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Full text of "Histoire de Jérusalem et d'Hébron depuis Abraham jusqu'à la fin du XVe siècle de J.-C. : fragments de la Chronique de Moudjir-ed-dyn"

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HISTOIRE 


DE 


JÉRUSALEM 


ET. 


■       D'HÉBRON 

DEPUIS     ABRAHAM     JUSQU'A     LA     FIN     DU     XVe     SIÈCLE     DE     J.-C 


Fragments  de  la  Chronique  de  Moudjîr-ed-dyn 
traduits  sur  le  texte  arabe 

PAR 

HENRY   SAUVAI  RE 

Chevalier  de  la  Légion-d 'Honneur , 

Premier  Drogman  de  t'Agence  el  Consulat  général  de  France  à  Aiewandrù , 

Membre  de  l'Institut   Egyptien,  etc. 


-^£8&&- 


EN  VENTE,  A  PARIS, 
Chez   ERNEST   LEROUX,    Éditeur, 

lirra1re  de  la  société  asiatique  de  paris 

de  l'école  des  langues  orientales  vivantes,  et  des  sociétés  df  calcutt», 

de  new-iiaven   (états-unis),   de  shanghai  (  chine) 

•28  ,  Rue  Bonaparte ,  28. 

MDCCCLXXVI 


HISTOIRE 


DE 


JERUSALEM    ET    DHÉBRON 


HISTOIRE 


DE 


JÉRUSALEM 


ET 


D'HÉBRON 


DEPUIS      ABRAHAM     JUSQU  A     LA     FIN     DU     XVe     SIECLE     DE     J.-C. 


Fragments  de  la  Chronique  de  Moudjir-ed-dyn 
traduits  sur  le  texte  arabe 

PAR 

HENRY    SAUVAI  RE 

Chevalier  de  la  Légion-d' 'Honneur, 

Premier  Drogman  de  l'Agence  et  Consulat  général  de  France  à  Alexandrie, 

Membre  de   l'Institut   Egyptien ,  etc. 


EN   VENTE.  A  PARIS. 

Chez    ERNEST   LEROUX,    Éditeur, 

libraire  de  la  société  asiatique  de  paris. 

pe  l'école  des  largues  oriertales  vivaistes,  et  des  sociétés  de  Calcutta 

de   new-haven    (états-unis),    de  shanghai   (chine) 

■28  .  Hue  Bonaparte  .  28. 

MDCGCLXXVI 


DR  1  7  2003 


Marseille.  —  Typ.  et  Litb.  Cwer  ii  G1',  nie  &"»l-Ferréol.  !>' 


ERRATA 


P.  38,  1.  IN.  Au  lieu  de  chapelle  ou  cellule  de  moine,  lise^  :  maison 

patriarcale  ou  clocher. 
P.  39,  1.  10.  Au  lieu  de  prénoms,  liseç  :  surnoms. 
P.  131,  1.  23.  Au  lieu  de  Hatta'l  hamla,  lise?  :  Hatta'l  hamla. 
P.  220.  Entre  la  14'  et  la  15e  ligne ,  intercale^  :  Hârat  Eck-Cha'd 

béneh . 
P.  308.  En  regard  ff  Amîn-ed-dyn ,  au  lieu  de  116,  154,  lise^  :  122, 

150  ;et,  en  regard  ûTAmîniyeh  (L'j  ,  Mad  ,  au  lieu  de  149, 

lise^  :  116,  151. 
P.  314.  Au  lieu  de  Char'îah,  lise^:  Charî'ah. 
P.  316.  Au  lieu  de  Darâ'éneh,  lisej  :  Darâ'e'neh. 
P.  319.  Au  lieu  de  el  Kâteb,  lisez  •'  cl  Kâteb. 
P.  337.  Au  lieu  de  Qobbet  el  selséleh,  lise%  :  Qobbet  es-selséleh. 


Nous  croyons  être  agréable  aux  pèlerins  et  aux 
touristes  qui  se  rendent  en  Palestine,  en  leur  offrant , 
dans  ce  petit  volume,  la  traduction  des  passages  de 
r ouvrage  de  Moudjîr-ed-dyn,  "El  euns  el  djalîl 
bé-tarikh  el  Oods  wa'  1  Khalîl",  plus  particulière- 
ment consacrés  à  la  topographie  de  Jérusalem  et 
d'Hébron.  La  plupart  des  monuments  qui  existaient 
dans  ces  deux  villes  saintes ,  à  l'époque  où  l'auteur  les 
a  décrits ,  c'est-à-dire  vers  la  fin  du  XV*  siècle  de 
notre  ère,  excitent  encore  aujourd'hui  notre  respec- 
tueuse admiration  ou  notre  curiosité. 

Le  savant  professeur  M.  Reinaud,  dont  la  perte 
a  été  si  regrettée  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'his- 
toire et  de  la  géographie  orientales,  a  plus  d'une  fois 
cité  notre  auteur  dans  sa  Bibliothèque  des  Croisades. 
Mais  on  trouve  surtout  de  nombreux  fragments  de 
/'Histoire  de  Jérusalem  et  d'Hébron  dans  les  Mines 
de  l'Orient.  Toutefois,  outre  que  la  traduction  faite 
par  l'illustre  de  Hammer  ne  nous  a  pas  toujours  paru 
très-exacte ,  il  est  assez  incommode  de  porter  en  voyage 


les  deux  énormes  tomes  dans  lesquels  ces  extraits  sont 
disséminés  (i). 

Le  qâdy  Moudjîr-ed-dyn  el  Hanbaly  mourut  en 
l'année  927  de  l'hégire  (1521  de  J.  C.J.  Un  grand 
nombre  de  manuscrits  de  /'Euns  el  djalîl,  son  -prin- 
cipal ouvrage ,  existent  dans  les  Bibliothèques  de 
Paris,  Londres,  Vienne,  etc.;  un  imprimeur  du 
Caire,  El  Wahby ,  en  a  publié  une  édition  (2). 
Cest  sur  un  manuscrit  acquis  par  nous  à  Jérusalem 
et  sur  F  ouvrage  imprimé  que  nous  avons  fait  la  pré- 
sente traduction. 


Henry  SAUVAIRE. 


Marseille,  le  3o  Décembre  1875. 


(1)  Nous  devons  signaler  aussi  la  magnifique  publication  faite 
par  M.  le  comte  de  Vogué  et  qui  a  pour  titre  :  Le  Temple  de  Jéru- 
salem, Monographie  du  Haram  -  ech  -  Cher  if,  Paris,  Londres,  et 
Liège,  1SG4. 

(2)  Elle  a  été  achevée  en  djoumâda  premier  de  l'année    128:!   de 
l'hégire,  et  forme  deux  volumes  d'ensemble  712  pages. 


PREMIÈRE   PARTIE 


Achat  de  la  Caverne.  Page  40  (() 


Au  rapport  de  Ka'b  el  Ah  bar,  la  première  personne 
qui  mourut  et  fut  ensevelie  a  Hébra  (Hébron)  fut  Sàrah. 
En  effet ,  lorsqu'elle  mourut,  El-Khalil  (Abraham)  sortit 
à  la  recherche  d'un  endroit  pour  l'y  enterrer  ;  son  plus 
grand  désir  était  d'en  trouver  un  à  proximité  de  Memri 
(Mambré).  S'étant  rendu  auprès  d''Afroûn  ,  qui  était 
roi  de  la  contrée  et  habitait  Hébra,  Abraham  lui  dit  : 
«  Vends-moi  un  emplacement  où  je  puisse  inhumer  les 
membres  de  ma  famille  qui  mourront.  —  Choisis,  ré- 
pondit 'Afroûn,  je  te  permets  d'enterrer  tes  morts  sur 
tel  point  de  mon  territoire   que  tu  préféreras.   —  Je  ne 

(i)  Ces  chiffres  indiquent  les  pages  du  texte  imprime. 


Pii^e  41. 


4  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

veux  le  prendre  qu'en  en  payant  le  prix ,  dit  Abraham. 
—  Vertueux  vieillard  ,  répliqua  le  roi ,  ensevelis  tes 
morts  où  il  te  plaira.  »  Abraham  refusa.  Comme  il  insis- 
tait pour  acheter  la  caverne:  «  Eh  bien!  dit  le  roi,  je 
te  la  vendrai  moyennant  quatre  cents  derhems,  chaque 
derhem  du  poids  de  cinq  derhems  ,  et  chaque  cent 
derhems  au  coin  d'un  roi  (différent).  »  Il  voulait  par 
ces  conditions  mettre  Abraham  dans  l'impossibilité  de 
se  procurer  la  somme  et  le  forcer  à  accepter  son  offre. 

Abraham  sortait  de  chez  le  monarque,  lorsque  tout-à- 
coup  il  aperçut  (  l'ange  )  Gabriel  debout  devant  lui. 
«  Abraham,  lui  dit-il,  Dieu  a  entendu  ce  que  t'a  demandé 
le  géant.  Voici  les  derhems;  remets-les-lui.  Ils  sont  tels 
qu'il  les  désire.  »  Abraham  les  prit,  continue  le  narrateur, 
et  les  porta  au  tyran  qui  lui  dit  :  «  D'où  te  sont  venues 
ces  pièces?  —  De  Celui,  répondit  le  patriarche,  qui  est 
mon  Créateur,  mon  Dieu  et  pourvoit  à  mes  besoins.   » 

Après  qu''Afroûn  eut  reçu  l'argent,  Abraham  transporta 
Sàrah  et  l'ensevelit  dans  la  caverne.  C'est  ainsi  qu'elle 
fut  la  première  personne  qu'on  y  enterra.  Elle  mourut 
âgée  de  cent  dix-sept,  ou,  suivant  d'autres,  de  cent 
vingt-sept  ans.  Dans  la  suite,  lorsqu' Abraham  mourut, 
il  fut  inhumé  vis-à-vis  d'elle  du  côté  de  l'occident.  Après, 
mourut  Rabaqah  (Rébecca),  femme  d'Isaac;  elle  fut  ense- 
velie dans  la  même  caverne^  à  côté  de  Sârah ,  dans  la 
direction  du  sud.  Ensuite  mourut  Isaac  qui  fut  enterré 
en  face  de  sa  femme,  du  côté  de  l'ouest.  Puis  Jacob  mou- 
rut ;  il  fut  inhumé  auprès  de  la  porte  de  la  caverne  :  sa 
tombe  fait  face  à  celle  d'Abraham,  du  côté  du  nord.  Après 


JÉRUSALEM    ET    HÉBUON.  5 

lui  mourut  Lyqâ  (Léa),  sa  femme;  elle  fut  ensevelie  vis- 
à-vis  de  lui,  du  côté  de  l'orient. 

Or  les  enfants  de  Jacob,  avec  El'Ys  (Esaû)  et  ses 
frères,  s'assemblèrent  et  dirent  :  «  Laissons  la  porte  de 
la  caverne  ouverte;  nous  y  enterrerons  tous  ceux  d'entre 
nous  qui  mourront.  »  Mais  une  dispute  ayant  éclaté 
entre  eux,  un  des  frères  d'Esaû  ou,  suivant  une  autre 
version,  un  des  fils  de  Jacob  leva  la  main  et  donna  un 
soufflet  à  Esaû  dont  la  tête  tomba  dans  la  caverne.  Quand 
sa  tête  fut  tombée  dans  la  caverne ,  ils  emportèrent  son 
corps  et  l'enterrèrent  sans  tête;  sa  tête  resta  dans  la  ca- 
verne qu'ils  entourèrent  d'un  mur  ;  ils  placèrent  sur 
chacun  des  tombeaux  des  signes' funéraires  propres  à  les 
faire  reconnaître  et  y  tracèrent  les  inscriptions  suivantes  : 
a  Ceci  est  le  tombeau  d'Abraham.  »  —  «  Ceci  est  le 
tombeau  de  Sârah.  »  —  «  Ceci  est  le  tombeau  d'Isaac.  » 
—  «  Ceci  est  le  tombeau  de  Rébecca.  »  —  «  Ceci  est  le 
tombeau  de  Jacob.  »  —  «  Ceci  est  le  tombeau  de  sa 
femme  Léa.  »  Après  quoi  ils  sortirent  et  fermèrent  la 
porte. 

Tous  ceux  qui  se  rendaient  en  cet  endroit  se  bornaient 
à  y  faire  leurs  tournées  sans  y  pénétrer,  jusqu'à  ce 
qu'après  cela  arrivèrent  les  Roûm  (Grecs  du  Bas-Empire). 
Ceux-ci  y  pratiquèrent  une  porte,  pénétrèrent  dans 
l'intérieur  et  y  construisirent  une  église.  Dans  la  suite, 
quand  Dieu  eut  fait  triompher  l'islamisme  et  que  les 
musulmans  se  furent  rendus  maîtres  de  ce  pays,  ils  dé- 
molirent l'église. 

Près  de  la  ville  de  notre  seigneur  Abraham  El-Khalil, 


6  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

est  un  village  nommé  Si'  ir  qui  sépare  les  deux  arrondis- 
sements de  Jérusalem  et  d'Hébron.  Dans  l'intérieur  de 
son  Masdjed  se  trouve  un  tombeau  qu'on  dit  être  celui 
d'Esaiï.  Cette  croyance  est  très-répandue  parmi  la  popu- 
lation., qui  s'y  rend  en  pèlerinage.  Dieu  connaît  mieux  la 
vérité. 

On  rapporte  à  Wahb  ebn  Monabbeh  le  récit  suivant  : 
«  J'ai  vu  sur  le  tombeau  d'Abraham  une  pierre  placée 
à  la  partie  postérieure  du  monument  et  sur  laquelle 
étaient  gravés  ces  vers  du  mètre  radja^  : 

«  L'ignorant  se  laisse  aveugler  par  ses  espérances, 
«  Celui  dont  le  terme  est  arrivé  doit  mourir. 
«  Les  artifices  ne  lui  serviront  à  rien.  » 

A  quoi  un  des  hommes  de  science  a  ajouté  : 

«  Les  actes  seuls  accompagnent  V homme  dans  la 
tombe.  » 

Mohammad,  fils  de  Bekràn,  fils  de  Mohammad, 
Khatîb  (i)  du  Masdjed  d'Hébron,  raconte  avoir  entendu 
Mohammad,  fils  d'Ishâq,  le  grammairien _,  s'exprimer 
ainsi  :  «  Je  sortis  avec  le  qâdy  Abou-' Amr'Otmân,  fils 
de  Dja'far,  fils  de  Châdàn,  pour  aller  au  tombeau  d'A- 
braham.  Nous  y  avions  séjourné  trois  jours,  lorsque,  le 

(i)  C'est  ainsi  que  lus  musulmans  appellent  celui  qui  est  investi  de 
la  fonction  qui  consiste  à  faire  le  prône  du  vendredi  et  des  fêtes. 
r!ette  charge  porte  le  nom  de  Khctàbeh. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  J 

quatrième,    mon  compagnon   s'approcha  Je  l'inscription 
qui  fait  face  au  tombeau  de  Rébecea^  femme  d'Isaac,  et. 
après  m 'avoir  ordonné  de  la  laver  jusqu'à  ce  que  les  ca- 
ractères en  fussent  devenus  bien  lisibles,   il  m'enjoignit 
de  reproduire  exactement,  sur  un  rouleau  de  papier  que 
nous  avions  apporté,  ce  qui  était  sur  la  pierre.  La  trans- 
cription faite,  nous  retournâmes  à  Ramleh.    Le  qâdy  fit 
aussitôt  venir  des  gens  connaissant  des  langues   diffé- 
rentes,  pour  lui  lire  l'inscription,    mais   il  ne  se  trouva    Page  42. 
personne  en  état  de  la  déchiffrer.  Toutefois,    ils  s'accor- 
dèrent à  dire  qu'elle  était  en  grec  ancien;  à  leur  connais- 
sance, il  ne  restait  qu'un  seul  individu  capable  de  la  lire, 
à  savoir  un  vieux  cheikh ,  à  Alep.  On  résolut  de  l'envoyer 
chercher.  Dès  qu'il  fut  arrivé ,  le  qâdy  me  manda  en  sa 
présence.  C'était   un   cheikh  très-âgé.    Le  cheikh  mandé 
d'Alep   me   dicta    comme    suit   la    traduction  de  ce  que 
j'avais  reproduit  sur  le  rouleau  de  papier  :  «  Au  nom  de 
mon  Dieu,  le  Dieu  du  trône,  le  vainqueur ,  le  guide , 
le  puissant ,  le  fort,  le  monument  qui  est  en  face  est  le 
tombeau  de  Rébecca ,  femme  d'Isaac  ;  celui  qui  lui  cor- 
respond est  le   tombeau  d'Isaac.  Le  grand  monument 
qui  vient  ensuite  est  le  tombeau  d) Abraham  El-Khalil '; 
vis-à-vis  de  lui ,  du  côté  de  V orient ,  est  le  tombeau  de 
sa  femme  Sârah.  Le  monument  le  plus  éloigné,  sur  la 
même  ligne  que  le  tombeau  d Abraham ,  est  le  tombeau 
de  Jacob;  après  lui,  à  V orient,  est  le  tombeau  d'Elyâ , 
femme  de  Jacob.  Que  les  prières  et  le  salut  de  Dieu 
soient  sur  eux  tous!  Esaii  a  tracé  ceci  de  sa  main.   » 
Le  nom  de  la  femme  de  Jacob  est  Elyâ  ;  dans  quelques 


8  JÉRUSALEM    ET    H.KBRON. 

ouvrages  ,  il  est  écrit  Lvà  ;  mais  le  plus  connu  est  Lyqâ. 
Dieu  est  plus  savant.  La  pierre  qui  porte  cette  inscription 
se  voit  encore  de  nos  jours;  l'endroit  où  elle  se  trouve  est 
célèbre  parmi  le  peuple  sous  le  nom  de  Maqâm-Adam 
(station  d'Adam)  ;  on  prétend  qu'il  renferme  la  tête 
d'Adam. 

LeHdfed  Ebn-fAsaker  dit  avoir  lu  et  copié  ce  qui  suit 
dans  un  livre  de  traditions  : 

«  Mohammad,  fils  de  Bekrân,  fils  de  Mohammad,  pré- 
dicateur du  Masdjed  d'Abraham  El-Khalil,  qui  fut  qâdv 
de  Ramleh  pendant  le  khalifat  d'Er-Râdy-billah,  en 
l'année  32o  et  quelques,  et  même  postérieurement  à  cette 
époque,  et  fut  un  traditionniste  de  mérite  dont  de  nom- 
breux élèves  répétèrent  les  hadits  qu'il  leur  avait  en- 
seignés ^  a  déclaré  avoir  recueilli  le  rapport  suivant  de  la 
bouche  de  Mohammad,  fils  d'Ahmad^  fils  de  Djalar. 
el  Anbâry  (natif  d'Anbâr)  :  «  Abou-Bekr  el  Eskâfy  af- 
firma un  jour  en  ma  présence  qu'il  était  constant  pour 
lui  que  le  tombeau  d'Abraham  se  trouvait  à  l'endroit  où 
il  était  actuellement,  à  cause  de  ce  qu'il  avait  vu  de  ses 
propres  yeux.  «  En  effet,  ajoutait-il,  je  constituai,  en  fa- 
veur des  serviteurs  et  du  sanctuaire,  des  waqfs  nombreux 
s'élevant  après  de  quatre  mille  dinars  (i),  dans  l'espoir 
d'obtenir  de  Dieu  la  récompense  de  cette  bonne  œuvre, 
et  cherchai  à  m'assurer  de  l'authenticité  du  fait.  Etant 
parvenu  grâce  à  mes  prévenances,  à  mes  largesses,  à  mes 
bons  procédés  et  à  mes  bienfaits,  à  gagner  le  cœur  de  ces 

(i)  Une  cinquantaine  de  mille  francs. 


JERUSALEM    ET    HKBRON.  9 

gens  ,    je   voulus  mettre  cette  circonstance  à  profit  pour 
établir  d'une  manière  certaine  la  conviction  que  j'avais  et 
qui  était  fortement  enracinée  dans  mon  esprit.  Un  jour 
donc  que  je  les  avais  réunis   tous  chez  moi  :  «  Je  vous 
prie,  leur  dis-je,  de  me  faire  arriver  jusqu'à  la  porte  de  la 
caverne ,  pour  que  je  descende  auprès   des  prophètes  et 
que  je  les  voie.  —  Nous  satisferions   très -volontiers   à 
ton   désir,    me  répondirent-ils,   car    nous  ""sommes    tes 
obligés;   mais  cela   n'est  pas  possible  en  ce  moment,,  at- 
tendu qu'il  nous  arrive   continuellement  de  nombreux 
voyageurs.    Il  faut  attendre  jusqu'à  l'entrée  de  l'hiver.   » 
Dès  que  janvier  fut  arrivé,  je  me  rendis  auprès  d'eux. 
«.  Reste  chez  nous,  me  dirent-ils,  jusqu'à  ce  qu'il  tombe    pace  ks. 
de  la  neige.   »   Je  demeurai  donc  avec    eux   jusqu'à  ce 
que  la  neige  étant  tombée,   la  circulation  des  visiteurs 
se    trouva   interrompue.    M'ayant   alors  conduit   auprès 
d'une  roche,  entre  le  tombeau  d'Abraham  et  celui  d'Isaac, 
ils  arrachèrent  la  dalle,  et  l'un  d'eux,   nommé  Sa'louk, 
qui  était   un  homme   vertueux,    bon   et   très-religieux, 
descendit;  je  le  suivis.  Il  marcha  ainsi  devant  moi  jus- 
qu'à ce  que  nous  eûmes  descendu  soixante-douze  marches, 
lorsque  tout-à-coup  j'aperçus   à  ma  droite  une  immense 
estrade   (i)   en    pierre   noire  et  au   dessus    un  "vieillard 
couché  sur  le  dos  et  enveloppé  d'une  étoffe  verte;  il  avait 
peu  de  poils   aux   joues  et  une   longue   barbe.    «    C'est 
Isaac  (sur  qui   soit  le  salut!)  »   me  dit  Sa'louk.   Nous 


(i)  Le  texte  porte  deukkân  (boutique).  Personne  n'ignore  comment 
sont  faites  en  Orient  les  boutiques  des  marchands. 

2 


IO  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

limes  quelques  pas  et  voilà  qu'une  autre  estrade,  plus 
grande  que  la  première,  s'offrit  à  ma  vue.  Sur  cette  ban- 
quette était  étendu  sur  le  dos  un  vieillard  dont  la  che- 
velure blanche  prenait  la  largeur  de  ses  deux  épaules;  sa 
tête,  sa  barbe,  ses  sourcils  et  ses  cils  étaient  blancs;  son 
corps  était  recouvert  d'une  étoffe  verte;  le  vent  jouait 
de  droite  et  de  gauche  dans  ses  cheveux  blancs,  a  C'est 
Abraham  El-Khalil  (sur  qui  soit  le  salut!)  »  me  dit 
Sa'louk.  Je  me  prosternai  la  face  contre  terre  et  remer- 
ciai Dieu  de  la  grâce  qu'il  m'avait  accordée.  Continuant 
notre  marche,  nous  trouvâmes  sur  une  petite  estrade  un 
vieillard  d'une  coloration  rouge-foncé,  à  la  barbe  épaisse. 
Sous  ses  épaules  était  une  étoffe  verte  qui  lui  enveloppait 
le  corps.  «  Voilà,  me  dit  Sa'louk,  le  prophète  Jacob.  » 
Nous  tournâmes  ensuite  à  gauche  pour  examiner  le  côté 
des  femmes.  »  En  prononçant  ces  derniers  mots,  Abou- 
Bekr  el  Eskâfy  jura  qu'il  avait  achevé  son  récit. 

«  Je  me  levai  sur  le  champ  (c'est  Mohammad  el  An- 
bâry  qui  parle) ,  et  me  rendis  incontinent  au  Masdjed 
d'Hébron  où,  dès  mon  arrivée,  je  m'informai  de  Sa'louk. 
On  me  répondit  qu'il  allait  çtre  là  tout  de  suite.  Aussitôt 
qu'il  fut  venu ,  je  me  levai  et  m'étant  assis  à  côté  de  lui . 
je  commençai  à  lui  raconter  une  portion  de  ce  que  j'avais 
entendu.  Il  me  regarda  d'un  air  qui  semblait  nier  cette 
relation.  Je  le  ramenai  doucement  de  manière  à  me  faire 
pardonner  mon  crime.  Puis  j'ajoutai  qu'Abou-Bekr  el 
Eskâfy  était  mon  oncle  paternel.  Cette  communication  le 
radoucit.  «  Sa'louk,  m'écriai-je  alors,  je  t'en  conjure, 
quand  vous  vous  fûtes  tournés  du  côté  des  femmes,  que  se 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  I  I 

passa-t-il  et  que  vîtes-vous'r  —  Ce  que  t'a  raconté  Abou- 
Bekr,  me  répondit-il.  —  Je  voudrais,  répliquai-je,  l'en- 
tendre également  de  ta  bouche.  —  Nous  entendîmes 
une  voix  qui  venait  du  côté  des  femmes  et  criait  : 
«  Eloignez-vous  du  harem,  que  Dieu  vous  fasse  misé- 
ricorde! »  Nous  tombâmes  aussitôt  évanouis.  Au  bout 
de  quelque  temps ,  ayant  repris  connaissance ,  nous 
nous  levâmes.  Nous  avions  cru  que  c'en  était  fait  de 
nous,  et  nos  camarades  avaient  perdu  tout  espoir  de 
nous  revoir.  » 

Mohammad  cl  Anbâry  ajoutait  :  «  Abou-Bekr  l'Eskâfy, 
me  dit  le  cheikh  ,  n'a  survécu  que  peu  de  jours  au  récit 
qu'il  m'avait  fait,  et  il  est  mort  ainsi  que  Sa'louk.  Que 
Dieu  leur  fasse  miséricorde  !   » 

Voici   ce  que  dit  Abou-'Abd-Allah  Mohammad,  fils    page  **. 
d'Ahmad,  fils  d' Abou-Bekr,,  el  Bannâ  (le  maçon)  el  Mo- 
qaddasy  (le  Jérusalémitain) ,   dans  son  livre  intitulé  El 
badV  Jî  tafdil  mamlaket  el  islam  (Le  livre  curieux  sur 
la  prééminence  de  l'empire  de  l'islamisme)  : 

«  Hébra  est  le  bourg  d'Abraham  ;  il  y  a  un  château 
immense  qui  est,  dit-on,  l'ouvrage  des  génies,  et  est 
construit  en  grosses  pierres  sculptées.  Au  milieu  est  une 
coupole  en  pierres,  construite  depuis  l'islamisme,  et  re- 
couvrant le  tombeau  d'Abraham  ;  celui  d'Isaac  se  trouve 
devant,  dans  le  moughatta{\Q  lieu  couvert),  cl  celui  de 
Jacob  ,  dans  la  partie  postérieure.  Auprès  de  chaque  pro- 
phète repose  sa  femme.  Cette  enceinte  (liayye^)  a  été  con- 
vertie en  Masdjed:  l'on  a  bâti  tout  autour  des  maisons 


I2  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

qu'habitent  ceux  qui  veulent  y  vivre  en  retraite;  les  cons- 
tructions, attenantes ,  l'entourent  de  tous  côtés.  Les  ha- 
bitants reçoivent  l'eau  au  moyen  d'un  petit  canal.  Ce 
bourg,  dans  une  étendue  d'une  demi-journée  en  tous 
sens,  présente  une  suite  non  interrompue  de  villages,  de 
vergers ,  de  vignes  et  de  plants  de  pommiers.  La  plus 
grande  partie  des  fruits  est  portée  en  Egypte.  Dans  ce 
bourg  se  tient  constamment  une  table  ouverte  au  public; 
on  y  trouve  organisés  des  cuisiniers ,  des  boulangers  et 
des  serviteurs;  ils  servent  à  ceux  des  pauvres  qui  se  pré- 
sentent des  lentilles  cuites  à  l'huile  et  en  donnent  même 
aux  riches  qui  désirent  en  prendre. 

El  Malek  el  Mouayyad  Ismâ'îl,  prince  de  Hamâh  (i)-, 
racontant  dans  sa  Chronique  les  événements  qui  se  sont 
passés  durant  l'année  5i3  (J.-C.  1119),  rapporte  que 
cette  année-là  on  découvrit  le  tombeau  d'Abraham  El- 
Khalil,  ainsi  que  ceux  de  ses  deux  fils  Isaac  et  Jacob, 
dans  le  voisinage  de  Jérusalem  ;  que  beaucoup  de  per- 
sonnes virent  les  corps  de  ces  patriarches  qui  s'étaient 
conservés  sans  altération,  et  qu'auprès  d'eux,  dans  la 
caverne  ,  étaient  rangées  des  lampes  d'or  et  d'argent. 
L'auteur  ne  dit  point  de  quelle  manière  s'opéra  cette 
découverte,  sur  laquelle  plane  quelque  obscurité,  attendu 
qu'à  l'époque  indiquée,  Jérusalem  et  la  ville  de  notre 
seigneur  El-Khalil  (Hébron)  étaient  au  pouvoir  des 
Francs.  Les  Musulmans  n'y  exerçaient  aucune  autorité  ; 
et  l'on  n'a  jamais  entendu  dire  que  les  Francs ,  pendant 

(  1  )  C'est  le  célèbre  historien  plus  connu  sous  le  nom  d'Abou'l-Fe'dâ. 


JÉRUSALEM    ET    HEBROK  I  3 

leur  domination,   permissent  aux   musulmans   l'entrée 
de  ces  places.  Dieu  connaît  mieux  l'exactitude  du  fait. 


Salomon,  par  une  révélation  de  Dieu,  construit  une     Page  52. 
enceinte  (hayyez)  au  dessus  de  la  Caverne. 


On  rapporte  que  lorsque  Salomon  eut  achevé  la  cons- 
truction de  Jérusalem,  Dieu  lui  révéla  ces  paroles  :  «  Ofils 
de  David  ,  construis  au  dessus  du  tombeau  de  mon  Ami 
(Abraham)  une  enceinte  qui  le  fasse  reconnaître  à  ceux 
qui  viendront  après  toi.  »    En  conséquence,   Salomon. 
accompagné   des    enfants    d'Israël,  sortit   de  Jérusalem 
et   vint  vers  la   terre    de   Kan'ân.    Après   avoir   tourné 
dans  différentes  directions  sans  découvrir  le  tombeau,  il 
revint  à  Jérusalem    où    Dieu    lui    fit  cette    révélation   : 
«  O  Salomon,  tuas  contrevenu  à  mon  ordre!  —  Seigneur, 
répondit  le  prophète,  je  n'ai  pu  trouver  l'emplacement.  » 
Dieu  lui  adressa  alors  cette  nouvelle  révélation  :  «  Va,  tu 
verras  une  lumière  descendant  du  ciel  jusqu'à  terre  ;  c'est 
là  l'emplacement  du  tombeau  de  mon  ami  Abraham.   » 
Salomon  se  mit  donc  en   route  une  deuxième   fois.    Il 
regarda  et  donna  aux  génies  l'ordre  de  construire  dans 
l'endroit  appelé  Er-Râmah  ,  lequel   est  près  de  la  ville  de 
notre  seigneur  El-Khalil,  dans  la  direction  du  nord,  au 
sud  du  village  de   Halhoul  où  se  trouve  le  tombeau  de 


I_j.  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Jonas.  Mais  Dieu  se  révéla  à  lui  en  ces  termes  :  «  Ce 
n'est  point  là  la  place  que  je  t'ai  indiquée  ;  regarde  donc 
la  lumière  suspendue  du  ciel  sur  la  terre  et  bâtis.  »  Sa- 
lomon  partit  ;  comme  il  promenait  çà  et  là  ses  regards , 
voilà  qu'une  lumière  brillait  au  dessus  d'une  des  plaines 
d'Hébron;  il  reconnut  que  c'était  bien  là  l'emplacement 
qu'il  cherchait.  C'est  sur  cette  plaine  qu'il  construisit 
l'édifice  (hayyei). 


(Page  55.)    Dimensions  en  longueur  et  en  largeur  du  mur  (soûr) 

de  Salomon. 


Ce  sanctuaire  (Maqâm)  auguste ,  qui  forme  l'intérieur 

Page  se.    du  mur  de  Salomon  mesure  en  longueur,  du  sud  au  nord, 

depuis  le   fond  du  Mehrâb  (i)  situé   près   de   la  chaire 

jusqu'au  fond  de  la  chapelle  (Machhad)  qui  recouvre  le 

tombeau  de  notre  seigneur  Jacob  ,  quatre-vingts  coudées, 

de  celles  dites  dérâ(  el  'amal  («  coudée  de  construction  »), 

moins  une  petite  différence  d'environ  une  demi-coudée 

ou  deux  tiers  de  coudée.  Sa  largeur,  d'orient  en  occident , 

depuis  le  mur  dans  lequel  est  percée  la   porte  d'entrée 

jusqu'au    fond    du    portique  (réwâq)   occidental   où    se 

trouve  la  fenêtre  (cheubbâk)  qui  donne  accès  au  tombeau 

de  noue  seigneur  Joseph,  est  de  quarante  et  une  coudées, 

(i)  Niche  servant  à  indiquer  la  direction  que  l'on  doit  suivre  pen- 
dant la  prière. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  I 0 

chiffre  auquel  il  faut  ajouter  une  faible  fraction  d'à  peu 
près  un  tiers  ou  une  moitié  de  coudée.  La  coudée  est  celle 
mentionnée  ci-dessus,  c'est-à-dire  le  dérd1,  el  lamal,  qui 
est  la  mesure  employée  à  notre  époque  pour  mesurer  les 
bâtisses.    L'épaisseur   du   mur  est,   sur  chaque  côté,  de 
trois  coudées  et  demie  ;  le  nombre  de  ses  assises  est  de 
quinze  dans  l'endroit  qui  a  le  plus  d'élévation,  savoir 
auprès  de  la  porte  de  la  citadelle,  à  l'angle  sud-ouest.  En 
cet  endroit,  la  hauteur  de  la  construction  au  dessus  du 
sol  est  de  vingt-six  coudées  de  constructeur ,  et  cela  sans 
compter  la  bâtisse  grecque  (byzantine)  élevée  par  dessus 
celle  de  Salomon.  Parmi  les  pierres  qui  forment  la  partie 
bâtie  par  Salomon,  il  en  est  une^  placée  auprès  du  lieu  de 
la  Tabl-Khândh ,  qui  a  une  longueur  de  onze  coudées  de 
constructeur.  La  largeur  de  chaque  assise  de  la  construc- 
tion faite  par  Salomon  est  d'environ  une  coudée  et  deux 
tiers,  à  la  coudée  de  constructeur.  Ledit  mur  est  sur- 
monté de  deux  minarets,  d'une  architecture  extrêmement 
gracieuse;  l'un  est  placé  à   la   partie  sud-est;  l'autre  au 
nord-ouest. 

Voici  maintenant  la  description  du  bâtiment  qui  se 
trouve  dans  l'enceinte  du  mur ,  tel  qu'il  existe  de 
notre  temps,  après  sa  transformation  en  Masdjed,  comme 
nous  venons  de  le  dire  :  il  comprend  un  édifice  voûté  qui 
occupe  environ  la  moitié  de  l'espace  renfermé  en  dedans 
du  mur,  —  du  sud  au  nord — ;  la  construction  en  re- 
monte à  l'époque  des  Grecs  (Byzantins).  Cet  édifice  se 
compose  de  trois  nefs  dont  celle  du  milieu  a  plus  d'élé- 
vation que  les   deux  qui  lui   sont  contiguës  à  l'occident 


l6  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

et  à  l'orient.  Le  toit  porte  sur  quatre  piliers  solidement 
bâtis.  Au  fond  de  cet  édifice  voûté,  sous  la  nef  la  plus 
élevée,  se  trouve  le  Mehrdb  et,  tout  à  côté,  la  chaire 
faite  en  bois  et  d'un  travail  aussi  beau  que  solide.  Cette 
chaire  fut  fabriquée  sous  le  règne  d'El-Mostanser-billah 
Abou-Tamîm  Ma  (add  le  Fâtémîte,  khalife  d'Egypte,  par  les 
ordres  de  Badr  el-Djamâly,  qui  administrait  son  empire, 
pour  décorer  le  Machhad  d'Ascalon  où,  suivant  l'opinion 
des  Fâtémîtes,  se  trouvait  déposée  la  tête  d'El-Hosayn, 
fils  d''Aly,  fils  d'Abou-Tâleb.  Le  travail  fut  exécuté  dans 
Page  57.  le  cours  de  l'année  484  (J.-C.  1191),  ainsi  que  l'atteste 
l'inscription  gravée  sur  la  chaire  en  caractères  coufiques.  Il 
est  probable  que  ce  Menbar  fut  transporté  et  placé  dans  le 
Masdjed  d'Hébron  par  les  soins  d'El  Malek  en-Nâser 
Salâh-ed-dyn  Yousef,  fils  d'Ayyoub,  à  l'époque  où  ce 
prince  fit  démanteler  Ascalon.  On  le  voit  encore  de  nos 
jours.  Vis-à-vis  est  l'estrade  (dekkeh)  des  mouaddens  (1), 
soutenue  par  des  colonnes  de  marbre  d'une  extrême 
beauté.  Les  murs  du  Masdjed  sont  revêtus  de  marbre  sur 
les  quatre  faces.  Ce  revêtement  en  marbre  fut  appliqué 
par  les  ordres  de  Tenkez,  Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie, 
sous  le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de 
Qélàoûn ,  l'an  732  (J.-C.  i332).  Les  augustes  tombeaux 
sont  situés  dans  l'enceinte  du  mur.  Au  dessous  de  l'é- 
difice susdit  se  trouve  le  tombeau-  de  notre  seigneur 
Isaac;  il  s'étend  jusqu'à  côté  du  pilier  qui  est  auprès  de 
la  chaire.  En  face  de  lui  est  placé  le  tombeau  de  sa  femme 
Rébccca ,  lequel  va  jusqu'à  côté  du  pilier  oriental. 

(  1  )  Ce  sont  les  individus  chargés  de  faire  l'appel  à  la  prière. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  1  J 

Ce  bâtiment  a  trois  portes  qui  conduisent  sur  la  plate- 
forme du  Masdjed.  L'une  d'elles,  celle  du  milieu ,  mène 
à  l'auguste  sépulture  d'Abraham  ;  c'est  un  lieu  voûté  dont 
les  quatre  murailles  sont  revêtues  de  marbre.  Vers  sa 
partie  occidentale  est  la  chambre  vénérée  renfermant  le 
tombeau  qui  passe  pour  être  celui  de  notre  seigneur 
Abraham  El-Khalîl.  En  face,  du  côté  de  l'orient,  est  le 
tombeau  de  Sàrah ,  femme  de  ce  patriarche.  La  seconde 
porte,  qui  regarde  l'orient,  est  placée  auprès  de  la  porte 
du  mur  de  Salomon ,  derrière  le  tombeau  de  Sârah.  La 
troisième  porte,  s'ouvrant  à  l'occident ,  est  derrière  le 
tombeau  d'Abraham.  Tout  à  côté  se  trouve  le  Mehrâb 
des  Màlékîtes.  Cette  porte  conduit  au  portique  (réwaq). 
Elle  fut  ouverte,  de  même  que  fut  construit  le  Mehrâb 
des  Màlékîtes,  sur  l'ordre  de  l'émir  Chéhâb-ed-dyn  el 
Yaghmoûry,  Nâder  (inspecteur)  des  deux  sanctuaires 
sacrés,  et  Nâïb  es-Saltaneh  (lieutenant  de  l'empire), 
pendant  le  règne  d'El  Malek  ed-Dâher  Barqoûq.  Il 
fit  percer  dans  le  mur  de  Salomon  la  fenêtre  qui  mène 
au  tombeau  de  notre  seigneur  Joseph  le  «  Véridique.  » 
Il  fit  également  construire  les  portiques  à  la  place  des 
cellules  qui  existaient  dans  cet  endroit  et  installa  sept 
lecteurs  du  Qpr'ân  et  un  cheikh  chargé  d'expliquer, 
dans  l'espace  de  trois  mois ,  les  ouvrages  d'El-Bo- 
khâry  et  de  Moslem.  Ces  travaux  furent  exécutés  dans  le 
mois  de  ramadan  de  l'année  796  (juillet  1394  de  J.-C). 
A  l'extrémité  de  la  cour  renfermée  dans  l'enceinte  du  mur 
de  Salomon,  du  côté  du  nord,  est  le  tombeau  qui  porte 
le  nom  de  notre  seigneur  Jacob.   Il  est  placé  vers  l'oc- 


l8  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

cident,  à  l'opposite  de  celui  d'Abraham.  En  face  de  ce 
monument,  du  côté  de  l'est,  se  trouve  la  sépulture  de 
Lyqâ  (Léa) ,  femme  de  ce  patriarche.  La  plate-forme  du 
Masdjed,  qui  est  entièrement  à  découvert,  s'étend  entre 
le  tombeau  d'El-Khalîl  (Abraham)  et  celui  de  Jacob.  Les 
Page  58.  coupoles  qui  recouvrent  les  tombeaux  où  reposent,  dit-on, 
Abraham,  Sârah,  sa  femme,  Jacob  et  sa  femme  Lyqà 
(Léa),  ont  été,  comme  je  l'ai  appris,  construites  par  les 
soins  des  Omayyades.  Tout  le  terrain  compris  dans  l'en- 
ceinte du  mur ,  tant  la  partie  abritée  par  un  toit  que  la 
cour  découverte,  est  pavé  de  dalles  qui  remontent  au 
temps  de  Salomon  et  dont  la  vue  excite  l'admiration, 
soit  sous  le  rapport  de  leur  dimension,  soit  sous  celui  de 
leur  forme. 

A  côté  du  tombeau  d'Abraham,  dans  l'intérieur  de 
l'édifice  voûté  et  au  dessous  du  sol,  est  une  caverne  ap- 
pelée Serdâb  (souterrain) ,  où  se  trouve  une  petite  porte 
qui  conduit  à  la  chaire.  Un  des  serviteurs  attachés  au 
sanctuaire  descendit,  il  n'y  a  pas  longtemps,  un  an  en- 
viron, dans  ce  souterrain  pour  chercher  un  pauvre, 
privé  de  raison,  qui  y  était  tombé.  Plusieurs  autres 
serviteurs  descendirent  aussi  dans  ce  lieu  et  pénétrèrent 
par  cette  porte,  d'où  ils  arrivèrent  jusqu'à  la  chaire  placée 
sous  la  coupole  soutenue  par  des  colonnes  de  marbre ,  à 
côté  de  la  Maison  de  la  Khétâbeh.  Un  de  ceux  qui  des- 
cendirent dans  ce  souterrain  m'a  dit  avoir  vu  un  escalier 
de  pierre  composé  de  quinze  marches,  bâti  au  bout  de  ce 
passage,  du  côté  du  sud,  et  bouché,  à  son  extrémité,  par 
une  construction.  Il  est  évident  que  c'était  une  porte  qui 


JERUSALEM    ET    HEBBON.  10 

s'ouvrait  auprès  de  la  chaire  et  par   laquelle  on  parvenait 
dans  le  souterrain. 

En  dehors  du  mur  de  Salomon,,   dans  la  partie  qui 
regarde  l'orient,  est  un  Masdjed  d'une  extrême  beauté. 
Entre  le  mur  de  Salomon  et  ce  Masdjed ,  se  trouve  le 
vestibule;  il  est  voûté,  d'une  forme  allongée,  et  joint  à  la 
magnificence  une  majesté  imposante.  Le  Masdjed  et  le 
vestibule  ont  été  construits  par  l'émir  Abou-Sa  'îd  Sandjar 
el  Djâoûly,    inspecteur  des   deux    nobles  sanctuaires  et 
lieutenant  de  l'empire,  C'est  de  lui  que  ce  Masdjed  a  pris 
le  nom  de  Djâoûliyeh^  véritable  merveille,  il  a  été  taillé 
dans  une  montagne  sur  laquelle  était,  dit-on,  le  tombeau 
de  Judas  :  El  Djàoûly  aurait  fait  tailler  et  creuser  la  mon- 
tagne et  recouvrir  la  cavité  d'un  toit  et  d'une  coupole.  Cet 
édifice  est  soutenu  par  douze  piliers  qui  s'élèvent  au  centre. 
Le  sol  du  Masdjed ,  les  murs  et  les  piliers  reçurent  un 
placage  de  marbre,  et  des  fenêtres  en  fer  furent  pratiquées 
à  l'extrémité  du  bâtiment,  du  côté  de  l'ouest.  Ce  Masdjed 
a   une    longueur,  du    sud  au    nord,    de  quarante-trois 
coudées,  et  une  largeur ,  d'orient  en  occident,  de   vingt- 
cinq  coudées  de  constructeur.  L'édification  en  fut  com- 
mencée au  mois  de  rabic  second  de  l'année  718  (2  juin- 
1"  juillet    1 3 1 8   de  J.-C),  et   achevée  dans  le   mois   du 
même  nom,  l'an  720,  sous  le  règne  d'El  Malek  en-Nàser 
Mohammad,  fils  de  Qélâoûn.  Sur  le  mur  (transversal)  est 
une  inscription  ainsi  conçue  :  Sandjar  a  fait  construire 
cet  édifice   uniquement  à  ses  frais ,  sans  y  consacrer 
aucune  somme  prise  sur  les  revenus  des  deux  nobles 
sanctuaires  (que  Dieu  lui  fasse  miséricorde)  ! 


20  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Page  59.  A  côté  du  Masdjed  Djàoûly,  vers  le  sud,  est  la  cuisine 
où  l'on  prépare  la  djachîcheh  (i)  pour  ceux  qui  sont  en 
retraite  et  pour  les  voyageurs.  A  la  porte  de  la  cuisine, 
chaque  jour  après  la  prière  de  V'Asr  (l'après-midi),  on 
bat  la  Tabl-Khânâh  (batterie  de  tambour),  au  moment 
de  la  distribution  du  repas.  Ce  repas  est  une  des  choses 
les  plus  merveilleuses  du  monde  :  les  habitants  de  la 
ville  et  les  arrivants  en  prennent  leur  part.  Il  consiste 
dans  du  pain  que  l'on  fabrique  chaque  jour  et  dont  on 
fait  trois  distributions  :  le  malin  et  après  l'heure  de  midi, 
la  distribution  est  faite  pour  les  habitants  de  la  ville  ; 
après  T'Asr,  elle  a  lieu  en  faveur  des  habitants  et  des 
étrangers  indifféremment.  La  quantité  de  pain  qui  se  fait 
journellement  s'élève  à  quatorze  mille  raghîf  (petits  pains 
ronds  et  plats),  et  va  parfois  jusqu'à  quinze  mille  (2). 
Les  fondations  instituées  pour  cet  objet  produisent  une 
somme  presque  incalculable.  Personne,  riche  ou  pauvre, 
n'est  exclu  du  repas. 

Quant  à  la  cause  de  ce  battement  de  tambour  (Tabl- 
Khânâh),  chaque  jour,  après  l"Asr,  au  moment  de  la 
distribution  du  repas,  on  en  fait  remonter  l'origine  à 
notre  seigneur  Abraham  :  quand  il  avait  préparé  le  repas 
destiné  aux  hôtes  qui  lui  étaient  venus ,  comme  ceux-ci 
étaient  dispersés  dans  les  logements  qu'il  leur  avait  ré- 
partis, il  leur  battait  du  tambour  pour  les  prévenir  que 

(1)  Plat  de  froment  broyé  et  bouilli  —  L'édition  du  Caire  porte 
dachîcheh,  qui  est  également  »  une  espèce  de  brouet  fait  de  froment 
pilé  ». 

(2)  Le  texte  imprime  ajoute  «  quand  il  y  a  des  visiteurs  ». 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  2  1 

le  repas  était  prêt.  En  entendant  ce  signal^  tous  s'em- 
pressaient d'accourir  et  de  se  réunir,  afin  de  prendre  part 
à  ce  noble  festin.  Cet  usage  devint,  après  la  mort  du  pa- 
triarche ,  une  pratique  de  tradition  [seunneh] ,  qui  se  ré- 
pète quotidiennement,  au  moment  de  la  distribution  du 
repas,  en  son  auguste  présence. 

A  la  porte  du  Masdjed,  où  l'on  bat  la  Tabl-Khânâh ,  se 
trouvent  les  bâtiments  destinés  à  la  préparation  du  repas; 
ils  se  composent  de  fours  et  de  moulins.  C'est  un  vaste 
emplacement  qui  renferme  trois  fours  et  six  meules  à 
moudre  le  grain.  Au  dessus  sont  les  greniers  où  l'on 
dépose  le  blé  et  l'orge.  En  voyant  ce  lieu ,  tant  en  haut 
qu'en  bas,,  on  est  ravi  d'admiration  :  en  effet,  le  blé  qui 
y  entre  n'en  sort  que  sous  la  forme  de  pain.  Pour  ce  qui 
est  de  l'empressement  déployé  dans  la  confection  du 
repas  par  cette  foule  d'hommes  occupés  à  moudre  le 
froment,  à  le  pétrir,  à  le  convertir  en  pain,  à  disposer  le 
bois  à  brûler  et  autres  accessoires,  ainsi  qu'à  préparer 
tout  le  nécessaire,  c'est  là  encore  une  merveille  dont  on 
ne  rencontrerait  pas  facilement  l'équivalent  chez  les  plus 
puissants  souverains  delà  terre,  tandis  qu'elle  ne  cons- 
titue qu'un  des  moindres  miracles  de  ce  noble  prophète. 


Histoire  de  Joseph. 


Joseph  mourut  en   Egypte  et  y  resta  enseveli  jusqu'au    (Page  63  ) 
temps  de  Moïse  et  de  Pharaon.  Mais  lorsque  Moïse  quitta 


22  JERUSALEM    FT    HEBRON. 

ce  pays  en  emmenant  les  enfants  d'Israël  dans  le  désert, 
il  exhuma  le  corps  de  Joseph  et  le  transporta  avec  lui 
ra.ce  64,  dans  le  désert  jusqu'à  ce  qu'il  mourut  lui-même.  Josué 
étant  venu  en  Syrie  avec  les  Israélites ,  l'ensevelit  près 
de  Naplouse,  ou  plutôt  à  Hébron,  suivant  une  version 
très-répandue  parmi  la  population;  c'est,  en  'effet,  à 
Hébron  que  se  voit  son  tombeau  et  il  est  très-connu. 
Cette  croyance  a  généralement  cours   dans  le  peuple  et 

n'a  jamais  été  contestée 

Son  tombeau  se  trouve  sur  le  terrain  sacré  situé  der- 
rière l'enceinte  de  Salomon,  vis-à-vis  du  tombeau  de 
Jacob  et  dans  le  voisinage  de  ses  deux  ancêtres,  Abraham 
et  Isaac. 

Au  rapport  d'Ibrahim  ebn  Ahmad  el  Khalandjy,  une 
esclave  d'El-Moqtader  (i)  nommée  'Adjouz,  qui  habitait 
Jérusalem,  lui  ayant  demandé  de  se  rendre  à  l'endroit  où 
la  tradition  plaçait  le  tombeau  de  Joseph ,  de  le  mettre  à 
découvert  et  de  construire  au  dessus  un  édifice  :   «  Je 
sortis ,  raconte-t-il ,  accompagné  des  ouvriers ,  à  la  re- 
cherche du  champ  où  il  devait  se  trouver  d'après  la  tra- 
dition, en  dehors  de  l'enceinte  (de  Salomon),  vis-à-vis  le 
tombeau  de  son  père  Jacob.  On  acheta,  ajoute-t-il,  le  ter- 
rain de  son  propriétaire,  et  on  se  mit  à  y  faire  des  fouilles. 
Une  énorme  pierre  ayant   été   mise  à   découvert  dans 
Page  es.    l'endroit  présumé,  ordre  fut  donné  de  la  casser.  On  en 
brisa  un  fragment.  J'étais  occupé,  continue  le  narrateur, 

(i)   Le  khalife'Abbàside  El-Moqtader-billah  régna  de  l'an   295  à 
l'an'?20  (J.-C.  qo8-o^2). 


JÉRUSALEM    ET    HÉBR0N.  2  3 

à  fouiller  avec  les  autres.  Dès  qu'on  eut  enlevé  le  morceau 
de  pierre,  voilà  qu'on  aperçut  Joseph  tout  resplendissant 
de  grâce  et  de  beauté,  et  il  s'exhala  de  l'endroit  des  par- 
fums de  musc.  Puis  survint  un  vent  très-violent,  et  les 
ouvriers  replacèrent  la  pierre  dans  son  premier  état.  » 

Quelque  temps  après,  on  construisit  au  dessus,  afin  de 
constater  cette  découverte^  la  coupole  qui  existe  encore 
de  nos  jours.  Ce  monument  est  situé  en  dehors  du  mur 
de  Salomon,  du  côté  de  l'ouest,  dans  l'intérieur  de  la 
Madraseh  attribuée  au  sultan  El  Malek  en-Nâser  Hasan 
et  que  l'on  appelle  aujourd'hui  la  Citadelle  [El  qal'ah). 
On  y  entre  par  la  porte  du  Masdjed  qui  donne  sur  le 
marché,  en  face  de  la  fontaine  de  l'Eunuque.  C'est  un 
endroit  révéré  et  qui  renferme  le  tombeau. 

Dans  la  suite,  un  des  inspecteurs  des  Waqfs  du  Masdjed 
d'Hébron,  Chéhâb-ed-dyn  Ahmad  el  Yaghmoûry,  fit 
percer  une  porte  dans  le  mur  de  Salomon ,  du  côté  de 
l'ouest,  vis-à-vis  du  tombeau  qu'on  regarde  comme  celui 
de  notre  seigneur  Joseph  le  «  Véridique  »,  et  placer,  au 
dessus  du  tombeau  inférieur,  un  édicule  servant  à  en  in- 
diquer la  place,  dans  la  même  forme  que  ceux  des  autres 
sépulcres  qui  se  trouvent  dans  le  Masdjed  d'Hébron.  Ces 
installations  furent  faites  sous  le  règne  d'El  Malek  ed- 
Dâher  Barqoûq. 

Histoire  de  Loth. 


Le  tombeau  de  Loth  se  trouve  en  un  bourg  nommé 


Page  07. 


24  [JÉRUSALEM    ET   HÉBRON. 

Kafr-Borayk,  situé  à  une  parasange  environ  du  Masdjed 
d'Abraham.  On  rapporte  que  dans  la  caverne  occidentale, 
sous  l'ancien  sanctuaire,  sont  enterrés  soixante  prophètes 
dont  vingt  envoyés.  Cet  endroit  jouit  d'une  grande  re- 
nommée et  est  devenu  un  but  de  pèlerinage  et  de  dé- 
votion. 

A  une  parasange  d'Hébron  se  trouve  une  petite  mon- 
tagne qui  domine  le  lac  de  Zoghar  (i)  (la  mer  Morte)  et 
l'emplacement  des  villes  de  Loth.  L'on  y  voit  un  Masdjed 
bâti  par  Abou-Bekr  Mohammad  ebn  Isma'îl  es-Sobâhy; 
il  renferme  la  place  où  s'endormit  Abraham,  enfoncée 
dans  la  roche  d'environ  une  coudée.  On  dit  que  quand 
Abraham  vit  les  villes  de  Loth  soulevées  dans  les  airs,  il 
s'arrêta  ou  s'endormit;  puis,  il  s'écria  :  «  Je  rends  té- 
moignage que  c'est  la  vérité  évidente.  »  C'est  pourquoi 
ce  Masdjed  fut  nommé  le  Masdjed  de  la  vérité  évidente 
(Masdjed  el  haqq  el  yaqjn).  Sa  construction  eut  lieu 
dans  le  mois  de  cha'bân  de  l'année  352  (août-septembre 
923  de  J.-C).  Au  dehors  du  Masdjed  est  une  grotte  qui 
contient  le  tombeau  de  Fâtémeh ,  fille  d'El-Hasan ,  fils 
d''Aly,  fils  d'Abou-Tâleb;  sur  le  tombeau  on  voit  une 
plaque  de  marbre  portant  cette  inscription  en  caractères 
coufiques  : 

«  J'ai  fait  habiter  celle  dont  la  demeure  était  dans 
mes  entrailles,  entre  la  terre  et  la  pierre,  et  cela  en 
dépit  de  moi-même. 

(1)  Le  texte  imprimé  porte  Zo'ar. 


JERUSALEM    ET    HEBR0N.  2  5 

«  Puissé-je  te  servir  de  rançon ,  0  Fâtémeh ,  Jille  des 
Imams ,  fille  des  étoiles  brillantes  (i).  » 


Histoire  de  Job  (âyyoub). 


Le  tombeau  de  Job  est  situé  dans  le  village  de  Kafl 
(ou  Kajr)  Hârès,  qui  est  une  dépendance  de  Naplouse. 


Histoire  de  Jéthro  (Cho'ayb). 


Le  tombeau  de  Cho'ayb  se  trouve  en  un  village 
nommé  Hettin,  qui  dépend  de  la  ville  de  Safad  et  est  à 
une  distance  d'environ  trois  journées  de  Jérusalem. 


Histoire  de  Moïse  (Mousa). 


Aucune  créature  n'a  eu  connaissance  de  l'endroit  où 
se  trouve  le  tombeau  de  Moïse.  Suivant  une  tradition 
orale,  il  fut  enseveli  dans  la  vallée,  sur  le  territoire  où  il 
mourut.    Les  opinions  sont  très-partagées  sur  l'empla- 

(i)  Cette  inscription  a  été  découverte  par  le  duc  de  Luynes.  Cf. 
son  Voyage  d'exploration  à  la  mer  Morte. 

4 


Page  68. 


(Page  92. 


2  G  JÉRUSALEM    ET    HEBR0X. 

cernent  de  son  tombeau.  Il  en  est  une,  et  c'est  la  plus  ré- 
pandue, qui  le  place  à  l'est  de  Jérusalem,  à  une  journée 
de  marche  de  la  ville  sainte.  La  route  qui  y  mène  est  ex- 
trêmement escarpée  et  difficile.  Il  est  recouvert  d'une  cons- 
truction dans  l'enceinte  de  laquelle  s'élève  un  Masdjed  ; 
adroite  est  un  bâtiment  voûté  en  pierres,  renfermant  à 
Page  93.  l'intérieur  une  tombe  que  l'on  recouvre,  pendant  la 
durée  du  pèlerinage,  d'un  voile  en  soie  noire  orné  de 
broderies  rouge  et  or,   et  qui  en  fait  tout  le  tour.  On 

croit  généralement  que  c'est  là  le  tombeau  de  Moïse 

Le  dôme  en  question  a  été  construit  par  El  Malek  ed- 
Dâher  Baybars,  à  son  retour  du  pèlerinage  de  la  Mekke, 
lorsqu'il  vint  visiter  Jérusalem,  en  l'année  668  (J.-C. 
1269).  Des  gens  de  bien  y  ajoutèrent  d'autres  construc- 
tions, tant  dans  l'intérieur  qu'autour  de  la  mosquée;  ce 
qui  fut  d'une  grande  utilité  pour  les  visiteurs.  Plus  tard, 
en  l'an  875  (J.-C.  1470),  l'intérieur  fut  agrandi  du  côté 
du  sud;  cette  construction  ne  fut  achevée  qu'en  l'année 
885  (J.-C.  1480).  Postérieurement  à  l'année  880,  un  mi- 
naret y  a  été  édifié. 

Cet  endroit  est  près  à'Arihâ  du  Ghaûr  (Jéricho) ,  une 
des  dépendances  de  Jérusalem.  Les  habitants  de  la  ville 
sainte  s'y  rendent  en  pèlerinage  chaque  année  à  la  fin  de 
l'hiver  et  y  passent  plusieurs  jours. 

Il  se  produit  en  ce  lieu  des  faits  qui  tiennent  du  mi- 
racle :  auprès  de  la  tombe,  située  à  l'intérieur  du  dôme, 
on  ne  cesse  de  voir,  au  dessus  du  Mehrdb,  des  images  de 
personnes  de  différentes  couleurs;  les  unes  affectent  la 
forme  de  cavaliers,  d'autres  de   piétons;   il  en  est  qui 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  27 

portent  une  lance  sur  l'épaule;  quelques-unes  sont  vêtues 
de  blanc,  d'autres  ont  des  vêtements  verts;  elles  se  pré- 
sentent les  unes  aux  autres  et  offrent  des  aspects  variés  (  i) . 

Histoire  de  David  (Dâoud) 

D'après  Wahb,  David  fut  enseveli  dans  l'église  connue 
sous  le  nom  à! El-Djysémâniyeh  (Gethsémani),  à  l'orient 
de  Jérusalem,  dans  la  vallée. 

D'autres  disent  que  le  tombeau  de  David  se  trouve  Page  H6. 
dans  l'église  de  Sion;  c'est  celle  qui  est  en  dehors  de  Jé- 
rusalem j  du  côté  du  sud,  et  est  occupée  par  la  commu- 
nauté des  Francs  :  c'était  en  effet  sa  demeure.  Dans  la  dite 
église  de  Sion  est  un  endroit  très-vénéré  des  chrétiens  et 
renfermant,  dit-on,  le  tombeau  de  David.  Ce  lieu  est 
aujourd'hui  en  la  possession  des  musulmans.  Nous 
mentionnerons  dans  la  suite  ^  s'il  plaît  à  Dieu,  parmi 
les  événements  de  l'année  895  (J.-C.  1491),  la  querelle 
qui  éclata  à  ce  sujet,  de  notre  temps,  entre  les  musulmans 
et  les  chrétiens. 

Construction  par  notre  seigneur  Salomon  (Solaymân) 
de  la  cité  de  Jérusalem  et  de  son  temple. 

En  la  quatrième  année  de  son  règne,  correspondant  à 

(1)  Le  P.  Vansleb,  dans  son  Voyage  en  Egypte,  fait  mention  d'une 
chapelle  dans  laquelle  de  pareils  phénomènes  physiques  avaient  lieu. 


28  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

la  cinq  cent  trente-neuvième  de  la  mort  de  Moïse,  dans 
le  mois  à'ayâr  (mai) ,  Salomon  commença  à  construire 
Jérusalem,  pour  se  conformer  à  la  recommandation  que 
lui  en  avait  faite  son  père  mourant. 

Au   temps  des  enfants  d'Israël,    la  cité   de  Jérusalem 
était  très-vaste  et  très-florissante.  D'après  les  descriptions - 
qui  en  ont  été  faites,  elle  surpassait  en  grandeur  Mesr 
(le  Vieux-Caire)  et  Baghdâd.  On  dit  que  les  constructions 
et  les   habitations  arrivaient,  du  côté  du  sud,   jusqu'au 
bourg  connu   à  cette   époque  sous  le  nom  de  Dayr-es- 
Seneh ,  et ,  du  côté  de  l'orient ,  jusqu'au  mont  des  Oli- 
viers; le  mont  des'Oliviers  continua  à  être  habité  jusqu'au 
temps  de  la  conquête  d'*Omar.  Dans  la  direction  de  l'oc- 
cident,   la  ville  s'étendait  jusqu'à  Màmilâ,  et,  au  nord, 
jusqu'au  village  qui  renferme  le   tombeau  du  prophète 
Samuel  et  porte  chez  les  juifs  le  nom  de  Ramait-,  sa  dis- 
tance de  Jérusalem  est  de  près  d'un  quart  de  bérid  (poste). 
La  construction  de  la  cité  de  Jérusalem  par  David  et  Sa- 
lomon ne  consista  que  dans  la  réédification  des  anciennes 
bâtisses.  Nous  avons  déjà  fait  mention,   au  commence- 
ment de  cet  ouvrage,  du  premier  homme  qui  construisit 
et   fonda  la  ville,  et  avons  dit  que  c'était   Sem.,  fils  de 
Noé.    Le  sanctuaire  était  situé  au  centre   de  la  cité.  Au 
milieu  d'une  plaine   unie   se  dressait  la  noble  Roche , 
jusqu'à  l'époque  où  David  et,  après  lui,  Salomon  y  édi- 
Page  107.    fièrent  le  temple 

Page  108.)        La  Roche  (Sakhrah)  de  Jérusalem  avait,  du  temps  de 
Salomon,  une  hauteur  de  douze  coudées  ;  la  coudée  em- 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  20 

ployée  était  celle  de  la  bonne  foi  (dérâ*  el  aman),  équi- 
valant à  une  coudée  (commune),  un  empan  et  un  poing. 
L'élévation  de  la  coupole  qui  la  recouvrait  était  de  dix- 
huit  ou ,  suivant  d'autres ,  de  douze  milles.  A  son  sommet,, 
était  posée  une  gazelle  en  or  qui  avait  entre  les  yeux  une 
perle  ou  un  rubis  rouge.  Les  femmes  de  la  Balqâ  niaient 
pendant  la  nuit  à  la  clarté  qu'elle  projetait;  ce  district  est 
situé  à  plus  de  deux  journées  de  Jérusalem;  et  les  habi-  PaSe  lû9 
tants  d'  'Amwâs,  quand  le  soleil  se  levait  à  l'orient,  se 
trouvaient  à  l'ombre  de  la  coupole.  Cet  'Amwâs,  qu'on 
peut  prononcer  avec  un  fathah  (Amawâs)  ou  un  sekoûn 
sur  le  mîm  ('Amwâs)  est  celui  qui,  suivant  l'opinion  pré- 
pondérante, a  donné  son  nom  à  la  peste  dite  d'  'Amwâs, 
parce  que  cette  épidémie  y  prit  naissance;  elle  éclata  l'an 
18  de  l'hégire.  Ce  village  est  situé  près  de  Ramleh  de 
Palestine,  à  la  distance  d'environ  une  poste  et  demie 
de  Jérusalem.  Quand  le  soleil  se  couchait,  l'ombre  de  la 
coupole  abritait  les  habitants  de  Bayt-er-Râmah  et  d'autres 
villages  du  Ghaûr  situés  à  une  plus  grande  distance  de 
Jérusalem  qu'  'Amwâs.  Quelques  auteurs  disent  que  Sa- 
lomon  entoura  le  temple  d'une  muraille  qui  avait  une 
étendue  de  cinq  cents  coudées,  tant  en  longueur  qu'en 

largeur 

On  rapporte  que  le  prophète  de  Dieu,  Salomon,  après  (Page  m.) 
avoir  achevé  la  construction  du  temple,  égorgea  trois 
mille  vaches  et  sept  mille  brebis;  puis,  étant  venu  à 
l'extrémité  du  Masdjed  attenante  à  la  Porte  des  Tribus, 
à  l'endroit  connu  sous  le  nom  de  Trône  de  Salomon 
(Keursy  Solaymdn),   il  s'écria  :  «  O   mon  Dieu!   qui- 


3o  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

conque  viendra  ici  après  avoir  commis  un  péché,  par- 
donne-lui ;  si  c'est  un  malheureux,  soulage  son  infortune.  » 
Personne  ne  se  présente  en  ce  lieu  sans  éprouver  le  bé- 
néfice de  ce  double  vœu  de  Salomon.  Cet  endroit  appelé 
Kenrsy  Solaymân  est  un  des  plus  célèbres  pour  l'exau- 
cement des  prières.  Il  se  trouve  dans  l'intérieur  du  dôme 
qu'on  désigne  sous  le  nom  de  Coupole  de  Salomon 
(Qpbbeh  Solaymân)  ,  auprès  de  la  Porte  de  la   Dawâ- 

dâriyeh  (i) 

(Page  na.)  Au  nombre  des  prodiges  qui  se  manifestaient  à  Jéru- 
salem était  la  chaîne  que  Salomon  avait  placée,  pendant 
du  ciel  sur  la  terre,  à  l'orient  de  la  Sakhrah,  à  l'endroit 
occupé  aujourd'hui  par  la  Coupole  de  la  Chaîne  (Qpbbet 
es-salsaleh) .  C'est  à  son  sujet  qu'un  poète  a  dit  : 

«  La  révélation  a  disparu;  la  grandeur  a  succombé, 
et  la  générosité  a  été  enlevée  avec  la  chaîne.  » 

Lorsque  deux  hommes  se  présentaient  devant  cette 
chaîne,  celui  des  deux  qui  disait  la  vérité  pouvait  l'at- 
teindre ;  quand  celui  qui  mentait  voulait  en  faire  autant , 
elle  se  relevait  sans  qu'il  pût  la  saisir. 

Voici  en  résumé  l'histoire  de  cette  chaîne,  qui  est 
racontée  toutefois  de  diverses  manières  :  Un  homme 
avait  déposé  chez  un  juif  deux  cents  dinars;  lorsqu'il 
réclama  son  dépôt  s  le  juif  nia  de  l'avoir.  En  conséquence, 
tous  les  deux  se  rendirent  en  cet  endroit,  devant  la  chaîne. 

(i)  Ce  mot,  qui  vient  de  Dawâdar  (porte-écritoire),  est  écrit/)/ 
vidâriyeh  dans  le  texte  imprimé  ;  les  deux  orthographes  sont  éga- 
lement admises. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  3 I 

Le  juif  dépositaire,  recourant  à  la  ruse  et  à  la  super- 
cherie j  avait  fait  fondre  les  pièces  d'or  et  les  avait  coulées 
dans  un  bâton  creusé  à  cet  effet.  Arrivé  à  cet  endroit,  il 
remit  le  bâton  au  propriétaire  des  dinars  et,  saisissant  la 
chaîne,  il  jura  par  le  nom  de  Dieu  qu'il  lui  avait  donné 
la  somme;  ensuite,  le  réclamant  lui  ayant  rendu  son 
bâton  et  prenant  à  son  tour  la  chaîne  avec  la  main ,  fit 
serment  de  ne  pas  avoir  retiré  son  dépôt;  de  sorte  que 
chacun  des  plaideurs  saisit  également  la  chaîne.  La 
foule  resta  frappée  d'étonnement.  C'est  pourquoi,  à 
partir  de  ce  jour,  la  chaîne  disparut,  à  cause  de  la  per- 
versité de  la  nature  humaine 


Le  talisman  contre  les  serpents.  page  m; 

Le  Hdfed  Ebn-'Asâker  dit  avoir  lu  dans  un  ancien 
livre  :  «  Il  y  a  à  Jérusalem  de  gros  serpents  dont  la 
morsure  est  mortelle;  toutefois  Dieu,  dans  sa  bonté,  a 
donné  à  ses  serviteurs  un  Masdjed  situé  dans  la  partie  Page  4U. 
élevée  de  la  voie  et  pris  par  'Omar,  fils  d'El-Khattâb 
sur  une  église  qui  se  trouve  là_,  connue  sous  le  nom  de 
Qpmâmeh  (l'église  du  Saint-Sépulcre).  On  y  voit  deux 
grandes  colonnes  en  maçonnerie  dont  les  chapiteaux  sont 
ornés  de  figures  de  serpents,  qu'on  dit  être  un  talisman 
contre  ces  reptiles.  Un  homme  est-il  mordu  par  un 
serpent  à  Jérusalem,  la  morsure  ne  lui  cause  aucun  mal; 
mais  s'il  sort  de  la  ville,  ne  fût-ce  qu'à  la  distance  d'un 
empan,  il  meurt  aussitôt.  Le  seul  moyen  pour  lui  de  se 


32  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

guérir  est  de  séjourner  à  Jérusalem  durant  trois  cent 
soixante  jours.  S'il  quittait  la  ville ,  même  un  seul  jour, 
avant  l'expiration  de  ce  terme,  il  serait  certain  de  périr. 
El  Harawy  rapporte  aussi   quelque  chose  de  ce  genre 

dans  son  Livre  des  pèlerinages 

Ce  Masdjed,  dis-je,  est  très-connu.  Il  est  situé  dans  le 
quartier  des  chrétiens  à  Jérusalem ,  à  côté  de  l'église  de 
Qpmâmeh  (de  la  Résurrection),  à  l'ouest,  à  gauche  en 
montant  par  l'escalier  de  la  Qpmâmeh  vers  l'hospice 
(Khânqâh)  de  Saladin.  A  ce  qu'il  paraît,  le  talisman 
contre  les  serpents  en  a  disparu.  Dieu  est  plus  savant.   .    . 

(Page  <3i.)  La  tradition  orale  place  le  tombeau  de  Salomon  à  Jé- 
rusalem auprès  de  la  Djysémâniyeh  (Gethsémani) ,  et 
veut  que  ce  prince  et  son  père  David  reposent  dans  une 
même  tombe. 


Histoire  de  notre  seigneur  Jonas  (Younès),  fils  de  Matta. 


(Page  142.) 


Son  tombeau  se  trouve  dans  un  bourg  situé  près  de  la 
ville  de  notre  seigneur  El-Khalil  (Hébron),  à  une  dis- 
tance peu  considérable.  Ce  bourg  se  nomme  Halhoûl  et 
est  sur  la  route  de  Jérusalem.  Au  dessus  du  tombeau,  il 
a  été  construit  un  Masdjed  et  un  minaret.  Le  minaret  fut 
élevé  par  les  ordres  d'El  Malek  el  Mo'addam'Ysa,  sous 
l'administration  de  l'émir  Rachîd-ed-dyn  Faradj  ebn  'Abd- 
Allah  el  Mo'addamy,  dans  le  mois  de  radjab  de  l'année 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  33 

623  (28  juin- 28  juillet  1226  de  J.-C).  Le  tombeau  de 
Jonas  jouit  d'une  grande  célébrité  et  l'on  s'y  rend  en  pè- 
lerinage. 

Matta  est  enterré  tout  près,  en  un  village  appelé  Bayt- 
Ameurr.  C'était  un  juste  (1),  de  la  famille  des  prophètes. 
Dieu  est  plus  savant. 


Ascension  de  notre  Seigneur  Jésus  ('Ysa). 


Quand  sa  mère  Marie  (sur  qui  soit  le  salut!)  mourut,  (Pa?e  izi •) 
elle  fut  enterrée  dans  l'église  connue  sous  le  nom  d'El- 
Djysémâniyeh  (Gethsémani),  en  dehors  de  la  Porte  des 
Tribus,  au  pied  du  mont  des  Oliviers.  C'est  un  lieu 
célèbre  et  un  but  de  pèlerinage,  tant  pour  les  musulmans 
que  pour  les  chrétiens. 


Troisième  construction  de  Jérusalem.  (Page  *&  i 

Après  que  Titus  eut  détruit  Jérusalem  et  exercé  sa 
vengeance  sur  les  Juifs,  la  ville  se  repeupla  petit  à  petit 
et,  se  relevant  de  ses  ruines,  elle  demeura  florissante 
jusqu'au  moment  où  Hélène,  mère  de  Constantin  le  Vic- 
torieux, arriva  à  Jérusalem.  Son  fils  Constantin  régnait 


(1)  D'après  le  Koulliyât  d'Abou'l  Baqâ,  le  mot  sâleh  désigne  celui 
«  qui  s'acquitte  de  ses  devoirs  envers  Dieu  et  envers  les  hommes.  » 

5 


j*4  JÉRUSALEM    ET    HEBKON. 

à  Roûmyeh  (Rome);  puis  il  transféra  sa  capitale  à  Qos- 
tantiniyeh  (Constantinople)  dont  il  construisit  les  mu- 
railles, et  embrassa  le  christianisme.  La  ville  s'appelait 
El-Bou^atiyeh  (Byzance)  ;  il  changea  son  nom  en  celui  de 
Qpstantiniyeh  (i).  Les  chrétiens  prétendent  que  dans  la 
septième  année  de  son  règne,  il  lui  apparut  dans  le  ciel  un 
objet  ressemblant  à  une  croix  et  qu'il  reçut  l'ordre  de  se 
faire  chrétien.  Jusqu'alors,  lui  et  ses  prédécesseurs  avaient 
professé  la  religion  des  Sabéens ,  adorant  des  idoles  sous 
le  nom  des  sept  planètes. 

La  vingt-unième  année  du  règne  du  dit  Constantin, 
deux  mille  huit  cent  quarante  évêques  s'étant  réunis,  il 
en  choisit  trois  cent  dix-huit  qui  excommunièrent  Arioûs 
(Arius)  l'Alexandrin,  parce  qu'il  soutenait  que  le  Messie 
était  un  être  créé.  Les  susdits  évêques  se  mirent  d'accord, 
en  la  présence  de  Constantin,  et  posèrent  les  lois  du  chris- 
tianisme qui  n'existaient  pas  encore.  Le  chef  de  ces  pa- 
triarches était  celui  d'Alexandrie;  c'est  de  cette  ville  que 
la  religion  chrétienne  tire  son  origine  chez  les  Roûm. 

Avant  cette  époque,  en  la  douzième  année  de  son 
règne,  sa  mère,  Hélène,  dont  il  vient  d'être  fait  mention, 
était  partie  pour  Jérusalem  à  la  recherche  du  bois  de  la 
croix  du  Messie,  sur  laquelle  il  fut  crucifié,,  suivant  la 
croyance  des  chrétiens.  Arrivée  dans  la  ville  sainte,  elle 
découvrit  le  bois  de  la  croix  et  institua  à  cette  occasion  la 
fête  de  ce  nom  ('Yd  es-Salîb):  Elle  fit  construire  l'église 

(i)  Litt.  Constant inienne. 


JÉRUSALEM    ET    HEIJRON.  35 

de  Qpmâmeh  (i)  (de  la  Résurrection)  par  dessus  le  tom- 
beau dans  lequel  les  chrétiens  croient  que  Jésus  a  été 
enseveli.  Elle  fit  également  bâtir  le  lieu  qui  est  en  face  de 
la  Qpmâmeh  et  est  connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de 
Dergniâh,  ainsi  que  l'église  de  Bethléhem,  celle  du 
mont  des  Oliviers,  à  l'endroit  de  l'ascension  de  notre 
Seigneur  Jésus  (sur  qui  soit  le  salut  !),  celle  ô^El-Djysé-  rag0  n3- 
mâniyeh  (Gethsémani)  où  se  trouve  le  tombeau  de  Marie, 
et  d'autres  édifices.  Elle  fit  raser  jusqu'au  sol  le  tabernacle 
du  temple  de  Jérusalem  et  donna  l'ordre  de  jeter  sur  son 
emplacement  les  ordures  et  les  balayures  de  la  ville;  de 
telle  sorte  que  l'endroit  de  la  Sakhrah  (la  Roche)  devint 
un  dépôt  d'immondices.  Les  choses  demeurèrent  en  cet 
état  jusqu'à  ce  qu"Omar  vint  s'emparer  de  Jérusalem, 
ainsi  que  nous  le  mentionnerons  en  parlant  de  la  con- 
quête de  ce  khalife. 

El  Moucharraf  a  dit  d'après  Ka'b  :  «  La  Coupole  de  la 
Sakhrah  de  Jérusalem  s'élevait  à  une  hauteur  de  douze 
milles  $  les  habitants  de  Jéricho  et  d"Amwâs  s'abritaient 
à  son  ombre.  Elle  était  surmontée  d'un  rubis  qui  pro- 
jetait pendant  la  nuit  une  clarté  pareille  à  celle  du  soleil. 
Quand  le  jour  paraissait,  Dieu  le  privait  de  son  éclat. 
Elle  demeura  dans  cet  état  jusqu'à  la  venue  des  Roûm 
(Grecs-Byzantins)  qui  s'en  emparèrent.  Quand  ils  l'eurent 
en  leur  possession  :  «  Venez,  dirent-ils,  bâtissons  sur 
cette  place  un  édifice   plus  beau  que  celui  qui  s'y  trou- 

(  i  )  On  sait  que  les  musulmans  ont  change  à  dessein  le  mot  qydmeli 
(résurrection)  en  celui  de  qomàmeh  (  balayures  ),  sous  lequel  ils  se 
plaisent  à  désigner  l'église  du  Saint-Sépulcre. 


(Page  2S4.) 


36  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

vait.  »  Ils  construisirent  donc  un  bâtiment  s'élevant  à  la 
même  hauteur  et  le  couvrirent  d'ornements  en  or  et  en 
argent.  La  construction ,  une  fois  achevée,  soixante-dix 
mille  de  leurs  prêtres  et  sacristains  y  entrèrent,  tenant 
dans  leurs  mains  des  encensoirs  d'or  et  d'argent,  et  s'y 
adonnèrent  au  polythéisme.  Mais  la  Coupole  se  renversa 
sur  eux  :  il  n'en  sortit  pas  un  seul  (i).  » 


Conquête  de  Jérusalem  par  'Omar,  fils  d'El-Khattâb. 


Au  rapport  de  Sayf  qui  tenait  ce  récit  d'Abou-Hàzem  et 
d'Abou-'Otmân,  lesquels  l'avaient  recueilli  de  Khâled  et 
d"Obâdah  :  «  'Omar,  fils  d'El-Khattâb,  ont  raconté  ces 
derniers,  se  trouvait  à  El-Djâbyeh  lorsqu'il  accorda  la 
paix  aux  habitants  d'iElia;  ce  fut  dans  cette  localité  qu'il 
leur  écrivit  les  termes  de  la  capitulation  ;  il  fit  une  seule 
lettre  pour  chaque  province,  à  l'exception  des  habitants 
d'jElia  : 

«  Au  nom  de  Dieu  clément ,  miséricordieux.  Ceci  est 
l'aman  accordé  par  le  serviteur  de  Dieu,  le  Comman- 
deur des  Croyants  'Omar,  fils  d'El-Khattâb ,  aux 
habitants  d'Aïlia;  il  leur  donne  sûreté  pour  leurs 
personnes,  leurs  biens,  leurs  églises  et  leurs  croix  ; 
Vamân  concerne  ceux  qui  habitent  dans  l'intérieur  de 

(i)  Moudjîr-ed-dyn  continue  son  récit  en  disant  que  vainement, 
par  trois  fois,  les  Grecs,  sur  l'ordre  de  leur  souverain,  essayèrent  de 
reconstruire  l'édifice  qui  trois  fois  s'écroula. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  sn 

la  ville  ou  dans  les  champs,  et  toute  la  communauté. 
Leurs  églises  ne  seront  point  habitées  (par  les  musul- 
mans) ;  elles  ne  seront  pas  démolies;  on  n'en  diminuera 
rien ,  pas  même  la  moindre  portion  ;  il  en  sera  de  même 
de  leur  croix  et  de  leurs  biens.  Ils  ne  seront  point  con- 
traints d'abjurer  leur  religion.  Aucun   d'eux  ne  sera 
molesté.  Il  ne  sera  permis  à  aucun  juif  d'habiter  avec 
eux  dans  jElia.  Les  habitants  d'/Elia  seront  tenus  de 
payer  la  capitation  comme   le  font  les  habitants  des 
(autres)  cités  et  d'expulser  de  leur  ville  les  Grecs  et 
les  voleurs.  Ceux  d'entre  eux  qui  sortiront  auront  sû- 
reté ,  tant  pour  leurs  personnes  que  pour  leurs  biens , 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  atteint  l'abri  de  leur  choix;  ceux 
qui  voudront  rester  pourront  le  faire  en  toute  sécurité, 
pourvu  qu'ils  acquittent   la  même  capitation   que  les 
habitants    d'jElia.    Quiconque    d'entre    les  habitants 
d'sElia  préférera  partir  lui-même  avec  les  Grecs ,  en 
emportant  ses  biens  et  laissant  son  église  et  sa  croix , 
aura  sûreté  pour  sa  personne ,  son  église  et  sa  croix, 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  arrivé  sur  le  territoire  qu'il  aura 
choisi  pour  abri.   Quant  aux  étrangers  qui  se  trouvent 
dans  la  ville,  ils  seront  libres,  soit  de  rester  en  payant 
la  capitation  imposée  aux  habitants  d '  jElia,  soit  de 
s'en  aller  avec  les  Grecs ,  ou  bien  de  retourner  dans 
leur  propre  pays ,  car  il  ne  sera  rien  perçu  d'eux;  ils 
pourront  même  recueillir  leurs  moissons.  Le  contenu 
de  la  présente   lettre  est  mis  sous  la  protection   de 
Dieu  et  placé  sous  la  garantie  de  l'apôtre  de  Dieu  et   rage  225. 
sous  celle  des  khalifes  et  des  fidèles ,  tant  que  les  habi- 


38  JÉRUSALEM    ET    HÉBR0N. 

tants  d'sElia  acquitteront  la  djezyeh  qui  leur  est 
imposée.  » 

Témoins  :  Khâled,  fils  d'El-Walîd;  'Amr,  fils  d'El- 
fAs;  'Abd-er-Rahman_,  fils  d"Aouf;  et  Mo'àwiah,  fils 
d'Abou-Sofyân. 

Au  dire  d' c Abd-Allah ,  fils  de  Ghonm,  voici  ce  qui  fut 
écrit  à  fOmar,  fils  d'El-Khattâb ,  Commandeur  des 
Croyants,  lors  de  la  capitulation  qu'il  accorda  aux  chré- 
tiens qui  habitaient  la  Syrie  : 

«  Au  nom  de  Dieu  clément,  miséricordieux.  Cette  let- 
tre est  adressée  au  serviteur  de  Dieu,  'Omar ,  fils  d'El- 
Khattdb,  le  Commandeur  des  Croyants, par  les  chré- 
tiens de  telle  ou  telle  ville.  Quand  vous  vous  êtes  avancé 
contre  nous,  nous  vous  avons  demandé  l 'aman pour  nos 
personnes ,  nos  familles ,  nos  biens  et  les  gens  de  notre 
communauté ,  et  avons  pris  rengagement  de  ne  faire 
dans  nos  villes  ou  aux  alentours  aucune  nouvelle  cons- 
truction telle  que  couvent,  église,  chapelle  ou  cellule 
de  moine;  de  ne  restaurer  aucun  de  ces  édifices  qui  se 
trouveront  dans  les  quartiers  habités  par  les  musul- 
mans}  de  n'empêcher  aucun  musulman  de  faire  halte 
dans  nos  églises ,  soit  de  nuit ,  soit  de  jour  •  de  donner 
l'hospitalité  aux  passants  et  au  voyageur  ;  d'héberger 
et  nourrir  pendant  trois  ?iuits  les  musulmans  de  pas- 
sage ,•  de  n'offrir  asile  da?isnos  églises  ou  nos  demeures 
à  aucun  espion  ,•  de  ne  rien  celer  qui  soit  de  nature  à 
tromper  les  musulmans.  Nous  n'enseignerons  point  le 
Qpr'dn  à  nos  enfants;  nous  ne  nous  livrerons  à  aucune 
pratique   extérieure   du  polythéisme  ,  et  n'inviterons 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  3g 

personne  à  le  professer  ;  nous  n'empêcherons  aucun  de 
?ios  proches  d'embrasser  l'islamisme ,   si  telle   est  sa 
volonté.  Nous  nous  engageons  encore  à  être  pleins  de 
respect  envers  les  musulmans,  à  nous  lever  pour  eux 
de  tios  sièges  dans  nos  réunions,  lorsqu'ils  désireront 
s'asseoir  •   à  ne  porter,  dans  le  but  de  leur  ressembler, 
aucun  de   leurs  objets  d'habillement ,  tels  que  la  qa- 
lansoueh  (i),  le  turban,   la  double  chaussure ,  et  à   ne 
pas  séparer  nos  cheveux  comme  eux.  Nous  ne  parlerons 
pas  leur  langue  ;  nous  ne  prendrons  pas  leurs  prénoms; 
nous  ne  monterons  pas  sur  des  selles;  nous  ne  ceindrons 
pas  le  sabre;  nous  ne  nous  servirons  d'aucune  arme,  ni 
n  en  porterons  aucune  sur  nous;  nous  ne  graverons  pas 
sur  nos  cachets  des  caractères  arabes.  Nous  ne  ven- 
drons pas  de  vin.  Nous  raccourcirons  nos  cheveux  sur 
le  devant  de  la  tête ,  et  conserverons  notre  costume  tel 
qu'il  était.  Nous  nous  serrerons  la  taille  avec  des  cein- 
tures (zennâr).  Nous   ne    décorerons  pas  nos   églises 
de  la  croix  à  l extérieur  ;   nous  n'exhiberons  ni   nos 
croix,  ni  nos  livres  sur  les  chemins  ou  dans  les  marchés 
des  musulmans  ;  nous  ne  battrons  nos  crécelles  dans 
nos  églises  que  doucement .  Nous  n'élèverons  pas  la  voix 
en  accompagnant  nos  morts;  nous  ne  les  escorterons 
pas  avec  des  lumières  sur  aucune  des  routes  fréquentées 
par  les  musulmans ,  ni  dans  leurs  marchés ,  et  n'enter- 
rerons pas  nos  morts  à  côté  de  leurs  cimetières.  Nous 
n'emploierons  pas  d'esclaves  qui  soient  échus  en  par- 

(i)  Espèce  de  bonnet. 


40  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

tage  aux  musulmans.  Nous  ne  regarderons  pas  dans 
leurs  habitations.   » 

Le  narrateur  continue  ainsi  :  «  Quand  j'apportai  cette 
lettre  à  'Omar,  fils  d'El-Khattâb,  il  y  ajouta  :  Et  nous  ne 
causerons  du  dommage  à  aucun  musulman.  Tels  sont 
les  engagements  que  nous  prenons  pour  nous  et  nos 
coreligionnaires,  et  en  vertu  desquels  nous  acceptons 
l'aman.  Si  donc  nous  contrevenons  en  quoi  que  ce  soit 
aux  obligations  que  nous  contractons  envers  vous  et 
dont  nos  personnes  demeurent  garantes  ,  il  n'y  'aura 
plus  de  demmeh  [protection)  pour  nous,  et  il  vous  sera 
licite  de  nous  traiter  comme  vous  ave\  le  droit  d'agir 
à  Végard  de  rebelles  et  d-1  ennemis.  » 
rage  226.  Cette  relation  a  été  donnée  par  l'Imâm  El  Bayhaqy 
et  d'autres.  Les  docteurs  de  l'islamisme  se  sont  cons- 
tamment appuyés  sur  ces  conventions  et  les  khalifes  or- 
thodoxes (i)  s'y  sont  conformés. 

On  rapporte  qu"Omar  obligea  les  demmis  (tributaires) 
à  couper  leurs  cheveux  sur  le  devant  de  la  tête  ,  à  se  tenir 
sur  leurs  montures  en  travers  sur  des  bâts  avec  défense  de 
monter  à  la  manière  des  musulmans,  et  à  se  ceindre  la 
taille  avec  des  mentaq,  c'est-à-dire  des  ceintures. 

Lorsqu'^Omar,  fils  d'El-Khattâb ,  arriva  à  Jérusalem , 
il  s'établit  sur  la  montagne  orientale,  qui  est  le  mont  des 
Oliviers.  Un  envoyé  du  patrice  de  la  ville  sainte  vint  lui 
souhaiter  la  bienvenue  :  «  Certes,  dit-il  au  khalife,  nous 

(  i  )  On  donne  le  nom  d'orthodoxes  (er-Râchédoûn)  aux  quatre 
premiers  khalifes  qui  succédèrent  à  Mahomet. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  Ai 

concéderons,  toi  présent,  ce  que  nous  n'aurions  concédé 
a  personne  autre  que  toi.  »  Et  il  lui  demanda  d'accepter 
la  capitulation  et  la  dje^yeh,  et  de  lui  donner  l'aman 
pour  leurs  personnes,  leurs  biens  et  leurs  églises.  'Omar 
lui  accorda  la  faveur  qu'il  sollicitait.  L'envoyé  lui  de- 
manda alors  un  sauf-conduit  pour  son  maître,  afin  qu'il 
pût  se  charger  de  traiter  et  de  correspondre  avec  lui.  Il 
fit  également  cette  grâce.  Le  patrice  de  Jérusalem  sortit 
accompagné  d'un  grand  nombre  d'habitants,  pour  se 
rendre  auprès  de  lui.  'Omar  conclut  la  paix  avec  eux,  en 
présence  de  témoins. 

Batrîq  (patrice)  est  le  nom  que  porte  l'émir  (le  prince) , 
et  Batrak  (patriarche)  désigne  le  prêtre.  Le  patriarche 
d'alors  s'appelait  Sophronius.  Il  avait  prédit  aux  chré- 
tiens que  Dieu  opérerait  par  les  mains  d'fOmar  la  con- 
quête de  Jérusalem,  sans  coup  férir. 

Quand  'Omar  eut  fini  de  rédiger  le  traité  de  paix 
entre  lui  et  les  habitants  de  Jérusalem,,  il  dit  au  patrice  : 
«  Conduis-moi  au  Masdjed  de  David.  —  Volontiers,  » 
répondit  celui-ci.  'Omar  sortit,  ceint  de  son  sabre, 
avec  quatre  mille  de  ses  guerriers,  venus  avec  lui  et 
également  armés  de  leurs  glaives;  il  était  encore  escorté 
d'une  troupe  faisant  partie  des  assiégeants;  ceux-ci  n'a- 
vaient d'autre  arme  que  leur  sabre;  le  patrice  marchait 
devant  'Omar ,  suivi  de  ses  gens ,  jusqu'à  ce  qu'ils  entrè- 
rent dans  Jérusalem.  Les  ayant  introduits  dans  l'église  que 
l'on  appelle  Qpmâmeh  (la  Résurrection)  :  ce  Voici,  dit-il, 
le  temple  de  David.  —  Tu  ne  dis  pas  la  vérité,  exclama 
f  Omar  après  quelques  instants  de  réflexion;  l'apôtre  de 


42  JERUSALEM    ET    HÉBRON. 

Dieu  m'a  fait  du  Masdjed  de  David  une  description  qui 
ne  répond  pas  à  celle-ci.  »  Il  le  mena  alors  à  une  église 
appelée  Sehyonn  (Sion)  :  «  C'est  ici,,  dit-il  à  'Omar,  le 
temple  de  David. —  Tu  mens,»  répliqua  le  khalife.  Il 
le  conduisit  enfin  au  Masdjed  de  Jérusalem,,  jusqu'à  ce 
qu'ils  arrivèrent  à  la  porte  nommée  Bâb  Mohammad. 
Les  immondices  qui  recouvraient  l'enceinte  sacrée  des- 
cendaient sur  l'escalier  de  la  porte  et  arrivaient  même 
jusque  dans  la  ruelle  où  elle  est  située;  il  y  en  avait  sur 
l'escalier  une  quantité  telle  que  la  masse  d'ordures  attei- 
gnait presque  le  plafond  du  portique.  «  Tu  ne  peux  pé- 
nétrer, observa  le  patrice,  qu'en  te  traînant  sur  le  ventre. 
—  Soit,  répondit  'Omar,  sur  le  ventre  ».  Il  se  traîna  devant 
'Omar  qui  rampa  à  son  tour  sur  le  ventre,  suivi  de  ses 
compagnons,  jusqu'à  ce  qu'ils  débouchèrent  sur  le  parvis 
où  ils  se  tinrent  debout.  'Omar  examina  longtemps  avec 
Page  227.  attention  et  promena  ses  regards  à  droite  et  à  gauche  ; 
puis  il  s'écria  :  «  Dieu  est  grand!  Par  Celui  qui  tient 
mon  âme  entre  ses  mains,,  voici  bien  le  Masdjed  de 
David  où  l'apôtre  de  Dieu,,  ainsi  qu'il  nous  l'a  raconté, 
est  venu  pendant  son  voyage  nocturne.  » 

'Omar  trouva  la  Sakhrah  (la  Roche)  couverte  d'une 
quantité  d'immondices  que  les  Grecs  y  avaient  jetées  en 
haine  des  fils  d'Israël.  Il  étendit  son  manteau  et  se  mit  à 
balayer  ce  fumier;  les  musulmans  suivirent  son  exemple. 
Il  se  dirigea  ensuite  vers  le  Mehrâb  de  David;  c'est  celui 
qui  est  à  la  porte  de  la  ville ,  dans  la  Citadelle.  Il  y  fit  sa 
prière,  puis  lut  la  surate  Sâd  et  s'agenouilla. 
On  rapporte  que,  lorsqu'il  eut  débarrassé  la  Sakhrah 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  43 

des  immondices  qui  la  couvraient,  il  dit  :  «  N'y  priez  pas 
que  la  pluie  ne  l'ait  arrosée  trois  fois.  » 

On  rapporte  aussi  que  quand 'Omar  fut  entré  à  Jéru- 
salem, il  dit  à  Ka'b  :  «  Sais-tu,  Abou-Ishàq,  ouest  l'em- 
placement de  la  Sakhrah  (la  Roche)  ?  »  Celui-ci  répondit  : 
«  A  tant  et  tant  de  coudées  du  mur  qui  suit  le  Wâdy 
Djohannam  (vallée  de  Guéhennom)  ;  fais  creuser  là  et  tu 
la  trouveras.  »  La  Roche  était  alors  couverte  d'un  tas  de 
fumier.  On  creusa  et  elle  apparut  en  effet  aux  regards. . .  . 

Quand  'Omar  eut  achevé  la  conquête  d'iElia ,  débar- 
rassé la  Sakhrah  de  ses  immondices,  et  laissé  les  chrétiens 
dans  la  même  situation  moyennant  le  paiement  de  la 
dje\yeh,  les  musulmans  donnèrent  à  la  grande  église 
des  chrétiens ,  objet  de  leur  vénération ,  le  nom  de  Qp- 
mdmeh  (balayures)  pour  l'assimiler  à  un  dépôt  d'immon- 
dices et  rehausser  la  majesté  de  la  noble  Sakhrah.  Le 
Khalife  quitta  ensuite  Jérusalem,  se  dirigeant  vers  la 
terre  de  Palestine. 

Cette  conquête  eut  lieu  l'an  i5  de  la  noble  hégire 
(14  février  636 —  2  février  637  de  J.-C.)  ;  c'est  la  date 
donnée  par  Ebn  el  Djouzy  et  d'autres  chroniqueurs. 
Quelques  autres  assignent  à  cet  événement  le  mois  de 
rabi'  1",  ou  encore  le  5  dou'l  qa'deh  de  l'an  16.  Dieu 
sait  mieux  la  vérité. 


44  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Principaux  Sahâbeh  (compagnons  de  Mahomet) 
qui  entrèrent  à  Jérusalem (I). 

page  23i.      Abou-'Obaydah  ebn  el  Djarrâh.  —  Son  nom 

entier  est  'Amer,  fils  d''Abd-Allah,  fils  d' El  Djarrâh,  cl 
Fehry;  il  est  un  des  dix  dont  le  séjour  en  paradis  a  été 
attesté  (par  le  Prophète)...  Il  mourut  pendant  la  peste 
d''Amwâs,  en  l'an  18  de  l'hégire,  dans  un  bourg  appelé 
'Amtd,  au  pied  de  la  montagne  d"Adjloûn,  entre  Fo- 
qàrès  et   El-' Adéliyeh ,  dans  la  Zàwieh  de  Dayr-'Alâ  qui 

est  située  dans  le  Ghaûr  occidental Il  était  âgé  de 

cinquante-huit  ans. 

Mo'âd  ebn  Djabal  l'Ansâry.  —  Abou-'Obaydah, 
en  mourant ,  le  désigna  pour  le  remplacer  dans  le  com- 
mandement des  musulmans.  Il  mourut  également  de  la 
peste,  dans  le  district  du  Jourdain ,  en  l'année  18  ;  il  était 
âgé  de  trente-huit  ans.  Son  tombeau  se  trouve  à  El-Qp- 
sayr,qui  fait  partie  du  Ghaûr. 

Bélâl  ebn  Rébâh,  affranchi  d'Abou-Bekr  le  «  Véri- 
dique  ».  C'est  lui  qui  était  le  Mouadden  de  l'apôtre 
de  Dieu.  Il  assista  à  la  conquête  de  Jérusalem  avec 
'Omar,  fils  d'El-Khattâb.  Après  la  mort  de  l'apôtre  de 

(i)  Nous  ne  mentionnerons  ici  que  ceux  dont  le  lieu  de  sépulture 
est  indiqué  par  Moudjîr-ed-dyn,  ce  genre  de  renseignements  pouvant 
être  utile  pour  l'épigraphie  et  l'architecture;  encore  ne  sortirons-nous 
pas  de  la  Syrie  et  de  la  Palestine. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  A.5 

Dieu,  il  ne  fit  qu'une  seule  fois  l'appel  à  la  prière,,  lors- 
qu"Omar  lui  en  donna  l'ordre  après  la  prise  de  Jérusalem. 
Il  mourut  à  Damas,  en  l'année  ig  de  l'hégire,  et  fut  en- 
terré auprès  de  Bâb  es-Saghîr.  Il  était  âgé  de  soixante 
et  quelques  années.  Suivant  d'autres,  il  serait  mort  à 
Alep,  en  l'année  20  ou  18.  Dieu  est  plus  savant. 

'  Yâd  ebn  Ghonm ,  fils  de  l'oncle  paternel  d'Abou- 
'Obaydah.  Il  entra  à  Jérusalem  et  y  bâtit  un  bain. .  .  Il 
mourut  en  l'année  20  de  l'hégire. 

Khâled  ebn  El-Walîd ,  surnommé  le  «  Glaive  de 
Dieu  hors  du  fourreau.  »  Il  mourut  l'an  21  de  l'hégire. 
On  n'est  pas  d'accord  sur  l'emplacement  de  son  tombeau  ; 
les  uns  ontjiit  qu'il  se  trouvait  à  Homs,  et  les  autres  à 
Médine. 

Abou'd-Dardâ  'Owaymer.  Il  mourut  à  Damas, 
en  l'année  32  ou  3i ,  pendant  le  khalifat  d''Otmân. 

'Obâdah  ebn  es-Sâmet  l'Ansâry  Abou'-l-Walîd. 

—  "Omar  l'envoya  en  Syrie  comme  qâdy  (juge)  et  profes- 
seur. Il  se  fixa  d'abord  à  Homs,  puis  il  se  transporta  en 
Palestine  où  il  exerça  le  premier  les  fonctions  de  qâdy. 
Il  habita  Jérusalem  et  mourut  à  Felastîn  (1);  il  fut  en- 
terré dans  la  ville  sainte  ou,  dit-on 3  à  Ramleh.  La  pre- 
mière opinion  est  la  plus  répandue.  Sa  mort  eut  lieu 
en  l'année  34  de  l'hégire.  Actuellement  on  ne  sait  plus 

(  1  )  Ce  nom  désigne  à  la  fois  la  province  de  Palestine  et  son  chef- 
lieu  Ramleh.  Il  en  est  de  même  de  Mesr,  qui  tantôt  s'applique  à 
l'Egypte  et  tantôt  au  Caire,  sa  capitale;  d'ech-Châm,  la  Syrie  et 
Damas,  etc.,  etc. 


46  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

où  est  son  tombeau,  ni  à  Jérusalem,  ni  à  Ramleh  ;  les 
traces  en  ont  disparu  par  suite  de  l'occupation  de  ce  dis- 
trict par  les  Francs. 

(nage  233.)  Morrah  ebn  Ka'b  en-Nahry.  —  Il  vint  s'établir 
en  Syrie  et  mourut  l'an  57  de  l'hégire,  dans  l'Ordonn 
(la  province  du  Jourdain). 

Chaddâd,  fils  d'Aous,  fils  du  frère  de  Hassan, 
fils   de  Tâbet.    —    Il  vint   se  fixer  en  Syrie,  dans   le 

district  de  Palestine Il  mourut  l'an   58  de  l'hégire, 

à  l'âge  de  soixante-quinze  ans;  suivant  d'autres,  il  mou- 
rut l'an  41.  Son  tombeau,  qui  est  visité  par  les  pèlerins, 
se  voit  à  Jérusalem,  dans  le  cimetière  de  la  Porte  de  la 
Miséricorde.,  au  pied  de  la  muraille  du  Masdjed-el-Aqsa. 
Mo'âwiah ,  fils  d'Abou-Sofyân ,  le  Commandeur 

des  Croyants Il  mourut  à  Damas,  au  milieu  de  radjab, 

en  l'année  60  de  l'hégire,  âgé  de  soixante-dix-huit  ou 
de  quatre-vingt-six  ans.  Il  fut  enseveli  dans  le  cimetière 
de  Damas. 

(Page  234  )  Abou-Djom'ah  l'Ansâry.  —  Son  nom  est  Djandab 
ebn  Sabâ'  ;  quelques  généalogistes  le  disent  fils  de  Wahb; 
d'autres,  fils  de  Fodayk.  Il  vint  à  Jérusalem  pour  y 
prier.  On  le  classe  parmi  les  Syriens.  Il  mourut  en 
Syrie,  le  ier  ramadan,  l'année  77  de  l'hégire. 

Wâtélah  ebn  el  Asqa'  l'Ansâry.  —  Il  embrassa 
l'islamisme  à  l'époque  où  le  Prophète  faisait  ses  préparatifs 
pour  l'expédition  de  Tabouk.  On  dit  qu'il  demeura  à  son 
service  pendant  trois  ans.  Il  était  un  des  «  gens  du  banc  ». 
Il  habita  El-Basrah ,  puis  la  Syrie,  et  assista  aux  campa- 
gnes de  Damas  et  de    Homs.   Ensuite  il  se    transféra   à 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  47 

Jérusalem  où  il  mourut  à  l'âge  de  cent  ans.  On  a  dit  aussi 
qu'il  était  mort  à  Damas,  sur  la  fin  du  khalifat  d''Abd- 
el-Malek  ebn  Merwân,  l'année  85  ou  86  de  l'hégire. 

Wîroûz  (ou  Fîroûz)  ed-Daylamy  (originaire  du  (Page  235.) 
Dilem),  Abou-'Abd-Allah,  ou  Abou-'Abd-er-Rahman,  ou 
encore  Abou'd-Dahhâk,  et  el  Hémyary,  parce  qu'il  était 
venu  habiter  Hémyar.  Il  faisait  partie  des  ebnâ  de  la 
Perse,  parmi  les  Persans  qui  s'établirent  à  San'â;  il  était 
dans  l'armée  que  Chosroès  envoya  dans  l'Yaman  et  qui  se 
rendit  maîtresse  du  pays  après  en  avoir  chassé  les  Abys- 
sins. Il  habita  Jérusalem  où  l'on  dit  que  se  trouve  son 
tombeau.  Il  mourut  sous  le  khalifat  d''Otmân. 

Abou-Obayy  ebn  Omm-Harâm.  —  On  l'appelle 
aussi  Obayy  et  fAbd-Allah  ebn  Obayy.  Quelques-uns  lui 
ont  donné  le  nom  d^Abd-Allah  ebn  Ka'b;  d'autres,  celui 
d''Abd-Allah  ebn  'Amr  ebn  Qays.  Au  dire  d'El  Mou- 
charraf,  son  nom  était  Cham'oûn  ebn  Khalifeh.  Sa  mère,  page  23c 
Omm-Harâm,  était  fille  de  Malhân  et  sœur  d'Omm-So- 
laym.  Il  se  fit  musulman  à  une  époque  ancienne.  Il  est 
classé  parmi  les  Syriens.  Il  habita  Jérusalem.  'Obâdah 
ebn  es-Sâmet  l'avait  adopté  pour  son  fils.  Il  fut  le  dernier 
des  compagnons  du  Prophète  qui  moururent  à  Jéru- 
salem. 

Le  Hâfed  Abou-Bekr  le  Khatib  a  dit  :  «  Parmi  les 
Sahdbeh  et  les  Tàbé'  mentionnés  comme  étant  venus  à 
Jérusalem  et  y  étant  morts,  figurent  :  'Ob.idah  ebn  es- 
Sàmet,  Chaddâd  ebn  Aous,  Abou-Obayy  ebn  Omm- 
Harâm,  Abou-Rayhâneh,  Salâmeh  ebn  Qaysar,  Fîroûz 
le   Daylamite,    Dou'l-Asâbé'    et    Abou-Mohammad   en- 


48  JÉRUSALEM    ET    HKBRON. 

Naddjâry;  ceux-là  furent  du  nombre  des  habitants  de 
Jérusalem  et  y  moururent.  Ceux  d'entre  eux  qui  y  laissè- 
rent de  la  postérité  sont  :  'Obàdah,  Chaddàd,  Salâmeh  et 
Fîroûz.  Ces  derniers  eurent  des  enfants;  leurs  descen- 
dants sont  à  Jérusalem  et  y  ont  leurs  tombeaux.  Quant 
à  Abou-Rayhâneh ,  à  Dou'l-Asâbéf  et  à  Abou-Moham- 
mad  en-Naddjàry ,  ils  ne  laissèrent  pas  de  postérité 

Construction  par  'Abd-el-Malek  ebn  Merwân  de  la  noble 
Coupole  de  la  Sakhrah  et  du  Masdjed-el-Aqsa;  ce 

qui  se  passa  en  cette  circonstance. 


(Page  240.)  A  la  mort  de  Merwân,  son  fils  (Abd-el-Malek  fut  pro- 
clamé khalife  et  reçut  le  titre  honorifique  d'JEV- Mowaffaq- 
lé-amr-Allah  (celui  qui  est  assisté  pour  l'exécution  de 
l'ordre  de  Dieu).  Il  est  le  premier  qui  porta  dans  l'isla- 
misme le  nom  d' f Abd-el-Malek  et  frappa  des  derhems  et 
des  dinars;  on  grava  d'un  côté  :  Allah  Ah  ad  (Dieu  est 
unique),  et  de  l'autre,  Allah  es-Samad  ^Dieu  est  l'éternel). 
Avant  cette  époque ,  les  derhems  et  les  dinars  étaient  à 
l'effigie  des  Grecs  (Byzantins)  et  des  Chosroès.  Lorsqu'il 
fut  investi  du  khalifat,  il  promit  à  la  nation,  le  jour  où 
il  fut  proclamé,  d'accomplir  le  bien^  et  l'invita  à  faire 
revivre  le  Livre  et  la  Seunneh  et  à  pratiquer  la  justice. 
Quand  vint  l'année  66,  il  commença  à  bâtir  la  Coupole 
Page  24t.  qui  recouvre  la  Sakhrah  (la  Roche)  et  à  construire  le 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  49 

Masdjed-el-Aqsa.  Il  entreprit  ces  travaux  parce  que, 
craignant  que  le  peuple  ne  sympathisât  avec  Ebn-ez- 
Zobayr,  il  lui  avait  interdit  de  faire  le  pèlerinage  de  la 
Mekke,  défense  qui  avait  excité  des  murmures.  Aussi , 
son  but,  en  faisant  travailler  à  la  construction  de  ce 
sanctuaire,  était-il  de  détourner  les  esprits  de  la  pensée 
du  pèlerinage.  Ebn-ez-Zobayr  reprochait  à  'Abd-el- 
Malek  cette  conduite  comme  odieuse. 

Parmi  les  faits  se  rapportant  à  cette  construction,  on 
raconte  qu''Abd-el-Malek  ebn  Merwân,  à  l'époque  où, 
étant  présent  à  Jérusalem,  il  ordonna  d'édifier  la  Coupole 
qui  recouvre  la  Sakhrah ,  expédia  de  tous  côtés,  dans 
toute  l'étendue  de  ses  états  et  vers  les  différentes  contrées, 
des  lettres  ainsi  conçues  :  «  'Abd-el-Malek  désire  bâtir 
au  dessus  de  la  Sakhrah ,  à  Jérusalem ,  une  Coupole  qui 
mette  les  musulmans  à  couvert  de  la  chaleur  et  du  froid , 
et  bâtir  aussi  le  Masdjed.  Il  lui  répugne  de  le  faire  sans 
avoir  pris  l'avis  de  son  peuple.  Que  ses  sujets  lui  écrivent 
donc  pour  lui  faire  connaître  leur  opinion  et  ce  qu'ils 
pensent.  »  Or  les  lettres  lui  arrivèrent  de  la  part  de  tous 
les  gouverneurs  des  provinces  :  «  Nous  trouvons ,  di- 
saient-ils, l'idée  du  Commandeur  des  Croyants  parfai- 
tement adaptée  et  pleine  de  justesse.  Nous  prions  Dieu 
d'accomplir  le  dessein  que  le  khalife  a  conçu  de  construire 
sa  Maison,  sa  Sakhrah,  son  Masdjed;  de  permettre  que 
cette  construction  s'achève  par  ses  mains,  et  d'en  faire  un 
titre  de  gloire  pour  lui  et  ses  ancêtres.   » 

Il  rassembla  donc  les  ouvriers  des  diverses  parties  de 

son  empire  et  affecta  à  cette  entreprise  une  somme  im- 

7 


50  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

mense  :  elle  représentait,  dit-on,  sept  années  du  revenu 
de  l'Egypte.  Il  la  déposa  dans  la  Coupole  qui  s'élève 
devant  la  Sakhrah,  vers  l'orient ,  après  avoir  donné 
l'ordre  de  la  construire.  Cet  édifice  se  trouve  du  côté  des 
oliviers;  il  en  fit  un  magasin  qu'il  remplit  de  richesses. 
Il  chargea  de  la  distribution  des  fonds  pour  la  construction 
du  Masdjed  et  de  la  Coupole  (i),  et  pour  tout  ce  qui  serait 
nécessaire,  Abou'l-Meqdâm  Radjâ  ebn  Hayâ  ebn  Djaroûl 
le  Kendîte  ;  c'était  un  des  'Eulamâ  les  plus  instruits,  et 
l'un  des  commensaux  d'fOmar,  fils  d'*Abd-el-'Azîz.  Il 
lui  adjoignit  un  homme  appelé  Yazîd  ebn  Salâm,  affranchi 
d"Abd-el-Malek  ebn  Merwân  et  un  des  habitants  de  Jé- 
rusalem où  il  était  né.  On  dit  qu'  'Abd-el-Malek  décrivit 
lui-même  aux  ouvriers  comment  il  désirait  que  le  Dôme 
fût  construit  et  agencé.  Ceux-ci  lui  élevèrent,  pendant 
son  séjour  à  Jérusalem ,  la  petite  coupole  qui  est  à  l'orient 
du  Dôme  de  la  Sakhrah  et  qu'on  nomme  la  Coupole  de  la 
Chaîne.  La  forme  lui  ayant  plu,  il  ordonna  de  construire 
la  Coupole  de  la  Sakhrah  sur  le  même  modèle.  Il  donna 
en  même  temps  à  Radjâ  et  à  Yazîd  l'ordre  de  faire  les 
dépenses  voulues  et  de  s'acquitter  avec  soin  de  leur  mis- 
sion :  ils  devaient  agir  largement,  sans  être  prodigues.  Ils 
se  mirent  donc  à  construire  et  à  édifier  jusqu'à  ce  qu'ils 
eurent  solidement  établi  l'œuvre  et  achevé  la  construc- 
tion, sans  qu'il  y  eût  rien  à  y  critiquer.  Les  constructions 

(i)  La  Coupole  désigne  en  général  l'édifice  entier,  comme  nous 
disons  :  «  le  Dôme  des  Invalides;  le  Masdjed  comprend  toute  l'enceinte 
sacrée  avec  ses  divers  monuments. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  5l 

qui  s'élevaient  au  fond  du  Masdjed,  au  sud  ,  s'étendaient 
de  la  partie  orientale  à  la  partie  occidentale  du  Masdjed , 
depuis  la  muraille  qui  s'élève  auprès  du  Berceau  de 
Jésus  jusqu'à  l'endroit  connu  actuellement  sous  le  nom 
de  Djâmé1-  (mosquée)  (i)  des  Maghrébins.  Radjâ  et  Yazîd 
écrivirent  alors  à  'Abd-el-Malek,  à  Damas  :  «  Dieu  a  pago  242. 
achevé  ce  que  le  Commandeur  des  Croyants  avait  or- 
donné relativement  à  la  construction  du  Dôme  de  la 
Sakhrah  de  Jérusalem  et  du  Masdjed-el-Aqsa;  il  ne  reste 
aux  critiques  plus  rien  à  dire.  Sur  la  somme  affectée  aux 
dépenses  par  le  Commandeur  des  Croyants,  il  y  a,  la 
construction  achevée  et  très-solidement  faite,  un  solde  de 
cent  mille  dinars  (2);  le  Commandeur  des  Croyants  peut 
en  disposer  pour  tel  objet  qu'il  lui  plaira.  »  Le  khalife  leur 
répondit  :  «  J'ordonne  qu'ils  vous  soient  remis  à  titre  de 
gratification  pour  la  charge  que  vous  avez  eue  d'édifier 
la  noble  Maison  bénie.  —  Mieux  vaudrait  pour  nous, 
lui  écrivirent-ils  de  nouveau,  y  ajouter  les  bijoux  de  nos 
femmes,    plutôt   que    d'accroître  notre  fortune  par  ce 

(  1  )  Nous  avons  réservé  de  préférence  le  nom  de  mosquée  à  ce  que 
les  musulmans  appellent  Masdjed-djâmé' ,  ou,  par  abréviation,  «dja- 
mé'  ».  Comme  chacun  le  sait,  le  djdmé'  est  l'édifice  destiné  à  l'exercice 
régulier  du  culte  public;  c'est  là  que  se  célèbrent  la  prière  en  commun 
et  celle  du  vendredi  et  des  fêtes,  la  khotbeh  ou  prône,  etc.  L'expres- 
sion Masdjed  est  à  la  fois  beaucoup  plus  étendue  et  plus  restreinte  ; 
tantôt  elle  s'applique  à  toute  l'enceinte  sacrée  (le  hiérori),  comme  c'est 
le  cas  pour  les  sanctuaires  de  Jérusalem,  d'Hébron,  de  la  Mekke  et  de 
Médine,  et  tantôt  elle  ne  désigne  qu'un  petit  oratoire  comme  ceux 
du  Cheikh  Bahâ-ed-dyn  et  de  Mas'oud ,  à  Hébron. 

(2)  Environ  i,5oo,ooo  francs. 


52  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

moyen.  Ainsi ,  emploie-les  à  ce  qui  te  plaira  davantage.  » 
Il  leur  adressa  alors  cette  réponse  :  «  Qu'on  fasse  donc 
fondre  cette  somme  pour  la  répandre  sur  la  coupole.  » 
En  conséquence,  on  la  fit  fondre  et  on  la  répandit  sur  la 
coupole;  personne  ne  pouvait  fixer  sur  elle  ses  regards s 
tant  était  grande  la  quantité  d'or  qui  la  recouvrait.  On 
prépara,  pour  les  placer  par  dessus,  des  housses  de  feutre 
et  de  cuir;  de  telle  sorte  que ,  l'hiver  venu,  on  l'en  revêtait 
afin  qu'elles  la  garantissent  contre  les  pluies,  les  vents  et 
les  neiges. 

Dans  la  suite,  après  que  le  khalifat  eut  passé  aux  mains 
d'El-Montaqem-billah  El-Walîd,  fils  d' 'Abd-el-Malek, 
la  partie  orientale  du  Masdjed  s'écroula.  Le  trésor  public 
se  trouvant  épuisé,  ce  khalife  ordonna  de  battre  monnaie 
avec  la  couverture  et  d'employer  la  somme  (provenant  de 
la  fonte)  à  réparer  ce  qui  était  tombé.  El-Walîd  com- 
mença à  régner  en  chawwâl  de  l'année  86,  et  mourut  en 
djoumâda  second  de  l'année  96  de  l'hégire. 

Radjà  ebn  Hayâ  et  Yazîd  ebn  Salàm  avaient  entouré 
la  Sakhrah  (la  Roche)  (1)  d'une  balustrade  en  bois  de 
Sdsem;  derrière  la  balustrade,  pendaient,  entre  les  co- 
lonnes, des  draperies  de  brocart.  Chaque  lundi  et  chaque 
jeudi,  ils  faisaient  piler  du  safran  qu'on  réduisait  en 
poudre;  puis,  à  l'entrée  de  la  nuit,  on  le  mêlait  avec  du 
musc,  de  l'ambre  gris,  de  l'eau  de  rose  de  l'espèce  djoûry, 

Ci)  Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  remarquer  que  le  mot 
Sakhrah  (Roche)  désigne  tantôt  la  Roche  seulement,  et  tantôt  le 
monument  qui  la  recouvre. 


JERUSALEM    ET    HÉBRON.  3  3 

et  on  laissait  macérer  pendant  la  nuit.  Le  matin ,  les  ser- 
viteurs avaient  ordre  de  se  rendre  au  bain  de  Salomon  où 
ils  se  lavaient  et  se  purifiaient;  puis  ils  venaient  à  l'ar- 
moire dans  laquelle  était  renfermé  le  kholouq  (i).  Ils  se 
dépouillaient  de  leurs  vêtements  et  en  sortaient  des  neufs 
de  l'armoire  :  c'étaient  des  étoffes  de  Mérou  et  d'Hérat 
bariolées,  qu'on  appelle   lasab,   et  des  ceintures  orne- 
mentées dont  ils  se  serraient  les  reins.  Prenant  ensuite  le 
kholouq,   ils  l'apportaient  à   la  Sakhrah  et  frottaient  à 
pleines  mains  jusqu'à   l'inonder  entièrement;    avec    ce 
que  leurs  mains' ne  pouvaient  contenir,  ils  se  lavaient 
les  pieds.   Puis  ils   montaient  sur  la  Roche  jusqu'à   ce 
qu'ils  eussent  frotté  ce  qui  en  restait  et  vidé  les  vases  de 
kholouq.  Après  cela,   ils  apportaient  des  cassolettes  d'or 
et  d'argent,  de  l'aloès  qomary,  de  l'ambre  gris  mêlé  de 
musc  et  de  l'ambre  gris  simple  f'anbar).  Laissant  alors 
retomber  les  draperies  autour  de  toutes  les  colonnes,  ils 
prenaient  les  aromates  et  faisaient  le  tour  de  la  Roche,  de 
façon  à  ce  que  les  parfums,  par  leur  abondance,  se  répan- 
dissent dans  toute  la  Coupole.  Enfin,  on  relevait  les  dra-   ra#>  24J. 
peries  :  les  parfums  s'échappaient  à  l'extérieur  et  exha- 
laient une  odeur  si  forte  qu'elle  arrivait  jusqu'à  l'entrée 
du  marché;    ceux  qui  passaient  sentaient  cette  odeur. 
Quand  tous  les  aromates  étaient  consumés,   un   crieur, 
parcourant  la  rangée  des  marchands  d'étoffes  et  autres, 
faisait  entendre  ces  paroles  :   «   Allons,  la  Sakhrah  est 

(i)  Parfum  composé  de  divers  aromates,  parmi  lesquels  domine 
ie  safran. 


54  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

ouverte  aux  fidèles.  Que  quiconque  veut  y  faire  la  prière 
y  vienne.  »  Les  gens  se  hâtaient  d'accourir  pour  s'ac- 
quitter de  la  prière  dans  la  Sakhrah  :  la  plupart  parve- 
naient à  y  faire  deux  rék'ah  (génuflexions);  le  plus  petit 
nombre  en  priait  quatre.  En  sentant  le  parfum  dont  ils 
étaient  imprégnés ,  on  disait  :  «  Celui-là  est  un  de  ceux 
qui  sont  entrés  dans  la  Sakhrah.  »  On  lavait  avec  de 
l'eau  les  traces  que  leurs  pieds  avaient  laissées;  on 
essuyait  ensuite  avec  du  myrte  vert  et  on  séchait  avec  des 
serviettes.  Les  portes  étaient  alors  fermées.  A  chacune 
d'elles  stationnaient  dix  gardiens.  L'entrée  n'était  pu- 
blique que  le  lundi  et  le  jeudi;  les  autres  jours,  les  ser- 
viteurs seuls  y  avaient  accès. 

Abou-Bekr  ebn  El-Hàret  a  dit,  à  ce  qu'on  rapporte  : 
«  J'allumais  les  lampes  de  la  Sakhrah  durant  tout  le  kha- 
lifat  d'  'Abd-el-Malek  ,  avec  de  l'oliban  de  Madian  et  du 
\anbaq  rasâsy.  »  Celui  qui  rapporte  cette  relation 
ajoute  :  a  Les  gardiens  lui  disaient  :  «  Abou-Bekr,  passe- 
nous  une  lampe,  afin  que  nous  nous  en  frottions  et  nous 
parfumions.   »  Et  il  satisfaisait  à  leur  demande.  » 

Ces  pratiques  s'y  maintinrent  durant  tout  le  khalifat 
d"Abd-el-Malek  ,  fils  de  Merwân. 

El-Walîd  a  dit  :  «  'Abd-er-Rahman  ebn  Mohammad 
ebn  Mansoûr  ebn  Tàbet  nous  a  raconté  ceci  :  «  Mon  père 
m'a  fait  le  récit  suivant  comme  le  tenant  de  son  père  qui 
l'avait  recueilli  de  son  aïeul:  «  Il  y  avait  du  temps  d' 'Abd- 
el-Malek,  disait  ce  dernier,  suspendus  à  la  chaîne  qui  est 
au  milieu  de  la  Coupole  élevée  au  dessus  de  la  Sakhrah, 
une  perle  unique,  les  deux  cornes  du  bélier  d'Abraham 


JÉRUSALEM    ET   HÉBRON.  55 

et  le  diadème  de  Chosroès.  Lorsque  le  khalifat  passa  aux 
Banou-Hâchem  (les  fAbbâsîdes),  ces  princes  transférèrent 
ces  objets  à  la  Ka'bah.  » 

La  construction  du  Dôme  de  la  Sakhrah  et  du  Masdjed- 
el-Aqsa  fut  achevée  en  l'année  73  de  l'hégire;  c'est  l'année 
dans  laquelle  fut  tué  'Abd-Allah  ebn  ez-Zobayr 


Description  du  noble  Masdjed-el-Aqsa;  état  dans  lequel  vPase  2*8.) 
il  se  trouvait  du  temps  dnAbd-el-Malek  et  postérieu- 
rement à  ce  khalife. 

Le  Hâfed  Bahâ-ed-dyn  Ebn-fAsâker  rapporte  qu'à 
cette  époque  il  y  avait  (dans  le  Masdjed-el-Aqsa)  six  mille 
pièces  de  bois  servant  à  la  toiture,  sans  compter  les  co- 
lonnes de  bois;  il  y  avait  également  cinquante  portes, 
parmi  lesquelles  El-Qortoby  (le  Cordouan)  a  cité:  la  Porte 
de  David,  —  la  Porte  de  Salomon,  —  Bâb  Hetta,  —  la 
Porte  de  Mahomet,  —  la  Porte  du  Repentir,  où  Dieu 
pardonna  à  David;  —  la  Porte  de  la  Miséricorde  ^  —  les 
Portes  des  Tribus,  au  nombre  de  six;  —  la  Porte  d'El- 
Walîd,  —  la  Porte  d'El-Hâchémy,  —  la  Porte  du  Khedr, 
—  et  la  Porte  de  la  Sakîneh.  Il  renfermait  six  cents  co- 
lonnes de  marbre,  sept  Mehrâb  et  trois  cent  quatre-vingt- 
cinq  chaînes  pour  les  lampes;  deux  cent  trente  de  ces 
chaînes  étaient  dans  le  Masdjed  ,  et  le  reste  dans  le  Dôme 
de  la  Sakhrah;  elles  représentaient  une  longueur  totale  de 
quatre  mille  coudées  et  pesaient   quarante-trois   mille 


56  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

ratl  de  Syrie.  On  y  voyait  cinq  mille  lampes,  sans 
compter  les  deux  mille  chandelles  qu'on  allumait  pendant 
la  nuit  du  vendredi,  ainsi  que  dans  les  nuits  du  milieu 
de  radjab,  decha'bân  et  de  ramadan,  et  la  veille  des  deux 
fêtes  (de  la  rupture  du  jeûne  et  du  Qpurbân  Bayram).  Il 
comprenait  quinze  Coupoles  (i),  non  compris  le  Dôme 
de  la  Sakhrah.  La  toiture  de  l'Aqsa  était  recouverte  de 
sept  mille  sept  cents  lames  de  plomb,  chaque  lame  pesant 
soixante-dix  ratl  de  Syrie;  dans  ce  chiffre  ne  figure  pas 
le  plomb  qui  recouvrait  la  Coupole  de  la  Sakhrah. 

Tout  cela  fut  fait  sous  le  règne  d"Abd-el-Malek,  fils  de 
Merwân.  Ce  prince  installa  pour  la  garde  du  Masdjed 
trois  cents  esclaves  noirs  à  demeure,  qu'on  acheta  pour 
le  sanctuaire,  avec  les  fonds  pris  sur  le  quint  affecté  au 
Bayt-el-Mâl  (le  trésor  public).  Toutes  les  fois  que  l'un 
d'eux  venait  à  mourir,  il  était  remplacé  dans  ses  fonctions 
par  son  fils ,  par  son  petit-fils  ou  par  quelqu'un  de  sa 
famille;  tel  devait  être  l'usage  suivi  tant  qu'ils  auraient 
de  la  postérité, 
rago  249.  Le  Masdjed  contenait  vingt-quatre  grandes  citernes.  Il 
était  flanqué  de  quatre  minarets  :  trois  s'élevaient  sur  une 
même  ligne,  à  l'ouest  du  Masdjed;  le  quatrième  était 
situé  au  dessus  de  la  Porte  des  Tribus. 

Dix  juifs,  qu'on  exemptait  de  la  capitation  ,  étaient  en-' 
core  employés  à  son  service;  ils  eurent  des  enfants  ;  ce  qui 
porta  leur  nombre  à  vingt.  Ils  étaient  chargés  de  balayer 
les  saletés  produites  à  l'époque  du  pèlerinage,  pendant 

(  i  )  Edifices  surmontes  d'une  coupole. 


JÉRUSALEM    ET    HEBBON.  5 7 

l'hiver  et  l'été,  et  de  tenir  en  état  de  propreté  les  lieux- 
communs  situés  autour  du  Masdjed.  Dix  chrétiens,  ap- 
partenant à  une  même  famille  dans  laquelle  cette  charge  se 
conservait  héréditairement ,  étaient  attachés  au  Masdjed 
en  qualité  de  serviteurs  pour  l'entretien  et  le  balayage  des 
nattes  qu'on  y  étendait;  ils  étaient  également  chargés  de 
curer  les  conduits  qui  amenaient  l'eau  dans  les  citernes, 
les  citernes  elles-mêmes,  etc.  11  y  avait  encore  un  cer- 
tain nombre  de  domestiques  juifs  occupés  à  soigner  la 
verrerie,  les  lampes,  les  godets,  les  lustres  et  autres  objets 
de  ce  genre.  Ils  n'étaient  pas  soumis  à  la  capitation, 
non  plus  que  ceux  qui  préparaient  les  mèches  pour  les 
lampes.  Cette  exemption  était  applicable  à  eux-mêmes 
et  à  leurs  enfants,  à  perpétuité,  tant  qu'ils  auraient 
de  la  postérité,  depuis  l'époque  d"Abd-el-Malek  ebn 
Merwân  et  ainsi  de  suite. 

'Abd-ei-Malek  ebn  Merwân  mourut  à  Damas,  le  jeudi 
i  5  chawwâl  de  l'année  86  de  l'hégire  (9  octobre  705  de 
J.-C),  à  l'âge  de  soixante  ans.  Son  khalifat,  depuis  le 
meurtre  d'Ebn-ez-Zobayr  et  l'époque  où  toute  la  nation 
reconnut  son  autorité,  avait  duré  treize  ans  et  quatre 
mois  moins  sept  jours.  Antérieurement  au  meurtre  du 
fils  d'Ez-Zobayr,  il  avait  régné  sur  la  Syrie  et  ses  dépen- 
dances durant  sept  ans  et  environ  neuf  mois 

Radjà  ebn  Hayâ ,  qui  fut  chargé  de  la  construction  de 
la  Sakhrah  et  du  Masdjed-el-Aqsa,  mourut  en  l'année  112. 
Il  avait  les  cheveux  rouges  et  la  barbe  blanche. 

Quand  Solaymàn,  fils  d'  'Abd-el-Malek,  l'Omayyade, 
eut  succédé,  sur  le  trône  du  khalifat,  à  son  frère  El- 

8 


58  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Walîd,  en  l'année  96  de  l'hégire,  il  se  rendit  à  Jérusalem 
où  de  nombreuses  députations  vinrent  le  reconnaître; 
jamais  on  ne  vit  une  affluence  plus  considérable  que  celle 
qui  accourut  féliciter  le  nouveau  khalife.  Assis  sous  une 
des  Coupoles  qui  ornent  la  plate-forme  du  Masdjed  de 
Jérusalem  autour  de  la  Sakhrah ,  peut-être  celle  qui  est 
appelée  la  Coupole  de  Solaymân ,  auprès  de  la  Porte  de 
la  Dawâdâriyeh,  c'est  là  qu'il  donnait  audience.  On 
étendait  devant  la  Coupole  où  il  se  trouvait,  des  tapis  sur 
lesquels  on  plaçait  des  coussins  et  des  chaises.  Aussitôt 
qu'il  avait  pris  place,  il  autorisait  les  assistants  à  s'as- 
seoir; ceux-ci  s'asseyaient  sur  les  chaises  et  les  coussins; 
Page  250.  à  côté  de  lui  étaient  les  sommes  d'argent  et  le  registre 
des  rôles. 

Solaymân  avait  conçu  le  dessein  de  demeurer  à  Jéru- 
salem, d'en  faire  sa  capitale  et  d'y  réunir  des  richesses  et 
une  nombreuse  population Il  portait  le  titre  hono- 
rifique d'El-Mahdy-billah  ed-Dâ'y-ila-Allah  (celui  qui 
est  guidé  par  Dieu^  celui  qui  appelle  vers  Dieu).  Il 
mourut  l'an  99  de  l'hégire,  âgé  de  quarante-cinq  ans. 

On  rapporte  d'après  'Atà_,  qui  le  tenait  de  son  père  : 
«  Les  juifs,  a  dit  celui-ci,  étaient  chargés  de  l'éclairage 
(du  Masdjed)  de  Jérusalem.  Lorsqu'  (Oraar,  fils  d""Abd-el- 
'Azîz,  fut  investi  du  pouvoir,  il  les  renvoya  et  y  installa 
des  gens  appartenant  au  quint.  Un  de  ces  gens  étant  venu 
le  trouver  ^  lui  dit  :  «  Affranchis-moi.  —  Comment  t'af- 
franchirais-je?  lui  répondit  le  khalife;  si  tu  partais,  vois, 
il  ne  me  resterait  pas  un  poil  de  ton  corps.  » 

Le  règne  d''Omar_,  fils  d"Abd-el-'Azîz,  commença  en 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  5q 

safar  de  l'année  99  ;  on  donna  à  ce  prince  le  titre  hono- 
rifique d'El-Ma'soûm-billah.  Son  khalifat  dura  deux  ans 
et  cinq  mois.  Il  mourut  à  Dayr-Sam'ân  (le  Couvent  de 
Simon),  qui  fait  partie  de  la  circonscription  de  Homs,  le 
jour  de  vendredi  2  5  radjab  de  l'année  101  (10  février  720 
deJ.-C). 

'Abd-er-Rahman  ebn  Mohammad  ebn  Mansoûr  ebn 
Tàbet  a  rapporté  d'après  son  père  qui  le  tenait  de  son  aïeuL 
que  toutes  les  portes  étaient  revêtues  de  plaques  d'or  et 
d'argent  à  l'époque  d"Abd-el-Malek.  Or,  lorsque  vint 
Abou-Dja'far  El-Mansoûr.,  P'Abbâsîde,  les  parties  orien- 
tale et  occidentale  du  Masdjed  étaient  tombées  :  «  Com- 
mandeur des  Croyants,  lui  dit-on_,  les  parties  orientale 
et  occidentale  du  Masdjed  ont  été  renversées  par  le  trem- 
blement de  terre,,  en  l'année  i3o;  si  tu  donnais  l'ordre 
de  reconstruire  ce  Masdjed  et  de  le  restaurer  ?  —  Je  n'ai 
pas  d'argent,  »  répondit-il.  Puis,,  il  ordonna  d'arracher 
les  plaques  d'or  et  d'argent  qui  recouvraient  les  portes. 
Elles  furent  arrachées,  et  on  en  fabriqua  des  dinars  et  des 
derhems  qui  servirent  aux  dépenses  de  la  reconstruction  , 
jusqu'à  ce  que  celle-ci  fut  achevée. 

Le  khalifat  d'El-Mansoùr  commença  en  l'année  i3fi. 
Deuxième  khalife  des  'Abbâsides,  c'est  lui  qui  construisit 
Baghdàd;  la  construction  en  fut  commencée  l'an  145.  Il 
mourut  le  samedi  6  du  mois  de  dou'l  heddjeh,  l'année 
1 58  (7  octobre  775  de  J.-C.) ,  cà  l'âge  de  cinquante-huit 
ans,  et  fut  enterré  à  la  Mekke. 

Quelque  temps  après  eut  lieu  le  second  tremblement 
de   terre  qui    renversa   les   constructions    exécutées   par 


6o  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

l'ordre  d'Abou-DjaTar.  Postérieurement  à  cette  époque, 
c'est-à-dire  après  la  mort  du  khalife,  El-Mahdy  étant  venu 
et  ces  constructions  se  trouvant  en  ruines ,  on  lui  exposa 
l'état  des  choses  :  il  ordonna  de  faire  les  réparations,  en  di- 
sant: «  Ce  Masdjed  est  étroit  et  long,  et  vide  de  fidèles; 
Page  251.  diminuez-en  la  longueur  et  faites-le  plus  large.  »  La  bâ- 
tisse fut  achevée  sous  son  khalifat.  Son  nom  entier  est 
Abou-'Abd-Allah  Mohammad ,  fils  d'fAbd-Allah  El- 
Mansoûr,  et  son  surnom  honorifique  El-Mahdy.  Il  fut 
proclamé  khalife  le  6  dou'l  heddjeh,  l'an   1 58 ,  entre  la 

Pierre  angulaire  et  le  Maqâm  (i) 

El-Mahdy  mourut  le  jeudi  22   moharram, 

l'an    169  (14  août  784  de  J.-C.)  (2);   il  avait  quarante- 
huit  ans. 

Au  dire  du  Hâfed  Ebn-'Asâker ,,  la  longueur  du 
Masdjed-el-Aqsa  est  de  sept  cent  cinquante-cinq  coudées, 
à  la  coudée  du  roi,  et  sa  largeur  de  quatre  cent  soixante- 
cinq  coudées,  à  la  coudée  du  roi.  Abou'l-Ma'àly  El 
Moucharraf  donne  aussi  les  mêmes  dimensions.  L'auteur 
de  l'ouvrage  intitulé  Moutîr  el  ghardm  ila  \idret  el 
Qods  rva  ech-Chdm,  s'exprime  ainsi  :  «  Cependant,  j'ai 
vu  autrefois  dans  la  muraille  orientale,  au  dessus  de  la 
porte  attenante  à  la  Dawàdâriyeh,  à  l'intérieur  de  l'en- 
ceinte ,  une  dalle  sur  laquelle  on  avait  gravé  la  longueur 

(  1  )  Ces  deux  noms  désignent  des  parties  de  la  mosque'e  de  la 
Mekke. 

(2)  Tabari  dit  que  ce  khalife  mourut  le  jeudi  sixième  jour  du  mois 
de  dou'l  heddjeh  de  la  même  année.  Aucune  de  ces  deux  dates  ne 
tombe  un  jeudi. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  6ï 

et  la  largeur  du  Masdjed;  ces  mesures  ne  concordaient  pas 
avec  celles  données  par  ces  deux  chroniqueurs.  En  effet; 
la  dalle  portait  que  la  longueur  du  Masdjed  était  de 
sept  cent  quatre-vingt-quatre  coudées ,  et  sa  largeur  de 
quatre  cent  cinquante-cinq.  L'auteur  ajoute  :  «  L'espèce 
de  coudée  y  était  spécifiée;  mais  je  n'ai  pu  vérifier  si 
c'était  la  coudée  du  roi  ou  une  autre,  à  cause  de  la  con- 
fusion que  présentait  l'écriture.  »  Il  dit  encore  :  «  De 
nos  jours  ^  on  a  mesuré  avec  des  cordes  la  largeur  et  la 
longueur  du  Masdjed;  on  a  trouvé,  comme  longueur, 
sur  le  côté  oriental,  six  cent  quatre-vingt-trois  coudées, 
et,  sur  le  côté  occidental,  six  cent  cinquante;  pour  la  lar- 
geur, le  résultat  a  été  de  quatre  cent  trente-huit  coudées, 
en  dehors  de  l'épaisseur  delà  muraille.  »  Fin  (de  la  ci- 
tation.) 


Mention  de  quelques-uns  des  principaux  personnages  les 
plus  distingués  par  leur  science  et  leur  dévotion ,  qui 
vinrent  à  Jérusalem  M. 


Omm-el-Khayr  Râbé'ah,  fille  d'Ismâ'îL  cl  'Ada-  (pago238] 
wiyeh ,    d'El-Basrah,   affranchie  de  la  famille  d''Aqyl, 
femme  célèbre  par  sa  piété.  Elle  fut  une  des  personnes  les 

(i)  On  ne  trouvera  ici  que  ceux  de  ces  personnages  dont  le  lieu 
de  sépulture  est  signalé  par  Moudjîr-ed-dyn  et  situé  en  Syrie  ou  en 
Palestine. 


02  JÉRUSALEM    FT    HKBRON. 

plus  remarquables  de   son  époque;   on  connaît  une  foule 
d'anecdotes  touchant  sa  vertu  et  sa  dévotion.  ...... 

Elle  mourut  en  l'année  i35  ou  1 85.  Son  tombeau  est  situé 
sur  le  sommet  du  mont  des  Oliviers,  à  l'est  de  Jérusalem , 
à  côté  et  au  sud  de  l'endroit  d'où  le  seigneur  Jésus  fit  son 
ascension.  Il  se  trouve  dans  une  Zdwieh  vers  laquelle  on 
descend  par  des  degrés.  C'est  un  lieu  révéré  et  visité  par 
les  pèlerins. 

(Page  2i9.)      Ibrâliîm  ebn  Adham  Abou-Isnâq,  de  la  province 

de  Balkh ,  le  ^dhed Il  appartenait  à  une  famille 

royale Il  fut  un  des  disciples  de  l'Imâm  Abou- 

Hanîfeh  ;  il  est  célèbre  par  les  prodiges  qu'il  opéra 

Il  mourut  dans  la  ville  de  DJabalehj  une  des  dépendances 
de  la  Syrie.  Son  tombeau  y  est  très-connu.  L'auteur  du 
Moutîr  el  gharâm  dit  qu'il  mourut  dans  le  pays  du 
Roûm.  Sa  mort  eut  lieu  en  l'année  1 6  r . 

(Page  203  )  Moliammad  ebn  Karrâm ,  le  théologien  scolas- 
tique.  C'est  de  lui  que  tire  son  nom  la  secte  des  Karrâ- 
mîtes  qui  permet,  dit-on,  de  composer  des  hadit  (tra- 
ditions) de  nature  à  inspirer  le  désir  ou  la  crainte.  Le 
nom  entier  de  Karrâm  est  Abou-'Abd-Allah  es-Sedjes- 
tàny  (du  Sedjestân),  \uAbed  (i).  Quelques  auteurs  l'ap- 
pellent Mohammad  ebn   Kéràm Il  mourut  à 

Jérusalem,  pendant  la  nuit.,  et  fut  enterré  à  la  Porte  de 
Jéricho,    auprès   des  tombeaux  des   prophètes;   il  avait 

(i  )  Les  Soufis  se  divisent  en  quatre  classes:  Zdhed  (ascète),  Faqir 
(mendiant),  Khâdem  (serviteur)  et  'Abed  (adorateur).  Dictionary  of 
technical  terms,  p.  842. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  63 

passé  environ  vingt  ans  à  Jérusalem.  Sa  mort  eut  lieu  en 
safar  de  l'année  255  (19  janvier- 17  février  869  de  J.-G.) 

La  porte  connue  sous  le  nom  de  Porte  de  Jéricho  a 
disparu  et  il  n'en  reste  pas  de  trace.  Selon  toute  appa- 
rence, elle  se  trouvait  à  l'extrémité  des  constructions 
voisines  du  mont  des  Oliviers.  Il  en  est  de  même  des 
tombeaux  des  prophètes,  dont  on  ignore  l'emplacement, 
par  suite  de  la  durée  des  temps  et  de  l'occupation  de  la 
Terre-Sainte  par  les  Francs. 

Sâleh  ebn  Yousef  Abou-Clio'ayb  el  Moqné' , 
originaire  de  Wâset.  On  dit  qu'il  fit  quatre-vingt-dix  fois 

le  pèlerinage  de  la  Mekke  à  pied Il  mourut  dans 

la  ville  de  Ramleh,  l'année  282.  On  raconte  qu'on  faisait 
(autrefois)  des  prières  auprès  de  son  tombeau  pour  obtenir 
de  Dieu  de  la  pluie,  et  que  les  vœux  qui  y  étaient  for- 
mulés étaient  exaucés;  mais  son  tombeau  est  actuellement 
inconnu  ,  à  cause  du  long  espace  de  temps  écoulé  et  de 
l'occupation  de  ces  territoires  par  les  infidèles  durant 
nombre  d'années. 

Le  Cheik  de  l'islamisme,  l'Imam,  le  savant,  le  docteur  (rage  263.) 
Abou'l-Faradj  *  Abd-el-Wâhecl  ebn  Mohammad  ebn 
cAly  ebn  Ahmad  ech-Chirâ^y  (de  Chirâz)  el  Moqaddasy 
(le  Jérusalémitain)  3  cheikh  de  la  Syrie  à  son  époque.  Il 
fut  un  des  disciples  du  qàdy  Abou-Ya'la  ebn  El-Farrà , 
imàm  des  Hanbalîtes.  Il  vint  en  Syrie  et  habita  Jéru- 
salem. C'est  lui  qui  répandit  aux  alentours  de  cette  ville 
la  doctrine  de  l'Imam  Ahmad  ebn  Hanbal.  Il  se  fixa  en- 
suite à  Damas  où  il  propagea  également  ce  rite;  il  eut  des 
adeptes   et  forma   des  élèves.   On  dit  qu'il  rencontra  à 


64  JÉRUSALEM    ET    HEBUON. 

deux  reprises  le  Khedr.  Il  dogmatisait  parfois  sur  le 
Khâter  (1),  dans  les  termes  professés  par  Ebn-el-Qaz- 
ouîny  le  Zdhed.  Il  est  l'auteur  de  plusieurs  ouvrages, 
entre  autres  :  El  Mobhedj ,  El  Idâh  et  Et-Tabsérah, 
sur  les  principes  fondamentaux  de  la  religion,  un  abrégé 
sur  les  Définitions ,  ouvrage  qui  traite  des  éléments  de  la 
jurisprudence,  et  les  Questions  d'épreuve.  On  lui  attribue 
aussi  le  Kétâb  el  Djawâher ,  sur  l'interprétation  du 
Qor  an.  Il  mourut  à  Damas  dans  la  journée  du  dimanche 
18  dou'l  heddjehj  l'année  486  (20  décembre  1093  de 
J.-C),  et  fut  enterré  dans  le  cimetière  de  Bdb  es-Sagliîr. 
r.-ige  2G4.  Le  Cheikh,  le  savant  par  excellence  Aboul-Fath. 
Nasr  ebn  Ibrahim  ebn  Nasr  el  Moqaddasy  en-Nabo- 
losy  (de  Naplouse) ,  le  Chàfé'îte ,,  cheikh  de  ce  rite  en 
Syrie,  et  auteur  de  plusieurs  ouvrages.  Il  fut  en  outre 
célèbre  comme  Zdhed  et  'Abed.  Il  suivit  des  leçons  de 
hadit ,  fit  des  dictées  et  enseigna  les  traditions.  Il  de- 
meura longtemps  à  Jérusalem  dans  la  Zdwieh  qui  est 
au  dessus  de  la  Porte  de  la  Miséricorde,  et  qui  fut  connue 
sous  le  nom  à'en-Nâsériyeh.  Il  est  probable  que  cette 
appellation  de  «  la  Nâsériyeh  »  lui  vient  du  cheikh  Nasr. 
Plus  tard,  elle  fut  connue  sous  le  nom  d'e/  Gha\âliyeh , 

parce  qu'El  Ghazâly  y  établit  sa  demeure Voici  les 

noms  de  plusieurs  ouvrages  de  Nasr  :  le  Tahdïb ,  le 
Kétdb  et-Taqnb,  le  Kétâb  el  EosoicL  le  Kétâb  el  Kâfy. 
Il  est  aussi  l'auteur  d'un  commentaire  moyen  sur  X A- 

(1)  Voir  sur  cette  expression,  dans  le  sens  que  lui  donnent  les  Souris, 
Dictionary  0/  technical  tenus,  t.  I. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  65 

brégé  de  son  cheikh  Salîm  ebn  Ayyoub  er-Râzy,  auquel 
il  donna  le  nom  d'El  Ichdreh,  ainsi  que  d'un  autre  ou- 
vrage intitulé  Kétâb  el  heuddjeh  'ala  tdrek  el  mahaddjeh. 
Il  mourut  le  jour  'Achourd  de  l'an  490  (18  novembre 
1097  de  J.-C),  à  Damas,,  et  fut  enterré  à  Bâb  es-Saghir. 

Le  Cheikh,  VImâm  Abou'l-Ma'âly  El  Moucliar- 
raf  ebn  El-Mardjd  ebn  Ibrahim  el  Maqdasy.  Il  fut  un 
des  plus  grands  savants  de  Jérusalem  et  l'auteur  du  livre 
intitulé  Fadâïl  el  Bayt-el-Moqaddas  rva  es-Sakhrah 
(les  Mérites  de  Jérusalem  et  de  la  Sakhrah),  dans  lequel 
il  traite  de  tout  ce  qui  se  rattache  à  ce  sujet,  en  fait  d'his- 
toire et  de  monuments,  et  des  mérites  des  sanctuaires  de 
la  Syrie;  c'est  un  ouvrage  très-utile,  à  l'appui  duquel  il 

rapporte  les  traditions  les  plus  authentiques Je  n'ai 

pu  découvrir  aucune  indication  biographique  sur  Abou'l- 
Mafàly,  ni  la  date  de  sa  mort.  Toutefois,,  il  mourut  du 
vivant  d'Abou'l-Qâsem  dont  le  nom  entier  est  : 

Le  Cheikh  Abou'l-Qâsem  Makky  ebn  cAbd-es- 
Saldm  ebn  El-Hasan  ebn  Qdsem  el  Ansdry  er-Ro- 
mayly ,  le  Châfé'îte,  leHafed.  Il  naquit  l'an  432. ...  Il 
entreprit  une  Histoire  de  Jérusalem  et  de  ses  mérites  et  y 
rassembla  des  faits  nombreux.  Quand  les  Francs  s'empa- 
rèrent de  la  ville  sainte,  en  l'année  492,  ils  le  firent  pri- 
sonnier et  fixèrent  sa  rançon  à  mille  dinars  (1)  ;  personne  page  265. 
ne  s'étant  présenté  pour  le  racheter,  ils  l'assommèrent  à 
coups  de  pierres  à  la  Porte  d'Antioche,  jusqu'à  ce  que 
mort  s'ensuivit.  Es-Seubky  dit  dans  ses  Catégories  des 

(1)  1 5,ooo  francs  environ. 


66  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Châféiites  qu'ils  le  tuèrent  à  Jérusalem  le  douzième  jour 
de  cha'bân  de  l'année  492  (4  juillet  1099  de  J.-C.)  (1). 

El  Ghazzâly  —  l'Imâm  Z ayn-ed-dyn  (l'ornement  de 
la  religion) ,  Heuddjet  el  islam  (l'argument  de  l'islamisme) , 
AtoCHl-Hâmed  Mohaîliniad.  ebn  Mohammad  ebn 
Ahmad  el  Ghazzâly  et-Tousy,  le  Châfé'îte.  Il  naquit 
l'année  450.  La  communauté  Châfé'îte  n'avait  personne, 
vers  la  fin  de  son  siècle,  qui  pût  lui  être  comparé.  Il 
commença  à  travailler  à  Tous;  puis  il  vint  à  Nisâbour 
où  il  s'éleva  au  rang  des  personnages  les  plus  marquants 
et  acquit  une  haute  position.  Après  avoir  séjourné 
quelque  temps  à  Damas,  il  se  transporta  à  Jérusalem, 
brûlant  du  désir  de  se  consacrer  à  la  vie  dévote  et  de  vi- 
siter les  tombeaux  des  martyrs  et  les  lieux  vénérés.  C'est 
dans  la  ville  sainte  qu'il  se  mit  à  composer  ses  plus  cé- 
lèbres ouvrages;  on  dit  que  c'est  là  qu'il  écrivit  le  livre 
intitulé  lhiâ  'oloum  ed-dyn  (la  vivification  des  sciences 
de  la  religion).  Il  établit  sa  demeure  dans  la  Zdivieh  qui 
est  au  dessus  de  la  Porte  de  la  Miséricorde  ,  et  qui  était 
connue  auparavant  sous  le  nom  à'en-Nâsériyeh,  à  l'o- 
rient du  Masdjed  de  Jérusalem.  Elle  fut  appelée  de  son 
nom,  el  Gha^dliyeh;  aujourd'hui,  elle  est  en  ruines  et 
les  traces  en  ont  disparu.  El  Ghazzâly  mourut  à  Tous  dans 
la  journée  du  lundi  14  djoumâda  second  de  l'année  5o5  , 
(correspondant  au  lundi  18  décembre  n83  de  J.-C). 

(i)  C'était  sans  doute    pendant   le  siège,   la  prise   de   Jérusalem 
n'ayant  eu  lieu  que  onze  jours  plus  tard. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  6j 

Aperçu  succinct  des  événements  dont  Jérusalem  fut  le  (page2C8.) 
théâtre  durant  la  période  qui  précéda  la  prise  de  la 
ville  sainte  par  les  Francs. 

Dans  le  courant  de  l'année  3p8  (Comm.  2  décembre 
994),  le  khalife  Fâtémîte  d'Egypte  El-Hàkem-bé-amr- 
Allah  Abou-'Aly  El-Mansour,  fils  d'El-'Azîz,  ordonna  de 
détruire  l'église  de  Qpmâmeh  (du  Saint-Sépulcre)  à  Jé- 
rusalem j  et  autorisa  le  pillage  par  la  populace  de  tout  ce 
qu'elle  renfermait  de  richesses,  de  meubles  et  autres  objets. 
Cet  ordre  fut  donné  par  suite  d'un  rapport  adressé  à  ce  Page  2<j9. 
prince  sur  l'acte  auquel  se  livraient  les  chrétiens  le  jour 
de  Pâques ,  en  allumant  du  feu  au  moyen  d'une  super- 
cherie; de  telle  sorte  que  les  gens  d'un  esprit  faible  s'i- 
maginaient, dans  leur  ignorance,  qu'il  descendait  du 
ciel.  Ils  l'obtenaient  en  imbibant  de  baume  de  Judée  des 
fils  de  soie  très-fins  enduits,  avec  beaucoup -d'art,  de 
soufre  et  d'autres  matières  inflammables;  ces  fils  cou- 
raient avec  facilité  sur  tout  le  monde ,  grands  et  petits. 
Cette  pratique  est  encore  usitée  à  notre  époque  dans  la 
Qpmâmeh  ;  ce  jour  s'appelle  chez  eux  le  samedi  de  la 
lumière.  Il  s'y  passe,  sous  les  yeux  des  musulmans,  des 
choses  odieuses  qu'il  n'est  pas  licite  d'entendre,  ni  de  voir  : 
manifestant  publiquement  leur  infidélité,  les  chrétiens 
crient  à  haute  voix  :  «  Accourez  à  la  religion  de  la  croix  ;  » 
ils  récitent  leurs  livres,  élèvent  leurs  croix   au  dessus  de 


68  JÉRUSALEM    ET   HEBUON. 

leurs  têtes  et  se  livrent  à  d'autres  abominations  qui  font 
frissonner  d'horreur. 

Ensuite  El- Hâkem-bé-amr-Allah  étant  mort,  en  chaw- 
wâl  de  l'année  411  (février  1021  de  J.-C),  eut  pour 
successeur  son  fils  Ed-Dâher-lé-ifzâz-dyn-Allah  Abou'l- 
Hasan  'Aly,  qui  mourut  l'année  41 7 3  dans  le  mois  de 
chafbàn  (juin  io36  de  J.-C).  Le  trône  passa  après  lui  à 
son  fils  El-Mostanser-billah  Abou-Tamîm  Mafadd;  ce 
khalife  conclut  une  trêve  avec  le  roi  des  Roûm  (l'empe- 
reur Byzantin),  qui  reçut,  à  la  condition  de  mettre  en 
liberté  cinq  mille  prisonnniers^  l'autorisation  de  recons- 
truire l'église  de  Qpmâmeh,  qu'El-Hâkem,  aïeul  d'El- 
Mostanser,  avait  fait  démolir  durant  son  khalifat.  Le  roi 
des  Roûm  donna  la  liberté  aux  prisonniers  et  envoya 
rebâtir  l'église;  il  dépensa  pour  cette  construction  des 
sommes  considérables. 

Il  y  a  apparence  que  la  destruction  n'avait  pas  été 
complète;  toutefois,  la  plus  grande  partie  avait  été  ren- 
versée. Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 

J'ai  lu  dans  une  Chronique  qu'en  l'année  407  (Comm. 
10  juin  1016  de  J.-C),  la  chapelle  sépulcrale  d'El-Ho- 
sayn,  fils  d' 'Aly,  devint  la  proie  des  flammes ,  à  la  suite 
d'un  incendie  occasionné  par  une  étincelle  qu'un  des  gar- 
diens chargés  d'allumer  les  lampes  laissa  tomber  sans  s'en 
apercevoir.  On  aurait  aussi  reçu  la  nouvelle  que  le  coin 
méridional  du  Masdjed-el-Haràm  (la  mosquée  de  la 
Mekke)  s'était  lézardé;  qu'un  mur,  devant  le  tombeau  du 
Prophète,  était  tombé,  et  que  la  grande  coupole  qui  re- 
couvre la  Sakhrah,  à  Jérusalem,  s'était  écroulée 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  69 

Je  n'ai  pu  vérifier  l'exactitude  du  fait  concernant  la 
chute  de  la  coupole  de  la  Sakhrah  et  sa  reconstruction  ; 
mais  il  est  probable  qu'il  ne  s'en  écroula  qu'une  partie  et 
qu'elle  ne  tomba  pas  entièrement.  Dieu  connaît  la  vérité. 

En  l'année  425 ,  les  tremblements  de  terre  furent  très- 
nombreux  en  Egypte  et  en  Syrie;  ils  renversèrent  une 
infinité  de  maisons,  et  une  foule  considérable  de  gens  pé- 
rirent sous  les  décombres.  Le  tiers  de  Ramleh  fut  détruit; 

sa  mosquée  se  sépara  en  morceaux Une  partie  des  rage  270. 

murs  de  Jérusalem  s'écroula;  il  tomba  également  un  gros 
fragment  du  Mehrâb  de  David,,  ainsi  qu'un  autre  du 
Masdjed  d'Abraham  El-Khalîl. 

En  l'année  452  ,  le  lustre  de  la  Coupole  de  la  Sakhrah 
à  Jérusalem j  tomba;  il  contenait  cinq  cents  lampes 

Dans  le  mois  de  djoumâda  premier  de  l'année  460 
(8mars-7  avril  1068),  le  territoire  de  Palestine  éprouva 
un  tremblement  de  terre  qui  ruina  le  pays  de  Ramleh 
et  renversa  deux  des  créneaux  du  Masdjed  de  l'apôtre  de 
Dieu....  La  Sakhrah  de  Jérusalem  s'entrouvrit,  puis 
elle  reprit  son  premier  état  et  se  ressouda  par  la  toute- 
puissance  de  Dieu. 

En  l'année  463  (Comm.  9  octobre  1070)^  pendant  le 
règne  d'El-Mostanser-billah,  P'Obaydîte,  khalife  d'E- 
gypte, Jérusalem  et  Ramleh  tombèrent  au  pouvoir  d'Atsiz 
ebn  Auq  le  Khârezmien,  seigneur  de  Damas. 

En  l'année  465  ,  la  suzeraineté  'Abbàsîde  fut  proclamée 
à  Jérusalem,  et  celle  des  Fâ ternîtes  y  fut  supprimée. 
Quelque  temps  aprèSj  Atsiz  s'empara  de  Damas,  après 
s'être  rendu  maître  de  Jérusalem  et  de  Ramleh, "et  abolit 


70  JERUSALEM    ET    HÉBRON. 

à  Damas  la  Khotbeh  'Alîde;  à  partir  de  cette  époque,  le 
prône  n'y  fat  plus  célébré  en  l'honneur  des  Fàtémîtes. 
Atsiz  installa  la  Khotbeh  'Abbâsîde  le  jour  de  vendredi 
2  5  dou'l  qa'deh  de  l'an  468  (correspondant  au  vendredi 
3o  juin  1076).  Lorsqu'il  eut  ététué^  en  l'année  471,  l'émir 
Tâdj-ed-dauleh  Tatach,  fils  du  sultan  Alb-Arslàn,  le 
Seldjouqîde,  s'empara  de  Damas;  Jérusalem  devint  une 
annexe  de  cette  principauté,  suivant  l'usage  pratiqué  par 
les  prédécesseurs  de  ce  prince.  Il  donna  le  gouvernement 
de  la  ville  sainte  à  l'émir  Ortoq,  fils  d'Eksik,  le  Tur- 
koman,  et  l'aïeul  des  rois  seigneurs  de  Màrédîn.  Ortoq 
demeura  en  possession  de  Jérusalem  jusqu'à  ce  qu'il 
mourut,  en  l'année  484.  Il  légua  cet  héritage  à  ses  deux 
fils  Yl-Ghâzy  et  Soqmân,  qui  continuèrent  à  gouverner 
la  ville  sainte  jusqu'à  l'époque  où  Tatach  fut  tué,  en 
l'année  488.  Bientôt  El  Afdal,  fils  de  Badr  el-Djamâly, 
le  généralissime,  partit  de  Mesr  à  la  tête  de  l'armée  du 
khalife  'Alide  El-Mosta'ly-bé-amr- Allah,  et  se  rendit 
Page  27i.  maître  de  Jérusalem  par  capitulation,  en  cha'bân  de 
l'année  489  (2  5  juillet-2  3  août  1096).  Soqmân  et  son  frère 
Yl-Ghâzy  se  retirèrent  :  le  premier  s'établit  dans  le  pays 
d'Edesse,  et  son  frère  Yl-Ghâzy  poursuivit  sa  route  vers 
T'Irâq.  Jérusalem  demeura  ainsi  aux  mains  des  Egyptiens. 

Relation  de  la  prise  de  Jérusalem  par  les  Francs  et  de  leur 
domination  sur  la  ville  sainte. 

(Page  272)        L'an  492,  les  Francs  se  dirigèrent  vers  Jérusalem,  au 


JERUSALEM    ET    HÉBRON.  n\ 

nombre  d'un  million  de  combattants,  (que  Dieu  les  mau- 
disse!). Ils  assiégèrent  la  ville  sainte  pendant  quarante  et 
quelques  jours,  et  s'en  rendirent  maîtres  dans  la  matinée 
du  vendredi  23  cha'bân  de  l'année  492  (i5  juillet  1099). 
Les  Francs  se  livrèrent  pendant  toute  une  semaine  au 
massacre  des  musulmans,  à  Jérusalem  :  plus  de  soixante- 
dix  mille  personnes  furent  égorgées  dans  le  Masdjed-el- 

Aclsa Us  enlevèrent  de  la  Sakhrah  quarante-deux   Page  273 

lampes  en  argent,  pesant  chacune  trois  mille  six  cents 
(derhems),  un  tànnour  (lustre)  en  argent  du  poids  de  qua- 
rante ratls  de  Syrie,  et  vingt-trois  lampes  en  or 

Le  conquérant  de  toutes  ces  villes,  Jérusalem  et  autres,  (i»age27J.) 
fut  Bardouîl  (Baudouin)  le  Franc.  Dans  la  suite,  en  l'année 
5n  ou  514,  il  se  dirigea  vers  l'Egypte  pour  s'en  em- 
parer. Arrivé  à  Ghazzah ,  il  entra  dans  cette  ville,  la 
saccagea  et  en  livra  les  mosquées  aux  flammes.  Il  en  partit 
malade  et  périt  en  route  avant  d'atteindre  El-'Arich.  Ses 
compagnons  lui  ouvrirent  le  ventre  et  jetèrent  là  ses  en- 
trailles. De  nos  jours  encore,  on  y  lance  des  pierres.  Ils 
emportèrent  son  cadavre  et  l'enterrèrent  dans  l'église  de 
Qomdmeh  (du  Saint-Sépulcre),  à  Jérusalem 

Conquête  de  Jérusalem  (par  Saladin). 

Le   Sultan  partit  ensuite  d'Ascalon   (1),   se  dirigeant  (Page  290) 

(1)  «  Pendant  sa  marche  vers  cette  ville,  dit  Moudjîr-ed-dyn 
quelques  lignes  plus  haut,  le  Sultan  avait  pris  Ramleh,  Yabna,  Beth- 
léhem  et  Hébron.  » 


72  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

vers  Jérusalem.  Ceux  qui  se  trouvaient  dans  la  ville 
sainte,  en  apprenant  son  approche,  furent  saisis  de 
frayeur.  Il  y  avait  parmi  les  chefs  des  Francs  Baliân,  fils 
de  Barzân,  et  le  Grand  Patriarche,  ainsi  que  des  guer- 
riers de  chacun  des  deux  ordres  des  Hospitaliers  et  des 
Templiers.  Se  voyant  réduits  à  l'extrémité,  ils  songèrent 
aux  moyens  de  salut;  mais  ils  avaient  perdu  tout  espoir; 
ils  ne  savaient  quel  parti  prendre  et  étaient  en  proie  à  la 
plus  vive  inquiétude. 

Le  Sultan  s'avança  à  la  tête  des  troupes  de  l'islam  ;  il 
était  dans  toute  sa  splendeur,  et  avait  un  aspect  terrible. 
Il  campa  devant  Jérusalem,  du  côté  de  l'ouest,  le  jour 
de  dimanche  i5  radjab  (583  =  20  septembre  1 187).  Jéru- 
salem renfermait  en  ce  moment  soixante  mille  combat- 
tants; ils  s'étaient  rangés  devant  la  ville  pour  soutenir 
l'attaque,  et  combattirent  vigoureusement.  La  bataille  se 
prolongea  entre  les  deux  partis. 

Le  vendredi  20  radjab ,  le  Sultan  se  transporta  du  côté 
du  nord  où  il  établit  son  camp.  Il  resserra  les  Francs , 
dressa  ses  machines  et  les  lança  contre  la  ville,  jusqu'à  ce 
que  la  plus  grande  partie  de  la  muraille  fut  démolie.  En- 
suite les  musulmans  se  mirent  à  miner  les  remparts  dans 
la  partie  qui  fait  suite  à  la  vallée  de  Djohannam  (Guéhen- 
nom).  L'action  fut  des  plus  vives;  les  sectateurs  de  l'isla- 
Page  291 .  misme  se  réjouirent  de  la  victoire.  Ce  fut  pour  les  infidèles 
un  jour  d'angoisse  et  non  une  journée  d'allégresse.  Un 
des  Francs,  le  fils  de  Barzân,  se  présenta  pour  demander 
l'amân  au  Sultan  qui  le  lui  refusa  en  disant  :  «  Je  ne 
prendrai  la  ville  qu'à  la  pointe  du  glaive j  comme  ont  fait 


JÉRUSALEM    ET    HÉBUON.  j3 

les  Francs,  lorsqu'ils  s'en  sont  emparés  sur  les  musul- 
mans. »  Les  Francs  recoururent  aux  supplications  et  lui 
réitérèrent  leur  demande  d'amân  :  ils  lui  exposèrent  com- 
bien leur  nombre  était  grand,  et  que,  s'ils  perdaient  l'es- 
poir d'une  capitulation,  ils  n'auraient  plus  qu'à  combattre; 
pour  l'un  d'eux  qui  serait  blessé,  ils  en  blesseraient  dix; 
ils  détruiraient  les  maisons  et  la  Coupole  de  la  Sakhrah  ; 
ils  tueraient  tous  les  prisonniers  musulmans  qui  étaient 
en  leur  pouvoir,  au  nombre  de  plusieurs  milliers,  et 
feraient  périr  leurs  propres  richesses,  ainsi  que  leurs 
femmes  et  leurs  enfants.  Le  Sultan  réunit  un  conseil 
pour  prendre  son  avis;  ayant  fait  venir  les  grands  de  sa 
Cour  et  les  principaux  de  ses  guerriers,  il  les  consulta  sur 
ce  qu'il  convenait  de  faire.  Après  que  la  question  eut  été 
agitée,  ils  se  déclarèrent :unanimement  pour  la  paix,  avec 
la  condition  que  tous  ceux  qui  se  trouvaient  dans  la  ville 
paieraient,  savoir  :  les  hommes,  dix  dinars;  les  femmes, 
cinq,  et  chaque  enfant,  deux.  Quiconque  ne  pourrait 
s'acquitter  demeurerait  prisonnier.  Les  Francs  acceptè- 
rent cette  convention;  Ebn  Barzân ,  le  patriarche  et  les 
deux  grands-maîtres  des  Templiers  et  des  Hospitaliers 
demeurèrent  garants.  Le  fils  de  Barzàn  donna  3o,ooo 
dinars  au  nom  des  pauvres.  On  livra  la  ville  un  vendredi, 
un  peu  avant  midi,  au  moment  de  la  prière,  le  27  du 
mois  de  radjab  (2  octobre),  aux  conditions  stipulées.    .    . 

Récit  du  jour  de  la  conquête.  (Pago  29a.) 


Les  Francs  emportèrent  ce  que  leurs  églises   renfer- 

10 


7_}.  JKUUSALEM    ET    HEBRON, 

maient  de  vases  en  or  et  en  argent  et  de  tentures,  et  le 
patriarche  recueillit  toutes  les  feuilles  d'or  et  d'argent  qui 
recouvraient  le  tombeau  (du  Christ)  et  tout  ce  qu'il  y  avait 

dans  Qpmâmeh  (l'église  du  Saint-Sépulcre) 

(Pngp  293.)  Jamais  les  Francs,  depuis  le  jour  où  ils  étaient  arrivés 
en  Syrie,  en  l'année  490  (J.-C.  1097),  jusqu'à  cette 
époque ,  n'avaient  éprouvé  un  plus  grand  désastre.  Quel- 
ques-uns d'entre  eux  s'enfuirent  jusqu'aux  extrémités  du 
pays  des  infidèles  où  ils  représentèrent  la  figure  du  Messie 
et  celle  du  Prophète;  ce  dernier,  tenant  un  bâton  à  la 
main,  poursuivait,  pour  le  frapper,  le  Messie  qui  pre- 
nait la  fuite  devant  lui.  Par  ce  spectacle _,  ils  excitaient 
les  populations  et  occasionnaient  des  rassemblements  dans 
leur  pays.  Leurs  souverains  s'efforcèrent  de  se  procurer 
des  hommes  et  des  munitions  et  expédièrent  des  troupes 
pour  envahir  les  contrées  de  l'islamisme  et  faire  la  guerre 
au  roi  Salâh-ed-dyn. 

Lorsque  Jérusalem  fut  tombée  au  pouvoir  des  musul- 
mans, et  que  Dieu  l'eut  purifiée  de  la  souillure  des  poly- 
théistes, les  chrétiens  (indigènes)  demandèrent  à  y  rester 
en  payant  la  capitation,  et  à  entrer  dans  la  condition  de 
dcnwiis;  leur  demande  fut  agréée.  Après  que  le  Sultan  eut 
pris  livraison  de  la  ville  sainte,  il  donna  l'ordre  de  dé- 
couvrir le  Mehrdb  ;  les  Templiers  l'avaient  muré  sur  le 
devant  et  laissé  tomber  en  ruines;  on  dit  même  qu'ils  en 
avaient  fait  un  lieu  d'aisance.  Ils  avaient  aussi  construit 
à  l'ouest  de  \a.qebleh  une  vaste  maison  et  une  église.  Les 
constructions  élevées  devant  le  Mehrdb  furent  démolies; 
on  installa  la  chaire;  le  Mehrdb  fut  mis  à  découvert;  on 


JERUSALEM    ET    HEBKON. 


détruisit  toutes  les  bâtisses  qu'ils  avaient  construites  entre 
les  piliers  ;  on  couvrit  la  mosquée  de  tapis  et  on  suspendit 
les  lampes.  Ce  fut  un  jour  solennel 


El  Malek  el  'Adel  Nour-ed-dyn,  le  martyr,  avait  pago  3-n, 
formé  le  projet  de  conquérir  Jérusalem;  dans  cette  pensée, 
il  avait  fait  faire  à  Alep  une  chaire  qui  avait  coûté  plu- 
sieurs années  de  travail  et  qu'il  destinait  à  la  ville  sainte. 
Mais  la  mort  vint  le  surprendre,  et  la  prise  de  Jérusalem 
s'accomplit  par  les  mains  de  celui  que  Dieu  avait  choisi  : 
le  Sultan  Salâh-ed-dyn  fit  apporter  la  chaire  d' Alep  et  la 
plaça  dans  la  mosquée  El-Aqsa.  C'est  celle  qu'on  y  voit 
actuellement. 

(^uant  à  la  Sakhrah  (la  Roche),  les  Francs  avaient 
construit  au  dessus  une  église  et  un  autel,  et  y  avaient 
placé  des  images  et  des  statues.  Le  Sultan  donna  l'ordre 
de  la  découvrir  et  de  détruire  les  constructions  récentes 
qui  l'obstruaient.  L'ayant  ainsi  rendue  à  son  premier 
état,  il  y  établit  un  imam  habile  dans  la  lecture  du 
Qpr'àn,  et  la  dota,  à  titre  de  waqf,  d'une  maison  et  d'un 
fonds  déterre.  Il  y  fit  transporter,  ainsi  qu'au  Mehrâb 
delà  mosquée  El-Aqsa,  des  exemplaires  du  Qor'ân  avec 
leurs  étuis.,  et  attacha  un  certain  nombre  de  domestiques 
au  service  de  la  Sakhrah  et  de  la  mosquée  El-Aqsa. 

Les  Francs  avaient  détaché  des  morceaux  de  la  Roche; 
ils  en  avaient  porté  à  Constantinople  et  en  Sicile,  et  les 
avaient  vendus,  dit-on,  à  leur  poids  d'or. 


76  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

Lorsque  le  Sultan  fit  la  conquête  de  Jérusalem,  il  y 
avait,  au  sommet  de  la  Coupole  de  la  Sakhrah,  une  grande 
croix  en  or  (1).  Plusieurs  musulmans  se  hissèrent  tout  au 
haut  et  l'arrachèrent.  A  ce  spectacle,  on  entendit  les  mu- 
sulmans pousser  un  immense  cri  de  joie  et  d'allégresse 
comme  jamais  il  n'en  retentit.  Le  Sultan  s'occupa  ensuite 
des  restaurations  nécessaires,-  il  ordonna  de  recouvrir  de 
marbre  le  Mehrâb  de  l'Aqsa,  et  y  fit  inscrire  en  mo- 
saïques dorées  cette  inscription  que  j'ai  lue  : 

«  Au  nom  de  Dieu  clément,  miséricordieux.  Ce  saint 
Mehrâb  a  été  renouvelé  et  le  Masdjed-el-Aqsa ,  quia 
pour  fondement  la  crainte  de  Dieu,  a  été  restauré  par 
Vordre  du  serviteur  de  Dieu  et  son  ami,  Yousef,  fils 
d'Ajyoub,  Aboii  l-Moudaffar  El  Malek  en-Ndser  Salâh' 
ed-dounia-wa-ed-dyn ,  lorsque  Dieu  Veut  reconquis  par 
ses  mains ,  dans  le  cours  de  l'année  cinq  cent  quatre- 
vingt-trois.  Il  demandée  Dieu  de  lui  inspirer  la  recon- 
naissance de  ce  bienfait  et  de  lui  accorder  sa  large  part 
de  pardon  et  de  miséricorde.  » 


(Page  302.)      Mehrâb  de  David  et  autres  chapelles  (Machhad) . 

Le  Mehrâb  de  David  est  situé  hors  du  Masdjed-el- 
Aqsa,  dans  un  château-fort,  à  la  porte  de  la  ville;  c'est  la 
citadelle.  Le  Wâly  (gouverneur)  demeurait  dans  ce  châ- 

(1  )  Le  texte  imprimé  dit  :  «  dorée.  » 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  77 

teau.  La  porte  était  connue  autrefois  sous  le  nom  de  Tidb 
el  Mehrâb  (Porte  du  Mehrâb);  on  l'appelle  maintenant 
Bâb  El-Khalîl  (Porte  d'Hébron).  Le  Sultan  s'appliqua  à 
y  faire  faire  les  réparations  nécessaires.  Il  y  installa  un 
imâm,  des  mouadden  et  des  surveillants.  Il  donna  éga- 
lement l'ordre  de  restaurer  tous  les  oratoires  et  chapelles 
funéraires.  L'emplacement  de  cette  citadelle  était  occupé 
anciennement  par  le  palais  de  David. 

El  Malek  el  '  Adel  logeait  dans  l'église  de  Sion,  à  la  porte 
de  laquelle  étaient  campés  ses  soldats,  sOus  leurs  tentes. 

Le  Sultan,  après  avoir  consulté  les  'Eulamd  de  sa 
maison  sur  l'établissement  d'une  Madraseh  (collège)  pour 
les  jurisconsultes  Châfé'îtes  et  d'un  hospice  pour  les  ver- 
tueux personnages  de  l'ordre  des  Soufis ,  désigna  pour  la 
Madraseh  l'église  connue  sous  le  nom  de  Sand  Hanneh 
(Sainte-Anne).  On  dit,  en  effet,  qu'elle  renferme  le  tom- 
beau d'Anne ,  mère  de  Marie.  Elle  est  située  auprès  de  la 
Porte  des  Tribus.  Pour  l'hospice  (Khdnqdh),  il  choisit 
le  palais  du  patriarche,  lequel  est  tout  près  de  l'église  de 
Qomdmeh  (du  Saint-Sépulcre),  et  dont  une  partie  est 
même  à  cheval  sur  cet  édifice.  Il  assigna  à  ces  deux  éta- 
blissements des  waqfs  très-productifs.  Il  ordonna  aussi  de 
fermer  l'église  de  Qomdmeh  et  en  interdit  la  visite  aux 
chrétiens.  Un  des  personnages  de  sa  suite  lui  donna 
même  le  conseil  de  la  détruire;  mais  d'autres  émirent  un 
avis  opposé,  en  s'appuyant  sur  ce  que  le  Commandeur  des 
Croyants  'Omar,  fils  d'El-Khattâb,  quand  il  fit  la  con- 
quête de  Jérusalem,  avait  confirmé  les  habitants  dans  la 
possession  de  cette  église  et  ne  l'avait  pas  démolie 


y8  JÉRUSALEM    ET    HKBRON. 

(Pii"o  309.)      Le  Sultan  partit  de  Jérusalem  le  vendredi  2  5  du  mois 
de  chafbàn 


(Pag  •  :î38.)  Le  vendredi  23  dou'l  qa'deh ,  le  Sultan  monta  à  cheval, 
malgré  la  pluie  qui  tombait,  et  marcha  avec  sa  suite  jusqu'à 
ce  qu'il  arriva  à  Jérusalem,  avant  Y'Asr.  Il  descendit  dans 
la  maison  des  prêtres,  voisine  de  l'église  de  la  Qpmâmeh, 
et  s'occupa  de  fortifier  la  ville.  Il  célébra  la  prière  du  ven- 
dredi, i"  dou'l  heddjeh  (20  décembre  1 191),  dans  le  Dôme 
de  la  Sakhrah.    .  " 


Relation  du  moyen  employé  par  le  Sultan  pour  la 
restauration  (des  formations)  de  Jérusalem. 

Il  arriva  de  Mosoul,  pour  (creuser)  le  fossé,  une  bande 
(de  carriers)  que  le  seigneur  de  cette  ville  avait  expédiés 
sous  la  conduite  d'un  de  ses  chambellans,  auquel  il  avait 
aussi  remis  de  l'argent  pour  être  distribué  aux  ouvriers 
au  commencement  de  chaque  mois;  ils  employèrent  la 
moitié  d'une  année  à  ce  travail.  Le  Sultan  ordonna  de 
creuser  un  fossé  profond  et  de  construire  un  mur  d'en- 
ceinte. S'étant  fait  amener  près  de  deux  mille  prisonniers 
Francs,  il  les  organisa  pour  cette  opération.  Il  rétablit 
des  tours  de  défense  depuis  la  Porte  de  la  Colonne  (Bab- 
el 'Amoûd)  jusqu'à  celle  du  Mehrâb ,  connue  aujourd'hui 
sous  le  nom  de  Bâb  El-Khalil,  et  dépensa  pour  cet  objet 
des  sommes  considérables.  Il  les  fil  édifier  en  gros  blocs; 


JKKUSALEM    F.T    H1CBR0N.  79 

on  taillait  du  fosse  les  pierres  que  l'on  employait  à  la  cons- 
truction du  mur  d'enceinte.  Il  répartit  (la  surveillance  de) 
la  construction  de  la  muraille  entre  ses  fils,  son  frère  El  l'.'gc  330. 
'Adel  et  ses  émirs.  Chaque  jour,  montant  à  cheval,  il 
venait  inspecter  lui-même  les  travaux ,  et  portait  des 
pierres  sur  l'arçon  de  sa  selle;  tout  le  monde  sortait  pour 
se  conformer  à  ses  désirs  en  transportant  des  matériaux 
aux  lieux  de  construction.  Il  dirigeait  la  besogne,  soit  en 
personne,  soit  par  l'intermédiaire  de  plusieurs  de  ses  fa- 
miliers et  des  émirs.  'Eulamâs,  qâdys,  Soufis,  valets  de 
l'armée,  suivants,  menu  peuple,  chacun  prêtait  à  l'envi 
son  concours.  Aussi  éleva-t-on,  en  très-peu  de  temps,  des 
fortifications  pour  lesquelles  des  années  auraient  à  peine 

suffi 

Quand  vint  l'année  588,  le  Sultan  se  trouvait  encore  à 
Jérusalem,  dans  la  maison  des  prêtres ,  i\  côté  de  Qo- 
màmeh,  pour  fortifier  la  ville  et  en  relever  les  remparts.  Il 
consacra  ses  efforts  à  protéger  la  Sakhrah  sainte  et  à 
achever  complètement  la  muraille  et  le  fossé.  Le  tout  fut 
exécuté  dans  des  conditions  de  solidité  extrême,  et  les 
musulmans  furent  rassurés 


Trêve  générale.  (page 313) 


Ensuite,  la  paix  fut  conclue  et  une  trêve  arrêtée  entre  le 
Sultan   et    les  Francs,  par  l'intermédiaire  de  plusieurs 


80  JÉUUSALEM    KT    HEBRON. 

des  principaux  personnages  de  la  suite  du  Sultan.  On 
convint  d'une  trêve  générale  sur  terre  et  sur  mer;  la  durée 
en  fut  fixée  à  trois  ans  et  huit  mois,  à  partir  du  mardi 
21  cha'bân  588,  correspondant  au  ier  septembre  (1192). 
Les  Francs  avaient  calculé  que  l'époque  de  l'expiration  du 
traité  coïnciderait  avec  celle  de  leur  arrivée  par  mer.  La 
trêve  fut  donc  établie  et  on  échangea  les  serments  d'usage. 
Toutefois  le  roi  d'Angleterre  ne  jura  pas;  on  se  borna  à 
lui  prendre  la  main  et  à  recevoir  sa  promesse;  il  allégua 
que  les  rois  ne  prêtaient  pas  de  serment;  le  Sultan  se 
contenta  de  cette  excuse.  Ceux  qui  jurèrent  furent  le 
comte  Henry,  son  neveu  et  son  succeseur  dans  le  gouver- 
p.igo  3*4.  nement  du  Sâhel  (littoral),  et  quelques  autres  d'entre  les 
principaux  seigneurs  des  Francs.  Le  fils  de  Honfroy  et 
Bâliân  vinrent  présenter  leurs  hommages  au  Sultan, 
accompagnés  de  plusieurs  chefs  ;  ils  prirent  la  main  du 
Sultan,  en  signe  de  confirmation  de  la  paix,  et  reçurent 
le  serment  d'El  Malek  el  'Adel,  son  frère,  d'El  Malek 
el  Afdal  et  d'El  Malek  ed-Dâher,  ses  fils,  d'El  Malek  el 
Mansour,  seigneur  de  Hamâh,  Mohammad  ebn  Taqy- 
ed-dyn  'Omar,  d'El  Malek  el  Moudjâhed  Chirkouh,  sei- 
gneur de  Horas,  d'El  Malek  el  Amdjad  Behrâm-Châh, 
seigneur  de  Ba'lbek,  de  l'émir  Badr-ed-dyn  Dildérim  el 
Yârouqy,  seigneur  de  Tell-Bàcher,  de  l'émir  Sâbeq- 
ed-dyn  'Otmân  ebn  Ed-Dâyeh,  seigneur  de  Chayzar,  de 
l'émir  Sayf-ed-dyn  'Aly  ebn  Ahmad  el  Machtoub  et  de 
plusieurs  autres  grands  officiers. 

Aux  termes  du  traité,  les  Francs  devaient  conserver  en 
leur  possession  tout  le  territoire  depuis  Jaffa  jusqu'à  Ce- 


JÉRUSALEM    ET    HEBR0N.  8l 

sarée,  Acre  et  Sour;  Ascalon  devait  être  rasée.  Le  Sultan 
exigea  que  le  pays  des  Ismaéliens  fût  compris  dans  la 
trêve;  les  Francs  stipulèrent  la  même  clause  en  faveur 
d'Antioche  et  de  Tripoli.  Leudd  (Lidda)  et  Ramleh  de- 
meuraient en  commun  par  moitié  entre  eux  et  les  mu- 
sulmans. C'est  sur  ces  bases  que  l'accord  fut  établi.  On  fit 
venir  El  'Emàdel  Kâteb  (le  secrétaire)  pour  en  rédiger  les 
articles  qu'il  mit  par  écrit.  Un  héraut  proclama  que  la 
paix  était  faite  et  que  les  deux  pays,  musulman  et  Franc, 
n'en  faisaient  plus  qu'un,  sous  le  rapport  de  la  sûreté  et 
de  la  sécurité;  qu'en  conséquence,  quiconque,  apparte- 
nant à  l'une  ou  à  l'autre  nation ,  voudrait  se  rendre  sur 
le  territoire  de  l'autre,  pourrait  le  faire  sans  crainte  et  en 
toute  liberté.  Ce  fut  un  jour  de  fête  :  les  deux  peuples  s'y 
livrèrent  à  des  transports  d'allégresse  immenses. 

Récit  de  ce  qui  advint  après  la  conclusion  de  la  paix. 

Le  Sultan  retourna  à  Jérusalem  où  il  s'occupa  de  faire 
achever  la  muraille  et  le  fossé,  et  accorda  aux  Francs  les 
plus  grandes  facilités  pour  visiter  la  Qpmâmeh  (l'église 
du  Saint-Sépulcre).  Ils  vinrent  s'acquitter  de  leur  pèle- 
rinage. «  Ce  n'était  que  dans  ce  but,  disaient-ils,  que 
nous  combattions.  »  Le  roi  d'Angleterre  avait  envoyé 
prier  le  Sultan  d'interdire  la  visite  (des  lieux  saints)  aux 
Francs  qui  ne  se  présenteraient  pas  munis  d'une  lettre  de 
lui  :  il  voulait,  par  ce  moyen,  les  obliger  à  retourner  dans 
leur  patrie  avec  le  regret  de  ne  pas  avoir  accompli  le  pè- 

11 


82  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

lerinage,  afin  qu'ils  fussent  animés  d'un  fureur  plus 
grande  pour  combattre,  quand  ils  reviendraient.  Mais  le 
Sultan,  faisant  valoir  pour  excuse  la  conclusion  de  la 
paix  et  de  l'armistice  :  «  Il  vaut  mieux,  répondit-il,  que 
ce  soit  toi  qui  leur  défendes  et  les  empêches  (de  venir)  ; 
car  quand  ils  viennent  pour  visiter  leur  église,  il  ne  nous 
siérait  pas  de  les  repousser.  » 

Sur  ces  entrefaites,  le  roi  d'Angleterre  tomba  malade 

et  s'embarqua;  il  mit  à  la  voile,  en  laissant  le  comman- 

Page  345.   dément  au  comte  Henry;  ce  prince  était  à  la  fois  son 

neveu,  par  sa  mère,  et  le  neveu  du  roi  de  France,   du 

chef  de  son  père. 

Le  Sultan,  qui  avait  conçu  le  projet  de  faire  le  pèlerinage 
de  la  Mekke,  résolut  de  le  mettre  à  exécution;  il  écrivit  à 
ce  sujet  en  Egypte  et  dans  l'Yaman  pour  en  donner  l'avis. 
Mais  son  entourage  insista  tellement  auprès  de  lui  qu'il 
finit  par  y  renoncer.  Il  s'occupa  alors  d'organiser  à  Jéru- 
salem les  bases  d'un  gouvernement  régulier  et  prospère. 
Le  Gouverneur  (Wâly)  de  la  ville  sainte  était,  en  ce  mo- 
ment, Heusâm-ed-dyn  Siâroukh,  d'origine  turque;  homme 
religieux  et  plein  de  vertu,  il  avait  eu  une  excellente 
conduite.  Le  Sultan  remit  le  gouvernement  de  Jérusalem 
à  'Ezz-ed-dyn  Djeurdyk,  émir  distingué  et  renommé  pour 
sa  bravoure,  et  institua  'Alam-ed-dyn  Qaysar  gouverneur 
des  provinces  d'Hébron,  d'Ascalon,  de  Ghazzah,  d'Ed- 
Dàroum  et  de  tout  le  territoire  au-delà  de  ces  places.  Il 
s'enquit  également  auprès  des  Soufis  de  leur  situation  et 
augmenta  les  dotations  de  la  Madraseh  Saladine  et  de  la 
Khânqâh.  Il  transforma  en  hôpital  pour  les  malades  l'é- 


JERUSALEM    ET    HÉBRON.  83 

glise  attenante  à  la  maison  des  Hospitaliers,  près  de  Qp- 
mâmeh  (l'église  du  Saint-Sépulcre),  lui  constitua  en  waqf 
plusieurs  endroits }  et  y  installa  tous  les  médicaments  et 
drogues  nécessaires.  Il  donna  la  charge  de  juge  et  celle 
d'inspecteur  de  ce  waqf  au  qâdy  Bahâ-ed-dyn  Yousef 
cbn  Râfé'  ebn  Tamîm,  célèbre  sous  le  nom  d'Ebn-Chad- 
dàd,  qu'il  savait  très-capable  de  remplir  ces  fonctions.    .    . 


Relation  de  la  mort  du  Sultan. 

La  nuit  du  (vendredi  au)  samedi  16  Safar  (589  =  21  fé- 
vrier 1 193  de  J.-C),  le  Sultan  prit  place  dans  sa  salle  d'au- 
dience, comme  à  l'ordinaire;  autour  de  lui  étaient  rangés 
ses  familiers,  entre  autres  El  fEmâd  el  Kâteb  (le  secré- 
taire). La  conversation  se  prolongea  jusqu'à  ce  que  le 
tiers  de  la  nuit  fut  écoulé.  Il  fit  alors  la  prière  et  chacun 
se  retira.  Lorsqu'il  fut  couché,  une  lassitude  extraordi- 
naire le  gagna,  et,  à  minuit,  il  fut  pris  d'une  fièvre  bi- 
lieuse. Le  samedi  matin,  on  s'assit  dans  Xiwân  pour 
l'attendre.  Un  eunuque  sortit  et  transmit  à  El  Malek  el 
Afdal  l'ordre  d'occuper  à  table  la  place  du  Sultan.  Cette 
circonstance  parut  de  mauvais  augure.  Dans  la  nuit  du  Page  347. 
(samedi  au)  dimanche,  on  entra  chez  le  Sultan  pour  lui 
faire  visite  et  s'informer  de  sa  santé.  La  maladie  com- 
mença bientôt  à  prendre  un  caractère  plus  grave.  Le  sep- 
tième jour,  il  éprouva  un  tremblement  général  suivi  de 
syncope.  L'agitation  fut  extrême  dans  la  ville  :  la  popu- 


84  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

lation  fit  éclater  un  chagrin  si  violent  et  se  répandit  en 
sanglots  tels  que  toute  description  serait  impossible. 
Enfin,  la  douzième  nuit  de  sa  maladie,  le  Sultan  se 
trouva  au  plus  mal ,  et  il  mourut  (que  Dieu  lui  fasse  mi- 
séricorde) ,  dès  le  matin  de  cette  nuit  à  laquelle  succéda 
le  jour  de  mercredi  27  safar  de  l'année  589  (4  mars  1 193), 
après  la  prière  de  l'aurore.  Son  corps  fut  lavé  par  le  faqîh 
(jurisconsulte)  Diâ-ed-dyn  Abou'l  Qàsem  'Abd-el-Malek 
ebn  Yazîd  ed-Daula'y,  le  Châfé'ite,  Khâûb  (prédicateur) 
de  la  mosquée  de  Damas,  et  porté,  après  la  prière  de  midi 
du  mercredi,  dans  un  cercueil  enveloppé  d'une  étoffe.  Tout 
ce  qui  était  nécessaire  à  son  ensevelissement  fut  apporté 
par  le  qâdy  El-Fâdel  et  provenait  d'un  argent  qu'il  savait 
légitimement  acquis.  On  célébra  la  prière  funèbre;  tout 
le  monde  était  en  proie  à  l'affliction,  et  le  chagrin  de  se 
séparer  de  lui  était  extrême.  Il  fut  inhumé  dans  la  cita- 
delle de  Damas ,  dans  la  maison  qu'il  occupait  durant  sa 
maladie;  on  le  descendit  dans  son  tombeau  au  moment 
de  la  prière  de  l'^Asr. 

El  Malek  el  Afdal  envoya  des  lettres,  pour  annoncer  la 
mort  de  son  père,  à  son  frère  El  'Azîz  'Otmân,  à  Mesr,  à 
son  frère  Ed-Dâher  Ghâzy^  à  Alep,  et  à  son  oncle  El  'Adel, 
à  El-Karak.  El  Malek  el  Afdal  lui  construisit  dans  la 
suite  une  Teurbeh  (monument  funéraire)  près  de  la 
mosquée  Omayyade,  sur  l'emplacement  d'une  maison 
qui  appartenait  à  un  homme  pieux.  Le  Sultan  y  fut 
transporté  le  jour  'Achourâ  de  l'année  592;  El  Afdal 
marcha  devant  son  cercueil.  On  le  sortit  par  la  porie  de 
la  Citadelle,  qui  est  au  dessus  de  Y  Hôtel  de  la  tradition; 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  85 

arrivé  a  la  Porte  de  la  Poste  (Bab  el  bêrtd) ,  on  l'intro- 
duisit dans  la  mosquée  et  on  le  posa  devant  (la  coupole 
de)  V Aigle.  Les  prières  furent  célébrées  par  le  qâdy  Zaky- 

ed-dyn;  après  quoi  il  fut  inhumé 

Il  laissa,  en  mourant,  dix-sept  fils,  et  une  fille  encore  (Page  3*8 
en  bas-àge.  On  ne  trouva  dans  son  trésor  qu'un  seul  dinar 
et  trente-six  derhems  Ndsérîs 


Evénements  qui  suivirent  la  mort  de  Saladin. 


Dans  cet  intervalle  (593-594) ,  Sonqor  l'aîné  (seigneur   ^page  35a.) 
de  Jérusalem)  étant  mort,  El  Malek  El  'Adel  donna  le 
gouvernement  de  la  ville  sainte  à  Sârem-ed-dyn  Qptlou, 
mamlouk  d''Ezz-ed-dyn  Ferrokh-Châh,  fils  de  Châhan- 
châhj  fils  d'Ayyoub 


Destruction  des  murailles  de  Jérusalem.  (p^csôs) 

Quand  El  Malek  el  'Adel  fut  mort,  les  Francs  retour- 
nèrent dans  la  direction  du  Caire  et  s'emparèrent  de  Da- 
miette  qu'ils  prirent  d'assaut  le  10  ramadan  de  l'année 
616  (19  novembre  12 19);  ils  réduisirent  en  captivité  tous 
ceux  qui  s'y  trouvaient  et  convertirent  la  mosquée  en 
église.  Ils  convoitèrent  dès  lors  plus  vivement  la  posses- 


86  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

sion  de  l'Egypte  entière.  Voyant  ce  qui  se  passait,  El  Malek 
el  Mo'addam  fYsa  craignit  qu'ils  ne  se  portassent  contre 
Jérusalem  qu'il  était  hors  d'état  de  défendre,  et  expédia  des 
carriers  et  des  mineurs,  qui  commencèrent  à  la  détruire 
en  l'année  616.  Ses  remparts,  qui  avaient  été  extrême- 
ment fortifiés,  furent  démolis.  Beaucoup  de  monde  aban- 
donna la  ville,  et  les  habitants  s'enfuirent  dans  la  crainte 
que  les  Francs  ne  fondissent  sur  eux  de  nuit  ou  de  jour; 
ils  abandonnèrent  leurs  biens  et  ceux  de  leurs  effets  trop 
lourds  à  transporter ,  et  se  dispersèrent  en  tous  sens 
dans  le  pays.  C'est  au  point  que  le  qantâr  (quintal) 
d'huile  se  vendit,  dit-on,  à  raison  de  dix  derhems,  et  le 
ratl  de  cuivre,  un  demi-derhem.  Toute  la  population, 
poussant  des  cris  de  terreur,  courait  implorer  Dieu  auprès 
de  la  Sakhrah  et  dans  l'Aqsa. 

El  Malek  el  Mo'addam  était  un  savant  éminent;  il  était 
très-attaché  à  la  secte  Hanafite,  qu'il  professait  contrai- 
rement aux  autres  membres  de  sa  famille  qui  étaient  tous 
Châfé'îtes.  C'est  lui  qui  fit  construire  à  Jérusalem  une 
Madraseh  (collège)  pour  les  Hanafîtes,  auprès  de  la  porte 
du  Masdjed-el-Aqsa  connue  aujourd'hui  sous  le  nom  de 
Porte  delà  Dévîdâriyeh  (i);  il  bâtit  aussi,  à  l'extrémité  de 
la  plate-forme  de  la  Sakhrah,  du  côté  du  sud,  un  endroit 
nommé  en-Nahwiyeh  (la  Grammaticale),  pour  l'étude  de 
la  langue  arabe,  et  dota  cet  établissement  d'excellents 
waqfs.  Sous  son  règne,  les  arcades  qui  se  trouvent  au 
haut  de  l'escalier  méridional  de  la  Sakhrah,  auprès  de  la 

(  j  )  On  trouve  plus  généralement  ce  nom  écrit  Dawddâriyeh. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  87 

coupole  d'Et-Toumâr,  furent  reconstruites;  on  fit  égale- 
ment d'autres  travaux  dans  le  Masdjed-el-Aqsa.  La  plupart 
des  portes  en  bois  qui  ferment  les  entrées  du  Masdjed  fu- 
rent confectionnées  de  son  temps  ;  son  nom  s'y  trouve 
gravé.  Il  restaura  encore  le  Masdjed  d'Hébron  et  lui  cons- 
titua en  waqf  les  deux  bourgs  de  Dourâ  et  de  Kafr-Borayk. 

El  Malek  el  Mo'addam  <Ysa  mourut  cette  année  même, 
le  jour  de  vendredi  commencement  de  dou'l  heddjeh  de 
l'an  624  (12  novembre  1227).  Il  fut  enterré  dans  la  cita- 
delle de  Damas,  puis  transporté  à  la  colline  de  la  Sàlé- 
hiyeh  où  il  fut  enterré  dans  sa  Madraseh ,  connue  sous  le 
nom  de  Mo'addamiyeh.  Cette  translation  s'accomplit  la 
nuit  du  (lundi  au)  mardi  1"  moharram  de  l'année  625. 
Il  avait  été  souverain  de  Damas  durant  neuf  ans  et 
quelques  mois. 

A  la  mort  d'El  Malek  el  Mo'addam,  son  fils  El  Malek 
en-Nâser  Salâh-ed-dyn  Dâoud  fut  placé  sur  le  trône.   .    . 


Jérusalem  est  livrée  aux  Francs.  (pag0  35s  ) 

L'année  626  commença  au  milieu  de  la  désunion  et  des 
querelles  des  rois  Ayyoubîtes,  qui  étaient  devenus  des 
ennemis  après  avoir  été  des  frères  et  des  camarades.  Cet 
état  de  choses,  joint  à  la  mort  d'El  Malek  el  Mo'addam 
'  Ysa  et  aux  renforts  que  les  Francs  avaient  reçus  par  mer, 
augmenta  les  forces  de  ceux-ci.  El  Kàmel  avait   formé 


88  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

la  résolution  d'arracher  Damas  à  son  neveu  En-Nâser 
Dâoud  ;  il  chargea  son  frère  El  Malek  el  Achraf  Mousa 
d'aller  faire  le  siège  de  cette  ville,  pendant  que  lui-même 
était  occupé  à  échanger  des  messages  avec  l'empereur  (d'Al- 
lemagne). Comme  les  choses  traînaient  en  longueur  et  qu'il 
ne  trouvait  aucun  moyen  d'arriver  à  la  conclusion  d'une 
trêve,  El  Kàmel  consentit  à  livrer  Jérusalem  à  l'empereur, 
aux  conditions  suivantes  :  les  remparts  demeureraient  en 
ruines  et  ne  seraient  pas  relevés  par  les  Francs;  ils  n'en- 
treprendraient rien  contre  le  Dôme  de  la  Sakhrah  ni 
contre  la  mosquée  El-Aqsa;  dans  la  cité,  l'autorité  ap- 
partiendrait au  gouverneur  musulman;  enfin  ,  les  Francs 
ne  devaient  avoir  seulement  que  les  villages  situés  sur  la 
route  d'Acre  à  Jérusalem.  Tout  étant  ainsi  réglé,  la  con- 
vention fut  jurée  de  part  et  d'autre ,  et  l'empereur  prit 
livraison  de  Jérusalem,  en  rabi'  second  (27  février-28 
mars  1229) ,  sur  les  bases  ci-dessus  spécifiées 

(Page  359.)  El  Kâmelj  après  avoir  conclu  la  trêve  avec  l'empereur 
et  s'être  débarrassé  de  toute  inquiétude  du  côté  des 
Francs,  marcha  sur  Damas  où  il  arriva  en  djoumâda 
premier.  Le  siège  fut  poussé  avec  vigueur.  El  Kâmel  se 
rendit  maître  de  Damas  qu'il  remit  à  son  frère  El  Malek 
el  Achraf  Mousa,  et  donna  à  En-Nâser  Dâoud,  à  la  place 
de  cette  ville,  El-Karak ,  Ech-Chawbak ,  El-Balqâ,  Es- 
Salt,  et  les  Ghaûrs.  Quelque  temps  après,  En-Nâser 
Dâoud  fit  abandon  d'Ech-Chawbak  en  faveur  de  son 
oncle  qui  l'accepta 


JÉRUSALEM    ET   HÉBRON.  89 


Conquête  d'En-Nâser  Dâoud.  (PagC3co) 

Après  avoir  emprisonné  El  Malek  es-Sâleh  Ayyoub  à 
El-Karak,  El  Malek  en-Nâser  Dâoud  se  dirigea  sur  Jéru- 
salem dont  les  Francs  avaient  reconstruit  la  citadelle  à  la 
mort  d'El  Malek  el  Kâmel.  Ayant  assiégé  et  pris  la  ville 
sainte,  il  détruisit  la  Citadelle  et  démolit  la  Tour  de 
David.  La  tour  n'avait  pas  été  renversée  lors  de  la  pre- 
mière destruction  de  Jérusalem;  cette  fois,  il  la  fit  abattre. 

Cet  événement  eut  lieu  en  l'année  637  (3  août  1239- 
2  3  juillet  1240),  après  que  Jérusalem  était  restée  entre 
les  mains  des  Francs  environ  onze  ans ,  depuis  l'époque 
de  sa  livraison  par  El  Kâmeljen  l'année  626 

Livraison  de  Jérusalem  aux  Francs.  (Pagoaci.) 

En  l'année  641  (21  juin  1243-8  juin  1244),  une  cor- 
respondance fut  échangée  entre  El  Malek  es-Sâleh  Ayyoub 
et  El  Malek  es-Sâleh  Ismâ'îl,  seigneur  de  Damas,  relati- 
vement à  la  conclusion  de  la  paix  et  à  la  mise  en  liberté, 
par  ce  dernier,  d'El  Malek  el  Moughît  Fath-ed-dyn  'Omar, 
fils  d'Es-Sâleh  Ayyoub,  et  de  Heusâm-ed-dyn  ebn  fAly  el 
Hadbâny,  tous  deux  détenus  par  Es-Sâleh  Ismâ'îl.  Ce 
prince  relâcha  Heusâm-ed-dyn  et  l'expédia  à  Mesr;  mais 
El  Malek  el  Moughît  demeura  en  prison.  En  même  temps, 
Es-Sâleh  Ismâ'îl  se  ligua  avec  en-Nâser  Dâoud,  seigneur 

12 


90  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

d'El-Karak;  ils  invoquèrent  l'appui  des  Francs  et  leur 
remirent  Tibériade  et  Ascalon  dont  ils  rétablirent  les 
rage  362.  deux  citadelles.  Ils  livrèrent  également  aux  Francs  Jéru- 
salem et  tous  ses  sanctuaires.  Le  qâdy  Djamâl-ed-dyn 
ebn  Wàsel  a  dit  :  «  Je  passai,  à  cette  époque,  par  Jéru- 
salem, me  dirigeant  vers  Mesr.  Je  vis  les  prêtres  qui 
avaient  placé  sur  la  Sakhrah  des  flacons  de  vin  pour  le 
sacrifice  (de  la  messe)  » 


Conquête  de  Jérusalem  par  le  sultan  El  Malek  es-Sâleh 
Nadjm-ed-dyn  Ayyoub,  fils  d'El  Malek  el  Kâmel  Mo- 
hammad,  fils  d'El  Malek  el  'Adel  Abou-Bekr,  fils 
d' Ayyoub,  (que  Dieu  l'enveloppe  de  sa  miséricorde  et  lui 
accorde  une  large  place  dans  son  paradis  !  Ainsi  soit-il.) 

Après  que,  comme  nous  venons  de  le  mentionner,  Jé- 
rusalem eut  été  livrée  aux  Francs,  en  l'année  641,  El 
Malek  es-Sâleh  Nadjm-ed-dyn  Ayyoub  appela  à  son  se- 
cours les  Khârezmiens,  pour  le  protéger  contre  son  oncle 
Es-Sâleh  Ismâ'îl.  Les  Khârezmiens  s'étant  mis  en  marche 
arrivèrent  à  Ghazzah  en  l'année  642 ,  et  furent  rejoints 
par  un  grand  nombre  de  troupes  Egyptiennes  ayant  à 
leur  tête  Reukn-ed-dyn  Baybars,  l'un  des  principaux 
mamlouks  d' Es-Sâleh  Ayyoub.  Es-Sâleh  Ismâ'îl,  de  son 
côté,  envoya  l'armée  de  Damas  sous  le  commandement 
d'El  Malek  el  Mansour  Ibrahim  ebn  Chirkouh,  seigneur 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  QI 

de  Homs.  Ce  prince  partit  à  la  tête  d'un  corps  de  cava- 
lerie; il  entra  dans  Acre^  réclama  l'appui  des  Francs  en 
vertu  de  l'accord  qui  avait  été  passé  avec  eux,  et  leur 
promit  une  portion  de  l'Egypte.  Les  Francs  rassemblè- 
rent leur  cavalerie  et  leur  infanterie,  et  entrèrent  en  cam- 
pagne. En-Nâser  Dàoud  ne  se  présenta  pas.  Les  deux 
partis  en  vinrent  aux  mains  devant  Ghazzah.  L'armée  de 
Damas _,  le  seigneur  de  Homs  et  les  Francs  furent  mis  en 
déroute  et  poursuivis  dans  leur  fuite  par  les  troupes 
Egyptiennes  et  les  Khârezmiens,  qui  leur  tuèrent  beau- 
coup de  monde.  El  Malek  es-Sâleh  Ayyoub,  seigneur 
d'Egypte,  se  rendit  maître  de  Ghazzah,  des  Sâhels  et  de  la 
noble  Jérusalem  ,  grâces  en  soient  rendues  à  Dieu  !  Les 
prisonniers  et  les  tètes  (des  combattants  tués)  furent 
transportés  à  Mesr  où  les  instruments  chargés  d'annoncer 
cette  victoire  retentirent  pendant  plusieurs  jours   .... 

La  conquête  de  Jérusalem  accomplie  en  l'année  642  (Page  363.) 
fut  la  dernière;  depuis  lors,  la  ville  sainte  est  restée  entre 
les  mains  des  musulmans  jusqu'à  notre  époque.  Nous 
implorons  de  la  grâce  de  Dieu  (qu'il  soit  exalté!)  que,  par 
sa  puissance  et  sa  force,  elle  demeure  ainsi  jusqu'au  jour 
de  la  résurrection. 

El  Malek  es-Sàleh  Nadjm-ed-dyn  Ayyoub  mourut  dans 
la  nuit  du  (samedi  au)  dimanche  14  cha'bân  de  l'année 
647  (22  novembre  1249),  après  un  règne  de  neuf  ans 
huit  mois  et  vingt  jours;  il  était  âgé  d'environ  quarante- 
quatre  ans 

En-Nâser  Dâoud  mourut  de  la  peste,  la  nuit  du  (ven-   (Page  365  ) 


92  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

dredi  au)  samedi  20  djoumâda  premier  de  l'année  656  (1) 
(25  mai  1258),  en  dehors  de  Damas,  dans  un  bourg 
appelé  El-Bowaydâ.  Il  était  né  l'an  6o3,  et  était  âgé 
de  cinquante-trois  ans  environ.  Il  mourut  après  avoir 
éprouvé  des  vicissitudes  sans  nombre.  Il  fut  enterré  dans 
la  Teurbeh  (monument  funéraire)  de  son  père  El  Mo'ad- 
dam  'Ysa,  à  la  Sâléhiyeh 

(1)  Mon  Ms.  porte  le  20  djoumâda  premier  qui  tombe  exactement 
un  samedi  ;  l'édition  du  Caire  dit  le  26. 


DEUXIEME  PARTIE 


Description  du  Eïasdjed-el-Aqsa  ;  son  état  actuel.      (Page  365. 

Sachez,  Dieu  vous  assiste,  que  le  noble  Masdjed-el-  Page  366. 
Aqsa,  que  Dieu  l'ennoblisse  et  en  augmente  la  majesté, 
n'a  pas  son  pareil  sous  la  voûte  du  ciel,  et  qu'il  n'en  a 
jamais  été  construit  d'aussi  beau  ni  d'aussi  vaste.  Son 
aspect  merveilleux  était,  dans  les  premiers  temps,  con- 
forme à  la  description  que  nous  en  avons  faite;  en  parlant 
de  la  construction  de  Salomon,  de  même  qu'en  racontant 
l'histoire  du  Commandeur  des  Croyants  'Abd-el-Malek  , 
fils  de  Merwàn. 

Tel  qu'il  existe  aujourd'hui,  c'est  encore  une  merveille, 
tant  à  cause  de  la  beauté  de  sa  construction  que  de  sa  so- 
lidité. Le  Djâmé'  (mosquée)  qui  en  occupe  le  fond,  auprès 
delà  qebleh  (la  partie  méridionale)  où  se  célèbre  la  prière 
du  vendredi,  et  qui  est  communément  appelé  le  Masdjed- 
el-Aqsa ,  se  compose  d'un  grand  bâtiment  surmonté  d'une 
coupole  élevée  et  ornée  de  chatons  de  diverses  couleurs 
(mosaïques)  ;  au  dessous  de  la  coupole  se  trouve  le  Menbar 
(lachr.ire)  et  le  Mehrâb  (i).  Cette  mosquée  s'étend  du  sud 

(  i)  Niche  dans  la  direction  de  la  Mekke,  devant  laquelle  l'imâm  se 
place  pour  réciter  les  prières. 


96  JÉRUSALEM   ET   HEBRON. 

au  nord  et  est  divisée  en  sept  nefs  contiguës,  élevées  sur 
des  colonnes  de  marbre  et  des  piliers.  Le  nombre  des  co- 
lonnes est  de  quarante-cinq,  dont  trente-trois  en  marbre 
et  douze  construites  en  pierres  ;  ce  sont  celles  qui  se  trou- 
vent sous  le  toit  à  double  pente  (djamloûn).  Une  trei- 
zième colonne  bâtie  est  placée  à  la  porte  orientale,  en  face 
du  Mehrâb  de  Zacharie.  Les  piliers,  construits  en  pierres, 
sont  au  nombre  de  quarante.  Le  toit  (saqf)  est  très-élevé 
et  très-haut.  A  partir  de  la  qebleh,  des  deux  côtés  est  et 
ouest,  il  est  en  bois.  Depuis  la  coupole,  dans  la  direction 
du  nord,  trois  nefs  sont  recouvertes  d'une  toiture  en  bois; 
celle  du  milieu,  le  djamloûn  (toit  en  dos  d'âne)  est  la  plus 
élevée;  les  deux  autres  qui  flanquent  le  djamloûn,  à  l'o- 
rient et  à  l'occident,  sont  plus  basses. 

Des  quatre  autres  nefs,  deux  sont  du  côté  de  l'est,  et 
deux  du  côté  de  l'ouest;  elles  sont  voûtées  et  construites 
en  pierres  et  mortier.  La  coupole,  le  «  toit  à  double  pente  » 
et  le  toit  plat  (saqf)  en  bois  sont  recouverts  de  plomb  à 
l'extérieur  (1).  Le  fond  sud  de  la  mosquée  et  une  portion 
du  côté  oriental  sont  revêtus  de  marbre  de  différentes 
couleurs. 

On  prétend  que  le  grand  Mehrâb  qui  se  trouve  au 
fond,  à  côté  et  à  l'orient  de  la  chaire,  est  le  Mehrâb  de 
David.  Selon  d'autres,  le  Mehrâb  de  David  serait  seule- 
ment celui  que  l'on  voit  au  dehors  de  la  mosquée,  et  qui 
est  construit  dans  le  mur  du  sud,  du  côté  oriental,  près 
du  Berceau  de  Jésus,  lequel  est  un  endroit  renommé. 

(1)  Voir  la  note  (1),  à  la  fin  du  volume. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  97 

On  a  lu  précédemment  que  le  Mehrâb  de  David  se  trou- 
vait dans  le  château  situé  hors  de  la  ville  et  connu  sous 
le  nom  de  «la  Citadelle  »  ;  c'est  là,  en  effet,  qu'il  habitait 
et  avait  son  oratoire,  et  on  peut  admettre  que  le  Mehrâb  Page  367. 
où  il  faisait  sa  prière  était  dans  le  château^  dans  la  partie 
de  ce  bâtiment  renfermant  son  oratoire,  tandis  que  l'em- 
placement du  grand  Mehrâb  qui  se  trouve  dans  l'enceinte 
du  Masdjed-el-Aqsa  aurait  été  le  lieu  où  il  célébrait  sa 
prière,  quand  il  entrait  dans  le  temple.  Lorsqu'  'Omar 
ebn  El-Khattâb  vint  à  Jérusalem,  il  en  rechercha  les  ves- 
tiges, et  pria  dans  l'endroit  où  le  roi-prophète  faisait  ses 
dévotions;  c'est  de  laque  ce  lieu  a  pris  le  nom  de  Mehrâb 
d'cOmar,  parce  que  ce  khalife  fut  le  premier  qui  y  fit  sa 
prière,  le  jour  de  la  prise  de  Jérusalem;  mais,  dans  l'origine, 
c'était  le  Mehrâb  de  David.  Ce  qui  corrobore  cette  opinion, 
ce  sont  ces  paroles  d''Omar  déjà  citées,  qu'il  adressa  à 
Ka'b  :  «  Où  établirons-nous  le  lieu  de  notre  prière  dans 
ce  Masdjed?  »  Celui-ci  lui  ayant  répondu  :  «  A  son  ex- 
trémité, dans  la  partie  qui  suit  la  Sakhrah.  —  Non  pas, 
reprit  le  khalife  ^  nous  ferons  du  fond  (sadr)  sa  qebleh.  » 
Puis  il  traça  le  Mehrâb  dans  cet  oratoire. 

Quant  au  petit  Mehrâb  pratiqué  à  côté  du  grand  (i)  ,  à 
l'occident,  dans  l'intérieur  de  la  pièce  grillée  (Maqsourah), 
près  de  la  porte  qui  conduit  à  la  Zâwieh  Khataniyeh , 

c'est,  assure-t-on,  celui  de  Mofàwiah. 

-  • 

Cette  mosquée  mesure  en  longueur,  du  sud  au  nord, 

(i)  Le  texte  imprimé  porte  :  «  à  côté  de  la  chaire.  »  Cette  variante 
ne  change  en  rien  la  position,  la  chaire  étant  en  effet  placée  entre  les 
deux. 

13 


g8  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

depuis  le  grand  Mehrâb  jusqu'au  seuil  du  portail  qui  lui 
fait  face,  cent  coudées  de  constructeur ,  non  compris  la 
concavité  du  Mehrâb,  ni  les  portiques  qui  forment  l'ex- 
térieur des  portes  septentrionales.  Sa  largeur,  à  partir  de 
la  porte  orientale,  par  laquelle  on  sort  pour  se  rendre  au 
Berceau  de  Jésus,  jusqu'à  la  porte  occidentale,  est  de 
soixante-dix-sept  coudées  de  constructeur. 

Dans  l'intérieur  de  cette  mosquée^  au  fond,  du  côté  de 
l'est,  se  trouve  un  madjma'  (lieu  d'assemblée)  dont  la 
voûte  est  construite  en  pierres  et  mortier,  et  qui  renferme 
un  Mehrâb.  On  donne  à  ce  madjma1  le  nom  de  Djdmé' 
(mosquée)  d'Omar-,  cette  appellation  lui  vient  de  ce  que 
cette  construction  faisait  partie  de  celle  élevée  par  ce  kha- 
life, lors  de  la  conquête.  On  dit  aussi  que  le  Mehrâb  qui 
est  dans  l'intérieur  de  ce  madjma1  est  le  sien.  Toutefois , 
d'après  l'opinion  la  plus  générale,  le  Mehrâb  d"Omar 
n'est  autre  que  le  grand  Mehrâb  contigu  à  la  chaire 
et  faisant  face  au  grand  portail  septentrional,  ainsi  que 
nous  venons  de  le  dire.  A  côté  de  ce  madjma',  connu 
sous  le  nom  de  Djâmé'  d'Omar ,  se  trouve ,  au  nord,  un 
iwdn  (salle  ouverte)  voûté,  appelé  Maqâm  '0\ayr  (Station 
d'Esdras)  ;  on  y  voit  une  porte  par  laquelle  on  accède  au 
Djâmé'  d"Omar.  A  côté  de  cet  iwdn s  dans  la  direction 
du  nord,  est  une  salle  du  même  genre,  mais  plus  petite, 
ornée  d'un  Mehrâb  qui  porte  le  nom  de  Mehrdb  de  Za- 
charie;  il  est  auprès  de  la  porte  orientale. 

L'intérieur  de  la  mosquée  qui  nous  occupe  renferme 
encore,  du  côté  de  l'occident,  un  grand  madjma'  (lieu 
d'assemblée)  construit  en  forme  de  voûte  avec  des  pierres 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  99 

de  grande  dimension  et  composé  de  deux  nefs  s'étendant 
d'orient  en  occident  ;  on  l'appelle  le  Djâmé1,  (mosquée)  des 
femmes  :  il  est  formé  de  dix  arcades  portées  par  neuf  pi- 
liers très-forts.  J'ai  appris  que  cette  construction  était  due  Page  368, 
aux  Fâtémîtes. 

Au  fond  de  la  mosquée,  derrière  la  qebleh,  se  trouve 
la  Zâwieh  Khataniyeh  dont  il  sera  fait  mention  ;  elle  est 
située  à  l'intérieur  de  la  Maqsonrah  grillée  attenante  à  la 
chaire.  A  côté  de  la  Zâwieh  Khataniyeh,  à  l'ouest,  est  la 
Maison  de  laprédication  (Dâr  el  Khétâbeh). 

La  chaire  (menbar)  placée  au  fond  de  la  mosquée  est 
en  bois  et  incrustée  d'ivoire  etd'ébène;  c'est  celle  qu'avait 
fait  construire  à  Alep,  dans  le  courant  de  l'année  564 
(Comm.  5  octobre  1 168  de  J.-C),  le  sultan  El  Malek  el 
'Adel  Nour-ed-dyn  le  martyr,  ainsi  que  nous  l'avons 
mentionné;  ce  prince  la  destinait  à  Jérusalem.  Lorsqu'El 
Malek  Salàh-ed-dyn  (Saladin)  fut  devenu ,  par  la  grâce  de 
Dieu,  maître  du  pays,  il  la  fit  apporter  d'Alep;  elle  existe 
encore  de  nos  jours;  une  inscription  gravée  dans  le  bois 
donne  la  date  de  sa  construction.  Dieu  permit  que  la 
pieuse  intention  de  Nour-ed-dyn  le  martyr  reçût  son  ac- 
complissement, même  après  sa  mort. 

En  face  de  la  chaire,  se  dresse  l'estrade  (dekkeh)  des 
Mouadden ,  sur  des  colonnes  en  marbre  d'une  extrême 
beauté. 

La  mosquée  est  percée  de  dix  portes  par  lesquelles  on 
y  accède  de  la  plate-forme  du  Masdjed.  Sept  sont  situées 
au  nord;  chacune  d'elles  correspond  à  l'une  des  sept  nefs 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  A  l'extérieur  de  ces  sept 


100  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

portes  est  un  portique  (réwâq)  formé  par  sept  arcades; 
chaque  porte  fait  face  à  une  des  arcades,  qui  reposent  sur 
quatorze  colonnes  de  marbre  engagées  dans  des  piliers. 
Une  (huitième)  porte  regarde  l'orient;  c'est  celle  qui 
donne  sur  le  Berceau  de  Jésus.  Une  autre  est  placée 
du  côté  occidental.  Enfin ,  la  dixième  forme  l'entrée  de 
l'endroit  appelé  la  Mosquée  des  femmes. 

Le  Puits  de-  la  feuille  (Bîr  el  waraqah). 

Dans  l'intérieur  de  la  mosquée  El-Aqsa,  à  gauche  en 
entrant  par  le  portail,  est  un  puits  qu'on  nomme  Bîr  el 
waraqah  (le  puits  de  la  feuille).  On  a  raconté,  au  sujet  de 
cette  feuille,  une  foule  d'anecdotes,  de  nouvelles  et  de  récits 
différents.  De  ce  nombre  est  la  tradition  rapportée  par  Abou- 
Bekr  ebn  Abî-Mariam  qui  la  tenait  d"Atiyah,  fils  d'Abou- 
Qays,  et  d'après  laquelle  le  Prophète  aurait  dit  :  a  Un 
homme  de  ma  nation  entrera  dans  le  paradis }  marchant 
sur  ses  pieds  et  en  vie.  »  Or  il  arriva ,  durant  le  khalifat 
d''Omar,  qu'une  caravane  étant  entrée  à  Jérusalem  pour  y 
prier,  un  homme  des  Banou-Tamîm  nommé  Chorayk 
ebn  Habâcheh,  qui  s'était  séparé  de  ses  compagnons  pour 
leur  puiser  de  l'eau,  laissa  tomber  son  seau  dans  le  puits. 
Etant  descendu  pour  le  retirer,  il  trouva  dans  le  puits  une 
porte  qui  s'ouvrait  sur  des  jardins.  Il  pénétra  par  cette 
porte  dans  les  jardins,  où  il  se  promena  et  cueillit  d'un 
des  arbres  une  feuille  qu'il  plaça  derrière  son  oreille  ;  puis 
il  rentra  dans  le  puits  et  remonta.  S'étant  rendu  auprès 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  IOI 

du  seigneur  de  Jérusalem ,  il  lui  fit  part  de  ce  qu'il  avait 
vu  en  fait  de  jardins ,  et  de  la  façon  dont  il  y  était  entré. 
Celui-ci  envoya  avec  lui  au  puits;  il  y  descendit  de  nou-  Page  369. 
veau  avec  les  gens  qui  l'accompagnaient;  mais  ils  ne  trou- 
vèrent pas  de  porte  et  ne  purent  s'introduire  dans  les 
jardins.  Le  gouverneur  en  écrivit  alors  à  'Omar  qui  lui 
confirma,  dans  sa  réponse;  l'exactitude  du  hadît  du  Pro- 
phète relatif  à  l'entrée  dans  le  paradis  d'un  homme  de  sa 
nation,  marchant  sur  ses  pieds  et  vivant.  Le  khalife  ter- 
minait sa  lettre  ainsi  :  «  Regardez  bien  la  feuille;  si  elle 
s'est  séchée  ou  altérée,  elle  ne  vient  pas  du  paradis;  car 
rien  de  ce  qui  appartient  au  ciel  n'est  susceptible  de  se 
détériorer.  »  La  tradition  ajoute  que  la  feuille  n'avait  pas 
changé.  Il  existe  encore  à  ce  sujet  d'autres  traditions  qui 
diffèrent  de  la  précédente  ;  mais  toutes  portent  que  le 
puits  dont  il  s'agit  est  celui  qui  se  trouve  dans  le  Masdjed- 
el-Aqsa_,  à  gauche  en  entrant  dans  la  mosquée,  ainsi  que 
je  l'ai  avancé. 

Au  côté  sud-est  de  la  mosquée }  s'ouvre  une  grande 
cave  (qabou)  voûtée  qu'on  appelle  la  Nadjdrah  (la  Me- 
nuiserie) ;  on  y  dépose  les  ustensiles  appartenant  au 
Masdjed.  C'est  peut-être  une  construction  des  Fâtémites. 
On  y  trouve  une  seconde  bouche  du  puits  «  de  la  feuille  ». 


LeMehrâb  de  David. 

A  l'extérieur  de  la  mosquée,  dans  la  partie  orientale  de 
l'esplanade  du    Masdjed,    dans    le    mur   méridional,    et 


102  JERUSALEM    ET    HEBRQN. 

près  du  Berceau  de  Jésus,  est  un  grand  Mehrâb  connu 
parmi  le  peuple  sous  le  nom  de  Mehrâb  de  David.  Il  en 
a  été  parlé  ci-devant.  Il  est  de  tradition  que  toutes  les 
prières  que  l'on  y  fait  sont  exaucées  :  j'y  ai  adressé  une 
prière  à  Dieu  en  lui  demandant  diverses  choses }  et,  dans 
sa  bonté  et  sa  générosité,  il  m'a  exaucé. 


Le  Marché  de  la  Connaissance  (Soûq  el  ma'réfeh) . 

A  l'extrémité  du  Masdjed,  dans  la  partie  qui  fait  suite, 
dans  la  direction  de  l'orient,  au  Mehrâb  de  David,  est 
un  endroit  voûté  renfermant  un  Mehrâb;  cet  endroit  est 
connu  sous  le  nom  de  Marché  de  la  Connaissance.  J'i- 
gnore la  cause  de  cette  appellation.  C'est  là,,  selon  toute 
apparence ,  une  de  ces  inventions  forgées  par  les  gens  de 
service  pour  exciter  la  curiosité  des  visiteurs  qui  se  rendent 
auprès  d'eux.  Un  historien  rapporte  que  la  Porte  du 
Repentir  était  en  cet  endroit,  et  que,  quand  un  des 
enfants  d'Israël  commettait  un  péché,  il  le  trouvait  le 
matin  écrit  sur  la  porte  de  sa  maison;  il  venait  alors  en 
ce  lieu,  s'humiliait  et  demandait  pardon  à  Dieu;  il  ne 
s'en  allait  pas  que  son  pardon  ne  lui  eût  été  accordé.  Le 
signe  de  ce  pardon  consistait  en  ce  que  l'inscription  s'ef- 
façait de  la  porte  de  sa  demeure;  si  elle  ne  s'effaçait  pas  , 
il  ne  pouvait  s'approcher  de  personne,  pas  même  de  son 
plus  proche  parent. 

Ce  lieu  avait  été  anciennement  assigné,  à  titre  d'ora- 
toire spécial,  aux  Hanbalites  par  le  sultan  El  Mo'addam 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  103 

' Ysa,  fils  d'Abou-Bekr,  fils  d'Ayyoub,  seigneur  de  Damas, 
qui  les  autorisa  à  y  faire  la  prière. 


Le  Berceau  de  Jésus  (Mahd  'Ysa). 

Au  dessous  de  cet  endroit  connu  sous  le  nom  de  Marché 
de  la  Connaissance  ,  est  un  Masdjed  souterrain  que  l'on 
appelle  le  Berceau  de  Jésus.  On  dit  que  c'était  le  Mehrâb 
de  Marie.  C'est  l'emplacement  de  son  oratoire.  C'est  un 
lieu  fréquenté  (par  les  pèlerins),  et  on  affirme  que  les  Page  370. 
prières  y  sont  exaucées.  Celui  qui  y  priera  devra  lire  la  su- 
rate de  Marie  (Qor'ân,  XIX)  ;  puis  il  s'agenouillera.  C'est 
ainsi  qu'agit  'Omar  dans  le  Mehrâb  de  David;  en  effet, 
il  lut  dans  sa  prière  la  surate  intitulée  Sâd  (Qor'ân, 
XXXVIII).  On  récite  aussi  en  ce  lieu  la  prière  que  fit 
Jésus  au  moment  où  Dieu  l'éleva  (vers  lui)  du  mont  des 
Oliviers. 

Le  Djâmé'  (mosquée)  des  Maghrébins. 

Au  dehors  de  la  mosquée  (El-Aqsa),  du  côté  de  l'ouest, 
sur  la  plate-forme  du  Masdjed,  est  un  bâtiment  voûté  qui 
porte  le  nom  de  Djâmé'  des  Maghrébins.  C'est  un  lieu  fré- 
quenté et  vénéré,  dans  lequel  les  Mâlékîtes  célèbrent  leurs 
prières.  Il  paraît  que  cet  édifice  a  été  construit  par  notre 
seigneur  'Omar  ebn  El-Khattâb;  car,  suivant  ce  qu'on  rap- 
porte d'après  Chaddâd,  «   'Omar  ,  quand  il  entra  dans  le 


104  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Masdjed-el-Aqsa  j  se  rendit  vers  la  partie  antérieure,  du 
côté  de  l'ouest,  et  prit  les  immondices  dans  son  vêtement. 
Nous  suivîmes  son  exemple,,  et  allâmes  avec  lui  les  jeter 
dans  la  vallée  appelée  Wâdy  Djohannam  (Vallée  de  Gué- 
hennom).  Il  revint  ensuite  et  nous  retournâmes  également, 
avec  la  même  charge ,  jusqu'au  moment  où  nous  fîmes 
notre  prière  dans  un  endroit  pouvant  contenir  quelques 
personnes  pour  prier.  'Omar  nous  récita  la  prière  dans 
ce  lieu.  » 

On  rapporte  encore  d'après  Chaddâd  :  «  Quand  'Omar 
entra  dans  le  Masdjed,  le  jour  de  la  conquête,  il  s'avança 
vers  la  partie  antérieure,  du  côté  de  l'ouest^  et  dit  : 
«  Adoptons  cet  endroit-ci  comme  Masdjed.  »  Or  ce 
Djâmé'  est  situé  précisément  sur  le  devant  du  Masdjed., 
du  côté  occidental;  il  est  donc  possible  qu'il  ait  été  cons- 
truit par  'Omar.  Il  se  peut  également  que  ce  soit 
là  ce  qui  reste  de  la  construction  citée  précédemment 
comme  ayant  été  élevée  par  les  Omayyades,  au  fond  du 
Masdjed,  de  l'est  à  l'ouest.  Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 


La  noble  Roche  (Sakhrah). 

Quant  à  la  noble  Sakhrah ,  elle  se  trouve  au  milieu  du 
Masdjed,  sur  la  grande  plate-forme  qui  s'élève  au  dessus 
du  sol  du  Masdjed.  Elle  est  recouverte  d'un  très-beau  et 
très-solide  édifice,  à  savoir  une  coupole  haute  de  cinquante- 
une  coudées,  en  prenant  pour  mesure  la  coudée  de  cons- 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  105 

tructeur,  dont  on  se  sert  pour  mesurer  les  bâtisses.  Cette 
élévation  est  calculée  à  partir  de  la  plate-forme  (salin), 
qui  est  elle-même  de  sept  coudées  au  dessus  du  sol  du 
Masdjed,  du  côté  du  sud,  auprès  de  la  Coupole  de  la 
Nahwiyeh;  ce  qui  donne  pour  hauteur  entière  de  la  cou- 
pole, au  dessus  du  sol  du  Masdjed,  cinquante-huit  coudées. 
Elle  est  supportée  par  des  colonnes  en  marbre  et  des 
piliers  en  maçonnerie  excessivement  forts  et  solides.  Le 
nombre  des  colonnes  de  marbre  est  de  douze  et  celui  des 
piliers  de  quatre.  La  noble  Roche  occupe  le  dessous  de 
cette  coupole;  elle  est  entourée  d'une  balustrade  en  bois; 
les  colonne*  et  les  piliers  qui  portent  la  coupole  sont  en- 
fermés dans  une  grille  en  fer. 

Tout   autour  et   en    dehors   de   la  coupole ,  règne  un 
toit  plat  (saqf)  en  bois  verni  et  doré  qui  repose  sur  des    Page37i. 
colonnes  de  marbre  et  des  piliers;  on  compte  seize  co- 
lonnes et  huit  piliers. 

Les  murs  de  la  coupole,  ainsi  que  le  sol,  sont  recou- 
verts de  marbre,  tant  à  l'intérieur  qu'extérieurement,  et 
ornés,  dans  la  hauteur,  de  mosaïques  de  diverses  cou- 
leurs, en  dedans  et  en  dehors.  L'édifice  qui  entoure  la 
coupole  est  de  forme  octogonale.  Sa  circonférence  mesure, 
à  l'intérieur,  deux  cent  vingt-quatre  coudées,  et,  à  l'exté- 
rieur, deux  cent  quarante,  à  la  coudée  de  constructeur. 
S'il  y  a  une  différence  en  plus  ou  en  moins,  elle  est  très- 
légère.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 


14 


I  06  JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  . 


Le  noble  Pied. 


L'empreinte  du  «  noble  Pied  »  (i)  se  trouve  sur  une 
pierre  séparée  de  la  Roche  et  à  son  opposite,  à  l'extrémité 
de  l'angle  sud-ouest;  cette  pierre  est  supportée  par  des 
colonnes  de  marbre. 


La  Grotte. 

Sous  la  Roche  est  une  grotte,  dans  la  direction  du  sud; 
on  pénètre  dans  l'intérieur  de  cette  grotte  à  l'aide  d'un 
escalier  en  pierres  par  lequel  on  descend.  A  la  moitié  de  la 
descente,  on  trouve  une  petite  banquette  attenant  à  l'es- 
calier du  côté  de  l'orient;  les  pèlerins  s'y  arrêtent  pour  faire 
leur  pieuse  visite  à  la  «  langue  »  de  la  Roche.  On  voit  là 
une  colonne  de  marbre  dont  la  base  repose  sur  l'extrémité 
méridionale  de  la  banquette,  en  s'appuyant  contre  le  mur 
sud  de  la  grotte ,  tandis  que  le  sommet  s'appuie  contre  le 
bord  de  la  Roche  _,  comme  pour  l'empêcher  de  pencher 
vers  le  côté  du  sud  ou  pour  tout  autre  motif.  Cette  grotte 
est  un  des  lieux  fréquentés  (par  les  pèlerins);  elle  inspire 
le  respect  et  la  vénération. 

(i)  L'auteur  désigne  ainsi  le  pied  de  Mahomet.  La  cage  en  fer  avec 
incrustation  d'argent  a  été  placée  par  l'ordre  du  sultan  Ahmed  en 
l'année  1018  de  l'hégire. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  107 

Voici  ce  que  dit  l'auteur  du  Moutir  el  gharâm  :  «  J'ai 
vu  dans  le  livre  intitulé  El  Qabsfî  Charh  Mowatta  el 
Imam  Mâlek  ebn  Anas  et  composé  par  l'imâm  Abou- 
Bekr  ebn  el  'Araby,  que  l'auteur,  au  sujet  des  paroles  du 
Qpr'ân  (Sur.  XXIII,  v.  18)  :  «  Nous  faisons  descendre 
du  ciel  l'eau  en  certaine  quantité  »,  rapporte  quatre 
opinions;  la  quatrième  est  ainsi  conçue  :  «  Toutes  les 
eaux  de  la  terre  sortent  de  dessous  la  Roche  de  Jérusalem, 
laquelle  est  une  des  merveilles  de  Dieu  sur  sa  terre;  car 
c'est  une  vaste  roche,  au  centre  du  Masdjed-el-Aqsa ,  qui 
n'est  rattachée  par  aucun  côté,  et  que  retient  seul  Celui 
qui  empêche  le  ciel  de  tomber  sur  la  terre  sans  sa  permis- 
sion. A   sa  partie  supérieure,  du  côté  du  sud,  on  voit 
l'empreinte    que   laissa  le  pied  du    Prophète,   quand  il 
monta  El-Boràq;  elle  s'inclina  de  ce  côté  mue  par  une 
respectueuse  crainte  de  Mohammad.   De  l'autre  côté,  on 
aperçoit  la  trace  des  doigts  des  anges  qui  la  soutinrent  au 
moment  où  elle  fléchit  sous  lui.  Au  dessous  se  trouve  la 
grotte,   dont  elle  est  séparée  en  tous  sens.  Cette  grotte  a 
une  porte  qu'on  ouvre  aux  personnes  désireuses  d'y  faire 
leurs  prières  ou  de  s'y  livrer  à  la  retraite.  La  terreur  qu'elle 
m'inspirait  m'empêcha  pendant  quelque  temps  d'y  entrer; 
car  je  craignais  qu'elle  ne  tombât  sur  moi  à  cause  de  mes 
péchés.  Mais  quand  j'eus  vu  des  gens  injustes  et  adonnés   pag0  372. 
ouvertement  à  toutes  les  iniquités  y  entrer  et  en  sortir 
sains  et  saufs ,  je  formai  le  dessein  d'y  pénétrer  à  mon  tour. 
—  «  Cependant,  me  disais-je^  peut-être  ont-ils  obtenu  un 
délai  (pour  expier  leurs  fautes),  tandis  que  moi  j'en  rece- 
vrai le  châtiment  immédiat.   »  —  Cette  pensée  me  fit  hé- 


108  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

si  ter  encore  quelque  temps.  Enfin,  ayant  pris  une  ferme 
résolution ,  je  pénétrai  dans  l'intérieur.  Je  m'y  vis  entouré 
de  tous  côtés  de  prodiges  extraordinaires.  On  aperçoit,  en 
effet,  la  Roche  entièrement  séparée  de  la  terre  à  laquelle 
rien  ne  la  relie.  Dans  certains  endroits,  elle  l'est  plus  en- 
core que  dans  d'autres.  »  —  «  Ainsi  s'exprime  le  commen- 
tateur, dit  en  terminant  l'auteur  du  Moutîr  el gharâm; 
tout  cela  est  étonnant!  » 

Je  reprends.  Il  est  de  notoriété  publique  que  la  Roche 
est  suspendue  entre  le  ciel  et  la  terre.  On  raconte  qu'elle 
demeura  dans  cette  position  jusqu'au  jour  où  une  femme 
enceinte,  étant  descendue  au  dessous,  fut  saisie  d'une  telle 
frayeur,  lorsqu'elle  se  trouva  au  milieu  de  cet  espace  vide, 
qu'elle  y  fit  une  fausse  couche.  On  bâtit  alors  tout  autour 
cette  construction  circulaire  destinée  à  cacher  aux  yeux 
des  hommes  ce  que  cette  suspension  a  d'effrayant.  On  a  vu 
précédemment,  dans  la  biographie  d'Ebn  el  fAraby,  que 
ce  jurisconsulte  vint  en  Orient  en  l'année  485  (Comm. 
4  novembre  1091  de  J.-C).  Selon  toute  apparence,  son 
arrivée  à  Jérusalem  eut  lieu  à  la  même  époque  ;  en  consé- 
quence, la  construction  circulaire  pratiquée  autour  de  la 
Roche  serait  postérieure  à  cette  date.  Dieu  connaît  mieux 
la  vérité. 

La  coupole  élevée  au  dessus  de  la  Roche  et  la  rotonde 
qui  l'entoure  ont  deux  toits,  dont  l'un  en  bois;  c'est 
celui  qui  est  verni  et  doré;  l'autre,  placé  au  dessus  du 
premier,  est  recouvert  de  plomb.  Entre  les  deux  toits 
est  un  grand  espace  vide. 

Le  Dôme  de  la  Roche  (Es-Sakhrah)  a  quatre  portes 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  IOg 

qui  regardent  les  quatre  points  (cardinaux).  La  porte  mé- 
ridionale est  celle  qui  fait  face  à  la  mosquée  située  au 
fond  du  Masdjed  et  vulgairement  appelée  l'Aqsa.  Adroite, 
en  entrant  par  cette  porte,  on  trouve  le  Mehrâb,  vis-à-vis 
duquel  est  l'estrade  (dekkeh)  des  Mouaddens,  reposant 
sur  des  colonnes  de  marbre  très-belles.  La  porte  orientale 
donne  sur  l'escalier  d'El-Borâq,  en  face  de  la  Coupole  de 
la  Chaîne,  et  est  nommée  Bâb Esrâfil.  La  porte  septen- 
trionale est  celle  connue  sous  le  nom  de  Porte  du  Pa- 
radis (i).  C'est  près  d'elle  que  se  trouve  la  «  dalle  noire  », 
dont  il  a  déjà  été  question.  Enfin,  la  porte  occidentale 
est  celle  qui  fait  face  à  la  Porte  des  Marchands  de  coton 
(Bâb  el  qat tanin). 


La  Coupole  de  la  Chaîne. 

C'est  une  coupole  excessivement  gracieuse,  portée  sui- 
des colonnes  de  marbre.  Il  en  a  été  fait  mention  ci-devant, 
à  propos  de  la  construction  d"Abd-el-Malek  ebn  Merwàn  : 
on  a  vu  qu'elle  avait  la  même  forme  que  la  Coupole  de  la 
Sakhrahj  à  l'orient  de  laquelle  elle  est  placée,  entre  la 
porte  orientale  de  ce  monument  et  l'escalier  d'El-Borâq. 
Le  nombre  de  ses  colonnes  de  marbre  est  de  dix-sept,  sans 
compter  les  deux  du  Mehrâb.  La  tradition  rapporte  que  le 
Prophète,  la  nuit  de  son  voyage  nocturne,  vit  les  houris 
à  l'endroit  de  la  Coupole  de  la  Chaîne. 

(  i  )  Bâb  el  Djemieh. 


110  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Page  :»73.  La  plate-forme  qui  entoure  le  Dôme  de  la  Sakhrah  a  la 
forme  d'un  carré;  toutefois,  "sa  longueur  du  sud  au  nord 
est  supérieure  à  sa  largeur  de  l'est  à  l'ouest,  ainsi  que 
nous  le  mentionnerons  ci-après,  en  donnant  ses  dimen- 
sions, s'il  plaît  à  Dieu. 

L'extérieur  de  chacune  des  quatre  portes  du  Dôme  de 
la  Sakhrah  est  orné  d'un  toit  soutenu  par  des  pieds- 
droits  (i)  et  des  colonnes  de  marbre. 

Le  parvis  est  recouvert  de  dalles  blanches  :  on  y  accède 
par  plusieurs  endroits  de  la  plate-forme  du  Masdjed.  A 
chacun  de  ces  points  est  un  escalier  en  pierres,  se  termi- 
nant, à  son  sommet,  par  des  arcades  élevées  sur  des  co- 
lonnes. Deux  de  ces  escaliers  sont  situés  au  sud;  l'un  des 
deux  fait  face  à  la  porte  de  la  mosquée  vulgairement  ap- 
pelée l'Aqsa.  Au  haut  de  cet  escalier  est  une  chaire  en 
marbre  attenant  à  un  Mehràb;  la  prière  se  fait  en  cet  en- 
droit le  jour  de  «  la  fête  »  ( ' Qpurbân-Bayram) ,  et  pour 
demander  la  pluie.  J'ai  été  informé  que  cette  chaire  avait 
été  construite  par  les  soins  du  qâdy  suprême  Beurhân- 
ed-dyn  ebn  Djamâ'ah  dont  il  sera  parlé  dans  la  suite,  et 
qu'auparavant  elle  était  en  bois  et  traînée  sur  des  roues. 
Le  second  de  ces  escaliers  vient  à  la  suite  du  précédent, 
dans  la  direction  de  la  Coupole  du  Rouleau,  laquelle  s'é- 
lève sur  le  bord  de  la  plate-forme  de  la  Sakhrah  ,  du  côté 
des  oliviers.  Cet  escalier  est  parallèle  à  la  muraille  méri- 
dionale du  Masdjed-el-Aqsa.  Il-  y  a  encore,  du  côté  de 
l'est,  un  escalier  appelé  Escalier  d'El-Boràq;  il  conduit 

(0  'Addïd. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  I I I 

aux  oliviers  plantés  à  l'orient  du  Masdjed,  auprès  de  la 
Porte  de  la  Miséricorde. 

Au  nord,  se  trouvent  deux  autres  escaliers  :  l'un  fait 
face  à  Bâb  Hetta,  et  l'autre  à  la  Porte  de  la  Dawâdâ- 
riyeh. 

Enfin,  il  y  en  a  trois  du  côté  de  l'ouest:  l'un,  vis-à- 
vis  de  la  Porte  du  Nâder,  un  peu  sur  le  côté;  le  second, 
correspondant  à  la  Porte  des  Marchands  de  coton  et  au 
bassin  aux  ablutions;  et  le  troisième  faisant  face  à  la  Porte 
de  la  Chaîne  (i).  Ce  dernier  a  été  construit  nouvellement, 
à  notre  époque,  ainsi  que  nous  le  mentionnerons  plus 
loin  parmi  les  événements  de  l'année  877  (2),  s'il  plaît  à 
Dieu.  A  côté  de  cet  escalier  se  trouve  la  Coupole  connue 
sous  le  nom  de  «  la  Nahwiyeh  »;  elle  fut  édifiée  par  El 
Malek  el  Mo'addam  'Ysa. 


La  Coupole  de  l'Ascension  (Qobbet  el  Mé'râdj). 

A  la  droite  de  la  Sakhrah,  sur  la  plate-forme _,  du  côté 
de  l'ouest,  est  la  Coupole  de  l'Ascension,  fort  connue  et 
l'objet  de  pieuses  visites.  Cet  édifice,  tel  qu'il  existe  au- 
jourd'hui, a  été  bâti  par  l'émir  YEsfahsalar  'Ezz-ed-dyn, 
le  Sa'îd-es-So'adâ  Abou-'Amr  'Otmàn,  fils  d"Aly,  fils 
d"Abd-Allah  ez-Zandjyly,  Moutawally  (gouverneur)  de 
Jérusalem,  en   l'année  597  (Comm.   12  octobre  1200  de 

(  1  )  Bâb  -es -Se  Iséleh . 

(2)  Voir  la  note  (2),  à  la  fin  du  volume. 


112  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

J.-C).  Il  y  avait  là,  antérieurement,  une  ancienne  cou- 
Page  374.    pôle;  elle  tomba  en  ruines  et  fut  remplacée,  à  la  date  ci- 
dessus,  par  cette  nouvelle  construction. 

Le  Maqâm  (Station)  du  Prophète  (Maqâm  en-naby). 

On  dit  qu'il  y  avait  à  côté  de  la  Coupole  de  l'Ascen- 
sion, sur  la  plate-forme  de  la  Sakhrah,  une  gracieuse  pe- 
tite coupole  qui  fut  rasée  lorsqu'on  dalla  la  plate-forme  du 
Masdjed.  On  éleva  à  sa  place  un  joli  Mehrâb  dont  le  sol 
fut  recouvert  en  marbre  rouge  sur  tout  son  pourtour,  à  la 
façon  du  dallage  de  la  Sakhrah.  Il  existe  encore  de  nos 
jours.  On  dit  aussi  que  l'emplacement  de  ce  Mehrâb  est 
celui  où  Mohammad  fit  la  prière  avec  les  prophètes  et  les 
anges,  la  nuit  du  voyage  nocturne.  Il  s'avança  ensuite 
devant  cet  endroit  et  trouva  deux  échelles,  l'une  en  or  et 
l'autre  en  argent,  placées  à  son  intention;  c'est  là  le  lieu  de 
l'Ascension.  Il  n'y  a  pas  deux  personnes  qui  soient  en  dés- 
accord sur  la  question  de  savoir  si  c'est  de  là  qu'il  monta 
au  ciel,  à  la  droite  de  la  Sakhrah.  Quiconque  voudra  faire 
un  acte  méritoire  en  priant  auprès  de  la  Coupole  de  l'As- 
cension et  du  Maqâm  du  Prophète,  récitera  la  prière 
suivante  : 

«  O  mon  Dieu,  répartis-nous  (des  trésors)  de  ta  crainte 
a  de  quoi  te  faire  faire  une  différence  entre  nous  et  tes 
«  ennemis;  de  la  soumission  envers  toi,  de  quoi  nous 
«  faire  parvenir  à  ton  paradis ,  et  de  la  vraie  foi ,  de  quoi 
«  nous  aider  à  supporter  les  calamités  de  ce  monde  et  de 


JERUSALEM    ET    HEBR0N.  I  I  3 

l'autre.  O  mon  Dieu,  tais-nous  jouir  de  notre  ouïe,  de 
notre  vue  et  de  notre  force  à  jamais,  tant  que  tu  nous 
conserveras  la  vie,  et  accorde  la  même  grâce  à  nos  hé- 
ritiers. Venge-nous  de  ceux  qui  nous  ont  opprimés  et 
donne-nous  la  victoire  sur  nos  ennemis.  Ne  permets  pas 
que  notre  religion  soit  pour  nous  une  cause  d'infortune, 
ni  que  ce  monde  soit  le  plus  grand  de  nos  soucis  ni  le 
comble  de  notre  science,  et  ne  nous  laisse  point  tomber, 
par  nos  péchés,  au  pouvoir  de  qui  n'aurait  pas  pitié  de 
nous.  » 

Le  Maqâm  (Station)  du  Khedr. 


El  Moucharraf  rapporte  qu'il  y  a  sous  le  Maqâm  oc- 
cidental, après  avoir  dépassé  la  Coupole  du  Prophète, 
une  roche  appelée  Bakh  Bakh;  que  c'est  l'endroit  du 
Khedr ,,  et  qu'on  l'entendit  pendant  qu'il  s'acquittait  là  de 
la  prière  et  implorait  Dieu.  Cet  endroit  a  été  abandonné 
de  notre  temps,  et  on  en  a  fait  un  magasin  pour  le  Masdjed; 
il  se  trouve  au  dessous  de  la  plate-forme  de  la  Sakhrah, 
vis-à-vis  de  la  Porte  de  Fer  (Bâb  el  hadïd),  tout  contre 
l'escalier  qui  conduit  sur  la  plate-forme  de  la  Sakhrah. 
C'est  un  endroit  fréquenté  (par  les  pèlerins)  ;  par  dessus 
est  un  Mehrâb  en  marbre  construit  sur  la  plate-forme  de 
la  Sakhrah ,  et  connu  sous  le  nom  de  Grotte  des  Es- 
prits (i).  Les  gens  y  font  une  pieuse  visite. 

A  l'extrémité  nord-ouest  du  Masdjed  sont  des  rochers  en 

(i)  Meghâret  el  aronâh. 

15 


I  14  JERUSALEM    ET    HEBR0N. 

grande  quantité  et  très-apparents.  On  dit  qu'ils  remontent 
au  temps  de  David;  ce  qui  est  évident,  attendu  qu'ils 
sortent  du  sol  et  ne  montrent  la  trace  d'aucun  change- 
ment. 

La  Coupole  de  Solaymân  (Salomon). 

De  ce  même  côté,  près  de  la  porte  de  la  Dawâdâriyeh, 
est  une  coupole  solidement  construite  et  renfermant  un 
rocher  à  fleur  du  sol.  Elle  est  connue  sous  le  nom  de 
Page  375.  Coupole  de  Salomon.  Le  rocher  sortant  de  terre  qu'elle 
renferme  est,  dit-on,  celui  sur  lequel  Salomon  se  tint 
debout  lorsque,  après  avoir  achevé  la  construction  du 
temple,  il  adressa  à  Dieu  les  prières  que  nous  avons  ci- 
devant  mentionnées,  et  que  Dieu  exauça;  le  bâtiment 
qui  le  recouvre  appartient  à  l'époque  des  Omayyades. 

La  Coupole  de  Mousa  (Moïse). 

Quant  à  la  coupole  qui  est  en  face  de  la  Porte 
de  la  Chaîne  (Bâb  es-selseleh) ,  et  qu'on  appelle  la 
Coupole  de  Mousa,  elle  ne  tire  point  son  nom  du  pro- 
phète Moïse;  aucune  tradition  authentique  n'autorise 
cette  attribution.  C'est  El  Malek  es-Sâleh  Nadjm-ed-dyn 
Ayyoub,  fils  d'El  Malek  el  Kâmel,  qui  en  ordonna  la 
construction,  l'année  même  de  sa  mort,  c'est-à-dire  en  649 
(Comm.  26  mars  i25i).  Anciennement  cette  coupole 
était  connue  sous  le  nom  de  la  Coupole  de  l'Arbre. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  Il5 

A  l'ouest  du  Masdjed  se  trouvent  les  portiques,  d'une 
construction  solide;  ils  s'étendent  du  sud  au  nord.  Le 
premier  est  situé  auprès  de  la  porte  du  Masdjed  dite  «  des 
Maghrébins  »,  et  le  dernier  arrive  jusqu'à  celle  qui  est 
appelée  Bâb  en-Nâder,  et  même  un  peu  au  dessus,  près 
de  la  Porte  des  Ghawànémeh.  Tous  ces  portiques  ont  été 
élevés  pendant  le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad, 
fils  de  Qélâoûn  :  le  portique  qui  s'étend  de  la  Porte  des 
Maghrébins  à  celle  de  la  Chaîne ,  fut  bâti  en  l'année  713 
(Comm.  17  avril  1 3 14);  celui  qui  vient  après  le  minaret  de 
la  Porte  de  la  Chaîne  et  arrive  jusque  près  de  la  Porte  du 
Nâder  fut  construit  en  l'année  737  (Comm.  10  août  1 336); 
enfin,  celui  qui  se  prolonge  depuis  la  Porte  du  Nâder 
jusqu'à  celle  des  Ghawànémeh  fut  édifié  en  l'an  707. 

Il  y  a  sur  la  plate-forme  du  Masdjed,  du  côté  de  l'ouest, 
entre  les  portiques  et  la  plate-forme  de  la  Sakhrah  (1),  un 
certain  nombre  de  Mehrâbs,  sur  des  estrades,  bâtis  pour 
la  prière,  ainsi  qu'une  grande  quantité  d'arbres  tels  que 
micocouliers  (mays)  (2),  figuiers  et  autres. 

Quant  aux  portiques  du  côté  septentrional,  ils  s'éten- 
dent, d'orient  en  occident,  depuis  la  Porte  des  Tribus 
jusqu'à  la  Madraseh  Djâoûliyeh,  qui  est  connue  de  nos 
jours  sous  le  nom  de  Dâr  en-niâbeh  (Hôtel  de  la  Lieute- 
nance).  Pour  ce  qui  regarde  le  portique  qui  occupe  tout 

(1)  On  ne  doit  pas  perdre  de  vue  que  notre  auteur  appelle  la  plate- 
forme supérieure  «  plate-forme  de  la  Sakhrah  »,  et  la  plate  forme 
inférieure  «  plate-forme  du  Masdjed  ». 

(2)  Cf.  Ibn-Al-A\vam,  traduction  Clément-Mullet,  t.  I,  p.  3i  1,  3i5, 
3  17  et  5 10. 


I  I 6  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

l'espace  compris  entre  la  Porte  des  Tribus  et  la  Madraseh 
Ghâdériyeh  (i),  je  n'ai  pu  découvrir  l'époque  de  sa  cons- 
truction; mais  les  apparences  indiquent  qu'il  a  été  bâti  en 
même  temps  que  le  minaret  qui  se  trouve  là  et  dont  l'édi- 
fication eut  lieu  pendant  le  règne  d'El  Malek  el  Achraf 
Cha'bân,  fils  de  Hosayn,  en  l'année  769  (Comm.  28  août 
1367).  Le  portique  situé  sous  la  Ghâdériyeh  fut  construit 
en  même  temps  que  ce  collège,  aussi  bien  que  le  madjma1 
(salle  d'assemblée)  de  la  Madraseh  Karîmiyeh.  Quant  au 
portique  allant  de  Bâb  Hetta  à  la  Porte  de  la  Dawâdâ- 
riyeh,  il  y  a  toute  apparence  qu'il  fut  bâti  par  El  Malek 
el  Aouhad  avec  sa  Teurbeh  (monument  funéraire)  qui 
est  située  à  la  Porte  Hetta;  car  certaines  clauses  de  l'acte 
de  waqf  relatif  à  celle-ci  nécessitent  cette  hypothèse. 

Le  portique  situé  entre  la  Porte  de  la  Dawâdâriyeh  et 
l'extrémité  occidentale  du  Masdjed,  et  supportant  cinq 
Madraseh^  était  en  partie  de  construction  ancienne  :  telle 
était  la  portion  formant  le  bas  des  Madraseh  Amîniyeh  et 
Fàrésiyeh.  Elle  fut  plus  tard  reconstruite ,  sous  le  règne 
d'El  Malek  el  Mo'addam  'Ysa,  en  l'année  610  (Comm. 
23  mai  121 3).  Le  reste,  c'est-à-dire  ce  qui  se  trouve  au 
dessous  des  trois  Madraseh,  la  Mélékiyeh,  l'As'ardiyeh 
et  la  Sobaybiyeh,  est  delà  même  époque  que  ces  collèges, 
chacune  d'elles  ayant  été  bâtie  avec  le  portique  inférieur 
correspondant.  C'est  ce  qu'indique  l'inspection  des  lieux  : 
en  effet,  l'architecture  de  chacun  de  ces  collèges  est  en 

(  1)  Le  texte  imprimé  porte  presque  partout,  par  erreur,  Qâdériyeh 
au  lieu  de  Ghâdériyeh. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  H7 

harmonie  avec  la  galerie  qui  le  supporte.  Nous  mention- 
nerons la  date  (de  la  construction)  de  chacune  de  ces  Ma- 
draseh;  l'on  connaîtra  ainsi  l'époque  à  laquelle  fut  bâti  le 
portique  de  dessous. 

Quant  aux  deux  galeries  inférieures,  au  dessus  des- 
quelles s'élève  Y  Hôtel  de  la  Lieutenance ,  elles  ont  été 
construites  en  même  temps  que  le  minaret  des  Ghawâ- 
némeh;  elles  portent  une  inscription  indiquant  la  date  de 
leur  construction  et  de  l'édification  du  minaret;  les  carac- 
tères en  ont  été  altérés  par  le  temps.  Ces  deux  portiques 
sont  surmontés  de  deux  autres,  d'un  siècle  plus  récents. 
Nous  citerons  l'époque  à  laquelle  vivait  le  fondateur  du 
minaret ,  ce  qui  fera  connaître  approximativement  celle 
de  leur  construction.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Dans  l'enceinte  du  Masdjed,  du  côté  du  levant,  entre 
la  plate-forme  de  la  Sakhrah  et  le  mur  oriental,  se  trou- 
vent des  oliviers  en  grand  nombre  et  très-vieux  qui  re- 
montent au  temps  des  Roûm  (Grecs-Byzantins).  On  voit 
aussi  des  vestiges  de  portiques  en  ruines  auprès  du  Ber- 
ceau de  Jésus;  ce  sont  peut-être  des  restes  de  constructions 
Omayyades.  Dieu  est  plus  savant. 

La  Coupole  du  Rouleau  (Qobbet  et-Toumâr). 

C'esl  une  coupole  située  sur  le  bord  de  la  plate-forme  de 
la  Sakhrah,  à  l'angle  sud-est.  On  m'a  dit  autrefois  que  la 
cause  de  cette  dénomination  était  la  suivante  :  Un  roi  ou 


I I 8  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

un  grand  personnage  étant  venu  à  Jérusalem  se  rendit  sur 
le  mont  des  Oliviers  d'où  il  lança  un  rouleau  (de  papier) 
qui  vint  tomber  à  l'emplacement  occupé  par  cette  cou- 
pole. Aussitôt  il  donna  l'ordre  d'y  construire  la  coupole 
qui  reçut,  pour  ce  motif,  le  nom  de  Coupole  du  Rouleau. 
Les  gens  racontent  à  ce  sujet  une  foule  d'anecdotes  dif- 
férentes, mais  sans  aucun  fondement.  Dieu  sait  mieux  la 
vérité. 

L'Enclos  du  Qâchâny  W  (Hàkoûrat  el  qâchâny). 

C'est  un  lieu  contigu  à  la  Coupole  du  Rouleau,  et  situé 
sur  le  côté  méridional  de  la  plate-forme  de  la  Sakhrah. 
On  y  voit  une  chambre  de  reclus  dans  laquelle  se  tenait 
le  Cheikh  fAbd-el-Malek  el  Mausély  (de  Mossoul);  il  en 
avait  revêtu  les  murs,  jusqu'à  hauteur  de  ceinture ,  de 
carreaux  qâchâny,  qui  donnèrent  leur  nom  à  cet  enclos. 

La  Zâwieh  ('2)  des  Bestâmiens. 

Elle   est   située  au  dessous  de    la  plate-forme  de  la 

(  i  )  On  appelle  ainsi  des  carreaux  et  briques  émaillés  qui  tirent 
leur  nom  de  la  ville  de  Qâchân,  en  Perse,  où  avait  lieu  sans  doute, 
dans  leur  origine,  leur  principale  fabrication. 

(2)  Le  mot  Zâwieh  est  un  terme  de  ge'ome'trie  qui  signifie  «  angle  » 
et  «  coin  ».  C'est'le  nom  donné  par  les  «  Confre'ries  »  musulmanes 
aux  lieux  dans  lesquels  elles  tiennent  leurs  réunions  pour  se  livrer 
à  leurs  pratiques  religieuses  consistant  en  des  chants  ou  litanies 
accompagnés  de  lectures  pieuses  et  quelquefois  de  danses  (Dervichs 


JERUSALEM    ET    HÉBRON.  Iig 

Sakhrah,  du  côté  de  l'est,  auprès  des  oliviers.  C'est  un 
lieu  fréquenté  (par  les  pèlerins).  Les  faqîrs  Bestâmiens 
s'y  réunissaient  pour  chanter  leurs  litanies.  La  porte  en  a 
été  bouchée  de  nos  jours. 

La  Zâwieh  des  Samâdiens. 

Elle  fait  suite,  dans  la  direction  du  nord,  à  la  Zâwieh 
des  Bestâmiens  et  est  attenante  à  l'escalier  d'El-Borâq. 
La  porte  en  a  également  été  bouchée ,  comme  celle  de  la 
Bestâmiyeh. 


Le  Masdjed  renferme  trente-quatre  puits  installés  pour 
recueillir  l'eau  des  pluies;  de  ce  nombre  est  le  puits  de  la 
Feuille  situé  dans  l'intérieur  de  la  mosquée  (El-Aqsa),  et 
dont  il  a  été  fait  mention  précédemment;  sept  autres  oc-  page  377. 
cupent  le  dessous  de  la  plate-forme  de  la  Sakhrah,  et  le 
reste  se  trouve  dans  le  sol  du  Masdjed,  tout  autour  de  la 
plate-forme  de  la  Sakhrah,  des  quatre  côtés.  Il  en  est  qui 
ont  deux  bouches;  d'autres  en  ont  trois;  le  nombre  total 

tourneurs),  ou  de  hurlements  (Dervichs  hurleurs).  Cet  endroit  peut 
se  composer  d'une  seule  chambre,  comme  d'une  maison  entière 
avec  cour,  jardin,  etc.  Le  plus  souvent  les  membres  de  l'ordre  y  ha- 
bitent avec  leur  Cheikh.  On  remarquera  une  certaine  analogie  d'appel- 
lation entre  le  mot  «  Coin  >•  des  Confréries  musulmanes,  et  l'expres- 
sion de  «  Cercle  »  dont  nous  nous  servons  pour  de'signer  chez  nous 
certains  lieux  de  réunion. 


120  JERUSALEM     ET    HEBRON. 

des  bouches  est  de  quarante  et  quelques.  Plusieurs  de  ces 
puits  sont  en  ruines;  quelques-uns  ont  été  bouchés. 

Dimensions  du  Masdjed  en  longueur  et  en  largeur. 

Je  me  suis  appliqué  à  relever  moi-même  les  dimensions 
du  Masdjed  :  il  a  été  mesuré  deux  fois,  sous  mes  propres 
yeux,  au  moyen  de  cordes.  Or  sa  longueur  a  été  du  sud  au 
nord ,  à  partir  du  mur  méridional,  auprès  du  Mehrâb 
connu  sous  le  nom  de  Mehrâb  de  David,  jusqu'au  fond 
du  portique  septentrional,  auprès  de  la  Porte  des  Tribus, 
de  six  cent  soixante  coudées ,  à  la  coudée  de  constructeur 
qui  est  celle  dont  on  se  sert  de  nos  jours  pour  mesurer  les 
bâtisses  ,  non  compris  l'épaisseur  des  deux  murs;  s'il  y  a 
environ  deux  ou  trois  coudées  de  différence  en  plus  ou  en 
moins,  cela  provient  de  ce  que  la  mesure  a  légèrement 
joué  sur  une  aussi  grande  distance.  Sa  largeur  de  l'est  à 
l'ouest,  en  commençant  du  mur  oriental  qui  surplombe 
les  cimetières  de  la  Porte  de  la  Miséricorde  et  s'arrêtant 
au  fond  du  portique  occidental  qui  supporte  la  salle  de 
réunion  (madjma'J  de  la  Madraseh  Tenkéziyeh,  s'est 
trouvée  égale  à  quatre  cent  six  coudées  de  constructeur , 
sans  compter  l'épaisseur  des  deux  murs. 

Observation. 

Nous  avons  déjà  dit,  en  faisant  pour  la  première  fois  la 
description  du  Masdjed,  que,  communément,  on  donnait 


JERUSALEM    ET   HEBRON.  12  1 

le  nom  d'El-Aqsa  à  la  mosquée  construite  au  fond  de 
l'enceinte  sacre'e,  du  côté  du  sud,  et  renfermant  la  chaire 
et  le  grand  Mehrâb.  En  réalité,,  El-Aqsa  est  le  nom  du 
Masdjed  tout  entier,  c'est-à-dire  de  tout  l'espace  ceint  de 
murs  et  dont  nous  venons  de  donner  ici  les  dimensions 
en  longueur  et  en  largeur;  car  cet  édifice  qui  se  trouve  au 
fond  du  Masdjed,  et  d'autres  tels  que  le  Dôme  de  la 
Sakhrah,  les  portiques,  etc.,  sont  de  construction  mo- 
derne, ainsi  que  nous  l'avons  dit. 

Quant  à  la  plate-forme  de  la  Sakhrah ,  elle  a  en  lon- 
gueur, du  sud  au  nord,  à  partir  du  mur  méridional  qui 
se  trouve  entre  les  deux  escaliers  du  sud,  en  faisant  passer 
la  mesure  entre  la  porte  orientale  de  la  Sakhrah  et  la  Cou- 
pole de  la  Chaîne,  jusqu'au  mur  septentrional  qui  donne 
du  côté  de  Bâb  Hetta ,  deux  cent  trente-cinq  coudées, 
sur  une  largeur,  d'orient  en  occident,  depuis  le  mur 
oriental  qui  domine  les  oliviers,  auprès  de  la  Coupole 
du  Rouleau ,  jusqu'au  mur  occidental  qui  fait  face  à  la 
Madraseh  de  Sa  Hautesse  le  Sultan,  de  cent  quatre-vingt- 
neuf  coudées;  le  tout  mesuré  à  la  coudée  de  constructeur. 

Nous  avons  donné  précédemment  les  dimensions  de  la 
mosquée  El-Aqsa ,  ainsi  que  la  hauteur  et  la  circonfé- 
rence de  la  Sakhrah. 

S'il  y  a  dans  le  mesurage  une  différence  en  plus  ou  en   page  378. 
moins,  elle  est  très-légère.  Les  chiffres  cités  ici  sont  dif, 
férents  de  ceux  que  nous  avons  mentionnés  plus  haut,  en 
décrivant  le  Masdjed  tel  qu'il  existait  du  temps  d'fAbd- 
el-Malek,    fils  de  Merwàn;   nous  avons  fait  remarquer 

16 


122  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

dans  le  passage  dont  il  s'agit,,  que  les  mesures  variaient 
entre  elles  et  qu'il  n'y  en  avait  pas  une  qui  concordat  avec 
l'autre.  Il  faut  évidemment  attribuer  cette  différence  à  la 
diversité  des  coudées  avec  lesquelles  il  a  été_,  à  chaque 
époque,  procédé  au  mesurage;  on  peut  supposer  que,  dans 
tel  cas,  on  s'est  servi  de  «  la  Coudée  de  fer  »  }  et,  dans  tel 
autre,  de  «  la  Coudée  de  la  main  ».  Dieu  sait  mieux  la 
vérité. 

Il  y  a  en  outre  dans  le  Masdjed  nombre  d'endroits  tels 
que  magasins,  édifices  et  Mehrâbs,  dont  la  description 
serait  trop  longue;  car  cette  auguste  enceinte  renferme 
tant  de  beautés  qu'on  ne  peut  se  les  représenter  qu'en  les 
voyant  de  ses  propres  yeux,  et  ce  que  j'en  ait  dit  ici  n'en 
donne  qu'une  idée  approximative. 

Une  des  merveilles  les  plus  remarquables  dont  le 
Masdjed  est  doué  consiste  en  ce  que,  dans  quelque  endroit 
qu'on  s'y  asseye,  il  vous  apparaît  comme  le  plus  beau  et 
le  plus  agréable  de  tous.  Aussi  a-t-on  dit  que  Dieu  avait 
jeté  sur  cette  enceinte  un  «  regard  de  beauté  » ,  et  regardé 
le  Masdjed-el-Harâm  (le  sanctuaire  de  la  Mekke)  d'un 
«  œil  de  gloire  ».  C'est  pourquoi  ce  Masdjed  est  remar- 
quable par  son  aspect  riant,  par  sa  vaste  étendue  et  par 
la  beauté  de  son  coup  d'œil,  tandis  que  le  Masdjed-el- 
Harâm  respire  au  plus  haut  degré  la  splendeur,  la  ma- 
jesté et  la  crainte  mêlée  de  respect. 

Le  Sâheb  parfait  Tâdj-ed-dyn  Ahmad,  fils  du  Sâheb 
Amîn-ed-dyn  Abou-Mohammad  'Abd-Allah,  le  Hanafîte, 
dit  dans  son  livre  intitulé  El  'Asdjad  fi  séfat  el  Aqsa 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  123 

wa'l  Masdjad  :  «  Quant  à  ce  que  j'y  ai  vu  de  mes  propres 
yeux  ,  c'est  qu'un  jour  je  m'assis  pour  un  moment  dans 
un  endroit  tapissé  de  rieurs  d'anémones  et  de  camo- 
milles (i);  à  côté  de  moi  se  trouvait  unfaqîr  couvert  de 
haillons ,  qui  tantôt  souriait  et  tantôt  élevait  la  voix  en 
psalmodiant  des  litanies  (2)  :  «  Gloire,  disait-il,  à  Celui 
qui  a  réuni  en  toi,  (ô  Masdjed,)  toutes  les  beautés;  qui  t'a 
orné  de  ces  riches  vêtements,  et  a  déposé  dans  ton  sein 
les  trésors  de  ce  monde  et  de  l'autre  !»  —  «  O  mon  maître, 
lui  dis-je,  pour  ce  qui  est  de  sa  prééminence  et  de  ses  bé- 
nédictions, la  vue  vient  confirmer  ce  que  tu  énonces;  mais 
qu'entends-tu  par  les  trésors  de  ce  monde?  »  —  Il  me  ré- 
pondit :  «  Il  n'y  a  pas  une  de  ces  rieurs  que  tu  vois 
qui  ne  renferme  des  propriétés  utiles  ou  nuisibles,  connues 
des  gens  spéciaux.  —  Peut-être,  continuai-je,  me  mon- 
treras-tu de  ce  que  tu  sais  quelque  chose  qui  augmen- 
tera ma  foi  en  parlant  à  mon  intelligence;  cette  séance 
en  ta  compagnie  deviendra  ainsi  pour  moi  comme  l'au- 
rore d'un  jour  de  bonheur.  »  M'ayant  pris  par  la  main, 
il  fit  quelques  pas  dans  une  des  directions  du  Haram; 
puis,  étendant  le  bras,  il  saisit  une  poignée  de  ces  herbes 
et  me  demanda  si  j'avais  une  bague  ou  un  derhem  (pièce 
d'argent).  «  Oui»,  lui  dis-je,  et  je  lui  remis  un  des  Pase  379- 
derhems  que  j'avais  sur  moi.  Aussitôt  qu'il  l'eut  frotté 
avec  cette  herbe,  il  devint  jaune  comme  un  dinar  (pièce 

(  1)  Cf.  sur  YOqhowdn,  Ibn-Al-Awam,  trad.  Clcment-Mullet  t.  II, 
p.  3o9. 

(2)  Littéralement  :  des  Sobhdn  Allah  et  des  Allah  akbar. 


124  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

d'or).  Ensuite  il  ramassa  une  autre  herbe  et  en  frotta  ma 
pièce  qui  redevint  plus  blanche  et  plus  brillante  qu'aupa- 
ravant. «  Voilà,  ajouta-t-il,  des  secrets  qui  renferment 
des  trésors.  Gloire  donc  à  Celui  qui  peut  tout  ce  qu'il 
veut!  » 

L'ancienne  Aqsa. 

Au  dessous  du  Masdjed,  du  côté  du  sud,  est  un  vaste 
endroit  voûté  où  sont  des  piliers  supportant  le  plafond. 
Il  se  trouve  par  dessous  la  bâtisse  qui  contient  le  Mehrâb 
et  la  chaire.  Ce  lieu  souterrain  s'appelle  l'Ancienne 
Aqsa  (i).  C'est  peut-être  un  reste  de  construction  Salomo- 
nienne;  en  effet,  en  voyant  la  manière  solide  et  puissante 
dont  il  est  bâti ,  on  est  amené  à  cette  hypothèse. 

L'Écurie  de  Salomon. 

A  côté  de  cet  endroit  et  également  sous  le  Masdjed ,  au 
dessous  de  la  portion  de  terrain  plantée  d'oliviers ,  est  un 
immense  souterrain  voûté  appelé  l'Ecurie  de  Salomon. 
Il  s'étend  sous  la  plus  grande  partie  du  Masdjed.  Peut- 
être  est-ce  une  construction  Salomonienne;  c'est  même 
très-probable.  On  accède  à  chacun  de  ces  deux  endroits 
précités,  en  passant  par  dessous  le  mur  méridional  du 
Masdjed. 

(i)  El  Aqsa  el  qadîmeh. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  125 


Les  Minarets. 

J'ai  déjà  dit,  en  faisant  la  description  du  Masdjed  tel 
qu'il  existait  du  temps  d"Abd-el-Malek  ebn  Merwàn  et 
postérieurement  à  ce  khalife,  qu'il  y  avait  quatre  mi- 
narets ,  dont  trois  sur  une  même  ligne,  dans  la  partie 
occidentale  de  l'enceinte  sacrée 3  et  un  sur  la  Porte  des 
Tribus.  De  nos  jours,  il  en  est  encore  de  même;  toutefois 
les  minarets  qu'on  y  voit  ont  été  reconstruits  depuis  lors; 
mais,  suivant  toute  probabilité,  ils  l'ont  été  sur  les  anciens 
fondements. 

Le  premier  minaret  est  situé  sur  le  devant  du  Masdjed, 
à  l'angle  sud-ouest,  au  dessus  de  la  Madraseh  de  Fakhr- 
ed-dyn;  c'est  le  plus  gracieux  de  construction,  car  il  n'a 
pas  de  fondements  et  ne  repose  que  sur  le  toit  du  madjma' 
(salle  de  réunion)  de  la  dite  Madraseh.  C'est  peut-être  le 
fondateur  de  la  Fakhriyeh  qui  l'a  fait  édifier.  Dieu  sait 
mieux  la  vérité. 

Le  deuxième  se  dresse  sur  la  Porte  de  la  Chaîne,  dans 
la  partie  occidentale  du  Masdjed;  il  est  réservé  aux 
Mouaddens  qui  ont  la  plus  belle  voix.  C'est  lui  qui  règle 
le  Masdjed  et  donne  le  signal  aux  autres  minarets.  J'ai 
appris  qu'il  avait  été  édifié  par  Tenkez,  Nâïb  (vice-roi) 
de  Syrie,  à  l'époque  où  cet  émir  construisit  la  Madraseh 
qui  porte  son  nom,  dans  la  rue  de  la  Porte  de  la  Chaîne. 

Le  troisième  se  trouve  à  l'extrémité  du  Masdjed,  à 
l'angle  nord-ouest.   On  l'appelle  Madanet  El  Ghawd- 


I2Ô  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

némeh,  à  cause  de  sa  position  auprès  de  la  porte  de  ce 
nom.  C'est  le  plus  grand  et  le  plus  solide  des  quatre.  Il  fut 
bâti  par  le  qâdy  Charaf-ed-dyn  'Abd-er-Rahman ,  fils  du 
Sâheb  et  vizir  Fakhr-ed-dyn,  el  Khalily  (originaire  d'Hé- 
bron),  inspecteur  (Nâder)  des  Waqfs  des  deux  illustres 
sanctuaires  de  la  Mekke  et  de  Médine,  ainsi  que  des 
Page  380.  deux  sanctuaires  de  Jérusalem  et  d'Hébron.  J'ai  vu  le 
diplôme  par  lequel  le  sultan  El  Malek  el  Mansour  Heu- 
sàm-ed-dyn  Lâdjin  l'investissait  de  cette  charge  :  il  con- 
tenait la  réintégration  de  Charaf-ed-dyn  dans  les  susdites 
fonctions ,  ce  qui  indique  qu'il  les  avait  déjà  occupées 
antérieurement  à  la  date  du  rescrit  que  j'ai  eu  sous  les 
yeux  et  qui  était  du  2  3  djoumâda  second  de  l'année 
697  (1)  (7  avril  1298).  C'est  peut-être  à  cette  époque  qu'il 
construisit  le  minaret.  Quelques  personnes  m'ont  affirmé 
qu'il  avait  été  édifié  sous  le  règne  des  fils  de  Qélàoûn;  ce 
qui  est  possible. 

Le  quatrième  minaret  est  situé  dans  la  partie  septen- 
trionale du  Masdjed,  entre  la  Porte  des  Tribus  et  Bâb- 
Hetta;  c'est  le  plus  élégant  de  forme  et  le  plus  beau 
d'aspect.  11  fut  élevé  par  Es-Sayfy  (Sayf-ed-dyn)  Qotlou- 
Boghâj  Ndder  (inspecteur)  des  deux  Haram-ech-Chérif, 
sous  le  règne  d'El  Malek  el  Achraf  Cha'bân,  fils  de  Ho- 
sayn,  l'année  769  (Comm.  28  août  1367). 

(1)  Le  texte  imprimé  porte  par  erreur  677.  Le  sultan  mamlouk 
Heusâm-ed-dyn  Lâdjin  régna  de  696  à  698. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  127 


Les  Portes  du  Masdjed. 

La  première  est  une  double  porte  percée  dans  le  mur 
oriental.  C'est  d'elle  que  Dieu  a  dit  (Qor'ân,  sur.  LVII, 
v.  i3)  :  a  Entre  eux  s'élèvera  une  muraille  qui  aura 
une  porte  ;    en   dedans   siégera   la   miséricorde  ;  au 
dehors  et  en  face,  le  supplice.  »  En  effet,  la  vallée 
qui    est   derrière   cette  porte  est  celle   de   Djohannam 
(l'enfer).   Ces   deux   portes  sont  à  l'intérieur  du    mur, 
dans  la  partie  qui  fait  suite  au  Masdjed.  L'une  s'appelle  la 
Porte  du  Repentir  (Bâb  et-taubeh)  et  l'autre  la  Porte  de 
la  Miséricorde  (Bâb  er-rahmehj.  Actuellement  on   n'y 
passe  plus.    Au   dessus  de   ces    portes,   en   dedans  du 
Masdjed,  est  un  lieu  voûté,   de  construction  Salomo- 
nienne;  c'est  le  seul  qui  reste,  à  l'intérieur  du  Masdjed, 
dont  la  construction  remonte  à   Salomon.  Ce  lieu   est 
visité  par  les  pèlerins;  il  a  un  aspect  imposant  et  com- 
mande le  respect.  Il  m'a  été  dit  autrefois  par  un  des  an- 
ciens (habitants),   que    celui  qui  avait  fait  boucher  les 
deux  portes  était  le  Commandeur  des  Croyants  'Omar 
ebn  El-Khattâb,  et  qu'elles  ne  se  rouvriront  que  quand 
descendra  le  seigneur  Jésus,  fils  de  Marie,  sur  qui  soit  le 
salut!    A  ce  qu'il  paraît,  elles  furent  fermées  dans    la 
crainte  d'une  attaque  de  la  part  de  l'ennemi  hérétique 
contre  le  Masdjed  et  la  cité;  car  elles  donnent  sur  la  cam- 
pagne, et  il  n'y  aurait  pas  grande  utilité  à  les  laisser 
ouvertes. 


128  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Par  dessus  ce  lieu ,  situé  sur  la  Porte  de  la  Miséricorde, 
était  une  Zâyvieh  appelée  en-Nâsériyeh.  Le  Cheikh  Nasr 
el  Moqaddasy  (i)  (le  Jérusalémitain)  y  fit  pendant  long- 
temps des  lectures  sur  la  science  (delà  religion)  ;  c'est  du 
Cheikh  Nasr  qu'elle  reçut  l'appellation  d'en-Nûsériyeh. 
Plus  tard,  elle  servit  de  demeure  à  l'imâm  Abou-Hâmed  el 
Ghazzâly  et  fut  nommée  el  Ghazzâliyeh.  Ultérieurement, 
elle  fut  reconstruite  par  El  Malek  el  Mo'addam  ('Ysa), 
ainsi  que  nous  le  mentionnerons  ci-après.  Elle  est  tombée 
en  ruines  et  il  n'en  reste  plus  aujourd'hui  que  quelques 
décombres. 

Dans  le  mur  oriental ,  près  des  deux  portes  susmen- 
tionnées, du  côté  du  sud,  il  en  existe  une  petite,  bouchée 
avec  de  la  maçonnerie.  Elle  est  en  face  de  l'escalier  delà 
Sakhrah  connu  sous  le  nom  d'Escalier  d'El-Borâq.  On 
dit  que  cette  porte  est  celle  d'El-Borâq  par  laquelle  entra 
le  Prophète  lors  de  son  voyage  nocturne.  On  l'appelle 
aussi  la  Porte  des  Funérailles  (Bâb  el  djandï^J,  parce 
que  c'était  par  là  que  sortaient  anciennement  les  convois 
funèbres. 

La  Porte  des  Tribus  (Bâb  el  asbât).  —  Elle 
tire   son   nom  des  tribus  des  enfants  d'Israël,  savoir: 

(i)  On  dit  indifféremment  el  Moqaddasy  et  el  Maqdasy  pour 
signifier  «  Je'rusale'mitain  »;  l'adjectif  ethnique  est  dérivé,  dans  le 
premier  cas,  de  El  Bayt  el  Moqaddas  («  la  demeure  purifiée  »),  et, 
dans  le  second,  de  Bayt  el  Maqdas  («  la  demeure  de  la  purification  »), 
qui,  tous  deux,  désignent  Jérusalem,  de  même  que  Bayt  el  Qpds  ou 
Bayt  el  Qpdos  ;  de  ce  dernier  nom  dérive  l'adjectif  ethnique  el  Qodsy 
ou  el  Qpdosy.  Cf.  Moudjîr-ed-dyn,  p    7  et  8. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  129 

Joseph,  Ruben,  Siméon  et  Juda.  Située  à  l'extrémité 
du  Masdjed,  à  l'angle  nord-est,  elle  est  près  des  deux 
Portes  de  la  Miséricorde  et  du  Repentir.  On  dit 
qu'entre  la  Porte  de  la  Miséricorde  et  celle  des  Tribus 
se  trouve  la  résidence  (Maskan)  du  Khedr  et  d'Elie; 
ce  dernier  fut  un  des  prophètes  des  enfants  d'Israël. 
[Dieu  enleva  Elie  d'au  milieu  d'eux;  il  lui  ôta  le  désir 
de  manger  et  de  boire  et  le  revêtit  de  plumes,  de 
sorte  qu'il  tint  à  la  fois  de  la  nature  des  hommes  et  de 
celle  des  anges,  et  devint  un  être  céleste  aussi  bien  que 
terrestre.  On  a  prétendu  qu'il  était  préposé  à  la  garde  des 
constructions  (i),  de  même  que  le  Khedr  est  préposé  à  la 
garde  des  mers].  Quelques  savants  ont  avancé  que  le 
Khedr  est  un  prophète  ;  d'autres  ont  émis  l'opinion  que 
c'est  un  Waly  (un  saint).  Beaucoup  d'entre  eux  ont  sou- 
tenu qu'il  est  en  vie  et  qu'il  fait  à  tour  de  rôle  la  prière 
du  vendredi  dans  cinq  Masdjeds  qui  sont  :  le  Masdjed-el- 
Haràm  (de  la  Mekke),,  celui  du  Prophète  (à  Médine),  celui 
de  Jérusalem 3  celui  de  Qobâ  et  celui  du  Tôr  (le  mont 
Sinaï);  qu'il  fait  chaque  vendredi  deux  repas,  de  truffes  (2} 
et  de  céleri  (3);  qu'il  boit  une  fois  de  l'eau  du  puits  de 
Zemzem,  et  une  fois  du  puits  qui  est  à  Jérusalem,  et  qu'il 
fait  ses  ablutions  à  la  fontaine  de  Siloé. 

Le  Cheikh   Abou-Mohammad   Nasr  el  Bandanîdjy  a 

(1)  D'après  la  Chronique  de  Tabari,  Elie  est  le  gardien  des  déserts. 
Le  passage  entre  crochets  se  lit  dans  le  texte  imprimé  ;  il  a  été  omis 
dans  mon  manuscrit. 

(2)  Kamdh. 

(3)  Karafs.  Cf.  Ibn-Al-Awam,  loc.  cit.  t.  II,  p.  295. 

17 


l3o  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

dit  :  «  Je  demandai  au  Khedr  :  «  où  fais-tu  la  prière  du 
matin?  »  Il  me  répondit  :  «  A  l'angle  Yamâny  (i)  de 
la  mosquée  de  la  Mekke;  puis  j'accomplis  une  prescrip- 
tion qui  m'a  été  imposée  par  Dieu.  Ensuite,  je  fais  la 
prière  de  midi  à  Médine;  après  quoi ,  je  m'acquitte  d'une 
prescription  que  Dieu  m'a  imposée.  Je  célèbre  la  prière 
de  l'après-midi  à  Jérusalem.  »  Ces  particularités  sont  ra- 
contées par  l'auteur  du  Moutîr  el  gharâm  et  autres. 

Suivant  El  Baghawy,  le  Khedr  est  toujours  vivant  auprès 
de  la  «  Source  de  vie.  »  Cet  auteur  ajoute  :  «  Au  confluent 
des  deux  mers  est  une  source  nommée  «  la  Source  de 
vie  »  j  qui  vivifie  tout  ce  qu'elle  touche.  »  El  Moucharraf 
rapporte  dans  son  Sanad ,  et  d'autres  racontent  aussi  que 
le  Khedr  et  Elie  observent  le  jeûne  du  mois  de  ramadan 
et  accomplissent  chaque  année  le  pèlerinage  (  de  la 
Mekke). 

La  Porte  Hetta  (Bâb  Hetta).  —  Elle  est  située 
dans  la  partie  septentrionale  du  Masdjed.  C'est  d'elle  qu'il 
est  question,  suivant  Abou-Horayrah,  dans  ces  paroles 
de  l'envoyé  de  Dieu  :  «  77  fut  enjoint  à  Moïse  de  dire 
aux  enfants  d'Israël  ;  «  Entre^  par  cette  porte  en  vous 
Page  382.  prosternant  et  dites  :  Hetta  (indulgence)-,  nous  vous 
pardonnerons  vos  péchés.  »  (Qor'ân,  sur.  II,  v.  55).  Mais 
ils  changèrent  le  mot  et  franchirent  la  porte  en  se  traînant 
sur  leur  derrière  et  en  disant  :  Habbehfi  chalrah  (un 
grain  dans  un  poil).   » 

D'après  le  fils  d''Abbâs,  ces  paroles  de  Dieu  (Sur.  II, 

(i)  Méridional. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  I  3 I 

v.  55)  :  «  Entre\  dans  cette  ville 3  »  désignent  Jéru- 
salem. «  Et  mange^cequi  vous  plaira  au  gré  de  vos 
désirs  »  (même  verset),  veut  dire  :  sans  que  vous  ayez 
à  en  rendre  compte.  «  Entrer  par  la  porte  »  (même 
verset)  s'applique  à  la  porte  de  Jérusalem.  «  En  vous 
prosternant  »  — devant  Dieu,  —  «  et  dites  Hetta  »  (même 
verset)  signifie  :  il  n'y  a  de  Dieu  qu'Allah;  car  c'est  une 
formule  qui  a  la  vertu  de  faire  pardonner  les  péchés. 
«  Mais  les  méchants  d'entre  eux  substituèrent  à  la  pa- 
role qui  leur  fut  indiquée  une  autre  parole  »  (Sur.  II, 
v.  56).  Ils  dirent  en  hébreu  :  «  Grain  brun  » y  indiquant 
par  là  le  froment.  «  Et  nous  fîmes  descendre  du  ciel 
une  rétribution  »,  —  c'est-à-dire  un  châtiment,  —  «  à 
cause  de  l'impiété  à  laquelle  ils  s'abandonnaient.  » 
(même  verset.) 

On  dit  que  celui  qui  fait,  à  la  Porte  Hetta,  une  prière  de 
deux  génuflexions  acquiert  autant  de  bonnes  œuvres 
qu'il  y  eut  d'enfants  d'Israël  qui  reçurent  l'ordre  d'entrer 
et  s'y  refusèrent.  Cette  porte  n'a  pris  le  nom  de  Œïdb 
Hetta  que  parce  que  Dieu  ordonna  aux  enfants  d'Israël 
d'entrer  par  là  et  de  dire  Hetta.  Ce  mot  est  le  nom  d'ac- 
tion, sur  la  forme  Jé'la,  du  verbe  hatta  qui  signifie  poser 
une  chose  d'en  haut  en  bas;  ainsi  on  dit:  Hatta' l  hamla 
'an-id-ddbbati  (il  a  descendu  la  charge  de  dessus  la 
bête). 

Suivant  Sa'id  ebn  Djobayr,  qui  s'appuie  sur  le  fils 
d''Abbàs,  dans  ces  paroles  de  Dieu:  «  Dites  :  Hetta,  »  le 
mot  Hetta  signifie  «  rémission  des  péchés  »  ;  or  ils 
dirent  Hentah  (froment).  Au  dire  de  Moqâtel .  ils  avaient 


l32  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

commis  un  péché  en  refusant  à  Moïse  d'entrer  dans  la  terre 
habitée  par  les  géants.  Dieu  voulut  le  leur  pardonner  et  «  il 
leur  fut  dit  :  «  Dites  :  Hetta  ».  Ez-Zaddjâdj  prétend  que  ce 
mot  signifie  «  décharge-nous  du  péché  ».  Dans  l'opinion 
du  fils  d"Abbâs,  l'expression  soddjadan,  dans  ce  passage 
du  Qpr'ân  «  wd  dkholoîil  baba  soddjadan  » ,  veut  dire 
«  en  vous  inclinant  »  (rokka'an),  le  verbe  raka'a  expri- 
mant l'inclinaison  excessive;  le  sens  serait  donc  «  en  vous 
inclinant  excessivement,  en  vous  abaissant  ».  Moudjâhed 
et  Qptâdah  s'expriment  en  ces  termes:  «  Il  s'agit.,  dans 
ce  verset,  de  la  Porte  Hetta  à  Jérusalem;  la  porte  fut 
abaissée  à  leur  intention,  afin  qu'ils  inclinassent  la  tête; 
mais  ils  n'en  firent  rien.  » 

A  l'époque  des  enfants  d'Israël,  quand  l'un  d'eux  com- 
mettait un  péché,  ce  péché  était  écrit  sur  sa  porte,  ou 
sur  son  front.  On  lisait  sur  le  seuil  de  sa  porte  :  Un  tel  a 
péché  telle  ou  telle  nuit;  en  conséquence  on  l'éloignait  et 
on  le  chassait.  Il  venait  alors  à  la  Porte  du  Repentir, 
qui  est  celle  située  auprès  du  Mehrâb  de  Marie  (sur  qui 
soit  le  salut!),  d'où  elle  recevait  sa  nourriture.  Il  passait 
là  quelque  temps  à  pleurer  et  à  prier  humblement.  Si  Dieu 
lui  pardonnait,  son  péché  était  effacé  de  son  front,  ou  de 
sa  porte,  et  les  enfants  d'Israël  se  rapprochaient  de  lui; 
dans  le  cas  contraire,  on  l'éloignait  et  on  le  chassait. 

La  Porte  de  la  Gloire  des  Prophètes  (Bâb 
Charaf  el  anbiâ).  —  Elle  est  placée  sur  le  côté  septen- 
trional du  Masdjed.  C'est  peut-être  celle  par  laquelle  entra 
'Omar  ebn  El-Khattàb,  le  jour  de  la  prise  de  Jérusalem. 
Dieu  est  plus  savant.  On  l'appelle  actuellement  Porte  de 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 33 

la  Dawàdàriyeh  (i),  du  nom  d'une  Madraseh  construite 
à  côté  d'elle  et  dont  nous  parlerons. 

Ces  trois  portes,  c'est-à-dire  Bâb  elasbât ,  Bâb  Hetta    pa^e  333. 
et  Bâb  ed-Datvâdâriyeh ,  sont  situées  au  nord. 

La  Porte  des  Ghawânémeh  (Bâb  el  Ghawâ- 
némeh). —  Elle  se  trouve  à  l'extrémité  nord-ouest, 
près  du  minaret  connu  sous  le  nom  de  Minaret  des 
Ghawânémeh.  Cette  porte  a  été  ainsi  appelée  parce  qu'elle 
donne  accès  au  quartier  des  Banou-Ghànem  (2)  ;  elle 
portait  autrefois  le  nom  de  Bâb  El-Khalîl  (Porte  d'A- 
braham). 

La  Porte  de  l'Inspecteur  (Bâb  en-nâder).  — 

C'est  une  porte  ancienne  qui  fut  reconstruite  sous  le 
règne  d'El  Malek  el  Mo'addam  (Ysa,  vers  la  fin  de  l'année 
6oo(Comm.  10  septembre  i2o3).  On  l'appelait  autrefois 
Bâb  Mikâïl  (la  Porte  de  Michel).  On  dit  que  c'est  à  cette 
porte  que  Gabriel  attacha  El-Boràq,  la  nuit  du  voyage 
nocturne. 

La  Porte  de  Fer  (Bâb  el  hadîd).  —  C'est  une 

(1)  Elle  est  de'signe'e  de  nos  jours  sous  le  nom  de  Bâb  el  'atm 
(Porte  des  te'nèbres). 

(2)  Les  Banou-Ghânem  tirent  leur  nom  du  Cheikh  Ghânem  ebn 
'Aly  ebn  Hosayn,  l'Ansâry,  le  Khazradjîte,  le  Jérusalémitain.  Ce 
Cheikh  naquit  dans  le  bourg  de  Bourîn,  qui  fait  partie  de  l'arron- 
dissement de  Naplouse,  en  l'année  562.  Il  fut  investi  delà  charge  de 
Supérieur  de  la  Khânqâh  Salâhiyeh  à  Jérusalem  par  le  sultan  El 
Malek en-NâserSalâh-ed-dyn  Yousefebn  Ayyoub.  Il  mourut  à  Damas 
dans  le  mois  de  radjab  de  l'année  632. 


1 34  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

jolie  porte,  très-solidement  construite  ;  elle  fut  refaite 
par  Arghoûn  el  Kâmély,  Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie. 

La  Porte  des  Marchands  de  coton  (Bâb  el 
qattânîn).  —  Elle  est  ainsi  nommée  parce  qu'elle 
conduit  au  marché  des  marchands  de  coton.  L'inscription 
dont  elle  est  ornée  fait  connaître  que  le  sultan  El  Malek 
en-Nàser  Mohammad,  fils  de  Qélâoûn,  la  reconstruisit 
en  l'année  737  (Comm.  10  août  1 336);  ce  qui  indique 
qu'elle  était  ancienne.  C'est  une  grande  porte  d'une  cons- 
truction extrêmement  solide.  Près  d'elle  se  trouve  : 

La  Porte  du  Lieu  des  ablutions  (Bâb  el 
moutawaddâ).  —  On  sort  par  cette  porte  pour  se 
rendre  au  lieu  des  ablutions  du  Masdjed.  Elle  était 
ancienne  et  fut  détruite.  'Alâ-ed-dyn  el  Basîr  la  recons- 
truisit, lorsqu'il  bâtit  l'endroit  aux  ablutions. 

La  Porte  de  la  Chaîne  (Bâb  es-salsaleh  (0) 
et  la  Porte  de  l'Arche  (Bâb  es-sakineh).  — 
Elles  sont  réunies  ensemble  (2),  et  s'ouvrent  sur  la 
grande  voie  connue  sous  le  nom  de  Rue  de  notre  seigneur 
David.  Ce  sont  les  deux  portes  principales  du  Masdjed; 
c'est  par  elles  que  passe  la  majeure  partie  des  gens  qui  s'y 
rendent,  car  elles  se  trouvent  à  l'extrémité  des  marchés 
les  plus  fréquentés  et  des  voies  les  plus  populeuses  de  la 
ville.  La  Porte  de  la  Chaîne  portait  anciennement  le  nom 
de  Porte  de  David. 


(1)  Ce  mot  se  prononce  vulgairement  selséleh. 

(2)  Au  lieu  de  mottahédân,   mon  manuscrit  porte  mostadjedddn 
(dont  la  construction  a  été  refaite  récemment). 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  l35 

La  Porte  des  Maghrébins  (Bâb  el  Maghâ- 
rébeh).  —  Elle  a  été  ainsi  nommée  parce  qu'elle  est 
située  à  côté  de  la  porte  de  la  mosquée  des  Maghrébins 
où  se  fait  la  première  prière,  et  qu'elle  donne  accès  au 
quartier  du  même  nom.  Cette  porte  se  trouve  à  l'extrémité 
sud-ouest  du  Masdjed.  On  l'appelle  aussi  la  Porte  du 
Prophète  (Bâb  en-naby).  Le  hadit  relatif  à  l'Ascension 
(de  Mahomet)  est  ainsi  conçu  :  «  Ensuite  »,  a  dit  le 
Prophète,  «  il  »  —  c'est-à-dire  Gabriel,  —  m'enleva 
jusqu'à  ce  que  nous  entrâmes  dans  la  ville  par  la  porte 
de  V  Y  aman.  Etant  alors  venu  au  sud  du  Masdjed ,  il  y 
attacha  la  monture  r> ,  —  c'est-à-dire  El-Borâq,  —  «  et 
j'entrai  dans  le  Masdjed  par  une  porte  devant  laquelle 
s'inclinent  le  soleil  et  la  lune.  »  Or  les  Momvaqqet  (i) 
de  Jérusalem  ont  dit  :  «  Nous  ne  connaissons  pas  de 
porte,  dans  le  Masdjed,  à  laquelle  puisse  s'appliquer  cette 
description,  si  ce  n'est  celle  des  Maghrébins.   » 

Ces  huit  portes,  depuis  celle  des  Ghawânémeh  jusqu'à 
la  Porte  des  Maghrébins,  sont  situées  du  côté  occidental  Page  384. 
du  Masdjed;  en  ajoutant  les  trois  placées  sur  le  côté  sep- 
tentrional, on  a  un  total  de  onze  portes  donnant  accès 
au  Masdjed ,  sans  compter  les  deux  Portes  de  la  Miséri- 
corde et  du  Repentir,  ni  la  porte  bouchée,  dans  le  mur 
oriental.  Quant  aux  portes  qui  mettent  le  Masdjed  en 
communication  avec  les  collèges  et  les  habitations  qui 
l'entourent_,  nous  les  mentionnerons  ci-après,  en  achevant 


(i)Ce  sont   les  gens   charge's  d'observer  et  d'indiquer  les  heures 
précises  de  la  prière.  • 


I 3  6  JÉRUSALEM    ET    HF.BRON. 

la  description  des  Madraseh  construites  autour  de  l'en- 
ceinte sacrée. 

Le  Masdjed  donne  des  deux  côtés  sud  et  est  sur  la  cam- 
pagne. Le  côté  méridional  donne  sur  la  fontaine  de  Siloéet 
autres  lieux,  et  le  côté  oriental  regarde  le  mont  des  Oliviers 
(Tor  Zita),  la  vallée  de  la  Géhenne,  etc.  Les  habitations 
bordent  le  Masdjed  à  l'ouest  et  au  nord  seulement.  Nous 
avons  dit  précédemment  que,  dans  les  temps  antérieurs, 
le  Masdjed  se  trouvait  au  milieu  de  la  cité,  et  que  les  ha- 
bitations l'entouraient  des  quatre  côtés.  Mais  lorsque  les 
anciennes  constructions  furent  tombées  en  ruines  sans 
que  personne  s'occupât  de  les  relever ,  et  que  les  affaires 
de  ce  monde  périclitèrent,  les  choses  en  arrivèrent  au 
point  où  nous  les  voyons  aujourd'hui. 

Quant  aux  imâms  qui  y  sont  installés,  le  premier  d'entre 
eux  est  celui  des  Mâlékîtes  :  il  célèbre  la  prière  dans  la 
mosquée  située  au  sud-ouest  du  Masdjed  et  dont  il  a  été 
fait  mention.  Après  lui,  la  prière  est  faite  par  l'imâmdes 
Châfé'îtes,  dans  la  grande  mosquée  méridionale,  vulgai- 
rement appelée  le  Masdjed-el-Aqsa.  L'imâmdes  Hanafîtes 
prie  le  troisième,  au  Dôme  de  la  Sakhrah.  L'imâm  des 
Hanbalîtes  lui  succède  dans  la  célébration  de  la  prière; 
anciennement,  il  la  célébrait  au  portique  occidental, 
derrière  le  minaret  de  la  Porte  de  la  Chaîne,  du  côté 
du  nord;  et  cet  usage  se  maintint  pendant  longtemps. 
Dans  la  suite,  cette  fonction  fut  délaissée  et  remplie  par 
des  gens  indignes,  par  le  motif  qu'il  n'y  avait  pas  de  Han- 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 3j 

balîtes  à  Jérusalem.  Mais  quand  la  Madraseh  de  notre 
Maître  le  Sultan  El  Malek  el  Achraf  eut  été  bâtie  et  que 
la  construction  en  fut  achevée^  un  imâm  des  Hanbalîtes 
fut  installé  pour  célébrer  la  prière  dans  le  madjma' 
(salle  d'assemblée)  qui  est  sous  la  Madraseh  et  occupe 
l'ancien  emplacement  du  portique  susmentionné.  Cela 
eut  lieu  dans  le  courant  de  l'année  890  (Comm.  18  jan- 
vier 1485).  Toutefois  ces  anciennes  fonctions  n'en  restè- 
rent pas  moins  entre  les  mains  de  gens  qui  étaient  hors 
d'état  de  les  remplir  dignement. 

Cet  ordre  dans  la  célébration  de  la  prière  est  le  même 
que  celui  observé  dans  le  Masdjed  de  notre  seigneur 
Abraham,  l'office  des  Hanbalîtes  excepté.  En  effet,  dans 
le  Masdjed  d'Hébron,  c'est  l'imâm  des  Màlékîtes  qui  prie 
le  premier,  à  la  galerie  occidentale  sise  derrière  la  «  noble 
Chambre  d'Abraham  ».  Puis  vient  le  tour  de  l'imâm  des 
Châfé'îtes,  dans  le  grand  Mehrâb  qui  est  à  côté  de  la 
chaire;  et  enfin,  celui  de  l'imâm  des  Hanafîtes,  auprès  du 
Maqdm  d'Adam. 

Cette  organisation  diffère  de  celle  en  usage  dans  le  page  385. 
Masdjed-el-Harâm  (de  la  Mekke).  Là,  l'imâm  des  Châ- 
fé'îtes célèbre  la  prière  le  premier,  dans  le  Maqâm  d'A- 
braham j  vis-à-vis  de  la  porte  de  la  Ka'bah;  c'est  ensuite 
l'imâm  des  Hanafîtes,  en  face  de  la  pierre  d'Ismaël,,  vis- 
à-vis  de  la  gouttière;  puis,  l'imâm  des  Màlékîtes,  entre  le 
pilier  de  l'Yaman  et  celui  de  la  Syrie.  Le  dernier  est 
l'imâm  des  Hanbalîtes,  en  face  de  la  pierre  noire.  Les 
habitants  de  Jérusalem  et  des  villes  avoisinantes  telles 
que  Ghazzah,   Ramleh  et  autres  situées  par  derrière,  sur 

18 


i38 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


le  Sâhel  (littoral),  ont  pour  qebleh  (i)  la  gouttière  de  la 
Ka'bah  et  la  pierre  d'Ismaël;  la  direction  dans  laquelle 
ils  regardent  en  faisant  la  prière  est  donc  la  même  que  le 
côté  vers  lequel  se  tourne  l'imâm  des  Hanafîtes  dans  le 
Masdjed-el-Harâm. 

Le  Masdjed-el-Aqsa  possède  en  outre  un  certain  nom- 
bre d'imâms,  tant  dans  l'intérieur  de  la  mosquée  El-Aqsa 
que  dans  la  grotte  de  la  Sakhrah  et  aux  portes  de  l'enceinte 
sacrée;  ils  y  récitent  les  tarâwVi  (prières  spéciales)  durant 
le  seul  mois  de  ramadan;  les  autres  jours,  ils  ne  célèbrent 
aucune  prière.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  principaux  sont  les 
quatre  imâms  que  nous  avons  mentionnés. 

Le  nombre  des  lampes  qu'on  allume  chaque  soir,  après 
l'entrée  de  la  nuit  et  avant  l'aurore ,  soit  dans  la  mosquée 
que  le  vulgaire  appelle  l'Aqsa,  soit  aux  portes,  est  de 
sept  cent  cinquante  environ.  Au  Dôme  de  la  Sakhrah  et 
dans  les  endroits  qui  l'entourent,  on  en  allume  à  peu  près 
cinq  cent  quarante,  sans  compter  les  lampes  qui  éclairent 
les  portiques  et  autres  lieux  du  Masdjed.  Il  n'y  a  pas  un 
seul  des  Masdjeds  de  ce  monde,  dans  notre  empire  (isla- 
mique), où  l'on  allume  un  pareil  nombre  de  lampes. 
Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Dans  la  nuit  de  la  mi-cha'bàn,  on  allume  dans  la 
mosquée  El-Aqsa  et  dans  le  reste  de  la  Sakhrah  plus  de 
vingt  mille  lampes,  cette  nuit  étant  une  des  plus  célèbres 

(i)  On  sait  que  ce  mot  désigne  la  direction  suivant  laquelle  les 
musulmans  font  la  prière,  en  se  tournant  vers  la  Mekke. 


JÉRUSALEM    ET    HEBR0N.  I 39 

et  des  plus  merveilleuses  de  la  création.  Il  en  est  de  même 
dans  la  nuit  de  l'Ascension  qui  est  celle  à  laquelle  succède 
le  27  radjab,  et  dans  celle  de  la  naissance  du  Prophète. 
Dans  la  nuit  du  (26  au)  27  ramadan,  on  allume  les 
tannour  (lustres)  et  les  autres  lampes ,  dont  l'éclat  et  la 
beauté  ne  se  rencontrent  en  aucun  sanctuaire. 

Quant  aux  charges  installées  dans  le  Masdjed,  profes- 
seurs, répétiteurs,  gens  de  service,  Mouaddens,  lecteurs 
et  autres,  il  y  en  a  un  grand  nombre;  mais  fort  peu  de 
personnes  s'acquittent  exactement  des  devoirs  qui  leur 
incombent.  Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 


Mention  de  la  plupart  des  Madraseh  (Collèges) 
et  Machhad  (monuments  funéraires)  de  Jérusalem. 

De  ceux  de  ces  édifices  attenants  au  mur  du 
Masdjed-el-Aqsa. 

La  Fârésiyeh,  —  à  l'intérieur  du  Masdjed-el-Aqsa, 
auprès  de  l'endroit  où  s'asseyent  les  femmes,  ci  proximité 
du  puits  de  la  Feuille.  Elle  doit  son  nom  au  fondateur  de 
la  JViadraseh  Fârésieh  située  au  nord  du  Masdjed.  Nous 
parlerons  de  cette  dernière  et  de  son  fondateur,  et  donne- 
rons la  date  de  sa  fondation  ;  nous  mentionnerons  aussi 
l'enclos  [Hâkoûrah)  qui  lui  est  cofttigu,  en  dehors  de  la 


140  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

mosquée,  auprès  de  la  porte  orientale ,  et  qui  est  connu 
sous  le  nom  d'Enclos  de  la  Fârésijreh. 

La  Nahwiyeh.  —  Sur  le  bord  sud-ouest  de  la  plate- 
forme de  la  Sakhrah.  Nous  en  avons  déjà  parlé  en  donnant 
la  biographie  de  son  fondateur  El  Malek  el  Mo'addam 
fYsa.  Elle  fut  bâtie  en  l'année  604  (Comm.  27  juillet  1 207). 

La  Nâsériyeh.  —  Il  7  avait  sur  la  tour  [beurdj)  de 
la  Porte  de  la  Miséricorde  une  Madraseh  appelée  en-Nd- 
sériyeh,  du  nom  du  Cheikh  Nasr  le  Jérusalémitain.  Elle 
fut  ensuite  connue  sous  la  dénomination  d'el  Gha^dliyeh, 
du  nom  d'Abou-Hâmed  el  Ghazzâly.  Plus  tard,  El  Malek 
el  Mo'addam  la  réédifia  et  en  fit  une  Zdwieh  pour  la 
lecture  du  Qor'àn  et  l'étude  de  la  syntaxe.  Il  la  dota  de 
plusieurs  ouvrages,  entre  autres  du  livre  Islâh  el  manteq 
d'Abou-Yousef  Ya'qoub  ebn  Ishâq  ebn  Es-Sekkît.  J'en 
ai  vu  un  cahier  de  l'écriture  d'Ebn  el  Khachchâb;  sur  le 
dos  était  inscrite  la  formule  de  waqf  (d'immobilisation), 
qui  portait  la  date  du  9  dou'l  heddjeh  610.  Cette  Zâwieh 
est  tombée  en  ruines  de  nos  jours  ;  on  ne  s'en  est  plus 
occupé,  et  elle  est  livrée  à  l'abandon. 

Madraseh  et  Zâwieh  situées  autour  du  mur 
du   Masdjed. 

La  première  est  la  Zâwieh  Khataniyeh.  (1).  —Voi- 
sine delà  qebleh  du  Masdjed-el-Aqsa,  derrière  la  chaire, 

(1)  Le  texte  imprimé  écrit  presque  toujours  «  Khantaniyeh.  » 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  I4I 

elle  fut  constituée  en  waqf  (i)  par  El  Malek.  Salàh-ed-dyn 
(que  Dieu  l'enveloppe  de  sa  miséricorde  1),  en  faveur  d'un 
homme  appartenant  à  la  catégorie  des  «  gens  de  bien  »  , 
le  Cheikh,  1'  «  ascète  »_,  le  «  pratiquant  »  et  le  «  dévot  » 
Djalâl-ed-dyn  Mohammad,  fils  d'Ahmad,  fils  de  Moham- 
mad  Djalâl-ed-dyn,  de  Chàch,  qui  s'était  adonné  à  la 
retraite  à  Jérusalem,  et,  après  lui,  en  faveur  de  ses 
adeptes;  nombre  de  personnages  notables  ont  été  investis 
de  la  Supériorité  de  cette  Zâwieh.  La  construction  en  est 
ancienne;  elle  remonte  à  l'époque  des  Roûm  (Grecs-By- 
zantins); mais  la  maison  qui  est  dans  l'intérieur  de  la 
Zâwieh  est  une  bâtisse  «  moderne  »  (2).  L'acte  de  waqf 
porte  la  date  du  18  rabif  1"  587  (i5  avril  1191). 

Madraseh  voisines  du  mur,  du  côté  de  F  ouest. 

Nous  les  mentionnerons  suivant  l'ordre  dans  lequel 
elles  sont  placées.  La  première  est  la  Khânqâll  (hospice) 
Fakhriyeh ,  —  voisine  de  la  mosquée  des  Maghrébins 
où  a  lieu  la  prière  des  Màlékîtes  ,  du  côté  de  l'ouest.  Elle 
est  située  en  dedans  du  mur  du  Masdjed.  On  y  entre  par 
l'intérieur  de  l'enceinte  sacrée.  Sa  porte  est  auprès  de 
celle  qui  s'ouvre  sur  le  quartier  des  Maghrébins.  Elle  fut 
constituée  en  waqf  par  Son  Altesse  [El  Maqarr  el  lâly) 
Fakhr-ed-dyn  Abou-'Abd-Allah  Mohammad  ebn  Fadl- 
Allah,    Ndder  (inspecteur)   des   troupes  de  l'islamisme; 

(1)  En  l'an  587.  —  Moudjîr-ed-dyn,  p.  487. 

(2)  L'auteur  entend,  par  cette  expression,  l'époque  musulmane. 


I42  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

copte  d'origine,  il  se  convertit  et  devint  un  bon  musul- 
Page  387.  man.  Il  institua  un  grand  nombre  de  fondations  pieuses, 
pratiqua  les  bonnes  œuvres  et  répandit  ses  bienfaits  sur 
les  «  gens  de  science  ».  C'était  un  personnage  considé- 
rable et  très-respecté.  Il  mourut  au  milieu  de  radjab  de 
l'année  732  (12  avril  i332),  âgé  de  plus  de  soixante- 
dix  ans. 

La  Madraseh  Tenkéziyeh ,  —  constituée  en  waqf 
par  l'émir  Tenkez  le  Nàséry,  Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie. 
C'est  une  immense  Madraseh  qui  l'emporte  sur  toutes  les 
autres  en  solidité  ;  elle  est  située  dans  la  rue  [khatt]  de  la 
Porte  de  la  Chaîne.  Elle  a  un  madjma'  (salle  d'assem- 
blée) qui  repose  sur  les  portiques  occidentaux  du  Masdjed. 
Son  fondateur  a  laissé  des  monuments  de  sa  piété  dans 
le  Masdjed ,  et  fait  exécuter  un  grand  nombre  de  cons- 
tructions, entre  autres  le  (revêtement  en)  marbre  qui  est 
au  sud  du  Masdjed,  près  du  Mehràb,  ainsi  que  le  côté 
occidental  de  la  mosquée  El-Aqsa.  C'est  à  lui  qu'est  due 
la  construction  de  l'aqueduc  qui  amène  l'eau  à  Jérusalem. 
L'exécution  en  fut  commencée,  au  mois  de  chawwâl  de 
l'année  727  (20  août  1327);  l'eau  arriva  dans  la  ville 
sainte  et  pénétra  jusqu'au  milieu  du  Masdjed-el-Aqsa ,  à 
la  fin  de  rabi'  ier  de  l'année  728  (i3  mars  i328);  en 
même  temps  fut  fait  le  bassin  de  marbre ,  entre  la  Sakh- 
rah  et  l'Aqsa.  On  doit  encore  à  cet  émir  le  bain  sis  à  la 
Porte  des  Marchands  de  coton  et  connu  sous  le  nom  de 
«  Bain  neuf»  ,  ainsi  que  d'autres  édifices.  Une  inscription 
placée  sur  l'entrée  de  la  Madraseh  contient  la  date  de 
l'année  729.  Tenkez  mourut  empoisonné,  dans  la  citadelle 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  143 

d'Alexandrie ,  le  mardi  2 1  moharram  74 1  (  1 7  juillet  1 340), 
que  Dieu  lui  pardonne!  Il  fut  enterré  à  Alexandrie,  puis 
transporté  dans  sa  Teurbeh  (monument  sépulcral)  à 
Damas.  Sa  translation  à  Damas  eut  lieu  trois  ans  après  , 
la  nuit  du  (dimanche  au)  lundi  5  radjab  de  l'année  744 
(dimanche  23  novembre  1343). 

La  Madraseh  Baladiyeh ,  —  à  la  Porte  de  la  Sa- 
kîneh,  à  côté  de  la  Porte  de  la  Chaîne.  Elle  eut  pour  fon- 
dateur l'émir  Mankaly-Boghâ  el  Ahmady ,  Nâïb  d'Alep. 
Cet  émir  mourut  et  y  fut  enterré  en  djoumâda  second  de 
l'année  782  (2  septembre- 1"  octobre  i38o). 

A  côté  de  la  précédente_,  se  trouve  la  noble  Madraseh. 
Sultanienne  Achrafiyeh-Qâït-My  (  1  ) ,  dans  l'in- 
térieur de  l'auguste  Masdjed-el-Aqsa,  à  proximité  de  la 
Porte  de  la  Chaîne.  Voici  ce  qui  donna  lieu  à  sa  cons- 
truction :  l'émir  Hasan  ed-Dàhéry  avait  construit  l'an- 
cienne Madraseh  pour  El  Malek  ed-Dàher  Khochqadem; 
à  la  mort  de  ce  prince,  il  pria  El  Malek  el  Achraf 
Qâït-bây  de  l'accepter.  Le  souverain  accueillit  sa  de- 
mande et  donna  son  nom  à  la  Madrasetr,  où  il  installa  un 
supérieur }  des  Soufis  et  des  jurisconsultes,  en  leur 
assignant  des  traitements.  Quelque  temps  après,  en 
l'année  880,  El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây ,  étant  venu  à 
Jérusalem,  ne  trouva  pas  l'édifice  à  son  goût.  Aussi,  en 
l'année  884 ,  expédia-t-il  un  de  ses  pages  (Khâsky)  avec  Page  388. 
l'ordre  de  la  démolir  et  de  l'agrandir  en  y  adjoignant 
d'autres  constructions.  On  commença  à  creuser  les  fonde- 

(1)  C'est-à-dire  du  sultan  El  Achraf  Qâït-bây. 


144  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

ments  de  la  Madraseh  actuelle  le  14  cha'bân  de  l'année 
885  (19  octobre  1480).  Les  architectes  se  mirent  à  l'œu- 
vre, et  la  construction  fut  achevée  en  radjab  de  l'année 
887.  On  en  recouvrit  la  toiture  comme  celle  du  Masdjed- 
el-Aqsa,  de  solides  plaques  de  plomb.  Toutefois,  ce  qui 
constitue  la  plus  grande  de  ses  beautés,  c'est  sa  position 
sur  ce  noble  terrain  dont  elle  est  devenue  le  troisième 
joyau  ;  ces  trois  joyaux  sont  :  la  Coupole  de  la  Sakhrah , 
la  Coupole  de  l'Aqsa  et  cette  Madraseh  (1). 

Parmi  les  édifices  construits  par  El  Malek  el  Achraf 
Qâ'it-bây,  nous  citerons  encore  :  le  Sébil  (fontaine)  fai- 
sant face  à  la  Madraseh,  dans  l'intérieur  du  Masdjed, 
au-dessus  du  puits  qui  est  vis-à-vis  de  l'escalier  occidental 
de  la  Sakhrah;  anciennement,  le  puits  était  recouvert, 
comme  les  autres,  d'une  coupole  bâtie  en  pierres; —  le 
bassin  avec  jet  d'eau  qui  en  est  tout  près,  au  sud  du  banc 
placé  dans  son  voisinage;  —  et  le  bassin  avec  jet  d'eau 
situé  entre  la  Porte  de  la  Chaîne  et  la  Porte  de  la  Sakîneh. 
Il  existait  autrefois  à  cette  place  des  boutiques  qui  furent 
rasées. 

La  Madraseh  'Otmâniyeh ,  —  à  la  Porte  du  Lieu 
des  ablutions;  elle  fut  constituée  en  waqf  par  une  femme 
appartenant  à  une  des  plus  grandes  familles  du  (pays  des) 
Roûm;  elle  se  nommait  Isfahân-Châh  Khâtoun,  et  était 
aussi  appelée  Khânoum.  Parmi  les  dotations  dont  jouit 
cet  établissement  _,  il  en  est  de  situées  dans  le  Belâd  er- 
Roûm  (l' Asie-Mineure),  et  d'autres  sises  dans  ce  pays-ci. 

(1)  Voir  la  note  (3),  à  la  fin  du  volume. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  145 

Une  inscription  placée  au-dessus  de  la  porte  contient  la 
date  de  sa  construction,  à  savoir  l'année  840  (Comm. 
10  novembre  1 523).  La  fondatrice  fut  inhumée  dans  la 
Teurbeh  voisine  du  mur  du  Masdjed-el-Aqsa.  Que  Dieu 
lui  fasse  miséricorde  ! 

Le  Rébât  (hospice)  Zamany ,  —  à  la  Porte  du 
Bassin  aux  ablutions,  en  face  de  la  Madraseh  'Otmâ- 
niyeh.  Il  fut  constitué  en  waqf  parle  Khawâdjâ  Chams- 
ed-dyn  Mohammad,  fils  d'Ez-Zaman,  un  des  familiers 
d'El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây.  Sa  construction  est  de 
l'an  881  (Comm.  26  avril  1476).  Son  fondateur  mourut 
en  l'année  897.    . 

La  Madraseh  Khâtouniyeh,  —  à  la  Porte  de  Fer. 
Elle  fut  constituée  en  waqf  par  Oghl  Khâtoun,  fille  de 
Chams-ed-dyn  Mohammad  ebn  Sayf-ed-dyn,  la  Qâzà- 
nienne ,  de  Baghdàd ,  qui  lui  assigna  en  dotation  la  mé- 
tairie de  Dahr-el-djamal  (le  dos  du  chameau),  connue  à 
notre  époque,  et  même  antérieurement^  sous  le  nom  de 
Batn-el-djamal  (le  ventre  du  chameau).  L'acte  d'immo- 
bilisation de  ce  bien-fonds  est  en  date  du  5  rabif  second 
de  l'année 75 5  (29  avril  i354).  Plus  tard,  la  dite  Madraseh 
fut  achevée  et  dotée  par  la  bienheureuse  Isfahàn-Châh, 
fille  de  l'émir  Qàzàn-Châh;  le  waqf  porte  la  date  delà 
dernière  décade  de  djoumâda  second  de  l'année  782  (22 
septembre- icr  octobre  i38o). 

La  Madraseh  Arghouniyeh,  —  à  la  Porte  de 
Fer.  Elle  eut  pour  fondateur  Arghoun  el  Kàmély,  Nâïb 
(vice-roi)  de  Syrie,  le  même  qui  a  fait  reconstruire  la 
Porte  de  Fer,  l'une  des  portes  du  Masdjed.  Cette  porte 

19 


146  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Page 389.  s'appelait  anciennement  Porte  d'Arghoun.  Cet  émir 
mourut  le  jeudi  26  chawwâl  de  l'année  758  (jeudi  12  oc- 
tobre i35y),  à  Jérusalem,  et  fut  enterré  dans  sa  Madraseh 
dont  la  construction  fut  achevée  après  sa  mort,  l'an  759. 

La  Madraseh  Mozhériyeh ,  —  à  la  Porte  de  Fer. 
Elle  fut  constituée  en  waqf  par  Son  Altesse  (El  Maqarr) 
bienheureuse  Zayn-ed-dyn  Abou-Bekr  ebn  Mozher,  l'An- 
sâry,  le  Châfé'îte ,  Directeur  des  bureaux  de  la  Corres- 
pondance (Sâheb  dhvân  el  inchâ)  en  Egypte,  que  Dieu 
l'enveloppe  de  sa  miséricorde!  Une  partie  est  achevai 
sur  l'Arghouniyeh  ;  elle  a  un  madjma'  (salle  d'assemblée) 
qui  s'appuie  sur  les  portiques  du  Masdjed.  Sa  construction 
fut  terminée  en  l'année  885.  Son  fondateur  vint  dans 
la  région  de  Naplouse,  l'année  même  de  sa  mort,  au 
mois  de  djoumâda  ior.  dans  le  but  de  faire  une  levée 
d'hommes  pour  une  expédition  contre  Ebn-'Otmân, 
roi  du  Roûm  (l' Asie-Mineure).  Il  voulut  venir  à  Jéru- 
salem pour  y  faire  une  pieuse  visite  et  voir  sa  Madraseh; 
mais,  atteint  par  la  fièvre  au  mois  de  radjab,  il  se  dirigea 
vers  le  Caire,  sans  pouvoir  se  rendre  dans  la  ville  sainte. 
Il  mourut  le  jeudi   6  ramadan  893  (jeudi  14  août  1488). 

Le  Rébât  (hospice)  de  Kurd ,  —  à  la  Porte  de 
Fer,  dans  le  voisinage  de  la  muraille,  en  face  de  la  Ma- 
draseh Arghouniyeh.  Il  fut  fondé  par  Sa  Seigneurie  (El 
Maqarr)  Sayf-ed-dyn  Kurd,  Sâheb  d'Egypte,  en  l'année 
693  (Comm.  2  décembre  1293). 

La  Madraseli  Djawhariyeli,  —  à  la  Porte  du 
Nâder.  Une  portion  de  cette  école  est  sise  sur  le  Rébât 
de   Kurd.    Elle   eut    pour    fondateur,    en   l'année  844 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  147 

(Comm.  5  septembre  1437),  Es-Safawy  (  Safy-ed-dyn  ) 
Djawhar,  intendant  des  palais  royaux  (r). 

La  Zâwieh  Wafaïyeh,  —  à  la  Porte  du  Nâder, 
vis-à-vis  de  la  Madraseh  Mondjokiyeh.  Elle  est  surmontée 
d'une  maison  qui  fait  partie  de  ses  revenus  et  qui,  connue 
d'abord  sous  le  nom  du  Cheikh  Chéhâb-ed-dyn  ebn  el 
Hâïm  (2),  prit  plus  tard  celui  des  Banou-Abi'1-Wafâ, 
parce  que  cette  famille  y  habitait;  anciennement,  on  l'ap- 
pelait Maison  de  Mo'-âvviah. 

La  Madraseh  Mondjokiyeh,  —  à  la  Porte  du 
Nâder.  Son  fondateur  fut  l'émir  Mondjok,,  Nàïb  (vice-roi) 
de  Syrie.  Jérusalem  lui  avait  été  assignée  comme  rési- 
dence avec  le  titre  de  Tarkhân  (3).  Il  y  fit  son  entrée 
dans  le  mois  de  safar  de  l'année  761.  On  lit  dans  une 
chronique  qu'il  arriva  à  Jérusalem  pour  bâtir  la  Ma- 
draseh et  en  faire  hommage  à  El  Malek  en-Nàser  Hasan  ; 
tel  était  son  projet.  Mais  quand  le  sultan  (Hasan)  eut  été 
tué,  en  l'année  762  (Comm.  11  novembre  135g),  il  l'é- 
rigea  pour  son  propre  compte  et  lui  donna  son  nom.  Il 


(1)  Zémdm  elsAdeitr  ech-Charifeh.  C'était  ordinairement  un  eu- 
nuque. Cf.  Quatremère,  Hist.  des  Mamlouks.  —  Djawhar  (bijou), 
ainsi  que  son  nom  l'indique,  était  évidemment  un  eunuque. 

(2)  Il  mourut  à  Jérusalem  dans  le  mois  de  radjab  de  l'an  81 5  et  fut 
enterré  à  Mâmilâ.  Moudjlr-ed-dyn,  p.  406. 

(3)  Ce  titre  paraît  correspondre,  dans  le  pays  du  Khorasân,  à  celui 
d'émir,  chez  les  Arabes.  —  On  lit  dans  le  Khétat  de  Maqrizy,  t.  II, 
p.  323,  que  «  le  sultan  (Hasan)  donna  à  Mondjok  la  charge  d'émir 
de  la  Tabl-Klidndli  en  Syrie  et  le  nomma  Tarkhâna,  avec  l'autori- 
sation de  résider  où  il  voudrait  ». 


I48  JÉRUSALEM   ET    HEBRON. 

lui  assigna  des  dotations  et  y  installa  des  jurisconsultes  et 
divers  fonctionnaires.  De  nos  jours,  elle  est  complètement 
déchue  de  sa  splendeur.  L'assistance  vient  de  Dieu.. 
Ces  Madraseh  occupent  la  partie  occidentale  du  Masdjed. 

Edifices  situés  au  nord. 

Nous  les  mentionnerons  en  suivant  le  même  ordre. 
Page  390,  La  Madraseh  Djâoûliyeh.  —  Elle  eut  pour  fon- 
dateur l'émir  fAlam-ed-dyn  Sandjar  el  Djàoùly,  Nàïb  de 
Ghazzah,  né  l'an  683.  C'était  un  homme  de  science;  il 
composa  plusieurs  ouvrages.  Sa  biographie  se  trouve 
dans  les  Tabaqât  Ech-Châféiîjreh  (Les  Catégories  des 
Châfé'îtçs).  Il  mourut  en  ramadan  de  l'année  745  (6  jan- 
vier-5  février  1 345).  Dans  ces  temps-ci,  la  Madraseh  est 
devenue  la  résidence  des  Nâïbs  de  Jérusalem  (1).  Elle 
renferme  une  chambre  sépulcrale  où  est  enterré  le  Cheikh 
Derbâs,  Kurde  Hakkâry,  qui  était  un  homme  vertueux 
et  plein  de  foi.  Que  Dieu  rende  ses  services  profitables  (à 
la  religion)  ! 

La  Madraseh  Sobaybiyeh.  —  Elle  fut  constituée 
en  waqf  par  l'émir  'Alâ-ed-dyn  'Aly  ebn  Nâser-ed-dyn 
Mohammad,  Nàïb  de  la  Citadelle  d'Es-Sobaybeh;  ayant 
été  investi  delà  Lieutenance  à  Jérusalem,  il  y  construisit 
la  Madraseh.  Cet  émir  mourut  en  Syrie,  dans  le  mois 
demoharramde  l'année  809  (18  juin-18  juillet  1442) ,,  à 
El-Qpbaybât;  puis  il  fut  transféré  à  Jérusalem  ,  quelque 
temps  après,  et  enterré  dans  sa  Madraseh. 

(1)  Voir  la  note  (4),  à  la  fin  du  volume. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  14g 

La  Madraseh  As'ardiyeh.—  Elle  fut  fondée  par 
le  Khmvâdjâ  Mohammad  Madjd-ed-dyn  fAbd-el-Ghany 
ebn  Sayf-ed-dyn  Abou-Bekr  ebn  Yousef,  el  As'ardy. 
L'acte  de  waqfest  daté  du  20  rabi'  1"  de  l'année  760 
(ier  mars  1359). 

La  Madraseh  Mélékiyeh.  —  Elle  fut  construite 
par  le  Hâddj  (pèlerin)  Al-Mélek,  le  Djoukenddr,  sous  le 
règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de  Qélàoûn, 
au  commencement  de  moharram  de  l'année  741  ;  c'est  ce 
que  porte  l'inscription  qu'on  voit  sur  la  muraille  méri- 
dionale de  la  Madraseh,  au  dessus  du  portique  nord  du 
Masdjed-el-Aqsa.  La  dotation  dont  elle  jouit  lui  fut  as- 
signée par  la  femme  d'Al-Mélek,  fille  d'Es-Sayfy  (Sayf- 
ed-dyn)  Qptloqotm  le  Nàséry,  suivant  acte  daté  du 
26  rabi'  second  de  l'année  745  (16  septembre  1344).  Il  y  a 
apparence  que  son  mari  fit  ériger  la  Madraseh  pour  elle 
avec  l'argent  de  celle-ci.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

La  Madraseh  Fârésiyeh.  —  Elle  fut  constituée  en 
waqf  par  l'émir  Fârès-ed-dyn  Albky,  fils  de  l'émir  Qptlou- 
Mélek  ebn  'Abd-Allah ,,  Lieutenant  de  l'empire  (Nâïb  es- 
saltaneh)  dans  les  provinces  du  littoral  et  des  montagnes 
(de  la  Syrie),  et  Nâïb  de  Ghazzah.  C'est  aussi  de  lui  que 
tire  son  nom  la  Fârésiyeh,  située  dans  l'intérieur  du 
Masdjed-el-Aqsa,  et  dont  il  a  été  question  au  commen- 
cement de  ce  paragraphe.  J'ai  eu  sous  les  yeux  l'acte  par 
lequel  il  faisait  donation  à  la  dite  Madraseh  d'une  portion 
du  village  de  Tôr-Karam  ;  il  était  à  la  date  du  3  cha'bân 
de  l'année  755  (Comm.  23  août  1 354). 

La  Zâwieh  Aminiyeh ,  —  à  la  Porte  Charaf  el 


l50  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

anbiâ,  connue  sous  le  nom  de  Porte  de  la  Dawâdâriyeh. 
Elle  fut  constituée  en  waqf  par  le  Sâheb  Amîn-ed-dyn 
<Abd-Allahj  en  l'année  730  (Comm.  2  5  octobre  1329). 

La  Madraseli  Dawâdâriyeh,  —  à  la  Porte  Charaf 
el  anbiâ.  C'est  à  cause  d'elle  que  la  porte  du  Masdjed  fut 
Page  »8J.  appelée  Porte  de  la  Dawâdâriyeh.  J'ai  vu,  dans  l'acte  d'im- 
mobilisation attribué  à  son  fondateur,  qu'elle  était  dési- 
gnée sous  le  nom  de  Dâr  es-sâléhïn  (la  Maison  des  justes). 
C'est  un  lieu  fréquenté  (par  les  pèlerins).  Elle  fut  fondée 
par  ïémir-kebir  (le  grand  émir) ,  le  conquérant,  le 
champion  de  la  foi,  'Alam-ed-dyn  Abou-Mousa  Sandjar 
ebn  'Abd- Allah  ,  le  Dawâdâr ,  le  Sàléhy-Nadjmy  ;  sa 
construction  eut  lieu  en  l'année  695  ;  l'acte  de  waqf  porte 
la  date  du  7  du  mois  de  rabi'  Ier  de  l'année  696  (3  jan- 
vier 1297). 

La  Madraseli  Bâsétiyeli ,  —  dont  une  partie  est 
située  sur  la  Madraseh  du  Dawâdâr.  Elle  eut  pour  fon- 
dateur le  qâdy  Zayn-ed-dyn  'Abd-el-Bâset  ebn  Khalil,  le 
Damascain,  Nâder  (inspecteur)  des  armées  «  victo- 
rieuses »  et  lAtf%  (premier  ministre)  du  royaume.  Le 
premier  qui  en  avait  tracé  les  fondations  et  avait  conçu  le 
projet  de  la  construire  était  le  Cheikh-el-islâm  Chams-ed- 
dyn  Mohammad  el  Harawy,  Supérieur  de  la  Salâhiyeh 
et  Nâder  (inspecteur)  des  deux  sanctuaires.  La  mort 
l'ayant  surpris  (1)  avant  qu'elle  eût  été  construite,  ce  fut 

(1)  Né  àHérât  en  l'an  767 ,  il  mourut  à  Jérusalem  le  19  dou'l  hed- 
djeh  de  l'année  829,  et  fut  enterré  à  Mâmilà,  dans  la  Bestâmiyeh. 
Moudjir-ed-dyn,  p.  456. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  l5l 

'Abd-el-Bâset  qui  l'édifia  et  la  constitua  en  waqf  ;  il  im- 
posa aux  Soufis  l'obligation  de  réciter  la  Fâtéhah  (i)  à 
l'intention  d'El  Harawy ,  dès  l'ouverture  de  leurs  séances. 
L'acte  de  donation  fut  dressé  dans  le  mois  de  djoumâda  i" 
de  l'année83.i  (i5  janvier-i3  février  143 1).  Son  fondateur 
mourut  en  l'année  85o  et  quelques. 

La  Teurbeh  Aouhadiyeh ,  —  à  la  Porte  Het ta. 
Elle  fut  constituée  en  waqf  par  El  Malek  el  Aouhad 
Nadjm-ed-dyn  Yousef,  fils  d'El  Malek  en-Nâser  Salâh- 
ed-dyn  Dâoud,  fils  d'El  Malek  el  Mo'addam  'Ysa,  sui- 
vant acte  en  date  du  20  rabi'  second  de  l'année  697 
(4  février  1298). 

La  Madraseh  Karîmiyeh ,  —  à  la  Porte  Het  ta. 
Elle  fut  fondée  par  le  Sâheb  Karîm-ed-dyn  'Abd-el- 
Karîm,  fils  du  Mo'allem  Hébat-Allah,  fils  de  Mékânès, 
inspecteur  des  gardes  du  Corps  du  Sultan  (2)  en  Egypte. 
L'acte  de  waqf  est  daté  de  la  nuit  du  (7  au)  8  du  mois 
de  dou'l  heddjeh  de  l'année  718  (3i  janvier  1319). 

La  Madraseh  Ghâdériyeh ,  —  dans  l'intérieur  du 
Masdjed.  Elle  fut  constituée  en  waqf  par  l'émir  Nâser-ed- 
dyn  Mohammad  ebn  Dilghâder,  après  qu'elle  eut  été 
construite,  de  ses  deniers,  par  sa  femme  Mesr  Khâtoun. 
L'acte  d'immobilisation  ayant  disparu _,  il  a  été  dressé  un 
procès-verbal  pour  en  tenir  lieu,  et  la  constatation  a 
été  faite  de  notre  temps,  en  l'année  897;  mais  la  Ma- 
draseh a  été  bâtie  sous  le  règne  d'El  Malek  el  Achraf 

(  1  )  Première  surate  du  Qpr'ân. 

(2)  Nâderel  Khawâss  ech-Charîfeh. 


l52  JÉRUSALEM    ET    HEBRON 

Bers-bây,  dans  le  mois  de  rabif  second  de  l'année  836 
(2  5  novembre  1432). 

La  Madraseh  Toulouniyeli ,  —  dans  l'intérieur  du 
Masdjed,  au  dessus  du  portique  septentrional.  On  y  monte 
par  l'escalier  qui  conduit  au  minaret  de  la  Porte  des 
Tribus.  C'est  elle  que  Chéhâb-ed-dyn  Ahmad,  fils  d'En- 
Nâséry  (Nàser-ed-dyn)  Mohammad,  le  Toulounide,  le 
Page  392  Dâhérite,  fit  édifier,  sous  le  règne  d'El  Malek  ed-Dâher 
Barqoûq,  par  les  soins  de  son  mamlouk  Aq-boghâ;  anté- 
rieurement à  l'année  800.  L'acte  de  waqf  n'en  fut  dressé 
qu'au  mois  de  radjab  de  l'année  820. 

La  Madraseh  Fanariyeh ,  —  en  regard  de  la  Tou- 
louniyeh,  du  côté  de  l'orient.  On  y  monte  aussi  par  l'es- 
calier qui  conduit  au  minaret  de  la  Porte  des  Tribus. 
Elle  est  due  également  à  Chéhâb-ed-dyn  le  Toulounide, 
qui  la  construisit  en  même  temps  que  sa  Madraseh  susmen- 
tionnée, et  en  fit  hommage  à  El  Malek  ed-Dâher  Barqoûq. 
A  la  mort  de  ce  prince ,  son  fils  et  successeur,  El  Malek 
en-Nâser  Faradj ,,  y  installa  des  lecteurs ,  pourvut  à  son  or- 
ganisation et  lui  assigna  des  revenus  pour  ses  dépenses. 
Quand  mourut  sa  sœur,  Khawend  (la  princesse)  Sârah,  fille 
d'El  Malek  ed-Dâher  Barqoûq  et  femme  de  Nevrouz, 
Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie,  elle  y  fut  enterrée,  dans  le  cou- 
rant de  l'année  8i5  (Comm.  1 3  avril  1484).  Plus  tard, 
En-Nâser  Faradj  étant  mort,  cette  Madraseh,  qui  n'avait 
pas  de  titre  de  waqf,  fut  achetée ,  après  la  mort  de  ce 
prince,  par  un  personnage  du  Roûm  nommé  Mohammad- 
Châh  ebn  El  Fanary  (le  fils  du  Phanariote),  le  Roûmy, 
qui  la  constitua  en  waqf;  elle  prit,,  dès  lors,  son  nom  et  fut 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 53 

appelée  la  Fanariyeh  (la  Phanariote).  [On  m'a  dit  que 
celui  qui  l'avait  vendue  était  précisément  le  fils  de  celui 
qui  l'avait  fait  construire,  c'est-à-dire  le  fils  duToulounide, 
dont  il  a  été  fait  mention  ci-dessus]  (i). 

La  Hasaniyeh  ,  — au  dessus  de  la  Porte  des  Tribus; 
c'est  la  dernière  de  toutes.  J  e  ne  lui  ai  pas  découvert  de  titre 
de  waqf  et  n'ai  pu  arriver,  en  ce  qui  la  concerne,  à  des 
renseignements  précis.  Toutefois,  j'ai  appris  que  c'était  un 
waqf  de  l'eunuque  Châhîn  el  Hasany,  et  que  celui-ci  oc- 
cupait une  position  à  la  cour  d'El  Malek  en-Nàser  Hasan , 
mort  en  762.  Elle  ne  jouit  pas  du  bénéfice  de  la  loi  qui 
règle  l'organisation  et  les  prérogatives  des  Madraseh,  et 
ne  fut  jamais  qu'une  simple  maison  servant  d'habitation. 
Elle  fait  partie  des  biens-fonds  appartenant  au  Masdjed- 
el-Aqsa ,  auquel  sont  affectés  les  revenus  qu'elle  produit. 
Il  y  a  apparence  que  son  fondateur  mourut  avant  d'avoir 
pourvu  à  son  fonctionnement  régulier.  Dieu  sait  mieux 
la  vérité. 

Ce  sont  là  les  Madraseh  situées  dans  la  partie  septen- 
trionale du  Masdjed-el-Aqsa. 

On  arrive  aussi  dans  l'enceinte  sacrée  par  un  certain 
nombre  de  portes  de  Madraseh  et  d'habitations  qui  lui 
sont  contiguës.  J'ai  promis  précédemment  d'en  donner 
la  relation.  Je  dis  donc,  en  invoquant  l'assistance  de 
Dieu  :  Les  bâtiments  par  lesquels  on  peut  avoir  accès 
dans  l'enceinte  et  qui  ont  des  portes  s'ouvrant  sur  le 
dehors  du  Masdjed ,  sont  : 

(1)  La  phrase  entre  crochets  ne  se  trouve  pas  dans  mon  manuscrit. 

20 


l54  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

En  premier  lieu,  la  Zâwieh  Khataniyeh,  —  la  Maison 
de  la  Khatâbeh, —  la  Fakhriyeh,  —  la  Madraseh  Ten- 
ké\iyeh ,  —  la  Madraseh  Baladiyeh ,  —  le  Rébât  Za- 
many ,  —  la  Madraseh  Khâtouniyeh,  — la  Madraseh 
Arghoimiyeh ,  —  la  Zâwieh  Wafâïyeh ,  —  la  Madraseh 
Mondjokiyeh ,  —  la  maison  du  Cheikh  Djamâl-ed-dyn 
ebn  Ghânem,  Cheikh  du  Haram,  —  la  maison  des  Banou- 
Djamâ'ah  contiguë  au  minaret  des  Ghawânémeh,,  —  la 
Page  393.    Madraseh  Djdoûliyeh,  —  la  Madraseh  Sobaybiyeh , 

—  la  Madraseh  As' ardiyeh ,  —  la  Madraseh  Mélékiyeh, 

—  la  Zâwieh  Aminiyeh ,   —  la  Madraseh  Bâsétiyeh, 

—  la  Madraseh  Kârîmiyeh ,  —  et  la  Madraseh  Fana- 
riyeh.  La  Hasaniyeh ,  à  Bâb  el  asbdt ,  avait  aussi  une 
porte,  mais  elle  a  été  bouchée. 


Madraseh  et  Machhad  situés  dans  la  ville. 

Édifices  de  ce  genre  sis  autour  du  Masdjed  et  qui, 
sans  être  attenants  au  mur,  en  sont  cependant  à 
proximité. 

CÔTÉ     NORD. 

La  Madraseh  Salâhiyeh ,  — à  la  Porte  des  Tribus, 
waqf  d'El  Malek  Salâh-ed-dyn.  Il  en  a  déjà  été  fait  mention 
dans  la  biographie  de  ce  prince.  C'était,  du  temps  des 
Roûm  (Grecs-Byzantins) ,  une  église  connue  sous  le  nom 
de  Sainte-Anne;  car  elle  renferme,  dit-on,  le  tombeau 


JÉRUSALEM    ET    HEBR0N.  I 55 

d'Anne,  mère  de  Marie  (sur  qui  soit  le  salut!).  L'acte  de 
waqfesten  date  du  i3  radjab  de  l'année  588  (25  juillet 
1 192).  La  Supériorité  de  cette  Madraseh  est  une  des  hautes 
charges  dans  le  royaume  de  l'islam. 

La  Zâwieh  Ohaykhouniyeh,  —  proche  de  la  précé- 
dente, auprès  du  petit  marché  de  la  PoriQ  Hetta.  Elle  fut 
constituée  en  waqfpar  l'émir  Sayf-ed-dyn  Qotlichâ  ebn 
'Aly  ebn  Mohammad,  un  des  principaux  officiers  de  la 
halqah  (la  garde-royale)  de  Damas,  qui  s'était  adonné  à 
la  vie  religieuse  à  Jérusalem.  Il  en  réserva  l'administra- 
tion (nadar)  à  lui-même  et,  après  lui,  à  son  fils  Chay- 
khoun.  Elle  fut  appelée  la  Chaykhouniyeh,  du  nom  du  fils 
de  son  fondateur.  L'acte  de  waqf  porte  la  date  du  com- 
mencement de  safar  de  l'an  761  (2  3  décembre  1359). 

La  Madraseh.  Kâméliyeh ,  —  dans  la  rue  de  Bâb 
Hetta  ,  au  voisinage  de  la  Karîmiyeh ,  du  côté  septen- 
trional. Elle  eut  pour  fondateur  le  Hâddj  (pèlerin)  Kâmel, 
un  des  habitants  de  Tripoli.  Comme  on  ne  trouva  pas 
d'acte  la  constituant  en  waqf,  il  fut  dressé,  dans  le  cou- 
rant de  l'année  816  (Comm.  3  avril  141 3),  un  procès- 
verbal  destiné  à  établir  son  immobilisation. 

Le  Rébât  (hospice)  Mârédîny,  —  à  la  Porte 
Hetta,  vis-à-vis  de  la  Kâméliyeh ,  qui  est  voisine  de  la 
Teurbeh  Aouadiyeh.  Sa  constitution  en  waqf  est  at- 
tribuée à  deux  femmes  affranchies  d'El  Malek  es-Sàleh, 
seigneur  de  Mârédîn;  l'hospice,  par  condition  expresse, 
est  réservé  aux  gens  venant  de  Mârédîn.  J'ai  eu  entre  les 
mains  un  procès-verbal  constatant  que  c'était  un  waqf;  il 
portait  la  date  de  l'année  763  (Comm.   3o  octobre  i36i). 


I  56  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

La  Madraseh  Mo'addamiyeli,—  waqf  d'El  Malek 
el  Mo'addam  'Ysa.  Il  en  a  déjà  été  question  dans  la  bio- 
graphie de  ce  prince.  Elle  fait  face  à  la  Porte  Charaf  el 
anbid,  connue  sous  le  nom  de  Porte  de  la  Dawâdâriyeh. 
L'acte  de  waqf  est  daté  du  29  djoumâda  1"  de  l'année  606 
(29  novembre  1209).  J'ai  parcouru  ce  titre  dans  lequel 
étaient énumérés  de  nombreux  biens-fonds  sis  dans  diffé- 
rents villages;  ils  ont  été  pris,  pour  la  plupart,  et  se  trouvent 
entre  les  mains  de  diverses  personnes  qui  les  détiennent, 
soit  à  titre  d'iqtâ'  (apanage) ,  soit  en  toute  propriété. 
Page  394.  La  Madraseh  Salâmiyeh ,  —  à  la  Porte  Charaf  el 
anbid,  et  en  regard  de  la  Mo'addamiyeli,  laquelle  est 
voisine,  du  côté  du  nord,  de  la  Madraseh  Dawâdâriyeh. 
Elle  eut  pour  fondateur  le  Khawâdjâ  Madjd-ed-dyn 
Abou'1-Fédâ  Ismâ'îl  es-Salâmy.  Je  n'ai  pu  découvrir  la 
date  de  sa  constitution  en  waqf;  il  y  apparence  qu'elle  fut 
postérieure  à  l'année  700  (Gomm.  16  septembre  i3oo). 

La  Zâwieli  Mehmâziyeli ,  —  proche  de  la  Mo- 
'addamiyeh,  du  côté  de  l'ouest.  Elle  tire  son  nom  du 
Cheikh  Kamàl-ed-dyn  el  Mehmâzy.  J'ai  eu  sous  les  yeux 
un  mourabba'  (patente)  d'El  Malek  es-Sàleh  Ismâ'îl, 
fils  d'El  Malek  en-Nàser  Mohammad ,  fils  de  Qé- 
lâoûn,  attestant  que  le  bourg  de  Bayt-El-Qià,  dépendant 
de  Jérusalem,  était  un  waqf  institué  en  faveur  des 
Cheikhs  qui  y  résidaient  ;  la  patente  était  datée  du  mois 
de  dou'l  qa'deh  de  l'année  745  (6  mars-5  avril  i3q5).  On 
y  voit  le  tombeau  d'un  de  ses  descendants  nommé  le 
Cheikh  Khayr-ed-dyn  Khedr  el  Mehmâzy.  Il  mourut 
dans  le  mois  de  chawwâl  de  l'année  747. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  I 57 

La  Madraseh  Wadjîhiyeh,  —  dans  la  rue  de 
l'escalier  du  Moulah  (l'inconsolable).  C'est  un  waqf  du 
Cheikh  Wadjîh-ed-dyn  Mohammad,  fils  d''Otmân,  fils 
de  Safd,  fils  d'El  Mendjâ,  le  Hanbalîte,  décédé  en  cha'- 
bân  de  l'année  701  (i5  décembre   i3oi-i3  janvier  i3o2). 

La  Madraseh  Mohaddétiyeli ,  —  proche  de  la 
Wadjîhiyeh,  et  auprès  du  qabou  (passage  voûté)  de  la 
Porte  des  Ghawânémeh.  Elle  fut  constituée  en  waqf  par 
un  homme  de  science  qui  était  un  maître  dans  les  tradi- 
tions (mohaddet);  il  se  nommait  'Ezz-ed-dyn  Abou- 
Mohammad  'Abd-el-fAzîz,  el  'Adjamy  (le  Persan),  el  Ar- 
debîly  (natif  d'Ardebîl).  L'acte  de  waqf  est  du  4  mohar- 
ram  de  l'année  762  (14  novembre  i36o). 

Ces  Madraseh  sont  celles  situées  à  proximité  du  Mas- 
djedj  du  côté  du  nord. 

Edifices  sis  à  proximité  du  Masdjed. 

CÔTÉ    OUEST. 

Le  Rébât  (hospice)  Mansoûry ,  —  à  la  Porte  du 
Nàder.  Il  fut  fondé  par  le  sultan  El  Malek  el  Mansoûr 
Qélâoûn  es-Sàléhy ,  en  l'année  681  (Corara.  11  avril 
1282).  Nous  mentionnerons  la  date  de  la  mort  de  ce 
prince  en  donnant  sa  biographie,  s'il  plaît  à  Dieu. 

Le  Rébât  (hospice)  d"Alâ-ed-dyn  el  Basîr,  — 
en  face  du  Rébât  Mansoûry.  Il  eut  pour  fondateur  'Alâ- 
ed-dyn  Aydoghdy,  dont  il  sera  parlé  dans  la  suite.  Il  le 
constitua  en  waqf  en  l'année  666  (Comm.  22  septembre 


I  58  JÉRUSALEM    ET    HEBR0N. 

1267).  Le  titre  de  waqf  n'ayant  pu  être  découvert,  il  fut 
dressé,  pour  en  tenir  lieu,  un  procès- verbal  authentique 
par  devant  les  autorités  judiciaires  (au  Mahkameh);  ce 
procès-verbal  porte  la  date  du  jeudi  18  rabi'  second  de 
l'an  742  (1"  octobre  1 341).  L'émir  y  est  enterré.  C'était 
un  homme  de  bien.  Nous  ferons  mention  de  sa  mort  dans 
le  paragraphe  consacré  à  sa  biographie. 

La  Madraseh  Hasaniyeh ,  —  à  la  Porte  du  Nâder. 
Elle  est  en  partie  à  cheval  sur  l'hospice  d''Alà-ed-dyn  el 
Basîr.  Elle  fut  constituée  en  waqf  par  l'émir  Hasan  el 
Kechkîly,  administrateur  (Nâder)  des  deux  augustes  sanc- 
Page  395.  tuaires  et  lieutenant  de  l'empire  (Nâïb  es-saltaneh)  à 
Jérusalem.  Sa  construction  eut  lieu  en  l'année  837 
(Comm.  18  août  1433).  Nous  donnerons  dans  la  suite  la 
biographie  de  son  fondateur. 

En  face  de  cette  Madraseh  ,  se  trouve  une  Teurbeh 
(monument  funéraire)  renfermant  un  tombeau  qu'on  dit 
être  celui  de  la  Sayyédeh  Fàtémeh,  fille  de  Molwiah. 

La  Madraseh  Qachtémiriyeh ,  —  à  la  Porte  du 
Nâder,  tout  près  de  la  Hasaniyeh.  Son  fondateur  lut 
l'émir  Qachtémir  Sayf-ed-dyn,  ancien  mamlouk  d'El 
Malek  en-Nâser  Hasan,  fils  de  Mohammad,  fils  de  Qé- 
làoûn.  L'acte  de  waqf  est  daté  du  12  dou'l  qa'deh  de 
l'année  759  (16  octobre  1 358). 

La  Madraseh  Bâwardiyeh ,  —  à  la  Porte  du 
Nâder,  près  de  la  Qachtémiriyeh.  Elle  fut  constituée  en 
waqf 'par  la  dame,  el  Hâddjeh  (la  pèlerine),  Safry  Khâ- 
toûn,  fille  de  Charaf-ed-dyn  Abou-Bekr  ebn  Mahmoud, 
connu  sous  le  nom  d'el  Bâwardy.  Le  waqf  porte  la  date 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  15c 

du  jour  de   dimanche  5  du  mois  de   radjab  de  l'an   768 
(dimanche  7  mars  1367). 

La  Zâwieh  Mohammadiyeh ,  —  voisine  de  la 
Bâwardiyeh,  du  côté  de  l'ouest.  Elle  fut  fondée  par 
Mohammad-Bey,  fils  de  Zakariyâ,  le  Nâséry.  Le  waqf 
est  e.i  date  du  10  radjab  de  l'année  751  (i3  septem- 
bre i35o). 

La  Younésiyell ,  —  Zâwieh  sise  en  face  de  la  Bâ- 
wardiyeh. Elle  tire  son  nom  des  faqîrs  Younésys  (1). 

La  Madraseh  Djéhârkésiyeh,  —  voisine  de  la 
Younésiyeh,  du  côté  du  nord.  Cette  Madraseh  et  la  You- 
nésiyeh  formaient  ensemble  une  église  construite  par  les 
Roûm  (Grecs-Byzantins);  elle  fut  partagée  en  deux 
moitiés  :  de  la  première  moitié,  on  fit  la  Madraseh 
Djéhârkésiyeh,  et  de  la  seconde,  la  Zâwieh  Younésiyeh. 
La  Djéhârkésiyeh  est  ainsi  nommée  de  son  fondateur 
l'émir  Djéhârkèsel  Khâlîly,,  émir-akhour  (grand-écuyer) 
d'El  Malek  ed-Dâher  Barqoûq.  Il  mourut  assassiné,  à 
Damas,  dans  le  moisderabi'  1"  de  l'année  791  (28  février- 
29  mars  1389). 

La  Madraseh  Hanbaliyeh,—  à  la  Porte  de  Fer. 
Elle  fut  constituée  en  waqf  par  l'émir  Baydémir,  Nâïb 
(vice-roi)  de  Syrie,  qui  se  trouvait  investi  de  la  vice- 
royauté  de  Damas,  sous  le  règne  d'El  Achraf  Cha'bân, 
fils  de  Hosayn,  en  l'année  777.  Sa  construction,  com- 
mencée dans  la  seconde  décade  de  djoumâda  second,  fut 
achevée  àlafindechawwàlde  l'année  781  (7  février  i38o). 

(1)  Branche  des  «  Mordjites  » ,  qui  eut  pour  chef  Younès  en- 
Nemry. 


IÔO  JÉRUSALEM    ET    HEBR0N. 

La  Teurbeh  Sa'diyeh,  —  à  la  Porte  de  la  Chaîne, 
en  face  de  la  Madraseh  Tenkéziyeh  et  de  la  porte  du 
Masdjed.  Elle  eut  pour  fondateur  l'émir  Sa'd-ed-dyn 
Mas'oud  ,  (fils  de  l'émir  YEsfahsalâr  Badr-ed-dyn  Qarâ- 
Sonqor,  fils  d"Abd-Allah ,)  le  Djâchenguîr ,1e  Roûmy 
(du  pays  de  Roûm=  Asie-Mineure),  Hâdjeb  de  Syrie  la 
bien  gardée,  sous  le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Moham- 
mad,  fils  de  Qélâoûn.  L'acte  de  waqf  porte  la  date  du 
Page  396.  27  du  mois  de  rabi'  second  de  l'année  711  (12  septem- 
bre 1  3  1  1 ). 

La  Teurbeh  Djâléqiyeh,  —  au  haut  de  l'escalier 
de  la  Fontaine,  à  la  Porte  de  la  Chaîne.  C'est  un  waqf 
de  Reukn-ed-dyn  Baybarsel  'Adjamy  (le  Persan),  connu 
sous  le  nom  d'El  Djàleq,  qui  y  est  enterré.  Il  mourut  le 
10  djoumâda  1"  de  l'année  707  (7  novembre  1307).  Il 
était  du  nombre  des  émirs  de  Syrie  pendant  le  règne  d'El 
Malek  el  Mansoûr  Qélâoûn,  et  postérieurement  à  ce 
prince. 

La  Maison  de  la  tradition  (Dâr  el  hadit) ,  — 
voisine  de  la  Teurbeh  de  Djâleq,  du  côté  de  l'ouest.  Elle 
eut  pour  fondateur  l'émir  Charaf-ed-dyn  fYsa,  fils  de 
Badr-ed-dyn  Abou'l-Qâsem ,  l'Hakkâry.  Le  waqf  est  à  la 
date  du  25  radjab  de  l'année  666  (10  avril  1268). 

La  Maison  du  Qor'ân  Salâmiyeh ,  —  en  regard 
de  la  Maison  de  la  tradition.  Elle  fut  constituée  en  waqf 
par  Sérâdj-ed-dyn  'Omar,  fils  d'Abou-Bekr  Abou'l-Qâ- 
sem, es-Salâmy.  L'acte  de  waqf  fut  dressé  le  20  du  mois  de 
rabi' second  de  l'année  761  (10  mars  i36o). 

La  Madraseh  Tâziyeh ,  —  dans  la  rue  de  David  >  à 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  l6l 

proximité  de  la  Porte  de  la  Chaîne  [et  dans  le  voisinage  de 
la  Maison  de  la  tradition,  du  côté  de  l'ouest].  C'est  un 
waqfde  l'émir  Tâz^-mort  en  l'année  763  (Comm.  3o  oc- 
tobre i36i). 

La  Teurbeh  d'El  Malek  Heusâm-ed-dyn  Ba- 
rakeh-Khân,  —  vis-à-vis  de  la  Madraseh  Tâziyeh. 
Elle  fut  bâtie  en  l'année  792  (Comm.  20  décembre  1389), 
et  achevée  après  sa  mort. 

La  Teurbeh  Guilâniyeh,  —  voisine  de  la  Tâziyeh , 
du  côté  de  l'ouest.  Elle  tire  son  nom  du  Hâddj  (pèlerin) 
Djamâl-ed-dyn  Bahlawân ,  fils  de  l'émir  Chams-ed-dyn 
Toubâd-Châh,  fils  de  Chams-ed-dyn  Mohammad,  el  Gui- 
lâny  (originaire  du  Guilân),  el  Lâhedjy  (originaire  du 
Lâhedj  (i),  célèbre  sous  le  nom  de  «  fils  du  seigneur  du 
Guilân  ».  Voici  ce  qui  se  passa  :  il  chargea  par  testament 
son  fils  Nédâm-ed-dyn  Ghehcherwân  de  prendre  sur  le 
tiers  de  sa  fortune  cent  mille  derhems  d'argent  et  de  comp- 
ter cette  somme  au  neveu  du  testateur  l'émir  'Alâ-ed-dyn 
Aly,  fils  de  Bahâ-ed-dyn  Salâr,  fils  de  Chîr-i  Mulk,  el 
Guilàny,  pour  en  acheter  un  emplacement  et  construire 
une  Teurbeh  à  Jérusalem ,  s'il  était  possible  de  transporter 
son  corps  et  de  l'enterrer  là.  Le  testament  était  à  la  date 
du  10  cha'bân  de  l'année  753  (21  septembre  i352).  Cette 
Teurbeh  fut  bâtie;  elle  renferme  son  tombeau;  il  y  fut 
transféré  conformément  à  ses  dernières  volontés. 

La  Teurbeh  Tachtémiriyeh ,  —  proche  de  la  Gui- 
lâniyeh. C'est  un  waqf  de  l'émir  Tachtémir  el  'Alây  qui 

(ij  Canton  du  Guilân,  renommé  pour  ses  soies. 

21 


IÔ2  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

l'édifia  en  l'année  784  (Comm.  17  mars  i382).  Il  mourut 
et  y  fut  enseveli  en  cha'bân  786. 

La  Zâwieh  des  Eunuques  (Zâipiet  et-tawâchiyeh)» 
—  dans  le  quartier  de  Charaf ,  connu  anciennement  sous 
le  nom  de  quartier  des  Kurdes.  Elle  fut  constituée  en 
waqf,  le  19  ramadan  de  l'année  753  (29  octobre  i352), 
par  le  Cheikh  vertueux  Chams-ed-dyn  Mohammad,  fils 
Page  397.  de  Djalâl-ed-dyn  'Arab,  fils  de  Fakhr-ed-dyn  Ahmad, 
qui  vivait  dans  une  pieuse  retraite  à  Jérusalem. 

La  Zâwieh  des  Maghrébins,  —  sur  le  point  le 
plus  élevé  de  leur  quartier.  C'est  un  waqf  du  Cheikh 
'Omar,  fils  d'  'Abd-  Allah  ,  fils  d"Abd-en-naby ,  Magh- 
rébin de  la  tribu  des  Masmoudys,  El  Modjarrad.  C'é- 
tait un  homme  vertueux.  Il  construisit  et  édifia  la 
Zâwieh,  de  ses  propres  deniers,  et  la  constitua  en  waqf  en 
faveur  des  pauvres  et  des  malheureux,  à  la  date  du  3  du 
mois  de  rabi'  second  de  l'année  703  (14  novembre  i3o3). 
Il  mourut  à  Jérusalem  et  fut  enterré  à  Mâmilâ,  auprès  de 
l'enclos  des  Bestâmiens.  Quelques  chroniqueurs  se  sont 
trompés  en  le  confondant  avec  le  Cheikh  'Omar  el  Mo- 
djarrad, le  fondateur  de  la  Zâwieh  de  la  ville  d'Abraham 
El-Khalîl  (Hébron),  à  cause  de  la  similitude  des  deux 
noms  et  de  leur  égale  célébrité  :  il  n'en  est  pas  ainsi.  Nous 
ferons  mention  de  chacun  de  ces  deux  personnages,  dans 
la  suite,  en  donnant  la  biographie  des  gens  notables  (1). 

La  Madraseh  Afdaliyeh,  —  connue  autrefois  sous 


(1)  Moudjîr-ed-dyn  ne  dit  rien  de  plus  dans  la  biographie  du  Cheikh 
'Omar  ebn  'Abd-Allah,  p.  58o. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 63 

la  dénomination  à' El  Qpbbeh  (la  Coupole) ,  dans  le  quar- 
tier des  Maghrébins.  C'est  un  waqf  d'El  Malek  el  Afdal 
Nour-ed-dyn  Abou'l-Hasan  fAly,  fils  d'El  Malek  Salâh- 
ed-dyn,  que  Dieu  l'enveloppe  de  sa  miséricorde!  Il  en  fît 
donation  en  faveur  des  jurisconsultes  Mâlékîtes  à  Jéru- 
salem. Il  constitua  aussi  en  waqf  le  quartier  des  Magh- 
rébins en  faveur  de  la  Communauté  des  Maghrébins,  sans 
distinction  d'origine,  hommes  et  femmes.  La  donation 
eut  lieu  à  l'époque  où  ce  prince  régnait  sur  Damas  dont 
Jérusalem  formait  une  annexe.  Néanmoins  les  titres  de 
ces  deux  donations  ne  s'étant  pas  retrouvés,  on  dressa  un 
procès- verbal  établissant  la  mise  en  waqf  pour  chaque 
bien-fonds;  le  contenu  en  fut  certifié  par  devant  les 
autorités  judiciaires  (au  Mahkameh) ,  après  le  décès  du 
fondateur.  On  a  rencontré  ci-devant  la  date  du  règne 
d'El  Malek  el  Afdal  et  celle  de  sa  mort.  Au  nombre  de 
ses  legs  pieux  est  le  Masdjed  situé  auprès  de  Qpmâmeh 
(l'église  du  Saint-Sépulcre),  au  dessus  de  la  prison  de  la 
Chortah  (la  police);  il  le  constitua  en  waqf  en  l'année  589 
(Comm.  17  janvier  1 1  g3 ) ,  qui  est  celle  dans  laquelle 
mourut  son  père;  on  y  voit  un  minaret  qui  a  été  refait 
antérieurement  à  870  (Comm.  24  août  1465). 

Madras  eh  et  Zâwieh  de  Jérusalem  situées  à  quelque 
distance  du  Masdjed. 

La  Zâwieh  d'El  Balâsy,  —  hors  de  Jérusalem,  du 
côté  du  sud.  Elle  est  ancienne,  et  tire  son  nom  du  Cheikh 


164  JÉRUSALEM    ET   HÉBRON. 

Ahmad  el  Balâsy,  qui  était  du  nombre  des  justes.  Elle 
renferme  son  tombeau  qui  jouit  d'une  grande  célébrité 
et  est  un  but  de  pèlerinage.  Je  n'ai  pu  découvrir  la  date 
de  la  mort  de  ce  cheikh. 

La  Zâwieh  d'El  Azraq  (le  Bleu),  —  hors  de  Jé- 
rusalem, du  côté  du  sud.  Elle  est  située  à  l'est  de  la 
Zâwieh  d'El  Balâsy.  Son  nom  lui  vient  du  Cheikh 
Ibrahim  el  Azraq.  Elle  est  ancienne  et  contient  plusieurs 
tombeaux  de  membres  de  la  Confrérie,  entre  autres  celui 
du  Cheikh  Ishâq,  fils  du  Cheikh  Ibrahim.  Il  mourut  en 
l'année  780.  J'ai  vu  dans  des  papiers  authentiques  (mos- 
Page  398.  tanadât)  concernant  cette  Zâwieh ,  qu'elle  était  connue 
sous  le  nom  de  Zâwieh  d'Es-Sarây. 

La  Madraseh  Loulouïyeh ,  —  dans  la  rue  de  Mer- 
zubân,  dans  le  voisinage  du  bain  d'<Alâ-ed-dyn  el  Basîr, 
du  côté  du  nord.  Elle  eut  pour  fondateur  l'émir  Loulou 
Ghâzy,  affranchi  d'El  Malek  el  Achraf  Cha'bân,  fils  de 
Hosayn.  La  Madraseh  existait  en  l'année  781  (Comm. 
19  avril  1379).  Le  fondateur  mourut  en  l'an  787. 

La  Madraseh  Badriyeh ,  -  dans  la  rue  de  Merzu- 
bân ,  près  de  la  Loulouïyeh  et  de  fa  Zâwieh  du  Waly  de 
Dieu  (lesanton),  le  Cheikh  Mohammadel  Qarmy  (1).  Elle 
fut  constituée  en  waqf,  en  l'année  610  (Comm.  23  mai 
1 2 1 3  )}  par  Badr-ed-dyn  Mohammad,  fils  d'Abou'l-Qâsem, 
l'Hakkâry ,  un  des  émirs  d'El  Malek  el  Mo'addam ,  pour  les 

(i)  La  Zâwieh  d'El  Qarmy  fut  fondée  par  l'émir  Nâser-ed-dyn  Mo- 
hammad, fils  d''Alâ-ed-dyn  Chah,  fils  de  Nâser-ed-dyn  Mohammad, 
el  Djîly,  un  des  «  émirs  de  dix  »  de  Ghazzah.  11  mourut  du  vivant 
du  Cheikh  et  fut  enterré  à  Mâmilâ.  Moudjir-ed-dyn,  p.  5o3. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 65 

jurisconsultes  Châfé'îtes.  Cet  émir  souhaitait  ardemment 
de  mourir  martyr;  Dieu  lui  accorda  la  grâce  de  suc- 
comber sur  le  champ  de  bataille,  au  (mont)  Tôr  (leThabor), 
près  de  Naplouse,  en  l'année  614.  Il  fut  transporté  à  sa 
Teurbeh,  à  Jérusalem. 

La  Zâwieh  de  la  Dergiriâh  (1),  —  voisine  de  l'hô- 
pital de  Salâh-ed-dyn.  C'était,  au  temps  des  Francs,  la 
maison  des  Hospitaliers.  Elle  est  du  nombre  des  cons- 
tructions élevées  par  Hélène,  mère  de  Constantin ,  qui 
bâtit  l'église  de  Qpmâmeh  (du  Saint-Sépulcre).  Elle  est 
surmontée  d'un  minaret  en  partie  détruit.  Ancienne- 
ment les  Nâïbs  de  la  ville  sainte  y  habitaient.  Elle 
fut  constituée  en  waqf  par  El  Malek  el  Modaffar  Chéhâb- 
ed-dyn  Ghâzy ,  fils  du  sultan  El  Malek  el  ' Adel  Abou- 
Bekr,  fils  d'Ayyoub,  seigneur  de  Miàfâréqîn  et  de  ses 
dépendances,  en  l'année  6i3  (Comm.  20  avril  12 16). 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Ya'qoub  el  'Adjamy 
(le  Persan),  — à  proximité  de  la  Citadelle.  C'était  une 
église  construite  par  les  Roûm  (Grecs-Byzantins).  Elle  est 
devenue  célèbre  de  nos  jours  sous  la  dénomination  de 
«  Zâwieh  du  Cheikh  Chams-ed-dyn,  fils  du  Cheikh  fAbd- 
Allah,  el  Baghdâdy  (de  Baghdâd)  »,  qui  était  un  des 
assesseurs  de  la  justice  (lodoul),  à  Jérusalem.  Il  y  avait 
établi  sa  demeure.  Elle  a  fini  par  tomber  dans  l'abandon. 

Le  Masdjed  des  serpents.  —  C'est  celui  qui  ren- 
fermait le  talisman  contre  les  serpents  et  dont   il  a  été 

(1)  Composé  des  deux  mots  persans  der  (porte)  et  guiàh  (lieu, 
place);  de  là  «  palais  du  monarque,  cour  ». 


I 66  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

ci-devant  fait  mention.  Il  est  situé  près  de  l'église  de 
Qomâmeh  (le  Saint-Sépulcre).  C'est  un  très-grand  Masdjed, 
de  ceux  appelés  'Omariens,  du  nom  du  Commandeur 
des  Croyants  'Omar  ebn  El-Khattâb. 

La  Khânqâh  Salâhiyeh  (l'hospice  saladin) ,  —  sur 
l'église  de  Qomâmeh.  C'est  un  waqf  d'El  Malek  Salâh-ed- 
dyn  en  faveur  des  Soufis.  Il  en  a  déjà  été  question.  L'acte 
de  waqf  est  du  5  du  mois  de  ramadan  de  l'année  585 
(17  octobre  1 189). 

La  Zâwieh  Rouge  (elhamrâ),  —  près  de  la  Khânqâh 
Salâhiyeh.  Elle  est  attribuée  aux  faqîrs  Wafâïtes,  et  était 
anciennement  connue  sous  le  nom  de  «  la  Zâwieh  Bor- 
gholiyeh  ». 

La  Zâwieh  Lonlouïyeh ,  —  à  Bâb  el  'amoud ,  une 
des  portes  de  la  ville.  C'est  un  waqf  de  Badr-ed-dyn 
Loulou  Ghâzy,  le  fondateur  de  la  (Madraseh)  Loulouïyeh 
Page  399.    ci-dessus  mentionnée. 

La  Zâwieh  Bestâmiyeh ,  —  dans  le  quartier  des 
gens  du  Machreq  (de  l'Orient).  Elle  fut  constituée  en 
waqf  par  le  Cheikh  'Abd-Allah  leBestàmien.  Cette  Zâwieh 
existait  antérieurement  à  l'année  770  (Comm.  16  août 
i368).  Nous  donnerons  la  biographie  du  Cheikh  'Abd- 
Allah  (1). 

La  Madraseh  Maymouniyeh,  —  auprès  de  la  Porte 
d'Es-Sâhéreh.  C'était  une  église  construite  par  les  Roûm 

(1)  Le  Cheikh  'Abd- Allah  ebn  Khalîl  ebn  'Aly,  d'Asadabâd,  mourut 
à  Jérusalem,  en  l'année  794,  et  fut  enterré  dans  l'enclos  des  Bes- 
tâmiens  à  Mâmilà,  auprès  de  son  Cheikh  'Aly  es-Safy.  Moudjir-ed-dyn, 
p.  504. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  I  67 

(Grecs-Byzantins).  Elle  eut  pour  fondateur  l'émir  Fârès- 
ed-dyn  Abou-Sa'îdMaymoun,  fils  d''Abd-Allah,  el  Qasry, 
trésorier  (khâ^en)  d'El  Malek  Salàh-ed-dyn  (Saladin); 
l'acte  de  waqf  en  fut  dressé  en  djoumâda  i"  de  l'année  5g3 
(22  mars-21  avril  1 197).  De  nos  jours,,  elle  n'a  plus  d'or- 
ganisation; elle  est  même  livrée  à  l'abandon. 

La  Teurbeh  Mehmâziyeh.  —  Elle  eut  pour  fon- 
dateur l'émir  Nâser  ed-dyn  el  Mehmàzy.  Je  ne  lui  ai 
trouvé  ni  acte  de  waqf  ni  date.  A  notre  époque,,  elle  est 
devenue  une  (simple)  habitation  comme  le  reste  des  mai- 
sons. 

La  Zâwieh  des  Indiens  (El  Honoud),  —  en 
dehors  de  la  Porte  des  Tribus.  Elle  est  ancienne.  Affectée 
d'abord  aux  faqîrs  Refaites,  elle  devint  ensuite  la  rési- 
dence de  la  Communauté  des  Indiens  et  fut  connue  sous 
leur  nom. 

La  Djarrâhiyeh.  — Zâwieh,  hors  de  Jérusalem,  du 
côté  du  nord.  Elle  possède  un  titre  de  waqf  et  un  certain 
nombre  de  charges  salariées.  Elle  doit  son  nom  à  son  fon- 
dateur l'émir  Heusâm-ed-dyn  El-Hosayn,  fils  de  Charaf- 
ed-dyn  fYsa_,  el  Djarrâhy,  un  des  émirs  d'El  Malek  Salâh- 
ed-dyn  Yousef,  fils  d'Ayyoub.  Il  mourut  en  safar  de 
l'année  598  (3o  octobre-28  novembre  1201),  et  fut  enterré 
dans  sa  Zâwieh  susnommée.  Au  dehors  de  la  Zâwieh ,  du 
côté  du  sud,  sont  les  tombeaux  de  plusieurs  guerriers 
qui  faisaient,  dit-on,  partie  de  la  troupe  d'El  Djarrâhy. 
Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

La  Qaymariyeh,  —  Coupole  solidement  construite, 
hors  de  Jérusalem,   au  nord-ouest.    Elle  tire  son  nom 


l68  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

d'une  famille  de  guerriers  qui  goûtèrent  le  martyre  en 
champions  de  la  foi ,  et  dont  elle  renferme  les  tombeaux. 
Ce  sont  :  l'émir  martyr  Heusâm-ed-dyn  Abou'l-Hasan , 
fils  d'Abou'l-Fawârès,  el  Qaymary,  mort  dans  la  moyenne 
décade  de  dou'l  qa'deh  de  l'an  648  ;  l'émir  Diâ-ed-dyn 
Mousa,  fils  d'Abou'l-Fawârès,  dont  la  mort  eut  lieu  le 
10  dou'l  qa'deh  de  l'année  648  (3  février  i25i);  l'émir 
Heusâm-ed-dyn  Khedr  el  Qaymary ,  qui  mourut  le  14 
dou'l  heddjeh  de  l'an  661  (19  octobre  1263);  et  l'émir 
Nâser-ed-dyn  Abou'l-Hasan  el  Qaymary,  mort  le  20  safar 
de  l'année  665  (20  novembre  1266).  La  Coupole  susmen- 
tionnée renferme  en  outre  le  tombeau  de  l'émir  Nâser- 
ed-dyn  Mohammad  Khâïr-Bey  (1),  un  des  émirs  de  la 
Tabl-Khdnâh  en  Syrie,  et  Nâder  (inspecteur)  des  deux 
Page  *oo.  Haram  de  Jérusalem  et  d'Hébron.  Il  mourut  la  nuit  du 
(dimanche  au)  lundi,  11  moharram  de  l'année  776 
(14  mars  1374).  A  l'extérieur  de  la  susdite  Coupole,  se 
trouve  une  Teurbeh  qui  contient  les  tombeaux  de  plu- 
sieurs champions  de  la  foi. 

La  ville  renferme  encore  nombre  d'édifices  tels  que 
Zâwieh,  Rébât  et  Teurbeh,  qu'il  serait  sans  utilité  de 
mentionner  :  je  n'ai  cité  que  les  plus  célèbres. 

Minarets  de  Jérusalem. 

Nous  avons  dit  précédemment  qu'il  y  avait  quatre  mi- 

(1)  Le  texte   imprimé  porte  ici   Djâber-Bey  et,  plus  loin  (p.    61 5), 
Khayr-Bey. 


JÉRUSALEM    ET   HEBRON.  1 69 

narets  dans  le  Masdjed.  En  dehors  du  Masdjedj  il  yen  a 
un,  très-petit,  sur  la  Madraseh  Mo'addamiyeh,  et  un 
autre,  au-dessus  delà  Khânqâh  de  Salâh-ed-dyn;  celui-ci 
fut  élevé  par  le  bienheureux  Cheikh  Beurhàn-ed-dyn  ebn 
Ghânem(i),  Supérieur  de  l'hospice,  antérieurement  à 
l'année  820  (Comm.   18  lévrier  141 7). 

Le  Cheikh  Chams-ed-dyn  Mohammad,  fils  du  Cheikh 
'Abd-Allah,  el  Baghdâdy ,  m'a  raconté  que,  quand  le 
Cheikh  Beurhàn-ed-dyn  ebn  Ghânem,  voulut  bâtir  ce 
minaret,  les  chrétiens  de  Jérusalem  en  furent  très-peinés, 
parce  qu'il  devait  être  placé  sur  l'église  de  Qpmâmeh  (du 
Saint-Sépulcre).  Ils  furent  tous  d'avis  d'offrir  une  forte 
somme  au  Cheikh  Beurhân-ed-dyn  pour  qu'il  renonçât  à 
sa  construction;  mais  il  rejeta  leur  offre  et  les  repoussa 
durement  :  il  construisit  le  minaret  et  y  installa  des  des- 
servants. Or  un  homme  du  peuple  vit ,  pendant  son  som- 
meil, le  Prophète  qui  lui  dit  :  «  Salue^de  ma  part,  Beur- 
hân-ed-dyn, fils  de  Ghânem,  et  rapporte-lui  ces  paroles  : 
«  L'apôtre  de  Dieu  te  fait  ses  salutationset  te  dit  :  Tu  auras 
une  bonne  part  dans  son  intercession,  le  jour  de  la  résur- 
rection, pour  avoir  bâti  ce  minaret  sur  les  têtes  des  infi- 
dèles. y> 

(1)  Le  Cheikh  Beurhân-ed-dyn  Abou-Ishâq  Ibrâhîm,  fils  du 
Cheikh  Nadjm-ed-dyn  Ahmad  (mort  l'a.  789),  fils  de  Ghânem, 
naquit  l'a.  780.  Ilfutinvesti  delà  Supériorité  de  la  Khânqâh  (sala- 
dine)  en  l'a.  797.  C'est  lui  qui  construisit  le  minaret ,  la  grande  porte, 
la  Dergnidh  qui  est  dans  l'intérieur  de  l'hospice,  Yiwdn  situé  au  fond 
de  la  Derguidh,  et  le  Mehrdb  inférieur.  Il  mourut  en  cha'bân  de 
l'a.  839  à  Jérusalem.  Moudjir-ed-dyn ,  p.  5 12. 

22 


iyO  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Il  existe  aussi  un  minaret  sur  le  Masdjed  dont  nous 
avons  fait  mention  précédemment,  en  parlant  de  la  Ma- 
draseh  Afdaliyeh,  et  qui  forme  le  dessus  delà  prison  de 
la  Chortah  (la  police),  située  en  regard  de  la  Qomâmeh, 
du  côté  du  sud.  Sa  construction  est  antérieure  à  l'année 
870  (1465-1466  J.-C).  Il  paraît  avoir  été  bâti  sur  d'an- 
ciens fondements. 

Un  autre  minaret  surmonte  la  Zâwieh  de  la  Derguiâh  ; 
il  fut  détruit  en  partie  par  le  tremblement  de  terre  qui  eut 
lieu  en  moharram,  l'année  863. 

Un  autre  minaret,  enfin,  s'élève  au  dessus  d'un  Masdjed 
attenant  à  la  synagogue  des  juifs,  du  côté  du  sud;  il  a 
été  refait  depuis  l'an  800.  Des  gens  de  bien,  s'étant 
réunis  et  ayant  ramassé  des  fonds  ,  le  construisirent  et  lui 
constituèrent  des  waqfs. 

État  actuel  de  Jérusalem. 

Jérusalem  est  une  immense  ville,  très-solidement  bâtie; 
sise  entre  des  montagnes  et  des  vallées,  elle  est  construite 
en  partie  sur  une  hauteur  et  en  partie  enfoncée  dans  une 
vallée.  La  plupart  des  bâtisses  qui  se  trouvent  dans  les 
endroits  élevés  dominent  les  parties  basses  placées  au 
dessous.  Les  grandes  voies  de  la  ville  sont  les  unes  planes 
et  les  autres  escarpées.  Dans  le  plus  grand  nombre  des 
édifices,  on  rencontre  dans  le  sous-sol  des  constructions 
Page  400.  anciennes  sur  lesquelles  on  a  élevé  des  bâtisses  modernes, 
par  dessus  les  anciennes.  Les  maisons  sont  tellement  en- 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  iyi 

tassées  que,  si  on  les  espaçait,  comme  cela  se  pratique 
dans  la  plupart  des  villes  de  l'empire  de  l'Islam,  la  cité 
occuperait  deux  fois  plus  de  place  qu'elle  ne  le  fait  actuel- 
lement. Elle  renferme  beaucoup  de  citernes  préparées  pour 
conserver  l'eau;  car  l'eau  qui  sert  à  l'alimentation  de  ses 
habitants  se  recueille  des  pluies. 

Endroits  de  Jérusalem  remarquables  par  la  solidité 
de  leur  construction. 

De  ce  nombre  est  le  bazar  des  marchands  de  coton 
(soûq  el  qattdnînj,  voisin  de  la  porte  du  Masdjed,  du 
côté  de  l'ouest.  C'est  un  marché  d'une  solidité  et  d'une 
hauteur  extraordinaires;  on  n'en  trouve  pas  de  pareil  dans 
beaucoup  de  villes. 

Il  y  a  encore  les  trois  marchés  contigus  l'un  à  l'autre, 
près  de  la  Porte  du  Mehràb,  connue  sous  le  nom  de 
Bdb  El-Khalil  (Porte  d'Hébron);  leur  construction 
remonte  à  l'époque  des  Roûm.  Ils  s'étendent  du  sud 
au  nord  et  communiquent  ensemble.  Le  premier,  situé 
à  l'occident,  est  le  soûq  el  'attdrin  (le  bazar  des  dro- 
guistes),, qu'El  Malek  Salâh-ed-dyn  constitua  en  waqf 
en  faveur  de  sa  Madraseh  Salàhiyeh.  Celui  qui  vient 
après,  et  se  trouve  entre  les  deux,  sert  à  la  vente  des  her- 
bages. Dans  le  suivant,  situé  à  l'orient,  se  tiennent  les 
marchands  d'étoffes.  Les  deux  derniers  sont  des  dotations 
affectées  à  l'entretien  du  Masdjed-el-Aqsa.  Au  dire  des 
voyageurs,  jamais  on  n'a  vu,  en  aucune  ville  du  monde. 


\ni  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

des  bazars  comparables  à  ces  trois-là,  pour  l'arrangement 
et  l'architecture;  c'est  là  une  des  beautés  qui  distinguent 
Jérusalem. 

On  rapporte  d'après  Salàmeh  ebn  Qaysar,  qui  avait 
été  établi  par  'Omar  ebn  El-Khattâb  comme  son  vicaire  à 
Jérusalem  pour  faire  la  prière  au  peuple,  que  ce  khalife, 
quand  il  conquit  la  ville  sainte,  s'arrêta  à  l'entrée  du 
marché,  dans  sa  partie  la  plus  élevée.  «  A  qui  est  cette 
rangée  (de  boutiques)?  »  demanda-t-il,  en  désignant  la 
rangée  du  bazar  des  grainetiers.  —  Aux  chrétiens ,  lui 
répondit-on.  —  Et  la  rangée  occidentale,  où  se  trouve 
le  bain  du  marché?  continua-t-il.  —  A.ux  chrétiens,  lui 
répondit-on  encore.  —  Ainsi ,  cela  est  à  eux  et  ceci 
est  à  eux  ,  —  c'est-à-dire  aux  chrétiens  ,  —  dit-il  en 
faisant  signe  de  la  main;  mais  cette  partie  nous  ap- 
partient; »  il  voulait  parler  du  marché  du  milieu,  qui 
se  trouve  entre  les  deux  rangées,  c'est-à-dire  du  grand 
bazar  où  il  y  avait  la  «  Coupole  de  plomb  ». 

Je  reprends.  Il  est  vraisemblable  que  les  marchés  dont 
il  s'agit  sont  les  trois  qui  existent  encore  actuellement, 
mais  que  ces  anciennes  désignations  ont  disparu  pour 
faire  place  aux  nouvelles  constructions  que  l'on  voit  de 
nos  jours.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Eglises  et  Couvents. 

Il  y  a,  à  Jérusalem,  un  certain  nombre  d'églises  et  de 
couvents,  une  vingtaine  d'endroits,  qui  sont  de  l'époque 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  1^3 

des  Roùm  (Grecs-Byzantins).  La  principale  de  toutes  ces 

églises   est,  aux  yeux  des  chrétiens ,  celle  de  Qpmâmeh 

(du  Saint-Sépulcre),   qu'ils  ont  en  grande  vénération;  sa 

construction  est  extrêmement  forte  et  solide.  Ils  y  viennent 

en  pèlerinage,  plusieurs  fois  par  an,  du  pays  des  Roùm  et 

des  Francs,  de  l'Arménie,  de  l'Egypte,  de  la  principauté   Page  m. 

de  Syrie  et  de  toutes  les  contrées.  Ils  l'appellent  la  Qidmeh 

(la  Résurrection),  et  prétendent  que  c'est  là  qu'ils  doivent 

s'acquitter  du  pèlerinage.   Nous  avons  déjà  présenté,  en 

partie,  l'historique  de  cette  église  et  donné  le  récit  de  la 

destruction  et  de  la  reconstruction  dont  elle  fut  l'objet 
avant  la  prise  de  Jérusalem  par  les  Francs  (i). 

En  seconde  ligne  vient  l'église  de  Sion  qui  est  spéciale 

aux  Francs  (2)  ,•  elle  se  trouve  à  l'extrémité  sud  de  la  ville 

sainte; 

Puis  l'église  de  Mâr  Ya'qoub  (Saint-Jacques) ,  connue 

sous  le  nom  de  «  Couvent  des  Arméniens  »  ;  elle  est  située 

près  de  (celle  de)  Sion  ; 

Et,  enfin,  l'église  de  Sainte-Croix  (El  Mousallabeh) , 

propriété  delà  communauté  des  Géorgiens;  cette  dernière 

est  à  l'extérieur  de  Jérusalem,  du  côté  de  l'ouest. 

Ces  quatre  églises  sont  l'objet  principal  de  la  vénération 

des  chrétiens;  mais  leur  plus  grande  ferveur  est  pour  l'é- 
glise de  Qpmâmeh. 

L'église  de  Sainte-Croix  fut  enlevée  aux  chrétiens,  sous 

le  règne  d'El  Malek  en-Nàser  Mohammad,  fils  de  Qélâoun, 

(g  Voir  la  note  (5),  à  la  tin  du  volume. 
(2)  Voir  la  note  (6),  à  la  tin  du  volume. 


174  JÉRUSALEM    ET    HÉBR0N. 

et  on  y  fit  un  Masdjed.  Toutefois,  en  l'année  705  (Comm. 
24  juillet  i3o5),  une  ambassade  du  roi  de  Géorgie  et  des 
envoyés  du  seigneur  de  Constantinople  étant  arrivés 
auprès  du  Lieutenant  (Nâïb)  du  dit  El  Malek  en-Nàser , 
demandèrent  qu'on  leur  rendît  l'église.  A  force  d'ins- 
tances et  de  supplications,  elle  fut  restituée  et  remise  à 
leurs  ambassadeurs. 

Si  nous  nous  mettions  à  mentionner  toutes  les  cons- 
tructions et  les  établissements  que  renferme  Jérusalem, 
notre  récit  serait  fort  long  et  nous  sortirions  des  bornes 
d'un  abrégé.  Ce  que  nous  en  avons  rapporté  suffit;  tous 
ceux,  en  effet,  qui  ont  composé  des  ouvrages  sur  les  mé- 
rites de  la  ville  sainte  et  sur  sa  conquête ,  se  sont  abstenus 
de  rien  écrire  en  ce  genre.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Principaux  quartiers  (Hârât)  de  Jérusalem. 

Les  quartiers  principaux  de  Jérusalem  sont  : 

Le  quartier  des  Maghrébins, —  qui  est  près  du 
mur  du  Masdjed ,  du  côté  de  l'ouest.  Il  s'appelle  «  des 
Maghrébins  »  ,  parce  qu'il  est  constitué  en  waqf  en  faveur 
de  ceux-ci  et  qu'ils  y  habitent. 

Le  quartier  de  Charaf.  —  Il  avoisine  le  précédent, 
du  côté  de  l'ouest,  et  doit  son  nom  à  un  des  grands  de  la 
ville  appelé  Charaf-ed-dyn  Mousa  qui  a  des  descendants 
connus;  on  les  nomme  les  Banou-Charaf.  Il  portait  an- 
ciennement la  dénomination  de  quartier  des  Kurdes. 

Le  quartier  d" Alain,  —  ainsi  appelé  d'un  nommé 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  1JÏ) 

<Alam-ed-dyn  Solaymân,,  plus  connu  sous  le  nom  d'Ebn 
el  Mohaddeb ,  et  qui  mourut  sur  la  fin  de  l'an  770 
(Comm.  16  août  1 368).  Ses  descendants  ont  joui  d'une 
certaine  renommée  :  tels  furent  'Omar,  son  fils,  qui  était 
Nâder  (inspecteur)  des  deux  augustes  Haram ,  et  son 
autre  fils  ,  Charaf-ed-dyn  Mousa,  lequel  est  enterré  dans 
le  dit  quartier  (1).  Ce  quartier  est  voisin  de  celui  de 
Charaf ,  du  côté  du  nord.  Il  porte  de  nos  jours  le  nom  de 
quartier  des  Hayâdéreh,  qui  lui  vient  d'une  Zâwieh 
appartenant  à  la  confrérie  des  Hayâdéreh. 

Le  quartier  des  Gens  de  Sait  (2),— voisin  du  Page  403. 
quartier  de  Charaf,  au  sud-ouest. 

Le  quartier  des  Juifs,  —  contigu  au  précédent  du 
côté  de  l'ouest. 

Le  quartier  de  la  Plume  (hârat  er-rîcheh)  (3). 

Le  quartier  de  Sion  intra-muros ,  —  qui  est  situé 
à  l'occident  du  quartier  des  Juifs. 

Le  quartier  d'Ed-Dawiyeh,  —  voisin  de  celui  de 
Sion,  au  nord; 

Et  le  quartier  des  Banou-Hâret,  —sis  en  dehors 
de  la  ville,  auprès  de  la  Citadelle. 

(1)  L'émir  Charaf-ed-dyn  Mousa  faisait  partie  de  la  halqah  Sy- 
rienne, et  demeurait  à  Jérusalem  ;  il  mourut  en  l'année  802  (de 
l'hégire)  et  fut  enterré  dans  le  dit  quartier,  en  une  Teurbeh  qui 
porte  son  nom.  Moudjir-ed-dyn,  p.  5o6. 

(2)  Es-Saltiyn. 

(3)  D'après  le  texte  imprimé,  ce  quartier  serait  compris  dans  celui 
des  Juifs. 


I76  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 


La  rue  de  David  (Khatt  Dàoûd). 

C'est  la  grande  voie  (ech-châré*  el  acdam)  qui  com- 
mence à  la  porte  du  Masdjed-el-Aqsa  connue  sous  le  nom 
de  Bâb  es-salsaleh ,  et  va  jusqu'à  Bâb  el  mehrâb  ou 
soit  la  porte  de  la  ville  appelée  aujourd'hui  Bâb  El- 
Khalil  (Porte  d'Hébron).  Cette  rue  se  divise  en  plusieurs 
portions  qui  reçoivent  des  noms  particuliers  : 

Depuis  la  porte  du  Masdjed  jusqu'à  la  Maison  du  Qor'àn 
Salàmiyeh,  elle  s'appelle  soûq  es-sâgha  (le  bazar  des 
orfèvres); 

De  la  porte  de  la  Salàmiyeh  à  celle  du  quartier  de 
Charaf ,  elle  prend  le  nom  de  soûq  el  qochâch  (le  marché 
de  la  paille  ?); 

A  partir  de  ce  point  jusqu'au  Khân  du  charbon,  elle 
devient  le  soûq  el  moubayyédin  (le  marché  des  blan- 
chisseurs); 

Depuis  la  porte  du  Khân  jusqu'à  l'arcade  d'El  Djobayly 
(qantarat  el  Djobayly),  elle  reçoit  la  dénomination  de 
marché  du  Khân  du  charbon; 

La  partie  comprise  entre  l'arcade  d'El  Djobayly  et  l'es- 
calier de  la  Canaille  (el  harâfîch)  est  connue  sous  le  nom 
de  soûq  et-tabbâkhîn  (le  marché  des  cuisiniers)  (1); 

De  là  jusqu'à  la  porte  du  quartier  des  Juifs,  on  l'appelle 
la  rue  de  la   Wékdleh.    La  Wékâleh  est  un  vaste  Khân 

(1)  Voir  la  note  (7),  à  la  fin  du  volume. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  177 

constitué  en  waqf  pour  l'entretien  du  Masdjel-el-Aqsa  ; 
il  est  loué  à  raison  de  quatre  cents  dinars  environ  par 
an;  on  y  vend  toutes  sortes  de  marchandises. 

Depuis  la  porte  du  quartier  des  Juifs  jusqu'au  Khân  du 
Change  (es-sarf),  la  rue  prend  le  nom  de  soûq  el  harî- 
riyeh  (le  bazar  des  marchands  de  soie)  ; 

De  là  à  la  porte  de  la  ville,  elle  est  dénommée  la  rue 
de  la  Place  des  céréales  (khatt  'arsat  el  ghélâl). 

Toutes  ces  portions  forment  l'ensemble  de  la  Rue 
de  David ,  ainsi  nommée  parce  que  le  roi  David  avait 
au  dessous  un  souterrain  conduisant  de  la  Porte  du 
Masdjed,  dite  de  la  Chaîne,  à  la  Citadelle,  anciennement 
connue  sous  le  nom  de  Mehrâb  de  David  et  où  il 
demeurait.  Ce  souterrain  subsiste  encore  de  nos  jours; 
parfois  on  en  met  quelque  partie  à  découvert  et  on  peut 
le  voir;  il  se  compose  d'une  suite  de  voûtes  solidement 
construites.  David  prenait  ce  chemin  pour  se  rendre  de 
son  palais  au  Masdjed. 


La  rue  de  Merzubân. 


Elle  se  fractionne  ainsi  : 

Du  petit  marché  de  Bâb  el  qattânin  jusqu'au  haut  de 
la  montée,  elle  prend  le  nom  duaqabet  el  qattânin  (la 
montée  des  marchands  de  coton),- 

Du  sommet  de  la  montée  jusqu'au  Khân  d'El  Djobayly, 
on  l'appelle  le  quartier  (hârah)  du  bain  d''Alâ-ed-dyn; 

23 


178  JÉRUSALEM   ET    HÉBRON. 

Cette  portion  est  suivie,  à  l'ouest,  d'une  voie  fchdré'J 
nommée  le  quartier  du  Cheikh  Mohammad  el  Qarmy  (1); 

Son  prolongement ,  dans  la  direction  du  nord  ,  est  une 
voie  connue  sous  le  nom  de  quartier  des  fabricants  de 
nattes; 

Enfin ,  vers  l'orient,  elle  a  pour  prolongement  une  voie 
qui  reçoit  la  dénomination  de  quartier  d'Ebn  ech-Chantîr, 
parce  que  ce  personnage  y  avait  sa  demeure. 

Toutes  ces  portions  constituent  ce  qu'on  désigne  d'une 

manière  générale  sous  le  nom  de  Rue   de  Merzubân. 

rage 4oi.         J'ignore  d'où  lui  est  venue  cette  appellation;  mais  dans 

toutes  les  pièces  légales,  c'est  ainsi  que  son  nom  est  écrit. 

Au  voisinage  du  quartier  (hârah)  de  Merzubân,  à 
l'ouest,  se  trouvent  la  rue  du  Carrefour  (khatt  el  mou- 
rabba'ah)  et  le  bazar  des  étoffes  fsoûq  el  qomâch)  que 
suit  le  marché  aux  légumes.  A  celui-ci  fait  suite  le 
marché  des  droguistes.  Ce  dernier  est  suivi  de  la  rue 
de  la  Derguiâh  dans  laquelle  s'élèvent  l'hôpital  saladin 
et  l'église  de  Qpmâmeh  (du  Saint-Sépulcre).  ■ 

La  rue  de  la  Derguiâh  a  pour  prolongement,  à  l'ouest, 
le  quartier  des  Chrétiens,  qui  s'étend,  du  sud  au  nord,  de 
la  Porte  d'Hébron  à  celle  des  Serbes. 

Le  quartier  des  Chrétiens  comprend  le  quartier  d'er- 


(1)  Le  Cheikh  Chams-ed-dyn  Abou-'Abd-Allah  Mohammad  ebn 
Ahmad  ebn  'Otmân  ebn  'Omar,  Turkomân  d'origine,  et  connu  sous 
le  nom  d'El  Qarmy,  naquit  en  l'an  720.  II  mourut  à  Jérusalem  l'an 
788  et  fut  enterré  dans  la  Zâwieh  sise  dans  la  rue  de  Merzubân,  près 
du  bain  d''Alâ-ed-dyn.  Moudjîr-ed-dyn,  p.  5o3. 


JÉRUSALEM   ET   HÉBRON.  I79 

rahbeh  (de  la  Place).  Le  quartier  des  peaussiers  (i)  se 
dirige  vers  l'ouest,  à  la  suite  de  celui  des  Chrétiens;  il 
est  en  dehors  de  la  ville. 


La  rue  de  la  Vallée  des  Moulins. 

C'est  la  grande  voie  (ech-châré'  el  a' dam)  qui  s'étend 
du  sud  au  nord,  depuis  l'escalier  de  la  Fontaine  jusqu'à 
Babel  'amoud,  une  des  portes  de  la  ville.  A  cette  rue 
aboutissent  plusieurs  voies  qui  portent  des  noms  parti- 
culiers. Ce  sont  : 

Le  quartier  (hârah)  de  la  Porte  des  Marchands  de 
coton,  qui  est  une  des  portes  du  Masdjed  et  est  ainsi 
appelée  parce  qu'on  vend  le  coton  dans  le  marché  situé 
auprès  d'elle. 

Le  quartier  de  la  Porte  de  Fer,  une  des  portes  du 
Masdjed,  voisine  de  celle  des  Marchands  de  coton,  du  côté 
du  nord. 

Le  quartier  de  la  Porte  du  Nâder,  une  des  portes 
du  Masdjed;  perpendiculairement,  dans  la  direction  de 
l'ouest,  se  trouve  la  montée  du  marché,  connue  actuel- 
lement sous  le  nom  de  montée  de  la  [Dame  ('aqabet  es- 
settj,  à  cause  d'un  immense  édifice  qu'on  y  rencontre 
et  que  fit  élever  la  Dame  Tonsoq  el  ModafTariveh.  Cette 
dame  Tonsoq  vivait  encore  en  l'année  794  (Coram.  29  no- 
vembre 1 391). 

(1)  El  Djawdlédeh.  Le  texte  imprimé  porte  El  Djawdléqah. 


l8o  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

En  continuant  vers  l'ouest,  on  trouve  le  marché  à 
l'huile ,  dans  lequel  est  une  ruelle  fooqâq)  se  dirigeant 
vers  l'est  et  appelée  la  ruelle  d'Abou-Châmeh. 

Dans  la  rue  de  la  Vallée  des  moulins  vient  tomber ,  du 
côté  de  l'est,  le  quartier  des  Ghawânémeh,  qui  avoisine 
le  Masdjed  du  côté  de  l'ouest  et  tire  son  nom  de  la  de- 
meure des  Banou-Ghânem;  à  l'opposite  de  celui-ci,  dans 
la  direction  de  l'ouest,  se  trouve  la  montée  ('aqabeh)  de 
la  Dâhériyeh,  à  laquelle  a  donné  son  nom  une  ancienne 
Zâwieh  qui  est  là  et  qui  s'appelle  la  Dâhériyeh. 

A  la  montée  de  la  Dâhériyeh,  du  côté  du  sud,  en 
aboutit  une  autre  appelée  'aqabet  es-Soudân  (la  montée 
des  Nègres) ,  qui  reçoit,  du  côté  du  nord,  une  ruelle 
(\oqâq)  portant  la  dénomination  d'Arcades  (qanâter) 
de  Khodayr  ».  A  l'extrémité  de  la  montée  est  situé,  du 
côté  de  l'ouest,  le  marché  de  Fakhr  qui  doit  son  nom  à 
Fakhr-ed-dyn }  le  fondateur  de  la  Madraseh  Fakhriyeh; 
on  y  voit  les  savonneries,  où  se  fabrique  le  savon. 

Au  marché  de  Fakhr-ed-dyn  fait  suite,  se  dirigeant  de 
l'ouest  au  nord,  le  quartier  des  Banou-Morrah  que  sui- 
vent, à  l'ouest,  le  quartier  des  Darâ'éneh  et  celui  d'El 
Mêlât.  Ce  dernier  est  en  dehors  de  la  ville  et  touche  le 
quartier  des  Chrétiens ,  à  l'ouest. 

Le  quartier  de  Bâb  el  'amoud,  qui  termine  la  rue  de 
la  Vallée  des  moulins  et  forme  l'extrémité  nord-ouest  de 
Page  «os.  la  ville ,  comprend  le  quartier  des  Banou-Safd  et  celui 
d'El  Qasîleh ,  qui  est  à  l'orient  de  la  Vallée  des  moulins. 
A  la  suite  vient,  dans  la  direction  du  nord,  le  quartier 
des  Ottomans ,    auquel  sert  de  prolongement ,   vers  le 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 8 I 

nord,  la  montée  du  petit  Cheikh  ('aqabet  ech-choweikh) ; 
celle-ci  a  pour  continuation,  dans  la  direction  du  nord, 
le  quartier  des  Banou-Zayd  contenant  une  ruelle  connue 
sous  le  nom  des  Sa'diyn  et  le  quartier  de  la  Porte  d'Ed- 
Dâ'ïeh,  qui  forme  l'extrémité  de  la  ville  du  côté  du 
nord. 

Le  quartier  de  l'escalier  du  Moulah  (i)  est  contigu  à 
celui  d'El  Qasîleh,  du  côté  de  l'est;  il  a  pour  prolonge- 
ment, au  sud,  le  quartier  de  Charaf  el  anbiâ,  et  est 
connu  actuellement  sous  le  nom  de  quartier  de  la  Porte 
de  la  Dawâdàriyeh.  Celui-ci  comprend  la  montée  de  la 
Mehmâziyeh  qui  se  termine  à  Bâb  es-sâhéreh. 

Le  quartier  de  Bâb  Hetta  est  situé  au  nord  du  Masdjed; 
il  a  pour  pour  prolongement,  au  nord,  le  quartier  des 
gens  du  Machreq  (les  Orientaux) ,  qui  vient  aboutir  aux 
remparts  de  la  ville. 

Le  quartier  à'Et-Tôriyeh  (les  gens  du  mont  Tôr)  va  de 
la  Porte  des  Tribus  jusqu'à  la  muraille  septentrionale  de 
la  ville,  à  un  enclos  (hauch)  qui  se  trouve  là  et  que  l'on 
appelle  es-Sâïm  (du  Jeûneur)  (2). 

Jérusalem  est  en  outre  traversée  par  nombre  de  voies 
(chawâré')  et  de  rues  (khétat),  qu'il  est  inutile  de  men- 
tionner; car  la  plus  grande  partie  est  généralement  com- 

(i)Le  texte  imprimé  écrit  ici  El  Mawlawiyeh.  Peut-être  faut-il 
lire  partout  ainsi.  En  effet,  un  couvent  de  Mawlawis  ou  dervichs 
tourneurs  existe  précisément  dans  cette  rue. 

(2)  Le  texte  imprimé  écrit  es-Sdmet  (du  Silencieux). 


l82  JÉRUSALEM    ET    HEBR0N 

prise  dans  celles  que  je  viens  de  citer.  Je  me  suis  borné  à 
énumérer  les  plus  remarquables.  Un  des  quartiers  les  plus 
importants  et  les  plus  vastes  est  celui  de  la  Porte  Hetta. 
Ces  quartiers,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  enveloppent 
le  Masdjed,  à  l'ouest  et  au  nord.  Quant  aux  deux  côtés 
sud  et  est  du  Masdjed ,  ils  donnent  sur  le  désert ,  comme 
nous  l'avons  déjà  fait  observer. 

La  Citadelle  (el  qal'ah). 

C'est  un  fort  magnifiquement  construit,  situé  en  dehors 
de  Jérusalem,  du  côté  de  l'occident.  Il  en  a  déjà  été  ques- 
tion. Il  portait  anciennement  le  nom  de  Mehrâb  de 
David  qui  y  habitait.  On  dit  que  le  bâtiment  de  la  Ci- 
tadelle était  relié  au  couvent  de  Sion.  Ce  fort  contient  une 
énorme  tour  nommée  Tour  de  David;  sa  construction  est 
ancienne,  de  l'époque  Salomonienne.  El  Moucharraf 
rapporte,  dans  son  Sanad,  que,  quand  l'apôtre  de  Dieu 
aperçut  Jérusalem,  la  nuit  du  voyage  nocturne,  deux 
lumières  brillantes  resplendissaient  à  droite  et  à  gauche 
du  Masdjed.  —  «  Qu'est-ce  que  ces  deux  lumières?  »  de- 
manda-t-il  à  Gabriel.  L'ange  lui  répondit  :  «  Celle  qui 
est  à  ta  droite  est  le  Mehrâb  de  ton  frère  David,  et  celle 
qui  se  trouve  à  ta  gauche  brille  sur  le  tombeau  de  ta  sœur 
Marie.  » 

Les  Roûm  (Grecs-Byzantins)  et  les  Francs  ont  re- 
construit toute  la  Citadelle,  à  l'exception  de  la  Tour  de 
David,  à  l'époque  où  ils  étaient  maîtres  delà  ville  sainte. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  l83 

La  Citadelle  a  un  Ndïb  (Lieutenant)  qui  est  autre 
que  celui  de  Jérusalem.  Suivant  l'usage  établi  dans 
les  citadelles  de  l'empire,  on  y  battait  la  Tabl-Khânâh, 
chaque  soir,  entre  le  coucher  du  soleil  et  Y'échâ  (i); 
mais,  à  notre  époque,  elle  se  trouve  dans  un  état  complet 
d'abandon  et  de  désarroi;  l'usage  d'y  battre  le  tambour  a 
été  supprimé,  et  son  Nâïb  ressemble  à  un  simple  parti-  page406. 
culier,  par  suite  du  désordre  et  de  la  désorganisation  des 
affaires.  On  a  vu  précédemment  que  jadis  le  Gouverneur 
(Wâly)  de  Jérusalem  logeait  dans  la  dite  Citadelle. 


Les  constructions  de  Jérusalem  sont  d'une  extrême  so- 
lidité, toutes  en  quartiers  de  pierres  de  taille  et  voûtées; 
il  n'entre  pas  une  brique  dans  la  bâtisse,  ni  une  pièce  de 
bois  dans  les  toitures;  les  voyageurs  affirment  qu'il  n'y  a 
pas  dans  tout  l'empire  une  ville  dont  les  constructions 
soient  plus  solides ,  ni  l'aspect  plus  agréable  qu'à  Jéru- 
salem. Il  en  est  de  même  d'Hébron;  toutefois,  les  cons- 
tructions de  la  ville  sainte  ont  plus  de  force  et  de  solidité; 
celles  de  la  ville  de  Naplouse  en  approchent.  La  solidité 
des  édifices^  dans  ces  trois  villes,  provient  de  ce  qu'elles 
sont  situées  dans  un  pays  montagneux  où  les  pierres 
abondent  et  sont  d'une  extraction  facile. 

Quant  à  l'aspect  qu'offre  de  loin  Jérusalem ,  au  milieu 
de  son  éclat  éblouissant  et  de  sa  beauté,  c'est  une  des 
merveilles  célèbres.  Le  plus  beau  coup-d'œil  est  celui  dont 

(i)  Environ  une  heure  et  demie  après  le  coucher  du  soleil. 


184  JÉRUSALEM    ET    HEBR0N. 

on  jouit  du  côté  de  l'orient,  quand  on  se  trouve  sur  le 
mont  des  Oliviers.  Il  en  est  aussi  de  même  du  côté  du 
sud;  mais,  de  l'ouest  et  du  nord,  on  n'aperçoit  de  loin 
qu'une  faible  portion  de  la  ville,  à  cause  des  montagnes 
qui  la  cachent.  En  effet,  les  villes  de  Jérusalem  et 
d'Hébron  sont  situées  sur  des  montagnes  escarpées  et 
pierreuses  ,  au  milieu  desquelles  on  avance  pénible- 
ment, sur  un  parcours  très-long,  les  montagnes  qui  en- 
veloppent les  deux  villes  s'étendant  à  près  de  trois 
journées  de  marche  en  longueur  et  autant  en  largeur, 
au  pas  des  bêtes  de  charge.  Néanmoins,  quand  Dieu 
a  accordé  au  pèlerin  la  grâce  d'arriver  à  l'auguste  Mas- 
djed-el-Aqsa,  ou  au  Maqâm  vénéré  d'Abraham ,  du  mo- 
ment où  il  aperçoit  ces  glorieux  sanctuaires,  il  éprouve 
un  sentiment  de  joie  et  de  bonheur  indescriptible,  et 
oublie  toutes  les  peines  et  les  fatigues  qu'il  a  endurées. 
Le  Hâfed  Ebn-Hodjr  improvisa,  dans  ce  sens,  quand  il 
vint  en  pèlerinage  à  Jérusalem,  les  deux  vers  suivants  : 

«  Nous  sommes  venus  à  Jérusalem  avec  l'espoir  d'ob- 
tenir d'un  maître  généreux  le  pardon  de  nos  fautes. 

«  Pour  l'amour  de  lui,  nous  avons  traversé  un  enfer; 
mais,  après  V enfer ,  il  n'y  a  plus  que  le  paradis'.  » 

Portes  de  la  ville. 

La  première,  du  côté  du  sud,  est  la  Porte  du  quartier 
des  Maghrébins  ;  puis  vient  celle  de  Sion ,  connue  aujour- 
d'hui sous  le  nom  de  Porte  du  quartier  des  Juifs. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  I 85 

A  l'ouest,  on  trouve  :  une  petite  «  porte  secrète  »  atte- 
nante au  couvent  des  Arméniens;  — la  Porte  du  Mehrâb, 
appelée  maintenant  Bâb  El-Khalîl  (Porte  d'Hébron^  (il  :    Page  407. 
—  et  une  porte    nommée  Bâb   er-rahbeh  (Porte  de  la 
Place). 

Au  nord,  sont  : 

La  Porte  du  couvent  des  Serbes; 

La  Porte  de  la  Colonne  (Bâb  el  'amoûdj  (2); 

La  Porte  d'Ed-Dâ'reh,  par  laquelle  on  entre  dans  le 
quartier  des  Banou-Zayd; 

Et  la  Porte  à'es-sâhéreh. 

Enfin,  du  côté  de  l'orient,  existe  la  Porte  des  Tribus  (3). 

Ce  sont  là  les  dix  portes  de  la  ville  de  Jérusalem.  Au- 
paravant, il  y  en  avait  une  auprès  de  la  Zâwieh  dont 
nous  avons  parlé  et  qui  est  connue  sous  le  nom  de  Zâwieh 
du  fils  du  Cheikh  'Abd-Allah ,  vis-à-vis  de  la  Citadelle  ; 
et  une  autre,  au  quartier  à' Et-Tôriyeh;  celle-ci  donnait 
sur  la  place  (maydân)  des  esclaves,  située  en  dehors  de  la 
Porte  des  Tribus;  elle  a  été  bouchée. 

La  fontaine  de  Siloé  et  autres,  en  dehors  de  Jérusalem. 

La  fontaine  de  Siloé  f(ayn  Solouân)  se  trouve  en  dehors 

(1)  Plus  généralement  appelée  actuellement  Porte  de  Jaffa  et  Porte 
de  Bethléhem. 

(2)  Elle  est  connue,  parmi  les  Européens,  sous  le  nom  de  Porte 
de  Damas. 

(3)  Actuellement  cette  porte  est  appelée  Bâb  Setti  Mariant  (la 
Porte  de  Madame  Marie,  la  Sainte  Vierge)  par  les  indigènes,  et  Porte 
de  saint  Etienne  par  les  Européens. 

U 


l86  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

de  Jérusalem,  du  côté  du  sud_,  dans  la  vallée  que  domine 
le  mur  méridional  du  Masdjed. 

On  rapporte  d'après  Abou-Horayrah  que  le  Prophète  a 
dit  :  *i  Parmi  toutes  les  villes,  Dieu  en  a  choisi  quatre  de 
préférence;  ce  sont  :  la  Mekke  qui  est  «  la  ville  par  ex- 
cellence (el  baldeh)  » ,  Médine  qui  est  «  le  dattier  (en- 
nakhleh)  »,  Jérusalem  qui  est  «  l'olivier  (e\-\aytouneh) , 
et  Damas  qui  est  «  le  figuier  (et-tyn)  (i)  ».  Il  a  choisi 
de  même  quatre  villes-frontières  :  Alexandrie  d'Egypte , 
Qazouîn  dans  le  Khorâsân,  'Abbâdân  dans  T'Irâq  et  As- 
calon  de  Syrie.  Quatre  sources  ont  fait  également  l'objet  de 
sa  préférence.  Ainsi,  Il  dit  dans  des  versets  «  précis  »  de 
son  Livre  vénéré  (Qor.  sur.  LV,  v.  66)  :  «  Dans  tous 
deux ,  deux  sources  qui  se  répandent  en  courant.  »  Et 
(sur.  LV,  v.  66)  :  «  Dans  tous  deux,  deux  sources 
jaillissantes.  »  Les  deux  sources  d'eau  courante  sont 
celle  de  Baysân  et  celle  de  Siloé;  celles  d'eau  jaillissante, 
les  deux  sources  de  Zemzem  et  d"Akkâ  (Acre).  Dieu  a  de 
même  accordé  sa  préférence  à  quatre  fleuves  :  le  Sayhân , 
le  Djayhân,  le  Nil  et  l'Euphrate. 

D'après  Khâled  ebn  Ma'dân,  le  Prophète  a  dit  : 
«  Zemzem  et  la  fontaine  de  Siloé  qui  se  trouve  à  Jéru- 
salem sont  des  sources  du  paradis.  »  Suivant  le  même, 
le  Prophète  a  dit  encore  :  «  Que  quiconque  se  rendra  à 
Jérusalem  aille  au  Mehrâb  de  David  faire  sa  prière,  et  se 
baigne  dans  la  fontaine  de  Siloé,  car  elle  vient  du  pa- 

(  i)  C'est-à-dire  que  c'est  sous  ces  noms  â'el  baldeh,  etc.,  que  ces 
quatre  villes  sont  désignées  dans  le  Qpr'ân. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  ^7 

radis;  qu'il  s'abstienne  d'entrer  dans  les  églises  et  d'y 
rien  acheter,  car  le  péché  commis  à  Jérusalem  équivaut 
à  mille  péchés,  et  la  bonne  œuvre  qu'on  y  accomplit  à 
mille  bonnes  œuvres.  » 


La  fontaine  des  Accusées. 

Au  rapport  de  Sa'îd,  fils  d''Abd-el-'Azîz,  le  Prophète 
a  dit  :  «  Du  temps  des  enfants  d'Israël,  il  y  avait  à  Jéru- 
salem, auprès  de  la  fontaine  de  Siloé,  une  autre  fontaine 
à  laquelle  on  conduisait  la  femme  qui  était  accusée  d'à-   Page*08. 
dultère ,  et  elle  buvait  de  son  eau  :  si  elle  était  innocente, 
l'eau  ne  lui  faisait  aucun  mal;  mais  si  elle  était  coupable, 
elle  était  frappée  de  la  peste  et  mourait.  Or,  lorsque  Marie 
(sur  qui  soit  le  salut  !  )  devint  enceinte  ,  on  la  mena  à  cette 
fontaine,  portée  sur  une  mule;  la  mule  ayant  bronché, 
elle  pria   Dieu  de  la  rendre  stérile;  à  partir  de  ce  jour, 
cet  animal  a  été  frappé  de  stérilité.  Marie  arriva  à  la  fon- 
taine et,  ayant  bu  de  son  eau,  elle  n'en  éprouva  que  plus 
de  bien;  mais  elle  pria  Dieu  de  ne  plus  permettre  que 
cette  source  servit  à  déshonorer  une  femme  croyante  : 
depuis  ce  moment,  la  source  s'est  trouvée  tarie. 

Le  Puits  de  Job  (Bîr  Ayyoub). 

Il  est  situé  près  de  la  fontaine  de  Siloé,  et  tire  son  nom 
de  notre  seigneur  Job. 

L'auteur  du  Kétâb  el  Euns  dit  à  propos  de  ce  puits  : 


l88  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

«  J'ai  lu,  dans  un  manuscrit  qui  était  de  la  main  de  mon 
cousin  germain  Abou'1-Q.âsem  et  qu'il  m'avait  autorisé 
à  expliquer  professoralement,  le  passage  que  voici  :  «  J'ai 
lu   dans  une  chronique ,  raconte-t-il ,    que  l'eau  ayant 
manqué  à  Jérusalem ,  les  habitants  eurent  besoin  d'un 
puits  en  cet  endroit,  et  ils  le  creusèrent  à  une  profondeur 
de  quatre-vingts  coudées;  l'orifice  mesure  une  étendue  de 
dix  coudées  et  quelque  chose,  sur  une  largeur  de  quatre 
coudées.  Il  est  revêtu  intérieurement  de  grosses  pierres 
dont  chacune  a  cinq  coudées,  plus  ou  moins,  (de  long,)  et 
une  coudée  ou  deux  d'épaisseur.  J'admire  comment  on  a 
pu  faire  descendre  de  si  grosses  pierres  jusque-là.  L'eau  de 
la  source  est  fraîche  et  légère;  on  en  puise  pendant  toute 
l'année  à  la  profondeur  de  quatre-vingts  coudées.  Pen- 
dant la  saison  d'hiver,  l'eau  déborde  et  se  répand  au  point 
de  couler  à  la  surface  du  sol  dans  le  fond  de  la  vallée  et  de 
faire  tourner  des  meules  à  moudre  la  farine.  Un  jour  que 
le  besoin  l'exigea,  ainsi  que  pour  la  fontaine  de  Siloé,  je 
descendis  au  fond  du  puits,  accompagné  de  plusieurs  ou- 
vriers,  pour  le  creuser.   Je  vis  l'eau  qui  sortait  d'une 
pierre  ayant  environ  deux  mètres  carrés  de  superficie,  et 
une  caverne  dont  la  porte  était  de  trois  coudées  sur  une 
et  demie;  il  s'en  échappait  un  vent  très-froid.  »  (L'auteur 
du  récit  ajoute)  qu'il  y  plaça  la  lumière ,  et  vit  la  caverne 
dont  le  plafond  était  revêtu  de  pierres;  il  s'approcha  alors 
un  peu  plus  de  l'intérieur,  mais  la  lumière  ne  put  ré- 
sister à  la  violence  du  vent  qui  en  sortait.  Ce  puits  est 
dans  le  fond  de  la  vallée ,  et  la  caverne  au  fond  du  puits  ; 
par  dessus  et  tout  autour  se  dressent  de  grandes  et  hautes 


JÉRUSALEM    ET   HEBRON.  I 89 

montagnes  qu'on  ne  peut  gravir  qu'avec  difficulté.  C'est 
de  ce  puits  que  Dieu  a  dit,  en  parlant  à  son  prophète  Job 
(Qpr.  sur.  XXXVIII,  v.  41)  :  «  Frappe  la  terre  de  ton 
pied.  Voilà  de  l 'eau  fraîche  pour  les  ablutions  et  pour 
boire.  »  Fin  du  récit. 

Ce  puits  jouit  d'une  grande  célébrité.  Chaque  année  , 
au  fort  de  l'hiver  et  lors  des  grosses  pluies,  son  eau  dé- 
borde au  point  de  devenir  pareille  à  un  fleuve  qui  court , 
et  elle  s'étend  jusqu'à  une  grande  distance.  Cela  dure 
ainsi  un  certain  nombre  de  jours  ^  un  mois  ou  environ; 
c'est  une  chose  merveilleuse. 


(Bassins.) 

Il  y  avait  à  Jérusalem  six  bassins  construits  par  Hazqîl  Page  *09 
(Ezéchias),  un  des  rois  d'Israël.  Trois  étaient  dans  la 
ville:  le  bassin  des  enfants  d'Israël, le  bassin  deSalomon  et 
le  bassin  d''Yâd.  Les  trois  autres  se  trouvaient  en  dehors 
de  la  ville  ;  c'étaient  le  bassin  de  Màmilâ  et  les  deux  bas- 
sins d'El  Mardjî'.  Ces  bassins  furent  faits  pour  servir 
comme  réservoirs  d'eau  pour  les  habitants  de  Jérusalem. 

Je  dis  :  le  bassin  des  enfants  d'Israël  existe  et  est  célèbre; 
il  a  été  creusé  au  nord  et  contre  le  mur  du  Masdjed-el- 
Aqsa^  entre  la  Porte  des  Tribus  et  la  Porte  Hetta;  son 
aspect  est  effrayant.  C'est  une  merveille. 

Quant  au  bassin  de  Salomon  et  à  celui  d'fYàdjje'ne 
les  connais  pas  et  n'ai  rien  pu  découvrir  qui  me  mît  sur 
leurs  traces;  toutefois,  il  y  a  dans  l'intérieur  de  Jérusalem 


IÇO  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

deux  bassins  :  l'un,  dans  la  rue  de  Merzubân,  qui  sert  à 
recueillir  l'eau  pour  le  bain  d'<Alâ-ed-dyn  el  Basîr  et  est 
situé  au  voisinage  de  cet  établissement;  et  l'autre,  dans 
le  quartier  des  Chrétiens;  dans  ce  dernier  se  ramasse 
l'eau  destinée  au  bain  du  Patriarche,  waqf  de  la  Khân- 
qâh  Salâhiyeh.  Il  est  probable  que  ce  sont  là  les  deux 
bassins  en  question.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Le  bassin  de  Màmilâ  se  voit  encore  de  nos  jours  et  est 
très-connu;  c'est  celui  qui  se  trouve  au  milieu  du  cime- 
tière de  Mâmilà. 

Pour  ce  qui  est  des  deux  bassins  d'El  Mardjî' ,  ils  sont 
situés  près  du  bourg  d'Ortâs;  ils  existent  encore  et  servent 
à  réunir  l'eau  que  l'aqueduc  public  amène  à  Jérusalem. 
Leur  distance  de  la  ville  sainte  est  d'environ  un  demi- 
bérid.  Dieu  est  plus  savant.  Voici  la  cause  de  l'appellation 
d'El  Mardjî*  donnée  à  l'emplacement  où  ils  sont  :  lorsque 
notre  seigneur  Joseph  fut  emmené  par  ses  frères  et  jeté 
dans  la  citerne,  ceux-ci  le  firent  passer  auprès  du  tombeau 
de  sa  mère,  qui  est  voisin  d'El  Mardjî'.  Quand  il  vit  ce 
tombeau,  pendant  qu'ils  montaient,  il  se  jeta  de  dessus 
sa  chamelle  et  s'écria  :  «  O  ma  mère ,  lève  la  tête  et  vois 
le  malheur  qui  frappe  ton  fils  !  »  Ses  frères  qui  l'avaient 
perdu,  revinrent  sur  leurs  pas.  C'est  pourquoi  cet  endroit 
fut  depuis  lors  appelé  El  Mardjî1-.  Étant  revenus,  ils  le 
frappèrent  au  visage ,  le  portèrent  et  le  jetèrent  dans  le 
puits ,  comme  nous  l'apprend  l'histoire  de  ce  patriarche. 

Au  dehors  de  Jérusalem,  de  tous  les  côtés,  il  y  a  des 
vergers  produisant  toutes  sortes  de  fruits  tels  que  raisins , 


JERUSALEM    ET   HEBRON.  igi 

figues,  pommes  etc.  Le  plus  bel  endroit  est  celui  que 
l'on  appelle  la  boq'ah  (la  plaine) ,  hors  de  Jérusalem, 
s'étendant  de  l'ouest  au  sud;  c'est  un  waqf  d'El  Malek 
Salâh-ed-dyn  en  faveur  de  la  Khânqâh  des  Souris.  Dans 
cette  plaine  et  d'autres  s'élèvent  des  palais  solidement 
construits;  leurs  propriétaires  viennent  chaque  année  y 
établir  leur  résidence ,  durant  plusieurs  mois,  pendant  la 
saison  d'été,  et  font  des  dépenses  considérables. 

Autrefois  ,  il  n'y  avait  à  Jérusalem  qu'un  seul  dattier,  page  410 
celui }  dit-on  ,  qui  est  mentionné  dans  le  Qpr'ân  (surate 
XIX,  v.  23  et  25),  à  propos  de  Marie  (sur  qui  soit  le 
salut!)  ;  il  était  tout  penché.  «  On  affirme,  dit  El  Qprtoby, 
qu'il  a  été  planté  depuis  plus  de  mille  ans.  »  De  notre 
temps,  il  y  a  eu,  dans  le Masdjed-el-Aqsa,  trois  palmiers  : 
l'un,  qui  a  péri  après  l'année  880,  se  trouvait  auprès  de 
l'estrade  qui  est  à  côté  du  Sébil  (fontaine)  du  Sultan 
(Qàït-bây) }  à  l'ouest  de  la  Sakhrah ,  et  deux  autres  qui 
subsistent  encore  jusqu'à  ce  jour ,  le  premier ,  auprès  de 
la  Porte  de  la  Miséricorde,  et  le  second  au  sud  de  la 
plate-forme  de  la  Sakhrah  ;  celui-ci  est  appelé  le  dattier  du 
Prophète,  parce  que  c'est  auprès  de  cet  arbre  qu'on  l'aper- 
çut, dit-on.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 


Le  Couvent  d'Abou-Taur. 

A  côté  de  la  boq'ah  (la   plaine),  dans  la  direction  du 
nord,   est  un  bourg  qu'on  appelle  le   Couvent  d'Abou- 


IÇ2  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Taur.  C'est  un  petit  village  où  l'on  voit  un  couvent 
construit  par  les  Roûm  et  connu  autrefois  sous  le  nom  de 
Dayr  Mâr  Qîboûs  (couvent  de  saint  Qîboûs?).  Dans  la 
suite,  il  reçut  le  nom  de  Couvent  d'Abou-Taur  à  cause  du 
Cheikh  Ahmad  ,  dévot  personnage ,  célèbre  sous  le 
sobriquet  d'Abou-Taur  (l'homme  au  taureau).  Ce  cou- 
vent fut  constitué  en  waqf  pour  lui  et  sa  postérité  par 
El  Malek  el  fAzîz  Abou'1-Fath  'Otmân,  fils  d'El  Malek- 
Salâh-ed-dyn ,  en  l'année  594.  Quand  le  Cheikh  Ah- 
mad Abou-Taur  mourut,  il  y  fut  enterré.  Son  tombeau 
est  renommé  et  fréquenté  par  les  pèlerins;  on  va  y 
recueillir  des  bénédictions.  Le  Cheikh  a  laissé  une  posté- 
rité connue;  quelques-uns  de  ses  descendants  habitent  le 
dit  bourg  qui  est  situé  non  loin  de  la  porte  de  la  ville 
actuellement  nommée  Porte  d'Hébron  (1) 


Le  mont  des  Oliviers  (Tôr  Zita). 

C'est  la  montagne  qui  s'élève  à  l'orient  de  Jérusalem  ; 

elle  est  très-grande  et  domine  le  Masdjed-el-Aqsa 

Page  *h.  Cette  montagne  est  celle  d'où  Jésus  monta  au  ciel, 
lorsque  Dieu  l'enleva  vers  lui.  A  son  sommet,  se  trou- 
vait une  église  bâtie  par  Hélène  et  ayant  au  centre  une 
coupole  qu'on  appelle  le  lieu  de  l'Ascension  de  Jésus; 
l'église  [est  détruite.  Les  chrétiens  ont  pour  cet  endroit 
une  vénération  extrême. 

(1)  Voir  la  note  (8),  à  la  fin  du  volume. 


JÉRUSALEM    ET   HEBR0N.  193 

Ilya,surle  mont  des  Oliviers,  un  caroubier  auprès 
duquel  a  été  élevé  un  petit  Masdjed  qui  recouvre  une 
grotte  révérée  ;  cet  endroit  est  visité  par  les  pèlerins. 
L'arbre  est  appelé  le  «  caroubier  des  dix  »  ;  j'ignore  la 
cause  de  cette  appellation  qui  est  toutefois  très-répandue 
parmi  le  peuple.  Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 

Cette  montagne,  c'est-à-dire  le  Tôr  Zita  (le  mont  des 
Oliviers),  porte  également  le  nom  de  djabal  el  khamar, 
expression  qui  signifie  «  abondant  en  arbres  et  en  om- 
brages ». 

Lorsqu'El  Malek  Salâh-ed-dyn  eut  conquis  Jérusalem, 
il  fit  du  terrain  du  mont  des  Oliviers  un  waqf  en  faveur 
du  Cheikh  pieux  Waly-ed-dyn  Abou'l-Abbâs  Ahmad  ebn 
Abî-Bekr  ebn  fAbd-Allah  ebn  Dâoûd  ,  l'Hakkâry,  et  du 
Cheikh,  l'imâm  austère,  Abou'l-Hasan  'Aly  ebn  Ahmad 
ebn  Abî-Bekr  ebn  'Abd-Allah,  l'Hakkâry,  par  égale  por- 
tion entre  eux.  Cette  donation  qui  devait,  après  leur 
mort,  appartenir  à  leur  postérité,  fut  constituée  par 
acte  en  date  du  17  dou'l  heddjeh  de  l'année  584  (20  oc- 
tobre 1 198). 

Le  Tombeau  de  Marie  (  que  le  salut  soit  sur  elle  !  ) 

Il  se  trouve  dans  une  église  construite  au  pied  du  mont 
des  Oliviers  et  nommée  la  Djysémâniyeh  (Gethsémani)  y 
en  dehors  de  la  Porte  des  Tribus.  C'est  un  lieu  célèbre  que 
fréquentent  les  pèlerins  tant  musulmans  que  chrétiens. 
Cette  église  fut  bâtie  par  Hélène,  mère  de  Constantin, 

ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit 

25 


194  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Au  voisinage  du  tombeau  de  Marie,  dans  la  vallée 
connue  sous  le  nom  de  Wâdy  Djohannam  (Guéhennom) , 
au  pied  du  mont  des  Oliviers,  est  une  coupole, 'cons- 
truction des  Roûm,  que  le  peuple  appelle  Tartour 
(bonnet  long)  de  Pharaon  ;  on  y  lance  des  pierres. 

Tout  près  de  là,  également  au  pied  de  la  montagne,  on 
voit  une  autre  coupole  taillée  dans  le  roc  et  à  laquelle  on 
Page  *12.  donne  le  nom  de  Koufiyeh,  l'épouse  de  Pharaon.  Cette 
croyance  est  très-répandue  dans  la  population.  On  dit 
aussi  que  la  première  coupole  est  le  tombeau  de  Zacharie, 
et  la  seconde,  celui  de  Jean.  D'après  une  citation  que  j'ai 
vue  écrite  de  la  main  d'un  savant,  Jean  et  Zacharie  se- 
raient enterrés  à  Jérusalem,  au  pied  du  mont  des  Oli- 
viers, dans  les  tombeaux  des  prophètes;  ce  qui  viendrait 
à  l'appui  de  l'opinion  qui  précède.  Suivant  d'autres ,  la 
sépulture  de  Zacharie  et  de  Jean  se  trouverait  dans  le 
bourg  de  Sabastiyeh,  sur  le  territoire  de  Naplouse.  D'au- 
tres enfin  la  placent  dans  la  mosquée  de  Damas.  Dieu 
sait  mieux  la  vérité. 

Es-sâhéreh. 

C'est  la  petite  plaine  qui  s'étend  à  côté  du  mont  des 
Oliviers,  vers  l'occident.  D'après  Ibrahim,  fils  d'Abou- 
'Ablah,  dans  ces  paroles,  (Qor'ân,  sur.  LXXIX,  v.  14)  : 
a  et  déjà  ils  seront  à  es-sahérah.,  »  Dieu  a  eu  en  vue  la 
petite  plaine  située  à  côté  du  mont  des  Oliviers,  tout  près 
de  l'oratoire  d"Omar  et  connue  sous  le  nom  tf  es-sâhéreh. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  I 95 

Un  hadit  du  fils  cT'Omar  est  ainsi  conçu  :  «  le  terrain  sur 
lequel  Dieu  rassemblera  le  genre  humain  ,  au  jour  de  la 
résurrection,  se  nomme  es-sâhérah.  »  La  signification  pri- 
mitive de  sâhérah  est  «  désert  »  et  «  surface  de  la  terre  » , 
ou  encore,  suivant  quelques  auteurs,  «  une  vaste  étendue 
de  plaine  ».  Dans  le  langage  des  Arabes _,  es-sâhérah 
signifie  «  une  terre  que  le  voyageur  se  hâte  de  traverser  de 
très-bon  matin  afin  de  s'en  mettre  à  l'abri  ».  Le  sens 
&  es-sâhérah  est  «  une  terre  sur  laquelle  on  veille ,  sans 
dormir  ». 

Je  dis  :  cette  petite  plaine ,  connue  sous  le  nom  d'es- 
sâhéreh,  se  trouve  en  dehors  de  la  ville  de  Jérusalem,  du 
côté  du  nord.  Elle  renferme  un  cimetière  dans  lequel  les 
musulmans  enterrent  leurs  morts.  Plusieurs  hommes 
justes  y  ont  leur  sépulture.  Le  cimetière  est  dans  une  po- 
sition élevée,  sur  une  haute  montagne. 

L'Edhémiyeh  W. 

Sous  cette  montagne  est  une  caverne  qui  tient  du  pro- 
dige; elle  sert  de  Zâwieh  aux  faqîrs  Edhémys.  Elle  pénètre 
sous  la  montagne,  dans  un  immense  rocher,  et  se  nomme 
Maghâret  el  kattân  (la  grotte  du  lin).  Le  cimetière  d'es- 
sâhéreh  forme  le  dessus  du  plafond  de  cette  grotte  de 
sorte  que,  s'il  était   possible   de  percer  le  dessous    des 


(1)    Les   Européens    la    désignent   sous    le  nom  de  «  Grotte    de 
Jérémie  ». 


196  JÉRUSALEM   ET   HÉBRON. 

tombes,  on  arriverait  à  la  caverne  qui  est  la  Zâwieh 
des  Edhémys;  toutefois^  ladistance'est  considérable;  carie 
rocher  a  une  épaisseur  très-grande.  On  dit,  en  faisant  un 
jeu  de  mots  sur  cette  position  :  «  Des  vivants  sous  des 
morts.  »  Chacun  peut  être  témoin  oculaire  de  ce  spec- 
tacle. La  Zâwieh  fut  construite  par  l'émir  Mondjok, 
Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie.  Cet  émir  et  d'autres  gens  de 
bien  lui  ont  constitué  des  donations.  Cette  Zâwieh  ren- 
ferme les  tombeaux  de  plusieurs  hommes  vertueux;  elle 
inspire  la  vénération  et  le  respect. 

Maghâret  el  kattân  (la  Grotte  du  lin). 

En  face  d'es-sâhéreh ,  du  côté  du  sud,  sous  le  mur 
septentrional  de  la  ville,  est  une  grande  caverne  très- 
profonde  appelée  aussi  «  la  Grotte  du  lin  ».  On  dit  qu'elle 
s'étend  jusque  sous  la  Sakhrah.  Plusieurs  personnes  qui 
y  ont  pénétré  en  ont  fait  des  récits  effrayants. 

Page  4i3.  Cimetières  destinés  à  la  sépulture  des  musulmans  et  situés 

au  dehors  de  Jérusalem. 

Le  premier  de  tous  est  le  cimetière  de  la  Porte  de  la 
Miséricorde,  qui  estcontigu  au  mur  oriental  du  Masdjed^ 
au  dessus  de  la  vallée  de  Djohannam;  il  est  très-fréquenté 
à  cause  de  sa  proximité  du  Masdjed;  c'est ,  en  effet,  le 
lieu  de  sépulture  le  plus  rapproché  de  la  ville.  Il  contient 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  197 

le  tombeau  de  Chaddâd  ebn  Aous,  l'Ansâry,  qui  est  très- 
connu,  et  ceux  d'autres  docteurs  et  hommes  vertueux. 
On  y  voit,  en  entrant  du  côté  du  nord,  une  Teurbeh 
(monument  funéraire)  dont  la  construction  fut  renouvelée 
par  l'émir  Qansouh  el  Yahyâwy,  Kâfel  (gouverneur  gé- 
néral) de  la  principauté  de  Syrie,  à  l'époque  où  il  faisait 
une  retraite  à  Jérusalem.  L'édifice  se  compose  d'un  iwân 
divisé  en  deux  parties,  l'une  à  l'est  et  l'autre  à  l'ouest. 
Qansouh  y  fit  enterrer  ceux  de  ses  enfants  qui  moururent. 
Au  bout  de  quelque  temps,  il  fut  destitué,  et  partit  de 
Jérusalem  au  commencement  de  chawwâl  de  l'année  892, 
laissant  inachevée  l'édification  de  cette  Teurbeh.  Mais 
quand  il  fut  nommé ,  pour  la  seconde  fois  ,  Nâïb  (vice-roi) 
de  Syrie,  il  envoya  de  l'argent  pour  l'achever,  et  on  la 
compléta  en  construisant  la  cour  septentrionale  et  le 
portail;  on  creusa  aussi  la  citerne  et  on  bâtit  le  bassin  aux 
ablutions.  La  construction  de  la  Teurbeh  fut  achevée 
en  l'année  895  (Comm.  25  novembre  1489),  et  devint 
célèbre. 

Le  cimetière  d'es-sâhéreh. 

Il  en  a  été  fait  mention  ci-devant.  11  est  situé  au  nord 
de  la  ville. 

Le  cimetière  des  Martyrs. 

Il  se  trouve  à  proximité  du  cimetière  d'es-sdhéreh,  du 


198  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

côté  de  l'orient.  Il  est  très-petit,  à  cause  du  peu  de  per- 
sonnes qui  désirent  s'y  faire  inhumer;  en  effet,  on  n'y 
enterre  que  fort  peu  d'habitants  de  la  ville. 

Le  cimetière  de  Mâmilâ. 

Il  est  situé  en  dehors  de  Jérusalem,  du  côté  de  l'ouest; 
c'est  le  plus  vaste  de  tous  les  cimetières  de  la  ville.  Il 
renferme  une  foule  de  grands  personnages,  de  savants, 
d'hommes  justes  et  de  martyrs.  Quant  à  sa  dénomination 
de  Mâmilâ,  les  uns  disent  qu'elle  a  pour  origine  les  mots 
Ma  marina  Allah  (ce  dont  Dieu  a  gratifié);  d'autres,  les 
mots  Bâb  Allah  (la  porte  de  Dieu)  ;  et  d'autres,  Zaytoun 
el  melleh  (l'olivier  de  la  nation).  On  rapporte  qu'El- 
Hasan  a  dit  :  «  Quiconque  sera  enterré  à  Jérusalem,  à 
Zaytoun  el  melleh,  sera  pour  ainsi  dire  enterré  dans 
le  ciel  inférieur.  » 

Les  juifs  lui  donnent  le  nom  de  Bayt-Molouâ,  et  les 
chrétiens  celui  de  Bâbilâ.  Mais  le  peuple  l'appelle  com- 
munément Mâmilâ. 

La  Qalandariyeh. 

Au  milieu  de  ce  cimetière  est  une  grande  Zâwieh  ap- 
pelée la  Qalandariyeh,  qui  renferme  d'énormes  construc- 
tions. Cette  Zâwieh  était  une  église  édifiée  par  les  Roûm 
et  connue  sous  le  nom  de  Couvent  Rouge;  elle  était  en 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  199 

grande  vénération  chez  les  chrétiens.  Or  il  vint  à  Jéru- 
salem un  homme  appelé  le  Cheikh  Ibrâhîm  le  Qalan- 
dary  ;  il  s'y  établit  avec  un  certain  nombre  de  faqîrs ,  et  c'est 
de  ce  Cheikh  qu'elle  a  pris  le  nom  de  la  Qalandariyeh. 
Il  était  contemporain  de  la  dame  Tonsoq  (i),  fille  d''Abd- 
Allah ,  el  Modaffariyeh,  la  même  qui  fit  construire  le 
grand  palais  connu  sous  le  nom  de  Palais  de  la  Dame,  à  page  m 
la  montée  voisine  de  la  Porte  du  Nâder.  Elle  comblait  le 
Cheikh  Ibrâhîm  de  ses  bienfaits.  Elle  construisit  éga- 
lement dans  la  dite  Zâwieh,  par  dessus  le  tombeau  de 
son  frère  Behâder ,  une  solide  coupole  qui  subsiste  encore 
de  nos  jours,  ainsi  que  la  cour  (haûch)  qui  l'entoure; 
cette  dernière  construction  fut  faite  en  l'année  794.  Elle- 
même  mourut  à  Jérusalem,  le  premier  samedi  du  mois  de 
dou'l  qa'deh }  l'année  800,  et  fut  enterrée  dans  sa 
Teurbeh  qu'elle  avait  fait  élever  à  la  montée  de  la  Dame , 
vis-à-vis  du  grand  palais,  que  Dieu  lui  fasse  misé- 
ricorde I 

Il  y  avait  dans  la  Zâwieh  Qalandariyeh  des  gens  qui  y 
demeuraient;  elle  jouissait  de  biens-fonds.  Il  n'y  a  pas 
long  temps,  en  l'année  893,  la  Zâwieh  est  tombée  en 
ruines  et  a  fini  par  s'écrouler;  jusqu'à  présent,  elle  n'a 
pas  été  reconstruite.  C'est  là  qu'on  enterre  les  principaux 
émirs  et  autres  personnages  qui  meurent  à  Jérusalem.  Le 
sol  de  cette  Qalandariyeh  et  la  majeure  partie  de  celui  de 
Mâmilâ  sont  formés  d'une  roche  très-dure;  on  a  une  peine 
extrême  à  y  creuser  les  tombes. 

(1)  Le  texte  mprimé  écrit  partout  Thonchoq. 


200  JERUSALEM    ET    HEBRON. 


La  Kebkiyeh. 

Dans  le  cimetière  de  Mâmilâ  se  trouve  une  coupole  de 
construction  solide,  connue  sous  le  nom  de  la  Kebkiyeh, 
qu'elle  doit  à  l'émir  'Alâ-ed-dyn  Aydoghdy,  fils  d"Abd- 
Allah ,  el  Kebky.  Cet  émir ,  qui  y  est  enterré ,  mourut  le 
jeudi  5  du  mois  de  ramadan  de  l'année  668  (jeudi  22  sep- 
tembre 1289). 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  20  1 


Bethléhem  (Bayt-Lahm). 

Bourg  voisin  de  Jérusalem,  à  environ  un  quart  de 
bérid,  dans  la  direction  du  sud.  C'est  là  que  naquit  notre 
seigneur  Jésus,  sur  qui  soit  le  salut  ! 

'Abd-Allah,  fils  d''Amr,  fils  d'El'As,  expédiait  de 
l'huile  pour  garnir  les  lampes  de  Bethléhem  où  naquit 
Jésus. 

A  notre  époque ,  ce  bourg  est  habité  en  majeure  partie 
par  des  chrétiens.  Il  renferme  une  église  solidement  cons- 
truite, dans  laquelle  sont  trois  Mehrâbs  très-élevés;  l'un 
tourné  vers  la  noble  qebleh  (i),  l'autre  vers  l'orient,  et 
le  troisième,  du  côté  de  la  Sakhrah.  Son  haut  plafond  en 
bois  repose  sur  cinquante  colonnes  en  roche  jaune  très- 
dure,  sans  compter  les  piliers  construits  en  pierres; 
elle  est  pavée  de  marbre,  et  des  plaques  de  plomb  très-so- 
lidement fixées  recouvrent  l'extérieur  de  sa  toiture.  Cette 
église  a  été  bâtie  par  Hélène,  mère  de  Constantin,  ainsi 
qu'il  a  été  dit  précédemment;  on  y  voit  l'endroit  où  Pa&e  *15 
naquit  Jésus  :  il  est  situé  dans  une  grotte,  entre  les  trois 
Mehrâbs;  les  chrétiens  l'ont  en  grande  vénération.  Il  ar- 
rive du  pays  des  Francs  et  autres  de  grandes  sommes 
d'argent  destinées  à  son  entretien  et  à  celui  des  moines 
qui  habitent  le  couvent  attenant  à  l'église. 

(i)  La  qebleh  ou  direction  de  la  Mekke  qui  se  trouve  au  sud  par 
rapport  à  Bethléhem. 

26 


2  02  JERUSALEM    ET   HEBRON. 


La  coupole  de  Rachel  (Qoubbeh  Râhîl). 

Entre  Jérusalem  et  Bethléhem ,  se  trouve  le  tombeau 
de  Rachel  _,  la  mère  de  notre  seigneur  Joseph  le  Véridique 
(sur  qui  soit  le  salut  1)  ;  il  est  du  côté  de  la  route  qui  relie 
Bethléhem  à  Bayt-Djâla,  au  dessous  d'une  coupole,  et 
tourné  dans  la  direction  de  la  Sakhrah.  Il  jouit  d'une 
grande  célébrité  et  est  visité  par  les  pèlerins. 

On  dit  que  la  dénomination  de  Bayt-Lahm  (Bethléhem) 
et  d'autres  bourgs  situés  autour  de  Jérusalem  comme 
Bayt-Djâla,  Bayt-Nouba,  ainsi  que  de  toute  localité 
commençant  par  le  mot  Bayt ,  provient  de  ce  que  c'était 
la  résidence  de  quelque  prophète  des  fils  d'Israël  ;  ainsi 
on  disait  :  Bayt  (la  maison)  d'un  tel,  en  lui  donnant  le 
nom  de  celui  qui  l'habitait.  Dieu  connaît  mieux  la  vé- 
rité  


Ramleh  de  Palestine. 


On  rapporte  d'après  Sa'îd  ebn  el  Mosayyeb  et  El  Mo- 
qâtelque,  dans  ces  paroles  (Qpr'ân,  sur.  XXIII  ..v.  52)  : 
«  Nous  leur  donnâmes  à  tous  deux  pour  demeure  un 
lieu  élevé,  sûr  et  abondant  en  sources  d'eau  »,  Dieu  a, 
dit-on  y  désigné  Ramleh.  Suivant  Es-Seuddy ,  ce  serait  le 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  20 3 

territoire  de  la  Palestine.  Nous  avons  précédemment 
donné  l'opinion  du  fils  d''Abbâs,  de  Qptàdah  et  de  Kafb 
qui  regardent  ce  verset  comme  s'appliquant  à  Jérusalem. 
Une  tradition  attribuée  au  Prophète  est  ainsi  conçue  : 
«  Honorez  Er-Ramleh,  »  —  c'est-à-dire  la  Palestine, — 
«  car  c'est  le  lieu  élevé  au  sujet  duquel  Dieu  a  dit  :  «  Nous 
leur  donnâmes  à  tous  deux  pour  demeure  un  lieu  élevé  , 
sûr  et  abondant.  » . 

Les  anciens  ont  divisé  la  Syrie  en  cinq  parties  :  la  (Page  4«6.) 
Syrie  première  ou  Palestine,  dont  le  chef-lieu  était  Er- 
Ramleh;  —  la  Syrie  deuxième  ou  le  Haurân,  ville  prin- 
cipale Tibériade;  —  la  Syrie  troisième,  c'est-à-dire  la 
Ghautah,  ville  principale  Damas; — la  Syrie  quatrième 
ou  Homs;  —  et  la  Syrie  cinquième,  Qennesrîn,  avec  Alep 
pour  capitale. 

Félasûn  (la  Palestine)  s'écrit  avec  un  kasrah  sous  le  fâ 
et  un  fathah  sur  le  lâm.  Elle  fut  ainsi  appelée  parce  que 
le  premier  qui  vint  l'habiter  fut  Félastîn,  fils  de  Kisouâhîn 
(Céthim) ,  fils  de  Laqtîn,  fils  d'Youfàn  (Javan) ,  fils  d'Yâfet 
(Japhet)  ,  fils  de  Noûh  (Noé). 

La  première  ville  que  l'on  rencontre  sur  les  frontières 
delà  Palestine,  en  venant  de  l'Egypte,  est  Amadj.  Au 
dire  d'Abou-Mahmoud,  c'est  peut-être  Rafah,  qui  est  El- 
'Arich.  Après,  vient  Ghazzah,  puis  Ramleh  de  Palestine. 
iElia  est  une  des  villes  de  la  Palestine;  c'est  la  cité  de  Jé- 
rusalem; elle  est  située  à  six  parasanges,  —  dix-huit 
milles ,  —  de  Ramleh  dont  elle  est  séparée  par  des  plaines 
et  des  montagnes  escarpées.  Parmi  les  autres  villes  de  la 


204  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Palestine,  il  y  a  'Asqalân  (Ascalon),  Leudd  (Lydda), 
Sabastiyeh  (Sébaste) ,  Nâbolos  (Naplouse),  et  la  ville  de 
notre  seigneur  Abraham  (Hébron). 

L'étendue  de  la  Palestine,  en  longueur,  depuis  Amadj 
jusqu'à  la  frontière  du  Ladjoun,  est  de  deux  journées 
pour  un  bon  cavalier,  et  de  plus  de  quatre  pour  les  bêtes 
chargées.  Sa  largeur,  de  Jaffa  à  Arîhâ  (Jéricho),  présente 
une  distance  de  deux  journées. 

La  ville  d'Er-Ramleh  (Ramleh). 

C'est  le  chef-lieu  du  pays  de  Palestine;  elle  est  située 
dans  un  terrain  uni  et  abonde  en  arbres  et  en  palmiers; 
elle  est  entourée  d'un  grand  nombre  de  champs  ense- 
mencés et  de  plantations,  et  produit  toutes  sortes  de 
fruits.  Ramleh  est  une  des  places-frontière  ;  car  elle  n'est 
pas  éloignée  de  la  mer  dont  elle  n'est  distante,  du  côté  de 
l'ouest,  que  d'un  demi-bérîd  environ  (i).  C'était  ancien- 
nement, au  temps  des  fils  d'Israël,  une  ville  magnifique- 
ment construite  et  très-vaste.  Djàlout  (Goliath),  un  des 
géants  des  Chananéens,  régnait  sur  les  provinces  de  la 
Palestine,  ainsi  que  nous  l'avons  mentionné  en  faisant 
l'histoire  de  notre  seigneur  David.  Nous  avons  raconté 
aussi  que  notre  seigneur  Jonas  demeura  à  Ramleh,  et 
vint  ensuite  à  Jérusalem  adorer  Dieu. 


(i)  Il  y  a  juste  trois  heures  de  Jaffa  à  Ramleh,  au  pas  des  mon- 
tures du  pays. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  20 


Description  de  la  ville  de  Ramleh  telle  qu'elle  était  autre- 
fois, avant  l'islamisme  et  postérieurement  jusque  vers 
Fan  500  (comm.  2  septembre  1106). 

Elle  était  entourée  d'une  muraille,  et  avait  une  cita-  Page  m. 
délie  et  douze  portes,  entre  autres  la  Porte  de  Jérusalem, 
la  Porte  d'Ascalon,  la  Porte  de  JafFa^  la  Porte  d'Yâzour  et 
la  Porte  de  Naplouse.  Elle  renfermait  quatre  marchés  au 
centre  desquels  on  arrivait  par  quatre  portes;  c'est  là  que 
s'élevait  son  Masdjed-djâmé'  [mosquée-cathédrale).  Par 
la  Porte  de  Jaffa^  on  entrait  dans  le  bazar  des  marchands 
de  bléj  qui  se  reliait  au  bazar  des  marchands  d'oignons; 
celui-ci  aboutissait  à  la  mosquée.  C'étaient  de  beaux 
marchés  dans  lesquels  on  vendait  toute  espèce  de  mar- 
chandises. A  la  Porte  de  Jérusalem  commençait  le  bazar 
des  marchands  de  coton^  que  suivait  le  marché  des  pei- 
gneurs  de  chanvre;  celui-ci  se  prolongeait  jusqu'au 
marché  des  droguistes,  à  l'extrémité  duquel  on  trouvait 
la  mosquée.  On  accédait  au  bazar  des  marchands  de 
bois  (i)  par  la  Porte  d'Yâzour;  ensuite  venait  le  bazardes 
marchands  de  soie  écrue,  que  le  marché  des  épiciers  reliait 
à  la  mosquée.  Une  autre  des  portes  de  la  ville  s'ouvrait 
sur  le  marché  des  fourbisseurs  auquel  succédait  le  marché 
des  selliers;  ce  dernier  se  prolongeait  jusqu'à  la  mosquée. 

(i)  Le  texte  imprimé  porte  :  des  marchands  de  cruches 


206  JÉRUSALEM   ET   HÉBR0N. 

Ramleh  comprenait,  dit-on,  quatre  mille  hameaux. 

On  a  vu  précédemment  que  le  sultan  El  Malek  en- 
Nâser  Salâh-ed-dyn  renversa  sa  citadelle  et  détruisit  la 
ville  de  Lydda,  dans  le  mois  de  ramadan  de  l'année  587 
(22  septembre-2 2  octobre  1 1 9 1). 

De  nos  jours,  il  ne  reste  plus  aucun  vestige  de  cette 
ancienne  prospérité  de  Ramleh.  Ses  remparts  et  ses  an- 
ciens marchés  ont  disparu  par  suite  de  son  occupation 
par  les  Francs  durant  environ  cent  ans.  La  ville  n'est 
plus  que  le  tiers,  et  même  le  quart  de  ce  qu'elle  était. 
Depuis  le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de 
Qélâoûn,  et  après  la  mort  de  ce  prince,  on  y  a  construit 
de  nouvelles  mosquées  et  de  nouveaux  minarets;  mais 
la  majeure  partie  des  édifices  que  l'on  voit  actuellement 
dans  la  ville  est  en  ruines  et  démolie.  L'ancienne  mos- 
quée-cathédrale  se  trouve  elle-même  en  dehors  de  la  ville, 
du  côté  de  l'ouest,  et  l'emplacement  qui  l'entoure  a  été 
transformé  en  cimetière.  Le  sultan  El  Malek  en-Nâser 
Mohammad,  fils  de  Qélâoûn,  y  a  construit  un  minaret 
qui  est  une  des  merveilles  du  monde  par  son  élégance  et 
son  élévation.  Les  voyageurs  racontent  que  c'est  un  mo- 
nument unique  et  qui  n'a  pas  son  pareil.  Il  fut  achevé  au 
milieu  de  cha'bân  de  l'année  718  (12  octobre  i3i8).  Au- 
tour de  la  mosquée,  il  ne  reste  plus,  en  fait  de  construc- 
tions anciennes,  qu'un  quartier  qui  l'avoisine  du  côté  du 
nord  et  qui  est  regardé  comme  un  bourg  ;  quant  à  la  ville, 
elle  s'en  trouve  maintenant  séparée.  Cette  mosquée  fut 
construite  par  un  des  khalifes  Omayyades,  Solaymàn,  fils 
d''Abd-el-Malek,  dont  il  a  déjà  été  parlé,  lors  de  son  avè- 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2O7 

nement  au  trône,  en  l'année  96  de  l'hégire.  C'est  une 
mosquée  vaste  et  révérée  où  tout  respire  la  pompe,  la 
majesté  et  la  splendeur.  On  l'appelle  à  notre  époque, 
comme  antérieurement  la  mosquée  Blanche  [el  djâméi 
el  abyad).  Au  dessous  de  sa  plate-forme  à  ciel  ouvert  est  Page  u\s. 
une  grotte  souterraine  d'un  aspect  effrayant.  On  dit 
qu'elle  renferme  le  tombeau  de  notre  seigneur  Sâleh,  le 
prophète.  Il  a  déjà  été  fait  mention  de  ce  fait. 

Plus  tard,  du  temps  d'El  Malek  en-Nâser  Salâh-ed-dyn, 
la  mosquée  Blanche  fut  réédifiée  par  les  soins  d'un  per- 
sonnage de  sa  cour  nommé  Elyâs  ebn  'Abd-Allah,  qui 
faisait  partie  de  la  troupe  de  l'émir  'Alâ-ed-dyn  Qaysar,  le 
Principal  fayn)  des  émirs  du  royaume  de  Salâh-ed-dyn. 
Cette  restauration  eut  lieu  en  l'année  586.  Puis_,  lorsqu'El 
Malek  ed-Dâher  Baybars  s'empara  de  JarTa,  en  l'an  666 
(Comm.  22  septembre  1267),  il  construisit  la  coupole  qui 
est  au  dessus  du  Mehrâb,  ainsi  que  la  porte  qui  lui  fait 
face;  ce  Mehrâb  est  celui  qui  est  contigu  à  la  chaire  où  se 
fait  la  khotbeh  de  la  «  fête  »  (le  Qpurbân  Bayram).  Ce 
prince  refit  aussi  l'ancien  minaret;  mais  il  est  tombé  en 
ruines  et  a  été  remplacé  par  celui  que  l'on  voit  actuel- 
lement. 

Quant  à  la  ville  d'aujourd'hui,  elle  a  beaucoup  perdu  et 
diminué  d'importance,  et  sa  population  est  moins  nom- 
breuse. Malgré  cela,  elle  est  un  lieu  de  commerce  fréquenté 
et  la  vie  y  est  assez  facile,  à  cause  de  la  fertilité  de  son  ter- 
roir et  des  bénédictions  qu'attirent  sur  elle  les  personnages 
qui  y  sont  enterrés,  tels  que  prophètes,  compagnons  (de 
Mahomet),  docteurs  et  walys  (santons).  On  y  trouve  le 


208  JÉRUSALEM    ET   HEBRON. 

glorieux  Sayyed  El  Fadl  ebn  El  'Abbâs,  cousin  germain 
de  l'Apôtre  de  Dieu  ;  son  père  El  'Abbâs  prenait  de  lui  son 
surnom  (Abou'l  Fadl).  C'est  lui  qui  lava  le  corps  du 
Prophète,  lorsqu'il  mourut ,  ainsi  qu'on  l'a  vu  précédem- 
ment. Sa  mort  eut  lieu  pendant  la  peste  d"Amwâs 
(Emmaiis),  en  l'an  18  de  l'hégire.  Il  est  enterré  dans  un 
Machhad  (chapelle  funéraire)  qui  est  visité  par  les  pè- 
lerins. L'émir  Châhîn  el  Kamâly,  Ostâdâr  de  Ramleh , 
le  fit  surmonter  d'un  minaret  et  y  établit  un  Masdjed- 
djdmé1  dans  lequel  on  célèbre  la  prière  du  vendredi  et 
celle  «  en  commun  ».  Il  dota  le  Masdjed  de  divers  biens- 
fonds  et  y  institua  des  fonctions.  La  construction  de  cet 
édifice  eut  lieu  en  l'année  854  (Comm.  14  février  1450). 
De  nos  jours,  le  Mehrâb  est  délabré  et  la  majeure  partie 
de  la  dotation  a  dépéri. 

Nous  avons  dit  ci-devant  qu"Obâdah  ebn  es-Sâmet 
était  qâdy  de  Ramleh;  c'est  lui  qui,  le  premier,  fut  in- 
vesti de  la  charge  de  juge  en  Palestine,  où  il  mourut.  Les 
avis  sont  partagés  sur  l'emplacement  de  son  tombeau  :  les 
uns  disent  qu'il  est  à  Ramleh;  d'autres  veulent  qu"0- 
bâdah  ait  été  transporté  et  inhumé  à  Jérusalem.  Cette 
dernière  opinion  est  la  plus  générale.  Sa  mort  eut  lieu, 
comme  on  l'a  vu,  l'an  34  de  l'hégire. 

Ramleh  est  aussi  le  lieu  de  sépulture  de  l'imâm  habile 
dans  la  science  des  traditions  Abou-Sa'îd  'Abd-er-Rahman 
ebn  Ibrâhîm,  le  Damascain,  connu  souslenomdeDohaym, 
et  l'un  des  sectateurs  de  l'imâm  Ahmad.  Il  fut  nommé 
qâdy  de  cette  ville  par  le  Commandeur  des  Croyants  El- 
Motawakkel-'ala- Allah,  T'Abbâsîde,  khalife  de  Baghdâd, 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  209 

qui  le  désigna  plus  tard  pour  remplir  les  mêmes  fonctions 

à  Mesr,  où  il  lui  ordonna  de  se  rendre.  Mais  la  mort  le         Page4i9. 

surprit,,  et  il  mourut  à  Ramleh.  On  ignore  l'emplacement 

de  son  tombeau.  Sa  mort  eut  lieu  en  ramadan,  l'année  245. 

Dans  cette  ville  repose  également  l'imâm,  le  tradition- 
niste,  leHâfed  Abou-'Abd-er-Rahman  Ahmad  ebn  Cho- 
'ayb  en-Nésây ,  l'un  des  plus  grands  docteurs  dans  la  science 
des  traditions  ;  né  l'an  2 14,  il  mourut  à  Ramleh  le  1 3  safar 
de  l'année  3o3.  C'est  lui  qu'Es-Seubky  a  placé  en  tête  de 
ses  Catégories  des  Châfé'îtes  moyennes.  Son  tombeau 
se  trouve,  dit-on,  en  dehors  de  la  mosquée  Blanche, 
contre  le  mur  oriental,  dans  une  cour.  Suivant  d'autres, 
il  serait  à  Acre.  Dieu  sait  mieux  la  vérité. 

Parmi  les  Walys  (santons)  qui  y  sont  enterrés  (nous 
citerons)  : 

Le  Cheikh,  le  modèle,  l'ascète,  le  dévot,  le  Waly 
(ami)  de  Dieu  Abou-'Abd-Allah  Mohammad  el  Batâïhy, 
célèbre  par  sa  piété  et  vénéré  par  le  peuple.  —  Sa  mort  eut 
lieu  le  vendredi  10  du  mois  de  safar  de  l'année  3 57;  son 
tombeau  se  trouve  dans  un  Machhad  situé  au  quartier 
d'El  Bachqardy  :  tout  y  respire,  à  un  point  inexprimable, 
la  sainteté,  le  respect  et  la  majesté.  Les  prières  qu'on  y 
adresse  à  Dieu  sont  exaucées;  j'en  ai  fait  moi-même  l'ex- 
périence. La  tombe  se  trouvait  auparavant  en  plein  air; 
on  a  construit,  par  dessus,  un  iwân,  en  l'année  874 
(Comm.  1 1  juillet  1469).  Bien  des  auteurs  se  sont  trompés 
à  l'égard  de  ce  Waly  et  l'ont  confondu  avec  le  Cheikh 
' Abd-Allah  el  Batâïhy ,  disciple  du  Sayyed  'Abd-el-Qâder 
el  Guilâny.  C'est  là  une  erreur  ;  car  le  Sayyed  'Abd-el- 

27 


2  10  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Qâder  naquit  en  l'année  471 3  c'est-à-dire  cent  quatorze 
ans  après  la  mort  du  Cheikh  'Abd-Allah  dont  nous  nous 
occupons;  ce  qui  démontre  que  le  disciple  du  Sayyed 
'Abd-el-Qâder  el  Guilâny  est  incontestablement  un  autre 
personnage. 

Le  Cheikh  Mahmoud  el  'Adawy,  renommé  pour  sa 
piété  et  les  nombreux  miracles  qu'il  opéra.  —  Il  vivait 
en  l'année  668.  Son  tombeau  se  trouve  dans  un  Machhad, 
au  quartier  «  de  la  jujube  » ,  et  est  un  but  de  pèlerinage. 

Et  le  Cheikh,  le  modèle,  auteur  de  miracles  célèbres, 
Abou'l-'Abbâs  Ahmad  el  Ochmouny,  connu  sous  le  nom 
d'El  Ghany.  —  C'était  un  homme  renommé  pour  sa  piété, 
et  un  des  Walys  de  Dieu.  Il  vivait  en  l'année  81 5.  Son 
tombeau  se  trouve  au  marché  des  fruitiers ,  dans  un 
Machhad  qui  respire  la  majesté  et  la  grandeur. 


Leudd  (Lydda). 


(Page  *20.)  Lydda  était  jadis  un  séjour  délicieux,  habité  par  une 

population  prospère.  C'est  là  que  s'arrêtaient  les  caravanes 
se  rendant  d'Egypte  en  Syrie.  Il  y  avait  à  Lydda  une 
église  solidement  construite,  entourée  d'une  immense 
cour,  et  jouissant  de  nombreuses  dotations  que  les  chré- 
tiens lui  avaient  constituées;  ils  l'ont  jusqu'à  ce  jour  en 
grande  vénération.  Cette  ville  fut  ruinée  par  El  Malek 
Salâh-ed-dyn ,  et,  à  notre  époque,  elle  n'est  plus  qu'un 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  2 I  I 


village  comme  tous  les  autres.  Elle  a  néanmoins  un  bel 
aspect  et  ses  abords  sont  riants.  Elle  se  trouve  en  dehors 
de  Ramleh,  du  côté  du  nord,  à  une  faible  distance.  On  y 
voit  une  mosquée  révérée  qui  était  une  église  construite 
par  les  Roûm,  et  où  tout  respire  la  pompe  et  la  splen- 
deur; elle  est  surmontée  d'un  minaret  très-élevé. 

En  dehors  de  Lydda,  dans  la  direction  de  l'orient,  est 
un  Machhad  renfermant,  assure-t-on,  le  tombeau  d'Abou- 
Mohammad  'Abd-er-Rahman  ebn  'Aouf ,  le  compagnon 
(de  Mahomet) ,  qui  mourut  en  l'an  32  de  la  noble  hégire. 
Nous  avons  déjà  dit  qu'il  était  mort  à  Médine  et  que  son 
tombeau  se  trouvait  dans  (le  cimetière)  El-Baqî'.  Ce- 
pendant la  croyance  générale  chez  les  habitants  de  ces 
districts  est  qu'il  se  trouve  à  Lydda ,  dans  le  Machhad 
connu.  Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 

On  voit,  au  dehors  de  Ramleh,  du  côté  de  l'ouest,  près 
de  la  mer,  un  Machhad  dans  lequel  serait,  à  ce  qu'on  dit, 
la  tombe  de  notre  seigneur  Roubil  (Ruben),  fils  de  Jacob. 
C'est  un  lieu  révéré  et  un  but  de  pèlerinage.  Il  s'y  cé- 
lèbre chaque  année  un  pèlerinage  (maousem)  qui  réunit  les 
habitants  de  Ramleh,  de  Ghazzah  et  d'autres  villes.  Ils 
passent  là  plusieurs  jours  et  font  de  grandes  dépenses. 
On  lit  dans  le  Machhad  le  sublime  Qpr'ân  et  le  noble 
maouled  (i).  Celui  qui  l'a  construit  est  notre  seigneur  et 
maître,  le  Cheikh  Chéhâb-ed-dyn  ebn  Arslân. 


(i)  Littér.  <<  naissance,  nativité  »;  prières  en  l'honneur  d'un  saint, 
et  plus  particulièrement  de  Mahomet.  L'ensemble  de  la  cérémonie 
s'appelle  aussi  un  maouled. 


2  12  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Au  nombre  des  Walys  les  plus  célèbres  (enterrés)  sur  le 
sol  de  la  Palestine  est  le  grand  et  glorieux  Sayyed,  le 
Sultan  des  Walys,  le  modèle  des  'âref,  le  chef  des  gens 
de  «  la  doctrine  »  scrutateurs,  doué  de  vertus  et  de  dons 
célestes,  auteur  de  miracles  et  de  prodiges  éclatants,  qui 
s'est  consacré  entièrement  à  Dieu,  l'observateur  assidu 
de  l'obéissance  divine,  Abou'l-Hasan  'Aly,  fils  d'fAlîl  ; 
c'est  le  même  que  le  peuple  appelle  communément  le  fils 
d"Aïïm,  avec  un  mim  (à  la  fin);  mais  sa  généalogie 
exacte  et  authentique  est  'Alil,  par  un  lâm.  Il  s'est  rendu 

célèbre  par  ses  miracles  et  ses  vertus  éclatantes La 

Page  431.  tombe  du  Sayyed  'Aly,  fils  d"Alîl,  se  trouve  au  bord  de 
la  mer,  dans  la  plaine  d'Arsouf.  Elle  est  recouverte  d'un 
grand  Machhad  très-révéré  et  surmonté  d'un  minaret 
élevé.  Tous  les  habitants  de  ces  districts  sont  sous  sa  pro- 
tection et  jouissent  de  ses  bénédictions.  Il  possède  entre 
autres  vertus  celle  d'être  en  grande  vénération  chez  les 
Francs,  qui  rendent  hommage  à  sa  piété.  Il  m'a  été 
rapporté  que  les  Francs,  lorsqu'ils  approchent  de  sa 
tombe,  étant  en  mer,  se  découvrent  la  tête  et  l'inclinent 
vers  lui.  Sa  mort  eut  lieu  le  samedi  12  rabi'  1"  de 
l'année  474  (samedi  20  août  108 1). 

Lorsqu'El  Malek  ed-Dâher  Baybars  débarqua  pour 
attaquer  JafTa  et  Arsouf,  il  visita  le  Machhad,  promit  des 
ex-voto  et  des  donations  et  adressa  des  prières  auprès  du 
tombeau  du  Cheikh.  Aussi  Dieu  lui  facilita-t-il  la  con- 
quête du  pays. 

Chaque  année,  pendant  l'été,  il  se  célèbre  dans  cet  en- 
droit un  pèlerinage  (maousem)  auquel  on  se  rend  des  pays 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2  I  3 

éloignés  et  proches  ;  il  s'y  rassemble  une  foule  que  Dieu 
seul  peut  compter.  D'abondantes  aumônes  sont  distri- 
buées, et  on  lit  auprès  du  tombeau  le  noble  maouled. 

De  notre  temps,  l'inspection  (nadar)  de  cet  établis- 
sement est  confiée  à  notre  seigneur  et  maître,  notre 
Cheikh,  le  Waly  de  Dieu ,  le  modèle  des  dévots  et  l'imâm 
des  ascètes,  la  bénédiction  de  l'univers  et  des  créatures , 
Chams-ed-dyn  Abou'l-'Aoun  Mohammad  el  Ghazzy  (de 
Ghazzah),  le  Qâdéry,  le  Chàfé'îte,  l'habitant  de  Djal- 
djoulyâ,  le  Supérieur  des  Sayyeds  Qâdérys  dans  le  royaume 
islamique.  Que  Dieu  conserve  ses  jours  pour  le  bien  des 
humains!  Il  a  restauré  le  Machhad,  a  pourvu  à  son  or- 
ganisation et  à  l'observation  de  ses  rites,  et  y  a  répandu 
ses  bonnes  œuvres  au  nombre  desquelles  sont  les  plaques 
de  marbre  qui  recouvrent  l'auguste  tombe  et  qu'il  a  fait 
placer  en  l'année  886;  il  n'y  avait  auparavant  qu'une 
tombe  en  bois.  Il  a  aussi  creusé  le  puits  qui  est  sur  la 
plate-forme  du  Masdjed  jusqu'à  ce  qu'il  est  arrivé  à  l'eau 
de  source;  puis  il  a  construit  une  tour  par  dessus  Yiwân, 
du  côté  de  l'ouest,  pour  servir  à  la  guerre  sainte,  et  y  a 
placé  des  engins  de  guerre  pour  combattre  les  Francs, 
que  Dieu  les  abandonne  !  Cette  construction  fut  achevée 
après  l'année  890.  On  lui  doit  encore  diverses  autres  bâ- 
tisses et  oeuvres  pies.  Puisse  Dieu  lui  accorder  une  large  page  *aa. 
récompense  et  prolonger  ses  jours  !  Ainsi  soit-il!  —  Notre 
Cheikh  Abou'l-' Aoun  el  Ghazzy  est  mort  dans  le  mois  de 
rabi  '  second  de  l'année  910(11  septembre- 1  o  octobre  1 504), 
dans  la  ville  de  Ramleh  (1). 

(1  )  Cette.dernière  phrase  est  évidemment  une  note  marginale  in- 
troduite plus  tard  dans  le  texte. 


214  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Ascalon. 


Nous  avons  dit  plus  haut  qu'Ascalon  était  une  des 
villes  les  plus  belles  et  les  plus  agréables  ;  mais  elle 
fut  détruite  par  El  Malek  Salâh-ed-dyn,  dans  le  mois  de 
cha'bân  de  l'an  587,  et  depuis  lors  jusqu'à  nos  jours,  elle 
ne  s'est  pas  relevée  de  ses  ruines.  Elle  renferme  un  grand 
Machhad  construit  par  un  des  Fâtémîtes,  khalifes  d'E- 
gypte, sur  l'emplacement  où  ils  croyaient  que  se  trouvait 
la  tête  d'El-Hosayn,  fils  d''Aly;  il  y  a  en  outre  à  Ascalon 
des  lieux  visités  par  les  pèlerins.  Ascalon  est  située  sur 
le  bord  de  la  mer.  Le  Hâfed  Ebn-'Asâker  a  composé 
un  volume  sur  ses  mérites. 


Ghazzah. 

D'après  Mos'ab  ebn  Tâbet,  qui  le  tenait  d'Ebn  ez- 
Zobayr,  dans  ce  hadit  que  ce  dernier  attribue  au  Prophète  : 
«  Heureux  celui  qui  habitera  l'une  des  deux  fiancées  », 
cette  expression  désigne  Ascalon  et  Ghazzah.  Celle-ci  est 
une  des  plus  belles  villes  qui  avoisinent  Jérusalem.  Là  est 
né  notre  seigneur  Salomon,  fils  de  David.  C'est  une  des 
places-frontière  ;  car  la  mer  en  est  tout  proche.  Elle 
abonde  en  arbres  et  en  dattiers  et  est  entourée  de  beau- 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2  I  i> 

coup  de  plantations  et  de  champs  cultivés;  on  y  trouve 
toutes  les  sortes  de  fruits.  C'est  une  des  plus  belles  villes 
de  la  Palestine.  Elle  est  le  berceau  d'un  grand  nombre  de 
docteurs  et  d'hommes  célèbres  par  leur  piété.  On  a  déjà  vu 
que  l'Imâm  suprême  Mohammad  ebnEdris  Ech-Châfé'y 
y  était  né  :  le  lieu  dans  lequel  il  vint  au  monde  est  connu 
et  sert  de  but  de  pèlerinage.  Quand  Ghazzah  n'aurait 
d'autre  titre  de  gloire  que  d'avoir  été  le  lieu  de  naissance 
du  prophète  Salomon  et  de  l'Imâm  Ech-Châfé'y,  cela 
certes  lui  suffirait. 


Arîhâ  (Jéricho). 

Dieu  a  dit,  en  parlant  de  son  envoyé  et  de  son  élu  Moïse 
(Qor.  sur.  V,  v.  23,  24)  :  «  Et  lorsque  Moïse  dit  à  son 
peuple  :  Entre ,  ô  mon  peuple ,  dans  la  terre  sainte  que 
Dieu  t'a  destinée.  »  Dans  l'opinion  du  fils  d'fAbbâs,  d"E- 
krémah  et  d'Es-Seuddy,  il  s'agit  de  Jéricho,  la  capitale 
des  géants,  dont  il  a  été  fait  mention  ci-devant,  dans  Page*23. 
l'histoire  de  notre  seigneur  Moïse,  et  qui  fut  prise, 
comme  nous  l'avons  raconté,  par  Josué,  fils  de  Noun. 

Elle  est  située  à  l'orient  de  Jérusalem,  au  voisinage  du 
Jourdain.  Quand  le  Prophète  expulsa  les  Juifs  de  Médine, 
ils  émigrèrent  du  côté  de  la  Syrie  vers  Adré'ât  et  Jé- 
richo. Plus  tard,  'Omar,  fils  d'El-Khattâb,  pendant  son 
khalifat,  chassa  les  derniers  d'entre  eux  du  territoire  du 
Hedjâz,  vers  Taymâ  et  Jéricho. 


2l6  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Dans  ces  temps-ci,  Jéricho  n'est  plus  qu'un  des  villages 
(relevant)  de  Jérusalem,  et  un  apanage  (iqtâ'J  réservé  au 
fonctionnaire  exerçant  dans  la  ville  sainte  la  charge  de  Nâïb 
(Lieutenant).  Par  une  étrange  coïncidence _,  cette  ville  qui 
était,  à  l'époque  des  fils  d'Israël,  la  résidence  des  géants, 
se  trouve,  au  temps  de  l'islamisme,  assignée  au  comman- 
dant de  la  police  (Hâkem  ech-chortah). 


Nâbolos  (Naplouse). 

El  Moucharraf  rapporte,  dans  son  Sanad,  d'après  Ka'b  : 
«  Le  pays  que  Dieu  aime  le  plus,  a-t-il  dit,  est  la  Syrie; 
la  partie  de  la  Syrie  la  plus  chère  à  Dieu  est  Jérusalem;  et 
la  partie  (du  territoire)  de  Jérusalem  que  Dieu  préfère  est 
la  montagne  de  Naplouse.  Certes,  il  viendra  un  temps 
où  les  hommes  la  mesureront  à  l'envi  entre  eux  avec  des 
cordes.  » 

Naplouse  est  une  ville  de  la  Terre-Sainte ,  faisant  face 
à  Jérusalem,  du  côté  du  nord >  à  une  distance  de  deux 
journées  environ ,  au  pas  des  bêtes  chargées.  Il  en  est 
sorti  beaucoup  de  savants  des  plus  distingués.  Elle  abonde 
en  sources,  en  arbres  et  en  fruits;  l'arbre  le  plus  répandu 
dans  ses  alentours  est  l'olivier.  Elle  est  habitée  par  un 
grand  nombre  de  Samaritains;  car  ceux-ci  prétendent 
qu'elle  est  la  ville  sainte  (El  Qpds)  ;  mais  ils  mentent  et 
sont  d'ailleurs  là-dessus  en  désaccord  avec  tous  les  peuples. 
Que  Dieu  les  maudisse! 

Le  tombeau  de  notre  seigneur  Joseph  se  trouve,  dit-on, 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  21J 

près  de  Naplouse;  nous  avons  relaté  ce  fait  dans  le  cha- 
pitre consacré  à  ce  patriarche.  Dans  la  ville  de  Naplouse, 
il  existe  un  Machhad  qu'on  dit  renfermer  tous  les  enfants 
de  Jacob.  Aux  alentours  de  la  ville ,  se  trouvent  de  nom- 
breux Machhad;  on  les  considère  comme  étant  ceux  de 
plusieurs  prophètes. 

Prophètes  les  plus  célèbres  (qui  reposent)  autour 
de  Jérusalem. 

Le  seigneur  'Azar_,  peut-être  le  même  qu'El  'Yzâr 
(Eliézer)  ,  fils  d'Aaron.  —  Son  tombeau  se  trouve  dans  le 
village  d'El  'Azariyeh  (Béthanie) ,  en  dehors  de  Jérusalem, 
du  côté  de  l'orient,  près  du  mont  des  Oliviers,  sur  le 
chemin  qui  conduit  vers  notre  seigneur  Moïse  Vinterlo- 
cuteur  ;  il  est  en  évidence,  dans  un  Machhad  construit 
dans  le  village;  les  pèlerins  s'y  rendent  pour  le  visiter. 
On  dit  aussi  qu'El  'Yzar,  fils  d'Aaron,  se  trouve  dans  le 
village  d"Awartâ,  une  des  dépendances  de  Naplouse. 
Suivant  d'autres^  'Azar  (Lazare)  serait  celui  qui  fut  res- 
suscité par  le  Messie  Jésus,  fils  de  Marie.  Dieu  connaît 
mieux  la  vérité. 

Quant  à  Chamouïl  (Samuel),  nous  en  avons  déjà  parlé  en    Page  4a*. 
retraçant  l'histoire  de  notre  seigneur  David.  Son  tombeau 
est  dans  un  bourg  situé  en  dehors  de  Jérusalem,  du   côté 
du  nord,  sur  le  chemin  qui  mène  à  Ramleh  de  Palestine, 
au  sommet  d'une  montagne  qui  est  là;  il  est  très-connu.  Ce 

village  portait  chez  les  juifs  le  nom  de  Râmah 

28 


2l8  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Aperçu  historique  de  la  ville  de  notre  seigneur 
El-Khalîl  (Hébron). 

Nous  avons  donné  précédemment  la  description  du 
noble  Masdjed-el-Khalîly  et  de  tout  ce  qu'il  renferme. 
Quant  à  la  ville,  qui  a  nom  Habroûn  (Hébron),  elle  est 
située  vis-à-vis  de  Jérusalem,  du  côté  du  midi.  Son  aspect 
est  extrêmement  beau  et  éclatant;  elle  s'étend  en  cercle 
autour  du  Masdjed,  des  quatre  côtés.  Les  constructions  de 
cette  ville  sont  «  modernes  »  (i)  et  bien  postérieures  à 
l'édifice  bâti  par  Salomon,  c'est-à-dire  au  Masdjed.  En 
effet,  à  l'époque  de  notre  seigneur  El-Khalîl,  la  Caverne 
se  trouvait  dans  une  plaine  déserte,  et  il  n'existait  en  cet 
endroit  aucune  bâtisse;  Abraham  résidait  sous  une  tente, 
à  Memri,  qui  se  trouve  dans  le  voisinage  de  la  ville 
d'Hébron,  vers  le  nord.  C'est  un  terrain  où  il  y  a  une 
source  d'eau  et  des  vergers.  Les  choses  restèrent  dans  cet 
état  jusqu'après  la  mort  d'Abraham  et  de  ses  enfants.  Dans 
la  suite,  Salomon  fit  bâtir  le  mur  par  dessus  les  augustes 
tombeaux.  C'est  après  cette  époque  que  fut  fondée  la 
ville. 

On  raconte  le   fait   suivant  comme  se   rapportant  à 

(  i  )  Cette  expression,  en  ar.  mohdat,  mohdatah  (au  fém.),  signifie  que 
la  construction  n'a  été  faite  que  depuis  l'établissement  de  l'islamisme. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2IQ. 

sa  fondation  :  Une  femme  d'entre  les  enfants  d'Israël 
nommée  Dabourâ  (Débora) ,  épouse  d'Alfidout  (Lapidoth) 
de  la  tribu  d'Afrâm  (Ephraïm),  se  rendit  maîtresse  de  ce 
territoire  et  s'arrogea  la  qualité  de  prophétesse.  Le  peuple  Page  «as. 
lui  obéit,  et  elle  bâtit  Râmah.  Elle  siégeait  entre  Râmah 
et  y£lia,  et  exerçait  l'autorité  sur  les  enfants  d'Israël.  Il 
y  avait  aussi  à  Râmah  un  homme  d'entre  les  plus  riches 
des  fils  d'Israël,  nommé  Yousef  er-Râmy  (Joseph  de 
Râmah);  il  vécut  jusqu'à  l'époque  de  Jésus  et  crut  en  lui. 
Or,  il  bâtit  près  du  mur  de  Salomon  des  maisons  d'habi- 
tation pour  profiter  des  bénédictions  attachées  au  voisi- 
nage des  prophètes.  Il  fut  donc  le  premier  qui  fonda  des 
constructions  autour  du  mur  (de  Salomon). 

Bientôt  les  bâtisses  s'élevèrent  successivement,  et,  en  cet 
endroit,  il  se  forma  peu  à  peu  une  ville.  Ainsi  que  je  l'ai 
dit,  elle  enveloppe  le  Masdjed  des  quatre  côtés.  Une  partie 
de  la  ville  s'élève  sur  le  sommet  d'une  montagne;  c'est 
celle  qui  s'étend  à  l'orient  du  Masdjed'  et  porte  le  nom 
de  Bayloun.  L'autre  partie,  qui  borne  le  Masdjed  à  l'oc- 
cident, est  enfoncée  dans  la  vallée.  Les  lieux  placés  sur 
la  hauteur  dominent  en  général  les  parties  basses.  Les 
rues  de  la  ville  sont  les  unes  planes  et  les  autres  escarpées  ; 
les  édifices  sont,  comme  ceux  de  Jérusalem,  construits  de 
quartiers  de  pierres  de  taille,  avec  des  toits  en  voûtes.  Il 
n'entre  pas  une  brique  dans  la  bâtisse,  ni  une  pièce  de 
bois  dans  la  charpente. 


2  20  JERUSALEM    ET    HEBRON 

Quartiers  (Hârât)  les  plus  remarquables  d'Hêbron. 

Ce  sont  les  suivants  : 

Le  quartier  du  Cheikh  'Aly  eîBakkâ  (le  pleureur);  il  est 
séparé  delà  ville,  du  côté  du  nord. 

Le  quartier  des  Kurdes ,  qui  s'élève  sur  une  hauteur , 
sur  le  versant  de  la  montagne. 

Le  quartier  des  gens  de  Bayt-Djibrîn  (hârat  El  Dja- 
bâréneh),  appelé  jadis  le  quartier  de  la  Pistache  (hârat  el 
fostoqah). 

Hârat  el  mochayréfeh  (le  quartier  delà  petite  éléva- 
tion). 

Hârat  Es-Sawâkéneh. 

Hârat  El  Haââbéneh  (i),  qui  comprend  le  quartier  des 
Chrétiens. 

Hârat  râs  Qaytoun,  qui  est  séparé  de  la  ville,  du  côté 
de  l'ouest. 

Le  quartier  des  Dârys  (hârat  Eâ-Dâriyeh),  dont  fait 
partie  la  hârat  El  Qasâwéreh. 

Le  quartier  des  juifs. 

Le  quartier  des  verriers. 

Ces  différents  quartiers,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut, 
entourent  le  Masdjed;  on  en  distingue  deux  principaux, 
savoir  :  le  quartier  des  Dârys  qui,  situé  à  l'occident  du 
Masdjed,  renferme  les  marchés  delà  ville,  ainsi  que  tous 
les  établissements  utiles,  et  est  le  plus  beau  de  tous;  et  le 
Page  «26.    quartier  des  Kurdes,  qui  se  trouve   à   l'orient  du  Mas- 

(i)Gens  de  Hadbân. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  221 

djed.  La  ville  offre  bien   d'autres  grandes  rues  ;  mais  je 
me  borne  à  mentionner  les  plus  connues. 

NLadraséb.  (collèges),  Zâwieh  (couvents)  et  Machhad 
(chapelles  funéraires)  dy  Hébron. 

Les  plus  beaux  de  ces  édifices  sont  : 

La  Zâwieh  du  Cheikh  'Omar  El  Modjarrad  (i), 
—  dans  le  quartier  des  Kurdes.  Nous  donnerons  dans  la 
suite  la  biographie  de  son  fondateur  et  la  date  de  sa  mort. 

La  Madraseh  Qaymariyeh,,  —  auprès  de  la  porte 
septentrionale  du  Masdjed,  dans  le  voisinage  de  la  fon- 
taine de  l'Eunuque. 

La  Zâwieh  des  Maghrébins ,  —  à  côté  de  la  même 
fontaine. 

La  Citadelle ,  —  qui  est  un  château-fort,  de  construc- 
tion des  Roûm  (Grecs-Byzantins) ,  attenant  au  Masdjed, 
du  côté  de  l'occident.  C'est  El  Malek  en-Nâser  qui  en  a 
fait  un  waqf  et  l'a  convertie  en  Madraseh.  De  notre  temps, 
elle  sert  de  logement  à  des  habitants  de  la  ville.  A  l'inté- 
rieur^ se  trouve  le  tombeau  de  notre  seigneur  Joseph 
le  Véridique,  ainsi  que  nous  l'avons  mentionné.  Le  fon- 
dateur du   waqfj  El    Malek  en-Nâser  Hasan,    mourut 


(i)  Le  Cheikh  Abou-Hafs 'Omar,  fils  de  Nadjm-ed-dyn  Ya'qoub, 
el  Baghdâdy,  connu  sous  le  nom  d'El  Modjarrad,  naquit  à  Baghdâd, 
l'année  712.  Il  vint  se  fixer,  en  l'an  775,  à  Hébron ,  où  il  bâtit  une 
Zâwieh.  d'une  architecture  excessivement  belle.  Il  mourut  en  l'an  795, 
et  fut  enterré  dans  sa  Zâwieh,  à  Hébron.  Moudjîr-ed-dyn,  p.  504. 


222  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

assassiné  le  jour  de  mercredi  9  djoumâda  1 er  de  l'année  762 
(mercredi  17  mars  i36i). 

La  Zâwieh  du  Cheikh  'Aly  el  Bakkâ,  —  située 
dans  le  quartier  du  même  nom.  Nous  parlerons  de  sa 
construction  et  de  la  mort  du  Cheikh  'Aly,  dans  le 
paragraphe  qui  sera  consacré  à  sa  biographie,  s'il  plaît  â 
Dieu  (1). 

La  Zâwiet  El  Qawâsémeh  (le  Couvent  des  Qà- 
sémys) ,  —  située  non  loin  de  la  précédente;  elle  doit  son 
nom  au  Cheikh  Ahmad  el  Qâsémy  el  Djonaydy,  l'un  des 
descendants  d'Abou'l-Qàsem  El  Djonayd,  qui  a  sa  sépul- 
ture dans  cet  édifice. 

Un  Masdjed  placé  dans  la  rue  (khatt)  du  bazar  des 
marchands  de  nattes  et  des  fabricants  de  sirops  (rabbâ- 
byn)  (2);  il  porte  le  nom  de  Masdjed  d'Ebn-'Otmâll, 
et  est  surmonté  d'un  minaret.  C'est  un  lieu  révéré. 

Un  Machhad  (chapelle  funéraire)  près  de  la  porte  du 
Masdjed,  dans  la  rue  (khatt)  du  marché  au  fil,  auprès  de 
la  fontaine  de  l'Eunuque.  On  y  trouve  le  tombeau  du 
Cheikh  Yousef  en-Nadjdjâr,  homme  célèbre  par  sa  vertu. 

La  Madraseh  Fakhriyeh ,  —  près  du  quartier 
des  Cha'âbéneh.  Elle  est  aujourd'hui  abandonnée.  Il  est 
vraisemblable  qu'elle  doit  son  nom  au  fondateur  de  la 
(Madraseh)  Fakriyeh  située  à  Jérusalem.  Dieu  sait 
mieux  la  vérité. 

Le  Rébât  (hospice)  Mansoûry ,  —  placé  vis-à-vis 

(1)  Voir  la  note  (9),  à  la  fin  du  volume. 

(2)  Le  texte  imprimé  dit  :  des  marchands  d'huile  (c^-^ayyâtîn). 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  223 

de  la  porte  de  la  Citadelle,  qui  a  été  construit  et  consacré 
à  sa  pieuse  destination  (waqf)  par  El  Malek  el  Mansoûr 
Qélàoûn,  l'an  679  (Comm.  3  août  1280). 

Le  Bîmârestân  (hôpital)  Mansoûry,  —  waqt" 
du  même  prince,  qui  le  fit  construire  l'an  680. 

On  voit  (de  plus)  dans  la  ville  un  certain  nombre  de 
Zâwieh  (couvents),  entre  autres  : 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Ibrahim  el  Mazzy  11  ,— 
située  entre  le  quartier  des  Kurdes  et  celui  des  Dârys, 

Et  tout  ce  qui  est  dans  le  quartier  des  Kurdes,  savoir  : 

La  Zâwieh  du  Cheikh  'Abd-er-Rahman  el 
Azderoumy  ; 

La  Zâwieh  des  Bestâmys ,  —  contiguë  au  Masdjed 
Djâoûly ,  du  côté  du  nord; 

La  Zâwieh  des  Seumâqys  ;  —  située  auprès  de  la  Page  427. 
Zâwieh  du  Cheikh  'Omar  El  Modjarrad; 

Le  Masdjed  du  Cheikh  Bahâ-ed-dyn  le  Wa- 
fôïte  ; 

La  Zâwieh  d'Abou-' Aqâqah  ; 

Le  Rébât  de  l'Eunuque  ; 

La  Zâwieh  de  Chaykhoun; 

Un  Rébât  (hospice)  Mekkois,-  —celui-ci  est  dans 
le  quartier  de  Râs  Qaytoun,  qui  est  séparé  de  la  ville, 

(1)  Moudjîr-ed-dyn  fait  mention,  à  la  p.  5o8,  d'un  Cheikh  appelé 
Ibrâhîm  el  Mazzy  :  «  Il  mourut,  dit-il,  à  Je'rusalem  et  fut  enterré  dans 
la  Teurbeh  d'es-sahéreh.  Cha'hân  el  Yaghmoury  a  fait  construire 
au  dessus  de  son  tombeau,  en  Tan  824;  il  y  a  apparence  qu'il  mourut 
à  cette  date.  » 


224  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

du  côté  de  l'occident,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  de  même 
que  : 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Redwân; 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Khedr; 

La  Zâwieh  des  Salâtéqah,  —  au  voisinage  du 
bassin,  et  enclavée  dans  la  Zâwieh  des  Edhémys; 

La  Zâwieh  d'Er-Râmy; 

La  Zâwieh  du  Cheikh 'AlyKehenbouch  l'Ed- 
hémy; 

Le  Masdjed  de  Mas'oud; 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Mohammad  el  Baydah  ; 

La  Zâwieh  du  Copiste  (elmowaqqé'); 

La  Zâwieh  du  Cheikh  Ibrahim  le  Hanafîte. 

Il  y  a  en  outre  : 

Le  Masdjed  de  Far'ouneh,  —  dans  le  quartier  des 
verriers  ; 

La  Zâwieh  d'Abou-Kamâl ,  —  en  dehors  de  la 
ville; 

LeRébât  d'El  Djamâ'îly,  —  dans  le  quartier  des 
Chrétiens; 

La  Zâwieh  Verte  (el  khadrâ) ,  —  près  du  lieu  des 
ablutions  du  Masdjed; 

La  Zâwieh  d'El  A'nas ,  —  dans  le  quartier  appelé 
hârat  El  Hadâbéneh  • 

La  Zâwieh  des  Qâdérys,  —  en  dehors  de  la  ville; 

Et  la  Coupole  de  l'ascète  (qobbet  e^âhed)  ,  — 
entre  le  quartier  du  Cheikh  'Aly  el  Bakkâ  et  la  ville. 

J'ai  cherché  à  connaître  les  noms  des  fondateurs  de  ces 
édifices,  ainsi  que  la  date  de  leur  consécration  pieuse, 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  2  25 

afin  de  les  mentionner  comme  je  l'ai  fait  pour  les  Ma- 
draseh  de  Jérusalem;  mais  cela  m'a  été  impossible,  à  cause 
de  l'absence  des  titres  de  waqf  et  de  toute  indication  qui 
me  mît  sur  leur  trace,  les  établissements  que  j'ai  cités 
étant,  pour  la  plupart,  abandonnés  et  désorganisés.  Je 
n'en  ai  parlé  que  pour  ne  pas  les  laisser  ignorés.  Dieu  est 
Celui  qui  assiste. 

Machhad  el  arba'în  (la  chapelle  funéraire 
des  Quarante). 

En  dehors  delà  ville,  du  côté  de  l'ouest,  sur  le  sommet 
d'une  montagne,  se  trouve  un  Masdjed  appelé  Machhad 
el  arba'ïn,  où,  dit-on,  reposent  les  corps  de  quarante 
martyrs.  Je  n'ai  trouvé  aucune  tradition  à  ce  sujet.  On  s'y 
rend  en  pèlerinage  et  c'est  un  lieu  révéré. 

(Fontaines  d'Hébron) 
Il  y  a  dans  la  ville  plusieurs  fontaines,  savoir  : 
*Ayn  et-tawâcJiy  (la  fontaine  de  l'Eunuque),  —  à  la 
porte  septentrionale  du  Masdjed,  à  peu  de  distance  du 
mur.  Elle  sort  de  terre  dans  le  bourg  de  Madjdal-Fasîl, 
situé  près  d'Hébron.  Le  produit  de  ce  bourg  est  destiné  à 
l'entretien  du  canal  de  la  fontaine  et  de  son  bassin  qui  est 
à  la  porte  du  Masdjed.  On  attribue  cette  fondation  à  l'émir 
Bektémir,  le  Djoukendâr ,•  il  a  laissé  des  descendants  qui 
habitent  le  Caire  et  ont  conservé  sur  ce  lieu  un  droit  de 
juridiction.  Cette  fontaine  est  la  plus  belle  et  celle  dont 
l'eau  est  la  meilleure. 

'Ayn  el  Haram  (la  fontaine  du  Haram),  —  qui  se 

%9 


22Ô  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

trouve  à  la  porte  où  l'on  bat  la  Tabl-Khânâh.  Elle  prend 
naissance  dans  un  lieu  appelé  Khallet  el  'oyoûn,  près  de 
la  Zâwieh  du  Cheikh  <Aly  el  Bakkâ. 
Page  428  'Ayn  SâraÏL  (la  fontaine  de  Sàrah) ,  —  en  dehors  de 
la  ville,  au  milieu  de  vergers.  Sa  source  est  tout  près  de 
son  bassin. 

'Ayn  es-Samîqan ,  —  qui  prend  naissance  dans  la 
Vallée  de  Sârah. 

'Ayn  el  hammam  (la  fontaine  du  bain) ,  —  qui  a  sa 
source  dans  le  WâdyH-toffâh  (la  vallée  des  pommiers); 
elle  réunit  ses  eaux  à  celles  de  la  fontaine  de  la  Samîqâh, 
pour  l'entretien  du  bain  d'Hébron. 

Et  'Ayn  Hébra  (la  fontaine  d'Hébra),  —  qui  a  été 
découverte  depuis  peu,  il  y  a  environ  vingt  ans,  auprès 
du  cimetière  inférieur.  Elle  sort  de  dessous  la  montagne 
qui  forme  le  sommet  du  Machhad  el  arba'in. 

Près  de  la  Zâwieh  du  Cheikh  fAly  el  Bakkâ  est  un 
puits  formé  par  une  source,  et,  à  côté  de  ce  puits,  se 
trouve  un  bassin  public  construit  sur  l'ordre  de  l'émir 
Sayf-ed-dyn  Salâr,  Lieutenant  de  l'empire  (Nâïb  es-sal- 
taneh)  en  Egypte  et  en  Syrie,  par  les  soins  de  l'émir 
Kaykaldy  en-Nadjmy,  pendant  le  règne  d' El  Malek  en- 
Nâser  Mohammad,  fils  de  Qélâoûn,  l'an  702  (Comm. 
26  août  i3o2),  à  l'époque  où  fut  bâti  le  minaret  qui  s'é- 
lève au  dessus  de  la  Zâwieh  du  Cheikh  ' Aly  el  Bakkâ. 

Cimetières  situés  en  dehors  de  la  ville  et  destinés 
à  la  sépulture  des  musulmans. 

Le  cimetière  inférieur,  qui  est  le  plus  ancien,  est  situé 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  227 

à  l'occident  de  la  ville,  à  la  suite  du  quartier  des  Dârys, 
près  du  Machhad  el  arba'in. 

Le  cimetière  appelé  Teurbet  er-râs  (le  monument  fu- 
néraire de  la  tête)  se  trouve  du  côté  de  l'orient,  et  fait  suite 
au  quartier  des  Kurdes. 

Un  troisième  cimetière  est  placé  dans  le  quartier  du 
Cheikh  'Aly  el  Bakkâ,  et  porte  le  nom  à' El  BaqV 

Quant  aux  vergers  qui  sont  en  dehors  de  la  ville ,  ils 
l'environnent  de  toutes  parts;  ils  produisent  des  fruits  de 
toute  sorte,  mais  surtout  des  raisins.  Ces  vergers  sont 
disposés  comme  ceux  de  Jérusalem.  Dans  la  plupart  s'é- 
lèvent des  palais  solidement  bâtis.  Les  habitants  viennent 
là  chaque  année,  durant  l'été,  passer  plusieurs  mois. 


Fief  (îqtâ')  de  Tamîm  ed-Dâry,  que  le  Prophète 
assigna  à  ce  compagnon. 

Il  comprend  l'emplacement  sur  lequel  est  sise  la  ville 
de  notre  seigneur  El-Khalîl  (Hébron)  et  le  territoire  en- 
vironnant. L'acte  de  donation  fut  écrit  sur  un  morceau 
de  peau  provenant  de  la  bottine  du  Commandeur  des 
Croyants  'Aly,  fils  d'Abou-Tâleb,,  et  de  sa  main. 

Les  chroniqueurs  ont  diversement  rapporté  les  termes 
de  la  donation.  Mais  j'ai  vu  chez  la  personne  chargée  de 
l'administration  du  dit  fief  le  morceau  de  peau  qu'on  dit 
provenir  de  la  bottine  du    Commandeur  des  Croyants 


228  JÉRUSALEM    ET   HÉBRON. 

'Aly,  fils  d'Abou-Tâleb;  il  est  fort  usé  et  ne  présente  plus 
que  quelques  traces  d'écriture;  j'ai  vu  en  même  temps, 
Page  429.    dans  la  caisse  renfermant  le  morceau  de  peau,  un  papier 
écrit,  à  ce  qu'on  assure,  de  la  propre  main  du  Comman- 
deur des  Croyants  El-Mostandjed-billah,  T'Abbâsîde,  qui 
y  avait  copié  l'acte  de  donation.  Voici  la  reproduction  de 
ce  qui  est  tracé  de  la  main  d'El-Mostandjed  :  «  Gloire  à 
a  Dieu  !  Ceci  est  la  copie  textuelle  du  titre  que  l'Envoyé 
«  de  Dieu  fit  rédiger  en  faveur  de  Tamîm  ed-Dàry  et  de 
«  ses  frères,  en  l'an  9  de  la  noble  hégire,  après  son  retour 
«  de  l'expédition  de  Tabouk,  sur  un  morceau  de  peau 
«  provenant  de  la  bottine  du  Prince  des  Fidèles  *Aly, 
«  et  de  la  main  de  celui-ci  :  Au  nom  de  Dieu  clément, 
«  miséricordieux.    Voici  ce  qu'a  donné   Mohammad , 
«  lenvoyé  de  Dieu,  à  Tamîm  ed-Dâry  et  à  ses  frères  : 
«  Habroun  (Hébron) ,  El-Martoum,  Bayt-'Aynoun  et 
«  Bayt-Ibrâhîm ,  avec  tout  ce  qui  y  est  contenu;  cette 
«  donation,  indivise  entre  eux,  est  définitive  ;  je  leur 
«  transmets  et  leur  livre  cette  propriété,  à  eux  et  à 
«  leurs  descendants.  Que  quiconque  les  lésera  soit  lésé 
«  par   Dieu  l  Que  quiconque    leur  portera  préjudice 
«  soit  maudit  de  Dieu!   Témoins  :  'Atîq,  fils   d'Abou- 
«  Qohâfah;    'Omar,    fils    d'El-Khattâb  ;    'Otmân ,   fils 
«  d"Affân;  'Aly,  fils  d'A.bou-Tâleb,  rédacteur  de  l'acte 
«  et  témoin.    »    J'ai    transcrit  cette   pièce  telle   quelle^, 
d'après  la  copie  faite  par  El-Mostandjed-billah.  Peut-être 
est-ce  là  ce  qui  a  été  cité  de  plus  authentique  à  ce  sujet. 
Dieu  connaît  mieux  la  vérité. 

Ce  fief  est  demeuré  entre  les  mains  des  descendants  de 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2  29 

Tamîm  ed-Dâry  qui;  jusqu'à  nos  jours,  vivent  de  ses  re- 
venus. Ils  habitent  la  ville  de  notre  seigneur  El-Khalîl  et 
forment  une   communauté  nombreuse  que   l'on  appelle 

les  Dârys Nous  avons 

déjà  dit,  en  parlant  des  compagnons  (de  Mahomet)  que 
Tamîm  ed-Dâry  avait  été  émir  de  Jérusalem. 


Limites  de  la  Terre-Sainte.  (Page*3o.) 

Ses  limites  sont  les  suivantes  : 

Au  sud,  le  noble  Hedjâz  dont  elle  est  séparée  par  les 
montagnes  de  Choûra,  qui  sont  des  montagnes  inacces- 
sibles, situées  à  environ  une  journée  d'Aïlah.  Le  plateau 
d'Aïlah  forme  la  limite  du  Hedjâz.  Cette  localité  fait 
partie  du  désert  des  fils  d'Israël,  et  se  trouve  éloignée  de 
de  Jérusalem  d'environ  huit  journées,  au  pas  des  bêtes 
chargées. 

A  l'orient,  à  la  suite  de  Daumat-el-Djandal ,  le  vaste 
désert  de  la  Sémâwah  qui  s'étend  jusqu'à  1" Iraq ,  et  est 
habité  par  les  Arabes  (Bédouins)  de  Syrie.  Sa  distance  de 
Jérusalem  est  à  peu  près  la  même  que  celle  d'Aïlah. 

Au  nord-est ,,  l'Euphrate,  au  dire  du  Hdfe dMohammad 
Chams-ed-dyn  ed-Dahaby ,  auteur  d'une  Histoire  de  la 
Syrie.  Il  y  a  entre  ce  fleuve  et  Jérusalem  une  distance  de 
vingt  journées  de  marche  pour  les  bêtes  chargées.  La  princi- 
pauté de  Syrie  entre  tout  entière  dans  cette  délimitation. 


230  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

A  l'ouest,  le  Bahr  er-Roûm,  qui  est  la  mer  salée  (la 
Méditerranée).  Elle  est  distante  de  Jérusalem ,  du  côté 
de  Ramleh  de  Palestine ,  de  près  de  deux  jours. 

Au  sud,  les  sables  de  l'Egypte  et  d'El-'Arich,  distants 
de  Jérusalem  d'environ  cinq  jours  pour  les  bêtes  de 
charge.  Viennent  ensuite  le  désert  des  fils  d'Israël  et  le 
mont  Sinaï.  La  frontière  s'étend  de  là  jusqu'à  Tabouk  et 
Daumat-el-Djandal,  qui  se  relie  aux  confins  de  l'est. 

Pour  ce  qui  est  des  limites  assignées,  dans  la  pratique, 
à  Jérusalem,  c'est-à-dire  au  territoire  qui  reçoit  d'une 
manière  générale  le  nom  duaml  el  Qpds  (province  de  Jé- 
rusalem) et  dans  le  ressort  duquel  les  qâdys  de  Jérusalem 
sont  autorisés  à  rendre  la  justice,  ce  sont  : 

Au  sud,  la  province  d'Hébron  séparée  de  celle  de  Jéru- 
salem par  le  bourg  de  Si'îr ,  et  le  territoire  faisant  face  à 
ce  bourg  qui  est  lui-même  compris  dans  la  circonscription 
de  Jérusalem  ; 

A  l'orient }  le  fleuve  du  Jourdain,  qui  est  celui  appelé 
ech-Charî'ah; 

Au  nord ,  la  province  de  la  ville  de  Naplouse.  Les  deux 
territoires  sont  séparés  par  les  bourgs  de  Sendjîl  (Saint- 
Gilles)  et  d'fAroun  qui  sont  des  dépendances  de  Jéru- 
salem; le  commencement  de  la  vallée  des  Banou-Zayd, 
qui  est  une  dépendance  de  Ramleh,  complète  la  frontière 
(septentrionale). 

A  l'ouest,  à  la  suite  de  Ramleh  de  Palestine,  le  village 
de  Bayt-Nouba  relevant  de  Jérusalem,  et,  à  la  suite  de  la 
ville  de  Ghazzah,  le  bourg  d"Adjour,  qui  dépend  de  cette 
dernière  ville. 


JÉRUSALEM   ET   HÉBRON.  23  I 

Les  limites  assignées,  dans  la  pratique,  à  la  ville  de 
notre  seigneur  El-Khalîl  (Hébron) ,  sont  : 

Au  sud,  la  Station  du  sel  (Manuel  el  melh),  sur  la 
route  du  Hedj'âz,  et  les  Coupoles  des  Châwérys  (Qébâb 
Ech-Châwériyeh),  village  qui  tire  son  nom  des  Banou- 
Châwer,  émirs  des  Arabes  de  Djorm; 

A  l'est }   le  village   à''Ayn  Djady  (Engaddi)  qui  fait 
partie  de  la  province  de  la  ville  d'Hébron,  et  la  mer  de  Page  431. 
Loth  (la  mer  Morte);  cette  frontière  sépare  le  territoire  de 
la  ville  d'El-Khalîl  de  celui  de  la  ville  d'El-Karak. 

Au  nord,  la  province  de  Jérusalem  dont  elle  est  sé- 
parée par  le  bourg  de  Si'îr  et  le  territoire  qui  fait  face  à 
ce  bourg,  comme  nous  venons  de  le  dire; 

A  l'ouest,  du  côté  correspondant  à  Ramleh  de  Pales- 
tine, le  bourg  de  Zacharie,  qui  est  une  des  dépendances 
d'Hébron  et  fait  partie  des  dotations  consacrées  au  Mas- 
djed  d'Abraham;  et  du  côté  correspondant  à  la  ville  de 
Ghazzah,  le  village  de  Sîmsakh,  voisin  de  celui  d'Es-Sa- 
kariyeh,  et  le  pays  des  Banou-'Yd  (1);  ce  dernier  est  une 
dépendance  d'Hébron. 

La  distance  de  Jérusalem  à  la  ville  d'El-Khalîl  (Hébron) 
est  de  près  de  deux  bérid  j  quelques  auteurs  l'ont  évaluée 
à  treize  milles  ;  d'autres  ,  à  dix-huit.  Dieu  connaît  mieux 
la  vérité 

(1)  Le  texte  imprimé  porte  :  Banou-'Abd. 


TROISIEME  PARTIE 


30 


Mention  des  principaux  souverains  de  l'islamisme  qui  ont 
régné  sur  Jérusalem  et  Hébron  et  y  ont  laissé  des  mo-  p£>sc  432 
numents  de  leur  piété,  de  leur  bienfaisance  et  de  leur 
munificence. 


Nous  avons  déjà  cité  plusieurs  des  khalifes  qui  exer- 
cèrent leur  autorité  sur  Jérusalem.  Le  plus  grand  et  le 
plus  illustre  d'entre  eux  est  le  Commandeur  des  Croyants 
'Omar  ebn  El-Khattâb,  qui  la  prit  et  l'arracha  des 
mains  des  infidèles.  Nous  avons  également  donné  l'his- 
toire de  quelques-uns  de  ses  successeurs  tant  Omayyades 
qu''Abbâsîdes,  et  celle  de  tous  les  Fàtémîtes.  Enfin, 
nous  avons  fait  mention  de  plusieurs  sultans  d'Egypte, 
dont  le  plus  parfait  et  le  plus  illustre  a  été  El  Malek  eil- 
Nâser  Salâh-ed-dyn  Yousef ,  fils  d' Ayyoub ,  le  fon- 
dateur de  la  dynastie  qui  occupa  le  trône  d'Egypte 
après  la  chute  des  Fàtémîtes,  et  des  rois  Ayyoubîtes  ses 
successeurs  qui  régnèrent  tant  en  Egypte  qu'en  d'autres 
pays,  en  relatant  ce  que  chacun  d'eux  avait  accompli  en 
fait  d'ceuvres  de  piété,  de  civilisation  et  de  bienfaisance^ 
jusqu'à  l'époque  d'El  Malek  es-Sâleh  Nadjm-ed- 
dyn  Ayyoub ,  qui  opéra  la  dernière  conquête  de  Jéru- 
salem. Après  El  Malek  es-Sâleh,  plusieurs  princes  se  suc- 
cédèrent sur  le  trône  d'Egypte.  Nous  les  mentionnerons 


236  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

tous,  sans  en  omettre  un  seul.  Pour  tous  ceux  qui  ont 
laissé  dans  le  Masdjed-el-Aqsa  et  dans  le  Masdjed  d'Hébron 
des  œuvres  de  leur  piété  et  des  monuments  de  leur  ma- 
gnificence, j'ai  cité  la  date  de  leur  avènement,  le  nom  du 
khalife  qui  vivait  de  leur  temps  et  l'époque  de  leur  mort, 
aussi  bien  que  les  bonnes  œuvres  accomplies  durant  leur 
vie,  tant  dans  ces  deux  enceintes  sacrées  que  dans  les 
parties  de  la  Terre-Sainte  qui  les  entourent.  Quant  à  ceux 
dont  je  n'ai  découvert  aucune  œuvre  pie ,  j'ai  donné  leurs 
noms  seulement,  par  la  raison  qu'ils  ont  commandé  à  Jé- 
rusalem et  que  des  prières  ont  été  célébrées  en  leur  hon- 
neur sur  la  chaire  de  cette  ville,  mais  sans  aborder  leur 
biographie  qui  m'aurait  entraîné  dans  des  longueurs, 
sans  aucune  utilité.  Je  dis  donc,  en  implorant  l'aide  et 
l'assistance  de  Dieu  : 

Le  souverain  qui  fut  investi  de  la  royauté  en  Egypte 
après  El  Malek  es-Sâleh  Nadjm-ed-dyn  Ayyoub ,,  fut  son 
fils  El  Malek  el  Mo'addam  Tourân  Chah;  il  a  été 
précédemment  fait  mention  de  lui. 

Il  eut  pour  successeur  El  Malek  el  Mo'ezz  Aybek, 
le  Turkomàn ,  le  premier  des  rois  Turcs  d'Egypte,  en 
l'année  648.  Après  un  règne  de  cinq  jours,  ce  prince  fut 
déposé,  et  remplacé  par  El  Malek  el  Achraf  Mousa  , 
qui  fut  le  dernier  des  rois  Ayyoubîtes  d'Egypte,  et  fut 
détrôné  en  652. 

El  Malek  el  Mo'ezz  Aybek  ayant  été  replacé  sur  le 
trône  ne  tarda  pas  à  mourir  assassiné.  On  lui  donna  pour 
successeur  son  fils  El  Mansoûr  Nour-ed-dyn  '  Aly , 
qui  fut  déposé  et  laissa  le  pouvoir  à  El  Malek  el  Mo- 


JÉRUSALEM    ET   HÉBRON.  2  37 

daffar  QoutOUZ.  Qoutouz  ayant  été  ensuite  assassiné 
fut  remplacé  par  : 

Le  Sultan  El  Malek  ed-Dâher  Baybars,  —  dont 
le  nom  entier  est  Reukn-ed-dyn  Abou'1-Fath  Baybars  es- 
Sâléhy  en-Nadjmy  el  Bondoqdâry.  Il  fut  d'abord  mamlouk 
d'Aydekyn  el  Bondoqdâry  es-Sâléhy.  Plus  tard ,  El  Malek 
es-Sâleh  l'ayant  pris  d'El  Bondoqdâry,  Baybars  adopta 
son  nom,  à  l'exclusion  de  celui  de  son  (premier)  maître. 
Il  monta  sur  le  trône  dans  le  mois  de  dou'l  qafdeh  de  v^gc  vj3. 
l'année  658  (8  octobre-7  novembre  1260).  Ce  fut  un  des 
monarques  les  plus  considérés.  Il  prit  d'abord  le  titre  ho- 
norifique d'El  Malek  el  Qâher;  mais  comme  on  lui  dit 
qu'il  n'était  pas  de  bon  augure  et  qu'aucun  des  princes 
qui  l'avaient  porté  avant  lui  n'avait  régné  longtemps,  il 
le  changea  et  se  fit  appeler  El  Malek  ed-Dâher.  C'est  lui 
qui  rétablit  en  Egypte,  en  l'année  659,  en  reconnaissant 
El-Mostanser-billah  Abou'l-Qâsem  Ahmad,  les  khalifes 
'Abbâsîdes,  dont  la  dynastie  avait  été  renversée  à  Baghdâd 
et  détruite  en  l'année  656. 

En  l'année  661,  Baybars  envoya  des  troupes  détruire 
l'église  de  Nazareth,  un  des  foyers  les  plus  considérables 
du  culte  des  chrétiens,  car  c'est  de  cette  ville  qu'est  sortie 
la  religion  chrétienne;  elles  dévastèrent  aussi  les  cam- 
pagnes d'Acre.  Ensuite,  il  monta  lui-même  à  cheval  et 
entreprit  une  seconde  excursion  sur  le  territoire  de  cette 
ville  dont  il  démolit  une  des  tours  située  à  l'extérieur.  Il 
prit  en  personne  Césarée  en  l'année  663  ,  le  9  djoumâda 
premier,  et  s'empara  d'Arsouf  en  djoumâda  second  de  la 
même  année.   En  l'année   664,    il  sortit  d'Egypte  à   la 


238  JÉRUSALEM    ET    HEBR0N. 

tête  de  son  armée  et  conquit  Safad  et  autres  villes;  après 
que  Safadj  qui  avait  soutenu  un  siège,  eut  obtenu  une 
capitulation  et  ouvert  ses  portes,  le  19  cha'bân  de  la  même 
année,  il  en  fit  massacrer  les  habitants  jusqu'au  dernier. 
En  l'an  666,  il  se  dirigea  avec  ses  troupes  vers  la  Syrie, 
et,  dans  le  mois  de  radjab,  emporta  Jaffa  qu'il  enleva  aux 
Francs.  Le  samedi  4  ramadan  de  cette  année  ,  il  conquit 
de  vive  force  la  ville  d'Antioche  dont  les  habitants  furent 
égorgés.  En  l'année  667,  il  fit  le  pèlerinage  de  la  Mekke 
et  visita  la  noble  Médine. 

En  l'année  668,  il  vint  à  Jérusalem  où  il  construisit  le 
Maqâm  de  notre  seigneur  Moïse  Y  interlocuteur ,  ainsi 
que  nous  l'avons  mentionné  dans  l'histoire  de  ce  pro- 
phète; il  alla  en  effet  visiter  ce  lieu.  Chemin  faisant,  il 
passa  par  le  couvent  d'Es-Sîq,  distant  de  Jérusalem  d'en- 
viron un  demi-bérîd ,  et  qui  appartenait  aux  chrétiens.  Il 
trouva  autour  du  couvent  des  cellules  pour  les  moines 
solidement  construites  et  toutes  habitées;  les  religieux  lui 
apprêtèrent  un  festin.  Comme  il  était  étonné  de  ce  grand 
nombre  de  cellules ,  quelqu'un  lui  dit  :  «  Il  y  a  ici^  dans 
ces  cellules,  une  bande  de  près  de  trois  cents  moines.  »  Il 
ordonna  aussitôt  de  les  détruire,  dans  la  crainte  d'une 
attaque  contre  Jérusalem  de  la  part  de  l'ennemi  héré- 
tique. 

En  l'année  669,  il  se  rendit  maître  du  château  des 
Kurdes,  de  celui  d'fAkkâr,  d'El-Qorayn  et  d'autres  places 
fortes. 

Jérusalem  est  redevable  à  Baybars  de  plusieurs  bonnes 
œuvres  :   il  s'occupa  avec  ardeur  de  la  restauration  du 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  2  39 

Masdjed  et  renouvela  les  mosaïques  de  la  Sakhrah  qui  Pa§e  *u- 
sont  au  dessus  des  plaques  de  marbre,  à  l'extérieur.  Il 
construisit  le  Khân  situé  au  nord-ouest  de  Jérusalem,  en 
dehors  de  la  ville,  et  connu  sous  le  nom  de  Khân  d'Ed- 
Dâher;  la  constructioru.de  cet  édifice  eut  lieu  en  l'année 
662  (Comm.  4  novembre  1263).  Il  y  fit  transporter  la 
porte  du  palais  des  khalifes  Fâtémîtes,  et  lui  constitua  en 
waqf  la  moitié  du  bourg  de  Leftâ,  et  d'autres  villages  de 
la  province  de  Damas.  Il  installa  dans  le  Khân  un  four  et 
un  moulin,  et  attacha  un  imâm  au  Masdjed  qui  s'y  trou- 
vait. Il  imposa  pour  conditions  à  cet  établissement, 
entre  autres  bonnes  œuvres,  qu'une  distribution  de  pain 
serait  faite  aux  pauvres,  à  sa  porte,  que  les  chaussures  de 
ceux  qui  y  descendraient  seraient  raccommodées,  qu'on 
leur  fournirait  à  manger,  etc.  Les  dotations  qu'il  lui 
avait  assignées  en  Syrie  ont  été  prises,  et  les  obligations 
qu'il  avait  imposées,  telles  que  la  distribution  du  pain  et 
autres ,  ont  été  supprimées,  par  suite  des  vicissitudes  du 
temps  et  des  malheurs  publics. 

C'est  ce  prince  qui  rétablit  dans  le  royaume  les  trois 
qâdys  (Hanafîte,  Hanbalîte  et  Màlékîte),  après  qu'il  n'y 
avait  plus  que  le  seul  juge  Châfé'îte,  lequel  déléguait  des 
substituts  pour  les  autres  rites.  L'installation  de  ces  trois 
qâdys  eut  lieu  à  Mesr,  en  l'année  663,  et,  en  Syrie,  en 
l'année  664. 

C'était  un  monarque  magnifique  et  intrépide.  Ilabolitles 
taxes  injustes  et  supprima  le  «  droit  de  cadastre  »  (tasqV) 
des  propriétés;  ces  impôts  rapportaient  au  Trésor  (Diwân) 
un  million  de  dinars.  Il  mit  tous  ses  soins  à  restaurer  le 


24O  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

noble  Masdjed  du  Prophète,  à  l'époque  où  il  fut  détruit 
par  un  incendie,  fit  poser  une  balustrade  autour  de  «  la 
noble  chambre  »  (le  tombeau  de  Mahomet),  y  fit  placer 
une  chaire  et  dorer  le  plafond,  et  s'occupa  de  recouvrir  la 
Ka'bah  d'une  tenture  neuve.  Au  milieu  de  ses  nom- 
breuses conquêtes,  il  reconstruisit  le  tombeau  d'Abraham, 
ajouta  aux  revenus  de  ce  sanctuaire  des  sommes  affectées 
à  ceux  qui  le  desservaient,  et  fit  bâtir  une  coupole  par 
dessus  la  tombe  de  notre  seigneur  Moïse  l'interlocuteur, 
ainsi  que  nous  venons  de  le  mentionner. 

A  Jérusalem ,  il  fit  refaire  divers  monuments  pieux, 
entre  autres  la  Coupole  de  la  Chaîne,  et  réparer  des  parties 
vermoulues  de  la  Sakhrah  et  autres.  Il  recouvrit  d'un 
Machhad  le  tombeau  d'Abou-'Obaydah  ebn  El  Djarrâh, 
et  lui  assigna  des  dotations  destinées  à  l'entretien  de  ceux 
qui  s'y  rendraient. 

Baybars  mourut  à  Damas  le  jeudi  27  du  mois  de  mo- 
harram  de  l'an  676(30  juin  1277),  et  fut  enterré  dans 
cette  ville.  La  durée  de  son  règne  avait  été  de  dix-sept 
ans,  deux  mois,  et  dix  jours.  Il  eut  pour  successeur  au 
trône  son  fils  El  Malek  es-Sa'îd  Mohammad  Ba- 
rakeh.,  qui  fut  ensuite  déposé,  et  remplacé  par  son  frère 
El  Malek  el  'Adel  Sélâmich.  Détrôné  à  son  tour, 
ce  dernier  eut  pour  successeur  : 

Le  Sultan  El  Malek  el  Mansoûr  Qélâoûn 
es-Sâléhy , 

Page  435.   dont  le  nom  entier  est  Sayf-ed-dyn  Qélâoûn  el  Alfy ,  de  la 
race  des  Qafdjâq  ;  il  fut  le  premier  mamlouk  vendu  mille 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  24 1 

dinars.  Il  s'assit  sur  le  trône  le  dimanche  22  radjab  de 
l'année  678;  le  khalife  était  alors  El-Hâkem-bé-amr-Allah 
Abou'l-' Abbâs  Ahmad ,  P'Abbâsîde. 

Il  fit  briller  le  flambeau  de  la  justice  et  opéra  un  grand 
nombre  de  conquêtes.  Il  prit  El-Marqab,  château  des 
Hospitaliers  excessivement  élevé  et  fortifié  :  il  l'assiégea , 
et  le  soumit  par  capitulation  en  rabif  premier,  l'an  684. 
Il  s'empara  de  Sahioun  en  l'année  686.  Il  conquit  aussi 
Tripoli,  après  en  avoir  fait  le  siège  avec  son  armée,  le 
vendredi,  commencement  de  la  lune  de  rabi'  premier  de 
l'année  688.  Cette  ville,  en  grande  partie  entourée  par  la 
mer,  ne  pouvait  être  attaquée  par  terre  que  sur  un  très- 
petit  espace;  il  l'assiégea  jusqu'à  ce  qu'il  s'en  rendit 
maître  par  les  armes.  L'armée  y  entra  de  vive  force,  mas- 
sacra la  plupart  de  ses  habitants  mâles  et  emmena  en 
captivité  les  femmes  et  les  enfants.  Les  Francs  s'étaient 
emparés  de  cette  ville  en  l'année  5o3,  et  ils  l'avaient  con- 
servée jusqu'à  cette  époque  :  ce  qui  fait  qu'elle  était  restée 
au  pouvoir  des  Francs  pendant  environ  cent  quatre-vingt- 
cinq  ans  et  quelques  mois.  Aucun  roi,  ni  Salâh-ed-dyn., 
ni  autre,  n'avait  osé  attaquer  cette  place,  non  plus  qu'El- 
Marqab.  Mais  Dieu  facilita  à  Qélàoûn  la  conquête  de  ces 
deux  villes. 

Au  nombre  des  bonnes  œuvres  que  ce  prince  accomplit 
à  Jérusalem,  il  faut  placer  la  restauration  du  plafond  du 
Masdjed-el-Aqsa ,  dans  la  partie  sud-ouest,  auprès  de  la 
Mosquée  des  femmes,  ainsi  que  la  construction  du  célèbre 
Rébât  Mansoûry,  à  la  Porte  du  Nâder,  hospice  extrê- 
mement beau  et  des  plus  solides.   Il  fit  revêtir  de  marbre 

31 


242  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

l'intérieur  de  la  hodjrah  (chambre  sépulcrale)  d'El-Khalîl 
(Abraham),  en  l'année  686,  et  construisit,  dans  la  ville 
d'Hébron,  le  Rébdt  et  l'hôpital  (qui  portent  son  nom).  On 
lui  doit  encore  d'autres  édifices.  Qélâoûn  mourut  le 
6  dou'l  qa'deh  de  l'année  689  (10  novembre  1290) ,  après 
un  règne  d'environ  onze  ans,  trois  mois ,  et  quelques 
jours.  C'était  un  souverain  redouté  et  modéré;  il  répandit 
peu  de  sang,  et  était  doué  d'une  grande  bravoure. 
Il  eut  pour  successeur  son  fils  : 

El  Malek  el  Achraf  Salâh-ed-dynZlialîl. 

El-Hakem-bé-amr-Allah  continuait  à  occuper  le  siège 
du  khalifat. 

Khalîl  prit  Acre  de  vive  force,  en  massacra  les  habi- 
tants et  détruisit  la  ville  de  fond  en  comble.  Il  s'empara 
également  de  plusieurs  châteaux  et  villes.  Les  Francs 
Page  «g.  furent  obligés  d'évacuer  Saydà  et  Bayrout,  qui  tombè- 
rent entre  les  mains  du  sultan.  De  même,  les  habitants  de 
Sour  ayant  pris  la  fuite,  El  Malek  el  Achraf  envoya 
des  troupes  occuper  cette  ville;  il  reçut  aussi  livraison 
d''Atlît  et  d'Antarsous.  Toutes  ces  victoires  furent  rem- 
portées en  l'année  690.  Plus  heureux  que  ses  prédé- 
cesseurs, le  sultan  devint  maître  de  toutes  ces  places 
importantes  et  fortes,  sans  coup  férir  et  sans  fatigue.  Sur 
ses  ordres,  elles  furent  démantelées  jusqu'à  la  dernière. 
Grâce  à  ces  conquêtes,  les  villes  du  Sâhel  (littoral)  se 
retrouvèrent  au  complet  entre  les  mains  des  musulmans, 
chose  que  l'on  eût  à  peine  osé  ambitionner  ou  espérer;  la 
Syrie  et  les  Sâhel  (les  villes  du  littoral)  furent  purifiés  de 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  243 

la  présence  des  Francs,  après  que  ceux-ci  avaient  été  sur  le 
point  d'établir  leur  domination  en  Egypte  et  de  s'emparer 
de  Damas  et  d'autres  villes  de  Syrie.  Louange  et  actions 
de  grâces  en  soient  rendues  à  Dieu! 

Ensuite,  il  emporta  Qal'at  er-Roûm  (la  Citadelle  des 
Roûm),  l'an  691. 

El  Malek  el  Achraf  Salâh-ed-dyn  Khalîl,  fils  de  Qé- 
làoûn,  fut  assassiné  le  12  moharram  de  l'année  693,  en 
dehors  du  Caire,  par  une  bande  composée  des  mamlouks 
de  son  père  et  des  émirs.  Son  corps  fut  transporté  au  Caire 
ou  il  fut  inhumé  dans  sa  Teurbeh 

Après  lui,  El  Malek  el  Qâher  Baydarâ  occupa  le 
trône  un  seul  jour.  Il  fut  tué,  et  remplacé  par  El  Malek 
en-Nâser  Mohammad ,  fils  de  Qélâoûn.  Ce  prince, 
qui  régna  alors  pour  la  première  fois,  fut  bientôt  dé- 
pouillé de  la  souveraineté,  et  remplacé  par  : 

El  Malek  el  'Adel  Ketboghâ, 

dont  le  nom  entier  est  Zayn-ed-dyn  Ketboghà  el  Man- 
soûry;  il  prit  les  rênes  de  l'empire  le  mercredi  9  mo- 
harram de  l'an  694,  pendant  le  khalifat  d'El-Hàkem-bé- 
amr-Allah  Abou'l-'Abbâs  Ahmad,  l'fAbbàsîde. 

Sous  le  règne  de  Ketboghà,  on  refit  les  mosaïques  de  la 
Sakhrah,  et  on  reconstruisit  la  muraille  orientale  qui 
donne  sur  le  cimetière  de  la  Porte  de  la  Miséricorde;  ces  page  437 
travaux  furent  exécutés  dans  le  cours  de  l'année  695 
(Comm.  12  novembre  1295).  Il  fut  déposé  en  moharram 
de  l'année  69G,  pendant  qu'il  se  trouvait  en  Syrie,  sur 
les  bords  de  la  rivière  d'El  'Aoudjà.  Il  avait  régné  environ 


244  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

deux  ans.  Heusâm-ed-dyn  Lâdjin,  qui  lui  succéda  sur  le 
trône,  lui  fit  don  delà  ville  de  Sarkhad,  où  il  se  rendit  et 
fixa  sa  résidence.  Plus  tard,  pendant  le  règne  d'En-Nâser 
Mohammad,,  fils  de  Qélàoûn,  il  fut  nommé  Nàïb  (Lieu- 
tenant) de  Hamâh,  en  l'année  699,  et  mourut  en  cette 
ville,  dans  la  nuit  du  (jeudi  au)  vendredi  10  dou'l  hedjdjeh 
de  l'an  702  (vendredi  26  juillet  i3o3). 

Après  qu'El  'Adel  Ketboghâ  eut  été  déposé, 

El  Malek  el  Mansoûr  Lâdjin 

fut  investi  de  l'autorité  royale;  son  nom  complet  est  Heu- 
sâm-ed-dyn el  Mansoûry.  Il  fut  proclamé  sultan  pendant 
qu'il  se  trouvait  dans  sa  tente,  sur  les  bords  de  la  rivière 
d'El  fAoudjâ;  puis  il  se  mit  en  route  pour  l'Egypte  :  le 
khalife  était  à  cette  époque  El-Hâkem-bé-amr-Allah,  dont 
il  a  déjà  été  fait  mention. 

Sous  le  règne  de  Lâdjin  eut  lieu  la  reconstruction  du 
Mehrâb  de  David,  qui  est  dans  le  mur  méridional,  auprès 
du  Berceau  de  Jésus ,  dans  le  Masdjed-el-Aqsa.  Ce  prince 
conquit  nombre  de  villes,  parmi  lesquelles  Sis  et  autres 
places  de  l'Arménie.  Il  fut  assassiné  dans  la  nuit  du  (jeudi 
au)  vendredi  11  rabif  second  de  l'année  698  (vendredi 
16  janvier  1299)  :  une  bande  de  jeunes  mamlouks  l'as- 
saillit et  le  tua  pendant  qu'il  jouait  aux  échecs.  Il  avait 
régné  deux  ans  et  trois  mois. 

A  sa  mort,  El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils 
de  QélâoÛIlj  fut  mis  à  la  tête  de  l'empire,  pour  la 
deuxième  fois,  et  déposé  ensuite,  pour  être  remplacé  par 
le  sultan  El  Malek  el  Modaffar  Baybars  el  Djâ- 
chenguîr. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  245 

Baybars,  ayant  bientôt  été  déposé,  eut  pour  successeur  : 

Le  sultan  El  Malek  en-Nâser  Mohammad , 
fils  de  Qélâoûn, 

—  (Nâser-ed-dyn  Abou'1-Fath  Mohammad  ebn  El  Malek 
el  Mansoûr  Qélâoûn).  —  Né  en  684,  il  monta  trois  fois  sur 
le  trône  :  la  première,  dans  la  moyenne  décade  de  mo- 
harram  de  l'an  693  ,  à  l'âge  d'environ  neuf  ans,  pendant 
le  khalifat  d'El-Hâkem-bé-amr- Allah ,  le  Commandeur 
des  Croyants  AbouVAbbâs  Ahmad.  Il  régna  alors  un 
an ,  fut  déposé  et  eut  pour  successeurs  El  'Adel  Ketboghâ, 
puis  El  Mansoûr  Lâdjin,  ci-dessus  mentionnés.  Il  monta 
sur  le  trône  pour  la  deuxième  fois,  le  samedi  14  djou- 
mâda  premier  de  l'an  698,  pendant  le  khalifat  du  même  El- 
Hâkem-bé-amr- Allah,  et  régna  dix  ans,  quatre  mois,  et 
dix  jours.  Ayant  alors  volontairement  renoncé  à  l'empire, 
il  se  dirigea  vers  El-Karak,  et  El  Malek  el  ModaffarBay-  i^ge  438 
bars  el  Djâchenguir  exerça  l'autorité  royale  pendant  un 
intervalle  de  onze  mois;  au  bout  de  ce  temps,  il  fut  dé- 
trôné ,  et  El  Malek  en-Nàser  Mohammad,  fils  de  Qélâoûn, 
fut  rappelé  au  pouvoir.  Ce  fut  son  troisième  règne,  pen- 
dant lequel  son  autorité  étant  solidement  affermie,  il 
jouit  d'une  grande  prospérité.  Il  s'assit  sur  le  trône  après 
Y'asr  du  mercredi  1"  chawwâl  de  l'année  709  (mercredi 
4  mars  i3io);  le  khalife  était  alors  El-Mostakfy-billah,  le 
Commandeur  des  Croyants  Abou'r-Rabî'  Solaymân. 

El  Malek  en-Nâser  fut  un  des  rois  les  plus  remarquables 
et  qui  ont  eu  le  plus  d'historiens.  Il  accomplit  trois  fois 
le  pèlerinage  de  la  Mekke  :  la  première  fois,  en  I'année7i2; 


246  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

la  deuxième,  en  l'année  719;  et  la  troisième,  en  l'année 
732.  Il  eut  de  nombreux  combats  à  soutenir  contre 
les  Tatars  et  autres,  et  conduisit  contre  le  pays  de  Sis 
plusieurs  expéditions  heureuses.  Il  conquit  l'île  d'Arouâd, 
située  dans  la  mer  des  Roûm  (Méditerranée),  en  face 
d'Antarsous,  et  s'empara  de  Malatiyeh  et  d'autres  villes. 
Il  a  laissé  dans  le  Masdjed-el-Aqsa  de  nombreux  monu- 
ments de  sa  piété  :  sous  son  règne,  la  muraille  méridionale 
qui  est  auprès  du  Mehrâb  de  David  fut  reconstruite.  On 
revêtit  de  marbre  le  fond  du  Masdjed-el-Aqsa  et  celui 
du  Masdjed  de  notre  seigneur  El-Khalîl,  sur  les  conseils 
deTenkez,  Nàïb  (vice-roi)  de  Syrie.  On  perça  dans  le 
Masdjed-el-Aqsa  les  deux  fenêtres  qui  se  trouvent  à  droite 
et  à  gauche  du  Mehrâb;  leur  ouverture  eut  lieu  en  l'année 
73i  (Comm.  i5  octobre  i33o).  Les  deux  coupoles,  celle 
du  Masdjed-el-Aqsa  et  celle  de  la  Sakhrah,  furent  re- 
dorées. Ce  qui  est  merveilleux,  c'est  que  la  dorure  de  la 
coupole  de  la  Sakhrah  fut  appliquée  antérieurement  à 
l'année  720  (Comm.  12  février  i32o),  et  bien  que,  jusqu'à 
nos  jours,  il  se  soit  écoulé  plus  de  cent  quatre-vingts  ans, 
elle  est  encore  dans  toute  sa  beauté  et  dans  tout  son  éclat  : 
en  la  voyant,  on  s'imagine  que  l'artiste  vient  d'achever  à 
l'instant  son  ouvrage.  On  construisit  les  arcades  placées  au 
haut  des  deux  escaliers  du  nord  qui  conduisent  sur  la  plate- 
forme de  la  Sakhrah  et  dont  l'un  fait  face  à  Bâb  Hetta,  et 
l'autre  à  la  Porte  de  la  Dawàdâriyeh.  La  Porte  des  Mar- 
chands de  coton  fut  solidement  reconstruite  ;  ce  fait  a  déjà 
été  mentionné.  Chacun  de  ces  endroits  est  surmonté  d'une 
inscription  qui  contient  la  date  de  sa  réédification.  L'a- 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  247 

queduc  public  qui  se  trouve  auprès  du  Berket  es-seultân 
(le  bassin  du  Sultan),  en  dehors  de  Jérusalem,  du  côté  de 
l'ouest ,  fut  également  réparé. 

On  doit  encore  à  ce  prince,  tant  à  Jérusalem  qu'en 
d'autres  villes,  d'autres  constructions  et  œuvres  pies  telles 
que  restaurations  de  châteaux-forts  et  de  citadelles.  Son 
troisième  règne,  en  effet,  dura  trente-deux  ans,  deux 
mois,  et  neuf  jours PaSe  *39. 

Mohammad  ebn  Qélâoûn  mourut  le  mercredi  1 9  dou'l 
hedjdjeh  de  l'année  741  (22  décembre  1341) ,  dans  la  Ci- 
tadelle (du  Caire)  ;  'Ezz-ed-dyn  ebn  Djamâ'ah  fit  pour  lui 
la  prière  funèbre  en  qualité  d'imâm.  Il  fut  transporté,  la 
nuit  du  (mercredi  au)  jeudi,  à  la  Madraseh  Mansoûriyeh, 
située  dans  la  rue  d'Entre  les  deux  Palais,  et  y  fut 
inhumé  auprès  de  son  père  Qélâoûn 

A  sa  mort,  huit  de  ses  fils  lui  succédèrent  dans  l'ordre 
suivant  : 

El  Malek  el  Mansoûr  Abou-Bekr,  le  premier, 
qui  fut  déposé  ; 

El  Achraf  Koutchouk  ;  il  fut  déposé; 

En-Nâser  Ahmad,  qui  fut  déposé; 

Es-Sâleh  Ismâ'îl ,  qui  mourut; 

El  Kâmel  Cha'Mn,  qui  fut  déposé; 

El  Modaffar  Hâdjdji,  qui  fut  assassiné; 

El  Malek  en-Nâser  Hasan,  qui  fut  déposé; 

El  Malek  es-Sâlell  Sâleh,  également  déposé, 

Et  En-Nâser  Hasan ,  qui  fut  replacé  sur  le  trône  et 
mourut  ensuite  assassiné.  La  date  de  la  mort  de  ce  prince 
a  été  donnée  plus  haut ,  parmi  les  événements  concernant 


248  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

la  ville  de  notre  seigneur  El-Khalîl.   Il  eut  pour  succes- 
seur son  neveu  El  Malek  el  Mansoûr  Mohammad, 
fils  d'El  Malek  el  Modaffar  Hâdjdji. 
El  Mansoûr  ayant  été  déposé, 

Le  sultan  El  Malek  el  Achraf  Cha'bân  , 

fils  de  l'émir  Hasan ,  fils  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad, 
fils  de  Qélàoûn,  fut  proclamé.  Il  était  né  en  l'an  754,  et 
monta  sur  le  trône  au  milieu  de  chafbàn  de  l'année  764, 
à  l'âge  de  dix  ans,  pendant  le  khalifat  d'El-Motawakkel- 
'ala-Allah  Abou-'Abd-Allah  Mohammad.  Sous  son  règne 
fut  édifié  le  minaret  qui  se  trouve  à  la  Porte  des  Tribus; 
nous  avons  déjà  dit  que  sa  construction  eut  lieu  par  les 
soins  d'Es-Sayfy  (Sayf-ed-dyn)  Qptlou-Boghâ,  Nâder  (ins- 
pecteur) des  deux  nobles  Haram,  en  l'année  769.  Les 
portes  en  bois  de  la  mosquée  El-Aqsa  furent  refaites  en 
l'année  777,  ainsi  que  les  arcades  qui  se  trouvent  au  haut 
de  l'escalier  occidental  de  la  plate-forme  de  la  Sakhrah, 
faisant  face  à  la  Porte  du  Nâder.  El  Malek  el  Achraf 
mourut  assassiné,  le  lundi  5  dou'l  qafdeh  de  l'année  778 
(16  mars  1377).  Ce  prince  était  un  des  bienfaits  du  siècle, 
d'un  caractère  facile,  plein  de  bienveillance  et  de  douceur; 
Page  jj*o.  il  aimait  les  gens  de  bien,  attirait  auprès  de  lui  les  doc- 
teurs et  les  faqîrs ,  et  était  très-versé  dans  la  connnais- 
sance  de  tout  ce  qui  concerne  la  loi  musulmane.  Que  Dieu 
lui  pardonne! 

Il  eut  pour  successeur  son  fils  El  Malek  el  Mansoûr 
'Aly.  'Aly  étant  mort,  le  trône  passa  à  son  frère  Hâdj- 
dji, qui  régna  alors  pour  la  première  fois  et  prit  le  titre 


JERUSALEM    ET    HEBU0N.  24Q 

honorifique  d'El  Malek  es-Sâleh  ;  mais  il  fut  bientôt 
déposé,  et  remplacé  par  : 

Le  sultan  El  Malek  ed-Dâher  Barqoûq, 

dont  le  nom  entier  est  Abou-Sa'îd  Barqoûq  ebn  Ans  ebn 
'Abd-Allah.  — Circassien  d'origine,  c'est  lui  qui  fonda 
la  dynastie  des  Tcherkès  (Circassiens).  Il  était  du  nombre 
des  mamlouks  d'Yl-Boghà  el  'Omary,  appelé  en-Nâséry 
du  nom  d'En-Nâser  Hasan  ,  fils  d'El  Malek  en-Nâser  Mo- 
hammad,  fils  de  Qélàoûn.  Il  monta  sur  le  trône  le  mer- 
credi 19  ramadan  de  l'année  784,,  pendant  le  khalifat 
d'El-Motawakkel-'ala-Allah,  le  Commandeur  des  Croyants 
Abou-fAbd-Allah  Mohamtriad,  et  fut  déposé  en  djoumâda 
second  de  l'an  791. 

El  Malek  el  Mansoûr  Hâdjdji,  fils  d'El  Achraf 
Chafbân,  le  remplaça;  pendant  ce  second  règne,  Hâdjdji 
adopta  le  surnom  honorifique  d'El  Malek  el  Mansoûr.  Au 
bout  de  quelque  temps,  il  fut  détrôné,,  et  remplacé  par 
Barqoûq  qui  fut  de  nouveau  investi  de  l'empire,  le 
mardi  14  safar  de  l'année  792;  El-Motawakkel-fala-Allah 
occupait  encore  le  khalifat. 

C'est  pendant  le  règne  de  Barqoûq  que  l'estrade  des 
Mouaddens  qui  s'élève  dans  la  Sakhrah^  vis-à-vis  du 
Mehrâb,  à  côté  de  la  porte  de  la  grotte,  fut  construite 
par  les  soins  du  Nâder  (inspecteur)  des  deux  sanctuaires 
et  Nâïb  de  Jérusalem,  En-Nâséry  (Nâser-ed-dyn)  Mo- 
hammad, fils  d'Es-Sayfy  (Sayf-ed-dyn)  Behâder ,  ed- 
Dâhéry,  au  commencement  du  mois  de  chawwâl  de 
l'année  789  (i5  octobre  1387).    Il  fit  aussi  construire  le 

32 


2!>0  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

bassin  situé  en  dehors  de  Jérusalem,  du  côté  de  l'ouest, 
et  connu  sous  le  nom  de  Berket  es-seultân  (bassin  du 
Sultan);  cette  construction  eut  lieu  l'année  même  de  sa 
mort,  c'est-à-dire  l'année  80 1.  Le  bassin  est  aujourd'hui 
en  ruines  et  hors  de  service. 

Il  constitua  en  waqf  le  village  de  Dayr-Astiâ,  une  des 
dépendances  de  Naplouse,  pour  le  Semât  (le  repas)  de 
notre  seigneur  El-Khalîl,  et  mit  pour  condition  que  le 
revenu  n'en  serait  affecté  qu'à  cette  distribution  publique 
de  vivres  seulement.  L'acte  de  donation  fut  gravé  sur  le 
seuil  de  la  porte  du  Masdjed  de  notre  seigneur  El-Khalîl 
qui  est  la  plus  orientale  des  trois  portes  situées  au  dedans 
du  mur  (de  Salomon),  et  qui  se  trouve  derrière  le  Maqâm 
de  la  Dame  Sàrah,  du  côté  du  levant. 

Sous  son  règne,  dans  le  mois  de  radjab  de  l'année  796, 
arriva  à  Jérusalem  l'émir  Chéhâb-ed-dyn  Ahmad  el  Yagh- 
moury,  Ndder  (inspecteur)  des  deux  sanctuaires  et  Nâïb 
es-saltaneh  (Lieutenant  de  l'empire)  à  Jérusalem  et  à 
Page 4*1.  Hébron;  cet  émir  supprima  les  droits,  taxes  injustes  et 
impositions  créés  par  les  vice-rois  ses  prédécesseurs  à  Jéru- 
salem; on  grava  cette  ordonnance  sur  une  plaque  de 
marbre  qui  fut  appliquée  à  la  porte  delà  Sakhrah,  du 
côté  de  l'ouest. 

Barqoûq  accompli  td'autres  bonnes  œuvres.  Il  mourut 
dans  la  Citadelle  de  la  Montagne,  la  nuit  du  (jeudi  au) 
vendredi  i5  chawwâl  de  l'an  801  (vendredi  20  juin  1399), 
à  l'âge  de  soixante  ans  environ. 

Il  eut  pour  successeur  son  fils  : 

El  Malek  en-Nâser  Faradj , 


JÉRUSALEM    ET    HÉBR0N.  25 I 

dont  le  nom  entier  est  Zayn-ed-dyn  Abou's-Sa'âdât  Faradj 
ebn  ed-Dâher  Barqoûq.  Il  était  âgé  de  douze  ans  quand  il 
fut  assis  sur  le  trône,  dans  la  matinée  du  vendredi  milieu 
du  mois  de  chawwâl  de  l'année  80 1;  le  khalife  était 
alors  El-Motawakkel-'ala- Allah.  C'est  sous  son  règne 
qu'eut  lieu  la  célèbre  rencontre  avec  Timour-lenk  (Ta- 
merlan),  en  l'année  8o3.  Faradj  fut  déposé,  et  remplacé 
par  son  frère  El  Malek  el  Mansoûr  'Abd-el-'Azîz 
qui  fut  déposé  à  son  tour,  après  deux  mois  et  neuf  jours  de 
règne. 

Ell-Nâser  Faradj  fut  rappelé  au  pouvoir  le  lundi 
7  djoumâda  second  de  l'année  808.  Il  séjourna  en  Syrie 
à  plusieurs  reprises,  et  arriva  deux  fois  à  Alep  ;  il  entra  à 
Jérusalem  où  il  descendit  à  la  Madraseh  Tenkéziyeh,  et 
distribua  des  sommes  considérables  au  peuple.  Au  nombre 
des  décrets  qu'il  rendit  à  Jérusalem  fut  celui  qui  in- 
terdit au  Nâïb  de  la  ville  sainte  d'exercer  (en  même 
temps)  les  fonctions  de  Nâder  (inspecteur)  des  deux  sanc- 
tuaires et  de  s'immiscer  en  aucune  façon  dans  leur  admi- 
nistration; ce  rescrit,  gravé  sur  une  dalle,  fut  attaché  au 
mur  de  la  Porte  de  la  Chaîne,  à  droite  en  entrant.  Il  fit 
aussi  suspendre,  dans  le  Masdjed  de  notre  seigneur  El- 
Khalîl,des  tentures  de  soie  au  dessus  des  augustes  tombes. 
Il  mourut  assassiné  la  nuit  du  (vendredi  au)  samedi  17 
safar  de  l'an  81 5  et  fut  enterré  dans  les  cimetières  des 
musulmans  à  Damas.  Que  Dieu  lui  fasse  miséricorde! 

A  sa  mort,  le  khalife,  le  Commandeur  des  Croyants 
Abou'1-Fadl,  T'Abbâside,  surnommé  honorifiquement 
El-Mosta'în-billall,  monta  sur  le  trône  et  prit  le  titre 


2  3  2  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

honorifique  d'El  Malek  el  'Adel;  mais  il  fut  bientôt  dé- 
posé, et  on  lui  donna  pour  successeur  El  Malek  el 
Mouayyad  Cheikh.  Celui-ci  étant  mort,  son  fils  El 
Malek  el  Modaffar  Ahmad  lui  succéda.  Il  fut  égale- 
lement  déposé,  et  remplacé  par  El  Malek  ed-Dâher 
Tatar,  qui  eut  pour  successeur,  à  sa  mort,  son  fils  El 
Malek  es-Sâleh  Mohammad.  Le  nouveau  souverain 
ayant  été  déposé,  le  trône  fut  donné  au  sultan  : 

El  Malek  el  Achraf  Bers-bây, 

dont  le  nom  entier  est  Abou'n-Nasr  Bers-bây  ed-Deqmâqy 
ed-Dâhéry^  l'un  des  affranchis  d'Ed-Dâher  Barqoûq.  Il 
s'assit  au  pouvoir  en  l'année  82  5 ,  au  mois  de  rabî1  pre- 
mier; le  khalife  était  à  cette  époque  El-Mo'taded-billah 
Abou'1-Fath  Dàoud. 
Page  44î.  Sous  son  règne^  les  charges  de  Ndder  (inspecteur)  des 
deux  Haram  et  de  Ndïb  es-saltaneh  (lieutenant  de  l'em- 
pire) à  Jérusalem  furent  remplies  par  l'émir  Erkmâs  el 
Djelbâny.  C'était  un  gouverneur  très-estimé.  Il  restaura 
les  waqfs  et  les  rendit  plus  productifs;  il  acquitta  les  trai- 
tements des  employés  et  acheta  pour  le  waqf,  avec  les 
sommes  économisées ,  des  portions  de  villages  et  des  mai- 
sons. Il  arriva  un  rescritd'El  Achraf  ordonnant  de  payer 
là-dessus  les  traitements  dus  aux  employés  et  de  réserver 
le  restant  pour  les  besoins  de  la  noble  Sakhrah;  ce  rescrit 
fut  gravé  sur  une  plaque  de  marbre  qu'on  attacha  au  mur 
de  la  Sakhrah  qui  fait  face  à  la  Coupole  de  l'Ascension } 
en  l'année  836. 
Au  nombre  des  bonnes  œuvres  accomplies  par  El  Malek 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  25  3 

elAchrafdans  le  Masdjed-el-Aqsa,  il  faut  mettre  l'au- 
guste exemplaire  du  Qor'ân  qu'il  déposa  dans  l'intérieur 
du  Djâmé',  vis-à-vis  du  Mehrâb,  en  regard  de  l'estrade 
des  Mouaddens  :  c'est  un  grand  et  volumineux  exem- 
plaire qui  lui  fut  donné  en  cadeau  à  Damas,  lors  de  son 
départ  pour  Amed,  en  l'année  836.  Il  l'expédia  à  Jéru- 
salenr,  sous  la  garde  de  son  khâ^endâr  (trésorier),  et  le 
dota  d'un  revenu  affecté  au  lecteur  et  à  celui  qui  en  pren- 
drait soin,  avec  la  condition  que  la  surveillance  (nadar) 
en  serait  réservée  au  Supérieur  de  la  Madraseh  Salâhiyeh 
à  Jérusalem;  il  établit,  pour  en  faire  la  lecture,  le  Cheikh 
Chams-ed-dyn  Mohammad,  fils  de  Qptlou-Châh,  er-Ramly 
(originairede  Ramleh),  professeur  de  lecture  (Qor  anique) 
et  l'un  des  lecteurs  les  plus  célèbres  par  sa  connaissance  du 
texte  sacré  et  la  beauté  de  sa  voix. 

Bers-bây  avait  beaucoup  de  qualités.  Il  mourut  le  sa- 
medi i3  dou'l  hedjdjeh  de  l'an  841  (samedi  7  juin  1438), 
et  eut  pour  successeur  El  Malek  el  'Azîz  Yousef  qui 
fut  déposé,,  et  remplacé  par  le  sultan  El  Malek  ed-Dâher 
Djaqmaq,  dont  le  nom  entier  est  Abou-Sa'îd  el  'Alây  ed- 
Dâhéry  qui  lui  venait  d'El  Malek  ed-Dàher  Barqoûq.  Il 
fut  proclamé  et  s'assit  sur  le  trône  le  19  rabî'  premier  de 
l'an  842.  Djaqmaq  pratiquait  à  un  haut  degré  la  tempé- 
rance _,  la  piété  et  la  chasteté;  il  était  plein  de  bravoureet 
aimait  les  savants.  Il  gratifia  les  deux  waqfs  de  Jérusalem 
et  d'Hébron,  sous  l'administration  du  Nâder  (inspecteur) 
Chams-ed-dyn  el  Hamawy  ed-Dàhéry,  d'une  somme  de 
deux  mille  cinq  cents  dinars  d'or  et  de  cent  vingt  qantâr 
de  plomb,  pour  la  restauration  (des  établissements  religieux 


2D4  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

de  ces  deux  villes).  Plus  tard,  du  temps  du  qâdy  Amîn- 
ed-dyn  'Abd-er-Rahman  ed-Dayry,  il  fit  don  de  cent 
vingt  ghérâreh  de  blé,  d'une  valeur  de  trois  mille  six 
cents  dinars.  Lorsqu'Ebn  ed-Dayry  mourut,  il  était  re- 
devable au  waqf  du  prix  de  céréales;  le  prince  eut  la  gé- 
nérosité d'en  acquitter  le  montant,  qui  s'élevait  à  la  somme 
de  quatre  mille  sept  cents  dinars.  Sous  son  règne,  les 
Page  443  fonctions  de  Nâder  des  deux  nobles  sanctuaires  de  Jéru- 
salem et  d'Hébron  furent  exercées  par  le  qâdy  Ghars-ed- 
dyn  Khalîl  es-Sakhâwy  ;  ce  fut  lui  qui  réorganisa  les  deux 
sanctuaires  et  y  régla  les  offices;  jusqu'alors  les  Mouad- 
dens  n'avaient  que  deux  tours  de  rôle;  il  en  établit  un 
troisième.  Il  répara  les  waqfs  et  les  accrut.  Dans  la  nuit 
du  (jeudi  au)  vendredi,,  on  servait,  pour  le  semât  (le  repas) 
de  notre  seigneur  El-Khalîl,  du  pilau  (reu\\  moufalfal) 
et  des  grains  de  grenades;  tous  les  jours,  on  apprêtait  des 
lentilles;  et  les  jours  de  fête,  on  préparait  les  mets  les  plus 
recherchés. 

De  son  temps,  c'est-à-dire  sous  le  règne  d'El  Malek  ed- 
Dâher,  au  mois  de  radjab  de  l'année  85 1  (12  septembre- 
12  octobre  1447),  une  partie  de  la  toiture  de  la  Sakhrah 
fut  détruite  par  la  foudre  qui  tomba  du  ciel  et  entra  par  la 
porte  méridionale  de  cet  édifice;  le  feu  consuma  une  por- 
tion de  la  toiture  occidentale,  du  côté  de  la  coupole.  Le 
peuple  se  réunit  pour  éteindre  l'incendie.  Cet  événement 
causa  un  grand  émoi.  On  dit  que  l'incendie  ne  fut 
point  occasionné  par  la  foudre,  mais  que  l'enfant  d'un 
grand  personnage  ayant  pénétré  sous  le  toit  pour  faire  la 
chasse  aux  colombes,  en  tenant  une  chandelle  allumée  à 


JÉRUSALEM    ET    HKBRON.  25  5 

la  main,  le  feu  prit  à  la  charpente;  ce  qui  fut  la  cause  de 
l'incendie.  Dieu  connaît  mieux  la  vérité.  Le  plafond  fut 
refait  plus  beau  qu'il  n'était. 

Parmi  les  bonnes  œuvres  d'El  Malek  ed-Dâher,  nous 
citerons  également  l'exemplaire  du  Qor  an  qu'il  déposa 
dans  la  Sakhrah,  en  face  du  Mehrâb,  en  lui  assignant  un 
lecteur  qui  existe  encore  de  nos  jours.  Il  décréta  l'abolition 
des  taxes  arbitraires  à  Jérusalem,  et  fit  graver  cette  dé- 
cision sur  une  dalle  qui  fut  attachée  au  mur  occidental  du 
Masdjed,  à  la  Porte  de  la  Chaîne.  Durant  son  règne,  il  ex- 
pédia un  page  nommé  Ynâl-Bây,  à  l'instigation  du  Cheikh 
Mohammad  el  Mochmer,  qui  appartenait  à  la  confrérie  du 
Cheikh  Chéhâb-ed-dyn  ebn  Arslân.  Le  page  se  présenta 
à  Jérusalem  porteur  d'un  rescrit  d'El  Malek  ed-Dâher  en- 
joignant de  faire  une  inspection  dans  les  couvents,  de 
démolir  toutes  les  nouvelles  constructions  exécutées  dans 
celui  de  Sion  et  autres .,  et  d'arracher  le  tombeau  de  David 
des  mains  des  chrétiens.  En  conséquence,  les  construc- 
tions nouvellement  élevées  dans  (le  couvent  de)  Sion  fu- 
rent détruites,  le  tombeau  de  David  fut  retiré  d'entre  les 
mains  des  chrétiens,  et  on  exhuma  les  ossements  des 
moines  qui  étaient  enterrés  près  du  tombeau  du  seigneur 
David.  Ces  faits  se  passèrent  le  lundi  22  djoumâda  second 
de  l'année  856  (lundi  10  juillet  1452);  ce  fut  un  jour  de 
fête.  En  cette  même  année _,  on  sévit  contre  les  chrétiens  :  Page  Uk. 
on  retrancha  du  couvent  des  Syriens  le  Masdjed,  qui  fut 
remis  au  Cheikh  Mohammad  el  Mochmer  et  converti  en 
Zâwieh  ;  on  démolit  les  constructions  nouvelles  qui 
avaient  été  élevées  à  Bethléhem  et  dans  la  Qpmdmeh  (l'é- 


2  56  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

glise  du  Saint-Sépulcre);  on  arracha  la  balustrade  en  bois 
récemment  installée  dans  la  Qpmâmeh  et  on  l'emporta  au 
Masdjed-el-Aqsa,  au  milieu  des  takbîr  et  des  tahlîl.  Des 
recherches  furent  pratiquées  dans  tous  les  couvents  :  tout 
ce  qu'on  y  trouva  de  constructions  récentes  fut  détruit. 
Ces  événements  eurent  lieu  sur  la  fin  delà  vie  du  sultan  : 
Dieu  couronna  ses  actes  par  des  œuvres  de  dévotion  et 
par  la  destruction  d'impiétés.  Nous  mentionnerons  plus 
loin,  s'il  plaît  à  Dieu,  dans  la  biographie  d'El  Malek  el 
Achraf  Qâït-bây ,  parmi  les  événements  de  l'année  895, 
ce  qui  s'est  passé  de  nos  jours  à  l'égard  du  tombeau  de 
David  et  (du  couvent)  de  Sion. 

El  Malek  ed-Dâher  mourut  dans  la  nuit  qui  suivit  la 
matinée  du  mardi  3  safar  de  l'année  857.  On  célébra  en 
son  honneur,  dans  le  Masdjed-el-Aqsa,  la  prière  de  l'absent, 
le  vendredi  21  safar.  Avant  de  mourir,  il  avait  abdiqué 
en  faveur  de  son  fils  El  Malek  el  Mansoûr  Abou'S- 
Sa'âdât  'Otmân  qui  lui  succéda  sur  le  trône  et  fut  en- 
suite déposé,  et  remplacé  par  : 

Le  sultan  El  Malek  el  Achraf  Ynâl , 

dont  le  nom  entier  est  Abou'n-Nasr  Ynâl  en-Nâséry,  du 
nom  d'En-Nâser  Faradj .  fils  de  Barqoûq.  Il  fut  installé  le 
lundi  8  rabî'  premier  de  l'an  857;  le  khalife  était  le 
Commandeur  des  Croyants  El-Qâïm-bé-amr-Allah  Abou'l- 
Baqâ  Hamzeh.  Il  nomma  cette  année  aux  fonctions  de 
Nâder  des  deux  nobles  Haram  l'émir  'Abd-el-'Azîz  el 
'Irâqy,  connu  sous  le  nom  d'Ebn  el  Mé'làq.  Les  waqfs 
et  les  employés  jouirent  d'une  prospérité  qu'ils  n'avaient 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2  57 

pas  connue  jusque-là;  les  traitements  furent  acquittés  au 
complet.,  sans  aucune  réduction,  ni  contribution  propor- 
tionnelle (mohâsasah).  Il  pourvut  aussi  à  l'organisation 
du  noble  semât  (i)  d'El-Khalil. 

Au  nombre  des  œuvres  de  piété  d'El  Malek  el  Achraf 
Ynâl,  il  faut  citer  l'exemplaire  du  Qor'ân  qu'il  déposa 
dans  le  Masdjed-el-Aqsa,  près  du  Djâmé'  d'fOmar  ebn  El- 
Khattâb,  en  face  de  la  fenêtre  qui  donne  sur  la  fontaine 
de  Siloé;  il  lui  assigna  un  lecteur  et  le  dota  d'un  revenu. 
Il  revêtit  les  augustes  tombes,  c'est-à-dire  les  tombes 
d'Abraham  et  de  ses  fils,  de  notre  seigneur  Moïse  l'inter- 
locuteur ,  de  notre  seigneur  Loth  et  de  notre  seigneur 
Jonas,  de  tentures  brodées  d'or  qu'il  expédia  sous  la 
garde  de  son  gendre  Berd-Bey,  le  second  Dawâdâr,  et  fit 
beaucoup  de  largesses  et  d'aumônes.  El  Achraf  Ynâl  ragons. 
donna  à  l'administration  des  deux  waqfs  mille  deux  cents 
ardebs  de  blé,  représentant  une  valeur  de  quatre  mille 
huit  cents  dinars.  Sous  son  règne,  le  Masdjed-el-Aqsa  fut 
l'objet  de  réparations.  Il  mourut  le  9  djoumâda  premier 
de  l'an  865  ,  après  avoir  abdiqué  en  faveur  de  son  fils 
El  Malek  el  Mouayyad  Ahmad ,  qui  lui  succéda  sur 
le  trône,  puis  fut  déposé,  et  remplacé  par  : 

Le  sultan  El  Malek  ed-Dâher  Khochqadem , 

dont  le  nom  entier  est  Abou-Sa'îd  Khochqadem  el  Mouay- 
yady  ,    —  un  des  affranchis  d'El  Malek   el   Mouayyad 

(  1  )  Le  lecteur  sait  que  l'on  donnait  le  nom  de  semât  (repas)  à  la 
distribution  publique  de  vivres  qui  se  faisait  à  Hébron,  en  souvenir 
d'Abraham. 

33 


258  JÉRUSALEM   ET   HEBRON. 

Cheikh.  Il  monta  sur  le  trône  le  dimanche  28  ramadan  de 
l'année  865  (27  juin  1461);  le  khalife  était,  à  cette  époque, 
le  Commandeur  des  Croyants  El-Mostandjed-billah 
Abou'l-Modaffar  Yousef. 

Parmi  les  bonnes  œuvres  qu'il  accomplit  à  Jérusalem, 
nous  citerons  la  construction  de  l'aqueduc  public  qui  ar- 
rive à,eAyn  el-'Arroub  (la  source  d'El-'Arroub)  à  la  ville 
sainte,  et  celle  du  plus  oriental  des  deux  bassins  àJ'El- 
Mardjî'  (1).  La  construction  fut  exécutée  sous  la  direc- 
tion de  l'émir  Doulât  Bây,  le  page,  qu'il  envoya  à  Jéru- 
salem pour  cet  objet,  et  qui  s'acquitta  de  sa  mission  avec 
beaucoup  de  zèle  et  de  la  manière  la  plus  complète.  Ed- 
Dâher  Khochqadem  gratifia  l'administration  des  legs  pieux 
d'El-Khalîl  de  soixante  ghérâreh  de  blé,  représentant 
une  valeur  de  huit  cent  quarante  dinars,  et  fit  remplacer 
les  marbres  du  Masdjed  d'El  Djâoûly  à  Hébron,  en 
l'année  867  (Comm.  26  septembre  1462),  sous  la  direc- 
tion d'El  Achraf  Nâser-ed-dyn  Mohammad,  fils  d'El 
Heumâm,  Nâder  (inspecteur)  des  deux  nobles  Haram. 
—  On  lui  doit  en  outre,  dans  la  noble  Sakhrah,  un  grand 
exemplaire  du  Qor'ân  qu'il  fit  placer  en  face  de  celui 
d'El  Malek  ed-Dàher  Djaqmaq,  du  côté  de  l'ouest.  Sous 
son  règne,  l'émir  Nâser-ed-dyn,  fils  d'El  Heumâm,  fut 
investi  de  la  charge  de  Nâder  des  deux  sanctuaires  sacrés; 
mais  il  fut  ensuite  destitué,  et  remplacé  par  l'émir  Hasan 
ed-Dâhéry,  le  même  qui  construisit  pour  El  Malek  ed- 
Dâher  Khochqadem  la  Madraseh  située  au  voisinage  de 

(1)  Voir  la  note  (10),  à  la  fin  du  volume. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2  5 9 

la  Porte  de  la  Chaîne,  Madraseh  qui  devait  revenir  à 
notre  maître  le  Sultan  Qâït-bây,  et  dont  nous  ferons  l'his- 
torique ci-après,  s'il  plaît  à  Dieu. 

Ed-Dâher  Khochqadem  décréta  la  suppression  des  taxes 
injustes  de  la  ville  sainte;  il  fit  graver  ce  rescrit  sur  deux 
plaques  de  marbre  et  les  expédia  à  Jérusalem,  sur  la  fin  de 
sa  vie;  elles  furent  appliquées  au  mur  du  Masdjed-el- 
Aqsa,  du  côté  de  l'ouest.  Il  mourut  le  1 1  rabîf  premier  de 
l'année  872. 

Après  lui  régna  El  Malek  ed  Dâher  Bil-bây,  qui 
resta  sur  le  trône  un  an  et  cinquante  jours;  il  fut  déposé,    Page  446. 
et  remplacé  par  El  Malek  ed-Dâher  Témir-Bogîiâ. 
Témir  Boghâ  fut  détrôné  au  bout  de  cinquante  jours  de 
règne. 

Le  trône  échut  alors  à  notre  maître  : 

Le  Sultan  El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây, 

dont  nous  donnerons  plus  loin  la  biographie,  ainsi  que 
nous  l'avons  promis  au  commencement  de  ce  livre. 


Parmi  les  Rois  du  Roûm  (de  l'Asie  Mineure)  qui  ont 
laissé  des  monuments  de  leur  piété  dans  la  noble  Sakhrah, 
nous  mentionnerons  : 

Le  sultan  Mourâd,  fils  du  sultan  Mohammad,  fils 
du  sultan  Bâyazîd  Khân,  qui  installa,  à  la  date  du  18 
radjab  de  l'année  833,  des  lecteurs  chargés  de  faire  à  son 
intention  la  lecture  du  Qor'ân  dans  la  noble  Sakhrah; 

Et  le  sultan  Ibrahim,  fils  du  sultan  Mohammad, 


2f>0  JÉRUSALEM    ET    HKBRON. 

tils  de  Qaramân,  qui  établit  aussi  des  lecteurs  pour  faire 
à  son  intention  la  lecture  du  Qoran,  à  la  date  du  29djou- 
mâda  second  de  l'année  858. 

D'autres  souverains  et  grands  personnages  organisèrent 
également  des  lectures  du  Qpr'ân  à  faire  à  leur  intention, 
et  constituèrent  des  legs  pieux  pour  l'entretien  du  Mas- 
djed-el-Aqsa  et  ses  desservants ,  en  vue  de  s'attirer  les  bé- 
nédictions de  Dieu.  Que  sur  eux  tous  repose  la  miséri- 
corde du  Très-Haut  ! 

Ceux  des  rois  antérieurs  qui  accomplirent  le  plus  de 
bonnes  œuvres  dans  le  Masdjed-el-Aqsa,  ainsi  que  dans 
le  Maqâm  de  notre  seigneur  El-Khalîl  (Abraham),  furent 
El  Malek  el  Mo'addam  'Ysa,  seigneur  de  Damas,  et, 
après  lui,  El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de  Qé- 
lâoûn.  Que  Dieu  leur  fasse  à  tous  deux  miséricorde  ! 


JÉRUSALEM    ET    HÉBR0N.  26 I 


Mention  des  personnages  les  plus  marquants  qui  ont  (page  6<m) 
exercé  à  Jérusalem  et  à  Hébron  les  charges  de  Nâdcr 
(Inspecteur,  Administrateur  des  legs  pieux)  et  de  Kâïb 
(Lieutenant). 


Je  n'ai  donné  au  complet  ni  leurs  noms,  ni  leurs  biogra- 
phies, attendu  que  c'eussent  été  là  des  longueurs  sans  au- 
cune utilité,  surtout  en  ce  qui  regarde  les  Nàïbs  qui  ont  été 
en  même  temps  Commandants  de  la  Police  (Heukkâm  ech- 
chortah)  et  dont  l'énumération  n'offrirait  pas  grand  avan- 
tage. Je  me  suis  borné  à  mentionner ,  parmi  les  Nâders 
et  les  Nâïbs,  ceux  d'entre  les  principaux  qui  ont  eu  le  plus 
de  célébrité  et  dont  on  connaît  des  actes  de  bienfaisance 
ou  des  bonnes-œuvres.  Je  dirai  donc^  et  c'est  de  Dieu  que 
vient  l'assistance  : 

Le  cheikh,  le  modèle,  Mousa  ebn  Ghânem,  l'Ansâry. 
—  Le  sultan  El  Malek  en-Nàser  Salâh-ed-dyn  Yousef  ebn 
Ayyoub  l'établit  dans  la  charge  de  Supérieur  et  de  Nâder  page  605 
du  Haram-ech-Chérif,  avec  la  pleine  disposition  des  legs 
pieux  appartenant  à  ce  sanctuaire.  J'ai  vu  le  diplôme 
(taouqï')  qui  lui  fut  délivré  à  cet  effet;  il  était  revêtu  de 
Y'âlâmeh  (devise)  du  Sultan  :  Louange  à  Dieu  pour  ses 
bienfaits;  mais  la  date  en  était  rognée.  Je  n'ai  pu  dé- 
couvrir aucun  fait  se  rapportant  à  la  biographie  du  Cheikh 
Mousa,  ni  la  date  de  sa  mort. 


2Ô2  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

L'émir  Heusâm-ed-dyn  Siârouhk  (i),  le  Turc, 
l'un  des  émirs  d'El  Malek  Salâh-ed-dyn.  —  C'était  un 
un  homme  religieux,  bon  et  d'une  excellente  conduite.  Il 
fut  investi  du  gouvernement  de  Jérusalem  après  la  con- 
quête, et  resta  jusqu'à  la  trêve  conclue  entre  le  Sultan  et 
les  Francs,  en  l'année  588. 

L'émir  'Ezz-ed-dyn  Djeurdyk,  un  des  émirs  de 
Tabl-Khânâh  du  sultan  El  Malek  el  'Adel  Nour-ed-dyn  le 
martyr.  —  C'était  un  émir  considéré  et  plein  de  bravoure. 
Dans  la  suite,  il  entra  au  service  d'El  Malek  en-Nâser 
Salàh-ed-dyn,  dont  il  devint  un  des  principaux  officiers. 
Lorsque  la  trêve  eut  amené  la  paix  entre  le  Sultan  et  les 
Francs,  Djeurdyk  succéda  dans  le  gouvernement  de  Jé- 
rusalem, en  l'année  588,  à  l'émir  Heusâm-ed-dyn  dont 
il  vient  d'être  parlé,  et  l'émir  (Alam-ed-dyn  Qaysar  fut 
investi ,  dans  la  même  année,  du  gouvernement  des  dis- 
tricts d'Hébron,  d'Ascalon,  de  Ghazzah,  d'Ed-Dâroum 
et  de  tout  le  territoire  situé  au  delà. 

L'émir  Sonqor  el  kebir  (l'aîné),  seigneur  de  Jéru- 
salem. —  La  ville  sainte  était  placée  sous  son  autorité  en 
l'année  593.  Il  mourut  cette  année  même ,  et  eut  pour 
successeur  à  Jérusalem  l'émir  Sârem-ed-dyn  Qotlou 
Chah,  mamlouk  d''Ezz-ed-dyn  Ferrokh-Chàh,  fils  de 
Châhanchâh,  fils  d'Ayyoub. 

L'émir,  YEsfahsalâr  (grand  maréchal)  'Ezz-ed-dyn, 
le  Sa'îd  es-So'adâ  Abou-'Amr  'Otmân  ,  fils  d'fAly, 
fils d"Abd- Allah,  ez-Zandjily.  —  Il  était  investi  du  gou- 

(1)  Le  texte  imprimé  porte  Sâroudj. 


JÉRUSALEM    ET    HF.BRON.  2Ô3 

vernementde  Jérusalem;  c'est  lui  qui  construisit  la  Cou- 
pole de  l'Ascension  sur  la  plate-forme  de  la  Sakhrah,  en 
l'année  597  (Comm.  12  octobre  1200).  Il  a  été  déjà  fait 
mention  de  cette  construction. 

L'émir  Heusâm-ed-dyn  Abou-Sâ'îd  'Otmân,  fils 
d''Abd-AUah,  el  Mo'addamy,  gouverneur  de  Jérusalem.  ~ 
C'est  lui  qui  fut  chargé  de  la  construction  de  la  Coupole 
des  Grammairiens  (en-Nahiviyeh),  sur  l'ordre  d'El  Malek 
el  Mo'addam  'Ysa,  enl'année6o4(Comm.  27)'uillet  1207). 

L'émir  Rachid-ed-dyn  Faradj,  fils  d'<Abd-Allah , 
el  Mo'addamy ,  gouverneur  (Moutawally)  d'Hébron 
pendant  le  règne  d'El  Malek  el  Mo'addam  <Ysa.  —  C'est  à 
lui  que  fut  confiée  la  construction  du  minaret  élevé  sur 
le  Maqâm  de  notre  seigneur  Jonas,  dans  le  bourg  de 
Halhoul  (1),  au  mois  de  radjab  de  l'année  623  (28  juin- 
28  juillet  1226). 

L'émir-kebir  (le  grand-émir)  '  Alâ-ed-dyn ,  l'aveugle, 
dont  le  nom  entier  est  Aydoghdy,  fils  d"Abd-A41ah,  es- 
Sâléhy  en-Nadjmy.  —  C'était  un  des  plus  grands  émirs.  Page  eoe. 
Lorsqu'il  fut  frappé  de  cécité,  il  se  fixa  à  Jérusalem  et  fut 
nommé,  sous  le  règne  d'Ed-Dâher  Baybars,  Ndder  (ins- 
pecteur) des  deux  Haram,  charge  qu'il  occupa  jusqu'à 
l'époque  d'El  Mansoûr  Qélâoûn.  Il  était  craint,  et  ses 
arrêtés  ne  rencontraient  aucune  opposition.  C'est  lui  qui 
bâtit  le  lieu  aux  ablutions  (matharah)  sis  dans  la  ville  de 
notre  seigneur  El-Khalîl  (Hébron)  (2)  et  fit  élever  à  Jéru- 

(  1)  Le  texte  imprime'  écrit  par  erreur  Djaljoul. 
(2)  Le  texte  imprimé  porte  :  près  du  noble  Masdjed  prophétique, 
expression  qui  s'applique  à  'a  mosquée  de  Médine. 


264  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

salem  un  hospice  (Rébât),  à  la  Porte  du  Nàder,  et  autres 
monuments  pieux.  Il  fit  aussi  daller  la  plate-forme  de  la 
Sakhrah,  et  construire  le  bâtiment  fermé  qui  est  à  Hé- 
bron,  à  la  porte  du  Masdjed  ,,  et  dont  l'intérieur  renferme 
les  fours  et  les  moulins.  Cet  endroit  tient  du  prodige  :  une 
seule  porte  ferme  tout,  et  le  magasin  servant  à  déposer  le 
blé  et  l'orge  en  occupe  la  partie  supérieure.  Le  semât 
(repas)  (1)  d'El-Khalîl  consistait  journellement  en  cinq 
kayledjeh  (mesures)  de  blé  et  une  de  lentilles.  Avant  de 
mourir,  l'émir  Aydoghdy  fit  porter  la  distribution  de 
chaque  jour  à  deux  ghérâreh  de  blé;  c'est  là  un  des  actes 
les  plus  beaux  et  les  plus  méritoires  de  sa  vie.  Il  expé- 
diait lui-même  les  affaires  et  jouissait  du  respect  général. 
Il  mourut  dans  le  mois  de  chawwâl  de  l'année  690  (27  sep- 
tembres 6  octobre  1291),  et  fut  enterré  dans  son  hospice 
situé  à  la  Porte  du  Nâder,  à  Jérusalem.  La  prière  de 
l'absent  fut  célébrée  en  son  honneur  à  Damas.  Les  vœux 
formulés  auprès  de  son  tombeau  sont  exaucés. 

Le  qâdy  Charaf-ed-dyn  '  Abd-er-Rahman ,  fils  du 
Sâheb  et  visir  Fakhr-ed-dyn,  el  Khalîly  (natif  d'Hébron), 
Nàder  (inspecteur)  des  deux  Haram-ech-Chérif  de  la 
Mekke  et  de  Médine,  ainsi  que  des  deux  Haram  de  Jéru- 
salem et  d'Hébron.  —  J'ai  eu  sous  les  yeux  le  diplôme  qui 
l'investissait  de  ces  fonctions;  il  émanait  d'El  Mansoûr 
Heusâm-ed-dyn  Lâdjin  et  portait  la  date  du  2  3  djoumâda 
second    de  l'année  697   (7    avril    1298).    C'est   lui  qui 

{t)  C'est-à-dire  la  distribution  faite  en  souvenir  d'Abraham. 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  20} 

construisit  le  minaret  des  Ghawànémeh,  dans  le  Masdjed- 
el-Aqsa,  ainsi  que  nous  l'avons  mentionné  précédemment. 

El  Malek  el  Aouhad  Nadjm-ed-dyn  Yousef, 
fils  d'El  Malek  en-Nàser  Dâoud,  fils  d'El  Malek  el  Mo- 
'addam   'Ysa.  —  Il  fut  nommé  Ndder  de   Jérusalem  et 

d'Hébron  en  radjab  de  l'année  694 Il  mourut  la  nuit 

du  (lundi  au)  mardi  4  dou'l  hedjdjeh  de  l'année  698  (12 
septembre  1299),  et  fut  enterré  dans  son  hospice  (Rébât) 
connu  sous  le  nom  de  Madraseh  Aouhadiyeh,  à  la  Porte 
Hetta;  il  était  âgé  de  soixante-dix  ans.  Une  foule  nom- 
breuse assista  à  ses  funérailles.  C'était  un  des  fils  de  rois  Page  607. 
les  plus  religieux  et  les  plus  vertueux,  et  un  des  plus 
grands  bienfaiteurs  des  faibles  (1). 

L'émir  Reukn-ed-dyn  Mankouros,  le  Djâchen- 
gnîr ,  Nâïb  es-saltaneh  (Lieutenant  de  l'empire)  à  la 
Citadelle  de  Jérusalem.  —  Il  mourut  en  chafbàn  de 
l'année  717  et  fut  enterré  à  Mâmilà. 

L'émir  Nâser-ed-dyn ,  Conservateur  des  Waqfs  (Mou- 
chedd  el  aouqâf) .  —  Il  fut  nommé  Ndder  (inspecteur] 
des  deux  Haram  de  Jérusalem  et  d'Hébron,  en  moharram, 
l'année  729.  Il  exécuta  de  nombreuses  restaurations;  il 
ouvrit,  dans  le  Masdjed-el-Aqsa,  les  deux  fenêtres  qui  se 
trouvent  adroite  et  à  gauche  du  Mehrâb,  et  recouvrit  de 
marbre  le  fond  de  la  mosquée,  en  vertu  d'un  rescrit  de 
l'émir  Tenkez,  Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie,  en  l'année  731 
(Comm.  1 5  octobre  i33o). 

(1)  Au  lieu  d'ed-do'afd,  le  texte  imprime  porte  el  fodalâ  (les  gens 
de  mérite). 

34 


266  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Vêmir-kebir  (le  grand-émir)  'Alam-ed-dyn  Abou- 
Sa'îd  Sanctjar,  fils  d"Abd- Allah,  El  Djâoûly,  le  Châ- 

fé'îte.  —  Né  à  Amed,  en  l'an  653,  il  appartint  dans  la 
suite  à  un  des  émirs  Dàhérys  nommé  El  Djâoûly.  Après 
la  mort  de  celui-ci,  il  passa  dans  la  maison  d'El  Mansoûr 
(Qélâoûn).  Il  monta  successivement  en  grade  jusqu'à  ce 
qu'il  fut  nommé  moqaddam  (commandant)  en  Syrie. 
Sous  le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de  Qé- 
lâoûn ,  il  fut  nommé  Nâder  des  deux  Haram-ech-Chérif, 
Nâïb  de  Jérusalem  et  d'Hébron,  Nâïb  de  Ghazzah,  puis 
saisi  et  soumis  à  la  torture.  Ensuite,  il  fut  fait  émir  mo- 
qaddam (émir-commandant)  à  Mesr,  puis  investi  des 
fonctions  de  Nâïb  à  Hamâh;  peu  de  temps  après,  il  re- 
couvra la  charge  de  Nâïb  de  Ghazzah,  et  plus  tard  retourna 

à  Mesr 

Il  bâtit,  auprès  du  Masdjed  d'El-Khalîl,  le  Masdjed 
connu  sous  le  nom  de  Djâoûliyeh;  il  en  a  été  fait  men- 
tion précédemment.  Cet  édifice  est  de  toute  beauté.  Il  le 
construisit  de  ses  propres  deniers  pendant  qu'il  était 
Nâder.  Il  construisit  aussi  une  mosquée  à  Ghazzah,  une 
Khânqâh  (hospice)  à  l'extérieur  du  Caire,  et  une  Ma- 
draseh  à  Jérusalem;  celle-ci  est  devenue,  à  notre  époque, 
l'habitation  des  Nâïbs  de  la  ville  sainte.  Enfin,  il  cons- 
titua des  waqfs  nombreux  tant  à  Jérusalem  qu'à  Hébron, 

à  Ghazzah  et  en  d'autres  lieux .  Sandjar  mourut  dans 

le  mois  de  ramadan  de  l'année  745  et  fut  enterré  dans  la 
Khânqdh  qu'il  avait  fait  élever  au  Caire,  et  qui  est  située 
Page  608.   dans  un  endroit  appelé  El  Kabch,  près  de  la  mosquée 
d'Ebn-Touloun. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  267 

L'émir  Abou'l-Qâsem,  fils  d"Otmân,  fils  d'Abou'l- 
Qàsem  Mohammad,  fils  d'<Otmân,  fils  de  Mohammad. 
et-Tamîmy,  el  Bosrawy,  le  Hanafite,  un  des  émirs  delà 
Tabl-Khânâh.  —  Il  fut  nommé  gouverneur  de  Naplouse 
et  Nàder  de  Jérusalem  et  d'Hébron.  11  mourut  en  dou'l 
hedjdjeh,  l'année  760,  et  fut  enterré  à  Mâmilâ. 

L'émir  Temrâz ,  Nàder  des  deux  Haram-ech-Chérif 
et  Nâïb  es-saltaneh  (Lieutenant  de  l'empire)  à  Jérusalem 
et  à  Hébron.  —  Il  exerçait  ces  fonctions  en  l'année  769. 

L'émir  Qotlou-Boghâ,  Nàder  des  deux  Haram-ech- 
Chérif.  —  Il  se  trouvait  investi  de  cette  charge  sous  le 
règne  d'El  Malek  el  Achraf  Cha'bân,  fils  de  Hosayn,  en 
l'année  769  (Comm.  28  août  1367).  C'est  lui  qui  cons- 
truisit le  minaret  de  la  Porte  des  Tribus. 

L'émir  Badr-ed-dyn  Hasan,fils  d"Emâd-ed-dyn, 
el  'Askary,  Nàder  des  deux  Haram-ech-Chérif  et  Lieute- 
nant de  l'empire  à  Jérusalem  et  à  Hébron.  —  Il  exerçait 
ces  charges  en  l'année  782. 

L'émir  Nâser-ed-dyn  Mohammad,  fils  de  Behâder, 
el  Fakhry  ed-Dahéry,  Nàder  des  deux  Haram  et  Lieute- 
nant de  l'empire,  sous  le  règne  d'El  Malek  ed-Dâher 
Barqoûq.  —  Il  était  investi  de  ces  fonctions  en  l'année 
789;  c'est  en  cette  même  année  qu'il  construisit  l'estrade 
des  Mouaddens,  dans  la  Sakhrah,  ainsi  qu'il  en  a  été  fait 
mention  précédemment. 

L'émir  Charaf-ed-dyn  Mousa  ,  fils  de  Badr-ed-dyn 
Hasan,  Nàder  des  deux  Haram  et  Lieutenant  de  l'em- 
pire. —  Il  occupait  ces  charges  en  l'annnée  793. 


2Ô8  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

L'émir  Yalou  (i)  ed-Dâhéry,  Nâder  des  deux 
Haram-ech-Chérif et  Nâïb  es-saltaneh.  —C'est  lui  qui 
construisit  le  Mehràb  et  le  banc  (mastabeh)  existant  sous 
le  micocoulier  «  enchaîné  » ,  en  face  de  la  Porte  du  Nâder, 
une  des  portes  du  Masdjed-el-Aqsa  ,  dans  le  mois  de  dou'l 
hedjdjeh  de  l'année  795.  Voici  le  motif  pour  lequel  cet 
arbre  fut  entouré  d'une  chaîne  en  fer  :  C'était  un  arbre  im- 
mense dont  les  branches  s'affaissèrent  à  l'époque  de  l'émir 
Erkmâs,  dont  il  va  être  question;  pour  les  empêcher  de 
tomber,  on  entoura  le  tronc  d'une  chaîne  en  fer.  Plus 
tard,  pendant  le  gouvernement  de  l'émir  Toughàn,  une 
nouvelle  dislocation  s'étant  produite,  on  ajouta  encore 
une  autre  chaîne.  C'est  là  ce  qui  l'a  fait  appeler  «  le  mico- 
coulier enchaîné  ». 

L'émir  Djântémir  er-Reukny  ed-Dâhéry ,  Nâder 
des  deux  Haram  et  Lieutenant  de  l'empire.  —  Il  exerçait 
ces  charges  en  l'année  796. 

L'émir  Chéhâb-ed-dyn  Ahmad  el  Yaghmoury. 
—  Il  fut  nommé  Nâder  des  deux  Haram  et  Lieutenant 
Page  609.  de  l'empire  à  Jérusalem  et  à  Hébron,  sous  le  règne  d'El 
Malek  ed-Dâher  Barqoûq,  au  mois  de  radjab  de  l'année 
796.  Il  supprima  les  droits  d'octroi,  les  impôts  vexatoires 
et  les  redevances  créés  par  les  Nâïbs  ses  prédécesseurs.  Il  res- 
taura le  Haram-ech-Chérif  de  «  l'Ami  de  Dieu  »  (Abraham) 
et  le  Maqdm  de  notre  seigneur  Joseph  le  Véridique.  Tout 
cela  a  été  mentionné  précédemment,  dans  la  biographie 
de  Barqoûq  et  dans  la  relation  du  Masdjed  d'Hébron. 

(  1  )  Le  texte  imprimé  écrit  Balouy. 


JERUSALKM    ET    HÉBRON.  269 

L'émir  Asghân  Bêlât,  Nàder  des  deux  Haram-ech- 
Chérif.  —  Il  était  investi  de  cette  charge  en  l'année  804. 

L'émir  Zayn-ed-dyn  'Omar,  fils  d'^Alam-ed-dyn 
Solaymân ,,  connu  sous  l'appellation  de  «  fils  d'El'Alam  », 
du  nom  ('Alam-ed-dyn)  que  portait  son  père  qui  était 
lui-même  appelé  Ebn  el  Mohaddeb.  —  Il  fut  nommé  aux 
fonctions  de  Nâïb  et  de  Nàder  à  Jérusalem  et  à  Hébron, 
et  mourut  assassiné  en  l'année 806. 

Parmi  ceux  qui  lui  succédèrent  dans  l'exercice  de  ces 
fonctions,  (nous  citerons)  : 

L'émir 'Alâ-ed-dyn  el  Karaky  (natif  d'El-Karak). 

Il  eut  pour  successeur  Châhîn  el  Mouayyady,  qui 
occupait  ces  charges  en  l'année  816. 

L'émir  'Alâ-ed-dyn  'Aly,  fils  du  Nâïb  d'Es-Sobaybeh 
Nâser-ed-dyn  Mohammad.  —  Il  succéda  à  son  père 
comme  gouverneur  de  la  citadelle  d'Es-Sobaybeh,  occupa 
à  plusieurs  reprises  la  charge  de  Hâdjeb  en  Syrie,  et  fut 
nommé  Nâïb  de  Jérusalem  où  il  construisit,  dans  le  Mas- 
djed,  sur  la  ligne  septentrionale,  une  Madraseh  qui  est 
très-connue.  Il  mourut  à  Damas,  dans  la  rue  (khatt) 
d'El  Qobaybât,  en  moharram ,  l'année  809.  Il  fut,  quelque 
temps  après,  transporté  à  Jérusalem  et  enterré  dans  sa 
Madraseh  précitée. 

L'émir  Nâser-ed-dyn  Mohammad,  fils  d'el  'Attâr 
(le  droguiste),  Nàder  des  deux  Haram-ech-Chérif.  — 
Il  mourut  à  Jérusalem,  le  lundi  1 2 'chawwâl  de  l'année 
828,  et  fut  enterré  à  Mâmilà. 

L'émir  Châllîll ,  célèbre  sous  le  nom  d'ed-Dabbàh 
(l'égorgeur),    Lieutenant    de  l'empire    à  Jérusalem.    — 


27O  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

C'était  un  émir  considéré  et  plein  de  bravoure.  Il  reçut 
le  nom  à'égorgeur,  parce  que,  ayant  mis  la  main  sur 
une  bande  d'Arabes  (Bédouins),  il  les  fit  égorger  à  la 
porte  de  l'Hôtel  de  la  Lieutenance  à  Jérusalem  ;  les  vic- 
times étaient  en  si  grand  nombre  que  le  sang  coula  jus- 
qu'à une  distance  considérable.  Il  exerçait  le  gouvernorat 
sous  le  règne^d'El  Malek  el  Achraf  Bers-bày,  vers  la  fin 
de  l'année  83o  et  postérieurement  à  cette  date. 

L'émir  Soudoun  el  Maghréby,  Nàder  des  deux  Ha- 
ram-ech-Chérif.  —  Il  était  investi  de  cette  charge  en 
safar  de  l'année  83 1 . 

L'émir (V'Ch.âh.în  ech-Chodjâ'y,  Nâder  des  deux  Ha- 
ram-ech-Chérif.  —  Il  succéda  à  l'émir  Soudoun  el  Magh- 
réby, précité. 

L'émir  Charaf-ed-dyn  Yahya,  fils  de  Chaloûh,  el 
Ghazzy  (natif  de  Ghazzah),  Nàder  des  deux  Haram-ech- 
nage  6i".    Chérif.  —  Il  occupait  cet  emploi  en  l'année  833. 

L'émir  Erkmâs  el  Djelbâny.  —  Il  fut  nommé  Nàder 
des  deux  Haram-ech-Chérif  et  Nâïb  es-saltaneh ,  sous  le 
règne  d'El  Malek  el  Achraf  Bers-bày,  après  Charaf-ed- 
dyn  ebn  Chaloûh  qui  vient  d'être  mentionné.  C'était  un 
gouverneur  considéré.  Il  répara  les  legs  pieux  et  les  fit 
prospérer;  il  acquitta  les  traitements  et  acheta  pour  le 
waqf,  avec  l'argent  qu'il  avait  économisé,  des  biens-fonds 
consistant  en  villages  et  en  terrains  bâtis.  Il  arriva  un 
rescrit  du  Sultan  ordonnant  de  payer  sur  ces  sommes  les 
émoluments  de  ceux  à  qui  ils  étaient  dus  et  de  mettre  le 
solde  de  côté  pour  l'entretien  de  la  Sakhrah;  cet  ordre  fut 
gravé  sur  une  plaque  de  marbre  qu'on  fixa  dans  le  mur 


JERUSALEM    ET    HEBRON.  27 I 

de  la  Sakhrah,  vis-à-vis  de  la  Coupole  de  l'Ascension  ,  en 
l'année  836.  Dans  la  suite,  Erkmàs  fut  destitué.  Il  mou- 
rut le  3  djoumâda  second  et  fut  enterré  à  Màmilâ. 

L'émir  Hasail  Qadjâ  (i),  Nâder  des  deux  Haram 
et  Lieutenant  de  l'empire.  —  Il  succéda  à  l'émir  Erkmâs. 
C'était  un  gouverneur  distingué.  Pendant  son  adminis- 
tration, l'argent  du  waqf,  déposé  dans  la  caisse  delà 
Sakhrah,  ayant  été  volé,  ses  soupçons  tombèrent  sur 
plusieurs  serviteurs  :  il  les  prit  à  l'Hôtel  de  la  Lieute- 
nance,  fit  battre  de  verges  quelques-uns  d'entre  eux  et 
emprisonna  le  Cheikh  du  Haram,  Djamâl-ed-dyn  ebn 
Ghânem,-  il  y  eut  un  affreux  tumulte.  L'émir  Hasan 
Qadjà  exerçait  le  gouvernorat  en  838  et  postérieurement 
à  cette  date. 

L'émir  Heusâm-ed-dyn  Abou-Mohammad  El- 
Hasan ,  fils  de  Mohammad  Nâser-ed-dyn,  fils  de  Dja- 
mâl-ed-dyn 'Abd-Allah,  célèbre  sous  le  nom  d'El  Kech- 
kîly,  Nàder  des  deux  Haram  et  Nâïb  es-saltaneh.  — 
C'était  un  des  émirs  les  plus  considérés.  Il  construisit,  à 
la  Porte  du  Nâder,  la  Madraseh  connue  sous  le  nom  de 
la  Hasaniyeh.  Il  lui  assigna  des  dotations  et  y  institua 
des  fonctions  pour  les  Soufis  et  autres.  L'édification  de 
ce  collège  eut  lieu  en  l'année  837;  l'acte  de  waqf  porte 
la  date  du  1"  du  mois  de  radjab  de  l'année  838.  L'émir 
El-Hasan  mourut  à  Jérusalem,  après  s'être  démis  de  ses 
charges  de  Nâïb  et  de  Nâder,   le  i5  du  mois  de  dou'l 

(1)  Le  texte  imprimé  porte  :  Fadjâ. 


272  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

hedjdjeh  de  l'année  842,  et  fut  enterré  à  Mâmilâ,  auprès 
du  Cheikh  Abou-' Abd- Allah  el  Qarachy  (1). 

L'émir  Toughân  el  'Otmâny,  Nàder  des  deux  sanc- 
tuaires et  Naïb  es-saltaneh  à  Jérusalem  et  à  Hébron, 
i£ac/i<?/"d'Er-Ramleh  et  de  Naplouse,  Moutawally  d'ES- 
Salt  et  d''Adjloun,  Ostâdâr  des  Ghaûrs  et  titulaire 
d'autres  charges  dans  les  différentes  branches  de  l'admi- 
nistration de  l'empire.  —  Il  réunit  toutes  ces  fonctions 
Page  6H.  sous  ie  règne  d'El  Malek  el  Achraf  Bers-bây,  en  l'année 
840  ,  et,  ultérieurement,  sous  celui  d'El  Malek  ed-Dâher 
Djaqmaq.  C'était  un  des  gouverneurs  les  plus  estimés.  Il 
fonda  à  Jérusalem  un  grand  nombre  d'établissements 
pieux  et  fit  respecter  la  ville  sainte.  Quand  sa  femme,  la 
dame  Zahrâ,  mourut,  il  déposa  dans  la  Sakhrah,  pour  y 
être  lu  à  son  intention,  un  exemplaire  du  Qpr'ân,  et  la 
fit  enterrer  sur  le  sommet  du  mont  des  Oliviers }  dans 
une  coupole  qu'il  lui  construisit,  près  du  «  Caroubier 
des  dix».  Il  fut  destitué  en  l'année  840  et  quelques,  et 
mourut  à  Ghazzah. 

Le  qâdy  Ghars-ed-dyn  Khalîl ,  fils  d'Ahmad,  fils 
de  Mohammad,  fils  d^Abd-Allah,  es-Sakhâwy,  familier 
et  conseiller  de  Sa  Majesté  Dàhérienne.  —  Il  naquit  en 
l'année  778.  Il  était  entré  au  service  d'El  Malek  ed- 
Dàher  Djaqmaq   avant   son    avènement.    Quand   il  fut 


(1)  Ce  Cheikh,  originaire  d'Alge'siras  en  Espagne,  mourut  à  Je'ru- 
salem,  le  6  dou'l  hedjdjeh  de  l'année  599,  et  fut  enterré  à  Mâmilâ,  où 
son  tombeau  est  visité  (par  les  personnes  dévotes).  Sa  tombe  a  été 
reconstruite  en  l'année  722.  Moudjir-ed-dyn ,  p.  488. 


JÉRUSALEM    ET    HEBR0N.  27 3 

monté  sur  le  trône,  ce  prince  lui  donna  de  l'avancement, 
et  le  nomma  Nâder  des  deux   sanctuaires,  dans   les  der- 

• 

niers  jours  de  l'année  843 ,  fonctions  qu'il  détacha  de 
celles  qu'exerçait  l'émir  Toughân  qui  conserva  la  charge 
de  Nâ'ib.  Es-Sakhâwy  arriva  à  Jérusalem  au  commence- 
ment de  rabî'  premier  de  l'année  844,  en  compagnie  du 
qâdy  '  Alâ-ed-dyn  es-Sàïeh  qui  venait  d'être  nommé  juge 
des  Châfé'îtes.  Ils  firent  leur  entrée  le  dimanche,  revêtus 
chacun  de  la  robe  d'honneur  donnée  par  le  Sultan  avec 
une  tarhah  (1).  Ghars-ed-dyn  restaura  les  legs  pieux, 
réorganisa  les  emplois,  rétablit  le  bon  ordre  dans  les  deux 
Haram  et  accomplit  des  bonnes  œuvres  telles  que  nul 
autre  avant  lui  n'en  avait  fait.  Nous  avons  déjà  donné  la 
relation  de  ses  actes  dans  la  biographie  d'El  Malek  ed- 
Dâher  Djaqmaq.  Dans  la  suite,  il  partit  pour  le  Caire, 
ou  il  mourut  dans  l'un  des  deux  (mois  de)  djoumâda  de 
l'année  847. 

L'émir  KhochqacLem ,  Nâïb  es-saltaneh  à  Jérusa- 
lem. —  Il  fut  investi  de  cette  charge  sous  le  règne  d'El 
Malek  ed-Dàher  Djaqmaq  et  déploya  une  rigueur  extrême  : 
il  opprima  le  peuple  et  exerça  une  telle  tyrannie  que  les 
habitants  de  Jérusalem  se  révoltèrent  contre  lui  et  se  plai- 
gnirent au  Sultan,  qui  le  destitua  et  le  manda  au  Caire. 
A  force  d'argent,  il  obtint  d'être  réintégré  à  son  poste,  et 
revint  du  Caire,  plein  de  menaces  contre  les  habitants  de 
la  ville  sainte  qu'il  promettait  de  châtier  de  toutes  les 
façons.  Il  fit  son  entrée  à  Jérusalem  le   jeudi  ;  mais  il  fut 

(1)  Espèce  de  voile  pendant  du  haut  du  turban  sur  le  dos. 

35 


274  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

aussitôt  saisi  par  une  fièvre  brûlante  à  laquelle  il  suc- 
comba le  jeudi  suivant,  sans  que  Dieu  lui  permît  d'exer- 
cer sa  vengeance  sur  aucun  des  habitants  de  la  ville  sainte. 
Cet  événement  eut  lieu  en  l'année  85o  et  quelques.  Il  fut 
enterré  à  la  Porte  de  la  Miséricorde. 

Plusieurs  personnages,  dont  quelques-uns  furent  in- 
vestis en  même  temps  des  fonctions  de  Nàder,  occupèrent 
la  charge  de  Nàïb  à  Jérusalem^  antérieurement  à  l'année 
800  et  après  cette  date,  jusque  vers  l'année  840  ou  85o. 
De  ce  nombre,  (nous  citerons)  : 
Pagoôia.  Ahmad  el  Homsy;  —  Ahmadel  Haydabâny;  —  Hasan 
ebn  Bâkîch;  —  'Alâ-ed-dyn  Yl-Boghâ  el  '  Alây  ;  —  Ahmad 
Haydar;  — Mohammad  ech-Chérif;  —  Emir  Hâdjdj,  fils 
de  Sendémir;  —  Emir  'Ab/j  fils  du  Hâdjeb;  —  Djerkès; 
—  Gumuch-Boghâ  er-Rammâh  (le  lancier)  ;  —  Sadaqah 
ebn  et-Tawîl;  —  Mankaly-Boghâ;  — Younès  er-Rammâh 
(le  lancier);  —  Cha'bân,  fils  d'El  Yaghmoury,  sous  le 
règne  d'El  Malek  el  Mouayyad  Cheikh; —  'Omar,  fils 
d'et-Tahhân  (1)  (du  meunier),  nommé  également  par  El 
Malek  el  Mouayyad;  —  Yl-Boghâ  et  Khâled_,  nommés  par 
El  Malek  el  Mouayyad;  —  Elyâs;  —  Yl-bây;  —  Abou- 
Yazîd;  —  Qâdjqâr;  —  Moghol-bây;  —  Soudoun  el  Djâ- 
mous  (le  buffle);  —  Ya'qoub-Châh;  —  Tay-Boghâ;  — 
Ahmad,  fils  de  Bektémir;  —  Mohammad ,  fils  de  Moq- 
bel;  —  Ynâl  er-Radjaby;  —  Aq-Boghâ  el  Haydabâny;  — 
Khalîl,  fils  du  Hâdjeb  ;  —  Qarâ-Boghâ;  —  Qouzy;  — 
Bers-bây;  —  'Aly,  fils  de  Qarâ;  —  Bechbek  Tâz,  et 

(1)  Le  texte  imprimé  écrit  et-Ta"ân  (le  pourfendeur). 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  27D 

autres.  Mais  j'ai  dit,  au  commencement  du  paragraphe, 
que  je  ne  m'obligeais  pas  à  les  mentionner  tous,  ni  à  faire 
leur  histoire,  vu  l'inutilité  qu'il  y  aurait  à  cela. 

L'émir  Temrâz  el  Mousâré'  (le  lutteur) ,  Lieutenant 
de  l'empire.  —  Il  exerçait  cette  charge  pendant  le  règne 
d'El  Malek  ed-Dâher  Djaqmaq,  en  même  temps  que  le 
qâdy  Amîn-ed-dyn  'Abd-er-Rahman  ebn  ed-Dayry  était 
Nàder  des  deux  sanctuaires.  Il  éclata  entre  eux  un  diffé- 
rend dont  le  Sultan  fut  prévenu  :  le  Nàder  fut  mandé  au 
Caire.  Cet  événement  fut  postérieur  à  l'année  85o. 

L'émir  Moubârak-Châh  ,  Nâïb  de  Jérusalem.  —  Il 
occupait  ces  fonctions  pendant  le  règne  d'El  Malek  ed- 
Dâher  Djaqmaq,  en  l'année  85o  et  quelques.  C'était  un 
gouverneur  très-considéré.  Nous  avons  précédemment  fait 
mention  de  ses  démêlés  avec  le  qâdy  Mâlékîte  Charaf-ed- 
dyn  'Ysa,  dans  la  biographie  de  ce  dernier.  Il  fut  le  père 
de  l'émir  Ahmad  ebn  Moubârak-Châh,  qui  exerça  dans 
la  suite  la  charge  de  Nâïb,  ainsi  que  nous  le  mentionne- 
rons dans  la  biographie  d'El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây, 
s'il  plaît  à  Dieu. 

Le  qâdy  Ckams-ed-dyn  Mohammad,  fils  d'Es- 
Salâh  Mohammad,  el  Hamawy  (natif  de  Hamâh),  le 
Châfé'îte,  qui  joignait  à  ses  connaissances  en  littérature 
l'art  de  composer  des  lettres  pleines  d'éloquence  et  était  à 
la  fois  grammairien,  poète  et  prosateur  de  mérite.  —  Il 
naquit  en  moharram  de  Tannée  808.  Il  fut  chargé  de 
tracer  les  apostilles  dans  le  Divan  de  la  Correspondance 
en  Egypte;  puis,  sous  le  règne  d'El  Malek  ed-Dâher 
Djaqmaq,  il  fut  promu  aux  fonctions  de  Nàder  de  Jéru- 


276  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

salem  et  d'Hébron,  en  djoumâda  second  de  l'anné  852, 
et  vint  à  Jérusalem.  Son  administration  fut  prospère. 
C'est  pendant  qu'il  occupait  sa  nouvelle  charge  que  le 
sultan  el  Malek  ed-Dâher  Djaqmaq  gratifia  le  waqf  d'une 
somme  de  deux  mille  cinq  cents  dinars  et  de  cent  vingt 
qantdr  de  plomb  pour  la  restauration  (des  sanctuaires). 
El  Hamawy  mourut  à  Jérusalem  le  jeudi  1 3  du  mois  de 
Page  613.  ramadan  de  l'année  853,  et  fut  enterré  dans  la  Madraseh 
Mo'addamiyeh. 

Le  qâdy  Chéhab-ed-dyn  Almiad  ebn  Mahâsen  en- 
Nâbolosy  (natif  de  Naplouse).  —  Il  fut  nommé  Nâder 
sous  le  règne  d'El  Malek  ed-Dâher  Djaqmaq,  en  l'année 
853.  Il  n'exerça  pas  longtemps  ces  fonctions  et  fut  des- 
titué après  avoir  subi  plusieurs  fois  la  torture.  Dans  la 
suite,  il  se  fixa  à  la  Mekke  où  il  fit  un  long  séjour  qui  ne 
se  termina  qu'avec  sa  mort,  postérieurement  à  l'année  870. 

L'émir  Fârès  el  'Otmâny,  Lieutenant  de  l'empire  à 
Jérusalem.  —  Il  occupait  cette  charge  en  l'année  856. 

L'émir  Esen-Boghâ  el  Kelefky.  —  Il  fut  nommé 
Nâder  des  deux  Haram  et  Nâïb  es-saltaneh  à  Jérusalem 
et  à  Hébron,  vers  la  fin  du  règne  d'El  Malek  ed-Dâher 
Djaqmaq.  Son  agent  (Moutasallem)  entra  à  Jérusalem  le 
jeudi  fin  de  dou'l  hedjdjeh  de  l'année  856.  Le  dimanche, 
rr  safar  de  l'année  857 ,  son  fils  Nàser-ed-dyn  Mohammad 
entra  dans  la  ville  sainte,  revêtu  de  la  robe  d'honneur 
donnée  par  le  Sultan;  on  lut  le  rescrit  du  Sultan  qui  éta- 
blissait son  père  en  qualité  de  Nâïb  et  de  Nâder,  ainsi 
qu'un  autre  rescrit  d'El  Malek  el  Mansoûr  'Otmân,  fils 
d'El  Malek  ed-Dâher  Djaqmaq,  annonçant  que  son  père 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  277 

avait  abdiqué  et  que  lui  avait  pris  les  rênes  du  gouver- 
nement,le  jeudi  21  moharram  de  l'année  857.  Peu  de 
temps  après,  le  lundi  ier  rabî'U  awwal,  l'émir  Esen- 
Boghâ  fit  son  entrée  à  Jérusalem,  revêtu  du  costume  de 
ses  fonctions  dont  le  Sultan  l'avait  gratifié }  et  son  di- 
plôme fut  lu  dans  le  Masdjed-el-Aqsa.  Mais  son  adminis- 
tration fut  de  courte  durée  :  il  fut  destitué  au  bout  de 
quarante  jours,  au  commencement  du  règne  d'El  Malek 
el  Achraf  Ynâl. 

Il  fut  remplacé  dans  la  Lieutenance  par  l'émir  Hasan 
ebn  Ayyoub,  dont  l'agent  (Moutasallem),  le  fils  de  son 
frère  'Ysa  ebn  Ayyoub,  entra  à  Jérusalem  le  jeudi  10  rabî' 
second. 

L'émir  'Ezz-ed-dyn  'AM-el-'Azîz  ebn  el  Mé'lâq  el 
'Irâqy  (natif  de  P'Irâq).  —  Il  fut  établi  en  qualité  de 
Nàder;  son  fils  et  agent  (Moutasallem)  Hasan  fit  son 
entrée  en  compagnie  du  Nâïb,  l'émir  Hasan  ebn  Ayyoub, 
le  lundi  14  rabî'  second.  Le  Nàder  entra  ensuite  à  Jé- 
rusalem, le  jeudi  24  rabî'  second  de  l'année  857.  Durant 
son  administration,  El  Malek  el  Achraf  Ynâl  fit  don  au 
waqf  de  douze  cents  ardebs  de  blé_,  valant  quatre  mille 
huit  cents  dinars.  Il  resta  Nàder  jusqu'à  la  mort  d'El 
Malek  el  Achraf  Ynâl,  survenue  en  l'année  865;  il  possé- 
dait en  effet  l'amitié  de  ce  souverain  et  jouissait  auprès  page  6(4. 
de  lui  d'un  grand  crédit.  Il  restaura  les  waqfs,  solda  en 
entier  les  traitements  et  s'acquitta  de  sa  charge  d'une  ma- 
nière parfaite.  Mais  lorsqu'El  Achraf  Ynâl  fut  mort,  Ed- 
Dâher  Khochqadem  fit  mettre  'Ezz-ed-dyn  à  la  torture > 
lui  extorqua  de  l'argent  et  le  destitua;  il  resta  hors  du 


278  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

service,  habitant  la  ville  de  Ramleh ,  jusqu'à  sa  mort  qui 
eut  lieu  dans  cette  ville  après  l'année  870. 

Quant  à  l'émir  Hasan  ebn  Ayyoub,  il  perdit  et  re- 
couvra à  plusieurs  reprises  sa  charge  de  Nâïb  jusqu'à  la 
fin  du  règne  d'Ed-Dâher  Khochqadem  et  au  commence- 
ment du  gouvernement  d'El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây. 
Il  fut  alors  investi,  puis  destitué  du  gouvernement  d'El- 
Karak.  A  la  fin,  il  demeura  sans  emploi,  à  Jérusalem, 
jusqu'à  ce  qu'il  mourut  le  samedi  20  djoumâda  second  de 
l'année  886. 

L'émir  Qânsouh.  —  Il  fut  nommé  Nâïb  de  Jérusalem 
à  la  place  de  l'émir  Hasan  ebn  Ayyoub ,  sous  le  règne 
d'El  Malek  el  Achraf  Ynâl.  Il  entra  dans  la  ville  sainte 
le  jeudi  dixième  jour  de  rabî'  second  de  l'année  860  ,  et 
la  lecture  de  son  diplôme  fut  faite  le  vendredi,  lendemain 
de  son  entrée,  dans  le  Masdjed-el-Aqsa.  Il  fut  prompte- 
ment  destitué.  Ebn  Ayyoub,  qui  fut  réintégré  dans  ses 
fonctions,  fit  son  entrée  à  Jérusalem  le  samedi  19  djou- 
mâda second  de  la  même  année. 

L'émir  Ayâs  el  Badjâsy.  —  Il  fut  investi  de  la  Lieute- 
nance  de  Jérusalem  en  remplacement  de  l'émir  Hasan  ebn 
Ayyoub.  Son  Moutasallem  entra  dans  la  ville  sainte  le 
lundi  12  safar  de  l'année  863.  Quelque  temps  après, 
durant  le  règne  d'El  Malek  el  Achraf  Ynâl,  l'émir  Hasan 
fut  mandé  au  Caire  et  soumis  à  la  bastonnade  par  ordre 
du  Sultan.  Ayâs  fut  destitué  au  bout  de  peu  de  temps,  un 
mois  environ. 

L'émir  Châll  Bek  Mansoûr  ebn  Chehry  fut  alors 
nommé.  —  Son  Moutasallem  entra  à  Jérusalem  le  jeudi 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  279 

i3  rabî' premier;  il  fit  lui-même  son  entrée  dans  la  ville 
sainte  le  lundi  8  rabî'  second,  et  fut  destitué  dans  le 
mois  de  radjab.  On  lui  donna  pour  successeur  l'émir 
Hasan  ebn  Ayyoub. 

L'émir  Abou-Bekr,  connu  sous  le  sobriquet  de 
Mqyye\hou.  —  Il  était  originaire  du  pays  du  Machreq 
(les  Provinces  Orientales)  :  il  naquit,  dit-on,  à  er-Rohâ 
(Edesse).  Investi  de  la  Niâbeh  de  Jérusalem ,  sous  le  règne 
d'El  Malek  ed-Dâher  Khochqadem,  il  fit  son  entrée  dans 
la  ville  sainte  le  mardi  9  dou'l  qa'deh  de  l'année  867. 
Le  surnom  de  Mayye\hou  lui  fut  donné  parce  que, 
quand  un  individu  accusé  de  quelque  crime  ou  délit 
comparaissait  devant  lui,  il  faisait  signe  à  ses  gardes  en 
disant  :  mqyye^hou  (sépare-le),  voulant  par  là  faire 
sortir  l'inculpé  des  rangs  de  la  foule,  afin  qu'on  le  dis- 
tinguât des  assistants.  Il  occupa  une  fois  la  charge  de  Page  615. 
Nâïb  pendant  environ  un  an.  Il  fut  ensuite  destitué. 
Après  avoir  dès  lors  occupé  différentes  positions,  il  finit 
par  se  faire  marchand  dans  le  Soûq  Er-Romayleh,  au 
Caire.  Il  vécut  jusqu'après  l'année  880. 

L'émir  Taghry  Bardy,  Wâly  (gouverneur)  de  Qo- 
tayyâ.  —  Il  fut  investi  de  la  Lieutenance  de  Jérusalem. 
On  le  surnommait  AboiCl-qoroun  (le  père  des  cornes), 
parce  qu'il  portait  le  turban  à  la  mode  des  émirs  d'Egypte , 
ce  qui  ne  s'était  pas  vu  avant  lui  à  Jérusalem;  ce  sur- 
nom lui  resta.  On  battait,  chaque  jour,  les  tambours  dans 
la  Tabl-Khdnâh,  suivant  l'habitude  des  émirs  d'Egypte; 
jusqu'alors,  jamais  cet  usage  n'avait  été  pratiqué  dans  la 
ville  sainte.  Il  ne  resta  pas  longtemps  en  fonctions,  et  fut 
destitué  en  l'année  869. 


280  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Il  eut  pour  successeur  l'émir  Hasan  ebn  Ayyoub  qui 
exerça  la  charge  de  Nâïb  jusqu'à  l'avènement  au  trône 
d'El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây.  Nous  mentionnerons,  si 
Dieu  veut,  les  Nàïbs  qui  lui  succédèrent  jusqu'à  la  fin, 
dans  la  biographie  du  Sultan. 

L'émir  Nâser-ed-dyn  Mohammad  ebn  el  Heumâm, 
leChâfé'îte.  — C'était  un  des  notables  de  la  ville  sainte.  Il 
occupa  la  charge  de  Nâder  des  deux  Haram,  après  la  desti- 
tution de  l'émir  fAbd-el-'Azîz  ebn  El  Mélâqel  'Irâqy,  dans 
le  mois  de  dou'l  hedjdjeh  de  l'année  865.  Durant  son  ad- 
ministration, le  sultan  El  Malek  ed-Dâher  Khochqadem 
fit  don  au  waqf  de  soixante  ghérâreh  de  blé,  ayant  une 
valeur  de  huit  cent  quarante  dinars.  Dans  la  suite,  il  fut 
mandé  au  Caire,  le  lundi  1 2  rabî'  premier  de  l'année  869, 
et  destitué  de  ses  fonctions  de  Nâder.  Il  resta  sans  emploi 
jusqu'à  sa  mort  qui  eut  lieu  au  mois  de  moharram, 
l'année  896.  Il  fut  enterré  dans  la  Qalandariyeh ,  à  Mâ- 
milà 

L'émir  Hasan  ebn  Tatar,  le  Dâhéry,  Dawâdâr  de 
Témir,  Nâïb  (vice-roi)  de  Syrie.  —  Il  fut  fait  Nâder  des 
deux  Haram  après  la  destitution  de  l'émir  Nâser-ed-dyn 
ebn  el  Heumâm,  et  fit  son  entrée  dans  la  ville  sainte,  en 
djoumâda  second  de  l'année  869.  Il  exerça  cette  charge 
jusqu'à  l'avènement  d'El  Malek  el  Achraf  Qâït-bây, 
époque  à  laquelle  il  fut  destitué.  Il  n'occupa  plus  de  fonc- 
tions jusqu'à  ce  qu'il  mourut,  antérieurement  à  l'année 
880.  Nous  citerons,  dans  la  biographie  de  ce  sultan,  les 
Nâders  qui  lui  succédèrent. 

Nous  avons  déjà  fait  mention  de  l'émir  leqâdy  Amîn- 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  28 I 

ed-dyn  'AM-er-Raliman  ebn  ed-Dayry  (i) ,  le  Hana- 
fîte,  Nâder  des  deux  Haram-ech-Chérif,  dans  le  chapitre 
consacré  aux  jurisconsultes  Hanafîtes,  vu  qu'il  appartient 
à  la  classe  des  Eulamâ  (2). 

Nous  avons  également  parlé,  à  propos  de  la  Coupole 
Qaymariyeh,  de  l'émir  Nâser-ed-dyn  Mohammad,  fils  de 
Khâïr  Bey ,  Nâder  des  deux  sanctuaires.  Page  6ie. 

Enfin,  en  donnant  la  relation  de  la  Citadelle,  nous 
avons  dit  comment  y  étaient  réglées  les  fonctions  de 
Nâïb,  et  dans  quel  état  d'abandon  elle  est  tombée  de  nos 
jours.  Un  de  ses  Nâïbs  a  été  cité  dans  ce  paragraphe. 
Parmi  ceux  des  Nâïbs  de  la  Citadelle  dont  j'ai  été  le  con- 
temporain, (je  citerai)  Badr-ed-dyn  Hasan  ebn  Kha- 
chîm^  connu  sous  le  nom  d'Ebn  Chamas;  c'était  un 
vieillard  déjà  très-avancé  en  âge;  il  était  doué  d'une 
grande  intelligence  et  d'un  caractère  très-viril.  A  sa  mort , 
qui  eut  lieu  en  l'année  877 ,  la  désorganisation  commença 
à  se  mettre  dans  la  Citadelle. 


Il  y  avait  auparavant  à  Jérusalem  un   Emir  Hâdjeb , 

(1)  Le  nom  d'Ed-Dqyry  est  dérivé  d'Ed-Dayr,  bourg  voisin  de 
Morda,  dans  la  province  de  Naplouse.  (Moudjîr-ed-dyn,  p.  5  60  du 
texte  imprimé.) 

(2)  C'est  à  la  page  563  que  Moudjîr-ed-dyn  donne  la  biographie 
d'Amîn-ed-dyn  'Abd-er-Rahman,  fils  du  qâdy  suprême  Chams-ed- 
dyn  Abou-'Abd-Allah,  fils  d'Ed-Dayry  :  il  naquit  antérieurement  à 
l'année  820;  il  mourut  en  dou'l  hedjdjeh  de  l'année  586  et  fut  en- 
terré à  Mâmilâ,  à  côté  de  son  père. 

36 


282  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

suivant  l'usage  adopté  en  d'autres  villes;  ce  fonctionnaire 
rendait  la  justice,  et  c'est  à  lui  que  ressortissaient  les 
causes  criminelles  et  autres  qu'on  porte  (aujourd'hui)  de- 
vant le  Commandant  de  la  Police  (Hâkem  ech-chortah). 
L'émir  Cîlâllîn  le  Hâdjeb  fut  un  de  ceux  qui  exercèrent 
cette  charge.  Il  eut  plusieurs  successeurs,   entre  autres  : 

Chéhâb-ed-dyn  Ahmad,  fils  de  Charaf-ed-dyn 
Mousa.,  fils  d"Alam,,  qui  occupait  ces  fonctions  en 
l'année  8o5  ; 

Le  fils  de  celui-ci,  Nâser  ed-dyn  et-Teurkomâny, 
qui  lui  succéda ^  et  mourut  en  radjab  de  l'année  852. 

Ce  dernier  eut  pour  successeur  le  qâdy  Nâser-ed-dyn 
Sorq.  el  'Alamy  (1)  dont  il  a  été  question  précédemment, 
dans  le  chapitre  consacré  aux  jurisconsultes  Hanafîtes  (2), 
et  qui  occupait  ces  fonctions  sous  le  règne  d'Ed-Dâher 
Djaqmaq.  Plus  tard,  lorsqu'il  abandonna  Yemreh  (la 
charge  d'émir)  pour  se  livrer  à  la  science  et  entrer  dans 
les  rangs  des  jurisconsultes  Hanafîtes,  son  fils  Zayn-ed- 
dyn  'Omar  en  fut  investi.  Il  en  maintint  le  fonctionne- 
ment régulier  pendant  quelque  temps,  sous  le  règne  d'El 
AchrafYnâl.  Mais  ensuite  ces  fonctions  furent  suppri- 
mées et ,  à   partir   de  l'année   860  environ,  la  justice  en 

(1)  Cf.  le  texte  imprimé,  p.  569,  où  le  mot  Sorq  est  omis.  Mon 
manuscrit  porte  (f.  187  v0.):  «  Le  qâdy  Nâser-ed-dyn  Mohammad, 
fils  de  Taqy-ed-dyn  Abou-Bekr,  fils  d'El  'Alam,  connu  sous  le 
nom  de  Sorq  du  petit-fils  du  qâdy  suprême  Chams-ed-dyn  ed- 
Dayry.  » 

(2)  P.  569  du  texte  imprimé.  Il  mourut  dans  le  courant  de 
l'année  877. 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON.  283 

matière  pénale  fel  heukm)  fut  attribuée  aux  Nâïbs  de 
Jérusalem. 


Jadis  la  nomination  aux  charges  de  Nâïb  et  de  Nâder 
était  dévolue  aux  vice-rois  (Nâïbs)  de  Syrie  ;  cette  pratique 
se  maintint  jusque  vers  l'année  800.  Depuis  cette  époque, 
le  Sultan  d'Egypte  a  disposé  lui-même  de  ces  emplois;  tel 
est  encore  l'usage  suivi  aujourd'hui. 


JÉRUSALEM    ET   HEBRON.  285 


NOTES 


NOTE  (i). 

En  cette  année  (884  =  Comm.  25  mars  1479),  fut  renou- 
velée la  couverture  en  plomb  de  la  mosquée  El-Aqsa;  on 
détacha  les  anciennes  plaques  de  plomb  pour  appliquer  les 
nouvelles,  qui  furent  loin  de  les  égaler,  tant  pour  la  beauté  du 
travail  que  pour  la  solidité.  L'ouvrier  chargé  de  cette  opération 
était  un  des  habitants  du  Roûm.  Le  Nâder  des  deux  Haram, 
l'émir  Nâser-ed-dyn  ebn  en-Nachâchîby  (a,),  voulut  ensuite 
qu'on  démontât  la  couverture  en  plomb  de  la  coupole  de  la 
Sakhrah  et  qu'on  en  mît  une  nouvelle,  ainsi  que  cela  venait 
d'être  fait  pour  la  mosquée  El-Aqsa.  Mais  le  Cheikh  Djamâl- 
ed-dyn  ebn  Ghânem,  Cheikh  du  Haram,  s'y  opposa  énergique- 
ment.  Il  y  eut  là  une  intervention  de  Dieu^  car  le  plomb 
ancien,  qui  existe  encore  de  nos  jours,  vaut  mieux  et  est 
plus  beau  que  le  nouveau  qui  a  été  appliqué  sur  l'Aqsa.  » 
(Moudjîr-ed-dyn,  p.  653  du  texte  imprimé). 

note  (2). 

«  Dans  le  mois  de  moharram  (877),  l'émir  Nâser-ed-dyn 
ebn  en-Nachâchîby  commença  la  construction  de  l'escalier 
conduisant  à  la  plate-forme  de  la  Sakhrah,  en  face  de  Bâb  es- 
selséleh,  à  côté  de  la  Coupole  en-Nahwiyeh.  Il  y  avait 
auparavant  un   escalier  étroit  recouvert  d'une  pièce  voûtée 

V 

(a)  Voir  plus  loin,  note  (i  1)  la  relation  de  la  déroute  que  ce  Nâïb 
essuya  de  la  part  des  Arabes  Bédouins,  près  de  Tell-Djazr. 


2  86  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

qu'on  appelait  la  Ruelle  du  baiser  fooqâq  el  baûs).  Il  la  fit 
boucher  et  construisit,  par  dessus,  l'escalier  qui  existe  de  nos 
jours.  Cet  escalier  fut  orné,  comme  les  autres,  d'arcades  repo- 
sant sur  des  colonnes;  les  travaux  furent  achevés  dans  le  mois 
de  djoumâda  premier  (4  octobre  —  3  novembre  1472).  Sa 
beauté  est  encore  rehaussée  par  sa  situation  en  face  de  Bâb 
es-selséleh ,  qui  est  la  principale  des  portes  du  Masdjed.  » 
(Moiidjîr-ed-dyn,  p.  626  du  texte  imprimé). 

NOTE  (3). 

Moudjîr-ed-dyn  s'exprime  ainsi  (p.  659  et  suivante),  en 
racontant  les  événements  de  l'an  887  : 

«  En  cette  année,  fut  achevée  la  construction  de  la  Madra- 
seh  Achrafiyeh,  élevée  par  notre  Maître  le  Sultan  El  Malek  el 
Achraf  (Qâït-bây)  dans  le  Masdjed-el-Aqsa,  à  côté  de  Bâb  es- 
selséleh  (la  Porte  de  la  Chaîne).  La  bâtisse  se  trouva  debout  et 
la  construction  fut  terminée  dans  le  mois  de  radjab  l'unique 
(16  août-i5  septembre  1482);  et  les  marbriers  commencèrent 
à  y  appliquer  les  marbres  jusqu'à  son  entier  achèvement. 

a  Description  de  la  Madraseh  Achrafiyeh. 

«  Nous  avons  précédemment  fait  mention  delà  construction 
de  l'ancienne  Madraseh  et  décrit  l'état  dans  lequel  elle  se  trou- 
vait d'abord;  nous  avons  également  relaté  le  rescrit  du  Sultan, 
ordonnant  de  la  démolir  et  de  la  reconstruire,  l'envoi  d'ou- 
vriers du  Caire  pour  son  édification  et  la  sollicitude  dont  elle 
fut  l'objet  jusqu'à  ce  que  la  bâtisse  se  trouva  debout  et  que, 
après  l'application  des  marbres  et  le  montage  des  portes  en 
bois,  elle  atteignit  ce  degré  de  perfection  qu'elle  nous  offre 
actuellement,  avec  ses  deux  étages  inférieur  et  supérieur. 

«  L'étage  inférieur  comprend  le  madjma1  (salle  de  réunion) 
qui  est  rattaché,  du  côté  de  l'orient,  au  portique  du  Masdjed, 
et  correspond  à  trois  des  arcades  du  portique  ;  ce  madjma1-  est 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  287 

percé  de  deux  portes  dont  la  première ,  au  nord ,  est  à  côté 
d'une  fenêtre  donnant  sur  la  galerie  qui  forme  le  bas  de  la 
Madraseh  'Otmâniyeh;  la  seconde  porte  est  à  l'est  et  flan- 
quée de  deux  fenêtres,  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche.  Au 
fond  du  madjmai  se  trouve  un  Mehrâb,  du  côté  de  l'occident, 
ainsi  qu'une  fenêtre  regardant  vers  le  sud-est.  Contiguë  à  la  salle 
de  réunion,  dans  la  direction  du  sud,  est  une  Derguiâh  (courj 
solidement  construite  et  percée  au  fond,  du  côté  de  l'ouest, 
d'une  porte  qui  conduit  à  la  Madraseh  de  l'étage  supérieur.  On 
pénètre  par  cette  porte  dans  une  seconde  Derguiâh,  toute 
pavée  en  iharbre,  et  dans  laquelle  on  trouve,  à  droite  en 
entrant,  un  petit  cabinet  privé,  et,  au  fond  de  la  Derguiâh,  un 
banc  recouvert  de  marbre  ;  à  gauche  en  entrant,  est  une  porte 
par  laquelle  on  monte  à  un  escalier  largement  construit  et 
conduisant  à  la  Madraseh  de  l'étage  supérieur  ainsi  qu'au 
minaret  de  Bâb  es-selséleh.  L'escalier  se  termine  par  une 
porte  s'ouvrant  sur  une  terrasse  à  ciel  ouvert,  dont  le  plan- 
cher est  pavé  en  dalles  blanches.  Au  fond  de  cette  terrasse,  du  pago  660. 
côté  du  nord,  s'ouvre  une  porte  carrée  donnant  accès  à  une 
petite  Derguiâh  où,  à  droite  en  entrant,  on  trouve  un  vesti- 
bule qui  mène  à  la  Madraseh  sise  par  dessus  le  niadjma"  infé- 
rieur dont  il  a  été  question  en  commençant. 

«  Cette  Madraseh,  située  à  l'étage  supérieur,  se  compose  de 
quatre  iwân  qui  se  font  face.  Le  plus  au  sud,  qui  est  le  plus 
grand,  est  orné,  au  fond,  d'un  Mehrâb;  à  côté  du  Mehrâb, 
dans  la  direction  de  l'orient,  se  trouvent  deux  fenêtres  ayant 
vue  sur  le  Masdjed  ;  du  côté  de  l'occident,  sont  placées  deux 
autres  fenêtres  qui  donnent  sur  l'escalier  conduisant  à  la 
Madraseh.  Uiwân  précité  est  percé,  du  côté  de  l'est,  de  trois 
fenêtres  qui  s'ouvrent  sur  le  Masdjed,  dans  la  direction  de  la 
plate-forme  de  la  Sakhrah,  et  font  face  à  trois  autres  qui 
dominent  la  plate-forme  de  la  Madraseh.  —  Uiwân  septen- 
trional est  éclairé  par  deux  fenêtres  donnant  sur  le  Masdjed, 
du  côté  du  nord,  et  par  deux  autres  fenêtres  placées  du  côté  de 


288  JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

l'est.  —  Viwân  oriental,  qui  est  la  târémeh  (la  rotonde),  est 
formé  de  trois  arcades  reposant  (chacune)  sur  deux  colonnes 
de  marbre;  son  plafond  est  composé  de  lucarnes  rondes 
(qamariyât)  en  verre  franc,  d'une  beauté  et  d'une  solidité 
extrêmes.  —  Vis-à-vis  de  lui,  s'élève  Yhvân  occidental  qui  a 
une  fenêtre  donnant  sur  la  plate-forme  de  la  Madraseh. 

«  Les  planchers  de  toutes  ces  pièces  sont  dallés  en  marbres 
de  diverses  couleurs,  et  leurs  murs  ont  tout  autour  un  revête- 
ment de  marbre.  Les  plafonds  sont  faits  en  bois  verni,  avec 
des  feuilles  d'or  et  de  lapis-lazuli  :  ils  sont  extrêmement  forts, 
solides  et  élevés. 

«  A  côté  de  Yiwân  septentrional,  est  une  chambre  voûtée 
dans  laquelle  on  pénètre  par  la  Derguiâh  dont  il  a  été  précé- 
demment question  ;  sa  porte  se  trouve  à  gauche  en  entrant  ; 
son  plancher  est  garni  de  marbres  de  couleur  et  ses  murs  sont 
revêtus  de  marbre  tout  autour  ;  elle  est  percée  de  deux  fenê- 
tres donnant  sur  Yiwân  septentrional  de  la  Madraseh.  Cette 
pièce  est  surmontée  d'une  petite  chambre  (tabaqah)  éclairée 
par  deux  fenêtres  dont  l'une  s'ouvre  sur  l'intérieur  de  la 
Madraseh  et  l'autre  sur  la  terrasse  à  ciel  ouvert.  Ladite  ter- 
rasse, qui  est  celle  à  ciel  ouvert,  communique  par  une  porte 
avec  une  autre  terrasse  dans  laquelle  sont  les  cabinets  particu- 
liers, voûtés,  l'endroit  aux  ablutions  et  autres  utilités,  le  tout 
reposant  sur  les  iwân  méridional,  oriental  et  autres  de  la 
Madraseh  Baladiyeh. 

«  La  Madraseh  (Achrafiyeh)  renferme  des  objets  d'ameuble- 
ment et  des  lampes,  dont  la  beauté  l'emporte  surtout  ce  qu'on 
peut  trouver  dans  les  autres  collèges.  Sa  toiture  est  recouverte, 
comme  celle  du  Masdjed-el-Aqsa,  de  fortes  plaques  de  plomb.  » 

note  (4). 

«  En  cette  année  (892),  l'émir  Khedr  Bey,  Nâïb  de  Jérusa- 
lem, construisit  dans  l'Hôtel  de  la  Lieutenance,  la  salle  contiguë 


JÉRUSALKM    ET    HEBRON.  289 

àYiwân  où  se  rendait  la  justice,  du  côté  du  nord;  il  imita, 
dans  l'agencement  de  cette  pièce,  l'usage  suivi  en  Egypte  pour 
les  salles  des  tribunaux.  Le  plafond  fut  fait  en  bois  verni. 
Avant  cette  époque,  le  Nâïb  s'asseyait  au  fond  de  ïiwân  ; 
depuis  lors,  il  a  siégé  dans  cette  salle;  ce  qui  est  préférable  à 
l'ancienne  organisation.  Au  haut  de  la  salle,  on  a  écrit  la  date 
de  sa  construction  :«  en  moharram  de  Vannée  891  »;  mais 
c'est  une  erreur,  car  elle  n'a  été  construite  qu'en  moharram 
de  l'année  892.  »  [Moadjir-ed-dyn,  p.  668  du  texte  imprimé.) 

NOTE  (5). 

«  En  cette  année  (897),  dans  le  mois  de  rabî'  premier  corres- 
pondant à  janvier  (1492),  un  terrible  effondrement,  causé  par  la 
pluie,  eut  lieu,  pendant  la  nuit,  dans  l'église  de  Qpmâmeh  (du 
Saint-Sépulcre),  à  Jérusalem;  deux  Abyssins  périrent  sous  les 
décombres.  Aucune  réparation  n'a  été  faite  jusqu'à  ce  jour. 
Dieu  veuille,  dans  sa  bonté,  renverser  le  reste  !  »  (Moudjîr- 
ed-dyn,  p.  689  du  texte  imprimé.) 

NOTE  (6). 

«  En  cette  année  (881),  au  commencement  de  moharram, 
un  courrier  à  dromadaire  arriva  du  Caire  (à  Jérusalem),  por- 
teur d'un  rescrit  du  Sultan  qui  ordonnait  de  se  saisir  des 
Francs  demeurant  dans  le  couvent  de  Sion,  à  Bethléhem  et 
dans  l'église  de  Qpmâmeh,  et  de  les  diriger  sur  la  capitale, 
parce  que  les  Francs  avaient  fait  quatre  prisonniers  à  Alexan- 
drie et  les  avaient  traîtreusement  emmenés  dans  leur  pays.  » 
(Moudjîr-ed-dyn,p.  649  du  texte  imprimé.) 

NOTE  (7). 

«  En  cette  année  (878),  le  Marché  des  Cuisiniers,  à  Jérusalem, 
fut   construit  en  arcades  voûtées   recouvrant   les   boutiques. 

37 


29O  JERUSALEM    ET    HEBRON. 

Les  travaux  furent  commencés  en  radjab  de  l'année  878. 
Avant  cette  époque,  la  toiture  des  boutiques  consistait  en 
branches  de  palmier,  mode  très-préjudiciable  en  hiver,  à 
cause  de  la  boue  et  delà  pluie  qui  tombaient  du  toit.  La  cons- 
truction se  fit  à  partir  de  l'escalier  de  la  Canaille  et  continua 
jusqu'à  l'Arcade  d'El  Djobayly.  »  (Moudjir-ed-djyn.p.  637  du 
texte  imprimé.) 

note    (8). 

Moudjîr-ed-dyn,  p.  487  et  suivante  du  texte  imprimé,  donne 
en  ces  termes  la  biographie  d'Abou-Taur: 

«  Le  Cheikh,  l'imâm,  l'ascète,  le  dévot,  le  champion  de  la 
foi,  Chéhâb-ed-dyn  Abou'l-Abbâs  Ahmad,  fils  de  Djamâl-ed- 
dyn  'Abd-Allah,  fils  de  Mohammad,  fils  d"Abd-el-Djabbâr, 
Page  488.  connu  sous  le  nom  d'El  Qodsy  et  célèbre  sous  celui  d'Abou- 
Taur  (l'homme  au  taureau).  Il  était  du  nombre  des  hommes 
pieux  et  voués  à  Dieu.  Il  fut  surnommé  Abou-Taur  parce  que, 
lors  de  la  conquête  de  Jérusalem,  à  laquelle  il  assista,  il  mon- 
tait sur  le  dos  d'un  taureau  et  combattait,  à  cheval  sur  cette 
monture,  dans  les  excursions  dirigées  contre  l'ennemi.  El 
Malek  el  'Azîz  'Otmân,  fils  d'El  Malek  Salâh-ed-dyn  Yousef, 
fils  d'Ayyoub,  lui  constitua  en  waqf  le  bourg  qui  est  près 
de  la  Porte  d'El-Khalîl  (d'Hébron),  une  des  portes  de  Jérusa- 
lem. C'est  un  petit  bourg  dans  lequel  il  y  a  un  monastère  cons- 
truit par  les  Roûm  (Grecs  Byzantins)  et  connu  autrefois  sous 
le  nom  de  Couvent  de  Mâr  (saint)  Qîboûs  (a).  Cet  édifice  est 
désigné  actuellement  sous  l'appellation  de  Dayr  (couvent) 
d'Abou-Taur,  du  nom  du  Cheikh.  La  donation  constituée  par 
El  Malek  el  'Azîz  fut  faite  à  la  date  du  25  du  mois  de  radjab 

(a)  Ce  passage  est  abrégé  dans  mon  manuscrit  et  les  mots  Mâr 
Qîboûs  ne  s'y  retrouvent  plus.  Le  texte  imprimé  porte  de  nouveau 
Mâr  Qîoûs. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  29 I 

l'unique  de  l'année  594  (2  juin  1198).  Lorsqu'Abou-Taur 
mourut,  il  fut  enterré  dans  ledit  village,  où  l'on  voit  son  tom- 
beau, en  un  lieu  apparent  ;  on  s'y  rend  en  pèlerinage.  Il  a 
laissé  des  descendants  quihabitent  là. 

«  Voici  un  des  récits  qu'on  fait  de  lui  :  Il  demeurait  dans 
le  bourg  précité  ;  lorsqu'il  désirait  acheter  quelque  aliment 
pour  sa  nourriture,  il  écrivait  ce  qu'il  voulait  sur  une  feuille 
de  papier  et  la  suspendait  au  col  de  son  taureau  qu'il  faisait 
partir.  L'animal,  arrivé  à  Jérusalem,  se  dirigeait  vers  la  bou- 
tique d'un  homme  qui  pourvoyait  aux  besoins  du  Cheikh;  là, 
il  s'arrêtait.  Cet  homme  prenait  le  papier,  le  lisait,  se  procu- 
rait les  objets  dont  le  Cheikh  avait  besoin,  et  les  portait  au 
taureau  qui  retournait  aussitôt  à  l'habitation  de  son  maître. 
Ce  fait  est  un  des  nombreux  miracles  d'Abou-Taur,  que  Dieu 
soit  satisfait  de  lui  !  » 

NOTE  (9). 

Moudjîr-ed-dyn  fait  comme  suit,  page  492  et  suivante,  la 
biographie  du  Cheikh  'Aly  el  Bakkâ  : 

«  Le  Cheikh  'Aly  el  Bakkà,  le  patron  de  la  Zâwieh 
qui  est  à  Hébron.— Il  était  célèbre  par  sa  piété  et  ses  pratiques 
de  dévotion,  et  donnait  à  manger  à  tous  ceux  qui  passaient 
auprès  de  sa  demeure.  El  Malek  el  Mansoûr  Qélàoûn  racon- 
tait, en  faisant  son  éloge,  qu'ayant  eu  un  entretien  avec  lui, 
alors  qu'il  était  émir,  il  lui  avait  prédit  les  faits  qui  lui  étaient 
arrivés. 

«  Voici  la  cause  de  ses  pleurs  incessants  :  Il  fréquenta  ^ 
comme  disciple,  un  homme  qui  avait  des  extases;  (un  jour) 
il  sortit  avec  lui  de  Baghdâd  :  en  une  seule  heure,  ils  arrivè- 
rent à  une  ville  éloignée  de  Baghdâd  à  la  distance  d'une  année. 
Alors  cet  homme  lui  dit  :  «  Je  mourrai  à  telle  époque;  viens 
donc  assister  à  mes  derniers  moments.  »  Or,  quand  l'époque  Page  493. 
qu'il  avait  désignée  fut  venue,  le  Cheikh  'Aly  se  présenta  chez 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


292 

lui  ;  il  le  trouva  à  l'agonie  et  le  visage  tourné  vers  l'orient. 
Ayant  voulu  le  changer  de  place  :  «  Ne  te  fatigue  pas,  lui  dit- 
il,  car  je  ne  mourrai  que  dans  cette  position;  »  et  il  se  mit  à 
parler  dans  des  termes  usités  par  les  moines,  jusqu'à  ce  qu'il 
mourut.  Le  Cheikh  'Aly  le  transporta  alors  à  un  monastère 
qui  était  en  cet  endroit  ;  il  trouva  les  religieux  dans  un  pro- 
fond chagrin.—  «  Que  vous  arrive-t-il?  »  leur  demanda-t-il.— 
Ils  lui  répondirent  :  «  Il  y  avait  chez  nous  un  vieillard,  âgé  de 
cent  ans,  et  voilà  qu'aujourd'hui  il  vient  de  mourir  dans  la 
religion  musulmane  !  »  —  «  Prenez  celui-ci  à  sa  place,  »  leur 
dit-il.  Les  moines  lui  ayant  remis  le  vieillard,  il  l'emporta, 
fit  la  prière  sur  son  corps  et  l'enterra. 

«  Le  Cheikh  'Aly  el  Bakkâ  mourut  en  djoumâda  second  de 
l'année  670,  et  fut  inhumé  dans  sa  célèbre  Zâwieh,  qui  est 
située  dans  un  quartier  séparé  d'Hébron,  du  côté  du  nord. 

«  La  Zâwieh,  se  composant  de  Yiwân  et  de  ses  dépendances, 
fut  bâtie  par  l'émir  'Ezz-ed-dyn  Aydémir,  pendant  le  règne 
d'El  Malek  ed-Dâher  Baybars,  en  l'année  668  (Comm.  3i  août 
1269),  antérieurement  à  la  mort  du  Cheikh.  Dans  la  suite,  les 
autres  parties  de  la  Zâwieh,  telles  que  la  cour  et  tout  ce  qui  y 
est  attenant,  furent  édifiées  par  l'émir  YEsfahsalâr  Heusâm- 
ed-dyn  Tarantây,  Nâïb  de  Jérusalem,  sous  le  règne  d'El  Malek 
el  Mansoûr  Qélâoûn,  dans  le  mois  de  moharram,  l'année  681 
(ii  avril-  11  mai  1282).  Plus  tard,  au  commencement  de 
ramadan  de  l'année  702  (19  avril  i3o3),  l'émir  Sayf-ed-dyn 
Salâr,  Lieutenant  de  l'empire  en  Egypte  et  dans  les  Principau- 
tés Syriennes,  fit  bâtir  le  portail  et  le  minaret  qui  le  sur- 
monte, par  les  soins  de  l'émir  Kaykaldy  en-Nadjmy,  pendant 
le  règne  d'El  Malek  en-Nâser  Mohammad,  fils  de  Qélâoûn.   » 

note    (10). 

Nous  réunissons  ici  tous  les  passages  dans  lesquels  Moudjîr- 
ed-dyn  parle  de  la  conduite  des  eaux  à  Jérusalem  pendant  le 
règne  de  Qâït-bây. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  2g$ 

«  La  source  qui  arrivait  à  Jérusalem  avait  été  coupée.  Les 
eaux  rentrèrent  dans  la  ville  sainte  au  mois  de  djoumâda 
second  (de  l'année  874).  Cet  événement,  qui  combla  de  joie  la 
population,  fut  considéré  comme  un  effet  de  la  bénédiction  de 
l'émir  Nâser-ed-dyn  Mohammad  ebn  en-Nachâchîby  (a).  Une 
plaque  de  marbre  fut  gravée,  pour  en  conserver  le  souvenir,  et 
attachée  à  la  muraille  située  auprès  de  l'escalier  de  la  Fontaine, 
à  côté  de  la  Teurbeh  Djâléqiyeh.  »  (Page  621  du  texte 
imprimé.) 

«  Le  dimanche  12  radjab  (885  =  D.  17  septembre  1480),  le 
malek  el  omarâ  Sibây  (b),  Nâïb  de  Ghazzah,  vint  au  bassin 
d'£ï  Mardji1  où  il  dressa  ses  tentes,  pour  reconstruire  les  vas- 
ques. Il  entreprit  cette  construction  en  personne,  avec  l'aide 
de  ses  soldats.  »  (Page  655.) 

«  En  cette  année  (888) ,  arriva  un  rescrit  du  Sultan  enjoignant 
à  l'émir  Qânsouh  el  Yahyâwy  de  (reconstruire  l'aqueduc 
d'El-'Arroub,  ainsi  que  le  bassin  d'£7  Mardj'i- ....  Quatre  mille 
dinars  furent  consacrés  à  ces  travaux.  »  (Page  661  du  texte 
imprimé.) 

«  Le  20  radjab  (888),  l'eau  de  la  source  d'El-'Arroub  entra  à 
Jérusalem.  L'émir  Qânsouh  el  Yahyâwy  fit  dresser  de  cet  évé- 
nement un  procès-verbal  que  signèrent  tous  les  principaux 
personnages  et  qu'il  expédia  pour  être  soumis  au  Sultan,  avec 
son  fils  Chéhâb-ed-dyn  Ahmad  et  son  Dawâdâr.  La  construc- 
tion avait  duré  cinq  mois  et  quinze  jours,  et  coûté  au  Sultan 
des  sommes  considérables.  »  (Page  662  du  texte  imprimé.) 

[a]  Il  était  à  cette  époque  un  des  trésoriers  du  Sultan  et  chargé  d'une 
mission  d'inspection  à  Jérusalem  et  à  Hébron.  L'année  suivante,  il 
fut  nommé  Nâder  des  deux  sanctuaires  (de  Jérusalem  et  de  la  ville 
d'Abraham). 

(b)  Le  texte  imprimé  écrit  ce  nom  «  Bers-bây  ». 


294  JÉRUSALEM  ET  HEBRON. 


NOTE  (il). 


«  En  cette  année  (900),  une  querelle  éclata  entre  l'émir  Djàn 
Bêlât,  Nâïb  de  Jérusalem,  et  Qâny  Bey,  Nâïb  de  Ghazzah. 
Voici  ce  qui  y  donna  lieu  :  l'émir  Djân  Bêlât  ayant  dû  se  ren- 
dre à  Ramleh,  pour  l'exécution  des  mesures  fiscales  dont  il  a 
été  précédemment  question,  arriva  dans  cette  ville  le  16  ra- 
djah. Dès  le  mardi  matin,  18,  il  ordonna  à  son  Kâchef,  El 
Djamâly  Yousef,  de  monter  à  cheval  avec  sa  milice  et  de  par- 
courir l'arrondissement  de  Ramleh  afin  de  veiller  à  sa  sûreté 
et  de  protéger  les  rd-yah\  peu  auparavant,  en  effet,  une  bande 
d'Arabes  (Bédouins)  avait  fait  une  incursion  et  enlevé  des 
bœufs  appartenant  aux  habitants  de  la  ville.  Le  Kâchefse  diri- 
geait vers  Ni'ân,  une  des  dépendances  de  Ramleh,  suivi,  bien- 
tôt après,  par  le  Nâïb  qu'accompagnaient  son  Dawâdâr  et 
quatre  hommes,  lorsqu'il  fut  assailli  par  des  Arabes  qui,  après 
l'avoir  repoussé,  l'assiégèrent  dans  la  tour  (beurdj)  située  au 
bourg  de  Khaldâ,  localité  dépendante  de  Ramleh,  où  il  se 
fortifia  ;  les  Arabes  s'emparèrent  de  ses  chevaux  et  tuèrent 
plusieurs  de  ses  hommes.  L'émir  Djân  Bêlât  se  trouvait  à  pro- 
ximité du  bourg  de  Tell-Djazr  ;  en  entendant  les  cris  des 
combattants,  il  se  dirigea,  avec  son  Dawâdâr  et  ses  quatre 
hommes,  vers  l'endroit  d'où  venait  le  bruit.  Aussitôt  les  Arabes 
fondirent  sur  eux  et,  dans  l'engagement  qui  s'en  suivit,  le 
Dawâdâr  du  Nâïb  et  son  escorte  furent  tués  ;  il  ne  resta  que 
lui,  tout  seul  :  il  tint  tête  aux  assaillants  et,  après  une  lutte 
acharnée,  il  finit  par  leur  échapper  et  se  sauver.  Les  morts,  au 
nombre  de  dix,  furent  transportés  à  Ramleh,  où  on  les 
enterra. 

«  Les  qàdys  de  Ramleh  se  rendirent  à  Tell-Djazr  où  ils 
virent  quelques  cadavres  gisant  sur  le  sol.  Je  me  trouvais  à 
cette  époque  à  Ramleh  et  fus  témoin  de  cette  horrible  affaire. 
Un  procès-verbal  fut  dressé  et  expédié  aux  Sublimes  Portes, 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  29 5 

avec  un  rapport  de  l'émir  Djân  Bêlât,  qui  accusait  le  Nâïb  de 
Ghazzah  d'avoir  été  l'instigateur  de  toute  cette  affaire;  ce  qui 
était  la  vérité {Moudjîr-ed-dyn,  page  703  du  texte  im- 
primé.) 


■ooogooo 


TABLE  DES  MATIERES 


PREMIERE  PARTIE. 

Achat  de  la  Caverne page  3 

Salomon ,  par  une  révélation  de  Dieu  ,  construit  une  enceinte 

(hayyez)  au  dessus  de  la  Caverne 13 

Dimensions  en  longueur  et  en  largeur  du  mur  (soûr)  de  Sa- 
lomon      14 

Histoire  de  Joseph 21 

Histoire  de  Lotb 23 

Histoire  de  Job 25 

Histoire  de  Jéthro  (Cho'ayl) 25 

Histoire  de  Moïse 25 

Histoire  de  David. 27 

Construction,  par  notre  seigneur  Salomon,  de  la  cité  de  Jéru- 
salem et  de  son  temple •  27 

Le  talisman  contre  les  serpents. 31 

Histoire  de  notre  seigneur  Jouas,  fds  de  Matta 32 

Ascension  de  notre  seignenr  Jésus 33 

Troisième  construction  de  Jérusalem 33 

Conquête  de  Jérusalem  par  'Omar 30 

Principaux  Sahâbeh  qui  entrèrent  à  Jérusalem 44 

Construction  par  'Abd-el-Malek  ebn  Merwân  de  la  noble  Cou  • 
pôle  de  la  Sakhrab    et  du  Masdjed-el-Aqsa;  ce  qui    se 

passa  en  cette  circonstance 48 

Description  du  noble  Masdjed-el-Aqsa  :  État  dans  lequel  il  se 
trouvait  du  temps  d"Abd-el-Malek  et  postérieurement  à 

ce  khalife 55 

38 


298  JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 

Mention  de  quelques-uns  des  principaux  personnages  les  plus 
distingués  par  leur  science  et  leur  dévotion  qui   vinrent 

à  Jérusalem page  01 

Aperçu  succint  des  événements  dont  Jérusalem  fut  le  théâtre 
durant  la  période  qui  précéda  la  prise  de  la  ville  sainte 

par  les  Francs 67 

Relation  de  la  prise  de  Jérusalem  par  les  Francs  et  de  leur  do- 
mination sur  la  ville  sainte 70 

Conquête  de  Jérusalem  (par  Saladin) 71 

Récit  du  jour  de  la  conquête 73 

Mehrâb  de  David  et  autres  chapelles  funéraires 74 

Relation  du  moyen  employé  par  le  Sultan  pour  la  restauration 

(des  fortilications)  de  Jérusalem 78 

Trêve  générale 79 

Récit  de  ce  qui  advint  après  la  conclusion  de  la  paix 81 

Relation  de  la  mort  du  Sultan 83 

Evénements  qui  suivirent  la  mort  de  Saladin 85 

Destruction  des  murailles  de  Jérusalem 85 

Jérusalem'est  livrée  aux  Francs 87 

Conquête  d'En-Nâser  Dâoud 89 

Livraison  de  Jérusalem  aux  Francs 89 

Conquête  de  Jérusalem  par  El  Malek  es-Sàleh  Nadjm-ed-dyn 

Ayyoub 90 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Description  du  Masdjed-el-Aqsa  :  Son  état  actuel p.  95 

Le  Puits  de  la  Feuille 100 

Le  Mchiàb  de  David 101 

Le  Marché  de  la  Connaissance 102 

Le  Berceau  de  Jésus 103 

Le  Djâmé'  des  Maghrébins 103 

La  noble  Roche  (Sakhrah) 104 

Le  noble  Pied 100 


JKKUSALEM    ET    HEBRON. 


299 


La  Grotte p,\ce  iOG 

La  Coupole  de  la  Chaîne 1 09 

La  Coupole  de  l'As-ensioi 111 

Le  Maqâm  du  Prophète .'  1 12 

Le  Maqâm  du  Khedr 1 1  \\ 

La  Coupole  de  Solaymân 114 

La  Coupole  do  Mousa 114 

La  Coiipole  du  Rouleau 117 

L'Enclos  du  Qachàny 118 

La  Zâwieh  des  Bestàmiens 113 

La  Zâwieh  des  Samâdiens 119 

Dimensions  du  Masdjed  en  longueur  et  en  largeur 120 

Observation 120 

L'ancienne  Aqsa 124 

L'Ecurie  de  Salomon 124 

Les  Minarets 125 

Les  portes  du  Masdjed 127 

Mention  de  la  plupart   des   Madraseh  (collèges)  et  Machhad 

(chapelles  funéraires)  de  Jérusalem 139 

De  ceux  de  ces  édifices  attenants  au  mur  du  Masdjed 139 

Madraseh  et  Zâwieh  situées  autour  du  mur  du  Masdjed 140 

Madraseh  voisines  du  mur  ,  du  côté  de  l'ouest ....  141 

Édifices  situés  au  nord 148 

Madraseh  et  Machhad  situés  dans  la  ville  :  Édifices  de  ce  genre 

sis  autour  du  Masdjed  et  qui  sans  être  attenant  au  mur ,  en 

sont  cependant  à  proximité.  Côté  nord 154 

Édifices  sis  à  proximité  du  Masdjed.  Côté  ouest 157 

Madraseh  et  Zâwieh  de  Jérusalem  situées  à  quelque  distance 

du  Masdjed ■ 163 

Minarets  de  Jérusalem 168 

État  actuel  de  Jérusalem 170 

Endroits  de  Jérusalem  remarquables  par   la  solidité  de  leur 

construction 171 

Églises  et  couvrnts 172 


3oo 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Principaux  quartiers  de  Jérusalem page  174 

La  rue  de  David 176 

La  rue  de  Merzubân • 177 

La  rue  de  la  Vallée  des  Moulins 179 

La  Citadelle 182 

Portes  de  la  ville 184 

La  fontaine  de  Siloé  et  autres,  au  dehors  de  Jérusalem 185 

La  fontaine  des  Accusées 187 

Le  puits  de  Job 187 

(Bassins) 189 

Le  Couvent  d' Abou-Taur 191 

Le  Mont  des  Oliviers 192 

Le  tombeau  de  Marie 193 

Es-sâhéreh 194 

L'Edhémiyeh 19f, 

Maghâret  el  Kattân 196 

Cimetières  destinés  à  la  sépulture  des  musulmans  et  situés  au 

dehors  de  Jérusalem 196 

Le  cimetière  d! es-sâhéreh 197 

Le  cimetière  des  Martyrs 197 

Le  cimetière  de  Mâmilâ 198 

La  Qalandariyeh 198 

La  Kebkiyeh 200 

Bethléhem .,.  201 

La  Coupole  de  Rachel 202 

rtamleh  de  Palestine 202 

La  ville  d'Er-Ramleh 204 

Description  de  la  ville  d'Er-Iiamleh  telle  qu'elle  était  autre- 
fois,  avant  l'islamisme  et  postérieurement  jusque  vers 

l'an  500. 205 

Lydda 210 

Ascalon  . . 214 

Ghazzah 214 

Jéricho 215 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON.  3ûl 

Naplouse page  216 

Prophètes  les  plus  célèbres   (qui  reposent)   autour  de  Jéru- 
salem   217 

Aperçu  historique  de  la  ville  de  notre  seigneur  El-Khali! .    ...  218 

Quartiers  les  jdus  remarquables  d'Hébron 220 

Madraseh  ,  Zclwieh  et  Machhad  d'Hébron 221 

Machhad  el  arhain 225 

(Fontaines  d'Hébron) 225 

Cimetières  situés  hors  de  la  ville  et  destinés  à  la  sépulture  des 

musulmans • 226 

Fief  de  Tamim-ed-Dâry 227 

Limites  de  la  Terre-Sainte 229 


TROISIÈME  PARTIE 

Mention  des  principaux  souverains  de  l'islamisme  qui  ont 
régné  sur  Jérusalem  et  Hébron  et  y  ont  laissé  des  monu- 
ments de  leur  piété,  de  leur  bienfaisance  et  de  leur  muni- 
ficence  235 

Le  sulltan  El  Malek  ed-Dàher  Baybars 237 

Le  sultan  El  Malek  el  Mansoûr  Qélâoûn 240 

El  Malek  el  Achraf  Sa!àh-ed-dyn  Khalil 242 

El  Malek  el  'Adel  Ket-boghà 243 

El  Malek  el  Mansoùr  Lâdjin.    244 

El  Malek  en-Nàser  Mohammad  ,  fils  de  Qélâoûn 245 

El  Malek  el  Achraf  Gha'bân ...  248 

El  Malek  ed-Dâher  Rarqoûq 249 

El  Malek  en-Nàser  Faradj 250 

El  Malek  el  Achraf  Bers-bây 252 

El  Malek  el  Achraf  Ynâl 256 

El  Malek  ed-Dâher  Khoehqadem 257 

El  Malek  el  Achraf  Qàïl-bây 259 

Rois  du  Roùm 259 


302  JÉRUSALEM    ET    HK13R0N. 

Mention  des  personnages  les  plus  marquants  qui  ont  exercé  à 

Jérusalem  et  à  Hébron  les  charges  de  Ndder  et  de  Nàïb    page  261 

Nâïhsde  la  Citadelle 281 

Émir-Ilàdjeb 285 

Notes 285 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


On  sait  que  plusieurs  lettres  de  l'alphabet  arabe  ne  peuvent 
être  rendues,  dans  l'écriture  européenne,  que  par  des  lettres  ou 
signes  de  convention.  Pour  ne  pas  fatiguer  le  lecteur,  nous 
nous  sommes  abstenu  d'appliquer,  dans  le  cours  de  cette  tra- 
duction, notre  système  de  transcription;  mais  nous  croyons 
utile  de  l'employer  dans  l'index  alphabétique  :  les  arabisants 
pourront  ainsi  rétablir  immédiatement  l'orthographe  des  mots 
et  des  noms  propres  cités.  Nous  avons  surtout  cherché,  dans 
notre  système,  à  donner  à  chaque  lettre  arabe  une  représen- 
tation spéciale  et  à  l'abri  de  toute  confusion.  Ainsi  nous  avons 
représenté  : 


v^  par 

t 

h    par 

t 

£    ~ 

dj 

i>    - 

d 

Z   ~ 

h 

i  - 

t 

Z   ~ 

kh 

t  ~ 

gh 

j>    — 

d 

J  ~ 

q 

LT    ~" 

ch 

3       ~ 

ou,  où  ou  par  w 

u*  - 

s 

^5      ~~ 

i ,  1  ou  y 

JB       _ 

d 

Les  autres  caractères  de  l'alphabet  arabe  ont,  dans  l'alphabet 


français ,  leurs  représentants  naturels. 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 


AM'.ÉVIATIONS     : 


M.      =  Mulek. 
Mud.  =  Madraseh. 

P.       s=  Porte. 


O.  =  Quartier. 
T.  t=  Teurbcb. 
Z.  «=  Zâwieh. 


X.  B.  —  Les  chiffres  indiquent  la  page. 


'Abbâdân,  186. 

«Abbfts  (El),  208. 

'Abbâs  (Le  fils  d'),  130-132,  203, 

215. 
'Abbâsîdes.  55,  59,  09,235,  237. 
'Abd-AUah,  lcBeslàmien,  1G6. 
'Abd-Allah  (Z.  du  cheikh),  185. 
«Abd-Allah,  fils  d"Amr,  fils  d'El 

«As,  201. 
'Abd-Allah,  fils  de  Ghonm,  28. 
'Abd-Allah  el  Qasry,  167. 
'Abd-Allah  eb:i   cz-Zobayr ,   V. 

Zobayr. 
'Abd-Allah  (Le  fils  d'),  V.  Chams- 

ed-dyn  el  Baghdâdy. 
'Abd-el-'Aziz  el  'Irâqy,  250,  277 

et  suiv.,280. 


'Abd-el-'Azîz  (El  Malck  el  Man- 

soûr),  251. 
«Abd-el-Bâset,    V.   Zayn-ed-dyn. 
'Abd-el-Malek  ebn  Merwân,  47 

et  suiv.,  56  et  suiv.,  95,    109, 

121,  125. 
'Abd-el-Malek   el  Mausély,  118. 
'Abd-el-Qâder  el  Guilàny,  209  et 

suivante. 
'Abd-er-Rahman ,    fils    d''Aouf, 

38. 
'Abd-er-Rahman,  fils  de  Moham- 

mad,  fils  de  Mansoûr,  fils  de 

Tàbet,  54,  59. 
'Abd-er-Rahman  el  Azderoumy, 

223. 

'Âbcd,  02,  64. 

39 


3o6  JÉRUSALEM 

Abou'l-'AbMs  Ahmad  el  Ooh- 

mouny,  210. 
Abou-'Abd-Allah  Mohammad   el 

Bannà,  11. 
Abou-'Abd-Allah  Mohammad  el 

Batâïby,  209  et  suiv. 
Abou-'Abd-Allah    el      Qarachy, 

272. 
Abou-'Abd-er-Rahman  Ahmad 

en-Nésày,  200. 
Abou-'Amr  'Otmân,  lils  de  Dja'- 

far,  6. 
Abou-'Aqâqah  (Z   d'),223. 
Abou'1-Baqà,  33. 
Abou-Bekr,  le  khalife,  44. 
Abou-Bekr  ebn  Abî-Mariam,  100. 
Abou-Bekr  ebn  El  «Araby,   107, 

108. 
Abou-Bekr  el  Eskâfy,  8  et  suiv. 
Abou-Bekr  ebn  El-Hàret,  54 

— —  • 

Abou-Bekr  le  Khaiib,  47. 
Abou-Bekr  (El  Malek  el  Mansoûr) 

247. 
Abou-Bekr  Mohammad  ebn  Is- 

mâ'îl  es-Sobàhy,  24. 
Abou-Bekr  Mayyézhou.  279. 
Abou'd-Dardà  'Owaymer,  45. 
Abou-Dja'far,    V.  Mansoûr  (El). 
Abou-Djom'ah  l'Ansâry,  46. 


ET    HEBRON. 

Abou'l-Faradj  'Abd-  el  -  Wâhed, 

G3 
Abou'1-Fédà,  12. 
Abou-Hanifeh,  62. 
Abou'l-Hasan    'Aly,    l'Hakkary, 

193. 
Abou'l-Hasan    'Aly,    tils  d*'Alil, 

212. 
Abou-Hàzem,  36. 
Abou-Horayrah,  130,  186. 
Abou-Kamâl  (Z.  d'),  224. 
Abou-Mahmoud,  203. 
Abou'l-Meqdàm  Badjà  ebn  Hayâ, 

50  et  suiv.,  57. 
Abou-Mohammad  ebn  'Aouf ,  21 1. 
Abou-Mohammad  cn-Nadjdjàry, 

47,  48. 
Abou-'Obaydah  ebn  el  Djarrâh, 

44,  45,  240. 
Abou-Obayy  ebn    Omm-llaràm. 

47. 
Abou-'Otmân,  36. 
Abou'l-Qàsem ,  188. 
Abou'l-Qàsem  elDjonayd,  222. 
Abou'l-Qàsem  Makky,  65. 
Abou'l-Qàsem  ,  fils  d'Otmàn,  et- 

Tamîmy,  267. 
Abou'l-qoroûn ,  V.  Tnghry-Bardy. 
Abou-Rayhàneh,  47,  48. 


JÉRUSALEM    ET    HEBUON. 


307 


Abou-Sa'id  'Abd-cr-Rahman 

(Dohaym),  208. 
Abou-Taur,  192,  290  et  suiv. 
Aliou-Ya'la  ebn  El-Farrà,  63. 
Abou-Yazid,  Nâïb,  274. 
Abou-Yousef  Ya'qoub  ebn  Ishàq 

ebn  Es-Sekkit,  140. 
Abraham,  3  et  suiv.,    13,    17,  18, 

20,  22,  24,  55,    218,    240,   250, 

257,  264. 
Absent  (Prière  de  1),  256,  264. 
Abyssins,  47.  289. 
'Achourà,  65,  84. 
Achrafiyeh  (L'j,  121,  137,  143  et 

suiv.,  258,  286  et  suiv. 
Acre,  81,  88,  91,  186,  209,  237,242. 
Addïd,  110. 
Adam,  8. 
'Adel  (El-M.  el),    77,  79,  80,  84. 

85,90,  165. 
'Âdéliyeh  (El-),  44. 
•Adjloûn,  44,  272. 
'Adjour,  230. 
'Adjouz,  22. 
Adré'àt,  215. 

iElia,  36  et  suiv.,  203,219. 
Ardai  (El),  le  généralissime,  70. 
Ardai  (El  M.  el),  80,  83,84,  163. 
Afdaliyeh  (L'),  162,  170. 


Arrâm(Ephraïm),219. 
'Afroûn,  3  et  suiv. 
Ahmad  (Le  Cheikh),   V.   Abou- 
Taur. 
Ahmad,  fils  de  Boktômir,  274. 
Ahmad  el  Haydabâny,  274. 
Ahmad  Haydar,  274. 
Ahmad  el  Homsy,  274. 
Ahmad  (El  M.  cl  Modaffar),  252. 
Ahmad,  fils  de    Moubârak-Chàh, 

275. 
Ahmad  (El    M.    el    Mouayyad), 

257. 
Ahmad  (El  M.  en-Nàsor),  247. 
Ahmad  (Le  Cheikh)  el  Qâsémy, 

222. 
Ahmar  (Ed-dayr  el),  V.  Couvent 

Rouge  (Le). 
Ahmed  (le  Sultan),  106. 
Aigle  (Coupole  de  1'),  85. 
Àïlah,  229. 
'Akkà,  V.  Acre. 
'Akkâr,  238. 

♦Alâ-ed-dyn  'Alyel  Guilâny,  161. 

'Alâ-ed-dyn  'Aly  ebn  Nâser-ed- 

dyn   Mohammad ,      autrement 

dit  : 

•Alâ-ed-dyn  'Aly,  fils  du  Nâïb 

d'Es-Sobaybch,  148,  269. 


3o8 


JEHUSALEM    ET    HE13R0N. 


'Alâ-ed-dyn  Aydoghdy,  157,  263 

ot  suiv. 
'Alâ-ed-dyn  Aydoghdy  el  Kebky, 

200. 
'Alâ-ed-dyn  el  Basir,  13i. 
'Alâ-ed-dyn  el  Basir  (Rébàt  d'), 

157,  158,264. 
'Alâ-ed-dyn  el  Karaky,  2G9. 
'Alâ-ed-dyn  Qaysar,  207. 
'Alâ-ed-dyn  es-Sâïeh,  273. 
'Alâ-ed-dyn  Yl-boghâ   el  'Alây, 

274. 
'Alam-ed-dyn  Qaysar,  82,  262. 
'Alam-ed-dyn  Solaymân,  Ebn  el 

Mohaddeb,  175,269. 
'Alâmeh,  2G1. 
Alb-Arslàn,  70. 
Alep,  75,  84,99,  143.203,251. 
Alexandrie,  33,  143,  186,289. 
Alfidout,  V.  Lôpidoth. 
Algésiras,  272. 
'Allm  (Le  fils  d'),   V.  Abou'1-Ha- 

san  'Aly,  fils  d"Alil. 
Âl-Mélek,  149. 

'Aly,  fils  d'Abou-Tàleb,  227,  228. 
'Aly  el  Bakkà,  220,  222,224,  227, 

291  et  suiv. 
'Aly    cl  Bakkâ  (Z.  d"),  222,  226, 

291  et  suiv. 


'Aly  (Emir),  fils  du  Hâdjeb,  274. 
'Aly  (El  M.  el  Mansoûr),  fils  de 

Gha'bân,2i8. 
'Aly  (El  M.  el  Mansoùr  Nour-ed- 

dyn),  fils  dAybek,236. 
'Aly  Kehenbouch  (Z.  d"),  224. 
'Aly,  filsdeQarâ.274. 
'Aly  es-Safy,  166. 
Amadj,203,  204. 
Amdjad   (El  M.  el),  V.  Behràm- 

Ghâh 
Âmed,  253,  266. 
Amîn-ed-dyn  'Abd-cr-Rahman 

ed-Dayry,  254,  275,280  et  suiv. 
Amîn-ed-dyn,  le  Sûheb,  116,  154 
Aminiyeh  (L/),  Mari.,  119. 
Aminiyeh  (L'),  Z.,  149. 
'Ami  el  Qods,  230. 
'Amr,  fils  d'El'Âs_.  38. 
'Amtâ,  44. 
'Amwàs    (Emmaùs),  29,  35,  ki, 

208. 
A'nas  (Zâwieh  d'El),  224. 
Mn&ar,  53. 
Anbâr,  8. 
Anne  (Sainte),  77. 
Antarsous,  242,  246. 
Antiocho,  81,  238. 
'Aoudjâ  (El-),  243,244. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Aouhad  (El  M.  el),  116,  151,  265. 

Aouhadiyeh  (L'),    116,  151,    155, 

265. 
'Aqabeh,  V.  Montée. 
Aq-boghâ,  152. 
Aq-boghà  el  Haydabâny,  274. 
Aqueducs  de  Jérusalem,  142,  190, 

247,  258,  293. 
Aqsa  (El-),  V.  Mosquée  El-Aqsa. 
Aqsa  {El}  el  qadlmeh,  124. 
'Aqyl.Gl. 

Arabes,  229,  270,  285,  294. 
Arcade  d'El  Djobayly,  176,  290. 
Arcades  do  Khodayr,  180. 
Ardebîl,  157. 
Mref.212. 

Arghoun,  134,  145etsuiv. 
Arghouniyeh  (L'),    145  et  suiv., 

154. 
'Arîch  (El-),  71,  203,  230. 
ArthA,  V.  Jéricho. 
Arius,  3i. 
Arménie,  173,  244. 
Arouâd,  246. 
'Aroun,  230. 
'Arroub  (El-),  258,  293. 
lArmtel  ghélâl,  177. 
Arsouf.  212,  237. 
lAsab,  53. 


3og 

Asadabâd,  106. 

As'ardiyeh  (L'),  116,  149,   154. 

Ascalon,71,  81,82,  90,  180,  204, 

214,262. 
Ascète  (Coupole  do  Y),  224. 
'Asdjal  {El)  fi  séfat  el  Aqsa  wal 

Masdjad,  122. 
Asghân-Belât,2G9. 
'Asqalân,  V.  Ascalon. 
<Asr,  20,  78,  84. 
'Ma,  58. 

'Atiyah,  fils  d'Abou-Qays,  100. 
«Atîq,  fils  d'Abou-Qohàfah,  228. 
'Atlit,  242. 

Atsiz  ebn  Auq,  69  et  suiv. 
'Atlâryn,  171. 
'Awartâ,  217. 
Ayâr,  28. 

Ayâs  el  Badjâsy,  278. 
Aybek  (El  M.  el  Mo'czz),  236. 
Aydékyn  el  Bondoqdâry,  237. 
Aydémir,  292. 
Myn,  V.  Fontaine. 
<-Ayn  (Principal),  207. 
'Ayn  El-' Arroub,  258. 
'Ayn  Djady,  V.  Engaddi. 
'Ayn  Hébra,  226. 
iAyn  es-samiqah,  22G. 
Ayyoub,  V.  Job. 


3  io 


JERUSALEM    ET    HÉBRON. 


Ayyoub  (El  M.  os-Sùleh),  89,  90. 
Ayyoub  (El  M.  es-Sàleh  Nadjm- 

ed-dyn),90el   suiv  ,   114,  235- 

237. 
Ayyoubites,  87,  235,  236 
'Azar,  217. 


'Azarich  (El-),  217. 

'Aziz  (El  M.  el)  'Otmàn,  84,  192, 

290. 
'Azîz-el  mamlahch.  ISO. 
Azraq  (Ibrahim  el),  164. 
Azraq  (Z.  d'el),  164. 


Bâb,  V.  Porte. 

Dâb  cl  'amoud,  V.  P.  de  la  Co- 
lonne. 

Bâb  el  asbât,  V.  P.  des  Tribus. 

Dâb  el  'atm,  V.  P.  des  Ténèbres. 

Dâb  el  bcrïd,  V.  P.  de  la  Poste. 

Dâb  Charaf  el  anbiâ,  V.  P.  de  la 
Gloire  des  Prophètes. 

Dâb  el  djanâïz,  V.  P.  des  Funé- 
railles. 

Dâbel  djenneh,  V.  P.  du  Paradis. 

Dâb  EsrâfU,  V.  P.  d'Esràfil. 

Bâb  el  hadïd,  V.  P.  de  Fer. 

Dâb  Hetta,  V.  P.  Hetta. 

Dâb  El-Khaïd,  V.  P.  d'Abraham 
et  P.  d'Hébron. 

Dâb  Mikâïl,  133. 

Dâb  Mohammad,  42.  V.  aussi  P. 
du  Prophète. 

Dâb  el  moutawaddâ,  V.  P.  du 
Lieu  des  ablutions. 


Dâb  en-naby,  V.  P.  du  Prophète 

Bâb  en-nàdcr,  V.  P.  du  Nàdcr. 

Dâb  el  qaltânyn,  V.  P.  des  Mar- 
chands de  coton. 

Dâb  er-rahbeh,  V.  P.  de  la  Place. 

Bâb  er-rahmeh,  V.  P.  de  la  Misé- 
ricorde. 

Dâb  es-sâhèrch,  V.  P.  d'es-sâhé- 
reh. 

Dâb  es  -  salsaleh,  V.  P.  de  la 
Chaîne. 

Bâb  setti  Mariam,  185. 

Dâb  et-taubeh,  V.  P.  du  Repen- 
tir. 

Bâbilâ,  198. 

Bachqardy  (Quartier  d'El),209. 

Dâdl  (El)  fi  lafdtl  mamlaket  el 
islam,  11. 

Badr  el-Djamâly,  16,  70. 

Badr-cd-dyn  Abou'l-Qàsem,  160. 

Badr-ed-dyn  Dildérim,  80. 


JÉRUSALEM    ET    HKBRON. 


3  II 


Badr-od-dyn   Hasan  el   'Askary, 

267. 
Badr-ed-  dyn  Hasan  cbn  Khachim 

ebn  Chaînas,  281. 
Badr-od-dyn  Mohammad,  l'Hak- 

kâry,  164. 
Bidriyeh  (La),  164. 
Baghawy  (El),  130. 
Baghdàd,  28,  59,   145,  221,. 237, 

291. 
Bahâ-ed-dyn,  V.  Ebn-'Asâker. 
Bahâ-cd-dyn  lo  Wafàïlc  (Z.  de), 

223. 
Bahâ-ed-dyn  Youscf,  83. 
Bahlawân,  161. 
Bahr,  V.  Mer. 
Bahr-er-Roûm,  23ÛL 
Bain  d''Alâ-ed-dyn  el  Basîr,  164, 

178,  190. 
Bain  du  marché,  172. 
Bain  (Le)  neuf,  142. 
Bain  (Le)  du  Patriarche,  190. 
Bain  (Le)  de  Salomon,  53. 
Bakh  Bakh,  113. 
Baladiyeh  (La),  143,  154,  288. 
Balâsy  (Ahmadel),  164. 
Balasy  \Z.  d'el),  163,  164 
Ba'lbek,  80. 
Baldeh  (El),  186. 


Bâliân,  72, 73,  80. 

Balkh,  02. 

Balouy  ed-Dahôry,  268. 

Balqâ  (El-),'  29,  8H. 

Banou-'Abd,  231. 

Eanou-Abî'1-Wafà,  147. 

Banou-Gharaf,  174. 

Banou-Châwer,  23 1 . 

Banou-Djamâ'ah,  154. 

Banou-Djamà'ah    (Maison    des), 
154. 

Banou-Ghànem,  133,  180. 

Banou-Hâchem,  55. 

Banou-Tamîm,  100. 

Banou-'Yd,231. 

Banou-Zayd  (Vallée des),  230. 

Baqt  {El-),  211,  227. 

Barakeh  (El  M.  es-Sa'id  Moham- 
mad), 240. 

Barakeh-KMn  (El  M.  Heusâm-ed- 
dyn)  (T.  de),  161. 

Bardouil  (Baudouin),  71. 

Barqoûq  (El  M.   ed--Dâher),    17, 
23,  152,  159,  249* et  suiv.,  252. 
253,267,268. 
Barzân  (Le  fils  de),  V.  Bâliân. 
Bâsôtiyeh  (La),  150  et  suiv.,  154. 
Basrah  (El-)  46,  61. 
Bassin  des  enfants  d'Israël,  189. 


3l2 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 


Bassin  d'flébron,  226. 
Bassin  de  Mâmilà,  189  et  suiv. 
Bassin  de  Salomon,  189. 
Bassin  du  Sultan,  247,  250. 
Bassin  d''Yâd,   189. 
Bassins   d' El-MardjV ,   189  et 

suiv.,  258,  293. 
Bassins  du  Masdjed,  142,  144. 
Batn-el-djair.al,  145. 
Batrak,  41. 
Batriq,  41. 
Bâwardy  (El),  158. 
Bâwardiyeh  (La),  158  et  suiv. 
Bâyazîd-Khân,  259. 
Baybars   (El  M.  ed-Mher),   26, 

207,  212,  237  et  suiv.,  263,  292. 
Baybars  (El  M    el  Modaffar),244 

et  suiv. 
Baybars  (Reukn-ed-dyn),  90. 
Baybars  (Reukn-ed-dyn),  el  Djâ- 

leq,  160. 
Baydarâ  (El  M.  el  Qàher),  243. 
Baydémyr,  159. 
Bayhaqy  (El),  40. 
Bayloun,  219. 
Bayrout,  242. 
Baysân,  186. 
Bayt,  202. 
Bayt-Ameurr,  33. 


Bayt-'Aynoun,  228. 

Bayt-Djâla,  202. 

Bayt-Djibrîn  (Gens  de),  220. 

Bayt-Ibrûhîm,  228. 

Bayt-Lahm,  V.  Bethléhem. 

Bayt-el-mâl,  56 

Bayt-el-Maqdas,  128. 

Bayt-Molouâ,  198 

Bayt  (El)  el  Moqaddas,  128. 

Bayt-Nouba,  202,  230. 

Bayt-El-Qiâ,  156*. 

Bayt-er-Ramah,  29. 

Bazar  des  droguistes,  171,  178. 

Bazar  des  étoffes,  171,  178. 

Bazar  des  grainetiers,  172. 

Bazar  des  herbages  ou  des  lé- 
gumes, 171,  178. 

Bazar  des  marchands  de  coton, 
171. 

Bazar  des  marchands  de  soie, 
177. 

Bazar  des  orfèvres,  176. 

Bechbek-Tâz..  274. 

Behàder,   199. 

Behâder  (es-Sayfy),  249. 

Behrâm-Châh,  80. 

Bektémir,  225. 

Belâd-er-Boûm,   144 

Belàl  ebn  Rébâh.  44. 


JERUSALEM   ET   HEBRON. 


3l3 


Berceau  (Le)  de  Jésus,  51,  9(3, 
(J8,  100-103,  117,244. 

Berd-Bey,  257. 

Bérid,  28,  190,  201,  204,  231,  238. 

Bers-bây  (El  M.  el  Achraf),  152, 
252  et  suiv.,  270,  272. 

Bers-bây,  Nâïb,  274. 

Bers-bây,  malck  el  omarâ,  293. 

Bestâmiens,  118  et  suiv. 

Bestàmiens  (Z.  des),  à  Jérusa- 
lem, 118  et  suiv.,  1G6. 

Bestâmiens  (Z.  des),  à  Hébron, 
223. 

Bestâmiens  (Enclos  des) ,  150, 
162, 166. 

Bestâmiyeh  (La),  V.  Bestâmiens 
(Zâwieh  de?). 

Béthanie,  217. 


Bethléhem,  71,201,  202,255,289. 

Beurdj,  140,  294. 

Beurhân-ed -dyn    ebn  Djamâ'ah, 

110. 
Beurhân-ed -dyn  ebn  Ghânem, 

169. 
Bil-bây  (El  M.  ed-Dâher),  259. 
Blmârestân,  V.  Hôpital. 
Bir,  V  Puits. 
Bokhâry  (El),  17. 
Boq'ah  (La),  191. 
Borâq  (El-),  107,  133,  135. 
Borgholiyeh  (La),  166. 
Bourîn,  133 

Bouzatiyeh,  V.  Byzance. 
Bowaydà  (El-),  92. 
Byzance,  34. 


c 


Caire  (Le),  45,  85,  146,  225,  243, 
266,  273,  275,  278-280,  286, 289. 

Caroubier  (Le)  des  dix,  193,  272. 

Catégories  (Les)  des  Châfé'Ues, 
65,  148,  209. 

Caverne  (La)  d'Hébron ,  3  et 
suiv.,  13.  218. 

Césarée,  80,  237. 

Céthim,  203. 


Cha'àbéneh  (Les),  220,  222. 
Cha'bân  (El  M.  el  Achraf),  116, 

126,  159,  164,  248,267. 
Cha'bân  CEI  M.  el  Kâmel),  247. 
Cha'bân,  (fds  d')  El  Yaghmoury, 

223,  274. 
Châch,  141. 
Chaddàd,  fds  d'Aous,  46  et  suiv., 

103,  104,  197. 

40 


3 14 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


(Mfé'îtes,  77,86,  13G,  137,    165, 

239,  273. 
Ghâfô'y  (Mohammad  ebn  Edrîs 

Ech-),215. 
Chah  Bek,  278  et  suiv. 
Châhîn  ech-Ghodjà'y,  270. 
Ghàhîn  ed-Dabbàh,  269. 
Châhîn  le  Hâdjeb,  282. 
Châhîn  el  Hasany,  153. 
Châhîn  el  Kamâly,  208. 
Châhîn  el  Mouayyady,  269. 
Chaire  de  l'Aqsa,  99. 
Chaire  de  la  plate-forme  de  la 

Sakhrah,  110. 
Châm  [Ech-),  45. 
Chamouïl,  V.  Samuel. 
Chams-ed-dyn  Abou'l-'Aoun  Mo- 
hammad el  Ghazzy,  213. 
Chams-ed  dyn  el  Baghdâdy,  165, 

169. 
Chams-ed-dyn  el  Baghdâdy  (Z. 

de),  165, 185. 
Chams-ed-dyn  Mohammad,  fils  de 

D.jalâl-ed-dyn  'Arab,  162. 
Chams-ed-dyn  el   Hamawy   ed- 

Dâhéry,253,  275  et  suiv. 
Chams-ed-dyn  Mohammad  el  Ha- 

rawy,32,  150  et  suiv. 
Chams-ed-dyn  Mohammad,    fils 
(leQotlou-Châh,  253. 


Chams-ed-dyn   Mohammad,    fds 

de  Sayf-ed-dyn,  145. 
Chams-ed-dyn    Mohammad   (Le 

KhaivâdjA),  145. 
Chananéens,  20.4. 
Charaf  el  anbiâ,  V.  Bûb  charaf 

el  anbiâ. 
Charaf-ed-dyn    'Abd-er-Rahman 

el  Khalîly,  126,  264  et  suiv. 
Charaf-ed-dyn  Mousa,  174,    175, 

282. 
Charaf-ed-dyn  Mousa  (T.  de),  175. 
Charaf-ed-dyn    (L'émir)    Mousa, 

fils  de  Badr-ed-clyn,  267. 
Charaf-ed-dyn    (L'émir)   Yahya, 

fils  de  Chaloûh,  270. 
Charaf-ed-dyn    'Ysa,   père   d'El 

Djarrâhy,  167. 
Charaf-ed-dyn  'Ysa,   l'Hakkâry, 

160 
Charaf-ed-dyn  'Ysa,  le  Mâlékîte, 

275. 
Châré',  pi.  chawârè1-,  176,   178, 

181. 
C/idré'  {Ech-)  el  a'-dam,  176,  179. 
Char'ïah  {Ech-),  V.  Jourdain. 
Château  des  Kurdes,  238. 
Chawbak  (Ech-).  88. 
Châwérys  (Les),  231. 


JERUSALEM  ET  HEBRON. 


3  I  5 


Chaykhoun,  155. 

Chaykhoun  (Z.  de),  à  Uébron,  223. 

Chaykhouniyeh  (La),  155. 

Chayzar,  80. 

Chéhâb-ed-dyn   Ahmad,  fils   de 

Charaf-ed-dya  Mousa,  282. 
Chéhâb-ed-dyn  Ahmad  ebn  Ma- 
li àsen,  276. 
Chéhâb-ed-dyn   Ahmad,    fils  de 

Qànsouh,  293. 
Chéhâb-ed-dyn  Ahmad,  le  Tou- 

lounide,  152. 
Chéhâb-ed-dyn  ebn  Arslân,  211, 

255. 
Chéhâb-ed-dyn  ebn  elHâim,  147. 
Cheikh  (El  M.  el  Mouayyad,  252, 

258,  274. 
Cheubbâk,  14,  265. 
Chirâz,  63. 
Chir-i  Mulk,  161. 
Chirkouk  (El  M.  el  Moudjàhed), 

80. 
Cho'ayb,  V.  Jéthro. 
Chorayk  ebn  Habâcheh,  100. 
Chortah  {La),  163,  170. 
Chosroès,  47,  48,  5'i. 
Choûra  (Montagnes  de),  229. 
Chronique  d'El  M.  cl  Mouayyad, 

12. 


Cimetière  de  Dàb-es-Saghlr,  45, 
64,  65. 

Cimetière  de  Damas,  46,  251. 

Cimetière  de  Mâmilâ,  V.  Mànnlâ. 

Cimetière  des  Martyrs,  197etsuiv. 

Cimetière  de  la  P.  de  ia  Miséri- 
corde, 46,  120,  196  et  suiv.,  24!, 
27  i. 

Cimetière  d'es-sâhéreh,  195,  197, 
223. 

Cimetières  d'Hébron,  226  et  suiv. 

Circassiens,  249. 

Citadelle  d'Alexandrie,  142. 

Citadelle  du  Caire,  247,  250. 

Citadelle  de  Damas,  84,  87. 

Citadelle  d'Hébron,  23,  222,  223. 

Citadelle  de  Jérusalem,  42,  76, 
89,  97,  165,  175,  177,  182  et 
suiv.,  185,  205,  281. 

Citernes,  56. 

Constantin,  33  et  suiv. 

Constantinople,  34,  75,  174. 

Copiste  (Z.  du),  224. 

Cornes  du  bélier  d'Abraham,  51. 

Coudée,  V.  Dérâ*. 

Coudée  de  fer,  122. 

Coudée  de  la  main,  122. 

Coudée  du  roi,  60,  61. 

Coupole  de  l'Arbre,  114. 


3i6 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Coupole  de  l'Ascension,   111   et 

suiv.,  252,  263,  270. 
Coupole  de  la  Chaîne,  30,    50, 

109  et  suiv.,  121,  240. 
Coupole  de  Moïse,  114. 
Coupole   de   la    Nahwiyeh,     V. 

Nahwiyeh. 
Coupole  de  plomb,   172. 
Coupole  du  Prophète,  113. 
Coupole  de  Rachel,  202. 
Coupole  du  Rouleau,  V.  Toumâr. 
Coupole  de  la  Sakhrah,  35,  48  et 


suiv,,  68,  69,  73,76,78,  88,  104 

et  suiv.,  121,  136,138,  144,246. 

V.  aussi  Sakhrah. 
Coupole  de  Salomon,  30,  58,  114. 
Coupole  d'Abou-Taur,  191  et  suiv., 

290  et  suiv. 
Couvent  des  Arméniens,  173, 185. 
Couvent  de  Mâr-Qiboûi,  192,  290. 
Couvent  (Le)  Rouge,   198. 
Couvent  de  Sion,  182,  255,  256, 

289. 
Couvent  des  Syriens,  255. 


D 


Dabourà,  219. 

Dachkheh,  20. 

Dahaby  (Ed-),  229. 

Dàher  (El  M.  ed-)  Ghâzy,  80,  84. 

Dâher   (Ed-)  -lé-i'zâz-dyn-Allah, 

68. 
Dàhériyeh  (La),  180. 
Dahr-el-djamal,  145. 
Damas,  45-47,  57,  63-66,  69,  70, 

87,  88,  92,   133,  143,  155,  159, 

163,    186,  203,   239,   240,  243, 

26 i,  269. 
Djmiette,  85. 
Dâoud,  V.  David. 


Dàoud  (E!  M.  en-Nàser  _Salàh 
ed-dyn),87  et  suiv.,  151,265. 

Dâr,  V.  Maison  et  Hôtel. 

Darâ'éneh  (Les),  180. 

Dâr  el  hadtt,  V.  Hôtel  de  la  tra- 
dition. 

Dâr  el  khatâbeh,  V.  Maison  de 
la  prédication. 

Dâr  en-niâbeh,  V.  Hôtel  delà 
Lieutenance. 

Dâr  es-sâléhyn,  150. 

Dàroum  (Ed-),  82,  262. 

Dàrys  (Les),  229. 

Daurnat-el-Djandal,  229,  230. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


David,  13,  27  et  suiv.,  32,  55,  114, 

177,  182,  204,  217. 
Dawûdâr,  30,  150,  257,  280,  293, 

294.. 
Dawàdâriyeh  (La),  60,   133,  150, 

156. 
Dà'y  (Ed-)-ila- Allah,  58. 
Dayr,  V.  Couvent. 
Dayr  (Ed-),  28Ï. 
Dayr-'Alà,  44. 
Dayr-Astiâ,  250. 
Dayr-Sam'àn,  59. 
Dayr-es-Seneh,  28. 
Débora,  219. 
Dekkeh,  16,  99,  109. 
Demmeh,  40. 
Demmys,  40,  74. 
Dérâ-cl-lamal,  14,  15,  19,  98,  104, 

105,  120,  121. 
Dérâ-el-amân,  29. 
Derbàs,  148. 

Derguiâh,  35,  165,  169,  287,  288. 
Derghiâh  (Z.  de  la) ,    1G5,   170. 
Dervichs,  118,  119,  181. 
Deukkùn,  9. 

Dii'i-ed-dyn  Abou'l-Qàsem,  84. 
Dilem  (Le).  47. 
Dilghàrler,  151. 
Dividàriyeh,  30,  86. 


3i7 

Diwân,  239. 

Dhvàn  el  inchâ,  275. 

Djabaleh,  62. 

Djabal  el  khamar,  193. 

Djàber-Bey,  168. 

Djâbyeh  (El-)  36. 

Djâchenguir,  160,  265. 

Djachicheh,  20. 

Djalâl-ed-dyn  Mohammad,  141. 

Djaldjoul,  263. 

Djaldjoulyâ,  213. 

Djàleq,  V.  Baybar3  el  Djàleq. 

Djâléqiyeh(La),  T.,  160,  293. 

Djâlout,  204. 

Djamà'ily  (Rétat  d'El),  224. 

Djamâl-ed-dyn  ebn  Ghânem,  154, 
271,  285. 

Djamàl-ed-dyn  ebn  Wâscl,  90. 

Djâmé',  V.  Mosquée. 

Djâméi  {El)  el  abyad,  V.  Mos- 
quée (La)  Blanche. 

Djamloùn,  96. 

Djàn-Belà_t_,  294  et  suiv. 

Djàntémir  ed-Dâhéry,  268. 

Djàoûly  (El)  ,  émir  Dâhéry,  206.. 

Djàoûly,  V.  Sandjar. 

Djâoûliyeh  (La),  Masdjed,  19  et 
suiv  ,  223,  258,  266. 


3i8 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Djâoûliyeh  (La),  Mac!.,   115,  148 

154,  266. 
Djaqmaq  (El  M.  ed-Dàher) ,    253 

et  suiv  ,  258,    272*    275,    276, 

282. 
Djarrâhiyeh  (La),  Z.,  167. 
Djawàlêdeh[El),  179. 
Djawâléqah  {El),  179. 
Djawhar  (Es-Safawy),  147. 
Djawhariyeh  (La),  146. 
Djayhân  (Le),  186. 
Djéharkèsel  Khalily,  159. 
Djéharkésiyeh  (La),  159. 
Djerkès,  274. 


Djeurdyk  ('Ezz-ed-dyn),  82,  262. 

Djézyeh,  38,  41,  43. 

Djorm  (Tribu  des),  231. 

Djoukendàr,  149,  225. 

Djoùry,  52. 

Djysémâniyeh  (El) ,    V.    Gethsé- 

mani. 
Dohaym,  V.  Abou  -  Sa'id   'Abd- 

er-Rahman. 
Dôme,  V.  Coupole. 
Doulàt-bây,  258. 
Dou'l-Asâbé',  47,  48. 
Dourû,  87. 


E 


Ebn-'Asàker,  8,  31,  55,  60,  214. 
Ebn-Chaddàd,    V.    Bahà-ed-dyn 

Yousef. 
Ebn  el  Djouzy,  43. 
Ebn-Hodjr,  184. 
Ebn  el  Khachchàb,  140. 
Ebn-'Otmàn,  roi  du  Roùm,  146. 
Ebnâ,  47. 
'Échd,  183. 

Écurie  (L')  de  Salomon,  124. 
Édesse,  V.  Rohâ  (Er-). 
Edhémiych  (L*),  195  et  suiv. 
Edhêmys,  195. 


Edhémys  (Z.  des),   à  Jérusalem, 

195  et  suiv. 
Edhémys   (  Z.    des) ,   à  Hébron, 

224. 
Église  de  Bethléhera,  35,  201. 
Église  de  Lydda,  210. 
Église  de  Mâr  Ya'qoub,  V.  JVlàr 

Ya'qoub. 
Église  de  Nazareth,  237. 
Église  du  mont  des  Oliviers,  35. 
Eglise  de  Sainte-Anne,  77. 
Église  de  Sainte-Croix,    V.   Mou- 

sallabeh  (El). 


JERUSALEM    ET    HÉBRON 


Église  du  Saint-Sépulcre  ou  de 
la  Résurrection,  V.  Qomâmeh. 

Église  de  Sion,  V.  Sion. 

Egypte,  12,  21,  45,50,  69,  71,  82, 
8G.  91,  146,  173,  203,  210,  230, 
235,  237,  243,  279,  289. 

'Ekrémah,  215. 

Élie,  129,  130. 

Éliézer,  217. 

Elyâ,  V.  Léa. 

Elyâs  ebn  'Abd-Allah,  207. 

Elyâs,  Nâïb,  274. 

El'Ys,  V.  Ésaù. 

El  'Yzar,  V.  Éliézer. 

'Émàd  (El)  elKâteb,  81,  83. 

Émir,  147. 

Émir-akhour,  159. 

Émir-hâdjeb,  281. 

Émir-kebir,  150,  263,  266. 

Èmir-moqaddam,  266. 

Émirs  de  dix,  164. 

Émirs  de  Syrie,  160. 

Émirs  de  la  Tabl-Khûnùh,  267. 

Emreh,  282. 

Empereur  (L')  d'Allemagne,  88. 

Enclos  du  Jeûneur,    181. 

Enclos  de  la  Fàrésiyeh,  140. 

Enclos  du  Qâchùny,  118. 

Engaddi,  231. 


3i9 

Éphraïm,  V.  Afrâm. 
Erkmàs,  252,  268,  270  et  suiv. 
Ésaû,  5  et  suiv. 
Ésaù  (Tombeau  d'),  6. 
Escalier   d'El-Borâq,     109,    110, 

119,  128. 
Escalier  de  la  Canaille,  176,  290. 
Escalier  de  la  Fontaine,  160,  179, 

293. 
Escalier  du  Moulah,  157. 
Escaliers   du    Masdjed ,    110   et 

suiv.,  246,  248. 
Esdras,  V.  'Ozayr. 
Esen-boghà  el  Kelefky,  276  et  suiv. 
Esfahsaïâr,    111,  160,  262,  292. 
Estrade    des    Mouaddens  ,     V. 

Mouadden. 
Eunuque  (Rébàt.  de  1'),  223. 
Eunuques  (Z.  des),  162. 
Euphrate  (L'),  186,  229. 
Ézéchias,  189. 

'Ezz-ed-dyn,  V.  Ferrokh-Clnih. 
'Ezz-ed-dyn'Abd-el-'Azîz,K'Abd- 

el-'Azîz  el  'Iràqy. 
'Ezz  -  ed  -  dyn    (  V Esfahsaïâr  ) 

Abou-'Amr 'Otmân,  111,  262. 
'Ezz-ed-dyn  Abou-Mohammad  el 

Ardebily,  157. 
'Ezz-ed-dyn  ebn  Djamû'ah,  247. 


320 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


F 


Fadàïl  el  Bayt-el-Moqaddas  wa 

es-Sakhrah,  65. 
Fâdel  (Le  qàdy  El-).  84. 
Fadjâ,  V.  Qad.jà. 
Fadl  (El)  ebn  El  'Abbâs,  208. 
Fakhr-ed-dyn,  125,  141  et  suiv., 

180,  222. 
Fakhriyeh  (  La  ) ,  à  Jérusalem  , 

125,  141  et  suiv.,  154,  180. 
Fakhriyeh  (La),  à  Hébron,  222. 
Fanariyeh  (La),  152  et  suiv.,  154. 
Faqîr,  62,  123. 
Faradj    (El.    M.   en-Nàser),   152, 

250  et  suiv.,  256 
Fârès-ed-dyn  Albky,  149. 
Fârès-ed-dyn  Maymoun  el  Qasry, 

167. 
Fârès  el  'Otmâny,  276. 
Fàrésiyeh,  (La),  116,  139,  149. 
Far'ouneh  (Masdjed  de),  224. 
Fàtéhah  (La),  151. 
Fàtémeh,  fille  d'El-Hasan,  24. 


Fâtémeh  ,    fille    de     Mo'àwiah  , 

(Teurbehde),  158. 
Fûtémîtes,   69,  70,  99,  101,  214, 

235,  239. 
Félast'm,  V  Palestine. 
Félastîn,  fils  de  Géthim,  203. 
Ferrokh-Châh  ('Ezz-ed-dyn),  fils 

de  Ghâhanchàh,  85,  262. 
Firoûz,  V.  Wiroûz. 
Fontaine  des  Accusées,  187. 
Fontaine  du  Bain,  226. 
Fontaine  de  l'Eunuque,  23,  221, 

222,  225. 
Fontaine  du  Haram,  225. 
Fontaine  de  Sârah,  226. 
Fontaine  de  Siloé,  129,  136,  185 

et  suiv.,  187,  188. 
Foqârès,  44. 
Francs   (Les),  12,  27,  46,  63,  65, 

67,  70  et  suiv.,  165,  173,  182, 

201,  206,    212,    213,  238,    241, 

242,  262,  289. 


Gabriel,  4,  133,  135,  182. 
Gens  (Les)  du  banc,  46. 
Gens  (Les)  du  mont  Tôr,  181. 


G 


Géorgie  (Le  roi  de),  174. 

Géorgiens,  173. 

Gethsémani,  27, 32  et  suiv.,  35, 1 93. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


321 


Ghàdériyeh  (La),  ilfi,  loi. 
Ghânem  ebn  'Aly   ebn   Hosayn, 

133. 
Ghars-ed-dyn  Khalil  es-Sakhâwy, 

255,  272  et  suiv. 
Ghaûr,  Ghaûrs,  29,  44,  88,  272. 
Ghautah(La).  203. 
Ghawânémeh,  117,  154. 
Ghazzah,  71,  82,  90,  91,  137,  148, 

149,  164.  203,  211,  214  el  suiv  , 

230,231,  262,266,  272,293-295. 
Ghazzâly    (  Zayn-ed-dyn    Abou- 

Hâmed  el),  64,  66,  128,  140. 
Ghazzàliyeh   (La),    64,    66,    128, 

140. 


Ghérâreh,  254,  258,  264,  280. 

Goliath,  V.  Djâlout. 

Grecs  et    Grecs-Byzantins,    V. 

Roûm  (Les). 
Grotte  de  Bethléhem,  201. 
Grotte  des  Esprits,  113. 
Grotte  de  Jûivmie,  195. 
Grotte  delà  Sakhrah,  106  et  suiv., 

138,  249. 
Guehehenvûn    (Nédùm-ed-lyn) , 

161. 
Guilàn  (Le),  161. 
Guilàniyeh  (La),  161. 
Gumuch-boghà  cr-Rammali,  274. 


H 


Habroun,  218,  228. 

Hadbàn   (Gens  de),  Iladàbijnch, 

220,  22  i. 
Hadlt,  62,  64,  101,  195,  214. 
Hâdjdj,  149,  155,  161. 
Hâdjdj  {Émir),  fils  de  Sendémir, 

27  i. 
Hâdjdjeh,  158. 

Hùdjdj  i  (El  Modaffar),  247,  248. 
Hâdjdj  i  (Kl  M.  es-Sùleh,  El  M.  el 

Mansoùr) ,    fils   de     Cha'bûn  , 

248  et  suiv. 


Hâdjeb,  100,  269. 

Mfed,  8,  31,  47,  55,  60,  65,  184, 

209,  214,  229. 
Hàkem  ech-Chortah,  2 IG,  26 1 ,  282. 
Hàkem  (El-)  -bé-amr-Allah,  T'Ab- 

bà^ide,  241-245. 
Hàkem    (El-)    -bo-amr-Allali ,  le 

Fàtémite,  67  et  suiv. 
Hâkoûrah,  V.  Enclos, 
liakkùry,  118,   160,  164,  193. 
Halhoul,  13,32,263. 
Halqah,  155,  175. 

41 


322 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 


Hamâh,  80,  244,  266. 

Hammam,  V.  Bain. 

Hanafites,  80,  136-138,239,  281, 

282. 
Hanbal  (Ahmad  ebn),  63,  208. 
Hanbalites,  63, 102, 136,137,239. 

Hanbaliyeh  (La),  159. 
Hûrah,  V.  Quartier. 
Hârat  ech-Cha'âbéneh,  220. 
Hârat  er-richeh,   V.   Quartier  de 

la  Plume. 
Haram  et  Haram  ech-Chérif,  V. 

Masdjed. 
Haràfich ,  176. 
Harawy  (El),  V.  Chams-ed-dyn 

Mohammad  cl  Harawy. 
Haririyeh,  177. 
Hasan  (El-),  ûls  cT'Aly,  198. 
Hasan  (L'émir)  ebn  Ayyoub,  277 

et  suiv.,  279,  280 
Hasan  ebn  Bâkîch,  274. 
Hasan  ed-Dàbéry,  143,  258. 
Hasan,  fds  de  l'émir  lEzz-ed-dyn 

'Abd-el-'Azîz,  277. 
Hasan  (El-)  el  Kechkîly,  158,  271 

et  suiv. 
Hasan    (El    M.    en-Nàser),    23, 

147,  153,  158,  221,  247  et  suiv., 

249. 


Hasan,  fds  de  Tatar,  "280. 
Hasaniyeh  (La),  153,  151  ;  —  158, 

271. 
Hauch,  181,  199. 
Haurân(Le),  203. 
Hayâdéreh  (Les),  175. 
Hayyez,  11  et  suiv. 
Hazqîl.  V.  Ézéchias. 
Hébat-Allab,  151. 
Hëbra,  3,  11. 

Hébron,  3,0,  12  et  suiv.,  22,  24, 

32,   71,  82,  183,    184,  204,  21S 

et  suiv.,  227,  230,  231;  258, 262- 

264,  29?. 

Hédjâz  (Le),  215,229,  231. 

Hélène,    33    et    suiv.,   165,    192, 

193,  201. 
Hémyar,  47. 

Henry  (Le  Comte),  80,  82 
Hérât,  53,  150. 
Hetta,   130  et  suiv. 
Hettin,  25. 
Heukm  {El),  283. 
Heusâm-ed-dyn  Abou-Sa'id  'Ot- 

mân,  263. 
Heusàm-ed-dyn  el  Hadbûny,  89. 
Heusâm-ed-dyn  El  -  Hosayn   el 
Djarrûhy,  107. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


323 


Histoire  de  Jérusalem  et  de  ses 
mérites,  65. 

Histoire  de  la  Syrie,  219. 

Hodjrah,  137,  242. 

Homs,  45  et  suiv.,  59,  80,  fJO,  91, 

203. 
Honlroy  (Le  fils  de),  80. 
Honoud,  V.  Indiens. 
Hôpital  de  Salàh-ed-dyn,  105, 178. 


Hosayn  (El-),  fils  d'*Aly,  16,  G8, 
214. 

Hospitaliers  (Les),  72,  73,  241. 

Hospitaliers  (La  maison  des),  83, 
165. 

Hôtel  de  la  Lieutenance,  115,  117, 
270,  271,  288. 

Hôtel  de  la  Tradition,  84,  V.  Mai- 
son de  la  tradition. 


Ibn-al-Awam,  115,  123,  129. 
Ibrahim  (Sultan),  250. 
Ibrahim,  fils  d'Abou-'Ablah,  194. 
Ibrahim  ebn  Adham,  G2. 
Ibrahim  ebn  Ahmad  cl  Khalan- 

djy,  22. 
Ibrahim,  le  Hanafite  (Z.  d').  224. 
Ibrahim  el  Mazzy,  223. 
Ibrahim,  le  Qalandary,  199. 
Ichâreh  (El),  65. 
Idâh{El),6i. 
Ihiâ  'oloum  ed-dyn,  66. 
Indiens  (Z.  des),  167. 
Inscriptions,  5-7,  16,    19,  24,  60, 

76,   87,  99,  134,   142,  145,   149, 

246,  250-252,  255,  259,  270,  289, 

293. 
[qW,  156,216,227. 
'Iraq  (L'),70,  186,229. 


Isaac,  4  et  suiv.,  12,  16,  22. 
Isfahân    Chah   Khâtoun,  lii  et 

suiv. 
Isfahân  Chah  Khâtoun   (T.  d'), 

145. 
Isfahân   Chah,    fille    de    Qàzân 

Chah,  145. 
Ishàq,  fils  d'Ibrahim   el    Azraq, 

164. 
Islâh  el  manteq,  140. 
Ismaéliens,  81. 
Isnià'il  (El  M.  es-Sâleh),  seigneur 

de  Damas,  89  et  suiv. 
Ismà'il  (El  M.  es-Sâleh),  fils  d'En- 

Nâser  Mohammad,  fils  de  Qé- 

làoûn,  156,  247. 
Iwân,  83,  98,  !69,  197,  209,  213, 

287-289,  292. 


?24 


JERUSALEM    ET    HEDRON. 


Jacob.  4  et  suiv.,  12,  14,  17,  18, 
22,211. 

Jacob  (Les  enfants  de),  5,  217. 

Jafla,  80,204,207,212,  238. 

Japhet,  203. 

Javàn,  203. 

Jean,  194. 

Jéricho,  26,  35,  204,  215  et  suiv. 

Jérusalem,  G,  13,  25  et  suiv.,  33 
et  suiv.,  36,  45  et  suiv.,  58, 62- 
67  et  suiv.,  130,  137,  147,  183, 
184,186,203,204,  208,  216,219, 
229-231,238,240,241,263. 


Jésus,  33,  35,    62,    74,   103,  127. 

192.201,  217,  219. 
Jéthro,  25. 

Job.  25,  187,  189. 
Jonas,  32  et  suiv.,  204. 
Jonas  (Tombeau  de),  14,  257. 
Joseph,  14,  17,  21  et  suiv.,   129, 

190.202,  216,221. 
Josué,  22,  215. 

Jourdain  (Le),  44,  46,215,  230. 

Juda,  129. 

Judas  (Tombeau  de),  19. 


K 


Ka'b  el  Ahbar,    3,   35,    43,   97, 

203,  216. 
Ka'bah  (La),  55,  137,  138,  240. 
Kahch  (El),  266. 
Kàchef,  272,294. 
Kâfel,  197. 

Kafl  (ou  Kafr)  Hàrès,  25. 
Kafr-Borayk,  24,  NT. 
Kamûh,  129. 
Kâmel  (Le  Uâdjdj),   155. 
Kàmel(El  M.  el),  87  et  suiv.,  114. 
Kàméliyeh  (La),  155. 


Kan'ûn,  13. 
Karafs,  129. 
Karak  (El-),  84,  88-90,231,  245, 

278. 
Karim-ed-dyn  (Le  Sâheb),  151. 
Karîmiyeh  (La),  116,    151,    154, 

155. 
Karrâmites  (Les),  62. 
Kaykaldy,  226,  292. 
Kayledjeh,  264. 
Kebkiyeh  (La),  200. 
Kechkily  (El),  158,271. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


325 


Kétàb  el  Djawâher,  Gi 

KétâbelEuns,  187. 

Kétàb  el  Fosoiil,  64. 

Kétàb  el  Heudjdjeh   'ala  târek  el 

mahadjdjeh,  65. 
Kétàb  el  Kàfy,  64. 
Kétàb  et-Taqrlb,  Gi. 
KelbogM  (El  M.   el   'Âdel),  243 

et  suiv  ,  245. 
Keursy  Solaymùn,    V.  Trône  de 

Salomon. 
Khàdem,  62. 
Khadrà,  V.  Verte. 
KMïr-Bey,  1G8,  281 
Khaldâ,  294. 
Khâled,  Nâïb,  274. 
Khâled  ebn  Ma'dân,  186. 
Khàled  ebn  El-Walid,36,  33,  45. 
Khalil  (El-),  V.  Abraham. 
Khalil,  fils  du  Hàdjeb,  274. 
Khalil  (El  M.  el  Achraf  Salàh-ed- 

dyn),  242  et  suiv. 
Khallel-el-'oyoûn,  226. 
Khân  du  Change,  177. 
Khân  du  charbon,  17G. 
Kl^iàn  d'Ed-Dâher,  239. 
Khân  d'El  Djobayly,  177. 
Khânoum,  144. 
Khânqâh,  V.  aussi  Hospice. 


Khànqâh  d'El  Djàoùly,  26G. 
Khânqâh  de  Saladin,  32,  77,  82, 
133,  166.  1G9,  190,  191. 

Khantaniyeh,  V.  Khataniyeh. 

Khârezmiens  (Les),  90  et  suiv. 

Khûsky,  143. 

Khatàbeh,  6. 

Khalàbeh  (Maison  de  la),  à  Jé- 
rusalem, 99,  loi,  161. 

Khatàbeh  (Maison  de  la),   à  Ilé- 
bron,  18. 

Khataniyeh  (La),  97,  99,   140  et 
suiv  ,  154. 

Khàter  (Le),  G4. 

Khatjb,  47,  84. 

Khâtoun,  144,  145,  151,  158. 

Khàtouniyeh  (La),  115,  154. 

Khatt,  142,  176-178,222,269;  pi. 
Khétat,  181  ;   Y.  aussi  Rue. 

Khaivâdjâ,   145,  149,  156. 

Khawend,  152. 

Khayr-ed-dyn  Khedr  el  Mehtnà- 
zy,  156. 

Khàzen,    167. 

Khâzendâr,  253. 

Khedr  (Le),  04,  113,  129  et  suiv. 

Khedr  (Z  du  cheikh),  224. 

Khedr-Bey,  288. 


326 


JERUSALEM    ET    HEDRON. 


Khélâbeh,  prononc.  vulg  de  Kha- 

tàbeh. 
Khochqadem  (L'émir), 273  cl  suiv. 
Kliochqadem  (El  M.  ed-Dàher), 

143,  257  et  suiv.,  277-280. 
Kholouq,  53. 
Khoràsân,  147,  186. 


Khotbeh,  70,  207. 

Kisouâhîn,  V.  Côthim 

Koufiyeh,  194. 

Koutchouk  (El  M.  el  Achraf),  247. 

Kurd  (Sayf-ed-dyn),  146. 

Kurd  (Rébâtde),  146. 


Làdjîn  (El  M.  el  Mansoûr),  126, 

244,  245,  26  i. 
Làdjoun  (Le),  204. 
Làhedj  (El-),  161. 
Lampes  du  Masdjed,  138. 
Laqlin,  203. 
Lazare,  217. 
Léa,  4  et  suiv.,  18. 
Leftà,   239. 
Lépidoth,  219. 
Leudd,  V.  Lydda. 


Lieutenant  de  l'empire,  V.  Nàïb 

es-sallaneh. 
Livre  {Le)  des  pèlerinages,  32. 
Loth,  23  et  suiv.,  257. 
Loulou  Ghâzy,  164,  166. 
Loulouïyeh  (La),  Mad .,  164,   166. 
Loulouïyeli  (La),  Z.,  166 
Lyà,  V.  Léa. 

Lydda,  81,  204,  206,  210  et  suiv. 
Lyqà,  V.  Léa. 


M 


Machhad,    16,  76,    139  et    suiv  , 

208,  212. 
Machhad  el  arba'in,  225-227. 
Machhad  d'ilébron,   221  et  suiv. 
Machreq,  106,  279. 
Madaneh,  125. 
Madian,  54. 


Madjd-ed-dyn  Abou'l  Fédâ  es-Sa- 
lâmy,  156. 

Madjdal-Fasîl,  225. 

Madjma<-  98,  116,  120,  125,  137, 
142,  146,  286,  287. 

Madraseh,  V.  sous  leurs  diffé- 
rents noms. 


JERUSALEM    ET    HEBRON 


Madraseh  de  Saladhi,  V.  Salâ- 
hiyeh. 

MaghâreJ,  el  kattân,  195,  19G. 

Maghrébins,  163,  171. 

Maghrébins  (Z.  des),  à  Jérusa- 
lem, 162. 

Maghrébins  (Z.  des),  à  Hébron, 
221. 

Mahd'Ysa,  V.  Berceau  de  Jésus. 

Mahdy  (El),  V.  Mansoûr  (Abou- 
Dja'far  El). 

Mahdy  (El-)-billah,  V.  Solaymân, 
fils  d''Abd-el-Malek. 

Mahkameh,  158,  183. 

Mahmoud  el  'Adawy,  210. 

Mahomet,  44,  46  et  suiv.,  68,  74, 
100,  107,  100,  112,  128,  135, 
139,  169,  182,  186,  187,  191, 
203,  207,  208,  214,  215,  227, 
240. 

Maison  de  Mo'àwiah,  147. 

Maison  (La)  des  prêtres,  78,  79. 

Maison  (La)  du  Qor'àn  Salàmiyeh, 
160,  176. 

Maison  de  la  tradition,  160,  161. 

Malatiyeh,  246. 

Malek  el  omarà,  293. 

Mâlékites,  17,  103,  136,  137,  141, 
163,  239. 


327 

Malhân,  47. 

Mambré,  3,  218. 

Màmilà  (Cimetière  de),  28,  147, 
150,  162,  164,  166,  190,  198-200, 
205,  267,  270,  272,  280,  281. 

Mankaly-Boghà,  274. 

Mankaly-Boghâ  el  Ahmady,  143. 

Mankouros,  265. 

Mansoûr  (Abou-Dja'far  El).  58, 
59  et  suiv. 

Mansoûr  (El  M.  cl),  seigneur  de 
Hamâh,  80. 

Mansoûr  (El  M.  el)  Ibrahim  ebn 
Ghirkouh,  90. 

Mansoûriyeh  (  La  ),  Mad  ,  243, 
247. 

Mansoûry  (L'hôpital),  223,  242. 

Mansoûry  (Le  Bébât),  à  Jérusa- 
lem, 157,241. 

Mansoûry  (Le  Bébât),  à  Hébron, 
222  et  suiv.,  242. 

Manzel  el  melh,  231. 

Maouled,  211,213. 

Maousem,  211,212. 

Maqùm  d'Abraham,  H  et  suiv., 
137,  181,260. 

Maqâm  d'Adam,  8,  137. 

Maqùm  de  Jonas,  263. 

Maqâm  de  Joseph.  268 


328 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Maqûm  du  Khedr,  113. 
Maqâm  de  Moïse,  238. 
Maqâm-en-naby,   V.  Maqâm  du 

Prophète. 
Maqâm  d''Ozayr,  9S. 
Maqâm  du  Prophète,  112  et  suiv. 
Maqâm  de  Sârah,  250. 
Maqarr{El),  141.  146. 
Maqdasy,  12S. 
Maqrîzy,  147. 
Maqsoûrah,  97,  99. 
Mâr  Qlboùs,  192,  290. 
Mâr  Ya'qoub  (Eglise  de),  173. 
Marché  des  blanchisseurs,  17G. 
Marché  de  la  Connaissance,  102 

et  suiv. 
Marché  des  Cuisiniers,  176,   289 

et  suiv. 
Marché  de  Fakhr,  180. 

Marché  à  l'huile,  180. 

Marché  du   Khân   du    charbon, 
176. 

Marché  de  la  paille,  176. 

Marchés  de  Ramleh,  205. 

Mardji1  (El-),  190. 

Màrédin,  70,  155. 

Mârédiny  (Le  R ébat),  155. 

Marie,  33,  103,  127,  155,  187,  191. 

Marqab  (El-).  241. 


Martoum  (El-),  228. 

Masdjed,  11,  15,  50  et  suiv.,  104, 

208. 
Masdjed  et  Masdjed  Djâmé'  (par 
abrév.    Djâmé1-) ,     (  Différence 
entre),  51. 
Masdjed-el-Aqsa  (Le),  29,  42,  46 
et  suiv. ,  55  et  suiv . .  60  et  suiv. , 
71,  75,  76,  86,  87,  95  et  suiv., 
121,    129,    136,   138,    142,    149, 
153,    1G8,   169,    171,    177,    184, 
189,    191,    192.   236,  239,   241, 
244,  24G,   253,   25G,    257,    259, 
260,   261,   265,  277,   278,   286. 
Masdjed  de  David,  41  et  suiv. 
Masdjed  d'Ebn-'Olmân,  222. 
Masdjed-el-Haràm  (Le),  68,  122, 

129,  137,  138,  264. 
Masdjed  (Le)  d'Hébron,  6  et  suiv . 
15  et  suiv.,  23  et  suiv.,  69,  87, 
137,  168,  218  et  suiv.,  225,  231, 
236,  246,  250,  251,264,  268. 
Masdjed  d'El  M.  cl  Afdal,  163. 
Masdjed    du  Prophète,  69,    129, 

210,263. 
Masdjed  des  serpents,  31,  165  et 

suiv. 
Masdjed  el-yaqtn,  24. 
Masdjed-djâmé',  205,  208. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


32g 


Maskan,  129. 
Masmoûdys,  162. 
Mas'oud  (Masdjed  de),  224. 
Ma'soûm  (El-)  -billah,  V.  4Omar, 

fds  d-'Abd-el-'Aziz. 
Mastabeh.  268. 
Matharah,  263. 
Matta,  33. 

Mawlawiyeh  (El),  181. 
Mawlawis,  181. 

Maydân,  185. 

Maymouniyeh  (La),  1C6  ot  suiv. 

May  s,  115. 

Mayyézhou,  279. 

Médine,  45,  126,    130,    186,  211, 
215,  238,  263,  264. 

Méditerranée,  230,  246. 

Meghàret  el  arouùh,  113. 

Mehmàziyeh  (La),  Z.,  156. 

Mehmâziyeh  (La),  T.,  167. 

Mehmâzy  (Kamâl-ed-dyn  el),  156. 

Mehmâzy  (Nàser-ed-dyn  el),  167. 

Mehrûb,  14,  26,  55,  74,  76,  95, 
142,  169,  265. 

Mehrâb  de  David,  42,  69,  76  et 
suiv.,  96,97,  101  et  suiv.,  103, 
120,  177,  182,  186,244,246. 

Mehrûb  d'Hébron,  14,  16,  137. 

Mehrûb  de  Marie,  103,  132. 


Mehrâb  de  Mo'âwiah,  97. 
Mehrûb  d''Omar,  97,  98. 
Mehrûb  de  Zacharie,  96,  98. 
Mékùnès,  151. 
Mekke  (La),  26,  49,  59,   63,  82, 

126,   130,   138,    186,    201,  238, 

245,   264,    276. 
Mekkois  (Le  Rébàt),223. 
Mé'lâq   (Ebnel),    V.    'Abd-el- 

'Aziz  T'Iràqy. 
Mélékiyeh  (La),  116,  149,  154. 
Memri,  V.  Mambrô. 
Menbar,  16,  93,  99. 
Mendjâ  (El),  157. 
Menlaq,  40. 

Mer  de  Loth,  V.  Mer  Morte. 
Mer  Morte,  24,  231. 
Mérou,  53. 
Mesr,  28.  45,  70,  84,89,  91,  209, 

239,  260. 

Mesr-Khûtoun,  151. 

Messie  (Le),  74. 

Mevléviyeh,  T'.  Moulah  [el). 

Miâfàréqîn,  165. 

Micocoulier  (Le)  enchaîné,  26S. 

Milles,  29,35,  231. 

Minaret  d''Aly  el  Bakkâ,  226. 

Minaret  des  Ghawânômeli,  117, 

125,  133,  154,265. 

42 


33o 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Minaret  do  la  mosquée  Blanche, 

20G. 
Minaret.de  la  P.  de  la  Chaîne,  13G. 
Minaret  de  la  P.  des  Tribus-,  56, 

126,  152,248,267. 
Minarets  de  Jérusalem,    168    et 

suiv. 
Minarets  du  Masdjed-el-Aqsa,  56, 

125  et  suiv.,  168. 
Mo'àd  ebn  Djabal,  44. 
Mo'addam  (El  M.  el)   'Ysa,   32, 

86  "et  suiv.,  92,  102,  111,  116. 

128,    133,    140,    151,    156,   164, 

260,    263,  265. 
Mo'ad.J_amiyeh  (La),   86,  87,  92, 

156,  "l  69,  276. 
Mo'-allem,  151. 
Mo'âwiah,  38,  46. 
Mobhedj  {El),  64. 
Modaffar  (El  M.  el)  Chi'hàb-ed- 

dyn  Ghâzy,  165. 
Moderne,  141,218. 
Modjarrad  (El),  V.    'Omar,    fils 

d'«Abd-Allah. 
Modjarrad  (Z.    d'El),  à  Hébron, 

162,  221,  223. 
Moghol-bùy,  274. 
Mohaddeb  (El),  V.  'Alam-ed-dyn 

Solaymân. 


Mohaddet,  157. 
Mohaddétiyeh  (La),  157. 
Mohammad,  lils  d'Ahmad  el  An- 

bâry,  8  et  suiv. 
Mohammad    el    Baydah  (Z.  de), 

224. 
Mohammad,  fils  de  Bekràn,  6,  8. 
Mohammad  ech-Chérif,  274. 
Mohammad,  fils  d'Ishàq,  6. 
Mohammad  Madjd-ed-dyn  'Abd- 

el-Ghany,  149. 
Mohammad  (El  M.  el  Mansoûr), 

fils  d'El  Modaffar  Hâdjdji,  248. 
Mohammad  ebn  Karrâm,  62. 
Mohammad  el  Mochmer,  255. 
Mohammad,  fils  de  Moqbel,  274. 
Mohammad  (Sultan),  fils  de  Qa- 

ramân,  259. 
Mnhammad  el  Qarmy,  178. 
Mohammad  el    Qarmy    (Z.  de)  , 

164,  178. 
Mohammad  (El  M.  en-Nâser),fils 

deQélâoûn,    16,   19,    115,  134, 

149,   160,    173,   174,   2C6,   226, 

243-245  et  suiv.,  249,  260,  266, 

292. 
Mohammad   ebn    Taqy-ed-dyn 

'Omar,  V.  Mansoûr  (El  M.  el). 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


33 


Mohammad  (El  M.  es-Sùleh),  fils 

do  Tat_ar,  252. 
Mohammad-Bcy,  le  Nùséry,  159. 
Mohammad-Châh  ebn  el  Fanary, 

152. 
Mohammadiyeh  (La),  159. 
Mohâsasah,  257. 
Mohdat,  218. 
Moïse,  21,25  et  suiv.,   114,    130, 

132,215,217,240,257. 
Mondjok,  147,  196. 
Mondjokiyeh   (La),  147  et  suiv., 

154. 
Montaqem  (El-)  -billah,  F.Walid 

(El). 
Montée  de  la  Dàbériyeh,  180. 
Montée  de  la  Dame,  179,  199. 
Montée  des  marchands  de  coton, 

177. 
Montée  du  marché,  179. 
Montée  de  la  Mehmâziyeh,  181. 
Montée  des  Nègres,  180. 
Montée  du  petit  Cheikh,  181. 
Moqaddam,  266. 
Moqaddasy,  128. 
Moqâtel  (El),  131,  202. 
Moqtader  (El-)  -billah,  22. 
Morda,  281. 
Mordjites,  159. 


Morrah  ebn  Ka'b,  46. 

Mos'ab  ebnTàbet,  214. 

Mosaïques,  95,  105,239,243. 

Moslem,  17. 

Mo  soûl,  78. 

Mosquée  El-Aqsa,  75,  86,  88,  95 

et  suiv.,  121,  138,  142,  144,248, 

253,  265,  285. 
Mosquée    (La)    Blanche,   205    et 

suiv.,  209. 
Mosquée  de  Damas,  84,  194. 
Mosquée  d'Ebn  Touloun,  266. 
Mosquée  des  femmes,  99, 100,241. 
Mosquée  de  Ghazzah,  266. 
Mosquée  de  Lydda,  211. 
Mosquée    des    Maghrébins,    51, 

103,  135,  141. 
Mosquée  d"Omar,  98,  257. 
Mosquée  (La)  Omayyade,  84. 
Mosta'in  (El-)  -billah,  251  et  suiv. 
Mostakfy  (El-)  -billah,  245. 
Mosta'ly  (El)  bé-amr-Allah,  70. 
Mostanadât,  164. 
Mostandjed  (El-)  -billah,   khalife 

de  Baghdâd,  228. 

Mostandjed  (El-)  -billah,  khalife 
d'Egypte,  258. 

Mostanser    (El-)    -billah,  khalife 

d'Egypte,  237. 


332 


JERUSALEM    ET    HEBKON. 


Mostanser  (El-)  -billah  Abou-Ta- 
mîm  Ma'add,  16,  68  et  suiv. 

Mo'taded  (El-)  -billah,  'Abbàside 
d'Egypte,  252. 

Motawakkel  (El)-'ala-Allah,  kha- 
life de  Baghdâd,  208. 

Motawakkel  (El-)  'ala-Allah,  kha- 
life d'Egypte,  248,  249,251. 

Mouadden,  16,  44,  77,  99, 109,  125, 
139,249,253,254,267. 

Mouayyad  (El  M.  el)  Ismâ'il,  12. 

Moubârak-Châh,  275. 

Moubayyédyn  (El),  176. 

Moucharraf  (El),  35,  47,  60,  65, 
113,  130,  182,216. 

Moudjàhed,  132. 

Moudjâhed  (El  M.  el)  Chirkouh, 
80. 

Mouchedd  el  aouqâf,  265. 

Moughatla  (Le),  11. 

Moughit  (El  M.  el)  Falh-ed-dyn 


'Omar,  fils  d'Es-Sàleh  Ayyoub, 

89. 
Moulah(El),  157,  181. 
Mourabba\  156. 
Mourabba'ah,  178. 
Mouràd  (Sultan),  259. 
Mousa,  V.  Moïse. 
Mousa  (El  M.  el  Acliraf.',  88,  236. 
Mousi  ebn  Ghànem,  261. 
Mousallabeh{El),  173. 
Moutasallem,  276-278.  ■ 
Moutawally,  111,  263,  272. 
Mouttr   el  gharâm  ila  siâret   el 
Qods  wa  ech-Châm,  60,  62,  107, 
108,  130. 
Mouwaffaq  (El-)  -  lé-  amr-  Allah, 
V.  'Abd-el-Malek  ebn  Merwân. 
Mouwaqqé\  224. 
Mouivaqqel,  135. 
Mozhériyeh  (La),  146. 


N 


Nâbolos,  V.  Naplouse. 
Nachâchiby  (Ebn  en-),  285,  293. 
Nadar,    115,213,253. 
Nâder,  17,  126,  150,  158,  168,  175, 

248-251,  256,258,261  et  suiv. 
Nâder  el  djoyouch.  141,  150. 


Nâder  el  Khawâss-ech  -  charifeh, 

1*51. 
Nadjârah  (La),  101. 
Nadjm-ed-dyn    (El  M.  es-Sàleh) 

Ayyoub,  V.  Ayyoub. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


333 


Nahwiyeh  (La),  86, 105,  111,  140, 

263,  285. 
Nâïb,  16,  125,  134,  142,  143,  145, 

147-149,  152.  159,  165,  174,  183, 

196,  197,216,244,246,249,251, 

261  etsuiv. 
Nâïb  es-  saltaneh,    17,   149,    158, 

226,    250,  252,   265,  267,    268, 

270-273,  276. 
Nakhleh  (En-),  186. 
Naplouse,  22,  25,  64,    133,    146, 

165,  183,  194,  204,  216  et  suiv., 

230,  250,267,272,281. 
Nàser-ed-dyn,  le  conservateur  des 

waqfs,  265. 
Nâser-ed-dyn     Mohammad ,    fils 

d'*Alà-ed-dyn  Chah,  164. 
Nàser-ed-dyn   Mohammad,     fils 

d'el  'Attâr,  269. 
Nàser-ed-dyn  Mohammad  ebn 

Dilghâder,  151. 
Nàser-eJ-dyn    Mohammad,     fils 

d'Esen-Boghâ,  276. 
Nàser-ed-dyn      Mohammad     el 

Fakhry,  267. 
Nâser-ed-dyn    Mohammad,     fils 

d'El-Heumèm,  258,  280. 


Nàser-ed-dyn  Mohammad,  fils  de 

Khâïr  Bey,  281. 
Nâser-ed-dyn  Mohammad,   Nâïb 

d'Es-Sobaybeh,  148. 
Nâser-ed-dyn  Sorq  el  'Alamy, 

282. 
Nâser  -  ed  -  dyn    et-Teurkomàny, 

282. 
Nâsériyeh  (La),  64,  66,  128,  140. 
Nâsérys  (dinars  et  derhems),  85. 
Nâséry  (En-)  Mohammad,  249. 
Nasrel  Bandankljy,  129. 
Nasr  el  Moqaddasy,  64  et  suiv., 

128,  140. 
Nazareth,  237. 
Nevrouz.  le  Nâïb,  152. 
Niâbeh,  279. 
Ni'ân,  294. 
Nil  (Le),  186. 
Nisâbour,  66. 
Noé,  203. 
Nouh,  V.  Noé. 
Nour-ed-dyn  (El  M.  el  'Adel). 

75,  99,  262. 


334 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


o 


'Obàdah  ebn  es-Sâmet,  30,  45  et 

suiv.,  43,  208. 
lOdoul,  sing.  lAdl,  165. 
OghIKhâtoun,  145. 
Oliviers  (Mont  des),  28,  33,  35,  40, 

62,63,  103,  118.  136,  184,  192  et 

suiv.,  194,  217,  272. 
'Omar  El  Mo  Jjarrad,  162,  221. 
'Omar  el   Modjarrad  (  Z.  d'  ) ,  à 

Jérusalem,  162 
'Omar,  fils  d"Abd-el-'Aziz,  50,  58 

et  suiv. 
'Omar,  fils  d''Alam-ed-dyn,  175. 
'Omar,  fils  d'El-Khattâb,   28,31, 

35  et  suiv.,  44,  77,  97,  100, 101, 

103,    104,    127,   132,    166,    171, 

215,    228,   235. 
'Omar,  fils  d'et-Tahhàn,  274. 
'Omar  (Le  fils  d'),  195. 


Omariens,  166. 

Omayyades.  18,  104,  114,  117,235. 
Omm-Haràm,  47. 
Omm-el-   Khayr   Râbé'ah,  61  et 

suiv. 
Omm-Solaym,  47. 
Oqhowân,  123. 
Oratoire  d''Omar,  194. 
Ordonn  (El-)  V   Jourdain 
Ortàs,  190. 

Orthodoxes  (Les  Khalifes),  40. 
Ortoq,  fils  d'Eksik,  70. 
Ostâdâr,  208,  272. 
'Otmân,  fils  d"Affàn,  45,  47,  228. 
'Otmân  (El  M.   el  Mansoùr),    fils 

de  Djaqmaq,  256,  276. 
'Otmâniyeh  (L),  144  et  suiv.,  287. 
'Ozayr,  98. 


Palais  de  la  Dame,  179,  199. 
Palais  du  Patriarche,  77. 
Palestine,  45,  69,  203  et  suiv. 

208,212,215. 
Patriarche,  41,  72. 
Patrice,  40  et  suiv 


Pharaon,  21,  194. 
Pied  (Le  noble),  106. 
Porte  d'Abraham,  133. 
Porte  d'Antioche,  65. 
Porte  d'Arghoun,  146. 
Porte  de  Bethléhem,  185. 


JERUSALEM    ET    HKBRON. 


335 


Porte  d'El-Borûq,  128. 

Porte   de    la   Chaîne,    111,    114, 

115,125,  134,  136,  143,144,100, 

161,   176,   177,    251,    255,  259, 

285-287. 
Porte  de  la  Colonne,  78,  166, 179, 

185. 
Porte  du  Couvent  des  Serbes,  185. 
Porte  d'Ed-Dâ'ïeh,  185. 
Porte  de  Damas,  185. 
Porte  de  David,  55,  134. 
Porte  de  la  Dawâdàriyeh,  30,  58, 

86,  111,  114,  116,  133,  150,  156, 

246. 
Porte  d'Esrâfil,  109. 
Porte  de  Fer,  113,  133  et  suiv., 

145,  146,  159,  179. 
Porte  des  Funérailles,  128. 
Porte  desGhawànémeh,  115, 126, 

133,  135,  157. 
Porte  de  la  Gloire  des  prophètes, 

132  et  suiv.,  149,  150,  156. 
Porto  d'El  Hâchémy,  55. 
Porte  d'Hébron  ou  d'El-Khalil, 

77,  78,  133,  171,   176,  178,  185, 

192,290. 
Porte  Uetta,   55,    111,  116,    121, 

126,  130  et  suiv.,  151,  154,  155, 

189,  246,  265. 


Porte  de  Jafla,  185. 

Porte  de  Jéricho.  62,  63. 

Porte  du  Khedr,  53. 

Porte  du     Lieu  des  ablutions , 

134,  144,  145. 
Porte  des  Maghrébins,  115,  135. 
Porte  de  Mahomet,  42,  55. 
Porte  des  Marchands  de    coton, 

109,    111,    134,   142,    171,   177, 

179,246. 
Porte    du  Mehrâb,   77,  78,   171, 

176,  185. 
Porte  de  la  Miséricorde,  55,  64, 

66,  111,  127  et  suiv.,  129,  135, 

140,  191. 
Porte  du   Nàder,  111,   115,  133, 

146,   147,    157,    158,    179,   199, 

241,  264,  268,  271. 
Porte  du  Paradis,  109. 
Porte  de  la  Place,  185. 
Porte  de  la  Poste,  85. 
Porte  du  Prophète,  135. 
Porte  du  Q.  des  Juifs,  184. 
Porte  du  Q.    des    Maghrébins , 

184. 
Porte  du  Repentir,  55,  102,  127- 

129,  132,  135. 
Porte  à'es-sâhéreh,  106,  181,  185. 
Porte  de  saint  Etienne,  185. 


336 


JÉRUSALEM    ET    HÉBRON. 


Porte  de  Salomon,  55. 

Porte  de  la  Sakineh,  5",  134,  143, 

144. 
Porte  secrète,   185. 
Porte  des  Serbes,  178. 
Porte  de  Sion,  184. 
Porte  des  Ténèbres,  133. 
Porte  des  Tribus,  29,  33,  55,  56, 

77,  115,  116,  120,  125,  126,  128 

etsuiv.,133,  152-154,  167,  181, 

185,  189.  193. 
Porte  d'El-Walid,  55. 


Portes  du  Masdjed-el-Aqsa,  87, 

127  et  suiv. 
Portes  de  Ramleh,  205. 
Portes  de  la  Sakhrah,  109. 
Portiques    du   Masdjed,   115    et 

suiv,  135,  142,  146,  149. 
Prophète  (Le),  V.  Mahomet. 
Puits  de  la  Feuille,  100  et  suiv., 

119,  139. 
Puits  de  Job,  187  et  suiv. 
Puits  du  Masdjed,  119  et  suiv. 


Q 


Qabou,  101,  157. 

Qabs   (El)   fi   char  h   Moivatta  el 

imâm  Mâlek  ebn  Anas,  107. 
Qàchân,  118. 
Qâchâny,  118. 
Qachtémir,  153. 
Qachtémiriyeh  (La),  158. 
Qâdérys,  213. 
Qâdérys  (Z.  d^s),  224. 
Qâdériyeh  (La),  V.  Ghâdériyeh. 
Qadjâ  (Hasan),  271. 
Qadjqàr,  274. 
Qafdjâq,  240. 
Qâher(ElM.  el),237. 
Qâïm  (El-)  -bé-amr-Allah,  250. 


Qàït-bây,  143-145,  256,  259,  275, 
278,  280,  286. 

Qal'ah,  V.  Citadelle 

Qalandariyeh  (La),  198  et  suiv., 
280. 

Qalansoueh,  39. 

Qal'at-er-Roùra,  243. 

Qamariyât.  288. 

Qânsouh,  278. 

Qànsouh  el  Yahyâwy,  197,  293. 

Qantâr,  86,  253,  276. 

Qaniarah,   pi.  Qanâter,    V.  Ar- 
cade. 

Qâny-Bey.  294. 

Qarâ-Bogha,  274. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Qaramân,  260. 
Qarû-Sonqor,  160. 
Qasâwéreh  (El),  220. 
Qàsémys,  222. 
Qasdeh  {El),  180,  181. 
Qaymary  (Dià-ed-dyn  el),  168. 
Qaymary  (Heusàm-ed-dyn  Abou'l- 

Hasanel),  168. 
Qaymary  (Heusàm-ed-dyn  Khedr 

el),  168.  . 
Qaymary  (Nàser-ed-dyn  el),  168. 
Qaymariyeh  (La),  Mad.,  221. 
Qaymariyeh    (La),    Mad  ,  à  Hé- 

bron,  221. 
Qaymariyeh  (La),  T.,  167,  281. 
Qùzàn  Chah,  145. 
Qazouîn,  186. 
Qazouîny  (Ebn-el-),  64. 
Qébâb  ech-Châivériyeh,  231. 
Qebleh,  74,  95-97,    99,   138,    140; 

201. 
Qélâoûn  (El  M.  el  Mansoùr),  126, 

157,  160,  223,  240  et  suiv.,247, 

249,263,  266,  291,292. 
Qennesrîn,  203. 
Qobà  (Masdjed  de),  129. 
Qobaybàt  (El),  148. 
Qobaybât  (Rue  d'El),  269. 
Qobbeh,  V.  Coupole. 


337 

Qobbeh  (El-),  163. 

Qobbet  el  mé'râdj.  V.  Coupole  de 

l'Ascension. 
Qobbeh  RâhU,  V.  Coupole  de  Ra- 

chel. 
Qobbet  el  selséleh,  V.  Coupole  de 

la  Chaîne. 
Qobbeh  Solctymân,  V.  Coupolr  de 

Salomon. 
Qodosy,  128. 
Qods  (El-),  128.  216. 
Qodsy,  128. 
Qomàmeh.  31  et  suiv.,  35,  51,43, 

67,  G8,  71,  74,  77,    78,   81,   83, 

163,  165,  166,  169,  170,  173,178, 

255,  256,  289. 
Qomary,  53. 
Qorayn  (El-),  238. 
Qortoby  (El-),  55,  11)1. 
Qosayr  (El-),  44. 
Qostantîniyeh,  V.  Constuntinople. 
Qotàdah,  132,  203. 
Qotayyà,  279. 

Qotlichâ  (Sayf-ed-dyn),  155. 
Qotloqotm  le  Nàséry,   149. 
Qollou-boghâ    (Es-Sayfy),    126. 

248,  267. 
Qotlou-Châh,  253. 

i:; 


338 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Qotlou  -  Chah  (Sàrem  -  od  -  dyn), 

85,  26-2. 
Qotlou-Mélek,  149. 
Qourbân  Bayram,  50,  110,  207. 
Qoutouz  (El  M.  el  Modaffar),  237. 
Qouzy,  274. 

Quartier  d''Alam,  174  et  suiv. 
Quartier  de  Bâb  el  iamoud,  180. 
Quartier  de  Bâb  Hetta,  181,  182. 
Quartier  du  bain  d"Alà-ed-dyn, 

177. 
Quartier    des   Banou  -  Ghânem  , 

133. 
Quartier  des  Banou-Hâret,  175. 
Quartier  des  Banou-Morrah,  180. 
Quartier  des  Banou-Sa'd,  180. 
Quartier  des  Banou-Zayd,  181, 185. 
Quartier  de  Gharaf,  162,  174-176 
Quartier  de  Charaf  el  anbiâ,  181 . 
Quartier  du  Cheikh  Mohammad  el 

Qarmy,  178. 
Quartier  des  Chrétiens,  32,  178- 

180,  190. 
Quartier  des  Darâ'éneh,   180. 
Quartier  des  Dârys,  220,  223.227. 
Quartier  d'Ed-Dawiyeh,  175. 
Quartier  d'Ebn-ech-Chantir,  178. 
Quartier  de  l'escalier  du  Moulah, 

181. 


Quartier  des  fabricants  de  nattes. 

178. 
Quartier  des  gens  du  Machreq, 

166,  181. 
Quartier  des  gens  de  Sait,  175. 
Quartier  des  Ghawùnémeh,  180. 
Quartier  des  Hayàdéreh,  175. 
Quartier  de  la  jujube,  210. 
Quartier  des  Juifs,  175-177. 
Quartier  des  Kurdes,  162-174. 
Quartier  des  Kurdes,  à  Hébron, 

220,  221,  223,  227. 
Quartier  des  Maghrébins,   135  , 

141,  162,  163,  174. 
Quartier  d'El-Mélât,  180. 
Quartier  de  Merzubân,  178. 
Quartier  des  Ottomans,  180. 
Quartier  des  peaussiers,  179. 
Quartier  de  la  Plume,  175. 
Quartier  de  la  porte  d'Ed-Dâ'ïeh, 

181. 
Quartier  de  la  P.  de  la  Daw  âdâ- 

riyeh,  181. 
Quartier  de  la  P.  de  Fer,  179. 
Quartier  de  la  P.  des  marchands 

de  coton,  179. 
Quartier  de  la  P.  du  Nâder,  179. 
Quartier  d'El-Qastleh,  180,  181. 
Quartier  d'er-rahbeh,  179. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Quartier  de  Sion,  17.). 
Quartier  d'Et-Tôriyeh,  181.  185. 
Quartiers  d'Hébron,  220. 
Quartiers  de  Jérusalem,    174  et 
suiv. 


33g 

Quartiers  de  Ramleh,    205. 
Qyâmeh,  35,  173,  V.   Qomâmeh. 


R 


Rabaqah,  V.  Rébecca. 
Rabbûbyn,  222. 
Rachel,  202. 

Rachid-ed-dyn  Faradj,  263. 
Rachîd-ed-dyn  Faradj  ebn  'Abd- 

Allah,  32. 
Radjâ  ebn  Hayà,  V.  Abou'1-Meq- 

dâm. 
Ràdy  (Er-)  -billah,  8. 
Raf'ah    203. 
Raghif,  20. 
Râhil,  V.  Rachel. 
Ràmah  (Er-),  13,28,  217,219. 
Ramleh,  29,  45,   4G,   63,   60,  71, 

81,    137,202  et  suiv.,  211,213, 

217,230,  231,272,278,  294. 
Ràmy  (Z.  d'er-),  224. 
lias  Qaytoun,  220,  223. 
Ratl,  56,  71,86. 
Râzy  (Er-),    V.   Salim    ebn  Ay- 

youb. 
lieb(U  (  hospice  ) ,    F.  mji^   leurs 

noms. 


Rébecca,  4  et  suiv.,  16. 

Rédwàn  (Z.  du  Cheikh),  22  \. 

Réfà'ïtes,  167. 

Rêk'ah,  54. 

Réwâq,   14,  17,  100. 

Reuzz  moufalfal,  254. 

Roche  (La).  F.  Sakhrah. 

Rohà  (Er-),  70,  279. 

Roi  (Le)  d'Angleterre,  80  et  suiv. 

Roi  (Le)  de  France,  82. 

Roi  (Le)  des  Roùm,  68,  146,  259 

et  suiv. 
Rôles  (Registre  des),  58. 
Roubîl  (Tombeau  de),  211 . 
Rouge  (La  Zâwieh),  166. 
Roûm  (Les),  5,  15,  34  et  suiv.,  42, 

48,  117,  141,  154,  159,  165,  166, 

171,173, 182,  192,  194,  198,211, 

221,290. 
Roûm  (Le  pays  des),  62,  144,  146, 

152,  160,  173,285. 
ltoùmy,  160. 
Roùmyeh  (Rome,),  3i. 


340 

Ruben,  129,  211. 

Rue  de  Bâb  Hetta,  155. 

Rue  du  Carrefour,  178. 

Rue  de  David,   134,    160,  176  et 

suiv. 
Rue  de  la  Derguiâh,  178. 
Rue  d'Entre  les  deux  palais,  247. 
Rue   de   Merzubân,    164,    177   et 

suiv.,  190. 
Rue  de  la  place  des  céréales,  177. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Rue  de  la  P.  de  la  Chaîne,  125, 

142. 
Rue  de  la  Vallée  des  moulins, 

179  et  suiv. 
Rue  de  la  Wékâleh,  176. 
Ruelle  d'Abou-Châmeh,  180. 
Ruelle  des  Arcades  de  Khodayr, 

180. 
Ruelle  du  Baiser,  286. 
Ruelle  des  Sa'diyn,  181. 


S 


Sabastiyeh.  194,204. 
Sabéens,  34. 
Sàbeq-ed-dyn  'Otmàn, 
Sadaqah  ebn  et-Tawil, 
Sa'd-ed-dyn  Mas'oud, 
Sa'diyeh  (La),  160. 
Sa'diyn  (Les),  181. 
Sadr,  97. 
Safad,  25,  238. 
Safry  Khâtoun,  158. 
Sâghah  (Es-),  176. 
Sahâbeh,  44,  47. 
Sàheb,    122,    126,  146, 

264. 
Sàheb  diivân  el  inchâ, 
Sâhel  (Le,  Les),  80,  91, 
Sâhêreh  [Es-),  19i  et 


Sahioun,  211 . 

Sahn,  105. 

80. 

Sa'îd,  fils  d"Abd-el-'Azîz,  187. 

27  i. 

Sa'id,  fils  deDjobayr,  131. 

160. 

Sa'îd  ebn  el  Mosayyeb,  202. 
Sa'tdes-So'adâ,  111,  262. 
Sàïm  (Es-),  181. 
Sainte  Anne,  77,  15i,   155 
Saint-Gilles,  V.  Sendjîl. 
Sakariyeh  (Es-),  231. 
Sakbrah  (La),  28  et  suiv.,  35,   42 
et  suiv. ,  48  et  suiv. ,  68,  69,  71 , 

150, 

loi, 

73,   75.  79,  86,  90,    97,  104  et 
suiv.,  138,   142,   191,  196,  201, 

146. 

239,240,243,248,249,250,252, 

,  138, 

242 . 

Ibt.  '55,258,264,267,270,272, 

uiv.  , 

196. 

285. 

Saladin,  V.  Salàh-ed-dyn  (El  M. 

en-Nàser)  Yousef. 
Salàh-ed-dyn  (El  M.  en  Nàser) 

Dàoud,  V.  Dâoud. 
Salàh-ed-dyn   (El   M.   en-Nâser) 

Yousef,  16,71-85,99,  133,  141, 

154,  16G,  167,  171,  191,  193,206 

207,210,214,235,241,  261,262' 

290. 
Salàhiyeh    (La),  82,   150,   154  et 

suiv.,   171,  253. 
Salàmeh  ebn  Qaysar,  47  et  suiv., 

17). 
Salàmiyeh  (La),  156. 
Salâr  (Bahâ-ed-dyn),  161. 
Salâr  (Sayf-ed-dyn),  226,  292. 
Salàtéqah  (Z.  des).  224. 
Sâleh,  33. 

Sàleh,  le  prophète,  207. 
Sàleh  (El  M.    es_-),  seigneur  de 

Màrédin,  155. 
Sàleh  (El  M.  es-  Sàleh),  247. 
Sâleh  ebn  Yousef  Abou-Cho'ayb, 

63. 
Sàléhiyeh  (La),  87,  92. 
Salim  ebn  Ayyoub  er-Ràzy,  65. 
Salomon,  13  et  suiv. ,  18  et  suiv. , 
27  et  suiv.,  32,   95,   114,    127, 
214,218. 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 

Sa'louk,  9  et  suiv. 


-H1 


Sait  (Es-),  88,  272. 

Saltiyn  (Es-).  175. 

Samâdiens  (Z.  des),  119. 

Samaritains  (Les),  216. 

Samedi  (Le)  de  la  lumière.  67. 

SAmet  {Es-),  181. 

Samuel,  28,  217. 

San'â,  47. 

Sanad,  130, 182,  216. 

Sand  Hanneh,  V.  Sainte  Anne. 

Sandjar  ('Alam-ed-dyn  Abou- 
Sa'id)  el  Djàoûly,  19.  148,  265. 

Sandjar  ('Alam-ed-dyn  Abou- 
Mousa),  le  Dawàdûr,  150. 

Saqf,  96,  105. 

Sàrah,  3  et  suiv.,  17,  18. 

Sàrah  (Khawend),  152. 

Sarây  (Z    d'Es-),  16i. 

Sarf  (Es-),  177. 

Sarkhad,  241. 

Sâroudj,  262. 

Sâsem  (Bois  de),  52. 

Sawâkéneh  (Les),  220. 

Saydâ, 242. 

Sayf,  36. 

Sayf-ed-dyn  Abou-Bckr  ebn  You- 
sef, 149. 

Sayf-ed-dyn  'Aly  el  Machtoub,80, 


342 


JÉRUSALEM    ET    HEBRON. 


Sayhàn  (Le),  186. 

Sébasle,  204. 

Sébtl  de  Qàït-bây,  144,  191. 

Sélâmich  (El  M.  el  'Âdel),240. 

Sem,  fils  de  Noé,  28. 

Semât.  250,  254,  257,  264. 

Sémâwah,  229. 

Sendjîl,  230. 

Séradj-ed-dyn  'Omar  es-Salâmy, 

160. 
Serdàb,  18. 
Seubky  (Es-),  65,  209. 
Seuddy  (Es-),  202,  215. 
Seumâqys  (Les),  223. 
Seunneh,  21,  48. 
Siâroukh  (Heusâm-ed  -  dyn) ,    82, 

262. 
Sibây,  293. 
Sicile,  75. 
Si'ir,  6,230,231. 
Siloé,  186,  257. 
Siméon,  129. 
Simsakh,  231. 
Sinaï  (Le),  230. 

Sion  (Église  de),  27,  42,  77,  173. 
Sîq  (Es-),  238. 
Sîs,  244,  246. 


Sobaybeh  (Es-),  148,  269. 

Sobaybiyeh  (La),  116.  148,  154, 
269. 

Solaymân,  fils  d"Abd-el-Malek, 
57  et  suiv.,  20G. 

Sonqor  l'ainé,  85,  262. 

Sophronius,  41. 

Soqmân,  70. 

Sorq,  282. 

Soudoun  el-Djàmous,  274. 

Soudoun  el  Moghréby,  270. 

Soufis  (Les),  62,  64,  77,  79,  82, 
143,  151,  166,  191,271. 

Soiîq,  V.  Bazar  et  Marché. 

Soûq  cl  qochâch,  176. 

Soûq  er-Romayleh,  279. 

Soûr  (mur),  14,219,250. 

Soûr  (Tyr),81,242. 

Source  (La)  de  vie,  130. 

Souterrain  de  David,  177. 

Sublimes  Portes  (Les),  294. 

Synagogue  des  Juifs,  170. 

Syrie  (La),  22,  38,  45  et  suiv., 
57,  63,  69,  74,  137,  149,  173, 
186,  203  et  suiv.,  210,215,216, 
229,238,239,  242,243,251. 


JÉRUSALEM    ET    HEERON. 


343 


Tabaqah,  288. 

TabaqcU  ech-Châffiyeh,  V.    Ca- 
tégories des  Ghàfé'îtes. 
Tabari,  129. 
Tabbâkhyn,  176. 

Tâbé\  47. 

TablKhânâh,    15,    20.    21,    147, 

168,  183,  220,  262,  279. 

Tabouk,  46,  228,  230. 

Tabsérah  {Et-),  64. 

Tachtémyr  el  'Alây,  161  et  suiv. 

Tachtémiriyeh  (La),  161  et  suiv. 

Tâdj-ed-dyn  Ahmad  (Le  Sûheb), 
122. 

Taghry  Bardy,  279. 

Tahdtb  (Le),  64. 

Tahiti,  256. 

Takbir,  256. 

Talisman  (Le)  contre  les  ser- 
pents,  31  et  suiv. 

Tamerlan,  251. 

Tamîm  ed-Dâry,  227  et  suiv. 

Tannour,  71,  139. 

Taouqi',  261. 

Tarantây,  292. 

Tarâwth,  138. 

Târémeh,  288. 


Tarhah,  273. 

Tarkhân,  Tarkhâna,  147. 

Tarlour  de  Pharaon,  194. 

Tasqi',  239. 

Tatach  {lisez  :  Toutouch),  70. 

Tatar  (El  M.  ed-Dâher).  252. 

Tatars  (Les),  246! 

Tawâchy,  pi.  Taioâchiyeh,  V.  Eu- 
nuque. 

Tay-boghâ, 274. 

Taymâ,  215. 

Tâz  (L'émir),  161. 

Tàziyeh  (La),  160  et  suiv. 

Tell-Bàcher,  80. 

Tell-Djazr,  285,  294. 

Témir,  le  Nâïb,  280. 

Témir-boghâ  (El  M.  ed-Dàher), 
259. 

Temple  (Le)  de  Jérusalem,  27  et 
suiv.,  35. 

Templiers  (Les),  72-74. 

Temrâz,  267. 

Temrâz  el  Mousàré',  275. 

Tenkez,  le  Nâïb,  16,  125,  142  et 
suiv.,  246,  265. 

Tenkéziyeh  (La),  120,  125,  142, 
154,  160,  251. 


344 

Terre-Sainte  (La),  63,  216,  229  et 
suiv.,  236. 

Teurbet  er-râs,  227. 

Tibériade,  90,  203. 

Timour-lenk,  V.  Tameiian. 

Titus,  33. 

Tombeau  de  David,  27,  255,  256. 

Tombeau  de  Marie,  33,  35,  182, 
193  et  suiv. 

Tombeau  de,  Y.  sous  les  diffé- 
rents noms. 

Tonsoq  (ou  Toncboq)  el  Modaffa- 
riyeh,  179,  199. 

Tonsoq  (T.  de),  199. 

Tôr  (le  Sinaï),  129. 

Tôr  (le  Thabor),  165. 

Tôr-Karam,  149. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Tôr-Zita,  V.  Oliviers  (Mont  des). 

Toubâd-Châh,  161. 

Toughân,  268. 

Thoughân  el  'Otmàny,  272,  273 

Toulouniyeh  (La),  152. 

Toumâr  (Coupole  d'Et-),  87.  110, 

117  et  suiv.,  121. 
Tour  (La)  de  David,  89,  182. 
Tourân  Chah  (El  M.  el  Mo'ad- 

dam),  236 
Tous,  66. 

Tribus  d'Israël,  128. 
Tripoli,  81,  155,  241. 
Trône  de  Salomon,  29  et  suiv. 
Tyn  {Et-),  186. 
Tyr,  V.  Soûr. 


V 


Vallée  de  Guéhennom,  V.  Wâdy 

Djohannam. 
Vallée  de  Sârah,  226. 
Vansleb,  27. 


Verre  franc,  288. 
Verte  (La  Zàwieh),  224. 
Vizir,  12B,  264. 


w 


Wadjih-ed-dyn  Mohammad,  157. 
Wadjîhiyeh  (La),  157. 
Wâdy  Djohannam,   43,  72,  104, 
127,  136,  194,  196. 


Wâdyt-toffàh,  226. 
Wafâïtes,  166. 
Wafàïyeh  (La)  ,  147,  154. 
Wahb  ebn  Monabbeh,  6.  27. 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


^ 


Walid  (El-),  54. 

Walid   (El-),  fils    d"Abd-el-Ma- 

lek,  51,  58. 
Waly  (santon),  129,  164,207,209, 

210,  212,213. 
Wâly  (gouverneur),   76,  82,  183, 

279. 


Waly-ed-dyn  l'Hakkàry,  193. 
Waqf  (immobilisation ,  bien  im- 
mobilisé), 75,  140,  223,  etc. 
Wàset,  63. 

Watélah  ebn  el  Asqa',  46. 
Wékâleh  (La),  176. 
Wiroûz,  47  et  suiv. 


Yabnù,  71. 

'Yàd  ebn  Ghonm,  45. 

Yâfet,  V.  Japhet. 

Yaghmoury    (Chéhàb-ed-dyn-el), 

17,23,250,268. 
Yalou  ed-Dàhéry,  268. 
Yaman  (L*),  47,  82,  137. 
Yamàny,  130. 

Ya'qoub  el  'Adjamy  (Z.  d'),  165. 
Ya'qoub  Chah,  274. 
Yazid  ebn  Salàm,  50  et  suiv. 
*Kd  es-saltb,  34. 
Yl-bây,  274. 
Yl-boghù,  274. 
Yl-boghâ  el  'Omary,  249. 
Yl-Ghàzy,  70. 
Ynâl  (El  M.  el  Achraf),  256  et 

suiv.,  277,  278,  282. 


Ynàl  er-Radjaby,  274. 

Ynâl-bây,  255. 

Youfàn,  V.  Javan. 

Younès,  V.  Jonas. 

Y'ounès  en-Nemry,   159. 

Y'ounès  er-Rammâh,  274. 

Younésys  (Les),  159. 

Younésiyeh  (L'),  159. 

Yousef  (El  M.  el   'Aziz),   fils  de 

Bers-bày.  253. 
Yousef  (El  Djamàly),  294. 
Yousef  en-Nadjdjàr,  222. 
Yousef  er-Ràmy,  219. 
'Ysa,  V.  Jésus. 
'Ysaebn  Ayyoub,  277. 
'Ysa,  V.  Mo'addam  (El  M.  fil). 


346 


JERUSALEM    ET    HEBRON. 


Zacharie,  194. 

Zacharie  (Bourg  de),  231. 

Zadjdjâdj  (Ez-),  132. 

Zâhed,  62,  64. 

Zahrà,  femme  de  Toughàn,  272. 

Zaky-ed-dyn,  le  qâdy,  85. 

Zamany  (Le  Rébât),  145.  151. 

Zanbaq  rasàsy,  54. 

Zandjily  (Ez-),  262. 

Zâwieh,  118. 

Zàwieh  d'Hébron,  221  et  suiv. 

Zâwieh  de  Jérusalem,    V.    sous 

leurs  noms. 
Zayn-ed-dyn  'Abd-el-Bàset_  ebn 

Khalil,  150  et  suiv. 
Zayn-ed-dyu    Abou  -  Bekr    ebn 

Mozher,  146. 


Zayn  -  ed  -  dyn  'Omar,  lils  d'El- 
'Alam,  269. 

Zayn-ed-dyn  'Omar,  fils  de  Sorq, 
el  'Alamy,  282. 

Zaytouneh  {Ez-),  186. 

Zayyâtyn,  222. 

Zémàm  el  Adeur  ech-  Charlfeh. 
147. 

Zemzem,  129,  186. 

Zo'ar,  V.  Zoghar. 

Zobayr  (Ebn-ez-),49,55,  57,214. 

Zoghar  (Lac  de),  V.  Mer  Morte. 

Zoanâr,  39. 

Zoqâq,  V.  Ruelle. 

Zoqùq  el  baùs,  V.  Ruelle  du  Bai- 
ser. 


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