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DE LIMPRIMERIE DE BEAU,
A Saiiit-G«nnalB-«a'Laye.
HISTOIRE
DE LA
CONFÉDÉRATION SUISSE,
PAR
SEAJUBE MULLER,
TaADVXTB DX l'ALUntAHO AYBC HM «OTU HOUVI&LBS
XT GOiTTnivis Juaqu^A «os jonas
PAR MM. Gbaelbs MONNARD
ET Louis VULUEMIN.
TOME moisiÉios.» «8n<<in U
TRAftOIT PAR M. CH. MONNARD.
PARIS)
TH. BAUJMORE, ÉDITEUR,
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AB. GHBRBUUSZ ET C^^UBRAIRES,
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LIVRE DEUXIÈME
CHAPITRE IV.
ORIGINB DB L*AUJANGB PERPETUBLLB DES HUIT ANQiENS
GANTONS. '
GoD3piratîon contre Brotm; profet de massacre. — Vengeance ,
exercée partîcttlièrement sur Rapperschwyl. — Zurich entre
dans la Confédération. — État de la Suisse. — Albert d'Au-
triche înàrche contre Zurich. — Le pays de Glaris devient
suisse. — Bataille près de Taetwyl. — Zoug devient suisse. — -
Seconde guerre d'Albert. — Berne admis dans Va^iance à per-
pétuité. — Guerre de l'Empire (Rapperschwyl autrichien). —
Ruse et tentative d'Albert. — Conduite équivoque de Broun ;
sa fin.
[1350—1358]..
La quatorzième année de son admînbtration ^ Ro-
dolphe Broun ^ chevalier, bourgmestre de Zurich,
jouissait de la plus haute considération , grâce à l'éclat
que sa direction avait donné au nouveau gouverne- ,
çient. Beaucoup de citoyens néanmoins le détestaient,
IIU 1
2 mSTOÎRE DE LÀ StiSSE.
comme un homme dont les entreprises avaient fait
bannir des enfans de la maison paternelle , des pères
du ^milieu de leurs fils , divisé des frères et des amis
fraterneUement unis , chassé de leur patrie grand nom-
bre d'hommes riches et vaillans, combourgeois, des- *
cendans des anciens nfôgistrats de la ville. Ils abhor-
raient en lui un homme qui avait livré les dignit^a ^an
peuple et s'était arrogé un pouvoir tyrannique ; ram-
pant envers les artisans , inflexible «nvers tes autres ,
qu*il condatmnait à dès amendes, à Texil ou à Id mort ^.^
Tant que Broun vivrait , ils n'avaient rien de bon à
attendre du temps, qui guérit aussi bien qu'il envenime
tout : la tyrannie ne se maintient que par la tyrannie.
Les plus éclairés accusaient de ces maux bien plus la
désunion, l'irrésolution et la mollesse de leur parti, que
le bourgmestre. Ils formèrent enfin une conspiration
pour le tuer, afin de reconquérir par la mort de leur
ennemi , patrie , biens et honneurs , de rétablir l'an-
cienne constitution sous laquelle Zurich avait subsisté
*et fleuri depuis un temps immémorial, et de gouver-
ner à l'exemple de leurs pères. Ce projet parut con-
forme aux anciennes lois^, louable et grand ; ils se
réjouissaient, queUe qile fût l'issue, de mettre en une
nuit un terme à leur longue infortune.
^ * tlemirierlin (de Fitrto reliqutaram amande que Rodolphe Broun , of-
fensé par les prêtres d'Ëinsîdlen et par les habitans de la contrée circon-
voisine, marcha contre ce lîionastëre en 134^^ et emporta à Znricb
toutes les reliques avec leurs riches boUes; mais que dans la suite ^ il les
.rendit, après beaucoup de soUicitations. Ce fait n'est mentionné nulle
part ailleurs. La date du moins n'est pas exacte. (Voy. n, 4. ) Si le récit
est vrai , le cletgé contribua sûrement à l'irritation.
* Nous savons par Richiebr, p. 43 , sons quelle peine sévère il était dé-
-fendli d'ériger des tribus. En géttértil, chaque constitution permet tout
oontre celui <^ui la reâverse.
( LIYRH Il^f CHAP. ly.. 3
Lea e^lés^ communûpièrent cette résolution de tout
lé^parâ ennemi 4^ Broun au comte Jean de Habsbourg-
Rappersclhwyl ., et* lui promirent , s'il leur prêtait
main forte pour le rétablissement des lois de leur vil-
léy d^annuller les dettes qu'il avait contiractées envers la
république. Le cotnte^ hommQ d'une grande audace au-
trefois déployée même contre'^les monastères les plus
révâcés, peu. riche mais actif*, put se fair^ un devoir
de venger son père %ué par les Zuricois près de Gry-
nau. Assurés de son appui , ils firent part de kur pro-
jet à fiéringer deLHoliettlandenberg^ qui jetait irrité de
ce qae, sans sujet, le nouveau gouvernement zuricois
avait aidé ^s ennemis dans la destruction de son châ-
teau* Us gagnèrent ensuite le baron Ulrich de Bonstet-
ten^, à l'insu^ou contre le gré de son cousin Herr^
^ Qians les duèhiqaes on les nomme « bandits ,"• sans ditentiondc les
înjuîter.
* Deux ans auparavant, Heftmann de lândenberg Talné , baiUî an-
trichiet^ ei^Thtâgovie, en Argovie età Glaris ,«tie concert avec le cbeva-
ÈerJéian de Frauenfetd et le bourgmestre, avait mis fip par une sentence
à la qnerelle du comte avec Ëinsidlen. Le comte^vait fait prisonnier , à
Pfsffî^n, l'kbbé Chuoni ( Conrad de Gôsgen ), éC l'avait emnn^é à Rap-
perschwyl ^\ec tous ses chevaux , son argenterie et sa provision de vin et
de blé; il fat mis au ban pour cette action. Jean trouva peu êè faveur
ftiprès des arbitres; il dut restituer tout ce qu'il^put ejt payer un florin
pour chaque moîds de vin. Sentence, fin juin, 1348, dans le Nouv, Musée
•lUMe, 3* amaée« Deux petites dettes, mentionnées là en faveur de Herr-
mannde Hinwyl, sont mises, n<Hjii sur son compte, mais sur celai de son
père. Il est, da reste hors de doute que lui«méme fut très-obéré, comme
l'atteste GaiuhaMMn, ( Mec, )
^ Je l'ai moi-même autrefois appelé Jean , d'après d'autres écrivains^
mais Te^hadi, qui le nomme Ulrich, est, sur ce point, plus exact que la
généalogie même des seigneurs de Bonstetten. Ce fait est prouvé d'une
manière inccm£ËstiJ)le par la oharie de Ut ec^nveniion^ que cet Ulrich et ses
irères, Herrmann , Jean et Rodolphe, conclurent avec Zurich» le jour de
Saint^Urbain, 1355* Ulrich était arriëre-petit-^ls de Ucrrmann qui fut
U UISXOlItE DE MvSUiSSE. .
mann de Bonstetten;^ abbé d^.Saint-GaII^ et dévoué a
Jia bourgeoisie, ainsi que de 3a propre mère^^ gui , fôri
avancée en âge, vivait retirée aVec ses autres fik au
château d'Uster '^. La parenté ouvrait l'entrée de sa
demeure aux fsîm^les bannies ^ ; les flatteries amicales
de son cousin ^, le comte de Rapperschwyl, séduisirent
le cœur de ce jeune liomme. AVant ou après lui, son
cousin ^^ .|Jlrich de Mazingen fut aussi subjugué. En-
fin, l'attachement à l'ancienne constitution, le projet
d'assassiner le bourgmestre ou le charme de toute en-
treprise aud|cieuse et uouveHe, èntrjainèrèrtt un grand
noïnbre d'autres. A peine se' trouva - 1 - il Un traître
parmi plus de sept cents conjurés ^^*. Les conspirations
sont plus rarement dénoncées à la communauté d'^ine
bailli impérial 'à Zurich, en 1277,<^elit-rils d« Hémnann qui moniat
avant son père^ et fils d'Ulrich mort en 13^7.
^ Anne delLéon. 'Mie «lourut en iS53; ce qai s'accorde fort bien avec
Fâge qne lui donne Tschudi , sous la date de 1353.
^ A cause de <% malheur , son seconifi fils, Herrmaniu de Bonstetten^
fut obligé de recevoir de Zurich l'investiture de qe cbfttean | t^iitefois ,
d'après le traité , lisi&t , autrefois fief d'Albert d'Autriche , pouvait en-
core être ouvert à ce prince.
' Son frère Rodolphe avait épousé une Schaefii ; on nff trou?e poiat
de descendans. CA. 1348.
' Rodolphe, petit fils du grand^ère, d'Ulrich, avait épousé en pre-
irières noces Juliane de Habsbourg-Rapperschwyl, dont il avait eu Herr-'
mann , abbé de Saint-Gall. C'est sans doute à cause de cette parenté que
celui-ci donna au comte Rodolphe de Ra^n^érschw)! , en 1343 , l'avoue-
rie de son couvent. Tschudi»
^° Gutta,sœur de son grand-père, épouse, en premières noces, de Ma-
zingen, fut mère de ce baron, et mourut en 11^53 , la même année que
la mère de Bonstetten.
Al 800 selon BuUinger, 500 selon Sckodeler, ce qui est sans doute une
faute de copiste. Henri Grave , espion du bourgmestre parmi eux , dé-
voila sinon la conjuration même , du moins ses préparatifs ; on possède
encore les dépositions qu'il fit à son retour de Rapperschwyl. Le signe de
ralliement consistait à mettre une fève dans la main.
[iMo] LIVUR M. CMAP. IV. 5
petite république, qii'à celle d'une grande ou à un
Ibinceu I3n bourgmestre etun conseil n'inspirent pas la
même affection qu'un prince ; ils né présentent point
l'appât de riches récompenses; le. respect inné pour
une majesté héréditaire^ défend pius facilement contre
tes at^entat§;Ja personne sacrée d'uçi monarque "".
Au te^ips fixé pour l'exécution (4350), on vit entrer
à obeTal dans la ville de Zurich, avec une sjuite nom-
bfeus^, Ulrich de Bonstetten, sous prétexte de visiter
une religieuse du couvent dés feçimes , AHme de Bon-
stetten , niais en réalité pour ramener les maréchaux
et les tisserands des sièges sénatoriauiK. dans leurs ate-
liers; Vers ininuit^ isirriva, comme pour des affaires
pressantes , le comte Jean de Hal^^bourg. Le seigneur
àe Hûhénlandenbërg fut hissé par -dessus le mur^^.
On avait gagné le garde Ile la porte voisine de la maison
du bourgmestre ; il était prêt à laisser entrer les gens
deRapperschwyl. Les conjurés, sous prétexte de rendre
II
hommage au tîomte qui .venait d'arriver, se réunirent
dans la demeure d'un aubergiste qui é^it un des leurs.
Us $e proposaient de décapiter le bourgmestre à la
maison de ville ^ puis, inunédiatement apyi^ès lui ^ Jean
Mullbr, Henri Biber, Jacques Broun , et ensuite leurs
complices; les terreurs de la nuit, leurs forces, le se-
cours de Rapperschwyl légitimaient toutes les espéran-
ces, s'ils n'avaient pas oublié que dans les grandes
entreprises aucune circonstance n'est à dédaigner **.
Uq apprenti boulanger, Ekenwieser, sommeillant près
* L'assassinat de PierreUI, celui de Paul I*', la déposition de Gustave*
Adolphe U prouvent le contraire. D. L. H.
*' Comme il avait été ouvertement offensé , sa présence aurait facile*
ment éveillé des soupçons.
** Le vent et la pluie ne sont pas même à Négliger. D. L. H»
HISTOIRE C^ LA SlflSSE.
du poêle f entendit leur complot ; personne né fit at-
tention à lui , personde ne dçuta qu'il ne fût du nonir
brede leu rsvalets.fLe jeune homme s esquiva furtive-
ment et avertit son maître; celui-ci courut chez Broun;
en un clin-d'oeil le bourgmestre revêtit sa cuirasse , le
boulanger sonna le tocsin; Broun, nu-pied^ , nu^jam-
bes, vola vers l'hôtel-de-ville ; sa femme, sesenfans,
ses domestiques ^ réveillèrent par leurs cris le voisi-
nage. Entendant ce bruit > les jconjurés accoururent
pour tuer le bourgmestre , ils le renconfirèrept «t as-
sonunérent son domestique qiiî marchait lé premiei*. .
Broun cria :i Petermarm ! leur mot d'ordjce, atteignit
rhôtel-de- ville , s'y jpta, poussa. le grps venpoû, fît, pa^
ses cris terribles-et la^cloçhe d'alarme, il éveilla la Ijpur-
geoisie« Sifr ces eiitrefaitçs, un conjuré de la maison
de Tokenbourg^^, traversant ia Limmat cette même
nuit , n'avait pu se retenir 4e parler à voix liasse de
l'entreprise avec un compagnon ; le batelier ^* 'B&chs
l'entendit , alla donner contre l'angle du jardin d'Oe-'
tenbach, échoujt» et, l'étranger n(^é, il réveilla la petite
ville au moment où sonnait le tocsin, et où, de la grande
ville, Broun criait que Zurich était trahi, qu'on ne de-^
vait pas s'abandonner à la crainte, mais qu'il fallait
abattre le pont supérieur et accourir vers la maison-de*
ville. En peu de minutes toute la population fut sur
pied et cuirassée ; les artisans, munis de toute espèce
d'armes, vinrent en hâte sous leurs tribuns. I^a nQ|}-*
velle retentit dans la grande église ^ à l'heure où Sftus
^* Ce fsit est rapporté par Sttmpf, et conGrmé par ane chapelle, fon-
dée pour en perpétuer le aouyemr {Hotting, HisU eecL hel», t u,p. i7l);
je ne coonais auoon document qui mentionne ce comte.
^^ li doit avoir ét^ de Iiw^mille des Waser. Jean Sehoop , d'après nne
généalogie do& famiiles luriboises.
LIVRE U. CH-W. IV. 7
»
Eodo^be ée Wiirteasée^ leur prieur, le% chanoines
asseiii[>lés chantaient matines ; ils «quittèrent Fautel et
coururent arcnés au combat ; cJiemin faisant périt Ro-
ger Manes3e^^ l'écolâtre,^^. IJu haut de* fenêtres , les
femo)!^ lauçajient des écuelles, des pats, des pierres.
U s'élev% de toutsSiles rues des cris confus de plainte ,
d'exhortaûon, de désespoir. Le& conjurés s'emparèrent
du marché ; Rodolphe Broun se mit à la tète de la
bourgeoisie ^ docile à sa Yoix ; T^Auemi tint bon ;
Habsboiiirg comptait sur ses jgens. JA tombèrent me&*
sire Bériv^er de Hohenlandenbei^; trpis seigneurs de
fiotistettei^.^> et^ avec cinq anciens conseillers^'', Ulrich
^è Mazin^n. Uu homme, qui s'tmifuit de Zurich vers
^^jEsl-ce le « doctor pArvorum » de la charte <ie i34S?
^'Jean Sehoop, additions à Rahn.
^' Rodolphe Biber» Wisso TV^ss^ chevalier, Ulrich Schsfli, Jean et
Penri Slôri , Jean de Glari», Rodolphe Bilgeii , Henri Schupfer et son
?alet sont nommés par iCneg parmi les morls des anciennes familles, Qn
pent y ajouter Léopold Graf , chanc^ne à Embrach. Le « fils de François
da Chœur» ( «ab dem Ghor » ) était peut-être un de ces écoli«:s tout-à-fait
paufc^s» comme il y en avait, et que la vigueur ordinaire de la jeunesse
<f alors rendait propres à tous les coups de main. Huit de ces écoliers,
qui visitaient chaque jour les tombeaqx et remplissaient d'autres offices,
recevaient par jour de chaque chanoine deax bons morceaux de pain,
et le dimanche quatre liards. Ordonnance de 192 &. Le registre du cha-
ntre fait Tobseryntion q^i'on a vu sortir de grands hoinmes du rang de
ces « bnccellarii , • ainsi nommés des morceaux de pain qu'ils recevaient,
L'écolàti;^ Manesse possédait la tour et la maison, nommées « auf Dorf, »
jicte d*néhat en faveur de Ràii, iikS. Hugues, son frère, ne vivait plus.
€h, i5/i7. Bériuger de Landenberg était petit-fits du maréchal ( I. i ,
ch. iS ,1X1, 194 , t. n , p. 2S2 ); son père U^nnann vivait encore, fort
âgé^ DeuxtmtteA Herrmann , Tun chevalîer, Talitre patron de Téglise
dUster, étalent frères de Béringer. La commémoration de la mort de
Béringer est jointe à celle de messire Ulrich deMazingen, dans le registre
de ces commémorations, à Uster; il y est dit que son père « fecît multa
et nagna opéra in caUdbus , libris , etc. •
8 HISTOIRE DE LA SUISSE.
•
Zollikon^ annonça prématurément aux troupe de
Rapperschwyl qui approchaient qu'il n'y avait plus
d'espoir ; elles rebroussèrent chemin, et les conjurés, fu-
rent abandonnés. Enfin, après un long coinjbat, comme
leur détresse augmentait et que plusieurs les quittèrent
secrètement ou se mirent dans les rangs opposés , ils
prirent la fuite chacun de son côté ; beaucoup de
blessés furent foulés aux pieds.; les bateaux enfoncé^
rent sous le poids de la multitude qui s'y jetait ; quel-
ques-uns sautèrent du haut des murs ; un grand nom-
bre d'autres furent tués dans les rues étroites et
inconnues ; Jean de Habsbourg et Ulrich de Bonstet-
ten furent faits prisonniers dans les fossés de la ville. .
Telle fut l'issue, qu'eut cette nuit menaçante, à cause
de la négligence des chefs, et parce que, dans la suhite
terreur, chacun les combattit avec le courage du dés-
espoir.
Le comte et le baron ayant été enfermés, chacun
séparément, dans une chambre de la toi)r du Wellen-
berg, bâtie sur un rocher dans le .lac, près de la ville,
les morts du parti opposé au bourgmestre restèrent
couchés trois jours dans les rues, jusqu'à ce que les
chevaux et les voitures eussent entièrement défiguré
les cadavres ^^. Trente-sept bourgeois ou complices
des conjurés , entr'autres plusieurs? meitibres des far-
milles des anciens magistrats de Zurich, furent déca-
pités^® ou roués ^^, chacun devant sa maison, afin que
" BttUinge^. ,
^^ La chronique du dievaliêr Eberhard MuUer, qu'on dési|(lie souvent
par le nom de ses continuateurs Albert MuUer et Ulrich Krieg, en nom-
me neuf^ et, parmi eux, André Keller, valet de Vi^jsso, Benri, v^tktl
du seigneur de Landenberg; « contuoux servornm lides, » dit Tacke.
^ Deux jeunes hommes^ Henri Scbupfer* chevalier, et Ulrich Scbefii,
UVRE II. CHAP; IVé 9
t
i
le spectacle de leur longue et doulouf euse agonie éloi-
gnât^ par la tef reur, l'idée de nouveaux complots con-
tre Jie bourgmestre. Il ne reculait pas devant. une pa-i
reille rigueur, parce qu'il faisjiittce qu'il voulait au
milieu (&i peuple, et, qu'il était indifférent au jugement
de la postérité 2 ^ Sept jours après, il reflaonta le pays
avçc toutes les £6rces de Zuriph, et mit le siège devant
Rapperschwyl. Si^haffhouse enVôya un renfort de trou-
pes conforn^ment au traité d^àlliance. Au troisième
jour, Brc^n ayant juré ^ de respecter leç libertés de la
ville, ^, vie et lesbien^dés^hâbitans; Rapperschwyl se
rendit et fut ocôupé^ > *
Il ne i:encontra aucun obstacle d^'la part de Gode-
froi et dè-lR.odolphe,. frères du comte qu'il retenait ^
prison ; ils ne demandèrent gas son élargissement ;
leur silence surprit le bourgmestre, qui s'était ima-
ffiofi qu^ lui demanderait humblement la paix. A la
fin il menaça de rajager le pays. La reine Agués,* à Kô^ >
nigsf^den, désirant mettre Iç peuple de la cainpagne
à l^>ri de ce malheur , obtint par trois fois une trêve ;
H ne fut pas question de l'afiranchissement des pri-*
soBxuiers* A cette époque, confonqiéipent aux traités'
desJ^uridms et des Autrichiens ^.les baillis des pays an-
térieui^ aj^rtenant à la maison d'Autriche devaient
renôtiv^^J'àMiaiiee pour seiat ans ; ce qu'ils firent.
*
en outre Werner et Nicolas Bilgeri, Henri Kr^eg, Conrad de ]V(azmgen,
Henri VTjflBso dé!fPussnang, ¥rm& le |fls^ d'Ottlkon^ et cinq autres.
' V On poufTjait cnLcuser un pareil spectactd> comme un acte de mîséri>i
corde politicw^vu (fa*\\ fn-^ient de nc^iveaux crimes> si la tlestruction
de Rapper^chii^ ne prouvait pas que le bourgmeatr^ fut cruel par peur
et par maladresse. On mentionne, sous son g|)uvemement , un garde
auquel on creva les yeux (. cfaap.m , n. és ] , ainsi que des maios cou«
pées pour vol d^ blé ou de^ raisîps^ Les lois né furent que rarement oa'
jaèiais si^sév^res tvant l«.* :. ■•
ia HISTOlte DE LA SDlSfB.
La demi^ trè^e s étant écoulées sans a«icun inoictent,
les troupe» de Zuçich, dç Constance et de Samt4>aII
entrèrent, dans la Marche^;. trente hommes forcèrent jp
vieux Rapperschwyi de jîapituler, minèrent ce château,
ravagèrent la IVIarohe et Waegi , et obligèrent les habi^
tans de prêter serment à Zurich. Sur ces entrefaites,
excit^ par les frères de^Habshourg^*, les Waldnar,
gentilshommes qui habitaient Sulz- en Alsace, vassaux
du comte prisonnier^, enlevèrent à^vingt - cinq négo-*
cians de Zuricji pou trois n^ille trois cent; quatre^
vingt-cinq duoats^* de marchandises, qu'achetèrent
des bourgeois de StrasjbfOQj^ et de Bàle. Là-dessus les^
Zuricois arrêtèrent, près de leur ville, cent personnes
à^ Bàle et soixante- dix 4e 3tràsb<mrg, qui se rendaient
en pèlerinage à Notre-S^nie d*£in»idlei^ pour la con-
sécration des anges. jCette a£Ësiire fut portée devant les
é?êque$ de 3àle et de Strasbourg^ et devant les conseils
de ces deux villes, dç Golmar, de Scblettstadt, dcBri-
sacfif et de Fribourg en Brisga» , cités comprises dans
la paix publique de KAlsace ^^. Le bourgmestre était
inflexible tant qij'il ne redoutait rien ; mais la crainte
de l'anéantissement du c«nmerce zuricois à la foire
de Francfort l'obligea de remettre les pèlerins en li-
berté ^^. Dès ce moment le bourgmestre rechercha la
9
■ I
" Gmllimann, Msc'
2* Sulz, comme tout te Mondât, était libre de la sonveraineté primi-'
tive de ffabsboui^g; mai« les W^diier relevaient de ces comtes poiA'nne
partie des fiefs qu'ils possédaient àBjiibendorf {Bndoier, p. 1726 j et
ailleurs. « ,
^^ Estimation à^'Sckint dans son exôellente Histoire du cammeree de
Zurich,
. S' Silbereisên ^ 1. 1 , p. 177. Il y ajoute Frédéric de Tokenbouig. Cette
c|irconstance viendrait à i*llppui de la.n. .13.
^' Le bourgmestre exigea « une yyinçon sf itanmode^teraent 'coosiflé-
. UVlfe* If. ÇHAP. IV. If
pais; k cet^fifet, il diéputa à LaulFenboutg mesure Jeaa
am Stad^ i^obl^I^Hrg^is dé SchaiKiouae. I^s comtes
>5 arait remiale fief de sts terres au?: ducs'^d'Auijriehej,
» qu ei&-]ilême& rayaient' reçu de ia •maijgiï' d]A*atri-
;) che; qu'ils ne pouvaient, traiter sans le dUci » Le
i)9urgmestre, p}us,h^i)ife dans ladministratidli.^unir
cîpale que dans Tes 'grandes affaires^, n'avait jamais
iop^f depuis Texpulsioa deir sections du conseil^ qu'on
^Ùt mepriser^^m danger prpchain dans Hatf entç;. d'ua
secAij^s éftigné* La •'grande .querdlc' des "sdigneurs
autrichiens ^"^ se trouvant ternaînée ;par reihprisonne»
ïùud du baron de Neuhaus^i et AlhiAi; nç ef stigùant fflus
poça» la tranquillité, intérieure,, jies ^lÎQi'içois '*se' virent
menaoés par la puissance autrichi^Qé.
Leuf^ villy^ était forte contre les armeis d'alors; îi$
ft'o^ent pàs^ent^, pour lac défense de Rap))erSchwyI,
ce qui^ douze ansr aliparavaiit, avaif réùssf aux ^rmis
i regard de Laupen /râmg (kp clievalief^ d'iSrlach n'a-
nimait pas le'^ou^gmestre. Il Yejetà. aussi tomme im-
prudente l'opinion de» çeifx qui'^'vôulaient^abandçnner
cette ville^ y mar<^a; s'empara de fixante des princi-
pauxT citoyens et les envpya à ^uricli; Le^habitans sgap-
portèroaf patiemment f ette ijBJure , dans l'espérance
que ces otages priser veraient.leu^ ville des maux de la
guerre. JÉ>dolitbé Broun ruina ensuite le château for£
qu'avaient habité les^vieiA comtes de Rappersch^l^
et il rasa toutes les murailles ^e la ville ; les bourgeois
rable, » qu'on refusa de racheter tes pélerios; à la Qt)., rarn|iénient ef*
iraya ; ils furent jibésés sans rîknço%^ Kôiligshoven, 325.'
'^ U y eut dans tout le pays « magnum disturbium. » Chrbn. Zweil,
Qtrumqœ. Ces d&x chroniques sont dans Pe»; l'une )|a j^^'^ ^'^^ »
l'autre jusqu'à i38«. • ' * -
12 HISTOIRE DE. t SDISSE. .. . [*«w]
le souffritent avec résignation^ 4àns l'espoir de jouir,
comme vilje ourrwtey ^imfe^tranquiUit^ durable. Eiifin,
lorsqu'ils; eiiDent perdu leurs^. seigneurs, Yk^lè du châ-' -
teau, tput moyen de défense et leurs cîtoyeqs les plus .
considérabteSjt tout-à-coup, aii milieai des Hguèurs de *
décemjbre, par ordre du bourgmestre, la population de
cette vUte, qui s'était livrée à lui swr la foi de son §er- '^
ment> fut chassée a[vec> femjnes; eîifans, malade^ et
vieiUa]cds, et tout RappêrscWyl réduit en cendres jus-
qu'à la dernière cabane. Cette nou^elLéi -éteint papvenu^
à Zurich, des soixante :ôtagesde'RapperschwyKil n'y
en eut pas un-seul .qui jdpaàt assez fa vie pou|:^ ^le paç'^
tenter tous les n^oyeùs de* s*^év^der ; ils trouvèrent Lgur^
païens et* Icuys; enfan3*à dèmijji morts tlei froidj papmi •
les tioupeaiçi:,;da9Sri}cs champs. Xe bourgmestre com-
iftit cette perfide • atrocité ,. parce qu'il uiavait ni le
courage" dé- défendre ll^pperschwyj, nivle talent de^
readre la place peu sûre pour ^ennemi. Aussi jjong**-
' temps que 4a. destruction d^ ]Qagdeoourg%àûiUera la mé^ *
Tùoire de TlUyi et» la dévastation ^u^Palatinat^la gloifife
de-LcmisXiy, l'action du Bo«g[%mestre sera exécré^
par tous les hommes, qui in'aiment pas à voir les maux
de leurs semblables augq^entés - par les inutiles, hor-
reurs de la guerre. - x ** • ^
Cinq moiS' après k destruction 4^ Rapperschwyl,
quarante-cinq ans ^après la con^piratidh des' trois li-
béirateurs des Walâstetten, Tan treize ceqt cinquante-
un, ce même Rodolphe JBrpun exécuta une entreprise
à Taquelle beaucoup de villes^t de pays ^f ont dû près
de quatqe siècles Qt demi de liberté, et sans laquelle la
^' Zuricli^ GlaiTS, Zoug, les nonvcanx cantons: sans cet événe-
ment* là Gonfé4|(ration ne serait peut-être jamais sortie des vallées des
Alpes. . ' - '
LIVRE lié CHAP. IV, . 13
Cofttfëdëjpatîoh suisse^ bien^'que grande et . Mainte par
elle-«D^e^ forte par le courage de ses défenseurs, eût
"'p^i^dans'% suite des temps, pay la ruseieu k vio^
leûce;^ A4'approche d*une guerre « inévitable coiitre
la puissande autrichienne, le bourgmestre fit deman-
. der auxf Waldstetten des secours et leur alliance. Les
aïeux/ops' Suisses" avaient compris depuis plus. d'un
siècle ^^ que ceète. ville était nécessjariire à leurs^ valléos,
.ceiùme retq|>art et comme marché. Â Tàbri de tout
danger présent, ils résolur«it^ en vue de Tarv^îr, de
. s*allier à jamais avec elle pour* leur* contmun a.van-
' tage, tout Comme, vmgt-pn ans auparavant, ils ayaii^t
9ollieité à la cour- iinpériale la- confitmatipn de k li-
liêrté de Zifrich. D^ns ces sedtimens, lels pténipoten-
'. tîaire^difô libfij^ h^i^tlttis d'Uri, de Schwyz,»tfUnter-
walden et de leurs confëdérâs de.Lucérne, vinrent à Ja
fin,./l'avril dan^ k ville de Zurich; là, ils' scellèrail
et jurèrent , au cqiâmencepent «du^ qîois -, de mai^ le
j;our jcfé la fête de Sainte-Vaubpurg, cette alliance*:
"k Nous,, les^illes et pays de Zurich ^^,Luceme-,
K
•a
P Inmie d'importiiiQii , de boulevards , de pol^ êHas la balanqp (jes
Etats, de modération xlans les querelles intér^eare^, par reffét dQ Vlm-
prq^ence des demandes étrangères , de la trahison des partis corrompus
Att de beaucoDp d'autres cii^onstances^ ces contrées alpestres, sans Tex-
tension que prit la Confédération, aaraient passé sons dés inaitres comme
le Tyrol et la Savoie, ou seraient retombées dans l'état iauvage, comme
* les Monténégrins et les Morlafges. N'oublions pa& cette grande vé-
rité : Dans notre Confédération , aucun canton ne peut se passer des
autres.
•• L. I, ch. XVII, n. 30. ♦
*^ Par respect pour la dignité que donnait à Zurich sa grandeur, sa
richesse et sa science, les Wal^^tetten , sans aucune stipulation, par une
Vnodestie natureTle, cédèrent la préséance à ce nouveau canton; tle
même à I^cerfie , parce que c'était i^e ville ; Schwyz céda le pas à Tlri ,
qni confiait ordinairement la charge de landammann aux illustres ^1*
^% .uHISïéiRE DE LA SUISSE. -
» Uri,Scl|[^rfï çt Çntarwakjea, sommes cbtivjftius, potîr^' '
» toujoTurs, d'une fidèle association; etptusgue-le^cours ^
n dn mond^ ôbangeiet que toutes lés choees périssables
» s'oublient, .noiçs ii.cM$ donnons n^utuellëment ce t^ .
» mbigaage^ écrit de riofre alliance : NoÙ3, tous les
» conférés, nous nous assisterons de iy)8, corps et«d«'
» nos^biéns, envers et <îoiïtre toHs'^^ceux ' qui attaque-* V
» ront<iU)lre honil^ur^.hQS possessions iBtiiotre lifcerté,/
» 'depuis la^^uTce'de VÂar ^usqu à^jon caî^uchujse ;
» depvid oèUe^'JQScpi'àTemèouchure de la T^onr,
* esk remotitant cette rivi^e jusgu'à sa sourca, de là^.
» paie Gurwalchen en traversant le pays jusqu'à Rin- ^ .
)) kenberg, puis jusqu'au-delà du Saînt-Gothar^, pf%s,
>) du Platifei; et du Grimsel, où- sont les scftirces'de ^
» l'Âai^. i\ appartient à un conseil ^u #>^une commune * '
B de décider sojis serment, s'il y a lieu de reqttérir le
♦'>r secours^ confédéral. En ce cas, ils nous. sîl)mmçnt>' par
'» des députés «u des lettres, nous, les villes/ en s'a-
)\ dressant au conseil .ou à la commune,* et nous, Jes
r» pays, ^ s'adressant à laminann ej:,à la- commune,
» ou.«ncoçe dâps. nos é^ises.^^; aœftis délai, q|iaque
)j= #nton foômit des secours à . sé^ fr^isi^ en tobte .
)) loyauté; miF né^Jéclinera ce devoir. Si im Canton
» vient à'^tre attaqué subitement, nous marcheroo^
» tottSi sans sommation, sans délais pour le sauver et
tinghaasen. Ce que le bon vîeax temps permît avec une simplicité pleine
de bonhomie, n'aurait jamais pa être changé sans orgueil ou sans en
encourir le soupçon. Il fallait à la têle delà Confédération, nn lieu où
l'on pût placer en sûreté des archiiuss , une ville oti Ton trouvait le plus
fréquemment la culture nécessaire pour)^ direction ^ affaires. L'usage
traditionnel a fini par recevoir la consécration du temps.
** En été, le penplo a coulumit^e s'y rassembler des Alpes les plus
distantes.
UVM II. CHA9. IVf 1*5
» le Te9ig;er. îkns les très -grandes oecasiôns^ telles
» qu*^ne campagne on un long séjour, nous assemble-
» rons en hâte, à fiusidien, \ine diète po^Ur délîbàrér
)) sur les moyens d^eKécutioif les (ilus prompts et les
» plus avantageux* Le eanton qui requerrk les «lutres
7) pour un siège, supportera leé frais des machines.
)r:Ce secours, nous ie^^lennons et le recevons dans la
>»^rcoh^ription sus-^nentionnée. Si un de nos confé-
)) dérés reçoit, hoîei de ce cercle, quelque dommage
» d'uii ennemi, et que celili-*ci tienne ensuite dans
. )) notr^.pa^cs, ifouslé^ retiendrons prisonnier, jusqu'à
. » ëd qfm^ait ^onné dé'suffisantes indemnités. Hous ré-;
)) servons tous les df ofts du roi et du saint Empire ro^
)1 m^n^ et toutes nos anciennes alliances j^; nous pour-
» rons ea forugier de nouvelles à notre guise, mais en .
)h réservant la présente confédéofition. Nous protège^
3^%>tié le bourgmestre et le conseil de Zurich, les tri-
» bus et 1e% bourgeois de cette ville, 'dans la jouissance
)) de leur constitution. SiPl^ce qu'à Dieu ne plaise!)
» une division naissait entre lious'*de Zjirîch et .nos
» confédérés, ou une pfti^e d'entre eux. nous députè-
V rons deux hommes 'honorables à Einsidien, ils en
» enverront dttix aussi : feé quatre prêteront serment
» au nom des saints, pui» ils décideront à la pluralité
» des voix, à l'amiable ou selon le droit : si les vdîx
» se partagent également, ils choisiront un confédéré
» pour sur-arbdtre; le gouvernement de celui-ci lui
» ordonnera de prononcer. Afin que vieux et jeunes
» connaissent mieux cette alliance, il est décidé que
» tous les dix ans, dans ces mêmes jours du mois de
.V
'* Non perf^tueUes comme celle-ci* maisconcine» pour uo certaia
nombre d'années» . • • . , *
t6 HlflAeDÎRB DE LA SUISSE.
1 . * ■
» mai , t>u à toute autre époque si dja le désire^ les
». hommes âgiés de plus de seize ans la renouvelleront
» et la confirmeront eu assemblée pubtique, par leurs
» paroles^ lei#s actes *1fet kurs^sermens. Il nous est
» permis Ae la restreindre oiu de l'étendre ; mais
» nonobstant tout cÊiangeiAent ^ et lors lAéme qu'on
» tte la renouvdlefait pas^ ndlis tenons et nous sta-
'^» iuoQS que notre présente alliacé demeurer à jamais
* *>) constante etjerme ^*. » - -
w
C'est avec œttè fidélité, cette loyauté , cette Brièveté
fratefnelle^'^dàns la pl^ifude^de leurs âmes vSku-^*
reuses et libres , que ces hônfuies'juyérent leur- al-,
liance y et mesurèrent , non les, |prces les uns ^ des
•
autres^ majiSi^ leijiP commune vaillance Xîontre la puis-
sance xië l'Autriche. Les Suisses étaient un peuple
bon et honnête^ grand surtout dans les grands périte;
• beaucoup^ les surpassaieiit en paroles et en ruses ^
{personne au joui* dû combaj;. ^ Le bour^gmestre Ro-
dolphe Broun était versé'Hdans tous les artifices des
partis ; téméraifë qu^nd il s'agissait de paroles i
quelquefois Qpurageux par ^crainte de la ,mort ^* ; en
général, vigilant par poltronnerie^^, sévèrfe jusqu'%
Tinfaumanité, et bas jusqu à la 'peri^ie ^"^ ; homme
m
m
^Maller dit : « mit Wort nnd tekrift f écriture ^und eid. » Le'texte,
rapporté par Tichudi(t I, p. 398), potte « mit worten, mit gêsekœff-
ien and mit dden , » texte que nous-^vons suivi dans la traduction ; le
chroniqueur ajoute : « und mit al Ien Dingen so dann notdûr£Etig ist, » (et
par toutes les choses dont la nécessité ise fera sentir.) G. M.
^^ Le Traité ttalliance est rapjporté textuellement par TsehudL Notre
extrait renferme tout ce qif il offre de caractéristique.
» Voyez ci-dessous la bataille de Taetwyl.
'^ Gomme Octave- Auguste. *
^ *^ Y07. plus himt n. 2i, dans te texte , ce qui coifteme Rapperschwyl,
et ci-dessous, n. 176.
f
- LIVRE II. CHAP. IV. 17
fé<ioiitable, parce que celui-là est toujours à craindre
qui se permet tout; du reste , tellement propre au gou-^
vernement d'un peuple, qu'il ne lui manquait, pour
«avenir un excellent magistrajt, que le courage d'être
honnête homme *. l^ar ses faiblesses ^ comme par
ses bonnes qualités, par* quelques -unes de ses des-^
tinées, surtout par ses rapports avec la Confédé-
ration suisse , il ressemblait à Aratus dfi Sicyoïpie. A
l'époque où, Aratus agrandit l'innocente et paisible
Ligue Achéennê par l'admission de plusieurs villes
considérables et par des alliances, elle comptait à-peu-
prés autant d'afhnées que la Confédération suisse ^^ ,
si l'on fait dater celle -ci de la première manifes-
tation de sa force à Morgarten. hiji ligue des Achéens
était plus* parfaite qije celle des Suisses *^ , mais
comme son origine coïncide avec lé temps où Rome
soungût toute l'Italie et apprit la tactique des Grecs,
la Ligue Achéennê ne subsista que jusqu'au dernier
* Il est facile d'être grand et tout puissant, lorsqu'on a un coeur <le dia-
mant, beaucoup de mépris pour les hommes et nulle conscience; alors
tout est facile à celui qu'aucun scrupule n'arrête. L'Europe en a eu de
nos jours un elArayant exem[{le. D.^-L. H.
'^ La crainte , qui pouvait provenir du trouble ^ sa conscience , le
rendît méchant et cruel ; la plupart des hommes sont bojis ou méchans
piutfj^. par faiblesse que par une énergie interne*
*' Aratus fit entrer Sicyonç dans la Ligue, la 29*** année de l'existence
de celle-ci , et Gorinthe la ^T"*.
*^ Excepté les muraifles^ ils possédaient tout en commun ; ils avaient
un capitaine de la Ligue, uq secrétaire de la Ligue , un tré^r, les ihèmes
monnaie^, les mêmes poids |^ mesures. Poiyfm, 1. ii. ^sCe fut la com-
munauté de droits, l'unité dans les qpérafions du gpjuvemcment, qui mît
celle petite république en élat de lutter si long-temps conlre Rome victo-
rieuse , qui n'en vint à bout que par^a tr^^ison. Les Achéens faisaient
d^ conquêtes pour s'associer dos^'égaux, des frérês , non pour avoir des
sujets. 0f [^ IJ. ^ •
m. 2
%
48 HISTOIRE pE.LA SUISSE.^
jour de la grandeur de l'ancienne Grèce, l'espace as
cent trente -cinq ans. Le courage des Suites tint
long -temps en équilibre la puissance des princes
voisins; aussi, jusqu'à ce jour ^ l'Allemagne n'a poiiît
appris à obéir comme l'ancienne Italie, et certaines
cours ne négligent point les intérêts de la sûreté gé-
nérale, comme Garthage et la Macédoine *^
Les Waldstetten ;^ après avoir défendu glorieuse-
ment leurs pâturages contre l'abbé d'Einsidlen^ leiir
liberté contre les baillis du roi Albert, leurs défilés
contre le duc Léopold , et leurs amis de Luceme et
de Berne contre une injuste violence, vivaient com-
me un peuple qui ne doit avoir aucun ennemi , jdt
qui n'en craint aucun. Le i^espect qui entourait leur
alliance fondée sur la justice, leur facilitait les traités
avec les étrangers et la pacification entre eux et leurs
grandes familles. Pour réparer les dommages impré-
vus de la guerre*^, ou pour payer les cens arriérés
des métairies autricbiennes^*^, ils faisaient des con-
ventions. Conrad de Gôsgen, abbé d'Einsidlen, ayant
continué de les excommunier , les Schwyzois s'empa-
rèrent de Marquard de Bechbourg , administrateur
de l'abbaye , et après lui de Rodolphe de Zimbërn ,
convpntuel, et ne les relâchèrent que sur leur ser-
inent de faire lever l'excommunication ; ce serment ,
ils ne le tini^nt pas **. Mais^ Thûring, abbé de
*' Nous avons écrit ceci avant l'expérience des dernières années^ Nous
le laissons subsister ; peut-être que l'Europe et rAllemagne renaUront au
sentiment de leur honneur.
''^ Convention avec CKôfiif al de Rappersckwyli 13 S6. T$ehudt
*' Accord au sujet d'une métairie à Sarnen, sous Jean de Uallwyi . ad-
ministrateur^ par le commandeur de HîC^kîIch, 1S38.
** r«cAi«/r, Uil , 4544.
I »
• ^
LIVRE II. tHAP, IV. 19
Disentid^ de la noble famille des Attinghausen^ inter-
vînt, de^ façon que, sous le suivant abbé d'Einsidlen,
Henri de Brandis, et sous le landammann Conrad
d'Yberg, le différend fut terminé à lamiable. Deux
cent quarante ans après que le germe de la discorde
eut été semé sous Tabbé Gérard de Frobourg, une
assemblée considérable de prélats , de commandeurs
de Tordre teutonique, de seigiieurs et de députés
des villes, des couvents et des Waldstetten, consul-
tant les anciens documens et le témoignage des vieil-
lards, mirent un terme à cette inimitié.' L'excommu-
nication fut levée pour les morts et les vivans; on
*^ccoraa aux premiers le repos en terre sainte, les
plWères des fidèles et d'autres secours **• Un diffé-
rend qui s*éleva entre Schwyz et Uri , au sujet de
leurs limites, fut arrangé aussitôt par les citoyens les
plus considérables *^ d'Unterwalden et de Luçerne ,
à la diète de B^kenried.
A ^chwyz , Kydi Nagel ayant tué Walther im
Lene^ à la luite d'im échange de paroles amères ,
beaucoup de ses compatriotes et de Confédérés in-
tercédant pour lui auprès du tribunal , Uri , Unter-
wal^en et Lucerne obtinrent, en déléguant leurs
magistrats '^'^ , qu'on hii fît grâce de la vie et que
son père s'engageât, en donnant son meilleur pré
poui^ garage, à enfermer si étroitement Kydi, qu'au
\^ Voy. tonte ia procédure et la sentence d'Attinghausen dans Tschudi,
i350% et dans Libéria» MinsidL, p. 139 des documens.
** )4err1è de \ffeenw»gen / préfet ( « Ammann » J autrichien à Lucerne,
Tayoyer Pierre ^de Hochdorf, Ujrich' de fVolfknsehiess , landammaiîn
d'Unterwalden, etd'aulrès. Tschudi, 1348.
*' DfcÛT^Hunwyl, deiii*Wa|lersberg, Meycr de Stanz, G'odefrd de
. Moo9» etc. îd. 1356, où l'on trouve la lettre du père. Faute d'avoir un
sceau à Ini , il emprunte « le nôtre , de ses ano^îs de Schwys. •
m
h
20 HISTOIRE 0E LA SUISSE.
jugement de trois hommes impartiaux celui-ci fût
hors d*état de nuire à personne.
A Unterwalden, les nobles de Hunwyl et de Wal-
tersberg nourrissaient une haine encore pure de
sang contre le bailli de Rinkenberg^ bourgeois de
Berne. Les Lussi oubliaient que leurs pères avaient
eu des ennemis à Lucerne **.
Luceme^ se releyant à peine d'un épouvantable
incendie *^, se voyait exposée à dés troubles chaque
fois que le parti des ducs l'emportait ^^j hors de là
cette ville était gouvernée par un conseil bien orga-
ilisé ^^ et composé de patriotes ^^, dont la noblesse
ne rendait point jalouse la bourgeoisie ^ toujours cou-'
rageuse contre les étrangers ^^. **
Uri jouissait tranquillement des avantages attachés
au passage du Saint-Gothard^ parce que le seigneur
de Moos, citoyen du pays, non -seulement demeura
bailli d'Urseren ^^, mais acquit de l'empereur Char-
les IV Fhypothèque d'un fief héréditaire sur l'entre-
pôt des marchandises, le péage et les services dus à
î'Empfre ^^ dans la Léventine. D'ailleurs, à Bellinzone,
Franchino Rusconi n'osait risquer d'offenser quel-
qu'un; les Visconti lui avaient enlevé la souveraineté
A* Ttchttdi en parle an commencement da siècle; après la Confédé-
ration formée , on n'en trouve pins de trace.
** 1840. En souvenir de cet événement , on ordonna une procession
et Ton distribua du vin aux gens de la campagne.
^^ Gomme en ISâS , lorsqu'on exila sept citoyens. Fitodur.
«Mnstallation duPetîtConseit, I3d6.
B' Comme Gundoldingen.
^' Voy. ci-dessous, n. Si, ce que les Sidler firent à Elseir, amtnann 'de
Zoug.
** Voy. la CL concernant l'aflaire de Gepz , 1846. TsehudL
*^ CA. pour Jean de Afoof^ 1858, Tsehndi,
%
LIVRE II. CBliP. IV. 21
de.Como, et il ae conserva plus que peu d'années
une chancelante autorité à Bellinzone et surLocarno^^.
Au sein de de bonheur basé sur la Justice florissaient
les Waldstetten. ^
Douze mille quatre cent soixante-dix habitans^ la
plupart libres *'' , formaient deux mille trois cent
soixante-^ix ménages dans Zurich, et cent vingt-
quatre ménages de bourgeois' externes sur les bords
du lac ^^y population iYnportante par son cou-
rage et son industrie variée. L'aisance était générale,
situati^ifi la plus désirable pour une bourgeoisie ; il
y avait peu de citoyens riches. La fortune totale des
familles bourgeoises de Zurich ne s'élevait pas à 'un
demi-million de livres ^®; elles payaient plus de dix-
huit ce^ts livres d'impôt à la république ^. L'année
que les Juifs furent brûlés à leurs p||>pres frais, toutes
leiu^ créances coiAre les bourgeois furent éteintes ®*.
•
** Les Vîsconli obtinrent de l^Empereur le vidomnat de Locarno , le 6
janvier iS5 5; Voy. Ts<?AiKfi. j
^^ Dans la ville , 11,850 , dont 263 servantes et S^ domestiques ; 620 ^
hors de la ville.
^' Calculés d'après les Tables de L'impôt eastraûrdinaire <ie 1357» rédi-
gées par un homme éminent par le savoir , la sagesse , l'intelligence et
l'esprit civique et fédéral , à qui je voudrais consacrer des pages d'éloges.
Mais il vaut quelquefois mieux paraître ingrat que d'exprimer publique^
ment sa reconnaissance pour la communication de documeas.saBMuller fait
sans doute allusion à la décapitation du pasteur Wasër, qui avait commu*
nique à SchlÔzer de vieux documens. Pourquoi n'a-t-il pas asé citer le
fait ejt les acteurs? D. L. H.
^* ^39,505 livres; Jos Wéli était le plus riche des citoyens (n. 58).
Mous voudrions savoir si , comme au temps da Bichtebr. p. 30, les çbe«
valiers étaient exempts de l'impôt
«• 1S3Î1 ; n. 58.
*^ Jecorddumaréchal d'Empire ^Erbaiùk avec Zorîcb, au sujet des biens
deslnife, 1849.
22, HISTOIRE DE LA SUISSE.
Bien que Brandan Pelleta^ d'Asti^ e^j; été reçu à litre
de Ka^wersch ^^, et que des citoyens prêtassent^de
l'argent sur les revenus publics ^^, les besoins de l^.
Tille et du comnjirce forcèrent les Zuricois ^ au bout
de quelques années , d'accorder aux Juifs de nou-
velles lettres de protection ^*. Le commerce s'étendait
jusqu'en Pologne , en Flandre et en Italie ^^* Les
Zuricois ne possédaient encore dans leur territoire
que la forêt de la Sibl ^^. Les bourgeois avaient tous
de bonnes cuirasse3 ; les tours renfermaient des ma-
chines de guerre^ des arbalètes en grand noiUbre et
beaucoup de belles armures ^'^. «Ulrich de Bonstetten
et Jean^'de. Hdbsbourg étaient détenus dans le Wel-
lenberg; le comte fit un lai sur son infortune ^^. La
vieille mère de Bonstetten languissait dans l'angois-
se ^^; Godefroi et Rodolphe^ frères du comte ^ ne fai-
•» Lombard, 1349. *
*' L'Ohmgeld ou les aides, etc. Ordonnance des deux Conseils, 185*7.
^ Conseils et I>ourge0is, 1354. L'intérêt hebdomadaire produisait 23
pour cent.
*^ Des ordonnances de 1342 le prouvent
** Ds avaient aequis depnis.pea , 4 janvier 1857, par rachat, le droit
d'hypothèque d'Ulrich de Beggenhofen sur les Immi ( impôt sur le*
grains), à R«pperschwyl. Mémorial de V administration eomt/umale de Za^
ricky 1801.
*^ U y avait dans la tour neuve 162. arbalètes , 27 collets de buffle , 47
lances, un grand nombre de cottes de maille , des bannières , etc.
** « Je cognois belle fiorète. » Une petite fleur blanche sur un champ
noir formait ses armoiries. Bodmer, Histoire de Zurich, 1773.
<*4£ntre le lac et rAtt)is, ainsi que sur ]a rive opposée du lac, tous
les biens dé Bonstetten et leur patrimoine passèrent dans les mains de
quelques familles luricoises et furent vendus en partie ( accord, 1353) ; le
ch&teau de la famille fut peut-être détruit alors. Berrmann de Landen-
berg, p^ de l^inger» s^étail h&té de conclure' avec Zurich une con-
vention particulière. Ck, Zurich, Jeudi avant Saint-Nicolas, 1350*
<« LIVRE 11. CBA.V* IV. 23
^ieot pas résistance et ne demandaient pas la paix,
k ♦ ^JDàns le» premiers jours du mois d'août, le duc Al-
hert ^'fijitTich^y fils dtf^ roi Albert et petit-fils *du roi
ib Rodolphe, accompagné d'une suite nombreuse , vint de
^ rintépîeur du- pays dans la ville de Brougg, ijtuéé sûr
%,*^es^ terres patrimoniales de TEigen. Les Zuricois en-
i ' voyèrent une députatîon pour le complimenter, et des
présens pouf l'honorer j le duc remercia. Peu de jours
après il conarocpia tous ses vassaux , les baillis et tes
foucti^miaires de k Thurgovie, de l'Argovje, du Sund^
gau, de l'Alsace, du ]^risgau, de la For^t-Noire^et
de la Souabe, dans st ville de Brougg. Il raconta àe^
▼ant cette assemblée avec cpielle perfidie et quelle
inhumanité les Zuricpis avajlpnt ^gi à l'égard de son
pays et dejgsa • ville de Rapperschwyl ; on parla beau-
coup de l'audace des Suisses ; les envoyés de la popu-^ ^
lation de Rapperschwyl se plaignirent hautement et
avec lamentation. L'assemblée , émue , promit de chà'-*
tier les Zuricois. Alors le due fit appeler les députés
de Zurich , leur parla avec colère , exigea le rétablis-
sement du vieux et du nouveau Rapperschwyl , la res-
titution de la Marche ,- satisfaction et indemnité pour
lui .et pour le peuple. Lés Zuricois répondirent,,
ce que toutes les hostilités provenaient du comte; qu'il
» 'était entré de nuit dans leur ville avec des desseins
» funestes ; qu'ils avaient dû prendre des mesure^ de
» suf/eté ; qu'ils ne pouvaient satisfaire aux exigences
» du duc. » Dès ce mcmient, celui-ci prépara son ar-
mée. Zurich députa vers l'empereur Charles IV, et re-
quit le secours des Waldstetten. L'Empereur promit
sa médiation pçtMr la paix ; les Suisses entrèrent de
bon "matin, le tr^e de septembre, dans la ville, ban-
nières déployées. Peu d'heures après , le duc passa la
24 HISTOIRE D£ LA SUISSE. i
«
Glatt avec séfese mille hommes "^^ ; il étahUt son quaïv
tier dans le moulin du duc '^^ ; son armée ftampa siux ^
environs d'Oerlikon , de Sch\«ramedingen et d'Affhol-r
tern : elle s'étendit jusqu'aux avant-fossés des Zuri- #
n
COIS.
Le duc Albert d'Autriche survivait depuis pltisiqpr^ , .<•
années à tous ses frères^ plus vifs et plus passioiinés. ^,
Il était grand de stature et d'une majestueuse beauté ''^j
son intelligence , éclairée par une sagesse naturelle j^
s'était fortifiée par l'étude "^^^ Il ajouta .aux domaines
de Ta maison d'Autriche le comté de Pfirt dans le Sund-
gau, dont il épousa l'héritière''*^ 4Bt la Carinthie à l'ex^-
^<^ E. MàUer où Krieg i ii,000 j mais nous n'avons sons les yenx qne la
copie ^ Steyerer {Viia Alberti // , p. 162) ; cet homme Jj^borieux man-
que fort souvent d'exactitude. Kônigshoven , comme Stumpf, indique
20,000 hommes de pied et 2,000 chevaux. m
^^ Nommé ainsi d'aprës lui. Blùntsehll, choses mémorables de la ville et
de U campagne de Zurich.' ' ^
^^ Viiodwr, l'appelle beau ; ViU Arenpeck : « il avait une superbe fi-
gure.»
^' Vitoduf.u savant ; • Arenpeck : « éclairé en sagesse et en science. »
^^ 1324. La duchesse s'appelait Jeanne. Son père étâfit Ulrich , fils de
Thibaut de Pfirt, mentionné 1. i, ch. xvii, après n. 206, t ii, p. 128.
Sa mère Jeanne était fille de Renaud de la Haute-Bourgogne , comte de
Montbelliard ; celui-ci, mort en 1822, laissa un fils, Ottèlin, et une se-
conde filles Agnès, épouse de Henri de Montfaucon. Ulrich de Pfirt
n'avait que des filles, l'épouse du duc Albert et Ursule. Le mariage d'Al-
bert «ut lieu en 1324, trois jours après les funérailles de son beau -père ;
Ursule renonça à l'héritage, et fut mariée en 1333 au comte Hugfaes de
Hohenberg ;• Albert se chargea de toutes les dettes. G ttelin mourut en
1831 ; Montfaucon devint comte de Montbclliard, ce* qu'il faut remar-
quer à cause do, l'histoire subséquente. Jeanne se distinguait par des
manières françaises , par une activité dirigée avec intelligence , par un
e8j[)rit élisvé et hardi; elle sut captiver Albert par sa grftce; son habileté
dans les affaires inspira tant de confiance à son époux , qu'il lui temit
les plus grands intérêts. On prétendit que cette dam^ ^vait empoisonné
i.-^
% * y
V
LIVRE ^I. CHAP. IV. 26
tinction die ses possesseu];s '^^ ; il chercha^ sans aucune ^
contraintej^à donner à ce duché les ordonnances qui
.r^issaie^l^t la Styrie "^^^ Il était prompt dans les négo-
ciations ^ énergique dans son langage , modéré dans '
^^ l'administration^ en qualité déjuge respectaUé par sa
justice '^''j-le père des pauvres^ maître de lui-même'*.
11 aimait dans la conversation une plaisanterie de bon
goût, et s^abandonnait volontiers à la gaité "^^ ; distrac-
tion bien nécessaire^ carMés sa jeunesse^ depuis vingt-
un ans, il était tourmenté par tme goutte souvent très-
douloureuse *^ ;* sa sérénité en était fort^ troublée ,
de sorte que, lorsqu'il éprouvait des revers, le chagrm
et la souffiranoe physique s'irritaient mutuellement. A
,- • ■
f empereur Louis , et l'on regarda la maladie singalière qui mit fin à ses
jours comme un effet de la vengeance céleste.
'^ Voy. d^is Sieyerer un long catalogue des acquisitions moins con-
• sidérables.
'* Anon. Leobiens. 1338 ; Fugger, *
^ ^^ Nous verrons ses négociations ; Arenpeek vante sa manière de s'ex-
primer ( « breviloquentia ; » Anon. Leob, 1335 ) ; le même parle du soin
des pauvre»; il recommande « communem juslîtîam et moderalionem. •
Ann* Leob, L c
7* Il ne changea nl.de couleur ni de physionomie, lorsqu'un individu
voulut l'assassiner à Vienne ; un hasard empêcha cette action. Il ne ra-
conta ce fait que beaucoup d'^annéês après, à Agnès et à ses demoiselles.
Chran. de Kônigsfelden» ^
"^ Arenpeek,
^ Il éti^ perclus de tous ses membres ; il ne lui échappa aucune ex-
pression d'impatience. Chran, deKdnigsfelden, Ces maux furent attribués-
à un empoisonnement. Ann, Leob^ « Debilis bajolabatur; » néanmoiiis
les princes voisins s'assemblaient chez lui et lui demandaient conseil.
Chron. Neoburg. 1331. On trouve dans les Ann, Leob,, à Tan 1342, son
entretien secret avec Jean, roi de Bohême; celui-ci , déjà presque aveu-
gle, ne put trouver, qu'avec peine la porte en s'en allant , et Albert était
incapable de se lever pour le reconduhre.
26 "histoire 0£ LJI^SUI^K.
. cette époque, U était dans sa soixante-troisième aonée^ .
Peu après son arrivée , Frédéric, Gomt%de Tofcen-
jbourg , Heerdégen de Rechberg , commaodeur de^
Waedischwyl et Conrad de Bérenfels, députés ^ieBale,
terminèrent sans beaucoup de peine les hostilités par .
un accommodement , le duc n'étant pas préparé pour
une longue guerre. Ce prince choisit pour arbitres le^
comte Immer de Strasberg et le seigneur Pierre de.,
Stoffeln , commandeur de l'ordre teutonique ^ Tan-*
nenfels. f^s Zuricois 'nommèrent Pierre de Balm ,
avoyer deJBeme, et Phili}^ de Kien, chevalier. Ils
ccmsentirent à ce que le jugement définitif fût prononcé
par la reine Agnès. Celle-ci feignit de se récuser , re-
connaissante , dîsitit-elle , de ce qu'à TépOque où Ton
vengeait la mort de son père, Içs Zuricois non-seule-
ment n'empêchèrent pas la destruction du clmteau du
seigneur d'Eschenbach , leur voisin, mais avaient en-
core ouvert leur marché aux ducs. Les Waldstetten
firent {)eu de cas de ces paroles de la reine. Ils regar-
daient aussi comme honteux de donner au duc des otages
m
pour l'exécution du jugement, et désapprouvaient que
les Zuricois livrassent à ce titre seize citoyens consi-
dérables sans autre garantie que la parole de l'ennemi;
il leur parut suspect que le dup refusât de signer la
réserve' de leurs alliances et de leurs franchises. De la
part de princes- dont la puftance surpasse la gran-
deur d^me, un petit peuple ne doit attendre justice
qu'après avoir conquis leur estime par de nobles ex-
ploits<
Le niercredî avant le jour de Saint -Gall, la sen-w
. tence des arbitres autrichiens fut confirmée à Kônigs^
felden par Agnès. En vingt-huit longs articles, diverses
limites posées à la puissance autrichienne à Lucerne et
..A
LIVRE ri. CHAP.* IV. •ST
dkw les n&étairies suisses^ furent rebversées^^, et toutes
les mesures des Zuric^is contre les Gomplioes de la
cokispi ration r«^Qte^ toutes les gufrres partieoliàres
et lés hiostilités publiques , déclarées crimineUes ^^. On
y ordonnait la reconstruction des deux Rapperschwyl,
la restitution de la Marche et de tous les biens <le la
maison d6 Bonstetten, ainsi que beaucoup d'autres sa-
tisfactions et indemnités ; la mise en liberté du comte^
de Habsbourg et d'autres prétentions furent envelop-
pées dans des phrases si amilîguès et si embrouillées^
qiAn ne trouve guère de traitéiiù la semence de la
discorde ait été jetée si abondamment. Les parens des
seize étages obtinrent des Confédérés qu'ils jurassent
l'exécution de la sentence. Ce qui les navrait le plus y
c'était Tartiéle qui exigeait la répétition annuelle de ce
serment y tache imprimée à l'honneur de leur parole.
Un pareil peuple ne doit traiter que le lendemain d'une
.victoire.
llgfs Zuricois prétéarent le serment et en envoyèrent
l'acte au duc , en lui demandant la liberté des otages ;
mais Albert n'écouta pas- la députatio|i et l'accu^llit
** L*article dans lequel le dac se réserve toutes les Juridictions de »
Lacame, n'excepte pas celles que la ville possédait de toute antiquité;
aux droits dont il jouissait comme successeur des abbés de Murbach , «
sont ajoutés ceux qu'il tenait du comté de Rotenboui^. Dans les Wald-
stettea , il ne voulait plus à l'avenir placer dans les métairies unique-
ment .des gens du pays, mais qui bon lui semblait La Ch, est en entier
Û9nB Tichudi t mi.
** L'article S renferme ce passade ironique : • Si ceax de Zurich ont
• des libertés particulières pour faire de si coupables! cursions dantf les
• comtés de notre seigneur, ils continueront d'en jouir. • Du reste, la
lentence arbitrale mentionne nommément une attaque contre Rfimlang,
des menaces in^iétantes contre UerrmaDQ de LandeiJberg et un seigneur
deScfaynn.
#
*
28^ HISTOIRE DE LA SUISSE.
fort mal ^ parce que Jean de Habsbourg n'était pa$
encore libre. Ce reprodie surfait les députés : la sen-^
tence renfermait dfes articles concernanVElser de Zoug,
récuyer de Rûmlang et d'autres particuliers^ sans faire
aucune mention du comte. Le bourgmestre n'avait
pas touché ce point dans les négociations. L'ennemi
chercha^ à force de ruse et d'énergie, à tirer parti de.
\ette apparence de crainte. Les conseillers du duc pré-
tendirent que J'affaire du comte, de Habsbourg , cou->
sii^ et feudataire de leur maître , se trouvait comprise
sous l'expression « toilS serviteurs et dépendans de l' Au-
» triche. » Au fait^ ils ne songeaient point à prévenir,
les hostilités; ils voulaient obtenir le plus possi-
ble par des négociations , où la plupqirt des États l'em-
portent sur les Suisses^ puis, quand les forces du duc
et de ses amis seraient prêtes, commencer la guerre.
Ils mirent les otages aux fers; la noblesse fit des in-
cursions sur les terres des Zuricois et de leurs amis.
«
Les Suisses, indignés d'une pareille ruse , courr<4bés
de cet abus de la force , se crurent joués et prirent les
armes. Us entendaient peu la science des traités ;
leur art était la guerre.
Parmi les sommations du duc, il y en eut une adres-
sée au pays de Glaris. De temps immémorial, Glaris,
sous la suzeraineté de l'Empire, était gouverné par le
maire de la princesse-abbesse de Séckingen , par un
landammann qu'élisait la commune, et par un conseil
de notables ^^. La contribution de la Saint-Martin des-
tinée à l'Empire ^^, les cens ^our l'usage des pâturages,
'* Tsehudi, glaronnais, trace, à l'an 1829, ce tablean de la conslitotion ;
noDS avons cité plus haut les preuves diplomatiques, autant que faire se
peut; beaucoup de docuœens ont été brûlés en 1265 et 1557.
"* Le duc , comme nous le verrons ci-dessous par des chartes , perce-
LIVRE il. GhIp. IV. 29
•
des champs et des troupeaux ^^ /4e prix de là reconnais-
sante des fiefs ^ les ^amendes ^ les héritagél des serfs
étaient envoyés dans la cour de la cellérerie •* de là
princesse, ofi portés dans son compte par ses agens. Le
peuple? n'étÈiit tenu de pi:endre les armes que pour dé-
ftndre son propre territoire au profit de Tabbesse. De-
puis que fiabsbourg avait acquis Tavouerie du couvent, •
sous le roî Albert le baflliage impérial héréditaire ^
et peu après le fief de la mairie^ les Glaronnais s'é-
taient vus exposés à bien de^ sortes de désagrémens.
Premièrement, les ducs, en réunissant le bailliage de
. GJaris à leur seigneurie du Gaster, cherchèrent évi-
demment à détruire les prérogatives des habitans; car
la plupart des princes détestent les prérogatives ; aucun
gouvernement |^ parait plus facile et mieux réglé que
celui sous lequ^tous sont asservis ^^; en efiet, nulle
part le calme n'est plus profond que chez les morts. En
second lieu , les ducs abolirent la charge de laiidam-
mann, et au lieu d'un homme du peuple, habitant, au
milieu du peuple dans la vallée, une maison de bois,
ils envoyèrent des seigneurs étrangers avec le titre de
baillis ®^ ; les baillis occupaiait le château de Nsefels , *-
entouré^ de gens de guerre. En troisième lieu, les ducs
Yait cette contribution ; preuve qne Tavonerie que sa maison tenait de
son père était un fief de TEropire. , •
'^ Contributions de mai et de septembre; redevances sur les moutons,
les taureaux, le beurre, la caillebolte, les fromages, la dime du blé,
de l'avoine , des petites semences et de Torge. Trùihpi , dans la Chronique
de GlarU , distingue soigneusement ces droits.
^* Un cellerier était préposé à cette administration ; institution qui
subsista sous les ducs d'Ântricbe et après eux.
" Tel parut à Louis XIV le gouvernement de la Perse.
'* Ilermann de Landenberg fut le premier, 1829. Vo/. le catalogue
dans Trûmpi,
♦ «
»
4»
♦ *
4 •
a
4P
30 Hiâ^CMRE ÎOE LA SUISSlî. * '
^ftmti^it de renouTelnr les chaiïtes de leurs franchises,
ccHisuméeé^r le feu, et de favoriser ce renouvellement
à la cour impériale ou auprès de l'abbesse. En quci-
trièiçe Iku, ils ne payèrenfpàs la solde promise pour
Texpédition de Colmar .à laqi]j^lle les Glaronnais ayâient
pm part Toionladreiitene avec les I^||pemois^^. Les ser-
> yices rendus à un prince sont souvent oubliés par son
.successeur; la mémoire de ceux qu'on rend à un peu-
ple se perpétue avec le peuple. Les Glaronnais étaient
des guerriers de haute taille, endurcis, armés de belles
hallebardes ^; sous une autorité arbitraire on eût bien-
tôt vu leur vallée puisée par les querelles et les guer-
res, lenrs troupeaux sauvages, la charrue abandonnée.
C'est pourquoi, malgré l'inclémence du duc,» ils espé-
raient, enc|pragés par l'exemple d|||Suisses, qu'un
jour leur situation s'améliorerait, gnRe à leur coumgjif
ou à une assistance étrangère, et que leur constitution
serait maintenue. Ainsi, ne sacrifiaût leurs frs^chises
ni à la crainte, ni à l'espérance, ils conservèrent
leur amour de la liberté, leur confiance, et prospérè-
rent ?^.. Messire Walther, de l'ancienne et noble fa-
*• mille rhétiemie des Stadion ®^, successeur de son père
Louis ^, était alors bailli de Claris et «gouvernait
durement. « !
Les gens du pays, bieil déterminés, répondirent à
«»^5ao. Voy. lechap. i de ce livre;
^^ f^itoduranut,
»* NonveUé église à Ichwànden , qui n'en avait poînl auparavant, 1 3 49.
TsctmdL
»* On voit sur la belle montagne de Lozein, au-dessns deKQbKs,
dans le Prœltigau, remplacement du château de Stadion. Lehmann,
GriMons, t. II. * ^
" CA. de 13^9 concerûanlon différend de ceux de Mollis, au sujet
des pâturages alpestres.
[•«m] livre h. CHAP. IV. ' 31
k Sommation ducale ^ i( qu'ils mardiaientpoiv b^rin-
j» cesse de Séckiogen , dame du pays , sous ks ordres
» du duc » comme avdué du couvent ; qu'ils n'étaient»
j) point tenus de pi^ndre. part à d'autres guérites de
» l'ÂiftricIie. » Cette r^pcMise révéla au prince le peu
d'a£Fection de la plupart.des Glaronnais ; afin de n'avoir
rien à redouter de cette disposition pendant sa guerre
"* contre Zurich ^ il envoya des troupes à' Glaris. Il son-
geait en inème temps , du sein de cette vallée ocfutigne
à ceUes d'Uri et de Schwyz , à inquiéter ces dernières
pour les empêcher de secourir les Zuricoîs. Ge projet
éveuté, les bannières d'Uri^ de Schwys^ d'Unterwal-
den et de Zurich y entreprirent et exécutèrent , au mi-
lieu du jaois de novembre , avec leur promptitude ac-
coutumée, l'invasion du pays de Glaris. Ils -furent si
bien secondés par les Glaronnais , qu'il ne resta au
gouverneur d'autre parti que de fun* à Wesen , dans
le Ga^er ; il n'avJit ni assez de bonnes troupes ni assez
de partisans parmi le peuple^. Les Glaronnais jurèrent
amitié aux Suisses;, les Suisses jurèrent de veiller à
ce que le duc ne pût se venger de cette amitié. Pour
mériter par la participation à la défense commune
d'être admis à l'alliance perpétuelle conclue dans l'in-
térêt des antiques libertés, deux cehts hommes de Glar
ris marchèrent avec les Confédérés pour renforcer la
garnison de Zurich. L'ennemi garda ses frontières; ses
troupes parurent se disperser.
Mais au milieu de l'hiver, Walthqf de Stadion tenta
de soumettre le pays de Glaris par surprise (1 352) .
" 8. y^v^^t ^ Schwyz et à Un des émigrés diTparti de la campa,!^ne
{EiteriSi); l'euis adversaires &*en fuirent alors à Wesen ^ T«ri le i>aI!H.
GuUUmann, Msc.
% '.
32 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Les (^Ipw Itaient couvertes d'une neige profonde ,
leurs glacîerà* étincelaient de diverses couleurs ; les ha-
Jbitans^ répandus dans la vallée/ demeui:aienl chacun
dans leurs cabanes^ ayprés de leuf s femmes ^ de leurs
enfans et de leurs troupeaux. Sjtadion ^ suivi de trou-
' pes nombreuses de Rap^rschw.yl , de la Marche et du
Gaster ^ excitées par la jalousie et avides de butin , s'a-
vança par la grande route vers le nord de la vallée de
Glaris. ouverte de ce côté-là. Il rencontra tous les ha-
bitans de Glaris dans la plaine de Rûti , entre Oberu-
rannen et Naefels. Walther soutint la gloire de ses ^-
cêtresj les Glaronnais combattirent pour tout ce que
l'homme a de plus cher. Stadion ayant péri avec un
grand nombre de gentilshommes^ ses troupes -prirent
la fuite ; viggt-deux habitans de la petite ville de
Wesen furent tués par les Glaronnais ®^. Les vain-
queurs rasèrent le château de Naefels , rentrèrent dans
leurs foyers, après avoir par eux-iÀ^mes sauvé leur
patrie, et prièrent les Suisses de le^ recevoir dans l'al-
liance éternelle. ' * .
Les cantons des Confédérés formaient une association
de défenseurs intrépides des plus anciens droits de
l'humanité, ne possédant que leur liberté, n'exerçant
que leurs armes. Toutes choses étaient décidées, ad-
ministrées et maintenues dans cet esprit. Par là , les
Confédérés soutinrent, chez les puissances étrangères ,
la réputation souvent redoutée, toujours éminente,
d'une armée expérimentée et bien postée, dont cha-
que canton formait un cantonnement. Ces braves, dé-
sirant posséder, non Glaris, mais les Glaronnaia, et
*^ Le nombre total des tnés fat de 150 , T$ehadi f glaronnais lui-
mtoe) ; de 50 selon IfriÉ^.
M
ij
UYRE il. CHAP. IV. 33
uvl ne songeant à régn^ sur un psiys conquis , ils les
admii^iit volputiers dam> leur confédération. Ils juré-
.rent a que le duc et la ppincesse-abbesse conserveraient "
>^lq}i% souveraineté légitime et tous leurs revenus ; 1»*
^i pays , ses. libertés. Nous, citçy^s diî^ Zurich , Urî ,
» Schwyz et JHlit^rwaldep^ soutiendrons les droits de
» ceux de G^ris; nous , habitans de Glaris>, ferons tou-
» jours, ciuse commune , sans contradiction et sans .
^)xfraude^ avec nos confédérés I s'ils l'exigent, nous
» prendrons aussi par|mix alliances qu'ils ont faites ou
^^ qu'ils feront avec d'autres. Afin cpi'H ne naisse de
-iM cette confédération aucune injustice, aucun daQger
}) de guerre pour des Objets sans importance, nous,
» .Glarqnnais , sommés cofi^enus et promettons que, si
» les Confédérés jugent un de nos griefs peu équitable,
» nQus l'abandonnerons aussitôt. Si un de nous, kabi-
» tans de Gkris, enrôlait ou agissait contre nos confé-
>) dérés ou un de leurs cantons, les juges ordinaires de
i) notre pays lui infligeront ^une peine corporelle ; ses
n biens seront confisqués au profit dé tous lesConfédé-
}i rés. Si un différend s'élève entre Glaris et les Confé-
» dérés, en totalité ou en partie, des arbitres, assem-
» blés dans un lieu fixé ^^, le termineront à l'amiable ,
» ou prononceront suivant les loi^. Nous tous deipeure-
}) rons ainsi fidèlement unis à jamais. Les Glaronnais
» s'engagent à ne contracter alliance avec aucun sei-
» gneur ni aucun peuple, contre le gré de leurs confé-
» dérés. » Les Suisses n'exigeant des Glaronnais qu'une
amitié loyale, ceux-ci n'hésitèrent pas à sacrifier dans
^' Einsidten , quand le différend concerne tous les cantons; PfsfBkon,
qnand îl concerne Zurich ; Bergen , l^rcben et ;Srunnen , s'il «regarde
Scbwys, Uri do Untcibwaldcn.
III., û -
34 H197^IRE BE LA 8UK6E*
la traité d'alliance certàim droits dont tm parti putssastf;
aurait pu abuser.
Les aiiiances des aficions Suisses;^ comme leurs ac«-
dons en géaéral, ont ce csirafitèré remarquable^ qu^ ja--
mais dés circonstaiices peu essentielles n'i;f0t détourné
leurs yeux de la pensée de la liberté; Ipour çïLe ils sî^
erifiai^it l;out* Leur bon sens leur apprenait ee que
dans les siècles les plus éclairés trop souvent on oublié^
que dans la direction dé. toute affaire rien n^Bst d'jMUe
aussi haute importance que Tuy^bé de plan*.
Tandis que les sujets et les amis du duc assemblaienC
leurs forces y les Zuricois furentfaqujétés par des sol-
dats de Bàle^ de Strasbourg et de Fribourg enBrisgau^
jstationnés prés des p^ts. bains, devant la ville de Ba-
den^''^, Rodolphe Broun , chevalier, bourgmestfe, en-
treprit, avec environ quinze cents hommes**, de ohâ-*
4ier ce3 soldats avant qu'ils reçussent des renforts. H les
ih)uva instruits de tous ses mouveme^s et prêts à le re-*
cevoir. Le bourgmestre dest;endit la Limmdt , mina lé
gâteau de Freudei^U , non l^n dû passage de fat
âtille *^, retx^nta le loiig de la Reuss jusqu'à Birnien^
«td^ff ^^, et se dirigea sur Ta&twyl ; p^rickint ce temps
^''^esâemeat 2%0., Q(efen,Ht\onKâttig$ko0en,
^* Rahn. rfcAi^i n'en compté que iiêOt peol-étreRahn a-t-U ooimpric
- dans le nombre de 1500 lés. 150 dont Usera question plus bas. Kônigs-
ikoven exagère , en portant les fantassihs à 5000 et les cavaliers à 200.
Le eomb«t de Tttlwyl a eu Ueu dans les tout derniers jours de 1351;
nâdimcfkiftplQsiQata historiens ie placent à Ta date de IS&S , parée qu'ils
comptent U commencement de Tannée du 2^ décembre; Taffaire eut
. lieu te 26.
**' Passage non loin de Brodgg. ï'r^denau appartient à l'abbaye de
Séckingefi. Ck. par laqueUê Vakbe»$t Mnfitldû à Kfnigefefdàn^ 1355.
.TsehudL '\. \ '
^ to»;j/a\ouerie de l'église de Birmenstorff» ànàen ûef df la maisoa de
xaviB lu CHAP. iVp # 35
les mMI^Mg^ |»rëparé^ent à raUaquér mopinémeiit à
rentrée de la nuit. La seigneurie de Baden se compose de
plusieurs petites vailéeft ceintes de gracieuses coilines
et arrosées par k Limout^ la Renss^ l'Aar et par un
^pBmâ nombre de ruisseaux; des bois ombragent leurs
rivBs«^ Un dief vigilant^ au fait du terrain , instruit à
te^pB de ce qùf se passe , peut &cilanent et à son choix
ofecuper w|e bonne position. Mais k bourgmestre ne
Acutfaueun renseignement sur Burldiard d'I^erbach ,
le xh»î le plus considérable de l'armée ennemie , qui
^it rmu, aTec une infanterie nombreuse et une fc^'te
Qâiyileriey des bords de l'Âdige jusque dans cette con--
trée» La gamiscmxle Baden ainsi accrue forma un corps
d'armée de quatre mille hommes '^^ Les Zuricois ap-
prirent QCtte nourrie près de Tœtwyl y non loin de Ba«-
deoyt une heure ayant celle où ils devaient étire cernés
entré les collines et massacrés.
Dans ces tpnjonctures le bourgmestre, d'une pâleur
teertelle, trahissant par le trouble de sa physionomie
et de ses gestes l'agitation plus grande de soobâme,
parla ainsi à son domestique : a Notre situation ,
^> mon ami^ ne me platt nullement; j'ose à peine te
» le dire ; d'après toutes les circonstances, pas un seul
» peutrétre n'échappera. Je na tiens guère à la ^e;
» je périrais bien votontiers avec nos chers conci-
» toyens; mais alors , tu le sais , c'en serait fuit de
» Zurich sans* aucune ressource. Qui inspirera du
» courage ? Qui ordoimera les dispositions nécessai*-
♦) res?,.. Pour ce -qui me concerne,. •• je te conseille.,.
Habsbourg , fat conférée par ïlégensberg à la famille MuUer de Zurich ;
cetle-ci ravaît cédée âi Saint-Biaise. CA. iS47.
«H 3(^0 hommes de cava}eBJg|^06 hommes de Bioogg et de Baden ,
qui arrivèiént aussi en h&te i^^Booipris dans ce «ouabie.
36 m HISTOIRE DE LA^ SlhsSB*
» si tu penses comme moi..«. avec l'aide de IH6u..«^
» mais qu'on ne se doute de^ rien.... retournons en-r
» semble à Zurich. » Là dessus \m bourgmestjpe arri-
va sain et sauf à sa campagne de Schôn^werd^ dans
la plaine près de Schlieren. Le banneret Stucki et
Roger Manesse le cherchèrent^ mais pas long^temps..
Manesse, à cheyal^ s'élança à la tête des troupes
épouTantées . et les harangua. « Chers concitoyens ,
» l'ennemi est idt troi$ fois plus fort que nous, he
» sort de la patrie est aujourd'hui dans vos nugbas ;
» tout dépend de votre courage et de votre habileté.
» Mais nous ne sommes pas abandonnés. Tout "Zurich
» est en mouvement , nos concitoyens accourent à
» notre aide ; les Suisses s'avancent. C'est à caisse
» d'eux ^ pour les guider ^ que le conseil de guerre a
» envoyé à leur rencontre monsieur> le bourgmestre^
» qui connait si parfaitement la contrée; en attea-*-
»dant, il m'a confié le commandemeyiil en chef.
)) Allons; l'ennemi est proche ; combattez en hom-
».mes^; camarades > sauvons Zurich^ vous et moi! »
Ainsi parla, d'Un visage plein de- calme, Roger
Manesse, puis il donna pour mot d'ordre : « Ici
» Saint-Félix! ^^^ » et attendit l'ennemi.
De tous les côtés apparut ËUerbach , de tous \^
côtés il trouva les rangs serrés d'hommes de cœur.
On rapporte que Manesse opposa à l'attaque de la
cavalerie beaucoup de jumens prises à l'ennemi, ce
qui Qta aux chevaux leur ardeur martiale; aux cava-
liers le pouvoir de les ]gouverner. Il soutint, avec
, moins de quinze cents homme^ contré plus de quatre
A
>«> Saibt-Féii* partageait avec saiig|g|pule et sai&t Exupérantios Je
patronage de Zurich."
tiVRE !!• CHAP. IV. Sï
mille^ jùsqu à la null'^ un combat de trois heures. Là ^
Hôlzhalb et Rôust se battirent si yaillamment que
Zurich leur donna le droit de bourgeoisie, et que de
leurs deux familles sortirent bon nombre de succes-
seurs du bourgmestre ^®^. Le temps et la fatigue
ayant enfin épuisé toutes les forces de la petite troupe,
soudain sur les hautewps retentit ce cri : « Ici Zurich,
» ici S^nt^Félit ! » M anesse répéta ce cri et encoura-
g«i les siens ; l'ennemi' se prit à fuir. Cent cinquante
combdtargeôis de 2^rich , habitans des t villages dé
WoHrau, ïlichtenschwyl , WaBdischwyl et Pfseffikon,
ne sachant rien du combat , étaient venus par les
hauteurs pour iipnforcer l'armée; ils entendirent et
comprirent le mot d'ordre , et, forts de leur courage ,
toml^rent sur l'ennemi après le coucher du soleil, à
cette heur$ où chacun voyait et entendait ce que lui
suggérait l'espérahfce on ij^rainte. M anesse , par . sa
présence d'esprit, conserva plus des quatre cinquièmes
de ^a troupe ^^^; il repoussa l'ennemi jusqu'aux murs
de Biiden, et campa sur le champ de bataille. Le len-
demain m^tin à huit heures, il reprit le chemin de
Zurich ; devant la petite ville, il enterra les morts, puis
il déploya aux fenêtres de l'hôtel du gouvernement
six bannières conquises ^^^.
Le bourgmestre, très-effrayé de cette victoire, fut
**' Jacob et Hemnann Rônst, qui combattirent ici, étaient de Bran-
nen, ^ans le canton de Schwyz; on lenr doi^a le droit de bourgeoisie
en iS65. Hotting, Meth, iegendi, p. 612.
^^* Faber en porte le nombre à 500 ; cette circonstance me fait croire
qae le nombre trop faible de 40« dans Tschudi, est ane erremr de copie
(fEberbard Muller; avait-il mis .400? Ennemis tués : Ttehudi, 450;
Huiler, 50ii;Schodelet^ 700; JRoo, 600.
^ Les bannifer» d'EUerbach, de Baden, Leniboorg, Bremgarten,
Méllingen et Brongg.
88 HiSTOïKB rm- la «utisK*
ramène en pompe de ^ cîimp|^gQe à T^uriét^ par le
' peuple^ qui avait pris de force Id tennière de la vilfe,
et fut confirmé dans sa charge pour le reste de sa tie/
Il avait l'épandu le bruit e< que quelques grandacons-
» piraient contre les tribus; qulls voulaient faire rcn-
» trer d'honnêtes artisans sous l'alidenne tyraïuiiîe et
» le$ replonger dans im profbn4 mépris ; que pour cda
» Us méditaient sa mort et prétendaient aud^eieùse^
» ment qu'il avait flii. » De pKis ^rand» hommes n'oKl
plais su dans tous les instaixs d'une bataille mépriser
la mort 5 avant de s'être dit que l'héroléme était' une
néc^ské* Mais lomqu'on observe attentivement cet
homme, tel qu'il se dévdoppa d^annëe en annëadaiis
sa char^re, on perd presque toute envie d'excuser ce
qu'3 eut de bas en rappelant les faiblesses d'hommes
qui valaient mieux que lui. Le peuple , dont la voix
«st appelée la voix dé SAti , se laissa leurrer et lui
ixmâerva Taviorité* Mais Rcfger Manesse jouit d'une
econscieiice que fe peuplé ne peut ni donner ni ravir,
j^dant cent soixantOf^dix ans , chaque familte e&^
voyait irimuelleisttent un hdmtnis , en tx>ut cnvioroQ
quinze cents, en pèlerinage de Znridi à Ëinsidlai,
fNMir açoomi^ir le vâsu que les Zuricois; avaient fait
à la nouvelle de ce péril de lews çondtoyttis *®*i
Au printem}», avant que le duc fàt prêt, les Suisses
entrèrent dans l'Argovie, et brûlèrent en un jour
^^^ Bottin^r, H. E. H^lp. ^ h. a. Il se peut q}B^ f«66édemiQ0n| déjà,
Roger Manesse ne voulût pas de bkn au bouirglnestre. Dans la dépotiiùm
R. ii, Uenri Maaeuo éa Haidest avssi préfie&té en qo^que sorte «omme
suspect Roger Manesse n'y est pas indiqué parmi oe«s à qui ks exilés
en voulaient ie plus. Af^ès la mort de Broun , iji se reftisa si l<mg-tenip8
au paiement d'une dette contractée pat l'Etat, à bauae de hii, que les
oons^ et les 84M) durent Vy côntraiûdre fax k ineDaçmil dfl rorapfe tonte
relation avec lui. ProtoeoU municipal , 1374*
LIVRE II;. ÉHA1K. IV. 8$
Bëronmânater et sept villages. Plus de mille Autri-
chiens occupèrent la langue de terre entre le lac de
Zotig^ et celui des Waldstetlen^ pi^krent et brûlèrent
ILâBsnaeht *^'', Faulant^que cette troupe s'en retour^
aait chargée de butm y quaranter^deux Suisaes cher-^
chèrent à le leur enlever par line attaque subite ; dix^
sept furent tuës^ vingt -rdnq défendirent les cadavres*
et les armes ; ils lanc&[«etit à leurs nombreux ennemis
des regards pleins de fierté^ et cette audace les sauva ;
C^réUe ^fut si inconcevable aux Autrichiens, qu'ils
y virent le signe d'une ruse de guerre ; ils se retirèrent
en hâte avant qu'une troupe en embuscade ^ les
^tssaillit avec ajutage dans le d|^é dangereux entre
la L^^ze^et la*Reu3$9 et ne mit en péril les hommes
et le butin. D'après un usage '^^ des Waldstetten,
celui^qui fuyait devant l'ennemi était mis à mort, et
sa fAoille déshonorée jusqu'à la troisième généra-
tkm ^^^. Ho2^ des monarchies, la loi. maintient la dis-
cipline ; dans toute guerre la fuite est ignominieuse ,
mais chez les peuples qui se gouvernent eux-mêmes ,
la lâcheté perd tout : peut-être nos ancêtres ont-ils
prodigué le sang ; mais leurs troupes se battirent de
teMe sorte que, par un audacieux mépris de la mort,
elles se rendirent invincibles et conquirent la liberté
publique, une vie paisible et un nom glorieux. La
perte .près de Kûssnacht fut vengée par la destruction
»
*^^ Il est dSfficite de dire eomipeiit ils «q Tku'eiit U, ft mokis «foe ee
lieh ne fût lié à Scliwyc par un traité pkis ancien q«« oeloi de i4SI| , le
féal que l'oif connaisse.
, ^^^ La loi aikmanniquê portait .que celai qui al»aiidon|iaU son canta*
rade dans on ooniiMit devait loi pajaer (a so^une extraoMliiiaireaient ^octe
de i60 êoiidL Bdit. lÀndmibfog. , tex SS* ^
<^ Aik, de ppnHsIte; Chrom^ 1*84 ( Mso. |p
40 HISTDIRV' D^. bA SUISSE.
de Habsbourg sur le rocher de Rodi^nflu^ ^ au bord
du laç de Luceme.
Tandis que le^^oupes dès Waldstetten occupaient
Zurich y un débarquement des habitans de Zoug', près^
d'Arth^ fit senth* aux Schwyzois à quel danger cetts
YiUe^ place forte et ^n gardée à l'entrée de leurs
défilés 5 exposait lep* pays en l'absence de ses dé-
fenseurs* Zoug avait été bâti très-anciennement sous
les comtes de Lenzbourg^ ou sous leurs ancêtres, dans
une contrée fertile ^^^; de ce côté des montagnies,
cette ville est ime des dernières places^ fortifiées par
des ^rSy des tours et des fossés; les collines appar->-
tenaient à des barons ; beaucoup de métairies avaient
été données à l'abbaye d'Einsidien , d'autres 4l t^elles
de Luceme , de Béronmûnster , au couvenjf des reli-
gieuses de Zurich/ aux monastères de Cappeli de
Mouri et de Frauenthal. Les domaines seigrïeunaux
étaient administrés par un ammann ^^^ , la..cité par un
^^* Ce fat sans doute par le château silné aa-dessas de la .ville qne
commencèrent le défrichement et la population de la Marche de 2k>iig, à
laquelle se rattachèrent les métairies et châteaux moins considérables du
\oisinage.
*^' Les divers droits et la constitution des châteaux et des métairies
du pays méritent d'être exposés .d'après le droit d^Egerl, imprima dans
le Mmée sai$9e. L'Âujtriche y possédait un droit de bailliage; le bailli
tenait trois fois par an des assises avec tous les habitans qui possédaient
sept pieds carrés de terrain. Le seigneur exerçait dans des cercles déter-
minés la hante et la basse justice, retirait des contributions en avoine,
en poissons, en argent, et possédait des droits forestiers et de chassél.
Les habitans avaient pleine liberté d'aliéner leurs biens; quand il s'agis-
sait de petites propriétés, il sufiisait d'en annoncer la vente dans la voiç
publique; les plus grandes devaient préalablemait être offertes aux co-
propriétaires de la métairie^ puis auxgens du territoire de Zoug, d'Arth,
de Gbam et d'Einsidien , qui possédaient un droit de retrait) sur leur
rq^ seulement elles pouvaient être-vcndties à' des étrangers. Ils avaient
LIVRE H. CHAP. IVé 41
avoyer. L^agrieûkut'e fit .prosjiérer la ville et la cam-
pagne envirokmaate ; des gentilshommes éminéps' de-
viisure^t bourgeois de Zoug^^^j autour de l'enceinter
de^ murs et hors de la ville , au bord du lac , on bâtit
des maisons ^^. Au commenc^nent les paysans et les
V.
le droit de couper an bois dan» un certain arrondissement forestier;
à Wyl, un moulin et un pilon publics; diverses routes déterminées, un
pMuïage commun ; les pâttirages de Zoug et de V^yl , contigus l'an à
l'antre, n'étaient séparés par aucune clôture, en sorte que leurs troupeaux
pouvaient paître ensemble. Eins^dlen possédait le patronage de Tégliag
d'Egeri et qu^qoes contributions personnelles. Dépendans à certains
^rd$ de l'abbaye des religieuses de Zurich'^ les babitans devaient four-
nir annuellement à l'abbessc 30 truites rouges des lacs de la contrée; en
revanche ils étaient eiempts de tout péage à Zurich; La comnfune am
Berg, voisine de Mûnzingen, dépendait «vec Finstersée*de la métairie
de Kûheim, appartenant à Ëinsidlen, mais faisait partie de la paroisse de
Baar.'^aar appartenait presque exclusivement à son seigneur, cependant
l'église, les dîmes, les taxes et la justice à Blikendorf appartenaient à
l'abbaye de CappeU Sa juridiction , exercée à Deinikon , était amal-
g^^e avec celle de Uûnenberg , comme à N&beim la juridiction d'Ëin-
sidlén et celle de Saint-Biaise. L'abbesse des religieuses de Zurich était
dame de Gbam. Toute ccftfe combinaison se présente si peu sous le point
de vue de la souveraineté, et si exclusivement sons celui de l'économie
Ivraie, que le serment 'que les gensvde l'abbaye d'Ëinsidlen préta^nt an
bailli du courent avait la priorité sur le serment prêté à l'ammann de
Zoug. — (Voy. la dissertation citée^ n. 94 , probablement sortie de la
plume 'du savant et respectable ammann Kolin.) Voilà, voilà le bon vieux
»
tempà où. chaque seigneur et chaque citoyen avait soh droit et son devoir,
* et y tenait*
i^s Messires de Btlnenberg • dont le château, sur la Reuss, n'offre plus
que des ruines, possédaient des maisons dans la Ville. Ils étaient de beau-
coup les ^lus nobles seigneurs du pays; alliés par des droits de combour-
geoisie avec LuCéme , Berne , Zurich et Schaffhouse, ils avaient la haute
juridiction dans le manoir de leur famille ; les châteaux les plus impor*
tans appartenaient à leurs vassaux ou à leurs amis. A Buenas résidait
l'ancieiine noblesse de Hertenstein, seigneurs de Stans à Walchwyl. La
baute tour, dans la nouvelle ville, était habitéepar les barons de Wilden-
boarg et leurs héritiers, les seigneurs de Hallwyl. La toor existe encwe.
*^3 Trois mes principales, quelques autres plus petites , deux places
42 HISTOIRE tHE LA SUISSE.
bourgeois avaient les mêmes mœurs et les même»
droits ^réunis en une seule communauté^ où la'présé*
ance appartenait aux comtes et aux seigneurs, iba
jalousie ,- qui diirisak les. barons et les bourgoois ,
s'étant calmée peu-rà^peu , elie surgit entre les bour-*
geois et les paysans. Les Waldstetten trouvaient plus
d*aflFection chez les habilans. de la campagne , leurs
égaux , que chez les bourgeois; A l'époque où les
Suisses résolurent d'envahir cette coulrée , tout le
pays circonvoisin obéissait au duc ; il paraissait donc
rraisemblable qu'il défendrait aisément Z^ug^ ou le
reprendrait sans peine. Aussi sa garnison de. tireurs
étrangers^ strasbourgeois pour la plupart^ était û peu
nombreuse^ qu'on voyait bien qu'il ne redoutait au^
cune attaque ; elle suffisait pour inquiéter les voisins;
A l'approche des troupes suisses , les campagnards
des envircms de Zoug se joignirent à dies ; six cents
Zuricois; deux mille hommes des quatre Wajdstet-
ten se postèrent devant la ville. Ils déclarèrent. « qu'ils
» ne songeaient à priver ni le duc de sa souveraineté ,
» ni les citoyens de Zoug de leur constitution ; qu'ils
» ne voulaient qu'assurer la paix sur cette frontière ;
» qu'en se rendant , la ville consulterait son intérêt
» tout autant que le leur ; que si elle refusait de capi->
H tuler , elle aurait tout à craindre de leurs armes. » *
La ville, mal approvisionnée, probablement divisée
par des factions ^**, demanda et obtint un court ar-
demardbé, le qvaTlIer • im Dorf» (an village), lefanboargaamStad»
(ao rivag^) sont mentionnés dans le registre armuaire,
'** Sans cette eirconatance , ils n'auraient pas été forcés de se rendre ;
les Suisses n'entendaient rien à l'art des déges, et n'avaient point de mtf-
dnaes. Tosleeqni suit, Jusqu'à la fin du chapitre, vient è fappni de notre
conjecture.
»iol£l^* Ensmie') elle envoya HerAnann, tin des prisH
eijp^ux citoyens^ in si grftnde kàte yers le dnc^ qail
le ^aigûk en fort p^u de temps à Konigsfdden ; il lui
dît, i< que les bourgeo^ 4e Zoug> toujours fidèles ,
M maintepBàBt en gmnd dftnger^ le suppliaient de ne pas
'» les abandoEtaer, mai^ de leur enroyer un prompt
^) secours^ vu -que les Wflddstetteu les pressaient d*ime
• >^ manière vive et incessante, » Hernnaon montra une
«émotion profonde en parlant de la situation de sa patrie ;
le duc le regarda avec ua insultant mépris, ne Téoouta
guère, et s'entretint avec un fauconnier. Cette indiS^*
ference fit ikaitre U plus vive douleur dans l'âme de
fierrmai^x r il Ue s'étii eaeha point. A la fin le du<5 lui
dSIt : « Qu!il n'avait quà s*en retourner , que bientôt
f) font serait reconquis. >i A Touie de ces paroles , les
, ISougois ouvrirent les portes de la ville aux bannières
4ies*Coafédérés. Ceux-ci ajoutèrent au conseil ^ composé
de Hv^ze bourgeois , neuf membres de chacunt des
communes extérieures y soiis la pràsidence d'un am-*
mann. Le conseil et les Confédérés y réservant et con*«
firmaat la souveraineté et les revemis du duc^ jurèrent
l'alliance perpétuelle pour le maintien de lear lâtertë
et de leurs droits *'^.
Albert, au lieu d'entreprendre au sujet de Gkris
ou de Zoug une guerre dispendieuse et incertaine, con^
eut la pensée plus vaste, d'une expédition extraordi-
^^^ Le 28 juin. Voy. dans le Miuée suisse , 2* année , iO* cahier, des
TCDseîgnemens tirés des docamens sur l'état de Zoug à cette époque. On
voit dans VUrbariam de 1509 les droits que possédait l'Autriche : hante
et basse justice, dhnes, certains impôts fonciers; les contrâ)Utions pour
la pêêherîe paraissent incro7al)les, 1600 carpes, 6000 truKes rouges ; Il
5 a pedl-étre «rreur de copie dans les chiffres. Quand llmpôt s*éieTait à
lOO 1ivr«^ , la montagne de Zoug en payait 5â , le sol de Basr 46,
h
44 HISTOIRE DE L\ SlHSSB»
taâve avec toutes les troupes de ses alliés et de sesdô-
ipaines , pour soumettre les ■ Zuricois et priver ainsi k
Confédération suisse tout entière de sa force et de sa
gloire/ Dans ce but, il frappa d'un impôt extraordi-
naire et considérable ^^^ le produit des terres et des
ttoupeaux de tous les ordres religieuîf, de tous les
curés et de tous les étrangers domiciliés en Autriche.
En efifet, les actes odieux de son père, le roi Albert^ *
ayant humilié la noblesse et les États du pays , le duc
mit à profit leur patience, pour imposer tantôt des con-
tributions générales sur la fortune *^'', tantôt d'énor-
mes capitations ^^^. Dès cette époque les impôts devin-
rent plus fréquens. Les ancien» princes vivaient du
revenu de leurs terres et des dons offerts par les peu*
pies ; du reste chacun jouissait de la sûreté de sa per-^
sonne et de ses biens. A mesure que la noblesse per-
dit son influence, les nations furent plus fréquemment
obliJKes de payer des contributions extraordinaires,
afin de solder les troupes de leurs dominateurs, pour
des expéditions qui ne les intéressaient pas : peu à peu
le prince acquit sur toute propriété un pouvoir sans
bornes , à peu près inconciliable avec le maintien de
la prospérité sociale ; à la fin, chaque État fut considéré
comme une ferme , puis viqt notre siècle où les voies-
et moyens d'amener de l'argent dans le pays, et du
t<< « De lanieo unum aureum , de area dimidiom florennm. » CfAron.
ZwetL prias.
H7 « De omnibus snbstantiis , • deux fenins par livre. Chron. NtO'
barg, 13 43.
iis «De qnalibet persôna grossnm denarinm; exactio inhonesta et ioaa-
dita. • Chron. Mellic, 1336; de tous les paysans et paysannes, et même
des en fans noavean-nés sur les domaines da clergé. Ckron. 2kûetL prias,
1389.
« -«
v
iIiynE il. CHAP» IV. 45
pays- dans le trésor du prince , passeni pour le chef-
d'œuvre de la politique. Au tomps des premiers ducs
d'Autriche qui firent la guerre aux Suisses ; de pa-
reilles-'- expéditions coûtaient peu sous: un rapport,
c'est qu on n'avait point d'artillerie de campagne , et
qu'on ne se servait que de quelques machines de guerre
peu dispendieuses ; mais avant , et surtout jiprè^- là
grande peste de l'an treize cent quarante-neuf ^^^, la
solde était beaucoup plus^ élevée que maintenant ^^^.
L'accroissement de la populgtion^'^dans la plti{)art des
pays de l'Europe^ facilite d'autant plus les enrôlemens
que.deàos JQUrs le dernier des .paysSlns connaît des
besoins dont la eour du duc Albert n'avait aucun^
idée*^^ Quand i^n. considère^ d'un côté, la forte ^de,
mais qui formait alors presque toute la dépense mili-
taire, de Fàutre, les frais à peine croyables de nds
*^f Annal, Leobieni. ithB ; on y voit combien il fut difficile, pendant
plasieurs années, de se pr^finsfir des domestiques et des servantes.
^^^ On voit par un récépissé de Pierre de Goumoens , de ISA 7, qu'il lui
fut alloué pour lui et quatre compagnons d'armes et pour 212 jours de
garnison à Vesoul (du 7 février au 2. septembre), 390 livres de solde,
somme sur laquelle on lui paya 280 livres. D'après un autre document de
1354 un de mes amis (voy. ci-dessus n^ 58) a calculé que, dans les guer-
res d'Allemal^e, six hommes à casques et quarante fantassins coûtèrent
dans l'espace de sis mois mille et huit florins. Les gens du duc Eudes
de Bourgogne payent à Pierre de Goumoens, pour un cheval « moi^y
baucein» qu'il avait perdu à la gtterre, 850 petits florins, et 70 pour
deux « roncinsa .* Chartes de Messire Otion de Grandsfm et du duc Eudes ,
1347. Le comte Jean de Frobourg dut payer à Gûnther d'Eptingen, pour
la perte de quelques chevaux, trente marcs d'argent qu'il assigna sur le
péage de Wallenboui^, Brukner, p. 1443; il est ficheux qu'il ne cËse
pas de combien de chevaux c'était le prix.
• *** Le tabac , le café, le sucre.
'^Êktorey, morel, moreau, mourel, etc. en langue romane signifie mftoret noir, tannif ;
à&cein àaucent, bauçanU un petit cheval ; roncin, cheval "de selle pour domestique. CM.
46 HisxitMitË De la sei^.
«rmemens ,'qai ^ plias quç toutes l«s cwqué^ed ^t tiâHi
4es traités delpai^^ ont donne une Corme nouvelle à la
vie pid)lique de TEurope ^ il ne ^ut pas oublier qteé
la s(mime totale A% l'argent en eîreulftëoii dans lè^ Ëtatî»
po^ieés a pour te^doins dëçu(>lé depuis ta d^ouverte
éa NouTeau^-Mdnde. Si l'on réflédiit eh outre au peu
d'activité de l'indtstrîe ^ à la sittiation du commerce y
qui dédinaît plutôt qu'il ne prospérait dans ces côn*^
trées pendant le quators^iécaté siéole^ aux ménagemens
dont le pouvoir ma} afiei^i des princes devait u$er k
l'égard de Targent'de leurs sujets , on kt)uvera qu'au
milieu de tant dé|*ij^rres particulières les grandes ^x-^
)jéJ&ûonÈ étaiedt rares et duraient peu ^ parce que les
dépenses militaires étaient fort onéreuses pour Albert^
«t encore pluis pi^f^ktliciabïes au peiiiple que jie le sont
de nos jours les giuerres des puissaisces. Par là aussi
les conquêtes devenaient plus difficiles. Si' maiiïtenant
te système d^a politique générale a jAy^ de consistance^
elle est due moins au rapport enfefie les revenus publics
et les dépenses militaires, qu'aux relations fondée sur
une autre base encore et, réciproques entre quelques
puissances du prefiiier ordre ^ aussi peu disposées à
faire tout le mal -que tout le bien ^** qui est en leur
pouvoir.
Le duc ayant fait, pour dix ans^ avec l'empereut* Louis
de Bavière^ un accord au sujet d'un différend rdatif au
tluché de Carinthie, et arrangé un mariage entre leurs
eufans *^^, des renforts lui furent envoyés par Louis ,
électeur de Brandebourg et fils de l'Empereup, par h
*'* Ceci d'été écrit dans un (empsoù l'équilibre de l'Europe isiibsislàk
encore.
*" Charie , Baden, 10 acûl i&52 , dms S(e^erer. .
UVRB 11. CHAF« IV. 47
maison entière de Neucbâtel, par celle de Monifypi y
paLT leà comtes de Wurtemberg, Oettingen, Fûi*st6tib«rg,
Thierateinet Nelj^nboufgy par £b«rhard de Kibourg,
Berthpnd , Bàden et Hochberg ^ par les dncs d'Ur^lin*-
gen ^^* et de Tek > par cin^ évéqoes et vingt^ix cam«*
tes ëminena ; le bourgraye de Nuremberg ^ ami de
l'Empereur et le ^en, se trouTait, pour les forées mi*
litaires^ sur la même ligue que d'autres ; amec les deux
Friboui^^ avec Bàle ^ Stràsbouri^ et Schaffbouse^ mar*
cWrftut ^ous sa bannière , conformément aux .ti?aité^
d'aliianoëV les troupes de Berne ^^^^ BrIaoh> Eaben-^
b^y Weissembourgy les babitans de Langenfeerg^ de
Frutigen, de Laupen, du Hasli et ceux de Fayeme^ de
Morat ^^ et de SoJeure ^^% alliés dteBerams ; en Kmt
»■<» .
"^^ ^|hehâteaa d*Ursliitgen était déjà veildu; le deraiet duc moarat
dans la secoade ifioitié dtt qoatorrième siMê) Hiéritière înï mariée aa
dac F^rdmiid de Tek. . ^ ~
^*^ Thûrîng de Bràndfe, Jean d^Uviiigen , Jeao et Philippe de Kien»
HartmaBn et Gilff de Belp^ Conrad de Burgistein , Krambourg , Blaû-
keobbarg. Tschachtlan, Dans ces temps, chacun comptait comme homme
iDdépendant.
^^ Ces villes firent sans donte marcher dfs troupes à eanie de tant
relations avec Berne. En outre, le duc conclut dans ces mêmes jours
(0 juin) avec Âmédée YI, comte de Savoie, une alliance de dix ans^
dont la chitrie est rapportée pa^ Steyenr, Le comte flf engageait à fournir
anoaellexnent au doc deux cettU Cavaliers pour la solde usitée en Sonabe,
et, en cas de besoin, de l'aider fttec toute la cavalerie; «dvcatns Cha*
blay^i et etîam monarchiarttm ( ce mot ae trouve dans Steyererfians douta
pour marekiarum) Sabaudiâe, Waudi » Valesii , Gebennesii et intramon«
. lium (Ëntremont?). » La Savoie réserve l'Empereur et l'Ëmph^, l'arche*
Vj^ne etjK^nenr Jeayi. Yisconti, la Bourgogne, Montferrat, Berne,
Fribpurg , Soleurê et Bîenne , pour la durée de l'alliance de ces villes.
« Ap. $. Màrttiiiim éastmn». » Ekerhard HdUer mentionne donc avec
nison ales'lgeas du comte de Savoie. »
*i^ Krieg , ïM, p. 161. La plupart des seigneurs sont Geux<{ue THhudi
nomma àia ilatc de ÎAH ; les villes ne sopt ^ préeî^émcnt tps mémesv
48 HiatOptE PE LÀ SUISSB.
te tMB^ mille lantassios çt quatre mille lanciers ^^^. Le
duc avait, auprès de hii ses fils^ Rodolphe et Frédéric,
pour les accoutumer à la guerre d^ leur tendre jeu-
nesse ^^^. Il confia le commandement en chef au .comte
Eberhard dé Wurtemberg^ ^^^. Trois seçiaines après
l'alliance de Zoug ^ il assiégea Zurieh ; il transporta
son camp des. bords de la Glatt sur 4es hauteurs, près
de Hôngg ; les Zuricois gardaient leur ville ^ lea Con-
fédérés campaient derrière Je rempart, qui touche ^lu
'Zuricfiberg ^^^ i •. '
Les Autrichiens jetèrent un. pont sur la Limmat,
dans u|t bois ; mais les assiégés le rompiceot pendant
. la ntii.t au moyen d'un radeau qu'ils abandonnèrent au
courant. Cependmt l'ennemi trouva un gué, et envoya
chercher du fourrage daitf les environs de Friesea-
berg, entre la Limmat et la SihL Une sortie dâ^Lu-
cernois mit ce détachement en péril. On s!en aperçQt
* au camp de Hôqgg ; trois mille cavaliers passèrent \e
gué à la hâte , et coupèrent la retrake aux Lucemois ;
ceux-ci s*enfuirent avec perte vers la SihL L'armée
était mal approvisionnée ; bien qu'elle manquât de
fourrage sec , elle qc ménageait pas l'espérance que
*>' Noâ pas 100,000 , tomme on lit dans Chron, ZwetL po$leri§u: Le
nombre de 50,000 est lire de la chronique C^ Albert Mullett bailli im-
périal de Zurich, etdont' jSoo a fait dsage. Stumpfn'en porte le nombre
qu'à iO,ftOO d'après StSnigskoven ei JCbert de Strasbourg , qvà sjoalent
encore 2000 cavaliers. Ceux-ci ont-ils parlé des forces réelles, ceux-là
des forces annoncées?
*^ Gùllimann. Rodolphe était dans sa treiiième année, Rr^éric dans
sa sixième seulement.
*'<^ T9chudi,d*&iptbsKrieg, le.]iomme Egbert; SUbereUfin^Ul, p. 181 ,
le nomme Eberhard.
*** Eberhard Muller désigne des fetranchemens que^a loi et le ser-
ment obligeai^l^c défendre. Steyercr eslropie souventlof noms^^
:i
LITRE II. CHAP. IV. 49
lui présentait la campagne. La supériorité du nombre
n'offrait pas une grande ressource : de pareilles armées
étaient des monstres à plusieurs têtes luttant contre
des héros; elles ne s'accordaient que sur un points la
dissipation des subsistances; chacun de leurs soldats
eut j à armes égales^ vaincu presque chacun des nôtres ;
mais leur armée n'eût été épargnée que par la pitié de
nos armées. L'électeur de Brandebourg comprit que ces
lourdes masses étaient impuissantes contre l'union et
la constance des Suisses. Il offrit sa médiation au due
en qualité d'ami , aux Suisses par l'intermédiaire de
deux conseillers de confiance ^ en qualité de fils du roi
Louis ^ auquel ils avaient été fidèles ^ qui les aimait.
Le lendemain au point du jour , les Suisses ^ qui lui
avaient remis leurs propositions^ virent la contrée éva-
cuée ; il n'y restait que le camp des Bernois , à qui
une pareille retraite paraissait inconvenante ; ils se mi-
rent en route de jour; peu leur importait que le duc
triomphât ou non de Zurich.
Au commencement de septembre, les députés des deux
partis se réunirent à Luceme, en présence de l'électeur
de Brandebourg. La paix fut conclue dans les termes
suivans : « Tous les prisonniers seront remis en liberté^
» toutes les terres conquises ou reçues en gage seront
» rendues par les deux partis ^^^. Lucerne, Schwyz et
« Unterwalden reccomaissent les droits que le duc pos-
» séde^ et les redevances qu'il perçoit chez, eux; Zoug et
» Glaris lui prêtent légitime obéissance; il demeure^
» en revanche, leur ami. A l'avenir, les Confédérés ne
» formeront plus d'alliance avec des villeis et des pays
*^> Aussi ce que Sebwyz s'était japproprîé dans le territoire de Zoug*
auprès d'Ëgeri , cl Unterwaklen , dans TEntlibuch.
III. 4
50 HISTOIRE DB hk SUlSBfi,
Il de rAatriche^ Zurich et Luceme n'accorderont plus
Il le droit de bourgeoisie à des sujets autrichiens. Le
I) comte Jean sera remis en liberté; lui^ Rodolphe el
JD Godefroi jurent aux Zuric(ûs amitié et amnistie; ils
D feront prendre à la Marche et à Rapperschwyl le
^ même engagement. Le bailli^ le conseil et les bour-^
n geois de Lau£Genbourg jurent de ne jamais soutenir
j» le comte pour des actes contraires à ce serment;
» s'il le viole, le duc Albert fera causé commnne %vec
» les Zuricois contre lui. Tous les traités d'alliance,
» les franchises, les droits et coutumes sont réservés. »
Les Suisses, aussi bien que le duc Albert, acceptèrent
cette paix par un acte formel , qulls remirent à l'é-
lecteur de Brandebourg. Ces assurances solennelle-
ment données, le comte sortit d'une captivité qui avait
duré plus de deux ans et demi, après quoi les seize
étages furent renvoyés. Les Zuricois ne demandèrent
au comte aucune indemnité pour les frais; le duc exi-
gea de chaque otage neuf florins par mois^^^. Mes^
sire Ulrich de Bonstett^a avait été rendu à la liberté,
un an auparavant, par égard pour la prière de sa
mère octogénaire, Anne de Séon, ainsi qu'aux instan-
ces de Herrmann de Bonstetten, abbé de Saint-<jali,
d'Anoe de Bonstetten , religieuse de Zurich, et de ses
frères. Sa maison jouissait d'une si grande prospérité
que, bien qu'il supportât tous les frais, le duc,^celte
même année, emprunta de l'argent des Bonstetten «n
leur hypothéquant la ville de Winterihur. De cet U1--
lis £q loyt^ 1700 florinfli A^eord partieutier tt imian des conUês de
Rapperschwyl avec Zurich , avant Mattb. 1359. Lettre d'âtége des ^mê-
mes , dans laquelle ils assurent réconcilier avec la ville œnx de leurs
amis qui y sopt nommés. Avant Zacb. iS5t. Lear aeqtUtieàuni par Zo*
rich ; la juin 135G» ^
[«*»] LIVIIE II. CHAP. IV. 51
ricli éi iF Adélaïde Manesse, fille du chevalier vain**
quenr près de Tœtwyl, descendent les Bonstetten de
nos jours. -Telle fut l'issue de la guerre occasionnée
par le complot contre Zurich : Rodolphe Broun la con-
duisit d'abord avec cruauté, ensuite avec lâcheté ; le
duc y montra peu de dignité dans l«s négociations^
et fit, avec grand appareil, une expédition sans résul-*
tat , tandis que les Suisses, par leur conduite sur le
Rttûfetd, à T©twyt et à Kûssnacht, par leur justice
dans \êk 2#lance$ et leur modération dans la paix^ ont
légné à la postérité un souvenir irréprochable.
Dans l'hiver de cette glorieuse année ( 1 353), les dé-
putés d'Uri, de Schwyz et d'Unterwalden, dont les
armes avaient secouru les Bernois à Laupen, pour
sauver leur république attaquée par les grands Iwi-
rons, se réunirent ea diète, à Lucerne, avec leurs con-
fédérés, les Zuricois, les Lucernois, et les députés de
la ville de Bernef^et afin d'empêcher que cette cité ne
•fct, comme . l'été précèdent, forcée par quelque al-
liance particulière à marcher contre eux, ils admirent
le^ Bernois dans leur alliance perpétudle ***. « Les trois
» WaMstelten, iJîH Schwyz «t Unterwalden seront
n secourus par les Bernois où, quand et comme ils le
j|;dema?iide^nl^ suivant leurs besoins : de même les
» Walflstetteadéfendrofitt Berne, les botlrgeoîs de cette
» ville et tout ce qu'elle possède en fiefs, en hypothè-
» ques et en propriétés* IjCS troupes des Waldstetten
» passeront le mont Brunig et descendront dans la
*** Ce motî^ parait confoitne à*1a natore des choses et à la date'da
traité: le ressentîmj^t de quelques Unterwaidîens contre le baîlH de
Rmienb^ig , que Stetiler cite comme motif, n'éClàta qae plus tard en
inimitié déclarée. Si le traité d'alliance avait été fait à télte occasion ,
on y trouverait plas de traces de cette inimitié.
52 blSTOlRÉ DE LA SUISSE.
>} vallée d'Unteirséen ^ sans dédommagement; sS leur
» apparition ne suffît pas^ elles marcheront en avajpit, et
» les Bernois paieront à chaque homme'ungros tour^
» nois* Les guerres communes se feront à frais com*-
» muns; il ne sera rien payé dans l'Argovie^ de quel-*
» part que vienne la réquisition ^^^; il ne sera de même
)) rien payé, si un canton combat dans TOberland et
» que Fautre marche dans la plaine contre Tennemî
» du premier *^^. Nous Bernois promettons aux Zuri-
» cois et aux Lucemois de leur prêter secours à" la ré--
» quisition de nos communs confédérés» Nous,' citoyens
» de Zurich et de Lucerne, prenons rengagement par
» écrit, et promettons en toute loyauté et avec des
» sermens bien conditionnés que, si Berne est attaquée
)) et que les WaMstetten, appelés à êon secours, nous
» adressent le même appel, nous marcherons inconû"
» nent et à nos frais , pour défendre et secourir les
» Bernois, nos bons et anciens amis tout particuliers.
» Les Bernois en useront de même a notre égard. Si
» un différend s'élève entre les Waldstetten et Berne ,
>> une diète s'assemblera au .Kienholz ^^^. Si le plai-
n gnant est de Berne, il choisit dans le canton de Tac-
» çusé un sur^arbitre d'entre seize personnes désir
» gnées par le landammann; là où il n'y a point de
» landammann, les seize personnes sont proposées par
•
*'' Habsbourg commençait à être considéré comme on ennemi héré-
ditaire.
**' Dans ce cas chacun devait vivre aux dépens de l'ennemi. Le gros
tournois était moins une solde qu'un moyen de subsistance. Dans TO-
berland et llJechtland, partout peuplé de bourgeois externes, les sol-
dats des Waldstetten ne pouvaient pas vivre de pillage.
^*^ A l'extrémité supérieure du lac de Brienz; les torrens ont emporté
le village et le château. .
LIVRE II. CHAP. IV. 53
» la commune. Ensuite cliaque partie nomme deux ar-
»-bîtres, et ces cîïiq jugent sous serment, à Tamiable
» et selon le droit. Si le plaignant est des Waldstetten,
»'îl choisit pour sur-arbitre un conseiller de la ville
» de B^me. Cette alliance est conclue, sous réserve des
)> alliances plus anciennes, pour tous nos descendans,
» à perpétuité. »
^ Le duc, après avoir rendu les derniers honneurs à
Jeanne de Pfirt, son épouse, et Tavoîr pleurée^^*,
soïama les bourgeois de Zoug et les habitans de Glaris,
à l'cSBcasion de leur renouvellement d'hommage, de
renoncer à la Confédération suisse ; par là, les antiques
libertés, qu'il n'en haïssait que davantage, privées de
secours, auraient été à la merci de son caprice. Les
peuplades de cette époque, dont la conservation dé-
pendait de leurs propres armes, formaient entre elles
des alliances, quand les seigneurs les protégeaient mal
ou les opprimaient ; cet usage n'avait jamais été in-
terdit par labbaye de Séckingen à la population qui
s'était établie dans le pays de Glaris ; Zoug s'était vu
abandonné par le duc. Riche en fiefs et en domaines
héréditaires, ce prince n'était pas aussi puissant
que le seigneur d'un territoire non divisé j la situation
de ses domaines disséminait ses forces , et il lui man^
*'' Le Chron, Zwetlense prias rapporte ses fanéraîlles comme la cause
de la prompte conclusion dn traité. Si elle mourut le là novembre 1351,
la chronique confond la première et la seconde expédition. Mais comme
le duc Léopold naquit en 1551 (Ibid. p. 110), et que Jeanne mourut
en couches (Zwetl : « partum abortivit et cufh maxîma phrenesî oxtincla
esta), on pourrait être en doute sur Tannée de sa mort. Il est du reste
fort extraordinaire qu'après être accouchée heureusement à l'âge de
^quante ans , die lott ensuite morte en couches ; mais la chose paraît
hors de doute. Slâymrêr, p. 496.
J4 HISTOIRE DE LA «OTSSE. , [«358]
quait une arniëe permanente. Les Confédéré^ Jnaûdè^
rent à ceux de Zoug et de Glaris « que Valliasce ^er<*
» pëtuelle n'avait rescu aucune atteinte du traité de
n paix* » Ils répondirent en conséquence au '.due
« qu'ils lui jureraient obéissance conformécQ^t aux
» droits reconnus dans ce traité. » Le duc rejeta ce
serment. .Vers la Pentecôte ( 1 353 ), il se rendi% a«ec
sept caoïts chevaux auprès de l'Empereur, à Weitray -
dans cette entrevue*^® ainsi qu'à la diète de Worms, .
il se plaignit a\ix princes de l'Empire, de ce que 2^-^
rich et tous les Confédérés excitaient ses sujets à^eter
le trouble dans son gouvernen^nt. La nation alle-^
mande, qui n'a jamais été vaincue que par elle-
^léme**^, et qui, en Espagne, en France, en Angle-
terre, en Itafie , pays dont elle fit la conquête, vécut
long-temps libre, avait, au sein de la patine, supporté
le joug des Francs ; sous les rois et à côté d'eux^ quel*
ques grands administraient le pouvoir, auquel ailleurs
la communauté de tous les hommes libres avait une
plus grande part; quelques empereurs crsâgnant les
grands tirèrent les bourgeois de cet abaissement^ mais
ils furent dépouillés de la eouronne par dés princes
ecclésiastiques et séculiers; à cette époque, la cause de
la suprématie e^ de l'égalité avait suscit^^ entre les sei-
gneurs et les villes, une lutte intestine qui ternissait,
aux yeux des étrangers , l'éclat de l'Empire. Le duc
fut écouté, inspira de l'intérêt, et obtint des promesses
*^' ZvoetUnse prias ei poêterlus; Albert passa la nuit à Zwetl, et le
moine raconte que leur conversation eut pour objet « consîljia et auxilia
• contra Zurecenses. »
i4o Faute d'union, oonume non» Tavon» TU;ss.oa plutôt paoee qtie
ses gouvcmans séparèrent l^urs intérêts de ceux de U aatiom D. L. H.
UVRB II. GHAP. IV. 55
de secours; les Suisses , IcsZougoîs et les^-GIaronnais
ne tenaient leurs droits que de la nature ^^^
L'Ëntperetir* parcourant les pays yoj$ùi6 ^*^ , les
Siii^ses< lui envoyèrent à Zurich ^^^ leur message avec
toute8<«les chartes de l'alliance perpétuelle. L'examen
de ces documens prouva la nécessité et l'innocence de
la Confédéi^tion ; l'autorité légitime du duc n'en rece-
vait aucune atteinte. L'Empereur leur conseilla d'en-^
voyer de nouveau à Vienne l'assurance de leurs pacifi-*
que» disp^itions ^^^. Les Suisses le firent; mais le duc
ne répondit pas. fLe différend ne pouvait en effet être
terminé par des paroles : il s'agissait dioins de droits
seigneuriaux4)eu importans que des homes du pouvoir
souverain 9 sur lesquelles même un prince sage et un
bon peuple ont des opinions différentes cœnme leur
éducation^ leur rang et leur manière de vivre; ces
sortes de querelles.$e décident d'après l'usage que lé plus
prudent et le plus courageux sait faire des circonstan«-^
ces* Albert voulaSt afi'afiblir la ligue suisse^ afin de sou-*
mettre pen à peu ce pays.
Il imposa d'abord à son peuple une contribution plus
onéreuse que celui-ci Q'en avait jamais supporté , et
prit le dix pour cent du produit de tous les vignobles '^^;
chacun des impôts était alors d'autant plus fort que la
i*i Du moins on ne coimatt aucane charte cToetroi) en acrntant Yhh^
toire , on trouve ces mœurs et ces droits originairement chez toutes laa
tribus allemandes, on chez la plupart
**' U forma une ligue de 24 villes de la Souabe. GuUUmamu
**' Pendant ce séjour il confirma aux Zuricois le droit dé non evoeando\
Charte.
<** L'empereur confirma auni les dnrtes deifraadusesdeltSl* 1974,
t2S7, 1809. TfehiuU.
^^ Zwetlen»e potier, * ■ >
66 HISTOIRE DE LA SUISSE. [i»**]
simplicité de l'industrie ne permettait pas de les multi-
plier. Le duc requit ensuite tous les cheyaliers riches
et distingués^ et tous les seigneurs de l'Autriche inté-
rieure ^*^, et ordonna que dans les pays antérieurs les
hommes en état de porter les armes se tinssent prêts à
marcher en treize cent cinquante-quatre. Les réquisi-
toires furent si pressans et les enrôlemens si actifs
dans tout l'empire d'Allemagne, qu'on soupçonna que
son intention était bien moins de soumettre les vallées
suisses que d'étaler l'éclat de la puissance atitrichienne
aux yeux de l'Empire ^*'^.
L'Empereur étant venu pour la seconde fois à Zurich
vers la fête de Pâques (1 354), conformément à sa di-
gnité , il offrit aux deux parties son arbitrage. Le duc^
qui n'avait rien à perdre, puisque personne ne songeait
à lui rien enlever, l'accepta sans réserve ; les Confédérés
réservèrent leurs éternelles et saintes alliances. Plus on
blâma cette réserve^ plus ils y insistèrent. Emporté
par un mouvement d'impatience , l'Empereur déclara
« que leur alliance était nulle , que des membres de
» l'Empire ne pouvaient s*allier entr'eux sans le con-
» sentement du chef de l'Empire; qu'ils devaient décla-
» rer dans le terme de deux jours s'ils voulaient se sou-
» mettre à la sentence offerte. » Les députés des Suisses
tinrent conseil pour voir quel mal était le plus funeste,
la colère de l'Empereur ou la dissolution de l'alliance.
Après un sérieux examen, comme la cour impériale,
tous les serviteurs et les conseillers du duc d'Autriche,
tous les bourgeois et les campagnards, venus des vallées
«M ' « Quasi mille galeatos. '» ZwetL jpriuM.
^^^ Qnatre-TÎngt mille casques coaronnés, la plus grande armée qu'on
eût vue depuis bien des années. Hàgen.
LITRE H. CHAP. IV. 57
et des cantcwis de la Suisse , attendaient leur résohitiou
avec une vive impatience , ils envoyèrent au jour fixé
le bourgmestre^ au nom de toute la confédération de
leurs villes et de leurs cantons^ vers l'Empereur pour
lui déclarer « qu'ils étaient des hommes simples ^ igno*
» ranS en jurisprudence ; mais que ce qu'ils avaient
» juré ils le tiendraient ^^^ ». Aussitôt des réquisitoires
furent envoyés dans les principautés de tous les alliés
de l'Autriche, dans les États héréditaires de Charles IV,
dans le Palatinat du Rhin ^ dans la Marche de Brande-
bourg , à tous les seigneurs et à toutes les villes de la
Fraaconie et de la Souabe. L'Allemagne s'émut peu à
peu.
Cependant les Suisses offrirent au duc de racheter
les droits seigneuriaux et l'autorité qu'il possédait dans
leur pays j ils voulaient s'en rapporter à l'estimation
de l'Empereur. Mais celui-ci désirait les acquérir pour
l'Empire^ sans doute, suivant sa coutume , afin de les
vendre peu de. temps après avec avantage aux Confé-
dérés. ' Le duc , espérant se rendre maître de ces popu-
lations valeureuses, du passage du Saint-Gothàrd et de
toute cette importante frontière ^^^, n'écouta peint ces
propositions. A la fin de juin, les Suisses reçurent de
Katisbonne une déclaration de guerre ^^^ de l'Em-
*^^ Kdnigshoven, L'Empereur ne put pas leur faire prendre une autre
résolution.
**^ Albert ne possédait pas encore le Tyrol ; il n'exerçait que peu d'in-
fluence sur Gurwalcben; lltàlie était le thé&tre d'un grand nombre
d'expéditions; le Saint-Gothard était important pour les provinces anté-
rieures , entr* antres sous le rapport du commerce.
^^^ Ce document f ainsi que les autres 9enience$, traités et garanties,
mentionnés dads ce chapitre, ont été transcrits par Tselmâi, qu'il ne
faut pas confondre avec les chroniqueurs ordinaires.
58 HISTOIRE DB LA SUISSE»
pereor^ sous prétexte « qu'ils avaient refusé l'ai^
» bitrage offert par • lui , et que le duc avait ac-*
» cepté. » Peu de jours après , Farinée autrichienne-
passa la rivière de la'Glatt^ limite du comté de Ki-
bourg.
Le comte Jean de Habsbourg-Rapperschwyl, posses-
seur d'un vaste territoire, mais toujours coi|rt' d'ar-
gent ^^^, régnait sur de misérables kuttes bâties au inè-
lieu des décombres des villes et des châteaux* que le
bourgmestre avait ruinés ; il déclara qu'il ne prendrait
aucune part a la guerire. Il agit ainsi à l'instigation du
duc d'Autriche y qui eut tant de secrètes négociations
avec lui , que le comte, appauvri par la ruine de sa for^
tune précédente , lui vendit le coioaté de Rapperschwyl^
et partagea avec ses frères, Godefroi. et* Rodolphe,
l'héritage paternel ^^. Le deux août , à la tombée.de la
nuit , des troupes autrichiennes sortirent du camp de
la Glatt; elles passèrent auprès de Zurich , et remon-*
tèr^Qt le pays toute la nuic ; atl point du jour le comte
livra Rapperschwyl. Toute la population prêta serment
à l'Autriche. En hâte, et argent comptant , on rétablit
dans leur beauté et leur solidité les murs, le manoir,
la ville, qui s'étendit en larges rues depuis le château
jusqu'au lac. Par ce moyen, le {^lerinage d'Einsidlen^
la route commerciale 6t toutes les relations des Glaron-
<^ De là, la vent6 de sapartdfins le péage de FlÛ«ten , à Rodolphe,
son frère, en iS6i; son père le tenait, par héritage, de Vfemer de
Honbefg; de là aussi l'hypoithèque d'un revenn de M florins pour un
pfét de 550 florins , 1563.
*^^ Les chartes se trouvent dans Herrgâtt, Le domaine principal de Jean
^ait Laufleliboarg, de Rodolphe le Klekgaa, et de Crodefroi la Marche
antonr da rienx Rapperschwyl* Rotenboarg, duis le Sandgaa , fut hy-
polhéqné h Jean, {htillkmmn.
LIVRE n. CHAP. IV. 69
pais , des Zûrkois et des 4iabitan$ {le Schwyz dépen-
dirent de la volçntë du d«c ; comme comte de Kibôurg
et de Rapperschwyl ^ il environnait Zuriôh.
Tandis que des bords de la Glatt Albert menaçait la
ville ^ SIX mille hommes marchèrent de ftappèr«chwyl
contre lesTetfanchemens d'Obermeila/ battirent la gar*
nison^ forte de trois cents hommes^ à tel point qu'il
D en^survécut qu'un sixième , et s'emparèrent des re-
trafni^hemens* Ils ravagèrent de fond en c(^ble les jar-
dins fruitiers et l'excellent vignoble *^*i et*portèrent le
fer et le feu sur toutes les rives avoisinantes.
Trois semaines après ees.^véïiemens , on vit .paraître
l'Empereur avec de nombreuses troupes ^ levées en Bo-
hème ; Rodolphe ^ éleétdur du Palatinat ; presque^ à
contré-cœur^ l'électeur Louis de Brandebourg; Jean
Seon âtà Mûnsiogen , étèque de Baie ; Jean de Win-*
degk ^^*, évèque de Constance; Ulrich d» Metsch, évè*
que de Coire; les évêques de Bamberg^ de Wûrzlx)Ufg
et de Freysingen; le général atitrichieH comte £ber-«
hard de Wurtemberg; Jean de Habsbourg, si long-
temps prisonnier, et ses frères; beaucoup de comtes ^^
et de seigneurs^ et l'élite de vingt-trois villes voisines**^.
«^' Chran. ZtpetL Le vin était déjà très-bon. Fiteditr. ad 1335.
**^ On Widlach ; de la noblesse Schaff housoise. D'après Guillimarlh,
»
«bellator ^r^as. » Il fnt dans la saite traitreasement assassiné dans
«on hôtel épiscopal , à Constance, pendant qa'il sonpaît , 1555. Guler.
*^' Frédéric de Tokenboarg , \& maison de Montfort (Werdenberg*
Tcttnang , Sargans), Imer de Stràsberg, Eberbard de Kibourg-Berthood,
pierre d'Arbprg, etc.
>»• Nous ignorons si Berne fut surprise par cette guerre avec Texpira*
tion du traité que Jeanne avait négocié en 1A47» entre cetle lâlle ^
TÂUtricbe; ou bien si elle parut remplir un dev<^ envem rEœpSre,
qui était réservé dans l'alliance perpétuelle. Peut-être les Bernois pri-
60 HISTOIRE DC LA SUISSE.
Toutes ces forces passèrent la Glatt, joignirent le duc ,'
et campèrent devant Zurich ; dans la contrée de Hirs-
landen^ prés* du KaBferberg et dans la plaine de la
Spannweide *^'^, avec grand tumulte, ravageant le pays,
méprisant l'eilnemi; et en effet, quî^tre mille Confédérés
étaient assiégés par un pareil nombre de cavaliers à
casques, et par plus de quarante mille hommes d'autre
cavalerie et d'infanterie ^^^. Les assiégés faisaient de
fréquentes sorties, parce qu'ils ne craignaient rieii au-
tant que l'engourdissement de leur vigilance, et que
beaucoup d'entr'eux cherchaient l'occasion d'instruire
de l'origine de la guerre les connaissances qu'ils avaient
dans le camp ennemi. Ces entretiens firent naître dans
les esprits des Allemands dç sérieuses réflexions.
Ils avaient été requis , sous prétexte dé l'intérêt de
l'Empire , de marcher contre des rebelles déloyaux ;
or un siège long et dispendieux devait non-seulement
soumettre cette ville florissante a un prince, mais
établir en principe que les Etats de l'Empire n'avaient
pas le droit de s'allier entr'eux. Les villes n'avaient
aucune autre ressource contre la prépondérance des
seigneurs voisins ; l'Allemagne ne maintient sa consti-
tution que par des alliances ^^^. De notables bourgeois
de Zurich se répandaient sous divers prétextes dans
rent-ils volontiers part à cette expédition, afin d*avoir l'occasion de
contribuer à la paix.
*^^ Ils s'arrêtèrent an défilé , ravag&t'ent le territoire , passèrent dans la
partie sapérîeure par Hottingen et Fluntern , puis établirent leur camp
près de la Spannweide et an Lezigraben. E. MuLler,
^^^ Suivant l'usage des chroniqueurs , qui comptent les troupes par
centaines de mille hommes , Schodeler porte ici le nombre à 100, 000 , et
Hagen à 80,000 , si ce n'est pas une faute de copiste.
is> Des souverains entre eux , comme en 1785 , avec des puissances
étrangères , comme en 1562 et 16 SI.
UVRE U. CHAP. IV. 61
le camp et racontaient : « que les rapides progrès des
» comtes de Habsbourg, arrÎTés, par une formidable
» audace dans de continuelles expéditions , d'un faible
a commencement à une si grande puissance , n'étaient
» connus nulle part et de personne mieux que par eux
» et dans ce pays ; que, bien que le grand-père du duc
» fut à la solde de Zurich , il n'y avait pas plus de
» quatre-yingt-<lix ans , ces comtes avaient acquis et
» conservé Kibourg, Bade, Lenzbourg, le landgra-
» viat de Bourgogne , Lucerne , Fribourg , Arbourg ,
» Ffirt et Rapperschwyl , Béronmûnster , Einsidlen ,
» Séckingen avec Glaris, beaucoup de propriétés en
» Alsace et en Souabe , le Ëurgau , l'Autriche , la
» Styrie y. la Marche de Windisch , la Garniole , la
» Garinthie , et dans tous ces pays une puissance plus
» étendue que celle de leurs prédécesseurs; que d'états
» menacés ! que d'états attaqués! voire même les ber-*
» gers des Alpes I Pourquoi les princes , pourquoi les
» villes voulaient-ils les sacrifier, eux aussi, au duc,
a à l'insatiable ambition de Habsbourg ? » Sur une
haute tour parut l'aigle noir en champ d'or, bannière
de l'Empire romain, que Zurich arbora dans ce lieu,
en signe de fidélité et de liberté impériale. Au même
moment les envoyés des Confédérés, un grand nombre
de seigneui*s et de magistrats des villes se montrèrent
avec une vive agitation près de la tente de l'empe-
reur Charles, et demandèrent la paix en faveur de la
Suisse. Du côté opposé, le vieux duc d'Autriche ré-
sista de toutes ses forces. A la fin, l'Empereur déclara :
w qu'il estimait peu convenable qu'un Empereur fit la
» guerre à des peuples de l'Empire , contre le gré de
» la plupart des états impériaux ; que puisque les
» Allemands paraissaient approuver la réserve de la
62 BiSTOIRB DE LA SUISSE. [iS»]
» eonféd^rottidb perpéûielle des Suisses y il pe lui res^
» tait qu'à proncmcer le jugement. » Le leàdemain
toute Varmée impériale leva le camp ^^^ avec tant de
précipitation^et de désordre qu^on ignore lesquels fu--
feut les preHÛers y lesquels les derniers. L'embarras et
la confusion ordinaires furent augmentés pat les dispu-
tés sur le rang ; personne ne savait si le pas apparte-*
nait au duc, auteur de la guerre , aux Bohémiens,
sujets immédiats de rËmpereut y ou y selon Tantiqfue
usage, à la bannière de Saint-George dans les mains de
l'évêque de Constance. Cette guerre (nom peu conve-
nable pour un pareil voyage ^^^)y comme la plupart des
expéditions de l'Empire entier , entreprise avec beau-
coup d'éclat et.de pompe, conduite sans ^vigueur,
s'évanouit sans résultat.
JL'açnée suivante (1355), les Autrichiens et les
Suisses se livrerait des escarmouches^ avec des fortu-
nes diverses, se lassant et s'épuisant les uns les autres,
par suite de cette manière de guerroyer. Le comte
Ëberhard de Kibourg ouvrit aux Confédérés les mar-
chés do sa^eigneurie ^^^. Albert, voyant le décourage-
ment du pays-, obtint à prix d'argent quinze cents
homme^ dç cavalerie légère de Louis -le -Grand, roi
de Hongrie ^^^. Cette milice, dont l'origine dans le^
« %
. ^^ L'Empereur passa la Glatt le 30 on le Si âoftt; il leva le camp le
ik septembre. Comparei BuLUnger. Charles IV fit onsiftte en Italie ifno
expédition qui ne fut pas beaucoup {dus glorieuse.
^*^ Kjônigs/ioven disigne l'expédition par ce mot «lors usîté« et qui était
ici le mot propre dans son sens moderae.
*«* Traité de Berthoud , 1355. Tschudi.
•«* Ils vinrent sous Paul , fils de Lacsko. G*esL ce que rapporte Jean
ï'archi'diacre de KikaUew , dans Thw^'cs ; mais i| so trompe lorsqu'il
croit qu'ils s'emparèrent de ^rich.
laVRB II. CHAP. IV. 63
pkioe$.a&îatique8 remonte à la plus haute antiqpâité ^^^,
est excellente en Europe aux d^x côtés des monts
Krapacks ^^^ ; elle^combat ^ inattendue , dans tous les
endroits à la fois , prend soudain la fuite , triomphe
eo fuyant^ les fleuves ne Tarrètent pas ; la disette ne
peut la dompta ; elle est invincible quand elle n est
pas forcée de /aire régistanq^. Le bailli Albert de
Buchheiin la distribua tout autour de Zurich^ à Bap^
jerschwyl, Bremgarten, Bade, Régensberg et Win^
ter^liur. Elle Youlait piller , suirant son usage ; mais
Z^uricSF ayait de fortes murailles , les Suisses habitai^il
au sein des Alpes. Les Hongrois pillaient donc parfois
des villages autrichiens; ils*battaient les paysans ^ met*
taieot les seigneurs à contributioa ^ moissonnaioit ,
vendangeaient, enlevaient le bétail dans les pâturages^
et la farine dans les moulins ; ils comblèrent la misère
du pays ^^^. Toute la Thurgovie et l'Argovie^ nobles
et roturiers, riches et pauvres, unanimes, se hâtèrent
avec ou sans le duc leur seigneur, de faire la paix
avant qu'on ne les exterminât. Le duc réduit à céder,
eonsentit enfin dans Ratisbonne ^ en présence de l'Ëm-*
pereiir, à ce que ralliance perpétuelle fût réservée
dais le jugement-
Alors Charles IV envoya aux Suisses un modèle de
décoration qui pût tranquilliser le duc. |)es conseil-
lers autrichiens le présentèrent , non à une diète fé-
dérale^ mais à chaque canton» Rodolphe Broun con«-
*'^ Les Parthes la triuisplantërent des grandes plaines deJa Sâjtbie en
Perse ; la nature a enseigné cette manière de combattre dans les pays de
plaine , tels que la Sarmatie et la Numidîe.
*•* La Pologne et la Hongrie.
^* « Cea% de Zurich batailloient ( « batteltcnd , • dit Kânig^honen dans
son vieux allemand ) souveotefois avec la gcnt des ducs. •
64 HlS'TOIRB DB LX SUISSE.
voqua quelques c<»iseillers^ et signa au nom delà ville.
Les enToyés satisfaits se rendirent de Zurich à Zoug
et à Lucerne. Les habitans de Zong. observèrent les
gestes et les paroles des • conseillers autrichiens^ qui
croyaient toute dissimulation devant des Suisses un
artifice superflu de la prudence diplomatique. Les
Zougois soupçonnèrent fortement que quelque mot
astucieux dans le jugement impérial^ pourrait com«-
promettre l'alliance perpétuelle. Ils firent part de leur
crainte au landammann de Schwyz. Aussitôt ceux de
Schwyz écrivirent à Luceme, à Uri et à Unferwal-
deh^ « qu'on ne signât nulle part la sentence; mais que
» chaque canton nommât des députés qui se réuni--
» raient^ au nom de toute la Confédération ^ dans la
» ville de Zurich. » La diète assemblée^ Schwyz de-
manda qu'on lût ce que Zurich avait souscrit. « Ils
» rçnon^ceront aux terres , aux gens , aux villes , aux
^> châteaux et aux juridictions appartenant à nous ou
» aux nôtres » (c'est le duc Albert qui parle dans cet
acte ^^y ) i< et dont eux ou leurs confédérés se sont mis
» en possession » ( les conseillers du duc entendaient
par là l'annuHation de l'aJliance de Zoug et de Glaris);
« si les Confédérés s'y refusent, les Zuricois s'uniront
» à nous contre eux. Tout différend au sujet des droits
» qu'exerce la maison d'Autriche dans ses villes et
n dans ses Waldstetten sera décidé à Uznach ou à
» Unterséen par un juge qui ne sera pas un confédéré;
» le juge sera choisi entre trois Aulrichîens et autant
» de Zuricois , ou désigné par le sort entre les uns et
» les autres. Nous , duc Albert , promettons sur no-
**' VAsententede VEmperear, l'acte dont Albert demnnddiîiU signature
et la protestation des Zuricois se trouvent dans Tschudi»
«UVRB m CHAP. IV.* 65
n Ire honnir se^pura au^ Zuricok , si quelqu'un les
I inquiétait à ce ^ujet. Les alliances , les fraiichis^
i> et les droit$ sont r^;i^vés; mais ralliance^avéb leurs
y opnfédéréd ne ^it*|i€iat empêcher lés Zkiricois ^exé-r
» cuter ces articles. Tout contrevenant tombe dans la
» disg];;^ce impériale. » A ces mots tousries Confédérés
se lev^cent troublëis et indignés^ d,écl|r^nt hautegient :
« que#i ces paroles obseures faisaie^t^allhsiori^à leyrs
)) alliunces avec 2«oug, et «Glacis ^ TEmpereur )es avait
» trompés^ Nous reftjgotts -notre signature, dirçnt-ils.
» Quenlimà^fSLTêes^fF'aldsi^tten ? jamais Empereur
)> les 4-t-il cmquise» T^pifixsf^$^noiJiL9C ses serfs ? nos
» ancêtres i^'tint-îis pas accepté 1» protection d^l'Em-*.
» pire avec^jleine lîjjertë , en homjoïes litres,, d© lettr
» lil^e volonté? Sommes^nous les Waldstetten dû duc?
n II possèile'.àu milieu de ,nous des doms^inèsr^que nous
41 lui laissons } mais, nous , métis sommes libites ; nous
» i|^4:e connaissons d!au1f 6 loi que l'a nôtre, égale pour
n tou^ Ijibr^js^ serfs. N#u9avt)ns utie^amicale confiance
D d^n^ ûô^ cehCédérés. de Zurick ; pourquoi nous, Gon-
» £édër& > ne soii^mes^noi^ pas touB estimés jégaux ?
» Pamliwi nos propriétés dhns nos vallées ressorti^
yi raîent-eltes à yio j^ge que les Zuricois, de. concert
)) sryecrrAjiiLtriplief préflÉîhdeni établir sans nous sur
*) nos intéî'étS''? Notre Confédération , qui fait notre
» bonlieur t^t notre gloire, n'a -t* elle pas obtenu,
>ril^,n*y a pas plus de quatre ans , dans notre alliance
» perpétuelle ," la préférence sur tous les engagemens
» à ^enir et epvers des étrangers»? Sans cela comment
» TallianCé pourrait-elte êfre éternelle ? » Ainsi par-
lèrent-ils, pleins de colère, pleins de douleur, te
bourgmestre répondit : «Qu'il était entièrement innc-
» cent de cette méprise ; qu'à leur arrivée les envoyés
m. 5
66 HISTOIRE DE IiA SUrSSB. [tssej
» autrichiens avaient été fool; prestes y )k cause d'un
>ji grand nombre d'autre^s affaires importantes^; que^ ne
» voulant pÂs les retarder^ il avait signé de bonne foi>
» sans souj^çou; suivant sa coutume ; qu'il fallait a^mbr
); bonne espérance ; qu'il fallait y dans l'intérêt de la
» paix y chercher un moyen de conciliation ; qu'on
» pourrait envoyer une députation à l'Empereur pour
» lui e^^poser amicalement l'état des choses ; -que la
» ville ne pouvait guère annuler sa signature^ mais
» que cela ne nuirait point à leinr amitié y qu'ik con-
» tinueraient à vivre unis et en Ixms coofédéi^és. » En-
fin les ConfédéWs conviurtot d'^expédîer sur-le^hamp
un courrier à l'Empereur pour lui demai^der une expU-
catioii. Ii'Emperçur se trouvait en Morî^ie j il promit
de chercher les documens. LcB Suisses attendirent im-«
patiemment sa réponse ju^u'au mois de juillet de
Tannée suivante le».
L'attente lès aigtit (1356); il* étaient fermement
résolus de triompher par la douceur ou par les armes ;
dans l'intervalle, les Zùricois firent, par l'intermédiaire
d'Albert de Buchheim, une nouvelle alliance avec TAu-
triche*^^, se promettant mutuellement secours dans une
circonscription beaucoup plus considérable que celle que
fixait l'alliance éternelle ; ses tîmitesr étaient le Rhône^
le Jura , le comté de Bourgogne , le Wasgau , la vallée
de Kinzig , Rothwyl , FArlenberg et le Septimer dans
*«• On voit comment l'affaire fut considérée en Âatrîehe , en lisant
dans c/iron. %DetL poster, (fae les Znrîcois « Alberto concîliantar ita , ut
sabdantor ei quasi proprii » ; c'est' ainsi qu'en jugèrent lès Confédérés.
t09 Ou bien ils renouvelèrent celle de 1550 ; mais les temps étaient
changés. L'Autriche réserva l'Empereur et l'Empire , la Lorraine , l'évé-
que de Bàle , la Savoie , le Wurtemberg, Berne et Soleure, Zurich réser-
va l'Empereur et l'EDiplre, lc« Confédérés, ScbafFbouse.
UVAB U. GHAI^ IV. 67
les Grkom. Ils laissèrent au baillî autridbîeu k déci^
sîoi^ des cas où leur secours serait dû. Us réservèrent
à la véritj^ leurs confédérés ; maïs, après avoir juré
.cinq, ans aH{)aravant de donner à ralliance perpétuel^
la p)c*éë»ijtK9ice sur loutes leurs obligations futures, ils
avaient signé Tannée^ dernière que leurs obligations
«ivers le duc auraient le pas sur k Confédénation.
Lorsque dana une çonfédérsition de beaucoup de
villes et de cantons , les uns s'adonnent aux armes,
les autres à l'agriculture et d'autres encore au négoce,
au miHeu de la lutte <bB$ intérêts pair ticuliers, chacun
écoute la sien, comme firent alors Iqs Zuricois en con-
tractant de semblables alUiiiices utiles ài'leur .commerce.
En toute justice, aucua canton de^la Confédération
Suisse n'aurait dû former une alliance sans la sanc-
•4
tion de k diète à k pluralité des voix. Les profits com-
xnerckux sont bien moins avantageux, en effet, que
la sollicitude générale, poqr le maintien du pacte : les
rois ont besoin d'argenC pouf solder leurs troupes;
les Suisise» combattent po^àr leur pa'trie, et n'ont
besoin ^e de vivres. Sans doute l'annulation de
toute» lés alliances particulières ou leur extension à
tout^i^ la Suisse , seraiti^préjudiciable à bien des can-
tons ; mais si la Gonfédératioû,. dans ses relations exté-.
ligures, veut agir avgc éiaergie et dignité, il importe
aiiyourdluii, bien phis encore qu'au temps de Rodol-
phe Broun, que ^ns les cantons s'accordent pour ne
f<H»m^ dans leurs affaires qviune seule nation *''®. Un
Etat, cwime un partictflier, s'il çst jaloux de son in-
dépendance, doit faire à cette qpble pensée le fréquent
^1} M ème ponrl'avantagë dn conmieroe; cf est parce qoe cette condition
n^est pas reii^)I|e que Jes libertés coipmeFciales ou les anciennes tradi-
tion9"«e perdent de pkn en p)il9« .
68 HISTOIlfi DB LA SUISSE.
et douloureux sacrifice de ses penchans les plus chers
et de ses avautajges particuliers. Celui qui n'en a pas
fe Tolonté ou la force perd la liberté , parce qu'jl: a^ la
mérite .pas ou qu'il est trop faible pour la posséder ^'^K
A la fin^ Charles lY fit la dédaratioa suivante :
« Que les Suisses cessent de confiidérer Zoug et Glaris
» comme cantons confédérés^ ou qu'ils s'^attendeat à
» la disgrâce de l'Em^i^reur et à k gùer^^e* >) Les Con-
fédérés assemblèrent aussitôt une diète à Lucerne.
c ■
Bans cette grave çipconstanee^ d'un intérêt universel, .
Zuricj;^ resta, neutre. Mais St^hwyz dit : « Raclons la
» sentence, et repgsons-nous dés suites sur Dieu et sur
» nos bras*» » Ltcerne, Uri et Untef\y^lden calmèrent
Schwyz. Us convinreqit « de ne point accepter la sen-
>i tence à moins qtte l'expression, dxpis,ses fValdslet'-
n teriy né fut supprimée et ralliancé 4e Glaris et de
» Zoug confirmée, a» Lorsque Albert de Buch^eim,
Ijailli autrichien de la coutr^p vpisine , eiscige» des Zqu-
gois et des Glaronçais te serioeot d'hommage, ils ré-
pondirent ; « *Si le duc confirme notre alUauœ ott %i
» les Confédérés y reaoncent, nous saurons quel ser-
i) ment prêter, v) Le seigneur de Buchheim les me-
naça; ils eurent peur. Qu^qd l|i*HouyeUe en par^mt à
Schwyz, la coiùmvne décida .« -que personne ne' savait
» ce que fers^t le duc, ttâi$ <|u'ènx, Sdiwyzoîs, savaient
» quWe alliance étemellçr ayait été jurée auip Zopgpîs.
» et aux Glaronnais, ^u^ils la mfei^tiendrarent' avec
» tous les Confédérés, oiï seuls; » Là-dessus, ils aci-
voyérent à Lucerne, IJri et Unterwalde&, et ipequi^eut
^7/€ecî a été éerit lorsque entre les paissaBCet voisines 'siibsktait^ncore
l'équilibre -qui laissait à là -Suisse sa libre volonté; s'il se .rélabiissalj^ . il
serait encore utile à la Suisse ou ^^ d'autres confédérations qui se {(^'uie-
raient, çà et \ï > dans de&pirconslancQS ^s favoràdèa. « ' ••
[*"«] LIVRE JU CHAP. IV i ' 69
leur coftcotirs; ces cantons parurent plus lents à è'é-
mouvoir^ La circons^ctiôn avant, la célérité après la
résolution; voilà la véritable prudence. L'es homm^sf de
Schwyz seliâtérent de marcher scius la banmère natio-
nale de leur» pères, te dirigèrent sur Glaris et sur
Zoug, eK3cupèrent ces lieux, en leur n^ et*au nom de
leurs confédérés, échangèrent ujgt sei^ment, renforcè-
rent leurs alliés, puis rentrèrent dans leur pay^s, sans
crainte, joyeux, à la manière de vmillans gujerriers..
Le seigneuf* de Buchheim voyant *q\i^l n^obtenait
ffen par Is^ rùse,*^qu'il n*emportait rieh parla force,
se tint coi. Alors un*grîind nombre de villea et de
s^gpfieuirs, surtout Pierre, 4)aron de Thorberg, l'uh des
principaiîx gouverneurs de' l'Autriche antérieure, ilé^
gocièrent un'' armistice. Le duc Albert succombait àe
plus en plus à 1^ gcnitte. Des députée de Zurich s'étant
r^a4us 4 Vienne ^'^ ^v»c Albert de ISuchheim, Rodol-
phe, ^s aîné dudub^ défendit de mentionnejr devant son
père.'les affaires de la Suisse : le découragement, la
douleur et Timpatiencfe rendaient sa vie chaque jcair
phiâ pénible àlui-mçme.et aux autres. Ils apprirent
de l'ambassadeur impérial à la cwr d'Autriche que
l'ESqf^ereur n'aidait pas v^oulu refuser au due de leur
écrire sa lettre sévère* Bans ta soixante-dixième an-
néç de son âgé (1358)^ cinquante ans après l'assassi*
nât de son père, mourut le*>du<5 Albert; aussitôt ses
conseillers furent éloignés de r^administratipu ^'^^.
On seiait tenté de plaindjre Rodolphe Broun , de ce
qu^près avoir obtenu de la Confédération Suisse une
*^^ 0Q%€au9e de rallianceti. 109, ou po^ obtenir, d'après la décision
de l^urs confédérés, dltels chagtgeniens dans la ch. n. 167 qne tous pus-
sent la signer.
^^ ZtoetL poiter. 1859.
70 HISTOIRE M LA SUISâB.
alliâdce défensive èi perpétuelle eiî faveur de^sa vîHe,
haïe^ abandonnée et inenacée devrais la destruction de
Rapperscfiwyt, il vécut assez pour apposer à •cd,te al-
liance manquée avec l'Autriche sa malencontreuse
signature. Mais il avait juré sc^rètementtiux dttcs « de
» se dévouer dqf*ant sa vie à eux et à leurs agfens.; de
>) détourner d'euxy jpr ses conseils et ses actions, tout
» dommage, et de concourir à leurs succès; de leur
» être sincèrement fidèle envers et contre tous, l'Em-^
w përeur, Zurich et les Confédérés exceptés, toutefois
>) avec la réserve qu'il ne se laisserait pa^ détoûrftéir
» par là Confédération de donner suite à la sentence
» impériale; il jura en outre d'snder la maison #Au-
» triche de ses conseils selon ses lumières^ et de garder
» le secret, j» Une pension de cent florins, mille flo-
rins payables en dix ans sur la conûdribution de là Saint--
Martin, imposée au pays de Griaris , une place dasis le
conseil seci^çt d'Autriche, et 4a protection des ducs lu-
rent le pyix de cet engagement du bourgmestre*'^*.
Environ un an après avoir signé ce nouveau docu-
ment de son caractère, *Broujj mourut ^''^ ;-ai considé-
ration de ses talaoïs et de l'heureuse direction des
affaires <ie sa ville, la postérité lui aurait accordé une
•place à coté d'hommes plus respectables,' si, par une
-basse ambition, il n'avait pas préféré son ,crédk per-
sonnel à la véritable gloire*''^.
*^* Cette eh. non encore impsimée est de la Séînt-Mîcfael 1359; les
'florins sont en monnaie de Florence; à l'occasion de la peosi'on,'1Ij6st
dit qu'elle est accordée pour les services rendu» au duc par Broun.
17& Le iS octobre 1360. il est enterré dans Valise de Sain^Pienre.
^^* Le mot crédit est employé dans c^ sens pat les Suisses poiir cetle
sorte de considération en vertu de laquelle un magistrat peat beanooiqp
pour loi-même ou ponrles siens. Qoant à Broan» il parait que d^pnis
UVRE II. CHAP. IV. 71
Qa sait q«ei sort il prépara au précédant gouveme-
9ieot et aux familles des ani^iens msigtstratS; quelle
moç^ il fit subir à un grand nombre de «es eonci-
myens ; 6n connaît son audace à Rapperschwyl, à. TsBt-
wyl sa couardise, puis, encore sa trahison envers les
Suisses, qu'il vendit après les avoir impliqués dans de
périlleuses guerres; mais oa ignore s il obtint un au-»
tre firix de ses actes que les reproches de sa conscience
et eût la postérité. Il ton^a dans une telle obscurité
pejiikint ses dernières années, cpxe beaucoup d'écri-*
vains, ne pouvant découvrir la date de sa motrt. Tout
recul^ de quinze ans '''''• Dans celte supposition, le
Je jfmr où il prît la-fuitls à Taetwyl, il perdit de plqs en plus âans»ropi-
nîon des Zurlcois ; raffairc de la signature le rendit aussi impopulaire ;
peut-être chercba-t-il alors des appuis étrangers. Aralùs remporte sur
Broon , en ce que les ennemis de la liberté ont été réduits à l'empoison-
ner. stsLa comparaison est d'autant moins juste qu*Anitu9 n'incorporait à
la Ligue Achéenne les yiHes et les peuples que pofir en faire des alliés,
des citoyens et dm frères. Si vingt et une fois il fut placé à la tête de la
Ligne , il le dut aux s«i&ages de ses égwx , et s'il fut obligé de recourir
Il la dangereose assbiance des Macédoniens , c'est qu'elle seule pouvait
la sauver momentanément. Il avait aussi pour ennemis mortels le^ privi-
légiés ^ Péloponèse qui voulaient 4)erpéluer les abus et abhorraient
réalité comme çbez nous. D. L. H.ssM. te professeur Hottinger, conti-
nuatec^ de Muller et de (rloatZ'Plozhaim , vient de faire sur Rodolphe
iSloan un travail tout nouveau, pnbUé dans tin journal* historique
dont le ^romiex} numéro a para à>Bale. G. M.
*J^ JL Clf« FUfiiiin, malgré l'étude qu'il avait faîte des documens, par-
tageait cette opinion ; voy. sa Géographie, t. m. préf. p. 36. Leu, article
0Ê0un, fixe commeceriaine la date de sa mort au premier octobre 1375 ,
et ajoute qu'ilifi'étajt démis de sa el^rge eal3Si. Mais ces assertions sont
réfutées par la C^Hedel36i que aite Heas dans son Histoire de l'église de
Si'Fierre à Zurich, p*. A4; le prévôt Brouno Broun et son frère Herdégen,
fils du iUburgmestre ^Albert fils d'Urieh , leur tuteur et cousin ainsi que
de leur frèraiEberbard Broun, «bevalier, vendent à l'hôpital, pour &,500
fiqrins, le» prairie^ de l'ijlbesse, auxquelles était attaché le patronage de
Saint-Pierre. Ce fait est dédsif ; mais il rend 'en même temps probable
73 HISTOIEE DB LA SUISSH.
bQurgmestre eût pu voir encore ses fils et sa femme
bannis de Zurich et à& toute la Confédération^ pour
d'horribles crimes ^^^-
Réding^ au temps de la bataille de Moi^arten^ Er-
lach prés de Laupen^ sauTérwt chacun son peuple
dans des heures . décisives. Si ja ]i|)crté générale se
consolida^ si Théroîsme suisse brilla aux yeux dé tous,
les états de TEmpire^ si la ligue des quatre Waldtftet-
ten devint la base d u^e confédération de htiita^can-
tons^ sur laquelle se fonda dans les siècles siiivaiis la
constitution actuelle de la Suisse, on le doit aux entre-
prises de Rodolphe Broun. Rarement rhistoiri| nous
montre la g\pire de Thomme influent unie à la gloire
de rhomme vertueux, et les plus grandes ckoses nais--
sent de causes imprévues, afin que les nations siap-
prennent que la balance de leur destinée n'est pas dans
une main mortelle. Cette peasée enlève à la paresse,
dévotieuse "la liberté et la victoire ^'^^y aveugle les
peuples barbares sur les causes de leur décadence *^^^.
et inspiice aux grands» hommes et aux. peuples intellW
gens' ^^^ une vive-présence d'esprit dans leurs conseils^
et pour Téxécution une confiance triomphante»
■ m
que le bourgmestre ne laissa pa&.ses affaires dans un éCat bien florissant ,
puisque ses hériliers durent vendre un jojau si pr^ieux* «%
1^^ Cette histoire est racontée au chapitre suivant.
^^' Les Protestans du aeizîème siècle en ont souvent fait rejfpérîefice ;
c'est ainsi que Constance a perdu sa liberté impériale. ^
**• Gomme les Tnrcs. •
^*^ Tels que le roi David, Rome, Scipion TAfricaîn l'ancien,^ même
Sylla et César.
UVRE II. CflAP. V. 73
00<>O00OCKXX><X>0OC>O<KXX>C><X>CK^^
CHAPITRE V.
nSTQIRE BT BfQEOR» DE LA. «^SSÊ HT BlS ?AY9 VOISINS,
DUKANV LAA.PAIX DE TBORE^EC,
Nature de Tàffianee. — (Ssi^ati devient Suisse. — ^iRtiiiitfan âm
Waldstelten. — Crinies de la famille Broun. -^ La charte du
- Pfaffénbrief* — Rînkenberg et Brienz; TOberiand enf[ëQéi*al. — ^
ÉvénemeBS de Zurich et de Berne; guerre de Aienni^. «— L*abbé
de Saint-Gall ; la Haute-Rhétie ; la frontière italienne; le Vilais.--»
Xe Pays-de-Vaud ; le Vicariat impérial de Savoie , Genève, 9io«,
Lausanne; constitution deLauMHine. — La n^ison de Neufchâ-
tel. — L'évéque et la ville de Bàl» •--- \e gram^ trembleneat
de l0tTe. — Etat des choses ddoS" VAùtrîche.antërieiire; le 'fyrol;
Scbafl^ouse. — Lavinaîftoa d'Atttii^ch^ elle-même. — ^.L'archidttc
Rodolphe ; Albert et Léopold. -^ Cervola. — Coucy ( Entlibuch ,
Frâobrunnen). -7- Guerre de Kibourg ( Héritage de Rpdolphe
de Nid^u^ conspira^n à Soleure; troubles à Berne).
" [1858 — 1S85.}
Les treîVWaldjtetten^ Sohw.y»^ iJri et tlnterwalden,
dont l'^itUance remonte aux. temps antique de leur
commune origine^ àif du moins s*est formée avant
que ie&.hafbita!iiis'a|>wîsse(it à écrird leurs pensées et
à «onservér feurs chartes; véritable vieille Suisse, où
se Vouw le Grûljyi^ qui combattit à Morgarten et.
dMina 93n.anisuice perpétuelle av^ autres cantons^ ces
74 HISTOIRE DE LA SU18SE.
W^dstettM seules ^ ont formé une confédération a^ec
tous s avec Lu^ier^e^ qu'elles sduii^èreut de Voj^re^sj^^;
avec Berne, qu'elles secoururent volontairement dans
un péril extrême; avec Zu^ich^J dont elles prirent en
main la cause abandonnée; avec Zoug et Glaris, qu'elles
con<|uirent afin que les habitans de ces deux pays
devinssent à jamaiâf des liommes libre^tJeurs ainid»
Il n'y avait ^ajKuae alliance fntrèks^Glatonnaie^et
Lucerne, aucun paèteimmédUâteiifo*e Berne ^ Luce^rne
et Zurich ; nulle obl%atiOTi ne lidt fes Bemoîa à Glàris
ai à Zoug; les trois Waldstetten furent et demeurèrent
là j^erre angulaiî<e de l'édifice. L'âme de toute l'aHiance
4taîi^}a Hlierté; cç n'est que pour .la défendre que
la Confédération Suisse a formé jusqu'à nos jours
uije puissance unique ; dans chaque canton , la rô-
prêm^ autorité pouvait tout ce que lui attribuait la
copstitution ; chaque citoyen, chaque paysan; ce que
im permettaient les tradilionft des aïeux et les loiade
la natqre. - .'
Lés hommes d'Urî , derS^wyz et d'Unterwald^i ,
ainsi que leurs confédérés de Lùcerne, admirent dans
leur alliance étemelle une commune debergfers, rive-
raine^ de fcurJac, et nommée Ger^au. De toute anti-
quité 'les habitans de Gcsrsau faisaient paître leurs
troupeaux dgafts les pâturages du eo«bvait de Mouri^ ,
sur le Rigi, BÈÈaitagne élevée , mais accessible. Qi«and
elle était couverte d«%eige, la plupart dé ces bergers
descendaient '^ur les b(^ds du lac dpîi Walds^tten,
habita des <^hanes de hms qu'ils avaient bâties près
. ■ . • • . '
^ L'a^e'^aUlancejée %:Zb9 les appdle^-paroîssîeift, parce que ^de-
meurant dàng-les moûtagnes, plus disséminés encore qu'aujeard'hui,
Téglise était leur principal centrede réunion* * ^
* jttfaMutenstdàsiMÊBfleèirgt. ♦ •■ *
LITRE II. CKA^P, V. 75
de PégKse ck Saiirtr-MaraBl^ sur le peu de terre amenée;
par'iie$ phiies du haut de la mëQtagne. Ils furent dôu^
liés en gage par la maison de Habsbourg^ aux barons
Ae K^m^teim, puis ils passèrent soua les gentilshommes
de Moos^ «citoyeMs d'Uri, Prenant soin de leurs trou-
peaux , iU parTmrent enfin à une 8#saice suffisante ;
et pofir en jot^ avec sé<^rité^ ils conclurent cette
«Hismce^.
Waeggis, lieu situé sur la même rive du lac des
WaMfetettaa, mais dans une oontrée plus douce , dé-
|rtndai{ fort anciennement d^ , comme Gersau , d'un
couvent^ l'abbaye *de Pfaev^:s^ et aviît été*^ non
sans ditïiger de la part du roi. Albert^, hypotbfëcju*
Miï'ltarons de Ra^mstein, et par ceux-ci aux seigneurs
de 'Septenstein à Luceme ; Talliance des Waldstetten
' Elle possédait T^iOtterie déMonri et une méCairîe pftrfi cuiièrQ à,Oe^
sau« .Gelle-cr payait im impOt aanael de treiiLe livres; onlrecol^, le«ei-
gneur percev^t d^ contributions en chèvres, encaîUebotte, en agneaux,
en p^ux de chèvre, en toile grise et en poissons. Urbarium,
* « Les honorables gens nos bons voisins , les paroissiens communé-
ment ^e Gersowe et W^ie^gis; les teodestes et sages gens, les conseils et
boof^eois coEâim^t^émeïiyt de Lueerne » apposèrent leur sceau , Wœ^M
n^en possédait poitt.
^ Cjuler, faistorî<^ très-soigneiuc dans ses investigations , rapporte que
Cbnrad de Baucbenberg , aî)bé de ]^faevers (de 1282 à iâl9 ) fut obligé
de c^er au roi Albert les biens et les droits que r«bbaye possédait à
Waeggîs^ Confimutlim papale lli^i jLea'anssi vaconte comment le roi
pj^mi^mlsi par la foreet>f verte. Il y a mie lactq|,e dans VUrbarium, î\ tae
-semi^i^ jCfoç M» de.Baiitkisat, cet habile investigateur de notre hisfoîi^ , a
raisoâ de ne pas mentionnef la duHiniftition de Hab$boii|g dans son pa-
triotique ll|k^ dos Choses mémorables dé Luceme, vïi' partie, p. ^40; elft
^*elit {liN)baâi»iietit plus de consistance après la morJt du «dî ; à cette
ép^iq^e 4Bi^t changea ebns. ce pajis. Nous voyons ^ue comme tes
rseîgneonrd^ Ramstêîn t^naieiil>de*rabbaye le fiéf masculin de cette 9ei*
^éine, f «id)é fierpmann en donna à âtre de fief , en 19S7,' une part»
probabB&ment l'usufrait, s^ati «piitex homme der filùrtidtein. »
w*
9i
76 HISTOIKE DE LA SOlk^E.
iivçc Gersau comprenait aussi Wœggis. Maîs^ Waeggis
fut vendu par ses propriétaires à la ville de Luoerhe^.
Ap cette époque^ des hommes qui aimaient la liberlé
pouvaient facilement s'afFraiïthiry à prix d'argent, des
mains d'un seigneur ^ mais jamais de k domination
d'une ville. . -
Les habitàns dé Gersau ^^ avertis par Texemple de
Wœggis, et désirant ne pas devenir serfs de leur§
voisins, économisèrent avec un soin extrême le pro-*
duit de leurs troupeaux "^ , épiCrent une occasitfti, et
après dix années^ ayant amassé plus qu& n'exigeflit
leur fie retirée et uniforme, chacua prit sur Targeniqim
ses pères laborieux avaient lentement épargnS^ et ils
achetèrent dés gentilshommes Fierre.et Jeftn de liodB^
et de leur sœur Agnès (leur père, avoyçr à liuoeme,
périt plus tard à Sempach), la haute et la basse jus-
ticçi, les icens et les dîmes*, L'aîUance perpétuelle
ay^nt été aussi fidèlement observée à l'égard de Gersaâi
que de Berne, ils jouissent depuis quatre sfécles d'une
liberté illimitée et d'une démoeraiie^que ri«a n^a alté-
rée^. La commune qui, h peme alors composée .de
vingt maisons^ s'est élevée à une population màle de
quatre cex^ cinquante imdividis; , nomme un ktu-*
dammann et neuf juges, dont chacun s'adjoint tin po-
* Acte de vmte tCtnmer deTlamsifin, chuiome û» Bàle , qiû Tenait à>
Lttoeme, en 1880 ; il regpt 70 j^ns florins. jUte de vente de VéeÊiyerfft^
,rlck de Herteneiein d Laeerîih, çod^ '400 ilorins #or; il est vrai que Vitx-
nsin , Wyl et Hqsen 4taieat coiii{>rîs idans hi vente.
• ^ Voj. au cfaap. vu , l'exemple de I<Yatîgeik
' iSOb^JUan'ont fât voir, soignensem^iftt conservées^ tooles las chartes
<Je leurs franchises. " ^ ^ . ^ . • .
' L'exemple des Waldstetten fait '^aiaia Voir qne beaucoup d'antres
que les jiigemens généraux suf certianes formes de gouverne mënf^^dr
vent être modifiés d'après les drconslatf ces loeale^
UVRB II. CHAP. T. 77
deux assesseurs dans les affaires iinpor|0&tes. S^ns
souvenir d'un joug passé , sans crainte d'un joug à
venii^ ils {laissent leur b^ti^ ils cultivent le sol^ et
ils ont aditiis chez eux (J^bdque industrie; ainsi les
habita Qs de ^èrsàu vivent de leur travail ntodéré au
sein des plaisirs 4ë la nature^ libres , exempts d'alar-
mes^ sans être en vié^dç persQnn^^^ mais dignes ff envie.
Sur la rive opposée^ aa pied du Fracmont , sp voit
Hef^swjrl^ ancienne propriété des ,sire$ de Littaii-,
gentt)shonuttes argovien^. Les hab|ta|Mr,ayant fait pea
àlp(^ des écooctuies^ achetèrent toute l'autorité et
les droitâ^déi^rs seigneur»^ et s'unirent par un lien
indissoluble ai^ Bas^ynterwalden^ demi ils formèrent
un district ^^
Alpnach^ projeté des barons de WoUbausen^
était ^situé au fond d'une baie. En présence d'un
tribunal assemblé, sur la voie publique , devant le châ-
teau^ les habitàns d'AlpH^cà acquirent en faveur de
leiir villa|;e , popr le prix de tr(»s centa. iîvres , toiis^
les droits seigûwrîaux de Marguerite de^Strasberg,
lei|r dame héréditaire/^, et ils forment eacoiie'^au-
joijjrd'bui UDtt. grande paroisse ^^ de libres liabitans.
du Hau^-Unterwalden. Ainsi s'unirent beaucoup de
petites con^éériitions , pour trouver d^s leur union
de la force cogtre l'injustice d'hommes violens.
Les plus notables habitans d'JJri étaient ceux qui
tenaient en^i^f les serfè et les biens donnés au couvent
*^ Le Bas-Unterwald6n est ditisé en districts ( n^Uertendb , » ideux mot
suisse). Leraébat eut lieaeif 1378^ voy. J.-G. FùssUh, (jéogr. U i,
p. 370. Wlrbàrùun autriebien mentionne aussi un « F]aha{Ler à Hcr-
geswyl.» ^ • ."
" Ch. 1368. W^chUi.
^' Le HautUntèrwalden est divisé en paroîssA.
78 HiaroiRE dk la suisse.
de Wettin^^ par ms fondateurs : au printemps et en
automne ^^, les avôuél du couvent tenaient kui^ as-
sises. La vÉlnir dis. sommes dont on était fiOQ^reou au**
trefois ayant diminné paor k dbangement du pied
monétaipe ^*, tandis que le prim des repas usités avait
augmenté ^^^ et comme d'à tHeurs la multiplication
des affiiires publique^, nécessitait de pins' fréquentes
réunions cheas les magistratar^^^ il arriva^ sous Fabbé
Mbert 1de Meagei|v<m^ l^s habifâns du pays seraehe^
térent pour ^^ grande somme d'argent*'*^ de ces
obligations et de ces servitudes. Dcfpms ce jour ^ ils
forment avec Uri une* seule comnuiiGie ' itidivise.
L'abbesse de Séckingen^ percevailrsi régpftlièrement ses
revenus du pays de Glaris , qu'elle renonça' bientôt
qiux cautions qu'dle avait eii|^s» après que ce j^ys
fut eijtré dans la Confédération *^ ; le bon ordre qui
*> « Placîtâ, » plaids cPautomae q| de diai. Gh. dti eoOifenU iSdî^. TsekudL
^^ Le couvent demandait des « Stœbler» » monnaie mise en circatâtien
dans te siôde e{ dans le diocèse de GoDstanco, et dont te nom dénvait
de la crosse («âtab»). épîscopale. Les iiabîtans d'Uri donnèrent des
« rappes de Qolmar » « antiquafti monetam , qnosum duo tanlam vale-
bant uaum den, nso^lis monet» Staebler. * ïbid,
^^ «Propinae; qu^rtim expensae se extenderant ad &Ofof. annnatim,
jsecnndnm stalum temporis. » IbiiL Les repas, ^ Tocq^ion du paiement
des cen«, sont en usa^e dans le pays,'
^^ « Minister provincialls (làndammanf!) seepe facit convocationem 9^
habitatîones eorum» (des fonctionnaires du couvent, qnan^ il j «vait
.lieu à faire ni^ convention avec les gens ^ couvent au ^jt}et d*ua iqppôt
ou d'un service). lbi(L
*' 8448 florins , preuve suffisante, comme le remarque .T^eAcuît^ que
par la charte précéd^nment mcntioimée^ où il n'évalue le produit net
qu'à 50 florins, l'abbé Albert ne voulut qu'etcuser la vente %ux yeux du
visiteur ej^es antres supérieurs du couvent ou à ceux delà postérité. Uri
devait savoir combien €e& droits valaient en sus.
" CA. de l'abbesse Marguerite Grùnenberg, 1371. Tschudi, Les témoins
étaient au nombre de 49^ «
LIVRE II. CHJLP* V. 79
régnai); dans chacpie * journée ^^ ou ctiatriet rendait
louttffaçile^^. Mki3 l'abbeste dut promettre d- instituer
en peraott|te tgus les quatr# ans , ou par des ^avoyés^
eD cas d'urgence réeAe ^^ , douze nots^les hs^tans de
Giaris , pour rendre la justice d'après la coutume éa
pays et les traditions des pères ^ sans. -quoi les Glaron-
liais ne lui payaient pas ses revenu^^ ma^ les versaienl
dans la bourse publique- L^ ducs ^ c6c[§érenl le
gouterDfment de ce pay» ^^ à €k>deff oi Mqller , che^
vaîier zuricois^*. Les» Confédérés ^ par leur justice ,
serrent un ami de son successeur dans le gouverne^
mtnt dp Glam ^^ ;,^ EgloflF , dievalier de k maison
d'Ems. Arrêté à Schwyz pour une dette ^ dcâtletan*-
dammann Staslzing réclamait le paiement ^ il ne fut
relâdfaé qu'après avcâr déposé nulle florins; mais les
habitans du pays lui restituèrent cette comme ^ dès
qif il fut prouvé que le landammann avait agi injus-
tement à l'égard de cet étranger^®. A Urî, le dernier
^' Très-ancienn#dtvIsSoa dn piys de Glatît.
^ Conveniion de Cabbt$se ei des habitims, 1372, art 8. La «A. est dans
TschttdL i
^jL'ytlibesse dutdécl]irer par écrit, sur sa fidélité et son donneur, que
fa négociation était loyale. Ibid. Art. 3*
^ n donna sa pension au boargmcstre. CL n. 174 dn^hap. précë-
dent. La garde du^^teaade Rapperschwyl lui était confite. CL 1^59.
^ CL qi^ éte^idles droits attaeliét d ce gomemmuenU i3.69.
^ Sa maison était située là où est n^ahitenant fh6tel de l'Épée; voy.
Ttçhudi, 1943. Les siisons, précédemment plaeées sur la tour de Ma-
nasse, furent transportées fÇttr cette habitation. Ses frères s.'appelaient
Jacques et Henri ; leor père , Go^JefiroL CL iSAO; H^r^evait 140 flo-
rins de paie annuelle, Mmanaeh lielvét, i78Ô. >
^ CL €lej'abbess& Jgnés de PV Ulenbergd Sehennis. 13»7. Bile promet
denxmuids de vin à chacune 6es ieli||^ieuses h (|uirqi1i çn deyait«%
<
»• Tsckudi 1367. » ^
80 HISTOHE DE LA SUISSE.
AttmghauseA ^'^ fut eflKerré avec «asque et bouclier ;
hérmii ee^ujet d)ai8îction^ les Waldstëtten^e réJMiis-^
saient de leur prospérité ovoissànte. Elles ^e suppor-
taient ni ne Tonlâient exercer de domination person^
iidile; cette déposition se révéla dans deux occurrences.
Brouno Broun^ prieur du grand chapitre de Ztiitch,
et soft frère jlerdégen Broun ^ fils du bourgmestre^
haia^iéitt Tavoj^er Gundoldipgen de Luceme* Celui-ci,
liomme^de cœui:', se^^endant à cheval à Zu4lh avec
un de se^ amis, Jeaui^n der Aue, pour l'antique fête
d'une dédicace d'église ^, Jfut assailli / non loin da la
ville , renversé et fait prisonnier**® pai^dix^ïsgf^aliers ,
4unh du prieur ^. l^elles étaient le,s mœurs du temps ^ * .
*^ Marguerite d'ËrIiKdi , épouse de Rudenz, vend sa part au péage de
Flûelen , qu'elle l^ait par héritage de la moiiOQ d'Attingt^aiisell , -1^77.
TsehuM i ^
?^ n s^ tenait eç niftme tempsitiine foire. '
*' Un des principaux complices du prieur dans Isynles les afiaires fnt
Wemer Giel de liebenberg. Bourgmettre , Cc^eiU et Bourgeois, 1370.
De tous \e$ autres , nous ne nommons que Herdégen Broun , son frère ,
et Albirt, « serviteur du psiéliré. t IH^^ratîm de i'aitfyer.
^ Le i^lseplemV^ i^'^O. Tsol^ et Hotiinger (Hist. eecLMlvét.)
sont ici tou^à-fait inexacts^ par une raison qui ih*^ans doute fait corn-
metli^ à moi-même bien des inextctitné^, c'«st que lei^ chartes qui
expliquent les" faite n\>nt /été découvertes qu'après enx. Brouno Braan
avait à Zurich unè4;on0dente liomilée £ppliii, qui, malgré les défenses, le
visitait après qn il eut été exilé ;.c'e4^ pourquoi elle fnt bannie de Zurich,
Registre municipal iS71 et i373« De même aussi tttemme Hadocbsla,
tiop bien instruite des secrets de Jestetten. Voj. n. S^S. Registre mime.
1372. , • ^ .
'* 5eize nobles bourgeois de Oonstance s'étant rai dus à ckeval de
Constance. à Zurich-, deux aps auparavant, pour, !& carnaval, Tabbé
Ëberhard de Bsanëid'de ftâ<?henâulesj)oursulvit avec ses frères, le prieur
Mangold, qui # sesjpr^presfnains avait xrevé les yeux à dînq' pêcheurs
dç Gonsfaudce, ^ XTôlfli (le jeune Wolfjiard^, Igfêxpx^ de Brandis, et ^vec'
26 cav|}iers; il le» joignît dans la pleine çfe Ba^serstorf et en transpersa
ctnq sur leurs chevaux; là pérît son frère y/àltHi JeaB'S<ftioop,Suppté^
menlàRakm Mangold devint dans la suite évé^iue de Constance.
LIVRB lU CUAP, ?• 81
A la nouvelle de cette ^actioû , tous les bourgeois de Zu^
ricb sortirent de la ville à pied^ à cheval, et cherchè-
rent, mai&en va^n, à délivrer l'avoyer. Le gouvernement
de Zurich, ^nnuyé des affaires, dévoué au parti de
Broun, ou craintif «n sa présence, ne prit aucune me-
surq. Alors s'assemblèrent près de la grande église tous
les citoyens âgés de plus de seize ans. Cette commune
fit de telles menibes,que l'avoyer fut remis en liberté;
elle donna aux tribuns un pouvoir provisoire assuré
dans toutes les affaires importantes bù le bourgmestre et
le conseil tempotiseraient; elle statua que les décisions
do Grand-Conseil ne pourraient être modifiées que par
la c^nmune assemblée près de la grande église, et non
par le conseil quotidiei^. L'ancien système de gouver-
nement était ébranlé ; par suite du changement des
principe! |)olitiques, les conseillers, soit crainte ou igno-
rance , gouvernaient mal ou ne gouvernaient guère ;
alors grandit l'autorité du Conseil des Deux-Cents ^^.
Cependant le prieur Brouno Broun , fier de sa puis^
sauce et de sa dignité , méprisa les décisions des bour-
geois de Zurich. Âlor&Jes confédérés des Waldstetten,
de Zoug et de Lucerpe se réunirent avec les Zuricois
et rédigèrent le P/ùffenbmef ^^ . Ils convinrent « de dé-
» fendre leuvê lois contre toute autorité ecclésiastique
*^ Arrêté de la commune (ia 15 septembre 1370. Plus tard, le trîbnn
Henri Sîgbot, par un ressentiment personnel , voulut supprimer cette
lettre ; il fut à cause de cela expulsé du conseil et déclaré indigne de ja-
mais délibérer avec 165 Deux-Cents, ainsi que de témoigner dans les tri-
bunaax » de la voix ou de la main , pour ou contre qui que ce soit. Re-
gUtre munieigal, 1377.
>' Charte des prêtres. Lundi après Saint-Léger, au commencement
d'octobre 1870. Cet acte ît évidemment en vue Taffaire de Brçuno Broun.
Il est vraisemblable qu'à cette occasion l'on fit entendre d'autres plaintes^
que concerne sans doute le reste des articles.
III. 6
82 HISTOIRE DB LA SUISSE.
» OU temporelle , et contre^ toui pouvoir priTé. No-
» ble* et roturiers, prêtres et laïquçs , ^ tous les j^ujets
» de FAutriche *, durent s'obliger pgr uiï se];ment ,
» supérieur à tou^ leurs autres engagen;|jpns , de con-
» tribuer à rhonnéur ^t au^rofit^le la Confédératibn ,
» tant qu'ils habiteraient^ Suisse, tes Conj^dérq^ dé-»
» fendirent les violences^personnelles , le recours^ des
» tribunauxwétrangers, les démarches^rti^^ieuses pour
» soumettre un procès à H{uelque personnage puisi^nt.
» Ils interdirent paHiculii^rementau clergé lés procès
» canoniques au sujet d'affaires temporelles, et4es' ac-
w tions juridiques intentées à des* confédérés devant
» d'autres que leurs juges naturels. Us statuéVent ^'un
n prêtre qjii iriolerait cette o)}ii(Hpiiance serait exclue
;^» de la société humaine, et qu'on lui i*efus^ait uour-
»*riture, vêtement , ^ogement , hospitalité,, relations
» coiiïmerciales, protection diis lois. Ils décr,étèrent que
^) depuis le Pbnt-Écuineux*jusqu'à^urich, les routes
.. » de tentes les contrées del^pr pays seraient ouytrtes,
» et saqK^ danger ppur tout le monde, et qu'on ne poup-
» rait courir' sus à personne, afin de l'arrêter pour det-
» tes saos l'autorisation de son gouyernement. » GKstte
charte des prêtres, cett» prot^tation des Suisses contre
l'abus quêf le clergé faisait de son autoritïé pour irriter
les esprits ei^ jeter le to'ouble dans la^ république ,
résument dans «a simplicité jet sa brièveté leur li-
berté et leur économie , publique : là première consis-
tait à rendre à tous égale et bonnq justice, en s^te
que bourgeois et paysans n'avaient à se tenir fen garde
* *^ Allusion sans doute anx relations des BrOan a^c l'Autriche.
'^ Dénominsrtion pittoresque du j^ont du Diable, sous lequel se préci-
pite récurasse Reuss. , ^ •*
te
[iMi] LIVR« II. CHAP. V* 83
que cépre la yiolatiôn de la loi ^ et les juges contre
son altération : la seconde assurait à chacun la libre
culture de ses terres , et protégeait les passages dans
l'intérêt du-pomnierce. En général, fidèles à l'ancienne
constitution de la société hupiaii^ et à Tesprit de leiû:«
étemelles allianc^^ ils se contentaient de jouir du peu
|[ue la nature demande ^t qu'elk fournit partout ,
et ^e leur ligue défensive contre les ennemis. La
persistance ^ns l'aiftique modération et le perfection-
nement des armes /tel est, d^ns les républiques intel-^
liantes , le précis de*la scipnce du gouvernement.
iiCS ^ricois bannirent d€;^Ièm' ville le prieur Brouno
%oiin avec ses complices, et décidèrent, s'il violait le
ban, de le juger commet un coupsible.
L'année après cet* événement ( 1 371 ) , Eberhard
Brotin , chev^filier et conseilli^ de la ville de Zurich ,
noya tn^treusemont dans ^e lac , par le conseil et en
présenf:^ de sa mèr;^ , dont deux valets et deux debioi-
«elles Taidértot*, le jeune gçntilhoiimie Jean am Stœgf"
d'Uri^ neveu àe cette dame, avec lequel il était en dis-
pute au sujet d'ui' héritage. Le gouvernement de la
ville 0ardjt le silence, so^t partialité , soif crainte , soit
parce que l'excès du mal devient parfois une source
du bien.^ Mais le« hoiwmes d'Uri ne restèrent pas dans
la même in^tion : ils tinrent une diète pour ju-
ger ce crimi^ capital, avec l'antique solennité , en plein
aîr ; là , devant un gran^ concours de peuple , après
l'audition des témoins et mÀre délibération, Eberhard
Broun, sa mère et tous les^omplice3 de son forfait,
furent à jamais bannis du 'territoire tf Ur^, des pays
et des villes de^'toute la Confédération Suisse , comme
meurtriers et «ous peine de la vie. Godefroi MuUer,
bailli impérial ^^ ayant ''exhoîté \ plusieurs reprises le
84 HISTOIRE DE LJk SUISSE.
gouvernement de Zurich , celui-ci fit une ^nq^uéte au
bout de trois mois ; il se trouva que les biens et là vie
des coupables étaient dévolus à l'Empire romain ^^.
Ainsi tomba la prospérité de la famille de Rodolphe
Sroun.
Dans toutes les Hautes-Alpes, depii^ le Saint-Gothftrd
jusqu'à Gruyère . vivait l'amour de la liberté, d'autan|^
plus illimité que beaucoup i^e ces peuplades se croiqjit^'^
issues 4^ la race dés anciens Shisses^ igui, libres^
vinrent du Nord dans ce pays , où , riches en nourri-
ture saine et sous une dominatioti fort douce ^% ils hs^^
bitaient derrière des montagne^ presque inaccessibles»
Les habitans du Gessenay profitèrent avidement de l'e^
barrai de leurs seigneurs, le^ cemtes de Gruyère ^^ et
achetèrent une liberté presque absolue^^. La commune
de Saint-Étienne ne reioplissait qu'à coi|^re-cœur 'ses
obligations envers le sire dp Tûdingen *^. Ai^oine de
Thqrn n es^erçait pas davantage sur Frutigen ^^ pou-
V
'5 Tschudi, 1871. Lettre de Muller, dâus laquelle il déclare que la ville
n'a fait que ce qu'elle devait faire d'après (a spmmatioi) et le droîL Les
Broun, détestés qu'ils teientde la commune (voy. n. SSJj^ ne pouvaient
^e si red^ul^les que par un appui éli^ger. Henri deHeidek à Wagen-
berg «et son valet,» UenrînieTrostberg, Jeand'Eppenstein,B£n'mann de
Uôwenstein , tr«is à cause dn seigneur de Jestett^n et encore quatre au-
tres quittèrent Zurich , par amour pour eux. Les Blumenberg et les
Reischack iraient aussi embrassé le parti dn priQur. Chartes,
'7 Cette tradition est surtout répandu^dans i'OberhasH ; ailleurs aussi
il en existe dea traces. . - .
'* Originairemei^t la plupart de ces hautes vallées faisaient partie du
territoire de l'Empire.
••La tradition d%i259T les lettres de 1812 et de 1841 ont été citées
ci-dessus ; nou^ en citerons d'autres.
ê. '
^' Dans le Uaut-Sibenthal. Sentence du Conseil, dû Conseil secret et des
banner%ts de Berne, dans l'affaire de Jacques de J'^dingen avec la com-
mune de'Saint-Étieone , dans le Schlegelhoh. 1376, mars.
LIVRE II. CHAP. V. 85
v(Sr sans frein *^ Grindelwatd , Lauterbrunnen , tout
le pays derrière l'abbaye d'Interlachen n'obéissait au
pré]fôt que par contrainte*^. Mais ceux de Brienz et
leurs voisins de TOberhasli jusqu'aux frontières d'Uii-
terwalden résistaient avec encore plus de fermeté au
JbaîUi de Rinkenberg.
Som pouvoir était odieux au pays depuis que Jean
de Rinkenberg^ grâce à la faveur de l'empereur Louis^
avaîï soumis à son autorité des biens impériaux ven-
dus en pleine et entière propriété**^. Les seigneurs de
Hunwyl et de Wf Itersberg , possesseurs de châteaux
héréditaires dans Unterwalden , mus par un ressenti-
ment contre Philippe ^i; fife dé Jean de Rinkenlierg,
exhortèrent ses sujets à s'affranchir , promettant de
Jeur eiivoyer du secours d'Unterwalden- Los habîtans
de Brienz députèrent leurs magistrats vers la landsge-
meinde de ce' canton ; ils furent admis en qualité de
voisins, grâce à leurs patrcns^; ils dirent à l'assem-
,|»lée : « Peuple just^t vaillant , qui n'avez pas sup-
» porté le bailli de LandenJ^erg, nous , vos bons voisins
» opprimés , nous nous plaignons à vom de l'orgueil-
n leuse injustice du bailli de Rinkenberg ; nous prions
• I
** Voy. cî-aprës et chap. vu. ^ ^
» *^ Accord des gens de l'abbaye aoee celle-ci, 1850. %
** Les seigneurs de lUnkenberg, ph>e et fi]3, reçurent en 1395 Tin-
■ v^titnre de domaines impériaux situés en Bourgogne. Cette investiture
pflht avoir éfinné lieu à bien des querelles ^ lorsque le fils tenta de la £aire
valoir plus efficacement , peut-être après la mort de TEmpereur. H ne
faut pas perdre de vue , dans cette occasion , que si les habitans deBrienx
avaient réussi dans leur entreprise , les historiens, loin de les blâmer
comm«» des libelles, les auraient vantés comme de nobles amis de la
liberté. Cependant, vu le caractère de l'époque, la sentence définitive
des Confédérés rend fort vraisemblable, ou que leur droit n'était pas évi-
dent, on que le dernier acte arbitraire le leur avait 6té.
I
i
86 HISTOIRE DE LA SUISSE.
)) les ^hommes iibres d'UntenvaJllen * de nous aidfet
» comine^ leurs pères se sont aidés eux-même^ contre
» l'arrogance étrangère; les habUans de Brienz yous
» secourront à leur tour en toute occasion , et vivront
» avec vous, en deçà et au-delà du Brûotig, comme un
» seul peuple. Nous vous demandons de nous accorder
}^ lacombôurgeoisie. » Les vii^Uards les plus con^idéfés
du pays d'Unterwalden se levèrent devant lepeuple, et
dirent : « Que les gens du seigneur de . RinkenUerg , .
» bourgeois de Berne, devaient l'accuser devant «es su-
» périeurs à Berne ; que, poumeux, ils ne voulaient pas
» soustraire des sujets à leur seigneur, et surtout à
» un citoyen bernois. » Maïs 1^ jenoues genaiet la mul-
titude avaient été gagnés par d'habiles représentations ;
ainj^i l'on décida à une faible, majorité d'envoy^çr des-
commissaires' au-delà du Brûnig^ afin ^è recevdî* des
habitans 4e Brienz ]§ serment de coQibourgeoisie ^^.
Les Bernois défendaient tour-à-tour les dr^ts du
seigneur, quand il^tait leur combourgeois *^^ et les
libertés du peuple dans les vallées dont les seigneurs
leur étaieiçpt odîeua^^. Lorsqu'il n'y avait rieti à espérer
de Berrie, qu'on était éloigné des Waldstetten ou qu'oh
cherchait un contre-poids à ud^pui^ance prépondé-
rante, on trouvait chez les habitans de Thoune com-
bourgeoisie ^'^ et faveur. Si cette dernière ville^L^ait
^* ld5i| , selon Tschudi, dont la chronologie s*accor<fa le mieux a^c
les chartes qa*Dn possède; selon d'autres', en 1353 et mêmA^n i<35i,
** C^mmelci et dans les occasions mentionnées aux n. 40 et 42.
** Gomme dans TOberhasH, en 1334, probablement à Frutigen et sai^s
aucun doute, plus tard, au Gessenay. Il est possible que les Bernois se
soient toujours pronencé pour la cause juste; en ce cast ils eurent le
bonheur, merveilleusement rare , de voir toujours l'impartiale justice
parfaitement d*acc6ïd avec leur intérêt.
*^ 1349 ; Droit de eombourgeoiste entre les gens de *i* abbaye d^Inter-
[*»•] UVR£ H. CHAP. Vv Siï
été gouvernée Avec sagp^sii^ et fermeté par de grands
citoyens^ ou si les ifo^les avaient opposé aux progrès
menaçans dek pillssanee'de Berne une habile poli^
tiqire^ Thoune aurj^t ^u devenir la capitçile de toutes
le6 hautes vallées.
La ville de Berne écrivit au p%ysiii'Unterwalden ;
car les ftahitans de Brienz refusaient au bailli ^e Ria-
kenberg'les services auxquels, ils éfaieat obligés , peut-
être dai);^ la fausse idée • cjue tout seigneur e^t un ty-
ran, et ({(l'il^n'y a de comtitution libre que dans un
paysans may^e; des chefs rusés déduisent sans peine
un peuple innocent parlées parole? qui semblent loya-
les. A lînterwaldei^ les enoçmiB du bailli de Rinken-
berg demandèrent <r si la landsgememde n'avait pas
» eu de tQut . tentjps Hla liberté de recevoir d%s alliés ,
fjH^et si, 4^ns l'alliance ^perpétuelle^^ tous les anciens
» 4foits n'^taipit pas réservés. » Ils gbtinrent parla,
màis^gjileriftent à une majorité de cinq voix^ que, pour
jftaintenir' ralligncer avec Brienii, on pyroposât aux Ber-
nois 4e recourir à la justice (1356). Hunwyl et Wal-
tersberg^ trompèrent la landsgemeinde : un pareil ei>-
g^ejofent avec un peujde étranger est upç alliance ;
or toutes 1^ alliances subséquentes sont subordonnées
à la Confédération perpétuelle , par laquelle chaque
confédéré^'engage à respecter les droits et la spuve-
raineté'des autres.ii Mais souvent les peupfes, croyant
lachen et Thoune ponr /t^. livres fenning de contributions, des bourgeois
«Kterhes et 5 livres de taille ou impôt des bourgeois; en cas de guerre,
excepté tontre Berne , ils devaient envoyer trente hommes pour renfor-
cer la ^an4son de la ville. 1367 ; Droit de eombourgeoisie entre les barons
Thâring de Brandis, le jeun%, chevalier, noble V^olfhard de Brandis et
Thonire; la ville leur promet pi^tection ; chacun d'eux paie près de 60
livres dp contribntiotis comme bourgeois externe. Tsékadi, d-dçssous, k
l'an idSl^
88 HISTOIRE DE LA. SUI^Sfi. [^^
se gouveraier eûx^mêmesi sont dominés par des chefe
de parti esclaves de îeuFs passions et capables de tout
mal : la résistance qui les aigrit ou la faibîesse qui les
encourage conduisent les meilleures confédérations
au bord du précipice. Les Bernois prévinrent ce mal-
heur avec une grande sagesse. Ils fléclinèrent le re-
cours à la justice; d'après l'afllianc^ perpétuelle, ]e
I^illi de Rinkenl;(erg devait choisir le sur-arbitre parmi
seize Unterwaldiens : par l'influence de ses ^ennemis
ces seize auraient été choisie dans le nombre de leurs
partisans. Toutefois les Bern<!ns ne recoururent pas
aux armes : des confédérés doivent se pardonn)&r beau-
coup de choses ; le plus fort cède avec le moiix$ de dan-
ger. Ils réclamèrent la médiation d'Uri etdeSchwyz,
et prirent patience durant quinze ans, en attendant
que le temps affaiblit la haine ou» la pui^ance de
Waltersberg et de Hunwyl.
Après une modération si longue, ils firent -preuve
de résolution (1371). Ils adressèrent le message sui-
vant à Schwyz et à Uri : « La ville de Berne, conformé-
» ment à ses devoirs envers un de ses bourgeois , veut
» ramener sans plus de délai les sujets insurgés ^u sire
)) Pierre de RiriJ:enberg à Fobéissance par la force des*
» armes; elle prie ses confédérés d'Uri et de Sehwyz
» d'empêcher les Unterwaldiens de secourir des rebelles
» contre des membres de l'alliance perpétuelle ; cette
» assistance lui ferait de la peine, le châtiment des ha-
» bitans de Brienz étant résolu. » Aussitôt Sehwyz et
Uri convoquèrent Zurich et Lucerne pour une diète ;
celle-ci envoya des députés à la landsgemeinde d'Un-
terwalden pour l'exhorter^ de la manière la plus pres-
sante, et avec toute l'autorité des alliances éternelles,
à ne pas soustraire àii bailli de Rinkenberg le peuple
[«W*] i.IVRE !!• CHAP. V. 89
soumis à sa c^minatlDn^ mais à ftiîre ce que lesJBer-
ndîs^ ieqi^s confédérés à^. tous^ attendaient depuis si
long-temps et avec tant de patience. Le peuple écouta
ces paroles avec *t)eaucbvip d attention. Jean de Wal-
tersberg était atprs lan^i^mmann^ et Henri de Hunwyl,
encore pl«ÎA d'un ressentiment héréditaire, se trouvait
à la tète d'un parti nombreiiif. La résolution suivante
fut prise à la pluralité deiP voix : « Les Unterwaldiens,-
« en bons confédérés /maintiennent leur alliance avec
» Berne et annullent la combourgeoisie de Brîenz ;
» mais ils prient que les habitans de Brienz ne soient
n pas punis pour l'avoir contradée. »
Dés ce jour, toute piiifition d'un habitant de Brienz
fut calomnieusement dépeinte par les chefs du parti
comme ifn âcte*de vengeance au sujet de la comboui>i-
geoisie. Walther dé flpnwyl, Jean de Waltershfrg
le jeune, et Walthef de Tettikon, écuyer, représen-
tèrent aux Hnterwaldiens « que ce peuple infortuné
» avait été livré par çux, ses amis , investis de toute sa
)) confiance» au pouvoir de soif tyran, qui maintenait
» se rîait d'Unterwalden. .» Ces insinuations et les-^
plaintes des halbitans de Brienz, confirmas par teux de
Thoune, remplirent les âmes de repentir, de ccflère e^
de pitié ; alors le renouvellement de Ig combourgeoisie
fut proposé et accepté (1381). Pierre de Rinkenberg,
homme au cœur bienveillant, et plein de confiance dans
l'empire que l'équité exerce sur tous les esprits, s'ima-
gina que le nlfieux serait 4e donner lui-même à Uuter-
walden toutes les explications ; iU passa le Brûnig et
commença deiiaranguer la landsgelneinde. Tout-à-
coup seS ennemis excitèrent un grand tumulte, tel
qu'il se fait dans une assemblée d^ peuple, où tous
parlent ensemble à haute voix et mêlent les cris aux
90 HiSTome de.ia smssr..
gest^menayns. Le baron s'estini^ heureux de ren|]rer
dans Rinkenberg9«ipr46 aToii: prêté lui-même Hf ser-
ment de combourgeoisie. Dès-lors y personne nci s'ac-
quitta plus de ses obligadjons ern^ers Iti^nine luî*paya
plus de redevances. Mais les^'ljS^ois» domptèrent la
rébellion des habitâns de Brienz par fe fer ef le feu^ pX
les forcèrent de renoncer^^ combourg^isie d'Unter-'
■lyaldeq. *
Peu après y le baron ^ sortant un matin de son cM-
teau pour, pêdher dans un beau lae^^ du voisinage^ fut •
assailli et conduit prisonnier dans le pays d'Unterwal- ,
den. Son fils Jean fuf chassé; le «îWteau, pris, puis Ht
yré au pillage et aux flajpnidks; BiMenz, occupé. Ces
excès furent commis par Hun^viyl et Wâl^sberg sans
ri[)rdre de leur peuple. Les Bernois vinrent aussitôt "pay.
eau et par terre avec toutes kuis forces. Ayant débaf^
que et battu sans peine la paysanrterie^^, fis emmenè-
rent 4es -plus audacieux, dispersèrent les autres et s'em- -
parèrent de toute la contrée ; des Unterwaldiens Messes
forent aussi rédiMts à'^prendre la fuite. De pareAes
expéditions conviennent aux chefs d'un grand terri-
toire ; l'appareiice de la timidité encouragerait les e^i-
^ences des rebelles. Hunwyl et«Waltersberg êngagèrelit
lés UnterwalflicQS à requérir les Confédérés ; ceux-ci
$'as§«mhlèrent pou#^ une diète. ^
Une confédération composée de ,péupkdes qui se
laissent entraîner par des chefs de partis est aisément
exposée au phi» extrême péril. Pour éviter ce daii|;er'^
comme l'influence fies chefs (ie partis est de tous les
^' Le Fanlensée, extraordînairement profond 'et très-poissonneux, est
sur la hauteur, non loin du château.
*' Bàuersame, eipres^on yieillie depuis peu et qui désigne des conft
iminaatés viHag<eôises disséminées. >"'
LIVRE !I. r.flAP. V* * 9t*
temps et inévitable^ tou* ]es cantons de la Suisse do»^
waîent statuer par une loi que cpiieonjgue excitefàit
son gouverdement à faire la guerre aux Confédérés ,
ays^j^ que la triste nfteessité en eût été rec(ftinue par
les ^fbiUre cinquièmes durgrand et du petit Causeil de
fon canton^ serait mis à mort a(n$ autre forme de
procès ^^. " ' î
' A la diète des Confédérés, se présenta de la part de
Berne l'avoyer Ulricli- de Biabenberg, Jesninvitant à .
déilarer Comme juges, si des bikirgeois de Bèrue n'a-
Taient paf $té attacpaés et molestés dans leurs corps et
leiAs^. biei]|ft. Berthold de Zuben et Jfan Spiehnann,
laiJÉaulgianns et députés d'iTnterwalden ^ ayant promis
soumission à la sentence fédérale^ celle^^ fut pronon-
cée en HTes termes : « ^e Pierre de Rinkenberg soit
» sur-le-champ mis en liberté et qu'on lui restitue
» tout ce qu il a per(iu;.que l«s Unterwaldiens renon-
» cellt imoiédiatém^t et pour t(^jours it tette com-^
» bourgeoisie, et ne fassent pliift d'alliance avec des
n gens qui sqpparti^pnent à la ville ou aux bourgeois de..
» Berne, à titreji'hypothèque , de fiefofu de prppriété;
» que les habitans de Brienz^ob^ssent à leur seigneur
;) etiui paient, sans déduction,^ les redevances noa^«
» seulement^ des années à venir, mais aussi des années
» précédemçs. » La aiultitude à Uâterwalden attendait
iiÉpatiemment mais ^vec confiance le jugement des
Confédérés : lorsqu'elle apprit que les trois gentils-
hommes rayaient entrainéeè une action injuste > sa
colère s'enflamma. Lç peuple du Haut çt du Qas-Un-
terwalden se réunit en foule , de tous les districts "et de
%
^* Si la guerre fot ^îtée alors/ c'est qae les mas^rs rendaient inutiles
de pareilles lois.
i ao narf»illp.< lni«. .*•
1
î)2 HISTOIRE DIT LA SUISSE.
toutes les paroisses^ au ceutre du pays^ sur la place
d€?*Wieserlen^desti»ée aux as$emt)lées générales, et là
les Unterwaldiens adoptaient la loi ainsi conçue : ((Jean
» de Waltersbèrg, Walthef de Hunwyl et Walther de
» Tettîkon ont plongé le pays dans la honte et l'igno-
>) minie ; en conséquence, eux et leurs descendant ^^, à
>/* perpétuité, sont exclus de tous emplois, tribunaux et
» conseils, et^déclanifi incapables d'y rentrer. Si qtiel-
» qu'un tente de révoquer pu <le diminuer leur puni-
» tion, tous ses biens* seront confisqués; lui-même,
» déchu de soti honneur et de ses ilroîts , césgera d'être
» seconnii pour un citoyen ,d*Un ter walden.^» LSn-
justice leur paraissait un ojmrobre; les Waldstetten
n'exerçaient ni ne souffraient aucufie -autorité arbi-
traire.
Chez les Zuricoîs, après les guerres accablantes et
les négociations plus dangereuses encore sous le bourg-
mestre Broun , régnait, au temj^s de son successeur
Roger Manesse, cet esprit quidevrait toujours animer
des villes libres. Ils profitèrent si bien. 4«s vues par-
ticulières et des penchant de l'empereur Charles IV,
qu'il leur confirma par une charte l'antique souve-
raineté du lac jusqu'à Hûrdei]i , vis-à-vis de* Rapper-
çchwyl^^. Il ratitfa également le droit de se lier par
des traités de combourgeoisie avec les |dfgneurs du
voisinage ^*. Il permit aux Zuricois de louer des firfs
impériaux à trois milles à la ronde ^^ ; non-seulement
w
•* La h^îne se perpétaa. »
** 1362. Charte : « ILs peuvent posséder, aliéner, ofccuper le lac de
Zurich da saint Empire romain , comme ont fait leurs pères. >
*^ 1562. CA. (lonnéeà Lanffen, dans le pays de Salzbourg.
^^ 1865 à Berne. Scmt exceptés les fiefs des plrinces« comtes et ba-
Vons.
LIVRE «• CHAP. V. 93
il attri]|iia jm prieur la justice criiniBel]^ dans ses
«ll^l^es f mais il institua dans 2^rich un tribunal
provincial ou Qjqfijr impériale ^'^ comme le^ précédeq^
Empereurs en avaiedt établi avec des juddictions fort
étendlues dans un petit nombre de villes >>q^ en
avaient retiré des avantage considérables, -.v
Jilodolphe, seigneur d'Arbourg, et «îiprés^ll|i tout
autre seigneur nommé ju^e aulique par les Empereurs^
présidèrent ce tribunal ,compO|é:i;, des seigneurs 4e
l'ordre des cheviiilier^ et de douze bourgeois désignés
par fâ ville pour six mois^*^. Us proùonçaient à la
plu]?alité des voix te bannitilement et le ban de
l'Empire contre Içs t>rigands , les assassins , les in-
c^diaires et let séditieu^ fideux juges tenaient le pro-
tocole du ban ; ce même tribunal pouvait rappeler les
baimis de son reissgf t ^^. Il aidait aussi droit de vie et
de mbrt ^^ ; aup^avant le bourgmestre déférait , axt
nqm de la câmmune , les causes capitales au bailli
impérial ^^. Zurich^ parut aux empereurs romains et
a^ empereurs ..alleptiands , maîtres de l'Italie, un
centre naturel pour administrer |es i;|^pots et la justice,
des pays voisins ^^ : toutefojift cette cour impériale ar-
» ia^« Franekise^ du prieur à Fluntern , Rieden , ll0§thliJccm et RA-
^eJlr; ^^mpereor Wenceslas y ajoota Meisa, Fem^reur Ruprecbt
Scbwamediogea. Hottinger, H. Ec^, h* a. Sin* le tribunal provinciaU
. Ch. de Laufen, 1562 ; TtehudL
^^ Il existe sur ces formes, une ch, de 1385 ïfans la bibliothëqae de la
chancellerie de la ville.' La ville donnait aux boorgeois , pour chaque
joa> d'audience, un pot (deux bouteilles) du meilleur vin.
^* Un seigneur pajai|^pour ce rappel djx maits; un gentilhomine»
dnq; un botirgeois^^ois ; unrpayssfti, un. Ibid, ^
^* Charte de fVencesUu , Heidelberg. Saint-Jacques, 1384; TschudL^
** Ch. 1374, lorsque Schikli fut condamné devant le sous-bailli im-
périal, Jean Oelzapf, à avoir la tête tranchée.
*^ 0% connaît le « tessaracoslalo^ion v|ue llagenbuch. a* déchiffré
94 HlSTQIRjg DE LA SUISSE*
riva trop |^rd poror établir solidement et^ pour étendre
sa considération ; ^ ks gouv^memeos suisses et/^x
4es viUes (^rconvQÎsnies étaient dl^jà trop înaépendans,
grâce aux franchises accordée&fiar les pr^pédens TSm-
pereijrs.^^. , , •. ' ...
Lep Zuriiois àchetèraskt du chevalier^ <îodefr(»
Muller ^^ de%: nefs impériaux dans leurs enviroa^,
ftvec l'urgent de la commAme et les contributions vo-
iloptaHrcs de tous Igs f)ourg€;ois ^^ ; ils a^uireii^r aussi
des hypothèques sur lesquelles U maison d'Autriche
emprunta de l'argent^ Telle fut la maitière irrépro-
chable dont ^s p^èretit le foncfbment de Içur 'buis-
sance territoriale. v * ^ ' t
'*' Se conformant ai^ habitudes de leurs pères , ih.se
fort^èrecit par des traités de combqiprgeoisié. •*Diet-
helifi Blaarer , ^ b^li d'Iberg ; cojçicitit ^vec eu^^ ttar
semblable traité ^^^ parop que , fcien^^u'il eût offensé
dans une inscription ; Ottonde Frisingue rapporte qàe les £n]|pereiirs
dtaient les Milanais à Zurich. - . *
^* On ignore * Tannée ou ce tribunal fut^uppriA)é; mais il n'existait
jfM'obablement plg$»en'i400^ia juridiction criminelle fcflr alors^. confiée
au gonyememenTde la ville. ^
<>' Trichtenhausen, Stftdelhofbn|f Zollikon, en 1556,pour400 marcs,
16,500 ll^s di'n#(re monnaie. Mémorial de l'administration d^t^a corn-
mur^ de ZariehfmsOi. En 1396, ils acqu^^l le bailliage de !^ii»nacbt
et deO^ldbacb. T$ehudi. LesE^mpe^rs confirmèrent ces diverses acqui-
sitions. **
^* Charte 1384 à Toccalion du dernier ach^f que nous venons de men-
tionner. Tout le monde con<|ibua, sans excepfér les^lîgtenses^de fQ^-
tenbach et d'antres. L&s paysans et lesD^âtfs.fà'ont jamais pris part H ces*
sortes de côntribationst * '^ * * . '^'
Le baillî|gj^ de Hôngg , tel qnS* JeanlSe Séon le eédf an couvent de
Welt^ngen, t,â^4 {Tsehudi); le bailliage #e Thalwy}, acquis du cb»-
valiw Kieolas de BjfEbenheJKQ » ^ qai l'Autriche^'avait hypothéqué^
1385, Ib, ^ »r *
^^ 1363 ; il doiliiait annuelleme^ di#%>rin8 de poids. C
65
* 4
[wi] LIVIIP II • GHA^ V. • 95
leur #^le , i^wiît pbteliu justice chez les £!yticois
contre '(ies bourgeois' d'anciennes fanjilles ^''. |is invi-
.«tèrent leurs conf^^érés de Lucerne %un jour d'au-
^dience, p^r protéger Me chevalier God|ifroi d^ v^û-^
nenberg^^, dont l'alUanc^j^avec Zuriqh eiapéchart le
mal oue le chàt^u autrichien de Saint-^Ândré, jnt^ de
tCham^ QOu^{^ 'faire au pays. Ikest remarquable que
Hftneii^erg prit env^ les Z»riQt)]S rengagement écrit,
^( que si les ^uvernemens autrichiens robligeaient par
» leurs sommations de renoncer àr'la ^oâabourgeoisie de
»*2^ricli^ i^ la renouvellerait qilînz# jours ^«pr^ ^^.»
Deux fïères del Monte/ lombarde, payèrent cç xfcboit
de lipurg^isie mille florins , (ant ils espéraient d'avan-
tages comn^ciaux et 4le sûreté des^d|^ux «ôlës des
^Ipes "^^^ protégé/ Qu'ils seraient partes députés,
p|r4les.tëtti;es de Zurioi et par la considération de
sa bannière '^^. Le gentilhomme de Sq^ônenwerd
"denoreura bourgeois de cettp viRe, parce que le château
de sés pères lui avait 4lé rendu ( 1 371 ). Dàn^ les
' '^^raft Blfter et Jaceb Wepgi lui retinrent ses biens meubles; il fit
pris^nioi le greffier d^ Zuricli :.|^a^bevéqne de Magdebourg 'In^rpo^
Îi médiation ; lié procès de Blaarer concernait un bien de sga épouse
iisabelh\ à qi^sa maison fut redevable d^la^firopiftétédtfVVartensée.
'^ lies Lucemois' donnèrei^t h%&s gens le droit de bourgeoisie. On
. trouve aussi duis cette l^tre le nâJi^ d'Arnold « de dtauffach. »
'^ Trait^ de combourgeoisie pour quinj^e an», f96d. ^ ^^'
^%Kuricb en néjii^eant pas à profKM de Maider dans la Lombardie^et
«laCoscane, fit voir^'<a?ectle la bonne #lonté il aurait parie faire; il
^ste même , de Tan 1375 , une iréotêodifiii entre la^UU de Zurie^t des
MàgocioM» de MiUtn et de Como, an sujet de^^e qui est armé à quelqties
bourg^is dans la Lombardie, Zurich promet de n'autoriser tjdans Vit -
té^ de ots <iemiers , aucupe voie de foit sans ave^^ement préalable.
^ Tra^é de camboungeoUie pour ôh ans, eft ^60 ^avéÈ Fl^. et jbcq.
« von^Beitt » ôi^ Rotà » d<^jà beorgeoiS de Lucerne. *
96 BISTOIRB DB LA SUlflSE.
premières années du grand schisme papil^ Nicolas de
Richenbourg "^^ -pouvant à peine se soutenir sur le
siégé épiscopal4ie Constance contre? Mangold de Bran^
dia, conclut, ainsi que Constance et K^JM^g^nau ^^,
un traité tfe combourgeoisie avec Zurich pour le reste
de ses jours^ et donna par là un témoignage de §g con-
fiance en cette ville '''^. Ce respect pOîUr ^iuriph repo-
sait sùç ThabitudQ et le penchant des hommes vaillàtis
qui, sous les sept capitaines de la communauté "^^ ^
suivaient les banméfes des deux sectioîf» de la ville '^^^
toujours prêts à sacrifier corps et biens k'^ patrie.
La constitution^agna en liberté , par le frein mis à la
puissance du bourgmestre, et en*énei;gie, par Fauran-
dissedie^t de. Tautorité des tribuns* On ne s'obligea
plus envers le bourgmestre par un serment particulier;.'
dans Félection des treize conseillers, pri^ parjpi les
connétables, il perdit de son iilfluence, puisque les tri--
buns et les conseillers pouvaient faire cette élection
sans* lui. Quand les élections des tribuns étaient dou-
teuses, Rod#Iphe Broun décidait; la décision ftit^con-
jQée^ au conseil. On attribua aux tribuns la compéfiencife
de prendre des arrêtés dans toutes les affaires impor-
^^ Si son noiv «'écrivait de cette minière (c»r Bucelin CoBtiant, ad, q^
1583, écrit* Risenbourg») , il appartenait saos doiite à la famille noble
qui vendit, ai i56â , le château de fiicbenb^ig à Tabbé d'EinsidIen.
^' Le^ilU , leSi eonseiU et les ffourgeoU de KUngenau, 1585.
\ '* La Charte se trouve dé^Jà dans Lûnig. U s'eng|i|ge nommémentî|)our
es terres de la Tburgovie et du Klekgau. Le bourgmestre et le conseil
de ZHiich devaient décider des cas g^H cette ville lui donnerait des secoocp.
Xannegk et KaiserstuU ne reconnaissaient pas encore cet évéque. 1885,
« le 26* jour du second mois de septembre a ( octobre j.
'^ Trois dans lavande ville (Équaire dans la petite. 1371.
^f La grande et la pf tite ville avaient chacune 'son porte-bannière.
Ibid. * * ■ ♦
LIVRE II, CHAPit V. 97
tantes, avec un nombre de conseillers plus grand ou
plus restreint '^''.
L'influence du nouveau gouvernemèht se montra
dans la sévérité redoublée des lois somptuaires. La
haine ordinaire de l'homme cfti commun pour ce qu'il
est hors d'état d'imiter ne fut pas la seule raison
de cette rigueur : ces sortes de lois sont presque tou-
jours sévères dans les villes libres, soit quand la liberté
naît chez un peurile jiauvre , soit quand les riches
ont la prudenc^Pe ne pas exciter les passions de
leurs concitoyens, par l'étalage ofFensant de leur opu-
lence. S'il importe que dans un pays où règne l'éga-
lité civile les grandes vues et les hautes vertus de-
viennent populaires, un méchant homme peut seul
regarder comme un sacrifice l'obligation de se vêtir
bourgeoisement ; César Auguste et Côme de Médicis
ont rendu cet hommage à leurs concitoyens.
Le changement que subit la forme des vêtemens de-
puis le roi Albert pénétra chez les Zuricois dans les
premiers temps de l'alliance perpétuelle des huit Can-
tons , sans doute par suite du séjour de la cour et des
expéditions des princes. Précédemment la plupart des
personnes''* bravaient, tète nue, lés intempéries de
l'air j les seuls magistrats portaient des bonnets , mar-
ques de Jeur autorité. De longs cheveux, que les fem-
mes seulement roulaient en boucles, tombaient libre-
ment et en désordre' sur les épaules.; les femmes y
^' Seconde lettre timetionnée par an serment, 1373, samedi après Sain^
André. Elle pennet aux enfàns des bannis de devenir membres du
Grand- Conseil. Le ton de ce document fait voir qu'on itait |*assasié de
Broun , et qu'on ne voulait pas perpétuer sa prépondérance.
'• Pas en Autriche; des mitres y distinguaient les Juifs et les Chré-
tiens, ^nii. Leo^^n^^ 1338.
III. rr
98 HISTOmp DE LA. StTlSâE.
entrelaçaient des guirlandes de fleurs et des rubans ''^.
Un pourpoint à manches couvrait le corps ; une robe
sans manches' descendait très -* bas ^ chez les femmes
surtout ; celles - ci la serraient avec une ceinture. Les
deux sexes portaient un manteau. Beaucoup d'hom-
mes, ou même la plupart, avaient des hauts-de-chaus-
ses, du moins en hiver ^^; d'autres faisaient remonter
sous leur robe la garniture d'étoffe de leurs botfts^^.
Chacun portait des souliers modelés sans recherche sur
son pied. Mais à l'époque dont nd^parlons on com-
mença de peigner les cheveux ^^ ; la manche gauche du
pourpoint fut faite d'une autre étoffe, dont la couleur
devint souvent un signe de parti ^^ ; ou Tornait aussi
d'argent et de soie ou de franges longues et pendî-
tes ^ ; on brodait sur un pectoral avec de la soie ou du
fil d'argent , à peu prés a l'instar des ordres moder-
nes, certains signes de partis, ou des noms chér^,
ou des engagemens pris ensuite d'un vœu ; on suspen-
dait parfois des images à la poitrine, ou bien on Cor-
nait de bandes de soie ^^. Les bonnets des femmes
étaient brillans de soie, d'arg^tit, d'or et de pierreries;
après cela le principal luxe éclatait dans k ceinture
qui liait leur robe de diverses couleurs, terminée par
des franges variées et précieuses ^^. Des souliers à
^' Les Antrichiennes portaient des chapeaux, Hadlaub*
^^ Un vieillard exlrêmement âgé assure que, même au commence-
ment de ce siècle , beauconjp d*bommes de rOberhasli ne portaient
des culottes qu'en hiver,
** « Pannus caliganim. » Hm»*, de abominatUmiku», 49.
** « Comas ut Jodaeî vd Hungaii dividebant •Leob.
** Comme lôrsde la conjuration du parti autrichien à Lucane, en iSSS.
<* « Gann» argenté» in sericis dependentes. > Leob» L ic
*^ « Circulis sericis. » Idem»
*' Gomme les anciens habits des fous. Le reate est tiré : i* de VOrdow
UVRB lU CHAPf V. 99
pointes recourbées vers le haut^ et avec xm anneau
pour un des doigts du pied ®'', étaient un caprice de la
yanité. Dans l'espace de trente ans , des omemens de
soie brillans de couleurs différentes passèrent des sei-^
gpieurs à la horde de leurs valets ^* ; le pourpoint large
par le haut et surmonté d'un capuchon ^^ fut adopté
par les bourgeois, les paysans et les.bergejs des mon-
tagnes. Deux choses surtout scandalisaient les austèrea
amis des anciennes mœurs : premièrement le pourpoint^
très - ample chez les aïeux , devint si étroit et si serré
dans sa partie inférieure ^ qu'on ne pouvait pas le met-4
tre sans aide , et si large dans la partie supérieure^
pourvue du capuchon^ que la poitrine restait à moitié
découverte ^ ; en second lieu , les hommes portaient
leur habit si court qu'il descendait à peine au-dessous
des hanches ^^9 afin de faire éclater les couleurs bril-*
lantes des hauts -de- chausses ^^. Les lois répressives
nan0 de la ville de Zurich, 137 i ; S* de VEêqui^sa de l'histoire deZêrick,
par Bodmer, Parcival confirme quelques détails.
" Ceci n'est prouvé clairement que pour le xv» siècle ; toutefois VOr»
donnanee interdit les souliers ouverts par devant , dans lesquels oh peut
mettre quelque cbose, et des souliers lacés avec des rubans.
^* « Famnli et clientes. « Leobienà,
"* « Çapicta • désigne proprement l'ouverture supérieure par laquetU
sort la tête. Les capuchons étaient formés de l'étoffe du pourpoint pro-
longée par derrière.
*® € Ut humeri , scapulœ , pectora maximanr partem apparerent >
Leob, elBodmer,
*^ « Leobientis : • Pallia qaibusdam viiç posteriora tçgebant. » L'Or-
dûtmanee statue que les babits des hommes doivent descendre jusqu'aux
genoui^; «j^Ucb ma^nolich hesssoll^an dî Knû abscblacben. » Cette
mode dura au moins cent ans à dater de 1308 C Leob. ), car Jean H»è^
parle dans un de ses sermons de « anu quasi totaliter vestibus denu-
dftto. » • . »
^^ OrémntMf, lis él^ni torméêét bàtkdeA-de diverses étoffes.
400 HISTOIRE DE LA. SUISSE,
desZuricois n'empêchèrent pas ces innovations^ mais
les retardèrent.
Us firent aussi des ordonnances contre le luxe des
festins de fiançailles ^^ ; contre les présens que les jeu-
nes époux faisaient le lendemain de la nuit des noces ;
contre l'abus de la danse (ils statuèrent qu'on ne dan-
serait qu'à Ja prise d'habits d'une religieuse oti aux
mariages ^* ) ; contre la dépense inutile des ambassa-
deurs ^^, et contre la conduite des femmes qui assis-
taient aux grands ofi&ces pour adresser d'aimables salu-
tations aux jeunes gens qui passaient ^* Nous n'ayons
pas conservé un souvenir assez net de toutes les circon-
stances de cette époque pour pouvoir dire sf M anesse,
ce héros d'ailleurs peu sévère pour lui-même^ et son
conseil n'exigèrent pas trop du peuple par leurs ordon-
nances sur la danse et les autres choses semblables^
et si , dans leur zèle pour les mœurs et l'austérité^ ils
n'oublièrent pas qu'un peuple gai est plus facile à gou-
verner, plus actif et plus résolu qu'une bourgeoisie
sombre. Les législateurs ne devraient pas diminuer sans
nécessité le nombre des instàns heureux de la vie. Les
artifices des femmes prévenantes sont au nombre des
objets qu'on doit défendre ^^, bien qu'on ne puisse pas
les empêcher j le vice réduit à se cacher dans l'ombre
du mystère est moins fréquent, et demeure inconnu
à plusieurs , inaccessible à un grand nombre.
>* Ordonnance, 1S70; c'est proprement un renouvelleuient dé ce que
nous avons va dans le Riehtebrieve,
•* Ordonnance, 1871; aux fiançailles ecclésiastiques on temporelles.
*^ Ordonnance défendant aui# ambassadeurs de donner des repas
d'adieu.
** Ordonnance, 1874.
'7 Viaton , I. VIII des LoU, voit dans la formation d'une opinion publi-
que le moyen le plus efficace de prévenir les eicès des pai|ioD8 honteuses.
LIVRE n. CHAP. V. 101
Les familles bourgeoises diminuèrent d'un hui-
ûèm^ ^^ ; peut - être la considération dont jouissaient
les tribus entravait - elle l'établissement de l'industrie
étrangère ^^ et même les progrés d'une partie des ha-
bitans du pays. Les fortunes particulières s'élevèrent^
dans l'espace de dix-sept ans , de quatre cent trente-
neuf mille livres à cinq certt soixante-dix-huit mille ^^.
Mais il est difficile d'évaluer ces sommes ; leur valeur
dépend des prix des marchés ainsi que des salaires, qui
n'ont nulle part été consignés et comparés d'une ma-
nière suifisammébt complète ^ détaillée et certaine. Le
gouvernement, pour pouvoir fournir la forte solde
qu'il payait en temps de guerce^^^ empruntait de l'ar-
gent des bourgeois ^^^ et des juifs, en hypothéquant
*^ Comparaison des tables de l'impôt extraordinaire de i357 et de
1874. Voy. le chap. précédent, n. 58.
** Nous trouvons un d'Aspermont qui vînt à Zurich en 1865 , et qui
bâtit un nouveau château d'Âspermont dans la seigneurie de Grûnin*
gen , relevant encore alors de l'Autrichç.
"• Ibid.
i^i Le soldat recevait par jour 8 schelings et 6 fennings ( d'après
notre monnaie un florin et 30 schelings ) ; une cuirasse se payait
avec 30 sapins de la forêt de la Sibl; 1360. Almanach helvét. 1780; Des
bourgeois même étaient au moins entretenus par ceux qui ne prenaient
pas le .«armes. Voy. Stettler, 1346. = Il y a en Suisse divers florins j
celui de Zurich vaut 16 batz (le batz fait trois sous de France) ; celui de
SchafiThouse, 15 batz; celui de Zoug , 12 4;5; Tancien florin vandois,
4 ; le florin genevois , 8 : le canton des Grisons en a de plusieurs sortes.
Le florin zuricois se divise en 40 schelin^, le scheling en douze fen-
nings; le florin de Scbafiliouse, le même que celui d'Empire, se
divise en 60 kreutzers. G. M.
ios Conseils et bourgeois , 13^57 , sint conseillers servaient d*6tages.
Outre cela , la ville devait aux Snewtin et au chevalier Didier de Fal*
kenstein, héritiers de Jean Malterer, 400 marcs *d'argent, que Rodolphe
Broun avait empruntés à 4 pour cent Arrêté du eonteil], 1367. En 1874>
cette dette n'était pas encore acquittée; voy. chap. iv, n. 106. Il existe
une ordonnance à ce sujet de 1376.
192 HISTOIRE BB, LA S0ISSE.
aux premiers le$ revenus delà yiiie. Ces créanoed des
bourgecâs étaient estimées à l'^al des propriété^on*
câères ; calcul généralement équitable^ vu que les fonds
de terre servent ordinairement d'hypothèque pour les
préa&ces^ et que beaucoup de personnes riches ne pos-
sèdent point de biens-fonds. Le roi Wenceslas affran-
chit les Zuricois des droits de cortège et des péages du
iUiin '^^ dont le taux augmentait de plus en plus ; au-
cune circonstance ne c(mtribua davantage à Taisance
4es particuliers qu'enrichissaient le commerce d'expé-
dition et quelques fabriques: Ainsi fleurirait à Zurich
les mœurs et la fortune d^ns les vingt-quatre années
généralement paisibles j^^^ndant lesquelles Roger M a-
nesse ^ le héros de Tsetwyl , remplit jusque dans une
vieillesse très-avancée la charge de bourgmestre.
Relevant immédiatement de l'ïlmpire 'f *, Berne , à
l'exemple des Zuricois^ profita de la disposition con-
stante de l'empereur Charles y toujours prêt y dans l'in-
térêt de ses -jouissances et pour l'avantage de sa maison^
à vendre lesdroits de l'Empire, surtout quand il pouvait
le faire sans blesser les convenances. Lorsqu'entouré
d'un noble cortège ^^^ il se rendit à la cour papale d'A-
vignon , et qu'à son retour il passa par Berne, Jean de
Bubenberg le jeune étant avoyer^®^> on dépensa pour
^«* 1379. TukitÀii Sehint , Hist. da commerce.
^^* « Vtt que cette ville relève iimnédiatement de nous et de PEmpIre. »
Charte de CharUe IF^msûjêlûn bah, iUi.
^^^ Les évêques d'Augsbourg et de Spire» le comte palatin Rni^ècht
le cadet, Bolk d'Oppeln, Heavi de Brleg, Ruprecfat de Lignitz, le
bonrgrave Burkbard de Magdèboi^rg et beaucpi^ d'autres sont nommés
dans Ja (knfirmaiipn Je Cu Déclaration ( Handoeete) de Berne, 1365;
LfiUBmne, nom Mail.
*^P €hiirt» dVtion de Bukenberg ^ JiSkm qn^iï était lieuteniâM de ftoil
frère Jean. h. â.
. LIVRE II, CHAP. V. 403
kii faire une réception digne de lui ^^^ la somme alors
eonsidéraUe de trois mille livres. Berne pouvait déj|L
eompter sur sa bienveillance , puisque dans unpro-^
eés de cette ville avec Matthias de Signau , il là pro^
tégea ^^ contre une sentence illégale de la cour impé-
riale de Rothwyl , qtd l'avait mise au ban ^0®. Par
reconnaissance pour cet accueil^ il accorda ^^^ aux
Bernois la faculté de racheter dans un cercle de six
mines les revenus et les domaines de l'Empire donnés
en hypothèque, à l'exception des châteaux et des sei-
gD^iries ^^^ Il leur concéda des droits plus considéra-
bles encore, lorsqu'il passa par Strasbourg pour re-
tourner dans ses États : entr'autres, la liberté de
recourir aux armes contre tous leurs ennemis et contre
ceux qui les protégeaient ^1^, et ^d'exercer le droit de vie
et de mort dans un arrondissement de trois^miUes^^*"^.
De là vient que les gens de l'Empire, demeurant autour
de Grassbourg , relèvent encore aujourd'hui de Berne
<*^ Lettre dé CEmperewr aa sujet de la réparation dQ pont de Laapen.
Tsehudi rapporte qu'elle eut lieu.
"• N. 104 ; Badissîn, lundi après la Toussaint, en faveur de Tavoyer,
bourgmestre, conseils et bourgeois de Berne. La commune n'avait que
deux bourgmestres uniquement chargés de Téconomie communale, et
qui ne figuraient jamais dans les affaires d'État *
*^* Le droîC « de non evocando » existait déjà depuis 1298 ; on n'avait
pas même adressé une sommation à Berne. Ch, de l'Empereur, n. 106.
•**• H renouvela le « non evocando » samedi après Sainte- Vaubourg ,
1S65.
*** Charte datée du jour de llnvention de la Croix, 1865 ; ils doiyent
en donner connaissance afin que les empereurs sachent à quel prit ils
peuvent racheter ces domaines.
^*^ Ch, Strasbourg, après Saint-Pierre et Saint-Paul, 1865; contre
ceux qui mettent Im main injustement sur leurs gens et leurs biens , et
contre les protecteurs de ces injustices.
*** Ch. ibîd. eùd. : ledh>ît de juger les malfaiteurs d'après les \q\é
de la ville et leur crime. t
104 HISTOIRE DB IL A SUISSE.
pour la juridiction criminelle et les appels ^^*- Les fiefs
iqipériaux non dévolus ^^^ étaient conférés par Jean de
Bubenberg, homme libre de l'Empire *^^, et par les
avoyers ses successeurs^^'''. L'empereur Wenceslas con-
firma ces libertés "®, et il ordonna en outre qu'aucun
serf dey seigneur ne pourrait hériter dans la ville de
Berne ^^®; quant à la taxe des Juifs, il promit de s'en
rapporter aux paroles du conseil *^^. Les Juifs payaient
annuellement le jour de Noël un florin par tète au tré*
sor impérial ^^^ .
A peine la victoire de Laupen et la lettre de confir-
*** Grasabourg s'appelle maintenant Schwarzenboarg. De là vient anssi
que ces gens, dans les causes dont l'objet s'élève au-dessus de mille livres,
vont de Ja chambre des appels devant le conseil suprême, qui représente
la commune de la ville.
*^^ Autrefois la renonclation^ux fiefs dévolus à l'Empire se faisait en
faveur de l'Eftipereur en personne. CA. de ii50 : «Au souverain et très*
» puissant prince et seigneur Charles • par la gr&ce de Dieu , roi du
» saint Empire romain, moi Jean Senno, gentilhomme, j'offre tnon ob^isr
» sance , en embrassant ses genoux. » Il renonce à une dîme.
^^^ Le même Senn cède des fiefs à Bukenberg, 1570 ; celui-ci tes remet à
Gerhard de Berne, 1372. Les chartes se trouvent dans les papiers de
Fabbaye du Gappelen , à laquelle ces biens furent cédés en 1380.
«17 Franchise du roi fVenceslas, Francfort après Saint-Matthieu 1379*
On voit par le n. 116 » que cette franchise n'était qu'un renouvellement
et une confirmation.
*^' C/t. au camp devant Dtm, Saint-Michel 1376. CL de son père, por-
tant que Wenceslas n'avait pas eu avec lui le grand sceau, ibid» le jour
suivant; autre charte du même, qui accorde aux bourgmestres et bourgeois
de Berne le droit de recevoir des hommes mis au ban de l'Empire; ibid»
ift9 ffenceslas aux bourgeois et à la communauté de Berne, statuant qu'au-
cun serf ne peut hériter dans la ville. Bude , Invoc. 1382.
*^^ Aux bourgmestres. Conseil et bourgeois de Berne» Prague, Phil. Jac.
1892.
1^ Je trouve que l'empereur accorda des Cawerschcs à la ville en 137d ;
comme je n'ai pas vu Is^ charte, j'ignore si elle diffère de celle de 1348
par laquelle il sanctionna l'hypothèque que Bueh^k leur avait donnée
sur l'impôt impérial des Gawerschés.
LIVRB II. CHAPr V. ' , 105
matîon de l'empereur Charles eurent - elles affermi
les Bernois dans la possession des hypothèques impé-
riales de rOberhasli et de Laupen^ que le comte Pierre^
de la maison^de Neufchâtel^ leur hypothéqua aussi son
droit et sa part au château et à la seigneurie d'Ârberg*
Us rachetèrent Arberg entier des autres co-propi^étai»
res, Rodolphe de Nidau et ses sœurs Yérène de Thier-
stein et Anne de Kibourg ^^^. Le comte Pierre, bien
connu de Berne à titre d'ami et d'ennemi^ homme vail-
lant, doit avoir passé ses dernières années triste et so-
litaire dans une maison isolée aux portes de la ville
ou il avait régné ; il était atteint de la lèpre ^^^,
Pour gouverner de semblables seigneuries, les ban-
nerets avaient coutume de proposer des conseillers ^^^,
ou des bourgeois qui eussent assez de loisir , de cu-
rage et d'intelligence pour en être les châtelains et
les avoyers. Telle fut l'origine des bailliages, admi-
nistrés, selon la constitution de chaque localité, par
les bourgeois de Berne , dont les pères ont acheté ces
seigneuries avec le produit de leurs contributions. Le
^^ La première hypothèque de Pierreest de 4d5i pour 4tOOO florins;
la seconde de Rodolphe, de 1S67, pour 7,73S fl. ; et avec rachat, la troi-
sième de Vérène, de 1577, pour 4,000 fl,; la quatrième d*Ânne, d*6
i579, pour ia même somme. Confirmatwn impériale dans le camp devant
Ulm , 1376. a La première hypothèque n'est pas de 1 35) , mais de 1358;
Soleure aussi en signa et scella la charte , comme le prouvent deux do-
cnmeos publiés djans SoL fVochenbL 1816 , p. S89 et suivw ; voy. aussi
182S , p. 481 et 482. CM.
*^ J'en parle dubitativement, parce que je ne sais pas si Pierrre d*Ar-
berg , qui campa en 1352 devant Zurich et qui fut en 1355 vicaire de
l'Empereur et capitaine dans l'évéché de Sion (CA. du chapitre au sujet
des notaires), était ce comte ou son fils.
^^* Selon une tradition, celui qui était avoyer à Berne une année de^
vait l'être à Arberg l'année suivante» En 1375» Jean Pfelêrt écoyer, est
baim d'Arberg. Ch.
4116 niSTOIRS DB LA StH^E.
pays n en cist pas imoins libre, car le pouvoir arbitraire
né peut exister que là où le souyerain est soutenu par
sjes propres armes; en revanche, il y a liberté partout
où le souverain n'a que les armes de son peuple t le
premier fait œ quil veut, le sec(»id ce qu'on lui
perm^et.
Outre cela, Berne acheta du baron Thûring de
Brandis ^^ et du couvent de Frienisberg *^^ , environ
douze villagiès, et se fortifia par des traités de eombour-
geoisie avec Wolfhard , baron de Brandis ^^'^, et Mar—
quard de Bubenberg , commandeur de Tordre Teùto-
nique dans la maison de Sumiswald^^^. Le droit de
GOfnbourgeoisie avec Fribôurg fut consolidé par des
cpiplications ^^^» Berne contracta des alliances perpîë-
tuel|^s avec Soleiu^e et Bienne ^^^; celle avec Soleure
fiit si étroite qu'on ne réserva l'Empire que pour la
forme ^^^ Mais Jean Senn de Munsing^i^ é^èque de
Bàle, àmi de k ville de Berne, étant mort aju^és \m
éfnsoopat long et méritoire, son successeur Jean de
Tienne y d'une très-ancienne familk bourguigpoionne,
trouva mauvais que l'alliance de la ville de Bienne
'^^ MûlMinen, K&dH, Wenge; à Esche le patronage de relise; 185?
*<* Huit bOBrffs ott viHages, 1890,
^' 1^S5, y GOimpris le diàtea« et la seignearîeé Tsekadù
''* 1871, y compris la maison et la seigneurie. Ibid. La maison avait
€onti|ne de traiter avec rantorisatioà dn grand-commandenr d'Alsace et
'tie Bouigogne. CA. du commandeur Hugues de Langénetein, 1289. Zar-
Uifiben dans Zapf,
" ^^ Menouvtllemént , 4862. Ihid, Explication ^LtiVipcn, 1868. Onysta|ae
gomment Pacte doit être annaellement tù et le serment renouvelé. Ch^
*** Alliance perpétuelle avec Soleure , 1351; avec Bienne, 1853.
. *M fia réserve «esse du moment ôùFfimpfre fourtiît des secours contre
fane de «es vflles.» cm êik ipebt les entraîner de force dam des entrepriseii
injustes?.
LtviiB n. çBkPp V* lot
avec Betne, autrefois renouyelée de (ttx ea dix ans^
l'eut été à perpétuité.
Il s'était écoulé esTiron ceut ans depuis que Bieune^
le mont de IKesse et d'autres contrées voisines fur^it
ajoutés igix domaines de l'évéché de B&le par des sei-*
g&eurs ecclésiastiques de la maison de Neufekàtel. L'au-*
lorité militaire fut laissée à leurs cousins^ les comtes de
Kîdau ^^^, ou .partagée entre les bannières de deux
villes florissantes : P^les, Montménil et tout TErguel
marchaient avec Bienne ^^^ ^ le mont de Diesse avee
la NeuTeville ^^^. Hors de là, la souveraifiieté de cette
montagne était exercée en commun par le bailli de
Nidau et le maire épiscopal^ de façon quUls parla-*
geaient les contributions ^^y les amendes ^^^ même
les ours ^^ et les sangliers ^^ qu'on tuait ; mais le
comte dé Nidau ne pouvait imposer la montagne sans
*^ A Juger par la «Aorte n. 4S5 : Taxe en blé pow les vedettes àe 9i*
àuà ; ceux éa moat Ue Diesse doiveot aider ua joarel une irait à garder
jNidan; s'ils marchent pour Tévéque, le comte protège leurs maisons
comme la sienne propre , sous peine de perdre son Gcf.
^" Traité d^ alliance du comte Rodolphe de Neufehâiel avec Bienne, 1336;
fusqu'à « forameà È^,perto$ • f Pierre-pertuisJ; ensuite « a foramine
usqne ad rîvam de Thvle juxta S. Mamdtium» (près du Landeron).
Cette alliance fut formée contre Estavayer et Gudrefin. Bienne dans ta
mnutittttion primitive»
*'* FatteviUe, Histoire de la Confédération Helvét,, place ce fait à l'an
ÉS65.
*<» Tout ceci est tiré d'une «Enquête de Jeân'Matxem , du baron Jean
• dfllfingen, du baiHîdèMidaOfBurkharddeMÔbringen, et de Pierre Sé-
»ryant, bourgeois de Bienne, dans l'affaire de l'évéque de Bftle contre le
•comte de Midau, » 1352.
^ *** Les bieus des voleurs a[)partenaient à l'évéque. Ibid,
*'^ Les pieds de devant au maire épiscopal, la tête au bailK ; au valet
I boire et à manger et un épieu. Ihid.
^** Il n'en est pas question dans l'enquêté au sujet de blesse • ma» datii
aellc (yfllingtfn. lélid^
408 HISTOIRE DE LA SUISSE.
le consentement de l'évéque ^^^, tandis que les assises
pouvaient être tenues sans le comte ^*^ ; les habitans
de la montagne ne payaient point de pontonàge à
Nidau, mais ceux qui possédaient une bète à corne ou,
un cheval devaient fournir tous les sept ans ^e plan-
che pour Tentretien du pont. Trois de ces habiians
étaient échevins héréditaires ^*^ ; ils donnaient un repas
au' maire et au bailli ; libres d'ailleurs, n'étant tenus
qu'à la garde du château quand les bannières mar-
chaient ^^^ ; leur maison offrait pendant vingt^quatre
heures à tout meurtrier un asile non moins sûr contre
1^ vengeance que le château de Sienne ^*^. Dans
toute* Tadministration , l'une des autorités tempérait
l'autre ***. Selon les lois de l'équité, un voleur pouvait
racheter sa vie au prix de son bien **^. Tels étaient
aussi à peu prés les droits du château d'illfingen ^^^*
A Bienne, le gouvernement de la bourgeoisie prit
ufi tel ascendant, à force d^udace et de bonheur,
que le précédent évéque fut obligé tantôt de céder **',
tantôt de comparaître devant des arbitres et de traiter
^'' Le comte ne pouvait pas non plus empêcher ji'évêque de mener les
habitans dans ses guerres. Ibid.
iA<> Le bailli y était invité ; les assises se tenaient au village de Diesse. Ihid,
<*^ La cbarte les nomme « Tschevin. • Cet office passait aussi en bén-
tage aux frères et aux neveux. Ibid*
*** Ils recevaient pendant tout le temps du pain et du fromage. Uid,
^^ Expressions de la -Charte. Ces nombreux détails, qui paraîtront
minutieux , font conndtre la simplicité des mœurs de ce vieux ten^-
^^* « Si le bailli lève des impôts trop onéreux , le maire y met ordre. >
Ibid.
'^^ « Si quelqu'un possède corps et bien , le bien doit secourir le
corps. » Ibid. ' *
**• Le gouverneur du ch&teau entretenait #pour le village one charraet
un taureau et un*verrat. Ui4*
^^^ Sa ekarfè au ittjet da pomi rompa da ehâieau dé Bienné, iSié.
UYRE U, CHAP. V, 109
avec la ville d'égal à égal. Un esprit si indomptable
àtiimait les bourgeoisies d'alors^ que plus d'une loi
sévère dut défendre d'inaulter les conseillers et les
greffiers dans la salle d'audience et dé leur \lonner
des démentis, d'entrer dans la maison d'un autre pour
rinjarier ^ de passer la nuit sur le seuil de la porte
de son ennemi y de sonner les cloches pour exciter une
émeute^ de refuser l'office de conseiller / peu agréable
dans un tel état de choses. U y avait un conseil, qui ,
à l'expiration des mois de scm administration^ élisait
un autre conseil; celui-ci prétait sern^nt au maire
épiscopaF; le maire, de son côté, prétait serment au
conseil et à la commune '^^. Sienne avait formé des
alliances perpétuelles avec Berne, Fribourg *** et
Morat ^^\ puis encore avec le comte Rodolphe de
Nidau **^ et le sire Guillaume de Grandson ^^^, des
traités de combourgeoisie où sa prépondérance était
évidente. Le comte paya le droit de combourgeoisie
cent livres fenning ^^ ; la ville n'aidait te sire de
Grandson que dans les guerres qu'il entreprenait d au-
près le conseil de celle-ci ^^* et à ses propres frais ^^.
*** Son eampramiê au mjet du comte Louiê de NtufekéUel, Mod tiers-
Grandval, 1846.
«*» Charte 184» , le 13 mars.
*^* Charte de 1854 , le 7 du mois Uôwcts.
*^^ Traité de combourgeoUie, 1350.
*^^ Alliance de Guillaume de Grandâén , seigneur de Sainte'XUroix ^ œee
Biewne et la NeuveviUe, 1356. U possédait Gadrefln.
^^* n en fit le dépôt; s'il renonçait à la comboui^eoîsîe, la somme
était perdue.
^^* Ce n'était point parce qu'il faisait souvent la guerre en Bourgogne;
la circonscription locale du secours à donner était déterminée entre
Ollea et Sainte-Croix , situé ai-dessus de Grandsoni
^^ n marchait jusqu'à BieQoe sans solde ; ^u-delà de ceUe ville il se
faisait payer son seceurs*
110 HiSTOiBc BK hk $mam.
lies «Eiteftes rapports uûis$aient à GuiHaume la Neu-^
veville, au pied du château du Schkwsberg ^^^ fiée
d'aUleuns par une combourgeoisie perpétuelle ^^'^ à
Cerlier^ petite ville ueufchàteloise sur la rive opposée
du kc ; eu tout semblable à Bienne ^ mais plus faible*
Tel était le Nugerol *^* , à l'époque où Jean de
Vienne, évêque de Baie, vint à Bienne, et somma les
bourgeois de renoncer à Taffiance perpétuelle avec
Beirne. Ils en appelèrent avec une ferme résdution à
leurs droits, et au silence gardé durant qukize ans par
le précédent évêque, Jean de Vienne, également igiKH
rant de leur constitution embrouillée et de la (iuissance
de Berne ^ surpris et courroucé de la résistance de son
peuple , emprisonna les chefs de la bourgeoisie dans le
<èiâteau. Or, la constitution porte que nul ne doit
entrer de force dans la maison d'un bourgeois de
ji^nne ^^^; la détention arbitraire était défendue par
totts les codes municipaux. Dès qu'on sut ce procédé ,
Bienne requit la ville de Berilë; Berne d^uia aussitôt
vers les Confédérés ; sans délai se mirent en marche
neuf cents hommes des. Waldstetten et les fOTces ber-
noise^. A la nouvdle de leur approche, l'évêque^
transporté. de fureur, envoya toutes ses troupes sacca-
ger la ville de Bienne. Le pillage eut lieu par surprise,
«
«^« Le ch&tean du Scjilossbarg^ dont it ne reste que des ruines ♦ fondé
ml%U pa» révéqnede Bàle, Henri IV, doima naissance à U NèuteVifle.
Derrière le chAteau se voit une beUe cascade de i$0 pieds de baot
*" Citée dans Yadede renouvellemait eni578; elle avait étécoodo»
eDiSdS.
ft^ Anden nom de toute oette eontrée.
AS» Constitution (H0nAfeBie)de Biemu , 1(^6% y différente de eelle qtt'on
lit annuirilttnienu Nous jr fixons pm tes tr^ caractéristîqttei de Tesprit
de la bourgeoisie.
uvfiE 11. 01 AP* y« 111
non sans effusbn de sang. Ensuite il ordonna d mcen^ -
dier la ville ^^* Les gémissemens de la patrie expirante
retentirent sous les voûtes des prisonniers du château.
L'évêque avec tous ses serviteurs courut en hâte au
Schlossberg. Les Bernois^ à leur arrivée , virent les
ruines fumantes de Sienne et toute la population prés
des cendres , exposée à un grand froid ^^^ et privée
des nécessités de la vie. Ayant invité à la retraite les
Confédérés qui approchaient^ ils s'emparèrent du chà*»
teau épiscopal, le rasèrent ^ et délivrèrent 1^ bourgeois
prisonniers. Mais^ malgré les bonnes dispositions des
troupes |K]ui avaient bravé le froid durant dix jours^ il
fut impossible de riai entreprendre sans machines con-
tre la Neuveville^ défendue par sa forte situation. Ils
perdirent en cette occasion Henri Zigerli , bourgeoiîs
notable de la ville de Berne j où il habitait une grande
maison ^^^ ^ abondamment pourvue de meubles pré*^
deux ^^^j suivant Tusage des anciens. ^
Dès qile l'hiver deviui plus doux *^*, les troupes cfes
Bernois^ pour venger Bienne^ entrèrent dans la vallée
de Saint-Imier ^ partie de TErguel. Non loin de la
i<<^ Tsehaehtlan attribue ce secours au comte de ^idau ; fVurstUm oe
dit pas un tnot de ce comle ; il nous paraît , d'un côté , difficile que Té*
Téque ait exécuté une pareille entreprise sans secours ; de l'autre , in«
concevable que Berne ne se Uki pas i^engé da comte. Il manque ici
quelque document. Cependant voy. n. i68.
^*^ Au mois de novembre 1367. Si l'on se rappelle que Broun détmislt
Rappesschwyl dans la même saison » on trouvera que ces exemples confir.
ment l'observalion faite» que le froid porte certains homiàes à la cruau-
té. La Meiirie , V Homme-machine,
*^^ L'abbaye des tisserands s'assemblait daflé sa maison. Tesiammtde
Zigerli, 1367.
^<* Il lègue à ses fils tout^'abord deux mille (iviea m le si^bifier,
Ibid.
*^^ Dana les premiers mûis de i^8.
112 BISTOIRB DE LA 8U1SS£«
source de la Birs, existe à travers le roc un passage^
ouvert par la nature^ élargi par les tlelvétiens^ au
temps où Âventicum était deb^ut^ afin d'établir des
communications avec le pays des Rauraques ^^^. A
l'occident du rocher, 4es Bernois dévastèrent l'Erguel
par le feu; l'évêque avait un kistion sur le rocher
même ; du côté opposé , dans le val de Moutiers , les
.Soleurois, pour renforcer les troupes de Berne^ passè-
rent la montagne près de Malleray ; de là, un chemin
étroit entre des rochers élevés conduit à Moutiers; en
cet endroit campaient les forces de l'évêque. Au mo-
ment où Jean de Vienne se mit en marche polir sauver
le pays, et où les renforts de l'ennemi (Parurent sur
les hauteurs voisines dé Malleray, les Bernois étaient
arrêtés inopinément par Ja vive résistance qu'on leur
fit du haut du bastion de Pierre^-Festuîs. Les Soleurois
combattirent en grand danger ; mais les troupes de
Berne, lel^nneret Riedbourg ^*^à leur tête, escaladè-
rtnt et forcèrent le bastion. Les fuyards ayant averti
Févêque de l'approche de l'ennemi, Jean prît la fuite ;
il fut poursuivi par les Soleurois; eux et les Bernois
firent expier au p(fys Temportement de son seigneur
contre Bienne *^''.
**^ L'inscripUon (1. L cb. VL n. 48» t i, p. 64) ne parle que de
« via facta » ; Touvrage , autant que son ancien état eist reconnaissable »
paraît plutôt helvétien que romain.
^** Têehttdi.^e qualifie de boulanger; il faut entendre par là qu'il était
bannetel de*¥abbaye des boulanger^ Avant 1430, tous les bannerets
étaient de familles nobles. Pierre KUtler, dans la Guerre des seigneurs
( Twingherrensireit) de Frîkhard, Nous avons vu , non loin de Berne , les
ruines de Riedbourg , ancien manoir d*nne famille de gentilshommes,
^^"^ Jean de Fienne^ ou tévéehé de Bâte via xiv»« siècle, par A. Qui-
^Itérer ,<t«Porrentruy, 1856, 1 vol. in- 8, tel est le tiU-e d'un ouvrage tout
i<6cent» où Fintérél du rûman est relevé par celui de la couleur histo-
LIVRE H. CHAP. V. 413
Ces guerres se faisaient sans plan militaire ni poli-
tique, avec tout Facharnement des passions populai-
res et au détriment des deux partis. Comme Tévèque
approchait des rives de TAar à la tête de toutes ses
forces, et avec tant de confiance qu'il menaçait d'un
ton insultant de couper la forêt de Bremgarten, voi-
sine de Berne , il fut arrêté près d'Olten par la crue
des eaux et par les représentations de son vassal le
comte Rodolphe de Nidau , à qui cette giierre extra-
vagante faisait craindre le ravage de ses domaines ^^^.
Mus par le même sentin^ent, les ville)» et les sei-
goeurs du voisinage intervinrent, afin de mettre un
terme à ces calamités ; les Bernois ayant dévasté des
églises au mépris du droit de la guerre ^^^, Berne fut
condamnée à payer une indemnité de trente mille flo-
rins. Le revenu total que cette ville tirait de la taxe
sur le vin , des péages , de la jouissance de TAar et
de toutes les autres finances, s'élevait alors à un peu
plus de deux mille livres ^"^^^ somme à peine suffi-
sante*'^^ pour la dépense ordinaire, non compris le vin
riqne. Les hislorîens , les chroniques et des documens manuscrits ont
fourni à l'auteur des détails dont il a composé le tableau des mœurs de
Fépoque, ainsi que de la vie et du caracLërç du belliqueux prélat. G. M.
^<^' Son devoir l'obligeait à marcher avec Tévôque contre Bienne,
mais il désapprouva sans doute la dureté insensée de son seigneur.
^'' Ils devaient avoir un semblable prétexte , comme Tseiiudi l'in-
sinue; lorsqu'on réfléchit à la plainte que le prieur de Moutiers fit
contre eux ( Charte, n. 191 ), il parait vraisemblable q«e sa résidence
eut le plus à souffrir.
*'® Comptes des trésoriers Pétermann de fVabem et Ulrich de Mûr»
zenden ^ 1373. La forte taxe sur le vin ( 704 livres ) y entre pour plus
d'un tiers. La somme totale est de 1548 livres et 596 florins; un florin
équivalait à une livre et un scheling.
^^^ Ibid, U se trouva que la recette surpa&sait la dépense de deux
livres et six scbelings : 242 livres et 37 florins pour l'entretien des dé-
ni. 8
nu HI8TOIME DE Li SUISSE.
qu'<m offrait souvent aux seigneurs qui Tenaient à
âerue *''^. Aussi , à la diète de Balstal/Ies arbitres au-
taient-^ils prononcé d'une manière plus équitable, ou
le» magistrats dé la ville rejeté leur sentence , si ceux^
là n'avaient pas voulu humilier Berne , ceux-ci peut-
être, mortifier leurs concitoyens *''^.
D'après l'ancienne constitution bernoise, on adjoî^
gnait chaque année, à Pâques^ deux cents bourgeois
notables à l'avoyer et au conseil ^"^^^ et la plupart des
affaires qui devaient lier la ville et les générations fu-
tures se traitaient devant toute la commune ^'^ i mais
cette constitution était ébranlée par l'ambition des so-
ciétés particulières ou abbayes , par l'extension exces-
sive donnée au pouvoir et par la division des nobles et
des notables bourgeois ^''^. Car, à l'époque où Jean de
pâtés de la ville; 75 livres pour le louage des chevaux; SO livres 9
BcbeliOgs pour les courriers.
*^^ Ibid. Une longue lisie : (Quelques exen^les seulement: un poi à
la vieille comtesse de Kiboui^g , depx au comte son fils , un au cbàle-
lain d*Erlach , un à Hallwj^l , un à Montenach , un au prêtre Hemman ,
vingt-un aux W^aldstetten , à Zurich et à Lucerne, lors du renouvelle-
ment de Falliance.
*7^ Sans une circonstance semblable, on ne concevrait pas comment
un tel gouvernement souffrît une pareille sentence ; néanmoins la chose
ne paraîtra pas impossible à celui qui connaît l'histoire de toutes les
villes de la Suisse pendant notre siècle.
17* « A Pâques, quand on établit les 200. » Gb. n. 128.
^^^ « Le conseil, les 200 et la commune de Berne. »C/i. 1559. ( Voj.
n. 182. ) « L*avoyer, le conseil, les 200 et la commune de Berne » dé-
crètent que les villages au-dessus et au-dessous du Sulgen sont sous la
protection de la ville et régis par ses lois. 1564. Août
*^^ Cette scission durait depuis environ un demi -siècle; elle naquit en
1519 , alors qtle Jean de Bubenberg l'ancien . fils d'Ulrich , ancien
avoyer aussi et mort en 1292 , supplanta Laurent Mûnzer dans la charge
tfavoyer. Gdui-ei jouissait d'une grande considération comme chef de
notables familles bourgeoises , telles que les de Krauchthal, Gysen-
LIVHB II. GHAP. V. 115
Bubenberg fut exilé , le gouvernement, voyant les
abbayes demander avec constance un changement de
constitution ^"^"^ , décréta un ostracisme plus dur que
celui des Athéniens y puisque sur le soupçon d'un pe-
tit nombre de citoyens on était banni pour cinq ans ^''^.
Il eitigeait de ses membres le serment de révéler aux
conseillers secrets ^'^^, à l'avoyer ou aux conseils toutes
les choses qui sembleraient dangereuses. Il appréhen-
steîn, Baim, Séedorf, EkAi; son antagoniste était le glori^x Chef de
la noblesse et des chevaliers. Bubenberg ayant été banni , comme nous
l'avons racoDté ci -dessus, 1. ii, chap. m, t. ii, p. 450 » non en 1848
mais en 1350 , le pouvoir resta aux mains des bourgeois, du moins
tant €fae vécut Pierre de Balm , qui avait porté la bannière à Laupen.
Après sa mort, sous le gouvememettt insignifiant de Conrad de Holz ,
surnommé Schwarzenbourg , lorsque le vieillard Bubenberg se retira
avec ses six fils de Spiez, où il avait vécu jusqu'alors, à Bilbenbei^ non
Iràa de Berne, il fut rappelé, comme nous l'avons raconté, essentielle-
ment par la voix du peuple (186â), et son fils Jean, qui avait com-
mandé à Laïqien, et qu'on a souvent confondu avec Jean deBuben-
herg le jeune, comme il a pu nous arriver à nous- même, fut élevé à
la première <dignité. Tout cela se trouve exposé avec une parfaite luci-
dité , dans le Nouveau Musée suUêe , par M. Frédéric de MuUinen, depuis
avojer de Berne , et doit servir à com{)léter le récit du chap. iii. = La
vie et les travaux historiques de M. de MuUinen sont l'objet d'une no-
tice biographique intéressante formant le t. ix d'un recueil historique
dont ce magistrat fut le fondateur ; il est intitulé VInvestigaieur de VhU
éoire êuUee ( der Schweizerisehe Gesekiektfotêckef ). Le t. ix vient l
par«tti«. G« M.
*7^ On ignore quel fut leur plan ; il se rapprochait sans doute decelu
de Bronn ; les abbayes prétendaient peut-être faire les élections.
*^' Vavoyer, U conseil, i«8 300 ef (m bourgeois, 1358 , mercredi avant
St-Hilaire. Le conseil ou les 2 00' avaient la compétence de prononcerai
la pluralité des suffrages une amende de 10 livres ou un bannissement de
cinq ans contre celui qu'on soupçonnait de pouvoir devenir l'occasion *
d'une dissension. Cette charte devait être jurée annuehement d tout Ja-
mais, le jour de PAques»
A7* Ces magistrats furent institués parce que la puissance et l'aï-denr
des partis empécJuiie&t bien des gens de faire des révélationt.
\
116 HISTOIRE DE LA SUISSE.
4 •
dait à tel point l^s complots ^^^ et les a98ânblées clan-
destines ^^S q^6 quiconque se. montrait sans lumière
dans les rues» après le second couvre^feu^ était banni
pour un mois ^^^, et que nul n'osait paraître armé dans
la ville sans autorisation ^^^. En cas de soudaine révolte,
l'avoyer av^it un pouvoir dictatorial ^^^. A la suite de
ces événemens les Bubenberg avaient été réintégrés.
Mais après la sentence des arbitres^ à la diète de
Balstal^ la soumission au gouvernement déchut avec la
prospérité dans les affaires; les sociétés formèrent des
réunions tumultuaires. Le conseil et tous ceux des
Deux-Cents qui approuvaient son administration s'as-
semblèrent aux Dominicains ^®^, et firent occuper Thô-
pital voisin par cent hommes armés. Avant que le
*^* L'article premier de la ch. n. 178 porte : « Nul ne doit s'entre-
» tenir en secret avec un autre , de choses qui pourraient causer perte
• ou dommage à la viUe ou à la commune, à l'avoyer, aux conseils
» ou aux Deux- Cents. »
^^^ Il existe de l'an 1353 une défeme de. sonner les cloches de sa pro.
pre autorité; une autre de 1378 contre des sociétés particuliires; la
lettre de 4373 interdit d'armer les abbayes.
, ^'^ « Celui dont on trouvera la conduite suspecte et mal réglée ; »
Ch, 1359, vers le jour de Saint-Georges. H est à remarquer ( voy^
n. J 78 ) que dans quelques arislocraties le soupçon naissait aussi faci-
\ ement que sous Tibère.
^'* « Celui qui porte à Berne, ouvertement ou en cachette, une cui*
rasse, sera banni de la ville pour un an , et paiera dix livres d'amende.»
CA. n. 178.
^'* « Quoi que fassent l'avoyer de l'année prochaine, et ceux (sans dési-
» gnation plus précise ).qui le conseilleront et l'aideront en matière de
» coups, de guerres et de soulèvement, de jour ou de nuit, avec ou.
» sans drapeaux, ils n'en seron.t pas responsables, et Van croira sur leur
» serment qu'ils Vont fait sans animosité, » Ch^ n. 181. .Ceci a été écrit
vers le jour dç Saint-Georges ; Pâques était le 21 avril ; il faut donc l'en-
^ndre de Pierre de Krauchthal le jeune , qui gouverna en 1859.
*'^ La| coron^une et aussi le Grand-Ck>n8eil s'y aaiemblaient ordinaire,
ment. II y avait du reste aussi un petit H6tel*de>Ville à la Matte,
LIVRE II. CHAP. V. 117
• r
mécontentement n'éclatât en actes violens, on trouva
bon d'effrayer ceux qui murmuraient. C'est pourquoi,
sur les indices d'une conspiration , pour l'exécution de
laquelle le gardien du clocher de l'église de Saint-
Vincent devait sonner la cloche dVlarme, dés qu'il
entendrait le mot d'ordre *^® , il fut mis à la torture et
avoua ses desseins. Tandis qu'un grand nombre de gens
coupables ou redoutant la prépondérance de leurs en-
nemis quittaient la ville, que d'autres étaient privés
de leur liberté, comme complices ou par précaution, le
gardien du clocher fut conduit à l'échafaud. Avant l'exé-
cution, il éleva la voix et jura par ce Dieu devant lequel
il allait comparaître, et par le jugement dernier de tou-
tes les choses humaines, que les tourmens de la torture
lui avaient arraché un aveu mensonger etqu'il était in-
nocent. Après le supplice de cet homme, un Diessbach ^^'^
et d'autres bourgeois notables, d'un nom moins illus-
tre ^**, reçurent l'ordre de quitter la ville. Les gentils-
«
*•• « Gell den Hais. • Il y va de la vie.
^^^ Sans doute Rodolphe , gendre de Tavoyer €onrad de Holt , qui
dut cédée, en 136,4 ,Jl Bubenbei^» Les autres penoimes de sa maison
n'eurent peut-être aucune part à ce complot Jean de Diessbach, nom-
mé en 1S69. dans la charte pour la. dame Nesse Piiessina , est trésorier
en 1378. Gh. n. 170. Il n'était pas dans le^ habitudes des Bubenberg de
se venger.. Du reste , SteiiUr, en général très-laconique quand il s'agit
de constitution , du moins dans la partie de son ouvrage qui est impri-
mée , n\ pas nommé Diessbach dans cette occasion , sans doute parce
que cette famille a produit même de nos jour», à Berne et à Fribourg ,
un grand nombre d'hommes distingués. Nos historiens suisses usent fré-
quemment de cette circonspection , « non considerando , corne gli
>. aaohi che faanno in se grandezza, corne hanno' quelle- de i governi
> et de gli stati, comunque elle si trattino, qualunque fine abbino ,'
• paré portino sempre a gli nomini più laude che biasimo. • Maechiav,
Uiwiè, proem.
, *" St51U, Losi , Hafner; point de nobles.
41S HISTOIRE D£ Lk SUI^SB*
hommes et les bourgeoi$ notables se récoociliérei^t ^^^.
Si les tribus de Berne ne s'emparèrent pas y comme
celles de Zuricb» du pouvoir souverain ^ il pe faut
piis en attribuer la cause à ces mesures yiolentes, plu-
tôt propres à exciter laudace d'une vaillante bour-
geoisie, mais on le dut surtout au Grand-Conseil , sans
lequel les chefs de la républiqiïe ne faisaient riisa
d'important* Le Grand-Conseil est une autorité inter-^
médiaire opposée à tout pouvoir immodéré, et qui ^
défendu les bourgeois contre l'oligarchie du sénat el
le sénat contre l'ochlocratie^®® de la multitude»
L'évêque reçut à peine la dixièipe partie des trente
nitille florins; le gouvernement qui^ avec raison, ne
voulait pas donner davantage ^ prétexta qu'il ne l'osail
pas,. par crainte du peuple ^^^ Ce fut ainsi que Jean?
de Vienne termina cette guerre irréfléchie où il dé&-^
honora d'abord son nom , ne put ensuite empêcher la
dévastation de son pays, et se vit enfin obligé d'hy*»
pothéquer tous les biens de son siège *^^.
Autant la noblesse bernoise se distin^ait par l'ha^
bileté dans les armes et dans l'équitation, et en gé-
nés^dX par des mœurs plus élégantes que celles de la
*^* M. de MutUnen, ci -dessus, n. 176. Il croît que cet ordre de choses
subsista un siècle. Voy. notre L iv, cbap. iv..
*^^ Salluste ( de Dits et Mando ) désigne par cette expression convenable
une constitution, qui place le souverain pouvoic entre les qoains de la.
multitude.
**^ Il faut , surtout pour la déciàon de TatSaire priueipale ». de Tal-
lianee perpétuelle avec tienne , qu'il ait été fait avec Tévéque Jean nae^
transaction qu'on ne connaît pa3;. en effet, k>r9que Jean de Ganel,
prieur de Moutiers , accusa Berne devant le conseil auUque de rEn-^
perenr , les Bernois en appelèrent hardiment à la transaction de l'évéqae,
et l'empereur Wenceslas la confirma. Ch. Prague, Jean-Btpt IS7S..
*»^ Pour 90,000 florins. Ttckudi, 4369.
I
LIVRE II. CHAP. V. 119
plupart des autres villes ^^^, autant les lois défendaient
sévèranent presque tous les jeux^^^j mesure éga^le-^
ment paternelle et sage^ soit que le gouveruem^nt evit
en vue la prospérité des familles^ ressource contre
maint danger de l'État, soit qu'il préférât faire suc-
céder aux affaires ces exercices où les Grecs et les
Romains puisaient des forces pour tous les travaux
et tous les plaisirs de la vie. On défendit, peut-être
par méfiance des asseinblées nombreuse^ ^^S d'iqyit^
aux festins des funérailles plus de dix convives.
Lôfler de Bremgarten, esprit fort ^®^, fut-br^l^à*
la réquisition de l'offîcial épiscopal de Liausaiinex çop^
formément à la jurisprudence ecclésiastique qui vqu-:
lait donner aux incrédules un avant^goût du feu de
l'enfer. Lorsqu'on le conduisit en grande ppmpe sm
la place de l'exécution, Lôflj^r dit au bourreau : a MpiI
>i ami, il n'y a pas assez de bois; » tant il mourut
avec calme (1375)1 II ne vivait pas dans cette incré-
dulité qui détend et énerve l'âme , mais dans une foi
qui, bien qu'erronée, Télevait au'-dessus de l'empire
des sens.
Comparée à Zurich, Berne, à cause de sa situation
dans un pays ouvert, au milieu d'un grand nombre
de seigneurs, était plus puissante par sa domination,
"» Ibid. 1355.
'** Ordonnance de i&67 contre les jeux de caries; le jeu de dames et
le trictrac étaient permis.
i>5 On soupçoime ce motif , parce qu'on ne permettait dans une
maison particulière que cinq c<m?i?es , tandis qu'il en était accordé di^
à on coQYâiiL. Ordonnance de i570.
*^* Qui avait la foi « que f on nomme de l'esprit libre. * Techadi,
Mous verrons ci^dessous dans l'histoire de l'archidoc Rodolphe , à ]*anv
née il58, en quoi elle consistait.
120 HISTOIRE DE LA SI/iSSE.
plus guerrière par l'esprit de ses fondateurs**^. La
constitution de Zurich favorisait davantage le dévelop-
pement de l'esprit de toutes les classes du peuple , par
les arts et les habitudes de la paix ; sa bourgeoisie était
peut-être plus civilisée **^ ; Berne avait de plus grands
hommes d'état. Zurich devint peut-être une ville plus
parfaite; Berne s'éleva promptement au rang d'une
république puissante et bien constituée. Lucerne était
inférieure à toutes deux, mais non par sa faute; les
nobles sentimens avec lesquels ses citoyens sacrifiaient
volontiers corps et biens*** pour la patrie, ne purent
jamais se développer sous la maison de Habsbourg,
à la faveur d'une constitution libre. Zoug et Claris
supportaient sans impatience la domination de cette
maison, depuis qu'iis la redoutaient moins. Dans les
Waldstetten, régnait une vie pastorale, paisible et
**^ Leur influence fut propagée par la multiplication et la réception
de famllies nobles; à Ziiricb, il ne reste de l'ancienne noblesse et des
clescendans des anciens chefs de la répiubliquè que cinq ou si^i familles ,
qui liaturellement se sont conformées plutôt à Tesprit de la constitution
qu'elles n'ont formé celle-ci d'après l'esprit de l'ancienne noblesse. Â
l'époque dont nous parlons ( iS8d et suiv. ) , Jean et Henri Escher ,
d'une vieille famille de vassaux ( « clientelarium , feodatariorum » ) de
Habsboui^, devinrent baillis de Kaiserstuhl et Rnroikon, et bourgeois
de Zuricb. J. J, Ryff. dans la Biblioth. de Haller, ii, 52 3. •
^'* Il ne s'agit pas des manières , mais des mœurs civiles ; non des
individus, mab de la généralité.
*^' Leur héroïsme sera décrit dans le chap. suivant. Lucerne n^achela
pas seulement de Ramstein (ci-dessus n. 6) son fief masculin de l'abbaye
de Weggis , les droits du seigneur de Hertenstein^ et de Henri de Moos,
pour 1050 florins, une grande partie des droits de l'abbaye de Pfœvers
sur les mêmes lieux {Cysat, BibU de Haller, IV, 565) ; on voit en outre
que vers cette époque il se fit une dépense considérable, suivant les for-
tunes du temps , pour des tours et des murailles. Balthasar, Dcêeription
du pont de la CiuipeUe.
Liv«E II. (:hàp. V. 121
uniforme^ toujours active pour la liberté et les amis^^.
Telle était la situation des huit cantons de la Confé-
dération Suisse pendant les années de la paix de
Thorbergi
Le prince-abbé de Saint-Gall régnait sur un vaste
pays, désert autrefois, donné au monastère , mais qui
sous la houlette pastorale était parvenu à une telle
prospérité , qu'il commençait à s'enorgueillir ou à dé-
fendre ^avec hardiesse les droits transmis par les an-
cêtres et les droits de la nature. Ni la ville bâtie auprès
du- couvent, ni les petits territoires^^* cultivés au-
tour d'Appenzell ne se soumirent avec docilité au
pouvoir arbitraire du prélat. Assez riche pour secou-
rir l'abbé dans ses besoins d'argent ^^% forte par des
citoyens ^^^ auxquels elle avait accordé le droit de
*•• Je ne puis m'empêcher de citer un Irait de ce caractère, d'aprts
la chronique de MeUhior Ràss , chevalier, historien de Lucerne. Â l'épo-
que de Fincendîe de Lucerne, que nous avons mentionné ci-dessus, cbap.
iv, n. à9, il existait un différend entre cette ville et le Bas-Unterwalden,
au sujet du droit de coupe dans le bois du Burgiberg , beau et fertile
promontoire qui s'avance dans le lac des Waldstettcn. Dès qu'on aper-
çut la flamme, les Unterwaldiens se portèrent vers la ville à force de
rames. On fut effrayé ; on leur parla du baut de la muraille. Alors
leurs yeux se remplirent de larmes. « Ghers et loyaux confédérés, di-
» renl-ils, vos maux sont nos maux; nous sommes ici pour sauver corps,
> biens, femmes et enfans, autant que cela dépend de nos bras et
» de nos vies, et nous aiderons à éteindre comme si le feu était à nos
* propres malsons. » On leur ouvrit les portes avec joie, et l'on se traita
fraternellement. La montagne fut partagée dans la suite.
^^ Appenzéll, Hundwyl, Teuffen et Umaesch sont appelés « Laendlî, »
petits territoires, dans le traité d'aiiianee des villes; VXm, Saint-Urbain,
1579.
^^* Doettmeni d!un prêt de 6S0 mares qu'elle lui fit sur le cbàtean
d*AppenzeH, 1345.
^** ' « Semperlente • « qui sont Semper • ( Sentence des villes au bord
du, Ute\ 1S81) ; proprement «sendbar, » hommes libres et compagnons
d'armes qui ont lé droit d'assister aux sehd ou plaids provinciaux.
boui^oisie et par d'autres l^mmes libres , la TiUe
relevait de l'Empire dans l'étendue de aes quatre
croix ^^, et ne devait à l'abbé que les services et les
contributions ordinaires ^^^« De même le pays des sm»-
tagnes^ en tant que les terres et les gens ne dépen-
daient pas de l'abbé y était gouverné au nom de l'Em-*
pire par le baron Ulrich de Kônigsek^^^ et le comte
Albert de Werdenberg ^^j auxquels l'empereur Louis
de Bavière avait hypothéqué le bailUage et l'impôt ^^^«
La forteresse de Clanx, dans les montagnes voisines
d'Appenzell, fut confiée par l'abbé ^ mats sous cau-
tion ^ à la garde d'un homme sùr^^^. Rosenbourg ap*
partenait aux barons de Roschach^^^; ce château leur
fut enlevé par surprise par les tnns frères Giel d9
^** Roger ManesM fat, de 1965 à 4367, le dernier bailli impérial.
Dans la suite, Saint-Gall fat cité devant la cour impériale par hû et par
so;i fils Roger, au sajet de prétentions résultant de son gonveniemeiit*
Protocole municipal de Zurich, 1376.
**5 Convention avec Vabké Georges, 1573.
^' Engagement du bailUage dJppemeU, Hundwyl , Trogen , Teuffen,
Hérisan, Wjttenbach et Gossau, 1381. Engagement du bailUage de U»
cour de Trogen, 1132.
207 Engagement du même bailUge, 1344. Werdenberg Tavalt acheté
de Kônigsek pour 800 marcs ; l'Empereur lui en devait 300 povr le se-
cours qu'il lai avait donné en Bavière. Confirmation de CkarUê IV. Gh.
de celui-ci, portant qoe Tabbé peut racheter ces bailliages.
*^' Engagement des produits et des contributions d^AppenxeU, etc, ^
Kônigsek, pour 900 livres; 1343, VtTerd ; Judica, pour 200 livres en sus,
à la charge pour Kônigsek d'acheter un cheval. Wûnbourg, 1348.
*^^ Aveu de Jean Meldegger à Tabbé et au prévôt administrateur , Ul-
rich d'Ende, 1347.
^'^ Doit-on entendre par là les nobles de Bûrglen? Charles IV hypo-
théqua à Jenni , baron de Bûrglen , le fief impérial da baiHage de Ro-
schach, Mâhlen et Tubaeh. Jewn Sekoop, additions à Rahn, d'après une
Charte, Prague Lxtare, 1351. Du reste, les uns entendent le Rosenboutg
du Rheinthal, d'autres celui qui est sitpé près de Hérisau. /
UVRB U. GIIAP. y» 123
Glattbourg, à titre de paiement d'une dette. Cette ac-
tion afiligea le concierge du château ^ campagnard
d'une antique fidélité^ gardiai malgré lui d'un Inen
injustement acquis; voyant les Giel seuls ^ il les as-
somma; lui-même aurait succombé à la force corpo-
relle de leur valet ^ sans un couteau que sa fille lui
donna. Il jeta ensuite avec joie les cadavres ennemis
par-dessus le mur^ et garda le château jusqu'à l'ar-
rivée de son maître ^^^
Mais la ville de Saint-Gall^ le peuple d'Appenzell et
tous les serfs de l'abbaye , qui dans les temps malheu^
reux de l'abbé Guillaume de Montfort^ sous la despo-
tique domination d'Henri de Ramstein et sous le fai*^
ble gouvernement de l'abbé Hildebold de Werdstein ^
avaient oublié le respect et l'amour ^ ces véritables
colonnes de toute autorité^ surtout de l'autorité ecclé-
siastique^ obéirent volontiers et sans contestation à
l'abbé Herrmann de Bonstetten^^^> que sa douceur fai-
sait aimer. Autant Herrmann se montra valeureux et
habile dans l'art de la guerre^ lorsqu'il mérita sous
les armes la faveur de l'empereur Louis ^^^, autant il
déploya de prudence dans les bons offices qu'il s'em-
pressa de rendre à l'empereur Charles IV, au com-
mencement d'un règne encore mal affermi^ et qui lui
valurent l'amitié de ce prince ^^*; autant aussi fut-il
*** FUodttrmnuê, 134 A.
^^ Nommé en 1994. Doeumenêt dm pape Jean XXI; il momrat en 1860.
^* Lettre de l'empereur qui hii abandonne ce que les comtes de Ho-
benberg et de Grayspach devaient à la couronne» 1535 ; lettre du mâme^
où il le délie de l'engagement au sujet de Blatten, parce qu'il l'a rendu
maître de la forteresse d'Ems.
^* n est fait mention de ces services dans la seconde charte , citée
n. S07. n existe de 1555, Prague, Mich. une eanfirmation détaillée dr
toute M êêigniurœ par le même empereur Charles.
124 HISTOIRE DE LA SUISSE*
équitable^ sans défiance^**, dévoué à l'intérêt pu-
blic^*% ne montrant d'indifférence que pour l'aug-
mentation de sa propre fortune ^*'^. Après avoir rendu
à la ville de Saint-Gall un nouveau service , en accor-
dant une franchise à son hôpital^**, et réjoui Appen-
zell en autorisant une alliance avec Schwyz et Cla-
ris '^*, l'abbé Herrmann de Bonstetten mourut. Le
jour de ses funérailles il fut honoré par le plus élo-
quent panégyrique que puisse envier un prince, les
larmes sincères de son peuple ^^^ ; sa mémoire fut si
vénérée, que dans les querelles avec son successeur, la
ville ne demandait qu'à être replacée dians la situation
que lui avait faite Bonstetten ^^^ .
L'abbé Georges de Wildenstein qui le remplaça, ho-
norait beaucoup plus les princes qu'il ne favorisait lés
bourgeois et les paysans, et le duc de Tek, un des
principaux gouverneurs autrichiens, exerçait la plus
grande influence sur les affaires de l'abbaye ^^^ ; aussi
^^'^ « Il vit en bonne intelligence avec la ville. » Stampf. Il lai suffît
d'avoir, dans la Charte n. 203, l'assurance de la part de Saint-Gall,
qu'il pourra racheter le château s^ survient quelque mésintelligence
entre la ville et le couvent S'il réclama l'usage d'une blanchisserie , si-
tuée en dehors des quatre croix ; s'il obtint du pape que le bénéfice de
l'église de Saint-Laurent fût compris dans sa mense , cette dernière et
impopulaire mesure fut attribuée à la nécessité (Stumpf) ; quant au pre-
mier point, il n'avait probablement pas tort
*^^ Saint-Gall tient de lui le droit de consommation , 1344. Lui-même
ne voulut pas se soustraire aux contributions nécessaires. Stumpf,
'^" Il laissa beaucoup de dettes. Hottinger, Hitt EccL Helv,, 1360.
Il était très-hospitalier. Stumpf,
>^' Fief de l'hôpital, 1360. Lâi Charte, note 205, donne des renseigne^
mens sur cet établissement. '
"* Aussi en 1360. Fûsalin, Giogr, t. il, p. 221.
»• Hoiting. l. c.
M* Ch.n, 205, art. 13.
*'2 Charte de Charles IV, 1365 , statuant que Tek servira d'arbitre pour
UVRE IK CHAP. y. 425
s eleva-t-il tnentôt dans le couvent et dans le pays
toutes sortes de dissensions. A la vérité^ Charles lY
défendit à la ville de. protéger des moines contre
Tabbé ^^^^ et Appenzell dut jurer de renoncer à toute
combourgeoisie et à toute alliance. étrangère, durant
la vie de Tabbé Georges^^^*. Toutefois il est bien plus
difficile de fixer, d'après des régies invariables, les
rapports de la ville et de Fabbaye de Saint-Gall, que
c^ux de l'évèque de Baie avec sa ville de Bienne^
parce que la jalousie et l'incompatibilité sont beaucoup
plus fortes entre deux autorités totalement différentes,
et entre gens de mœurs opposées, obligés de vivre en-
semble dans l'enceinte des mêmes murs ^^^ j d'un côté,
un prélat despote , plein du souvenir de l'autorité ab-
solue que ses prédécesseurs. exerçaient sur le désert;
de l'autre, une bourgeoisie, rendue par lui plus jalouse
de conserver sa liberté impériale et ses droits justement
acquis, fîère d'ailleurs par la conscience d'elle-même.
Néanmoins le bourgmestre, l'ammann, le conseil et
les bourgeois de la ville de Saint-Gall conclurent avec
Georges de Wildenstein un traité, d'après lequel « il
» continuerait d'élire le conseil de la ville et nomme-
» rait ammann un homme honorable qui lui agréerait ;
» suivant l'usage traditionnel, les affaires d'héritage
Tabbé, et Tévéque de Constance, Henri de Brandis, pour la ville. L'Ëm^
pereur remit alors à la ville Tavouerie impériale. Dès ce moment elle se
rapprocha de plus en plus des Confédérés. Stumpf, Convention de la pille
avec Jean de Séhen (Séon?), bailli à Frauenfeld,: celui-ci juge les mal-
faiteurs que la ville fait arrêter hors de ses croix; si Thomme est cou-
pable , la ville paie une petite partie des frais ; s'il ne Test pas, dix flo-
rins d'amende, 1374.
^'^ Ibid, Elle leur donnait le droit de bourgeoisie.
^^* Ch. 1567. Les prises d'armes lui sont aussi interdites.
^'^ L'abbé n'a qu'une sortie ; du reste, il est enfermé dans la ville.
426 liisitiiiti HE hk sinssE.
» et dé propriété ressortiraient an tribunal de ce ma-
fi gistrat^^^; les affaires féodales^ au palais de Tab-
n bayef quant aux services et aux contributions^ l'abbé
» ainsi qu'eux-mêmes prendraient pour règle Tadnue
» nistration de Bonstêlten ^^''. » Les seigneurs du pays
ayant appris à se soumettre au prélat ^® et à l'Autri-
cbe^^', Georges gouverna dans les limites de son auto-
rité, non sans avantage pour l'abbaye^*®. Les petits
territoires d'Appenzell, Hundwyl , Teuffen et Urmesch
entrèrent, par l'entremise de la ville de Saint-Gall, dans
l'alliance formée contre tout pouvoir illégal par trente-
detix villes impériales et par les princes de Bavière, du
Palatinat et de Bade. Ces quatre petites communautés
élisaient annuellement treize administrateurs pour les
besoins du pays et en particulier pour les intérêts de
l'alliance ; ces magistrats répartissaient aussi les con-
tributions par tête. Le choix de l'ammann et du tribu-
nal , le paiement des contributions arriérées, pourvu
qu'elles fussent légitimes, étaient réservés en faveur
de l'abbé, l'allkince ne garantissant que la constitu-
tion; aussi Georges donna-t-il son adhésion k ce traité,
la dernière année de sa vie^^^j la maison d'Autriche
^^ A Zurich, Tavoyer de l'abbesse présidait de semblables tribunaux.
^7 Cfu de 21 articles; Saint-Gall, lS7d , jour de Saint-Urbain, dans
Têchudi.
^" Accord avec Ramêchwag, 1875. Il avait retenu prisonnier le coosin
de l'abbé.
^'^ Le bailU BUckoff de Gurk déclare aux Schaffhonsois, par un do-
cument, qu'ils ont reconnu le duc contre Grimmenstein ; le cfa&teau fut
pris, le sire d'Ende se soumit Jnféodation de Grimmenstein à ce seigneur,
alors qu'il fit sa soumission an duc, 1968.
^* Aeie d^aehat de Cavouerie de Go$$au, que Kfinigsek avait possédée,
1878.
Mi Traité d^aUianee, Ulm, jour de Saint-Uri>ain, 1878, à la fin de
la Chronique d'Appenull de fVaUer, Wyl même était dans l'allhnce ; les
LIVRB II. CHAP. T. f27
ette^métûe ne voulait pas offenser ralliance pour peu
de chose ^^^.
L'abbé Cuno d^ Stauffen, dont la haute taille et
la Vigoureuse structure aiinonçaienf un maître dédai-
gneux de la douceur des mœurs ^ ne voulut jurer le
maintien des franchises de la ville qu'après qu'elle
lui eût rendu foi et hommage; il défendit aux Ap-
penzelloises d'épouser des Saint-Gallois^ sous peine
de la confiscation de leurs biens ^^^. Les droits qu'un
prince reconnaît par serment^ avant Thommage de
ses sujets 9 sont des lois fondamentales; ceux qu'il
confirme dans la suite semblent dépendre de son bon
vouloir. C'est une imperfection des principautés ec-
clésiastiques ^ que souvent le successeur d'un prince
est étranger à la constitution du pays. Cuno se lia par
un. traité de combourgeoisie avec Lindau ^ afin d'avoir
aussi quelque crédit auprès des villes ; du reste^ il de-
meurait exclusivement attaché à l'Autriche. La faveur
de ne pouvoir être cité à aucune des cours impériales
lui ayant été accordée ^^*, il consentit de son côté que
le ducLéopold ou son conseil jugeât ses causes comme
l'Empereur même ^^^. Lorsqu'il obtint le droit de ra-
cheter des avoueries impériales hypothéquées ^^^, il
v3l(»«n conférèrent la protection à Saint-Gall et à Constance, 1377.
^* En général Léopdd évita dans la suite aussi de paraître se douter
que l'alliance avait été formée contre lui.
^' Parce qu'il jugeait lès droits de propriété dans ce pays sans égard
à ses circonstances locales. Siumpf rapporte qu'il voulut même contes*
ter aux boetrgeois de la ville le droit de retrait
^* La Charfe royale est de 1879 , et comprend la ville de Wangen ,
V^yl, Appenzell, Hundwyl, Teuffen , Trogen; vidimée par Zayssolfàe
Lttpfen, Rothwyl 1886; de même par lejuge provineiai du Hégau et de
Madaeh à Aygoltingen, éod.
^^ Dans la même Charte royale
^' Là seulement où l'abbaye possédait déjà des propriétés, et sous la
128 HISTOIRE DE LA SUISSE.
promit de n'en jamais faire usage au détriment du duc ;
on vit clairement par là qu'il n'avait en vue que Kô-
nigsek^^'' et Werdénberg^^*. Il manifesta* ces dispo--
sitions^ alors que par l'entremise de la ville de Lindau
il accusa Sainl-Gall et Appenzell auprès de l'assemblée
des villes riveraines du lac de Constance, et plus tard
auprès de la diète d'Ulm. Quant aux biens. des fian-
cées d' Appenzell, l'alliance statua selon l'équité. et le
droit du pays^^^, et ordonna qu'après la confirmation
de la constitution par l'abbé, la ville de Saint-Gall lui
promit par serment, ainsi qu'un sujet à sousmaitre,
fidélité et secours ^*^. En échange , Guno dut renoncer
à l'astucieux traité de combourgeoisie avec Lindau , et
notamment à la protection de la maison d'Autriche ^^^
Il fut ordonné au seigneur de Ramscbwag, qui avait
été son vassal pour la forteresse de Blatten, dans le
Rheinthal , et pendant quelque temps au service du
comte Rodolphe à Feldkirch - Montfort , de^ ne rien
condition du droit de rachat en faveur de l'Empire. Ch, da roi JVen-
cesUu, 1379.
3^^ Il racheta elTectivement , en 1.381 , ses hypothèques à Appenxell;
voy. TschudL
138 Voyez, comme preuve qn*il possédait Tavouerie ùdim Lûnig, Spi-
cil, 1. 1, le « prononcé entre MontfortBregenz et Werdeiiberg^Heiligen-
• bergau sujet de Tavouerie de Saint-Gall et des cours de Wyler et
• Scheittek, par Gaudenz de Liebenberg, 1379. »
2^' Savoir que si des frères et des sœurs habitent ensemble sans avoir
fait de partage, ou si Tun d'eux est au service d'un maître ou en appren-
tissage, ou hors du pays pour une autre cause, l'abbé n'a aucune- part
dans le patrimoine. Sentence des villes au bord du lac, 1379. L'appHca-
tion de ceci aux mariages n'est pas. claire, parce que les circonstances
de détail ne sont pas connues.
^^* Sentence des villes au bord du lac dans les affaire^ de* la, ville de
Saint-Gall contre l'abbé, 1381. Tsckudi.
2** Tschudi, 1380.
LIVRE II. CHAP. V. 129
entreprendre à la réquisition dé Rodolphe contre le comte
de Werdenberg, avoué de Saint-Gall, sans l'autorisation
du Grand-Conseil de Constance^*^. Un sentiment de jus-
tice animait les villes alliées; elles condamnaient aussi
bien les Saint-Gallois quand ils refusaient de reconnaître
leurs obligations féodales ^*^, que l'abbé quand il exagé-
rait ses prétentions^**; pour les points obscurs, elles
suivaient les coutumes de la ville la plus voisine ^*^.
Il n'y a guère de constitutions plus naturelles ^*^ et
moins faciles à exploiter pour le mal ^*'', ni de consti-
tutions aussi fortes^**, quand les lois sont sages, que
les confédérations en général, ;
Au sein de la Haute-Rhétie, la liberté du peuple
resta renfermée dans les limites que nous ayons indi-
quées précédemment ^*^. Avec beaucoup de peine ,
l'évéque de Goire maintint par l'influence de son au-
torité sacrée et de la richesse territoriale qu'il avait
acquise, ime partie de l'administration souveraine que
^> « Qui ne lui ordonnera rien de contraire à Thonneur. » Ch, 1381.'
'*• P. e. un quarteau du meilleur vin du pays , lorsqu'ils reçoivent
les fiefs; les intérêts du moulin dans te fossé de la ville, etc. Seconde sen-
tence des villes du bord du lac, 1381. Ibid,
*** P. e. des reliefs exagérés, des droits trop fréquemment prélevés
sur les héritages, etc. Ibid.
*** Dans Tarlicle sur la manière de taxer les étrangers, l'usage de Con-
stance doit servir de règle à<6aint-6all. Ibid, •
**• Toutes les autres constitutions se résolvent dans celle là.
**' Excepté pour leur défense, les confédérations sont difficiles à met-*
tre en mouvement.
^* L'Ionie et TÉolie, la Lycie, ITitrurie, la Suisse, TAllemagne même
et la Hollande, dans tous les grands périls, tant qu'il resta autre chose
que le nom delà confédération , tant que son esprit l'animait encore.
*** Nous avons fait mention ci-dessus de Brégell et des franchises des^
colonies de Davos etduEheinwald; en 1381, on ordonpa les statuts de
Pusclav. Ha«cr, BibL VI, 456.
m, 9
430 HIS-IOIRB DE LA WI^BE
les aociepd Empereurs avaient confiée- à ses ppédëees-r
seurs sur le pays compris entre h Septimer et k haùair
quart^^^. Lç pape Jean XXI donna à Tévêché un ac^-
ministrateur d'une résolutipii éprouvcje , Ulrich , à^ 1>
maison des avoyers de (^uzboi^rg^ qui ne craignit psis^
à Mayence^ e^ qualité de lect^iur des Augi^istins» d?
lancer du haut de la chaire rexcommunicatton 009tl*^
Louis de Bavière ^^^ Après cette preuve de fîdéUté^
^^^ Ch. de CkarUê IV, Dresde, 27 décembre i$49 : la justice crimi-
nelle, les monnaies , les poids et mesures, les péages (à Coire, à Gas-
telqui», auiL bords de la Luwer qni se Jette dans la Maira) ; le droit
de conduite (à Vespran) , le droit de chasse sur les deux rives du
Ubiu, depuis le Settman (Sejptimer), jusqu'à la Landquart , à sçs sonr-
ce9, à l'Elbelen (Âlbula) et de là jusqu'au Settman ; tout Tairain, 1^ fer«
le plomb , le cuivre , Fargent et For ; tous « les homipes libres en
9 tant que nous pouvons les donner en vertu de notre royale autorité. »
Jkm ^nvom Y « £lbele« dans la eopie que nous a coramufliquée le res-
pectable inve^t^ateur Ulysse de Salis; Guier a lu r« Aqu^lla» » çt^l en-
tend par là le Schelkelbach ou Schergenbach, qui se réunit à Flnn tout
au baut de TEngadine* Lehmann lit « Âcquellen » désignation, pense-t-il,
de cette même rivière et du Yinstermûnserbach. Dans une autre Charte,
l'Bippereur conGrme l'hypothèque 4e Tavouene impiériale, que L'éiéque
Siegfried Tacheta en 1299, pour 3Q& marcs, des frères Donat et Jean
de Yatz et sur laquelle le roi Albert reçut , en 130| , encore 100 , el litf
de nouveau 300 marcs. Ces avantages, et des faveurs qui devient k|i
aider à reprendre son autorité sur les possesdotis épisçopales du Viast-
gau , furent accordés à Févéque en dédommagement du malheur q^'il
essuya dans l'intérêt de Charles et du pape.
^^ « In ambone, » Ann. Leobiens. ad 1^0, Dans la suite U embirassu
le parti de Louis, parce que , entre autres motifs, les régions fortifiées de
la Rhétie auraient été sans cela livrées aux plus grands troubles. Lors-
qu'on se rappelle ses liaisons avec l'Autriche , toutes les contradiic^oBy
de 9a conduite disparaissent Lorsque Gharies IV se releva, ce même
prélat arma 500 hommes contre le tils aîné de l'empereur Louis , Rec-
teur de Brandebourg, époux de U princesse tyrolienne Ma]^;uerite Mai^.
tasch. Mais cette troupe, réunie à mille Tridenlins, fut surprise pen-
dant son sommeil (« in Trameno, » dans le pa^s4e l'Adige) (ChrqtU^u^
(CEsIe, 1537; Muratori , Scriptt. XF); l'évêquc Ulaich fui mis aux f^i?»
LITRE II. GMAP. Y* 131
Tëvéque Ulrich tenta, de réconcilier le 4>ape et l'Em-
pereur ; il trouva la cour d'Avignon moins hostile que
subjuguée par la maison royale qui régnait sur la
France et sur Napks ^^^. Le duc Albert d'Autriche lui
remit la direction des aCTaires dans les provinces aiité«-
rieures pendant la vie de son neveu ^ le duc Frédé-»
rie ^^* En faveur de l'évéché, il acquit Rietbourg^^
et Hohenjuvalta ; l'évêque Pierre ^ seigneur bohémien^
chancelier de Charles lY, y ajouta le château de Ho-*
hentrûms^^; et Fëvéque Jean, chanceUer du duc Al-
bert^ de la même maisoci des avoyers de Lenzbonrg,
acheta beaucoup d'autres châteaux ^^; le tout pour la
somme de huit mille ducats. .Du reste , on voyait régner
avec une puissance indépendante ^^ les contes de Wer*
(«maaicas lerreas») et dut Mnoncfs à Ftestmherg (QaUt)^ qtte le
prince-électeur Loaîs ne rendit à Tévêqne Pierre , que onxe ans aprè»t
pour la somme de il 00 marcs d'argent. Louis fit avec Pierre un traité,
ensuite duquel Fûrstenberg , ainsi qn'Ârdex, devaient lui demeurer con*
stamnent ouverts. Butgkleehner.
»» Gicler.
^^ n était chancelier de ce prince et grand-mailre de sa cour» 1^43.
n inféoda la forteresse de Marschlins aux ducs Albert et Otton d'Autri-
che. Charte Kônigsfeldeû, 1837, dans GuUr,
^* De k maison* de Landau, pour 1,500 florins*
^' Du comte de Werdeiiberg. Tschêdi^ IMO. L'évêque Pierre fui
obligé d'hypothéquer Greplang et Réams. Guler.
^' Cet évêque , homme prudent et rangé , fut le premier qui véU^lit
les afiaires ruinées de l'évéché. Guler. Du reste, Ulrich administra l'évé-
ché de 1333 à 1355 ; Pierre , jusqu'en 1368 , où il échangea ce siège
contre celui de Leitmérii ; Frédéric de Nensingen* jusqu'à ce qu'il ob-
tint Brixen, en 1356; Jean» jusqu'en 1388. Ainsi vécurent simultané-
mient trois évéques de Goire; Pierre mourut en 1387, Jean en 1S88,
Frédéric en 1376 ; l'influence de l'Autriche fut prédominante; Pierre
conféra à cette maison la dignité d'échanson héréditaire, 1366.
.'^^ Dwis k ChBsrien. S50, les gêné delà Maison-Dieu sontdistiagués
du reste du peuple comme étant plus libres.
132 HISTOIRE DE LA SUI^E.
denberg, le baron de Razûns^ le bailli de Metsch ^^^, le
sire de Belmonte^ Zwanziger de Rémus ^^® et d'autres
maîtres du pays et du peuple.
Le comte Rodolphe de Werdenberg, seigneur de
Sargans, héritier du grand baron Jean Donat de Yaz^
vint à se brouiller avec son cousin Henri ^ baron de
Razûns, au sujet de l'héritage des nobles de Freyberg.
Il fut scmtenu dans cette guerre privée par son frère
le comte Hartinann ; ils avaient déjà uni leurs armes
contre Ffaevers , à l'occasion de Warténstein ^®^. L'é-
cuyer d'Ehrenfels lui prêta aussi secours. Henri eut
pour auxiliaire son ami intime^ le baron de la, puis-
sante tour de Rietbourg. Les deux partis se ren-
contrèrent à Tomiliasca , vallée du Rhin postérieur ^
dans le vidomnat du seigneur de Planta ^^^ . La nuit les
empêcha de vider leur querelle ; cependant Rodolphe pa-
rut remporter la victoire, achetée par de nombreuses
pertes : Razûns et Rietbourg tombèrent en son pouvoir ;
mais les valets de l'ennemi^ connaissant bien le pays,
surprirent le comte Hartmann, qui venait au secours
de son frère, s'emparèrent de lui, et chassèrent Ehren-
fels de toutes ses possessions. Par la médiation de
Herrmann, abbé de Pfaevers, et de Hartmann, maire
de Windegk , le sire de Razûns conserva Freyberg. La
**• Le Tyrol lui donna Trasp en fief, iS51. Burgklechner.
159 xyran ; il dut céder Rémus au bailli de Metsch. Ch, 1369 à Rémas ;
voy. Guler p. 153, a. Nous avons vu dans le premier livre, au temps du
coiiite Meinhard de Tyrol, Nannès de Rémus, fondateur du château, au
nombre des cautions fournies parle comte à Rodolphe de Habsbourg. Ch,
^^ Tèchadi, 1341. Ils rendirent W^artenslein au couvent.
' ^^ En 1387, Jacques Planta vendit le vidomnat à Ulrich de Razûns.
Il formait un fief de Tévéché. G*est pourquoi Tévêque le rendit à Jean
Thun de Nenbourg; de là naquit une guerre particult^e que nous ra-
conterons dans Je chap. vu.
LIVRE II. CHAP. V. 133
guerre s'était faite dans son propre pays^ dont il con-
naissait le sol.
Une autre guerre privée, dans laquelle ce même
comte Rodolphe prodigua sa bravoure contre Ulrich
Walther , baron de Belmonte , laissa long-temps au
sein des montagnes une tradition que les siècles ont
obscurcie : elle rapporte qu'il pénétra du côté de Mon-
taun, le feu et le fer à la main, et trouva sut là fron-
tière, près de l'église principale de Lugnez, des fem-
mes qui lui opposèrent une vigoureuse résistance ^*^ ;
ensuite Belmonte , dans le Lugnez , chez les anciens
Rhétiens, son peuple, saisit le moment favorable, rem-
porta sur l'ennemi, défendu par sa position , un avan-
tage long-temps cherché ^^^, tua tous ceux qui sont
enterrés à Coire dans le corridor du couvent des domi-
nicains amsi que beaucoup d'autres gentilshommes, et
fit prisonniers le comte Rodolphe avec les autres ^^*. Les
chroniques racontent aussi que dans les mêmes années,
le long Conrad , personnage marquant des Waldstet-
ten, vint des Hautes-Alpes en Rhétie, à la tête d'une
troupe de vigoureux guerriers , sans que de la cause
de cette entreprise et de ses conséquences il soit resté
d'autres vestiges que de gigantesques ossemens \ ré-
pandus près de Tavinasca ^^^.
"^ Dans celle même église , à Pleif, près de Villa , chef-lieu du Lu-
gnez , les femmes sont assises à la droite des hommes, afin de perpétuer
le souvenir de l'héroïsme patriotique de leurs mères.
*** Le 12 mai 1555, selon Gtt/er.
*•* 38 selon Tsekudi; 56 selon Àrduser, qui est d'accord avec le pre-
mier sur tout le reste. * Parmi lès miorls on trouve , outre un Herrmann
de Landenberg, un comte Henri de Hurmîngeh , 'à Reuhohchbei^, sur
le Danube, distingué comme héros et comme un seigneur qui faisait
de grandes dépenses.
^*' Lehmann (Grisons, t, i.) rapporte, d'après le docteur Martin Cappol,
434. HISTOIRE DE LA SUISSE.
Quoique le comte Rodolphe^ ainsi que tous les Mont-
fort , fût persécuté par la fortune , et qu'aveuglé JMtr
les passions y il travaillât lui-même à sa perte, néan-
moins, comme héritier de Vaz et chevaleresque héros,
il était craint en Rhétie et honoré par les Yisconti.
Revenant avec une faible escorte d'auprès de Galéazzo
Yisconti, seigneur de Milan, il tomba non loin de Gam*
podolcino , au milieu d'une bande de brigands qui ti-
rèrent sur lui ; son cheval excité par Téperon l'emporta
avec une telle rapidité, que Rodolphe, qui regardait
en arrière, se heurta la tête contre un arbre et tomba
mort ^^. Galéazzo le vengea ; douze habitans de Pleurs,
le bourg le plus considérable du voisinage^ furent re^
tenus par son ordre en priscm et soumis à des tourmens
jusqu'à l'arrestation des brigands ; il immola ceux-<;i
à sa vengeance, et obligea les premiers à lui payer une
rançon.
La Yalteline, dès-lors bien organisée ^^"^ ; toute la
seigneurie de Chiavenne , dont Fleurs était le plus bel
oroemaat ^^^ ; FoscUavo, pays aussi agréable qu'im-
portant conune passage de Milan au Tyrol; Bormio, sa-*
que l*on avait déterré en 1550 à Valendas» dans un vaHon, des ossemeas
longs de deux toîses , qu'on crut être ceux du long Kun (Kuenz, Con-
rad) ; que Ton conserva long- temps à Disentis ses grandes calottes ron*
ges. Un ancien numuicrit sur parchemin , qui se trouve à Disentis , rap-
porte cette histoire à Tan 1350, QaUr mentionne sans détails un fait
d'armes qui doit s'être passé à Mondona.
^* Chroniifue de PUurt, 1362. Il était père de Rodolphe et d'Ulrich.
**' Depuis Aszo Yisconti , on voit encore sur plusieurs maisons ses
amues, un énorme, serpent qqî écrase des hommes. Le pays fournissait
annuellement huit mille livres. Ponte , chef-lieu du parti Gibelin, afi9
de pouvoir fournir sa contriiwition de cent livres , avait établi un ca*
dastre ( Etimo) , qui servit de r^le et de modèle pendant plusieurs sîè<
des. 1366, Lekmann, Valteline,
«s Les Wertemann florissaient déjà.
UVAE It. GHAP. V. f 35
hlhre et fertile^ ainài que BeUintone, le grand passage;
toutes ces contrées étaient gouvernées par les Yiscfonti ^
qui avaient conquis les premières $ur l'évêché de Coiré^
dans la guerre que son avoué, le comte Ulrich de
Metsch^ avait faite contre la volonté de révêquè**^-
BelUnzone avait été enlevé à la maison Rusca, lorsque
celle-ci^ après la mort d^Âzzo Yiscônti , conçut Fidéé
de se rendre indépendante^''^. Le lac Majeur, souvedl
infesté par les Locàrnais , redevînt ^ui- après leur sou-
nûssicm^^ Enfin la gracieuse vallée de Blegno passai
*** Sprether, PaUat, 1. nu L^enipereur Louis, étant \ Spire en 1339,
lottnnâ iniifilément Gbisvenfie de rentrer um% la domination de l'êvècbé.
Gmler, D'après ane Charte de Charles IV, rapportée par QuUr, otf polar-
rait croire qu'en 1349, i'évêque possédait Ghiavenne : si cette conjecture
a' quelque fondement, la chose doit probablement s'entendre de l'usufruit
de quelques droits utiles et non de l'exercice des droits de la souverai-
neté. Gela peut aus^ se déduire du fait suivant : detfx hondnies de ce
pays ayant assassiné le comte Rodolphe de Werdenberg-Sargans, sans
doute pour le piller, Galéazxo retint en prison pendant huit mois, waà
autre forme de procès, douze habitans de Pleurs , soupçonnés d»c»
crime ; les vrais coupables ayant été découverts plus tard, il lei fit (Ma-
dré de sa propre autorité ; 1362, GnUr,
>7* Us aspiraient à devenir, par la possession de Bellinzone, prinèes
immédiats de l'Empire. Jean et Lucchino Visoonti investirent la place
avec quatre corps de troupes et l'attaquèrent avec des catapultes ( « tra-
bmchis»); an bout de plusieurs mois, ne recevant point de secours
d'ÂUemagne, les malheureux forent obligés de se rendre. Leur sort fut
sans doute à plaindre : « Ftcti sunt aliis x& exemplom, « dit Galvagno
Fmmma,k Yen iHO.
>^* Depuis le temps de Simon Murait , il y avait là une noblesse puisr
sonle contre laquelle la maison Vtsconti armait le plus possible les
navires de toutes les villes alliées et dévouées. Ils vainquirent par la su-
périorité de leurs forces, emmenèrent les seigneurs à Milan, établirent à
Locamo un fort et y mirent une garnison, 1342. Fcammâ, confirmé par
la Chronique de Milan, 1401. Telle fut la reconnaissance que recaeilti-
wai les Rosca et le» Munit , pour avoir agrandi à Fexcès les ViâConti par
aveuglement de parti.
136 HISTOIRE DE LA SUISSE.
SOUS la même domiaatioii ^'^^. Ensuite lorsque le parti
du pape Grégoire XI, et surtout le margrave Nicolas
d'Esté, à Ferrare, sous prétexte de défendre la Tos-
cane et de rétablir la liberté dans la Lombardie, eurent
résolu de ruiner la puissance de Galéazzo Yisconti et
de Barnabe son frère, Frédéric, évéque de Çoire,
youlut profiter.de cette occasion ^''^^; mais ce fut là sa
perte ^''^*.
Les Visconti avaient obtenu précédemment des huit
cantons de la Confédération Suisse, ainsi que de la ville
de Soleure, qu'on permît à la belliqueuse jeunesse de
, passer les Alpes pour aider à défendre le Milanais^
Ces trois mille hommes furent peut-être les premiers
qui firent connaître dans les guerres d'Italie la gloire
des armes suisses ^''^. Dans une guerre subséquente,
^^^ Les Avogadri étaient seigneurs de cette gracieuse et fertile contrée
(« Bel^^num •); l'archevêque Jean Visconti, qui en était le seigneur,
la doniia à un homme également disposé à rendre de grands services et
à faire de mauvais coups, Jean d'Oleggio, qui perdit cette possession en
1354, lorsque Galéazzo Visconti II acquit la isonveraineté de Gomo.
Pierre Azari, notaire de Novare, dans la Chronique des Visconti ; Murât,
Scr.xvi.
'7' 137A. FàêsUn, 1. c. t. m, p. 204.
. ^'^ Ses dettes le forcèrent à renoncer à Tévéché , 1376«
'^^ Dans les guerres des Empereurs, leur contingent se perdit an mi-^
lieu de la multitude. Dans l'expédition de la Léventine contre Âzzo Vis-
conti (1. II, ch. i , t. II, p. 309) on ne se battit point. ( Une prétendue
bataille près de Parabîago, le 21 février 1339 , dans laquelle Saint-Âm-
broise, portant une hache d'une main accoutumée à bénir, doit avoir
personnellement procuré aux Milanais la victoire sur les Confédérés, n'est
mentionnée ni dans leurs histoires, ni dans les nôtres , mais parait être
une légende postérieure, construite avec les événemens de l'an 1422).
Jean de Montf errât engagea en 1362 dix mille « Ultramontanos » à tom-
ber sur la Lombardie , et il parait qu'après avoir eu d'heureux succès
près de Vercelle , ils s'établirent à Gastelnovo , non loin.de Torlone,. et
ne rendirent celle place qu'en 1368. Gonlinuation de Galvagno de la
LIVRE II. CHAP. y. 137
Grégoire s'efiforça d'enlever à Viscoi^ti ce secours ^''^^^
Lltalie pouvait nourrir leur patrie; l'agriculture a
d'étroites limites en Suisse , et la population y est suf-
fisante > parce que la vie pastorale exige peu de bras.
A cette époque, beaucoup de terres étant en friche,
ou dévastées, ou sous une domination étrangère, le
penchant naturel des Suisses les conduisit à chercher
leur subsistance dans le métier des armes. Fendaiit
cet âge, l'art de la guerre fleurit seul, parce qu'on
croyait que l'industrie avilissait l'âme.
Il est vrai qu'à côté de l'agriculture, un peuple libre
ne coimait pas d'occupation plus ancienne, plus natu-
relle, ni meilleure que la guerre. Le courage et la noble
jouissance de la liberté, le secret de son union avec
une obéissance exacte, le mépris du danger, disposi-
tion infiniment précieuse pour le bonheur de la vie
entière, une certaine simplicité de mœurs qui sied aux
Fiamma, Je pense que ces Ultramontani étaient une des grandes hordes
qui ravageaient alors Avignon , le Daaphiné et la Provence , et avec les-
quelles le seigneur de Montferrat était en grande relation , selon Maitéo
V'Ulani, 1. X. Ce furent sans doute ceux qui prirent Saint-Esprit. C'est
pour les Visconti que l'expédition fut entreprise, selon Tschadi, lS7d«
*'• Bref du pape, 1373. Tfchudi, A cette époque le pape cherchait à
discréditer la première expédition. 11 ordonnait « Ecclesiae mandatis et
• sententiis, quae semper justitiam continent, obedire; » il déclarait que
les Visconti étaient fils de la condamnation , ennemis de Dieu , de l'É-
glise et de l'Empire , suspects à cause de leur foi ; que le pape les avait
couverts de toute sorte d'infamie et priait , « nihilominus per apQstoliça
scripta mandando » de soutenir leurs ennemis. Voy. Daniele da Chinazzo
de Treviio, Cronaca delta guerra di Chioza, au t. xv de Muratori, Scriptt;
on y voit comment Grégoire excita les Confédérés en 1378; non sans
succès. André Gattaro, dans sa Chronique de Padoue (Murât, xvii) et un
autre écrivain de la même collection , mais dont nous ne retrouvons pas
le passage dans ce moment , rapportent que dans cette guerre , un (ils
naturel de Barnabe Visconti , chéri de son père, fut battu par les Con-
fédérés.
138 HISTOIRE DB LA. SUIfiSfi.
hdâimes; tout l'avantage que l'État , tout le bonheur
que chaque indÎTidu retire des relatiiHis intimes et
journalières d'hommes fraternellement Unis ; une hé^
roïque patience dans les travaux^ après les travaux un
repos exempt de soucis ; qu'y a*-t*^il de noble dans la
vie, qu'y a^t-il de grand dans l'histoire que ne possède
un peuple libre et guerrier ? 11 est respecté par son
gouvernement; il subsiste par sa propre force, et il
rompt par la puissance de l'ëpée les trames de la pdli-*
tique étrangère et de la tyrannie intérieure. Les na-
tions commerçantes lui donnent volontiers de l'or con-
tre son fer ; aucun royaume ne subsiste sans les armes ;
un pareil peuple demeure le plus long-temps maître de
lui*-méme et de ses maîtres ; il est à l'abri de la craintey
tourment de la vie«.
La partie du Valais qui n'était pas en rapport avec
la Rhétie par l'intermédiaire de k vallée d'Urseren^
se trouvait entre deux États qui se faisaient très-sou-
vent la guerre. Milan et la Savoie. Par sa constitution,
le Haut-Valaîs ressemblait à l'ancienne Béotie : de
même que les onze Béotarques i^'osaient rien entre-
prendre d'important sans la vdonté du conseil de cba-^
que ville, ainsi il y a dans le Haut -Valais, de temps
immémorial, un conseil du pays^'^'' qui ne décide rien
d'essentiel sans les sept dixains^*^^, dans lesquels le pays
se divise. Sion, la seule ville, ressemblait à Thèbes^
avant que Fhilolaûs eût adouci la rudesse des esprits
par la modération des lois. La république des Valaisans
avait Un avantage, c'était la puissance salutaire que
377 . Générale consilium patris. • Franchise <U la viiU de Si<m, iaa9 »
mars.
9^* Ce mol est une corruption de « Gentenas , » centarie.
LIVRE u. caiAP. V. 439
Tévéque de Sion^''^® tenait des anciens Empereurs^ à l'é-
gal de l'évêque de Goire ; grâce à cette autorité , jamais
le capitaine-généraP®^ ne pouvait usurper la tyrannie^
et FoB ne risquait pas de voir éclater entre Sion et
Viège, bourg non moins ancien et bientôt aussi impor-
tant ^^^^ une animosité pernicieuse comme autrefois
entre Thèbes et Platée.
La ville de Sion était gouvernée par les bourgmes-**
très et les conseils^ conformément aux lois émanées de
la souveraine puissance de la commune des bour*^
geois ^*^. Personne ne pouvait être jugé ni condamné
en matière d'héritage et de propriété par le tribunal
de Févéque^*^, sans l'adjonction déjuges honorables,
pris dans la bourgeoisie ^^^ ; personne, sans l'assistance
d'un conseil ^^^, sur de simples bruits , sur des soup-
çons ^*, ou à la suite de l'application arbitraire de la
>^^ Sortont lorsque, comuEie Aymon de Tfainm «in omnibus ordinale «
rite et matnre procedebat. » Charte des syndicê, pour les a£faiiis tempo-
relles de Tévêché, 16 mai 1358 (après sa mort),
^^ Aymon de Roybone est nommé capitaine-général dans le Traité
deê habitanM de Saviési avec U comte Rodolphe de Gruyère, dans le livre
des Chartes de Gesscnay, 1369; il manque sans doute dan» cette date
an X , puisque dans la charte , il est question de Févéque Edouard , qui
ne monta sur son siège qu'en 1375.
3<* « Nobiles, egregii ac circnmspectî qnondam burgenses antiquî bu-
jus burgi Vespi je. » Ordonnmtee cotuemant te droit de bottrgeoiiie de Viége^
^'^ « Statuta facere circa rem civitatis et revocare, auctoritate saperio-
ns minime requisita. » C/t. n. $77. « Habere commune, ministratores et
Goss. communis , communiiatem et univer^tem facerej » Ib'uL
w»Voy. ci-dessus, n. 226.
^^* « Probes homines. » Ibid,
^^^ Tentends la cbarte dans ce sens qu'un individu accusé de vol du
de trahison, et qui peut fournir caution, reçoit de l'évèqne un «consi-
liom , » au cas que personne ne consente à l'être volontairement J W.
^** L'évêque ne peut condamner personne à l'amende comme usurier
ou adultère , sur le bruit public. Jbid,
140 HISTOIRE DE LA SUISSE.
torture 2^''^ . Des syndics ^^^ veillaient au maintien de
l'ordre et à la sûreté de la ville, et la loi autorisait cha-
que citoyen à résister à un pouvoir illégitime ^^^. Deux
syndics, recevant chacun quatre livres par an, admi-
nistraient les affaires de la grande commune de Vie-
ge ^^^ ; cependant il y régnait moins d'égalité à cause
de la puissance orgueilleuse de la noblesse , et parce
que les comtes Blandra dominaient encore dans leur
château de Hûpschbourg ^^^ On institua des greffiers
ordinaires pour consigner les événemens qui intéres-
saient la bourgeoisie ^^^. Les guerres ^^^ étaient réso-
lues par le conseil du pays, d'après le vœu des dixains.
^^"^ Il faut que quelques boui^eois soient présens pour en autoriser
Tapplication. IbUL
2«8 « Procuralores vel syndicos constituere. » Ibid. En celle qualité sont
mentionnés c/u n. 279, Ebçild « de Gregiyz» (Grésy), Sacrista , Rodol-
phe « de Verecio » ( Verey sur le Nenda, dans le Bas -Valais) et Anselme
• de Castellione » (Gestelen), dans Taffaire de Perrod de Nax, ecclé-
siastique, boui^eois de Sion, complice de l'assassinat de Bolj de Mûlî-
gnon , son combourgeoîs. L*enquête fut dirigée par Tofficial, Guillaume
de Glaryns (Glarens) , chanoine. Nax ne fut pas condamné à mort, mais
son, bien fut « saisitum ; » il le racheta moyennant 80 florins d'or. Ch.
dans le 82* voL des manuscrits de Hohendorf, à la bibliothèque devienne.
. 2*^ 1^ un serviteur de Tévêqué emploie la violence contre un bourgeois
ou un étranger dans la banlieue de la ville. Ibid,
^^® Elle s'étendait depuis Rarogne jusque «ad almenium » («AU-
mcnd , » pâturage commun ) « illorum de Terminea i> jusqu'au Stâldbach
cl au chemin de Haldenstaig; n. 281.
. ^^^ Ce que Tschudi raconte à l'an 1365 de la mort du comte Antoine ,
est rapporté avec plus, de vraisemblance à l'an 1265 , p&r la chronique la-
tine de JBng-oc, dont Slumpf s'est servi. '■'•''
*^* Le comte Pierre d*Jrberg, vicaire de l'Empire et capitaine-général
du Valais, autorise l'établissement de « Gancellarii » dans les villes et les
|)aroisses, assermentés par la chancellerie du grand chapitre de Sion ;
« apud Granges» 6juL IZbb; Confirmation par CAar/e; Jf^^ Lausanne ,
21 juin 1365.
^^^ « Gavalcatae, » n. 277.
LIVRE II. CHAP. V. 141
Ce conseil s'assemblait au château de Majorie (château
du maire)^ habitation de l'évêque^^*. Wischard de Ta-
velli à.Gradez, évêque de Sion, acheta de Berthold de
Greysy.^^^ le fief héréditaire de la mairie.
Au-dessus de tous les grands se distinguait le baron
Antoine de Thurn à Gestelenbourg^ par sa noblesse ,
son parti et le grand nombre de ses possessions. Pen-
dant le séjour de l'empereur Charles à Berne, il jeta le
gant en sa présence, résolu de soutenir en combat sin-
guUer que Berne empiétait sur ses droits dans la vallée
de Frutigen ^^^ ; le gant fut relevé par Guno de Rin-
kenberg ; l'Empereur empêcha le duel . Wischard de
Tavelli administra l'évéché et la république du Valais
daifô des temps très-difficiles 2^'', durant trente -trois
ans ; chéri du peuple, il inspirait tant de confiance aux
^^^ Il habitait aussi le chàtçau de Valérie et celui de Tourbillon, tous
les deux à Sion.
^^^ Ch» « apudSetani» CSion, enallem. «SîUen»). Le maire s^appelait
Bertholet de Gresiaco, co-seigneur de Bex (Bac}') ; à lui appartenaient
le château du maire, Tolfice, les langues de bœufs et les jambons; il
possédait « a ponte Ridde superins » (à partir du Bas-Valais), jusqu'au
pont Sirroz (à Sierre), sur les deux rives du Rhône, sur les montagnes
et dans les vallées, des maisons, des granges, des prairies, des vergers,
des vignes , des dîmes et des droits seigneuriaux ; la mairie était « feudum
bomagii ligii» de Tévêque; il en paya 500 florins d'or; cette somme lui
fut remboursée , et il fut libéré des 100 « solidos » et d'autres dépenses
qu'il devait payer annuellement au chapitre et au maire Âymon de Mon-
Ihéol (son prédécesseur). Pierre de Lyon était son gendre. Parmi les
témoins, se trouvent outre maître Michel de Gûmminen, le médecin et
le gentilhomme Rolet de Bex , J. « Salenns » de Bex. Ce nom serait-il
nn indice qu^alèrsdéjà Ton connaissait des salines dans cet endroit?
^^^ T/thudi 1365. Il se plaignit de l'inexécution des traités au sujet de
Laupen; peut-être voulait-il racheter cette hypothèque, pour laquelle
Berne avait Cait beaucoup de dépenses.
^^"^ Lettre de protection de'Charles ÎV, 1365, lorsque cette église était
vexée par des voisins.
1 42 HISTOIRE DE LA SOISSE.
pays voisins qu'il remplit dans le Baft-Valais les fonc-
tiûDS de Ueuteixant-gënéraP^^ du comte de Savoie^
Vieillard à cheveux blancs, il célébrait un jour avec son
chapelain TolËce divin à Seyon, château situé derrière
Sion sur un rocher très-^levé, lorsque survinrent des
gens de son neveu , Antoine de Thnm, avec lequel il
était ^x différend au sujet de droits ou de biens de la
mairiie. I^'évèque se refusant à reconnaître ces préten-*
tions^ les esprits s'échauffërent ; à la fin ses adversaires
se jetèrent sur lui, r»[itrainèrent tandis qu'il imjdorait
ep vain Dieu et les hommes^ et le précipitèrent du haut
d;u château; il tofiaba mort au pied des immenses ro*
chers^^» Lorsque la nouvelle de ce forfait parvint
dans la ville de Sion, et agita tous les esprits dans le
Valais entier, le baron Pierre de Rarogne, Henri,, son
frère, le comte Blandra et plusieurs des grands se sé-
parèrent de l'opinion du pays, comme si l'esprit de
parti osait parler quand la nature et la patrie font en-
tendre leur voix. Couches, Brigue, Louèche, Sierre et
Sion, cinq dixains sur sept, se levèrent, jurèrent ven-
geance, mirent la main à l'œuvre et ruinèrent le châ-
teau de Gradez. Comme le peuple marchait contre le
château de Hasenbourg à Ayent, il rencontra la no-
blesse près du pont de Saint-LéoAard et remporta une
victoire complète. S^ur ces entrefaites^ Amédée de Sa-
vcHc, connu sous le nom de Comte Vert ^^, arma les
w
^* Gufpheium, Sav., Amé VI, 1352.
"' $on <ÀapekiinaosBi ; Tiinet l'autre fait d*aprèB la tradilisn. Le di£Pé-
rend se conçoit d'apiès la donnée qu'en tronve 1. 1 , chap, ipe, n. 75,
L I, p. 359. II. ne parait pas ptouyé qu'Antoine ait lai>mtee porté la
main snr son vieux oncle, Tévéque; nous ne voyons pas même qu'il ait
été excommunié ; au contraire, il conserva encore des amis.
*'* Son écusson était vert, ^nsi que son bamais et sa Kwée, dans les
tournois; 1348. Ibid,
LIVUE H. OiAP. T. 443
principaux vâssau:;^ de a^i P^y^^ voisin du Valais ^^^
fit soutint les prétentions d'Edouard de Savoie ^ prince
d'Achaie ^^^, qyi fut porté au siège épiscopal de Sion.
Bian que le l^aron de Thurn vendit G^estelenbourg à la
Savoie > les banniài^es de la vengeance assiégèrent long-
temps cette forteresse et la démolirent sans scrupule.
Alors 1^ Lôtschthal entre Gestelen et Frutigen se déta*
çha 4^ ce seigneur; le joug de la servitude que son au«
torité arbitraire faisait peser sur les hahitans de cette
vallée ^^^y fut changé en contributions supportables^ et
Von institus^ de^ châtelains chargés des jugemens et de
la police ^^.
Autant les Yalaisans parurent respecter la justice en
cette occasion 9 autant ils déployèrent de bravoure dans
leui* guerre contre Thûring de Brandis. Ce baron ^
puissant dans le Sibentbal par sa méai^e, de la maison de
W^issfçnbourg ^^^% coiiduisit sa milice au secours do
*A^ C'est ainsi que j'explique l'armement mentionné par Guichênom,
1376; il doit avoir en lieu avant 1S75, car autrement le comte de Nidau,
mentionné par ee chroniqueur, n'en aurait pas fait partie, puisqu'il fut
\9é, esk %^7^ ÀQcnne de» ctreonstancet de ceKe guerre n'est rappor-
tée. 11 ne fut donc question que de soutenir l'élection de l'évêque. ^
'A^ Son p^re Philippe (m. en 1284) ^tait fils de Thomas UI, qm moa-
ri^ en 1282. , et qui avait été neveu da comte Pierre ; le père de celui-ci,
Thomas U, était bisaïeul du Comte VçrU Le titre de prince d'Aohaîe vint à
l^qarddeaa mère» héritiëredeVillehaixlouin,princed'Achi^etdu Pélo»
poisse; les Centurions, les Génois et les P^iléotogue» régnaient «n Acha&»,
30» Pierre de Thurn avait vendu à l'abl^aye d^Ioterlachen une partie
des habitaiEis du Lôtschthal, transplantés au ChMelet» Ch^ &3A9. Voy. sur
le ûef de Geçtelenbourg , 1. 1, ehap« xiv, n. 73. 1 1, p. 35^.
9<^* « Sef;vitia ad simplicem rediUim et ^vitium poneado; et de oth
asteliapk, j.udicibas, justiliaa ofiiciariis exinde eis providerunt ;. » daos-
un écrit d#té de. Valérie, le 16 novembre i&31. « jServitium. » s^ifie an
serf et aussi le devoir de prendre les armes pour son seigneur.
i^^ CL 4fi Ckarle* IF pour CinféodatiçH deSimmenegk, lorsque Weis^
senbourg abandonne ce fief, 1354*
144 HISTOIKE DE LA SUISSE.
baron de Thurn, contre les habitans du Valais; peut-
être son cœur trouvait-il des excuses pour son ami, ou
lui paraissait-il dur de l'abandonner à cause d\in
crime de ses gens. Thûring rencontra une résistance
habile et perdit la vie en Valais ^^^ ; les habitans du Si-
benthal assurèrent leur retraite en profitant de l'avan-
tage des hauteurs. Ce fut probablement pendant les
jours de ce revers qu'un parti ennemi, qui entreprit
de piller la grande commune ^^"^ de la Lenk, au fond
du. haut Sibenthal , rencontra chez les femmes qui dé-
fendirent leurs biens et leurs enfaiis, un courage en-
core célèbre dans les traditions du pays ^^®. Antoine
de Thurn quitta sa patrie et vécut à la cour du comte
de Savoie , dont il fut un des principaux conseillers ^®^.
Le Comte Vert , l'un des plus grands princes de sa
maison, apaisa par sa prudente intervention la grande
guerre des Génois et des Vénitiens, ainsi que beaucoup
d'hostilités privées ^^^, et, plus heureux qu'un grand
nombre de ses prédécesseurs, il sut, tout en agrandis-
sant et en consolidant la puissance de la maison de Sa-
voie, éviter qu'aucune jalousie dangereuse s'^evât
»•• Eu 1377, mais cette date n'est fondée sur aucun document.
3^' Nous ne lui donnons pas le nom de village , parce que les maisons
se trouvent disséminées sur un espace d'au moins une lieue.
''* Tradition répandue à la Lenk et que nous n'avons pas voulu pas-
ser sous silence , aGn que les femmes de ce pays-là se souvinssent de
quelles mères elles sont les filles.
••^^ Guichenon, Amé VI, 1579. Le même. Histoire de la Bresse; Val-
bonnais, Hi$U da Dauphiné ; mais surtout le dernier rejeton de l'ancienne
famille des l}arons de Thurn à Grestelenbourg , le lieutenant-général de
Zurlattben dans Gailia christ,^ t. m , renferment des choses excellentes et
sûres sur l'histoire du sire Antoine de Thurn , tle ses pères «t cousins.
Voy. ci-dessous chap. vu.
'^* Voy. sur tout cela Guickenon, auquel je renvoie pour ne pas justi-
fier chaque mot par des citations.
lîVRE II. caiAP. V. * A 45
tcwStre lui. Ë|i Valais, il soutint par sa seule considé-
ration et sans recourir aux armes l'évêque Edouard ,
prince d'Achaïe, dont l'administieition déplaisait au
pays ^'^ La guerre xians cette vallée était dispendieuse
et pénible, la victoire incertaine, et, peut-être alors,
iMprès la situation des affaires de l'Italie, moins utile
qtie dangereuse pcftir la Savoie, parce que la con<piête
de^{ft{it4e défilée importans devait nécessairement in-
tjuiéter Jean Gidéazzo Vîsconti, seigneur de Milan ^^^.
L'i4ée de faire servir la jalousie des deux puissances
au bien du pays n'échappa point aux chefs du peuple
valaisan ; mais ils n'étaient pas assez bien instruits de
la situation incessamment changeante (le$ affaires exté-
rieitt*es, pour saisir les momens les plus favoijables ^**.
Amédée , le Comte Vert , étàlit mort de la peste ,
le Haut- Valais courirt aux armes , chassa l'évêque
Edouard, arbora l'étendard milanais sur les châteaux
de Majorie, de Tourbillon et de Valérie ^^^^ supplanta
la domination savoisienne dans le Bas- Valais et fit une
irruption dans le Chablaîs. Aux progrès de se» armes
s'opposèrent du Vernay, marédlal de Savo|ç , Pont-
verre à la tête de son infai|terie, et avec le plus de joie
le baron de Thum , qui avait réuni sous ses ordres
autant de grosse cavalerie qu'il avait pu. Les Vakd*-
sans se retirèrent; Arion fttt pris, Chamosson capî-
'M « Propler plurima delicta. » HoUing», H, E. Helv. fa. a. U ne dit
pas si ces délits étaient politiques ou moraux. /
'^2 Fils de Galéazzo U , neveu de Barnabe , qu'il priva de sa souve-
raineté et d&^ liberté. ■
**• Rien n'entraîne les républiqHes dans des' l*attt|s politiques*^ plus
dangereuses que l'application de [principes généi*atux , sans connaissance
des cîrâDnstances et des chan||0uens que Jje temps amène.
"* Guiehenon, Amé VII, 1386. Le Comte Vert mourut en 188>.
ïii. lo
446 HIST(»RE 0S LA SUISSE.
tula« Âmédée YII^ élevé dans les armes ^ célèbre èÊxm
les tournois sous le nom de Comte Rouge ^ désireux
d'étabUr tout d un coup la gtoire de son règjgua nais-
sant ^ envoya en hâte des messages^aux seigneurs de la
Haute-Bourgogne^ du Pays-de-Vaud, du Dauphppé et
du Piémont^ qu il connaissait comme les plus bra-
ves^ les pluiprudens ou 1^ plus empressés à obtenir
ses faveurs. En même temps, parles soins de mfessire
Humbert de Colombier , seigneur de Yuillerens , bailli
du Pays-de-Vaud, il obtint dans une conférence tenue
à Morat ^^^, non-seulement que ralliance perpétuelle
formée entre Berne et son père ^^^ fut renouvelée par
les conseils et par la commune ^^"^ sous Tavoyer Otton
de Bubenberg, mais qu'on promit ^^^ de lui fournir
dans les évècbés de Lausanne, de Sion et de Genève
des secours pour un temps'iencore plus long ^^^. Là-t-
dessus mille Bernois s'avancèrent dans le» montagnes
de rOberland vers les confins du Valais. On vit accoù-r
rir par le Saintr-Bemard, à la tète de nombreuses trou-
pes du Piâaiont, Âmédée et Louis de Savoie, prince^
de Mprée, neveux de l'évêque^^® j le vaillant Coligny
d'Andelot vint avec un corps de Bourguignons; Henri
de Montfaucon , comte de Montbéliard , avec tous les
hoinme? d'E^challens et d'Orbe en état de porter les
"* Le 4 avril 1884.
*" Alliance de 1364; retwavellement tn 1378. Le Comte Vert signa
k première de ces Chartes « après qu'elle eut été traduite dans sa Iffiàgue
maternelle. »
*^7 Expression de la CharU (CAUianee.
'** Cette « liga perpétua » est conclue du côténde Bemef par Conrad
de Blirgistein , Loiûs «de Seftigen, Pierre de Wabrern, Rod. Wiprecht
et Rod. (d'Érlach à) Rlchenbach.
^1' I/accordde 1878 ne fut fait q«e {gpr qviaie jours, celaÎH» pcHir
sixsemaims.
"• Généalogie d'Edouard , d'après Guiekenon :
Liv^E n. cH\p. V. 147
armes; le comte Rodolphe de Gruyère, allié à la mai-
son de Savoie par ses fiefs et par sa femme ^^ ; Guil-
laume de Gr^ndson et Auhomie, touché de la con-
fiance que le Comte Vert lui avait témoignée jusqu'à sa
dernière heure ^^^ ; Nicod de l'ancienne famille de Mo-
nay ^^, La Sarra , des Monts, Estavayer, le bailli de
Colombier, tous marchèrent contre le Valais, Le baron
de Grandson conféra au comte de Savoie la dignité de
diiev^lier ; le comte, à son plus jeune cousin de Morée,
de même qu'à Henri de Montfau0on.
Ils passèrent sans obstacle le ]ie:u où Galba , général
de César ^ ne résista qu'avec peine aux Véragres ; c'est
que la meilleure milice des dixains supérieurs , sur un
avis reçu de l'Oberland, défendait , mais difficilement ,
la frontière de Gandek contre les armes des Bernois. Les
seigneurs ravagèrent le Bas-Valais, et prirent Sion ;
leur atdeur, allumée par le succès, ne trouva ni Majorie
trop bien fortifié, ni Tourbillon de trop difficile accès.
Ce revers, dû à l'émulation belliqueuse des ennemis,
engagea les Valaisans à faire la paix : noii-seulement
/ Amé rv, 1 125». — Boaifece, f 4268.
Thnmafiï + 4983 ) Pierre-le-Conquérant, f ^268.
Chômas I, t 1233 pj,i,.ppe^ ^ 4285^
\ ThomasII, 1 1259.
AméV, t4323— / Edouard, f i329 — ^ — **-^ -^' -^
Loui», bar. deVaiH^t 4330— j Aymon, f^^AS— PMUppe, f «^8W.
Louis U, tl350, V Amé le Comte Vert Amé, fim.
Louis, flAlS.
'^* Marguerite, fille de Humbert d'Alaman, seigneur d'Aubonuc,
petite-fille de Jeanne de Savoie ( fille de Louis I } et de Guillaume de
Joinvlllç, Testament de Jeanne ,4360. .
'î* IJn de Sfô exécuteurs testamentaires. Guichenon.
*^^ Les Blonay disent descendra des anciens souverains du BrabanL
C. J, de Saleso Vita, Amatœ de Blonay, ord, Flsil, De paxcilles prélçn-
lions prouvent une haute antiquité.
448 HISTOIRE DE LA SUISSE.
ils consentirent à la réintégration de l'évéquè^ mais,
comme dédommagement pour Gestele^ourg^ ils re-
noncèrent à toute souveraineté sur le pays en^essous
de Conthey ^^* ; trop pauvres pour payer les frais de la
guerre , évalués'à une somme très-forte ^^^^ ils promi-
rent d'hypothéquer au comte Seyon , Gerstenberg, Ma-
jorie et Gestelen. Un tel|)euple, dont Timpétuosité ir-
réfléchie^ flattée . d*abord par la victoire, succombe
ensuite, ne garde dans la terreur qui le subjugj^e ai
décence, ni mesure. Les Yahisans oublièrent que le
comte était dans l'impossibilité de ftiire une longue
guerre et surtout de se maintenir dans ce pays* La di-
gnité, qui importe tant à un peruple libre , eût été sau-
vée, siy abandonnant toutes choses dans les vallées, ils
se fussent réfugiés sur les montagnes. Les dixains in-
férieurs firent cette paix contre le gré du Haut-Valais,
et promirent à genoux devant le comte de Sayoie de
l'assister contre les dixains supérieurs ^^^^ L'agitation
du Montferritt, au cpmmepcement de l'administratioB
de Théodore Paléologue II, oblige^ le comte Amédëe à
Remettre au comte Rodolphe de Gruyère le soirx de con-
tinuer cette guerre.
Rodolphe, qui joignit avec un singuiiar bonheur les
seigneuries d'Oron, de Montsalvans et ensuite d'Au-
bomie à ses domaines héréditaires , traversa les vallées
"* Écrit conservé à Valérie : Mandamentum a Morgia Contegii in-
ferius,
*" Guiehenon; iOO,000 florins d'or. Écrit n,' 824: kf^OOO florins
d'Allemagne.
**• NaU du même écrit contre « rebelles superiores Âlemannos. » H»
firent cette promesse « in campo Sarqoera » (dans les -frairies de 911-
gues, au dixain de Louèche. Les écrits eltés h. 624 et 304 paraissent
être des narrations composées par les'évêques subséqneits , d'après des
documens et des tradition», pour opnserver le souvenir des falls.
UVRE iî. CHAP. V. 149
«
étendues de ses sujets y passa près de la graode chute
de la Sarine et par les sentiers du Sanetsch ^ escarpés
et toujours couverts de neige, eçtra dans le Valais, ap-
pela à lui les soldats abandonnés par Amédée, entraîna
ceux de Sîerres, de Louèche et d'autres Ueux, et campa
près de Viége , afin de pénétrer dans les vallées supé-
rieures ^^^. Dans la nuit le peuple mit le fçu aux granges
où dormaient lès Savoyards ; au même moment, le capi-
taine du pays, Pierre de Rarogne, à la tête de toute la mi-
lice des dixains supérieurs, fondit sur eux avec le succès
ordinaire des attaques imprévues ^^^. A peine Rodolphe
put*il échapper au péril, grâce à quatre cents hom-
mes du Gessenay, qui défendirent le pont du Rhône
avec résolution et habileté ^^^. Les vainqueurs volèrent
au pas de coursé vers la forteresse de Hùpschbourg ,
manoir du comte de Blandra ; elle tomba ^^^. Tandis
qu'on rebâtissait la ^ille de Sioiv, la guerre subsista
^^ 4)^i<lr qq'aprèsr Ift ces^tion de la terreur qu^avaît inspirée la Sa-
voie , tous les habifâns d|i fiani-Valâis , ou du Bioîng une partie, aient
repris la cons^ence dfeux-mémes*
*^^ C'est là la grande f)alaille livrée près de Viége, le 24) ou 23 décem<-
bre 15SS, et dans laquelle, non pas prédsément le comte Amédée, mais
les troupes qu'il avait rassemblées dans 'le Pays<de-Vaûd et dans le voi-
sinage, et qui s'élevaient au nombre de 8,000 bommes , furent battues
de telle sorte par les Valûsans, que 1,500 bommes perdirent la vie dans
le Rhône, et qu'il en périt en tout 6,000. Voy. dans le Mvaée suisse I,
634, up anèieii complément de bi narration d'un contemporain an-
onyme, conârmé'par la Chronùfue de Brigue, dont Stumpfz fait usage
(f^43yage, 1544. Msc. ^, par VBist. du Gessenay de MdsMg et par la Chro-
nique de Savoie de Champier (Paris, 1516). Le nombre de 4,000 se trouve
aussi dans le Missel de Viége , où ils sont appelés « vin «lecti , » tout
comtoe dans U» Chronique de Brigue « flos pTiM^emm. > Ttckudi lui-même
porte le nombre à i3,040.
*^ Chronique de Gessenay, par le grefiiir Mô$ehî^, ouvrage compilé
avec soin.
^^ Celle acti^ parait bien s'accorder ayeoles circonstances. N*avons-
150 HISTOIRE 0E LA SUISSE.
dans les Alpes entre l^s bergers ^^^ ; l'ennemi se Ten-
gea sur les innocens enfans du capitaine du pays ^^^.
Comme Tévêque était détesté de toute la contrée, l'anti-
pape Clément de Genève le nomma successeur de l'évê-
que de Bellay, archevêque de la Tarantaise, qui ve-
nait de mourir ; il promut au siège du Valais Humbert
de Billens, neveu du comte de Gruyère ^^^.
Dana tout le îays-de-Vaud ^^*, dans les villes et les
seigneuries de l'Helvétie romande ^^^, la domination
savoisienne fut concentrée et même élevée au-dessus
de tout autre autorité, par la prudence avec laquelle
le Comte Vert sut deux fois profiter de circonstances
nous pas yu cidcssns» en 1575 , un aatre comte pareillement en guerre
avec son peuple ? Cependant quelques-uns la placent au temps de Pierre
de Savoie (Lêu) ; il se peut, toutefois, que le cbàleaii ait été reb&ti
depois*
'** A Oberwîspelen et en d'antres lieux. Ibid»
•*2 D*après Champier, ses deux fils fureal décapités à Mîners, ^ l<?9
Savoyards. G'éla suppose une irritation extrême; te seigneur Fiesire, op-
posé en 1375 au parti populaire, avait pfobableauent embrassé la caose
de sa pikirie après la malbeur de l'an 138â.
*" Dans une Charle{Zeddu()^ expédiée d Valérie^, et sur laquelle s'appnic
la Ga//ia christiana, apparaît après Edouard, en dd87, Vévéque 6uil'
laume de la.B^ume, et après Humbert un Géraid et un Henri de Blauge»
ou Blancbes de Tellate , que le Valais ne voulut pas recp^naîftre. Ces dé-
sordres s'eii^iquent soit par la confusion qui régnait dans le pays» soil
par le grand schisme. «Selon nous, Guillaume , gentnbomme rémaod,
fut un administrateur; après sa mort et celle d'Edouard, le -piafti sayoîsieD
rétablit de force Gérard, que le pape Urbain , antagoniste de Clément ,
avait chassé par son influence; le grand chapitre l'avait Remplacé par
Robert Gamérarii, chanoine de Genève et de Sion, qui jugea prudent
de céder la place à Humbert , après la paix^c 1592 ; It successeur dt
c^ dernier fut le vidlla^ des Blauches, qui abdiqua sou office eu
1402. ,. . '
''* Ce nom général cQnvies^ d'autant mieux désormais que le pa}3 9e
trouve réuni sous ime même domination.
"^ Ëseeplé Neuoh&tel et la p^tje romaoïde de l'év^hé ^c Bè^.
tnrRE II. cttAi>. V. 451
favorables. Cette pub^nce fondée cent ans aupara-
vaut par les Armes du comte Pierre , avait été arrêtée
plus tard dans ses prog|*ès par le roi Rodolphe et par
les partages des princes.
Louis de Savoie, baron de Vaud, ayant pêrd^i son
fil$ unique dans la bataiHe de Laupen , assura sur le
diamp des dons en argent aux nolnbreux couvens de
son pays **•, et institua sa fille Catherine héritière de
sa baronie de Vaud , ainsi que de son autorité dans le
Bugey et le Val Romey ^^. Ensuite il consacra sa
vi^lesseà la guerre , et de battit en homnie pour qui
la vie n'a plus de charmes : il combattit ainsi plusieurs
fois pour Philippe VI ^^, surtout à la malheureuse af-
faire de Crécy, à laquelle le roi Jean de Bohême se trou-
vfftt aussi, midgré sa cécité et ^a vieillesse. Il survécut à
son gepdre, Âzzo Visconti, et mourut immédiatement
avant Rodolphe comte d'Eu^**, second mari de Ca-
therine, alors que le Coiàte Vert jetait encore dans sa
tendre jeunesse ^*^. Ainsi qu'il arrive facilement sous
un gouvernement faible, l'insubordination^*^ et la mé-
fiance ^*^ éclatèrent dans tout le pays. Aussi Isabelle de
ChàloBS , veuve de Louis, et Catheriae leur fille , s*em-
^* A deux coavensde Genève, à deaxde Laasanfte, aux abbayes de Mon-
therood^ Haatcrest, Hauterive , « de bella valle, » de Romont, Ëstavayer,
l'nitonrg, Ghanuey, la Lame, la Part-Dieu, du lac de Jonx, deMar-
sens, de Fontaine«Ândré. Testament de Louis, au ch&teau d^verdun,
1340, dans Lùnig, Cod. ItaL t. m.
•*' 11 substitue 4ymon , père du Comte Vert Ihid.
*^ Qaickôwn, Sav, Vie de Louis.
M9 |^5^9 ^oy.n. 9, Hkà.) Déclaration de la veuve dMoudon, le 29 janvier,
aussi aa nom du comte Rodolphe.
»*«Néenl384.
**^. On Urtlanft t% Ck n. Hk , « qae le diable avait semé Tivraie de la
discorde parmi le peuple. •
*^ Guieh^nm, Âmé VI, 1550. Sdrtout «onfaré le comte de Genevois.
452 HISTOIRE DE LA. SOBSE.
pressérent-élles de confirmer les franchises de la ville
de MoudOn ^^^. De ctncert avec François de Montfllii-«
con^ évêque de Lausanne^ et i^ Sans le consente-
ment d'Amédée , elles firent avec Berne et Solenre
une alliance de dix ans ^*^, dirigée principalement con-
tre leurs sujets rebelles. Guilluume de La Baume ^ sei-r
gneur de l'Abergement, puissant dans le Pays-de-
Vaud ^*^, avait une si haute répirtatfon de sagesse que
les Etats de Savoie lui confièrent la tutelle. d}i Comte
Vert. Catherine^ épousa le comte Guillaume de Na-
jjjm.346. mais au imlieu des- guerres .contiBHlelles.;de
ce temps y il était presque impossible de gouvernet^ft
la fois le Pays-de-Vaud et Namur. C'est pourquoi , au
bout de sept ans-, le Comlé Vert obtint par las bons
offices du dre Guillau^aoe de la Baume quele Pays^*^-
Vaud, Bugey et Val-Romey fussent vendus àP^ Sa-
voie ^*^. Le seigneur Louis, à Texeniple de soîi pèreif
rendit si sûr le passage des Clëes ^*^ et y perçut un droit
*** Traité d'alliance h Payeme,*dans la maison Peret Mallet, « loci
Hospitalis, • 25 janvier, « l'an 1850 de la naissance de Jésus-Cbrisl et
1349 de son Incarnation. »
ft&» Échange des ëon^ioes à Begnins , Duillicr et Gorcelles, cédés au
comle de Namur contre des domaines à Marchissy, Gimel, Burdigny et
Longirod, 1358. Guiehenonj Louis H. L'Abergenient est en Bresse. «= Un
vHfage vaudoisde ce nom est an pied du mont Sucfaet, dans le district
rfOrbe. CM.
*^ Charles des hommages^ 1325 ; Re^s contre Moudûn, jain ; Confir-
mation de éa liberté de ffyon , eod. Il était de la maison Dampierre , qui
r^aii«n Flandre.
**^ 01. Gobesines, 1359 , à leurs féaux les bourgeois et les'commmie»
« Ynaudi. ■ '" * *■ ■
^^^ Ce passage était un fief bc^^rguignon , mais qui ne pouvait êtrç. re-
tiré ^'à Textinction de la ligne masculine de la maisol^ de Sanoie ;.1«^,
comte&4e U Qaute-Bomgogn^ s'élaîent réservé de poavo^ faire, de ce
LIVRE lU CHAP. V. 15^
si modéré^ que la raute commerciale la plus frëqoentée
entre la France et l'Italie traversa cette -seigneur ip^.^^*
Les autres seigneuries dont le comte Pierre s'étiait
emparé^ et quet«a fille Béatrix porta- dans la maisQn des
Dauphins^ avaient été réunies par le Comte Vert a l^c-
casion suivante : Hugues d'Ânthon^ oncle du comte
de Genevois qui vivait alors ^^^, et dès sa jeunesse irré-
eonctllahle ennemi de la maison de Sav^ii^^^^ , gouyer*-
nait ces mêmes seigneuries ^^^ au nom du dauphin
HumKie9[*t. Un jour qu'une troupe de guerriers *v6i-
siens sortait de Genève^ Hugues^hargea son neveu
Pierre ^^^ de les battre. La troupe qui n'avait pas prévu
cette attaque^ fut facilemett surprise; Chateau-Q.e-
naud> sou capitaine^ ayant péri^ le reste s'enfuit à
Nyon. Pojir punir cet attentat ^ le Comte Vert chafis^a
Hugues dp Gex où il liabit^it. Ce même con]|te r^n-r
porta ensuite une victoire si complète^ que les gentils-
hommes du parti ennemi furent tous^ sans exception^
tués ou faits prisoinpders. Dans la guerre qi^ le pas-
sionné dauphin entreprit avec plus d'irritation, que d'é^
lien , la guerre « à grandes gens et petites , à amies et sans armes. » Pro»
wneé du due Jeat^M Berry, sur arbitre , 1386.
'*' Ch, de Ckarlé» IV à Neaehâtel, au sujet du péage et de la monnaiér,
Nuremberg , pr. Kal. Jul. 1358 : « les marchands passent » per bellam
aqnam (Balaigue).
•^' AméIT, comte de Genevois, f 1308.
/ , ( AméllI, 1 1867,
1 Guillaume m , 1 13f0 ] ^. * ,. ^ .
1 \ PieiTe, à Balaison, Ternier, Alby, etc,
j Hugues à Anthon , Momay, etc. — Ayinon monrut en 1369 , sans
\ héritiers.
'^* En 13:25 déjà il était en guerre avec le comte Ad5q^rd^ sqn suze-
rain, le dauphin VFigon Yllis lui aida à vaincre. "*
S&3 PrincipalaoQent le Faucigny et Gex; le reste consistait en fieft dissé-
minés. ^ " .
*^* N. 350, De lui4§scendentle8"tnargravesd*LuHîa5:^Gi(Ù7^^Naii.
1«54 HISTOIRE DB LA SGfSSE. [tftss]
nergie^ la ville de Frilidurg et le cconte Rodolphe de
Nidau coocoulpurent à k destruction de son manoir hé-
réditaire de la Tour-^dn-Pin« Si Tâme du Dauphin fut
{NTompte à s'éidElammer^ cette ardeur ne se changea pas
moins promptement en ime inactive mélancolie; il avait
déjà remis la plus grande partie "de ses donuaines aux
rois de France. Enfin le parlement de Paris l'engagea
par sa médiatîpn à céden à la Savoie ( 1 355) les domai-^
nés hérités du cobfite Pierre et la sù^^eraineté sur les
co^tes^de Genevois ^^*. Les rois de France favoti^éPUnt
dans ces négociatidkis le comte de Savoie par recon-
naissance pour le secours que celui-ci ^ de concert avec
Nidau, Bldnay, Goumoêns^^^ et Vautres guerriers
expérinientés , leur avait fourni contre tes Anglais ^^.
Sous 1^ règne de Charles lY, l'importance de la posi-
tion de ses domaiiies sur la roufe d'Italie et la libéra-
lité de cet empereur à conférer des ^roits impériaux de
peu d'importance pour lui, facilitèrent au comte de
Savoie l'acquisition ou lé rétaUissement du vicariat
ijUpérial ^ qui éleva sa puissance au^^dessus des autres
ipaîsons princièreS* Il obtint d'abord de prononcer en
^dernier ressort, comme précédemment l'Empereur,
siir les appels des villes et des seigneurs de s^ États ^^''.
En outre , l'Empereur, lorsqu'il revint de la cour pa-
paW d'Avignon àChambéry, cajûtale delà Savoie, or-
s^* Acquise dansles guerres c^e le comle de Genevois, qui vivait alors,
et son pèr§, avaiei]^ faites contre le père etTaîeul du Comte VerL
855 Pierre de GcMitnoêns acquit aussi de la célébrité dans les guerres
du duc Eudj^ de Bourgogne; voy. le chap. précédent, n« 120.
»56 Voy. ErbUsart, yoU I, chap. 160. Guicb^nouj 1355.
*^^ Ch. dt VEMpet^wr, Prague». Si juillet 1556. Ce dtoît, renfermé
dans les limites du comté de Savoie , devait subsister tant qulLJplaif^t à*
rEmpefCiB* ( « afl v<)luatatis duntaxat tiostrœ benefilacitum » )•
LIVRE 11. CHAP. V. 155
dcmiift a«ix prélats^ aux gentilshommes et aux villes
des douse archevêchés et évèehés de ce pays » et des
pays voisins ^^^, de rendre dans l'espace de deux mois
au comte de Savoie Thommage dû à l'Empire et de
recosnaitre dans sa personne l'autorité impériale^*,
avec les droits régaliens et la suprême juridiction ^^.
Non-seulement il le confirma dans la possession de
toutes ses seigneuries, mais il lui permit de faire valoir
même les droits dont le temps avait effacé le nom^^^
Le Gomte Vert l'accompagna donc , à juste titre , jus-
qu'à l'abbaye de Saint-Maurice en Valais, et lui donna
la tête consacrée du roi SigismoQd de JBourgogne , dont,
l'imprudence, plus de huit cents ans auparavant, avait,
xuiné son royaume et lui coûta la vie *^^,
li'évéque de Genève, Guillaume de Marcos^y, qui
rétablit les nDurs de la ville et les munit d'un grand
nombre de fortes tours '^^, était résolu de transmettre
entière à ses successeim^ la prérogative de relever
immédiatement de l'Empire , avantage qu'au temps de
l'empereur Frédéric Barberousse , Ardutius avait con-
*^^Sion, Lausanne, Genève, AoMe, Yvrée, Turin ,-Maa];^nne, Ta-
rantajse , Belle/, Lyon , Màcon , Grenoble.
*^' « Ëandem juiisdictioncm, aignoriam, soperiorttatem et regalia. •
n pouvait faire des ordonnances « prout secundum consilia pmdentnm
videbilur expedire. »
^^? Charte , Chsimhéry^ 12 mai 1865, tionfirmée par Yempereut Maxi-
miUen pour les successeurs du comte, Trabst (en Tyrol^, i5 octobre
1508 ; Augsb. 5 août 15iS» On y déplore que certaines gens (ainsi qu'on
devait s*y attendre) refusent de se soumettre , déclarant qu*un pareil
vicariat île les iilgarde point
*<^ « Quibuseanque , etiain deslructis vocabulis , valeant ap|>eUari* »
Ch. ïbîd. eod.
s<2 Quichemm, Amé\l, 1565,.
»•' La Tour-Maîtresse, et d*autres mônuinens de l'architecture d'alors
subsistontt^ncore ; il y avait 2t tourà. Spon , I8664 **
156 HISTOIRE DE Là SUISâE.
serve à sa principauté de Genève^ en dépit de Beiîihold
de Zseringen. Quoique Âlamand^ son prédécesseur,
n'eût obtenu de l'Empereur autre chose que la confir-
mation de ses anciens droits à- Genève et à la Tour
près de Vevey ^^* , il y eut des plaintes si vives et sfi ré-
pétées de la part des principaux prélats du royaume
d'Arles ^^^, queJHEmpereur ne put faire autrement que
d'abolir enfin l'exercice du vicariat ^^^^ et de confirme^
à r^vêque Guillaume l'antique autorité ^^''. Mais le
Comte Vert savait *fort bien que l'Empereur n'avait ni
la volonté , ni le pouvoir de soutenir cet arrêté , en
sorte qu'il ne c^sa points dans les lieux où il était ie
plus fort, fl^xercer le vicari^ comme irrévocable.
Dans ce but, il se servit à Genève du parti dévoué à sa
maison, avec d'autant plus de succès, que l'évêque, jSk
rupture ouverte ayec lui , prétendait lui enlever tous
les droits qu'avait acquis la maison de Savoie. A la fin^
les affaires de cette vilte , au mépris de la bulle rela-
tive au vicariat, furent réàiblies sur les lAèmes bases
qu'ati tepips de l'aïeul du comte , et à la suite du traité
de l'évêque Aymon^^®. Ce fut le résultat de Tinter ven-
••* CA, de l'Empereur, Hertingfeld , Janvier 1367. L'expression « verbo
tenus » se rapporte nécessairement h. des explications verbales, et noa
au vicariat niéme ; -autrement, de deux choses l'une : ou bl^ , «i la cA.
n. 360 est authentique, Charles IV a écrit des mensonges manifesl^s,
que la Savoie pouvait facilement réfuter ; on, si la charte est apocryphe,
Weoceslas M les empereurs soivans auraient confirmé une charte ^i
n'aurait jamais existé.
< *'^ Comme on peut conduire de la lettre impériale adressée , 6m ij(36 ,
à Arles , Grenoble .et Valence.
*'* Ch, Francfort. U>id. Sept. 1366. Ces trois docun^s et celui de la
note suivante , sont dans la npuvelle édition de i$|pbn. ^
"' Charte de Chqrlei IV^ Prague, ^3»^.
*" Voy* chap. i » b. \%%^ , *
LIVRE II, CHAP. V. 457
tiw du pape Grégoire XI •^®^, lorsque k comte conclut
aveoluî et d'autres puissanois Talliance contre les Vis-
conti^ à laqudle nous avons vu que les Confédérés
furent aus^i invités.
Ainsi Âinééée reilonça y pour de plus grands ij^téréts
du côté de l'Italie, à Vexercice d'une autorité sur<î<^-
néve,.çie ses aïeux n'avaient point connue, et qu'il ne
pouvait maintenir sans offenser l'Église entière. D'un
autre côté, il est hors de doute qu'après l'assassinat de
Févêque Wischard de Tavelli, le vicariat impérial
lui servit de prétexte ainsi qu'à son successeur -dans les
affaires du siège* épiscopal de Sion. Âyyion de Cos9o-
nay, par la grâce 4^ Dieu et du saint Siëge Âpostoli-^
que ^'^^, évêque de Lausanne , fi4éle à la pensée de ses
prédécesaçurs qui croyaient la protection de la Savoie
indispensable ^"^^^ accorda sans peine et du consente-
ment des bourgeois et du chapitre, que les dernières
appellations fussent décidées par le comte; celui-ci
confirma les franchises des habitans de la rue de Bourg
et de la ville, ain$i que de toijs les hommes honora-
bles à Lausanne et dans la vallée de Lutry ^''^,4ajia»i-
dic^on des maires et châtelains^ du bailli ^''^ ^ de l'é-
^^^ BuHe papale , A\\gnoït , 28 mai 1372. Chari^du Comte, 25 jnin
eodr Chronique de Roset, h I , ch. 29. Il demeara vidomne et conserva le
cb&teaa de l'île on son droUsur ce château.
*^^ Jean Bectrand fat le premier des évêqnes dé Lausanne qui s'intitula
ainsi, en 1^41.
4
'^^ Le Iraité menlîottilé pvr Gttichen&n,\ie de Louis IT, 1343, était te
renouvellement de celot ^ avait presque toujours subsisté *depuis Jean
de Cossbnay.
*^* « Burgensimn, c^ii^ et pfoborum Iioininumf » Conmsiio pro
episc. Laus. Ëvian « 2 sq>temi)re '9il^^&>
^^ Jusqu'en 1546 on donna fc pi uS ordinairement le nom de «bailli*
à celui qui s'appelle mainlenanrtjugi?. » fiuehai, ad Piac. gêner. ,
1i§ HISTOIBE DE LA SUISSE.
vêque, et promit de les firot^er sans aucune ré-
serve ^''^*. En qualité dec»vîcaire impérial^*, son fils
Âmédée VU pronmiça dans la querelle entre les cha-
noines et les bourgeois^ au sujet de la contrilrartion pour
les tnnrs de la rille^ alors que les bourgeois saisirent les
te^Mipeaux du chapitre ^'^^^ au milieu d'une telle irrita-
tion, ^e 1ê» 93nming»de Sarde défendirent à peine
les maisons des chanoines contre la violence ^^. Car les
bourgeois faisaient si peu de cas des peines de l'Église
que, lorsque Lausanne eut été mis à l'interdit,
des laïques en robes blanches faisaient des processions
eB portant de petits navets qu'ils distribuaient dans
le but de parodier la cérémonie du Saint-Sacrement ^'^^^
Mais le comte enjoigpiit au bailli Humbert de Colom-
bier, dans le Pays^ie-Vaud, et à son lieutenant à Lau-
sanne , d'attaquer les rebelles dans leurs corps et leurs
biens 3^.
La constitution publique , soit^ de la ville de Lau-
sanne^^^, soit des cours épiscopales d'Avenc^jes, de
I'* ]Ni dQ pape ni de TEmperear. N. 872.
V^ Il répète souvent dans la iMlre en faveur du chapitre , Ripaîlle^Jmn
1384, que Lausanne lui est subordonné au nom de FEmpire.
^''^ Lettre du baiUi de Faud à Alaman, procurateur du Tays-de-VcLud,
Moudon, juin 1884. ^
>^^ îàettre a. 3754 tes chanoines y sont appelés piiux intercesseurs
( « otatores •') du c(][pte,
'^^ % RojLulas seu petias raparum elbamm. » Lettre du ^omte aa bailli.
Ripaille, jul. eod.
'^^ Ibid. 'Crois jours auparavant, il rendit aa semence préalable. Je ne
connais point encore de charte sur la déciçiim de ia question an fond;
mais'il faut que l'affaire ait été terminée à Famiable , car il existe da
mois damai 13S5, dalle de RipaiRe, une déclaration du comte aux
syndics « procuratores > et Ijourglsoissde la ville, dans laquelle îlles as-
sure qu'il le& traitera en père.
"» N. 375, sont cil(?§ les prieU)« et recteurs « de la ville; » la charte
Bulles et de CourtiUe ^^, araît été arrêtée dans le |)laid
général ^^^ que , d' a]»pés l'ancienne coutume de Jour-
gogne> les ecclésiastiques 5 les nobles et les bourgecâs
tenaient annuellement pendant quatre jours ^^. L'évê-
que éûitt élu par le chapitre ^^^, excepté quand le pape
exerçait à cet égard un pouvoir ill^P^^ inais qui
n'aurait pas dû être dénié au chef de toute la hiérar-
chie^ si l'exercice ea eM été sans abus et conforme
à l'esprit du temps; L'Empereur donna à l'évéque h$
régales , c'est-à-dire , le droit de route auquel sont at-
tachés tous les péages ^^% le droit de foire et de moBb-
naie, les poids et mesures^ tous les droits forei^tiers ^*''
saWante nedonna aacnn éclaircissement sur ces digo^és, ordinaires en
Italie , ni sur le reste de Torganisation maQlcipfle.
'^* Ce dernier est voisin de Mondon. J'ai vu dans t^ Charité d*àvea-
ches que les droHs étaient et demeuraient partout les œémesu
"^ PLacitum générale. C'est soùs ce titre, avec l'adjonction du nom
à*j4ymon de Ckmonay, qu'on dte ordinairement ce document rédigé en
1368. = Le mot français devrait s'écrire « pUict ; » nous avons conservé
l'orthographe re^e. CM.
*"' Le ç^uatrîëme jour il n'était question que des p&tnrages et des che-
mins à chariots (« çàrreria »). L'avoué (« advocatus») de l'évéque «exer-
cebat offidnm placiti generalis » ; il présidait et veillait à l'exécution.
Ensuite, lorsque lui, le sénéchal, le maire , le sautier et le ceUer^r (ici
«mîstralîs^), o^me les huissiers de la justice («B Meynens tarmae se-
dilâins») entendaient la messe, il prétait serment sur les reliques de
saint Pierre. Piait/ g-Ai^raé.
*B* IbiéL La commune avait donc renoncé ici à son ^roit primitif.
*^ Gomme en 146| et 1472. C'est pour cela que ces soiites d'évéque^
ne se .trouvent pas dans le Chron, episcopp.
^'* Il faut rapporter ^ ceci ou à ce qui suit les « vendœ, les «lui» » ' ies
amendes pour le brigandage. I>e&)« vendie » dérivaient 1^ petits impôls
(ibid,) des forgerons, des cordonniers, des touneliers^, les langues de
bœn^ et Ic^ japb<£s*(f lengues^et li lomblot »), cUdesstttf n. $96.
M 7 , Kigrœ jurîae. » Jbid.
-109 HISTOIRE DE LÀ SUISSE.
et I^ grosses amendes ^^^. En échange ^ le chapitre de
Notrjf-Dame devait prier pour l'^Empereur ^^^, et Thé-»
berger quand il venait dans cette ville pour les aflPaires
du chapitre et à sa demande ^^. Du reste, Févêque
exerçait sur les bourgeois l'autorité royale ^®^ telle
qu'elle était constituée anciennement : les bourgeois
prenaient les armes pour. lui sans Tautorisation de la
commune ^®% à leurs périls ^'^ et à leurs frais ^ mais
pour un jour seulement ^^ ; ils payaient la dépense de
sa suite ^^^, lorsqu'il se rendait à la cour royale sw
l'invitaUoi) du monarque ^^ ou sur la décision des
princip;^ bourgeois ^^. Ils n'avaient d'autre loi que
le plaid général^ statué par l'assemblée de la coaunune
*^' « Banni , veteres vel lie commonî consîlîo conslîtuti. • IbUi, Un
grand aprobre sont déterminés ici.
*8» «Didient régi (pour Lausanne, l'Empereur n'était que m des
Bourguignons) , proces|iones et orationes. nlbid.
*^^ « In sero et in mane debetur ei procuraÔo. Nibil aibplins juris vel
exactionisrexbabetinTillaLaus. » Ibid,
'*' « Debent episcopo servire sîcut régi. Tarn civitas quam burgum
est dos et allodium B. Mari». >
'^^ « De communi consilio. » Ibid, Il en était lllfisi ch«z les amciens
jieuplcs. Les Lausannois avaient pour chefs 1* « affourlerus major » (qnaiv
tier-maStre général), • senescalcus » (sénéchal) et « psalterius > 4§ai|Uer,
clief des huissiers).
'*' Quand un bourgeois était fait prisonnier , l'évéque le raobetait ;
s'jl. perdait « roncinum » (rondin, cheval) , l'évéque le payait Ibid.
'y L'évéque donnait à qjbe&ëun « cavesciam » ; ils connaissaieiH si peu
les prêts forcés "et la « purvejance » (approvisionnement) , inventions
dif pou vqy* Arbitraire, que la loi statue qu'ils ne doivent pas faire crédit
à l'évéque pour plus de quarante jours et à un chevalier pour ptoA de
qninie «>in victualibus et ferratnra. »
>*^ Composée (}e deux on trois'lxttrg^ois.
^** « Si rex^d çurias dentmciatas vocaverit >
>9^ « Si pro negolio ecclesis et de consilio mGliorumt. ville ^d regem
pcrrckerit. » :
UVRB II. CHAP. V. 461
€t porté à la connaissance de tous^^, ni aucun code
municipal auquel ils n'eussent pas consenti ^^. Le pou-
voir exécutif était confié, hors de la ville de Lausanne
aux maires, dans la ville à un sénéchal ^^y en cas de
condamnation capitale au sautier ^^^. Mais les causes
graves étaient portées devant la grande cour sécu-
lière *^^ de Tévèque, composée des trois ordres; per-
sonne ne pouvait être arrêté sans jugement *^^, et ,
sans l'autorisation de cette cour, il était interdit
d'ordonner un duel ^®* ou un procès criminel *^^, ou
d'appliquer la question *^. Dans ces sortes d'affaires,
les habitans de iâ rue de Bourg*^'' étaient les conseil-
lers particuliers de l'évèque ; ils devaient tout quitter
et se rendre auprès de lui dès qu'il les en requérait *^^.
<*& « Ganonici, familia et servientes canonicoram , episcopi famîlia
clerici, milites, nobiles, et servientes eornro id dooio proprîa a commun!
lege sunt exemi>ti. »La loi du plaid • mistralis in ipso palatio (placito ]
deh^t bandizare. »
*»• De là point de « criées » sans leur consentement Mais des sta-
tuts pouvaient être érigés en lois par « curiae secularis Laus. publica-
tionem. >
^0* « Senescalcus ducit execulioni causas in civitate. »
*^' « Psaherius habet exsecutionem omnium causar. criminalinm qus
veniunt ad punitionem corporis aut membrorum. »
^* • Guria secularis. »
*" Nul ne pouvait être arrêté pour un appel, s'il était en état de four-
nir caution pour 60 sous. ' ,
*•* Personne ne pouvait être soumis de force à cette épreuve, â moins
qu'il n'en çût fait l'offre devant les autorités assemblées ( « pro dominio
curiam tenente. » )
'^^^ « Inqniï^re supra aut contra corpus hominis.
«oft La question se donnait en public.
A07 « Cives de burgo. •
*•* La loi porte que si la réquisition a lieu tandis que le citoyen
requis mesure du drap, ou après qu'il s'est déjà lavé les mains pour se
mettre à table , il est tenu de paraître , à moins qu'il n'ait un hôte
étranger.
I". 1 1
162 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Leurs maisons étaient en revanche exemptes des îoi^
(laudemia) : ils avaient chez eux les marchés , les
boutiques *^^, le» auberges.
Les autres villes du Pays-de-Vaud prospéraient ^
grâce aux franchises que le Comte Vert leur avait ac-
cordées avec une sage libéralité^ oii renouvelées sans op-
position^ soit quand elles n'avaient pas été écrites *^^y
soit Iprsque le feu en avait détruit les chartes ^^^ Onne
pouvait ni les imposer arbitrairement*^^, ni augmen-
ter la taxe seigneuriale pour les fours ^ les moulins**^
et les étaux de bouchers***. La commune payait an-
nuellement une somme déterminée pour la taille à la-
quelle les serfs étaient assujettis **^. Chacun demeurait
maître si absolu de son bien , qu'un père n'était pas
tenu **^ de donner à son fils autre chose qu'un pain et
^°* « Mçnsse plantatœ » devant les maisons , comme dans les rnes bas-
ses à Genève. D'autres maisons en possédaient « d'un panz cornus Ultra
murum. » Les habitans de la rue de Bourg payaient • fenestracos »
(l'impôt pour une boutique ouverte). Les « loyes » et «avans» ( gale-
ries et cabinets saillans) n'étaient pas permis à Lausanne.
*" Gomme le droit d'héritage que les habitans de la Tour près Vevey
possédaient sur les biens « talliabilium » ou « censilorum. » Charte,
ViHeneuve, 7 ocl. 1378.
*^' Gomme à Nyon. Ch. Ghambéry, 13 juin.lS64, aux nobles, bour-
geois, « incolis et habitatoribus ac singularibus personis loci nostri Ki-
viduni. »= Voy. Grenus, Documens, p. 22, G. M.
^^ Cela est de notoriété publique. Aussi avait-on déterminé même les
petites choses, les amendes, etc.
*** Franchise de la ville de Morai, Morges, juin 1877.
*^^ De là vient que le Coutumier de Moudon,±^b9 , détermine le pro-
fit permis aux meuniers et aux boulangers. On a aussi une Gharte de
1367 du bailly de Blonajr, dans Us affaires des habitans dAigU, contre
C augmentation du prix de la tiande,
4'B « Canon annuus » (ch. n. 440] fixé pour toujours et adopté par
les bourgeois.
*" Coutumier de Moudon, 1859.
LIVRE II. CHAP. V. 163
un bâton; blanc **''^. On avait fixé le nombre de jours
pendant lesquels les hallebardiers*^^ et les tireurs de-
vaient faire la guerre pour leur seigneur; celui-ci
ne se servait des balistes"*^^ des villes qu'avec leur con-
sentement. Les villes ëtaieiit administrées par leurs
conseils sons la présidence de son avoyer ^^^. A l'ex-
ception dès criminels, nul ne pouvait être arrêté sans
l'assentiment des bourgeois ^^^, ni mis à mort que dans
un duel judiciaire ou d'après un jugement public *^^.
On pendait les meurtriers et les traîtres, on décapi-
tait les brigands *^^ ; on avait fixe une amejide spé-
ciale pour chaque espèce d'injure*^*, afin de dimi-
**^ De l& Texpression proverbiale « il est venu avec le bâton blanc »
pour désigner un homme sans patrimoine. s= « Le père n*est pa^ tenu
• de donner la portion à son fils, si ce n'est le quart d'un pain ou un
» bâton blanc. • Coutumier de Moi^don, Grenus, p. 19. G. M.
*** • Insarmes » dans le traité de combourgeoîsie entre Payerne et
le.comte Louis de Neucbâtel, iS55 ; « Jussarmaz » dans le plaid gé-
néral , 13^68 , à moins que ce ne soit une faule de copie. Je les appelle
ballebardiers plutôt (^près la vraisemblance que sur des preuves posi-
tives. Ils portaient sans doute les « gaesa » des anciens Gaulois, les
« geren » des Germains ; méh toute l'organisation militaire du moyen-
âge a encore besoin d'être éclaireie.
**^ « mlislae o , Revers du comte en faveur de Payerne, 1354. U y est
aussi fart mention de «foucbereri»; j'ignore ce que c'est. Comme on
supprimait fréquemment Vs devant le t, «balistae* se changea en « ba-
litàe » , d'où dérive l'allemand ■ Blyden » .
^^^ « Advocatus , » comme dans la ck, n. 413. Lorsque, sous le comte
Âymon , on contesta aux Payernois leur constitution , les châtelains et
les communes de Cudrepn et Grandcourt déclarèrent dans une charte :
«se semper vidisse, habere eos consules et communitatem et sigillum,
ipsosque in omnibus suis negotiis suo uti consilio et sigillo. »
*2* Coutumier de Moudon, 1359. = Voy. Grenus, Doeum, p. 12-20. CM.
'^^^Ch, n, 413 : Celui qui accuse un bourgeois d'un crime doit pro-
duire sept témoins avec l'un desquels l'accusé peut se battre.
*« Ibid.
*** Ck» pour Nyon, n. 411 : Si l'un dit à l'autre : « avultfos sîve punais
1 64 HI^rOÏKE DE LA. SfJtlfôB.
nuer les occasions de vengeance. L'adultère coûtait
soixante sous *^^ ; les it)leurs d« jardin incapables de
payer étaient forcés de courir nus d'un bout de la
ville à l'autre *^^. Le Comte Vert n'empêcha point
Payerne et M orat , ses viîles, dé former entre elles *^
M
et avec d'autres *^^ des alliances où elles réservaient
ses droits. Le peuple entier du ïays-de-Vaud était
uni en communauté *^® ; quoique depuis l'abolition de
la constitution antique et au milieu de la décadence du
pouvoir impérial il se fût élevé une multitude de sei-
gneurs, une sorte de confédération permanente *^^
I
?el leprosus. » De même dans le Cautumier de Maudon , i^59, («Si quel-
»qu\in nomme une aatré'persDnne^avpatro, ou panais, oa ladre. >Gre-
nu$; p. 16.^ « Si quelqu'un appelle un autre voleur ou traître en général,
celui-ci n'est pas admis à se défendre^ mais il y est obligé , si le premier a
spécifié l'acte criminel. » I6<Vi.=Nous n'avons pas les docnmiensà notre
disposition au moment où nous écrivons cec|, mais la version de Muller
nous parait plus logique que celle deM« Grenus : « Quand quelqu'un dira
à un autre- 1 tu es un larron ou un traître, sinon qu'il ait âiidé qui il en-
tend parler, itne sera tehu de lu) répondre ni, de cautionner entre les
mains du seigneur, mais s'il a dit de qui il entend ces paroles , pour lors
il sera tenu de se défendre, etc. » G. M.
^^^ « Si quelque homme , étant marié, est trouvé avec une femelle à
brayes avallées. » Coutam, de Moudon, 1359. Si quelqcÉ\in dit à une
femme : putain , il paie dix sous; cinq si elle n'est pas mariée. Franckise
de Saint'Cergues , 1357.
*^^ Cqutum, de Moudon,
^"^ Ref!puveUement d^alliance entre Payerne et Morat, 1^64 : « Adv.
Goss. et Gommunitates. »
^'^ « Nous, Louis, comte et sire de Neuchàtel, faisons savoir à tous
que nous sommes boui^eois de Payerne. » CA. 1855. Toutefois les Payer-
nois refusent de « passer le Joux > (le Jura).
^^^ « Golligati. > Traité iC alliance entre la Savoie et Berne , 1384, et ail-
leurs. '
^*^ Gomme le Sibenthal au tempï où l'on rédigea le code de cette val-
lée (1347). L'Emmenthal entier a conservé sa communauté jusqu'à ce
jour.
LIVRE II. CHAP, V. 1Ç5
subsista néanmoins dans le$ contrées où la nature et la
position du pays appelaient des sujets divers à former
un seul peuple. Lorsque Âmédée entreprit de s'arroger
ie vicariat , il déclara que le nouveau conseil suprême
des appellations^ institué 4ans Chambéry, sa capi-«
taie f respecterait toujours dans ses jugemens les an-
ciennes coutumes du Pays-do- Vaud^^^ Des contrées
et des villes qui ne dépendaient pas immédiatement de
lui ressentirent l'influence de cette administration;
son exemple engagea d'autres seigneur^ à faire prospé-
rer leur pays par des franchises ^^^ , et, ccmime lui^^^ ,
à voir un gain dans les sacrifices quHls faisaient pour
subvenir à certains besoins de leurs sujets ^^^.
Pendant les temps agités du moyeîi-àge, deux causes
firent fleurir dans ce pays , soiis la domination de
princes, bon nombre de bourgs considérables et de
villes , généralement, il est vrai, moins peuplés qu'au-
jourd'hui. Premièrement, la constitution ne pemet-
tait guère au prince des entreprîtes arbitraires ni ces
ordonnances qui ruinent un pays; en second lieu, la
**4 Ch. 137».
*** Ainsi l'abbé de Saint-Oyan donna an village' de Saint-Ceigues la
th. citée n, 425. Ces franchises se ressemblent ordinairement comme
les besoins des hommes; noas n'en rapportons que les traits saillans.
M8 Amédée concéda à la ville de Nyon , pour sa reconstruction, de
même qu'à Moudon et à Romont , le droit de consommation sur le vin ,
et autorisa la perception d'un impôt pour chaque « brotata » (brouettée)
de bois , pendant dix ans. Ch, Ghambéry, juillet i364* U exempta d'im-
pôt les Glées et tout le bailliage de Vaud , suivant une eh. de ift7i.
^'* Jean de BUmay, chevalier, remet les aides à ceux«de Vevey, vn leur
pénnrie d'argent; en échange, ils devront à l'avenir entretenir le pont
et les b&timens publics , et ne pas soumettre ses propriétés au péage ,
1356. Le sire de Gossonay achète pour ses sujets, de son oncle, le sire
de Grandson, l'exemption de péage à Anbonne, 1369. La ville et l'é-
glise de Lausanne acquirent de Grandson la même exemption , 1382.
166 HISTOIRB DE LÀ SUISSE,
noblesse romande était considérée même à la cour. C'é-
tait ordinairement dans ses rangs *^^ que le Comte Vert
choisissait le gouverneur du Pays-de-Vaud^^^. Indé-
pendamment dé cette circonstance^ Guillaume de la
Baume jouissait à juste titre d'une haute estime dans
le conseil du prince ^^''^^ Guillaume de Çrandson, che-
valier du Collier, apparaissait dans toutes les guerres,
depuis leïlhône jusqu'aux rives des mers de laGréce*^^,
inséparable du cc«n te, glorieux par les armes, habile
dans les négociations*^^, administrateur équitable et
soigneux **^ de ses domaines dans le Pays-de- Vaud, con-
sidéré auprès des rois***, et combourgeois particuliè-
rement cher à la république de Berne **^ ; op distin-
guait eticore trois cousins , Jean de Grandson à Pesmes ,
4*5 François et Aymon de Lt Sarra , Jean de Monts , plus d'un de
Montenach, Montmayor, Moliëres, Estavayer, Jean de Blonay, Hum-
be^rt de Colombier , Louis de Cossonay, etc.
436 Parfois il était pris panni la noblesse savoyarde. Si au xvi* siècle
les seigneurs du Pays-de-Vand avaient , en plus grand nombre, accepté
la bourgeoisie de tierne , il y aurait eu aussi plus de gouverneurs choisis
dans le pays même.
^^^ Dans ce conseil siégeaient huit ecclésiastiques , autant de gentils-
hommes et sept jurisconsultes;, d'après VOrdonnanee de 1355, extraite par
Guichenon,
^** Chevalier de TAnnonciade , 1362. Le même. Au bord de la mer
Noire, il escalada Mésembrie dans le temps où le Comte Vert affermit le
trône chancelant de l'empereur Jean VI. Ibid, 1366.
^'^ Importante médiation dans la guerre particulière du marquis de
Saluées, 1363. Ibid,
^^^ Construction du pont d'Aubonne, alors que plusieurs périrent
dans la rivière. Péage de Chgrles ly, 1365.
*** Quoique liés à la France par la Savoie et par d'autres relations ,
Thomas de Grandson et sa postérité furent grandement honorés en An«
glelerrc.
^^^ Secours donné à Grandson sous Conrad de Bubenberg, 1371.
Tschudi.
LIVRE lU CHAP. V. 167
Hugues de Grandson et Louis de Gossonay à Ber-
chier*^^, trois de Montf aucon *^* et beaucoup d'autres
barons^ cbevaliers et nobles, brillans dans les com-
bats ou éminens par la confiance du prince. Tel était
le Pavs-de-Vaud sous le Comte Vert. Dans les mœurs,
dans les lois respirait encore l'esprit que les Bourgui-
gnons et les Franks avaient importé dans le pays, et
par l'influence duquel, assemblés à Paris sous l'ar-
rière-petit-fils de Ghlodwig **^, ils avaient arrêté leur
constitution; au milieu des changemens fréquens de
souverains **^, les relations du peufde changèrent moins
qu'on ne pense. L'Europe entière fut libre tant que les
princes, faute d'armées à leurs ordres, n'osèrent rien
entreprendre sans la volonté ou la permission de leurs
seigneurs ecclésiastiques oîi temporels et des bour-
geois , assemblés dans les diètes de chaque peuple.
Dans les montagnes du Jura^ les limites des États de la
Savoie et de 1^ Haute-Bourgogne se trouvaient, en bien
^*' Jean,voy. 1370, Hugues, 1582, dans Guichenon; Gossonay est
au nombre des exécuteurs testamentaires du Comte Vert, 1383. Ihid.
^^^ Jean resta en 1370. Ibid, Nous avons vu Henri en Valais. Hommage
de Jean-Philippe , ûls d*Étienne , pour Orbe , Écfaallens et Montagni-
ie-Corbe. 1381.
*** C;hlotairen,615.
**• !• Les rois des Franks , jusqu'en 879 ou 887.; £• le second royau*
me de Bourgogne, jusqu'en 1032 ; 3** les empereurs saliens (empereurs
allemands, rois de la Bourgogne transjurane) , les ducs de Souabe, les
comtes de la Haute-Bourgogne, jusqu'en 1127; 4° Zasringen, jusqu'en
1218; 5"* des gouverneurs de l'empereur Frédéric II; 6" la maison de
Savoie. Que personne ne se b&te de voir dans les observations que nous
faisons ici un blâme du changement apporté plus tard aux formes du
gouvernement ; ce changement sera considéré en temps et lieu sous son
véritable jour nous l'apprécierons d'après l'influence des circonstances
sur l'organisation et d'après la connaissance que nous avons des ré-
sultats.
168 HISTOIRE DE LA SUISSE.
des endroits^ indéterminées ^^''é Les sires de Montfaucon
et de Grandson étaient vassaux des princes de Savoie^
en même temps que de la Haute-^BourgQgne pour d'au-
tres seigneuries, en sorte que Gérard de Montfaucon,
fondateur d'Echaliens dans le Pays-de-Vaud, fut requis
de marcher à k guerre du roi de France **^ avec vingt-
cinq hommes d'armes *^^, et Guillaume de Grandson
avec un nombre presque égal.
La maison de Neuchàtel régnait depuis les frontières
de la baronnie de Grandson, le long du lac de Neuchà-
tel, sur les bords du lac de Bienne, jusque fort avant
dans l'Argovie et jusque dans les Waldstetten des Suis-
ses. Les châteaux de Neuchàtjel et d^ bords de la
Thielle avec diverses vallées et contrées du Jura *^^,
fiefs masculins de TEmpire^,^ furent transformés en fiefs
féminins par la faveur du souverain , le prince de Ghâ-
lons^^^ Gorgier, beau cbâte^ voisin du lac, avait été
cédé à cette mais(m par le baron de Vaud *^^ ,• Valan-
**^ Charie$ JFdit, dans le Droit de péage iponr Aubonne, qae la
montagne près d'Aobonne sépare lePays-de-Vaud et la Bouigogne. Saint-
Claude fut long-temps en querelle avec Berne , au sujet de l'extension
de la souveraineté de la Savoie. Concernant les Glées, voy. la Sentence
du duc de Berry, 1386.
**8 1352. Dunod, 1. c.
^^^ Sous le nom d'un homme d'armes, on comprend sa suite composée
de deux cavaliers et d'un certain nombre de tireurs. Dunod, t i. Vie de
Philippe-le -Rouvre.
«50 Yai de Raz , Val Travers , Boudry, Bondevilliers. Hommage du comté
Rodolphe, 1311.
^'* Selon le même acte, il devait passer à une seule fille « du /Dhesean, »
selon Y acte d'hommage de 1357, à toutes.
*^2 Louis de Nench&tel reçoit ce fief, en 1844, de Louis, baron de
Vaud , de la maison de Savoie , son oncle ; le sire d'Ëstavayer , qui l'a-
vait eu en sa possession, était par cela même vassal de Neucb&teU Chro*
nique de NeuchâteL
LIVRE li. CHàP. V. 169
gin , par les comtes de Montbéliard *^^ j Nidau , ville
sur laquelle ainsi que sur Ârberg la Savoie formait
autrefois des prétentions ^^^, était en quelque swte un
fief des évéques de Bàle avec d'autres domaine^ rive-
rains du lac de Sienne ^^^ ; les comtes de Neuchàtel
avaient en outre reçu des dîmes de Tévéché de Lau-
sanne ^^ et des biens moins considérables d'autres sei-
gneurs ecclésiastiques^^''. Ils héritèrent^ par une fille
de la maison de Frobourg , la forteresse de Kpp *^^,
le Buchsgau *^^, et, au moyen d'une lettre d'investiture
donnée par l'évéché de Bàle^ la petite ville d'Olten.
Jean , dont le père Gérard avait péri à Laupen , gou-
vernait, de son château de Hasenbourg, la seigneu-
rie de Willisau. Us tenaient de la maison d'Autriche
la grande hypothèque de WoUhausen ; Alpuach dans
rUnterwalden acheta d'eux ^^^ la liberté. lU cédèrent
*^' Hommage da comte Louis an sire deCh&lons, 1557.
*^^ C'est pour cela que le Comte Vert demanda , en 1355 , que le dau-
phin lui livrât des Chartes transmises depuis le temps da comte Pierre
de Savoie. Guich,
455 Reconnaissance de Rodolphe de Nidau, Fatné, 15 as, comme
quoi les serfs de l'évéque demeurent sa propriété , même dans la ville
de Midau. Lettre du comte Rodolphe, le cadet, 13A4, reconnaissant qu'il
a envers l'évéque les mêmes obligations, pour certains jardins et prés,
que pour le di&teau et la ^ille,
*5fi Hommage susmentionné , 1311.
*57 -Le Jjanderon de Vabbaye de l'île de Saint-Pierre , Gressier de
Févéque de B&le, d'autres domaines de Frienisberg. Hommage, ±h67.
^58 Le comte Rodolphe nomme Bijpp « castrum suum » , 1338.
*59 Le dernier Rodolphe prend dans ses Chartes le titre de ce land-
graviat : nommément de Frobourg n. hli* On trouve un descen-
dant delà maison de Frobourg, peut-être illégitime, peut-être sans terres,
nommé Jean, et avec qui la maison s'éteignit en 1438. Jean Rod, Suter,
Bibl. de Balier, IV^ 348.
^*^ Marguerite de Strasberg, dame de WoUhausen. Charte, 1368 ,
Tschudi^
170 HISTOIRE DE LÀ SUISSE.
au pays de Schwyz dix-huit successions de leurs serfs
qui y étaient établis , alors qu'une fille de la maison de
Neuchâtel ^^*, .veuve d'un margrave de Bade , fut pro-
tégée contre les héritiers de son mari par la considéra-
lion dont jouissaient les hommes de Schwyz. Mais
l'éclat delà maison de Neuchâtel s'obscurcit^ parce que
la transmission de tous ces biens était soumise au
droit bourguignon*^^, et non à la loi salique^^^.Il résul-
tait de là ( comme dans la maison même des comtes de
Bourgogne *^*) qu'une branche dont tous les mâles ve-
naient à s'éteindre perdait ses biens ; aussi né resta-t-il
à la fin qu'une branche unique presque sans domai-
nes *^^. Cependant Imer, dernier comte de Strasberg,
étant mort vers ce temps, ce qui restait de ses biens,
pour la plupart aliénés, passa avec sa sœur à son cou-
sin le comte Rodolphe de Nidau *®^. Peu après Imer,
mourut Louis, le dernier comte de Neuchâtel, dont le
fils unique avait péri dans la guerre *^'^. Son petit-fils
*^^ Marie, fille de fierlbold , tante dlmer de Strasberg, épouse de Ro-
dolphe Hesso, margrave de Niederbaden. Le margrave Rodolphe Weker,
son beau-frère , voulut la dépouiller de son douaire ; elle fut secourue
j^ar les Schwyzois sous le landammann Conrad Âb Iberg. Charte, 9 mars
ld50, dans TschudL
*6* Voy. 1. 1. chap, 8.
'»^* D'après laquelle le domaine restait dans la famille.
*^* Sans cette loi , les sires de Châlons auraient succédé , en 1156, % la
première ligne des comtes de Bourgogne; ils s'éteignirent en 1529. Au
lieu décela, ce pajs eut successivement pour souverains des Uohen-
stauffen , des comtes de M éran , une branche de Châlons , des rois de
France , des ducs de Bourgogne.
^^^ Les descendans du comte Gérard de Valangin , contre la succes-
sion desquels , jusqu'en 1523 , la loi salique n'aurait légitimé aucune
opposition.
^^* Imer mourut en 1366. Sa fille , épouse du margrave Ott de Uoch-
berg, était morte en 1352.
*^^ Ce fils , appelé Jean , mourut en 1368 , en Alsace , prisonnier de
LIVRE II. CHAP. V. 174
illégitime Gérard ^^* et son propre fils illégitime Wal-
ther *^® n'étant ni l'un ni l'autre aptes à posséder
un fief, la seigneurie de Neuchâtel échut à Isabelle sa
fille aînée , épouse du même comte Rodolphe de Nidau,
héritier de Frobourg et de Strasberg. La branche mas-
culine de Neuchâtel s'appuyait sur lui , sur Jean de
Valangin ^''^^ et sur Pierre, fils de celui qui vendit
Arberg. Rodolphe lui-même brilla parmi les héros , et
se montra digne de son père mort à Laupen, ainsi que
de Rodolphe d'Erlach , qui l'avait élevé j il aima le
peuple ^''^^
Près de là, dans les domaines de l'évéché de Baie,
rien n'était plus intéressant à observer que la différence
entre une bonne république et une principauté bien
gouvernée. L'évéché fut autre sous Jean Senn de Mûn-
singen , autre sous Jean de Vienne et sous Imer de
gaerre-; son père ne put amasser sa rançon ; celui-ci mourut avant 1873.
Louis, avant sa mort , érigea dans le chœur de Téglise principale, en
rhonnenr de ses pères et de sa famille qui allait s'éteindre, un monument
qui subsiste encore. On y voit , à quinze pieds au-dessus du sol , des sta-
tues en pierre , de grandeur naturelle et en costume ancien , de neuf
comtes et de quatre comtesses de Neuchâtel. Elles ont été décrites avec
soin dans VMmanaeh dé Neuchâtel, 1805.
^'" Il était fils de Jean ; Isabelle lui donna Travers et Vaux-Marcus.
( Ces seigneuries passèrent avec Anne , la dernière héritière , dans le
XVI* siècle, à Ulrich de Bonstetlen.) Jean, son fils, acheta Gorgier pour
il 00 florins d*or. Chronique de NeuehâteL
**' Isabelle lai donna Rochefort et les Verrières. De son château de
Rochefort il exerçait le brigandage.
*7^ n était mort en 1384. Charte de Léopold d'Autriche. Zurl. dans
Zapf,
A7i Exemption de péage pour les habitans de Bùren, auxquels il assigne
encore annuellement 12 livres sur le péage de Granges, 1566. Vente du
péage de Bùren, au conseil et aux bourgeois de celte ville, 1369. Tra-
duction allemande de leurs franchises ( vu qu'ils manquent souvent de
prêtres et d'écrivains) , 1375.
172 HISTOIRE DE tÀ SUISSE.
Ramsteia ^'^^y tandis que la bourgeoisie de Baie ^ avant
et après la calamité la plus extraordinaire ^ demeura
semblable à elle*-même* La puissance monarchique a
souvent une force promptement agissante , empruntée ^
passagère; une communauté a sa force en elle-même,
beaucoup plus constante dans le bien , de plus difficile
guérison dans le mal. Il est vrai qu'un peuple aussi a
son enfance, sa fougueuse jeunesse, son âge viril et la
décadence de la vieiUesse ; mais Faction du temps sur
une nation est d'autant plus lente qu'une ville ^itière^
vu la grande division du pouvoir gouvernemental, est
plus difficile à corrompre qu'un seul homme *^^.
Mille ans environ après la ruine de l'antique Augusta
des Rauraques *''^*, la vingt-sixième année de l'^isco-
pat de Senn de Mûnsingen, peu après les temps où la
grande mortalité dont nous avons parlé envahit, après
un formidable tremblement de terre, une grande partie
du monde alors connu ^'''^, l'an 4 356, le 1 8 octobre , à
dix heures du soir *''®, tomba en ruines, dans peu de
minutes, par TefiFet de dix secousses consécutives de
tremblemens jde terre, tout Bâle *''', la plus grande
*'^ Le premier mourut en 1565, le second en idS2, le dernier en
1395.
^^* En thèse générale (tout dépend des circonstances) une bonne
république serait donc préférable à une bonne monarchie ; en revanche
il y a plus à espérer du plus mauvais gouvernement monarchique qne
d'une ville corrompue. Celui-là se renouvelle.
*7A Par gg^ç ^>m| tremblement de terre, selon une conjecture pro-
bable ; du moins là rivière traverse une partie de Fancienne ville.
^^^ Ci-dessus chap. in,n. 124.
*^' Après Vêpres , on ressentit des secousses : « an troisième conp de
• cloche de la nuit, il y eut un violent tremblement de terre, et cette
» nuit-là il y en eut une dixaine. » KOnigshoven,
"'' « Aucune église, tour ni maison de pierre , dans la ville ni dans les
faubourgs, ne demeura entière ; les murs du fossé de la ville tombèrent
LIVKE lî. CHAP. V. 173
ville du territoire helvétique; presque toutes les ab-
bayes et les églises ^''^^ les vastes habitations des grands,
les fortes murailles souvent défendues furent renver-
sées ; trois cents personnes *''^ périrent sous les décom-
bres de leur patrie ; le feu éclata parmi les ruines de
Saint-Alban, et exerça ses ravages durant huit jours,
jusqu'à ce que, parvenu à la porte de Saint-Jean, il ne
trouva plus d'aliment ^^^. On vit sourdre des eaux sul-
fureuses **^ Les rocs du Blawen, fondement des châ-
teaux, se fendirent; pendant cette nuit, s'éclroulèrent
quatre-vingt-quatre manoirs **^ de comtes et de sei-
en beaucoup d'endroits. » Protocole da Conseil, 1357, dans Oeks» Énée
Sylvitts rapporte que cent maisons restèrent debout
A7^ Félix Fûber raconte qu'une partie de la grande ^lise fut pré-
cipitée sur l'école, heureusement vide, et une de ses tours dans le
Khin.
*^' Ici Ton prend avec raison pour guide un historien b&lois. Tschudi
et Sehodeler, chacun fidèle à lui-même, comptent l'un cent morts , l'au-
tre, ainsi que Tsehaehtlan, mille.
^^0 La terre trembla une année entière ; souvent une terreur subite se
répandait jusqu'à Strasbourg. Stumpf, En général l'écorce du globe pa-
raît avoir été long-temps peu sûre. Peu après , pendant une tempête ex-
traordinaire, tombèrent Gallipoli et toutes les villes de la côte de Tbrace,
ce qui omTit le pays au fils d'Osman et de Soliman. Vempereur Conta-
cuzene en fait mention au iv* livre.
*** Philippe de Lignamine* Murât, Scriptt, IX.
*^^ à6 dans l'évéché de Bâle, le rei^e dans celui de Constance (l'an*
tique Robur), les trois Wartenberg , Ffirstenstein , Reichenstein , Pfef-
fingen (la comtesse tomba au fond la vallée; son enfant fut conservé
dans le berceau , entre deux grosses pierres. Gross, Chronique de Bâle).
Bérenfels, Frobourg, Rechbouig, Falkenstein dans la Cluse, Landes-
kron, Landenberg, Schanenbourg , Ramsfein, Famsbourg, etc. Dès
cette époque, Liestal ne porte plus le nom de ville. Brukner, p. 985.
Pès lors aussi l'évêque déclara par une charte se contenter de 00 livres
de stœbler (petite monnaie, voy. n. lA),^ pour la taxe et les contribu-
tions. Les choses restèrent sur ce pied. Almanaeh de Bâle, 1798.
i74 HISTOIRE DE LA SUISSE.
gneurs dans les deux évêchés de Constance et de
Baie ^^^ ; au loin tremblèrent les montagnes du Jura ;
des forêts s'abîmèrent dans les profondeurs*^*.
Un conseiller im|)érial de l'Autriche rappela dans ces
circonstances « que îe duc Albert )) (qui avait un grief
contre Bàle*^^ ) « pouvait s'emparer sans résistance
» d'une ville que la nature lui ouvrait. » Le duc répon-
dit : « A Dieu ne plaise qu'Albert d'Autriche tue ceux
» que le bras de Dieu a blessés *^^ I » et il ordonna que
quatre cents hommes de la Forêt-Noire allassent en
hâte, à ses frais , aider aux bourgeois à déblayer le
sol de leur ville natale *^^. Bien que quelques-uns
d'entre eux voulussent bâtir sur un autre empla-
cement **^^, la majorité de la bourgeoisie, d'après le
conseil de Strasbourg et d'autres villes amies , résolut
de continuer d'habiter sans crainte les lieux qu'avaient
4" A Berne , le cœur de l'église Sainl-Vîncent et Tescalier tournant
s'écroulèrent , comme on le voit dans une charte par laquelle le gou-
vernement accorda aux chevaliers dé Vordre Teutonique , la perception
d'une contribution pour restaurer cet édifice. Scbaffbouse aussi fut
ébranlé. Jean Schoop, supplément de Rahn.
*'* Chronique de Kônigsfelden. On exploite encore la houille ' brune
des forêts englouties à la Brévine. Ebel, Manuel du Voyageur en Suisse.
Sinner ( Voyage , t. i ) rapporte que plus tard encore, la forêt qu'on
voyait verdir à l'occident du lac des Étaliëres, non loin de là, fut en-
gloutie.
**5 A cause de certains droits de boui^eoisie , dit Faber, et parce que
la ville commençait à s'attacher aux Confédérés. Jeanne dePfirt, épouse
d'Albert, avait fait en 1347, avec l'évéque, une alliance pour cinq ans ;
après l'expiration du traité , elle l'avait renouvelé pour vingt-cinq ans.
Guillimann, msc.
^^' « Si Deus pugnavit cum Basiliensibus , absit a nobîs ut déjeclos
occidamus. » Faber,
^^^ Ils déblayèrent la rue de la Ferraille (Ëisengasse), entre le pont dn
Rhin et le marché au blé. Faber,
488 Près de Sainte-Marguerite. Tschudi.
LIVRE tt. CHÀP. V- 175
habités jùsqti*à ce désastre les nombreuses générations
de leurs ancêtres. Au bout de quelques années^ leur
ville, rebâtie et fortifiée avec ardeur *^^, se trouva aussi
solide pour la défense qu'auparavant *^, aussi intré-
pide pour l'attaque *^^ ; elle put prêter des machines de
siège même au duc d'Autriche ^^^.
L'énergie des mœurs bourgeoises de ces temps est
prouvée par un grand nombre d'exemples. Dix-huit
ans après que les Balois eurent précipité dans le Rhin et
tué le légat du pape, Cliarles IV, au commencement
de son règne, vint à Bà!e, ville frappée d'excommuni-
cation à cause de sa fidélité envers l'empereur Louis de
Bavière. Les bourgeois lui firent savoir « qu'ils le rece-
)) vraient dès que Texcommunication serait levée. »
Charles envoya Marquard de Randegk^ prieur du cha-
pitre de Bamberg, pour leur déclarer « que l'absolution
» était offerte à ceux qui lui obéiraient et jureraient de
» ne pas reconnaître comme empereur un prince que
j) le pape n'aurait pas confirmé, ni comme pape un
y) homme que l'Empereur opposerait au pape légi-
)} time. » Alors les Balois députèrent le bourgmestre
Conrad de Bérenfels , chevalier , avec Conrad Mônch,
proche parent du chevalier qui avait péri l'année pré-
cédente près de Crécy, à côté du roi Jean, père de l'Em-
pereur *^^, et les chargèrent de faire à l'évéque de
489 ^vec l'aide de Strasbourg, Schletstatt, Colmar, Mulhouse, Rbein-
felden , Neucbâtcl et Fribourg en Brisgan. Ttchachitan,
*•• En 1365 contre les Gûgler ou Anglais.
4^^ En 1371 contre Falkensteîn , en 1366 pour Fribourg en Bri^u.
TouttCela ci-dessous.
*»* Ch. du due Léopold, reconnaissant devoir , pour cet objet, àl'avoyer
deSeckingen, 140 florins; 1571. Tschudi,
*" Le roi av«ngle se fit lier à lui et à H. de Klingenberg. Alb: argent:
Tschudi, 1346 ; ce qui suit est puisé dans ces deux sources.
176 HISTOIRB DB Lk S0ISSE.
Bamberg^ en présence de l'Empereur^ la déclaration
suivante : « Sachez^ sire de Bamberg^ de la part des
» bourgeois de Baie ^ que nous ne tenons pas le défunt
>) empereur pour hérétique , et que , sans nous soucier
» du pape^ nous acceptons comme souverain celui que
» la majorité des électeurs nous donne« Nous ne vou-
» Ions point porter atteinte aux droits de l'Empire. Du
» reste, si vous nous absolvez , les portes s'ouvriront. »
L'évêque, d'après le conseil et la volonté du nonce, exi-
gea « qu'au moins ils demandassent l'absolution. » Le
bourgmestre, se tournant vers la délégation de la bour-
geoisie qui l'accompagnait : « Nous autorisez-vous,
» dit-il , à demander l'absolution ? » Sur leur réponse
affirmative , ir la reçut, et l'empereur Charles fit son
entrée dans la ville.
Quinze ans après le tremblement de terre, la sûreté
du passage par le Hauenstein, ramification du Jura,
fut compromise au défilé de Falkenstein par une li-
gue que fit, au détriment des marchands, Hemmann
de Bechbourg *^, avec le comte Jean de Thierstein et
Burkhard Senn de Mûnsingen, héritiers du comte de
Bucfaegk. Les chevaliers ressemblaient aux émirs des
Arabes nomades par leur hospitalité, par l'élévation
des sentimens et par l'idée de noblesse qu'ils attachaient
au brigandage *®^. (Le comte Godefroi de Habsbourg
attaqua aussi dans Lauffenbourg les marchandises des
frères Scheîtler, d'Uri. Les Scheitler, avec quelques
hommes de Schwyz et d'Uri , s'emparèrent du comte
pendant la nuit dans le couvent d'EinsidIen, et le
*'* Héritier des anciens comtes de ce chftteaa. T$ehmdi, 1313.
*^^ Peut-être l'un et Tantre se servirent-ils du prétexte qu'on demandait
aux voyageurs des droits de péage et de conduite excessifs.
LIVRE H. mxp. V. 1 77
contraignirçiid; à la réparation des dommages ^^). Des
négocians s'ëiant vu enlever, prés du roc^^'' de Fal-
kenstein^ environ huit quintaux de tafran, Baie cmi-
dut une alliance *fec Rodolphe , comte de Nidau,
auquel apparteiiiait le droit da conduite attaché au
landgraviat^ du Buchsgau*^^. Le château fut pris; ils
livrèrent à la garde du comte les sire» de Bcchbourg,
i^e Buchegk^ de Thierstein et Conrad d'Eptingen; ils
jugèrent ûtàe de décapiter les mercenaires,, afin d'a-
vertir qu'on ne s'engageait dans un tel service qu'au
péril de sa via.
I^a prospérité publique et particulière dês-Bâlois re-
posait entièrement sur l#coinmerce; le$ sources princi-
pales du revenu qu'ils employaient à d'utites et de gran-
des dépenses , se trouvaient dans la richesse dea citoyens,
pleins de. libéralité envers la patrie *^^, et dans le pés^e
qu'ils acquirent de Févèque m profit de la ville:' St
JeaaSenn transmit florissant à ses Micesseurs Tévéché,
administré avec sagesse, |ean de Vienne gâta ses af-
faires par son impiçudept orgueil* A ia mort di^derni^r
cjpmte de Frobourg , celm-4à fit valoir les droits féo-^
daux de son siège sur te Sisagau, landgraviat situé au
**• Tschudi, 4871, année de Texpédîtion contre Falkcns|^în.
4'7£l^]IçiQ^^^]^f«]^ç^^ j^^ populaire éviUeouneiit dérivé dé l'ita*
lien « rocca, » ^
^^^ Traité iiailiatm^deihT à, TsehudL r^ommément aus^i ftonr Sigis*
mond de Tbierstein et^HartmâTih de Kibourg. Le droit de conduite fut
accordé aux Bâlojs à cette occasion. Qhn d€ ChartM IF, 1572 , dans
Brukner, Choses mémorables ^4^^ S h. . , ,^
♦*' Pour le grand Ohnjiflpld ou drqit tïe cons'dnunMîoD , celui qui
possédait 2,000 marcs Ipnç^ait 5 sous par semaiiieixcl'uj qui ea possédai^
^pO^ 3 sous; celui qui n*en possédait que ^fi , 6 feniiings. Dans les
achats et les ventes, on payait 2 rappes sur ll^batz y^tro^ f^ous sur cent
pois de vin, quatre sur un quart de bl^^ îseiin dànlfi^sc/ifMifk 1376r
m. la
178 HISTOIRE DE LA SUISSE.
milieu de fertiles 0l- gracieuses coUines €i^tre le Jura
et le Rhin ^^, important à cause du passage du bas?
Hauenstein ^^ . L'éi[êque en assura la jouissance via-
gère à ce comte de Habsbourg^ autrefois prisonnier à
Zurich ; et il donna le doniaine lui-même comme fiaf
féminin héréditaire à Simon de Thierstein ^^^; il ré-
serva au siège épiscopal le droit de nommer à toutes
les fonctiopis, excepté celles de juges i^riminels^ dans
l'enceinte ettlans Im environs de Lkstal et d'autres
lieux; Olt^n ne fut^ point aliénée Jean de Vienne, aon
content d'avoir été obligé d'hypothéquer cette dernière
ville, ainsi que le péage et la monnaie de Baie ^^^ et
beaucoup B'autices po^essîtos, à eause de la guerre
qu'il occasion^ pai^r 1% destruction de la ville de Bienne
«
V ^^h Lettre d^nvestiturâ^^ 1363, dans Tschadù II «ntraft dans le RMn
ju^u*où pouvait aQev un cheval , jusqu'éù pouvait attemdï^ use laœe
bâloise. ;î - ' -
^®* Auquel se ratta^^J|e péage de Liestal , fief que l$s Môndi et'ieis
Schaller tenaient d« FrflKirg. Ibid. Sentence oOnceinant la haute juslrce
de Waldenbourg et le péage (TOnetzwyleijj prononcée en faveur de Téeê-
-que, etcpQtf9i^odolphe âeHalnbourg'et^ismoiidde Thierstein, lS^ir6C
Brakt^, p. 1451. Jean de Hab^ourg avjiit renoncé au lief en faveur
de son frère. Ibid, p. 2697.
^^^ Si les filles ne s*en rendent pas fndignes. Cette distinction est équi-
tables Simon de l'hierstein avait épousé Vérèni^ fille &% comte de Nî^ftii
et delà femmie qui apporta l'héritage de Frobourg à la maison delXjdau.
Habsbourg ne posséctait (^ueles droits qa'jlacquiC par le second mariage
d» cette même héritière de Frobourg , mère de Vérène. Il faut distioguer
du landgr&vi^ l6| fiefs héréditaires de H^nberg , qui appartenaient à la
maisllp de Habsbourg. V^y. dans Bracknfir, la lettre d^investiture de Vé-
vêqué suivant enjaveur du. comte Simon, p. 4136. Uoo notice, re-
cueillie «n 1418, sQr la ba^^le justice de Wallenbonrg (^Ibid, pi 1473),
rapporte qu'un jour Vérène, son/pouse, ouvrit àjcoups de hache h pri-
son d'un beau valet, détenu au cbà|eau deWallenbourg, etfavorila sa fuite.
^' C'est pour cela que dans la charte par laquelle Charles IV donne à
'Habsbourg-Lauffenbourgle droit debatlre^monoAie, il est faitttientioft»
à l'an i373, da coin de la mowmfi de Baie,-
LrV^B 11. CHAP. V. 179
et dans laquelle FErguel et le Val-Moutîers furent dévas-
tés, suscita une guerre contre la ville de Baie, et reçut
du secours du duc Léopold d'Autriche. Les Bâlois lui
ayant brûlé Porrentruy , il dut abandonner au duc ,
pour les, frais de son assistance, le petit Baie, séparé
du grand par le Rhin seulement ^^*. Léopold ne se crut
assuré de cette importante acquisition que lorsque lé
grand Bâle, auquel il accorda le droit de rachat ^^^'y
état coûsenti à l'en taissn^ tranquille possesseur^
Peu de temps après, Léopold célébra dans le petit
Baie le carnaval , comme cent et neuf ans auparavant
son trisaïeul, le roi Rodolphe, et presque avec la même
issue. Les chevaliers' immodérés dans le bien et le
mal, cédant à l'entraînement du plaisir, lâchèrent le
frein à leur orgueil nobiliaire, toujours prompt à of-
fienser. Soudain des seigneurs, échauffés par le vin,
traversèrent au galop, sans aucune précaution, les
ponts et la grande ville jusqu'à la place de la cathé-r
drale, où ils firent im tààmoi; d^s bourgeois furent
blessés par les chevaux et par les éclats des lances ;
d'autres eurent à redouter de plus graves offenses
dans la personne de leurs femmes et de leurs filles.
Tout-à-coup h colère du peuple s'wflamma. A
peine le duc put-il échapper ^^ et -entraîner avec
luiEgen deTûrstenberg, particulièrement oiiieux aux
. Bàlois^^''^} trois seigneurs furent transpercés dans la
ta
»
^^^ En 1375. Waldenbourg aussi, Braknen, pp Jl^k^ Cependant les
de Ramstein ^peuvent avoir Aidé en iSSd à cacheter le petit B&le. Charte
d'après laf|tiëneWallenbourg et'fionbecg doivent être des ma^s^pns ou-
•verlesîiu duc. Jfr. i^ 14t9. . •*
&05 Poflr 2,000 florins* lié (iocument se trouve dans Spreng, H Ut, du
fifitit B&le.Yi. 49. . '''
*|o<^ Fugger, Hist, t Autriche , 13 76."
»07' parcQ.^^ a>'Ât cli£rcbé à subjagnei» Fribourg en Msgaa,
480 HISTOIRE DE LA SUISSE.
cour des sires d^Eptingen ; si Pierre de Laufl^ y <mef
des tribuns^ ne se fût hâté de défendre à haute voix>
d'un lieu élevé, de tuer qui que ce sait^K&us peine de
mort et de confiscation, la fureur populaire n'eût
épargné ni Montfaucon de M onthéliard , ni Rodolphe
de Habsbourg-LaufFenbourg, ni le m^grave Rodolphe
de Bade-Hochberg, ni les deux ZoUern. Le soulèvement
calmé , les prisonniers furent aussitôt relâchés , et le
gouvernement résolut, de concert avec tous le» ix>urge<HS
raisonnables, d'offrir une somme d' argent ^^<etd'«er-
cer contre ceux qui avaiei^t fait périr quelqu'un de
leur main (M par leur faute une sévère justice, afia
de détourner la vengeance dont- le duc et tous les sei-
gneurs voisins menaçaient la ville et spn commiiPce»
Quelques hommes fijrent exécutés; quant aux îiutres.
Baie se vengea à la manière des anciens Roinains,
en faisant de ses ennemis des concitoyeas ^^^. La répu-
blique y gagna uïïe institution : on nomma dès-lors de
six en six mois di:s; gentilsl|ommes et dix bourgeois,
sous la présidence akemative du bourgmestre et du
chef des tribuns ^^^ , pour juger tous les différends
entre nobles et bourgeois. Ce tribunal fut appelé
avec raison. Chambre de la Liberté : là régne la
vraie liberté où régnent la paix et la justice ^^^
Peu après , des trîBuns entrèrent dans le conseil*, et
608 On peut Hoir des quittances àajisUelin, 1. c. 1376.
^^^ liJarcb» vers Wildenâtein , château appartenant alors à la îtitùsoD
d*£ptingen , et situé* sur la montagne qui sépare la vallée de ZyfeiiT de
Walleiibourg. Alors lesFalktier^ les fluber, les Bronner, les Keller, les
ïlug et sept autres familles joignirent les Bâlols piès de Muttenz et ju-
rèrent d'être Bâlois ; ils le sont Jlmanach de BâU, 17^^.
^^^ Le premier était en quelque sorte le pré&id$nt ^e la noblesse ; ie
second , celui des familles bourgeoises.
^^^ La Gliambre de la Liberté date de 1377.
LIVRE II. CHAP. V. 181
trente-six membres des tribus siégèrent dans les cham-
bres nobles ^*^.
Jean de Vienne ne rofugit pas d*attaquer hostilement
sur la voie publique le comte Sigismond de Thier-
stein. Là-dessus^ ]a ville dô Baie se ligua contre lui
avec le duc Léopold. Il fut si malheureux dads cette
guerre , qu'il dut hypMbéquer ausw Poffentruy à Henri
de Montfaucon, comte de Montbéliard; Bâle et le
duc Léopold lui enlevèrent Liestal^^^. Ces troubles
afikiblirent Févêdié jusqu'à ce que, au milieu du
schisme du siège pontifical, après la courte admi-
nistration de Jean de Buchegk, la dignité épiscopale
fût conférée, non sans division*^*, à Imer de Ram-
steîn, celui dont le consentement ou la pénurie d'argent
valut à Gersau l'indépendance et à Lûcerne la pos-
seé«Mi de Weggis. Il confirma sans contestation la
constitution de la ville de Bienne ***. Il partagea le
territoire élevé de Freyberg, alors sombre forêt sans
tiom, entre un bon nombre d'Allemands et de Bour-
gulpions, qu'il attira dans ce désert de l'évéché par
l'appât de tribunau;c particuliers et d'une grande li-
berté ^*^. Si la terre a été livrée aux homaties pour la
peupler et l'utiliser, Tévêque Imer a plus de mérite d'a-
voir formé cette population , que maint prélat d'avoir
régné ea puissant prince dans un sKâle plus florissant.
Depuis l'Alsace jusqu'aux frontières de la Hongrie ,
il n'y avait point de pays où les fils du duc Albert ne
**• 1585, Parfaitement éclaîrcî par Ochs.
^*' Liestal fut rendn à son successeur*
^^* Vu que quelques-uns avaient élu Wemer Schaller , qui reçut à
cause de cela les forlereeses d*Istcin.
^*^ £tles villages de sa dépendance. Charte, Bienne, Pierre-Paul, idSS.
^<* Voy. dans Fœsijti FûsiUn des extraits de bonnes descriptions de
cette contrOe,
182 BrSTOIRB DE I>à StJISj^.
jouissent d'une puissance illimitée ou d'une grande
considération. Comme pour Taequisition de l'hypo-
thèque du petit Baie ils avaient profité des troubles
excités par Jean de Vienne , ils ne négligèrent aucune
occasion d'acheter de leurs coitsins , les comtes de Ki-
bourg, toujours pressés par des besoins d'argent ^^^>
et leurs ^vassaux pour le landgraviat de Bourgo-
gne ^^*, la suzeraineté de Berthoud , de Thoupe et
d'Oltîgen ^^^^ ils voulaient par là prévenir les villes
voisines. De méoi^ que le duc Albert obtint de son
conseiller, l'évêqui^ Ulrich de Leazbourg, la forteresse
de Marscklins et l'office d'échanson héréditaire de l'é-
véché de Coire, de même aussi Léopol4> son. fils, à.
une époque où il sembtatt man(juer d'argent, mit à
profit les désordres de la maison de Montfort , pour
acquérir le comté de Feldkirch et la seigneurie, de Plu-
denz^^*^; pour l'hypothèque d'un obàteau, Jean de'
Werdenbeï^ devint son vassal avec tous ses domlines
en Curwjalchen et en Thurgovie^^*. Lés bourgeois de
^^' Ils devaient alors aux Lombards de Lucerne environ 6,000
florJDS. Document concernant ies dépenses de Vévêque Jeaiude Brixen, i^7à»
^^^ Ëberhard y renonça déjà en 1546 , et le due Albert en investit
Hartmann H, fils d'Eberbard; après la mort de ce dernier, en 1363, les
-six frères de Kibourg reçurent l'investiture du « landgraviat sur le pc^s
de BourgQgpie. »
^^^ Làtire par lalfuelle Us vendent ces si^'glieBfies et les reçoivent <fe
nouveau à titre de fiefs ; Lettre par laquelle Us s'engagent à servir V Au-
triche avec toute leur milice; contre- lettres des dues; eonversation de l'arcld» .
duc Rodolphe avec son chancelier, Tévêque Jean , dans laquelle il recon-
naît «qu'il doit àùx comtes 12,000 florins; » Assignation du. premier
paiement; Brougg, 1365.
"• Feldkirch, 1875, acquis du comte Rodolphe, pour 36,000 flo-
rins; r^ulre seigneurie d'Albert, CQ^te de V^erdenberg, vers 1879».
TschiuU et Fugger,
'^^ Pour la Iprteresse de Nidberg, dans le pays de Sargans , 1879.
Tschudi.
.._j
LIVRE II. CHAP. V. 183
Fribourg en Brisgau , de coneert avec leurs ami» de
Brissach , de Neuehâtel et de Baie , faisant une juste
guerre contre les prétentions de leur gouverneur, le
comte Egen de Fûrstoiberg, furent entièrement dé-
faits près d'Endingen^ par suite de leur imprudence
et de leur frayeur ^^^; aussitôt T Autriche, au moyen
d*ua prêt qui permit à la ville de se racheter , acquit
siu^mlle unô^autorité bien plus irrésistible ^^'•*.
Mais Texteasion progressive de l'Autriche n'offre
rien de ,^us remarquable^^* que la manière dçnt
Rodolphe, fils aine d'Albert, ajouta aux domaines
de cette maison, d'un seul coup, presque sans guerre y
le Tyrol , comprenant vingt-neuf vallées bien peuplées,
un nombre égal de villes et de bourgt ayant droit de
marché, plus de^ trois ùéùt cinquante châteaux et
environ neuf cents petits bourgs ou villages ^^^. Mar-
guerite Maultasch, comtesse héréditaiijp du Tyrol ^
dont l'âme était aussi repoussante que la figure, et qui
se livrait sans décence et sans retenue aux passions
les plus brutales., conçut après la mort de son fils
unique la pensée de transmettre ce pays à son beau-
frère , Etienne , duc de Bavière. Or le duc Etienne
*2* Kdnigêttoven, p. 4J17 €t SUÎT. ^ "
^^* En i$m. Tsehitdi, ld66 et suiv. Egon fat le sixième depuis celni
qal hénta. le bailliage de cette ville des ducs de Zering^^ ses fonda-
teurs. Munster, €osm, ni , p: 666 , édiU 1^58. Il agit dans ces affaires
d'après le conseil d'Anne de Signau , sa mère. Ce fut une guerre désas-
treuse; dans l'espace desèptans, aucuite charrue ne toucha Ja terre
«ntour deytelte vilie. Ihid. Il avait épousé un^filledv detnier comte de
Neuchâtel ; son fils hérita le p^.
^^^ Nous passons, par exemple, sous silence Facquisilion de la petite
ville de Bftlach , que le margrave Otton de Hochberg veilAt au duc, en
13S4. ' ï
^'^ Les nombres sont pris dans Pugger^
484 HISTOIRE rm la suisse.
avait promis à beaucoup de nobles dames d'iassister à
4es fêtes • de cour à Heîdelberg dans le temps même
que la comtesse avait fixé poi|r l'exécution de ses
projets; il la prin donc de renvoyer celte aflfaire ]»»•
qu'à son retour ^^^'\ Apprenant ce qui se passait , le
duc Rodolphe , quoique maladif et malgré le mauvais
état des routes^ se rendit aussitôt en toute hâte dans
le Tyrol, avec une petite escorte d'hommes choisis ^^'',
et à travem les neiges des montagnes. Rodolphe était
dans sa vingt -cinquième année ^^® et se distinguait
au-dessus de tous les pinces contemporains par siitn
esprit^ son ékquence et ses manières insinuantes. Il
obtint et de la comtesse irritée et des États assemblés
à la diète de Botzen que la propriété héréditaire du
Tyrol lui fût cédée ainsi qu,a sês héritiers de la
maison d'Autriche, «é qu'on le chargeât aussitôt éa
gouvernement. Ensuite , connaissant l'inconstance de
Marguerite Maultasch, il sut lui dire tant et de si
belles choses ^^^ sur son désir de la voir toujours ,
su» la cluLleur de sa reconnaissance, sur Tadoration
dans laquelle il aimerait à couler ses jours aupr,ès d'eUe,
sur les délices de Vienne, sa grande et magnifique
résidence, sur Fimpatience qu'éprouvaient tous ses
serviteurs et l'Autriche entière de voir une femme
aussi renonimée, que la comtesse le suivit à Vienne où
«lie continua de résider, jusqu'à sa mort.
«• Fit. Jrenpeek. 1562.
627 (3q troave, n. 556» les noms de Qfaristian Zibiendorfer , Pierre
(TArberg, Jean de Lasbergf , charabelUn.
^'' Il a coutume , n. 5^6 et ailleun , de dater ses lettres des amiées
de son âge.
^^^ « Sollîcitaiji^ fortissimis atque dulcissimis supplicalionibus tarils-
que blandiliis. » Fit. Arenpeçk, Comparez P»gger,
J
[t»»] LIVRE n. CHAP. V. 185
Dans ràdministration de leurs villes, les dues sui-
vaient les principes du Comte Vert : population et
prospérité étaient \» but de tous leurs efforts, et c'est
ainsi que doivent agir les gouvernemens républi-
cains, s'ils veulent éviter le reproche d'être moins
occupés du pays que d'eux-mêmes. La petite ville
libre de Sursée ^^^ à laquelle déjà le roi Albert
avait assuré dans sa circonscription le droit de foire
par u»e charte (1299), reçut pendant de longues
années^**, après, le grand incendie qui la ravagea,
les bienfaits d'une libéralité héréditaîrjei ^^^ de la
pjprt des ducs Roddphe ^^ et Léopoïd ^*. Dan» le
temps m Ton craignait une guerre civile, Zofingue,
ville acquise de la maison de Frobourg ^^^ , ayant
déployé un grand zèle en faveur de la maison d'Au-
triche en préparant des moyens de défense ,- le duc
Rodolphe , en . qualité de souverain èia pays *** ^
'*^ Hartmann^le-Jenne , comte de Kibùarg, accorde d^, eo 1356, à
Vabbé de Saint-Urbain, la bourgeoisie de Sursée « consensti civium
ejus munitionis. » « Monitib » désigne ordinairement un lieu libre.
^*^ En 1374 encore, Léopold concéda un impôt sur chaque char qui
passait. €h,
s'2 Le due Albert déjà permît une fiofitribiition sur les étaux de bon-
chérie , pour la réparation éb )a ville. CA« 1361.
^*^ Il lui accorda des étaux de boucher , la vente du pain , et des bou-
tiques. Ch. 1363.
^** n lui accorda , pour la construction de la ville , un péage de dent
angsler fenning pour chaque pièce de gros bétail. Ch. Baden . 1369.
^'^ 6n trouve déjà , dans l'^née 1299 , une ordontiance^ur les mou-
lins, rendt^e par Henri , t baSIi des nobles seigneurs les ducs. »
«*« Charte de liberté. Halle dans la. vallée de l'Inn , lâ65; il y con-
firma son indépeijdance des tribunaux étrangers. Cornue dans le même
temps , les labanreurs , les marchands , les bouchers et les arqucbusiei^
se réunissaient en tribus ( J-. R, Sater, 1^63 ), l'archiduc en donna
sans doute Tautorisation aux habitans de Zofingue , au moins verbale-
menL
iSè HISTI^IRE DE LA SUISSE. [**'^3
sancifonna par une charte un grand nombre de ses
libertés et de ses anciennes coutumes^ entre autres
« que la vie de l'assassin dépendrait des amis de
» l'assassiné et que celui qui surprendrait auprès de
» sa femme un autre homme pourrait le traiter à sa
» guise.» De même, lorsque Léopold^conformésoént
à l'alliance perpétuelle des Glaronnais, voulut rendre
florissante la ville de Wésen dans le district inférieur
de Glarî^y il lui octroya un conseil annuel ^^''^ un
droit d'héritage et d'autres prérogatives qui garan^
tissaient la sûreté des personnes et des biens ^^^. A
l'époque où le roi Wenceslas accomplit les désirs de
Léopold (1379), il obtint pour ces villes l'indépen-
dance de leurs tribunaux.
Cependant des sentimens plus élevés animaient les
gentilshommes et les bourgeois de Schafifhouse, hy-
pothèque donnée aux ducs par l'Empire. Les habi-
tants du Hég^ otdu Klekgau^^^, qui, sous le comte
Rodolphe de Hkbsbourg, hnadgrave du Klekgau, et
sous Wolfram de Nellenbourg, gouverneur du Hé-
gau^ nommaient leurs juges, conformément à l'an-
cienne liberté allemande, dans leurs as^cafidblées en
M adach ^*^, ou à Kokerlohe ou à Rheinaii , acquirent
la combourgeoisie rfe Schaïïhouse, centre deia con-
trée; ils importèrent dans cette ville des sentimens
interdits aux villes moRarc^ques. D'aillilirs, tandis
^'7 Au suklu bailli, suivant l'usage de «quelques autres de nos Tilles,
jusqu'à révocation. CA. de Léopold, 1379'.
^*^ Il respecta ce que son oncle Léopold ( Bade 1513^ avait garanti &
la ville pour la sùreié de ceux qui avaient perdu }a fayeur du souverain.
Qn ne pouvait |^ non plus srracber des oiminels de la maison d'un
bourgeois qui répondait pour eux. *
SS9 Les liniites de ces districts se touchent près de^chaffbouse.
^^^ Nom de U- contrée voisivie de Môskirch. . ' .
UVRE H. CHAP, y. 187
que le partage des biens forçait les grandes familles à
se rapprocher de la vie bourge(»se, le peuple de la
ville et des contrées circonvoisines ^*^ prit sous la
houlette, de prélats pacifiques l'habitude de la liberté
Le courage n'était pas 1 attribution exclusive d'un
État, mais c'était la vertu générale d'une époque, où ,
avec peu de besoins , chacun se sentait la force de
tout entreprendre ; il était bien plus grand encore
chez les SchaShpusois, voués uniquement aux armés
et à Tagriculture , que dans les vSHes où une indus-
trie sédentaire accautumait le peuple à un genre de
vie plus paisible^*. Par là ils prirent plus tôt et plus
complètement que les Saint*Gallais de l'ascendant sur
l'abbé de leur monastère ^*^. Par le rapprochement
de9 familles , comme à Rome par le9 mariages entre
patriciens et plébéiens , l'administration * publique
^^^ Ainsi on trouve , en 1815 , Weèrd au pied de la chute du Rhin ,
fief de l'abbesse de Lindau , en 1320 les dîmes de Môrishausen et de
Bargendans la possession de Tabbaje de Saint-Gall» etc. fVaUkirch,
Hist. de Sehaffhouse, %, i#
^^^ C'est pour cela que nous trouvons dans Tinlérieur beancoup de
guerres particulières difficiles à tefiftîner auttement que par une média-
tion étrangère. Bu^l arbitres forent nécessaires pour terminer la qde*
relie née au sujet du meurtre commis par Jean de Tûffen et Jean HÛn
sur la personne d'Eberhard Schwager, et de son frère Guillaume de
Tûffen. Ils prononcèrent, à la prière de Tavoyer et du conseil, de-
vant la commune assemblée. Ces huit arbitres étaient Arbourg, bal^
de Kibourg ; Ztva de Hallwyl, administrateur de Thurgotie; Jean Muller,
clievalier; l'avoyer de Bade, Jean Weggler, etc. probablement les sept
juges de la paix du pays, et Arbourg comme représentant du jduc.
Les parties s'appelaient « la pa|tie supérieure et Finférieure. » Ce fut
sans doute d'abord une querelle de famille; mais Tordre public avait
été troublé ; l'autorité, énervée ; la commune, agitée par des co0pira->
tiens. La charte est dans les archives de la socilté des nobles.
"» On ne permit pas à l'abbé Berthold Wiechser, en 1360 , détenir
son couvent fermé. PTaldkirch,
18d HIStOIÂE DE LA SUfflSE.
passa de bonne heure des mains de quelques familles
dans celles d'un plus grand nombre , et de plus en
plus dains les mains de la bourgeoisie. Ce premier
changement eut lieu ^eu de tempe après une expé-
dition contre le château d'Ewartingen , r^aire de
brigands ; les plus vaîUans d'entre les gentils hom-
mes et les bourgeois ^** en partagèrent le danger ;
à cette époque calamiteuse toute la ville fut réduite
en cendres **^ par l'incendie de l'hôpital ^*^ , et ne put
être rebâtie plus solide ^^'^ et plus belle , que grâce aii
dévoiMment commun ^*®* Le développement que pri-
rent les petites villiçs du voisinage ^*^ augmenta, il
oM vrai, le produit du transit des marchandises et
de leur débarquement au-dessus de la chute du Rhin;
mais c'était là un fief particulier ^^. et non ttae res-
^"^ En tout SA nobles et 70 bourgeois. Rôle de 1371.
5 AS 1372. Le féu dévora 70 personnes et beaucoup de richesses. Cette
ealannté fut , sans doute , le motif de la défense subséquente de hfte du
charbon dans la ville on dans son fossé.
^*' n avait été fondé dans là seconde moitié du xiti* siècle, à Taide
de nombreuses indulgences (fVaidkirch ad 1287), et principalement
par les dons pieux des sires de Randenbourg.
**' Les deux premiers étages devaient être en pierre > fVaidkirch, 1372.
Il est foit mention , vers cette époque , 4'une carrièt'e derrière les mou-
lins. Ch. 1379.
*** Henri de Mandach, élfevalier, seignenr de Wézenhofen , et neuf
autres nobles bourgeois cautionnèrent la viUe , en JLSl^d, auprès de Fri-
boui^g en Brisgan.
'^* Stekborn obtint de l'abbé de Reichendu , en 1313 , un marché.
Tschudi, Nous avons fait ailleurs mention d'autres villes.
^* Vm famille noble le tenait du couvent; il fiit vendu au duc, en
1380, pour 2,500 florins, outre l'intérêt à payer annuellement aa cou-
vent; Waldkireh, 1270-^ 4380. On a de Léopotd un sauf-conduit pour
les négocians schafThousoîs pendant la guerre des villes et des seigneurs,
1384) et une Ordonnance pour le commerce, 1385, par laquelle il exemple
ses gens d'impôts , de gardes et de voyages. La balance publique était un
fief du convent ; on payait un femiing par quintal.
tïVKE II. CHAP. V. 189
source pour la chose publique ^^^ Par l'influence dé
Léopold, duc d'Autriche^ on adjoignit alors au Con^-
seil des Denze qui jugeait ^ sous la présidence de Fa-
voyer^ tous les cas pour lesquels on n'assemblait pa^
un tribunal public ^^ ^ deux autres conseils de nobles
et de bourgeois ^^* La pensée d'une liberté indépeur-
dante rendit Schaffhouse bien plus florissant que les
^^ A Zurich, Xlmvti ou droit de doaane surlç blé, demeura de
même la propriété des comles de Kibourg long- temps encore après que
ia \ille eut acquis sa pleine liberté. Ch, de Canrad de TUtendorf, 1289.
^^' « In strata platea ante domnm dominî Monetarii. » Ch. iSOO.
tEgbrecfat, aToyer de Schaffhoose , alors que je siégeais au tribunal en
public. » Ch. 1565 dans HerrgotU
^^' Cette affaire jette la plus vive lumière snr la constitution. Ch,
1375 « sur la grande dissension entre les gentilshommes et la commune,
dans laquelle ils nous ont imploré pour être médiateur d'une telle
guerre. €*est pourquoi nous avons siégé avec nos censeâlers et nos
féaux , qui alors étaient auprès de nous en grand nombre, et nous
avons donné à la ville Tordonnance suivante : l" Dans le Grmd'Conseil,
siègent annuellement IS nobles et autant de bourgeois de la commune.
Notre bailli, deux de nos conseillers, deux nobles, deux de la com-
mune, et Tavoyer nomment le* Grand -Conseil. 2* JjB Peut Conseil 9ii6
membres dans la même proportion. S* 12 membres du Grand-Conseil ,
pris également dans les deux ordres, forment l» tribunal sous les arcades
( publiquement, à la manière antique « in porticu » ], avec une compé-
tence de 15 marcs; les causes plus importantes sont portées devant le
.Graodr Conseil. 4* Six pour kè contributions et les finances publiques;
Tordonnance fixe la contribution de celui qui possède plus dfi 40 marcs ;
les six fixent celle des citoyens plus pauvres^ ( Renouvellement de la
lettre brûlée d'après laquelle aucun Jbabitai;it. n'est exempt de la con-
tribution , 1385. ) Le duc se réserve le péage et le commerce du sel et
du fer ( il fil awsi à Ibsbruck, en 1376, une ordonnance sur les dépôts
do ces marchandises ) , et il laisse k, la ville l'impôt sur le commerce des
changeurs ( Gawersches et Lombards ). 5* Libre commerce du blé.
G*" Chacun doit empêcher les séditioiys, sous la responsabilité de son
corps et de ses biens. Le tout, jusqu'à ce que la tille soit* «achetée par
l'Empli». (£11^ i>6 doit jamais servir d'hypothèque pour rAulnche. CL
1373.) Cette ordonnance fut confirmée, et, coq^e nous vivrons» amé-
190 HISTOIRE 0E LA SUISSE.
yiUes soumises aux princes autrichiens ^^*. Gwte cité
ne déploya pas une audace belliqueuse pour étendre
sa domination^ peut-être parce que ses fondateurs ,
habitués au bonheur de k médiocrité , n'aspirai€int
pas à de grandes choses^ ou parce que les longs
efforis pour parvenir à la liberté firent négliger tout
autre pensée; d'ailleurs la puissance autrichienne et
son parti entouraient la ville^ et dans son vieux sénat ne
siégeaient pas des hommes qui sussent détourner
l'esprit actif de la bourgeoisie des troubles intérieurs,
pour le diriger vers Tagrandissement de la patrie. Par
l'amour de la liberté, elle se montra digne de ses ancien-
nes alliances ivee des villes voisines, atixqueHes l'in-
fluence des dtics la rendit malheureusement étrangère.
Les cités de SchafFhouse, Bâle, Soleure ^^^, Lau-
sanne, Sion et Saint-Gall grandirent ainsi de toute
façon pour la liberté. Le pays d'Âppenzell obéissait
à peine encore. La puissance sacrée de Tabbé de
Saint-Gall et des évéques de Coire, Sion, Lausanne,
Genève et Baie, plus ou moins heureuse dans les
affaires temporelles, suivant le caractère de chaque
prélat, fut ébranlée jusque dans ses fondemens,
moins par les prétentions que par la scission du Saint-
Siège. On fonda éjÈs établissemens pour les pauvres ^^
liorée par Albert UI, en d3Ï7, lorsque, après la bat»lle de Sempacb,
« les^ays furent de noiiyeau réunis, et qu'Albert devint fuissantpriace,
seigneur et exécuteur. •
6S4 Qq Yoit par le registre municipal de 1385 qu'aucnnë loi ne peut
être faite sans le concours d*au moins vingt conseillers , ni «liangéë on
rapportée sans la volonté d*^n moins vingt-sept
^^^ Soleure, • qiii'aim^tàfaclieterles biens hypothéqués par VÉm-
5 ire, » ac0lil le droit dft battre monnaie, donné en gage à Pierre de
horbeit. Ch. 13«1.
»*^Lt ûtfisQa des sours à Zurich, 1396. Hottiug. H. E. H, h. a.
et les iuidades ^^'^ ; la pénurie d'argent enhfff dit de
plus en plus le» grands contre les monastères ^^^ j les
paysans refu:^ient de se soumettre aux injustes oUhr
gâtions dont leur servitude était le prétexte ^^^. En
général l'Église avait pour ennemis l'incrédulité, qui
déjà là bravai* en Italie '^^^, et le mysticisme, qm, de
peu de durée dans les couvens^^^, excepté par fSbi?
dans les couvens de femmes ^^^ , se répandit parmi
de pieux laïques ^^^. L'église avait le plus de puis-
sance là où la repentance des pécheurs était le plus
^^' Lft léproserie, à Schaffhouse, fondée par tine dame de Goldbacb,
dont le (ils était lépreux , et parles nobles Frîedbolé, 1356. Waldkiteh.
Voj. sur rbôpital Sain U Jacques, sur la Birsprës de B&Ie, les CA. de 1319,
1330 ?et surtout celle de 1350, dans Brukner, p. 419, suîv. et 428.
^^^ Plaintes de Béronmûnster an sujet de contributions, « exactiones
ad adustionem. » Bulle du Pape Clément FI, 1347. Dans les livres <CAm^
9oUlngen on trouve beaucoup de plaintes sur ^ que les seigneurs en-
tourent de haies les pâturages communs , et défendent à leurs gens d'en
appeler de leurs tribunaux à des tril)unaux eccléia^âstiqùes.
^^' P. e. les paysans dépendant du prévôt 4fe Rôtenba^h ; celuî-q
fiâgeait « qu'un père qui mariait sa fille doiaiiftt au prévôt une somme
» égale à la dot ; que celui qu> renouait à son domaine devait donner
•les deui tiers de^n bien à Notre-Dame; que s'il augmentait sa fortune,
• il devait aussi contribuer davantage. V CA. de i3ô7, par laquelle des
arbitres confirment ces usages de la prévôté.
^® Les sarcasmes de Boccace ne tombent pas seulement sur les prê-
tres, mais sur les choses les plus saintes.
fi<A Ainsi le couvent que le pieux frère Henri de Lioz fonda sur le Bée-
ïemberg sau» Wttlfîngen .dégénéra bientôt. HgUinger, 1364 » Silbe-'
reisetifXp I.
**^ Elisabeth de Baldek et Ita de Wézikon , religieuses du couvent
de Tos, passèrent leur vie dans les macérations, d'après la doctrine du zé-
lateur Henri Saeus. Fukslin,Géogr. 1. 1, p. 102, 136. De même dans la vallée
de ^ainte-Catberine, Hélène Brûmsi de H^rblingen, bourgeoise de Schaif-
honse, «sibî ipsa pei^etuo carnifes^fuit. 9Bucelin, Constant, ad. a. 1361.
^^' Le frère Henri de Berg, d'une fainllle considérable de Constance,
nommé Ssus, en latin Suso, duBom.de sa is^ère qui s'appelait Saeuserin ,
(né 1300, m. 1865 j^ se dévoua obaleureu^meut à la doctrine quelque
193 HisTomK im tA sobsk«
p^slande : ainsi lui âphappaient et celui qui prétendait
gagner le Ciel sans elle^ à force de macérations^ et celui
qiii, par dédain pour ce corps périssable ^ attachait;
peu d'importance au bien ^ au mal dont il est Fin-
strument. Alors chancela la puéssance yieilUe de
Slontfort, de Neuchàtel et d'autres grands barons
edire la liberté florissante des Suiasea et la domina-
tion croissante de l'Autriche et de la Savoie. Les
princes de Sayoîe et d'Autriche régnaient sur de yâai«s
pays avec plus ou moins d'énergie^ suivant rhabileté
de chacun d'eux à gouverner le peuple avec un mélange
de douceur et de fermeté, les grands avec une dignité
sojQveraine et une gloire chevaleresque ^ soi-même ,
au milieu d'niie administration si difficile ^ avec un
calme d'esprit imperturbable. Telle était la situation
des affaires dans les villes et les seigneuriesr circon-
voisines pendant que les huit cantons de la Sjbiisse
observaient la paix.de Thorberg.
Lorsque le duc Albert d'Autriche^ fils du roi Albert,
petit-fils de Rodolphe de Habsbourg ^' et surnommé
avec le même droit par les uns le BoitMix, par d'au-^
peu manichéenne de Tabnégation totale de soi-même et de Fanéantiase-
ment de toute activité personnelle; toat sort de Dieu, toui rentre en
Dieu; néant étemel , TÊtre primitif est tpat.. 11 estimait si peu le corps
qu'il le jugeait indigne de ressusciter* et ne cherchait qu'à délier de ses
honteu)[ Uens Tàme qui devait rentrer en ï)ien. Il était de L'ordre dea
Frères Prêcheurs ; à TÔs, dans la vallée de Sainte-Catherine,, dans TOe-
tenbacfa, il trouva lé plus d'âmes disposées à sympathiser avec lui. Ses
dialogues furent traduits déjà en 1389 par un moine de son ordre» de la
Lorraine. Une religieuse de Tds, sa fille spirituelle » Elisabeth Sta^ël , a
écrit sa biographie , imprimée par Félix Sehmid, Âugdb. 1512, traduite
par Surius, éditeur de ses œuvres; Gologfte i&55 et dans les Jeta SS,
des Bollandisies. Jan. L U, 655^.689, Buçetin Constant; EêssUn, Hist.
tlecL II ; <ScAifi£ dans le Musée suisse , L ZU; Hailer, Biblioth. m, 572 et
iuîv« Denis* CaiaU Vindob. voUU, p/'4^.
>;tïVRE Hé CHAP. y^^ 49^^
très le Sag^ Alh^lùt dans sa'soixaht*ë-di^i|me hpnéef
Rodolphe^ l'aîné de sêS^^itetrîe fils, ^^seuJl majeur ^♦f^
Son éducariion s'était ftSte sous les Veu* du *dânte V^-
rich de Schaumbergf hèfnihé /on sugériiîiif à,la*l'Q}i4i- '
gion de éoti tenîps. Il re^gardaît « F esprit de W^mxn^
» cfeifime une étincelle de l^^tîfeiité. âme de l'uni ters: *-
» Mj^ y ^^^^ y sfft)limé côjnmè un P%n ^ -l^ p^^t #aiq|
» usage de cejlî^pqf cepé d€hBaatîèré^^u'il*tivîfie^jj|us- '
» au'^f ce qffë le corps Vi|olC'c6inpagnpn snlj^ShnéV.
» ^X^ffà de^hi servir pj[us lông-tempsfidL'eftveloppè,
» in4lpablédereii^iai|!er^ s^iffaiblissq^ toinbe, se dis-
>)*sd!ipB; aprèsiqucri #espwt, indestriactîble par son es-
^ seçict', %Qrs de Fa^intef des ef^ts de sa. viie terrè'â-^*
» tre4^^, .se replonge dps l'in^ui de la î)iyinité, d'une
» pensee>nfti(pie de Igiquelle tout*cPspect|rcle ^de for-, . '
Y mes visibles ^^ ^^'est '^'gu'une seule- fulgurâ^îèn^^''.» *
Si l'on peut s'^ Mpperteraûjugemehtjles coit^-
porains3#ùn homme extraordinàirj^ le coHite UlSrîèh •
paraît a v^îr oublié que'l'es^it Te * pli^^i^me doit'
f^^ être le meilleur, ^rlh6||^alemfct cl^ns ce^ystèççie:: \
apiès lequel les âmes de ites ^r^, fôrt divei|g;es.*së-
» • •
*"'Cas extpordînaîreà la oiorrd'^n souverain âg|ê (jhi nês'4Uitmari$ ^ . ^ '
qij'uni^ois, 34 ans auparavant *• -^ '« * * % »'^ *'.*^ -'''
665 La vie terrestre était considê|pêé#con^e une période ef^ Tel^i^em!^ ' •>
humaine sans aucune connexion avec une (destination ult^ieure: pensé(f *
antîphil^iipplilfiue , comme si là destinée d'une unité coi^çne par rintcljl- ' *
gence divine pouvait se composer oefragHiensî ... , * .* : -/
••• « Aeon» dans le langage des Gnostîques., ' - 4^-. ». » t. *
t;j *•' Mol de Leibnitz; le,6iirt?n. S^^Usburg. exppse ks peii^^s d» éo6i|p * -
^ans un li^^e bien plus étranger encore {i son ^^st^me Jp||bBabl^; il » <
fafli emprunter quelquefs mots plus indàèrags pourrie ctfaclërisôr, çciis -
jApucoup de circonlocutioi^. Quoique ^^'afSès la chronique ienîystpnfo. *
aiiété« denovabarathria, » iP%e rattache j^éanmoifls à des Idées fo/f ani
iciuieâgjâbnt Thistoir^ se0it'bien ins|ru<wve. Le 6o9grt|i|É)urut^irt979l "
ans confisfiion « en ^upiilbn de é<in^|^r6du1Ité . îîlie cflkiniqueur. ' '^*
cicnn<
sans
i». f - - lî
A9k^ tiSfOiRE DE LA SUISSE. ^ .
'Ion ïesîterfés de leur élévation, sorit Stftant de manî-'
"Gestations de Tinfinie puissaifcè d'une seule pensée di-r
^riè : il. ^^satie sa force' pour extorqjLier aux voisin*
beavèojap 'dç choses, W imposer aux serj's de ses do-
maines .c|e riiffes corvées'pourla cJônsthiction de» villes
. lâ'EfFerding eldeTcwrihfaghf^^^. Maïs ces renseignêmens
ne nous $oni^on[h(^ que j)ar le cierge ; or, le clergé tO*lt
entier , depuis le pape jiisqu'au cyré^ fut exposé aux
i:aHIiEft*iiiB]du comte Ulftch ^% qui, d'ailleurs, liiî, im-
^sait des cpntril)utidns chaque fois qu^îe pou.vait^'^^,
et lui enlevait les pieux legs des péfmeurs niorts dans la
repentafljce ^'''^ Peut-être jugea-t-i^^iitile de secouer, it
farce de saillies et d'audace^ ^es conteinporaîtis assou-
pis dans la dévotion. . ^ * .
•Ce fut dans de %els scsi^timens qu'il éleva le prince
Rodolphe , archiduc du ralatipat dp TEmpire , grandi-
veAfenr du li(tint-Empi^& romain ^'^, sqpréme seigneur
t »*8 Une épîtootie ayant éclaté ^mi f e6 clievaiix, H !v*écria«^t-oh : « Eh !
mon Dieu*, i% né iponterai^a^çn àn^ase» maïs plutôt m'es p*aysan^>
^<^' I^appelait'les* moines «des paysans tonsurés; vie saint père/ iqk
< père sÎKge^» ses sdil]ii|s*ne ^agnéfit gu(^re &f>asser par te style de fa
CkrQfi(que de ^SaUbourgé^ ^^ i ' -^
670 Chaque aiyiée dij& l)ofsseatix de .froment ou d*avoine. IbicL
' . . 67* « lÎBifie^ia (rançons pour l^^mes) sibi osurpaviL »IlHd. .
•'"*"* « Pàiatinu^rchidux Aus&îs^lk' R. I. supremus Magister Venato-
vTum » Çh. Vîemie, 13 60 ; voy. Zurlau^tn, Tables ^sUdlog. p.* 1 05, où Ton
en trouve ^core d*a«ftres« Dans laCA. an sujet du^atronage de l'église
de Duérien, t^59 {Chartul^ Rutin,); il^^orte, outre ces titres,, celai de
'^ j Princeps Siievi8r€t*'Alsatié&. Idem se scripsit Arc^dacem in Auslria >
Cliron, SaVisburg^ ad 1864. La Chrojmque ajoute <|i]*Il se considérait
eorome un ascendant des pcgmiers Césars (« diceas se es^ de stirpe
.l^eronis »]; lesbttHeS'des frandiîses de la maison arcbidncale, qui da-
tent p^t-élre de F^poquo^de ce prince , paiient aussi des. privil^s
accordés àçetteiVlai^on par lcs;Césars; îifaut expliquer cela* par lacom-
jplaisalice avec laquelle on ctfBBchait, déjà à cette<€poque/rorîgi9e'd^ U
famille de (ial|^boui:g:parmi la atâiVosse romaine» "*
LIVRE n. CHA^V. • 495
de tous les Étata de TAutriche, atec autorité «impériale
i(ainsi (m!il s'intitulait lui-fmeme^'^^); il fit le premier
briller réclat de la 'majesté souveraine dai^Jef fieux
dÔJQ^aine argbvien de •Habsbourg ^V; il sut g^gn^^le
TyrçJ et méi^ d'être ^appelé, dans les chroniques , jfe
Jflfirituel et le fimdateur^^^ \ ce prkice^'voulut enfin x^
nou vêler lbute*s choses. Il inventa de çiouveau^ caltoc-
^èrés pou^éc^ire les secrets d'État. Son |)ére avait fondé
beaucoup d'éta|ilis$emens jiieux dans.^a vieillesse^ %
milieu de douleurs croissafhtes et à l'approch^de la
mort I il 4es;f n^^it ,• beaucoup def¥ieli(^|^. ^^^^t ex-
poséiq3 à i'^adoratiô'n du peuple : iMes enleva, 11 adheva*
la vaste çqfùstruction de la ca(h^drale de Saint-Étiennd \
à ¥ien^e , avec lane çDagnificence di^e , selon le
goût-Ile l'époque , de l'i^lke principale d'une grande
résidence et des ^Sépultures archiducales*''^. Il dota
-rf fe^orisa principalenjmt l'TJniversitéi II voirint tran-
^érer le siège ôpiscopal de Pj^jf^u à Vieip^'soit *
pour donnervçlus dTéclat à sa capitale , soit pôiir tenir '
l^êqàé^ dans sa dépendance. L'archidi|c (Jisait i
« Je veux moi-nijêmë être I»pe dan$ mon pays; » il
njl. déplorait rien autant que l'aveuglement des au-
tres monarques « sans^ lequel la puissance sacçrdotale
aurait bientôt pris fin.. « Déjà l^ cours de Bavière
' « Ingeniosns ; Fundator ; » « le Hardir » Fugger et Roo, liVesJi-
tàssi sage que Teippereiir Fr^éric II , « qui voalat corrfger Fçrair
.678 Chnrie de la liberté de'Zofingue; 1865. ^ . '
^^* A Zofingue » en présefice^de tous les h seîgneii|rs, homtnes et geiM.
*4îIshqiDmes »" de' ses Ééats» Appendix Hagen»
675
ma aussi
son Dominicale. 9. Chron, Salisbtirg. ^
ll^^m tetmîtu) la haute voû^p de sonfjère; la îsfoitîé des cbatlbineft^de*',
\aieDt être -pris dans l'fi^iveçsité. ïbid. Il foh^a celle-ci; il posa la pre-
mière pierre du beau dqc*hérde Sa|hl-Étiennef c'est dans celteC'gfise qu*îl
est enterré. Reutau, H Ut. de Vienne, t i^Frqgm.^lVAlbepis (ap» P/«,
scriplt. Il) c « «epi^ltitram per m^ifîcàm vSlde <fecoravit sculpta ram. •
-a
196 ^ HISTOI99K m^LÂ SOISSÈ»
avaient adoiSlë «o, fdl^ph d^'^ir^'^^. Si ce prince, qniM
vécut que viqgt^x an^, eût exercé plus lM|i-teni{(|
«iQ^bfliwice . eti fût parvenu a leDoaue du srand
^éolosâqtié^ plus ^litiqne, mâi^ flrqj^ablement ain^i
moins nvorabferàla li&er|^ générale. £es 1 Jlques n'eu-
rent psft a ^ r^ouir ^ç ce que, dans lajgfuèirre conti|^
'Jti «Bavière poijr le iiaintien du: "^grc^ )'archiduc
{ApfÊL 'le clergé iSTune contrib\||ion' de soi.}fi96^e-^ix
mille ^jr^Hk^pêises; cari! nmlMis^e YilÉorie les
* impôts de^ autres citoy^^^''^^.<l n'est mfs cah:àifi^ qu'il
^it été iuiss jpl^i^rieur ^i^ passions, funeste des autres
^.|>1^nces op aux formes rd|||[ei:^es de sjgs cpntei;!^-;
rains; bien peu aesdfrverain^ s'imposent à eux-fnê^s
les lois que la plupart ne reçoiventr-que de la religion.
A SQft premicflf voyage dan^ i^es douzaines de l'iWtiÉh
«1]^'^ inférieure, ft^i^é son ^pousQ jCatheru^, ^\1ff de
Charle% lY, RoddpKe, profitant d^ la péitui^eoi^ipafce
des comtas de Habsbourg-Lau^nbourg , acheia- du
^om# Ckïefrot le vieux Rappei^clujyl, la Mard^Aet
W^gi, entre Ij^- lac de Zurich <t SehA^yz ^''^. ll^it con-
struir^alors sur le lal^rés de Rapperschii?^ , par^|ip
677
\m ImbujyMljfM'Hnalivotentia; » en scilè qoe là aussi les \|itiiltf|stî-
qnes «depecuniat? sunt. » Chron, Salisbitrg, Voy* au& » pour c^4^rs
-{aîX^'Fng^fr, Vit, Jrenpeck, .^ i.. ''
"^ . »^ €ir(m*iwetê^po$1ekUsj 4^59. Go^daiH^i la prî^ da bojfffg-
^efttfe^^du coiiHeil intérieur et de F^^uJ^nr, ainsi que de la cMnid^ ,
^'nauté 'de la ];>oargeofsîe /il sup^nTa les œ^orations de. métiers ^^'
^\çnx»fÇk. àamSettiafnberg,^îfLjmriyi, iv ]f{^et eojpela ,^ agit«|f]^
coqj|5tAiéinent aux^pilncipes de noli^ l^ièclç. SA«veil[/'aa milieu des ^-
nèbrenjTupe é(r<j|^ue, «i^hrince MllcfpaF'des opinions si étrangères à
iCf contclflhporaîps, qu'il sembl^égaré loin d^ ^n propre^ècle.
6W Outre Pfaeffikoiïtwff Ifau et BUàhï. ih, 1558, ap.-J/errff. * ^
[««««] UVRE lU CHAJ, V, 1j97
gtand «^hie de lèaîtres habile, un p^pt ^ plus ttè
^dix-hi^l ëèïMapiedffde^ùg^^^^smis prètext^âf facilite^
^tux piibpiEWilQ vcNg^ge d^int$i(jUeQ ; ij^àis^^u iéalké^ il ^
* souu^it à son piMiy otr dea eaux , rq)ite cojpimirciale entre
l'AUen^Éjgpié et l'Ltâlie.^L afcbiduc passa qu^^ue temps -
à Dîlsjpenhofen**^ (4362). IF tîi|(t sa coui; plénière à
Zofij3|;iÉ.,3Mais son alliance ifsfee Lôjjû^. d'Anjou , soi
^e tijpngrie , contre j'empepeur Charles IV , faisait
craindi^e^«B&e guerre^ pour laquelle ce luonargue re-*
queripfitîet Suisses de marcher contre sa» gedlça/ ^
Déjà Charles con^t avec Zu^h un traité, dan^ le; ^
q|iel il {pçitDit de réserver non-seulement les Walditet^'
Kappej^sch^yl était cenqftis, de i|e donner cette^^le, a^^ ^
titre de^ef impérial, 4V'^^, s^ls Zuricoîf* ATla mofj^
de Rodolphe Broun, son parîî^ffaibli était toqiÈ^Î <^,
estim^' que la ëonslructioiip du poijjt dte ^^||fepersch\vyi[ *'
fkorterait atteii^ à Tâ|ttorité que Zuri^^ai|;4étouU
tempsi^exercée sifipfes feLux|?^. ftey de jsïi.Éé^vafiiS-feo
traiél,<^n\pj)reifr f^rmâr^yâf Ijsuë de vîlhelpoLjJl^iàlè^
du voflkiag^ ^^^ki^ich/hU^ili^^
5 ,
y^ ^(^dilA Mj/J. Sf» j^ vi»âit «^iore , y ^ ponf ^o^rfj^^
tin^aUiqPuenir^Jl ouvrl^On dil (^% lac«fut (faBor^divbé en
^^J[1 ^%^ S^rvkejl^ di^essè deux fîflc» du seigneur d^ Dies^
«Dmfen ^ ^^^û^ ^^1^ ftiilpés. Son épouse-se^klftalt jdiois la so»
'gftydefcggliffljyêsrqae »us^vMt ii»mée^ RéimJkJkr. '' 9» "
^^^zS^wSisiJaÊ^^ sâbs cetlç désignât^ ^ «Ceux qui leor
six «fftresrca^bps ) a^iioiteiiiienU « ^ * ' ^ «^ . ' * ^
H/pi^'^J^^cê qpcg griginairemeot^^le coBsetl mdnidpftl si6geid|t 'i^* 'i
, dAit| auprès JpRmte oit d{} bailti inwérial (k>Qr jlgef ave£|n|; 41 n'y a
là-fle^s 4|pcDn clocument bieojexplicite; le drok $%perd\iaii&la baot^
«litiqwfté de Wftyattté franke, , <*" * ^ '-^
*•* oSu^taJK', larich. Saint- Gall, Linda^i, RaveKsboorg |^Uberi^.*
1 d8 HISTOIni DE XA SUISSE.
server T Autriche ; cepehdqAt on convînt « quéisi quel-i*
» que entrepris? des ducs était, jugée ofEensànte: |K)ur
» Zurich par rammann et par le conseil de Vftiiiendorf ^
» ville impartiale ^®^ de l'Empire, les cités alliées pren-r '
* » draient les armes contr€| l'Autriche pour les Zfeicois,
n etqupfî* n'aurait plus égard à aucune réserve. A' "ï.
L'archiduc éts^Tît alors comme gouverneulï fil^ipo-
t^tiairedetôiisles pay§, vôisijis dgis Alpes, Jean. Sdiiâlu
heiss de Lenzbourg ^^, évêque de Gurk, sonrciance-
lier', homme i^^un dévouement éprouvé et d'une«Nrare
|}^bileté dan^Ies grandes aiïaires ^?^'. Il ne pouvait pas
êhpisif de meilleur ministre ^ qu'un homme sans auto*
rîtéiiiérëdîoire, ^and par le talent et lajr^rtu. Qêléi-
xîî reifouvela avec Schwyz la paix de Thôrjieiig^ Il con-
clut avec' les seigneur Si voisins , avec Bâ)e,et «nza villes
igupériales'de l'Alsace^**, lihe alKance contre les gran-
des compagnies ^^, qui'^îdepuis la dern^^f'e guerre des
1
gen , Wàttgcn ejt' BuchhoriH pqtir lâ durée ^de'* la vie de l'Empereur, et.
poisr l!kux ai^ apsès sa moit. Traité ^aUimtee , 4fft62.
6S5 Cette vilje et Scbaffhoose fui|p),t réservées 4»ar tontes les çyptres
villes; elles n^faisaîent point p^ie'degrallia née. 16(<f.^. * «^- ' ' .
• "•/Jetté^amîlle tiresoftj^onixlu"ii.efrde la (^arge ii^avqyer («SchUlt-
beis^») Voy^.JHânattfr, CMmogr. p. Ç5B',-n, 59*. ^ ^ ^
687. ^ charte est dans TschmU, 136^. Il n^ut^ en^àfiSè ^ ù uaifie f^
: quedeCoire. ' ' ^ . \ < * •. ; •
^^ Confi^renc^ des' évlqiiè^ de Strasly>ajrg, Bâie et ôurkj'de llibbé ie
- Murbac}!, du comte Jean de Habsbourg '( aul^ifôis priiionq^}, de^eur
comtes de Ffij^enbeif^ , de deux oarons d^A{^ichtejpî>erg ,^fles sii^
d'Ochsenstei», Géréldii^ck , jlappolj^féin , eftc. , des yi)les^&3^e|^ ^Slè^ ^
Stiftsboorg et Friboufg, du sonS^gouverneur d» llÂlskce / les* il^o}^/
T maîtres, cofteils^et IxfbFgeois de onze' villet alsadilbnéfe , de la ^^
^wurteog^rgeoise de 'Reicbenwjler,''^tontre les enti^eg^^s f ^s (en$ v
insolens-, couffnMiâémèat appelés JiiglaU» • jC(4mar, i^B^i^ôhlUer^M-
dirons à Kônigsbove*, 8S7. ' ^* ^
^h • Sociales • ^lis Va^udeanéyi^ de Çlimnt Fi, Mf^. ScrX lù
p. \l, ^ WO.
[1364 -<»to] tllTRÊ II. CHAP. V. 499
A&slats^ fptilhcouraient' les pravmties[i^e la France et mé-
naçs^Qt tous les pay| voisins. Par cette alliance on.^s'o-
bliggait non-seulement. ^ la défense commune^ mai^à
unj^^i^fttité fqpt opp<!i^e;au déso^re ordinaire des .
«^é(Ktion3, armées de ce temps^à.^ Ce gou^erneyr
acheta des comtes de^ I^^purg ^ la sijjzeraiiieté de^^
Thoune, de Bertho&detd'0|tingen. * '
Cependantles trois ]^lus gra9dsj)ersoi^i^îJg^ lie lai^^-
$on arcnidueal% moururientj d'abor4^ dans une par%
de chiisse,. le^duciPrédéricy^le plus i;apl]proché de Uarj^ir
4uc^ adolescent dîe ^eize ans"*^ ^opàie par Pii]^Iligence^^^
(1364); enst%e ^^l^onigsfélden^ dans sa quatre-vingt-
^latjçièm^ année.]^ la reine Âgiijès de Hongrie ^j^is iàr-
hiimaine en vengeant le sai^ de son pére^ du reste
grande paf sa royale^sagesse et son ën^giexnor£|^e. Elle
V)ila ^Mi(i^ictt'du fi^rf d'Offtria^n contre son mo-
nastère ^ commencer à s'accomplir dafts les dernières
guerrçs, alors kjaS les *Sfisses ravagèi^ent le? coijt-^
tWfes de-l'Argovie,^^^. Lor^u'eUe eut ftçu l'Jlxtrénv^-.
OnG#on^^lle 4it a6i re^giéilteQ : « Maintenant toute
^) souîllurë est enWee ^u mifOir^de moiï âme , » pui^
elle i^ouruty fort^ par ^ foi conme.par le caractère de
^teTsa vie^^ (1364). L'arçttiduc mourut subitement '^
à MiWi^ de laî fié^rre ou«du poi|oiï.^*^1'|l55i).
*•• Jpp. Hagenj zinnîs n^pSpHt Chron. Mellie, . ^ ^ . *\ M •
"* Ci-éessup, <3t;i?tomKii, p. 268/ ^^ . ; .
^'^ « Tbaricenses , SuiteilP^ A compiic^iiîa.guerris ^as novîsslftie
gessimus, contra ipso|^»^CA. «1560. «»4r « . ' • ' . «
^'ftHogen, EUe ne laissa p& éc^^ppermil ^ plafaitif. £llç.fit aiyc
beauec^ d& calme ses disptisKions .relativement au^ |)ersoqpes he sa
«f^aison, aux gables jtieUgiivises et au%clçrnièrQs^uypaètoes. n^Ilj^Qmmeifï'
iéri^rt tiit'ia Chgpnique 4fi iônigâfêiâfin , dçmearaffort jusqi^e dapebi
«»qrt fie pays a perda en elle aqe libère. • ' "■ ^ ^ <
^%^Ftigger^ I(œmmerU0T^]^pOTle ti)pUfr§£|||||l|ji€(pmo.^^iI £t JUgltfç il
. *Âlbert et Lé^p^^^tMbr^es ; étaient f^é% l ua éd
seize^ Fautre de quatorze ans ^?^, l/kind^ (Tun cjjpac-
' *t^re| tranquille, prenait plajisjl; à.^vre'li Vienn% le»
cours de pro(^seprd«eélébt.e|f|t^^à faipf. des jj^ntal^a
. .dans t^ jaidins de L|^xemb(nirg»,^et à ras^embleir ci|^s
J^auîm^x étVsyp^r^ f^V J;|^q|X)j4 ii^^^ ^^ io^t^ ^choses
^ plus ardeiit. Chevalier sayt^s reç^oiâie , ;surnommé « le
Pr^U}|^ «.il . se i]^trai^t apurent^lus cîrcsonsp^ da^
^affaires d'État, qu'oujq'ailf'jiit.^ ttatliénare deson
%me jiassionnéef'fje^comj^JByi^iSfe^^ ^ 9idau gouyer^
nait la Soual^e*^^ l^lsag^^ù nongt é^ duc^^ Bus- broui|^ ;
leries de cour engagèreîit les 'deux fç^v^ ^s^Si^fflle^r ^^.
£e duc AlbeA adqg^iûistra le pays inl^rietlr ;^son frl^
garda TArgovie, Kibourg, f Afeace et toutes le^..sttr
gneuri^s de jSQUâEbe Çilk possédaieç^ le l^yroVensembte*
^ Tafit que de seniblables paijages éta itaUe (f i^it com-
mun, il nea ^résultait Slsiutre désavantagé pour ua
prince, qtl'i]^i% plus grande 'difficul^M'opp^imer ses
^voisins; si jamSi^ FËmpir^ avait étH jg^ouverné d'api€s
un système suivi, il a&iliîl! fa|hi ^ccor^er )ç ddUt de
plîmogénitute à akiguîe maison , où i aco^dei^ à toutes
à fa fois. ^ ' *" JL ^ ^ ^ ^ ■
# L'ahnée de in mort d^\'archiduc ^ les, Z»uricdi$^Tèii'-
i]A>rty qnoîquft. innocept j le cita devan^)^ trib^pal éb Dieo»^t qu*il
4B mdbijll^e i^mëf jonr de f année siiisi'ante. JRoa, p« ilr, édiU de itti*^
mais celui-êi ii*aj<|Dtej^s foi à ce faiL ^. -j *' ^ ** */
J^*^ Ca!.' i3S6 dahà Tal^^gifiéaL âêT^. de ZurUoiben. '
^jf «Il reçlitr^gUveDt ^es leçon^^ thêologip deiU^i de Hesse çt d*0^a ;
^étaifpa^dUî^têmeaUisavaijU en éstroïk^miè, Hipp* ^^^Ët ^^^4^^<if
* ierjatdiige iltfuî^aît ^alfiîJWs, i^^^ • ""V* •'
« 697 PreiuHr pArtfjgQÂ Pugg^r, JjQfOJïxmenc§pRe^Se J[|l cKarte est d^p^
Chfirttilar, êenkêtéerg XJiU^on né coilbçojt pas cgmmèBtim %(f|^ine
■ -. ansl! Want a ôtê tant de nmà'^a collection en (' ^ *** '
donnant lès Charte «aiM
• -^ •il
9
i
».
[■«*] Livftp II. Aap* V. aot
sé^^ntau sire Piepije dç Thorberg le_renou-velleiiïent
l^mft j^maasaupar^aât-de 1^^ traité avec l'Autr^
*• • ^*dé»â^TOUTdlpa»*i» Confédéjé ^"s. Us se plfigni-
I rçnf^M quel«6"ducs, par lepoDtdeRappersehyfyl,J>oPî
.. » taùnt atteiote.fttléiy ancienne dbmjiiatiDir sur ces
^eai|x.; qfte ces princes fahaieot du tort a lear qrron-
' ^l'dRsemeait monét^T^^ en baiss/nt le taftt ^ leur
'. » argent» et%n ^blissant de noi4raiiu«#i6tel8 des mon-
^)^teft qu'lb .frappate|it''Jftur^ botifgeois cxternfs__ *
'iMtyppôts inaccoutuikés y q^^Hs empêchaient à Rap-
^hfj^rschwyl ]^ négoce Sis^ im^^ m^Khands de ^^lé, Ae-
' >i.J^rs cordonniers et defteiri's tqnneuftj-qu'iis »ip-'*
» primaient les appelsltfes trfBuiiaus infërïeurs afa fipD-
' >i 1^1; »^^^Ad^éreiIÏ ftaucoup d'autres ^^ mqfifs
. «ncoie, non pour iTfqggje renouvellement de ce'trait^^ *
' mais pour Tévitei'. K^Het, racc^tati(HL<du iraité paï ■
* les seuls Zuricois èisàth^ résj^tat d'un» ïuse^per^de
'- de Rodolphe Broun ej non une^^rrem- ou ime faute de*
ï, "la ville de Zurich, '.;*4- *^ ''i » \.
Sur ce» eiitrefaitËs ^tait craî^nt dans toujp la,
J Haute-Âllemagae la^terreur^c^' inspirait Cervola®*',
^ chef d'uiit; jeunesse ai^^^éj^^^ dp ttiTers^Mtioilsjquij
^ fcsous les banni^l[|vy:tMJeuse§ diJ^Drijic% felouard de"
Galles, avait gagpë la bajailk dÊ Pfcîtie^rSj^ qui n'ai-
ii^ai^qu^Lt guerre. Chanes Y, va de nance , cessa à«
"■;# ■^,. :■■ ^^ ■, * * * . ■
j^*^}iar(edaTefiud%fttriek,ii^i^ma les Si^ilUmtt^ilt'Ùmlffe^- ^
^ ^"J.\ Ira^eisait tonie l'Ai^ovie jujgu'Mb ^BcbruseàvLbBuidëi, > r«-i
XDtail Ï6 It^ «è^ntb, ptuak Svut t W ^ensUdt juaqu'i^ i<fciu
te, V 4hcimneft ILdttes qa'on neWomvlt plo». 'y *' * -
,"°L^ boiitgeeinxtlves ^na te di^ia,d'Escbei)b»cli,^d«l(i&inrg, .
et&^lwent obligés de pt^ utte fontrflmiog fow èU9 i. t'abH du fltî*
gmatge. ^ » * .
, "* •JSpràtghim. b^snUiit)dam)esAo«diesi «Albastert*
U d'4ii>Ah^.BOli3È)est^w«»obriqueL < '" '^ i
202 HISTOmE^DE LA SmSSË.
combattre et triomj^a sans dàngei^ l'aide du tem^ ;
aucun prince n'était assez^^l^icjj^e ni iGBsez JtMMldf poi^
avoiiMes troupes constammeiâl à sa %o}dç conime^É|^
,de sa pu^issance. Elles erraieajt par hord껫nombr^sç9
auqiilieu èes peuples; après fa^giiénee du Péloî>qjièse,
de<semblables sociétés ®^^, uniquement adonnées aux*aA«
mes, offrrffent leurliabileté etllpr ^ravoure pqup toute
es|)àce d'usage<^, ai|xf monarques, a^ tyrans et aux
* vjlles, jusqu'à ce qji^le rt)tP|iilippe, pour oppiiniët^ Ja
liberté gregque, établit^e arn^ permaiiente. Ajpjoldr;
cle Ceirola, de la(noblçsfi« „$u'*Périgo]^, cheval^^
^^thàmbelku.dé'Frsyice , gpbuvèrneUr du Berry et du!)^-
veillais, conseiller^et compère et Philippe de Bourgo-
gnç, 'apfès s*étre. yaillannnëit "^attu irl^itfers ,• s^ns
•p8uvofr empêcher gue.le roi et le prince T^hîKppç' ne
i. ftissent pris,% adoptaf, dit-on, *un plan duSaardÎMl ^
Périgoijd, et parut, $«^s le^niyn ae l'archiprètï^ de *
irVerny ®®^, souvent à la.téte de vijj^gt nSîlî^ Jîompes , ^.
parfois/ du doyb^. ' Etes ,||^ylans 4e*'la •'ft'JîJ^ce • se
saui^aient en leur ^^frop^ant les vii%*es,:^^*^^£e |Sla^ m-
nocent VI , qunèeigigp^it , Tnéllbi^ea et ]§ confblk dé^
ongi
cydide. *i|t ' ^ iv « V ^
.'^' «" l7omo bellicû^ f di o^a fama ; > il eut pour compaiftiODS Jt8eU4
delJ^lzdP(dlux?)et Jelltt^obustello^^e ^ice.Zurla^eH,SiBf, miJÊ, n le
hçmiiie ftrc^ip^re de^Vez2aîns;^/^tReini parle (]^n« pitetto îneschjjjpdi
fVomazzo, »de ISsse extra<^q^ gr^dpar sen halKleté^litaijjre et^a va-
]eilH(^od^za>») qui n'^yi^s douteras le même qi^ Ge^ota, puisqojl
appetle (^iKJinairement celui-QÎ ai9<chiprêtre de Pelàg^go ( Péri^rd )•
V^ i;^56. yita Cjfem. FI d^^^fiaiuze. Ljur prâeite omtre la ||^veive
étfit leufl» inimitié envers ^otil»â'Anjcni/plu% tara roi titulaire dei4aD|^.
Les neveux de eién^nt Yh se réunirent à eut. Atteo F{Uani, 1. vu.
*^^ Canonici Éu^t^tiaif^ita Jt^c, FI. «d55A ii'anifée suijai|^e, Cer-.
^ola revint «t ca^à devai^t Ais. Ëo^'i^ôi , il prit Saint-Esprit et Mo|^-
- * •
MtL
<- finrRE II. cHAp. V. <& 'jl^
sade pour tourner contre les*Turcs Timp^étuosilé àes^
horde» vagabondes ^^. Vain^ tentativerCePvoU fit en '
%mrgogne une guerre pcy^r le comte o^ Btiamont ; à
peine la yic^r^ d» Jean - de Y ienqç ;i commandant de^
la^'nUe de Besakçon. i«^vait-eUe défendue contre soi»,
bras4iuissant^^^ que quarante mille ^ ces ^croisés ^
ailhiuels les princ*de l'Empire n'ftiVrajient pas leurs
paiSages^^ et qui n*ayaiênt|^'autre glan ni d'autre prin- «
cipe que de vivre à l'aide de leurs' armes et demou*-
rir les arques à la main ^^^;; vinrent du pays de Tii^ves
dans la Haute-Allemagne. *•* *
• Du sein aes A^ges jgils^^ jetèrcnfsuf V Alsace, ejei^
çant le brigandage en hom)nes^ui*manquajeiit^ de '^
tou** ®^. A leur app^rocKe frémi^. la^vilfcf 4^e Bâle , à
peijçie rfbâtie depuis le tr^blemeAt de terre /et 'dont
les Ipssés* étaient encore, en bien dfis q[idroits, rwiplis
dkes décomljres d^ sé^an^enn^s murailles ; elle^mploça»
11, s^ours d^ Suisses. Peu de iours après, les troupes
auxilil^res ^{^ âejBe||ae et de Soleure, ql^inze centS hofly^ i
.'^
dçigon ; en iS6S ^ ils bjitt^nt « bffi^luRmiBesTraiici^'» •< ane levée .
g^ér{||p)1t- DJUBsèfreat ^u service d'Ara^b , toirt comufea. éh. Id68 , tue »
autre troDpe^ou^#œiill^)Litndo,^|gra*aii^rvice dePi^ contre Flo-
TcndS^Additameatum histârttB Coi^mSrum, Dans cette -.troape, se trou-
vaient ]irCoi||^ Vert d^ ^arbracP(« SerrfibruzB ), 9réc|^ric de Btein-
beig , et cpû sait co^]Q|CT'Me cheval^j| teutôni^es errant La ligne
Igpibarde prit asssi une pallie de ces ^Ripes à s#q service, e^ d'aiHies
marchèrent^^Milhes^ci^ieaûx des seigneurs italiens contre les «edouta-
fcles commjm^ Matteo Fiïftni , Ljiiu V "^ •
• à^^ froiuardj ^7. , \ ' ^ *
^ V Dunpd.'HU^de$ S4Ê^an.\t62,'wÊ. •• . * • ^
«1^ V « laSftis^aojpjp?, qm ne prjjtjent leur vie une aogevine. • CAron,
<|p K^igshotmn^lm nomme « les^re^ners ^i^giais > j^g^lTppo^on^
^àif, troupes de Coi|Cf , 11^5. Ils ^iiirAt aprôfifl&^l JiiileL
tt^ijp%pt4l|^t teiabiti bli^c^vec un ogurs noie La couleur des
V
» 9
^
^i0b^ WStOlW DB LA SUI»B4f [«Mi]
mes^ ]^ssèrent le Hauens^ein.lLorsqu'on ks recnidips
% faubour§r^.lé* capitainQ des Bernois dit : «Tiisque
*» nous sommQ^ envoyés afing^ risquer tout pour vou^
, ^ loyaux et bons anj^s et confidérés^ V p|K:ez-nou9 au
^ poste le plus*^ périlleux. » Ei^aucou{< de Balois "^eN
sèrébt dA larmoie lendemain , à Tarrivée des troïip^
des Waldstett^^ ^-Zurich , de Zof% et âè Glaris. wm
- ^mille guerriers d'élite, sans ^alliance avec S|^rp^^
à«comBattré pour edk au jour 4^ oangeriA c^u^ nou«
velle^^^^ Genrola, qui avaif^foint les conj^pagpi^, n'i-^
gnorant pa|^ combien #e peuple ^ce pays étaient forla
dl pauvres, chàngl^ ^ marg{ie fit suivit Metz^?*^^
.' L empereur GharUte IV % étant réconcilié avec TAu--
triclie (1 371^^ n#uf ^%}après avoir autorisé TalUlftce
d^s SSougois et des ftlaronnais âvep les Suisses pot ^^tu
' méprij^ de"* toute pudeur , une nouvelle sràimâtimi ff^or
(re cetteKilliance ^^^^drdinair«i(hetft la paÉ^de Thw^
berg se renoij^elait tous les trois ians ^^/ Les ^psat^
. magesr causés ^r des inimitiés ^^^^tircul^res |m^t
répan^l ausKrais de kur au(eur ; l'indig^l indemnisait
par ^es (jra^^aux \îO|pqrddlDes £ttes poiir c^eltuop
Jâ pâi^ 'ké^liaiait au œntre dippaysi» à L^M0Kf% on
v^temeas conAtt%0L tfussi le premièr^niforifie càes les Spartîa&s; ly
Remaim disd^gtupeDt rhafit mifitaîiTpar U «pipe. é '^ n^ ^^
^*^^ B&le fVaît une AiaôeoL avdfBerae et l$o^3fi]^ ^ ^
^ A r^o<]pie où r^pereu^Riit revenu à Seli*de chez le papei». IM
bruit flejiépandit alors que Cbâries IV favorisait tes ^rdlE^^crans des vues
parliculi^res , probïâttem^t par i^^ié j^ur rAutriche|yçt il a ton-
^jours«ubsisté. Voy. Letàte de l'évéque de ffpire aux 4|K^<^iir^i^ da^^
SchiUer, ^3; Qp y vflt c«taibi^ l^mpereurfttroav^oflelîs^jpar là#'
. *^*vB fut (ué en Piovence» eu isA^ par ^ pi^^oa^iUisI' Fit^O^
>oc. FI. s ^ * . * r^^ .. -^
'<«' En 1368 ^potr l^tm ans , m-tSTO porfr tfbis« de mèo^qu'^f ^
^5: en i376 pour ii.#ns, I^es Qfutàee Évfa^Tidadi^^^ i^% ^ -
* ^
[t»«] mVre ii: CH|j?. r. ^ , . ^ 205 *
illpnaitiiû sauj^cc^uit à Quiconque n'était pas epne-
^i|bortQl d'un Lucernoî^^^. GependâDt Iftridis Vîs-
coiiti>^i^use du diR LAnoAdj^ l'^v^it rendu père çle "
trj^^s ^^ et d'autant de fiHes^ tandis ^e'^Béatrix^^tlle
du Bou,i|;raye de Nûreni|)!i^rg^Vy a^it à peii^ dâfmé '
aji||É|<^ Âtb^rt un fils ti^iquë. Léqpold^ brillant des
*4gr^^ djin phevalie^ , ambitionnait la possession cfe^
toute Mtttfifhe; Âfter^ était âitoâ^é dë'^onseillers^
]M|Srfid€s ^^^^ Âiilpilieu de ce^ circonstances s^iie pai»-
" ^ât^à^^l^^*' ensmtê duque^ e ^rire ^nS||^e^duc Al-
;- bçrt y ne g^rdà que V ii^ne et T Autriche ^^.
* Ôaœ^e. temps-là rê^Êtn^ £figu^and VU , «ire de
J^oucy et cdinte d^jjSoissoris^^^, souleva une ^grande
guenre contre Atterfét L(èop<4d , d&tes d'Autriche, yMir
.ladotiBe ss^^ére . madaiûe Gatherini; ,^lle Sinée 4u
Ij^Mpier Léopôld, m|L|ombattit contre les Suisses pré»
de Mo4a#5n^^^ I»e*railiipous^lé'^e d'Enguer-
rand^ l'^PWU^ W l'Aira^jche et la ]|9ance formèrent
^ • ^*-'
•*' Lemuc Ernest n'était pas «ncore né. ^
.^^'^^n'aVait'ftointea à'enfan»de^afilleder£;mpcrettr« >
^gNNlyby. d^ns ZwetLj[éeeHt, ( qu'il faut dislingâil^de la cbroniquo que
}*Bippûldf^tet^,ei qStesi dans Pez ); Hagen inaflpmd, » plaintes contrcf
Seideiii^afib de JkÂ^saa , Jean &*l^tenlKll(|l^te. ^
<><> G'MHruss^Ma paysqae l^né ijégn&t $iir ^Ântridie. Hagen ,
illftyf sSiÇ^tV. Jrenpeek. ib^0/Éi premi^ iappWt'*qq^}bert avait ^
obligé de payer aicore iOO,t)eo fiorînf^ san%^i||te pour Fmneablemei^
et poQ»le trésor. V " î? ** »
jj^ <si GoÉcy est siloé jfeiA la Picardie ; nhciiSii^ jkmilte de ce nom ,
qa^||vait bi^lé 4ans les' %oisad|f , s'^ig^ p<9lidant la croisade do
Ssom-Low; B^uerrandf.>d*ane lamille de^éros normand^ êbmXe de
Gmoes, é^*teîgnetr de Gcrliôy^.^afce tpi'il ^ttjftndaît de lliéi^përe ;
il £|ft utl seigneur f^et puissant. GeneaL iffibsburgicor^ ôm» Pet, S^-
JR.//: 1,^80. %\ r e' ^ * * * .
^ lise fondait sur le contiét'^è Mq/[iage^ que Ai.'granifaière Gathc-' '
rine de Savoie fil i%u 1310 , aveeljé^)old , et aur Vastigitatim de 1^^^
<rt'
V
2Q6 . . HISTOlJjtE DE LA SmgfSÈé ' '*
une étroite îAiance ^^^ j F Argovie^f t Tjàlsac^Iiïxasintîbi
été assignées pour dot. ïk §we de.Coucy, d'ujEue^aÉi^
.QÎenne et illustre noblesse,** pol^dait de . notfrbreuses
seigneuries*^ ^maison secourut plus d une.^oi%||s^nc»
,cic^s ^csdeNorspian^, craignant avec raii^cm qu'a*
^prés la chute de ceux-ci le^ pois de France n'ét^^Mis-
. Sent iirrésistiblement les limites d^ leur puiss%nc^ x!bns
Isabelle, ^J^n^ deç filles de ce prince. Çouçy çBtint
donc ftcilement le secotirs ji'un gr^d "jiorabre de
Taillans Anglais^ impatieSs du repos auquel lés èon-
damnjûent là vieillesse du roi et l'épuisement (jorpo-'
rdiJu prince de Oalles.jjls le coânajssaient depuis les
guerres d'ItaMefl*. Outre ces excellens chevaliers, aux-
quels toutes sei^ordes durent^ |e nom d'Ânglais^j| lè
sire de Gouçy enréfla dcnomBreutes et foijes^compa-
gnies dans les provinces dfé Êouis dje ]\|a4ines , ^omte
lie FlandiSè et d# Bourgognè^^^^, et du duc Jean de Lor-
mai^s d*mqgent que l'empereur Hefri VH Iqi (iVait donnée sur Gpàsboprg
et Morat Zurlauben ^fians H aller, BibL y» 35. \ '4
' 6»* Le mariag^àl de 1S38* En Xh'i fut conclue IWliaieé^'AlbeFt
, et d'Oiton d'Autriche |«et îé roi ^ilippe VI ; yoy» Zt^rL T^éL généal.
Catherine mournt'l3|ï)s sa vî|^gt*ireuvième année , ^gn l&i^y^t fut^en-
. terrée à Kdnigjgfetâen ,' où Ton trouv%i^on corps et ses véletnèns roiem
conservés que les autr,es, Jbprs d^a transl^jjon des cadavres de la maison
&AalMiie, èn^77i," Gerberf, Crypta nova»' * i?^'
/ "* U éUit à Bologol'ln lti78 aTec Jeaç A|u|. Joh. de Mu$ts Chré*
PlaeenU Murai, xvi. * ^ ** . î' * i^
«^5 ^^opiitîva Bntonum; »^ CL* ék pouveé dé WeîtikgeH %n suj^ît àa
patronage de l'élise ^ Hôn^ , 183^6. rôVmrfiV.La raéchafte.coippai'
gpie des Brytaîns. » Alberjf0 Léopold à Kônigsfelé^ , 1377. ^- ''
^f^<»Sumommé « le Mafâ^^*, » ^arce qi^il étyt né à Maline^. ^m^vssi
penchait pour les Afiglais / puisqu'il voulut donner sa fille et son hén-
tjèreà Edmond de York , fils du joi Edouard. DunôSt,
LIVRE n. . CBAV. ^^. 2ft7
rm$Èifi^*^; il se réumt au rq^te des tronpo^ de Cer-
Tok ^^% et formar une annéç.de [dus de, quarante mil]»
hommes^ qui s^avança '^ers le Sundgau^ par Montbé-
Kard , et vers l'^ls^ce pai^ ZaBeVn-Steig ^^®. *
Les commaq^ians tk l'avant-garlje'^ interrogés *par
les^uvt^neurs aujpichiens sur le but de leur venue ^
répondireitly assurert-on^^^ : « Nousesigobus soixante^
' » mille florins , soixante ééilons propres au combat^ et
» soixantâ; habits de. drap d'or. » I^e jei:(ne Gougy les
, suivait en personne avec quinze cents casques . brillant
"^ <S7 ije sire de Ç^aey Tav^t' connu en Angleterre , où Jean se troorait
prisonnier* tan^^uei^ui-méme servak (fôfagé pour le roi, de France.
> Après la mort.d'Isdbell^, fille du-voiV £i|guerrand devint gendre |!le ce
duc. i^urL 1. c. ' ' ** ■
*^ Cell^Srf» n*abando^^srent jamais entiè<|eai^t ce bon pa|s anté-
• rieur ; on le vq^ parles mesures qnfi;Ies villes d'Alsace furent" obligées de
■prendiV même aprl&s la retraite de Gervola. (9h. d^ Slgiamond de Lichten-
y#jg sur ta Siète des villes, 1366 ; Lettre de la ville de PVorms, ânb^ dé-
mahrel£67, où Ton voit que la France avait payé à ces gens une ra«ç^,-
eVCfiie', oiajgrë cela, ils la menaçaient \âe nouveau; d*après une letWe
de Strasbourg^ ils sont tout près deXabemstal|^ Réqidsiiion adressée par
Strasbourg à Berne ; da^s une*/e«rc de. Hartmann Bot,foargmemre, et de
fil ville deBâk^il ^t.dit que trois seigneurs dé Vienne enrôlent et con-
duisent la troilpe.des Walchen (Welsches ] , deux jours avant Noël , 1374 »
alors q|ie Couc^y necommçn'^ait TafTaire. (Ces sif^s de Vienne étaient-ils -
cousins dé Tèvéque de Bâle, d^ la famille duquel, tout comjpe de lui-
mévp&.f on n'attendait rien de bon?) Les documens sont dans Sehilier
sur Konigshoittff Mafteo fillani con(kfne le fait dans son ix* livre , où»
parlant ^48hcqpp^2Di^^blanche sous Éeltram di GrecHî et rarchiprétre«
il dit que le gras pays dans T empire gei^aniqne. leur plut
'^* La v{Ue de Bâle à Strasbourg; Kônigshoven ; ^ celui-ci les nomme « les
antres Anglajs; » cependant il rappelle qu'ils étaient plutôr«Britni^,:ir
par où il entend probablement des babitans de la Bre^gne. Coucy. em-
mena péut-êtp(^^l^c lt)ides aventuriers q^4 avaient pris part ans guerres
^pajs; mais Gellc9*ci continuaient encore et occupaient sans doute la
pfiis grande partie de la soldatesque.^
•" Fugger, 1375. . * .
296 « ^lg'ÛplE 0E Là SUISSE.
au-dessus de t>eailkotrp|^'autreS; par cette br3|||ure
(^heyalere^ue §u'il déplo|^ d^^ toul4e cours de sa vie»
Il avait auprès de lui Je van ^|t£ynion ^^p Griffith^^^ y{f
hèvàk ^I^rne haute et aiidacieuse ^ 4^Ç6JDdant è^ ^ed
sous lesquels^ neitf cents ans Mpar^ijjint^ les anciens
Br Aums ^cnfu^rent devant les Âng^;Sa:{ons, i|fhr-dl0^us '
Craygian-éiyri ^^^ , dans les vallée^ du payt de (felles.
Jévan n'avait jamlsiis craiift le roi Edouard ; il j|vaj^
maintenu^ contre^le Prince Noir, Henri dâ.T^sta-'
mara sur le trône de Castille.e^ s'était fait un nom rtf
doutabll%ur terï*fc ël sur mer. A côté de ïùi brillaient
le ifrand capitaine de Frant ^ un atltre fé^n de V^caib,
Saluée , 4^omte de Breta^e^ cçnti^hevaliers d» Tl^**
pire ^rmanique^ ^nf chefs éminefts et l^afies, ^ont
renqwni qp» connaissait' pas mèma. de nom^s ndbles
race^b-'aîrmée s'avançait^ ying^^eifcl^laillons^^
parmi lesquels sq distillait un corps de ^ ^i%. Ap^
glâls bien armés y dont étincelaient au loin les <f^^^
oorés et les casques d^Afer à longues pointes ^^
^^*^fVynn^8 Hisiory qf ihp àfëedyr. De ce Jévan ^e&endent Owjg
^ GwjpiecÛ, prince de Galles etj^t;re ^quatre familles , GoUwyti ^fiec s9f
.' cinq fils , chef^^de leu^Jhmilles ,^ Goillaume , s mn f to iié Pennarded.
Il s'appelle Tfer de Galeb dans la Lettre dé\ j^bis, "i^ip ^ «j^ '
^'^ NoiA britannique de la montagne %ae les Anglais noramM^ordi-
nairement^^^dHo'i^on. TA. Gray, Poems; the Bard, 1^58, edît l^'
don, 17S8. , , . \ '^ >r , * f
*** Les 25 capj^nes tinrent un coqgi^de ^#M*e;*4n ^tix fat ho-
, noré de tons comme leur chef (Coucjjj Jévan ? ) Kânig$hoven.
^* Ilsdârqpf à cAt^espèce de casq|p le suraom dej^àgier * que les
(latins tradtiJsent par « Ingbil^i. » Bmtt^ Villani qui k» appelle aîi]f^
mentionne dan^fe ix* livre un preux («prodeuomo » Railleur aqgi^i^t
Oianm (Jean) é dellï 6ugliar,Mi|[ui* réunit auss^. ^ne ij^ille ^ordf^e
* De Gugel, m<^ allemand-suisse, désignant font objet*terminé en pointe d^ « pT
flnpërieare : une jmife colline an sommet d'une nion1a|^|^^un cba|toJli pointa- Ce mot •
quoique rapport avec le latin « cucuUus. » Voy. StalÊgrs lawtiko^iij^ WT '^
. À
LIVRE II. CHA1P. n 209
défendus par des cuirasses et des cuissarts^ montés sur
de beaux chevaux ^'^^, parés de longs et beaux vêtemens,
riches en vases d'argent ^^^ dans de magnifiques tentes.
C'était leur coutume de ne rien ravager ; ils ne pre-
naient au paysan que du pain et du vin ^^'^^ X ceux qui
les honoraient assez pour leur demander un 8auf-<^n-
duit, ils l'accoréâient volontiers et loyalement; l'inso-
lence de leurs jeunes guerriers à Tégard des femmes
et des filles fut le sujet de bien des plaintes; ils rete-
naient les jeunes garçons comme valets et courriers ;
les violences^ les meurtres et. le brigandage de la soW
datesque étaient punis avec la rigueur de la justice mi-
litaire ; ils attendaient de la discipline et de Tordre la
sûreté de leurs expéditions et le succès ds^ns leurs ba-
tailles.
Contre un tel ennemi le duc Léopold demanda le
secours des Confédérés. U fortifia fes citadelles de son
« saccardi > (brigands^, s'avança avee elle jusqu'à Poy ( « Al'Pao » j, mais
fut à la fin obligé de renoncer à son commandement. La pointe des
casques dont il s*agit, était émoussée par le bout et longue d'un empan ,
sekMD Kânig$hav€n, t Le duc Tfib de GalHs avec son chapeau d'or, » est
nommé dans le Chant de victoire» « Gallis • est le pays de Galles. >
^*^ Kdnigskoven vante leurs bonnes cuirasses à la nouvelle mode.
Tsckttdi estime leur cavalerie à 18,000 hommes; dans ce nombre sont
compris les 6,000 hommes d'élite. Kânigskoven parle aussi de ces der-
niers ; il ajoute qne le reste du « joli people » qm suivait à pied ou
à cheval était innombrable; que Ton comptait plus de 60,000 che.
vaux.
*'' Ils avaient beaucoup d'armes et d'armures d'argent , ainsi que
dfautres objets du même métal.
*^' Ss laissaient intacts les vivres qu'ils ne consommaient pas. En re-
vanche, ils tourmentaient riches' et pauvres pour leur extorquer florinset
francs, chevaux, draps d'or et d'argent, ou même, quand ils ne trou-
vaient pas mieux, des souliers, des fers«'à-cheval et des clous. Ils les
liaient de façon que les cordes élltrttent dans les chairs. Les pHlards en
a|;issaient ainsi. Kdnig$h,
m. i4
^2Ï b HBSroitfe Î)E LÀ SttSSE .
pays; les SuïssÉis ttôrent une d(iète. Là /les députés
4e Schwyz dirent : « Qu'il ne leur semblait pas con-
» venable de sacrifier leur peuple pour défendre
» l'Argovie en faveur du duc , qui ne leur avait ja-
» mais fait de bien, contre Coucy, qui ne leur avait
» jamais fait de mal. Qu'ils demeureraient spectateurs
» de la lutte et sauraient bien arrêter le vainqueur
» s'il allait trop loin. Qu'ils exhortaient, en vertu de
» lents alliances étemelles, Uri, Unterwaldeù et Lu-
» cerne à ne prendre aucune part à cette guerre. »
hes députés de Zurich et de Berne déclarèrent
« qu'une guêtre dans l'Argovie menaçait leurs plaines ;
» que dans les montagnes <m pouvait attendre l'ennemi,
» mais qu'eux dèvaîtot aller à sa rencontre; que
» l'Argovie était leur boulevard, et qu'ils aideraient
» te duc à la défendre, n Alors le duc prolongea pour
^onze ans la paix de Thorberg ^^*. Les Schwyzoîs n'en
laissèrent que plus volontiers les villes de Zurich et
de Berne ®^^ persévérer dans leur projet de défendre
le pays depuis TAar jusqu'aux rives du Rhin; sans
appui, Biais sans empêchement, Berne surtout arma.
La prudence commandait aux Confédérés de voir un
intérêt commun dans la défense des boulevards de
chaque canton; le fonsilement du respect pour leurs
armes était leur accord unanime dans la paix ou dans
la guerre.
De l'Aisace entière tout fuyait dans les villes et les
châteaux. Le duc se tenait enfermé dans Brisach avec
son beau- frère, le jeune comte Eberhard de Wur-
temberg, redoutant la supériorité du nombre et les
«^ Ck dans Tê(iwdL -
*" Qui s'engagèrent aussi secrètement pour Lucenie.
. UVRE n. CHAP* T. : ^214
larmes éjtraagères ei glorieuses de l'armée ennemie ^*^.
Enfin Gon vaincu «de Fimpossibilité de résister^ il ra-
vagea le pays pour réduire Tennemi par la ftftnine^**.
Âkwrs^ le jour de Sainte-Catherine , Couey marcha du
côté de Baie. Troia jouï's entiers on vît, d«s murs de
la ville, défiler son armée. Sur ces entrefalites le duc
ordonna la levée de toutes ses milices de la Tlmrgovie
et de l'Argovie, et il requit aussi Zuridi et Berne.
Sous la bannière zuricoise vint se ranger, sans que
Sdiwyz l'empêchât, un corps de Lucernois. Bs tra-
versèrent les eaux et vinrent jusqu'à Sur, dans les
plaines argoviennes. Berne se rendit vers le sire Pierre
de Thorberg , gouverneur de TAutariehe antérieure ,
.et vint à Herzegenbuchsée* Mais quand arriva la
nouvelle que le projet de défendre le passage du
Hauenstein supérieur était anéanti par la prompte
fuite des seigneurs du pays , les comtjes de Kibourg
et de Nidau ^*^ , et que te sire Enguerraad de Gouc j,
traversant le Sissgau , minant sans aucune résistance
le.chàteau de WaUenbourg, hyp^héque autrichienne,
renforçant son armée de cinq cents lances sous les
ordres de Jean de Vienne , atait pénétré danè les mon-
• . ■ •
^^'^ A cela se rapportent ses Lettres à Strasbourg dans Kônigjih», édtt.
de Schilter, p. 898. Le gouvernement ducal avait le caractère misérable
deceox qui n'osent pas donner à l'ennemi le nom d'ennemi, ni le traiter
comme tel; on le voit par l'«écrit où le baîSli Ulrich deFinstingen suppUe
les Strasbourgeoift de rendre la liberté aux prisonniers qu'ils ont faits sur
ces compagnies. On craignait de les irriter.
(Al On prétendait qu'il avait fait par-là beaucoup plus de mal à son
|>ays que Ooucy. Kdnisgsh.
«** Munster {Coêmogr. l. in ) mentionne ce projet Les Confédérés at-
tribuèrent cette fnite à mie trahison; cette accusation n'est peut-être pas
mieux fondée que celle qu'ils foiit an duc d'avoir attiré l'ennemi dans cette
.contrée. La maison d'Autriche et le comte éè Htdau trouvent leur jus-
tification dans le désastre qui les frappa.
242 HISTOIRE DE LA SUISSE.
tagaes; à trav^s le défilé sous Falkatistem et prés de
Balstal jusqu'aux bords de l'Aar, l'Argovie consternée
laissa tomber les armes ; de tous côtés s'enfuyaient les
populations des villages ; en vain le duc les scmidiait
de s'armer* Alors il mit le feu aux moissons^ aux
prairies^ aux arbres fruitiers, et après que le sire de
Thorberg eut congédie leis troupes auxiliaires, le prince
s'enfuit plein de désespoir. Cependant les ennemis pas-
sèrent devant S(^ure, et choisirent pour leur premier
campement les nombreux villages disséminés entre Bû-
ren et Olten Sur les deux rives de TAar. A Bûren ite
frappèrent les yeux de Rodo^he, comte de Nidau,
dont l'enfance, après la nH)rt de son père à la bataille
de Laupen, avait été soignée par le chevalier d'Er-
lach; il était héritier de pres(|ue toutes les richesses de
Neuchatel ^*^, landgrave du Buchsgau, h^ros éprou-
vé dans les guerres de la maison de Valois et dans
celles des comtes de Savoie. Ayant levé sa visière
pour considérer les ennemis , il fut tué , dernier sei-
gneur régnant de son antique famille. Coucy occupa le
couvent de St. Urbain. La soldatesque pressée par le
manque de vivres, ruina les châteaux ^^*, parcourut,
pilla , frappa de contributions tout le pays depuis le
Jura neuchâtelois ^^^ jusqu'aux montagnes suisses et
•4< Pierre d'Arb^rg avait vendu Arberg ; Jean seul possédait encore
Valangin. Rodolphe acquit par héritage ou par son mariage Nidattt
Bûren, Cerlier et Neuchàlel.
'** Âarwangen, Frîdau, Altreu. — « AUreu; s là ouest maintenant le
lac , point appelé anciennement* Alta-r^a , » doit avoir existé du temps
de la domination romaine un pont dont les piliers se voient encore lors-
que les eaux de l'Aar sont basses. » J. L, B. Leresche, Dtctionn. géogr.
tatUU de la Suisse. Laos. 1886 et 1887. C. M.
«*^ Ils pénétrèrent jus^'au Yal-de-Bux et brûlèrent Fontaine-André.
$mn$r. voynige, U i.
LIVRE II. CHAP. V. 213
jusqu'aux frontières de Zurich* Ces pays nourrissent
è peine leurs habitans* Telles furent alors la famine
et la dépopulation^ que de petites villes ne purent que
<lif&cilement se garantir des loups ^*^.
Vers la partie supérieure de l'Argovie, dans les mon*
tagnes qui^ partant du massif des Waldststtén vont
s'abaissant jusqu'à la plaine y se trouvent deux con-
trées, anciennement dépendantes du château de Woll-
hausen, Rusjswyl^ bailliage extérieur, et Entlibuch,
bailliage intérieur, limitrophe d'Unterwalden , patrie
d'un peuple pagtor^l , singulièrement grand ^ beau,
vif et courageux , qui possède beaircoup d'andeiones
franchises* Wollhausen, situé dans lun lieu fort et
sauvage, était rapproché du confluei^ de la Sîgger et
de TEmme. Ce pays passa de ses harons à la maison
d'Autriche, de qui Pierre de Thorberg le reçut en hy-
pothèque ^^"^^ De tous les sujets des ducs, les habitant
de l'Bntlibudi furent le seul peuple qui empêcha k
dévastation de ses terres par le courage avec lequel il
alla au-/levant de l'ennemi* Tant de résolution en-
flamma les Lucemois et les Unterwaldiens; le ma- '
gnanîme peuple de ces contrées supportait impatiem-
ment l'arrogance ennemie, mais le gouvernement
tachait de le calmer. La ville de Luceme était ferm^;
b^^coup de jeunes gens sautèrent par- dessus les
murs et se réunirent aux milices de l'Entlibuch ; jour-
ndiem^it arrivaient de l'Unterwalden grand nombre
d'hommes belliqueux®*^. Un corps ennemi de trois
*^> Ttehudi, S 377; et poar «e qui ptécëde 1376 et Senkenberg.
**' Seknyder, Hist. de CEnlUbueh, Ce peuple est Fun des plus remar-
quables de la Suisse par sa constitution pt^jrsique , par ses sentimens^et
par sa situation.
<^* BalUnger exagl>rc saos doute qaan(} il parle de 6,0(M) ; à moins qam
2ii> HISTOIRE DE LA. SlirSSte.
y. •
mille hoHUEXies faisait en toute sécurité de Witlisau Ses
incursions dans le bailliage extérieur ; six cents hom-
mes qui coBnaissaient la contrée tes surprirent dans le
bois duBùttishoIz où se trouve le tertre aux Anglais ^*^,
et les chassèrent du pays non sans une vigoureuse ré^
aistance ni sans pertes. Tel fut le succès qui récom-
pensa le courage des habitans de l'Entlibuch. Montés
sur des chevaux anglais^ triomphans et fiers des armes
conquises^ ils volèrent vers leur vallée. Un des seigneurs
qui sur ces enti^efaites se tenaient dans leurs châ-
teaux y en proie à la crainte et à l'envie ^^^^ soupire à
eet aspect : « noble seigneur de noble sang ! se peut-il
» qu'uii paysan porte ton armure? m « Gentilhomme; »
répond un habitant de rEntlibuch^ « voici comment
>; cela s'est fait : nous avons aujourd'hui mêlé le sang
» des nobles avec le sang des chevaux. »
A Berne beaucoup de conseillers voulaient, à l'exem-
ple du*duc, dévaster la contrée environnante. Un bour-
geois^ Jean Rieder^ l'^npècha par ses màles censeitis:
propriétaire d'un bièn^ il voulait^ disait-il^ en écarter
l'ennemi au moyen d'une haie de braves compagnons
d'armes. Paysans et bourgeois associaient partout leur
courage et leur intelligence pour délibérer : en temps
dans Taff^ire de Bttttîshoh on n'ait parlé qaç du nombre ôé ceaiqai
combattirent; peut-être les autres coupërentiis la retraite à rennemi.
'*' Ce tertre, dit-on, couvre les ossemens des ennemis tués. Le dis-
trict extérieur ayant été soumis à une contribution , et beaucoup des
Ifeors tués dans là bataille , les babitans de TËntlibach firent une plainte
contre leur seigneur hypothécaire , qui ne les avait pas soutenus ; on ne
leur rendit pas ihéme ce qui avait été éotmé en gage & Zofûngue et à
Sl^sée^ Ch, 1585. Sckwjrder^ t. u
8ô« Pierre seigneur de Dorreuberg, qu'il ne f^at pas confondre avec
Pierre de Thorberg. La carte de Selieuehier indique la situation de son
^ûteao , mais d'une manière quelque peu inexacte.
LIVRE n, iSiAP. V. 21 5:
4e péril lombest tous lefi aiitres titres. Ils voyaient que
tiaxis la pénurie croissante de vivres rennemi serait
forcé de subsister à leurs dépens ;^ ils jugèrent donc
utile de l'éloigner ou de lui apprendre 1^ respect pour
la république. De village en village ils s'instruisaient
de tous ses mouvemens, Fm^maient des plans , et
pour les exéjDuter ils unissaient leurs fprces- Ils pro-
Çtaieat pour cela de nuits obscures^ où une multitude
tremble devant un petit nombre^ de l'avantage de^
€aux, des marajs^ des collines et des bois^ parce que au
l^^d des Alpes ils étaient accoutumés au froid de Thi-
v^r, que les étrangers pouvaient à peine supporter.
La veÙle die No^, une horde du sire de Jurant, lequel
^tait stationné à Gottstatt ^^^, fut surprise avec de,
glTdnds cris près d'Anet ^^, puis battue par un corps de
Bernois et par le peuple de Laupen^ Arberg et Nidau*^^.
A la fête de St.-Jean l'Évangéliste ^^*, les bourgeois de
Berne se mirent en marche de nuit par un froid rigou-
reux ^^^ j ayant surpris le sire Jévan ap Eynion ap
<^* On lit dans Vatiê de donaliên du duâ LéêpM au couvent de QatUfatt^
fiidau, 8 février 1585, que cette ville fat dévastée,
'^^ Sa situation a été chantée par Iterber dans son potel« pittoresque
la Vue d^AneL
^^^ Rahn parle d'une parte de 1^0 hommes qu'une auHre troupe fit
éprouver aqx Bernois près de HerKOgeubuchsée, alors que ceux-ci peur-
suiwent imprudemment Fenn^mi. Cela eut lieu après TafTaire d^ Fran-
$rmin^i« Loraqiie les quartiers les plus voisins aperçurent au ciel la l^eur
de rincendle « 1706 lanciers accoumrent et tuèrent près de H«rio^en-
buchsée vingt homo^ei qui Vêtaient écartés de leur bannière. BitfrUn.
U n'est fait aucune meption dans le Chant de victoire de oette petite
perte que ces gens durent s'attribuera eux-mêmes*
^^* D'après Hemmerlin de nokiUtate, dans U nuitée Saint Nicolas, 6dé-
cemh|^
^"Pierre de Thorberg les rencontra; l'«ntrepri^ lui parut andacieuseç
il les acvertit de la snpôriorité du nombre des ennemis. EiterUn»
1
216 HISTOIEB OS LA SUISSE. [tS76]
GriiBth^ qui campait avec trois mille dievaux près de
Fraubrunnen dans la plaine entre Berne et Soleure, ils
réveillèrent deux heures avant le jour par des cris
subits et terribles. Le combat fut particulièrement
acharné dans le cloître ; le sire Jévan faisait éclater
une fureur guerrière et farouche ; à ses côtés combat-
tait Velcaïb ; beaucoup de chevaliers périrent , ainsi que
Jean Rieder avec plusieurs Bernois. Soudain le cou-
vent parut en flammes ; tandis que la fumée envelop-
pait les combaitans^ que huit cents Anglais ^^ étaient
massacrés ^^'^, le sire Jévan prit la fuite, non sans s'être
vengé. Les Bernois, chargés d'un riche butin , où Ton
distinguait trois bannières , rentrerait dans leur ville,
entonnant le magnanime chant de leur victoire ^^^.
Le sire Enguerrand, pressé par le froid et par la
faim (1 376) , voyant se multiplier contre lui ces enne-
mis redoutables , traversa le Hauehstein et regagna le
climat plus doux de l'Alsace. Quoique les grandes com-
pagnies fussent régulièrement dirigées par ua conseil
de guerre, néanmoins, faute d'une bonne discipline et
d'un plan bien médité, leur' entretien et leur smccés
dépendaient chaque jour et à chaque heure du hasard.
'^* A peu |)rës mille selon Kônigshoven.
•*' Inscriptions du monument dans fVagner, Merûur. Heiv, art. Frau-
brnnnen. Il est tombé en 1797, an an avant Tancienne Suisse.
^^^ « Berne est la capitale des Bonrgaignons , la couronne des villes
libres, Berne est une demeure dé béros et un miroir du monde; que
toute FAllemagne Teialte , jeunes gens et vieillapdSb » Ensuite vient la
description de la guerre, pleine de simplicité et de dignité , jusqu'au
passage : «Monsieur Motzli {l'ours de Berne) défènds-toi maintenant, lé
» danger presse; le vieux et sage ours tint conseil; » suit le souvenir des
anciennes victoires , et à la fin te comlmt contre les Anglais. Il régne
souvent dans cette cbanson une fierté ironique. On la trouve dans
Têckadi, qu'on peut aussi consulter sur ce qaî suit , ainsi que Gtay, Poéms,
ihe Bord,
# LIVKB II. CfflAP. V. 217
ÏJb sire de Coucy était un vaillant guerrier,^ célèbre
par son habileté dans les plus grandes affaires d'Etat,
et plus généreux qu'on ne croit presque pouvoir l'exi-
ger de la faiblesse humaine ^^®. Mais pour corriger
les défauts du système militaire d'alors, un général
devait joindre à un caractère extraordinaire un grand
trésor de connaissances. Avec plus de ti^upes qu'A-
lexandre n'en conduisit en ^0e , Coucy ne gagna que
Bûren et Nidau, douze ans seulement après que le ffls
de ce Léopold, du même nom que son père, eut célé-
bré pompeusement à Dijon ses noces avec une autre
Catherine, fille de la maison de Bourgogne ^^^. A peine
Eaguerrand eut-il pris possession de ces villes, qu'elles
lui furent enlevées comme nous le verrons. Lui-même,
héros encore près de Nicopofis , devint prisonnier de
Bajazet et mourut en Asie ^®^
!l^odolphe ayant été tué à Bûren, la seigneurie de
Cerlier échut comme dot à sa veuve Isabelle, héritière
du comté de Neuchâtel. Nidau, Strasberg ou Bûren, ce
qui restait d'Arberg ^^ fut apporté en mariage par sa
sœur Anne à Hartmann JII, comte de Kibourg, qui
eut d'elle cinq fils et deux filtes; Vérène, Tautre soeur,
^porta de même Bipp et Fribourg au comte SUnon de
Thierstdn ; Honberg passa entre les «aains de Jean,
comte die Habsbourg, seigneur de Lauffenbourg,
^^ Il n'accqpta pas la haute digi^é de coimétafete de France , parce
qu'il la croyait plus légitimement due à Olivier Glîsson. Voy. Froissard»
Zurlauben , BibL mitit. t. iv , renferme sur cette guerre une dî^ertation
dont le mérite est garanti par le nom de Tauteor. Je regrette de n^avotr
pas pu en profiter.
'^^ En 138;?. Anonyme dans le Nouv. Mutée Suisse , t. ii.
"* A Bursa, 18 février i«97;
*•» Anne de Kibourg ne vendit pas avant 139? Bargen, Busswyl,
Gappel et Lyss^ et même sa portion d^rberg. AcU d'achat des Bernois.
2^9 H1ST9IBB HP ^A !9W^. [ts77]
frère utérin du dernij^r comte de Nidau. Car son perd
ayant trouvé la mort à Laupea^ 9a méve avait épousé
te comte de Habsbourg que nous avons vu prUonnier
oheB )^ Zuricoîs, pérQ de ce comte Jean.
Jean de Vienne^ évéque de Bàle, déclara la guerre
aux comtes . de Thierstein et de Kibourg, parce qu'ils
n'avaient pas reçu du $iége épiscop^l Tinvestiture
de la seig^urie de Nidau* Ils convinrent enfin qu'un
lyiiêkpie nombre de champions de part et d'autre termi-
neraient l'affaire dans un combat public et loyal* Au
mitie^ de la plaine de -Scbwadernau ^^^, viHage de la
s^gnwrie de Nîdau, eut lieu la rencontre de ciaqiiante-
^x Ail^nands combattaqt pour les comtes; et d'autiuit
de guerriers du pays romand , défenseurs de Tévèque.
Us surent pied à terre ; durant deux heures diaque
parti combattit avec acharnement ; le neveu de l'évè-.
que ayant été pris J^ la victoire demeura aux AUemao^ds,
et Nid|LU^ en pleine propriété au comt^ de Kibourg. U
mit a^ssi un terme aux prétentions de la Savoie ^ sans
dptite parce qu'il abandonna Cerlier aux princes de
Qette maison ^^*.
Peu après ces évènemeos mourut le comte de Ki--
béurg, Hartmann III ^^^ (1377). Depuis cent aus
, '^' Li'évéqae niOAtra uqe obarKe p9iikai}ière par laquelle na comte de
Meucbâtel avait donné à TÉglise, en 1281, la moitié de Schwademan;
mais on doute avec raison de son authenticité. Ple est datée de BUe,
tt mars.
^* Le comte Rodolphe Tainé avait rendu hommage en 1535 à la maison
à% SaivDiejp our Q^rlier; Isabelle 6t de même après la mort de son mari>
en 1376; l'année suivante elle vendît cette ville à la Savoie j elle ne se
réserva que quelques villages :Vigneules, 4 je ne me tromp^u et Tsçhugg,
outre l'avouerie de Saint-Jean* Sinner, voyag€ U u
*'^ U fut du noftibre de ceijx qui secoururent l'orageuse république
de Florence ; il le ùi une fols avec, i, 000 « ragazzi* » FUippo FHUmi,
' * uvRE II* «AP. r. 210!
passés, la maison de Kibourg se sentait de phisren pluâ»
accablée sous le poids de dettes énormes ^^^, siiptout
parce que les grands barons, dont les aïeux aTaîent-
GâltiTé le pays à force de travail el l'avaient adoûnistré'
avec sîmplieité^ voulurent vivre comme les ducsd'Au--.
triche ou les souverains de la Lombardie. La défa-^
dence de leurs anciennes mœurs et dé leurs richesses fit
passer le pouvoir dans les mains des bourgeois, jusqu'à;
ce que peu à peu les mêmes fautes préparèrent à ceux-
ci la même ruine, four subvenir à ses besoins, Hartmann;
9vail vendu aux bourgeois de Thoune ^'^ la principale
autorité d'un souverain, la juridiction pénale dans te
ville et la banlieue, et hypothéqué Thoune même aux
Bernois ^^ l'année où le sire de Coiwy porta la guerre^
.1
^^^ Immédiatement après la mort de son mari, Anne et son fils Ro-^
^olpbe empruntèrent 3,000 florins des Fribouurgeois par l'entremise de
•Spiegler, patron de l'église de MC^nsingen. Gh. du 12 aojllt 1377. Zurl.^
4lans Zap/1
^'' Les bourgeois de Thoune possèdent de^jCharte» de9 comi^ de 1S16
-et de 1366, d'après lesquelles Tavoyer juge sur la déclaration des bour^
geois; des Charteê de la viUe c^ Berne de 1471 et de 1483 , iinsi que de«
exemples de 1573 et 1588 (Ch. de 1708, à ce ea^ei). Mais ces ju^emens»
tout comme ceoi des baillis ou seigneurs, ne peuvent pas s'ei^ctiter
^ rinsu et sans l'autorisation du conseil de Berne. Parmi les franeirises
<[ue donna le comte Hartmann , qui avait reça le fief du landgrayial
4ës 1346« il est remarquable que « c^ui qui vensaitda iteng à main armée
» au dedans des foesés dé la vUlepouvtô se r«cheter &iojrGn«tant dix livres«
■» niais non venir à Tbonne avant de s'être réconcilié avec le blessé el
'» d'avoir gagné la faveur du comte Harlmum. » Ch, 1358. « Lorsqa'ili)
^ .étranger auquel les tMiungeois ont interdit la ville y vient, ft qp*il y est
<• lué^ le meurtrier nfi perd ni la faveur du comte , ni le dix>it d'kabker
ê la ville I il en est de même du meurtrier qoi peut prouver que le to^
• l'avait attaqué dans s<m jionneur. » Ch. 1374.
•«8 Eo 1375, pour S0,000 livres d'après Tschashildn, pour 57,707
félon GaHlimann; SteiUer n'indique pas la somme. Ch. des déua ville» ^
1375 : « Nous vivrons désorm^ais ensemble comme nous le de^'ons setoa
220 HISTOIRB DB LÀ SUISSE é [1379]
éans ses terres. A cet effet le sénat fit un emprunt
parmi les bourgeois. Berne acquit le reste des do-
maines et des droits seigneuriaux. Les habitans de
Thoune^ avec lesquels les Bernois avaient déjà précé-
demment fait alliance ^®, conservèrent leurs libertés,
fruit de la vigilance de leurs magistrats ®'^. Le comte
Rodolphe, fils aine de Hartmann^ plus audacieux pour
des exploits qu'habile à réparer sa fortune d'après un
plan, vendit Altreu , Selsach et Bettiach ^^ à Rodolphe
Siegfried, de Cerlier, bourgeois de Solcare , et céda
Nidau et Bfiren au duc Rodolphe pour quarante-huit
mille florins*''^ (1379). L'Autriche, qui avait em-
» le droit et Téquité ; qiiaad taxe des villes se plaindra de l'autre, l'affaire
» sera jterminée dans une coniérence à l'amiable et selon le droit » CA.
1365 maintenant confirmée : • Tons les dix ans , le dimanche après Pen-
» tecôte, lorsque (selon la bonne et ancienne coutume) on renouvelle à
• Berne les traités avec d'autres confédérés , les bourgeois de Thoune y
• enverront aussi des députés, et Berne leur prêtera ser&ent, afin qu'ils
m sachent bien que nous fies Bwnois) y allons en toute bonne foi. »
'^' n existe une eharie d'après laquelle • ils s'enverront des députés en
a preuve de bienveillance ; et lorsque une des deux villes se proposera
» d'attaquer l'autre , elle devra l'en prévepir assez long-temps à l'avance
• pour que son bonneunieiâwre intact »
*7« Après que Hartmann eut tout aKéné, les habitans de Thoune
jouèrent fidélité à| Rodolphe , et il confirma leurs fcanchîses. Dans la
€h. 1877 il ^titnle eomte de Kibourg, landgrave de Bourgogne,
seigneur de Nidau et comte de Thoune. Cette même année le comte hy-
pothéqua pour 500 florins de fthb) , à l'avoyer de Thoune , Pieire de
Gowenstein, les 50 livres de contributions annuelles, les ponts ^ la
pêche. Ch, dans RMn.
*^^ 1&77 ; Siegfried vendit ces lieux aux Soteurois en 1383.
•'* 1379. fVaUevyl, ms^. Une Ch, de sa mère {Arme) apprend qu'il ven*
dit au duc Nidau, BOren, Altreu (peut-être la haut» justice?) elBalm. De
ce moment datent les relations de Léopold avec le couvent de Gottstatt ,
auquel il donne pourprotecteur le bailli Jacob Ritsch, de Nidau , et avec
l'avoyer de Bfiren, Jean d'Altwies, auquel il confirme des hypothèques
à SHTsée* Charieê, 1384 etc. ; Zur/. dans &/>/!
LÎVRE H. CHAP* V* 22<
pruBté des Fribourgeois le {»rix de ces seigneuries , les
remit comme hypothèques au sire Ediguerrand pour
la dot de Catherine sa mère; celui-ci se chargea de
défendre les châteaux à Taide de garnisons ^'^^.
Par rintermédiaire du duo et avec cet argent le
comte Rodolphe acquit du comte de Thiersteia Thy^
pothéque de fiipp ^'^*, château fort sur iin rocher au
pied du Jura^ non loin de Soleure et séparé de son
landgraviat seulement par l'Aar. Il chercha une fov^
tune plus brillante dans les guerres de la Lombard!^ et
combattit avec une vaillance chevaleresque di^e de
sa haute naissance; mais il rentra dans sa patrie sans
argent (1382). Irrité par une fortune si contraire , le
comte Rodolphe conçut le projet de s'emparer dans une
seule nuit de la ville Kbre et impériale de Soleure^
d'enlever Ârberg aux Bernois et, en anésntissant les
titres hypothécaires, de faire rentrer sous son pou-
voir Thoune, la ville de ses aïeux ^ sorte d'entreprise
souvent tentée avec bonheur dans les pays où il avait
séjourné , et dont il espérait sans doute que l'ijûjustice
se perdrait dans Téclat du succès. Qn croit que ce plan
ne fut pas imaginé à l'insu de Léopold ^'^^. Il formait
des prétentions contre la république de Soleure au
sujet de quelques villages.
Il s'entendit en conséquence avee Jean Am Stein,
'7' Les bourgeois concouraient alors à la défense.
<7* Outre Wietlisbach, dans la plaine au-dessoos de Bipp , etErlis-
bourg , plus avant dans les montagnes.
*^^ Il ne faut pas ajouter foi sans preuve à de semblables coiyec^res
des historiens suisses; la haine était profonde. Cependant il est naturel
que Rodolphe se soit assuré d'avance de l'approbation de ce prince sans
lequel il savait bien qu'il ne pouvait se défendre; il est naturel aussi que
Léopold n'ait pris aucune part à cette entreprise , puftqu'elle échoua.
^2 His*romfi DE LÀ suiiSE. [1S82I
ciîftiioine de F^lise de Saint^Urs ^^, afin de pénétrer
dans la viHe par sa maison contiguë à k muraille. H
convinl ^'^ ensuite avec lie skte Thibault de la maison de
Neuehàtel en Haute-Bourgogne^''^^^ que (f chacun d'eur,
^ dans la nuit arâut la Saint-Martin , se trou veraitavec
-7) cent kiM^es devant Soleure pour s'emparer de la ville;
' » qu'un ti^s de tous les biens qu'on y trouverait et uii
» tiers des prisonniers seraient abandonnés aux troupes
li à titre de solde j qu'ils partageraient le reste; que
}) le comte Rodolphe paierait ensuite au sire Thibault
'*> cinq mîlte florins, pour demeurer maître et seigneur
^M de Soleure ; qu'il recevrait de son allié vingt lanciers
» aussi long-temps qu'il en aurait besoin pour sa garde,
M et qu'illes scilderait avec le butin qu'ils feraient en-
o^ semble dans le cours de la guerre. » Une provision
de cordes fat préparée chez le dianoine ; les conjurés
lîomptaieut surprendre et arrêter les magistrats de la
' tiHe; on garnit de toile le battant de la cloche d'alarme.
La nuit qui devait ra^îr à la vilte de Soleure la liberté
fondée par la sagesse d*une longue suite d'aïeux et dé-
fendue par leur valeur approchait ; rien ne transpira;
des châteaux de la owitrée a voisinante se rassemblait le
nombre détenniné de guerriers.
A minuit, le 1 novembre 1 382, la garde de la porte oc-
Kcidentale de la viHe f&t vivementappélée par une voix in-
connue ^''^^i Jean Rott, paysan de Rumisberg, instruit du
complotdes seigneurs, était accouru par des sentiers dé-
•^* Dont le prieur était Eberhard de Kibonrg. Toncle du comte.
•" Cette convention n'a pas été imprimée , que je sache.
«'• Qu'il faut distinguer de la maison de Neucfaâtel «n deçà du Jnra.
Dans la Haute-Bourgogne on appelait les Vienne nobles, les Ghâlons ri-
ches , les Vergy féaux et les Neuehàtel puissans en fiefs.
' '•''^ On trouve ce récit dans Hafner, Théâtre Sotearois,
ffoujrnés poiir lé dénoncer à la ville. Ses paroles furent
'<soiifirmées lorsque^ sur les orcîres de Tavôyer, messire
f Mathieu d'Âkreu^ ieS huissiers de la viHe voulurent son-*
nerla cloche d'alarme. Tandis qu'on dégageait celle-ci
.^e ses env^ppes et que du haut de toutes les tours on
dotlMit des signaux de détresse, on arrêta le «hani&ine
Jean Am Stein, et l'on retailla tous les babitans en pai^«
«K>urant les rues avec de grandes ci»s. Bans ce désordre,
enflammée )>ar le pénl imminent et imprévu ^ toute la
bourgecMSie courut pleine dfe colère et de courage sur les
murailles de la ville. Le comte Rodolphe, furieux de ne
recueillir de sa perfidie que honte et danger, dévala
4es jardins voisins, incendia les maisons de campa^
gne, et fit pendre aux arbres toutes te» pelrsonnes ^Ml
rencontra. II apprit ensuite que la vigilance des ma**
tgistrats et le dévouement du peiTple rendaient impos-
sible l'exécution de son coinplot contre Thoune et
'Arberg^^^. Le chanoine Jean Am Steîn, destitué de sa
rdigaîté ecclésiastîqfie par Tévêque de Lausanne, Guy
de Frangins, fut écartdé à Soleure* Pour pumr le cha-
ire de son ialeHigeiice secrète ou de son coupable
silence, on lui confisqua la grande dime de Selsach, et
•pendant plus de cent quatre vingts ans iriile servit à
faire des dîitributions à fous ks bourgeois dans THètel-
de-Ville ^^^ Il fut statué qu'on donnerait annuellement
à faîne des descendans .de Jean Rott de Rumisberg, un
habit aux couleurs de la vîHe, rouge et blanc. En
^•* n existe dne ttiire de (xérard de Krauehthal, bailli d*Arberg, sur
la fidélité et ramitié que lui ont montrées le sire Ulrich d'Ërlaéh , fils du
liéroft dé Laupen , ses dent flls » Pierre son propre frère » Pétermann
Rleder et Guno de Scbwarienb^. '
^^ On les suppinia en 1667»- -lorsque cette dime fut donaéeà Tbô-
pîtal.
224 HISTOIRE DE LA 8inSSE.
commémoration de ces événemens^ rhi$toiré de la
conspiration fut gravée sur Tairain dans une i&^
scription placée au-dessus du portail de l'église de
Saint^Urs ««^
Le l^idemaki , 1 1 novembre^ les Soleuroîs requirent
leurs combourgeois de Berne , qu'ils avaient secourm
à Laupen^ de seconder leur vengeance. Les Bernois
marchèrent aussitôt et s'emparèrent de toute l'autorité
sur Thoune ^^^. Ensuite^ comme le .comte Rodolphe
relevait de l'Autriche pour toutes ses possessions ®^*,
ils convoquèrent à Lucerne une diète qui envoya^ au
nom de toute la Cionfédération Suisse , des délégués au
duc Léopold^ afin de savoir queHe part il prenait à l'en-
tr^rise et au sor^u comte. Le duc répondit : « que le
» comte Rodolphe porterait seul la peine de ce qa il
» avait fait sans lui , et qu'il n'empêchait point les
» Suisses de faire la guerre. »
Peut-4tre le duc comptait- il sur l'habileté militaire
de Rodolj^e et sur le ressentiment de tous les vassaux
de Kibourg contre des bourgeois qui s'e^iUnaient leurs
égimx ; ou bienn'agissait^I pas d'après un j^n^ ni con-
formément aux anciennes vues de sa maison^ parce que
sa politiqfie dans les affaires étrangères en général em-
brassait des projets trop vastes etincohérei^?D'aifi6iir9
^'' Elle fut recouverte i^os tard d^aœ plaque de cuivre ; maintdiBat
Téglise elle-même ne subsiste plus. Yoj. l'inscription dans FrançoU
Hafner^ Th. Soleur» t u, p. 1S9. Là se trouve aussi la relation du capi-
taine Antoine Hafner*
^^^ Le dimanche suivant fut faite une Ck attestant que Tavoyer, le
conseil et les bourgeois de Tbonn^, de n^me que \es bouvgeoîsde
Berne, prêt èrent serment de veiller seub « sur cette ville, leur proprié-
té ; » ies franchises furent confirmées.
^'^ Pow ie Landgraviat dès iâU; ppur Thoun« , Berthoud et Oltigen^
de» l'achat de iSS5.
LiviiE il. CHAP. t. 225
Léopald était d'une faible santé, amoili*eux ^^^ , et safis
argent ^^^. Autrefois il avait été hardi dans ses; exploits ,
grand en honneur et en puissance. Du dernier mem-
bre d'une branche des Montfort, de ce Rodolphe à qui
les habitans de Feldkirch furent redevables de bien des
libertés et des réjouissances publiques *^'', il acquit là
seigneurie de Feldkirch | le comte Albert de Werdeû-
berg, affaibli et entiilyé de la guert'e®'®, lui vendit Plu-
"5 é En Sonabe lièe^ f^eratnè Vùiiît prfô dans les fiïetà dé ràmour. »
Appendice de Hagen,
**^ Convention avec Jean, évêque de Brixen, 1374. II devait, en 1377,
à Jean de Bonstetten 4,900 florins hypothéqués sur Kibourg.
^'^ Ce Rodolphe , dont le frère Ulrich épousa une Carrara de Padoue,
fut éhatioine à Coîrè , juscfu'à ce que la mort des siens rengagea à god-
verneF sa s^grieurie et à se marier. Il vivait aa château de Schatteii-
bourg, à Feldkirch , sans avoir d'enfans, mais en possession de Tamonr
de son peuple. Il se plaisait , tous les deux ou trois ans , à voir tous les
jetines garçotis de sa seiènehrie faire letii* entrée daiis la Ville âvéô dés
armes de bois , sous de jolies bannièi^ès; à èette occasion , il faisait èdtt-
1èr dans les canaux des i'ucs de la bouillie de mil et do lait , et distri-
buer au peuple du pain et du vin ; il encourageait aussi annuellement
les arbalétriers par le don d'un superbe bœuf. Le conseil et les bourgeois
conservèrent ces usages pendant des sièdes , en souvenir de HodôlpHë,
qui les tittmôlkït de la servittide et leur laissa le libre choix d'Uti àm-
itiann* Aiiù de ne pas vivre en homme chiche ou cupide, et de ne pas
mourir endetté, ce comte vendit sa seigneurie à Léopold pour 36,000
florins, s'en réservant Fadminîstradon jusqu'à sa moi t. On ne se souvint
pids, dit-on, son^leà fifs de Léopold, dé la fec6nilais^àti6b el dttre^-
(feot qu'on devatit à Rodolphfe , en sotte que le ticâllârd )p(jpnlàite ne tit
pas sans plaisir les victoires par lesquelles la liberté naissante du peuple
humilia l'orgueil des princes. Jchille Gasser d'après Munster , Cosmogr,
1. m, chap. 227 ; Guier, qui lé tient pour celui dont il a été qitestion ci-
dessus p. 133 ; dans ce cas l'événement raconté là serait arHvé à uh àtl-
tre. Quoiqu'il soit facile de commettre une erreur à l'égard de la nom-
breuse famille de ces comtes^ nous croyons néanmoins, jusqu'à noavel
ordre, devoir distinguer ces dedx Rodolphe, comme nous l'avons fait, et
considérer plutôt le dernier comme un fils du premier. fVégeiiféêor Lirer
««» Gérard de Roa, l. ih^p. 115.
III. \ 5
226 HISTOIRE DB LA BUISSE.
denzy Heiligenberg^ la suzeraineté de Sargans; le roi
Wenceslas lui confia le gouvernement de la Haute et
de la Basse-Souabe^ d'Âugabourg et de Giengen, au nom
de l'Empire ^^^ ; Trieste se rendit à lui ; Venise se ré-
jouit d'acheter son amitié par la cession de la Marche
de Trévise, pour l'opposer à François Garraral'ainé ^^;
Louis-le-Grand^ roi de Hongrie et de Pologne, était
disposé à laisser sa fille et la Pologne à Guillaume, fils
de ce prince. A la mort de Louis^ le royaume de Hon-
grie était en proie aux dissensions intestines et à la
crainte qu'inspiraient les Turcs; la Pologne se relevait
à peine et craignait encore les chevaliers de l'Ordre
Teutonique ; le roi Wenceslas négligeait la Bohême ;
le duc de Bourgogne^ Philippe I, étranger aux afiaires
de l'Empire, avait de grandes dettes et une intelligence
bornée. Hormis la Bavière, afiaiblie par des partages,
il manquait peu de chose à la maison d'Autriche pour
voir ses états s'étendre sans interruption depuis les
frontières delà Hongrie jusqu'aux domaines de la mai-
son de Bourgogne; dans les pays qui interrompaient
la continuité de ses domaines, les princes ecclésiastiques
dépensaient leurs antiques richesses sans lui nuire, les
princes temporels étaient ruinés par une mauvaise admi-
nistration , par de continuelles guerres et par des det-
tes héréditaires et accumulées ; le plus vertueux d'entre
eux combattait en chevalier pour les autres et non
en souverain pour lui-même ; les villes les plus sages
ne songeaient qu'à leur défense. Telle était la situation
des états de Léopold*
689 Fugg^, 1379; pour 40,000 florins.
^*^ Ce Isdt est le mieux raconté dans la Chronique de Gtàéatto et
d* André Gattaro; Murât XVÎI; Appendice de Hagen,
[i«»] LIVRE II. CHATP. V. 227
Les vassaux du comte Rodolphe gardaient chacun
leurs châteaux. Lui-même était dans une telle pénurie
d'argent, qu'il fut obligé^ avec son frère Berthold, de
fournir caution au juif Moïse , du petit Baie ^ pour un
emprunt de cent florins , et de promettre qu'il se pré-
senterait à lui en personne ^^^ Menacé par les Soleu-
rois et par tous les Confédérés, abandonné par lé duc,
Rodolphe tomba malade et mourut.
La trêve expira (A 383) j Soleure et Berne prirent les
armes, les troupes des Confédérés se préparèrent : les
comtes eux-mêmes commencèrent les hostilités. Qem-
mann de Bechbourg, guerrier expérimenté^®^, héri-
tier des Senn de Mûnsingen, par Elisabeth, sa femme,
déclara la guerre aux comtes de Kibourg^ parce qu'ils
lui reteimient la forteresse de Buchek *^. A cette nou-
velle , Berthold et Hartmann , chevaliers de l'Ordre
Teutonique, frères du comte Rodolphe, brûlèrent la
forteresse et prirent la fuite. Alors ®®* les Bernois
dressèrent une embuscade près du château de Grûnen-
berg, et lorsque les valets en descendirent pour cher-
cher du bois , l'avant-garde força la porte , la troupe
suivit et ruina le château ^®^. Bientôt après tomba
*" Ck. dans Tsehudi et HerrgotL
^'^ En 1379 il commanda les troupes de Tévéqoe de Bâle dans la
guerre contre la ville.
^^' Burkhard Secn de Mûnsingen en fat investi par l'Empereur , en
1347 ; mais les comtes de Kibourg en étaient co -possesseurs à cause de
leur grand'mère* Gi-dessus, 1. ii, chap. i.
^^^ Ces entreprises sont racontées dans un ordre tout différent par
Tichttdi et par SieUlér ; il serai! trop long d'exposer en quoi chacun est
exact ou inexact. Ici pn les raconte l'une après l'autre ; mais il est dif-
ficile de dire si quelques-unes n'ont pas eu lieu déjà pendant le si^e de
Berthoud,
^^'' Le Bec, nom donné au château à cause de sa situation; on l'ap-
228 UISTOIRB I>£ LA SViSSE.
Schwanden, puis Schweinsberg ^^^, Dans une contrée
habitée de toute antiquité ^^''^, s'élevait Friesenberg,
château du seigneur Pierre de Mattstetten ; ce fut en
vain que Pétermann de Thorberg ^^^ combattit vivement
le projet qu'avait conçu Kraft de Burgistein de se ren-
dre ; Fennemi rasa le château après avoir été ces deux
cl^valiers du haut des murs^ Aussitôt se mit en mar**
che Berthold , comte de Kibourg , oncle de Rodolphe ,
suivi de son peuple , les habitans de Berthoud , qu'il
avait affranchis des péages et rendus plus libres dans
leur ville et dans l'administration de leurs biens com-
munaux ^®^ ; il prit avec lui Simon et Jean , comtes de
Thierstein '^^. il se proposait d'attaquer Rôtenbach,
situé sur une colline qui domine une étroite vallée^
à l'entrée d'un bois sacré des ianciéns Helvétiens ; mais
le peuple descendit jusqu'à la haie qui formait un re-
tranchement à l'entrée de la vallée ^ franchit cette bar-
rière et battit les ennemis "^^^ Burkhard de Sumiswald^
pe!lé aussi Grûnenberg , du nom de la montagne, qui est également
celtti du baron.
«9^ Stumpf, Chrani^ue,^. 499, b.édit de Zurich, 1586. On y trome
les armoiries.
^^^ On en voit des traces remarquables autour de la « Heîdcnstatt »
{ place des Païens, aujourd'hui maison de campagne) et dans l'empla-
cement où était Bûrglen.
•'* Il ne faut pas le confondre avec Pierre de Thorberg, bailU de f Au-
triche antérieure.
^*' Il leur abandonne les amendes au sujet des poids et mesures , le
droit d'aliéner les pâturages communs, etc. CA. 1385.
^^^ On les trouve aussi nommés ailleurs avec Kibourg : Simon , leur
oncle, dans le traité de partage avec Jean de Habsbourg, 1577 ( Herrg» );
Jean , dans la convention de 1574 au sujet de l'âDTaire de Falkensteitt
( Tschudi) .
. ^^^ Kôtenbach» dans l'Emmenthal , l'un des lieux les plus anciens; le
bois s'appelle Wurzbrunn. Le prieuré dépendait de Rûgisberg ; c'est
pour cela que Eôtenbach fut traité comme appartenait à Berne.
XIVRR II. CHAP. V. 229
apprenant cela , désespéra de la défense du fort de
Rûti'^^^, à Trachselwald, et fit avec les Bernois un
traité de combourgeoisie dans lequel il comprit ce châ-
teau. Les troupes descendirent alors pour donner l'as-
saut à Olten , antique '^^^ ville au bord de l' Aar , fief
que l'évêché de Baie avait donné, d'abord à la maison
de Frobourg , ensuite à Rodolphe de Nidau , enfin aux
comtes de Kibourg. Elles furent détournées de ce siège
par des pluies si extraordinaires, que le bruit courut
(cque le comte Berthold, aidé des paroles magiques
»; d'une sorcière , avait ouvert les réservoirs du ciel. »
Ensuite Pierre de Rormoos fut obligé de jurer aux
Bernois que son château de Grimmenstein leur serait
toujours ouvert.
Enfin les Bernois requirent les Waldstetten de mar-
cher sur Berthoud , principale ville de la maison de Ki-
bourg. On vit s'avancer les trois cantons avec toute»
leurs forces , et à leur réquisition toute la milice de Lu-
cerne , quatre cents hommes de Zurich ^^^^^ deux cents
de Zoug, autant dé Glaris, tout Berne, le secours de
Neuchâtel, les troupes auxiliaires d'Amédée, comte
de Savoie '^^^, en tout plus de quinze mille hommes ,
suivis de balistes, armés d'arbalètes et d'arquebuses''^^^;
^^ Ancien nom du château de Trachselwald, Conrad de Sumiswald
avait acheté , en 1313 déjà , de I>ietricb de Rftti sa part de la sei-
gneurie. Ch.
^^^ Les «vicani Ultinatenses «avaient déjà érigé on monument «Til%
Claudio Neronî , quod viam per Jurassi valles dnxit > ZurL
^^^ Selon Bah» 600; il compte en tout 2Û,i)00 hommes; Tsekudi est
plus modéré.
705 Pourquoi Bienne B*estril pas nommé? Sans parler de Berne, So.
leure et Bienne avaient renouvelé ^ en 1582 seulement, leur trafhé de 133 A
et de ia54.
''^^ En alleiiiaDd « Biichsen » ; je ne voudrais pas cooclure de ce nl'ol
230 UISTOlRfi DB LA SUISSE.
c'était le jour de Saint-Marc , au mois d^avril. Six se-
maines durant^ la ville de Berthoud fut continuellement
pressée, jusqu'à ce que Berthold, comptant sur le se-
cours de tant de compagnons d'armes avec lesquels lui
et le comte Rodolphe avaient vécu et combattu, con-
clut , par l'intermédiaire de l'avoyer, des conseils et des
bourgeois de la ville assiégée, une trêve de trois se-
maines "^^^^ pendant cette suspension d'armes, la gar-
nison ne devait pas être renforcée; à son expiration,
Berthoud devait ouvrir ses portes , à moins qu'il ne lui
vint du secours. En dépit du traité '^^^f le comte Henri
de Tettnang-Montfort ''^^^ jeta dans la ville environ
deux cents cavaliers, «t, ce qui paraissais contraire
aux assurances du duc ^^^, treize cents hommes tra-
versèrent l'Argovie autrichienne , et campèrent à trois
portées d'arbalète de l'armée des Confédérés. Cette
troupe, dont Léopold feignit d'ignorer la marche,
que c'étaient des armes à feu. Rennward Cysat mentionne une arquebuse
en fer d'une façon trè$*ancienne , qu'on trouva en 1560 dans les dé'
combres du cbâteau IJf Hugen , démoli lorsqu'on vengea le meurtre du
roi Albert. Il se pourrait qu'elle n'eût été cachée ou enfouie là que long-
temps après 1308 (on ignore pourquoi j$ sa forme est une preuve de
l'ancienneté de cette arme chez nous.
'*' Ch, 11 faut que le comte ait été absent, car la ville se réserve la
faculté de lui envoyer un message. Lui aussi appose son sceau et prête
serment II est dit des assiégés qùlls ne doivent ni éloigner, ni rapprocher
les fortifications , les machines , les gardes et les tentes.
'** On doit considérer que le comte ne pouvait pas se sauver autre-
ment, et que son ami ne pouvait le joindre qu'à la dérobée à travers
une armée si nombreuse.
'•• Dans les guerres de Florence , où les troupes de Kibourg servaient
aussi , le comte Henri s'était fait une réputation équivoque ; on le disait
très-vain ou fier (« sfoggiato di grandeasza ») , msds il fut appelé , je ne
sais pourquoi , le comte « Menno » ( casixato ) FUippo VUtanu
^*® Il faut réfléchir aussi que l'armistice suppose la possibilité d'un se-
cours ; or celui-ci ne pouvait venir qu'à travers le pays du'duc. '^
UVR£ II. CHÀP. V. 231
n'offrit pas de décider la querelle par un combat ; mais
le comte Berthold prétexta que Henri de Montfort em-
ployait la force pour Tempêcher d'ouvrir les portes de
Berthoud^ conformément au traité. Les Confédérés,
courroucés de cette ruse, furent contraints à la retraite
par le manque de beaucoup d'objets indispensables.
Nonobstant ce mécompte, les Bernois eurent le dessus,
grâce à leurs nombreuses victoires et à la pauvreté des
comtes, qui ne leur permettait pas d'entretenir des trou-
pes auxiliaires ; ils rentrèrent à Berne le cœur plein
de fierté. Dans ces années-là, à la faveur des lois de la
période prëeédente "^^^ qui restreignaient la liberté ,
quelques familles avaient formé dans le conseil un
parti dominant, qui, se confiant dans le nombre de ses
membres et dans la longue patience de ses concitoyens,
négligeait de leur témoigaer des égards, s'attribuait
dans tous les emplois une autorité indépendante, et
méprisait les anciennes lois comme de vaines formes.
Quelques pauvres bourçeoîs, qui redemandaient l'ar-
gent prêté par eux pour l'acquisition de la souverai-
neté de Thoune, essuyèrent un refus hautain; de sorte
que , dans d'autres occasions , les bourgeois ne firent
plus d'avances, et qu'il fallut emprunter de fortes som-
mes des étrangers, à dix pour cent d'intérêt ''^^^. Beau-
coup de gens aussi crurent , sans preuve mais non sans
vraisemblance , que la guerre de Kibourg se serait ter-
minée par la prise de Berthoud , s'il n'y avait pas en
des vassaux du comte Rodolphe parmi les conseillers
de Berne. St ces magistrats avaient attaché un juste
7^1 Voy. ci-dessas le paragraphe qui commence à la note 174.
^^* 60,000 florins avant la fin de cette guerre» sans compter les inté-
rêts anriérés ; mais il n'est point dit combien il restait dû de l'emprunt
de i37&, ni de combien était le nouvel emprunt
23!^ HISTOIRE DE LX SUI^$E. [t384]
pris à l'opinion de la bourgeoisie , il^ sp seraient eux-f
mêmea éloignés des affaires , auxquelles une républi^
que isage n'admet jamais des vassaux suspects ^*^,
IJien que ces imprudens magistrats de la république
de Berne ne fussent point aimés de la bourgeoisie, celle-
ci ne s'en montra p^s moins réservée dans l'exercice de
sa puissai^ce. Tous les bourgeois des abbayes et des
corps de métiers s'assemblèrei^t à l'époque du carna-
val 3^^) ? à l'endroit ordinaire , dans le couvent des
Dpminicains. Comme, d'après la constitution de l'em-
pereur Frédéric, les magistrats de la ville pouvaient
être jiommés annuellement par le conseil général et
psir conséquent révoqués, les bourgeois destituèrent
tous les conseillers qui leur déplaisaient; le seigneur
Ottoi^ de Bubenberg''^**, écuyer et avoyer, ainsi que
quatre autres, restèrent seuls. Personne ne fut puni
dans son corps ni dans se3 biens '^^^. Quinze jours
après cet événement extraordinaire, l'avoyer, le con-^
seil et la commune "^^^ convinrei^t de l'ordonnance sui^
"*.* C'est par leur exclasion que commencèrent , avant le milieu du
XIII* siècle, les opérations qui donnèrent à Venise sa dernière constitution.
"** Fils du premier avoyer Jean, frère. de Tavoyer Jean mort en 1368,
et d'Ulrich mort en 1381. Lui-même fut élevé à la suprême magistra-
ture en 1383. Elle avait été remplie pendant l'exil de son père, puis
^près la mort de son frère , par le vieux Cuno de Séedorf , et après lui ,
par le genlilhomme Jacob de Seftigen , gendre de Laurent Munzer. Cir
dessus, n. 176. Otton demeura en charge jusqu'en 1393.
'*5 Expression de la charte citée dans la note suivante. Ce ne fut donc
pa» le résultat d'un soulèvement. On annonce qu'il a été fait quelque
chapi^çment et introduit quelqqe ordre po«r l'avantage et selon Je besoin
de la ville , en même temps on bénit Dieu de ce que personne n'a eu de
mal. Les circonstances ainsi que la cl^firte même ont été long-temps celées,
en sorte qu'jl serait difficile maintenant de raconter Iç fait en détail.
"^^^ Uavoyer, le conseil, la cçmmune et les bourgeois de Cerne, le jour
de Saint-Matthias 1384. Ce jour tombant au commencement 4" ^^^'
UVRÎT II, CHAP. V. 233
ymite : (c Tous^ gouveroem^nt et bourgçgîsiQ , TivwMit
» ensemble en frères, comme ont véou de tout temps
>} leurs aïeux. Nul ne doit se venger pour le passé. Ce-
» lui qui, sur la déposition de deux témoins, sera con-^
» vaincu d'avoir violé cette défense, sera exdu du Con-
» seil et des Deu3{.-Cents, et livré à la commune qui
» lui ii^Qigera des peines corporelles et pécuniaires, à
)y la majorité des voix. On ne prendjra le bien de per-
» ^onne^ s'il n'est pas coupable '^^^. Chaque année on
>i conférera de nouveau les bons bailliages , à teneur de
» la constitution {Hmidvestè), à moins que le conseil et
» la commune ne veuillent confirmer un bailli '^^^. Cha-
» que année on renouvellera la moitié du Conseil, ou
>) même la majorité ''^^^. Chaque année, les bannerets
» et leurs assesseurs "^^^ choisiront , sans fraude et sans
» contestation, parmi les artisans de la ville, deux
» cents hommes honorables, pour former un Grand
» Conseil généraF^* ; les conseillers ainsi choisis de-
naval, je ne puis pas dire précisément si cenx qui ont fixé au carnaval
Texplosion de ces troubles n'ont pas confondu deux époques»
7*7 Par la raison exposée n. 715, on ne voit p^s bien si les magis-
trate furent accusés de violences judiciaires, ou si l'accusation concerne
des emprunts forcés ou des impôts arbitraires.
'^^ Cette formalité demeura ; d'après la çaême loi , les bailliages ne
duraient qu'un an ; aux diverses époques , suivant les besoins du pays
et d'autres circonstances , la confiripaljon était accordée pendant plus
ou moins de six ans.
^^^ La transformation de cet usage en loi fut un des changemens les
plus essentiels; n. 726.
^^° Les seize ; s'il s'agissait des conseillers on les aurait nommés de
ce nom; ou bien l'expression « d'assesseurs » comprend- elle collective-
ment les uns et les autres? Du ipoins en 1458 les conseillers prenaient
déjà part à celte élection.
'** Par là ils érigent un usage en loi. îl n'est pas feien clair sî ces
moU « parmi les artisans de la ville » veulent dire qn'op devait -choisir
234 HISTOIRE DE LA SUISSE.
» vrontétre présentés le lendemain à la commune^ pour
» qu'elle les agrée ou les récuse, et ils jureront devant
» elle de se conformer aux usages établis, et à ce qui
» sera écrit dans le rôle''^^. Deux frères ne siégeront
» jamais en même temps dans le GonseiF^^. Aucun vas-
» sal du comte de Kibourg ou d'un autre seigneur
» étranger n'est éligible''^*. Tous les ans, à Pâques,
w lorsqu'on élit l'avoyer et le Grand-ConseiF^^, on lira
» cette charte et l'on jurera de l'observer ''^®. Il sera
» permis d'y ajouter ou d'en retrancher. Tous la con-
» fîrment par des sermens explicites et personnels, qui
» les lient eux et leur postérité ''^'^. »
dans chaque triba un nombre déterminé, on si par là Ton n'a pas voala
interdire Télection des étrangers, qui ne furent formellement exclus
qu'en 1461.
"^^ Les «r rôles • renfermaient toutes les ordonnances ajoutées à la
constitution ( Handveste ) ; les « livres rouges • sont plus modernes , même
l'ancien et celui de Jean Rûti.
^^' Gela subsiste encore. Qu'il ne siège pas dans le conseil deux mem-
bres du même nom , c'est une tradition devenue principe , mais sur la^
quelle on ne connaît pas de loi écrite.
'** Gela subsiste encore. Un article omis dans le texte et qui leur per-
mettait de « cautionner les ville», leuis confédérés et ceux qui dépen-
dent de leur ville , » nous fait présumer que les vassaux étrangers entraî-
nèrent la ville à cautionner les dettes des grands.
'^^ Il est remarquable qu'il ne soit pas question de l'élection du
Petit-Gonseil.
'*• Le dispositif proprement nouveau , n. 719 , n'a jamais été observé
, parce qu'il était inexécutable; aussi n'a-t-îl été mentionné ni dans la
constitution , ni pendant les 166 années qui suivirent ; la charte cessa
probablement d'être respectée , parce qu'elle renfermait une semblable
disposition. Elle fut sans doute abrogée {antiquata de») , quoiqu'on ne
sache pas à quelle époque. Ge qui est certain , c'est que , ni la loi de
1404 , ni l'ancien livre rouge ne citent cette loi de 1384 • lorsqu'ils en re-
produisent des dispositions.
7>> Sieitler, dans ssl Chronique de Berne, ne dit pas un mot de cet
événement , qui pourtant était connu. Tant que les anciens documens
LIVRE II. CHAP. V. 235
Malgré ces précautions , la loi sur le renouvellement
annuel de la moitié du Conseil tomba en désuétude, ainsi
que la loi sur la non-éligibilité de ceux qui n'étaient
pas bourgeois et membres d'une abbaye. La , disgrâce
que les magistrats s'étaient préparée depuis plus de
trente ans^ par des mesures contraires à l'intérêt de la
bourgeoisie''^^*, leur servit d'avertissement, de sorte que
les bourgeois , satisfaits d'être gouvernés selon leurs
vœux, par les hommes les plus estimables, ne son-
geaient plus au renouvellement annuel^ et cessèrent de
faire attention aux noms des Deux-Cents ; il leur suf-
fisait que le pouvoir fût dans les mains des plus habi-
les. On maintint les autres dispositions de l'ordonnance,
après même que^la charte fut tombée dans l'oubli. Les
demenrèrent ignorés , on plaça dans cette époqae l'origine du Grand-
Conseil des Deiu-Cents , et Ton crut que celui-ci avait anéanti la précé-
dente autorité de la commune. Cette opinion » qui ne s'appuie sur aucune
charte , fut la source des idées répandues en 1718, 1744 et 1749 dans le
but de renverser la constitution d'alors. Â les supposer vraies , comment
aurait-on pu en conclure que la forme vieillie du gouvernement de la
république naissante, dont la circonscription ne dépassait guère Yen-
ceinte des murailles de la ville, devait servir de modèle à radmiai«lra-
tion de la république toute différente de nos jours? Une capitale qui
commande à près de 400,000 âmes peutpelle prendre pour règle ce qui
convenait à une ville qui n'étendait son an tonte que sur 10,000 âmes au
plus , dont l'élile était dans ses murs? Eût- il été raisonnable , eût-il été
praticable de confier la suprême autorité sur ces 4^0,000 babitans, non
pas à un choix des citoyens les plus distingués, mais à une assemblée gé->
nérale des bons et des méchans, des sages et des fous, des vertueux, des
riches et des mauvais sujets ? Un bon gouvernement ne devrait pas crain-
dre l'histoire ; rien ne justifie mieux un changement raisonnable dans
le gouvernement que le tableau de la différence des temps.
'^^ Les lois impopulaires avaient été faites , et probablement de sem-
blables allures, prises aux deux époques où les Bubenberg furent éloî-
gnés de leur sage et bienfaisante administration , 135o- 13 6i& et 1382
suiv.
236 HI33COIIIK DE LA SUISSE.
bonnes Iqîq sont uae conséquence naturelle de l'état des
affaires^ et les gouvernemens sages les observent
comme des principes, avant même de les imposer.
Beaucoup de villes ont une législation plus complète et
mieux coordonnée que la ville de Berne; aucune ne
possédait un peuple plus heureux. Grâce aux maximes
d'État qu'il s'était prescrites lui-même, le gouvernement
de cette république se montrait de beaucoup supérieur
à ce qu'on pouvait présumer d'après la simple con-
naissance de son code ''^^^. C'est pourquoi, si être bon
vaut mieu^ que le paraître , son grand caractère mé-
rite la préférence sur la métaphysique politique d'au-
tres gouvernemens.
Cependant Berthold, fils du vieux comte Eberhard,
de même que ses neveux Ego, Hartmann et Ber-
thold "^^^j ayant inutilement imploré l'assistance du due
leur suzerain , s'adressèrent avec instance aux Confé-
dérés pour qu'ils détournassent de leurs possessions
les armes des Bernois et des Soleurois. Otton de Bu-
benberg ne négocia pas avec moins d'ardeur pour ob-
tenir que la maison de Kibourg vendît la ville de Ber-
thoud aux Bernois , qui , à cette condition , voulaient-
'^^ Considérations sur le gouvernement de Berne dans mes Essais histo-
riques publiés à Berlin en 1781.
''® Voici la généalogie de cette maison : 1* D'Anne , héritière de l'an-
cienne maison de Kiboarg, le comte Eberhard de Habsbourg-Lauffen-
bourg, qui mourut en 1284, eut 2^ Hartmann 1 qui, mort en 1300 ,
laissa d'Elisabeth , comtesse de Fribourg, 5"* Hartmann II , assassiné en
IS^S , et Eberkard, lequel eut d'Anastasie de Signau U^ Hartmann lïl,
mari d'Anne de Nidau , \e comte Berthotd, Eberhard, prévôt de Soleure,
et Jean, prévôt de Strasbourg. 5"* Les fils de Hartmann III , qui mourut
eu 1377, Jurent Rodolphe, mort en 1383, et, outre Hartmann et Ber-
thold» chevaliers de TOrdre Teatonique , le comte Ego, dans la per-
sonne duquel cette famille s'éteignit en 1415.
LIVRE II. CHAP. V. 237
bien supporter les frais de la guerre et payer le reste
de ses dettes. Cette négociation, rendue bien difficile
par la douleur qu'éprouvaient les comtes de perdre
leur capitale^ siège de leur autorité, se termina par
l'entremise des Confédérés au gré des Bernois. Ainsi,
le 7 avril de l'an 1 384, l'avoyer , le donseil et les boUf^
geois de Berthoud, ouvrirent à l'avoyer, au conseil et
aux bourgeois de Berne leurs portes, construites par le
commun fondateur des deux villes, le duc Berthold
de Zaeringen. Les comtes abandonnèrent leur château,
bâti par les plus anciens seigneurs du pays dans les
siècles chevaleresques ''^^^ Ils cédèrent de même à
Berne, en toute propriété, Thoune et leur bailliage
libre du Griessenberg'^^^. Mais ils conservèrent alors le
cbâteau de Landshut.et l'exercice du landgraviat"^^^*
Ils indemnisèrent le duc de la perte du fief par la ces-
sion de la seigfieurie de Bipp. Les Bernois se chargé^
rent de payer la solde des Confédéré^et l'indemnité due
à Soleure, en tout trente*sept mille florin*'^^^. Les Con-
fédérés se constituèrent garans de la paix '^^^. Ensuite les
^^^ n avait été bâti dans le temps des Mérovîngietis par les comtei
Gontramn et Waltram, qui tuèrent le grand dragon dans sa caverne.
^^2 Le bailliage de Ketterli » déjà nommé en iS23.
7W ^vec la chasse au vol , les droits forestiers , les lieux des assises , la
monnaie, la haute et la basse justice « les milices et le fief « conformé-
ment au Traité de paix, 138 A* Ils vendirent Landshut partie en 15^8,
partie en 1407, à Pieiare de Gowenstein et à Henri de Ringoltingen.
'»* SUUler. Tschudi, 30,800; BulUnger, 40,000.
^'^ La Charte se trouve dans Herrgott» Les principaux garanU sont le»
trois Waldstetten , ensuite Zurich et Lacerne. Les denx derniers cantons
ne sont pas nommés ; sans alliance avec Berne , ils n'avaient marché qu-k
la réquisition des premiers pour renforcer Tsumée des Waldstetten. La
réserve qu'on ne déduira rien du gros tournois signifie que « m les Coa*
fédérés maintiennent leur garantie par la force des armes , les Bernois
238 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Bernois confirmèrent aux bourgeois de Thoune et de
Berthoud toutes les libertés acquises '''^^, les exhortant à
se féliciter de leur nouveau seigneur^ qui relevait im-
médiatement et uniquement de l'Empire '^^'^.
Les affaires des ducs d'Autriche^ Albert et Léopold,
étaient dans un tel désordre , que Léopold vendit à
François Carrara, Trévîse et la Marche environnante ,
et qu'il hypothéqua même Kibourg à Donat^ comte de
Tokenbourg. Albert , de son côté, pouvant à peine
contenir les habitans de Vienne, s'aliéna le pays par de
nouveaux impôts ''^^e Les Bernois mirent à profit ce
moment inappréciable, pendant lequel la maison d'Au-
triche ne pouvait empêcher leurs progrès. Le prix
d'achat de Berthoud et toutes les autres dettes publi-
ques '^^^ furent payés dans l'espace de dix ans par les
conseils et les bourgeois '^*^, noblement enthousiasmés
pour l'agrandissement de leur domination ; ils slmpo-
sèrent à cet effet volontairement une contribution ex-
traordinaire et considérable sur les fortunes : chacun
ne paieront pas moins la solde (fan gros tournois ûxée dans Talliancc
perpétuelle, que si les Waldstetten n'avaient pas une obligation particu-
Këre de donner ce secours.
^*^ Us ont encore leur Grandet leur Petit-Conseil, la juridiction ordi-
naire et la justice criminene ; Berthoud exerce la souveraineté sur quel-
ques villages.
^'^ Charte de confirmation des Ubertée de Berihoud, lftS4.
'*' AppendUe de Hagen, 1884, suiv.
''' On désignait ordinairement au créancier une caution sur laquelle
il pouvait mettre la main ; ainsi Jean de MûUinen de Berne dut servir de
caution dans des auberges à Léonard Billung de Bàle jusqu'à ce qoe
Berne payât 60 florins d'intérêts échus , et trois livres pour les frais. Ck.
dans Rabin,
^*^ Sans doute seulement les bourgeois les plus notables; la charge
aurait paru insupportable à la multitude qui payait ordinairement ses
contributions si fort à contre-cœur, qu'il avait fallu abolir celle qu'on
LIVRE n. CHAP. y. 239
paya, pendant dix ans, la quarantième partie de son
revenu. Les comtes de Kibourg devinrent bourgeois de
Berne "^^^ .
Telle fut l'issue de la guerre de Kibourg, occasio-
née par la conspiration contre Soleure. La paix de
Thorberg n'avait pas encore été rompue.
appelait « B5spfeniiig • ( le mauvais denier). Cette circonstance apaisa
probablement la colère contre les magistrats et les affermit dans leurs
dignités.
^** Tsehudi, 1585.
240 HIStOIRE DE LA SUISSE.
CHAPITRE VL
GUERRE DES SEIGNEURS | BATAILLES DE SEMPAGH
ET DE NiEFELS.
Causes de la guerre; occasions (Entlibuch); commencement. —
Plan de Léopold. — Bataille de Serapach. — Guerre des Bernois
( Haut Sibenthal ). — Guerre des Zuricois ; des Glaronnais
(conspiration de Wésen). — Bataille de Naefels — Bûren, Nidau,
Unterséen. — Paix.
[1385 — 1389.]
Dans ce temps-là, Pierre de Thorberg, seigneur libre
de l'Empire , dont le cbàteau dominait du haut d'un ro-
cher le Krauchthal, non loin deBerne^ était gouverneur
et capitaine des ducs d'Autriche dans leurs seigneuries
de Souabe, d'Argovie, de Thurgovie, de Glaris et
d'Unterwalden * . Il devait faire rendre la justice au peu-
ple y parler en sa faveur et le défendre de toute manière ;
trois mille florins d'appointements pris sur les reve-
nus annuels, lui étaient assignés pour ce service ^. Les
* Comme en 1381 Walther d'Altenklingen, dans le titre duquel on lit
Alsace au lieu de Glaris ; ses conseillers étaient Jean Truchsess de Dies-
senhofen , le chevalier Brak et les baillis de Kibourg , SchaiThouse et
Diessenhofen. Ch. dans Senkenberg, SeLJuris, L iv. Chartular, Jusir.
2 Pour la garde des châteaux, pour la nourriture et les dépenses. Si
le revenu n'atteint pas cette somme , Eberhard de V^aldsée , capitaine
de la contrée au-dessus de l'Eus, est chargé de la compléter sur le péage
de Linz. Ibid,
LIVRE II. CHAP. VI. 24<
fonctionnaires d'alors et les créanciers nantis étaient
sévères envers les sujets , fiers envers les Confédérés
suisses, d'une cupidité immodérée, pleins d'un insul-
tant mépris pour l'homme du peuple et d'une arrogance
qui se fondait sur le crédit de leurs parens dans le con-
seil autrichien ^. On rapporte que Léopold lui-même,
bon prince et ami de la justice, les avertit plus d'une
fois en soupirait, qu'ils causeraient la perte et la ruine
de leur souverain * ; mais ils fermaient aux opprimés
l'accès du trône ^. A cela se joignait la haine des bour-
geois et des campagnards contre les barons et les cheva-
liers, l'aversion de ceux-ci pour les premiers, enfin dans
beaucoup de lieux la haine réciproque des villes et de
la campagne. Les barons, forts de leur union sous le
prince, retenaient leur peuple, malgré sa bravoure et
son aisance, dans un abaissement pire que celui dans
lequel les anciens Germains tenaient leurs esclaves.
Dans beaucoup de villes les artisans et les marclhiands
se montraient plus hautains de ton et de manières que
dans les Alpes le plus libre pâtre, issu de la plus anti-
que race. Les bourgeois apprenaient à discerner toutes
les différences de mœurs qui distinguent les diverses
classes du peuple; ils faisaient sentir les prétendus
avantages de la fréquentation du monde et4)rirent sou-
vent pour un noble usage ce qui était une grossièreté
envers la plupart des hommes. Quiconque visitait
l'Alpe solitaire du pâtre , était reçu avec une simplicité
* Baselbach même Ocrît : t Filias humiliabant , uxores etiam propriis
în domibus polliicbant ^ utfi^que indignis copulabant, et coram Ducibus
coaventi se justificabant. »
* Vit, Arenpeck, ap. Pez , Seriptt» rer, Austr» U I.
^ Le chartreux de Gemnieh (Pe«, t. ii.) avoue que Léopold fut gâté par
les mauvais conseils.
III. 16
242 HISTOIRE DE LA SUISSE.
candide •; ce même pâtre vivait au village cordialement
avec des compagnons d'armes , ses associés pour les
travaux publics et les périls, sous des magistrats qu'il
honorait comme bergers de la communauté '^.
Retranché derrière l'éternel boulevart de la mon-
tagne, il lui suffisait que le duc ne chargeât pas de
nouveaux péages les marchés les plus voisins. Les
villes s'unissaient en fortes confédérations pour main-
tenir dans la plaine, où se faisait un plus grand com-
merce, un gouvernement libre et des routes sûres ^.
Les chevaliers , de leur côté , formèrent entre eux la
société du Lion , de toutes la plus considérable ^. Le
roi Wenceslas, découragé par le malheur des temps ^^,
laissait déchoir totalement l'autorité impériale. Des
grandes maisons de Wittëlsbach et de Luxembourg,
la première était divisée par de continuelles dissen-
sions , la seconde énervée par une administration non-
chalante. Ainsi, la paix générale ou le plus épouvanta-
ble bouleversement dépendait de l'accord ou de la
mésintelligence entre la société du Lion, les confédéra-
tions des villes et le duc Léopold. Les Mlois donnèrent
à beaucoup d'autres cités l'exemple de l'accession à la
société du Lion j ils s'engagèrent a à la secourir dans les
» évêchésdtBâleet de Strasbourg, et dans le Wûrtem-
)» berg par l'envoi de cinq hommes d'armes**, chacun
» suivi de cinq chevaux, et, à la grande sommation ,
^ Plus les contrées alpestres sont sauvages» plus rhospUalîté est cordiale.
' Les ircifAsveç XaS>v étaient nés dans Tâgè âe la vie pastorale des Grecs.
' Surtout après que te duc Léopold eut été investi de la lieatenance
impériale.
^ Elle s'étendait jusque dans les Pays-Bas.
^® Car, au commencement du moins, il voulut régner.
'^ « Glefen » en allem. ; « quiris , lancea. » Schiller, Glossar.
LIVRE II. CHAP. VI. 243
w par renvoi d'un nombre quadruple; de plus , à faire
» parvenir quinze florins à chacun des deux chapitres
» annuels. — Les capitaines ^^, les chevaliers et les
j) écuyers du Lion promirent de secourir loyalement
» la ville de Bàle^ en Souabe, en Franconie , en Alsace,
» en Lorraine, dans toute l'étendue de leur associa-
» tion *^. »
Peu de temps après, les Lions de Souabe ^*, la so-
ciété de Saint-Guillaume, celle de Saint-George^^ et
le comte Eberhard de Wurtemberg, s'allièrent avec
les villes de Souabe, de Franconie ^^ et avec Léopold duc
d'Autriche ^"^ ; ils statuèrent « de se secourir sans délai,
» en cas de nécessité subite ; en cas de guerre plus im-
«) portante, d'envoyer cinquante lances dans le terme
;) de quinze jours ; si elles ne suffisaient pas, de fournil*
» autant de troupes que le déciderait le conseil fédéral^®
**Le comte Henri de Monfort-Tettnang^ Ulrich comte de Wurtemberg,
Formund à Ëttmdorf , le sire de Hohenfels et Martin Walter (probable-
ment Malterer) chevalier.
^' Charte de la société du Lion, Rihen^e, 1580 « dans Brukner, Cu-
riotiiéê deBdle, p. 787 ; C/u de Lûtotd de BérenfeU, chevalier, bourg-
mestre , Ibid, 788 suiv.
** Lorsque Frédéric de Hohenzollem était leur capitaine avec Mont-
fort et Ulrich.
^' Elle comptait aussi dans son sem des chevaliers souabcs.
^^ Le cercle de celte association s'étend de Spire , en remontant le
Rhin jusqu'à Brégenz, le long des montagnes jusqu'à Munich, à tra-
vers la Bavière jusqu'à Eger et Coboiiig et par Schweinfurt, Miltenberg
sur le Mein et Ueidelberg jusqu'à Spire, point de départ. Saint-Gall et
Wyl sont au nombre des villes qu'il comprend.
*^ La seigneurie de Hohenbei^, qu'il acquit celle année -là, y est
comprise.
^* Il y siégeait cinq membres de l'ordre des chevaliers : Truchsess de
Héfingen représentait le comte de Wurtemberg ; Rechberg , la société du
Lion ; Hohenrechberg, celle de Saint-Guillaumë ; Féchanson de Gyren,
c^Uede Saint-George; au-dessus d'eux le comte de Sulz; les villes étaient
244 HISTOIRE DE LA SUISSE.
» siégeant à Kirchheim; de protéger entre eux et con-
» tre tous ^^ dans leurs droits légitimes, voyageurs et
» marchands^ veuves et orphelins et tous les Confédé-
>) rés ; mais pour une seule année ^^. » Gomme en gé-
néral l'amitié n'est jamais solide quand les sentimens
difterent, le duc conserva l'attachement des seigneurs
et des chevaliers , dont il partageait les mœurs , tandis
qu'il était uni aux villes par une crainte mutuelle sans
affection.
Cinquante et une villes libres et impériales du Rhin^r
de Souabe et de Franconie ^^ demandèrent alliance aux
Confédérés suisses, que la noblesse détestait. Cette de-
mande fut repoussée au nom des quatre Waldstetten,
par les hommes de Schwyz : car ils avaient pour prin-
cipe dans les guerres défensives, qu'ils ne redoutaient
jamais , d'attendre tout secours de Dieu avec l'aide de
•
représentées par quatre bourgeois â'Ulm, d'Augsboui^; , de Ravensbourg
et de Reullingen ; le duc par quatre des ckiq seigneurs suivans s le bailli
d'Âltenklingen , Bodmann Taîné, deux de Hornstein et Henri de Kan-
degk , bailli de SchaiFbause.
*^ Les Lions réservèrent leur société le long du Rhîn dans les Pays-Bas,
dans TAlsace et ïeBrîsgau; les Géorgiens Wûrzbourg, Bamberg et le
bourg»ave de Nuremberg ; le comte de Wurtemberg, Mayence ; tous , les
seigneurs de Bavière , l'Empire et !e roi.
^^ Ch, 1582 , jurée dans les villes et les châteaux , dans les villages et
les hameaux.
** Des bords du Rhin s Mayence , Strasbourg , Worms et Spire ;
Francfort, Hag^au, V^eissenbourg, Welzlar, Schlettstadt, Achenheim,
Fribourg, Padersheim, Selz; de Souabe et de Franconie : Ralisbonne et
Bédé; Nuremberg, Augsbourg, Ulm, Constance, Esslingen, Reutlingen,
Rotweily V^eil, Uberlingen, Memmingen, Biberach , Ravensbourg,
Lindaa; 5aiW-Ga/l, Kemplen, KaufTbûren, Leutkirch,Xsnî, Wangen,
Buchborn, Gmûnd, Hall, Heilbronu^ Wimpfen, Nôrdlingen, Dun-
kelsbûhel, Rôtenbourg sur la Tauber, Windheim, Wyssemboorg ,
Wcinsberg, Aalen, Bppfingen, Giengen, fVyt en thurgovie, P fulfîendorf
et Buchabl (Il y a quelques fautes dans T^ekudi)
uvRE II. CHAP. yi. 245
leurs bras, de leurs défilés et de leurs confédérés , mais
de ne jamais s'immiscer dans les afËûres étrangères. Zu-
rich, Berne, Soleure, la ville et le district de Zoug for-
mèrent à Constance une ligue, en vertu de laquelle les
villes suisses et les villes impériales s'engageaient pour
une année à s'envoyer mutuellement pour toutes leurs
guerres un secours de deux cents lances , les premières
dans les limites de la Confédération, les secondes en
tous lieux ^^. Lucerne, empêchée par le traité d'alliance
des (fuatre Waldstetten de prendre part à cette ligue ,
déclara par une charte qu'elle obéirait dans de pareilles
guerres à la sommation de Zurich ^^. Car lorsque la
diversité de la situation physique et des mœurs fit naî-
tre parmi les Suisses une division entre le parti des villes
et le parti des campagnes, les Lucernois penchèrent pour
les villes , mais n'osèrent pas suivre ouvertement leur
inclination, vu les articles de l'alliance perpétuelle ^*.
Avant que les villes eussent confirmé leur ligue par
un serment ^^, le duc vint à Zurich , vers l'époque où il
acheta la seigneurie de Lauffenbourg de cette branche
de la famille de Habsbourg qui avait oédé Thoune et
Berthoud aux Bernois , la Marche et Rapperschwyl au
frère du duc et à son père ^^. Des députés de Schwyz
s'adressèrent à lui au sujet du nouveau péage qu'il éta-
blissait à Rapperschwyl, des députés de Lucerne au su-
^ La longue Châtie Saint-Matth. IS8& se trouve dans Tsehudi.
*• Ch, Saînte-Gertrude ; cod. JbitL
^* Au moyen de laquelle les autres WMstetten pouvaient les lier dans
tontes lesn^ocîations avec des étrangers.
^ Gela eut lieu le li juin; Léopold se trouvait à Zuricb le dimanche
des Rameaux.
>^ Le duc acheta le fief de Lauffenbourg pour 12,000 florins ; Tacbat
îxA terminé en 1386. Voy. dans Uerrgott YÀvte universel de Léopold auaç
bourgeois.
246 HISTOIRE DE LA. SUISSE*
jet du péag^e de Rotenbourg ; il labolit le premier sur la
route commerciale dltalie qui traverse les Waldstetteu
et le Saint- Gothard ^ j il conserva le second. Son but
était de diviser les Confédérés ou de témoigner aux Lu-
cernois son ressentiment pour leur alliance avec les villes
de l'Empire. Il irrita contre lui le peuple de Lucerne
sans l'indisposer contre les Waldstetten. Le duc ayant
affermi Schwyz dans ses sentimens • et reçu des Zuri-
cois un accueil d'où il pouvait inférer qu'ils n'avaient
pas de haine pour sa personne , déclara la guerr» aux
villes impériales. Celles-ci se hâtèrent de requérir leurs
nouveaux confédérés. Ls^ paix de Thorberg subsistait
encore. Les Suisses prièrent les Allemands de ne rien
exiger d'eux jusqu'après la çioisson , soit qu'ils ne s'at-
tendissent pas à une sommation si prompte, soit que le
voyage du duc eût modifié leurs sentimens. Sans doute
que les gouvernemens suisses comptaient beaucoup sur
le temps et les négociations, et ils désiraient si vivement
le maintien de la paix que, la discorde croissant, ils
refusèrent tout secours a»?: villes impériales dans la
diète d'automne.
Voyant cette disposition favorable des esprits, le duc
délégua GodeiFroi M uUer, bourgeois de Zurich ,- Louis
de Homstein et Uhlmann de Pfirt pour négocier une paix
perpétuelle entre les Confédérés et sa maison^®. Tandis
que les Suisses demandaient l'abolition de tous les nou-
veaux péages sur les terr^ de l'Autriche, voisines de
leur pays , comme condition préalable sans laquelle ils
ne consentiraient à rien, le duc réussit à diviser la con-
*' Ch, Rapperschwyl , après les Rameaux , dans Tsctindi
2* Ses pleins pouvoirs sont dans Senkenberg, dans le chartulaire cité
LIVRE II. CHAP. VI. 247
fédératiou des vlUçs allemandes ^^. Cet avantage aug-
menta ses prétentions. Dès que ses agens s*en aper-
çurent , ils reprirent envers les Suisses leur ancienne
fierté. Ceux-ci , voyant que le succès changeait entiè-
rement les dispositions du duc , furent remplis d% dé-
fiance et d'indignation; les magistrats redoublèrent
de vigilance; le peuple mit tout sop espoir dans ses
armes.
Dans ces jours d'irritation,, il advint qu'à Rapp^-
schwyl, à la foire de Saint-Thomas, le bruit se répan-
dit, on ne sait comment, parmi le peuple, « que les
» Zuricois songeaient à s'emparer de la villp et du châ-
» teau ; que le commerce leur servirait de prétexte
>) pour s'y porter en grand nombre ; qu'ils avaient pro-
n mis aux familles de leurs anciens magistrats, domi-
» ciliées à Rapperschwyl depuis le temps de Rodolphe
» Broun, de les réintégrer à coi^dition qu'elles leur
')) prêteraient secours ; qu'ils exécuteraient ce plan dès
^t qu'arriveraient les Glaronnais, stationnés en grand
)) nombre dans des barques près de Hurden et de
» Pfeffikon. » La crainte simulée ou réelle de ces évé-
nemens, répandue par le gouverneur de Rapperschwyl
ou que d'autres lui iitspitèrept , lui fit sur-le-champ
demander un renfort au chevalier Jlenri Gessler,
gouverneur de Grûningen, contrée située derrière Rap-
perschwyl. Gessler sfe rendit auprès de lui le même soir.
Tous les Zuricois offensés de cette calomnie ou détour-
nés de leur dessein, se rembarquèrent et retournèrent
en hâte chez eux j les Glaronnais, avertis de ce qui pas-
sait, rentrèrent dans leurs foyers sans s'être présentés à
^'^ En séparant les villes de Souabe et de Franconi.e, dés autres. Orig?
ducum Àustr. Ibid,
1
248 HISTOIRE DE LA SUISSE.
la foire. Les Suisses se plaignirent amèrement des
soupçons répandus sur leur bonne foi ; les Autrichiens
persistèrent à les accuser d'avoir violé la paix et leur
serment. Si Rapperschwyl est contre eux , Zurich et
Glaris peuvent difficilement se prêter secours en temps
de guerre, commercer ensemble en temps de paix ^^.
Sept jours après cet événement, comme Herrmann
Grimm de Grûnenberg , chevalier, ennemi des Confé-
dérés dans la guerre de Kibourg, seigneur engagiste de
Rotenbourg, où était le nouveau péage , célébrait avec
tout fa'peuple le service divin devant la petite ville, à
l'occasion de la fête paroissiale, une troupe de jeunes
Lncernois prit subitement les armes en dépit de l'a-
voyer et du conseil qui essayaient de calmer sa colère,
sortit de la ville , se présenta devant la porte de Roten-
bourg, s'empara du château nouvellement fortffîé ^^,
en com^a le fossé avec les débris de ses murs, chassa le
seigneur, et sans avoir pillé ni répandu une goutte de
sang, rentra dansLucerne : le péage était contraire aux
traités; leurs menaces avaient annoncé d'avance leur
dessein. Hermann deGrupenberg envoya des messagers
et ^e$ le.ttre8 au duc d'Autriche ; Lucerne s'empressa
d'en expédier aussi à toutes les villes et à tous les pays
de la Confédération Suisse.
Vers la même époque Lucerne doçna le droit de corn-
bourgeoisie à rj^ntlibuch. Messire rierre de Thorberg,
*^ Nons pjbçoDS cet événement en 1385 d'après l'estimable historien
Albert M aller (dàusRoo p. 123), d'après Tschudi, et selon la vraisem-
blance. Nofts n'avons patf de suffisantes raisons pour décider 91 ce bruit
était fondé, oe que Tschudi nie , tandis que Schodeler gi de meilleurs his-
toriens que lui , p. e. Rahn , l'affirment.
^* Charte qui Ftutorise à employer à cela 50 livres. Senkenberg in
ChariaL
LIVRE II. CHAP. VI. 249
auc[uel le duc avait hypothéqué ce pays ^^, suivant
rhabitucte des administrations désordonnées qui assi-
gnent aux fonctionnaires leurs traitemens sur les con-
tributions publiques ^^, augmenla les impôts de telle
sorte qu^en peu d'années il leva illégalement une somme
éâorme ^*; quand quelqu'un osait se plaindre^ il le faî-
** La honte d'un parridde pesait sur la famille des seigneurs de WoU-
hausen {Hemmerlin de NobUit,),heuT embarras les aura portés à se pla-
cer sous la protection de TÂutrîcfae, tout comme le fratricide de Kibourg
se sauva par la protection de Berne. Bientôt apros cet événement, feur
famille s'éteignit. L'épouse du comté Imer de Strasberg, Marguerite, hé-
ritière de Wollhausen, étant morte sans enfaos, ses héritiers cherchèrent
à obtenir chacun la plus grande part possible. D'abord l'un deux,
Pierre de Thorberg , reçut de l'archiduc Rodolphe en hypothèque, pour
la somme de 5,000 florins d'or, le fief hypothécaire de Wollhausen (le
district extérieur et l'intérieur entre Tschangnau et Trub) ; cela se Gt à
Rheinfelden en 1363, peu dé mois après que les habitans de l'Entlibuch
se furent engagés à reconnaître un autre héritier de la maison de Gr&-
Xienberg à Brougg. L'archiduc Rodolphe leur déclara par une charte que
ces négociations ne portaient aucune atteinte à leurs droits et que leurs
contributions ne seraient pas augmentées. Pierre de Thorberg garda
une très-grande partie de son fief hypothécaire, lorsqu'en 1370 on sa-
tisfit aux prétentions des autres héritiers en donnant à Pétermann de
Grûnenberg, Rotenbourg, forteresse onéreuse pour les Luccrnois; à
W^alther de Grtjpenbei^, les domaines du château ruiné de Gutenbourg,
et à Jean , comte d'Ârberg Valangin , le château et le patronage de l'é-
glise de Russwyl. C'est ainsi que l'Entlibuch passa dans les mains de la
famille dé Thorberg , comme le curé Siaider l'a prouvé par des docu-
mens dans son livre sur ce pays.
'* On pourrait être porté à croire d'aprë& n. 2 que ce fut ici le cas ,
puisque le duc, même dans des années plus paisibles , était demeuré
débiteur du précédent gouverneur, le comte Rodolphe de Nidau , pour
la somme de 1160 florins. CA. 1370. Ibid,
** Il enferma les habitans de l'Entlibuch dans l'église pour les forcer
d'augmenter de cent livres la contribution annuelle du pays et de lui en
payer sur-le-champ 1300. Lors^'ilfei^Ut de vouloir fortifier Wollhausen
par de nouveaux remparts, il obliot de la contrée 600 livres, et ne paya
point de corvées. Dans un procès avec IhiterwaMkn an sujet des pâtura-
ges, il se fit donAcr 3,600 livres ; néanmoins il ne fit rien pour le pays. Les
250 HISTOIRE DE LA SUISSE.
sait torturer dans une prison comme rebelle ou ennemi
du gouvernement^ et parfois mettre à mort^^. Les babi*
tans de rEntlibuch^ accoutumés à ne jamais supporter
patiemmei^t de la part de Tautorité les ruses cupides
et une injuste yiolenGe;^ s'uttirent avec leurs voisins du
Haut-Unterwalden. Mais dans le même teiaps^ l'œuvre
de la vengeance étant à peine commencée^ les Unter-
waldiens furent intimidés par la mauvaise issue du se-
cours qu'ils avaient donné aux habitans de Brienz ^^.
habitans du Haut-Unterwalden possédaient dans TEutlibnch une forêt
et des p&turages qa'ils auraient dû rendre d'après la sentence de la reine
Agnès (ci-dessus chap. iv, p. 27 ). Les habitans de FEntlibuch guettè-
rent le moment où les bergers s'amusaient avec insouciance dans leur
cabane , détachèrent les clochettes des vaches , emmenèrent celles-ci et
laissèrent un des leurs auprès des clochettes pour les faire sonner de
temps en temps. Lorsqu'ils furent à une assez grande distance , celui-ci
les jeta , éclata de rire et s'enfuit. Les Unterwaldiens entrèrent dans le
pays à main armée , et furent battus par les gens de l'Entlibuch qui se
tenaient en embuscade. Thqrberg réprimanda les provocateurs; il ne
voulait ni guerre ni convention. Mais Vt^'althcr d'Altenklingen , alors
encore capitaine et bailli des ducs , arrangea TafTaire par la médiation
de dix-huit arbitres qui décidèrent que les deux parties devaient port^
leur cause devant les juges de Luceme. Ce même bailli de Thorberg,
n'ayant pas défendu le pays contre les bandes de Goucy, lui avait fait
éprouver par-là une perte de 4000 florins. La plainte des habitons de
VEntlibuckau duc, en 1380, a été tirée par Stalder et Schnyderdes manus-
crits de Cysai, (Consultez Vhist, de CEntUbuch par Schnyder, ainsi que sa
description de quelques montagnes) Tschudi tie possédait pas ce docu-
ment de la plainte, mais il a trouvé la vérité à force de perspicacité. Le
petit drapeau conquis sur les Unterwaldiens fut déposé à Schûpfen (ou
Schûpfbeim) G|^ns le « secret de l'Entlibuch » (les archives de la vieille
tour) et n'a jamais été planté depuis. = Les manuscrits de Gysatsont à la
bibliothèque des bourgeois à Luceme. G. M.
»5 Origo ducum , 1. c. , confirmé par la charte citée art. 2 , 7. 11 vou-
lut les forcer en outr^ ^ signer qu'ils avaient été perfides et parjures en-
vers lui.
*^ Les ducs n'ayant ^ucun égard à la plainte, les habitans de l'Entli-
buch, aidés de quelques-uns d.n Haut-Unterwalden, tuèrent plusieurs
LIVRB II. CHAP. VI. 251
Alors les habitans de rEutlibuch mandèrent aux Lu-
cemois : « qu'ils n'entendaient point sç soustr^re à
» leurs devoirs envers le duc ; mais qu'ils les priaient
w de protéger leurs droits : que Luceme voulût bien
» s'unir avec l'Ëntlibuch par un traité de combour-
» geoisie. » Le seigneur engagiste fit exécuter ignomi-
nieusement les auteurs de cette convention, et s'avança
dans des intentions hostiles avec des cavaliers jusqu'aux
portes de Lucerne.
Dès ce moment éclata la guerre de la noblesse sous
le duc Léopold contre les bourgeois et les paysans de
la Confédération Suisse , guerre essentiellement pro-
voquée par l'orgueil et l'avarice des gouverneur^
autrichiens et qui dut son origine à la guerre de Ki-
bourg. Car autant les Confédéréis furent exaspérés con-
tre les seigneurs qu'ils soupçonnèrent d'avoir voulu les
surprendre par ruse, sautant cçux-ci étaient aigris
contre les Confédérés par la chute de la maison de Ki-
bourg ^''. Les esprits émus aperçurent au ciel des signes
de guerre, autour des châteaux crénelés des flammes
errantes , partout le brigandage et le meurtre com-
pagnons de la guerre, effrayantes appréhensions ^^ !
agens des violences de Thorberg. Le bailli les condamna pour ce fa^lt ^
une amende de 1600 livres et â donner 35 otages. Mais Jean, comte
d'Arberg-Valangin , créancier nanti de Willîsau , convoqua dans Bue-
chen le tribunal du p<^s qui défendit sévèrement aux habitans de TEntli-
bucb toutp résistance à Ipur seigneur* Cejaeut Ueu en ^382 (Stalder), un
an après la condamnation prononcée par les Confédérés contre les Un^
terwaldiens, pour le secours qu'un parti prêta aux habitans de Brienz.
coiHre le bailli de Rinkenberg (ci- dessus, chap. v, p. 91).
*' Albert Muller dans Fugger,
^^ Unminorite vit au ciel un bomme armé vaincu par un homme sans
armes {Hemmerlin de NobUit,); la Chanson de Sempach parle de Toîseau
de proie étranger qu'un seigneur de Willittu vil s'élancer dans un tilleuU
1
252 HISTOIRE DE LA SUISSE. [isse]
Le gouvernement Incernoîs jugea prudent et juste
de tker vengeance de Pierre de Thorberg (i386).
Malgré sa constante sollicitude pour éviter la guerre,
il estima qu'après l'attaque contre Rotenbourg la situa-
tion des affaires commandait à un gouvernement sage
de s'occuper moins de la recherche du passé, que de la
sûreté de ses sujets, en détruisant dans le voisinage les
forteresses des ennemis. Les Gcmfédérés, Z urich, Zoug,
Schwyz , Uri et Unterwalden , apprenant cette résolu-
tion, prirent les armes pour soutenir les Lucernois^
sans examiner l'action des jeunes gens , sans exposer
leur propre opinion sur cette guerre. Ainsi sous le
chevalier Fétermann de Gundoldingen , avoyer de Lu-
cerne, le second jour de cette même année mil trois-
cent quatre vingt-six, les bannières des quatre Wald-
stetten marchèrent avec de fortes machines contre les
châteaux de Wollhausen et de Kapfenherg , apparte-
nant à Thorberg, leur ennemi, et les brûlèrent. De là
leurs troupes s'avancèrent contre Baldegk , forteresse
du chevalier Rodolphe de Hùnenberg, contre les an-
ciennes Lielen et contre Rheinach. Ces forts tombés,
tandis que les bannières volaient vers Schaftlangen, on
vit arriver les bourgeois de Sempach , petite ville au-
trichienne de r Argovîe , et avec eux , du Wagenthal,
les habijtans de Mayenberg et de Reichensée ; ceux-ci
redoutaient les armes suisses; ceux de Sempach ai-
maient la Confédération ; tous prêtèrent serment aux
Lucernois.
Vers ce temps, Léopold; victorieux des villes knpé-
et de la grande Inear qni brilla autour da château de cette ville; Faber
mentionne aussi de semblables présages. L'homme transforme ses pensée
en visions.
LIVRE U. CHAP. VI. 253
riales de l'Alsace ^^, vint dans ses domaines de l'Ar-
govie^ jurant solennellement a de punir les Suisses
» auteurs d'injustes violences et d'anéantir leur in-
» solente Confédération dans une guerre entreprise
w avec la faveur de Djieu pour son peuple, son pays et
» ses dr(»ts. » La haine des seigneurs pour les libres
campagnards et bourgeois éclata dans tant de lieux et
avec tant d'impétuosité , qu'en peu de semaines les
Confédérés reçurent cinquante-trois déclarations de
guerre. Fendant un court armistice le duc prépara
toutes ses forces, et en moins de douze jours les Suisses
virent s'armer contre eux cent soixante-sept seigneurs
ecclésiastiques ou séculiers ^^ : K)erhard et Ulrkh de
*' ^**gg^ dit qu'elles voulurent secourir les Confédérés, ce que je ne
trouve ni assez vraisemblable , ni décidément faux.
*• Tschadi et BuUinger en donnent la liste. Outre ceux qui sont nom-
més ici dans le' texte ou plus bas dans la description de la bataille , nous
nommerons les suivans : le comte Wolfgang de Vérîngen ; Zaysolf de
Lupfen, baron; le long Conad Huscr; Conrad Mônch de Rosenberg;
Conrad de Géroldsegk, seigneur de Sulz; Benoît le Juif; Eberhard de
Sas ; Wolfgang de Schwandegk ; Bernard de Jestetten ; Wemer de Ro-
senfeld, bailli de Herrenbergt Hauk de Harthausen; Jean Schaltbeiss
de Rosenfeld; Pierre de Nidegk; Jean Bernard Grad, de Sulz, cheva-
lier; deux de Btumenberg (voy. ci-dessus la bataille de Laupen, t. ii,
p. 431), dont fun parmi les SchafThousois ; GÔmer (Brûmsi de Schaff-
hoiise) etffatzmann de Kfissenberg; Bertschi de Henkart; Werner de
Flachslanden; Pierre d'Andlau, chevalier ; Wemer d'Âltencastell ; Pierre
Baselwind ; Herrmann Waldner, chevalier ; Jean de Ramstein ; trois de
Stauflen ; Nicolas dç Babenheim , chevalier , éè Colmar ( qui vendit
Tallwyl à Zurich en 1385); Russ Zœringer; le chanoine Jean de Ran-
degk à Constance , bailli de SchafThouse"; doux d'Ertzingen ; Jean d'El-
Icrbach, camérier du duc; Parcifal de Weinegk; Christophe Aarbur-
ger de Staremberg; Ulrich d'Ems , administrateur de Hall ; Matth. de
ReifTenstein ; Nie. Gôtz de Bozen , cheralier ; Blassan , gouverneur du
jeune duc Léopold; un grand nombre de Hûss; Schellenberg de lirs-
tein; deux dfi Traminen,deuxSchlandersberg; Henri de Kpnssegk, de
Schnéeberg; les barons de Krenkingen ; Jean Truchsess, nommé Brak
254 HISTOIRE DB LÀ SUISSE.
Wurtemberg, père et fils, héro§ expérimentés et victo-
rieux dans les guerres des villes souabes; de Habs-
bourg - Lauffenbourg Jean l'aîné et lé cadet; trois
margraves de Bade; ceux qui, tels que les sires de
Landenberg, avaient à se venger de la journée de Mor-
^arten , ou du délire de Laupen , ou de la bataille
de Taetwyl, ou du mauvais succès de guerres privées ;
ceux qui honoraient par prudence ou par vertu la
puissance ou le loyal héroïsme du duc Léopold, ou
ceux à qui son cœur généreux et sensible, cédant à son
penchant, avait accordé tme affection amicale; des
héros blanchis à la guerre, avides d'arracher la victoire
à des armes roturières ; de jeunes hommes impiatiens
d'acquérir et de mériter d'un seul coup, au jour d'une
grande bataille, les honneurs chevaleresques de leurs
aïeux; beaucoup dédaignaient dans leur orgueil,
comme indigne de leur renommée, une trop facile vic-
toire sur des bourgeois et des paysans *^ Les déclara-
tions de guerre furent remises àVàssemblée des Confé-
dérés en vingt messages , afin d'augmenter chaque fois
la terreur si souvent renouvelée. Le soir du jour de
St.-Jean-Baptiste un messager de Wurtemberg ap-
porta quinze déclarations. Ils n'avaient pas achevé de
les lire qu'il vint un message hostilede Jean Ulrich de
Pfirt et de huit autres seigneurs. Ce message à peine
de Diesscnhofen ; l'évéque Gérard de WOrzbourg, ennemi des villes;
Do^at de Tokenbourg; Jean de Werdenbetg-Sargans. Beaucoup de
comtes , de barons , de chevaliers et d*écujers ne sont pas nommés. II
serait à désirer que la liste eût été imprimée avec plus d'exactitude dans
la chronique de Tschudî. = On conserve à Sempach et on lit chaque
année à la fêlé anniversaire de là bataille tin narré de celle-ci fort ancien
et accompagné de la Este de ceux qui périrent des deux côtés. Cette
liste est très-détaillée. G. M.
** Fit, Arenpeck et d'autres; voy. ci-dessous.
UVRE il. GHAP. VI. 255
reçu^ on remit les lettres de Roger et de Guillaume
Im Thum *^ et de tous les gentilshommes de Schaff-
house ; huit héraults arrivèrent le lendemain avec c[ua-
rante-trois déclarations de guerre.
Les Confédérés n'avaient d'autre appui que leut
union et leur courage. Uri, Schwyz et Unterwalden,
qui^ antérieurement à Talliance avec Berne, secoururent
noblement cette ville à la bataille de Laupen, et qui
l'avaient secondée de concert avec Luceme devant
Berthoud dans la guerre, cause principale de l'ani-
mosité qu'on leur montrait, requirent l'assistance
des Bernois. Ceux-ci répondirent ; a qu'il s'en fal-
» lait de quelques mois que la trêve de onze ans
» conclue avec le duc Léopold fût expirée ; que sur
» leurs frontières les villes et les pays de la maison
» d'Autriche étaient tranquilles ; que la derttière guerre
» avait épuisé leur argent ; qu'ils demandaient à être dis-
» pensés de se tendre à la réquisition. » A cette nouvelle^
les Confédérés gardèrent le silence. Le sénat de Berne
désapprouvait peut-être la violence irréfléchie du peuple
contre l'injuste péage de Rotenbourg ; mais son hési-
tation dans le péril de tous les Confédérés n'en est pas
moins blâmable. Quand on considère ce qu'à cette
grande époque les Bernois ont fait avant et après la
déclaration de guerre, on peut vanter l'habileté avec
laquelle ils ont acquis des seigneuries , mais la bataille
de Sempach manquera toujours à leur gloire ^^.
*^ Leur charte de 1386, où ils eautionnent les Schônlowen. La femme
de Gnîllaume était Élis, de Griessbeim, dont on a une charte potir des
biens situés à Ossingen, i&88; en 1389 il cautionne la ville de Schaff-
honse envers Bertfaold. KelLer de Sàtlingen» Ch,
^* Lauffer voudrait dissimuler cette froideur; c'est dans ce but qu'il a
soin de ne pas distinguer exactement les temps (t. iv, p. 219 ) ; d'autres.
256 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Lea auti^ GûBffédérés attendaiest a^ec impatiencô
l'ouTerture de la guerre. Les voiontaires ne pouvaient
être^ contenus qu'avec peine; quatre jours avant la fin
du eourt^armistice, toute la milice était sous les armes.
La trêve expira ; la guerre éclata^ la guerre des hom-
mes libret^ contre les seigneurs ; en peu de semaines
tomba mainte forteresse **. Tout jbc compliqua par
des infidélités de bien àe$ genres* L'iisue révéla aux
deux partis^ chez des sujets et diez des voisins^ des
dispositions imprévues.
Les i)ourgeois de Mayenberg trahirent la garnison
suisse : deux cents hommes de Lucerne et de Zoug^
attirés hors, des murs , furent en partie massacrés
par treize cents ennemis ^ la plupart en embuscade;
les autres, animés par la vengeance, mirent le feu
à Mayenberg et abandonnèrent cette ville réduite
en cendres ^^. Reichensée , fidèle aux Confédérés ,
fut pris par un corps nombreux d'ennemis ; tout ce qui
échappa aux flammes , hommes en état de porter les
à qui le fait paraissait inconcevable, présentent la même confnsîon , par
inadvertance , ou parce qu'en général on aime à trouver dans l*bfstojre
ce qui devrait y être,. En réalité , la ville endettée de 60,000 florins avait
son excuse dans la nécessité de se tenir toujours prête contre Fribourg,
TArgovie et Nidau.
^* Rûmlang sur la Glatt; Môrsbonrg; Schenken près de Sursée, au'
pied de la montagne ( Ëtterlin ) ; un château dans le lac près de cette pe-
tite ville (il existe au sujet de ces ravages une ch, du duc Albert de 15S7,
exemptant les bourgeois de Sursée de toute surtaxe et de tout service en
dehors des eaux , et statuant qu'ils possédaient leur lac , aux mêmes
conditions qu'autrefois les baillis de Rotenboui^) ; Tanne fnels ; Wiadegk
dans le pays de Gaster.
*^ On peut compléter Tschudi par Origo ducum , qui évalue positive-
ment la perte ^87 hommes. Ce fait et le suivant se passèrent encore
avant la trêve.
. LIVRE II. CHAP, VI. 257
armes^ femmes^ enfans^ fut passé au fil clçTépée*^. La
Marche inférieure, et près de là la Waldstette d'Ein-
sidlen, prêtèrent serment à Schwyz. Aussitôt le sei-
gneur Pierre de WoUhausen , abbé de ce monastère ,
courut à Zurich et conclut un traité de combourgeoi-
sie pour ses châteaux situés sur le lac ^"^^ Vilensbach
sur Kirenzen, détaché du.Gaster par une convention
volontaire , devint le quinzième district de Glaris *^ ;
toutefois le couvent de femmes de Schennis, dont le
duc Léopold était l'avoué, conserva ses anciens droits.
Entre Glaris et Gaster *^ des traités de paix avaient
été conclus du consentement des Confédérés, par le
duc ^^. et par l'abbesse de Seckingen^^, pour tous les cas
où les Suisses seraient en guerre. Ces deux contrées
contiguës sont ouvertes l'une à l'autre ; en hiver il
est souvent difficile aux Waldstetten de secourir Gla-
ris , et il leur est toujours avantageux de n'iaivoir rien
à craindre de ce côté-là. Mais lorsque la Suisse fut me- .
nacée de tant de côtés , les Glaronnais n'estimèrent ni
généreux ni sage de demeurer spectateurs du péril de
leurs amis. En conséquence, après mûre délibération
et du consentement unanime des autres cantons, ils fi-
rent annoncer au duc que la cause de leurs confédé-
rés était la leur. Eux, les trois Waldstetten, les Zou-
*• Le peuple attribua Tissue de cette guerre au jugement de Dieu, à
cause de ces actes si inhumains. Origo ducum,
*^ Ch. 1386, nommément pour Pfeffikon, qu'il faut distinguer d'un
autre lieu du même nom , dont il va être question.
*^ Bilten en fait partie. Tschudi,
** Aussi Werdenberg et Sargans, dont le corn le et seigneur était
vassal du duc.
60 Zurich, 1360.
^^ 1372. Ces traités pouvaient être rompus pourvu que les hostilités
fussent annoncées un mois d'avance.
III. 17
258 HISTOIRB DE LA SUISSB.
gois et les Lucêrnois , deize cents hommes sous leurs
bannières cantonales ^ allèretit former la garnison de
k ville de Zurich.
Celle-ci s'attendait à recevoir, comme sous le père
du duc, le principal choc des forces ennemies.. Pierre
Dûrr, dont la solde s'élevait à trois cent cinquante flo-
rins, outre un logement^, était le commandant en
chef de ses troupes ; en général les hommes de guerre
expérimentés recevaient de la ville une riche solde ^,
et chacun était convenablement exercé au maniement
des armes à feu nouvellement inventées **. Leur zèle à
protéger les gentilshommes, leurs combourgeois, se
montra à l'égard d'Ulrich de Landenberg seigneur du
vieux Régensberg ; après qu'il eut promis que son châ-
teau leur serait toujours ouvert, les Zuricois l'approvi-
sionnèrent et le fortifièrent mieux qu'auparavant; en-
suite il envoya une déclaration de guerre à Zurich. Plus
généreux , Albert de Landenberg fortifia son château
dePfeffikon, pour servir d'asile à la population d'une
vaste contrée; les Confédérés le virent, et, le croyant
imprenable, renoncèrent à l'attaquer. Comme ils se re-
tiraient, les mercenaires d'Albert les insultèrent, les
appelant de grossiers vachers ^^: alors la force des mu-
'^^ PoHr cela il était lena d'avoir encore avec lui un cavalier et deux
arbalétriers. Cb. 1386.
** Frédéric de Laegem , avec un autre à cbeval , recevait dix florins
par mois. Ch, 1587. Trois gentilsbommes , un arcber et trois écuyers
recevaient annuellement 600 florins et un logement. Gb. 1386. Voy. le
prix des appartemens dans Waser,
^^ On sait que le peuple des campagnes s'exerçait ainsi. Une cA. de 1893
alloue au tailleur Grûninger six scbelings pour avoir appris aux habî-
tans de Hôngg à tirer de l'arquebuse.
*^ On trouve ici pour la première fois le fameux et injurieux sobri-
quet de « kûbgbjer > , qui ne signifiait sans doute originairement qu*nn
LIVRE n. GHAP. VI. 259
railleB tomba devant la colère puissante des guerriers ;
pour obtenir la vie, il fallut demander grâce*
Schwyz soutint Zoug dans l'expédition contre' la for-«
teresse bien défendue ^^ de Saint-André, près dé Cham^
au bord du lac , appartenant à Fopulent ^'^ chevalier
Godefroi MûUer, qui, du sein de ses murailles, rompit
avec les Confédérés ^^. Bans la partie inférieure de la
vallée où coule la Rcuss , les domaines dû château de
Lunkhofen étaient gouvernés par Godefroi , seigneur
puissant et heureux si les temps avaient été plus favora-
bles à son prince. Sur ces entrefaites, Hochdorf, Roth^^
et Russwyl jurèrent obéissance à ia ville de Lucerne.
Le duc, qui vit tout cela ^^, fit marcher ses troupes.
Elles s'assemblèrent près de Baden ^* en Argovie, au
même lieu où se réunit soixante et onze ans auparavant
gardien de troupeaux, et ensuite le plus souvent un homme de mœurs
brutales. = Ce même mot qui se prononce aujourd'hui « Kûhyer > , n'a
plus d'autre acception que celle de vacher ou propriétaire d'un trou-
peau de vaches, et celle de laitier. G. M.
** TscfuuU, 1376. On en voit encore les fortes murailles.
^^ TscAim/^ calcule que les ducs lui devaient 1200 florins pour un em-
prunt, pour la garde du château et des fortifications; il dit combien lui
devait leur tante , feue Marguerite de Wurtemberg , et comment il ra-
cheta des terres et des créances de Rodolphe de Habsbourg dans le dis-
trict inférieur de Claris, et de Conrad de Ried dans le district inférieur
de Kibourg.
^* Cette forteresse devait être ouverte au duc , mais à condition qu'il
ne s'en servirait pas contre les Confédérés, sans une déclaration de guerre
expresse. Traité, Ibid,
^* Ce n'est sans doute pas le « Rota * cité dans une charte du comte
palatin Hugues de Bourgogne, de 1255 ; Rota est Ruod, sur le territoire
deLenzbourg; Roth, dans ia seigneurie de Habsboui^, n'avait sans doute
aucun rapport avec Hugues.
•* Herrgoit contient les documens de son séjour.
*^ A Bàle, suivant Fit. Arenp. : c est sans doute ane faute du copiste
ou de l'imprimeur.
260 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Tannée qui combattit à M orgarten. Le duc ^ informé de
la vigoureuse résistance qu'il rencontrerait à Zurich
de la part de tous les bourgeois soutenus par Télite des
Confédérés^ arrêta dans le conseil de guerre le plan que
voici : « Le gros de Tannée autrichienne campera sous
i) le commandement en chef du baron Jean de Bonstet-
n ten prés de Brougg en Argovie, assez près de Zurich
>) pour tenir la ville sous le poids de la crainte et être
» à Tabri des surprises derrière TAar et la Reuss; lui,
» le duc d'Autriche, les seigneurs, les chevaliers et leurs
» écuyers remonteront la contrée de TArgovie qui s'élè-
» ve presque insensiblement entre de petites collines; il
» convient que le souverain du pays punisse les rebelles
» de Sempach, et qu'ensuite, du sein du bailliage de Ro-
» tenbourg, qui lui a été enlevé par une injuste violence,
» il s'empare par surprise de Lucerne, boulevart des
» Waldstetten, «ivant que la garnison des Confédérés ose
n abandonner Zurich, menacé par Bonstetten. » Dès
que les Suisses apprirent le départ du prince , connais-
sant son caractère , ils furent persuadés que les coups
les plus hardis et les plus décisifs seraient tentés dans le
lieu où il se trouverait et par lui en personne , et qu'au-
cun succès ne déciderait la fortune de la guerre tant
que lui-même ne serait pas vaincu. Ils prirent donc la
résolution suivante : « Le sire de Bonstetten manquant
)) des machines nécessaires pour un siège, les Zuricois,
» incessamment vigilans , se tiendront en garde contre
» toute surprise de sa part. La garnison confédérale
» traversera sur-le-champ la Reuss, le bailliage de
») Rotenbourg , et se rendra dans la Haute-Argovie à
î) Sempach. Les Glaronnais défendront leurs frontières
» contre la maison de Montfort , le Gaster, Rapper-
i) schwyl et Gessler j les Zougois défendront de même les
LIVRE II. CHAP. VI. 261
•» leurs, de peur que Bonstetten , remontant subitement
» la vallée de la Reuss, ne répande le désordre par-
» tout en subjuguant par surprise la ville et la contrée.
)) Les autres tiendront tète au duc, peu à beaucoup,
» avec Dieu, pour la patrie. »
La garnison partit ; les portes et les murs de Zurich
furent gardés par les bourgeois. Les Confédérés exécu-
tèrent leur marche en toute hâte et sans interruption ;
beaucoup d'hommes de Zoug et de Claris, beaucoup de
l'Entlibuch et des villages qu'ils traversèrent, voyant
les Suisses voler à une bataille contre le duc , se joigni-
rent à eux. Le même jour où les Confédérés arrivèrent
^ans r Argovie , les troupes de la ville de Berne paru-
rent à quelques lieues de Sempach , devant le château
^e Hasenbourg, près de Willisau^^. L'occasion de cette
expédition fut, il est vrai, un différend avec la comtesse
Marie, veuve de Jean d'Arberg-Valangin ^^; toutefois
il est vraisemblable que si le duc avait marché sur Lu-
cerne, sans avoir livré bataille ou après une victoire,
Berne lui aurait fait la guerre , et peut-être , en surpre-
nant ses derrières ou en lui coupant les vivres et les se-
cours, aurait fourni aux Confédérés le moyen de répa-
rer la perte du temps ou de la bataille ^*. Du château
de Baden , le duc passa la Keuss , traversa les baillia--
ges libres , et remonta l' Argovie par Sursée , se diri-
geant sur Sempach ; cette petite ville est à trois lieues
de Lucerne , à l'extrémité d'un lac de deux lieues de
long , dont les eaux sont d'une teinte verdâtre; ses rives^.
^2 On sait que ce château appartenait aux comtes de Neucbâtel.
^* Elle avait renoncé à sa combourgeoisîe sans payer la somme con-
venue pour ce cas.
•* La troupe des Bernois n'avait aucun autre motif de choisir ce jour-
ià ; celte explication s'accorde avec toutes les circonstances.
262 HISTOIRE DE LA SUISSE*
présentent des prairies fertiles.et agréables ; plus haut
on voit des champs que dominait une forêt ; le sol s'é-
lève considérablement. Dans la forêt se posterait les
Confédérés.
Le lundi 9 juillet, ils aperçur^it Tennemi, cavalerie
nombreuse ^^, bien montée et richement armée; les
vassaux sous leurs barons , la milice de chaque ville
sous son avoyer, le seigneur de chaque pays près de la
bannière de ce pays ; les valets , les serfs , les merce-
naires formaient l'infanterie ; point de pièces de cam-
pagne; seulement pour assiéger Sempach d'énormes
arquebuses s'avançaient pesamment et avec lenteur.
Ils virent les seigneurs argoviens, les baillis d'Au-
triche, auteurs de la guerre, Herrmann Grimm de
Grûnenberg, dont ils avaient démoli le château de Ko
tenbourg, Thûring et Jean de Hallwyl, plus que tous
les autres dévoués à la maison ducale en paix et en
guerre, les Gessler, animés d'une haine héréditaire
contre la Suisse , Egloff et Ulrich d'Ems , dont le pre-
mier était un des chevaliers les plus estimés dans les
guerres de son temps ^^, Kraft de Lichtenstein avec
beaucoup de gentilhommes de l'Autriche intérieure sous
la bannière archiducale que portait Henri d'Escheloh ^^,
Rodolphe, comte de Sulz, Jean de Fûrstaiberg, comte
de Haslach, Montfaucon de Montbelliard et un grand
nombre de seigneurs de la Haute-Bourgogne. Au-dessus
de toute l'armée et en tous lieux brillait le duc d'Au*-
^^ Selon Kdnigshoven, 2,000 cavaliers armés et bien montés; selon
Tschudi, 4,000 hommes; selon Rahn , 8,000; peut-être ce dernier
compte-t-il ceux qui suivirent Le duc et ceux qpi demeurèrent soas
Bonstetten/
*" Bailli du district inférieur de Giaris.
LIVRE II. CHAP* VI* 263
triche lui-même^ dans la trente-septième année de son
âge , d'une beauté mâle, fier, plein de sensibilité, rem-
pli d'un héroïque enthousiasme > glorieux de mainte
victoire, altéré de vengeance, avide du combat.
On était au temps de la moisson ; ses soldats cou-
paient les blés^^; les seigneurs caracoUaient au pied
des murailles pour insulter les bourgeois ^^, bien résolus
de bsittre seuls et sans le secours de l'infanterie '^^ les
paysans suisses* Le duc, voyant l'ennemi sur les hau-
teurs, oublia, supposé qu'il le sut, qu'une charge de
cavalerie se fait avec plus d'avantage a la montée qu'à
la descente; il crut mieux faire d'éloigner les chevaux,
quoique la pesanteur des armures rendit la noblesse in-
habile aux mouvemens de l'infanterie* Souvent une ca-^
Valérie bien exercée a rompu ou enveloppé et vaincu
des fantassins par son impétueuse rapidité, mais jamais
une lourde infanterie n'a résisté à une infanterie plus
agile. Le duc ordonna ensuite à la noblesse de serrer
ses rangs. A cette troupe puissante il donna, par le
moyen des lances qui pouvaient s'avancer depuis le
quatrième rang"^^, un front impénétrable et meurtrier. .
Le roi Albert, son grand-père , avait essayé avec succès
une tactique assez semblable contre la cavalerie bava-
** Il avait avec lai, à cet effet, plus de 200 moissonneurs. Kônigih»
^" Un sire de Rheiaacb élevant une corde, dit : « Celle-ci est pour Ta-
voyer»; il s'écria encore : « Qu'on apporte aux moissonneurs leur dé-
jeûner.» L'avoyer de Sempach répondit : « Les Confédérés rapportent. »
Tschudi,
^^ Cette ardeur, qui ressort le mieux dans Origo ductnnj détermina
Tordre de bataille.
^^ Aucun vestige ne prouve qu'elles eussent plus de 18 pieds de long ;
les sarisses, qui en avaient 24, dépassaient de trois pieds la première
ligne, depuis le sixième rang.
264 HISTOIRE DE LA. SUISSE.
roise dans la bataille du HasenbûheP^. Sous le duc,
le sire Jean d'Ochsensteîn, prévôt du chapitre 4e Stras-
bourg, son gouverneur en Alsace et dans le Sundgau^^,
avait l&commandement en chef de ce corps "^^^ Reinhard
de Wéhingen , habile dans les armes et dans les négocia-
tions''^^, puissant par la faveur des ducs*^^, commandait
les archers "^"^^ l'avant-garde de quatorze cents hommes,
sous les ordres du comte Noir '^^^ Frédéric de ZoUern,
et du chevalier Jean d'Oberkirch, fut placée par le duc
à rarrière-garde'^^ : il voulut laisser le champ libre à
l'ardente noblesse près de laquelle il se trouvait. S'il
prit ses mesures pour recevoir le choc de l'ennemi , il
se chargea, avec des forces supérieures, du rôle qui
convenait mieux au petit nombre. Ce qui le détermina
^*Le chron, Salisburg, ad 1298 l'appelle «novum bellandl genus. »La
nouvelle édition de Texcellent ouvrage sur la famille de SMieff en contient
un passage des historiens des croisades où cet usage de faire mettre pied à
terre à la cavalerie pour de semblables combats, est cité comme pratiqué
depuis long-temps par les Allemands à l'époque de 1147. Mais on sait que
beaucoup de choses usitées dans les croisstdes furent négligées ensuite.
'' Bemhard. Norieus de Cremsmûnster, dans Pezy 5. B, Austr, h i.
'* « Capîtaiieus » Bernh, N or ici Chron. Aastr,
''^ Ambassadeur auprès du roi Louis de Hongrie , de Marquard , pa-
triarche d'Aquilée et de François Garrara. Ch, dans ChartuL ap. Sen-
ti enb» Select, t. IV.
" Albert aussi recommande son frère Hugues pour la commanderie
de Marperg, dépendante des chevaliers de Saint- Jean. CA. Ibid,
'^ Origo ducum. Roo le nomme par erreur Rodolphe.
'8 Frédéric de Zollem était devenu seigneur d'Unterséen par sa
femme Yérène de Kibourg ; c'était pour les distinguer que celui-ci s'ap-
pelait le Comte Noir.
'* On a cru à tort qu'il la mit en embuscade ; rien ne prouve qu'elle
ait fait quelque mouvement. Mais on voit clairement par Origo ducum
que ce corps était l'infanterie, à qui les chevaliers ne voulurent point
«laisser partager l'honneur de la journée.
uvRE n. CHAP. VI. 265
vraisemblablement à combattre à pied^ ce fut Topinion
des chevaliers d'alors, que la victoire remportée dans
un combat par des armes inégales ou par surprise,
laisse en suspens le prix de la bravoure ; cela leur pa-
raissait déshonorant; Léopold lui-même était plutôt
l'ornement de la chevalerie par ses vertus, qu'un géné-
ral distingué par de grandes vues militaires.
Le baron Jean Ulrich de Hasenbourg , guerrier à
cheveux blancs , voyant la position et l'ordonnance des
ennemis, avertit la présomptueuse noblesse « que l'or-
» gueil n'était bon à rien®^; qu'on ferait bien d'inviter
» le sire Jean de Bonstetten à monter promptement
» vers eux ; » on couvrit de mépris sa vieille prudence**.
Quelques-uns représentant au duc lui-même « que les
» champs de bataille sont la patrie des incidens im-
» prévus ; qu'il appartenait au prince de veiller pour
M tous et à eux de combattre pour les intérêts com-
» muns ; que la perte du chef serait bien plus nuisi-
» ble à l'armée que celle de quelques membres, » il
répondit d'abord en souriant , et à la fin avec impa-
tience*^: « Léopold doit-il donc regarder de loin ses
» chevaliers mourir pour lui ? Ici, dans mon pays , pour
^^ « Transperçons ces paysans, » disaient les seigneurs (Kônigafwven) ;
« nous voulons donner aux Suisses un maître. • Chanson de Sempach,
"^ Hasenbourg (Château de lièvre) a, dirent-ils, un «Hasenherz» (cœur
de lièvre). Ces jeux de mots antithétiques sont très-communs chez
les anciens. On rapporte que Henri d'Uri , le fou , peul*étre le joyeux
conseiller de Léopold, parcourant librement les lieux, parce que per-
sonne ne fait du mal à de pareilles gens, entendit le serment des Suisses
et le rapporta tristement à Léopold; que celui-ci en fut effrayé, mais que
la noblesse s'en moqua et renvoya le fou à Snrsée. Fieuio nucr. dans
Heinzmann, petite Chron» suisse, t. 1, p. 524.
'^ Vit, Ârenpek. rapporte d'autres manifestations d'nne semblable ré-
solution, même après le conseil de guerre.
266 UISTOIRB DE LA SUISSE.
» mon peuple; aveevous, je veux vaincre oumourir*'.>i
Les Confédérés se tenaient sur la hauteur^ couverts par
la forêt ; il leur parut difficile , tant que lés chevaliers
demeurèrent à cheval^ de soutenir dans la plaine le choc
de cette multitude^ et plus sûr d'attendre l'attaque dans
leur position qui semblait avantageuse. La victoire^ es-
péraient-ils^ encourageant le peuple^ deviendrait déci-
sive pour l'issue de la guerre ; ils considéraient leur iport,
pour eux comme le chemin d'une gloire immortelle^
et pour les leurs comme un aiguillon de vengeance. La
noblesse ayant mis pied à terre, les Confédérés sortirent
du bois et descendirent dans la plaine ; ils soupçonnaient
peut*être un stratagème, ou craignaient que par un mou-
vement subit les ennemis beaucoup plus nomlnreux ne
les cernassent dans la contrée boisée. Us formaient une
colonne étroite ^^, avec de courtes armes, quatre cents
Lucernois^^, neuf cents hommes des trois Waldstetten
et environ cent deGlaris, deZoug, deGersau®^, d'Entli-
*' Suter, auteur de la chanson sur cette bataille, à laquelle il prit part,
cmt, non sans raisou, devoir réfuter le di^ours de Léopold, qui n'en
a pas moins été souvent répété : «Que le duc a été tué au milieu et aaprès
» des siens, voilà ce que des gens mal informés disent des Confédérés. — Si
» le duc était resté chez lui , personne ne lui aurait fait de mal ; qae ne
• s'est-il interdît tant d'injustice et tant d'orgueil! Que les nobles ne
» sont-ils restés chacun dans leurs domaines ! Mais ils en ont trop fait ;
• de là est né un jeu si sanglant. »
** Origo duernn, Kônig$hov€n : « Les Suisses formèrent leur pointe
» (cuneus) et se disposèrent bien au combat.» Ils pensaient pénétrer
ainsi à travers les vangs ennemis. U y avât alors moini d'objections &
faire qu'aujourd'hui contre de telles colonnes.
*^ « Les seigneurs de Luceme , élite de m&le vertu ; aucun ne regarda
• jamais en arrière. » Chanson de Sempaek,
" Comment FàsêUn ( Géogr. t. i, p. S86. ) a-t-ii pu dire que Gersan
envoya cent hommes « tandis qu'on sait par Tuhudi, M;»c. ad 1507 , qo^
120 ans après ces événemens Gersan n'avait pas plus de 30 maisons.
UVRB II. CHAP. YI. 267
buch et de Rotenbourg^ avec leurs jb^nniéres^ sous
lavoyer deLucerne et sous le landammann respectif de
chaque vallée ^''^; quelques-uns portaient les halle-*-
bardes avec lesquelles leurs aïeux avaient combattu
dans le défilé de Morgarten ; quelques-uns avaient at-
taché à leur bras gauche une petite planche en guise de
bouclier ^^. Des guerriers expérimentés remarquèrent
leur courage. Ils se jetéreirt à genoux et prièrent Dieu
selon leur antique usage ^^. Les seigneurs attachèrent
leurs casques ; le duc créa dm chevaliers ; le soleil dar-
dait ses rayons : la chaleur était accablantet
Après la prière du combat^ les Suisses s'élancèrent à
la course contre l'enneiûi, à travers les champs^ en
poussant ces cris de guerre qui enflamment tous les
cœurs ; ils espéraient enfcMicer la phalange , puis agir
à droite , à gauche , suivant leur bon plaisir. Mais ils
rencontrèrent une mura^ de boucliers et une forêt de
pointes de fer^^. Alors se battît avec une impatimte
colère la troupe de Lucerne , tachant de se frayer entre
les lances un chemin vers ceux qui les portaient. L'en-
nemi ^ avec un bruit formidable, développa son large
front en demi-lune pour envelopper les Suisses ^^ A cette
^^ Kdnigêhoven parle de 3»0<fO, c% qui est sûrement inexact. Selon le
bi(^apbe4ii pq)e Gléme^ii VII, publié p^r Baluxe, ils étaient « numéro
plares et armis forliores »,• assertion contredite par tontes les circon-
stances.
•• Origo dttcum : « Je Tai appris de vieillards. »
** « Âh ! riche Christ du ciel, par tat dure mort, aide-nous pauvres pé-
» cheurs , tire-nous de cette ignominie, de cette angoisse et de cette ex-
» trémlté ; aide-nous , fais*nou8 subsister ; aide-nous à conserver le pays
» et les gens en toute sûreté. »SiÊiêr, Ckanêon de lûbatéUlie.
*^ « L'armée de la noblesse était ferme, l'ordre de bataifie large et
profond. ■> Ibid.
•* Origo dttcum.
268 HISTOIRE DE LA SUISSE.
heure, la bannière de la ville de Lucerne parut long-
temps abaissée , parce que le chevalier Pétermann de
Guttdoldingen, avoyer de Lucerne , blessé dangereu-
sement, était tombé ^^, et que l'ancien avoyer Henri de
Moos, et son beau-frère Etienne de Sillinen^ seigneur
de Sillinen et de Kûssnacht^ ainsi que beaucoup d'au-
tres vaillans hommes avaient péri. Antoni de Port,
Milanais de naissance, domicilié à Flûelen, au pays
d'Uri , s'écria tout-à-coup : « Frappez sur les lances,
» elles sont creuses. » Ainsi firent les plus avancés, avec
toute la puissance de leurs forces ; ils brisèrent quel-
ques lances, que les derniers rangs remplacèrent aussi-
tôt. De Port succomba. Par la nature de ses armes et
faute d'exercice ^^ , la troupe ennemie n'était guerre
propre à former une demi-lune ; du reste elle demeura
ferme, inébranlable. Soixante Suisses avaient mordu
la poussière. On craignit la surprise de quelque mou-
vement de l'arrière-garde, ou l'arrivée inopinée du
corps d'armée de Bonstetten.
Ce moment d'angoissante irrésolution fut terminé par
un homme du pays d'Unterwalden, Arnold Strutthan ^*
de Winkelried , chevalier ; il dit à ses compagnons
d'armes : « Je veux vous frayer un chemin, » s'élance
hors des rangs, s'écrie à haute voix : « Prenez soin de
» ma femme et de mes enfans , chers et fidèles Confé-
^^ On voit dans le même ouvrage que cela eut lieu au commencement
de la bataille ; c'était confcHrme aux circonstances. Loicerne, plus parti-
culièrement intéressé, avait le droit de combattre en tête.
^' On sait que malgré les sarisses, la phalange , quoique plus pesante
que la légion, pouvait faire tous les mouvemens nécessaires, au moyen
de ses divisions.
** Nom de famille. Il est ainsi appelé dans les manuscrits de Sainl-
Blaise et dans les documens de Tabbaye d^Engelberg,
LIVRE II. CHAP. VI. 269
» dérés, souvenez-vous de ma famille ; n il atteint l'en-
nemi^ embrasse quelques lances^ les enfonce dans sa
poitrine, et, grand et vigoureux, en tombant il les en-
traine avec lui sur la terre. Soudain ses compagnons
passent sur son corps ; tous les bataillons des Confédé-
rés arrivent impétueusement, pressés les uns derrière les
autres ^^. De leur côté, les rangs de l'ennemi surpris se
serrent pour les recevoir j dans ce déplacement, vu, la
terreur, la hâte, le péril, la chaleur, beaucoup de soi-
gneurs, sans blessures, étouffent sous leurs casques;
sur ces entrefaites de nouveaux combattans ^^ accou-
rent en hâte de la forêt pour renforcer les Suisses.
D'abord tomba Frédéric le Bâtard de Brandis, fils
de l'abbé Henri de Reichenau , guerrier vigoureux ,
d'une audace puissante ^^, jusqu'alors aussi redouté que
vingt hommes; près de lui succomba le longFriess-
hard, qui s'était vanté d'arrêter à lui seul l'ennemi ^^ ;
la fortune du jour tourna. Voyant cela , les valets des
seigneurs, peu éloignés de l'armée, montèrent sur
les chevaux pour sauver leur vie par une prompte
fuite. Cependant on vit s'abaisser dans la main du sire
Henri d'Escheloh la principale bannière de l'Autriche,
^ « Ils saisirent les lances ennemies et se mirent gaîment à l'œuvre
avec leurs hallebardes. » Chanson de la bataille, « Horribili impetu pu-
gnantes. » F. Faber, .
•• Ce n'étaient pas des Soleurois, comme Hafner avait envie de le
faire croire ( Théâtre Soleurois, p. 140), sans pouvoir en fournir la
preuve, mais probablement des paysans du voisinage ou des volontaires
des Waldstetten gui avaient suivi l'armée.
•^ « Wunderfrifvel • ( merveilleusement audacieux pour le crime ) ,
selon l'expression de VOrigo ducum, convenable à un Calilina , et dési-
gnant un homme qui ne connaît de loi que son caprice. Nous avons vu
chap. V, n. 31 que le Bâtard de Brandis méritait ce surnom.
** « Aussi le long Friesshard avec sa longue barbe. » Ckanêon de la ba-
taille.
270 HlSTtHRE I>£ LÀ SUISSE.
et le sdgœiir Ulrich d'Ortenbomig tomber sur la bàn**
mère du TyroP*. Celle-là fut pron^itement sauvée
par Ulrich ^^ d'Arbourg , chevalier, qui l'agita dans
les airs , et résista vigoureusement , mais en vain ;
à la fin il tomba blessé, et, rassemblant ses der-
màtts fàffM, s'écria : «Sauve, Autriche, « sauv-
er ve » *^'. te duc Léopold pénétra jusqu'à lui, et re-
çut la bannière de sa main mourante ; une fois encore
eHe apparut au-dessus des combattans^ teinte de sang,
dans la main du souverain. Un grand nombre de sei-
gneurs entourèrent le prince et le supplièrent d'épar-
gner ses jours. Déjà la bannière des comtes de Habsr
bourg avait succombé dans, les mains du sire David de
Junke^bourg ; là étaient couchés Thûring de Hallwyl,
son bâtard , et Jean son oncle ; là tombaient les Lich-
tenstein, quatre frères de Môrsbourg *^^, Herrmann
d'Eschenz entre ses deux fils Heinzmann et Heini-
mann, le margrave Otton de Hochberg *^^, messire
Otton le Parisien, conseiller du duc, le comte Walleram
de Thierstein *^, le comte Pierre d'Arberg ^^^ avec
** Od Henri Kel du pays de l'Âdige. J*ai suivi Fugger,
*^^ Zwetl, récent lus nomme Pierre d'Arberg «vexiliferum», maison
voit par la continuation de Hagen que la bannière sous laquelle « il se
comporta si chevaleresquement » lui avait été confiée. Cela ne contredit
point ce que je dis d'après Fugger et Tschudi, d'un autre chevalier qui
sauva la bannière autrichienne.
^^^ Le supplément à Hagen mentionne ce cri.
'°' Boo; Origo ducum nomme Pierre de M. l'anden et son fils.
'®' Sa femme était de la maison de Stràsberg.
104 ^alraf dans Bemh, Norie. Vérène, femme de Simon, devint aussi
veuve vers ce temps ; Brukner fondé sur des documens, comme presque
toujours, p. 2270. Kônishoven parle des deux comtes de Thierstein
tués là.
^^B Si Pierre appelé Orberger dans BemA. Noricas est le même qu'on
désigne sous le nom « de l'Adige » , il aura sans doute acheté des terres
LIVRE n. CHAP* TI. 27<
cinq autres de son nom ^ le noble chevalier Albert de
Mûllinen, chéri du duc ^^. Léopold (tit alors : « Bien
» des comtes et des seigneurs ont a$[*onté la mort avec
» moi , je veux périr avec eux loyalement » ; il se dé-
roba aux regards de ses amis et entraîné par la douleur
et le désespoir se jeta au milieu des troupes ennemies ^
en cherchatit la mort. L'ennemi avait pénétré de ton»
les côtés ; les avoyers des villes argoviennes som^oaient
agrand'peine leurs bannières. Dans la mêlée des batail-^
Ions lé duc fut renversé ; transporté il'mie fureur mar-
tiale^ il s'efforça dans sa lourde armure de se relever, ne
voulant pas mourir sans vengeanccUn homme du can-
ton de Schwyz ^^ le vit dans cette angoisse; Léopold
au bord de cette rivière, oa bien ce nom lui vint de quelque service mi-
litaire. Origo due, ZtceîL, RoOé
'** Il avilt épousé Cécile d« Rheinach. CA. da comte Oiton de Thier-
êtein, juge provincial d'Aigovie , qui siégeait aux assises d'Arau sous les
noyers « 1401 ; là comparurent devant lui les frères Hemmann , £gli et
Barzschmann de Mbllinen , en procès au sujet de la dot de Cécile de
Rheinach, veuve d*Albert Du reste on fait dériver sa maison d'un fils
cadet du comte Rodbtple de Rapperschwyl, qui avait épousé une Guel-
phe. On dit que cette famille passa de Mûllinen près de Wésen d^ns
FArgovie. A une lieue de Habsbourg était un second Mûllinen, fondé,
dit-on, par Adelgod, père de Roger des Moulins, grand-maître de Tordre
des chevaliers de Saint-Jean. Ce Mûllinen fut brûlé lors de la vengeance
cf Agnès. Mais la branche cadette , Berlhold à sa tète , resta dévouée aux
ducs, qui avaient coutume de loger dans sa maison \ Brougg. Des MûUinenf
florissaîent aussi à Vienne. Egbert , père (f Albert , vit dans son extrême
vieillesse la magnifique coupe de vermeil avec les armes de TAutriche et
de Mûllinen, que Léopold donna à son fils comme présent de noce et
que la famille j^ossède encore.
**^ Félix Faber rapporte qu'un iodivida goitreux des plus vulgaire»
avait inutilement essayé à plusieurs reprises de le transpercer ; que lors-
qu'il sut qui c'était , il rompit quelques mailles de sa cotte d'armes ou ua
joint de son casque; qu'après la bataille tout le monde fut indigné de
cette action bart>are; qu'à Berne on avait fait mourir l'assassin au milieu
I
*n% HISTOIRE DE LA SUISSE.
s'écria : « Je suis le duc d'Autriche. » Mais il ne l'en-
tendit ou ne le crut pas^ ou pensa que la guerre an-
nulait toute distinction. La nature de la blessure que
le duc reçut lui ^yant aussitôt fait rendre l'âme ^^^,
Martin Malterer ^^^, porte-étendard de la ville de Fri-
bourg en Brisgau, l'aperçut par hasard ; il fut frappé
de terreur; l'étendard échappa de ses mains ; il se jeta
sur le cadavre de Léopold^ pour empêcher amis et en-
nemis de le meurtrir et de le déshonorer. Il attendit et
trouva là sa propre mort. A cette même place^ combat-
tit jusqu'à la dernière goutte de son sang , Rodolphe
Harrass, seigneur de Schonau^ maître des armures du
duc ^^^
Tous les yeux cherchaient le prince ; mais en vain.
Tout-à-coup Tarmée autrichienne, saisie d'épouvante,
prit la fuite ; « Les étalons! » s'écrièrent tous les seigneursi,
i< les étalons ! » Alors de lointains nuages de poussière
leur montrèrent la direction vers laquelle un comte
infidèle et peut-être Jean d'Oberkirch les avaient depuis
des lourmens (ce qui n*est pas probable ). Vit. Arenpeck, dit que les
Suisses ne voulaient pas la mort du duc.
*•*' On dit que la marque n'en était pas visible, lorsque S80 ans après
la bataille, sesossemens bien conservés furent transportés du caveau de
Kônigsfelden dans lac Crypta nova » de Saint-Biaise. GerberU « In bello
justonobiliter occubuit. »Fragm. de quatuor A Ibertis, ap. Pez.
**^ Origo duc; Walther de Freyberg. Mais ce Malterer est assez connn
par les chartes citées ci-dessus et par d'autres ; on le reconnaît même sous
ce nom altéré.
*** jéppend, Hageni , Fit, Ârenp, : c Tarraws. » H existe une ffharie <U
Diethelm de Blutnenberg , bailli autrichien en Souabe,. 1364» <^W^^^
par le duc Rodolphe , 1365, sur les droits de la mairie de Seckingen que
possédaient en commun Rodolphe Hiraua de SchOnau, dont la famille
fleurit encore , et Hartmann de Wieladingen , qu'on dit être la souche
on un proche parent de la famille bernoise de fVielading,
long-temps entraînés ^^^ Sïdis leurs pesa^Cet aitettres^
sous le poids ji'tine chaleur.:: insij|>portable^ éputo^ de
soif et de fatigué ^ il Jie leur restait d'autfre parti que de
venger leur souver^» ^ et ^ ne pojivant sapter leur vie^
de la vendre chèrement ^ chacun ^du mieuç qull pût.
Ici le seigfi^ur d-'Ems atteignit le glorieux terme d'une
çarrièi'a reiftplie d'actiotis hértïques ^^^. hA * Otton
Truç^ësa- d<L Waldbout*g trouva «une inort jionorable
et affrancbît complètement Ysni ; il était venu là d' Ysni,
sa ville, dans rA^gau, et en échange de )|uit, mille li-
vres feniûngy solde de sa. suite ^ il lui avait assigna par
un acte form'el , pour le cas de sa mort, loute l'atitorité
qu'if conservait encoçe sur la ville ^*^. Du côté des
• *
Confédérés, tomba (]pnra^^ kndammann d'Uri , ipaire
des i^eligieùsçs de ïtirich*, avoué d'AttinghaUsen,
chevalier ; Sigrist de . Tieaselbàch , .landajninann du
Haut-Unterwalden V de* Gla/ls^ Conrad Grûniûger,
i** On voit danii Hagen qae ceux qpï montèrent à cfaevarne regar-
dèrent le combat qu'un moment; Fit» Arenpeck dit (ju'un comte , ^u'il
lie nomme ptis, s*enfun avec les vatetS de la noblesse. On lit aussi dans
V Appendice àe Hagen que deux • des pldli grands cagitaînes , • ((ont il
épargne le noUe nom ,''WTendj9ent coupables de cette lAchett. On ne
peCft pas en accuseï' le comte Nojr» pnisique Origo due. , TeehtuU et ce
même Arenpeeh le epmgtent pàhnr les morts. £st-ce que^ peut-être un
duc de Clé voulut te tanver en traversant ï^ lao snwc-son écuyer? Une
des ekar^ons dé Sempaeh raconte que près de Nott^fy!', le batelier Jean
Rottj, croyant qtiè ce seigneur voulait l^a^iner » tf^ait fait chaVîrer le
bateau ; ip'ayant trouvé deux coupes d'argent da^s son bavresac , il les
avait portées à Lucerai, et qn^on lui avait laissé la moitié de Tarmure.
Nous ignorons quel gentilhomme est cadié sons ce nom.
iis Le Chràn, ZwetL ree. , qui dans sa courte relation die nommé-
ment ce seigneur, appelle Herrmann de.jScha!m (Eschheim, Eschenz?)
aon frIN (peut-être frère d*armes). Marguerite , ^onse de Jean W^ner
de Witenheim, était l'héritière des seigneurs d'JE^henz. Btukner, p. 2270.
411 Faggmr; Mamier, Çpêmogr. p. 679, 683; une dépossession par
acbat avajf d^jà eu lieu en iS65.
ni. i8
S74 HISTQlHK. DB LÀ SUISSE.
yaiHant guerfie^t.idont la mort yalut à son fils la com-
bouj^geq^sie.deSchw|[^. I\indant ce tein|>s se mourait
lentèQient de ses nombreuses blessures l'avoyer^Péter-
mann de Gundoléingen : un Lucémois^ courut à l'en-
droit où il g;sait^ povuf receroir sa dernière volonté ; l'a-
Yoyer^ dont les pensées plagiaient bien au-dessus des^
intérêts personnels , lui adressa ces mots : « Dis à noB
» coecitqyens qu'ils^ne laissent auçud a voyerplu& d'une
» année en charge; Gundoldingen leur donne ce con
» seil, et letkV souhaite un heureux gouvernement et la
» victoire; ,1^ en prononçan(rèes^ paroles^ il expÎM ***.
Dans r^irmée ennemie^ il ne servit de rien au sir^ 4^ Ha^
senbourg d'avoir pré yu sa fiiî^; avec lui 'périt Jean
d'Oehsenstein^ qui s'était- raillé do s'aprujlence; Sîge-
froid de la maison d'Erlach -à^ laquelle il n'était pas
donné de combattre * avec bonheur contre la liberté ;
trctts Heudorf et Alberi'de îïobenreçhberg , dont la
haiuQ contrebas vainqueurs se transmit à Itars descen-
dans; le sire Godef^orMuUer, le sire jBurkbard Ge^s-
neq»de Brisacb, Hatstatt ^fl^thsamfanusçn^ trois Béren-*
fels^' Flachsland/Monslerol^ de la noblesse romande^'le
duc François de Castelnau ^**, trefite-cinq seigneurs dn
Vinstgau ^ ^^^ Jean de Vauxm^cus ^^'^, Richard de Mont-
^** Explication 4^ tablepasB.du pont de ta chapeiCe à Lacerne, Si son
inlentîoir n'étaH pas que chaque avoyer s'efforçât, à ^Tégal dgs consuls
romaias , de sîgn4ier son anQj&e par quelque chose db mémorable , il
faut, pour la bien cdlnprenc[re,^ avoir une connaissance exs^Qte dn^n-
veraement Incemois de cette époque. " * i, ^
'1^ c Castelnuf, • Hoêeibach,
"« Selon Guler, Egl^et Ulrich de Hohenems, LichterislciQ , ^chlan-
dersberg^etc ,
**'' Fcemersfy, in Orig, due» Les vainqueurs ijiht al ternies nom&d#s étran-
gers au poini <yd Tsehudi :pTéîbTe les oineéH:e« Ricbar^^de M. laissa une
fiUe, Jeanne, épouse de Guillaume de VicnM, seigneur de Sainte- Groîx.
Danod, ffiai. du C. de Bourg,, t. m.
. LVTRB II. CIM.P. VI. 275
béliftrd. Un homme de Gersau Vit flotter la- bannière
de HohenzoUem, courut et rapporta cette glorieuse dé-
pouiHe/^^. "Tous lés seigneurs de la maison de Rhei-
nach trouvèrent la mort à la même place j le jeui^
Henimann schI conserva leur antique famille^ comme
fmt^ cqnservée celle des Fabius : lorsque les chevaliers
mirent pied à terre et coupèrent les longues pointes de
leurs bottines y Hemmaim s'était blessé lui-même paf
excès de. vivacité, et avait été emporté, plein de dépit ^
hors du combat. Alor§ se perdit la banniàrc de ScfiafT-^
hoase^^e le sire Diethelm, chevalier '^favpyer de la
ville, Jeaji de Randtgk, bailli des du'c**^^, le noble Im
Thum,.deux'de.&tockar, Jean de'Fulâch, jusqu'alors
père heureux de dix enfans ^^\. et Vingt-huit âutrçs
.nobles et bourgeois déC^ndirent vainement jus^'à
la mort du dernier d'entr'eux. Au milieu de quatorze
concitoyens périt T^voyer de la ville d'Arau, au milieu
de sept, messire Werner de Lo^^^ bannei^t de Lenz-
bourg; la milice dé Méllingeu,*^^ paya volontairement
et loyalement à Finfortuné Léopold le tribut dé sa re-
connaissance pour les franchises par lesquelles il avait
cherché àrelevercette ville après4in gframd incendie ^'^;
"• Elle firt pçrlée dans l'église de Gersan.
^^" n eommandait peût-éti'e à ce titra le contingent de Schaffhouse.
Bemh. ?îovic, ' ^
«* il combattit avec succès devalit Ewatîngen, et laissa dsgoinds
biens à^es enfbns. GénéaL dé lafiimills de Fulaeh.
"* Nommé par l^cbodeleri
*'^ So(ls Jean de*Byr)lheim;
"* il les exempta pour dix ans de toutes expéditions militaires,
de ions services et impôUi, excepté la part de leurs contributions qui
avttt été hypothéquée à Bâle et à Strasbourg ; ils n'étaient pas non plus
obligés de concourir ^ laf défense du pays dans d*autres lieux ; lors-
queUei'vilI^ à^lz contrée feraient un présent aux princes. Ils Ae de-
vaÎQit'^int^împosf»' la viOè dcTMellingen, à moitis qu'elle nccontrlbuât
276 HI6T0IB&^ DB LA SUISSE.
les bourg;eoi9Tle ISrenigarten brillèrent du terrible éclat
du sang ennemi : la maison d'Autriche éternisa la gloire
de cette fidélité en changeant les couletirs dé leur
vilte ^^* ; aprè^ douze Zofingiens tomba leur avoyer,
Nicolas Thut ^^'•, inquiet, non de sa mort, mais de la
bannière que les bourgeois de Zofingue avaient con-
fiée à sa main; afin qu'aucune con)munauté ne se glo-
rifiât de la posséder, il la mit en pièces, et ftit trouvé
.parmi les morts, tenant le bâton de la banni,ère entre
ses dents : d]^-*lors ^s concitoyens ont fait prêter ser-
ment àlifirslli^oyers « de gardénia bannière de^la>ille
de Zofingue comme l'avoyer Nichas Thut* » Six cent
cîn(fuante-six comtes , seigneurs et <!beTaliers restèrent
sur lé chamj^de bataille ^^, en sorte que la splendeur
deîa cour d'Autriche s'éclipsa pour bien des années ^^''^
et qu'on disait dans le pays. « que Dieu s'étjsiit assis
Tolontaîrement. C/i. de Léopotd et (fJlbert 9.^.'Senkenberg, in Char tut,
Auiir, 1. c.
'^ L'Aatridie lear donna un habit blanc avec des mtfùdies ronges,
et des hauts-de-cfaaas9iôt blancs en dedans, rougeâ en dehors. Origo
due* Ils Paient sons \k& ordres de l'échanson Wemer.
^>' Ce tiam est écrit ainsi par Jean ^pd. Suter, aussi avoyer de Zofingae.
Origo duc^ l'appelle* Dyutsch; » Bemh, Noric, , •Gfizz; Arenpeek, ,
tGoetz. » J'ai suivi 5fttmpf 'etjRaAn.Lesfond^enrs, les comtes de Spi-
' zenberg, ont *donné à Zèfingde poqr sa bannière deux raies blanches
et deux rbuges.
# ^ônigslioveu i « 400 hommes qui étaient seigneurs <fe grands do-
maines et honorablea gens. » Anonyme dans le Nouvead Miué» saitte :
tOO lances. Chron. Mellic, : 124 bardUs et une mnltitnie innombrable
de chevaliers et d'écuyers. Ckrdniç, SatUb. : A^ comtes / sâgncnrs et
chevaliers de Souabe et du pajp deTAdige. Hagen , App. dît qu'il tomba
avec Léopold 120 bons chevaliers et écayera^ Artnpeek , 400 ; Tsèhudi,
çèo seigneurs et 4,000 éciiyerf; Crusius, «56 gentilshommes, 350 no-
bles, d^n. rang supérieur; ReliQàtce dans Hdtler BibL V, 87 :. S comtes ,
120-«eigneurs , 400 chevaliers, sa&s compter l'infanttt'ie. '
"7 Vil Arenpeek.
i
UVBE II- CHAP. VI.. 377
sur son tribunal pour châtier Finsolent orgueil de la
W)bles&e ^^^. » Des'deuk côtés «.presque tous les chefs
ayant péri de façon ou d'autre^ la colère des vakH
queurs céda à la fatigi)^ et à la chaleur du jour; les
Autrichiens s'abjmdosnèrent . paisiblement au désir de.
vivre; les' Suisses^ arrivés auprès des barges, s'aban*
donnèrent à l'amour du butin ^^^.
- Telle fut Fissue de la grande journée de Sempach^^®
dans laquelle Arnold Strutthan de Winkelried^ au prix
de sa vie^ sauva la fleiir des troupes suisses de leur dés-
tauction^ etiapsitrie d^un ^xtréme péril. Il est vrai (^
les ennemis avaient contre eux Timm^tôhté de leur
prdre de bataille^ leur inhabileté aux combats d'in-*
fantefie, leur ignorant mépris de rennemi et Timpétua-
site de leurs vertus chevalerésques.-Nospèra^ connais-
saient les contrées de leur pays et profilaient des mille
avantages qu'elles offrent encore de nos jours. Alors
aussi on les surpassait en. promptitude de mouvemens
et en variété damanœuvres. Leur tactique était, comme
leurs armes, simple, grande, forte. L'art étranger les
arrèt^-il dans leur marche, ils se tiraient lu péril,
com^)^ àSempach, par une actioQ extraordinaire, dont
leur tiérôisme suggérait la .pensée', tandis que lejif vi-
gueur corporelle fournissait les moyeas d'exécution.
Ayec l'âme de AVinkelrîeld et atec une pareille infante-
rie^ «ra aurait accompli des miracles d'intrépidité , lors
**• Origodue.
*^ Trop tôt» comme on peut le eoiMAure de la convention de Sem-
paeh (Voy, le chap. suiv.).
*»• Hagen pu, inexact dans la description dtf la bataille ; Il dît , p. c. ,
que les ÂutrichîedB se jetèrent sans ordre mt les Snbses , etc. Arènpeck
commet la même erreur; sans s'appnyer d'avtone autorité, il attribue
l'issue de etette journée aux frondeurs; il semfble avoir confondu Sem-
pach avec Mol|;arten.
278 HISTOIRE DE i.\ SUISSE.
même qu'il se fût agi d'emporter une batterie bicîii
vie^ ou d'en essu^r le feu ; car toutes les armes^ quelle
que soit lonr form.^ peutent êlfpe vaincues par une in-
telligence lucide et par des âqies indomptables. Atissi^
selon Topiniôn des militaire^les plus.jU§tingués (}e notre
temps ^ la défense de notre. Confédération et de notre
liberté aurait encore aujourd'hui le raAjoùbe résultat ^ si
les esprili sont les mêmes *^^
Le jour de la bataille^ on transmit à Zurich , à Berne,
àZoug et à Claris >^ la nouvelle ^u salut du pays, te
lendemain ^ après qu'une troupe de fuyanis eut été ait-
teinte à. Sursée et massacrée *^^, les Suisses consentirent
à un armistice pour enterrer les morts ^^^.* Le, duc
d!AutricTie fut transporté dans le couvent de I^pnigs*
felden avpc soixante ^^% seigneurs et chevaliers, tué^;
m
*** Si quelqu'un était tenté d'objecter les 'derniers événémens, qa'ii
veuille réfléc&îr's| 1*011.9 observé ce qu'à l'occasion tle cette bataHle avait
recommandé un vieux poète suisse inconnu : « AGn qu'on ne divise pat
» votre «puissance , resserrez le lien de votre sermeât ; ainsi vous dfineu-
» rerez les ^jaîtres du pays. Gardée- vous bien de vous fier ù un ipaitre
• étrangcçg toujours avide d'éfendre ses domaines et plein d'astuce. Ne
» laissez pas entrer dans le pays des hôles étrangers; opposez-l^r tonte
■ espèce de résistance. Si jamais des peuples étrangers,pénëtrenf dans la
«patrie^ c'en est fait de votre'état »{FValter,BibL V, 38, suiv.}. *
^'2 Là pOît, avfKï lieux autres , Ântoni Spilmatler , d'Oberwalden.
Origo due, • *
'.'' Fit Arenp.fiU accordèreqt « pacem ; > on eut de la peii%à dé-
couvrir le duc; on le retrouva le troisième jour, selon Kômgshoven; en
attendait, ils cherchèrent leurs morts et enlevèrent aux cadavres enne-
mis les cuirasses précieuses , hefe joyaux , les vétcmens ( oxûXa ). On voit
encore à Luceme la cotte de maille de Léopold , donnée à louis Féer,
conseiller lucemois qui se signala tout particcAièrement par sa bra-
vourt dans cette journée, et la bannière tachée du sang^de Gundôldingco.
ss La cotte.de maille est à l'arsenal*; la bannière, aux arehlves dji gouver-
nement. CM.
*'* Pufrjrgr rapporte que 37 furent enterré» avec lui , et que Ton con-
uvR£ II. cHAP. yi. 279
on Twisev^lit dans 't le caveau de marbre où la reine
Agnès repolit avec îi^Sutres membres de sa famille ^^^;
vingt seîgneilrs de l'Argovie furent couchj!» dans tes
tombes de leurs ancêtres^ tous les aj(^esj^ dans deux
grande» fosses sur le champ*^ de bataille ; deux cents
Confédérés ^^^ furent enterrés à Lucerne, Pour le repos
des àmes/'sanS distinction d'amis et d'ennemis , on ins-
titua un service anniversaide à perpétuité *^'^, Le no»
de Wintelried jpuit ajuste tiâjt^e^ de nos jours encore,
d'une baute gloire au milieu de son peiiple *^^. C'est la
servale branc^ sanglant; lesifestes de beaucoup d'autres furent recueil-
lis dans deux urnes funéraires.
■
^'^ La tombeau ^s princes, s'élevaft au milieu de Téglise ; les-ftaillies
étaient d«^pierre blanche et les panneaux de pierre noî^. Ibid^
*'* D*après Kônigsh, Le Chron, Satish, en compttf'Y>ar erreur 700.
D'après 4e. contemporain «nonyme.dont la relation est iiàprimée dsRis
)e t. II du Nouveau Musée Suisse, seulement 122^
A'7 Voici les propres paroles : « '£k>uvenons-hous , pour Tamour de
fiieu, de tous ceux qui sont morts sur ce cbamp de bataille, tant de notre
côté , que âii côté des Autrichiens^ et dont. on célèbre ai\jfou£d'hnî l'an-
niversaire ^ la mémoire. » £i||uite on célébrait !a messe , on prononçait
un discours; les hal)itans de tous les JbnwQns , de9 magistrats de la
ville» délégués à c^t effet, des prêtres en jprand nombre étaient [M^sens.
{Stalder, Fragmens sur CEntlHiuch, 1. 11.) Cette institution a subsisté aussi
long-temps que la même ancienne Suisse a aimé la liberté qu'elle avait
conquise. » La célébration de l'anniversaire de la l)ataiUe de Sempach,
suf les lieux mêmes , n'a jamais été interrompue , pas même pendant
l'occppation de la Suisse par les armées fruiçaises, A cette époque, des
ecclésiastique^ hdliorèrent par de^ discours courageux et patridliques la
patrie, Jamour delà liberté et ce clergé -Jucemois si éminentà tant
de #tres. Dès-lors^ encore , .plqs d'une fois , associant la religion aux
émotions patriotiques , les Thaddée MuUer , les Sigrist , les Waldis ont
électrisé leur auditoire national sur le sol qui recouvre les ossemens
des héros de Sempach. Nous écrivons cei^ lignes peu de. jours après
avoii^nous-méme assisté à la fête annuellement célébrée en commémoT
ration du 9 jnillet'lSSe^ CM.
^*' Sa cotte derteaiUe fut conservée dans l'arsenal de Stanz. On voy vt
la chapelle des Winkelried, sur le chemin d'Eanemooa, tlmple,
090^ HljSTOIRB DE LA' SUISSE.
tache ' 4^s natuHis et de leurs historiens de fairt voir
qu'jih . tel héros s'acquiert rimmortalité en un clin-
d œil^ que tous les bons citoyens deviennent les pères
etjes frérç%de sas descendans , et tous les historiens
honnêtes^ les héraults dé sa vertu. Les vainqueurs^ sui-
vant leur usagey ayant passé ^reis jours sur le champ de
bataille y se mirent en marche avec quinze bannières
conquises ^^j.ils rentrèréi\t dans leurs villes et leurs
*
vallées , chantant leurs e3q)loits "^^^^
Six jours apsès^ ils reçurent une déclaration de guerre
de cinquante nobles seigneurs ^*^ et du*jeune Léo{y)ld^
duc d* Autriche, surnommé l'Orgueilleux **^J fils du dé-
funt, frère de Guillaume /de Trédéric et d'Ernest.
Après une ccmrte trêve, pendant laquelle le duc Albert,
leur oncle, organisa dans Bade l'administration des
£tats dont il venait d'hériter, il se fit pendant trois
mois une petite guerre dans diverses contrées.
8Ql|de, solîM^ 9 vénérée jusqu'au jour où le général français Schauen-
bouig , dévastateur du Bas-Unt^rwalden, profana la tombe des héros^
Voyez en les mines dans J^'H^^Meyer^ Rujftes tMJnterwalden; Zurich ,
tS01« L'opinion des âmes généreuses a jugé cette proâinatîon ; les siècles
voBsk lajttgeront. ''^
*^^ Avec 13, selon une des chansons de' Sempach , dans la'collectîon
de Wemér Steiner, ; ^
*** « La vache brune (emblème du pays), dit au paysan : Un* seigneur
»ti voulu Diè traire , mais j'ai renversé son baquet , a (coitfme font les
vaches aans des momens d'impatience). Chansons de SuteiK On la trouve
avecH^ variantes dans OriJ^ duc, et dans TsehudL Nous en avpfas com-
paré, avec ceUes-]à\ d'autres-^ui sont daifs la eçUeAion manuscrite de
fVemer Siiiner. Conrad de Stein;X[ai combattit à Sempach , dans les
nongs des Suisses, en a fait un jableau. Ha^let'/BibL V, 37.
' *** Dans ce nombre, Frâïéric Boucgfave de Nuremberg. Fugger n'en
compte que 45« « •
**' « Superbus > ; alors âgé de 15 ans. Vers le même temps, Guillaume,
!• frère alnê, aspira 'vainement & la tioiain <^ Hédwige et avec elle au
trône (ft Pologne,
LT^RB II. CHAP. YI. 281
Hasenboyrg çt Willisau, donnés en gage par les
ducs à Ja maison d' Arberg-Valangin , avaient été brû-
lét par les. Bernois dans leur guerre avec lar cœntesse.
La terreur de leurs armes empêcha^ sans combat^ la
noblesse fribourgeoise dp porter au service du duc
d'Autriche son expérionce des guerses de ce pays ^ et à
l'expiration de la paix de' Thorberg ^ ils renoncèrent à
Talliapce des ducs **^, Ils dévastèrent qisuite un grand ,
nombre de châteaux fribourgeois ^*^f et sur les deux
rives de la Sarine^, jusqu'à Corbière, détruîsirCTt toute
espérance de moisson et trénte-aîx bourgs ou villages.
Pour terminé)* promptement cette guei^^ les Bernois
tentèrent coup sur.ceup de nouvelles entreprises^*^;
postés sous les murs de la ville ennemie^ ils essayèrent
d'y répandre la terreur par leurs catapultes et jpar l'in-
cendie ^^. En vain le sang 4^ leurs nobles coul% **'''. La
ville, .au-dedans de ses fortifications agrandies ***,
attendit du renfort.
Mais les Bernois anéantirent la puissance de Pierre
de Thorberg» en ruinant deux forteresses, d'où il épou-
**3 Le 12 août ISSe. L'Anonjme, dans le Mu$ée suisse^ sans dler
d'exemple ni de preuve » dit que les dévastations commencèrent avant la
déclaration de guerre.
■
*** Tschudi mentionne les châteaux dei Gastels, Maggenberg, Tachs-
bourg et Schône^fels; V Anonyme nomme aussi Agîez, et déplore la des-
truction de 86 églises."^
*** 12 août , 8 sept^nbre.
•• •
^** «Pisîdes» dit Y Anonyme; c'étaient des machines à lancer desi
pierres; le feu promena ses ravages le long du Schônberg, au milieu des^
granges de l'hôpital» en dehors de la tour de Stalden.
*^7 Otton de Bubehberg et Quno de Buigisleln, tous deux chevaliers»
périrent. AnonymOt^
«A8 «Plate» palUeiat»;» des places palîssadées dans le quartier d^
l'hôpital.
282 HISTOIRE DE LA «UlSflfi.
vantait la contrée **^, Alors le Haut-Sihenthal ^^^, -dé-
pendant da sire de Tiidingen^ bourgeois de Fribourg,
se plaça sous la protection de la ville de Beme^ et jil^a
de la secourir en temps de guerre avec sa milice^ de lui
payer toutes leç anciennes cpntributions et de recon*-
naître ses droits. Ces sermens Curent pi^êtés et scellés
réciproquement par le châtelain etk commune de cette
grande vallée, et par l'avoyer, le conseil /ies bourgeois
et la communede Berne ^^^ LeHaut-Sibentlial avait à sa
dfoite, à ÏTutigen, .dans le seigneur de Thiirn à Geste-
lenboucg, et à gauche^ stu. Gressenay, dans Içi maison dt
GruyèrC;, de formidables et jaloux' voisin^ d'étroits dé-
filés rendaient l'accès de ce pays.difficile au secours de
Berne; mais, par cette démarche bien conçue et hairdie,
cette ville prit pied dans l'Oberland. Ce qui a donné
aux Bernois une puissance prépondérante, c^st que
dans des temps favorables ils surent oser ^^^.
Bientôt après, les Fribourgébis se préparèrent à la
vengeance, soutenus par de Nombreux mercenaires
bourguignons ^^^, Avec quatorze cents fantassins et
quatre cents chevaux , ce qui formait dans ce temps-4à
une*armée *^*, ils s'avancèrent de nuit en pillant jus-
qu'au bois de Bremgarten, voisin de Berne, avec tant
« - »
*^ Thorberg même et Koppingen.
A^o Depuis la limite où I^aubek etlSimmenegk se sdjparent Jusqu'au
haut du pays. • / .
«i^* Ch. Bartholook 1386.
*^* Un proverbe du pays disait : «Si tu désires, ose ; » un autre : « La
fortune est pour celui qui ose. >
*^* V Anonyme nomme les sirps de Ray, de Vergy, de Bladlont, de Nen-
châtel en Bourgogne, avec 26 lances. Stumpf mentionne aussi un sire
de Lille , près du Doubs, et Henri de MôvspSrg, que nous croyons avoir
été commandant de la ville 4>onr le compte <fes ducs;
^^^ V Anonyme ( friboui^eois ) ; seulement 500 fontassins , 26 autre»
et 200 lanciers fribourgeois.
JLITRB M. CHAP. VI. 283
de préa|utio% qu'on ùe se douta de rien avant de les
apercevoir de ]'hôtel du gouvernement. Dëifè cette cîr-
constance^ la bourgeoisie de Berne se montra digne
d'elle^iirême ; ^è sortit à f^iod^ à cheval^ dans la plaix^'
d% Bûm{>liz^ battit Tennemi ^^^, qm se croyait vain-
queur;^ et te rejeta précipitanynent aii-delà de la Sensé,
rivière frontière. Les«chefs bouirgûignohs ayant ensuite
réclamé leur sold^ quittèrent Fyibourg , et les Bernois
tombèrent sur la contrée de Plajfefnn^*^^, jtour ravager
les domaines' des' ennemis. Les terreurs de la guerre
«ont le chiqpin d'une solide paîx /la bourgeoisie de Fri-
bourg voulut forcer ses i^bles magisitrats à traiter *^''.
Trois mille guerriers de Etlrich et deXucerne, ve-
nus, ceuis?-1à par les hauteurs de FAlbis, ceux-ci le
long de la Reuss, se réunirent dans le Wagenthal, pé-
nétrèrent dans le cMteau d'Âristau ^ manoir du sire
Walther de Heidegk , et le dévastèrent après avoir
pr^cipit^ingt^nercenàires du haut des créneaux. Cette
action ouvrit à feu»s troupes la route de Bremgarten'et
de Mellingen; une crainte légitime ^'empara de l'ab-
baye dé Mouri *^^ fondée par la maisbn de Hah3bourg;
car, au grand déplaisir des Jiommes respectables ^*^,
le courroux et la cupidité des sa(dats n'épargnaient ps^
plus le» monastères que . si la .guerre eût aussi existé
^^' On lîf quelque psrt que rarmée bernoise étah forte de 10,000
hommes $ ce nombre e$tsi éloigné^du récit de l'Anonyme, que nous Fat-
tdbuons à une errelir de copiste. ^ évalue la perte des Fribourgeob k
80 bommes d'infanterie.
^^' Qui appartenait en propre, ayec AUalens eflllens, au baron An-
toine de Tburn. ZurL
*»' 22 février 1387. Anon.
^'^^ Uautcrive avait aussi été ||illé par les Bemo^. Anon,
*^9 ])es précftitions furent prises it cet égard dans la convention de
Semptuk, 1393.
284 HISTOIRE DE LA SUISSE*
entre Iqs saints des diyers partit ^^^. L'église •balan-
çai! précisément alors entre Urbain^ P^FH^ ^^ Rome, et
Clément^ pape d'Avignon /<^et l'on obtenait facilement
l'absolution de gr^n^s cr|i|ie|^ quand 09^ se proémiçait
pour un confesseui:;,plus indulgent y peurtis^n d\ui autre
pape*^^ • •
IJn fait d'armes remarquable .evt lieu dans la plaine
voisiné de Kraehenstein eaxtre ti^pi^ cents lanciers^
accompagnés d'aiitattl de fantassins de Jean Trachsess
de Waldbourg, vassal et bailli ^^^ des âii(k, ejune troupe
de Zuricois sous les erdres du chevdlier Pierre Dûrr*
Quoique les Zuricois . fussent chargés du butin fait
dans le Wentlial, .et quclecterrain ne leur o£Frit aucun
avantage 9, Truchsess fut repoussé avec peite *^^ dans
cinq attaques cbnsécutives > béajucoup de Zuricois mé*
ritèrent dans ce jour la dignité de chevaliers *^*, et le$
*
^^^ Bref du pape Clément FI/ pour riiicorporatioQ<4es égliies de-Hech.-
iingen et de Neàdorf à Tévéché de Béronml^nsler, 1889, parce qifil
avait été dévasté lorsqi^e lea£»uisses, « aemuli Leopoldi dacis, > s'insurge'
rent- après si|»movt, même Contre les abbayes denses domaines.
*^^ Absçlutim du pajfe Urbain VI en ïaveuf de Zurich, de Zong, de
Bar^ d'Egeri , de àham et. de leurs confédérés , pour les sacril^s, Tin-
^endie, la mutilation et m^e le meui^f-e^ d'ecclésiastiques, du parti
"u pape Clément VII. Gêniez, 15 novembre 1386. Ils doivent donner sa-
tisfaction aussitôt que possy>t^. Zurtauben dans Zapf, **
^*' Compte de Jean Schmid de Baden : \ récuyer-tranehant 50# florins
^ur les fr^is de* la guerre, outre les assignations sur le fief du cb&tean
pour un emprunt de 100 florins ; dans ce fief, sont compris le poivre
fourni par les boulangers , et le tel par tes seigneurs de Windisob.
Brotkgg, 1586. Ce prêt ne fut rembours'é qu'après onxe ans. Ck, Wl*
« Rotenbourg sur leNékar. * Tsckudi. Le ffiit d*armes raconté ici est
attribué par EtterUn au sire de ViTébîngçn.
*"» Il perdit 50 hommes, eux 10, et dans ce nombre seulement trois
hommes armés. Têchudi. » • *
*«* Storch de Rûnenbei^, Jcafï de Trostbeig, Jean dl Séon, Rodolphe
i^chwend. Tschaehtlan,
UVRB II. CHAP. VI. 285
Jbestianx.enlerés purent être distribués aux troupes
mej'cenïires e^aux tribus, événement à la suite duquel
cette contrée se soumit à.Zt^ilkhr^^, Les historiens
tkmt bien coupables d'avoir n^ligé de consigner l'action
ou l'artifice qui procura cette victoire : la circonstance
décisive d'un fait d'aiincis x^ devrait jamais être passée
sous sihance ; 'un général ou un conseil de guerre s^en
•souviendra à l'heure où l'application •de ce moyen
pourra sauver la patrie : l'histoire est l'école des guer-
riers et dés magistrats. On sait par ^es documens que
Pierre Dûrr et d'-eutses capitaines contemporains *^
réunirent les meilletlrs guerriers deZurich dans la so-
ciété du Renard et dans d'autres associations intimes,
dont les membres défendaient mutuellement leur
faonneur, leurs jours et leurs biens, comme des frères,
soit dans les hasards de la guerre, sok 4^ns les affaires
de la vie civile, et ne laissaient point s'élever entr'eux
de différends qui jie pussent être terminés par" leur
chef et par leurs confrères ^^. Cette union étroite des
hommes les plus braves, bouclier contre les maux di-
vers de la vie, école de mâles vertus , leur donnait en
présence de l'ennemi une seule âme, comme à la légion
des amis dans l'armée des Thébains ; cela suppléait en
grande partie à une savante discipline. Dans la ville
on défendit ces' associations *®^ par un motif légitime:
suivant le caractère lies chefs, elles peuvent protéger
^*^ Tsehachtlan raconte comment Bûlach , Moosbourg et ROmlang
passèrent sons la domination de Zurich.
' *•• Jean de Trostberg, chevalier ; Henri àe Hagenan.
^*' Engagemenft des eompagnêtu du Renard, 1386. BibL heiv. t. vi ; un
peu postérieur au fait raconté.
i6< Ordre du conseil de dissoudre les Reviards, de se relever mutaclle-
fsenl de leurs engagepdfens. « Sub baptistalibus » 1387. Ibid,
286 UmOIRE DE LA SUI9SK.
la paix et Tégalité, mais aussi les compromettre.
W^sen^ ville autrichiemtie du pays deGaster, bais-
sait les Giaronnais par Ancienne jalousie. Ceux-ci crai-
gnaient qu'un beaif jour^ pendant Thiver^ alors qu'tt
serait diffiefle aux Waldstetten de les s^pourirprompte-
m^nt, ou en été, quand la population se trouyaft sur les
montagnes, les Autrichiens y"* aidés par des enuemis si
voisins et si bien appuyés, ne s'emparassent subitement
de leur vallée et n'eji demeurassent maîtres à fof ce de
vigilance. Avant k trêve, les Glarrïbnais battû^ent la
milice de Wésen, de la mentagne Ammon, du lac de
Walenstadt, de.Flums et de Sar^tos, pour défendre le
village de Vilensbacb , qui , se détachant du Gaster,
avait prêté serment aux Giaronnais* Plus tard, ilsre-
quirent les trois Waldstetten et Zurich *^* d'occuper
la vîlle de Wésen. Le? homn\^s du Gaster- et de Sar-
gans les attendicent à peine; le fossé, bordé èe mai-
sons en bois, fut rempli de fagots allumés ;« des radeaux
chargés de* soldats descendirent le lac* La ville, atta-
quée dei3 deux Cptés par le feu et le fer, se rendit ; elle
obtint sûreté pour la vie et les biens des bourgeois, pour
les francl^ses et les droits de la commune ; seulement^
à la plsrce des baillis autjriehiens, Zurich, les Waldstet-
ten et Glaris envoyaient tous les quatre mois, tour-à-
tour, un gouverneur à Wésen. Les Stiissès permirent
ensuite aux soldats étrangers de se retirer, \ con-
dition qu'ils poseraient les arlnes ; ils s'emparèrent du
château de MûUi dans ¥île voisine, et reçurent le ser-
ment de l'écuyer EglofF d'£ms, à qui l' Autriche avait
cédé cette hypptbèque ^'^^.
*" Suicer, CkronoL helvet. attribue ce fait aux sept cantons, ce qui est
contraire à toutes les circonstances.
*'• I! nvaît cette hypoth^qllc pour six mille' fiôrjns; Kligenberg. Siùttr
[«•'] LIVRE II. €HAP. VI. 287
Ces entréfirises étant le réstiltat d'fin plan bien com-
biné, il se trouva au .bout de deut mois qtie Fribourg,
dgins rUechtland^ Briyngarten etMellingen, Gaster et
Sargans eurent à redouter lés Suisses beaucoup phis^
qu'auparavant y tandis qu'ils lair inspiraient eilx-*
niéme$ inoins, de crainte. Les villes impériales se déci-
dèrent donc facilement à négocier une trêve de dix-
huit mois ^"^^
Les. Confédérés la nommèrent (c|a mauvaise paix»
(1387), îi cause de toutes les perfidies auxquelles ils
funent exposés pendant sji durée. Dès ce moment, une
haine violente contre le peuple et la no^esse de l'Au-
triche poussa des racints toujours plus profondes ; les
Suisses nç pouvaient pat^même les entendre- nommer
sans colère. Ils ne pardonnaient pas qu'on dit chez eux
dm bien de l'Autriche ; sr quelqu'un avait orné son cas-
que ou son cha^^au de pluines de paon, à la façon des
ducs, k^peuple l'aurait tué. On lit dans les chroniques
qu'on ne toléra pas un seul paon dans toute la Suisse, et
qu'un Confédéré , assis au cabftret, voyant les rayons
du soleitformer dans son veçre les couleurs de la queue
du paon, tira son ^^bre et brisa le werre , avec d'épou-
nantafcjes malédictions ^'^^. Rierf n'enflamirfe d'tin senti-
et d'autres confondent Mûlli avec Mûllinen dans la< Marche} on ne sait
lequel des deux fut le bbréeau de la famille.
^^^ D(!puis le 8 octobre 1386 jusqu'à la çbandeleur 1387, ensuite jus-
qu'à la* Chandeleur 1388^ enfin jusqu'au 1^ février. Ch, dans TschudUh^t
comtesse de Valangîn et la ville de Fribourg sont comprises dans celte
trêve. Fahpest le liei^ d'arbîtragc, excepté pour Berne et pour Soleure.
*^* Félix Faber ÛNis Hj^ttinger, Meth» le^endihist, helv. p. 215. Sans
m'attacher à la chronologie exacte de ces anecdotes, je les raconte ici ,
parce que âj^ës cette guerre la hainle s'accrut au point qu* /4renpeck
date de, cette époque la séparation totale* de la Suisse et de l'Autriche;
d'antres aussi en font mention.
286 HIinPOIEB DE LA. SUSSE.
ment plus vif l'àme du peupleiqu im ennemi qui insulte
à ses mœui^s ou à son caract^^ ou ftui cherche à le
duper par scm astuce.
^ Le temps de cette paix fut employé à fortifier les
places et à faire des préparatifs de guerre. Les Glaron-
nais ordonnèiiient leur constitution civile, sentant com-
bien elle donne de force à un pays. Us respëx;térent les
droits de Tabbaye de lâlt.-Fridolin à Seckingen; mais ils
défendirent, sous peine de la forte amende de cin-
quante marcs d'argent, qu'aucun citoyen tlu p^ys n ac*
ceptàt l'emploi de cellerier ou de receveur du niônas-
tére ; ils savaient qu'on ne pouvait remplit aes fonctions
sans chercher à plaire au due, avoué de l'abbaye^ et
ils connaissaient la ^lissanceile l'amour du gain. Yoici
donc ce qu'ils stsTbiérent : « Chaque année, le jour de
» St. -Jean-Baptiste, on élifa parmi les habitans delà
» vallée quinze juges d'appel, un de c^que district *''^;
» ceux-ci rendront égale justice > en dernier- ressort ,
» aux riches et aux pauvres, sans crainte, sans inimi-
» tié, sans faveur, sans accepter ni don.ni'prés^t,
» suivant leur serment et Thonneur. Quiconque ne
» comparait pas devant le juge a pi^u sa cause ^"^^ ; ce
» tribunal d'appel et tous les tribunaux sont joumelte-
» ment ouverts à l'étranger qui veut porter plainti ; en
» conséquence celui qui cite un Glaronnais devaht les
^^' La ekarte coneemani lé 4foii du pays iBt dans TsehudL Ils estimaient
sans doute peu convenable et dangereux de suivre les appels dé$ procès
dans le pays de leurs ennemis, d'un côté, pâfce que Seckîngen, dépen-
dant de l'avonerie des ducs, n'était pas impartial, de l'autre, parce que
des traîtres avides auraient pu, au moyen d^appel» rusés, livrer les meil-
leurs citoyens entre les mains de^ ennemîf. *-
i74 )^ moins que le prononcé des XV ne soit en sa faveur, en vertu
d*nne nécessité légitime et de motifs valables.
LIVRE II. CHAP. VI. 289
» tribunaux étrangers , paie à la bourse publique une
» amende de dix livres et au défendeur ses indemnités;
» s'il est trop pauvre pour payer l'amende, il doit quit-
» ter le pays; quiconque l'héberge et le nourrit, paie
» pour lui. Ils s'engagent à observer ces lois adoptées
» par l'unanimité ou la très-grande majorité des habi-
» tans, et elles ne pourront être changées que par une
>r décision unanime. » Les lois suivantes réunirent alors
la pluralité des suffrages : (c Dans les successions la
» prérogative appartient à la ligne paternelle » ^^^ (sans
doute parce que c'est la force de l'homme qui produit,
acquiert et défend tous les biens, et que par cette loi
les familles se maintiennent mieux dans la possession
de leurs propriétés et de leurs dignités ) . « Les biens
M des bâtards passent à leurs enfàns » ( ailleurs ils ap-
partenaient au prince ^'^^ ). (c Celui qui«ngage des en-
» fans à se marier à l'insu ou contre le gré de leurs
» parens ou de leurs tuteurs, tout comme le tuteur qui
» marie son pupille à l'insu de la famille , paie cin-
» quànte marcs au pays. Quiconque supplante un
» homme du paysdans la possession d'un fief étranger,
» est passible de la même amende ^'^^. Cinq livres d'a-
» mende contre celui qui appelle un autre : assassin ,
» hérétique ^^^ , voleur ou scélérat ^'^^. Il est permis de
» prendre des gages pafur les dettes, mais leur valepr ne
*^^ Solon voulat de même xpocTeîv à^psvac l%fBm»
^^^ P. e., à Zurich, à Tabbesse. Sentence du conseil au sujet du bien de
Jean Rudenknecht, ih2i,
^^^ fin of&ant davantage ou par d'autres promesses artificieuses.
'^* Ces anciennes lois donnent le nom d'hérétique et à ceux qui, dans
les jouissances de la volupté, s'éloignent jde la nature, et à ceux qui croient
ou professent des doctrines contraires à la religion.
^^* Homme de rien, mauvais sujet, comme « raka » ( «îsch rekam » }
Maiih. V, 22, ce que les Hébreux appelaient « ben bc^Iijahhal. »
m. 19
290 HISTOIRE DE LA SUISSE. [isss]
)) doit pas excéder de plus d'un tiers le capital de la
» dette. Là où l'on voit s'élever un différend , chaeun
» doit accourir afin de rétabUr la paix; celui qui né-
» glige ce devoir paiera dix livres d'amende. Celui qui
» rompt de nouveau la paix sera jugé comme assassin.»
En dépit des efforts de Claris pour éteindre Tan-
cienne haine ^ à force de clémence dans la prospérité^
presque tous les habitans de Wésen conspirèrent pour
venger la maison d'Autriche sur les Suisses^ dans la
nuit avant le jour de Saint-Matthias '^^, et fjour rame-
ner leur petite ville sous la domination de leurs anciens
maîtres. Personne n'aime à voir son égal au-dessus de
soi; les bourgeois et les campagnards ^ appelés à gou-
verner des étrangers, se montrent plus jaloux de faire
sentir leur pouvoir , surtout quand le pouvoir les con-
duit à la fortune. La plupart des bourgeois de Wésen ,
favorables à la précédente domination, formèrent un
complot avec Arnold Bruch, bailli de Windegk, et
avec Jean de Werdenberg, comte de Sargans, au ser-
vice des ducs depuis plusieurs années , sans en avoir
tiré de grands avantages *^^ Pendant plusieurs jours
des soldats autrichiens, diversement déguisés ou ren-
fermés dans des tonneaux , furent introduits dans la
ville , et cachés dans les maisons et les caves. Certains
mouvemens firent naître des soupçons; les bourgeois le
remarquèrent et craignirent qu'on ne les surveillât. Ils
envoyèrent donc quatre de leurs conseillers aux habi-
tans de Glaris pour les prier instamment // de protéger
» fidèlement et avec énergie leur ville, qui avait tout à
» craindre du voisinage des Autrichiens. » Car, pour
it« tiû conspiration de Wôsen éclata en 1388, la même nuit où celle
de Zurich, en 1350, échoua.
"* Tschudi, 1376.
LiyRE !!• CHAP. VI. 291
donner le change , le bailli Arnold Bruch leur avait
livré plusieurs attaques. Les Glaronnais envoyèrent
cinquante hommes pour renforcer Wésen* Les habi tans
de la ville s'en réjouirent; ils espéraient endormir la
garnison forte ou faible. Cinq jours après l'expiration
de la trêve , Conrad d'Au , du cantoji d'Urî , bailli et
capitaine de la ville de Wésen , convoqua la commune
des bourgeois pour lui faire part de l'avis qu'il avait
reçu , que les Autrichiens concentraient leurs forces ,
et pour Ja rassurer en lui annonçant le secours des Gla-
ronnais /qui soumettraient le lendemain la montagne
Ammon^ et des Confédérés qui chasseraient bientôt
le bailli de Windegk par la force des armes. Cependant
il recommanda la vigilance , et plaça près de chaque
porte de la ville huit soldats me^ce^airçs et beaucoup
de bourgeois. Le peuplé sembla l'écouter avec curio-
sité , avec surprise , avec crainte. La nuit les habitans
de Wésen réussirent à exécuter leur complot, comme
il arrive quand nul ne soupçonne les intentions. Ceux
de Werdenberg , de Sargans et de Curwalchen , sujets
du comte Jean, descendirent le lac; ils abordèrent près
d'TJtis *^^ ; par terre arriva l'élite de Rapperschwyl, de
Kibourg , du district de Grûningen , du Tokenbourg,
d'Uznach et du Gaster j six mille hommes se réunirent
devant Wésen. Les bourgeois et les soldats cachés les
attendaient sous les armes, dans les maisons, au milieu
de l'obscurité. A un signal donné, les flambeaux furent
promptement allumés ; les deux ponts, abattus ; les por-
tes, ouvertes; Conrad d'Au, Henri Tschudi, le ban-
neret et plus de trente mercenaires ^^^, tués ; Wésen ,
*•* Nom de la contrée qui entoure l'église paroissiale près de Wésen.
i»s 57 d'après Tschudi; je ne compte que 31 noms dans la Chronique
de Glaris de Trûmpi, p. 700.
292 HISTOIRE DE LA SUISSE.
occupé par les Autrichiens. Vingt-deux hommes sau-
tèrent par-desstos les murs et se sauvèrent à travers le
lac. Ils rencontrèrent au point du jour les troupes de
Claris qui marchaient contre les villages des environs.
Les Glaronnais retournèrent sur leurs pas et s'arrêtè-
rent aux frontières, derrière leurs remparts, conster-
nés de cette catastrophe , incertains sur leur sûreté.
Onze cents hommes formaient la garnison de Wésen ;
quinze cents campaient non loin de l'abbaye de Schen-
nis. Les Confédérés, disposés au combat, furent forcés
par le manque de vfvres de quitter la campagne. Ainsi
les Glaronnais se virent réduits à négliger le soin de
leurs troupeaux pour défendre leurs frontières , ou bien
à vendre leur liberté pour leur nourriture, à pKer sous
le joug d'un prince qu'ils avaient abandonné , qu'ils
avaient combattu, et sous des baillis qui, vaincus par
eux, ne respiraient que haine pour le peuple et que
vengeance. Mille hommes libres, dans une vallée ou-
verte, combattaient pour d'anciennes libertés conire
la' puissance autrichienne. Également éloignés de la
témérité et dçr la bassesse, ils attendaient ayec fermeté
d'heureuseîfcJirconstaBces. Durant trois semaines, ils se
tinrent sous les armes à 1' ^tieée de leur vallée , et ré-
sistèrent ^ maiitte attaque; il$ apprenaient chaque
jour que l'enneâu sel renforçait, et ils n'avaient pour
tout seeonrs étranger que deux hommes d'Uri, valets
de Conrad d'Au.
Vaincus par une longue misère, ils demandèrent
une paix équitable. De tous les conseillers autrichiens,
ce fut Thorbprg qui traita leurs députés ^xto^ le plus
d'insolence. A là fin on transmit au , landammann les
conditions de paix dont voîcî la teneur *^* : « Vou«
"* Voy. le document davs Tschudi,
LIVRE II. CHAP. VI. 293
» tous qui possédez fiefs mouvans d'un château^ fiefs
» de haubert ou fiefs conditionaels , gens qualifiés
>i pour assister. aux plaids^ ou qui que vous soyez,
» vous rentrerez à l'égard de votre seigneur naturel,
» le duc d* Autriche , dans votre servitude héréditaire,
» comme un serf à l'égard ^e son maitre ; vous lui
» devez assistance envers et cgntre tous, principa-
» lement contre les Suisses; vous lui livrerez le traité
» de^ confédération perpétuelle, et ne ferez aucune al-
>; li^ance. sans sa volonté. Vous paierez toutes les con-
» ti^butioqs arriérées ; les familles exemptes de l'im-
» pot le paieront à l'avenir ; toutes sont corvéables,
» mortaillablés et soumises aux autres conditions de
» la servitude en général. Vous n'aurez d'autçes lois
» que celles que vous donnera le duc votre seigneur.
» Vousjuî livreççz toutes vos chartes. Vous paierez à
D la ville de Wésen des indemnités pour tous ses'dôm-
w mages ;^Je duc notre seigneur en fixera la quotité.
» Vous expierez votre ancienne désobéissance, jusqu'à
» ce que la clémence du duc mette un terme à l'expia-
» tîoQ. Jurez cet conditions et donnez des otages. » La
Landsgemeinde envoya la réponse suivante à Wésen ;
« Nous reconnaissons que la princesse-abbesse de. Sec-
» kîngen est dame de notre pays, et que la maison
» d'Autriche en a l'avouerie; nous paierons les contri-
)) butions arriérées et nous indemniserons les habitans
» de Wésen pour les pertes que le comte Jean de
j> Werdenberg jugera que nous leur avons causées;
» enfin^^ si on l'exige çt s'il le faut, nous annulerons
» la charte des droits stipulé» dûns de bonnes inten-
» tions au sujet des appels et d'autres, points né-
» cessaiires j mais nous priouâ qu'on nous laissé notre
» alliance innocente et juste avec les Suisses, et nos
294 HISTOIRE DE LA. SUISSE.
» anciennes libertés. » Cette réponse leur attira de la
part des conseillers autrichiens beaucoup de paroles
dures ^ de la part des habitans de Wésen beaucoup
de railleries. Une semblable conduite ^ tenue par un
prince à la tète d'une armée permanente et bien exer-
cée^ peut découragper un peuple habitué à l'obéissance;
mais les Glaronnais considérèrent leur situation comme
une des rares occasions où un peuple doit montrer cç
qu'il est et ce qu'il peut.
Avant que les passages des montagnes fussent ou-
verts, il se réunit à Wésen une nonkbreuse troupe d'é-
lite de l'Autriche antérieure, sous le commandement
OU chef de Jean de Werdenberg, comte de Sargans. A
(?ôté de lui, on voyait le comte Donat avec toutes les
troupes de Tokenbourg^^^ , Pierre de Thorberg et
Jean de Bonstettén *^^, tous deux barons, à la tète des
milices de la Thurgovie et de TArgovie; Jean de Kb'n-
genberg, chevalier, surnommé le Bon, continuateur
des annales de son grand-père ^*'', entouré de la no-
blesse de Schaffhouse, du Hégau et de la Forêt-Noire;
*^ Kibourg leur était hypothéqué depuis quatre ans ; il n'iest pas dit sî
lui-même ou un autre commandait la milice de la contrée.
*^^ Ce fut à lui que, l'an 1377, on assigna 4,900 florins sur le comté
de Kibourg ( Généalogie des Bonstettén ] ; il en fut le bailli en 1381,
{Protocole du conseil de Zurich^ de 1381, dans le procès que lui firent deux
ZoUiker) ; le même commanda^ en 1386, un corps de troupes de Léopold.
Son neveu ( Ch, de 1367 et 1376 ) » Jean de Langenhart, autrefois bailli
de Bapperschwyl , périt avec lui. tJlrich , qui fut fait prisonnier dans la
conspiration contre Broun , était frère de ce de Bonstettén , et mourat
en 1394 ; son frère Hartmann était déjà mort en 1360 ( Donation au cou-
vent de Far, b. a. ), et Rodolphe mourut en 13 99. Dans le même temps
vivait encore un autre de Bonstettén, « cognatus » de ceux-ci. ( Ck. de
1392, relative à fVermbrechtsckwyl) - j'ignore qui fut son père. Ulrich
fut père de Jean qui a propagé la famille.
"' HaiUr. Bihl. W. 161.
LIVRE n. CHAP. VI. 295
U Irich, baron de Sax, portait la bannière de l'Autriche ;
le nombre des combattans était d'environ six mîlle*^.
Jje 8 avril, au soir, le capitaine Matthias Am Buel, qui
gardait avec deux cents hommes le défilé de Naefels,
reçut l'avis d'une attaque. Il en envoya sans délai la
nouvelle dans le bourg principal; cette nuit- là les
femmes et bs enfans s'enfuirent par les hautes vallées
dans les montagnes avec les meubles et le bétail. Des
jeunes gens alertes se rendirent en hâte par le Klôn-
thal et la vallée de la Muotta , vers les Schwyzois , afin
de les inviter au combat pour la liberté de Glaris;
d'autres annoncèrent le péril au pays d'Urî et d'Un-
terwalden et à Lucerne ; les forces de l'Autriche cam-
paient entre Zurich et Glaris. A l'heure même , sans
attendre l'assemblée du peuple, Schwyz envoya trente
jeunes gens , les premiers de tous en ardeur belli-
qVieu^ et en célérité, puis vingt autres pendant la
nuit par les montagnes de Reichensau.
Jeudi 9 avril, à quatre heures du matin, l'ennemi
se mit en marche ; le comte Donat Klingenberg,
Thorberg , Bonstetten et Sax parurent près du retran-
chement qui , construit d'une montagne à l'autre, fer-
mait le pays du côté de Naefete ^^^; du haut du Kirenzen,
Jean de Werdenberg descendait avec 1,500 hommes
le long du retranchement, afin de tomber du côté de
Béglingén sur les derrières de ceux qui le défen-
daient ^^^. Matthias Am Buel fit sonner le tocsin. Les
*** Ce nombre est celui 6e Tèchachilan et &EtierUn. Selon Schodeter,
plus de 5,000 ont commencé la bataille ; selon Fugger, 6,000, non compris
ceux du comte Jean ; selon Kônigshoven, plus de 3,000. Dans la lettre et
la chanson de Nœfels, 15,000, sans doute par Â^anciennes fautes de copie.
**• U en reste des vestiges au-dessus de Beglingen, de Fautre côté du
Rfitibach.
*'• On ne peut s*empôcher de faire observer que comme il connaissait
296 HISTOIRE DE hX SUISSE.
habitans de MoI||^ le joignirait les premiers; puis le
bourg principal de Glaris^ sous le landammann Albert
Vogei^®^, qui, dans cette journée^ se conduisit en
brave. Après une vigoureuse résistance et une perte
considérable, Am Buel ay^t dcmné au peu[^ le temps
de se rassemble]r, céda au nombre. Le retranchement
forcé, l'armée autrichienne pénétra dans le pays avec
une impétuosité irrésistible , tandis que le tocsia re-
tentissait partout, que le peuple se réunissait de tous
les villages, et que dans les Alpes les femmes ef les
enfans écoutaient tout ce bruit avec agitation et an-
goisse. Am Buel plaça sa petite troupe, alors réduite
à cinq cents hommes , de façon que le mont Rûti cou-
vrait ses derrières *^^* Henri Am Buel apporta dans ce
lieu la bannière du pays au milieu du plus grand dan-
ger. De toutes les contrées, le^ habitans accouraient
vers la bannière par détachemens de trente , de soi^
xante hommes, à travers les ennemis. Le soldat autri-
chien méprisait leur petit nombre et s occupait d'em-
mener les troupeaux, de vider les magasins et de
brûler Naefels; l'ennemi parvint jusqu'à Netstall. Ce-
pendant la cavalerie attaqua les Glaronnais daps un
endroit pierreux et incommode pour les chevaux ; eux,
à leur toui^, lancèrent des pierres contre les chevaux,
dont beaucoup furent blessés , mutilés , assommés;
tous, remplis d'épouvaate. De tous les côtés,, àa fond
mieax que les autres rennemi, le soin de sa propre conservation entra
pour quelque chose dans ce stratagème ; il ne prit part au combat qoe
lorsqu'on vit clairement l'issue qu'on en pouvais espérer.
*** Un Rodolphe de sa famille, domicilié dans la vallée de la Linth,
s'était racheté de Seckingen en 1376. CA. TschudL
*•'' « Us se retirèrent vers une paroi de roche ; là ils se retournèrent et
poussèrent des cris qui retentirent dans Ja montagqe. • Cihanson de
LIVRE U. GHAP. VI. 297
de vallées inconnues , ils recevaient des renforts.
Après une courte prière ^^^, ils attaquèrent. Les Gla-
ronnais sont singulièrement agiles et adroits; un grand
n(wbre d'ennemis, en un clin d'œil , furent couverts
de blessures et renversés de cheval. Soudain de formi-
dables cris de guerre annoncèrent une troupe arrivant
d'une vallée latérale avec les trente jeunes hommes
de Schwyz ; les échos des montagnes répercutèrent
les cris; les combattans y répondirent* Le désordre des
chevaux, la courageuse résistance^ des tons inaccou-
tumés, l'aspect des Alpes voisines, présentèrent à l'i-
magination effrayée de l'ennemi' des périls cachés ,
mystérieux ^**.
A 9 heures du nAtin^ comme épouvantés par l'om-
bre du sire Walther de Stadion^ qui dans ce même
passage, par les mains du même ennemi^ avait trouvé
sa perte: trente-sept 21ns auparavant, ils s'enfuirent tout-
à-coup , saisis d'une terreur panique. Ils périrent en
foule par les accidens divers qui naissent de la peur ;
beaucoup furent précipités de cheval ou entraînés par
les flots de la Linth ; d'autres tombèrent entre les mains
des Glaronnais. Albert, Rodolphe et Béringer de Lan-
denberg *^^ restèrent ensemble et trouvèrent la mort
dans un jardin; trente bourgeois de Rapperschwyl ^^
furent tués dans un verger avec leur bailli Spiser ; sur
les bords de la rrvière combattirent les Thurgoviens de
'** « O saint patroa saint FridoHn , 6 fidèle compatriote, puisque le
pays est ta propriété^ aide-nous aujourd'hui à nous maintenir. » Ibid,
**^ «Les seigneurs n'étaient pas réunis, car il y en avait encore dans le»
miiisons occupés au pillage.» Kônigshoven,
**^ Schodeler, Il est aussi fait mention d'eux dans les chartes de cet
temps-là. Ttchudi dit que sept individus de celte famille périrent dans
le jardin.
"« En outre 45. Sekodeler; Tsehudi^
298 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Frauenfeld ^^; quarante tombèrent presque à la même
place , ainsi que quatre-vingts hommes de Winter-
thour^ quatre cents du Tokenbourg , quarante-deux de
Wésen ; le chevalier Jean de Klingenberg avec ses trois
valets; près de lui^Ulrich de Waldkirch, le noble Schôn-
lôwe et cinquante-deux autres, dernière fleur de la
noblesse de Schaffhouse ^^^; là, messire Jean de Bon-
stetten termina sa vie guerrière ; là, tomba le baron de
Sax en défendant la bannière autrichienne; là, s'en-
fuit Thorberg sans bannière; Thierstein, qui pensait
venger le comte Walleram , rejoignit son ombre ; To-
kenbourg et Montfort tournèrent le dos et prirent la
fuite, après^ avoir perdu leurs bannières. Le pays de
Glaris tout entier, accompagné des habitans des val-
lées de la Linth et du Sernftthal, situé loin de ces
frontières et près de Curwalchen, poursuivit l'ennemi
à travers le marécage jusqu'au pont de Wésen , faisant
retentir au loin les airs de ses cris de victoire. Les sei-
gneurs autrichiens arrivèrent précipitamment et en
foule ; le pont rompit ; les chevaliers pesamment ar-
més s'engloutirent dans le lac de Walenstadt ; d'autres
les suivirent aveuglément; on ignore le nombre de
ceux qui se noyèrent ; beaucoup tombèrent sous les
hallebardes de Glaris. Cent quatre-vingt-trois cheva-
liers et nobles , plus de deux mille cinq cents hommes
furent tués *^®; onze bannières et dix-huit cents cui-
rasses, conquises. Le comte Jean de Werdenberg, soit
prudence, soit terreur, se retira en franchissant le Ki-
*^' Du district quelquefois mentionné sous le pom de cùrnlé de
Frauenfeld.
*88 fValdkireh, Hisi. de Schaffhouse.
"9 2,530. La lettre de ISœfeU dit 2,500; Kônigshoven, près de 1,200
(1,000 armures, 12 bannières.)
LIVRE II. CHAP. VI. 299
renzen. L'armée entière s'enfuit à la faveur des Wné-
bres. Les bourgeois de Wésen cherchèrent tous leur
salut en se réfugiant avec femmes, enfans, et ce que
ctâacun pouvait emporter de ses meubles , sur l'Am-
mon'ou au-del$L du lac, où ils espéraient trouver de
la compassion. Les Glaronnais rendirent des actions
de grâces à Dieu, à Notre-Dame, à St. Fridolin,
seigneur du pays, et à St« Hilaire, qui a donné son
nom à la vallée de Glaris ; ils passèrent la nuit sur le
champ de bataille, se portèrent le lendemain matin sur
Wésen , pill^ent ce qui restait et livrèrent les- mai-
sons aux flammes^®. Ce fut la vengeance que leur
courage tira de la perfidie du complot nocturne.
Vingt mois entiers les cadavres des vaincus restèrent
dans de grandes fosses au milieu des pâturages voi-
sins du retrandkem^it ; à la prière de leurs familles,
sous la surveillance et avec la coopération de Bilgerin
de Wagenberg, abbé de Rûti, dont le frère était parmi
les morts , on en déterra cinq cent soixante - dix-
neuf, qui furent transportés en terre sainte , près de
l'abbaye de Rûti^^^ Cependant les Glaronnais décré-
tèrent w que chaque année, le premier jeudi d'avril, le
>) principal habitant, en bonne santé, de chaque maison
» du pays, visiterait à Naefels les chemins et les pa^ssages
» où leurs aïeux avaient été, à pareil jour, exposés
^^^ • Les seigneurs mirent eux-mêmes le feu à la ville ; alors les Snissesi
survinrent. » KônUgL On voyait encore , il n'y a pas long-temps, au
bord de la Séez, dans la partie inférieure, des traces de l'incendie.
'^* C'est ponr cela qu'en 1390 Jean de KUgenberg, seigneur de TwieL
chevalier, fonda un anniversaire à Rûti, «pour l'amour de son père Jean»
» qui perdit malheureusement la vie à #laris, avec d'autres seigneurs,.
» chevaliers et écuyers»; de même Pierre Lôwe, de Scbafïhouse, pour
son père Ital. Lettre de confirmation 1399 ; d'autres encore CkariuU
Ruiin^
300 HISTOIRE DE LA. SUISSE.
» à. 4e gramds périls et à de rudes travaux, prierait
» pour la consolation et le salut des âmes des morts,
» et bénirait Dieu. » Le peuple réuni pour cette com-
mémoration visite les stations des onâie attaques ; à la
sixième , où toute la milice se rallia sous la bannière
cantonnale, on lit à l'assemblée Thistoir^ de la bataille
de Sempach , de* événemens du Gaster ^^^, et de leur
grande vicloire, les cinquante et un noms des Glaron-
naistués^^^j les noms des valets de Conrad d'Au, ceux
de deux Schwyzois qui périrent ^^*, enfin de Matthias
Am Buel et de tous ceux qui , sous ses ordres, exposè-
rent leurs jours pour la patrie. Après la messe célé-
brée à l'intention de leurs pères et en commémoration
de la liberté vaillamment défendue, le peuple se livre
à une légitime joie. Ce pèlerinage de Naefels ^^^ fut ins-
titué par les Glaronnais ^ne année seulement après
que la communauté d'Uri eut décrété ^^^ d'ériger une
chapelle sur le rocher de Tell ^^'^.
Dans toutes ces guerres un peuple uni vainquît des
chevaliers ignorans et leurs hordes désordonnées par
une tactique naturelle ; il profitait 4e ses défilés ; hors
des défilé^, il demeurait digne de sa gloire; peuple guer-
rier qua^d il fallait combattre pour la liberté ; soîimis
*®' C'était une obligation un peu dure pour les hftbitans de Wésen d*y
envoyer une députalion.
*'* Ils > se trouvent dans la Chronique ^a Claris de Henri Tschudi,
p. 188 et dans Trûm/}!, J. c. fWellî Ga//û/m ; Rod. U nier dent Birnbaum),
[ sous le poirier ] ; Conr. von Bem, [ de Berne ] ; Jean Grûninger, Henri
Trûmpi; KiichmaUer; Rod. Am Buel. etc.)
^'* Schwyz, Rapperscbv^yl et l'abbé de Saint-Gall envojraîent aussi des
délégués à cette fête. StaUkr, Enilibuch, t ii. '"
>^^ Nom qu'on lui donne dans le pays, « Naefelserfahrt. »
î«« Chartes d'Uri, citées dans la défense de Guillaume Tell, par M. de
Ballhasar, 1700, in-8%
'*7 Sur lequel il s'élança de la baniue.
LIVRE II. CHAP. YI. 301
et intrépide sur le champ de bataille^ mais d'autant
plus libre dans ses foyers ; peuple dont le patriotisme
suppléait à tout ce qui lui manquait : sans cet esprit,
la politique d'une nation républicaine «st sans force
ni valeur.
Le lendemain de cette bataille et de cette vengeance,
sept cents Zuricois se mirent en marche pour secourir
les Glaronnais. Ayant appris dans le lieu où ils passè-
rent la nuit comment les Glaronnais s'étaient aidés et
vengés eux-mêmes, ils écrivirent à Zurich, et deman-
dèrent des machines et des renforts pour faire le siège
deRapperschwyl. Cette ville avait été fortifiée par l'ar-
chiduc Rodolphe, à la manière de l'époque ; Léopold,
tué à Sempach , y avait mis une forte garnison d'arque-
busiers lombards et génois, grâce à k bienveillance de
Barnabe Visconti, ^igneur de Milan, son beau-père.
Dans cette place, se trouvait aussi la milice de Walds-
hut, qui n'était pas arrivée à temps pour la bataille de
Naefels. Le baron Pierre de Thorberg y commandait
sept cents hommes. Le 12 avril au 'soir, les Zuricois
livrèrent leur première attaque, dans laquelle un des
leurs fut tué par des balles de plomb qu'on lUi lança.
Zurich envoya promptement des machines par terre
et par eau. Les Glaronnais furent les premiers sous les
armes et dans les rangs des assiégeans; le lendemain, vin-
rent les Schwyzois; ensuite, les habitans de Zoug; puis,
ceux de Lucerne, d'Unterwaldenet d'Uri; après cela, les
Bernois; et enfijQ,le 30 avril, soixante lances de Soleure,
ville unie aux Confédérés par son alliance avecBerne^^^.
Les Suisses, pendant plus de deux semailles, at(aqué-
»»8 Voîla pourquoi Soleure fut aussi compris dans la trêve , et les dé-
pêches 'ilracgères leur étaient adressées.
302 HIftTOIRH DE LA SUISK.
rent sans succès la garnison avec des catapultes ^^, les
murailles avec diverses machines de siège, les mai-
sons contiguës au lac avec des brûlots. Les soldats, ani-
més d'une noUe fidélité, les bourgeois sans distinction
d'âge ni de sexe, remplis de haine et d'appréhension ^^®,
résistèrent avec vigilance et intrépidité ; les assiégeans,
forts de 6,000 hommes, résolurent donc de livrer un
assaut général , du côté du lac au moyen de barques
couvertes, du côté de terre protégé par un toit. A cette
nouvelle, Thorberg, ignorant ce que peut l'enthou-
siasme d'un peuple , conseilla aux habitans de Rappei^
schwyl de capituler; ils s'y refusèrent absolument. Du-
rant neuf heures entières la Ville fut assaillie de tous
les côtés par les Suisses avec acharnement. Soixante
hommes pénétrèrent dans une cave^*^ ; mais ils furent
remarqués comme ils portaient du vin à leurs amis;
tandis qu'on roulait des murailles de grandes pierres
sur le toit et que les échelles se brisaient, les femmes,
jetant sur eux des matières enflammées , des pierres et
de l'eau bouillante , les forcèrent d'abandonner la cave.
Vers l'heure de vêpres, les Confédérés rentrèrent dans
le camp; le lendemain ils le brûlèrent ainsi que beau-
coup de machines ; ensuite ils se retinërent , laissant
derrière eux une grande quantité de béliers et d'échel-.
les^^^. Sur ces entrefaites, trois cents Glaronnais batti-
***Les « tormenta» des anciens, dont reffet, en pareil cas, différait
moins qu'on ne le pense de celui qu'on produit aujourd'hui, Algarotii,
LL. sopra la scienza milit, Hassan, célèbre capitan-padia sous Abdnlla-
mid, aimait à se servir de semblables machines pour lancer des boulets
de marbre. Dallaway,
*" A cause de ce qu'avait fait Broun, 1350.
*** « Per fenestram quandam. » Arenpeck,
2" Kônigshoven dit , non sans vraisemblance , que la retraite se fît en
désordre; il évalue la perte des Suisses à 200, et ajoute que 800 per-
LIVHE II. CHÂP. VI. 303
rent la milice du Gaster qui tenta une irruption dans
leur pays, lui enlevèrent sa bannière et un butin con-
sidérable^ et lui tuèrent beaucoup de monde 2^^.
Les Suisses, conune la plupart des peuples libres,
ont en général mieux su se défendre qu'attaquer, et il
se sont battus avec plus de succès contre l'ennemi
sur un champ de bataille, où la victoire dépend de
l'intelligence et de la valeur, que contre des murailles.
Cependant , constamment heureux pendant plus de
soixante-dix ans depuis la bataille de Morgarten dans
les guerres soutenues pour la liberté et pour leurs al-
liés , plusieurs cantons entreprirent enfin vers cette
époque d'étendre leur puissance par des alliances par-
ticulières et par des conquêtes. Ils y furent peut-être
€ng3gés par la fortune de la ville de Berne qui , long-
temps florissante par le nombre et le mérite de ses
citoyens , acquit, au déclin de l'autorité des Empereurs,
une sorte de vicariat impérial sur Laupen, sur l'Ober-
hasli et d'autres contrées , et , à la décadence des gran-
des maisons, les seigneuries d'Arberg, de Thoune, de
Berthoud et d'autj'es encore. Cette ambition d'agrandis-
sement, plus forte alors chez les Bernois que dans aucune
autre époque, était nourrie par leur bravoure, source
de leur prospérité. Une circonstance les seconda : outre
l'ancienne tactique , prescrite par la nature du pays, et
la meilleure dans les guerres défensives , ils connais-
saient mieux que d'autres les moyens dont la noblesse
s'était servie de tout temps pour attaquer les châteaux
et les places fortes. D'ailleurs aucune confédération
trop rapprochée n'arrêtait leurs progrès; les Soleurois,
soimes furent blessées dans la ville. V Anonyme de Fribourg attribue ici
aux Bernois une perte de 600 ; c'est une eiagération de Fesprit de parti.
2^' Dans la contrée de Schwanden, au pays du Gaster.
304 HISTOIRE DE LA. SUISSE.
leurs combourgeois, ne cherchèrent que plus tard à
s'agrandir, avec moins de ressources et dans un autre
esprit.
Trois jours après la bataille de Naefels, les Bernois
et les Soleurois marchèrent contre Bûren, occupé,
comme Nidau, par une garnison autrichienne, quoi-
qu'on eût assigné au sire de Coucy la dot de sa mère
sur les revenus des châteaux des deux villes ^^*. Cette
dernière circonstance porta les ducs à négliger de
solder les garnisons. Celles-ci, poussées par la néces-
sité , pillaient les villages et attaquaient, en brigands,
par eau et par terre, les marchands et les pèlerins. Le
dimanche matin , tandis que le conseil de guerre dé-
libérait sur le plan du siège, quelques archers s'ap-
prochèrent à cheval de la ville et y mirent le feu au
moyen de flèches enflammées et dq boules de poix et
de soufre; un vent violent attisait le feu; la tendeur des
habitans fut doublée par le souvenir de l'incendie qui
avait détruit Bûren deux années auparavant ^^^. A
rinstant même on donna l'assaut. Bien que la bannière
fût présentée du haut des murs > l'ennemi exaspéré em-
porta Bûren d'assaut; tous ceux qui ne tombèrent pas
sous l'épée furent faits prisonniers ^^®. Ce fut le sort de
3^^ Nous avons raconté dans le chapitre précédent que la branche de
la maison de Neuchâtel qui régnait à BÛren et à Nidau s'éteignit en
iS75, qu'Anne , épouse du comte de Kibourg , hérita la part de son
frère à ces deux seigneuries , que le duc Léopold les acheta d'elle, en
1379 , et que son fils les céda, en 1387, à Coucy.
'^^ Par le fait de l'incendiaire Nimmerselig (jamais sauvé) qui reçnt
probablement ce nom à la suite de son forfait J'ai -^uivi dans mon récit
Tschudi et Schodeler,
2^^ V Anonyme fribourgeois mande cpi'on ne fit grâce de la vie qn'^
Tattenried. Il attribue la prise de Bûren h. une trahison ; mais les cir-
constances sont contraires à cette opinion.
LIVRE II. CHAP. vr. 305
Jean^ UlricH* de Tattenried , ëcuyer , bourgeois de
Fribourg ; on l'échangea éoiitre Iffa de BoUîgen^
• homme ricbe , «banneret de Berne , prisonnier de
ffuerre depuis dix-huit mots.
Le vingt-cinquième jouï* après la prise de Bûren,
lés Bernois, suivis de leurs catapultes, de leurs ba-
listes et de leurs béliers ^^'^, mar chérit avec leurs corn-
bourgeois de Solèure contre Jean du Rosay, chevalier,
brave guerrier ^ Picardie , qui gouvernait et défen-
dait, au nom de rAutriehe et de Coucy, la ville et la
forteresse deNidau ^^*. La garnison, trouvant les dis-
positions des habitans -équivoques ^^f et la ville îîn-
possible à défendre, la livra aux flamines, tandis que le
sir^ di^ Rosay s(^- retira dans la forteresse qui semblait
{^faitement défendue eofntre fes machines par Feau
et le marécage. Les ennemis le poursuivirent avec tant
^'ardeur q^i'une natelle montée par trente hommes, et
par là imprudemment surchargée , s'engloutit aveô
eux ^^**. Les\ JBernois accordèrent à la forteresse une
trêve de six semaines, pendant laquelle, au bout de
quîti^e jours, la moitié des assiégeans se retira dans les
villes. A la fin, ayant perdu l'espoir de voîr lever
le si^e, du Rosay capitula, ne réservant que ses
armes et se$ chevaux dont déjà trpis avaient été man-
^^ Ils assiégèrent Nidau le 7 maû
^* Il avait avec lui , de son pays Raoii> ^ Péqnigny e( Vivian de
Merlo V de la iM)blesse romande et des pays voisins Ulrich d'Avenche^
dcux'personnagcs-.d'ïverdan, AHumpnus (AUeaame^ de Vigny, de
St. Rambert de Bresse, j^nanjrme, '
*** Qaelques-ans furent décapités. Id,
**> D'après V Anonyme frihotirgeois^ avec 56 Bernois armés de pied ^
cap'(«fapedead^caput») et ir^ autres; il rapporte aussi que 15 péri*
rent dans Tincendie de la ville.
306 HISTOIRE DE *LA SUISSE.
gés ^^^ Oa trouva dans une tour, couverts de vétemens
à demi pourris y Tévéque de Lisboiiue et un prieur
d'ÂIcacova que les soldats mercenaires ' de ^idau
avaient attaqués ^ pillés et- arrêtés centre Sienne, et So^
leure; à Berne on leur donna Thospitalité^ des che-
vaux , des habits et de l'argerit pour leur voyage. Far
reconnaissance , ils envoyèrent à la ville de Berae^, avec
le remboursement de 1% dépense faite pour eux^ mille
ducats de contribution' pour cette guerre ^^^. Tous les
di^dits par lesquels les anciens comtes de Strasberg et de.
Nidau avaient fait prospérer cette dernière viUc^«<3t
Bûren , leur furent confirmés, et d&^ baillis, établis *^^
pour les gouverner au nom des Bernois et des Soleu-
rois. Le conseil, les bourgeois et la coînmunç dç l£^
NeuveviUe au pied du Scblossberg , sur la rive oppo«
sée du lac de Bienne, en qualité d'hommess ieu libres,
jurèrent 9 au su et du consentement du maire ëpisco-
pal, une perpétuelle alliance de cbmbourgeoisie avec
Berne, sans préjudice de l'évêque de Baie, leur sei-
gneur ; s'ils violaient le traité , ils devaient payer une
amende de cinquante marcs d'ar^^nt, pour laquelle ils
•** VÂnonymt fournît en oulrc diverses données instruetires sur l'art
militaire de cette époque. La gamtsoB parvînt à couper les cordes des
machines de siège («cho'rdas ingenioram»} des Bernois; elle déjoua
une attaque contre le pont et « la chafia v (réchafandage du côté de
Teau) à Taide de poîx, de graisse et de savon brûlans, et à celle occasioir
elle s^empara du grand éelisson «ttt lequel étaient les armoiries de la
ville de Berne; on lui jetait en 'revanche des tonneaux remplis d'ex-
erémens humains. L£s Bernois dressèrent cinq catapultes («ingénia»);
ils lanclTcnt contre la forteresse 200 pierres du poids de 12 quintaux;
les murs cédèrent. ' '
** Etterlin; Sckodeler; Tsehuéi,
^' Pierre Balmer, du conseil de Berne, fut le premier bailli deNftbai
Stumpf l'appelle « un bourgeois bien pieux et loyal. »
LIVRE n. C»A.P. VI. 307
engagèrent tous leurs biens ^^K la milice du mont de
Diesse marche sous leur bannière.
Les Bernois^ remontant rtlech^nd^ passèrent devant
Thounéy alors leur propriété exclusive ^^6 ^ devaijyt
Feutrée souvent fordée du Sîhenthal^ devant le imnoir
doré de Spiez ^*, propriété de Bubenberg^ dam la
vallée située entre les lac^s <ïe Thoune et de Brienz.
Unterséen;^ petite viUfe en bois fondée par les sires "
d/Eschenl^aeh^ au sein d'un vallon doucement incliné
et d'une brîllantp Terdure^ e^t batî au bord 4e» flots ex-
traordinairement rapides qu'en cet endroit TAar roule , "
d'un lac dans un autre lac* Au haut d'une vaste colline
doçpinftit le château fort d'Unspunnen ; derrière ce
ehateau et 1 abbaye de Notre-Dame d'Interlaihen ^
les Alpes s'élèvent -comme entassées, et le plus sou-
vent enveloppées d'ombres grisâtres r Cet Unterséen,i
dont les ducs d'Autriche s^étaient emparés lors de la
décadence de la maison d^£$dbenbach ^ se trouvait alors:
à titre de fief dans les mains de madame Marguerite de
Kibourg^^'', épouse dé Thûring de Brandis ; tes Bernois
s'en décl^rèreat les suzerains à la place de l'Autriche^
-^^ en. an li sepiembre iS88. La Netiveviile reçut un droit sur la
dçHiau» de* Berne , raji|K)rt«nt on marc dVgei%|t. Ses bourgeois « Cai*
sueDt les voyages» de ceux de Berne.
^^ n parait que les habilans de Thoune cban^ièrent dans la guêtre
de Sempach. Les Unterwaldiens rompent la paix avec eux, a» sujet do
S>erne (S juin) t la cikarte est rappf»tée par HMn, Pierre' de Gowen* ^
&tein, partîonUer riche et considéré qui avait, avancé de fargent à la
ville, était peut-être du pai;rti autrichien; mais comme il n'j^Stt fait au-
ciine mention ultérieure de ces choses, le dé^i fâcheux àe Léopold*
fit sans doute faire des réflexions aux bourgeois de Thoune.
236 ç*Qsi \q vieux nom que celte loeilitè portier ordinairejcnent dans les ^
cimrtes et dahs K Qkr<miqtte de SireUiingen, ^l ^ ^
*^' Sœur de Rodolphe, qui projeta de prendre Soleil^ »efr dIXgon, der-
nier couate de Kibourg..
308 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Ils conquirent des terres sur des princes étrngers ;
Ils Bdaîntinrent contre Fribourg la gloire de leurs armes.
Àp^s d'inutiles Bégociatioos pour conclure une pa^,
ils. enlevèrent aux Frft)ourgeois leur moisson j^ lorsque
des seigneurs bourguignon^ au service de Coucy Tin-
rent au, secours de h ville de Fribourg avec 260 lan-
ces et 1,500 chevaux *^®. Ce fut une nouvelle calamité
pour les e^ntrées de Laupen et d'Arberg^^®. Les Ber-
nois prirent les armes ; leur milice passa le Schonenb^^
Qt descendit le Statden jusqu'aux poFtes de Fribourg
(7 aouÇ. Le tocsin sonna; ite se retirèrent; mais lors-
que toute la bourgeoisie et les tst)upeS' bourguignones
à la éblde delà ville se furent mises en marché) la
cavalerie bernoise craignit de se déshonorer en re-
fusant le combat. Soutenue par^l'infanterie^ elle battit
l'ennemi ^^^ï à la fin une pousgière extraordinaire,
**• V Anonyme rapporte qne tes Frîbourgeoîs entevèrenl aux babîtans
d'Arbcrg , dans la nnit du 7 juin , des^-vaches el dçs porcs pour la somme
de 5Q0 florins » et s'emparèrent du bourgmestre accourti en hlile. Les
Bernois , au Iten de se venger sur-Iechamp» firent le 3 juillet h la ville
la propovlion de racbclcr la maison de ses baA^îtanfr pour une a^mme
déterminée, on pfntôt de renoncer an parti da duc et jde pai^ 5,000 flo-
rins ^ frais , ce que la Commune refusa tt^^mmemei}t. !Çîx jours apsus*
le 12'îuillel, 500 ^issonnenrs protégés par une armée de^lS),O00
hommes (ce nombre est exagéré) coupèrent les blés aux environs de
Morat , d'ancres emmenèrent le bétail àa seigneur de )f ontagnj. Geox
de Romopt, sujelft de la Savoie, annoncèrent aux Bernois Tapprocbe
du Renfort. Ils dirent qu'on avait vu arriver «tota flos donûni de Cus-
^iaco; à on y distingue particulièrement les laifces de Picardie ,50 eh^
YiJiers, 160 archevs et bulistaires («tractus tam balistarum quam ar*
cuum>^), et parmi les capitaines, le connétaljfe Jean de Royes, du corps
de Gouc^,. Gérard de G^nce» Guillaume AHeaume de Langres, un de
. Fontibus.
* ''^ Le 31 septem^e«^Une en^scade bernoise, placée dans les bois
en deçh de' la Sensé ^'de Favarges n'osa pas se montten; Anon,
^ VAntgiyme «rejellle la fan te sur les étrangers et aToae qu'on fat
repQUjj^ jusqu'au ^sseau près de la maladrerie*. «
LIVRE II. CHAT. VI. 309
résultat d'un longue sécheresse , enifieloppa le combat
4e façon qu'oa ne distinguait plus les amis et les en-
nemis. La cavalerie ^tàcha d'attirer las Fribourgéôis
sur le Schônenberg^ mais un corps de troupes placé
en emlniscade fut enfin aperçu pa^ les arquebusiers
bourguignons; à ce monaent les troupesTribourgeoises
prirent la fuite; leur chef ^ Henri d* Môrsberg , jeta
honteusement son bouclier ^^^^ et s'enfuit du côté de
Vivier , espérant à peine sauver sa vie.
Les troupes de Coucy quittèrent le pays deux jours
après ce revers ; la ville de Bern6 triomphait en tous
lieux ^^^ par l'esprit de liberté et par l'héroïsme de ses
bourgeois et de ses sujets^^^, qui, animés par une seule
àme^ combattaient pour la république comme pour
leur propre caus^* Cela- expîi(Jue coitoment, après la
cruelle vengeance exercâe- par le bailli d'Argovîe sur
Entlibuch et Sempach ^^*, la milice bernoise , descen-
dant en Argovîe durant trois journées de marche oôn-
sécutives , passant devant HabslK)ufg , portant le ra-
^^ «Âbjeeta» non bene , parmulau » Le récit de la chronique pronve
que le moyen âge partageait les idées de l'antiquité.
• "* Aussi i Zofing[ué , à Arau. ^
H< Même les habitai^s de BoAhoud, sujets de Berne depuis cinq
ans et qoi battirent prl*s de Bikingen les troupes de TÂrgovie autri-
cbîei\ne.
-^'* L'jinonym raponle avec joie comment le 18 juin le baillf força
le rempart des habilans de l*£ntlibuch avQp ^0 lances , rava|:;[ea le pays
par le feu, et n'épargna pas même ks prisonniers, t parce qu'dii n'atvait
pas épargné' Léopold. » II exagère en portant à mille le iiombre des tués,
n ajoute que, «ent jodrs apurés, le bailli^. envoya le comte t!e Thîersteîn
avec 800 homthes contw la villj^ Hnpie et infidèle de Sempach (« vîllam
impiam et abne|;atam » ) , qu'elle fut brftlée, et toute la population passée
âo fil dei'^pée. Voilà «n bislorkn contemporain qui elle avec précidoà
les dateS'CTévénemens dont on ne trouve pas vestige d^s les chroniques
et les chartes ! Aurait- il recueilli dm bruits exagérés ou faux, cotfeme
il s'en répand beaucoup en ten^jps de guerre?
310 mSTOIRB DE LA SUfêSE.
vage jusqu'à ,Brpug5 puis sumat à gauche la route
j«r laquelle les anciens Helvétiens s'enfuirent devant
Çécîna^ arriva parle B<^berg jusque dans te Frick-
thal ^^« Hemmann de Rheinach fut sauvé encore une
fois ^^» Mais tes Bernois s'emparèrent du eîilietière
fortifié de Frick, où le peuple avait caché toutes tes
richesses de la vallée* De Frick ils retournèi>eat dans
leur pays. Joyeux et fiers ^s?/
Dans ses guerres te peuple ztirijpois montra la même
colère, la même promptitude à l'heure dés périls im-
prévus^ la «dême îf^trépidité ^ 'soit lorsqu'il défendit
près «du Gfeain*^^ contre toutç la milice de Kibourg et
de Grûaingen, des troupeaux enlevés, ou que ses ba-
taillons se reiidirent maîtres du jcîmetièœ de l'abbaye
d'Embrach en dépit des remparts et des fossés rem-
plis d'eau ^^, ou qu'ils brûlèpfpt'Baden et te îivrèreat
abu pillage ^^^, sôit lorsque tes Zuricois s^élançaot du
bois de Lunkhofen protégerait te butin âe^ habitass
de Zoii^ contre «eujc de Bremgarten^*^, ou que tear
' -*w Vers BÈpêl, séfoii SietHerj «ehmd'^ulres dans tes iflemiers jours
de lS8d; cetle diiTëreiicc vteoi de ee que l'année' ne lïdmineii^ait pas
jpartoiil à la même époque.
^* Oa raconte qu'à la prise d*Ao«p5lem oii'Oowen^ehi , il ftit «m-
portê par sa femme ^qui Ton peimit d'emporter ce qifellt; iv^t de plm
précieux, et qu^il se rendit avec «lie et soit «nfant à Bemam. Fc^,
Héggr. 1 , 622. Le diÂtean fat d^oli «t la gamisc» mise èiAorL *—
Voy. ci-dessus après h* 118. G. M. ** * **"*
^^ Us placèrent soixante prisonniers dans la cave deladonane^ Ste^*
*%r. Le troupeini enlevé 4 Zofii^iie fut tué dans lo verger des Domiaî-
cains, Stampf, '■ ^
^» Pet^tooavent d« Tordre <k St,4acarè d^s le 'district de Gieif-
iensée.
,28» Les éevM Bvttinger, le père dans ff. B. N. T, UVÙi lefib, dm»
Vffist, teeié^ de CH^lvéïte en allemand, t. II, p. 196.
^^ L'un an mois de jailiet, l'autre vers la fin de septembre»
^'*^ Les Zofigois étaient campés dans le val d'IoneiK
LIVRE II. tnxp. VI. 311
iiorde sanguinaire battit. Wînterthour pour arrêter son
entreprise contre le mont de Zurich ^^^. Ces expédi-
tions assuraient la subsistance de la bourgeoisie et des
troupes auxiliaires suisses ; car ,du reste elles se fai-
^ient au détriment de l'ennemi plus que pour un
avantage durble de la république, sans plan de con-
qïïéte j avec passion , à la façoii^ du peuple. Aussi ar-
rivait-il souvent qu*on fournissait à l'ennemi l'iKîca-
sioiide se venger, mi qu'un -détachement s'écartait mal
It {ih>pos de la bannière et tombait dans une embus-
cade ^*^. Mifis* le gouvernement même de Zurich était
J)his démocratique que le sénat de Berne.
La veille de Noël, vers le soir, périt avec quarante-
^ux bourgeois dé Zoug Jean d'Hospital , chevalier,
wrammann 4e cette ville, sur la colline que domine le
château de Hûnenberg , parce qu'il conduisit les
hpmmès de Zoug et dte Saint-André , avant qu'ils fus-
ant assez nombreux , contre une ti*oupe de partisans
autrichiens qui semblait fuir de la forêt de Farwe vers
les bords de la Reuss ; tout-à-coup parurent deux dé-
tachemehs qui se tenaient en embuscade. Le nom de
la ColKne des Morts ^** donné à l'éminence a conservé
le souvenir de ce dé^stre.
^ ^^^ £n décembre. Horde sanguinaire («Blutharst») est une dénoml-
Balion scQ^lable à celles de la « leglo rapax»,ou des «bandes noires»
au XVI* siècle.
*^ Le bailli d'Ârgovie avait fait approcb^er des murs de la ville seize
cavaliers et -placé en embuscade dans le bois près du vieux Hégensberg
des soldats de Baden et de Rapperschwyl ; on dit que 116 périrent et
qu'un seul fat épargné comme témoin de l'événement. Anonyme /rc-
bourg. 19mailS8a.
' ^^* Ceux qui n'évaluent la perte qu'à 24 ont écrit an chiffre pour ua
autre. SchodiUr parlft même de 70.
1
312 HISTOiaE DE hk SUISSB% £^^m]
Quand Albert, Guillaume , Frédéric^ Léopold el Er-
nest, dues d'Âuùriche, Tun frére et les quatre autres fils
de Léopold mort à Sempach , vireut les désastres de
Nsefels; Wësen, Bûren, Nwku'et divers Rtfs, perdus;
la Thurgovie en désordre , Vàffgo\ie en danger, k
trésor totalement épuisé , leur armée dispersée , af&t-
blie, terrifiée, et. par-dessus tout kurs domaines lié--
réditairas déchirés par la nobksse; d'ailleurs en guerre
avec la Pologne, en défiance à Tégard de la Bavière,
ils conclurent avec tous les cantons de la Conféd^raddlff
et avec Sokure une paix de sept ans , ({ui abattit le
courage de leurs sujets ^*^. Cette négûciatipa eut lieu
à Zurich entre Louis comte de Thierstein, abbé d'Ein-
sidlen, et messire Bucikhard Wyss ,• abbé de Wetdn-
gen , sous la médiatiqp des villes libres et impériales
de Constance, Rothwyl, Ravensbourg, UberJingen,
Lindau et Baie. Ils conclurent le traité suivant :
« Tous les pays , chàteoyux et cités, qui* ont fait avec
» les villes et les cantons de la Suisse des traités de
» combourgeoisie, ou que ks Suisses ont conquis dans"
*) les dernières guerres ^*^, leuj* demeureront tant que
» durera cette paix. Mais les Suisses restituent la ville ;
» de Wésen sous la condition qju aucun des anciens
» habîtans, ^rjurés envers eux, n^habîteBa ni neja^*-
») tira dans Wésen* Les Lucemois préposent un bailli
^^^ VJnmtyme frib, écrit .*«' Indudsc Ivrpiler focto; shie conîiHo
nostpo; ad voluntalem nislîcorum ; lïulta emenda de morle fratrîs.»
j^Sî on lit ensuite «5fe(/io^niiift.vîndictam fccît,» .c^st sans doute une
oifreur de copirtie, et il faute lire « misefabilem «'ou quelque chose ô^r
semblable.)
^** Le Uant-Sibentbal , Bnlerséen , BQrcn et Nidaà ; les habitons
<rEinsid1fa «l un grand nombre de la Marche )n£^eure, Vîlenspach ^t
Uranoen; St • André pr6s de Gbam; Rotenboarg. Sfimpadi, Entlibvcb,
WolHiiEHiiBen^ Hochdorf, Russwjl et Bot «
LlVftE n. CHAP. VI» 3f3
» au lac de Seiâpach; Lé Commerce et l'industrie soirf
>r libres; on ne -créera pas de ncMveauic impôts ; cha-
» cun ira s'étabUr où il. voudra , sous la rëswve des
» cen^ fonciers ordinaires et de la traite-(ôraine« A
» Fa venir les Suisses n'aocôrderont le droit de bour- .
» geoisie.oiila naturalisaMon à aucun sujet d^s ducs, à
» moins qu^il ne fixe sa résidence dans |(^urs villes ou
» leurs Waldstetten. Aucifne des |>arties i$'ac«ordera
>} passage, libre vente on protection aux adversaires de
» l'autre partie. Toutes W s^ffaires litigieuses seront'
» débattues et décidées à l'amiable ou selon le même
» droit dans les cqiivens de Fahir ou de St.-Url^ain, lieux
» d'assises, l'un pour Zurich, L».ceçi]jp,*Uri, "Schwyz *
» et Unterwalden, l'autre pour Berne et Soleure/ £lle$
>j seront décidées, si rAutriebe est la partie plaignante^ .
j) pa^un surarbîlre qu'elle ^dioisira parmi les conseil-'
» 1ers du canton défendéiir ; si là plainte vient d^tin .
I» canton., par un stirarbituc choisi parmi les cons^léï^s
}) autrichiens de Thurgovie ou d'Argovie^*':*^> '
De cette façon ^ l^' Bîtirsses terminésent la grande
guerte * signalée paf lès batailles de Sempaçh et de
Nœfels , que les goiivçrnemens commencèrent Xîontre
leur gré, le peuple ai^ec joie, où Berne aequit des avan-
tages pour l'État et où tqus se couvrirent d'une gloire
immortelle. Sept cantons firent volontiers la paix ; les
Bernois la trouvèrent presque intempestive.
3^7 Traité de paix. Vienne, 22 avril rsS9. Tschudi.
K '••
• ,
1
314 USTOtKB OB LA. SOISSB.
CHAPITjaE VU.
' IBRILLANT DEVELOPPEMENT DE LA. CX>NFSD£RÀTI0N ENTRE
LA PAIX DB S£PT ANS ET LA PAIX DE .CINQUANTE
ANS.
i
Tentative pour diviser la Suisse; traité de Seropach; le boui]^-
mestre 9cfaôn^ la paix de vingt ans. — La maison d'Autriche.
-^ Agrandissemenl des Zirricois (Gnii^D^en , Régfinsberg,Bon-
stetten); des Lucernotf-(£ndi]|lich}; ées Bernois (Oberland,
Fnitigen, EÀmenthal, Thor&erg, toutes les possession^ de la
maisoft de K.îbourg) ; des Soleurois; des Bâlois (le petit Bâlej.
' — La constitution sous ia domination attldbhienne ( Friboorgi
Schafîhouse }. — Situation des affaires <en Suisse; franchises
impériales (les Juifs). — Affaires ecclésiastiques ( mystKjnes,
beguînes). -^ Les constitutions de Zoug, de Glaris, de Zurich,
de Berne, de fcaceme, de Baie, de Bienne; des villages.
> *■
ri3S9— 1415.1
Environ quaftre années après la concIuK^n jde !a
paix de sepit ans (-1 993 ) , Léopold y duc d'Aufriche, le
quatrième de ce nom^ fils de I^éop^ld mort à Sempach^
vint dans ses domaines de TÂutiriche antérieure ^ à 6a-
«
dei»j là il entreprit , en divisant la Snisai^ , de reconqué-
rir t;e qu'il avait perdu. Il négocia dans ;ce but avec
Roàolpfae Sch^^ bourgm^re de Zurich ^ etaveequel-
q\it^$ conseillers. Il les gagna peut^^être comme son
grand-père avait gagné le premier bourgmestre; ou
J)ien ces magistrats, avides d'un pouyoir oligarchique,
rencontraiel^t un obstacle dans les |teincipes de l'égalité
EÎTRE If. €HAP. VH» 315
suisse^ ; ou <f Mtres séductionsenoore blondissaient leur
égoïsme et leur vanité. Us rédohireut de former une
«ilUàQi^ avec le duc Léopold;: ik aVn direuUrien aux
Dieux - Cents ^ leur Grand - Con&eiP. Les entreprises
déloyales empruntent ordinairementie voile des secreU
d'État. ]!k&is les Suisses , pour administrer d'après leurs
anciennes lois, et pour coifô^rver leur justaet paisible
liberté 9 n'avaient guère lïesoin de secrets : « vivre
lu^^tes et mourir avec honneur » était toute leur poli-
tique; l'Europe entière pouvait la coi^paître. Le bourirg*
mesâ:^^ Schôn trama eette trahison ^ trop tôt aprjès la
guéî*re tbingereuse que tous les Confédérés, animés de
sôntltmens fraternl^ls, avaient soutenue pour k liberté :
un gt^nd nombre de citoyens pouvaient, d'après les
récits ;^ bourgmestre Roger Manesse et d'autres vieil-
lards morts peu d'années auparavant, avoir conservi
un '.vif ^uvenir ék la fidélité, avec laquelle Jes Suisses
protégeant la viHe de; Zurich par leurs conseils et
leurs armes au temps de la colère de l'empereur
Louis et après la conspiration ^^ nobles, au milieu
des périls dé la guerre avec l'Autriche. Aussi , quoi-*
que les membres bien'pensaas du^Sténat^, inquiets
pour leurs vies, et leurs biens ^, n'osassent pas^^ister
* Les aristocraties n*ont pmnt à craindre qae les autres cantons leur
fassent siibir des cbaagemens; mais si l'écrit dé liberté ne permettait
pair quei^ constitution de Zurich s'éloignât davantage du principe po*
pulalre, les jouisses étaient autorisés , par des aflianoes, à s'efforcer de
la maintenir dans un ^tat légal.
2 Len croit> à tort qu'il fut institué alon ; il en est déjà fait men*
tion dans la Convention Jurée , en 1371.
* La qualiâcation donnée à cet acte sera justifiée plus Uird*
* On désigne souvent par ce nom le petit conseil composé pri'ncxpa-
lemef^t d'hommes âgés, et qui -tcMrme, dans k plupart des cantons, )»
|rouvemem^t, tandis que le grand conseil rcqprésente le peuple.
* Vo^a la Gow€nU<m jurée, i^9$^'
316 QTStOIRB DE X,À SXfTSSE.
au bourgmestre, ce»coiiiplot ne résta'pas caché aux
Suisses* Il vint alors de Lucerne, d'Un, de Schwyz*,
, d'Unierwalden, de Zoug et de Glaris, dés députés char-
gés d'avertir sérieusement le bourgmestre et le Conseil
%ue c^e affaire intéressait' le bonheur de la SiïÊlÈe en-
tière V ils demandèrent I;^ convocation du Grand-CônseiL
Rodolphe §chôn protesta qu'il ii'agissâit point contre
l'alliance perpétuelle^, et qu'il se renfermait daûs la
compétence de sa charge et <fu Conseil. Le lend'emaiii'
il envoya au duc d'Autriche un traité d'aUlasce pour
vingt ans -de la teneur suivante : « La ville êè Zurich
>> ne défendra pas les Suisses contre le duc dans les
» possessions qu'ils ont conquise» pjaiidairt/leurs^ dfef-
« niéres campagnes et conservées par le traité d,e paix.
» Le duiç devra secourlÉ'âiul Zuricois, s'il s'éléK'e une
i) guerre' entre eux et lesSuisses, En ce cas, Zurich ne
» fera poiqt la j[)aix ^ns le duc,* n'i le duc sans Zurîck
» Les deijuc parties obscrveront-ce traité peadaiit vingt
» ah^; «lies S'engagent a se^sec^rir mutueHeâient avec
D toutes leurs forces depuis Ifes sources de FAar jusqu'à
.i; Frtbourgj dans l'Uechtfend*^ |usqji'à Kidau'^ et aux
^.bords^de la Whièllê, 4e l'Aar, ^u Rhirr, du lac de Çons-
» tance^ du lac de Walenstadt, de là jusqu'aux sources
» de rAa«**et du Rhône. Soïit réservés Wenceslas, roi
» des Allemande, son fçére Sigismond, rqi de Hongrie,
à) l'archevêque die Sahbourg, le bourgrave de ^ftirefii- ^
j) berg et tous lès confédérés^ des Zuricois.® >)Par ce
* Croyaîl-il qu^l'on n^av^ît promis secouts^anx Confédét^squ€poar cj
<]u'i|s possédaï'ept en 1551, ou voubtt-îl sVxcuscr p^r là? . '
^ La ciroonscriptioii csl aussi étendue à cause de rjl$e1|KiU, snrîcqnel
JVibouiç formait :deç prétentions, et que TAutrich^ perdit dans la guerre.
. * Tant que cette réserve ne leur ^ait pas nécessaire.
? CVëaint-Olr. 1393. TtekuM. C'«5Stia date de Vienne ; àJJnrîcb,
OQ aait convenu de cette ch., et Texpédition çn Vv«it été ftiité pî«fi ^^
«
uvKE u. CHAP. nr» 317
^di^é^i Eodolpbe SchôQ trahit^ autant qu'il dépendait
de lui ^ l^babitaBsdeVileQsbach^ de Bilten ettl'Urain-
neq^ qui avaient prêté sermeM à.f<jlaris ; ceux ^de la
fcmél.d'^^nsîdlen.et de la Marche voisine, qui avalent
prêté serment a Schwyz; k forteresse ^ St.-André,
près de Cbi^m^ dangereuse pour les Zo^ais; Rotén^
hoiirg , qui fut cause de. la, giDerre ; Sempacb , dont Ai>
noid de Winkelried etbeaucoup^d'autres braveSiairaii^nt
payé le sol de leui^ sang^ le bailliage extérfeur^de
WoUhaus^R et les hommes de rEntlil^ueb; Ifi ^zerai-
neté d^s Bernois s^r Unterséen et leurs traités avec le
Haut-Sibentbal 4 Nidau, Bûren, toute la frontière ccai-
Jjuise, la république des Confédérés ;*enfin l^^'gnité.de
la ville de Zurich 1* choisie lorà dé ja paix de sep^ans
comme médiatrice eâtreeux et J' Autriche» * ; -
Lorsque les Suisses connurent ce traixé (la nation en--
tièrei^de même que Berne et Soleure^ était d^ps me
attenteinquiQlç)^ les sept cantoBs et Sûlén^re résolurent
de s'y oppoçer. Le & juin \ S93^1es magistrats le&pltt.<i sa-
gesjjea^plus cinuirageux et les piqs considérés de tou tesle»
villes et de tous les çanjtons parurent devant le bourg-
mestare et le Conseil de leurs confédérés de Zurich ,
demandant avec instance la convocation» àh Grand-
Conseil. T&ndis qu'une multitude de citoyens^ dont la
ic^iosijté^ était excitée par l'a^gitation qu'ils ^remar-
quaient dans les gestes, et les discours de. ces dépitfé}
extfaqjcdinaijres^ s'assemblaient sur la plaide devant
l'^ptel-^de-Ville et s«r le pont^ et que^ de son côté, lé
hourgme^e^ apil^f Avoir oàfHie message des députés^
songeaii^ aux moyens de l'éluder^ ceux-cj se répandirent
9ur la jSiace et racontèrent parmi le peuple le péril et
les craintes de ses confédérés, dont il avait souvent
il ♦ * . *
éprouvé la fidélité et l'afFectioa pî^ paix et en gûecre.
318 HfSTOIBK DK LA SUISSE.
On comprend «ans peine combien ces discours enfiail^
mérent les esprits; de moment en moment aiigmentait
l'affluence^ Tirritation^ ie tu^iulte de oeia qm meoih^
m t
çaient et maudissaient les traitres^ houle de Zurtcb/et
de ceux qui juraient aux Suisses fidélité copfédérale.
B'autres instruisaient à haute Toi^ les nouveaux yfé-
nus de ce qui se passait | la multitude^ comme il ar-
rive toujours^ attisait le feu. Le bourgmestre^ qui enten-
dit ce bk^uît^ en fut consterna. Dana.ce périt^ il assembla
le Grand-Conseil des Deux-Cents. Celui-ci prit la réso-
lution' suivante : « On attendra le traké d'allianoe que
» le duc renverra signé; alors on ass^fiMera 1& corn-
m mniie ai» bourgeois'; coudant le bourgmestre^
j) les trS>uns et les conseillers suspendront l'Icsercice
D de leur fonctions. » Après Cetar' les Deux-Cents se
séparèrent.
Dans ces inèmes jours, tandis qu^on s^entretemil
beaucoup des intention^ des ducs, iies précédentes ba-
tailles, des dangers à venir, de la force et des imperf<B»C'
tions de la Confédération, les plénipotentiaires des boit
cantons et de Soleure firent une ordonnance de guerre,
que toutes les villes et tous les cantons jurèrent d obs^-
ver à régal des alliances perpétuelles; on l'appela /^
traité de Sempach^ parce que la guerre faite près de
Sempachen avait été Toccasion : crNous, les ]bou]|^
D mestres, apvoyers, landammaips, conseils, bourgeois
» el campagnards des villes libres et d^ canteiis de
» Zurich, Lucerne^ Berne j Soleure, Zoug, Uri;^chwyï,
>) Unterwalden et daris^^, vivrons 4 l'avenir paîsi-
» siUement ^semble; chacun sera eja sûreté d^ns ^a
^ Ce rang est suivi dans la chjfrte; il est le métoe dans l^tràveol
i387, avec la seulp différence que dans celle-ci Lucerae et Zougssout
placés avant tous les autres cantons.
IJVRE II. CHAP. V|Iv 319
» miiisonj^tmr ses (àoinaines. et^ul ne sera teim de foti]>-
i) nir hypothèque pour les* dettes d'un a^tre. Celui qui
» apporte des marchandises dans le pays trouvera pré^
i) tection, pour sa personne et ses biens^ devant <ous
i) nos tribunaux. Nul ne doit commencer sans décès-
»^ site i|iie guerre générale ou privée. Lorsque iou^ leà
i) bannières déployées de nos villes et de nos qsmtons
i) noi^ marcherons ensemble contre nos ennemis^ alors
» tous^ en braves^ comme nos ancêtres dans tous leurs
» périls^ naus resterons et demeurtrons^ensemble^ cou-
»^ i^geux et loyaux. Celui qui abandonne les rang^ ou
ff transgresse ces lois d'une autre jxianjiére^ et que dejâx
» témoins convainquent dé ce ferime^ doit éti^ arsétâ
» par le gouvememest dc»t |1 relève, d'après les ser-
» mens de sa vi^ç ou de son câf^^ton, et puni â^ns sa
j> personne et se$ Inens |^ur servir d'avert^^sementaux
» autres ^^ Celui qui, dans u^ ij^mbat o^ dans une
» attaque, reçoit URe conttflâonV un céup^'épée ou de
» lanpe^ ou quelque autre, blessure qui le mett^ hors
» d'état d'être en aide à lui-même ou à Tarmée, doit
» néanmoins ne pas fuir, -mais demeurer avec ses com-^
» pagnons d'armes jusque après le combat ^^. On dé^
» fendra le champ de bataille et on harcèlera l'ennui
» ju|qu'à la fin du péril. Comme l'ennemi s'est de opu-
» veau rallié pendant lé pillage, et qu'il aurait i^ou^ert
» bien davantage près d^ Sempach^^j^i nous nous étions
» moins pressés de piller, perscmnê ne se jettec|i
*^ Par là on abrogea le dispodtîf de facte d*aH!anee de Oiaris de 1659,
diaprés lequel cette espèce de haute trabison devait être pn&îe en com-
mùn par les Confédérés.
^2 Parce que réloî^nement d'an chef ou d'une multitude pouvait fsf*
cilement induire en erreur et causer do l'effroi ou ont foite^ ouj^ai^»
que des blessures qu'on se serait faftc&, à soi-même auraient pu excuser
la trabison bu la lâcheté.
320 HISTOIRE DE hX SUISSE.
» sur le Imtin ayant que Jes. chefs aient autorise le
^ {pillage. Chacun dott leur livrer tout ce qu'il trouve.
»' Ils partag^rçût le butin 4'après la force des contiu-
a gen»'^ (^ntfe tous ceu^^ qui auront p4s i)ar ta Faction.
» Puisque lelHeu tout-puissant a déclaré les égU-
» ses s^s * demeures, et qu'il a renouvelé et augmenté le
» salut dti^ 'l^enre humain par une femme, ©otre vo-
» lonté est qu'aucun des nôtres n'ose ou ne veuille for-
)ï cer ou pftler, ou dévaster, ou ince^ji^r un couvent,
» une église ou Iftôe .chapelle **, ni attaquei* à main ar-
■ » méef blesser pû.^feapper une femme ou une fille.. On
» peut poursuivre ses enneçiis ou lej^jr bien jusque
j» <fens lés é^iâes> et Ton excepte dans le même sens
il les femmes qui nous attaquât et crient si fort qu'il
» pourrait eti résultei: un préjudice pour nos armes ^^.
» C'est là œ qiie nous avons ^vfèt^ acfepté et jjuré dans
» notre diète, à Zurich, le 40 juin de la troisième an-
>) née après l'an treîz<ç cent quat#é-vingt-dix. »
; Le traité de Sempach, cette première loi de guerre
des Suisses, n'est donc pas un'réglement d'art milîtairei
arrêté entre tous les cantons, mais un ensemble de dis-^
positifs conformes à l'esprit du temps. Les corps des
Gonfédéjités, divisés par cantons, étaient souvent io-
'' Suivant le nombre pins ou moins <con^dérabIe de citojens dû
chaque canton présens à la mêlée.
^* Il est digne de remarque que lltalîe avaît.déjSi établi cette disci-
pline dans le neuvième siècle : « iQaicumque eccTèsiam frpgerit, arlol*
» teria et incendia fcceiit, vilœ ptriculum. Quicumque caballum, bo-
• vém, friscingas, vestes, arma, tnleritCanra pillé avant le temps)» trîplirî
» l^ge componat , et armisc^ra ( il devait porter une selle sur le dos)
a anle nos a suia semotus bis dirigatur; servi fflagellentur et tundantor;
» 8eniore5( seigneurs) composîEionem faciant et ariniscara suflicianL »
€^nsiit promoiionis estercitu» ok^wationis pariib, Bencventi , S^^
Mwratori scripit R. /, 1. 1. P. il. **
'^ Dans une marche, dans une cmlntôcade ou dans une surprise.
LIVRE II. CHAP. vu, 321
égaux ; demeurer inébranlables comme une muraille
était leur système de défense; dans l'attaque^ ils avaient
l'habitude de se jeter sur l'ennemi avec une impétuo-^
site irrésistible, de l'enfoncer, de tout renverser, tel
qu'un rocher roulant de la cime du Saint-Goihard.
Leur tactique était celle qu'on avait employée devant
Troie ^^ j les sous-divisions, qui rendent une armée ca-
pable de tous les mouvemens, qui constituaient l'orga-
nisa tion de la phalange, et au moyen desquelles, dans les
plaines africaines comme dans les monts Gordiens, la
légion trouvait toujours un lieuôù se poster etunmoj-
ment favprable^''^, étaient tombées dans l'oubli. Au temps
de la décadence de Rome, le grand nombre de com-
binaisons curieuses dont la représentation amusait les
yeux ignorans de l'Empereur, avaient à tel point em^-
brouillé et corrompu la vraie et grande tactique des
armées romaines, que les vainqueurs trouvèrent diffi-
cile et peut-être inutile de les apprendre. Ainsi disparut
entièrement la science militaire des anciens avec tout
ce qu'ils {lOssédaieMide grand et de beau,^que le monde
*^ «Divisez les guerriers d'après les tribus, ô AjpMnîémnoo, et d'à-
m près les familles, afin que les familles soutiennent les familles, et
» les tribus, les tribus. Vous reconnaîtrez ainsi quelle troupe ou quel ca-
» pîtaine combat avec vaillance ou déloyalemcnt; vous reconié^itrez si
» c'est par la volonté des Di^uxque vous ne renversez pas Troie, ou par
» la faute des hommes et leur inhabileté dans hs armes. » Iliade, ii,*S62.
« Les rangs serrés des Grecs s'avançaient irrésistibles au combat ; chaque
• troupe était commandée par son chef; k maltitude des guerriers les
» suivait en silence. » Ib. iv, 427. Ainsi marchait Israël, chacun sous
» sa bannière (celle de sa tribu) et chacun sous la bannière de la maison
» de son père ( de sa famille )( Nombres, ii, 2 ) ; » m^iâua¥ec dessou,s-dlvi^
sions beaucoup plus régulières. Deuteron, i, 15. '
^? De là l'observation de Palladio, qui n'est pas entièrement juste, qpe
« la phalange n'a qu'un temps et qu'un lieu, mais que la l^on trouvé
• partétiA &n tempft et^n lieu, •
m. 3i
322 HISTOIRE DE LA 8U1$SE.
né comprenait plus. Si les Suisses, malgré leur igno-
rance des exemples de l'antiquité, rétablirent la bonne
.tactique^ ils le durent surtout à la situtation de leur
pays et à leur pauvreté, qui les forcèrent de combattre
à pied et sans autres armes défensives que leur hë-
roisme ^® ; ils le durent encore au bonheur qu'eurent
les Waldstetten d'ignorer beaucoup de coutumes vi-
cieuses d'autres peuples, et de recevoir de bien meil-
leures leçons de leur bon sens.
Cinq jours après l'adoption de cette ordonnance, la
commune des bourgeois de Zurich s'assembla aux Cor-
deliers. Comme ils parurent en grand nombre, cour-
roucés et turbulens (le peuple fut toujours loyal et bon
confédéré), le bourgmestre et le conseil se présentèrent
devant la commune avec une crainte bien fondée, et
s'excusèrent sur leurs bonnes intentions en toutes
choses. Leur présence et leiïrs paroles furent odieuses
aux bourgeois; néanmoins ceux-ci^ dont la juste colère
n'était pas une fureur aveugle, remirent au Grand-
Conseil des pleins - pou voirs pour connaître de leur
crime. Le Grand-Conseil des Denx:-Cents se forma en
tribunal, afin de juger le bourgmestre, les tribuns et
les conseillers. Après avoir reçu et pesé, selon l'hon-
neur et le serment, les dépositions des témoins et
les informations, ils prononcèrent au sixième jour:
(( Que l'alliance de vingt ans ayec T Au triche était
)) annulée comme acte non-valide , que Rodolphe
« Schôn le bourgmestre ^^, Godefroi Schôn, Jean Eris-
*' Cette observation a été faîte par Macchiavel, et elle s'applîqae cq
grande partie à Tinfantene espagnole de ce temps.
*^ Rodolphe ScbÔn peut avoir obtenu son pardon par ce motif ou par
un antre. Ërisbaupt avait-il une pins grande. part à la cbose qde Ini?
Ou bien les Suisses, b<n)orantIa magistrature et la vieillesse, voulaient*
LItRB II. CHAP. VU. 323
}} haupt '^ et quinze autres notables , fêtaient expulsés
» de tous les conseils , bannis de Zurich , et relégués
» dans des villes et des pays déterminés, les uns pour
^ toujours, les autres pour un certain nombre d'an-
)} nées.» Henri Meyss, dont jadis, long^tçmps avantla ré-
volution de Rodolphe Broun, les ancêtres avaient été che-
valiers et conseillers de Zurich^', fut élu bourgmestre.
Enfin, pour leur sûreté à venir, les bourgeois sanc-^
tionnèrent les dispositions constitutionnelles suivantes :
{( Nous, le bourgmestre, les conseillers, les tçibuns, le
» Grand^Gonseil et tous les bourgeois en général de la
» ville de Zurich, vu que, depuis les temps demes-
» sire Rodolphe Broun , le bourgmestre et le con-
j) seil ont étendu leurs pouvoirs et fait une alliance
» nuisible ^ux Confédérés , à beaucoup d'égards , et
» contraire à la Confédération perpétuelle, nous avons
D déclaré cette alliance nulle ; le Grand-Conseil a pro-
i) nonce sur le bourgmestre, les conseillers et les
ils qu'on ne punit pas le chef de la ville de ce que Ton reconnut élre une
erreur? Brkard Dûrsfé/^r possédait un ancien catalogue des tnagistrats
( Haller, BibL IV, S98) dans lequel Scbôn occupe alternativement avec
d'autres l'emploi de bourgmestre jusqu'en 1400. Jean Manesse, «piî fut
bourgmestre en 1392 et l'année suivante, selon Leu, alterna réguliè-
rement avant éi$. troubles avec Rodolphe S^On dans la première ma-
gîstratate,; celui-ci mourut à cette époque.
*^ Leu confond ici l'ainé et le plus jeune. On sait que celui-ci causa
dans la suite beaucoup de mal à la ville; qu'il se rendît à Rome pomr
la vexer à l'aide des tribunaux romains; que le sénat reçut des Deux-
Cents plein pouvoir d'agir contre lui au moyen de Tor, des ambas-
sades et de tous les autres auxiliaires (protocole mimkip, ); qu'£rishaupt
se réconcilia enfin avec Zurich , et obtint^ la permission de s'approcher
jusqu^ii la banliieue de la ville. (Ibid, 1â12. ) Cette innovation irrita si
fort André Seller , qu'il ci^lapnia grossièrement le bourgmestre et les
Conseils^ et fut enfin condamné à une prison perpétuelle. {Ibid. il(89«)
.^< Rodolphe . son oncle, avait été tué piéa de TstwyL Imh, art.
Meiss.
324 lilSTOllE DE LA SUISSE.
» tribuns^ et nous avons^ après mûre de]ibération; à
» Funanimilé et de bonne foi, juré dans la grande
» église^ devant tous les saints> de faire respecter les
» lois suivantes dans l'intérêt du gouvernement. Qui-
)} conque les viole au préjudice du gouvernement, des
» témoins ou des l>ourgeois, publiquement ou ea se-^
» cret, en justice ou sans recourir à la justice, sera
» jugé comme homme parjure et sans honneur, dévolu,
» cOrps et biens, à notre ville. Ce que décideront le
» bourgmestre et l'unanimité ou k majorité des suf-
>j f rages aura force de loi. Celui qui s'y oppose ou
}) forme un parti perdra biens et honneur ; diès qu'on
» pourra se ^isir de lui, il sera jugé comme un mal-
jo faiteur. Nul bourgmestre, nul conseiller ni tribun ne
}) demeurera dans son emploi pendant les deux $e-
» mestres d'une même année. Le s^ir des jours de
» St.-Jean*Baptfête et de St.-Jean-i'ÉvaYîgéliste les deux
» Conseils élisent un nouveau bourgmestre^^ ; l'ancien
j) concourt' avec eux à élire les treize conseillaf^s d*en-
» tre les chevaliers, les nobles et les bourgeois, d'entré
h les, connétables, les tribus et les métiers^. Chaque
» tti^u choisit son tribup. Si une tribu ne pouvait
» s'entendre pour l'élection," celle-ci serait décidée par
y le bourgmestre et les deux conseils, à;qui les tribuns
}> prêtent serment. Si le bourgmestre ne veut ou ne
» peut pas concourir à l'élection, elle a lieu sans lui.
» Toutes les affaires portées devant lui et devant re
» Conseil doivent être décidées sans ces délais ni ces
r
» Ce cbangcroent dans remploi de bourgmestre îBtdSi avoir été iffii
en iS84 , après la mort de lEH^ger Manesse, Leu. Art. Zurich. 11 est ici
prouvé par une charte.
3> Au commencement les conseiH^is. étaient tous pris parmi les ooUr
stables.
à
LIVRE II. CHAP. VU. . 325
» retards que le bourgmestre aime à faire naître» S'ils
M se montrent négligens à cet égard , quelques tribuns
» ou un plus grand nombre, avec ou sans eux, pro-
» noneeront définitivement, selon leur devoir et leur
w serment et sous notre garantie. Chaque tribun, cha-
» que conseiller fera au Grand - Conseil , sans em-
» pèchemeût , toutes les propositions qu'il jugera
» nécessaires , excepté lorsque des jugem'ens seront
» portés en dernier ressort des tribunaux aux Conseils.
» Ainsi fait, depuis la naissance de Jésus-Christ, dans
» la troisième année après la treize cfnt quatre vingt-
» dixième, par le conseil et du consentement de ma-
» dame Béatrix (de WoUhausèn) , présentement prin*^
» cesse-abbesse du monastère de Zurich ^*. »
Par cette conventioyi jurée, tes Zuricois, justes et
jw^udens, ôtèrent f administration de la république à la
puissance prépondérante de quelques magistrats, et la
confièrent, non à tous, mais aux meilleure. L'exemple
de Rodolphe Broun et les abus qui s'enracinaient
avaient • ébloui le bourgmestre et le Conseil; dittis le
Grand^onseil, siégeaient [probablement tous ceux dont
les . lumières et le secours étaient le plus utiles : les
Deux-Cents ont souvent, et dans un grand nombre de
villes, défendu les bourgeois contre l'oligarchie^ et d'anr
oiennes constitutions contre des chefs de parti populai-
res; c'est qu'une pareille assemblée est trop nombreuse
pour d'injustes coalitions, mais ne J'est pas assez pour
compromettre le calme et l'ordre. Dans la plupart des
républiques, le* sénat parâft naturellement appelé a
la préconsultation des affaires importantes; le Grand-
^^ X:<mvê^tim Jurfe , samoéi après "SaintJacqties, 1898. Dans \t\ hi-
hliothéifttehelvéU
â26 mStOîRÊ DE LA SttiSSE. [*»«*]
Conseil, aux délibérations; le bourgmestre, à Texécu-
tion; le peuple , à l'élection aux magistratures hono--
rifiques; le sort, à rélection aux emplois lucratifs
entre plusieurs candidats.
Ces entreprises firent voir clairement que la cour au-
trichienne est plus redoutable en temps de paix par ^
ruse qu'en temps de guerre par sa force; la Confédé-
ration suisse n'en fut que mieux consolidée (1394)*
Aussi, à la demiandedes ducs, la paix de sept ans^
. avaiU son expiration, fut confirmée pour vingt autres
années, avec toutes les villes et les cantons par les
articles suîvans ; « Les Glaronnais peuvent ftiîre ren-
» dre la justice dans leur vallée par des juges de leur
» chois, sans aucun obstacle et comme ils le trouveront
» convenable ^^j ils paient annuell^nent au duc deux
» cents livres fenning pour la. contribution de la Saint-
n Martin 2^ ; Urannen , vingt-deux j.Vilensbach, trois.
» Le duc ne fortifiera plus sa ville dé Wésen ; il per-*
» met de bâtir des maisons sur ses domaines. ^Puisque
n les habitans de la Marche et le pays de Notre-^Dame
h d'Einsidlen ont juré une alliaûce de combourgeoisie
>) avec les Schwyzois, ceux*ci leur enverront dès ju-
» ges et exerceront chez eux juridiction et bailliage j
h l'avouerie du monastère demeure à TAutriche. La
» redevance due par une partie des habitans de Scht^ryi
» aux ducs, et qui s*élève encore à treize livres ^''', sera
» perçue 4de ces gens parte pays même, et celui-cf en
«
^ On se râp^llô que lëH ducs ne voulurent psis tolérer le conseil deà
li]^lâlk)ïH$ de ISS^.
** £ile loi fut accordée oomme bailli impérial ou. comme a^é de
S^ckingen» v
*' La plupart s^étaient rachetés; môme au commencement ces revenoa
ne turent sans doutt^ jamais considérables»
LIVRE n. CHAP. Vît. 327
>j jouira durant les années de cette paix, La contribu-
» tion de Zoug et du baillage est de vingt marcs d'ar-
>i gent. Les Zougois rendront, sajis inquiétude, le
» château de Saint- And ré, près de Cham, à son pro-
» priétaire ; si la guerre éclate, il leur sera restitué:
n telle est la convention faite au sujet de Saint-André,
» de l'avis et d'après le prononcé de Zurich , de So-
» leure et de Berne ^^. Les habitans de TEntUbuch, le
» bailliage de Russwyl , les bourgeois de Sempach,
)) Hochdorf et Rotenbourg (vu que Heinmann de Grû-
» nenberg possédait Rotenbourg à titre d'hypothèque)
» peuvent garder les sermens prêtés à Lucerne; seu-
» lement Entlibuch et Russwyl paieront annuellement
>) au duc trois cents livres de deniers crosses {StcC'^
» hier) ^^; H<)chdorf, le droit accoutumé, et Sempach,
» aux Strasbourgeois la somme assignée sur leur con-
)) tribution^^. On réserve à Béronmûnster tous ses
» droits ^^, et à la maison d'Autriche le bailliage de
» Saint-Michel autour de cette église. Ce que Berne et
» Soleure ont conquis par les armes demeurera leur
» propriété. Le différend entre Fribourg et Berne, au
» sujet de llselgau ^^, sera soumis à un arbitrage. Les
^ Ces villes devaient décider si Zoag avait des garanties suffisantes
pour l'exécution de cet article.
^^ Ordinairement 60 de ces piëces faisaient un florin d*or du Rhin.
Leur nom leur venait de la crosse épiscopale ( «5te6. ») Schnyder {Hiii. de
t'Entlib. 1 1. ) * cite an traité par lequel le bailliage extérieur s'était cbai^gé
de piyér 163 livres fennkig de cette contribution, et le baillage intérieur
160, en 1393. Je ne sais à quoi devait servir l'excédant de 23 livres. »
*® Dans quelques manuscrits j'ai lu Strasberg, leçon qui a contre elle
non pas l'impossibilité, mais l'invraisemblance.
*^ Particulièrement à Hocbdorf.
'2 La contrée depuis Arberg jusqu'à la Thielle et du côté de Gerlier.'
Là est « insnia comitùm ; » Arberg est vine tle, Anet en était une, de
même que la. plqpart des localité? dans ce vieux marais^ ;
328 HISTOIRE DE hX SUISfiE.
» Confédérés suisses ne recevront le serment d'aucun
» bourgeois et d'aucun paysan autrichien. La guerre
» est terminée ^^.
Les arbitres choisis furent d'accord pour adjuger
riselgau à la ville de Berne ^*. Lorsque les fiefs con-
quis^ que l'on n'avait pas nommés dans le traité ée
paix , fuient rendus , les seigneurs de Hallwyl se pré-
sentèrent et réclamèrent le bailliage de Horgen, excel-
lent village au bord du lac de Zurich , qu'au temps
où l'on vengea le sang du roi Albert, les ducs enlevé-
* rent à la maison d'Eschenbach , pour le donner en fief
à leurs féaux. Les Zuricois , qui avaient pris posses-»
sion de Horgen^ choisirent pour arbitre entre eux et
les seigneurs de Hallwyl, Louis de Seftigen, avoyer de
Berne. Avant le jugement, quelques bourgeois de Zu-
rich, sages et intégres, trouvèrent qu'ils ne pouvaient
pas légitimer suffisamment leur prétention au bailliage
de Hôrgen; le bourgmestre et les deux Conseils exa-
minèrent la chose, et décidèrent « que puisque Vsk ville
» de Zurich n'avait pas un droit assez positif sur le
>i bailliage de Horgen , il était de sa dignité de k rigs-
D tituer volontairement aux sires de Hallwyll ^^. » Par
de telles mœurs ils se montrèrent dignes d'une bien
plus grande fortune. Feu d'^nées après, Horgen fut
hypothéqué à Zurich^®.
** CA. É6 juin iZ^à ; TsckutU, Les noms et les sommes sont souvent
altérés dans \&i manascritu ; à défaat de l'original il faut coniger Ses
copies en les comparant entre elles.
** Ch, tS99. Ànhe de Ribourg avait vendu en 1*582 ses préten-
Û&m à Fribowg; riselgau appartenait & T^idau depuis^i525.
*' Us exceptèrent ceux des bourgeois de cette ville qui étaient 'leurs
coicà>ourgeois; ceux-ci durent conserver leur boorgèoisie.
** Tout ce que les Hallwyl possédaitat de l'héritage d*Eschenbach ,
par achat ou à titre d'I^ypothèque ( quand ce n'était pas par héritage).
[isw] tivRK ir. CHAP. vn. 329
Un an après la conclusion de la paix^ rAutriche in-
térieure perdit le duc Albert, troisième du nom, frère
de Lëopold qui périt à Sempacb (4895). 11 dompta
la noblesse livrée au brigandage, et fit payer, dans ce
but , aux prélats , aux prêtres , aux bourgeois et aux
Juifs cent mille livres fenning ^'^. On le loua de ce qu'il
entendait chaque jour une messe avant le lever du so-
leil; il fit brûler en Styrie cent Vaudois j du reste, il
était pacifique, doux^*, ami de la véritable science,
selon les lumières d^lors ^^.
Contre son fils mineur Albert, quatrième de cenosi,
s'éleva Je parti puissant de Guillaume , l'ainé des prin-
ces autritlûens et fils de son frère *^. Albert , enfin in-
vesti de l'autorité* ducale , se rendit en Terre-Sainte,
contre l'avis dé ses serviteurs. Il en revint fier d'avoir
planté à Jérusalem ,;ati sondes trompettes , une grande
bannière autrichienne *^, et. heurcsjux de posséder bon
nombre de merveilleux sefcrets <fe l'Chrient, qui le firent
surnommer luirméme HÎe^ifeiVe du monde. : Cepen-
dant Henri Dûrnteufel de Geyspîcz , aidé de beaucoup
r
•t
les districts et les bailliages de Horgen, 1\hscbli](on et Marscbwanden,
et ce qui faisait partie delà seigneurie' d'Ëscbenbach fut hypothéqué
à la ville de Zurich^ par Rodolpbe de Hallwyl, de concert avec ses cotx^
sins TbÛring et W^lther, ainsi que par Jean Grimm de GrOn^nberg,
tons deux chevaliers, le 24 >anvier.i400, pour 2,000 fioritô vieux dû
Rhin (12,300 livrer). Edlibach et Mémorial de l^adminairatiou de la éom'
mune de Zurich an gouvernement helvétique, 1801 (rédigé avec la plus
grande exactitude d'après les documens).
*7 Hagen, 1890 ; compar. Metlie, eod. , et d'autres exemples.
w Hagen, 1595.
>' 11 fonda une chaire de mathématiques ; il aimait la méoaai^ne;
Fugger. Ce fut prfpsément lui qui organisa l'université de Vienne.
** « Jure consuetndinis et sanguiniif, quod senioç.esset. » Chron^Sa-
(tt6. adl895. > .
^* Hagen, 1 599f - et pour le fait suivant , Fagger^AkOh.
330 mSTOtHB l^Ë LA SOtSSfi.
de seigneurs , 4e chevaliers , de valets et de jeunes
gens, [ûUa impunément le duché pendant quatre ans;
enfin le lAaréchal Ulrich de Dachsherg , Frédéric de
Waldàée, Otton de Meissau^ les prêtres, les bourgeois
et les Juifs convinrent d'entretenir en commun deux
cent lances , deu^ cents arbalétriers et cinquante cha-
riots remplis de machines de siège, de i^hats {lestudi-
nés y vineœ) et de balistes; ces troupes rasèrent les
châteaux des brigands; on pendit les voleurs ordi-
naires ; ceux dont on voulait ménager l'honneur étaient
jetés la nuit dans le Danube ^.
Albert V, le seul fils que Jeanne de Bavière donna
au duc Albert, ayant succédé à son père à l'âge de dix
an^*^,leduc Guillaume, son grand-oncle paternel , ad-
ministra ses États. Guillaume, aimé de tout le monde^
était un prince avide de puissance et def gloire , dcmt
la princesse Hedwige de Pologne ne sacrifia qu*à regret
l'amour à l'intérêt de son royaume ** ; il mourut sans
héritiers et laissa l'administration de la tutelle à 3an
frère Léopold, que toute l'Autriche baissait , parce
qu'il foulait orgueilleusement aux pieds les libertés
jurées *^. Le duc Ernest gouvernait la Styrîe,la Car-
niole et la Carinthie; Frédéric, le Tyrol et le Burgau.
Pendant que Léopold administrait l'Autriche anté-
rieure^ l'Alsace et la Souabe, la domination antri'
chienne déclina de plus en plus. Donat, comte de To-
kenbourg , avait prêté environ neuf mille florins ^* sur
*^ ttagén, Apjpend, ad i402.
*• Fugger, Artnpeck,eic^ Il devînt roi sous le nota d'Albert H.
♦* On sait qaHedwjge fut obligée d'épouser Jjigel , grand-duc de
Ulhaanie.
^*Paltram t. FaitonU, Ckron. Auêfr. ad 1406. Ap. JPe^. înscrîplt.
*• 7,560 avaient été empruntés sur ces hj'polhèques en 15S4, et *
pins 1200 en 18B6. CA*.
LIVRE n. cHAP. ni. â31
te èômlé de Kibourg et le bailliage de Bûlach dont il
était en possession. Le comté de Grûnîngen> que le
roi Rodolphe avait acquis à là maison de Habsbourg
avec tant de soin et d'habileté , se trouvait hypothéqué
au chevalier Henri Gessler *''. Ce dernier gardait pour le
compte du duc la ville et le château de Rapperschvryl.
Gomme on ne lui payait jamais sa solde pouy ce ser-
i^ica et pour d'autres , il résolut de devoir bourgeois
de Zurich ^^j le prince ne put recouvrer Raj^erschtryl^
qui était au pouvoir de Gessler, qu^k force de prières
et de promesses.
Les tilles profitèrent de Tappauvrissement des ducs
d'Autriche pour étendre leur domination. Les bour-
geois ecclésiastiques et laïques de Zurich , et les bour-*
geois externe^ contribuèrent avec joie à l'achat du
bailliage et de la juridiction de Godefroi . MuUer à
Kûssnach et à Goldbach, et du bailliage de damé Ânné
d'Utzingen à Meilà, grand village au bord du lac de
Zurich ^^; cette dépense de la république fut facilitée
par la vente de quelques redevances de ce lieu^^; les
. . . ■. •'
*'. Voy«. son procès eautn Ràti aa êujet de Séegrœben, Jugé à Badeti
ayant Baint-Michd , 159S, ChartuL Ruiin, On voit par un document de
la même espèce, au êujel du château de Tégemau, 1^60, ibid. que 6r&«
ningen élait alors hypothéqué à Roik«Kl'Arbottiig. Je crois me rappeler
positivement d*avoir va de semblables actes hypothécaires de idi^» ea
faveur du comte Ëberhard de Wurtemberg*
w Techttdi, 1406.
A' Ch. de 1884. Muller vendit an prix de ÀOO mares ( 15^198 livres, 6
Bë^îngs, 8 helleir de la monnaie actuelle); la datUe Anne, alors sècotide
femme de Pien-e d*£bersperg, pour 500 florins (8,S8d lii^s, 6 sch^^S
helL ) Le clergé donna au moins A 00 florins»
*^ Ch, de 1385 attestant que pour la redevanicti en poivre due au bailH,
on retira 136 livres feniiîng , et pour celle en êpflutre » en avoine et eh
(eufs, 167 livres, 5 scbelings.
332 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Zuricpis songeaient n^oins à augmenter leurs revenus
qu'à étendre leuriîberté par un aceroisseraent de popu-
lation^ et à fortifier Tempire de leurs lois, au moyen
d'une juridiction plus vaste. Ils achetèrent le bailliage
de Hôngg, bourg situé sur la Limmat^% qui des niiiins
d*un baron de Séon avait passé aux moines de WettÂ-
gen, de l'ordre -de Giteaux, et sous le protectorat de
Habsbourg^. Ils acquirent le bailliage de Tallwyl, sur
le lac, hypothéqué par le duc^^; les Manesse aban*
donnèrent leurs biens à la |*atrie^*. Tous ces lierrà^oat
été singulièrement embellis par une activité pidfic^tî^^
au sein de la tranquille jouissance de tous les privilèges
et ae tous les droits ^^ que les colons stipulèrent avant
de s'y établir et de s'y propager ^^. Le duc vendit aux
^^ La contf^ulion b^^tivâte fut Tendue aux contrîbuabli^s pour 254
florins et 6 livres fenning* Protocole municipal, 1408. /
*2Le prix que Wettingcn en reçut fut de 1,000 florins (^,§66 livres,
iS sCh. 4 béliers} tft$4. MémoriaL n. 36.
^* Le chevalier Nicolas de Baimbeim avait prêté soixante-quinze marcs
sur ce vjUage et sur son ba^Biage, il vendit sa réclamation à Ândrè Seiler
de Zurich (n. 20) ; celui-ci, en 1385, pour 100 florins à la ville. Edli'
baclu Cette somme équivaut à 656 livres, 13 sch. 4 hcllers de notre
monfiaic. L'abbaye de Mourî donnait cinq muids et demi de froment sur
ses revenus ; le jour où le receveur vem^t, chaque feu donnait une poule.
Dans les affaires criminelles et sur les fortes amendes^ le bailli recevait le
triple de ce qu'on accordait au plaignant. €h, 1385.
** Hat et ses neveux Roger et Gôtze vendent à la ville pour 45 marcs
(1,383 livres, 15 sch. ) ce qu'ils poss^ds^nt dans la contrée la plus
voisine à V^oliishofen , Leimbach et dins TEnge , 1392. Mémorial^
. ^^ 1m ouverture ( la déclaration ) des droits avait lieu deux fois par
an. Ibid, ^. ■ . *
^^ Lorsque dans la circonscription de douze chSileanx auxquels étaient
attachées des libertés particulières^ il naissait un enffipt, même étranger
€t d'iui.pays éloigné, la mère recevait sufGsamment de bols pour la
nuit de ses couches* Si queh|n'un bâtissait une maison, on lui donnait
LIVRE II* CHAP. Vil. 333,
Zuricois le château de Rheinsfelden , situé à la jonc-
tion d^ la Glatt et du Rhin ; mais^ il fut incendié par
jalousie^ à rinstig;ation d'Albert Blarer, évéque de
Constance ^''.
Les chevaliers Herrmann et Guillaume Gessler, dont
le premier vendît aussi aux Zuricois son domaine 4e
IMxinherQ ^^, leur permirent de racheter pour 8,000
florins l'importante seigneurie de Grûnijigen avec leur
juridiction à Staefa^^. Dès cette époque, le château fut
gardé par un membre du conseil, accompagné de tfiJoÎË
valets ; la ville lui abandonna le produit des fbqds de
^rre attachés au bailliage ^^, et lui assigna de plus an-
nuellement cent quarante livres fenning; car on ne
voulut pas lui laisser les amendes et les confiscations^',
de peur que son intérêt ne le détournât de la justice
et de la clémence , et ne le fit incliner vers la sévérité.
Les Zuricois révâèrent le but principal de leur grande
extension, alors que, sur les instances de leurs sujets
quatre pièces de bois pour Vanneau et une pour le pilier^ d'où Ton peut
conjeclurer que les cabanes avaient l'ancienne Forme gauloi^ ; etc. Ibid.
^^ Tiphudi, 1408 et 4410.
^^ Id, UOS. II avnt acheté, en 1405, Mœnidorf au'fiwl du lac, et Lie-
benberg dans le district de GrûiÉhgen (qu'il tenait peut-ôtre de Giçlen),
cette derpîère localité pour 600, la première pour 400 florins du Rhin
( 6,618 livres, 15 sch. ) Mémorial d'Edlibach, Zurich refusa de payer à ce
sujet un rachat quelconque à la maison d'AuU^îi^e. Lettre au bailli de
Grmingen, li|'14.
" 1403,11 juillet, pour 8,000 florins (52,741 livres, il sch., 4
béliers.)
<<* Un ptè derrière le ch&tean , un verger devant la ville ^ )e pré dans
les marais , un champ , un potager , une chenevière , etc. JnsÉallation du
bailli Henri Hagnaucr, le Jeune , le 8 août 1416.
<* Le contraire avait eu lien jusqu'à l'installation susmentionnée ;
l'expérience les rendit saiis doute plus sage^
334 HISTQIRB O^ hk WlSSp.
de WfiBdîachwyl ®^, ils vendirent le baiUifligè et la Ji»ir
diction de ce lieu ^^ à la maison d63 çheyaliçrs de Saintr
Jean : ils stipulèrent que toute sa mtticq servirait dam
le^ guerres de leur ville ^*,
ïiorsqae les sujets de l'Autriche, négligés p^r leurs
(souverains, commencèrent à s^aider eiKt^niêi^es, IV
voyer, le conseil et les bourgeois du nouveau Régensberg
et de Bûlach firent ensemble une alliance défensive ^^
Les Zurieois s' étant emparés de Régensberg dans la
guerre d'Appenaell , que nous raconterons bientôt, la
même communauté fit une alliance de combourgeoisie
avec Zurich, stipulant un isecours mutuel ei^ers et
contre toijs (1407). A la fin, les ducs ^^, qui devaient
aux Lombards ou Gawersches de la ville de Zurich
7,000 florins , cédèrent aux Zurieois pour cette somme
et sous réserve dû rachat Régensberg avec la justiea
criminelle, qui fut attribuée au bailU, et avec toutes te
justices, tous les sferviciâSf les revenus et les créances)
ils recommandèrent de ne pas grever leurs sujets de
nouvelles charges^'. Les Zurieois prirent possession de
cette hypothèque dans un temps où l'incurie des ducs
semblait avoir rompu tous les liens de l'obéissance,
*' Ils trouvaient probablement incommode de rclçvcr des tribanans
de Zuricb. Aussi le bailli de Tallwyl ne pouvait-il jpas juger un procès
bors de son bailliage, sans le consentement des deux parties. Coatumier
(UTallwyL
'* C'étaient des fiefs d'Einsidlen et du couvent des religieuses; Zurich
les avaît achetés des seigneurs de Hûnenberg. ^
'* Voy. dans Tsehudi , 1408, la convention passée à ce sujet ptr Hart-
mann de Werdenberg , évêque de Coire, commandeur de WaBdi^chwji
^^ AUiauçe de Régensbej^ et de Bî^hy 1895, pour tout le temps qu'ib
demeureront sujets de rAntricbe. <
** Frédéric pour ses frères et ses héritiers. Le duo Léopold était Ù3^
|régpnt dp l'Aptriche intérieure.
^^ Acte d* engagement i In^uck, Lfetave» 140S*
UVRE U« CHAP* VU» 835
en sorte que les habttans de Régeasberg prétendaient ^
juger dans leur propre cause ^ quand le bailli leur dé-
plaisait. En outre, une ancienne animosité ehtre lea
serfs de la plaine et ceux de la montagne oocaâionnak
de fréquentes dissensions^^ ; le nouveau go.uvernemejEiit
confirma les frïinchises^® et rétablit la subordination '^K
Les ducs conservèrent le droit de rachat jusqu'aux
époques subséquentes où des traités annulèrent toutes
leurs prétentions,
A Taspect d'une prospérité si manifeste , beaucoup
de seigiieurs et de villes abandonnèrent pour Zurich
la maison ruinée de Habsbourg. Lie comte Xiouis de
Thièrstein , abbé d'EinsidIen , conclut avec cette ville
un traité de combourgeoisie de dix ans pour son chài-
teau de Ffeffikon , pour lui--même et pour sçs gens a&v
sermentés'^^ L'abbé Loms avait affaibli son abbaye
par les prodigalités^^ que lui suggéraient sa vanité et
son ambition'''^; plus sage que lui^ son successeur
Hugues de Rosenegk et Wartenfels '''* renouvela ce
traité "^^^ Son exemple fut suivi par Henri Pfau, abbé
*' C*est pourquoi Zurich se réserve de prononcer enlrq eux. Proith
cote municipal , iài5^
é|« «{)!abord en 1407, puis en particulier h cent de la montagne en iÂSl,
lorsque « la grande rnorlalité rendit dC'sertes beaucoup de maison^ m
'^\ Protocole munie, 1. c Traité de paix avec quelques habitant du bail*
liage, iàO^, dam Têchudl,
^* Traité de eomboargeoisicy 5891. Znrîch s'engage à lui envoyer à
Pfie&îkon^ sur sa demande, quelques bourgeois pourTaider de leurs
conseils.
'2 On voit dans Hottinger, lU$t. eccl,, année 1409, d*apr5s Hartmann
Ann, Eiuiidl, , qn*il gouverna « superbe et flagitiose» •
^' n aspiratl & l'épiscopat de Strasbourg.
^* II- laissa au monastcTC 32,000 florins. Hafnet ^ Théâtre êoUitroU^ t.
U, p, 579.
'^ 1409. Leu, arL Eiasidlen.
336 HISTOIRE DE LA SUISâE.
de Cappcl "^^ et Gcdefroi abbé de ftfiti '^'^ ; leurs cou-
vens bien dotés s'appauvrissaient '^^ par la mauvaise
économie^ si ordinaire chez les moines. Chose remar-
quable ! on réserva, en faveur de Tabbé dç Rûlî, le
droit de citçr d'autres bourgeois pour des affaires tem-
porelles devant les tribunaux ecclésiastiques. .
he seigneur Jean de Bonstetten, chevalier, fit avec
Zurich un traité de comboùrgeoisie , dans lequel il
comprit. '^es châteaux d'Uster, de Sax, dé Wilberg et
sa tour de Gundisau'^: il réserva le duc, son suze-
Mn, qui lui devait beaucoup d'argent. Il maintint sa
domination sur ses serfs, même dans le cas ou ils s'é-
tablissaient dalfrs l^s juridictions de la ville^ et deve-
naient bourgeois. Lui-même promit, comme il sied
aux nobles seigneurs, secours lirmé, mais |i0intde.con-
tributioh« Son oncle Rodolphe et Son cousin Jean fai-
saient partie de l'alliance chevaleresque germanique du
boùct&çr de Saint-4Seorge *^, une des assodNi^ons au
moyendesquiâltea;^. jïhevalerie impériale a consei^vé jus**
^* ïloUinger, 1. cf. d'après Stuinpf.
^^ Traité de comboùrgeoisie, 1402 , Tschfidi,
^* Acta v^aiionis Abbati» AUartpetiMà in monatterio filiœ nosiPm ée
CapetiOf, 1085. La dépense du grand célérier surpassait sa rçccUe de
1. 25 1;2; il devait plus de 1. 170; la dépense du prieur surgassaH^a-
lemeàt sa l'ècette de 1. 18 I72. « Pensiones : 640 modiMfTtritic^moins
deux quarts) ; 160 i;2 umœ vini ; 172 ilor. » Il y avait à Kûti 15 « Cand-
nici • et ils avaient à peine 120 marcs. Lettre de HerrmanndeLandenberg^
autrefois de îVerdegk , chevalier, au sujet du patronage ^ l'église de
Gossau, 1415.
" Traité de comboùrgeoisie, 1407; compares celui de Gaspard de
Bonstetten, 1434* C'est ce Jean qui vendit eii^l412, à Zurich, sa pari
à la tour de Hottînger.
'^ Rodolphe était en 1393 , selon une cbarte» « conlillarius • des
ducs.
LIVRE II. CHAP. VII. 33T
qu'à nos jours $a dignité et ses droits. Herrmann de
Hohenlandenberg , cousin de Bonstetten ®^, conclût à
Zurich une alliance de combourgeoisie pour sa forte-
resse et ses domaines, dans le Turbenthal (1408),
pendant la malheureuse guerre de la noblesse contre lés
Appenzellois, que nous raconterons ci-après. Ulrich
de Landenberg-Greifensée jura de veiller à la sûreté
de Zurich, à l'aide de sa forteresse du vieux Ré-
gensbarg ; mais il ne conclut pas de traité de com-
bourgeoisie^^.
Dans la guerre que nous venons de mentionner, les
ennemis de la domination autrichienne s'étant avan-
cés sans obstacle jusqu'aux portes de Winterthur,
l'avoyer de cette place, Jean Gôtz, écuyer ^^, profita
de ce prétexte ou de cette occasion pour unir les villes
de Zurich et de Winterthur par un traité de combour-
geoisie et de mutuelle défense®*. Cela déplut aux ad-
versaires de la ville de Zurich, jaloux de sa prospérité,
ainsi qu'à d'autres qui préféraient jouer un rôle au
milieu de villes autrichiennes peu considérables , que
d*êtrê simplement en sûreté à la faveur d'une alliance
avec Zurich; les ennemis de Gô(z saisirent cette occa-
sion pour le perdre. Après que ce parti se fut fortifié,
il en informa Herrmann^ comte de Sulz, lieutenant des
^^ Il avait épousé Anne de Landenberg Werdegk. Jnnalei de CéglUe
d'U$ter. £ya de Honbourg était la femme de Ilemnann de L.-W. lUnri,
abbé de Saint Gall , Wy t , 141 A.
>> Protocole municipal, 1415 : «Néanmoins il ne prétend pas pour cela
6tre notre bourgeois. » Marie prête serment avec la même réserve. Ibid.,
1424.
^^ Ecuyer duas Tschudi , gentilhomme dans le registre municipal de
Zurich de cette époque.
•* Voy. le commencement de Vacte de combourgeoisie dans J. G»
Fàê$lin , Géoglh t. II , p. 296 sulv.
Ht. ^^
338 HIS1»MLE IWB LA SUISSE.
ducs. Le comte, à la tête de beaucoup de troupes, par
rut soudain aux portes de la ville. Celles-ci lui furent
ouvertes ; il harangua le peuple assemblé, et se plaignit
hautei^ent du traité de combourgeûisie, w conclu à Xinr
» stigaAion artifideuse de quelques hommes puissans, à
» rinsu et sans le consenytement des maitrgi nés de
* » leur ville, dont les pères l'avaient rendu plus floris—
» santé que bien d'autres par du belles franchises; traité
» condu d'ailleurs avec une cité, aigrie par d anciennes
» guerres, et qui vivait avec eux et avec l'Autriche
» dans une paix équivoque. » La commune rompit le
traité; le comte emmena l'avoyer Gôtz à Aadelfingen,
où il le fit publiquement noyer dans la Thour ^^. Il est
vrai qu'en conformité aux articles du traité- de paix,
les autres actes de o^mbourgeoîsie . réservèrent les
ducs *^ et furent conclus avec leur autorisation ^''.
La ville de Lpcerne acheva de racheter la seigneu-
rie de Rotenbourg des mains de Hemmann de Grûnen-
berg^^; avant la guerre de Sempach, déjà beaucoup
de campsignards de cette contrée ®^ avaient acquis sa
protection ou sa bourgeoisie en lui prêtant serment.
Lucerne acheta d'tm baron de, Hûnenberg le bailliage
d'Ebikon , vallée fertile et agréable non loin de la
ville, où se trouvaient les justices inférieures du noble
Gundoldingen^^ mort à Sempach. Une branche de cette
« Tschudi, 1408.
^' On le voîirpar ces expressions : «aCn que nous conservions d'autant
plus sûrement nos maîtres. »
*^ Excepté les tm^ités conclus par des abbayes ou des seigneurs indé-
pendans.
^^ En 1S95^ pour 4,800 florins. "Fœs^
'' P. e. de Kriens , Horw et Langesand« taUhattar, Chose» ménmr.
di$ C, de Lucerne 9 t. I, p. 142.
B« £t de Wemer , son fils. Uld. 129.
LIVRE n. CHAP. VU. 339
ancieime famille^ t^m d'après l'usage de la vieille no-
blesse et pour son éternelle gloire laissa beaucoup de
sujets dotés à& franchises^ s'étant éteiifte^ les habitans
de Mérischwanden passèrent sous la domination de Lu-
cerne ^ ; aujourd'hui encore leur commune choisit son
bailli parmi les conseillers de *cette ville. Le chevalier
Walther de Tettikon, que nous avons vu de concert
avec Hunwyl et Waltersberg trahir Hionneur du pays
dTJnterwalden dans l'aflFaire de Rinkenberg ^, légua à
Jeanne de Hunwyl^ sa nièce^ le château de Habsbourg
sur k Ramfluh, au bord du lac des Waldstetten, hy-
pothèque donnée par les ducs ^•^. Lucerne racheta ce
château 5 le promontoire du Meggenhorn , toute» les
hautes justices et le casuel des villages voisins ^*. Le
comte Guillaume d'Arberg-Valangin ^^ jugea conve-
nable d'accorder aux Lucernois le rachat de Willisau
et de Bûren^ hypothèques éloignées €pie sa maitoiv te-
nait de l'Autriche ^.
Les ducs eux-mêmes leur engagèrent ^ les deux
â
'* J, G, FùssUn, 1. c. U I, p. 283 , où H dit par erreur que U maison
de Hûnenberg s'éteignit alors (1994)*
*^ D'q)rës le jugement de la landsgemeinde , ci-dessus » ebap. V.
** Pour 200 marcs d'argent ;cA. i570, sur laquelle s'appuie Ba(Majar,
t. c. p. i A.
"^ En iàOQ , pour 225 florins ; ibid. i9h* De même qu'Udlingen-
scbwyl ,'et des droits à Meyerscappel , Buebenas et Greppea»
*^ Son père était le comte Jean, son grand-père Gerhard, tué à
Laupen. Marie , sa mère , possédait le château de Hasenbourg au-dessus
de Wiffisan , qilê les Bernois lui ruinèrent.
'' 1407. Les fondateurs , les seigneurs d'Ârbourg , sont entettÀ à
Bfiren. U ne /aut pas le «bnfondre avec la ville de Bûren au eanton de
Berne. . ^
*' Le rachat de l'Entlitii^i' par les Lucernois fut antonsé en 1396.
Sekt^der , Hiaf^ deU^ntL t. L 11 e«t lien en 1405 de la main du duc
Frédéric agissant pour lui , pour ses cousins» ses frères et ses deseendans.
340 HISTOIRE DE hk SUISSE*
châteaux de WoIIhausen, le bailliage extéri^ir etTia--
tërieur, Russwyl et Entlibuch avec toutes .les juridic-
tions, et les droits 5 tels que les avaiait possédés le
comte Imer de Strasberg et le sire Pierre de Thor-
berg ^^. Les habitans de rEutUbuch étant devenus
bourgeois de Lucerne ^^ , la ville conclut avec eux
un traité ^^.
L'£ntlibuch consiste en agréables et fertiles vaHées et
en montagnes de moyenne grandeur; il renferme^ sur*
tout depuis la réunion de Doppelschwand, qui eut lieu
alors^ beaucoup de grands villages habités par un peu-
ple non moins ennemi de l'injustice que les Suisses^
ses voisins j beau peuple , de haute stature , d'uu
caractère gai, d^ailleurs fier, irritable, résolu, race
d'hommes avec lesquels de bons généraux accomplis-
seirt des exploits hérmques. Le seigneur possédait les
forêts et les eaux, la haute et la basse jftstice, les ser-
vitudes, les tribunaux et les impôts; le duc nommait un
'' Ch, Schaffh. vers la Pentecôte, iàOb f Sehnyder en donne un
extrait. Les 3000 florins d'or,. pour leKqtiels ces domaines araient été
hypothèses à Thorherg , forent payés. Dans ces anciens temps qu'on
appelle baijbares , grossiers , obscurs , on n*a pa$ vu périr U moindre droit
dans un orage révolutionnaire, I>îoas y voyons souvent payer argent
comptant, à titre de propriété , les\lomaines conquis. Aussi CroillauniQ
d'Arberg conserva-t-il ce qu'il possédait à Russwyl ; le patronage de
l'église de cette localité . le plus riche de la Sujsse , dit-on , le chàtean
et ses droits furent vendus par lui à l'bopital cle Lucerne pour i200
Horin^comptant HaUer^ iJi6(,,fft, 246 et Sialdet^, t. L
•• Droit de bourgeoisie de Lucerne et d^nHibuch; Saint-Jacques
#&0&« Là Ch. est aux archives de Schûpfen. Statder^ 1. 1.
**^ A la demande des habitans de la campagne et à celle de la ville,
« pour la pais et la commodité. » U est évident qu'ils auraient voulu
être combouigeots, mais non sujets; on voit aussi dans l'histoire de
Sehnjder qu'on knr avait enlevé, en i4$8 « sigiUiun ^llis, « et ^'ea
1414 rSntUlKicb était mécontent.
UVRË ÎI. CMAP. Vit. 341
bailli ; avec le conseil de ce fonctionnaire^ le peuple
élisait quarante mgistrats *'^^; d'entre ceux-ci, quatorze
étaient délégués comme assesseurs du bailli et juges
dans les procès en matière de propriété et autres j
dans les causes plus importâmes > le bailli pouvait
prendre le tenais de la réflexion, et , en cas de partage
d^ voix, consulter qui bon lui samblait. Il était tenu
de convoquer les quatorze à la demande des parties
et aux frais des coupables ; hii et son seigneur se par-
tageaient toutes les amendes. Luceme conserva aux
habitans de l'Entlibuch cette constitmion en la perfec-*
tionnant ^^^. L'impôt, les contributions en avoines et
en poules ^^^, souvenirs de l'ancienne servitude, fu-
rent supprimés moyenant deux mille cinq cents flo-
rins, mais ils devaient payer les mêmes contributions
que les autres citoyens» Alors tous les habitans âgés
de plus quators^e ans, jurèrent fidélité à Luceme; le
bailli de cette cité leur jura bonne justice et bonne ad-
ministration, conformément à Fîntérèt du pays et au
droit. Les haUtans de l'Entlibuch promirent de mar-
cher dans les guerres de Luceme sous la bannière de
4 ■
^^ Les quarante sont simplement notnmés dans ce traité comme fine
magistrature connue j sans désignation ultérieure de la nature de leoïs
fonctions*
^" Contention vers la Saint-Jacques 1405. H n'est pas facile â» discér*
ner les dispositîls nouveaux» les améli#ations, lea articles simplement
confirmés.
*** Les pilles du carnaval et les avoines sont des monûmens de la
constitution dans laquelle « servo frumenti modum dominns aut peco*
» ris aut ^'eslis» ut colono, injunggbat. » TaciU Gtrm, c. 2S. Sthnyder,
t I) donne une liste des droits seigneuriaux de la maison d'Autriche,
dans le bailliage extérieur et dans intérieur. Son histoire, comme celle
de SiaUUr, est écrite en général avec soin, av«c beaucoup de réflexion»
et dans les principes d'un homme loyal et zélé pour le bien*
342 HISIlQtRB DB LA SUISSE.
la ville y à leurs propres frais ; en cas de péril immi-
nent et d'une lev^ g^érale^ il$ devaient marcher
sons la bannière no^tioppile d'Entlibuck^ soupiis aa
général.
Si ^ à l'exemple de leurs devanciers de cette époque^
les gouvernemens suisses n'exigent de leur peuple que
Tordre en temps de piaix^ du sang en temps de guerse^
les seuls impôts que les gouvernans paient eux-mêmes,
et s'ils tt'oufclii^t jamais que les baillis scmt institués
pour l'intérêt du pays^ certes ^is conservercnit \^ cœur
du peuple ^^*.
Dans les hautes vallées au-delà de TEntlibuch^ en-
tre ^houuQ et le$ glaces éternelles^ les ducs perdirent
les fiefs usurpés par le roi Albert et par leurs autres
aïeux gui vengèrent son meurtre^ et ils virent tomber
en même temps la puissance de tous les amis «apables
de servir la maison 4' Autriche contrpi la république des
Bernois. Les communes du Haut - Sibeiiri^l avaient
passé sous la domination de Berne ^^^. Rodolphe, sei-
gneur d' Arbourg, autrefois attaché à la maison ducale,
ét^t devenu bourgeois de Berne ^^^, ven^ à cette ville
le fort de Simmenek, clef du passage qui conduit dans
le Haut-Sibenthal et dans le Gessenay ^^. Le fief que
les comtes de Gruyère possédaient à Mannenberg avait
• *®^ On ne le leur a pas aliéné, même de nos jomrss maïs ils se sont
en partie abandonnés eux-mêmes, en partie on a;dft céder à la violence*
'^^^ Saint-Élienne était la principale. ^•
*** 1385. SMtl^r. RodolfÉ^ tenait Simmenek de ton onc)[e maternel
Thûrii^, de Brandj$, dont le père, du même nom, avait acqi^ ce
fort de Pierre, tomte de Gruyère, son oncle maternel. Leu, Rodolph*
mourut en 1404. Rodolphe, spn ûJis^ conclut, en 1400, un autre traité de
combonrgeoisie pour Gutenbourg, non loin de LangenthaW çtponr ce
B&ren doQtilaété question n. 96. TïïcIudL II mourut ei|i 1470.
'*' ia91« pour 2,000 florii^ida Rhin. Siimpf.
LITRE II. GHAP. VIT. 349
été remis au baron de Bubenberg ^^, un des princi-^
poxm magistrats de la ville de Berne. Le sire Tbûring
de Brandis^avait contracté envers ellepcmr leBas-Si-
bentbal les mêmes obligations que la famille éteinte
des Wyssenbourgy dont il avait hérité cette seigneurie.
Marguerite^ sa femme ^ et Véréne, fenime du comte
!Erédéric de ZoUern, sœurs des comtes de ^tibourg,
possàiaient les seigneuries d'Unspunnen et d'Oberho*-
Sén^ la petite ville d'Unterséen et dans rOberhasli le
hameau de Balm^ hypothèques données à TAutriche
parieur père ^^. Marguerite céda sa part à la comtesse
dei£olIern ; cellerci, du consentement de ses frères ^^^,
vendit ces seigneuries à la ville de B^ne ^^^; la répu-
blique en concéda l'usufruit *^' h Louis de Seftigen,
avoyer, et à Nicolas de Scharaadrthal ^ chevalier; la
milice fut réservée à la ville, comme de raison.
Le baron Antoine de Thum à Gestelcnbourg^ ' ^, feàt-
fils de celui qui^ deux ans après la bataille de Morgar-
ten^ promit à Léopold I uu secours de 3^000 hommes
contre les Suisses et les Bernois ^^*, fils de Pierre,
ennemi juré de Berne avant et après la guerre de
Lailpen ^^^, Iç même par le bras ou à l'instigatiou dur
**" Dé|li en I35â. C'est par erreur que Stettler sl raconti à Fan iS92
les évënemens relatifs à la forfaiture du fief, et qui n'ont pas eu lieu
avant 1493.
*^' Le comte Hartmann, en 1970. Il mourut en 1377*
'sO'lls le donnèrent en 1400, moyennant 4>000 florins.
''^ CA.-.1397, aussi au nom de sa fille.
*^^ En I4c00, pour 8,000 florins. Ttchachtlan.
"' Traité dit Jean de Thurnavee Lêopold, 1518. TschàdL
*** il possâlait autrefois Laupen ; les Bernois lui brûlèrent Biens , et il
fut le principal auteur dès guerres faites dans le dibenthal depuis 1546.
^^^ La première femme d'Antoine était de l'ancienne et puissante mai*
son de Thoire-.Villars; la seconde de Banme-Montrevel ; la troisième,
Yillette de la Tour de Vinay en Daupbiné. Apr^ la vente 4ô tons
344 HISTOIRE DE LA SUISSE.
quel révêqtie du Valais avait été .précipité des fenê-
tres de son château^ seigneur farouche et guerrier,,
autrefois influent dans le conseil de Savoie ^^^, pro-
tligue par atnoûr des entreprises et par cela même i^ns
doute fort dur, fut contipint par la décadence de sa
fortune à vendre ses domaines. Son animpsitë contre
Berne ^^'^ se réveilla d'abord à l'idée de fortifier cette
république en lui cédant ses sujets et ses seigneuries.
Il vendit à l'abbaye d'Interlacheu ce "qi^il possédait
à Grindelwald, dans la vallée de Lauterbrounn et dans
Amerten^^®, vallée considérable* avant l'extension de$^
glaciers, et passage pour entrer ^en Valais. Enfin il
fut réduit à céder aux Bernas la grande vallée de
Frutigén, que du haut de son château de TeUen il
tenait sous un jougf tyrannise ^^^. Le bruit de. cette .
négociation s'étânt répandu dans la contrée, du fond-
des vallées et du haut des Alpes où ils paissent leurs
troupeaux jusqu'aux bords des glaces éternelles, tous
les habitans de Fnitigen se rassemblèrent, enflam-
més de l'amour de la liberté. Chacun ofi'rît volontai-
rement ce qu'il avait hérité de son pé^ 6u^- ^cor
nomisé lui-même : d'anciennes chansons disent que
les domaiiids mentionnés dans te texte , il lui .restait encore ÂrcoH'
ciel, Illens^ Attalens et PlafcyoQ; il transmit ces seigneuries à sa fille
unique Jeanne , épouse du sire Jean de Baume-Montre vel , maréchal dû
France. M. de Zurlaubcn, le dernier rejeton de la famille de^hurnli
Gestelenbonrg, nous a communiqué ces renseignemens du riche trésor
de ses chartes.
*" Encore en 1398. Voy. Guicliewt^yie d'Amédée VIIL
"7 rwA«(/t 4365.
*^^ Ch. 1395, II céda aussi à celte abbaye le patronage 4^ Téglise de
Frutigeo.
* Eïtrémîlé fort sauvage de la vallée de Lauterbrounn. G» M.
*^^ En 1400, pour 6,200 florins. Peu données après, le baron mourut
dans un âge très«avancé, an château de TAbcrgement auprès de sa fille.
uvRB n.i^cHAP< vn. 345
la commune jura de ne point manger de bœuf durant
sept ans^ afin de »afFraBchir de la oontributioa eux et
leurs descendans ^^^. Les Bernois consentirent au ra-*
chat; ainsi ^ grâce à ces nobles patres^ depuis prés de
quatre sièeles Frutigen est exempt de contributions.
Dans le cours des mêmes années^ tout le pays d'£m->
menthal qui s'étend en un grand nombre* de coltines
et de plaines magnifiques jusqu'aux limites de Wil-
lisau et de l'Entlibuch, s'unit par plus d'un lien à la
ville de Berne. Le baron de Brandis avec sa forteresse
et sa milice était lié à la république par un droit de
combourgeoisie ^^*. Henri de Schletti, commandeur
de l'Ordre Teutonique à Sumiswald^ bourgeois aus-
si ^^^, vendit à la ville de Berne le château de Twich-
selwald, à l'entretien duquel tout l'Emmenthal oontri'-
bue par des corvées, avec les métairies^ les justices
et les montages environnantes ^^, ainsi que sa mai«>
son l'avait acheté du sire Burkhard de Sumiswald *^*.
Burkbard lui-même, autrefois ennemi, maintenant
bourgeois de la ville ^^^ et uni d'amitié avec ses pre-
miers citoyens ^2^, céda pour de Targent ses droits sur
^"^ Chanson de ClewJStoUer, 1585. De. pareilles tradUîoBS vivent
long-temps parmi les pfttres.
'^^ Traité de combourgeoisie da baron fVoifhard de Brandie, iki>^ ; ii
s'engage à garder Berne avec ses gens dans ce pays élevé ; Berne s'engage
à n'accorder à aucuH^e ses gens le droit de bourgeoisie, sans le consen-
tement du beuon. L'ancien traité est de iS54.
*2i Depuis 4570,
^^} Cette vente eut lieu en lAOS»
t34 ^393, cçtie maison avait acheté Trl^elwald, en IdiS, des an-
ciens gentilshommes de ce of m.
«^ 1364. Voy. le Traité àe paix de 1889.
^>* Ch. de Burkhard de Samiemald» Louis de Sefijigen, avoyer, Pierre
B&wli et Pierre de Krauchthal, ses bons amis, à cause de sa vertu singu-
lière et par amitié, comme citoyens libres du Saint-Empire romain et
346 HISTOIRK DB I^A^ SUISSE.
la petite ville de Hutwyl ^'^ ; peu de temps après , la
république acheta Tschangnau-, grsaide commune for-
mée de métairie» disséminées au fond de la vallée et
qu'il avait vendue aux sei^eurs de WaM ^^^* Le châ^
teau de Signau^ fort par son élévation et sa construo
tion, avait passé d'Anastalsie, héritière des'^ir^s de
Sigoàu, à sui descendans les' cpmt^ de^Kibourgf^ qui
le vendirent à Berne *^) Berne, se réservant la suze-
raineté et la milice , le refiéndii ^ù sire Jean de Buren ,
un de ses bourgeois J^*^.
L'ancien général et conseSler autrichien, Pierre de
Tfaorl^erg, oohbu des Suisses en paix et en guerre par
beaucoup de bienfaits et. un grand tiâmbre d'actes
hostites, à la fin las du monde, repentant de ses pé-
chés, obtint 1(|ue les ducs affranchissent soA château de
là suzeraineté des con]^es de Kibourg, leurs vassaux.
Ensuite il ^e présenta devant Tavoyer et le conseil de
de la ville de Berne, lai «nt inféodé sur la voie publiliufe de TEmpiré ,
quatre domaines exempts de la dlme, dans lesquels é|»it comprise l'é-
glise paroissiale de Lûslingen , qni jottissait de la même >e^emp lion,
1404.
*^^ La haute justice passa, en f 384', avec Berthoud, au pouvoir de
Berne; laibasse jtitlice fut hypothéquée en 1378, par le comte Rodol-
phe de Kibourg, en partie à Hugues de Séeberg ( dont la portion fut
licquise en 1404, par messire Burkhard, ef ce fiit,celle-là qu'il vendit),
en pfrtie, à Hemmann Giiiâm de Grûncnberg, qui la vendit h Berne
en 1410.
^'^ Messire Bnrkhard l'avût vendue en. 1889;' Berne eii fiU'acqutsitîon
en 1490.
^^' La Vj^te fut faite par Anne de Nidaa et le comte Ego, pour 560
florins, en 1899. Tschachtlan, <
**® Le même qui acheta, en 1406, du s^redc Gléresse, la moitié de la
haute justice de Gléresse. En 1409^ il h revendit pour 160 bons florius,
poids dp Florence , ^u bourgmestre , Ébx conseils et à la commune
de Bienne, La ch. fut scellée aVec lui par Tavoycr de Soleure, Hérr-
mann de Donràefa*
uviiB u. CBAP. nu 3A7
Berne pour décisœer qu'il affectait Thorberg^, le KraucW.
t^l et Koppigen à la fondation d'une chartreuse^ et
qu'il. m^itait ces domaine au bénéfice, de leur eom-«
bourgeoisie et sous leur^aj^uerie.
, Le fait le plus remarquable fut la chute totale dos
comtes 4^ Kibourg^ qui^ pés de la famille de Habs-
bourg^ héritiers des terres aUodiale$ des ducs de ZaB-
ringeuy.dans l'éclat de leur prospérité persécutés par.
la maison d'Autriche, ensuite au p^efnier rang de ses
vassaux les plus ^minens^^t dàMors ennemis des bour-
geoisies libres, après avoir ,p^du par sqite des calami-
tés 4e la guerre et de la pénurie d^rgent le^rs villes
de Thoune et de Berthoud, ëta^i^nt encore Ihndgraves
de Bourgogne et tenaient de leurs pères Landshut,
de leurs femmes Bucivegk étlïeubechhourg, et de^ ducs
la forteresse de Bi^p.
Située sur les confins du BuchsgM et du Salsgaq,
ainsi que des évêchés de Bàle , de Constance et de Lau-
sanne, dans les anciens tetnps du royaume^es Franks
siège de comtes puissans, cette forteresse, la petite ville
voisine de WiedIIsbach, le château d'Erlisbourg, le
droit de conduite dans Tarrondissëment entre le ouis-
seam de la Siggecy le défilé ft^bs de Balstal et un re-
tranchement {irès d^Otlën étaient possédés en commun
par les comtes de Thierstein et de Kibourg, héritiers
déf§ sires de Nidau; mais les premiers hypothéquèrent
toutes ces propriétés aux seconds, et ceux-ci à la maison
4'Âutriche. Guillaume dfc Tûdingen, chevalier, avoyer
de la ville deFribourg, à qui l'on avait enlevé le Haut«-
Sibenthal, fut chargé par les ducs de garder la forte-
resse de Bipp. Le désordre général de leurs affaires
contraignit les ducs d'hypothéquer à leur tour Bipp
au comte Ego de Klhfl^rg* C^ui-ci la céda aux villes
^% ' mstùiKttn ta Suisse.
4e Berne et de Soleure lorsqull leur prêta serment de
combourgeoisie ^^^ Herrmann de Suk abandonna aux
Bernois le droit de rachat que possédait la maison
d'Autriche, dont il était baiUij led Bernois se brouillè-
rent avec Soleure lorsque cette ville acquit du comte
Otton de Thîerstein, devant le tribunal de Rheînfel-
den, son droit de racheter la part de sa famille ^^^ et
de plus le droit analogue que la maison d'Autriche
lui avait cédé ^^^. Ce différend fut jugé par les sept
cantons et par Bienne; ils dé<âdèrent que le fort serait
gouverné en commun pactd<^ deux villes *^**
Le jour où Ego'fet Berthold, comtes de Kibou^,
prêtèrent leur serment de combourgeoisie, ils remi-
rent à l'avoyer Louis de Seftîgen, en faveur de la ville
de Berne, leur landgraviat de Bourgogne, tel qu'ils
l'avaient toujours administré*^*, dai^3 des lieux dé-
terminés pour les assises ^^^, depuis Thoune jusque sur
« •
*H tttfher, Théûire êoUttroa, t lï, p» li2*
^" CA. du comte Otton de Thierstein, qm s'engage à fte la vencfa^
qu'à la ville de Soleure, 1409. .':
^>* CA. 1411. n lui impose robllgatîon de payer au comte Ego 2,000
florins^
^^^Swtente, 1413* Berne s^appttyait snr une ûharte du comte liierr*
mann de Sulz, de 1407$ les Solearois all^uèient qu'ils aVaient ignoré
cette convention, el acheté de. bonne foi. An nombre des médiateurs
envoyés pa)^ lès cantons, on trouve : de 2urlch» le bourgmestre Meyss;
de Luceme, l'avoyer Pierre de I^oos; de Schwyz, l'avoyer Ital Fiêding;
de Glaris, le landammann Vogek* En 1414, les deux ailles rachetèrent ;
de concert, les droits de la maison de Xhierstein. T$cfia»litlanf T^chuidi:
•^ Sur le paragraphe, diverses chartes del37^àl41i.^
^^^Charté des deu£ àomtei, Yérène, 1406. Ils indiquent nommément
le château de Buchsée.
"< Tels étaient Zollikofén (CA. d» (Wtte tefm dam ctl(t lotaUti 1407}»
Leuxingen, Sahultwyl, Jaegistorf et Altenfluh dans la partie supérieure,
et , dans la partie inférieure , ^onolfingen , Murgarten (eh. de Cahute,
1425 ), Melchnau » Onndisdiw}'! ,- Thdring<^ v Grofts^yl et JunkwyL
LIVRE n. CHAF/ vn, : 34è
le pont d^Arwanyen. 11$ le cédèrfent avec milice, fîéf et
hypothèques , en reconnaissance de services rendus à
leur maison dans sa détresse. Les Bernois^ usaht du
droit qu'ils venaient d'acc{uérir, rachetèrent pour leur
république ^^ Wangen avec la haute et la basse justice^
des mains des chevaliers Herrmann et Guillaume de
Grunenberg, auxquels . Kibourg et l'Autriche avaient
hypothéqué le comté de Wangen. Le comte Herrmann
de Sulz, bailli des ducs en Argovie et en Souabe, leur
conQtma tout ensemble la prpprîété deBipp^ dû land**
graviat^*'^^ de. Wangen ^^®, et Xassise qui se tenait à
Ramflvih sur les habitans de l^Emmeathal. vassaux de
Trachselwald ^*^, Ensuite Berne fit prêter serment do
fidélité au peuple de Bourgopie dans leê lieux où de
tout tevips se réunissaient les assises.
Landshut, dernière seigneurie qui restât à la maison
de Kibourg de toutes celles qu^elle avait héritées de ses
ancêtres , fut à plusieurs reprises hypothéquée et
vendue ^*^ j à la fin lés sires de Ringoltingen, bour-
«•' Poiir î,000 florins. Ch. 1407.
^>^ On se rappelle que la suzeraineté passa de' la maison de Zserin«
gcn an roi Rodolphe, par les premiers Kiboui^ , et la jouissance du Ocf,
des comtes de Buchegk aux seconds Kibourg > par le traité que ceux-ci
firent avec PAntricbe en'iftiS.
*^ Les Bernois rachetèrent Wangen. LeUre. dé eonfirmation da roi Si*
gi8moHd,Bemei*±hih ; cett« ville lui paya pour cela S, 000 florins.
*** Ce fut sans doute la rûson qui engagea les chevatién de Tordre
Teutonique à vendre à Berne, l'année suivante, Tracbsdwald même.
Ce lieu d'assises fut racbeté des mains du sire Bnrkbard de Sumisfrald
à qui TAutridie l'avait engagé en 139 d.
*^^ Au Sire Pierre de Gowenstein, iS9S, et à Henri de Ringoltingen^
1407. La fille du premier épousa le comte Bocca, fils ou neveu de celui
qui aVait pris pour femme Mai^ncrite , veuve d'un comte de Kibourg ,
sœur de Louis de Neucbâtel ; Kibourg vendit Diésenberg au comlo
Bocca , en 157S. Matthias Boglccss est souvent mentionné dans les çliar*
350 HISTOIRE DB LA BOTS^.
gebis de Berne ^^^/ réunirent tou9 lejs droits de cette
propriété ^*^.
Déjà madame Elisabeth Senn, héritière de Buchegk,
Teuve de Hemmann de Bechbourg^ avait vendu à la
ville de Soleure '^^ la forteresse de Buchegk^ ruinée
par les flammes pendant la guerre de ttbourg , Teu-
felsh^nairg et Balmegk, châteaux qui avaient appartenu
aux sires de Balm. £nfin> comme Conrad de Lauffen,
chef des tribuns 4e la ville de Balé^ exigeait avec tÉis^
tance d*£go^ comte #e JUbourg, \h remboursement
d'une somme d'argent^ celui-cLJui cé4a son droit sur
Neubechbourg ; les Soleurois et les- Berncw Tache-
tèrent *♦*.
te» de Thoune, recueillies par Rubin, comme an homme ricbe qoi
çait de Targeût.
^^ Heinamaon, c. à d. Henri de Rîngol|in|pi , étiàlGs de ce Henti
Zigcrli, qui moarateniS67 devant laNeaveville. Te$tam*nt de H. ZlgerlL
i4* Par la vente qne fit à Hodo^W, en f iliS, Berthold d'Ergsîgen, qui
réunit à ses droits les prétenliOBi des Oowenstein.
*^« Ch. id9i, tîdiniée «s 1451 par le chapitre de SaintUrs. Le prix
de la vente fut de S#0 flsrîns pesans ; elle se réserva un jardin, certaiaes
terres, des M»eC destnoiiins. L'acte est scellé par le comte Eggi^ et, en
outre » ft£ le comie .Walraf (ou wàllramj de ThUfrsbin, tuteur d'É«
lisaA^u^ *•''*.
*^Avec casques, baltes et projectileâr, eii*14i&, pour le priS âe
1,000 florins. TsehachtUtn. Hafner^ p. 567 et suiv. rapporte, à l'an 14i4,
qu'Otton de Thlerslein fut le venileur. Il mérite plus de inrâMbc^orsqu'il
écrit, àl'aiwidlO, qu'aux assises publiques près de Wigglis dans le Buchs-
gau , la ville de Soleure racheta de semblables droits des mains de ma-
dame Marguerite d'ïffenthal , \etive de Herrmatin de Landenberg. lùae
dit pas eomnient cette dame avait eu ces droits. L'histoire de la fànRb
de Bechbourg n'est pas' encore suffisamment éclaircie; on ne sait pas
exajctement par quel traité ^0dolphe, comte de Nidan, termina, en
lA7dy sa. guerre avec Hemmann.de Bechbourg; il est possibléM^e les
droits qu'il conquit alcK^ aient ét^ vendus aux Soleurois, en 1414 1 p^^
les béritier» de ses sœurs de Tbiersteîn et de Kibdaig*
LIVRE u. CHÀP. vn» 3&1
Le comte Ego, abandonnant un pays oh- ses aïeux
avaient long-temps briHé par l'éclat de leurs actions
chevaleresques et par l'étendue de leurs domaines , se
rendit dans les environs de Saint*-Dizier en Cham-
pagne^ où il ppssédait divers domaines de sit femme;
Jeanne de Rappoltstein^^ (lamé cfe lii^gniéres, cohéri***
w
tière de Saint-Dizier. H y mourut ^^^, environ c^it
quatre-vingts ans a^rès que le comte Rodolphe de
Lauffie^ibourg ^ chef de sa race , convint avec Albert^
père du roi Rodolphe et chef de la maison d'Autriche^
de partager entre eux, par portions égales, tous \m
biens que possédait alors la maison de Habsbourg. Peu
d'années auparavant mourut sans héritiers Jeau, der^
nier comte de Lauffenbourg; lui aussi ne possédait
iplm LauBenbourg en pr^^rç ^^"^ f toutefois le lan(i^ra«
viat du Klekgau passa, par sa fille ^^^, en héritage à
Rodolphe, fils du comte Herrmann de Slilz et à tous
leitrs descenéans **^.
'*' Hist de la maUon de Vergy^ pat André du Cheêne, Park M»25,
p. 263. Ch. par laquelle Eg9 et son é|>oa8e vendircttt à Cb»rle§VJ, roi de
France, pour 5,500 livres tournois^ la propriété da tiers de Saint- Dizier
et la moitié de Vl^ory ; Paris, 27 jnîn i410.,9eanne avait épousé en pre-
mières noces Folmar de Géroldsek. Isabelle, sa sœigr, était fèiâme du jsire
Gniitanme de Yergi^ Vpyv aussi dans Schôpflin, AU. iUu$tn U 1I« Isitgév
néalogie de la maison de R^poltstei|p.
*^ U l'avait cédé en 1336, outre Metta«bet Keîsten, pour i2,^ûè io-
rins , au duc Léopoldl, et r«n avait reçu en fief. Rerrg. GeneaU gtniiê
Habs. t L cbaj^ de Jean IV de L^uflenboarg*
i4« 11 moufuk en 1408. Âgo(^s de Landenberg> sa femme ( iBorte en
1438 ), lui avait donné Agnès, dont il n'est 'plus fait mention ( Herrg*.U
c. 930 ), et Ursule. Celle-ci apporta à sqp. macl, outre le Klekgaii, Roten-
berg et Krenkingen; elle eut de lui.Jean, Rodolphe et AUwig, comtes de
Sulx^ et (Herrg, Ch, 14B6) Agnès, abbesse df» Seckingen. HerrgoUa^
sur ce sujet, des chartes des années 1408, 1409, 25, 28, 30, 48 et 49.
>^' Lorsque la famille de Sulz s*éteignil, en 1687, Marie- Anne, fille
ajaée du dernier comte Jein^Louls, femme du ptince Ferdinand Goil-
353 BISTOIRE DE LA SUISSE.
Fresque dans le même temps^ Berne enleva aux dues
d'Autriche^ ds^ns l'Oberland ^ les domaines héréditai-
res des Eschenbach^ et Soleure acheta la seigneurie de
Balm ^^^, où se voyaient encore les débris d'un châ-
teau qu(9 quelques personnes croient ai|pir été celui du
baron de Balm^ complice du meurtre du roi Albert.
Balm avait été abandonné anx comtes de Nidau^ qui
souvwt étaient tout ensemble créanciers des ducs
pour leur solde ^^^4^. débiteurs de laourgeois laborieux.
Ils vendirent à de tels bourgeois cette seigneurie ^^
ainsi que, les fertiles contrées que les fils de Saint-
Urs '^^ cultivaient au pied du Lébem ]^^i ce fut des
bourgeois que la ville de Soleure les acheta *^.
Comment cette république, qui prenait un accrois-
sement si subit, et pour la prospérité de laquelle Ta-
vo|;:er Herrmano de Dnrrach, et tous les principaux
laume, Eusèbe de Schwartenberg, fut déclaré par reroperëor Léopold
apte à hériter de toué'les fiefs des comtes de Suh; de là vient qae te
prince de Schwarzenberg est maintenant landgrave da Klekgau. Bà'
êching, Géogn t VIU, p. 1958, édit. de Scbaffhouse.
^^* Appelé aojonrd'hni Flumontbal.
*^^ CA. iS70/ d'après laquelle le^ ducs redevaient 1160 florins au comte
Rodolphe, leur cher oncle, pour administration, généralat et construction
de forteresses, machines de siège, bâlistes et û^hes^'S^nkenberg» SeLju'
ri», t. (yrin ChariuL Austr,
IpS a Pierre Scbreiber, de Solenre, 1374.
*^' Appelés ainsi à cause des dîmes et des autres obligations qui ren-
daient les campagnards dépendans de l-abbaye de^aint-Urs.
*^^ <^ nom , qa'on donne souvent au Jura tout entier, désignait par-
ticulièrement cette contrée, • Léber » signifiait grand ; « Léberberg, » la
montagne qui s'étend depuis les Alpes derrière Genève, dans une chaîne
presque continue jusqu'à>rembouchqf e de l'Aar, puis au loin en Allemagne,
était la montagne par omyllence de cent petites peuplades ; « Lébermeer, ■
l'Océan. Ces noms se trouvent dans les vieilles poésies allemandes.
'^^ FUimentbal , d'Ampld Buwmann, héritier de Scbreiber, IHI ; le
l>aUliage an pied du Jiiia^ de Séfried en 158B ou 1389. /io/Vter, p. 102*
LIVRE. II. CRkV» Vtl« 353
eonseillers eagageaieut de bon cœur leurs richesses ^^^,
aurait-elle négligé Foccasion que lui offrait la pénurie
d'argent du gentilhomme Jean de Blauenstein ^^7, d'a-
cheter (1 402) pour cinq cents florins les défilés du
Jura derrière Balstal , bien défendus par les deux châ-
teaux de Falkenstein ^^, comme étant les portes du
pays et la route des armées ennemies et du commerce ?
Par là, la clef de l'Helvétie et ée la Rauracie sortit
des mains de seigneurs* voués au brigandage, souTcnt
perfides et prêts à se vendre, et passa aiî pouvoir d'une
ville unie par des traités de paix et d'alliance, ici avec
toutes les villes des Sui^ses^^^, là, avec Baie ^^} d'une
ville dans laquelle un gouvernement sage affermissait
l'ordre civil par la réforme de cotitumes imparfaites ^®*,
ville puissante à protéger ses alliés ^^^ par la terreur de
ses armes ^®^»
Les Balois, apercevant les besoins pécuniaires, soit
des évêques depuis Tadmi^iistration iqsensée de Jea.n
*" p. e. envers Bàlè' en 1400. fîa/ker, 141 > évidemment d'âpre la
convention»
*^^ Hemmann. de Bechbbarg avaoi remb , en 1S80 , Folkenste^p à
^attfchmann de Blauenstein. Lem,
*^^ L'ancieiy , appelé Rdcca et aussi Blauenstdia', et le non veau Falken-
stein (ffeufatkenstein),
<^* AMiance avec Zaricb , Berne , Liiceme » Zoug et Glaris^ iS93 ; Saf-
n^t 141. Bile était déji comprise dan? la trêve en ISS^.
*<« MUanée tuée Berne e/ BàU , HdO.'VsehHdU
*** Les cautions poUr dettes furent abolies en 1406. Eafher, 142. On
a une eA. de Zurich dans fe même système, défeftdant d*exiger on de
promettre caution , excepté pour la vente dliéçîlages ott du patrimoine.
Proioc^ munie.%M^ l adresse au bailUage de Rég^sberg.
«es I/aM>.ayeoe 3aint-Uit5ain éprouva les effets de soa amitié, lorsque
Rodolphe et Pien^d^LatgmawTenoavelèrentles hostilité» aonvent efteiv.
cées contre ce mona^te ; Tun et Tantre furent tués. Hafner, p: i 41 ; Len
art Luéeman,
<H Elle attdgnfi Frédfiric de HattsUtt en 1S95. Hafntf , ibûL
lu, a3.
354 BISTOIRE Bfi hk 8UISSE«
4e Vieime (mort en i3&2),$0k de la maison d'Àuti^
the dans sa guerre contre la Suisse^ levèrent Mie au
rang de la phis grande vitte de VUelvétie, en y rëu-
*aissant le petit Bâle, formé, sur Fautre rive dn Ririn^
de deux vastes villages *^*, dont la population, depuis
la construction du ,pont (4225)^ s'était réunie peu à
*peuj ils avaient été élevés par les évêques au raïtg
^'une ville ^^, bientôt doté^ 4e franchises royales *^,
L'évéque choisissiât Tavoyer du petit £ale parmi ses
|K>urgeoiS;i et d'entre les bowtes fsÉnilies d«s deu£
villes *^ vingt ccmseillCTs et un trîbunid^ Mais Jeaa
de Vieîine hypothéqua les quarante livres de«^ontribtt**
tion permanente atec tous les émolumens dea tribti««
naux aux seigneurs €e Bérenfels ^^ j après sa gueri^
eontre Bale^, il céda la^ille même »udue Léopold p©ur
les frais de son^secours. Peu de nfbh après \k %atdilliii
de Sempach;^ le grand Bàle racheta Thypothèque am
prix d'à peine le tiers; de ^\h somme pour laquelle le
duc ^ui périt dans cette action s'^it engpigé à là lui
céder j l'évêque paya le rfste **^. Ainsi qu'it arriva à
un état ausfsi bien qu a xm particulicar cpiand ses dettes
a'aôGuinuIent^ après Je«a de A(iMue^ la négligence et
*M Bàle «tpérienr et Wé. UkUrkm, eiiseml>le le ttàé #ou1be*Riaa,
i«6 0e )|L«on nom Hé nouréte Bâle d«n»Ja Ch. fmtntîà àt pœnHenlùk
Jeê/t^Ckrisii, att sujet de la fondation du KliogentW^ lS7a.
^^Pranehm 4« roi HacM^A^. Lueeroe, 12S5. lï lui dimna le code éà
Ck>lmar. . - . * , ' ^
*^^ Gela résulte do catalogue osa noma, et nsMlBie'de rexce|A}0fleipre8se
laite dails Jes chartes des Francbisea pour ta charge d'avoyer.
^" Pour i5e« floHas. ^ -^
. «** tk frais forent évalués à aO,dOO Âoïki». LÔDpold s*Uéi en^gé à
cédwl'hypokbèqueaa^diadBàle pour 22,000 a ; la ville «n paya 7,0Q<>2
uvnc II. €HAP. vn» 355
1a vanité d'Iœer de Ramstlin su£^eat pour exposer
révéche au phis grand péril ^"^^^ Ce prélat emprunta
des Balois la somme nécessaire pour raiîbeter le petit
jBàle^et 6^000 florins pour le rachat de Delémont. Mais
il hypothéqua la charge d'avoyer ^^^ et la petite ville
au gran4 Baie ^'^^. Dans Tespérance de rétablir Isi af*
faires en restreignant les dépenses de la cour épisco-
pale^ le chapitre choisit pour administratew^ à4a pla^e
d'Iiner qui devint son prévôt, Frédàric de Blanken*-
heim, évêque de Strasbourg; lesBàtoîs acquirent alors,
pour 7^300- florins de plus ^^^^ la cèmplète pn^rîété
du petit Baie ; le chapitre racheta ^ au mç j^en de cette
somme^Walknhourg^ Oltœ^Honberg et Ringeltswylw.
Chacune des demx villes ponserva sa juridiction par-
ticuUâre; du r^este, le gian^ et le petit Bàle ne for-
mèrent qu'une ae^le boui|;eoisie et n'eurent qu'un seul
gouvernement .opmpocé d'un bourgmestre^ d'un grand
et d'un petit conseil ^'^*. Conrad IMoneh de Landskron,
F'évêque suivant^ oonfir^ta ces institutions ^'^^.
* *'• 4385. téopoîd avait promu Wemer Scfaaler, el Werner de Béren-
fels avait réeHemenl in»llllé celui-ci près du maflre^autel ; la viOe, sans se
diviser, offrit le vio d'honneur à topsëeux; mais le chapifap&soatint fmer
de Hamstein. Tschadi.
*7^ i5S5. TsehuéU, GalUa eomaià.
1^ nelémont parait avoir été réellement hypothéqué à Bàle.
^'^ Les 15,000 menfiûDnéa» n. 169, les 0,000 pour Pelémoni, 1500
flipr le rachat .des hypoth^ques^e BérenCeRi. et de plas 7,d0Q, d'après
f^acie iU venu de PkidminUh'atear Frédéric de Blankenheim« Bftie, 1392^
èe pfKtit m\e coûta 39,800 florins.
A7* D était sdpiAé dkns Facte que les adietears traiteraient les hahitiofl
comme* eux-mêmes. Aussi les trois makres et les neuf a^sseurs de clia-
cune des troisMkus du petit Bile toefit-il» admis d^ns le Çrand-GonseiL
^'Ml engagea aussi pour une [dus forte somme le péag[e et le vin banal ;
iS94. TsekadL — Les chartes Citées dans les notes précédeiiles et d'antres
relatives-à ce pavtfgrapl«^«ottt ÔMmSprmg, Ori^mett anfiénneté du petit
£ll(^;Bftle;l7»6,in•4^
356 HISTOIRE IM LÀ SUBSE.
L'évêque Humbert^ ftls de ce Diebold de Ncu-
cbÂtel en Bourgogne , seigneur de Blàinont^ qui con«
spira contre Soleure avec Rodolphe de Kibourg , avait
en vain juré au duc Léoppld soumission et assistance
avec Ilotes les villes et tous les châteaux de l'ëvè-
ché (4 399), La ville en prit occasion de resserrer son
alliance avec Berne et. Sol^re^^^. Le duc ne pouvait
donc Tatta^er sans s'exposer à une guerre des Gon<-
fédérés ^''^ contre TÀutriçhe antérieure. Dans cette
podtion^ Téfèque x^onsentit à vepdre à la bourgeoisie
le passage hien fermé et fortifié de WaHenbcmcg^ à
travers lequel on arrivait^ par des chemins sans con'*
sistance et par dessus les rochers encore mal taillés du
Hauenstein supérieur^ dans, les défilés dea Soleurois ;
il lui céda en outre Honberg^ passage du Haueiisteia
inférieur I Liestall, chef-lieu duSi^aor^^V^ i^^^bao
le vidomnat de Baie ^''^i reste de sa puissance. Il ne se
fit aucun scrupule d'hypothéquer à d!autres encore
beaucoup de propriétés ^i saâsfait s'il trouvait qyelcfue
occasion île se pavaner avec tes quarante chevaux,
ornement de son écurie '^^.
^u[:te, l'espace d'un siècle et demi^pi^rles actions
priantes et heureuses dq^roi Rodolphe, par les en*-
trepriseà plus hardies du roi A^rt, par l'ambition
dés conquêtes que favorisa ia vengeance de sa mwt^
par la ruse et la jmnnptitude % duc Alb^li par réclât
^"^^ Train d^alliance.ikéO.Ts^hudi/
*'' Par suite de eiicôaataiicM, résultat ordinfire des Incidens de Is
guerre. '
«7< xqqi ^\^ ^ 4400 , yg^^ i^ y^ni^ i^Qj bourgia. eoQseiIs« bouigeob
et.€omoiuQe de U ville et d'autres c/i« daiû Brukn§r, p« 9SS, |d7 , iAOi
et 1455»
<7* Ê9 i4H« n ae signifiait plus grtod'diose.
W UQt^nger^ HirN eecL ad. 499», «^
LIVRE lU CÉAP. VII. 357
et rarchîdûc , enfin par l'activité de Léopold qui pérît
à Sempadi^ la maison d'Autriche' avait enseigné aux
hommes libres de THelvé^^ que stimulaient tour à tour
te craiùte et la nécessité^ tantôt Théroïsme et l'art de
la guerre, tantôt les principes ibndamentaux de la po-
litique et une contfnuelle vigilance. Comme les nobles
d'un âge mûr étaient restés en grand nombre sur
les derniers ohampg de bataille ^ et que des princes mi-
neurs ou tout au moins 'jeunes, en qui ne brillaient
pas les grandes qualités de leiirs pères, suffisaient à
pttne pour calmer les troublés de l'Âut^che intérieure ,
les bourgmestres et le^ conseils de toutes les cités s'bc*
cupérent incessamment de fonder surnine basé sure
I^ur liberté souvent attaquée, »i acquérant des con-
trées fortifiées par la itature ou fertiles, et Une plus
nombreusTË mifice. De' cette manière, comme ils ne
voyaient aiibûîi dangef ckns de nouvelles alliances' de
combourgeoisié, et que, pour les acquisitions à fafire,
la fortone de la république et celle de chaque bourgeois
se confondaient ^ en peii d'années , aiiîsi que nous l'a-
vons vu , plus de quarante seigneuries des ducâ d'Âu-
triehe, de leurs 'ias6aux et de leur parti, les unes par
des traités de combourgeoisié, lés autres par des ven-
tes^ furent sans gueffe incorporâtes à la Suisse. Bans
ce nombre ne sont point ooti^rls les résultats des «n-
û:«prises qu'ils firent à la même époque avec non
moins de bonheur en Rhétie , en Italie et'dans la Suisse
romande. L'ancienne tradition de Bernt et d'autres
villes, qui avaient fondé toute Jeur puissatiise sur les
bourgeois internes et externes , fut abandonnée en
un point : ces villes acquéraient non-*seutement une
nouvUle population , mais encore la souveraineté du
pays et des juridictiaiats. C'était sage. Car de grands
35S HisTOms: hë la suidsfi.
princes , favorisés par le temps et par la fortune , et
plus en plus arbitraires dans l'usage de leur pouvoir,
plus despotiques à mesure que la noblesse déelinnit et
que le nombre des soldats augmentait^ auraient bientôt
annulé les alliances de leurs sujets avec des villes; cel-
les-ci, circonscrites dans l'enceinte de leurs o^s, au-
raient été soumises sans peine par un ministre vigilant,
à Toccasion dé troubles intérieurs, qtfîl est toujours
facile d exciter. Si la Suisse a survécu aux Confédé-
rations du Rbin et de la Souabe , à Féclat de la ligue
anséûtique et à d'autres f ligues, Tlfne des principales
causes auxquelles on doit Tattribuer ^ c'est que duranit
le quinzième siècle tohs ses gouvernemens agrandi-
rent autour d'eux, avec une activité louable, le cercle
de leurs domaines; par la, la Suisse contrebalança
d'abord le pouvoir que la maison de Habsbourg pos-
sédait alors; et dans la suite les grands monarques
jugèrent ce pays trop important sous plus d'un rap-
port, pour i|ue sa liberté pût être détruite sans com-
promettre l'équilibre des puissances de l'Europe*
A cette époque y k Confédération suisse était forte;
la domination de l'Autriche, faible; et comme autrefois
Atbénes par son courage et son activité se rendit re-
doutable au roi de Perse, ainsi la première commen-
çait à effrayer la seconde.
Xéopold levant des impôts arbitraires et refusant de
rendre compte de sa tutelle ^^^, son frère, le duc Er-
nest, fut appelé par de gombrèu« suffrage à' la ré-^
gence. Alors TAutriiii* intérieure fut remplie de trou-
bles et de guerres *^^ par le comte de Maidbourg *•* au
«81 Fugger^ ad 1407.' ' .< \
*** PaUonis, s, Valtramù Chron. Justr, 14*7; ap. Pez, SCriptL t l.
^^^'Chron^ MeUic, ad. 1408. « Magna disseusio. »
LivjiE u. mxp. nu SS9
iiom de Xiéc^ld , et par h bai^oa Frjédéric de Wald«
aée au lUHn d'Eiiiest de Ra^ibrecht. YieBQje éiyiit en
fermentation par la division, entre les conseils et les
bourgeois ^^*. Lorsque le bourgmestre Woriauff et
d'autres conseillent iji^fluei:!^ résistèrent à Lëopold pour
la défense des Ubçrtés^ le peuple^ jaloux de ses supé*-
rieurs immédiat^ ^^\ prit parti en faveur du prince.
Cette même multitude fut frappée d'étonnement ^ lors-*
que Iç duc,) pénétjeailt de force dan$ la ville^ fit con-
duire à la mort le bourgmestre et ses amis ; le boin*^
reau lui-mêi^e, interdit à l'aspect de la dignité de leur
v^rttt^ resta immobile, jusqu'à ce quç WqjrfcmfF, im-
patienté de survivre à son sénat et à la liberté de sa
patrie^ le somma d'exécuter Tordre de ^n maître ^^^.
Le commerce était ruiné; derrière tous les Iniissons
veillaient xies brigands. Toutes les frontières étai^t
affaiblies ^^^ > et, comme il arrive quand les lois ne rè»*-
gœnt plus ^^^, le grand oapitaine de C^tarn, je sire
Henri de Ratenberg, gouverneur du Tyrol et seigneur
de y ingt-quatnç châteaux qui lui rapportaient annuelle**
ment viiigt mille ducats ^^% se vit tellement en butte à la
jalousie et k 1^ baine du duc Frédéric ^^, qu'il crut ne
^*^ Ibi<L « Gommanitas contta cives, m
**^ Cette envie a fait la honleet fe malhear des Athéniens $ par «Hé,
les flatteurs du peuple iroittain sont devenus les tyrans do monde; par
elle, le peupler àorentin fbt aveuglé; la liberté a été prèà de sa riiipe,
partout où les. insensés qui se réjonissent de rabaissement des nobles et
des patfici^s se ^nt trouvés eir majorité»
i«« Fuggtr^ 1408 , et pourle fait suivant ih(i7.
«V Voy. la goerre de iSofeol. Chfùn. iVe^cfi/KO?, PàUonU, ibid. et
Arenpeeky 1410 , sur la guerre de Bavière*
<** L%iil^3tre des empeieuiB romaîn» enseigne combieii peu ëe^AÛreté
iraient à la fin lés légions.
«9 Artàfmek, 1410» ' .
*>* Elle datait du }ottr où le doc, suivi ^wBt$ wx^ beancoqp plttt
9(60 HI$T(HR£ D£ LA. dUISSB.
pouvoir trouver sa sûreté quen faisant de nouveau va'-*
loir les anciens droits des ducs de Bavière sur le TyroL
Ratenberg ayant à la fia été empoisonné, parce qu'aux
cun de ses enaeoxiSj^ qu'il provoqua toUs à un combat
singulier 9 n'osait se mesurer avec sa force extraordi--
naire ^^^ et son habileté dans le maniement des aimes»
le due lui-^même 9 intéressé au maintien de Tordre ci«
vil^ permit, dit-Km , que les marchandises enlevées aux
villes impériales fussent déposées dans ses États ^^^.
Telle était la situation de TÂutriefae antérieure. Les
ducs- étaient impuissans à secourir ceu^ que leurs gucar-»
res avaient entrainésdims le malheur.Wésen gissdtdans
lestlécombres^^^; Béronnuinstcar déclinait au point que
)es revenus de la ménse pour 1^ prévôt et vingt et xm
chanoines ne dépassaient pas deux cents msi^cs ^^, et
qu^il fallut céder aux ducs le droit de nomination à
la prévôté ^^^, ainsi qua toutes les cures ^®. Eki jpe-
vanche, Zofiai^ue en Afigovie obtint des duca^en fa-
«
faible qne celle du Capitaine» teneoulfa celuî*cî et se joignit à lui; le «l^*
pîtaÎBe dit au jeune prince t « Friedel, quand auras-tu du bon sens? «Le
. duc' répondit : « Quand tu deviendras fou. ^* îhid^
^^ Le capitaine de Galtam était t fortin atbletai; » Prandesser en fit
Texpénenee^ quoique « valde ii^uaius, magnus nobilis^ue ?ir. » 1601»
. ^* AttiorUatiûn de Jtûn de Lupfen^hûtil aiifrichiéii. accordée aux Jiabi»
tans de Wésen, de transporter aiUeun le$ franchi«esde leur marché, ou de
t^ûr leurs^marcbé^ \txfn des pwtes de leur ville dévastée ; iA99» TÂckudL
"* Balte de Bonifaee IX^ 1400.
**3 Après l'abdication de Rodolphe de UeweiH l'Autriche la cdnfi$ra à
ThOring d'i^bottrg« ck i4ti.
*'< C/i. de Léopold en faveur de Hemmann de Liebegk son conseiller;
te prieur doit conGrmCr sa nomination t « c'est là ealièrement ùo^tre opU
• niOn. » Enaishèikn, 1400. Voy., aussi la ck. dudne FrtdérU powr Cbwor-
paration de tÉgtke de S/tr »4406; il y piaîfft Béronm&nstifr : « propter
»' SuiienMnm rnstlcorum ^ aU«H'um>adversariorum QO0trojmtib eQrena-
» iam proterliam plora aualiiiiusfie wccnnmoda. •
LnriiB n» craîp. vn. 361
veur de k commune, la cession des. aides ^'^ et Tin-
dépendance presque complète de son administration
întérieùre *^^. Ils y voyaient peu de danger, parce que
Zofingue est une petite ville ; car d'ailleurs le dëclin
de la noblesse ^^ la mauvaise administration de la sou-*
TmineW «h.™»!», le pouvA d« grané» hour-
geoisies, de telle sorte que le gouvernement ne pouvait
plus commettre inq^unëment des injustices : la pros-*
périté exaltait le courage ; on vit naître un parti qui
penchait poui^la Suisse.
Cet ééit de choses engagea la ville de Fribourg eu
UoÊhtland à renoncer à son ininjitié contre Berne ^ si
souvent ranimée pour son propre malheur. Les cou-*
selliers les^ plus émiwns des deux principales cités de
FUechtland ^^^ se réunirent dans réglise de Laupen^
et jurèrent" une alliance de eombcNirgeoisie (4403) t'
« Toutes les guerres entre Bern<^ et Frièçurg, » tel ihit
leur traité, a cesseront pour toujours ; pour toutes les
» rédamations. ils se réuniront en conférences amia-^
» blés à . Wurmenviryl ; les procès qu*iïs ne pourront
» termina ainsi teront jugés par deux conseillers de
^^efaaque' ville» présidés par un magistrat de celle à
» laquelle appartient le bourgeois accusé ; si le diffé^
» rend existe entre les deux villes , on choisira pour
• '' • . .
^'^ CA. de LéofÊMt UOO. Les aides on rofimgdd, • pour leur indoi*
trie. • La concessioift est faite jusqu'à révocation.
^•< CA. de Frédéric, Schaffh. 1407 i pour la confirmation de lenr
usage traditionnel de nommer eiiiMnémes Tavoyer et le conseil.
^** L*avoyer» le conseil , les soixante, les deut cents et ta commune
cil|iip€saient le gouvernement de Fribottrgr CA. 1574 dan»^«<i\ BibL
i u, 5A5$ OrdonnaMêÊ pour le^ ^aHalien , 1400. Ibid. En revanche,
dans les articles sur la vente des gages , le huit décen|hre, la commune
n*est pas mènfioQnée , parce que ce n'est qae la • remçmbranee • d*ttne
ordonniAce précédente; 1409. ttîd. ' ' *■'
36ft RtôTMIB Dft LA BOtli»*
>t «ui^rbili^ un hiAHaat du pays, qui: ne^^ra bour^-
» gems ni de .l'une ni de Tautre. Les Fribaur^scm ê^
» compmrteront à Tégard des Si}is6es comme les Btat^
» iiois eU!tHaièmes , TËmpire toujcmrsKreservé ; si s«M-
n prétexte de-.rEaipire, des seigneui's ou des villes du
n Pays-dA-Vaud portaient atteinte en ce pays aux droits
» de Fribourg ou à ceux de la maison d'Autriche>
n Berne porterait secours aux Fribofrgeois; aucuns^
» des deux villes nc^ servira <fe cauti(m pour l'autre , à
» moins qu'elle M le fasse de bon cœur ^^. Aucune
» des deux. ne retiendra les ser^.de l'autre ^^ Cha-*
» cune n -imposera . ajpx bourgeois d^ l'autre que les
M charges imposées aux siens* Les Fribqitrgeois seront
» exenïpts de péage à Berne , les Bernois à Fribourg ^^^.
» En matière d'héritage et de propriété , les deux
» viHes conservent leurs bis respectives. G^lfii qui
>» s'enfuit pour un hismicide loyalement commis ^^^
» peut habiter l'aM^^e ville ; aucune des deux ne d<Ht
» dnmer asile aux meurtriers « aux incendiaires et
>» aux brigands ^^^. » Peu après ce traité^ Friboui^
■
^* Afin qd*aucaiie dès deux ne soit exposera d«s saisies pour FwMfe en
raison de la combourgesisie, à moins qu'elle ne Fait expràsâment cau-
tionnée envers les créanolers.
^ot Peut-être sous prétexte de franchises prîmitifres, qui pourraient être
expliquées dans ce sens que chaque ville (eomme le pays d'Israël , Dcu-
Wt. xxiti, iS et sniv.)< deviendrait tm réf^ pour k» serfs ofipriniés
de la contrée environnaAte.
SOS Xant que les péages n^auront pas été rachetés.
^^ Gomtji^B accidentellement on en combat singulier. On peat aussi
donner asUç à celui qui fuit pour cau864e conûnatlon*
^^ Il est clair que la sonverainelé QHnânde qui pouvait prétexter Tin*
técdt de r£nq)ire»ieftU Savoie t il y « Ici une allusion an vîcariai impé-
ritl. 4*ti Qmis dans^çet exlrail les articles qui se retrouven^loi^oars dans
ces sortes de traita de comboorgeoisie*
LfVRB 11^ cttA^. VU* 363
eontraete une alliance perpéûselle avee Kenne ^^^.^
Ces niémes dentîmcsis siA^gissaient dans ime autru
vilk autrichienne^ à Schaffhouse^ par suite ^s pro^
gré» de la bourgeoisie et dft. la décadence de la no-^
Mesise. GelWci avait énormément souffert dans les
bataiHes de Sempach et de Siœfels ^^^, tandis <iue la
nofiûtbre et k digmté d^ss bous^is s'aceroissciknt^^''.
Les rk^es chevaliers et éeuyers cautionnaient les dettes
de la république ^^» Avec cet ai^nt on achetait tes
juridictions ^^^ que la m^l^i^e étapÉ réduite à vendre
pour briller *dans les tc^nois^^^ et dans lesgu^res
'^' Des secours sont stipulés partout o& Berne en accovàe i unô dQ '
ttê deux villeïs. Ghlètres est le lieu des sâsises.
^*'ifei viile envdj^alm duc d^ni dÉssiges pour «e ptaindre de ses per^
te& Le duc répondit de Vienne, le jour de TAscension 1^ 68 : i Que leur$
«pertes lui faisaient une véritable peine | que c'étaieiKt les suites na-
» turelles de la guerre $ qu'il s'efforçait d'avancer son honneur et profit^
» ainsi que le leur, i
»' Les CA. de i^l tnsntfaianeat déjè te fanboutgi en ISOî, on bàtSt
S 9 maisons dans le verger du coisrent. Miiger, thron. <k Sehaffh, Us exer*
cèrent une telle suprématie que le canipagnard qui offensait un bourgeois
subissait une peine double , et qu'on bourgeois pouvait tuer impunément
dans k ville un campagnard, pourvu qu^l fit iltcster ptr deux témoins
que cehii^- avait éli le provocs^ar, JneUimeè ûrdontuntee» 4a la «ilia*
^^* Les Im Thurn et les Masidaull dans bi«n des oocaaûftns.
^^^ Entre beaucoup d'autres exemples , en i402 , Marquard de Ran-
dek, évéque de Constance, hypothèque à la ville de Schaffliouse pour
4562 florins d'or les deux bourgs de Uallau, ses revenus à Neukirch et
Kaiserstuhl, son quart de Lôhninge&, du cb&teau et de la petite ville de
Sftasenbergi K«sa:5tubl €t Plenkirch devaient demeurer ouverts à la
ynOé Plaidant dix ans , même après le. rai^at. Les iNibitans dàKaiserstubI
m servaient des poids et mespieg ^Scbaiffhonse, 14i0. Achat de la futvc-
gaiioiiL4h Hhm d^|Burkhacd Wiecbser, Ù04. Eti i496, les littndenbei|(
vendirent à la ville leur part d'impôt sur le 9el. Charte» dans les pa*
piers dulK>nrgme9tre Battbasar Pfister.
i» £n iS9S il y ^irt un toimoi ^r nne plae§ de la région supérieuio
de la ville, «rAée d'mrtiUenUil fut sanséoute oiganisé par Isa seigneur^
Comme ceid de^Zdlngiii^ en U8ê.
d64 fiIftTOIRS DB LA SmSftS.
des ducs. Ces gentilshommes, dignes de leurs ancêtres i
(pii mëritércait le tkre de nobles parce qu'ils vivaient
et versaient leur sang pour la multitude sans défense
et qu'ils dberchaient la gloire non dans les emplois
mais dans rhéroisme, n'usèrent jamais du crédit dont
ils jouissaient auprès du duc pour empêcher que le
gouvernonent passât aux mains de la bourgeoisie; bien
plus^ ils excluaient de leur association quiconque re^
fusait de se soumettre aux lois de la viUe '^^ L'année
après la bataille de Sempfich^ le duc Albert changea
la constitution, au gi^ ^e Schaffhouse. Il composa le
conseil quotidien de vingt membres au lieu de seize;
il porta le Grand-Cons^ à soixante «t ordonna que ce
corps fût renouvelé annutallement par tiers ^^^« Cette
constitution subsista vingt-quatre ans, grâce à H vigi*-
lance du bailli des ducs, d'un avoyer .qui recevait
Tinvestiture féodale de son office de Tabbé de Toâs-
les-Saints, à celle des deux conseils, d*un tribunal
pour dettes composé de vingt membres du Grand-*
Ccmseil, et d'un autre titbunal de six pour les cas de
rupture de la paix et pour d'autres crimei. La dé*-
pendance ' immédiate de TEmpire avait été hypoihé^
qf^èe aux ducs ; la liberté impériale fut C9nfirmée par
tous les Empereurs *^^ et, en outre , dotée par l'octroi
'^^ ÀeU ttoiâocUuion dû iO mais iS9i*
^* En 1587. Le bailli d'Autriche avec denx de ses conselllen, l'atrojer
00 celai qj^ remplissait les fonctions dl lieutenant du dao et, qaaire
membres du Qrand-Gonseil renonvelaientles vingt. Le^membrcs de 'tons
les tribunanx , les deux boursiers de la ville « les six reeeveiiii et tous
les autres fonctionnaires étaient choisis dans le Grand«GonseîU Cl«
Vienne, i^S7«
SI* Louis de Bavière, IftSO ; Charles IV, U AO, id7S } Wenceslas, 1879.
1400 1 Rupfccht (Robert), i408t Jean Ha8% juge du Klekgan au nom du
comte Jean de Habsbourg-Lauffenbonig le jeune, dans les assises tenues I
LivRB lu aiAP. rit. 36$
remarquable d'une haute juridiction sur tous les mal-
faileurs^*ofi découvi irait à deux milles à la ronde ^^*.
S'il naissait un différend ^^e Tabbaye et la ville ,
deux |uges de chaque partie sous la présidence du
bailli (d^uis VS77), le terminaient à Tamiabla ou
selon le droit.
L'abbé Berthold de Sissach^ d'une maison trè»*
riche , vendît à la ville , dont il était Tami , le fi^^f de
la charge d'avoyer ^^. Depuis la réforme faite par
Alb^ty les armes emiemies avaient de nouveau ré*
duit^ prés de Niafels et au Stoss^ le nombre des gen-
tilshommes. La ville de Schaffhoule se composa dono
de plus en'plils de bourgeois et d'artisans ^ et elle
eut la sagesse , en établissant de nouvdles lois et en
rehaussant 4a dignité de la. bourgeoisie , d'empêcher
q^ la décadence des familles nobles entraînât^ c(»nmQ
ailleui;s^^% la ruine des noUes sentimens. Le change-
mefet de la constitution fut si aj^roprié aux tem^i
qftte les ducs y consentirent^^',
"* . . ■ *
SchalThonse sOns le tilleul , libéra la ville du ban pronoileé contre ellô
par la cour de Rotwyl , 1890, CK
>^ Wenceslas, lAOO^ Bapreeht i^ t le droit de les juger à huit
OQTâils ou clos*
*^* En i407;en iUi, lÀ tille actieta dUk de R^sebacb le fief •da balt«
liage aatrichien, de la taxe des Juifs , des amendes, de la seconde moitid
de l'impôt sur le sel (voy.n, S09), Approbation du dueFridérk^ iHi«
**^ Macchiaveliij, ïêiorit, U u, totft à la fin, 11 est naturel que'rintro*
dnclipn des tril^us se présente souà un autre aspect \ Schafi^ttse que dans
l'biataire de-ik»dolphe Broun r cette constitution de SchalHipuse était
Tou^Rige du temps ; ailleuxs ki ménfe iji^lution n'a été ohtenne qu'an
prix deliai^issemens et de violences. Hous ne tenons pas compte ici dea
résultats ; on les verra dans les livres snivans.
^' Ck. du duc Frédérh • pour relever la ville de sa misère et de ses
» dfttes. à l'avenir tons.l^ emplois , coloi dn bailli excepté , seront con<>
» férés par la vMle. » Â cette «époque le renouveltement des emplois avait
lien le Jour de^ %inliJean4kipUste; plus tard,, le tondi de la Peotec6t<r«
^66 RisraïuK BB LA sunE«
Les artisans jurés., tels que les boutdafaps y les cor*-
.doncéers y lés bouchers y se réunirent en trfeos ; 4es
.bdfurgeois qui vivaient d'un autre trafic ?** ou du pro-
duit de leurs biens^ s'associèrent aux métiers 18>i^ ^^
ou à la chambre inféri^ire de la noblesse ^ lorsque le
nombre des familles Bobles eut diminué/ les dei4t
-chambres ou sociétés dans lesquelles elles s'étaiaait di-
visé^ en formèrent une seule ^^, Il fut résolu qu'au
Jieufl'un avoyer on nommerait un bourgmestre comnw
à Zurich. L'an 1411, lejcnir de Saint-«Uh4ch, au mois
--de juillet, tous les bourgeois, nobles et roturiers^ des
tribus et des- sociétés; s'assemblèrent 4aiis l'élise des
Cordeliers,où ils élurent pour cette amlée^^^^» comme
premier bourgmestre de Sehaiffhouse, le sire Goderai
de Hunenberg, chevalier , seigneur d'uor nom ancien
' et illustre ^^ allié aux plus nobles familles ^^^, élevé
, X* Les drapim } les c^torfir d'iJoncompreniMiildans ce nom Is cImm
presque entière des commerçaiis. -^
*** Dans la suite les étrangers faisaient souvent de iQéme qnand ils
. «cqnéraient le droit de bonrgeoîsid,
^^ Ch, n. m t tNoos, les Gompagnons de la hante et de la basse
, m chambre à boire (dont on trouve les traces dès iS^), dédaron» ^e
» dans rinléfét de Thonneur, du profit, de ramillé et de Ujpaixy noua
. » nous fonoies réunis dans la haute ctiaml»re à boire, afin d*j avoir nos
. » afbires. • Il est vraisemblable que la chaoïbre inférieure ne fut pas
abandonnée par tous, et qn'elle d(mna naissance ^ la • société inférieure»
..^Epii sdbsUte encore.
>^^ L'année «ilvante , en 1411 , ce fbt Henri Lingkj , que nous trouvons
en lAll parmi les tribuns. Si l'on etflinine après cela i§catalo|te les
bourgmestres, il parait que pendant quelque temps, peut-être sans
. conven^on , mais suivant Tusage , on.choisissait pour cet eo^pliK.à la fois
un gentilhomme et un bouigeeis.
^ Vil que la maison de Hûnenbe^g doit avoir été alliée par les fenmes
. à la maison de Uabsbouig, el^qu'elle florissant incoiKteataÛweiit parmi
j les banfns du moyen Age.
. ^ Lnimtae ou son pèrç avait obtenu la fille dffi^Kt LSii%. C^wh
tpmm II. CHAP. vit. StFT
lea armes et les exercices chevaleresques '^^^ vail«
bnl et riche ^ versé dans les a0airesdè la vâle^^^
paiement agréable au duc ^^ et à la bourgeois. Huit
jours après cette éleclrion^ tous les citoytns s'assem*-
blérenti chacun dans ^sa jferifau; et, ^ mtoie que les
BQJ^les avaient établi dans leur société un arbitre ^"^
(déjà en 1394), chaque tribu pria un de ses^ princi**
panx membres d'aceepter pour cette année-là Fofiice
de tribun ^% afin d'avancer dans toutes les aiFaires
rhonneur et le profit de la tribu non moins que ceux
de la ville ^ et de v^ll^ paftieulièrementà ce que dans
les assemblées des tribus tout se traitât avec modéra-
tion ^^ à ce que les artisans ne fraisassent p<Hiit et
ntmwt 1894. Il avsU épousé en premières ou en secondes noces une Im
Thum; A^nès de HQnenberg avait épousé Ëberhard Im Tboro. CA,
^* Jean de BOnenbei^; était chevalier du bonclier de St« Georges»
Ch* iB9S. Son père Ûodefroi probablement aussi. Celui-ci ppria les ar«
mes encore en 1399 contre Constance et contre les Scbellenberg. Le
protocole mwmfpai Jk Zurhk , de la même année , dît que les députés
de la ville ont dépensé doute «florins au service de ce seigneurs il • faut
%u'M noua lea rende. »
^^ Il avait été« en 1404 , boursier jde la vUle, et en 1406 Juge muni*
«irai
»* S était alors lieutenant du bailli autrichien. fTaMirch^ b. a.
^^ Ain» nommé ptul-éire ( cA. n, Sil ), parce ^'il arrangeait Um
différends qui survenaient entre eux»
s^ Comme cette dignité était onérenae, il est dit dans les «•«#• dn
frikm t^ue.celoi qtâ l'a remplie use «nnée ne ptnt pins être fireé l'année
«nivante de raccepter; ces sénatenrs étiéent donc, d'après Fét^nolo^e»
des PrfgadL
^^ Les açias da iribu$ leur donnent une compétence pénale de 19
sdiéâttgs de deniers; el de cpatre, S une perionne parle avec peu de
méBJigemenI #i ehef de la i^iba ou des six, « à moins qu'il n'aille trop
loin. «Papiers de la dipuiatùm potÊt MMatéaar Uê actu du itiim$ aoaa la
ill$llàtkr J» Gé Payer j,l7iQ.
368 BSSTOIRE PB LA. 81I18SS.
qu'il i^ se fît rien de nuisible à 1^ t^épublique ^^. Les
tribuns pouvaient permettre aux artisans , moyennant
dix soiiei^ de trayailler le dimanche et l$s jours de fête.
Les tribuns et quatre seigneurs fournis par la no-
blesse formaient le conseil quotidien. Chaque tribu ad-
joignait six de ses membres au tribun ^^^ ; le Grapd-
Conseil se composait de ces six adjoints de chaque
tribu, d'autant de membres de la noblesse ^^^ et de tous
ceujL du conseil quotidien. Toute la bourgeoisie de
Schaffhonse fut divisëe en dôme tribus et sociétés ,
afin de rendre plus facile la manifestation de sa vo-
lonté dans la nomination des deux conseils et dans les
autres affaires politiques^ ainsi que lorganisation de
la défense de la patrie ^^%^ cette division a subsisté
jusqu'à ce jour *• Il ne faut pas confondre cette instî-
'*" II éUit défendu, à cause dea maladies contagieuses, de faire le €i^m«
merce des vieux babits^ à moins d*avoir été asscrm^ité par les boorsictt
de la \îile« H était ausd défendu aux cordonniers , dans Tintérét de U
panté publique, d'acheter du bourreau du suif ou de la graisse.
s*t j^cti9 du tribnê^ Ordinairement on en compte cinq, mé» le
tribun sortant de charge faisait te sixième, aprèi quoi il entrait dans
l'Aggiunta par laquelle le conseil quotidien fut doublé dans la' p&^
ionne d^ tribuns,
**' Ailleurs fL tCe$i fait mention que dé trois, membres fournis ^h
Grand-Conseil par la ûôblesse;. lùais comme ce nombre estinviaiseHi-
blable , je serais porté k croire que la hante et la basse chambre étaient
alors encore conaidérées comme une classe particulière de la boiur«
geoisie; eHea auraient en ce cas fourni ensemble autant dr membres du
Qrand-Gonseil qu'une tribu ; mais je a'ai jamais ?u Tacte de la chambre
inférieure/En général, il règOfs encore beaucoup d'obscurité dans l'hla*
toire de Schaffhoi^e, particulièrement à cette époque, et il est bien
difficile de l'éclaircir.
^'V C'est pourquoi la société des nobles était pourvue détentes et
ff ustensiles de voyage , et diaque tribu avait les rëglemeoset les foadi
nécessaires» Voy. n. Slii Acteê des tribus^ '
* B'après la coostitutàm actuelle de Schaffhouse, lei tribus, qui m^
LIVRE II. CHAP. VII. 369
tution politique avec les jurandes > qui peuvent toute-
fois avoir donné naissance aux tribus; le bourgmestre
et le conseil exerçaient une autorité indépendante pour
ce qui regardait les métiers ^^* ; mais quand il s'agissait
de choses plus importantes, de la conservation de la pa-
trie et de la liberté, on convoquait plutôt les tribus ^^^.
Telle est l'origine de la constitution de Schafïhouse,
dont la forme s'éloigne également du caractère tumul-
tuaire d'autres démocraties ^^ et du pouvoir dange-
reux d*un trop petit nombre de familles;. grâce à ses
principes fondamentaux, le simple citoyen conserve le
droit qu'il exerce ordinairement le mieux ^^'', le droit
électoral; chacun, sans craindre les familles puis3an-
tes, sans craindre le soulèvement populaire ^^^ , ose se
montrer juste dans le tribunal , libre dans le. conseil,
ferme danë l'amour du bien, et nul ne peut impunë-
sisteht eû€ore , n'ont plus d'attributions politiques, excepté réleciion de
autorités municipales du chef- lieu. CM.
^'^ Ils permettaient plutôt l'exercice de certains métiers h des gens qui
n'appartenaient pa» h la tribu correspondante. Papiers cités , n. 229.
^^^ Ainâlea 1454 et probablement aussi en 1415 et 1501.
^^ Aussi n'y eut-il guère de soulèvement depuis 1525 , alors que
l'enthousiasme de la réforme religieuse entraîna tout le monde; les
mouvemens contré' quelques abus à la fin duxvii* et an commencement
du xvni* BÎècfia fo|il seuls e^Lceptioa.
2*' Esprit des lois , 1. IL Des constitutions malades ne peuvent pas
être alléguées comme preuve du contraire; les tribus qui se négligent
pendant une longue paix ne prouvent rien contre l'éloge que Montes-
quieu fait avec raison des choix du peuple pour les emplois importans
et dans des circonstances critiques. Je trouverais difficilement, à
Sctaffhouse surtout , à citer un homme de mérite , ou du moins je n'en
pourrais citer que bjieâ peu , qui , ayant manifesté le désir de servir la
république dans la magistrature , eussent été laissés de côté par les mem-
bres de leur tribu.
• »w Un des plus exccllens chefs de cette ville, le bourgmestre Tobie
Holiaender fut renversé , mais d'une minière que le» constitutions aristo-
cratiques n'excluent pas.
iiï. H
370 HISTOIRE DE LÀ SUISSE-
ment suivre à dëcouvert la voie contraire pendant plus
d'une année^ à moins d'être d'une tribu qui consentit
pour Itii à se déshonorer et à se nuire. Une pareille con-
stitution suppose des mœurs qui portent le chef de
chaque tribu à aimer son office comme une tache h(mo-
rable et utile à la chose publique^ sans qu'il en ait be*
soin pour être considëré ou pour vivre; des moeurs qui,
dés le jeune âge^ initient les plus capables à une sa-<-
gesse dont la lumière puisse éclairer un jour^ dans l'un
et l'autre conseil , les tribuns et les magistrats; des
mœurs qui forment le simple citoyen à connaître et à
respecter, comme membre d'une tribu, son devoir et
sa dignité. Car les formes des constitutions républicai-
nes sont bonnes ou mauvaises, bien moins par elles-
mêmes que suivant les mœurs de chaque peuple.
A l'exception de cette ville, que la maison d'Autri-
che perdit la quatrième année de la nouvelle constitu-
tion, comme nous le verrons ci-après, les pays autri-
chiens différaient extrêmement dçs pays suisses par
leur situation intérieure ; cette différence explique la
prospérité des cantons helvétiques.
La Suisse se rendit de plus en plus indépendante des
Empereurs. Le roi Wenceslas donna aux Zuricois, aux
Lucemois ^39^ aux habitans d'Uri ^^ et au grand cha-
pitre de Zurich 2*^ le fief du droit de vie et de mort.
Deux mois avant sa déchéance , il remit à la ville de
Zurich le bailliage impériaP*^, dont l'honneur et les
«» J. G. Fâtêlin , Géogr. 1. 1, p. 277.
«" Têchttdi, 1889; Le», art Urî, p. 713.
*** Dans les villages de celuî-cî ; le roi Ruprecbt dcmna ce ponYoir
an prévôt Conrad Hélye en 1404. J. J. Hotlinger, Antiqq, eccL Tigur.
*** Charie de Wenceslas, 1400 : qu'ils devaient choisir eux-mémet
un bailli qui si^cHraît avec eux pour les causes capitales.
LIVRB II. CHAP. VU. 371
revenus se trouvaient si fort réduits par un grand
nombre de libertés plus anciennes, qu'auaun étranger
ne voulait plus en accepter l'office ^*^, Lorsque le roi
Sigismond vint en Suisse, il remit à Tavoyer de So-
leure et au landammann de Glaris la justice triminelle,
dans rarrosdissement de leurs juridictions ^**.
Être jugé par ses pairs est avantageux , qu^(|d ces
juges ont à craindre, en donnant l'exemple de Tinjus-^
tice et de îa^vérité, qu'on ne leur en fasse l'application
leur tour; autrement, l'épée est plus redoutable dans
à leurs mains que dans celles d'un roi : celui-ci fait
grâce, parce qu'il ne craint pas les subordonnés ; ceux-
là égorgent, lorsqu'ils tremblent. Cependant à cette épo-
que, et long-^temps après ^*^, l'accusation, la défense
et le jugement avaient lieu en plein air, devant tout le
peuple, en sorte que laccusé, dont l'honneur, la for^
tune ou la vie était en jeu, n'avait pas plus à redouter
l'inimitié personnelle d'un juge ^*^ ou les préventions
de tout le tribunal, qu'il ne redoutait le peuple même j
les hommes font rarement autant de mal qu'il est en
leur pouvoir j ce qui arrive pourtant quelquefois ^^'^^
^^' H^Eiri Gôldli de Tîefifenaa est ordinairement cité comme le premier
bailli impérial. — Pmêtin, 1. c. p. i47; Leu, art Gdidli, ne le trouve
qu'en 14 OS. C'est pour les prétentions de son fils que les Zurîcoîs prirent
les armes contre le margrave de Bade. Tsehudî, ±kià, J*ignore si c'est
du père on du fils que le bourgmestre Mejss dit : « que c'était un
scélérat endura, et qu'il le lui prouverai au risque de sa tète ; « le
sénat se réserva de juger ce propos. Protoe. mumc. 1413.
^** Au premier^ daos l'arrondissement depuis Granges jusqu'à la
Sîgg^ ; au second» dans les lieux où Glaris a la haute justice.
^^^ Diète à ^eme à l'occasion d'un assassinat commis par Béat Jacob
deBonsteUen, 1629.
^* Dans certaines républiques on n'admet point de récusation.
^^^ Je ne dis pas que cekisoit arrivé plusieurs fois, mais, vu le cban-
g«ment évident des mœurs et leur influence sur les constitutions, les
372 HISTOIRE DE LA SUISSB.
Le tribunal impérial établi à Zurich ti'avait point
de consistanee. De pareils tribunatix sont d'excellentes
institutions contre les grandes tyrannies des petits sei-
gneurs; mais contre les puissans il faut une puissance ;
dans les villes, l'abus de ces tribunaux troublait tout
l'ordre civil. Peu d'étrangers consentaient à recou-
rir aides juges concitoyens de l'accusé ; les assises
et les cours impenses favorisaient les gens du pays,
tantôt par ignorance ^***, tantôt par le dédir de chaque
tribunal d'étendre s<mi arrondissemaat -2^®. On obte-
nait facilement une sentence qui mettait un ennemi au
ban de l'Empire ^^®, et suivant les mœurs d'alors , on
abusait de ce moyen pour troubler la sûreté publique.
C'est pourquoi les rois affranchirent les Suisses des tri-
bunaux étrangers, tant que la justice régnerait dans leur
pays^^^ Le roi Wenceslas vendit à la ville de Zurich
sa contribution impériale , alors de celil florins ^^^
magistrats devraient, sous oe rap|x>rt, pourvoir par des ordonnances à
la sûreté des générations à venir.
*** Ch, de Zaysotfde Lupfeiij juge libre de la cour toyike à Rotwyl,
portant que les assises de Stûlingen ont mis la ville de BSile au ban de
l'Empire, parce qu'il ne connaissait pas les drglls de cette cit^, 1386 ;
dans Tsckudù
SM Wenceslas, Nuremberg, IJIfS, contre le ban qve la cour impériale
avait lancé contre Berne» où pourtant on voulait laisser à la justice sou
cours.
*^^ Comme contre Zurich , par Eberhard Bronn. ( Ch. de fVeneeslas
contre cette sentence, Prague, 1390); cependant tons les jagemens
rendus par la cour impériale en faveur de Broun avaient été annulés
depuis long-temps. Ch, de Cfiarles IF, 1576*
2^^ fVeneeslas exempte Lucerne des tribunaux étrangers, 1379; Ro-
dolphe, comte de Suiz, Juge aulique, reconnaît que Berne peut recevoir
des personnes mises aii ban, 1387; Ruprecht pour Soteure, 1409, dans
Hafher, l. c; Slgismond pour Giaris, 1415.
. 3^^ Ch. Prague, 1400; pour 100 florins du Rbio.
LIVRE II. CIIAP. VII. 373
et le roi Riqprecht (Robert) à Soleure ^^^^ celle que
payait cette ville.
Ces mêmes rob rompirent en faveur des gouverne-
mQps de Zurich ^^* et de SeJeure (1 409) les liens par
lesquels les Juifs semblaient dépendre plutôt de la
chambre iiâpériale que de ces villes. Les magistrats
leur rendaient bonne justice, aussi bien entr'eux ^^* que
cttotre des citoyens considérables ^^^ ; mais le peuple
demeura persuadé que les Juifs crucifiaient, de temps
en temps, des enfans chrétiens. Il se peut qu'un homme
de cette nation ait employé le sang d'un enfant pour
conjurer des esprits; mais le peuple aura plus d'une
fois été soulevé par des débiteurs adroits. Au commen-
cement du XV® siècle ^^'^^ un cavalier, détenu pour in-
fanticide à Diessenhofen , ville autrichienne sur le
Rhin, espérant peut-être se sauver, accusa le Juif Mi-
chel de lui avoir offert trois florins pour le aang d'un
enfant. Le Juif fut brûlé; son accusateur, roué. Le
bruit s'en étant répandu à SchafThouse et à Winter-
thur, trente-huit Israélites furent brûlés vifs dans ces
deux villes , et tous les autres forcés de renier la foi
de leurs aïeux ^^^. A Zurich, les tribus demandèrent
^5* 1409, pour 600 florins do Rhin. Hafner. I. c.
^^^ Ch, de fVenceslas, 1392 : Pendant six ans ils ne paieront lien; en-
snite le roi s'en rapportera au conseil ponr iear contribution envers la
chambre,
^^^ Le Juif Séligmann ne rentrera pas à Zurich sans la permission da
bourgmestre, du conseil et de Hachel, veuve d'Israël. Protoe» munie*
de Zurich, 1413, et d'autres exemples.
*^* Sentence concernant le bien dltel Manesse et de ses nevem en fa-
veur du Juif Visli contre Jean Pfung ( Protoc, munie 1S93) qui attaqua
pour cela la ville devant des tribunaux étrangers. Ibid, 1896.
257 Tschudi, 1400.
25S Le duc Prédérlc pardonne aux Schaffhoasois d'avoir brûlé des
Juifs. Baden, 1411.
î\
374 HISTOIRB DE LA SUISSE •
le sang des Juifs; ila fureat mis en prison contre le gré
des autorité». Cette violation des actes de sauve-garde
provoqua les justes réclamations des Juifs étranga:^ h^
peuple^ emporté par la fureur, poussa des cris, comme
les ancêtres des Juifs devant Ponce-PilatCé Le bourg-
mestre et les deux consuls ^^ montrèrent plus de fer^
meté que ce Romain, en sorte qu'à la fin on se con-
tenta de bannir les Juifs et d» leur faire payer 4,500
florins ^^.
Les habitans de Schwyz refusèrent de recevoir des
franchises des rois ; ils disaient : « Nos pères ont ac«-
n cepté la protecticm de l'Empire ^^* j TEmpire ne nous
n a jamais protégés; nous ne prêterons plus serment à
» TEmpereur ^^. »
Ces mêmes hommes, lorsque les religieuses de Tab*-
baye In der Au, près de Steinen, refusèrent de se sou-
mettre aux lois du pays ^^^^ n'hésitèr^it pas à les y ccm-
ss* Comme les Denx-Gents ne partagèrent point la fiurenr du penple»
tontes les violences furent évidemment son ouvrage.
MO l^eut-^re pour les frais de leur détentioii et do lenr noorritare ;
sur toutes les choses arrivées aux Juifis en tSoisse, il fant Kre leur his-
toire écrite avec soin par /,-J« Ulrich.
*•* Cela oonGrme ce que j'ai dit au XVI* chapitre du livre I , à Foc-
easioD de la charte de 1240. Les Gorski et les autres peuples du Ga»
barda ne pourraient-ils pas, dans la suite des siècles» tenir le même
langa^ aux czars de la Russie? Ils ne sont pas pl«s caches dans leurs
montaq^es, et sont beaucoup plus nombreux que les habitans des Wald-
atelten, auxquels les anciens rois ou empereurs des Franks ont accordé
sans peine un semblable traité.
**^ Tsohidi, 1401, lorsque les autres Confédérés rendirent hommage
«o roi Ruprecht.
^^ Sans doute pricipalement \ cause des «mpositions; lorsque les reli-
gieuses prétextaient leur immunité, le pays avait l'habitude de se récu-
pérer sur leurs dimes^
LITRE II. CHAP, VIÎ. 375
traindre^®*-. Le couvent deSaint-Blaîse élevant certaines
préCenttoas contre les habitans du Haut-Unterwaldeui
ceux-ci ne voulurent pas en entendre parler^ et me-
aacérent d'y répondre avec leur bras droit* Les citoyens
de Bar prés de Zoug recoururent à la force contre des
prétentitas de l'abbaye de Gappel qui leur paraissaient
injustes ^^*
Les villes observaient plus strictement la marche
régulière de la justice ^^^; quand elles faisaient des
lois concernant le clergé , elles ne perdaient pas de
vue les immunités ecclésiastiques ^^'^, ou bien elles lui
permettséBcit de défendre ses traditions ^^^. Sous la
protection du bourgmestre et du conseil ^ les reli-
gieuses de Zurich conservèrent Fantique prérogative
de n'admettre dans leur couvent aucune personne
d'une noblesse inférieure, de quitter les habits reli-
gieux après que les heures du chœur avaient été obser*
viées conformément à la règle de St-Benoit, et d'habiter
ens^nble paisiblement et sans contrainte, jusqu'à leui^
mariage ou leur mort ^^^. Les chanoines du grand
chapitre vivaient sur un pied équitable avec leurs cha<-
^^* Ce fait et ce qui précède peut se déduire de lear SappUqm àBoni^
face IX, 1401^ dans Tachuii,
3*^ Hottinger, Hist eccUs. de VHetvétiê, années 1884 et 1402. Ses ren*
seîgnemens ont la plupart « fidem Archîvi. •
^* Aussi Saînt-Blaise et Gappel avaient-ils demandé h médiation de
Zaricb.
^'^ Les franchises du grand chapitre furent écrites dans le livre des
franchises de la ville de Zurich pour l'usage mentionné dans le texte»
Protoc, manie. 141 S,
*" Hottinger, 1. c, t. II, p. 201 au bas,
^* Us chassèrent de l'abbaye la dame de Wollhausen , qui en tronblall
la paix. Hottinger, d'après des chartes de 1897.
>7<* Bptf d'Innaeeni Vll^ de 1496. Hottinger, h. a. : « Sicque ab an^
tiqno extitit observatum. «
376 HISTOIRE DE LA SUISSE.
pelaiiis ^"^^ , sur lesquels ils rejetaient le fardeau des
devoirs , certains que les enfans qu'ils procréaient avec
leurs demoiselles jouiraient , sous la protection du
gouvernement , des biens qu'ils leur légueraient ^^^e.
Près de Berne , les sœurs de Marienthal vivaient sans
trouble dans une rigoureuse clôture ^'^^, selon la ré-
forme qu'elles tenaient de Glaranna de Hohenberg , re-
ligieuse hautement expérimentée dans les choses mysti-
ques ^"^^ ; leurs confesseurs portés à la vie ascétique ^^
*'* Aeeonwdeméfit de 1580, sous le prévôt Werner de Rheînacb. (Parmi
les chapelains on trouve Hendrich VilUnger^ nommé Mahler, et Roger
de Mandachy ainsi de bons gentilshommes. ) Ils accompagnent les cha-
noines partout, et obtiennent par leur présence la moitié des contribu-
tions de chaque saison.
^^^ CA. par laquelle le prêtre Jean Stuki lègue 120 florins à sa ûUenon
mariée. Proioc, munie, 1588. Legs de Jacob StàppU, chapelain, à son enfant
et à sa demoiselle. Protoc. munie, 1417, etc. Il est bien surprenant qu'on
trouve mentionné dans plusieurs documens du registre annuaire d^Uster,
• le curé Herrmann de Landcnberg-GrcifTensée» « son épouse » Margue-
rite de Blumenek et leurs enfans, Ital, Herrmann et Ulrich ; le pè|« est
ordinairement appelé « le gentilhomme curé. • Fondation d'une messe
annuelle, i3S2 ; de même pour sa femme. Il mourut à Tann en 1S97.
Peut-être après la mort de Herrmann, son frère aîné, arrivée en 1380
(chap. IV. n. 17. t. HI, p. 7), ne gàrda-t il de l'état ecclésiastique, eu sa
qualité de patron de l'église dUster, que le titre et le revenu. En 1385,
on trouve messsîre Jean Burg^af, cité comme 9 véritable patron de Té-
glise d'ester. » Mais les bâtards ne pouvaient pas devenir cbanoines,
parce que l'église du grand ckapitre de Zurich étaitla première du dio-
cèse, après la cathédrale de Constance. Ch. du pape Jean XXII I, 1410,
lîoiiinger, Aniiqq,
*'* H était défendu de pénétrer dans leurs cellules pour les vîâter ou*
pour les affaires du chapitre, ainsi que d'ouvrir leurs fenêtres. Lettre de
Thomas d Ferma, maitre de l'ordre des Préeheurs, pour Schônenstein-
bach ( dont elles suivaient la réforme), 1405.
' ^'^ On dit qu'elle lisait et comprenait les écrits de Denys l'Aréopaglte.
Hottinger ad 1597, d'après Faber, Hist Suev.
*'* Autrement elles pouvaient leur ôler leurs fonctions. Lettre de Léo'
nardde Florence, ut supra, 1415.
■
^ LIVRE U. CHAP. VII. 377
I
, ne les voyaient jamais que voilées ^^^. Ces gouver-
nemens , animés de l'amour de l'ordre et de cette
piété sans laquelle on n'aurait jamais dompté l'an-
cienne barbarie ^'^'^^ maintenaient avec zèle dans leurs
établissemens pour les pauvres et les malades, la
pureté des mœurs ^"^^ et une vie calme ^''^^j ils hono-
raient les ordres monastiques ; un chef des tribuns ^^^
fonda la chartreuse du petit Baie.
*'* Le prêtre, en babils sacerdolwix, portail aux sœurs malades KîrSaînt*
Sacrement ; toutes les sœurs suivaient , le visage voilé « afin qu'aucune
d'elles ne se laissât voir par mégarde. » Quand elles avaient des ouvriers,
elles se renfermaient pour ne les point voir et n'en être point vues. Ibid,
*'^ Selon toutes les chroniques, le 7 juin 1392, à Willîsau , trois jou-
eurs blasphémèrent Dieu, et Tun d'eux lança son poignard contre le ciel.
Alors il tomba du ciel des gouttes de sang ; deux démons s'emparèrent
d'Ulrich Schrôler; après quoi l'un des compagnons tua l'autre dans uno
dispute, et mourut lui môme misérablement d'une maladie pulrîde. Ces
fictions poétiques étaient destinées à effrayer la barbarie. Murer» Helv. S,
^"'^ Ordonnance pour l^liôplud inférieur de Berner 1413 : « Quiconque
manque à la chastclô perd son office à jamais. »
^"'^ Ibid, Celui qui jure par les membres de Jésus-Chrîst sera privé de
son pain pendant trois jours; celui qui fait un grand serment, pendant
sept jours; celui qui en fait un exlraordinaircment grand, pour tou*
jours. Celui qui frappe quelqu'un, en sera privé pour une année,
et un mois de plus si le sang a coulé ; à perpétuité, si l'agresseur était
armé. A Zurich, le bourgmestre, les conseils et les bourgeois étaient
convenus, en 1348 , d'une ordonnance d'après laquelle on payait, pour
tout jurement, 6 fennings; pour un jurement par un membre de Jé-
sus-Christ , avec l'adjonction des mots « amèrement «ou « angoisse, •
5 schellings. Qu'aura donc proféré Rodolphe Kilchmatter qui, en 1631,
fut condamné par le conseil, pour un serment, à 50 livres, et, afin de ne
pas les payer, jura de quitter la ville? C/tar/e dans la deuxième année
du Nouveau Musée suisse,
2<)o Jacques Zybold; à la place de l'ancien palais êpiscopal. C//. 1406.
fVûrsiisen dans lloitinger, 1401. Donation de Burkhard Zybol et de So-
phie de Rotberg. llafnei;, t. U, p. 402, année 1401 (date à corriger d'a-
près Wurstisen.) UAcle d'inféodation de Zybold ipoJMT ses biens à Muttenz,
1395, est dans Bruckner, p. 114.
378 RISTOIRB DE LA SUISSE.
On vk renaître alors ^^* la croyance d'une secte qtri,
provoquée peut - être par le scandale du grand
schisme de la papauté , dédaigaait la plupart des ri-
tes du culte catholique , parce qu^ils ne sont pas foodéâ
sur les paroles de l'Ecriture sainte; or, eUe expliquait
celles-ci daas un sens mystique plutôt que littérale-
ment* Les sectaires regpardaient tout mariage stérile
comme illégal, parce que cette union n'a été permise à
l'homme déchu que pour la multiplicatiou de Tespèc^,
et que sans ceh elle devient criminelle ^•^j ils pen-
saient qu'aucun prêtre ne devait recevoir la consécra-
tion avant sa trente-quatrième année , âge auquel le
Seigneur avait terminé sa carrière terrestre ^^•'. Ces in-
novations et d'autres encore ayant été propagées et
adoptées dans tout TUechtland, particulièrement parmi
les femmes, les Bernois s'emparèrent du chef de la
secte et de ses plus chauds adhérens; peut-êtie crai-
gnaient-ils les conséquences de l'ébranlement de la
foi dominante ; peut-être pensaient-ils que bien des
parties du culte, sans être justifiées par la Bible, avaient
été instituées àm^ena^nent dans un but louable et d'a-
près les besoins de l'humanité, et que maintenant il
fallait plutôt les vivifier dans leur forme symbolique
^* Noos avons d^ parlé d'Arnold de Brescîa, qui trouva dans ces
co«(ré€6 des disciples de Hanrich; en 1377 on penècuta ces mystiques
dans le district deSchwarzeiibeorg; nous exposerons l'ensemllle de celte
bistoiredans le IV"* chap. éa 1. IV.
•'^ Une fort ancienne interprétation, renouvelée par Béverland, ap-
|>lique Tall^rie ou le récit poétique de la chute du premier homme
à la jouissance de celui des plusnrs sensuels qui fait perdre l'innocence
et donne à l'homme une expérience infinie du bien et du mal.
*" Âf>eàx des Friboutgeois tirés de Ffaisloire eccl. de hang, dans H^
tingtr, ad 1399. Ils paraissent vrais» €t s'aecordent avec les «ilrefi ^P^'*
nions de cette secte.
LITRE n. coÀP. vn* 379
par des explications conTenables, que les abolir; Ni^
colas de Landau, de Tordre des frères -Prêcheurs,
était à cette époque l'homme le plus savant dans la
ville de Berne ^®* , instruit par la lecture des grands
livres qu'cm gardait liés avec des chaînes dans la bi-
bliothèque de son couvent ^^^. Cet ecclésiastique prêcha
d'une manière puissante d après la parole de Dieu et
les écrits des Pères. Les adversaires, effrayés ou con-
vaincus, abjurèrent les nouvelles doctrines. Nicolas de
Landau sollicita et obtint des conseils et des bourgeois
que nul ne fût puni en soa corps pour ses opinions re-
ligieuses; le gouvernement leur infligea des amendes
pour les frais et en punition des troubles ^^. Berne
avertit Fribourg de ne pas laisser germer dans sa ville
la semence de cette incrédulité. Après cela, Guillaume
de Menthonay, évêque de Lausanne, envoya un officiai
de l'évêché à Fribourg; les novateurs ayant été enten-
dus à l'hôtel-de-ville , réfutés et menacés , prêtèrent
serment de fidélité à l'église catholique 2^'''.
Cependant « les frères et les sœurs de la pauvreté et
« de la perfection évangéliques, » qu'on appelait Beg-
hards et Béguines, excitèrent un mouvement plus dif-
^^^ On trouve dans une charte de Sumiswald, mais sans détails
historiques, Jean ée Mûnzigen , mdtre d'école, cité comme maître des
sept arts libéraux.
*" Ch. 1390. V^CTner Stetller, prêtre et juriste, laisse aux Domini-
cains 40 livres, qu'on attache avec des cbatnes dans la bibliothèque, afin
qa*ils y restent comme les autres , et sous la même peine contre celui
qui les enlèverait.
286 3,000 livres, Tschudi, iS99. Qu'est-ce qui pnt donner au peuple
l'opinion qu'ils doraient un cfaat, auquel ils baisaient le derrière?
Haller, BibL liS, 180. Est-ce un indice de mystères semblables à ceux
dont on accusa les Templiers? Le chat était peut-être une image iufor
me ; le baiser, un moyen d'union plus étroit.
2^^ Hottinger, h c. J. G. Fûê$im^ HUU tecl, du moymége*
380 HISTOIRE DE LA SUISSE*
ficile à calmer, parce qu'il eut lieu au sein mikne de
l'église. Quoique cette société de laïques se nommât
Tiers-ordre des Frères Mineurs Cordeliers, elle n'é-
tait point astreinte à la pauvreté et à la chasteté par
des vœux. Ses membres distinguaient par des croix
leurs vêtemens et les maisons où ils habitaient ensem-
ble; ils vivaient d'aumônes; en échange, ils soignaient
leurs bienfaiteurs dans les maladies, et accomplissaient
envers eux d^autrcs œuvres de la charité chrétienne.
Une certaine faveur du pape Grégoire XJ , et sans
doute le goût de l'oisiveté, rendirent en peu d'années
cette association si nombreuse, qu'à Bâle vingt mai-
sons étaient habitées par cinq cents Beghards et Bégui-
nes; beaucoup de femmes abandonnèrent leurs maris
pour l'association, et bientôt tous les mariages ^^^ et
d'autres affaires des principales maisons eurent pour
agens les Béguines. Jaloux du succès de leur mendid-
të, ou mu par une indignation plus louable, JeanMûhl-
berg, frère prêcheur de Bâle, d'une naissance obscure,
mais distingué par son éloquence et sa piété ^^^ , les
attaqua de toute la puissance de sa prédication ; il fût
soutenu par le curé Jean Pastoris. La règle que les
sectaires s'étaient imposée eux-mêmes et leur oisiveté
furent rejetéès comme anti-catholiques et inconvenan-
tes. Alors Rodolphe Buchsmann, professeur des Cor-
deliers, défendit leur pauvreté volontaire comme une
vertu, et leurs efforts pour sauver les âmes comme une
immense compensation de l'activité mondaine qu'ils
dédaignaient. Beaucoup de ses membre»; voyant que
2*" On leur donna pour cela, dans beaucoup de villes^ le nom « dap-
pareilleuses ; » le roi Sigismond, dans la convocation du concile de Con-
stance.
-" Uoinme religieux et savanL Tschadi, 1404.
LIVRE II, CHAP, VII. 381
la confrérie n'avait pour elle ni l'évêqueni le gouverne-
ment) se rendirent dans les maisons qu'elle possédait à
Berne; ils espéraient que la diminution de leur nom-
bre trop considérable calmerait le zèle de leurs ad-
versaires. A Berne les riches leur donnèrent d'abon-
dantes aumônes. Lorsque le gouvernement apprit que
les frères Prêcheurs et les Cordeliers étaient divins
au sujet des Béguines, il pria l'évêque de Lausanne de
faire examiner raffaire avec impartialité par un offi-
ciai. Après la lecture des bulles des Cordeliers, les prê-
tres examinateurs déclarèrent, sous la garantie de leur
office et de leur dignité, (f que la vie et la mendicité
» des Beghards et des Béguines ne se' conciliaient pas
» avec cet ordre;» alors le gouvernement résolut de ne
plus les tolérer à Berne. Mais la confrérie ne fut vain-
cue ni pÊir ce jugement, ni parles foudres de l'évêque
dé Bâle, ni par les di^ositicms ambiguës de la cour de
Rome. Si le Pape se montrait défavorable, elle défen-
dait sa désobéissance par les principes des frères de
TEspr it-Indépendaht ^^^ ; s'il lui était favorable, elle se
servait contre les gouvernemens de la terreur qu'in-
spirait ce pontife. Long-temps après ^^^ , elle tomba,
dans BMe, à l'occasion de l'intrigue amoureuse d'un
cordeliar avec la femme d'un bourgeois) rien ne porte
*'* En général certains Franciscains étaient à tel point plus rebelles à
rinstructîDn que d'autres moines, que Jean XXI dut les craindre dans
Avignon. . .-
*^* En IhOO, Mûhlberg commença de prêcher contre elle; en 1/405, le
jugement fut prononcé à Berne; en 140^» la cause fut portée devaiît le
pape; en 1410, eurent lîea à Bâjeles événemens. racontés ici; en MU»
les sectaires «furent chassés. Wurstlsen. Chron, de Bâle, 1. IV. lîoiilnger,
HîsU eccL J^^ VHetv, à ces animées; Tschu4i; 1404» d*aprës la Qhron^ de
Berne de Tsefiaehllan. J'ai suiic^at suivi le premier et le dernier de ces
historiens. ' >
382 HISTOIRE DE LÀ SUISSE.
une plus grave atteinte à la dignité d'une sainteté ap-
parente que si l'on vient à découvrir que rhomme vé-
néré^ qui prétend à Tempire de toute notre àme^ n'est
pas maître de la sienne. Les ennemis de la secte profi-
tèrent de cette circonstance pour faire croire que, sous
le masque d'une perfection par laquelle l'âme se perd
en IKeu au point de ne plus savoir ce que £auit le
corps '^^, les Cordeliers et leur Tieïs^idre s'étaient
abandonnés à toutes sortes de débauches^* Comme on
était en guerre avec le duc, cm trouvait dangereux
de tolérer à Baie les Cordeliers ennemis du Conseil.
L'indignation publique était si vive que, dans les rues,
le peuple et les enfans arrachaient aux Béguines leurs
voiles et les outrageaient; le curé Pastoris l'alluma
encore par un sermon sur l'ivraie dans le champ du
Seigneur ; les Beghards et les Béguines, ainsi que les
Cordeliers, furent obligés de quitter la ville, et l'évê-
que fit vendre les maisons des Béguines. Cependant
sous leur nom se ccmserva et se répandit, dans toutes
les contrées de la Haute-Allemagne, une multitude de
mendians vigoureux ^^^ ; car aucun gouvernement n'est
assez fort pour extirper un penchant auquel les sens en-
traînent l'homme sous une apparence de religion. Dans
toutes ces affaires, les autorités municipales agirent
avec une modération et une prudence admirables.
Autant elles étaient disposées à soutenir les statuts de
l'É^e, autant elle3 parlaient avec én(^çie Icar^qu'une
^* Celle explication faoâse et mystique des ptroles I Jean m, 9, est
andfnne non-senlemeitt chex les sectes chréliennes, mais des saints ma*
bométans se sont servis dn même prétexte.
"> HemmerUn écrivit contre eux son livre Contra paliém metidieantes,
n dit d*euxdansla6io4«ibollar t «y^gantinm in snperiori Alemannia
intoitus eaiiiumArus, »
LIVRE n. CHAF. vn. 383
abbaye opprimait ses gens par un pouvoir despotique
^^ ou que les dissensions intestines du clargé trou-
blaient le culte. Le chapitre de révèché de Baie apnt
refusé à Oswald Pfirter le canonicat que le pape lui avait
donné , il fut excommunié ; la plupart des églises furent
mises à l'interdit et tout les morts enterrés en terre pro-
fane.LeGrand-Ccmseil fit publier que tous les chanoines
quittassent la ville dans les vingt-quatre heures; on
les avait inutilement priés de se réconcilier avec Rome.
Comme le pape avait aussi déclaré irréguliers les cha-
pelains du chapitre et que tous les prêtres et religieux
assurèrent qu'il fallait les éviter^ les chanoines furent
sévèrement menacés par le gouvernement^ en sorte
que trente-huit quittèrent le chapitre. La bourgeoisie
fut avertie de n'avoir' rien de commun avec les autres ;
<m se signait quand on les rencontrait dans les rues; à
la fin on leur interdit la ville. Le gouvernement força
ainsi le chapitre à se soumettre à Rome ^^^ , et rétablit
l'ordre dans le culte de la ville de Baie , la subordina-
tion dans la hiérarchie ^^.
'** L'abbesse des religieuses refosait d'expédier Pacte de vente d'ane
maison. Le conseil arrêta : « Qn'it lai semblait qu'elle se jouait des deux
» sujets (le yendeuret Tadieteur); que l'acheteur ne devait souffrir
» aucun domma^ de ce que l'acte n'était pas expédié. » On trouve
d'autres exemples de ce genre.
^B Je ne doute pas que beaucoup de gens ne blâment la conduite d«
conseil i cet i^và, ne prenant en considération ni le véritable avantage
du dergé, qui consiste dans l'union de tous les membres avec leur
chef, m la situation de l'église à cette époque, ni l'opinion général»
d'alors. Ceux qui prêchent aux grands prélats une complète indépendance»
ressemblent à ceux qui, dans une année, voudraient inculquer an sol-
dat sur la dignité humaine , sur l'égalité primitive et sur les avantagea
d'une liberté illimitée, des principes dont la pratique aciurerait infailli-
blement la \ictqire à l'ennemi.
^* Hoiiingtr, ia9A et sniv., d'après fTitralêMiu
384 HISTOIRE DE LA SUISSE*
Ainsi les villes accomplirent avec dignké ce que sou-
vent dans les cantons forestiers accomplissait la violen-
ce. Ceux-ci eurent le mérite éminent d'avoir fondé et
défendu la Confédération; celles-là ont bien lÈéritéde
la constitution et de l'organisation intérieures. En gé-
néral, il n'y a pas de canton auquel une institution , ou
une action , ou un grand homme n'ait donné une gldlre
particulière. Phfè je considère ces anciens temps où nos
pères, avec une sagesse pleine de simplicité et de pa-
triotisme, presque sans salaire pour les soins qu'ils don-
naient aux fonctions publiques et pfeu connus dans les
cours étrangères, défendirent héroïquement toutes nos
villes et nos Waldstetten, les civilisèrent par des lois
et agrandirent glorieusement leurs^ domaines ; plus je
demeure convaincu que rien nerend aussi propre au
maniement des affaires que le.caractère d'un homme qui
ne songe pas à soi : il voit dans chaque occasion ceqH'il
convient de faire; tout lui riéussit, parce qu'il cherche
uniquement le succès de la chc^ et jamais Jte sien.
Fondée sur les ifiœurs, la démocratie des trois
Waldstetten ne subit aucun changement. La républi-
que de Zoug se compose de la ville et du bailliage oti des
trois communes de M enzingen , de Bar et d'Egeri ; Tu-
nanimitédu bailliage fait loi pour la ville; l'accord de
la ville et d'une des trois communes fait loi pour les
dmix autres. Au comnxÊncament du xv^ siècle, par un
effet de la jalousie naturelle entre les villes et la cam-
pagne, les trois communes résolurent de ne pa.s pisser
dorénavant la bannière et le soeau de l'État sous la
garde exclusive desr bourgeois. Zoug refusa d'atlhérer à
cette décision, et demanda que Tafïaire fut sqBinîse
aux Coufédéi;^s^ vu que l'alliance perpétuelle ga-
rantissait-jà toutesic& villes et à tous tes cantons Iwfts
tlVRB II. C»ÀP. VIT. 385
tttetitutions ^. Le peuple delà campagne déclina ce
. recours, >par<îe que la loi , d'après laquelle les habî|an$
de Zoug sont obligés par les décisions unanimes des
communes, plus ancienne et plus importante, avait ob-
' tenu de l'alliance une plus forte gara.ntie ^^^. Les Zou-
gois prièrent les Confédérés de protéger leur dçoit. Dans
le pays de Schwyz, la plupart des conseillers étaient
d'avis i( qu'on ne. pouvait refuser aux bourgeois Far-
» bitrage .légal; qu'il serait de dangereux temple de
» permettre qu'on invoquât inutilement le droit fédér
)) rai; que celui qui offre le recours à la justice u^
M semble pas soutenir une cause injuste. » D'autres, ap-
puyés par une grande partie du* peuple, soutenaiei^
^ avec chaleur (c que les trois communes avaient hérité
» de leurs aîEëux le droit de faire, leur loi r qu'ilsétaiènt
n leurs confédérés aussi bien<que la ville , et que , dans
» tous les cas, il fallait donher raison à la majorité, et
» par conséquent aux trois communes ogp<)^ées à tme
» seule; qu'on n'avait qvt'à leur délivrer la bannière;
^jilqu'ils saîfa*aient forcer leè bourgeois ^ l'obéiisçance.. »
Ainsi fut soulevée, la question de l'ét^due de la^çomr-
pétence de la Confédération/ à l'égard de la conititù-
/ "tion intérieure d'uii*canton ; qftèstibn importaùtei , a|Éx
époques subséquentes aussi où le mouvemeht univërsol
^^l f. Qu'il sojt^)iotqire qae nous avoi^^^i^êté et ordonné ^ue .c)ia(p[aè
» vilLe^ chaque' pays, ch^ue village et cliaque mét^è, appartenant à
» un^memi^r^de 1,^ présente confédération , conservera entièrement ses
» justices, ses franchises, se» hiist- constitutives , ses droits et ses boMne»
» çputumes, tels qu'ils ont é^ transmis Jusqu'à ce jour, éà sûrle que
• personne ^ doit en troubler on en faire négliger ïk fouissance. »
MUttncedeZokgfhucetne, 19^2.'^ * *^ i
' ^'ITu surtout que Falliance n'avait pas été concluêpiniquem^ent a^c
lé conseil et les bpurg^ois de la ville de Zpug, mais aussi avec ton% ceux
^q\]4aypartenâent au b|îftiage de Zoug. Acte d'alliance,
III. ' ^ ^'^
388 < HISTOIRE DE LA SUIS9E.
agitaf^mrs ëherchaaient au moyeii;4ft'la dB^¥i8ioii un pou-
Toir. îHégal. Ils forent y au nombre de huit, expulsés
<du comeil )&t cqpdiLmnés à payer 200 florins ; l%,bourse
' puMique supporta le Ipeste de l'amende^^. .
' Cette îssue prouva que lorsque les goi\ye«ans
d'un en ton du une nantie d'f^tr'eux sont invités piar
leufs ég|i^x^ e^ nombre «Convenable et avec dignité ^ à
Ven ra|)|K)grter a^u jugemegtit de9H]Qnfédérés, ^s doivent
se soumettre & leur sentence. Ilhaque canton est libre
d'^adopter ..une nouvelle consjlltutioii^. c'est gme liberté
'jpriniiti^e et de toitt temps^ réservée ; mais aie Repousse
Tëmploi delà violence ; la violenCip né fit japp^^le ^l'o^l^
<^i]%nd'uû gouvernèmieiït:^ des sujets ^ et que \^ Qojp-
fëdérés liitaident à les maintenir en -sa po^ssion con-
tre ()^s pcétentions étrangères ^ les ^m^ peu^i^trllfi^
recoi^rir au droit fédéral? Cette questioBL\dem6^£m.iii|r
décise. ^ \ c.*
Peu après ç^»événemens^ les libres habitans d^ Hilr-
» nenbergy qui^ avaient loyalement ^cheté leur liberté,
^'udlj^nt au peuple^ de Zoug^; g^^t^^^ ^^^te alliance, ils
^^ali#restés quatrg sièpleS eij. possession* de jpequjjâ'^
aVaienf acquis ^^^ *' ^ ^ u ' .
^ ^ Un an après la victoire de Nag/els, 1^ GËronnais
firent taW d'une^manjére définitive les dîmes fit lis
droits que l'atibay^ de$Séckingeff 'posséda^ dans leuy
vallée*; le bourgpiesti^ de Zuri^ , Ro^lp^ Schwen(v
.'A
V. "- :- - ^
^ -*•• Chevènement W de lift A.;r^c/itt^^ . ^ '.
*^^*Ils^hetèreQt, eç 1414, les droits de l^ui^ ai^çj^nsseign^rsponr
;'l20 florins. Neii^aipiillesy aajtMird^ui^OÔ âmes, vivent li^urefises dans
des métairies et 1û« n^ison^ disdliiinées, fia coftmun^ asseifftiie è0us
.k tilleul fle la commune ^e SaintrWolfgapg. Us s'unirent -sùx Zougois en
1416 ;41s choisissent chez ceux<<;i un bailli, et vont en apt>ekdeva(i4fftnr
«tribunal en nlalîèrp civile. Jb^a^ach Hehêh Zurich, i79«.
LIVRE H. CH.4.P, VU. 389
€t dl" conseillers, furent chargés de cette taxation,
avec lé con,sentement de rabbessé et i^e ses avoués, •"
les ducs. Ils estimèrent* une vache à une litre de de-
niers ; un mouton, neuf scheftng^ jAm grand fromage,
six deniers; lin petit, deux et d^mi; J^ produit ^ *.
lai, à deux mille et vii]^t-deux flgrins de capital ^^.^* <
Beui hommes caudonna^nt le paiement |[é chaque di^- ^
tdct^^^. Ain§i garantis ogntre dç nouveaux impôts/
fes Glarbnnaîs. se livrèrent avec ardgui**^ l'qigriçjil- .. ,
tftre, cjBtr c*était pot^r eux-mêfties et pour Ieuj?^*'enfaïis ;. *
tout se perfectionija^i^ientôt, grâce à leur activité et
à teur in|gUigence^nâturelle4*;;.ÇhacuQ s'affranchit duï*
ceâs pàr^ rachat^*; 4é8 dj^es Hu ^lé et des petites
semencesV aijj^i que les droits csisuels^ fiyiffeht-inféô-,
dés^u pa|« à un prix modiqile^^^ par Çlarai^na de
Hohenldingen, princeàse-abSesse ; de là, vint la^iontri'^
bution %nni^3!^ de sgize florins, qiie les G(aronn*is
paient encore à l'abbaye de SSintrFridolinA Seckiii-
g^jj 806^ Car , dans l'espace, de v.iegt. ans (A 376-*395) ,
'^^ 331 moutons rapportaient 99 livres 9 sêb., ei^. capital 1290 flor. ,
27 scbelings de heller (deux livres de cette e^ëce faisaient ûtie livre de
deniers) ; S'O- pièces 'dé*^ gros nStyl, ^0 livres en cens, mais 9p capital
B9Ù floriig^Cdont deux faisaient u^je l^e de deniers) ; ^39 grands (tq^
mag^, 22 livres 9 schelings de cens,^d93 flor. 9 scb. de'hellei; de
capital;*f071 petits fromages, "t^il/S'Ij^res de cens, 147 fl. GLsch. de
hellér de qapîtaK' Trufnjif, Chrçniâue di'hlariê, an 1390.' ^ 4,
^^^. Le pays était divisé en 14 districts ût^ Tag^ttii , =■ nom partio<i]^er
au canton de Glai^j^ dans ce sensj^ar, dans son acc^tiq^n j|i plus ordi-
naire de journée de travail ou corvée^ \\ est usité dans une grande partie
Hé la Suisse* allemande. C. M.': \ ^
•*eo4 jf Ij^ vendu pour environ 1100 florins d'or de cens. Tràmpi,:
■*• ■*«-„ ', )■
"5 CA. 1396. Tsekaâi, Témojps : Jean» Meyer cle KnonMJ^t Henri
If eyss^ bourgmestre de Zurich. .? ^
*<^* Trfmph dont^Ptisloire aAété puftij^ en 1774<^
♦V.
i
4
^
390 HISTOII^Ë DE IiA. SUISSE.
• ■ •
1 abbaye^ voyant s'accroître sa pé&ui^ d'argéitt à
mesure que sa puissance dîminiiait^ .vendit la livre
de deniers d'abord pour* viqgt florins, piife pour sei»
et enfin pour trd^e^^'''. Chjique village coii&Èi^uait
•avec joie, afin^.que Je .pays pût se rachetei^|^; les ha-
. I>ilan8 de Bilten s'^pressèremt de suivre cet exemple,
lorsque m^aipe Adélaïde dé l^fawandegk, abbèsse de
Schennis, consentit à leu(r facbat.
Le landanfiiann siégeait en qualité de jugie^ présidait
k coQScIft^.icahtonal et convoquait Ja comitfune^ Qul^
copqcie, dansia vallée ou au deljjlrs^ prçnait un enga-
^ment contraire «ru profit et à l'honnemi^jdu paa^,
payait une amende deMix ^vres ^ deniers : son ne pu-
jaissait^pas* |évèrement lès paTOies^/dansjce'temjps où
* Ton accomplissait dest^ actions. De i)onnes^is études
exploits héroïques valureiit à Claris l'estime de%es con-
' • fé^dérés et la tiberlé : cepx 4c Ziqjrich e^i'cliâ S^^z, ses
voisins , étaient en ménfé temps ses meilleurs^ aoés *^ y
saBs étràamîàde tousies càytojàs* Le$ Schni^^aois vblè-
re^ à S(% secours dans la granHe journée de IS^fels ;
les 2!uriçois, avant tous les autres can^s^*^, lui ac-
cordèrent ube alliaqpe perpétuelle, semblable à la leur,
lorsque les circonstances qui les avaiçnt fait adfl|p);tre
-" ^^ Vw. \fisdocunuM dans T^miijJ,^6, 1390 et 1895. Le Jràl^S^e
d&'â'église de^Qlaris fut réservée ralH)aye* Id, Ùfigutte coqffiMinl elle
Ta ^rdûi Trâmp/. '^ * * ^ . •
308 Chaque village fournit 10 scheUngs de d^iery^pur le rachat des
dîmes et des drôits^cddentell. TsvfuJl-^^ià^ '
*^^ A ieur't}eiiàande Glari^ accorde lafVîe à ^rich WHiobOsch d^
.Kûssnacbt, condamné'^ à mort pour voL Son serment de (ktimièkement,
' 1394. TscfSidL „ . *
^^° Il fiit même stîpftlé qaotêi les autres cantotos-'amiulaiei^cette al-
Ifaipce, Tbcmneur des deux 'partie resterait intac% ^y. \*Att£d*aUUaÊûB
du premier ju^^t 1^0.8 dans Ts^fâUU, f . i.- * Jp-^
'*»
UVRE II. CHAP. Vil. "^ 3Sh(
souS'de tioriaines conditions parureivt avoir çhatigë
avec le temps^ ,, . , 1^
îStirich p^orfeclîonpait sa constitu^^ à mesure qu'on
y découvradt des défauts^ Peu de jours apFçs avoir été
forcés par lé§ Iribus d'arrêter lés Juifs, les deux con-
seils, 1# main levée, invoquant tous les saints, jurè-
rent^; Comme loi fondamentale,, « de se conforma en
» tout à la pluralité, des voix., et de ne plus porter d^-
» vànt le peuple ^^^ que les affaires de l'Empire ^^^, les
n g^rresfet les alliances. » Us connurenl à cettg. heure
le pouvoir d^un jM^éjiigé sur lamuHitude. Du reste, ils
voulaient Faire régner dansilje-s^iiat la dignit^ de la yer*-
tu^*^ et daii§ les^ tribjLis ^eet ordre politique^** et mili-
taire ^^^.qui est le but de leur institution. Ils njéttaient
l'honneur au-dessus dé to|jt : vQi|^ nourquôi ^ils,^ne
^lilurent pas céier lorsque Je^n de^ Séou leur fit la
guerre poiu' leiç* .eiftoiMjuer.dç l'argent^^^; voilà "pour-
*
3'* Probablement quelques meçnbres iini^dens du ^Gr^pid- Conseil
av^nt abusé de l'ancienne coutume pour porter raffaîre des Ju^
devant les tribus. ' -» *■
^'^ Qui pouvaient (Concerner les franchîfies dé la ville. — Cli .9 a^t 1401.
*** Rodolphe Steinçr s'étânt pris de querelle avec Jean Ung^ûre, et le
conseil le faisant citer, il dit publiquement nue les conseillers s*éttSent
laissé gagner par l'argent d'Unghûre. Il fut cpndàîtnné, pour ce propos,
à payer un msrr^' d'argent à la vilte^ et autant à chaqtie membi^ du i^n-
séiL Proioc, munie» as h» '-♦ ^ '
^^^jÇut stature, pour cela, que lé bien dqs tril^us demeurer|iit indttis
et consacréSjabiais àla ville çt à la tribu. Ch. ilii2,
.^ ^*5 De là le* dispositif a que celui qui ferait partie de plus d'une tribu,
» ^vait jurer de seiVir la plus utile, de ses gafâes et de ses niches. » Or-
donnance, ikid^» ' ' - . . **
^J2*^{^-sire Jean de ^éon , chevalier, et, par égard pour lui, quelques
» ya^aux, s*étant déclarés contre noua, non&;die lui donnerons Hen qu'en^
» suite d'une sent^ce juridique^ » Protoc,* munie. lAlO. Jean deSéon
étitH/^n 13S4i avoyer de Zurich; 41 ^confirma la vente du bailliage de
Meik, faite à U ville par Anne d'Utzingen, sa mère. Ck 1384-
392 ^ HISTOIRE B£ LA SOIS§E.
quoltertrs tribunaux n'accordaient la grâce Cj^xri-
n^nel qu'à la rtcommandi^tion de princes qui avaient
les mêmes égard» ,çour eux^^'''; ils protégeaint avec non
moins de /sollicitude l'honaeiir d'un simple bomF
geoîs^^® que les châteaux des seigneurs leurs alljij& ^^^.
Dans les affaires civiles, ils faisaient en sorte que cha-
cuiii^e contentât de la sentence de leurs tribunatçc^^^ :
ils. ne pardonnsgient guère lît vengeance personnelle qjyie
dans lè.premier emportement d'un h|)mme qtd démi^
vrait J'infidël^é de sa femme ^^^ Leur .usajgfe étwde '"
bannir plutôt^ que de mettre à inortles criimn^i^ sus- 4-
ceptSbles ile s'amendgr ^^^ ; du reste, ils se Montraient
4 t ' •
**' j^iîne da Bijjanswîei^, seconde femme du duc^rédéijidâ' Autriche,
intercède pour li^s cautk»a« de G uni Risen d'AdIikon. On réi||ndra i.
« Lorsque la duchesse sis trouvait à Zurich , n<;^s Tavôns priée %^faixi-
^» ment de fair^ en iSbrle qu'on rende à Burkbard Schlatt^.sa propriefe
»'sur TAdige; si elle a égard ànqire demandé, "n^DES anr()ps^gard à la
» sieni)^e. » Protoc munie, 1A14. ^1^
2" « Didier £ngelhard,v,moine de Cappel, aj^nt cajpmnîé Uli ErsaïKLÊ ,
de Wjningen, on doit en garder bonne mémoire , at si.op peut lui {aire
quelque tnal dans son corps ou'dans son bien, il ne faut pas y manquer. »
' Proioc, munie. 14Ô9.
*** « Les Deux-Cents autorisent le conseil d'agir cotitre les seigneurs
de 'fionberff et d'autres qui ont pris à messire Bëtthold-Keller de StOlin-
gen, notre bourgeoj$^ ion château de Krenkiçgen , ses gens et «^pp do-
maine. ■ Prou mania» 1403.
'^"^ « CiAz, le bybîer débauché, jurera de ne pas ^1^ no&boui^eois
devant df!g^ tribunaux étrangers. » Prot, munie, 1384. ( Da|ls^^ifitérêt de
la brièveté, je ne cite qu'un exemple de chaqu&egpèog. J , **-
*** « Celui qui surprend sa femme .çn flagrant délit etl^a^tue, elle ov^
son amàn]^' ou tons les deux, déposera 18 liards (}ieller) «fur le cadavrer,
et sera'TecOQQU innocent.^» Loi 1398^
*^^ « Spk de Berne ayant rompu son ban, le bourreau lejCondillÉ|pors
de la porte en le frappant de verges.^ s'il le rompt de nouveau, Wsèr^.
noyé. — Jean, qui a été quelque temps bomreau ài.Zuripfa^ ayant tenu
des propos inconvenans à d^ femmes et à des hommes honorables; et
s'étant éloigné sans permission, il sera banqi à deux milles des Justices
LivfiB II. CH4P- viï. • 393
plus rigouçeiîîf envers les coupables des hautes classes
qu'envers J|s alitàres ^^^ ; rien de plus^jugte : un gr^A
seigneudHpiVole ^^^ est bien plus /ôorroînpu qu'un axi-'
tre vole^^t tèusles nobles doivent voter sa dégrada-
tion, afiq qu'ils. ne semblëîit pas excuser ujie.pjSU'eiUft-
• • . • -'• . "^ ^- ' . •
igpomiciie. • . .
•' Avec rau|pri$atiQn du roi Wenceslstl,^ oh établit une
>£ftire de la Pentepote^^^ à Zurich, admirablement situé
pour'flevenir le centrée de tout le commerce dé ce pay§,
v^lje doùt lé marché pouvait servir de débouché aux'
nombreux ouvrages exécutés ptùdant l'hiver dans lea,
contrées pastorales e^vircmnantes , qui accordait des
saùfs-^conduits avec tQute l'énergie d'une florissante ré-
publique ^^^^ et conservait avec un ,5oin. particulier la
bonne réputation de ses monnaies ^^''', Les gouverne-
de la ville : s'il y .renUre, on»' le privera de la vue. — La voleuse Sichach
de SainVCall jurera de passer le.Khia , car eUe est enceinte. — Jçan
Miltenberg le tail|Éur, qui- a voulu abuser d'un enfant de hi^l ans, ser^
traîné dans Feau, 'centre, les^j^çux pyonts, et iiurera de passer le Rhin et
de.s'eti éloigner ^à deux milles pour le reste de s^ jours, » Prot, mut^i^. °
**' «L§ comte Jean.de Lôwcnst^n, le cadet (dont la i^j^gon s'éleîgnit
]|^ après), ir.vdié»à Jean Bruni]|r deux draps dgJit ; le boi^rreau lui cou-
pera^ une. oreille, puis on le fer a. jurer de s'éloigner à deus'^miUes de la "-'
^e. »i¥o/. mumc. 141 A» 19 juin. ' , *- ^ ^
*,?* Geci'est s^eux.".On sait que l§i passion du vol était tellement ir-
résistible chez le roi de'Sardaigne, qn'il qi|)çvait souvent des^ bijoux à ses
ministres et à s^ généraux auxquels^ il avait l'habitude de faî$e des yi-.
sites ; if le? leur rçt^ait <juê]^es jours après. «« * ^
'?5. 1590. Tschadi; Scfiq^ ,' Histoire du commerce de Zuiticti*
^^^ « L^ chs^pcelier d'Ël^u est venu à notre marché sous notre sauve-
garde; il a été arrêté en-deçà delà Glatt, trahi par quelqii'un de la ville.
Ltje crîeiir public criera donc qu haut du marché qu'on le mette en iibené ;
atiOrement auciun, des auteurs de cette action ne rentrera sdans- notrç '.
ville ; daos le ças.fiontrairej.on le jugera. > Prqt. fpm^ic, ih^^'
''' La viUe rec«i{i(jt de Tabb^ye jdes religieuses le fief de Ja Monnaie.
394 # UlStOIgB. DE LA SUISSE.
mens edipêchaienl autant que possible rex^rtation de
Hargent hops du pays ^^* f avec mie p^te qu^^nâté de ce
fuëtal on faissrit aloi:s beaucoùp"^ de, choses^ yjj^résorier
de la ville de Zurich adqpgimstrait ie§ revenireet les dé-
penses pour un salaire annuel de vingt livres ^^^ ; ^u-
tes les m^chinf s de défense et d'attaque^ q^cutées aux
frais des Zuricois durant les gil^res de Kjibourg et
d'Autriche ^^^, ne coûtèrent guère au-^elà de trois ceût
cinquante livres ^^^ Plus tard on. éleva le grand 'et bel
hôtel-de-ville*^^, et tout Zurich fut pavé avec jjtes
Cailloux ^^^ ; beaucoup^de citoyens dévotjés se firept un
honneur de contribuer à tet édifice communal par des
charrois et des corvées volontaires; la générosité qu'on
déployait pour ces sortes de constructions ét^rit égalée
par le soin qu'oti prenait de les entretenir ^^^, Du reate^
-rr^riSî lesessaj^urs trouvent la monnaie dai^^eiisement l^re, le'maître
sera mis en jugement; si quelqu'un la rogne, il aura les doigts coupés el
setà pendu. » etc. *,i
*^^ « Si quelqu'un exporte de l'argent monnayé du pSf^s, ses biens seront
confl^qués et on lui coupera la main. » Convention monétaire entre leéw
Léopoid eiBâh, Zurich, Èfme^ Soleure etc.'BchafTh. 1B77. «Que per-
sonne n'ait commercé avec 'celui qui exporta de Té^ent du pays et que
chacun le dénonce; le duc parlera anssMë^et objet %rét ses seigneur^,
ses cbevalîe^'et sesgens, et en traitera 'avec ks vill^. Coi^eiuUm du
seigneurs et des tMék .qui battent monnaie. i
^^^^omptes de 1396, proprement 10 livres touj^s six mois.; 32 Uyres
par an au grifiei^ municipal» au bourgmestre Meyss pour une mission
de dix jours à Berne avec deux domestiques , 6 livres , 12 schelings 6
fennîngs: -'• r »' . * :
sso Pendant «lesquelles BerthoAd et Rap)p!ers^wyl furent assi^gj^ et
quelques châteaux rasés. , ^ *
^'* Compte dé maître Waither, le mécanicien, 1391 ; depuis ldS3 jus-
qu'à 1391 , il s'élève à 360 livres/ 46 scb. 3 iennings.
«" Tachudi, 1398; il fait monter cette dépeïQse à 7,'OOO^ilonn^.
* »» Id. I A03 ;>elon lui la dépense fut de 3^,200 livres.
'^ Il fut défendu- pendant un an de hisser aller les porcs dâos les
t**
tiV|Ejri çftAP. vjî. 395
raiBtour d^ armes l'emporta pour lors sur ip goût de
Fînçlustrie f ^prédilection utile^ puisqu'à cette époque
les g^rres furent décisives iK)ur V^fiermissement ou
Ici renversemefit d|Sf£<mstituti(ms. .
Les sujet!5|[.de Zurich jouissaient de leurs anciens
droits, : douze habitans' de Grii^ingen reMai^nt la jiA*-
tiee'soûs la pré^idonce d'un baÉyr^zurlcois, comme au»
trèfois sous.celjed'un gouveBjaeur autrichieg; cemar
gi^at convoqiiaît tous les pères de famille de jja sei-*
gn^rie, comii^ dans les anciens temps, pour Jfbrméir
le tribunal crîmirileH^^. Bans les rèpubliqifcs,. .chacun
^e bat suiwnt son devoir,, quand jl vit sans phAicle
suivant son bon plaisir ¥^. ' ^ * - . " •" ^[
Bans tou Je. la partie de la petite Boprgogp^ habit^
par des AUemainds, personne n'^alait en puissaijice les-
. Bernois. Leur amit^ agrandisssiît la nol>lesi6e, li^r ini*
mitîé Ift' renwrsait : les yeux du pçuplie étaient fix^s
sur eyx } ils po^édaient son cœur j aucune bourgeoisie
n'était phis belliqueuse, aucuk sénat plus sage. ÎL'ar-
g^t et lîfe 4wnes avaient créé TÊtiait dans le temps te
'r ^us favorable; le sénat lui donna, pour fcmdement Pa-
. mou^d'un peuple heureipx et non la terreur des trîbu-
ig[a||x secrefs ; par % qu'ifcjpestât debout ou qu'il tom-
.b«U;^ il ^ait sûr des bénédiôtions de ses sujets, et de sa
glc^e chez la postérité.
"^ Leur Gûnstitt^icm subsistait sans altération sous. la
rues nouTellement pavées. T^id. On résolut d'abattre la grande maison
de mesSyi^c de TOfTen dev|nt Thôtel-de-ygle , à cause : du .danger^da feu.
Pr^, munie. 1435. On .essaiera pendant un an la nouvelle efôche du
W^endelstein.potir saisir si elle- .ne se fé|tid ou ne s'affaiblit pas. Uid.
1391. "".'. » f,
»»s J. G. Fot3% Géojfr. Xiî, p. 189. ^ ^ '
S38 D'après lès lois et la consîitjutiontqu'il a lui-même a^ceptées^ et qui
jont été pour lui ou pour ses pères uà màtikée se fixer Dans ce pays.
•V
m
390 ^ aiSTOlKE DE t^ffijjp^.
surveillance de Tavoyer et des deux, couses i ^j^ùs
les artisans avaient juré d^empêcher FiétablMsemeht'dd»
tribus (1392). Les membres du Grand-Con|piL rece-.
vaient par séance, un plapp^rt^^?.j||n voyait
dans les hautes dignijtés les descèndans %s«(|nci^$:
de l'Etat,' desjliéros et 'des conseillers^^ ^^termami.
de Krauchtal, avoyer, seigneur de Konolfingen ^Eae
Bumpliz,, avoué de Tborb^rg,. ef Ivo deJBçJiigen , ^n-
neret^ .^Isde sa>sœur^ passaienj; poiir les plus ri^es
Bernois. Aujchâteau de RikenbacU, vécut jusqp^à? un^
âge fort ' avancé le fils de rîïjii^ç^tel vay^jueur de
Laupei\^ nommé Rodolphetcopimë son père. Il^d^Bé-
nta , 'Hen son jaom «t au nom dç ses descQ(i4ans 3 un dp
§es cousin.s et toute la postérité de celui-^^. P3*f çe qum
•ne coriformait pas sa vie au^ vertus 4p.«es ancêtres ^^^.
Il témQÎgnaf dans son lestameRtsa^^enveillance et^îlî
affection a sa yeuye^^*^ età^d'^utres personnes.' •Ma^fc.il
favorisa principalement la branche mâle de§^4'Erlach,
• "7 ^0 faisaient tta Ûorin.—'A. L.de^JVattewyt Msc. éif^ <âQJ(|prd'biii
ils ont qualre sacs d*épote » ( épautre ). Ainsi les conseillers au parlerai:
de Paris ava^nt-240 livres, }^con}prÎ9t!ii2 iiirespour le manteau.^
séndt^iars vénitiens {|^rcevaîent de même leur «trottiera, • entreu<
mulet qui lés transportait ancienneii^t an séAat. ^ t
**• !• Otton de Bùbénberg, chev^jUer, avoyer encore en 1392; apfis
Idt ie geii|ihomme Louis, fils 4^ Jacques de Seftigen, avoyer dès^94
jftsqu*àsa mort. i'^fVala, de Gruyère; Pierre Rieder ; houls Briiggtèr,
do conseil, 1411; Pierre fVendstftaz,^ conseil, ^l^r è^ Pierre ^&
Graffenried; Guno Frièching, 1412; Egger ^um Stein; Jean MatiéFf
Rod/eiJIemmann de Bàtlikon, chevaliersj les éfûefutein, les Hetzel de
Lindenach, Jacques de Watiewyl, Mûhkren^ Bargisiein, Pienvp Fi-
scher, etc. ' . ' ^ ' :' ^
*?« Rodolfpi^e, fils de Bui^l^ard ; cèlui-cî était neveu du liéros.
"•.Lucie, fillcr'de I^â^rmann de Krauch^l . qu*ilf|ipoasft.en 1888,^
qui prit ep^ secondes noces Hemmaiy» de Mattstetten, Cotwenlion m
ceUedatne avec ses héritierr, ,
%
.»
BjtitEii. ^â>. ¥11. 397
dé|fositaJre de la gioiire de ce nom (1404). Un autre
â'Ërlach y chànoilbe de Soleure ^ légua: tout son bien à
sa maison et riou.au chapitre (1401). En général, les
bdbs pères de fauiifle pr^aieiff soin que la partie dç
leur forflliie, quî'consistait en biens-fonds, restât dans
la fapiille ^** ; les autres f ichesses étaient peu considé-
rables^*^ : la médiocrité fonde et conserve les répu-
Ji>liquës ; la pluj^art d^s grands hon^^s sent sortis dé
ses rangsl Le sup^îflu, prix ifes combats, était con-
sacré par les nobles a de beaux ameublemens ; tel
boyi^eois en possédait pour tin prix au moins jégàl aii
revenu apnuel de la ville ^*' 5 ils aimaîêht à voir bril-
1er dans lés *repas de grandes coupes d'or ou d'argent'^
. ornées de leurs arihou*ies ?** j toutefois, quand un^séna-
- teur fâf^alt son testainent,* il était facile de voir qu'3
''mettaiÇ'le phis haut prix aux chevau:^'et a^x armes ^*^.
"Èa lille, dont^oute l'enceinte n'était pas encore habi-
tée ^*^, értSt beBfe ^'^'^ pour le temps j elle fut pavée qoel-
**^ Le^ffeésoiier Pîerra^ûwu ordonne oonss^n testament^ 1407, qne
la grande dîme^e \^orb demeure dans sa famille. *-
>42 Ch. de Jean d'^Erlach, qu^vendlt pofir 1^^ flo^jps du Rhid le
quart de l'hénUg^d'Ulrièh d'Erlàch^ fils du héros, 1409.
**' Comparez le testament de Zigerti, i3j^ eT le compte, du trèwri^
1578. ■' ' • " -,
%4A BàwU, dttis lè document cité, lègue à ses compagnons de^*abbaye
des gentilshommes-wne co«|« tieave oméé-de *s «mes..
'^^ Lé même l^ue à son fils illégUîme Oswala, sén cheval deJbttaille
,giis; à sa veuv%, les deux autres clievaux; à Pétermaniïde Krauchthal,
sa obtlil'-de-maille de prédilection Jlqu'il avait rapportée de Pn&e^ ainsi
que le'casque a«ec les ornement la cuirasse, les brassarts et lesICCssartâ;
il laisse Isa femme le i9Ste ito son^mure. ^ *
^^* Le même possédait un vei|;er. a la Golatten-matt-Gasse ( rue d*Âr-
berg.; . . ^* *^V*
"^^ Notice manusci^e da«s 6. £, de Haïler, Essai stores hiiitoriens de
p Suisse, t. IV. * ' f f ', *:
»
398 HlâWmiË OB LA' SUtSilE. .
ques anaées ayant Zurich ^t^. l^ sénat $eml|)ait pat
fois trop Bèvèm^^^y comme lorsqu'il punit les prétij^
au sujet de leurs cufeinières, qu'il ehassa celles-ciid^^
\3i ville ^^^, et les em^l^isonna-^^ parce (Ju'elles lyTln-
rentj ou lorsqu'il confisqua la maison.^ li£^dame d^
Schûpfen pour quelques lettres qu'elle* avait suppri-
mées^^. Le^ton ordinaire de la sqci^ était 'celui de
ïorgueil né" des jictpires et de là piû|B|nce.:^ ^^ i|p
Sous le gouvernement dg,i'avoyer>Louis de Seftigen,
co-seigneur d'Ohçrf|ofen^.déux cèntguatorze ate après
que CypQO de Bubenterg eut fondé cette villei sbtp^les
ducs de Zaeringen, le 14 mai, vers les^ cin^ ^^^^^ ^^
soir, un incepdie, dont la cause^estf igApfée.^%. éclata
dansjhla rde des Fantaisies ^ %n peu d'heures 550 inai-
■ sons ^^*, presque ^oujtês les habitations des foMatj^urs '
et des anciqps h^ros^ avçc toutes^ les choses pi^ieiîtef
ou cutfeuses, que tsyit de baronsy de cheiKaliérsM: dé
iiottrgeois avaient acquises mi ménagée|r|^^ur ^ursi
ne veux ilaMies périls delà ^evreou parunMudug^iâ
84» ~ - * *-
Peut-être \» manque d'qrgfgat^rengageait-il h pràRoncer dbfoifefr
^^° Les i^tres^ui refusaient Jplj^sabce^ à ça(use de leurs ^m^pMinités.
^^^li Dans ^ fipson qui #^ remplacée par la grande boi||ge. «Notice
n. 2/^ ^, dhronique de Tabbé SiUfer^çn ; Steitler, etc. ^
^^ Autre notice manuscarite , i4fQ7 *, elle confirme ce que Tsiff^
raconte à Tan^iOG,^ ---;^ouf^ le f^t qui snit, Ha/Zd^^nâ^ce n. 3|47.
"• Uj^ mère, la femme Furrer, djb la^josionfàgne de Belp, fut accusée
par son fils d'êt^ l'aifteur de Fkifiipndie ; qqi^qu'elle n'aYOUât pasjfille fui!'
brûlée. D'autres accusèren^les concuftnes ties pr^t^s, maïs sans greiive,
malgré la torture. Les béguines disai^t que Dieu puni^t Beijpe,' parce
qu«9nHes allait forcées de quitter |||prs voiles, «^ela leur parut cbi^ si
gpftvé que pays et gens duss^t périr? • TiûhacMan,
'^* Quinze joià^ luparlVant, un incendie ayant tthité dibs une écurie
où il n'y «fait^]^oiVit eç^de feu^ 5Î maîsoùs^e fe>ufi de TË^lise brùlè-
{*
»,
LIVRE u. côiAP. vn. •■ 399
persévéïftlfe, devinrent la proie de$ flammes ^^. Les
hôpUfmx^ 1^ couven|^des religieuses de Tîlejîe Saint-*
Michel et^ aubautî-dela rue des seigneurs d'Egerton,
le souvent des Cordelîers furent réduits êa' cendre. Cent
pt rs(^3t)B3s périrent dans le* feu : ceux qui survéc^|jpnt
à la destruction de la vMtê et*. de leur fortune^ sânsK
pain, sahs asile, couverts 4^ vAtemens à den^i brûlés^
épuisés de fatigue, mêlaient leurs cris de désespoir au
fracas '*des tours qiû s'écroulaient, de^ murs qui tomi-
Kaient, et au pétitlfglïient des flammes. ^
• Lorsque Rortie^ incendiée par lés Gaulois, se releva-
4^ 9? ruines, elle eut çq|u*.^.nçmis t<>us s^ ^1)!^% Les
Gonrtdérés suisseé, Soleiïre aussi, principalement Fri- ^ *
bourg en UechtfeiQd, toutes les.vîHe^ et îel cantons qi^
«.yaient trouvé un apjpui dans l'héroïsçie et les sages con-
seils des Bernois , tous^lêurs lujSts et leurs combour^eois
de POberlànd, dç&^bords de l' Aar et deÎLaupen, envoyer»
reât, comme:dans tine cal^mj^é géi^ate^ne wpi%lî^ .
âBcîrne, avec ^paucoMp de consolations , d'argent^ de^
vins et de^lé. Les Friboutgeois,.o^blijmt guerres et
rivalités , entretinrent à leurs ficai^^ pendant y,n mç^s,
•ous les ordres de Jean de GambacU^ cdn^eiller. de feur -
ville, cent Hommes et douze qhariots pour déblayer les
décombres de Berne ; ils furent Secondés par les So-*^
tçuiyrfï, les BiennofSi P'*^ gràtid nombre Jjjiei geq^ ac^
courus de Laupen, de Berthoùd, de Tlurtinç., d'Ar- . ,
berg, de Ni^au et de Bûren; tq|is les bbjets retrouvés ":.
ftrrent ren^ius à T|Bprs ^FûpriétMres. ^ \, ' ,
L'afOifer et le^cgnseu, ainsi que àans tes*" autres ^^
gpcands périls de la pairie, d^éurèrent^déles à: ei£s:*
mêmes : Tavo^r couvcii^ialesconsef^
M ff^ "^
»« U; Ttchudi; StetiUr. - . ^ ^ ^ ^ <*
.»
400 ^ ^ HISTOIRE 0B LA SUISSE.
afin de délibérer y au militeu de rémotiou uHîfv^erseHey
€ur ramëlioration du gouvernement ^^^. On examina
sérieusement tous les abus que le temps avait intro-
duits^ etrônafrétajl'prdonnance suivante : « L'avoyer
J!) et lé conseil^ ainsi qite les Soixante ^^''^ et 1^ Deux-
» Cents, jugeront à F^venîr'^tputes les causes avec jus-
» tice, et prononceront au glus^ tard îjan^ les trois mois.
» En cas de partage ^Ides voix dans le Grand-Conseil,
» le grand-sautier ^^^ et le "greffier décideront , et , s'ils
» ne sont jwis diaccord , l'avoyer prononcera j on nom-
D mera aux dignités et aux emplois, à^jsi n^jorité éms
» suffrages, dek hommes cajjpàmes, qui ne dépeuid^ote
» d^un seigneur étranger ni comme vassaux, ni comme
>) «cautions, (et on ne les choisira qu'eiitré deux compé-
» titeurs pouf cliaqvje office ^^^. >> Une calamité géné-
rale réconcilie les ennelhia; if ^^ fut fait aucunjs inen-
tibn dèl trdtibles!?et des mesures occasionnée vingt ans
a!tiparavant pv l'envié ejt l'Jimpriatence* La nouvelle
ville^s'^va peu à peu en rues larges et régulières^ avec
des arcades <îommÔdes , beaucoup de fortes-tours et de
belles hainfations ^ouu les seigneurs et les ^evaliers.
^^* T$ckackilan, SchodeUr et Silbereiseà parlent dé^céft^assembléè, où
Ton jura à ifous égd^ jus^é : ^«;$'il en a été fait ainsi, on le verra an
^ jonr où ijen ne res^uçacl)|u Cy, ajovte la .cltroiiique,' j*ai entenda
» dire^dans l%g^nîte que çela*he s'^^ysèit^it pas bien. » .(Bien .qu'ils
demeurassent iiommes, Hs étaient des hommçs d'êlat et des héros. }
*^^ A. £• ik fraWswyl les r^ardait comnfe utSe chambre d'appels in-
ter^lBédiairç^ntre les deux aiiti;ps conseils,«et^aisa^t obs^véf qu'il ea^
fait n^ëhtion dans ks actes juridiques^j^ i403,'5, 8, liv»22, 25 £t jus-
qu'ai 75; scws le titre de « GonseîT et bourgeois » :^eUe auto)f^t4^ut spip-
prim^ en 161^6». làrsde rét^li^ement <|e ht chambre des appelhitioiis
allemandes.
'^ \\ était en même t^flups heutenant de'Hinroyetf près du tribunal de
U villa > ^ * .
^** e^donnanté i1loA> dans Tanjjiea {{.vreYouge.
LIVRE II. CHAP. VII. 401
Les gens du peuple reçurent de l'argent pour- bàtir^
d'une manière plus solide et qui garantit mieux contre^
le danger du feu ^®^. On construisit alors l'hôtel-de-ville
sur l'emplacement de l'ancienne demeure du chevalier
Conrad de Burgistein^^^ ; à la même époque on conso-
lida l'énorme muraille de la grande plate-forme , der-
rière l'église de Saint- Vincent ^^^ ; des seigneurs et des
bourgeois du Grand-Conseil donnèrent une quantité
d*armes pour fonder l'arsenal', et peu d'années après
on fit venir de Nuremberg la « courtisane de Berne »
et deux autres pièces d'artillerie ^^^.
On avait interdit avec sagesse d'étendre l'enceinte
de Berne ^^*; le gouvernement marche avec plus de ré-
gularité au milieu d'une population peu nombreuse.
Lorsque les Athéniens, pour équiper leurs vaisseaux,
eurent multiplié, le peuple, cette multitude détruisit
Tordre civil, ensuite la puissance, enfin la liberté. La
population excessive dé Rome aussi, dans la prospérité
remplissait la ville de troubles, dans l'adversité, de
terreur. D'autres républiques ont dû recourir à des
moyens violens contre un accroissement semblable. Le
^^^ « Pour élever des pignons et bâtir en glaise. » Ch, du mauvais de-
nier. 1408.
''* n était membre du conseil en 1391 ; caution de P. de Kranchthal
envers Pierre « de Bussiaco, » prieur à Montricher, pour 60 florins d'or.
Ch. 11 avril 1392. Rodolphe de Schûpfen, son beau-frère et son héri-
tier, était membre du conseil en 1402. La maison qui fut saisie à sa
femme, en 1407, était probablement celle-là.
*«2 BâwU fit un don pour la muraille du cimetière de la grande église
et pour le fossé extérieur, 1407. Les Gordeliers entreprirent alors aussi
« leur grande et belle construclion. » Testament d'Erlach,
*" 1406. A. L. de TVattewyl Msc. Silbereisen ad 1412.
"* 1398. A. Il, de Watiewyl Msc.
III. 26
402^ HISTOIRE DE LA SUISSE.
gouvernement ^^^ et les hommes dont il a besoin doi-
vent être à Berne ; le soldat doit habiter la campagne ;
la ville l'amollirait.
La reconstruction de la ville avançait lentement^ vu
l'état des ressources et des fortunes ; mais la république
acquit en deux ans et demi le landgraviat de Bour-
gogne ^ les seigneuries de Bipp^ de Trachselwald et de
Wangen ^ protégea les habitans du Gessenay et maintint
à Neuchàtel les droits des bourgeois , à côté de la sou-
veraineté de leur comte.
Vers ce temps^ des masses de glaces se détachèrent
des montagnes , les rivières de l'Aar et de la Sensé dé-
bordèrent et emportèrent des ponts ^^^ , des châteaux
s'écroulèrent ^^^. Afin de n'être pas obligés d'emprunter
de l'argent à gros intérêt, les conseils, les bourgeois et
la commune, sous l'avoyer Pétermann deKrauchthal,
frappèrent tous les bourgeois de Berne , ecclésiastiques
ou laïques , riches ou pauvres, d'un impôt d'un denier
ou fenning par pot de vin. Cet impôt , voté d^abord
pour trois ans seulement, se perçoit encore aujour-
d'hui ^^^ , et s'appelle en souvenir de ce temps « le
mauvais denier. » Sept ans plus tard, comme on verra
dans le chapitre suivant, l'Argovie inférieure fut con-
quise. Par là se trouva réunie presque toute la partie
**& Lai-même, et autant d'hommes habiles à gouTerner qu'il en faut
pour soutenir Taristocralie contre la démocratie et l'oligarchie. '
'*' A Laupen , Bûren et Arberg. CA. <ftt maitii. denier, A cause de sem-
blables accidens Arberg remet ses ponts à Berne , les portes réservées.
Ch. 1414.
**' A Nidau, Thoune, Arberg, ainsi que des édifices fortifiés à Laupen.
**^ La Ch, portait que « si après les trois ans la ville se trouvait encore
» considérablement en perte , l'avoyer, le conseil , les bourgeois et la
» commune pourraient convenir ensemble de la prolongation de cette
» contribution. »
LIVRE n. CHAP. VII. 403
allemande du canton actuel de Berne ^; cest qu'alors
chacun songeait moins à sa maison et à sa fortune que
l'incendie avait ruinées^ qu'à la gloire immortelle d'une
excellente république*
Grâce à de tels sentimens , la prospérité des Confé-
dérés apparaissait dans l'éclat des institutions de toutes
les villes. Jean Kupferschmid de Lucerne reçut des
remerciemens publics pour y avoir bâti la première
maison de pierre ^®^; dès ce moment tous ceux qui
voulurent construire ainsi reçurent de la ville le sou-
bassement et le pignon. Alors aussi les bourgeois de
Lucerne entreprirent la grande construction de la
Musegk^ le mur extérieur avec ses neuf fortes tours et
le pont des moulins (1408), enfin le mur extérieur
du petit Lucerne (1409). Les frais de ces ouvrages
s'élevèrent à plus de six mille florins ^'^^^ à une époque
où pour moins d'un kreutzer ^"^^ on pouvait boire
toute une journée.
Dans l'espace de dix ans (1388-1398), les Bâiois
entourèrent le grand Baie et tous les faubourgs d'une
forte muraille dont les extrémités touchaient au Rhin.
L'hôtel-de-ville de SchafftK>use est de la même époque
que ceux de Zurich et de Berne ^'^^ , et aussi ancien
que la constitution qui a confié le gouvernement à un
* Tel qn'il était avant i79S. comprenant les cantons actnels d'Argo-
rie et de Vaud. G. M.
*<9 1398. Balthasar, Explication des iableatuo du pont de la chapelle,
>^® 6060. Tschudi, 1408. Là n'est pas compris le mnr du petit Lu-
cerne.
S71 Trois angsters (quatre font un kreutzer). Tradition dwaa Baltha$ar^
L c. =3 Quatre kreutzer équivalent aujourd'hui à trois sous de France.
G. M.
'^^ Le Grand Gonseâ de Scbaffhouse s'assembla pour la première fois
à rh6td-de-ville le i*' mars UiU. Roger et fValdkireh,
404 HISTOIRE DE LA SUISSE.
bourgmestre et à un conseil. Dans toutes les vitles se
développait une administration plus libre ou meilleure.
Les Bâlois voyaient de mauvais œil le chevalier Gûnther
Marschall et Ulrich dltingen revêtus des charges de
bourgmestre et de^chef des tribuns par l'influence de
i'évêque ^'^^ ; ne pouvant obtenir que l'élection du chef
des tribuns fût laissée à la bourgeoisie, ils nommèrent,
à l'exemple de Strasbourg, un ammeistre, dans la per-
sonne de Jean de Wyler, pour gouverner concurrem-
ment avec ces magistrats ^''^*.
Bienne même, que sa bourgeoisie au désespoir pen-
sait abandonner après que Jean de Vienne y eut
porté la désolation, se releva plus forte et plus belle ;
elle fût rebâtie des décombres du château dans lequel ses
conseillers avaient été détenus ^'^^. Tous les privilèges
que ce même évêque, au mépris des lois du pays , leur
avait enlevés pour les donner à d'autres, ces droits et
toutes les franchises de Bâle '^^^ furent confirmés aux
*^' Peut-être à cause de la guerre cl*aIors contre la noblesse autri-
chienne.
3 74 fyursiisen, 1. iv, ad 1410 ; il sert à rectifier Tschudi. Il est impos-
sible que Wyler ait été le tout premier ammeistre, puisqu'en 1388 Jean
Tagstem portait déjà ce litre. CL dans Brukner, p. 607. On trouve
même, en 1305, à côté du chevalier Conrad de Benken, bourgmestre,
Conrad Zur Sonne » magîster artifîcum et magister artîum civitatis Basil.»
Ch. Ibid. 979.
*'* Permission de Cévêque Humbert , 1405. Cependant ils devaient en-
tretenir le toit et la charpente de la tour qui restait du château. On voit
par la Ch,. au sujet du péage, 1411, que Jean de Vienne môme, pour
favoriser la reconstruction de la ville, lui abandonna le péage. Imer de
Ramstein leva sur Bienne une somme de cent florins qu'il dut payer aux
Bernois ; ( était-il du côté de TAutriche dans la guerre de Sempach ? }
I'évêque Humbert en leva de même cent ; ces deux sommes furent prises
sur le péage.
*^' Ch, de franchise de I'évêque Imer, 12 mars 1588 : < Bienne. jouira
LIVRE II. CHAP. vn. 405
Biennois par l'évêque Imer de Ramstein ^'^''. Libres de
servitude, de taille et de contribution ^''^^, exempts de
plaids et d'assises ^'^^y habiles à posséder tous les fiefs
nobles 9 ils étaient gouvernés par leur conseil et par
des maires, dont un était choisi par l'évêque d'entre
les hommes de l'évêché. Il fut décidé par suite d'une
médiation réitérée des Bernois ^^^ que toute la milice
de l'Erguel ^^, que toute la population riveraine en
deçà de Gléresse, qui marche avec la Neuveville,
suivrait la bannière de Sienne. La liberté s'introdui-
sant aussi dans Gléresse ^^^, quarante de ses princi-
paux habitans, pour la protéger, formèrent avec
Sienne une alliance de combourgeoisie ^^^. On fit des
de toutes les franchises que B&le a reçues tant des empereurs et des rois
que des évêques, outre celles que Bienne même tient des empereurs, des
rois, des ducs et des évoques. » Autant que je puis le présumer,
Bienne ne reçut de faveur que des seuls ducs d* Autriche, vers 1375, alors
que l'évêque Jean était son ami et que la ville fut rebâtie. Il n'y a pas
vestige de faveurs accordées par les ducs de Zaeringen.
^'' Il révoqua toutes les chartes contraires à ce privilège, et que Jean
de Vienne pouvait avoir accordées à des villes et à des particuliers.
*7^ Il les rend « francos , quittos et exemtos ab omni tallia et omnî
jugo servitutis. »
*'^ « Privilegiamus eos , ne possint convenir! coram alio quam villico
nostro de Biello. »
'*® La sentence rendue par l'évêque et par Berne dans un différend
entre Bienne et la Neuveville fut annulée ; en revanche , Berne scelle sa
convention pour en assurer la validité.
*** Toute la population des domaines de l'évêque en deçà de Pierre-
Pertuis devait marcher au secours des Biennois dans leurs guerres et dans
celles de l'évêché. Ch, de franchise, 1388.
•" Bernard de Gléresse affranchit ses gens de la servitude , de l'impôt,
des tailles, etc., pour ilOO florins, en 4406.
*'• Combourgeoisie perpétuelle avec le conseil et la commune de
Bienne , scellée par la Neuveville à la prière des habitans de Gléresse ,
1^06. La contribution qu'ils rachetèrent alors avait été hypothéquée en
1396 pour dix ans aux Biennois, par les seigneurs du lieu, qui devaient
406 HISTOIRE DE LA SUISSE.
conventiom dans les lieux où les droits étaient entre*
mêlés ^^* ou qui obéissaient à plusieurs seigneurs ^*^,
par exemple pour la pêche du lac , afin de ne faire tort
à personne ^^^ et de prévenir les abus qui dépeuplent
les eaux ^^'^. Voilà comment dans le pays des Helvétiens
la liberté et la Confédération triomphèrent une seconde
fois.
Cependant cette époque fut moins marquée par des
franchises nouvelles que par le renouvellement des an-
ciennes ; car de tout temps , la nature et la raison les
ont développées sans violence, comme on le voit par
les droits des villages, tels qu'ils étaient reconnus dans
6A florins à Schilling et àSchlîengen de Bâle. Ch. Bienne acheta ensnite
la moitié de la haute et de la bas&e justice et la rétribution en poules de
la main de Jean de Bfîr^, 1409, s'engageant , de son côté» 5 ne porter
par là ancuQ préjudice à te corvée et à ses autres droits. Ch. 1409.
"^^ Bienne renonce à la mairie du mont de Diesse et aux appels inter-
jetés par cette contrée. En revanche, le maire de Bienne garde ses autres
droits sur le mont de Diesse. En cas de partage égal des voix dans un ju-
gement, la cause est portée devant le maire et le conseil de la Nenveville.
Dans le champ de gueules de la bannière se voient les so'moiries de
Bienne; adroite, la crosse de Tévêque; à gauche, la clé de Neuchâlel.
AlUance et combourgeoiaie entre les maires, eonseUs et bourgeois de la Neu-
veville et de Bienne, 1395«
*^^ Transaction des délégués du prince de Cbâions , de la seigneurie de
Neuchâtel , des villes de Berne , de Bienne et de la Neuvevillc, au sujet
du las, 1410.
'^^ « Le propriétaire de chaque maison ne possédera pas plus d'un quart
d'un filet commun ; il péchera lui-même, à moins qu'il ne soit malade;
il ne salera pas les poissons , mais les vendra aux marchands de poissons;
ceux-ci jureront de ne pas les vendre plus loin que Fribourg , Berthoud
. et Soleure ; nul n'a le droit de pécher, s'il n'a demeuré un an et un jour
sur les bords du lac. »
^^^ Défense de pêcher entre la Chandeleur et Pâques , à moins qu'il ne
vienne dans une des villes un des seigneurs qui possèdent des seigneuries
autour do lac ou une ambassade de leur part ; en ce cas il est permis de
pêcher , mais seulement pour le besoin du repas et avec des filets au
travers desquels puissent passer le frai et les jeunes poissotis.
LIVRE II. CHAP. VII. 407
les assises du printemps et de Fautomne ^^ d'après le
témoignage des vieillards ^®^. On retrmive là beaucoup
de restes de l'institution des anciennes cours germani-^
ques ^^^, que la religion et Tadministration des époques
suivantes purifièrent des abus par lesquels des barons
tyranniques l'avaient altérée. Le maître de la métairie
entretient à l'usage de tous le taureau , le bélier , le
verrat ^^* ; chez lui se trouve une charrue et un cha-
riot pour tous les besoins des pauvres paysans ^^^. Ils
jugent leurs différends entre eux; Le maire du seigneur
vi^it loger dans les métairies^ car 41 se contente de là
nourriture des paysans ; il n'exige que la propreté ^^^ ;
le seigneur lui-même ne dédaigne pas le lit du labou-
reur^^*. Dans les domaines soumis à plus d'un seigneur,
^^^ Ordioairement il n'y en avait qu'une fois par an ; mais dans cer-
Uins lieux, deux fois , comme dans le manoir de Wigoltingen. Senienee de
Vévéque Herrmann dé' Constance, l/i03.
'^^ Dans une «A. de 1396, apparaissent comme témoins ceux qui ont
été forestiers pendant plus de quarante ans.
990 Voyez sur leur forme et leur compétence, l'Histoire d'Osnabrûck de
Mdsep, homme d'un caractère distingué parmi le petit nombre de ceux
qui ont connu leur patrie et qui ont écrit son histoire avec un patriotisme
sinc&re«
*^*- Comme nous l'avons va au chapitre V, à l'occasion d'illGngen ou
Orvins. A ceci se rapporte le taureau que les babitans de Granges don-
naient à Tévêque» quand il y avait des assises au manoir de Bôtzigen.
« Celui qui le trouve dans son champ ensemencé, peut le chasser avec
» son bâton ; celui qui lui fait du mal doit payer une indemnité. » Rôle
du manoir de Bôtzingen sous Tévêque Humbert.
'*^ Ibid, « Si un colon laboure et que sa charrue se brise , il y en a
une toute prête chez le maître de la métairie, etc. »
39* « Des nappes blanches, des coupes blanches, des plats neufs, des
» matelats et des coussins. »Ibid, « Quand le percepteur vient du bois, il
» trouve dans un panier du pain et du fromage. » Coutume de PFigoltin-
gen. «Le paysan doit fournir quatre chevaux au prévôt. » Coût, de Hége,
•9* « Quand l'évêque vient au pays, ses vignerons tiennent des lits
• tout prêts pour lai et pour ses gens. » Raie de Bôttingen,
408 HISTOIRE DE LA SUISSE.
chacun d'eux sert de protecteur au pauvre contre les
autres, en justice ^'^ et à la guerre ^^. Chaque paysan
est assuré de sa propriété et libre d'en disposer *^ ;
le serf même sait quelle part de ses biens reviient à
son seigneur et quelle part à ses héritiers naturels ^^^.
Nul ne peut être emprisonné^ tant qu'il possède un
gage de sa fidélité ^^^. Lorsqu'ils marchent à la défense
du pays, on voit leur éohevin en tête avec une pique
neuve , en ju$te-au-corps blanc , portant un chapeau
rempli de deniers , que le seigneur lui a donné pour
qu'il puisse prêter de l'argent aux paysans. Souvent
plusieurs métairies formaient entre elles une sorte de
communauté, soit parce qu'elles allaient aux assises
les unes des autres *^^, soit parce que chacun pouvait
*•* « Si le bailli use de rigueur (à l'égard des amendes ), que le prévôt
• se montre clément, afin que le pauvre ne soit pas privé de son gagne*
paîn, • Wigoltingen,
*'• « Si le bailli a une guerre, il remet ses droits au prévôt jusqu'à la
» la paix, et vice versa, afin que les pauvres serfs ne souffrent point de
» dommage. » Ibid.
*^' « Chacun peut, pendant sa vie, donner ses biens meubles à qui bon
» lui semble, ou les attacher à un cheval sauvage et le laisser courir se-
» Ion sa sauvage nature. » Ibid,
*•' « Le seigneur a droit à l'habit dans lequel son serf allait à l'église,
» en visite chez ses connaissances^ dans les réunions du dimanche sous
» le tilleul ou sur les bancs ; il a même droit aux armes affilées. » Ibid,
e t dans plusieurs coutumes,
**• ■ On ne doit ni le lier, ni lui mettre les ceps tant qu'il est en étal
» de satisfaire. • Ibid, « L'évêque ne peut point mettre en prison le maî-
» tre de la métairie; mais il peut s'assurer de lui d'une autre manière. »
Bôtzigen,
*®^ P e. à Bôtzigen, à Diessbach et à Granges. Dans ces occasions
ceux de Diessbach apportaient une oie blanche et amenaient un chariot
de foin que suivaient tous les gens du manoir âgés de plus de sept ans;
ce jour-là le cheval de l'évêque mangeait de ce foin ; chaque paysan en
emportait une charge : le reste appartenait au maître de la métairie.
LIVRE JI, CHAPé VU. 409
appeler aux autres des sentences > de son .tribunal *®^,
soit enfin quand plusieurs seigneurs étaient tombés
d'accord « d'exercer le vol les uns chez les au-
tres ^^, » expression en usage quand un seigneur,
par ruse ou par la beauté de ses serfs > attirait dans ses
métairies des femmes nées hors de ses terres *^. Rien
ne manquait donc à une métairie libre que la garantie
de la durée de son bonheur^ Comme les passions des
grands les rendirent de plus en plus habiles à s'empa-
rer dii bien d'autrui , il ne resta au paysan inoffensif
d'autre ressource que de s'entourer de fossés et de mu-
railles ou de se fortifier par des associations. De là
étaient nées les villes , ainsi que la Confédération
Suisse, alliance protectrice des droits les plus saints
de l'humanité.
A cette époque, Gilg Spilmann, conseiller de Berne,
retournant chez lui à l'issue d'une diète tenue à Lu-
cerne, l'aubergiste de Willisau, Ulrich Wagner, lui
prit de nuit son sceau dans sa valise ^^*, et s'en servit
■ 401 wigoltingen , Pfjn , Altnau et Keithaslach en Sonabe sont liés par
une communauté de juridiction et de droit d'héritage; la minorité peut
appeler d'un jugement aux trois autres localités , et de celles-ci au prévôt
TVigoltingen,
*^* P. e. Constance, la prévôté du chapitre, St. -Etienne de la même
ville, Kreudingen , Pétershausen, Reicbenau,St.-Gall, Oenningen,
Fischingen , St-Polex à Bischofzell , Ittingen , Mûnsterlingen et la moitié
de Wagenhausen. Ibid.
' ^^' « Car le droit du vol est que" la femme appartient à l'homme. »
Jbid.
«o& 1385. D'après Schodeler, Spilmann rencontra l'aubergiste sur la
route' et le pria de recevoir sa valise sur la voiture qu'il conduisait ; l'au-
bergiste prit les devans et commit la fraude. Mais il n'est pas conforme
aux mœurs. d'alors que les députés voyageassent à pied; toutefois cela
pouvait arriver par hasard. Du reste , l'aubergiste était natif de Ber-
thoud.
MO HlfflTOIRB DE hJL SUISSE.
pour sceller^ au nom de Spilmanii, trois obligations ,
de 700 florins 9 de 18 umrcs d'argent et de 22 livres.
Sept an^ après ^ il réclama le paiement de ces sommes
et produisit deux témoins auxquels il avait fait donner
de l'argent par un tiei%, afin qu'ils pussent jurer
n'avoir rien reçu de lui *^^. Les amis du conseiller ^^
promirent de payer : lui-même s'y refusait , indigné
d'une pareille iniquité» Mais le peuple éleva de telles
clameurs contre les témoins que tous deux s'enfuirent
du pays ; l'aubergiste se préparant à les suivre fut ar-
rêté à Lucane comme il tentait de voler le greffier
municipal. Il avoua son crime envers Spilmann^ et
on le roua ; ensuite les témoins furent saisis à Berne et
bouillis dans une chaudière.
Peu d'années après (1 398) ^ des Bernois assaillirent
sur la route de Genève des voitures de marchandises
appartenant à Werner Schilling, riche négociant d'une
bonne famille de Luoerne. Us le prirent pour un Sa-
voyard parce qu'il parlait français; Berne était alors
en guerre avec la Savoie ^'^^ Le gouvernement ne
put faire restituer les objets volés parce qu'il ne con-
naissait pas les auteurs du vol. Schilling se plaignit de
cela comme d'un subterfuge, et demanda que la ville
de Luceme lui permit de recourir contre Berne au droit
fédéral. A la diète d'Escholzmatt dans l'Entlibuch,
^^^ Cela se passa |a même année où doit avoir eu lien, également à
Willîsau, le fait relatif aux joueurs, raconté ci-dessus n. 277. Quelque
poète populaire n'aurail-îl pas altéré la vérité? ou bien Taubeigiste , ses
témoins et les joueurs formaient-ils ensemble une société de gens per-
dus?
^0* Il figure en iS87 déjà comme conseiller ( CL âAnnt de Sireiilin-
gen); d'après Lea^ déjà Tan 1577. Schodeler; Têehudi ; Stètiier.
*•' On ne sait rie» de plus sur cetle guerre.
LIVRE II. CHAP. YIK 414
les Bernois dëclinèreat le droit fédérai^ s^appuyant
sur leur prérogative de faire décider par leiwrs propres
tribunaux toutes les plaintes contre leurs bourgeois ^^.
Voyant qu'il n'avait rien à espérer des ConCédérés^
Werner Schilling porta plainte A la cour impériale de
Rotwyl et au tribunal de la chambre impériale : ces
tribunaux prononcèrent en sa faveur; mais Berne
refusa de reconnaître leur compétence *^^. Appauvri
par œs prooès , Schilling déclara une haine implaca-
ble à tous les Bernois , arrêta et rançonna le gentil-
homme Eggen de Stein^ après lui avoir enlevé 400
florins. Les Bernois attaquèrent à œ sujet la ville de
Baie, où Schilling s'était établi *^^î son arrestation fut
mise à prix. Ensuite il se rendit à Luceme, si pauvre,
si dâiué de secours, qu'il gagnait sa vie en menant du
sable pour la construction des murs de la ville. Pen-
dant qu'il s'occupait de oe travail, il fut assassiné , et
Ton porta ses habits et sa ceinture aux Bernois, comme
dépouilles d'un ennemi de leur ville.
*^* Ils eurent tort de refuser le droit fédéral. « U est dit dans l'al-
» liance perpétuelle : S^ quelqu'un de ceux qui sont dans cette alliance
» a des réclamations à faire contre un autre,. «• nous devons assembler
» une diète. Si la réclamation vient des Bernois ou d'autre part , etc.
» Si nous , les Waldstetten^ ou quelqu'un d'entre nous a des réclama-
» tions à faire contre nos susdits Confédérés de Berne ou contre qnel-
» qu'un des leurs, etc.; quelque réclamation pécuniaire ou juridique
» qu'il ait à présenter, il doit recourir aux tribnnaux de son domicile, et le
• Juge doit lui faire droit sans délai. Mais s'il n'oblîent pas Juslice et que
» le déni soit notoire , il pourra la chercher ailleurs où besoin sera. »
Traité tTallianee de Berne. M'était-il pas assez notoire qu'on ne rendit pas
justice à Schilling? qui était juge de la notoriété?
^^^ A tort , si Schilling prouva qu'on ne lui avait pas fait droit ; ce cas
était réservé dans la Ch, du roi fVenceslas , Nuremb. 1598 ; mais ils lui
offrirent toujours le recours à Uwn tribunaux.
A*^ CA. 7 août ld99 dans Tichwii. Sa m^t est racontée à l'an 1407. Ibid.
412 HISTOIRE DE LA SUISSE.
Pour lobservation des formes gouvernementales
et le plus souvent pour Torganisation sociale , nous
l'emportons sans .doute sur nos pères; mais dans les
grandes affaires d'État ils s'oubliaient pour la patrie ;
ils étaient plus vigilans^ plus sérieux^ plus habiles. Cette
différence s'explique ; avant la fixation de la constitu-
tion^ les plus grands intérêts tenaient les esprits 'dans
une activité continuelle; depuis^ nous n'avons à nous
occuper que de soins civils intérieurs ; or chacun
entend |le mieux ce qu'il pratique le plus. Mais^ au
jour du péril , nous apprendrons au monde si les vertus
à l'aide desquelles nos ancêtres ont fondé notre répu-
blique et l'ont glorieusement défendue ne font que
sommeiller^ ou si les nouvelles mœurs les ont insen-
siblement anéanties *". Le meilleur moyen de les con-
server , c'est que , dés notre jeunesse^ la .situation
de l'Europe et les dangers dont elle est menacée , la
patrie, son bonheur et notre devoir, soient, avant
toute autre chose, l'objet de nos continuelles et sé-
rieuses méditations.
*iA L'épreuve a mal réussi.
FIN DU TOME TROISIEME.
CCQ8OOJOOgO00C9 8Q O »9 9 3O O0OO0OO9QOC O 9 ^8 OO3O C 0O O9 QO 9C»9 < »9 CCCQ OT 09'
TABLE.
LIVRE DEUXIÈME (suite).
CHAPITRE lY. — ORIGINE db l'alliance perpétuelle des
HUIT ANCIENS CANTONS.
Gonqtiration contre Broun ; projet de massacre. ^ — Vengeance, exercée
particulièrement sur RapperschivyL — Zurich entre dans la Confédé-
ration. — État de la Suisse. — Albert d* Autriche marché contre Zu-
rich« — Le pays de Glaris devient suisse. — Bataille près de TsetwyU
— Zoug devient suisse. ~ Seconde guerre d^ Albert. — Berne adisis
dans l'alliance à perpétuité. *— Guerre de l'Empire (Rapperschwyl au-
trichien.) — Ruse et tentative d'Albert — Conduite équivofpie de Broun ;
sa fin. [1350 — 1358], Pafe 1
CHAPITRE V. HISTOIRE ET MOEURS PE LA SUISSE ET DES
PATS Voisins durant la paix de tuorberg.
Nature de l'alliance. — Gersau devient suisse. — Situation des Waddstet-
ten. — Crimes de la famille Broun. — La charte du Pfe^enbrieC —
Rinkenbei^ et Brienz ; l'Oberland en général. — Événemens à Zurich et
à Berne ; guerre de Bienne. — L'Abbé de Saint-<}ali ; la Haute-Rhétie ;
la frontière italienne ; le Valais. — Le Pays-de-Vaud ; le vicariat impérial
de Savoie» Genève» Sion, Lausanne. — La maison de Neuchâtel. —
L'Évèque et la ville de Bâle. — Le grand tremblement de terre. — État
des choses dans l'Autriche antérieure ; le Tyrol ; SchaShouse. — La
maison d'Autriche elle-même. — L'Archiduc Rodolphe; Albert et
Léopold. — Cervola. — Coucy (Entlibuch , Fraubrunnen^ ) — Guerre
deKibourg; (héritage de Rodolphe de Nidau; conspiration à Soleure;
troubles à Berne). [1358 — 1385] • p. 73
GQAPITRE YI. — guerbe des sea&neurs ; batailles de
SEMPAGH ET DE NiElPELS.
Causes de la guerre ; occasions (Entlibuch); commencement. — Plan de
Léopold. •— Bataille de Sempach. —Guerre des Bernois (Haut-Siben-
M 4 TABLE.
thaï). — Guerre des Zuiioels; des Caaroiuials (conspiration de Wésen). -
Bataille de Naefel9.—B(|ren, Nidau, Unterséen^ — Paix. [1385->1389«] 240
CHAPITRE YII. ^- BlULLANT DÉVELOPPEMENT DE LA GONFEDE-
&ATION ENTRE LA PAIX DE SEPT ANS ET LA ^AIX DE CINQUANTE ANS.
Première fariU, (DévehppemeM mtérieurt,)
Tentative piour diviser la Saisse ( traité de Sempach; le liourgmestre Schon;
la paix de vingt ans. — La matsoil d^Antriche. — Agrandissement des
Znricois (Grûningeii, Régensberg, Bonstetten); des Luconois (Entli-
bucb) ; des Bernois (Oberiand* Frutigen , Emmenllial» Thorberg, toutes
les possessions de la maison de Kibourg); des Soleurois; des Bâlois (le
t>etit Bftle.)— La constitution sous la domination autrichienne (Fribourg »
ScbalQiouse). «^ Situation des affaires en Suisse ; franchises impériales
(les J(giâ). — Affaires ecclésiastiques (mystiques» béguines). — Les cons-
titutions de Zougy de GlariSi de Zurich, de Berne, de Luceme, de
B&le,deBieiiike|desvillageB.[ftd89-^i4i5]« M4
FIN BC LA TABLB.