de  risa ,  que  es  on 
buen  chasco  !  2  Las  apariencias ,  yiye  diez ,  son  harto  engafiosas  ! 
Por  estas  palabras  presumi  que  tenia  tanta  gana  de  quimera 
como  yo ,  lo  que  me  hizo  ser  mas  audaz.  A  otro  perro  con  ese 
hueso ,  le  répliqué  ;  à  otro  con  esa ,  amigo  mio  ;  yo  no  soy 
hombre  à  quien  satisfece  la  simple  negatiya.  Ya  yeo ,  prosiguiô, 
que  me  sera  preciso  hablar  claro  para  eyitar  la  desgracia  que 
nos  puede  suceder  é  yos  6  à  ml.  Yoy,  pues ,  &  reyelaros  nn  se- 
creto ,  no  obstante  que  los  de  nuestra  profesion  deben  ser  may 
callados.  Si  la  dama  Lorenza  me  admite  con  cautela  en  su  apo- 
sento  p  es  porque  los  criados  no  sepan  su  enférmedad.  Todas  las 
noches  yoy  à  curarle  un  cancer  inveterado  que  tiene  en  la  es- 
palda.  Yea  ymd.  el  fundamento  de  las  yisitas  que  tanto  le  in- 
quietan.  Tranquilizese  de  aqui  en  adelante  sobre  este  particular; 
pero  si  no  esté  satisfecho  con  esta  declaracion ,  y  quiere  absolu- 
tamente  que  riAamos ,  digalo ,  y  manos  &  la  obra ,  poes  no  soy 
hombre  que  huirè  el  cuerpo.  Habiendo  dicho  estas  palabras  sac6 
su  montante ,  cuya  yista  me  horrorizô ,  y  se  puso  en  defensa  con 
un  aire  que  nada  bueno  me  anunciaba.  Basta ,  le  dije  enyainando 
mi  espada ,  yo  no  soy  tan  bàrbaro  que  no  ceda  é  la  razon.  Per 
lo  que  ymd.  me  ha  dicho  yeo  que  no  es  mi  enemigo  ;  abrazé* 
monos.  Mis  palabras  le  diéron  à  entender  que  yo  no  era  tan 
temible  como  le  pareci  al  principio  ;  enyainô  con  risa  la  espada, 
me  abrazô ,  y  nos  separémos  los  mayores  amigos  del  mando. 

Desde  este  momento  Sëfora  se  presentaba  à  mi  imaginacîon 
como  la  cosa  mas  desagradable.  Eyité  todas  las  ocasiones  que  me 
propordonaba  de  hablarle  à  solas  ;  y  mi  cuidado  y  estadio  en 
huir  de  ella  le  hiciéron  conocer  mi  interior.  Admirada  de  ans 
mudanza  tan  grande  quiso  saber  la  causa ,  y  habiendo  enoontrado 
al  fin  el  medio  de  hablarme  à  solas ,  me  dijo  :  Seûor  mayordomo, 
digame  ymd.,  si  gusta ,  el  porqué  eyita  hasta  mis  miradas ,  ; 
porqué ,  en  lugar  de  buscar  como  otras  yeces  propordon  de  ha- 
blarme ,  se  extrafta  tanto  de  mi.  Es  yerdad  que  yo  di  los  primeros 
pasos ,  pero  ymd.  me  correspondiô.  Acuérdese ,  si  no  lo  lleya  i 
mal ,  de  la  conyersadon  que  tuyimos  solos  ;  entteoes  era  ymd* 


UBftO  SÉPTIMO.  299 

lodo  fuego ,  y  âhora  no  es  mas  que  un  hielo.  ;Qaé  significa  esta 
madanza  ?  La  pregunta  era  muy  delicada  para  un  hombre  sincero  ; 
y  à  la  yerdad  me  quedé  muy  perplejo.  No  tengo  présente  lo  que 
le  respondl  ;  solamente  me  acuerdo  que  le  disgnstô  infinito.  Se* 
fora  parecia  un  corderô  por  su  semblante  aiable  y  modesto  ;  pero 
coando  se  encolerizaba  era  una  tigre.  Creia,  me  dijo  echàndome 
una  mirada  Uena  de  despecho  y  rabia ,  creia  honrar  mucho  à  un 
faombrecillo  como  ël ,  manifestândole  un  afecto  que  caballeros  y 
personas  muy  nobles  faarian  gran  vanidad  de  haber  merecido. 
Me  esti  muy  bien  empleado  por  haberme  bajado  indignamente 
hasta  un  miserable  aventnrero. 

Si  bubiera  parado  en  esto ,  hubiera  salido  yo  del  paso  à  poca 

Costa  ;  pero  su  lengua  furiosa  me  dijo  mQ  apodos  à  cual  peor. 

Ken  conozco  que  debi  recibirlos  &  sangre  firia ,  y  reflexionar  que, 

despreciando  el  triunfo  de  una  yirtud  que  yo  babia  tentado ,  co- 

metia  un  delito  que  las  mugeres  no  perdonan  jamas.  Un  hombre 

seosato  en  mi  lugar  se  hubiera  reido  de  estas  injurias  ;  pero  yo 

era  tan  vivo  que  no  pude  sufrirlas ,  y  perdi  la  pacicncia.  Sefiora , 

le  dije ,  à  nadie  despreciemos  :  si  esos  caballeros  de  quienes  ymd. 

habla  le  hubiesen  yisto  las  espaldas,  aseguro  que  su  curiosidad 

no  hubiera  pasado  adelante.  Apënas  hube  disparado  esta  saeta 

cuando  la  enfurecida  duefta  me  pegô  la  mas  grande  bofetada  que 

jamas  ha  dado  muger  colérica.  Para  no  recibir  otra ,  y  evitar  la 

granizada  de  golpes  que  hubieran  caido  sobre  mi ,  tome  la  puerta 

con  la  mayor  ligereza.  IM  mil  gracias  al  cielo  de  yerme  fuera  de 

este  mal  paso ,  imaginando  que  nada  tenia  que  temer,  pues  la  dama 

se  hàbia  yengado ,  y  me  parecia  que  por  su  propia  estimacion 

debia  callar  este  lance.  En  efecto ,  pasàron  quince  dias  sin  saber 

imda  de  ella ,  y  principiaba  à  olvidarla  cuando  supe  que  estaba 

mala  :  confieso  que  tuye  la  flaqueza  de  afligirme  ;  me  diô  làstima , 

imaginando  que ,  no  pudiendo  esta  desgraciada  amante  yencer  un 

dmor  tan  mal  pagado,  se  habria  rendido  é  su  dolor.  Me  conside- 

raba  yo  la  principal  causa  de  su  enfermedad ,  y  ya  que  no  podia 

amarla,  &  lo  mënos  la  compadecia.  jPero  cuanto  me  engaftaba! 

sa  temura  conyertida  en  odîo ,  no  pensabamas  que  en  perderme. 

Estando  una  mafiana  oon  don  Alfonso  noté  que  se  hallaba  triste 

y  pensatiyo  :  preguntéle  con  respeto  que  tenia.  Tengo  pesa- 

dambre ,  me  dijo ,  de  yer  à  Serafina  tan  débtl ,  ingrata  é  injusta. 

Ti  te  admiras ,  afladiô ,  observando  mi  suspension  ;  pues  crée 

que  es  muy  cierto  lo  que  te  digo.  No  se  pu-  que  moti?o  te  has 

becho  tan  odîoso  à  Lorenza  su  criada ,  que  dice  es  infaliMe  su 

maerte  si  no  sales  prontamente  de  casa.  Como  Serafina  te  ama , 

no  debes  dudar  habri  resistido  é  los  impulsos  de  este  aborre- 

cimiento ,  con  los  cuales  no  puede  condescender  sin  ser  desa- 

e^decida  é  injusta;  pero  al  fin  es  muger»  y  ama  eon  extremo 

i  Sëfora  que  la  ha  criado.  La  quiere  como  si  fuera  su  madré,  y 


300  GDL  BLAS. 

creeria  ser  causa  de  sa  moerte  si  no  le  dièse  gusto.  Por  lo  qa« 
baoe  à  mi ,  aunque  quiero  tanto  à  Serafina ,  no  pienso  del  misoio 
modo,  y  no  consentiré  te  apartés  de  ml,  aunque  perecieseD 
todas  las  dueftas  de  Espafla,  pues  te  miro  no  como  à  criado 
sino  como  é  hermano. 

Luego  que  acabô  de  hablar  don  Alfonso ,  le  dije  :  Seflor,  yo 
he  naddo  para  ser  juguete  de  la  fortnna.  Pensaba  cesaria  de  per- 
seguirme  en  vuestra  casa ,  en  donde  todo  me  prometîa  una  vida 
feliz  y  tranquila:  pero  al  fin  me  es  preciso  dejarla,  aunque  ood 
ella  pierda  mi  mayor  gusto.  No ,  no ,  exclamô  el  g^ieroso  hijo 
de  don  César.  Déjame ,  yo  convenceré  à  Serafina  :  no  se  ha  de 
dedr  que  te  hemos  sacrificado  al  capricho  de  una  duefia; 
demasiado  la  contemplâmes  en  otras  cosas.  Pero ,  seâor ,  ré- 
pliqué ,  irritaréis  mas  à  Serafina  si  la  resistis  :  mas  bien  quiero 
retirarme  que  exponerme,  permaneciendo  en  casa,  i  causar 
desazon  entre  dos  esposos  tan  perfectos  :  si  esta  desgracia  suce- 
diese ,  jamas  hallaria  yo  consnelo.  Don  Alfonso  me  prohibiô  to- 
mar  este  partido ,  y  le  tî  tan  resuelte ,  que  Lorenza  no  hubiera 
logrado  su  intente ,  si  yo  no  hubiese  permanecido  en  mi  pro- 
p6sito.  Es  Terdad  que ,  picado  de  la  venganza  de  la  dueAa ,  tare 
mis  impulses  de  cantar  de  piano  y  descubrirla;  pero  lae^o 
me  compadecia  censiderando  que,  si  revelaba  su  flaqueta,  heria 
mortalmente  à  una  infeliz ,  de  cuya  desgracia  era  yo  la  caosa , 
y  à  quien  dos  maies  irrémédiables  echaban  al  heyo.  Juzgaè, 
pues ,  que  en  concieneia  debia  restablecer  el  sosiego  en  la  casa 
saliéndome  de  ella ,  pues  que  era  un  hombre  que  ocasionaba 
tante  dafke.  Hicelo  asi  al  dia  siguiente  antes  de  amanecer ,  sin 
despedirme  de  mis  âmes ,  temiende  que  su  cariûe  esterbase  mi 
partida ,  y  solo  dejé  en  mi  cuarte  una  cuenta  puntual  de  mi  ad- 
ministracion. 


CAPITULO  II. 

De  lo  que  sucedid  à  Gil  Bias  despues  de  dejar  la  casa  de  Leiva ,  y  de  las  felioei 
coQsecaencias  que  tuTo  el  mal  saccso  de  sus  amores. 

Yo  tenia  un  buen  caballe,  y  llevaba  en  mi  maleta  descientes 
deblones,  précédentes  la  mayor  parte  de  lo  que  me  toc6  de  les 
bandoleros  que  matées ,  y  de  les  mil  ducades  que  robàmes  i 
Samuel  Simon ,  porque  don  Alfonso  habia  restitnido  genero- 
samente  teda  la  cantidad ,  cediéndeme  la  parte  que  me  habia 
tecade.  Asi,  mirande  mi  caudal  per  esta  circunstancia  como  ya 
legitime ,  gezaba  de  él  sin  escrupulo  de  concieneia.  En  una  edad 
corne  la  que  yo  entônces  tenia ,  se  confia  mucho  en  el  prepio 
mérite ,  y  fuera  de  este ,  cen  mi  dinero  nada  creta  debia  temer 


UBRO  SËPTIMO.  301 

en  adelante.  Por  otra  parte  Toledo  me  ofrecia  un  agradable  asilo, 
y  no  dadaba  que  el  conde  de  Polan  tendria  mucho  gusto  en 
recibir  en  sa  casa  à  uno  de  sus  libertadores.  Pero  este  recurso 
debia  ser  cuando  todo  corriese  torbio ,  y  antes  de  valerme  de 
él  quise  gastar  parte  de  mi  dinero  en  correr  los  reinos  de  Hur- 
cia  y  Granada  que  deseaba  Ter  con  particularidad.  Con  este  in- 
tente tome  el  camino  de  Almansa,  de  donde  prosiguiendo  mi 
yiage  fui  de  pueblo  en  pueblo  hasta  la  ciudad  de  Granada ,  sin 
que  me  sucediese  contratiempo  alguno.  Parecia  que  la  Fortuna, 
satisfecha  ya  de  tantos  chascos  como  me  habia  jugado ,  queria 
en  fin  dejanne  en  paz  ;  pero  esta  traidora  me  preparaba  otros 
machos  y  como  se  vera  en  adelante. 

Uno  de  los  primeros  sugetos  que  encontre  en  las  calles  de  Gra- 
.  oada  fîié  el  sefior  don  Fernando  de  Leiva,  yerno  como  don  Al- 
fonso del  conde  de  Polan.  Ambos  quedimos.sorprendidos  de 
Ternos  en  Granada.  ;  Que  es  esto ,  Gil  Bias ,  me  dîjo ,  tù  en 
Granada?  ^quë  es  lo  que  aqui  te  trae?  SeAor,  le  dije,  si  Tmd. 
se  admira  de  venue  en  este  pais,  con  mucha  mas  razon  se  mara- 
yillari  coando  sepa  la  causa  que  me  ha  obligado  i  dejar  la  casa 
del  seftor  don  César  y  su  hijo.  En  seguida  le  conté  cuanto  me 
habia  pasado  con  Séfora,  sin  callarle  nada:  causale  gran  risa 
el  lance,  y  ya  sosegado  me  dijo  seriaroente:  Amigo,  voy  à  to- 
mar  por  mi  cuenta  este  negocio ,  escribiré  à  mi  cuAada...  No , 
no,  seûor ,  interrumpi  ;  si^>lico  à  vmd.  no  haga  tal  cosa  :  no  he 
salido  de  la  casa  de  Leiva  para  volyer  à  ella.  Si  ymd.  gusta , 
puede  emptear  de  otro  modo  el  feyor  que  le  debo  :  ruego  à 
^d.  que,  si  alguno  de  sus  amigos  necesita  un  secretario  6 
mayordomo ,  me  présente  y  recomiende ,  que  doy  à  vmd.  palabra 
de  no  desairar  su  informe.  Con  mucho  gusto ,  respondiô:  mi  ye- 
nida  à  Granada  ha  sido  à  yisitar  à  una  tia  mia  ya  anciana  que 
esta  enferma,  y  todavia  pasaràn  très  semanas  entes  que  me  yuelya 
^  mi  quinta  de  Lorqui ,  en  donde  ha  quedado  Julia.  En  aquella 
casayiyo,  prosiguiô  seflalàndome  una  suntuosa  que  estabaà  cien 
P^sos  de  nosotros:  yenme  é  ver  pasados  algunos  dias,  que  quizi 
te  habré  ya  buscado  un  acomodo. 

Efectiyamente  la  primera  vez  que  nos  yimos  me  dijo  :  El  seftor 
anobispo  de  Granada ,  mi  pariente  y  amigo ,  que  es  un  grande 
^^itor,  necesita  de  un  hombre  instruido  y  de  buena  letra  para 
poner  en  limpio  sus  obras.  Ha  compuesto ,  y  todos  los  dias  com- 
pone  homilias ,  que  predica  con  mucho  aplauso.  Como  te  con- 
^mplo  à  propôsito  para  el  caso,  te  he  recomendado,  y  me  ha 
prometido  admitirte  :  ye  y  preséntate  de  mi  parte  :  por  el  modo 
^Q  que  te  reciba  conocerés  el  buen  informe  que  le  he  dado. 

La  conveniencia  me  pareciô  ta!  como  podia  desear  ;  y  asi 
i^bîéndome  compuesto  lo  mejor  que  pude ,  fiii  una  maftana  i 
Pi'esentarme  é  este  prelado.  Si  yo  hubiera  de  imitar  à  los  auto- 


309  GILBLAS. 

Rft  de  BOTchs ,  hflrit  aqw  mat  dewripcim  |wpot  del 
anobispal  de  Granada ,  me  extenderia  sobre  la  eaiructora  dd 
ediBdo ,  celebraria  la  riqaeza  de  sns  muebles ,  hablaria  de  sus 
estataas  y  pinturas ,  y  no  dejaria  de  contar  al  lector  la  menor  de 
todas  las  historias  que  en  ellas  se  representan  ;  pero  me  oonten- 
taré  con  decir  que  iguala  en  magnifioencia  al  palacio  de  imestros 
reyes. 

Vi  en  las  antesalas  una  muchednmbre  de  edesiâsticos  y  se- 
glares  »  la  mayor  parte  fimiiliares  de  su  ilustrisima ,  limosneros , 
gentileshombres ,  escuderos  6  ayudas  de  cémara.  Los  Testîdos  de 
los  seglares  eran  costosos ,  tanto  que  mas  parecian  de  sefiores 
que  de  criados  :  se  mostraban  altÎTOS ,  y  hacian  el  papel  de  hom- 
bres  de  importancia  :  al  Ter  su  afectacion  no  pude  ménos  de  reirme 
y  burlarme  interiormente  de  elles.  \  Par  diez  I  me  decia  entre  mi, 
estas  gentes  tienen  la  fortuna  de  no  sentir  el  yugo  de  la  serri- 
dumbre  ;  porque  al  fin  si  lo  sintieran  me  parece  deberian  osten- 
tar  mènes  altaneria.  Acerquëme  à  un  personage  grave  y  grueso 
que  estaba  à  la  puerta  de  la  cémara  del  arzobispo  para  abrîrla 
y  cerrarla  cuando  era  necesario ,  y  le  pregunté  cou  mucha  corte- 
sia  si  podria  hablar  à  su  ilustrisima.  Espérese  ymd.  me  dîjo 
secamente,  que  su  ilustrisima  va  à  salir  à  oir  misa,  y  al  paso  le 
oirà  Ymd.  No  respond!  palabra ,  armème  de  paciencia ,  ë  hicc 
por  tramar  conversacion  con  algunos  de  los  sirrientes  ;  pero 
aqueUos  seftores  no  se  dignàron  contestarme,  sino  que  se  entre- 
tuTièron  en  examinarme  de  pies  à  cabeza;  y  despues  ,  miran- 
dose  unes  à  otros,  se  sonriéron  con  orguUo  de  la  lib€«tad  que 
habia  tenido  de  mezclarme  en  su  conversacion. 

Gonfieso  que  me  quedé  del  todo  corrido  al  verme  tratado  asî 
por  unes  criados.  Todavia  no  habia  Tuelto  de  mi  confusion 
cuando  se  abriô  la  puerta  del  estudio,  y  saliô  el  arzobispo. 
Inmediatamente  guardéron  todos  un  proAmdo  silencîo,  dcjàron 
sus  modales  insolentes ,  y  mostràron  un  semblante  respetuoso 
delante  de  su  amo.  Tendria  el  prelado  unes  sesenta  y  nueve  ajk>s, 
y  casi  se  semejaba  à  mi  tio  Gil  Perez  el  canônigo,  es  dedr ,  que 
era  pequeûo  y  grueso ,  y  ademas  muy  patiestevado ,  y  tan  caWo 
que  solo  tenia  un  mechon  de  pelo  hécia  el  cogote  ;  por  lo  cual 
lleyaba  embutida  la  cabeza  en  una  i^palina  que  le  cubria  las  orejas. 
Con  todo  y  noté  en  él  un  aire  de  caballero,  sin  duda  porque  yo 
sabia  que  lo  era.  La  gente  comun  mirémos  à  los  grandes  con 
una  cierta  preocupacion  que  por  lo  regular  les  presta  un  aspecto 
de  seAorio  que  la  naturaleza  les  ha  negado.  Luego  que  me  lià 
el  arzobispo  se  yino  é  mi ,  y  me  pregunto  cou  mucha  dulzora 
que  era  lo  que  se  me  ofrecia.  Le  dije  era  el  recomendado  del 
sefior  don  Fernando  de  Leiya.  ;Ah!  exclamô,  ^eres  tù  el  qoe 
me  ha  alabado  tanto?  ya  estes  recibido  :  me  idegro  de  tan  buen 
^*  quédate  desde  luego  en  casa.  Dichas  estas  pdabras, 


LnAO  SËPTIMO.  303 

se  apoy6  sobre  dos  escnderos ,  y  habiendo  oido  à  algnnos  ecle- 
siéstîcos  que  llegâoron  à  hablarle ,  saliô  de  la  sala.  Apéoas  estaba 
fîiera  coando  yiniéron  é  saludarme  los  mismos  qae  poco  antes 
habian  despreciado  mi  conyersacion  :  me  rodean ,  me  agasajan , 
y  maestran  la  mayor  alegria  de  yerme  comensal  del  arzobispo. 
Habian  oido  lo  qae  me  babia  dicho  su  amo ,  y  deseabaa  con 
ansia  saber  que  empleo  debîa  tener  cerca  de  su  seftoria  ilnstri- 
sima;  pero  para  vengarme  del  desprecio  que  me  habian  hecho, 
taye  la  malicia  de  no  satisfocer  su  curiosidad. 

No  tardô  mucho  en  yoWer  su  seftoria  ilostrisima ,  y  me  bizo 
entrar  en  su  estndio  para  hablarme  é  solas.  Yo  pensé  bien  que  su 
intendon  era  tantear  mis  talentos,  por  lo  que  me  atrincheré  y 
préparé  para  medir  todas  mis  palabras.  Principiô  haciéndome 
algnnas  preguntas  sobre  las  humanidades.  Tuye  la  fortuna  de  no 
responder  mal ,  y  hacerle  yer  que  conocia  bastante  los  autores 
griegos  y  latinos.  Examinôme  despnes  de  dialéctica,  y  cabahnente 
aqai  era  en  donde  yo  le  esperaba.  Encontrôme  bien  dmentado 
en  eOa ,  y  me  dijo  con  cierta  admiracion  :  Se  conoce  que  bas 
tenido  buena  educacion.  Yeamos  ahora  tu  letra.  Saqué  de  la 
feltriquera  una  muestra  que  babia  lleyado  expresamente  para 
este  caso ,  la  que  no  desagradô  à  mi  prelado.  Me  alegro  de  que 
tengas  tan  buena  forma,  eidamô,  y  todayia  mas  de  que  tengas 
tan  bnen  entendimiento.  Daré  las  gracias  à  mi  sobrino  don  Fer- 
nando porque  me  ba  proporcionado  un  jôyen  tan  de  proyecbo. 
A  la  yerdad  cpie  me  ba  hecbo  un  buen  présente. 

Interrumpiô  nuestra  conyersacion  la  llegada  de  algunos  caba- 
Deros  granadinos  que  iban  à  comer  con  su  ilustrisima.  Dejélos,y 
me  retiré  à  donde  estaban  los  familiares,  quienes  me  colmàron 
de  cumplimientos  y  obsequios.  Comi  con  ellos,  y  si  miéntras  la 
comida  procuràron  obseryar  mis  acciones,  yo  no  examiné  ménos 
hs  snyas.  \  Que  modestia  guardaban  los  eclesiésticos  !  todos  me 
paredéron  nnos  santos;  tanto  era  el  respeto  que  me  babia  infun- 
dido  el  palacio  arzobispal  :  no  me  pasô  por  la  imaginacion  que 
aqnello  podia  ser  gazmofteria,  como  si  fdera  imposible  que  esta 
se  hallase  en  casa  de  los  principes  de  la  iglesia. 

Me  tocô  sentarme  al  lado  de  un  antiguo  ayuda  de  cémara,  11a- 
mado  Melcbor  de  la  Ronda,  quien  tenia  cuidado  de  seryirme 
buenos  bocados.  Yiendo  su  atencion,  procuré  yo  tenerla  conél, 
y  mi  politica  le  agradô  mucbo.  Seftor  caballero,  me  dijo  en  yoz 
baya  luego  que  acabémos  de  corner,  quisiera  bablar  con  ymd.  à 
solas;  y  diciendo  esto  me  lleyô  à  un  sitio  de  palacio  en  donde 
nadie  podia  oimos ,  y  alli  me  tuyo  este  razonamiento  :  Hijo  mio , 
desde  el  instante  que  te  yi  te  cobré  inclinacion ,  de  cuya  yerdad 
yoy  é  darte  una  prueba ,  confiàndote  un  secreto  que  te  sera  de  gran 
Qtilidad.  Estes  en  una  casa  en  donde  se  confiinden  los  yerdaderos 
yirtuosos  eon  los  falsos.  Para  oonocer  este  terreno  necesitabas 


304  GIL  BLAS. 

infinito  tiempo,  y  Toy  é  excnsarte  un  estndio  tan  largo  y  desa- 
gradable,  pintândote  los  genios  de  onos  y  de  otros,  lo  que  podrà 
seryirte  de  gobîerno. 

No  sera  malo,  prosiguiô,  dar  principio  por  su  flostrlsiina.  Es 
an  prelado  may  piadoso,  ocapado  continaamente  en  edificar  al 
paeblo ,  y  en  encaminarle  à  la  yirtad  con  admirables  sermones 
morales ,  que  el  mismo  compone.  Yeinte  aftos  hace  que  dejo  la 
cone  para  dedicarse  enteramente  à  conducir  su  rebafto  :  es  an 
sabio  y  un  grande  orador  qae  tiene  paesto  su  conato  en  predi- 
car,  y  el  pueblo  le  oye  con  mucho  gusto.  Tal  yez  tendra  en  esto 
su  poco  de  vanidad  ;  pero  ademas  de  que  no  toca  à  los  hombres 
el  penetrar  los  corazones,  no  pareceria  bien  que  me  pusiese  yo 
à  escudrifiar  los  defectos  de  una  persona  cuyo  pan  como.  Si  me 
fiiera  permitido  reprender  algana  cosa  en  mi  amo ,  vituperaria 
sn  severidad  ;  porque  castiga  con  demasiado  rigor  las  flaquezas 
de  los  eclesiàsticos ,  cnando  debiera  mirarlas  con  piedad.  Sobre 
todo  persigue  sin  misericordia  à  los  que ,  fiados  en  su  inocenda , 
piensan  justificarse  juridicamente,  desatendiendo  su  autoridad. 
Tiene  tambien  otro  defecto  que  es  comun  à  muchas  personas 
grandes  :  aunque  ama  à  sus  criados,  atiende  poco  &  sus  serricios; 
los  dejarà  enyejecer  en  su  casa  sin  pensar  en  proporcionarles 
algun  acomodo.  Si  alguna  vez  los  gratifica,  es  porque  hay  qaien 
tiene  la  bondad  de  hablar  por  ellos  ;  pues  por  lo  que  hace  &  sa 
ilustrisima ,  jamas  se  acordaria  de  hacerles  el  menor  bien. 

Esto  me  dijo  de  su  amo  el  ayuda  de  càmara,  y  siguiô  dàndome 
razon  del  carécter  de  los  eclesiàsticos  con  quienes  babiamos  oo- 
mido:  me  los  retratô  muy  al  contrario  de  lo  que  aparentaban: 
es  verdad  que  no  me  dijo  eran  gentes  infomes,  pero  si  bastante 
malos  sacerdotes.  No  obstante  exceptuô  à  algunos,  cuya  virtud 
me  alabô  mucho.  Con  esta  leccion  aprendi  el  modo  de  porlarme 
con  estos  sefiores ,  y  aquella  misma  noche  en  la  cena  me  revesti 
como  ellos  de  un  exterior  compuesto.  No  es  de  admirar  se  hallen 
tantos  hipôcritas ,  cuando  nada  cuesta  el  serlo. 


CAPITULO  m. 

Llega  Gil  Bias  i  ter  el  privado  del  arzobispo  de  Granada ,  y  el  oondocto  de  sus 

gracias. 

Miéntras  la  siesta  habia  yo  sacado  de  la  posada  mi  maleta  y 
caballo ,  y  yuelto  despues  à  cenar  à  palacio  »  en  donde  me  pusîé- 
ron  un  cuarto  décente  cou  muy  buena  cama.  £1  dia  siguimite  me 
hizo  llamar  su  ilustrisima  muy  de  maAana  para  darme  à  copiât 
una  homilia,  encargàndome  mucho  lo  hiciera  con  toda  la  exacti- 
tud  posible  ;  ejecatélo  asi  sin  omitir  acento,  punto  ni  coma,  de  lo 


LIBRO  SËPTIUO.  305 

qae  nMiûfestô  el  prdado  ua  grande  placer  mezclado  de  sorpresa. 
Laego  que  recorrîô  todas  las  hojas  de  mi  copia,  exclamô  admi- 
rado:  (Eteroo  DiosI  ^puede  darseuna  cosa  mas  correcta?  Eres 
may  buen  copiante  por  ser  perfecto  gramàtico.  Hàblame  con  satis- 
faociott  ,  amigo  mio ,  ^has  encontrado  al  escribir  alguna  cosa  que 
te  baya  chocado?  ;algan  descuido  en  el  estilo ,  6  algun  término 
impropio  ?  es  muy  fàdl  se  me  haya  escapado  algo  de  esto  en  el 
calor  de  la  composicîon.  |0h,  seflorl  respondi  modestamente, 
no  tengo  tanta  iostruccion  que  pueda  meterme  à  critico ,  y  aun 
coando  la  tuTiera,  estoy  cierto  de  que  las  obras  de  su  ilustrisima 
no  ca^ian  bajo  mi  censura.  Sonriôse  con  mi  respuesta ,  y  nada 
me  replicô;  pero  en  medio  de  toda  su  piedad  se  traslucia  que 
amaba  cod  pasion  sus  escritos. 

Acabé  de  granjear  su  amistad  con  esta  adulacion  ;  cada  dia 
me  qaeria  mas  ,  tanto  que  don  Fernando ,  que  visitaba  frecuen- 
temente  à  mi  amo ,  me  asegurô  habia  de  tal  modo  ganado  su 
Toluntad ,  que  podia  dar  por  hecha  mi  fortuna.  Mi  amo  mismo 
lo  confirmô  poco  tiempo  despues  con  la  ocasion  siguiente.  Ha- 
biendo  relatado  con  vehemencia  una  tarde  en  su  estudio  deiante 
de  mi  una  homilia  que  habia  de  predicar  en  la  catedral  al  otro 
dia  y  DO  se  contenté  con  preguntarme  en  general  que  me  habia 
parecido ,  sino  que  me  obligô  à  decirle  los  pasages  que  mas  ha- 
biaa  Uamado  mi  atencion ,  y  tuve  la  fortuna  de  dtarle  aquellos 
de  que  el  estaba  mas  satisfecho ,  y  que  eran  sus  faToritos  :  esto 
me  hizo  pasar  en  el  concepto  de  su  ilustrisima  por  un  conocedor 
delicado  de  las  verdaderas  bellezas  de  una  obra.  Eso  es ,  exclamô, 
le  que  se  llama  tener  gusto  y  finura.  Si ,  querido ,  te  aseguro  que 
no  es  ttt  oido  oreja  de  asno.  En  fin ,  quedô  tan  contento  de  mi , 
que  me  dijo  conmucha  expresion  :  Gil  Bias ,  no  tengas  ya  cuidado, 
que  tu  fortuna  corre  de  mi  cuenta  ,  y  te  proporcionarè  una  que 
te  sea  agradable.  Yo  te  estime ,  y  en  prueba  de  ello  quiero  que 
seas  mi  confidente. 

Al  oir  estas  palabras  me  eché  é  los  pies  de  su  ilustrisima , 
penetrado  de  reconocimiento.  Abrazé  gustosamente  sus  piemas 
torcidaSy  y  creime  ya  un  hombre  que  estaba  en  camino  de  llegar 
i  ser  rico.  Si  »  hijo  mio ,  prosiguiô  el  arzobispo ,  cuyo  discurso 
habia  interrumpido  mi  accion  ;  quiero  h^certe  depositario  de  mis 
mas  ocultos  pensamientos  :  escuçba  ^tent^mente  lo  qvie  Toy  à 
decirte.  Tengo  gusto  en  predicar^yel  Sei|pr  beudice  mis  homi- 
lias,  porque  mueven  i  los  pecadores,  les  hacen  volver  en  si ,  y 
recurrir  à  la  penitencia.  Tengo  la  satisfaccion  de  ver  à  un  avaro, 
atemorizado  con  las  imégenes  que  présente  à  su  codicia ,  abrir 
sus  tesoros  y  distribuirlos  con  mane  prôdiga  :  à  un  lascive  huir 
de  sus  torpezas  ;  à  los  ambiciosos  retirarse  à  las  ermitas ,  y 
hacer  constante  y  firme  en  sus  obligaciones  k  una  esposa  i  quien 
bacia  titubear  un  amante  seductor.  Estas  conversiones ,  que  son 

2» 


306  GIL  BLAS. 

firecuentes ,  deberian  por  si  sobs  excitarme  al  trabajo  ;  pero ,  ce 
confieso  mi  flaqueza ,  todaTia  me  moeve  otro  premio ,  premio 
de  que  la  delicadeza  de  mi  Tirtad  mè  reprende  inutilmente;  este 
es  el  aprecio  que  hace  el  publico  de  las  obras  bien  acabadas.  La 
gloria  de  pasar  por  un  orador  oonsumado  tiene  para  mi  mochos 
atractivos.  Hoy  pasan  mis  obras  por  enèrgicas  y  sublimes  ;  pero 
no  querria  caer  en  las  feltas  de  los  buenos  escritores  que  escri- 
ben  muchos  aftos,  y  si  conservar  toda  mi  reputacion. 

En  este  supuesto,  mi  amado  Gil  Bias,  continué  el  prelado, 
exqo  una  cosa  de  tu  zelo  :  cuando  adviertas  que  mi  pluma  en- 
yejece,  cuando  notes  que  mi  estilo  dedina,  no  dejes  de  airisar- 
melo.  En  este  punto  no  me  fio  de  mi  mismo ,  porque  d  amor 
propio  podria  cegarme.  Esta  obserTadon  necesita  de  un  enten- 
dimiento  imparcial,  y  asi  elijo  el  tuyo  que  contempio  i  prop6- 
sitOy  y  desde  luego  abrazaré  tu  dictémen.  Seflor,  le  dije,  su 
ilustrisima  esta  todatia  muy  distante  de  ese  tiempo,  à  Dios  gra- 
cias :  ademas  de  que  un  ingenio  como  el  de  su  Ûustrisima  se 
conservarâ  mas  bien  que  los  de  otro  temple,  6  para  hablar  con 
propiedad,  su  ilustrisima  sera  siempre  el  mismo.  Yo  miro  â  su 
ilustrisima  como  à  un  segundo  cardenal  Jimenez,  cuyo  superior 
talento  parecia  recibir  nuevas  fuerzas  de  los  aftos ,  en  Ingar  de 
debilitarse  con  ellos.  Dèjate  de  alabanzas,  amigo  mio,  respondiô 
mi  amo  ;  yo  se  que  puedo  declinar  de  un  momento  à  otro:  en 
la  edad  en  que  me  hallo  ya  se  empiezan  à  sentir  los  achaqœs , 
y  los  maies  del  cuerpo  alteran  el  entendimiento.  De  nneyo  te  lo 
encargo  ,  Gil  Bias ,  no  te  detengas  un  momento  en  ayisarme 
luego  que  adviertas  que  mi  cabeza  se  débilita  :  no  temas  ha- 
blarme  con  franqueza  y  sinceridad ,  porque  tu  aviso  sera  para 
mi  una  prueba  del  amor  que  me  tienes.  Por  otra  parte  va  en 
ello  tu  interes  ;  pues  si  por  desgracia  tuya  supiese  se  decia  en 
la  ciudad  que  mis  sermones  habian  decaido  de  su  ordinaria  de- 
vadon,  y  que  podia  ya  dar  de  mano  i  mis  tareas ,  perderias  no 
solo  mi  afecto ,  sino  el  acomodo  que  te  tengo  prometido.  Te 
hablo  con  toda  claridad,  esto  sacarias  de  tu  nedo  silendo. 

Aqui  acabô  la  exhortacion  de  mi  amo  para  oir  mi  respuesta , 
que  se  redujo  à  prometerle  cuanto  deseaba^  Desde  aquel  pvnto 
nada  tuvo  secreto  para  mi,  y  vine  é  ser  su  privado.  Todos  los 
familiares  envidiaban  mi  suerte,  ménos  el  prudente  Melchor  de 
la  Ronda.  Era  de  ver  éofâo  trataban  los  gentilesbombres  y  es- 
cuderos  al  confidente  de  siï  Sastrisima;  no  se  afrentaban  de 
humillarse  por  tenerme  contento;  sus  bajezas  me  hacian  dudar 
fiiesen  EspaAoles.  Aunque  conocia  les  guiaba  el  interes,  y  nunca 
me  engaAàron  sus  Ksonjas ,  no  dejé  por  eso  de  servirles.  Mis 
buenos  oficios  movièron  é  su  ilustrisîaia  à  proporcionarles  em- 
pleos.  Â  uno  le  hizo  dar  una  compaAia,  y  le  puso  en  esiado  de 
Ittcir  en  el  ejèrdto  :  à  otro  enviô  &  Méjico  con  un  gran  destine  ; 


LIBKO  SÉPTIMO.  307 

y  no  oWidando  à  mi  amigo  Melchor  logrë  para  él  una  buena 
gratificacion.  Esto  me  hizo  conocer  que  si  el  prelado  de  su  pro- 
pio  motiyo  no  daba ,  à  lo  mènos  rara  yen  negaba  lo  que  se  le 
pedia. 

Pero  me  parece  debo  referir  con  mas  extension  lo  que  hice 
por  nn  edesiàstico.  Un  dia  nuestro  mayordomo  die  présenté  un 
Kcendado  Uamado  Luis  Garcia,  hombre  todavia  mOto  y  de  buena 
prcsencia,  y  me  dijo  :  SeJk>T  Gil  Bias,  este  honradb  eclesiàstico 
es  une  de  mis  mayores  amigos  :  ha  sido  capellan  de  unas  monjas; 
pero  su  yirtud  no  ba  podido  librarse  de  malas  linguas.  Le 
ban  desacreditado  tanto  con  su  ilustrisima,  que  le  ha  suspen- 
dido  9  y  no  quiere  escuchar  ninguna  solicitud  à  iavor  suyo  ;  nos 
hemos  yalido  de  lo  principal  de  Granada  »  pero  nuestro  amo  es 
inflexible. 

Sefiores,  les  dije,  este  negocio  se  ha  gobernado  mal,  y  hubiera 
sido  mejor  no  hiber  empeûado  à  nadie;  por  hacerle  bien  al  sefior 
Kcenciado  le  han  hecho  mucho  daito.  Yo  conozoo  à  su  ilustri- 
sima ,  y  se  que  las  sùplicas  y  recomendaciones  no  hacen  mas 
qne  agravar  en  su  idea  la  culpa  de  un  eclesiàstico.  No  ha  mucho 
qne  le  oi  decir  à  èl  mismo  que ,  à  cuantas  mas  personas  empefta 
en  m  favor  un  eclesiàstico  que  esta  irregular,  tanto  mas  aumenta 
el  escàndalo,  y  tanto  mas  seyero  es  para  con  él.  Malo  es  eso , 
dijo  el  mayordomo ,  y  mi  amigo  se  yeria  muy  apurado  si  no 
tuyiera  tan  bnena  letra  ;  pero  por  fortuna  escribe  primorosa- 
mente,  y  contesta  habîlidad  se  ingénia  para  mantenerse.  Tuye  la 
curiosidad  de  ver  si  la  letra  que  se  me  celebraba  era  mejor  que 
la  mia.  £1  licendado  me  manifesto  una  muestra  que  traia  preye- 
nida,  la  cual  me  admirô,  pues  me  parecia  una  de  las  que  dan  los 
maestros  de  escuela.  Hièntras  miraba  tan  bella  forma  de  letra , 
me^ocurriô  una  idea,  y  pedi  à  Garcia  me  dejase  el  papel,  dicién- 
dole  que  acaso  le  séria  util  :  que  no  podia  decirle  mas  por 
entônces  ;  pero  que  al  otro  dia  hablariamos  largamente.  El  licen- 
ciado,  à  quien  el  mayordomo  habia,  segun  presumo,  celebrado 
mi  ingenio,  se  retirô  tan  satisfecho  como  si  ya  le  hubiesen  restî- 
tuido  à  sus  fùnciones. 

A  la  yerdad  yo  deseaba  servirle ,  y  desde  aquel  dia  trabajé  en 
ello  del  modo  que  yoy  à  decir.  Estando  solo  con  el  arzobispo  le 
ensefié  la  letra  de  Garcia,  que  le  gustô  infinito ,  y  aproyediàn- 
dome  entônces  de  ta  ocasion ,  le  dije  :  SeAor,  una  yez  que  su  ilus- 
trisima  no  quiere  imprimir  sus  homilias,  à  lo  ménos  desearia  yo 
que  se  escribiesen  de  esta  letra. 

El  prelado  me  respondiô  :  Annque  me  agrada  la  tuya,  te  con- 
fieso  que  no  me  disgustaria  tener  copiadas  mis  obras  de  estamano. 
No  se  necesita  mas,  prosegui,  que  el  consentimiento  de  yuesa 
ilustrisima  :  el  que  tiene  esta  habilidad  es  un  licenciado  conoddo 
mio;  y  se  alegrarà  tanto  mas  de  servir  à  su  ilustrisima,  cuanto 


308  GIL  BLA& 

que  por  este  medio  podrà  esperar  de  su  bondad  se  sirra  sacM-Ie 
del  miserable  estado  en  que  por  desgracia  se  balla. 

;Como  se  Uama  ese  lioenciado?  me  preguntô.  Luis  Garcia,  le 
dije,  y  esté  Ueno  de  amargura  por  haber  caido  en  la  desgracia 
de  su  ilustrisinuu  Ese  Garcia  ^  intemimpiô,  si  nome  engallo, 
ba  sido  capelbm  de  unconveoto  de  monjas,  y  ha  incurrido  en 
las  censuras  «elesiàsticas.  Todavia  me  acuerdo  de  los  memoriales 
que  me  ban  dlido  contra  el  ;  sus  costumbres  no  son  muy  buenas. 
Seûor,  dije,  no  pretendo  justificarle;  pero  se  quetiene  enenûgos, 
y  asegura  que  sus  acusadores  ban  tirado  mas  i  hacerle  dafto  que 
à  decir  la  Tcrdad.  Bien  puede  ser,  replio/i  el  arzobispo,  porque 
en  el  mundo  hay  ànimos  muy  perversos;  pero  aun  suponiendo 
que  su  conducta  no  haya  sido  siempre  irreprensible ,  acaso  se 
habrà  arrepentido ,  y  sobre  todo  à  gran  pecado  gran  miseri- 
eordia.  Tréeme  ese  licenoiado  à  quien  desde  luego  leyanto  las 
censuras. 

Hé  aqui  como  los  hombres  mas  rigidos  templan  su  severidad 
cuando  media  el  interes  propio.  El  arzobispo  concediô  sin  difi- 
cultad  à  la  vana  complacencia  de  ver  sus  obras  bien  escritas  lo 
que  habia  negado  à  los  mas  poderosos  empefkos.  Al  instante  di 
esta  BOlicia  al  mayordomo ,  quien  sin  pèrdida  de  tiempo  la  par- 
ticip6  à  su  amigo  Garcia.  AI  dia  siguiente  vino  à  darme  las  gra*- 
das  correspondientes  al  favor  conseguido.  Le  présenté  à  mi  amo, 
quien ,  contentàndose  con  una  ligera  reprension ,  le  diô  aigunas 
homilias  para  que  las  pusiera  en  limpio.  Garcia  lo  desempefto  tan 
perfectamente  »  que  su  ilustrisima  le  restableciè  en  su  ministerio» 
y  aun  le  diô  el  curato  de  Gabia ,  lugar  grande  inmediato  à  Gra- 
nada; lo  que  prueba  muy  bien  que  los  beneficios  no  siempre  se 
confieren  à  la  virtud. 

CAPITULO  rv. 

Dale  un  accidente  de  apoplegfa  al  anobispo.  Del  lance  critiço  en  que  se  halla 
Gil  Bias ,  y  del  modo  con  que  saliô  de  ël. 

Hièntras  yo  me  ocupaba  en  servir  de  este  modo  à  unos  y  à 
otroSy  don  Fernando  de  Leiva  se  disponia  para  dejar  à  Granada. 
Visité  à  este  seftor  Antes  de  su  partida ,  para  darle  de  nuevo 
gracias  por  el  excelente  acomodo  que  me  habia  proporcionado. 
Viéndome  tan  gnstoso ,  me  dijo  :  Mi  amado  Gil  Bias,  me  alegro 
mucho  que  estes  tan  satisfecho  de  mi  tio  el  arzobispo.  Ester 
oontentisimo,  le  respond!,  con  este  gran  prelado,  y  debo  estarlo; 
porque  ademas  de  ser  un  seftor  muy  amable ,  nunca  podré  agra- 
deoer  bastante  los  favores  que  le  merezco  ;  pero  todo  esto  ne- 
cesitaba  para  consolarme  de  hi  separacion  del  seftor  don  César 


LIBRO  SËPTIMO.  300 

y  de  BO  hijo.  No  creo  que  elios  la  hayftii  sentido  mènos ,  dijo  don 
Fernando  ;  pero  puede  ser  que  no  os  hayais  separado  para  siem- 
pre  y  y  que  la  fbrtana  yuelva  à  reuniros  algun  dia.  Estas  pala- 
bras me  enterneciéron  de  modo  que  no  pude  ménos  de  suspirar  : 
entônces  conoci  que  mi  amor  A  don  Alfonso  era  tanto ,  que  hu- 
bîera  dqado  con  gusto  al  arzobispo  y  caanto  podia  esperar  de 
su  privanza  por  volverme  à  la  casa  de  Leiya ,  siempre  que  se 
habiera  quitado  el  obstàculo  que  me  habîa  alejado  de  ella.  Don 
Fernando  adyirtiô  mi  ternura,  y  le  agradô  tanto,  que  me  abrazô 
diciendo  que  toda  su  fomilia  se  interesaria  siempre  en  mi  bien 
estar. 

A  los  dos  meses  de  haberse  marchado  este  caballero,  y  cuando 
me  yeia  yo  mas  fayorecido ,  tuyimos  un  gran  susto  en  palacio. 
Acometiôle  al  arzobispo  una  apoplegia ,  pevo  se  acudiô  con  tan 
prontos  y  eficaces  remedies,  que  sanô  A  muy  pocos  dias,  annque 
qaedô  algo  tocado  de  la  cabeza.  Al  primer  sermon  que  compuso 
bien  lo  echè  de  yer  ;  pero  no  hallando  bastante  perceptible  la  di- 
ferencîa  que  habia  entre  este  y  los  antécédentes,  para  inferir  que 
el  orador  empezaba  à  decaer,  aguardé  â  que  predicase  otro  para 
dccidir.  Hizolo ,  y  no  fné  menester  esperar  mas  :  el  buen  pre- 
lado  unas  yeces  se  rozaba  y  repetia ,  otras  se  remontaba  hasta 
las  nubes,  ô  se  abatia  hasta  el  suelo  :  en  fin  su  oracion  fiië  difîisa, 
una  arenga  de  catedràtico  cansado ,  ô  un  sermon  de  mision  sin 
concierto. 

No  fol  yo  solo  quien  lo  notô ,  sino  que  casi  todos  los  que  le 
oyëron,  como  si  les  hubieran  pagado  para  que  lo  examinasen,  se 
decîan  al  oido  :  Este  sermon  buele  à  apoplegia.  Yamos ,  sefior 
censor  y  ârbitro  de  las  homilias ,  me  dije  entônces  â  mi  mismo, 
prepàrese  ymd.  para  hacer  su  oficio.  Ya  ve  ymd.  que  su  ilustri- 
sima  déclina  :  ymd.  esté  en  obligaciôn  de  adyerttrselo ,  no  solo 
como  depositario  de  sus  eonfianzas ,  sino  tambîen  por  temor  de 
que  alguno  de  sus  enemigos  se  os  anticipe  :  si  llegara  este  caso 
sabe  ymd.  muy  bien  sus  consecueticias  ;  séria  ymd.  borrado  de 
su  testamento ,  en  el  cual  sin  duda  le  tiene  seflalado  una  manda 
mejor  que  la  biblioteca  del  licenciado  Cedillo. 

A  estas  reflexiones  seguian  otras  enteramente  contrarias ,  por- 
qtie  me  parecia  muy  expuesto  dar  un  aviâo  tan  desagradable 
qoe  yo  juzgaba  no  recibiria  con  gusto  un  âûtor  enCaprichado  por 
snsobras.Luego,  desechando  esta  idea,  miraba  como  imposible 
que  desaprobase  mi  libertad ,  habiéndomelo  inculcado  con  tanto 
^nipefio.  AAàdase  à  esto  que  yo  pensaba  decirselo  con  mafia ,  y 
hacerle  tragar  suayemente  la  plldora.  En  fin ,  persuadièndome  que 
siriesgaba  mas  en  callar  que  en  hablar,  me  déterminé  à  romper 
el  silencio. 

Solo  una  cosa  me  inquietaba,  y  era  no  saber  como  sacar  la  con- 
^ersadon.  Por  fortuna  el  orador  mismo  me  sac6  de  este  cnidado. 


310  GVL  BLAS. 

pregantàDdome  que  se  deda  de  ti  en  el  pùblioo ,  y  si  hatûa  gas- 
tado  su  ultimo  sermon.  Respondi  que  sas  bomillas  siempre  ad- 
miraban  ;  pero  qae  à  mi  parecer  la  ultima  no  habia  moyido  taoto 
al  auditorio  como  las  antécédentes.  ;Como  es  eso ,  amigot  res- 
pondiô  sobresaltado^  ;habrà  encontrado  algun  Aristaroo  '  ?  No, 
seftor  ilustrisimOy  le  dije»  no  son  obras  las  de  su  ilustrisima  qoe 
haya  qulen  se  atreya  àoensuiarlas ,  antes  todos  las  oelebran  ;  pero 
como  su  ilustrisima  me  tiene  mandado  le  hable  con  franqueza  y 
con  sinceridad ,  me  tomarë  la  licencia  de  decir  que  el  ultimo  ser- 
mon no  me  parece  t^ier  la  solidez  de  los  précédentes.  ^Piensa 
su  flustrisima  de  otro  modo  ?  À  estas  palabras  mudô  de  color  mi 
amo ,  y  con  una  sonrisa  fbrzada]^me  dijo  :  ^SeAor  Gil  Bias ,  con- 
que esta  composicion  no  es  del  gusto  de  vmd.?  No  digo  eso , 
sefior  ilustrisimo  ,  interrumpi  todo  turbado  ;  es  excelente,  aun- 
que  un  poco  inferior  à  las  otras  obras  de  su  ilustrisima.  Ya  en- 
tiendo ,  replicô,  te  parece  que  voy  biqando  :  ^no  es  esot  Aeorta 
de  razones,  tu  crées  que  ya  es  tiempo  de  que  pieuse  en  retirarme. 
Jamas ,  le  contesté ,  hubiera  yo  hablado  à  su  ilustrisima  con  tanta 
daridad,  si  expresamente  no  me  lo  hubiera  mandado  ;  y  pues  en 
esto  no  hago  mas  que  obedecer  à  su  ilustrisima ,  le  suplico  reo- 
didamente  no  Heve  à  mal  mi  atreyimiento.  No  lo  permita  Dtos  , 
interrumpiô  precîpitadamente  »  no  permita  Dios  que  os  reprenda 
tal  cosa  :  en  eso  séria  yo  muy  injusto.  No  me  desagrada  el  que 
me  digas  tu  dictâmen ,  sino  que  me  desagrada  tu  dictémen  mis- 
mo  ;  yo  me  engafté  extremadamente  en  haberme  sometido  à  tu 
limitada  capacidad. 

Aunque  estaba  tan  turbado ,  procuré  buscar  los  medios  de  en- 
mendar  lo  hecho;  pero  es  imposible  sosegar  à  un  autor  irritado, 
y  mas  si  esta  acostumbrado  à  no  escuchar  sino  alabanzas.  No  ba- 
blemos  mas  del  asunto ,  hijo  mio ,  me  dijo  :  tù  ères  todavia  muy 
nifio  para  distinguir  lo  verdadero  de  lo  felso  :  has  de  saber  que 
en  mi  yida  be  compuesto  mejor  homilia  que  la  que  tiene  la  des- 
gracia de  no  merecer  tu  aprobacion.  Gracias  al  cielo ,  mi  enten- 
dimiento  nada  ha  perdido  todayia  de  su  yigor.  En  adelante 
yo  elegiré  mejores  confidentes  ;  quiero  otros  mas  espaces  de  de- 
ddir  que  tù.  Ânda ,  prosiguiô  empujàndome  para  que  saliera  de 
sa  estudio ,  y  dile  à  mi  tesorero  que  te  entregue  den  ducados  » 
y  anda  bendito  de  Dios  con  ellos.  À  Dios ,  seftor  Gil  Bias ,  me 
alegraré  logre  ymd.  todo  género  de  prosperidades  con  algo  mas 
de  gusto. 

'  Câebre  critico  del  tiempo  de  Ptolemeo  Filadelfo. 


LIBRO  8ÉPTIM0.  311 

CAPITULO  V. 

Piitido  que  tome  Gil  Bias  despues  que  le  despidiô  el  atiobispo  r  su  casual 
encuenlro  con  d  licenciado  Garcia,  j  como  le  manifesto  este  sa  agradeci- 


Sali  del  estndio  maldidendo  el  capricho ,  6  por  mejor  decir , 
la  fiaqaeza  del  arzobispo  y  y  todayia  mas  irritado  contra  el  que 
afligido  de  baber  perdido  su  favor;  y  aun  dude  por  algun 
liempo  si  iria  à  tomar  mis  cien  ducados  ;  pero  despues  de  haberlo 
reflexionado  bien,  no  quise  tener  la  tonteria  de  perderlos.  Co- 
noci  qne  esta  gratificacion  no  me  privaria  del  derecho  de  po- 
ner  en-ridicolo  à  mi  buen  prelado ,  lo  que  me  proponia  hacer 
siempre  que  se  hablase  en  mi  presencia  de  sus  homilias. 

Fui ,  pues  y  à  pedir  al  tesorero  cien  ducados ,  sin  decirle  una 
sola  palabra  de  lo  que  acababa  de  pasar  entre  mi  amo  y  yo. 
Despaes  me  despedl  para  siempre  de  Melchor  de  la  Ronda ,  quien 
me  queria  tanto,  que  no  pudo  dejar  de  sentir  mucho  mi  desgra- 
cia.  (Hiseryé  que  mièntras  le  daba  cuenta  de  lo  sucedido  su 
rostro  manifestaba  sentimiento.  No  obstante  el  respeto  que  debia 
al  arzobispo,  no  pudo  mènos  de  vituperar  su  condncta;  pero 
Gomo  en  mi  enojo  juré  que  el  prelado  me  las  habia  de  pagar»  y 
que  k  sa  costa  habia  yo  de  divertir  â  toda  la  ciudad ,  el  prudente 
Meldior  me  dijo  :  Créeme ,  amado  Gil  Bias ,  pésate  tu  pena  y 
caUa  ;  los  bombres  plebeyos  deben  respetar  siempre  à  las  perso- 
nas  distingaidas ,  por  mas  motivo  que  tengan  para  quejarse  de 
ellas.  Gonfieso  que  hay  seftores  muy  groseros  que  no  merecen 
acencion  alguna  :  pero  al  fin  pueden  hacer  daAo  y  y  es  preciso 
temerlos. 

Agradeci  al  antiguo  ayuda  de  cémara  su  buen  consejo ,  y  le 
prometi  aprovecharme  de  él.  Bespues  de  esto  me  dijo  :  Si  vas  à 
Madrid  procura  ver  à  José  Navarro  mi  sobrino ,  que  es  gefe  de 
lareposteria  del  seftor  don  Baltasar  de  Zùûiga,  y  me  atrevo  i 
dedrte  que  es  un  mozo  digno  de  tu  amistad.  Es  franco ,  vivo  , 
servidal ,  y  amigo  de  hacer  bien  sin  interes  ;  yo  quisiera  que 
fuerais  amigos.  Le  respondi  que  no  dejaria  de  verle  luego  que 
Hegase  à  Madrid,  â  donde  pensaba  volver.  S^i  inmediatamente  de) 
palacio  arzobispal  con  ànimo  de  no  poner  mas  en  él  los  pies. 
Tal  vez  hubiera  marchado  al  instante  à  Toledo  si  hubiese  con* 
servado  mi  caballo  ;  pero  le  habia  vendido  en  el  tiempo  de  mi 
fortuna,  creyendo  que  ya  no  le  necesitaria.  Resolvi  tomar  un 
cuarto  amuebladOy  formando  mi  plan  de  permanecer  todavia  un 
mes  en  Granada ,  y  de  irme  en  seguida  é  casa  del  conde  de 
Polan. 

Como  se  acercaba  la  hora  de  corner ,  pregunté  à  mi  huésped^ 


313  GIL  BLAS. 

ri  habria  por  alii  eerca  algana  bosteria  »  y  me  respondiô  que  à 
do8  pasos  de  su  casa  habia  uoa  excelente ,  en  donde  daban  bien 
de  comer ,  y  â  la  cual  concarrian  muebas  gentes  de  forma.  Hîce 
me  la  enseftasen ,  y  foi  inmedîatamente  â  ella.  Entré  en  una  gran 
sala  bastante  parecida  à  an  refectorio:  habia  sentadas  à  nna  mesa 
larga ,  cubierta  con  unos  manteles  sndos ,  nnas  diez  ô  dooe  per- 
sonas ,  que  estaban  en  conversacion  al  mismo  tiempo  qne  iban 
despachando  sa  pitanza.  Trajèronme  la  mia ,  qae  en  otra  oeasîon 
sin  duda  me  habria  hec{io  sentir  la  mesa  que  acababa  de  perder; 
pero  como  estaba  entônces  tan  picado  contra  el  arzobispo ,  la 
frugalidad  de  mi  hosteria  me  parecia  preferible  é  la  abondancîa 
de  su  palacio.  Yituperaba  la  variedad  y  multitad  de  manjares  que 
se  sîrven  en  semejantes  mesas ,  y  discam'endo  como  padiera  ha- 
cerlo  siendo  medico  en  Yalladolid ,  decia  :  Desgraciados  los  que 
se  hallan  frecuentemente  en  mesas  tan  nocîvas ,  en  las  que  es  pre- 
ciso  estar  siempre  sajetando  el  apetito  para  no  cargar  demasiado 
el  estômago:  por  poco  qae  se  coma  ^no  se  come  siempre  bas- 
tante  ?  Mi  mal  humor  me  hacia  alabar  los  aforismos  que  antes 
habia  despreciado. 

Cuando  iba  rematando  mi  racion  sin  temer  pasar  los  Ifanftes 
de  la  templanza,  entré  en  la  sala  el  licenciado  Luis  Garcia,  aquel 
capellan  de  monjas  que  logrô  el  curato  de  Gabia  del  modo  que 
dejo  referido.  Al  instante  que  me  viô  ,  vino  é  saludarme  precipi- 
tadamente  como  un  hombre  arrebatado  de  alegria:  me  abraz6> 
y  me  yi  precisado  à  aguantar  un  nueyo  y  muy  largo  cumplimîento 
cion  que  me  did  gracias  por  el  bien  que  le  habia  hecho  »  mo- 
liéndome  con  demostraciones  de  reconocimiento.  Sentôse  i  mi 
lado  diciendo  :  ;  Oh  1  vive  Dios,  mi  amado  bienhechor,  que  pues 
he  tenido  la  fortuna  de  encontraros  no  nos  hemos  de  despedir 
sin  beber  un  trago  ;  pero  como  no  vale  nada  el  vino  de  esta  po- 
sada ,  si  vmd.  gusta  en  acabando  de  comer  irémos  à  cierta  parte 
en  donde  he  do  regalar  à  vmd.  con  una  botella  del  vino  mas 
seco  de  Lucena,  y  un  exquisito  moscatel  de  Fuencarral.  Por  esta 
Yez  es  preciso  correr  un  gallo  :  suplico  à  vmd.  que  no  me  niegne 
este  gusto.  ;Que  no  lenga  yo  la  fortuna  de  ver  â  vmd.  é  lo  mè- 
nos  por  algunos  dias  en  mi  curato  de  Gabia  !  alli  obsequiaria  é 
vmd.  como  é  un  Mecenas  generoso ,  à  quien  debo  las  comodida- 
des  y  la  tranquilidad  de  la  vida  que  gozo. 

Miéntras  me  hablaba  le  trajèron  su  racion.  Empezôi  comer,  pero 
sin  césar  de  decirme  de  cuando  en  cuando  alguna  lisonja.  En  uno 
de  esios  intervalos ,  con  motivo  de  haberme  preguntado  por  su 
amigo  el  mayordomo ,  le  manifesté  sin  misterio  mi  salida  de  la 
casa  arzobispal ,  y  le  conté  hasta  las  menores  circunstancias  de  roi 
desgracia,  lo  queescnchô  con  mucha  atencion.  A  rista  de  tanto 
como  acababa  de  decirme  ^  quien  no  hubiera  ereido  oirle ,  lleno 
de  un  seutimfento  producido  por  la  gratitud ,  declamar  contra 


LIBRO  SÉPTMO.  313 

el  arzobiipo  ?  Poes  no  lo  hûo  asi  ;  Antes  al  contrario  bajô  la  cth 
beza,  estQYO  Irio  y  pensatiyo  hasta  que  acabô  de  comer,  sin 
habkur  mas  palabras,  y  despues  leyantAndose  de  la  mesa  acelera- 
damente  ,  me  sahidô  con  firialdad ,  y  se  fiié.  Este  ingrato ,  yîendo 
que  ya  no  podia  yo  série  Atil ,  ni  aun  quiso  tomarse  la  molestia 
de  ocaltarme  su  indîferencia.  Me  rei  de  su  ingratitud ,  y  mirin- 
dole  con  todo  el  desprecio  que  merecia,  le  dije  bien  alto  para 
que  me  oyese  :  |  Ola ,  ola  !  prudente  capellan  de  monjas ,  Taya 
irmd.  à  refirescar  ese  exqoisito  ytno  de  Lucena  con  que  me  ha 
conyidado. 

CAPITULO  Vl. 

Va  Gil  Bias  à  Ter  rrpresenUr  A  los  comicos  de  Granada  :  de  la  admiracioD 
qae  le  caoso  d  Ter  â  una  actriz,  y  de  lo  qoe  le  pasb  con  ella. 

Todayia  no  habia  salido  Garcia  de  la  sala  cnando  entréron  dos 
caballeros  may  bien  portados ,  que  yinièron  à  sentarse  junto  i 
mi.  Prindpiaron  k  hablar  de  los  cémicos  de  la  compaflia  de  Gra- 
nada ,  y  de  nna  comedia  nueya  que  se  representaba  entônces.  De 
sa  conyersacion  inferi  que  aquella  pieza  era  muy  aplaudida;  y 
diôme  deseo  de  yerla  aquella  misma  tarde.  Como  casi  siempre 
faabia  estado  en  el  palacio,  en  donde  estaba  anatematizada  esta 
clase  de  recreo ,  no  habia  yisto  comedia  alguna  desde  que  yiyia 
eo  Granada ,  y  toda  mi  diversion  se  habia  reducido  à  las  homilias. 

Luego  qae  fùè  hora  me  marché  al  teatro ,  en  donde  halle  un 
eran  concorso.  Oi  al  rededor  de  mi  diferentes  conversaciones 
sobre  la  pieza  antes  que  se  empezase ,  y  observé  que  todos  se 
metîan  à  dar  su  veto  sobre  ella  declaréndose  unes  en  pro ,  otros 
en  contra.  Dedan  à  mi  derecha:  ^Se  ha  yisto  jamas  una  obra 
mejor  escrita  ?  y  à  mi  izquierda  exclamaban  :  ;Qué  estilo  tan  mi- 
serable t  En  yerdad  se  debe  convenir  en  que  si  abundan  los  malos 
autores  abandan  mas  los  peores  criticos.  Guando  pienso  en  los 
disgustos  que  los  poetas  draméticôs  tienen  que  sufrir ,  me  admiro 
de  que  haya  algunos  tan  atrevidos  que  hagan  frente  é  la  ignoran- 
^  del  yulgo ,  y  à  la  censura  peligrosa  de  los  sàbios  superficia- 
les ,  que  corrompen  algunas  veces  el  juicio  del  publico. 

En  fin ,  el  gracioso  se  présenté  para  dar  principio  à  la  escena: 
por  todas  partes  sonô  un  palmoteo  general ,  lo  que  me  diô  é 
conocer  <|ue  era  uno  de  aquellos  actores  consentidos,  à  quienes 
el  Yulgo  todo  se  lo  disimula.  Ëfectivamente ,  este  cômico  no  de- 
^  palabra  ni  hacia  gesto  que  no  le  atrajesen  aplausos  ;  y  como 
^  le  manifestaba  demasiado  el  gusto  con  que  se  le  veia ,  por 
eso  abnsaba  de  él  ;  pues  noté  que  algunas  veces  se  propasdlm 
^to  sobre  la  escena,  que  era  neoesaria  toda  la  aceptacion  con 
quo  se  le  oia  para  que  no  perdiese  su  reputacion.  Si  en  lugar  de 


314  GIL  BLAS. 

aplaadirle  le  hubiefen  sflbado ,  frecoentMiiente  ge  le  hnbiera  be- 
cho  josticia. 

Pdmoteâron  tambien  del  mîsmo  modo  à  otros  comediaiites , 
pero  paiticularmente  â  una  actriz  que  hacia  el  papel  de  gracîofia. 
Mîrèla  con  cuidado ,  y  me  faltan  tèrminos  para  expresar  la  aor- 
presa  con  que  reconoci  en  ella  à  Laura,  i  mi  querida  Laara ,  â 
quien  suponia  todavia  en  Madrid  al  lado  de  Arsenia.  No  podia 
dudar  que  fiiese  ella,  porque  su  estaluray  sua  taodoaes  y  su 
metal  de  voz ,  todo  me  aseguraba  que  yo  no  me  eqniyocaba. 
Sin  embargo,  como  si  desconfiara  de  mis  ojos  y  de  mis  oidos, 
pregunté  su  nombre  à  un  caballero  que  estaba  i  mi  lado.  ^Pues 
de  que  tierra  viene  vmd.?  me  dijo:  sin  duda  \md.  acaba  de  He- 
gar  cuando  no  conoce  à  la  hermosa  Estela. 

La  semejanza  èra  demasiado  perfecta  para  que  pudiese  equi- 
Yocarme;  y  desde  luego  comprend!  bien  que  Laura  al  mudar 
de  estado  habia  tambien  mudado  de  nombre  ;  y  deseoso  de  saber 
noticîas  de  ella ,  porque  el  publico  jamas  ignora  las  de  los  cômi- 
COS,  me  informé  del  mismo  sugeto  si  esta  Estela  tenia  algun 
cortejo  de  importancia.  Respondiôme  que  un  gran  seikMr  porto- 
gues ,  Ilamado  el  marques  de  Harialba ,  que  dos  meses  habia  se 
hallaba  en  Granada ,  era  quien  gastaba  mucho  cob  ella.  Has  me 
hubiera  dicho  à  no  haber  temido  cansarle  con  mis  preguntas. 
Pensé  mas  en  la  noticia  que  este  caballero  acababa  de  darme  que 
en  la  comedia;  y  si  al  salir  alguno  me  hubiese  preguatado  el 
asunto  de  eUa,  no  hubiera  sabido  que  decirle.  Todo  el  liempo 
se  me  faé  en  pensar  en  Laura  y  Estela ,  y  me  déterminé  à  yisi- 
tarla  en  su  casa  al  otro  dia«  No  dejaba  de  inquietarme  el  oomo 
me  recibiria.  Tenia  fùndamento  para  pensar  que  no  le  dièse 
gusto  mi  Tisita  en  el  estado  tan  brillante  en  que  se  hallaba,  y 
aun  de  presumir  que  una  cômica  de  tanto  nombre  fingiese  no 
conocerme  por  yengarse  de  un  hombre  del  cual  tenia  derta- 
mente  motiyos  de  estar  sentida;  pero  nada  de  esto  me  desanimo. 
Despues  de  una  cena  ligera  (  pues  en  mi  posada  no  se  hacian  de 
otra  clase  )  me  retiré  à  nû  cuarto  con  mucha  impadencia  de  ha* 
llarme  ya  en  el  dia  siguiente. 

Dormi  poco,  y  me  levante  al  amanecer:  mas  paredéndome 
que  la  dama  de  un  gran  sefior  no  se  dejaria  ver  tan  de  maflana, 
antes  de  ir  à  su  casa  gasté  très  6  cuatro  horas  en  componerme, 
afeitarme,  peinarme  y  perfùmarme,  porque  queria  presentarme 
i  ella  en  tal  aparato  que  no  se  ayergonzase  de  yerme.  Sali  i 
cosa  de  las  diez ,  pregunté  en  la  casa  de  comedias  donde  yi?ia, 
y  pasé  à  la  suya.  Yiyia  en  un  cuarto  principal  de  una  casa  grande. 
Abriôme  la  puerta  una  criada,  à  quien  le  dije  pasa^e  recado  de 
que  un  jôyen  deseaba  hablar  à  la  seftora  Estela.  Entré  con  ël,  é 
inmediatamente  oi  que  su  ama  gritô  :  i  Quien  es  ese  jéyeo? 
i  que  me  quiere  ?  que  entre. 


LIBRO  SËPTIMO.  315 

fiiflcarri  haber  Degado  en  mala  ocasion,  poes  eataria  an  Por- 
togaes  con  ella  al  tocador,  y  que  para  hacerle  créer  no  era 
miiger  que  recibia  recadoa  aospechosoa  alzaba  tanto  el  grito. 
Dicho  y  hecho  :  eataba  alii  el  marques  de  Marialba ,  que  pasaba 
con  ella  casi  todaa  laa  maAanas.  Por  tanto  esperaba  yo  un  mal 
recibimientOy  cuando  aquella  actriz  original  viéndome  entrar  se 
arrojô  A  mi  con  los  brasos  abiertos ,  exdamando  como  fiiera  de 
si;  {Ay,  hermano  miol  ^erea  tu?  Diciendo  esto  me  abrazô 
mochas  yeoes,  y  vohiendose  despues  hécia  el  Portugues,  le 
dijo  :  Sellor ,  perdonad  si  en  yuestra  presencia  cedo  à  los  impul- 
ses de  la  sangre.  Despues  de  très  aftos  de  ausencia  no  puedo 
Yolver  à  yer  â  un  hermano  é  quien  amo  tiernamente ,  sin  darle 
pruebas  de  mi  afecto.  Dime  pues»  mi  amado  Gil  Bias,  conti- 
nue dirîgiéndose  é  mi»  dime  algo  de  nuestra  fomilia:  ;como 
ha  (piedado? 

Estas  palabras  me  turbàron  por  el  pronto  ;  pero  inmediata- 
mente  pénétré  la  intencion  de  Laura  ^  y  apoyando  su  artificio  le 
respond!  con  un  tone  propio  de  la  escena  que  émbos  ibamos  â 
representar  :  Nuestros  padres  estàn  buenos ,  gracias  à  Dies ,  que- 
rida  hermana.  Tu  te  marayillares  de  venue  cômica  en  Granada , 
iaterrumpiô;  pero  no  me  eondenes  sin  oirme.  Bien  sabes  que 
hace  très  aftos  mi  padre  creyô  establecerme  yentajosamente 
casàndome  con  el  capitan  don  Antonio  Coello,  quien  me  Ueyô 
desde  Astorias  à  Madrid  su  patria.  Â  los  seis  meses  de  estar  en 
ella  le  sucediô  un  lance  de  honor  ocasionado  de  su  genio  yio- 
lento  y  y  maté  à  un  cabaUero  que  me  habia  mostrado  alguna  aten- 
cion.  Era  el  muerto  de  Cunilia  muy  ilustre»  y  de  mucho  vali- 
miento.  Mi  marido,  que  ninguno  tenia,  se  salyô  huyendo  é 
CataloAa  '  oon  todo  cuanto  encontrô  en  casa  de  dinero  y  piedras 
predosas.  Embarcôse  en  Barcelona,  pas6  à  Italia,  se  alistô  bsgo 
las  banderas  de  los  Yenedanos ,  y  al  fin  perdiô  la  yida  en  la  Mo- 
rea  en  una  bataUa  contra  los  Turcos.  En  este  tiempo  fiië  confis^ 
cada  una  posesion  que  era  el  unico  bien  que  poseiamos,  y  yine 
à  quedar  redudda  à  unas  asistencias  escasisimas.  i  Y  que  partido 
podia  tomar  en  situadon  tan  critica?  Una  yiuda  jôyen  y  de  ho- 
nor se  halla  en  mucho  compromise  :  yo  carecia  de  medios  para 
restitQtnne  à  Asturias,  4  y  que  haria  alll?  £1  solo  consuelo  que 
hubiera  redbido  de  mi  familia  hubiera  side  compadecerse  de  mi 
^agrada.  Por  otra  parte,  yo  habia  recibido  muy  buena  educa- 
cioa  para  resolyerme  &  abrazar  una  yida  licendosa.  ;Pues  que 
vlHtrio  me  qnedaba?  el  de  hacerme  cômica  para  conseryar  mi 
r^tacion. 
Al  oir  &  Laura  finalizar  asi  su  novela,  fiié  tal  el  impulse  de 

'  Gono  U  CaUduAa  eituva  por  aquel  tiempo  en  rebelion ,  serria  de  acogida  a 
los  prôfii{^  del  reste  de  Ja  pcniQsula. 


31<>  GIL  BLAS. 

risa  qae  me  di6  qae  apènat  paderepriminiie;  pero  a)  fln  lo  con- 
segui,  y  le  dije  con  mucha  grayedad  :  Hermana  mia,  apniebo  tn 
procéder ,  j  me  alegro  mucho  de  encontrarte  en  Granada  tan 
honradamente  establecida. 

El  marques  de  Marialba,  qoe  no  babia  perdido  ana  paUdmi 
de  nuestra  conversacion ,  tomd  al  pie  de  la  letra  todos  los  en- 
redos  que  le  did  la  gana  de  ensartar  â  la  Tinda  de  don  Antonio. 
Tambien  se  mezdô  en  la  conyersacion  pregonténdome  ai  teiûa 
algun  empleo  en  Granada,  6  en  otra  parte.  Dadé  an  momento  si 
mentiria;  pero  me  pareciô  no  habia  necesidad  de  ello  ;  y  le  dîje 
lo  cierto ,  contàndole  punto  por  ponto  oomo  habia  entrado  en  casa 
del  arzobispo,  y  como  habia  salido;  lo  que  divirtiô  infinilo  al 
seftor  portogues.  Es  yerdad  qae ,  à  pesar  de  lo  qae  habia  pro* 
metido  &  Melchor ,  me  diyerti  an  poco  à  coata  del  arzobispo.  Lo 
mas  gracioso fiié que,  imaginando  Laura  que  esta  era  una  noreh 
como  la  suya,  daba  anas  carcajadaa  que  habiera  excoaado  à 
haber  sabido  que  era  la  realidad. 

Despues  de  haber  acabado  mi  reladon,  que  condui  habkmdo 
del  cuarto  que  habia  tomado  alquilado,  ayisiron  para  corner. 
Quise  al  momento  retirarme  para  ir  à  comer  à  mi  hosterfa,  pero 
Laura  me  detuvo.  4  En  que  piensas,  hermano  mio?  me  dijo; 
has  de  quedarte  à  comer  conmigo.  Tampoco  consentîrè  estes  maa 
tiempo  en  una  posada.  Mi  intencion  es  que  yiyas  y  comas  en  mi 
casa ,  y  asi  haz  traer  tu  equipage  hoy  mismo ,  que  aqul  hay  ana 
cama  para  ti. 

El  seftor  portugues,  à  quien  tal  yez  no  agradaba  esta  hospî- 
talidad ,  dijo  à  Laura  :  No ,  Ëstela ,  no  tienes  aqui  comodidad  para 
recibir  à  nadie.  Tu  hermano ,  afiadiô ,  me  parece  an  baen  mozo, 
y  con  la  recomendacion  de  ser  cosa  tan  tuya  me  intereso  por  éL 
Quiero  tomarle  ami  seryicio  :  sera  à  quien  mas  quiera  de  mis  se- 
cretarios ,  y  le  haré  depositario  de  mis  confianzas.  Qae  no  deje 
de  ir  desde  esta  noche  à  dormir  â  casa  ;  yo  mandaré  le  pongan 
an  cuarto.  Le  seftalo  cuatrocientos  ducados  de  soeldo,  y  si  eo 
adelante  tengo  motivo,  como  lo  espero,  para  estar  contanto  de 
ël ,  le  pondre  en  estado  de  consolarse  de  haber  sido  demasiado 
sincero  con  sa  arzobispo. 

A  las  gracias  que  di  por  esto  al  marques  afiadiô  Laura  otras 
mas  expresiyas.  No  hablemos  mas  de  ello,  interrumpiô  el  marques  ; 
es  negocio  concluido.  Al  acabar  estas  palabras  se  despidiô  de  sa 
princesa  de  teatro ,  y  se  marché.  Laura  me  hizo  pasar  al  momento 
à  un  cuarto  retirado,  en  donde  yiéndose  scia  conmigo,  dijo  :  Ha- 
biera rebentado  si  hubiese  contenido  mas  tiempo  la  risa,  y  de* 
jàndose  caer  en  un  sillon ,  y  apretândose  los  hijares ,  empezô  i 
reir  como  una  loca.  Yo  no  pude  ménos  de  hacer  lo  mismo  ;  y 
cuando  nos  hubimos  cansado  me  dijo  :  Confiesa ,  GH  Bias ,  que 
acabamos  derepresentar  una  graciosa  comedia  ;  pero  yo  no  espe- 


UBRO  SÉPTIMO.  317 

raba  tuviese  tan  baen  fin  :  mi  inimo  solameiue  era  proporcionarte 
la  mesa  y  coarto  en  casa ,  y  para  ofrecértelo  con  decoro  fingi  qpie 
eras  mi  hertnano  :  me  alegro  que  la  casualidad  te  baya  facilitado 
tan  baen  acomodo.  El  marques  de  Marialba  es  un  caballero  muy 
genaroso ,  que  barà  por  ti  aun  mas  de  lo  que  ha  prometido. 
Otra  que  yo ,  continuô  ella,  acaso  no  hubiera  recibido  con  tan 
baen  semblante  à  un  hombre  que  deja  sus  amigos  sin  despedirse 
de  ellos;  pero  yo  soy  de  aquellas  chicas  de  buena  pasta,  que 
ynelvenâ  Ter  siempre  con  agrado  al  picarillo  à  quien  amiron. 

Confesé  de  buena  fé  mi  desatencion ,  y  le  pedi  me  la  perdouase  ; 
despues  de  lo  cual  me  Ueyô  é  un  comedor  muy  aseado.  Nos  sen- 
timos  à  la  mesa ,  y  coino  teniamos  de  testigos  una  doncella  y 
un  lacayo ,  nos  tratamos  de  hermanos.  Luego  que  acabémos  de 
corner ,  Tolyimos  al  mismo  cuarto  en  donde  babiamos  estado  en 
coaTersacion ,  y  alli  mi  incomparable  Laura ,  entregàndose  à  su 
alegria  natural ,  me  pidiô  cuenta  de  lo  que  me  habia  sucedido 
desde  Duestra  ultima  vista.  Hicele  de  ello  una  fiel  narracion,  y 
Guando  hube  satisfecho  su  curiosidad,  ella  contentô  la  mia  rela- 
téndome  su  historia  en  estos  términos. 


CAPITULO  VIL 

Historia  de  Laura. 

Voy  à  contarte  lo  mas  compendiosamente  que  pueda  por  que 
casu^dad  abrazé  la  profesion  cômica.  Despues  que  tan  honrada- 
meote  me  dejàste ,  sucediëron  grandes  acontecimientos.  Mi  ama 
Arsenifiymas  decansada  que  de  disgustada  del  mundo,  abjurô 
el  teatro ,  y  me  llevô  consigo  à  una  hermosa  hacienda  que  acababa 
deconaprsr  cerca  de  Zamora  con  monedas  extrangeras.  Bien  pres- 
to hicimos  conocimientos  en  esta  ciudad ,  à  la  que  ibamos  coq 
frecuencia,  y  en  donde  nos  deteniamos  uno  ô  dos  dias. 

En  uno  de  estos  viajeciUos  don  Felix  Maldoaado ,  hijo  ùnico 
del  corregidor,  me  viô  casualmente,  y  le  cai  en  gracia.  Buscô 
ocasion  de  hablarme  à  solas ,  y ,  por  no  ocultarte  nada ,  yo  con- 
tribai  dgo  para  hacërsela  hallar.  Este  caballero  no  tenia  Teinte 
aâos  p  era  hermoso  como  un  sol ,  su  persona  muy  bien  formada^ 
y  eneantaba  mas  todayia  con  sus  modales  amables  y  generosos 
que  COB  su  cara.  He  ofreciô  con  tan  buena  Toluntad  y  tanta  ins- 
tancia  un  grueso  brillante  que  Uevaba  en  el  dedo ,  que  no  pude 
minofl  de  admitirlo.  Estaba  muy  gustosa  y  vana  con  un  galan  tan 
amable  ;  pero  \  que  mal  hacen  las  mozuelas  ordinarias  en  pren- 
darse  de  los  hijos  de  fieunilia  cuyos  padres  tienen  autoridad  I  £1 
torregidor ,  que  era  el  mas  serero  de  los  de  su  dase ,  advertido 
de  Buestro  Irato»  procurô  evilar  con  presteza  sus  résultas.  Me 


318  GIL  BLAS. 

hizo  prender  por  ana  coadriBa  de  esbirros  que,  à  pesar  de  vàê 
gritos ,  me  Deyiron  al  hospido  de  la  Caridad. 

Alii ,  sin  mas  forma  de  proceso ,  la  soperiora  me  hizo  despo- 
jar  de  mi  anillo  y  vestidos ,  y  poner  un  largo  saco  de  sarga  ce- 
nidento ,  ceflido  por  la  dntora  con  una  ancha  correa  negra  de 
caero ,  de  la  que  pendia  un  rosario  de  cuentas  gordas  que  me 
Uegaba  hasta  los  talones.  Despues  me  Ileyéron  é  una  sala  en 
donde  encontre  un  fraile  viejo  de  no  se  que  ôrden,  que  princK 
piô  à  Qxhortarme  à  la  penitenda ,  del  mismo  modo  poco  mas  6 
mènos  que  la  seflora  Leonarda  te  exhortô  é  ti  i  la  pactencia  en 
el  sôtano.  Me  dijo  debia  estar  muy  agradedda  é  las  personas  que 
me  mandaban  encerrar  alli ,  pues  que  me  bacian  un  gran  bene- 
iido  sacândome  de  los  lazos  del  demonio,  en  los  cuales  estaba 
infelizmente  enredada.  Te  confieso  francamente  mi  ingratitud; 
muy  lèjos  de  ser  agradecida  é  los  que  me  habian  hecho  este  favor, 
les  echaba  mil  maldiciones. 

Ocho  dias  pasè  sin  hallar  consuelo  ;  pero  é  los  nuere ,  porqne 
yo  contaba  hasta  los  minutos ,  mi  suerte  pareciô  querer  mudar 
de  aspecto.  Al  atravesar  un  patio  pequeflo  encontre  al  mayoi^ 
domo  de  la  casa,  que  todo  lo  mandaba,  y  hasta  la  superiora  le 
obedecia.  No  daba  las  cuentas  de  su  administracion  sino  al  cor— 
regidor,  de  quien  ùnicamente  dependia ,  y  que  tenia  una  entera 
confianzaenèl.  Llamébase  don  Pedro  Zendono,  natural  de  Salce- 
do  en  Yizcaya.  Figûrate  un  hombre  alto,  pélido,  descamado,  y 
de  una  catadura  propia  para  moddo  de  una  pintura  del  buen  la- 
dron.  Parecia  que  ni  aun  miraba  à  las  hermanas.  Gara  tan  hipô- 
crita  no  la  habràs  visto  aunque  hayas  estado  en  el  palacio  arzo- 
bispal. 

Encontre,  pues,  continua  ella,  al  sefior  Zendono,  que  me  detUTO, 
dicièndome  :  Consnélate,  hija  mia,  estoycompadecMo  de  tus  des- 
gradas.  Nada  mas  dijo,  y  continué  su  camino,  dejando  à  mi  arbitrio 
hacer  los  comentarios  que  quisiese  sobre  un  texto  tan  laoônico. 
Como  yo  le  tenia  por  un  hombre  de  bien,  me  imaginaba  ftcilmente 
que  se  habia  tornado  el  trabajo  deexaminar  la  causa  de  mi  encierro, 
y  que  no  hallàndome  bastante  culpable  para  mereoer  que  se  me 
tratara  tan  indignamcnte ,  queria  empeflarse  en  mi  favor  oon  el 
corregidor.  Pero  conocia  mal  al  Vizcaino ,  sus  intendones  eran 
otras.  Habia  proyectado  en  su  mente  hacer  un  viage ,  del  que  me 
diô  parte  algunos  dias  despues.  Amada  Laura  mia,  me  dijo ,  es 
tanto  lo  que  siento  tus  trabajos ,  que  he  resuelto  poner  fin  i 
ellos.  No  ignoro  que  esto  es  querer  perderme  ;  pero  ya  no  soy 
mio ,  ni  puedo  vivir  mas  que  para  ti.  La  situacion  en  que  te  veo 
me  atraviesa  el  aima,  y  asi  intento  sacarte  mafiana  de  tu  encierro, 
y  Ilevarte  yo  mismo  à  Madrid,  sacrificàndolo  todo  al  placer  de  ser  ta 
libertador.  Poco  me  feltô  para  morir  de  gozo  al  oir  i  Zendono; 
el  cual  juzgando  por  mis  extremos  que  lo  que  yo  mas  deseaba 


LIBRO  SÉPTIMO.  319 

era  escaparme ,  toTO  al  dia  sigaieote  la  osadia  de  robarme  â  yista 
de  todos  del  modo  que  Toy  à  contar.  Dijo  é  la  snperiora  que 
tenia  ôrden  para  UeTanne  à  presencia  del  corregidor,  que  se  ha- 
Daba  en  una  casa  de  recreo  é  dos  léguas  de  la  ciudad,  y  me  hi- 
zo  con  todo  descaro  subir  con  éi  en  una  silla  de  posta ,  tirada  de 
dos  bnenas  mulas  que  habia  comprado  para  el  caso.  No  lleyaba* 
mos  con  nosotros  mas  que  un  criado  que  conducia  la  sîUa ,  y  que 
era  enteramente  de  la  confianza  del  mayordomo.  Comeuz^os  à 
caminar,  no  como  yo  ereia  hicia  Madrid ,  sino  hâcia  las  Monte- 
ras de  Portugal,  é  donde  llegàmos  en  ménos  tiempo  del  que  ne- 
œsitaba  el  corregidor  de  Zamora  para  saber  nuestra  Aiga  y  des- 
pachar  en  nuestro  seguûniento  sus  galgos.  Antes  de  entrar  en 
firaganza  el  Vizcaino  me  hizo  poner  un  Testido  de  hombre  que 
Ueraba  prcvenido ,  y  contândome  ya  por  suya ,  me  dijo  en  la 
hosteria  donde  nos  idojAmos  :  Bella  Laura ,  no  tomes  à  mal  que 
te  haya  traido  â  Portugal.  £1  corregidor  de^Zamora  nos  harà 
boflcar  en  Auestra  patria  como  â  dos  criminales  â  quienes  la  Es- 
paOa  no  debe  dar  ningun  asilo  ;  pero ,  afiadiô  ël ,  podemos  po- 
oernos  é  eubierto  de  su  resentimiento  en  este  reino  extrafio , 
aaoqae  en  el  dia  esté  sujeto  al  dominio  espaflol  :  à  lo  ménos  es- 
tarémos  aqui  mas  seguros  que  en  nuestro  pais.  Dèjate  pues  per- 
saadir,  éngel  mio  :  sigue  â  un  hombre  que  te  adora  ;  vamos  A 
y'xyir  à  Coimbra;  alli  pasarëmos  sin  temor  nuestros  dias  en  me- 
dio de  onos  padficos  placeres. 

Una  propuesta  tan  eficaz  me  hizo  ver  que  trataba  con  un  ca- 
ballero  é  quien  no  gustaba  servir  de  conductor  â  las  princesas 
por  la  gloria  de  la  cabaOeria.  Comprend!  que  contaba  mucho 
con  mi  agradecimiento,  y  aun  mas  con  mi  miseria.  Sin  embargo, 
manque  estos  dos  motivos  me  hablaban  en  su  fevor,  me  negué 
renieltamente  A  lo  que  me  proponia.  Es  yerdad  que  por  mi  parte 
tenia  dos  razones  poderosas  para  mostrarme  tan  reseryada , 
poes  no  era  de  mi  gusto  ni  lo  creia  rico.  Pero  cuando  volviendo 
i  estrecharme  ofireciô  ante  todas  cosas  casarse  conmigo,  y  me 
lûzo  ver  palpablemente  que  su  administracion  le  habia  snmim's- 
trado  caudal  para  mucho  tiempo,  no  lo  oculto ,  comenzé  à  escu- 
<^le.  Me  deslumbrô  el  oro  y  la  pedrerla  que  me  enseAô ,  y 
^ténces  expérimenté  que  el  interes  sabe  hacer  trasformaciones 
tan  bien  eomo  d  amor.  Mi  Vizcaino  fiié  poco  à  poco  haciéndose 
otro  hombre  à  mis  ojos  :  su  cuerpo  alto  y  seoo  se  me  représenta 
<le  ana  estatura  Bna  y  delicada  ;  su  palidez  una  blancura  hermosa, 
y  hasta  su  aspecto  hipôcrita  me  mereciô  un  nombre  fevorable* 
£nt6nces  aceplé  sin  repugnancia  su  mano  à  presencia  del  cielo,  à 
qnien  tome  por  testigo  de  nuestra  union.  Despues  de  esto  ya  no 
tQTo  que  experimentar  ninguna  contradiocioa  por  mi  parte ,  y  si- 
guiendo  nuestro  camino,  muy  presto  Coimbra  recibiô  dentro  de 
s»8  muros  à  un  nueyo  matrimonio. 


aao  GIL  BLAS. 

Mi  iiiiri4o  me  oomprô  muy  boeooi  veslidas  de  moger,  y  me 
regalô  machos  diamantes  »  entre  los  coales  conod  d  de  don  Felix 
llaJdonado.  No  necesité  mas  para  adivinar  de  donde  yenmo 
todas  las  piedras  preciosas  qve  yo  habia  yisto  >  y  para  persoa- 
dinne  de  que  no  me  habia  casado  con  on  rigido  observador  del 
sëpdmo  articulo  del  Decàlogo  ;  pero  consideràndome  como  la 
causa  primera  de  sus  juegos  de  manos  se  los  perdonaba.  Una 
muger  disculpa  hasta  las  malas  acdones  que  haoe  oomecer  so 
hermosura;  y  â  no  sor  esto ,  ;  que  mal  hombre  me  hubiera  pa- 
reddo! 

Dos  6  très  meses  pasë  con  ai  bastante  gustosa ,  porqve  me 
bacia  mil  carifios,  y  parecia  amarme  tiemamente*  Sia  embargo , 
las  pruebas  de  amistad  que  me  daba  no  eran  mas  que  falsas 
apariencias.  £1  bribon  me  engaûaba,  y  me  preparaba  el  trato 
que  toda  soltera  seducida  por  un  hombre  infâme  debe  esperar 
de  él.  Un  dia  à  mi  ^uelta  de  misa  no  encontre  en  la  casa  mas 
que  las  paredes.  Los  muebles  y  hasta  mis  ropas  habian  desapa- 
reddo.  Zendono  y  su  fiel  criado  habian  tornado  tan  bien  sus 
medidas,  que  en  ménos  de  una  hora  se  habia  ejecutado  comple- 
tamente  el  despojo  de  mi  casa;  de  modo  que  con  el  solo  vestido 
que  lle^aba  puesto ,  y  la  sortija  de  don  Felix  que  por  fortuna 
tenia  en  el  dedo ,  me  yi  como  otra  Ariadna  abandonada  de  un 
ingrato.  Pero  te  aseguro  que  no  me  entretuve  à  baoer  elegias 
sobre  mi  infortunio ,  antes  bien  di  gracias  al  cielo  por  haberme 
librado  de  un  perverso  que  no  podia  ménos  de  caer  tarde  ô  tesi- 
prano  en  manos  de  la  justicia.  Miré  el  tiempo  que  habiamos  pa- 
sado  juntos  como  ^n  tiempo  perdido  que  yo  no  tardaria  en 
reparar.  Si  hubiera  querido  permanecer  en  Portugal  y  entrar  al 
servicio  de  alguna  seftora  ilustre ,  las  habria  teoido  de  sobra; 
pero  ya  fuese  el  amor  que  tenia  à  mi  pais,  à  y  a  fiiese  arrastrada 
por  la  fuerza  de  mi  estrella  que  me  preparaba  alli  mejor  suerte, 
solo  pensé  en  yolver  é  yer  â  Espada.  Vendi  el  diamante  à  un 
joyerOy  que  me  di6  su  importe  en  monedas  de  oro»  y  sali  con 
una  seûora  espaftola,  ya  anciana,  que  iba  à  Sevilla  eo  una  silla 
yolante. 

Esta  seûora ,  llamada  Dorotea ,  venta  de  ver  à  una  parienu 
suya  que  \ivia  en  Coimbra,  y  se  yoKia  à  Sevilla  en  donde  tenia 
su  casa.  Cougeniàmos  ambas  de  tal  modo,  que  desde  la  primera 
Jornada  trabàmos  amistad ,  la  que  se  estrechô  tanto  en  el  cami- 
no,  que  cuando  UegÀmos  à  Sevilla  no  me  permiti6  alojar  sino  en 
su  casa.  No  tuve  motiyo  para  arrepentirme  de  haber  hecho  se- 
mejante  conocimiento ,  pues  no  he  yisto  jamas  muger  de  mejor 
carécter.  TodaySa  se  descubria  en  sus  facdones  y  en  la  yiyeza  de 
sus  ojos  que  en  su  moc^sdad  habria  hecho  puntear  à  sus  rejas 
bastantes  guitarras,  y  por  eso  sin  duda  habia  tenido  muchos 
maridos  nobles ,  y  yiyia  honradamente  coa  lo  que  le  d^éron. 


LIBRO  SËPTIHO.  321 

Entre  ocras  exodentes  prendas  tenia  la  de  ser  may  oompasiya 
con  las  doncellas  desgraciadas.  Cnando  le  conté  mis  infortunîos 
tomô  con  tanto  ardor  mi  causa  qoe  Uenô  de  maldiciones  à  Zen- 
dono.  I  Ah  perros  I  dijo  en  an  tOno  qae  parecia  haber  encontrado 
en  sa  Tîaje  algun  mayordomo;  {misérables  !  en  el  mando  hay.  bri- 
bones  qae  como  este  se  deleitan  en  engafiar  é  las  mageres.  Lo 
qae  me  consoela ,  qaerida  hija  mia ,  es  qae ,  segun  tu  relacion  ^  no 
estes  ligada  con  el  pérfido  Vizcaino.  SI  tu  casamiento  con  él  es 
bsstante  baeno  para  servirte  de  disculpa ,  en  recompensa  es  bas- 
tante  malo  para  permitirte  contraer  otro  mejor  cuando  halles 
ocasion  para  ello. 

Todos  los  dias  salia  con  Dorotea  para  ir  é  la  iglesia ,  6  à  visî- 
tar  i  dguna  amiga,  que  es  el  medio  segnro  de  encontrar  pron- 
tamente  algana  aventura.  Me  atraje  las  miradas  de  muchos  caba- 
llerosy  entre  los  cuales  algunos  quisiéron  tentar  el  vado.  Habléron 
por  segunda  mano  à  mi  vieja  patrona;  pero  los  unos  no  tenian 
CDD  que  soportar  los  gastos  de  an  menage ,  y  los  restantes  to- 
dayia  eran  unos  babosos ,  io  que  bastaba  para  qaitarme  la  gana 
de  escacharlos,  sabiendo  por  mi  experienda  las  consecuendas 
de  ello.  Un  dia  nos  ocurrié  ir  à  yer  representar  los  cômicos  de 
SeyQla,  que  habian  anunciado  en  los  carteles  la  representacion  de 
la  comedia  femosa  El  Embajador  de  si  mwno,  compuesta  por 
Lope  de  Yega  Carpio. 

Entre  las  actrices  que  se  presentâron  en  el  teatro ,  yi  à  una  de 
mis  antignas  amigas,  à  Fenicia,  aquella  moza  gorda,  pero  muy 
alegre,  que  te  acordaris  era  criada  de  Florimunda,  y  con  quien 
ceoàste  algunas  yeces  en  casa  de  Arsenia.  Sabia  yo  muy  bien  que 
Penida  hacia  mas  de  dos  afios  que  no  estaba  en  Madrid ,  pero 
ignoraba  que  fuese  cômica.  Era  tal  la  fanpaciencia  que  tenia  de 
ad>rasarlay  qae  me  parecié  larguisima  la  pieza.  Quizà  tenian  tam- 
bien  la  calpa  los  que  la  representaban ,  que  no  lo  hacian  ni  tan 
bien  ni  tan  mal  que  me  diyirtieran  ;  porque  te  confieso  que  ^  como 
soy  tan  risuefta,  un  cômioo  perfectamente  ridiculo  no  me  divierte 
ménos  que  uno  excelente.  En  fin,  llegado  el  esperado  momento, 
es  decir,  el  fin  de  la  femosa  comedia ,  fiiimos  mi  viuda  y  yo  al 
vestuario ,  en  donde  yfanos  à  Fenida  que  hacia  la  desdeflosa  y  es- 
cachando  con  melindres  el  dulce  gorgeo  de  un  tiemo  pajarito , 
que  al  parecer  se  habia  dejado  coger  con  la  liga  de  su  declama- 
cion.  Luego  que  me  yiô  se  despidiô  de  él  cortesmente ,  yino  à  mi 
con  los  brazos  abiertos,  y  me  diô  todas  las  muestras  de  amistad 
imaginables.  Por  mi  parte  la  abrazé  con  el  mayor  agrado.  Mutua- 
mente  nos  maniféstàmos  el  placer  que  teniamos  en  yolyernos  à 
^er;  pero  no  permitiéndonos  el  tiempo  ni  el  sitio  metemos  en 
una  larga  conversadon,  dejémos  para  el  dia  inmediato  el  hablar 
en  su  casa  mas  extensamente. 

El  gosto  de  hablar  es  ona  de  las  pasiones  mas  ytyas  de  las  mu- 

21 


322  GIL  BLAS. 

gères,  y  particiilanneiite  la  mia.  No  pade  pegar  los  «^os  ei|  coda 
la  noche,  tal  era  el  deseo  que  teria  de  yerme  con  Fenida,  y 
hacerle  preguutas  sobre  preguntas.  Dios  sabe  si  fui  p^ezosa 
para  leyantarme  ë  ir  à  donde  me  habia  dicho  que  viyia.  Estaba 
alojada  con  toda  la  compaftia  en  un  gran  meson.  Una  criada  que 
encontre  al  entrar,  y  à  quien  supliquë  me  condujese  al  cuarto 
de  Fenîcia,  me  hizo  subir  à  un  corredor,  à  lo  largo  del  cual 
habîa  dlez  6  doce  cuartos  pequeftos ,  separados  solamente  por 
unos  tabiques  de  madera ,  y  ocupados  por  la  cuadrilla  alegre.  Mi 
conductora  tocô  à  una  puerta»  la  cual  abrio  Fenicia,  cuya  lengna 
rabiaba  tanto  como  la  mia  por  hablar.  Apénas  nos  tomimos  eï 
tiempo  de  sentarnos ,  y  nos  pusimos  en  disposicion  de  parlar  sin 
césar.  Teniamos  que  preguntamos  sobre  tantas  cosas^  que  se 
atropellaban  las  preguntas  y  las  respuestas  de  un  modo  extraor- 
dinario. 

Despues  de  haber  contado  mutuamente  nuestras  aventuras,  é 
instruidas  del  sictual  estado  de  nuestros  asuntos,  me  preguntô 
Fenicia  que  partido  queria  tomar  :  porque  al  fin ,  me  dijo ,  es 
preciso  hacer  alguna  cosa ,  no  estando  bien  yisto  en  una  persona 
de  tu  edad  el  ser  inùtil  à  la  sociedad.  Respondile  que  habia  re- 
suelto ,  hasta  encontrar  mejor  fortuna ,  colocarme  con  alguna 
seftorita  distinguida.  Quitate  alla ,  exdamô  mi  amiga ,  no  pienses 
en  eso.  {Es  posible,  amiga  mia,  que  aun  no  te  bayas  cansado 
de  servir?  ;no  te  bas  £astidiado  de  estar  sujeta  à  la  voluntad  de 
otros ,  respetar  sus  caprichos ,  oir  que  te  r^aûan,  y  en  ana  pa- 
labra de  ser  esclava?  ;Porqué  no  abrazas  como  yo  la  vida  cô- 
mica?  ninguna  cosa  es  mas  conveniente  para  las  personas  de  ta- 
lento  que  carecen  de  posibles  y  de  lucida  cuna.  Es  un  esUido 
medio  entre  la  nobleza  y  la  plèbe,  una  condidon  libre  y  desem- 
barazada  de  las  étiquetas  mas  incômodas  de  la  vida  civil.  Nues- 
tras rentas  nos  las  paga  en  moneda  contante  el  publico ,  que  es 
el  poseedor  de  sus  fondos  ;  en  una  palabra ,  siempre  vivinios 
alegres ,  y  gastamos  nuestro  dinero  del  mismo  modo  que  le  ga- 
namos. 

El  teatro ,  prosiguiô,  favorece  sobre  todo  à  las  mugeres.To- 
davia  me  salen  los  colores  al  rostro  siempre  que  me  acuerdo 
de  que  cuando  servia  à  Florimunda  no  oia  sino  à  los  criados  de 
la  compaftia  del  Principe,  y  que  ningun  hombre  de  suposidoo 
me  miraba  à  la  cara.  ^De  que  nacia  esto?  de  que  yo  no  hacia 
alli  papel  :  por  buena  que  sea  una  pintura ,  no  se  célébra  si  no 
se  expone  à  la  vista  pùblica.  Pero  despues  que  me  puse  en  dia- 
pines ,  esto  es,  que  pareci  en  las  tablas,  ;  que  mudanza!  Traigo 
al  retortero  é  los  mejores  mozos  de  los  pueblos  por  donde  ps- 
samos.  Una  cômica  tiene  cierto  atractivo  en  su  oficio  :  si  es  di^ 
creta,  qniero  decir  que  no  fevorece  mas  que  à  un  solo  amante, 
esto  le  hace  un  honor  distingoido  ;  se  célébra  su  moderadon,  l 


UBRO  SÉPTIMO.  323 

coando  mada  de  galan  la  miran  como  una  verdadera  vinda  que 
se  Yiieiye  à  casar.  Y  aan  à  una  viuda  se  la  mira  con  dcsprecio 
si  contrae  terceras  nupcias ,  porque  no  parece  sino  que  esto  hiere 
la  delicadeza  de  los  hombres  ;  al  paso  que  una  dama  parece  ha- 
cerse  mas  apreciable  à  medida  que  aumenta  el  numéro  de  sus 
foyorecidos,  pues  today  ia  despues  de  haber  tenido  cien  cortejos 
es  un  manjar  apetitoso. 

ik  quien  cuentas  eso?  interrumpi  yo  al  Uegar  aqui:  ipiensas 
ta  que  ignore  esas  yentajas?  las  he  considerado  muchas  yeces; 
y,  babl&ndote  sin  ningun  disimulo ,  te  digo  que  lisonjean  sobrado 
a  una  muchacha  de  mi  genio.  Conozco  en  mi  mucha  inclinacion  à 
lavidacômica;  pero  esto  no  basta,  pues  se  requière  talento,  y 
yo  DO  tengo  ninguno  :  algunas  yeces  me  he  puesto  à  recitar  re- 
ladones  de  comedia  delante  de  Arsenia ,  y  no  ha  quedado  satisfecha 
de  mi,  lo  que  me  ha  hedio  no  gustar  del  arte.  No  es  extrafto 
que  le  hayas  disgustado,  repliée  Fenicia:  ^ignoras  que  esas 
grandes  actrices  son  por  lo  comun  enyidiosas?  à  pesar  de  su 
vanidad  temen  se  les  presenten  personas  que  las  desluzcan.  En 
fin,  yo  sobre  este  asunto  no  me  atendria  solamente  al  yoto  de 
Arsenia;  su  decision  no  ha  sîdo  sinoera.  Digote  sin  lisonja  que 
has  nacido  para  el  teatro.  Tienes  naturalidad ,  accion  despejada 
y  may  graciosa,  un  metal  de  yoz  suaye,  buen  pecho,  y'sobre 
todo  un  buen  palmito  de  cara.  |^h,  picaruela^  à  cuantos  encan- 
taris  si  te  haces  comedianta  ! 

A  esto  aftadiô  otras  expresiones  seductoras,  y  me  hizo  deda- 
mar  algunos  yersos  para  conyencerme  â  mi  misma  de  la  exce- 
lente  disposicion  que  tenia  para  el  teatro  ;  y  habiéndome  oido , 
héron  mayores  sus  elogios ,  hasta  decirme  que  me  ayentajaba  à 
todas  las  actrices  de  Madrid.  En  yista  de  esto  no  debia  ya  dudar 
de  mi  mèrito ,  ni  dejar  de  acusar  à  Arsenia  de  enyidia  y  de 
mala  fe.  Me  fué  preciso  conyenir  en  que  mi  persona  yalia  mucho. 
Feniciame  hizo  repetir  los  mismos  yersos  delante  de  doscômicos 
que  entrévon  en  aquella  sazon ,  los  que  se  quedàron  pasmados , 
y  cuando  yoWiéron  de  su  admiracion  fué  para  colmarme  de  ala- 
banzas.  Hablando  seriamente,  te  aseguro  que  aunque  los  très 
bnbieran  ido  à  porfia  sobre  quien  me  habia  de  elogiar  mas,  no 
bobieran  empleado  mas  hipërboles.  Hi  modestia  tuyo  poco  que 
padecer  con  tantos  elogios.  Principié  à  créer  que  yalia  algo,  y 
berne  aqui  resuelta  â  abrazar  la  profesion  cômica. 

No hablemos  mas,  querida  mia,  dije  à  Fenicia,  esta  hecho  : 
quiero  seguir  tu  consejo ,  y  entrar  en  la  compaûia  si  no  hay  incon- 
veniente.  k  esto  mi  amiga,  arrebatada  toda  de  gozo,  me  abrazô, 
y  SOS  dos  Gompaâeros  no  manifestaron  ménos  alegria  que  ella 
^  yer  mideierminacion.Quedàmos  en  que  al  dia  siguiente  por  la 
inaftana  iria  al  teatro,  y  repetiria  delante  de  toda  la  compaflia  el 
Biismo  ensayo.  Si  en  ca3ai  de  Fenicia  adquiri  upa  opinion  yenta- 


8M  GIL  BLAS. 

josa,  todavia  toe  mas  fiiyorable  la  de  loa  comediantes  despaes 
que  recite  en  8u  presencia  solo  unos  veinte  versos;  7  aai  me  re- 
cibièron  may  gostosos  en  la  compafiia.  Desde  enfonces  pose  mi 
atendon  solo  en  el  modo  con  que  habia  de  salir  la  primera  rei 
i  las  tablas.  Para  qae  fùese  oon  mas  ladmiento ,  gasté  todo  d 
dinero  que  me  quedaba  de  la  sortija  ;  7  si  no  me  présenté  coo 
ostentacion ,  à  lo  ménos  hallé  el  arte  de  snplir  la  fÛta  de  mag- 
nificenda  oon  on  gnsto  delicado.  Presentéme  en  fin  por  la  pri- 
mera yez  en  la  escena  :  {qaé  pahnadas!  {qoé  aplansos!  no 
fijtarë ,  amigo  mio ,  é  la  modestia  si  te  digo  qae  arrebaté  h 
atendon  de  los  espectadores.  Era  preciso  haber  presenciado  la 
celebridad  qae  adqairi  en  Seyilla  para  creerla«  Foi  el  objecto 
de  todas  las  oon^ersaciones  de  la  ciudad ,  la  que  por  très  se- 
manas  acudiô  à  bandadas  à  la  comedia ,  de  modo  que  la  00m- 
paftia  con  esta  novedad  atrajo  al  pàblico ,  que  ya  empezaba  à 
desampararla.  Me  présenté  de  un  modo  que  hechizô  A  todos, 
lo  que  Aie  publicar  que  me  yendia  al  que  mas  diera.  Una  infi- 
nidad  de  sugetos  de  todak  edades  7  condiciones  viniéron  à  ofre- 
cerme  sus  obsequios  7  fiicultades.  Por  mi  gusto  hubiera  esco- 
gido  al  mas  jôven  7  bonito  ;  pero  nosotras  solamente  debemos 
mirar  al  interes  7  à  la  ambicion  cuando  se  trata  de  tomar  ana 
amistad.  Esta  es  régla  del  teatro  :  por  cu7a  razon  mereciô  la 
prefèrenda  don  Ambrosio  de  Nisafta,  hombre  7a  viejo  7  de  mu7 
rara  figura ,  pero  rico ,  generoso ,  7  ono  de  los  sefk>res  mas  pode- 
rosos  de  Andalucia.  Es  yerdad  que  le  costô  caro.  Tomô  para  mi 
una  hermosa  casa  ,  la  adomô  magnificamente ,  me  bnsc6  un  baen 
codnero  ,  dos  laca70Sy  una  doncella ,  7  me  seAaI6  para  el  gasto 
mil  ducados  mensuales.  Afiade  A  esto  ricos  yestidos  7  muchas 
jo7as.  Arsenia  nunca  llegô  é  un  estado  tan  brillante. 

\  Que  mudanza  en  mi  fortuna  !  ni  aun  70  podia  comprenderh, 
ni  me  conoda  à  mi  misma;  por  lo  que  no  me  espanto  de  que 
ha7a  tantas  que  se  olyiden  prontamente  de  la  nada  7  miserta  de 
donde  las  sacô  el  capricho  de  algun  poderoso.  Te  confieso  in- 
genuamente  que  los  aplausos  del  publico ,  las  expresiones  lison- 
jeras  que  oia  por  todas  partes  7  la  pasion  de  don  Ambrosio 
me  infondiéron  una  yanidad  que  llegô  hasta  la  extrayagancia. 
Miré  mi  habilidad  como  un  titnlo  de  nobleza ,  7  tome  el  aire  de 
seAora;  7a  escaseaba  tanto  las  miradas  cariik>sas,  cuanto  las  ha* 
bia  prodigado  antes;  de  suerte  que  me  puse  en  el  pié  de  no  ha- 
cer  caso  sino  de  duques ,  condes  7  marqiieses. 

El  seftor  de  Nisafta  cou  algunos  de  sus  amigos  yenia  todas  las 
noches  à  cenar  é  casa  :  70  por  mi  parte  procuraba  juntar  las  c6- 
micas  mas  diyertidas,  7  pasabamos  la  ma7or  parte  de  la  noche  en 
beber  7  reir.  Una  yida  tan  agradable  me  acomodaba  macho  ;  pero 
no  durô  mas  que  seis  meses.  Si  los  seftores  no  tuyieran  la  fiici- 
lidad  de  cansarse,  serian  mu7  amables.  -Don  Ambrosio  me  dqé 


LIBRO  SËPTIMO.  ^5 

por  ana  maja  granadina  cpie  acababa  de  Uegar  à  Serilla ,  con 
mâchas  gracias,  y  el  talento  suficiente  para  hacerlas  valer.  Mi 
aflicdon  no  darô  mas  que  veinte  y  cuatro  boras,  porqne  inmedia* 
tamente  ocapô  sa  lugar  an  caballero  de  veinte  y  dos  aftos  lia- 
mado  don  Lais  de  Alcacer,  tan  bello  mozo  que  pocos  podian 
comparàrsele.  Con  razon  me  preguntarés  porquè  elegi  à  un  seâor 
tan  jÔYen,  sabiendo  qae  el  trato  con  esta  clase  de  amantes  es  pe- 
iigroso;  y  yo  te  dire  que  don  Luis  ni  tenia  padre  ni  madré  ;  y  que 
ya  disponia  de  sa  hacienda;  ademas  que  este  trato  solo  deben 
temerlo  las  criadas  y  las  misérables  aventureras;  las  mugeres  de 
nnestra  profesion  son  personas  de  titulo;  nunca  somos  responsa- 
bles de  losefectos  que  producen  nuestros  atractivos.  Desgraciadas 
las  iiamilias  à  cuyos  herederos  hemos  desplumado. 

Nos  apasionémos  tan  extremadamente  uno  de  otro  Alcacer  y 
yo,  que  dodo  baya  habido  jamas  amor  como  el  nuestro.  Nos  ama- 
bamos  con  tanto  ardor  qae  no  parecia  sino  que  estabamos  he- 
chizados:  los  qae  sabian  noestra  pasion  nos  creian  los  amantes 
mas  dicbosos  del  mundo ,  y  tal  vez  eramos  los  mas  infelices.  Don 
Lais  era  amable  por  su  rostro;  pero  tan  zeloso,  que  me  ator- 
mentaba  à  cada  instante  con  injustos  rezelos.  Por  mas  que  yo 
procurase  no  mirar  à  hombre  alguno  para  acomodarme  à  su  fia- 
queza,  su  ingeniosa  desconfianza  hallaba  delitos  con  que  inutili- 
râba  mi  cuidado.  Si  estaba  en  la  escena,  le  parecia  que  mièntras 
representaba  miraba  al  descuido  cariftosamente  é  algun  jôven ,  y 
me  llenaba  de  reconvenciones.  En  una  palabra,  nuestras  mas  tier- 
nas  conversaciones  estaban  siempre  mezcladas  de  quejas.  No  pu* 
dimos  aguantar  mas  ;  à  ambos  nos  faltô  la  paciencia ,  y  nos  sepa- 
rimos  amigablemente.  i  Créeras  tu  que  el  ultimo  dia  de  nuestra 
amistad  fiié  el  masgustoso  que  habiamos  tenido  hasta  entônces? 
Ignalmente  fatigados  los  dos  de  los  maies  que  habiamos  pade- 
cldo ,  nos  despedimos  con  la  mayor  alegria ,  semejantes  à  dos  mi- 
sérables cautivos  que  recobran  su  libertad  despues  de  una  dura 
esdavitud. 

pesde  entènces  he  procurado  precaverme  del  amor,  y  no 
qolero  mas  amistad  que  turbe  mi  reposo.  No  sienta  bien  en  nos- 
otras  suspirar  como  las  demas  mugeres,  ni  debemos  abrigar  en 
naestro  pecho  una  pasion,  cuyas  ridiculeces  hacemos  ver  al  publico. 

Entre  tanto  mi  fema  iba  tomando  mas  vuelo ,  publicando  por 
todas  partes  que  yo  era  una  actriz  inimitable.  Tanta  nombradia 
^ovi6  &  los  comediantes  de  Granada  à  que  me  escribiesen  con- 
vidàndome  con  ana  plaza  en  su  compaftia  ;  y  para  hacerme  ver 
que  b  propuesta  no  era  despreciable,  me  enviéron  ana  razon 
del  importe  de  sus  ultimas  entradas,  y  de  sus  caudales,  por  lo 
cual  pareciéndome  un  partido  ventajoso  lo  acepté,  aunque  en  lo 
ïniimo  de  mi  corazon  sentia  dejar  à  Fenicia  y  â  Dorotea ,  â 
quienes  amaba  tanto  cuanto  una  muger  es  capaz  de  amar  à  otra. 


326  GIL  BLAS. 

À  la  prûnera  la  dejé  en  SeyiDa  ocapada  en  deiretir  la  yajiDa  de 
un  platerillOy  que  por  Yanidad  qoeria  tener  por  cortejo  à  ima 
comedianta.  Se  me  ba  olvidado  dedrte  que  al  baoerme  oàmicai 
mode  por  capricho  el  nombre  de  Laora  en  el  de  Estela  »  y  ood 
este  sali  para  Granada. 

Alli  principle  mi  ejercido  oon  tanta  felicidad  oomo  en  Se- 
yiDa, ë  inmediatamente  me  yi  rodeada  de  amantes;  pero  como 
no  queria  fayorecer  sino  â  quien  dièse  boenas  seflaleSy  me 
porté  con  tal  reserya  que  pude  ofnscarlos.  Sin  embargo ,  te- 
miendo  pagar  la  pena  de  una  conducta  que  de  nada  seryia,  y 
que  no  me  era  natural ,  pensaba  declararme  à  fayor  de  un  oidor 
jôyen ,  de  nadmiento  plebeyo ,  quien  por  razon  de  su  empleo, 
de  una  buena  mesa,  y  de  arrastrar  coche,  hacia  el  papel  de 
seAor ,  cuando  yi  la  primera  yez  al  marques  de  Marialba.  Este 
seflor  portugues ,  que  yiaja  en  Espafta  por  mera  curiosidad ,  al 
pasar  por  Granada  se  detuyo.  Fuè  à  la  oomedia,  y  aquel  dia 
no  représenté  yo.  Mirô  con  mucha  atencion  à  las  actrices  que  se 
presentàron ,  hallô  una  que  le  gustô ,  y  desde  el  dia  siguiente 
empezô  à  tratar  con  ella.  Estaba  ya  para  conyenirse  cuando  me 
présenté  yo  en  el  teatro.  Mi  presencia  y  mis  monadas  yolyiéron 
prontamente  la  yeleta.  Ya  mi  Portugues  no  pensé  mas  que  en 
mi ,  y,  é  decir  yerdad,  como  yo  no  ignoraba  que  mi  oompaftera 
habia  agradado  à  este  seftor,  procuré  desbancarla,  y  tuye  la 
fortuna  de  conseguirlo.  Bien  se  que  ella  me  ha  aborrecido;  pero 
esto  poco  importa.  Debiera  saber  que  entre  las  mugeres  es  na- 
tural esta  ambicion ,  y  que  las  mas  intimas  amigas  no  hacen  escrû- 
pulo  de  ella. 


CAPITULO  VIIl. 

Del  recibiraiento  que  hid^n  à.  Gil  Bias  Ioa  comicoi  de  Granada ,  y  de  la  penona 
à  quien  reconodô  en  el  Testuario. 

En  el  punto  mismo  que  Laura  acababa  de  contar  su  historia, 
una  comedianta  yieja,  yecina  suya,  que  yenia  à  sacarla 
para  ir  à  la  comedia.  Esta  yenerable  heroina  de  teatro  hubiera 
sido  primorosa  para  hacer  el  papel  de  la  diosa  Cotis  '•  Mi  her- 
mana  no  dejô  de  presentar  su  hermano  é  esta  figura  aAeja»  y 
sobre    ello  mediàron  grandes  cumplimientos  de  ambas  partes. 

Las  dejé  solas,  diciendo  à  la  yiuda  del  mayordomo  que  iria 
é  buscarla  al  teatro  luego  que  hubiera  hecho  lleyar  mi  ropa  à 
casa  del  marques ,  que  ella  me  enseAô.  Fui  inmediatamente  al 
cuarto  que  tenia  alquilado  ,  pagué  à  mi  huéspeda ,  di  à  un  mozo 

'  Era  la  deidad  de  lof  plaoeres  Yolaptuoses, 


LIBRO  SÉPTIMO.  827 

ni  maleta ,  y  fîii  con  él  à  una  gran  posada  en  donde  estaba  alo- 
jado  mi  amo.  Encontre  é  la  puerta  é  su  mayordomo ,  cpie  me 
pregontô  si  era  yo  el  hermano  de  la  seftora  Estela.  Respondi 
qoe  si ,  y  me  dijo  :  Paes  sea  ymd.  inny  bien  venido ,  caballero. 
£1  marques  deMarîalba,  de  quien  tengo  la  honra  de  ser  mayor- 
domo ,  me  ha  mandado  os  reciba  con  todo  agasajo  :  se  le  ha  pre- 
parado  4  Tmd.  on  cuarto  ;  si^  vmd.  gasta  yo  se  lo  enseftarè. 
Me  sabiô  à  lo  ultimo  de  la  casa,  y  me  introdujo  en  un  aposento 
tan  pequefto  que  solo  cabia  una  cama  muy  estrecha,  un  armario 
y  dos  sillas  ;  ta!  era  mi  habitacion.  Ymd.  no  estarà  aqui  muy  i 
sas  aacharas,  me  dijo  mi  conductor,  pero  en  recompensa  pro- 
meto  A  Tmd.  ^e  en  Lisboa  estaré  soberbiamente  alojado.  Met! 
mi  maleta  en  el  armario ,  del  cual  me  lleve  la  Haye,  y  preguntë 
à  que  hora  se  cenaba.  Me  respondiéron  que  el  seftor  cenaba 
comunmente  fnera,  y  que  daba  à  cada  criado  un  tanto  al  mes 
para  su  mantenimiento.  Hice  algunas  otras  preguntas,  y  conoci 
que  los  criados  del  marques  eran  unes  hoîgazanes  afortunados. 
AI  cabo  de  una  breye  conyersacion  dejé  al  mayordomo ,  y  fui  à 
buscar  à  Laura»  entretenido  agrads^lemente  con  los  presagios 
de  mi  nuevo  acomodo. 

Luego  que  Ueguë  à  la  puerta  de  la  casa  de  comedias,  y  dije 
era  hermano  de  Estela,  todo  se  me  franqueô.  Hubierais  yisto 
las  centinelas  hacerme  paso  A  porfia ,  como  si  yo  fuera  uno  de 
los  principales  personages  de  Granada.  Todos  los  dependientes 
del  teatro  que  encontre  en  el  trénsito  me  hiciéron  proAindas 
reyerencias.  Pero  lo  que  yo  quisiera  poder  pintar  bien  al  lector , 
es  el  recibimiento  que  con  una  seriedad  cômica  me  hiciéron  en 
el  yestuariOy  en  donde  encontre  toda  la  compaftia  yestida  ya, 
y  pronta  &  principiar.  Los  comediantes  y  comediantas ,  à  quienes 
Laura  me  présenté,  seagolpàronhiciami.  Los  hombres  me  con- 
fimdiéroa  à  abrazos ,  y  las  mugeres  en  seguida ,  aplicando  sus 
rostres  pintados  ai  mio,  lo  Uenâron  de  arrebol  y  blanqnete.  Nin- 
guno  queria  ser  el  ultimo  i  cumplimentarme ,  y  todos  se  pusié- 
ron  à  hablarme  à  un  tiempo.  No  bastaba  yo  à  responderles  ; 
pero  mi  bermana  yino  à  mi  socorro ,  y  como  tenia  ejercitada 
la  lengua,  cumpliô  con  todos  por  mi. 

No  paréron  los  cumplimientos  en  los  actores  y  actrices  :  Aie 
precise  aguantar  los  del  tramoyista,  yiolinistas,  apuntador,  des- 
pabilador  y  sotadespabilador  ;  en  fin,  de  todos  los  dependientes 
del  teatro,  que  al  rumor  de  mi  Ilegada  yiniéron  corriendo 
^  examinar  mi  persona  :  no  pareda  sino  que  estas  gentes  eran  to- 
das  de  la  inelusa ,  que  jamas  habian  yisto  hermanos. 

Eiktretanto  empezô  la  comedia:  algunos  cabaOeros  que  estaban 
("n  el  yestuario  se  retiràron  &  tomar  sus  asientos,  y  yo,  como  de 
<^sa ,  continué  eu  conyersacion  con  los  actores  que  no  represen- 
taban.  Entre  estes  habia  uno  é  quien  llamâron  y  oi  le  nombra- 


328  GILBLAS. 

ban  Melchor.  Esle  nombre  me  choc6  ;  y  habiendo  mirado  aten- 
tamente  al  angelo  &  qnîen  se  le  daba,  me  paredô  haberle  visto 
en  algona  parte.  AI  fin  me  aoordé  de  ël ,  y  vi  que  era  Melchor 
Zapata ,  aqnel  pobre  càmico  de  la  légua  que,  como  dije  en  el  li- 
bro  legundo  de  mi  historia,  estaba  mojando  iç^ndrugos  de  pan 
en  nna  fuente. 

AI  instante  le  Ilamé  é  parte,  y  le  dije  :  Si  no  me  engaûo,  vmd. 
es  el  seftor  Melchor  con  quien  tuye  la  bonra  de  almorzar  un  dia 
i  la  orilla  de  una  dara  fiiente  entre  Valladolid  y  Segovia*  Iba  yo 
con  un  mancebo  de  barbero ,  juntimos  algunas  provisiones  que 
lievabamos  oon  las  de  vmd.,  y  compushnos  entre  los  très  ma  oo- 
mida  escasa,  que  se  sazonô  con  mil  conversaciones  agradaUes. 
Zapata  se  quedô  como  pensatÎYO  algunos  instantes,  ydespues  me 
respondiô  :  Ymd.  me  habla  de  una  oosa  de  que  sin  dificultad 
bago  memoria.  Enténces  yenia  de  Madrid ,  en  donde  habiasalido 
para  prueba  en  aquel  teatro,  y  me  voWia  i  Zamora.  Tambien 
me  acuerdo  que  mis  negocios  andaban  de  mala  data.  Y  yo  por 
esas  seftas ,  le  dije ,  vengo  en  conocimienio  de  que  vmd.  Uevaba 
un  jubon  forrado  de  carteles  de  comedias.  Tampoco  he  olvidado 
que  ymd-  se  quejaba  en  aquel  tiempo  de  que  tenia  una  muger 
muy  hoxtesta.  { Oh  !  por  esa  parte  ya  no  me  quejo ,  dijo  Zapata  oon 
precipitacion  :  {viye  diez  que  la  buena  muger  se  ha  enmendado 
en  esto,  y  asi  mi  jubon  ya  mejoip  forrado  ! 

Al  ir  à  darle  la  enhorabuena  de  tan  felis  inudanza ,  tnyo  pre- 
cision de  dejarme  para  salir  à  la  escena.  Con  el  deseo  de  cono- 
cer  â  su  muger,  me  acerquè  i  un  comediante ,  y  le  supliquè  me 
]a  mostrase,  lo  que  hizo  diciendo  :  Yéala  ymd.,  esa  es  Narcisa, 
la  mas  linda  de  nuestras  damas  despues  de  la  hermana  de  vmd. 
Juzgué  que  esta  actriz  debia  ser  aquella  à  quien  se  habia  aficio- 
nado el  marques  de  Marialba  antes  de  haber  yisto  é  su  Enda, 
y  mi  cQnjetura  no  salie  errada.  Acabada  la  oomedia  acompafiè  à 
Laura  à  su  casa  en  donde  yi  muchos  codneros  que  estaban  dis- 
poniendo  una  gran  cena.  Aqui  puedes  cenar,  me  dijo  ella.  Nada 
mënos  que  eso,  le  respondi  ;  el  marques  querrà  quisà  estar  solo 
contigo.  No,  respondiô  ella ,  ahora  yendrà  con  dos  amigos  su- 
yos ,  y  uno  de  nuestros  compalkeros  ;  y  si.  tu  quieres ,  seras  la 
sexta  persona.  Bien  sabes  que  en  casa  de  ias  cômicas  los  secre- 
tarios  tienen  priyilegio  de  comer  con  sus  amos.  Es  verdad,  le 
dije  ;  pero  todayia  no  es  tiempo  de  contarme  entre  los  sécréta- 
rios  foyoritos  :  para  obtener  este  cargo  honorifico  debo  entes 
emplearme  en  alguna  comision  de  confianza.  Diciendo  esto  dejé 
à  Laura ,  y  fui  à  mi  hosteria,  donde  hice  ânimo  de  corner  todos 
los  dias,  porque  mi  amo  no  tenia  casa. 


LIBRO  SÉPTIHO.  329 


CAPITULO  IX. 

Del  hombre  extraordinario  con  quien  Gil  Bias  ceno  aquella  noche, 
y  de  lo  que  paso  entre  ellos. 

Advert!  que  eo  un  rincon  de  la  sala  estaba  cenando  solo  ua 
firaile  viejo  vestido  de  paflo  pardo,  y  por  curiostdad  me  sente 
en  frenle  de  él  ;  salodèle  con  mucha  orbanidad ,  y  el  no  se  mos- 
tro  mtoos  cortes  que  yo.  Trajëronme  mi  pitanza,  que  principiè 
à  despachar  con  buenas  ganas ,  y  miéntras  comia  sin  dedr  una 
palabra,  miraba  frecuentemente  é  este  raro  personage,  y  siempre 
le  halle  puestos  los  ojos  en  mi.  Cansado  de  su  alian  en  mirarme , 
le  haUé  ea  estos  términos  :  Padre,  ;nos  habrémos  visto  tal  vez 
en  otra  parte  fuera  de  aqui?  Ymd.  mo  esta  observando  como  â 
an  bombre  que  no  le  es  enteramente  desconocido. 

Respondiôme  con  mucha  gravedad  :  Si  os  miro  con  esta  aten- 
cion  solo  es  para  admirar  la  singular  yariedad  de  atenturas  que 
estin  grabiadas  en  las  rayas  de  vuestro  rostro.  À  lo  que  veo,  le 
dije  con  un  aire  burlon,  yuestra  reyerencia  sabe  la  metoposco- 
pia.  Bien  podria  lisonjearme  de  poseerla,  dijo  el  firaile,  y  de  ha- 
ber  proaosticado  cosas  que  el  tiempo  no  ha  desmentido  ;  no  se 
ménos  la  quiromancia ,  y  me  atreyo  à  decir  que  mis  oràculos 
son  infialîbles  cuando  he  comparado  la  inspeccion  de  la  mano  con 
la  del  rostro. 

Aunque  aquel  yiejo  tenia  todo  el  aspecto  de  hombre  sabio , 
me  pareciô  tan  loco  que  no  pude  dejar  de  reirme  en  su  cara  ;  pero 
en  lugar  de  ofenderse  de  mi  descortesia,  se  sonriô  de  ella,  y 
despaes  de  haber  paseado  su  yista  por  la  sala,  y  aseguràdose  de 
que  nadie  nos  oia ,  continué  bablando  de  esta  manera  :  No  me 
^panto  de  yeros  opuesto  i  estas  dos  ciencias  que  en  el  dia  se 
tienen  por  firiyolas;  el  largo  y  penosoestudio  que  requieren  de»- 
^^aima  à  todos  los  sabios,  que,  deapechados  de  no  haberlas  po- 
dido  adquirir,  las  abandonan  y  desacreditan.  Por  lo  que  hace  à 
inî  no  me  ha  acobardado  la  oscuridad  en  que  estân  envueltas , 
m  tampoco  las  dificultades  que  se  suceden  sin  césar  en  la  inda- 
8^on  de  los  secretos  quimicos,  y  en  el  arte  marayilloso  de 
traosmutar  los  metales  en  oro. 

Pero  no  presumo,  prosiguiô  habiendo  tornado  nuevo  aliento, 
qoe  hablo  cou  un  jôyen  que  conceptùe  de  suejtos  mis  pensar- 
mientos.  Una  leye  prueba  de  mi  habilidad  os  dispondrà  à  juzgar 
^  &yorablemente  de  mi ,  que  todo  cuanto  pudiera  deciros. 
IKcho  e6to ,  sacô  del  bolsillo  un  frasquillo  lleno  de  un  licor  en- 
^^^niado,  y  prosiguiô  dicîendo  :  Vea  ymd.  aqui  un  elixir  que  he 
^^nipuesto  esta  maftana  del  zumo  de  ciertas  plantas  destiladas 


330  GIL  BLAS. 

por  alambiqne ,  porqne  à  imitadon  de  Demôcrito  he  empleado 
casi  toda  mi  vida  en  descnbrir  las  propiedades  de  los  simples  y  de 
los  minérales.  Vmd.  va  é  experimentar  sa  virtud.  El  yino  que  es^ 
tamos  bebiendo  es  muy  malo  ;  pnes  ra  à  ser  exqnisitCK  Al  mismo 
tiempo  echo  dos  gotas  de  su  elixir  en  mi  botella ,  que  Tolyiéron 
mi  vino  mas  delicioso  que  los  mejores  que  se  beben  en  EspaAa. 

Todo  lo  marayilloso  sorprende,  y  una  rez  preocupada  la  ima- 
ginadon,  el  jnido  se  extravia.  Pasmado  de  yer  uq  secreto  tan 
bueno ,  y  persuadido  de  que  era  menester  ser  poeo  ménos  que 
diablo  para  haberlo  hallado ,  exdamé  lleno  de  admiradon  :  ;  Oh , 
padre  mio  !  suplico  é  Tmd.  me  perdone  si  antes  le  he  tenîdo  por 
un  Tiejo  loco.  Ahora  le  hago  à  ymd.  justicia;  no  neoesîto  yer 
mas  para  estar  conyenddo  de  que,  si  quisiera,  podria  hacer  en 
un  instante  un  tejo  de  oro  de  una  barra  de  hierro.  ;  Que  dichoso 
faera  yo  si  poseyera  esa  admirable  ciencia  !  £1  cielo  os  libre  de 
tenerla  jamas ,  interrumpiô  el  yiejo  dando  un  profundb  snspîro. 
Tu  no  sabeSy  hijo  mio ,  lo  que  deseas.  En  lugar  de  enyidiarme, 
tenme  mas  bien  làstima  de  haber  tomado  tanto  trabajo  para  ha- 
cerme  infeliz.  Siempre  yiyo  inquieto ,  temo  ser  descubierto ,  y 
que  una  prision  perpétua  sea  el  premio  de  todos  mis  afaoes.  Cod 
este  temor  paso  una  yida  errante,  disfrazado  unas  yeces  de  clé- 
rigo  6  de  fraile ,  otras  de  caballero  ô  paisano.  ^  Y  te  parece  que 
sera  yentajoso  el  saber  hacer  oro  à  ese  predo?  Y  ^las  riqaezas 
no  son  un  yerdadero  suplicio  para  aquellos  que  no  las  disfirutan 
con  quietud? 

Ese  discurso  me  parece  muy  sensato ,  dije  entônces  al  fiiôsofo. 
Nada  îguala  al  gusto  de  yîyir  con  sosiego  ;  ymd.  me  hace  mirar  coo 
desprecio  la  piedra  filosofal.  Yo  os  estimaria  que  me  yaticinaseis 
lo  que  me  ha  de  acontecer.  De  muy  buena  gana ,  hîjo  mio ,  me 
respondiô  ;  ya  he  obseryado  yuestra  fisonomia  :  mostrad  yuestra 
mano.  Presentèsela  con  una  confianza  que  no  me  harà  honor  en 
el  ànimo  de  aignnos  lectores,  que  en  mi  lugar  acaso  habrian  hecho 
otro  tanto.  La  examiné  muy  atentamente ,  y  al  momento  exdamô  : 
i  Ah  !  I  y  que  de  trànsitos  de  la  afliccion  à  la  alegria ,  y  de  la'  aie- 
gria  à  la  afliccion  !  i  que  série  azarosa  de  desgracias  y  de  pros- 
peridades  !  mas  ya  habeis  experimentado  una  gran  parte  de  esta^ 
altematiyas  de  la  fortuna  ;  y  no  os  restan  mas  desgradas  qae 
probar  :  un  seftor  os  daré  un  buen  destino ,  que  ito  estari  sujeto 
à  mutacioncs. 

Despues  de  haberme  afirmado  que  podia  estar  seguro  de  su  pro- 
nôstico,  se  despidiô  de  mi  saliendo  delà  hosteria ,  donde  qaedé 
muy  pensatiyo  de  lo  que  acababa  de  oir. 

No  dudaba  yo  que  fnese  el  marques  de  Marialba  el  tal  sefior, 
y  por  consiguiente  nada  me  parecia  mas  posible  que  el  cumpli- 
miento  del  yaticinio.  Pero  cuando  yo  no  hubiese  yisto  la  mener 
apariencia  de  ello ,  no  me  hubiera  impedido  eso  el  dar  al  fraile 


LIBRO  SËPTIMO.  83f 

entero  crèdito  :  tanta  era  la  autoridad  que  por  su  elixir  habia 
cobrado  en  mi  ànimo. 

Por  mi  parte  y  para  acelerar  la  felicidad  que  me  habia  pre- 
dicho  y  determine  servir  al  marques  con  mas  afecto  que  lo  ha- 
bia hecho  à  ninguno  de  los  otros  amos.  Con  esta  resolucion  me 
retiré  é  naestraposada  con  una  alegria  imponderable  cual  nunca 
sacô  una  muger  de  casa  de  las  decidoras  de  la  buena  yentura. 

CAPITULO  X. 

De  la  oomision  qae  el  marqaes  de  Harialba  dio  i  Gil  Bias,  y  oomo  la  desempefto 
este  fiel  secretario. 

Todavia  no  habia  yuelto  el  marques  de  casa  de  su  comedianta  ; 
pero  en  su  aposento  encontre  à  los  ayudas  de  càmara  que  juga- 
ban  à  les  naipes  esperando  su  yenida.  Me  introduje  con  elles ,  y 
nos  entretuyimos  sdegremente  hasta  las  dos  de  la  madrugada  en 
que  Ilegô  nuestro  amo.  Sorprendiôse  un  poco  al  yerme ,  y  me 
dijo  con  una  afabilidad  que  daba  à  entender  volyia  contente  de 
su  yisita  :  Gil  Bias»  ^porqué  no  te  has  acostado?  Yo  le  res- 
pond! que  queria  saber  antes  si  tenia  alguna  cosa  que  mandarme. 
Puede  ser,  dijo»  te  encargue  por  la  maftana  un  asunto,  y  en- 
tances  te  darè  mis  ôrdenes.  Ye  à  descansar,  y  sabe  que  te  dis- 
penso  de  esperarme,  pues  me  bastan  los  ayudas  de  càmara. 
Bespnes  de  esta  adyertencia»  que  no  dejô  de  agradarme,  pues 
me  excasaba  la  sujecion  que  algunas  yeces  hubiera  lleyado  con 
disgusto  y  dejè  al  marques  en  su  cuarto ,  y  me  retiré  é  mi  guar- 
dnia.  Me  acosté  ;  pero  no  pudiendo  dormir,  segui  el  consejo  de 
Pitégoras,  de  traer  à  la  memoria  por  la  noche  lo  que  hemos  bê- 
che en  el  dia  para  aplaudir  nuestras  buenas  acciones,  6  vituperar 
las  malas. 

Mi  conciencia  no  estaba  tan  limpia  que  dejase  de  remorderme 
haber  apoyado  la  mentira  de  Laura.  Por  mas  que  yo  me  decia 
para  disculparme  de  que  no  habia  podido  decentemente  desmentir 
à  una  muchacha  que  no  habia  tenido  otra  mira  que  la  de  mi 
bien ,  y  que  en  algun  modo  me  habia  visto  en  la  precision  de  ser 
complice  de  su  engafio;  poco  satisfecho  de  esta  excusa,  yo  mismo 
me  respondia  que  no  debia  Ueyar  tan  adelante  el  embuste ,  y  que 
era  demasiado  descaro  el  querer  vivir  con  un  sefior  cuya  con- 
fianza  pagaba  tan  mal.  En  fin,  despues  de  un  severe  examen  con- 
fine en  que  si  no  era  un  bribon  me  ialtaba  poco. 

Pasando  de  aqui  à  las  consecuencias,  reflexionë  que  aventuraba 
mncho  en  engafiar  i  un  hombre  de  distincion,  quien  por  mis  pe- 
cados  acaso  tardaria  poco  en  descubrir  el  enredo.  Una  reflexion 
tan  juiciosa  aterrô  algun  tanto  mi  espiritu;  pero  bien  presto  des-* 


332  GIL  BLAS. 

Taneciéron  mi  temor  las  ideas  del  contento  y  del  interes.  Por  ocra 
parte  la  profecia  del  hombre  del  elixir  hubiera  bastado  para  tran- 
quilizarme;  y  asi  me  entregué  i  imàgenes  muy  risaeftas-Me  pase 
à  hacer  cuentas  de  aritmèlica  y  à  calcular  paraconmigo  mismo  la 
suma  à  que  asoenderian  mis  salarios  al  cabo  de  diez  aftos  de  ser- 
vicio.  A  esto  aAadi  las  gratificaciones  que  redbiria  de  mi  amo;  y 
midiëndolas  por  su  caràcter  liberal ,  ô  mas  bien  segun  mis  deseos , 
tenia  una  intemperancia  de  imaginacion,  si  puede  hablarse  de  este 
modo ,  que  no  ponia  limites  à  mi  fortuna.  Tanta  félicidad  me  oon- 
ciliô  poco  à  poco  el  suefio ,  y  me  quedé  dormido  haciendo  castillos 
en  el  aire. 

Por  la  maftana  me  levante  cosa  de  las  naeTe  para  ir  à  recîbir 
las  ôrdcnes  de  mi  amo  ;  pero  al  abrir  mt  puerta  para  salir,  me  ad- 
miré de  verle  venir  en  bâta  y  gorro.  Estaba  solo ,  y  me  dijo  :  Gil 
Bias ,  al  despedirme  anoche  de  tu  hermana ,  le  ofreci  pasar  é  su 
casa  esta  maftana ,  pero  un  negocio  de  importancia  no  me  permite 
cumplirlo.  Vey  dUe  de  mi  parte  cuanto  siento  esteoontratiempo, 
y  asegùrale  que  aun  cenaré esta noche con  ella.Noes  esto  lo  mas, 
afiadiô  entregàndome  una  boisa  con  una  cajita  de  zapa  guamecida 
de  piedras  ;  llëvale  mi  retrato ,  y  toma  para  ti  esta  boisa,  en  donde 
van  cincuenta  doblones,  que  te  doy  en  prueba  de  la  amistad  que 
ya  te  he  cobrado.  Con  una  mano  tome  el  retrato,  y  con  la  otra 
la  boisa  de  mi  tan  poco  merecida.  Fui  corriendo  ad  momento  & 
casa  de  Laura,  diciendo  en  medio  del  exceso  de  alegria  que  me 
enagenaba:  ;Bueno ,  bueno!  la  prediccion  se  verifica  visiblemente. 
I  Que  fortuna  es  ser  hermano  de  una  buena  moza  que  admite 
galanteos  !  Es  làstima  que  no  haya  en  esto  tanta  bonra  oomo  pro- 
vecho  y  utilidad. 

Laura ,  contra  la  costumbre  de  las  personas  de  su  profesion, 
solia  madrugar.  Halléla  al  tocador,  en  donde,  esperando  à  sa 
Portugues ,  aftadia  i  su  hermosura  natural  todos  los  atractivos 
auxiliares  que  el  arte  podia  prestarle.  Amable  Estela ,  le  dije  al 
entrar,  iman  de  los  extrangeros ,  ya  puedo  comer  con  mi  amo , 
pues  me  ha  honrado  con  un  encargo  que  me  dà  esta  prerogativa, 
el  cual  vengo  à  evacuar.  Dice  que  no  puede  tener  el  gusto  de 
verte  esta  maftana ,  como  lo  habia  pensado  ;  pero  para  consolarte 
de  esto ,  cenarà  esta  noche  contigo  ;  y  te  envia  su  retrato  ,  con  lo 
que  me  parece  quedaràs  algo  mas  consolada. 

Entreguéle  la  caja ,  que  cou  el  vivo  resplandor  de  los  brillantes 
de  que  estaba  guarnecida  alegrô  infinito  su  vista.  Abri6la,  y  ha- 
bîèndola  cerrado  despues  de  heiber  considerado  la  pintura  por 
mero  cumplimiento ,  volviè  à  mirar  las  piedras:  celebrô  su  her- 
mosura y  me  dijo  con  sonrisa:  Ve  aqui  unas  copias  que  las  damas 
de  teatrô  estiman  mucho  mas  que  los  originales.  Dijele  en  seguida 
que  el  generoso  Portugues  aldarmeel  retrato  me  habia  regalado 
cincuenta  doblones.  Me  alegro  infinito ,  me  dijo  eHa.  Este  seftor 


UBRO  SËPTIMO.  333 

prindpia  por  donde  ami  raras  veoes  acaban  otros.  A  ti  es,  mi 
qaerida,  respond!  yo,  à  quien  debo  este  regalo ,  que  el  marques 
me  hizo  à  causa  de  fratemidad.  Yo  quisiera,  dijo  eUa,te  hiciera 
otros  como  ese  todos  los  dias  :  no  puedo  ponderarte  cuanto  te 
amo.  Desde  el  instante  en  que  te  vi ,  te  amé  tan  estrechamente 
que  el  tiempo  no  ha  podido  romper  esta  union.  Cuando  te  echë 
de  mènes  en  Madrid ,  no  perdi  las  esperanzas  de  recobrarte ,  y 
ayer  al  ^erte  te  recibi  como  à  un  hombre  que  yolvia  à  su  centro* 
En^una  palabra ,  amigo  mio ,  el  cielo  nos  ha  destinado  el  uno  para 
el  otro  :  tù  seras  mi  marido  ;  pero  antes  es  preciso  enriquecernos. 
Laprndencia  exige  que  comenzemos  por aqui.  Todayia  quiero tener 
très  6  coatro  cortejos  para  ponerte  en  una  sitnacion  aventajada. 
Dfle  cortesmente  las  gracias  por  el  trabajo  que  queria  tomarse 
por  mi,  é  însensiblemente  nos  Aiimos  metiendo  en  una  conversa- 
don  que  duré  hasta  el  mediodia.  Entônces  me  retiré  para  ir  à 
dar  caenta  é  mi  amo  del  modo  con  que  habia  sido  recibido  su 
regalo.  Aunqne  Laura  no  me  habia  dado  sus  instrucciones  sobre 
este  ponte ,  compuse  en  el  camino  una  buena  arenga  para  cum- 
plimentarle  de  su  parte  ;  pero  fiié  tiempo  perdido,  porque  cuando 
lleguë  i  la  posada  me  dijëron  que  el  marques  acababa  de  salir  ; 
y  estaba  decretado  que  no  yolveria  à  yerle  mas ,  como  puede 
leerse  en  el  capitule  siguiente. 

CAPITULO  XI. 

De  la  noticla  qae  supo  Gil  Bias ,  y  que  faë  un  golpe  mortal  para  A. 

Fuime  à  mi  posada ,  en  donde  encontre  dos  sugetos ,  cen 
qaienes  cemi ,  y  cen  cuya  gustesa  conyersacion  me  entretuye  en 
la  mesa  hasta  la  hora  de  la  comedia ,  que  nos  séparâmes ,  elles 
para  ir  à  sus  quehaceres ,  y  ye  para  temar  el  camino  del  teatro. 
Advierto  de  paso  que  ye  tenia  motiyo  para  estar  de  buen  hu- 
mor, porque  la  alegria  habia  reinado  en  la  conyersacion  que 
acababa  de  tener  cen  estes  caballeres ,  mostréndeseme  ademas 
prepicia  la  fertuna  ;  pero  cen  todo  sentia  una  tristeza  que  no  es- 
taba en  mi  mano  desechar.  À  yista  de  este ,  ne  se  diga  que  ne 
se  presienten  las  desgracias  que  nos  amenazan. 

Al  entrar  en  el  yestuarie  se  acercô  à  ml  Melcher  Zapata ,.  y 
me  dije  en  yez  baja  que  le  signiera.  He  lleyô  à  un  sitie  excu- 
sado ,  y  me  dijo  le  siguiente  :  Setter  mio ,  mn-o  corne  un  deber 
dar  à  ymd.  un  ayise  muy  importante.  Vmd.  ne  ignora  que  el 
marques  de  Marialba  se  enamorô  primero  de  Narcisa  mi  espesa; 
y  aun  habia  elegido  dia  para  yenir  à  picar  en  mi  cebo,  cuando 
la  artificiosa  Estela  hallô  medio  de  descencertar  la  partida  y  de 
airaer  à  su  casa  i  este  setter  portugues.  Bien  cenece  ymd.  que 
unacômicaho  pierde  tan  buena  presa  stn  despeche.  Mi  muger 


33fc  GIL  BLAS. 

esté  iniiy  resentida  de  esto  :  nada  es  capaz  de  omitir  para  ren-* 
garse  ;  y  por  desgracia  de  ymd.  se  le  présenta  para  eDo  una  oca- 
sion  ÊiYorable.  Ayer,  si  ymd.  hace  memoria ,  todos  nnestros 
dependientes  acadiéron  à  \erle.  £1  sotadespabilador  dijo  à  algii« 
nas  personas  de  la  compaftia  que  oonoda  à  ymd.,  y  que  de  ningon 
modo  era  hermano  de  Estela. 

Esta  noticia,  aAadiô  Melchor,  ha  llegado  é  oidos  de  Nardsa, 
que  no  ha  dejado  de  preguntérsela  al  que  la  ha  dado ,  y  este  se 
la  ha  repetido.  Dice  conociô  à  ymd.  de  criado  de  Arsenia,  cuando 
Estela,  bajo  el  nombre  de  Laura,  la  seryia  en  Madrid.  Mi  esK 
posa,  contentisima  con  este  descubrimiento ,  se  lo  participarà 
al  marques  de  Harialba ,  que  ha  de  yenir  esta  tarde  à  la  comedia. 
Gamine  ymd.  en  esta  inteligencia ,  y  si  no  es  en  realidad  hermano 
de  Estela,  le  aconsejo  como  amigo,  y  por  nuestro  antiguo  co- 
nocimicnto ,  que  se  ponga  en  salyo.  Narcisa,  que  no  bnsca  mas 
que  una  yictima,  me  ha  permitido  se  lo  adyierta  &  ymd.  para 
que  eyite  con  una  pronta  Àiga  cualquier  accidente  funesto. 

Me  hubiera  sido  inùtil  saber  mas  ;  di  gracias  por  este  ayiso  al 
histrion,  que  conociô  muy  bien  por  mi  sobresalto  que  yo  no 
estaba  en  el  caso  de  desmentir  al  sotadespabilador.  Como  real- 
mente  no  tenia  intencion  de  Ueyar  hasta  este  punto  la  desyer- 
gûenza ,  ni  aun  fiii  à  despedirme  de  Laura ,  temiendo  no  quisiese 
obligarme  à  que  siguiera  el  enredo.  Bien  sabia  yo  que  eUa  era 
buena  comedianta  para  salir  con  fiadlidad  de  este  berengenal  ; 
pero  yo  no  yeia  mas  que  un  castigo  infalible  que  me  amenazaba, 
y  no  estaba  tan  enamorado  que  quisiese  burlarme  de  ël.  Déter- 
miné, pues,  poner  tierra  por  medio,  cargando  con  mis  dioses 
pénates ,  es  decir,  con  mi  ropa  ;  y  en  un  abrir  y  cerrar  de  ojos 
me  desapareci  del  coliseo ,  y  en  un  momento  hice  sacar  y  tras- 
ladar  mi  maleta  i  la  posada  de  un  arriero  que  al  dia  signiente  i 
las  très  de  la  maAana  debia  salir  para  Toledo.  Hubiera  deseado 
estar  yo  con  el  conde  de  Polan ,  cuya  casa  me  parecia  el  ùnico 
asilo  que  habia  seguro  para  mi  ;  pero  no  hallàndome  aun  en  eOa, 
no  podia  pensar  sin  inquietud  en  el  tiempo  que  me  restaba  que 
pasar  en  una  dudad  en  donde  temia  me  buscasen  aquella  misma 
BOche. 

No  dejé  de  ir  &  cenar  é  mi  hosieria ,  â  pesar  de  estar  tan  zozo- 
broso  como  un  deudor  que  sabe  andan  en  seguimiento  suyo  los 
alguaciles  ;  pero  no  creo  que  la  cena  hizo  en  mi  estômago  un  ei- 
celente  quflo.  Miserable  juguete  del  miedo ,  miraba  con  cuidado 
i  todas  las  personas  que  entraban  en  la  sala  ;  y  temblaba  como 
an  azogado  siempre  que  por  mi  desgracia  eran  algunas  de  mala 
catadura,  cosa  que  no  es  rara  en  taies  parages.  Despues  de  haber 
œnado  en  medio  de  continuos  sobresaltos ,  me  leyanté  de  la  mesa, 
y  me  yolyi  é  la  posada  del  ordinario ,  en  donde  me  eché  sobre 
p^ja  fresca  hasta  la  hora  de  marchar. 


UBRO  SËPTIMO.  335 

Puedo  aseganir  que  durante  este  tiempo  ejercitë  bien  mi  pa- 
cienda  :  mfl  tristes  pensamientos  viniéron  à  asaitarme  :  si  algun 
instante  me  qnedaba  traspuesto ,  soAaba  que  yeia  furiosQ  al  mar- 
ques lastimando  à  golpes  el  henaoso  rostro  de  Laura ,  y  haciendo 
pedazos  cuanio  habia  en  su  casa  ;  ô  ya  que  le  oia  mandar  à  sus 
criâdos  que  me  matasen  à  palos.  Despertaba  despavorido,  y 
siendo  tan  gustoso  despertar  despues  de  haber  soAado  cosas 
fimestas ,  para  mi  era  esto  mas  cruel  que  el  mismo  suefto. 

Por  fortuna  me  sac6  de  esta  angustia  el  arriero  »  yiniendo  â 
avisarme  que  estaban  prontas  las  mulas.  Inmediatamente  me  le- 
vante ,  y  gracias  al  cielo  me  puse  en  camino  curado  radicalmente 
de  Laura  y  de  la  quiromancia.  Conforme  nos  ibamos  alejando  de 
Granada,  iba  mi  espiritu  recobrandosu  serenidad.  Empezé  é  trabar 
conYersacion  con  el  arriero ,  el  cual  me  contô  algunas  historias 
di?ertîdas  que  me  hiciéron  reir,  y  fui  perdiendo  insensiblemente 
mi  temor.  Dormi  cou  sosiego  en  Ubeda,  donde  hicimos  noche  é 
la  primera  jornada  »  y  â  la  cuarta  Ilegàmos  à  Toledo.  Mi  primer 
cuidado  fuë  preguntar  por  la  casa  del  conde  de  Polan ,  y  persua- 
dido  de  que  no  consentiria  me  alojase  en  otra ,  fui  alla  ;  pero  yo 
habia  hecho  la  cuenta  sin  la  huèspeda ,  pues  no  encontre  en  ella 
mas  que  al  portero ,  quien  me  dijo  que  su  amo  habia  salido  el 
dia  antes  para  la  quinta  de  Leiy  a  y  de  donde  le  babian  escrito  que 
Serafina  estaba  enferma  de  peligro. 

Yo  no  habia  contado  con  la  ausencia  del  conde ,  que  disminuyô 
el  gusto  que  iania  de  estar  en  Toledo ,  y  fué  causa  de  que  tomase 
otra  determinacion.  Yiéndome  tan  cerca  de  Madrid ,  me  resohi 
à  ir  alla ,  discurriendo  que  en  la  corte  podria  hacer  fortuna , 
pneSy.segun  habia oido  decir,  no  era necesario  en  ella  tener  un 
talento  superior  para  adelantar.  Al  dia  siguiente  me  aprovechè 
de  un  caballo  de  retomo  que  me  llevô  à  esta  capital  de  la  Espaiïa» 
i  donde  la  buena  suerte  me  conducia  para  que  hidese  papeles 
mas  brillantes  que  los  que  hasta  enténces  me  habia  hecho  re- 
présentai 

cAPiTULO  xn. 

Gil  filas  86  aloja  en  una  posada  de  caballeros,  en  donde  adqidere  conodmiento 
con  el  capitan  Chinchilla  :  que  dase  de  hombre  era  este  oficial,  y  que  negocio 
le  habia  Ûeyado  i  Madrid. 

Asi  que  llegué  à  Madrid  estableci  mi  habitacion  en  una  posada 
de  caballeros,  en  donde  entre  otras  personas  vivia  un  capitan 
^iejo,  que  desde  lo  ultimo  de  Castilla  la  Nueva  habia  yenido  & 
b  corte  à  pretender  una  pension  que  creia  tener  bien  merecida  : 
'bm&base  don  Anibal  de  Chinchilla.  Mo  sin  espanto  le  yi  la  pri* 
oiera  yez  :  era  un  hombre  de  sesenta  afios,  de  una  estatura  gigan- 


336  ^  GIL  BLAS. 

tesca,  y  sonuunente  flaco.  Tenia  unos  bigotes  poblados  que  so- 
bian,  retorciéndose  por  los  dos  lados,  hasia  las  sienes;  adenuis 
de  que  le  faltaba  an  brazo  y  ana  pierna,  llevaba  tapado  on  ojo 
con  an  gran  parche  de  tafetan  T«rde ,  y  casi  todo  so  rostro  estaba 
lleno  de  cîcatriœs.  En  lo  demas  era  como  otro  eoalquiera  :  no 
carecia  de  entendimiento,  y  aan  mènos  de  grayedad.  En  coanto 
à  SOS  costombres  era  moy  rigide,  y  se  preciaba  sobre  todo  de 
ser  delicado  en  panto  de  honor. 

A  las  dos  6  très  conrersaciones  qae  tayimos,  me  bonrô  con 
sa  confianza,  y  sape  todos  sos  asantos.  Me  conté  en  que  ocasio- 
nes  se  habia  dejado  un  ojo  en  Népoles,  an  brazo  en  Lombardia 
y  ana  piema  en  los  Paises  Bajos.  Admiré,  en  las  reladones  qne 
me  hizo  de  las  batallas  y  sitios ,  el  que  no  se  le  escapase  ninguna 
fanfarronada  ni  palabra  en  aJabanza  saya,  siendo  asi  qae  sindî- 
ficultad  le  habiera  perdonado  el  qae  alabase  la  mitad  del  caerpo 
qae  le  qaedaba  en  recompensa  de  la  otra  qae  habia  perdido.Los 
oficiales  que  yaelyen  sanos  y  salyos  de  la  gaerra  no  son  siempre 
tan  modestos. 

Me  dijo  que  sobre  todo  sentia  à  par  de  sa  alma  haber  disipado 
ana  considerable  hacienda  en  sas  campaftas,  de  saerte  que  no  ie 
habian  quedado  mas  qae  cien  dacados  de  renta ,  con  lo  qae  ape- 
nas  tenia  para  aliflar  sas  bigotes,  pagar  sa  alojamiento,  y  dar  à 
copiar  sas  memoriales.  Porqae  en  fin,  seikor  cabaHero,  afiadiô 
encogièndose  de  hom'bros,  todos  los  dias,  àDios  gracias,  los 
presento  sin  que  se  haga  el  mas  minimo  caso  de  ellos.  Si  ymd.  lo 
presenciara ,  no  diria  sino  que  apostabamos  el  ministro  y  yo  sobre 
coal  habia  de  cansarse  antes,  si  yo  en  darlos,  6  el  en  redbirlos. 
Tambien  tengo  la  honra  de  presentérselos  al  mismo  rey;  pero 
tan  Undo  es  Pedro  como  su  amo,  y  entre  estas  y  esotras  la  casa 
de  Chinchilla  se  arruina  por  fàlta  de  reparos. 

No  pierda  ymd.  las  esperanzas,  dije  al  capitan;  ymd.  sabe  qoe 
las  cosas  de  palacio  yan  despacio.  Acaso  estarà  ymd.  hoy  en  yls- 
peras  de  yer  premiados  con  usura  todos  sus  penosos  seryicios. 
No  debo  lisonjearme  con  esa  esperanza ,  respondiô  don  Anibal  : 
aun  no  hace  très  dias  qae  hablë  à  uno  de  los  secretarios  del  mi- 
nistro ;  y  si  he  de  dar  crèdito  à  sus  palabras,  es  preciso  prestar 
paciencia.  ^  Y  que  le  dijo  à  ymd.,  seAor  oficialT  le  respondi  :  ta! 
yez  el  estado  en  que  ymd.  se  halla  no  le  parece  digno  de  recom- 
pen^.ymd.  lo  yeré,  respondiô  Chinchilla  :  este  secretario  me  ha 
dicho  claramente  :  Seftor  hidalgo ,  no  pondère  ymd.tanto  su  zelo 
y  su  fidelidad  ;  porque  en  haberse  expuesto  i  los  peligros  por  sa 
patria  no  ha  hecho  ymd.  mas  qne  cumplir  oon  su  obligacion.  La 
gloria  que  résulta  de  las  acciones  herôicas  es  suficiente  paga ,  y 
debe  bastar  principalmente  à  an  Espaftol.  Desengàftese  ymd.  si  mira 
como  deuda  la  gratificadon  que  solicita;  en  caso  de  que  se  os 
concéda  esta  gracia  la  deberëis  ùnicamente  à  la  bondad  del  rey , 


LIBRO  SÉPTIMO.  337 

qae  se  contempla  dendor  à  los  yasallos  que  ban  servido  bien  al 
estado.  Infiera  ymd.  de  ahi ,  siguiô  el  capitan ,  lo  que  podré  espe- 
rar,  y  que  al  cabo  habré  de  volverme  comohe  venîdo.  Natural- 
mente  nos  interesamos  por  un  hombre  honrado  cuando  se  le  ye 
padecer  :  le  exhorté  à  que  se  mantuviera  firme  :  me  ofreci  à  po- 
nerle  de  balde  en  limpio  sus  memoriales;  y  Ileguè  hasta  ofrecerle 
mi  bolsillo  »  suplicàndole  que  tomase  lo  que  quisiera  de  èl.  Pero 
DO  era  de  aquellos  que  en  semejantes  ocasiones  no  necesitan  de 
muchos  ruegos;  iutes  bien  se  mostrô  muy  pundonoroso  y  me  diô 
las  gracias.  Despues  de  estome  dijo  que,  por  no  cansar  i  nadie/ 
se  habia  acostumbrado  poco  à  poco  à  yivir  con  tanta  sobriedad, 
que  el  menor  alimento  bastaba  para  su  subsistencia;  lo  que  era 
muy  cierto.  No  se  mantenia  de  otra  cosa  que  de  cebollas  y  ajos; 
y  asi  estaba  en  los  huesos.  Para  que  nadie  yiese  sus  malas  comi- 
das  y  se  encerraba  en  su  cuarto  à  la  hora  de  ellas.  No  obstante , 
à  fiierza  de  sùplicas  consegui  que  cenasemos  y  comiesemos juntos. 
Y  engaflando  su  yanidad  con  una  compasion  ingeniosa ,  hice  que 
me  trajesen  mucha  mas  comida  y  bebida  de  la  que  yo  necesi- 
taba;  instèle  à  comer  y  beber,  lo  que  rehusô  al  principio  con  mil 
ceremonias  ;  pero  al  fin  cediô  à  mis  instancias,  y  tomando  insen- 
siblemente  mas  confianza,  él  mismo  me  ayudaba  â  dejar  limpio 
mi  plato  y  desocupada  mi  botella. 

Loego  que  hubo  bebido  cnatro  ô  cinco  tragos ,  y  recuperado 
su  estômago  con  un  buen  alimento,  me  dijo  en  tono  alegre  :  En 
yerdady  seftor  Gil  Bias,  que  sois  muy  seductor,  pues  haceis  de 
milo  que  quereis.  Teneis  un  modo  tan  atractiyo  que  desyanece 
hasta  el  temor  de  abusar  de  yuestra  generosidad.  Me  pareciô  que 
mi  capitan  habia  ya  perdido  tanto  la  cortedad ,  que  si  en  aquel 
instante  le  hubiera  ofrecido  dinero ,  no  lo  hubiera  rehusado.  No 
quise  hacer  la  prueba,  y  me  contenté  con  faacerle  mi  comensal, 
y  tomarme  el  trabajo,  no  solamente  de  escribirle  los  memoriales , 
sino  de  ayudarle  &  componerlos.  Gon  el  ejercicio  de  copiar  homilias 
habia  aprendido  é  yarîar  de  frases ,  y  aun  llegado  â  ser  medio 
autor.  £1  yiejo  oficial  por  su  parte  se  preciaba  de  poner  bien  un 
papel;  de  modo  que,  trabajando  los  dos  à  competencia,  com- 
poniamos  trozos  de  elocuencia  dignos  de  los  mas  célèbres  cate- 
dràticos  de  Salamanca  ;  pero  por  mas  que  agotasemos  nuestro  en- 
tendimiento  en  sembrar  flores  de  retôrica  en  estos  memoriales , 
todo  era ,  como  se  suele  decir ,  sembrar  en  la  arena.  Aunque  mas 
ponderasemos  los  méritos  de  don  Anibal ,  la  corte  ningun  aprecio 
hacia  de  ellos,  lo  que  no  excitaba  à  este  inyàlido  à  elogiar  à  los 
oficiales  que  se  arruinan  en  la  guerra  ;  antes  bien  maldecia  con 
su  mal  humor  à  su  estrella,  y  daba  al  diablo  à  Nàpoles ,  Lom- 
bardia  y  los  Paises  Bajos  *. 

'  Todot  estos  paises  estuTiéron  sometidos  à  la  Espaàa  cou  mas  6  mènes  ampli- 


338  GIL  BLAS. 

Para  mayor  mortificacion  suya  aconteciô  que ,  habieodo  cierto 
dia  recitado  en  presencia  del  rey  on  soneto  sobre  el  nacimieuto 
de  ana  infonta  un  poeta  preseutado  por  el  duque  de  Alba,  se  le 
concediô  delante  de  sus  barbas  una  pension  de  quinientos  da- 
cados.  Creo  que  el  mutilado  capitan  se  habria  yuelto  loco  si  no 
hubiera  yo  cuidado  de  consolarle.  Yiéndole  fuera  de  si,  le  dîje  : 
^Qué  es  lo  que  vmd.  tiene?  nada  de  esto  debia  ymd.  extraAar  : 
^no  estàn  de  tiempo  inmemorial  los  poetas  en  posesion  de  hacer 
à  los  principes  tributarios  de  las  musas?  No  hay  testa  coronada 
que  no  tenga  pensionado  à  alguno  de  estos  seftores  ;  y ,  hablando 
aqni  entre  nosotros ,  las  pensiones  dadas  é  los  poetas  trasmiten 
A  la  posteridad  la  noticia  de  la  liberalidad  de  los  reyes ,  cuando 
las  otras  en  nada  contribuyen  à  su  fama  pôstuma.  ^Cuantas  re- 
compensas no  diô  Augusto?  ^cuantas  pensiones  concediô  de  que 
no  tenemos  noticia  ?  Pero  la  posteridad  mas  remota  sabri  como 
nosotros  que  Virgiliorecibiô  de  este  emperador  mas  de  doscien- 
tos  mil  escudos  de  gratificacion. 

Por  mas  que  dijese  à  don  Anibal ,  no  pudo  digerir  el  fruto  del 
soneto  que  se  le  habia  sentado  en  el  estômago ,  y  asi  resolriô 
abandonarlo  todo ,  no  obstante  que  quiso  antes  enyidar  el  resto, 
presentando  un  memorial  al  duque  de  Lerma.  Para  este  efecto 
fiiimos  los  dos  à  casa  del  primer  ministro.  AUi  encontrâmos  à  un 
jôyen^  quien,  despues  de  haber  saludado  al  capitan ,  le  dijo  con 
cariAo  :  4,  Hi  amado  y  antiguo  amo ,  es  posible  que  yo  yea  à  ymd. 
aqui?  i  Que  negocio  le  trae  à  casa  de  S.  £.?  Si  necesita  de  alguna 
persona  de  yalimiento ,  no  deje  ymd.  de  mandarme,  yo  le  ofrezco 
mis  fiacultades.  Perico ,  dijo  el  oficial ,  pues  que ,  ^  tienes  algun 
empleo  bueno  en  la  casa?  Â  lo  mënos,  respondiô  el  jôyen,  es 
bastante  para  seryir  à  un  hidalgo  como  ymd.  Siendo  asi ,  pro- 
siguiô  sonriëndose  el  capitan ,  recurro  à  tu  proteccion.  Desde 
luego  se  la  concedo  à  ymd.,  repitiô  Perico.  Digame  ymd.  sa 
asuntOy  y  prometo  sacar  raja  del  primer  ministro. 

No  bien  habiamos  enterado  de  él  à  este  jôyen  tan  lleno  de 
buen  deseo ,  cuando  preguntô  donde  yiyia  don  Anibal.  Nos  diô 
palabra  de  que  el  dia  siguiente  se  yeria  con  nosotros ,  y  se  des- 
pidiô  sin  decirnos  lo  que  queria  hacer ,  ni  aun  si  era  ô  no  criado 
del  duque  de  Lerma.  La  agudeza  del  ta!  Perico  excitô  mi  curio- 
sidad ,  y  quise  saber  quien  era.  Es,  me  dijo  el  capitan ,  un  mu- 
chacho  que  me  seryia  algunos  aAos  hace,  y  que ,  habiëndome  yisto 
en  la  indigencia ,  me  dejô  por  buscar  mejor  acomodo.  No  se  lo 
tome  à  mal ,  porque ,  como  se  suele  decir ,  por  mejoria  mi  casa 
dejaria.  Es  un  lagarto  que  no  carece  de  talento ,  é  intrigante  como 
todos  los  diablos  ;  pero  à  pesar  de  toda  su  habilidad  no  me  fio 

tud  miéntrasocupô  este  trono  la  dinastia  austriaca;  y  en  ellos  se  sortuvicn» 
guerras  casi  continuas  y  de  mas  gloria  que  provecho. 


LIBRO  SÉPTIHO.  339 

mucho  del  zelo  que  acaba  de  manifestarme.  Puede  ser ,  le  dije , 
que  no  os  sea  inutil.  Si ,  por  ejemplo ,  es  criado  de  alguno  de 
las  principales  dependientes  del  daque ,  podrâ  servir  é  vmd.  de 
mucîio  ;  pues  no  ignora  que  en  casa  de  los  grandes  todo  se  hace 
por  partido  y  cabala;  que  estos  tienen  en  su  seryidumbre  fayo- 
rîtos  que  los  gobieman,  y  estos  igualmente  son  gobernados  por 
SQS^  criados. 

À  la  maâana  siguiente  vino  Perico  â  nuestra  posada,  y  nos  dijo  : 
Seflores,  si  ayer  no  déclaré  los  medios  que  tenia  para  servir  al 
capitan  Chinchilla ,  fué  porque  no  estabamos  en  parage  propio 
para  explicarlos;  fuera  de  que  qneria  tentar  el  vado  antes  de 
franqaearme  con  ustedes.  Sepan ,  pues,  que  yo  soy  el  lacayo  de 
confianza  del  seAor  don  Rodrigo  Calderon ,  primer  secretario  del 
duque  de  Lerma.  Hi  amo  y  que  es  muy  enamorado ,  va  casi  todas 
las  noches  à  cenar  con  un  ruiseftor  de  Aragon ,  que  tiene  enjau- 
lado  en  el  barrio  de  palacio  ;  es  una  muchacha  muy  bonita  de 
Albairacin,  discreta,  y  que  canta  con  primer,  y  per  este  le 
Haman  la  seftora  Sirena.  Como  todas  las  mafianas  le  llevo  un 
billete  amoroso,  venge  ahora  de  verla,  y  le  he  propuesto  que 
haga  pasar  al  seftor  don  Anibal  per  tio  suye ,  y  que  con  este  en- 
gajk>  empeâe  à  su  galan  à  protegerle.  Ha  venido  gustosa  en  elle , 
porque  ademas  del  tal  cual  provecho  que  juzga  le  puede  resultar, 
le  es  de  mucha  satisfoccion  el  que  le  tengan  por  sobrina  de  un 
hidalgo  yaliente. 

£1  sefior  de  Chinchilla  puso  mal  geste ,  y  mostrô  repugnanda 
à  hacerse  complice  de  una  folsedad ,  y  todavia  mas  à  permitir 
que  una  aventurera  le  deshonrase  diciendo  ser  parienta  suya;  le 
que  sentia  no  solamento  por  si ,  sine  porque  creia  que  esta  igno- 
minia  retrocedia  à  sus  abuelos.  Tanta  delicadeza  chocô  à  Perico 
paredèndole  inoportuna.  ;  Se  burla  vmd.  ?  exclamô  :  vea  vmd. 
aqui  le  que  son  les  hidalgos  de  aldea ,  en  quienes  todo  se  reduce 
é  una  vanidad  ridicula.  ^  No  se  admira  vmd. ,  prosiguiô  diri- 
giéndose  à  mi ,  de  esta  escrupulosidad  ?  Vote  à  brios  :  en  la  corte 
no  se  debe  parar  en  esas  delicadezas  ;  vengala  fbrtunadel  modo 
que  quîera ,  que  no  hay  que  perderla. 

Sostuve  el  parecer  de  Perico ,  y  ambos  arengémos  tante  al 
capitan ,  que  à  pesar  suye  le  hicimos  se  fingiese  tio  de  Sirena. 
Dado  este  paso ,  que  no  costô  poco  trabajo ,  hicimos  entre  los 
très  un  nuevo  memorial  para  el  ministre,  que  despues  de  revisto, 
aumentado  y  corregido ,  le  puse  en  limpio ,  y  Perico  se  le  Uevô 
â  la  Aragonesa ,  la  que  aquella  misma  tarde  se  le  recomendô  al 
sefior  Calderon,  hablàndole  con  tal  empeAo,  que  este  secretario, 
creyèndola  verdaderamente  sobrina  del  capitan,  ofreciô  apoyarle. 
El  efecte  de  esta  trama  le  vimos  à  pocos  dias.  Perico  volviô 
con  aire  victorioso  à  nuestra  pesada.  Ruenas  nuevas  tenemos , 
dijo  à  Chinchilla  :  el  rey  haré  una  distribucion  de  encemiendas. 


340  GO.  BLAS. 

benefidos  y  pouiones ,  en  las  qae  no  seri  vmd.  olvidado  ;  y  asi 
86  me  ha  encargado  os  lo  asegure  ;  pero  al  mismo  tiempo  se  me 
ha  prevenido  pregunte  à  Tmd.  que  hace  ànimo  de  regalar  û   Si— 
rena.  Por  lo  qae  respecta  à  mi  digo  que  nada  quiero ,  porcfue 
prefiero  &  todo  el  oro  del  mundo  el  gusto  de  haber  contribaido 
&  mejorar  la  fortuna  de  mi  amo  antiguo  ;  pero  no  es  lo  mlsmo 
nuestra  ninfa  de  Albarracin  :  es  algo  interesada  cuando  se  traça 
de  servir  al  prôjimo  ;  tiene  esa  pequefla  felta  ;  y  siendo  capaz  de 
tomar  dinero  de  su  mismo  padre,  yea  vmd.  si  rehusari  el  de  un 
tio  postizo. 

Diga  caanto  quiere,  dijo  don  Anibal  :  si  quiere  todos  los  afios 
la  tercera  parte  de  la  pension  que  me  han  de  dar,  se  la  prometo,  y 
me  parece  que  es  bastante  dàdiva ,  aun  cuando  se  tratara  de  todas 
las  rentas  de  su  majestad  catôlica.  Yo  por  mi  me  fiaria  de  la  pala- 
bra de  vmd.,  replicô  el  mensagero  de  don  Rodrigo,  pues  se  qae 
no  feltarà  à  ella;  pero  se  trata  con  una  niâa  naturalmente  muy 
desconfiada.  Por  otra  parte  ella  apetecerà  mucho  mas  que  vmd. 
le  dé  una  vez  por  todas  las  dos  terceras  partes  con  anticipacioa 
y  en  dinero  contante.  ;De  donde  diablos  quiere  ella  que  yo  lo 
saque?  interrnmpiô  Âsperamente  el  oficial;  ella  debe  creerme 
algun  contador  mayor  :  sin  duda  que  tù  no  la  has  enterado  de 
mi  situacion.  Perdone  vmd.,  repuso  Perico  ;  sabe  muy  bien  que 
vmd.  esta  mas  miserable  que  Job  :  no  puede  ignorarlo  despues 
de  lo  que  le  tengo  dicho  ;  pero  pierda  vmd.  cuidado ,  que  yo 
tengo  arbitrio  para  todo.  Conozco  &  un  picaro  oidor,  ya  viejo, 
que  se  contenta  con  prestar  su  dinero  al  diez  por  ciento  ;  vmd. 
le  haràante  escribano  cesion  de  la  pension  del  primer  aâo  en  pago 
de  igual  suma  que  recibirà  vmd.  deducido  el  interes.  En  ôrden 
à  la  fianza,  el  prestamista  se  darà  por  satisfècho  con  vuestra  casa 
de  ChinchSla  tal  como  esté,  por  lo  que  sobre  este  punto  no  tea- 
dràn  ustedes  disputa. 

£1  capitan  asegurô  que  siempre  que  lograse  la  fortuna  de  par- 
ticipar  de  las  gracias  que  habtan  de  concederse  el  dia  siguiente , 
aceptaria  estas  condiciones.  En  efecto  se  verified  que  le  diesen 
una  pension  de  trescientos  doblones  sobre  una  encomienda.  Asi 
que  supo  la  noticia,  diô  cuantas  seguridades  se  le  pidiéron ,  arre- 
glô  sus  asuntos,  y  se  volviô  à  su  pais  con  algunos  doblones  que 
le  habian  quedado. 


LIBRO  SÉPTIMO.  341 


CAPITULO  xin. 

Encnentra  Gil  Bias  en  la  oorte  à  sa  queiido  amigo  Fabricio,  y  de  la  grande  ale- 
gria  que  de  ello  recibiëron.  A  donde  fuéron  los dos,  y  de  la  curiosa  conrer- 
tadon  qae  tUTiéron. 

Me  habia  acostambrado  à  ir  todas  las  maflanas  é  palacio,  en 
donde  pasaba  dos  ô  très  horas  enteras  en  yer  entrar  y  salir  à  los 
grandes,  qoienes  alli  me  parecian  desnados  de  aquel  resplandor 
qae  en  otras  partes  los  rodea. 

Un  dia  que  me  paseaba  contoneindome  por  aquellas  galerias, 
hadendo  como  otros  muchos  un  papel  bastante  ridiculo,  yi  à 
FabriciOy  à  qnien  habia  dejado  en  Yalladolid  sirviendo  à  un  ad- 
ministrador  del  hospital.  Lo  que  me  admiré  en  extreme  fué  yerle 
hablar  femiliarmente  con  el  duque  de  Medinasidoni^  y  el  mar- 
ques de  Santa  Cruz.  Â  mi  ps^ecer  estos  dos  sefiores  ^staban  de 
oirle;  ademas  de  esto  ël  iba  vestido  como  un  caballero.  ;Si  me 
eDgaflaré?  me  decia  à  mi  mismo  :  ;serà  aquel  el  hijo  del  barBero 
Nafiez  ?  puede  que  sea  algun  jôven  cortesano  que  se  le  parezca. 
No  tardé  mncho  en  salir  de  la  duda;  idos  los  seAores,  me  acer- 
que  à  Fabricio  ,  que  conociéndome  inmediatamente  me  agarrô 
de  la  mano,  y  despues  de  haberme  hecho  atravesar  con  ël  por 
medio  del  gentio  para  salir  de  las  galerias,  me  dijo  abrazéndome  : 
Mi  amado  Gil  Bias,  mucho  me  alegro  yerte.  ;Qué  haces  en  Ma- 
drid?, pestas  todavia  sirviendo?  ^tienes  algun  empleo  en  la  corte? 
Â6Q  que  estado  tienes  tus  asuntos?  dame  cuenta  de  todo  lo  que 
Veha  sucedido  despues  de  tu  salida  precipitada  de  Yalladolid. 
Mttchas  cosas  me  pregunta3  à  un  tiempo,  le  respond!  ;  y  el  logar 
donde  estamos  no  es  à  propôsito  para  contar  ayentura».  Tienes 
naon,  medijo,  mejor  estarëmos  en  mî  casa;  yente  conmigo,  que 
no  esta  lëjos  de  aqui.  Estoy  independiente ,  alojado  en  buen  pa- 
rage y  con  muy.  buenos  mueblea,  yiyo  contento  y  soy  feliz,,  pues 
qpç  areo  serlo, 

Aceptë  el  partido ,  y  acompaAé  â  Fabricio ,  quien  me  detuyo 
al  Degar  à  una  casa  de  bella  iachada ,  en  la  que  me  dijo  yiyia. 
Atra^esémos  un  patio  que  tenia  por  un  lado  una  gran  escalera 
que  conducia  à  unos  aposentos  soberbios ,  y  por  el  otro  una 
subida  tan  oscura  como  estrecha,  por  donde  Aiimos  àlayiyienda 
que  me  habia  ponderado,  la  cual  se  reducia  à  una  sala,  de  la 
<pe  mi  ingenioao  amigo  habia  hecho  cuatro  separadas  con  tablas 
de  pino,  siryiendo  la  primera  de  antesala  à  la  scgunda  en  donde 
donnia  ^  la  tercera  de  despacha,  y  la  ultima  de  cocina.  La  sala 
y  antesala  estaban  adornadas  de  mapas  y  papeles  de  conclusiones 
de  filosofia;  y  los  trastos  que  correspondian  à  la  colgadura  con* 


342  GIL  BLAS. 

flistîan  en  una  gran  cama  de  brocado  estropeada ,  nnas  siOas 
viejas  de  sarga  amarilla  gnarnecidas  con  una  franja  de  seda  de 
Granada  del  mismo  color ,  ana  mesa  con  pies  dorados  cnbierta 
de  on  cordoban  que  parecia  haber  sido  encamado  y  ribeteado 
con  una  franja  de  oro  felso  que  se  habia  yu^o  negro  con  el 
tiempo,  y  un  armario  de  ébano  adomado  de  figuras  esculpidas 
groseramente.  En  su  despacho  tenia  por  escritorio  una  mesiu  ; 
y  su  biblioteca  se  componia  de  algunos  libros  y  muchos  legajos 
de  papeles  que  tenia  en  tablas  puestas  unas  sobre  otras  à  lo 
largo  de  la  pared.  La  cocina,  que  no  desluda  à  lo  demas,  oon- 
tenia  vidriado  y  otros  utensilios  neoesarios. 

Fabricio ,  despues  de  haberme  dado  tiempo  de  mirar  bien  so 
babitaciouy  me  dijo:  ;Qué  juicio  formas  de  mi  equipage  y  de  mi 
Tivienda?  ;no  te  ha  encantado  verla?  À  fe  mia  que  si,  le  res- 
pond! sonriéndome  :  debes  hacer  bien  tu  negocio  en  Madrid  para  es- 
tar  tan  bien  proyisto.  Sin  duda  tienes  algun  buen  empleo.  £1  cielo 
me  guarde  de  eso,  me  replicô :  el  partido  que  he  tomado  es  su- 
perior i  todos  los  empleos*  Un  sugeto  de  distincion,  de  quien  es 
esta  casa,  me  ha  dejado  una  sala,  de  la  que  he  hecho  cuatro 
piezas  que  he  alhajado  como  ves  :  à  mi  nada  me  feilta,  y  solo  me 
ocupo  en  lo  cpie  me  agrada.  Hàblame  con  mas  claridad.  Je  dije, 
porque  avivas  mi  deseo  de  saber  lo  que  haces.  Pues  bien,  me 
dijo ,  voy  à  complacerte  :  me  he  metido  à  ser  autor,  me  he  de- 
dicado  à  la  literatura,  escribo  en  verso  y  prosa ,  y  hago  à  pluma 
y  à  pelo. 

I  Tu  favorito  de  Apolo  !  exclamé  riëndome.  Eso  es  lo  que  ja- 
mas hubiera  adivinado  ;  mënos  me  sorprenderia  verte  dedicado 
i  otra  cualquiera  cosa.  Y  i  que  atractivo  has  podido  hallar  en  la 
profesion  de  poeta?  porque  me  pareceque  à  semejantes  gentes 
las  desprecian  en  la  vida  civil ,  y  que  no  son  las  mas  ricas.  j  Oh  f 
quitate  allé,  replicô:  eso  es  bueno  para  aquellos misérables  an- 
tores,  cuyas  obras  son  el  desecho  de  los  libreros  y  de  los  cômi- 
cos.  ^Seri  de  extraflar  que  no  se  estimen  semejantes  escritores? 
Pero  los  buenos ,  amigo  mio ,  estân  en  el  mundo  en  otro  con- 
cepto  ;  y  yo  puedo  decir  sin  vanidad  que  soy  de  este  numéro. 
No  lo  dudo ,  le  dije ,  tù  ères  un  mozo  de  gran  talento ,  y  asi  tus 
composiciones  no  pueden  ser  malas  ;  pero  lo  ùnico  que  deseo 
saber ,  y  me  parece  digno  de  mi  curiosidad ,  es  como  te  ha  dado 
la  mania  de  escribir. 

Tu  admiracion  es  fundada,  dijo  Nuftez.  Estaba  tan  contento 
eon  mi  suerte  en  casa  del  senor  Manuel  Ordoftez ,  que  no  de- 
seaba  otra  ;  pero  hacièndose  mi  ingenio  superior  poco  i  poco 
eomo  el  de  Plauto  à  la  servidumbre,  compuse  una  comedîa  que 
hice  representar  é  unos  cômicos  que  estaban  en  Yalladolid.  Anti- 
que no  valia  un  pito ,  fué  may  aplaudida,  de  lo  que  inféri  que  el 
publico  era  una  vaca  mansa  de  lèche ,  que  ficilmente  se  dejaba 


LIBRO  SÉPTIMO.  343 

ordeftar.  Esta  reflexion ,  y  la  locura  de  componer  nuevas  piezas, 
me  hiciëroa  dcjar  el  hospital.  £1  amor  à  la  poesia  me  quitô  el  de 
las  riquezas  ;  y  para  adquirir  buen  gusto ,  déterminé  venir  & 
Madrid ,  como  à  centro  de  los  ingenios.  Me  despedi  del  admi- 
nistrador,  que,  como  me  amaba  tanto,  sintiô  bastante  mi  reso- 
lucion,  y  me  dijo:  Fabricio,  iporqué  quieres  dejarme?  ^aca- 
so  te  habrë  dado ,  sin  pensarlo,  algun  motiyo  de  disgusto?  No, 
sefior  y  le  respondi,  ymd.  es  el  mejor  de  todos  los  amos ,  y  es- 
toy  muyagradecido  à  sus  favores  ;  pero  bien  sabe  que  cada  uno 
debe  seguir  su  estrella.  Me  contemplo  nacido  para  etërnizar  mi 
nombre  con  obras  de  ingenio.  { Que  locura  !  me  replicô  aquel 
buen  amo  ;  ya  estes  connaturalizado  con  el  hospital ,  y  ères  la  can- 
tera  de  donde  se  sacan  los  mayordomos,  y  aun  los  administra- 
dores.  Si  quieres  dejar  lo  sôlido  para  pasar  el  tiempo  en  frusle- 
rias ,  el  mal  es  para  ti ,  hijo  mio. 

Yiendo  el  administrador  cuan  inùtilmente  combatia  mi  designio , 
me  pagô  mi  salario,  y  en  reconodmiento  de  mis  servicios  me 
diô  de  guantes  cincuenta  ducados ,  de  modo  que  con  esto ,  y  lo 
que  habia  podido  juntar  en  las  pequeftas  comisiones  que  se  ha- 
bian  encargado  é  mi  integridad ,  me  vi  en  estado  de  presentarme 
decentemente  en  Madrid ,  lo  que  no  dejë  de  hacer;  aunque  los 
escritores  de  nuestra  nacion  no  cuidan  mucho  del  aseo.  Inme- 
diatamente  hice  conocimiento  con  Lope  de  Yega  Carpio ,  Miguel 
de  Cervantes  Saavedra ,  y  los  demas  célèbres  autores  ;  pero  con 
preferencia  à  estos  dos  grandes  hombres ,  elegi  para  preceptor 
mio  à.  un  jôven  bachiller  cordobes ,  al  incomparable  don  Luis  de 
Gôngora ,  el  ingenio  mas  brillante  que  jamas  produjo  Espaûa , 
el  cual  no  quiere  que  sus  obras  se  impriman  miéntras  viva ,  y  se 
contenta  con  leérselas  à  sus  amigos.  Lo  cpie  hay  de  particular  es 
que  la  naturaleza  le  ha  dotado  del  raro  talento  de  manejar  con 
acierto  todo  género  de  poesias  :  sobresale  principalmente  en  las 
composiciones  satiricas,  que  son  su  fiierte.  Nos  es  como  LucQio  > 
un  torrente  turbio ,  que  arrastra  consigo  mucho  cieno  ;  sino  el 
Tajo ,  cuyas  aguas  puras  corren  sobre  arenas  de  oro. 

Tan  buena  pintura  me  haces  de  ese  bachiller ,  le  dije  é  Fabri- 
cio y  que  no  dudo  que  una  persona  de  tanto  mérito  tenga  muchos 
envidiosos.  Todos  los  autores ,  respondiô  él ,  tanto  buenos  como 
inalos ,  le  muerden  :  uno  dice  que  le  gusta  el  estilo  hinchado , 
los  conceptillosy  las  metàforas  y  las  trasposiciones.  Sus  versos , 
dice  otro ,  se  parecen  en  lo  oscuro  à  los  que  cantaban  en  sus 
procesiones  los  sacerdotes  salios^  y  que  nadie  entendia.  Tambien 

'  Poeta  satîrico  que  naciô  en  Suesa  el  ano  147  y  murio  en  Nàpoles  et  io3  an- 
^  de  la  eracristiana.  Es  oonsiderado  como  inyentor  de  la  sÂiira  entre  los  latino», 
y  ^  q[aien  imitâron  despues  Horacio ,  Persio  y  Juyenàl.  Horacio  le  compara  a  nu 
no  que  en  su  cuno  arrastra  arenas  preciosas  cnvueltas  en  Iode. 


344  GIL  BLAS. 

hay  qaien  le  ceDSura  de  que  tan  presto  hace  sooetos  6  romances, 
y  tan  presto  comedias ,  décimas  y  yillancicos ,  como  si  locamente 
se  hubiera  propuesto  deslucir  é  los  mejores  escritores  en  todo 
género  de  poesia  ;  pero  todas  estas  saetas  de  la  envidia  se  cm- 
botan  dando  contra  una  musa  apreciada  de  grandes  y  pequefios. 

Tal  es  el  maestro  con  quien  bice  mi  aprendizage,  y  me  atreyo 
i  decir  sin  vanidad  que  le  imito  ;  habiéndome  bebido  de  tal  modo 
su  espiritu ,  que  ya  compongo  trozos  sublimes  que  no  los  juzga- 
ria  indignos  de  si.  A  ejemplo  suyo  voy  à  vender  mi  mercancia  â 
las  casas  de  los  grandes ,  en  las  cuales  soy  muy  bien  recibido , 
y  en  donde  hallo  gentes  que  no  son  muy  descontentadizas.  Es 
yerdad  que  mi  modo  de  recitar  es  balagûefto ,  lo  que  no  dafia  à 
mis  composiciones.  En  fin,  muchos  seAores  me  estiman,  y  sobre 
todo  yivo  con  el  duque  de  Medinasidonia  cbmo  Horacio  vivia 
con  Mecenas.  He  aqui ,  prosiguiô ,  de  que  modo  me  he  trasfor- 
mado  en  autor  ;  nada  mas  tengo  que  contarte:  à  ti  te  toca  ahora 
cantar  tus  victorias. 

Entônces  tome  la  palabra  ;  y  suprimiendo  todo  aquello  que  me 
pareciô  no  ser  del  caso,  le  hice  la  relacion  que  me  pedia;  des- 
pues  de  la  cual  se  tratô  de  comer ,  y  sac6  de  su  armario  de 
ëbano  servilletas,  pan,  un  pedazo  de  lomo  de  camero  asado^ 
una  botella  de  vino  exquisito ,  y  nos  sentémos  i  la  mesa  con 
aquella  alegria  propia  de  dos  amigos  que  yuelven  à  encontrarse 
despues  de  una  larga  separacion.  Ya  \es ,  me  dijo ,  mi  vida  libre 
é  independiente.  Si  quisiera  seguir  el  ejemplo  de  mis  compafieros, 
ùria  à  comer  todos  los  dias  en  casa  de  las  personas  distinguidas; 
pero  ademas  de  que  el  amor  al  trabajo  me  retiene  de  ordinario 
en  casa ,  soy  un  nuevo  Aristipo  ;  pues  tan  contento  estoy  con 
el  trato  de  gentes  como  con  el  retiro ,  con  la  abundancia  como 
con  la  frugalidad. 

Nos  supo  tan  bien  el  vino  que  fuë  menester  sacar  otra  botella 
del  armario.  De  sobremesa  lo  di  à  entender  tendria  gusto  en  yer 
algunas  de  sus  producciones ,  y  al  instante  buscô  entre  sus  pa- 
pelés  un  soneto  que  me  leyô  con  ènfasis  ;  pero  â  pesar  del  sainete 
de  la  lectura,  me  pareciù  tan  oscuro  que  nada  pude  compren- 
der.  Conociôlo,  y  me  dijo:  Este  soneto  no  te  ha  parecido  mny 
claro  ;  i  no  es  asi?  Le  confesè  que  hubicra  querido  algo  mas  de 
claridad.  Echôse  â  reir  de  mi  »  y  prosiguiô  :  Lo  mejor  que  tiene 
este  soneto,  amigo  mio,  es  el  no  ser  inteligible.  Los  sonetos» 
las  odas  y  las  demas  obras  que  piden  sublimidad ,  no  quieren 
estilo  sencillo  y  natural  ;  antes  bien  en  la  oscuridad  consiste  todo 
su  mérito.  Con  que  el  poeta  créa  entenderlo  es  bastante.  Tu  le 
burlas  de  mi ,  interrumpi  yo  :  todas  las  poesias ,  sean  de  la  na- 
turaleza  que  fueren ,  piden  juicio  y  claridad  ;  y  si  tu  incompa- 
rable Gôngora  no  escribe  con  mas  claridad  que  tu,  te  con- 
iicso  que  decae  mucho  en  mi  opinion  :  es  un  poeta  que,  cuando 


LIBRO  SËPTIMO.  345 

mas ,  no  puede  engaftar  sino  à  su  siglo.  Yi^amos  ahora  tu  prosa» 
Enseûôme  un  prôlogo  que  me  dijo  pensaba  poner  al  frente  de 
una  coleccion  de  comedias  que  estaba  imprimiendo  ».  y  me  pre- 
guntô  que  me  babia  parecido.  No  me  gusta  mas  tu  prosa ,  le 
dije,  que  tus  yersos.  £1  soneto  es  una  algaravia;  en  el  prôlogo 
hay  expresiones  demasiado  estudiadas ,  palabras  que  el  publico 
no  conoce ,  frases  enredosas ,  y  en  una  palabra ,  tu  estilo  es  ex- 
travagante y  y  muy  ageno  de  los  libros  de  nuestros  buenos  y 
antiguos  autores.  i  Pobre  ignorante  I  exclamô  Fabricio  :  ;  no  sa- 
bes  tu  que  todo  escritor  en  prosa  que  aspira  hoy  é  la  reputa- 
cion  de  pluma  delicada  afecta  esta  singularidad  de  estilo ,  estas 
expresiones  equivocas  que  tanto  te  chocan  ?  Nos  hemos  aunado 
cinco  ô  seis  novadores  animosos  que  hemos  emprendido  mudar 
et  idioma  de  bianco  en  negro ,  y  con  la  ayuda  de  Dios  lo  hemos 
de  conseguir ,  à  pesar  de  Lope  de  Y ega ,  de  Solis ,  de  CeryénteSy 
y  de  todos  los  demas  ingenios  que  critican  nuestros  nuevos  mo- 
des de  hablar.  Tenemos  de  nuestra  parte  gran  numéro  de  sugetos 
distinguidoSy  y  hasta  teôlogos  contamos  en  nuestro  partido« 

Sobre  todo,  continuô,  nuestro  designio  es  loable;  y  fuera  de 
preocupaciones ,  nosotros  somos  mas  apreciables  que  aquellos 
escritores  sencillos  que  se  explican  en  el  lenguage  del  comun  de 
los  hombres.  No  se  porqué  merecen  el  aprecio  de  tantas  gentes 
honradas.  £so  séria  bueno  en  Aténas  y  eu  Roma ,  en  donde  to- 
dos se  confundian;  por  lo  que  Socrates  dijo  é  Alcibiades  que  el 
pueblo  era  un  maestro  excelente  de  la  lengua;  pero  en  Madrid 
es  otra  cosa  :  aqui  tenemos  estilo  bueno  y  malo ,  y  los  cortesanos 
se  explican  de  un  modo  diferente  que  el  pueblo.  En  fin ,  desen- 
gâftate,  que  nuestro  nuevo  estilo  supera  al  de  nuestros  antago- 
nistas.  Quiero  probarte  la  diferencia  que  hay  de  la  gallardia  de 
nuestra  diccion  é  la  bajeza  de  la  suya.  EUos  dirian  por  ejemplo 
llanamente:  los  intermecUos  hermosean  una  comedia.  Y  nosotros 
con  mas  gracia  decimos  :  bs  intermedios  hacen  hermosura  en  una 
comedia.  Observa  bien  este  hacer  hermosura  :  i  percibes  tu  toda  la 
briUantez ,  la  delicadeza  y  gracia  que  esto  contiene  ? 

Habiendo  interrumpido  à^minovador  con  una  carcajada,  le 
dije  :  Yete  al  diablo ,  Fabricio ,  con  tu  lenguage  culto  :  tù  ères  un 
estrafalario.  Y  tù,  con  tu  estilo  natural ,  repuso  él ,  ères  un  gran 
bestia.  Ye ,  prosiguiô ,  aplicândome  aquellas  palabras  del  arzo- 
bisoo  de  Granada;  dile  a  mi.te^orero  que  te  entregue  cien  ducados, 
S  anda  bendito  de  Dios  con  ellos.  A  Dios,  sehor  GH  Bios,  me  aie- 
graré  logre  vmd.  todo  género  de  prosperidades  con  algo  mas  de  gusto. 
Repeti  mis  carcajadas  al  oir  esta  pulla  ;  y  Fabricio ,  sin  pèrder 
nada  de  su  buen  humor ,  me  perdonô  el  desacatô  con  que  habia 
hahiado  de  sus  escritos.  Despues  de  habernos  bebido  la  segunda 
botella,  nos  levantamos  de  la  mesa  tan  amigos  como  antes.  Sa- 
lîmes con  &nimo  de  ir  A  pasearnos  al  Prado  ;  pero  al  pasar  por 


346  GIL  BLAS. 

delante  de  una  tienda  de  vinos  generosos  nos  diô  gana  de  entrar. 

  esta  casa  concarrian  regalarmente  gentes  de  forma.  Yi  en 
dos  salas  diferentes  à  algunos  caballeros  que  se  divertian  de  va- 
rios  modos.  En  la  una  jugaban  à  los  naipes  y  al  ajedrez  »  y  en  b 
otra  babia  diez  ô  doce  que  estaban  muy  atentos  escuchando  la 
disputa  de  dos  argumentantes.  No  tuvimos  necesidad  de  acercar- 
nos  para  oir  que  el  asunto  de  la  contienda  era  un  punto  de  me- 
tafisica  ;  porque  era  tal  cl  calor  y  yehemencia  con  que  hablaban , 
que  no  parecian  sino  dos  energumenos.  Yo  pienso  que  si  se  les 
hubiera  aplicado  el  anillo  de  Eleàzaro ,  se  hubieran  yisto  salir 
demonios  de  sus  narices.  jYalgame  Dios!  dije  à  mi  compaâero: 
I  que  fogosidad ,  que  pulmones  I  no  parece  sino  que  aquellos  dis- 
putadores  habian  nacido  para  pregoneros.  La  mayor  parte  de  los 
hombres  yerran  su  vocacion.  Asi  es  la  verdad ,  respondiô ,  estas 
gentes  descienden  al  parecer  de  Novio,  aquel  banquero  romano, 
cuya  voz  sobresalia  por  entre  el  ruido  de  los  carreteros  ;  pero  lo 
que  mas  me  disgusta  de  sus  altercaciones ,  es  que  atolondran  los 
oidos  infructuosamente.  Dej&mos  à  estos  metaftsicos  gritadores, 
y  con  esto  se  me  desvaneciô  el  dolor  de  cabeza  que  me  habian 
causado.  Nos  fiiimos  à  un  rincon  de  otra  sola ,  y  had)iendo  bebido 
algunas  copas  de  vino  generoso ,  principiàmos  é  examinar  à  los 
que  entraban  y  salian.  Como  Nufiez  los  conocia  casi  à  todos|,  dijo  : 
Por  vida  mia  que  la  disputa  de  nuestros  filôsofos  lleva  traza  de 
no  acabarse  en  gran  rato ,  pero  à  bien  que  llega  tropa  de  refres- 
CO  :  estos  très  que  entran  van  à  tomar  parte  en  la  disputa.  Pero 
^ves  esos  dos  sugetos  originales  que  salen?  pues  la  personilla 
morena ,  seca ,  y  cuyos  cabellos  lacios  y  largos  le  caen  en  partes 
iguales  por  detras  y  delante,  se  llama  don  Julian  de  Yillanufio.  £s 
un  togado  nuevo  que  la  echa  del  elegante.  El  otro  dia  iulmos  un 
^unigo  y  yo  é  comer  con  el ,  y  le  sorprendimos  en  una  ocupacioa 
muy  singular  :  se  divertia  en  su  estudio  tirando  y  haciendo  traer 
por  un  gran  lebrel  los  legajos  de  un  pleito  que  esta  defendieado, 
los  que  su  perro  desgarrad)a  à  grandes  dentelladas.  El  licenciado 
que  le  acompafla ,  aquel  cara  de  tomate ,  se  llama  don  Querubin 
Tonto  ;  es  canônigo  de  la  iglesia  de  Toledo  ,  y  el  hombre  mas 
negado  del  mundo.  No  obstante ,  al  ver  su  aire  placentero ,  la  vi- 
veza  de  sus  ojos ,  su  risa  fingida  y  màliciosa ,  le  tendr&n  por  sa- 
bio  y  de  gran  perspicacia.  Cuando  se  lee  en  su  presencia  alguna 
obra  delicada  y  profunda ,  pone  la  mayor  atencion ,  como  si  pe- 
netrara  su  asunto  ;  pero  maldita  la  cosa  que  entiende.  Este  foé 
uno  de  los  convidados  en  casa  del  togado ,  en  donde  se  dijéron 
mil  chisles  y  agudezas ,  sin  que  é  mi  don  Querubin  se  le  oyese 
el  metal  de  la  voz  ;  pero  en  recompensa  los  gestos  y  demostra- 
Clones  con  que  aplaudia  nuestros  chistes  daban  una  aprobacion 
superior  al  mërito  de  nuestras  gracias. 

l  Conoces ,  dije  i  Nuftez ,  à  aquellos  dos  desgreftados  que  estan 


LIBRO  SËPTIMO.  347 

de  codos  sobre  una  mesa  en  el  rincoiiy  hablando  tan  bajo  y  de 
cerca  ,  que  parece  qae  se  besan  ?  ^o ,  me  respondiô ,  no  los  he 
Tislo  en  mi  vida  ;  pero  segnn  todas  las  apariencias  serin  politi- 
cos  de  cafë  que  murmnran  del  gobiemo.  ^Yes  i  ese  caballerete 
galan  que  silbando  se  pasea  por  la  sala,  sostenièndose  ya  sobre 
un  pié  ,  y  ya  sobre  el  otro?  pues  es  don  Agustin  Horeto ,  poeta 
mozo  que  muestra  gran  talento ,  pero  à  quien  los  adoladores  y 
los  ignorantes  le  ban  Uenado  los  cascos  de  yanidad.  Aquel  i  quien 
se  acerca  es  uno  de  sus  compaûeros ,  que  compone  yersos  pro- 
saicos  ô  prosa  en  rimas ,  y  &  quien  tambien  sopla  la  musa. 

Today  ia  hay  mas  autores ,  prosiguiô ,  sefialàndome  dos  hom- 
bres  que  entraban  con  espada:  no  parece  sino  que  se  han  citado 
para  yenir  A  pasar  reyista  delante  de  ti.  Ye  alli  à  don  Bernardo 
Deslenguado  ,  y  é  don  Sebastian  de  YOlayiciosa.  El  primero  es 
un  sugeto  de  mala  indole ,  un  autor  que  parece  ha  nacido  bajo 
e\  signe  de  Saturno ,  un  mortal  malëfico ,  que  se  complace  en  abor- 
recer  à  todo  el  mundo ,  y  à  quien  nadie  ama.  Por  lo  que  hace 
à  don  Sebastian ,  es  un  mozo  de  buena  fe ,  autor  muy  concienzu- 
do.  Poco  hace  que  diô  al  teatro  una  comedia  que  ha  gustado  en 
extreme  ,  y  por  no  abusar  mas  tiempo  de  la  estimacion  del  pu- 
blico la  ha  hecho  imprimir. 

£1  caritatiyo  discipulo  de  Gôngora  se  preparaba  para  conti- 
nnar  explicàndome  las  diferentes  figuras  del  cuadro  yarîable  que 
teniamos  à  la  yista ,  cuando  yino  i  interrumpirle  un  gentilhom- 
bre  del  duque  de  Medinasidonia,  diciéndole  :  Seftor  don  Fabricio , 
yengo  en  busca  de  ymd.  para  decirle  que  el  duque  mi  seftor  qui- 
Bîera  hablarle ,  y  espéra  à  ymd.  en  su  casa.  Sabiendo  Nuftez  que 
para  satisfacer  el  deseo  de  un  gran  seftor  no  hay  priesa  que  bas- 
te y  me  dejô  al  momento  por  ir  à  yer  lo  que  le  queria  su  Hece- 
nas  y  y  yo  quedè  muy  admirado  de  haber  oido  tratarle  de  don 
y  de  mirarle  asi  conyertido  en  noble ,  à  pesar  de  ser  su  padre 
maese  Grisôstomo  el  barbero. 


CAPITULO  XIV. 

fabricio  coloca  à  Gil  Bias  en  casa  del  conde  Galiano ,  titnlo  de  Sicilia. 

El  gran  deseo  de  yer  à  Fabricio  me  lleyô  bien  de  mafiana  à 
su  casa.  Buenos  dias ,  le  dije  al  entrar ,  seftor  don  Fabricio ,  flor^ 
y  Data  de  la  nobleza  asturiana.  Al  oirme  se  echo  à  reir.  i  Con- 
que has  notado ,  me  dijo ,  que  me  han  tratado  de  don  ?  Si ,  caba- 
Bero  mio,  le  respondi,  y  permiteme  te  diga  que  ayer  cuando  me 
conteste  tu  trasformacion ,  te  olyidàste  de  lo  mejor.  Ciertamen- 
^e»  respondiô;  pero  en  yerdad  que  si  he  tomado  este  dictado 
<ie  honor ,  no  es  tanto  por  satisfocer  mi  yanidad ,  como  por  aco- 


348  GIL  BLAS. 

modarme  à  la  de  los  otros.  Tù  conoces  i  los  E3pafloles  ;  maldito 
el  caso  que  hacen  de  an  hombre  honrado  si  tiene  la  desgrada 
de  aer  pobre  6  plebeyo ,  y  aun  te  dire  que  veo  tantas  gentes ,  y 
Bios  sabe  que  clase  de  gentes ,  que  hacen  les  Ilamen  don  Fran- 
cisco, don  Gabriel ,  don  Pedro ,  6  don  como  t&  quieras  llamar- 
le  y  que  es  preciso  confesar  que  la  nobleza  es  una  cosa  comun, 
y  que  un  plebeyo  que  tiene  mèrito  la  bonra  cuando  qaiere  agre- 
garse  à  ella. 

Pero  mudemoa  de  conversadon ,  afladiô  tanoche,  durante  la 
cena  en  casa  del  duque  de  Medinasidonia,  en  donde  entre  otros 
conyidados  sehallaba  el  conde  Galiano  ,  titnlo  de  Sicilîa,  se  toc6 
la  eonversacion  sobre  los  ridiculos  efectos  del  amor  propio.  Yo 
me  alegrè  de  hallar  ocasion  de  diyertir  &  la  concurrencia  sobre 
el  mismo  punto,  y  les  conté  la  historia  ie-  las  homilias.  Puedes 
imaginar  cuanto  reirian  y  que  apodos  no  se  darian  à  ta  arzo- 
bispa;  lo  que  no  te  ha  Tenido  mal,  porque  se  han  compadecido 
de  ti  y  y  despues  de  haberme  hecho  el  conde  Galiano  muchas 
preguntas  acerca  de  tu  persona,  à  las  cuales  puedes  créer  res- 
pond! como  debia,  me  encargô  que  te  présente  à  él,  y  para  este 
fin  iba  ahora  mismo  é  buscarte.  Segun  parece  quiere  nombrarte 
por  uno  de  sus  secretarios  ;  y  te  aconsejo  no  desprecîes  este 
partido.  En  casa  de  este  seftor  te  hallarés  perfectamente;  es  rico, 
y  hace  en  Madrid  un  gasto  de  embajador.  Dicen  ha  yenîdo  à  la 
corte  é  tratar  con  el  duque  de  Lerma  sobre  ciertas  haciendas  de 
la  corona  que  este  ministro  piensa  enagenar  en  Sicilia.  En  fin , 
el  conde ,  aunque  Siciliano ,  parece  generoso,  lleno  de  rectitud  y 
de  ingenuidad.  No  puedes  hacer  mejor  cosa  que  acomodarte 
con  este  seftor ,  porque  probablemente  es  el  que  debe  hacerte 
rico  segun  lo  que  te  pronosticâron  en  Granada. 

Habia  resuelto ,  dije  à  Nuftez ,  pasearme  y  divertirme  algon 
tiempo  antes  de  ponerme  é  servir  ;  pero  me  hablas  del  conde 
siciliano  de  un  modo  que  me  hace  mudar  de  intenciones  :  ya 
quisiera  estar  con  él.  Pronto  estaràs,  me  dijo,  6  yo  me  engafto 
mucho.  Entônces  salimos  ambos  para  ir  à  yer  al  conde ,  que 
ocupaba  la  casa  de  don  Sancho  de  Ayila  su  amigo,  quien  estaba 
entônces  en  una  hacienda  de  campo. 

Encontrémos  en  el  patio  muchos  pages  y  lacayos  con  libreas 
primorosas,  y  en  la  antesala  muchos  escuderos,  gentileshombres , 
y  otros  criados.  Si  los  yestidos  eran  magnificos,  los  rostros  eran 
tan  extrayagantes ,  que  se  me  figuréron  una  manada  de  monos. 
yestidos  é  la  espaftola.  Puede  afirmarse  que  hay  caras  de  hom- 
bres  y  mugeres  à  las  que  el  arte  no  puede  dar  hermosura. 

Habiendo  don  Fabricio  hecho  pasar  recado,  fué  admitido  in- 
mediatamente  en  la  sala  ^  é  donde  le  segui.  Estaba  el  conde  en 
bâta  y  sentado  en  un  sofé ,  y  tomando  chocolate.  Le  saludâmos 
con  dcmostraciones  del  mas  profundo  respeto,  y  ël  nos  corres- 


LI6R0  SËPTIMO.  349 

pondiô  inclinando  la  cabeza,  y  con  an  aspecto  tan  afiible ,  que 
le  oobrë  grande  indinacion.  i  Efécto  admirable  y  ordinarîo  que 
causa  comonmente  en  nosotros  la  favorable  acogida  de  los 
grandes  I  Preciso  es  que  nos  reciban  muy  mal  para  que  nos 
desagraden. 

Despues  que  tomô  el  chocolate ,  se  diyirtiô  algun  tiempo  en 
juguetear  cqu  un  gran  mono  al  que  llamaba  Cupido.  Ignoro  por- 
qué  pusiéroA^el  nombre  de  este  dios  à  aquel  animal ,  à  no  ser 
que  fùese  por  causa  de  su  malicia ,  porque  en  otra  cosa  absolu- 
tamente  no  le  parecia;  pero  tal  cuaî  era,  su  amo  tenia  puesto 
todo  sa  carifko  en  èl  ;  y  estaba  tan  prendado  de  sus  gracias,  que 
00  le  soltaba  de  sus  brazos.  Aunque  nos  divertian  poco  los 
brincos  del  mono,  aparentémos  que  nos  bechizaban,  lo  que  com- 
pladô  macho  al  Siciliano,  quien  suspendiô  el  gusto  que  tenia  en 
aqoel  pasatiempo  para  decirme  :  En  roano  de  vmd.  estarâ,  amigo 
mio ,  ser  uno  de  mis  secretarios  ;  si  le  .conviene  el  partido,  le 
darè  doscientos  doblones  al  aâo  ;  basta  que  don  Fabricio  sea 
qoien  présente  à  Tmd.  y  responda  de  su  conducta.  Si ,  sefior , 
excbmô  Nufiez,  soy  mas  arrogante  que  Platon ,  que  no  se  atre- 
viô  à  salir  por  fiador  de  un  amigo  suyo  que  enviaba  à  Dionisio 
el  tirano  ;  pero  no  temo  merecer  reconvenciones. 

Agradeci  con  una  reyerencia  al  poeta  de  Asturias  su  fina 
arrogancia ,  y  despues  dirigiëndome  al  amo ,  le  aseguré  de  mi 
<elo  y  fidelidad.  Apènas  yiô  aquel  seflor  que  yo  aceptaba  su 
propuesta  hizo  llamar  à  su  mayordomo,  é  quien  hablô  en  secreto, 
y  en  seguida  me  dijo  :  Gil  Bias,  luego  te  dire  en  lo  que  pienso 
emplearte;  entretanto  ye  con  mi  mayordomo,  que  yaj  le  he 
dado  ôrden  de  lo  que  ha  de  hacer  de  ti.  Obedeci  dejando  à  Fa- 
bricio con  el  conde  y  Cupido. 

El  mayordomo ,  que  era  un  Mesines  de  los  mas  diestros ,  me 
llevô  i  su  cuarto  llenéndome  de  cumplimientos.  Hizo  llamar  al 
sastre  de  la  casa,  y  le  mandô  hacerme  prontamente  un  yestido  de 
igual  magnificencia  que  los  de  los  criados  mayores.  £1  sastre  me 
tomô  la  medida  y  se  retiré.  En  cuanto  à  yuestra  habitacion,  dijo 
el  Mesines ,  os  he  destinado  una  que  os  gustarà.  Ahora  bien , 
prosigaiô,  ;os  habeis  desayunado?  Respondile  que  no.  {Que 
pobre  mozo  sois!  me  dijo;  ;porquë  no  hablais?  estais  en  una 
casa  en  donde  no  hay  mas  que  decir  lo  que  se  quiere  para  te- 
nerlo  :  yenid  conmigo»  que  yoy  à  lleyaros  à  un  parage  en  donde 
i  Dios  gracias  nada  felta. 

Dicho  esto  me  hizo  bajar  à  la  despensa,  en  la  que  hall&mos  et 
repostero,  que  era  un  Napolitano  que  yalia  tanto  como  un  Me- 
sines, de  modo  que  pudiera  decirse  de  ambos  que  eran  à  coal 
peer.  Este  honrado  hombre  estaba  con  dnco  6  seis  amigos  suyos 
atracéndose  de  jamon,  lenguas  de  yaca,  y  otras  cames  saladas 
que  les  hadan  menudear  los  tragos.  Entrémos  en  el  corro ,  y 


350  GIL  BLAS. 

ayudimos  i  aporar  los  mqores  yinos  del  seflor  conde.  Hiéntras 
esto  pasaba  eo  la  reposteria,  se  representaba  la  misina  ccMnedia 
en  la  oocina,  en  donde  el  cocinero  tambien  obsequiaba  é  très  o 
cuatro  conoddos  suyos,  qnienesnobebianmënosTÎno  que  noso- 
tros,  y  se  hartaban  de  empanadas  de  perdices  y  conejos.  Hasu 
los  marmitones  se  regalaban  con  lo  que  podian  pescar.  Yo  pensé 
estar  en  el  puerto  de  Arrebatacapas,  y  en  ana  casa  emregada  al 
pOlage  ;  pero  cuanto  estaba  yiendo  era  nada  en  comparacion  de 
lo  qne  no  veia. 

CAPITULO  XV. 

De  los  empleof  que  el  ooode  Galiano  dio  en  m  casa  i  Gil  Bias. 

Habiendo  salido  à  hacer  lleyar  el  equipage  A  mi  nueya  habita- 
cion ,  encontre  à  la  y  uelta  al  conde  en  la  mesa  con  muchos  sefto- 
res  y  el  poeta  Nuflez ,  que  con  aire  desembarazado  se  hada  ser- 
yir  como  uno  de  tantos ,  y  se  mezdaba  en  la  conyersacion.  Al 
mîsmo  tiempo  obseryé  que  no  deda  palabra  que  no  cayese  en 
gracia  A  los  circunstantes.  {Viya  el  talento!  el  que  lo  tienepuede 
hacer  cuantos  papeles  quiera. 

For  lo  que  é  mi  toca ,  comi  cou  los  criados  mayores,  que  fùè- 
ron  seryidos  cou  corta  diferencia  como  el  amo.  Acabada  la  co- 
mida ,  me  retiré  à  mi  cuarto ,  en  donde  reflcxionando  sobre  mi 
condicion ,  me  dije  à  mi  mismo  :  Ahora  bien ,  Gil  Bias ,  ya  estas 
siryiendo  à  un  conde  siciliano ,  cuyo  caràcter  no  conoces.  Si  se 
ha  de  juzgar  por  las  apariencias ,  estaràs  en  su  casa  como  d  pez 
en  el  agua  ;  pero  de  nada  se  puede  estar  seguro  ;  y  la  malignidad 
de  tu  estrella  te  ha  hecho  yer  muy  de  ordinario  que  no  debes 
fiarte  de  ella.  Ademas  de  esto  ignoras  el  destino  que  quiere  darte. 
Ya  tiene  secretarios  y  mayordomo  :  ^en  que  querrà  que  tù  le 
airy  as?  Siempre  querrà  que  Ileyes  el  caduoéo ,  quiero  dedr 
que  seas  su  confidente  secreto  :  pues  sea  enborabuena.  No  se 
podria  entrar  bajo  mejor  pié  en  casa  de  un  seAor  para  an- 
dar  mucho  en  poco  tiempo.  Siryiendo  empleos  mas  honrosos 
se  camina  lentamente,  yo  aun  con  eso  no  siempre  se  consigne  d  fin. 

En  medio  de  estas  bellas  reflexiones  yino  un  lacayo  é  decirme 
que  todos  los  caballeros  que  habian  comido  en  casa  se  habian 
marchado ,  y  que  su  seûoria  me  Uamaba.  Fui  yolando  à  su  aq[K>- 
sento  y  en  donde  le  encontre  echado  en  un  sofa  para  dormir  la 
siesta ,  y  con  su  mono  al  lado.  Acércate  ,  Gil  Bias ,  me  dijo  y  to- 
ma  una  silla  y  escuchame.  Obedecile ,  y  me  hablô  en  estes  ter- 
minos  :  Me  ha  dicho  don  Fabricio  que ,  entre  otras  bueoas  ca- 
lidades ,  tienes  la  de  amar  à  tus  amos ,  y  que  ères  un  mozo  de 
mucha  integridad.  Estas  dos  cosas  me  ban  determinado  é  recibiri^ 
para  mi  seryicio.  Necesito  un  criado  que  me  tenga  afecto ,  cuide 


LEBRO  SËPTIHO.  351 

de  mis  intereses ,  y  ponga  todo  su  conato  en  conseryar  mis  bie- 
nés.  Es  verdad  que  soy  rico  ;  pero  mis  gastos  exoeden  todos  los 
a6os  à  mis  rentas.  ^Y  porqué?  pwqae  me  roban,  porque  me 
saquean,  y  vivo  en  mi  casa  como  en  un  monte  lleno  de  ladrones. 
Sospecho  que  mi  mayordomo  y  mi  repostero  caminan  de  acuerdo  ; 
y  si  no  me  engafto,  ve  aqui  mas  de  lo  que  se  necesita  para' 
arroinanne  enteramente.  He  diras  que  si  los  contemplo  bribones 
porqué  no  los  despido;  ^pero  en  donde  hallaré  otros  que  sean 
fonnadosde  mejor  barro?  Es  preciso  contentarme  con  hacer  que 
Tigile  sobre  ellosuna  persona  encargada  de  inspeccionar  su  conduo- 
ta.  A  ti  y  Gil  Bias ,  he  elegido  para  el  desempeûo  de  esta  comision. 
Sila  évacuas  bien,  ten  por  cierto  que  no  serviras  à  un  ingrato. 
Cuidarë  de  emplearte  muy  ventajosamente  en  Sicilia. 

Despues  de  haberme  bablado  de  esta  manera ,  me  despidiô , 
y  aqnella  misma  noche  delante  de  todos  los  criados  fui  proclama- 
do  por  superintendente  de  la  casa.  Por  el  pronto  no  fuè  muy 
sensible  esta  novedad  al  Mesines  y  al  Napolitano ,  porque  yo  les 
pareoia  un  picarillo  facil  de  ganar,  y  contaban  con  que ,  partien- 
do  comnigo  la  torta,  tendrian  libertad  para  continuar  su  rumbo  ; 
pero  al  dia  siguiente  se  hallàron  muy  chasqueados  cuando  les 
manifesté  que  yo  era  enemigo  de  toda  malversacion.  Pedi  al 
mayordomo  un  estado  de  las  provisiones  :  visité  el  depôsito  de 
los  vinos,  registre  io  que  habia  en  la  reposteria^  quiero  decir 
la  vajilla  y  manteleria,  y  despues  les  exhorté  à  mirar  por  el  caudal 
del  amOy  à  nsar  de  economia  en  el  gasto,  y  acabé  mi  exhortacion 
con  asegurarles  que  daria  cuenta  à  su  sefloria  de  cuanto  malo 
\iese  hacer  en  su  casa. 

No  me  contenté  con  esto  y  sino  que  quise  tener  un  espia  para 
averiguar  si  habia  alguna  inteligencia  entre  ellos ,  y  â  este  fin  me 
valide  un  marmiton ,  que,  engolosinado  con  mis  promesas, 
dijo  que  no  podia  baber  escogido  à  otro  mas  à  propôsito  que  i 
él  para  saber  lo  que  pasaba  en  casa  :  que  el  mayordomo  y  el 
l'epostero  estaban  aunados ,  y  cada  uno  hurtaba  por  su  parte  : 
que  lodos  los  dias  enviaban  fuera  la  mitad  de  las  provisiones  que 
se  compraban  para  el  gasto  de  la  casa  :  que  el  Napolitano  man- 
tenia  à  una  dama  que  vivia  en  frente  del  colegio  de  Santo  Tomas  ; 
y  el  Mesines  à  otra  en  la  puerta  del  Sol  :  que  estos  dos  caballe- 
ros  hacian  Uevar  todas  las  mananas  à  casa  de  sus  ninfas  toda  es- 
pecie  de  provisiones  :  que  el  cocinero  por  su  parte  regalaba 
may  buenos  platos  à  una  viuda  que  conocia  en  la  vecindad  ;  y 
que  en  agradecimiento  de  los  servicios  que  hacia  é  los  otros  dos, 
^isponia  como  ellos  de  los  vinos  del  dep6sito.  Finalmente,  que 
estos  très  criados  eran  la  causa  del  gasto  tan  énorme  que  se  hacia 
^  casa  del  se&or  conde.  Si  vmd.  no  me  crée ,  aâadiô  el  marmi- 
jon,  témese  el  trabajo  de  estar  maflana  por  la  mafiana  à  eso  de 
1^  siete  cerca  del  colegio  de  Santo  Tomas,  me  veri  cargado  con 


352  GIL  BLAS. 

on  esporton  qne  le  haii  ver  que  no  miento.  Segnn  eso ,  le  dlje, 
eres  el  mandadero  do  esos  galanes  proyeedores?  Yo  soy,  respon- 
di6 ,  el  que  sirvo  al  reposftero ,  y  uno  de  mis  camaradas  hace  los 
recados  del  mayordomo. 

Esta  noticia  me  pareciô  digna  de  ayeriguarse.  El  dia  siguiente 
tuTe  la  curiosidad  de  ir  cerca  del  eolegio  de  Sanio  Tomas  à  la 
hora  seflalada.  No  tuye  que  aguardar  mncho  à  mi  espia ,  pues 
bien  pronto  le  \i  llegar  con  un  gran  esporton  lleno  de  came , 
ayes  y  caza.  Conté  las  piezas,  y  las  apuntè  en  mi  libro  de  me- 
morial que  fui  à  mostrar  al  amo,  despues  de  haber  dicho  al  mar- 
miton tiue  cumpliese  como  de  ordinario  su  encargo. 

El  seflor  siciliano ,  que  era  de  un  caràcter  muy  yiyo ,  quiso  en 
el  primer  impulso  despedir  al  Napolitano  y  al  Mesines;  pero  des- 
pues  de  haber lo  pensado ,  se  contentô  con  despedir  al-  àltimo , 
cnya  p!aza  recayô  en  mi  ;  por  lo  que  mi  empleo  de  superinten- 
dente  quedô  suprimido  poco  despues  de  su  creacion ,  y  confieso 
con  franqueza  que  no  me  peso.  Hablândo  con  propiedad  este  no 
era  mas  que  un  empleo  honorifico  de  espia,  un  destino  qoanada 
tenia  de  sôlido  ;  siendo  asi  que  llegando  à  ser  seftor  mayordomo 
tenia  à  mi  disposition  la  caja  del  dinero ,  que  es  lo  prmcipal. 
Un  mayordomo  es  el  criado  de  mas  suposicion  en  casa  de  un 
seftor  ;  y  son  tantos  los  gages  anejos  à  la  mayordomia,  que  po- 
dria  enriquecerse  sin  faltar  à  la  hombria  de  bien. 

El  bellaco  del  Napolitano  no  dejô  por  eso  sus  malas  mafias  ; 
y  adyirtiendo  que  yo  tenia  un  zelo  riguroso ,  y  que  asi  no  dejaba 
de  registrar  todas  las  maftanas  las  proyisiones  que  compraba , 
no  las  extrayiaba;  pero  el  tunante  continuô  haciendo  traer  cada 
dia  la  misma  cantidad.  Con  esta  trampa,  aumentando  el  prOyecho 
que  sacaba  de  lo  sobrante  de  la  mesa  que  de  derecho  le  perte- 
necia ,  hallô  medio  de  enyiar  la  carne  cocida  à  su  queridita  »  ya 
que  no  podia  cruda.  Aquel  diablo  nada  perdia ,  y  el  conde  nada 
habia  adelantado  con  tener  en  su  casa  al  fenix  de  los  mayordo- 
mos.  La  excesiya  abundancia  que  vi  reinar  en  las  comidas  me 
hizo  adiyinar  este  nuevo  ardid,  é  inmediatamente  puse  en  ello  re- 
medio ,  despojàndolas  de  todo  lo  supèrfluo  ;  lo  que  sin  embargo 
hice  con  tanta  prudencia^  que  no  se  notaba  nhiguna  escasez. 
Nadie  hubiera  dicho  sino  que  continuaba  siempre  la  misma  pro- 
fusion, y  sin  embargo  no  dejé  de  disminuir  con  esta  economia 
considerablemente  el  gasto ,  que  era  lo  que  el  amo  deseaba  : 
queria  ahorrar  sin  parecer  ménos  esplëndido  ;  de  suerte  que  so 
ayaricia  se  sujetaba  é  su  ostentacion. 

No  paràron  aqui  mis  providencias,  porque  tambien  r^naé 
otro  abuso.  Yiendo  que  el  yino  iba  por  la  posta,  sospechè  qoe 
habia  tambien  trampa  por  este  lado.  Eféctiyamente,  si,  por  ejon- 
plo,  habia  doce  à  la  mesa  de  su  sefloria,  se  bebian  cincoenta  y 
algunas  yeces  hasta  sesenta  botellas ,  lo  que  no  podia  ménos  de 


LIBRO  SEPTDIO.  853 

eaosarme  admiracion.  Consulté  sobre  esto  â  mi  oràcQlOy  es  decir, 
â  mi  marmiton ,  con  quien  y o  tenia  algunas  conyersaciones  se^ 
cretas ,  en  las  que  me  oontaba  con  toda  fideMdad  lo  qne  se  de- 
cia  y  hacia  en  la  cocina ,  en  donde  nadie  se  rezelaba  de  éL  Me 
dijo  que  el  desperdicio  de  que  yo  me  quejaba  procedia  de  una 
nueya  liga  que  se  habia  formado  entre  el  repostero ,  el  cocinero 
y  los  lacayos  que  seryian  el  yino  i  la  me^a:  que  estos  se  Ueya- 
ban  la^  botellas  medio  llenas ,  y  las  distribuian  despues  entre  los 
confederados.  Refti  à  los  lacayos ,  y  les  amenazë  con  echarlos  A 
la  calle  si  yolyian  à  reincidir,  y  esto  basté  para  que  se  enmen- 
dasen.  Tenia  gran  cuidado  de  in(ormar  à  mi  amo  de  las  menores 
cosas  que  hacia  en  su  bénéficie  ;  con  lo  que  me  llenaba  de  ala- 
banzaSy  y  cada  dia  me  cobraba  mas  afecto.  Por  mi  parte  recom- 
pensé al  marmiton  que  me  hacia  tan  buenos  oficios ,  haciéndole 
ayudante  de  cocina.  De  este  modo  ya  ascendiendo  un  criado  fiel 
en  las  casas  principales. 

El  Napolitano  rabiaba  de  yer  que  siempre  andaba  tras  de  él  ; 
lo  que  sentia  mas  yiyamente  era  el  tener  que  aguantar  mis  re- 
paros  siempre  que  me  daba  las  cuentas ,  porque  para  quitarle 
el  motivo  de  sisar  me  tome  la  molestia  de  ir  à  los  mercados ,  é 
informarme  del  precio  de  los  géneros ,  de  suerte  que  le  esperid)a 
con  esta  preyencion;  y  como  él  no  dejaba  de  querer  remachar 
el  clayo,  yo  le  rechazaba  yigorosamente ,  bien  persuadido  de 
que  me  maldeciria  cien  yeces  al  dia  ;  pero  la  causa  de  sus  maldi- 
ciones  me  quitaba  todo  temor  de  que  se  cumpliesen.  No  se  como 
podîa  resistir  é  mis  pesquisas ,  ni  como  continuaba  sirviendo  al 
seftor  siciliano  :  sin  duda  que  él  i  pesar  de  todo  esto  hacia  su 
agosto. 

Contaba  à  Fabrido,  à  quien  yeia  algunas  yeces ,  mis  inau- 
ditas  proezas  econômicas  ;  pero  le  hallaba  mas  propenso  à  yi- 
tnperar  mi  conducta  que  à  aprobarla.  Quierâ  Bios ,  me  dijo  un 
dia  y  que  al  cabo  y  al  postre  sea  bien  recompensado  tu  desin- 
teres;  pero,  hablando  aqui  para  los  dos,  creo  que  saldriasmas 
bien  librado  si  no  te  estrellases  tanto  con  el  repostero.  ^Pues 
qnéy  le  respondi,  este  ladron  ha  de  tener  la  osadia  de  poner 
en  la  cuenta  del  gasto  diez  doblones  por  un  pescado  que  no  costô 
mas  que  cnatro?  ^y  quieres  tù  que  yo  pase  esta  partida?  ^Y 
porqué  nô?  replicô  serenamente;  que  te  dé  la  mitad  del  au- 
mento,  y  harà  las  cosas  en  forma.  A  fe  mia,  amigo,  contmuô 
meneando  la  cabeza ,  que  no  te  sabes  gobemar.  Tù  â  la  yerdad 
echas  à  perder  las  cosas,  y  tienes  traza  de  seryir  mucho  tiempo, 
pues  no  te  chupas  el  dedo  teniéndolo  en  la  miel.  Has  de  saber 
que  la  Fortuna  es  semejante  i  aqueUas  damiselas  yiyas  y  ydei- 
dosas  &  quienes  no  pueden  sujetar  los  galanes  timidos.  Reime 
de  las  expresiones  de  Nufiez ,  que  por  su  parte  hizo  otro  tanto, 
y  qniso  persuadirme  que  aquello  habia  sido  solo  una  chanza  : 

23 


351  GIL  BLAS. 

se  ayergonzaba  de  haberme  dado  inùtilmente  nn  mal  conaejo. 
Continue  siempre  en  el  firme  propôsito  de  ser  fiel  y  zeloso , 
atrevièndome  à  asegurar  que  en  cuatro  meses  con  mi  economia 
ahorré  i  mi  amo  por  lo  mènos  très  mil  dacados. 


CAPITULO  X\l. 

Del  accidente  que  acometiô  al  mono  del  conde  Galiano ,  y  de  la  pena  que  causô  i 
este  lienor.  Gomo  Gil  Bias  cayô  eofermo  ;  y  cuales  foéron  las  résultas  de  su 
enfermedad. 

El  sosiego  qae  reinaba  en  la  casa  le  tiirb6  extrafiamente  on 
snceso^neal  lector  le  parecerà  una  bagatela;  pero  que  no  obs- 
tante llegô  à  ser  muy  serio  para  los  criados ,  y  sobre  todo  para 
mi.  CupidOy  aquel  mono  de  que  he  hablado,  aquel  animai  tan 
querido  del  amo ,  al  saltar  un  dia  de  una  ventana  à  otra ,  totnô 
tan  mal  sus  medidas  que  cayô  al  patio ,  y  se  dislocô  una  pata. 
Apënas  supo  el  conde  esta  desgracia  cuando  empezô  à  dar  gritos 
como  una  muger  ;  y  en  et  exceso  de  su  sentimiento  echo  la  culpa 
i  sus  criados  sin  excepcion ,  y  faltô  poco  para  que  los  echara  é 
todos  é  la  calle.  No  obstante ,  limité  su  indignacion  à  maldecir 
nuestro  descuido ,  y  darnos  mil  epitetos  con  palabras  descbme- 
didas.  Inmediatamente  hizo  Ilamar  à  los  cirujanos  mas  habiles 
de  Madrid  en  fracturas  y  dislocaciones  de  huesos.  Reconociéron 
la  pata  del  herido ,  repusièron  el  hueso  en  su  lugar ,  y  la  iren- 
diron  ;  pero  por  mas  que  asegurasen  no  ser  cosa  de  cuidado , 
no  pudiëron  conseguir  que  mi  amo  no  retuviese  é  une  de  ellos 
para  que  permaneciera  al  lado  del  animal  hasta  su  perfecta  eu- 
racion. 

Haria  mal  si  pasara  en  silencio  las  penas  è  inquietudes  que 
tUYO  el  seftor  siciliano  durante  este  tiempo.  ^Se  creeri  que  no 
se  apartaba  en  todo  el  dia  de  su  CupidoT  Estaba  présente  cuando 
le  curaban ,  y  de  noche  se  leyantaba  dos  6  très  yeces  i  yerle. 
Lo  mas  penoso  era  que  con  precision  habian  -de  estar  todos  los 
criados ,  y  principalmente  yo ,  siempre  leyantados ,  para  acudir 
pronto  A  lo  que  se  necesitara  en  servicio  del  mono.  En  una  pa- 
labra y  no  hubo  en  la  casa  un  instante  de  reposo  hasta  que  h 
maldita  bestia ,  curada  de  su  caida  »  yoWiô  i  sus  saltos  y  yolte- 
retas  ordinarias.  À  yista  de  esto  bien  podemos  dar  crëdito  é  h 
narracion  de  Suetonio ,  cuando  dice  que  Caligula  amaba  tanto  i 
su  caballo  que  le  puso  una  casa  ricamente  alhajada  con  criados 
para  seryirle,  y  que  tambien  queria  hacerle  consul.  Hi  amo  no 
estaba  mënos  enamorado  de  su  mono ,  y  con  gusto  le  hubiera 
nombrado  corregidor. 
Por  desgracia  mia  yo  me  distingni  mas  que  todos  los  criados 


LEBRO  SËPTIMO.  355 

en  oomplacer  al  amo  »  y  trabajë  tanto  en  cuidar  de  su  Cupido , 
que  cai  enfenno.  He  di6  una  foerte  calentura,  que  se  agrayô  de 
modo  que  perdi  el  sentido.  Ignore  lo  que  hicièron  conmîgo  en 
los  qinnce  dias  que  estuve  à  la  muerte  ;  y  solamente  se  que  mi 
mocedad  lochô  tanto  con  la  calentura ,  y  tal  yez  contra  los  re- 
medies que  me  diéron ,  que  al  fin  recobré  el  conocimiento.  El 
primer  uso  que  hice  de  èl  fuè  observar  que  estaba  en  un  cuarto 
diferente  del  mio  ;  quise  saber  porquè ,  y  se  lo  pregunté  à  una 
Tieja  que  me  asistia,  pero  me  respondiô  que  no  hablara,  porque 
el  medico  lo  habia  prohibido  expresamente.  Cuando  estâmes  bue- 
nos  ,  ordinariamente  nos  burlamos  de  estes  doctores  ;  pero  en 
estando  malos  nos  sometemos  con  docilidad  à  sus  préceptes. 

Aunque  mas  desease  hablar  con  mi  asistenta,  tome  la  deter- 
minacion  de  callar  ;  y  estaba  pensando  en  este  à  tiempo  que  en- 
trâron  dos  como  elegantes  muy  desembarazados ,  con  yestidos 
de  terdopelo ,  y  ricas  camisolas  guarnecidas  de  encajes.  Me  ima- 
giné que  eran  algunos  seûores ,  amigos  de  mi  amo ,  que  por 
atencion  &  él  me  yenian  à  yer,  y  en  esta  inteligencia  hice  un  es-- 
fiierzo  para  incorporarme,  y  por  politica  me  quite  el  gorro  ;  pero 
mi  asistenta  me  yolyiô  à  tender  à  la  larga,  dicièndome  que  aque- 
ilos  seAores  eran  el  medico  y  el  boticario  que  me  asistian. 

£1  doctor  se  acercô  é  mi ,  me  tom6  el  pulso ,  mirôme  atenta- 
mente  el  rostre ,  y  habieudo  obseryado  todas  las  seâales  de  una 
prôxima  curacion ,  se  reyistiô  de  un  aspecto  yictorioso ,  como  si 
hubiese  paesto  mucho  de  suyo ,  y  dijo  que  solo  faltaba  tomase  una 
porga  para  acabar  su  obra  ;  y  que  en  yista  de  este  bien  podia  ala- 
barse  de  haber  hecbo  una  buena  curacion.  Bespues  de  haber  ha- 
Uado  de  esta  suerte ,  dicté  al  boticario  una  receta,  mirândose  al 
mismo  tiempo  é  un  espejo ,  atusàndose  el  pelo ,  y  haciendo  taies 
gestes  que  no  pude  dejar  de  reirme  é  pesar  del  estado  en  que 
me  halhJia.  Hizome  una  cortesia  y  se  marchô,  pensando  mas  en 
su  cara  que  en  las  drogas  que  habia  recetado. 

Luego  que  saltô,  el  boticario,  que  sin  duda  no  fuè  à  mi  casa 
en  yano  »  se  préparé  para  ejecutar  lo  que  se  puede  discurrir. 
Fuese  porque  temiese  que  la  yieja  no  se  daria  buena  mafia ,  6 
sea  para  hacer  yaler  mas  el  gënero,  quiso  operar  por  si  mismo  ; 
pero  à  pesar  de  su  destreza,  apénas  me  habia  disparado  la  carga  » 
cuando ,  sin  saber  como ,  la  rechazè  sobre  el  manipulante  po- 
niëndole  el  yestido  de  terciopelo  como  de  perlas.  Tuyo  este  ac- 
cidente por  adeala  del  oficio.  Tomô  una  toalla,  se  limpiô  sin  de- 
cir  palabra ,  y  se  fué  bien  resuelto  à  hacerme  pagar  lo  que  le 
Ueyase  el  quitamanchas,  à  quien  sin  duda  tuyo  precision  deen- 
viar  su  yestido. 

A.  la  mafiana  siguiente  yolyiô  yestido  mar llanamente ,  aunque 
nada  tenia  que  ayenturar  ya ,  y  me  trajo  la  purga  que  el  doctor 
habia  recetado  el  dia  entes.  Yo  me  sentia  por  mementos  mejor  ; 


3â6  GIL  BLAS. 

pero  ftiera  de  eso ,  habia  cobrado  tanta  aversion  desde  el  dîa 
anterior  à  los  medicos  y  boticarios ,  que  maldecia  hasta  las  um- 
irersidades  en  donde  é  estos  sefiores  se  les  da  la  facoltad  de 
matar  hombres  sin  riesgo.  Con  esta  disposicion  déclaré  enfedado 
que  no  queria  mas  remedios ,  y  que  fîieran  à  los  dîablos  Hipo- 
crates y  sus  secuaces.  El  botîcario^.é  quien  maldita  de  Dtos  la 
cosa  se  le  daba  de  que  yo  diera  el  destino  que  quisiera  à  su 
medicina,  con  tal  que  se  la  pagase,  la  dejô  sobre  la  mesa»  y  se 
retiré  sin  decirme  una  palabra. 

Inmediatamente  hice  arrojar  por  la  yentana  aquel  maldito 
brebaje ,  contra  el  cual  habia  formado  tal  aprension ,  que  habria 
creido  beber  veneno  si  lo  hubiera  tornado.  Â  esta  desobediencia 
aftadi  otras  :  rompi  el  silencîo ,  y  dije  con  entereza  é  la  que  me 
cuidaba ,  que  lo  que  positivamente  queria  era  me  dièse  noticias 
de  mi  amo.  La  vieja,  que  temia  excitar  en  mi  una  alteracion 
peligrosa  si  me  respondia ,  6  por  el  contrario ,  que  si  dejaba  de 
satisfacerme  irritaria  mi  mal ,  se  detuvo  un  poco  ;  pero  la  insté 
con  tal  empefto ,  que  al  fin  me  respondiô  :  Caballero ,  ymd.  no  tiene 
mas  amo  que  à  ymd.  mismo.  El  conde  Galiano  se  ha  Tuelto  à  Sicilia. 

Me  parecia  increible  lo  que  oia  ;  pero  nada  era  mas  derto. 
Este  seAor,  desde  el  segundo  dia  de  mi  enfermedad,  temiendo 
que  muriese  en  su  casa,  tuvo  la  bondad  de  hacerme  trasladar 
con  lo  poco  que  tenia  à  una  posada ,  en  donde  me  dejô  aban- 
donado  sin  mas  ni  mas  é  la  providencia  y  al  cuidado  de  una 
asistenta.  En  este  tiempo  tuvo  ôrden  de  la  corte  para  restituirse 
à  Sicilia ,  y  se  marché  tan  aceleradamente  que  no  pudo  pensar 
en  ml  y  ya  fuese  porque  me  contaba  con  los  muortos ,  é  ya  por- 
que  las  personas  de  distincion  suelen  padecer  estas  faltas  de 
memoria. 

Mi  asistenta  fiiè  la  que  me  lo  conté  todo,  y  me  dijo  que  elh 
era  la  que  habia  buscado  medico  y  boticario  para  que  no  muriese 
sin  su  asistencia.  Estas  bellas  noticias  me  hiciëron  caer  en  un 
profîindo  desvario.  i  Â  l)ios  mi  establecimiento  yentajoso  en 
Sicilia  !  |  à  Dios  mis  mas  dulces  esperanzas  !  cr  Cuando  os  suceda 
alguna  gran  desgracia ,  dice  un  papa ,  examinaos  bien,  y  encon- 
traréis  que  siempre  habeis  tenido  alguna  parte  de  culpa.  »  Con 
perdon  de  este  santo  padre ,  no  puedo  descubrir  en  que  hubiese 
yo  contribuido  fc  mi  fatalidad  en  aquella  ocasion. 

Cuando  yi  desvanecidas  las  lisonjeras  fentasmas  de  que  me 
habia  llenado  la  cabeza,  lo  primero  que  me  ocupé  el  pensa- 
miento  fuè  mi  maleta ,  que  hice  traer  à  mi  cama  para  registrarla. 
Al yerla  abierta  suspire:  |  Ay  mi  amada  maleta ,  exclamé,  ûnico 
consuelo  mio  !  à  lo  que  yeo  has  estado  à  merced  de  manos  age- 
nas.  No,  no,  seftor  Gil  Bias,  me  dijo  enténces  la  yieja,  créa 
ymd.  que  nada  le  han  robado.  He  guardado  su  maleta  lo  mismo 
que  mi  honra. 


LIBRO  SËPTIHO.  857 

Encontre  el  yestido  que  lleyaba  caando  entré  à  serrir  al 
conde;  pero  basque  en  yano  el  que  me  mandô  hacer  el  MesH 
oes.  Mi  amo  no  habia  tenido  por  conveniente  dejànnelo ,  6alguoo 
se  lo  habia  apropiado.  Todo  lo  restante  de  mi  ajuar  estaba  alli, 
y  tambien  una  boisa  grande  de  cuero  donde  tenia  mi  dinero.  Lo 
contëdosveceSy  porque  à  la  primera ,  no  ballando  mas  que  cin- 
cuenta  doblones,  no  crei  quedasen  tan  pocos  de  doscientos  y 
sesenta  que  dejé  en  ella  antes  de  mi  eniermedad.  i  Que  es  esto? 
tmena  muger ,  dije  â  mi  asistenta.  Mi  caudal  se  ha  disminuido 
rnocho.  Nadie  ha  Uegado  é  él ,  respondiô  la  yieja ,  y  he  gastado 
loménos  que  me  ha  sido  posible;  pero  las  enfermedades  cuestan 
mucho:  es  necesario  estar  siempre  dando  dinero.  Yea  ymd., 
afiadiô  la  buena  econômica  sacando  de  la  Sadtriquera  un  legajo 
de  papeles ,  yea  ymd.  una  cuenta  del  gasto  tan  cabal  como  el 
orOy  y  que  os  barà  yer  que  no  he  malgastado  un  ochayo. 

Recorri  la  cuenta,  que  bien  tendria  sus  quince  à  yeinte  hojas. 
I  Dios  misericordioso  i  \  que  de  ayes  se  habian  comprado  mièn- 
tras  yo  estuye  sin  sentido  l  Solamente  en  caldos  ascenderia  la 
soma  por  lo  mènos  à  doce  doblones.  Las  otras  partidas  eran 
oorrespondientes  à  esta.  No  es  decible  lo  que  habia  gastado  en 
carbon  y  en  luz,  en  agua,  en  escobas,  etc.  Sin  embiairgo,  por 
may  Ilena  que  estuyiese  su  lista ,  el  total  Uegaba  apënas  à  treinta 
doblones ,  y  por  consiguiente  debian  quedar  todayia  doscientos 
treinta.  Dijeselo  ;  pero  la  vieja  con  un  aire  de  sencillez  empezô  & 
poner  por  testigos  é  todos  los  santos  de  que  en  la  boisa  no  habia 
mas  que  ochenta  doblones  cuando  el  mayordomo  del  conde  le 
habia  entregado  mi  maleta.;Qué  dice  ymd.?  buena  muger,  le 
iaterrumpi  con  precipitacion.  ;  Fuë  el  mayordomo  quien  diô  â 
vmd.  mi  ropa?  El  fuë  realmcnte,  me  respondiô:  por  mas  seiUis 
que  al  dàrmela  me  dijo  :  Tome  ymd.,  buena  muger ,  cuando  el 
se&orGil  Bias  este  frito  en  aceite,  no  deje  ymd.  de  obsequiarle 
con  un  bnen  entierro.  En  esta  maleta  hay  con  que  hacerle  las 
hooras. 

i  Ah  9  maldito  Napolitanoj  exclamé  entônces ,  ya  no  necesito 
saber  en  donde  para  el  dinero  que  pie  falta.  Tù  lo  has  Ileyado 
para  desquitarte  de  lo  que  te  he  impedido  hurtases.  Despues  de 
esta  inyectiya  di  gracias  al  cielo  de  que  el  bribon  no  hubiese 
cargado  con  todo.  No  obstante ,  aunque  yo  tenia  motiyo  para 
imputarle  el  hurto ,  no  dejé  de  discurrir  que  acaso  podia  haberlo 
hecho  mi  asistenta.  Mis  sospechas  tan  presto  recaian  sobre  el  uno 
como  sobre  el  otro;  mas  para  mi  siempre  era  lo  mismo.  Nada 
dije  à  la  yieja ,  ni  tampoco  quise  altercar  sobre  las  partidas  do 
su  larga  cuenta ,  porque  nada  hubiera  adelantado  :  es  preciso  quo 
cada  uno  haga  su  oficio.  Mi  resentimiento  se  redujo  â  pagarle , 
y  despedirla  de  alli  à  très  dias. 

Me  imagino  que  al  salir  de  mi  casa  fuë  à  ayisar  al  boticario  de 


358  GIL  BLAS. 

que  yo  la  habia  despedido  y  me  hallaba  ya  restableddo  y  faerte 
para  poder  tomar  las  de  Yilladiego  sin  pagarle ,  porque  le  ti  ye- 
nir  de  alii  à  poco  que  apénas  podia  echar  el  aliento.  Di6me  so 
coenta ,  en  la  que  yenian  los  supuestos  remedios  que  me  habia 
suministrado  cuando  estaba  yo  sin  sentido ,  puestos  con  unos 
nombres  que  no  entendi  aunque  habia  sido  medico.  Esta  se  po- 
dia llamar  propiamente  cuenta  de  boticario ,  y  asl  cuando  Oegô 
el  caso  de  la  paga  altercàmos  bastante;  pretendiendo  yo  que  re- 
bajase  la  mitad ,  y  èl  porfiando  que  no  bajaria  un  maravedi;  pero 
haciëndose  cargo  al  fin  el  boticario  de  que  las  habia  con  un  mozo 
que  en  el  dia  podia  marcharse  de  Madrid ,  tome  à  bien  eonten- 
tarse  con  lo  que  le  ofrecia ,  es  decir ,  con  très  partes  raas  de  lo  • 
que  yaliansus  medicinas ,  por  no  exponerse  à  perderlo  todo.  Con 
mucho  sentimiento  mio  le  aflojè  el  dinero ,  con  lo  que  se  retir6 
bien  yengado  de  la  desazoncilla  que  le  causé  el  dia  de  la  laTativa. 

£1  medico  Uegé  casi  al  punto ,  porque  estos  animales  yan  siem- 
pre  uno  tras  otro.  Le  satisfice  el  importe  de  sus  yisitas ,  que 
habian  sido  frecuentes ,  y  se  marché  contento.  Has  para  acredi- 
tarme  que  habia  ganado  bien  su  dinero ,  entes  de  retirarse  me 
refirié  por  menor  las  mortales  consecuencias  que  habia  precavi- 
do  en  mi  enfermedad ,  lo  cual  hizo  en  términos  mny  elegantes  y 
con  un  aspecto  agradable;  pero  nada  comprendl  de  cuanto  dijo. 
Luego  que  sali  de  él ,  me  juzgué  ya  libre  de  todos  los  fiamiliares 
de  las  parcas  ;  pero  me  engaftaba ,  porque  vino  tambien  un  ciru- 
jano  9  à  quien  en  mi  vida  habia  yisto.  Saludéme  muy  cortesmen- 
te ,  y  manifesté  mucho  gusto  de  hallarme  fuera  del  peligro  en 
que  me  habia  visto ,  atribuyenda  este  beneficio ,  decia  él ,  é  dos 
copiosas  sangrias  que  me  habia  hecho ,  y  é  unas  yentosas  que 
habia  tenido  la  honra  de  aplicarme.  Esta  pluma  quedaba  que  ar- 
rancarme  todavia  :  me  fué  preciso  asimismo  pagar  al  cirujano. 
Con  tantas  evacuaciones  se  quedé  tan  flaco  mi  bolsillo ,  que  se 
podia  decir  era  un  cuerpo  aniquilado  ;  y  que  ni  aun  le  quedaba 
el  humedo  radical. 

Al  yerme  otra  yez  abismado  en  tan  miserable  situacion  empezi'. 
à  desanimarme.  En  casa  de  .mis  ùhimos  amos  me  habia  aficiona- 
do de  suerte  à  las  comodidades  de  la  vida ,  que  no  podia  ya  oo- 
mo  en  otro  tiempo  considerar  la  indigeucia  del  modo  que  un 
filésofo  cinico.  Â  la  yerdad  no  debia  entristecerme ,  teniendo 
repetidas  experiencîas  de  que  la  Fortuna  apénas  me  derribaba 
cuando  me  volyia  à  levantar:  antes  hubiera  debido  mirar  mi  in- 
feliz  estado  como  una  ocasion  de  inmediata  prosperidad. 


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LIBRO  OCTAVO.  36» 

LIBRO  OCTAVO. 


CAPITULO  I. 

GQ  Bias  adquiere  an  buen  ccmocimiento,  j  logra  an  empleo  que  le  consuela 
de  la  ingratiiad  del  oonde  Galiano.  Historia  de  don  Yalerio  de  Lana. 

Como  en  todo  este  tiempo  no  habia  oido  hablar  de  Nufiez , 
discDiri  habria  ido  à  diTertirse  à  algun  lugar.  Luego  que  pude 
andar ,  fui  à  sa  casa ,  y  supe  que  en  efecto  hacia  très  semanas 
estaba  en  Andalucia  con  el  duque  de  Medinasidonia. 

Al  despertarme  una  maâana  me  ocurriôà  la  memoria  Melchor 
de  la  Ronda ,  y  me  acordè  que  le  habia  ofrecido  en  Granada  ir 
i  Ter  à  su  sobrino  si  algun  dia  Tolvia  à  Madrid  ;  y  querienda 
CDmplir  mi  promesa  aquel  mismo  dia ,  me  informé  de  la  casa  de 
don  Baltasar  de  Zùftiga ,  y  pasé  â  ella.  Preguntè  por  el  seAor  José 
Navarro ,  que  no  tardé  en  presentarse  :  habiëndole  saludado ,  y 
dichole  quien  era ,  me  recibié  atentamente ,  pero  con  frialdad  r 
de  suerte  que  no  podia  conciliar  aquel  recibimiento  indiferente^ 
con  el  retrato  que  me  habian  becbo  de  este  repostero.  Iba  é  re- 
tirarme  con  ànimo  de  no  vol  ver  à  hacerle  otra  visita ,  cuando^ 
mostréndome  de  repente  un  semblante  apacible  y  risuefio^,  me 
dijo  oon  mucha  expresion  :  { Ah  ,  seftor  Gil  Bias  de  Santillana  ! 
saplico  à  vmd.  me  perdone  el  recibimiento  que  le  he  hecho.  Mi 
memoria  tiene  la  culpa  de  que  yo  no  haya  manifestado  el  buen 
afecto  con  que  estoy  dispuesto  à  favor  de  vmd  :  se  me>  habia  olvi- 
dado  su  nombre ,  y  ya  no  pensaba  en  el  caballero  que  me  reco- 
mendaban  en  una  carta  que  recibi  de  Granada  hace  mas  de  cua-r 
tro  meses. 

Permitidme  que  os  abraze,  aAadiô,  estrechàndome  lleno  de 
gozo;  mi  tio  Melchor ,  à  quien  estimo  y  venero  como  à  mi  pro- 
pio  padre ,  me  encarga  encarecidamente  que,  si  por  acaso  tengo 
la  honra  de  ver  à  vmd.,  le  trate  como  si  fuera  vmd.  su  hijo,  y 
emplee ,  en  caso  necesarie ,  mi  valimiento  y  el  de  mis  amigos 
^  obsequio  de  vmd.  Me  hace  un  elogio  del  buen  corazon  y  ta- 
lento  de  vmd.  en  taies  términos ,  que  aun  cuando  no  me  moviera 
i  ello  su  recomendacion ,  me  empeilaria  en  servirle.  Mireme  vmd.» 
pneSy  le  suplico ,  como  à  un  hombre  à  quien  mi  tio  por  su  carta 
hacomunicado  toda  la  inclinacion  que  le  profesa:  franqueo  à  vmd. 
mi  amistad  ;  no  me  niegue  la  suya. 

Respondi  con  el  agradecimiento  debido  â  la  cortesia  de  José; 
7  ^  el  mismo  instante  contrajimos  una  estrecha  amistad ,  siendo 
^''^^^^  francos  y  sinc^os.  No  dudé  descubrirle  el  triste  estado 


360  GIL  BLAS. 

de  mis  asuntos,  y  apënas  le  oy6  cuando  me  dqo:  He  encargo 
del  coidado  de  acomodar  à  ymd.,  y  entre  tanto  no  deje  vmd.  de 
Tenir  i  corner  conmigo  todos  los  dias,  que  tendra  mejor  comida 
qae  en  la  posada  donde  esta. 

La  oferta  halagaba  demasiado  i  an  convaleciente  escaso  de  di^- 
nero ,  y  ensefiado  i  los  buenoa  bocados ,  para  que  yo  la  dese- 
chase  :  aceptéla ,  pnes ,  y  me  repuse  tanto  eu  aquella  casa ,  que  é 
los  quince  dias  tenia  ya  una  cara  de  monge  bernardo.  Parecîôme 
que  el  sobrino  de  Helchor  hacia  en  aquella  casa  su  agosto  ;  ;pero 
como  no  lo  haria,  teniendo  i  un  mismo  tiempo  très  empleos, 
pues  era  gefe  de  la  reposter ia,  de  la  cueva  y  de  la  despensa? 
Ademas,  y  sin  perjuido  de  nuestra  amistad ,  yo  creo  que  ël  y  d 
mayordomo  estaban  muy  bien  avenidos. 

Ya  estaba  yo  perfectamente  restablecido,  cuando  »  yièndome  un 
dia  mi  amigo  José  llegar  i  casa  de  Zùfliga  para  corner,  segun  mi 
costumbre,  me  saliô  à  recibir,  y  me  dijo  con  alegria  :  Selkor  Gil 
Bias ,  tengo  que  proponeros  un  acomodo  muy  bueno  :  sepa  Tmd. 
que  el  duque  de  Lerma,  primer  ministro  de  la  corona  deEspaâa, 
para  entregarse  enteramente  al  despacho  de  los  negocios  del 
estado,  confia  el  cuidado  de  los  suyos  à  dos  personas  :  para  re- 
caudar  sus  rentas  ha  escogido  à  don  Diego  de  Monteser,  y  ha 
encargado  la  cuenta  del  gasto  de  su  casa  à  don  Rodrigo  Calde- 
ron.  Estos  dos  confidentes  ejercen  sus  empleos  con  una  autori- 
dad  absoluta ,  y  sin  depender  uno  de  otro.  Don  Diego  tiene  re- 
gularmente  â  sus  ôrdenes  dos  .administradores  que  hacen  las 
cobranzas;  y  como  supe  esta  maftana  que  habia  despedido  i  uno 
de  ellos ,  fui  à  pedir  su  plaza  para  vmd.  £1  seûor  de  Monteser,  que 
me  conoce,  y  de  quien  me  precio  ser  estimado,  me  la  ha  conce- 
dido  sin  dificuldad  por  los  buenos  informes  que  le  he  dado  de 
las  costumbres  y  capacidad  de  \md. ,  y  hoy  despues  de  corner 
irèmos  â  su  casa. 

Asi  lo  hicimos:  fui  recibido  con  mucho  agrado,  y  colocado 
en  el  empleo  del  administrador  que  habia  sido  despedido ,  el 
cual  consistia  en  yisitar  nuestras  granjas ,  repararlas ,  cobrar  sus 
arrendamientos,  y  en  una  palabra ,  mi  incumbencia  era  coidar  de 
los  bienes  del  campo.  Todos  los  meses  daba  mis  cuentas  à  don 
I^^go,  quien ,  à  pesar  de  todo  el  bien  que  le  habia  dicho  mi  amigo 
de  mi ,  las  examinaba  con  mucha  atencion  ;  pero  esto  era  lo  que 
yo  queria ,  porque  aunque  mi  rectitud  habia  sido  tan  mal  pagada 
en  casa  de  mi  ultimo  amo ,  estaba  resuelto  a  couservarla  siempre. 

Supimos  un  dia  que  se  habia  pegado  fuego  à  la  quinta  de 
Lerma ,  y  reducido  à  cenizas  mas  de  la  mitad ,  y  con  esta  noticia 
inmediatamente  pasë  à  ella  à  reconocer  el  dafto.  Habièndome  in- 
formado  puntualmente  de  las  circunstancias  del  incendio ,  formé 
una  extensa  relacion  de  cllas ,  que  Monteser.  manifesté  al  duque 
de  Lerma.  El  ministro ,  à  pesar  del  sentimiento  que  tenia  de  sa- 


LIBRO  OCTAVO.  361 

ber  tan  mala  naeva,  admird  la  relacion ,  y  no  pudo  ménos  de 
pregnntar  quien  era  Stt  autor.  Don  Diego  no  se  contentô  con  de- 
cirselo,  sino  qae  le  hablo  tan  à  &vor  mio ,  que  pasados  seis 
meses  se  acordô  S.  E.  de  esto  con  motivo  de  una  historia  que 
Toy  à  contar,  y  sin  la  cual  puede  ser  que  jamas  hubiera  yo  lo- 
grado  empleo  en  la  corte.  Esta  historia  es  la  siguiente  : 

£n  la  calle  de  las  Infontas  vivia  entônces  una  seAora  anciana, 
Damada  Inesilla  de  Cantarilla,  cuyo  nacimiento  no  se  sabia  a 
punto  fijo  :  unos  decian  era  hija  de  un  guitarrero ,  y  otros  de  un 
comendador  de  la  ôrden  de  Santiago.  Fuese  lo  que  fuese ,  ella 
era  una  persona  admirable ,  pues  la  naturaleza  le  habia  conoe- 
dido  el  singular  privilegio  de  hechizar  à  los  hombres  durante  el 
curso  de  su  \ida,  que  subsistia  aun  despues  de  quince  lustros 
cumplidos.  Habia  sido  el  idolo  de  los  seAores  de  la  corte  an* 
tigua ,  y  se  yeia  adorada  de  los  de  la  nueva  :  el  tiempo ,  que  no 
respeta  la  hermosura,  trabajaba  en  Tano  en  disminuir  la  suya  :  la 
marchitabay  si;  pero  no  le  quitaba  el  poder  de  agradar.  Un 
semblante  noble ,  un  entendimiento  embelesador,  y  muchas  gra- 
cias naturales ,  le  hacian  excitar  pasiones  hasta  en  su  Tejez. 

Don  Yalerio  de  Luna ,  cabaUero  de  veinte  y  cinco  aûos ,  y  uno 
de  los  secretarios  del  duque  de  Lerma ,  visitaba  à  Inesilla ,  y 
quedô  enamorado  de  ella  :  declarôle  su  pasion ,  y  siguiô  la  liebre 
con  lodo  el  ardor  que  el  amor  y  la  juventud  son  capaces  de  ins- 
pirar.  La  seAora,  que  tenia  sus  motivos  para  no  querer  condes- 
cinder  con  sus  deseos ,  no  sabia  que  bacerse  para  contener* 
los.  No  obstante  y  creyô  un  dia  haber  encontrado  arbitrio  para 
ello,  hadendo  pasar  sJ  jôyen  à  su  gabinete,  donde,  enseAéndole 
un  relox  que  estaba  sobre  una  mesa,  le  dijo:  Yed  la  bora  que 
es  :  boy  hace  setenta  y  cinco  aAos  que  naci  i  la  misma  :  à  fe  que 
me  caerian  bien  los  aitiores  en  esta  edad.Yolved,  hijo  mio ,  en  tos 
mismo ,  y  ahogad  unos  sentîmientos  que  no  convienen  ni  à  tos 
ni  à  mi.  A  esta  reconyencion  juiciosa ,  el  caballero,  à  quien  no 
bacia  fiierza  la  razon ,  respondiô  à  la  seAora  con  toda  la  impetuo- 
sidad  de  un  hombre  poseido  de  los  movimientos  que  le  agitaban  : 
Cruel  Inès,  ;porquè  recurris  à  esos  frivolos  artifîcios?  ;  pensais 
que  pueden  haceros  otra  à  mis  ojos?  No  os  lisonjeeis  con  una 
esperanza  tan  engaAosa;  ya  seais  tal  cual  os  veo,  6  ya  mi  vista 
padezca  alguna  ilusion ,  yo  no  he  de  césar  de  amaros.  Pues  bien, 
replicô  ella  :  una  yez  que  con  tanta  porfia  quereis  continuar  con 
Tuestra  pretension,  hallaréis  de  aqui  en  adelante  cerrada  mi 
puerta;  y  asi  os  probibo  y  os  mando  que  jamas  os  presenteis  à 
mi  yista. 

Acaso  se  créera  que,  en  yirtud  de  esto,  turbado  y  confuso  don 
Valerio  de  lo  que  acababa  de  oir,  se  retirô  cortesmente  ;  pero 
sueediô  todo  lo  contrario ,  pues  se  hizo  mas  importuno.  £1  amor 
hace  en  los  enamorados  el  mismo  efecto  que  el  yino  en  los 


963  GIL  BLAS. 

bomchoi.  El  catudlero  soplioô,  nispirô  »  y  fMoando 
mente  de  los  niegos  é  la  Tioleocia,  inteatô  lognur  por  foena  lo 
que  no  podîa  obtener  de  otro  modo  ;  pero  la  seilora ,  recha- 
zéndoleoon  valor,  le  dijo  initada:  Detente,  temerario,  voy  i 
refrenar  to  loco  amor  :  sabe  que  ères  hijo  mio. 

Atônito  don  Yalerio  de  oir  semejantes  palabras,  soapendîôsa 
atrevimiento  ;  pero  discorriendo  qae  Inesilla  decîa  aqnello  para 
librarse  de  su  solicitud ,  le  respondiô  :  Vos  inventais  esa  fiîbala 
para  huir  de  mis  deseos.  No,  no ,  interrompiô  ella :  te  revelo  on 
secreto  que  siempre  te  hubiera  ocoltado,  si  no  me  hobieras  re- 
ducido  i  la  necesidad  de  declaràrtelo.  Veinte  y  seîs  alios  haoe 
qae  amaba  é  don  Pedro  de  Luna,  tn  padre,  qae  era  entônœs 
gobemador  de  Segovia;  tù  fuiste  el  frato  de  noestros  amores: 
te  reconociô ,  te  hizo  criar  con  coidado  ;  y  ademas  de  que  no  te- 
nia otro  hijo ,  tos  buenas  prendas  le  estimuléron  à  dqarte  cao- 
dal.  Yo  por  mi  parte  no  te  he  desamparado  :  laego  qae  te  vi  ya 
metido  en  el  trato  del  mundo,  he  procurado  atraerte  i  mi  casa 
para  inspirarte  aquellos  modalos  corteses  que  son  tan  necesarios 
en  una  persona  fina,  y  que  solo  las  mugeres  pueden  enseftar  i 
los  caballeros  mozos:  y  aun  he  hecho  mas,  he  empleado  todo 
mi  valimiento  para  colocarte  en  casa  del  primer  ministro  :  en 
fin ,  me  he  interesado  por  ti  como  debia  hacerlo  por  un  hijo* 
Sabido  esto,  mira  lo  que  déterminas  :  si  puedes  purîficar  tus 
sentimientos ,  y  mirarme  solo  como  i  una  madré,  no  te  ecfaaré 
de  mi  presencia ,  y  te  amarè  tan  tiernamente  como  basta  aqul  ; 
pero  si  no  ères  capaz  de  hacer  este  esfiierzo ,  que  la  razon  y  la 
naturaleza  exigen  de  ti,  huye  al  momento,  y  librame  del  horror 
de  verte. 

Miéntras  Inesilla  bablaba  de  esta  suerte ,  guardaba  don  Ya- 
lerio un  triste  silencio  :  nadie  hubiera  dicho  sino  que  llamaba  en 
su  auxilio  à  la  virtud  para  vencerse  à  si  mismo  ;  pero  esto  era 
en  lo  que  mënos  pensaba.  Meditaba  otro  designio,  y  preparaba 
à  su  madré  un  espectéculo  muy  diverso,  porque,  viendo  que  era 
insuperable  el  obstàculo  que  se  oponia  à  su  felicidad ,  se  rindiô 
cobardemente  â  la  desesperacion  ;  y  sacando  la  espada,  se  atra- 
vesé  con  ella.  Se  castigô  como  otro  Edipo ,  con  la  diferencia  de 
que  al  Tébano  le  cegô  el  dolor  de  haber  consumado  el  crimen, 
y  el  Castellano  al  contrario  se  atravesô  de  sentimiento  de  no  har 
berle  podido  cometer. 

£1  desgraciado  don  Yalerio  no  muriô  al  instante  :  tuvo  Uempo 
de  arrepentirse  y  pedir  al  cielo  perdon  de  haberse  quitado  la 
vida  à  si  mismo.  Como  por  su  muerte  quedô  vacante  el  empleo 
de  secretario  en  casa  del  duque  de  Lerma ,  este  ministro ,  que 
no  habia  echado  en  olvido  la  relacion  que  escribi  del  incendie , 
ni  el  elogio  que  de  mi  se  le  habia  hecho,  me  eligiô  para  sustituir 
à  estejôven. 


LIBRO  OCTAVO.  963 

CAPiTULO  n. 


Presentan  &  Gil  Bias  al  duque  de  Lerma ,  quien  le  admite  por  uno  de  sus  s 
tarios.  Este  ministro  le  seAala  el  trabajo  que  ha  de  hacer,  y  qaeda  gustoso 
deiO. 

Monteser  me  paiticipô  esta  agradable  noticia,  dicièndome: 
Amigo  Gil  Bias,  siento  os  separeis  de  mi;  pero  como  os  estime, 
no  puedo  ménos  de  alegrarme  seals  sucesor  de  doo  Yalerio.  Ha- 
réis  fortona  si  seguis  dos  consejos  que  Yoy  à  daros  :  el  primero 
es  y  qae  os  mostreis  tan  adicto  i  S.  £.,  que  no  dade  que  le  pro- 
fesais  el  mayor  afecto  ;  y  el  segundo ,  que  hagais  la  corte  à  don 
Rodrigo  Calderon ,  porque  este  hombre  maneja  el  ânimo  de  su 
amo  como  una  blanda  cera.  Si  teneis  la  dicha  de  agradar  i  este 
secretario  fayorito ,  me  atrevo  i  aseguraros  con  certidumbre  que 
sobirëîs  mucho  en  poco  tiempo. 

Dilas  gracias  â  don  Diego  por  sus  saludables  consejos,  y  le 
dije  :  Hàgame  vmd.  el  fevor  de  explicarme  el  caràcter  de  don 
Rodrigo ,  porque  he  oido  decir  que  es  un  sngeto  nada  bueno  ; 
pero  aunque  alguna  vez  el  pueblo  acierta  en  sus  juicios ,  no  me 
fio  de  las  pinturas  que  suele  hacer  de  las  personas  que  estân  en 
candelero.  Sirvase  ymd.,  pues ,  decirme  lo  que  piensa  del  seflor 
Calderon.  Asunto  es  delicado ,  me  respondiô  el  apoderado  con 
una  sonrisa  maligna  :  a  cualquiera  otro  le  diria  sin  detenerme 
que  es  un  hidalgo  honrado ,  de  quien  no  se  podria  decir  sino 
bien  ;  pero  con  vos  quiero  ser  franco ,  porque  ademas  de  que 
conozco  Tuestra  prudencia ,  me  parece  debo  hablaros  daramente 
de  don  Rodrigo,  pues  os  he  avisado  que  debiais  gùardarle  mira- 
mientos  :  de  otro  modo  no  haria  mas  que  serviros  à  médias. 

Ya  sabeis,  pues,  prosiguiô,  que  era  un  simple  criado  de 
S.  £.  cnando  todavia  no  era  este  mas  que  don  Francisco  de  San- 
doval, y  que  por  grados  ha  llegado  à  ser  su  primer  secretario. 
No  se  ha  visto  nunca  hombre  mas  vano.  Jamas  corresponde  i 
las  cortesias  que  se  le  hacen,  é  no  precisarle  à  ello  razones  muy 
poderosas.  En  una  palabra ,  él  se  considéra  como  un  compa- 
ûero  del  duque  de  Lerma ,  y  en  realidad  podria  decirse  que  par- 
ticipa de  la  autoridad  del  primer  ministro,  pues  que  le  hace 
conferir  los  gobiernos  y  los  empleos  é  quien  se  le.  antoja.  El 
publico  frecuentemente  murmura  de  ello;  mas  èl  no  hace  caso: 
con  tal  que  saque  lo  que  llamamos  para  guantes ,  le  importa 
muy  poco  la  censura  publica.  Por  lo  que  acabo  de  decir  cono- 
ceréis ,  aûadiô  don  Diego ,  como  debeis  portaros  con  un  hombre 
tan  altanero.  (Oh!  bien  esta;  dèjeme  vmd.  é  mi:  muy  mal  han 
de  andar  las  cosas  para  que  no  me  estime:  cuando  se  conoce 
el  flaco  de  un  hombre  à  quien  se  intenta  agradar ,  es  precise 


364  GILBLAS. 

ser  poco  dtestro  para  no  consegairlo.  Siendo  asi ,  repnso  Mod- 
teser ,  voy  â  presentaros  ahof a  mismo  al  duque  de  Lenna. 

Al  instante  pasàmos  â  casa  del  ministro ,  à  qoien  enoontrémos 
dando  audiencia  en  una  gran  sala ,  en  donde  habia  mas  gente 
que  en  palado.  Alli  vi  comendadores  y  caballeros  de  Santiago 
y  de  Calatrava  que  solicitaban  gobiemos  y  Tireinatos;  obispos 
que  y  siendo  sus  diôcesis  contrarias  à  su  salud,  querian  ser  arzo- 
bispoSy  nada  mas  que  por  mudar  de  aires;y  tambien  may  bue- 
nos  religiosos  dominicos  y  franciscanos  que  pedian  con  toda  bn- 
mildad  mitras  :  vi  tambien  oficiales  reformados  haciendo  el  mismo 
papel  que  el  capitan  Chinchilla ,  esto  es ,  que  se  consumian  es- 
perando  una  pension.  Si  el  duque  no  satisfiacia  los  deseos  de  to- 
dos ,  recibia  i  lo  mënos  con  agrado  sus  memoriales,  y  adyerti 
que  respondia  muy  cortesmente  à  los  que  le  hablaban. 

Esperâmos  cou  paciencia  que  despachara  â  todos  los  preten- 
dtentes.  Entônces  don  Diego  le  dijo:  SeAor,  aqul  esta  Gil  Bias  de 
Santillana ,  à  quien  Y.  E.  ha  elegido  para  ocupar  el  empleo  de 
don  Valerio.  Mirôme  el  duque ,  y  me  dijo  con  mncha  afabilidad 
que  lo  tenia  merecido  por  los  servicios  que  le  habia  hecfao.  Me 
hizo  despues  entrar  en  su  despacho  para  hablarme  à  solas ,  6 
mas  bien  para  formar  juicio  de  mi  talento  por  mi  conyersacion. 
Quiso  saber  quien  yo  era ,  y  la  historia  de  mi  vida ,  diciëndome 
se  la  contase  fielmente.  {Que  relacion  tan  larga  laque  se  me  pe- 
dia  I  Mentir  à  un  primer  ministro  de  Espafla  no  era  regular  ;  y  por 
otra  parte  habia  tantos  pasages  que  podian  ajar  mivanidad,  que 
no  sabia  como  resolverme  à  hacer  una  confesion  general.  ;Como 
salir  de  este  apuro?  Adopté  el  partido  de  disimular  la  verdad 
en  aquellos  puntos  en  que  me  hubiera  avergonzado  de  decîrla 
desnuda;  perô ,  à  pesar  de  todo  mi  artificio ,  no  dejô  de  perci- 
birla.  Seftor  de  Santillana ,  me  dijo  sonrièndose  al  fin  de  mi  nar- 
racion,  à  lo  que  veo ,  vmd.  ha  sido  un  si  es  no  es  travieso. 
Seflor,  lerespondi  sonrojado,  Y.E.  me  ha  mandado  sea  sincere, 
y  le  he  obedecido.  Yo  te  lo  agradezco,  replico:  yeo,  hijo  mio, 
que  te  has  librado  de  los  peligros  à  poca  costa  ;  extraûo  que  el 
mal  ejemplo  no  te  haya  perdido  enteramente.  ;  Cuantos  hombres 
de  bien  se  pervertirian  si  la  fbrtuna  los  pusiera  à  semejantes 
pruebas  I 

Amigo  Santillana ,  continué  el  ministro ,  no  te  acuerdes  mas  de 
lo  pasado  :  piensa  solamente  en  que  ahora  sirves  al  rey,  y  que  te 
has  de  emplear  en  adelante  en  su  servicio.  Sigueme,  que  voy  à 
decirte  en  que  te  has  de  ocupar.  Dicho  esto,  el  duque  me  llerô 
&  un  cuartito  inmediato  à  su  despacho,  donde  tenia  sobre  yarios 
estantes  unos  yeinte  libros  de  registro  en  folio  muy  graesos. 
Aqui ,  me  dijo ,  has  de  trabajar.  Todos  estos  registros  que  yes 
componen  un  diccionario  de  todas  las  familias  nobles  que  hay  en 
los  reinos  y  principados  de  la  monarquia  espaftola.  Cada  libro 


LIBRO  OCTAVO.  dG5 

contiene ,  poir  Arden  alfabético ,  un  resumen  de  la  historia  detodos 
los  hidalgos  del  reino ,  en  la  que  se  especifican  los  serTicios  que 
ellos  y  sus  antepasados  han  becho  al  estado ,  como  tambien  los 
lances  de  honor  que  les  han  ocurrido.  Tambien  se  hace  mendon 
de  sus  bienes ,  de  sus  costumbres ,  y  en  una  palabra  de  todas  sus 
boenas  6  malas  calidades  ;  de  modo  que,  cuando  pMen  algunas 
gracias  al  gobierno,  yeo  de  una  ojeada  si  las  merecen.  À  este  fin 
tengo  sugetos  asalariados  en  todas  partes  que  procuran  averi- 
goarlo  è  instruirme  enviindome  sus  informes  ;  pero  conio  estos 
son  difusos ,  y  estàn  Ilenos  de  modismos  provinciales ,  es  nece- 
sario  extractarlos  y  pulirlos ,  porque  el  rey  qniere  algunas  veces 
que  le  lean  estos  registros.  Este  trabajo  pide  un  estilo  limpio  y 
conciso  y  por  lo  cual  desde  este  instante  quiero  emplearte  en  él. 

En  seguida  saco  de  una  gran  cartera  llena  de  papeles  un  in- 
forme que  me  entregô ,  y  me  dejô  en  mi  cuarto  para  que  con 
libertad  hidese  yo  el  primer  ensayo.  Lei  el  papel,  que  no  sola- 
mente  me  pareciô  lleno  de  tèrminos  bàrbaros,  sino  tambien  de 
enconOy  no  obstante  de  ser  su  autor  un  fraile  de  la  ciudad  de 
Solsona.  Afectando  su  reyerencia  el  estilo  de  un  hombre  de  bien , 
denigraba  sin  piedad  à  una  honrada  fiimilia  catalana ,  y  sabe 
Dios  si  decia  la  verdad.  Juzgué  leer  un  libelo  infamatorio ,  y  por 
tanto  escmpulizé  trabajar  en  él.  Temia  hacerme  complice  de  una 
calomnia;  no  obstante ,  aunque  recien  introducido  en  la  corte, 
pasë  por  alto  el  mal  ô  bien  obrar  del  religîoso  ;  y  dejando  à  su 
cargo  toda  la  iniquidad ,  si  la  habia ,  principië  à  deshonrar  en 
bellas  frases  castellanas  i  dos  ô  très  generacîones  que  acaso  se^ 
rian  mny  honradas.  Ya  habia  compuesto  cuatro  6  cinco  piginas, 
coandOy  deseoso  el  duque  de  saber  qtié  tal  meportaba,  yolviô  y 
Dte  dijo  :  Santill^ina ,  ensèflame  lo  que  has  hecbo,  que  quiero  yerlo. 
Al  mismo  tiempo  pasô  la  vista  por  mi  escrito ,  y  leyô  el  princi» 
pio  cou  mucha  atencion.  Yo  me  sorprendi  al  ver  lo  que  le  gustô. 
Aanqoe  estaba  tan  inclinado  i  tu  feyor,  me  dgo ,  te  confieso  que 
bas  excedido  à  lo  que  esperaba  deti.  No  solamente  escribes  con 
toda  la  propiedad  y  precision  que  yo  quiero ,  sino  que  ademas 
CDcaentro  tu  estilo  fluido  y  festivo.  Bien  me  acreditas  el  acierto 
que  he  tenido  en  escoger  tu  pluma ,  y  me  consuelas  de  la  pèrdida 
de  tu  predecesor.El  ministre  no  hubieralimitado  é  esto  mielogio 
si  à  este  tiempo  no  hubiera  yenido  é  interrumpirle  su  sobrino  el 
coade  de  Lémos.  S.  £.  le  diô  muehos  abrazos ,  y  le  redbiô  de 
un  modo  que  me  hizo  entender'le  amaba  tiernamente.  Los  dos 
se  encerràron  para  tratar  en  secreto  de  un  negocio  de  Ssunilia  de 
que  laego  hablaré ,  y  del  que  estaba  el  duque  entônces  mas  ocu- 
pado  que  de  los  del  rey. 

Hiëntras  estaban  encerrados  ol  dar  las  doce.  Gomo  sabia  que 
los  secretarios  y  coyachuelistas  dejaban  é  esta  hora  el  bufete  para 
^  i  corner  é  donde  querian  »  dejé  ea  aqud  estado  mi  ensayo ,  y 


366  GIL  BLAS. 

sali  para  ir,  no  à  casa  de  Monteser,  porque  ya  me  habia  pagado 
mis  salarios  y  despedido,  sino  i  la  mas  fâmosa  hosteria  del  bar- 
rio de  palacio.  Una  de  las  ordinarias  no  conirenîa  i  mi  persona. 
Piema  que  ahora  sirvet  al  rey.  Estas  palabras  que  et  duqoe  me 
habia  dicho  se  me  Tenîan  sin  césar  à  la  memoria ,  y  eran  otras 
tantas  semillas  de  ambicion  que  férmentaban  por  momeatos  en 
mi  inimo. 

CAPITULO  m. 

Sabe  Gil  filas  que  su  empleo  no  déjà  de  tener  desazones.  De  la  înqaietod  qne  k 
causé  esta  nueTa,  y  la  conducta  que  se  iriô  oblisado  a  gardar. 

Al  entrar  tuve  gran  cuidado  de  hacer  saber  al  bosterero  que 
era  yo  un  secretario  del  primer  ministro ,  y  como  tal  no  sabia 
que  mandarle  que  me  trajese  de  corner.  Temia  pedir  cosa  que 
oHese  i  estrechez  »  y  asi  le  dije  me  dièse  lo  que  le  pareciera.  Me 
regalô  muy  bien,  y  me  hizo  servir  como  é  persona  de  distincion, 
lo  que  me  llenô  mas  que  la  comida.  Al  pagar  tire  sobre  la  mesa 
un  doblon ,  y  cedi  à  los  criados  lo  que  debian  Tolverme ,  que 
séria  à  lo  mènos  la  cuarta  parte,  saliendo  de  la  hosteria  con  gra- 
yedad  y  tiesura,  en  ademan  de  un  jôven  muy  pagado  de  su 
persona. 

A  yeinte  pasos  habia  una  gran  posada  de  caballeros  en  donde 
de  ordinario  se  hospedaban  seflores  extrangeros.  Alquilë  un  apo- 
sento  de  cinco  ô  seis  piezas  con  buenos  muebles ,  como  si  p 
tuyiese  dos  ô  très  mil  ducados  de  renta ,  y  pagué  adelantado  el 
primer  mes.  Despues  de  esto  volvi  é  mi  tarea,  y  empleé  toda  la 
siesta  en  continuar  lo  comenzado  por  la  ma  Aana.  En  una  pieza  inme- 
diata  à  la  mia  estaban  otros  dos  secretarios;  pero  estos  no  hacian 
mas  que  poner  en  limpio  lo  que  el  mismo  duque  les  daba  à  oo- 
piar.  Desde  la  misma  tarde  al  retiramos  me  hice  amigo  de  ellos, 
y  para  grangear  mejor  su  amistad  los  lleyé  à  casa  de  mi  hoste- 
rero,  en  donde  les  hice  servir  los  mejores  platos  que  ofrecia  la 
estacion,  y  los  vinos  mas  delicados  y  estimados  en  Espafia. 

Sentàmonos  à  la  mesa,  y  empezâmos  i  conversar  con  mas  aie- 
gria  que  entendimiento,  porque,  sin  hacer  agravio  é  mis  convi- 
dados  y  conoci  desde  luego  que  no  debian  i  sus  talentos  los 
empleos  que  ocupaban  en  su  secretaria.  Eran  hibties  &  la  verdad 
en  hacer  hermosa  letra  redonday  bastard  illa;  pero  no  teniaola 
menor  tintura  de  las  que  se  enseAan  en  las  universidades. 

En  recompensa  sabian  con  primor  lo  que  les  tenia  cuenta ,  y 
me  diëron  à  entender  que  no  estaban  tau  embriagados  con  el 
honor  de  estar  en  casa  del  primer  ministro ,  que  no  se  quejasen 
de  su  estado.  Cinco  meses  ha  que  servimos,  decîa  uno,  à  nuestra 
Costa.  No  nos  pagan  el  sueido;  y  lo  peor  es  que  esté  por  arre- 


LIBRO  OCTAVO.  367 

glar ,  y  no  sabemos  bajo  que  pie  estamos.  Por  lo  que  hace  &  mi, 
decia  el  otro,  qaisiera  hafaier  recibido  yeinte  zarriagazos  en  lugar 
de  saeldo ,  con  tal  que  me  dejasen  la  libertad  de  tomar  otro 
destino;  porque  despues  de  las  cosas  sécrétas  qae  he  escrito, 
no  me  atreveria  i  retirarme  de  mi  propio  motivo ,  ni  à  pedir 
licencia  para  ello.  Bien  puede  ser  que  fuese  à  ver  la  torre  de 
Segovia  ô  el  Castillo  de  Alicante. 

;Pues  como  hacen  ustedes  para  mantenerse  ?  les  dije  :  sin  duda 
tendrén  hacienda.  He  respondiéron  que  muy  poca  ;  pero  que  por 
fortuna  yivian  en  casa  de  una  viuda  bonrada ,  que  les  fiaba ,  y 
daba  de  comer  é  cada  uno  por  cien  doblones  al  afio.  Toda  esta 
eonversacion,  de  la  cual  no  perdi  palabra ,  bajô  al  punto  mis 
hamos  altaneros.  Me  figuré  que  seguramente  no  se  tendria  con- 
migo  mas  atencion  que  con  los  otros  :  que  por  consiguiente  no 
debia  estar  tan  satisfecho  de  mi  empleo  :  que  era  mènos  sôlido 
de  lo  que  yo  habia  creido,  y  que  en  fin  debia  economizar  mucho 
el  bolsillo.  Estas  reflexiones  me  sanaron  de  la  furia  de  gastar. 
Principié  é  arrepentirme  de  haber  convidado  à  aquellos  secreta- 
nos,  y  â  desear  se  acabase  la  comida  ;  y  cuando  llegô  el  caso 
de  pagar  la  cuenta,  tuve  una  disputa  con  el  hosterero  sobre  su 
importe. 

Separàmonos  à  media  noche,  porque  no  les  instë  à  que  bebie- 
lan  mas.  Ëllos  se  marchâron  à  casa  de  su  viuda ,  y  yo  me  retiré 
i  mi  soberbia  habitacion ,  lleno  de  rabia  de  haberla  alquilado,  y 
prometiendo  de  yeras  dejarla  al  fin  del  mes.  Â  pesar  de  que  me 
acosté  en  una  buena  cama,  mi  desazon  me  quitô  el  sueflo.  Pasé 
lo  restante  de  la  noche  en  discurrir  los  medios  de  no  servir  de 
baide  al  rey,  y  me  atuve  sobre  este  particular  à  los  consejos  de 
Monteser.  Me  levante  con  énimo  de  ir  à  cumplimentar  é  don 
Rodrigo  Calderon ,  halléndome  entônces  en  la  mejor  disposicion 
para  presentarme  à  un  hombre  tan  altivo,  y  de  cuyo  iavor  bien 
oonocia  yo  que  necesitaba;  y  oon  efecto  pasé  à  casa  de  este 
secretario. 

Sa  vivienda  tenia  comunicacion  con  la  del  dnque  de  Lerma  » 
y  era  igual  i  ella  en  magnificencia  :  no  hubiera  sido  fôcil  distin- 
guir  por  los  mnebles  al  amo  del  criado.  Dije  le  entrasen  recado 
de  que  estaba  alli  el  sucesor  de  don  Valerio  ;  pero  esto  no  im- 
pidiô  me  hiciesen  esperar  mas  de  una  hora  en  la  antesala.  Seflor 
oiievo  secretario,  me  decia  yo  en  este  tiempo,  tenga  ymd.  pacien- 
cia  si  gusta.  À  ymd.  le  harin  morder  el  qo  antes  que  ymd.  se 
'o  haga  morder  â  otros. 

Al  fin  abriéron  la  pnerta  del  cuarto  :  entré ,  y  me  acerqué  â 
don  Rodrigo ,  que  acababa  de  escribir  un  billete  amoroso  é  su 
Sirena  encantadora,  y  se  lo  estaba  entregando  en  aquel  momento 
i  Perico.  No  me  habia  presentado  al  arzobispo  de  Granada  ,  al 
<^de  Galiano ,  ni  aun  al  primer  ministro ,  con  tanto  respeto 


368  GILBLAS. 

como  ante  el  seAor  Calderon  ;  le  nhidè  iMyando  la  cabeta  hasta 
el  raelo,  y  le  pedi  sa  proteodon  en  tèrminos  de  que  no  pœdo 
acordarme  sin  rubor,  tan  llenos  estaban  de  snmision.  En  el  éoi- 
mo  de  otro  mënos  Tano  que  él  no  me  hubiera  bedio  ningan 
fevor  mi  bajeza  ;  pero  i  ël  le  agradéron  macho  mis  raitreros 
rendimientos,  y  me  respondiô  con  bastante  conesia  que  no  ma- 
lograria  ninguna  ocasion  en  que  pudîera  serrirme. 

Sobre  esto  le  di  gracias  con  grandes  demostradones  de  zelo 
por  la  inclinacion  fororable  que  me  manifestaba ,  y  le  asegoré 
de  mi  eterno  reconocimiento  :  despues,  temîendo  inoomodarie, 
sait  suplicàndole  me  perdonase  si  habia  intermmpido  sus  impor- 
tantes ocupaciones.  Luego  que  di  este  paso  tan  indecoroso ,  me 
retiré  &  mi  despacho,  y  conclut  la  obra  que  se  me  habia  encargado. 
El  dncpe  no  dejô  de  entrar  por  la  maftana,  y  quedando  no  mènos 
complacido  del  fin  de  mi  trabajo  que  del  principio,  me  dijo  :  Esto 
esté  may  bueno  ;  escribe  lo  mejor  que  puedas  este  compendio 
histôrico  en  el  registro  de  Catalnfta,  y  concluido,  toma  de  la 
boisa  otro  informe ,  que  pondras  en  ârden  del  mismo  modo. 
Tuve  una  conversacion  bastante  larga  con  S.  E.,  cuyo  modo  afa- 
ble  y  femiliar  me  encantaba»  \  Que  diférenda  entre  él  y  Calderon  I 
eran  dos  personas  que  contrastaban  singularmente. 

Aquel  dîa  me  fui  à  una  hosteria  en  donde  se  comia  i  precio 
fijo,  y  resoivi  ir  alli  de  incognito  todos  los  dias  basta  ver  el 
cfecto  que  producian  mi  respeto  y  sumision.  Tenia  yo  dtnero  para 
très  meses  à  lo  mas,  y  me  prescribi  este  término  para  trabajar 
â  Costa  deqnien  hubicse  lugar,  proponiéndome,  siendolas  locoras 
mas  cortas  las  mejores ,  abandonar,  pasado  este  término,  la  corte 
y  su  oropel ,  si  no  me  seftalaban  sueldo.  Dispuesto  asi  mi  plan ,  nada 
me  quedô  por  hacer  en  dos  meses  para  agradar  al  seftor  Calderon  ; 
pero  hizo  tan  poco  caso  de  todo loque  yo  practicabapara oonse- 
^irlo ,  que  perdi  las  esperanzas.  Mudé  de  conducta  con  respecto 
à  él ,  cesé  de  hacerle  la  corte,  y  solo  pensé  en  aprovechanne  de 
los  momentos  de  conversacion  que  yo  tenia  con  el  duque. 

CAPITULO  IV. 

Gil  Bias  oonsigue  el  fayor  del  duque  de  Lerma ,  que  le  confia  un  secreto 
de  importaucia. 

Aunque  S.  £.  me  veia  todos  los  dias  por  un  instante ,  sin  em- 
bargo pnde  grangearle  insensiblemente  la  yoluntad  en  taies  tèrmi- 
nos, que  un  dia,  despues  de  comer,  me  dijo  :  Escucha ,  Gil  Bias; 
sabe  que  me  agrada  tu  ingenio ,  y  que  te  estimo.  Eres  un  mozo 
zeloso,  fiel,  muy  inteligente  y  callado;  y  asi  me  pareoe  que  no 
erraré  si  te  hago  duefio  de  mi  confianza.  A  estas  palabras  me 


LBBRO  OCTAVO.  969 

arrojè  à  Bas  pies;  y  despues  de  haberle  besado  respetuosamente 
la  mano,  que  me  alargô  para  levantarme,  le  respondi  :  ]  Es  po- 
sible  que  se  digne  V.  E.  honrarme  con  an  iavor  tan  grande  I 
I  cuaotos  enemigos  secretos  me  yan  à  suscitar  yuestras  bondades  ! 
Pero  solo  temo  el  reneor  de  ana  persona ,  que  es  don  Rodrigo 
Calderon.  Nada  tienes  que  temer  de  èl,  respondiô  el  duque  :  yo 
le  conozco  ;  desde  su  niûez  me  ba  querido ,  y  puedo  decir  que 
sus  sentimientos  son  tan  conformes  con  los  mios,  que  quiere 
todo  lo  que  me  gusta,  asi  como  aborrece  todo  cuanto  me  desa- 
grada.  En  lugar  de  temer  que  te  tenga  aversion^  debes  al  con- 
trario contar  con  su  amistad.  Por  aqui  conoci  lo  astjua  que  era 
el  seûor  don  Rodrigo ,  que  habia  conquistado  el  ànimo  de  S.  £., 
y  que  yo  debia  procurar  estar  muy  bien  con  él. 

Para  principiar,  prosiguiô  el  duque ,  a  ponerte  en  posesion  de 
mi  confianza,  voy  à  descubrirte  un  designio  que  medito,  por- 
que  conviene  te  enteres  de  èl  à  fin  de  que  procures  desempeûar 
]os  encargos  que  pienso  darte  en  adelante.  Hace  mucho  tiempo 
que  yeo  mi  autoridad  generalmente  respetada ,  que  mis  ôrdenes 
se  obedecen  ciegamente,  y  que  dispongo  à  mi  arbitrio  de  los  car- 
gos» empleos,  gobiernos,  yireinatos,  beneficios>  y  aunme  atreiro 
à  decir,  que  reino  en  Espafia.  Mi  fortuna  no  puede  llegar  i  mas  ; 
pero  quisiera  preservarla  de  las  borrascas  que  empiezan  &  ame- 
nazarla  ;  y  à  este  efecto  desearia  me  sucediese  en  el  ministerio 
el  conde  de  Lëmos ,  mi  sobrino. 

Habiendo  advertido  el  ministro  que  este  ultimo  punto  me  ha- 
bia sorprendido  en  extremo ,  me  dijo  :  Yeo  bien ,  Santillana , 
conozco  bien  lo  que  te  admira.  Te  parece  muy  extrafio  que  pre- 
fiera  mi  sobrino  à  mi  propio  hijo  el  duque  de  Uceda;  pero  bas 
de  saber  que  este  es  de  cortisimos  alcances  para  ocupar  mi  puesto, 
y  que  ademas  soy  su  enemigo.  No  puedo  lleyar  el  que  baya  ha- 
llado  el  secreto  de  agradar  al  rey,  y  que  este  quiera  hacerle  su 
privado.  El  favor  de  un  soberano  se  parece  à  la  posesion  de 
una  muger  à  quien  se  adora  ;  es  esta  una  felicidad  tan  envidiable 
que  nadie  quiere  que  un  rival  tenga  parte  en  ella  por  mas  que 
le  unan  à  él  los  lazos  de  la  sangre  y  de  la  amistad. 

En  esto  te  manifiesto,  continué,  lo  Intimo  de  mi  corazon.  Ya 
he  întcntado  desconceptuar  en  el  ànimo  del  rey  al  duque  de  Uceda, 
y  no  habiendo  podido  conseguirlo ,  he  levantado  otra  bateria  ; 
quiero  que  el  conde  de  Lémos  por  su  parte  se  grangee  la  esti- 
madon  del  principe  de  EspaAa.  Siendo  gentilhombre  de  c&mara 
con  destino  à  su  cuarto ,  tiene  ocasion  de  hablarle  à  cada  paso , 
y  ademas  de  que  tiene  talento ,  yo  se  un  medio  de  hacerle  lograr 
esta  empresa.  Con  esta  estratagema ,  contraponiendo  mi  hijo  à 
mi  sobrino,  suscitaré  entre  estos  primos  una  competencia  que 
les  obligarà  à  ambos  à  buscar  mi  apoyo ,  y  esta  necesîdad  que 
tendrin  de  mi  hari  me  estén  uno  y  otro  sumisos  :  ve  aqui  cual 

S4 


^70  GIL  M.AS. 

es  mi  proyecto ,  afiadiô ,  y  ta  mediacion  no  me  serA  ioAUl  en  él. 
Te  enviarè  à  hal>lar  secretamente  al  conde  de  Lémos ,  y  me  con- 
tarés  de  sa  parte  lo  que  tenga  qae  participarme. 

Despoes  de  esta  confianza ,  qae  yo  miraba  como  dinero  coo- 
tante,  cesô  mi  inquietad.  En  fin,  decia  yo,  heme  aqai  colocado 
en  una  sitoacion  que  me  promete  montes  de  oro;  porqae  es  im- 
posible  que  el  confidente  de  un  hombre  que  gobierna  la  monar- 
quia  espaAoIa  no  se  halle  bien  presto  eolmado  do  riqaezas. 
Poseido  de  tan  dulce  esperanza  veia  con  indiferencia  apararse 
mi  pobre  bolsillo. 

CAPITULO  V. 

En  el  que  se  rerâ  â  Gil  BlasUeno  de  gozo,  de  honra ,  y  de  miseria. 

Bien  presto  se  echo  de  ver  el  favor  que  yo  merecia  al  minis- 
trOy  y  él  mismo  lo  dabaâ  entender  pùblicamente ,  entr^àndome 
la  boisa  de  los  papeles  que  acostumbraba  entes  Uevar  S.  £• 
mismo  cuando  iba  à  despachar.  Esta  novedad,  quediô  motivo 
para  que  me  tuviesen  en  el  concepto  do  un  valido,  excité  la  en- 
vidia  de  muchos ,  y  me  atrajo  bastantes  cumplimientos  de  corte. 
Los  dos  oficiales ,  mis  inmediatos ,  no  fuéron  los  ùltimos  à  feli- 
citarme  sobre  mi  prôxima  elevacion,  ymeconvidàronàcenar  en 
casa  de  su  viuda,  no  tanto  por  correspondencia,  coanto  con  la 
mira  de  tenerme  obligado  à  su  £avor  para  en  adelante.  Me  veia 
obseqniado  por  todas  partes  ,Jy  hasta  el  orgulloso  Calderon  mudô 
de  modales  conmigo.  Ya  me  Uamaba  zeiior  de  SaniUiana,  coando 
hasta  entônces  me  habia  tratado  siempre  de  vos,  sin  haber  em- 
pleado  jamas  el  tratamiento  de  vmd.  ;  se  me  mostraba  muy  pro- 
picio,  especialmente  cuando  pensaba  que  nuestro  favorecedor 
podia  notarlo  ;  pero  aseguro  que  no  trataba  con  ningun  toato. 
Yo  correspondia  à  sus  atenciones  con  tanta  mas  urbanidad  coanto 
mas  le  aborrecia.  No  se  hubiera  portado  mejor  un  cortesano 
consumado. 

Tambien  acompaftaba  al  duque  mi  sefkor  cuando  iba  i  palado, 
que  por  lo  regular  era  très  veces  al  dia.  Por  la  maAana  entraba 
en  el  cuarto  de  S.  M.  cuando  ya  estaba  despierto;  se  ponia  de 
rodillas  junto  à  la  cabecera  de  su  cama  ;  hablàbale  de  lo  que  ha* 
bia  S.  M.  de  hacer  en  el  dia ,  y  le  dîctaba  las  cosas  que  habia  de 
decir ,  con  lo  que  se  retiraba.  Despues  de  comer  vol  via,  no  para 
hablarle  de  negocios,  sino  de  cosas  alegres  :  le  divertia  contàn- 
dole  todos  los  lances  graciosos  que  ocurrian  en  Madrid ,  los  cua- 
les  era  siempre  el  primero  que  los  sabia ,  porque  tenia  personas 
pagadas  é  este  efecto;  y  en  fin,  iba  por  la  noche  la  tercera  vez 
à  ver  al  rey ,  le  daba  cuenta  como  le  parecia  de  lo  que  habia  he- 


LIBRO  OCTAVO.  371  • 

cho  en  el  dia,  y  le  pedia  por  ceremonia  sus  ôrdenes  para  el  dia 
siguiente.  Miéntras  estaba  con  S.  M.  yo  me  qaedaba  en  la  anteca-. 
mara,  en  donde  habia  personas  distinguidas  dedicadas  à  solicitar 
la  proteccion  de  la  cone ,  que  anhelaban  mi  oonversacion ,  y  se 
Tanag^orîaban  de  que  yo  me  dignara  concedërsela.  En  vista  de 
este,  icomo  podria  yo  no  creerme  hombre  de  importancia? 
Muchos  hay  en  la  corte  que  con  mènos  fundamento  se  tienen  por 
taies. 

Un  dia  tuve  mayor  molivo  para  envanecerme.  El  rey,  à  quien 
el  daque  habia  hablado  con  grande  elogio  de  mi  estilo ,  tuvo  la 
coriosidad  de  ver  una  muestra  de  él.  S.  £.  me  hizo  tomar  el  re- 
gistro  de  Catahifia ,  Uevôme  é  presencia  del  monarca  y  y  me  mandô 
leyeseel  primer  extracto  que  habia  formado.  Si  la  presencia  de! 
soberano  me  turbô  al  pronto ,  la  del  ministro  me  animô  inmedia- 
lamente ,  y  lei  mi  obra  que  S.  M.  oyô  con  agrado  ;  y  tuvo  la  bon- 
dad  de  asegurar  que  estaba  satisfecho  de  mi ,  y  aun  la  de  encar- 
gar  é  su  ministro  cuidase  demis  ascensos  :  todo  lo  cual  en  pada 
disminuyô  el  orgullo  deque  yo  ya  estaba  poseido,  y  la  couver-^ 
sacion  que  tuye  pocos  dias  despues  con  el  conde  de  Lémos  acabô 
de  llenarme  la  cabeza  de  ideas  ambiciosas. 

Fui  un  dia  à  buscar  à  este  seAor  de  parte  de  su  tio  al  cuarto 
del  principe ,  y  le  présenté  una  carta  credencial ,  en  la  que  el  du- 
que  le  aseguraba  podia  hablarme  con  confianza ,  como  que  estaba 
enterado  del  asunto  que  tenian  entre  manos,  y  escogido  para 
mensagero  de  ambos.  El  conde ,  asi  que  leyô  la  esqnela ,  me  con- 
dujo  é  un  cuarto  donde  nos  encerrâmos  solos,  y  alli  aquel  ca- 
ballero  jôyen  me  hablô  en  estos  términos  :  Supuesto  que  ymd. 
ha  logrado  la  confianza  del  duque  de  Lerma ,  no  dudo  que  la 
mereceréy  ni  tengo  dificultad  en  hacer  à  vmd.  depositario  de  la 
mia.  Sabra  vmd.,  pues,  que  las  cosas  van  à  pedir  de  boca  :  el 
principe  de  Espaûa  me  distingue  entre  todos  los  seilores  de  sa 
servidumbre ,  que  estudian  el  modo  de  agradarle.  Esta  maûana 
he  tenido  una  conférenda  con  S.  A.,  en  la  que  me  ha  parecido 
estar  disgustado  de  verse  por  la  mezquindad  del  rey  sin  iacultades 
para  seguir  los  impulsos  de  su  generoso  corazon,  y  aun  de  ha- 
cer un  gasto  correspondiente  â  un  principe.  Yo  le  he  maniféstado 
cuanto  lo  sentia  ;  y  aprovechândome  de  la  ocasion  he  ofirecido 
Hevarle  maflana  cuando  se  levante  mil   doblones,   esperando 
mayores  sumas,  las  que  he  asegurado  le  suministraré  sin  tar- 
danza  :  mi  oférta  le  ha  complacido  mucho ,  y  estoy  cîerto  de 
capiar  su  benevolencia  si  le  cumplo  la  palabra.  Id ,  aftadiô ,  no- 
liciad  â  mi  tio  estos  pormenores ,  y  volved  esta  tarde  â  decirm* 
su  sentir  acerca  de  ello. 

Luego  que  concluyô,  me  despedi  de  él,  y  pasé  à  dar  parte  al 
duque  de  Lerma,  quien ,  oido  mi  recado,  enviô  â  pedir  à  Calderon 
ttil  doblones,  de  que  me  hice  cargo  aquella  tarde,  y  fui  &  lie- 


372  GIL  BLA& 

vàrselos  al  conde ,  didendo  entre  mi  :  Bueno ,  bueno  ;  ahora  Teo 
claramente  cual  es  el  medio  infelible  de  que  se  vale  el  miaistro 
)Kira  salir  con  su  intento  :  pardiez  que  tiene  razon  ;  y  segun  to— 
das  las  seflales  estas  prodi^^idades  no  le  arraioaran  :  fôcîlmente 
adivino  de  que  eofre  saca  estos  hermosos  doblones;  pero  bien 
consideradOy  ;no  es  razon  que  el  padre  sea  quien  mantenga  al 
hijo?  Al  separarme  del  conde  de  Lémos  me  dijo  en  voz  baja  :  A 
IKos ,  nuestro  amado  confidente  :  el  principe  de  Espafta  es  un 
poco  inclinado  à  las  damas ,  y  sera  necesario  que  tu  y  yo  tratc^ 
mos  de  este  punto  en  la  primera  ocasion ,  porque  preveo  que 
muy  presto  necesitaré  de  tu  ministerio.  Me  retiré  reflexionando 
en  estas  palabras ,  que  à  la  verdad  no  eran  ambiguas ,  y  que  me 
llenaban  de  satisfoccion.  Como  diablos  es  esto,  decia  yo,  ;si 
estaré  proximo  é  ser  el  mercurio  del  heredero  de  la  monarquia  ? 
Yo  no  examinaba  j»i  esto  era  bueno  é  malo ,  porque  la  calidad 
del  galan  ofiiscaba  mi  conciencia.  ;  Que  gloria  para  mi  ser  agente 
de  los  placeres  de  un  gran  principe I  ;0h!  poco  à  poco,  senor 
Gil  Bias  y  se  me  dira ,  no  se  trataba  en  cuanto  à  tos  mas  que  de 
haceros  un  agente  subalterno  ;  convengo  en  ello  ;  pero  en  sus- 
tancia  estos  dos  cmpleos  son  de  tanto  honor  uno  como  otro  : 
sola  mente  se  diferencian  en  el  provecho. 

Curopliendo  bien  con  estas  nobles  comisiones,  adelantando 
mas  de  dia  en  dia  en  la  gracia  del  primer  ministro ,  y  con  tan 
lisonjeras  esperanzas ,  i  que  feliz  no  habria  yo  sido  si  la  ambicion 
me  hubiera  preservado  de  la  hambre  !  Ya  hacia  mas  de  dos 
meses  que  habia  dejado  mi  aposento  magnifico ,  y  ocupaba  un 
cuarto  pequefto  en  una  de  las  posadas  de  caballeros  mas  econ6- 
micas.  Aunque  esto  me  causaba  sentimiento,  lo  lle>aba  con  pa- 
ciencia,  porque  salia  de  madrugada,  y  no  vol  via  hasta  la  noche 
â  la  hora  de  acostarme.  Todo  el  dia  estaba  en  mi  teatro ,  es 
decir,  en  casa  del  duque,  en  donde  hacia  el  papel  de  seûor; 
pero  cuando  me  retiraba  à  mi  cuartito  desaparecia  el  seâor,  y 
solo  quedaba  el  pobre  Gil  Bias  sin  dinero,  y  lo  peor  de  todo  sin 
tener  de  que  hacerle.  Ademas  de  que  yo  era  demasiado  orgulloso 
para  descubrir  à  alguno  mis  necesidades  ;  à  nadie  conocia  que 
pudiese  socorrerme  sino  à  Navarro ,  à  quien  no  me  atrevia  a 
recurrir,  por  haber  hecho  poco  caso  de  él  desde  que  me  habia 
introducido  en  la  corte.  Me  vi  precisado  é  vender  mis  vestidos 
uno  à  uno  sin  quedarme  mas  que  con  aquellos  que  precisamente 
necesitaba ,  y  ya  no  iba  â  la  hosterla  por  no  tener  con  que  pagar 
mi  manutencion.  Mas  ;  que  hacia  yo  para  subsistir?  Voy  à  de- 
cirlo:  todas  las  maOanas  nos  traian  à  la  oficina  para  desayunarnos 
on  panedllo  y  un  traguito  de  vino;  esto  era  cuanto  nos  hacia 
dar  el  ministro.  Yo  no  comia  mas  en  todo  el  dia,  y  comunmente 
me  acostaba  sin  cenar. 
Tal  era  la  suerte  de  un  hombre  que  brillaba  en  la  corte,  y 


LIBRO  OCTAVO.  373 

que  debia  causar  mas  léstima  que  envidia.  Sin  embargo ,  no  pu- 
diendo  resistir  &  mi  misem,  me  determine  por  ultimo  à  desco- 
brirsela  con  mafia  al  duque  de  Lerma  si  encontraba  ocasion.  Por 
fortuna  se  présenté  esta  en  el  Escortai ,  i  donde  el  rey  y  el  prin- 
cipe de  Espafia  fiiëron  algunos  dias  despues. 


CAPITULO  VI. 

Que  modo  tuTO  Gil  Bias  de  dar  à  conooer  sa  pobreza  al  duque  de  Lerma , 
\y  como  se  porto  oon  ël  este  ministro. 

Cnando  el  rey  estaba  en  el  Escortai  mantenia  i  toda  la  comi- 
tiva ,  de  modo  que  alli  no  sentia  yo  el  peso  de  la  miseria.  Dormia 
en  nnarecàmara  cerca  del  cuarto  del  duque.  Una  maflana  habién- 
dose  levantado  el  ministro  segun  su  costumbre  al  romper  el  dia^ 
me  hizo  tomar  algunos  papeles  con  recado  do  escribir ,  y  me 
dijo  le  siguiese  à  los  jardines  de  palacio.  Nos  sentâmos  debajo 
de  unos  àrboles ,  en  donde  por  ôrden  suya  me  puse  en  la  actî- 
tud  de  un  hombre  que  escribe  sobre  la  copa  de  su  sombrero , 
y  S.  E.  aparentaba  leer  un  papel  que  tenia  en  la  mano.  Desde 
léjos  parecia  que  estabamos  ocupados  en  negocios  muy  grades , 
y  â  la  verdad  solo  hablabamos  de  bagatelas ,  porque  é  S.  E.  no  le 
disgttstaban. 

Ya  hacia  mas  de  una  bora  que  le  diyertia  con  todas  las  agu- 
dezas  que  me  sugeria  mi  humor  jocoso ,  cuando  yiniéron  à  plan- 
tarse  dos  urracas  sobre  los  àrboles  que  nos  cubrian  con  su 
sombra.  Comenzéron  &  charlar  con  tanta  algazara,  que  nos  Ua- 
mâron  la  atencion.  Estas  aves,  dijo  el  duque  ,  parece  que  riften, 
y  me  alegraria  saber  el  asunto  de  su  pendencia.  Sefior,  le  dije, 
la'cnriosidad  de  Y.  E.  me  trae  à  la  memoria  una  fabula  indiana 
que  lei  en  Pilpai  ô  en  otro  autor  fabulista.  El  ministro  me  pre- 
guntô  que  fabula  era  esta ,  y  se  la  conté  en  estos  térmmos: 

En  cierto  tiempo  reinaba  en  Persia  un  buen  monarca ,  que,  no 
teniendo  suflciente  capacidad  para  gobernar  por  si  mismo  sus 
estados,  dejaba  este  cuidado  à  su  gran  yisir.  Este  ministro  11a- 
mado  Atalmuc  tenia  un  gran  talento.  Sostenia  sin  fetiga  el  peso 
de  aquella  vasta  monarquia ,  manteniéndola  en  una  paz  profunda , 
y  poseia  tambien  el  arte  de  hacer  amaUe  y  respetable  la  auto- 
ridad  real ,  en  tërminos  que  los  vasallos  hallaban  un  padre  afec- 
tuoso  en  un  visir  fiel  à  su  monarca.  Atalmuc  tenia  entre  sus  se- 
cretarios  un  jôven  cachemiriano  llamado  Zangir ,  à  quien  estimaba 
mas  que  à  los  otros ,  y  con  cuya  conversacion  se  complacia , 
lie?éndole  eonsigo  a  la  caza,  y  descubriéndole  hasta  sus  mas 
intimos  secretes.  Un  dia  que  andaban  cazando  ambos  por  un 
bofique,  viendo  el  yisir  dos  cueryos  que  graznaban  sobre  an 


974  GIL  BLAS. 

érboly  d$o  i  n  secretario:  Me  alegran  «ibw  lo  qae estas  aves 
se  dicen  en  sa  lengua.  Seftor,  le  respondié  d  Cachemiriano , 
Toestros  deseos  se  pueden  satisfacer.  ;  Y  como  ?  dijo  Atalmnc 
Habeis  de  saber ,  seftor^  respondiô  Zangir  ^  qae  an  denridi  ca- 
balista  me  enseftô  el  idioma  de  las  ayes.  Si  lo  deseais ,  yo  escu- 
charé  é  estos  Cuervos ,  y  os  repetirë  palabra  por  pa]id>ra  lo  que 
les  haya  oido. 

Consintiô  en  ello  el  yisir,  y  acercAndose  et  Cachemiriano  i  los 
caeryoSy  y  haciendo  como  que  los  escachaba  atentamente,  yol- 
y  16  despaes  i  sa  amo ,  y  le  dijo:  Seflor ,  ;podriais  creerlo?  nos- 
otros  somos  el  asonto  de  sa  conyersacion.  Eso  no  es  posible , 
exclamô  el  ministro  persiano.  ^Pnes  que  dicen  de  nosotros? 
Uno  de  ellos ,  replicô  el  secretario ,  ha  dicbo  :  Ye  aqui  al  mismo 
gran  yisir ,  â  esa  éguila  tatelar  que  cabre  con  sas  alas  la  Persia 
como  sa  nido,  y  que  se  desyela  sin  césar  por  su  conseryacion. 
Para  descansar  de  sus  penosas  tareas  yiene  à  cazar  a  este  bos- 
qoe  con  su  fiel  Zangir.  ;  Qaè  dichoso  es  este  secretario  en  servir 
i  on  amo  qœ  le  hace  mil  fayores  1  Poco  i  poco ,  interrampié  el 
otro  cueryo,  poco  i  poco:  no  pondères  tanto  la  félicidad  de 
ese  Cachemiriano.  Es  cierto  que  Atalmuc  conversa  con  él  fiuni- 
liarmente,  que  le  honra  con  sa  confianza;  y  tampoco  pongo 
dada  en  que  tendra  intencion  de  darle  algun  dia  un  empleo  im- 
portante ;  pero  entre  tanto  Zangir  se  morirà  de  hambre.  Este 
pobre  infeliz  esta  viviendo  en  un  miserable  caarto  de  una  po- 
sada,  en  donde  carece  de  lo  mas  necesario;  en  una  palabra, 
pasa  una  vida  miserable  sin  que  ninguno  de  la  corte  lo  eche  de 
yer.  El  gran  visir  no  cuida  de  saber  si  tiene  6  no  oon  que  vivir, 
y  contenténdose  con  tenerle  afecto ,  le  déjà  entregado  à  la  mi- 
séria. 

Aqui  cesë  de  hablar  para  ver  como  se  explicaba  el  duqae  de 
Lerma ,  quien  me  preganto  sonriëndose ,  que  impresion  habia 
hecho  este  apôlogo  en  el  ànimo  de  Atalmuc,  y  si  aquel  gran 
yisir  se  habia  ofendîdo  del  atrevimiento  de  su  secretario.  No, 
seûor  y  le  respondi  algo  turbado  de  su  pregunta  :  la  fabula  dice 
al  contrario  que  le  colmô  de  beneficios.  Fué  fortuna ,  repitiô 
el  dnqœ  con  seriedad,  porque  hay  ministros  que  no  llevarian  é 
bien  se  les  diesen  semejantes  lecciones.  Pero ,  afladi6  oort^ido 
la  conyersacion  y  levantindose,  creo  que  el  rey  no  tardaré  ma- 
cho en  despertar.  Mi  obUgacion  me  llama  é  su  lado.  Didio  este 
se  encaminômuy  de  prisa  hàcia  palacio  sin  hablarme  mas,  y,  i  lo 
que  me  pareciô,  may  disgustado  de  mi  fôbnla  indiana. 

Seguile  hasta  la  puerta  del  caarto  de  S.  M.,  y  despaes  fui  â 
poner  los  papeles  que  llevaba  en  el  sitio  de  donde  los  habia 
tomado.  Entré  en  un  gabinete,  en  donde  trabajaban  nuestros  dos 
secretarios  copiantes,  que  tambien  habian  ido  â  hi  jomada.  ^Qué 
tiene  ymd.»  seflor  de  Santillana,  dijéron  ai  verme?  ymd.  esta 


LIBRO  OCTAVO.  875 

moy  demudado.  A  vmd.  le  ha  sucedido  algan  lance  pesaroso. 

Yo  estaba  demasiado  impresionado  del  mal  efecto  de  mi  apô- 
logo  para  ocaltarles  la  causa  de  mi  afliccion;  y  asi  les  conté  las 
cosas  que  Iiabia  dicho  al  duque  ;  y  se  manifestéron  sensibles  é  la 
gran  pesadumbre  de  que  les  pareci  poseido.  Tiene  ymA.  razon 
para  estar  desazonado ,  me  dijo  uno  de  ellos:  S.  E.  toma  algunas 
veces  las  cosas  al  rêves.  Esa  es  mucha  >erdad ,  dîjo  el  otro  ; 
qutera  Bios  que  sea  vmd.  mejqr  tratado  que  lo  fùé  un  secretario 
del  cardenal  Espinosa ,  que,  cansado  de  no  haber  recibido  nada 
en  quince  meses  que  le  tenia  empleado  su  eminencia,  se  tomô 
un  diala  libertad  de  manifestarie  sus  necesidades,  y  de  pedir 
algun  dinero  para  mantenerse.  Razon  es,  le  dijo  el  ministro, 
que  se  os  pague.  Tomad,  prosiguiô,  dàndole  una  libranza  de 
mil  docados,  id  à  la  tesoreria  real  à  recibir  este  dinero;  pero 
acordaos  al  mismo  tiempo  que  quedo  agradecido  à  vuestros  ser- 
vîcios.  £1  secretario  se  hubiera  ido  consolado  de  ser  despedido , 
si  despues  de  recibidos  los  mil  ducados  le  hubiesen  dejado  bu6ca^ 
acomodo  en  otra  parte;  pero  al  salir  de  casa  del  cardenal  le 
prendiô  un  alguacil ,  y  le  condujo  à  la  torre  de  Segovia ,  en  donde 
ha  estado  mucho  tiempo. 

Este  hecbo  histôrico  aumentô  mi  temor  de  modo  que  me  con- 
templé perdido ,  y  no  hallando  consuelo ,  empezé  é  reprenderme 
de  mi  poca  padencia ,  como  si  no  la  hubiese  tenido  sobrada.  ;  Ay 
de  mi  !  decia,  ipara  que  me  habré  yo  aventurado  à  relatar  aquella 
deagraciada  fôbula,  que  ba  desagradado  al  ministre!  Acàso  iria 
ya  à  sacarme  de  mi  apuro ,  y  quizâ  estaba  yo  en  visperas  de 
hacer  una  de  aquellas  fortunas  ràpidas  que  asombran.  iQué  de 
riquezas ,  que  de  honores  pierdo  por  mi  desatino  !  Debia  haber 
mirado  que  hay  grandes  que  no  gustan  se  les  advierta  nada ,  y 
que  hasta  las  mas  levés  cosas  que  tienen  obligacion  de  dar 
quieren  sean  recibidas  como  gracias.  Mejor  me  hubiera  estado 
continuar  con  mi  dieta,  sin  maniféstar  nada  al  duque ,  y  aun  de- 
jarme  morir  de  hambre  para  echarle  é  él  toda  la  culpa. 

Aunqne  hubiera  conservado  alguna  esperanza,  mi  amo,  à  quien 
vi  por  la  siesta ,  me  la  habria  desvanecido  enteramente.  S.  £.  se 
mostrô  contra  su  costumbre  muy  serio  conmigo,  y  no  me  hablô 
palabra,  lo  que  en  el  reste  del  dia  me  caus6  una  inquietud  mor- 
tal ,  sin  que  en  la  noche  estuviese  mas  tranquflo.  La  desazon  de 
ver  desaparecerse  mis  agradables  ilusiones ,  y  el  temor  de  au- 
mentar  el  numéro  de  los  presos  de  estado ,  solo  me  permitièron 
suspirar  y  lamentarme. 

El  dia  siguiente  fué  el  dia  de  crisis.  El  duque  me  hizo  llamar 
aquella  mafkana  :  entré  en  su  cuarto  mas  azorado  que  un  reo  que 
va  à  ser  juzgado.  Santillana ,  me  dijo  alargàndome  un  papel  que 
tenia  en  la  mano ,  toma  esta  libranza...  Esta  palitea  libranza  me 
estremeci6,  y  dije  entre  ml  :  ;0h  cielos  !  j  aqui  tenemos  al  car-- 


376  GIL  BLAS. 

denal  Espinosa  !  el  carroage  esti  prevenido  para  Segovia.  £1 
sobresalto  que  se  apoderè  demi  eo  aquel  momento  fîièud  que  in- 
temunpi  al  ministro ,  y  arrojàDdome  à  sus  piëa ,  le  dije ,  anûegado 
en  Uanto  :  SeAor ,  sapUco  à  V.  £.  may  hunildemente  perdone  mi 
atrevimiento.  La  necesidad  me  obligé  à  dar  à  entender  à  Y .  E. 
mi  miseria. 

El  duque  no  pado  dejar  de  reirse  al  ver  mi  torbacion.  Con- 
suëlate,  Gil  Bias,  me  respondiô,  y^^me  :  aunqae  el  descabrirme 
tus  necesidades  sea  echarme  en  cSraëTno  haberlas  precavîdo, 
no  te  lo  tomo  à  mal ,  amigo  mio  ;  intes  bien  me  atribuyo  el  mal 
à  mi  mismo  por  no  haberte  preguntado  de  que  te  mantenias. 
Mas  para  comenzar  a  enmendar  este  descoido ,  te  doy  una  lî- 
branza  de  mil  y  quinientos  ducados ,  los  cuales  te  entregaran  a 
la  yista  en  la  tesoreria  real.  No  es  esto  solo  :  lo  mismo  te  pre-» 
meto  todos  los  aûos  ;  y  ademas  te  doy  focultad  de  que  me  babies 
en  fevor  de  personas  rieas  y  generosas  que  busquen  tu  proteocion. 

En  el  impulso  de  gozo  que  me  causàron  estas  palabras  besè 
los  pies  al  ministro,  quien,  habièndome  mandado  levantar,  ^gui6 
hablando  conmigo  familiarmente.  Por  mi  parte  quise  recobrar  mi 
buen  humor  ;  pero  no  me  fué  posible  pasar  con  tanta  rapidez 
de  la  pena  à  la  alegria.  Quedé  tan  turbado  como  un  delincuente 
que  oye  gritar  perdon  en  el  instante  que  creia  recibir  el  golpe 
mortal.  Mi  amo  atribuyo  mi  agitacion  à  solo  el  temor  de  haberle 
desagradadOy  aunque  el  temor  de  una  prision  perpétua  no  tuvo 
en  ello  ménos  parte  ;  y  me  confesô  que  habia  aparentado  tibieza 
para  yer  si  yo  sentia  mucho  su  mudanza;  que  mi  sentimiento  le 
habia  hecho  conocer  la  incliiiacion  que  le  tenia ,  por  lo  que  ël 
tambien  me  apreciaba  mas. 


CAPITULO  VU. 

De  lo  bien  que  empleô  sas  mil  y  quinientos  ducados  :  dd  primer  ncgocio  en  que 
raediô ,  y  del  provecho  que  saoô  de  él. 

El  rey,  como  si  hubiera  qucrido  librarme  de  mi  impaciencia, 
se  Tolviô  el  dia  siguiente  é  Madrid  :  fui  volando  â  la  tesoreria  real , 
en  donde  cobrë  inmediatamente  el  importe  de  mi  libramiento. 
Es  de  admirar  que  no  se  le  trastorne  el  juicio  à  un  mendigo  que 
pasa  prontamente  de  la  miscria  à  la  opulencia.  Yo  mudè  asi  que 
varié  de  suerte,  y  no  escuchë  mas  que  à  mi  ambiçion  y  mi  vanidad. 
Dejë  mi  miserable  posada  de  caballeros  pars^  los  secretarios  que 
aun  no  habian  aprendido  el  lenguage  de  los  pàjaros ,_  y  por  la 
segunda  vez  alquilë  mi  hermosa  yivienda,  que  por  fortooa 
estaba  desocupada.  Envié  à  buscar  un  sastre  femoso  que  vestia 
à  casi  todos  los  elegantes  :  me  tomo  la  medida ,  y  me  Ilevô  à 


LIBRO  OCTAVO.  877 

casa  de  un  mercader  de  donde  sacô  seis  varas  de  paflo  que  decia 
se  necesitaban  para  hacerme  un  vesUdo.  { Seis  varas  de  paAo 
para  un  yesUdo  â  la  espaAoIa  !  \  À  donde  iramos  à  parar  !...  Pero 
no  murmoremos  sobre  esto.  Los  sastres  afamados  siempre  ne- 
cesitan  mas  que  los  otros.  Compré  ademas  ropa  blanca  que  me 
hacia  gran  falta,  médias  de  seda ,  y  un  sombrero  de  castor  con 
galon  de  oro. 

Despues  de  esto ,  no  siëndome  décente  pasar  sin  un  lacayo , 
snpliquè  à  Vicente  Foreto  mi  huèsped  me  buscase  nno  de  su 
satisfoccion.  Los  mas  de  los  extrangeros  que  alojaban  en  su  casa 
solian,  luego  que  llegaban  à  Madrid ,  recibir  criados  espafloles; 
lo  que  atraia  à  aquella  posada  todos  los  lacayos  que  se  en- 
contrabaa  sin  acomodo.  £1  primero  que  se  présenté  era  un 
mozo  de  una  fisonomia  tan  apacible  y  tan  devota  que  no  le 
quise  ;  me  parecia  yer  en  él  à  Amlu'osio  de  Lamela.  Yo  no 
quiero ,  dije  à  Foreto ,  criados  que  tengan  un  aspecto  tan  vir- 
tuoso ,  porque  estoy  escarmentado  de  ellos.  Apénas  despaché  â 
este ,  cuando  Uegô  otro  que  me  parecia  muy  despierto ,  mas  aris- 
cado  que  un  page  cortesano,  y  ademas  un  si  es  no  es  taimado.  Este 
me  agradô.  Hicele  algunas  preguntas ,  à  las  que  respondiô  cou 
despejo  ;  çonoci  que  era  travieso ,  y  como  de  molde  para  mis 
asuntos.  Le  recibi ,  y  no  me  peso  de  mi  eleccion  ;  entes  adverti 
bien  presto  que  habia  hecho  un  buen  hallazgo.  Como  el  duque 
me  habia  permitido  le  hablase  à  fevor  de  las  personas  é  quienes 
(ieseara  servir ,  y  yo  estaba  en  ânimo  de  no  despreciar  tan  util 
penniso ,  necesitaba  de  un  perdiguero  que  descubriese  la  caza  ; 
es  decir ,  de  un  hombre  astuto  que  tuviese  mafia ,  y  pudiera 
escudrifiar  y  traerme  gentes  que  tuviesen  que  pedir  al  primer 
ministro.  Cabalmente  esta  era  la  habilidad  de  Escipion ,  que  asi 
se  llamaba  mi  lacayo ,  que  habia  servido  à  dofla  Ana  de  Guevara , 
ama  de  lèche  del  principe  de  EspaAa,  en  cuya  casa  la  habia 
ejercitado ,  siendo  esta  sefkora  una  de  aquellas  que  miràndose 
con  algun  valimiento  en  la  oorte  quieren  aprovecharse  de  él. 

Asi  que  manifesté  à  Escipion  que  me  era  posible  obtener 
gracias  del  rey ,  saliô  à  campafta ,  y  el  mismo  dia  me  dijo  :  Seftor , 
he  hecho  un  gran  descubrimiento  ;  acaba  de  llegar  à  Madrid  un 
mozo ,  caballero  granadino ,  llamado  don  Rogerio  de  Rada.  Desea 
la  protecdon  de  vmd.  para  con  el  duque  de  Lerma  en  un  negocio 
de  honor ,  y  pagarà  bien  el  favor  que  se  le  haga  :  me  he  visto 
con  é\y  y  queria  dirigirse  à  don  Rodrigo,  cuyo  poder  le  han 
ponderado;  pero  se  lo  he  quitado  de  la  cabeza,  haciéndole 
saber  que  este  secretario  vendia  sus  buenos  oficios  à  peso  de 
oro ,  en  vez  de  que  vmd.  se  contentaba  cou  una  décente  demos- 
tracion  de  agradecitniento ,  y  que  aun  haria  vmd.'el  empefio 
de  balde  si  su  situacion  le  permiiiese  seguir  su  inclinacion 
generosa  y  desinteresada.  En  fin ,  le  he  hablado  de  modo  que 


378  GIL  BLAS. 

maAana  por  la  maflana  le  tendra  vmd.  aqai  de  madrogada. 
{GomOy  poegy  le  dije,  sefkor  Esdpion,  ymd.  ha  andado  ya 
macho  camino  !  Conosco  que  no  es  ymd.  noyicio  en  materia  de 
manejos ,  y  extrafio  que  no  esté  ymd.  mas  rico.  Esto  es  lo  que 
no  debe  sorprender  é  ymd. ,  me  respondîô  ;  yo  no  atesoro ,  y 
qniero  qae  circule  el  dinero. 

Efectiyamente  yino  à  verme  don  Rogerio  de  Rada ,  i  qoien 
recibi  con  una  cortesia  mezclada  de  grayedad.  Sefior  mio, 
dije ,  antes  de  tomar  cartas  por  ymd. ,  quiero  saber  el  negocio 
de  honor  que  le  trae  é  la  corte,  porque  podria  ser  tal  que  no 
me  atreviera  é  hablar  de  él  al  primer  ministro.  Hégame  ymd. , 
pues,  si  gusta,  una  fiel  relacion,  y  créa  que  tomaré  con  calor 
sus  intereses ,  si  son  tales  que  pueda  tomarlos  é  su  cargo  un 
hombre  honrado.  Con  mucho  gusto,  respondio  el  Granadino, 
yoy  à  contar  à  ymd.  mi  historia  sinceramente ,  y  Aie  de  esta 
suerte. 

CAPITULO  VIII. 

Historia  de  don  Rogerio  de  Rada. 

Don  Anastasio  de  Rada,  hidalgo  granadino  ,  yivia  dichoso  en 
la  ciudad  de  Antequera  con  doua  Estefania ,  su  esposa ,  Ui  que , 
ademas  de  su  genio  a£able  y  extremada  hermosura ,  poseia  una 
sôlida  yirtud.  Si  amaba  ticrnamente  à  su  marido ,  èl  la  corres^ 
pondia  con  extremo.  Pero  era  muy  zeloso  ;  y  aunque  no  tenia 
motiyo  para  dudar  de  la  fidelidad  de  su  muger ,  no  dejaba  de 
yivir  inquieto.  Temia  que  algun  enemigo  oculto  de  su  sosiego 
intentase  ofender  su  honor ,  y  esta  sopecha  le  hacia  deconfiar  de 
sus  amigos ,  ménos  de  don  Huberto  de  Hordales  que  entraba  li- 
bremeçte  en  su  casa  como  primo  de  Estefonia ,  siendo  â  la  yer- 
dad  este  el  ùnico  hombre  de  quien  debia  rezelar. 

Efectiyamente,  don  Huberto,  sin  atender  al  parentesoo  que 
los  unia ,  ni  â  la  amistad  particular  que  don  Anastasio  le  profe- 
saba,  se  enamorô  de  su  prima,  y  tuyo  atreyimiento  de  declararle 
su  amor.  La  seftora ,  que  era  prudente ,  en  lugar  de  un  rompi- 
miento  que  hubiera  tenido  fotales  consecuencias ,  reprendiô  con 
suavidad  é  su  pariente  lo  graye  de  su  maldad  en  qnerer  seducirla 
y  deshonrar  à  su  marido ,  y  le  dijo  muy  seriamente  que  no  debia 
esperar  el  logro  de  sus  designos. 

Esta  moderacion  solo  siryiô  de  inflamar  mas  al  caball^o ,  et 
cual,  imaginando  que  eranecesario  arriesgarlo  todo  con  una  muger 
de  este  caràcter ,  principiô  à  usar  con  ella  de  modales  poco  aten- 
tos  ;  y  un  dia  tuvo  la  avilantez  de  estrecharla  à  que  satisfaciesc 
sus  deseos.  Ella  le  rcchazô  con  seyeridad  ,  y  le  amenazô  con 
que  hariaque  don  Anastasio  castigasc  su  arrojo.Espantado  de  la 


LIBRO  OCTAVO.  919 

simeiiaza  d  galan ,  ofreciô  do  hablarle  mas  de  amor ,  y  en  fe  de 
esta  promesa  Estefiinia  le  perdonô  lo  pasado. 

Bon  Huberto ,  que  nataralmente  era  de  mala  indole ,  no  podo 
▼er  tan  mal  pagado  sa  cariflo  sin  conoebir  an  y\l  deseo  de  yea- 
ganza.  Conocia  à  don  Anastasio  por  hombre  zeloso  y  capaz  de 
créer  todo  caanto  el  qaisiera  infiindirle:  este  conocimiento  le 
bastô  para  idearelmas  horrible  designio  qae  poeda  caber  en  el 
corazon  mas  malvado.  Una  tarde  que  se  paseaba  solo  con  este 
dëbil  esposo ,  le  dijo  con  semblante  may  melancôlico  :  Mi  amado 
s^o^îgOy  yo  ^^  puedo  estar  mas  dempo  sin  reyelaros  an  secreto 
que  no  pensara  descubriros  si  no  conociera  qae  os  importa  mas 
yaestro  honor  que  yuestro  reposo  :  yuestro  pundonor  y  el  mio 
en  punto  de  ofensas  no  me  permiten  ocultaros  lo  que  pasa  en 
vuestra  casa.  Preparaos  é  oir  una  noticia  que  os  causarâ  tanta 
afliccion  como  asombro,  porque  yoy  àherirosen  la  parte  mas 
sensible. 

Ya  OS  entiendo ,  interrompiô  don  Anastasio  todo  turbado , 
Tuestra  prima  me  es  infiel.  Yo  no  la  reconozco  por  prima  y  re- 
poso Hordales  con  aspecto  irritado  :  la  desconozco  ;  es  indigna  de 
teneros  por  marido.  Eso  es  demasiado  hacerme  padecer ,  excla- 
ma don  Anastasio  ;  hablad  :  i  que  ha  hecho  Estefenia?  Os  ha 
vendido ,  prosiguiô  don  Huberto.  Teneis  nn  riyal  â  quien  recibe 
de  ocultOy  cuyo  nombre  no  puedo  decir,  porque  el  adùltero  é 
lay  or  de  una  noche  oscura  se  ha  escondido  de  quien  le  obser- 
yaba.  Lo  que  yo  se  es  que  os  engafla  :  y  de  ello  estoy  seguro. 
£1  interes  que  debo  tomar  en  este  asunto  os  afianza  la  yerdad  de 
mi  narracion.  Cuando  me  declare  contra  Estefania  es  precise  que 
esté  bien  conyencido  de  su  infidelidad. 

Es  inùtil  y  continue ,  habiendo  obseryado  que  sus  palabras  cau- 
saban  el  efecto  que  esperaba ,  es  ocioso  deciros  mas.  Adyierto 
estais  indignado  de  la  ingratitud  con  que  se  atreye  à  pagar  yues- 
tro amor,  y  que  méditais  ana  justa  yenganza:  yo  no  me  opon- 
drë  à  ella.  No  os  pareis  à  considerar  cual  es  la  yictima  que  yais 
  sacrificar  :  mostrad  à  toda  la  ciudad  que  nada  hay  que  no 
podais  inmolar  à  yuestro  honor. 

De  este  modo  excitaba  el  traidor  â  un  esposo  demasiado  crédu- 
le contra  una  muger  inocente  ;  y  le  pintô  con  tan  yiyos  colores 
la  afrenta  de  que  se  cubria  si  dejaba  la  ofénsa  sin  castigo ,  que 
llegô  à  encender  en  côlera  à  don  Anastasio,  el  cual,  perdido  el 
juicio ,  pareciendo  que  las  furias  le  agitaban ,  yuelye  à  su  casa 
resuelto  à  dar  de  pufialadas  à  su  desgraciada  esposa.  La  encuen- 
tra  que  iba  é  meterse  en  la  cama  ;  al  pronto  se  contiene  esperan- 
do  que  les  criados  se  retiren.  Entônces ,  sin  contenerle  el  temor 
de  la  ira  del  cielo ,  ni  el  deshonor  que  podria  resultar  à  una 
henrada  femilia ,  ni  aun  cl  amer  natural  que  debia  tener  &  la 
criatura  de  seis  meses  de  que  su  muger  estaba  embarazada ,  se 


ago  GIL  BLAS. 

acercô  i  su  vioûma  ,  y  lleno  de  furor  le  dqo  :  Es  preciso  qne 
mueras,  malvada,  y  solo  te  queda  un  iosuinte de  vida  que  mi 
bondad  te  deja  ,  para  que  pidas  perdon  al  cielo  del  ultraje  que 
me  has  hecho.  No  quiero  que  pierdas  tu  alma  como  has  perdido 
el  honor. 

Dicho  esto  sacè  un  pufial  :  su  accion  y  expresiones  sobresal- 
târon  à  EsteCania ,  la  que  echàndose  à  sus  pies  le  dijo  con  las  ma- 
nos  cruzadas ,  y  fuera  de  si:  ^Quë  teneis,  seflor?  ^quë  motive 
de  disgusto  os  he  dado  por  desgracia  mia  para  que  llegueis  à  tal 
extremo?  ^  porqué  quereis  quitar  la  yida  à  Yuestra  esposa?  Si 
sospechais  que  no  os  ha  sido  fiel,  mirad  que  os  engafiais. 

No,  no,  repuso  el  irritado  zeloso,  estoy  muy  cierto  de  vuestra 
traicion.  Las  personas  que  me  lo  han  dicho  son  de  todo  crédite. 
Don  Huberto....  ;  Ah,  seftor  !  interrumpiô  ella  con  precipitacion  : 
no  debeis  fiaros  de  don  Huberto,  que  no  es  tan  amigo  yuestro 
como  pensais.  Si  os  ha  dicho  alguna  cosa  contra  mi  virtud ,  no 
debeis  creerle.  Callad,  infâme,  replied  don  Anastasio  :  vos  misma 
acreditais  mis  sospechas  con  querer  poner  mal  conmîgo  à  Hor- 
dales,  no  penseis  desvanecerlas  ;  si  me  lo  quereis  hacer  sospe- 
choso  es  porque  esta  enterado  de  yuestra  mala  conducta.  Qui- 
sierais  destruir  su  testimonio  ;  pero  semejante  artificio  es  inutil , 
y  aumenta  en  mi  el  dcseo  que  tengo  de  castigaros.  Amado  esposo 
mio,  repitiô  la  inocente  Estefonia  llorando  amargamente,  temed 
yuestra  ciega  côlera  ;  si  seguis  sus  moyimientos ,  oometerëis  una 
accion  de  que  no  podrëis  consolaros  cuando  reconozcais  la  io- 
justicia.  Por  amor  de  Dios  aplacad  yuestro  enojo;  à  lo  mënos 
esperad  que  se  aclaren  vuestras  sospechas ,  que  entônces  haréis 
mas  justicia  à  una  muger  que  no  es  culpable. 

A  otro  que  à  don  Anastasio  hubieran  hecho  fnerza  estas  pala- 
bras, y  today ia  se  hubiera  enternecido  mas  con  la  afliccion  de  la 
que  las  pronunciaba;  pero  el  cruel  marido,  lëjos  de  ablandarse, 
le  dijo  segunda  yez  que  se  encomendara  à  Dios ,  y  alzô  el  brazo 
para  herirla.  Detente ,  bàrbaro ,  gritô  :  si  el  amor  que  me  has 
tenido  se  ha  extinguido  enteramente  ;  si  la  ternura  con  que  te  he 
amado  se  ha  borrado  de  tu  memoria  ;  si  mis  làgrimas  no  alcan- 
zan  à  hacerte  desistir  de  tu  execrable  intento,  respeta  siquiera  â 
tu  propia  sangre  ;  no  armes  tu  mano  furiosa  contra  nn  inocente 
que  aun  no  ha  yisto  la  luz.  Tu  no  puedes  ser  yerdugo  sin  ofender 
al  cielo  y  à  la  tierra.  Por  lo  que  à  mi  toca  te  perdono  mi  muerte; 
pero  no  dudes  que  la  suya  pedirà  justicia  de  un  atentado  tan 
horrible. 

Por  muy  determinado  que  estuyiese  don  Anastasio  à  no  hacer 
caso  de  las  disculpas  de  Estefania  ,  las  imigenes  espantosas  que 
ofreciéron  à  su  espiritu  estas  ultimas  palabras  no  dejàron  de 
suspenderle  ;  y  asi ,  como  si  hubiese  temido  que  esta  emocioo 
paralizase  su  resentimiento ,  se  aproyechô  apresnradamente  del 


LIBRO  OCTAVO.  381 

iuror  que  le  qnedaba,  y  atravesô  con  el  pHftal  el  costado  dereeho 
de  su  nrageTy  que  cayendo  al  punto  en  tierra^  él  la  creyô  muerta. 
Saliô  prontamente  de  su  casa,  y  desapareciô  de  Anteqoera. 

Entre  tanto  aquella  desgradada  esposa  quedô  tan  tnrbada  del 
golpe  que  habia  recibido,  que  permaneciè  algunos  instantes  ten- 
dida  en  tierra  sin  dar  sefiales  de  ^ida  ;  pero  recobrando  al  cabo 
sus  espiritus,  empezô  é  quejarse  y  gémir ,  lo  que  hizo  acudiese 
luia  duejla  que  la  seryia.  Luego  que  esta  buena  muger  viô  é  su 
ama  en  un  estado  tan  lastimoso ,  diô  taies  gritos  que  despertè  à 
los  demas  criados  y  à  los  yecinos  cercanos ,  de  modo  que  en  un 
instante  se  llenô  la  sala  de  gente.  Se  llamàron  cirujanos,  quienes, 
habiendo  regiscrado  la  herida,  no  la  tuviëron  por  peligrosa, 
sin  que  errasen  en  su  concepto.  Curéron  en  poquisimo  tiempo 
à  Estefania,  quien  diô  félizmente  à  luz  un  hijo  très  meses  des- 
pues de  aquel  cruel  suceso,  y  yo,  seAor  Gil  Bias,  soy  el  fruto  de 
a  quel  infeliz  parto. 

Aunque  la  murmuracion  en  ningana  manera  réserva  la  virtud 
de  las  mugeres ,  respetô  no  obstante  la  de  mi  madre  ;  y  esta 
sangrienta  escena  se  contaba  en  la  ciudad  como  arrojo  de  un 
marido  zeloso.  Es  verdad  que  mi  padre  estaba  reputado  por 
hombre  Tiolento  y  fàcil  en  sospechar.  Hordales  juzgô  con  razon 
que  su  prima  presumiria  que  él  con  sus  chismes  habia  trastornado 
el  ànimo  de  don  Anastasio  ;  y  satisfecho  de  haberse  à  lo  mènos 
▼engado ,  cesô  de  visitarla.  Por  no  cansar  é  V.  S.  no  me  déten- 
dre en  contar  la  educacion  que  tuve  ;  solamente  dire  que  mî 
madre  se  dedicô  principalmente  à  hacerme  enseftar  el  arte  de  la 
esgrima ,  y  que  me  ejercité  mucho  tiempo  en  )as  mas  célèbres 
escuelas  de  Granada  y  Seyilla.  Ësperaba  mi  madre  con  impa- 
ciencia  que  yo  tuviese  edad  para  medir  mi  espada  con  la  de  don 
Huberto ,  para  enlerarme  entônces  del  motivo  que  tenia  para 
quejarse  de  él  :  y  yiéndome  en  fin  ya  de  diez  y  ocho  aûos ,  me 
lo  descubriô,  derramando  abundantes  làgrimas ,  y  penetrada  de 
un  amargo  dolor.  \  Que  impresion  no  hace  en  un  hijo  dotado  de 
yalor  y  sensibilidad  la  vista  de  una  madre  en  este  estado  !  Bus- 
qué prontamente  à  Hordales,  le  conduje  à  un  sitio  retirado ,  en 
donde  despues  de  un  largo  combate  le  di  très  estocadas,  y  cayô 

en  tierra. 

Sintiéndose  don  Huberto  mortalmente  herido ,  fijô  en  ml  sus 
ultimas  miradas,  y  me  dijo  que  recibia  la  muerte  de  mi  mano , 
como  justo  castigo  del  delito  que  habia  cometido  contra  el  honor 
de  mi  madre.  Confesôme  que ,  por  vengarse  del  rigor  con  que  le 
habia  despreciado,  tomô  la  resolucion  de  perderla;  y  luego 
espirô  pidiendo  perdon  de  su  culpa  al  cielo ,  à  don  Anastasio , 
à  Estefenia  y  é  mi.  No  juzgué  acertado  volver  à  casa  â  informar 
à  mi  madre  de  este  acontecimiento,  cuyo  cuidado  dejé  à  la  lama. 
Pasè  la  sierra,  y  Uegué  â  la  ciudad  de  Malaga,  donde  me  em- 


3S3  GIL  BLAS. 

barque  con  un  corsario  que  salia  del  puerto,  quien ,  conceptuando 
que  no  me  feltaba  valor,  consintiô  gustoso  en  que  me  uniese  à 
los  Yoluntarios  que  tenia  à  bordo. 

No  ttirdàmos  mucho  en  hallar  ocasion  de  distinguirnos.  En  las 
cercanias  de  las  islas  de  Alboran  enoontràmos  un  corsario  de 
Melilla,  que  Tolvia  hàcia  las  costas  de  Afirica  con  una  embarca- 
don  espafiola  rîcamente  cargada,  que  habia  apresado  en  las 
aguas  de  Cartagena.  Acometimos  intrépidamente  al  Africano ,  y 
nos  apoderàmos  de  sus  dos  bajeles,  en  los  cuales  iban  ochents 
cristianos  que  condncia  esclayos  à  Berberia  ;  y  aprovechando  un 
viento  que  se  leyantô,  y  nos  era  favorable  para  acercamos  à  la 
Costa  de  Granada,  Uegàmos  en  brève  tiempo  à  Punta  de  Helena. 

Preguntamos  à  los  cautivos  à  quienes  babiamos  liberiado  de 
que  parages  eran ,  y  yo  hice  esta  pregunta  à  un  bombre  de 
mny  buen  aspecto ,  que  podia  tener  cincuenta  aâos  cumplidos. 
Respondiôme  suspirando  que  era  de  Antequera.  Su  respuesta  me 
commoviô  sin  saber  porqué  ;  |y  tambien  adverti  que  se  turbaba. 
Dijele  :  Yo  soy  paisano  vuestro ,  ^  podrèmos  saber  vuestra  fiuni- 
lia  ?  ;  Ah  !  me  dijo ,  no  me  insteis  à  que  satisfieiga  vuestra  curiosi- 
dad  si  no  qnereis  renovar  mi  dolor.  Diez  y  odio  aAos  hace  que 
falto  de  Antequera,  en  donde  no  se  pueden  acordar  de  mi  sin 
horror.  Vmd.  habrà  quizà  oido  muchas  veces  hablar  de  mi.  Me 
Uamo  don  Anastasio  de  Rada.  ;  Vàlgame  Biosl  exclamé,  f,  debo 
créer  lo  que  oigo  ?  i  con  que  vmd.  es  don  Anastasio  ?  ^  es  pues  mi 
padre  el  que  veo  ?  ;  Que  decis,  jô ven ,  exclamé  miràndome  atônitot 
;  sera  posible  seais  aquel  nifio  desgraciado  que  todavia  estaba  en 
el  vientre  de  su  madré  cuando  la  sacrifiqué  à  mi  furor?  Si,  padre 
mio ,  le  dije ,  yo  soy  à  quien  la  virtuosa  Estefonia  pariô  très  me- 
ses  despues  de  la  f unesta  noche  en  que  la  dejésteis  anegada  eo  sa 
saugre. 

Bon  Anastasio  no  esperô  à  que  acabase  estas  palabras  para  abra- 
zarme  estrediamente ,  y  en  un  cuarto  de  hora  no  hicimos  mas 
que  mezclar  nuestros  suspiros  y  lAgrimas.  Despues  de  habemos 
entregado  à  lostiernos  afectos  que  semejante  encuentro  debia 
inspirar,  alzô  mi  padre  los  ojos  al  cielo  para  darle  gracias  de  ha- 
ber  salvado  la  vida  à  £ste£ania;  pero  pasado  un  momento ,  como 
si  temiese  dàrselas  sin  motivo,  se  dirigiô  â  mi,  y  me  preguntô 
de  que  manera  se  habia  averiguado  ]a  inocencia  de  su  muger. 
Seâor,  le  respondi,  nadie  ha  dudado  jamas  de  ella  sino  vos.  La  con- 
ducta  de  vuestra  esposa  ha  sido  siempre  irrrèprensible.  Es  nece- 
sario  que  yo  os  desengaûe.  Sabed  que  don  Huberto  fué  quien  os 
engaftô;  y  entônces  le  conté  toda  la  perfidia  de  este  pariente; 
como  me  habia  vengado  de  él,  y  lo  que  me  habia  confesado  al  morir. 

A  mi  padre  no  le  causô  tanto  placer  el  haber  recobrado  la  liber- 
tad  como  el  oir  las  nuevas  que  le  anunciaba.  Colmado  de  aie- 
gria  volviô  é  abrazarme  tiernamente  :  y  no  se  cansaba  de  mani- 


LIBRO  OCTAVO.  383 

festarme  lo  gustoso  que  estaba  coninigo.  Vamos ,  hijo  mio ,  me 
dijo ,  tomeoios  presto  el  camino  de  Antequera.  No  tendre  sosiego 
hasta  echarme  à  los  pies  de  una  esposa  à  quien  tan  indignamente 
he  tratado  ;  porque  despues  de  conocida  mi  injusticia  siento  crue- 
ls remordimientos  qae  despedazan  mi  corazon.  Beseando  yo  réunir 
estas  dos  personas  para  mi  tan  amables ,  no  quise  se  alargase  tan 
dutce  momento.  Dejé  àl  corsario ,  y  como  mi  padre  no  queria  ex- 
ponerse  à  los  peligros  del  mar,  comprè  en  Adra ,  con  el  dinero 
que  me  toc6  de  la  presa ,  dos  mulas.  £1  camino  dio  tiempo  para 
que  me  contase  sus  aventuras ,  que  escuchë  con  aquella  atencion 
ansiosa  que  presto  el  principe  de  Itaca  '  à  la  narracion  de  las  del 
rey  su  padre.  En  fin ,  despues  de  muchas  jornadas  lleg&mos  al  pie 
del  monte  mas  inmediato  é  Antequera ,  en  donde  hicimos  alto , 
y  esperémos  la  media  noche  para  entrar  secretamente  en  nuestra 
casa. 

Imagine  Y.  S.  la  sorpresa  de  mi  madre  al  rer  à  un  marido  que 
creia  perdido  para  siempre  ;  y  todavia  la  admiraba  mas  el  modo 
milagroso  con  que  puede  decirse  le  habia  sido  restituido.  Pidiô- 
le  mi  padre  perdon  de  su  barbarie  con  demostraciones  tan  vé- 
hémentes de  arrepentimiento,  que  entemecida  mi  madre,  en 
lugar  de  mirarle  como  é  un  asesino,  viô  en  él  un  hombre  i  quien 
el  cielo  la  habia  sometido  ;  tan  sagrado  es  el  nombre  de  esposo 
para  una  muger  virtnosa.  Estefeida  sintiô  en  extremo  mi  fùga , 
y  tavo  mucho  gusto  de  venue;  pero  su  alegria  no  fué  sin  de- 
sazon.  Una  hermana  de  Hordales  procedia  criminalmente  contra 
el  matador  de  su  hermano ,  y  me  hacia  buscar  por  todas  partes  ; 
de  suerte  que  mi  madre  estaba  inquiéta  viéndome  en  nuestra 
casa  sin  seguridad.  Esto  me  obligô  &  partir  aquella  misma  no- 
che para  la  corte,  adonde  vengo,  seftor,  é  solicitar  el  perdon, 
que  espero  obtener,  puesto  que  V.  S.  quiere  hablar  à  mi  fovor 
sJ  primer  ministro ,  y  apoyarme  con  todo  su  valimiento. 

£1  valiente  hijo  de  don  Anastasio  di6  fin  aqui  à  su  narracîon, 
y  yo  con  mucha  gravedad  le  dije:  Basta,  sefior  don  Rogerio;  el 
caso  me  parece  perdonable;  quedo  con  el  encargo  de  referir 
puntualmente  este  asunto  à  S.  E.,  y  me  atrevo  à  prometeros  su 
proteccion.  Sobre  esto  el  Granadino  me  diô  mil  gracias,  que  por 
un  oido  me  hubieran  entrado ,  y  por  otro  salido ,  à  no  haberme 
asegurado  se  seguiria  la  gratificadon  al  favor  que  le  hiciera  ;  pero 
luego  que  toco  esta  cuerda  me  puse  en  movimiento.  El  mismo 
dia  conté  este  suceso  al  duque,  quien,  habiëndome  permitido  le 
presentara  el  caballero ,  le  dijo  :  Don  Rogerio ,  estoy  enterado 
del  lance  de  honor  que  os  trae  à  la  corte  :  Santillana  me  ha  di- 
cho  todas  sus  circunstancias  :  sosegaos.  Vuestra  accion  es  discul- 
pable;  y  S.  M.  gusta  de  perdonar  d  los  nobles  que  vengan  su 

'  TeUmaco  ^  cuando  yolriô  sa  padre  UHses  de  las  expediciones  por  laGrecia. 


384  GIL  BLAS. 

honor  ofendido.  Es  neœnrio  que  por  para  formaUdad  esteis 
preso  ;  pero  \iyid  seguro  de  que  no  lo  estaréis  largo  tiempo.  En 
Santillana  teneis  un  buen  amigo  que  se  encargari  de  lo  demas; 
el  acelerarà  yuestra  libertad. 

Don  Rogerio  hizo  una  profunda  rererencia  al  minbtro ,  sobre 
cuya  palabra  se  Aie  à  la  càrcel.  Sa  carta  de  perdon  se  le  expédié 
kunediatamente  en  foerza  de  mi  solicilud.  En  mënos  de  diez  diss 
enyié  é  este  nuevo  Telémaco  à  reunirse  con  su  Ulises  y  su  Pé- 
nélope ;  en  vez  de  que  si  no  hubiera  tenido  protector  y  dinero 
acaso  hubiera  pasado  un  afto  en  la  prision.  De  todo  esto  no  sa- 
qué mas  que  cien  doblones  :  no  fué  este  lance  muy  provechoso; 
pero  yo  no  era  todavia  un  don  Rodrigo  Galderon  para  despre- 
ciarlo. 

CAPITULO  IX. 

Por  que  medios  Gil  Bias  hizo  en  poco  tiempo  una  gran  foiluna  ;  y  de  oomo  tomô 
el  aire  de  persona  de  importancia. 

£1  asunto  que  acabo  de  referir  me  engolosinô ,  y  diez  doblones 
que  di  â  Ëscipion  por  su  corretage  le  animàron  à  bacer  naevas 
investigaciones.  Ya  dejo  celebrados  sus  talentos  para  esto ,  por  lo 
que  se  le  podia  dar  el  renombre  de  Ëscipion  el  grande.  El  se- 
gundo  pénitente  que  me  Uevô  fué  un  impresor  de  libros  de  caba- 
lleria ,  que  se  habia  enriquecido  à  despecho  del  sano  juicio.  Este 
impresor  habia  reimpreso  una  obra  de  uno  de  sus  compafieros , 
y  le  habian  embargado  la  edicion.  Por  trescientos  ducados  con- 
segui  se  le  devolviesen  sus  ejemplares ,  y  le  libre  de  una  fiierte 
multa.  Aunque  esto  no  era  de  la  inspeccion  del  primer  ministre, 
S.  £.  quiso  à  mi  ruego  interponer  su  autoridad.  Despues  del  im- 
presor me  trajo  à  las  manos  un  mercader,  y  el  negocio  era  el 
siguiente.  Un  navio  portugues  habia  sido  apresado  por  un  cor- 
sario  berberisco ,  y  represado  por  otro  de  Cadiz.  Las  dos  tcrceras 
partes  de  mercancias  de  que  iba  cargado  pertenecian  é  un  raercader 
de  Lisboa ,  que ,  habiéndolas  reclamado  inùtilmente ,  yenia  é  la 
corte  de  EspaAa  à  buscar  un  protector  cuyo  yalimiento  fbese 
bastante  para  hacérselas  entregar,  y  tuyo  la  fortuna  de  encon- 
trarlo  en  mi.  Me  empeAé  por  él ,  y  recobrô  sus  géneros  mediante 
la  cantidad  de  cuatrocientos  doblones  que  pagô  por  el  fayor. 

Me  parece  que  oigo  al  lector  gritarme  al  Uegar  aqui  :  Animo, 
seftor  de  Santillana  :  càizese  ymd.  las  botas  ;  pues  esta  en  camino 
de  adelantar  su  fortuna.  ;  Oh  1  no  dejaré  de  haoerlo.  Si  no  me 
engaûo ,  yeo  Uegar  à  mi  criado  con  un  nueyo  quidam  que  acaba 
de  enganchar.  Cabalmente  es  Ëscipion  :  escuchémosie.  Sefkor,  me 
dice ,  permitame  ymd.  le  présente  à  este  fiftmoso  empirîco,  quien 
solicita  un  priyilegio  para  yender  sus  medicamentos  por  espado 


LIBRO  OCTAVO.  385 

de  dieoK  aftos  en  todas  las  ciadades  de  la  monarquia  de  Espafia, 
€on  exdosion  de  oualesquiera  otros ,  es  decir,  que  se  prohiba  i 
las  personas  de  su  profesion  establecerse  en  los  lugares  donde 
esté.  Por  via  de  agradecimiento  dare  doscientos  doUones  al  que 
le  saque  el  privilegio.  Yo  dije  al  charlatan  »  tomando  el  aspecto 
de  un  protector  :  Id,  amigo  mio ,  i^uestra  solicitud  corre  de  mi 
coenta.  En  efecto ,  pocos  dias  despues  le  saqué  un  privilegio  que 
le  pennitia  engafiar  al  pueblo  exclusivamente  en  todos  los  reinos 
de  Espaâa. 

Yo  conoci  la  verdad  de  aquel  refran  que  dice  que  el  comer 
y  el  rascar  todo  es  empezar  ;  pero  ademas  de  que  adyertia  que  la 
eodicia  iba  creciendo  en  mi  &  mefdida  que  iba  adquiriendo  ri- 
quezaSy  habia  logrado  de  S.  E.  con.tanta  facilidad  las  cuatro 
gracfais  de  que  acabo  de  hablar,  que  no^me  detuye  en  pedirle  la 
qiunta«  Esta  fuè  el  gobierno  de  la  ciudad  de  Vera  en  la  costa  de 
Granada  para  un  cabaUero  de  Calatrava  que  me  ofrecia  mil  do- 
Mones.  £1  ministro  se  echo  à  reir  yiéndome  caminar  tan  de  priesa. 
\  Yiye  diez»  amigo  Gil  Bias,  me  dijo,  como  apretaisi  Deseais 
TÎTamente  hacer  bien  al  priSjimo.  Mirad  :  cuando  no  se  tratemas 
que  de  bagatelas ,  no  repararë  en  eUo  ;  pero  cuando  me  pidais 
gobiernos  ù  otras  cosas  de  importandaos  quedaréis  enhorabuena 
con  la  mitad  del  provecbo ,  y  à  mi  me  darëis  la  otra.  No  podeis 
pensar,  continue,  el  gasto  que  lengo  precision  de  hacer,  ni  cuan» 
tos  arbitrios  necesito  para  mantener  la  dignidad  de  mi  empleo , 
porque ,  à  pesar  del  desinteres  que  aparento  à  los  ojos  del  mundo, 
OS  eonfieso  que  no  soy  tan  imprudente  que  quiera  abandonar  mis 
intereses  propios.  Siryaos  esto  de  gobierno. 

Con  esta  adyertencia  me  quite  mi  amo  el  temor  de  importu* 
narle ,  à  mas  bien  me  exdtà  à  que  prosiguiese  con  mayor  empeûo, 
y  me  senti  ann  mas  sediento  de  riquezas  que  antes.  Hubiera  yo 
entônees  con  gusto  hecho  fijar  un  cartel  que  dijese  que  todos 
aquellos  qae  quisiwau  conseguir  gradas  en  la  corte  no  tenian 
mas  que  acndir  à  mi  :  yo  iba  por  un  lado ,  y  Esdpion  por  otro, 
boscando  ocasiones  de  seryir  por  dinero.  Mi  caballero  de  Cala* 
traya  alcanzô  el  gobierno  de  Vera  por  sus  mil  doblones ,  y  bien 
presto  bice  concéder  otro  por  el  mismo  predo  é  un  caballero 
de  Santiago.  No  contento  con  nombrar  gobemadores,  concedi 
hàbitos  de  las  èrdenes  militares,  trasformè  algunos  buenos 
plebeyos  en  malos  hidalgos ,  con  famosos  titnlos  de  noblesa  : 
qvise  tambien  que  la  clereda  participase  de  mis  foyores ,  y  asi 
conferi  benefidos  cortos,  canongias ,  y  algunas  dignidades  ecle- 
siisticas.  En  ôrden  i  los  obispados  y  arzoUspados  era  el  colador 
de  ellos  el  seAor  don  Rodrigo  Calderon ,  quien  ademas  nombraba 
para  las  togas ,  encomiendas  y  yireinatos  ;  lo  que  prueba  que  no 
se  proyeian  los  empieos  grandes  mejor  que  los  pequefios,  por- 
que los  sujelos  i  quienes  nosotros  degiamos  para  ocnpar  los 

S5 


386  GIL  BLAS. 

puestos ,  de  que  haciamos  on  tràfico  tan  honorifico ,  no  eran 
Biempre  los  mas  hâbfles  ni  los  mas  honrados.  Sabiamos  may  bien 
que  los  burlones  de  Madrid  se  divertian  en  este  punto  à  costa 
nuestra;  pero  nosotros  pareciamos  à  los  avaros  que  se  consiielan 
-  de  las  murmuraciones  del  pueblo  recontando  su  dinero. 

Isocrates  llama  con  razon  à  la  intemperancia  y  à  la  locura  com- 
^aileros  tMepamblei  de  Un  rtcot.  Guando  me  vi  duefio  de  treînta 
mil  ducados ,  y  en  disposicion  de  ganar  quizi  diez  tantos  mas , 
juzgué  me  tocaba  hacer  un  papel  digno  de  un  confidente^del  pri- 
mer ministro  :  alquilè  una  casa  entera ,  que  hice  adomar  lii|o6a- 
mente  ;  comprë  el  «oche  de  un  escribano  que  lo  habia  echado  per 
ostentacion ,  y  que  se  deshizo  de  él  por  consejo  de  su  panadero. 
Recibi  un  cochero,  très  lacayos;  y  como  es  regular  promover  a 
los  criados  antiguos ,  asoendi  à  Escipion  al  triple  honor  de  mi 
ayuda  de  càmara ,  mi  secretario  y  mayordomo  mio  ;  pero  lo  que 
acabô  de  colmar  mi  orgullo  foe  que  el  ministro  tuviese  à  bien 
que  mis  criados  lleirasen  su  librea.  Con  esto  perdi  lo  que  me 
restaba  de  juicio  :  no  estaba  ménos  loco  que  los  discipulos  de 
Porcio  Latro,  cuando,  â  foerza  de  haber  bdoido  agua  de  comi- 
nos  9  se  pusiëron  tan  pélidos  como  su  maestro ,  tmagîmtndose  tan 
sabîos  como  él  ;  poco  me  faltaba  para  juzgarme  parieate  del  dnque 
de  Lerma.  Se  me  puso  en  la  cabeza  pasaria  por  tal ,  y  qnizàpor 
uno  de  sus  hijos  bastardos  ;  cosa  que  me  lisonjeaba  extremada- 
mente. 

Aflâdase  à  esto  que  quise  como  S.  £.  tener  mesa  de  estado , 
y  à  este  efecto  encarguë  à  Escipion  me  buscase  un  cocinero,  y 
me  trajo  uno  que  podiacasi  compararsecon  el  del  Romano  No- 
mentano  de  golosa  memoria.  Abasteci  mi  cueya  de  vinos  exqui- 
sitos  ;  y  despues  de  haber  hecho  las  demas  provisiones  necesarias, 
principië  â  convidar  gentes.  Todas  las  noches  yenian  à  cenar  à 
mi  casa  algunos  de  los  principales  covachuelistas  del  ministro , 
los  cuales  se  apropiaban  con  yanidad  el  dictado  de  secretarios  de 
estado.  Les  tenia  rony  buena  comida ,  y  siempre  iban  bien  bebi- 
dos.  Esdpion  por  su  parte ,  porque  tal  amo  tai  criado  ,  tambien 
daba  mesa  en  el  tinelo ,  en  donde  à  costa  mia  regalaba  à  sus  oo- 
nocidos.  Pero  ademas  de  que  yo  querîa  à  este  mozo  ;  corne  él 
contribuia  é  hacerme  ganar  dinero ,  me  pareda  tenia  derecho  para 
ayudarme  à  gastarlo  ;  fuera  de  que  yo  miraba  estas  disposîcîones 
como  un  jôven  que  no  reflexiona  el  daflo  que  se  le  signe,  y  solo 
considéra  el  honor  que  le  résulta  de  ellas.  Habia  asimismo  otro 
motiyo  para  no  cuidar  de  esto,  y  era  que  los  beneficios  y  em- 
pleos  no  cesaban  de  traer  agua  al  molino ,  con  lo  que  mi  caudal 
se  aumentaba  cada  dia,  y  yo  creia- tener  dayada  la  meda  de  la 
fortuna.' 

Solo  fiiltaba  à  mi  yanidad  que  Fabricio  foese  testigo  de  mi  yida 
ostentosa.  Greyendo  babria  ya  yuelto  de  Andalucia  quise  tener  el 


LIBRO  OCTAVO.  387 

^sto  de  sorprenderic  ,  y  à  este  fin  le  envié  un  papel  anônimo , 
en  el  que  le  decia  que  un  seflor  siciliano ,  amigo  suyo,  le  espe- 
raba  à  cenar ,  seAalàndole  dia  y  hora  y  lugar  à  donde  debia  acudir  : 
la  dta  era  en  mi  casa.  Nuùez  vino  à  ella,  y  se  quedô  sumamente 
admirado  cuando  snpo  que  yo  era  el  sefior  extrangero  que  le 
habia  conyidado.  Si ,  ledije,  amigo  mio,  yo  soy  el  dueflo  de  esta 
casa.  Tengo  coche ,  buena  mesa,  y  sobre  todo  un  gran  caudal. 
I  Es  posible ,  exclamô  con  viveza ,  que  te  encuentre  nadando  en  la 
opulencial  \  cuanto  mç  alegro  de  haberte  colocado  con  el  conde 
Galianol  Bien  te  decia  yo  que  aquel  seflor  era  generoso,  y  que 
no  tardaria  en  acomodarte.  Sin  duda ,  afiadiô ,  que  segulste  el 
sabio  consejo  que  te  di  de  aflojar  algo  la  rienda  al  repostero  ;  sea 
enhorabuena  :  con  esa  prudente  conducta  «ngordan  tanto  los  ma- 
yordomos  de  las  casas  grandes. 

Dejé  à  Fabricio  aplaudirse  cuanto  quiso  de  haberme  llevado 
é  casa  del  conde  Galiano;  y  despues,  para  moderar  la alegria  que 
manifestaba  de  haberme  agenciado  tan  buen  puesto ,  le  dije  sin 
omitir  circnnstancia  las  seflales  de  agradecimiento  con  que  este 
seflor  habia  pagado  lo  que  le  habia  servido  ;  pero  percibiendo 
que  mi  poeta  mièntras  yo  le  referia  estos  pormenores  cantaba 
interiormente  la  palinodia ,  le  dije  :  Yo  perdono  al  Siciliano  su  in- 
gratitud.  Hablando  aqui  entre  los  dos ,  mas  motÎTO  tengo  de  darme 
el  parabien  que  de  lamentarme.  Si  el  conde  no  se  hubiera  por- 
tado  mal  conn^o,  le  habria  seguido  é  Sicilia,  en  donde  todavia 
le  estaria  sirviendo  esperanzado  de  un  acomodo  incierto.  En  una 
palabra ,  no  séria  confidente  del  duque  de  Lerma. 

Estas  àltimas  palabras  dejéron  tan  atônito  à  Nuflez,  que  por 
el  pronto  no  pudo  desplegar  los  labios  ;  pero  luego  rompiendo  de 
golpe  el  silencio  me  dijo  :  ;£s  verdad  lo  que  oigo?  \  Que  lograis 
de  la  confianza  del  primer  ministro  !  La  divido ,  le  respond! ,  con 
don  Rodrigo  Calderon ,  y  segun  las  apariencias  Uegaré  mas  léjos. 
En  yerdad,  seflor  de  Santillana,  replicô ,  que  me  causais  admi- 
radon.  Sois  capaz  de  desempeflar  toda  clase  de  empleos.  \  Que 
talentos  seunen  en  vosl  0  mas  bien,  para  servirme  de  una  ex- 
presion  à  nuestro  modo ,  poseeis  un  talento  universal  ;  es  decir 
que  para  todo  sois  adecuado.  Finalmente,  seflor,  prosiguiô ,  me 
alegro  modio  de  la  prospertdad  de  Y.  S.  |  Oh ,  que  diablos  !  in- 
lerrumpi  yo,  seflor  Nuflez ,  nada  de  seflor  ni  sefioria.  Dejaos  de 
esos  tratamientos,  y  vivamos  siempre  con  familiaridad.  Tienes 
razon,  repitiô;  aunque  te  hayas  enriquecido  no  debo  mirarte  con 
otros  ojosque  con  los  que  te  he  mirado  siempre.  Pero ,  afladiô, 
te  confieso  mi  flaqueza  ;  al  oir  tu  fortmia  me  ofosqué  :  gracias  à 
Dios,  pasado  mi  alucinamiento  no  veo  en  ti  mas  que  à  mi  amigo 
Gil  Bias. 

Nuestra  conversadon  fué  int*jrrumpida  por  cuatro  ô  cinco  co- 
vachuelistas  que  llegâron:  Seflores ,  les  dije ,  mostréndolesà  Nu- 


388  GIL  BLAS. 

fiez ,  ostedes  cenarén  con  el  seftor  don  Fabricio ,  que  hace  yenùê 
digoos  del  rey  Nama  \  y  qœ  escribe  en  prosa  como  nadie  escribe. 
Por  desgracia  yo  hablaba  con  gentes  que  hacian  tan  poco  easo 
de  la  poesia ,  que  dejàron  cortado  al  poeta:  apènas  se  dîgniron 
mirarle:  per  mas  que  dijo  cosas  may  agudas  para  atraerse  su 
atencion ,  no  le  escuchàron  ;  lo  que  le  picô  tanto  que,  tomaado 
una  licencia  poèlica ,  se  escurrié  suiilmente  de  entre  todos ,  y  desa- 
pareciô.  Nuestros  coyachuelistas  no  advirtiéron  su  reiirada,  y  se 
sentâron  à  la  mesa  sin  preguntar  siquiera  que  se  habia  hecho. 

Al  siguiente  dia  por  la  mafiana  cuando  yo  me  aeababa  de  ves- 
tir  y  me  disponia  à  salir  de  casa ,  el  poeta  de  las  Asturias  entrô 
en  mi  gabinete.  Perdoname ,  amigo  mio ,  me  dijo ,  si  he  ofendido 
à  tus  covachuelistas ,  pero  hablando  con  franqueza  me  encontre 
tan  desairado  entre  ellos ,  que  no  pude  resistir.  Son  para  mi  may 
fastidiosos  unos  hombres  tan  presumidos  y  almidonados.  No  al- 
canzo  como  tu,  que  tienes  un  entendimiento  tan  delicado,  pue- 
des  acomodarte  à  conyidados  tan  estupidos.  Yo  quiero  desde  hoy 
traerte  otros  mas  listos.  Tendre ,  le  dije ,  mucha  satisfaccion  en 
eso  f  y  para  ello  me  fio  de  tu  gusto.  Con  razon ,  me  respondiô  ; 
yo  te  prometo  talentos  superiores ,  y  de  los  mas  entretenîdos. 
Yoy  de  aqai  i  una  casa  de  irinos  generosos  A  donde  ran  A  ren- 
nirse  dentro'de  poco  ;  los  apalabraré  para  que  no  se  comprome- 
tan  con  otro ,  porque  son  tan  festivos  que  en  todas  partes  los 
apetecen. 

INcho  esto  9  me  dejô  ;  y  por  la  noche  à  la  hora  de  cenar  yol> 
yiô  acompaflado  de  solos  seis  autores  que  me  présenté  imo  tras 
otro,  haciéndome  su  elogio.  Si  se  le  hubiera  de  créer  /aqnellos 
grandes  ingenios  sobrepujaban  à  los  de  Grecia  y  de  Italia ,  y  sus 
obras ,  decia  él ,  merecian  imprimirse  en  letras  de  oro.  Recîbi 
à  aquellos  seftores  muy  atentamente ,  y  aun  afectè  llaiarkM  de 
atenciones ,  porque  la  nacion  de  los  autores  es  un  poco  yana  y 
amiga  de  gloria.  Aunque  no  hubiera  encargado  à  Escipion  que 
la  cena  fiiese  abundante ,  como  él  sabia  la  clase  de  gentes  à  que 
debia  obsequiar  en  aquel  dia ,  la  habia  dispuesto  con  iNrofusion. 

En  fin ,  nos  sentàmos  à  la  mesa  con  mucha  alegria.  Mis  poetas 
principiéron  é  hab)ar  de  si  propios ,  y  alabarse.  Uno  citaba  coo 
y  anidad  los  grandes  y  las  sefioras  à  quienes  agradaba  su  musa  :  otro, 
yitaperando  la  eleccion  que  una  academia  de  literatos  aeababa  de 
hacer  de  dos  sugetos ,  decia  modestamente  que  debian  haberle  ele* 
gido  :  los  demas  discurrian  cou  la  misma  presundon.  Miéntras 
comian,  me  fastidiâron  con  trozos  de  yersos  y  de  prosa:  cada 
uno  de  ellos  recitaba  por  tumo  algun  pasage  de  sus  escrîtos  :  uno 
lee  un  soneto;  el  otro  dedama  una  escena  trâgîca;  otro  lee  h 

*  Lot  Tenos  oscnrM  que  cantaban  lot  taoerdotet  taliot  en  tas  pfoeetîonM  ha- 
biaq  rido  oompaettot  por  Nama. 


LIBRO  OCTAVO.  369 

critica  de  una  comedia  ;  y  el  cuarto,  leyendo  A  su  yez  una  oda  de 
Anacreonle ,  traducida  en  malos  versos  espaûoles ,  es  interram- 
pido  poT  uno  de  sus  oompaAeros ,  que  le  dice  se  ha  servido  de 
una  Yoz  impropia.  £1  autor  de  la  traduccion  defiende  lo  contra- 
rio ;  y  se  arma  una  disputa  en  la  cnal  todos  los  ingenios  toman 
panido.  Las  opiniones  son  diversas ,  los  disputantes  se  acaloran 
y  Uegan  à  las  injurias.  Todo  esto  era  tolerable  ;  pero  aquellos 
fnriosos  se  leyantan  de  la  mesa ,  y  andan  à  cachetés.  Fabricio , 
£sci|Non ,  mi  cochero ,  mis  lacayos  y  yo ,  en  que  nos  vimos  para 
ponerlos  en  paz.  Cuando  se  yièron  separados ,  saliéron  de  mi 
casa  como  de  una  taberna ,  sin  pedirme  ningun  perdon  de  su 
impolitica. 

Nuftez  y  sobre  cuya  palabra  habia  yo  fbrmado  una  idea  agra- 
daMe  de  aquella  comida,  se  quedô  atônito  del  lance.  Y  bien,  le 
dije,  amigo ,  ;me  elogiaréis  todavia  à  yuestros  conridados?  A 
fémiaque  me  habeis  traido  unas  gentes  bien  despreciables.  Atën- 
gome  é  mis  covachnelistas  ;  no  me  hables  mas  de  autores.  Yo  no 
pienso ,  me  respondiô ,  presentarte  otros ,  pues  acabas  de  yer  î 
los  mas  juiciosos. 

CAPITULO  X. 

Corrômpeiue  enteramente  las  oostnmbres  de  Gil  Bias  en  la  oorte  :  del  encargo 
que  le  diô  el  oonde  de  Lémos ,  y  de  la  intriga  en  que  este  seAor  y  él  se 
metiéron. 

Lnego  que  se  llegè  à  saber  que  era  yo  privado  del  duqne 
de  Lerma,  empezè  à  tener  corte.  Todas  las  maflanas  estaba 
mi  antesala  llena  de  gente ,  à  quien  daba  audienda  al  levantar- 
me.  Yenian  A  mi  casa  dos  dases  de  personas ,  unas  interesàndo- 
me  Gon  dinero  para  que  pidiese  alguna  gracia  al  ministro ,  y  otras 
à  moverme  con  sùpiicas  para  conseguirles  graiu  lo  que  preten-» 
dian.  Las  primeras  tenian  seguridad  de  ser  escuchadas  y  bien 
seryidas.  En  ôrden  à  las  segundas ,  me  desembarazaba  pronta- 
mente  con  excusas ,  6  los  entretenia  tanto  tiempo  que  les  hacia 
perder  la  pacienda.  Antes  de  hacer  papel  en  la  corte  era  yo  nft- 
turaknente  piadoso  y  caritativo  ;  pero  como  en  ella  no  hay  esta 
debtlidad ,  me  hice  mas  duro  que  un  pedemal ,  y  de  consiguien- 
te  perdi  tambien  el  carifto  à  mis  amigos ,  y  me  desnudë  de  todo 
d  afecio  que  les  tenia.  En  prueba  de  esta  yerdad  voy  i  contar 
oomo  tratë  en  una  ocasion  i  José  Navarro. 

Este  José  Navarro,  al  que  tanto  tenia  que  agradecer,  y  quien , 
para  decirlo  de  una  vez,  era  la  causa  primordial  demi  fortnna, 
yino  un  dia  à  mi  casa.  Despues  de  haberme  mostrado  mucho 
amor ,  como  lo  acostumbraba  à  hacer  siempre  que  me  enoontra- 


390  GIL  H.AS. 

ba  y  me  raplicô  pidiese  al  doque  de  Lenna  cîerto  empleo  para 
tmo  de  SOS  amîgos ,  dkaeDdome  que  el  sugeco  por  qoîen  se  inte- 
resaba  era  an  mozo  may  amable ,  y  de  gran  mèrito ,  pero  que 
necesitaba  empleo  para  sobsisUr.  I>(e  dado,  afladiô  José,  que, 
sieodo  vmd.  tan  baeno ,  y  amigo  de  hacer  un  fevor ,  tendra  gus- 
to en  hacer  bien  à  on  pobre  hombre  honrado.  Sa  indigeacia  es 
on  titulo  qne  merece  el  apoyo  de  ymd.  Tengo  la  seguridad  de 
que  me  ibréis  las  gracias ,  porqae  os  proporciono  ocasion  de 
ejercer  yaestra  condicion  caritatiya.  Esto  era  decinne  claramente 
que  esperaba  qae  hiciese  este  Cavor  de  balde.  Aonqoe  esto  me  dis- 
gttstaba ,  no  dejé  de  aparentar  que  estaba  muy  propkao  à  ser- 
Yîrle.  Me  alegro ,  respondi  à  Navarro ,  de  tener  esta  ocasion  en 
qne  poder  miauiifestar  é  ymd.  mi  yivo  agradecimiento  à  cnanto 
ymd.  ha  hecho  por  mi  :  me  basta  qne  ymd.  se  interese  por  coal- 
qaiera ,  y  no  necesita  otra  recomendacion  para  decidirme  à  ser- 
yirle.  Su  amigo  de  ymd.  tendra  el  empleo  qae  desea  :  cuente  ymd. 
con  elio.  Este  es  asunto  mio ,  y  no  de  ymd. 

Con  estas  expresiones  José  se  fué  may  satisfécho  de  mi  feyor. 
Sin  embargo ,  sa  recomendado  se  qaedô  sin  empleo ,  porque 
lo  hice  dar  à  otro  por  mil  ducados  qae  meti  en  mi  gaveta.  Pre- 
fer! tomar  este  dinero  à  los  agradecimientos  que  hobiera  red- 
bido  de  mi  buen  repostero ,  é  quien  con  an  modo  pesaroso  dije 
coando  nos  yolySmos  à  yer  :  j  Ah  I  mi  amado  Nayarro ,  ymd. 
me  bablô  tarde.  Galderon  se  me  anticipé  à  dar  el  empleo  que 
ymd.  sabe.  Siento  en  extremo  no  dar  é  ymd.  mejor  notida. 

José  me  creyô  de  baena  fe ,  y  nos  separàmos  mas  amigos  que 
nunca;  pero  creo  que  presto  descubriô  la  yerdad  porqae  no 
yolviô  à  parecer  por  mi  casa.  En  yez  de  sentir  alganOs  remor- 
dimientos  de  haberme  portado  tan  mal  con  an  amigo  yerda- 
dero ,  y  à  quien  tanto  debia ,  quedé  muy  contento.  Ademas  de 
que  ya  me  pesaban  los  feyores  que  me  habia  hecho ,  no  me  pa- 
recia  conyeniente  tratar  con  reposteros  en  la  categoria  en  que  me 
haUaba  en  la  corte. 

Yohamos  al  conde  de  Lémos ,  de  qnien  hace  tiempo  no  he 
hablado ,  y  al  qne  yisitaba  algunas  yeces.  Le  habia  Ueyado  mil 
doblones,  como  tengo  dicho,  y  todayia  le  lleyé  otros  mil  por 
ôrden  del  duque  sa  tio ,  del  dinero  que  yo  tenia  de  S.  E.  En 
este  dia  fué  cuando  el  conde  qniso  tener  una  larga  conyersadon 
conmigo ,  en  la  cual  me  manifesto  que  al  fin  habia  logrado  su 
intento,  y  que  enteramente  gozaba  del  fey  or  del  principe  de 
Espafia  de  quien  era  el  ànico  confidente ,  y  en  seguida  me  dii> 
un  encargo  muy  bonroso ,  para  el  cual  ya  me  tenia  destinado. 
Amigo  Santîllanay  me  dijo,.yamos,  manos  à  la  obra.  No  dejeis 
de  hacer  cuanto  podais  para  descubrir  alguna  beldad ,  digna  de 
diyertîr  à  este  principe  galan.  Entendimiento  teneis  :  nada  mas 
os  digo.  Id ,  corred ,  inyestigad ,  y  cuando  hayais  descubierto  una 


LIBRO  OCTAVO.  »1 

cosa  buena  decidmelo.  Ofreci  al  conde  no  omitir  diligencia  para 
contribair  al  baen  desempefto  de  mi  empleo,  cuyo  ejercido  no 
debe  de  ser  may  dificil ,  paes  hay  tantas  gentes  que  se  ocapan 
en  éL 

Yo  no  estaba  muy  acostumbrado  à  este  género  de  ayerigua- 
dones  ;  pero  no  dudaba  que  Esdpion  séria  tambien  admirable 
para  el  caso.  Lnego  que  yolvi  à  casa  le  Ilamë  y  le  dije  à  solas  : 
Hijo  mio ,  tengo  que  hacerte  un  encargo  importante.  En  medio 
de  tanto  como  sabes  me  favorece  la  fortuna ,  conozco  que  me 
£adta  alguna  cosa.  Fàcilmente  adivino  lo  que  es ,  interrumpiô  sin 
dejarme  acabar  lo  que  queria  decirle;  ymd.  necesita  una  ninia 
agradable,  que  le  distraiga  un  poco  y  le  divierta;  y  en  efecto , 
es  de  maravillar  que  vmd.  en  la  flor  de  sus  dias  no  la  tenga , 
cuando  yiejos  barbones  no  puedenestar  sin  ella.  Admiro  tu  pers- 
picada,  le  dije  sonriéndomcSi,  amigo  mio^necesito  una  dama, 
pero  la  quiero  Tenida  de  tu  mano;  mas  adyierte  que  soy  muy 
delîcado  en  este  negocio:  quiero  una  persona  linda,  y  que  no 
tenga  malas  costumbres.  Lo  que  ymâ.  desea,  interrumpiô  £sci- 
pion  sonriéndose ,  es  algo  raro  ;  no  obstante  estamos ,  à  Dios 
gradas,  en  un  pueblo  en  donde  hay  de  todo,  y  espero  encon-r 
trar  presto  lo  que  ymd.  pretaide. 

Ëfectivamente  à  las  très  dias  me  dijo  :  He  descubierto  unte- 
soro,  una  seftorila  jôven  Uamada  Catalina,  de  buena  familia,  y 
de  indecible  hermosura.  Viye  à  la  sombra  de  una  tia  suya  en 
una  casita  en  donde  subsisten  ambas  muy  decentemente  con  sus 
haberes ,  que  no  son  considerables.  La  criada  que  las  sirve  es 
conodda  mia,  y  acaba  de  asegurarme  que,  aunque  no  dan  en- 
trada  i  nadie ,  no  séria  dificil  la  hallase  un  galan  rieo  y  esplën* 
dido ,  con  tal  que  para  no  escandalizar  entarse  en  su  casa  solo 
de  noche  y  con  todo  sigilo.  En  esta  inteligencia  le  he  pintado  & 
vmd.  como  un  hombre  digno  de  que  le  admitan  en  su  casa,  y  he 
supHcado  â  la  criada  se  lo  proponga  à  las  dos  seAoras,  lo'cual 
me  ha  ofrecido ,  como  tambiea  ir  maAana  à  un  sitio  determinado 
à  darme  la  respuesta.  Bravo  va  el  negocio ,  le  respond!  ;  pero 
temo  te  engaûe  la  criada.  No ,  no,  replicô,  no  me  dejo  yo  enga- 
ftar  tan  fàcilmente:  he  preguntado  ya  à  los  vecinos,  y  de  lo  que 
me  han  dicho  he  inferido  que  la  seftora  Catalina  es  tal  como 
vmd.  la  puede  desear,  es  dècir  una  Dànae,  de  quien  vmd.  puede 
ser  el  Jupiter  enviando  Iluvia  de  doblones. 

Sm  embargo  de  la  desconlBianza  que  tenia  de  esta  dase  de 
hallazgos,  no  dejè  de  aceptar  este,  y  como  la  criada  al  dia  st- 
guiente  avisase  à  Escipion  que  podia  preseniarme  aquella  misma 
noche  en  casa  de  sus  amas ,  entre  once  y  doce  me  entré  en  ella 
Gon  mucho  sigilo.  La  criada  me  recibiô  à  oscuras ,  me  cogiô  de 
la  mano ,  y  me  Uevô  à  una  sala  décente ,  en  donde  encontre  â  las 
dos  seAoras  airosamente  vestidas ,  y  sentadas  en  almohadones 


S93  GIL  «LAS. 

de  raM>.  Lnego  que  me  vièron  se  lerantAroa ,  y  me  salndiron 
eon  tanta  finnra  que  me  pareeîéron  personas  dis^guidas.  La  tia» 
que  se  Uamaba  la  aefiora  Mencia  y  aanque  tadayia  de  boen  pore- 
cer,  no  atrajo  mi  atencion.  Es  Terdad  que  toda  se  la  DeTaba  la 
sobrina,  que  me  paredô  una  diosa;  y  aunque  examinada  ri^ 
gurosamente  podia  dedrse  que  no  era  una  hermosura  perfecta, 
tenia  con  todo  tantas  gracias  que  »  afkadidas  à  un  rostro  atrao- 
tiyo  y  Toluptuoso,  ofdscaban ,  y  hadan  imperceptibles  sus  de- 
lectos. 

Su  yista  me  UurbA  los  sentidos  :  olyidé  que  iba  como  émisa- 
rio  y  hablë  en  mi  propio  y  privado  nombre  y  y  me  manifesté  apa- 
sionado.  La  sefiorita  »  cnyo  entendimiento  yo  juzgsdMi  très  yeœs 
mayor  de  lo  que  realmente  era»  tan  bien  me  habia  parecido» 
aeal)ô  de  enamorarme  con  sus  respuestas.  Ya  prindpiaba  yoé 
estar  fuera  de  ml ,  cuando  para  moderar  la  tia  mis  impubos  tome 
la  palabra  y  me  dijo  :  Seflor  de  Santillana ,  voy  à  haUar  A  Y.  S. 
francamente.  Por  el  mucbo  bien  que  me  han  dicho  de  Y.  S.  le  be 
permitido  entrar  en  mi  casa,  sin  ponderarle  et  gran  ftiTor  que 
id  bago  en  ello  ;  pero  no  créa  Y.  S.  por  eso  que  ba  adelantâdo 
algo:  hasta  ahorahe  criado  à  mi  sobrina  con  recato,  y  tos  sois, 
por  decirlo  asi,  el  primer  caballero  à  quien  la  he  presentado.  Si 
08  parece  digna  de  ser  vuestra  esposa,  tendre  el  mayor  gusto  en 
que  ellalogre  este  honor:  yed  si  à  este  precio  os  conyiene,  pues 
à  otro  no  la  conseguirèis. 

Este  tiro  à  quema  ropa  abuyentô  el  Amor  que  me  iba  à  dia- 
parar  una  flécha.  Hablando  sin  metifora,  un  casamiento  pro- 
puesto  tan  é  secas  me  hizo  entrar  en  mi  mismo ,  y  yolyiendo  de 
repente  à  ser  fiel  agente  del  conde  de  Lèmos,  nmdé  de  tono,  y 
respondi  é  la  seiiora  Mencia  :  Sefiora,  y uestra  fraoqueza  me  agrada , 
y  por  tanto  quiero  imitarla.  Aunque  hago  un  papel  distinguido 
en  la  corte,  no  basta  este  para  merecer  é  la  sin  igual  Catalina; 
le  tefago  reseryado  un  partido  mas  brillante  :  la  destino  para  el 
principe  de  Espaiia.  Me  parece  »  respondiô  la  tia  friamente,  que 
bastaba  despreciar  à  mi  sobrina ,  sin  que  fuera  neoesario  acom- 
pafiar  el  desprecio  con  la  burla.  No  me  burlo ,  seftora ,  exdamè  : 
hablo  seriamente;  tengo  ôrden  de  buscar  una  persona  de  mërito 
i  quien  pueda  honrar  con  sus  yisitas  sécrétas  el  prindpe  de  Es- 
pafia»  y  en  casa  de  ymd.  he  hallado  lo  que  buscaba. 

Esta  declaracion  sorprendiô  en  gran  manera  é  la  seftora  Men-> 
cia,  à  quien  conoci  no  le  habia  desagradado.  Sin  embargo, 
creyendo  que  debia  hacer  la  reseryada,  me  replicô  en  estes 
tërminos  :  Aun  cuando  tomara  al  pié  de  la  letra  lo  que  Y.  S.  me 
dice ,  ha  de  saber  que  no  soy  de  carécter  que  haga  yanidad  dd 
Infiame  honor  de  yer  à  mi  sobrina  ser  dama  de  un  prindpe;  mi 
decoro  se  ofénde  con  la  idea^..  iQué  bendita  es  ymd.,  le  inter- 
rumpf ,  con  su  yirtud!  Ymd.  piensa  como  una  simple  aldeaoa,  y 


UBRO  OCTAVO.  393 

se  diancea  si  mira  estas  cosas  con  tanto  eseràpolo  :  eso  es  qui* 
taries  lo  que  tienen  de  bueno  :  es  neœsario  mirarlas  eonmejores 
ojos.  Considerad  à  los  pies  delà  dichosa  Catalina  al  heredero  de 
la  monarquia;  represeotaos  que  la  adora  y  la  llena  de  regalos;' 
y  pensad  eo  fin  que  quizi  puede  nacer  de  ella  un  héroe  que  in- 
mortalize  el  nombre  de  su  madré  con  el  suyo. 

Fingiô  la  tia  no  saber  à  que  resoWerse  aunque  estaba  determi- 
nada  à  aceptar  mi  propuesta;  y  Catalina,  que  ya  hubiera  que» 
rido  poseer  al  principe  »  aparentô  la  mayor  indiferencia  ;  por  lo 
qae  tuve  que  hacer  nuevos  esfiierzos  para  estrediar  la  plaza^ 
basta  que  al  fin  la  sefiora  Hencia ,  yièndome  ya  cansado ,  y  en 
disposicion  de  lerantar  el  sitio  »  tocô  la  Hamada  y  y  ajust^os 
una  capitnlacion  que  contenia  los  articulos  siguientes  :  Prhnero  : 
que  si  ^  por  los  informes  que  dièse  yo  al  principe  de  las  gracias 
de  Catalina,  gustaba  de  ella,  y  determinaba  hacerle  una  visita 
nocturna,  séria  de  mi  cargo  adyertir  de  ella  àlassefloras,  como 
igualmente  de  la  noche  que  eligiese  para  este  efecto.  Segundo  : 
que  el  principe  habia  de  entrar  en  casa  de  dichas  seûoras  como 
un  (]^an  cualquiera,  y  acompafiado  solo  de  mi  y  de  su  principal 
confidente. 

Celebrado  este  conyenio ,  me  hiciéron  mil  agasajos  tia  y  so- 
brina  :  empezéron  à  tratarme  femiliarmente ,  con  lo  que  me 
aventuré  à  algunas  llanezas  que  no  fuèron  muy  mal  recibidas  ;  y 
cuando  nos  separàmos  me  abrazâron  de  su  propio  motivo ,  ha- 
ciéndome  todas  las  caricias  imaginables.  Es  cosa  maravillosa  la 
facilidad  con  que  se  traba  amistad  entre  los  corredores  de  amor , 
digàmoslo  asi,  y  las  mugeres  que  los  necesitan  :  al  verme  salir 
de  alli  tan  favorecido ,  nadie  hubiera  dicho  sino  que  yo  habia 
sido  mas  dichoso  de  lo  que  era  en  realidad. 

El  conde  de  Lémos  tuyo  suma  alegria  cuando  le  dije  que  ha- 
bia hecho  un  descubrimiento  cual  podia  apetecerlo.  Le  bablé  de 
Catalina  en  taies  tërminos,  que  le  entr^on  deseos  de  yerla. 
Le  conduje  la  noche  siguiente ,  y  me  confesô  que  habia  hecho 
muy  buen  haDazgo.  Dijo  à  las  seûoras  que  no  dadaba  que  el 
principe  quedase  muy  complacido  de  yer  à  la  seftorita  que  yo 
le  habia  elegido,  y  que  esta  por  su  parte  no  quedaria  descon- 
tenta  de  tàl  amante,  por  ser  el  principe  generoso ,  afeble  y  Ileno 
de  bondad.  En  fin,  les  ofreciôque  le  conduciria  dentro  de  aigu- 
nos  dias  del  modo  que  deseaban ,  esto  es ,  sin  acompafiamiento 
ni  ruido.  Este  seflor  se  despidiô ,  y  yo  me  retiré  con  ël  para  ir  à 
tomar  el  coche  en  que  habiamos  venido ,  el  cual  nos  esperabaal 
fin  de  la  calle.  Despues  me  llevô  à  mi  casa ,  y  me  encargô  entc- 
rase  el  dia  siguiente  â  su  tio  de  esta  principiada  aventura,  y  le 
suplicase  de  su  parte  le  euviara  mil  doblones  para  finalizarla. 

Con  efecto ,  al  dia  siguiente  fui  à  dar  puntual  cuenta  de  cuanto 
habia  pasado  al  duque  de  Lerma ,  callando  la  parte  que  habia  te- 


394  GIL  BLAS. 

nido  Esdpion  en  el  negocio  para  pasar  yo  por  antor  del  descii- 
brimiento  de  Catalina;  porqoe  de  todo  hace  uno  mérite  para 
con  los  grandes. 

Y  asi  filé  que  se  me  diéron  gracias  de  ello.  Seùor  Gil  Bias, 
me  dijo  el  ministro  con  aire  bnrlon ,  me  alegro  que  ymd.  nna  a 
sus  demas  talentos  el  de  descobrir  las  hermosuras  halagûeftas;  y 
no  extraflarà  qne,  coando  yo  necesite  alguna,  acoda  à  vmd.  Se- 
Aor,  le  respond!  en  el  mîsmo  tono,  agradeeco  la  preférencia; 
pero  permitaseme  que  diga  que  escrupulizaria  si  proporcionase 
esta  dase  de  placeres  é  Y.  E.  ;  porque  hace  tanto  tiempo  que  el 
seflor  don  Rodrigo  esta  en  posesion  de  ese  empleo ,  que  se  leha- 
ria  una  injusticia  en  despojarle  de  él.  El  duque  se  sonriô  de  mi 
respuesta ,  y  mudando  de  conversadon  me  preguntô  si  su  sobrino 
pedia  dinero  para  esta  empresa.  Perdonad ,  le  dije ,  él  suplica  é 
Y.  £.  le  envie  mil  doblones.  Esta  bien,  respondiô  el  ministro, 
no  tienes  mas  que  Uevirselos  ;  dile  que  no  los  escasee,  y  que 
aplauda  todos  los  gastos  que  el  prindpe  quiera  hacer. 


CAPITULO  XL 

De  la  yisita  sccreta,  y  de  los  regalos  que  el  principe  hiio  à  Catalina. 

En  aquel  mismo  punto  llevé  los  mil  doblones  al  conde  de  Le- 
mos.  No  podiais  yenir  mas  à  tiempo,  me  dijo  este  seûor.  He 
hablado  al  principe ,  quien  ha  caido  en  el  lazo ,  y  desea  con  im- 
paciencia  ver  à  Catalina ,  por  lo  que  se  ha  resuelto  que  esta  no- 
che  saïga  secretamente  de  palacio  para  ir  à  su  casa.  LdS  medidas 
estàn  ya  tomadas.  Diselo  asi  à  las  sefioras ,  y  dales  el  dinero  que 
me  traes  :  es  necesario  manifestarles  que  el  que  Ta  i  verlas  no  es 
un  amante  comun,  fiiera  de  que  los  regalos  de  los  principes 
deben  précéder  é  sus  galanteos.  Supuesto  que  le  has  de  acom- 
paûar  conmigo,  prosiguiô,  hàllate  esta  noche  en  palaclo  à  la 
hora  de  acostarse.  Tambien  sera  preciso  que  tu  coche,  porque 
me  parece  del  caso  servirnos  de  èl ,  nos  espère  à  media  noche 
cerca  de  palacio. 

Me  fui  inmediatamente  à  casa  de  las  seâôras ,  en  la  que  no  yi  à 
Catalina,  por  estar,  segun  se  me  dijo,  acostada,  y  solo  hablè  con 
la  seAora  Mencia.  Perdone  ymd. ,  seAora ,  le  dije ,  si  yengo  de 
dia  à  su  casa,  porque  no  puedo  hacer  otra  cosa  :  me  es  preciso 
avisar  à  vmd.  que  el  prindpe  vendra  aqui  esta  noche;  y  reciba 
ymd.,  aftadi  entregàndole  el  talego  en  donde  lleyaba  el  dinero , 
reciba  vmd.  una  ofrcnda  que  cuvia  al  templo  de  Citerea  para 
que  le  sean  propicias  sus  deidades.  Ya  ve  ymd.  que  no  les  he 
proporcionado  una  mala  conveniencia.  Doy  à  vmd.  Jas  gracias , 
me  respondiô  ;  pero  digame ,  seAor  de  Santillana ,  si  al  principe 


LIBRO  OCTAVO.  S»& 

le  gosta  la  mùsica.  Con  extremo  y  le  conteste  :  ninguna  cosa  le  di- 
vierte  tanto  como  una  buena  yoz  acompallada  de  un  laud  tocado 
con  destreza.  Mucho  mejor,  exclamô  ella  enagenada  de  alegria; 
lo  que  Ymd.  dice  me  Uena  de  gozo,  porque  mi  sobrina  tiene  la 
garganta  de  un  ruisefior ,  tafte  marayillosamente  el  laud  ^  y  tambien 
baila  con perfeccion.  {Vive  diez»  exclamé,  esas  son  muchas  ha- 
bilidades,  tia  mial  No  necesita  tantas  una  seAorita  para  hacer 
fortuna  :  una  sola  de  esas  gracias  le  basta. 

Dtspuestas  asi  las  cosas,  esperë  la  bora  en  que  el  principe  solia 
acostarse.  Llegada  esta ,  di  mis  ôrdenes  ai  cochero ,  y  me  réuni  al 
conde  de  Lémos,  quien  me  dijo  que  el  principe,  paraquedarse 
solo  antes  de  tiempo ,  iba  à  fingir  una  ligera  indisposicion ,  y  aun 
acostarse ,  à  fin  de  hacer  créer  mejor  que  estaba  malo  ;  pero  que 
de  alli  à  una  hora  se  leyantaria ,  y  por  una  puerta  falsa  tomaria  una 
escalera  excusada  que  iba  à  dar  à  los  patios.  Luego  que  me  enterô 
de  lo  que  ambos  habian  concertado,  me  apostô  en  un  sitio  por 
donde  me  asegurô  habian  de  pasar.  Durô  taiito  el  poste  que  co- 
menzé  à  créer  que  nuestro  galan  habia  tomado  otro  camino,  6 
perdido  el  deseo  de  yer  à  Catalina,  como  si  los  principes  abando- 
naran  estos  antojos  entes  de  haberlos  satisfecho.  Enfin,  cuando 
creia  que  me  habian  oly  idado  y  se  Ilegàron  à  mi  dos  hombres ,  que 
conoci  ser  los  que  esperaba ,  y  los  conduje  à  mi  coche ,  en  el  cual 
subiëron  ambos.  Yo  iba  cerca  del  cochero  para  guiarle,  y  le  hice 
parar  à  cincuenta  pasos  de  donde  yiyian  las  seAoras.  Di  la  mano  al 
principe  y  à  su  compaûero  para  ayudarles  à  bajar,  y  marchàmos  i 
la  casa,  cuya  puerta  nos  abriëron  inmediatamente  que  llamàmos,^ 
y  Yolyiëron  â  cerrar. 

^  principio  nos  encontràmos  en  las  mismas  tinieblas  que  yo 
me  yi  la  primera  yez,  aunque  por  distincion  habian  puesto  en 
la  pared  una  lamparilla,  cuya  luz  era  tan  escasa,  que  solamente 
la  percibiamos  sin  que  eUa  nos  alumbrara.  Todo  esto  seryia  para 
hacer  la  ayentura  mas  agradable  à  su  héroe ,  el  cual  qued6  yi- 
yamente  sorprendido  à  yista  de  las  sefioras,  que  le  recibiéron 
en  la  sala,  en  donde  la  claridad  de  un  sin  numéro  de  bugias  ré- 
compensé la  oscuridad  que  habia  en  el  patio.  La  tia  y  la  so- 
brina se  presentéron  en  gracioso  trage  de  casa  seductoramente 
descuidado,  y  con  aire  tan  atractiyo  que  no  se  podian  mirar  sin 
embelesamiento.  Nuestro  principe,  si  no  hubiera  tenido  que  es- 
coger,  se  hubiera  contentado  muy  bien  con  la  seftora  Hencia  ; 
pero  diô  la  preferenda ,  como  era  razon ,  à  las  gracias  de  la  jô- 
yen  Catalina. 

Y  bien,  principe  mio,  le  dijo  el  conde,  ;podiamos  haber  pro- 
porcionado  à  Y.  A.  el  gusto  de  yer  dos  personas  mas  bonitas? 
Ambas  me  embelesan,  respondiô  el  principe;  no  pienso  sacar 
libre  de  aqui  mi  corazon,  pues  si  faltara  la  sobrina,  no  se  esca- 
paria  de  la  tia. 


396  GIL  BLAS. 

Despues  de  este  complimiento  tan  agradable  para  ana  tia,  dijo 
mO  cosas  lisonjeras  é  Catalina,  é  las  que  esta  respondiô  con 
macha  discredon.  Gomo  les  es  pennhido  à  las  gentes  honradas 
que  hacen  el  personage  que  yo  en  esta  ocasion  mezdarse  en  la 
conrersacion  de  los  amantes,  siempre  que  sea  para  atizar  el 
fuego ,  dije  al  galan  que  su  ninEa  cantaba  y  tocaba  é  las  mil  ma- 
ravfllas.  Se  alegrô  de  saber  tnyiese  estas  habilidades ,  y  le  sa- 
plicô  le  dièse  alguna  muestra  de  ellas.  Con  macho  gusto  cedi6  à 
sus  instancias  :  y  tomando  un  laud  bien  templado ,  tocô  sonatas 
tiemas ,  y  cantô  de  un  modo  tan  expresiyo ,  que  el  principe  se 
ech6  à  SOS  pies  enagenado  de  amor  y  de  placer.  Pero  dejemos  i 
un  lado  esta  pintura,  y  digamos  solamente  que  la  dulce  embria- 
guez  en  que  se  babia  sepultado  el  heredero  de  la  monarqoia 
hizo  que  las  horas  le  pareciesen  momentos,  y  que  toyiesemos 
que  arrancarle  de  aquella  peligrosa  casa  cuando  ya  se  acercaba 
el  dia.  Los  sefiores  agentes  le  condujëron  prontamente  à  palado, 
y  le  dejàron  en  su  aposento.  Despues  se  yolyiéron  à  su  casa  tan 
contentos  de  haberle  unido  con  una  aventurera  »  como  si  le  hu- 
biesen  casado  con  una  princesa. 

La  mafiana  siguiente  conté  el  suceso  al  duque  de  Lerma,  por- 
que  todo  lo  queria  saber  »  y  al  concluîr  mi  narracion  Hegô  el 
conde  de  Lëmos ,  y  nos  dijo  :  £1  principe  de  Espafla  esta  tan 
prendado  de  Catalina,  y  le  ha  gustado  tanto,  que  piensa  ir  à 
yerla  con  frecuencia ,  y  no  aficionarse  à  otra  :  quisiera  enyiarle 
hoy  dos  mil  doblones  en  joyas ,  pero  no  tiene  dinero.  Ha  acu- 
dido  é  mi  y  me  ha  dicho:  Mi  amado  Lëmos,  es  preciso  me  bus- 
qués al  momento  esta  cantidad.  Se  que  te  incomodo,  que  apuro 
tu  bolsillo,  y  por  tanto  mi  corazon  te  esta  muy  agradecido:  y 
si  en  algun  tiempo  me  hallo  en  estado  de  serte  reconocido  de 
otro  modo  que  por  el  agradecimiento  à  todo  lo  que  has  hecho 
por  mi,  no  te  arrepentirés  do  haberme  seryido.  Yo  le  respond!, 
separàndome  de  él  inmediatamente:  Principe  mio ,  tengo  amigos 
y  crédito;  voy  à  buscar  lo  que  V.  A.  desea.  No  es  dificil  salis- 
facerle,  dijo  entônces  el  duque  â  su  sobrino.  Santillana  yai 
traeros  ese  dinero,  6  si  quereis,  ël  mismo  comprari  las  joyas, 
porque  es  muy  inteligente  en  pedrerias ,  y  sobre  todo  en  rubies: 
;no  es  yerdad,  Gil  filas?  aftadiô  miràndome  con  un  airetai- 
mado.  ;  Que  malicioso  sois,  seiiori  le  respondi;  yeo  que  Y.  E. 
quiere  hacer  reir  à  costa  mia  al  seflor  conde  ;  y  asi  sucedié.  El 
sobrino  preguntô  i  que  misterio  encerraba  aquello  ?  Ninguoo , 
replicô  el  tio  riëndose  ;  es  que  un  dia  Santillana  quiso  trocar 
un  diamante  por  un  rubl ,  y  este  trueque  no  redundô  ni  en  ho- 
nor ni  en  provecho  suyo. 

Hubiera  salido  bien  Kbrado  si  el  ministro  no  hubiera  didio 
mas  ;  pero  se  tomô  el  trabajo  de  contar  la  pieza  que  Camila  y 
don  Rafeel  me  habian  jugado  en  la  posada  de  caballeros ,  y  se 


LIBRO  OCTAVO.  3W 

extendio  pankmlarmente  en  las  circonstaocias  que  yo  mas  sentia. 
Deapues  de  haberse  divertido  bien  S.  £• ,  me  mandé  acompaAar 
al  conde  de  Lèmos ,  qaien  me  Ue^ô  é  casa  de  on  joyero  en  donde 
escogimos  las  joyas  que  fuimos  k  enseàar  al  principe  de  Espafia, 
las  cuales  se  me  confiâron  para  que  se  las  entregase  à  Catalina» 
y  despaes  fui  à  mi  casa  à  tomar  dos  mil  doblones  del  dinero  de> 
duqoe  para  irlas  à  pagar. 

Ea  oeioso  preguntar  si  la  noche  signiente  me  recibiéron  oon 
agrado  las  sefloras  cuando  les  présenté  los  regalos  de  mi  emba- 
jada  y  que  consistian  en  un  bello  par  de  rosetas  de  diamantes 
para  la  ua,  y  unas  arracadas  de  lo  mismo  para  la  sobrina.  £na* 
genadas  una  y  otra  con  estas  demostraciones  de  amor  y  genero* 
sidad  del  principe ,  empezàron  à  charlar  como  dos  cottMrras,  y 
i  darme  gracias  porque  les  habia  agenciado  tan  buen  conocî- 
miento ,  y  con  el  exceso  de  su  alegria  dièron  k  entender  lo  que 
eran.  Se  les  escapéron  alganas  palabras  que  me  hiciéron  sospe* 
char  que  yo  habia  facilitado  una  bribona  al  hijo  de  nuestro  gran 
monarca.  Para  averiguar  con  certeza  si  yo  habia  sido  autor  de 
tan  buena  obra,  me  retiré  eon  intente  de  tener  mia  conferenda 
con  Escipion. 

CAPITULO  XII. 

Qnîeii  en  CataKnâ  :  perjklejidad  de  6U  8Us;  so  înqmetnd  $  y  iâ  prectadon 
qae  tomô  pan  tranqoîHur  m  âoiroo. 

AI  entrar  en  mi  casa  oi  un  gran  estrépito ,  y  preguntada  la 
causa ,  me  dijéron  que  Escipion  tenia  aquella  noche  é  cenar  A 
seis  amigos  suyos.  Cantaban  cuanto  mas  alto  podian ,  y  daban 
grandes  carcajadas  de  risa.  Esta  cena  à  la  Terdad  no  era  el  ban» 
quête  de  los  siete  sabios. 

El  que  daba  el  festin ,  luego  que  supo  mi  llegada,  dijo  é  sus 
conridados:  Seftores ,  no  es  nada,  es  el  amo  que  ha  Tuelto:  no 
os  inquieteis  por  eso ,  continuad  divîrtiéndoos.  Yoy  é  decirle 
dos  palabras ,  y  al  instante  vuelvo.  Bicho  esto  se  yino  é  mi  : 
iQué  griteria  es  esa?  le  dije;  ;é  que  clase  de  personages  feste- 
jas  alla  bajo?  ;son  poetas?  Perdone  vrnd.,  me  respondiô:  séria 
lâslima  dar  i  beber  vuestro  yino  é  semejantes  sugetos  ;  yo  se 
hacer  mejor  uso  de  él.  Entre  mis  convidados  hay  un  jôyen  muy 
rico  que  quiere  lograr  un  empleo  por  vuestra  mediacion  y  por 
sa  dinero ,  y  à  causa  suya  se  haoe  la  fiesta.  À  cada  trago  que 
bebe  aumenta  diez  doblones  à  lo  que  ha  de  tocaros ,  y  qm'ero 
haoerle  beber  hasta  el  amanecer.  En  ese  supuesto,  le  responds , 
Toëlyete  à  la  mesa  y  no  escasees  el  yino  de  mi  cueya. 

No  juzgué  oportuno  hablarle  entônces  de  Catalina ,  dejàndolo 
para  por  la  maftana  al  leyantarme,  lo  que  hice  de  esta  suerte: 


398  GIL  BLA& 

Amigo  Escipion  y  ta  sabes  de  que  modo  vivimos  los  dos  ;  yo  te 
trato  mas  como  à  compaAero  que  como  é  criado ,  y  por  consi- 
guiente  har&s  muy  mal  eu  engafiarme  como  à  amo.  Entre  noso- 
tros  no  ha  de  haber  secreto:  yoy  A  decirte  una  cosa  que  te  sor- 
prenderé ,  y  tù  por  tu  parte  me  diris  io  que  piensas  de  las  dos 
mugeres  que  me  has  dado  à  conocer.  Hablando  los  dos  en  satis- 
faocion,  sospecho  que  son  dos  taimadas,  tanto  mas  astutas, 
coanto  mas  sencillez  aparentan.  Si  les  hago  justicia,  no  tiene  el 
principe  de  Espafla  gran  motiTO  de  estarme  agradecido ,  porque 
te  confieso  que  para  el  te  pedi  la  dama.  Le  he  Ueyado  à  casa  de 
Catalina ,  y  se  ha  enamorado  de  ella.  Seûor ,  me  respondtô  Es- 
cipion, ymd.  se  porta  demasiado  bien  conmigo  para  que  yo  le 
folte  à  la  sinceridad.  Âyer  tuve  una  conversadon  é  solas  con  la 
criada  de  estas  dos  ninfas ,  y  me  contô  su  historia ,  que  me  ha 
parecido  diyertida.  Yoy  é  haceros  sudntamente  reladon  de  ella, 
y  no  sentirèis  haberla  oido. 

Catalina,  prosiguiô,  es  hija  de  un  hidalgnillo  aragones.  Ha- 
biendo  quedado  hoérfena  de  edad  de  quince  afkos ,  y  tan  pobre 
como  bonita,  diô  oidos  é  un  comendador  andano,  quien  la  llevô 
é  Toledo ,  donde  muriô  à  los  seis  meses ,  despues  de  haberle 
seryido  mas  de  padre  que  de  esposo.  Recogiô  ella  su  herencia  y 
que  consistia  en  algunas  ropas,  y  en  trecientos  doblones  en 
dinero  contante,  y  se  fué  luego  à  yiyir  con  la  seftora  Menda, 
que  todayia  se  mantenia  de  buen  ver ,  annque  ya  iba  cuesta  abajo. 
Estas  dos  buenas  amigas  permaned^on  juntas ,  y  principiàron  A 
tener  una  conducta  de  que  la  justicia  quiso  tomar  conocimiento. 
Esto  desagradô  à  las  sefloras ,  quienes  por  enfftdo  ô  por  otra 
causa  dejàron  prontamente  à  Toledo ,  y  viniëron  é  Madrid ,  en 
donde  yiven  cerca  de  dos  aftos  hace  sin  tratarse  con  ninguna  se- 
ftora de  la  yecindad.  Pero  oiga  vmd.  lo  mejor:  han  sdquilado 
dos  casas  pequefias  separadas  solamente  por  un  tabique ,  pudién- 
dose  pasar  de  una  A  otra  por  una  escalera  de  comunicadon  que 
hay  en  los  sôtanos.  La  seftora  Menda  vive  con  una  criada  de 
poca  edad  en  una  de  ellas,  y  la  yiuda  del  comendador  ocupa  la 
otra  con  una  duefta  yieja,  A  quien  hace  pasar  por  su  abuela; 
de  modo  que  nuestra  arogonesa  tan  presto  es  una  sobrina  edo- 
cada  por  su  tia ,  como  una  pupila  bajo  la  tutela  de  su  abuela. 
Cuandohace  de  sobrina,  se  llama  Catalina;  y  cuando  de  nieta, 
Sirena. 

Âl  oir  el  nombre  de  Sirena  interrumpi  todo  asustado  A  Esci- 
pion :  ;Qué  me  dices  ?  me  haces  temblar.  ;  Ay  de  ml  t  temo  que 
esa  maldita  aragonesa  sea  la  querida  de  Calderon.  Cabalito,  res- 
pondi6,  la  misma  es.  Yo  creia  dar  A  vmd.  un  gran  gusto  parti- 
cipAndoIe  esta  noticia.  Pues  no  lo  créas,  répliqué  ;  mas  me  causa 
disgusto  que  alegria.  ^No  preyes  tu  las  consecuencias  ?  No ,  A  fe 
mia,  replicô  Esdpion.  ;Quë  mal  pœde  yenir  de  ahi?  Don  Ro- 


LIBRO  OCTAVO.  399 

drigo  no  ha'de  descobrir  precisamente  lo  que  pasa;  y  si  ymd. 
teme  qne  se  lo  digan,  preyéngaselo  al  primer  ministro ,  contén- 
dole  el  caso  sendllaiDente.  É1  conocerà  la  boena  fe  de  ymd.;  y  si 
despoes  qoisiese  Calderon  ponerle  à  mal  con  S.  £.  y  el  daque 
yerà  que  no  trata  de  perjudicarle  sino  por  espiritu  de  venganza. 

Con  estas  palabras  me  desyaneciô  Escipion  el  miedo.  Segai  sa 
consejOy  y  di  parte  al  daque  de  Lerma  de  este  fotal  descubri- 
miento  ;  y  tambien  aparenté  contàrselo  con  aire  triste  ,  para 
persuadirle  de  que  sentia  haber  inocentemente  dado  al  principe 
la  dama  de  don  Rodrigo  ;  pero  el  -ministro ,  léjos  de  compade- 
cerse  de  su  favorito ,  se  burlô  de  ello.  Bespues  me  dijo  que 
siguiera  en  mi  comision ,  y  que  sobre  todo  era  gran  gloria  para 
Calderon  amar  à  la  misma  dama  que  el  principe  de  Espaûa ,  y 
recîbir  la  misma  acogida  que  èl.  Instrui  en  los  mismos  términos 
al  conde  de  Lémos,  quien  me  asegurô  su  proteccion  si  el  primer 
secretario  descubria  la  trama  y  queria  ponerme  à  mal  con  el 
duqae. 

Con  esta  maniobra  crei  haber  salyado  la  nave  de  mi  fortuna 
del  peligro  de  encallar ,  y  me  sosegué.  Segui  aoompafiando  al 
principe  à  casa  de  Catalina  »  por  otro  nombre  la  bella  Sirena ,  que 
tenia  la  destreza  de  encontrar  pretextos  para  apartar  de  su  casa 
à  don  Rodrigo ,  y  ocultarle  las  noches  que  ella  tenia  precision 
de  dedîcar  à  su  ilustre  riyal. 


CAPITDLO  XIII. 

Signe  Gil  Bias  baciendo  el  papel  de  seAor  :  tiene  noticias  de  su  familia  \  impre- 
sion  que  le  hici<^ron  :  se  desoompadra  con  Fabricio. 

Ya  Ileyo  dicho  que  por  las  mafianas  tenia  comunmente  en  mi 
antesala  mndias  gentes  que  yenian  à  proponerme  varios  asuntos  ; 
pero  yono  queria  que  me  los  propusiesen  yerbalmente.  Siguiendo 
el  estilo  de  la  corte ,  ô  por  mejor  decir ,  para  hacer  mas  de 
persona,  decia  à  todopretendiente:Tràigame  \md.  un  memorial  ; 
y  me  babia  aeostumbrado  tanto  i  esto ,  que  un  dia  respondi  asi 
é  mi  casero  cuando  yino  à  recordarme  que  le  debia  un  afio  de 
casa.  Por  lo  que  hace  al  carnicero  y  panadero ,  no  daban  lugar 
à  qoe  yo  les  pidiese  memorial ,  pues  eran  muy  puntuales  en 
traerlos  todos  los  meses.  Escipion,  que  era  un  yiVo  retrato  mio, 
hacia  lo  mismo  con  los  que  acudian  à  èl  para  que  se  empeflase 
conmigo  à  su  fayor. 

Yo  tenia  otra  ridicule^  que  no  pienso  perdonarme;  habia  dado 
eo  la  jEaUiidad  de  hablar  de  los  grandes  como  si  yo  fuese  de  su 
misma  estera.  Si,  por  ejemplo ,  tenia  que  citar  al  duque  de  Alba, 
al  duque  de  Osuna ,  ô  al  de  Hedinasidonia ,  decia  con  llaneza 


400  COL  BLAS. 

Albùf  Onma,  Medmaridania.  En  una  palabra,  me  habia  pneito 
tan  orgnlloso  y  yano  »  qae  jû  no  era  hijo  de  mis  padres.  { Ah  , 
pobre  duefla  ,  y  pobre  escadero ,  ni  pensaba  en  vosotros,  ni 
habia  tenido  cuidado  algano  de  informanne  de  Toestra  snerte  ! 
La  corte  tiene  la  yirtad  del  rio  Leteo ,  qne  nos  hace  olridar  de 
naestros  parientes  y  amigos,  si  se  hallan  en  infeliz  estado» 

Cuando  mas  olyidada  tenia  â  mi  fomilia ,  entrô  ona  mafiana  en 
mi  casa  on  mozo ,  que  me  dijo  deseaba  hablarme  i  solas  un 
moroento  :  le  hice  entrar  en  mi  despacho ,  en  donde ,  sin  dedrle 
-se  sentase  por  pareoerme  hombre  ordinario ,  le  pregmité  qvé  me 
qneria.  Sefior  Gil  Bias,  me  dijo ,  ;  pues  que  no  me  conoœ  vmd.f 
Por  mas  que  le  miré  con  atencion ,  tuve  que  responderle  que 
no  caia  en  quien  era.  Yo  soy ,  me  replioô ,  un  patsano  yuestro , 
natural  del  mismo  Oyiedo  »  ë  hijo  de  Beltran  Moscada  el  espe- 
ciero ,  yecino  de  yuestro  tio  el  canteigo.  Yo  os  reconosco  muy 
bien.  Hemos  jugado  mil  yeces  los  dos  à  la  gallma  ciega. 

De  los  juegos  de  mi  niûez ,  le  respondi ,  solo  conseryo  una 
idea  conAisa  ;  los  coidados  que  me  han  ocupado  despues  me 
los  han  borrado  de  la  memoria.  He  yenido  à  Madrid,  me  dijo, 
A  lyustar  cuentas  con  el  corresponsal  de  mi  padre.  He  oido  ha- 
bfaur  de  ymd. ,  y  me  han  dicho  que  esté  en  un  gran  puesto  en  la 
corte  y  y  ya  tan  rico  como  un  Judio ,  de  lo  que  doy  à  ymd.  la 
enborabuena ,  y  ofrezco  à  mi  yuelta  al  pais  IJenar  de  gozo  à  su 
iamilia,  dindole  una  nueya  tan  gustosa. 

Aunque  no  fiiera  mas  que  por  cumplimiento ,  no  podia 
mënos  de  preguntar  como  estaban  mis  padres  y  tio  ;  pero  lo 
hice  con  tal  frialdad ,  que  no  dl  motiyo  à  mi  buen  especiero 
para  admirar  la  fuerza  de  la  sangre.  Bien  me  lo  diô  A  enten- 
der ,  pues  se  manifesto  sorprendido  de  la  indiferenda  que  yo 
mostraba  hàcia  unas  personas  à  quienes  debia  profésar  sumo 
eariflo;  y  como  era  mozo  franco  y  grosero  :  Yo  creia,  me  dijo 
desabridamente ,  que  tuyieseis  mas  amor  y  aficion  à  yuestros 
parientes.  No  parece  sino  que  los  habeis  olyidado  segon  la 
iîrialdad  con  que  me  preguntais  por  ellos.  ^  Ignorais  cual  es  su 
situacion?  pues  sabed  que  yuestro  padre  y  yuestra  madré  estin 
todayia  siryiendo,  y  que  el  buen  canônigo  Gil  Perez,  agoyiado 
de  yejez  y  de  acbaques,  esta  ya  para  yiyir  poco.  Es  neœsario 
tener  buen  oorazon ,  prosiguiô  ;  y  supuesto  que  os  hallais  en  i 
estado  de  socorrer  à  yuestros  padres ,  os  aconsqo  como  amigo  > 
les  enyieis  todos  los  aflos  doscientos  doblones.  Este  socorro  les 
propordonarà  sin  menoscabo  yuestro  una  yida  c6moda  y  «ft- 
cbosa.  I 

En  lugar  de  entemecerme  la  pmtura  <|Ue  hacia  de  mi  famîlia,  | 
me  incomodô  la  libertad  que  se  tomaba  de  aoonsejarme  sîn  qoe  ' 
yo  se  lo  rogase;  quizà  con  mas  mafia  me  hubiera  persnadido» 
pero  su  franqneza  solo  siryiô  para  irritarme.  El  lo  oonociô  bm 


LIBRO  OCTAVO.  401 

por  el  ceAodo  silencto  que  guardè ,  y  continuando  sa  exbortacion 
con  mënos  caridad  que  malicia ,  me  impaciento.  {  Oh  !  eso  ya  es 
demasiadOy  respondi  lleno  de  côlera.  Yaya  vnid.,  sefior  de 
Moscada,  no  se  meta  en  negocios  agenos.  Yaya  y  busqué  al 
correspoDsal  de  su  padre,  y  ajuste  sus  cuentas  con  ël.;  Quien 
es  vmd.  para  enseftarme  mi  obligacion?  Se  mejor  que  ymd.  lo 
que  he  de  hacer  en  este  caso.  Dicho  esto  echë  de  mi  despacho 
si  espederOy  y  le  envié  à  Oviedo  à  vender  azafran  y  ptmienta. 

No  dejë  de  reflexionar  en  lo  que  acababa  de  decirme ,  y  acu- 
sàndome  i  mi  mismo  de  ser  un  hijo  desnaturalizado ,  me  en- 
temecL  Traje  à  la  memoria  los  afanes  que  les  habia  costado  â 
mis  padres  mi  niûez  y  mi  educacion.  Me  représenté  lo  que  les 
debîa ,  y  à  mis  reflexiones  siguiéron  algunos  impulsos  de  agra- 
decimiento,  que  no  obstante  de  nada  sirviéron.  Mi  ingratitud 
sofooô  bien  pronto  estos  afectos,  y  i  ellos  sucediô  un  profundo 
olvido.  Muchos  padres  hay  que  tienen  hijos  semejantes. 

La  codicia  y  la  ambicion  de  que  estaba  poseido  mudàron  del 
todo  mi  carécter.  Perdi  toda  mi  alegria,  y  andaba  siempre 
distraido  y  pensativo ,  en  una  palabra  hecho  un  insensato.  Yién- 
dome  Fabricio  ocupado  continuamente  en  pos  de  la  fortuna , 
y  tan  indiferente  con  ël ,  no  venia  à  mi  casa  sino  rara  vez;  pero 
no  pudo  dejar  de  decirme  un  dia  :  En  verdad ,  Gil  Bias ,  que  ya 
no  te  conozco.  Antes  de  venir  à  la  corte  siempre  ténias  el  ànimo 
tranquilo;  y  ahora  te  veo  constantemente  agitado.  Formas  proyecto 
sobre  proyecto  para  enriquecerte ,  y  cuanto  mas  adquieres  mas 
deseas.  Ademas ,  ^me  atreveré  à  decirlo?  ya  no  tienes  conmigo 
aquellos  desahogos  del  corazon ,  aquellas  femiliaridades  en  que 
consiste  el  encanto  de  la  amistad  i  entes  por  el  contrario  me  tratas 
con  réserva,  y  ocultas  lo  intimo  de  tu  aima.  Tambien  observe  que 
las  atenciones  de  que  usas  conmigo  son  como  forzadas.  En  fin , 
este  Gil  Bias  no  es  aquel  mismo  Gil  Bias  que  yo  conocia. 

Tiï  sin  duda  te  chanceas ,  le  respondi  con  frialdad  :  yo  ni»- 
guna  mutacion  percibo  en  roi.  Tienes  fasçinados  los  ojos,  re- 
plicô,  y  no  debes  preguntàrselo  à  ellos  :  crëeme,  ères  otro  del 
que  eras.  Dilo ,  amigo ,  ingenuamente  ^nos  tratamos  acaso  como 
otras  vecest  Guando  por  la  maftana  llamaba  à  tu  puerta,  venias 
tu  mismo  à  abrirme ,  y  muchas  veces  casi  dormido ,  y  yo  en- 
traba  en  tu  cuarto  sin  cumplimiento  :  pero  boy  jqué  diférencia  ! 
tienes  lacayos ,  y  se  me  hace  esperar  en  tu  antesala  miéntras 
dan  el  recado  de  si  puedo  hablarte.  Despues  de  esto ,  como  me 
recibes?  Con  una  fria  politica,  y  haciendo  el  selior.  Parece  que 
mis  visitas  principian  à  incomodarte.  ;  Crées  tu  que  semejante 
recibimiento  agrade  à  un  hombre  que  ha  sido  tu  camarada?  No , 
Santillana ,  no  ;  de  ningun  modo  me  conviene.  Â  Dios  ;  séparé- 
monos  amigablemente.  Deshagàmonos  ambos ,  tù  de  un  censor  de 
lus  accîones ,  y  yo  de  un  nuevo  rico  que  se  desconoce  à  si  propio. 


4M  GIL  BLA8. 

Me  senti  mas  exasperado  que  conmovido  de  sus  reprensio* 
nés ,  y  dejè  se  retirase  sin  haœr  el  menor  esfoerzo  para  detenerle. 
La  amistad  de  un  poeta  no  era  oosa  tan  preciosa  qoe  snpèrdida 
me  causase  aflîccion  en  et  eslado  en  que  me  haDaba  :  ademas, 
ficflmente  encontre  consaelo  en  el  trato  de  aignnos  empleados 
de  palado ,  con  qnienes  por  la  semejanza  de  caràcter  habia  re- 
ctentemente  contraido  estredia  amistad.  Estos  nneyos  conoct> 
mientos  eran  con  sngetos,  cnya  mayor  parte  renia  de  no  se 
donde,  y  à  qnienes  sa  dichosa  estrella  habia  oondnddo  i  sas 
empleos.  Todos  estaban  ya  acomodados  ;  y  atribayendo  estos 
misérables  solo  à  sa  mërito  los  beneficios  que  el  rey  se  habia 
dignado  hacerles ,  se  olvidaban  como  yo  de  si  mismos  y  todos 
nos  creiamos  anos  personages  may  respetables.  jOh  Fortona  ! 
Te  ahl  como  dispensas  los  fiiTores  hs  mas  veoes.  Hizo  bien 
el  estoico  Epicteto  en  compararte  con  ana  jôven  ihstre  que  se 
entrega  k  criados. 


>■••»■••■•—»«>■ 


LIBRO  NOVENO. 


CAPITULO  I. 

Eicipion  qaiere  catsr  4  Oil  Bias ,  y  le  propone  la  hija  de  on  rieo  j  famoto 
platero  :  de  loa  pasot.qae  se  di^raii  i  este  fis. 

Una  noche,  despnes  de  haber  despedido  é  la  concarrenda  que 
habia  ido  é  cenar  conmigo ,  yiéndome  solo  con  Esdpion  le  pre- 
ganté  qaè  habia  hecho  aqael  dia.  Dar  on  golpe  de  maestro,  me 
respondiô  :  propordonar  A  ymd.  an  rico  establedmiento;  paes  le 
qniero  casar  con  la  hija  ànica  de  an  platero]  conocido  mio.  (Hija 
de  an  platero  !  exclamé  oon  aire  d^eftoso  :  ^  has  perdido  el 
jaiciof  Caando  se  tiene  tal  coal  mèrito ,  y  se  mk  en  la  cone  en 
cierta  altora ,  me  parece  qne  se  deben  tener  ideas  mas  eieyadas^ 
{Ah y  seftor  1  repitiô  Escipion ,  no  lo  créais  asi.  Pensad  qne  el 
▼aron  es  qnien  ennoblece  ;  y  no  seais  mas  delîcado  que  mO 
sefiores  qae  padiera  dtaros.  ^Sabe  vmd.  bien  qne  la  heredera 
de  qaien  hablo  es  an  partido  de  den  mil  dacados  à  lo  mënos? 
^no  es  este  an  boen  trozo  de  phteria?  Caando  oi  hablar  de  ana 
sama  tan  grande  me  hice  mas  tratable.  Desde  Inego  cedo  al  die- 
témen  de  mi  secretario  ;  la  dote  me  détermina.  ^  Guaado  qoieres 
tù  qne  la  reciba?  Yamos  despado,  seAor,  me  respondià;  on 
poco  de  padenda.  Es  menester  qae  trate  yo  entes  del  asonto  coo 


LIBBO  NOVENO.  *03 

el  padre  y  y  que  le  hnga  venir  en  eflo.  Bueno ,  respond!  riendo  a 
carcajadas,  ^todavia  estas  ahi?  Ve  por  cierto  un  casamiento 
bien  adelantado.  Mas  de  lo  que  vmd.  piensa,  replicô;  solo 
qniero  una  hora  de  conversacion  con  el  platero ,  y  respondo  de 
su  consentimiento  ;  pero  intes  de  ir  mas  lëjos  capitiilemos  si 
¥ind.  gnsta.  Suponiendo  que  yo  haga  recibir  à  ymd.  cien  mil  du- 
cadoSy  ;^coantos  me  tocaràn  A  mi  ?  Veinte  mfl ,  le  respondi.  Ala* 
bado  sea  Dios  y  dijo  :  yo  limitaba  Yuestro  agradedmiento  à  diez 
mil.  Vmd.  es  la  mitad  mas  generoso  que  yo.  Yamos  :  desde  ma* 
Aana  me  emplearë  en  esta  negodadon ,  y  poede  ymd.  contar  con 
que  se  conseguirà ,  ô  yo  no  soy  sino  un  bestia. 

Efectiyamente  à  los  dos  dias  me  dijo  :  He  hablado  con  el  se- 
Aor  Gabriel  de  Salero,  que  este  era  el  nombre  del  padre  de  la  niâa, 
y  es  tanto  lo  que  le  he  ponderado  yuestro  yalimiento  y  mënto, 
que  diô  oidos  à  la  propuesta  que  le  hice  de  recibiros  por  yerno. 
Sera  yuestra  su  hija  con  den  mil  ducados»  siempre  que  le  hagais 
ver  claramente  que  sois  yalido  del  ministro.  Si  no  consiste  mas 
que  en  eso ,  dije  entônces  à  Escipion ,  presto  estarë  casado.  Pero 
tratando  de  la  muehacha  :  ^  La  has  yisto?  ;  es  hermosa?  No  tanto 
eomo  la  dote ,  respondiô.  Hablando  aqui  para  los  dos ,  esta  rica 
heredera  no  es  muy  bonita  ;  pero  por  fortuna  à  ymd.  ningun  cui- 
dado  le  da  esto.  À  fe  mia  que  no ,  hijo  mio  »  le  respondi.  Noso* 
tros  los  cortesanos,  nes  casamos  solameute  por  casarnos,  y 
buscamos  la  hermosura  en  las  mugeres  de  nnestros  amigos  ;  y  si 
por  acaso  se  halla  en  las  nuestras ,  la  miramos  con  tanta  indife- 
rencia,  que  es  bien  mereddo  el  que  por  ello  nos  castiguen. 

TodaySa  no  lo  he  dicho  todo ,  repitio  Esdpion  ;  el  seftor  Ga- 
briel conyida  à  ymd.  à  eenar  esta  noche ,  y  hemos  quedado  en 
que  no  le  ha  de  hablar  ymd.  del  casamiento  proyectado.  Debe 
conyidar  à  muchos  mercaderes  amigos  snyos  à  esta  cena ,  à  la 
cual  ha  de  asistir  ymd.  como  un  simple  convidado  ;  y  maftana  yen- 
dr&  el  é  cenar  con  ymd.  del  mismo  modo  :  en  esto  conocerà 
ymd.  que  este  hombre  quiere  experimentarle  antes  de  pasar  ade- 
lante.  Conyendrà  que  ymd.  se  contenga  un  poco  delante  de  ël. 
i  Oh  !  pardiez  !  interrumpi  con  aire  de.oonfiaùza  ^  aunque  examine 
lo  que  quiera ,  no  puedo  mènos  de  salir  ganancioso  en  este 
examen. 

Todo  se  ejecutô  puntualmente  ;  hîce  me  condujeran  é  casa  dd 
platero ,  quien  me  redbiô  tan  iamiKarmente  como  si  nos  hubie- 
semos  yisto  ya  muchas  yeces.  Era  de  tan  buena  pasta  que,  co- 
mo solemos  decir ,  se  pasaba  de  cortes.  Me  presentô  la  seflora 
Eugenia  su  muger ,  y  la  jôyen  Gabriela  su  hija  :  yo  les  hice  mil 
cumplimientos  sin  contrayenir  à  lo  tratado ,  y  les  dije  mil  tonte- 
rias  en  muy  bellos  tèrminos  y  frases  de  corte. 

Gabriela ,  à  pesar  de  cuanto  me  habia  dicho  ^e  ella  mi  secre- 
tario,  no  me  pareciô  fea ,  ya  fiiese  porque  estaba  muy  bien  puesta» 


404  GIL  BLAS. 

6  ya  porqoe  no  lamirase  smo  al  trayes  de  la  dote.  iQaé  bnena 
casa  tenia  el  seûor  Gabriel  !  Yo  creo  que  habrà  mènos  plata 
en  las  minas  del  Peru  que  la  que  habia  alii.  Este  metal  se 
ofrecia  à  la  vista  por  todas  partes  en  mil  formas  diferentes.  Cada 
sala  y  Y  particdarmente  la  de  la  cena ,  era  un  tesoro.  {Que  espec- 
tàculo  para  los  ojos  de  un  yemo  !  £1  suegro ,  para  bacer  mas 
lucido  el  convite,  habia  convidado  à  cinco  ô  seis  mercaderes, 
todos  personas  graves  y  enfodosas ,  que  solo  hablàron  de  co- 
mercio  »  y  puede  decirse  que  su  conversacion  mas  bien  fiië  una 
conferencia  de  négociantes  que  una  plàtica  de  amigos. 

La  noebe  siguiente  tuve  à  cenar  en  mi  casa  al  platero  ;  y  como 
no  podia  deslumbrarle  con  mi  vajilla,  recurri  é  otra  ilusion. 
Gonvidé  é  cenar  A  aquellos  amigos  mios  que  hacian  mayor  figura 
en  la  corte ,  y  que  yo  sabia  ser  unos  ambiciosos  que  no  ponian 
limites  a  sus  deseos.  No  hablàron  de  otra  cosa  mas  que  de  las 
grandezas  y  de  los  empleos  brillantes  y  lucrativos  à  que  aspira- 
ban  ,  lo  cual  produjo  su  efecto.  Aturdido  el  buen  Gabriel  de  oir 
sus  grandes  ideas ,  se  tenia,  à  pesar  de  su  riqueza,  por  un  misero 
moital  en  comparacion  de  aquellos  sefiores.  Por  mi  parte ,  afeo- 
tando  moderacion ,  dije  me  contentaria  con  una  mediana  fortona, 
como  de  veinte  mil  ducados  de  renta ,  con  cuyo  motivo  aquellos 
hambrientos  de  honores  y  riquezas  exclaméron  dictendo  queharia 
mal  y  y  que,  siendo  tan  querido  como  era  del  primer  mlnistro, 
no  debia  contentarme  con  tan  poco.  £1  suegro  no  perdiô  ni  una 
de  estas  palabras ,  y  crei  advertir  al  retirarse  que  iba  muy  sa- 
tisfecho. 

Escipion  no  dejô  de  ir  à  verle  el  dia  siguiente  por  la  maûana,  para 
preguntarle  si  yo  le  habia  gustado.  He  quedado  muy  prendado , 
le  respondiô  »  tanto  que  me  ha  robado  el  corazon.  Pero ,  seàor 
Escipion ,  aftadiô ,  suplico  à  vmd.  por  nuestra  antigua  amistad  que 
me  hable  sinceramente.  Todos ,  como  vmd.  sabe ,  tenemos  nuestro 
flaco:digame  vmd.  cual  es  el  del  sefiorSantillana.^sjugador? 
^es  cortejante?  ^cual  es  su  inclinacion  viciosa?  suplico  à  vmd.no 
me  la  oculte.  Vmd.  me  ofende ,  seftor  Gabriel ,  con  semejante  pre- 
gunta ,  replicô  el  medianero.  Me  intereso  mas  por  vmd.  que  por 
mi  amo ,  y  si  tuviera  algun  vicio  capaz  de  hacer  à  su  hija  desgra- 
ciada ,  ^se  lo  hubiera  propuesto  por  yerno  ?  Juro  à  brios  que  no  : 
yo  soy  muy  servidor  de  vmd.  ;  pero  en  salisfaccion ,  el  ùnico 
defecto  que  le  encuentro  es  no  tener  ninguno.  Para  jôven  es  muy 
juicioso.  Otro  tanto  oro ,  respondiô  el  platero  ;  cso  me  agrada. 
Yaya  vmd. ,  amigo  mio ,  puede  asegurarle  que  lograrà  la  mano  de 
mi  hija ,  y  que  se  la  daria  aun  cuando  no  fuera  querido  del 
ministro* 

Luego  que  mi  secretario  me  diô  noticia  de  esta  conversacion, 
fui  al  raomento  à  casa  de  Salero  à  darle  gracias  de  la  disposicion 
fovorable  en  que  esttaba  hécia  mi.  À  este  tiempo  ya  habia  declarado 


LIBRO  NOVENO.  405 

su  Yolantad  à  su  moger  y  à  su  hija ,  quienes  por  el  modo  con  que 
me  redbiëron  me  hiciëron  conocer  que  se  sujetaban  sin  repugnaiH 
cia  à  ella.  Despues  de  haber  prevenido  la  noche  antes  al  duque  de 
Lerma,  le  présenté  el  suegro.  S.  £.  le  recibiô  con  mucho  agasigo,  le 
manifesto  la  satisfiftccion  que  tenia  en  que  hubiese  elegido  para yerno 
â  un  hombre  à  quien  queria  ascender.  Despues  siguiô  haciendo  el 
elogio  de  mis  buenas  prendas ,  y  dijo  tanto  bien  de  mi ,  que  el  buen 
Gabriel  creyô  haber  encontrado  en  mi  sefloria  el  mejor  partido 
de  Espafia  para  su  bija.  Ëstaba  tan  gozoso  que  las  légrimas  se 
le  asomaban.  Al  despedirnos  me  estrechô  entre  sus  brazos  y 
me  dijo  :  Hijo  mio ,  es  tanta  la  impaciencia  que  tengo  de  yeros 
esposo  de  Gabriela  que  dentro  de  ocho  dias  à  mas  tardar  lo 
seréis. 

CAPITULO  U. 

Por  qpé  casualidad  m  acordô  Gil  Bias  de  doa  Alfonso  de  htïyat,  y  dclserTicio 

que  le  bizo. 

Dcjemos  en  este  estado  mi  casamiento,  porque  asi  lo  exige  el 
6rden  de  mi  historia ,  y  quiere  que  cuente  el  servicio  que  hice  â 
don  Alfonso  mi  antiguo  amo.  Yo  habia  olvidado  à  este  caballero  en- 
teramente ,  y  ahora  dire  por  que  causa  me  acordé  de  él. 

Yacô  en  aquel  tiempo  el  gobierno  de  la  ciudad  de  Valencia ,  y 
habiëndolo  sabido,  pensé  en  don  Alfonso  de  Leiva.  Considéré  que 
este  empleo  le  vendria  perfectamente ,  y  quizâ  ménos  por  amistad 
que  por  ostentacion,  déterminé  pedirlo  para  él ,  haciéndome  cargo 
de  que,  si  lo  obtenia,  me  daria  este  paso-un  honor  excesivo.  Me  di- 
1*^6^  9  pues  9  ftl  duque  de  Lerma  y  le  dije  que  habia  sido  mayor- 
domo  de  don  César  de  Leiva  y  de  su  hijo ,  y  que,  teniendo  grandes 
motîTOS  para  vivirles  agradecido,  me  tomaba  la  libertad  de  suplicar 
S.  E.  concediese  al  uno  6  al  otro  el  gobierno  de  Valencia.  £1  ministro 
me  respondiô  :  Con  mucho  gusto ,  Gil  Bias  ;  yo  me  alegro  de  que 
seas  reconocido  y  generoso.  Por  otra  parte  me  hablas  de  una  fa- 
mOîa  à. quien  estimo.  Los  Leivas  son  buenos  servidores  del  rey,  y 
mereeen  bien  este  empleo.  Puedes  disponer  de  él  à  tu  arbitrio ,  yo 
te  le  doy  por  regalo  de  la  boda. 

Gustosisimo  de  haber  conseguido  mi  intento ,  fui  sin  perder  ins- 
tante i  casa  de  Calderon  à  hacer  extender  el  despacho  para  don 
Alfonso.  Habia  a^i  un  crecido  numéro  de  personas ,  que  con  rcs- 
petoosasilencio  aguardaban  à  que  les  dièse  audiencia  don  Rodrigo. 
Atrayesé  por  entre  aquella  gente ,  y  me  présenté  à  la  puerta  del  gar 
binete  que  me  fué  abierta ,  y  en  él  encontre  no  se  â  cuantos  caba- 
Héros ,  comendadores  y  otros  sugetos  distinguidos ,  à  quienes  Cal- 
deron oia  por  su  6rden.  Era  de  admirar  el  diferente  modo  con  que 
les  recibia.  Se  contentaba  con  hacer  k  estos  una  ligera  inclinacion 


406  GIL  BLAS. 

de  cabesa  ;  honnba  à  aqoellos  oon  ooa  cortesia ,  y  lot  condiieia 
hasta  la  poena  de  su  gabinete ,  gradoando  por  decirlo  asi  el  apre- 
do  GOD  que  los  distingaia  por  loa  diyeraos  oumplimientos  qoe 
empIeaixL  Por  otra  parte  vi  é  algnnoa  de  aquellos  sogetos ,  qae, 
ofinididos  del  poco  caso  que  de  elloe  hacia,  maldecian  en  au  oorazoa 
la  neoesidad  que  lea  obligabaà  hnmillam  en  an  presencia.  Otros 
yi  que  por  el  contrario  se  reian  entre  si  rnismoa  de  so  aire  fimtàs- 
tico  y  presumido.  Por  mas  que  hacia  estas  obsenradones  no  me 
hallalNi  en  estado  de  aprovechanne  de  eDas ,  poes  me  portaba  en 
iguales  ténninos  en  mi  casa,  y  ningon  cuidado  me  daba  el  qoe  se 
aprobasen  ô  se  vituperasen  mis  modales  orgoUosos»  oon  tal  que  me 
los  respetasen. 

Habiéndome  atisbado  casualmente  don  Rodrigo  »  dejô  precipi- 
tadamente  à  un  hidalgo  que  le  hablaba,  y  yino  à  abrazarme  con 
demostradones  de  amistad  que  me  sorprendiéron.  îAh  !  amado 
eompaâero  mio,  exdamô,  ;qué  asunto  es  el  que  me  propordona  el 
gusto  de  yer  à  ymd.  aqui  ?  ;en  que  pnedo  seryir  é  ymd  ?  Dijele  à  lo 
que  iba,  y  en  seguida  me  asegurô  en  los  ténninos  mas  politicos  que 
el  dia  siguiente  à  la  misma  hora  se  expediria  el  despadio  que  yo 
solicitaba.  Su  atendon  no  paré  aqui,  pues  me  aoompaAô  hasta  la 
puerta  de  la  antesab ,  lo  que  jamas  hacia  sino  con  los  grandes 
seftores,  y  aOi  me  yolyiô  é  abrazar.  ;Qué  significan  estos  obse^ 
quios?  deda  yo  en  el  camino;  ;qu6  me  anunciant  ;^i  meditarà 
este  hombre  mi  ruina  ;  6 ,  preyiendo  que  déclina  sa  fay  or ,  querri 
grangear  mi  amistad ,  y  tenerme  de  su  parte ,  con  la  mira  de 
que  intercéda  por  èl  con  el  amo  ?  No  sabia  é  cual  de  estas  oonje- 
iuras  atenerme.  Cuando  yolvi  al  dia  siguiente ,  me  tratô  del  raismo 
modo  f  Uenindome  de  caricias  y  cumplimientos.  Es  yerdad  que 
ias  desquitô  en  el  recibimiento  que  hizo  à  otras  personas  que  se 
presentàron  à  hablarle:  porque  à  unas  tratô  groseramente,  k 
otras  hablô  con  frialdad ,  y  à  casi  todas  descontentô  ;  pero  qoe- 
dâron  suficientemente  yengadas  con  on  lance  que  ocorriô  y  que 
no  debo  pasar  en  silencio,  el  cual  seryirà  de  locdon  à  los  coira- 
chudistas  y  secretarios  que  le  lean. 

Habiéndose  Ilegado  à  Calderon  un  hombre  yestido  Uanamenle» 
y  que  no  aparentaba  lo  que  era ,  le  hablô  de  derto  memorial 
que  decia  haber  presentado  al  duque  de  Lerma.  Don  Rodrigo 
no  solo  no  mirô  ai  caballero ,  sino  que  le  dijo  isperameote  :  ;Co- 
mo  se  llama  ymdl,  amigo?  £n  mi  niAez  me  llamaban  Frasquito, 
le  respondiô  con  serenidad  el  tal  ;  despues  me  han  llamado  don 
Francisco  de  Zûâiga,  y  hoy  me  llamo  el  conde  de  Pedroaa.  Sor- 
prendido  deesto  Calderon ,  y  yiendo  que  trataba  oon  on  hombre 
de  la  primera  distincion ,  quiso  dtsculparse ,  y  dijo  :  SeAor,  per- 
done  V.  E.  si,  no  conociéndole...  Yo  no  neoesito  de  tus  excusas, 
interrumpiô  con  altivez  Frasquito  ;  las  desprecio  tanio  como  tus 
modales  groscros.  Sabe  que  ei  secretario  de  un  ministre  debe  re- 


LIBRO  NOVENO.  40T 

cibir  cortenuente  é  toda  clase  de  personas.  Se  si  quieres  tan 
fantéstico,  c|ue  te  mireB  como  el  sustituto  de  tu  amo  ;  pero  no 
te  olyides  de  que  no  eres  mas  que  un  crîado  suyo. 

£8te  pasage  mortificô  infinito  al  soberbio  don  Rodrigo ,  quien 
no  obstante  nada  se  enmendd.  Por  lo  qne  hace  à  mi ,  saqué  firuto 
del  caso.  ResoWi  mirar  con  quien  hablaba  en  mis  audiencias,  y  no 
ser  insolente  sino  con  los  mudos.  Como  el  despacho  de  don  Al- 
fonso estaba  ya  expedido  »  lo  recogi  y  se  lo  enrié  por  un  correo 
extraordinario  à  este  seflor  con  carta  del  duque  de  Lenna ,  en 
la  que  S.  E.  le  ayisaba  qne  el  rey  le  habia  nond^rado  para  el  go- 
InerBO  de  Valencia.  No  ie  di  parte  de  la  que  tenia  en  este  nom* 
bramiento ,  ni  quise  ann  escribirle ,  porqne  tenia  gusto  de  dedr- 
selo  de  boea ,  y  de  causarle  esta  agradable  sorpresa  cuando 
viniese  à  la  corte  à  prestar  el  juramento. 

CAPITULO  111. 

De  las  prcparatiTos  que  se  hioîëroii  para  el  casamiento  de  Gil  Bias,  y  del  grande 
aconteâmieDto  que  los  inutilizo. 

Volvamos  à  mi  bella  Gabriela,  con  quien  dentro  de  echo  dia^ 
habia  de  celebrajr  mi  matrimonio.  Por  ambas  partes  se  hacian 
preparatiyos  para  esta  cereiQOuia.  Salero  comprô  ricos  trages 
para  la  noyia  >  y  yo  le  busqué  una  doncella ,  un  lacayo  y  un  es- 
cudero  andano,  todo  lo  cual  eligiô  Escipion,  que  esperaba  toda- 
yia  con  mas  impaciencia  que  yo  el  dia  en  que  habian  de  entre- 
garme  la  dote. 

La  yispera  de  este  dia  tan  deseado  cenë  en  casa  del  suegro  con 
tio0 ,  tias  f  primos  y  primas  de  mi  noyia.  Hice  perfectamente  el 
papel  de  un  yerno  hipôcrita;  mostrëme  muy  obsequioso  con  el 
|Ait«^  y  su  muger;  fingime  apasionado  de  Gabrida,  agasajé 
i  toda  la  familia,  cuyas  conyersadones  y  expresiones  msqade- 
ras  y  toscas  escuchë  con  paciencia;  y  asi  en  premio  de  elia 
tuye  la  dicha  de  agradar  à  todos  los  parientes»  que  se  al^rà- 
ron  de  mi  enlace  con  eUos. 

Acabada  la  comida  pasàron  los  conyidados  à  una  gran  sala , 
en  donde  habia  dispuesta  una  musica  de  yoces  é  instrumentos 
que  no  se  ejecutè  mal ,  aunque  no  se  hnbiesen  elegido  las  me- 
jores  habilidades  de  Madrid.  Nos  puso  de  tan  buen  humor  lo 
bien  que  cantàron  que  empezàmos  &  bailar.  Dios  sabe  con  que 
primor,  pues  me  tuyiéron  por  discipulo  de  Terpsicore ,  aunque 
no  tenia  mas  prindpios  de  este  arte  que  dos  6  très  lecdoues 
que  en  casa  de  la  marquesa  de  Chaves  me  habia  dado  un  maes^ 
trillo  de  baile  que  iba  à  enseflar  à  los  pages.  Despues  de  ha- 
bernoa  diveriido  bastante  pensâmes  w  retiramos,  y  entônccs 


408  GIL  BLAS. 


prodigué  las  ooitesias  y  Gamplimientos.  A  Dk>s ,  mi  amado  hijo, 
me  dijo  Salero  abrazàndome:  maAana  por  la  maikaiia  iré  é  to 
casa  à  llevar  el  dote  en  boeoa  moneda  de  oro.  Sera  ymd.  bien 
recibido»  respond!,  amado  padre  mb.  Luego,  habièndome 
despedido  de  la  fomilia ,  sobi  en  mi  coche  que  me  esperaba  à 
la  puerta  »  y  tome  el  camino  de  mi  casa. 

Apènas  habia  andado  doscientos  pasos,  coando  quince  o 
Teinte  hombres,  nnos  à  pie  y  otros  à  caballo,  armados  todos 
de  espadas  y  carabinas,  rodeàron  mi  ooche,  y  lo  detoriëroii 
gritando  :  Favor  al  rey.  Hicièronme  bajar  aceleradamente ,  y  me 
metiéron  en  una  silbi  de  posta  à  donde  el  prindpal  de  ellos 
snbiô  conmîgo ,  y  dijo  al  cochero  qne  tomase  el  camino  de  Se- 
govia. Jnzguè  qne  cl  que  iba  à  mi  lado  era  algun  honrado  al- 
guacil,  y  habiéndole  preguntado  el  motivo  de  mi  prisioa,  me 
respondio  del  modo  que  acostumbran  estos  sefiores,  quiero  de- 
cir  brutalmente,  que  no  tenia  necesidad  de  darme  cuenta  de  él. 
Yo  le  dije  que  quizà  se  equiTOcaba.  No ,  no ,  respondio ,  estoy 
seguro  de  que  no  he  errado  el  golpe.  Ymd.  es  el  sefior  de 
Santillana;  à  \md.  es  à  quien  tengo  ôrden  de  oonducir  à  donde 
le  llevo.  No  teniendo  nada  que  replicar  à  esto,  tome  el  par- 
tido  de  callar.  Lo  restante  de  la  noche  caminâmos  por  la  ori- 
Ua  del  rio  Manzanares  con  un  prbfùndo  silencio.  En  Golmenar 
mudàmos  de  caballos,  y  llegàmos  à  la  caida  de  la  tarde  i  Se- 
govia y  en  cuya  torre  me  encerràron« 

CAPITULO  IV. 

Be  que  modo  fué  traUdo  Gil  Uas  en  la  torre  de  SegoTia ,  y  de  oomo  tapo  la 
causa  de  su  prision. 

Lo  primero  fiié  meterme  en  un  encierro  sin  mas  cama  que  m 
jergon  de  paja  como  si  faese  un  reo  digno  del  ultimo  supHcto. 
Pasé  la  noche ,  no  con  el  mayor  desconsuelo ,  porque  todavia  no 
oonocia  todo  mi  mal ,  sino  repasando  en  mi  imaginacion  que  sé- 
ria lo  que  habria  acarreado  mi  desgracia.  No  dudaba  fiiese  obra 
de  Calderon  ;  sin  embargo ,  por  mas  que  lo  sospechase ,  no  corn- 
prendia  como  hnbiese  podido  conseguir  que  el  duque  de  Lerma  me 
tratase  con  tanta  crueldad.  Otras  yeces  me  imaginaba  que  me  ha- 
brian  preso  sin  noticia  de  S.  £. ,  y  otras  que  este  seflor  mismo  me 
habria  hecho  arrestar  por  alguna  razon  politica ,  como  saelen  ha- 
cet  algunas  veces  los  ministros  con  sus  fevoritos. 

Agitado  con  estas  varias  conjeturas  vi  à  favor  de  una  luz  que 
entraba  por  una  reja  pequefia  lo  horroroso  del  siiio  en  donde  me 
hallaba.  Me  afligi  entônces  en  extremo ,  y  mis  ojos  fnëroD  dos 
raudales  de  légrimas ,  que  la  memoria  de  mi  prosperidad  hacia 


LIBRO  NOVENO.  409 

inagotables.  Cuando  estaba  en  la  mayor  afliocion  eDirô  ea  el  en- 
cierro  un  carcelero  que  me  traia  para  aquel  dia  un  pan  y  un  can- 
taro  de  agua.  He  mirô ,  y  viendo  que  tenia  el  rostro  bafiado  en 
légrimas ,  aunque  carcelero  se  moYÎô  é  compasion,  y  me  dijo  :  No 
se  desanime  vmd. ,  sefior  preso  ;  las  desgracias  de  la  vida  se  ban 
de  sufrir  con  resignacion.  Ymd.  es  jôyen ,  y  iras  de  este  tiempo 
Tendra  otro.  Entre  tanto  coma  ymd.  con  gusto  el  pan  del  rey. 
INciendo  esto ,  se  retirô  mi  consolador ,  à  quien  solo  respond! 
con  suspiros.  Todo  el  dia  lo  empleé  en  maldecir  mi  estrella,  sin 
pensar  en  comer  nada  de  mi  racion ,  que  en  el  estado  en  que  me 
hallaba ,  mas  me  parecia  un  efecto  de  la  indignacion  del  rey ,  que 
un  présente  de  su  bondad ,  pues  seryia  mas  bien  para  prolongar 
la  pena  de  los  desgraciados  que  para  mitigarla. 

En  esto  llegô  la  noche ,  y  al  instante  oi  un  gran  ruido  de  llaves 
que  me  Ueyô  la  atencion.  Abrièron  la  puerta  del  calabozo ,  y  en- 
tré un  hombre  con  una  bugia  en  la  mano,  el  que,  llegàndose  à  mi , 
me  dijo  :  Seûor  Gil  Bias ,  yea  ymd.  à  uno  de  sus  amigos  antiguos. 
Yo  soy  aquel  don  Andres  de  Tordesillas  que  yiyia  con  ymd.  en 
Granada  -,  y  era  gentilhombre  del  arzobtspo  cuando  ymd.  gozaba 
del  fayor  de  aquel  prelado.  Ymd.  le  pidiô ,  si  hace  memoria ,  que 
me  dièse  un  empleo  en  Méjico ,  para  el  cual  se  me  nombre  ;  pero 
en  lugar  de  embarcarme  para  Indias ,  me  quedè  en  la  ciudad  de 
Alicante.  Alli  me  casé  con  la  hija  del  capitan  del  castillo ,  y  por 
una  série  de  sucesos ,  que  contaré  à  ymd.  luego ,  he  yenido  i 
ser  alcaide  de  la  torre  de  Segoyia.Ymd.  ha  tenido  la  forluna, 
continué ,  de  encontrar  en  un  hombre  que  tiene  el  cargo  de  mal- 
tratarle  un  amigo  que  nada  escasearà  para  suayizar  el  rigor  de 
su  prision.  Tengo  ôrden  expresa  de  que  no  deje  à  ymd.  hablar 
con  nadie ,  que  le  haga  dormir  sobre  paja,  y  que  no  le  dé  mas 
alimento  que  pan  y  agua;  pero  ademas  de  que  soy  caritatiyo,  y 
no  habia  de  dejar  de  compadecerme  de  sus  maies,  ymd.  me  ha 
seryidOy  y  mi  agradecimiento  puede  mas  que  las  ôrdenes  que  he 
recibido.  Léjos  de  seryir  de  instrumento  para  la  crueldad  que  se 
quiere  usar  con  ymd. ,  mi  ànimo  es  tratarle  lo  mejor  que  sea  po- 
sible.  Leyàntese  ymd. ,  y  yéngase  conmigo. 

Mi  énimo  estaba  tan  turbado  que  no  pude  responder  una  sola 
palabra  al  seflor  alcaide ,  aunque  sus  expresiones  merecian  tanta 
gratitud.  Le  segtii ,  me  hizo  atrayesar  un  patio ,  y  subir  por  una 
escalera  muy  estrecha  à  una  pequefla  pieza  que  habîa  en  lo  alto 
de  la  torre.  Habiendo  entrado  en  ella  me  sorprendi  bastante  al 
yer  sobre  una  mesa  dos  yelas  que  ardian  en  candeteros  de  cobre, 
y  dos  cubiertos  bastante  Hmpios.  Inmediatamente ,  me  dijo  Tor- 
desillas ,  yan  à  traer  de  comer  à  ymd.  ;  ambos  cenarémos  aqui. 
Le  he  destinado  para  su  habitacîon  este  cuartito  en  donde  estarà 
mejor  que  en  el  encierro ,  pues  yerâ  desde  su  yentana  las  floridas 
riberas  del  Eresma ,  y  el  yalle  delicioso  que  desde  el  pié  de  las 


410  GIL  BLAS. 

BMHitaaas  que  Mparan  las  dos  CasUUas  se  exUeode  hasta  Coca. 
No  dudo  que  al  prindpio  no  le  haié  ningaoa  impresioo  una  tîsu 
tan  agradaUe  ;  pero  cnando  el  tiempo  haya  hecho  snced^  una 
duloe  melancolia  à  la  amargura  de  su  dolor ,  tendri  gusto  en  re- 
croar  la  Tista  con  unos  objetos  tan  deleitables.  Ademas  de  esto 
cuente  ymd.  con  que  no  le  ftdtari  ropa  blanca ,  ni  las  demas  cosas 
que  neoesita  nn  liombre  amigo  del  aseo.  Sobre  todo  tendri  ymd. 
buena  cama ,  estari  bien  mantenido ,  y  le  proporcionaré  los  libros 
que  quiera ,  y  en  una  palabra ,  todas  las  oomodidades  de  que  pue- 
de  disfrutar  un  preso. 

Con  tan  corteses  ofertas  me  senti  algo  aliviado ,  cobré  animo, 
y  di  mil  gracias  i  mi  carcelero*  Le  dije  que  su  generoso  procéder 
me  restituia  la  yida ,  y  que  deseaba  baUarme  en  estado  de  mani- 
festarle  mi  gratitud.  ^Pues  porquë  no  habria  de  Tolrer  vmd.  à 
yerse  en  su  primer  estado  ?  me  respondîô  :  ^cree  ymd.  habw  per- 
dido  para  siempre  la  libertad?  se  engafta  si  asi  lo  juzga;  y  me 
atreTO  i  asegurarle  que  con  algunos  meses  de  prision  habrâ  ymd. 
pagado.  ^Què  dice  vmd.,  seftor  don  Andres?  exdam6.  Parece 
que  vmd.  sabe  el  motiro  de  mi  desgracia.  Gonfieso ,  me  dijo ,  que 
no  lo  ignoro.  El  alguacil  que  ha  conducido  i  Tmd.  aqui  me  ha 
confiado  este  secreto ,  y  no  tengo  dificultad  ea  reveUrselo.  Me  ba 
dicho  que  y  informado  el  rey  de  que  ymd.  y  el  oonde  de  Lteios 
habian  llevado  de  noche  al  principe  de  Espafta  i  casa  de  una  da- 
ma  sospechosa,  acababa,  para  castigaros  de  eOo,  de  desterrar 
al  conde ,  y  enviaba  à  vmd.  à  esta  torre ,  para  ser  tratado  en  elh 
con  todo  el  rigor  que  ha  experimentado  desde  que  Tino^^Pacs, 
comoy  le  dije,  ha  llegado  i  saber  esto  el  rey?  esta  circunstan- 
cia  quisiera  yo  saber  particularmente.  Y  esto  es,  respondiô,  lo 
que  cabahnente  no  me  ha  dicho  el  alguacil  »  y  lo  que  i  la  cuenu 
ni  aun  el  mismo  sabe. 

En  este  punto  de  nuestra  conversacion  entréron  muchos  cria- 
dos  que  traian  la  cena.  Pusièron  en  la  mesa  pan ,  dos  tazas,  dos 
botellas  y  très  fuentes ,  en  la  una  de  las  cuales  venia  un  guisado 
de  liebre  con  mucha  cebolla,  aceite  y  azafran;  en  la  otra  una 
olla  podrida,  y  en  la  tercera  un  pavipoUo  con  salsa  de  tomate. 
Luego  que  yiô  Tordesillas  que  nos  habian  servido  lo  necesario, 
despadiô  i  sus  criados  para  que  no  oyesen  nuestra  conTersacion. 
Gerrô  la  puerta ,  y  nos  sentémos  el  uno  en  frente  del  otro.  Em- 
pezemosy  me  dijo ,  por  lo  mas  urgente  :  despues  de  dos  dias  de 
dieta,  es  precise  que  ymd.  tenga  buen  apetito;  y  diciendo  este 
me  hizo  un  buen  plato.  Creia  seryir  à  un  hambriento ,  y  efecti- 
yamente  tenia  motivo  para  pensar  que  yo  me  atracaria  de  sas 
manjares  ;  sin  embargo  engaûè  sus  esperanzas ,  pues ,  por  mocba 
necesidad  que  tuviese  de  comer,  los  bocados  se  me  quedaban 
atrayesados  en  la  boca  sin  podcr  tragarlos:  tan  oprimido  tenia 
el  corazon  a  causa  de  mi  estado  actual.  En  yano  mi  alcaide,  p«^ 


LIBRO  NOYENO.  411 

alegar  de  mi  espiritu  las  crueles  ideas  que  sin  eesar  le  afligiao  » 
me  ezcitabaà  beber,  y  celebraba  lo  exquisito  de  sa  Tino,  pues 
aon  cuando  me  hubiera  dado  nectar,  le  hubiera  bebido  eolônces 
sin  gusto.  ËI  lo  conociô,  y  tomando  oiro  mmbo  se  puso  i  con- 
tarme  con  estilo  alegre  la  bistoria  de  su  casamiento  ;  pero  con 
esto  todavia  consiguiô  mènos  el  fin.  Escuchë  su  relacion  tan  dis- 
iraido  que ,  cuando  la  conduyô,  no  hubiera  podido  dear  lo  que 
acababa  de  contarme.  Juzgôqueera  demasiada  empresa  querer 
entretener  por  aquella  noche  mis  penas.  Despues  de  conduida  la 
cena  se  levante  de  la  mesa,  y  me  dijo  :  SeAor  de  Santillana,  yoy 
à  dejar  à  ymd.  descansar,  6  mas  bien  meditar  con  libertad  sobre 
su  desgracia  ;  pero  repito  que  no  sera  de  larga  duracion.  £1  rey 
es  naturalmente  bueno ,  y  cuando  se  le  haya  pasado  el  enfado  y  y 
considère  la  deplorable  situacion  en  que  crée  i  vmd.,  le  parecerà 
que  esta  bastante  castigado.  Dicho  esto  »  el  sefior  alcaide  bajô  ë 
Ûzo  que  subiesen  los  criados  à  quitar  la  mesa.  Se  llevéron  hasta 
las  luces  »  y  yo  me  acosté  à  la  escasa  luz  de  un  candil  oolgado  en 
la  pared. 

CAPITULO  V. 

De  lo  que  reflexioii6  antes  de  dormine ,  y  dd  ruido  que  le  despcrto. 

Dos  horas  por  lo  mënos  se  me  pasàron  en  reflexionar  sobre 
lo  que  me  habia  dicho  Tordesillas.  Conque  aqui  me  estoy,  de- 
cîa ,  por  haber  contribuido  à  los  placeres  del  heredero  de  la  co- 
rona, i  Que  imprudencia  ha  sido  el  haber  servido  en  semejantes 
cosas  à  un  principe  tan  jôven  I  Pues  todo  mi  delito  consiste  en 
que  es  muy  niûo.  Quizà  el  rey,  en  lugar  de  haberse  irritado  tanto, 
se  hubiera  reido  si  fiiese  de  mas  edad.  ;  Pero  quien  habrà  dado 
semejante  aviso  al  monarca,  sin  haber  temido  el  resentimiento 
del  principe  y  el  del  duque  de  Lerma?  Sin  duda  este  querrà  ven- 
gar  al  conde  de  Lémos  su  sobrino.  Pero  lo  que  yo  no  puedo 
comprender  es  como  el  rey  ha  podido  descubrirlo. 

Siempre  yolvia  à  pensar  en  esto.  Sin  embargo ,  lo  que  mas 
me  afligia,  mas  me  desesperaba,  y  lo  que  no  podia  desechar  de 
mi  imaginacion ,  era  el  saqueo  que  temia  habrian  padecido  todos 
mis  efc«tos.  (Tesoro  miol  exclamé ,  ^donde  estas?  Amadas  ri- 
quezas  mias,  ;qué  ha  sido  de  vosotras?  ;en  que  manos  habeia 
caido?  î  Ay  de  mi,  os  he  perdido  en  mènos  tiempo  del  que  oa 
ganét  Me  representaba  el  desôrden  que  habria  en  mi  casa,  y 
sobre  esto  hacia  reflexiones  é  cual  mas  tristes.  La  confusion  de- 
tantos  pensamientos  diferentes  me  sepukô  en  una  tristeza  que 
me  filé  provechosa ,  pues  cogi  el  sueûo  que  la  noche  entes  no 
habia  podido  reconciliar.  Tambien  contribuyéron  é  eUo  la  buena 
cama ,  la  fatiga  que  habia  padecido ,  y  los  vapores  del  vino  y  de 


412  GIL  BLAS. 

la  oena.  Me  qaedé  proftandamente  dormido ,  y  segun  las  seftaies 
me  hubiera  amanecide  aai ,  à  no  habenne  despertado  de  impro- 
Tiflo  un  ruido  bastaute  extraordinario  para  una  cérceL  Oi  tocar 
una  guitarra ,  y  à  un  hombre  que  cantaba  al  son  de  ella.  Esciicbé 
con  atencion  ;  pero  ya  nada  ol.  Crei  que  era  un  suefto  ;  pero  de 
alii  à  un  instante  Tolvi  à  oir  el  mismo  instrumento ,  y  que  canta- 
ban  los  versos  siguientes  : 

I  kj  de  m(  !  un  aiio  felioe 
Parece  un  sopio  ligero; 
Pero  sin  dicha ,  un  instante 
Es  un  siglo  de  tormento. 

Esta  copia,  que  parecia  se  habia  compuesto  de  intento  para  mi, 
aumentô  mis  pesares.  La  yerdad  de  estas  palabras,  me  decia  yo, 
harto  la  experimento.  Me  parece  que  el  tiempo  de  mi  fdicidad  ha 
pasado  bien  pronto,  y  que  hace  un  siglo  que  estoy  preso.  Volvi 
à  sepultarme  en  una  terrible  melancolia,  y  &  desconsolarme  como 
si  tuviese  gusto  en  ello.  Mis  lamentos  diëron  fin  con  la  noche ,  y 
los  primeros  rayos  del  sol  que  alumbràron  mi  estancîa  calmàron 
un  poco  mis  inquietudes.  Me  levante  à  abrir  la  ventana  para  que 
entrase  el  aire  en  el  cuarto  ;  miré  el  campo ,  cuya  vista  me  trajo 
à  la  memorîa  la  bella  descripcion  que  el  seftor  alcaide  me  habia 
hecho  de  él  ;  pero  no  encontre  objetos  con  que  acreditar  la  ver- 
dad  de  lo  que  me  habia  dicho.  El  Eresma,  que  yo  creia  &  lo 
ménos  igual  al  Tajo ,  me  pareciô  solo  un  arroyo.  Lai  ortiga  y  el 
cardo  eran  el  ùnico  adorno  de  sus  riberas  fhridas,  y  el  supuesto 
valu  delicioso  no  ofreciô  à  mi  vista  sino  tierras  la  mayor  parte  in- 
cultas.  Al  parecer  todavia  no  gozaba  yo  de  aquella  dulce  melan- 
colia  que  debia  representarme  las  cosas  de  otro  modo  de  como 
las  veia  entônces. 

Estaba  é  medio  vestir  cuando  llegô  Tordesillas  acompaflado 
de  una  criada  auciana  que  me  traia  camisas  y  toallas.  Seitor  GQ 
Bias,  me  dijo,  aqui  tiene  vmd.  ropa  blanca  ;  usé  vmd.  de  eUa  sin 
reparo,  que  yo  cuidarè  de  que  la  tenga  siempre  de  sobra.  Y 
bien,  afladiô,  ^como  ha  pasado  vmd.  la  noche?  ^ha  aplacado 
el  sueflo  sus  penas  por  algunos  instantes?  Puede  ser,  respondi, 
que  durmiera  todavia  si  no  me  hubiera  despertado  una  vos 
acompafiada  de  una  guitarra.  El  caballero  que  ha  turbado  su 
reposo,  respondiô,  es  un  reo  de  estado  que  esta  en  un  cuarto 
inmediato  al  de  vmd.  Es  un  caballero  de  la  ôrden  de  Calatrava, 
y  de  muy  buena  presencia,  que  se  llama  don  Gaston  de  Cogollos. 
Si  ustedes  quieren  pueden  tratarse  y  comer  juntos, 'y  asi  en  sus 
conversaciones  se  consolaràn  mùtuamente ,  y  para  ambos  sera 
esto  de  mucha  satisfaccion.  Manifesté  à  don  Andres  que  agra- 
decia  infinito  la  licencia  que  me  daba  de  unir  mi  dolor  con  el 
de  este  caballero  ;  y  como  dièse  à  entender  mi  vivo  deseo  de 


LffiRO  NOVENO.  413 

conocer  à  aqael  compaflero  en  mi  desgracia ,  niiestro  cortea  al- 
caide desde  aquel  mismo  dia  me  proporcionô  este  gusto.  Comi 
con  don  Gaston ,  cuyo  bello  aspecto  y  gentileza  me  cautivéron. 
I  Cual  seria  su  hermosura  cuando  deslumbrô  mis  ojos  acostnm- 
brades  à  ver  la  juventud  mas  bella  de  la  corte?  Imaginese  un 
hombre  que  parecia  una  miniatura ,  uno  de  aqnellos  ^roes  de 
noyela,  que  para  desvelar  i  las  princesas  no  necesitaba  mas  que 
presentarse  :  afiàdase  à  esto  que  la  naturaleza ,  que  comunmente 
distribuye  con  desigualdad  sus  dones ,  habia  dotado  é  Cogollos 
de  mucho  valor  y  entendimiento  ;  y  se  formarâ  una  ligera  idea 
de  las  perfecciones  que  le  adornàban. 

Si  él  me  hechizô ,  por  mi  parte  tuve  la  fortuna  de  no  desagra- 
darle.  Aunque  le  supliqué  no  dejase  de  cantar  por  mi  de  noche, 
nunca  voWio  à  hacerlo  temiendo  incomodarme.  Dos  personas  à 
quienes  aflige  una  mala  suerte  se  unen  con  facilidad.  A  nuestro 
conocimiento  se  siguiô  bien  presto  una  tierna  amistad ,  la  cual 
se  estrechô  cada  dia  mas.  La  libertad  que  teniamos  de  bablar 
cuando  queriamos  nos  sirviô  muchisimo ,  pues  en  nuestras  con- 
Tersaciones  nos  ayudabamos  reciprocamente  à  Uevar  con  pacien- 
da  nuestra  desgracia. 

Una  siesta  entré  en  su  cuarto  à  tiempo  que  se  preparaba  à 
tocar  la  guitarra.  Para  oirle  mas  cômodamente  me  sente  en  un 
banquillo,  que  era  la  unica  silla  que  tenia,  y  él  sobre  su  cama: 
tocô  una  sonata  tierna,  y  cantô  despues  una  copias  que  explica- 
ban  la  desesperacion  à  que  reducia  à  un  amante  la  crueldad  de 
su  dama.  Asi  que  acabô,  le  dije  sonriéndome  :  Caballero ,  nunca 
necesitarà  vmd.  emplear  taies  versos  en  sus  galanteos ,  porque 
su  persona  no  encontraré  mugeres  esquivas.  Vmd.  me  favorece, 
respondiô  :  los  versos  que  vmd.  acaba  de  oir  los  compuse  para 
ablandar  un  coraaeon  que  yo  creia  de  diamante  »  para  enternecer 
à  una  dama  que  me  trataba  con  un  rigor  extremado.  Es  preciso 
cuente  à  vmd.  esta  historia,  y  al  mismo  tiempo  sabra  vmd.  la  de 
mis  desgracias. 

CAPITULO  VI. 

Hûtoiia  de  don  GaiUm  de  Cogollos ,  y  de  doàa  Elena  de  Galisteo. 

Presto  harà  cuatro  aflos  que  sali  de  Madrid  para  Coria  à  ver 
à  mi  tia  dofta  Leonor  de  Lajarilla  »  una  de  las  mas  ricas  viudas 
de  Castilla  la  Yieja ,  y  de  quien  soy  ùnico  heredero.  Apénas 
llegué  à  su  casa  cuando  el  amor  vino  à  turbar  mi  sosiego.  Me 
puso  en  un  cuarto ,  cuyas  ventanas  daban  eu  frente  de  las  zelo- 
sias  de  una  sefiora,  à  quien  ftcilmente  podia  ver,  pues  eran  muy 
claras,  y  la  calle  estrecha.  No  desprecié  esta  proporcion ,  y  me 
pareciô  tan  beDa  mi  vedna,  que  quedé  apasionado  de  ella.  Se  lo 


414  GIL  BLAS. 

maiûfestè  prontameote  con  miradas  tan  Tiras ,  que  no  podlan 
equiyocane  :  ella  lo  conocio  ;  pero  no  era  de  aqoellas  seAoritas 
que  haoen  gala  de  semejante  obaeryaciony  y  toda?la  GOirespon- 
diô  mènos  à  nua  seftas. 

Quise  aaber  el  nombre  de  aqnella  peligrosa  persona ,  que  tan 
prontaniente  trastomaba  los  corasones ,  y  sape  se  Ilamaba  doika 
Elena ,  que  era  hija  ùnica  de  don  Joije  de  Galisteo,  qne  poaeia  i 
algnnas  léguas  de  Goria  una  hacienda  de  macho  prodncto  :  que 
se  le  presentaban  frecaentemente  baenos  parddos  ,  pero  qoe  so 
padre  los  despreciaba  todos  con  la  mira  de  casarla  con  don 
Agustin  de  la  Higuera,  su  sobrino ,  el  que  con  la  esperanza  de 
este  casamiento  tenia  libertad  de  yer  y  hablar  todos  los  dias  à 
sn  prima.  No  me  desalenté  por  eso ,  entes  bien  seanasentô  en 
mfi  el  amor;  y  el  orgoAoao  placer  de  desboncar  à  un riyal  amado 
qairi  me  excitô  mas  que  mi  amor  à  Ueyar  adelante  mi  empresa. 
Continué ,  pues ,  mirando  cariftosamente  i  mi  Elena.  Enyié  tam- 
bien  emisarios  à  Felicia  su  criada  para  solicitar  sn  mediadon. 
Hioe  igualmente  hablar  por  seftas  é  mis  dedos  ;  pero  estas  de- 
mostraciones  fixëron  inutiles.  La  misma  respuesta  tnre  de  la 
criada  que  del  ama.  Ambas  se  mostràron  duras  é  inaooesibles. 

Yiendo  que  rehusaban  responder  al  lenguage  de  mis  cjos,  re- 
Gurri  à  otros  interprètes  :  puse  gente  en  campaAa  para  descubrir 
si  Felicia  tenia  algun  conodmiento  en  la  dudad ,  y  lleguè  &  ^saber 
que  su  mayor  amiga  era  una  seftora  andana  Uamada  Teodora  » 
y  que  se  yisitaban  con  frecuencia.  Alegre  con  esta  notida  bus- 
qué é  Teodora,  à  quien  obligué  con  dàdtyas  à  seryirme.  Se  in- 
teresô  por  mi  »  y  me  ofreciô  fecilitarme  en  su  casa  una  conyer- 
sacion  sécréta  con  su  amiga ,  promesa  que  cumpliô  al  dia  sigoiente. 

Ya  dejo  de  ser  desgraciado ,  dije  à  Felida  ;  pues  mis  penas  han 
excitado  tu  piedad.^  Que  no  debo  à  tu  amiga  por  haberte  îndi- 
nado  à  que  me  des  la  satisfitcdon  de  hablarte?  Seftor,  me  res- 
pondi6  y  Teodora  es  dnefta  de  mi  yoluntad  :  me  ha  hablado  por 
ymd.;  y  si  pudiera  yo  hacerle  feliz,  bien  presto  conseguiria  sas 
deseos  ;  pero  con  toda  esta  buena  yoluntad  no  se  si  podré  seras 
de  gran  provecho.  No  qniero  lisonjear  à  ymd.  :  so  empresa  es 
muy  difidl.  Ymd.  ha  puesto  los  ojos  en  una  seflorita  cuyo  corazon 
es  de  otro  :  \  y  que  sefiorita  !  Es  tan  disimulada  y  altiya  que,  si 
ymd.  con  su  constancia  y  obsequios  consigne  merecerle  algunos 
suspiros  »  no  piense  que  su  altaneria  le  dé  la  satisfaocion  de  de- 
mostrârselo.  ;  Ah  !  mi  amada  Felida,  prorrumpi  con  dolor,  ^pan 
que  me  expresas  todos  los  obstâcnlos  que  tengo  que  reneer? 
Estas  circunstandas  me  atrayiesan  el  aima.  Engàftame ,  y  no  me 
désespères.  Dicho  esto ,  y  cogiéndole  una  mano ,  le  pose  en  el 
dedo  un  diamante  de  trecientos  doblones,  didèndole  al  mismo 
tiempo  cosas  tan  tiemas  que  la  hice  llorar. 

Le  persuadiéron  tanto  mis  palabras ,  y  quedA  tan  contenta  con 


LIBRO  NOYENO.  416 

mi  generoftidad ,  que  no  qniso  dejarme  sin  consaelo  ;  y  allanando 
un  poco  las  dificuldades ,  me  dijo  :  Seftor,  lo  que  acabo  de  decir 
à  ^md.  no  debe  quitarle  toda  esperanza.  £s  yerdad  que  sa  rival 
no  es  aborrecido.  Viene  à  casa  i  yer  con  libertad  à  su  prima ,  le 
habla  cuando  quiere ,  y  esto  es  lo  que  iayorece  à  ymd.  La  cos- 
tuinbre  que  tienen  de  estar  ambos  juntos  todos  los  dias  entibia  un 
poco  su  trato.  Me  parece  que  se  separan  sin  pena,  y  se  yuelven 
à  yer  sin  gusto.  Se  podria  decir  que  estàn  ya  casados.  En  una 
palabra ,  no  parece  que  mi  ama  tiene  una  ciega  pasion  i  don  Agus- 
tin.  Por  otra  parte  hay  mucha  diferencia  de  sus  prendas  perso- 
nates à  las  de  ymd.,  y  esta  particularidad  no  la  obseryarâ  inàtik 
mente  una  seftorita  de  tan  delicado  gusto  como  doAa  Elena.  No 
se  aoobarde  ymd. ,  continue  su  galanteo ,  que  yo  no  dejaré  pasar 
ninguna  ocasion  de  hacer  yaler  &  mi  ama  lo  que  ymd.  se  esmera 
en  agradarle;  y  por  mas  que  disimule,  descubriré  su  intérieur  Id 
trayes  de  sus  disimulos. 

Despues  de  esta  conyersacion ,  Felicia  y  yo  nos  séparâmes  muy 
satisfechos  nno  de  otro.  Yo  me  dispuse  de  nueyo  à  obsequiar  en 
secreto  é  la  hija  de  don  Jorge;  dile  una  mùsica,  en  la  coal  uiia 
bella  yoz  canto  los  yersos  que  ymd.  ha  oido.  Acabado  el  oo»* 
eierto»  lacriada,  para  sondear  à  su  ama,  le  pregnntô  si  se  habia 
diyertido.  La  yoz ,  dijo  dofla  Elena»  me  ha  gustado»  Y  las  pafaK 
bras  que  ha  cantado  ;no  son  muy  expresivas?  De  eso  es  »  dijo 
la  seflora  »  de  lo  que  no  he  hecho  apredo  algmio ,  atendiendo  solo 
al  canto;  ni  se  me  da  nada  el  saber  quien  me  ha  dado  estamùsica. 
Segun  eso ,  exclamé  la  criada ,  el  pobre  don  Gaston  de  Cogollos 
esta  muy  lëjos  de  merecer  la  atencion  de  ymd. ,  y  es  muy  looo 
en  gastar  el  tiempo  en  mirar  naestras  zelosias.  Pn^e  ser  que  no 
sea  ël ,  dijo  el  ama  friamente ,  sino  algun  otro  caballero  que  con 
este  ooncierto  ha  querido  dedararme  su  pasion.  Perdone  ymd., 
respondiô  Felicia  »  esté  ymd.  muy  engafiada,  es  el  mismo  don 
Gaston  ;  pofque  esta  mafiana  ha  Uegado  à  mi  en  la  calle,  y  su-- 
plicado  diga  à  ymd.  de  su  parte  que  la  adora  à  pesar  de  los  ri- 
gores  con  que  paga  su  amor  ;  y  que  en  fin  se  tendra  por  el 
hombre  mas  feUz  si  le  permite  acreditar  su  temora  con  sus  ob^ 
seqaiosyatenciones.Estasexpre8ioneSy  prosiguiô,  denotan  bien 
que  no  me  engafto. 

La  hija  de  don  Jorge  mudô  repentinamente  de  semblante ,  y 
nrirando  con  aire  severe  à  su  criada ,  le  dijo  :  ;  Gomo  tienes  atre- 
yîmiento  para  proposarte  à  contarme  esa  necia  conyersacion?  No 
te  suceda  otra  yez  el  yenirme  con  semejantes  impertinencias.  Y 
si  ese  temerario  tiene  todayia  la  osadia  de  hablarte ,  te  mando  le 
digas  se  dirija  à  otra  persona  que  haga  mas  case  de  sus  galanteos, 
y  que  elija  un  pasatiempo  mas  décente  que  el  de  estar  todo  el 
dia  à  la  ventana  observando  lo  que  hago  en  mi  cuarto. 

La  segnnda  yez  que  yi  à  Felicia ,  me  diô  cuenta  puntual  de 


416  GIL  BLAS. 

codas  las  drconstancias  de  esta  eonyersadon ,  y  para  persnadimie 
de  que  mi  pretencion  no  podia  ir  mejor,  aseguraba  que  aquelhs 
palabras  no  se  debian  tomar  al  pie  de  la  letnu  Por  lo  que  â  mi 
toca,  que  procedia  sencillamente ,  y  no  creia  se  pudiese  ezplicar 
el  texto  en  mi  fevor,  desconfiaba  de  los  comentarios  que  eOa  ha- 
cia.  Se  burlô  de  mi  desconfianza ,  pidiô  papel  y  tinta  i  su  amiga, 
y  me  dijo  :  Seflor  mio ,  escriba  vmd.  prontamente  à  doâa  Elena 
como  an  amante  desesperado.  Pintele  viyamente  sus  penas ,  y  so- 
bre todo  laraéntese  de  la  prohibicion  de  asomarse  à  la  ventana. 
Promètale  vmd.  que  obedecerà  su  precepto;  pero  asegùrele  que 
le  costarà  la  vida  :  pinte  Tmd.  esto  tan  lindamente  como  ustedes 
los  caballeros  saben  hacerlo ,  y  lo  demas  queda  à  mi  cuidado. 
Espero  que  las  résultas  haràn  é  mi  penetracion  mas  honor  dd 
que  vmd.  le  hace. 

Yo  hubiera  sido  el  primer  amante  que,  encontrando  tan  opor- 
tuna  ocasion  de  escribir  à  su  dama ,  la  hubiera  desapro^echado. 
Compuse  una  carta  mny  patética,  y  entes  de  cerrarla  se  la  enseâé 
à  Felicia ,  quien  despues  de  haberla  leido  se  sonriô ,  y  me  dijo 
que,  si  las  mugeres  sabian  el  arte  de  encaprichar  i  los  hombres, 
en  recompensa  no  ignoraban  eUos  el  de  embobar  â  las  mugeres. 
La  criada  tome  el  billete ,  asegurindome  que  si  no  prodacia  buen 
efecto ,  no  séria  culpa  de  ella  :  me  encargô  mucho  tuTÎese  gran 
cuidado  de  no  dejarme  yer  à  la  ventana  por  algunos  dias,  y  se 
voIyîô  al  momento  à  casa  de  don  Jorje. 

SeAora,  dijo  à  doAa  Elena  cuando  llegô,  he  encontrado  à  don 
Gaston.  Ha  venido  i  hablarme ,  y  me  ha  tenido  una  conversa- 
cion  muy  lisonjera  ;  me  ha  preguntado  temblando ,  y  como  un 
reo  que  va  à  oir  su  sentencia ,  si  habia  hablado  i  vmd.  de  su 
parte.  Yo,  por  no  faltar  à  vuestras  ôrdenes,  no  le  he  dejado  pro- 
seguir ,  y  le  he  hartado  de  injurias,  y  dejado  aturdido  de  ver  mi 
enojo.  Me  alegro,  reapondiô  doâa  Elena,  que  me  hayas  librado 
de  ese  importuno  ;  pero  para  eso  no  habia  necesidad  de  habiarle 
descortesmente  :  siempre  es  preciso  que  unadoncellatenga  agrado. 
Seflora,  replico  la  criada,  à  un  amante  apasionado  no  se  le  aleja 
cou  palabras  suaves ,  pues  vemos  que  ni  aun  se  consigue  este 
fin  con  enojo  y  furor.  Don  Gaston,  por  ejemplo ,  no  se  ha  desa- 
nimado.  Despues  de  haberle  llenado  de  improperios ,  como  he 
dicho ,  fui  à  casa  de  vuestra  parienta ,  adonde  me  habeis  enviado. 
EstaseAora,  por  mi  desgracia,  me  ha  tenido  mucho  tiempo: 
digo  mucho  tiempo ,  porque  à  la  vuelta  he  encontrado  otra  vez 
al  mismo.  Yo  no  esperaba  verle  mas ,  y  su  vista  me  ha  turbado 
tanto ,  que  mi  lengna ,  pronta  en  todas  ocasiones ,  no  ha  podido 
en  esta  pronunciar  una  palabra.  Pero  y  entre  tanto  ;qué  ha  hecho 
él?  Aprovechàndose  de  mi  silencio,  à  mas  bien  de  mi  turbacion, 
me  ha  metido  en  la  mano  un  papel  que  he  guardado  sin  saber 
lo  que  me  hacia,  y  desapareciô  al  momento. 


UBRO  NOVENO.  417 

Bicfao  esto  sacô  del  seno  mi  carta,  y  se  la  entregô  en  tono  de 
chanzaàsu  ama,  quienla  tomô  como  por  diversion,  la  leyô 
con  todo,  y  despues  hizo  la  reseryada.  Enverdad,  Felicia,  dijo 
seriamente  à  su  criada,  que  ères  una  loca  en  haber  recibido  este 
biUele.  i  Que  podrà  pensar  de  esto  don  Gaston ,  y  que  debo 
créer  yo  misma?  Tu  me  das  motiyo  con  tu  conducta  para  que 
desconfie  de  tu  fidelidad,  y  à.ël  para  que  sospecbe  que  corres- 
pondo  à  su  indinacion.  (  Ay  de  mi  I  Puede,  ser  que  en  este 
instante  créa  que  leo  y  releo  con  gusto  sus  expresiones.  Ye  aqui 
à  que  afrenta  expones  mi  altiyez.  De  ninguna  manera,  seftora, 
le  respondiô  la  criada ,  él  no  puede  pensar  de  esta  suerte  ^  y  caso 
que  asi  fuese,  pronto  sabra  lo  contrario.  Le  dire  la  primera  yez 
que  le  yea,  que  he  enseftado  à  ymd.  su  carta;  que  ymd.  la  ha 
mirado  con  la  mayor  indiferencia ,  y  que ,  sin  lêerla ,  la  ha  hecho 
ymd.  pedazos  con  un  frio  despreçio.  Libremente  puedes  afir- 
marle,  repuso  dofia  Elena,  que  yo  no  la  he  leido,  pprque  me 
hallaria  muy  apurada  si  tuyiera  que  decir  sblamente  dos  pala-^ 
bras.  La  hîja  de  don  Jorje  no  se  contentô  con  hablar  en  cstos 
términos ,  sino  que  aun  rasgô  mi  billete ,  y  prohibiô  à  su  criada 
hablarle  jamas  de  mi. 

Como  yo  habia  prometido  no  galantearla  desde  mis  yentanas, 
porque  mi  yista  desagradaba,  las  tuye  cerradas  muchos  dias 
para  que  mi  obediencia  mereciese  mas  aprecio;  pero  en  des- 
quite  de  mis  seflas,  que  me  estaban  prohibidas,  me  dispuse  à 
dar  musicas  à  mi  cruel  Elena,  f  uime  ma  noche.debajo  de  su 
balcon  con  los  mùsicos ,  cuando  un  çaballero  con  espada  en 
mano  turbô  el  concierto  dando  de  golpes  à  los  instrumentistas , 
quienes  inmediatamente  huyéron.  El  corage  que  anims^a  à  este 
atreyido  despertô  el  mio,  y  arrojàndome  à  èl  para  castigarle^ 
prindpiàmos  un  reflido  cpmbate.  Dofla  Elena  y  su  criada  oyen 
el  mido  de  las  espadas ,  miran  por  las  zelosias,  y  yen  dos  hom- 
bres  que  riften.  Dan  grandes  gritos  :  obligan  à  don  Jorje  y  sus 
Griados  à  que  se  leyanten  inmediatamente ,  y  acudea  con  muchos 
yecinos  k  separar  klos  combatientes ;  pero  ya Uegéron  tarde.  Solo 
encontràron  en  el  sitio  à  un  çaballero  nadandp  en  su  sangre  y 
casi  sin  yida,  y  conocièron  que  era  yo  el  desgraciado.  Me  lle^ 
yéron  à  casa  de  mi  tia ,  y  se  llamàron  los  cirujanos  mas  habiles 
de  la  dudad. 

Todo  el  mundo  se  compadeciô  de  mi,  y  especialmente  dofla 
Elena,  que  entènces  descubriôel  interior  de  su  corazon.  Sudisi* 
mulô  se  rindiô  al  sentimiento ;  y  ya  ^lo. créera  ymd.?  no  era 
aquella  seûorita  que  tanto  se  preciaba  de  no  hacer  caso  de  mis 
obsequios,  sino  una  tierna  amante.que  se  entregaba  sin  reserya 
i  su  dolor;  y  asi  el  resto  de  la  noche  lo  pasô  Uorando  con  s.ij^ 
criada,  y  maldiciendo  à  su. primo  don  Agustin. de  la  Higuera,  à 
quien  eUas  creian  autor  de  sus  légrimas ,  como  en  efecto  él  era 

37 


418  GIL  n^AS. 

qaien  habia  intermmpido  la  mûsica  tan  fanestamente.  Tan  disi- 
mnlado  como  au  prima,  habia  oonoctdo  mi  intendon,  j  nada 
habia  didio  de  ella;  é  imagioando  qae  Elena  me  correspondta , 
habia  hecho  esta  accion  tan  violenta  para  moatrar  que  era  méoos 
aufirido  de  lo  que  se  pensaba.  No  obstante ,  este  triste  aocidentie 
se  oMdo  poco  tiempo  despues  por  la  alegria  que  sobreTlno. 
Aunque  mi  herida  era  peligrosa ,  la  habilidad  de  los  drujanos  me 
sao6  â  salyo.  Todayfa  no  salia  yo  coando  dofta  Leonor ,  mi  tia , 
filé  é  verse  con  don  Jorje ,  j  le  propnso  mi  casamiento  con  doda 
Elena.  Consintiô  en  este  enlace  tanto  mas  gustoso  coanto  que 
entônces  miraba  à  don  Agnstin  como  à  un  hombre  à  quien  quizé 
no  YoWeria  à  ver  mas.  El  buen  yiejo  rezelaba  que  su  hija  ten- 
dria  repugnanda  &  casarse  conmigo ,  à  causa  de  que  el  primo  la 
Higuera  habia  tenido  la  libertad  de  yisicarla  mucho  tiempo  para 
grangear  su  cariflo  ;  pero  se  mostrô  tan  dispuesta  à  obedeoéf  eu 
este  pnnto  à  su  padre ,  que  de  aqui  podemos  inférn*  que  en  Es-- 
pafla,  como  en  todas  partes ,  es  afortunado  con  las  mugeres  et 
âhimo  que  flega. 

Luego  que  pude  hablar  à  solas  con  Felicia,  supe  hasta  qnè 
extremo  habia  afligido  à  su  ama  el  desgracîado  sOoèso  de  mi  pa- 
sadapendencia.  De  modo  que,  no  dudandoya  ser  el  Paris  de  mi 
Elena,  bendeda  yo  mi  herida,  pues  habia  tenido  tan  bosnas 
consecuendas  para  mi  amor.  Obtuve  permiso  del  seftor  dkm  Jorje 
para  hablar  à  su  hija  en  presencia  de  la  criada.  |  Que  gustosa  fué 
esta  conversacion  para  mi  1  Tanto  supliqué ,  y  de  tal  manora  insté 
i  la  seftorita  à  que  me  dîjese  si  su  padre  violentaba  su  inclinacion 
concedîèndome  su  mano  ,  que  me  confesô  que  no  la  deUa  sola- 
mente  &  su  obediencia.  À  vista  de  esta  halagûefia  dedaradon , 
solo  pensé  en  agradar  y  en  inventar  galanteos  miéntrâs  llegaba 
el  dia  de  la  boda ,  que  habia  de  celebrarse  oon  una  magnifiea  ca- 
balgata,  en  que  toda  la  nobleza  de  Coria  y  sus  cercanias  se  pre- 
paraba  para  lucirlo. 

IM  con  este  fin  un  gran  banqueté  en  una  hermosa  casa  de  re- 
creo  que  tenia  mi  tia  cerca  de  la  ciudad  del  lado  de  Monroy.  Don 
Jorje  y  su  hija  concurriéron  con  todos  sus  parientes  y  amigos. 
Se  habia  dispuesto  por  mi  érden  un  concierto  de  voces  é  instn^ 
mentos ,  y  hecho  venir  una  compaftia  de  cômioos  de  la  légua 
para  que  representaran  una  comedia.  Cuando  estabamos  i  mîtad 
de  la  comedia ,  entrâron  é  decirme  que  estaba  en  la  anteaala  un 
hombre  que  queria  hablarme  de  un  negodo  muy  interesantepara 
mL  Me  levante  de  la  mesa  para  ir  é  ver  quien  era,  y  me  encontre 
con  un  desconoddo  que  me  paredô  ser  un  ayuda  de  eàmara,  el 
que  me  entregô  un  billete ,  que  abri  y  oontenia  estas  palabras  : 
«r  Si  estimais  el  honor,  como  debe  un  caballero  de  vuestro  èrden, 
c  no  dejeis  mafkana  por  la  matkana  de  ir  à  la  llanura  de  H ouroy, 
«r  en  donde  encontraréis  à  un  sugeto  que  quiere  daros  satiaEio- 


LIBRO  NOYENO.  41» 

«  cion  de  la  ofensa  que  08  ha  hecho ,  y  poneros ,  si  paede,  fiiera  de 
ff  estado  de  casaros  con  dofia  Elena.  Don  Agdstin  de  la  Higueha^ 

Si  el  amor  tiene  mucho  imperio  sobre  los  Espaftoles ,  el  pondo- 
nor  tiene  todavia  mas.  No  pude  leer  el  billete  con  ànimo  tranr 
qoilo.  Al  solo  nombre  de  don  Agustin  se  encendiô  en  mis  yenas 
on  fbego  que  casi  me  hizo  olyidar  las  obligaciones  indispensables 
de  aquel  dia.  Tuye  tentaciones  de  eyadirme  de  la  concnrrencia 
para  ir  inmediatamente  en  busca  de  mi  enemigo.  No  obstante , 
me  contuye  temiendo  turbar  la  funcion ,  y  dije  al  que  me  habia 
traido  la  carta  :  Amigo  mio ,  podeis  decir  al  caballero  que  os  en- 
Tia  que  deseo  demasiado  renoyar  con  ël  el  combate  »  para  no 
hallarme  maAana  antes  que  saïga  el  sol  en  el  sitio  que  me  seûala. 

Oespues  de  haber  despachado  al  mensagero  con  la  respuesta, 
Tolyi  é  reunirme  con  mis  conyidados ,  y  me  sente  à  la  mesa , 
disimulando  de  modo  que  nfnguno  sospechô  lo  que  me  pasaba  » 
y  lo  restante  del  dia  aparenté  estar  entretenido  como  los  otros  con 
la  diyersion  de  la  fiesta ,  la  cnal  se  acabô  à  media  noche.  La  con- 
cnrrencia se  séparé  »  y  todos  se  retiràron  i  la  ciudad  del  mismo 
modo  que  habian  yenido ,  ménos  yo  que  me  quedé  con  pretexto 
de  tomar  el  fresco  la  maAana  sigoiente  ;  pero  no  era  por  otro 
motiyo  sino  para  acudir  mas  pronto  al  sitio  de  la  cita.  En  lugar 
de  acostarme ,  aguardë  con  impaciencia  é  que  amaneciera,  ë  in- 
mediatamente monte  en  el  mejor  caballo  que  tenia ,  y  parti 
8olo<  como  para  pasearme  en  el  campo.  Gamine  hàcia  Honroy , 
ea  cuya  llanura  descubri  â  un  hombre  à  caballo  queyenia  à  mi  & 
rienda  suelta  :  yo  hice  lo  mismo  para  ahorrarle  la  mitad  del  ca- 
mino  y  y  asi  bien  presto  nos  encontràmos ,  y  yi  que  era  mi  riyaL 
Caballero ,  me  dijo  con  insolencîa ,  yengo  î  pesar  mio  ^  pelear 
segunda  yez  con  ymd.  ;  pero  la  culpa  es  yuestra.  Despues  del 
bnoe  de  la  mùsica,  debi6  ymd.  renunciar  yoluntariamente  é  la 
hija  de  don  Joije,  ô  saber  que,  si  ymd.  persistia  en  el  designiode 
obsequiarla^  nuestros  debates  no  habian  cesado.  Ymd.  se  baen- 
aoberbecido ,  le  respondi ,  del  logro  de  una  yentaja  que  quizé 
debiô  ménos  k  su  destreza  que  à  la  oscuridad  de  la  noche.  Ymd. 
se  olyida  de  que  las  yictorias  no  son  siempre  de  uno.  Siempre 
son  mias ,  replicô  con  arrogancia ,  y  yoy  à  hacer  yer  à  ymd.  que 
asi  de  dia  como  de  noche  se  castigar  à  los  atreyidos  que  estor-* 
ban  mis  intentos. 

A  estas  altaneras  palabras  solo  respondi  echando  pië  i  tierra» 
lo  cnal  hizo  tambien  don  Agustin.  Atimos  los  caballos  à  un  àr- 
bol  y  y  principiàmos  à  reftir  con  igual  denuedo.  Confieso  inge-* 
nuamente  que  tenia  que  pelear  con  un  enemigo  que  sabia  manejar 
las  armas  oon  mas  destreza  que  yo  >  no  obstante  mis  dos  aûos  de 
escoela.  Era  consumado  ea  la  esgrima,  y  asi  no  podia  expoqer 
yomi  yida  A  mayor  peligro.  Sin  embargo  «  como  de  ordina^io 
sncede  que  al  mas  fuerte  le  yenza  el  mas  dëbil ,  mi  riyal  recibiô 


490  Ga  BLAS. 

una  estocada  en  el  corazon  à  pesar  de  sa  destreza,  y  caya 
inaerto. 

Yolyi  al  mstiinte  à  la  casa  de  recreo ,  en  donde  conté  lo  que 
babia  pasade  i  mi  criado ,  caya  fidelidad  conocia.  Dijele  despues  : 
Mi  amado  Ramiro ,  antes  qae  la  justicia  sepa  el  caso ,  toma  an 
baen  caballo  »  y  ye  à  infonnar  à  mi  tia  del  saceso  :  pidele  de  mi 
parte  dinero  y  joyas  para  mi  viage,  y  yen  à  bascarme  é  Plasen- 
cia.  En  la  primera  bosteria  »  como  se  entra  en  la  cîadad ,  me  en- 
contrarés. 

Ramiro  eyacuô  sa  comision  osn  tanta  presteza  »  qae  llegô  à 
Plasencia  très  boras  despaes  que  yo.  Dijome  que  dofia  Leonor 
se  habia  alegrado  mas  que  no  afligido  de  un  combate  que  repa- 
raba  la  afrenta  que  habia  yo  rectbido  en  el  primero,  y  que  me 
enyîaba  todo  el  oro  y  pedreria  que  tenia,  para  que  yiajar  acômo- 
damentepor  paises  extrangeros  miéntras  ella  componia  mi  asunto. 

Para  omitir  las  circunstancias  supèrfluas  dire  que  atrayesé  por 
Castilla  la  Nueya  para  ir  al  reino  de  Valencia  à  embarcarme  en 
Dénia.  Pasé  à  Italia,  en  donde  me  puse  en  estado  de  recorrer  las 
cortes  y  presentarme  en  ellas  con  decencia. 

Miéntras  que,  léjos  de  mi  Elena,  pensaba  yo  en  engafiar  mi 
amor  y  tristezas  lo  mas  que  me  era  posible ,  esta  sefiora  en  Corîa 
lloraba  secretamente  mi  ausencia.  En  lugar  de  aplaudir  las  per- 
secuciones  de  su  iamilia  contra  mi  por  la  muerte  de  la  Higuera , 
deseaba  al  contrario  cesasen  por  una  pronta  compostora,  y  ace- 
lerasen  mi  regreso.  Ya  habian  pasado  seis  meses ,  y  creo  que  su 
constancia  habria  yencido  siempre  al  tiempo ,  si  solo  hubiera  te- 
nido  que  luchar  con  este  ;  pero  tenia  todayia  enemigos  mas  po- 
derosos.  Don  Bias  de  Cambados,  hidalgo  de  la  costa  occidental  de 
Galicia ,  pasô  à  Coria  à  recoger  una  rica  herencia  que  le  habia  dis- 
putado  en  yano  don  Miguel  de  Caprara ,  su  primo ,  y  se  ayectndô 
alli  por  haberle  parecido  aqael  pais  mas  agradable  que  el  sayo. 
Cambados  era  bien  plantado,  parccia  afoble  y  atento,  siendo  al 
mismo  tiempo  muy  persuasiyo.  Presto  hizo  conocimiento  con 
todas  las  gentes  décentes  de  la  ciudad ,  y  supo  los  asuntos  de 
unes  y  de  otros. 

No  estuYO  mucho  tiempo  sin  saber  que  don  Joije  tenia  una 
hija,  cuya  peligrosa  hermosura  parecia  no  inflamar  à  los  hom- 
bres  sino  para  su  desgracia,  cosa  que  excité  su  curiosidad.  Qoiso 
yer  à  una  seAora  tan  temible ,  y  habiendo  buscado  é  este  efecto 
la  amistad  de  su  padre ,  consiguié  ganarla  tan  bien ,  que  el  TÎejo , 
mirândole  ya  como  à  yemo,  le  dié  entrada  en  su  casa,  con  per- 
miso  de  hablar  en  su  presencia  à  dofia  Elena.  El  Gallego  nada 
tardé  en  enamorarse  de  ella;  esto  era  ineyitable  :  se  déclaré  con 
don  Jorje,  quien  le  dijo  que  accedia  à  su  pretension ,  pero  que 
no  queria  predsar  à  su  hija ,  y  que  asi  la  dejaba  dueûa  de  la  fiety 
cion.  En  seguida  se  yalié  don  Bias  de  todos  los  medios  que  pndo 


LIBRO  NOVENO.  421 

discurrir  para  agradarla;  pero  estaba  tan  prendada  de  mi,  que 
no  le  die  oidos.  Felicia  sin  embargo  se  habia  interesado  por 
aquel  caballero ,  habiéndola  obligado  este  con  regalos  A  contri- 
buir  à  su  amor,  y  asi  empleaba  en  ello  toda  sa  habilidad:  Por 
otra  parte  el  padre  ayudaba  à  lacrîada  con  reconyencione8.;'y 
con  todOy  en  un  afio  entero  no  hiciéron  mas  que  atormentar  A 
dofia  Elena ,  sin  poder  reducirla  A  olvidarme. 

Yicndo  Gambados  que  don  Jorje  y  Felicia  se  empefiaban  inù- 
tilmente  por  el ,  les  propuso  un  arbitrio  para  veneer  la  obstina- 
cion  de  una  amante  tan  apasionada.  Yed  aqui,  les  dijo,  lo  que  he 
pensado  :  fingirëmos  que  un  mercader  de  Coria  acaba  de  recibir 
carta  de  un  comerciante  italiano,  en  la  que,  deques  de  hablarle 
largamente  de  negocios  de  comercio ,  se  leerAn  las  palabras  si- 
goientes  :  <r  Poco  tiempo  hace  que  Uegô  A  la  corte  ie  Parma  un 
e  caballero  espaAol,  llamado  don  Gaston  de  GogoUos.  Dice  ser 
«r  sobrino  y  ùnico  heredero  de  una  yiuda  rica  de  Coria  Ilamada 
<v  doila  Leonor  de  Lajarilla,  y  prétende  easarse  con  la  hija  de  un 
«  seûor  poderoso;  pero  no  quieren  aceptar  su  propuesta  hasta 
«  baberse  informado  de  la  yerdad ,  y  tengo  el  encargo  de  pre- 
«r  gnntArselo  A  ymd.  Digame ,  le  suplico ,  si  conoce  A  este  don 
«  Gaston ,  y  en  que  consisten  los  bienes  de  su  tia.  La  respuesta 
<r  de  ymd.  decidirA  este  enlace.  Parma ,  etc.  a 

Esta  trampa  le  pareciô  al  yiejo  un  juego  y  engafto  perdonable 
en  los  enamorados  :  la  criada  »  aun  mënos  escrupulosa  que  el 
buen  hombre,  la  aplaudiA  mucho.  La  ficcion  les  pareciô  tanto 
mejor  cuanto  que  conocian  la  altiyez  de  Elena ,  la  cual ,  como  no 
Uegara  A  sospechar  el  fraude ,  era  una  muger  capaz  de  resolyerse 
A  abrazar  el  partido  que  Id  proponian.  Don  Jorje  tomô  A  su  cargo 
el  anunciarle  por  si  mismo  mi  inconstancia ,  y  para  que  pareciera 
la  cosa  mas  natural ,  hacerle  hablar  al  mercader  que  habia  re- 
cibido  de  Parma  la  supuesta  carta.  EfectuAron  el  pensamiento 
como  lo  liabian  formado.  El  padre  alterado,  y  aparentando>enojo 
y  despecho ,  le  dijo  :  Hija  mia  Elena ,  nada  mas  te  dire  sino  que 
nuestros  parientes  todos  los  dias  claman  sobre  que  jamas  per- 
mita  entre  en  nuestra  femilia  al  homicida  de  don  Agustin ,  y  hoy 
tengo  otra  razon  mas  poderosa  para  alejarte  de  don  Gaston.  ' 
Ayergiiènzate  de  série  tan  fiel.  Es  un  yoltario ,  on  pérfido  ;  y  ye 
aquL una  prueba  cierta  de  su  infidelidad  :  lee  tu  misma  esa  carta, 
que  un  mercader  de  Coria  acaba  do  recibir  de  Italia.  Asustada 
Elena  tomô  el  fingido  papel,  lo  leyô,  meditô  sobre  todas  sus 
expresiones ,  y  se  quedô  sJ)sorta  de  la  nueya  de  mi  inconstancia. 
Un  afecto  de  ternura  le  hizo  despues  yerter  algunas:lAgrimas; 
pero  recobrando  presto  su  orgullo ,  las  enjugô ,  y  dijo  con  en- 
tereza  A  su  padre  :  Seftor^  ymd.,  que  ha  sido  testigo  de  mi  flaqueza, 
séalo  tambien  de  la  yictoria  que  yoy  A  conseguir  sobre  mt.  Ya  se 
acabô;  don  Gaston  es  ya  despreciable  A  mis  ojos;  eu  èl  solo  yeo 


GILBLAS. 

d  hombre  mas  indigno  de  este  mimdo.  No  haUemos  mas  de  él. 
Vamot,  nada  me  deticne  ya;  dispoesta  estoy  à  dar  la  mano  à 
doo  Bias*  Ojali  que  mi  casamiento  précéda  ai  de  aqœl  fkrSdo 
qae  ttui  mal  ha  pagado  mi  amor.  Don  Jorje,  eoageaado  de  aie- 
gria  al  oir  estas  palabras,  abraz6  i  sa  hija,  alabô  la  esfonada 
resolucion  que  tomaba ,  y  aplaadîèndose  del  féliz  èxito  de  la  es- 
tratagema ,  se  diô  priesa  à  cumplir  los  deseos  de  mi  rivaL  De  este 
modo  me  quitéron  à  dofta  Elena ,  la  qoe  se  entregô  précipita- 
damente  à  Gambados,  sin  qnerer  escnchar  al  amor  que  le  hablaba 
por  mi  en  sa  corazon,  ni  ann  dadar  an  instante  de  ona  notida 
qae  debiera  haber  encontrado  mènos  credolidad  en  ana  amante. 
Impelida  de  sa  orgoDo  solo  diô  oidos  à  sa  yanidad  ;  y  el  resen- 
Cimîento  de  la  injaria  qae  imaginaba  habia  yo  hecho  à  sa  hermo- 
•ara  saperô  al  interes  de  su  amor.  Sin  embargo ,  pasados  aigu- 
nos  dias  despaes  de  sa  casamiento ,  sintiô  alganos  remordimientos 
de  haberlo  acelerado  :  se  le  previno  entônces  qoe  la  carta  del 
mercader  podia  haber  sldo  fingida ,  y  esta  sospecha  la  inqaietô  ; 
pero  el  enamorado  don  Bias  no  dsdba  logar  é  qae  su  moger  ali- 
mentase  ideas  contrarias  à  sa  reposo ,  y  no  pensaba  mas  que  en 
divertirla ,  lo  qae  consegoia  con  repetidos  placeres  que  tenia  arte 
para  inyentar. 

Ella  parecîa  vivir  may  gastosa  con  an  esposo  tan  obsecpiioso , 
y  reinaba  entre  ambos  ana  perfecta  anion,  caando  mi  tîa  corn- 
paso  mi  asooto  con  los  parientes  de  don  Agostin ,  de  lo  qae  re- 
cibi  ayiso  en  Italia  inmediatamente.  Estaba  entônoes  en  Regio , 
en  la  Calabria  Ulterior.  Pasé  à  Sicilia ,  de  alli  à  EspaAa ,  y  llevado 
en  alas  del  amor  Uegué  en  fin  &  Coria.  Doua  Leonor ,  que  no  me 
habia  escrito  el  casamiento  de  la  hija  de  don  Jorje ,  me  lo  noticiô 
i  mi  llegada ,  y  yiendo  qae  me  afligia ,  dijo  :  Haces  mal ,  sobrino 
,mio,  demostrarte  tan  sentido  de  la  pèrdida  de  una  dama  que  no 
ha  podido  serte  fiel.  Creeme ,  destierra  del  corazon  y  de  la  me- 
moria  é  ana  persona  qae  ya  no  es  digna  de  ocuparlos. 

Gomo  mi  tia  ignoraba  que  habian  engaâado  à  doila  Elena ,  tenia 
razonpara  hablarme  asi,  y  no  podia  darme  un  consejo  mas  dis- 
creto  ;  por  lo  qae  me  promet!  seguirlo ,  ô  à  lo  ménos  aparentar  an 
'  aire  indiferente ,  si  no  era  capaz  de  y encer  mi  pasion.  Sin  embargo , 
no  pude  resistir  al  deseo  de  saber  de  que  modo  se  habia  concer- 
tado  este  casamiento ,  y  para  enterarme  resolyi  yer  à  la  amiga 
de  Felicia,  es  decir,  à  la sefiora  Teodora ,  dequienya  osheha- 
blado.  Fui  à  su  casa ,  en  donde  casualmeute  encontre  à  Fdicia ,  la 
cual,  estando  muy  agena  de  yerme ,  se  turbô,  y  quiso  retirarse  por 
eyitar  la  ayeriguadon  que  juzgô  qnerria  yo  hacer.  La  detuve ,  ; 
le  dije  :  ^Porqué  huis  de  mi?  ^  no  esta  contenta  la  peijura  Elena 
oon  haberme  sacrificado?  ^os  ha  prohibido  escnchar  mis  quejas? 
1 6  tratais  solamente  de  eyitar  mi  presencia  por  haceros  on  mériiO 
con  la  ingrata  de  haberos  negado  à  oirlas? 


LIBRO  ICOVBffO.  423 

Seftor,  me  respondiô  la  criada,  confieso  ingenuamcrnte  que 
Yuestra  presencia  me  confiinde;  no  puedo  yeros  sia  sentirme 
despedazada  de  mil  remordimientos.  À  mi  ama  la  han  seduddo  ; 
j  yo  be  tenido  la  desgracia  de  ser  complice  en  la  sedaccion.  À  viata 
de  esto ,  j^paedo  yo  sin  vergûenza  presentarme  à  ymd.T  i  Oh  cie*- 
loa  !  repliqaé  yo  con  sorpresa ,  i  que  me  dices  ?  £x(Jb»te  con  mas 
daridad.  Ent6nces  la  criada  me  contô  punto  por  puiito  la  estrata*- 
^erna  de  que  se  habia  valido  Gambados  para  robarme  à  dofka 
JSlena;  y  advirtiendo  que  su  narradon  meatravesaba  el  aima»  se 
eisforzô  à  consolarme  :  me  ofreciô  sus  boenos  ofidos  para  con  su 
ama  :  me  prometiô  desengaûarla  y  pintarle  mi  desesperacion  ;  en 
ima  palabra ,  no  omitir  nad|i  para  snaviasar  el  rigor  de  mi  suerte  : 
en  fin  me  di6  esperanzas  que  mitigàron  algun  tanto  mis  penas. 

Dejando  à  un  lado  las  infinitas  contradiccione^  que  tuvo  que 
safrir  de  parte  de  doua  Elena  para  que  consintiera  en  verme ,  al 
fin  pudo  conseguirlo ,  y  resol  viéron  entre^^llas  que  me  introdudrian 
aecretamente  en  casa  de  don  Bias  la  primera  vez  que  este  saliese 
para  una  hacienda  à  donde  iba  de  tiempo  en  tiempcJi  cazar ,  y  en 
la  que  se  detenia  por  lo  comun  un  di^  6  dos.  Este  designio  no 
tardô  en  ejecutarse  :  el  marido  se  ausentô ,  de  lo  que  advertido  yo , 
fui  introduci^Q  en  el  cuarto  de  su  muger. 

Quise  principiar  la  conversadon  con  reconvenciones  ;  pero 
ella  me  hizo  callar  diciéndome ;  EsinùtU  traer  4b  memoria  lo 
pasado  ;  aqui  no  se  trata  de  enternecemos  uno  y  otro ,  y  os 
^ngafiais  si  me  creeis  di^puesta  à  halagar  vuestro  afecto.  Yo  os 
declaro  que  no  he  dado  mi  consentimiento  para  esta  sécréta  en- 
trevista,  ni  he  cedido  à  las  instandas  que  se  me  han  hecho  sino 
para  dedros  de  viva  voz  que  en  adelante  no  debeis  pensar  mas 
que  en  ohidarme.  Quizà  viviria  yo  mas  satisfecha  de  mi  suerte, 
si  esta  se  hubiese  unido  é  la  vuestra;  pero  ya  que  el  delo  lo  ha 
dispuesto  de  otra  manera,  quiero  obedecer  sus  decretos. 

Pues  que  y  sefiora,  le  respond! ,  (no  basta  el  haberos  perdido? 
^no  basta  ver  al  dichoso  don  Bias  poseer  pacificamente  la  ùnica 
persona  que  soy  capaz  de  amar ,  smo  que  tambiea:debo  dester- 
raros  de  mi  pensamiento?  iQuereis  privarme  de  mi  amor,  y 
quitarme  el  ùnlco  bien  que  me  queda!  {Ah,  cruel  I  ;  Pensais  que 
0ea  posible  que  un  hombre  à  quien  robésteis  el  corazon  voelva 
à  recobr%rleT  Conoceos  mas  bien, que  os  conoceis,  y  dejaos  de 
exhortarme  en  vano  à  que  os  borre  de  mi  memoria.  Esté  bien, 
repliçô  ella  con  precipitacion,  pues  cesad  vos  tambien  de  esperar 
que  yo  corresponda  a  vuestra  pasion  con  algun  agradecimiènto. 
8olo  una  palabra  tengo  que  deciros  :  la  esposa  de  don  Bias  no 
sera  la  amante  de  don  Gaston;  caminad  sobre  este  supuesto*  Re- 
liraoSy  afiadiô,  y  acabemos  prontamente  una  conversacion  de 
que  me  reprendo  à  mi  misma ,  à  pesar  de  la  pureza  de  mis.  tnten- 
dones ,  y  que  mir.aria  como  un  crimen  si  la  prolongase. 


494  GIL  BLAS. 

'  Al  oir  estas  palabras  ^  que  me  privaban  de  toda  esperanza , 
me  arrojé  à  los  pies  de  dofta  Elena  :  bablèle  con  la  mayor  ter- 
nura,  y  empleé  hasta  las  Ugrimas  para  entemeceria;  pero  todo 
esto  no  siryîô  mas  que  de  excitar  acaso  algunos  afectos  de  lis- 
tima,  que  tuvo  buen  cuidado  de  ocultar^  y  que  sacrifico  i  an 
deber.  Despues  de  haber  apurado  infructuosamente  las  expresio- 
nes  amorosaSy  los  ruegos  y  las  làgrimas,  mi  carifio  se  conviniô 
de  repente  en  furor  ^  y  saqué  la  espada  con  intento  de  atraYesaime 
con  ella  à  presencia  de  la  inexorable  Eleiia^  que  apènas  advirtiô 
mi  accion,  cuando  se  arrojô  A  mi  para  precaver  sus  consecnen- 
cias.  Deteneos,  Cogollos,  me  dijo  :  ^es  este  el  modo  que  teneis 
de  mirar  por  mireputacion?  Quitàndoos  asi  la  vida /vais  à  des- 
honrarme,  y  hacer  pasar  à  mi  marîdô  por  un  asesino. 

En  la  desesperacion  de  que  estaba  dominado ,  muy  lèjos  de 
atender  à  estas  palabras  como  debîa ,  no  pensaba  mas  que  en 
burlar  los  esfuerzos  que  bacian  el  ama  y  la  criada  para  saWarme 
de  mi  funesta  mano  :  sin  duda  hubiera  conseguido  demasiado 
pronto  mi  intento ,  si  don  Bias ,  que  estaba  avisado  de  nuestra 
entre vista,  y  que  en  lugar  de  ir  à  su  hacienda  se  babia  escon- 
dido  detras  de  un  tapiz  para  oir  nuestra  conversacion,  no  ha- 
biera  acudido  corriendo  âunirse  à  ellas.  Sefior  don  Gaston,  ex- 
clama', deteniéndome  el  brazo,  recôbrese  vmd.  y  no  se  rinda 
cobardemente  al  furioso  enagenamiento  que  le  agita. 

Yo  interrumpi  à  Caïnbados  diciéndole:  ^Es  ymd.  quien  me 
impide  ejecutar  mi  resolucion  cuando  debiera  atravesar  mi  pecho 
cou  un  puàal?  Mi  amor,  aunque  desgraciado,  os  ofende.  ^No 
basta  que  me  sorprendais  de  noche  en  el  cuarto  de  vuestra  es- 
posat  ;Se  necesita  mas  para  excitar  yuestra  yenganza?  Tra^pa- 
sadme  para  libraros  de  un  hombre  que  no  puede  dejàr  de  adorar 
é  dOâa  Elena  sino  cesando  de  yiyir.  En  yano ,  me  respondiô 
don  Blas^  procura  ymd.  interèsar  mi  honor  para  que  le  dé  la 
muerte.  Bkstante  castigado  queda  ymd.  de  su  temeridad;  y  yo 
agradezco  tanto  à  mi  esposa  sus*  sentîmientos  yirtuosos,  que  le 
perdono  la  ocasion  en  que  los  ha  manifestado.  Greedme,  Co- 
gollos,  afiadiô,  ho  os  desespereis como  un  débil  amante;  someteos 
con  yalor  à  la  nècesidad. 

El  prudente  Gallego  con  estas  y  otras  semejantes  expresiones 
càlmô  p6co  à  poco  mi  arrebato ,  y  despertô  mi  yirtud.  Me  re- 
tiré con  ànimo  de  alejarme  de  Elena  y  de  los  lugares  que  habî- 
taba,  y  dos  dias  despues  me  Tolvi  &  Madrid,  en  donde,  no  que- 
riehdo  ya  ocuparme  sino  en  el  cuidado  de  mi  fortuna ,  comenzé 
à  preseniarme  en  la  corte,  y  à  ganar  en  ella  amigos;  pero  he 
tenido  la  desgracia  de  contraer  una  estrecha  amistad  cou  el 
marques  doYilIareal,  gran  seftor  portugues,  el  cual,  por  haberse 
sospechado  de  él  que  pensaba  en  libertar  à  Portugal  del  dominio 
de  los  Espaftoles ,  esta  hoy  en  el  castillo  de  Alicante.  Como  el 


UBRO  NOVENO.  425 

daqoe  de  Lenna  hà  sabido  que  yo  era  intimo  amigo  de  este  se- 
fior,  me  ha  hecho  tambien  prender  y  conducir  aqai.E8te  ministro 
crée  que  pnedo  ser  complice  en  el  tal  proyecto  »  ultraje  quo  es 
mas  sensible  para  un  hombre  noble  y  castellano. 

Aquicesô  de  hablar  don  Gaston,  y  yo  le  consolé  diciendo  :  Ca- 
ballero ,  el  honor  de  ymd.  no  pnede  recibir  lesion  alguna  en  esta 
desgracia,  la  cual  en  adelante  sin  duda  sera  à  ymd.  de  proTecho. 
Gnando  el  duque  de  Lerma  se  entere  de  su  inocencia ,  no  de- 
jaré  de  darle  un  empleo  importante  para  restablecer  la  buena 
opinion  de  un  caballero  acusado  injustamente  de  traidon. 

CAPITULO  Vil. 

Cscîpion  Ta  à  la  torre  de  SegOTÎa  à  Ter  à.  Gil  filas ,  j  le  da  muchas  notidas. 

Tordesillas ,  que  entrô  en  la  sala ,  interrumpiô  nuestra  con- 
Tersacion,  didéndome:  Seûor  Gil  Bias ,  acabo  de  hablar  con  un 
mozo  que  se  ha  presentado  â  la  puerta  de  esta  prision ,  y  pre- 
guntado  si  estaba  ymd.  preso;  y  no  habiéndole  querido  dar  res- 
puesta,  me  dijo  llorando:  Noble  alcaide,  no  desprecie  ymd.  mi 
humilde  sùplica;  digame  si  el  seflor  Santillana  esta  aqui.  Soy  su 
principal  criado,  y  si  me  permite  yerle,  harà  en  ello  una  obra 
de  caridad.  En  S^oyia  esta  ymd.  tenido  por  un  hidalgo  compa- 
siyo  y  y  asi  espero  no  me  niegue  el  feyor  de  hablar  un  instante 
con  mi  querido  amo ,  que  es  mas  infeliz  que  culpado.  En  fin , 
continué  don  Andres ,  este  mozo  me  ha  manifestado  tanto  deseo 
de  yer  à  ymd.  que  le  he  prometido  darle  à  la  noche  este  gusto. 

Aseguré  à  Tordesillas  que  el  mayor  placer  que  podia  darme 
era  traerme  aquel  joyen ,  quien  probablemente  tendria  que  de- 
cirme  cosas  muy  importantes.  Espéré  con  impaciencia  el  momento 
de  yer  à  mi  fiel  Escipion ,  porque  no  dudaba  fuese  èl,  y  A  la 
yerdad  no  me  engaftaba.  À  la  caida  del  dia  se  le  diô  entrada  en 
la  torre  ;  y  su  gozo,  que  solamente  podia  igualarse  con  el  mio , 
se  mostrô  al  yerme  con  arrebatos  extraordinarios.  Yo,  cou  el 
jùbilo  que  senti  al  yerle ,  le  abrazé,  y  él  hizo  lo  mismo  cou  todo 
cariflo.  Fué  tal  la  satisfaccion  que  tuyiéron  de  yerse  el  amo  y  el 
secretario ,  que  se  confundiéron  en  uno  con  este  abrazo. 

En  seguida  de  esto  pregunté  à  Escipion  en  que  estado  habia 
dejado  mi  casa.  Ya  no  tiene  ymd.  casa,  me  respondiô,  y  para 
ahorrarle  el  trabajo  de  hacer  preguntas  sobre  preguntas ,  yoy  à 
dedr  en  dos  palabras  lo  que  ha  pasado  en  ella.  Yuestros  muebles 
han  sido  saqueados ,  tanto  por  îos  ministros  como  por  los  cria- 
dos  de  ymd.,  los  cuales ,  miràndole  ya  como  un  hombre  entera- 
mente  perdido ,  han  tornado  â  cuenta  de  sus  salarios  cuanto  han 
podido  Ueyar.  La  fortuna  fué  que  tuye  la  habilidad  de  salyar  de 
sus  garras  dos  grandes  talegos  de  doblones  de  à  ocho  que  saqué 


4ae  GIL  BLA& 

del  oofre,  y  pine  en  sdro.  Salero,  A qaien he  bedio depositario 
de  ellos ,  os  los  deyolyerà  caando  salgais  de  la  torre ,  en  donde 
no  creo  eateia  mndio  tiempo  A  expensaa  de  S.  IL,  pnea  habeia 
aido  preao  sin  conochniento  del  dnqae  de  Lerma. 

Preganté  i  Escipion  de  donde  adbia  que  S.  E.  no  tenia  parte 
en  mi  desgracia.  ]  Ah  !  ciertamente,  me  respondiô  »  de  eDo  ealoy 
moy  bien  informado  »  pnea  on  amigo  mio,  confidente  del  dnqm 
de  Uceda ,  me  ha  contado  todas  las  partionlaridadea  de  ynestra  pri- 
aion.  Me  ha  dicho  qne,  habiendo  descnbierto  GaMeron  por  medio 
de  nn  criado  que  la sefiora  Sirena ,  naando de  otro  nombre,  re- 
cibia  de  noche  al  principe  de  Espaika ,  y  qae  el  conde  de  Lëmoa 
manejaba  esta  trama  raliéndose  del  sefior  de  Santillana,  habia 
resaelto  vengarse  de  ellos  y  de  su  querida  ;  para  cuyo  logro  dn 
rigiéndose  aecretamente  al  duqae  de  Uceda,  se  lo  descnbriô  todo, 
y  que  alegre  este  de  que  se  le  hubiese  presentado  tan  bella  oca- 
sion  de  perder  à  su  enemigo,  no  dej6  de  aproyecharla,  infor- 
mando  al  rey  de  lo  que  habia  sabido,  y  baciéndole  présente  con 
eficacia  los  peligros  i  que  el  principe  ae  habia  expuesto.  Indi- 
gnado  S.  M.  de  esta  noticia,  mandô  poner  en  h^  casa  de  las  Re- 
cogidas  A  Sirena ,  desterrô  al  conde  de  Umo% ,  y  condenô  à  Gil 
Mas  à  una  prision  perpétua-  Vea  vmd.  aqui,  prosiguiô  Escqpion, 
lo  que  me  ha  dicho  mi  amigo.  Ya  ve  vmd,  que  sa  desgrada  es 
obra  del  duque  de  Uceda,  6  mas  bien  de  don  Rodrigo  Calderon. 

Esta  relacion  me  hizo  créer  que  coq  el  tiempo  podrian  compo- 
nerse  mis  asuntos;  y  que  el  duque  de  Lerma,  resentido  del 
destierro  de  su  sobrino ,  todo  lo  pondria  en  movimiento  para 
hacerle  volver  â  la  corte ,  y  me  lisonjeaba  de  que  &  E.  no  me 
olvidaria.  i  Que  gran  cosa  es  la  esperanza  I  De  on  golpe  me  con- 
solé de  la  pèrdida  de  mis  efectoa ,  y  me  puse  tan  alegre  como  si 
tuviera  motivo  para  estarlo.  Léjos  de  mirar  ml  prision  como  una 
habitacion  desdichada ,  en  donde  quizà  habia  de  acabar  mis  dias , 
me  pareciô  un  medio  de  que  se  valia  la  fbrtuna  para  elevarme  A 
algun  gran  puesto.  Mi  fantasia  discurria  del  modo  siguiente  :  los 
allegados  del  primer  ministro  son  don  Fernando  de  Borja,  d 
padre  Gerânimo  de  Florencia ,  y  sobre  todo  fray  Luis  de  AUaga , 
quien  le  debe  el  lugar  que  ocupa  cerca  del  rey.  Con  el  feyor  de 
estos  poderosos  amigos ,  S.  £.  destruirA  A  sus  enemigos;  6  por 
otra  parte  el  estado  acaso  mudarA  presto  de  semblante,  S.  M.  esta 
muy  achacoso,  y  asi  que  muera,  la  primera  cosa  que  harA  d 
princq>e  suhijo  serA  Uamar  al  conde  de  Lémos,  quien  me  sacarA 
inmediatamente  de  aqui ,  me  presentarA  al  monarca,  cl  que,  para 
compensar  los  trabajos  que  he  padecido ,  me  colmarA  de  benefi- 
cios.  Embelesado  asi  con  pensar  en  los  gustos  Tenideros ,  cast  yi 
no  sentia  los  maies  présentes.  Creo  tambien  que  los  dos  talegos  de 
doblones  que  mi  secretario  habia  depositado  en  casa  del  platero  con- 
tribuyëron  tanto  como  la  esperanza  para  consolarme  prontamonie. 


LIBRO  NOVENO.  4» 

El  lelo  é  intagridad  de  Escipion  me  habia  agradado  macho  »  y 
en  proeba  de  ello  le  ofreci  la  mitad  del  dinero  que  habia  salvado 
del  pfllage ,  lo  que  rehusô.  Espero  de  ymd. ,  me  dijo  »  otra  sefial 
de  reoonocimiento.  Admirado  lanto  de  sus  palabras,  como  de  que 
rehusara  la  oferta ,  le  pregunté  que  podia  hacer  por  el.  No  nos 
separemos ,  me  respondiô  ;  permita  Tmd.  que  una  mi  foituna  con 
la  snya:  jamas  he  tenido  i  ningun  amo  el  amor  que  tengo  à  ymd. 
Y  yo ,  hijo  mio ,  le  dije ,  puedo  asegurarte  que  no  amas  à  un  in- 
Urato.Desde  el  pnnto  en  que  te  presentàste  para  servinne ,  gustè 
de  ti  ;  posible  es  que  ambos  hayamos  nacido  bajo  los  signos  de 
Ubra  6  Géminis ,  que  segun  dicen  son  las  dos  conslelaciones  que 
unen  à  los  hombres.  Admito  gustoso  la  compafiia  que  me  propo- 
nes; y  para  dar  principio  à  ella  yoy  à  pedir  al  sefior  alcaide  te 
encierre  conmigo  en  esta  torre«  Eso  es  lo  que  quiero ,  exclamé: 
▼md.  me  ha  adivinado  el  pensamiento ,  è  iba  i  suplicarle  preten- 
dièse  esta  gracia ,  pues  aprecio  mas  yuestra  compaflia  que  hi  li- 
bertad.  Solamente  saldré  algunas  yeces  para  ir  à  Madrid  à  adqui- 
rir  notidas  à  la  coyachuela ,  y  yer  si  ha  habido  en  la  corte  alguna 
mndanza  que  pueda  série  à  ymd.  iayorable  ;  de  modo  que  en  mi 
tendre  ymd.  i  un  mismo  tiempo  un  confidente ,  un  correo  y  un 
espia. 

Estas  yentajas  eran  demasiado  considerables  para  priyarme  de 
ellas.  Retuye,  pues,  conmigo  à  un  hombre  tan  util  con  licencia 
del  generoso  alcaide ,  que  no  me  quiso  negar  tan  dulce  consuelo. 


CAPITULO  Vin. 

Del  primer  Tiage  que  hizo  Escipion  à  Madrid  :  cual  fae'  el  motiTo  y  éxito  de  A. 
Dale  à  Gil  filas  una  eofermedad,  j  résultas  que  tUTo. 

Aunque  comunmente  decimos  que  no  tenemos  mayores  enemi* 
gos  que  nuestros  criados ,  no  hay  dnda  en  que  cuando  nos  son 
fieles  y  afectos  son  nuestros  mejores  amigos.  La  inclinacion  que 
Esdpion  me  habia  manifestado  me  hada  mirarle  como  à  mimisma 
persona.  Asi  ya  no  hubo  subordinacion  ni  étiqueta  entre  Gil  Rlas 
y  su  secretario.  Habitàron  en  adelante  comiendo  y  durmiendo 
juntos. 

La  conyersacion  de  Escipion  era  muy  diyertida,  y  con  razon 
se  le  podria  haber  llamado  el  hombre  de  buen  humor.  Ademas 
era  discreto ,  y  me  iba  bien  con  sus  consejos.  Un  dia  le  dije  : 
Amigo  mio ,  me  parece  no  séria  malo  que  yo  escribiese  al  duque 
de  Lerma;  esto  no  puede  produdr  mal  efecto.^Quë  te  parece  à 
4i  ?  Ya  estoy  ^  respondiô  ;  pero  los  grandes  se  mudan  tanto  de 
un  instante  à  otro ,  que  no  se  como  recibiré  yuestra  carta.  No 
obstante  soy  de  dictàmen  que  no  se  pierde  nada  en  que  escribais. 


4S8  GIL  HLAS. 

pero  con  mafia.  Aanque  el  ministro  os  estima ,  no  fieia  opr  esa 
en  qae  se  acordarà  de  vos.  Esta  snerte  de  protecMres  fiiciknente 
olvida  à  aqoellos  de  qnienes  ya  no  oyen  lutblar. 

Aunqae  eso  es  may  cierto,  le  répliqué,  yo  hago  mejor  con- 
cepto  de  mi  favorecedor.  Conozco  sa  bondad  ;  estoy  persoadîdo 
de  qae  se  compadeoe  de  mis  penas ,  y  que  siempre  las  tiene  pré- 
sentes. À  la  caenta  espéra  para  sacarme  de  la  prision  que  se 
aplaque  la  cèlera  del  rey.  Sea  enhoraboena,  respondiô;  ye  me 
alegraré  qae  el  jaicio  qae  vmd.  bace  de  S.  E.  sea  verdadero. 
Implore  vmd.  sa  patrodnio  por  medio  de  ana  carta  may  expre- 
siva,  qae  yo  se  la  Ilevaré  y  entregaré  en  so  propia  mano.  Pedi 
papel  y  tintero,  y  compase  un  trozo  de  elocaencia ,  qoe  à  Esci- 
pion  le  pareciô  patético ,  y  Tordesillas  jnzgô  superior  i  las  mis- 
mas  homilias  del  arzobispo  de  Granada* 

Yo  me  lisonjeaba  de  que  el  duque  de  Lerma  se  compadeceria 
al  leer  la  triste  pintura  que  le  hacia  del  miserable  estado  en  que 
no  estaba;  y  con  esta  confianza  bice  partir  mi  oorreo,  el  caal 
apénas  llegô  à  Madrid,  coando  faè  é  casa  del  mmistro.  Eneon- 
trô  à  uno  de  mis  amigos  ayuda  de  càmara,  que  le  facilitô  oca- 
sion  dehablar  aldaque,  é  quien  dijo,  presenténdole  el  pliego  que 
llevaba  :  Sefior,  uno  de  los  mas  fieles  criados  de  V.  £.,  el  caal 
duerme  sobre  paja  en  un  oscuro  cahbozo  de  la  torre  de  Sego- 
Tia,  le  suplica  muy  humildemente  lea  esa  carta,  que  de  listîma 
le  ha  facilitado  poder  escribir  uno  de  los  carceleros.  El  ministre 
la  abriô  y  leyô  ;  pero  aunqae  viô  en  eOa  un  retrato  capaz  de  en- 
temecer  el  corazon  mas  duro,  lëjos  de  mostrarse  compadecido, 
levantô  la  yoz  ,  y  dijo  al  correo  delante  de  algunas  personas  que 
podian  oirlo  :  Amigo,  dlga  vmd.  à  Santillana  que  es  mucha  osa- 
dia  el  recnrrir  à  mi  despues  de  la  accion  perversa  que  ha  come- 
tido ,  y  por  la  cual  se  le  ha  impuesto  el  castigo  que  merece.  Es 
un  hombre  indigno  que  ya  no  debe  contar  con  mi  apoyo,  y  é 
quien  abandono  al  resentimiento  del  rey. 

Escipion  sin  embargo  de  su  desahogo  se  quedô  turbado  de  oir 
hablar  de  esta  suerte  al  ministre  ;  pero  é  pesar  de  su  turbacion 
no  dejô  de  intercéder  por  mi.  SeAor,  replicô ,  aquel  pobre  preso 
morirà  de  dolor  cuando  sepa  la  respuesta  de  V.  E.  El  duqae  no 
respondiô  à  mi  int^cesor  sino  miràndole  de  sobre  ojo ,  y  toI- 
yiéndole  la  espalda.  Asi  me  trataba  este  ministre  para  disimalar 
mejor  la  parte  que  habia  tenido  en  la  amoresa  intriga  del  prin- 
cipe de  Espaûa  ;  y  este  es  le  que  deben  esperar  todos  los  agentes 
inferiores  de  quienes  se  valen  los  grandes  seftores  en  sus  secre- 
tos  y  peligrosos  manejos. 

Cuando  mi  secretario  volviô  à  Segovia ,  y  me  conté  el  resul- 
tado  de  su  comision ,  me  sepulté  de  nuevo  en  el  abismo  de  tris- 
tezas  en  que  cai  el  primer  dia  de  mi  prision ,  y  aun  me  crei  mas 
desgraciado  foltàndome  la  proteccion  del  duque  de  Lerma.  I>ecai 


LBBRO  NOVENO.  429 

de  ànimo  y  y  por  mas  que  me  dijéron  para  consolarme ,  todo 
fdé  iDÙtil  ;  atormentironme  otra  vez  los  pesares ,  de  manera  que 
insensiblemente  me  causâron  una  grave  enfermedad. 

£1  seftor  alcaide ,  que  se  interesaba  en  mi  salud ,  creido  de 
que  para  recobrarla  era  lo  mejor  Uamar  medicos,  me  trajo  dos 
cfue  tenian  traza  de  ser  unos  zelosos  servidores  de  la  diosa  Libi- 
tiua  ^  Seflor  Gil  Bias  y  me  dijo  al  preslentàrmelos ,  yea  vmd.  aqui 
dos  Hipocrates  que  yienen  à  yisitarle ,  y  que  dentro  de  poco  le 
pondràn  bui^no.  Era  tal  la  oposicion  que  tenia  yo  à  estes  doo- 
tores,  que  seguramente  los  habria  recibido  muy  mal  si  me  hubiera 
qnedado  algun  apego  â  la  vida;  pero  me sentia  tan  cansado  de  ella, 
que  agradeci  à  Tordesillas  el  que  me  pusiera  en  sus  mauos. 

Caballero ,  me  dijo  uno  de  los  medicos ,  es  necesario  ante  to- 
das  cosas  que  ymd.  tenga  confianza  en  nosotros.  La  tengo  muy 
grande,  le  respond!;  pues  estoy  cierto  de  que  con  la  asistencîa 
de  ustedes  quedarë  curado  de  todos  mis  maies  en  pocos  dias. 
Si ,  respondiô ,  lo  quedari  ymd.  mediante  Bios  :  y  nosotros  ha- 
rémos  à  lo  ménos  lo  que  esté  de  nuestra  parte  para  ello.  En 
efecto,  estes  seftores  se  portarou  tan  maravillosamente,  que  à 
ojos  vistas  me  iban  llevando  â  la  sepultura.  Desconfiado  ya  don 
Andres  de  mi  curacion ,  hizo  venir  un  religiose  de  san  Fran- 
cisco para  que  me  ayudase  à  bien  morir.  El  buen  padre ,  despues 
debaber  hecho  su  deber,  se  retiré;  y  yo,  viéndome  en  mi  ultima 
bora ,  hice  sefias  à  Escipion  para  que  se  acercara  à  mi  cama. 
Amado  amigo  mio ,  le  dije  con  una  voz  casi  apagada ,  tal  era  la 
debilidad  que  las  medicines  y  sangrias  me  habian  causado ,  de  los 
dos  talegos  que  hay  en  casa  de  Gabriel  te  dejo  uno ,  y  te  suplico 
Ueves  el  otro  à  Asturias  à  mis  padres ,  quienes ,  si  todavia  vi- 
yen,  estaràn  necesitados.  Pero  jay  de  mi!  temo  mucho  que  no 
han  de  haber  podido  sobrevivir  à  mi  ingratitud.  Lo  que  Mos- 
cada  sin  duda  les  habrà  contado  de  mi  dureza  quizà  les  habrà 
causado  la  muerte.  Si  el  cielo  los  ha  conservado  à  pesar  de  la 
indiferencia  con  que  he  pagado  su  temura,  les  daràs  el  talego 
de  doblones ,  suplicàndoles  me  perdonen  mi  mala  correspon- 
dencia;  y  si  se  han  muerto ,  te  encargo  emplees  el  dinero  en  pe- 
dir  al  cielo  por  el  descanso  de  sus  aimas  y  la  mia.  Diciendo  este 
le  alargué  una  mano ,  que  bafiô  cou  sus  làgrimas  sin  poder  res- 
ponderme  una  palabra,  tal  era  la  afliccion  que  tenia  el  pobre 
mozo  de  mi  pérdida;  lo  que  prueba  que  el  liante  de  un  heredero 
no  es  siempre  risa  disimulada. 

Esperaba,  pues,  experimentar  el  trance  de  la  muerte,  y  no 
obstante  me  engaâé.  Habiéndome  desahudado  mis  doctores ,  y 
dej'ado  campo  libre  à  la  naturaleza,  esta  fiié  la  que  me  sacô  del 
peligro.  La  calentura ,  que  segun  su  pronéstico  debia  Ilevarme  al 

*  DîoM  de  io8  funerales. 


ISO  GIL  VLAS. 

ocro  mmido^  qoiso  desmentirlos ,  y  me  dejô:  poeo  à  pooo  me 
r68tableci  con  la  mayor  feliddad ,  y  un  perfecto  sosiego  de  espi- 
lita  file  el  firuto  de  ml^mal.  Ya  «itônoes  no  necesité  de  consnelo, 
Antes  bien  miré  las  riquezas  y  honores  con  aqoel  desprecio  qne 
inspira  la  eercania  de  la  mnerte;  y  yuelto  en  mi  miamo  bendeda 
mi  desgracia ,  y  daba  gracias  al  cielo  como  si  me  hnbiese  hedio 
nn  fiivor  particular,  è  hice  firme  propôsito  de  no  toIyot  mas  à 
la  corte  aun  cuando  el  duque  de  Lerma  quisiese  llamarme  i 
ella,  con  animo ,  si  salia  de  la  prision,  de  comprar  una  casa  de 
campo ,  y  Tiyir  en  ella  como  filôsofo. 

Esdpion  aprobé  mi  pensamiento ,  y  me  dijo  que ,  para  que 
tuviese  efecto  cuanto  antes,  pensaba  volver  à  Madrid  i  solicitar 
mi  soltura.  Me  ha  ocurrido  una  cosa,  afladiô;  conozoo  A  una 
persona  que  podrà  seryimos,  y  es  la  criada  fiiTorita  de  la  ama 
de  leche  del  principe ,  que  es  una  muchacha  de  entendimiento  : 
Yoy  A  que  haUe  à  su  ama ,  y  i  poner  todos  los  medios  imagina- 
bles para  sacar  à  Ymd.  de  esta  torre,  en  d(Hide  annque  se  le  de 
el  mejor  trato,  siempre  es  prision.  Dices  bien,  le  respond!  ;  Ye, 
amigo  mio ,  sin  perder  tiempo ,  A  dar  prindpio  à  esa  diligenda. 
I  Pluguiese  al  cielo  que  estuYieramos  ya  en  nuestro  retiro  ! 

CAPITULO  IX. 

Escipion  Tuelve  à  Ifadrid;  oomo  y  con  qaé  condiciones  alcanzè  U  liberUd  de 
Gil  Bias  ;  à  doude  fuéron  los  dos  despues  de  haber  salido  de  la  torre  de  Sego- 
Tia,  y  convenacioii  que  tuviëron. 

Sali6 ,  pues ,  Escipion  para  Madrid ,  y  yo  faiterin  rolYÎa  me 
dediqué  à  la  lectura.  Tordesillas  me  suministraba  mas  libros  de 
los  que  yo  queria,  los  que  le  prestaba  un  comendador  Yiejo  que 
no  sabia  leer ,  pero  que,  queriendo  hacer  ostentacion  de  hombre 
sabio,  tenia  una  gran  libreria.  Sobre  todo  me  agradaban  las 
buenas  obras  morales ,  porque  encontraba  en  eUas  à  cada  me- 
mento pasages  que  lisonjeaban  mi  aYcrsion  à  la  corte ,  y  la  afi- 
cion  que  habia  cobrado  à  la  soledad* 

Très  semanas  estuye  sin  oir  hablar  de  mi  agente,  el  cual  yoI- 
yiô  eo  fin,  y  me  dijo  muy  contento  :  Ahora  si,  seftor  de  Sandllana, 
que  traigo  à  ymd.  buenas  nueyas.  La  sefiora  ama  ha  tomado 
cartas  por  Ymd.  Su  criada,  à  mis  ruegos,  y  mediantecien  doUo- 
nes  que  le  he  ofrecido ,  ha  tenido  la  bondad  de  moYerla  A  que 
pida  al  principe  solicite  yuestra  soltura;  y  este  que,  c(Hno  otras 
Yeces  he  dicho  à  ymd. ,  nada  le  niega ,  ha  prometido  hablar  al 
rey  su  padre  é  fin  de  conseguirla.  He  yenido  à  toda  prisa  à  de- 
ciroslo,  y  Con  la  misma  yuelyo  à  dar  la  ultima  mano  ft  mi  obra. 
Diciendo  esto  me  dejô  y  Yolyiô  à  tomar  el  camino  de  la  corte. 

No  fuè  largo  su  tercer  yiage.  Al  cabo  de  ocho  dias  estoyo  de 


LIBRO  NOYENO.  4âi 

Tudca,  7  ne  dijo  40e  el  principe  habia ,  aunqne  no  isin  trabajo  » 
oblenUlo  del  rey  mi  libertad  ,  lo  cual  en  el  mismo  dia  me  con^ 
finnô  el  seflor  alcaide ,  qmen  TinO  A  deciAne  abrazândome  :  Hi 
amado  Gil  Bias ,  gt-adas  al  cielo ,  vrad.  ya  esti  libre ,  y  tiene 
abiertaa  las  puertas  de  esta  prision  ;  pero  las  dos  condiciones  con 
qae  ae  le  concede  à  ymd.esta  libertad  qnizé  le  darin  mucha  pena, 
7  aiento  yenne  en  la  obligadon  de  bacërselas  saben  S.  M.  pro- 
hibe k  vmd.  se  présente  en  la  corte,  y  le  manda  salir  de  las  dos 
Ca^iriltos  en  d  târmino  de  un  mes.  Me  es  de  gran  mortificacion 
el  que  se  le  prohiba  à  ymd.  ir  à  la  corte.  Pues  yo  estoy  mny 
toontentOy  le  reitpondi  :  bien  sabe  Dios  lo  que  pienso  de  ella:  solo 
esperaba  del  rey  una  grada ,  y  me  ha  hecho  dos. 

Yiéndome  ya  libre,  hice  alquilar  dos  mnlas ,  en  las  cnales  sa-^ 
limes  el  dia  sigmente  mi  confidente,  y  yo ,  despues  de  haberme 
despedido  de  Cogollos  ^  y  dado  mil  gracias  à  Tordesillas  por 
todos  los  fiiyores  que  me  habia  hecho.  Tomàmos  alegremente  el 
camino  de  Madrid  para  recoger  del  seftor  Gabriel  los  dos  talegos, 
en  cada  uno  de  los  cuales  habia  quinientos  doblones  de  à  ocho. 
En  el  camino  me  dijo  mi  compafiero  :  Si  no  tenemos  bastante 
dinero  para  oomprar  una  hacienda  magnifica ,  A  lo  mènos  habrA 
para  una  mediana.  Yo  me  daria  por  feliz  »  le  respond! ,  aun 
cnando  no  tuyiese  mas  que  una  choza  ;  en  ella  estaria  contento 
con  mi  suerte.  Aunque  apénas  he  Uegado  à  la  mitad  de  mi  carrera, 
esloy  tan  deseoganado  del  mundo ,  que  solo  quiero  yiyir  para 
mi.  Ademas  de  esto  te  digo  que  me  he  formado  de  los  placeras 
de  la  yida  campestre  una  idea  que  me  embelesa  y  hace  que  los 
goze  con  anticipacion.  Me  parece  que  ya  yeo  el  esmalte  de  los 
pradoSy  que  oigo  el  canto  de  los  ruiseâores,  yel  murmullodelos 
arroyos  ;  que  unas  yeces  creo  diyertirme  en  la  caza ,  y  otras  en 
la  pesca.  Imaginate,  amigo  mio,  los  diferentes  recreos  que  nos 
esperan  en  la  soledad ,  y  tendres  tanta'  complacencia  como  yo. 
En  ôrden  à  nuestro  sustento ,  el  mas  simple  sera  el  mejor  ;  un 
pedazo  de  pan  podrà  satisfiicernos  cuando  nos  atormente  d 
hambre  ;  y  el  apetito  con  que  k>  comamos  nos  le  haré  parecer 
may  salnroso.  El  deleite  no  consiste  en  la  bondad  de  los  aKmen- 
toa  esquisitos,  sino  en  nosotros;  y  esto  es  tanta  yerdad  como 
que  mis  comidas  mas  delicadas  no  son  aquellas  en  que  yeo  reinar 
el  arte  y  la  abundanda  ;  la  frugalidad  es  una  fuente  de  delicias 
maravillosa  para  conseryar  la  salud. 

€on  d  permiso  de  ymd. ,  seftor  GO  Bias,  me  interrumpié  mi 
iecretario,  yo  no  soy  enteramente  de  su  opinion  sobre  la  supuesta 
fmgalidad  con  que  ymd.  quiere  obsequiarme.  i  Porque  nos  he- 
mos  de  mantener  como  nnos  DîAgenes?  aun  cuando  comamos 
bien ,  no  caerèmos  enfermos  por  eso.  Crëame  ymd.  :  ya  qne 
tenemeSy  gracias  à  Dios,  con  que  yiyir  cômodamente  en  nnestro. 
retiro,  no  le  hagamos  la  mansion  del  hambre  y  de  la  pobreza. 


4SS  GIL  BLAS. 

Lnego  qoe  tengaittos  ana  hacienda,  serft  preciso  abasteoerla  de 
boenos  vinos,  y  de  todas  las  demas  proirisiones  conTenientes  i 
personas  de  entendimiento ,  que  no  dejan  el  trato  humane  para 
rennnciar  à  las  comodidades  de  la  vida,  sino  mas  bien  para  go- 
zarlas  oon  mas  qoietad.  Ito  que  coda  tmo  ttene  en  tu  casa ,  dice 
Hesiodo,  no  daika;  en  lugar  de  que  lo  que  no  ge  ûene  fntede 
daêar.  Vale  moi^  aAade,  tener  uno  en  su  ca$a  las  comom  necesarias, 
que  detear  tenerlat. 

I  Que  diablos  es  eso ,  seflor  Escipion ,  interrumpi  ;  vmd.  ha 
manejado  los  poetas  griegos  !  {ola!  ^en  donde  Iey6  Tmd.  a 
Hesiodo?  En  casa  de  un  sabio ,  respondiô.  Servi  algun  tiempo 
en  Salamanca  à  un  pédante,  que  era  un  gran  comentador  ;  en  un 
abrir  y  cerrar  de  ojos  componia  un  grueso  volùmen,  reoopilando 
pasages  hebreos ,  griegos  y  latinos  que  extractaba  de  los  libros 
de  su  biblioteca ,  y  traducia  al  castellano.  Como  yo  era  su  ama- 
nuense  he  retenido  no  se  cuantas  sentencias,  todas  tan  notables 
como  la  que  acabo  de  citar.  Siendo  asi ,  le  répliqué ,  tîenes  la 
memoria  bien  adomada.  Pero  viniendo  A  nuestro  proyecto,  4  en 
que  reino  de  Espafia  te  parece  del  caso  que  fijemos  nnestra  re- 
sidencia  filosôfica?  Yo  opino  por  Aragon,  respondiô  mi  confi- 
dente ;  alli  enoontrarémos  sitios  muy  amenos ,  en  donde  podrémos 
pasar  una  vida  deleitosa.  Esta  bien,  le  dije,  sea  asi  ;  detengàmonos 
en  Aragon ,  consiento  en  ello  :  { ojalà  descubramos  una  morada 
que  me  proporcione  todos  los  placeres  con  que  se  recréa  mi 
imaginacion  ! 

CAPITULO  X. 

De  lo  que  hiciënm  al  Uegar  i  Bladrid  ;  a  quien  encontrô  Gil  filas  en  la  calle , 
y  de  lo  que  se  siguiô  â  este  encuentro. 

Luego  que  llegimos  A  Madrid  fuimos  A  apeamos  i  una  peqnefta 
posada,  en  la  cual  se  habia  alojado  Escipion  en  sus  viages.  Lo 
primero  que  hicimos  iFué  ir  à  casa  de  Salero  A  recoger  nuestros 
doblones.  Recibiônos  muy  bien ,  y  me  manifesté  se  alegraba  mu- 
cho  de  Terme  en  liber  tad.  Aseguro  A  vmd. ,  afiadiô,  que  he  sen- 
tido  mucho  su  desgracia ,  la  cual  me  ha  disgustado  de  la  amistad 
de  las  gentes  de  la  corte ,  cuyas  fortunas  estAn  muy  en  el  aire. 
He  casado  A  mi  hija  Gabriela  con  un  rico  mercader.  Vmd.  ha 
obrado  con  juicio,  le  respondi:  ademas  de  que  este  partido  es 
mas  sôlido ,  un  plebeyo  que  Uega  A  ser  suegro  de  un  noble  no 
estA  siempre  gustoso  con  su  seflor  yemo« 

Despues,  mudando  de  conversadon ,  y  viniendo  A  nuestro 
asunto ,  prosegui:  Seflor  Gabriel,  hAganos  vmd.  el  favor ,  si  gus- 
ta ,  de  entregarnos  los  dos  mil  doblones  que...  Vuestro  dinero 
estA  pronto ,  interrumpiô  el  platero ,  el  cual ,  habiëndonos  hecho 


LIBRO  NOYENO.  433 

pasar  à  su  gabinete  nos  mostrô  dos  talegos ,  en  los  euales  habia 
unoB  rôtolos  que  dedan  :  Estos  taUgcs  de  dobUmes  son  del  setior 
GU  BUu  de  StmûUana.  Yed  aqoi,  me  dijo ,  el  depôsîlo  tal  como 
se  me  confié. 

Di  gracias  à  Salero  del  favor  qne  me  habia  hecho ,  y  muy  con- 
solado  de  haberme  quedado  sin  sa  hîja ,  nos  lleyàmos  los  tale- 
gos à  la  posada ,  en  donde  contémos  nuestras  monedas.  La  caenta 
se  encontre  cabal ,  rebajados  los  cincaenta  doblones  qae  se  ha- 
bian  gastado  en  conseguir  mi  libertad.  Ya  no  pensàmos  mas  que 
en  disponemos  para  ir  à  Aragon.  Mi  secretario  tomô  â  sa  cargo 
comprar  una  silla  volante  y  dos  mulas.  Yo  por  mi  parte  cuidé  de 
la  compra  de  ropa  blanca  y  yestidos.  En  una  de  las  veces  que 
iba  arriba  y  abajo  à  estas  compras ,  encontre  al  baron  de  Stein- 
bach ,  aquel  oficial  de  la  guardia  alemana  en  cuya  casa  se  habia 
criado  don  Alfonso. 

Sdudé  à  este  cabaOero  aleman ,  quien ,  habiéndome  tambien  co- 
nocidOy  se  yino  à  mi  y  me  abrazô:  He  alegro  en  extremo,  le 
dije  y  de  ver  A  sa  sefioria  en  tan  buena  salud ,  y  al  mismo  tiempo 
de  tener  ocasion  de  saber  4e  mis  amados  seflores  don  César  y  don 
Alfonso  de  Leiya.  Puedo  dar  à  vmd.  noticias  suyas  muy  ciertas, 
me  respondiô  »  poes  ambos  estàn  actaalmente  en  Madrid  y  en  mi 
casa.  Très  meses  hace  que  yiniéron  à  la  corte  à  dar  gracias  al 
rey  de  un  empleo  que  S.  M.  ha  conferido  à  don  Alfonso  en  pre- 
mio  de  los  servicios  que  sus  abuelos  hiciëron  al  estado;  le  ha 
nombrado  gobemador  de  la  ciudad  de  Yalencia ,  sin  que  le  haya 
pedido  este  cargo ,  ni  solicitidolo  por  otra,  persona.  No  se  ha  he- 
cho una  gracia  mas  espontànea  ;  lo  cual  prueba  que  nuestro  mo- 
narca  gusta  de  recompensar  el  valor. 

Aunque  yo  sabia  mejor  que  Steinbach  el  origen  de  esto ,  no 
manifesté  saber  la  menor  cosa  de  lo  que  me  contaba ,  y  si  un  de- 
seo  tan  vivo  de  saludar  à  mis  antiguos'amos ,  qae  para  satisfa- 
cerlo  me  condujo  inmediatamente  à  su  casa.  Yo  queria  probar 
à  don  Alfonso ,  y  juzgar  por  su  recibimiento  si  me  estimaba  toda- 
Tia.  Le  encontre  en  una  sala  jugando  al  ajedrez  con  la  baronesa 
de  Steinbach.  Luego  que  me  conociô ,  dejô  el  juego ,  y  se  vino 
à  mi  arrebatado  de  gozo ,  y  estrechàndome  entre  sus  brazos ,  me 
dijo  en  un  tono  que  manifestaba  una  ingenua  alegria:  SantiHana, 
l  conque  al  fin  vuelvo  à  verte  !  estoy  loco  de  contento.  No  ha  es- 
tado en  mi  mano  el  que  no  hayamos  permanecido  siempre  juntos  ; 
yo  te  rogné ,  si  haces  memoria ,  que  no  te  fiieras  de  la  casa  de 
Leiva,  y  tu  no  hidste  caso  de  mis  ruegos.  No  obstante  no  te  lo 
impato  à  deUto,  Antes  bien  te  agradezco  el  motive  de  tu  ida; 
pero  desde  entônces  debieras  haberme  escrito ,  y  ahorrarme  el 
frabajo  de  hacerte  buscar  inùtibnente  en  Granada ,  en  donde  mi 
caftado  don  Fernando  me  habia  escrito  que  estabas. 

Despues  de  esta  ligera  reconvendon,  continué ,  dime  que  ha- 


434  GOLBLAS. 

eet  en  Madrid.  Bagubnneiiie  teadiis  aqoi  «Igao  empleo.  Ten  por 
derto  que  me  imereso  abora^vi»  que  oonca  en  to  Ueii.  Sefior, 
le  respondi,  no  hace  todam  cuatro  nesea  que  ocii|ialm  eo  h 
oorte  on  poesto  de  bastante  oonsideracioiL  Tenia  la  hcum  de  mt 
lecretaiio  y  confidente  del  doqne  de  Lerma.  iEs  poaible  !  exda- 
ni6  don  AUbnao  con  grande  aaombro.  ;Qnè !  ^iuia  mereddo  tv 
la  oonfianza  de  este  |»iBier  miniairo?  Logrè  an  iavor ,  respondi, 
y  lo  perdi  del  modo  qne  Toy  i  dedr.  Entôncea  le  come  toda 
esta  hiatoria  »  y  condui  mi  narradva  exponiéndcrfe  la  deiennina- 
cion  que  haUa  tomado  de  cooiprar  con  lo  poco  que  me  qoedaha 
de  mi  proaperidad  paaada  una  pobre  dioza  para  paaar  en  ella 
nna  vida  retirada. 

£1  hqo  de  don  Géaar,  despnea  de  haberme  oido  con  madu 
aumdon,medijo:MiamadoGilBlaayyasabe8qae8iemprete  he 
qaerido,  y  ahora  mas  que  nanca ;  y  paes  el  cido  me  ha  pneato 
en  esiado  de  poder  aomentar  toa  bienea,  qoiero  que  no  aeas mas 
tiempo  jugnete  de  la  Fortona.  Para  libertarte  de  sa  poder,  te 
qniero  dar  una  hacienda  que  no  podrà  quitarte;  y  pues  estis 
determinado  A  yiyir  en  d  campo,  te  doy  una  pequefta  qninu 
que  tenemoa  cercade  Liria,  distante  cuatro  léguas  de  Valenda» 
que  ya  has  yisto  tcu  Este  regalo  podemos  hacerlo  sin  inoomo- 
damos,  y  me  atrevo  à  asegurar  que  mi  padre  no  deaaprobarà 
esta  determinadon ,  y  que  Serafina  recibirà  en  eDogran  contento. 

Me  arrojé  à  los  pies  de  don  Alfonso,  quien  al  momemo  me 
hizo  levantar  :  le  bes6  la  mano;  y  mas  enamorado  de  su  buen 
corazon  que  de  su  benefido ,  le  dije  :  Seftor ,  voestras  finezas  me 
cauUvan  :  el  don  que  me  haceis  me  es  tanto  maa  agradable, 
cuanto  que  precede  al  agradedmiento  de  un  favor  que  yo  he  he- 
cho  à  vmd.;  y  mas  bien  quiero  deberlo  à  su  generosidad  que  à 
su  gratitud.  Mi  gobemador  se  quedô  algo  suspenso  de  lo  qne 
oia,  y  no  pudo  mènos  de  preguntarme  de  que  (ayor  le  haUaba. 
Dij^o  con  todas  sus  circunstancias,  lo  cual  aumentô  au  admi- 
radon.  Estaba  muy  léjos  de  pensar ,  como  el  baron  de  Stdnbach , 
que  el  gobierno  de  h  dudad  de  Valencia  se  le  hubiese  dado  per 
mediadon  mia.  No  obstante,  no  teniendo  ya  duda  de  ello,  me 
dijo  :  Gil  Bias,  pnes  que  te  debo  mi  empleo,  no  quiero  darte 
solo  la  pequefta  hacienda  de  Liria,  quiero  agregar  à  ella  dos 
mil  ducados  de  renta  al  alio. 

Alto  ahi,  seftor  don  Alfonso,  interrumpi,  no  deq^ierte  vrod. 
mi  codida.  Los  bienes  no  sirven  mas  que  para  ooriomper  mis 
eostumbres,  como  harto  lo  tengo  experimentado.  Aoepto  gns- 
toso  Tuestra  quinta  de  Liria.  En  ella  viviré  cômodamente  con  lo 
que  tengo  por  otra  parte  :  esto  me  es  suficiente;  y  léjos  de  de- 
sear  mas,  primero  consentiré  en  perder  todo  lo  que  hay  de  sn- 
pèrflno  en  lo  que  poseo.  Las  riquezas  son  una  carga  en  un  retiro, 
en  donde  solo  se  busca  la  tranquilidad. 


UBBO  NOVENO.  485 

Don  Cesar  Degô  cuando  estabamos  en  esta  conyeraacion.  No 
■Mwfniitè  al  Terme  rnënos  alegria  que  su  bijo  ;  y  cuando  supo  el 
motÎTO  dd  agradecimiento  i  que  me  estaba  obligada  su  fiimilia, 
se  empeftô  en  que  habia  de  aceptar  yo  la  renta,  lo  cual  rehusè 
de  nneyo.  En  fin,  el  padre  y  el hijo  me  condujéron i  casa  de  un 
escribano ,  en  donde  otorgàron  la  escritura  de  donacion ,  que 
ambos  firmàron  con  mas  gusto  que  si  fuera  un  instrumento  i 
(sLYor  suyo.  FînaKzado  el  contrato,  me  lo  entregiron,  diciendo 
que  la  hacienda  de  Liria  ya  no  era  suya,  y  que  fiiese  cuando 
qiûsîese  &  tomar  pos^ion  de  ella.  Despues  se  volviéron  à  casa 
del  baron  de  Steinbach,  y  yo  fui  Tolando  à  la  posada,  en  donde 
dejë  pasmado  à  mi  secretario  cuando  le  dije  que  teniamos  una 
hacienda  en  el  reino  de  Valencia,  y  le  conté  el  modo  como  aca- 
baba  de  adquirirla.  ;Cuanto  puede  producir  esta  pequeâa  here- 
dad?  me  dijo.  Quinientosducados  de  renta ,  le  respondi ,  y  puedo 
asegorarte  que  es  una  amena  soledad.  Yo  la  be  visto  por  haber 
estado  en  ella  muchas  yeces  en  calidad  de  mayordomo  de  los  se- 
ftores  deLeiva.  Es  una  casa  pequefia,  situada  i  la  orilla  del  Gua- 
dalaviar  en  una  aldea  de  cinco  ô  seis  vecinos,  y  en  un  pais  her- 
mosisimo. 

Lo  que  me  gusta  mucbo,  exclamô  Escipion,  es  que  tendra- 
mos  alli  caza,  Tino  de  Benicarlô,  y  excelente  moscatel.  Vamos, 
amo  mio,  dèmonos  priesa  à  dejar  el  mundo,  y  Uegar  à  nuestra 
ermita.  No  tango  ménos  deseo  que  tu ,  le  respondi ,  de  estar  alla  ; 
pero  intea  es  preciso  hacer  un  Tiage  à  Asturias,  porque  mis  pa- 
dres no  deben  ballarse  en  buen  estado.  Quiero  ir  i  yerlos ,  y 
Devirmelosi  Liria,  en  donde  pasarin  sus  ultimos  dias  oon  des- 
canso.  Acaso  me  habri  el  cielo  deparado  este  asilo  para  reci- 
birlos  en  èl ,  y  si  dejara  de  hacerlo  asi ,  me  castigaria.  Escipion 
apoyé  macho  mi  determinacion,  y  aun  me  excitô  â  ejecutarla  ; 
no  perdamos  tiempo,  me  dijo,  ya  tengo  carruage.  Compremos 
pnmtamente  mulas,  y  tomemos  elcamino  de  Oviedo.  Si,  amigo 
mio,  le  respondi,  marchemos  cuanto  intes.  Me  es  indispensabfe 
repartir  las  conyeniencias  de  mi  retiro  con  los  que  me  han  dado 
el  ser*  Presto  estarànos  de  yuelta  en  nuestra  aldea ,  y  en  llegando 
quiero  escribir  en  letras  de  oro  sobre  la  puerta  de  mi  casa  estos 
dos  versos  latinos  : 


Invem  portum  :  Spes  et  Foriuna ,  valete  : 
Sat  me  iusUtis;  iuditc  nunc  alios  '. 

'  RalW  y  a  el  puerto  :  4  Dîos  »  Bsperansa  y  Fortana  : 
Battante  me  Imriâfidi  ;  bqrlaos  ya  da  otros. 


>■■»■»••■•■■>■ 


436  GIL  HAS. 

LIBRO  DEGIMO. 


CAPrruLOi. 

Sale  GÛ  Bl«t  pan  Astorias  j  paia  por  TaBadolid,  donde  Tuiti  i 
tigao  el  doctor  Sangredo;  j  se  encaentra  cawlmente  ooo  d 
OdIoAeK  admiiiittndor  del  hospital. 

€aando  me  estaba  disponiendo  i  salir  de  Madrid  ooo  Esci- 
pion  para  ir  A  Asturias,  el  duqne  de  Lerma  file  creado  carde- 
nal  por  la  santidad  de  Paalo  V.  Queriendo  este  papa  establecer 
la  inqnisidou  en  el  reino  de  Nàpoles,  bonr^  obn  el  capelo  à 
este  ministro  para  empefiarle  à  hacer  que  el  rey  Felipe  aprobase 
tan  laudable  designio.  A  todos  los  que  conocian  perfectamente  à 
este  nnevo  miembro  del  sacro  colegio  les  parecié  oomo  à  mi 
que  la  iglesia  acababa  de  hacer  una  excelente  adquisidon. 

Escipion ,  que  hubiera  qnerido  mas  yolver  i  yerme  en  an 
puesto  brillante  de  la  corte ,  que  sepultado  en  un  retiro ,  me 
aconsejô  que  me  presentase  al  nuero  cardenal  :  Paede  ser ,  me 
dijo ,  que  su  eminencia,  viéndole  à  ymd.  foera  de  ht  prisîon  por 
ôrden  del  rey,  no  créa  ya  deber  fingirse  irritado  contra  ymd., 
y  podrà  admitirle  de  nueyo  i  su  senricio.  Seftor  Esoiplon ,  le 
respondi ,  ymd.  ha  olyidado  sin  duda  que  solo  oonsegni  la  li- 
bertad  bajo  condicion  de  salir  inmediatamente  de  las  dos  Gas- 
tillas.  Fuera  de  eso,  ;me  crées  ya  disgustado  de  mi  quinta  de 
Liria?  Ya  te  lo  he  dicho,  y  te  lo  yuelyo  k  repetir,  que  aonqae 
el  duque  de  Lerma  me  restituyese  A  su  gracia ,  y  me  ofireciese 
el  mismo  puesto  que  ocupa  don  Rodrigo  Calderon,  le  renun- 
ciaria.  Mi  determinacion  esta  tomada  ;  quiero  ir  A  Oyiedo  A  bus- 
ciar  à  mis  padres ,  y  retirarme  con  ellos  é  las  cercanias  de  la 
dudad  de  Valencia.  En  cuanto  à  ti,  amigo  mio,  si  est&s  arre- 
pentido  de  unir  tu  suerte  con  la  mia,  no  tienes  mas  que  de- 
cirlo  y  que  estoy  pronto  â  darte  la  mitad  del  dinero  que  ten- 
go ,  ^  te  quedaràs  en  Madrid  en  donde  adelantaris  tu  fortnna 
hasta'donde  pudiereS. 

^Cômo  asi?  replicô  mi  secretario  algo  resentido  de  estas  ex- 
presiones ,  ^es  posible  que  yipd.  sospeche  que  sea  yo  capaz  de 
tener  repugnancia  à  seguirle  à  su  retiro?  Esa  sospecha  ofende 
mi  zelo  y  mi  inclinacion.^Pues  que ,  Escipion ,  aquel  fiel  criado, 
que  por  tomar  parte  en  sus  penas  hubiera  pasado  con  gusto  el 
resto  de  sus  dias  con  ymd.  en  el  akàzar  de  Segoyia,  tendra 
ahora  repugnancia  en  acompafiarle  en  una  mansion  donde  espéra 


LIBRO  DÉGDIO.  437 

gozar  mQ  delicias?  No,  seftor,  no,  ningima  gana  tengo  de  di- 
soaidir  â  ymd.  de  su  resolucion;  pero  qoiero  confesarle  mi  ma- 
ticia  :  si  le  aconsejé  que  se  presentase  al  duqne  de  Lerma,  fiiè 
tnicameDte  para  sondearle  y  Ter  si  todayia  le  quedaban  algunas 
rcliqaias  de  ambîcion.  £a,  pues,  ya  que  se  halla  ymd.  tan  des- 
prendido  de  las  grandezas,  abandonemos  prontamente  la  oorte 
para  ir  à  disfnitar  de  aqnellos  inocentes  y  deliciosos  placeres 
de  qae  nos  formimos  una  idea  tan  risuefia. 

Con  efecto ,  poco  despaes  salimos  de  Madrid  en  una  silla  ti- 
rada  de  dos  buenas  mulas,  guiadas  por  un  mozo  que  tuTe  por 
conyeniente  agregar  à  mi  comitiva»  Dormimos  el  primer  dia  en 
Galapagar  al  pié  de  Guadarrama,  el  segundo  en  Segovia,  de 
donde  sali  sin  detenerme  à  visitar  al  generoso  alcaide  Torde- 
sillas ,  pasé  por  Portillo ,  y  llegné  al  dia  siguiente  à  Yalladolid. 
Al  descubrir  esta  ciudad  no  pude  mënos  de  dar  un  profhndo 
suspîro ,  que  lildëndolo  oido  mi  compafiero ,  me  preguntô  la 
causa.  Hijo  mîo,  le  dije,  es  la  de  que  ejerci  mucho  tiempo  en 
Yalladolid  la  medicina  ;  y  sobre  este  punto  me  estàn  atormen- 
tando  los  remordimientos  secretes  de  mi  conciencia ,  pues  me 
parece  que  todos  aquellos  que  mate  salen  de  sus  sepulcros  para 
venir  i  despedazarme.  ;Qnè  imaginacioni  dijo  mi  secretario; 
sin  dada,  sefior  de  SantÔlana,  que  es  vmd.  un  pobre  hombre. 
;Porqué  se  arrepiente  vmd.  de  haber  hecho  su  oficio?  jPor 
ventnra  los  doctores  ancianos  sienten  los  mismos  remordimien- 
tos? No,  sefior ,  llevan  la  suya  adelante  cou  el  mayor  sosiègo  del 
mnndo,  imputando  à  la  naturaleza  los  accidentes  funestos,  y 
atrOHjyëndose  à  elles  solamente  los  felices. 

En  verdad,  repuse,  que  el  doctor  Sangredo,  cuyo  mètodo 
segnia  yo  fielmente,  era  de  este  carieter.  Âunque  viese  morir 
cada  dia  veinte  enfermes  entre  sus  manos ,  vivia  tan  persuadido 
de  la  excelencia  de  la  sangria  del  brazo ,  y  de  la  bebida  frecuente, 
i  los  cuales  llamaba  sus  dos  especificos  para  todo  gènero  de 
enfermedades,  que  si  morian  los  pacientes ,  lo  achacaba  siempre 
à  haber  bebido  poco ,  y  é  que  no  los  habian  sangrado  bastante. 
iVive  dîez!  exclamô  Escipîon  dando  una  carcajada,  que  me  cita 
vmd.  un  sugeto  original.  Si  tienes  curiosidad  de  verle  y  oirle  » 
repose  yo ,  mafiana  la  podràs  satisfecer,  como  no  baya  muerto 
y  esté  en  Yalladolid  ,  lo  que  dudo  mucho ,  porque  ya  era  viejo 
cnando  le  dejé ,  y  desde  entônces  acâ  se  ban  pasado  bastantes 
altos. 

Lo  primero  que  hicimos ,  asi  que  llegémos  al  meson  é  donde 
fhfanos  à  apeamos ,  fué  preguntarpor  el  tal  doctor.  Supimos  que 
aun  no  se  habia  muerto  ;  pero  que ,  no  pudiendo  ya  visitar  ni  ha- 
cer  mucho  movimiento  à  causa  de  su  gran  vejez,  habia  abando- 
nado  el  campo  é  otros  très  6  cuatro  doctores,  que  habian  ad- 
quirido  gran  fema  por  otro  nuevo  método  de  curar ,  que  no  valia 


438  GIL  BLAS. 


que  d  sujo.  RefloWiiiios  hacer  parada  d  dia  signieiite ,  lanto 
para  qae  descansasen  las  mulaSy  como  porterai  doctor  Sangreda 
À  coaa  de  las  diez  de  la  maftana  fiiimos  à  su  casa ,  y  le  hallàoios 
seotado  eo  ona  silla  poltrona  oon  «n  libro  en  la  nano.  LevaDiôse 
Inego  que  nos  yiô ,  vino  bàcia  nosotros  oon  paso  nmy  firme  para 
on  setenton ,  y  nos  preguntô  que  le  queriamos.  iPues  que ,  seitor 
doctor,  le  respond! ,  es  posiMe  que  ya  no  me  eonozca  Tmd., 
siendo  asi  que  tuye  la  fortune  de  haber  sido  uno  de  sus  disci- 
pulos  ?  ;  No  se  acuerda  vmd.  de  un  cierto  G3  Bias  que  en  otro 
tiempo  filé  su  comensal  y  su  sustitutoT  iComo  asi?  me  replicô 
dàndome  un  abrazo  :  ^eres  tù  Santillana  7  cierto  qae  no  te  habia  co- 
pocido ,  y  me  alegro  infinito  de  yolTcrte  i  yer«  ^Que  bas  hecho  des- 
pues  que  nos  separémos  ?  sin  duda  habris  ejercido  siempre  la  me- 
dicina.  Teniale,  le  respond! ,  mucha  inclinacîon;  p«ro  raxones 
poderosas  me  apartiron  de  ella. 

Peor  para  ti ,  replicô  Sangredo  ;  oon  los  prindptos  que  apren- 
diste  de  mi  hubieras  Uegado  à  ser  un  medico  hàbil ,  con  tal  que 
el  delo  te  hubiera  hecho  la  gracia  de  preseryarte  de!  peligroso 
amor  â  la  quimica.  i  Ah ,  hqo  mio  1  exdamô  arrancando  un  dolo- 
roso  suspiro ,  j  que  noyedades  se  han  introducido  en  la  medicina 
de  algunos  alios  i  esta  parte  I  À  este  arte  se  le  quita  d  honor  y 
la  dignidad  :  este  arte ,  que  en  todos  tiempos  ha  respetado  la  yida 
de  los  hombres ,  hoy  se  halla  en  poder  de  la  temeridad ,  de  la 
presuncion  y  de  la  impericia  ;  porque  los  hechos  hablan,  y  presto 
alzaràn  el  grito  hasta  las  piedras  contra  el  desôrden  de  los  nue- 
vos  pràcticos:  lapides  clamabunt.  Se  yen  en  esta  dudad  algunos 
medicos ,  6  que  se  llaman  taies ,  que  se  ban  unddo  d  carro  de 
triunfo  del  antiraonio  :  currus  triumphaUi  antàmomi:  unos  deserto- 
res  de  la  escuela  de  Paracelso ,  adoradores  dd  quermes,  y  caraa- 
deros  de  casudidad ,  que  bacen  consistir  toda  la  dmicia  médîca 
en  saber  preparar  dguAas  drogas  qnimicas.  ^  Que  mas  te  dire? 
En  su  método  todo  esta  desconocido:  la  sangria  dd  piè»  por 
ejemplOy  eo  otros  tiempos  tan  raras  yeces  practicada,  hoy  es  la 
nnica  que  se  usa.  Los  purgantes ,  antiguamente  suaves  y  benig- 
nos,  se  ban  conyertido  en  emëtioo  y  en  quermes;  ya  todo  no  as 
mas  que  un  caos,  en  que  cada  uno  se  toma  la  libertad  de  hacer 
lo  que  se  le  antoja,  y  traspasa  los  limites  dd  ôrden  y  de  bt  sa- 
biduria  que  nuestros  i»'imitiyos  maestros  sefialàron. 

Aunque  estaba  reventando  por  reir  d  oir  una  dedamacîon  tan 
cômica,  pude  contenerme;  y  aun  bice  mas,  dedamè  contra  e\ 
quermes ,  sin  saber  lo  que  era ,  y  di  d  diablo  sin  mas  reflexion  à 
los  que  lo  babian  inventado.  Advirtiendo  Esdpion  lo  mucho  que 
me  divertia  esta  escena ,  quiso  contribuir  tambien  por  su  parte  a 
dia.  ¥o,  seûor  doctor ,  dijoà  Sangredo,  soy  résobrino  de  on 
medico  de  la  escuela  antigua,  y  oomo  td  pido  à  vmd.  licencia 
para  dedararme  enemigo  de  los  remedios  quimicos.  Mi  difunto 


LIBRO  DÉCmO.  43» 

tio ,  qpe  santa  gloria  baya ,  era  tan  ciego  parUdario  de  Hipocra- 
tes ,  que  se  baliô  nochaa  veces  con  los  empiricos ,  que  no  habla- 
bsm  con  el  debîdo  respeto  de  este  rey  de  la  medicina.  La  razon 
no  quiere  foerza;  de  bnena  gana  seria  yo  el  verdogo  de  esos 
ignorantes  novadores ,  de  quienes  vmd.  se  queja  con  tanta  jnsticia 
como  eloqnehcia.  i  Que  trastomo  no  causan  en  la  sodedad  ciyil 
esos  misérables? 

Ese  desôrden^  replicô  el  doctor ,  va  todavia  mas  léjos  de  lo 
que  Tmd.  piensa  :  de  nada  me  ha  servido  publicar  un  libro  contra 
esos  asesinos  de  la  medicina  ;  antes  al  contrario  cada  dia  van  en 
anmento.  Los  drujanos ,  cnyo  gran  hipo  es  querer  hacer  de  me- 
dicos, se  creen  capaces  de  serlo  cuando  solo  se  trata  de  recetar 
qaennes  y  emètico,  aftadiendo  sangrias  del  pie  à  su  antojo.  Uegan 
basts  el  puntode  mezclar  el  quermes  en  las  pôdmas  y  codmientos 
cordiales ,  y  cétate  que  ya  se  juzgan  iguales  à  los  grandes  mèdh- 
COS.  Este  oontagio  ha  cundido  hasta  dentro  de  los  daostros.  Hay 
entre  los  firailes  ciertos  legos ,  que  son  é  un  mismo  tiempo  boti-^ 
carios  y  cirujanos.  Estos  monos  medicos  se  aplican  i  la  qnhnica, 
y  hacen  drogas  pemidosas  »  oon  las  que  abrevian  la  vida  de  sus 
padres  reyefendos.  En  fin ,  en  ValladoHd  se  cnentan  mas  de  se- 
senta  conyentos  de  frailes  y  monjas  :  contemple  vmd.  ahora  el 
destrozo  que  hace  en  ellos  el  quermes  junto  con  el  emëtico  y  la 
sangria  del  pié.  Seflor  Sangredo ,  dije  yo  entônces,  es  muy  justa 
la  indignadon  de  Tmd.  contra  esos  enyenenadores  ;  yo  me  lamente 
de  lo  mismo ,  y  entre  à  la  parte  en  su  compasivo  temor  per  la 
vida  de  los  hombres ,  manifiestamente  amenazada  por  un  método 
tan  diférente  del  de  ymd.  Mucho  temo  que  la  quimica  no  sea  al- 
gun  dia  la  ruina  de  la  medidna ,  como  le  es  de  los  reines  la 
moneda  fidsa.  |  Quiera  el  dele  que  este  dia  iatal  no  esté  cerca  de 
llegar! 

Aqui  Uegaba  nuestra  cenversacien  ouande  entré  en  el  cuarto 
del  doctor  una  criada  vieja ,  que  le  traia  en  una  bandeja  un  pa- 
nedllo  tierno,  un  vase  y  dos  garrafitas  llenas»  una  de  agua  y 
ocra  de  Tine.  Luego  que  comiô  un  bocado,  echo  un  trago  en  el 
cual  dertamente  habia  mezclado  dos  terceras  partes  de  agua; 
père  este  no  le  librô  de  las  reconvenciones  que  me  daba  mo- 
tive para  hacerle.  ;  01a  !  i  ola  !  seûor  doctor ,  le  dije  ;  le  he  eo- 
gide  é  vmd.  en  el  garlito.  i  Ymd.  beber  vino ,  cuando  siempre 
se  ha  dedarade  centra  esta  bebida;  y  cuando  en  las  très  cuartas 
partes  de  su  vida  no  ha  bebido  sine  agua  I  { De  cuando  acâ  se 
ha  contrariado  vmd.  é  si  mismo?  No  puede  servirle  de  excusa  su 
edad  avanzada  ;  pues  en  un  lugar  de  sus  escritos  define  la  vejez 
diciendo  que  es  una  tûis  natural  que  poco  d  poco  n09  va  desecando 
y  emmamenth ,  y  en  fuerza  de  esta  definidon  lamenta  vmd.  la 
igneranda  de  aqnellos  que  Uaman  al  vino  la  leehe  de  loi  viejot, 
4  Que  dira  vmd.  ahora  en  su  defensa? 


440  GILBLAS. 

DigOy  me  respondiô  el  viejo ,  qae  me  reooimeiies  sin  rasoo. 
Si  yo  bebiera  yiao  pnro ,  tendrias  moUvo  para  mirarme  oomo  â 
on  infiel  obsenrador  de  mi  propia  doclrina  ;  pero  ya  baa  risto 
que  el  vino  qae  he  bebido  estaba  raoy  aguado.  Otni  oontradio- 
don»  le  répliqué  yo,  oii  querido  maestro  ;  acnèrdese  irmd.  de  que 
UeYd»  muy  à  mal  que  el  canônigo  Cedillo  bebiese  tîuo,  aonqoe 
lo  mezclaba  con  mocha  agua.  Confiese  ymd.  de  buena  fe  que  al 
cabo  ha  reconocido  su  error,  y  que  el  Tino  no  es  un  licor  tan  fa- 
nesto  como  ymd.  lo  sentd  en  sus  obras,  con  tal  que  se  beba.  coo 
moderacion. 

Hallôse  nuestro  doctor  algo  atarugado  con  esta  replica  ;  no 
podia  negar  que  en  sus  libros  habia  prohibido  el  uso  del  Tino  ; 
pero  como  la  yergûenza  y  la  vanidad  le  impedian  confesar  que  yo 
le  hacia  una  justa  recouTencion ,  no  sabia  que  responderme.  Para 
sacarle  de  este  pantano  mudé  de  conversacion ,  y  poco  despues 
me  despedi  de  ël ,  exhortindole  à^que  se  mantnyiese  siempre 
firme  contra  los  nuevos  medicos.  Animo»  sefkor  Sangredo,  le 
dije;  no  se  cause  ymd.  de  desacreditar  el  quermes ,  y  persiga  à 
sangre  y  fuego  la  sangria  del  pie.  Si,  à  pesar  de  su  zdo  y  amor  i 
la  ortodoxia  mèdica ,  esa  raza  empirica  logra  arruinar  la  rigidez 
antigua,  por  lo  ménos  tendra  ymd.  el  consuelo  de  haber  becho 
cuanto  estaba  de  su  parte  para  sostenerla. 

Al  rotiramos  mi  secretario  y  yo  à  nuestro  meson  hablando 
del  gracioso  y  original  caracter  del  tal  doctor ,  pasô  cerca  de  nos- 
otros  por  la  calle  un  hombre  como  de  cincuenta  y  cinco  à  se- 
senta  afios,  que  caminaba  con  los  ojos  bajos  y  un  rosario  de 
cuentas  gordas  en  la  mano.  Miréle  atentamente ,  y  sin  dificultad 
conoci  que  era  el  seAor  Manuel  Ordoftez,  aquel  buen>  administra- 
dor  del  hospital ,  de  quien  se  hizo  tan  hoaorifica  mencion  en  e) 
capitulo  xvn  del  libro  primero  de  mi  historia.  Lleguéme  i  él 
con  grandes  muestras  de  respeto,  y  le  dije  :  Saludo  al  yenerable 
y  discreto  seAor  Manuel  Ordoftez ,  el  hombre  mas  à  propôsilo 
del  mundo  paraconseryar  la  hacienda  de  los  pobres.  Al  oir  estas 
palabras  me  mirô  con  mucha  atencion  y  me  respondiô  que  mi 
fisonomia  no  le  era  desconocida ,  pero  que  no  podia  acordarse 
en  donde  me  habia  yisto.  Yo  iba ,  le  respondl ,  i  casa  de  ymd. 
en  tiempo  que  le  seryia  an  amigo  mio  llamado  Fabricio  NuAez. 
iAhl  ya  me  acuerdo,  repuso  el  administrador  con  unasonr^ 
maligna ,  por  sefias  que  los  dos  erais  muy  buenas  alhajas  é  bids- 
teis  admirables  muchachadas.  i  Y  que  se  ha  hecho  el  pobre  Fa- 
bricio ?  siempre  que  pienso  en  él  me  tienen  con  cuidado  sos 
asuntillos. 

Me  he  tomado  la  libertad  de  detener  k  ymd.  en  la  caDe ,  dije  al 
seflor  Manuel ,  precisamente  para  darle  noticias  suyas.  Sepa  ymd. 
que  Fabricio  esta  en  Madrid  ocupado  en  hacer  obras  miaoeUn 
neas.   ^  A  que  llama  obras  misceléneas  ?  me  repliée.  Quiero 


LIBRO  DËGIMO.  441 

decor,  le  contesté»  que  escribe  en  prosa  y  en  verso  :  compone 
Gomedias  y  novelas  :  en  sama ,  es  un  mozo  de  ingenio ,  y  es  bien 
recibido  en  bs  casas  distingnidas-^Y  oomo  lo  pasa  con  su  panadero? 
me  pregontô  el  administrador.  No  tan  bien,  le  respondi ,  como 
COQ  las  personas  de  calidad  ;  porque ,  aqni  para  entre  los  dos , 
creo  que  esta  tan  pobre  oomo  Job.  {Ohl  en  eso  no  tengo  la 
menor  dnda ,  repuso  Ordoftez.  Haga  la  corte  i  los  grandes  todo 
lo  que  qoisiere  ;  sus  complacendas ,  sus  lisonjas,  y  sns  vergon- 
zosas  bajezas  le  prododràn  todavia  mènos  que  sus  obras.  Desde 
Inego  os  lo  pronostico:  algnn  dia  le  yerëis  en  el  hospital. 

Eso  no  me  cansarà  noyedad ,  dije  yo ,  porque  la  poesia  ha  lle- 
Tado  à  él  à  otros  muchos.  Hucho  mejor  hubiera  hecho  mi  amigo 
Fabricîo  en  haberse  mantenido  à  la  sombra  de  vmd. ,  que  à  la 
hora  de  estaestaria  nadando  en  oro.  À  lo  mènos  nada  le  £altaria, 
respondié  Ordoûez  ;  yo  le  queria  bien ,  y  poco  à  poco  le  iba  as* 
cendiendo  de  puesto  en  puesto ,  hasta  asegurarle  un  sôlido  aoo- 
modo  en  la  casa  de  los  pobres  ^  cuando  se  le  antojô  querer  pasar 
por  hombre  de  ingenio.  Gompuso  una  comedia  que  hizo  repre- 
aentar  por  los  comediantes  que  à  la  sazon  se  hallaban  en  esta 
ciadad  ;  la  pieza  logrô  aoeptaciou ,  y  desde  aquel  punto  se  le  tras- 
tornô  la  cabeza  ai  autor.  Imaginôse  ser  otro  Lope  de  Vega,  y 
prefiriendo  el  humo  de  los  aplausos  del  publico  à  las  yerdaderas 
conyeniendas  que  mi  amistad  le  preparaba ,  se  despidiô  de  mi 
casa.  En  yano  procuré  persuadirle  que  dejaba  la  came  por 
correr  tras  la  sombra  :  no  pude  detener  à  este  loco  â  quien  ar^ 
rastraba  el  furor  de  escribir.  No  conoda  su  felicidad  ,  afladiô , 
bnena  prueba  es  de  esto  el  criado  que  recibl  despues  que  él  me 
dejô:  mas  juicioso  que  Fabrido  y  con  ménos  talento  que  él ,  se 
apîicô  unicamente  à  desempeftar  bien  los  encargos  que  le  hago, 
y  à  darme  gusto.  Por  eso  le  he  adelantado  como  merecia ,  y  en 
la  actualidad  esta  desempeftando  en  el  hospital  dos  destinos , 
el  menor.de  los  cuales  es  mas  que  sufidente  para  sustentar  à  un 
hombre  de  bien  cargado  de  una  numerosa  iamilia. 

CAPITULO  n. 

Prooigae  Gil  Bias  sa  Tiage ,  y  Uega  felizmente  à  Oviedo  :  en  que  estado  haDa  à 
su  familia  ;  muerte  de  su  padre ,  y  sus  consecuencias. 

Desde  Yalladolid  nos  pusimos  en  seis  dias  en  Oviedo ,  à  donde 
llegàmos  sin  habemos  sucedido  la  menor  desgracia  en  el  viage, 
à  pesar  del  refran^que  dice  :  huelen  de  léjos  lo»  bcmdoleras  el  dinero 
de  los  pasagerotn  A  la  verdad ,  si  hubieran  olido  el  nuestro ,  no 
habrian  errado  el  golpe  ;  y  solo  dos  habitantes  de  una  cueva 
habrian  bastado  para  soplamos  nuestros  dobloncs ,  porque  en 


442  GIL  BLAS. 

la  corle  yo  no  habia  aprendklo  à  ser  Taltente ,  y  Beltnm  mi  ibozo 
de  mulas  no  parecia  tener  gana  de  dejarse  matar  por  defeader 
la  boba  de  sa  amo  ;  solo  Escipion  era  un  poco  espadachin. 

Ya  era  de  noche  coando  llegémos  é  la  cindad  :  nos  apeimos 
en  on  meson  poco  distante  de  la  casa  de  mi  tio  el  canônigo  Gil 
Peres.  Deseaba  yo  tener  noticia  del  estado  en  qae  se  hàliaban 
mis  padres  antes  de  presentarme  à  ellos;  y  para  saberlo  no  po- 
dia dirigirme  é  qnien  me  informase  mejor  que  al  mesonero  y  la 
mesonera ,  qae  sabia  ser  personas  qae  no  podrian  ignorar  coanto 
pasaba  en  casa  de  sas  vecinos.  Gon  efecto ,  de^Nies  de  baberme 
mirado  el  mesonero  con  la  mayor  atencion  me  conocîè ,  j  ex- 
damô  Aiera  de  si  :  ;  Por  san  Antonio  de  Padaa  qae  este  es  el 
hgo  del  boen  escndero  Bias  de  Santillana  !  Si  por  derto ,  afiadiô 
la  mesonera  :  el  mismo  es ,  y  apènas  se  ha  moda^o  :  es  aqœl 
despabiladillo  Gil  Bias  qae  tenia  mas  talento  que  caerpo  :  firé- 
ceme  que  le  estoy  yiendo  caando  venia  aqui  con  la  botella  por 
▼ino  para  cenar  sa  tio. 

SeAora ,  dije  à  la  mesonera»  no  se  paede  negar  qae  tieiie  vmd. 
ona  memoria  feliz;  pero  déme  vmd.  le  raego  noticias  de  mi  fin- 
milia  :  sin  dada  qne  mis  padres  no  deben  estar  en  una  sîtoacion 
agradable.  Demasiado  cierto  es,  respondiô  la  mesonera;  por  triste 
qoe  sea  el  estado  en  qae  ymd.  pueda  representérselos ,  no  es 
posible  imaginar  que  haya  dos  personas  mas  dignas  de  oompasion 
que  ellos.  El  baen  sefior  Gil  Perez  esta  baldado  de  la  mitad  del 
eoerpo»  y  naturalmente  viyirâ  may  poco  :  su  padre  de  ymd.»  que 
de  algun  tiempo  &  esta  parte  viye  con  el  canônigo ,  padece  ona 
opresion  de  pecho,  6  por  mejor  decir,  se  hallaactaalmente  entre 
la  vida  y  la  muerte;  y  su  madré  de  vmd.,  que  tampoco  goza  la 
mejor  salud,  se  Te  predsada  à  servir  de  asistenta  â  los  dos  en- 
fermos. 

Asi  que  ot  esta  relacion ,  que  me  bizo  conooer  qœ  era  hijo  » 
-dejé  à  Beltran  en  el  meson  en  guarda  de  mi  equipage»,  y  aoora- 
paûado  de  mi  secretario  Escipion ,  qae  no  quiso  apartarse  de 
mi  lado ,  pasé  à  casa  de  mi  tio.  Apénas  me  puse  delante  de  mi  ' 
madré ,  caando  cierta  conmodon  que  sintiô  en  su  interior  le  hizo 
conocer  quien  yo  era  aun  antes  de  tener  tiempo  para  examinar 
las  fiicciones  de  mi  rostro.  Hijo  mio ,  me  dijo  tristemente  echén- 
dome  los  brazos  al  cuello ,  ven  à  ver  morir  k  tu  padre;  &  tiempo 
llegas  para  ser  testigo  de  tan  doloroso  espectàculo.  Didendo  este 
me  Ilevô  à  un  cuarto  donde  el  triste  Bias  de  Santillana ,  tendido 
en  una  cama,  que  mostraba  bien  la  miseria  de  un  pobre  escndero, 
•estaba  ya  à  los  ùltimos.  Sin  embargo,  aunque  cercado  de  las  som- 
bras de  la  muerte,  todavfia  conservaba  algun  conocimiento. 
Amado  esposo ,  le  dijo  mi  madré ,  aqui  tienes  A  tu  hijo  Gil  Bias, 
qne  te  pide  perdon  de  todos  los  disgustos  que  te  ha  causado , 
y  te  ruega  le  eches  tu  bendicion.  Al  oir  esto  abriô  mi  padre  los 


LIBRO  DÉCIMO.  443 

0908,  que  ya  comensabao  &  cerrane  para  aiempre,  fijôlos  ca 
nAy  J  obsenrando ,  à  pesar  de  la  postracion  en  que  se  hallaba , 
que  yo  Uoraba  sa  pèrdida^  se  enterneciô  de  mi  dolcn*.  Quiso  ha- 
blarme ,  mas  no  pudo.  Yo  enfonces  le  tome  mia  mano ,  y  mî6n- 
tras  se  la  baflaba  en  lâgrimas,  sin  poder  proferir  una  palabra , 
exhalô  el  ultimo  aliento»  como  si  solo  hid)iera  esperadoà  que 
yo  ilegase  para  espirar. 

Mi  madré  tenia  demasiado  consentida  esta  mnerte  para  afiigirse 
desmedidamente  ;  qnizi  me  afligi  yo  mas  qoe  ella,  sin  embargo 
de  que  mi  padre  en  sa  vida  me  habia  dado  la  menor  demostra- 
cion  de  cariilo.  Ademas  de  qae  bastaba  ser  hijo  suyo  para  Uo- 
rarle ,  me  acasaba  é  mi  mismo  de  no  haberle  sooorrido  :  y  acor- 
disdome  de  haber  tenido  esta  insensibilidad ,  me  consideraba 
ooaio  on  monstruo  de  ingratitad ,  à  por  mejor  decir,  como  un 
parrtcida.  Mi  tio,  à  qoien  vi  despaes  postrado  en otra  cama  poco 
mèiios  pobre,  y  en  an  estado  lâstîmoso,  me  hizo  experimentar 
otteYDS  remordimientos.  Hijo  desnaturalizado ,  me  dije  à  mi  mis- 
mo y  considéra  para  ta  mayor  tormento  la  miseria  en  que  se  ha» 
Uan  tus  parientes.  Si  los  hubieras  sooorrido  con  parte  de  lo  que 
te  sobraisa  de  los  Menés  que  poseias  Antes  de  estar  preso ,  les 
hnbieras  proporcionado  las  comodidades  à  que  no  podia  aicanzar 
la  renta  de  la  prebenda,  y  de  esta  manera  acaso  hobieras  alar- 
gado  la  vida  à  tu  padre. 

£1  desdichado  Gil  Perez  estaba  ya  lelo;  habia  perdido  la  m^ 
nM>ria  y  el  joicio.  De  nada  me  siririô  estrecharle  entre  mis  brazos 
y  darle  muestras  de  mi  temura ,  porque  ninguna  impresion  le 
Udéron.  Por  mas  que  mi  «adre  le  decia  que  yo  era  su  sobrino 
Gil  BlaSy  no  hacia  mas  qoe  mirarme  con  un  aire  imbécil  sin  res- 
ponder  nada.  Aon  coando  la  sangre  y  el  agradecimiento  no  me 
hubioran  (d^ado  à  compadecerme  de  un  tio  à  qoien  tanto  debia, 
no  hubtera  podido  mènos  de  hacerlo  yiéndole  en  una  situacion 
tan  digna  de  làstima» 

Durante  este  tiempo  Ëscipion  gaardaba  un  profàndo  silenck>^ 
me  acompaftaba  en  mi  pena,  y  mezclaba  por  amistad  sus  sus^ 
pires  con  los  mios.  Parecîéndome  que  despaes  de  tan  larga  au- 
sencia  lendria  mi  madré  mâchas  cosas  reservadas  que  dedrme , 
y  que  podia  detenerla  la  presenda  de  un  hombre  à  quien  no: 
oonoda,  le  llamè  à  parte,  y  le  dije:  Yete ,  hijo  mio,  à  descan- 
sar  al  meson ,  y  déjame  aqui  con  mi  madré  /que  acaso  te  creeria 
de  mas  en  unaconversadon,  que  no  recaerà  sino  sobre  asuntos. 
de  fomilia.  Retirôse  Esoipion  por  no  incomodamos,  y  efectrva- 
mente  mi  madré  y  yo  estuyimos  hablando  toda  la  noche.  Nos; 
dimos  redprocamente  fiel  cuenta  de  todo  lo  que  A  une  y  otro» 
nos  habia  sucedido  desde  mi  salida  de  Oviedo.  Ella  me  hizo  ex- 
tensa  relaeion  de  todas  las  desazones  que  habia  tenido  en  las  va- 
riai casas  donde  habia  servido  de  duefta ,  confiàndome  en  el 


444  GIL  BLAS. 

aminto  mâchas  cosas  que  no  me  habieni  alegrado  las  hnlriese 
oido  mi  secretario ,  sin  embargo  de  no  tener  yo  nada  reaerrado 
para  éA.  Con  todo  el  respeto  qne  iébo  à  b  memoria  de  mi  raadre, 
dire  qne  la  bnena  seftora  era  algo  prolija  en  sns  relaciones,  y 
me  hubiera  ahorrado  las  très  coartas  partes  de  su  historîa  ai  ho- 
biese  suprimido  las  cîrcunstancias  inutiles  de  ella. 

Acabô  por  fin  su  relacion  »  y  70  di  prindpio  à  la  mia.  Conté 
por  eneima  todas  mis  aventoras  ;  pero  coando  Uegoé  à  la  yisita 
que  me  habia  hecho  en  Madrid  el  hîjo  de  Beltran  Moscada ,  el 
espedwo.  de  Oriedo ,  me  extendi  un  pooo  sobre  este  pasage. 
GonfifisOy  seflora,  dije  é  mi  madré,  que  recibi  con  despego  al  tal 
mozo,  el  cual  por  yengarse  de  ello  no  habrà  dqado  de  habhros 
may  mal  de  mL  Asi  es,  me  respondiô  :  dijonos  que  te  habia  en- 
contrado  tan  engreido  con  el  favor  del  primer  ministre  de  la 
monarqoia ,  qne  apénas  te  habias  dignado  conocerle  ;  y  que 
coando  te  pinte  nuestras  miserias  le  oiste  con  la  mayor  frkddad. 
Pero  como  los  padres  y  las  madrés,  aftadiô  eHa,  procaran  siem- 
pre  disculper  à  sus  Ujos ,  no  pudimos  cre^  tnyieses  tan  mal 
corazon^  Tu  yenida  é  Oviedo  acredita  la  buena  optm'on  qne 
teniamos  de  ti ,  y  el  sentimiento  de  que  le  yeo  Ileno  la  acaba  de 
confirmar. 

Me  hace  macho  fay  or,  respond!,  ese  boea  concepto  que  à  ymd. 
debo  ;  pero  lo  cierto  es  que  en  la  relacion  del  hijo  de  Moscada 
hay  alguna  yerdad.  Cuando  me  yino  é  yer  estaba  yo  embriagado 
con  mi  fortuna ,  y  la  ambidon  que  me  dominaba  no  me  permitia 
pensar  en  mis  parientes.  De  consiguiente,  hallindome  en  seme- 
jante  disposicion,  no  es  de  admirar  que  redbiese  mal  à  un  hombre 
que,  acercéndoso  à  mi  de  un. modo  grosero ,  me  dijo  bnital- 
mente  que ,  habiendo  sabido  que  yo  estaba  mas  rico  que  un 
Judio ,  iba  é  aconsejarme  que  enyiase  à  ustedes  algun  dinero , 
respecto  à  que  se  yeian  en  grande  necesidad ,  y  aun  me  echo 
en  cara  en  tèrminos  nada  comedidos  mi  indiferenda  hàcîa  mi 
gente.  Me  incomodô  su  llaneza,  y  perdiendola  padencia  le  echë 
à  empujones  de  micuarto.  Confieso  que  me  porté  mal  en  aquella 
ocasion ,  que  ihbi  reflexionar  no  era  culpa  yuestra  la  fialta  de 
atencîon  del  espedero,  y  que  su  oonsejo  merecia  seguirse,  aon- 
que  habia  sido  grosero  el  modo  de  dàrmelo.  Esto  fîié  lo  que 
me  ocurriô  al  pensamiento  un  momento  despues  que  habia  des- 
pedido  à  MoscsMla.  La  sangre  hizo  en  mi  su  ofido ,  y  acordén- 
dome  de  mis  obligaciones  hàcia  mis  padres ,  me  avergonzè  de 
haberlas  cumplido  tan  mal,  y  senti  remordimientos  deloscaaies 
no  puedo  sin  embargo  hacer  mérito  con  ymd.,  puesto  que  fiié- 
ron  sofocados  inmediatamente  por  la  ayarida  y  por  la  ambicîon. 
Pero  despues  fiil  encerrado  por  ôrden  del  rey  en  el  alcàzar  de  Se- 
goyia  en  donde  cai  grayemente  enfermo,  y  esta  diohosa^nfennedad 
es  la  que  à  ymd.  le  restituye  su  hijo.  Si  por  derto  :  mi  enfer- 


UBRO  DtCnia  445 

medad  y  mi  prision  iaèron  las  qoe  hiciéron  recobnir  à  la  natu- 
ndeza  todos  sus  derochos,  y  las  que  me  han  desprendido  ente- 
rameote  db  la  corte*  Hoy  solo  suspiro  por  la  soledad  y  y  he 
▼enido  i  Asturias  con  el  fin  unicamente  de  suplicar  à  ymd.  se 
▼enga  canmigo  à  que  disfniiemos  juntos  las  dulzuras  de  una 
vida  retîrada.  Si  ymd.  admite  mi  oferta ,  la  conducirè  à  una  po* 
sesion  que  tengo  en  el  reino  4e  Valencia,  en  donde  espero  que 
pasarémos  una  yida  muy  cômoda.  Bien  podré  vmd.  conocer  que 
mi  ânimo  era  Ueyar  tambien  à  mi  padre;  pero  ya  que  el  cielo 
ha  dispuesto  otra  cosa ,  logre  yo  à  lo  ménos  la  satisfiaccion  de 
tener  en  mi  compaftia  à  mi  madre,  y  pueda  reparar  con  todas 
las  posibles  atenciones  el  tiempo  que  pasé  sin  senrirle  de  nada. 

Quedo  muy  agradedda  à  tus  buenas  intenciones ,  me  dijo  en- 
téttoes  mi  madre;  sin  duda  alguna  me  iria  contigo ,  à  no  impe- 
dirmelo  algunas  dificultades.  En  primer  lugar  no  puedo  desam- 
parar  à  tu  tio  y  mi  hermano  en  el  estado  en  que  se  halla  :  despues 
de  esc,  estoy  muy  connaturalizada  con  este  pais  para  que  yo  le 
deje;  sin  embargo,  como  esto  raerece  examinarse  con  madurez , 
quiero  meditarlo  despacio  :  por  ahora  solamente  debemos  pensar 
en  los  funerales  de  tu  padre.  Ese  cuidado ,  le  respondl ,  se  lo 
encargarèmos  à  este  mozo  que  ymd;  ha  yisto  conmigo ,  que  es 
mi  secretario  :  tiene  talento  y  zelo,  y  podemos  descuidar  en  el. 

No  bien  habia  pronundado  estas  pdabras  cuando  entré  Esci- 
pioD,  porque  era  ya  dia  daro.  Preguntônos  si  podia  seryimos  de 
algo  en  el  apuro  en  que  nos  hallabamos.  Respondile  que  Ilegaba 
may  à  tiempo  para  redbir  una  ôrden  importante  que  pensaba 
darle.  Luego  que  se  impuso  de  lo  que  se  trataba  :  Basta ,  dijo , 
ya  tengo  ideada  aoà  en  mi  cabeza  toda  la  ceremonia ,  y  nstedes 
podrén  fiarse  de  mi.  Pero  guardaos  bien,  aûadiô  mi  uAdre ,  de 
pensar  en  un  fanerai  que  tenga  la  menor  apariencia  de  osten- 
tadon  :  por  modesto  que  sea,  nunca  lo  sera  demasiado  para  mi 
e9|K>se,  À  quien  toda  la  dudad  ha  conoddo  por  un  escudero  de 
los  mas  pobres.  Sefiora ,  respondi6  Escipion ,  aunque  hubiera 
sido  mucho  mas  infeliz,  no  por  eso  rebsgarè  dos  maravedis.  Solo 
dd>o  tener  présentes  las  drcunstandas  de  mi  amo  :  habiendo 
sido  fayorito  del  duque  de  Lerma,  à  su  padre  debe  enterràrsele 
con  grandeza. 

Aprobé  el  designio  de  mi  secretario,  y  aun  le  encarguè  que  no 
eoonomizase  el  dinero  :  nn  resto  de  yanidad  que  yo  oonseryaba 
u>day{a  se  desperté  en  esta  ocasion.  Me  lisonjeè  de  que ,  hadendo 
este  dispendio  por  un  padre  que  ninguna  herencia  me  dejaba , 
admirarian  todos  mi  porte  generoso.  Mi  madre  por  su  parte ,  à 
pesar  de  la  gran  modestta  que  aparentaba ,  no  dejaba  de  ale* 
grarse  de  que  su  marido  faese  enterrado  con  pompa.  Bimos , 
pues,  amplias  facultades  à  Esdpion  ,  que  sin  perder  tiempo  mar- 
ché à  dar  las  disposidones  necesaria»  para  on  suntuoso  eatierro. 


4M  GILHLAL 


irril6  eotfni  mkàh  métd  y  arndMai;  à  todo«  los  TeriiiM  de 
Chriedo ,  desde  el  mayor  hatta  el  menor,  chocô  infinito  mi  oaieii- 
tadon.  Etie  raimttro  de  b  noche  à  la  maftana,  deda  uno,  tiene 
dinero  para  enterrar  à  su  padre ,  y  no  lo  loyo  para  mantenerle. 
Mejor  bubiera  sido ,  deda  otro ,  haber  tenido  mas  amor  à  sa  pa- 
dre yiTO ,  qae  hacerle  tantas  homus  despaes  de  rnoerto.  En  fin , 
ninguna  lenjpia  peoô  de  oorta,  cada  una  disparô  sn  saeta.  No  se 
oontentéron eon  esto  :  coando  salfanos de  la  iglesia,  asi  à  mi  oomo 
â  Esdpion  y  à  Beltran  nos  cargiron  de  injurias,  aoompaflindonos 
hasta  nuestra  casa  las  befiisy  griteria  delos  muduichos ,  los  coales 
lleviron  à  Beltran  é  pedradas  hasta  el  meson.  Para  disipar  la  canalia 
qnese  habia  agolpado  delante  de  la  casa  demi  tîo,  foë  menester  que 
mi  madré  se  asomase  à  la  yentana ,  y  asegurase  à  todos  que  no 
tenia  queja  ninguna  de  mi.  Otros  hubo  que  fuèron  corriendo  al 
meson  donde  estaba  mi  siUa  para  hac^la  mil  pedazos,  como  in- 
laliblemente  lo  hnbieran  ejecutado ,  si  el  mesonero  y  la  mesonera 
no  hnbieran  hallado  modo  de  sosegar  aquellos  énimos  iîiriosos, 
y  disuadirles  de  semejante  intento. 

Todas  estas  afrentas ,  que  eran  otros  tantos  efectos  de  lo  que 
habîa  haUado  de  mi  el  mozo  especiero  en  la  dodad ,  me  iaspta- 
ron  tal  aversion  hécia  mis  paisanos ,  que  déterminé  salir  cnanto 
Antes  de  Oyiedo%  en  donde,  é  no  haber  sido  eslo,  tal  yez  me 
hubiera  detenido  algnn  tiempo  mas.  Dijosdo  à  mi  madré  dara- 
mente ,  y  cemo  no  estaba  ménos  sentida  que  yo  de  ver  lo  mal 
que  me  habia  recibido  mi  pais,  no  se  opnsoàmi  resolocion.  Solo 
se  tratô  del  modo  de  portarme  con  ella  en  adelame.  Madré ,  le 
dije,  ya  que  ymd.  no  puede  abandonar  à  mi  tio ,  no'dri)0  insîstir 
en  que  se  yenga  ymd.  conmigo  ;  pero  como ,  segnn  lodas  las  se- 
fiales ,  no  puede  estar  muy  distante  el  fin  de  sus  dias ,  deme  ymd. 
pabbra  de  yenir  A  yiyir  en  mi  compaAia  luego  que  H  falle«au 

Esa  palabra ,  hijo  mio ,  no  te  la  daré  ;  yo  quiero  pasar  en  As- 
turias  los  pocos  dias  que  me  quedan  de  yida,  y  con  total  iode- 
pendencia.  Pues  que ,  seftora,  le  répliqué,  ;no  seri  ymd.  dnefla 
absohita  en  mi  casa?  No  lo  se,  hijo  mio,  me  respondiô  :  tal  yet 
te  eaamorarâs  de  alguna  nifia  linda,  y  te  casarés  con  ella;  sera 
mi  nuera,  yo  su  suegra,  y  no  podrémbs  yiyir  juntas.  Vmd.,  le 
dije,  preyë  losdisgustos  muy  de  léjos.  For  aliora  no  pienso  en 
casarme  ;  pero  si  en  algon  tiempo  tuyiese  esta  idea ,  esté  ymd. 
derta  de  que  mandarë  é  mt  muger  que  en  todo  y  por  todo  esté 
sujeta  à  la  yoluntad  de  ymd.  Te  obligas  temerariameote  à  uaa 
eosa ,  repuso  mi  madré ,  que  nunca  podrAs  cumplir  ;  Antes  bien 
no  me  atreyeria  yo  A  afirmar  que ,  si  entre  la  suegra  y  la  mun 
ocurriesen  algunas  desazones ,  no  te  dedarases  A  feyor  de  ta 
muger  Antes  que  al  mio,  por  grande  que  fiiese  su  sinrazon. 

Seftora ,  haÎMa  ymd.  como  un  orAodo ,  dijo  mi  seeretario  me- 


LIBRO  DÉCIMO.  447 

tiéndose  en  la  conyersacion  ;  yo  pîenso  como  vmd.  que  las  oneras 
déciles  son  may  contadas.  Asi,  pues^  para  que  ymd.  y  mi  amo 
qneden  oontentos ,  ya  que  quiere  ymd.  decididamente  permaneoer 
en  las  Asturias  y  ël  en  el  reino  de  Valencia,  sera  menester  que 
le  seftale  una  renta  anual  de  cien  doblones ,  que  yo  me  encaegcr 
de  traer  aqui  todos  los  aik» ,  y  por  este  medio  la  madré  y  ei 
hijo  esiarén  muy  satisfechos  uno  de  otro  é  doscientaa  léguas  de 
distancia.  Aprobiron  el  couTenio  las  dos  partes  inieresadas ,  y 
yo  desde  luego  paguë  adelantado  el  primer  aflo,  y  sali  de  Oriedo 
el  dia  siguiente  antes  de  amanecer,  por  miedo  de  que  el  popu-- 
lacbo  no  me  tratara  como  i  san  Estètum.  Tal  fuè  el  recibimiento 
qae  se  me  hizo  en  mi  patria.  Admirable  leodon  para  aquellas  per- 
sonas  de  humilde  nadmiento,  que,  habiendo  enriquecido  fiiera  de  su 
pais ,  quieren  yoWer  à  H  para  hacer  de  personas  de  importancia. 

CAPITULO  m. 

Toma  Oil  Bias  d  camioo  del  reino  de  Valencia,  y  Uega  en  fin  à  Liria  ;  descrip- 
cîon  de  m  qainta  ;  como  fui  recibido  en  etta ,  j  que  gentes  encontre  allî. 

Tonàmos  el  camino  de  Leon,  despues  el  de  Palenda»  y  si- 
guîeodo  nuestro  Tiage  à  cortasjornadas,  llegémos  al  cabo  de 
▼einte  dias  à  Segorre ,  y  al  dia  siguiente  por  la  maftana  entrimos 
en  mi  quinta ,  que  solo  dista  cinco  léguas  de  aquella  eiudad. 
Adverti  que,  conforme  nos  ibamos  acercando,  mi  secretario  ob- 
servaba  con  la  mayor  atencion  todas  las  quintas  que  à  diestra  y 
siniestra  Se  le  ofredan  é  la  vista.  Luego  que  descubria  alguna  de 
grande  apariencia ,  me  deda  ensefténdomela  con  el  dedo:  Me  aie- 
grara  que  fiiera  aquel  nuestro  retiro. 

No  86 ,  amigo  mio ,  le  dije ,  que  idea  te  bas  formado  de  nuestra 
morada  ;  pero  si  te  la  figuras  como  una  casa  magnifica ,  como  la 
hacienda  de  un  gran  seftor,  desde  luego  te  digo  que  estes  muy 
equivocado.  Si  no  quieres  que  tu  imaginacion  se  ria  despues  de 
ti  y  represèntate  aquella  casa  campestre  que  Hecénas  regalô  é 
Horacio ,  sitnada  en  el  pais  de  los  Sabinos  cerca  de  Tivoli.  Haz 
caenta  que  don  Alfonso  me  ha  hecho  un  regalo  muy  semejante  à 
aqueL  Segnn  eso ,  replicô  Escipion ,  solo  debo  esperar  que  tendre- 
mos  por  albergue  una  cabafla.  Acuèrdate ,  repuse  yo ,  que  siempre 
te  hîce  una  descripdon  muy  modesta  de  ella;  y  si  quieres  juzgar 
p<Mr  ti  mismo  de  la  fidelidad  de  mi  pîntura ,  vuelve  la  vista  hécia 
el  rio  Gnadalaviar,  y  mira  sobre  su  orilla ,  junto  à  aquella  al- 
debuela  de  nueve  à  diez  casas,  aquella  que  tiene  cuatro  torrecOlas, 
que  esa  es  mi  quinta. 

;  Diantre  !  exdamô  ent&Aces  asombrado  mi  secretario  :  aquel 
edifioio  es  una  preci6sidad*  Ademas  del  aspecto  de  nobleza  que 
Je  dan  sus  torrecillas ,  puede  lAadirse  que  esti  bien  si^mdo , 


448  GIL  BLAS. 

bien  oonstniîdo  y  rodeado  de  oercanias  mas  delidosas  que  los  con- 
tornos  de  Seyîlla»  Uamados  por  exceleocia  el  paraiso  terrenal. 
El  aîtio  no  podia  ser  maa  de  mi  gnsto  annqne  nosoiros  misraos 
le  hobieramoa  escogido.  Riègale  un  rio  con  sus  aguaa,  y  un  es- 
peao  boaque  esté  brindando  con  su  sombra  al  que  quiera  paaear- 
se  aun  en  la  mitad  del  dia.  i Ob,  que  amable  soledadi  4  ah  mi 
querido  amol  todas  las  trazas  son  de  que  permanecerèmos 
en  èl  largo  tiempo.  Me  alegro  mucho ,  le  respond!,  de  que  te 
agrade  tanto  nuestro  retiro,  del  cual  aun  no  conoces  todas  bs 
conveniencias. 

Divertidos  en  esta  oonTersacîon ,  llegàmos  finalmente  à  la  casa , 
cnyas  puertas  nos  fuéron  abiertas  al  punto  que  dijo  Escipion  era 
yo  el  seftor  Gil  Bias  de  Santillana ,  que  iba  i  tomar  posesion  de 
su  quinta.  Al  oir  un  nombre  tan  respetable  para  aquellas  gentes , 
dejàron  entrar  la  silla  en  un  espacioso  patio,  donde  al  punto  me 
apeë  ;  apoy&ndome  gravemente  de  Escipion  y  haciendo  de  pei^ 
sonage,  pasé  à  una  sala ,  en  la  que  inmediatamente  se  me  pre- 
sentàron  siete  ù  ocho  criados,  diciendo  que  venian  à  ofrecerme 
sus  reyerentes  obsequios ,  como  à  su  nueyo  seâor,  habiëndolos 
don  César  y  don  Alfonso  escogido  para  que  me  siryiesen,  nno  de 
cocinero ,  otro  de  ayudante  de  cocina ,  otro  de  pinche  de  la  mîsma, 
otro  de  portero,  y  los  demas  de  lacayos,  con  probibidon  à  to- 
dos  de  recibir  de  ml  salario  alguno,  porque  aqneUos  seûores 
querian  corriesen  de  su  cuenta  todos  los  gastos  de  mi  casa.  El 
principal  de  estos  criados,  y  que  como  tal  lleyaba la  palabra,  era 
el  cocinero ,  el  cual  se  llamaJt)a  maestro  Joaquin.  Dijome  habia 
hecho  una  buena  proyision  de  los  mejores  yinos  de  Espafla,  y 
que  por  lo  tocante  al  aderezo  de  la  comida,  habiendo  tenido  d 
bonor  de  seryir  por  espacio  de  seis  afkos  en  la  cocina  del  seûor 
arzobispo  de  Valencia ,  esperaba  componer  unos  platos  que  exd- 
tasen  mi  apetito.  Yoy  i  disponerme ,  aâadiô ,  para  dar  i  V.  S. 
una  prueba  de  mi  habilidad.  Miéntras  llega  la  hora  de  comer  po- 
drà  y.  S.  dar  un  paseo  y  yisitar  su  quinta  para  reconocer  si  se 
balla  en  estado  de  ser  hsJ[)itada  por  Y.  S. 

Va  se  puede  considerar  que  yo  no  dejaria  de  hacer  esta  yîsita: 
y  Escipion,  aun  mas  curioso  de  hacerla  que  yo ,  me  feé  condo- 
ciendo  de  pieza  en  pieza  :  recorrimos  toda  la  casa  de  arriba 
absgo  sin  que  ningun  rincon  se  escapase  à  nuestra  curiosidad, 
por  lo  ménos  asi  nos  lo  pareciô;  y  por  todas  partes  halle  motiyo 
para  admirar  la  gran  bondad  que  don  César  y  su  hijo  tenian  para 
conmigo.  Entre  otras  cosas ,  Uamàron  mi  atencion  dos  aposeôtos 
adornados  cou  unos  muebles,  que,  sin  llegar  à  ser  magnifioos, 
eran  de  buen  gusto.  Estaba  el  uno  colgado  de  tapiceria  de  los 
Paises  Btyos,  y  en  él  una  cama  y  sillas  cubiertas  de  terciopelo, 
todo  bien  conseryado ,  à  pesar  de  haberse  hecho  en  tiempo  que 
los  Moros  ocupaban  el  reino  de  Valencia.  De  igual  gusto  eran 


LIBRO  DËCniO.  449 

lo8  mnebles  del  otro  apo8ento:cubria  sas  paredes  ana  colgadura 
antigua  de  damasco  genoTes ,  de  color  de  cafla ,  con  una  cama  y 
sHIas  de  b  misma  tela ,  guarnecidas  de  franjas  de  seda  azul.Todos 
estos  efectos ,  que  en  an  inventario  hubieran  sido  poco  aprecia- 
dos ,  parecian  alii  ostentosos. 

Despues  de  haber  examinado  bien  todas  las  cosas ,  mi  secreta- 
no  y  yo  yohimos  à  la  sala,  en  qae  estaba  ya  puesta  ana  mesa 
con  dos  cubiertos.  Sentimonos  à  ella ,  y  al  punto  se  nos  sirviô 
ona  oUa  podrida  tan  delicada  que  nos  diô  léstima  de  que  el  arzo- 
bispo  de  Valencia  no  tuyiese  ya  al  cocinero  que  la  habia  sazonado. 
Verdad  es  que  teniamos  buenas  ganas,  y  esto  contribula  â  que 
no  nos  supiese  mal.  Â  cada  bocado  que  comiamos ,  mis  lacayos 
de  nueva  fecha  nos  presentaban  unos  grandes  ^asos  que  Uenaban 
hasta  el  borde  de  un  vino  rico  de  la  Mancha.  No  atreyiéndose 
Esdpion  à  dejar  yer  delante  de  ellos  la  satisfaccion  interior  que 
experimentaba ,  me  la  daba  â  entender  con  miradas  expresiyas , 
Y  yo  le  manifestaba  con  las  mias  que  estaba  tan  contento  como  él. 
Un  plato  de  asado ,  compuesto  de  dos  codornices  gordas  que 
acompafiaban  é  un  lebratillo  de  exquisito  gusto ,  noshizo  dejar  la 
olla  podrida,  y  acabô  de  saciarnos.  Luego  que  hubimos  comido 
como  dos  hambrientos  y  bebido  à  proporcion ,  nos  leyantémos 
de  la  mesa  para  ir  al  jardin  à  dormir  yoluptuosameute  la  siesta 
en  algun  sitio  fresco  y  agradable. 

Si  mi  secretario  se  habia  mostrado  basta  entônces  muy  satisfe- 
cho  de  cuanto  habia  visto ,  aun  lo  quedô  mas  cuando  yiô  el  jar- 
din y  que  le  pareciô  comparable  con  el  parterre  del  Escorial. 
Bien  es  yerdad  que  don  César,  que  de  cuando  en  cuando  yenia  â 
Liria,  tenia  gusto  en  hacerlo  cultiyar  y  hermosear.  Todas  las 
calles  estaban  bien  cubiertas  de  arena ,  y  enfiladas  de  naranjos  : 
an  gran  estanque  de  mérmol  bianco ,  en  cuyo  centro  un  leon 
de  bronce  arrojaba  copiosos  chorros  de  agua ,  la  hermosura  de 
las  flores  y  la  diversidad  de  frutas ,  todos  estos  objetos  embele- 
sâron  à  Escipion;  pero  lo  que  mas  le  encantô  fué  una  prolongada 
calle  de  érboles  que  bajaba  en  decliye  continuado  hasta  la  habi- 
tacion  del  arrendatario ,  cubierta  con  el  espeso  foliage  de  unos 
frondosos  irboles.  Haciendo  el  elogio  de  un  sitio  tan  é  propôsito 
para  preservarse  del  calor,  nos  detuyimos  en  èl  y  nos  sentâmos 
al  pié  de  un  olmo ,  à  donde  el  suefio  acudiô  presto  à  apoderarse 
de  dos  hombres  algo  alegrillos  que  acabsfban  de  comer  bien. 

Dos-  horas  despues  despertimos  despayoridos  al  ruido  de 
muchos  escopetazos  disparados  tan  cevca  de  nosotros,  que  nos 
asustaron.  Leyantémonos  precipitadamente  ;  y  para  inforroamos 
de  lo  que  era ,  fulmos  à  la  casa  del  arrendatario ,  y  alli  encon- 
tràmos  ocho  6  diez  aldeanos  todos  yecinos  del  lugar,  que  dispa- 
raban  y  quitaban  el  orin  de  sus  escopetas  para  celebrar  mi  venida 
que^  acababan  de  saber.  La  mayor  parte  de  ellos  me  conocia  ya 


450  GIL  BLAS. 

por  haberme  yisto  algunas  veoes  en  aquella  qointa  ejercer  el 
empleo  de  mayordomo.  Apënas  me  ?iëron ,  gritàron  todos  i  on 
minno  tiempo  :  ;  Viva  ntiesfro  nueyo  êeàor!  ;Sea  bien  venido  d 
lArial  Didendo  esto  ToWieron  é  cargar  sds  esoopetas»  y  me 
obsequiiron  con  una  descarga  general.  Recibilos  con  el  mayor 
agrado  que  me  file  posible ,  pero  guardando  siempre  grayedad , 
porqae  no  me  pareciô  conveniente  fiimiliarizarme  demasiado  con 
ellos.  Ofreciles  mi  proteccion ,  y  les  di  ademas  oomo  unos  veinte 
doblones,  expresion  que,  segun  creo»  no  foe  la  qne  mènos  les 
agradô.  Retiréme  despues  con  mi  secretario ,  dejàndoles  la  liber- 
tad  de  echar  todavia  mas  pôlvora  al  aire ,  y  nos  foimos  al  bo^ 
que  y  en  donde  nos  estuvimos  paseando  hasta  la  noche ,  sin  que 
nos  cansase  la  vista  de  los  érboles  ;  tanto  nos  embelesaba  el  gusto 
de  yeroos  en  nuestra  nueva  posesion. 

Durante  nuestro  paseo  no  estaban  ociosos  el  codnero ,  su  ayu- 
dante ,  ni  el  galopin.  Ocupàbanse  todos  très  en  disponemos  una 
cena  superior  à  la  comida  ;  tanto  que,  cuando  voWimos  del  paseo  . 
y  enlrémos  en  la  sala  donde  habiamos  comido  »  qnedémos  muy 
admirados  de  ver  poner  en  la  mesa  cuatro  perdigones  asados, 
un  guisado  de  conejo  à  un  lado ,  y  un  capon  en  pepitoria  al  otro  ; 
sirviendo  despues  de  intermedio  orejas  de  puerco,  polios  en  es- 
cabeche ,  y  crema  de  chocolate.  Bebimos  abundantemente  vino 
de  Lucena  y  otros  muchos  excelentes.  Cuando  conocimos  que  ya 
no  podiamos  beber  mas  sin  exponer  nuestra  salud ,  pensàmos  en 
imos  é  acostar.  Mis  criados  tomérota  entônces  luces  y  me  condu^ 
jéron  al  mejor  cuarto  ,  en  donde  me  desnudiron  con  mucha  ofik 
ciosidad;  pero  luego  que  me  diéronmi  bâta  denodie  y  ml  gorro 
de  dormir,  los  despedi  diciéndoles  en  tdno  de  amo  :RetiraoSy  que 
ya  no  os  necesito  para  lo  demas. 

Habièndolos  despachado  é  todos  me  quedé  solo  con  Esdpion 
para  conversar  un  poco  con  èl.Preguntéle  que  juicio  formaba  del 
trato  que  se  me  daba  por  ôrden  de  los  seAores  de  LeÎTa.  Por 
vida  mia,  me  respondiô^  que  me  parece  no  puede  dàrseos  me- 
jor, y  solamente  deseo  que  esto  dure  mucho.  Pues  yo  no  lo  deseo, 
le  répliqué  :  no  debo  permitir  que  mis  bienhechores  hagan  tantos 
gastos  por  mi ,  porque  esto  séria  abusar  de  su  generosidad.  Fuera 
de  eso ,  tampoco  me  acomoda  servirme  de  criados  asalariados 
por  otro  9  porque  creeria  no  hallarme  en  mi  casa.  À  todo  esto  se 
aûade  que  yo  no  me  lie  retirado  aqui  para  viyir  con  tanto  apa- 
rato.  i  Que  necesidad  tenemos  de  tantos  criados?  b&stanos  Bel- 
tran ,  un  cocinero ,  un  mozo  de  cocina  y  un  lacayo.  Sin  embargo 
de  que  à  mi  secretario  no  le  pesaria  vivir  siempre  â  costa  de! 
gobernador  de  Valencia ,  no  se  opuso  A  mi  delicadeza  en  este 
punto  ;  antes  bien,  conformândose  con  mi  dictémen  ,  aprobô  la 
reforma  que  yo  queria  hacer.  Decidido  esto  se  saliô  él  de  mi 
cuarto  para  retirarse  al  suyo. 


LIBRO  DËGIMO.  4SI 


CAPITULO  IV. 

Marcha  Gil  Bias  i  Valencia  y  Tinta  à  los  BeAores  de  Leiva  ;  de  la  convenacion 
que  taYo  con  ellos,  y  de  la  baena  aoogida  que  le  bizo  doAa  Serafina . 

Acabë  de  desnudarme  y  me  acostë  ;  pero  yiendo  que  no  podia 
quedanne  dormido ,  me  abandonë  i  mis  reflexiones.  Se  me  re- 
présenté la  generosidad  con  que  los  seflores  de  Leiya  pagaban 
îa  indinacion  que  yo  les  tenia ,  y  sumamente  agradecido  A  las 
nuevas  sefiales  que  de  ello  me  daban ,  resolvi  marchar  el  dia  si- 
guieiite  à  yisitarlos  para  satisfocer  la  impaciencia  que  tenia  de 
manifestarles  mi  gratitud.  Ya  me  complacia  anticipadamente  la 
idea  de  yolver  à  ver  pronto  à  Serafina;  pero  este  placer  no  era 
del  todo  completOy  porque  no  podia  pensar  sin  pesadumbre  en 
que  al  mismo  tiempo  tenia  que  soportar  la  presenda  de  la  seflora 
Lorenza  Séfora ,  que  pudiéndose  acordar  todayia  del  lance  del 
bofeton  no  se  alegraria  mucho  de  yerme.  Cansada  la  imaginadon 
con  todas  estas  especies ,  me  quedë  finalmente  dormido ,  y  no 
despertè  hasta  que  empezô  à  dejarse  yer  el  sol. 

Me  leyantë  con  prontitud  >  y  enteramente  puesto  el  pensamiento 
en  el  yiage  que  meditaba ,  tardé  poco  en  yestirme.  Al  acabar 
entré  mi  secretario  en  mi  cuarto  :  Escipion,  le  dije,  aqui  tienes 
à  un  bombre  que  se  dispone  para  ir  à  Valencia.  No  puedo  mënos 
de  ir  inmediatamente  à  yisitar  à  unos  seftores  à  quienes  debo  mi 
buena  fortuna  ;  y  cada  instante  de  tardanza  en  el  cumplimiento 
de  este  deber  parece  acusarme  de  ingratitud.  A  tl ,  amigo  mio ,  te 
dispenso  de  acompaflarme  ;  quédate  aqui  durante  mi  ausencia , 
que  no  pasarà  de  ocho  dias.  Id ,  sefior,  respondié ,  y  cumplid  con 
don  Alfonso  y  su  padre,  que  me  parece  agradecen  el  zelo  que 
se  les  manifiesta,  y  que  estàn  muy  reconocidos  à  los  s^yidos 
que  se  les  ban  hecho  :  son  tan  raras  las  personas  distinguidas  que 
tienen  ese  caràcter,  que  no  estin  por  demas  cualesquiera  consi- 
deradones  que  se  les  manifiesten.  U  érden  à  Beltran  para  que  se 
dispusiese  à  partir,  y  miéntras  que  ël  preparaba  las  mulas  tome 
yo  chocolate.  En  seguida  monté  en  mi  silla ,  dejando  mandado  A 
mis  criados  que  mirasen  A  mi  secretario  como  A  mi  misma  persona, 
y  que  obededesen  sus  érdenes  como  las  mias. 

En  mënos  de  cuatro  horas  Ueguë  A  Valencia ,  y  fui  en  dere- 
chura  A  apearme  A  las  caballerizas  de!  gobernador.  Dejando  alH 
mi  carruage ,  hice  me  condujesen  al  cuarto  de  este  sefior,  en 
donde  se  hallaba  A  la  sazon  cou  su  padre  don  César.  Abri  sin 
ceremonia  la  puerta  y  acercAndome  A  los  dos  :  Los  criados ,  les 
dqe  9  no  enyian  recado  delante  para  presentarse  A  sus  amos  ; 
aqui  estA  un  antiguo  criado  de  yuestras  seftorias  que  yiene  A 


452  GIL  BLAS. 

ofrecerles  sus  respetos.  Diciendo  esto  quise  arrodillarme  en  su 
presencia;  pero  ellos  no  lo  permitièron  y  ambos  me  estrechftron 
entre  sus  brazos  con  todas  las  demostraciones  de  una  yerdadera 
amistad.  ^Y  bien ,  mi  querido  Santillana ,  me  dijo  don  Alfonso , 
has  ido  ya  é  Liria  é  tomar  poseston  de  tu  hacienda?  Si  seflor,  le 
respond!  y  y  suplico  à  V.  S.  se  sirya  permitirme  que  se  la  de- 
Yuelva.  ^Pues  porquë?  me  replied  :  ^has  encontrado  en  ella  al- 
guna  cosa  que  no  te  acomode  ?  Nada  de  eso ,  respond!  :  por  lo 
que  toca  à  la  ppsesion  me  agrada  infinito  ;  pero  lo  que  no  me 
acomoda  es  tener  en  ella  cocineros  de  arzobispo ,  y  très  yeces 
mas'  criados  de  los  que  he  menester,  ocasionando  i  V.  S.  un 
gasto  tan  crecido  como  supérfluo. 

Si  hubieras  aceptado ,  dijo  don  César,  la  pension  de  dos  mil 
ducados  que  te  oîrecimos  en  Madrid ,  nos  hnbieramos  limitado 
à  regalarte  esa  quinta  alhajada  como  esté  ;  pero  no  habiëndola 
tù  querido  admitir,  nos  pareciô  que  en  recompensa  debiamos 
hacer  k)  que  hicimos.  Eso  es  demasiado,  le  respond!;  basta  que 
y.  SS.  me  fayorezcan  solamente  con  la  hacienda ,  que  es  snfi- 
ciente  para  colmar  todos  mis  deseos.  Ademas  de  lo  mucho  que 
cuesta  A  Y.  SS.  mantener  tanta  gente,  aseguro  que  una  famUia  tan 
numerosa  me  incomoda,  y  me  causa  gran  sujecion.  En  suma» 
seAores,  aftadi,  ô  Y.  SS.  recobren  su  finca,  ô  dignense  dejérmela 
gozar  à  mi  modo.  Pronuncié  estas  ultimas  palabras  con  tanta  en- 
tereza ,  que  padre  é  hijo ,  que  de  ningun  modo  cpierian  yiolen- 
tarme ,  me  permitièron  al  fin  disponer  de  la  quinta  como  mqor 
me  pareciese. 

Les  repetia  mil  gracias  por  haberme  concedido  esta  libertad 
sin  la  cual  yo  no  podia  ser  dichoso ,  cuando  don  Alfonso  me  in- 
terrumpiô  diciendo  :  Mi  querido  Gil  Bias ,  quiero  presentarte  à 
una  dama ,  que  tendra  singular  gusto  de  yerte  ;  y  hablando  de 
este  modo  me  tomô  de  la  mano ,  y  me  condujo  al  cuarto  de 
Serafina,  la  cual  asi  que  me  yiô  porumpiô  en  un  grito  de  alegria. 
Sefiora»  le  dijo  el  gobernador,  creo  que  la  llegada  de  nuestro 
amigo  Santillana  i  Yalencia  no  os  sera  ménos  gustosa  que  à  mi. 
De  eso ,  respondiô  ella ,  el  mismo  Santillana  debe  estar  mny  per- 
suadido.  No  ha  sido  capaz  el  tiempo  de  borrar  de  mi  memoria 
el  £ayor  que  me  hizo ,  y  afiado  al  agradecimiento  que  me  me- 
rece  el  que  debo  à  un  hombre  à  quien  yos  sois  deudor.  Res- 
pond! é  mi  seAora  la  gobernadora  que  me  consideraba  mas 
que  suficientemente  pagado  del  peligro  que  yo  habia  corrido 
juntamente  con  los  demas  que  me  ayudéron  à  librarla ,  expo-- 
niendo  mi  yida  por  conseryar  la  suya  ;  y  despues  de  muchos 
cumplimientos  reciprocos  don  Alfonso  me  sacô  fuera  del  cuarto 
de  Serafina»  y  fiiimos  à  reunirnos  con  don  César,  é  quien  hallé- 
mos  en  una  sala  acompafiado  de  muchos  cabàlleros  que  estaban 
aquel  dia  conyidados  à  corner. 


LIfiRO  DÊCIHO.  453 

Saladéronme  todos  con  mucha  cortesania ,  y  me  hiciéron  tan- 
tos  mas  acatamientos  caanto  que  supiéron  por  don  Cesar  que 
yo  habia  sido  uno  de  los  principales  secretariôs  del  duque  de 
Lerma.  Y  aun  quizà  no  ignoraria  la  mayor  parte  de  ellos  que 
don  Alfonso  habia  obtenido  à  influjo  mio  el  gobierno  de  Valen- 
cia y  porque  al  cabo  todo  se  llega  é  saber.  Como  quiera  que  sea, 
desde  que  nos  sentémos  à  la  mesa  solo  se  hablô  del  nueyo  car- 
denal  ;  unos  hacian  6  aparentaban  hacer  grandes  elogios  de  él , 
y  otros  le  ensalzaban ,  pero  entre  dientes  »  y  como  se  suele  decir 
con  la  boca  chica.  Luego  conoci  que  con  esto  querian  incitarme 
à  que  habiase  extensamente  sobre  su  eminencia  y  que  les  di- 
Tîrtiese  à  costa  suya.  De  buena  gana  hubiera  dicho  lo  que  pen- 
saba  de  él  ;  pero  contuse  la  lengua ,  lo  que  me  hizo  pasar  en 
el  concepto  de  aquellos  caballeros  por  un  mozo  muy  discreto. 

Conduida  la  comida ,  se  retiréron  los  conyidados  à  sus  casas 
à  Jlormir  la  siesta.  Don  César  y  su  hijo ,  instados  del  mismo  de- 
seo  y  se  encerràron  en  sus  cuartos.  Yo,  lleno  de  impaciencia  por 
yer  cuanto  antes  una  ciudad  que  tanto  habia  oido  alabar,  sali 
del  palacio  del  gobernador  con  ànimo  de  pasear  las  calles.  En- 
contre é  la  puerta  un  hombre  que  se  acercô  é  mi ,  y  me  dijo  : 
^Me  daré  licencia  el  seftor  de  Santillana  para  que  le  salude? 
Preguntéle  quien.  era ,  y  me  respondiô  :  Soy  el  ayuda  de  cà- 
mara  del  sefkor  don  César,  y  era  uno  de  sus  lacayos  cuando  su 
merced  estaba  de  mayordomo  de  la  casa.  Todas  las  maftanas 
iba  al  cuarto  de  su  merced ,  que  siempre  me  hacia  mil  fayores , 
y  le  informaba  de  todo  lo  que  pasaba  en  casa.  ^  No  se  acuerda 
su  merced  que  un  dia  le  dije  que  el  cirujano  de  la  aldea  de  Leiya 
entraba  secretamente  en  el  cuarto  de  la  seAora  Lorenza  Séfora  ? 
De  eso  me  acuerdo  muy  bien ,  le  respondi  :  y  ahora  que  se  ha- 
bia de  esa duefta,  ^qué  se  ha  hecho?  {Ah!  repuso  él,  luego  que 
su  merced  se  ausentô ,  la  pobre  mugcr  cayô  mala  de  pasion  de 
ânimo ,  y  al  cabo  muriô  mas  llorada  del  ama  que  del  amo. 

Despues  que  el  ayuda  de  càmara  me  informé  del  triste  fin  de 
Séfora ,  me  pidiô  perdon  de  lo  que  me  habia  detenido ,  y  me 
dej6  proseguir  mi  camino.  No  pude  ménos  de  suspirar  acordân- 
dome  de  aquellii  desdichada  duefia;  y  compadeciéndome  de  su 
suerte  me  echaba  la  culpa  de  su  desgracia  sin  pensar  que  debia 
atribuîrse  mas  bien  é  su  cancer  que  al  mérito  mio  de  que  se 
habia  prendado. 

Obseryaba  con  gusto  todo  lo  que  parecia  digno  de  ser  notado 
en  la  ciudad.  £1  palacio  arzobispal  entretuyo  agradablemente  mi 
TÎsta  y  y  lo  mismo  los  hermosos  porticos  de  la  lonja  ;  pero  lo 
que  me  lleyô  toda  la  atencion  fiié  una  gran  casa  que  yi  é  lo  léjos , 
en  la  cual  entraba  mucha  gente.  Acerquéme  à  ella  para  saber  por- 
que  acudta  alli  un  concurso  tan  crecido  de  hombres  y  mugeres  ; 
y  presto  sali  de  mi  curiosidad ,  leyendo  estas  palabras  escritas 


454  GIL  BLAS. 

con  letras  de  oro  en  una  lépida  de  màrmol  negro  qne  estaba  so- 
bre la  puerta  :  Poioda  de  los  représentâmes.  Lei  tambien  los  car- 
teles  y  en  los  cnales  los  cômîcos  ofrecian  por  la  primera  yez  aquel 
dia  la  representadon  de  una  tragedia  nueya  de  don  Gabriel 
Triaquero. 

CAPITULO  V. 

Ya  Gil  BUs  à  la  eomedia,  j  re  repretentar  una  tragedia  nueva  :  que  ezito 
toTo  la  pieza.  Garicter  dd  pueblo  de  Valencia. 

DetûTeme  algnnos  momentos  i  la  paerta  para  bacerme  cargo 
de  las  personas  qae  entraban^  y  bablalas  de  todas  calidades.  Vi 
eabaOeros  de  buena  traza  y  ricamente  yestidos ,  y  gentoalla  de 
tan  mala  catadura  como  trage.  Vi  yarias  sefioras  de  titolo  que 
se  apeaban  de  sus  coches  para  ir  à  ocupar  los  aposentos  que  ha- 
bian  mandado  tomar,  y  dgunas  ayentureras  que  iban  é  caza  de 
mentecatos.  Este  confùso  tropel  de  toda  clase  de  espectadores 
me  inspirô  el  deseo  de  aumentar  su  numéro.  Ya  me  disponîa  à 
tomar  btllete  cuando  el  gobemador  y  su  esposa  Uegéron.  Reco- 
nociéronme  entre  la  mudiedumbre,  y  habiëndome  mandado  Ha- 
mar  me  lley&ron  é  su  palco,  en  donde  me  sente  detras  de 
Ids  dos  9  de  modo  que  podia  hablar  cômodamente  con  ambos. 
Estaba  el  salon  lleno  de  gente  de  alto  é  bajo,  el  patio  mny  api- 
fiado,  y  la  luneta  llena  de  caballeros  de  las  très  ôrdenes  milita:- 
res.  ;  Grande  entradal  dije  â  don  Alfonso.  No  hay  que  admirarse 
de  esOy  me  respondiô,  porcpie  la  tragedia  que  se  ya  à  repre- 
sentar  esta  compnesta  por  don  Gabriel  Triaquero ,  apeDidado  el 
poeîa  de  moda.  Cuando  los  carteles  de  los  cômicos  anuncian  al- 
gnna  nueya  composicion  suya ,  toda  la  ciudad  de  Valencia  se  pone 
ei^  moyimiento  :  hombres  y  mugeres  no  saben  hablar  de  otra 
cosa  :  todos  los  palcos  se  abonan;  y  el  dia  de  la  primera  repre- 
sentadon 80  estropean  las  gentes  à  la  puerta  por  entrar,  siendo 
asi  que  se  dobla  el  precio ,  exceptuando  ùnicamente  el  del  patio , 
à  qnien  siempre  se  respeta  demasiado  por  temor  de  que  se  al- 
tère. Sin  duda ,  dije  entônces  al  gobemador,  que  esa  viya  cu- 
riosidad  del  publico ,  esa  fiiriosa  impaciencia  que  tiene  por  oir 
todas  las  composiciones  nueyas  de  don  Gabriel ,  me  dan  ana  idea 
yentajosa  del  ingénie  de  ese  poeta. 

Al  Uegar  aqui  nuestra  conyersacion  se  dejéron  yer  en  el  teatro 
los  actores.  Callàmos  inmediatamente  para  oirlos  con  atendon. 
Desde  el  principio  comenzàron  los  aplausos,  &  cada  yerso  se  re- 
petian ,  y  al  fin  de  cada  jornada  habia  un  palmoteo  que  pareda 
yenirse  al  suelo  el  teatro.  Concluida  la  representacion ,  me  mos- 
tr&ron  al  autor,  el  cual  iba  modestamente  por  los  aposentos  à 
recoger  los  aplausos  de  que  caballeros  y  damas  le  llenaban  à 
competencia. 


LIBRO  DÉCIHO.  455 

Nosotros  Tolvimos  al  palacio  del  gobernador,  adonde  poco 
despues  llegiron  très  6  cuatro  caballeros  cruzados  y  dos  autores 
antiguos  muy  apreciables  en  sa  dase ,  acompafiados  de  un  caba- 
Uero  de  Madrid ,  sugeto  de  talento  y  de  gusto.  Todos  habian  es- 
tado  en  la  comedia ,  y  durante  la  cena  no  se  hablô  sino  de  la 
nueya  pieza.  ^Qué  les  parece  à  ustedes  de  la  tragedia ,  preguntô 
on  caballero  de  Santiago?  ^No  es  esto  lo  que  se  llama  una  obra 
perfecta?  Pensamientos  sublimes ,  expresiones  tiernas ,  versifica- 
don  Tigorosa ,  nj|ja  le  fidta  ;  en  una  palabra  es  un  poema  com- 
puesto  para  los  inteligentes.  No  creo ,  respondiô  un  caballero  de 
Alcantara ,  que  nadie  pueda  pensar  de  â  de  otra  manera.  Esta 
pieza  tiene  algunos  trozos  que  parecen  dictados  por  el  mismô 
Apolo  y  y  ciertos  lances  manejados  con  destreza  :  dîgalo  si  no  el 
sefior,  alUdid,  dirigiendo  la  palabra  al  caballero  castellano^  que 
me  parece  entendido ,  y  apuesto  à  que  es  de  mi  opinion.  No 
apaeste  ymd.,  caballero ,  le  respondiô  el  de  Madrid  con  cierta 
risita  falsa.  Yo  no  soy  de  este  pais  :  en  Madrid  no  acostumbramos 
à  decidir  con  tanta  facilidad.  Lëjos  de  juzgar  del  mërito  de  una 
pieza  que  oimos  por  la  primera  yez ,  desconfiamos  de  sus  belle- 
zas  cuando  solamente  la  escuchamos  en  boca  de  los  actores  ;  y 
por  mucha  impresion  que  nos  haga ,  suspendemos  el  juicio  hasta 
haberla  leido  ;  porque  en  la  realidad  no  siempre  nos  causa  en  el 
papel  el  mismo  placer  que  nos  ha  causado  en  la  escena. 

Por  esOy  antes  de  calificar  un  poema ,  prosiguiô ,  lo  examinamos 
escrupulosamente  ;  y  por  grande  que  pueda  ser  la  fiama  de  un 
autor,  no  puede  deslumbramos  :  cuando  Lope  de  Vega  mismo 
y  Calderon  ofrecian  composiciones  nueyas ,  hallaban  jueces  se- 
veros  en  sus  ^dmiradores ,  los  cuales  no  los  eleyàron  à  la  cum- 
bre  de  la  gloria  hasta  despues  de  haber  juzgado  que  eran  dignos 
de  ella. 

;  Oh  !  por  cierto,  intemimpiô  el  caballero  de  Santiago,  nosotros 
no  somos  tan  timidos  como  ustedes  ;  no  esperamos  para  decidir 
a  que  se  imprima  una  pieza.  A  la  primera  representacion  conoce- 
mos  todo  su  mërito  :  ni  aun  para  eso  nos  es  necesario  oirla  con 
la  mayor  atencion ,  sino  que  nos  basta  saber  que  es  produccion 
de  don  Gabriel  para  persuadirnos  de  que  no  tiene  ningun  defecto. 
Las  obras  de  este  poeta  deben  seryir  de  ëpoca  al  nacimiento  del 
buen  gusto.  Los  Lopes  y  los  Calderones  no  eran  mas  que  unos 
aprendices  en  comparacion  de  este  gran  msiestro  del  teatro.  El 
Madrileflo ,  que  miraba  à  Lope  y  à  Calderon  como  los  Sôfocles 
y  Euripides  de  los  Espaftoles ,  indignado  con  este  discurso  teme- 
rariOy  exdamô  ;  (Que  sacrilegio  dramiticol  Supuesto,  seftores , 
que  ustedes  me  obligan  à  juzgar  como  acostumbran  par  la  pri- 
mera representacion,  les  dire  que  no  me  ha  gustado  la  tragedia 
de  su  don  Gabriel.  Es  un  drama  zurcido  de  rasgos  mas  brillantes 
que  sôlidos.  Las  très  cuartas  partes  de  les  yersos  son  malos ,  à 


4S6  GIL  BLAS. 

sin  buena  rima,  los  caractères  mal  formados  6  mal  sosteoidos , 
J  los  conceptos  firecuentemeate  muy  esouros^ 

Los  dos  autores  que  estaban  à  la  mesa ,  y  que ,  por  una  mode^ 
racion  tan  loable  como  rara ,  no  habian  dicho  nada  porqne  no  se 
les  sospechase  de  envidiosos ,  no  pudièron  mènos  de  aprobar  con 
los  ojos  la  opinion  de  este  caballero  ;  lo  que  me  hizo  créer  que 
su  silencio  era  ménos  un  efecto  de  la  perfeccion  de  la  obra  que 
de  su  politica.  En  cuanto  à  los  caballeros  cruzados ,  comenzéron 
de  nuevo  à  elogiar  à  don  Gabriel ,  y  aun  le  colocàron  entre  los 
dioses.  Esta  extravagante  apoteôsis  y  ciega  idolatria  impacienté- 
ron  al  Castellano ,  que,  alzando  las  manos  al  cielo ,  exclamô  repen- 
tinamente  entusiasmado  :  ;0h  divino  Lope  de  Yega,  raro  y  su- 
blime ingenio ,  que  dejâste  un  inmenso  espacio  entre  tl  y  todos 
los  Gabrieles  que  quieran  igualarte  !  y  tu ,  melifluo  Calderon , 
cuya  suavidad  elegante  y  purgada  de  ejpicismo  es  inimitable ,  no 
temais  uno  ni  otro  que  Tuestros  altares  sean  derribados  por  este 
bijo  novel  de  las  musas.  Muy  afortunado  sera  si  la  posteridad , 
cuya  delicia  formarèis  asi.  como  formais  la  naestra ,  hace  men- 
cion  de  èl. 

Este  gracioso  apôstrofé,  que  ninguno  esperaba,  hizo  reir  é 
toda  la  concurrencia ,  con  lo  cual  se  levantô  de  la  mesa ,  y  se  re- 
tiré. Â  mi  me  condujéron  por  6rden  de  don  Alfonso  al  cuarto 
que  me  tenta  dispuesto  ;  encontre  en  él  una  buena  cama ,  en  la 
que  habiëndose  acostado  mi  seAoria,  se  durmiô,  compadecièn- 
dome  tanto  como  el  caballero  castellano  de  la  injusticia  que  los 
ignorantes  bacian  é  Lope  y  à  Calderon. 

CAPITULO  VI. 

Gil  BLaB  paseândose  por  las  celles  de  Valencia  encaentra  à  un  religioso,  à  quîen 
le  pareoe  conocer  :  que  bombre  era  este  religioso. 

Como  no  habia  podido  ver  toda  la  ciudad  el  dia  anterior ,  me 
levante  y  sali  al  siguiente  para  acabar  de  examinarla.  Divisé  en 
la  calle  à  un  cartnjo,  que  sin  duda  iba  à  negocios  de  su  comuni- 
dad.  Caminaba  con  los  ojos  bajos ,  y  con  un  aspecto  tan  devoto 
que  se  llevaba  la  atencion  de  todos.  Pasô  muy  cerca  de  mi,  mi- 
réle  atentamente ,  y  me  pareciô  ver  en  él  &  don  Rafeel ,  aquel 
aventurero  que  ocupa  tan  honorifico  lugar  en  varios^  capitules  de 
esta  historia. 

Me  quedé  tan  asombrado  y  conmovido  de  este  inesperado  en- 
cuentro ,  que  en  vez  de  acercarme  al  monge ,  permaneci  inmôvfl 
por  algunos  mementos ,  lo  que  le  diô  tiempo  para  alejarse  de  mi. 
{Juste  cielo!  dije:  ^se  habrén  visto  jamas  dos  rostres  mas  pa- 
recidos?  iQue    deberé  pensar?  ^Creeré  que  este  es  Rafael? 


LIBRO  DÉGIMO.  497 

I pero  puedo  imaginar  qae  no  lo  sea?  Tiiye  demasiada  curiosidad 
de  saber  la  yerdad  para  no  pasar  adelante. 

Hioe  que  me  ensefiasen  el  camkio  de  la  cartuja ,  A  donde  fui 
al  momento  con  la  esperanza  de  volyer  à  yer  al  tal  hombre  cuan- 
do  se  restituyese  al  monasterio ,  y  resuelto  à  detenerle  para  ha- 
blarle  ;  pero  no  tuye  necesidad  de  aguardarle  para  quedar  ente- 
lado  de  todo.  Al  Uegar  à  la  puerta  del  monasterio ,  otra  cara  que 
yo  conocia  trocô  mi  duda  en  cenidumbre ,  y  reconoci  en  el  lego 
portero  à  Ambrosio  Lamela ,  mi  aniiguo  criado. 

Fuë  igual  la  sorpresa  de  ambos  de  encontrarnos  alii.  ^Serà 
acaso  una  ilusion?  le  dije  al  saludarle  :  ^es  realmente  un  amigo 
mio  el  que  tengo  à  la  yista?  Al  pronto  no  me  conociô ,  ô  acaso 
fingiô  no  conocerme;  pero  considerando  que  era  iniitil  la  fiocion, 
y  hadendo  como  quien  de  repente  se  acuerda  de  una  cosa  olyi- 
dada:  |Ah  seflor  Gil  Bias  I  exclam^,  perdone  su  merced  si  no  le 
conoci  tan  prontamente.  Desde  que  yiyo  en  este  santo  lugar  y  me 
dedico  â  cumplir  con  los  deberes  que  prescriben  nuestras  réglas , 
yoy  perdiendo  insensiblemente  la  memoria  de  lo  que  he  yisto  en 
el  mnndo. 

Tengo  un  yerdadero  gozo ,  le  dije ,  de  yolyerte  4  yer  despues 
de  diez  afios  con  un  trage  tan  respctable.  Y  yo ,  respondid ,  me 
ayergûenzo  de  presentarme  con  el  4  un  hombre  que  ha  sido  tes- 
tigo  de  mi  mala  yida:  este  hàbito  me  la  esta  continuamente  re- 
prendiendo.  |  Ah  1  afiadiô  dando  un  suspiro  y  para  ser  digno  de 
Ileyarle  debiera  haber  yiyido  siempre  en  la  inocencia.  Por  ese 
modo  de  hablar  ^  que  me  causa  sumo  placer ,  le  répliqué ,  se  ye 
claramente ,  mi  caro  hermano ,  que  el  dedo  del  Seftor  os  ha  to- 
cado.  Vuelyt)  à  deciros  que  me  lleno  de  gozo ,  y  estoy  impaciente 
por  saber  de  que  modo  milagroso  entràsteis  en  el  buen  camino 
yos  y  don  Rafael ,  porque  estoy  persuadido  de  que  el  es  é  quien 
acabo  de  encontrar  en  la  ciudad  en  hàbito  de  cartujo  :  me  ha  pe- 
lade de  no  haberle  detenido  en  la  calle  para  hablarle ,  y  le  es- 
pero  aqui  par^  reparar  mi  falta  cuando  se  retire  al  monasterio. 

No  se  engaAô  su  merced ,  me  dijo  Lamela ,  el  mismo  don  Ra- 
fael es  à  quien  ymd.  ha  yisto  ;  y  en  cuanto  à  la  relacion  que  ymd. 
me  pide  es  la  siguiente.  Despues  de  habernos  separado  de  ymd. 
cerca  de  Segorye  y  el  hijo  de  Lucinda  y  yo  tomimos  el  camino 
de  Valencia  con  ânimo  de  hacer  alii  alguna  de  las  nuestras.  Quiso 
la  casualidad  que  entrasemos  en  la  iglesia  de  cartujos  à  tiempo 
que  los  religiosos  estaban  rezando  en  el  coro  :  detuyimonos  é 
considerarlos ,  y  conocimos  por  nuestra  misma  experiencia  que 
los  malos  no  pueden  ménos  de  yenerar  la  yirtud.  Admiràmonos  del 
fervor  con  que  rezaban  y  de  aquel  aire  pénitente  y  desasido  de 
los  placeres  del  siglo ,  y  de  la  serenidad  que  se  dejaba  yer  en 
sus  semblantes ,  y  que  manifestaba  tan  bien  la  quietud  de  sus 
coneiencias. 


45d  GIL  BLAS. 

Haciendo  estas  obseryaciones  cabnos  en  una  meditacion  qae 
nos  filé  saludable.  Comparàmos  nuestras  costombres  con  las  de 
estos  baenos  religiosos,  y  la  diferencia  que  haUimos  entre  anas 
y  otras  nos  Uenô  de  turbacion  y  de  inquietnd.  Lamela,  me  dîjo 
don  Rafae]  luego  que  salimos  de  la  iglesia,  ^qaè  ûnpresion  ha 
causado  en  ti  lo  que  acabamos  de  ver?  Por  lo  que  à  mi  toca»  no 
puedo  ocuItàrtelOy  no  lengo  el  ànimo  sosegado  :  me  agitan  naos 
moyimientos  que  me  son  desconoddos  ;  y  por  la  primera  yez  de 
mi  yida  me  acuso  de  mis  iniquidades.  En  îgual  disposidon  me 
hallo  yo  »  le  respond!  :  las  malas  acciones  que  he  cometîdo  se 
leyantan  en  este  instante  contra  mi ,  y  mi  corazon ,  que  jamas 
habia  sentido  remordimientos,  esta  en  la  actualidad  despedazado 
por  ellos.  ;Ah  querido  Âmbrosiol  continnô  mi  compaftero: 
somos  dos  oyejas  descarriadas,  que  el  Padre  celestial  quiere  por 
su  piedad  yolver  al  aprisco.  El  es,  amigo  mîo  ,  él  es  quien  nos 
llama;  no  seamos  sordos  i  su  yoz;  renunciemos  é  nuestras 
iniquidades,  dejemosladisoludon  en  que  yiyimos,  y  comenzemos 
desde  hoy  é  trabiyar  seriamente  en  el  grande  negocio  de  nnestra 
salyacion  ;  debemos  pasar  el  resto  de  nuestra  yida  en  este  mo- 
nasteriOy  y  consagrarla  à  la  penitencia. 

Aprobè  el  pensamiento  de  Rafael,  prosiguiô  el  hermano  Am- 
brosio,  y  toniàmos  la  generosa  resolucion  de  metemos  cartnjos. 
Para  ponerla  por  obra ,  recurrimos  al  padre  prior ,  que  apènas 
supo  nuestro  designio  cuando ,  para  probar  nuestra  yocacion, 
mandô  se  nos  diescn  celdas,  y  se  nos  tratase  como  i  reKgiosos 
durante  un  afto  eatero.  ObseryAmos  las  reglas  cou  tanta  exao- 
titud  y  constancia,  que  fiiimos  recibidos  de  noyicios.  Estabamos 
tan  contentos  con  nuestro  estado  y  tan  Ilenos  de  fervor,  que  su- 
frimos  yalerosamente  los  trabajos  del  noyiciado ,  y  en  seguida 
se  nos  admitiô  à  la  profesion.  Poco  despues  de  ella ,  habiendo 
mostrado  don  Rafoel  un  talento  à  propôsito  para  el  mancjo  de 
negocios,  le  nombràron  para  aliyiar  A  un  padre  anciano  que  era 
entônces  procurador.  Mas  hubiera  querido  el  hi|o  de  ûicinda 
emplear  todo  el  tiempo  en  la  oracion  ;  pero  se  yiô  obtigado  i 
sacrificar  este  gusto  à  la  necesidad  que  se  tenia  de  ël.  Adquiriô 
un  conocimiento  tan  completo  de  los  intereses  de  la  casa ,  que 
le  juzgéron  capaz  de  sustituir  al  anciano  procurador ,  muerto 
très  afios  despues.  Y  asi  esté  ejerdendo  en  la  actualidad  este 
^^vgo,  y  puede  decirse  que  le  desempefia  cou  grande  satisfeccion 
de  los  padres ,  que  alaban  mucho  su  conducta  en  la  administra- 
cion  de  los  bienes  temporales.  Pero  lo  que  mas  admira  es  que, 
à  pesar  del  cuidado  que  se  le  confié  de  recaudar  nuestras  reo- 
tas,  no  parece  ocupado  sino  en  la  yida  eterna.  Si  los  negodos  le 
dejan  un  momento  de  reposo  se  abisma  en  profiindas  medita- 
dones  :  en  una  palabra,  es  uno  de  los  mejores  indiyiduos  de  este 
monasterio. 


LIBRO  DËGIMO.  459 

Interrompi  à  Lamela  caando  llegaba  aqui  con  un  grande  moyi- 
miento  de  gozo  qae  manifesté  al  ver  é  Rafeel  y  que  à  este  punto 
se  dej6  yer  de  nosotros.  He  aqui ,  exclamé ,  he  aqui  el  santo 
procarador  que  yo  estaba  esperando  con  tanta  impaciencia;  y  al 
mismo  tiempocorri  hàda  él  y  le  di  un  abrazo.  No  se  desdeftô  de 
recibirie,  y  sin  dar  la  mas  leye  muestra  de  que  mi  yista  le  bu- 
biese  causado  la  menor  alteradon  :  Sea  Bios  loado ,  sefior  de 
SantSIana,  me  dijo  con  una  yoz  llena  de  dulzura^  Dios  sea  loado 
por  el  placer  que  me  causa  el  yeros.  Yerdaderamente ,  le  dije , 
mi  querido  Rafeel ,  yo  tomo  toda  la  parte  posible  en  yuestrà 
felicidad.  Fray  Âmbrosio  me  ha  oontado  la  historia  de  yuestra 
eonyersion ,  y  confieso  que  su  rel»Dion  me  ha  encantado.  i  Que 
Ventura  la  yuestra,  amados  amigos  mios ,  la  de  poder  lisonjearos 
de  ser  de  aquel  corto  numéro  de  escogidos  que  deben  gozar  de 
una  bienayenturanza  etema! 

Dos  misérables  como  nosotros ,  respondiô  en  tono  muy  hu- 
milde  el  hijo  de  Lucinda,  no  podian  concebir  semejanté  esperanza  ; 
pero  el  arrepentimiento  de  los  pecados  les  bizo  hallar  gracia  ante 
el  Padre  de  las  misericordias.  ^  Y  ymd.  »  seftor  Gil  Bias,  aftadiô, 
no  piensa  tambien  en  merecer  que  el  Sefior  le  perdone  las  culpas 
que  contra  él  ha  cometido?  ^Qué  asuntos  le  han  traido  é  ymd. 
A  Valencia?  (ejerce  por  desgracia  algun  empleo  peligroso?  No, 
A  Dios  gracias,  le  respond!  :  desde  que  sali  de  la  corte  hago  una 
yida  honrada.  Unas  yeces  gozo  de  la  inocente  diyersion  delcampo 
en  una  hacienda  que  tengo  distante  pocas  léguas  de  esta  ciudad, 
y  otras  yengo  à  recrearme  algunos  dias  cou  mi  amigo  el  sefior 
gobernador ,  à  quien  ustedes  dos  conocen  muy  bien. 

Ent6nces  les  conté  la  historia  de  don  Alfonso  de  Leiya ,  que 
oyéron  con  atencion  ;  y  cuando  les  dije  que  yo  habia  Ueyado  de 
parte  de  este  sefior  à  Samuel  Simon  los  très  mil  ducados  que  le 
habiamos  hurtado,  Lamela  me  interrumpiô ,  y  dirigiendo  la  pa- 
labra é  Rafael,  le  dijo  :  Segun  eso,  padre  Hilario,  el  buen  mer- 
cader  ya  no  debe  quejarse  de  un  robo  que  se  le  ha  restituido 
Gon  usura ,  y  nosotros  dos  debemos  tener  la  conciencia  bien 
tranquila  sobre  este  punto.  Con  efecto,  dijo  el  procurador,  antes 
que  el  hermano  Ambrosio  y  yo  tomasemos  el  habite  ,  hicimos 
entregar  secretamente  à  Samuel  Simon  mil  y  quinientos  ducados 
por  mano  de  un  honrado  eclesiàstico ,  que  quiso  tomarse  el 
trabajo  de  ir  à  Chelya  à  hacer  esta  restitucion  sécréta.  Tanto 
peor  para  Samuel  si  fué  capaz  de  embolsarse  esta  cantidad  des- 
pues  de  haber  sido  reintegrado  enteramente  por  el  sefior  de 
Santillana.  iPero  esos  mil  y  quinientos  ducados,  répliqué  yo, 
se  le  entregiron  fiefanentef  Sin  duda  alguna,  contesté  don  Rafael  : 
yo  responderia  de  la  integridad  del  edesiAstico  como  de  la  mia. 
Y  yo  tambien  le  abonaria,  dijo  Lamela  ;  especialmente  despues 
que  ganô  dos  pleitos  que  le  suscitAron  por  depôsitos  que  se  le 


460  GIL  BLAS. 

habian  confiado ,  y  en  los  qae  fiiéron  condenados  en  coscas  sos 
aousadores. 

Nuestra  conversacion  daro  todavia  algan  tiempo,  y  laego 
nos  separémoSy  ellos  exhorténdome  à  quo  tuviese  siempre  pré- 
sente el  santo  temor  de  Dios ,  y  yo  recomendàndome  a  sus 
buenas  oraciones.  Fui  a)  momento  à  yerme  con  don  Alfonso , 
y  le  dije  :  Nunca  acertaria  Y.  S.  con  quien  acabo  de  tener  una 
larga  conversacion  :  no  hago  mas  que  separarme  de  dos  véné- 
rables cartujos  que  Y.  S.  conoce  :  el  uno  se  llama  el  padre  Hi- 
lario ,  y  el  otro  el  hermano  Ambrosio.  Te  equiirocas ,  me  res- 
pondiô  don  Alfonso,  porque  no  conozco  à  ningun  cartnjo. 
Perdone  Y.  S. ,  le  répliqué ,  pues  conociô  en  CbeWa  al  her- 
mano Ambrosio ,  comisario  de  la  inquisicion ,  y  al  padre  Hîlarto, 
secretario.  |0h  cielos!  exclamô  sorprendido  el  gobemador  : 
;  sera  posible  que  Rafael  y  Lamela  se  hayan  metido  cartujos  ! 
Es  positivo  9  le  respond! ,  y  aAos  ha  que  profèsàron.  El  primero 
es  proearador  de  la  casa ,  y  el  segundo  portero. 

Quedô  pensativo  algunos  momentos  el  hijo  de  don  César,  y 
luego  meneando  la  cabeza  dije  :  Harto  sera  que  el  seftor  comisa- 
rio de  la  inquisicion  y  su  secretario  no  estén  representando  aqui 
una  nueva  comedia.  Y.  S.,  repuse  yo ,  juzga  de  lo  présente  por 
el  tiempo  pasado  ;  pero  yo ,  que  vengo  de  hablarles ,  juzgo 
mas  benignamente.  Es  yerdad  que  no  se  ye  el  fondo  de  los  co- 
razones;  mas  segun  todas  las  apariencias,  estos  son  dos  bribones 
conyertidos.  Bien  puede  ser,  respondiô  don  Alfonso,  porque 
hay  mnchos  libertinos  que ,  despues  de  haber  escandalizado  al 
mundo  con  sus  desôrdenes ,  se  enci^rran  en  los  claustros  para 
hacer  una  rigurosa  penitencia  :  me  alegraria  mucho  de  que 
nuestros  dos  monges  fiieran  de  estos  libertinos. 

lY  porqué  no  lo  serian  ?  le  dije  :  ellos  han  abrazado  volun- 
tariamente  la  yida  monéstica  muchos  aftos  ha,  y  se  portan  en 
ella  con  la  mayor  edificacion.  Di  todo  lo  que  quisieres ,  me 
contesté  el  gobernador ,  pero  à  mi  nada  me  gusta  que  los  cau- 
dales del  monasterio  estén  en  poder  del  padre  Hilario,  de  quien 
no  podria  ménos  de  desconfiar.  Cuando  me  acuerdo  de  la  donosa 
relacion  que  nos  hizo  de  sus  ayenturas,  tiemblo  por  los  pobres 
cartujos.  Quicro  suponer  como  tù  que  haya  tomado  el  hàbito 
con  muy  buena  intencion  ;  pero  el  manejo  del  dinero  puede  des- 
pertar  su  codicia.  A  ningun  borracho  que  ha  dejado  el  vino  se 
le  debe  fiar  la  Have  de  la  bodega. 

Pocos  dias  despues  se  yerifico  no  ser  infundada  la  desconfianza 
del  gobernador.  Desapareciéron  de  repente  el  procurador  y  el 
portero  con  el  dinero  del  monasterio  :  noticia  que ,  esparcida 
al  punto  por  la  ciudad  ,  no  dejô  de  dar  que  reir  é  los  burlones 
que  celebran  siempre  las  desgracias  de  los  religiosos  que  ttenen 


UBRO  DÉCIMO.  461 

fema  de  ricos.  Por  lo  que  toca  al  gobernador  y  à  mi,  nos  com- 
padecimos  de  los  cartujos ,  sin  hacer  alarde  de  qae  conodamos 
à  los  apôstatas. 

CAPITULO  VIL 

Gil  Bias  se  restitnye  i  su  qaintji  de  LirU  ;  de  la  noticia  agradable  qne  Escipion 
le  diô ,  y  de  la  reforma  que  hiciëron  en  su  familia. 

Ocho  dias  fuéron  los  qae  me  detuye  en  Valencia ,  gozando 
del  mando ,  y  viiriendo  como  los  condes  y  marqueses ,  entre- 
tenido  en  ver  comedias,  y  concorrir  à  bailes,  conciertos,  ban- 
quêtes  y  tertulias  de  damas ,  proporcionàndome  todas  estas 
diyersiones  tanto  el  seûor  gobernador ,  como  la  seftora  gober- 
nadora ,  à  quienes  hice  la  corte  tan  cumplidamente  qae  ambos 
sintiéron  mi  regreso  à  Liria ,  y  aan  me  obligàron  antes  de  marchar 
é  qae  les  prometiera  repartir  el  tiempo  entre  ellos  y  mi  soledad. 
Gonyinimos  en  que  permaneceria  en  la  ciudad  el  inyierno,  y  el 
yerano  en  mi  quinta.  Con  esta  condicion  me  dejâron  libertad 
mis  bienhechores  para  que  me  fiiese  à  gozar  de  sus  beneficios. 

Escipion ,  que  deseaba  con  ansia  mi  yuelta ,  se  alegrô  infinito 
de  ella ,  aumenténdose  sa  gozo  con  la  relacion  que  le  hice  de  mi 
yiage.  ;Y  tù,  amigo  mio,  le  preguntë,  que  te  has  hecho  aqui 
dorante  mi  ausencia?  ;te  has  diyertido  mucho?  Cuanto  puede 
hacerlo,  me  respondiô,  an  crîado  fiel  que  nada  ama  tanto  como 
la  presencia  de  su  amo.  He  paseado  por  todos  los  puntos  de 
nuestros  pecpieftos  estados;  y  sentàndome  unas  yeces  junto  é  la 
fuente  que  esta  en  el  bosque ,  contemplaba  con  particular  gusto 
la  claridad  de  sus  aguas  tan  puras  y  cristalinas  como  las  de 
aquella  sagrada  fuente  cuyo  estruendo  hacia  resonar  el  espacioso 
bosque  de  Albunea  ;  y  recostado  otras  al  pié  de  un  érbol  oia 
cantar  à  los  ruiseftores  y  jilgueros.  En  fin ,  he  cazado ,  he  pes- 
cado;  pero  lo  que  me  ha  gustado  aun  mas  que  todos  estos 
pasatiempos  ha  sido  la  lectmra  de  muchos  libros  tan  utiles  como 
entretenidos. 

Interrumpi  con  precipitacion  à  mi  secretario  pregunténdole 
donde  habia  hallado  aquellos  libros.  Los  he  encontrado,  me 
respondiô,  en  una  selecta  libreria  que  hay  en  casa^  que  me  ha 
enseâado  el  maestro  Joaquin.  ^  Pero  en  que  parte  esta  esa  libre- 
ria? le  yolyi  à  preguntar  :  ;no  registrâmos  foda  la  casa  el  dia 
que  Ilegémos?  Asi  le  pareciô  à  vmd.,  me  respondiô;  pero  sepa 
que  solamente  recorrimos  très  dtstritôs  olvidindosenos  el  cuarto  ; 
y  alli  es  donde  don  César  cuando  yenia  à  Liria  empleaba  una 
parte  de  su  tiempo  en  la  leaura.  Hay  en  esta  libreria  may  buenos 
libros  que  se  nos  han  dejado  como  un  recurso  seguro  contra 
el  tedio  para  cuando  nuestros  jardines  despojados  de  flores  y 


463  GIL  BLAS, 

naestro  boscpie  de  hoja  no  puedan  preserrarnos  de  61.  Los  se- 
flores  de  Leiya  no  han  hecho  las  cosas  i  médias ,  sino  qae  han 
caidado  tanto  del  alimento  espiritual  como  del  corporal. 

Esta  noticia  me  causô  ana  yerdadera  alegria.  Hice  que  me  en- 
seflasen  el  caarto  distrito ,  en  el  cual  se  me  ofredô  un  espectà- 
culo  muy  agradable.  Halltoie  en  una  yivienda ,  que  desde  luego 
destine  para  mi  morada ,  como  don  César  la  habia  escogido  para 
si.  La  cama  de  dicbo  seftor  estaba  alii  todavia  con  todos  los  ador- 
nos  y  es  é  saber ,  una  tapiceria  que  representaba  el  rapto  de  las 
Sabinas.  De  aquella  cémara  pasé  à  ungabinete  que  tenia  estantes 
bajos  al  rededor  llenos  de  libros ,  y  sobre  la  estanteria  los  re- 
tratos  de  todos  nuestros  reyes.  Habia  tambien  en  61 ,  al  lado  de 
una  ventana ,  que  tenia  vistas  à  una  campifta  deliciosa ,  un  escri- 
torio  de  ébano  delante  de  un  gran  sofià  de  tafilete  negro  ;  pero  lo 
que  princîpalmente  llamô  mi  atencion  fué  la  libreria.  Componiase 
de  obras  de  filôsofos ,  poetas,  bistoriadores,  y  gran  numéro  de 
libros  de  caballeria.  Conoci  que  don  César  gustaba  de  estos ,  en 
yista  de  los  muchos  que  de  esta  clase  babia  juntado.  Confieso 
no  sin  rubor  que  yo  no  era  ménos  aficionado  à  estas  producdo- 
nés  9  A  pesar  de  las  extravagancias  de  que  estân  atestadas,  ya 
porque  no  fiiese  entônces  un  lector  delicado ,  ya  porque  lo  ma- 
rayilloso  hace  à  los  Espafioles  muy  indulgentes.Con  todo  eso  dire 
en  abono  mio  que  haUaba  mas  deleite  en  los  libros  de  moral 
recreatiya ,  y  que  Ludano,  Horado  y  Erasmo  eran  mis  autores 
favoritos. 

Amigo  mio  y  dije  é  Escipion  luego  que  pasé  la  yista  por  mi 
libreria,  aqui  si  que  tenemos  en  que  diyertimos;  mas  por  ahora 
no  pienso  en  otra  cosa  que  en  reformar  nuestra  fiauaulia.  Ya  le  he 
ahorrado  à  vmd. ,  me  respondiô ,  la  mitad  de  ese  trabajo.  Du- 
rante su  ausencia  he  estudiado  bien  à  sus  criados ,  y  me  atreyo 
à  decir  que  los  conozco  perfectamente.  Comenzemos  por  el  maes- 
tro Joaquin:  creo  que  es  un  bribon  completo,  y  no  pongo  la 
menor  dnda  en  que  le  faabràn  despedido  de  casa  del  arzobispo 
por  alguQOS  errores  de  aritmética  en  las  cuentas  del  gasto  de 
cocina.  No  obstante  es  necesario  conseryarle ,  por  dos  razones: 
la  primera,  porque  es  buen  cocinero;  y  la  segunda,  porque  yo 
no  le  perderé  de  yista,  espiaré  todas  sus  aociones ,  y  en  yerdad 
que  ha  de  ser  muy  diestro  para  podérmela  pegar.  Ya  le  he  dicho 
que  ymd.  estaba  en  énimo  de  despedir  las  très  panes  de  sus 
criados ,  noticia  que  le  turbô  y  apesadumbrô  mudio,  tanto  que 
Uegô  à  decirme  que,  teniendo,como  tenia,  tanta  indinacion  à  ser- 
yir  é  vmd.,  se  contentaria  con  la  mitad  del  salario  que  goza  ai 
présente,  solo  por  no  salir  de  casa;  lo  que  me  hace  soqiechar 
que  hay  en  la  aldea  alguna  muchachuela  de  quien  no  quisiera 
alejarse.  Por  lo  que  toca  al  ayudante  de  cocina,  prosiguiô,  es 
un  borracho ,  y  el  portero  un  insolente  que  para  nada  le  nece- 


LIBRO  DËCmO.  463 

shamos ,  oomo  tampoco  al  cazador.  El  oficio  de  este  le  podré  yo 
desempefiar  may  bien,  como  se  lo  harë  yer  A  irmd.  mafiana,  ya 
que  tenemos  en  casa  escopetas ,  pôlyora  y  mnniciones.  Entre  los 
lacayos  solo  hay  uno  que  me  parece  buen  mozo ,  y  es  el  Arago- 
nés.  Nos  quedjtfémos  con  él ,  y  echarémos  à  los  demas^  que  son 
unos  malas  cabezas ,  pues  d  ninguno  de  ellos  tendria  yo  en  casa 
aim  cuando  tuvieramos  necesidad  de  den  criados. 

Despues  de  haber  tratado  largamente  sobre  todos  estos  pun- 
tes  y  resolvimos  quedamos  con  el  cocinero ,  con  el  mozo  de 
cocina  y  con  el  Aragones ,  y  despedir  con  buen  modo  i  todos  los 
demas.  AA  se  ejecutô  en  aquel  mismo  dia,  regalàndoles  Escipion 
en  nombre  mio ,  ademas  de  su  salario ,  algunos  doblones  que 
sacô  del  area  del  dinero.  Hecha  esta  reforma ,  emprendimos  es- 
tablecer  cierto  ôràen  en  la  quinta,  arreglando  las  obligaciones 
que  correspondian  à  cada  criado ,  y  comenzando  desde  entônces 
k  mantenemos  â  nuestra  oosta.  Yo  me  hubiera  contentado  con 
on  trato  frugal  ;  pero  mi  secretario ,  que  apetecia  los  buenos 
bocados  y  platos  regalados,  no  era  hombre  que  quisiese  tener 
ociosa  la  habilidad  del  maestro  Joaquin.  La  ejercitô  tan  bien  que 
nuestras  comidas  y  cenas  eran  abundantes  y  delicadas. 

CAPITULO  vm. 

Auores  de  Gil  Bias  y  de  la  bella  Antonia. 

Dos  dias  despues  de  mi  yuelta  de  Valencia  i  Liria ,  el  labrador 
Basilio  mi  arrendatario  yino  al  tiempo  en  que  me  estaba  vis- 
tiendo  à  pedirme  el  permiso  para  presentarme  su  hija  Antonia , 
que  deseaba,  decia  él,  tener  el  honor  de  saludar  à  su  nuevo 
amo.  Habièndole  respondido  que  en  eso  me  ^daria  mucho  gusto , 
se  saliô  y  yoWiô  inmediatamente  A  entrar  con  la  hermosa  An- 
tonia. Creo  deber  dar  este  epiteto  A  una  jôyen  de  diez  y  seis  A 
diez  y  ochô  aftos ,  que  ademas  de  unas  facciones  regulares  tenia 
unos  colores  muy  hermosos ,  y  los  mejores  ojos  del  mundo.  Solo 
estaba  yestida  de  sarga  ;  pero  su  garboso  tsdle ,  su  aire  mages- 
tooso  9  y  unas  gracias  que  no  siempre  acompafian  A  la  juyentud , 
daban  realce  A  la  sencillez  de  su  trage.  Tenia  la  cabeza  descu- 
bierta,  el  pelo  recogido  atras,  y  un  ramillo  de  flores  encima 
îmitando  la  sencillez  de  las  Lacedemonias. 

Cuando  la  yi  entrar  en  mi  cuarto  me  quedé  tan  suspenso  de 
yer  su  bermosura  como  los  paladines  de  Carlo  Hagno  cuando 
yièron  A  la  bella  Angelica.  En  yez  de  recibir  A  Antonia  con  jo- 
yial  desembarazOy  y  decirle  algunas  cosas  lisonjeras,  en  yez  de 
congratular  A  su  padre  por  la  fortuna  de  tener  tan  preciosa  y 
agraciada  hija ,  quedè  admirado ,  turbado ,  suspenso  y  sin  poder 


464  GIL  BLAS. 

pronunciar  palabra.  Escipion ,  que  conociô  mi  torbadon ,  tomo 
la  palabra  por  mi ,  ë  hizo  la  costa  de  las  alabanzas  que  yo  debia 
à  aquella  amable  persona.  Ella  »  à  quien  no  deslombro  mi  per- 
sona en  bata  y  gorro»  me  saludô  sin  cortwse,  y  me  hizo  ud 
cumplido  que  aunque  de  los  mas  comunes  me  acabo  de  encan- 
tar.  Entre  tanto  que  mi  secretario ,  Basilio  y  su  hija  se  hacian 
reciprocos  cumplimientos ,  yo  volvi  en  mi ,  y  como  si  qoisiera 
compensar  al  estupido  silencio  que  habia  guardado  basta  enfon- 
ces y  pasé  de  un  extreme  à  otro ,  extendiéndome  en  discorsos 
obseqoiosos ,  y  haUando  con  tanta  fogosidad  que  Basilio  entré 
en  cuidado  ;  y  consideràndome  ya  como  un  hombre  que  iba  à 
poner  en  ejecucion  cuanto  le  fdese  dable  para  sedudr  i  Antonia, 
se  apresurô  à  salir  con  ella  de  mi  cuarto ,  resnelto  quizà  à  apar- 
tarla  de  mi  vista  para  siempre. 

Asi  que  Escipion  se  ballô  à  solas  conmigo ,  me  dijo  sonrién- 
dose  :  Otro  remédie  teneis  contra  el  fiastidio  de  la  soledad.  No 
sabia  yo  que  yuestro  arrendatario  tuviese  una  hija  tan  linda ,  por- 
que  nunca  la  vi ,  aunque  estuye  dos  veces  en  su  casa.  Debe  coi- 
dar  de  guardarla ,  y  en  esto  le  disculpe ,  porque  en  realidad  es 
un  bocado  muy  apetitoso  ;  pero ,  aftadiô ,  esto  creo  que  no  es 
necesario  decirsclo  à  ymd.,  porque  à  la  primera  yista  le  deslum- 
brô.  No  te  lo  niego ,  respondi.  ;  Ah  !  hijo  mio  »  he  creido  yer 
una  diosa  en  aquella  criatura  :  me  ha  dejado  de  repente  abra- 
sado  en  amor.  El  rayo  tarda  mas  en  herir  que  la  flécha  con  que 
ella  ha  atravesado  mi  corazon. 

Hucho  gozQ  me  causa  ymd.,  replicô  mi  secretario ,  en  confe- 
sarme  que  al  fin  ha  llegado  à  enamorarse.  Para  ser  enteramente 
feliz  en  la  soledad  de  los  campos  no  le  faltaba  otra  cosa.  Ahora 
si  que  gracias  à  Bios  tiene  ymd.  todo  lo  que  ha  menester.  Bien 
se ,  continuô ,  que  nos  costarâ  algun  trabajo  burlar  la  yigilancta 
de  Basilio;  pero  eso  corre  de  mi  cuenta,  y  he  de  hacer  que  an- 
tes de  très  dias  logre  ymd.  tener  una  sécréta  conyersacion  cou 
Antonia.  Sefior  Escipion ,  le  respondi ,  quizà  no  podria  ymd.  cum- 
plir  esa  palabra;  fuera  de  que  no  quiero  hacer  experiencia  de 
elle.  Estoy  muy  distante  de  querer  tentar  la  yirtud  de  esa  don- 
cella,  cuyo  recato  me  parece  merecer  otras  consideraciones.  Y 
asi,  léjos  de  exigir  de  tu  zelo  me  ayudes  à  deshonrarla ,  solo  deseo 
que  emplees  tu  mediacion  en  focilitar  mi  casamiento  con  eUa, 
con  tal  que  su  corazon  no  esté  ya  prendadç  de  otro.  No  esperaba 
yo  ciertamente,  me  respondiô,  que  ymd.  tomase  tan  de  golpe 
semejante  resolucion.  En  yerdad  que  no  todos  los  sefiores  de 
aldea,  si  se  hallasen  en  igual  caso  que  ymd.,  prooederian  con 
tanta  honradez ,  ni  se  dirigirian  ft  solicitar  à  Antônia  por  medios 
legitimes  sino  despues  de  haber  tentado  otros  inùtilmente.  Por  lo 
demas ,  aftadiô ,  no  créa  ymd.  que  desapruebo  su  amor ,  ni  que 
esto  lo  digo  por  disuadirle  de  su  intente,  pues  al  contrario  con- 


LIBRO  DÉCIMO.  465 

fieso  (pie  la  hija  del  arrendatario  es  merecedora  del  honor  que 
*  vmd.  quiere  hacerle  »  siempre  que  pueda  entregar  à  viùd.  un  co- 
razon  intacto  y  agradecido:  eso  es  lo  que  hoy  mismo  sabré  por 
la  oonyersacion  que  pienso  tener  con  su  padre,  y  quizà con  ella 
misma. 

Mi  confidente  era  un  hombre  puntualisimo  en  cumplir  lo  que 
prometia.  Fuë  à  verse  secretamente  con  BasQio,  y  por  la  tarde 
Tino  à  Hii  gabinete ,  donde  yo  le  estaba  esperando  entre  la  impa- 
cieacia  y  el  temor.  Observé  que  volvia  muy  alegre,  lo  que  me 
hizo  pronosticar  desde  luego  que  me  traia  buenas  nuevas.  Si  he 
de  créer  é  tu  risuefia  cara ,  le  dije ,  estoy  en  que  vienes  é  anun- 
ciarme  que  presto  veré  satisféchos  mis  deseos.  Asi  es ,  me  res- 
pondiô  y  mi  querido  amo ,  todo  le  sale  à  vmd.  à  medida  de  su 
deseo  :  he  hablado  à  Basîlio  y  à  su  hija  del  designio  de  vmd.  £1  padre 
esta  Ueno  dé  gozo  de  saber  que  vmd.  quiere  ser  su  yerno  ;  y 
puedo  asegurar  que  sois  del  gusto  de  Antonia.  \  Oh  cielo  I  inters 
rumpi  todo  enagenado  de  gozo  :  ;  conque  he  tenido  la  dicha 
de  parecer  bien  à  tan  amable  criatura  !  No-Io  dude  vmd.,  me 
respondiô,  ella  os  ama  ya,  y  en  verdad  que  esta  confesion  no 
la  he  oido  de  su  boca,  sino  que  la  he  inferido  de  la  alegria  que 
ha  manifestado  al  saber  vuestro  designio.  Sin  embargo ,  prosi- 
guié ,  vmd.  tiene  un  rival.  \  Un  rival  1  exclamé  poniéndome  pà- 
Itdo*  No  os  inquietéis  por  eso,  me  dijo ,  este  rival  no  os  robarâ 
el  corazon  de  vuestra  dama.  Ese  tal  es  el  maestro  Joaquin  vues- 
tro cocinero.  ]  Ah  ladron!  dije  entônces  soltando  una  gran  car- 
cajada;  ve  ahi  porqué  ha  mostrado  tal  repugnancia  A  dejar  mi. 
servicio.  Gabalmente,  aftadiô  Ëscipion;  dias  pasados  pidiô  en 
matrimonio  é  Antonia,  que  le  fiié  negada  cortesmente.  Salvo  tu 
mejor  parecer,  creo  que  convendrà ,  le  répliqué  yo,  deshacer- 
nos  de  ese  picaro  antes  que  llegue  i  saber  que  quiero  casarme 
con  la  hija  de  Basilio  ;  un  cocinero ,  como  sabes ,  es  un  rival  pe- 
ligroso.  Tiene  vmd.  razon,  respondiô  mi  confidente  :  se  le  debe 
echarde  casa;  maâana  por  la  mafiaoa  le  despediré  antes  que  se 
ponga  à  disponer  la  comida  ;  y  con  eso  vmd.  ya  no  tendra  nada 
que  temer  de  sus  salsas  ni  de  su  amor.  Sin  embargo,  continué 
Ëscipion,  no  déjà  de  dolerme  el  perder  tan  buen  cocinero  ;  pero 
sacrifico  mi  golosina  à  la  seguridad  de  vmd.  No  debes ,  le  dije , 
sentir  tanto  su  pérdida,  porque  no  es  irreparable;  voy  à  hacer 
venir  de  Valencia  un  cocinero  que  valga  tanto  como  él.  Eikefecto , 
inmediatamente  escribi  à  don  Alfonso  diciéndole  que  necesitaba  un 
cocinero,  y  al  diasiguienteme  enviôuno  que  consolô  à  Ëscipion. 
Aunqueesie  zeloso  secretario  me  habia  dicho  haberadvertido  que 
Antonia  alla  en  su  interior  se  alegraba  mucho  de  haber  hecho  la 
conquista  dr  '^i  seûor ,  no  me  atrevia  à  fiarme  de  su  relacion ,  te- 
miendo  si       Mese  dejado  engaûar  de  falsas  apariencias.  Para 
cercioran       e  ello  »  resolvi  hablar  yo  mismo  à  la  hermoaa  An- 

50 


466  GIL  BLAS. 

tonia  y  y  i  este  efecto  me  foi  i  casa  de  BasSio ,  à  quien  confinné^ 
euanto  le  habia  dicho  mi  embajador.  Este  baen  labrador ,  bom-* 
bre  sencillo  y  franco ,  despues  de  haberme  escocbado ,  me  aseguré 
qae  me  conoedia  sa  hija  con  una  iadecible  satisCaocion;  pero  no 
piense  Y.  S.,  aftadio ,  qoe  se  la  doy  porque  es  seftor  de  este  lu-- 
gar;  aun  cuando  no  fiiera  Y.  S.  mas  que  mayordomo  de  don  César 
y  de  don  Alfonso ,  le  preferiria  i  todos  los  demas  amantes  que  se 
presentaseuy  porque  siempre  le  hetenido  grande  indinacâon;  y 
lo  que  mas  siento  es  que  mi  Antonia  no  tenga  una  dote  conside- 
rable que  ofrecerle.  No  le  pido  ninguna,  le  dije;  su  persona  es 
el  unico  bien  à  que  aspiro.  Doy  A  Y.  S.  mil  gracias,  exclamé  ; 
pero  no  es  esa  mi  cuenta  :  yo  no  soy  ningun  descamisado  para 
casar  as(  k  mi  hija  :  Basilio  de  Buentrigo  tiene,  A  Dios  gracias, 
con  que  dotarla»  y  quiero  elladé  i  Y.  S.  de  cenar  si  Y.  S.  le  da 
de  comer.  En  una  palabra ,  las  rentas  de  esta  quinta  no  exceden 
de  quinientos  ducados,  y  yo  haré  que  lleguen  i  mil  en  gracia  de 
este  matrimonio. 

Pasaré  por  cuanto  quisieres ,  mi  amigo  Basilio ,  le  respond! ,  y 
nunca  reAirèmos  por  materia  de  intereses  :  supuesto  que  los  dos 
estamos  de  acuerdo ,  solo  se  trata  de  obtener  el  consentimiento 
de  tu  hija.  Y.  S.  tiene  ya  el  mio ,  me  dijo ,  y  este  ;  no  basta  ?  No, 
le  respond!;  si  el  tuyo  me  es  necesario ,  el  de  ella  lo  es  tambien. 
El  suyo  dépende  del  mio ,  repuso  él ,  y  no  se  atreverà  k  resollar 
en  mi  presencta.  Antonia ,  le  répliqué ,  sumisa  k  la  autoridad  pa- 
ternal ,  sin  duda  estaré  pronta  &  obedecer  ciegamente  ;  mas  no 
se  si  en  esta  ocasion  lo  haré  sin  repugnancia ,  y  por  poca  que 
tuviese ,  nunca  me  consolaria  de  haber  sido  causa  de  su  desgrada  : 
en  fin,  no  me  basta  que  me  dés  su  mano,  sino  que  es  necesario 
que  su  corazon  no  lo  sienta.  { Que  diantre  1  dijo  Basilio ,  yo  no 
entiendo  todas  esas  filosofias  ;  bable  Y.  S.  mismo  oon  Antonia, 
y  Tcré ,  si  mucfao  no  me  engaAo ,  que  nada  apetece  mas  que  ser 
Tuestra  esposa.  Dicho  esto ,  Uamô  î  su  hija ,  y  me  dej6  un  me- 
mento k  solas  con  ella. 

Para  no  malograr  tan  preciosos  instantes,  fîii  desde  luego  al 
asunto  :  Bella  Antonia ,  le  dije ,  decide  de  mi  suerte  ;  aunque  tengo 
ya  el  consentimiento  de  tu  padre ,  no  créas  que  quiero  valerme 
de  él  para  violentar  tu  gusto.  Por  dulce  que  me  sea  tu  posesion , 
yo  la  rennncio  si  me  dices  que  no  la  he  de  deber  sino  solamente 
k  tu  obediencia.  Eso  es ,  sefior,  me  respondiô  ella ,  lo  que  nunca 
os  dire;  yuestra  solicitud  es  para  mi  tan  grata  que  jamas  podré 
causarme  pena ,  y  en  vez  de  oponerme  al  consentimiento  de  mî  ^ 
padre ,  apruebo  su  eleccion.  No  se ,  prosiguiô ,  si  hago  bien  ô  mal 
en  hablaros  de  este  modo  ;  pero  si  no  me  hubierais  agradado , 
séria  bastante  franca  para  deciroslo  :  pues  i  porqué  no  podré 
declararos  lo  contrario  con  la  misma  libertad? 

Al  oir  estas  palabras ,  que  no  pude  escuchar  sin  quedar  ena- 


LIBRO  DÉCIHO.  467 

genado ,  hinqnë  una  rodilla  en  tierra  delante  de  Antonia ,  y  en 
el  exceso  de  mi  alegria  tomândole  una  de  sus  hennosas  manos 
se  la  besé  con  ademan  tiemo  y  apasionado.  Mi  amada  Antonia  » 
le  dije,  tu  franqueza  me  hechiza:  continua;  no  te  violentes  por 
nada ,  pues  hablas  à  tu  esposo  :  lea  yo  en  tus  ojos  lo  que  pasa 
en  tn  corazon ,  para  que  pueda  lisonjearme  de  que  no  yeris  sin 
complacencia  estrecharse  lu  suerte  con  la  mia.  À  esta  sazon  entrô 
BasQio ,  y  no  pude  proseguir.  Deseoso  este  de  saber  lo  que  su  hija 
me  habia  respondido ,  y  dispuesto  à  reflirla  si  me  hubiese  mani- 
festado  la  mraor  aversion  y  volviô  prontamente  à  reunirse  con* 
migo.  Y  bien ,  me  dijo ,  i  esté  Y.  S.  contento  con  la  respuesra 
de  Antonia?  Lo  estoy  tanto>  le  responds,  que  desde  este  mo- 
mento  yoy  à  ocuparme  en  los  preparatives  de  mi  casamiento  ;  y 
dicbo  esto  dejè  à  padre  è  hija  para  tr  à  celebrar  consejo  sobre  el 
asonto  con  mi  secretario. 

CAPITULO  IX. 

Caïamiento  de  GU  Bias  y  la  bella  Antonia  :  aparato  eon  que  se  hizo  ;  que  pnrso- 
nas  asittieron  iéL,y  fiestas  con  que  se  celebrô. 

Annqae  no  necesitaba  del  permise  de  los  sefiores  de  Leiva 
para  casarme ,  juzgàmos  Escipion  y  yo  que  no  podria  excusarme, 
sin  faltar  é  la  gratitude  de  participarles  mi  designio  de  unirme 
con  la  bija  de  Basilio,  y  aun  de  pedirles  su  consentimiento  por 
polltica. 

Marché  al  memento  i  Yalencia ,  donde  todos  se  quedéron  tan 
sorprendidos  de  verme,  como  de  saber  el  motive  de  mi  viage. 
Don  César  y  don  Alfonso ,  que  conocian  à  Antonia  por  baberia 
visto  varias  veces,  me  diéron  mil  enhorabuenas  de  haberla  ele- 
gido  por  esposa.  Sobre  todo  don  César  me  hizo  un  cumplimiento 
tan  expresivo ,  que,  à  no  estar  yo  persuadido  de  que  aquel  se- 
fier  habia  dejado  del  todo  ciertos  pasatiempos ,  sospecharia  que 
mas  de  una  vez  habia  ido  à  Liria ,  no  tanto  por  ver  su  quinta , 
como  à  la  hija  de  su  arrendador.  Serafina  por  su  parte ,  despues 
de  haberme  asegurado  que  siempre  tomaria  mucho  interes  en 
mis  satisfacciones ,  me  dijo  que  habia  eido  hacer  mil  elegies  de 
Antonia.  Pere ,  afiadiô  con  algo  de  malicia ,  y  como  para  zahe- 
rirme  sobre  la  indiferencta  con  que  habia  correspendido  al  amor 
de  Séfera ,  aunque  no  me  hubieran  ponderado  su  hermosura , 
jamas  hubiera  dudado  de  tu  bnen  gusto ,  porque  se  le  delicado 
que  es. 

No  se  contentéron  den  César  y  su  hijo  con  aprobar  mi  matri- 
monio ,  sine  que  quisiéron  que  les  gastos  de  la  boda  corriesen 
todos  de  su  cuenta.  Yuelve ,  me  dijéron ,  à  tomar  el  camino  de 
Liria ,  y  no  saigas  de  alli  hasta  que  eigas  hablar  de  nosotres  ;  ni 


468  GIL  BLAS. 

hagas  preparati^o  alguno  para  la  boda,  que  ese  es  cuidado  nnestro. 

Por  condescender  con  la  Toluntad  de  aqueOos  seftores  »  me 
vohi  à  mi  quinta.  Comuniqué  à  Basilio  y  à  sa  hija  las  inten- 
Clones  de  nuestros  protectores ,  y  esuivimos  esperando  con  la 
mayor  pacienda  que  nos  foe  posiMe  noticias  suyas.  Ninguna  to- 
vimos  en  el  espacio  de  ocho  dias;  pero  al  noyeno  ytmos  Uegar 
un  coche  de  cuatro  mulas  con  costoreras  dentro ,  que  traian  her- 
mosas  telas  de  seda  para  vestir  à  la  novia,  escoltando  el  coche 
muchos  lacayos  montados  en  mulas.  Uno  de  ellos  me  entrego 
una  carta  de  parte  de  don  Alfonso ,  en  que  me  decia  este  seftor 
que  el  dia  siguiente  estaria  en  Liria  con  su  padre  y  su  esposa , 
y  que  al  otro  celebraria  la  ceremonia  del  matrimonio  el  provisor 
de  Valencia.  Con  efecto ,  al  otro  dia  Uegéron  i  mi  quinta  don 
Cesar,  su  hijo ,  Serafina  y  el  provisor,  todos  cuatro  en  nn  coche 
de  seis  caballos ,  precedido  de  otro  con  cuatro ,  en  que  yeman 
las  criadas  de  Serafina,  y  seguido  de  la  guardia  del  gobomador. 

Luego  que  la  gobernadora  entrô  en  la  quinta,  mostrô  yivos 
deseos  de  yer  à  Antonia ,  la  cual ,  asi  que  supo  la  llegada  de  Se- 
rafina, acudiô  à  saludarlay  besarle  la  mano ,  lo  que  ejecotô  con 
tanta  gracia  que  dejô  admirada  à  la  comitiya,  Y  bien,  Sera- 
fina, preguntô  don  César  i  su  nuera,  ^què  os  parece  Antonia? 
;podia  Santillana  hacer  una  eleccion  mejor?  No ,  respondiô  Sera- 
fina ;  parece  que  nacièron  el  uno  para  el  otro ,  y  no  dudo  que  su 
enlace  -sera  muy  feliz.  En  fin ,  todos  alabàron  mr  noyia ,  y  si  les 
pareciô  bien  con  su  yestido  de  sarga  ,quedéron  aun  mas  encan- 
tados  de  elb  cuando  se  présenté  con  trage  ostentoso;  pues, 
segun  la  nobleza  y  desembarazo  de  su  persona ,  parecianohaber 
usado  otros  en  su  yida. 

Uegado  el  momento  en  que  un  dulce  himeneo  habia  de  unir 
para  siempre  nuestra  suerte ,  don  Alfonso  me  tomô  de  la  mano 
para  conducirme  al  altar,  y  Serafina  hizo  el  mismo  honor  A  h 
noyia  :  en  este  ôrden  nos  dirigimosâ  la  iglesia  de  la  aldea,  en 
donde  nos  estaba  esperando  el  proyisor  para  casamos;  cere- 
monia que  se  celebrô  con  grandes  aclamaciones  de  los  habitantes 
de  Liria  y  de  los  labradores  ricos  del  contorno ,  A  quienes  habia 
conyidado  Basilio  é  la  boda  de  Antonia ,  los  cuales  Ueyaban  con- 
sigo  à  sus  hijas  adornadas  de  cintas  y  de  flores ,  y  con  panderetas 
en  la  mano.  Nos  yolyimos  en  seguida  à  la  quinta ,  en  donde ,  por 
disposicion  deEscipion  director  del  festin ,  habia  preyenidas  très 
mesas ,  una  para  los  seflores,  otra  para  su  comitiya,  y  la  ter- 
cera,  que  era  la  mayor,  para  todos  los  demas  conyidados.  An- 
tonia se  sente  en  la  primera ,  porque  asi  lo  quiso  la  gobernadora; 
yo  hice  los  honores  de  la  segunda,  y  Basilio  asistiô  A  la  de  los 
aldeanos.  Escipion  à  ninguna  se  sentô  ;  no  hacia  mas  que  ir  y  yenir 
de  una  à  otra  cnidando  de  que  las  mesas  estuyiesen  bien  seryidas, 
y  todos  contentos. 


LIBRO  DÊGIMO.  W9 

Los  cocineros  del  gobernador  eran  los  qae  habnn  dispuesto 
ia  oomkla ,  y  ya  se  deja  entender  que  nada  feltaria  en  ella.  Los 
exquisitos  yinos  de  que  el  maestro  Joaquin  habia  hecho  provision 
fiara  mi  se  gastâron  con  profusion.  Los  convidados  comenzaban 
à  «calorarse,  y  reinaba  una  alegria  general  »  cuando  fuè  turbada 
de  repente  por  un  acontecimiento  que  me  sobresaltô.  Habiendo 
entrado  mi  secretario  en  la  sala  donde  yo  comia  con  los  princi- 
pales criados  de  don  Alfonso ,  y  las  criadas  de  Serafina ,  cayô 
de  repente  desmayado ,  perdiendo  el  conocimiento.  Leyantémo 
prontamente  à  socorrerle,y  miéntras  estaba  ocupado  en  hacerle 
▼oWer  en  si,  una  de  las  criadas  se  desmayô  tambien.  Todos  nos 
persnadimos  que  estos  dos  desmayos  encerraban  algun  misterio; 
y  en  efecto  ocnltaban  uno  que  tardô  poco  en  aclararse  ;  porque 
recobrando  de  alii  à  poco  Escipion  el  uso  de  los  sentidos ,  me 
dijo  en  Yoz  baja  :  ;  El  dia  mas  alegre  para  vmd.  habia  de  ser  para 
mi  el  mas  in£ftusto  1  Ninguno  puede  evitar  su  desgracia ,  afiadiô  ; 
acabo  de  encontrar  A  mi  muger  en  una  de  las  criadas  de  Serafina. 
I  Que  es  lo  que  oigo  I  exclamé  ;  no  puede  ser.  ;Como?  (Sérias 
acaso  el  marido  de  esa  muger  que  ac8l)a  de  desmayarse  al  mismo 
tiempo  que  tu7  Si ,  seAor,  me  respondiô  ;  soy  su  marido ,  y  juro  A 
vdmI.  que  no  podia  la  fortuna  jugarme  una  pieza  mas  ruin  que 
presentarla  à  mis  ojos. Ignore ,  amigo  mio , répliqué,  las  razones 
que  tienes  para  quejarte  de  tu  esposa  ;  pero ,  sea  el  que  fnere  el 
motivo  que  haya  dado  para  ello  ,  te  ruego  que  te  réprimas  :  si' 
me  amas ,  no  turbes  la  fiesta  haciendo  publico  tu  resentimiento. 
Sefior,  repuso  Escipion ,  quedaréis  satisfecho  de  mi  ;  vais  à  yer 
8i  se  disimular  perfectamente. 

Hablando  de  este  modo  se  acercô  hàcia  Su  muger  à  quien  sus^ 
compalleras  tambien  habian  hecbo  volver  en  si ,  y  abrazàndola 
con  tanta  ternura  como  si  efectivamente  hubiera  estado  lleno  de 
gozo  por  Tolverla  i  yer  :  ;  Ah  mi  querida  Beatriz ,  le  dijo ,  con- 
que al  fin  el  cieio  nos  yuelye  é  juntar  al  cabo  de  dîez  afios  de 
separadon  !  { Oh  dulce  momento  para  mi  !  Yo  no  se ,  le  respon- 
diô su  muger,  si  expérimentas  realmente  algun  placer  en  yol- 
yerme  i  encontrar;  pero  à  lo  ménos  estoy  bien  persuadida  de 
que  no  te  di  ningun  motive  juste  para  abandonarme.  Porque  me 
enoontréste  una  noche  con  el  sefior  don  Fernando  de  Leiva  que 
estaba  enamorado  de  mi  ama  Julia ,  y  à  cuya  pasion  favorecîa 
yo ,  se  te  figuré  é  ti  que  yo  le  daba  oidos  é  costa  de  tu  honor  y 
del  mio  :  al  momento  te  trastoman  la  cabeza  los  zelos,  dejas  A 
Toledo,  y  huyes  de  mi  como  de  un  monstruo ,  sin  dignarte  si- 
quieift  pedirme  satisfiEKX^ion  ni  escuchar  mis  descargos;  dime  ahora, 
si  gustas,  ;cual  de  los  dos  tiene  mas  derecho  para  quejarse ?  Tù 
sin  duda ,  le  replicô  Escipion.  Ciertamente  que  si ,  continué  elia  ; 
don  Fernando  luego  que  partiste  de  Toledo  se  casé  con  Julia , 
A  la  queestuve  sirviendo  todo  el  tiempo  que  vivié;  pero  despues 


470  GIL  BLA& 

que  una  muerte  temprana  nos  b  arrebatA ,  me  tomô  i  so  ser- 
Tick)  <flo  hermana  mi  seAora ,  y  tanto  eDa  oomo  UMlaa  sua  criadas 
te  podrÂD  informar  de  la  pureza  de  mis  costumbres. 

No  teniendo  que  replicar  mi  secretario  é  estas  razooes ,  paes 
no  podia  probar  fuesea  falsas,  cediô  gastoso  A  la  fiierza  de  ellas, 
y  dijo  à  su  esposa  :  Vueho  i  repetir  que  reconozco  mi  culpa ,  y 
te  pido  perdon  de  ella  A  vista  de  este  respetable  concarso.  En- 
t6nces  iatercediendo  por  él,  rogué  à  Beatriz  olvidase  lo  pasado, 
aseguràndole  que  su  marido  no  pensaria  en  adelante  mas  que  en 
tratarla  con  el  mayor  cariAo.  Rindiôse  é  mi  suplica;  todos  k» 
circunstantes  celebràron  la  reunion  de  estos  dos  esposos»  y  pars 
soiemnizarla  mejor  se  les  hizo  sentar  A  la  mesa  juntos  :  se  rept- 
tiéron  A  porfia  los  brindis  por  la  salud  de  entrambos,  y  mas  pa- 
recia  que  el  festin  se  habia  dispuesto  para  celebrar  aquella  re- 
oonciliacion  que  para  féstejar  mi  boda. 

La  tercera  mesa  fiiè  la  primera  que  qnedô  desierta.  Leyanté- 
ronse  de  ella  los  aldeanos  mozos  para  formar  bailes  con  las  jôvenes 
aldeanas  que  con  el  ruido  de  sus  panderetas  atrajëron  bien  pronto 
A  los  convidados  de  las  otras  mesas  y  les  inspiràron  el  deseo  de 
seguir  su  ejemplo.  Todos  se  pusièron  en  movimiento  :  los  de-> 
pendientes  del  gobernador  bailAron  con  las  criàdas  de  la  gober- 
nadora ,  y  hasta  los  mismos  seftores  se  mezcléron  en  la  fiesta. 
Don  Alfonso  bailô  una  zarabanda  con  Serafina,  y  don  César  otra 
con  Antonia ,  la  cual  Tino  despues  A  buscarme  para  que  bailase 
con  ella ,  y  en  yerdad  que  no  lo  hizo  mal  para  una  persona  que 
no  tenia  mas  que  algunos  prindpios  de ,  baile  que  babia  apren- 
dido  en  casa  de  una  parienta  suya  avecîndada  en  Albarracin.  Yo 
que  9  como  ya  he  dicho,  me  habia  enseftado  A  bailar  en  casa  de 
la  marquesa  de  Chaves ,  pasé  en  el  concepto  de  todos  por  un 
gran  bailarin.  Beatriz  y  Escipion  prefiriéron  al  baile  una  con- 
yersacion  entre  los  dos  para  darse  reciproca  cuenta  de  lo  que 
les  habia  sucedido  miéntras  habian  estado  separados  ;  pcro  foè 
interrumpido  su  coloquio  por  Serafina,  que  informada  de  snen- 
cuentro  los  hizo  Uamar  para  manifestarles  lo  mucbo  que  de  elle 
sealegraba.  Hijos  mios»  les  dijo,  en  este  dia  de  regocijo  se 
acrecienta  mi  satisfaccion  yièndoos  restituidos  uno  A  otro.  Amigo 
Escipion,  aAadiô,  ahi  te  entrego  A  tu  esposa ,  asegurAndote  que 
su  conducta  ha  sido  siempre  irreprensible  ;  vive  aqui  con  ella 
en  perfecta  armonia.  Y  tu ,  Beatriz ,  dedicate  al  seryicio  de  An- 
tonia y  no  le  seas  mènes  afecta  que  tu  marido  lo  es  al  seAor  de 
Santillana.  Escipion ,  no  pudiendo  ya  A  vista  de  esto  mirar  A  sa 
muger  sino  como  A  otra  Pentiope ,  prometiô  tratarla  con  todas 
las  atenciones  imaginables. 

ReUrAronso  los  aldeanos  y  aldeanas  A  sus  casas  despaes  de 
haber  estado  bailando  toda  la  tarde;  pero  continué  la  fiesta  en 
la  quinta.  Sirviôse  una  magnifica  cena;  y  cuando  se  tratô  de  irse 


LIfiRO  nËCmO.  471 

todos  i  reooger,  el  provisor  bendgo  el  leeho  nupoial  :  Serafioa 
desnudô  à  la  uovia»  y  los  sefiores  de  Leiva  me  hicièroa  la  mis- 
ma  honra.  Lo  mas  gradoso  fiië  que  los  dependieates  de  don  Al- 
fonso y  las  criadas  de  la  gobemadora  quisièron  para  diyertirse 
l»racticar  la  misma  oeranonia  ;  desnud Jo'on  à  fieatriz  y  à  Esd- 
pion ,  los  coales ,  para  bacer  mas  cômica  la  escena ,  se  dejâron 
desnudar  y  acostar  guardàndo  gran  gravedad. 

CAPITULO  X. 

Lo  que  sucediô  despues  de  la  boda  de  Gil  Bias  y  de  la  bella  Autonia.  Princijii»- 
de  la  historia  de  Ëscipion. 

Al  dia  siguiente  de  mi  boda  los  seftores  de  Leiya  regreséron- 
à  Valencia  despoes  de  baberme  dado  otras  mil  selUdes  de  amis* 
tad;  de  tal  modo  qne  mi  buen  seeretario  y  yo  nos  qnedémo» 
s<rios  en  la  quint&con  nuestras  mogere»  y  nuestros  criados. 

£1  empeflo  que  hicimos  nno  y  otFO  en  agradar  à  noestras  es- 
posas  no  fdè  inùtîl;  pnes  en  poco  tiempo  inspiré  yo  â  la  mia 
lanto  amor  como  le  profésaba,  y  Esdpion  hizo  olyidar  à  la  snya 
los  disgustos  que  le  habia  causado.  Beatric,  que  era  de  carécter 
dôeil  y  aftble ,  se  grangeô  âcilmente  el  cariflo  de  su'  nueyaama 
y  ganô  su  confianza.  En  Bn ,  todos  cuatro  nos  avenimos  perfeo- 
tamente^  y  comenzàmos  A  gozar  de  una  snerte  enyidiable,  pa- 
sando  la  vida  en  los  mas  dulces  entretenimientos.  Antonia  era 
bastanle  séria;  pero  Beatrix  y  yo  eramos  muy  alegres  ;  y  aun 
cuando  no  lo  fneramos  nos  bastaria  estar  con  Esdpion  para  no 
eonooer  la  melancoUa;  porqne  era  un  hoinbre  sin*  igual  para  la 
sociedad  ^  una  de  aquellas  personas  fesliyas  que  solo  con  pre- 
sentarse  diyierten  â  la  concurrenda. 

Un  dia  que  despues  de  corner  se  nos  antojô  ir  A  dormir  la 
siesta  al  sitio  mas  apadble  del  bosqne,  mi  seeretario  estaba  de 
tan  buen  humor,  que  nos  quitô  à  todos  el  suefio  con  sus  gra* 
dosas  ocurrencias^  Calla  esa  boca,  le  dije,  amigo  mio,  ô  si 
quieres  que  no  durmamos  cuèntanos  alguna  cosa  que  merezca 
Buestra  atendon.  Con  mucho  gusto,  seftor,  me  respondiô* 
iQuiere  ymd.  que  le  cuente  la  historia  del  rey  don  Pekyo?  De 
mcgor  gaua  oiria  la  tnya,  le  répliqué;  pero  ese  gusio  nunca  me 
lo  has  querido  dar  desde  que  y ivimos  juntos ,  ni  espero  que  ja-' 
mas  me  lo  des  :  ;de  que  proyiene  esto?  Si  no  he  contado  à  ymd. 
la  historia  de  mi  yida  ha  consistido  en  que  jamas  me  ha  manî- 
féstado  el  menor  deseo  de  saberla  ;  por  consiguiente  no  tengo  yo 
la  culpa  de  que  ymd.  ignore  mis  ayenturas  ;  y  por  poca  curio- 
sidad  que  tenga  de  oirlas  estoy  pronto  à  satisfacérsek.  Antonia , 
Beatrix  y  yo  le  cogimos  la  palabra ,  y  nos  dispusimos  à  escuchar 


47S  GIL  BLAS. 

80  reiacion ,  que  no  podia  méiios  de  caviar  en  nosoCros  on  boen 
efecto,  ya  dîyirtîéndonos  »  6  ya  exdténdonos  al  raeflo. 

Yo  y  oomenz6  à  decir  Esdpion ,  seria  hi)o  de  an  grande  de  Es- 
pafla  de  primera  ciase ,  6  oiiando  mènos  de  on  caMIero  del  bà* 
bito  de  Santiago  6  de  Alcintara ,  si  esio  hobiera  estado  en  mi 
mano  ;  pero  como  ningono  es  doello  de  escoger  padre ,  han  de 
saber  ostedes  que  el  mio,  llamado  ToriMo  £8C^[Hon ,  ftié  «n  bon- 
rado  cuadrillero  de  la  santa  Hermandad.  Como  iba  y  Tenia  per 
los  caminos  reaies ,  por  donde  sa  profesion  le  obligaba  i  andar 
casi  siempre,  cierto  dia  encontre  casoahnenle  entre  Cuenca  y  To- 
ledo A  ana  gitanilla  qoe  le  pareciô  moy  Unda.  Caminaba  sola ,  à 
pié,  y  lleyaba  consigo  todo  sa  ajoar  en  ona  especie  de  moddla 
echada  al  hombro.  ^A  donde  vas  as( ,  prenda  mia?  le  dyo ,  soa- 
yizando  cuanto  podo  la  toz  ,  qoe  era  natorafanente  bronca.  Ca- 
ballero ,  contesté  ella ,  Toy  à  Toledo ,  donde  de  on  modo  6  de 
otro  espero  ganar  de  comer  Tiyiendo  honradameMe.  Ta  imencîon 
es  moy  loaUe ,  replicô  él ,  y  no  dodo  qoe  para  eso  tendres  yario» 
arbitrios.  Si ,  gracias  à  IMos ,  respondiô  la  gitanilla ,  tengo  varias 
habtlidades:  rt  haoer  pomadas,  y  qointas  esendas  moy  utiles 
para  las  damas  ;  digo  la  boena  yentora:  se  dar  yoeltas  al  oedazo 
para  bacer  qoe  se  encœntren  las  oosas  perdidas;  y  maestro 
coanto  se  qaîere  yer  en  ona  redoma  6  en  on  espejo. 

Paredèndole  i  Toribio  qoe  ona  jôyen  como  esta  era  on  par- 
tido  moy  yentajoso  para  on  hombre  como  él ,  i  qoien  sa  empleo 
apteas  le  prodada  para  mantenerse,  sin  embargo  de  saber  des- 
empeAarle  con  la  mayor  exactitnd ,  le  proposo  si  qoeria  ser  so 
esposa.  Aceptô  la  nifia  la  propoesta  ;  se  fbèron  ambos  inmedia- 
tamente  A  Toledo ,  en  donde  se  casiron ,  y  en  mi  yen  ostedes  d 
digno  firuto  de  este  noble  matrimonio.  Fijéron  sa  residenda  en 
on  arrabal ,  en  donde  mi  madré  comenzô  é  yender  pomadas  y 
qointas  esendas  ;  pero  yiendo  qoe  este  trato  prododa  pooo ,  co- 
menzô A  hacer  de  adiyina.  Entônces  foé  coando  se  yiéron  Iloyer 
en  sa  casa  pesos  doros  y  doblones.  Mil  mentecatos  de  ambos 
sexos  posièron  bien  pronto  en  aoge  la  fieana  de  Cosoolina ,  qoe 
asi  se  Uamaba  la  gitana.  No  pasaba  dia  sin  que  vinîese  algimo  A 
ocoparla  en  su  ministerio  :  ya  llegaba  on  sobrino  pobre ,  qoe  qoe- 
ria saber  ooando  su  tio ,  de  qoien  era  ùnico  heredero ,  partiria 
para  la  otra  yîda  ;  y  ya  llegaba  una  doncella  que  deseaba  oon  an- 
sia  ayerigoar  si  un  caballero  mozo  qoe  le  habia  dado  pahtMH 
de  casamiento  se  la  compliria. 

PersuAdome  de  que  ustedes  darAn  por  supoesto  qoe  los  yati- 
cioios  de  mi  madré  siempre  eran  feyorables  A  las  personas  A  qoie- 
nes  los  hacia:  si  se  cumplian ,  enhorabuena  ;  pero  si  algooa  yez 
yenian  A  reconyenirla  por  haber  socedido  lo  contrario  de  lo  que 
liabia  pronosticado ,  contestaba  irescamentc  qoe  debia  echarse  la 
culpa  al  dîablo ,  qoe ,  A  pesar  de  la  iiierza  de  los  conjoros  que 


LIBRO  DÊCIMO.  473 

eRft  empleaba  para  obtigarle  A  que  le  revelase  lo  ftitoro ,  tenia 
«ilgonas  yeces  la  malicia  de  engafiarla. 

Caando  mi  madre  ^  por  honor  del  oficio ,  creia  deber  hacer 
visible  a!  diablo  en  sus  operaciones ,  entônces  era  Toribio  Esei- 
pion  quien  hacia  el  papel  del  diablo ,  y  lo  desempefiaba  con  per- 
fcodon ,  porque  la  aspereza  de  su  toz  y  la  fealdad  de  su  rostro 
cuadraban  à  maravilla  con  lo  que  representaba.  Poca  credulidad 
era  menester  para  espantarse  al  aspecto  de  mi  padre  ;  pero  un 
dia  Tino  por  desgracia  cierto  capitan  majadero  que  quiso  yer  al 
diablo ,  y  le  atravesô  de  parte  à  parte  con  la  espada.  Informada' 
la  inquisicion  de  la  muerte  del  diablo  despachô  sus  ministros  con- 
tra la  Goscolina ,  à  qnien  prendiéron ,  embargando  al  mismo  tiem- 
po  todos  sus  efectos  ;  y  à  mi ,  que  à  la  sazon  solo  tenia  siete 
aAos ,  me  metièron  en  et  hospicio  de  los  nifios  huérfenos.  Habia 
en  esta  casa  unos  caritatiyos  eclesiàsticos  que,  estando  bien  do- 
fados  para  cuidar  de  la  educacion  de  los  pobres  huèrianos ,  te- 
nian  el  trabajo  de  ensefiarles  A  leer  y  escribir.  Pareciôles  que  yo 
promelia  mucho ,  y  por  esta  causa  me  distinguièron  entre  los 
demas ,  escogièndome  para  hacer  sus  recados.  Yo  era  el  que  lie- 
Taba  sus  cartas,  hacia  sus  demas  encargos  y  les  ayudaba  à  misa. 
En  pago  de  mis  seryicios  tratéron  de  ensefiarme  la  lengua  latina  ; 
pero  lo  ejecutiron  con  tanta  aspereza ,  y  me  tratéron  con  tal  ri- 
gor, A  pesar  de  los  seryicios  que  les  hacia,  que ,  no  pudiendo  ya 
reaistir  mas ,  un  dia  en  que  me  enyiAron  A  un  recado ,  cogi  las 
de  Vilbdiego ,  y  en  yez  de  yolyer  al  hospicio  me  escape  de  To- 
ledo por  el  arrabal  del  lado  de  Seyilla. 

Aunque  A  la  sazon  apénas  tenia  nueye  a|los  cumplidos ,  no  cabia 
en  mi  de  contento  de  yerme  en  lîbertad  y  duefio  de  mis  acciones. 
No  lleyaba  que  corner  ni  dinero  ;  pero  nada  me  importaba,  porque 
tampoco  tenia  leccion  que  estudiar ,  ni  temas  que  componer.  Des- 
pues de  haber  andado  dos  horas ,  comenzéron  mis  piernecitas 
é  negarme  su  seryicio.  Como  nunca  habian  hecho  tan  larga 
caminata  ftië  preciso  pararme  A  descansar.  Sentéme  al  pié  de 
on  Arbd  que  estaba  A  orillas  del  camino  real,  y  para  entretener- 
me  saqué  el  arte  que  lleyaba  en  el  bolsillo.  Comenzè  A  ojearle 
por  diyersion  ;  pero  acordAndome  de  las  palmetas  y  de  los  azo- 
tes que  me  habia  costado ,  desgarré  las  hojas ,  diciendo  lleno  de 
oMera:  \  Ah  maldito  libro  !  ya  no  me  harés  llorar  mas.  Estando 
satisfaciendo  mi  yenganza ,  y  sembrando  la  tierra  al  rededor  de 
mi  de  declinaciones  y  conjugaciones ,  pasô  casualmente  por  alK 
an  ermitafio  de  aspecto  yenerable ,  con  barba  blanca ,  y  unos  gran- 
des anteojos.  Acercôse  A  mi ,  mirôme  con  mucha  atencion ,  y  yo 
tambien  le  estuye  mirando  con  la  misma.  Hijito  mio ,  me  dîjo 
sonriëndose ,  me  parece  que  los  dos  nos  hemos  mirado  con  ca- 
rifto ,  y  que  no  hariamos  mal  en  yiyir  juntos  en  mi  ermita ,  que 
solo  dÎBta  dosdentos  pasos  de  aquL  Buen  proyecho  le  haga  A 


474  GIL  M.AS. 

vind.,  le  respoodi  cm  bastante  sequedad,  que  yo 
tengo  de  ser  ermttaflo.  Al  otr  eata  respuesu ,  el  bnen  viejo  die 
una  grande  cartayada  de  risa  »  y  me  dijo  atyrazàndome  :  Mi  h&bito , 
hqo  mio ,  no  debe  asuatarte  ;  si  es  poco  grato  à  la  yisia,  es  de 
grande  utilidad  y  pues  me  hace  dueAo  de  un  deleitoso  retire ,  y 
de  varios  Ingarcitos  cîrcunvednos ,  cuyos  ha&tontes  me  aman ,  ô 
por  mejor  dedr ,  me  idolatran.  Vente  eonmigo,  aûadiô ,  y  te  pon- 
dre un  hébito  oomo  el  mio.  Si  te  fiiese  bien  con  él ,  partidparéfi 
conmigo  de  las  dulzuras  de  la  Tida  que  hago  ;  y  si  no  te  aoomo- 
dase  esta ,  no  solo  seras  duefto  de  marcharte ,  sino  que  poedes 
contar  con  que  al  separarnos  no  dejaré  de  haucerte  todo  el  bien 
que  pued|i. 

Dejéme  persuadir,  y  segui  al  viejo  ermitaûo,  que  me  hizo 
varias  preguntas ,  é  las  que  respondi  con  una  ingenuidad  que  no 
siempre  he  tenido  en  adelante.  Luego  que  llegémos  i  la  ermiia 
me  présenté  algunas  frutas  que  dévoré  en  on  instante  »  porque 
en  todo  el  dia  no  habia  comido  mas  que  on  zoqnete  de  pan  seoo 
con  que  me  habia  desayunado  en  el  hospicio  por  la  maftana.  El 
solitario,  viéndome  menear  tan  bien  las  quijadas»  me  dyo:  Ànimo» 
hijo  mio  y  no  dejes  de  comer  por  miedo  de  que.se  acaben  las 
frutas  9  pues  gracias  al  cielo  tengo  muy  buena  provision  de  ellas. 
No  te  he  traido  aqui  para  matarte  de  hambre:  lo  que  era  m»- 
cha  verdad ,  porque  una  hora  despues  de  nuestra  llegada  en- 
cendiô  lumbre,  puso  i.asar  una  pierna  de  carnero;  y  miëntras 
yo  daba  vuelias  al  asador»  él  dispuso  una  mesita  »  oubriéndoia 
con  un  mantel  no  muy  limpio ,  y  poniendo  en  ella  dos  cnbin^ 
tos  y  uno  para  él  y  otra  para  mu 

Luego  que  el  carnero  estuvo  en  sazon  y  le  sac6  del  asador, 
cortô  algunos  pedazos  de  él»  y  nos  sentàmos  à  cenar;  pero 
nuestra  cena  no  fué  como  la  de  las  ov^jas,  porque  bebimos  un 
exquisito  vino  y  del  cual  tenia  tambien  el  ermitaûo  un  buen  re- 
puesto.  Y  bien ,  amiguito ,  me  dijo  luego  que  nos  ievantàmos  de 
la  mesa,  pestas  contento  con  mi  trato?  l>e  este  modo  comtés 
mîéntras  estuvieres  conmigo.  Por  lo  demas  harés  en  este  eremn 
torio  lo  que  mejor  te  paredere;  solo  exijo  de  ti  que  me  aoom- 
paAes  cuando  vaya  à  recoger  la  limosna  à  los  lugares  vecinos; 
me  serviras  para  Uevar  del  cabestro  un  borriquillo  cargado  de 
dos  banastas ,  que  los  aldeanos  caritativos  llenan  ordinariam^ite 
de  huevos ,  pan  y  carne  y  pescado  :  no  te  pido  mas.  Haré ,  le  res- 
pondi y  todo  lo  que  vmd.quiera  con  tal  que  no  me  obligue  à  es- 
tudiar  el  latin.  No  pudo  ménos  de  reirse  de  mi  senciUez  el  her- 
mano  Crisôstomo ,  que  asi  se  Ilamaba  el  anciano  ermitafto ,  y 
me  asegurô  de  nuevo  que  no  pensaba  nunca  violeatar  mis  indi* 
naciones. 

AI  dia  siguiente  salimos  à  nuestra  demanda  »  Uevando  yo  ei 
borrico  por  el  cabestro  y  y  recogimos  copiosas  liinosnas,  perque 


LIBRODÉCIMO.  475 

DO  babia  aldeanoque  do  toyiese  gasto  en  ecbàr  algnna  cosa  en 
noestras  banastas.  Uuo  daba  un  pan  entero ,  otro  un  bœn  pe- 
dazo  de  tocino  ;  quien  una  gallma,  y  qaien  una  perdiz.  ^Què  maa 
dire  à  uatedes?  llevàmos  à  la  ennita  viyeres  para  mas  de  una  ae- 
maiia;  buena  prueba  de  lo  nracho  que  amaban  al  h^mano  Cri- 
sôstomo  aquellas  gentes.  Verdad  es  que  este  tambien  les  servia 
bastante  d^doles  buenos  consejos  cuando  venian  â  consultaries 
padficando  los  matrimonios  en  que  reinaba  la  dîscordia ,  pro- 
porcionando  dotes  para  casarse  las  solteras ,  déndoles  remedios 
para  mil  clases  de  maies,  y  ensefiando  varias  oraciones  à  las  mo~ 
gères  casadas  que  deseaban  tener  bijos. 

Ya  yen  ustedes ,  por  lo  que  acabo  de  referir,  que  yo  estaba 
bien  tratado  en  la  ennita.  Si  la  comida  era  buena ,  la  cama  no 
era  desgraciada.  Acostàbame  sobre  buena  paja  fresca ,  teniendo 
por  cabecera  una  almobada  de  lana,  y  cubrièndome  con  una  manta 
de  lo  miamo;  de  manera  que  ne  hacia  mas  que  un  suefto,  d 
coal  duraba  toda  la  noche.  El  hermano  Crisôstomo,  que  me  ha<- 
bîa  ofrecido  un  hébito  de  ermitafto ,  me  hiso  uno  él  mismo  des- 
badendo  otro  yiejo  suyo^  y  me  llamô  el  herroanito  Escipion. 
Âpénas  me  présenté  en  làs  aldeas  yecinas  con  aquel  nœyo  trage, 
cai  à  todos  tan  en  gracia ,  que  el  pobre  borrico  apénas  podîa  con 
la  carga.  Todos  se  esmeraban  eu  dar  é  eual  mas  al  hermanito  s 
tanto  placer  tenian  en  yerme. 

  un  muchacho  de  mi  edad  no  podia  desagradarle  la  yida 
ociosa  y  regalona  que  disfrutaba  en  compaflia  del  yiejo  ermi- 
tafto  ;  asi  es  que  me  aficioné  tanto  à  ella  y  que  la  hubiera  conti- 
nuado  siempre,  si  las  Parcas  no  me  hubieran  hilado  otros  dîaa 
muy  diferentes  ;  pero  el  destino  que  debia  llenar  me  arrastrô  é 
dejar  bien  pronto  el  regalo ,  y  me  hizo  abandonar  al  hermano 
Criaôstomo  de  la  manera  que  yoy  à  referir. 

Veia  mochas  yeces  andar  al  viejo  en  la  alraohada  que  le  ser-* 
via  de  cabecera ,  sin  hacer  otra  cosa  que  descoserla  y  yolyerla 
à  coser.  Obseryé  un  dia  que  metia  en  ella  algun  dinero ,  lo  que 
excitô  en  mi  un  movimiento  de  curiosidad  que  me  propuse  sa^ 
tisfacer  al  primer  yiage  que  el  hermano  Crisôstomo  hiciese  à.To** 
ledo ,  à  donde  solia  ir  una  vez  à  la  semana.  Aguardè  con  impa^ 
ciencia  este  dia ,  sin  tener  por  entânces  mas  ofajeto  que  e)  de 
oontentar  mi  curiosidad.  Enfin  el  buen  hombre  partiô ,  y  yo  des* 
cosi  la  almohada ,  en  donde  halle  entre  la  lana  como  unos  cin-* 
cuenta  escudos  en  toda  clase  de  monedas. 

Yerosimilmente  este  tesoro  séria  efecto  del  agradecimiento  de 
los  aldeanos  é  quienes  habia  curado  con  sus  remedios ,  y  de  las 
aldeanas  que  por  la  yirtud  de  sus  oraciones  habian  tenido  hijos. 
Sea  lo  que  fuere ,  apénas  yi  que  aquel  era  un  dinero  que  sin  te- 
mor  podia  apropiarme ,  cuando  se  déclaré  mi  complexion  g»* 
tana  ;  diôme  una  tentacion  de  robarle ,  que  no  se  podia  atriboir 


«76  GIL  BLAS. 

Bioo  é  ia  Itaersa  de  la  sangre  que  corria  por  mis  veiuuL  Cedl  aio 
reaisteiidaà  la  teotacion;  encerrè  el  diDero  en  on  saqofllo  de  pa- 
to  en  qae  metiamos  nnestros  peines  y  noeBtros  gorros  de  dor- 
mir, J  despaes  de  haberme  despojado  del  hébito  de  ermitailo , 
y  Toelto  i  tomar  mi  veatido  de  haèrfimo ,  me  alcgé  de  la  ermita , 
parecièndome  qae  llevaba  en  mi  saquillo  todaa  las  riquezas  de 
las  Indias. 

Ustedes  acaban  de  oir  mi  primer  ensayo ,  oontinoô  Escipion , 
y  no  dada  que  esperarén  ona  série  de  aociones  del  mtsmo  jaez  : 
no  engaftaré  sus  esperanzas,  porque  aun  tengo  que  contarles 
oiras  hazafias  parecidas  à  esta  entes  de  llegar  é  mis  aociones 
loables;  pero  al  fin  llegarëmos  allé,  y  ustedes  yeràn  por  mi 
narradon  que  de  un  gran  picaro  se  puede  bacer  an  hombre  de 
bien. 

k  pesar  de  mis  pocos  aftos  no  fdl  tao  sfanple  que  tomase  el 
camino  de  Toledo ,  porque  me  expondria  à  encontrarme  cou  el 
hermano  Grisôstomo ,  que  sin  duda  hubiera  querido  Tolver  à 
juntarse  con  su  dinero.  Tome ,  pues ,  la  ruta  del  lugar  de  Galvez, 
donde  me  entré  en  un  meson ,  cuya  huèspeda  era  una  TÎuda 
como  de  cuarenta  afkos ,  y  tenia  todas  las  cualidades  que  se  re- 
quieren  para  saber  Tender  bien  sus  agujetas.  Laego  que  esta 
muger  puso  los  ojos  en  mi,  conociendo  por  el  vestido  que  me 
habia  escapado  del  hospîcio  de  los  huërfanos ,  me  preguntô  quien 
era,  y  à  donde  iba.  Respondile  que,  babiendo  muerto  mis  pa- 
dres ,  me  Teia  en  la  necesidad  de  buscar  conyeniencia.  Y  dime, 
bijo ,  me  yolviô  à  preguntar,  ;jsabes  leer?  Le  asegurë  que  si,  y 
que  tambien  escribia  lindamente.  En  verdad  yo  sabia  formar  las 
letras ,  y  juntarlas  de  manera  que  figuraba  una  cosa  asi  como 
escrita,  lo  que  me  parecîa  sobrado  para  Ueyar  Ja  cuenta  de  un 
meson  de  aldea.  Pues  yo  te  recibo,  repuso  la  mesonera,  para 
que  me  sirvas;  no  seras  inûtil  en  mi  casa»  porque  correras 
oon  el  libro  de!  gasto ,  y  llevaràs  cuenta  de  lo  que  me  deben  y 
debo.  No  te  daré  salario ,  aftadiô ,  porque  los  mucbos  caballeros 
que  yienen  i  parar  A  este  meson  siempre  dan  algo  à  los  cria- 
dos  ,  con  que  segnramente  puedes  conlar  cou  sacar  muy  buenos 


Acepté  el  partido ,  pero  reseryéndome,  como  ustedes  presu- 
miràn ,  la  fiicultad  de  mudar  de  aires  siempre  que  la  perma- 
nencia  en  Galyez  no  me  acomodase.  Apteas  me  vi  apalabrado 
para  seryir  en  el  meson ,  cuando  senti  mi  énimo  incomodado  con 
una  grande  inquietud.  No  querîa  que  nadie  supiese  que  yo  tenia 
dinero ,  y  no  sabia  donde  esconderle  de  modo  que  ningnno  pu- 
dièse  dar  con  él.  Como  no  conocia  aun  la  casa,  no  me  podia 
iiar  de  aquellos  sitios  que  me  parecian  mas  é  propôsito  para 
guardarlo.  {Oh,  y  cuanto  embarazo  nos  causan  las  riquezas! 
Déterminé  en  fin  ooultarle  en  un  rincon  del  psyar ,  parecièndome 


LIBAO  DÉGIHO.  477 

qae  en  ningaoa  otra  parte  podia  estar  mas  segaro,  y  procuré  so- 
seganne  coanto  me  fiié  posibie. 

Eramos  très  criados  en  el  meson  ;  on  mozo  rollizo  que  cuh- 
daba  de  la  cuadra,  una  moza  gallega^  y  yo.  Cada  uno  sacaba  lo 
que  podia  de  los  huéspedes  asi  de  à  piè  como  de  é  caballo  que 
paraban  en  él.  Yo  recibia  de  estos  sngetos  aignn  dineriflo  cuando 
les  iba  à  presentar  la  cuenta  del  gasto  ;  daban  tambien  alguna 
cosa  al  mozo  de  la  cuadra  para  que  cuidase  de  sus  caballerias  ; 
pero  la  Gallega ,  que  era  el  idolo  de  los  ealeseros  y  arrieros  que 
pasaban  por  alli ,  ganaba  mas  escudos  que  nosotros  maravedises. 
Luego  que  juntaÂ)a  yo  algunos  reaies ,  los  Hevaba  al  pajar  para 
aumentar  mi  caudal  ;  y  cuanto  mas  crecia  este ,  conocia  yo  que 
mi  tiemo  corazon  ibiâ  tomando  mas  apego  â  ël.  Besaba  algunas 
veces  mis  monedas,  y  las  estaba  contemplando  con  un  dulce  em- 
beleso  que  solamente  los  ayaros  pueden  comprender  suficiente- 
mente. 

El  amor  que  tenia  à  mi  tesoro  me  obligaba  é  irisitarle  treinta 
Teces  al  dia.  Encontraba  à  menudo  à  la  mesonera  en  la  escalera 
del  psyar,  y  como  era  una  muger  de  suyo  muy  desconfiada, 
quiso  un  dia  saber  que  era  lo  que  à  cada  instante  me  Ilevaba  al 
pajar.  Subiô  à  el  ^  y  comenzô  à  escudriftarlo  todo ,  rezelando  que 
yo  tendria  escondidas  algunas  cosas  que  le  babria  hurtado.  Re- 
Yolviô  la  paja  que  cubria  mi  bolson  >  y  diô  con  él.  Abriôle  ^  y 
▼iendo  dentro  pesos  duros  y  doblones,  creyô  6  fingiô  créer  que  yo 
le  habia  robado  aquel  dinero.  Por  de  contado  se  apoderô  del 
caudal ,  y  tratàndome  de  bribonzuelo ,  ladroncillo  y  malvado , 
mandô  al  mozo  de  la  oaballeriza,  enteramente  dedicado  à  com- 
placerla»  que  mesacudiese  unabuena  zurrade  azotes  ;  y  despues  de 
haberme  hecho  desollar  de  esta  manera,  me  echo  à  la  calle,  dicién* 
dome  que  no  queria  aguantar  picaros  en  su  casa.  En  mmo  asegu- 
raba  yo  y  clamaba  que  nada  le  habia  hurtado  :  la  mesonera  decia 
lo  contrario ,  y  todos  le  daban  mas  crédito  à  ella  que  à  mi  ;  y  de 
esta  manera  hs  monedas  delhermanoCrisôstomo  pasàron  de  manos 
de  un  ladron  à  las  de  una  ladrona. 

Lloré  la  pérdida  de  mi  dinero ,  coma  se  llora  la  muerte  de  un 
hijo  ùnioo  ;  pero  si  mis  làgrimas  no  fiiéron  bastantes  para  hacerme 
recobrar  lo  que  habia  perdido ,  por  lo  ménos  fiiéron  causa  para 
mover  àcompasion  â  algunas  personas  que  me  las  yeian  yerter ,  y 
entre  otras  al  cura  de  Galyez ,  que  casuahnente  pasô  junto  à  ml. 
Mostrôse  lastimado  del  triste  estado  en  que  me  yeia ,  y  me  lleyô 
consigo  à  su  casa.  En  ella ,  à  fin  de  sonsacarme ,  usô  del  medio  de 
manifestarse  muy  compadecido  de  mi.  (Cuanta  làstima,  dîjo,  me 
causa  este  pobre  muchacbo  !  ;Qué  maravilla  es  que  en  sus  pocos 
afios ,  en  su  ninguna  experiencia  y  falta  de  reflexion ,  haya  corne- 
tido  una  accion  ruin  ?  Apénas  se  encontrarà  un  hombre  que  no  haya 
hedio  alguna  en  eldiscurso  de  su  yida.  En  seguida ,  dîrigiéndome 


478  GIL  BLAS. 

la  palabra:Hijo  mio»  afladi6,  ^de  qaélngar  deEspafla  eras ,  y 
quienes  son  tus  padres?  porque  tienes  trasa  de  ser  hijo  de  gente 
honrada  ;  hàblame  en  confiania ,  y  caenta  cod  qae  no  te  des- 
ampararè. 

£1  cura ,  con  estas  halagûeflas  y  caritativas  palabras ,  me  iiié 
inseosibleniente  empefiando  en  que  le  descubrîese  todos  mis  pa- 
soa,  y  lo  hice  con  mucha  ingennidad,  sin  reservarle  nada  :  despues 
de  lo  cual  me  dijo  :  Amigo  mio ,  aunque  es  cierto  que  no  esta 
bien  en  los  ermitaftos  el  atesorar,  eso  no  desminuye  tu  culpa  ;  en 
robar  al  hermano  Cris6stomo  siempre  has  quebrantado  el  man- 
damiento  que  prohibe  hurtar  ;  pero  yo  me  encargo  de  oblîgar  à 
la  mesonera  A  que  devuelva  el  dinero ,  y  hacérselo  entregar  al 
hermano  Crisàstomo  ;  y  asi  por  esta  parte  puedes  desde  ahora 
aquietar  tu  concîencia.  Juro  à  ustedes  que  esto  era  lo  que  ménos 
cuidado  me  daba;  pero  el  cura  que  tenia  sus  fines  no  parô  aqui: 
Hijo  mio,  prosiguiô,  quiero  empeftarme  à  fovor  tuyo,  y  bus- 
carte  una  buena  convenienda.  HaAana  mismo  pienso  enyiarte  à 
Toledo  con  un  arriero ,  y  te  daré  una  carta  para  un  sobrino  mio , 
canônigo  de  aquella  catedral ,  que  no  rehusarà  admitirte  por  mi 
recomendacion  en  el  numéro  de  sus  criados,  los  cuales  todos  lo 
pasan  en  su  casa  como  unos  beneficiados  que  se  regalan  A  costa 
de  la  prebenda  ;  y  puedo  asegurarte  con  certidumbre  que  alli  lo 
pasaràs  perfectamente. 

Consolôme  tanto  esta  seguridad ,  que  luego  olvidé  el  talego  y 
los  azotes  que  me  babian  dado ,  y  ya  no  pensé  mas  que  en  el 
placer  de  Tivir  como  un  beneficiado.  Al  dia  siguiente,  miéntras 
estaba  yo  almorzando ,  llegô  à  casa  del  cura  un  arriero  con  dos 
mulas.  Subiéronme  en  la  una ,  y  montando  mi  conductor  en  la 
otra,  tomâmos  el  camino  de  Toledo.  Hi  compaflero  de  yiage 
gastaba  bupn  humor,  y  le  gustaba  divertirse  i  costa  del  prôjimo. 
Querido  Escipion ,  me  dijo,  en  verdad  que  tienes  un  bnen  amigo 
en  el  seûor  cura  de  Galyez  :  no  podia  darte  mayor  prueba  de 
lo  mucho  que  te  quiere  que  el  acomodarte  con  su  sobrino  el 
canônigo  ,  à  quien  tango  el  honor  de  conocer,  y  es  sin  dada  la 
perla  de  su  cabildo.  No  es  ciertamente  uno  de  aquellos  devotos» 
cuyo  semblante  macilento  y  extenuado  esti  predicando  morti- 
ficacion  y  abstinencia  :  es  gordo ,  Colorado ,  siempre  alegre  y 
festivo  :  un  hombre  en  fin  que  se  divierte  en  todo  lo  que  se 
présenta,  y  que  gusta  mucho  de  tratarse  bien.  Estarés  en  su  casa 
à  pedir  de  boca. 

Conociendo  el  socarron  del  arriero  el  placer  con  que  le  escn- 
chaba,  continué  el  elogio  del  canônigo,  ponderàndome  lo  mucho 
que  yo  celebraria  mi  fortuna  cuando  me  yiese  ya  criado  suyo. 
No  cesô  de  hablar  hasta  que  llegàmos  al  lugar  de  Cobisa,  donde 
nos  apeàmos  para  echar  un  pienso  à  las  mulas.  En  tanto  que  ë 
andaba  de  aqui  para  alU  por  el  meson ,  se  le  cayô  casualmente 


LIBRO  DÉCIMO.  479 

del  bolsillo  un  papel  que  yo  pode  coger  sin  que  el  lo  advirtiese, 
y  que  halle  medio  de  leer  miéntras  él  estaba  en  la  cuadra.  Era 
ana  carta  dirigida  à  los  capellanes  del  hospicio  de  los  huérfanos, 
conoebida  en  estos  términos  : 

JIfiiy  seûores  mios  :  me  creo  obUgado  en  caridad  a  enviar  d  9u 
poder  un  bribonzueto  que  ie  escapô  de  ese  hootch.  Paréceme  un 
muchacho  muy  despabUado ,  y  par  lo  miimo  muy  digno  de  que  ti«- 
tedcM  9e  shvan  tenerle  encerrado.  No  dudo  que  d  fuerza  de  corre- 
girle  podrdn  ustedei  hacer  de  él  un  mozo  de  provecho.  Queda 
rogando  d  Dio9  conserve  d  ustedeê  en  tan  piadoto  como  caritaiivo 
mmuterio  el  cura  de  Galvez. 

Luego  que  acabë  de  leer  esta  carta ,  que  me  manifestaba  la 
buena  intencion  del  seftor  cura,  no  dude  un  punto  sobre  el  par- 
tido  que  habia  de  tomar.  Salir  inmediatamente  del  meson ,  y 
ponerme  en  las  orillas  del  Tajo,  distante  mas  de  una  legua  de  aquel 
logar ,  todo  file  obra  de  un  momento.  El  miedo  me  presto  alas 
para  huir  de  los  capellanes  del  hospicio  de  los  huérfonos,  al  que 
de  ningnn  modo  queria  volver  :  tanto  me  habia  disgustado  sa 
modo  de  enseflar  la  gramàtica.  Entré  en  Toledo  tan  alegre  como 
si  supiera  à  donde  habia  de  ir  é  comer  y  beber.  Es  verdad  que 
aquella  es  una  ciudad  de  bendicion ,  en  la  cual  un  hombre  de 
talento  reducido  A  vivir  é  costa  agena  no  puede  morirse  de  ham- 
bre,  pues  no  bien  habia  entrado  en  la  plaza  cuando  un  caballero 
bien  Testido,  à  cuyo  lado  pasaba,  agarràndome  por  el  brazo  me 
dijo  :  Chiquito,  f,  quieres  servirme?  porque  me  alegrara  tener  un 
criado  como  tû.  Y  yo  un  amo  como  Tuesa  merced ,  le  respond! 
prontamente.  Siendo  asi ,  me  replicô  y  desde  ahora  mismo  date 
por  recibido,  signeme;  y  yo  lo  hice  sin  replica. 

Este  caballero ,  que  podia  tener  como  unos  treinta  alios ,  y  se 
Uamaba  don  Abel,  estaba  hospedado  en  una  posada  de  caballeros , 
donde  ocupaba  un  cuarto  decentemente  alhajado.  Era  un  jugador 
de  profesioUy  y  vean  ustedes  la  vida  que  haciamos  :  por  la  ma- 
ftana  le  picaba  yo  tabaco  para  fimiar  cinco  ô  seis  cigarros ,  le 
limpîaba  la  ropa ,  iba  i  Uamar  al  barbero  para  que  le  yinîesc  é 
afeitar  y  componerle  los  bigotes ,  y  hecho  esto,  se  marchaba  &  las 
casas  de  juego ,  de  donde  no  vohia  hasta  las  once  6  doce  de  la 
noche;  pero  todas  las  mafianas  entes  de  salir  sacaba  très  reaies 
del  bolsillo  y  y  me  los  daba  para  que  comiese ,  dejàndome  liber- 
tad  para  que  hiciera  lo  que  se  me  antojase  hasta  las  diez  de  la 
noche ,  con  tal  de  que  me  hallara  en  casa  cuando  volviera.  Es- 
taba él  muy  contento  conmigo ,  y  diô  ôrden  para  que  se  me 
hicîese  una  librea  muy  galana ,  con  la  cual  parecia  propiamente 
un  mensagero  de  damas  de  galanteo.  Tambien  yo  estaba  muy 
alegre  con  mi  oficio ,  y  en  yerdad  no  podia  hallar  otro  que  mas 
adaptase  à  mi  genio. 

Hacia  ya  casi  un  mes  que  pasaba  tan  buena  Tida ,  cuando  el 


480  GIL9LASL 

amo  me  pregmitô  un  dia  si  estaba  conteoto  con  èl,  y  habiëndoie 
contestado  que  no  podia  estarlo  mas  :  Pues  biea ,  me  replioô , 
maftana  saldrémos  para  Sevilla  à  doiide  me  Ilaman  mis  oegodos. 
No  te  pesarà  el  ver  aquella  capital  de  Andaluday  pues  ya  habrés 
oido  mucbas  yeces  decir  que  qmen  no  ha  vlsio  d  Sevilla  no  ha 
vlsio  maraviUa.  Que  me  place,  respoadi  yo  ;  estoy  proato  à  seguir 
à  vmd.  â  cualquiera  parte  del  mundo.  En  el  mismo  dia  el  ordi- 
nario  de  Sevilla  vino  é  la  posada  de  caballeros  à  tomar  on  gran 
baul  donde  estaba  la  ropa  de  mi  amo ,  y  al  siguiente  iomâM>8 
el  camino  de  Andalucia. 

Era  el  seûor  don  Abel  tan  afortunado  en  el  juego ,  qne  sola- 
mente  perdia  cuando  le  acomodaba ,  lo  que  le  obligaba  à  mudar 
con  firecuencia  de  lugar  por  no  estar  expuesto  al  resentimi^to  y 
yenganza  de  los  mentecatos  que  se  dejaban  engaikar  ;  y  este  Aie 
el  motivo  de  nuestro  viage.  LIegados  é  Sevilla ,  nos  alojàmos  en 
una  posada  de  caballeros  cerca  de  la  puerta  de  Côrdoba,  donde 
comenz&mos  à  vivir  como  en  Toledo.  Pero  mi  amo  hallô  dife- 
rencia  entre  las  dos  ciudades.  En  las  casas  de  juego  de  SeviUa 
encontrô  jugadores  tan  afortunados  como  èl ,  de  suerte  que  al- 
gunas  veces  volvia  à  casa  de  muy  mal  humor.  Una  maûana  que 
todavia  le  duraba  el  enojo  de  haber  perdido  cien  doUones  el 
dia  anterior,  me  preguntô  porquè  no  habia  Uevado  la  ropa  sucia 
à  la  lavandera.  Seûor ,  le  respond!  yo ,  porque  enteramente  se 
me  olvidô. 

Al  oir  esto  se  encendiô  en  côlera ,  y  me  pegô  media  docena  de 
bofetadas  tan  terribles  que  me  hiciéron  ver  mas  luces  que  las 
que  habia  en  el  templo  de  Salomon ,  diciéndome  al  mismo  tiempo  : 
Toma,  bribonzuelo,  esto  es  para  que  otra  yez  te  acuerdes  de 
cumplir  con  tu  obligacion.  ^Quieres  que  cien  yçces  te  adyierta 
yo  lo  que  debes  hacer?  ;Porqué  no  ères  tan  puntual  para  ser- 
vir como  para  corner?  No  siendo  un  bestia,  como  ciertamente 
no  lo  ères,  bien  podias  tener  présente  lo  que  debes  hacer  sin  es- 
perar  à  que  yo  te  lo  recordara.  Dicho  esto  se  saliô  muy  enfiidado 
del  cuarto ,  dejàndome  sumamente  sentido  de  las  bofetadas  que 
me  diô  por  tan  pequeAo  motivo. 

Poco  despues  le  sucediô  no  se  que  lance  en  el  juego,  qoeyol- 
viô  à  casa  muy  acalorado.  Escipion ,  me  dijo ,  he  determinado 
irme  à  Italia ,  y  debo  embarcarme  mafiana  en  un  buque  que  se 
vuelve  à  Gènova.  Tengo  mis  motivos  para  hacer  este  yiage;  dis- 
curro  querràs  venir  conmigo  y  aprovechar  esta  ezcelente  oca- 
sion  de  ver  el  pais  mas  delicioso  del  mundo.  Respondi  que  ve- 
nin en  ello  ;  pero  en  mi  interior  pensaba  en  desaparecer  al  tiempo 
de  ir  à  marchar.  Andaba  discurriendo  el  modo  de  vengarme  de 
las  bofetadas,  y  me  pareciô  que  este  era  el  mas  ingenioso.  Sa- 
tisfecho  y  ufeno  de  que  me  hubiese  ocnrrido  semejante  idea,  no 
pude  contenerme  de  confiérsela  à  cierto  valentoo,  à  quien  en- 


LIBRO  D£CIMO.  48i 

coDtré  casoafanente  en  la  caOe.  Habia  70  conlraido  en  Seyilla 
algnnas  malas  amistades,  7  principabnente  la  de  este  goapo. 
Contèle  el  lance  de  las  bofetadas ,  7  el  motivo  de  ellas;  7  reye* 
léndole  el  designio  en  que  estaba  de  dejar  à  don  Abel,  escapàiH 
dome  coando  se  foese  i  embarcar,  le  pregunté  que  le  parecia 
esta  detenninacion. 

El  yalenton ,  arqneando  las  oejas  7  retorciëndose  el  bigote,  7 
despnes  afeando  en  tono  grave  la  accion  de  mi  amo ,  me  dijo  : 
Mocito»  seres  un  hombre  sin  honra  toda  tu  vida  si  te  contentas 
con  la  friYola  yenganza  que  bas  meditado  para  yolyer  por  ella. 
No  basta  dejar  à  don  Abel  7  no  pisar  mas  su  casa  ;  es  menester 
darle  un  castigo  proporcionado  à  tu  afrenta.  Robémosle  tu  7  70 
code  su  equipage  7  dinero  para  repartirlo  despues  entre  los  dos 
Gomo  buenos  hermanos.  No  obstante  mi  natural  propension  à 
faortar ,  no  dejô  de  estremecerme  7  causarme  algun  horror  un 
robo  de  tanta  importancia.  En  medio  de  eso  el  archiganzàa  que 
me  hizo  la  propuesta  tuyo  arte  para  conyencerme  :  7  yean  uste^ 
des  cual  fiié  el  èxito  de  nuestra  empresa.  El  jaqueton,  hombre 
robnsto  7  rollizo  »  yino  à  la  posada  el  dia  siguiente  à  boca  de 
nodie.  M ostréle  el  gran  baul  en  que  mi  amo  habia  encerrado  sus 
repas  y  7  le  pregunté  si  podria  ël  solo  cargar  con  un  mueble  tan 
pesado.  ;Tan  pesadoT  me  dijo;  sàbete  que,  cuando  se  trata  de 
lleyar  lo  ageno ,  cargaria  70  con  el  area  de  Noé.  Diciendo  este 
agarrô  el  baul ,  echôsele  à  cuestas  como  si  fnera  una  paja ,  7  bajô 
las  escaleras  con  la  ma7or  ligereza.  SeguQe  70  al  mismo  paso ,  7 
7a  estabamos  los  dos  à  la  puerta  de  la  calle ,  cuando  hete  aqui  à 
don  Abel ,  que  por  gran  fortuna  su7a  llegô  à  tiempo  tan  oportuno. 
£  A  donde  yas  con  ese  cofre?  me  dijo  mu7  enfadado.  Fuë  tanta 
mi  tarbadpn  que  no  acerté  à  responderle  ni  una  sola  palabra,  7 
el  guapeton,  yiendo  erirado  el  golpe,  echo  el  baul  à  tierra  7  se 
eacapô  para  ahorrar  contestadones.  ^  A  donde  yas  pues  con  ese 
baul?  me  yoWiô  é  preguntar  mi  amo.  Sefior,  le  respond!  mas 
muerto  que  y  iyo ,  le  hacia  lleyar  al  buque  donde  su  merced  se  ha 
de  embarcar  mafiana  para  Italia.  ^Pero  por  donde  sabias  tù,  me 
replicô,  en  que  buque  me  habia  de  embarcar?  Seflor,  repnse 
prontamente ,  quien  lengua  tiene  à  Roma  va  :  informariame  en  él 
puerto ,  7  alli  me  lo  dirian.  Al  oir  esta  respuesta,  que  se  le  hizo- 
mu7  sospechosa,  me  mirô  con  unos  ojos  que  parecia  quererme 
tragar ,  7  70  temi  repitiese las  bofetadas.  Pero  dime,  replicô  otra 
yez,  ^  quien  te  mandô  que  sacases  el  baul  fuera  de  la  posada  sin 
6rden  mia.^  Su  merced  mismo,  le  dije.  ^Ya  no  se  acnerda  ymd. 
de  la  reprension  que  me  di6  hace  pocos  dias?  ^No  me  dijo  ymd. 
regafiàndome  que  sin  esperar  sus  ôrdenes  hidese  por  mi  mismo 
mi  obligadon  para  seryirle?  pues  en  cumplimiento  de  este  pre- 
cepto  iba  é  lleyar  su  cofre  de  ymd.  à  la  embarcacion.  Entônces 
el  jugador,  conodendo  que  tenia  70  mas  nudicia  de  la  que  èl  ha- 

51 


48S  GIL  BLAS. 

bia  creidOy  me  despidtô  de  su  casa,  dicièndome  aerenamente  : 
Seftor  Çscipion,  é  mi  no  me  acomodaa  criados  tan  sutiles  ;  Taya 
ymd.y  aeûor  Escipion,  el  cielo  le  guie.  No  me  gnsta  jogar  con 
sugetos  que  tan  pronto  tienen  una  carta  de  mas  como  de  ménos. 
Qaitate  de  mi  presencia,  aAadî6,  mudando  de  tonô»  si  ne  qaie- 
res  que  te  haga  cantar  sin  solfa. 

No  aguardé  à  que  me  lo  dijese  dos  veoes  :  me  alqè  al  mo- 
mento  Ueno  de  miedo  de  que  me  mandase  quitar  el  vestido ,  que 
por  fortuna  me  dejô ,  y  ecbë  à  andar  pensando  à  donde  podria  ir 
à  alojarme  con  dos  reaies  à  que  se  reducia  todo  mi  caudaL  Uegué 
à  la  puerta  del  palacio  arzobispal  é  tiempo  que  se  estaba  dispo- 
niendo  la  oena  »  y  salia  de  la  cocina  un  olor  tan  grato  que  se  per- 
cibia  una  légua  en  contorno.  [Céspiia!  dije  entre  mi,  meconten- 
taria  con  cualquiera  de  estos  piatos  que  me  regalan  el  olfaîo,  y 
aun  solo  con  que  me  dejasen  meter  en  alguno  los  coatro  deditos 
y  el  pulgar.  Pero  que,  ;no  podré  discurrir  un  medio  para  pro- 
bar  estos  piatos  que  no  he  hecho  mas  que  oler?  ;Porquè  no? 
Esto  no  me  parece  imposible.  Entregado  enteramente  i  este  pen- 
samiento  me  ocurriô  una  feliz  trcta  que  quise  probar  inmedia- 
tamente ,  y  no  me  salio  mal.  Entrëme  en  el  patio  de  palacio ,  y 
comenzé  à  correr  hàcia  las  cocinas  gritando  a  mas  no  poder  en 
aire  y  tono  de  asustado:  Socorro!  tocorro!  como  si  me  yiniera 
sîguiendo  alguno  para  quitarme  la  vida. 

À  mis  descompasadas  roces  acudiô  apresurado  el  maestro 
Diego,  cocinero  del  arzobispo,  con  très  ô  cuatro  galopines  de 
cocina  ;  y  no  viendo  à  nadic  mas  que  à  mi ,  todos  me  pregunté-^ 
ron  que  tenia ,  y  porquè  gritaba  de  aquella  manera.  SeAores , 
les  respondi  fingiendo  miedo,  por  amor  de  Dios  favorézcanme 
ustedes ,  y  librenme  de  ese  asesino  que  me  quiere  matar.  ;  A 
donde  esté  ese  asesino?  exclamé  Diego,  porque  tu  estes  solo, 
y  tras  de  ti  no  Tiene  ni  siquiera  un  gato.  Vamos ,  bijo  nio,  so- 
siégate  :  sin  duda  que  algun  bufon  se  ha  querido  divertir  en  asos- 
tarte ,  y  se  ha  retirado  luego  que  te  ha  visto  entrar  en  palacio , 
porque  cuando  ménos  le  hubieramos  cortado  lasorejas.  No,  no, 
le  dije  al  cocinero  :  no  me  siguiô  de  chanza  ;  es  un  gran  ladron 
que  queria  robarme,  y  estoy  seguro  de  que  me  esta  esperando 
en  la  calle.  Si  fuese  asi ,  replied  el  cocinero,  en  verdad  que  ten^ 
drà  que  aguardarte  largo  tiempo ,  porque  has  de  cenar  y  dormir 
aqni,  y  no  te  dejarëmos  salir  hasta  maûana. 

No  puedo  ponderar  el  gusto  que  me  causàron  estas  ultimas 
palabras ,  ni  lo  admirado  que  me  quedé  cuando  conductdo  por  el 
maestro  Diego  à  las  ODcinas  se  me  présenté  i  la  vista  el  aparato 
de  la  cena.  Conté  hasta  quince  personas  empleadas  en  ella;  mas 
no  pude  contar  la  variedad  de  exquisitos  plaios  que  se  me  ofire- 
ciéron  à  la  yista«  Entônces  fué  cuando  conoci  por  la  primera 
Tez  lo  que  era  sensnaiidad,  recibiendo  i  naris  llena  el  olor  de 


LIBRO  DÉCIHO.  ^483 

tantas  delicadisiiiias  viandas  que  jamas  habia  probado.  Tuve  h 
hoara  de  cenar  y  dormir  con  los  galopines  de  cocina,  todos  los 
coales  quedâron  tan  prendados  de  mi,  que  cnando  à  la  mafiana 
sigaiente  foi  à  dar  gracias  al  maestro  Diego  por  el  fiiYor  que 
me  habia  hecho  en  recojerme  con  tanta  generosidad  la  noche 
anterior,  me  dijo  :  Mis  mozos  de  coctna  te  han  tornado  tanto  ca- 
rxfio  9  que  todos  à  una  toz  me  ban  asegurado  se  alegrarian  de 
tenerte  por  camarada.  Dime  ahora  con  toda  franqueza  si  gusta- 
rias  ser  su  compafiero.  Yo  le  respond!  que  si  lograra  tal  for- 
tuna  me  tendria  por  el  hombre  mas  feliz  del  mnndo.  Siendo  eso 
asi,  amigo  mio,  me  dijo,  desde  este  mismo  punto  te  puedes  con* 
tar  por  criado  de  la  casa  arzobispal  ;  y  diciendo  esto  me  llevô  al 
cuarto  del  mayordomo,  el  cual,  obserrandomi  despejo,  mejnzgô 
digno  de  ser  admitido  entre  los  marmitones. 

Al  instante  que  tome  posesion  de  tan  decoroso  empleo ,  el 
aiaestro  Diego ,  que  seguia  la  antigua  costumbre  de  los  cocineros 
de  las  casas  grandes,  con^iene  à  saber,  de  enviar  todos  los  dias 
Tarios  platos  é  sus  queriditas ,  me  eligiô  para  enyiar  à  cierta 
dama  de  la  vecindad  ya  trozos  de^ternera,  y  ya  ayes  y  caceria. 
Era  la  buena  seAora  una  viuda  de  treinta  afios  é  lo  mas ,  muy 
linda  y  vivaracba,  y  que  tem'a  todas  las  trazas  de  no  ser  del  todo 
fiel  à  su  generoso  cocinero.  Este,  no  contento  con  proyeerla  de 
pan,  carne,  tocino  y  aceite,  la  abastecia  tambien  de  vino;  y  todo 
esto ,  ya  se  entiende ,  à  costa  del  seftor  arzobispo. 

En  el  palacio  de  su  ilustrisima  acabé  de  perfeccionarme  en  mis 
mafkas,  pegando  un  chasco  de  que  todavia  hayy  habrà  por  largo 
tiempo  en  Serilla  gjran  memoria.  Los  pages  y  otros  familiares 
pensAron  en  representar  una  comedia  para  celebrar  los  dias  del 
amo.  Escogièron  la  de  Lo$  Benavides;  y  como  era  menester  un 
muchacho  de  mi  edad  que  hiciese  el  papel  de  rey  nifio  de  Leon, 
echâron  mano  de  ml.  El  mayordomo ,  que  se  preciaba  de  saber 
representar,  tomô  de  su  cuenta  el  ensayarme,  y  con  efecto  me 
diô  algunas  lecciones,  asegnrando  à  todos  que  no  séria  yo  el 
que  me  portase  peor.  Como  la  foncion  la  costeaba  el  arzobispo, 
no  se  perdonô  gasto  alguno  para  que  foese  lucida.  Armôse  en  un 
salon  un  soberbio  teatro  adomado  con  el  mejor  gusto ,  en  uno 
de  cnyos  jados  se  dispuso  un  lecho  de  cëspedes ,  donde  debia  yo 
fingirme  dormido  cuando  yiniesen  los  Moros  à  asaltarme  para 
Uevarme  prisionero.  Luego  que  todos  los  actores  estoviéron  en- 
sayados,  el  arzobispo  seflalô  dia  para  la  foncion ,  convidando  A 
todas  las  damas  y  principales  caballeros  de  la  ciudad. 

Llegada  la  hora  de  la  comedia  cada  actor  se  vistiô  del  trage 
que  le  correspondia.  Por  lo  quetoca  al  mio  el.sastre  me  le  pré- 
senta acompaAado  del  mayordomo ,  que,  habiendo  tenido  el  tra- 
bajo^de  ensayarme,  quiso  tener  tambien  la  paciencia  de  vermc 
restir.  Tràjome  el  sastre  un  ropage  talar  de  rico  terciopelo  azul, 


484  GIL  BLAS. 

todo  guarneddo  de  galones  y  botones  de  oro,  y  con  mangai^ 
largas  adornadas  con  flecos  del  mismo  metal.  El  propio  mayoi^ 
domo  me  puso  en  la  cabeza  por  su  mano  una  corona  de  carton 
dorado ,  sembrada  de  mudias  perlas  finas ,  mezcladas  con  âlgu- 
nos  diamantes  falsos.  Pusiëronme  una  £aja  de  seda  de  color  de 
rosa,  recamada  toda  de  flores  de  plata ,  y  cuyos  remates  eran  dos 
graciosas  borlas  de  hilo  de  oro.  À  cada  cosa  de  estas  que  me 
ponian,  se  me  figuraba  que  me  estaban  dando  alas  para  Tolar  y 
escaparme.  Comenzô  en  fin  la  comedia  al  anochecer  :  yo  abri  la 
escena  con  una  relacion ,  la  cual  concluia  diciendo  que ,  no  pa- 
diendo  resistir  à  las  dulzuras  del  sueAo ,  iba  à  entregarme  i  el. 
Con  efecto ,  me  meti  entre  bastidores ,  y  me  recosté  en  el  lecho 
de  céspedes  que  me  estaba  preparado  ;  pero  en  lugar  de  dormir, 
me  puse  solo  à  pensar  de  que  modo  podria  salir  à  la  calle  y  es- 
caparme con  mis  vestiduras  reales.  Una  escalerilla  oculta,  por 
la  cual  se  bajaba  desde  el  teatro  al  salon,  me  pareciô  i  propô- 
sito  para  la  ejecucion  de  mi  designio.  Levantème  de  la  cama  con 
mùcho  tiento,  y  YÎendo  que  nadie  me  observaba ,  me  escunipor 
dicha  escalerilla  al  salon ,  à  cuya  puerta  pude  Uegar  diciendo  : 
d  un  lado ,  a  un  lado,  que  voy  d  mudar  de  îrage,  Todos  se  posiè- 
ron  en  fila  para  dejarme  pasar,  de  manera  que  en  mënos  de  dos 
minutos  sali  libremente  del  palacio  à  fevor  de  la  oscuridad ,  y 
me  fui  à  casa  de  mi  amigo  el  yalenton. 

Quedôse  pârado  de  venue  en  aquel  trage  ;  contéle  el  caso,  que 
le  hizo  reir  hasta  mas  no  poder.  Abrazôme  con  lanto  mas  rego- 
cijo  cuanto  se  lisonjeaba  de  tener  parte  en  los  despojos  del  rey 
de  Leon  :  me  felicitô  por  haber  dado  un  golpe  tan  diestro ,  y  me 
dijo  que  si  los  progresos  correspondian  à  los  principios  haria  yo 
con  el  tiempo  gran  ruido  en  el  mundo  por  mi  talento.  Despues 
que  nos  alegràmos  y  divertimos  largamente  los  dos  celebrando 
mi  grande  hazaAa,  pregunté  yo  à  mi  jaqueton  :  ;  Y  que  hemos 
de  hacer  abora  de  estos  ricos  vestidos?  Eso  no  te  dé  cuidado, 
me  respondiô  ;  conozco  à  un  prendero  muy  hombre  de  bien ,  el 
cual  compra  toda  la  ropa  que  le  llevan  à  vender  sin  andar  con 
preguntas,  una  vez  que  le  tenga  cuenta  el  comprarla.  Maûana  le 
buscaré  y  le  traeré  aqui. 

En  efecto ,  al  dia  siguiente  muy  de  mafiana  se  levantô  dejéndome 
en  la  cama ,  y  dos  horas  despues  volvià  con  el  prendero,  el  cual  traia 
un  Ho  cubîerto  con  tela  amarilla.  Amigo ,  me  dijo ,  aqui  te  présente 
al  seftor  Ibaftez  de  Segovia,  hombre  de  la  mayor  integridad,  é 
pesar  del  mal  ejemplo  que  le  dan  los  de  su  oficio.  El  te  dira  lo  que 
vale  en  conciencia  el  vestido  de  que  te  quieres  desbacer ,  y  pued^ 
fiarte  ciegamente  en  lo  que  te  dijere.  En  cuanto  à  eso>  dijo  el  pren- 
dero, me  tendria  por  el  hoinbre  mas  ruin  y  miserable  dd  mundo  si 
tasara  una  cosa  en  mënos  de  lo  que  vale.  Hasta  ahora,  gracias  é 
Dios,  ninguno  ha  tachado  de  esto  à  Ibaflez  de  Segovia.  Yeamos, 


LIBRO  DËCIMO.  485 

afiadiô,  esa  ropa  qae  ymd.  quiere  Tender,  y  le  dire  en  concien- 
cia  lo  qae  vale.  Aqui  esta,  dijo  el  valenton  poniëndosela  delante  : 
no  me  negarà  ymd.  que  nada  hay  mas  magnifico  :  obserre  vmd. 
la  hermosura  de  este  terciopelo  de  Génova,  y  lo  exqnisito  de  su 
gaaraicion.  Verdaderamente  que  me  encanta,  respondiô  el  pren- 
dero  despues  de  haber  examinado  el  yestido  con  la  mayor  aten* 
cion;  es  de  lo  que  no  he  yisto  en  mi  yida.  ;  Y  que  juicio  hace 
▼md.,  le  preguntô  mi  amigo,  de  las  perlas  que  adoman  esta  co- 
rona? Si  fueran  redondas,  respondià  Ibaûez,  no  tendcian  pre- 
cio  ;  pero  taies  cuales  son  me  parecen  bellisimas ,  y  me  gustan 
tanto  como  lo  demas.  No  puedo  mènos  de  decir  lo  que  siento  : 
otro  prendero  estafador  en  mi  lugar  aparentaria  despreciar  la 
mercancia  para  adquirirla  à  bajo  precio ,  y  no  se  ayergonzaria 
de  ofrecer  por  ella  veinte  doblones;  pero  yq,  que  tengo  con^ 
ciencia ,  ofrezco  cuarenta. 

Aun  cuando  Ibaiïez  hubiera  ofrecido  ciento ,  no.  hubiera  sido 
un  apreciador  muy  justificado ,  pues  que  solamente  las  perlas 
yalian  mas  de  doscientos;  pero.el  yalenton,  que  se  entendia  con 
èl  y  me  dijo  :  Mira  la  fortuna  que  has  tenido  en  tropezar  con  un 
hombre  tan  timorato.  £1  seflor  Ibaâez  aprecia  las  cosas  como  si 
estuyiera  en  el  articulo  de  la  muerte.  Asi  es ,  respondiô  el  pren- 
dero 9  y  por  eso  no  hay  que  andar  regateando  conmigo  ni  por 
un  solo  marayedi;  en  cuyosupuesto  este  me  parece  ya  negocio 
conduido  :  yoy  à  dar  el  dinero.  Espère  ymd.,  le  replicô  el  ya- 
lenton;  entes  de  eso  es  menester  que  mi  amiguito  se  pruebe  el 
yestido  que  le  dije  à  ymd.  trajese  para  él ,  y  mucho  me  engafiaré 
si  no  le  yiene  pintado.  DesenycJyiô  entônces  el  lio  el  prendero , 
y  me  présenté  una  ropilla  y  unos  calzones  de  buen  paûo  musgo» 
con  botones  de  plata ,  todo  medio  usado.  Me  leyanté  para  pro- 
banne el  yestido,  y  aunque  me  yenia  muy  ancbo  y  muy  largo, 
les  pareci6  â  los  dos  compinches  haberse  hecho  i  propôsito 
para  mi.  Ibaâez  lo  tasô  en  diez  doblones ,  y  como  nada  se  habia  de 
replicar  à  lo  que  decia ,  me  fué  preciso  pasar  por  eHo  :  de  ma* 
nera  que  sacô  treinta  doblones  del  bolsQlo,  les  dejô  sobre  una 
mesa ,  hizo  un  enyoltorio  de  mis  y estiduras  reaies  y  de  mi  corona, 
y  se  lo  lleyô- 

Lnego  que  se  marchô  me  dijo  el  yalenton  :  Estoy  muy  satisfecho 
de  este  prendero.  Tenia  razon  para  estarlo ,  porque  puedo  asegu» 
rar  que  le  sacô  por  lo  mènos  cien  doblones  de  beneficio.  Sin  em- 
bargo no  se  contentô  con  esto;  tomô  sin  ceremonia  la  mitad  del 
dinero  que  habia  sobre  la  mesa ,  y  me  dejô  lo  restante  diciéndome  : 
Mi  querido  Escipion ,  te  aconsejo  que  con  esos  quince  doblones 
que  te  quedan  saïgas  al  momento  de  esta  tiudad ,  en  donde  pue- 
des  considerar  las  diligencias  que  se  haràn  para  buscarte  de  ôrden 
del  seAor  arzobispo.  Tendria  yo  el  mayor  sentimiento  si ,  despues 
de  la  herôica  accion  que  has  hecho  para  inmortalizar  tu  nombre. 


466  GIL  BLAS. 

te  expati^ras  neciamente  à  ser  encerrado  en  ana  prision.  Respon- 
dile  que  ya  estaba  resuelto  i  alejanne  cuanto  fcntes  de  SeviUa;  j 
conefecto^habiendo  oomprado  un  sombrero  y  algunaa  camisas, 
sali  de  la  ciudad,  y  caminando  por  la  espaciosa  y  amena  campiAa 
que  entre  Yiflas  y  oliyares  conduce  à  la  antigua  ciudad  de  Car- 
mona,  en  très  dias  Deguè  i  Cordoba* 

Alojème  en  un  meson  à  la  entrada  de  la  plaza  mayor  donde 
viven  los  mercaderes.  Vendime  por  un  hijo  de  lamiiia  natural  de 
Toledo  »  que  viajaba  ùnicamente  por  mi  gusto  :  mi  trage  era 
bastante  décente  para  harcerto  créer  ;  y  algunos  doblones  que 
de  propôsito  saqué  delante  del  posadero  le  acabâron  de  persua* 
dir,  si  ya  en  yista  de  mis  pocos  aftos  no  me  tuvo  por  algun  ma- 
chacho  trayieso  que  se  habia  escapado  de  casa  de  sus  padres 
despues  de  haberles  robado.  Como  quiera  que  fuese ,  él  no  se 
mostrô  muy  deseoso  de  saber  mas  de  lo  que  yo  le  deda,  quizé 
por  temor  de  que  su  curiosidad  no  me  obligase  i  mudar  de 
posada-  Por  seis  reaies  diarios  se  daba  buen  trato  en  esta  casa , 
donde  comunraente  habia  gran  concnrrencia  de  gentes.  Conté  por 
la  noche  à  la  cena  hasta  doce  personas  de  mesa ,  y  lo  mqor  que 
habia  era  que  todos  comian  siu  hablar  palabra ,  excepto  uno 
que  9  hablando  sin  oesar  à  diestro  y  siniestro ,  compensaba  bien 
eon  su  chsurlataneria  el  silencio  de  los  demas.  Predébase  de 
agudo  y  de  gradoso ,  oontando  cuentos  y  embsmastando  chisses 
para  divertimos,  los  que  alguna  vez  nos  hacian  reir  à  carcajadas, 
mënos  en  verdad  per  celebrar  sus  ocurrencias  que  por  boriarnos 
de  ellas. 

Yo  por  mi  hacia  tan  poco  caso  de  todo  lo  que  charlaba  aqnei 
estrafelario ,  que  me  hubiera  leyantado  de  la  mesa  sin  poder 
dar  razon  de  nada  de  cuanto  habia  hablado ,  à  no  haberse  meUdo 
èl  mismo  en  una  conyersacion  que  me  importaba.  Sefiores ,  ex* 
clamô  al  fin  de  la  cena  :  les  reservo  â  ustedes  para  postre  un  gra- 
doso chasco  que  los  dias  pasados  diô  un  picaro  de  mudiacho  en 
el  palacio  del  arzobispo  de  Seyilla.  Gontômelo  cierto  bachiDer, 
amigo  mio ,  que  se  hallô  présente.  Sobresaltâronme  un  poco  estas 
palabras ,  no  dudando  que  el  lance  que  iba  à  contar  em  el  mio , 
y  con  efecto  no  me  engaûé.  Refiriô  el  tal  sugeto  el  pasagecon  toda 
exactitud ,  y  aun  me  hizo  saber  lo  que  yo  ignoraba,  es  dechr,  lo 
ocurrido  en  el  salon  despueft  de  mi  fiiga,  que  fuë  lo  que  voy  à  re- 
feriràustedes. 

Apénas  me  escape ,  cuando  los  Moros ,  que  segun  el  ôrd^i  de 
la  comedia  que  se  representaba  debian  apoderarse  de  mi ,  apa- 
reciéron  en  la  escena  con  el  designio  de  venir  à  sorprenderme 
en  la  cama  de  césped  en  que  me  creian  dormido  ;  pero  cuando 
quistèron  echarse  sobre  el  rey  de  Leon  se  quediron  sumamente 
atAnîtos  de  no  encontrar  ni  rey  ni  roque.  Paru  la  comedia,  agn 
tàronse  todos  los  actores  >  unes  me  llaman ,  otros  me  buscan  ; 


LIBRO  DÊCIMO.  4«7 

este  grita,  y  aquel  me  da  à  todos  los  diablds.  El  arzobLspo ,  que 
oyô  la  bulla  y  confbsion  qae  habia  detras  del  teatro ,  pfeguntô 
la  causa.  À  la  voz  del  prelado  uo  page  que  hacja  de  gracioso  en 
la  comedia  saliA  y  dijo:  No  tema  ya  su  ilustrisima  que  los 
Moros  hagan  prisionero  al  rey  de  Leon ,  porque  acaba  de  po- 
nerse  en  salvo  con  sus  vestiduras  reales.  {Bendito  sea  DiosI 
exclamô  el  arzobispo  :  ha  hecho  muy  bien  en  huir  de  los  ene- 
migos  de  nuestra  religion ,  libréndose  de  las  cadenas  que  le 
preparaban.  Sin  duda  se  habrà  Yuelto  à  Leon,  capital  de  su 
reîno  ;  y  deseo  que  baya  llegado  con  toda  felicidad.  Por  lo  de- 
mas  ,  mando  seriamente  que  ninguno  yaya  en  su  seguimiento  : 
sentiria  mncho  que  su  magestad  tuviese  que  padecer  la  menor 
desazon  por  parte  mia.  Luego  que  dijo  esto,  diô  ôrden  de  que 
se  leyese  en  alla  yoz  mi  papel ,  y  se  acabase  la  comedia. 

GAPITULO  XI. 

Pnmgue  la  histom  de  EscîpioD. 

Miëntras  me  durô  el  dinero ,  el  posadero  us6  de  grandes 
atenciones  conmigo  ;  pero  luego  que  advirtiô  que  se  me  habia 
acabado,  comenz6  é  tratarme  con  desagrado  buscando  camorra 
à  cada  paso ,  y  una  maftana  me  dijo  que  le  hiciese  el  gusto  de 
salir  de  su  casa.  Dejéla  desdeftosamente ,  y  me  entré  à  oir  misa 
en  la  iglesia  de  los  padres  dominicos.  Miéntras  la  estaba  oyendo 
se  acercô  à  mi  un  anciano  pobre  y  me  pidiô  limosna  ;  saqué 
del  bolsillo  dos  6  très  maravedises  que  le  di  diciendo:  Amigo 
mio  9  ruegue  ymd.  à  Dios  que  me  proporcione  pronto  una  buena 
conyeniencia  :  si  fiiere  aida  su  oracion  no  se  arrepentirà  de  haberla 
hechOy  y  cuente  con  mi  agradecimiento. 

À  estas  palabras  me  mirô  el  pobre  con  mucha  atencion ,  y 
con  seriedad  me  dijo:  xQué  clase  de  conyeniencia  desea  ymd.? 
Qiiisiera, le  respondi,  acomodarme  de  lacayo  en  cualquiera  casa 
en  donde  lo  pasase  bien.  Me  preguntA  si  me  urgia.  No  puede 
urgir  mas ,  le  contesté ,  porque  si  no  logro  cuanto  entes  la  di- 
cha  de  colocarme,  no  hay  medio ,  ô  habré  de  morir  de  hambre, 
6  tendre  que  ser  uno  de  yuestros  compafteros.  Si  llegara  ese 
caso  9  repuso  él ,  se  le  haria  à  ymd.  ïnuy  cuesta  arriba  no  estan- 
do  acostumbrado  à  nuestra  yida;  pero  à  poco  que  se  hiciese  à 
ella,  perferiria  nuestro  estado  al  de  seryir,  que  es  sin  disputa 
inferior  à  la  mendicidad.  Sin  embargo  ya  que  ymd.  quiere  mas 
senfir  que  pasar  como  yo  una  yida  holgada  é  independiente , 
dentro  de  poco  tendra  ymd.  amo.  Aqui  donde  ymd.  me  ye  pue- 
do  série  util  :  hàllese  aqui  maûana  à  esta  misma  hora. 

T4iyebuen  cuidado  de  no  faltar  :  yolyi  al  dia  sigoienteal  mismo 


46a  GIL  BLAS, 

sitiOy  «1  donde  no  tardé  mncho  à  presentarse  el  mendigo ,  que 
acercéndose  à  ml  me  dijo  que  tuviera  la  bondad  de  seguirle.  Hi-< 
celo  asi ,  y  me  Ileyô  à  un  siôtano  no  distante  de  la  misma  iglesîa, 
y  en  el  cual  tenia  su  albergue.  Entrémos  ambos  en  ël,  y  habièn- 
donos  sentado  en  un  banco  largo  que  por  lo  ménos  habrîa  senrido 
cien  aftos ,  el  potrre  me  hablô  de  esta  manera  :  Una  buena  action , 
como  dice  el  refiran ,  halla  siempre su  recompensa;  ayer  me  diô 
Ymd-  limosna ,  y  esto  me  ha  determinado  à  proporcionarle  una 
buena  colocacion ,  la  que  si  Dios  quiere  se  conseguirà  may  presto. 
Conozco  à  un  dominico  anciano  llamado  el  padre  Alejo,  que  es  un 
santo  religioso ,  y  un  excelente  director  espiritual  :  tengo  el  ho- 
nor de  ser  su  demandadero ,  y  desempefio  este  empleo  con  tanta 
discrecion  y  fidelidad ,  que  nunca  se  niega  à  emplear  sa  yali- 
miento  en  mi  favor  y  en  el  de  mis  amigos.  Yo  le  hablé  de  vmd. 
y  le  dejè  muy  inclinado  i  servirle.  Le  presentarë  à  su  reyerencia 
cuando  vmd.  quiera. 

No  hay  que  perder  momento ,  dije  al  viejo  mendigo ,  yamos 
ahora  mismo  à  yer  ese  buen  religioso.  Vino  en  ello  el  pobre ,  y 
al  momento  me  condujo  à  lacelda  del  padre  Alejo,  à  quien  en- 
contrémos  escribiendo  cartas  espirituales.  Suspendiô  sa  trabajo 
para  hablarme ,  y  me  dijo  que  à  ruegos  del  mendigo  se  interesaba 
por  mi.  Habiendo  sabido ,  continué ,  que  el  seftor  Baltasar  Ve^ 
lazquez  necesita  de  un  criado ,  le  he  escrito  esta  mafiana  en  ta 
feyor,  y  acaba  de  responderme  que  te  recibirà  degamente  yendo 
con  mi  recomendacion  :  puedes  ir  hoy  mismo  à  yerle  de  mi  parte , 
porque  es  mi  pénitente  y  mi  amigo.  Sobre  esto  el  religioso  me 
estuvo  exhortando  por  espacio  de  très  cuartos  de  hora  à  que 
Gumpliese  bien  con  mis  deberes ,  y  se  extendiô  particularmente 
sobre  la  obligacion  que  yo  tenia  de  servir  con  esmero  al  seik>r 
Velazquez ,  y  concluyô  aseguràndome  que  él  cuidaria  de  mante- 
nerme  en  mi  acomodo ,  con  tal  que  mi  amo  no  tuyiese  queja  de  mi. 

Despues  de  haber  dado  gracias  por  su  favor  al  religioso ,  sali 
del  conyento  con  el  pordiosero ,  quien  me  dijo  que  el  seftor  BaW 
tasar  Velazquez  era  un  mercader  de  pafios  anciano ,  rico ,  càn- 
dido  y  bondadoso  ;  y  no  dudo ,  aftadiô ,  que  lo  pasarà  >ind. 
perfectamente  en  su  casa.  Me  informé  del  sitio  donde  yiyia,  y  al 
momento  pasé  alla  despues  de  haber  prometido  al  m^idigo 
mostrarme  agradecido  à  sus  buenos  servicios  tan  pronto  como 
estuviese  bien  arraigado  en  mi  acomodo.  Entré  en  una  gran 
tienda,  en  donde  dos  mancebos  decentemente  puestos,  qoe  se 
paseaban  de  un  lado  é  otro  con  modales  afectados ,  esperaban 
compradores.  Preguntéles  sr  el  amo  estaba  en  casa ,  y  les  dije 
que  tenia  que  hablarle  de  parte  del  padre  Alejo.  Al  oir  este  nom- 
bre yeneraï)le  me  hiciéron  entrar  en  la  trastienda ,  donde  estaba 
el  mercader  hojeando  un  gran  libro  de  asiento  que  tenia  sobre 
el  escritorio;  saludéle  respetuosamente ,  y  habiéndome  acercada 


LIBRO  DËCIMO.  489 

à  â  :  Sefior,  le  djje,  70  soy  el  mozo  que  el  reverendo  padre 
Alejo  le  ha  propaesto  para  criado.  { Ah  t  hijo  mio ,  me  respondiô, 
seas  may  bien  venido  ;  basta  que  te  envie  ese  santo  hombre  :  te 
recibo  à  mi  serrido  con  preferencia  à  très  ô  cuatro  criados  por 
quienes  me  han  hablado  ;  es  negocio  concluido ,  y  desde  hoy  te 
corre  el  salario. 

No  necesité  estar  mucho  tiempo  en  casa  del  mercader  para  co- 
nocer  que  era  tal  cual  me  le  haJ)ian  pintado  :  y  aun  me  paredô 
tan  sencillo  que  no  pude  mènos  de  pensar  en  lo  mucho  que  me 
costaria  dejar  de  jugarle  alguna  pieza.  Hacia  cuatro  aflos  que  es- 
taba  yiudo ,  y  tenia  dos  hijos  »  uno  varon  que  acababa  de  cumplir 
Teinte  y  cinco  aûos»  y  una  hembra  que  entraba  en  los  quince. 
Esta ,  educada  por  una  duefia  severa ,  y  dirigida  por  el  padre 
Alejo  y  caminaba  por  la  senda  de  la  yirtud  ;  pero  Gaspar  Velaz- 
quez ,  su  hermano ,  aunque  nada  se  habia  omitido  para  hacerle 
hombre  de  bien,  tenia  todos  los  vicios  de  un  mozo  Ucencioso.  À 
ireces  pasaba  dos  6  très  dias  fuera  de  casa,  y  sicuando  volvia  le 
daba  el  padre  alguna  reprension ,  Gaspar  le  mandaba  callar  le- 
vantando  la  voz  mas  que  ël. 

Escipion ,  me  dijo  un  dia  el  YÎejo ,  tengo  un  hijo  que  me  da 
mucho  que  sentir  ;  esta  envuelto  en  todo  género  de  desôrdenes , 
lo  que  yerdaderamente  extrafio ,  porque  su  educacion  de  ningun 
modo  fué  descuidada;  le  he  tenido  buenos  maestros,  y  mi  amigo 
el  padre  Alejo  ha  hecho  cuanto  ha  podido  para  atraerle  al  ca- 
mino  de  la  virtud  sin  haberlo  podido  conseguir  :  Gaspar  se  ha 
enfangado  en  el  libertinage.  Acaso  me  diras  que  le  he  tratado 
con  demasiada  indulgencia  en  la  pubertad ,  y  que  eso  le  habrà 
perdido  ;  pero  no  es  asi  :  le  he  castigado  siempre  que  me  pareciô 
necesario  el  rigor;  porque  aunque  soy  tan  bonazo ,  tengo  ente- 
reza  en  las  ocasiones  que  la  piden  ;  y  aun  le  hice  encerrar  en  una 
casa  de  correccion ,  de  donde  saliô  peor  que  entrô  en  ella.  En 
una  palabra,  es  de  aquellos  mozos  perdidos ,  à  quienes  no  pue- 
dencorrcgir  el  buen  ejemplo,  las  reprensiones ,  ni  loscastigos; 
solo  Dios  puede  hacer  este  milagro. 

Si  no  me  causô  léstima  la  afliccion  de  aquel  desgraciado  padre, 
A  lo  ménos  aparenté  que  la  tenia.  ]  Cuanto  me  compadezco,  se- 
fior  !  le  dije  :  un  hombre  tan  honrado  como  ymd.  merecia  tener 
mejor  hijo.  ^Qué  le  hemos  de  hacer,  hijo  mio?  me  respondiô  : 
Dios  ha  querido  privarme  de  este  consuelo.  Entre  los  pesares 
que  me  da  Gaspar,  continu6 ,  te  dire  en  confianza  uno  que  me 
causa  mucho  desasosiego ,  y  es  la  inclinacion  à  robarme ,  que  con 
demasiada  frecuencia  halla  medios  de  satisfacer,  à  pesar  de  mi 
Tigilancia.  El  criado  antecesor  tuyo  estaba  de  inteligencia  con  ël , 
y  por  eso  le  despedi  ;  pero  de  ti  espero  que  no  te  dejarés  seducir 
de  mi  hijo ,  y  que  miraràs  con  zelo  y  fidelidad  por  mis  intereses, 
eomo  sin  duda  te  lo  habré  encargado  mucho  el  padre  Alejo.  AsI 


480  GIL  BLAS. 

es,  sefior,  le  répliqué  :  durante  una  hora  su  reverencia  no  hizo 
otra  cosa  que  exhortarme  à  no  tener  puesta  la  mira  sino  en  el 
bien  de  su  merced  ;  pero  puedo  asegurar  que  para  esto  no  neoest- 
taba  de  su  exhortacion ,  porque  me  siento  dispuesto  à  seryir  à 
su  meroed  fielmente ,  y  por  ultimo  le  prome^  un  zelo  à  toda 
pnieba. 

Para  sentenciar  un  pleito  es  necesario  oir  à  las  dos  partes.  £1 
mocito  Yelazquezy  elegante  hasta  dejarlo  de  sobra,  juzgando  por 
mi  fisonomia  que  yo  no  séria  mas  dificfl  de  seducir  que  mî  an- 
tecesor ,  me  llamô  à  un  parage  retirado ,  y  me  hablô  en  eslos 
términos  :  Escucha,  amigo  mio  :  estoy  persuadido  de  que  nii  pa- 
dre te  habrà  encargado  que  me  espies;  pero  te  advierto  que 
mires  com^  lo  haces ,  porque  este  oficio  tiene  sus  quiebras.  Si 
llego  à  conocer  que  andas  averiguando  mis  acciones ,  te  he  de 
matar  à  palos  ;  pero  si  quieres  ayudarme  à  engaftar  à  mi  padre 
puedes  esperarlo  todo  de  mi  agradecimiento.  ;  Quieres  que  te 
hable  mas  daroT  tendres  tu  parte  en  las  redadas  que  echemos 
juntos  :  escoge ,  y  en  este  mismo  momeuto  declârate  por  el  padre 
6  por  el  hijo ,  porque  no  admito  neutralidad. 

Seflor,  le  respondi,  mucho  me  estrecha  ymd,,  y  veo  bi^i  que 
no  podré  ménos  de  declararme  en  su  foyor,  auuque  en  la  rea- 
lidad  me  répugna  ser  traidor  al  seûor  Velazquez.  Déjate  de  esos 
escrùpuloSy  replicô  Caspar  :  mi  padre  es  un  \iejo  ayaro  que 
quisiera  traerme  todavia  con  andadores  ;  un  miserable  que  me 
niega  lo  que  necesito,  rehusàndose  à  contribuir  é  mis  placeres, 
siendo  estos  de  pura  necesidad  en  la  edad  de  yeinte  y  cinco  aûos: 
este  es  el  verdadero  aspecto  bajo  el  cual  debes  mirar  i  mi  padre. 
Basta,  seftor,  le  dije  ;  no  es  posible  resistir  é  un  motiyo  tan  jnsto 
de  queja  ;  me  ofrezco  à  ayudar  à  vmd.  en  sus  loables  empresas; 
pero  ocultemos  ambos  bien  nuestra  inteligencia  para  que  no  se 
yea  en  la  calle  yuestro  fiel  aliado,  Creo  que  lo  acertaré  ymd.  si 
aparenta  aborrecerme;  hàbleme  con  aspereza  en  presencia  de 
los  demas ,  sin  escasear  las  malas  palabras  :  tampoco  harà  daûo 
tal  cual  bofeton,  y  algun  puntapië  en  las  asentaderas;  intes  bien 
cuanta  mas  ayersion  me  mostrare  ymd.  tanta  mayor  confianza  harà 
de  mi  el  seâor  Baltasar.  Por  mi  parte  fingiri  huir  de  la  conver- 
sacion  de  ymd.  :  en  la  mesa  le  seryiré  mosttando  que  lo  hago  i 
mas  no  poder;  y  cuando  hable  de  ymd.  con  los  mancebos  de  la 
tienda,  no  lleye  à  mal  que  diga  de  su  persona  cuanto  malo  me 
yiniere  â  la  boca. 

I  Viye  diez  !  exclamô  el  mozo  Velazquez  al  oir  estas  ultimas 
palabras ,  que  estoy  admirado  de  ti ,  amigo  mio  ;  en  la  edad  que 
tienes  muestras  un  ingenio  singular  para  todo  lo  que  sea  enredo: 
desde  luego  me  prometo  de  èl  los  mas  felices  resultados  ;  y  espero 
que  con  el  auxilio  de  tu  talento  no  he  de  dejar  ni  un  solo  doblon 
à  mi  padre.  Vmd.  me  honra  demasiado,  le  dije,  confiando  tanto  en 


LIBRO  DECIMO.  491 

mi  industria  :  bare  cuanto  pueda  para  no  desmentir  el  coacepto 
que  ha  formado  de  ml ,  y  si  no  puedo  consegairlo  ^  k  lo  menus 
no  sera  culpa  mia. 

Tardé  poco  en  hacer  ver  à  Gaspar  que  yo  era  efectivamente  el 
hombre  que  necesitaba;  y  he  aqui  cual  fué  el  primer  seryicio  que 
le  hice.  £1  area  del  dinero  de  Baltasar  estaba  en  la  alcoba  doede 
dormia  este  buen  hombre ,  al  lado  de  su  cama ,  y  le  servia  de 
redinatorio.  Siempre  que  yo  la  vela  me  alegraba  la  vista ,  y  en 
mi  interior  le  decia  muchas  veces  :  Mi  amada  area,  ^  estaràs 
siempre  cerrada  para  mi?  ^-no  tendre  nunca  el  placer  de  con- 
templar  el  tesoro  que  encierras?  Como  yo  iba  cuando  me  daba 
la  gana  à  la  alcoba ,  cuya  entrada  solo  à  Gaspar  le  estaba  probi- 
bida,  entréun  diaà  tiempo  que  su  padre,  creyendo  que  nadie  le 
yeia,  despues  de  haber  abierto  y  vuelto  à  cerrar  el  area ,  escondiô 
la  Dare  detras  de  un  tapiz.  Noté  cuidadosamente  el  sitio,  y  di  parte 
de  este  descubrimiento  al  amo  mozo ,  que  me  dijo  abrazéndome 
de  alegria  :  ]  Ah  !  mi  querido  Escipion,  que  es  lo  que  acabas  de 
decirme?  Nuestra  fortuna  es  becha,  hijo  mio  :  hoy  mismo  te  daré 
cera,  estamparàs  en  ella  la  Ilave,  y  me  devolyeràs  la  cera  pron- 
tamente  :  poco  trabajo  me  costarà  hallar  un  cerrajero  servicial 
en  Gérdoba ,  que  no  es  la  dudad  de  Espaâa  en  donde  hay  ménos 
bribones. 

l  Pero  à  que  fin,  dije  é  Gaspcr,  quîere  vmd.  mandar  hacer  una 
Dave  fiilsa,  cuando  podemos  servirnos  do  la  verdadera  7  Es  cierto, 
me  respondiô  ;  pero  temo  que  mi  padre  por  desconfianza  ô  por 
otro  motive  la  quiera  esconder  en  otra  parte  ;  y  lo  mas  seguro 
es  tener  una  que  sea  nuestra,  Grel  fundado  su  rezelo,  y  aprobmido 
au  pensamiento  me  dispuse  à  estampar  la  Have  en  la  cera ,  lo  que 
ejecuté  una  maflana  miëntras  que  mi  viejo  amo  hacia  una  visita 
al  padre  Alejo»  con  quien  tenia  frecuentemente  largas  conversa- 
dones.  No  contente  cou  este ,  me  servi  de  la  Uave  para  abrir  el 
area ,  que,  estando  llena  de  talegos  grandes  y  pequefios,  me  puso 
en  una  perplejidad  agradable ,  porque  no  sabia  ciûd  escoger,  sin- 
tiéndome  ciegamente  enamorado  de  los  unes  y  de  los  otros.  Sin 
embargo ,  como  el  miedo  de  ser  sorprendido  no  me  permitia 
hacer  un  detenido  exftmen,  echè  mano  é  Dios  y  i  ventura  de  une 
de  lo8  mayores.  En  seguida  habiendo  cerrado  el  area  y  vuelto  é 
poner  la  Have  detras  del  tapiz ,  sali  de  la  alcoba  con  mi  presa, 
que  fui  i  esconder  debajo  de  mi  cama  ea  una  pieza  pequefia 
donde  yo  dormia. 

Despues  de  concluida  esta  operadon  con  tanta  félicidad ,  me  fui 
à  buscar  al  jôven  Velazquez,  que  me  estaba  esperando  en  una 
casa  vedna  para  donde  me  habia  dado  cita ,  y  le  Uenë  de  gozo 
conténdole  lo  que  acababa  de  ejecutar.  Quedô  tan  satisfecho  de 
mi  que  me  hizo  mil  caridas ,  y  me  ofireciô  generosamente  la  mitad 
del  dinero  que  habia  en  el  talego ,  que  yo  no  quise  aceptar.  Se- 


493  GD.  BLAS. 

fior,  le  dije ,  este  primer  talego  es  para  vind.  solo ,  sirrase  ymcf. 
de  él  para  sus  necesidades.  Presto  Tolyerë  à  hacer  una  visita  al 
area ,  en  donde ,  gracias  à  Dios ,  hay  dinero  para  entrambos. 
Efectivamente,  très  dias  despues  saqué  de  ella  otro  talego ,  que 
contenia  como  el  primero  quinientos  escudos ,  de  los  cuales  no 
quise  admitir  mas  que  la  cuarta  parte ,  por  mas  instancias  que 
me  hizo  Gaspar  para  obligarme  à  que  los  repartiesemos  entre  los 
dos  como  buenos  hermanos. 

Luego  que  el  mozuelo  se  yiô  con  tanto  dinero ,  y  por  consi- 
guîente  en  estado  de  satisiacer  la  pasion  que  tenia  à  las  mugeres 
y  al  juego ,  se  entregô  à  ellas  totalmente  ;  y  aun  tuvo  la  desgra^ 
cia  de  encapricharse  con  una  de  aquellas  femosas  damas  corte- 
sanas  que  en  poco  tiempo  devoran  y  se  tragan  los  caudales  mas 
pingûes.  Ocasionôle  esta  tan  excesivos  gastos ,  y  me  puso  en  la 
necesidad  de  hacer  tantas;  visitas  al  area,  que  al  fin  el  yîefo  Ve* 
lazquez  echo  de  yer  que  le  robaban.  Escipion ,  me  dijo  una  ma* 
fiana,  tengo  quehacerte  una  confianza:  alguno  me  roba,  amigo 
mio:  han  abierto  mi  area  del  dinero ,  y  me  han  sacado  de  èl 
muchos  talegos.  El  hecho  es  constante ,  ;  pero  à  quien  debo  atn- 
buir  este  roboT  6,  por  mejor  decir,  ;  quien  otro  sino  mi  hijo 
puede  haberle  hecho?  Gaspar  habrà  entrado  furtivamente  en  mi 
alcoba,  6  acaso  tu  mismo  le  habràs  introdueido  en  ella,  porque 
estoy  tentado  à  creerte  su  confederado  aunque  parezcais  mal 
ayenidos  los  dos.  Sin  embargo ,  no  quiero  ri)rigar  esta  sospecha, 
habiendo  salido  el  padre  Alejo  por  responsable  de  tu  fidelidad. 
Respondi  que,  gracias  al  cielo,  no  me  tentaba  la  hacienda  agena, 
y  acompafié  esta  mentira  con  una  exterioridad  hipôcrita  que  con^ 
tribuyô  à  sincerarme. 

Con  efecto ,  el  viejo  no  volviô  à  hablarme  sobre  el  -  asnnto  ; 
pero  no  dejô  de  enyolverme  en  su  desconfianza,  y  tomando 
precaucîones  contra  nuestros  atentados ,  mandô  poner  al  area 
una  cerradura  nueva,  euya  Haye  traia  desde  entônce»  continua- 
mente  en  la  fohriquera.  Habiëndose  interrumpido  por  este  medio 
toda  comunicacion  entre  nosotros  y  los  talegos ,  quedémos  sin 
saber  lo  que  nos  pasaba,.  particularmente  GAspar ,  que  no  pa- 
diendo  ya  gastar  tanto  con  su  ninfe,  temiô  haUarse  precisado  à 
no  yerla  mas.  En  medio  de  esto  discurriô  un  arbitrio  ingenioso 
que  le  proporcionô  mantener  su  correspondencia  por  algunos 
dias  mas,  y  fuëel  de  apropiarse  por  \ia  de  emprëstito  aqueOo 
que  me  habia  tocado  à  mi  de  las  sangrias  que  yo  habia  hecho 
d  area.  Entreguële  hasta  el  ultimo  maradevi ,  lo  que ,  a  mi  pa- 
recer ,  podia  pasar  por  una  restitucion  anticipada  que  yo  hacia 
al  mercader  anciano  en  la  persona  de  su  heredero. 

Luego  que  et  desordenado  mozo  acabô  de  consumir  aquel  re- 
curso ,  considerando  que  ya  no  le  quediaba  ningun  otro ,  cay6 
en  una  melancolia  profunda  y  oscura ,  que  poco  é  poco  trastornô 


UBRO IHÈGIMO.  493 

su  razoD.  No  miraodo  ya  é  sa  padre  sino  como  à  un  hombre  que 
caosaba  la  desgracia  de  su  yida^  diô  en  una  fiiriosa  desesperacion, 
y  y  sin  escuchar  la  voz  de  la  sangre ,  el  miserable  concibiô  el 
horroroso  designio  de  envenenarle.  Poco  satisfécho  con  haberme 
confiado  este  execrable  proyecto ,  tuvo  aliento  para  proponerme 
le  sir^iese  de  instrumento  à  su  yenganza.  Horrorizéme  al  oirle 
seoiejante  propuesta,  y  le  dije:  j  Es  posible,  seûor,  que  esteis 
tan  dejado  de  la  mano  de  Dies  que  bayais  podido  formar  esa  abo- 
minable resolucion  I  j  Pues  que  !  i  tendriais  valor  para  quitar  la 
vida  al  autor  de  la  yuestra?  ;Habriase  de  ver  en  Espaâa,  en  el 
seno  del  cristianismo ,  cometerse  un  crimen  cuya  sola  idea  hor- 
rorizaria  à  las  mas  bàrbaras  naciones?  No,  mi  querido  amo» 
aâadi  echàndome  à  sus  pies,  no,  Ymd.  no  harà  una  accion  que 
ezcitaria  contra  si  toda  la  indignacion  de  la  tierra,  y  que  séria 
castigada  cou  un  infâme  supHcio. 

Aleguéle  todavia  à  Caspar  otras  razones  para  disuadirle  de  un 
pensamiento  tan  culpable  ;  y  yo  no  se  donde  pude  encontrar  ra- 
docinios  tan  honrados  y  discretos  como  empleé  para  combatir 
sa  desesperacion;  lo  derto  es  que  le  hablè  como  pudiera  un 
doctor  de  Salamanca ,  é  pesar  de  ser  tan  jôven  è  hijo  de  la  Cos- 
colina.  No  obstante,  por  mas  que  hice  para  convencerle  de  que 
debîa  yolver  sobre  si  y  desechar  animosamente  las  détestables 
ideas  que  se  hâbian  apoderado  de  su  ànimo ,  fiié  inutil  toda  mi 
elocuencia*  Bajé  la  cabeza ,  y  guardando  un  taciturne  silencio , 
me  hizo  comprender  que  no  desistiria  à  pesar  de  cuanto  pudiera 
decîrle. 

En  yista  de  esto,  tomando  mi  det^rminacion,  dije  al  anciano 
qae  queria  hablarle  en  secreto;  y  habiéndome  encerrado  con 
ël:  Sefk>r,  le  dije,  permitame  vmd.  que  me  arroje  à  sus  pies  é 
implore  su  misericordia.  Dichas  estas  palabras ,  me  postré  de- 
lante  de  ël  lleno  de  agitacion ,  y  con  el  rostro  bafiado  en  làgri- 
mas.  Atënito  el  mercader  de  aquella  demostracion ,  y  de  verme 
tan  turbado ,  me  preguntô  que  habia  hecho.  Un  delito  de  que  me 
arrepiento,  le  respond! ,  y  que  llorarë  toda  mi  vida:  he  tenido 
la  flaqueza  de  dar  oidos  à  su  hijo  de  ymd.,  y  de  ayudarle  à  que 
le  robase.  AI  mismo  tiempo  le  hice  una  confesion  sincera  de  todo 
lo  sucedido  en  este  particular,  despues  de  lo  cual  le  di  cuenta  de 
la  conversacion  que  acababa  de  tener  con  Gaspar,  cuyo  desig- 
nio le  revelë  sin  omitir  la  menor  circunstancia. 

Por  mas  mal  concepto  que  el  anciano  Velazquez  tuviese  de  su 
hijo,  apënas  podia  dar  crëdito  amis  palabras.  Sin  embargo,  no 
dndando  de  la  yerdad  de  mi  narradon:  Escipîon,  me  dijo  le- 
yanténdome  del  suelo,  porque  estaba  todayia  arrodillado,  yo  te 
perdono  en  gracia  del  importante  aviso  que  acabas  de  darme. 
Gaspar,  continue  alzando  la  voz,  Caspar  quiere  quitarme  la 
Yida.  t  Ah  hijo  ingrato  1  monstruo  à  quien  hubiera  valido  mas 


494  GIL  BLAS. 

ahogar  al  tiempo  de  nacer  qne  dejarle  Tivir  para  set  an  parri- 
cida!  ;qaè  xnoriyo  denes  para  atentar  contra  mis  diasT  i  Todos 
los  aftos  te  doy  ana  cantidad  snficiente  para  tos  diversiones»  y 
no  estis  contento  t  i  conque  seri  necesario  para  contentarte  per- 
mitirte  qae  disipes  todos  mis  bienes?  Habiendo  hecho  esta  do-- 
lorosa  apôstrofe ,  me  encargô  el  secreto ,  y  me  dijo  qne  le  de- 
jase  solo  para  pensar  lo  que  debia  hacer  en  tan  delicada  coyantora. 

Yo  estaba  con  la  mayor  inqaietud  por  saber  qne  resolucion 
tomaria  aquel  desgraciado  padre ,  cuando  en  el  mismo  dia  Ilam6 
i  Caspar ,  y  sin  darle  à  entender  lo  que  sabia  »  le  hablô  de  este 
modo:  Hijo  mio,  he  recîbido  ana  carta  de  Hérida,  en  que  me 
dicen  que»  si  te  quieres  casar ,  se  proporciona  un&  seâorita  de 
quince  aftos ,  que ,  sobre  ser  muy  hermosa«  llevari  consigo  un 
gran  dote.  Si  no  tienes  repugnancia  ai  matrimonio ,  m^fiana  al 
romper  la  aurora  partirèmos  los  dos  à  Mérida;  verémos  la  per- 
sona que  te  proponen ,  y  si  te  gusta  te  casarés  con  alla.  Cuando 
Caspar  oyà  hablar  de  un  gran  dote,  y  creyendo  tenerlo  ya en  su 
poder,  respondiô  sin  \acilar  que  estaba  pronto  é  hacer d  ^iage  ; 
y  con  efecto  el  dia  siguiente  al  amanecer  marchâron  solos ,  y 
montados  ambos  en  bnenas  mulas. 

Luego  que  llegàron  à  las  montafias  de  Fesira ,  y  se  riéron  en 
un  sitio  tan  apetecido  de  los  salteadores  como  temîdo  de  los 
pasageros ,  Baltasar  echo  pië  é  tierra ,  diciendo  à  su  hijo  que  hi- 
ciese  lo  mismo.  Obedeciô  el  mozo ,  y  preguntô  para  que  le  hacîa 
apear  en  aquel  parage.  Voy  à  decirtelo,  le  respondiô  el  anciano 
miréndole  con  unos  ojos  en  que  estaban  pintados  la  côlera  y  el 
dolor.  No  irémos  i  Mérida ,  y  la  boda  de  que  te  he  hablado  es 
ana  mera  invencion  mia  solo  para  atraerte  aquL  No  î|^oro, 
hijo  ingrato  y  desnaturalizado ,  no  ignore  el  atentado  que  proyec- 
tas  :  se  que  por  disposicion  tuya  se  tiene  preparado  un  yeoeno 
paradàrmele;  pero  dime,  insensato,  ^has  podido  lisonjearte 
de  quitarme  de  este  modo  impunemente  la  vida?  iQaé  error  1 
Tu  crimen  se  descubrirîa  bien  pronto  y  moririas  à  manos  del 
verdugo.  Hay,  continué,  otro medio  mas  seguro  para  que  sa- 
tisfegas  tu  ftiror  sin  exponerte  à  ana  muerte  ignominiosa;  aqai 
estamos  los  dos  sin  testigos ,  y  en  un  sitio  en  que  cada  dia  se 
cometen  asesinatos.  Ya  que  tan  sediento  estes  de  mi  sangre ,  se- 
polta  en  mi  pecho  tu  puflal ,  y  se  atribuirà  esta  muerte  &  les  sal- 
teadores. A  estas  palabras ,  descobriendo  Baltasar  el  pecho ,  y 
seûalando  el  sitio  de!  coi'azon  à  su  hijo:  Mira,  Caspar ,  atediô; 
dame  aqui  un  golpe  mortal  para  castigariye  de  haber  engen- 
drado  é  un  malyado  como  tu. 

El  jôven  Velazquez ,  herido  como  de  un  rayo  con  estas  pala- 
bras ,  muy  léjos  de  intentar  sincerarse ,  cayô  de  repente  sin  sen- 
tido  à  los  pies  de  su  padre.  El  buen  anciano,  yiéndole  en  aquel 
estado ,  que  le  pareciô  un  principio  de  arrepentimiento ,  no  podo 


LIBRO  DËGIMO.  495 

mènes  de  céder  k  la  pasion  paternal ,  y  acndiô  prontamente  à 
socorrerle;  pero  Caspar,  laego  que  yolviô  en  si,  no  pudiendD 
sofrir  la  presencia  de  un  padre  tan  justamente  irritado ,  hizo  un 
esfùerzo  para  levantarse,  yoUià  à  montar  en  su  mula ,  y  se  alejô 
sin  decir  una  palabra.  Dejôle  ir  Baltasar,  y  abandonàndole  à  sus 
remordimientos,  se  restituyô  à  Côrdoba,  en  donde  seis  meses 
despoes  supo  que  su  hijo  habia  tornado  el  hibito  en  la  cartuja 
de  Sevilla  para  pasar  alli  el  resto  de  su  Tida  haciendo  penitencia. 

CAPITULO  XU. 

Fin  de  la  historia  de  Escipion. 

Ocasiones  hay  en  que  el  mal  ejemplo  suele  producir  buenos 
efectos.  La  conducta  que  el  jôren  Velazquez  habia  tenido  me 
obligé  à  hacer  sérias  reflexiones  sobre  la  mia.  Gomenzé  à  com- 
batir  mi  inclinacion  à  hurtar,  y  me  propuse  viyir  como  hombre 
honrado.  £1  hàbito  que  yo  habia  contraido  de  apoderarme  de 
cuanto  dinero  podia  haber  A  las  manos  se  habia  radicado  en  mi 
con  actos  tan  repetidos ,  que  no  era  fécil  de  yencer.  Sin  em- 
bargo 9  esperaba  lograrlo ,  persuadido  de  que  para  ser  yirtuoso 
no  es  menester  mas  que  quererlo  de  yeras.  Emprendi ,  pues ,  esta 
grande  obra,  y  el  cielo  bendijo  mis  esfuerzos:  dejé  de  mirar  ' 
con  ojos  codiciosos  el  area  del  mercader  anciano,  y  aun  creo 
que  aunque  hubiera  estado  en  mi  mano  sacar  de  ella  algunos  ta- 
legos  no  los  hubiera  tocado  :  sin  embargo  confesarë  que  hubiera 
sido  gran  imprudencia  poner  A  esta  prueba  mi  integridad  reciente, 
de  lo  cual  se  guardô  muy  bien  Velazquez. 

Concurria  frecuentemente  à  su  casa  un  caballero  jôyen  de  la 
ôrden  de  Alcantara ,  llamado  don  Manrique  de  Medrano.  Todos 
le  estimabamos  mucho  porque  era  uno  de  nuestros  parroquianos 
mas  nobles,  aunque  no  de  los  mas  ricos.  Prendôse  tanto  de  mi 
este  caballero,  que  siempre  que  me  encontraba  se  detenia  à  ha- 
blar  conmigo  mostrando  gusto  en  ello.  Escipion ,  me  dijo  un  dia, 
si  yo  tuviera  un  criado  de  tu  buen  humor  ,  creeria  poseer  un  te- 
soro,  y  si  no  estuyieras  con  un  sugeto  à  qnien  estimo/  nada 
omitiria  para  atraerte  à  mi  servicio.  Seûor,  le  respond! ,  eso  le 
costaria  muy  poco  à  V.  S. ,  porque  tengo  inclinacion  A  las  per- 
sonas  distinguidas:  este  es  mi  flaco:  sus  modales  caballerosos 
me  encantan.  Siendo  eso  asi ,  me  replicô  don  Manrique ,  quiero 
suplicar  A  mi  amigo  el  seûor  Baltasar  que  permita  te  pases  de 
su  seryicio  al  mio,  y  creo  que  no  me  negarA  este  favor.  Conce- 
diôselo  Velazquez  inmediatamente ,  y  con  tanta  mayor  facilidad 
coanto  que  se  per^uadia  que  la  përdida  de  un  criado  bribon  no 
era  irreparable.  Por  mi  parte  me  alegré  de  esta  traslacion  »  no 


496  GIL  BLAS. 

paredëndome  el  criado  de  on  mercader  sino  on  deshnrrapado 
ea  comparadoa  del  criado  de  on  caballero  de  Alcantara. 

Para  hacer  à  ustedes  un  retrato  fiel  de  mi  naeyo  amo ,  les  di* 
ré  que  era  un  mozo  arrogante ,  que  encantaba  à  todos  por  sus 
apacibles  costumbres  y  por  su  talento ,  y  que  ademas  tenia  mncho 
valor  y  probidad.  Solo  le  feltaban  bienes  de  fortuna  ;  pero  siendo 
el  segundo  de  una  casa  mas  ilustre  que  rica ,  se  veia  obligado  â 
yivir  à  expensas  de  una  tia  anciana  résidente  en  Toledo ,  que, 
amàndole  como  si  fiiera  hijo  suyo ,  cuidaba  de  suministrarle  cuan- 
to  dinero  habia  menester  para  mantenerse.  Veslia  siempre  con 
mucho  aseo,  y  en  todas  t^tes  era  bien  recibido.  Yisitsdba  las 
principales  seftoras  de  la  ciudad ,  y  entre  otras  à  la  marquesa  de 
Almenara,  que  era  una  vittda  de  setenta  y  dos  afios,  cnyos  mo- 
dales  atractiTOS  y  agudeza  de  entendimiento  atraian  à  su  casa 
toda  la  nobleza  de  Cordoba.  Damas  y  caballeros  gustaban  de  su 
conversacion ,  y  su  casa  se  llamaba  la  buena  tocMad. 

Mi  amo  era  uno  de  los  que  mas  firecuentemente  obsequiaban 
i  esta  seûora.  Una  noche  que  acababa  de  separarse  de  eUa ,  me 
pareciô  verle  en  un  desasosiego  que  no  era  natural.  Seftor ,  le 
dije ,  parece  que  V.  S.  esta  agitado  :  ;  podrâ  este  fiel  criado  saber 
la  causa?  iLe  ha  acontecido  A  V.  S.  algnna  cosa  extraordinarîa? 
Mi  amo  se  sonriô  à  esta  pregunta ,  y  me  confesè  que  con  efecto 
le  ocupaba  la  imaginacion  una  conversacion  séria  que  acababa 
de  tener  con  la  marquesa  de  Almenara.  Me  alegrara,  le  dije  rién- 
dome ,  que  esa  nifla  setentona  hubiese  hecho  à  V.  S.  una  deckn 
racion  de  amor.  Pues  no  lo  tomes  A  chanza ,  me  respondiô  :  has 
de  saber,  amigo  mio,  que  la  marquesa  me  ama.  Me  ha  dicho: 
Me  compadece  tanto  vuestra  escasa  fortuna ,  cuanto  apredo  vues- 
tra  distinguida  nobleza  :  os  miro  con  particular  inclinadon ,  y  he 
determinado  daros  mi  mano  para  proporcionaros  un  estado  cô- 
modo ,  no  pudiendo  decentemente  enriqueceros  de  otro  modo. 
Preveo  que  este  enlace  darà  mucho  que  reir  de  mi  al  pàblîco  ; 
que  seré  el  objeto  de  las  murmuraciones ,  y  que  todos  me  ten- 
dràn  por  una  vieja  loca  que  quiere  casarse.  No  me  da  cnidado  ; 
todo  lo  despreciaré  por  proporcionar  à  vmd.  una  suerte  venturo- 
sa  ;  y  lo  ûnico  que  temo  »  me  ha  afladido^  es  que  mostreis  repo- 
gnancia  al  cumplimiento  de  mi  deseo. 

Esto  es  lo  que  me  ha  dicho  la  marquesa ,  prosiguiô  mi  amo. 
Tenièndola ,  como  la  tengo ,  por  la  seftora  mas  juiciosa  y  pruden- 
te de  Côrdoba ,  considéra  lo  admirado  que  quedaria  yo  de  oirla 
hablar  en  aqnellos  términos.  Le  he  respondido  que  me  maravî- 
Uaba  de  que  me  hiciese  el  honor  de  proponerme  su  mano  una  se- 
flora  que  siempre  habia  persistido  en  la  resolucion  de  subsistir 
viuda  hasta  la  muerte.  Â  esto  me  ha  replicado  que  poseyendo  tan 
considerables  bienes  queria  hacer  participante«le  ellos  en  vida  é 
un  hombre  honrado  à  quien  estimaba.  Sin  duda ,  le  répliqué  en- 


UBRO  DËCIMO.  497 

tônoes  9  que  Y.  B.  estft  ya  resuelto  à  saltar  la  bdla.  ;Puedes  du- 
darlo?  me  respondiô  mi  amo.  La  marquesa  es  duefia  de  imnensos 
bîenes  ^  y  tiene  prendas  eminentes  :  era  preciso  estar  loco  para 
malograr  an  establecimiento  tan  ventajoso  para  mi. 

Âhl)éle  mucho  el  pensamiento  de  aprovechar  tan  excelente  oca- 
sion  de  adelantar  su  fortuna,  y  aun  le  persuadi  que  acelcrase  les 
preparativos:  tanto  ^a  el  miedo  que  yo  tenia  de  que  se  frustrase 
este  enlace.  Pero  por  fortuna  la  marquesa  estaba  mas  deseosa 
que  yo  de  que  se  realizara  ;  y  à  este  fin  diô  ôrdenes  tan  eficaces , 
que  en  pocos  dias  se  dispuso  todo  lo  necesario  para  oelebrar  la 
boda.  Apènas  se  esparciô  por  Cérdoba  la  yoz  de  que  la  marquesa 
▼ieja  de  Almenara  se  casaba  con  don  Manrique  de  Medrano,  cuan- 
do  comenzàron  los  bufones  à  divertirse  muy  à  costa  de  la  buena 
viuda  ;  pero  por  mas  que  agotàron  todas  sus  bufonadas  y  cho- 
carrerias ,  no  aflojô  esta  un  punto  en  su  resolucion.  Dejé  hablar 
à  los  ociosos ,  y  se  fué  muy  sosegada  à  la  iglesia  con  su  don  Man- 
rique. Celebrose  la  boda  con  tan  gran  fausto ,  que  diéron  nuevo 
motive  à  la  murmuracion.  La  novia ,  se  decia ,  debiera ,  à  lo  mè- 
nes por  pudor ,  haber  suprimido  la  pompa  y  el  estrèpito  como 
impropios  en  la  boda  de  viudas  ancianas  que  se  casan  con  mozos. 

La  marquesa ,  lëjos  de  mostrarse  avergonzada  de  ser  é  su  edad 
esposa  de  un  jôven  como  aquel ,  se  entregaba  sin  réserva  al  gozo 
que  en  elle  experimentaba.  Toda  la  nobleza  cordobesa  de  une 
y  otro  sexo  estuvo  convidada  à  una  esplèndida  cena ,  y  é  un  baile 
no  mènes  suntuoso  que  siguiô  despues  ;  al  fin  del  cual  nuestros 
reciencasados  desaparecièron  para  ir  à  una  habitacion  donde,  en- 
cerràndose  con  una  criada  mayor  y  conmigo ,  la  marquesa*  diri- 
giô  à  mi  amo  estas  palabras  :  Don  Manrique ,  ved  aqui  vuestro 
cuarto  9  el  mie  esti  al  otro  extreme  de  la  casa;  de  noche  eada 
une  estarà  en  el  suyo ,  y  per  el  dia  yivirèmes  juntes  como  ma- 
dré è  hije.  Al  principie  se  engaftô  mi  amo ,  creyendo  que  la  se- 
ûera  no  le  hablaba  de  aquella  suerte  sine  para  obligarle  &  que 
le  hiciese  una  dulce  yiolencia  ;  è  imaginândose  que  per  buena 
correspondencia  debia  mostrarse  apasionado ,  se  acercô  à  ella  y 
se  ofreciô  eon  vivas  instancias  à  servirle  de  ayuda  de  cémara  ; 
pero  ella,  muy  lèjos  de  permitir  que  la  desnudase,  le  desviô  con 
semblante  série  »  dicièndole:  Deteneos ,  don  Manrique  ;  si  me  te- 
nets por  una  de  esas  viejas  verdes  que  vuelven  à  casarse  per 
fragiÛdad ,  estais  equivocado  :  ne  me  he  casado  con  vos  sine 
para  proporcionares  las  ventajas  que  puedo  per  nuestro  contrate 
matrimonial.  Este  es  un  don  gratuite  de  mi  corazon ,  y  no  exijo 
de  vuestro  reconocimiento  sine  demostraciones  de  amistad.  IM- 
cho  este  nos  dejô  à  mi  amo  y  à  mi  en  nuestro  cuarto ,  retiràn- 
dose  ella  al  suyo  cou  su  criada,  y  prohibiendo  absolutamente  al 
caballero  que  la  jcompa&ase. 

Despues  que  se  retiré  permanecimos  los  dos  un  gran  rate  atô- 

32 


498  GIL  BLAS. 

nitos  de  lo  que  acababamos  de  oir.  Esdpion,  me  dijo  mi  arao , 
^esperabas  oir  lo  que  me  ha  dicho  la  marqoesa?  ^qoë  juicio 
haces  de  una  seftora  como  esta?  Juzgo ,  8efk>r,  le respondi ,  que 
es  de  lo  que  no  hay.  ;  Que  dicha  tiene  vmd.  en  poseerla  !  Esto  se 
Dama  un  beneficio  simple  sin  carga.  Yo ,  replicô  don  Manriqne , 
no  acabo  de  admirar  el  caricter  de  una  esposa  tan  apreciable,  y 
pretendo  compensât  con  todas  las  atenciones  imaginables  el  sa- 
crificio  que  ha  hecho  por  mi.  Continuâmos  bablando  de  la  seûora, 
y  despues  nos  retiràmos  à'dormir,  yo  en  una  cama  que  habiaen 
uù  cuartito  inmediato ,  y  mi  amo  en  otra  regalada  y  magnifica 
que  le  habian  puesto  ;  y  f  n  la  cual  creo  que  allé  en  lo  iniimo 
de  su  corazon  no  le  peso  mucho  dormir  solo,  quedando  pagado 
de  ello  con  un  ligero  susto. 

El  dia  siguiente  comenzàron  de  nuevo  los  regocijos,  en  los  que  la 
reciencasada  se  mostrô  de  tan  buen  humor  que  diô  nuevo  piboloi 
las  chanzonetas  de  los  zumbones.  Ella  era  la  primera  qoe  se  reia  de 
lo  que  decian,  les  excitaba  à  chanoearse  y  aun  les  daba  piè  para  qoe 
aumentasen  la  chacota.  El  caballero  por  su  parte  no  se  mostraba 
ménos  contento  que  su  esposa  ;  y  al  yer  el  aspecto  cariftoso  cou 
que  la  miraba  y  le  hablaba ,  se  hubiera  dicho  que  estaba  ena- 
morado  de  la  andanidad.  AquelU  noche  tuviéron  los  dos  espo- 
sos  otra  conversacion,  y  quedâron  de  acuerdo  en  que  sin  inco- 
modarse  uno  à  otro  yiyirian  del  mismo  modo  que  lo  habian 
hecho  entes  de  su  casamiento.  Sin  embargo»  merece  ^logiarse  la 
conducta  de  don  Manrique  ;  hizo  por  consideracion  à  su  muger 
lo  que  pocos  maridos  hubieran  hecho  en  su  lugar,  que  iîié  apar- 
tarse  del  trato  que  tenia  con  cierta  seftorita  de  la  dase  media  é 
quien  amaba  y  de  la  que  era  correspondido,  no  qneriendo,  de- 
cia,  mantener  una  amistad  que  pareceria  insultar  ladeUcada  con- 
ducta que  su  esposa  observaba  con  èl. 

Hiéntras  estaba  dando  unas  pruebas  tan  yisibles  de  agradeci- 
miento  i  esta  seftora  anciana ,  ella  se  las  pagaba  con  usnra , 
aunque  las  ignorase.  Hizole  duefto  del  area  de  su  dinero ,  que 
yalia  mas  que  la  de  Velazquez.  Como  habia  reformado  so  casa 
durante  su  yiudez ,  la  restituyô  al  mismo  pié  en  que  estaba  en 
yida  de  su  primer  marido  :  aumentô  el  numéro  de  criados»  Henô 
sus  caballerizas  de  caballos  y  mulas;  en  una  palabra ,  por  sus 
generosas  bondades  el  caballero  mas  pobre  del  ôrden  de  Alcan- 
tara llegô  à  ser  el  mas  opulento  de  ella.  Acaso  me  pregontarén 
ustedes  que  saqué  de  todo  esto  :  mi  ama  me  régalé  cincuenta 
doblones  y  mi  amo  ciento,  hacièndome  ademas  su  secretario  con 
el  sueldo  de  cuatrocientos  escudos;  y  aun  hizo  de  mi  tanta  oon- 
fianza  que  me  nombre  su  tesorero. 

\  Su  tesorero  l  exclamé ,  interrumpiendo  à  Escipion  coando 
llegô  à  este  paso,  y  riéndome  é  carcajadas.  Si,  seftor ,  me  rq>iicô 
con  semblante  sereno  y  formai ,  si ,  seftor^  su  tesorero  ;  y  aon  me 


LIBRO  DÉGIHO.  499 

atreyo  à  decir  que  desempeftè  con  honor  aquel  empleo.  Es  Verdad 
que  acaso  habré  quedado  debiendo  alguna  cosilla  à  la  caja  ;  porque 
Gomo  me  cobraba  anticipadameute  de  mi  salario ,  y  dejé  de  re- 
pente el  serricio  del  caballero,  no  es  imposible  que  haya  resultado 
en  la  cuenta  algun  alcance  ;  de  todos  modoa  es  la  ùkima  recon- 
▼encion  que  se  me  podrà  hacer ,  supuesto  que  desde  entônces  acà 
he  sido  un  hombre  Ileno  de  rectitud  y  de  probidad. 

Hallébame,  pues,  continué  el  hijo  de  la  Coscolina ,  de  secre^ 
tario  y  tesorero  de  don  Manrique ,  que  YÎvia  tan  satisfecho  de 
mi  como  yo  lo  estaba  de  él ,  cuando  recibiô  una  carta  de  Toledo 
en  que  le  noticiaban  que  su  tia  dofta  Teodora  Moscoso  estaba  à 
los  ùltimos  de  su  yida.  Le  fuè  tan  dolorosa  esta  noticia ,  que  al 
momento  partiô  i  dicha  cîudad  para  asistir  à  aquella  seùora  que 
hada  muchos  aflos  desempeûaba  con  ël  los  oficios  de  madré. 
Acompaûèle  en  aquel  yiage  con  un  ayuda  de  cémara  y  un  lacayo 
solamente;  y  montados  todos  cuatro  en  los  mejores  caballos  de 
la  cuadra ,  Ilegémos  en  posta  à  Toledo ,  en  donde  encontrémos 
i  doAa  Teodora  en  tal  estado  que  nos  i\à  esperanzas  de  que  no 
moriria  de  aquella  enfermedad.  Con  efecto  no  desmintiô  el  resul- 
tado nuestros  pronésticos ,  aunque  contrarios  al  de  un  medico 
yiejo  que  la  asistia. 

Miéntras  que  la  salud  de  nnestra  buena  tia  se  iba  restableciendo 
visiblemente ,  mènos  quizé  por  los  remedios  que  le  hacian  tomar, 
que  por  la  presencia  de  su  querido  sobrino ,  el  seùor  tesorero 
empleaba  su  tiempo  lo  mas  alegremente  que  podia  con  ciertos 
jôyeneSy  cuyo  trato  era  muy  i  propôaito  para  proporcionarle 
ocasiones  de  gastar  su  dînero.  Llev&banme  algunas  veces  à  los 
garitos  en  donde  me  indtaban  à  jugar  con  ellos ,  y  como  yo  no 
era  tan  diestro  jugador  como  mi  amo  don  Abel,  perdia  muchas 
mas  yeoes  de  las  que  ganaba  :  insensiblemente  me  iba  afictonando 
al  juego  y  y  si  me  hubiera  entregàdo  del  todo  à  esta  pasion ,  sin 
duda  me  hubiera  precisado  à  tomar  de  la  caja  algunas  mesadas 
anticipadas  ;  pero  por  fortuna  el  amor  salyô  la  caja  y  mi  yirtud. 
Pasaado  yo  un  dia  cerca  de  la  iglesia  de  San  Juan  de  los  Reyes, 
vi  asomada  à  una  zelosia ,  cuyas  portezuelas  estaban  abiertas ,  A 
una  linda  nifia  que  mas  parecia  deidad  quecriatura.  Si  encontrara 
otrayoz  mas  expresiya,  usaria  de  ella  para  dar  ientender  à  us- 
tedes  la  fiierte  impresion  que  senti  al  y^la.  Informëme  de  quien 
era,  y  despues  de  yarias  diligendas  supe  que  se  Ilamaba  Beatrix ,  y 
que  era  doncella  de  dofta  Julia ,  bija  segnnda  del  oonde  de  Polan. 

Beatriz  interrumpiô  aqui  i  Escipion  riendo  i  carcajada  tendida, 
y  dirigiendo  la  palabra  à  mi  muger.:  Amable  Antonia,  le  dijo, 
mireme  ymd.  bien,  y  digame  por  su  yida  si  à  su  parecer  tengo 
semblante  de  diyinidad.  Por  lo  mènos  entônces ,  le  dqo  Escipion, 
ie  ténias  à  mis  ojos  ;  y  ahora  que  tu  fidelidad  ya  no  me  es  sos- 
pechosa ,  me  pareces  mas  hermosa  que  nunca.  Mi  secretario,  des- 


500  GIL  BLAS. 

pues  de  una  respnesta  tan  amorosa,  pro8i(;aiô  asi  sa  hisioria: 
Este  descubrimienlo  acabô  de  enoenderme ,  do  &  la  verdad  en 
un  ardor  Icgitimo,  porque  me  imagine  que  Sktlmente  podria 
triunfar  de  su  virtud  eombatiéndola  con  présentes  capaces  de 
desquiciarla;  pero  yo  conocia  mal  à  la  casta  Beatriz.  Inùtilmente 
le  ofreci  mi  bolsillo  y  mis  obsequios  pôr  medio  de  ciertas  mu- 
gercillas  mercenarias ,  pues  oy6  con  mucho  enojo  la  propuesta. 
Su  resistencia  encendiô  mas  mis  deseos,  y  recurri  al  ultimo  ar- 
bitrio  f  que  fu6  ofreCerle  mi  mano ,  la  que  aceptô  luego  que  aopo 
era  yo  secretario  y  tesorero  de  don  Manriqi^e.  Paredônos  à  los 
dos  que  convenia  tener  oculto  nuestro  matrimonio  por  al^o 
tiempo ,  y  asi  nos  casémos  de  secreto ,  siendo  testigos  la  seAora 
Lorenza  Séfora ,  aya  de  Serafina ,  y  otros  criados  del  conde  de 
Polan.  Luego  que  me  casé  con  Beatriz ,  ella  misma  me  fadlitô  el 
modo  de  verla  y  hablarle  de  noche  en  el  jardin,  en  donde  yo  en- 
traba  por  una  puertecilla  cuya  llave  me  entregô.  Dificihnenle  se 
hallarian  dos  esposos  que  se  amasén  con  mas  ternura  que  nosama- 
bamos  Beatriz  y  yo  :  era  igual  en  ambos  la  impaciencia  con  que 
esperabamos  la  hora  seftalada  para  yemos  y  hablamos  ;  ambos 
acudiamos  alli  con  la  misma  ansia  »  y  siempre  se  nos  hacîa  corto 
el  tiempo  que  pasabamos  juntos ,  aunque  algunas  yeces  no  de- 
jaba  de  ser  bien  largo. 

Una  noche ,  que  ftié  para  mi  tan  cruel  como  habian  sido  deli- 
ciosas  las  anteriores ,  al  ir  â  entrar  en  el  jardin ,  quedé  sor- 
prendido  de  hallar  abierta  la  puertecilla.  Sobresaltôme  aqudla 
novedad,  y  formé  de  ella  un  mal  juicio  :  me  puse  pàlido  y  trémnlo, 
como  si  hubiese  presentido  lo  que  iba  i  sucederme  ;  y  acercin- 
dome  en  medio  de  la  oscuridad  hécia  un  cenador  en  donde  habîa 
solido  hablar  à  mi  esposa ,  oi  la  yoz  de  un  hombre  ;  me  detuye 
para  percibir  mejor,  y  al  momento  llegàron  A  mis  oidos  estas 
palabras  :  No  nie  hagas  penar  mas,  mi  querida  Bealriz,  compléta 
mï  fetkidad,  y  piensa  que  de  ella  dépende  tu  fortuna.  En  yez  de 
tener  la  paciencia  de  escuchar  todayia ,  crei  no  tener  necesidad 
de  oir  mas  :  un  fiiror  zeloso  se  apoderô  de  mi  aima ,  y  no  res- 
pû*ando  sino  yenganza ,  desenyainé  la  espada  y  entré  précipita- 
damente  en  el  cenador.  ;  Ah  !  yil  seductor,  exdamé ,  cualquiera 
que  tù  seas ,  antes  de  quitai^me  el  honor  serA  menester  que  me 
arranques  la  yida.  Diciendo  estas  palabras  oerré  contra  el  caba* 
Hero  que  estaba  en  conversacion  con  Beatriz ,  que  se  puso  al 
momento  en  defensa ,  y  se  batiô  como  persona  mas  diestra  en  el 
manejo  de  las  armas  que  yo ,  que  no  habia  recibido  sino  algunas 
lecciones  de  esgrima  en  Côrdoba.  Sin  embargo  y  à  pesar  de  su 
destreza  le  tiré  una  estocada  que  no  pudo  parar,  ô  mas  bien  tuvo 
un  tropiezo;  y  De  caer  al  sueIo,y  creyendo  haberle  herîdo  mor- 
talmente ,  me  puse  en  salyo  à  carrera  tendida ,  sin  querer  res- 
ponder  à  Beatriz  que  me  llamaba. 


LIBRO  DfiCIHO.  501 

Asi  fdé  pantoalmente,  internimpîô  la  mng^  de  Esdpion  diri- 
giéndonos  la  palabra;  yo  le  llamaba  para  sacarle  de  su  error. 
£1  caballero  que  estaba  hablando  conmigo  en  el  cenador  era  don 
Fernando  de  Leiya.  Este  seâor,  que  amaba  tiernamente  à  mi 
aina  Jnlia,  estaba  detennînado  à  sacarla  de  casa,  paredèndole 
que  no  la  podria  oonseguir  sino  por  este  medio ,  y  yo  misma  le 
habia  citado  para  el  jardin  con  el  fin  de  eoncertar  con  61  estafuga, 
de  la  cual  me  aseguraba  èl  que  pendia  mi  fortuna;  pero.  por 
mas  que  Bamé  à  mi  esposo  se  alejô  de  mi  oomo  de  una  esposa 
infiel. 

En  el  estado  en  que  me  hallaba ,  repHcô  Escipion ,  era  capaz 
de  eso  y  mucho  mas.  Los  que  saben  por  experiencia  que  cosa 
son  zdos ,  y  las  extra^agancias  que  hacen  cometer  aun  &  los  mas 
sensatos ,  no  se  àdmiraràa  del  trastorso  que  causàron  en  mi  débit 
imaginacion.  Al.momento  pasè  dé  un  extremo  à  otro  :  i  los  sen- 
timientos  de  temura  que  un  instante  antes  me  animaban  héda  mi 
esposa,  me  sobreyiniéron  bien  pronto  impulsos  de  aborreci- 
mientOy  é  hice  jnramento  de  abandonarla  y  de  desecharla  para 
siempre  de  mi  memoria.  Por  otra  parte  creia  haber  muerto  é  un 
caballero ,  y  bajo  este  conçepto ,  temeroso  de  caer  en  manos  de 
la  justida ,  experimentaba  la  turbacion  penosa  que  persigue  por 
todas  partes,  como  una  fiiria  à  un  hombre  que  acaba  de  cometer 
un  crimen.  En  esta  horrible  situacion ,  no  pensando  mas  que  en 
ponerme  en  saho ,  y  sin  volyer  siquiera  à  la  posada ,  en  aquel 
mismo  punto  salide  Toledo  sin  mas  equipage  que  el  vestido  que 
tenia  puesto.  Es  verdad  que  Uevaba  en  et  bolsillo  hasta  unos 
sesenta  doblones ,  lo  que  no  dejaba  de  ser  un  recurso  bastante 
bneno  para  un  mozo  que  tenia  hecho  énimo  de  no  pasar  de 
criado  toda  su  yida. 

Gamine  toda  aquella  noche ,  6  por  mejor  decir,  fui  corriendo, 
porque  la  idea  de  los  alguaciles ,  présente  siempre  à  mi  imagina- 
cion, me  daba  un  continuo  yigor.  Amaneci  entre  Rodillas  y  Ma- 
qneda,  y  cuando  Ileguè  à  este  ultimo  pueblo,  siotiëndome  algo 
censado ,  entré  en  la  iglesia  que  acababan  de  abrir,  y  despues  de 
haber  hecho  una  breve  oracîon ,  me  semé  en  un  banco.para  des- 
cansar.  Puseme  é  meditar  en  el  estado  de  mis  negodos ,  que  no 
me  daban  poco  en  que  discnrrir  ;  pero*  no  tuye  tiempo  para  hacer 
mochas  reflexiones,  porque  luego  oi  resonar  en  la  iglesia  très  6 
ooatro  chasquidos  de  làtigo  que  me  hiciéron  créer  pasaba  por 
alli  algun  alquilador  ;  me  leyanté  al  momento  para  ir  à  yer  si  me 
engaAaba  ;  y  cuando  estuye  en  la  puerta  yi  uno  montado  en  una 
mula ,  que  Ueyaba  dereata otras dos. Parad».  amigo  mio, le grité: 
l  à.  donde  yan  esas  mulas?  A  Madrid ,  me  respondiô  :  en  eilas 
han  yenido  à  este  pneblo  dos  religiosos  dominioos ,  y  me  yoy 
allA  de  retomoi 

La  ocasion  que  se  presentaba  de  hacer  el  yiage  de  Madrid  , 


30i  GIL  BLAS. 

me  inspiré  deseo  de  verifiearle  ;  ajnstème  con  d  aiqailador }  moote 
en  ana  de  sus  mulas ,  y  nos  encaminàmoft  hàda  lllescas ,  en 
donde  debiamos  hacer  noche. 

No  bien  habiamos  salido  de  Haqneda,  coando  el  alquilador, 
persona  de  treinta  y  cinco  é  caarenia  aftos ,  empezô  à  entonar 
càmioos  de  la  iglesia  &  toda  toe  :  comenzô  por  los  salmos  qae 
los  canônigos  cantan  à  maitines»  en  segnida  camô  el  Credo ,  oomo 
en  las  misas  solemnes  ;  y  luego  pasando  à  las  visperas,  me  las 
cantô  codas  sin  perdonarme  ni  ann  el  Magrùficat.  Aunque  el  ma- 
jadero  me  aturdia  los  oidos ,  yo  no  podia  ménos  de  reir  ;  y  ann 
le  incitaba  i  continuar  enando  se  yeia  precisado  à  detenerse 
para  cobrar  aliento.  ;Ânimo,  buen  amigo!  te  deda,  prosiga 
yfmd.f  que  si  el  cielo  le  ha  dado  tan  buenos  puhnones ,  ymd.  no 
haoe  mal  uso  de  ellos.  i Oh  !  en  cuanto  éreso ,  not ,  me  respondîé, 
no  me  parezco  gracias  i  Dios  à  la  mayor  parte  de  los  alqoilado- 
res  que  no  cantan  sino  canciones  infiunes  6  impias  ;  ni  tampooo 
canto  nonca  romances  sobre  nuestras  guerras  contra  los  Mores  » 
porqne  son  unas  cosas  à  lo  mènos  friyolas  »  coando  no  aean  in- 
décentes. Teneis,  le  répliqué ,  una  pureza  de  corazon  que  raras 
veces  tienen  los  alquilmiores  ;  y  siendo  tan  escrupuloso  en  ponto 
de  canciones ,  ;  habeis  hecho  tambien  voto  de  castidad  en  la»  po- 
sadas  donde  hay  criadas  mozas?  Seguramente,  me  respondié;  la 
continenda  es  tambien  una  cosa  de  que  me  precip  en  estos  para- 
ges; en  ellos  solo  me  ocupa  el  cuidado  de  mis  mulas.  No  quedé 
poco  admirado  de  oir  hablar  de  este  modo  à  aquel  fenix  de  los 
alqniladores  ;  y  teniéndole  por  un  hombre  de  bien  y  de  talento, 
entaUé  conversadon  con  él  luego  que  acabé  de  cantar  coanto  le 
dié  la  gana. 

Llegàmos  à  lllescas  é  la  caida  de  la  tarde.  Luego  que  nos  qiei- 
mos  en  el  meson ,  dejé  â  mi  compaftero  que  cuidase  de  sus  mvdas , 
y  me  meti  en  la  codna  é  encargar  al  mesonero  que  nos  disposîase 
una  buena  cena ,  lo  que  prometié  hacer  tan  bien ,  que  me  aoor- 
darta,  dijo  él ,  toda  mi  vida  de  haberme  alojado  en  su  meaon. 
Pregunte  su  merced,  aftadié ,  pregunte  à  su  alquilador  quimi  soy 
yo.  I  Voto  i  tal  I  que  desafiaria  i  todos  los  cocineros  de  Madrid  y 
de  Toledo  i  hacer  una  olla  podrida  como  las  que  yo  hago.  Esu 
noche  quiero  agasajar  k  su  meroed  con  un  guisado  de  gazapo  com- 
puesto  de  mi  mano,  y  Terà  si  tengo  razon  para  ponderar  mi  babil»- 
dad.  Didio  esto ,  mostràndome  una  cazuela  en  que  habia,  segon  â 
decia ,  un  conejo  hecho  ya  trozos  :  Mire  vmd.,  continué,  lo  que 
pienso  darle  despues  que  le  haya  echado  pimienta ,  sal  »  yino,  un 
manojo  de  yerbas ,  y  algunos  otros  ingredientes  que  empleo  en 
mis  salsas ,  con  lo  que  espat>  regalar  é  su  merced  con  un  gui- 
sado que  se  pudiera  presentar  à  un  ooncador  mayor. 

£1  mesonero  ,  despues  de  haber  hecho  de  este  modo  su  elogio, 
comenzé  à  disponer  la  cena.  Miéntras  tanto  me  entré  en  on  cnarto , 


LURO  DÉGIMO.  503 

y  echindome  en  una  mala  cama  que  habia  alli,  me  quedé  dor- 
mîdo  de  cansando  por  no  habw  sosegado  nada  la  noche  ante* 
cedente.  De  alli  à  dos  horas  yino  à  despertarme  el  alquilador, 
diciendo  :  Seftor  amo ,  la  cena  esta  pronta ,  yenga  ymd.  si  gusta 
é  sentarse  i  la  mesa  ;  la  cual  estaba  pnesta  en  una  sala  con  solos 
dos  cabtertos.  Sentémonos  i  ella  el  alquilador  y  yo ,  y  nos  tra- 
jëron  el  guisado  ;  me  tiré  k  él  con  ansîa ,  y  me  sapo  muy  bien , 
ya  faese  porque  el  hambre  me  le  hizo  apetitoso ,  ya  por  el  sai- 
nete  que  le  daban  los  ingredientes  del  cocinero.  En  seguida  nos 
siryiéron  an  trozo  de  carnero  asado  ;  y  obseryando  que  el  alqui- 
lador solo  tomaba  de  este  segnndo  phto ,  le  preganté  ^  porqué 
no  tomaba  del  otro  ?  Me  respondiô  sonriëndose ,  que  no  le  gus- 
laban  los  guisos  ;  cuya  respuesta ,  ô  por  mejor  decir,  la  risita 
con  que  la  habia  acompaflado ,  me  pareciô  misteriosa.  Vmd.  me 
ocultay  le  dije,  la  yerdadera  razon  que  le  impide  comer  de  este 
guisado  :  hâgame  el  gusto  de  decirmela.  Ya  que  ymd.  tiene  tanta 
coriosidad  de  saberla,  replicô  él,  le  dire  que  tengo  repugnancia 
à  Ilenarme  el  estômago  de  esa  especie  de  guisotes  desde  que,  ca- 
minando  de  Toledo  à  Cuenca,  me  diéron  una  noche  en  un  meson 
por  conejo  de  yiyar  un  jigote  de  gato;  lo  que  me  ha  hecho  co- 
brar  ayersion  à  los  cochifritos. 

Apénas  el  alquilador  me  dijo  estas  palabras  perdf  enteramente 
el  apetito  en  medio  del  hambre  que  me  deyoraba.  Se  me  eucajô 
en  la  cabeza  que  acababa  de  corner  conejo  solo  en  el  nombre,  y 
ya  no  miré  el  guisado  sino  haciéndole  gestos.  £1  arriero ,  léjos 
de  desyanecer  mi  aprension  ,  me  la  aumentô  diciëndome  que  los 
mesoneros  y  pasteleros  en  Espafia  hacian  con  frecuencia  aquella 
especie  de  quid  pro  quo;  lo  que ,  como  ustedes  pueden  pensar,  no 
me  siryiô  de  mucho  consuelo,  antes  bien  me  quitô  del  todo  la 
gana ,  noya  de  yoher  à  probar  el  guisote ,  mas  ni  aun  de  tocar 
al  asado,  temiendo  que  el  carnero  no  lo  fdese  mas  realmente  que 
el  conejo.  Leyantéme  de  la  mesa  echando  mil  maldiciones  al 
guiso,  al  mesonero  y  al  meson;  yolyime  i  tender  en  la  cama,  y 
pasé  la  noche  con  mas  quietud  de  la  que  pensaba.  El  dia  siguicnte 
muy  temprano ,  despues  de  haber  pagado  al  mesonero  con  tanta 
larguezacomo  si  me  hubiera  tratado  perfectamente ,  sali  de  Oies- 
cas  tan  ecupado  el  pensamiento  en  el  guisado ,  que  me  parecian 
gatos  eoantos  animales  se  me  ofrecian  A  la  yista. 

Entràmos  temprano  en  Madrid,  y  despues  de  haber  satisfecho 
al  conductor  me  hospedé  en  una  posada  de  caballeros  cerca  de 
la  puerta  del  Sol.  Aunque  mis  ojos  estaban  acostumbrados  al 
gran  mundo,  no  dejàron  de  deslumbrarse  con  el  concurso  de 
sefiores  que  se  yen  comunmente  en  el  centro  de  la  corte.«  Pas- 
môme  el  énorme  numéro  de  coches ,  y  la  gran  multitud  de  gen* 
tileshombres ,  pages  y  lacayos  que  los  grandes  lleyaban  de  co- 
miiîra.  Llegô  à  lo  sumo  mi  admiracion,  ouando,  babiendo  ido  é 


«M  GIL  BLAS. 

▼er  el  rey  miré  al  moaarca  rodeado  de  sus  oortesanos.  Qoedé 
epcantado  à  ?ista  de  tal  especticulo';  y  dge  para  mi  :  Ya  no  bm 
admiro  de  haber  oido  dedr  que  es  indispensaMe  ver  la  corte  de 
Madrid  para  formar  concepto  cabal  de  su  maguificencia  :  oelebro 

•  infinito  el  visitarla,  y  el  corazon  me  dioe  que  he  de  hacer  algo  en 
ella.  Sin  embargo  nada  mas  hice  que  contraer  algunas  amistades 
inùtOes  :  fiii  poco  a  poco  gastando  todo  mi  dinero ,  y  me  tuve 
por  muy  dichoso  en  haberme  acomodado  »  à  pesar  de  todo  mi 
mérite,  con  un  pédante  de  Salanumca,  i  quien  conoc»  casaal- 
mente  que  habia  ido  à  la  corte ,  su  patria ,  à  negodos  personates. 
Llegué  A  ser  sus  pies  y  sus  manos ,  y  cuando  se  restiuiyô  à  su 
uniyersîdad  me  llevô  en  su  compaAia. 

LlamÂbase  don  Ignacio  de  Ipifta  esteminuevo  amo.  El  mismo 
se  tomaba  el  don  por  haber  sido  maestro  de  un  dnque,  el  cual 
por  agradecimiento  le  habia  seftalado  una  renta  vitalicîa  :  gozaba 
otra  por  catedrAtico  jubilado  del  colegio,  y  ademas  de  eso  sa- 
caba  del  publico  doscientos  à  trecientos  doblones  annales  por 
los  libres  de  moral  dogmàtica  que  solia  dar  à  la  prensa.  El  modo 
eon  que  componia  sus  obras  me  parece  digno  de  contarse.  Gas- 
taba  casi  todo  el  dia  en  leer  autores  hebreos ,  griegos  y  latinos, 
y  en  escribir  en  médias  cuartillas  de  papel  todos  los  apotegmas, 
6  pensamientos  sublimes  que  encontraba  en  ellos  ;  conforme  iba 
llenando  las  cuartillas  me  las  hacia  ensartar  en  un  alambreen  fi- 
gura deguimalda,  y  cada  una  formaba  un  toîno.  iQué  de  libres 
perrersos  haciamos  !  Apénas  se  pasaba  mes  alguno  sin  qjaefor- 
masemos  cuando  ménos  dos  yolùmenes ,  y  al  momento  îban  à 
fatigar  la  prensa.  Lo  mas  extraordinario  era  que  estas  compila- 
ciones  se  hacian  pasar  por  cosas  nueyas  ;  y  si  los  critioos  trata- 
ban  de  hacer  ver  al  autor  que  era  un  plagiario  de  las  obras  de 
los  antiguos,  les  contestaba  con  orguUoso  descaro  :  Fwrio  lœta- 
mur  in  ipso. 

Tambien  era  gran  comentador,  y  estd>an  tan  Henos  de  enidi- 
cion  sus  comentos ,  qae  A  cada  paso  hacia  notas  sobre  cosas  que 
no  merecian  reparo  ;  asi  como  en  las  médias  cuartillas  de  papel 
escribia  inoportunamente  pasages  de  Hesiodo  y  de  otros  autores. 
Yo  no  dejë  de  aproyechar  en  casa  de  este  sabio,  y  séria  ingra- 
titud  negarlo  ;  pues  A  lo  ménos ,  'A  Aierza  de  copiar  sus  olH'as , 
fui  aprendiendo  A  escribir  decentemente  ;  y  considerAndome  él 
no  ya  como  criado ,  sino  como  discipulo  suyo ,  ilustrô  mi  en- 
tendimiento  sin  descuidarse  en  arreglar  mis  costumbres.  Si  por 
casualidad  llegaba  A  saber  que  algun  otro  criado  habia  hecho  algo 
malo  :  Escipion ,  me  decia ,  guArdate  bien ,  hijo  »  de  hacer  lo  que 
ha  hecho  ese  bribou  :  un  criado  debe  esm^wse  en  servir  letl- 

*  mente  A  su  amo.  En  una  palabra ,  no  perdia  ocasion  don  Ignacio 
de  exhortarme  A  la  virtud  ;  y  sus  palabra3  en  mi  hacian  tanta 
impresion  »  que  en  los  quince  meses  que  le  servi,  no  tuve  la  mas 


'  LIBRO  DÊCmO.  fi06 

miiiiiiia  teutacion  de  jugarle  ninguiia  de  las  piezas  à  que  estaba 
aeostumbradOy  ni  tampoco  hiee  en  su  casa  la  mas  levé  trayesura. 

Ya  dejo  dicho  que  el  doctor  Ipifta  era  hijo  de  Madrid ,  donde 
tenia  aoa  parienta  Ilamada  Catalina ,  que  era  camarera  del  ama  que 
habîa  criado  al  principe  de  Asturias.  La  tal  sirvienta,  que  es  la 
misma  de  quien  me  yaii  para  sacar  al  seâor  SantiUana  de  la  torre 
de  Segoyia,  deseosa  de  hacer  algo  por  su  pariente  don  Ignacio, 
se  empeûô  con  su  ama  para  que  le  consiguiese  del  duque  de 
Lerma  alguna  pieza  eclesiéstica«  £1  ministro  le  confiriô  el  arce- 
dianato  de  Granada ,  porque  siendo  aquel  reino  pais  de  con- 
quista,  todas  las  prebendas  son  del  patronato  real,  y  de  nom- 
bramiento  del  rey.  Luego  que  lo  supimos  marchémos  à  Madrid 
porque  quiso  el  doctor  dar  las  .gracias  i  sus  bienhechoras  antes 
de  ir  à  Granada.  Con  esta  ocasion  las  tuve  frecuentes  de  yer  y 
tratar  i  la  tal  Catalina ,  que  se  pago  mucho  de  mi  buen  humor  y 
desembarazo.  No  me  gusto  à  mi  ménos  la  mozuela,  y  tanto  que 
no  pude  dejar  de  corresponder  à  ciertas  sefiales  de  particular  io- 
dinacion  que  me  manifestaba;  en  conclusion ,  nos  enamoràmos 
uno  deotro.  Perdôname,  queridaBeatriz,  esta  confesion  que  hago; 
el  mirarte  entônces  como  iofiel  i  mt  fué  lo  que  me  hizo  propar 
sar  é  lo  que  no  me  era  permitido. 

Miéntras  tanto  el  doctor  don  Ignacio  iba  disponiendo  su  yiaje 
à  Granada.  Sobresaltados  su  parienta  y  yo  de  la  dolorosa  sepa- 
racion  que  se  acercaba  discurrimos  un  arbitrio  que  nos  libre  de 
este  golpe.  Fingime  grayemente  enfermo ,  quejàndome  de  la  ca- 
beza»  del  yientre  y  del  pecho  con  todas  las  demostraciones  del 
hombre  mas  angustiado  del  mundo.  Mi  amo  Ilamo  à  un  medico, 
el  cual ,  despues  de  haberme  reconocido ,  me  dijo  de  buena  fe 
que  mi  enfermedad  era  mas  séria  de  lo  que  parecia,  y  que  yero- 
fimilmente  no  me  leyantaria  tan  presto  de  la  cama.  Impaciente  el 
doctor  por  irse  à  su  catedral,  no  tuyo  por  oportuno  dilatar  mas 
sa  yiaje,  y  prefiriô  tomar  otro  criado  para  que  le  siryiera;  con- 
tentàndose  con  entregarme  al  cuidado  de  una  asistenta ,  à  la  cual 
dejô  cierta  cantidad  de  dinero  para  mi  entierro  si  moria,  6.  para 
recompensar  mis  servicios  si  sialia  de  rai  enfermedad. 

Luego  que  supe  que  don  Ignacio  habia  salido  para  Granada 
me  halle  curado  de  todos  mis  maies.  Levantéme ,  despedi  al  me- 
dico que  habia  dado  tan  notoria  prueba  de  su  gran  penetracion, 
y  me  deshice  de  la  asistenta,  que  me  robô  mas  de  la  mitad  del 
dinero  que  debia  entregarme.  Miéntras  yo  representaba  este  pa- 
pel,  Catalina  desempeflaba  otro  muy  diyerso  con  su  ama  doAa 
Ana  de  Gueyara,  à  la  cual  persuadiéndola  de  que  yo  era  un.  in- 
trigante ducho,  la  pnso  en  deseo  de  escogerme  por  uno  de  sus 
agentes.  La  sefiora  ama,  que  tenia  mucho  apego  à  las  riquezas, 
era  dada  à  manejos  que  pudieran  producirlas ,  y  necesitando  de 
personas  à  propôsito  para  ello,  me  recibiô  entre  sus  criados« 


506  GIL  BLAS. 

Tardé  poco  en  dar  proetMS  de  mi  talento.  Diteie  algniHw 
gog  deHcadoi  que  pedian  Yiyeza  y  mafia,  los  que  paedo  aaegorar 
sin  iranidad  desempefté  à  an  satisfaodon  ;  por  lo  que  qnedô  tan 
pagada  de  mi,  como  yo  pooo  satisfecho  de  ella,  pues  era  tan 
codiciosa ,  que  nada  me  tocaba  de  lo  mueho  que  le  redituaban 
mis  manipulaciones  y  mi  industria.  Pareciale  que  solo  con  pa- 
garme  puntual  y  exactamente  mi  salario  usaba  conmigo  de  so- 
brada  generosidad.  Este  exceso  de  avaricia  me  hubiera  hecbo 
salir  muy  presto  de  su  casa,  à  no  haberme  detenido  en  ella  el 
afecto  A  Catalina,  la  cual ,  enamorada  cada  dia  mas  y  mas  de  mi, 
me  propusoformalmente  que  nos  casasemos. 

iPoco  A  pocol  le  respond! ,  querida  mia,  esa  eeremonia  no  la 
podemos  hacer  tan  prontamente  ;  para  eso  es  menester  esperar 
la  muerte  de  cierta  joyendta  que^se  anticipé  â  tl,  y  oon  quien 
por  mis  pecados  estoy  ya  casado.  À  otro  perro  oon  ese  hneso , 
replied  Catalina;  ahora  te  quieres  fingir  casado  para  cohonestar 
cortesanamente  la  repugnancia  que  tienes  i  casarte  conmigo.  En 
vano  asegurè  mil  veces  que  le  decia  la  pura  Terdad ,  pues  no 
hnbo  forma  de  hacèrsela  créer  ;  y  pareciéndole  que  mi  sinoera 
confesion  era  una  excusa,  se  diôpor  ofendida,  y  desde  aquel 
mismo  pnnto  mudô  de  estilo  conmigo.  No  llegémos  à  reftîr  ni  i 
romper  del  todo  nuestra  comunicacion;  pero  resfiriéndose  Tîsi- 
blemente  nuestro  reciproco  cariflo ,  quedô  reducido  nuestro 
trato  à  los  precisos  tèrminos  que  no  se  podian  negar  à  la  buena 
crianza  y  al  bien  parecer. 

En  este  estado  me  hallaba  cuando  supe  que  d  seftor  Gil  Has 
de  Santillana,  secretario  del  primer  ministro  del  rdno  de  Es- 
pafla,  estaba  à  la  sazon  sin  criado.  Pint&ronme  esta  conyenien- 
cia  como  la  mayor  y  mas  yentojosa  à  que  podia  aspirar.  El  se- 
flor  de  Santillana ,  me  dijéron,  es  un  caballero  de  mucho  mérito, 
un  mozo  sumamente  querido  del  duque  de  Lerma ,  y  i  cuya 
sombra  no  puedes  mënos  de  hacer  una  gran  fortuna  :  ademas  de 
eso ,  es  de  un  corazon  generoso  y  lleno  de  bizarria  ;  hadendo 
tù  sus  negocios ,  no  dudes  que  haras  tambien  el  tnyo.  No  ma» 
logré  la  ocasion;  presentème  al  seftor  Gil  Bias,  à  quien  tomfr 
desde  Inego  inclinacion  :  agradôle  mi  fisonomia ,  redbiôme  en  su 
casa,  y  no  me  detuye  un  punto  en  dqar  por  ël  la  de  la  sellora 
ama;  y  este,  si  Dios  quiere,  serA  el  ultimo  amo  A  quien  sirya. 

Asi  diô  fin  A  su  historia  el  buen  Escipion ,  y  yolyiëndose  des- 
pues A  mi  me  hablô  en  estos  tèrminos  :  Seftor  de  Santillana,  hA- 
game  ymd.  el  feyor  de  atestiguar  A  estas  sefloras  que  siempre 
me  ha  tenido  por  un  criado  tan  fiel  como  zeloso.  He  menester 
de  este  testimonio  para  persuadirles  que  el  hijo  de  la  Cosoolina 
corrigiô  en  yuestra  compaftia  sus  malas  costumbres ,  sucedîendo 
A  ellas  en  su  corazon  y  en  sus  operacîones  yirtuosos  y  honia- 
dos  pensamientos. 


LIBRO  UNDËCIMO.  SWI 

Asi  es,  86fk)ras ,  les  dije,  eso  puedo  asegarAroslo.  Si  en  sa  ni- 
fiez  Esdpion  era  un  verdadero  picaro,  se  ha  corregido  despnes 
tan  completamente ,  que  ha  llegado  à  ser  nn  dechado  perfedo 
de  criados.  Léjos  de  tener  de  que  quejarme,  ni  que  reprender  en 
sa  modo  de  poruirse  desde  que  esta  en  mi  casa»  debo  al  con- 
trario confesar  que  le  soy  deudor  de  muchas  obligaciones.  La 
iioche  que  me  prendiëron  para  lleyarme  al  alcizar  de  Segovia 
libertô  mi  casa  del  pillage  y  puso  en  seguridad  parte  de  mis  efec- 
tos ,  que  impunemente  pudo  haberse  apropiado.  No  contento  oon 
baber  mirado  por  la  conserracion  de  mis  bienes ,  quiso ,  Uevado 
de  puro  afecto ,  encerrarse  conmigo  en  mi  prision ,  prefiriendo 
à  los  atractivos  de  la  libertad  el  triste  consuelo  de  aoompafiarme 
eo  mis  trabajos. 


———f  »<»—»— 


LIBRO  UNDÉCIMO. 


CAPITULO  I. 

De  Goino Gil  Bias  tQTO  la  mayor  alegria  que  habia  ezperimentado  en  ta  vida,  y 
del  funeste  accidente  que  la  turbô.  Mutaciones  sobreyenidaa  en  la  oorte,  qne 
fnëron  causa  de  que  Santillana  Tolyiese  â  ella. 

Ya  dejo  dicho  que  Antonia  y  Beatrix  se  avenian  muy  bien  las 
dos  :  la  una  acostumbrada  à  Tivir  como  eriada  sumisa,  y  la  otra 
acostumbréndose  gustosa  A  ser  ama.  Escipion  y  yo  eramos  dos 
maridos  muy  condescendientes  y  muy  amados  de  nuestras  espo- 
sas  para  no  tener  bien  pronto  la  satisfiaccion  de  ser  padres.  Am* 
bas  se  sintiéron  embarazadas  casi  al  mismo  tiempo  :  Beatriz  fiië 
la  primera  que  pariô  y  diô  à  luz  una  nifla,  y  pocos  dias  despues 
Antonia  nos  llenô  de  alegria  déndome  un  nifto.  Enyié  à  mi  se- 
cretario  à  Valencia  à  lleyar  esta  notida  al  gobernador,  que  yino 
inmediatamente  é  Liria  en  compaftia  de  Serafina  y  de  la  marque- 
sa  de  Priego ,  à  sacar  de  pila  à  los  reden  naddos,  teniendo  ej 
gusto  de  afiadir  esta  prueba  mas  de  afecto  à  todas  las  que  yo 
habia  redbido  de  ël.  Mi  hijo  »  que  tuvo  por  padrinos  A  este  se* 
ftor  y  à  la  marquesa,  se  llamô  Alfonso;  y  la  seflora  gobema- 
dora  »  queriendo  dispensarme  el  honor  de  que  yo  fuera  su  com- 
padre  por  dos  titulos,  se  presto  &  ser  madrina  juntamente 
conmigo  de  la  hija  de  Escipion,  à  la  cual  se  le  puso  el  nombre 
de  Serafina. 

El  nacimiento  de  mi  hyo  no  solamente  alegrô  à  las  personas 
de  la  quinta ,  sino  que  todos  los  vecinos  de  Liria  le  celebriron 


508  GILBLA8. 

uonbien  con  festejos  que  nanifesliroii  que  todo  el  lugar  tomaha 
parte  en  las  satisiaoeHHies  de  an  bbùot.  Pero  }  ah  1  y  coan  brere 
filé  nnestra  alegria  1  6 ,  por  mejor  decir»  de  repente  se  oon^irtio 
toda  en  ayes ,  en  Ilantos  y  en  sospiros  por  nn  sooeso  que  en  mas 
de  veinte  aAos  no  he  podido  oUidar ,  y  que  tendre  etemamente 
en  la  memoria.  Moriô  mi  hgo,  y  à  pooos  dias  le s\gai6  an  nradre, 
sin  embargo  de  haber  tenido  on  parto  feliz  ;  una  violenta  calen- 
tara  me  arrebaté  mi  querida  esposa  pasados  los  eatoroe  nieses 
de  nuestro  matrimonio.  Figurese  el  lector,  si  es  posible,  coanta 
seria  mi  amargura  :  cai  en  un  abatimiento  dQ  inimo  y  en  una  es^ 
topidez  inexplicable;  tanto  qoe  parecia  hsber  qoedado  insensible 
à  fderza  de  sentir  la  pèrdida  que  habia  experimentado.  Pasè  cinco 
6  seis  dias  en  tan  doloroso  estado ,  sin  qnerer  ni  poder  tomar 
ningun  alimento,  y  creo  que  sin  la  compaflia  de  Esdpion  me  hu- 
biera  dejado  morir  de  hambre ,  6  habiera  perdido  eoteramente 
el  juicio;  pero  este  discreto  secretario  supo  distraer  mi  afliccion 
tomando  parte  en  ella.  Hallaba  el  secreto  de  hacerme  tomar  aigu- 
nos  caldos  presentàndomelos  con  un  semblante  tan  triste,  que 
parecia  me  los  ponia  delante ,  no  tanto  por  conseryar  mi  yida , 
como  por  dar  pâbulo  à  mi  padecer.  £1  afectuoso  criado  escribiô 
al  mismo  tiempo  à  don  Alfonso  noticiindole  las  desgradas  que 
me  habian  sucedido  y  la  lastimosa  situacion  en  que  me  encon- 
traba.  Este  sefior  tiemo  y  compasiyo ,  este  amigo  generoso  fué 
inmediatamente  A  Liria.  Yo  no  puedo  traer  k  la  memoria  sin  en- 
ternecerme  el  momento  en  que  se  présenté  A  mi  yista  :  Mi  amado 
Santillana,  me  dijo  echàndome  los  brazos  al  cuello,  no  yengo  à 
consolarte  »  yengo  solo  à  llorar  contigo  la  pérdida  de  ta  amable 
Antonia,  asi  como  tù  irias  4  Horar  conmigo  la  de  mi  adorada 
Serafina  si  la  muerte  me  la  bubiera  arrebatado.  Con  efecto  yertiô 
algunas  lâgrimas,  y  confundiô  sus  suspiros  con  los  mios.  En 
medio  de  la  pesadumbre  que  me  tenia  fiiera  de  mi ,  no  dejàron 
de  excitar  en  mi  corazon  un  yiyo  agradedmiento  las  afectuosas 
demostraciones  de  don  Alfonso. 

Este  gobernador  tuyo  una  larga  conyersacion  con  Esdpion 
sobre  lo  que  conyendria  adoptar  para  yencer  mi  pesadunÂre. 
Juzgàron  que  seria  necesario  por  algun  tiempo  alejarme  de  Liria, 
en  donde  por  todas  partes  se  me  representaba  continuamente  la 
imégen  de  Antonia.  Conyenidos  en  esto  me  propuso  el  hijo  de 
don  César  si  queria  ir  con  él  à  Valencia ,  y  mi  secretario  apoyô 
tân  eficazmente  le  propuesta ,  que  la  acepté.  Dejé  à  Escipion  y  i 
su  muger  en  la  quinta ,  en  la  que  no  yeia  cosa  que  no  aumentase 
mi  melancolia ,  y  marché  con  el  gobernador.  Luego  que  llegué  i 
Valencia,  don  César  y  su  nuera  no  perdonéron  diligenda  alguiia 
para  diyertir  mi  afliccion ,  echando  mano  de  todas  las  distrac- 
ciones  oportunas  para  disiparla;  pero,  A  pesar  de  todos  sas 
esfderzos ,  permaneci  sumergido  on  una  profunda  mefamcolia  de 


LIBRO  UNDÉCIMO.  509 

que  no  padiëron  sacanne.  Nada  omitia  tampoco  por  su  parte 
Êscipion  de  cuanto  pensaba  podia  contribuir  à  resiituirme  à  mi 
amtigua  tranquilidad.  Iba  firecuememente  de  Liria  é  Valencia  &  in- 
formarse  por  si  mismo  de  mi  estado ,  y  se  vohia  mas  alegre  6 
mas  triste  segun  me  yeia  mas  6  ménos  dispuesto  à  consolarme. 

Una  maûana  entrô  muy  azorado  en  mi  cuarto»  y  me  dijo  :  Se- 
fior,  corre  por  la  ciudad  una  noticia  que  llama  la  atencion  de  toda 
la  monarqaia.  Se  dice  que  Felipe  III  ya  no  existe ,  y  que  ocupa 
el  trono  el  principe  su  hijo.  Aftidese  que  al  cardenal  duque  de 
Lerma  le  ban  ^eparado  de  su  empleo  con  prohibicion  de  pre- 
aentarse  en  la  corte ,  y  que  don  Gaspar  de  Guzman ,  conde  de 
Olivares ,  es  en  la  actualidad  primer  ministro.  Sentime  conmo- 
▼ido.de  esta  noticia  sin  saber  porquë»  y  conociéndolo  Escipion, 
me  pregunté  si  no  tomaba  yo  alguna  parte  en  este  grande  acae- 
cimiento.  ;Vqué  parte  quieres  tu ,  hijo  mio ,  que  yo  tome  en  el? 
le  respond!  :  ya  dejé  la  corte;  todas  las  mutaciones  que  puedea 
sobreyenir  en  ella  me  deben  ser  indiferentes. 

Muy  desprendido^se  halla  ymd.  del  mundo  para  la  edad  que 
tiene ,  replicô  el  hijo  de  la  Coscolina ,  si  yo  me  hallase  en  su  lugar 
no  dejaria  de  tentarme  mucho  la  curiosidad  :  iria  à  Madrid  à  pre* 
seatarme  al  nueyo  monarca  para  yer  si  se  acordaba  de  haberme. 
yisto  :  este  gusto  no  me  lo  perdonaria.  Ya  te  entiendo ,  le  dije , 
tu  quisieras  que  yo  yolyiera  à  la  corte  para  tentar  en  ella  de 
nueyo  la  fortuna  »  6  por  mejor  decir ,  para  yolyer  à  ser  alii  aya* 
rientoy  ambicioso.  ^Porquè  se  habian  de  estragar  today  ia  alii 
las  cosiumbres  de  ymd.?  me  replied  Escipion  :  tenga  ymd.  ma& 
confianza  que  la  que  tiene  en  su  yirtud  :  yo  salgo  por  fiador  de 
ymd.  Las  sanas  reflexiones  que  le  obligé  i  haoer  su  desgracia 
acerca  de  los  peligros  de  la  corte  son  muy  del  caso  para  preca- 
yerse  de  ellos.  Yuélyase,  pues ,  à  embarcar  animosamente  en  un 
mar  cuyos  escollos  le  son  bien  conocidos.  Calla,  adulador ,  le  in- 
terrumpi  sonriéndome  :  pestas  ya  cansado  de  yerme  pasu*  una 
yida  tranquila?  yo  creia  que  estimabas  mas  mi  sosiego. 

Aqui  Uegaba  nuestra  conyersacion  cuando  entréron  en  mi 
cuarto  don  César  y  su  hijo ,  quienes  me  confrméron  la  noticia  de 
la  muerte  del  rey ,  y  la  desgracia  del  cardenal  duque  de  Lerma , 
aAadiendo  que ,  habiendo  este  pedido  licoieia  para  retirarse  4 
Roma  y  en  lugar  de  dérsela,  se  le  habia  mandado  fiiese  à  yiyir  A 
su  marquesado  de  Dénia.  Despues ,  como  si  estuyieran  ambos  de 
acuerdo  con  mi  secretario ,  me  aconsejéron  fuese  à  Madrid ,  y 
me  presentase  al  nueyo  rey ,  puesto  que  ya  me  conoda^  y  le 
habia  hecho  unos  seryicios  que  los  grandes  recompensan  con  bas-r 
tante  gusto.  Yo  A  lo  ménos,  dijo  don  Alfonso ,  no  tengo  la  ma- 
nor duda  de  que  se  acordarà  de  los  tuyos,  ni  de  que  deje  Fe* 
lipe  I Y  de  pagar  las  deudas  del  principe  de  Asturias.  Del  mismp 
sentir  soy  yo,  dqo  don  César,  y  ann  el  oorazon  me  esté  diciendo 


510  GIL  BLAS. 

qoe  el  viage  de  SeaUHam  i  la  ooite  le  ha  de  abrir  camino  para 
grandes  empleos. 

En  ?erdady  seflores  mios»  exclamé,  qae  ostedes  no  ban  me- 
dttado  bien  lo  qne  me  aoonsejan.  Segon  les  pareoe ,  no  tengo  mas 
que  ir  é  Madrid  para  lograr  la  Have  dorada  6  algan  gobiemo, 
7  estin  muy  equivocados.  Yo  al  contrario  estoy  may  persuadido 
de  que  el  rey  no  reparari  en  mi  aunque  me  présente  é  sa  rista; 
y  si  ustedes  lo  desean  harë  la  pmeba  para  desengaûarlos.  Cogié- 
ronme  Inego  la  palabra  los  seAores  de  Leiva,  y  me  instàroo 
tanto ,  que  no  pode  ménos  de  prometerles  qae  coanto  intes  iria 
à  Madrid.  LnegoTiue  mi  secretario  me  viô  determinado  à  baœr 
este  viage,  expérimenté  ana  alegria  descompasada,  imagin^n- 
dose  qae  lo  mismo  séria  ponerme  yo  delante  del  naevo  mo- 
narca,  que  distingairme  entre  la  confosion.  En  este  ooocepto , 
foijando  en  su  mente  las  mas  pomposas  quimeras»  me  encum- 
braba  é  los  primeros  empleos  del  estado,  y  él  se  acreoentaba  à 
favor  de  mi  engrandecimiento. 

Dispase,  pues,  mi  yiage  i  la  corte,  no  ya  con  énimo  de  toI- 
ver  i  incensar  é  la  Fortuna ,  sino  ùnicamente  por  oomplaoer  à 
doa  César  y  à  su  hijo ,  i  quienes  se  les  habia  metido  en  Lbi  cabeza 
que  imnediatamente  me  atraeria  el  favor  del  soberano.  À  dedr 
yerdad,  i  mi  tambien  me  picaba  un  poco  el  deseo  de  probar  si 
d  rey  se  habia  olvidado  enteramente  de  mi.  Arrastrado  de  esu 
natural  curiosidad ,  pero  sin  esperanza  ni  aun  pensamiento  de 
lograr  la  mas  levé  ventaja  en  el  nneyo  reinado,  tome  el  camino 
de  Madrid,  acompafkado  de  Escipion,  dejando  él  caidado  de  mi 
hacienda  à  Beatriz ,  que  era  muy  baena  tauger  de  gobîenio. 


CAPITULO  IL 

Marcha  Gil  Bias  à  Madrûl,  dëjaM  Ter  en  la  corte ,  recoDÔoele  el  rej,  reoomién- 
dak  â  su  prianer  ministro,  j  efectot  de  esta  reconendacion. 

En  ménos  de  ocho  dias  liegémos  à  Madrid,  habîéndonos  de- 
jado  don  Alfonso  dos  de  sus  mejores  cabaDos  para  que  hidese- 
mos  el  yiage  con  mayor  diligencia.  Apeàmonos  en  la  pcsada  de  ca- 
balleros  donde  ya  en  otro  tiempo  me  habia  hospedado ,  propia 
de  Vicente  Forero ,  mi  antiguo  patron ,  que  tuvo  mucho  gusto 
de  yolvenne  à  ver. 

Era  este  un  hombre  que  se  preciaba  de  saber  todo  lo  que  pa- 
saba  en  la  corte  y  en  la  yilla ,  y  le  pregunté  que  habia  de  nueyo. 
Mttchas  noyedades ,  me  respondié  :  despues  de  la  muerte  de  Fe- 
lipe III  los  amigos  y  los  partidarios  del  cardenal  doqoe  de  Lerma 
se  yaliéron  de  yarios  medios  para  mantener  i  sa  eannencia  en  d 
ministerio  ;  pero  sus  esfuerzos  han  sido  inutiles ,  porque  el  conde 


LIBRO  UNDÉCIMO.  '  511 

de  Oliyarespudo  mas  cpie  todos  ellos.  Qnierendecif  queEspafia 
nada  ha  perdido  en  el  cambio ,  porqne  el  noero  primer  ministro 
tiene  talento  y  oonocimienlos  tan  yastos  qne  es  capaz  de  gober- 
nar  el  mando  entero.  {Dios  lo  quiera!  Lo  que  no  admite  dada 
es,  continoôy  qne  la  nacion  ha  concebido  la  idea  mas  yentajosa 
de  su  capacidad.  El  tiempo  nos  dira  si  el  sucesor  del  duque  de 
Lerma  Uena  6  no  el  paesto  qne  ocupaba  sa  aniecesor.  Empeflado 
ya  Forero  en  nna  conyersacion  tan  de  sa  genio,  me  hizo  nna 
pnntoal  relacion  de  todasias  mutaciones  que  se  habian  hecho  en 
lacorte  desde  qne  el  conde  de  CMiyares  manejaba  el  timon  de  la 
monarqaia. 

À  los  dos  dias  de  mi  llegada  à  Madrid  foi  é  palacio  cuando  ya 
el  rey  habia  acabado  de  comer  ;  me  coloqné  al  paso  por  donde 
debiaentrarâ  su  gabinete,  y  no  me  miré.  Yolyi  el  dia  siguiente 
al  mismo  parage ,  y  no  fui  mas  dichoso.  El  subsiguîenie  ecb6 
sobre  mi  una  mirada  al  pasar;  pero  no  di6  muestras  de  haber 
reparado  en  mi ,  y  en  yistade  esto  tome  mi  resolucion.  Tù  yes, 
dije  à  Escipion  que  me  acompaflaba ,  que  el  rey  ya  no  me  conoce, 
6  que,  si  me  conoce ,  no  quiere  hacer  caso  de  mi.  Lo  mas  aoer- 
tado  seré  yolyer  â  tomar  el  camino  de  Valencia.  No  yayamos 
tan  i  prisa,  sefior,  me  respondi6  mi  secretario;  ymd.  sabe  me- 
jor  que  yo  que  para  negociar  en  la  corte  es  menester  paciencia. 
No  deje  ymd.  de  presentarse  al  rey  ;  â  ftaerza  de  oflrecerse  à  su 
yisca  le  obligarà  ymd.  à  considerar  mas  atentamente,  y  é  reoor- 
dar  las  fMsciones  de  su  agente  oerca  de  la  beUa  Catalioa. 

Solo  porque  Escipion  no  tuyiese  que  reconyenirme  tuye  la 
oondescendencia  de  continnar  del  mismo  modo  por  espacio  de 
très  semanas.  Llegô  finalmente  un  dia  en  que ,  habiendo  atraidb 
la  atencion  del  monarca,  me  mando  Uanar.  Entré  en  su  gabinete , 
no  sin  gran  tnrbadon  de  hallarme  i  solas  oon  mi  rey.  iQuien 
ères?  me  dijo,  tus  feociones  no  me  son  desoonocidas  r  ;  donde 
te  he  yisto?  Seilor,  le  respondi  temblando,  yo  tuye  la  honra  de 
conducir  una  noche  à  Y.  M.  con  el  conde  de  Lèmos  é  casa..* 
i  Ah  I  ya  me  acuerdo ,  interrumpiô  el  rey;  tù  eras  secretario  del 
duque  de  Lerma,  y  si  no  me  engaAo  tu  nombre  es  SantiHana* 
No  me  he  olyidado  de  que  en  aquella  ocasion  me  seryiste  con 
mocho  zelo ,  ni  tampoco  de  que  fdèron  mal  recompensadbs  tus 
afiines.  ^No  estuyiste  preso  por  aquel  lance?  Si,  séftor,  le  répli- 
qué :  cuatro  meses  lo  estuye  en  el  alcàzar  de  Segoyia  ;  pero 
y.  M.  tuyo  la  bondad  de  mandarme  poner  en  Kbertad.  Eso,  res- 
pondiô,  no  satisfizo  la  obligacion  que  contraje  con  Santillana; 
no  basta  haber  hecho  que  se  le  pusiese  en  libertad ,  debo  pre- 
miarle  tambien  lo  mocho  que  padeciô  por  seryirme. 

Al  acabar  el  rey  de  decir  estas  padabras ,  entré  en  el  gabinete 
el  conde  de  Oliyares.  Todo  espanta  &  los  foyoritos.  Quedô  ab- 
sorto  de  yer  alli  é  un  desconocido;  y  el  rey  anmentô  su  sorpresa 


51S  '  GIL  BLAS. 

dkiendole  :  Conde ,  pongo  i  m  coidado  este  jôren  :  te  eocavgo 
que  le  des  algun  empleo  y  procures  adelanurle.  Aparentô  el  mi- 
nistro  recibir  esta  érdeD  con  agrado,  miràndome  de  pies  é  ca- 
beza,  y  mostrando  mquietud  por  saber  quiea  yo  era.  Vete ,  amigo 
miOy  anadié  el  monarca  dirigiëndome  la  palabra  y  kaciéodome 
seAa  de  que  me  retirase  :  d  conde  no  dejari  de  emplearte  en 
provecho  de  mi  8er?icio  y  de  tus  intereses. 

Sali  inmediatamente  del  gabinete,  y  me  reoni  al  hijo  de  la 
Coscolioa ,  que ,  muy  impaciente  por  saber  lo  que  d  rey  me  ha- 
bia  dicho,  se  hallaba  en  una  agitacion  imponderable;  y  al  mo- 
mento  me  pfeguntô  si  era  uecesario  volyer  i  Valencia  6  p^ma- 
necer  en  la  corte.  Tu  lo  podràs  juzgar,  le  respondi;  y  al  mismo 
tiempo  le  llené  de  contento  refiriéndole  palabra  por  palabra  la 
conversacion  que  acababa  de  lener  con  el  monarca.  Querido 
amo ,  me  dijo  enfonces  Escipion  en.el  exceso  de  su  alegria,  ;se 
burlaré  ymd.  otra  y  et  de  mis  pronâsticos?  Confiese  vmd. ,  que 
ni  los  seAores  de  Leiya  ni  yo  discurriamos  mal  cuando  le  insta- 
bamos  tanto  à  que  se  presentase  luego  en  Madrid.  Ya  le  yeo  i 
ymd.  en  un  pueslo  eminente  :  sera  el  Calderon  del  oonde  de  Oli- 
yares.  Eso  es  lo  que  mènos  deseo,  interrumpi;  ese  destino  esta 
oercado  de  demasiados  precipicios  para  excitar  mi  anhelo.  Yo 
quisiera  un  empleo  que  no  me  ofrecîera  ninguna  ocasion  de  ha- 
cer  injusticias  ni  un  yergonzoso  tràfico  de  los  £ayores  del  rey  : 
despues  del  uso  que  he  hecho  de  mi  pasado  yalimiento ,  no  puedo 
ménos  de  precayenne  contra  la  ayaricia  y  contra  la  ambidoo. 
Ànimo ,  seftor,  me  replicô  mi  secretario»  el  ministro  os  colocari 
en  algun  puesto  que  podais  desempeftar  sin  dejar  de  ser  hombre 
de  bien. 

Instado  mas  por  Escipion  que  por  mi  cnriosidad ,  me  fiii  et  dia 
siguiente  à  casa  dd  conde  de  Oliyares  antes  de  amanecer,  noti- 
cioso  de  que  todas  las  maftanas  en  yerano  y  en  inyiemo  daha 
audienda  con  luz  artificial  à  cuantos  querian  haUarle.  Me  coloquè 
por  modestia  en  unrincon  de  la  sala ,  y  desde  alli  estuye  obser- 
yando  bien  al  conde  luego  que  se  dej6  yer,  porque  habia  fijado 
poco  la  atencion  sobre  él  en  el  gabinete  del  rey.  Era  un  hombre 
de  estatura  ménos  que  médiane,  y  podia  pasar  por  gordo  en  un 
pais  donde  los  mas  son  flacos  :  tan  cargado  de  espaldas  que 
parecia  corcobado,  aunqoe  no  lo  era  eu  realidad  :  su  cabeza» 
que  era  de  gran  tamafto,  caia  sobre  el  pedio  :  tenia  el  cabello 
negro  y  lacio,  la  cara  larga,  el  color  aceitunado,  la  boca  hnn- 
dida,  y  la  barbilla  puntiaguda  y  muy  leyantada. 

Este  conjunto  no  formaba  una  persona  may  bien  parecida;  cod 
todo  eso,  como  yo  me  le  figuraba  inclinado  à  ml  fay  or,  le  mi- 
raba  con  indulgencia  y  me.parecia  bien  :  yerdad  es  que  redbia 
à  todos  con  un  aire  tan  afad)le  y  boudadoso ,  y  tomaba  tan  cor- 
tesmente  los  memoriales  que  se  le  presentaban ,  que  esto  suplia 


LIBRO  UNDfiCDfO.  &ia 

la  Eftlta  de  su  baena  figura.  Sin  embargo ,  cuando  me  llegô  la  vez 
de  acercarme  para  saludarle  y  qoe  me  conociera ,  me  echo  una 
mirada  ceûnda  y  amenazadora ,  y  ToWiéndome  la  espalda  sin  dî- 
gnarse  oirme  se  entrô  en  su  gabinete.  Entônces  me  pareciô  aquel 
sefior  aun  mas  feo  de  lo  que  naturalmente  era.  Sali  de  la  sala 
atônito  en  extremo  de  un  recibimiento  tan  éspero  y  desabrido , 
no  sabîendo  que  inférir  de  èl. 

Reunîdo  con  Escipion  que  me  esperaba  à  la  puerta ,  i  Sabes , 
ledije,  el  recibimiento  que  he  tenido?  No,  seftor,  me  respondiô  ; 
pero  no  es  dificîl  de  adiyinar:  el  ministro,  pronto  i  conformarse 
eon  la  Tolnntad  del  rey,  sin  duda  habri  propuesto  à  ymd.  un 
empleo  de  împortancia.  Te  engaftas ,  le  répliqué.  Referile  entôn* 
ees  el  lance  segun  habia  pasado,  el  que  escuchô  con  atencion, 
y  hiego  me  difo  :  Preciso  es  que  el  conde  no  le  conociera  &  rmd. 
à  le  tuTiera  por  otro.  Mi  parecer  es  que  yuelva  ymd.  à  verle,  y 
no  dude  que  le  recibiri  con  mejor  semblante.  Tome  el  consejo 
de  mi  secretario;  presentéme  segunda  vez  al  ministro,  quien  me 
recibîô  todaria  peor  que  la  primera;  arque6  las  cejas  mirindome 
como  si  mi  presencia  le  cansase  enojo  :  despues  apartô  de  mi  la 
Tista ,  y  se  retirô  sin  hablar  una  palabra. 

Lleg6me  al  aima  este  procéder,  y  tore  tentacîones  deregresar 
inmediatamente  é  Valencia  ;  pero  Eseipionno  ces6  de  oponerse  i 
dio,  nopodiendo  resoWerse  à  renunciar  &  hs  esperanzas  que  habia 
concebido.  ^  No  conoces ,  le  dije,  que  el  conde  quiere  alejarme  de 
la  oorte?  Habiendo  yisto  él  mismo  la  inelinaeion  que  me  mani- 
fest6  e)  monarca ,  ^no  basta  eso  para  atraerme  la  aversion  de 
su  favorito?  GedamoSy  hijo  mio,  cedamos  con  gusto  al  poder 
de  un  enemigo  tan  temible.  Seftor,  respondiô  Escipion  montando 
en  GÔlera  contra  el  duque  de  OKvares ,  yo  no  abandonaria  tan 
iiieilmente  el  campo  :  iria  i  quejarme  al  rey  del  poco  caso  que 
ha  hecho  el  ministro  de  su  recomendacion.  ;  Mal  consejo  !  amigo 
mio ,  le  dije  ;  si  yo  diera  un  paso  tan  imprudente ,  poco  tarda- 
ria  en  arrepentirme  :  ni  aun  se  si  corro  peligro  en  detenerme  en 
esta  capital. 

A  estas  palad>ras  mi  secretario  mudôde  parecer,  y  consMerando 
que  efeetifamente  las  habiamos  con  un  hombre  que  podia  toI- 
Temos  à  enyiar  à  la  torre  de  Segovia ,  partrêipô  de  mi  temor  y 
no  resistiô  mas  al  deseo  que  yo  tenia  de  dejar  à  Madrid ,  de 
donde  resoM  akjarme  el  iSB  siguiente. 


55 


514  GIL  BLAS. 

CAPITULO  III. 

M  motWo  que  tuTo  Gil  Bias  para  no  poner  por  obra  el  pensanûeiito  de  dejar 
la  corte ,  y  del  importante  ser?icio  que  le  hico  José  NaTarro. 

Al  yolverme  é  la  posada  de  caballeros  encontre  à  José  Na- 
varro, repostcro  de  don  fialtasar  de  ZùAîgay  mi  antiguo  amigo. 
Le  saludé  acercàndome  à  èl ,  y  le  pregunté  si  me  oonocia ,  y  si 
tendrîa  aun  la  bondad  de  querer  hablar  i  un  desatento  que  haîbia 
pagado  con  ingratitad  su  amistad.  ^Laego  vmd.  mismo  confiesa, 
me  respondiô,  que  no  procediô  bien  conmigo?  Si,  seAor,  le 
respond! ,  y  tiene  vmd.  sobrada  razon  para  Uenarme  de  recon- 
venciones,  porqae  las  merezco  ;  si  es  que  no  he  expiado  mi  cri- 
men con  los  remordimientos  que  à  ël  se  ban  seguido.  Ya  que 
vmd.  esta  tan  arrepentido  de  su  culpa ,  repnso  Navarro  déndo- 
me  im  abrazo ,  no  debo  acordarme  mas  de  ella.  Yo  tambien  le 
estreché  cuanto  pude  entre  mis  brazos,  y  ambos  rénovâmes 
desde  aquel  punto  nuestra  antigua  amistad.  Habia  sabido  mi 
prision  y  el  trastorno  de  mi  suerte ,  pero  ignoraba  lo  demas  :  le 
informé  de  todo  contàndole  hasta  la  conversacion  que  habia  te- 
nido  con  el  rey ,  sin  ocultarle  el  mal  recibimiento  que  me  acababa 
de  hacer  el  ministro ,  ni  el  designio  en  que  me  hallaba  de  yol- 
verme à  mi  retiro.  No  trate  vmd.  de  irse,  me  dijo  :  snpaesto  que 
el  monarca  le  ha  manifestado  inclinacion ,  es  necesario  que  vmd. 
haga  que  le  sirva  de  algo.  Aqui  para  entre  los  dos ,  el  ccmde 
de  Olivares  tiene  sus  extravagancias  ;  es  caprichoso ,  y  i  veces , 
como  en  la  présente  ocasion ,  procède  de  un  modo  que  irrita , 
pues  él  solo  tiene  la  clave  de  sus  acciones  estrambécicas.  Por  lo 
demas ,  sea  cual  fuere  la  causa  de  haberos  recibido  tan  mal , 
permaneced  aqui  à  pié  firme,  porque  os  aseguro  que  él  no  podré 
impedir  que  os  aprovecheis  de  la  bondad  del  rey;  y  i  mayor 
abundamiento  yo  le  dire  dos  palabras  al  seAor  don  fialtasar  de 
ZùAiga  9  mi  amo ,  que  es  tio  del  conde  de  Olivares ,  y  le  aynda 
i  sostener  el  peso  del  gobierno.  Preguntôme  despues  Navarro 
donde  yo  vivia ,  y  sin  decirme  mas  nos  separémos. 

Tardé  poco  en  volverle  à  ver  :  el  dia  siguiente  fué  à  buscar- 
me.  SeAor  de  Santillana ,  me,  dijo ,  vmd,  tiene  un  protector  :  mi 
amo  quiere  £avorecerle.  En  virtud  del  informe  que  le  he  dado 
de  vmd.  me  ha  ofrecido  recomendarle  al  conde  de  Olivares  su 
sobrino,  y  no  dudo  que  le  incline  a  su  fovor.  Hi  amigo  Navarro, 
no  queriéndome  servir  à  médias ,  me  présenté  dos  dias  despoes 
é  don  Baltasar,  quien  me  dijo  con  semblante  apadble  :  Seftor  de 
Santillana ,  su  amigo  José  me  ha  hecho  un  elogio  tan  complido 
de  vmd.  que  me  ha  movido  à  protegerle.  Hice  una  profunda 


LIBRO  UNDÉCDfO.  515 

reverencia  al  seflor  de  ZùAîga ,  dicièndole  que  toda  mi  tida  me 
confesaria  samamente  reconocido  al  seAor  Nayarro  por  baberme 
grangeado  la  proteccîon  de  an  ministro  à  quien  Ilamaban  con 
justa  razon  la  aruarcha  del  consejo.  Al  oir  don  Baltasar  esta  li- 
soDJera  contestacion  me  diô  una  palmadita  en  el  hombro  rién- 
dose ,  y  me  dijo  :  Paede  tmd.  volver  mafiana  à  casa  del  conde 
de  Oliyares,  y  qaedari  mas  contento  de  él. 

Con  efectOy  al  otro  dia  me  présenté  en  su  antesala  por  la  ter- 
cera  yez;  reconociôme  entre  la  maltîtud  de  pretendientes,  mi- 
rôme  y  sonriôse  ;  lo  que  desde  luego  me  pareciô  un  pronéstico 
feliz.  Esto  yabien,  dije  entre  mi,  el  tio  debe  haber  reducido  à 
la  razon  al  sobrino.  Asi ,  pues ,  desde  entônces  me  promet!  una 
acogîda  feyorable,  y  en  yerdad  que  no  me  engafiè.  Despnes  que 
el  conde  despachô  à  los  demas ,  me  hizo  entrar  en  su  gabinete , 
Y  en  tono  muy  familiar  me  dijo  :  Perdona ,  amigo  Santillana,  el 
apuro  en  que  te  he  puesto  por  diyertîrme.  Me  he  compladdo 
en  inquietarte  para  probar  tu  discrecîon  y  yer  el  partido  que 
tomabas  en  yista  de  mi  mal  humor.  Sin  dada  tù  te  persuadirias 
de  que  me  eras  desagradable  ;  pero  al  contrario  »  hijo  mio ,  te 
confesaré  que  aprecio  mucho  tu  persona.  Aunque  el  rey  mi  amo 
no  me  hubiera  mandado  cuidar  de  tu  fbrtuna ,  lo  haria  yo  por 
mî  propia  inclinacion.  Ademas,  don  Baltasar  de  Zùfiiga  mi  tio, 
à  quien  nada  puedo  negar ,  me  ha  encargado  te  mire  como  à 
persona  por  quien  ël  se  interesa  ;  y  no  necesito  mas  para  deter- 
minarme  i  ponerte  à  mi  lado. 

Esta  primera  entrada  hizo  tanta  impresion  en  mi  ànimo ,  qae 
quedé  casi  enagenado.  Me  echè  à  los  pies  del  ministro,  y  babièn- 
dome  dicho  que  me  leyantase  prosiguiô  de  esta  manera:  Despues 
de  comer  yuelye  aci,  y  yé  à  yerte  con  mi  mayordomo ,  que  él 
te  darà  las  ôrdenes  que  yo  le  encargare.  Dicho  esto  salie  S.  E. 
de  su  despachô  para  ir  é  oir  misa,  que  es  lo  que  acostumbraba 
hacer  todos  los  dias  despues  de  dar  audiencia ,  y  en  seguida  se 
marchaba  à  palacio  para  hallarse  en  el  cuarto  del  rey  al  tiempo 
de  leyantarso  S.  M. 

CAPITULO  IV. 

Logra  Gil  Bias  el  afecto  j  oonfianxa  del  conde  de  OlÎTares. 

No  me  descttidé  en  yoWer  despues  de  comer  &  casa  del  primer 
ministro.  Pregunté  por  su  mayordomo,  que  sellamaba  don  Ra- 
mon Caporis,  el  cual,  luego  que  oyô  mi  nombre,  me  saludé 
con  particular  respeto ,  y  me  dijo  :  Caballero ,  sigame  ymd.  si 
gusta,  que  yoy  à  conducirle  é  la  habitacion  que  se  le  ha  des- 
tinado  en  esta  casa.  Dicho  esto  me  lleyô  por  una  escalerilla  se- 


516  GIL  BLA& 

crett,  la  cual  cpoduciA  à  im«  fila  de  einoo  6  ses  sabs  4  on 
mismo  piso,  que  fonnabaii  an  ala  de  la  casa»  alhajadas  rego— 
larmettteu  Esia  es ,  me  dyo ,  la  habitacion  que  S.  E.  le  weflgilfl 
Vmd.  diafrutari  aqoi  de  ona  mesa  de  seis  cubiertos  de  caaaia 
de  S.  E.:  sera  ser^ido  por  sus  propios  criados ,  y  tendra  aîca»- 
pre  à  su  disposicioa  un  coehe.  Aua  no  la  he  dicho  todo:  &  £. 
me  ha  encomendado  eficaasmeute  que  tengai  void.  las  mîsma8€x>ift- 
sideracîones  que  si  fuera  de  la  casa  de  Guzmau. 

;Què  diablos  siguifica  todo  esto?  me  decia  à  mi  Busmo: 
i  como  coDsiderarë  yo  estas  distioeîones?  ^quien  sabe  si  euvol- 
veràn  alguoa  malîcia,  6  si  today ia  por  divertirse  e)  mînistrobarà 
que  me  traten  tau  hoiMMrificameute?  Miéntras  me  hallaba  m  esta 
incertidumbre,  fluctuando  entre  el  temor  y  la  esperanza,  yino  un 
page  i  decirme  que  el  conde  me  Ilamaba.  Fui  vcdando  i  Ter  4 
S.  E.,  que  estaba  solo  en  sa  gabinete.  Y  bien,  Santiliana,  me 
dijo^  ;  estas  conteoto  con  tu  habitacion  y  con  las  ôrdenes  que  be 
dado  i  don  Ramon?  Las  bondades  de  V.  E.,  le  respondt,  me 
parecen  exeesivas,  y  no  las  acepto  sin  sozobra.  ^Pues  porquè? 
me  replico  ;  ^puede  caber  exceso  en  hoorar  ^  una  persona  que 
el  rey  me  ha  recomendado,  y  de  qnîen  quiere  que  yo  cuide? 
En  tratarte  bonorificamente  no  hago  mas  que  m  deber:  por 
mucho  que  baga  por  ti»  no  te  adipirea,  y  cuenta  con  una  fortnua 
brillante  y  sôlida  si  me  ères  tan  afecto  como  k>  fuisfie  ai  daque 
de  Lermsw 

Pero  ya  quehemos  nombrado  é  esiesefior ,  prosiguiô.,  he  oido 
deoir  que  viyiais.  los  dos  coa  mucha  intimidad.  Criera  saber 
como  Ofi  conocisteis ,  y  en  que  te  empleaba  aquel  mimstro:  ne 
me  octtltes  nada  »  dimelo  todo  oon  sineeridad.  Acordéme  entôn- 
ces  de  la  perplejidad  en  que  me  vi  cuando  me  encontre  con  el 
doque  de  Lerma  en  semejante  caso ,  y  d^  medio  que  me  yali 
para  salir  de  ella;  el  cual  praeiiqué  aun  mas  afortunadameoter 
quiero  decir  que  en  mi  informe  di  el  mqor  colorido  que  pude 
4  los  lances  mas  escabrosos,  y  toqué  Hgeramente  aqudlos  que 
me  hacian  poco  honor.  Tambien  procuré  poser  en  buea  lugnr 
al  duque  de  Lerma,  aunque  conocia  que  no  disculpàndole  del 
todo  hubiera  dado  mas  gusto  à  mi  oyente.  Por  lo  que  toca  à 
don  Rodrigo  Calderon  nada  le  perdoné:  le  individualize  las  ha- 
zaftas  que  sabia  relativas  al  tràfico  que  hacia  de  encomiendas, 
beneficios  y  gobiemos. 

En  cuanto  à  don  Rodrigo  Calderon ,  interrumpiô  el  ministro, 
todo  cuanto  me  dîcea  es  muy  confonne  i  CKertos  docmnemos 
que  me  ban  presentado  contra  ë,  y  qœ  coniienen  testnenioa 
dé  acasacion  aun  mas  importâmes.  Se  va  i  snstancîar  sa  cansa 
inmediatamen^;  .y  si  deseas  su  pérdida,  creo  que  tus  deseoa  que* 
darénsatisfedios,  No-deseo  su  mnerte,  le  dije ,  aonquapo  qoed6 
por  él  que  yo  no  hoieiiese  encontrado  la  mia  e»  la  torra  de  Se^ 


LIBRO  UNDËCIHO.  517 

^Via  y  doade  tayo  te  cdj^a  de  que  pensiamciéBe  tergo  tiempo. 
^Cmim?  replioô  &  E.;  |dba  Rodrigo  Aie  qmes  causé  tu  pri- 
aîoa?  he  aid  lo  que  jo  ignorai».  Dob  Baltaaar ,  i  quien  Natarro 
conté  tu  iHStoria ,  me  dijo  si  que  el  difanto  rey  te  habia  man- 
dado  prender  en  castigo  de  haber  conducido  de  noche  al  prin- 
cqpe  de  Espaâa  a  un  parage  aospeohoso  ;  pero  no  se  nada  mas , 
y  no  puedo  adivinar  que  papei  hada  Cdderon  en  esa  farsa.  Et 
papel  de  un  amante  que  se  venga  de  un  ultrage  recibido»  le  res- 
pond!. Enténces  ie  conté  todos  los  pormenores  de  la  aTentnra , 
In  cnal  le  paredé  tan  diyertida  que ,  à  pesar  de  su  seriedad ,  no 
pudo  asénos  do  reir,  é  mas  bien  ilorar  de  ptecer.  Catalina,  tan 
promo  Bobrina  como  aîeta ,  le  alegré  en  extremo  ;  como  aslmis- 
mo  te  parte  que  habia  kenido  en  el  negodo  d  duqae  de  Lerma. 
Luego  que  acabé  mi  retecion  »  me  despidié  el  eonde  »  dtoièn- 
dome  que  no  dejaria  de  emplearme  el  d»  signiente.  Fuime  en 
dtsredutra  àessa  do  don  Bidtasar  de  Zùfifga  i  darle  gracias  por  los 
bnenos  oicâos  quo  me  habia  faedio»  y  al  mismo  tiempo  é  parti- 
eipar  à  mi  amigo  José  las  iayoraUes  disposiciones  qne  el  minis- 
tre manifestaba  bicte  mi. 


CÂPITULD  V. 

GonTenacion  sécréta  que  tuTo  Gil  Bbs  coq  Nàyam»  ;  y  primera  coaa  en  que 
le  ocùpô  el  oondiede  OftÎTares. 

Apénas  vi  é  Josécuando  le  dtje  agitado  que  tenia  muchas  co- 
aas  que  noticiarleb  LleTéme  à  un  sitio  retirado,  donde  habién- 
dole  onterado  de  lo  ocurrido^  le  preguaté  que  le  pareda  lo  que 
le  acababa  de  dedr.  Parëceme,  respondié ,  que  estais  en  yispe- 
ras  de  una  gran  f<ntnna:  todo  se  oé  présenta  propido.  Agradais 
al  primer  ministro ,  y,  lo  que  no  dejaré  de  serrâros  de  algo,  yo 
me  faallo  bastante  enterado  para  podor  haoeros  el  mismo  servi- 
do  que  os  hizo  mi  tio  MefchOr  do  b  Ronda  cuando  entrésteis 
en  el  patedo  del  arzobispo  de  Granada.  Aquel  os  ahorré  el  tra- 
bajo  de  estudimr  el  genio  del  pretedo  y  de  sus  prindpides  femi- 
liares^  manifestàndoos  el  caràcter  de  cada  uno;  yo,  â  ejemplo 
anyo ,  qoiero  daros  é  conocer  cual  es  el  del  conde ,  el  de  te  con- 
desa  an  mugor  ^  y  d  de  doua  Maria  de  Guzman  su  hîja  ùnica. 

El  ministro  tîone  talento  perspicaz ,  profundo  y  à  propésito 
para  formar  grandes  fHroyectos.  Se  preda  de  hombre  universal 
porque  tiene  una  sonlorà  idea  de  todas  las  ciendas ,  y  se  crée 
capa2  de  doddir  en  todo.  Se  imagina  ser  un  jurisconsiiko  eonsu- 
mado  ^  un  gran  capitan ,  y  un  politioo  de  los  mas  sagaoes.  Aflada 
vmd.  à  eso  que  es  tao  encaprichado  en  su  parecer,  qne  qoiere 
que  prevalezca  sobre  el  de  los  demas;  y  esto  solo  porque  no  se 


S18  GIL  BLAS. 

jazgoe  qoe  le  gobiema  por  dictimen  de  otro;  defecto  que ,  b»- 
blando  entre  los  dos ,  poede  producir  fanestas  consecaencias  en 
grayisimo  peijaicio  de  la  monarquia.  Brilla  en  el  conaejo  por 
cierta  elocoencia  nataral ,  y  eacribiria  tan  elegantemente  como 
habla,  si  no  afectara ,  para  dar  dignidad  à  su  estBo,  el  haoerle 
oscuro  y  nniy  estudiado:  tiene  pensamientos  extravagantes,  es 
caprichoso  y  fiintâstioo.  Este  es  el  retrato  de  su  entendimiento  ;  vea 
rmi.  abora  el  de  su  corason.  Es  generoso  y  buen  amigo.  Se  le 
aeosa  de  vengativo ,  pero  {cuan  pocos  son  los  que  dejan  de  aerlo 
▼iéndose  con  igual  poder,  y  en  tanta  eleyacion  !  Tambien  le  mo- 
tejan  de  ingrate  porque  hizo  desterrar  al  duque  de  Uoeda  y  à 
fray  Luis  de  Aliaga,  à  quienes  debia  grandes  fovorea;  mas  eso 
puede  perdonàrsde,  porque  el  deseo  de  ser  primer  ministro 
dispensa  de  ser  agradecido. 

Dofta  Inès  de  Zùftiga  y  Velasco,  condesa  de  Oliyares,  prosi- 
gui6  Jos6 ,  es  una  sefiora  en  quien  no  advierto  otra  tacha  que 
la  de  vender  é  peso  de  oro  las  gracias  que  por  su  interœsion  se 
consiguen.  Doâa  Maria  de  Guzman ,  hoy  dia  el  partido  m^or  y 
mas  yentajoso  de  toda  Espafta,  es  una  seûorita  compléta,  y  el 
idolo  de  su  padre.  Con  arreglo  é  estas  luces  que  os  doy ,  podréis 
arreglar  yuestra  conducta.  Haced  mucho  la  corte  à  estas  dos  se- 
fioras ,  mostraos  mas  adicto  al  conde  de  Olivares  que  lo  fuisteis 
al  duque  de  Lerma  entes  de  yuestro  yiage  i  Segovia,  y  Ilegarèis 
à  ser  un  sefkor  insigne  y  poderoso. 

Tambien  os  aconsejo  que  no  dejeis  de  visitar  de  cuando  en 
cuando  â  mi  amo  don  Baltasar  :  es  verdad  que  no  necesitaréis 
de  él  para  yuestros  asoensos  ;  mas  con  todo  siempre  convendré 
tenerle  propicio^  Al  présente  os  estima  y  le  mereceis  buen  con- 
cepto  ;  procurad  conservaros  en  su  amistad ,  porque  en  la  oca- 
sion  os  podrà  servir.  Pero  como  tio  y  sobrino ,  répliqué  yo  à 
Navarro,  gobieman  el  estado,  ;  quien  sabe  si  con  el  tiempo  no 
se  originaràn  entre  los  dos  algunos  zelillos  ?  No  hay  que  temer,  me 
respondiô ,  porque  reina  entre  ambos  una  estrechisima  union. 
Sin  don  Baltasar  nunca  hubiera  sido  primer  ministro  el  conde  de 
Oltvares;  porque  despues  de  la  muerte  de  Felipe  III  todos  los 
amigos  y  partidarios  de  la  casa  de  Sandoval  se  dividièron  unos  i 
fovor  del  cardenal ,  y  otros  al  de  su  hijo  ;  pero  mi  amo ,  el  mas 
perspicaz  de  todos  los  cortesanos ,  y  el  conde ,  que  no  es  mènos 
sagaz  que  â ,  frustréron  todas  sus  medidas,  y  las  toméron  por 
su  parte  tan  ajustadas  para  asegurarse  en  este  puesto,  que  al  fin 
dejiron  burlados  é  todos  sus  competidores*  Nombrado  primer 
ministro  el  conde  de  Olivares ,  repartie  el  ministerio  con  su  tio 
don  Baltasar ,  dando  à  este  el  encargo  de[los  negocios  exteriores, 
y  reservando  para  si  el  de  los  i^teriores ,  de  suerte  que ,  estre- 
chando  por  este  medio  los  vinculos  de  la  amistad  que  deben  na- 
taralraente  unir  à  las  personas  de  una  misma  sangre ,  estos  dos 


LIBRO  UNDËCIMO.  519 

sefioreSy  independientes  uno  de  otro,  viven  en  ana  armonia  que 
me  parece  inalterable. 

Esta  Ale  la  conTersacion  que  tuve  con  Jose ,  de  la  coal  me 
promet!  sacar  buen  partido.  Despnes  pasé  à  dar  las  gracias  al 
sefior  don  Baltasar  de  lo  mucho  que  se  habia  interesado 
por  mi.  Respondiôme  con  el  mayor  agrado  que  aprovecha- 
ria  gostoso  todas  las  ocasiones  que  se  le  proporcionasen  de 
serrirme ,  y  que  celebraba  infinito  verme  igualmente  contento  y 
satisfecho  de  su  sobrino ,  é  quien  me  asegurô  Yolveria  à  hablar  é 
fàYor  mîo,  aunque  no  sea  mas,  afladiô,  que  para  que  conozcais 
CDan  présentes  tengo  en  mi  corazon  todos  yuestros  intereses,  y 
al  mismo  tiempo  entendais  que  en  lugar  de  un  protector  habeis 
adquirido  dos;  tan  à  pechos  habia  tomado  el  fayorecerme  el  se- 
HOT  don  Baltasar  en  atencion  é  los  buenos  oficios  de  Navarro. 

Desde  aquella  misma  noche  dejè  mi  posada  de  caballeros  para  ir 
A  yiyir  en  casa  del  primer  ministro,  donde  cené  con  Esctpion  en  mi 
aposento ,  en  el  cual  fiiimos  seryidos  por  criados  de  la  misma  casa, 
fjuienes ,  durante  la  cena,  miéntras  nosotros  afectabamos  una  gra- 
yedad  seyera ,  tal  yez  reirian  entre  si  del  respeto  que  se  les  babia 
mandado  nos  guardasen.  ^ 

Apénas  leyantàron  la  mesa  se  retir&ron,  y  mi  secretario,  de-* 
jando  de  reprimirse ,  me  dijo  mil  locuras  que  su  buen  humor  y  sus 
lisonjeras  esperanzas  le  sugiriéron.  Por  lo  que  é  mi  toca,  aunque 
estaba  embelesado  con  la  brillante  situacion  en  que  comenzaba 
à  yerme ,  aun  no  sentîa  en  mi  interior  ninguna  disposicion  à  de- 
jarme  deslumbrar  de  ella  ;  y  asl  luego  que  me  acosté  me  quedé 
dormido  tranquilamente,  sin  entregar  mi  imaginadon  à  las  ideas 
risueflas  que  podian  ocuparla  ;  en  yez  de  que  Escipion  durmiô 
poco ,  pues  pasô  la  mitad  de  la  noche  atesorando  para  casar  à  su 
hija  Sera&i9. 

No  bierf  me  habia  acabado  de  yestir  el  dia  stguiente,  cuando 
viniëron  à  Ilamarme  de  parte  del  conde.  Fui  inmediatamente  à 
yer  à  S.  E.,  el  cual  me  dijo  :  Ea ,  Santillana ,  yeamos  algo  de  lo 
que  sabes  hacer  ;  tù  nie  has  dicho  que  el  duque  de  Lerma  te  en- 
cargaba  algunas  memorias  para  que  se  las  redactases  :  yo  tengo 
una  que  destino  para  prueba  de  tu  capacidad ,  y  de  cuyo  objeto 
yoy  à  enterarte.  Se  trata  de  componer  una  obra  que  disponga 
al  publico  en  ftiyor  de  mi  ministerio.  Ya  he  hecho  correr  secre- 
tamente  la  yoz  de  que  he  encontrado  los  negocios  en  gran  des- 
ôrden ,  y  es  menester  ahora  manifestar  à  los  ojos  de  la  corte  y 
del  publico  la  triste  situacion  à  que  se  halla  reducida  la  monar- 
quia^Conyiene  presentar  sobre  esto  un  cuadro  que  llame  la  aten- 
cion  pùblica ,  y  no  deje  echar  de  mènds  é  mi  predecesor  ;  despues 
ponderarés  las  medidas  que  he  adoptado  para  hacer  que  sea  glo- 
rioso  el  gobierno  del  rey ,  florecientes  sus  estados ,  y  sus  yasallos 
oiompletamente  dichosos. 


520  GIL  BLAS. 

Dicho  esto  dm  entregô  on  papel  que  cwKteBh  kM  jiiitos  «lou- 
vos  de  )os  pueblos  para  estar  descontentos  coo  el  gofeierno  ante- 
rior; y  me  aeuerdo  que  couMaba  de  dies  anioulos,  el  meaor  de 
los  oiales  era  muy  bastaate  para  aobresahiur  à  todo  boea  EspaâoL 
Hizome  despaes  pasar  à  on  gabinetillo  oonti(pio  i  su  despacbo , 
y  alii  me  dejô  solo  para  que  trabajase  am  lib^rtad.  Gomenzé  pues 
i  componer  mi  memoria  \o  mejor  que  me  fiié  posiUe;  expHse 
primeramente  el  estado  laatimoao  en  que  se  hallaba  la  mooarquia; 
el  erario  exhauato,  ha  reataa  de  la  corooa  eataneadas  en  maaos 
de  aaentiataa ,  y  la  marina  arrainada.  Recapilolé  deapoes  loa  de- 
fecios  Gometidioa  por  loa  que  habian  gobernado  la  aacion  ea 
d  reiaado  aaierior ,  y  las  fiinestas  conseeueacias  que  podian  traer 
coasigo.  En  fin ,  pinië  la  monarquia  ea  el  mayor  peligro ,  y  cen- 
suré tan  acremente  al  ministerio  anterior  qae ,  segaa  mi  armo- 
ria ,  la  caida  del  duque  de  Lerma  era  nua  f dicidad  para  la  EapaAa. 
k  la  yerdad ,  auaque  yo  no  tenia  ningua  motiTo  de  qaeja  de 
aquel  seftor ,  sin  embargo  no  me  peso  baoerle  esta  buena  obra. 
Finatanente ,  despues  de  haber  hecho  la  mas  espaatoaa  pintura 
de  los  males  que  amenazaban  à  la  EspaAa ,  alentaba  los  ànimos, 
kaciendo  maftosamente  concebir  à  los  puetdos  esperanzas  lison- 
jeras  para  lo  sucesiTO.  Hacia  hablar  al  oonde  de  Oiiyares  como 
i  un  restaurador  enviado  por  la  Proyidencia  para  la  salyacion 
de  la  patria:  prometia  montes  de  oro;  y  en  una  palabra,  Ueoé 
tan  completamente  los  deseos  del  ministro ,  que  quedô  sorpreu- 
dido  de  mi  obra  cuando  acabô  de  leerla.  Saniillana ,  me  dijo , 
itù  sabes  que  has  hecho  una  obra  digna  de  an  secretarîo  de  es- 
tado  ?  Ya  no  me  admiro  de  que  el  daque  de  Lerma  se  valiese  de 
tu  pluma.  Tu  estilo  es  lacônico  y  aun  elegante  ;  pero  me  parece 
demasiado  sencillo:  y  al  mismo  tiempo ,  haciëndome  notar  les 
pasages  que  no  eran  de  su  gusto,  los  varié  ;  juzgando  yo  por  sus 
correcciones  que  le  gustaban ,  como  me  bàbia  dicho  Mayarro , 
las  expresiones  estndiadas  y  oscuras.  Sin  embargo,  aanque  la  agra- 
dase  tanto  la  noUeza ,  à ,  por  mejor  decir ,  la  cultura  en  la  die* 
cion  y  no  por  eso  dej6  de  consertar  las  dos  terceras  partes  de 
mi  m^noria  ;  y  para  darme  la  mcjor  [Nrueba  de  sa  plena  satisfac- 
cion ,  me  enviô  por  don  Ramon  trecienios  doblones  alacabar  yo 
de  comer. 

CAPITULO  VI. 

fin  que  ioTirtiô  Gil  Bias  estos  trecientos  doblones ,  y  iximision  qu«  diù  â 
Escipion.  ResulUdo  de  la  memoria  de  que  acaba  de  hablarse. 

Esta  generosidad  del  ministro  diô  nuevo  motiyo  â  Escipion 
para  repetirme  mil  parabienes  de  haber  Tuelto  i  la  corte.  Vmd.  vé, 
me  dijo ,  que  la  Fortuna  tiene  grandes  designios  para  favorecerle. 


LIBHO  UNDÉGMO.  SSI 

I  tMk  Tttid.  ahora  arrepeotido  de  haber  dqado  au  soladad  ?  i  Vt* 
va  el  seftor  conde  de  Olivares  !  que  es  un  amo  muy  difiurenie  de 
su  predeoeaor.  À  pesar  de  aer  vmd.  muy  afecto  al  duque  de  Ler- 
ma  y  le  dejô  morir  de  hambre  machos  meses  sîn  regalarle  ni  un 
triste  peso  doro  ;  mas  el  conde  ya  le  ha  dado  una  grat^cacioa 
que  ymd.  no  se  bubiera  atrevido  é  esperar  sino  despnes  de  lai^ 
gos  senrîcios.  Me  alegraria  mucho ,  afiadiô  ,  de  que  los  seAores 
de  LeîTa  fnesen  tesitigos  de  la  prosperidad  de  vmd.  ô  à  lo  mènos 
de  que  la  supiesen.  Tiempo  es  de  noticUrsela,  le  respondi,  y  de 
esto  iba  A  hablaite  ;  porque  no  dudo  desearén  con  mucha  impa^ 
ciencia  saber  de  mi;  pero  aguardaba  para  hacerlo  â  yerme  en  nu 
eatado  fifo ,  y  dectrles  positivamente  si  me  quedaria  en  la  oorte 
6  no.  Ahora  que  estoy  seguro  de  mi  suerte ,  puedes  ir  é  Yalen*^ 
cia  cuando  quieras  é  informar  à  aquellos  sefiores  de  mi  situacioa 
actual ,  que  miro  como  obra  suya ,  siendo  derto  que ,  à  no  ba<- 
bèrmelo  ellos  persuadido ,  jamas  me  hubiera  determinado  à  toI- 
ver  à  Madrid.  [Oh ,  mi  amado  amo ,  exclamé  el  hijo  de  la  Cosco* 
lina  y  que  alegria  Toy  A  darles  cuando  les  cuente  lo  que  ha  suoedido 
à  Tmd.t  jCuanto  diera  por  hallarme  ya  i  las  pnertas  de  Valencia  ! 
pero  pronto  estarë  alli.  Los  dos  caballos  de  don  Alfonso  estân 
prevenidos ;  ^oy  &  ponerme  en  camino  con  un  lacayo  de  S.  E.; 
porque  ademas  de  que  me  gusta  llevar  compafiia  por  el  camino» 
rmd.  sabe  que  la  librea  de  un  primer  ministro  deslumbra. 

No  pude  mènos  de  reirme  de  la  necia  yanidad  de  mi  sécréta^ 
rio  ;  y  con  todo  eso  yo ,  quizA  aun  mas  rano  que  él ,  le  permiti 
hacer  lo  que  le  diô  la  gana.  Marcha ,  le  dije ,  y  vuelye  pronta* 
mente ,  porque  tengo  que  darte  otro  encargo.  Quiero  enviarte 
&  Asturias  A  llevar  dinero  à  mi  madré.  Por  pnra  negligencia  he 
dejado  pasar  el  tiempo  en  que  prometi  enyiarle  cien  doblones 
que  tu  mismo  te  obligiste  &  ponerle  en  mano  propia.  Las  pro* 
mesas  de  esta  especie  deben  ser  tan  sagradas  para  un  bijo ,  que 
me  acuso  de  mi  poca  puntualidad  en  cumplirlas.  Seftor ,  me  res* 
pondiô  Escipion ,  en  seis  semanas  quedaràn  desempeflados  am» 
bos  encargos  ;  habré  yisto  à  los  sefiores  de  Leiya ,  dado  una  yuelta 
por  yuestra  quinta ,  y  yisitado  segunda  yez  la  ciudad  de  Oyiedo , 
de  la  cual  no  me  puedo  acordar  sin  dar  al  diablo  las  très  partes 
y  media  de  sus  habitantes.  Entreguë ,  pues ,  al  hijo  de  la  Gosco- 
lina  cien  doblones  para  la  pension  de  mi  madré ,  y  otros  ciento 
para  él ,  deseando  que  hictese  felizmente  el  largo  yiage  que  îÈm 
î  emprender. 

Poco  despues  de  su  partida  S.  E.  mandé  imprimir  nuestra 
memoria,  que  apénas  se  hizo  pûblica  cuando  fuè  asunto  de  to- 
das  las  conyersaciones  de  Madrid.  Al  pueblo ,  amigo  siempre  de 
noyedades,  le  gustô  infinito.  La  disipacion  de  las  rentas  reaies , 
que  estaba  pintada  con  los  mas  yiyos  colores,  le  indignéron 
contra  el  dnque  de  Lerma;  y  si  los  golpes  que  se  descargaban 


582  GIL  BLAS. 

contra  este  mioistro  no  foèron  aplaodidos  de  todoe,  i  lo  ménos 
mereciéron  la  aprobacîon  de  niocboa.  En  cnanto  &  las  pomposas 
promesas  que  hada  el  oonde  de  (MWares  »  y  entre  ellas  U  de  en- 
brir  por  medio  de  una  discreta  economia  las  atenciones  del  estado 
sin  gravar  i  los  yasaUos  »  desIombrAron  i  todos  generalmente  y 
les  confirmàron  en  el  gran  ooncepto  qne  ya  tenian  de  sas  lalentos  ; 
de  manera  qoe  por  toda  la  pobladon  resonàron  sas  alabanzas. 

El  ministro»  satisfecho  de  haber  consegnido  con  esta  obra  sa 
objeto»  qoe  no  habia  sido  otro  que  el  de  grangearse  la  estima* 
cion  pùblica ,  qoiso  mereoerla  yerdaderamente  por  medio  de  uns 
aodon  laudable  que  fuese  ùtfl  al  rey.  Recorriô  para  ello  à  h  in- 
yendon  del  emperador  Galba ,  es  decir,  que  hizo  que  los  parti- 
calares  qoe  se  habian  enriqueddo ,  sabe  Dios  oomo ,  con  el  manejo 
de  los  caudales  pùblicos ,  resarciesen  al  erario.  Laego  que  el  conde 
hizo  yomitar  à  aqaelias  sangoijuelas  la  sangre  qoe  liabian  cbo- 
padOy  y  la  gnardô  en  hs  areas  reaies ,  tratô  de  cooseryarla  en 
ellas  hauâendo  suprimir  todas  las  pensiones ,  sin  exceptoar  la  soya» 
como  tambien  las  gratificaciones  qne  se  daban  del  caudal  de  S.  M. 
Para  lograr  la  ejecudon  de  este  designio ,  que  no  podia  yerificarse 
sin  mudar  la  Caz  del  gobierno,  me  mandô  componer  otra  memoria, 
cuya  sustancia  y  método  me  indicé  :  en  seguida  me  encargô  que 
procurase  eleyar  todo  lo  posible  la  ordinaria  sencillez  de  mi 
estilo ,  para  dar  mas  dignidad  à  mis  frases.  Ya  estoy  hedio  cargo, 
seftor,  le  dije  :  V.  £.  quiere  soblimidad  y  brillantez ,  pues  la  ten- 
dra. Encerrëme  en  el  mismo  gabinete  donde  anteriormente  habia 
trabajado ,  y  alli  puse  manos  à  la  obra  despues  de  haber  inyocado 
al  genio  elocuente  del  arzobispo  de  Granada. 

Gomenzé  por  exponer  que  era  preciso.  conseryar  con  todo 
rigor  los  fondos  que  habia  en  areas  reaies ,  qoe  no  dd>ian  em- 
plearse  absolutamente  sino  en  las  necesidades  de  la  monarquia, 
oomo  que  eran  un  fondo  sagrado  que  se  debia  reseryar  para 
împoner  respeto  à  los  enemigos  de  la  nacion.  Despues  hada  pré- 
sente al  monarca,  qne  era  â  qoien  se  dirigia  la  memoria,  que, 
suprimiendo  las  pensiones  y  gratificaciones  cargadas  sobre  la  real 
hadenda ,  no  por  eso  se  priyaba  del  gusto  que  tmidria  en  re- 
compensar  generosamente  el  mèrito  y  seryicios  de  los  yasallos 
que  se  hiciesen  acreedores  i  sus  reaies  gradas;  pues  sin  tocar  à 
su  tesoro  quedaba  en  estado  de  concéder  grandes  recompensas: 
porque  para  unos  tenia  yireinatos,  gobiernos,  hàbitos  de  las 
ôrdenes  militares ,  y  empleos  en  sus  cjércitos  ;  para  otras  en- 
comiendas  sobre  las  cuales  podria  imponer  muchas  pensiones, 
titolos  de  CastiUa,  y  magistraturas ;  y  por  ultimo,  todo  gènero 
de  beneficios  edesiàsticos  para  los  que  quisiesen  seguir  la  carrera 
de  la  iglesia. 

Esta  memoria ,  mucho  mas  larga  que  la  auterior ,  me  ocupo 
cerca  de  très  dias ,  y  por  mi  fortune  sali6  tan  acomodada  al  gusto 


LIBRO  UNDËGIMO.  523 

de  mi  amo,  pôr  einar  atestadà  de  yooes  enSMcas  y  de  déasulas 
metafôricas ,  que  me  colmô  de  alabanzas.  Mucho  me  agrada  la 
qae  has  hecho ,  me  dijo ,  ensefiândome  los  pasages  mas  pomposos, 
estas  si  que  son  expresiones  yaciadas  en  buen  molde.  |  Ânmio  ! 
amigo  mio,  ya  estoy  preyieado  qae  me  seryirés  de  grande  atOidad. 
Sin  embargo  y  en  medio  de  los  elogios  qne  me  prodigô,  no  dej6 
de  retocar  la  memoria  ;  puso  en  ella  macho  de  sa  casa ,  y  form6 
ona  pieza  de  elocoencia  qae  admirô  al  rey  y  é  todalacorte.  El  pu- 
blico la  honrô  tambien  con  so  aprobacion ,  presagiô  fèlicidades 
para  lo  Yenidero,  y  se  hsonjeô  de  que  la  moftarqoia  rec(d>raria 
su  antigno  esplendor  bajo  el  ministerio  de  an  personage  tan  in-* 
signe.  Yiendo  S.  E.  la  mucha  funa  qae  le  habia  grangeado  aquel 
escrito ,  quiso  qœ  por  la  parte  qne  yo  tenia  en  èl  reoogiese  algun 
fralo  ;  y  asi  dispaso  qne  se  me  dièse  ana  pension  de  qainientos 
escados  sobre  la  encomienda  de  Gastilla;  lo  qae  me  fîiè  tanto  mas 
apredable ,  cqanto  que  este  no  era  on  bien  mal  adqoirido,  ann- 
qae  lo  habia  ganado  con  macba  fecilidad. 

CAPITDLO  VU. 

Por  <iaé  cainalidad ,  en  donde  y  en  que  estado  ToWià  â  enoontrar  Gîl  Bbi  à 
su  amigo  Fabricio  ;  y  oonversacion  que  tuyiëron. 

Ningana  oosa  le  gustaba  tanto  al  conde  como  saber  lo  qne  se 
pensaba  en  Madrid  de  la  condacta  que  obseryaba  en  su  ministe- 
rio. Todos  los  dias  me  preguntaba  que  se  decia  de  èl  ^  y  aan 
tenia  pagadas  espias  que  le  contaban  puntualmente  cuanto  pasaba 
en  la  poblacion.  Xe  referian  hasta  las  mas  ligeras  conyersadones 
que  habtan  oido  ;  y  como  les  tenia  encargado  que  le  dijesen  fran- 
camente  la  Verdad ,  no  tenia  poco  que  sufirir  algunas  yeces  su 
amor  propio  ;  porque  la  lengua  del  pueblo  es  tan  snelta  que  nada 
respeta. 

Luego  que  conoci  que  el  conde  era  amigo  de  que  se  le  diesen 
noticias ,  me  dediqué  à  ir  por  las  tardes  é  los  sitios  publicos  y 
mezclarme  en  las  conyersadones  de  personas  décentes ,  donde 
las  hubiera.  Cuando  hablaban  del  gobierno  escucbaba  con  aten- 
don,  y  si  dedan  algo  digno  de  que  lo  supiese  S.  E.  no  dejaba  de 
noticiàrselo  ;  pero  debe  obseryarse  que  jamas  le  decia  nada  que 
no  le  fuera  fityorable. 

Yolyiendo  en  derta  ocasion  de  uno  de  estos  sitios  pasë  por 
delante  de  la  puerta  de  un  hospital ,  y  me  diô  gana  de  entrar  en  èl. 
Recorri  dos  6  très  salas  llenas  de  enfermos,  y  mirando  à  todas  par- 
tes» yi  entre  aquellos  desgradados,  &  quienes  no  podia  considerar 
sin  làstima,  uno  que  fijô  mi  atendon,  po  rque  me  pareciô  yer  en  èl  à 
mi  paisano  y  antiguo  camarada  Fabrido.  Acerquànemas  i  su  cama 
para  enterarme  rnqor,  y  aunque  no  pude  ya  dudar  que  era  el  poeta 


SM  GILILAâ. 

Noies^MBtodo  me^MiTeaigviios  imtaBtn  ànîrarie,  pcno  sin  de- 
cirl6Mdft.Élflie  ooBOdô  faei^,  y  neniraiM  del  ^iaiio  m^ 
bo  rom|H6iido  el  siieacio ,  le  é^  :  O  dm  ojot  ne  engeteft,  é  este 
qwb  mâto  e»  Fabrîcîo.  EI  mlMio  loy  ^  ae  respoadtô  fnmmeate ,  y 
no  debes  maraviOiute.  Desde  que  me  eeparè  de  ti^  no  he  teaide 
otro  oêcio  qae  el  de  aelor  :  he  eoaqiiiefllo  Boveles ,  ocuDedias ,  y 
loda  obue  de  obras  de  ingenio  ;  y  be  Begado  al  fin  de  esta  cairert, 
qne  es  ptrar  ea  an  hospital. 

No  pvde  aiënos  de  reinae  al  oir  estas  idtiaias  palabras,  y 
aiocho  mas  al  yer  la  seriedad  con  qne  las  pronnacîè.  {Paon  qaé  ! 
exdaaië:  ^  ta  arasa  te  ha  traidoilaa  miserable  estado?  4 es  po* 
nUe  qne  te  haya  jagsdo  una  pieai  tan  Tillana?  Tùmisaio  lo  estis 
▼ieodOyTeposoél;^  estas  casas  saelen  Teairéparartodoslosqae 
prasoaiende  ingenîos.Tày  hqo  niio,  h>  acertiste  ea  aeguir  otro  rua* 
bo;peroyanoe8tés  ea  ta  ooite, y  mepareoeqae  tasasoatos  haama- 
dado  nNichodeaspeci)o:yanniaeacaerdodehaberoidodedrqae 
de  ôrden  del  rey  te  habiaa  metido  ea  an  castilo.  Asi  iaë  puataai- 
mente ,  repose  yo  :  la  fortnna  en  qne  me  yiste  coando  nos  sépa- 
râmes filé  muy  pasagera  ^  pues  pooos  dias  despues  perdl  de 
repente  mi  empleo ,  mis  bienes  y  mi  libertad.  Sin  embargo ,  ami- 
go  mîo ,  hoy  me  vuelves  i  ver  en  un  estado  muoho  mas  brillante 
que  aquel  en  qne  meconodste  en  otro  tiempo.  Eso  ao  es  posible, 
dijo  Nuflez  :  tu  aspecto  es  juicioso  y  modesto  ;  no  noto  en  ti 
aquella  Tanidad  y  aqaella  altaneriaqne  suelen  inspirar  kts  prospert- 
dades.  Las  desgracias  »  le  répliqué»  ban  purificado  mi  Yiriod.  £d 
la  esouela  de  la  ady«rsidad  ^rendi  à  gosar  de  las  riciaezas  sia 
dejarme  domtnar  por  elles. 

Acaba,  pues,  y  dime»  interruoiqpîé  Fabricio»  îacorporiadose 
en  la  cama  oon  jiUttlo  »  que  empleo  es  el  que  tienes,  y  ea  que  le 
oeupas  al  présente.  ;Ere8  por  Tentuia  nayordomo  de  dgun  gras 
seAor  arrniaado  »  ô  de  alguna  Tîuda  ricaî  Todavia  estoy  raocho 
mejor ,  le  respond!  ;  pero  ahora  dispénsame  »  te  ruego  »  de  ex- 
piicamie  mas;  que  ea  nsejor  ocasion  coaieutaré  enteramente  tu 
curiosidad.  Al  présente  bâstete  saber  que  est<^  ea  situacioa  de 
poder  servirte»  6  mas  bien  de  ponerte  ea  estado  de  no  nece- 
aitar  de  nadie  para  pasarlo  con  deœncia;  con  tal  qae  me  des 
palabra  de  no  componer  mas  obras  de  ingenio  ea  verso  ni  ea 
prosa.^  Seras  capaz  dehaœr  tan  gran  sacrificio?  Ya  le  he  heche 
al  cielo ,  me  dijo  »  en  la  enfermedad  mortal  de  que  me  Tes 
convaleciente.  Un  religioso  domioioo  me  ha  moyido  i  abjurar 
de  la  poesia  como  de  una  ocupacîoa  que  »  si  no  es  crimmal  »  des- 
^ia  por  lo  méaos  de  la  prudencia. 

Mil  parabienes  te  doy  por  tan  ouerda  resobcioA)  bû  qoeriëo 
Nuftez  ;  pero  guirdate  bien  de  la  reeaida.  Esa  es  la  que  no  temo, 
me  replacé  ;  porque  tengo  hecho  firmisimo  propésito  de  abando- 
nar  i  las  musas  :  por  seftas  de  que  cuando  eatrâste  ea  esta  sala 


LIBRO  UNDÉCIMO.  525 

esiabfl  hadendo  una  compoaicioft  en  verso  an  que  me  deapedia 
de  ellas  para  siempre.  Seftor  Fabrieio,  le  dije  emteces  m^ 
neando  la  cabeza;  no  se  si  el  padre  dominico  j  yo  podrèmoa 
fcnrnos  de  ta  abjoracion  ;  parque  te  yeo  ciegamente  eiMnnorado 
de  aquellas  doctas  doncellas.  No,  no,  me  respondiô  con  viveza: 
ten^  ya  rolos  todos  los  lazos  que  me  estrechaiian  coa  elhs^To» 
davia  be  hecho  mas  ;  pues  he  cobrado  aversion  al  publico  :  bo 
merece  que  los  autores  quteran  consagrarle  sua  destelos  ;  y  yo 
me  aTergonzaria  mucho  de  componer  algnna  obra  que  lograse  su 
aproliacion.  Y  no  creas^  coatînuô ,  que  ei  reseadraiento  me  dicta 
este  leoguage:  digotelo  coo  serenidad;  tanto  case  hagode  loa 
aplausos  del  publico  como  de  sus  desprecios.  £s  dificil  saber 
quien  gana  6  quien  pierde  con  el  :  es  tan  caprichoso  que  hoy 
piensa  de  una  manera  y  maAana  de  otra.  Muy  locos  son  los  poe- 
tas  dramàticos  que  se  llenan  de  vanidad  cuando  yen  que  sus  pro- 
dueeiones  han  sido  recibidas  eon  aplauso.  Aunque  la  primera 
yez  que  se  representen  causen  mucho  ruido  por  la  noyedad ,  si 
yeinte  aflos  despues  vuehen  à  parecer  en  el  teatro ,  son  por  la 
mayor  parte  mal  recibidas.  La  misma  fortnna  corren  por  lo 
eoman  las  noyelas  y  los  demas  libros  de  pura  diversion  cuando 
sales  à  luz  ;  poes  si  à  los  principioa  logran  la  aprobacioa  de 
todos ,  poco  i  poco  la  van  perdiendo ,  hasta  que  al  fin  Uegaa  à 
caer  en  desprecio.  Los  que  viven  ahora  aeusan  de  mal  gusto  i 
los  que  les  han  precedido  ,  y  el  mismo  defecto  lea  imputaràn  à 
elloB  los  que  vengan  despues.  De  donde  concluyo  que  los  autorea 
que  son  aplaudidos  en  este  sigk)  serén  silbedos  en  el  siguîenie. 
Asi  que  todo  el  honor  y  toda  la  estimadon  que  nos  grangea  el 
buen  éxito  de  una  obra  impresa  no  es  en  suma  otra  cosa  que 
una  para  quimera ,  una  ilusion  de  nuestra  fantasia,  y  ua  ihego 
de  paja,  cuyo  humo  desvanece  el  viento  en  un  instante. 

A  pesar  de  que  conoci  desde  luego  ser  efecto  de  melancolia  y* 
de  mal  humor  este  juicioso  modo  de  diseurrir  de  mi.  poêla  de- 
Asturias,  no  me  A  por  entendido,  y  solo  le  dîje:  Verdadera-- 
mente*  quedo  gozoso  de  verte  divorciado  de  las  obras  de  inge- 
nio ,  y  curado  radicalmente  de  la  mania  de  eseribir.  Desd9  aliora 
paed^  est»r  seguro  de  que  euanto  antes  te  havA  dar  un  empleo 
con  que  puedas  mantenerte  decorosamente  sin  fiitigar  tu  imagi^ 
nadon.  Mejor  para  ml ,  respondié  muy  alegre  :  el  ingenio  co^- 
mîenza  é  olerme  mal,  y  ya  le  considero  como  el  don  mm  fanesto 
que  d  cielo  puede  concéder  a!  bombre.  Deseo ,  anado  Fabrido, 
repuse  yo ,  que  conserves  siempre  esas  ideas  ;  y  te  vuelvo  à  re- 
petir  que,  si  persistes  en  abandonar  la  poesb,  muy  presto  te  haré 
COR  un  empleo  tan  bonroso  eomoloerativo;  pero  mièniraa  logro 
hacerte  este  servido,  te  roego  qmadmilas  esta  conaprneba  de 
mi  amiatad;  y  didendo  esto  le  pose  en  lli  Mme  un  bobSio  en 
que  habria  como  mios  aesenfa  debïoneSi 


596  GIL  BLAS. 

;  (Ni  f  geueroso  amigo  !  exclamé  eoagenado  de  goio  j  de  gr»- 
titnd  el  Ujo  del  barbero  NuAeE.  iQoè  gracias  debo  dar  al  cido 
por  haberte  traido  à  este  hospital  I  Hoy  mismo  quiero  salir  de  & 
con  ta  socorro.  EféaiYamenie  asl  lo  ejecutô  hai^dose  lleYar  â 
una  boeoa  posada.  Pero  antes  de  separamos  le  informé  de  mi 
alojamiento ,  convidindole  i  qae  me  fiiese  i  yer  loego  qoe  se 
sintiese  perfectameote  recoperado.  Quedése  muy  sorprendido 
Goando  le  dije  que  Yivia  en  casa  del  conde  de  OUvares.  {Oh 
bienayenturado  Gil  Bias,  me  dijo,  qae  tienes  la  fortana  de  agra- 
dar  i  los  ministrosi  Me  complaico  en  ta  felicidad,  poes  haces 
tan  baen  aso  de  ella. 


CAPITULO  VIII. 

Gil  Idas  M  graogea  cada  dia  mas  ei  afecto  del  ministro  :  Tadvc  Escipkm  a 
Madrid,  j  rclacioii  que  bace  a  Santillana  de  so  Tiajc. 

El  conde  de  OUvares ,  à  quien  en  adelante  Uamaré  el  conde- 
duque,  porque  con  ese  titulo  se  digne  honrarle  el  rey  por  este 
tiempo  y  tenia  una  flaqueza  que  desoibri  en  el ,  no  sin  firoto  para 
mi,  y  era  la  de  querer  que  le  tuvieran  cariAo.Laego  que  conocia 
que  alguno  le  servia  con  buen  afecto ,  le  daba  parte  en  su  amis- 
tad*  No  me  descuidè  en  aprovecharme  bien  de  esta  obseryacion; 
pues  no  contento  con  ejecutar  puntualmente  cuanto  me  mandaba, 
obedecia  sus  érdenes  con  demostraciones  de  zelo  que  le  encan- 
taban.  Estudiaba  su  gusto  en  todas  las  oosas  para  conformarme 
é  él  y  anticiparme  à  sus  deseos  en  cuanto  me  hiera  posible. 

Por  este  modo  de  procéder,  con  el  que  casi  nunca  se  déjà  de 
conseguir  lo  que  se  intenta,  Uegué  insensiblemente  à  ser  el  fa- 
Yorito  de  mi  amo,  quien  por  su  parte,  conociendo  que  yo  ado- 
lecia  tambien  de  la  misma  flaqueza  que  èl ,  me  ganô  la  yoluntad 
con  las  demostraciones  de  cariflo  que  me  hizo  conmigo.  Me  gran- 
geé  tanto  su  amistad,  que  Uegué  à  partidpar  de  su  confianzaigual- 
mente  qoe  el  seftor  Carnero  su  primer  secretario. 

Este  se  habia  yalido  de  los  mismos  medios  que  yo  para  agradar 
à  S.  E.,  y  lo  habia  logrado  tan  bien,  que  le  reyelaba  los  arcaoos 
del  gabinete  ;  y  asi  los  dos  eramos  confidentes  del  primer  ministro 
y  los  depositarios  de  sus  secretos  ;  pero  con  esta  diferenda,  que 
à  Carnero  solo  le  hablaba  de  los  negocios  de  estado ,  y  é  mi  de 
los  que  tocaban  à  sus  intereses  personales  ;  lo  que  formaba,  por 
decirlo  asi,  dos  departamentos  separados,  con  lo  cual  uno  y 
otro  estabamos  igualmente  gustosos ,  viviendo  juntos  sin  zelos  y 
sio  amistad.  Yo  tenia  motivo  para  estar  contento  con  mi  destino, 
porque  proporcionàndome  conUnuamente  la  ocasion  de  estar  con 
el  conde-duqce ,  me  ponia  en  estado  de  penetrar  en  el  fondo  de 


LIBRO  UNDËCIMO.  5» 

su  alma  »  que  dej6  de  ocultarme,  en  medio  de  ser  natarahnente 
reseryadOy  cuando  Uegi  à  convencerse  de  la  sinceridad  de  mi 
afecto  bàda  èi. 

Santillana^  me  dijo  mi  dia,  tù  bas  Tisto  al  duque  de  Lenna go- 
zar  de  nna  aaloridad  que  mènos  parecia  la  de  un  ministro  fo?o- 
rito  que  el  poder  de  un  monarca  absoluto  :  sin  embargo ,  yo  soy 
BDas  feliz  que  lo  era  ël  en  el  mayor  auge  de  su  fortuna.  El  tenia 
dos  enemigos  formidables  en  el  duque  de  Uceda  su  propio  hijo , 
y  en  el  eoiàesor  de  Felipe  III;  en  vez  de  que  yo  à  nadie  Teo  cerca 
del  rey  con  bastante  foror  para  perjudicarme,  ni  aun  de  quien 
jo  sospeche  que  me  tenga  mala  voluntad.  Es  yerdad ,  coutinuô , 
que  desde  mi  elevacion  al  ministerio  puse  el  mayor  cuidado  en 
que  no  estuviesen  al  lado  de  S.  M.  otras  personas  que  las  enlaea- 
das  conmigo  por  amistad  6  por  parentesco.  Gon  vireinatos  ô 
embajadas  me  he  ido  deshaciendo  de  lodos  los  seâores  cuyo  mé- 
rite personal  hubiera  podido  hacerme  decaer  algo  de  la  gracia 
del  soberano ,  que  yo  quiero  gozar  entera  y  exclusivamente  ;  de 
manera  que  en  la  actuaKdad  me  puedo  lisonjear  de  que  ningun 
grande  me  hace  sombra.  Ya  ves,  Gil  Bias,  aûadiô,  que  te  des- 
cnbro  mi  corazon  :  oomp  tengo'motiyo  para  créer  que  me  erea 
enteramente  afecto ,  he  echado  mano  de  ti  para  que  seas  mi  con- 
fidente. Tienes  entendimiento ,  te  contemplo  juicioso ,  prudente 
y  discreto;  en  una  palabra  te  codsidero  A  propteito  para  el  des* 
empeOo  de  mil  comisiones  que  piden  un  sugeio  muy  inteligente 
y  que  tome  parte  en  mis  intereses. 

No  pude  desechar  del  todo  las  ideas  lisonjeras  que  estas  pa- 
labras excit&ron  en  mi  imaginacion;  subiéronseme  repentina- 
mente  à  la  cabeza  algunos  humos  de  ambicion  y  de  avarida , 
que  despertàron  en  mi  ciertos  afectos  de  que  creia  haber  triun- 
fado.  Asegnré  al  ministro  que  haria  cuanto  estuviese  de  mi  parte 
para  corresponder  à  sus  deseos ,  y  me  préparé  para  ejecutar 
sin  escrupulo  todas  las  ôrdenes  que  tuTiera  por  conveniente 
darme. 

Entre  tatito  que  yo  me  disponia  de  este  modo  k  erigir  nuevos 
ahares  i  la  Fortuna,  yolviô  Escipioa  de  su  yiage.  No  tengo,  me 
dijo  y  muy  larga  reladon  que  haceros  :  causé  une  grande  alegria 
à  los  seOores  de  Leiya  cuando  les  dije  la  buena  acogida  que  ymd. 
hallô  en  el  rey  luego  que  le  conodô,  y  de  que  modo  se  conduce 
oon  ymd.  el  oonde  de  Olivares. 

Interrompi  à  Escipion  diciéndole  :  Mas  alegria  les  hubieras 
causado ,  amigo  mio ,  si  hubieras  podido  contarles  el  predica- 
mento  en  que  me  faallo  en  el  dia  para  oon  el  ministro.  Son  yer- 
daderamente  de  admirar  los  ràpidos  progresos  que  despues  de. 
tu  partida  he  hecho  en  el  corazon  de  S.  E.  Sea  Dios  bendito ,  mi 
querido  amo  »  reqKmdiô ,  ya  presiento  que  tendrémos  excelentes 
destinos  que  desempeftar. 


sa»  GILILAS. 

•  Ifodeino»  de  oMvemdan,  le  dqe,  y  hablemos  4e  Oriedo. 
CoanA)  sritace  de  Astorias  ^en  que  estado  dejiste  i  mi  madré? 
{  Ah  seftor  1  me  respondiô  tomando  de  repente  ua  aspecto  M- 
gido  :  las  noticias  qae  tengo  qne  daroa  sobre  ese  ponto  no  son 
siao  tristes,  t  Oh  ctelos!  exclamé:  sîa  doda  mi  madré  ha  naerto* 
Seîs  meses  ha ,  dijo  mi  secretario ,  qae  la  buena  seAora  page  ei 
tributo  à  la  natoraleza,  y  lo  mismo  el  seftor  Gil  Perex  sa  tio 
devffld. 

AflHpéme  Tiramente  la  mnertie  de  mi  madré ,  amiqae  en  mi 
iofancia  no  babia  recibido  de  ella  aqoellas  caricias  qae  tanto  ne- 
cesitan  los  hijos  para  ser  agradecidos  en  lo  saeesivo.  TaoAiicn 
derrami  algimas  légrimas  por  el  buen  canènigo ,  acordàndoBse 
del'coidado  qae  habia  tenido  de  mt  educacton.  Â  la  Terdad  no 
doré  nacho  mi  pesadambre;  que  mny  presio  q«ed6  redorida  i 
ona  liema  menoria  que  siempre  he  conserrado  de  mis  panenies. 

CAPITULO  IX. 

Go«o  y  COWL  faien  oai»  d  oood«-da%ii0  i  m  hiyk  ûnîca ,  y  lo»  sîaMbora  que 

produjo  este  matrimonio. 

PoGO  despoes  del  regreso  del  bijo  de  la  Coscolina  ri  al  oonde- 
doqae  por  espacîo  de  unos  ocho  dias  may  parado  y  pensatifo. 
Me  persuadi  de  qae  estaba  medîtando  algona  grande  eaipresa  de 
poUtioa  ;  pero  presto  llegaè  i  saber  qae  lo  que  le  tenia  tan  sas- 
penso  era  un  asaoto  domèstico.  Gil  Bias,  me  dijo  ma  tarde,  sio 
doda  habrés  reparado  que  hace  dias  qoe  ando  pensativo.  Asi  es, 
hijo  mio  ;  no  poedo  negar  que  enteramente  me  ooopa  an  aegocio, 
de!  coal  pende  el  sosiego  de  mi  aima,  y  Toy  i  eonfiéirtdo. 

Mi  hija  dofla  Maria ,  continua ,  se  halla  ya  en  edad  de  tom«r 
estado ,  y  son  mnchos  los  pretendientes  qae  aspiran  é  sa  mana 
El  conde  de  Niebla ,  primogénito  del  duqae  de  Medinasidonia , 
cabeza  de  la  casa  de  Goaaan,  y  don  Lais  de  Haro,  hîjo  y  he- 
redero  del  marqaes  del  Carpio  y  de  mi  hermana  mayor,  son  los 
dos  concarrentes  qae  parecen  mas  dignos  de  merecer  la  prefer 
rencia.  Sobre  todo  el  mèrito  del  ultimo  es  tan  superior  al  de  sos 
competidores,  qae  toda  la  corte  esta  persoadida  de  qae  sera  et 
que  preferiré  para  yerno.  Gon  todo  eso ,  sin  pararme  en  expKcarte 
los  motiTos  que  tengo  para  desecfaar  à  ambos,  te  dire  que  he 
pœsto  los  ojos  en  don  Ramiro  Nattes  de  Gmman,  marqaes  de 
Toral,  cabeza  de  la  casa  de  los  Goimanes  de  Abrados.  Â  este 
seftor  y  à.  los  hijos  qoe  naderea  de  mi  h^a  qoiero  dejar  todos 
ans  Menés,  rinoolarios  al  titalo  de  oonde  de  OKrares  y  ancjar  i 
él  la  graadeia;  de  snerte  qae  ans  nietos  y  sas  descendientei  qae 
vinieren  de  la  rama  de  Abrados  y  de  la  de  Olivaras  pasmrln  por 


LIBRO  UNDËCmO.  529 

primogënitos  de  la  casa  de  Guzman.  Dime,  Santillana,  afladiô, 
^  apruebas  este  proyecto?  Seftor,  le  respond! ,  es  propio  de  la  ca- 
pacidad  y  talento  que  le  ha  formado  :  lo  ûnico  que  rezelo  es  que 
el  daque  de  Medinasidonia  podrà  quejarse  de  él.  Quèjese  cuanto 
quiera ,  respondiô ,  nada  me  importa  :  no  tengo  indinacion  à  su 
ramaquehausurpado  à  la  de  Abrados  el  derecho  de  primogeni- 
tara  y  los  titulos  anejos  à  ella  ;  ménos  impresion  me  harân  sus 
quejas  que  el  sentimiento  que  tendra  mi  hermana  la  marquesa 
del  Carpio  al  yer  que  su  hijo  pierde  el  enlace  con  mi  hija.  Pero 
sobre  todo  yo  quiero  hacer  mi  gusto ,  y  don  Ramiro  sera  prefe- 
rido  i  todos  sus  rivales  :  asi  lo  tengo  determinado. 

Habiendo  el  condenluque  tomado  esta  resolucion,  no  pasô 
sin  embargo  à  ejecutarla  sin  afianzarla  primero  con  un  golpe 
diestro  de  politica.  Présenté  un  memorial  al  rey  y  à  la  reina  su- 
plicando  à  sus  magestades  se  dignasen  disponer  de  la  mano  de 
su  hija  doua  Maria ,  exponiéndoles  las  calidades  de  los  seAores 
que  la  pretendian,  y  remitièndose  enteramente  à  la  eleccion  de 
sus  magestades: bien  que ,  hablando  del  marques  de  Toral ,  no  se 
dejaba  de  conocer  su  particular  indinacion  à  este  partido.  En 
virtud  de  esto  el  rey  »  que  deseaba  mucho  complacer  à  su  ministro, 
le  diô  por  escrito  la  respuesta  siguiente  :  Jmgo  d  don  Ramiro  Nufiex 
digno  de  doàa  Maria.  Sin  embargo,  eUge  por  ti  misnio  :  el  partido 
que  mai  te  convenga  serd  el  que  d  mi  mas  me  agrade,  El  Ret. 

Manifesté  el  ministro  esta  respuesta  con  cierta  afectacion  ;  y 
fingiendo  entenderla  como  una  ôrden  del  soberano ,  se  diô  prisa 
à  casar  à  su  hija  con  el  marques  de  Toral ,  resolucion  de  que  se 
resintiô  vivamente  la  marquesa  del  Carpio ,  comô  todos  los  Guz— 
mânes ,  que  estaban  muy  satisfechos  con  la  esperanza  del  enlace 
con  doâa  Maria.  En  medio  de  esto  unos  y  otros ,  cuando  yiéron 
que  no  podian  impedir  el  casamiento,  aparentiron  celebrarle 
con  las  mayores  demostraciones  de  alegria.  Parecia  que  toda  la 
fimiQia  estaba  fuera  de  si  de  contento  ;  pero  tardé  poco  en  verse 
yengado  su  disgusto  del  modo  mas  cruel  y  doloroso  para  el  conde. 
À  los  diez  meses  diô  à  luz  dofla  Maria  una  niûa  que  muriô  al  nacer , 
y  poco  despues  la  misma  madré  fué  victima  de  su  sobreparto. 

iQuèpèrdida  para  un  padre  idolâtra,  por  decirlo  asi ,  de  su 
hija ,  y  mas  viendo  con  esto  desvaneoido  su  proyecto  de  quitar 
el  derecho  de  primogenitura  à  la  rama  de  Medinasidonia!  Esto 
le  afligiô  tan  profiindamente  que  se  encerrô  por  algunos  dias  sin 
que  le  viese  nadie  sino  yo ,  que,  conformàndome  à  su  excesivo 
sentimiento,  me  mostraba  tan  apesadumbrado  comoél.  Forzoso 
es  decir  la  verdad  :  yo  aprovechè  esta  coyuntura  para  derramar 
nuevaa  làgrimas  en  memoriade  Antonia.  La  semejanzaque  habia 
entre  sa  muerte  y  la  de  la  marquesa  de  Toral  volviô  é  abrir  una 
herida  mal  cicatrizada,  causàndome  tanto  sentimiento,  que  el 
ministro,  à  pesar  de  lo  abatido  que  le  tenia  su  propia  pena,  no 

54 


&90  GIL  BLAS. 

pado  mènos  de  adYertîr  la  mia.  Admirôle  yerme  tomar  tan  activa 
pane  en  sas  aouarguras,  Gil  Bias,  me  dijo  an  dia  qae  le  pareci 
abismado  en  una  profunda  tristeza ,  es  an  consuelo  muy  dulce 
para  mi  el  tener  un  confidente  tan  sensible  à  mis  angostîas.  j  Ah 
aeûor  !  le  respondi ,  Yendiéndole  por  fineza  mi  quebranto ,  séria 
yo  el  hombre  mas  ingrato ,  y  mi  corazon  el  mas  duro  si  no  las 
sintiera  tan  ^ivamente.  ;Pttes  qaé  !  ipodria  V.E.  llorar  lamnerte 
de  una  hija  de  tanto  mèrito,  y  à  quien  amaba  tan  tiernamente , 
sin  que  yo  mezclase  mis  légrimos  con  las  suyas?  No ,  seâor  :  me 
uene  V.  E.  demasiado  colmado  de  beneficios  para  qae  yo  pueda 
dejar  en  toda  mi  vida  de  tomar  parte  en  sus  satisCaociones  y  en 
sus  pesadumbres. 

CAPITULO  X. 

Kncuentra  Gil  BUscasualmente  il  poeU  NoAex  :  refiérele  este  qae  ie  repretenU 
una  tragedia  suya  en  el  teatro  del  Principe  :  desgraciado  ^to  qae  tuTo  ;  y 
efecto  favorable  que  le  produjo  esta  desgracia. 

Comenzaba  el  ministro  i  consolarse ,  y  por  consignîente  tam- 
bien  yo  à  reoobrar  mi  buen  humor,  cuando  sali  ana  tarde  i  pa- 
searme  solo  en  coche.  En  el  camino  encontre  al  poeta  asturiano, 
à  quien  no  habia  visto  despues  de  su  salida  del  hospital.  Adverfi 
que  esuba  decentemente  vestido.  Uaméle ,  hicele  entrar  en  èl 
coche ,  y  Aiimos  juntos  i  pasear  en  el  prado  de  San  Gerônimo. 

Selk>r  Nuùez ,  le  dije ,  ha  sido  fortuna  mia  haberos  encontrado 
por  casualidad  ;  à  no  ser  asi  nunca  lograria  el  gusto  de...  Déjate 
de  reconyencioues,  Santillana,  interrumpiô  con  predpitadoo  : 
confieso  de  buena  fe  que  de  propôsito  no  quise  ir  à  visitarte ,  y 
te  Toy  a  decir  el  motivo.  Tù  me  prometiste  un  buen  empleo ,  con 
tal  qae  renundase  à  la  poesia ,  y  yo  he  encontrado  otro  mas  sôlido 
con  la  condicion  de  hacer  versos  :  he  aceptado  este  ultimo  por 
ser  mas  conforme  à  mi  geuio.  Un  amigo  mio  me  ha  colocado  en 
casa  de  don  Beltran  Gomez  del  Ribero ,  tesorero  de  las  galeras 
del  rey.  Este  don  Beltran  queria  mantener  i  sas  expensas  an  baen 
ingenio ,  y  habièndole  parecido  muy  sublime  mi  versificadon,  me 
ha  preferido  à  cinco  ô  seis  aatores  que  se  presentàron  para  oca- 
par  la  plaza  de  secretario  de  su  ramo. 

Me  alegro  infinito  de  eso,  querido  Fabricio,  le  dije,  porque 
ese  don  Beltran  verosimilmente  sera  muy  rico.  ;  Como  rico  !  me 
replicô  Fabricio  :  dicen  que  ni  aun  -él  mismo  sabe  lo  que  tiene. 
Pero  como  quiera  que  sea ,  he  aqui  en  que  consiste  ei  empleo  que 
desempefio  en  su  casa.  Como  se  preda  de  cortejante  y  qaiere  pa- 
sar  por  hombre  de  ingenio ,  se  vale  de  mi  pluma  para  oomponer 
billetes  llenos  de  sal  y  de  gracia ,  dirigidos  i  mochas  damas  muy 
vivarachas  con  quienes  tiene  frecuente  correspondenda.  En  su 


LIBRO  UNDÉCmÔ.  531 

nombre  escribo  à  una  en  yerso,  à  otra  en  prosa  ,  y  algunas  yeces 
yo  mismo  soy  el  portador  de  los  billetes  para  hacer  ver  mis  mu- 
chos  ta]entos. 

Pero  tù  no  me  enteras ,  le  dije ,  de  lo  que  mas  deseo  saber  : 
te  pagan  bien  tus  epigramas  epistolaresT  Con  mocha  liberalidad, 
me  respondiô  :  no  todos  los  ricos  son  espléndidos ,  pues  algunos 
conozco  que  son  muy  tacaftos  ;  pero  don  Beltran  se  porta  con- 
mlgo  generosamente.  Ademar  de  los  doscientos  doblones  de 
soeldo  que  me  tiene  sefialados ,  me  da  de  tiempo  en  tiempo  al- 
gunas pequeAas  gratificadones  ;  lo  coal  me  pone  en  estado  de 
hacer  el  papel  de  seftor,  y  de  pasar  d  tiempo  alegremente  con 
algunos  autores  tan  enemigos  como  yo  de  la  melancolia.  Eh  soma, 
le  répliqué  yo,  i  es  tu  tesorero  hbmbre  de  tanto  gusto  que  co- 
nozca  las  bellezas  de  una  obra  y  note  sus  defectos?  Oh,  tanto 
como  eso  no ,  me  respondiô  Nufiez  ;  aunque  tiene  una  yerbosidad 
que  deslumbra ,  no  es  inteligente.  Sin  embargo ,  se  crée  otro 
Tarpa  *  :  decide  resueltamente ,  y  sostiene  su  opinion  con  tanta 
altaneria  y  tenacidad  que  las  mas  de  las  yeces ,  cuando  disputa  ^ 
todos  se  yen  obligados  A  céder  para  eyitar  una  granizada  de  ex- 
presiones  descorteses  que  acostumbra  descargar  sobre  los  que 
le  contradicen. 

De  aqui  puedes  inferir  que  pongo  el  mayor  cuîdado  en  no 
oponerme  jamas  à  lo  que  dîce ,  por  mas  razon  que  muchas  ye- 
ces me  asista  para  ello ,  porque  ademas  de  los  epitetos  poco  gus- 
tosos  que  oiria  de  su  boca ,  es  seguro  que  me  echaria  à  la  calle. 
ApruebOy  pues,  continué,  todo  lo  que  ël  alaba,  y  repruebo 
todo  cuanto  le  disgusta.  Por  esta  condescendencia ,  que  en  la 
realidad  poco  6  nada  me  cuesta,  pues  fî&cilmente  me  acomodo 
al  caràcter  y  genio  de  las  personas  que  me  pueden  senrir,  me  he 
hecho  duefio  de  la  estimacion  y  yoluntad  de  mi  patrono.  Empe- 
nôme  en  componer  una  tragedia ,  cuya  idea  me  sugiriô  èl  mismo. 
Gompùsela  à  yista  suya  ;  si  sale  bien ,  deberé  toda  mi  gloria  à  las 
lecciones  que  ël  me  ha  dado. 

Preguntële  eltitulo  de  la  tragedia;  y  me  respondiô  :  Intitùlase 
el  Conde  de  Saldafia^  la  cual  se  representarà  en  el  corral  del 
Principe  dentrode  très  dias.  Deseo  mucho,ie  répliqué,  que  lo- 
gre  todo  el  aplanso  y  concepto  que  tu  ingenio  me  hace  esperar. 
Yo  tambien  lo  espero ,  me  dijo  él  :  yerdad  es  que  no  hay  espe- 
ranzas  mas  felibles  que  estas,  por  estar  tan  inciertos  los  autores 
del  éxito  que  tendràn  sus  obras  en  las  tablas. 

Llegô  en  fin  el  dia  de  la  primera  representacion.  Yo  no  asisti 
é  ella  por  haberme  dado  el  ministro  cierto  encargo  que  me  lo 

*  Espurio  Mecio  Tarpa  fuë  un  crîtico  romano  del  tiempo  de  Augasto,  nom- 
brado  en  compania  de  otros  caatro  para  examinar  las  obras  dramâticas  y 
demas  composiciones  poëticas. 


532  GIL  BLAS. 

estorbô;  j  lo  mat  qae  pude  haoer  fM  enyiar  à  Escipion  para 
qae  à  lo  mènos  me  informase  del  éxito  de  una  pieza  en  qae  me 
interesaba.  Despnes  de  haberle  estado  esperando  con  impaciencia , 
le  yi  entrar  con  on  semblante  que  me  di6  mala  espina ,  y  no  me 
dej6  presaeiar  cosa  buena.  Y  bien,  le  preguntë,  ;como  ha  recH 
bido  el  publico  à  el  Conde  de  Saida4Uif  Malisimamente,  me 
respondii  :  en  mi  yida  he  yisto  comedia  tratada  con  mayor  igno- 
minia  ;  me  he  salido  indignado  de  la  insolencia  del  patio.  No  es- 
toy  yo  mënos  indignado,  le  interrumpi,  contra  la  mania  que 
Noflez  tiene  de  componer  piezas  dramâticas.  ^No  debe  haber 
perdido  el  juicio  para  preferir  los  ignominiosos  silbidos  del  po- 
pulacho  al  decoroso  estado  en  que  pnde  colocarle  ?  Asi  me  des- 
ahogaba  yo  echando  pestes  contra  el  poeta  de  Asturias  por  la 
inclinacion  que  le  tenta ,  afligièndome  de  la  desgracia  de  su  dra- 
ma ,  miëntras  èl  estaba  tan  satisfecbo  de  su  obra. 

Efectiyamente  dos  dias  despues  le  yi  entrar  en  mi  eoarto  que 
no  cabia  en  si  de  gozo.  Santillana ,  exclamé  alborozado  luego  que 
me  yiô ,  yengo  à  darte  parte  de  mi  suma  felicidad.  La  composi- 
cion  de  una  mala  tragedia  ha  causado  mi  fortuna.  Ya  sabrés  lo 
mal  que  fiiè  recibido  mi  pobre  Conde  de  Salda^  :  todos  los  es- 
pectadores  se  amotiniron  contra  ël  ;  pero  este  desenfreno  ani- 
yersal  fiië  justamente  el  que  aseguré  mi  dicha  para  toda  la  yida. 

Quedë  aturdido  al  oir  hablar  de  este  modo  al  poeta  NuAez. 
iComo  asi,  FabridoT  le  preguntë  pasmado:  ^es  posible  qued 
alto  desprecio  con  que  fiië  tratada  tu  tragedia ,  sea  puntualmente 
el  motiyo  de  tu  desmesurada  alegria?  ^i  es  ni  mas  ni  mënos, 
me  respondiô.  Ya  te  dije  la  mucha  parte  que  don  Beltran  tayo 
en  su  composicion  ;  por  lo  mismo  la  calificô  de  una  obra  é  to- 
das  luces  excelente.  Picado  en  extremo  de  que  el  pAblico  hubiera 
sido  de  un  sentir  tan  contrario  al  suyo ,  me  dijo  esta  mafiana  : 
Nuflez, 

yictrix  causa  Du»  placuii ,  ted  vicia  Catoni  / 

si  tu  tragedia  pareciô  tan  mal  i  las  gentes»  é  mi  me  gustô  mncho, 
y  esto  te  debe  bastar.  Y  para  que  te  oonsueles  del  dolor  que  na- 
turalmente  te  causarà  la  injusticîa  y  el  mal  gusto  del  siglo  pré- 
sente, desde  ahora  te  senalo  dos  mil  escudos  de  renta  annal  y 
yitalicia  sobre  todos  mis  bienes.  Vamos  desde  aqui  à  casa  de  mi 
escribano  à  otorgar  la  escritura.  Gon  efécto ,  partimos  inmedia- 
tamente.  El  tesorero  firmô  la  escritura  de  donacion,  y  me  ha 
pagado  el  primer  afto  anticipado. 

Di  mU  parabienes  à  Fabricio  por  el  desgraciado  ëxito  de  so 
Conde  de  SaldafUi,  que  habia  redundado  en  proyecho  ^el  autor. 
Tienes  razon ,  prosiguiô  ël ,  en  cumplimentarme  por  una  cosa 
tan  oxtraAa.  \  Dichoso  yo  una  y  mil  yeces  de  haber  sido  silbado! 


LIBRO  UNBÉCIMO.  S33 

Si  el  publico  mas  benevolo  me  hubiera  honracfo  con  sus  apian- 
SOS,  ^qnë  fruto  hubiera  sacado  de  ellosT  Ninguno,  6  à  lo  sumo 
algunos  reales  que  de  nada  me  servirian  ;  pero  los  silbidos  en 
un  instante  me  ban  puesto  en  estado  de  pasar  cômodamente  el 
resto  de  mis  dias. 


CAPITULO  XL 

Conngue  Santillana  un  empleo  para  Esdpion,  el  cual  te  embarca  para 
Nueya  Espa&a. 

No  mirô  mi  secretario  sin  alguna  enyidia  la  fanpensada  fortuna 
del  poeta  Nufiez ,  de  manera  que  en  toda  una  semana  no  cesô 
de  hablarme  de  ella.  Admirado  estoy,  me  decia,  de  los  capri- 
chos  de  la  Fortuna,  la  cual  muchasveces  parece  que  se  deleita 
en  colmar  de  bienes  à  un  detestable  autor,  miëntras  abandona  à 
los  mejores  en  manos  de  la  miseria  :  \  cnanto  celebraria  yo  que 
nn  dia  se  le  antojase  hacerme  rico  de  la  noche  i  la  maftana  !  Eso, 
le  dije ,  podri  quizà  suceder  mas  presto  de  lo  que  piensas.  Tù 
estas  ahora  en  el  templo  de  esa  deidad ,  porque ,  si  no  me  en- 
gaflo  mucho ,  la  casa  de  un  primer  ministro  se  puede  muy  bien 
Ilamar  el  templo  de  la  Fortuna,  donde  de  repente  seven  eleyados 
y  opulentos  los  que  logran  su  favor.  Becis,  seûor,  mucha  verdad, 
me  respondiô;  pero  es  men  ester  tener  paciencia  para  esperarle. 
Yuèlvote  à  decir,  le  répliqué,  que  te  sosiegues-.  iquien  sabe  si 
quizi  à  estas  horas  se  te  esta  preparando  alguna  buena  comi- 
sion?  Con  efecto,  pocos  dias  despues  se  me  presentô  ocasion 
de  emplearle  àtilmente  en  servicio  del  conde-duque,  y  no  la  dejè 


Hallàbame  una  maAana  en  conversacion  con  don  Ramon  Ca- 
poris,  mayordomo  del  primer  ministro,  y  era  el  asunto  sobre 
las  rentas  de  S.  E.  Mi  seflor,  decia  él,  goza'de  varias  encomien- 
das  en  todas  las  ôrdenes  mUitares,  que  le  reditùan  oada  afio 
cuarenta  mil  escudos,  sin  mas  obligacion  que  la  de  llevar  la 
Cruz  de  Alcantara.  Fuera  de  eso  los  très  empleos  de  gentil- 
hombre  de  càmara ,  caballerizo  mayor,  y  gran  canciller  de  Indias, 
le  producen  doscientos  mil  escudos.  Pero  todo  esto  es  nada  en 
comparacion  de  los  inmensos  caudales  que  saca  de  las  Indias. 
4  Sabe  vmd.  como?  Cuando  los  buques  del  rey  salen  de  Sevilla  ô 
de  Lisboa  para  aquellos  patses ,  hace  embarcar  en  ellos  vino , 
aceite  y  todo  el  trigo  que  le  produce  su  condado  de  Olivares,  sin 
que  le  cueste  un  maravedi  la  conduccion.  En  Indias  se  venden 
estos  géneros  à  precio  cuatro  veces  mayor  del  que  valen  en  Es- 
pafta.  Con  el  dinero  quegana  en  esta  venta,  compra  especeria , 
colores  y  otras  drogas  que  en  el  nuevo  mundo  estàn  casi  de 


334  GIL  BLAS. 

balde ,  y  en  Europa  se  Tenden  â  subido  predo.  Este  es  un  tréfioo 
que  le  vale  machos  milloDes  sin  el  menor  perjuicio  del  erario.  Y 
Bo  extrafiarà  vmd.,  continuô,  que  las  persooas  empleadas  en 
hacer  este  comercio  vuelvan  todas  cargadas  de  riquezas ,  por- 
que  S.  E.  Ueva  à  bien  que  haciendo  su  negocio  hagan  tûnbien 
ellas  cl  suyo. 

El  hijo  de  la  Coscolina ,  que  escuchaba  nuestra  couTersadon , 
no  pudo  oir  hablar  asi  à  don  Ramon  sin  interrumpirle  :  Fardiez , 
seAor  CaporiSy  exdamô ,  que  yo  de  buena  gana  séria  uno  de  esos 
empleados ,  y  mas  que  ha  muchos  afios  tengo  grandes  deseos  de 
ver  â  Mèjico.  Presto  satisferia  yo  tu  curiosidad ,  le  dijo  el  mayor- 
dormo ,  si  el  seAor  de  Santillana  no  se  opusiera  à  tus  deseos. 
Aunque  soy  algo  delicado  en  la  eleccion  de  los  sugetos  que  en- 
yio  A  las  Indias  para  hacer  este  trifico  »  porque  al  fin  yo  soy  el 
que  los  nombro ,  desde  luego  te  sentaria  degamente  en  mi  re-* 
gistro ,  con  tal  que  lo  consintiese  tu  amo.  Mucha  satisfacdon 
tendria,  dije  à  don  Ramon,  en  que  vmd.  me  dièse  esta  prueba 
de  amistad.  Escipion  es  un  mozo  à  quien  estimo ,  y  ademas  de 
eso  es  muy  capaz  y  tan  puntaal  en  todo  lo  que  se  pone  à  su 
<^^go»  que  espero  no  daràel  menor  motivo  de  disgusto:  res- 
pondo  por  él  como  pudiera  responder  por  ml  mismo. 

Siendo  asi,  replicô  Caporis,  desde  luego  puede  marcharàSe- 
yilla,  de  donde  dentro  de  un  mes  se  harén  à  la  vela  los  navios 
que  han  de  pasar  à  Indias.  Llevarà  una  carta  mia  para  derto 
sugeto  que  le  instruira  bien  en  todo  lo  que  debe  hacer  para  uti- 
lizar  mucho  sin  el  menor  perjuicio  de  los  mtereses  de  S.  E. ,  que 
siempre  deben  ser  muy  sagrados  para  H. 

Alegrlsimo  Escipion  con  el  nueyo  empleo ,  dispuso  su  yiage  a 
Sevilla  con  mil  escudos  que  le  di  para  que  comprase  en  Andalu- 
da  vino  y  aceite ,  y  pudiese  asi  traficar  por  su  cuenta  en  las  In- 
dias. Mas  siu  embargo  de  las  esperanzas  que  Uevaba  de  mqorar 
de  fortuna  en  el  viage,  no  pudo  separarse  de  mi  sîn  légrnnas, 
ni  yo  privarme  de  él  con  ojos  enjutos. 


CAPITULO  XU. 

Llega  â  Madrid  don  Alfonso  deLeiya  :  motiyo  de  su  TÎage  :  grave  aflîccioo  de 
Gil  Bias  ;  j  alegrîa  que  le  signiô. 

Apénas  se  habia  ausentado  Escipion ,  cuando  un  page  de!  mi- 
nistro  entrô  en  mi  cuarto  y  me  entregô  un  billete  que  contenia 
estas  palabras  :  Si  el  seikor  de  Santillana  qvmete  lonutrte  la  mo- 
lestia  de  ir  al  meum  de  San  Gabriel  en  la  calle  de  Toledo ,  vera 
en  él  d  uno  de  sus  magores  amtgos^ 

é Quien  podrà  ser  este  amigoT  decia  yo  entre  mi  mismo,  i  y 


LIfiRO  UNDÉCIHO.  63& 

por  que  razon  me  ocultarà  sn  nombre?  Tal  vez  quiere  sazo- 
narme  el  gusto  de  verle  con  el  sainete  de  la  sorpresa.  Sali  at 
instante  de  casa ,  me  encaminè  à  la  calle  de  Toledo ,  Ileguè  al 
sitio  seftalado ,  y  me  quedé  no  poco  saspenso  de  encontrar  à  don 
Alfonso  de  Leiva.  |Qué  es  lo  que  veol  exclamé:  |  Y.  S.  aqui^ 
seflor  I  Si ,  mi  querido  Gil  Bias ,  me  respondiô  teniéndome  estre- 
chamente  abrazado.  £1  mismo  don  Alfonso  en  persona  es  el  que 
tienes  &  la  yista.  ;  Pero  que  negocio  le  ha  traido  à  Y.  S.  à  Ma- 
drid? le  dije.  Te  yoy  à  sorprender,  me  respondiô,  y  afligirte 
enteràndote  de  la  causa  de  mi  viage.  Sàbete  que  me  han  quitado 
el  gobierno  de  Yalencia,  y  que  el  primer  ministro  ha  mandado  me 
présente  en  la  corte  à  dar  cuenta  de  mi  conducta.  Permaneci  un 
caarto  de  hora  en  un  profiindo  silencio:  despues  yoWiendo  à 
lomar  la  palabra  :  ;  De  que  se  le  acusa  à  Y.  S.  ?  le  dije  :  Nada  se , 
respondiô  ;  pero  atribuyo  mi  desgrada  à  la  visita  que  hice  très 
semanas  ha  al  cardenal  duque  de  Lerma,  que  hace  un  mes  se 
halla  confinado  en  su  palacio  de  Dénia. 

iOh!  en  verdad ,  interrùmpi  yo,  que  Y.  S.tiene  razon  en  atri- 
buir  su  desgracia  à  esa  indiscreta  yisita:  no  hay  que  buscar 
otra  culpa  ;  y  Y.  S.  me  permitiri  le  diga  que  se  olvidô  de  consultar 
su  acostumbrada  prudencia  cuando  fué  à  yer  à  un  ministro  des- 
graciado.  £1  yerro  ya  se  cometiô ,  me  dijo  él ,  y  he  tomado  yo- 
luntariamente  mi  determinacion.  Me  retiraré  con  mi  familia  é  la 
<|uinta  de  Leiya ,  donde  pasaré  en  un  profundo  sosiego  el  resto 
de  mis  dîas.  Lo  ùnico  que  ahora  me  aflige ,  aftadiô ,  es  el  yerme 
obligado  à  presentarme  à  un  ministro  orguUoso  y  dominante , 
que  quizà  me  recibirà  con  poco  agrado ,  cosa  intolerable  para 
quien  naciô  con  alguna  honra.  À  pesar  de  que  esto  es  una  ne- 
cesidad ,  he  querido  hablarte  antes  de  someterme  à  ella.  Sefior , 
le  dije ,  no  se  présente  Y.  S.  al  ministro  sin  que  yo  sepa  antes 
de  lo  que  se  le  acusa ,  pues  el  mal  no  es  irreparable.  Sea  lo 
que  fuere,  Y.  S.  se  seryirà  Ueyar  à  bien  que  yo  dé  en  el  asunto 
todos  aquellos  pasos  que  exigen  de  mi  la  gratitud  y  el  afecto. 
Diciendo  esto  le  dejé  en  el  meson ,  aseguràndole  que  dentro 
de  poco  nos  yolveriamos  à  yer. 

Como  yo  no  interyenia  ya  en  ningun  negocio  de  estado  desde 
las  dos  memorias  de  que  he  hecho  tan  elocuente  mencion ,  fol  i 
buscar  à  Carnero  para  preguntarle  si  era  yerdad  que  é  don  Al* 
fonso  de  Leiya  se  le  habia  quitado  el  gobierno  de  la  ciudad  de 
Yalenda.  Aespondiôme  que  si  y  pero  que  ignoraba  la  causa  de 
ello.  Con  esto  resolyi  sin  yacilar  acudir  al  mismo  ministro  para 
saber  de  su  propia  boca  los  motiyos  que  podia  tener  para  estar 
quejoso  del  hijo  de  don  César. 

Estaba  yo  tanpenetrado  de  dolor  por  este  fatal  acontecimiento, 
que  no  tuye  necesidad  de  aparentar  tristeza  para  parecer  afligido 
à  los  ojos  del  conde.  ;Qné  tienes,  Santillana?  me  preguntô  luego 


536  GIL  BLAS. 

que  me  viô  :  deacubro  en  lu  semblante  sefiales  de  pesadumbre , 
Y  aun  yeo  que  las  légrimas  estén  prontas  à  correr  de  tus  ojos. 
^Te  ha  ofendido  alguno?  babia,  y  pronto  quedarés  vengado. 
SeAor,  le  respond!  llorando,  aon  cuando  quisiera  disimular  mi 
pena  no  podria ,  porque  casi  llega  à  términos  de  desesperadon. 
Acaban  de  asegurarme  que  ya  no  es  gobernador  de  Valencia 
don  Alfonso  de  Leiva ,  y  no  podian  darme  noticia  que  me  faera 
mas  sensible*  ;Quë  me  dices,  Gil  Bias  ?  repuso  el  ministro  admi- 
rado  :  i  pues  que  tienes  tu  con  don  Alfonso  ni  con  su  gobiemo  ? 
Entônces  le  bice  una  puntual  relacion  de  todas  las  obligacionea 
que  debia  à  los  seAores  de  Leiva ,  y  despues  le  conté  como  y 
cuando  habia  yo  obtenido  del  duque  de  Lerma  para  el  hijo  de 
don  César  el  gobierno  de  que  se  trataba.  Despues  que  S.  E.  me 
oyô  con  una  atencion  llena  de  bondad  h&cia  mi,  me  dijo  :  En-^ 
juga  tus  légrimas,  amigo  mio.  Ademas  de  que  yo  ignoraba  lo  que 
me  acabas  de  contar ,  te  confésaré  que  miraba  a  don  Alfonso 
como  hechura  del  cardenal  de  Lerma.  Ponte  en  mi  lugar  ;  la  yî- 
sita  que  hizo  à  este  purpurado  ;  no  te  le  hubiera  hecbo  sospe- 
choso?  Quiero  no  obstante  créer  que,  habiéndosele  oonferido  sa 
empleo  por  aquel  jninistro ,  puede  haber  dado  este  paso  por  un 
mero  impulso  de  agradedmiento.  Siento  haber  separado  de  sa 
empleo  à  un  hombre  que  te  le  debia  à  ti  ;  pero  si  deshice  lo 
que  habias  hecho  tù ,  puedo  repararlo ,  y  aun  quiero  hacer  por 
ti  mas  de  lo  que  hizo  el  duque  de  Lerma.  Don  Alfonso  de  Leiya 
tu  amigo  no  era  mas  que  gobernador  de  la  ciudad  de  Valencia  ; 
pero  yo  le  hago  yirey  del  reino  de  Aragon.  Te  doy  licencia  para 
que  le  comuniques  esta  noticia ,  y  puedes  dedrle  que  yenga  à 
prestar  juramento. 

Cuando  oi  estas  palabras  pasé  del  extremo  de  la  afliocion  ion 
exceso  de  alegria  que  me  enagenô  en  términos  que  lo  conodô 
S.  E.  en  el  modo  de  manifestarle  mi  agradecimiento  ;  mas  no  le 
desagradô  el  desconcierto  de  mis  palabras,  y  como  le  habia  en- 
terado  Ae  que  don  Alfonso  esuJ^a  en  Madrid ,  me  dijo  que 
podia  yo  presentàrsele  en  aquel  mismo  dia.  Fui  yolando  al  meson 
de  San  Gabriel,  en  donde  colmé  de  gozo  al  hijo  de  don  César 
anunciàndole  su  nuevo  empleo.  No  podia  créer  lo  que  yo  le 
decia,  porque  tenia  dificultad  en  persuadirse  de  que,  por  mas 
amistad  que  me  tuviera  el  primer  ministro ,  fuera  capaz  de  dar 
yireinatos  por  mi  influjo.  Condùjele  à  casa  del  conde-duque,  que 
le  recibiô  muy  afoblemente ,  y  le  dijo  que  se  habia  comporlado 
tan  bien  en  su  gobierno  de  la  ciudad  de  Valencia ,  que  contem- 
plândole  el  rey  apto  para  desempeûar  un  empleo  mas  eleyado , 
le  habia  nombrado  para  el  vireinato  de  Aragon.  Por  otra  parte, 
aftadiô ,  esta  dignidad  no  es  superior  à  la  categoria  de  yuestro 
nacimiento ,  y  la  nobleza  aragonesa  no  podria  quejarse  de  la 
eleccion  de  la  corte.  S.  E.  no  me  tomô  en  boca ,  y  el  publico 


UBRO  UNDÉGIHO.  637 

igDorô  la  parte  que  70  habia  tenido  en  aqoel  negocio ,  lo  que 
poso  à  cubierto  à  don  Alfonso  y  al  ministro  de  las  habladurlas 
del  publico  sobre  el  nombramiento  de  un  virey  que  era  he- 
chura  mia. 

Luego  que  el  hîjo  de  don  César  estuvo  seguro  de  su  promo- 
cion  y  despachô  un  propio  à  Valencia  para  noticiarla  à  su  padre 
y  à  Serafina,  que  al  momento  pasàron  à  Madrid  ;  y  su  primera 
diligencia  fué  Yisitarme  y  colmarme  de  demostraciones  de  viro 
agradecimiento.  ;  Que  espectâculo  tan  tierno  y  glorioso  fiiè  para 
mi  yer  à  las  très  personas  que  mas  amaba  en  el  mundo  abra- 
zarme  â  competencial  Tan  agradecidos  à  mi  amor  como  al  es- 
plendor  que  el  yireinato  iba  â  afiadir  à  su  casa,  no  hallaban 
palabras  con  que  manifestar  su  reconocimiento.  Me  hablaban  como 
81  trataran  con  un  igual  suyo ,  paredendo  haber  ohidado  que 
habian  sido  mis  amos  :  todo  les  parecia  poco  para  darme  prue- 
bas  de  amistad.  Para  suprimir  circunstandas  inutiles ,  don  Al- 
fonso, despues  de  haber  recibido  el  real  despachô,  dado  gracias 
al  rey  y  al  ministro ,  y  prestado  el  juramento  acostumbrado  » 
marchô  de  Madrid  con  su  familia  para  ir  à  establecer  su  resi- 
dencia  en  Zaragoza.  Hizo  alli  su  entrada  pùblica  con  la  mayor 
magnificencia  ;  y  los  Aragoneses  acreditàron  con  sus  adamaciones 
que  yo  les  babia  dado  un  virey  que  les  era  muy  acepto. 


cAPiTULO  xm. 

Encuentra  Gil  Bias  en  palado  i  don  Gaston  de  Cogollos,  j  i  don  Andres  de 
Tordesillas  :  â  donde  f  uëron  todos  très  :  fin  de  la  historia  de  don  Gaston  y 
doAa  Elena  de  Galisteo  :  que  senricio  hizoSantillana  4  Tordesillas. 

Loco  estaba  yo  de  contento  por  haber  iransformado  tan  fe- 
lizmente  en  yirey  i  un  gobemador  depuesto.  Los  mismos  seflores 
de  Leiva  no  estaban  tan  alegres  como  yo.  Presto  se  me  ofredô 
otra  ocasion  de  emplear  mi  yalimiento  à  fayor  de  un  amigo  ;  lo 
que  creo  conyeniente  contar,  para  hacer  yer  à  mis  lectores  que 
ya  no  era  yo  aquel  mismo  Gil  Bias  que  en  el  mihisterio  anterior 
yendia  las  mercedes  de  la  corte. 

Halléndome  un  dia  en  la  antecàmara  del  rey  hablando  con  al- 
gunos  seflores,  que  no  se  desdeflaban  de  admitirme  i  su  con- 
yersacion ,  sabiendo  que  me  queria  el  primer  ministro ,  yi  entre 
la  multitud  à  don  Gaston  de  Cogollos ,  aquel  reo  de  estado  â 
quien  habia  dejado  en  el  alcâzar  de  Segoyia ,  que  estaba  con  el 
alcaide  del  mismo  alcizar  don  Andres  de  Tordesillas.  Separème 
gustoso  de  las  personas  con  quienes  estaba,  para  ir  à  dar  un 
abrazo  à  estos  dos  amigos  mios.  Si  elles  se  admiràron  mucho 
de  yerme  alli ,  yo  me  admiré  mas  de  encontrarme  con  ellos. 


538  GIL  BLAS. 

Despaes  dereclprocos  abrazos»  me  dijo  doo  Gaston:  SeAor  de 
Santfllana,  tenemos  muchas  cosas  qoe  deciraoa,  y  no  estâmes  en 
parage  à  proposiio  para  eUo  ;  pennitame  Tmd.  qoe  le  condozca 
à  un  sitio  en  donde  el  seftor  de  TordesOlas  y  yo  tendrémos  el 
gusto  de  hablar  largamente  con  vmd.  Vine  en  ello  ;  abrimonos 
paso  por  entre  el  gentio,  y  salimos  de  palacio.  Hallàmos  el  cocbe 
de  don  Gaston ,  qne  le  estaba  esperando  en  la  calle ,  metimonos 
en  el  los  très ,  y  fuimos  à  apeamos  en  la  plaza  mayor,  en  donde 
se  hacen  las  corridas  de  toros  %  qoe  alli  yiyia  Gogollos  en  ona 
soberbia  casa. 

Seûor  Gil  Bias,  me  dijo  don  Andres  luego  qoe  entrémos  en 
una  sala  alhajada  con  magnificencia ,  paréoeme  que  coando  ymd. 
saliô  de  Segovia  habia  cobrado  horror  à  la  eorte ,  y  qne  iba  re- 
suelto  à  alejarse  de  ella  para  siempre.  Ese  era  en  efecto  mi  de- 
Signio  y  le  respondi ,  y  miéntras  yiviô  el  difunto  rey  no  mode  de 
parecer  ;  pero  luego  que  sope  que  ocupaba  el  trono  el  prindpe 
su  bijo,  quise  yer  si  el  nuevo  monarca  me  conocia:GOiiOGÎ6me; 
y  tu?e  la  dicha  de  que  me  recibiese  benignamente;  ti  mismome 
recomendô  al  primer  ministro,  quien  me  cobrô  amistad,  y  con 
el  cual  estoy  en  mucho  mas  auge  del  que  nunca  estuye  oon  el 
duque  de  Lerma.  Esto  es,  sefior  don  Andres  »  todo  lo  que  te- 
nia que  decirle  ;  ahora  digame  ymd.  si  se  mantiene  todayia  de 
alcaide  del  alcazar  de  Segoyia.  No  por  cierto,  me  respondiô;d 
conde-duque  puso  à  otro  en  mi  lugar  creyéndome  probablemente 
parcial  de  su  predecesor.  Yo,  dijo  entônces  don  Gaston,  obtuve 
mi  libertad  por  uoA  razon  contraria.  Apénas  supo  el  primer  mi- 
nisiro  que  yo  estaba  en  la  prision  de  Segoyia  por  ôrden  del  duqoe 
de  Lerma ,  cuando  me  mando  poner  en  libertad  ;  abora  se  trata, 
sefior  Gil  Bias ,  de  contaros  lo  que  me  suoediô  desde  que  sali 
del  alcazar. 

Lo  primero  que  hice,  continué,  despues  de  haber  dado  mil 
gracias  à  don  Andres  por  las  atenciones  que  le  babia  debido 
durante  mi  arresto,  fuè  yenirme  é  Madrid.  Presentfane  al  conde- 
duque  de  Olivares ,  el  cual  me  dijo  :  No  tema  ymd.  que  la  des- 
gracia  que  le  ha  sucedido  perjudique  en  lo  mas  minimo  i  su  re- 
putacion.  Ymd.  se  halla  plenamente  justificado,  y  estoy  tanto  mas 
seguro  de  su  inocencia ,  cuanto  que  el  marques  de  YiUareal ,  de 

'  Antes  de  haber  en  Madrid  plaza  construida  determiDadamente  para  las 
corridas  de  toros,  se  ejecutaban  estas  en  diferentes  pantos,  aegun  eran  mas  6 
menos  suntuosas ,  6  plausibles  los  motivos  de  las  fiestas  en  cuya  oelebridad  se 
hacian.  Las  en  que,  ademas  de  lidiar  con  los  toros ,  donde  salian  i  acrediCar 
su  destreza  y  valentia  los  caballeros,  se  corrian  tambien  parejas ,  ae  jogaba  de 
canas  y  de  sortija ,  que  eran  bastante  frecuentes ,  se  ejecutaban  en  U  plan 
mayor  6  del  mercado ,  situada  en  el  mismo  parage  donde  hoy  esta,  aonque  de 
figura  mas  irregular. 


LIBRO  UNDËCIMO.  539 

quien  se  le  sospechaba  à  ymd.  complice ,  no  era  culpable.  À  pe- 
sar  de  ser  Portugues  y  aun  pariente  del  daque  de  Braganza,  es 
mènes  pardal  del  duque  que  del  rey  mi  seftor.  Por  consiguiente 
no  debiô  imputàrsele  à  vmd.  como  delito  su  conexion  con  el 
marques  ;  y  para  ireparar  la  injusticia  que  se  bizo  à  ymd.  acu- 
sàndole  de  traicion ,  el  rey  le  hace  teniente  capitan  de  su  guardia 
espaûola.  Acepté  este  empleo  suplicando  à  S.  £.  me  permitiese, 
antes  de  entrar  à  desempeûarle,  pasar  à  Coria  à  yer  à  mi  tia 
doua  Leonor  de  Lajarilla.  Concediôme  el  ministro  un  mes  de  li- 
cencia para  el  yiage ,  el  que  emprendi  acompafiado  de  un  solo 
lacayo. 

Habiamos  pasado  ya  de  Colmenar ,  y  entrado  en  un  èamino 
hondo  entre  dos  colinas ,  cuando  yimos  à  un  caballero  que  se 
estaba  defendiendo  yalerosamente  de  très  hombres  que  le  aco- 
metian  à  un  tiempo.  No  me  detuye  un  punto  en  ir  à  socorrerle  : 
fui  yolando  hàcia  él ,  y  me  puse  à  su  lado.  Obseryë  cuando  me 
batia  que  nuestros  enemigos  estaban  enmascarados ,  y  que  re- 
ûiamos  con  anîmosos  combatientes.  Sin  embargo ,  à  pesar  de  su 
vigor  y  destreza  quedàmos  yencedores  :  atrayesë  à  uno  de  los 
très ,  que  cay6  del  caballo ,  y  los  otros  dos  huyèron  al  momento. 
Verdad  es  que  la  yictoria  no  fiiè  ménos  funesta  para  nosotros 
que  para  el  desgraciado  à  quien  yo  habia  muerto  ;  porque,  des- 
pues de  la  accion ,  tanto  mi  compafiero  como  yo  nos  hallémos 
peligrosamente  heridos.  Pero  figùrese  ymd.  cual  séria  mi  sor- 
presa  cuando  conoci  que  el  caballero  à  quien  habia  socorrido 
era  Gambados ,  marido  de  dofta  Elena.  No  quedô  ël  ménos  ad- 
mirado  al  yer  que  era  yo  su  defensor.  ;  Ah  don  Gaston  I  exda-* 
mô;  pues  que,  |sois  y  os  quien  venis  à  socorrerme!  Cuando 
abrazàsteis  mi  partido  con  tanta  generosidad ,  sin  duda  ignorar 
bais  que  defendiais  à  un  hombre  que  os  habia  robado  yuestra 
dama.  Es  cierto  que  lo  ignoraba,  le  respondi;  pero  aun  cuando 
lo  h^ibiera  sabido,  ;os  parece  que  hubiera  titubeado  en  hacer  lo 
que  hice?  ;Me  tendrèis  en  tan  mal  concepto  que  créais  tengo 
una  alma  y  il?  No,  no,  respondiô:  tengo  mejor  opinion  deyos^ 
y  si  muero  de  las  heridas  que  acabo  de  recibir,  deseo  que  las 
Yuestras  no  os  impidan  aproyecharos  de  mi  muerte.  Cambados, 
le  dije ,  aunque  no  he  oWidado  today ia  é  doiia Elena,  sabed  que 
no  apetezco  poseerla  à  costa  de  yuestra  yida;  y  aun  me  alegro 
mucho  de  haber  contribuido  é  salyaros  de  los  golpes  de  très 
asesinos ,  pues  que  en  ello  hice  una  accion  que  agradecerà  yues- 
tra esposa. 

Miéntras  estabamos  hablando  de  este  modo,  mi  lacayo  se 
apeô ,  y  acercàndose  al  caballero  que  estaba  tendido  en  el  suelo 
le  quitô  la  mascarilla ,  y  nos  hizo  yer  unas  focciones  que  luego 
conociô  Gambados.  Es  Gaprara ,  exdamô ,  aquel  pérfido  primo , 
que,  en  despecho  de  haber  perdido  una  rica  herencia  que  injus- 


540  GIL  BLAS. 

tamente  me  habia  dispatado ,  haœ  macho  tiempo  qae  pensab» 
asesinarme,  y  habia  por  ultimo  elegido  este  dia  para  reaÛzar  sos 
deseos  ;  pero  el  cielo  ha  permitido  qae  61  mismo  haya  side  b 
yictima  de  su  atentado. 

Entre  tanto  naestra  aaogre  oorria  en  abondancia,  y  per  ins- 
tantes nos  ibamos  debilitando.  Sin  embargo ,  heridos  como  esta- 
bamoSy  tuvimos  ànimo  para  Ilegar  hasta  el  logar  de  Yillarejo, 
qae  no  distaba  mas  qae  dos  tiros  de  ftisil  del  campo  de  batalla. 
Llegados  al  primer  meson ,  UamAmos  drujanos ,  y  vino  nno  que 
nos  dijéron  ser  may  hébil.  Exunind  naestras  heridas ,  y  hsdlô 
qae  eraa  may  peligrosas  ;  hizo  la  primera  cura,  y  i  la  mafiana 
aigniente  despues  de  haber  leyantado  el  yendaje  dedarô  mortales 
las  de  don  Bias,  pero  no  las  mias  ;  y  sas  pronôstioos  no  salièroo 
falsos. 

Yiéndose  Gambados  desahaciado ,  solo  pensô  en  prepararse  à 
morir.  Envi6  un  propio  à  su  mager  para  informarla  de  todo  lo 
aaoedido ,  y  del  triste  estado  en  que  se  hallaba.  Tarda  poco  do&a 
Elena  en  presentarse  en  Yillarejo ,  à  donde  llegô  con  el  espirita 
fiiertemente  agitado  por  dos  causas  diferentes  ;  por  el  peligro 
que  corria  la  vida  de  su  marido,  y  por  el  temor  de  que  mi  vista 
Yolviese  i  encender  en  sa  pecho  on  fiiego  mal  apagado  :  dos 
afectos  que  la  tenian  en  ana  terrible  conmocion.  SeAorar,  le  dijo 
don  Bias  luego  qae  la  yiô ,  aun  yenis  i  tiempo  para  redbir  mi 
ultima  despedida  ;  yoy  à  morir,  y  miro  mi  muerte  como  an  cas- 
tigo  del  cielo  por  la  iUsedad  con  que  os  robe  à  don  Gaston.  Hay 
léjos  de  quejarme  de  él,  yo  mismo  os  exhorto  i  que  le  resti- 
tuyais  un  corazon  que  le  usurpé*  DoAa  Elena  no  le  respondio 
sino  con  légrimas ,  y  à  la  yerdad  esta  era  la  mejor  respuesta  que 
le  podia  dar  ;  porque  no  estaba  tan  desprendida  de  mi  que  ha- 
biese  olvidado  el  artificio  de  que  se  habia  yalido  don  Bias  para 
determinarla  i  serme  infiel. 

Aconteci6  lo  que  el  cirujano  habia  pronosticado ,  que  en  më- 
nos  de  très  dias  muriô  Gambados  dé  sus  heridas ,  en  yez  de  que 
las  mias  anunciaban  una  pronta  curacion.  La  yiuda ,  ocapada 
ùnicamente  en  el  cuidado  de  que  trasladasen  à  Goria  el  cadaver 
de  su  esposo ,  para  bacerle  los  honores  que  ella  debia  à  sus  ce- 
nizas ,  saliô  de  Yillarejo  para  volverse  aJU  despues  de  haberse 
informado  como  por  mera  urbanidad  del  estado  en  que  yo  me 
hallaba.  Scguila  luego  que  pudé  tomando  el  camino  de  Coria, 
donde  acabé  de  restablecenne.  Entônces  mi  tia  doAa  Leonor  y  don 
Jorge  de  Galisteo  determinâron  casarnos  à  la  viuda  y  i  mi  antes 
que  la  Fortana  nos  jugase  otra  pieza  como  la  pasada.  Efectuôse 
secretamente  el  matrimonio ,  en  atencion  à  là  reciente  maerte  de 
don  Bias  ;  y  de  alli  à  pocos  dias  volvi  à  Madrid  con  doAa  Elena. 
Gomo  se  habia  pasado  el  tiempo  de  mi  licencia ,  terni  que  el  mi> 
nistro  hubtese  dado  à  otro  la  tenencia  de  guardias  que  se  me  ha- 


LIBRO  UNDËCmO.  541 

bia  conferido  ;  pero  no  babia  dispuesto  de  ella ,  y  tiiYO  la  bondad 
de  admitir  la  disculpa  que  le  di  de  mi  tardanza. 

Soy ,  pues ,  prosiguiô  Cogollos ,  primer  teniente  de  la  guardia 
espaâola ,  y  estoy  muy  contento  con  mi  empleo.  He  grangeado 
amigos  de  trato  agradable  con  quienes  yIyo  gustoso.  He  alegrara 
poder  decir  otro  tanto,  internimpi6  aqui  don  Andres ,  pues  estoy 
muy  léjos  de  viyir  contento  con  mi  suerte  :  perdi  el  empleo  que 
tenia  ,  el  cual  me  daba  de  comer,  y  me  veo  sin  amigos  que  puedan 
ayudarme  à  adquirir  otro  sôlido.  Perdone  ymd.,  sefior  don  Andres, 
dije  yo  entônces  sonriéndome  ;  en  mi  tiene  ymd.  un  amigo  que 
puede  servirle  de  algo.  Vuelvo,  pues,  à  decir  que  el  conde- 
duque  me  estima  aun  quizà  mas  de  lo  que  me  estimaba  el  duque  de 
Lerma ,  ^  y  se  atreve  vmd.  à  decirme  en  mi  cara  que  no  conoce  é 
nadie  que  le  pueda  proporcionar  un  empleo  sôlido  ?  Pues  ^no  le 
hice  en  otro  tiempo  un  servicio  semgante?  Acuërdese  ymd.  de 
que  por  el  yalimiento  del  arzobispo  de  Granada  logrè  que  se  le 
nombrase  à  vmd.  para  ir  à  Méjico  à  desempeûar  un  empleo  en 
que  hubiera  hecbo  su  fortuna ,  si  el  amor  no  le  bubiera  detenido 
en  la  ciudad  de  Alicante  :  pues  me  ballô  en  mejor  estado  de  po- 
der servir  à  vmd.  actualmente,  que  estoy  al  lado  del  primer  mi- 
nistro«  Supuesto  eso ,  me  pongo  en  manos  do  ymd.,  repuso  Tor- 
desillas  ;  pero ,  aâadi6  sonriëndose  tambien ,  suplico  à  ymd.  que 
no  me  haga  el  fovor  de  enyiarme  à  Nueya  EspaAa,  porque  no 
querria  ir  aUà  aunque  me  bicieran  présidente  de  la  audiencia  de 
Méjico. 

Al  Uegar  aqui  nuestra  conyersacion  fué  interrumpida  por  dofia 
Elena  que  entr6  en  la  sala ,  y  cuya  persona ,  Uena  de  atractiyos , 
correspondia  i  la  encantadora  idea  que  me  babia  formado  de 
ella.  SeAora ,  le  dijo  Cogollos  y  este  cal>allero  es  el  sefior  de  San- 
tillana,  de  quien  os  be  bablado  varias  yeces,  y  cuya  amable 
compaflia  calm6  frecuentemente  en  la  prisîon  mis  pesares.  Si,  se- 
flora,  dije  à  dofia  Elena;  mi  conyersacion  le  agradaba,  porque 
siempre  era  ymd.  el  asunto  de  elIa.  La  bija  de  don  Jorge  respondiô 
modestamente  à  mi  cumplimiento  ;  despues  de  lo  cual  me  despedi 
de  ambos  esposos ,  aseguràndoles  lo  mucbo  que  celebraba  que  el 
himeneo  bubiese  por  ultimo  coronado  sus  prolongados  amores. 
Despues  dirigiendo  la  palabra  à  Tordesillas  y  le  rogué  que  me 
infbrmase  de  su  babitacion,  y,  babiéndolo  becbo ,  le  dije  :  Bon 
Andres  9  de  ymd.  no  me  despido  :  espero  que  antes  de  ocbo  dias 
yerà  ymd.  que  yo  reuno  el  poder  à  la  buena  yoluntad. 

No  quedé  por  embustero  :  al  dia  siguiente  el  conde-duque  me 
propordonô  la  ocasion  de  servir  i  este  alcaide.  Santillana,  me 
dijo  S.  E.,  esta  vacante  la  plaza  de  gobernador  de  la  circel  real 
de  Yalladolid;  vale  mas  de  trecientos  doblones  al  aflo,  y  me 
dan  ganas  de  dirtela.  No  la  quiero,  sefior ,  le  respondi,  aunque 
valga  diez  mil  ducados  de  renta  :  renuncio  à  todos  los  empleos 


542  GIL  BLAS. 

que  no  paeda  desempeftar  sin  alejarme  de  V.  E.  Pero  este ,  re- 
plicô  el  ministro ,  paedes  desempeAarle  muy  bien ,  sin  neoesidad 
de  salir  de  Madrid  sino  para  ir  de  cuando  en  cuando  à  Vallado- 
lid  é  yisitar  la  cérœl.  Ij^ga  Y .  E.  caanto  gaste ,  repnse  yo ,  no 
acepto  ese  empleo  sino  con  la  condicion  de  qae  se  me  permita 
rennnciarlo  à  fiiyor  de  an  digno  hidalgo  llamado  don  Andres  de 
Tordesillas,  alcaide  quefué  del  alc&zar  de  Segovia.  Me  alegraria 
hacerle  este  présente  en  reconocimiento  de  los  buenos  procède- 
res  de  que  osô  conmigo  durante  mi  prision. 

Sonriôse  el  ministro  de  oirme  hablar  asi ,  y  me  dijo  :  Por  lo 
que  veOy  Gfl  Bias ,  quieres  hacer  un  gobernador  de  la  circel  real 
del  modo  que  hiciste  un  TÎrey.  Pues  bien ,  sea  asi ,  amigo  mio , 
desde  hiego  te  concedo  la  plaza  vacante  para  TordesOIas  ;  poro 
dime  francamente  que  gratificacion  debe  producirte ,  porqne  no 
te  tengo  por  tan  simple  que  quieras  empefiar  tu  valimiento  de  balde. 
Seflor ,  le  respondi,  ^no  deben  pagarse  las  deudas?  Don  Andres 
me  propordonô  sin  interes  todas  las  comodidades  que  pudo  , 
^no  seré  justo  que  yo  le  corresponda?  Muy  desprendido  os  ha- 
beis  hechOy  sefior  de  Santillana,  me  replicô  S.  E.;  me  parece 
que  lo  erais  mucho  ménos  en  el  ultimo  ministerio.  Es  verdad  ,  le 
repuse ,  porque  el  mal  ejemplo  estragô  mis  costumbres  :  como 
entônces  todo  se  vendia,  me  conformé  con  el  nso  ;  y  como  en 
el  dia  todo  se  dâ ,  he  vuelto  à  recobrar  mi  integridad. 

Logréy  pues  y  que  se  proveyese  en  don  Andres  de  Tordesillas 
el  gobierno  de  la  càrcel  real  de  Valladolid ,  y  le  hice  marchar 
iuego  k  dicha  ciudad  tan  contento  con  su  nuevo  empleo ,  como 
lo  quedé  yo  por  haber  desempeflado  para  con  ël  las  obligaciones 
que  le  debia. 

rCAPlTULO  XIV. 

Va  Rantillapa  à  casa  del  poeta  Nuiiex  :  que  penonas  enoontro  en  ella  ;  j  que 

oonversacion  tuTÛfron  alli. 

Un  dia  despues  de  comer  se  me  antojô  ir  é  ver  al  poeta  as- 
turiano,  movido  solo  de  la  curiosidad  de  saber  que  vivienda 
tenia.  Me  encaminé  i  casa  del  seftor  don  Beltran  Gomez  del  Ri- 
hero,  y  pregunté  en  ella  por  NuAez.  Ya  no  vive  aqui,  me  res- 
pondiô  un  lacayo  que  estaba  à  la  puerta;  vive  ahora  en  aquella 
casa ,  afiadiô  mostràndome  una  que  estaba  cerca ,  y  ocupa  un 
cuarto  que  cae  à  espaldas  de  ella.  Fuime  allé ,  y  despues  de  hab» 
atravesado  un  patio  pequefto,  entré  en  una  sala  enteramente 
desalhajada ,  en  donde  halle  à  mi  amigo  Fabricio  sentado  toda- 
via  à  la  mesa  con  cinco  6  seis  amigos  suyos  i  quienes  habia  con- 
vidado  aquel  dia. 


LIBRO  UNDËCIMO.  543 

Estaban  al  fin  de  la  comida,  y  por  consigaiente  metidos  en  dis- 
puta  ;  pero  luego  que  me  yiéron ,  sacediô  un  profiindo  silencio  à 
su  ruidosa  conversacion.  Levantôse  apresuradamente  Nuftez  para 
recibirme,  exclamando  :  Caballeros,  aqui  esta  el  seftor  de  San- 
tillana  que  tiene  la  bondad  de  honrarme  con  una  de  sus  visitas  : 
ayùdenme  ustedes  é  tributar  respetuosos  obsequios  al  valido  del 
primer  ministro.  AI  oir  esto  todos  los  conyidados  se  levantâron 
tambien  para  saludarme;  y  en  consideracion  al  titulo  que  se  me 
habia  dado ,  me  hiciéron  cumplimientos  muy  reverentes.  Aunque 
yo  no  tenia  necesidad  de  beber  ni  de  corner ,  no  me  pude  escusar 
de  sentarme  à  la  mesa  con  ellos ,  y  aun  de  corresponder  i  un 
brîndis  que  me  dirigiëron. 

Paréciëndome  que  mi  presencia  les  impedia  continuar  hablando 
con  libertad  :  Sefiores ,  les  dije ,  creo  haJber  interrumpido  su  con- 
versacion; suplico  à  ustedes  la  continàen,  à  sino  me  retiro. 
Estes  sefioreSy  dijo  entônces  Fabricio,  estaban  hablando  de  la 
Ifigenia  de  Euripides.  El  bacbiller  M elcbor  de  Y illegas ,  erudito 
de  primer  ôrden  y  preguntaba  al  seAor  don  Jacinto  de  Romarate 
^qué  eralo  que  mas  le  interesaba  en  aquella  tragedia?  Asi  es, 
dijo  don  Jacinto  y  y  yo  le  be  respondido  que  el  peligro  en  que  se 
veia  Ifigenia.  Y  yo,  dijo  el  bachiller,  yo  le  be  replicado,  lo  que 
estoy  pronto  à  demostrar ,  que  no  es  el  peligro  lo  que  forma  el 
verdadero  interes  de  la  pieza.  Pues  ;,cttal  es?  exclamé  el  anciano 
licenciado  Gabriel  de  Leon.  El  yiento,  respondiô  elbachiller. 

Todos  diéron  una  carcajada  al  oir  unarespuesta  que  yo  nocrei 
formai,  imaginàpdome  que  Melchor  no  la  habia  dado  sino  por 
alegrar  la  conyersacion.  Pero  no  tenia  yo  noticia  de  aquel  sabio  : 
era  un  hombre  que  no  entendia  de  burlas ,  y  asi  dijo  con  grande 
seriedad  :  Rian  ustedes  cuanto  Içs  diere  la  gana,  que  yo  siempre 
sostendrë  que  lo  que  debe  bacer  mas  impresion  en  el  espectador, 
lo  que  debe  interesarle  y  suspenderle  mas ,  es  el  yiento.  Y  sino 
figùrense  ustedes  un  numeroso  ejército  unido  precisamente  para 
ir  à  sitiar  à  Troya.  Consideren  la  impaciencia  de  capitanes  y  sol- 
dados  por  emprender  y  conclutr  aquel  sitio ,  y  restituirse  cuanto 
intes  à  la  Grecia,  en  donde  habian  dejado  todo  lo  que  mas  ama- 
ban  en  este  mundo,  sus  dioses  lares,  sus  mugeres  y  Sus  hijos. 
Leyéntase  de  repente  un  maldito  viento  contrario  que  los  detiene 
en  Aulida,  y. los  tiene  ce mo  clayados  en  aquel  puerto,  tanto  que 
miéntras  no  se  mude  no  les  es  posible  ir  à  sitiar  la  dudad  de 
Priamo.  Pues  este  yiento  es  el  que  forma  el  interes  de  la  tra- 
gedia. Yo  me  declare  à  fevor  de  los  Griegos  porque  apruebo  su 
designio ,  y  solo  deseo  la  partida  de  su  flota ,  mirando  con  indt- 
ferencia  Ifigenia  en  peligro,  pues  que  su  muerte  es  un  medio  para 
obtener  de  los  dioses  un  yiento  favorable. 

Cuando  Yillegas  acabô  de  hablar ,  se  renovàron  his  carcajadas 
à  su  Costa.  Fingiô  Nuftez  apoyar  socarronamente  aquella  ridicula 


644  GIL  BLAS. 

opinion ,  tolo  por  dar  mas  materia  de  borla  à  los  zambones , 
los  caales  se  divirtiëron  diciendo  mil  graciosiaimas  chafletas  so- 
bre los  vientos.  Pero  el  bachillery  mirindolos  i  todos  con  aire  fle 
mâtico  y  orgulloso ,  los  tratô  de  ignorantes  y  gente  yolgar.  Yo 
estaba  temiendo  à  cada  momento  que  se  agarrasen  y  se  dîesen 
de  mojicones  estos  botarates ,  que  es  el  término  ordinario  de  sus 
disputas  ;  pero  fiié  vano  mi  temor ,  porque  todo  se  redujo  à  Ue- 
narse  reciproeamente  de  desyergûenzas ,  y  se  retiràron  despues 
de  haber  comido  y  bebido  à  discrecion. 

Luego  que  se  marchéron  pregunté  à  Fabricio  porqué  no  rîr 
via  en  casa  del  tesorero ,  y  si  acaso  habia  ocurrido  alguna  desa- 
venencia  entre  los  dos.  ^Desaveuencia?  me  respondiô,  Bios  me 
libre  de  ello  :  nunca  ha  estado  en  mayor  auge  mi  estimacion  con 
don  Beltran.  Supliquéle  me  permitiese  vivir  en  casa  separada ,  y 
alquilé  en  esta  el  cuarto  que  ves  para  gozar  de  mayor  libertad* 
Aqui  recibo  à  mis  amigos  que  me  vienen  à  ver  con  frecnencia , 
y  lo  paso  alegremente  con  ellos ,  porque  ya  sabes  que  mi  genio 
no  es  muy  inclinado  é  dejar  grandes  riquezas  à  mis  herederos. 
Mi  mayor  gusto  es  ballarme  al  présente  en  estado  de  tener  todos 
los  dias  à  mi  mesa  buena  compaûia  sin  peligro  de  arruinarme. 
Me  alegro  infinito ,  querido  NuAez ,  le  répliqué ,  y  no  puedo  mè- 
nes de  repetirte  mil  parabienes  por  el  éxito  de  tu  ultima  tragedia. 
Las  odiocientas  composiciones  dram&ticas  del  gran  Lope  de  Ve- 
ga no  le  yalièron  la  cuarta  parte  de  lo  que  te  ha  valide  à  ti  tu 
Cottde  de  Saldaàa. 


LIBRO  DUODECIMO. 


CAPITULO  L 

Enyia  el  ministra  i  Toledo  à  Gil  Bias  :  motivo  y  éiiio  de  su  TÎage. 

Hacia  ya  cerca  de  un  mes  que  S.  E.  me  repetia  todos  les  dias: 
Santillana ,  ya  llegando  el  tiempo  en  que  quiero  emplear  tu  ta- 
lento  y  destreza  ;  pero  este  tiempo  nunca  acababa  de  i^enir.  Llego 
en  fin  y  y  S.  £.  me  hablô  en  estos  termines  :  Se  dice  que  hay 
en  la  compaûia  de  comices  de  Toledo  una  actriz  muy  celebrada 
per  su  habilidad  :  se  asegura  que  baila  y  canta  divinamente:  qoe 
arrebata  à  los  espectadores  cuando  représenta  ;  y  se  aikade  tam- 
bien  que  es  muy  hermosa.  Una  persona  tan  recomendable  es  di- 
gna  de  venir  à  representar  en  la  corte.  Al  rey  le  gustan  las  oo- 


UBRO  DUODECIMO.  545 

médias ,  h  mùsica  y  el  baOe ,  y  no  le  desagrada  la  hermosura. 
No  me  pareoe  razon  que  S.  M.  carezca  del  placer  de  ver  y  oir  i 
una  muger  de  tanto  mërito.  Por  esto  he  resuelto  enyiarte  à  Toledo 
para  que  juzgues  por  ti  mismo  si  esa  actriz  es  tan  peregrina;  yo 
ne  atendrè  desde  luego  à  la  impresion  que  cause  en  ti,  y  me  fio 
enteramente  en  tu  discernimiento. 

Respond!  à  S.  £.  que  esperaba  dar  buena  cuenta  de  aquella 
coinisîon  ;  y  desde  luego  emprendi  mi  ^iage ,  acompaûado  de  un 
lacayo ,  à  quien  hice  dejar  la  librea  del  ministro  para  desempe- 
fiar  mi  encargo  con  mayor  secreto  ;  precaucion  que  agradô  a  S.  £. 
Tomiy  pues  9  el  camino  de  Toledo ,  en  donde  me  apeè  en  un  me- 
son iwnediato  al  alcizar.  No  bien  me  habia  apeado  cuando  el  me- 
iBOBero  ^  teniéndome  sin  duda  por  algun  caballero  de  las  cercanias , 
me  dijo  :  Naturalmente  vendra  Y.  S.  à  ver  la  augusta  ceremonia 
del  auto  de  te  que  se  célébra  maftana  en  Toledo.  Yo,  que  nada 
fiabîa  de  lai  auto ,  le  respond!  inmediatamente  que  si ,  para  ocul- 
taf  mejor  mi  designio ,  y  cortarle  la  gana  de  preguntarme  mas 
sobre  el  fin  que  llevaba  à  aquella  ciudad.  Yeré  Y.  S.,  prosiguiô 
él ,  uaa  de  las  mas  excelentes  procesiones  que  jamas  se  ban  yis- 
u>  ;  pues  hay ,  segun  se  dice ,  mas  de  den  penitenciados ,  entre 
los  cuales  pasan  de  diez  los  que  han  de  ser  quemados. 

Coa  efecto ,  el  dta  siguiente  antes  de  salir  el  sol  oi  tocar  to- 
das  las  campanas  de  la  ciudad  en  sefkal  de  que  iba  i  darse  prin- 
cipio  al  auto  de  fe.  Con  la  curiosidad  de  ver  esta  ceremonia  me 
yesti  aceleradamente ,  y  me  encaminë  hàcia  la  inquisicion.  Habia 
alli  cerca ,  y  de  trecho  en  trecho  por  donde  habia  de  pasar  la  pro- 
cesion ,  tablados  altos ,  en  uno  de  los  cuales  me  coloquè  por  mi 
dinero.  Iban  primero  los  padres  dominicoi  »  precedidos  del  es- 
tandarte  de  la  fe ,  6  pendon  del  santo  tribunal.  Tras  de  dichos 
religiosos  venian  los  reos  con  sus  capotilios  ô  especie  de  esca- 
pularios  de  tela  amarilla ,  formada  en  ellos  por  la  parte  anterior 
y  posterior  el  aspa  de  san  Andres  de  tela  roja ,  Uamada  sanbe- 
iitfOy  y  todos  con  corozas  en  la  cabeza ,  con  llamas  pintadas  las 
de  los  condenados  é  la  hoguera ,  y  sin  ellas  las  de  los  otros  de 
menor  pena. 

Hiraba  yo  à  todos  aquellos  infelices  cou  la  compasion  que  no 
se  puede  negar  à  la  humanidad ,  cuando  crei  descubrir  entre  los 
eicorozados  sin  Uamas  al  reverendo  padre  Hilario  y  é  su  com- 
palleio  el  hermano  Ambrosio.  Pasàrou  tan  cerca  de  mi ,  que  no 
pUde  equivocarme.  \  Que  es  lo  que  estoy  viendo  I  dije  entre  mi 
mismo ,  el  cielo,  cansado  de  los  excesos  de  estos  dos  malvados , 
los  ha  entregado  à  la  justicia  de  la  inquisicion.  Hablando  con- 
mîgo  de  esta  suerte  me  senti  aterrorizado ,  se  apoderô  de  mi  un 
temUor  universal ,  y  mi  ànimo  se  ttirbô  en  términos  que  terni 
caer  deamayado.  Las  relacioaes  que  yo  habia  tenido  con  aquellos 
briboQieSy  la  aventura  de  Cheha,  y  en  fio ,  todo  lo  que  habia- 

55 


546  GIL  BLAS. 

mos  hecho  juntos  acodiô  en  aquel  momento  i  representarse  à  mi 
imaginacion  ;  y  crei  que  no  podia  dar  saficientes  gracias  &  Dies 
de  haberme  preservado  del  sanbenito  y  de  la  coroza. 

Acabada  la  ceremonia  me  restitui  al  meson  temblando  per  el 
terrible  espectaculo  que  acababa  de  ver  ;  pero  las  tristes  ideas 
de  que  tenia  Ueno  el  inimo  se  disipàron  insensiblemente,  y 
solo  pensé  en  desempeftar  con  acierto  la  comision  que  me  habia 
encargado  mi  amo.  Espéré  con  impaciencia  la  bora  de  la  com^ 
dia  para  ir  &  ella ,  pareciéndome  que  este  era  el  primer  paso  que 
debia  dar.  Llegada  que  foé ,  me  dirigi  al  teatro ,  donde  casuai- 
mente  me  sente  junto  à  un  caballero  del  hàbito  de  Alcantara  con 
quien  entablé  luego  conyersacion ,  y  le  dîje  si  daba  licencia  à 
un  forastero  para  hacerle  una  pregunta.  Csd)allero ,  me  respon- 
diô  muy  atentamente ,  ymd.  me  bonraré  en  ello.  He  oîdo  ponde- 
rar ,  prosegui ,  à  los  cômicos  de  Toledo ,  ;  me  babrén  engafiado? 
No ,  me  respondiô  el  caballero ,  la  compafiia  no  es  mala ,  y  i  la 
yerdad  hay  en  ella  dos  papeles  excelentes.  Entre  otros  oîri  ymd. 
é  la  bella  Lucrecia ,  actriz  de  catorce  aftos ,  que  le  pasmarà.  No 
sera  menester  que  yo  se  la  muestre  é  ymd.  cuando  se  deje  yer 
en  la  escena,  porque  la  distinguirà  fôcilmente.  Yolyile  à  pregun- 
tar  si  representaria  aquella  tarde  :  me  respondiô  que  si ,  y  aun 
que  tenia  un  papel  de  mucho  ludmiento  en  la  piesa  que  se  iba 
é  representar. 

Principiô  la  comedîa ,  y  apareciéron  en  la  escena  dos  actrices 
que  nada  babian  omitido  de  cuanto  pudiera  contribuir  à  hacer- 
las  encantadoras  ;  perô ,  i  pesar  del  brillo  de  sus-  diamantes ,  ni 
una  ni  otra  me  pareciéron  ser  la  que  yo  esperaba.  En  fin,  dejôse 
yer  Lucrecia  en  el  fondo  del  teatro ,  y  su  aproximacion  à  la  es- 
cena fué  anunciada  con  un  palmoteo  general.  ;  Ah  I  esta  es ,  dije 
para  mi  :  ;  que  aire  tan  noble  !  ;  que  talle  I  { que  hermosos  ojos! 
iqué  salada  criatura  I  Con  efecto,  me  llené  completamente,  6, 
por  mejor  decir,  su  persona  me  dejô  absorto.  Desde  los  primeros 
yersos  que  récité  conoci  que  tenia  naturalidad ,  fuego ,  maestria 
superior  é  su  edad ,  y  réuni  yoluntariamente  mis  aplausos  A  los 
universales  que  le  tribute  el  concurso  en  todo  el  tiempo  que  duré 
la  representacion.  Y  bien ,  me  dijo  enténces  el  caballero ,  ya  ye 
ymd.  la  justicia  que  hace  el  publico  à  Lucrecia.  No  me  admiro, 
le  respondi.  Pues  ménos  se  admirarfa  ymd. ,  me  replied ,  si  la 
oyera  cantar  :  es  yerdaderamente  una  sirena  :  pobres  de  aquellos 
que  la  oyen ,  si  no  se  precayen  tapéndose  los  oidos  para  no 
quedar  encantados.  No  es  mènos  temible  cuando  baiia;  sus  pasos 
son  tan  peligrosos  como  su  yoz  ;  hechizan  los  ojos  y  cautiyan  el 
corazon.  Scgun  eso,  exclamé  yo  entônces ,  sera  preciso  confesar 
que  esta  nifla  es  un  portento.  i  Y  quien  es  el  mortal  yenturoso 
que  tienc  la  dicha  de  arruinarse  por  una  criatura  tan  preciosa? 
No  tiene  ningun  amante  que  se  scpa ,  me  dijo,  y  aun  la  mnrmu- 


LIBRO  DUODECIMO.  547 

racion  no  le  atribuye  ningnna  amistad  secreta  :  no  obstante,  ada- 
diô ,  acaso  pudiera  lenerla ,  porque  Lacrecia  esta  bajo  la  vigi- 
lancia  de  sa  lia  Estela,  que  sin  disputa  es  la  mas  àstuta  de  todas 
las  cômicas. 

Al  oir  el  nombre  de  Estela ,  pregunté  con  precipitacion  al  ta! 
cabattero  si  aquella  Estela  era  actriz  de  la  compafiia  de  Toledo. 
Y  de  las  mejores,  me  replicô:  hoy  no  ba  representado ,  y  en 
Terdad  que  no  hemos  perdido  poco.  Por  lo  comun  hace  el  pape! 
de  gracîosa ,  y  yerdaderamente  lo  desempefla  que  es  un  primor. 
I  Que  expresion  da  à  sus  papeles  !  tal  vez  les  aûade  algo  de  su 
myencion  ;  pero  este  es  un  hermoso  defecto  que  le  hace  gracia. 
Contôme  otras  mil  marayillas  de  la  tal  Estela ,  y  por  el  retrato 
qae  me  hizo  de  su  persona  no  dudé  fuese  Laura ,  aquella  misma 
qae  dejé  en  Granada,  y  de  quien  he  hablado  tanto  en  mi  historia. 

Para  cérciorarme  me  fui  derecho  al  yestuario  concluida  la  co- 
media.  Pregunté  por  la  sefiora  Estela ,  y  yolyiendo  los  ojos  à 
tbdas  partes  la  yi  sentada  al  brasero  en  conyersacion  con  algunos 
sefkores,  que  quizà  no  la  obsequiaban  sino  porque  era  tia  de  Lu- 
crecia.  Uegué  à  saludar  i  Laura  ,  y  fuese  por  capricho,  6  por 
yengarse  de  mi  precipitada  fuga  de  Granada,  fingiô  no  conocerme, 
y  recibi6  mi  saludo  con  tanta  sequedad  que  me  dej6  un  poco 
parado.  En  lugar  de  reconyenirle  con  risa  su  frio  redbimiento , 
foi  tan  simple  que  mostrè  formalizarme ,  y  aun  me  retiré  inco- 
modado ,  resuelto  en  aquel  primer  impulso  de  cèlera  à  yolyerme 
à  Madrid  el  dia  siguiente.  Para  yengarme  de  Laura ,  decia  yo , 
no  quiero  que  su  sobrina  tenga  el  honor  (le  representar  delante 
del  rey  :  para  esto ,  no  tengo  mas  que  hacer  al  ministre  el  re- 
trato que  se  me  antoje  de  Lucreda  ;  y  me  bastarà  decirle  que 
bafla  con  poco  garbo ,  que  su  yoz  es  àspera ,  y  que  toda  su 
gracia  consiste  en  sus  pocos  afios  :  estoy  seguro  que  desde  luego 
se  le  pasaré  à  S.  E.  la  gana  de  hacerla  ir  é  la  corte. 

Esta  era  la  yenganza  que  pensaba  tomar  del  desaire  que  Laura 
me  habia  hecho  ;  pero  durô  poco  mi  resentimiento.  La  mafiana 
siguiente,  cuando  me  estaba  disponiendo  é  marchar,  entrô  un 
lacayuelo  en  mi  cuarto,  y  me  dijo:  Aqui  traigo  un  billete  que 
tengo  que  entregar  al  sefior  de  ^ntillana.  Yo  soy,  hijo  mio ,  le 
dije ,  toméndole  la  carta  que  abri ,  y  que  contenia  estas  palabras  : 
Olvida  el  modo  con  que  oyer  te  recibi  en  el  teairo,  y  ven  con  el 
pOTtador  a  donde  il  te  guie.  Segui  luego  al  lacayuelo ,  que  me 
Ileyô  à  una  casa  muy  décente ,  no  distante  del  teatro ,  y  me  in- 
trodujo  en  un  cuarto  alhajado  con  aseo  y  buen  gusto,  donde 
encontre  à  Laura  en  su  tocador. 

Se leyantô  para  abrazarme,  didendo  :  Seûor  Gil  Bias,  conozco 
que  ymd.  tuyo  motiyo  para  salir  ayer  poco  contente  del  reci- 
bimiento  que  le  hice  cuando  foé  à  saludarme  en  el  yestuario  :  un 
antiguo  amigo  tenia  derecho  para  esperar  de  mi  una  acogida  mas 


548  GIL  BLAS. 

afoble  :  no  leogo  otra  disculpt  sino  que  me  haUaba  à  la  aazon  de 
maltoimo  homar,  por  haber  oido  ciertos  dicbos  malignes  que 
algimos  de  loa  seùores  cèmicos  tenian  aobre  la  condoou  de  mi 
sobrina ,  caya  hom^  me  importa  mas  que  la  mia.  La  prectpitada 
y  desabrida  retirada  de  vmd.  me  bko  rciyer  al  momento  de 
mi  distraocioD,  y  en  el  mismo  pualo  di  àrden  à  mi  lacayo  para 
que  siguiese  à  vmd.,  y  ayeriguase  su  poaada  con  énimo  de  repa- 
rar  hoy  mi  folta.  Ya  queda,  le  dije,  enteramente  reparada,  ni 
querida  Laura  ;  no  haUemos  mas  de  eso  :  ahora  enterémonos 
mutaamente  de  lo  que  nos  ha  suoedido  desde  el  malayentorado 
dia  en  que  el  temor  de  un  justo  casiigo  me  oblige  à  salir  tan 
aceleradamente  de  Granada.  Te  dejé ,  si  te  aouerdas ,  metida  en 
un  grande  embroUo.  ;Como  saliste  de  él7  ^No  es  verdad  ^k  ne- 
oesitiste  de  toda  tu  maestria  para  apaciguar  à  tu  amante  porta- 
gués?  Nada  de  eso,  respondiô  Laura;  4 pues  no  sabes  que  en 
semejantes  lances  los  bombres  son  tan  débiles  que  ellos  misBioa 
aborran  à  veoes  i  las  mugeres  hasta  el  4rab^o  de  justificarse  Y 

Sostuye»  continué  ella ,  al  marques  de  Marialba  que  eras  hei^ 
.  mano  mio.  Perdone  ymd.,  seftor  de  Santillana ,  que  le  hable  oon 
la  familiaridad  que  en  otro  tiempo,  porque  no  puedo  desiNrea- 
derme  de  las  costumbres  aAejas.  Dir^ ,  pues ,  que  le  hablé  oon 
desembarazo  y  entereza.  ^No  conoce  ymd.,  le  dqe  al  seûor  por- 
tugues,  que  todo  eso  es  obra  de  los  selos  y  de  la  indignadaa? 
Narcisa,  mi  compaftera  y  riyal,  colèrka  de  yer  que  yo  posée 
paclficamente  un  corazon  que  ella  ha  perdido ,  forj6  todo  este 
embuste.  Goheché  al.  sotadespabilador  del  teatro,  quien  para 
apoyar  su  resentimi^kto  tuyo  el  descaro  de  dedr  que  me  habîa 
yisto  en  Madrid  siryiendo  à  Arsenia.  Nada  hay  mas  Mso  :  la 
yinda  de  don  Antonio  CoeUo  ha  temdo  sieBq>re  pensamientos 
demasiado  nobles  para  quererse  someter  â  ser  criada  de  una  cô- 
mica.  Fuera  de  este ,  otra  patente  prueba  de  la  fidsedad  de  esta 
imputacion,  y  de  la  c<Mispiracion  de  mis  aousadores,  as  la  pre- 
«ipitada  fii^  de  mi  hermano ,  que  si  estuyiera  présente  dejaria 
sin  duda  bien  confîindida  la  calumnia;  pevo  Narcisa  ciertameme 
habrà  empleado  algun  nueyo  artifdo  para  hacerle  desapareœr. 

Aunque  estas  razones ,  prosiguiô  Laura ,  no  bastasen  para 
hacer  mi  compléta  apologia,  el  marques  tuyo  la  bondad  de  con- 
tentarse  con  eDas;  tanto  que  el  càndido  sefior  prosigui6  aman- 
dome  hasta  el  dia  en  que  dej6  à  Graaada  para  yoherse  à  Vor- 
tugal.  En  yerdad  su  partida  foë  muy  inmiediata  i  la  tuya,  y  la 
muger  de  Zspdâ^i  tuyo  d  consuelo  de  yerme  perder  el  amante 
que  yo  le  habia  quitado.  Permaneci  todayia  despues  algunos 
aftos  en  Granada;  pero  habièndose  introdueido  en  la  compaHia 
disensiones,  como  firecuentemente  sucede  entre  nosotres,  lodos 
los  càmicos  se  aeparirw:  unes  marchiron  é  SeyiUa»  otros  à 
C6rdoba,  y  yo  me  vine  à  Toledo»  donde  estoy  baœ  diez  silos 


LIBRO  DUODECIMO.  549 

CO»  mi  8iri)riaa  Lucrecia,  à  quieBayer  oiate  representar,  puesio 
que  estttviateB  en  la  cooiedia. 

No  pade  dejar  de  reirme  al  llegar  aquL  Laura  oie  pregimt6  de 
que  me  reia.  ;Pues  que  no  lo  adiyinas?  le  respondir:  tu  no 
tienes  hemumo  ni  hermana;  por  consigaiente  no  poedes  ser  tia 
de  Lucreda.  Ademas  de  eso,  cuando  cotejo  d  tiempo  que  ha  que 
aoa  separémos  con  la  edad  que  représenta  Lucrecia ,  me  parece 
que  puede  ser  algo  mas  estrecho  el  parentesco  entre  vosotra» 
dos. 

Ya  le  entiendo  à  vmd.»  sellor  Gil  Bias»  replicô  algo  sonrojada 
la  yiuda  de  don  Antonio  Codlo  :  como  vmdC  tiene  tan  présentes 
loa  tiempos  »  no  hay  medio  de  ^ngafiarle.  Ahora  bien  >  amigp 
mio ,  Lucrecia  es  hya  mia  y  del  marques  de  Marialha,  y  el  firuto 
de  nuestro  trato>  porque  no  quiero  ocultarte  mas  esta  yerdad. 
Vaya,  reina  mia,.  répliqué  yo,  que  es  grande  el  esfuerzo  que 
haces  en  reyelarme  este  secreto,  despues  que  me  confiàste  tus 
aventuras  con  el  administrador  del  hospital  de  Zamoniu  Como 
quiera  que  sea ,  yo  te  aseguro  que  Lucrecia  es  una  nifia.de  tanto 
mirito  que  el  publico  jamas  podrà  agradecerte  como  debe  el  re- 
gale que  le  biciste  en  ella.  ;  Ojalà  fiieran  como  este  todos  los  que 
le  hacen  tus  compaûeras  y  amigas  ! 

Quien  sabe  si  algun  lector  ladino al  llegar  aqpii  se  acordari  de, 
las  sécrétas  conversaciones  que  Laura  y  yo  tuyimos  en.  Granada 
cuando  era  secretario  del  marques  de  Marialba»  y  se  le  antojarà 
sospechar  que  podia  yo  tener  algun  derecbo  para  disputar  al 
marques  la  paternidad  de  Lucrecia  :  le  protesto  por  mi  honor 
f^ae  séria  injusta  su  sospecba. 

Di  en  seguîda  à  Laura  cuenta  de  mis  ayenturas ,  basta  el  es- 
tado  actual  de  mis  asuntos.  Oyôme  con  una  atencion  que  mos- 
traba  bien  no  série  indiferente  lo  que  le  decia.  Amigo  Santillana, 
me  dijo  luego  que  acabé  ^  yeo  que  représentas  un  papel  bri- 
llante en  el  teatro  del  mundo ,  y.  no  akanzo  à  manifestarte  lo 
mucho  que  me  complazco  en  eUo.  Cuando  yo  Ueye  à  Madrid  à 
Lucrecia  para  colocarla  en  la  compaflia  del  Principe ,  me  atrevo 
à  lisonjearme  de  que  haUarâ  en  el  seflor  de  Santillana  un  pode- 
roso  protector.  No  lo  dudes,  le  respondi:  cuenta  conmigo^  que 
bare  admitir  é  tu  hija  en  la  compafiia  del  Principe  cuando  quie« 
raa;  esto  pu^Io  prometërtelo  sin  haoer  alarde  de  mi  poder. 
Desde  luego  te  cogeria  la  palabra,  replicô  Laura ,  y  mafiana  mis- 
mo  marcharia  é  Madrid  si  no  estuyiera  escriturada  en  esta  com- 
paftia.  Esa  escritura  la  anula  una  real  ôrden ,  le  respondi  ;  yo 
me  encargo  de  ella,  y  la  recibiràs  antes  de  ocho  dias.  Tendre 
gran  placer  en  robarles  à  los  Toledanos  tu  Lucrecia:  una  acttiz 
tan  linda  ha  nacido  para  los  cortcsanos ,  y  nos  pertenccc  de  de- 
redio. 

À  este  tiempo  entrô  Lucrecia  en  el  cuarto.  Crei  ver  à  la  diosa 


650  GIL  BLAS. 

Hebé  ■  ;  tanta  era  sa  gracia  y  sa  lindeza  :  acababa  de  leYantarse, 
y  ludendo  sa  hermosora  natoral  sin  los  anxilios  del  arte ,  pre- 
senudNi  à  mi  yista  on  objeto  encantador.  Ven^  sobrina  mia,  le 
dijo  sa  madré,  yen  à  agradecer  é  este  seftor  la  buena  yohntad 
qoe  nos  tiene.  Es  ano  de  mis  amigos  antiguos ,  qae  tiene  gran 
yalimiento  en  la  corte ,  y  esté  empeflado  en  colocamos  é  ambas 
en  la  oompafiia  del  Principe.  De  esto  mostrô  alegria  la  nifta,  qoe 
me  hizo  ona  proftmda  oortesia,  y  me  dijo  con  ana  sonrisa  embe- 
lesadora  :  Doy  é  vmd.  may  hamildes  gracias  por  sa  benèvola  in- 
tencion  ;  pero  al  qoererme  separar  de  on  publico  qœ  me  estima , 
;està  ymd.  segaro  de  qae  no  desagradaré  al  de  Madrid  ?  Tal  yez 
perderè  en  el  cambio  ;  porque  mochas  yeces  he  oido  decir  à  mi 
tia  haber  conoddo  actores  muy  aplaodidos  en  una  cindad  y  su- 
foados  en  otra,  lo  coal  me  sobresalta:  tema  ymd.  eiponerme  al 
desprecio  de  la  corte,  y  exponerse  à  si  mismo  à  sofinr  sas  re- 
conyenciones.  Hermosa  Lacreda,  le  respondl,  eso  es  lo  qae  ni 
ano  ni  otro  debemos  temer  ;  entes  bien  lo  unico  qae  temo  es 
qae  ymd.  encienda  ana  gaerra  dyil  entre  los  grandes,  enamo- 
rindolos  i  todos.  El  sobresalto  de  mi  sobrina,  me  dijo  Laora, 
me  parece  mejor  fundado  qae  el  de  ymd*  ;  pero  bien  considerado 
ambos  los  tengo  por  yanos.  Si  Lucrecia  no  poede  Ilamar  la  aten- 
cion  pùblica  por  sas  atractiyos ,  en  recompensa  no  es  tan  mala 
actriz  qae  deba  ser  despreciada. 

Siguiô  todayia  algan  tiempo  la  conyersacion,  y  pade  adyertir 
por  la  parte  que  tomô  Lacrecia  en  ella  qae  era  una  jôyen  de  ex- 
traordinario  talento.  En  seguida  me  despedi  de  las  dos ,  asegn- 
ràndoles  qae  inmediatamente  recibirian  ôrden  de  la  corte  para  îr  à 
Madrid. 

CAPITULO  IL 

Da  Santillana  caenta  de  su  oomision  al  mimstit> ,  qaten  le  eDcarga  el  cmàmA» 
^   de  haoer  qae  resga  Lucreda  à  Madrid  ;  de  la  llegada  de  esta  actrit,  y  de  sa 
primera  representacion  en  la  oorte. 

Cuando  yolyi  à  Madrid  balle  al  conde-duque  may  impadente 
por  saber  el  resultado  de  mi  yiage.  Gil  Bias,  me  dijo ,  ^has  yisto 
à  nuestra  comedianta?  ^merece  que  se  le  haga  yenir  à  la  corte? 
Seûor,  le  respond! ,  la  foma ,  que  pondéra  comunmente  mas  de 
lo  justo  à  las  mugeres  hermosas ,  se  queda  muy  escasa  respecio 
de  la  jôyen  Lucreda,  que  es  una  persona  adnurable,  tanto  por 
su  hermosura ,  como  por  sus  habilidades. 

'  Hebé  era  la  dîosa  de  la  juTentud  y  de  las  gracias,  y  en  el  ciclo  se  oca- 
palïa  en  servir  el  nectar  en  copas  de  oro  à  los  dioses,  como  se  ha  dicho  en  U 
nota  del  libro  primero,  capitule  ▼. 


LIBRO  DUODECIMO.  551 

I  Es  posiblel  exclamé  el  ministro  con  una  satisfaccion  interior 
que  lei  en  sas  ojos ,  y  que  me  hizo  pensar  que  me  babia  enviado 
à  Toledo  por  su  interes personal:  4 es  posible  que  Lucrecia  sea 
tan  amable  como  me  dices  ?  Cuando  V.  £.  la  vea ,  le  respondi , 
confesarâ  que  no  se  puede  hacer  su  elogio  sin  disminuir  sus  he- 
chizos.  Santillana,  replied  S.  £.,  hazme  una  puntual  relacion  de 
tu  viage,  porque  tendre  particular  gusto  en  oirla.  ïomando  en- 
tônces  la  palabra  para  satisfacer  â  mi  amo ,  le  conté  hasta  la 
historia  de  Laura  inclusive.  Dijele  que  esta  actriz  habia  tenido  à 
Lucrecia  del  marques  de  Marialba,  seftor  portugues,  que,  babièn- 
dose  detenido  en  Granada  viajando ,  se  habia  enamorado  dc  ella. 
Finahnente ,  despues  de  haber  hecho  à  S.  E.  una  menuda  relaçiop 
de  lo  que  babia  pasado  entre  aqueHas  comediantas  y  yo ,  me  dijo  : 
Me  alegro  infinito  de  que  Lucrecia  sea  bija  de  un  sugeto  distin- 
goido  ;  eso  me  interesa  todavia  mas  en  su  favor,  y  es  necesario 
trperla  à  la  corte.  Pero  continua,  afiadio,  del  modo  que  has  comen- 
zado,  y  no  me  tomes  en  boca ,  sino  que  en  todo  ha  de  sonar  uni- 
camente  Gil  Bias  de  Santillana. 

Fui  à  verme  con  Carnero,  à  quien  dijc  quo  S.  £.  queria  que 
ël  despachase  una  Arden ,  por  la  cual  el  rey  admitia  en  su  com- 
paflia  cômica  à  Estela  y  à  Lucrecia,  actrices  de  la  de  Toledo. 
Muy  bien ,  seftor  de  Santillana ,  respondiô  Carnero  con  una  son- 
risa  maligna,  al  momento  sera  vmd.  servido ,  porque  segun  to- 
das  las  seûas  ymd.  se  interesa  por  esas  dos  damas.  Al  mismo. 
tiempo  exteudiô  de  propio  puAo  y  me  entregô  la  ôrden,  que  sin 
pèrdida  de  tiempo  envié  à  Estela  por  el  mismo  lacayo  que  me 
habia  acompafiado  à  Toledo.  Ocbo  dias  despues  Uegàro»  à  Ma- 
drid madré  é  hija  :  fùéron  &  hospedarse  en  una  fonda  ioi^ediaia 
al  corral  del  Principe ,  y  su  primer  cuidado  fiié  enviérmeto  à 
decir  por  medio  de  un  billete.  Pasé  al  punto  â  la  fonda ,  en  donde, 
despues  de  mil  ofertas  por  mi  parte,  y  de  agradecimientos  por 
la  suya,  las  dejé  para  que  se  dispusiesen  à  su  primer^  salida  à 
las  tablas ,  deseAndosela  dichosa  y  brillante. 

Se  biciéron  anunciar  al  publico  como  dos  actrices  nuevas  que 
la  compaflia  del  Principe  acababa  de  admitir  por  ôrden  de  la 
corte ,  y  representéron  por  primera  yez  una  comedia  que  solian 
representar  en  Toledo  con  aplauso. 

^  En  que  parte  del  mundo  déjà  de  gustar  la  n^vedad  en  punto 
à  espectéculos?  Hubo  aquel  dia  en  el  corral  de  comedias  un 
coDCurso  extraordinario  de  espectadores.  No  nccesito  decir  que 
no  faite  &  esta  representadon.  Estuve  algo  agitado  antes  que  la 
comedia  principiase,  porque,  por  mas  confianza  que  yo  tuviera 
en  la  habilidad  de  la  madré  y  de  la  hija,  temia  de  su  éxito  :  tanto 
me  interesaba  por  ellas.  Pero  apénas  abriéron  la  boca ,  se  des- 
Taneciô  mi  temor  con  los  aplausos  que  recibiéron.  Todos  celé- 
braban  à  Estela  como  una  actriz  consumada  en  bi  parte  graciosa. 


S59  GIL  BLAS. 

y  k  Lncreda  oomo  on  prodigio  para  los  papdes  amorosos.  Esta 
àltima  arrebatô  los  oorazones  :  iinos  admiréron  la  hermosnra  de 
sas  ojos ,  à  otros  encantô  la  saavidad  de  su  toe  ;  y  sorprendidos 
todos  de  80S  gracias  y  de  so  joyentod  florida,  salièroo  heclii- 
zados  de  so  persona. 

EI  oende-daqoe,  qoe  se  interesaba  mas  de  lo  qoe  yo  creia  en 
el  estreno  de  esta  actriz ,  asisti6  aqoella  tarde  i  la  oomedia ,  y 
le  vi  salir  hicta  el  fin  de  la  fondon  moy  prendado,  i  lo  qoe  me 
paredô ,  de  noestras  dos  cômicas.  Con  la  coriosîdiul  de  saber  si 
iiabia  qoedado  satistecho  de  eDas ,  le  segoi  i  so  casa ,  y  mecièn- 
dome  en  so  gabinete,  en  donde  acababa  de  entrar  :  Y  bien ,  su- 
itor excelentisimo,  le  dije,  i  le  ha  gostado  à  Y.  E.  la  Marialbha? 
Mi  excelmda ,  me  respondiô  sonriéndose ,  séria  descontentadiza 
si  se  negara  i  onir  so  yoto  con  el  del  pAblîco.  Si ,  hijo  mio ,  estoy 
encantado  de  to  Locreda,  y  no  dodo  qoe  el  rey  la  yea  con  placer. 

CAPITULO  m. 

Logr«  Luciecia  mnoba  oelebricUd  en  la  oorte  :  reprwenU  delante  àû  nj ,  que 
se  enamora  de  ella  ;  y  retultas  de  ettos  amores. 

La  primera  salida  al  teatro  de  las  dos  actrices  imeyas  Uamè 
hego  la  atencion  en  la  corte.  Habl6se  de  ellas  el  dia  sigoiente 
en  el  coarto  del  rey.  Aigonos  seflores  alabàron  tanto  à  Locreda, 
y  la  pintiron  tan  bermosa ,  qoe  el  retrato  excttô  la  coriosîdad 
del  monarca,  el  coal  iio  solo  disimolô  la  impresion  qoe  le  habia 
hecho,  sino  qoe  callô  y  aparentô  no  atender  à  aqoella  conyersadon. 

Con  todo,  loego  qoe  se  yiô  à  solas  con  el  conde-<loqoe ,  le 
pregontô  qoien  era  derta  actriz  que  tanto  le  habian  ponderado. 
El  ministro  le  respondi6  qoe  era  ona  jôyen  cômica  de  Toledo  qœ 
habia  representado  el  dia  anterior  por  primera  yez  con  mocha 
aceptadon.  Esta  actriz ,  aûadiô ,  se  llama  Locrecia,  nombre  que 
conyiene  con  mocha  propiedad  à  las  mogeres  de  so  profèsion. 
Conodala  Santillana ,  y  me  hablô  tan  bien  de  dia ,  qoe  me  pare- 
ciô  conyeniente  recibirla  en  la  compaikia  c6mica  de  Y.  M.  Sonriôse 
el  rey  coando  oyô  mi  nombre,  recordando  quizâ  en  aqoel  mo- 
mento  de  qoe  por  mi  habia  conoddo  à  Catalina,  y  presintiendo 
acaso  qoe  le  habia  de  prestar  el  mismo  seryicio  en  esta  ocaaon. 
Como  quiera  qoe  esto  foese,  el  rey  dijo  al  ministro  :  Conde, 
mafiana  qoiero  yer  representar  i  esa  Locreda  :  ten  cuidado  de 
hacërsek)  saber. 

Contôme  et  conde-duqoe  esta  conyersadon  que  habia  tenido 
eon  el  rey ,  y  me  mandô  n-  à  la  casa  de  las  dos  comediantas  para 
preyenirlas  de  la  intencion  de  S.  M.  Parti  yolando ,  y  habiendo 
encontrado  é  Laura  la  primera ,  Yengo ,  le  dge ,  à  daros  una  gran. 


UBRO  DUODECIMO.  8S3 

notida.  Mafiana  tendrëis  entre  vuestros  eq>eetadore$  al  aoberano  de 
la  moparquia  ;  asi  me  ha  mandado  el  miaistro  que  os  lo  prevenga. 
No  dudo  que  tu  y  tu  hija  emplearèis  todos  yue^os  esfuerzos  para 
corresponder  al  honor  que  el  monarca  qniere  hacero».  À  ese  fin  os 
aconsejo  elijaîs  una  comedia  en  que  haya  baile  y  mùsica ,  para 
que  Lacrecia  pueda  lucir  todas  sus  habilidades.  Seguirémos  tu 
consejo ,  me  respondiô  Laura ,  y  harèmos  lo  posQde  para  que  S,  M. 
quede  contento*  No  podrà  mënos  de  quedarlo,  répliqué  yo ,  yirado 
enténœs  à  Lucrecia  que  yenia  en  trage  casero ,  con  çl  cual  parecia 
cien  yeces  mas  agraciada  y  linda  que  adornada  con  las  mas  sobw- 
bias  galas  del  teatro.  Quedarà  tanto  mas  contepto  S.  M.  de  tu  ama* 
ble  sobrina,  cuanto  que  ninguna  cosa  le  diyierte  mas  que  el 
baile  y  el  oir  cantar  ;  y  ;  quien  sabe  si  acaso  no  la  mirarà  cou 
buenos o]os ,  tentàndole  los  de  Lucrecia?  No  quisiera,  interrum- 
piô  Laura ,  que  S.  M.  tuyiese  tal  tentacion  :  porque  à  pesar  de  ser 
un  monarca  tan  poderoso,  pudiera  hallar  obstâculo^  en  d  cunv- 
plîmiento  de  susdeseos.  Auoque  Lucrecia  se  ha  criado  entre  basti* 
dores  y  entre  las  licencias  del  teatro  »  tiene  Virtnd  ;  y  bien  que 
no  le  desagraden  los  aplausos  en  la  escena,  todayia  aprecia  mas 
ser  tenida  por  doncella  honrada ,  que  por  actriz  sobresaliente. 

Tia  mia ,  dijo  entônces  la  Marialbita  tomando  parte  en  la  conyer^ 
sadon ,  ;  à  que  fin  forjar  monstruos  imaginarios  para  combatirlos  ? 
Nunca  me  yerè  en  el  caso  de  desdeûar  los  suspiros  del  rey; 
porque  la  delicadeza  de  su  gusto  le  librarà  del  sonrojo  interior 
que  padeceria  por  haberse  abatido  basta  poner  los  ojos  en  mi* 
Pero ,  amable  Lucrecia,  le  dije,  si  aconieciera  que  el  rey  quisiese 
ofrecerte  su  corazon,  ^sérias  tan  cruel  que  le  dejases  suspirar  é 
lus  pies  como  â  otro  cualquier  amante?  ;Y  porque  no?  respon<- 
diô  prontameote  ;  sin  duda  que  lo  haria  asi  :  pues ,  prescindiendo 
de  la  yirtud ,  conozco  que  mi  yanidad  se  lisonjearia  mas  en  re- 
sistir  A  su  pasion ,  que  en  rendirme  à  ella.  No  me  admirô  poco 
oir  hablar  de  esta  manera  à  una  discipula  de  Laura.  Despedime 
de  las  dos  alabando  à  la  ultima  por  haber  dado  é  la  otra  tan 
buena  educacion. 

Impacienteel  rey  por  yer  à  Lucrecia,  fué  la  tarde  siguiente  al 
teatro.  Representôse  una  comedia  intermediada  de  mùsica  cantante 
y  de  baile  s  en  la  cual  sobresaliô  en  todas  cosas  nuestra  j6yea 
actriz. 

Desde  el  principio  hasta  el  fin  no  aparté  los  ojos  del  monarca, 
à  yer  si  podia  descubrir  por  los  suyos  lo  que  pasaba  en  su  in-* 


'  De  las  minuciosas  indagaciones  que  se  han  faecho  sobre  la  narrativa  de  esta 
historia  f  se  deduce  que  la  comedia  que  se  representô  en  este  dia  f  ne'  El  Desden 
con  el  Desden ,  que  acababa  de  componer  en  su  florida  edad  don  Agustin  Mo- 
reto/<f  se  repetia  con  aplauso  y  A  porfîa  en  todas  las  ciudades,  como  siicede 
boy  wisroo ,  y  sucederâ  hasta  el  fin  del  mundo. 


5S4  GIL  BLAS. 

tenor  ;  pero  burlô  toda  mi  peoetradon  con  on  aire  de  mages- 
toosa  grayedad  que  mostrô  conatantemente  haata  el  fin  ;  y  asi 
haaCa  el  dia  siguieDte  no  sape  lo  que  tenia  tantas  ganas  de  aaber. 
Santfllana ,  me  dijo  el  ministro ,  yengo  del  caarto  del  rey  :  me 
ha  hablado  de  Lacrecia  con  tan  encarecidas  exprestones  qae  no 
dudo  ha  quedado  may  prendado  de  ella.  Y  como  yo  le  tenia 
dicho  que  tu  eras  quien  la  hiciste  Tenir  de  Toledo,  ha  mostrado 
deseo  de  hablar  privadamente  contigo  sobre  este  particolar.  Ve 
al  momento  é  presentarte  à  la  puerta  de  su  caarto ,  donde  ya 
hay  orden  de  que  te  dejen  entrar  :  corre  y  yuelve  al  instante  à 
enterarme  de  esa  conversacion. 

Marché  al  punto  al  caarto  del  rey ,  i  quien  encontre  solo  :  pa- 
seàbase  i  paso  largo  esperàndome ,  y  parecia  estar  pensativo. 
Hizome  mucbas  preguntas  acerca  de  Lucrecia ,  cuya  historia  me 
obligô  à  contarle  ;  y  cuando  la  acabé ,  me  preguntô  si  aquella 
jôven  habia  tenido  alguna  distraccion.  Habiéndole  asegurado  re- 
soeltamente  que  no ,  sin  embargo  de  conocer  lo  arriesgadas 
que  suelen  ser  semejantes  aserdones  ,  el  monarca  diô  muestras 
de  gran  placer.  Siendo  eso  asi ,  repuso ,  te  elijo  por  agente  mio 
para  con  Lucrecia ,  y  quiero  que  sepa  por  tu  conducto  que  cora- 
zon  ha  conquistado.  Ye  i  decirselo  de  mi  parte,  aftadi6  entre- 
géndome  un  cofredto  Ueno  de  joyas  de  Talor  de  mas  de  dncuenta 
mil  ducados ,  y  dile  que  le  ruego  acepte  este  présente  como  pren- 
da  de  otras  pruebas  mas  sôlidas  de  miafécto. 

Antes  de  desempefiar  esta  comision  paséàver  al  conde-duque, 
à  quien  di  cuenta  fiel  de  lo  que  el  rey  me  habia  dicho.  Pensiaba 
yo  que  aquel  ministro,  en  lugar  de  celebrar  la  noticia,  la  senti- 
ria  ;  porque ,  como  ya  dijé ,  sospechaba  yo  que  tenia  sus  desi- 
gnios  amorosos  hâcia  Lucrecia ,  y  que  sabria  con  sentimiento  que 
su  seAor  era  su  riyal  ;  pero  me  engafiaba,  porque,  léjos  de  desazo- 
narle  la  noticia ,  se  alegr6  tanto  de  oirla  que ,  no  pudiendo  disimu- 
lar  su  gozo ,  dejô  escapar  algunas  expresiones  que  yo  recogi.  /  Ah 
rey  mio  !  exclamô,  aliora  H  que  te  iengo  seguro  ;  desde  este  ptoUo  van 
d  intimidarte  ios  negocios.  £sta  apôstrofe  me  hizo  Ter  con  clari- 
dad  todo  el  manejo  del  conde-duque,  y  conoci  que  este  seflor, 
temiendo  que  el  monarca  quisiera  ocuparse  en  asuntos  serios , 
procuraba  distraerle  con  las  diyersiones  mas  anélogas  à  su  ca- 
récter.  Santillana ,  me  dijo  Inego ,  no  pierdas  tiempo  ;  Te  cuanto 
entes ,  amigo  mio ,  é  obedecer  la  importante  ôrden  que  se  te  ha 
dado ,  y  de  que  muchos  cortesanos  se  gloriarian  se  les  hubiese 
confiado.  Piensa ,  continuô ,  que  no  tienes  aqul  al  conde  de  Lè- 
mos  que  te  quite  la  roejpr  parte  del  honor  el  serricio  hecho  ; 
tuyo  sera  por  entero ,  y  ademas  todo  el  fruto. 

De  este  modo  me  dorô  S.  E.  la  pildora ,  que  tragué  lo  mejor 
que  pude ,  m^  no  sin  percibir  su  amargura  ;  porque  despves  de 
mi  prision  me  habia  acostumbrado  i  mirar  las  cosas  bayo  un 


LEBRO  DUODECIMO.  555 

piinto  de  Tîsta  religioso  ;  y  el  empleo  de  M ercurio  en  gefé  no 
me  pareda  tan  honorlfico  Gomo  me  decian.  No  obstante,  aonque  no 
era  tan  yidoso  que  padiera  ejerdtarlo  sin  remordimiento ,  tam* 
pocoeratantami  yirtad  qae  tuyiese  yalor  para  rehusarlo.  Obe- 
deci ,  pnes ,  al  rey  Gon  tanto  mayor  gusto ,  cuanto  que  yeia  al 
mismo  tiempo  que  mi  obedienda  agradaria  al  ministro ,  i  quien 
anhelaba  complacer. 

Pareciôme  conyeniente  ayistarme  primero  con  Laura  y  ha- 
blarle  del  particular  à  solas.  Expusele  mi  comision  en  los  termi- 
nes mas  moderadoSy  conduyendo  mi  arenga  con  ponerle  en  la 
mano  el  cofireciDo.  À  yista  de  las  joyas ,  no  pudiendo  ocnltar 
sa  alegria,  la  manifesto  abiertamente.  Seftor  Gil  Bias ,  exdamô , 
à  presencia  del  mejor  y  mas  antiguo  de  mis  amigos  no  debo  re- 
primirme.  Haria  ml  en  ostentar  contigo  una  fingida  seyeridad 
de  costnmbres,  y  andar  en  retredierias.  Si  por  cierto,  prosi- 
gaiô  ella ,  confieso  que  me  foltan  yoces  para  explicar  el  rego- 
cijo  que  me  ha  causado  una  conquista  tan  predosa,  cuyas  yen- 
tajas  conozco  ;  pero  babhndo  entre  los  dos  temo  que  Lucrecia 
las  mire  con  otros  ojos  :  porque  aunque  criada  en  el  teatro ,  es 
tan  timorata ,  y  de  tanto  pundonor,  que  ya  ha  desechado  las 
ofertas  de  dos  seftores  amables  y  opulentos.  Dirésme  quizà,  pro- 
siguiô  ella,  que  dos  seftores  no  son  dos  reyes:  conyengo  en 
ello ,  y  tambien  en  que  un  amante  coronado  puede  hacer  titu- 
bear  layirtud  de  Lucreda.  Con  todo  eso  no  puedo  ménos  de  de- 
cirte  que  el  éxito  es  muy  dudoso,  y  te  aseguro  que  yo  no  harè 
Tîolenda  à  mi  hqa.  Si  esta,  léjos  de  considerarse  fiaiyoredda  con 
el  afecto  momentàneo  del  rey,  lo  mira  como  mancha  de  su  re- 
cato,  espero  que  este  gran  monarca  no  se  dé  por  ofendido  de 
su  repuisa.  Vuelye  maftana ,  afiadiô ,  y  te  dire  si  has  de  lleyarle 
una  respuesta  fieiyorable  6  sus  joyas. 

À  pesar  de  esto,  yo  no  dudaba  que  Laura  exhortaria  mas 
bien  à  Lucreda  à  desyiarse  de  su  deber  que  à  mantenerse  en  él  ; 
y  contaba  positiyamente  con  esta  exhortacion.  Sin  embargo  supe 
con  sorpresa  al  dia  siguiente  que  Laura  habia  tenido  tanta  difi- 
Goltad  en  encaminar  su  hija  hida  el  mal ,  oomo  otras  madrés  la 
tienen  en  conducir  las  suyas  hécia  el  bien  :  y  lo  que  mas  hay  que 
admirar  todayia  es  que  Lucrecia,  despues  de  haber  tenido  al- 
gunas  Gonyersadones  sécrétas  con  el  monarca,  quedô  tan  arre- 
pentida  de  haber  condescendido  con  sus  deseos,  que  de  repente 
rennndô  al  mundo ,  y  se  encorrô  en  un  conyento  de  la  yilla  de 
Madrid ,  dondeluego  enfermé  y  muriô  à  impulsos  de  la  yergûenza 
y  del  dolor.  Laura,  por  su  parte,  mconsolable  de  la.  pérdida 
de  su  hija,  de  cuya  muerte  se  consideraba  autora,  se  metiô  en 
las  arrepentidas,  donde  pas6  el  resto  de  su  yida  llorando  los 
amargos  gustos  de  sus  floridos  aftos.  Afligio  mucho  al  rey  el 
inopinado  retiro  de  Lucrecia  ;  pero  como  por  su  genio ,  natu- 


5M  GIL  BLAS. 


raloMole  indiMdo  i  dîTertine,  kaoan  poca  manftM  m  M  bs 
peaadoaifares,  le  M  oaosohiidko  poco  à  pooo.  El  oonde-doque 
apareDtA  la  mayor  indftrenoa  ë  înaeBtibiUdad  eo  este  sooeao , 
bien  que  no  dejô  de  deiaionarle ,  oomo  CMhieBie  lo  creeri  d 
adtertido  lector. 

CAPPTULO  IV. 

Maefoeaipleo  qn«  oonfim  el  mmistro  à  Stiitîttaïui. 

Me  foi  tan  leoaibie  k  deigracia  de  Lncreeia,  y  eipervMnifc 
lantoe  reiKirdiniîealos  de  haber  contribaido  à  alla ,  qae ,  eon»- 
derindome  eomo  on  iafame,  i  penar  de  la  elevacioB  del  amante 
à  qoien  kabia  serTîdo ,  resoki  abandonar  para  siempre  ei  cadaœo, 
y  manifestando  ai  mmistro  la  repngpumcia  qm  me  cansaba  el 
llerarle  »  le  supUqoë  me  emfdeaae  en  audqaiera  om  oosa.  San- 
tillana ,  me  dqo ,  me  agrada  sobre  mènera  ta  ddkadeza ,  y  pves 
ères  un  mozo  tan  honrado  ^  qniero  darte  ana  ocapadoa  mas 
conforme  i  tu  pmdencia ;  ôyela,  y  escooha om  ateadon  la  eon- 
fanza  qne  voy  à  hacerte. 

Algvnos  afios  entes  de  mi  prirania ,  tontinoâ ,  vi  por  casoBr- 
lidad  à  ona  dama  qve  me  pareciô  tan  airosa  y  tan  Imcb  que  hi^ 
la  siguiesen.  Sape  que  era  una  GeooTesa  llanuMia  dofla  Margarita 
Espinola ,  que  rivia  en  Madrid  i  expenses  de  su  hersaoaiira  :  me 
dîjéron  tambien  que  don  Frandsoo  de  ValoaDoel,  alcalde  de  oorte, 
sugeto  anciano ,  rioo  y  casado ,  gastaba  mudio  oon  elià.  Esta  dr- 
cunstanda,  que  al  pareeer  debiera  haberme  inspîrado  despredo 
kéda  ella ,  encendiô  en  mi  el  deseo  mas  Teheaâenle  de  eosrar  à 
la  parte  en  sus  faTores  con  Yalcarcel.  Para  satisfiEK)er  esie  ca- 
pricho  me  ¥ali  de  una  medianera  de  amor,  coya  habilidad  me 
facilité  en  breye  tiempo  una  conrersadon  sécréta  oon  la  Geno- 
▼esa,  é  la  que  signièron  otras  mâchas  ;  de  manera  que  tanto  mi 
rival  como  yo  eramos  igualmente  bien  admitidos ,  gracias  â  nues- 
tras  didiTas;  y  qnizé  tendria  algun  otro  galan  tan  iavoreddo 
como  nosotros  dos. 

Como  quiera  que  sea ,  Margarita  en  aqudla  oonftisioD  de  cor- 
tenantes llegô  msensiblemente  à  ser  madré,  y  diô  i hiz  nn  nifio» 
con  cuya  paternidad  quiso  honrar  i  cada  uno  de  sus  amantes  en 
particular;  pero  como  ninguno  podia  precisffse  en  conciencia  de 
que  le  era  debido  aqnel  honor ,  todos  lo  renuoci&ron ,  de  suerte 
que  la  Genoyesa  se  yiô  predsada  i  criarle  en  su  casa  con  d 
producto  de  sus  galanteos  ;  lo  que  dura  diez  y  ocho  ailos,  al 
cabo  de  los  coales  muriô  la  madré,  dejando  à  su  hijo  sin  bienes, 
y  lo  peor  de  todo  sin  cducadon. 

Tal  es  f  continué  S.  E.,  la  confianza  que  tenia  que  hacerte: 
ahora  yoy  A  enterarte  del  gran  proyccto  qu<^  tengo  forroado. 
Quiero  sacar  de  su  infeliz  sucrtc  A  este  jôven  sin  ventura ,  y , 


LIBRO  DUODECIMO.  S57 

hacîéndole  pasar  de  mi  extreme  à  otro,  elevarle  é  los  honores 
y  reconooerle  for  hijo  mio. 

Al  oir  on  proyecto  tan  extravagante  no  me  ftié  posible  callar. 
|Como,  seAorl  exdame,  ;es  posible  qoe  haya  cabido  en  V.E. 
una  resolucion  tan  extraAa?  Perdôneme  V.  E.  esta  expresion  hija 
de  mi  selo.  Tù  la  hallarés  josta ,  replicô  con  predpitacion,  cuando 
te  haya  dicbo  las  razones  cpie  me  han  determinado  A  tomarla. 
No  qaiero  sean  herederos  mios  mis  parientes  colaterales.  Tal 
yez  me  diras  que  no  soy  tan  viejo  qne  no  pueda  todayia  espe- 
rar  ten^  sucesion  con  la  condesa  de  Oliyares;  pero  cada  uno  se 
conoce  à  si  mismo  ;  bàstete  saber  que  he  probado  înùtilmente 
todos  los  secretos  de  la  quimica  para  volver  à  ser  padre«  Asi  pnes, 
ya  que  la  fortuna,  sapliendo  lo  que  fiadta  i  la  natoraleza,  me  pré- 
senta on  mucbacho  del  cual  no  es  del  todo  imposible  sea  yo  el  y  er- 
dadero  padre ,  quiero  adoptarle  por  hijo  :  asi  lo  he  resuelto. 

Viendo  yo  encaprichado  al  ministro  en  semejante  adopdon , 
dejédeoponermeàsa  idea,  sabiendo  eracapaz  de  cualquier  gran 
desacierto  entes  que  desistir  de  su  parecer.  Ahora  solo  se  trata , 
prosiguiôél»  de  dar  una  edncacion  correspondiente  à  don  Enrique 
Felipe  de  Guzman;  porque  bajo  este  noiyibre  quiero  que  sea 
cooocido  hasta  que  se  halle  en  estado  de  poseer  las  dignidades 
que  le  esperan.  En  ti ,  mi  querido  Santillana,  he  puesto  los  ojos 
para  que  le  gobiernes  ;  descuido  enteramente  en  tu  capaddad , 
y  en  tu  adhesion  hàcia  mi,  sobre  elcuidado  deestablecer  su  casa, 
de  proporcionarle  toda  clase  de  maestros ,  y  en  un  palabra  de 
hacerle  un  cabaUero  oompleto.  Quise  negarme  i  admîtir  seme* 
jante  empleo  »  represeotando  al  conde-duque  que  no  podia  en 
conciencia  encargarme  de  un  ministerio  que  jamas  habiaejercido» 
y  que  pedia  mas  ilustracion  y  mérito  del  que  yo  tenia  ;  pero 
luego  me  interrumpiô  y  me  tapé  la  boca  didéndome  con  entereza 
que  absoltttamente  queria  fuese  yo  el  ayo  de  su  hijo  adopttyo , 
à  quien  destinaba  para  ocupar  los  primeros  puestos  de  la  mo- 
narqnia.  He  resigné,  pues  »  à  desempeftar  este  destino  por  com** 
placer  à  S.  E»,  quien  en  premio  de  mi  condescendencia  aumentô  mi 
escasa  reata  con  una  pension  de  mil  escudos  que  hizo  se  me  con- 
cediese,  6  mas  bien  me  diè  ëL  sobre  una  enoomienda  de  la  érden  de 
Montesa. 

CAPITULO  V. 

Bft  reoûnocido  âutëotifiaiiieDte  d  hijo  de  U  Genoresa  bajo  el  nombre  de  don  En- 
rique Felipe  de  Guzman  :  estableoe  SanffiUanâ  la  casa  de  este  seftor,  y  le  pro- 
ptictona  toda  dase  de  maestros. 

Con  efecto  tarda  poco  el  conde-duque  en  reconooer  por  hijo 
suyo  al  de  doua  Margarita  Espinola.  Hizose  esta  adopdoo  por 
medio  de  escritura  publica  y  solenme  eop  notida  y  aprobadon 


5SB  GIL  BLAS. 

del  rey.  A  don  Enriqne  Felipe  de  Gmman  (este  foe  el  nombre 
que  se  dt6  à  aquel  hijo  de  mocfaos  {Midres  )  se  le  dedarô  por 
Anioo  heredero  del  condado  de  (Mi?are8  y  dd  docado  de  San 
Lucar,  El  ministrOy  para  qne  nadie  lo  ignorase,  diô  parte  de 
ello  por  medio  de  Camero  à  los  embajadores  y  i  los  grandes  de 
Espafla,  qoedando  todos  altamente  sorprendidos.  Los  ociosos  y 
bufones  de  Madrid  taTîèron  asanto  para  diyertirse  y  reir  por 
largo  tiempo ,  y  los  poetas  saiiricos  no  perdiëron  tan  beUa  oca- 
sion  de  desahogar  sa  mordaddad. 

Pregunté  al  condenloqae  donde  estaba  el  pwsonage  que  &  E. 
qneria  fiar  i  mi  caidado.  En  Madrid  esta ,  me  respondiâ ,  a 
cargo  de  una  tia,  de  caya  oompaAia  le  sacaré  Inego  que  tu  le 
tengas  ya  buscada  casa  y  fimiilia.  Esto  se  hizo  en  poco  tiempo  : 
alqailé  una  habitadon  que  hioe  adomar  magnificamente;  basque 
pages,  an  portero»  criados  menores ,  y  con  el  aoxilio  de  Capo- 
ris  en  breye  prove!  los  empleos  prindpales  de  la  casa.  Redbida 
toda  esta  gente  di  parte  à  S.  E.,  quien  bizo  venir  al  eqaivoco 
y  nuevo  véstago  del  gran  tronco  de  los  Gazmanes.  Presentôse  à 
mis  ojos  un  mozo  de  buen  aspecto.  Don  Enrique,  le  dijo  S.  E. , 
seftaléndome  à  mi  cqn  el  dedo ,  este  cabaDero  que  aqui  ves  es 
el  sugeto  que  yo  mismo  he  escogido  para  que  te  gobieme  y  guie 
en  la  carrera  del  mundo.  Tengo  puesta  en  el  toda  mi  confimza, 
y  le  he  dado  poder  y  autoridad  absoluta  sobre  dL  Si ,  Santillana, 
afiadiô  dirigiëndose  i  mi ,  i  tu  caidado  le  entrego  enteramoite, 
muy  seguro  de  que  me  darés  bnena  cuenta  de  èL  Â  estas  pala- 
bras afiadiô  el  ministro  otras  para  exhortar  al  jôven  i  some- 
terse  à  mi  voluntad  ;  despues  de  lo  cual  lleyé  idon  Enrique  con- 
migo  à  su  casa. 

L«ego  que  estuvhnos  en  ella ,  hice  venir  ante  èl  é  todos  los 
criados ,  explicando  é  cada  uno  el  oficio  que  tenia.  El  manifesté 
no  causarle  novedad  la  mntacion  de  estado,  entes  bien  admitîa  con 
tanta  naturalidad  todas  las  demostradones  de  atencion  y  de  res- 
peto  que  se  le  tributaban ,  como  si  hubiera  sido  por  nacimiento 
aqaello  que  representaba  por  capricho  y  por  casualidad.  No  le 
fiaJtaba  talento ,  pero  era  ignorante  en  sumo  grado.  Apënas  sabia 
leer  ni  escribir.  Busqnéle  un  preceptor  que  le  enseftase  los  m- 
dimentos  de  la  lengua  latina,  maestros  de  geografia,  de  historia 
y  de  esgrima.  Ya  se  déjà  discurrir  que  no  me  olvidaria  de  un 
maestro  de  baile  ;  pero  habia  i  la  sazon  tantos  y  tan  famosos 
en  Madrid,  que  solamente  me  halle  perplejo  en  la  eleodon,  no 
sabiendo  à  quien  dar  la  preferenda. 

Hallàbame  asi  indeciso  cuando  vi  entrar  en  el  portai  de  casa 
un  sugeto  ricamente  vestido  ,  quien  me  dijéron  queria  hablarme. 
Sali  é  redbirle  creyendo  que  era ,  cuando  mënos ,  un  caballero 
de  Santiago  6  de  Alcantara,  y  despues  de  hacerme  mil  cortesias 
que  acreditaban  su  profesion:  Seftor  de  Santillana,  me  dijo, 


LIBRO  DUODECIMO.  fi» 

como  he  sabido  qae  es  V.  S.  quien  elige  los  maestros  del  sellor 
don  Enrique ,  yengo  â  ofrecerle  mis  serricios.  Yo,  seflor ,  alia- 
diôy  me  Uamo  Martin  Ligero,  y  gracias  à  Dîos  tengo  battante 
reputacion  :  no  acostombro  andar  i  caza  de  discipiiloSy  qne  eso 
es  bneno  para  los  maestrillos  prindpiantes.  Comnumente  espero  à 
que  me  busqoen  ;  pero  enseâando  como  eosello  al  seftor  doque 
de  Medinasidonia ,  al  sefkor  don  Luis  de  Haro,  y  à  algunos  otros 
caballeros  de  la  casa  de  GuTman,  de  la  cual  me  precio  ser  como 
criado  y  seryidor  nato  ,  me  pareciô  ser  de  mi  obligacion  anti- 
ciparme.  Por  lo  que  Tmd.  me  dice,  repuse  yo ,  veo  ser  el  su- 
geto  que  nos  hacia  felta.  ^Cuanto  lleva  ymd.  al  mes?  Cuatro 
doblones  de  oro,  me  respondiô,  que  es  el  precio  corriente, 
y  no  doy  mas  de  dos  lecciones  por  semana.  ]  Cuatro  doblones  t 
le  répliqué:  eso  es  demasiado.  ;Como  demasiado?  repuso  con 
aire  de  admiracion,  y  tal  vez  Y.  S.  no  repararà  en  dar  un  do- 
blon  por  mes  à  un  maestro  de  filosofia. 

No  me  fné  posible  contener  la  risa  â  vista  de  una  contesta- 
cion  tan  ridicula,  y  pregunté  al  seftor  Ligero  si  en  conciencia 
creia  que  un  hombre  de  su  profesion  era  preferible  à  un  maes- 
tro de  filosofia.  Y  como  que  lo  creo,  me  respondiô:  nosotros 
somos  cien  reces  mas  utiles  i  la  sociedad  que  esos  seftores  mios. 
Y  sino ,  digame  Y.  S.  ;  que  cosa  son  los  hombres  antes  de  pa- 
sar  por  nuestras  manos?  estatuas  de  màrmol,  osos  mal  domes- 
ticados  ;  pero  nuestras  lecciones  los  desbastan  poco  à  poco ,  y 
les  haoen  tomar  insensiblemente  formas  regulares:  en  una  pa- 
labra, nosotros  les  enseftamos  aaitudes  de  nobleza  y  gravedad. 

Rendfane  é  las  razones  de  aquel  maestro  de  baile ,  y  le  recibi 
para  que  enseftase  à  don  Enrique  por  los  cuatro  doblones  al 
mes  y  que  era  el  precio  corriente  entre  los  grandes  maestros  de 
aquel  arte. 

CAPITULO  VI. 

Vaelre  EBcipion  de  Nuerâ-EfpaAa  :  aoomôdale  Gil  BUs  en  caM  de  don  Enrique. 
Estudioe  de  este  seAorito  :  honores  que  se  le  oonfieren,  y  oon  que  seùora  le 
casa  el  oonde-duque.  Como  à  Gil  filas  se  le  hito  noble  con  repugnancia  suya. 

Aun  no  habia  recibido  la  mitad  de  la  fomilia  de  don  Enrique 
cnando  Escipion  yolriô  de  Méjico.  Preguntële  si  estaba  contento 
lie  su  expedicion.  Debo  estarlo  y  me  respondiô ,  pues  que  con 
los  très  mil  ducados  que  tenia  en  dinero  contante  he  traido  dos 
veces  mas  en  gèneros  de  buen  despacho  en  este  pais.  Hijo  mio , 
le  dije,  yo  te  doy  mil  enhorabuenas,  y  pues  bas  comenzado  à 
hacer  fortuna,  en  tu  mano  esta  acabarla,  haciendo  el  afto  c|ue 
yiene  otro  yiage  à  las  Indias  ;  6  si  te  acomoda  mas  un  puesto 
honrado  en  Madrid ,  por  no  exponerte  à  los  trabajos  y  peligros 


fiCO  GIL  BLAS. 

4e  tan  larga  navegacioii,  no  lienes  mâs  que habbur,  qm  ye  pedrè 
dàitelo.  Pardîez,  me  respondio  el  hqo  de  br  Goicolûuiy  que  en 
efo  no  hay  que  dudar;  mas  quiero  ocnpar  on  boen  deitîno  al 
lado  de  ymd.  que  exponeme  de  nnero  i  les  peiîgrea  de 
iarga  nayegacion.  ExpUqoese  vomI.,  mi  amo:  ^qoè 
piensa  dar  à  sa  criado? 

Para  enterarle  mas  bien  de  todo,  le  oontë  la  hîstoria  del  se- 
iorito  qoe  el  conde-duque  acababa  de  introdocir  en  la  casa  de 
Guzman.  Despnes  de  baberle  infonnado  de  este  coiioso  penne- 
nor,  y  hèchole  saber  qae  este  ministro  me  habîa  nombrado  ayo 
de  don  Enrique,  le  dîje  que  queria  hacerle  ayud&de  céoMra  de 
este  hijo  adoptifo.  Escipion,  que  no  deseaha  otra  cosa,  eoeptô 
Gon  gosto  este  acomodo ,  y  le  desempeftô  tan  bien ,  que  en  mènos 
de  très  6  cuatro  dias  se  atngo  la  eonianza  y  el  afécto  de  su 
nueyo  amo. 

Se  me  habia  figurado  que  los  pedagogos  que  babia  elegido 
para  enseflar  al  hijo  de  la  Geno^esa  porderian  su  tiempo,  pare- 
cièndome  que  en  su  edad  séria  indisc^^lînable;  sin  embargo  en- 
gaftô  mis  rezelos.  Comprendia  y  retenia  ftcibneme  cnanlo  le  en- 
seflaban;  de  lo  que  estaban  muy  contentos  sua  maestros.  Pasë 
inmedîatamente  î  dar  esta  noticia  al  conde-dnqoe  ^  qne  la  redbiô 
oon  extraordinario  gozo.  Santillana,  me  dijo  enagenado  »  no  sa- 
bes  la  alegria  que  me  causas  con  asegurarme  qne  don  Enrique 
tiene  feliz  memoria  y  penetracion.  Este  me  hace  reoonocer  en  èl 
mi  sangre,  y  acaba  de  persuadirme  que  es  h|jo  mîo.  Noie  amaria 
mas  si  fiiera  hijo  de  mi  esposa.  Amîgo,  tu  mismo  confésaris  que 
la  naturaleza  se  va  explicando.  Guardéme  bien  de  decir  A  S.  E. 
lo  que  pensaba  sobre  el  particular»  y  respelando  su  Eaqueza  le 
dqé  gozar  del  placer  ftJso  6  verdadero  de  ereerse  padre  de  don 
Enrique. 

Aunque  todos  los  Guzmanes  aborrecian  de  muerte  al  tal  sefio- 
rito  de  nueyo  cufto,  disimulaban  por  poHtica,  y  aun  algunos  de 
ellos  fingian  solicitar  su  amistad.  Visitàbanle  los  embajadores  y 
los  grandes  que  habia  en  Madrid ,  tratàndoie  con  el  nsûsmo  res- 
peto  y  atencion  que  si  ftiera  hijo  leghimo  del  condo-duqoe.  Li- 
sonjeado  extremadamente  este  ministro  con  d  indenso  que  se 
ofrecia  à  su  idolo  »  se  diô  priesa  à  colmarle  de  dignidades.  La 
primera  gracia  que  pidiô  al  rey  para  don  Enrique  fiiè  la  cmz  de 
Alcantara  con  una  encomienda  de  diez  mil  escudos.  Solicita 
poco  despues  la  Haye  de  gentilhombre,  y  deseando  «itroncarle 
con  una  de  las  fiimilias  mas  esdarecidas  de  Espaûa,  puso  loa  ojos 
en  dofia  Juana  de  Velasco ,  hqa  del  duque  de  Gastilla ,  y  foè  tanto 
su  poder,  que  lo  logrô  à  pesar  del  mismo  duque  padre  delà  noyia, 
y  de  sus  parientes. 

Algunos  dias  entes  de  hacerse  la  boda  me  enyiô  à  llaoMr  S.  E., 
y  luego  que  me  yiô  me  puso  en  ia  mano  «m  pergamino .  dicién- 


LIBRO  DUODECIMO.  561 

dome  :  Aqui  tiennes ,  GO  Bias,  una  ejecotoria  que  he  solicitado 
parati:  ya  eres  noble.  Sé&or,  le  respondi  sorprendido  de  lo  que 
acababa  de  oir,  V.  E.  sabe  que  soy  hijo  de  una  duefta  y  de  un 
escudero  ;  parèoeme  que  agregarme  &  la  nobleza  seria  en  cierta 
manera  profanaria;  y  entre  todas  las  gracias  que  el  rey  me  puede 
hacer,  ninguna  merezco  ni  deseo  mènos.  Tu  humilde  nacimieoto , 
replic6elministr0y  es  un  obstàculo  muy  fàcil  de  allanar  :  te  has 
ocupado  en  los  negocios  del  estado  bajo  el  ministerio  del  duque 
de  Lerma  y  del  mio  ;  ademas ,  aùadié  sonriéndose ,  4  no  has  hedio 
al  monarca  serviciosque  merecen  ser  premiados?  En  una  pala- 
bra y  Santillana ,  eres  acreedor  à  la  honra  que  quiero  hàcerte  ; 
fuera  de  eso ,  el  empleo  que  ejerces  cerca  de  mi  hijo  exige  que  seas 
noble  ;  y  por  eso  he  solicitado  tu  ejecutoria.  Rindome  y  seAor,  le 
répliqué ,  puesto  que  asi  lo  quiere  Y .  £.  ;  y  diciendo  esto  sali  con 
mi  ejecutoria  metiéndomela  en  el  bolsillo. 

Con  que  ahora  soy  caballero ,  me  dije  à  mi  mismo  cuando  estuve 
en  la  calle  :  héteme  que  ya  soy  noble  sin  tener  que  agradecérselo  à 
mis  parientes  :  ya  podré  cuando  me  acomode  hacer  que  me  llamen 
don  Gii  Bla$;  y  si  à  algun  conocido  mio  se  le  antoja  reirse  de  m& 
Uamàndome  de  este  modo ,  le  harè  yer  mi  ejecutoria  ;  pero  leâ- 
mosla ,  continue  sacàndola  del  bolsillo ,  y  yeamos  de  que  manera 
se  borra  en  ella  el  villanismo.  Lei  pues  el  real  titulo ,  que  decia  en 
sustancia:  que  el  rey,  en  reconocimiento  del  zelo  que  en  mas  de 
una  ocasion  habia  mostrado  yo  por  su  seryicio  y  por  el  bien  del 
estado ,  habia  tenido  à  bien  recompensarme  con  la  merced  de  no- 
ble ,  etc.  Y  me  atrev o  à  decir,  en  laLabanza  mia ,  que  no  me  inspirô 
el  menor  orgullo  ;  entes  bien ,  no  perdiendo  jamas  de  vista  la  hu- 
mildad  de  mi  nacimiento ,  este  honor  en  yez  de  engreirme  me  hu- 
millaba.  Por  lo  mismo  me  propuse  encerrar  la  ejecutoria  en  un 
cajon  en  lugar  de  hacer  ostentacion  de  poseerla. 


CAPITULO  VU. 

Gil  Bias  TueWe  à  encontrar  casualmente  â  Fabricio  :  ultima  conyersacion 
que  ambos  tuviéron  ;  y  consejo  importante  que  Nuikez  diô  i  Santillaoa. 

El  poeta  asturiano ,  como  se  habrà  notado ,  se  ohidaba  fâcil- 
mente  de  mi.  Por  mi  parte,  mis  ocupaciones  no  me  permitiaa  ir 
à  Tisitarle ,  y  asi  no  habia  yuelto  à  yerle  desde  el  lance  de  la  &r 
mosa  disertacion  sobre  la  Ifigenia  de  Euripides ,  cuando  quiso  la 
casualidad  que  un  dia  le  encontrase  en  la  puerta  del  S(à ,  que 
salia  de  una  imprenta.  Me  acerquë  à  ël  diciëndole  :  { 01a  !  ola  I  se- 
fior  Nuûez,  \md.  yiene  de  casa  de  un  impresor;  eso  me  huele 
à  que  quieres  regalar  al  publico  con  alguna  nueya  composicion 
tuya. 

56 


56t  GIL  BLA& 

Sin  dada  debe  esperaria ,  me  respondié  ;  actaalmeiile  estoy  ha- 
eiendo  imprimir  un  librîto  que  ha  de  meter  mucho  ruido  entre 
loa  literatos.  No  dudo  de  su  mérito ,  le  répliqué  ;  pero  me  pare- 
oe  que  la  mayor  parte  de  esos  papeiuchos  son  unas  bagatelas  que 
hacen  poco  honor  à  sus  autores.  Convengo  en  eso ,  me  respon- 
dt6 ,  pues  se  muy  bien  que  solamente  aquellos  ociosos  que  quie- 
ren  leer  todo  cuanto  se  imprime  gustan  de  diyertirse  perdiendo 
el  tiempo  en  la  iectura  de  esos  folletos.  Cou  todo  he  caido  en  la 
tentacion ,  y  te  confieso  que  es  un  hijo  de  la  necesidad.  Ya  sabes 
que  el  hambre  es  la  que  obliga  al  lobo  à  salir  de  su  madrignera. 

iComo  asi!  répliqué  yo  admirado.  {Es  posible  que  me  llegue 
à  decir  esto  el  autor  de  el  Conde  de  Saldaûal  \Vn  hombre  que 
tiene  dos  mil  escudos  de  renta  ha  de  habtar  de  esa  manera  !  Va- 
mos  poco  é  poco ,  amigo ,  me  interrumpiô  Nnflez  ;  ya  no  soy  aqnel 
poeta  afortunado  que  gozaba  de  una  renta  bien  pagada.  Desor- 
denàronse  de  repente  los  negocios  del  tesorero  don  Beltran ,  di- 
sip6  el  dînero  del  rey ,  embargàronle  todos  los  bienes  »  y  se  lleyô 
el  diablo  mi  pension.  Malo  es  eso ,  le  dije  ;  ;pero  no  te  ha  qne- 
dado  aun  atguna  esperanza  por  ese  iado  ?  Haldita ,  me  respon- 
diô  :  el  seflor  Gomez  del  Ribero  esta  tan  miserable  como  su  poe- 
ta ;  cayô  en  el  agua,  sin  que  pueda  jamas  salir  &  la  orilla. 

Segun  eso  ,  hijo  mio ,  repuse  yo ,  te  yeo  en  términos  de  que 
me  sera  preciso  solicitar  algun  empleo  que  pueda  consolarte  de 
la  pérdida  de  tu  pension.  No  quiero  que  te  tomes  ese  trabajo , 
me  dijo  ;  aunque  me  ofrecieras  en  las  secretarias  del  ministro  un 
empleo  de  très  mil  ducados  de  sueido  le  rehusaria.  Las  ocopa- 
ciones  de  las  oficinas  no  conyienen  à  los  que  se  han  criado  entre 
las  musas.  À  estos  solamente  les  conyienen  distraccioneii  litera- 
rias.  En  fin ,  ;,qué  quieres  que  te  diga?  yo  naci  para  yiyir  y  mo- 
rir  poeta  y  y  quiero  seguir  mi  suerte.  Por  lo  demas,  continué, 
no  créas  que  nosotros  seamos  tan  infelices  como  parece.  Fuera 
de  que  yiyimos  en  una  total  independencia ,  tenemos  asegurada 
la  comida  sin  cuidados  ni  iatigas.  Se  crée  comunmente  que  co- 
memos  é  lo  demécrito ,  pero  es  engafto  manifiesto.  No  se  hallarà 
entre  nosotros  ni  siquiera  uno ,  sin  exceptuar  à  los  compositores 
de  almanaques ,  que  no  tenga  una  buena  casa  à  donde  ir  à  co- 
mer. Yo  tengo  dos  donde  soy  bien  recibido ,  y  en  ellas  dos  eu- 
biertos  asegurados ,  uno  en  la  mesa  de  un  director  general  de  la 
real  hacienda,  é  quien  dedîqué  una  noyela,  y  otro  en  la  de  un 
caballero  rico  de  Madrid ,  que  tiene  el  flujo  de  querer  que  siem- 
pre  le  acpmpaften  eruditos  é  la  mesa  :  por  fortuna  no  es  muy  de- 
licado  para  elegir ,  y  asi  Fàcilmente  halla  cuantos  quiere  en  la 
poblacion. 

En  ese  caso  ,  dije  al  poeta  asturiano  ^  ya  no  te  tengo  listima , 
puesto  que  estas  contento  con  tu  suerte.  Como  quiera  que  sea ,  te 
aseguro  de  nuevo  que  en  Gil  Bias  tendras  siempre  un  buen  ami- 


LIBRO  DUODECIMO.  5C3 

CO,  à  pesar  de  tu  descnido  ea  cultivar  su  amistad:  si  necesitas 
mi  bolsfllo  aende  francamente  à  mi.  Sentirë  que  una  yerguenza 
foera  de  tiempo  te  prive  de  un  anxilio  que  nunca  te  foltarâ ,  y  é 
mi  me  niegue  el  gusto  de  serte  ûtiL 

En  esas  generosas  eipresiones ,  exclamô  Nuiiez ,  te  reconozco , 
Saatillana ,  y  te  doy  mil  gracias  por  la  gran  disposicion  é  iavore- 
c^me  en  que  te  veo.  En  prueba  de  mi  gratitud  é  esa  fineza ,  quie- 
ro  darte  un  consejo  saludable.  Miéntras  que  today ia  dura  el  po- 
der  del  conde-duque ,  y  te  mantienes  en  su  gracia,  aproyecba  el 
tiempo ,  date  priesa  à  enriqaecerte ,  porque  ese  ministro ,  à  lo  que 
me  ban  asegurado ,  yacila  en  su  asiento.  Preguntéle  si  aquello  lo 
sàbitk  de  buen  original ,  y  me  respondiô:  Lo  se  por  un  caballero 
de  Calatraya  yiejo ,  que  tiene  buen  oliato ,  à  quien  todos  escu- 
cban  como  un  oréculo ,  y  le  oi  decir  ayer  :  El  conde-duque  tiene 
mncbos  enemigos ,  y  todos  conspiran  à  derribarle.  Cuenta  de- 
masiado  con  el  ascendiente  que  ha  logrado  sobre  el  énimo  del 
rey;  pero  el  monarca ,  à  lo  que  se  dice ,  ha  comenzado  ya  â 
dar  oidos  é  las  quejas  que  le  llegan  de  él.  Agradeci  à  Nuâez 
la  prevencion ,  pero  hice  poco  caso  de  ella ,  y  me  yolyi  à  casa 
persuadido  de  que  la  priyanza  de  mi  amo  era  indesquiciable  é  la 
manera  de  aquellas  y iejas  encinas  que ,  arraigadas  profundamente 
en  la  tierra ,  se  burlan  de  los  mas  yiolentos  huracanes. 


CAPITULO  VIII. 

Descubre  Gil  Bias  ser  cierto  cl  aviso  que  le  diô  Fabricio  :  hacc  el  rey  un  viagc 

à.  Zaragoza. 

Lo  que  el  poeta  asturiano  me  habia  dicho  no  carecia  de  funda- 
mento.  Se  formaba  dentro  de  palacio  cierta  conspiracion  para  der- 
ribar  al  conde-duque ,  é  cuya  frente  se  decia  estaba  la  misma  rei- 
na.  Sin  embargo ,  nada  se  traslucia  en  el  publico  de  las  medidas 
que  tomaban  los  confederados  para  hacer  caer  al  ministro ,  y  se 
pas6  mas  de  un  aûo  sin  que  yo  notase  que  su  priyanza  disminuyera. 

Pero  el  leyantamiento  deCatalufia,  sostenido  por  la  Francia, 
y  los  desgraciados  sucesos  de  la  guerra  contra  los  rebeldes , 
diéron  motiyo  à  la  murmuracion  del  pueblo  y  é  sus  quejas  contra 
el  gobiemo.  Estas  fuéron  causa  de  que  se  tuviera  un  consejo  à 
presencia  del  rey ,  al  que  quiso  S.  M.  concurriese  el  marques 
de  la  Grana,  embajador  de  la  corte  de  Yiena.  Tratôse  en  él  si 
era  mas  conyeniente  que  el  monarca  se  mantuyiese  en  Castilla , 
6  que  pasase  à  Aragon  à  dejarse  yer  de  sus  tropas.  El  conde- 
duque,  que  no  tenia  gana  de  que  el  rey  saliera  para  el  ejército, 
habI6  el  primero,  y  représenté  que  no  juzgaba  acertado  que 
S.  M.  desamparase  el  centro  de  sus  estados,  apoyando  esta 


564  GIL  BLA8. 

opinion  con  todas  las  razones  qae  le  sugirié  9u  elocaenda.  Si— 
guîéronle  en  la  misma  todos  los  miembros  del  consejo ,  A  excep- 
cion  del  marques  de  la  Grana»  que,  llevado  de  su  zelo  por  la 
casa  de  Austria ,  y  con  la  franqueza  genial  de  su  nacton ,  se  opuso 
abiertamente  al  parecer  del  primer  ministro ,  y  defendiô  lo  con- 
trario con  razones  tan  poderosas ,  que  convencido  el  rey  de  so 
solidez ,  abrazô  esta  opinion ,  aunque  opuesta  al  sentir  de  todos 
los  votos  del  consejo ,  y  seûalô  el  dia  de  su  salida  para  el  ejército. 

Esta  fué  la  primera  vez  de  su  vida  que  el  monarca  dejô  de 
seguir  el  dictâmen  de  su  privado  ;  novedad  quelellenôde  amar- 
gura ,  consideràndola  como  una  terrible  afrenta.  Al  mismo  tiempo 
que  se  retiraba  à  su  gabinete  â  tascar  en  plena  libertad  el  fir<tno, 
me  viô ,  me  llamô ,  y  encerrândose  conmigo  en  su  cuarto  »  me 
contô  trëmulo ,  agitado  y  como  fuera  de  si ,  lo  que  habia  pasado 
en  el  consejo.  En  seguida ,  como  si  no  pudiera  volver  de  su  sor- 
presa  :  Si,  Santillana,  continué,  el  rey ,  que  hace  mas  de  yeinte 
a&os  que  no  habla  sino  por  mi  boca»  ni  ve  por  otros  ojos  que  por 
los  mios  f  ha  preferido  el  dictâmen  del  marques  de  la  Grana  al 
mio.  Pero  ;de  que  modo?  colmando  de  elogios  à  este  embaja- 
dor,  y  alabando  sobre  todo  su  zelo  por  la  casa  de  Austria,  como 
si  este  Aleman  tuviera  mas  que  yo.  Por  aqui  fàcilmente  se  conoce, 
prosiguiô  el  ministro,  que  hay  un  partido  formado  contra  mi, 
y  que  la  reina  esta  â  su  cabeza.  ^  Y  eso  le  inquiéta  à  Y.  £.?  le 
répliqué  yo  :  doce  aAos  ha  que  la  reina  esta  acostumbrada  à  ver 
à  Y.  £.  dueAo  de  los  negocios  ;  y  otros  tantos  que  Y.  E.  acos- 
tumbrô  al  rey  à  no  consultar  con  su  esposa  ninguno  de  elles. 
Respecto  del  marques  de  la  Grana  pudo  muy  bien  el  rey  indinarse 
à  su  parecer  por  el  gran  deseo  que  tiene  de  ver  su  ejército  y  de 
hacer  una  campaâa.  No  das  en  ello ,  interrumpiô  el  conde ,  di 
mas  bien  que  mis  enemigos  esperan  que ,  hallàndose  el  rey  entre 
sus  tropas ,  estarà  siempre  rodeado  de  los  grandes  que  le  ha- 
bran  de  seguir,  y  entre  ellos  habràmas  de  uno  poco  satisfecbo 
de  mi  que  se  atreverà  à  decir  mil  maies  de  mi  ministerio.  Pero 
se  engaàan  miscrablemente ,  afiadiô ,  porque  sabré  disponer  que 
durante  el  yiage  se  haga  el  rey  inaccesible  à  todos  los  grandes. 
Asi  lo  ejecutô  efectivamente ,  pero  de  un  modo  que  merece  re- 
ferirse  por  menor. 

LIegado  el  dia  que  se  seûalô  para  la  salida  del  rey,  despues  de 
haber  nombrado  este  à  la  reina  por  gobernadora  durante  su 
ausencia ,  se  puso  en  camino  para  Zaragoza  ;  pero  habiendo  que- 
rido  pasar  por  Aranjuez  le  pareciô  tan  delicioso  aquel  sitio ,  que 
se  detuvo  cerca  de  très  semanas  en  él.  De  Aranjuez  le  hizo  el 
ministro  ir  à  Cuenca,  donde  le  tenia  dispuestas  taies  diversiones 
que  permaneciô  largo  tiempo  en  aquella  ciudad.  De  alli  se  tras- 
firiô  â  Molina  de  Aragon,  donde  la  caza  le  embelesô  por  muchos 
dias.  Llegô  al  cabo  à  Zaragoza  „  de  donde  estaba  poco  distante 


LIBRO  DUODECIMO.  565 

el  ejército:  ya  se  prépafaba  para  ir  alll;  pero  el  condc-daque  se 
lo  disuadià  hacîéndole  créer  que  se  ponia  é  peligro  de  caer  en 
manos  de  los  Franceses ,  que  ocupaban  las  llanuras  de  M onzon  ; 
de  suerte  que  el  rey,  atemorizado  de  un  peligro  que  no  podia 
temer,  resolvtô  mantenerse  encerrado  en  su  palacio  comopudiera 
en  una  prision.  Aprovechândose  el  minislro  de  aquel  pànico  ter- 
ror, y  bajo  prétexte  de  velar  en  su  seguridad ,  era ,  por  decitlo 
asi ,  como  un  centinela  de  vista  ;  de  manera  que  los  grandes , 
despnes  de  haber  hecho  excesivos  gastos  para  seguir  con  la  cor- 
respondiente  decencia  al  soberano ,  no  tuviéron  el  consuelo  de 
lograr  ni  una  sola  andieneia  de  él.  Cansado  finalmente  el  monarca, 
6  de  estar  mal  alojado  en  Zaragoza,  6  de  perder  el  tiempo  en 
ella,  6acaso  de  verse  alii  prisionero,  se  restitnyô  cuanto  entes 
à  Madrid ,  y  concluyô  asi  la  campafla ,  dejando  al  marques  de  les 
Vêlez ,  general  del  ejército ,  el  cuidado  de  sostener  el  honor  de 
las  armas  espa&olas. 

CAPITULO  IX. 

De  la  rebelion  de  Portugal ,  j  caida  del  oonde-daque. 

Pooos  dias  despues  del  regreso  del  rey  se  esparciô  por  Ma- 
drid una  mala  nueva.  Sùpose  que  los  Portugueses ,  aprovechàn- 
dose  del  levantamiento  de  Cataluâa ,  y  pareciéndoles  ocasion  muy 
oportuna  esta  para  sacudir  el  yugo  de  la  dominacion  de  Espafta, 
habian  tomado  las  armas  y  aclamado  al  duque  de  Braganza  por 
rey  de  Portugal,  resueltos  absolutamente  à  mantenerle  en  el 
trono  sin  miedo  de  que  Espaûa  lo  pudiese  estorbar,  estando  ocu- 
pada  en  Alemania ,  en  Italia ,  en  Flindes  y  en  Catalufla.  No  les 
erafàcil  hallar  coyuntura  mas  favorable  para  librarse  de  una  do- 
minacion que  aborrecian. 

Lo  mas  singular  fiiè  que,  cuando  la  corte  y  todos  sus  habi- 
tantes se  hallaban  en  la  mayor  consternacion  por  aquella  nove^ 
dad ,  el  conde-duque  quiso  divertir  al  rey  à  expensas  del  duque 
de  Braganza  ;  pero  S.  M.,  lëjos  de  prestarse  à  sus  insipides  gra- 
cejos,  tomô  un  semblante  serio  que  enteramente  le  iumutô,  ha- 
cîéndole prever  su  inminente  desgraoia.  Acabô  el  ministre  de  dar 
por  cierta  su  caida  cuando  supo  poco  despues  que  la  reina  se 
babia  manifestado  sin  réserva  contra  él ,  diciendo  pùblicamente 
que  su  mala  administracion  habia  dado  lugar  à  la  rebelion  de 
Portugal.  Luego  que  la  mayor  parte  de  los  grandes ,  especial- 
mente  aquellos  que  habian  seguido  al  rey  en  el  viage  é  Zara- 
goza,  advirtiéron  la  tempestad  que  se  iba  levantando  contra  el 
conde-duque ,  se  uniéron  â  la  reina.  Pero  lo  que  diô  el  ultimo 
golpe  decisive  fiié  que  la  duquesa  viuda  de  Mantua,  goberna- 
dora  que  habm  sîdo  de  Portugal ,  regresô  de  Lisboa  à  Madrid, 


566  GIL  BLAS. 

é  hizo  Ter  al  rey  qae  de  la  rebdion  de  los  Portugueses  solo  te- 
nia la  culpa  la  eonducta  de  su  primer  ministro. 

Hicièron  tanta  impresion  en  el  énimo  del  monarca  las  palabras 
de  aquella  princesa ,  que  desde  el  mismo  punto  cesô  el  eneapri- 
chamiento  hécia  su  priyado ,  y  se  desprendiô  de  todo  el  afecto 
que  le  habia  tenido.  No  bien  Uegô  à  noticia  del  ministro  que  el 
rey  daba  oidos  é  las  quejas  y  murmuraciones  de  sus  enemigos , 
cuando  le  escribiô  pidiëndole  licencia  para  dejar  su  empleo  y 
retirarse  de  la  corte ,  puesto  que  se  le  hada  la  injusticia  de  im- 
putarle  todas  las  desgracias  que  durante  su  ministerio  habian  su- 
cedido  à  la  monarquia.  Pareciale  que  esta  suplica  haria  grande 
efecto  en  el  corazon  del  rey,  suponiendo  que  aun  se  conserTaria 
en  él  inclinacion  suficiente  para  no  consentir  jamas  en  semqante  re- 
tiro  ;  pero  la  ùnica^respuesta  de  S.  M.  fuë  que  le  concedia  el  permiso 
que  solicitaba ,  y  que  asi  podia  irse  é  donde  mejor  le  parecîere. 

Estas  pocas  palabras  escritas  de  propio  pufto  del  rey  fuéron 
como  un  rayo  para  S.  E.,  que  no  lo  esperaba  deningunamanera. 
Sin  embargo ,  por  mas  atônito  que  estuyiese ,  aparentô  un  aire 
de  entereza ,  y  me  pregunt/»  que  haria  yo  en  su  lugar.  Bespon- 
dile  que  fécUmente  tomaria  mi  determinacion  abandonando  para 
siempre  la  corte ,  y  retiràndome  à  alguno  de  mis  estados  A  pasar 
tranquilamente  el  resto  de  mis  dias.  Piensas  juiciosamente ,  re- 
puso  mi  amo  »  y  estoy  resueho  à  ir  à  terminar  mi  carrera  en  Loe- 
ches  despues  que  haya  hablado  una  sola  tcz  con  el  monarca 
para  representarle  que  he  practicado  cuanto  era  posible  en  lo 
humano  para  sostener  la  pesada  carga  que  tenia  sobre  mis  hom- 
bros,  sin  haber  tenido  mas  culpa  en  los  siniestros  aconteci- 
mientos  de  que  me  acusan  »  que  la  que  tiene  un  diestro  piloto 
que,  é  pesar  de  cuanto  puede  hacer,  mira  su  bajel  arrefcÂtado 
por  los  vientos  y  por  las  olas.  Lisonjeâbase  el  ministro  de  que 
aun  podia  aquietarse  el  rey,  y  volver  las  cosas  al  estado  en  que 
se  habian  hallado;  pero  no  pudo  conseguir  audiencia;  Antes  bien 
se  le  enyiô  à  pedir  la  Have  de  que  se  servia  para  entrar  en  el 
cuarto  de  S.  M.  siempre  que  qneria. 

Conociô  entônces  que  ya  no  le  quedaba  esperanza ,  y  se  re- 
solviô  buenamente  é  retirarse.  Examiné  sus  papeles,  7  quemô 
gran  parte  de  ellos ,  en  lo  que  obrô  con  mucha  prudencia.  Nom- 
bre los  dependientes  y  criados  que  le  habian  de  segnir,  y 
ordenô  que  todo  estuyiese  pronto  para  marchar  el  dia  siguiente. 
Temiendo  que  al  salir  de  palacio  le  insultase  el  populacho ,  se 
leyantô  muy  de  maûana ,  y  entes  de  amanecer  saliô  por  la  puerta 
de  las  cocinas  ;  y  metiéndose  en  un  coche  yiejo  con  su  confésor 
y  conmigo,  tomo  sin  riesgo  el  camino  de  Loeches,  pueblo  corlo 
de  que  era  seftor,  donde  la  condesa  su  muger  habia  fundado  un 
convento  de  relîgiosas  dominicas.  En  mënos  de  cuatro  horas  nos 
pnsimos  en  él ,  y  poco  despues  llegô  el  resto  de  la  femilia. 


LIBRO  DUODECIMO.  â67 


CAHTULO  X. 

Cnidadot  que  por  el  pronta  inquietiron  al  coodenliique  :  siguese  i  ellos  un 
dichoso  sosiege  :  metodo  de  vida  que  entablô  en  su  retire. 

La  condesai  de  Olivares  dejô  ir  à  su  marido  à  Loeches,  y  per- 
maneciô  algunos  dias  mas  en  la  corte  con  el  objeto  de  tentar  si 
por  medio  de  sùplicas  y  lâgrimas  podria  hacer  que  yolvieran  é 
llamarle.  Pero  à  pesar  de  haberse  echado  é  los  pies  de  SS.  MM., 
el  rey  no  hizo  aprecio  de  sus  exposictones ,  aunque  preparadas 
con  arte;  y  la  reina ,  que  la  aborrecia  de  muerte,  se  complacia 
en  yerh  llorar.  No  por  eso  se  acobardô  la  esposa  del  ministro 
desgraciado  :  abatiôse  basta  el  punto  de  implorar  la  proteccion 
de  las  damas  de  la  renia  ;  pero  el  Fruto  que  recogiô  de  sus  ba- 
jezas  fuë*  conocer  que  excitaban  el  desprecio  mas  bien  que  la 
compasion.  Desconsolada  de  haber  dado  tantos  pasos  dégra- 
dantes y  se  filé  é  reunir  con  su  esposo  para  lamentarse  con  ël  do 
la  pérdida  de  un  empleo,  que,  bajo  un  reinado  como  el  de  aqueF 
monarca ,  puede  decirse*  que  era  el  primero  de  la  monarquià. 

La  relacion  que  hizo  là  condesa  del  estado  en  que  habia  de- 
jado  las  cosas  en  Madrid  anmentô  extraordinariamente  la  aflic- 
cion  del  conde-duque.  Yuestros  enemigos ,  le  dijo  Horando ,  el 
dnque  de  Medinaceli  y  los  otros  grandes  que  os  aborrecen ,  no 
cesan  de  alabar  al  rey  por  la  resolucion  de  haberos  separado 
del  ministerio  ;  y  el  pueblo  célébra  con  insolencia  yuestra  des- 
gracia, como  si  el  fin  de  todas^  las  que  expérimenta  el  estado 
dependiese  del  de  yuestra  administradon.  Seftora,  le  respondiâ 
mi  amo ,  imitad  mi  ejemplo  :  lleyad  con  resignacion  yuestros  pe- 
sares ,  porque  es  precise  céder  à  la  borrasca  que  no  se  puede 
disipar.  Creia  yo,  es  yerdad,  que  podria  perpetuar  mi  yali- 
mientamiéntras  me  durasela  yidà,  ilùsion  ordinaria  en  los  mi- 
nistres y  priyados ,  los  cualesse  olyidan  por  le  comun  de  que  su 
suerte  dépende  de  ta  yoluntad  del  soberano.  El  duque  de  Lerma 
^no  se  engafiô  igualmente  que  yo ,  aunque  estaba  persuadido  de 
que  la  purpura  con  que  se  hallaba  reyestido  era  un  seguro  ga-' 
rante  de  la  perpétua  duracion  de  su  autoridad? 

De  este  modo  exhortaba  el  conde-duque  à  su  esposa  â  ar- 
marse  de  paciencta ,  miéntras  él  mismo  se  hallaba  en  una  agita- 
cion  que  se  renoyaba  diariamente  con  las  cartas  que  recibia  de 
don  Enrique,  el  cual,  habiendo  permanecido  en  Ta  corte  para 
obseryar  cuanto  alli  pasaba ,  cuidaba  de  informarle  de  todo  pun- 
tualmente.  El  portador  de  estas  cartas  era  Escipion ,  que  se  ha- 
bia qnedado  en  casa  del  hîjo  adoptiyo  de  S.  £.,  delà  cual  habia 
saHdo  yo  inmediatamente  despues  de  su  matrimonio  con  dofia 
Juana.  Las  cartas  yenian  siempre  llenas  de  noticias  poco  gus- 


ses  GIL  BLAS. 

tosaSy  y  lo  peor  era  que  en  las  circunstancias  no  se  podian  es- 
perar  otras.  Decia  en  unas  que ,  no  contentos  los  grandes  con 
celebrar  pùblicamente  la  caida  del  conde-daque ,  hacian  cuanto 
podian  para  que  todas  sus  hechuras  fuesen  remoTÎdas  de  los  em- 
pleos  que  ocupatMun,  y  reemplazadas  porsus  enemigos.  Avisaba 
en  otras  que  iba  adquiriendo  £avor  don  Lois  de  Haro  »  quien , 
segun  todas  las  seftales ,  séria  nombrado  primer  ministro.  Pero 
entre  todas  las  noticias  que  desazonaban  â  mi  amo ,  la  qne  mas 
le  llegô  al  aima  fué  la  mutacion  que  se  hizo  en  el  vireinato  de 
Nàpoles ,  que  la  corte  ùnicamente  por  desairarle  quitô  al  duque 
de  Medina  de  las  Torres  é  quien  èl  apreciaba,  para  dàrselo  al 
almirante  de  Castilla  à  quien  siempre  habia  aborrecido. 

Paede  decîrse  que  en  el  espacio  de  très  meses  todo  foé  dis- 
gustos  y  desasosiego  para  el  conde-duque  ;  pero  su  confesor, 
que  era  un  religioso  dominico  tan  ejemplar  como  elocuente, 
hallô  modo  de  consolarle  :  à  fuerza  de  representarle  con  energia 
que  ya  no  debia  pensar  mas  que  en  su  salvacion ,  logrô ,  eon  el 
anxilio  de  la  divina  gracia ,  la  dicha  de  desprender  su  animo  de 
la  corte.  S.  E.  no  quiso  ya  saber  nada  de  Madrid»  ni  pensar  mas 
que  en  disponerse  para  una  buena  muerte.  Ia  condesa ,  desen- 
gaftada  tambien,  y  aprovechàndose  de  la  oportunidad  que  le 
ofrecia  aquel  retiro ,  hallô  en  el  convento  de  religiosas  que  ha- 
bia fundado  todo  el  consuelo  que  podia  desear,  pr^rairado  por 
la  divina  providencia.  Hubo  entre  aquellas  religiosas  algunas  de 
singular  virtud ,  cuyos  tiernos  coloquios  convirtiéron  insensible- 
mente  en  dulcedumbre  los  sinsabores  de  su  vida. 

Al  paso  que  mi  amo  apartaba  de  su  pensamiento  los  negocios 
del  mundo ,  se  quedaba  mas  tranquilo.  Entablô  un  nueyo  më- 
todo  de  yida,  y  una  distribucion  de  horas  de  la  manera  si- 
guientc.  Pasaba  casî  toda  la  maûana  en  la  iglesia  de  las  monjas 
oyendo  misas  »  iba  en  seguida  à  comer,  y  despues  se  divertia 
por  espacio  de  dos  horas  à  varios  juegos  conmigo  y  otros  cria- 
dos  de  su  mayor  confianza:  luego  se  retiraba  por  lo  regular  à  su 
despacho ,  donde  se  estaba  hasta  puesto  el  sol.  Ëntônces  salia  à 
dar  un  paseo  por  el  jardin ,  ô  tomaba  el  coche ,  y  daba  una 
Yuelta  por  las  cercanias  del  lugar,  acompaûado  siempre  de  su 
confesor  6  de  mi. 

Un  dia  que  ibamos  solos ,  y  que  yo  admiraba  la  serenidad  que 
brillaba  en  su  semblante ,  me  tome  la  licencia  de  decirle  :  Seftor, 
permitame  Y.  E,  que  le  manifieste  mi  regodjo  :  al  ver  el  aire  de 
satisfaccion  que  Y.  E.  muestra ,  juzgo  que  principia  é  famfliari- 
zarse  oon  la  soledad.  Ya  estoy  del  todo  famiiiarizado ,  me  res- 
poadiô  y  y  aunque  hace  mudio  tiempo  que  estoy  habituado  a 
ocuparme  ^n  los  negocios,  te  protesto,  hijo  mio,  que  cada  dia 
cobro.masaficion  à  la  vida  gustosa  y  padfica  que  aqui  disfnito. 


LIBRO  DUODECIMO.  569 


CAPITULO  XI. 

El  condd-duque  se  pone  repentinamente  trUte  y  pensatiro  :  motiTo 
extraordinario  de  su  tiisteza,  y  resultado  fatal  que  tuTo. 

S.  E.  para  variar  sus  ocupaciones  se  entretenia  tambien  algu- 
nas  yeces  en  caltivar  su  jardin.  Un  dia  qae  yo  le  estaba  yiendo 
trabajar  me  dijo  en  tono  festivo  :  Aqui  tienes ,  Santillana ,  à  un 
mioistro  desterrado  de  la  corte,  convertido  en  jardinero  en 
Loeches.  Sefior,  le  respond!  en  el  mismo  tono ,  me  parece  que 
estoy  Yiendo  é  Dionisio  Siracnsano  enseAando  &  leer  y  escribir  à 
Ids  niAos  de  Corinto  despues  de  haber  dictado  leyes  in  Sicilia. 
Sonriôse  un  poco  mi  amo  de  mi  respuesta  y  y  mostrô  que  no  le 
desagradaba  la  comparacion. 

Toda  la  familia  estaba  contentisima  y  admirada  de  yer  al  conde 
lan  superior  à  su  desgracia ,  rebosando  de  gozo  en  una  yida  tan 
diferente  de  la  que  habia  tenido  basta  alii ,  cnando  adyertimos 
en  el  una  repentina  mudanza  que  iba  creciendo  yisiblemente  y  y 
nos  causô  grandisîmo  dolor.  Vimosie  taciturno ,  pensatiyo  y  se- 
pultado  en  una  profunda  melancolia.  Dejô  todo  pasatiempo ,  y 
ninguna  impresion  le  hacia  cuanto  discurriamos  para  diyertirle. 
Asi  que  acababa  de  comer  se  encerraba  en  su  cuarto,  donde 
permanecia  solo  hasta  la  noche.  Pareciônos  que  aquella  tristeza 
podria  nacer  de  acordarse  de  la  grandeza  pasada ,  y  en  esta  in- 
teligencia  le  dejabamos  é  solas  con  el  padre  dominico  ;  pero  su 
elocuencia  tampoco  pudo  yencer  la  melancolia  del  duque,  la 
coal,  en  yez  de  disminuirse,  cada  dia  se  iba  aumentando. 

Ocurri6me  que  la  tristeza  del  ministro  podia  procéder  de  algun 
motiyo  ô  disgusto  reseryado  que  no  queria  manifestar,  lo  cu  a 
me  hizo  formar  el  designio  de  arrancarle  su  secreto  :  para  con- 
seguirlo  aguardé  el  momento  de  hablarle  sin  testigos ,  y  habién- 
dolo  hallado  :  SeAor,  le  dije  con  aire  mezclado  de  respeto  y  de 
cariAo,  ^serà  permitido  à  Gil  Bias  atreyerse  à  hacer  una  pre- 
gunta  i  su  amo?  Pregunta  lo  que  gustes ,  me  respondiô ,  que  yo 
te  lo  permito.  ^Qué  se  ha  hecho,  réplique ,  aquella  alegria  que  se 
notaba  en  el  semblante  de  Y.  £.7  ^Habrà  perdido  ya  Y.  E.  aquel 
ascendientc  que  tenia  sobre  la  fortuna?  ^Serà  acaso  posible 
que  la  pérdida  del  fayor  eicite  nneyas  inquietudes  en  Y.  E.? 
iQuerrâ  Y.  E.  yolyer  à  snmergirse  en  aquel  abismo  de  amar- 
guras  de  que  su  yirtud  le  habia  libertado?  No,  gracias  al  cielo  , 
respondiô  el  ministro ,  ya  no  me  atormenta  la  memoria  del  gran 
papel  que  représenté  en  el  teatro  de  la  corte;  y  olyidé  para 
siempre  todos  los  obseqaios  que  alli  se  me  tributâron.  Pues,  se- 
Aor,  le  répliqué,  ^st  Y.E.  ha  podido  desechar  de  si  todas  esai$ 


570  GIL  BLAS. 

memorias ,  ;  porquè  se  déjà  dominar  de  una  meiancolia  qoe  A 
todos  nos  aflige?  ^QaëtieneV.E.?  mi  querido  amo,  prommpi 
arrojàndome  à  sus  pies  :  Y.  E.  tiene  algun  secreto  pesar  que  le 
deyora.  ^Qaerrà  Y.  E.  hacer  un  misterio  de  ello  à  Santillana, 
cuya  réserva  >  zelo  y  fidelidad  tiene  tan  conocidos?  ;Quë  delito 
es  el  Biio  para  haber  desmerecido  su  antigua  confianza?  La  po- 
sées todavia,  me  dijo  S.  £.;  pero  confieso  que  me  cnesta  mocha 
repugnancia  revelarte  el  motivo  de  la  tristeza  en  que  me  yes  se* 
pultado  :  sin  embargo  no  puedo  negarme  â  las  instancias  de  un 
criado  y  de  un  amigo  como  tù  :  sabe  pues  el  motivo  de  mi  pena: 
solo  Santillana  me  podria  merecer  que  le  hiciese  semqante  oon- 
fesion.  Si,  continuô ,  me  domina  una  negra^ meiancolia  que  pooo 
à  poco  me  ya  acortando  los  dias  de  la  yida.  Gasi  à  cada  instante 
estoy  viendo  un  espectro  que  se  pone  delante  de  mi  bajo  una  for- 
ma espantosa.  Trabajo  en  yano  por  persuadirme  à  mi  mismo  de 
que  es  una  mera  ilusion,  una  fontasma  que  nada  tiene  de  realidad  : 
sus  continuas  apariciones  me  turban  y  trastoman.  Y  si  tengo  la 
cabeza  bastante  fuerte  para  yiyir  persuadido  de  que  viendo  i 
este  espectro  nada  yeo,  soy  tambien  bastante  dèbil  para  afligirme 
con  esta  vision.  Mira  lo  que  me  bas  obligado  à  que  te  confiese , 
afiadiô  :  juzga  ahora  si  me  sobraba  razon  para  ocultar  à  todos 
el  verdadero  motivo  de  mi  meiancolia. 

Oi  con  tanto  dolor  como  admiracion  una  cosa  tan  extraordi- 
naria,  y  que  suponia  que  su  màquina  se  iba  desorganizando.  Seûor, 
dije  al  ministro,  ^quien  sabe  si  eso  procède  del  escaso  alimen- 
to  que  toma  Y.  £.?  porque  su  sobriedad  es  excesiva.  Eso  miano 
pensé  yo  al  principio ,  me  respondiô ,  y  para  experimentar  si 
debia  atribuirlo  à  la  dieta ,  como  hace  algunos  dias  mas  de  lo 
ordinario  :  pero  todo  es  inûtil ,  porque  la  fantasma  no  desapareoe. 
Ella  desaparecerà ,  te  répliqué  para  consolarle ,  y  si  Y.  E.  quisiera 
distraerse  un  poco  volviendo  i  entretenerse  en  el  juego  con  sus 
fieles  criados ,  me  persuado  de  que  no  tardaria  en  verse  libre 
de  esos  negros  vapores. 

Pocos  dias  despues  de  esta  conversacion  cayô  S.  E.  enfermo, 
y  conociendo  él  mismo  que  el  mal  se  haria  de  cuidado  envié  a 
buscar  à  Madrid  dos  escribanos  para  disponer  su  testameoto  ; 
é  hizo  venir  tambien  très  célèbres  medicos ,  que  tenian  la  £una 
de  curar  algunas  veces  sus  enfermos.  Luego  que  se  divulgô  por 
cl  palacio  la  Uegada  de  estos  ùltimos ,  no  se  oyéron  en  él  mas 
qoe  lameutos  y  gemidos ,  mirando  todos  como  muy  c^xana  la 
rauerte  del  amo  :  tan  imbuidos  estaban  contra  taies  profesores. 
Habian  estos  Uevado  consigo  un  boticario  y  un  cirujano ,  eje- 
cutores  ordinarios  de  sus  ôrdenes;  y  dejando  primero  à  los  es- 
cribanos hacer  su  oficio  y  entrâron  en  seguida  ellos  â  desem- 
pefiar  el  suyo.  Como  seguian  los  principios  del  doctor  Sangredo, 
recetàron  desde  la  primera  consulta  sangrias  sobre  sangrias  ;  de 


LIBRO  DUODECIMO.  571 

manera  que  al  cabo  de  seis  dias  redajéron  &  los  ultimos  al  conde- 
daque,  y  al  séptimo  le  libriron  de  su  vision. 

La  muerte  del  ministro  ôcasionô  en  todo  el  palado  de  Loecfaes 
un  agudo  y  sinoero  dolor.  Sus  criados  le  llorâron  amargamente, 
y  léjos  de  consolarse  de  su  përdida  con  la  memoria  que  hizo  de 
todos  en  su  testamento ,  no  habia  sîquiera  uno  que  no  hubiera 
rennndado  gustoso  el  legado  que  le  tocaba  por  restituirle  à  la 
yida.  Yo,  que  èra  el  mas  querîdo  de  S.  £.,  y  que  me  habia  afi- 
cionado à  él  por  pura  inclinacion  hâcia  su  persona ,  senii  aun 
mas  que  los  otros  su  fellecimiento  :  dudo  que  Antonia  me  baya 
costado  mas  làgrimas  que  el  conde-duque. 


CAPITULO  XU. 

Lo  que  pasô  eu  el  palacio  de  Loeches  despues  de  la  muerte  del  conde-duque , 
y  partido  que  tomô  Santillana. 

Con  arreglo  à  la  Toluntad  del  ministro  fîié  sepultado  su  cada- 
ver en  el  convento  de  las  religiosas  ^  sin  pompa  ni  ostentacion , 
acompaàado  de  nuestros  lamentos.  Despues  de  los  funerales  la 
condesa  de  Olivares  nos  hizo  leer  el  testamento ,  del  cual  toda  la 
fàmilia  tuvo  motivo  para  quedar  contenta.  Â  cada  uno  dejô  el 
difunto  una  manda  correspondiente  al  empleo  que  tenia ,  siendo 
lamenor  de  dos  mil  escudos:  la  mia  fiié  la  mayor  de  todas; 
S.  £.  me  dejô  diez  mil  doblones  en  prueba  del  singular  afecto  que 
me  habia  profesado.  No  se  olvidô  de  los  hospitales ,  y  fiindo 
aniversarios  en  muchos  conventos. 

La  condesa  de  Olivares  enviô  à  Madrid  à  todos  los  criados , 
para  que  cada  uno  cobrase  su  manda  de  su  mayordomo  don 
Ramon  Caporis  que  tenia  ôrden  de  entregàrsela  ;  pero  yo  no 
pude  ir  con  ellos,  porque  una  fiierte  calentura,  efecto  de  mi 
afliccion,  me  detuvo  en  el  palacio  siete  ù  ocho  dias.  No  me  aban- 
donô  en  todo  ese  tiempo  el  padre  domlnico  ;  porque  este  buen 
religioso  me  habia  tornado  inclinacion,  é  interesàndose  en  mi 
salud  me  preguntô,  luego  que  me  viô  restablecido ,  que  pensaba 
hacer  de  mi.  No  se  todavia ,  mi  reverendo  padre ,  lo  que  haré , 
le  respond!  ;  porque  en  este  punto  no  estoy  aun  de  acuerdo  con- 
migo  mismo.  Algunos  momentos  estoy  tentado  i  encerrarme  en 
una  celda  para  hacer  penitencia.  |  Momentos  predosos  !  exclamé 
el  religioso ,  sefior  Santillana ,  { y  que  bien  haria  vmd.  en  apro- 
vecharse  de  ellos  I  Aconsëjole  como  amigo  que ,  sin  dejar  de  ser 
seglar,  se  retire  para  siempre  à  algun  convento  »  en  donde  por 
medio  de  algunas  donaciones  piadosas  de  sus  bienes  pueda  ex- 
piar  los  extravios  de  una  vida  mundana ,  à  ejemplo  de  muchas 
personas  que  han  terroinado  asi  su  carrera. 


573  GIL  BLAS. 

En  la  disposicion  eo  qae  me  haDaba  no  me  ineomodô  el  con- 
sejo  del  religioso  ;  y  respondl  à  sa  reyerencta  qae  me  tomaria 
tiempo  para  reflexionarlo.  Pero  habiendo  consoitado  sobre  el 
pariicolar  é  Esdpion ,  A  qoien  yi  an  momento  despues  que  al 
padre  y  se  opuso  A  este  pensamiento,  que  le  paredô  un  delirio. 
;  Es  posible,  seAor  de  Santillana ,  me  dijo ,  que  ymd.  se  incline 
a  semejanie  retire?  ;pues  no  tiene  en  su  quinta  de  Liria  otro 
mas  agradable?  Si  en  otro  tiempo  qnedô  tan  enamorado  de  él, 
con  mayor  razon  le  agradarà  ahora  qae  se  halla  en  edad  mas 
adeouada  para  dejarse  embelesar  de  las  bellezas  y  atractiyos  de 
la  naturaleza. 

Poco  trabajo  le  costô  al  hijo  de  la  Coscolina  hacerme  madar 
de  opinion.  Amigo  mio ,  le  dije ,  mas  puedes  to  que  el  padre  do- 
minico.  Yeo  con  efecto  que  me  serA  mejor  yolyer  A  mi  qainta, 
y  A  ello  me  decido.  Volyerèmonos  A  Liria  luego  que  mi  salud 
me  permita  ponerme  en  camino ,  lo  que  no  puede  tardar  mu- 
cho,  pues  ya  estoy  sin  calentura,  y  en  brève  tiempo  espero  re- 
cobrarme  del  todo.  Fuimonos  Escipion  y  yo  A  Madrid,  cuya 
yista  no  me  alegrô  tanto  como  me  alegrabii  ea  otro  tiempo.  Sa- 
biendo  que  era  casi  universal  el  horrorrcon  que  se  oia  el  nombre 
de  un  ministre  coya  memoria  me  era  tan  apreciable ,  no  podia 
mirar  esta  villa  con  buen  semblante ,  y  asi  solo  me  detuve  en 
ella  cinco  ô  seis  dias  que  necesitô  Escipion  para  disponor  lo 
necesario  A  nuestra  salida  para  Liria.  Mièntras  él  cuidaba  de  esto, 
yo  me  fui  A  ver  con  Caporis,  que  al  punto  me  entregô  mi  legado 
en  doMones  efectivos.  Lo  mismo  hioe  con  los  depositaries  de 
las  encomiendas  sobre  las  cuales  yo  tenia  mis  pensiones  ;  con- 
certé con  ellos  el  modo  de  librarme  los  pages  ;  en  una  palabra  ^ 
dejé  arreglados  todos  mis  asuntos. 

El  dia  Antes  de  partir  pregunté  al  hijo  de  la  Coscolina  si  se 
habia  despedido  de  don  Enrique.  Si  y  sefkor ,  me  respondiô ,  y 
ambos  nos  hemos  separado  esta  mafiana  amistosamente:  no 
obstante  él  me  ha  asegurado  que  sentia  le  dejase  ;  pero  si  él  es- 
taba  contente  conmigo,  yo  no  lo  estaba  con  él:  no  basta  que 
el  criado  agrade  al  amo  ;  es  menester  tambien  que  el  amo  agrade 
al  criado  ;  de  otra  manera  se  avienen  mal  :  fiiera  de  que  »  aftadiô, 
don  Enrique  no  hace  sino  un  triste  papel  en  la  corte.  Se  le  mira 
en  ella  con  el  mayor  desprecio  ;  en  las  calles  todos  le  sefialan 
con  el  dedo ,  y  ninguno  le  llama  mas  que  el  hijo  de  la  Genovem, 
Vea  vmd.  ahora  si  para  un  mozo  de  honra  séria  cosa  de  gusto 
servir  A  un  amo  desacreditado. 

Saltmos  por  ultimo  de  Madrid  al  amanecer,  y  tomAmos  el 
camino  de  Guenca.  Iba  ordenado  el  equipage  de  la  manera  si- 
gniente  :  mi  confidente  y  yo  ibamos  en  una  calesa  de  dos  mutas 
condocidaa  por  un  calesero;  seguian  très  machos  cargados  de 
ropa  y  dinero  guiados  por  dos  mozos  de  mulas;  tras  de  estes 


LIBRO  DUODIÈCIMO.  573 

veoian  dos  robustes  lacayos  escogidos  por  Escipion ,  montados 
sobre  dos  mulas  y  completamente  armados.  Los  mozos  Uevaban 
por  su  parte  sables ,  y  el  calesero  an  par  de  pistolas  en  el  arson 
de  la  silia.  Como  eramos  siete  hcmibres ,  y  los  sais  de  mueho  ya^ 
lor  y  gran  resolacion ,  me  puse  en  camino  alefiremente  y  sin  el 
menor  rezelo  de  que  me  robasen  mi  herencia.  Al  pasar  por  los 
pueblos  se  gallardeaban  nuestros  madios  y  mulas  haciendo  re- 
sonar sus  campanillas  ;  y  los  paisanos  se  asomahan  à  las  puertas 
para  ver  pasar  nuestro  acompaftamienio ,  que  les  pareda,  cuando 
ménos ,  el  de  algun  grande  que  iba  à  tomar  posesion  de  un  th 
reinato. 

CAPITULO  XIII. 

Vuelve  Gil  Bias  à  su  quinta  :  tiene  el  gusto  de  enoontrar  ya  casadera  k  m 
ahijada  Serafina  ;  y  éi  mismo  se  enamora  de  una  aeAorita. 

Quince  dias  tardé  hasta  Liria,  porque  no  habia  precision  de 
acelerar  las  jornadas  :  solamente  deseaba  Uegar  con  salud  y  des- 
cansado ,  lo  que  efectivamente  consegui.  La  primera  vista  de  mi 
quinta  me  causô  algunos  pensamientos  tristes ,  acordàndome  d« 
mi  Antonia;  pero  luego  procuré  desecharlos,  divirtiendo  la  ima- 
ginacion  à  cosas  que  me  gustasen,  lo  que  no  fiiè  dificil ,  porque 
al  cabo  de  veinte  y  cinco  aâos  que  habian  pasado  desde  su 
muerte ,  estaba  ya  muy  mitigado  el  dolor  de  aquella  pérdida. 

Al  punto  que  entré  en  la  quinta  viniéron  presurosas  à  sàh^ 
darme  Beatriz  y  su  hija  Serafina:  despues  de  esto  el  padre,  la 
madré  y  la  hija  se  llenàron  de  abrazos  con  tantas  demostraciones 
de  alegria  que  me  encantàron.  Luego  que  se  desahogàron  ^'é  la 
atencion  en  mi  ahijada ,  y  dije:  ;  Es  positde  que  sea  esta  aqueUa 
Serafina  que  yo  dejé  en  la  cuna  cuando.  .me  ausenté  de  Liria  l 
Pasmado  estoy  de  yerla  tan  bella  y  tan  (areoida.  Es  menester  que 
pensemos  en  casarla.  ;Como  asi?  queri^o  padrioo ,  exclamé  mi 
ahijada  sonrosàndose  un  poco  al  oir  mis  ultimas  palabras ,  ;  no 
bien  me  ha  visto  ymd.  cuando  ya  piensa  en  sépararme  de- si? 
No,  hija  roia,  le  respond! ,  no  pretendemos  separarte  de  noso-* 
tros  dindote  marido:  qaeremos  que  el  que  te  busqué  consienta 
en  vivir  con  nosotros. 

Uno  que  tiene  esa  circunstancia ,  dijo  entènces  Beatriz ,  pré- 
tende à  la  niAa.  Cierto  hidalgo  de  un  lagar  inmediato  viô  é  Sera- 
fina un  dia  en  misa  en  la  iglesia  del  lugar,  y'qnedi  muy  prendado 
de  ella.  Yino  despues  à  verme,  declarômo  su  intencion,  y  pidiè 
mi  consentimiento.  Poco  adelantaria  vrnd-^Je  respoadi,  aunqœ 
yo  se  le  concediera.:  Serafina  dépende  de  su  padre  y  de  rss  pa- 
drinOy  que  son  los  .àsûcos  que  pueden  dispone  de  su  mano.  Lo 
mas  que  puedo  hacer  por  ymd.  es  escribirles  para  infbjrmaiies  de 
su  soUpitnd  honrofa  para  mi  hija.  Con  ^eoto ,  seltores ,  prosiguié 


'574  GIL  BLAS. 

ella  »  esto  ibft  i  escribir  i  vstedes  ;  mas  ya  que  m  haOan  aqni 
haràn  lo  que  mejor  les  (Nuresca. 

Pero  en  simia ,  dijo  Esdpion ,  i  que  caracter  tiene  eee  hidalgo  ? 
^Se  pareoe  acaso  à  la  mayor  parte  de  Iob  de  su  dase?  ^Esti 
enyanecidoeon  sa  nobleza,  y  es  insolente  con  los  plebeyos?  i  Oh! 
lo  que  es  eso  no ,  respondiô  Beatris.  Es  un  mozo  may  a£aJ>le  y 
atento  con  todos,  sobre  ser  bien  parecido,  y  que  aun  no  ha 
cumplido  treinta  aftos.  Nos  baoes,  dije  &  Beatriz,  an  buen  re- 
trato  de  ese  caballero:;como  se  llama?  Don  Juan  de  Antella, 
respondiô  la  muger  de  Escipion.  Ha  poco  tiempo  que  heredô  à 
su  padre ,  y  vive  en  una  hacienda  propia  que  solo  dista  una  légua 
de  aqui,  en  oompania  de  una  seAorita  jôven  hermana  suya.  Oi  en 
otro  tiempo ,  repuse  yo ,  hablar  de  la  fomilia  de  ese  hidaJgo ,  que 
es  una  de  las  mas  nobles  del  reino  de  Valencia.  Aprecio  mënos, 
exdamô  Escipion ,  la  hidalguia  que  las  buenas  prendas  ;  y  ese 
don  Juan  nos  convendrà  si  es  hombre  de  bien.  A  lo  mënos  esa 
fama  tiene ,  dqo  Serafina  tomando  parle  en  la  conversadon  ;  y 
los  yecinos  de  Liria  que  le  conocen  le  ponderan  mucho.  Cuando 
01  estas  breyes  palabras  à  mi  ahijada,  me  sonrei  mirando  à  su 
padre ,  el  cual  conodô  por  ellas  oomo  yo  que  aquel  galan  no  des- 
agradaba  à  su  hija. 

Tardô  poco  el  caballero  en  saber  nuestra  llegada ,  y  dos  dias 
despues  vino  à  presentarse  en  nuestra  quinta.  Se  nos  acercô  con 
buenos  modales;  y  léjos  de  que  su  presencia  desminliese  el  in- 
forme que  Beatriz  nos  habia  dado ,  nos  hizo  formar  mucho  mayor 
concepto  de  sa  mèrito.  Dijonos  que  como  vecino  venia  é  darnos 
la  bienvenida.  Reciblmosle  con  la  mayor  atencion  y  agrado  que 
nos  fué  posible;  pero  esta  visita  fué  de  pura  urbanidad ,  pasàn- 
dose  todo  en  reciprocos  cumplimientos  ;  y  don  Juan,  sin  haUamos 
una  palabra  de  su  amor  à  Serafina ,  se  retiré  rogindonos  sola- 
mente  que  le  permitieramos  repetir  sus  visitas  para  aproyecharse 
mejor  de  una  vedndad  que  juzgaba  habia  de  série  may  gustosa. 
Despues  que  se  fué  nos  preguntô  Beatriz  que  tal  nos  parecia 
aquel  hidalgo  :  le  respondimos  que  nos  habia  prendado  y  qae  nos 
parecia  que  la  fortuna  no  podia  oCrecer  mejor  eolocacion  à  Serafina. 

Al  dia  siguiente  despues  de  comer  sali  con  el  hijo  de  la  Cos- 
colina  para  ir  à  pagar  la  visita  que  debiamos  à  don  Juan.  Tome- 
mos  el  cammo  de  sa  lugar,  guiados  por  un  aldeano  que  despues 
de  haber  caminado  très  cuartos  de  légua  nos  dijo  :  Aquella  es  la 
quinta  de  don  Joan  de  Antella.  Recorrimos  con  la  vista  todos 
aquellos  campos ,  y  estuvimos  largo  rato  sin  verla ,  hasta  que 
llegando  al  pié  de  un  coliado  la  descubrimos  en  medio  de  un 
bosqiie  rodeado  de  corpulentos  irboles»  ooya  irondosidad  y  espe- 
sura  la  ocultaban  é  la  vista.  Tenia  un  aspeeco  antiguo  y  deierio- 
rado  que  acreditaba  ménos  la  opulencia  que  la  nobleza  de  su 
dueAo.  Sin  embargo ,  cuando  ya  estuvimos  dentro  advertimos 


UBRO  DUODECIMO.  575 

que  el  aseo  y  buen  gusto  de  los  muebles  recompensaba  la  caduca 
vejez  del  edificio. 

Don  Juan  nos  recibiô  en  una  sala  decentemente  adornada ,  en 
donde  nos  présenté  una  sefiora  que  nombrô  delante  de  nosotros 
sa  hermana  Dorotea ,  y  que  podia  tener  de  diez  y  nueve  à  veinte 
aAos.  Estaba  yestida  de  gala  como  quien  esperaba  nuestra  visita 
caidadosa  de  parecernos  bien  ;  y  presentàndose  â  mi  yista  con 
todos  sns  atractiyos ,  hizo  la  misma  impresion  que  Antonia ,  es 
decir  que  me  quedë  turbado  ;  pero  supe  disimular  tanto ,  que  ni 
el  mismo  Escipion  lo  pudo  adyertir.  Nuestra  conyersacion  verso 
como  la  del  dia  anterior  sobre  el  contento  mutuo  que  tendriamos 
de  vernos  algunas  veces  y  de  vivir  con  la  armonia  de  buenos 
vecinos.  Don  Juan  no  tomô  todavia  en  boca  é  Serafina ,  ni  por 
nuestra  parte  se  dijo  cosa  alguna  que  le  pudiese  dar  ota^èn  à  de- 
clarar  su  amor ,  persuadidos  de  que  en  ese  punto  lo  mejor  era 
dejarle  venir.  Durante  la  conyersacion  echaba  yo  de  cuando  en 
cuando  alguna  ojeada  à  Dorotea ,  sin  embargo  de  simular  mirarla 
lo  ménos  que  me  era  posible  ;  y  cada  vez  que  mis  miradas  se 
encontraban  con  las  suyas  eran  estas  otras  tantas  fléchas  con  que 
me  atravesaba  el  corazon.  Confésaré  con  todo ,  por  hacer  recta 
justicia  al  objeto  amado ,  que  no  era  una  hermosura  compléta  : 
aunque  tenia  la  tez  muy  blanca ,  y  los  labios  mas  encarnados  que 
la  rosa ,  su  nariz  era  un  poco  larga ,  y  sus  ojos  pequeâos  ;  pero 
sin  embargo  el  conjunto  me  embelesaba. 

En  suma  no  sali  de  casa  de  Antella  con  el  sosiego  con  que  ha- 
bia  entrado ,  y  al  volverme  à  Liria  con  la  imaginacion  puesta  en 
Dorotea ,  no  veia  ni  hablaba  sino  de  el]a.;Qué  es  esto ,  mi  amo? 
me  dijo  Escipion  miràndome  como  suspenso  :  mucho  le  ocupa  a 
vmd.  la  hermana  de  don  Juan  :  i  le  habrà  inspirado  é  vmd.  amor  ? 
Si,  amigo,  le  respondi,  y  estoy  corrido  de  ello.  ;  Oh  cielos  !  Yo  que 
desde  la  muerte  de  Antonia  he  mirado  mil  hermosuras  cou  indife- 
rencia,  ^  sera  posible  que  encuentre  â  la  edad  en  que  me  hallo 
una  que  me  inflame  sin  que  yo  lo  pueda  resistir  ?  Sefior,  me  re- 
pKcô  el  hijo  de  la  Coscolina ,  pareciame  à  mi  que  debia  vmd.  celé-- 
brar  esa  aventura  en  vez  de  quejarse  de  ella  :  vmd.  se  halla  toda- 
via en  una  edad  en  que  nada  tiene  de  ridiculo  abrazarse  en  una 
amorosa  llama,  ni  el  tiempo  ha  maltratado  tanto  su  semblante  que 
le  baya  quitado  la  esperanza  de  agradar.  Crëame  vmd.,  la  primera 
vez  que  vea  à  don  Juan ,  pidale  sin  temor  su  hermana,  segtiro  de 
que  no  la  podrâ  negar  à  un  hombre  de  sus  circunstancias.  Fuera 
de  que,  aun  cuando  quisiese  absolutamente  casarla  con  algun  hi- 
dalgo ,  vmd.  lo  es ,  pues  tiene  su  ejecutoria  que  basta  para  su 
posteridad.  Despues  que  el  tiempo  haya  echado  à  la  tal  ejecutoria 
el  espeso  velo  que  cubre  el  origen  de  todas  las  familias ,  quiero 
decir,  despues  de  quatro  6  dnco  generaciones ,  la  descendencia  de 
los  Santillanas  sera  de  las  mas  ilustres. 


576  GIL  BLAS. 


CAPITULO  ULTIMO. 

De  las  dos  bodas  que  se  celebrâron  en  la  quiuta  de  Liria ,  con  lo  cual  se  da  £in 
â  la  bistoria  de  Gfl  Bias  de  Santillana. 

Animôme  taato  Escipion  a  declararme  amante  de  Dorotea ,  que 
ni  siquiera  me  pasô  por  la  imaginacion  qae  me  exponia  à  on  des- 
aire. Con  todo  eso  no  me  déterminé  à  eÛo  sin  cierto  rezelo.  Aun- 
que  mi  rostro  disimulaba  macho  mis  aûos ,  y  podia  quitanne  à 
lo  mënos  diez  de  los  qae  tenia  sin  miedo  de  no  ser  creido ,  no 
por  eso  dejaba  de  dudar  con  fundamento  qae  pudiera  agradar  â 
una  mager  jôven  y  Kermosa.  Sin  embargo  resoh  i  airiesgarme,  y 
hacer  la  peticion  la  primera  vez  que  viera  à  sa  hermano ,  el  cual, 
por  sa  parte,  no  teniendo  seguridad  de  consegair  à  mi ahijada^ 
no  estaba  sin  zozobra. 

Volviô  à  mi  quinta  al  dia  siguiente  por  la  maftana  à  tiempo  qae 
acababa  de  vestirme.  Seûor  de  Santillana ,  me  dijo ,  hoy  Tengo  a 
Liria  à  tratar  oon  ymd.  de  un  asnnto  may  serio.  Hicele  entrar  en 
mi  despacho ,  y  desde  luego  en^ezô  à  hablar  sobre  el  particular. 
GreOy  me  dijo ,  que  no  ignora  vmd.  el  negocio  que  me  trae.  Yo 
amo  à  Serafina  ;  vmd.  lo  puede  todo  con  su  padre  :  suplicole  fia- 
Torezca  mi  pretension ,  disponiendo  que  consiga  el  objeio  de  mi 
amor  :  debayo  à  vmd.  la  felicidad  de  mi  i^ida.  SeAor  don  Juan, 
le  respond! ,  ya  que  vmd.  ha  ido  derechamente  al  asunto ,  no  ex- 
traûe  que  yo  imite  su  ejeroplo ,  y  que ,  despues  de  haberle  pro- 
metido  mis  buenos  oficios  para  cou  el  padre  de  mi  ahijada ,  im- 
plore los  de  ymd.  para  con  su  hermana. 

À  estas  ultimas  palabras  don  Juan  dejô  escapar  un  tierno  snspiro 
del  cual  inferi  un  agûero  favorable.  {Es  postt>le ,  seAor ,  exclamé 
prontamente ,  que  Dorotea  i  la  primera  yista  baya  conquistado 
Yuestro  corazon  I  Me  ha  encantado ,  le  dije ,  y  me  tendre  por  el 
hombre  mas  dichoso  del  mundo  si  mi  pretension  agradase  a  uno 
y  à  otro.  De  eso  debe  ymd.  estar  seguro ,  me  replicô ,  pues  aun- 
que  somos  nobles  no  desdefiamos  el  enlace  de  ymd.  Me  alegro, 
repuse  yo  >  que  no  tenga  ymd.  dificultad  en  admitir  por  cafiado 
à  un  plebeyo  :  esto  mismo  me  obliga  à  estimarle  mas,  porque  es 
pruebad^  subuenjuido  ;  pero  sepa  vmd.  que,  ann  cnando  su  ya- 
nidad  le  indujese  à  no  permi^r  que  su  hermana  diera  la  mano  i 
ninguno  que  no  fuera  noble ,  todavia  tenia  yo  con  que  contentar 
su  presuncion.  Vejnte  y  ocho  ajk>s  me  he  empleado  €hi  las  ofici* 
nas  del  ministerio  ;  y  el  rey ,  para  recompensar  los  sertîcîos  que 
hice  a]  estado ,  me  gratifioô  cou  una  ejecutoria  de  noUexa  que  yoy 
à  enseûar  à  vmd.  Diciendo  esto.saquè  la  fJ6CoU>ria  de  oo  cajou , 
entreguésela  al  hidalgo ,  que  la  leyô  de  cniz  à  fecfaa  atemameote 


LIBRO  DUODECIMO.  577 

con  la  mayor  satisfaccion.  Esta  muy  buena ,  me  dijo  al  devoher- 
mela:  Dorotea  es  de  vmd.  Y  vmd.,  exclamé  yo,  cuentecon  Serafina. 

QuediroD ,  pues ,  determinados  de  esta  manera  entre  nosotros 
los  dos  matrimonioSy  y  solo  restaba  saber  si  las  novias  conscn- 
tirian  gustosas  :  porque  ni  don  Juan  ni  yo ,  igualmente  delicados , 
pretendiamos  conseguirlas  contra  sa  Toluntad.  YolviAse  este  hi- 
dalgo à  su  quinta  de  Amelia  à  participar  mi  pretension  à  su  her- 
mana ,  y  yo  llamé  à  Escipion ,  Beatrix  y  mi  ahijada  para  darles 
parte  de  la  conyersacion  que  habia  tenido  con  don  Juan.  Beatriz 
fué  de  dictàmen  que  se  le  admitiese  por  esposo  sin  vacilar ,  y  Se- 
rafina diô  à  entender  con  su  silencio  que  era  del  mismo  parecer 
que  su  madré.  No  fuè  de  otro  su  padre;  pero  mostrô  alguna  inquie- 
tud  por  el  dote  que  le  parecia  preciso  dar ,  correspondiente  A  un 
hidalgo  como  aquel ,  y  cuya  quinta  tenia  urgente  necesidad  de  re- 
paros.  Tapé  la  boca  à  Escipion ,  diciéndole  que  eso  me  tocaba  à 
mi ,  y  que  yo  le  daba  cuatro  mil  doblones  de  dote  à  mi  ahijada. 

Fui  A  ver  à  don  Juan  aquella  misma  tarde.  Yuestro  asunto ,  le 
dije,  Ta  à  pedir  de  boca;  deseo  que  el  mio  no  se  halle  en  peor 
estado.  Ya  que  no  puede  ir  mejor ,  me  respondiô  ;  no  he  nece- 
sitado  emplear  la  autoridad  para  obtener  el  consentimiento  de 
Dorotea.  La  persona  de  vmd.  le  contenta ,  y  sus  modales  le  agra- 
dan.  Ymd.  rezelaba  no  ser  de  su  gusto,  y  ella  teme  con  mas  ra- 
zon  que ,  no  teniendo  que  ofrecerle  sino  su  corazon  y  su  mano... 
{  Que  mas  puedo  desear  I  exclamé  foera  de  mi  de  alegria.  Una  yez 
que  la  amable  Dorotea  no  tenga  repugnancfa  à  unir  su  suerte  con 
la  mia,  nada  mas  pido.  Soy  bastante  rico  para  casarme  con  ella 
sin  dote  y  y  con  solo  poseerla  quedaràn  colmados  todos  mis  deseos. 

Don  Juan  y  yo  ,  completamente  satisfechos  de  haber  conduci- 
do  dichosamente  las  cosas  à  este  estado ,  resolvimos  excusar  to- 
das  las  ceremonias  superiluas  para  acelerar  cuanto  antes  nuestras 
bodas.  Dispuse  que  mi  fiituro  cufiado  se  abocase  con  los  padres 
de  Serafina;  y  conyenidos  en  las  capitulaciones  del  matrimonio 
se  despidiô  de  nosotros ,  promctiendo  Tolver  al  dia  siguiente 
acompaflado  de  su  hermana  Dorotea.  £1  deseo  de  parecer  bien 
à  esta  seftorita  me  obligé  à  emplear  por  lo  ménos.tres  horas 
largas  en  vestirme ,  engalanarme  y  adonizarme ,  y  ni  aun  asi  me 
pude  reducir  à  estar  contento  con  mi  figura.  Para  un  mozalbete 
que  se  dispone  à  ir  à  ver  a  su  querida ,  esto  es  un  recreo  ;  mas  para 
un  hombre  que  comienza  à  envejecer ,  es  una  ocupacion.  Con  todo 
fui  mas  afortunado  de  lo  que  esperaba  ;  volvi  à  ver  à  la  hermana 
de  don  Juan ,  y  ella  me  mirô  con  semblante  tan  favorable ,  que 
todavia  me  presumi  \aler  alguna  cosa.  Tuve  con  ella  una  larga 
conyersacion  :  quedé  hechizado  de  su  caràcter  y  de  su  juicio ,  y 
me  persuadl  de  que  con  buen  tratamiento  y  mucha  condescen- 
dencia  podria  llegar  à  ser  un  esposo  querido.  Lleno  de  tan  dul- 
ce  esperanza  envié  à  buscar  dos  escribanos  à  Yalencia  que  for- 

57 


578  GIL  BLAS. 

malizàron  la  escritura  matrimonial.  Despues  acadimos  al  cara  da 
Patema,  qae  yino  à  Liria  y  nos  casô  &  don  Juan  y  à  mi  con 
nuestras  noyias. 

Encendi ,  pues  ^  por  la  segunda  vez  la  antorcha  de  himeneo , 
y  nunca  tuye  motiyo  de  arrepentirme.  Dorotea ,  como  mnger 
yirtuosa»  no  tenia  mayor  gusto  que  cumplir  con  su  oblîgacion, 
y  como  yo  procuraba  adelantarme  à  Qenar  sus  deseos ,  tardô 
poco  en  enamorarse  de  mi  como  si  yo  estuyiera  en  mi  juyentud. 
Por  otra  parte ,  en  don  Juan  y  en  mi  ahijada  se  encendiô  con 
igual  yiyeza  el  amor  conyugal ,  y  lo  mas  singular  fué  que  las 
dos  cuAadas  contrajéron  la  mas  estrecha  y  sincera  amistad.  Por 
mi  parte  adyerti  en  mi  cufiado  tan  buenas  prendas ,  que  le  cobrè 
un  yerdadero  carifko ,  que  no  me  pagô  con  ingratitud.  En  fin , 
la  union  que  reinaba  entre  nosotros  era  tal ,  que  cuando  tenia- 
mos  que  separarnos  por  la  noche  para  yolyernos  à  reunir  el  dîa 
siguiente,  esta  separacion  no  se  yerificaba  sin  sentimiento;  lo 
que  diô  motiyo  à  que  ambas  familias  nos  resolyiesemos  à  no 
formar  mas  que  una  sola,  que  tan  pronto  yiyia  en  la  quînta  de 
Liria  como  en  la  de  Amelia  y  à  la  cual  para  este  efecto  se  le  hi* 
ciëron  grandes  reparos  con  los  doblones  de  S.  E. 

Très  aûos  hace  ya ,  amigo  lector ,  que  paso  una  yida  deliciosa 
al  lado  de  personas  tan  queridas.  Para  coimo  de  mi  dicha  el  cielo 
se  ha  dignado  concederme  dos  hijos ,  de  quienes  creo  pruden- 
temente  ser  padre ,  y  cuya  educacion  ya  à  ser  el  entretenimieoto 
de  mi  ancianidad. 


FIN. 


INDICE. 


UBRO  PRIMERO. 

Cap.   I.      Nacimiento  de  Gil  Bias ,  7  su  educacion.  pag.       i 

-^  II.  De  los  sustos  que  tuTo  Gil  Bias  en  el  camino  de  PeAaflor,  lo 
que  hizo  cuando  llego  alii,  j  lo  que  le  sucedio  oon  un 
hombre  que  ceno  con  el.  a 

—  III.    De  la  tentacion  que  tuTo  el  arriero  en  el  camino,  en  que  par6, 

y  como  Gil  Bias  se  estrello  contra  Garibdis,  queriendo  eyi- 
tar  à  Scila.  8 

—  IV.     Descripcion  de  la  cuera  soteirânea,  y  de  lo  que  tîô  en  ella 

Gil  Bias.  10 

—  V.      De  la  llegada  de  otros  ladroues  al  soterrineo,  7  de  la  conyer- 

sacion  que  tuviëron  entre  si.  \i 

—  YI.    Del  intento  de  escaparse  Gil  Bias,  y  ëzito  de  su  tentatira.  17 

—  VU.  De  lo  que  hizo  Gil  Bias,  no  pudiendo  hacer  otra  cosa.  ao 

—  VIII.  AcompanaGil  Bias  â  los  ladrones;  que  empresa  acomete  en 

los  caminos  reaies.  31 

—  IX.    Del  serio  lance  que  siguio  â  la  arentura  del  fraile.  a3 

—  X.      De  que  modo  se  portâron  los  bandoleros  oon  la  seAora  des- 

mayada.  Gran  proyecto  de  Gil  Bias,  y  sus  résultas.  a5 

—  XI.     Historia  de  doAa  Mencîa  de  Hosquera.  vg 

—  Xn.   Del  modo  poco  gustoso  con  que  fuë  interrumpida  la  conversa- 

cion  de  la  senora  y  de  Gil  Bias.  34 

—  XIII.  Por  que  casualidad  sale  Gil  Bias  de  la  cârcel ,  y  i  donde  se  en- 

camino  despues.  87 

—  XIV.  Becibimiento  que  le  hizo  en  Burgos  doAa  Hencfa.  89 

—  XV»  De  que  modo  se  ristio  Gil  Bias;  del  nuero  regalo  que  le  hizo 

la  senora;  5  del  equipage  en  que  saliô  de  Burgos.  4^ 

—  XVI.  Donde  se  Te  que  ninguno  dcbe  fiarse  mucho  de  la  prospe- 

ridad.  4^ 

—  XVII.  Partido  que  tomo  Gil  Bias  de  résultas  del  triste  succso  de  la 

casa  de  posada.  5o 

UBRO  SEGUNDO. 

Cap.  I.       Entra  Gil  Bias  por  criado  del  lîcenciado  Cedillo;  estado  en  que 

este  se  hallaba ,  y  retrato  de  su  ama.  56 

—  II.      Que  remedies  suministrâron  al  canônîgo  habiendo  empeorado 

en  su  enfermedad;  lo  que  résulté,  y  que  dejô  â  Gil  Bias  en 
su  testamento.  60 

—  III.    Entra  Gil  Blasa  senrir  al  doctor  Sangredo,  y  se  hace  famoso 

medico.  64 


5S0  INDICE. 

—  I V .    Prosîgue  Gil  Bias  ejerciendo  la  medicina  oon  Unto  acierto  oomo 

capaddad.  ÂTentura  de  la  sortija  reoobrada.  69 

—  V.     Proùgue  la  aTentura  de  la  sortija  jdeja  Gil  Elas  la  medicinay 

y  se  auscnta  de  ValladoUd.  ^6 

—  VI.    K  donde  se  encaminô  Gil  Bias  despues  que  salio  de  VaUadolid, 

y  qu<^  especie  de  hombre  se  incoiporô  con  ël.  8 1 

—  VII.  Historia  del  mancebillo  barbero.  83 

—  VIU.  EncuentfX)  de  Gil  Bias  j  su  compaAero  oon  un  hombre  qne  es- 

taba  mojando  mendmgoa  de  pan  en  una  fuente,  y  oonyer- 
sacion  que  con  â  tuTiéron.  100 

—  I\ .    Estado  en  que  encontro  Die^  â  sus  parientes  ;  y  oomo  Gil  Bias 

se  scparô  de  ël  despues  de  baber  participado  de  ciertas  di- 
Tersiones»  io3 


LIBRO  TERCERO. 

Cap.  I.       Llegada  de  Gil  Bias  â  Madrid,  y  primer  amo  à  quien  sûrid 

alli.  107 

—  II.     De  la  admiracion  que  causé  à  Gil  Bias  el  encuentro  oon  él 

capitan  Rolando ,  j  de  las  oosas  curiosas  que  le  contô  aquel 
bandolero.  ii3 

—  III.     Déjà  Gil  Bias  à  don  Bernardo  de  Castelblanoo ,  y  entra  â  ier- 

▼ir  k  un  elegante.  118 

—  IV.    Hace  amistad  Gil  Bias  con  los  criados  de  los  elegantes  ;  secreto 

admirable  que  estos  le  enseAàron  para  lograr  â  poca  oosta  la 
fama  de  hombre  agudo;  y  singular  juramento  que  âinstan- 
cia  de  ellot  hizo  en  una  cena.  i  x} 

—  V.      Vëse  Gil  Bias  de  repente  en  lances  de  amor  oon  nna  hennosa 

desconocida.  199 

—  VI.    De  la  conyersacion  de  algunos  seAores  sobre  lot  comediantes 

de  la  companîa  del  teatro  de!  Principe.  i35 

—  VII.  Historia  de  don  Pompeyo  de  Castro.  i39 

—  VIII.  Por  que  accidente  se  ve  precisado  Gil  Bias  à  buscar  nuero 

acomodo.  i45 

—  IX.    Del  amo  à  quien  Gil  Bias  fuë  â  serrir  despues  de  la  mnerte  de 

don  Matias  de  Silya.  i48 

—  X.      Entra  Gil  Bias  à  servir  de  mayordomo  en  casa  de  Arsenia  ;  in« 

formes  que  le  da  Laura  de  los  comediantes.  i5i 

—  XI.     Del  modo  con  que  Tivian  entre  si  los  comediantes ,  y  como 

trataban  â  los  autores  de  comedias.  i54 

—  XII.  Toma  Gil  Bias  indinacion  al  teatro,  entrëgase  enteramente 

à  los  pasatiempos  de  la  yida  cômica ,  y  dentro  de  poco  se 
disgu^  de  ella.  i58 

LffiRO  CUARTO. 

Cap.  I.  No  pudiendo  Gil  Bias  acomodarse  â  las  costumbres  de  los  co- 
mediantes, se  sale  de  casa  de  Arsenia,  7  haUa  mejor  000- 
yeniencia.  161 

—  II.     Como  recibio  Aurora  d  Gil  Bias;  y  la  oonyersadon  que  oon  ël 

tuvo.  i65 


INDICE.  581 

-^  III.  De  la  gran  mutacion  que  sobrevino  en  caaa  de  don  Vicente, 
y  de  la  extrana  detemiinacion  que  el  anior  hizo  tomar  à  la 
bella  Aurora.  i68 

—  IV.    El  Casamientopor  yenganza,  NoTcla.  173 

—  V.     De  lo  que  hizo  dona  Aurora  de  Guzman  luego  que  llegô  i  Sa- 

lamanca. 19a 

—  VI.    De  que  ardides  se  Talio  Aurora  para  que  la  aroase  don  Luis  Pa- 

checo.  199 

-^    VII.   Huda  Gil  Bias  deacomodo,  pasando  i  serTÎr  à  don  Gonzalo 

Pacheco.  ao5 

—  VIII.  Cardicter  de  la  marquesa  de  Chaves  ;  y  personas  que  ordinaria- 

mente  la  Yisitaban.  a  1 3 

—  I\.    Por  que  incidente  Gil  Bias  saliô  de  casa  de  la  marquesa  de  Cha- 

yes ,  y  cual  fuë  su  paradero.  2 1 7 

—  X.      Historia  de  don  Alfonso  y  de  la  bella  Serailna.  ;i2o 

—  XI.    Quien  era  el  viejo  ermitano,  y  como  conociôGîl  Bksque  se 

hallaba  entre  amigos,  a3 1 

LIBRO  QUINTO, 

Gap.  I.       Historia  de  don  Rafael.  «  a3j 

—  II.     De  la  conferencia  que  tuTÎëron  don  Rafael  y  sus  oyentes,  y  de 

la  aventura  que  les  sucedio  al  querer  salir  del  bosque.  28-2 

UBRO  SEXTO. 

Cap.  I.  De  lo  que  hiciéron  Gil  Bias  y  sus  companeros  despues  que  se 
separâron  del  conde  de  Polan  :  del  importante  prbyecto  que 
forma  Ambrosto  ;  y  como  se  ejecuto.  a86 

—  II.     De  la  resohicion  que  tomâron  don  Alfonso  y  Gil  Bias  despues 

de  esta  aventura.  290 

—  III.    Como  don  Alfonso  se  halla  en  el  colmo  de  su  alegrîa ,  y  la  aven- 

tura por  la  cual  se  vio  de  repente  Gil  Bias  en  un  estado 
dichoso.  293 

UBRO  SÉPTIMO. 

Cap.  I.       De  los  amores  àt  Gil  Bias  y  hi  seAora  Lorenza  Sëfonu  ngS 

—  II.      De  lo  que  sucedio  â  Gil  Bias  despues  de  dejar  la  casa  de  Leiva, 

y  de  las  feUces  oonsecuendas  que  tuvo  el  mal  snceso  de  sus 
amores.  3oo 

— -    III.     Llega  Gil  Bias  â  ser  el  privado  del  arzobispo  de  Granada ,  y  el 

conducto  de  sus  gracias.  3o\ 

—  IV.    Dale  un  accidente  de  apoplegfa  al  arzobispo.  Del  lance  crî- 

tico  en  que  se  halla  Gil  Bias,  y  del  modo  con  que  saliô  de  ël.  3o8 

—  V.      Partido  que  tom6  Gil  Bias  despues  que  le  despidio  el  arzo- 

bispo :   su  casual  encuentro  con  el  licenciado  Garcia ,  y 
como  le  manifesto  este  su  agradecimiento.  3i  i 

—  VI.     Va  Gil  Bias  à  ver  representar  à  los  cômicos  de  Granada  :  de 

la  admiracion  que  le  causô  el  ver  a  una  actriz,  y  de  lo  que 
le  paso  con  ella.  3 1 3 


INDICE. 

—  vn.  HUtoria  de  Laura.  317 

—  Vin.  Del  recibimiento  que  hidéron  à  Gil  Bias  los  cômiooe  de  Gra- 

nada ,  y  de  la  penona  â  quien  reoouociô  en  el  Testiiario.         3^ 

—  IX.    Del  hombre  extraordinario  oon  quien  Gil  Bias  oenô  aquella  no- 

cbe,  y  de  lo  que  paso  entre  ellos.  329 

—  X.     De  ta  oomisîon  que  el  marques  de  Marialba  diô  à  Gii  Bias,  y 

oomo  la  desempeào  este  fiel  secretario.  33i 

—  XI.    De  la  noticia  que  supo  Gil  Bias,  y  que  fué  un  golpe  mortal 

para  â.  333 

—  XII.  Oil  Bias  se  aloja  en  una  posada  de  caballeros,  en  donde  ad- 

quiere  conocimiento  oon  el  capitan  Gbincbilla  :  que  dase  de 
hombre  era  este  ofidal,  y  que  negocio  le  habia  llevado  â 
Madrid.  335 

—  XIU.  Encuentra  Gil  Bias  en  la  oorte  k  su  querido  amigo  Fabricio,  y 

de  la  grande  alegria  que  de  ello  redbiéron.  A  donde  fuëroo 
los  dos ,  j  de  la  curiosa  conversacion  que  tuTiéron.  34 1 

—  XIV.  Fabricio  coloca  â  Gil  Bias  en  casa  del  conde  Galiano,  titulo  de 

Siciiia.  3{7 

—  XY.  De  los  empleoi  que  el  oonde  Galiano  dio  en  su  casa  â  Gil  Bias.      35o 

—  XVI.  Del  accidente  que  acometio  al  mono  del  conde  Galiano ,  j  de  la 

pena  que  causô  à  este  senor.  Como  Gil  Bias  cayo  enfermo  ;  y 
cuales  fu^ron  las  résultas  de  su  enfermedad.  354 


UBRO  OCTAVO. 


Caf.  I.  Gil  Bias  adquiere  un  buen  conocimiento,  y  logra  un  empleo 
que  le  consuela  de  la  ingratitud  del  conde  Galiano.  Historia 
de  don  Valerio  de  Luna .  359 

—  IK     Presentan  à  Gil  Bias  al  duque  de  Lerma ,  quien  le  admite  por 

uno  dc  sus  secretarios.  Este  ministro  le  senala  el  trabajo  que 
ba  de  hacer,  y  queda  gustoso  de  ël.  363 

— >  m.  Sabe  Gil  Bias  que  su  empleo  no  deja  de  tener  desazones.  De  la 
inquietud  que  le  causô  esta  nueva ,  y  la  conducta  que  se  tîo 
obligado  à  guardar.  366 

—  rV.    Gil  Bias  consigne  el  favor  del  dilque  de  Lerma ,  que  le  confia 

un  secreto  de  importancia.  368 

—  y.     En  el  que  se  Terâ  à  Gil  Bias  lieno  de  gozo»  de  honra,  y  de 

miseria.  370 

—  VI.    Que  modo  tuTo  Gil  Bias  de  dar  â  conocer  su  pobreza  al  duque 

de  Lerma,  y  como  se  porto  con  â  este  ministro.  373 

*—    VII.  De  lo  bien  que  empleô  sus  mil  y  quinientos  ducados  :  del  primer 

negocio  en  que  medio ,  y  del  provecho  que  saoô  de  (H.  376 

—  VIII.  Historia  de  don  Rogerio  de  Bada.  378 
— •    IX.    Por  que  medios  Gil  Bias  hizo  en  poco  tiempo  una  gran  fbrtuna  ; 

y  de  oomo  tomô  el  aire  de  persona  de  importancia.  384 

—  X.      Gorrômpensc  enteramente  las  costumbres  de  Gil  Bias  en  la 

corte  :  del  encargo  que  le  diô  el  oonde  de  Lémos ,  y  de  la 
intriga  en  que  este  seAor  y  ël  se  metiëron.  389 

—  XI.    De  la  yisita  sécréta ,  y  de  los  regaloe  que  el  prindpe  hizo  i 

Catalina.  394 

—  XII.  Quien  era  Catalina  :  perplejidad  de  Gil  Bias;  su  inquietud  ;  y 

la  precaudon  que  tomô  para  tranquilizar  eu  inimo.  397 


INDICE.  583 

—  XIII.  Signe  Gil  Bias  haciendo  el  papel  de  seAor  :  tiene  noticias  de  su 

familia  ;  imprenon  que  le  hicîëron  :  te  deioompadra  con 
Fabricio.  3g9 

LffiRO  NOVENO. 

Gap.  I.       Escipion  quiere  casar  â  Gil  Bias ,  y  le  propone  la  hija  de  un 

rieo  y  famoflo  platero  :  de  los  pasos  que  se  diëroo  à  este  fin.      ^tn 

—  n.      Por  que  casualidad  se  aoordô  GÛ  Bias  de  don  Alfonso  de  Leiva 

y  del  serricio  que  le  hizo.  4<^^ 

—  III.    De  los  preparatÎTOs  que  se  hicîëron  para  el  casamiento  de  Gil  - 

Bias,  y  del  grande  acontecimiento  que  los  inutilizô.  4^7 

—  IV.    De  que  modo  fnë  tratado  Gil  Bias  en  la  torre  de  SegoTia,  y 

de  como  supo  la  causa  de  su  prîsion.  4^ 

—  y.      De  lo  que  reflexiono  antes  de  dormirse ,  y  dd  ruido  que  le 

despertô.  *  4^* 

—  VI.    Historia  de  don  Gaston  de  CogoUos  y  de  doAa  Elena  de 

Galisteo.  4i3 

—  YII.  Escipion  ya  â  la  torre  de  Segovia  â  Ter  â  Gil  Bias,  y  le  da 

muchas  noticias.  4^^ 

—  VIII.  Del  primer  viage  que  hizo  Escipion  à  Madrid  :  cual  tué  d  mo- 

tiro  y  e'zito  de  ël.  Dale  à  Gil  Bias  una  enfermedad,  y  résultas 
que  tuvo.  -  4^7 

—  IX.    Escipion  ynelTe  à  Madrid;  oomo  y  con  qaé  condicîones  al- 

canzô  la  libertad  de  Gil  Bias  ;  â  doude  fuëron  los  dos  despues 
de  haber  salido  de  la  torre  de  Segovia,  y  conTersacionque 
tuviëron.  :23o 

—  X.      De  lo  que  hidëfon  al  llegar  à  Madrid;  4  quien  encontre  Gil 

Bias  en  la  calle,  j  de  lo  que  se  siguio  i  este  encuentro»  4^^ 

UBRO  DÊGIMO. 


Gap.  I.  Sale  Gil  Bias  para  Asturias  y  pasa  por  Valladolid,  donde  yisita 
à  su  amo  antiguo  el  doctor  Sangredo;  y  se  encuentra  ca- 
sualmente  con  el  seAor  Manuel  Ordoûez  administrador  del 
hospital.  43^ 

—  II.      Prosigue  Gil  Bias  su  yiage ,  y  llega  felizmente  à  Oriedo  :  en 

que  estado  haUa  à  su  familia }  muerte  de  su  padre,  y  sus  con- 
secuencias.  44' 

—  III.    Toma  Gil  Bias  el  camino  del  reino  de  Valencia,  y  llega  en  fin  â 

Liria  ;  descripcion  de  su  quinta  ;  oomo  fué  recibido  en  ella , 

y  que  gentes  encontro  aUi.  447 

—  IV.    Marcha  Gil  Bias  à  Valencia  y  TÎsita  à  los  seùores  de  Leira  ;  de 

la  conyersadon  que  tuTo  oon  ellos,  y  de  la  buena  acogîda 
que  le  hizo  doua  Serafina.  4^  > 

—  V.      Va  Gil  Bias  â  la  comedia,  y  ve  representar  una  tragedia  nueva  : 

que  ëzito  tuYo  la  pieza.  Caricter  dd  pueblo  de  Valencia.      4^4 

—  VI.    Gil  Bias  paseàndose  por  las  calles  de  Valencia  encuentra  4  un 

rdigioso,  â  quien  le  pareoe  oonocer  :  que  hombre  era  este 
religiose.  4^ 

—  Vn.   Gil  Bias  se  restituée  â  su  quinta  de  Liria  ;  de  la  noiicia  agra- 


584  INDICE. 

dable  que  Etcipion  le  dio ,  y  de  la  reforma  que  hiciëron  en 
su  familia.  4^  i 

—  VIII.  Amoret  de  Gil  Bias  y  de  la  bella  Antooia.  463 

—  1\.    Casamiento  de  Gil  Bias  y  la  bella  Antonia  :  aparato  oon  que 

se  hizo  ;  qu^  persooas  asisUëron  â  â ,  y  G/ëtHêM  eon  que  se 
celebrô.  ^&] 

—  X.     Lo  que  sucediô  despues  de  la  boda  de  Gil  Bias  y  de  la  belia 

Antonia.  Principio  de  la  historia  de  Escipion.  47' 

—  XI.    Prosigue  la  bistoria  de  Escipion.  4^7 

—  XII.  Pin  de  la  bistoria  de  Escipion.  49^ 

UBRO  UNDËOMO. 

Cap.  I.  De  como  Gil  Bias  tuTo  la  mayor  alegrîa  que  habia  ezperimen- 
tado  en  su  Tida,  y  del  funesto  accidente  que  la  turbô.  Mu- 
taciopes  sobrevenidas  en  la  corie ,  que  fuéron  causa  de  que 
Santillana  TolTiese  â  ella.  507 

—  il.      Marcha  Gil  Bias  a  Madrid,  déjase  Ter  en  la  corta,  retionocele 

el  rtjf  recomiéndale  à  su  primer  ministro ,  y  efectos  de  esta 
recomendacion.  5 1  o 

—  UI.    ]>el  motivo  que  tuTo  Gil  Bias  para  no  poner  por  obra  el  pensa- 

miento  de  dcjar  la  corte,  y  del  importante  serricio  que  le 
bizo  José  Navarro.  5i4 

—  IV.    Logra  Gil  Bias  el  afecto  y  confianza  del  oonde  de  OlÎTares.      5i5 

—  V.      GonTersacion  sécréta  que  tuTo  Gil  Bias  con  Navarro;  y  pri- 

mera cosa  en  que  le  ocupô  el  conde  de  Olivares.  5i  7 

—  VI.     En  que  invirtiô  Gil  Bias  estos  trecientos  doblones,  y  comi- 

sion  que  diô  à  Escipion.  Besultado  de  la  memoria  de  que 
acaba  de  hablarse.      •  5ao 

—  VII.  Por  que  casualidad,  en  donde  y  en  que  estado  volvio  à  en- 

contrar  Gil  Bias  à  su  amigo  Fabricio  ;  y  conversacion  que 
tuviéron.  5^3 

—  VllI.  Gil  Bias  se  grangea  cada  dia  mas  el  afecto  del  ministro  : 

▼nelve  Escipion  à  Madrid,  y  relacion  que  hace  à  Santillana 
de  su  yiage.  5if^ 

—  IX.     Como  y  con  quien  caso  el  oonde-duque  â  su  hija  unica ,  y  los 

sinsabores  que  produjo  este  matrimonio.  5^8 

-*  X.  Encnentra  Gil  Bias  casualmente  al  poeta  NuAez  :  refiërele  este 
que  se  représenta  nna  tragedia  suya  en  el  teatro  del  Prin- 
cipe :  desgraciado  éxito  que  tuvo  ;  y  efecto  favorable  que 
le  produjo  esta  desgracia.  53o 

—  XI.     Consigue  Santillana  un  eropleo  para  Escipion ,  el  cual  se  em- 

barca  para  Nueva  EspaAa.  533 

•*-    XII.  Llega  â  Madrid  don  Alfonso  de  Leiva  :  motivo  de  su  viage  : 

grave  afliccion  de  Gil  Bias  ;  y  alegria  que  le  sigui6.  534 

—  XIII.Encuentra  Gil  Bias  en  palacio  âdon  Gaston   de  Cogollos,  y  â 

don  Andres  de  Tordesillas  :  a  donde  fuëron  todos  très  :  fin 
de  la  bistoria  de  don  Gaston  y  doAa  Elena  de  Galisteo  :  que 
servicio  bizo  Santillana  4  Tordesillas.  537 

—  XIV.  Va  Santillana  à  casa  del  poeta  NuAez  :  que  personos  encontre 

en  ella  ;  y  que  conversacion  tuviéron  alU.  54^ 


INDICE.  585 

UBRO  DUODECIMO. 

Cap.  I.       EnTia  el  ministro  i  Toledo  à  Gil  Bias  :  motiyo  y  exito  de  su 

viagc.  544 

—  II.      Da  SantiUana  cuenta  de  su   comision  al  ministro,  quien  le 

encarga  el  cuidado  de  hacer  que  yenga  Lucrecia  à  Madrid  : 
de  la  llegada  de  esta  actriz,  y  de  su  primera  representacion 
en  la  corte.  55o 

—  m.    Logra  Lucrecia  mucha  celebridad  en  la  corte  :  représenta  de- 

lante  del  rey,  que  se  enamora  de  ella  ;  y  résultas  de  estos 
amores.  55a 

—  ly.    NueYo  empleo  que  confiriô  el  ministro  à  Santillana.  556 

—  V.      Es  reconocido  autënticamente  el  hijo  de  la  Genoyesa  bajo  el 

nombre  de  don  Enrique  Felipe  de  Guzman  :  establece  San- 
tillana la  casa  de  este  seùor,  y  le  proporciona  toda  dase  de 
maestros.  557 

—  YI.     Vuel^e  Escipion  de  Nueva  EspaAa  :  aoom^ale  Gil  Bias  en  casa 

de  don  Enrique  :  estudios  de  este  seâorito  :  honores  que  se 
le  oonfieren ,  y  oon  que  seâora  le  casa  el  conde-duque  : 
como  i  Gil  Bias  se  le  bizo  noble  con  repugnancia  suya.  559 

—  VU.  Gil  Bias  Tuelye  à  encontrar  casualmente  à  Fabricio  :  ultima 

conyersacion  que  ambos  tuyiërouj  y  oonsejo  importante 
que  NuAez  diô  à  Santillana.  56 1 

—  VIII.  Descubre  Gil  Bias  ser  cierto  el  ayiso  que  le  diô  Fabricio  :  hace 

el  rey  un  yiage  d  Zaragoza.  563 

—  IX.    De  la  rebelionde  Portugal,ycaidadel  oonde-duque.  565 

—  X.      Guidados  que  por  el  pronto  inquietàron  al  oonde-duque  :  si- 

guese  à  ellos  un  dichoso  sosiego  :  mëtodo  de  yida  que  en- 
tablô  en  su  retiro.  567 

—  XI.    El  conde-duque  se  pone  repentinamente  triste  y  pensatiyo  : 

motiyo  extraordinario  de  su  tristeza ,  y  resultado  fatal  que 
tnyo.  569 

—  XII.  Lo  que  paso  en  el  palacio  de  Loeches  despues  de  la  muerte  del 

conde-duque,  y  partido  que  tomô  Santillana.  571 

^  Xni.  Vuelye  Gil  Bias  à  su  quinta  :  tiene  el  gusto  de  encontrar  ya 
casadera  à  su  ahijada  Serafina  ;  y  ël  mismo  se  enamora  de 
una  seâorita.  573 

Capitvlo  ultimo.  De  las  dos  bodas  que  se  celebraron  en  la  quinta  de 
Liria,  con  lo  cual  se  da  fin  i  la  historia  de  Gil  Bias  de 
Santillana.  576 


FIN  DEL  INDICE. 


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