IN THECUSTODY Or THE
BOSTON PUBLIC LIBRARY.
■^HELF N°
HISTOIRE
DELA
CONFÉDÉRATION
HELVETIQUE.
SECONDE PARTIE
HISTOIRE
DE LA
CONFEDERATION
HELVETIQUE;
^
iÊ^mmti^
.mmi
LIVRE SIXIE'ME.
A Ville de Fr iB o UR G 14^0'
étoît reftce fidèlement Fribourg
attachée aux Ducs d'Au- pajfi fous
triche fes Maîtres, pen- '^ ^^*
dant la guerre de Zu-
rich ; elle avoit pris une garnifon é-
trangére à fa folde , qui avoit fort char-
gé la Bourgeoifie. Le Duc Albert
ffére de l'Empereur Frîderich s'y
//, Pan,^ A ij rendie
voye.
4 LivKt ^ iXiE^mn.
14^0. rendit pendant Tannée 1450. Ce Prin-
ce voulut engager Fribourg à entrer
dans de nouveaux projets , qu'il mé-
ditoit contre Berne. La plus grande
partie de la Bourgeoifie preféroit de
vivre en paix avec cette République
Toifme 5 & répréfentoit fans cefle ,
qu'ifolce & féparée de tout le refte des
Etats de la Mâifon d'Autriche, cette
Puillàncê n'étoit plus à portée de la 1
protéger. Albert avoit achevé d'irriter
tout le peuple contre lui par la Condui-
te qu'il avoit tenue à Fribourg pendant
le féjour qu'il y avoit fait. On réfolut
enfin de fechoifir un autre Maître: Le
peuple balançoit entre le Duc de Savoye
& Berner le Duc fut préféré ; Ce Prince
qui ne s'étoit engagé de traiter avec Fri-
bourg que conjointement avec Berne »
paya 15000 Gouldes à cette Républi-
que , qui le menaçoit de fe faire ren-»
dre raifon de fon manque de parole
par les armes, (a) Les
(a) Jujîinger, SfeUUriJ 6,77,
Livre Sixis'ms. ^
tes AutriehieHs perdirent àtux ^,n- ï4t^^
fiées après, l'a Comté de Ky bourg ^ quils
rendirent aux Znricois pour les frai^^
de la guerre. (^0
La valeur que les Suifles aboient 1455,
montré à la Bataille de St. Jaques , ren- Premier,
dit leur nom célèbre en France. Char- ^^ Miav^
LES VII propofa aux huit Cantons ^ %^f^^
à la Ville de Soleure un Traité d'Allian- ^^^.^^ J^
ce, dont les conditions furent réglées Fram^^^,
au mois de Novembre 1453-. Ce Trai-
té portoit Qi) : „ Que le Roi ï-àiïoit un
;,, Accord & Convention durable avec
„ les Cantons de ne leur être jamais
j, contraire ni à leurs Succeffeurs , pai*
„ lui ni par fes Sujets , & de ne do%
3, ner aide , fecouïs , ni faveur à per-
,, fonne qui voudroit entreprendre de
^, les niolèfter. Qtie les Habitans &
3, Sujets des Cantons SuiîTes de touta
^3 qualité poarroieot paffer & retomv
A iij neî^-
(a) Tfchachtîan Chron. B^rn. T{chs^07,^,,_
* L î V RS s î X ï E' M s;
I^Ai3^ » ner avec tous leurs biens/ e'quîpa-i
„ gcs, armes & bagages par tout le
j,. Royaume fans aucun trouble, & y
„ commercer , pourvu qu'à l'occafioa
„ de cet accord il ne foit contrevenu k
„ aucun point du Traité. Louis XI
le renouvella le 27 Novembre 14(^3- k
Abbeville,
f4W' On vit l'année fuivante pour la pre^
miére fois les Suifles s'enroller au fer*
vice des Princes étrangers , contre l'a^
veu de leurs Souverains , & combat-
tre pour une caufe étrangère, Jean
d'Anjou Duc de Calahre amena ^00 Suif»
fes aux Princes de h Liguç du biea
public. G)
î4(îo. - Il ne reftoit plus à ta Maifon d'Au*^
Guerre triche en Suiffe que la Thurgovie , Ra^
ie Thur- perfvvcil Se Winterthur, Ces Etats lui
gov?;. furent enlevés peu à peu. Rapcrf.
vveil{\) fe donna volontairement aux
Cantons
(a) Commines T. i, p. 38.
ii) La Fais de Raperfweil fi^uce au
hmiê
Livre Sixie'mi::^ ^
Cantons d'Uri , Sehweitz , Under- 54^
walden & Claris. Le Duc d'Autriche
en fut irrité , & traita ces quatre Can-
tons en ennemis : Ceux-ci pour s'en
venger fe chargèrent de l'exécution du
Ban de l'Eglife , auquel Sigifimnà vé-
iioit d'être mis , & lui enlevèrent dans
peu de jours toute la Thurgoviâ, Ils
çonfervérent cette belle Province dans
le traité , qui fe fit l'année fuivante à
Conftance. Les Cantx)ns partagèrent I4^^'
la Corrègence avec Zurich , Lucerne
& Zug , & n'admirent Berne que dans
celle de Diejjinhofen (a). Wmthrthur ^ î4^7v
qui
hmt du Lac de Zurich forme aujourd'hm
lae petite République , qui ejî fous la pro-^-
tt&ion de Zurich , de Berne ^ de Claris
épuis la guerre de tan 171 2k
(a) Tfchachtlan f 53, S%, 79. Tfchudî
T. 2. p, 600, 6i2> Dam la Paix /rfc
lannée 171 2 Berne //</ aufp admis à l^
Corrègence de la Thurgovie. Ai} fila Sou-^.
Viraineîé de ce Landgraviat apartient aux:
hit mcims Çantom^ qiù k font gonver^
.Milans
.| L-i V R E Si X I e' m e,^
!l4^'7. qui étoit la dernière place que la MaK
fon d'Autriche eut CQnfervée en Suifle
fut engagée l'un 1457 par le Duc SigiC-
mond à la Ville de Zurich, & aban^
donnée entièrement à cette Républk
que en 1477. (a}
CapîtU" Les Cantons firent leur première Ak
n/r-1''^^^ liance pu Çaptulat avec le Duc Gaieazs
Mmç Sforze de Milan. 11 fut réglé h
Lucerne , 8^ concerne principalernent
la fureté du commerce. Ce Prince cé-
da par le même Traité la Foliée de Livi^
%er par un EaUif\ qui refiâe à Frauen-
feld , ^ qui efi relevé ahcrnativemen^
tous les. deux ans. Berne , Frihmirg- ^
Solenre (r,ii part au criminel depuis 1499.'
JLes Suijfcs ayant obligé dans la guerre dt
Snahe la Vilb de Conjlanie d^ leur cékr-
PAdvoyeris de Frauepfeld , qiCells pojféddt
depuis 1415'. '
DietTenhofen forme une petite RépM^.
que fous la prote&îon des huit anciens Carr-
tons ^ de Schafhaufen.
( a ) 3Iémorak Tig, éd. 1742. p. ^45.
Etterlin /. 80* Stumpf l. i, c. 33. Tf^
/^7a. ^ " ' - ■■ ^^
L I VRE Si XI e'me. $
ften au Canton d'Uri , qui en a con-
fervé la pofleffion jufqu'à nos jours.
Les événemens des années fuivan- i/^&^:
tes nous conduifent infenfibleraent à la Guerre
guerre de Bourgogne fi célèbre en ^s Schaf-^
SuiflTe. Deux Gentilshommes, pour des ^u mj^^
prétentions particulières , inquiétoient haufeju
les Villes de Schafhaufen Se de Mulkuufen.
Le premier d'entr'eux Peler'm as Heu--
dorf^voit fait prifonnier le Eourgue-*
maître Jem Am Staâ de Schafhaufen &
lui avoit extorqué une rançon de îgoo
Gouldes (a) Le fécond Henri de iîe-
gisbehn avoit acquis une petite dette
d'un particulier contre un Bourgeois
de Miilhaufen ,. & s'étoit plaint d'un
déni de juftiçe auprès de Thurmg de
Hallv-acii Ballif à Enfisheim. Hallweil
commit toutes fortes d'hoftilités contre
la Ville , & la mit par-îà dans la né^
.ceflité de demander une garnifon de
( a ) Schilling p. 12. TfGhachtlan l 34,
Etterli}i%U Tfchii.di €■]€.
ïo LivRB S I XI e^me;
f4^S. 200 hommes à Berne Se à Soleure , qui
venoient de recevoir cette Ville au
nombre de fes Alliés (a). Ce petit fe-
cours fut fuivi de 7000 hommes , qui
fe portèrent fur VOchfinfeld^ où ils pré-
fentérent la bataille aux ennemis, (b)
Le refte des Suiffes les ayant joint,
toute l'armée des Alliés marcha contre
WMshut , & mit le Siège devant cette
place Qc}, Tout çtoit prêt pour don-
ner un aflaut général , lorfqu'on fit h
paix aux conditions : que les Schaf-
haufois feroient dédommagés jdes 1800
Gouldes ; que Mûîhaufen feroit çom-
prife dans la paix. Se que le Duc d'Au-
triche payeroit loooo Gouldes pour
les fraix de la guerre. (J)
$M% SigifmorJ peur fè venger des Suiffes ,
fe rendit à la Cour de Lotiis XI Rai
(a) Schillmgp. iC
(b) Idem p. 10.
(c) TJlhacbtL 1^3- TJ}:huà ^88;. Schl!;.
img 24.
\à) SéilL J%. feq. Tfckidi 6.^0...
Livre Sixie'jvïî:. îi
de France , dans refpérance de pou- 14^^
voir engager ce Monarque dans une
ligue contre cette Nation. Le Roi de
France étoit bien éloigné d'entrer dans
les vues du Duc : Jaloux de l'exceffive
Puiffance de Charles le Hardi Duc
de Bourgogne , ce Prince regardoit les
Suifles comme très-prapres à féconder
fes projets ( « ). Sigifmond ayant é^
çhoué à la Cour de France fe rendit à
celle de Bourgogne au mois de Mars
J4<^9 ; il engagea au Duc la Comté de SigiJ^
Fôrréts, le Sotintgatt , PAIface, leBrif^^^^"^ ,
gaii 8c les quatre Filles for ejîiér es , pour / , ^"^
les mettre à couvert des entreprifes des ge la
Suiffes* Charles prépofa pour ^û- Comté de
îif à ces Provinces Pierre de Hagenh.ach ^7'^%% ,
ennemi déclaré de la Nation QT), Ce ^ Charles
Gentilhomme prêta la main à toutes les Duc de
violences que fes Officiers commirent ^^^^^i^*
gne.
çontrç
( a ) Schilling p. 70. TfchcichtL 20?
Tfch.j02. Colhit Chron. de Bourg, p. 840,
(b) Commines T. i. p. il 2. Schilling
f.71. Etterlinf.%^., Gollii^.p. 83^.
iz Li VRE s IXI e'me.
'Ï4^0. contre les Suiffes. Diepoh de Hahslerg
Fremié- Bailif de LaufFenbourg fit élever des
re Un- Banderoles aux armes de Bourgogne à
Gitr-rre ^ -^^^^^^^^^^-^^^ <^s"s le Bailiage de Schen-
àe Botiv^ kenberg du Canton de Berne; la Ré-
gogue, publique députa au commencement de
l'année Adrien de Bnhsnherg au Duc ,
pour lui faire des répréfentations à ce
fujet, elles furent fans effet auffi-bien
que d^ux lettres , que Berne adrefla
au Sieur de Hagenbach fous le ig de
Juin & dans le courant d'Août, (a)
Louis XI profita habilement du mé-
contentement des Bernois. Gmlîcuime
de Dieshcuh , qui fe trouvoit à fa Cour,
fut chargé de faire à cette République
l'ouverture d'une Alliance particulière :
Le Roi envoya des Anibali^ideurs à
Berne ; ceux de Zurich , Sch\witz ^
Zug s'y rencontrèrent- vers la nii Juil-
let, & indiquèrent une Diète géné-
rafe
( a ) Tfchachtlan âms- ^^^ R^glflres d^
Mime fi 2,16.
Livre Sixîe'ms. U
raie à Lucerne pour îe i'^ d'Août. Les 1470*'
Articles de la Confédération furent
'dreffés & acceptés par le Souverain Sé-
nat de Berne le 14 d'Août ( « ). Ils
portoient en fubftance , que les deux
Parties ne pourroient donner au Duc
de Bourgogne comme à l'ennemi com-
mun des deux Etats , aucun aide ni fe-
cours au préjudice l'un de l'autre, (h)
Louis XI & le Duc de Bourgogne j^-yj^
armoient de toutes parts ^ & quoique
le Traité avec le Roi ne fut pas ratifié
par tous les Cantons , ils firent cepen-
dant des défenfes rigoureufes à leurs
Sujets de prendre parti dans cette ^
guerre; deux Citoyens de Berne, Pierre
Ougsbourger & Pierre Murri , furent
rapellés fous peine de leur vie (c). Les
mêmes ordonnances furent renouvel-
lées l'année fuivante. (^d)
Les
(a) IhilfoL 217.
(b) Fal. Anshelmf, 15 g»
(c) Tfchiuhtif.ZSi,
Cd')IdmfoL272,,
Î4 L t V R E S 1 X t ë'M È.
5473. Les Schafhaufois > loin d'être rem«
bourfés des igoo Florins en vertu de
la Paix de Waldshut , reftoient jour-
îieliement expofés aux hoftilités du
Sieur de Heudor£ Le Duc de Bour-
gogne le prit fous fa protedion de mê-
me que Bernhard d'Eptingen (a). Ces
Gentilshommes enlevèrent avec le fe^
cours du Sieur de Geroldfeck, au-def«
fous de Brifac » des Négotiants Suifles
avec leurs marchandifes , & les con-
duifirent à Schiittern Château de la dé-
pendance de Geroldfeck 5 d'où les
Strafsbourgeois les retirèrent à main
^ armée» (i»)
Ce fut dans ces circonftances ^ qtic
les Cantons de Lucerne, Uri, Schweitz
& Underwalden firent une AlHance
perpétuelle avec le païs de Faîaîs. (c)
L'Empereur ^ qui avoit paffe une
parti©
(a) Schilling p, 73.
(b) Idem 7(^5 77.
(c) TfQlmduL^sh
Livre Sîxie'mê. x?
partie de Fêté aux Bains de Baden , fe j^^j;
rendit à Baie fiiivi d'une cour nombreu-
fe; il en partit le 9 de Septembre*
Pierre de Hagenhach le joignit dans cet-
te Ville avec un grand cortège , & le
fuivit jufqu'à Trêves ; fes Domelliques
portoient fur les manches de leurs ha-
bits trois dez en broderie avec la De-
vife Allemande ich pafi ^ je les attends ;
les Suiffes crurent que par cet emblê*
me il cherchoit à les infulter (^). Ils
avoient d'autant plus lieu de fe défier
de fes intentions à leur égard , qu'il les
menaçoit ouvertement d^une guerre
prochaine de la part de fon Maître ;
il ajoutoit , que ce Prince lui avoiù
promis les Comtés de Lentzbourg^
Thun & Nidau ih). Charles avoiÊ
auflî fait déclarer, par fes AmbaDTadeurs,
aux Suiffes aflemblés à Lucerne au
mois de May, qu'il avoit pris le Duc
Sigifmond
(a) TfchachtL%Zi.
ï^ LîVré Sixîe'mjé;
Sigifttiond d'Autriche fous la protec-
tion avec le Sieur de Heudorf , & qu'il
les défendroit de corps & de biens, (a)
Î474» Cette menace du Duc de Bourgogne
LesSuif' irrita les Suilles ; ils chargèrent le Can^
Jes en- ^^^^ jg Berne d'envoyer en leurs noms
Jw Am- ^^^ AmbalTade au Duc pour lui en de-*
laffa- mander fatisfadion ^ & pour lui cxpo^
dmirs m fer les griefs qu'ils avoient contre les
•J;^^^ . fufdits Gentilshommes & contre Ha-
de Bour^ genbach. Nicolas de Scbarnachthal Ba-
gogyiê* ron d'Oberhofen & Pierre de Waheren
Baron de Belp furent choifis pour cette
Ambaffade ; ils joignirent le Duc à
Tanne le 8 de Janvier j & lui répré-
fentérent conformément à leurs inftruc-
tions t (y)
1°. La bonne întelligence qui avait
conftamment régné entre les Ducs fes
PrédécefTeurs
(a) Tfchachtî. 2%s. Relation des Ara*
lajf. de Bourg, dans les freiwes de Comnîi'^
nés T»^.p. 4'')7' ^^ii' àe Bruxelles^
( b ) TfchaM. 304. Chron. de Bourgi
dans Commines f. 3§i^. Schilling, {* 9Î*
Pfédécefleurs & principalement entre i474>
Philippe fon Père &: fes Alliés.
a\ Ils produifirent le Traité de •
Waldshut, & repréfentcrent , que
3^. Contre fa teneur poûtive , le
Ballif Hagenbach refufoit aux Mùlhau-
fiens toute liberté de commerce. Se
leur interdifoit jufqu'à l'entrée des den-
rées les plus néceffaires à leur fubfiC-
tance.
4^ Qu'on leur retenoît les rentes
qu'ils poffédoient dans le Suntgau <fe
dans PAlface.
5°. Que quoique Pelegrin de Heu-
idorf eut été compris dans la paix de
Confiance, ce Gentilhomme avoit com-
mis des hoftilités contre les SuiiTes , Se
que cependant le Duc Pavoit pris fous
fa proteàion.
6^. Quje leurs Maîtres accepteroierifc
volontiers la médiation du Pape , de
iEmpereur ou de l'Eledeur Palatiji.
7°. Qu'ils efpéroient , que le Duc
défavouëroit la conduite de Hagenbach
à leur égard.
ILPm.^ S g'. Ils
ï8 Ll VR E S î X 1 e'me.
1474. g°. Ils expoférent tous les griefs par-
ticuliei-s, que la Nation avoit contre
ceBalli£ ^
Ces répréfentations ne firent pas la
moindre impreffion fur Pefprit du Duc,
qui traita ces Ambaffadeurs avec une
hauteur & une fierté qui n'a point d'e-
xemple, en les obligeant de faire leurs
propofitions à genoux (a). Après cette
Scène humiliante on les congédia fans
réponfe , quoiqu'ils euffent fuivi la
Cour pendant plus de quinze jours, (h)
Hagenhach, qui voyoit fa conduite
aprouvée par fon Maître n'en devint
que plus infolent II infulta plufieurs
Bourgeois de Strasbourg , de Colmar,
de Seîeftat & de Bâle , & mit de fortes
garnifons dans Brifach , Rheinfelden ,
Seckingen, Laufienbourg & Walds-
hut. (0
Les
(a) Schilling p. 9^.
(b) Idem p, 100. Chron, de Boiirgl
^ , (c) SMmgp. 103.
L î V R E s r X î E^ M Ëf 19
Les Suiffes , qui fe voyoient mena- 1474^
ces d'une danger eu fe guerre, s'alliè-
rent avec les Evêques de Strasbourg
& de Baie , & avec les Villes de Straf-
bourg , Coîmar , Seleftat & Baie, (a)
Le Duc Sigifmond d'Autriche de fou Srgif
côté en étoit au repentir d'avoir aliéné ^^'^ondfi
la plus belle partie de fon héritage. Il rj^ ^L^^
ne s'y étoit laifle engager que dans la cédé,
vùë d'attirer un puiffant ennemi aux
Suiffes. Ses anciens Sujets foulés par
Hagenbach imploroient journellement
faprotedion. Il voyoit peu de jour
à retirer fes Provinces des mains du
Duc. Charles l'avoit flatté du maria-
ge de Marie fa fille (b), il s'aperçut
qu'on le trompoit. Ces différentes con-^
fidérations l'engagèrent facilement à fe
prêter aux vues de l'Empereur fon
Coufm 8z du Roi de. France. L'Empe-
reur craigaoit le reffentiment du Duc
de
(a) Schilling p. 106".
(b) Infiruà. des Amhajpid. de Bourg.*
^ 399.
Bij
ID Livre Sixième.
1474' de Bourgogne, qui avoit demandé J
que fes Etats fuffent érigés en Pvoyau-
nie ; ce que PEmpereur avoit refufé. (a)
Le Roi de France foilicitoit vivement
Sigifmond & les Suiffes de s'unir par
un traité perpétuel. Charles armoit
de toute part, & chaque PuilTance
craignoit fes vues ambitieufes.
L0U15 XI avoit déjà conclu le 10
de Janvier avec les huit Cantons &
avec Fribourg & Soleure une ligue dé'-
fenfive contre le Duc de Bourgogne ;
par laquelle il promettoit à chacun
d'eux 2000 Francs de penfion par an »
& 20000 Gouldes pour les fraix de la
guerre. Çp)
Ce
(a) Trevîri ab Imperatore Frlderî-
co III Carolus Burgundus Regem Gaî-
liae Belgicae & Burgundiae inaugurari fe
volebat , ut quafi Vicarius Imperii vel
in ordinem redigeret rebelles , vel fub
jOgum mitteret , qui ad Imperium per-
tinentes olim fe huic exemiffent. Boh^.
mms in vita Alberti IIL
(b) Schilling f, 15 J, j
L I V R E s I X I e' M E; ^f
Ce Monarque fit de nouvelles inftaa- 1474^'
ces aux CaBtQiis dans une Diette af- Union.
femblée à Lucerne le 20 de^ Janvier ^ Héréè^
pour les engager à faire leur Paix avec ^^^, ^^
le Duc d'Autriche. Jofl de Silhien Ad* Maifon-
îîimiftrateur de TEvêché de Grenoble d'Atmi^
& Prévôt de Muntter en Argeu ,, fut
chargé de ce foin (cî) Les Suifles pro-
jettérent le Traité à Feldkirch dans uns
féconde Diette , & le firenë préfenter
par Nicolas de Disshacb , au Roi, qui Taj-
prouva dans tous fes points & en fit
dreffer un Ade à Seni'is le 1 1 Juin ^ en
Langue Allemande & muni de fo:i
fceau (^). Ce Traité » qu'on nomme
l'Unmt E[ér éditer e y. affura aux Suiffes
k poffefrion de leurs conquêtes fur 1^
Maifon d'Autriche ; les Cantons f^
chargèrent de veiller à~ la- confervatioii
des Etats du Duc SigifmGnd (f),. L'ex^-
B iij. preflSoîi.
(a) Schilling p. 108.
(b) Idem p. 109, ïio.
(t) Foyés ce Traité dam Leibnit^S im
€od, di])loiiL Pari IL
^% Livre Sixîe"'me;
11474, preffion dont on fe fervoit de Treu
Ânffehen , a donné lieu dans la fuite des
teinis à bien des explications différentes.
Le Samedi après Pâques les Bernois
écrivirent à la Duché fs de Savoye la nou-
velle de l'Alliance , qu'ils avoient con-
tradée avec le Duc d'AutrichelAa priant
de ne plus iaiffer palier fur les Terres
des troupes étrangères déftinées con-
tre eux : Elle leur répondit favorable-
ment Cependant les Sujets du Duc
de Sayoye 5 & entre autres leur Chef
le jeune Baron de Lafflira fe mettoient
en campagne & prenoient les armes
pour le Duc de Bourgogne contre les
SuiiTes. Les Bernais Payant apris écri-
virent le 30 d'Avril à i'Evéque & au
Comte de Genève, pour les prier de
mettre ordre à ce que la Maifon de Sa-.
voye ne violât pas leur Alliance, qu'au--
trement a leur grand regret ils fe-
roient obligés de prendre les armes
contre elle, (f) Charles
(+) Lss Bsrmis tèmQignoïenP alors une fnu
g^uliérù
Livre S i x i e'm e/ 2^
Charles eut vent de ce qui fe tra- 1474^
lîioit contre lui ; il envoya le 5 de Aml/mfi
'Mars un Meffager à Berm , pour s'in-^^"^- ^^
former , fi le bruit de l'Alliance de ^^^%''L
en SniJJk
cette République avec la France avoit
^ du fondement (a). 11 chargea auffi le
Coynie de Ro7nont d'envoyer des Ambaf-
fadeurs de fa part aux Cantons pour
les apaîfer ; Henri de Colombier Seigneur
de Veuillerens & Jean Allard furent
chargés de cette commiffion. lis al-
lèrent de Canton en Canton : Ils re-
préfentérent , que le Comte de Ro-
mont fouhaitoit paffionément de con-
tinuer la bonne intelligence , qui avoit
fubfiftée de tout tems entre la ?vîaifoii
de^
r r , .
gidiére confidération pour la Iflaifcn de Sa-^
voye : F'oici comme ils s^ énoncent dans uns
lettre ' a la TJuche{[e datée du 27 de Mars.
Divi quondamfabaudioe inclitiffimi Du-
ces , qui rem noftram publicani haudi
fegniori ftudio ac fuam continuis incre-.
mentis aluerunt &c. Rnckat Hijh d^
■ia Suijfe, Ms. qui cote un Ms. p-. S 76 adl
(a) ChïQn. de Bmirg, p, ^S^t-.
'S4^ L I V R E S I X I e'm e;
1474'. de Savoye & les Suiffes ; que le Due
de Bourgogne, à l'exemple de fes Pré-
déceffeurs , avoit accordé à la Nation
les mêmes avantages dans tous les païs
de fa domination dont fes propres Su-
jets jouïflbient: que néanmoins leur
Maître étoit averti , que par certaines
pratiques & menées on s'efForçoit àc
mettre la difcorde entre lui & les Con-
fédérés 5 en répandant des chofes con-
trouvées , comme par exemple : que
dans fon Traité avec le Duc d'Autri,^
che , il ne les avoit point exceptés, &
comme s'il avoit promis audit Duc une
protedion particulière contre eux ; que
îarfqu'il avoit reçu en engagement les
païs de Ferrette & d'Auflbis ç'avoit été
à la feule requête du Duc Sigifmond,
qui rétoit venu trouver pour cet effet
en perfonne ; que la raifon qui l'y a-
voit porté étoit , qu'il avoit été averti
que s'il les refufoit , ce Prince les re-
mettroit en d'autres mains , dont il au-
loit pu lui revenir grand dommage;
qu'il n'avoit pris le Duc d'Autriche
fous
Livre Sixîb'me. 2J
fous fa protedion , qu'en vue de me- 14-74^
nager fon accommoderiTent avec les
Suifles » comme il leur en avoit fart
faire plufieurs ouvertures ; Qu'au fujet
de MefCre Pierre de Hagenbach , il
n'étoit point parvenu à la connoiffance
de leur Maître , qu'il eut grevé aucun
de leurs gens , qu'il y mettroit ordre
fi cela fetrouvoit; qu'il avoit nommé
aftuellement des perfonnes pour infor-
mer; que les Suiffes jouïroient d'un
commerce libre dans les païs de Fer-
rette & d'Auffbis, & en pourroient
tirer toutes les denrées , qui leur é^
toient nécciTàires. (a)
La Ville de Fribourg & les Cantons
deLucerne , Uri , Schweitz, Under-
walden & Zug reçurent la déclaration
des AmbafTadeurs de Bourgogne avec
de grands témoignages de reconnoii^
fance & d'attachement pour le Duc
leur
(a) Ifîjïrii&iou des Amhajfl Bour^, a]y^
Çommines T, 4, p. 4(^:î.
^6 L I V R E S I X I e' M e:
147.4, leur Maître. Ils ne trouvèrent pas des
difpofitions auffi favorables à Berne Se
à Soleure. lîs firent leurs propofitions
devant le Confeil Souverain de Berne :
Quelques Sénateurs interprétèrent mal
leurs paroles ; il s'éleva à ce fujet de
grands débats. Pierre Kiftler tenoit les
, Sceaux en rabfence de l'Advoyer , il
le rangea avec le Tréforisr Fraukli du
parti des Ambaffadeurs ; on reconnut
qu'on avoit mal à propos cherché à
irriter les Membres du Gouvernement
contre eux. Adrien de Buhenherg, Haru
mann de Stcin , Cafpar de Scharnachthai
Se Jean Frankii furent chargés de la ré-
ponfe du Confeil Souverain. Ils dé-
clarèrent , que la République n'avoit
aucun fujet de fe plaindre du Duc de
Bourgogne ni par rapport à fes anciens
Etats , ni par rapport aux Comtés dc^^
Ferrette & d'AuîTois : mais que Pierre
de Hagenbach fe rendoit odieux par
fes extorfîons Se par les difcours inju-
rieux , qu'il tenoit contre eux , fur-=
tout contre Baie & Strasbourg : que
quand:;
Livre Sixie'me; 2?
quand il fe trouvoit dans leurs Affem- ï474ï
blées il vouloit tout gouverner ; qu'il
fe fervoit ordinairement de ces expref-
fions : Par la Char Dieu,Villains, vous
paflTerés par-là ; qu'il s'étoit vanté d'ê-
tre Ballif des i\.lliances & Seigneur des
meilleurs Maifons que les Bernois euf-
fent i qu'il commettoit de grandes vio-
lences contre leurs Alliés de Mùlhau-
fen ; qu'il les arrêtoit pour les plus lé-
gères dettes 5 au point qu'ils n'ofoient
plus fortir de leur Ville , ou on les af-
famoit en leur interdifant toute liberté
de commerce.
La Ville de Soleure fit à peu près les
mêmes répréfentations. {a)
Le Duc de Bourgogne cherchoit à // chr^
endormir les Suiffes pour avoir le tems che à les
d'exécuter les vaites projets qu'il ayoit ^'^^^'^•^
formés. Ses vues font clairement dé-
veloppées dans les inftruftions que ce
Prince
- (a) Relat. des Ambajf, Bourg, chez Corn-
min, T, 4. p. 44^.
SS Livre S i xi e'ms;
)r474. Pfii^ce donna à la fin de Tannée 14725
aux Ambafladeurs qu'il envoya au Duc
d'Autriche. Sigifmond avoit fait des
plaintes contre la Nation & avoit de-
mandé du fecours à Charles : Le Duc
de Bourgogne lui répondit , qu'il ne
lui étoit pas poffible de lui en fournir
pour le préfent : „ hem ^ pour ce
99 femhle que pour le plus certain fan doit
5, délayer pour cette faifon de mouvoir Aî-
55 dite guerre , ^ dès maintenant à tout
5, événement lefdits Amhajfadenrs requer-*
;, ro7it à mon dit Sr- d'Autriche 9 qu'il
s, veuille dire ^ déclarer la forme & ma^
9, niére comme il luifémkle que r on pour -^
35 roit le plus avayitageufemenf envahir ^
5, faire la guerre auxdits Suijfes (a). Preu-
ve qu'il ne cherchoit qu'à gagner du
tems. Il ne mit aucun ordre aux ex-
torfions & aux hoitilités de Hagen-
bach. Ce Gentilhomme continua dCm»
fiilter
(a) InfiruB. des Amhajf. envoyés au Duû
c^ Autriche. Commiu. 1\ 4. ^. 352, fsa.
L î V R E s I X I E' M E. 2$
fulter les Suifles dans toutes les occa- 147^
fions. II établit de nouveaux péages
contre les Traités ; maltraitoit les Bour-
geois de Mùihaufen ; menaçoit les Bâ-
lois, & violoit le territoire des Ber-
nois, (a)
Le Duc d'Autriche avoit dépofé à
Bâle §çs 80000 Gouldes , pour lefquels
il avoit engagé une partie de fes Etatsi
Ce qu'il avoit prévu arriva: Charles
refufa de reftituer l'Hypothèque fous
différents prétextes. Hagenhach redou- i l^^^a'
bla fa tyrannie: mais ayant formé ^^ arrêté,
projet de faccager la Ville de Brifach {h) jugé ^
les Habitans le prévinrent & fe faiii^ ^^^'^"^^*;
rent de fa perfonne. Le Duc d*Autri-
che établit le 9' de May une Cour cri-
minelle pour inftruire fon procès ; les
Députés des Suiffes y furent admis :
Fctermann de PVaberen y prit féance de
la part de Berne, Henri Hasfurter de
celle
(a) Schilling p, 84.
(h) Idem p. ilQ & uj^
30 L I V R E S î X î e'm e.
t474. celle de Luce rne , & Jean de Staal
Chancelier de Soleure au nom de cette
Ville (a ). Hagenbach fut coudamné
par ce Tribunal à perdre la tête fur un
échafaut. (/;)
Charles aprit devant Nuifi ^ dont il
faifoit le Siège , Texécution de fon fa-
vori & réfolut d'en tirer vengeance, (c)
Il donna ordre à Eftienne de Hagen-
bach 5 frère du défunt , de ravager la
Comté de Ferrette. (J)
Tenta- Plus irrité cependant en apparence
îive de contre le Duc d'Autriche que contre
mms 1^^ Suiffes , Charles fit une dernière
pour la . r
Faix ^- tentative pour le ménager leuc neutra-
vec les lité. Il fit repréfenter par fes Ambaffa*
Suijjès, deurs aux Cantons de Zurich , Berne
& Lucerne : qu'ils ne dévoient pas
préférer un nouvel Allié tel que le
Duc
(a) Tfchachtl / 334. Hafner T. 2
]). 100.
(b) SchïILp: IÎ4, Il 8, iif?.
(c) Idem p. 123.
(d) Idem ^.11% Gojlut: p, 844. 87^^^
Livre S i x î e' m e. $ r
Duc d'AiUricbe , dont la Maifon avolt ^474*
été depuis tant de fiécles leur ennemie
déclarée^ à un ancien Ami & Confédé-
ré tel que lui: qu'ils dévoient fe ra-
peller le bon voifinage , que fes Ancê-
tres & lui avoient maintenu fans inter-
ruption avec les SuifTes ; que leur No-
bleffe avoit été reçue avec diftindioa à
fa Cour ; que Louis XI comme Dau-
phin avoit concerté leur ruine avec les
Autrichiens dans la guerre de Zurich ;
qu'il n'avoit jamais refufé de fe défaifir
des Provinces , qu'il tenoit par enga-
gement de Sigifmond ; mais que ce
Prince n'avoit pas rempli le Traité
qu'il avoir avec lui à ce fujet : que
leurs griefs contre la conduite de Ha-
genbach auroient pu facilement être
terminés à l'amiable, (a)
Ces repréfentations , quelque fcn- p^^.,^^ -
dées qu'elles fufTent , ne firent point qui s'étoit
d'impreffion à Berne. Le Duc de/^^'^^'^'
-D contre lui
Boureoene ^ r,
° ° a Berner
(a) FalAnshdm Ch\ Mfc.f. 167.
'a^ LïvKË s i xîé'mb.
Ï474. Bourgogne y avoit néanmoins un fott
parti : ç'étoit la plupart des plus an-
ciennes Maifons , qui avoient de tout
tems fréquenté la Cour de Bourgogne.
Adrien de Euhmherg Chevalier , Baron
de Spietz, ancien Advoyerj étoît à leuf
tête. Le parti oppofé avoit pour Chef
Nicolas de Dieshach Chevalier , Baron
de Signau Advoyer régnant ; ce Che-
valier étoit fort attaché à la France ; il
étoit généreux, populaire, éloquent;
quoiqu'il eut pafle Page de 74 ans il
avoit confervé toute foii adivité \ il é^
toit entreprenant & par tant de quali-
tés réunies extrêmement chéri du peu^
pie. Adrien de Bubenberg , homme
d'un grand mérite , qui avoit rendu
des fervices fignalés à la République,
maïs trop fier de fon illuftre Naiflauce .
fut écarté fous divers prétextes & relé-
gué à Spietz , & la Guerre contre le
La guer^ Duc réfoluë par la République, (a)
^â Elle
(a) Anshelm fol. 179 feq. Cet Auteur
nous
LïvRE Sïxte'mê, ^3
Elle indiqua une Diette à Lucerne 1474»'
pour le 24' d'Août. Les Villes de PAl-
face, qui étoient alliées des Suiffes, &
celle de MonthsHard , qu'ils avoient pris ^
fous leur protedion (j) , s'y rendirent
par
nous af rend fol i S4. que Nicolas de Die&
bach avoH ménagé P Alliance avec la Fran^
es ^ Pmùon Héréditaire de longue main ;
qu'il avoif ajjemblé le 22 Septembre 1443
le Souverain Sénat , augiisl on jî'avoiP
apellé que les membres du deux Cent qui é-
toient de [on parti , qui -ti avoient d'abord
été qu'au nombre de 22 ,• qu'on lui avoit
remis plan pouvoir de conduire ces négo-
iiations , que le réfultat de cette délibéra-
tion avoit été tenu fifecret , qu'il n'en avoiè
jamais rieîi tranfpiré. Il mourut à Pore}u
trui de la Pejîe , fans enfans. Guillaums
de Diesbach , Chevalier , fon Coufin ger-
main hérita de fes grands biens.
" (^\y Au moment que le Duc de Bour^
gogne aprit la mort de Pierre de Hagen^
bach , il fit arrêter à Luxembotirg le Com-
te Henri de JVirtemberg , ^ donna les
ordres de s'affitrer de Montbeliard. Les
Bernois envoyèrent 300 hommes an fecours
de la place fous Henri Matter ^ Jean de
Hallweil ; ce ficours rencontra à Nidmt
IL Part. Ç Marquard
34 Livre Sixie'mk.
^474' par Députés , & demandèrent du fe-
cours aux Cantons (^). Hubert CerjeaU
Sieur de Combremont , & Antoine de
Ommpïon y parurent de la part de la
Duchelïe de Savoye Sœur de Louïs XI,
& promirent au nom de cette Princeffe
d'obferver une exade neutralité ( ^ ).
Les Cantons cependant faifoient quel-
ques difficultés de fe déclarer ouverte-
Bient contre le Duc de Bourgogne. Ils
ne s'étoient engagés par leurs Alliances
avec le Duc d'Autriche qu'à la Défenfe
de fes Villes & Provinces; ils préten-
tjoient n'être pas tenus d'agir ofFenfî-
Les Cnn- ^^^'^'^^^'^^ C ^)« Cependant ils cédèrent
'tons y enfin le 9 d'Oâobre aux inîlanc€s du
prennent d^q après avoir reçu 8000 Gouldes de
Marquard de Stein , qui avoit défendu
■cette Fille i ^ qui ne trouva pus qu'il fuf
me ejjhire qu'il continua fa route, Tfcbac htL
fol 34^
(a) Schilling p. 132^.
(b) Idem p. 13Î.
(e) Lkmp.131.
L I V RE Si xîe'me; 3T
ce Prince (a), 8c déclarèrent la guerre 1474;
au Duc Charles le 27 du même mois (h)
à Pcxception du Canton d'Underwaï-
den , qui pour quelques difficultés ,
qui lui reftoient à régler avec le Duc
d'Autriche, ne voulut pas prendre part
à cette guerre. (0
Les Bernois fe mirent en campagne Entrent
peu de jours après, avec leurs Alliés de sn cam*
Fribourg , Soîeure & Biennc ; ils fu-^^^^^^'
rent joints par Lucerne près à'Héri-
court , Se ayant mis le Siège devant
cette Place , les autres Cantons , à
l'exception d'Underwalden , 8z le refte
de leurs Alliés les joignirent (J). Les
Confédérés formoient une armée de
1 8000 hommes d'élite. Tljihauû de Neuf^
chafel. Maréchal de Bourgogne , au-
quel cette Ville apartenoît, s'en apro-
cha avec sooo hommes , & voulut fe
faire
Ca) Schilling p, 134,
(b) Idem p.iZ^é
ic) Idem p. 133,
(d) Idsmp, 137,
5^ L î V'RE S I XI e'mb.
1474. f^i^'c jour à travers Tarmée Confédérée
pour i€ jetter dans la place (a) ; mais
il fui repcnilTé avec perte de 2000 hom-
mes , fans que les Confédérés euiïent
^^fi^ perdu un feul des leurs (^). Herkonrâ
€ourt ' ^^ rendit peu apr^s par capitulation ,
& fut remis au Duc d'Autriche.
Ï47T- Le Duc.de Bourgogne s'obftinoit
il'harks cependant au Siège de NuiJ^, Il perdit
.pît fa poccHÎion de fe joindre aux Andois,
J^aix avec - ,
TEmpe- 9"^ ^'^^^ avoient follicité , & donna le
reiir ^ tenis à Louïs de regagner Edouard leur
m Iran- j^q]^ Charles fe voyant abandonné du
Roi d'Angleterre 5 conclut avec celui
de France à Vervins une Trêve de 9
années. Il avoit auffi fait fa paix avec
TEmpereur , & levé le Siège de Nuifi,
La Ligue de la haute Allemagne refta
feule expofée à fa vengeance, quoique
l'Empereur & la France fe fuffent en-
gagés
(a) Coramines T. i. p. Zi^J. GoJhii
£iVRE Sïxie'meC 37
gagés folemnellement à ne point fliire f47f>
de Paix fans les y comprendre. C^)
Les Confédérés rentrèrent en cani> Les Car^
pagne dès le mois de Février, & firent Z^*^^^'^^"
diverfes irruptions dans les terres de ^ V ^
Bourgogne (f). 1300 Soldats de Btr- pagfw.^
ne , Lucerne & Soleure s'emparèrent
de F ont ar lier. Ils y furent affiégés par
12000 Bourguignons 5 qui fe retirèrent
avec perte fans avoir pu réùffir dans
leur projet. Les Suiffes abandonnè-
rent Pontarlier après avoir brûlé la
Ville & le Château Q?), Ils tournèrent
leurs armes avec le feeours de Fri--
bourg & de Bâle contre Grmtâfon ,. Or-^
he 5. Montagny Sc Echallsm y qui apar«
C ii] tenoient
(a) Commines l,c. p, 215:, 23-7,. 26'T.
( f ) Pour coiiwîr le païs , les Bernois
munirent le Château de Nid au , ?^ y fi-
rent tranfporter les armes qui fe trouvoieîiS^
/2 Cerlier, dont ib s'étoient emparés aî^
wois de Septembre de l'année précédente...
Tfchachth 404.
(b). Schilling p, l^^feq» GoIhiL p. Z7t^
18 Ll VRE S î xîe'me.'
Ï475'. tenoient à Louis de Chalons Seigneur de
Chateauguion , & à Hugue de Chalons
Seigneur d'Orbe fon frère, qui par
un Traité avoient accordé au Duc de
Bourgogne le paffage fur leurs ter-
res (a) : Ces places firent peu de ré*
fiftance , excepté le Château d'Orbe ,
qui fut pris d'affaut & brûlé , & les
plus braves Chevaliers, qui s'étoient
retirés dans le Donjon de la tour fu-
rent maflacrés avec Nicolas de Joigne
leur Capitaine Q?). Joigne fe rendit à'
r terre de Wahcren, (c) (*)
Les
(a) Ms. de la guerre de Bourg, commu-»
ntqué par W. Mutach , Ballif d'Yver-
dun.
(b) Idem Ms.
(c) Schilt,p. Ï69. feq.
(*) On a cru jurqu'ici fans fonde-
ment , que ce fut dans cette guerre ,
que les Bernois s'étoient emparés d'Aï-
GLE & d'ORMONT ; l'adle par lequel
ils établirent un Châtelain fur ces païs
au mois de Novembre de cette année ,
parle de ces peuples comme d'anciens
Sujets,
Livre S i x i e'^m e. 39
Les Strasbourgeois prirent 400 Ber- i.yr^
nois à leur Solde. Cette République
y ioignit 600 hommes fous les ordres
de Nicolas de DiesbacL Cette troupe
avec 500 Lucernois , que les Bâlois
avoient enrollés , fut groffie par les fe»
cours de l'Evéque de Baie & de la ViU
le de Strasbourg , le commandement
eri;
Sujets , opprimés par nombre de Sei-
gneurs particuliers ; ils implorèrent h
protection de Berne Tan 1464 ou envi-
ron ; ils chafférent leurs Tirans du
païs , principalement le Sieur du Tor-
rent , Seigneur d'Aigle. Pierre
DE DuiN , Seigneur du Chatel de Boex:
& de Noville eut recours à eux ; il ob-
tint un ordre du 13 Décembre 1408,.
adreffé a Pierre Steigusr , Gouver-
neur, de lui faire rendre fes bien?.
Mémoi7'e de Mr. le Juge Veillon. //
efi cependant confiant par les 'mémoires dîi-
tems de Tfchachtlan , que le Sr. du Tor-
rent 7^eçut garnifon Lombarde à Aigle ,.
^ que les Bernois s^ emparèrent du ChateaW'
au mois d! Août de cette année , que àt&
Torrent P^ fa garnifon avoient abandomiéB
à leur aprocbe. FidefoL 45^^
40 L I V R E S I X I e' M E.
ï47f. en fut conféré au Comte de Tbierfle'm.
Cette armée s'empara en peu de jours
de Bkmont & d'une grande partie de
la Franche-Comté ( ^ ) : Mais la pefte
ayant commencée à s'y faire reiïentir
elle fe retira (^). Antome Bâtard de
Bourgogne la fuivit quelque tems fans
néanmoins ofer Tattaquer. Ce Sei-
gneur fe jetta fur la Lorraine , dont le
Duc de Bourgogne fe rendit maître à
fon retour du Siège de Nuifs.
La Dn-^ La DucheJJe de Savoye s'étoit engagée
£hejje de ^ j^ neutralité : Cependant elle permet-
léCerve ^^^^ ^ ^^^ Sujets de s'enroller parmi les
mal h troupes de Bourgogne; elle accordoit
veutî-a- |g paffage ^lux Italiens , qu'on amenoit
au Duc , authorifoit fes Vaffaux, à agir
en ennemis contre les Sujets & Alliés
des Cantons (t) 5 & donnoit enfin^
eiî
(a) SchïlL p. 188..%.
(b) Idemp, 208.
(f) Les archives du Château de Chate-
l'àï proche de Fevui fonrnijfmt des preuves
imont stables as ce fait dms la perfonne de
Pierre
Livre Sixte' me. 41
eh toutes occafions , des marques de i47f»
fon attachement pour Charles («). Les
Bernois s'en plaignirent; la Duchefle
fe juftifia par le canal da Comfe de
Gruyère ,
Pierre de Gingins , Chevalier, Ce Gm-^
tïlhommè arma [es gens & en forma une
troupe y avec laquelle il faifoit des coiirfes
fur les Valaifans , ^ enlevoit tout ce qui
étoit Suîjje ou Allemand : Henri Cols de
Nuremberg , Anfelm Scuder de St. Gai ^
Hrhard Scudmherg de Lucerne faifant paf^
fer des marchandijes par le Païs de Faud^
Pierre fuivi de fes trois fds François , Ja--
ques 0' Claude les enleva au logis de l'Ange
à Rolle 5 ^ les fit pqjjer dans le Château de
I Beaur égard en Chahlais ; ayant continué
I fes hoftilités il fut tué fous les murs de fon
I Château de Chatelar r année fuivante par
les troupes que conimandoit Zerkinden.
Andrée de Valperguéy^ Veuve fut obligée
I eyi 1479 de payer aux Alarchands dépouiL
'lés 1400 FL ^ qui furent acquités en 149:^
far Blanche de Montferrat, Alére ^
: Tutrice du Duc Charles Jean Amé, par-
I ticuliérement en confidération , comme s^ex-
I frime la Chartre , que le Père de ces trois-
frères avoit été tué à fon fervice.
(a) SchilL f.zih
4^ L I V R E S I X I e' me.
^475'. Gruyère , Maréchal de Savoye , qu'elles
envoya a Berne {a). Cette Princeffi
propofa aux Cantons , à Lucerne , de
fe détacher du Duc d'Autriche Se de
s'unir à celui de Bourgogne ; elle pro-
mettoit que ce Prince leur céderoit
fes prétentions contre le Duc Sigif-
mond ; elle cherchoit à donner de la dé-
fiance aux fept Cantons contre Berne>&
leur propofa une Alliance à l'exclufion
de cette République ; elle entretenoit
des Emifïaires qui cherchoient à y ex-
citer une révolte (J?\ Elle taxoit Berne
& Fribourg devant eux d'être les feuls
Auteurs de la guerre (c). Cette con-
duite irrita ces deux Villes contre la
PrinceiTe.
Le Corn* Jaques de Savoye , Comte de Romoitt
tedeRo- ^ g^j.Qj^ ^^ Y^^^ ^^qJ^ ^^^^.^ ^^ fervice
mo'itt les ^
traite en ^^ ^uc Charles , il venoft d'être fait
emiemis. Maréchal de Bourgogne ; fes Sujets
traitoient
(a) SchiU.p. 217,
(b) hhn 2î8.
(c) Idem %i%
i
Livre Si xi e'me. 43
traitoient les garnifons de Grandfon , 147?^ i
d'Orbe & de Joigne en ennemis , &
les Députés des SuiflTes mêmes avoient
été attaqués & infultés par ceux qui
tenoit Ejciées pour le Comte. Etant de
retour dans fes Etats , il fit enlever
deux chars chargés de cuirs , qui ve-
noient de Nuremberg, & en maltraita
les Condudeurs (*). H mit garnifon
étrangère dans toutes les places du
Païs de Vaud Ça). Ces diffère ns griefs Les Eer*
obligèrent les Bernois, après s'être for- ^^^^^ ^^"
tifiés de TAlliance des Falaifans de lui , ^ \.l,.,,^
•^ la guerre
déclarer la guerre le $ d'Odobre. Ils <^ fem-
entrèrent en campagne le lendemain ^^^^j^^ ^/^
fous les ordres de Pierre de Waheren, Païs de
Chevalier , Baron de Belp : les Fribour- '^'^^^"
geois les joignirent devant Moraf la
veille
(*) Tons les Auteurs étrangers & mê-
me Commines T. i, p. 277. attribuent
f origine de la guerre de Bourgogyie à ces
deux chars enlevés. On voit par ce que
nous venons de rapporter combien ils fonè
dans Perreur.
(a) Scînll, p, 2,21, fq.
44 Livre S IXIE'ME:
>47f• veille de la St. Gall. Les troupes des
deux Villes s'emparèrent en peu de
tems à^ Morat y de P^i>'<?n/(? & de plu-
fieurs Châteaux des environs. La Vil-
le d'Eflavayé faifoit alors un grand com-
merce , qui l'avoiE fart enrichie ; le
Comte de Romont y avoit jette 300
hommes fous la bannière de Nyon;
elle fut prife d'affaut : il y eut plus de
3^00 hommes paifés au lil de Pépée
dans cette occafîon (a). Les Soleuroù
joignirent Berae & Fribourg à Eita-
vayé ; on prit Tverdun & nombre de
lieux circonvoifîns. Hertri Dittlinger Se
Jeayi Tillier de Berne avec Jean Vôgdi
de Fribourg fe diftinguerent à fa prife
à'EfciéesCb^. Les troupes des autres
Cantons
Ca) Chronique du Fais ds Fatid. p. 160*
(b) SchilL 235. StcttL 23 f. vojès aiijjï
Anshelm h. a. La vérité as Phifloire n^
me fjervriet pas de pnjjer foits filence la crueU
k vengeance des Suijfe.s contre la. garnifan
d'Efclées i il ne rejla des ajjiégés que 1 8 horn^
mes y qiii iurmi la., tètt tranchée, Ls Vc.^
L I V R E s I X I e' M E. 45^
;)antons avoient joint peu à peu l'armée 147 f.
le Berne & de Fribourg , Se s'étoient
miparés en paffant de Romont , Mou-
hn^ Rue & d'autres endroits. Les'
'^almfans avoient pris de leur côté St.
Iliuirke 81 Gmulîs , qui faifoient partie
jlu Chablais Ça), Les Confédérés s'é-
joient avancé au - delà de Morges , &
•rojettoient de faire le fiégc de Genève^
ui montroit beaucoup de haine contre
3s SuilTes : mais cette Ville s'en ra-
heta moyennant la fomme de 26000
jouldes , qu'elle promit de payer, (b)
.près une campagne de trois femaines
?s Suiffes fe retirèrent (t)> n'ayant
laiiïé
t dit Capitaine Pierre de Cojfonai eut fsul
! vie fauve pour avoir fervi de Bourreau
ins cette oeca/ion,
(a) Tfchachtlanf. 6^^.
(b) Gollutp, 872.
(t) Le Ms. Mutach ajoute^ que lorf-
•ie l'armée des Suijjes fe retira elle devofa
: campagne , excepté ce qui était de PE^
khé de Laifanne , des Baronies de Laf-
\ra ^ d'4^hmis & de k terre de Ba^
vois.
î47<^.
4^' L I Y R E S I X I e'm e.
î47f. laifle garni fon qu'à Tyeràm fous les or-
dres d'Albin de Siliiien , Se à Granâfon
fous ceux de Erandolf ds Ste'm, Ils
avcieiit même abandonné Joigne , où
ils auroient pu arrêter quelque tems le
Duc de Bourgogne , ils ne furent
pas long-tems à regretter cette faute.
Rodolphe , Marggrave de Hochberg ,
Comte de Neufchatel , fe donna bien
des mouvemens pendant tout l'hyver
pour étouffer cette guerre. Les Suif-
fes n'étoient pas éloignés de fe pré-'
ter à un accommodement, pourvu
que le Duc d'Autriche & leurs Alliés y
fuffent compris. Us confentirent à une
Trêve de trois mois , qui fut rejettée
avec beaucoup de hauteur par le Duc
de Bourgogne {a). Le Marggrave,
pour
fOiV , en confédération i:!" Adrien de Biihcn^
h erg , qui et oit gendre du Baron de Laf^
[ara , du Cornue de Gruyère qui et oit Ba^
Ton d'Aubonne , ^^ de Jaques de Glerejje^
qui et oit Seii^neur de Bavois,
(a) Schilp. 3)8.
Livre S i x i e' m e. 47
lOur donner une marque publique de ^+7?^
i bonne volonté aux Cantons , leur
émit la Garde de la Ville de Nenfcha^
eî{a) ; il s'y jetta un nombre de Vo-
ontaires de Bienne , de la Neuveville ,
lu Landeron & de Cerlier. (h)
Le Comte de Romont continua la guer-
:e ; il furprit Tvêrdun le 12 de Janvier
lïvec 1500 hommes; la garnifon, qui
ii'étoit que de 70 homes , tous Lucer-
nois, Ce retira dans le Château, & y fit
une vigoureufe refîHance. Dépourvus
de munitions de guerre & de bouche
ces braves guerriers ne fublîftoient que
du butin qu'ils enlevoient dans leurs fré-
quentes forties (f). Le Comte n'eut
pas
(a) SchiILp.2S9.
(b) Ms. Mtitcick
(f) Da&ion héroïque A^un Lucernoif ^
flont on ne marque pas le nom , raérîte de
trouver place ici. Il n'^avoit pour toutes ar-
mes que fou épée Ç^f une feule flèche ^ il la
Aécodm dans la retraite contre un Bour-
guignon^ acheva de le tuer avecfon épée ,
retira la flèche , S? s'en fer vit pour tuer
m
4S L I V R E S I X î e' M E.
S47^, pas le courage de donner l'affaut au
Château , & fe retira. Les Habitans
d'Yverdun avec lefquels il avoit entre-
tenu des intelligences , abandonnèrent
la Ville pour fe dérober au reffentiment
des SuiiTes Ça), BranMf de Stein fut
enlevé la même nuit dans la Ville de
Grandfon. Le Château refufa de fe ren-
dre , quoiqu'on eut conduit de Stein au
pied de fes murs , & que les Bour-
guignons euffent menacé de le pendre
en leurs préfence en cas de refus : mais
ce brave Capitaine les exhorta lui-mê-
me à ne s'étonner de rien , & les raf-
fura tellement , que les ennemis furent
obligés de fe retirer ; ils emmenèrent
de Stein , après la bataille de Grandfon,
à Nozaret , où il refta prifonnier juf-
qu'à ce qu'il fut échangé contre le Chef
des
îm ficond ennemi , des flancs duquel il C ar-
racha derechnf ^ ^ P emporta avec lui au
Château. Tfchachtlan f, 573. SchilL p.2,63»
(a) Schili. %6q. feq.
Livre Sixie'mê. 49
des Bourguignons trouvé dans le Clia- 147-5";
teau de Grandfon. (a)
Sur la première nouvelle qu'on eut
de ce qui venoit de fe paffer , les Ber-
nois avec leurs Alliés de Fribourg &
de Soleure fe remirent en campagne.
Ils laiiTérent 200 hommes dans Tver^
diiH , & doublèrent la garnifon de
Grcmrlfon, (h)
Le Duc de Bourgogne dans ces entre- j^ç jj^^^
faites marclioit à grandes journées con- sntre en
tre la SuiflTe. Il entra par Joîgyis dans ^^^(^ ^
le Païs de Vaud à la tête de 1 00000 qI!^^^^^
hommes ic) ,• il arriva à Orhe le 12 dey^;^|.
Février C^) , & forma le Siège de Grand-
fm. Il fit donner le premier affaut
le
(a) Idem SchilL p. 26^ P§ 292. Partie
de la guerre de Bourg, dans PHïJloire du
Fais de Faud. p. 171.
Cb) SchilL p. 266.
(c) Les requijttoires aux Confédérés ,
que Tfchachtlan raporte , ne parlent qus
de 60000.
(d) Chroiu de Bourg, dans Comniin.
X 2. p. 400.
IL F m t. D
^O L ï V R E s I X I e' M E.
1476. le 22 an même mois, & emporta la
Ville trois jours après. Le Château fe
défendit courageufement.
Les Bernois , fous les ordres de Ni"
■colas de Schm'nachthal & de Jeayi de Hall"
vveii, & les Fribourgeois fous ceux de
Pierre de Fanjjiguy , s'avancèrent au fe-
cours de Grandibn (/?). Henri Dit-
tlinger tenta de fe jetter dans la place,
mais inutilement (h). L'armée Alliée
ctoit campée à Morat , où elle atten-
doit le refte des Confédérés, Le Duc
de Bourgogne s'impatientoit de fe voir
arrêté par un lî foible Château : il trom-
pa la garnifon par des propofîtions fort
avantageufes , qu'il lui fit faire par le
canal d'un Gentilhomme Bourguignon
îiommé Luc de Ronchant (c). Les aC»
lîégés avoient perdu Jean Tillier leur
Maître d'Artillerie ; le feu avoit pris à
leurs
(a) SchilL p. 272.
<b) Idem p, 277.
(c) Idemp, 281. Le Ms. Mutach &
i^mmm Luc ds Rouçhant*
Livre S i x îe'm e; fî
leurs poudres ; ia méfmtelligeiice s'é- I47*^.
toit gliffée parmi eux ; ils voyoient peu
de jour à être délivrés : toutes ces con-
fidératioîis leur firent prêter l'oreille
aux propofitions de Ronchant (t). Us Le Chcù
livrèrent le Château au Duc le 27 de ^^^^ft
Février. Charles fit pendre ou noyer ^^L^^^/^^
dans le Lac toute cette garnifon, (\mtmh
étoit encore de 4^0 hommes (a). Les
Suiffes aprirent à Neufchatel ^ où ils s'é-
é toient
(t) Tfchachtîan ajouts ^ queJtdXï "Wul-
1er 5 Capitame de la Garnifon , fut un des
premiers à prêter Poreilk aux înfinuations
du Sr. de Ronchant , Ç^ que ce dernier
avoit reçu loo Gouldes de gratif cation ds
la garnifon pour fes bons offices.
(a) SchiJL p, 283. Ronchant avoit
reçu quelque offenfe de ceux de Soleure ,• il
^e joignit au Comte de Romont , à Phi-
lippe Marggrave de Hochberg ^ à
ceux d'Yverdun pour engager le Duc à
cette cruauté. Les Bernois firent arrêter
le Marggrave Rodolph père de Philippe ,
qui fe trouvoit à Berne , ^ le firent gar^
der à vue dans la tour Lombach, f^oyés
TfêhdfkL f 619 & 623^
Dij
^Z L T V R E s I X î e' m E.
^47^- toient avancés depuis Morat , le fort
<îe ia garniiba de Grandfon. Refolus
de venger leurs Compatriotes ils mar-
chèrent le 2 de Mars avec 20000 hom-
mes à la rencontre du Duc de Bour-
gogne. Ce Prince avoit jette 3^0 hom-
mes dans le Château de Fauxmarais ,
qui eil: fur le paiïage de Neufchatel à
Grandfon ; les SuifTes ne s'y arrêtèrent
EataiUs V^^ ' Leur Avantgarde , compofée des
S Grande t^oupQS de Schvveitz Se de Tlmn, s'é-
Jm. toit avancée au-delà de ce Château »
& avoit pris polie dans un terrein avan-
tageux au-deffus de Vauxmarcus , dans
un lieu nommé la Comhe de Ruaiix (a)^
George de Rofimhos les attaqua avec 100
Archers (f). Les Confédérés laiflerent
Vauxmarcus derrière eux & marchè-
rent à leur fecours. Ces mouvemens
engagèrent la Bataille. Charles , con-
tre l'opinion de fes Généraux , étoit
forti
,«„«_ — ^ — —- ,- ^. ^ . ^
(a) Schil p. 2%6. Ms. Muf,
(b) Commin, T. i.^. ^75,
L t V R E S I X I E^ M E. f 3:
fortî de foîî camp avaMtageux fous 1-47^-
Grandfon pour aller au - devant de.^
Suiffes ; il s'engagea dans un terrain
fort ferré au-dellus du bois de la Lav«
ce^ que l'on nomme la Chatofe {et) , &
s'avança avec une précipitation , qu^
ne permit pas à toute ibîi armée de
I le fuivre (Q. Les troupes de Berne ^
Schvveitz j Frihoiirg , Soleure ^ Eienne
\ arrivèrent les premières en préfence
de l'ennemi ; ellel fe jettérent à ge-
noux , félon l'ufage de la Nation , pouu
implorer le fecours Divin : les Bour;.
guignons crurent qu'ils demandoient
grâce. li s'éleva de grands cris àd.ni
leur armée ^ qui trainoit plus de 3000
femmes à fa fuite {c^. Les ô.quil ar-
mées fe canonérent quelque teeis. Louis
de Chûloijs , Sei-rnenr de Chateaii^uion ,
commença l'attaque avec la Cavalerie-
Les Suiffes formaient un Balailloîi
D iij q narré
(a) IPRMnt.
(b) Commin. L c,
(c) SchilL^.2^j^
f4 Livre S i xî e'm e.
H7^^ quarré , dont le front étoit défeiida
par ies Lanciers : Quoique leurs trou-
pes n'euffent pas encore toutes joint le
corps de bataille , Chateangumi ne puÊ
les entamer : après avoir attaqué pour
la féconde fois ce bataillon des Suiffes ,
& avoir été repouffe autant de fois, iî
fut tué à la troifiéme attaque par Jean
von âer Griih de Berne ^ & avec lui
plufieurs Seigneurs de la première con-
fidération {a). Le Duc de Bourgogne^
qui ne croyoit avoir à faire qu'à cette
poignée de monde , qu'il voyoit de-
vant lui 5 fut étonné de la voir croitre
d'un moment à l'autre ; c'étoit le refte
des Alliés , qui fe rangeoient en batail-
le à mefure qu'ils arrivoient {h). 11 ea
fut informé par Brandoîfe de Stein;
ce Prince s'écria plein de décourage-
ment : Que deviendrons-nous , puiC
que nous n'avons pas pu vaincre cette
poignée
(a) S6hulp.'i%%.
Livre Si xîe'me. ff
poignée de gens (a): Les premiers ^47^
rangs de fes troupes fe retirèrent en
arriére pour rejoindre le corps de l'ar-
mée. Ceux-ci prenant leur retraite
pour une fuite , reprirent le chemin du
Camp (0- Les SuiiTes les fuivoient de
près ; ils atteignirent l'Infanterie , qui
îie put pas foutenir leur choc ; la àé--
route devint bien-tôt générale. Ils chal^
férent les Bourguignons devant eux
comme une troupe de bétail, ( pour
me fervir de Texprefiion d'un Auteur^
qui était préfent ) (c> , & les pourfui-
virent jufqu'à Montagny ; leur pefante
armure ne leur permettant pas d'aller
plus loin. Ils s'y jettérent à genoux
pour rendre grâce à Dieu , de la vic-
toire fignalée, qu'il venoit de leur ac-
corder contre un Prince, qu'on croyoit
invincible. 800 Cavaliers de Bâîe & les
Gendarmes.
(a) Murait Mfc.
(b) Conimin. L c.
(c) Schilling p. 2 SS,
I
0 Livre Sixîe'me.
X47^. Gendarmes Autrichiens & Strasboiir-
geois ne joignirent Tarniée Confédérée
qu'après le combat Ça),
Le Duc de Bourgogne ainioit lefafte^
foa Caiîip étoit rempli d'eifets précieux.
On eftima à on million de florins les ri-
cheffes qui tombèrent entre les mains
des SuiiTes (|). La Garnifon de Grand-
fou
(a) TfchachtL f. 6'3o, 6'^i.
i]) On aprend par ks Mémoires de
Burkard Stoer Frevot d'AmJolthjgen , qui
jhit dans les Archives de Btrne^que dans ces
fents le Marc d'argent valoit ^ flor.diiRhm,
On conferve précieiifement dans PArfenal de
Berne pliifieiirs pièces d'Artillerie. ^ les
Motijquetons des Gardes du Duc , ciuï lui
furent enlevés dans cette occafion. On nion^
tre au/Ji phifieurs riches tapis ^ les ttipijje"
nés avec lejqueUes [es tentes étaient décorées..
Nos Chroniques raportent , que ie gros
Diamant qui fait aujourd'hui le principal
orne7nsnt de laCou.ronne Papale fut acheté à
Lucevne Pan 1492 pour <^qoo florins du
Rhin, par Guillaume de Dicsbach fils de
l'Advoyer^ de c« nom qui le vendit à
Barihlomé M-àj Seigneur de Stratlingen
pour
Livre S i x î e' m e. ^7
fon fe rendit. On diflribua entre les ^'^7^*
Confédérés une trentaine de Gentils-
hommes de diftin^ion; Berne demanda
le SeignetîT de Darin-^ pour l'échanger
contre BranMphe de Siein : mais à la
vûë des nialheureufes viélimes de la
cruauté du Duc de Bourgogne, les fol-
dats de Berne Se de Fribourg mafla-
crérent tous ces prifonniers à l'excep-
tion du feul S" de Darin. (a) La Gar-
nifon de Fauxmarcus abandonna le Châ-
teau & eut le bonheur de fe faover.
Cette vidoire ne coûta aux Suiffes que
>o hommes; la perte des Bourguignons
fut de îooo(^), parmi lefquels on ne
comptoit que 7 hommes d'armes, (c).
,es
pour 5' 400 & celui-ci à des Marchands de
Gènes pour 7000 , lefquels l'ont remis aii
Duc de Milan pour 1 1000 ducats. Jules
II. P acheta de ce dernier. Tfchachtlan
iMémoires du Temps fol. (?3^.
(a) ScbiJl. p. 291. Tfèhachtlan6^\,
(b) Lhm63o,
Çc) Cooiriiin. /, c.
58 L I V R E S î X I e'm e.
347(^. Les Confédérés après avoir palTe trois
Le Duc J^^^s f^^' ^^ Champ de Bataille repri-
rajfemhle rent le chemin de leurs mailbns. ( j)
une mu- Charles s'étoit fauve le jour de la Ea-
^^^^^ taille de Grandfoii jufqu'à Nozaret ; fou
Armée l'y fuivit {a), 11 fit de nouveaux
préparatifs de Guerre, réfolu de rentrer
au plutôt en Suiile & de former le Siè-
ge de Berne & de Fribourg, Comme
alTuré de la viftoire ce Prince promit
la Ville de Berne, au Comte de Romont
& celle de Fribourg, à la Ducheiïe de
Savoye
(i") Après la bataille, les Suijjes armérenû
Chevaliers, les Gentilshommes qui s^ étaient:
le plus âifiingués. De Zurich^ Jean deBrei-
tenlandenberg , Roll de Bonftetten Ba-^
YGUôl'Uftri, Sigmund de GrielTen , Hart-
mann Rordorf , Henri Gôldlin fe^ Félix
Schwarzmaurer. De Berne, Petermanii
de Wabereo fils de PAdvoyer de ce nom ,
Jean de Hallweil , Arnold Segenfer ^
Jean-Friderich de Mûh'nen. />f Bâle^
Arnold deRotberg ^ Jean Schlierbach.
Tfchachtl.f. 532.
(a) SchilL p, 304.
L I V RE Si XI e' ME. ^9
Savoye & partagea les principales Mai- 147^
fons entre fes Officiers. Ça).
Le Duc de Bourgogne étoit venu
camper à Laiifanns le 14 de Mars (Jy)*
Son Armée groffiflToit tous les jours ; la
DuchelTe de Savoye & le Comte de Ro-
mont lui avoient prêté tous les fecours
imaginables. Les Bernois & les Fri-
bourgeois profitèrent du féjour , que
le Duc fit à Laufanne pour munir les
places les plus expofées. Ils jettérent
1000 hommes dans Grandfon & i^%o
fous Adrien de Biihenherg (*) & Giiillaii^
me d'Affry dans Morat (c). Les SuilFes
Ca) Idem p. 3o5.
(b) Cbr. de Bourg, p\ 400.
(*) Les Auteurs Coiitempora'ws donnent
âe grands éloges à la fagejfe ^ au courage
^Adrien de Bubenberg. Ayant eu avis ,,
que fa garni fon étoit prêts à Je mutiner , il
publia une Ordonnance ^ que tout fol dat [e-
roit tenu par fon ferment de paffer au. fil ds
répée toute perfonne ^ qui témoigner oit la
moindre irréfohttion, fans exception de rang^
Tfchachtl.f. 6%i. SchilL p, 334.
(c) SchilL p. 307.
^O L I V R s s I X ï E' M E.
'1^76, & leurs Alliés firent entrer 1000 hom-
mes dans Fribourg (a). Le Comte de Ro-
mont avoit repris preiqiie tout fon païs,
& toutes fes places ecolent bien gar-
nies (h), Nicolas Zerkinden Châtelain
du haut Simmenthal reprit la Tour
près de Vevay , & pafiii au fil de Tépée
500 hommes qui y étoient; il s'empara
enfuite do P^evay & de plufieurs lieux
circonvoifins. (<:) Peterman de Wah-eren
& Gtiulaume de Dieshach marchèrent con-
tre Romoitt ; le Comte de ce nom dé-
fendoit la Ville avec 4000 hommes ; ils
firent donner quelques aUauts contre
une tour fans pouvoir l'emporter & Te
retirèrent fans ofer entreprendre le Siège
de la place. Qd) Les Falaifan^ défirent
un corps de 3000 Lombards, qui a-
voient paiTé le Saint Bernard pour en-
trei-
(a) SchîlL ^0.6^
(h) îdem 310.
(c) Idem 3 ï 3.
(d) Idem 3^6,
Livre Si Xie'iME. ' 6i
trer an Service du Duc 00- ^47^«
Les Bernois écrivirent en date du ii^
d'Avril au Roi de France , & lui re-
commandèrent les EnfiTiis de Savoye (-f),
qui étoient expofés par le mauvais par^
ti qu'avoit pris leur ]\Iére , à être de'-
poùillés de leur bien par le Duc de
Bourgogne ; Ils requeroient le Roi d'at-
taquer ce Prince dans le cœur de fes E-
tats , pendant qu'ils étoient réfolus de
lui livrer bataille en Suiffe (F). Ils a-
voient auffi écrit à tous leurs Alliés pour
prefler leurs fecours (o).
Le 23 de May le Duc de Bourgogne ÂlP^^i^
détacha une partie de fon armée, qui " -'^^^^*-
€toit de (50000 hommes (^ , pour aller
inveftir
• Ca) TfchachtL 6^6,
(t) Cétoit Fhilihtrt Duc de Savoye.,
Charles ; Lomfe ?nariée depuis à Hn;îue de
Chidouy Marie mariée à Philippe ds Hoch^
herg,
(b) SchilL 3 2 T.
(c) Idem 318.
(d) TfchachtL 6^0.
6Z L T V R E s î X t e' M B.
1476". inveftir Morat ; ces troupes arrivèrent
devant la Ville le 24 (ji) , & achevèrent
de rinveftir le lendemain. Le Duc ne
îevja fon Camp de Laiifamie que le 27,
& prenant avec le gros de fon armée
une route détournée il alla camper à
Morrain près du lac. Le Mardi 4 Juin
ce Prince s'avança jufqu'au Château de
Beaulay , il campa le 7 à Montet près
d'Eftavayé ; il en partit le 9 avec fon
armée & campa à Avenche, le 10 à Faug
près de Morat , & entra dans le Camp
de Morat le lendemain. (^) Jaques Com^
te de Romont étoit campé avec 8003
hommes au nord de la Ville , Antoine
Bâtard de Bourgogne près du lac avec
30000; le Duc occupoit les hauteurs
avec le refte de fon armée {c),
LesCon- Les Bernois donnèrent le comman-
fédérés -,
centpour
dégager "~ ' * "
îaYilk.
(a) Schill. 323.
(b) Chron. de Bourg, ]?, 40 1.
(c) TfchachtL 6%%
L î V RE S I X I E' M E. 6"5
'dément de leurs troupes à Nicolas de 147^.
Scharnachthal & à Pierre de Wahereyi , &
firent avancer toutes leurs forces à Laii^
peu & à Giirmnen pour défendre leurs
ponts. (^). Les Bourguignons les at-
taquèrent fans pouvoir les emporter, (d)
Le j5 de May ils donnèrent l'affaut à la
Ville de Morat, le combat dura 4 heu-
res 8c fut opiniâtre ; ils furent repouf-
fés après avoir perdu plus de 1000
hommes, (c).
Dans ces entrefaites les Alliés joigni-
rent peu à peu l'armée de Berne & de
Fribourg. Les Confédérés s'avanc*.
rent jufqu'à Ulmitz , ils formoient un
corps de 30000 hommes d'Infanterie &
de 4000 chevaux. (J). Ils réfolurent
dans un Confeil de Guerre d'attaquer
les Bourguignons. René Duc de Lor^raine
accom-
(a) Schill.p. 328.
ih) Idem. 330.
(c) Idem 331.
(d) Commin. L f. c. 3. p. 289. T. 1.
Tfchachtlan
6*4 L î V R E S î X î E' M E*
I47^» accompagné de quatre Comtes de Eitfch
^ de Lehmigen avec 2oo Gendarmes
joignirent l'Armée peu d'heures avant
la bataille 00 après avoir fait une di-
ligence incroyable (b).
L'avantgarde fut confiée à Jean as
Halhve'd ^
Tfchach tl an chus fes Mémoires du Tems
fol. 707. fait le dénombrement d^nne partie
de cette Armée, Les Troupes de Solenre ^
de Bienne s^étoient avancées la veille jîifqti à
Arherg. Bàle envoya 2000 hommes fous
Pierre de Roth Chevalier, Le Comte
Louis dOettingen commandait le fecours
de Strasbourg , qui confijhit en 40C) Gen^
darmes ^ 300 Arquebufiers, Le Comte
Ofwald de Thierilein commandait 200
Gendarmes Autrichiens avec le fecoiirs des
ViÏÏes die Calmar , Selefiadt ^ Kaifersberg,
Le Comte de Gruyères È? ^^^^ Filles de
Rothvvei! ^ deSchafkatifen avaient pareille-
7nent joint les Confédérés, Les Zuricois au
nombre de sooo hommes fous Jean Wald-
man arrivèrent k Berne la veille de la ha-
taille çff poiijférent le même foir jufqu\ï
Gpmiyien.
(a) Commin, l. c* p. ^%6,
Livre Sixïe'me; 6^
Hallvveil^ qui avoit fous fes ordres Ro--
ihlph de Wuippens & Jean de Fôgtieli de ^^7^* •
Fribourg ; le Corps de bataille étoit
commandé par Jean TValdman de Zu-
rich , & l'arriére garde par Gafpard de
Hertenftein de Lucerne. Ça). Le Che-
valier Guillaume Hertter reçut le Com-
mandement en chef, (h). On tint un
grand Confeil de Guerre, dans lequel il
fut réfolu d'envoyer rcconnoître le
Camp des ennemis le lendemain ; c'é-
toit le 22 de Juin Çc), jour anniverfarie
de la Viâoire, que les Suiffes avoient
remportée à Laupen en 133^. Eataîllk
Avant que ce détachement des Suif- deMo^
fes fc mit en marche, le Comte de Thîer^ *'^^»
fle'm arma Chevaliers i f o des plus braves
Guerriers. Le Général Hertter dans la
crainte que la bataille ne s'engagea trop
légèrement, propofa aux Suiffes de re.
trancher
Oi) Idemp,'^Z6.
(b) Etterlinf. 9}^
^C) Idem L c
€S L î V R g S I X I ê' M E.
«47^» trancher leur Camp pours'aflurer une
retraite : Félix Kellcr de Zurich s'y op-
pofa ; il repréfenta que les Suiffes ne
connoiffoient point ces fortes de pré-
cautions , que c^étoit en combattant
vaillamment qu'ils favoient s'aflurer du
pais. Hertter fe rendit à fes raifons ,
& fit joindre à l'Arme'e Confédérés
tous les Auxiliaires étrangers , qu'il
avoit fous fes ordres («). Le Z?/£^ aver-
ti qu'il paroiffbit des Suiffes fit fortir
fes troupes de fon Camp & les rangea
en bataille derrière une haye vive au-
deffus de Morat; le détachement , qui
étoit allé à la découverte, fit avertir le
Corps d'Armée que les Bouro^uignons
fe préparoient à les attaquer. LesCon-,,
fédérés fe mirent en marche malgré une
pluie abondante qui inondoit la campa-
gîie. Le foldatmarquoit beaucoup d'ar-
deur pour le combat ; les Généraux
eurent
(a) Tfcb^Mfi 713-
Livre Sixie'me. ê"?
«urent de la peine à le retenir ; on fit I47^<»
la prière & Hertter arma le Duc de Lor-
raine & plufieurs braves Gendarmes ,
Chevaliers (a). Les deux armées rçf-
térent ainfi en préfence jufqu'à midi (f)
Charles jugea que les Suifles n'avoient
pas intention de l'attaquer ce jour-là
& fit fonner la retraite. Dès que fes
troupes eurent comencé à marcher en
arriére les Confédérés tombèrent fur
elles ; ils avoient devant eux une baye
vive
(a) Etterlin ^ SchiîL l c.
(f) Les Auteurs Confetnporawf rapor*
teyjt 5 que peiulant que les armées furent
en préfence , les chiens qui étaient dans le
Camp des Bourguignons attaquèrent ceux
des Suiffes , qu^ils fe battirent long-tems (ï-
vec beaucoup d acharnement & que les pre*
mier s furent obligés de leur ahandonyter k
champ de bataille. Ils ajoutent un fécond
augure favorable : qu^ après la prière les nua*
fes fe dijfipértnt , ^ qu^ilftt un beau foleiL
Hallweil en homme de génie parcourut tous
les rangs & promit au foldat, fur ces heit^
reufes aujpicesp une viSoire certaine.
Eij
^S Livre S ïxte'mb.
Ï47^» vive défendue par huit Couleuvrînes J
Halhveil à la tête de l'Avantgarde en
fit le tour , s'empara du canon 8c s'en
fervit contre l'ennemi (a), il fe jetta
cnfuite dans un chemin creux , prit les
Bourguignons en flanc & fondit avec
une telle impétuofité fur eux , qu'ils fu-
rent mis en déroute. Le refte de l'Ar^
niée avança en bon ordre , & attaqua
les troupes du Duc déjà ébranlées par
le mouvement qu'elles avoient fait pour
fe retirer. Buhmherg en même tems dé^
tacha ^00 hommes de fa garnifon pour
les prendre entre deux feux ; cette
manoeuvre acheva de les décourager ,
ils ne penférent plus qu'à chercher leur
falut dans une fuite précipitée : maïs
prefTés de toute part par les troupes
des Confédérés & pourfuivis par leur
Cavalerie, qui les fuivit jufqu'à Avenche^
il çchapa peu de Bourguignons au fer
vengeur
(a) TfchachîU 71 S,
Livre Si 3cie*me. 6:9
vengeur des Suifles , qui pour s'animer 147^^
ravantage avoient pris pour cris de
juerre Grandson. On raporte, qu'il
;'étoit jette une fî grande quantité de
Lombards dans le lac , qu'il en fut tout
:ouvert. Ça)
Le Comte de Romont , qui comman-^
loit un Camp féparé ; loin de venir au
ecours du Duc , fe retira avec précipi^
ation & laifla tout fon bagage en ar-
iére. Les Confédérés remportèrent une-
vidoirâ
(a) Idc-m /. c. &■ Schill. p. 55 g. // y a
3U d'années^ qu; on pécha des Armuns d'ims
rande beauté du fond du lac. On a rnmaf^
f dans la fuit s les offemens éparsfur le Champ
' e Bataille , qu-on conferv: encore de nos
nirs dans une Chapelle, qui eflfur le grand
bemin près de Jklorat, On y lit l'Infcrip-
ionfuivante,
Deo oft. Max. Caroli inclytî
|.t fortissimi dvci« bvrgvn0i5£
îxercitus muratmum obsidins kt^
IelVETIIS CiESUS HOC sur MOISVMEÎT
f¥M.aELIQ.UIX. AîîNO MCCCCI.XXV&>^
70 Livre S ixie'me. "*
S47^. vidoirecomplette. Le Duc perdit tous
fes équipages avec près de 2<^cx)0 hom-
mes. Cette défaite coûta fi peu aux
Suiffes , qu'on auroit peine à le croire,
fila vérité du fait n'était raportée par
un Auteur Contemporain ia). On peut
juger du découragement du Duc de
- Bourgogne par fa fuite précipitée, puit
que ce Prince ne s'arrêta qu'à Marges ,
qui eft à 14 lieues de France de Morat;
il y dîna le lendemain , & alla coucher
à Gex 5 où il féjourna jufqu'au 27. (^)#
Le Comte de Gruyère fuivit les çnnemîs
jufqu'à Laufame , il s'y arrêta & pilla la
Ville. Les Confédérés , après avoîc
pafle trois jours fur le champ de batail-
le , congédièrent la moitié de leur ar-
mée , & s'avancèrent avec le refl:e juC
qu'à Laufamte , après avoir pillé «& brû-
lé
(a) SchiîLp, 138. i^f cet Auteur rapor^
ie fofitivement , que les Suijfss ne perdirent
que 20 hommes, p. 3 50.
(b) Chr. as Émrg* h 40î»
Litre Sixie'me. 71
lé Lucem & Moudou (a), lis trouvéreat 147C!
à Laufanne les Députés du Roi de Fran-
ce & de plufîeurs Princes , qui les tn^
g^tgéïQtit di unQ Ty-êve avec la Savoye. Ils Congrès
convinrent auffi d'un Congrès à. Fribmrg &p^ixtk
pour la St. Jaques fuivante ,. (h) pour ^^ ^^^^*
y régler les difficultés , qui étoient en-
tf eux & la Duchefle de Savoye. L&
Bâtard de Bourbon Admirai de France ,
s'y rendit de la part de Louis XI;
l'Evêqiie de Genève^ le Duc ds Lorraine >
le Comte de Gruyère s'7 trouvèrent en
perfonne avec les Députés du Duc Sigif-
mond d'Autriche, & des Evêques de Stras-
bourg & de Eâle, du Duché de Savoye,
de Genève , du Païs de Vaud, des huit
Cantons ^ de Soîeure» de Eienne, de
l'Elefteur Palatin. ,des Villes de. l'Alfa^
ce, & deTEvêque & du païs de Va«
lais. (c). 11 fut réglé : Que la Ville de
Genêvs
(a) SchilL p. 34c.
(b) IJem p, 34^-
(ç) Idem p. S<5i..
7* Livre S i x t e' m ê;
^47^. Genivs payeroit les 24000 florins , attx-
quels elle avoit été taxée au commen-
cement de la guerre de Bourgogne.
Que le Pais de Faud feroit reftitué à la
Maifon de Savoye, fans qu'il put jamais
dans la fuite en être démembré, moyen-
nant f 0000 florins , pour fureté de la-
quelle fomme il reftcroit hypothéqué.
j(Horat avec fes dépendances, Grandfony
Grandcourt & Cudrefin furent cédés aux
Bernois & aux Fribourgeois. (t) H fut
auflî
(f) Les Bernois s'étoîent emparés dès Is
commencement de la guerre de Cerlier ;
(^Erlachi) ils ont eonfsrvé cette Comté pour
eux feuls. Elle apartenoit à Guillaume de
Châlon , Prince d'Orange. Rodolphe
Comte de Neufchatel & de Nidau doit
en-avoir prêté homage n Pierre de Savoye
en 1264.. Guichenon T. i. p* 285. Ifa-
helle de Neufchatel en reprit le Fief en y^J^.
Humhert Bâtard de Savoye en étoit Sei^
gneur en 1403. ^ Jean Comte de Fri*
bourg & de Neufchatel en 1424. Elle pajfot
enfuite a la Maifon de Châlon par Marie
as Cbfilm fa vçuve^ qui m avoit difpofé par
tejlamsm.
Livre Si x i e'me. 73
auflî règle que la Maifon de Savoye 147e.
payeroit aux Fribourgeois 356*00 flor.
qu'elle leur devoit. (ci)
Le
tejlament en faveur de Guillaume de Châ-
lon fin neveu en 14^5. fans qu'on trouve
aucun veftige de reprife de Fief Mo rat ,
Grandfon & Echallens ont été gouver^
fiés depuis, alternativement par Berne S?
Fribourg , qui y envoyent tous les cinq
ans un Ballif ; tellement que fous les Ballifs
Bernois Padminijîration dépend de Fribourg
Çc? réciproquement de Berne fous un Fri-
bourgeois. Grandfon fut cédé en 1424
le 26 Juin par le Duc de Savoye à Loiiis
de Châlon Prince d'Orange, Orbe , E-
challens & Montagny étoient en 1381
de la dépendance de Jean Philippe Comte de
Montheliard , qui les tenoit des Montfau-
cons. Les VUlerfeels ont tenu mis par-
tie d'Orbe, & les trois Terres pafférent en-
fn aux Chdlons par Jeanne fille d'' Henri de
Montheliard , qui époufa Loiiis ds Châlon
■Prince d Orange, Grandcourt & Cudre-
fin furejît rejlitués n la Maifon de Savoye.
Berne s'en remit en pojfejfon lors de la con-
quête du Pais de Vaud m 153^.
(a) Schillp. 3<^0.
74 LtvRE Sixie'me,
Î477- Le 22 d'Août 1477. Joîande DucheC*
Fribotirg fe deSavoye renonça, à la follicitatioiv
tefr^ , & cette Ville fut reconnue li-
bre & indépendante, & furmonta , de-
puis cette époque , fes Armes de PAî-
gle Impérial. La Ducheffe Se Philibert
fon fils avoient envoyé Urbain de Chi-
vron Chevalier , Bernard de Menthon
& Bertrand de Deircea à Berne pour
renouveller l'ancienne Alliance de la
Maifoii de Savoye avec cette Républi-
que, Berne fouhaita d'y faire compren-
dre Fribourg& demanda que cette Vil-
le fût mife en liberté ; la Savoye y con-
fentit, moyennant qu'elle rabatit loooo
florins de la fomme qui lui étoit due.
Jaques Velg Advoyer , Rodolphe de
"Wuippens Chevalier , Guillaume &
Jean Tâchtermafi, Henri Larer & Jean
Furer négocièrent ce Traité. («).
L'Amiral
(a) Anshelm f, 248. SchiJLp, 39 r. Cln\
J: Fribotirg Ms.
Livre s IX I e' ME. 7f
L'Amiral de France & les Suifles I475,
étoient convenus dans le Congrès de Ambaf^
Fribourg, que les Confédérés enver-/^^^ <?«
roient une Députationau Rc' pour re- ^^^^^^*
cevoir le payement des 24000 florins ,
que ce Monarque leur avoit promis
pour les fraix de la guerre de Bourgo-
gne. Leurs Ambafiadeurs furent reçus
avec beaucoup de diftinclion par Louis
XL La fomme fut délivrée & partagéq
entre tous les Cantons également. Cha-
que Ambaffadeur reçut un préfent de
£G Marcs d'argent & Adrien deBubenhèrg
reçut encore toq Marcs du Roi comme
lin témoignage de l'eftime qu'il taîfoit
de fa perfonne. (a).
Le Duc de Bourgogne mit le Siège de- ^^'^^'^
vant Niuicy le 22 d'Oclobre. Le Duc de ^r^y^cy.
Lorraine fe préfenta en perfonne devant
le Confeii Souverain de Berne le 23 de
Novembre , & demanda du fecours à
la
Ci) Idmp^ 3^2.
*y^ Ll YRE s IXI E'ME,
t47^» la République. On indiqua deux Diètes
à ce fujet à Lucerne , Berne opina en fa-
veur de René : 1 es Cantons objeftoient
la rigueur de la Saifon ; c'étoit le plus
froid hyver qu'on eût jamais vu. Ils
permirent cependant au Duc de prendre
à fa folde autant de Suiffes , qu'il pour-
roit engager: Il en raffembla gooo. (*)
Ces troupes partirent de Bâle le 26 de
^477* Décembre. Elles ne contribuèrent pas
Bataill P^^ ^ '^ célèbre vidoire, que ce Prince
^evanf remporta le f de Janvier fur le Duc de
Nmcy, Bourgogne devant Nancy. Charles y
^^^^^■^•^fut tué. Sa mort mit fin à une guerre
fanglante, que Louis XI. avoit fomen-
tée , dans laquelle il ne prit point par-
ti malgré fes fermensr , & dont il retira
cependant le principal avantage.
(*) Idemp, 367.
Fin du Smiéme Livrer
HISTOIRE
HISTOIRE
DELA
CONFÉDÉRATIOM
HELVETIQUE.
»^— i— ■ «
LIVRE SEPTIEME.
A Comté de Bourgogne a- I477''
voit envoyé des Députés Traité
mwM>^i^- a Neufchatel au commen- v^.^,,y^
.^^*Cir^:^,^p cernent de Tannée 1477. Comté»
pour négocier une Trê-
ve avec les SuilTes, Dès qu'ils furent
informés de la mort de le«r Maître , ils
78 Livre S e p t i e' m e.
1477. fe rendirent à Berm {a), V Archevêque
AeBefaiîçon étoit à leur tête : H propo-
fa une Alliance perpétuelle avec lesCan-
tons , ou s'ils ne Pavoient pas pouif
agréable , de fe foûmettre aux Suiffes
en qualité de leurs Sujets, pourvu qu'on
voulut les maintenir dans la joûiflance
de leurs privilèges & de leurs franchi-
fes. Q). Berne les renvoya au refte des
SuiflTes. Ce Canton étoit d'avis d'accep-
ter Pofre des Francs Comtois. La Suifle
fournit abondamment toutes les den-
rées néceffaires à la vie excepté le fel; la
Franche Comté qui a de riches Salines
à Salins, convenoit fort bien à la Con-
fédération , pour la rendit entièrement
indépendante de fes voifins. Cepen-
dant les Cantons , déterminés peut-être
par différentes confidérations par^ticu-
liéres, rejettérent les offres de Txlrche-
véque. Ils firent un Traité de Paix per-
pétuelle
(a) Schilling p. 388.
(b) TfchitchLf. 8^9.
Litre S e î t i e' m ê. ■ 79
péciielle avec la Comté moyennant 1477-
i^oooo florins, que cette Province
s'engagea de payer aux Confédérés (a).
Ce Traité ne fut pas rempli de la part
des Francs Comtois; Louis XI. avoit
gagné le premier Seigneur du païs Jemi
de Chulon Prince d'Orange: (Z^) II fe for-
ma par fon moyen un grand parti dans
]a Province. Ce Monarque offrit aux
Suiflfes de leur payer la fonime d'argent
fufmentionnée , les Cantons y confen-
tirent & cédèrent leurs droits au Roi ;
fous la réferve cependant que ce Prin-
ce obferveroit la paix perpétuelle à la-
quelle les Comtois s'étoient engagés (t).
Louis XI fe crut muni d'un titre fuf-
fifant pour établir fes droits fur la Fran-
che Comté : 11 négligea le Prince d'O-
range; ce Seigneur abandonna fon par-
ti: le Roi fut obligé de lever des trou-
pes
C'a) F cil. Anshelm f, 227.
(h')Commînes T, l,p, 3^p,
(c) Anshelm. 229.
§o Livre Septie'me.
. '477- pes pour s'en mettre en poflTeffion. Il n'a-
voit point encore ratifié le Traité qu'il
avoit conclu en 1474 avec les SuiflTes :
Ce Prince envoya , pour cet effet , fes
Ambaffadeurs aux Cantons ; leur fit dé-
livrer les fommes ftipulées par le Trai-
té 5 & demanda à lever les ^000 hom-
mes , qui lui avoient été promis, (a).
Marie Punique héritière de Charles
Duc de Bourgogne venoit d'époufer
Maximtlifn Duc d'Autriche , fils de
l'Empereur Friderich III. Ces Prin-
ces faifoient par leurs Ambaffadeurs
tous leurs efforts pour engager les Suif-
fes à la neutralité. Leurs Sujets s'étoîent
enrollés en foule indifféremment au
Service des deux Parties CO- I^s les ra-
pellérent (c) , & députèrent au Roi
Jean IVdâman Chevalier , de Zurich •
. Adrïsn deBuhenherg Chevalier , de Ber-
nca
(a) SchîU. f, 587.
(h) Idem. 388.
(c) TfçlmhtL §5^.
Livré Septie^mê. Sf
ne ; & Jean Im-Hof d'Un ; pour mé-
nager une Trêve en faveur de la Bour-
gogne. Ces Ambaffadeurs ne furent
pas écoutés (a).
Cette conduite du Roi irrita la Na- 14781^
tion. Elle convoqua dans le courant
des mois de Janvier & de Février deux
Diéttes 5 auxquelles le Duc René ât
Lorraine Se P Archevêque de Befançon fc
trouvèrent en pcrfonne. avec les Am-
baffadeurs du Pape » de PEmpereur &
de l'Archiduc Maximilien. La grande
Ligue de la haute Allemagne fut pro-
longée au terme de i f années. Le Pa-
pe 5 l'Empereur , l'Autriche & la Bour-
gogne s'allièrent en vùë d'empêcher la
Conquête de la Franche Comté. Le
Roi de France offrit de partager cette
Comté avec les Suiffes , ou d'augmen-
ter la fomme qu'il leur avoit promis
. pour acquérir leurs droits fur cette Pro-
■ * vince,
JLUii im Il, ■WlUljHi»! III I !■ J|l «HIJUJI MH^
(a) Anshflm. 23&
tz Livre Septie'me;
iï478« vince : Les Confédérés refuférent I^ift
& l'autre de ces partis , & exigèrent
du Roi, qu'il renonçât à fes prétentions
fur la Comté, qui devoit être reçue dans
l'Alliance des Suiffes moyenant 150000
florins , qu'elle payeroit h la Nation^
Le Duc Maximilien & le Duc René fi*
rent une Alliance particulière. Oncon^
firma la Paix avec la Savoye ; Philibert
Duc de Savoye paya a^çoo florins &
la Ville de Genève 11 000. On reftitua
à ce Duc le Païs de Vaud , à l'excep*
lion de Morat , Granâfon & Echalkns 9
qui furent cédés à perpétuité aux Ber-
nois & aux Fribourgeois. Berne fe ré*^
ferva en propre Aigle « Chateaudoix &
Rotigemont, (a).
Les SuiflTes ne fe foutînrent pas dan^
leur conduite à l'égard de la Franche
Comté ; ils défendirent d'abord à leurs
Sujets, fous des peines très rigoureufe^
de
(a) làm Amh ^, ^8^*
Livre SepTîe'me: gj
âe s'enroller pour aucun des partis : î478^
as n'en furent pas les Maîtres. On vit
pour la première fois les frères armés
contre les frères. Louis XI, outre
les penPions qu'il payoit aux Cantons «
répandoit des fommes bien plus con-
lîdérables parmi les particuliers : Co
fut la perte de la Nation. Commines le
prévoyoit dès-lors; l'événement n'a que
trop bien juftifié ce qu'il avançoit eiî
ces termes : Eu croîs qu'a la fin fera leur
'dommage , car ils ont tant accoutumé l'ay^
gent, dont ils avoient petite cormoijjanc^ au»
parafant , & fpécialemsnt des monnoyes
d'or 5 qu'ils ont été fort prêts a fs divifir
entr'eux, («).
Charles d'Amboife, Seigneur de Châtia
mont, fucceda au Seigneur de Craon
dans la conduite de la guerre de la
Franche Comté. Il attira dans le parti
du Roi la plupart des SuilTes, qui é-
F ij toieût
(a) Commis /. Jif^»3§??
84 Livre S b p t ï e' m e.
Î478, toîent au Service de Maxiniilien. (4;
L'Empereur & l'Archiduc en firent leurs
^.^ plaintes aux Suiffes (^). Après bien
des négotiations les Cantons fe déter-
minèrent dans une Diette tenue à Lu-
cerne le 9 Septembre 1479 à céder au
Roi leurs prétentions fur la Comte pour
Ï48Q. ^^ fomme de 200000 florins. Enfin
l'année fuivante l'Alliance avec la Fran-
ce fut ratifiée par tous les Cantons , 8c
par les Villes de Fribourg & de Soleu-
re ; ils donnèrent à ce Monarque le
fecours de ^000 hommes , qui y étoîÉ
ftipulé. (c). Ce font les premières trou-
pes réglées que la France ait entrete-
nues. (^).
3477. I^ s'étoit formé , après la guerre dô
Bourgogne dans les Cantons populai-
res, des Bandes de foldats^'dans le goût
des grandes Compagnies en France ,
. dont
(a) IdemL c.p. 388.
(b) Ansklm. 323.
(c) Schil 400.
(à) dnsklm. 337.
Livre Septie'me; Sf
dont nous avons parlé ; Ces Vaga- ^477-
bons prétextèrent la réfolution d'oblf-
ger la Ville de Geitève à payer la Ran-
çon qu'elle avoit promife. lis entrèrent
au mois de Février 1477 au nombre
de 700 fur le territoire de Berne ; on
leur accorda enfin le paHàge à travers.
la Ville : Ils furent joints à Fribourg
par :2ooo de leurs Compagnons. Les
Genevois après bien des Négociations
fe rachetèrent enfin de leur vifite eiî
payant à chacun de ces Avanturiers '^
florins du Rhin. (a).
Les Cantons de Zurich , Berne ^t
Lucerne, avec les Villes de Fribourg Se
: de Soleure , firent une alliance particn-»
liére pour leur défenfe réciproque. (R
Les Cantons populaires en prirent
ombrage , ils n'éclatèrent cependant
' pas d'abord.
Le Pape Sixte IV venoit de con- %&rti.
cl are
(a) SchiJl. 38r.
(b) TfcbaQk.^T^f^
F ii|
H?'8. dure le ig d'Odobre 1478. une Alliance
avec les Cantons, (a). Celui d'Uri fe
laiffa entraîner dans une guerre contre
la Duchefle de Milan veuve de Jean
Galeace. Berne , Fribourg & Soleure,
leur envoyèrent un fecours de 3400
hommes. (^).
1479 . L'année fuivante les Confédérés fi-
rent un Traité avec Mathias Roi d'Hon-
grie. Ce).
H^i. Les Cantons populaires levèrent le
niafque , lorfque Fribourg 8c Soleure de*
mandèrent à être reçus dans la Confé*
dération : Zurich , Berne & Lucerne
apuyérent fortement leurs inftancesi
mais ks premiers refuférent abfolument
leur confentement. Ils prétendirent ,
que l'Alliance des Villes étoit contraire
à la teneur de la Confédération. Zurich
& Berne ne s'étoient pas liés à ne point
contrader
(a) Etterlin 97. Anshelm, 3oS,
<b) SchiU. 393.,
<c) dmhdm, 3 15^
Çontrafter d'alliance fans leur confente- 148^^
ment : maisLucerne étoit dans le cas.
Ils lui intentèrent procès; les Villes
étoient réfoluës de maintenir leur Al-
liance , lorfque Fre're Nicolas von Flue^.
Hermite , qui étoit en odeur de iain*
teté, s'entremit, & difpofa les Parties
à une entrevue amiable à Stanz au mois
de Décembre 1481. (a). Les deux Par-
ties reconnurent Frère Nicolas ponr
leur Arbitre , qui prononça : que l'Al-
liance particulière des Villes Teroit an-,
nnlèe , & que Fribourg & Soleure Fribottrg
feraient reçus dans la Confédération. & Solen^
0.1 ajouta aux conditions de PAllian- 7 ^^^^V
' , , . _ . dans 1(3
ce entre les nuit Cantons quatre Ar- Cpjféde*
tcles particuliers pour Fribourg & So- raiiQn»
!(ure. i^ Que ces deux Cantons ne
s^ngageroient dans aucune guerre fans
hveu des huit anciens Cantons, 1°. Qiie ^
s\ leur furvenoit des difficultés avec
me Partie qui leur offrit le Droit , &
(a) Etterlin 97.
88 LîTRE Septie'me.
Ï4ài* que les huit Cantons fe trouvaflent fuf*
fifans pour en décider, les deux Villes
feroient tenues de fe foûmettre à leur
décifion. 3®. Qu'ils ne feroient aucuns
nouvelle Alliance fans leur confente-
ment. 4°. Qu'au cas qu'il s'élevât une
guerre entre les anciens Cantons , ils
refteroient neutres & feroient l'ofF^cc
de Médiateurs.
i^onte- Les huit Cantons avant que de {5
^rl ^ féparer firent un Convenant , qui eÊ
^peWé la grands Convention de Stcmz* Elle
règle dans la première partie: 1°. De
ne commettre aucune hoftilité les uis
envers les autres. 2°. D'affifter le Cai-
ton qui feroit attaqué injuftemen:,
3°. Chaque Souverain s'engage à pu-
nir févérenient ceux de fes Sujets , qu!
commettront des hoftilités contre ur
des Cantons. 4''. Chaque délit fera pu.
ni par le Juge du lieu où il aura ét(
commis. On s'engage dans la féconde
A ne permettre aucunes aOembiées illi
cites. Dans la troifiéme : A ne pas pro
^ tègep les Sujets d'un autre Canton eoi>
G?
LivRB Septtb'mb. g^
•e leurs Souverains & à ne former au- i4.Sî#
un parti parmi eux; mais plutôt à
oncourir enfemble pour les retenir
ans l'obéiflance. Dans la quatrième, ou •
onfîrma les ditFérens Règlemens Mili-
aires ; comme le Ffaffen-Bricf de Paa
381. & r Ordonnance de Sempach dô
393. La dernière règle la manière , ea
iquelle les conquêtes que les Conféde-
és pourroient faire dans la fuite , fe"
Dient partagées : favoir tous les biens
leubles à raifon des hommes , qui fe
•ouveront à l'expédition ; tous les ira-
leublespar portion égale. Les autres
Cantons & les Alliés auront leur por-
on aux meubles ; mais les huit fe ré-
irvent tous les immeubles. C^).
L'union ainfi rétablie dans l'intérieur P^'^^^'-^
es Cantons, les Suiffes étendirent leurs ^^^, ^
ùës au dehors. Ils avoient obtenu de PrivU^^
,ouis XI par des Lettres Patentes du ,^^/ ^'-'^''"
lois de Septembre 148 1^ enregi^h'ées î?^:'^^^''*
'^ par Loiiîs
(a) Ansheîm, 400, 417.
96 Livre S e p t i e' iyi s.
»48i. à la Chambre des Conif^tes au mois
d'Oâobre, plufieurs Privilèges pour
leurs Militaires en France. Ces Let-
tres Patentes renferment tout le fonde-
ment des Privilèges, dont les Militaires
Suiffes font en droit de jouir dans ce
Royaume, & méritent par-là d'être
raportées en fubftance. Elles contien-
nent :
35 Que tous ceux de cette Nation ,'
^3 qui étoient alors ou feroient à Tave-
.^5 nir au Service de Sa Majellé, à fes ga-
,3 ges & folde & qui étoient mariés
^3 ou habitués , fe marieroient ou ha-
53 bitueroient ci-après dans le Royaume,
33 pourront y acquérir tous les biens
35 meubles & immeubles , les poffeder
,33 & ^n difpofer par T-ftameht ainfique
,3 kurs femmes , enfans ou héritiers
.,3 pourront les recueillir & leur fuc-
53 céder comme s'ils étoient natifs
33 du Royaume : A l'effet de quoi le
^3 Roi les déclare autorifés & habitués ,
,33 feus qu'eux , leurs femmes , ou en-
fans
L I VR E Septie'me. 91
55 fans ou héritiers puiflent être tenus 1481.
35 de payer pour raifon de ce 'aucune fi-
<53 nance ni indemnité : dont il leur fait
55 dès-lors don, à quelque fomme qu'el-
-,„ les puiflTent monter. Et afin , que les
„ gens de guerre de ladite Nation , qui
55 demeuroient alors & viendroient
53 dans la fuite demeurer dans le Royau-
35 me 5 & qui feroîent à fes gages &
35 folde , puiffent mieux vivre & s'en-
33 tretenir honnêtement fans être inquie-
35 tés , & que les autres ayent meilleur
35 courage de s'y habituer en plus grand
35 nombre , eux & leurs veuves durant
35 leur viduité feront leur vie durant
35 exemt de toutes Tailles , Impôts ,
35 Aides & Subventions quelconques
35 mifes ou à mettre dans le Royaume,
33foit pour buteftenement des gens
35 de guerre ou autrement , pour quel-
33 que caule ou prétexte que ce foit ;
35 fe qu'ils foient aufTi exempts du Guet
53 & Garde de Porte en quelque lieu
3, du
9^ L î V R E S E P T I e' M *.'
t48^* 55 du Royaume qu'ils demeurent, (aj.
Il s'étoit élevé quelques différents
entre une partie des Cantons & quel-
ques-uns de leurs voifins , qui furent
appaifés par la médiation des Bernois.
Le Capitulât: de Milan fut confirmé &
renouvelle fous Padminiftration dd
Louis Is More (h). Louis XI étoit peu
religieux à obfcrver fes Traités : Henri
Matter de Berne lui fut député par
cinq Cantons. 11 foUicita inutilement
les arrérages , qui étoient dûs à la Na-
tion, (c).
IjSS fept Lesfept Cantons firent Pacquifition de
Cantons la Comté de Sargans du Comte Jean de
achètent Sonenberg,du confentement du Comte
de Sar- George de Sargans , de qui il la tenoit
gans. en hypotèque. (J).
La
(a) Traité des Alliances de France avec
les Suijjes. p. 1 2.
(b) Ansbelm. ^66*
(c) Idem 481.
(d) Idem p. 50^. Bevnçfut admis danî
la Corrègence de cette Comté par la Fai:»
L I V R E s E P T I É' M E. 93
la mort du Roi Louis XL fit revi- 1483.
i^re les négotiations de la France en
Suiffe. Les Cantons nommèrent des
Députés pour complimenter le nou-
veau Roi & pour lui témoigner les
)onnes difpofitions , dans lefquelles ils
h trouvoient pour le renouvellement
le l'Alliance. La Régence de France
^s a voit prévenus : Le Sr. de Lins Se
Préfixent de Thouloufe fe prefentérent
leur Diette à la fin de Novembre ;
ffrirent de payer les arrérages dûs à la
fation , & demandèrent à prolonger
: terme de l'Alliance (^a)*
Les Députés fc rendirent auprès du 1484^'
oi au mois de Février. Ils furent re-
'is très -honorablement : Charles
111 promit de payer les penfions à
, Ion , où elles furent en effet délivrées
a partie à BarthlomélMay de Berne, qui
] avoit été envoyé de la part des Can-
tons*
■muff»
Jfb) dnshdm. î34,
94 Livre Septte'me.
^484. tons, (t) Les Députés Suiffes furent fui-
vis par les Ambaffadeurs du Roi , Phi-
lippe Bodst Chancelier de Bourgogne &
Jean â'Andilot Gouverneur de cette
Alliance Province. Ils ménagèrent avec les Suif-
Charles ^^^ "^ Traité, qui fut conclu à Lucer-
FIIL ne le 4 d'Août avec Zurich, Berne,:
Lucerne , Uri , Schweitz , Underwal-
den , Fribourg & Soleure. Outre la
confirmation des engagemens contrac-
tés fous le règne précédent , il renfer-
me deux Articles nouveaux , favoir :
35 Que le Roi ne pourra retenir aucun
33 des foîdats des Cantons , fans leur
35 confentement, & que d'abord que les
35 Cantons auront guerre avec quel-
35 qu'un de leurs Ennemis , le Roi fera
obligé
(t) Non - feulement Barthlomé May
7îe reçut pas la Comme entière^ qui étoit didè\
mais on r obligea de fe charger de mauvaifes
efpèces ; ^ on lui fit toutes fortes de mau*
vais traitemens û fa fortle ds Lion* f^oyés
dnshehn & Stah\
1.IVREI SePTIE'mE. 9f
, obligé de la lui déclarer de l'attaquer 14S4*
> & de le pourfuivre comme fon enne-
, mi propre fans fraude ni dol. Ce
fraité eft ligné par Jean Wulàmann
Chevalier, Bourguemaitrede Zurich;
jîiîîlaume àe Dieshach Chevalier , &
^isrre de Wàheren Advoyers de Berne ,
fcc. &c. &c. («). Par des raifons , que
los Hiftoriens ne nous ont pas tranf-
lifes 5 il ne fut jamais avoué des Cân-
Diis. Le mécontentement de la condui-
e 5 que tint la France dans le payc-
lent des penfions peut y avoir donné
eu.
Berne fit deux années après un Trai- î48â
2 de Combourgeoifîe avec la Prévôté Com^
e Motier Grandval , ou le Munierthah ^^^^ J^o/-
oici ce qui Poccafionna. Deux Com-*^^^^^
étiteurs fe difputoient la dignité de avec h
j'revôt de Motier. Le premier Jean Prévôté
-^^^ tien
(a) Traité de Paix de Leonhard T, 4«
.19. Traité des AllianQQS &Tjiiib Fram^
ar Fogei f.i^
06 Livre Septie* ME.
448<^. ^ff^^' ^^^^^f ^^ Sîirfée étoit parent du
Bourgiiemaitre Waldmann de Zurich,
& protégé par Cafpar Ze Rhein Evê-
que de Baile : le fécond Jean Meyer
étoit Bourgeois de Berne & apuyé du
Canton. L'Evêque mit PfifFer en pof-
feffion ; les Bernois fecoururent Meyer,
s'emparèrent de toute la Prévôté, &
forcèrent l'Evêque de reconnoître leur
Bourgeois. Par h Traité , qui fe fit
au mois de Février par l'cntremife de
Hartmann de Hallweil Prévôt du
haut Chapitre, PEvêque renonça à
fes droits du* la Prévôté & s'engagea à
payer aux Bernois 2foo florins pour
les fraix de la Guerre. Ils firent peu^
après avec les habitans de cetteVallée
un traité de Combourgeoifie daté du 14
May ; par lequel ces Peuples s'enga-
gèrent d'affilter Berne avec leurs Mi-
lices à leurs propres dépens dans toutes
les guerres, excepté contre l'Evêque
de Bafle. Ce Prince s'adreiïa aux Can-
tons pour rentrer en poffeflîon de la
Prévôté. 11 fut enfin réglé Je 28 No-
vembre
Livre Septie'mb. 97
i/cmbre que les Bernois reftitueroient 148^.
la Prévôté à i'Evêque. Ce Traité mit
in à un nombre de difficultés , qui
fubfitoient entre le Prince Evéque &
la République de Berne. Il porte en
iibftance :
1°. Que le Village de Reîhen de-
meurera à PEvéque : mais que les Ber-
lois auront le droit d'y fuivre & d'y
^aire enlever les malfaiteurs. 2". Que
a vacherie la Faliere reftera à ceux de
Bureih 3^ Que les Bourgeois d^Bienne
"eront francs de péage fur le Lac de
N"idau pour tous les effets, qui ne
fervent qu'à leur ufage. 4°. Que la
iCombourgeoifie des Habitans de la
i Prévôté avec Berne fera reconnue par
le Prince ; que Berne pourra difpofer
de leur Milice dans tous les cas , ex-
cepté celui où cette République fe
trouveroit en guerre contre Son Al-
teffe ; que pour lors aucun des deux
partis ne pourra leur faire prendre les
armes. 5°. Que Berne demeurera en
//. Parf. G poffeflion
9S Livre SEPtiE'MS.
poiTeffion de fa Co-Souveraineté fut
la montagne de Dieiïe. (f)
Î49T. Charles VIII, après avoir réduit la
Dijjen- Bretagne par la défldte du Duc FraU"
timi entre ^^-^ ^ ]^ journée de Saint Aubin , s'at-
FIII?^ tira de nouveaux embarras. Le Duc
31aximi^ de Bretagne étoit mort peu après , &
lien, dans n'avoit laiflë qu'une fille unique Anne»
hquelk q^^ ^j-QJj. promife depuis 1489 avec
€?•/ veut T»/r
,v.w Maxi-
impliquer
les Suîf^ . ».,,.r, — -^
fes.
(t) Anshelm. à f. 61^. ad 6%^. Cette
Combourgeoifie fubfifle encore de nos
jours. Elis a été renouvellée en 1495, l<^ 13,
165^, 1^71, 1^895 1704? 170^5 172s,
^ dernièrement en 174? par Jean-Ro-
DOLPH Dachselhofer , Philippe-
HenriSinner, Samuel Moutach,
& François -Louis de Watte-
VILLE. Elle fut jurée folemnellement pûtr
plus de mille hommes portant armes. La
Prévôté eji encore reconnue de nos jours
Fats d'Empire, les Appels en vont à J^Vetz^-
lar ^ & par le Traité de Bule de J6S7>
il a été réglé , qu^ elle fournir oit le quator^
ziéme denier des Suhfides j auxquels rEvi*^
ché de BMe pourvoit être ta^é, .
Livre SeptIe^me. 99
Maximilien Roi des Romains. Char- 1491,
les faifoit élever à fa Cour l'Archidu-
cheiïe Marguerite fille de Maximilien,
qui lui étoit deftinée; il la renvoya &
époufa Anne de Bretagne. Le Roi des
Romains en fut fort irrité Se fe ligua
avec Henri Roi d'Angleterre. Qd).
Charles, qui prévoyoit une guerre fan-
glante, envoya PEvêque de Montau-
ban Se Antoine de Lamet aux Suifles ,
& demanda dans une Diette , qui s'aC-
fembla à Berne au mois de Juin , à re-
nouveller les anciens engagemens avec
eux en leur ofrant les mêmes penfions,
que Louis XI leur avoit accordées.
Ces propofitions ne furent pas écou-
tées ; parce que les Suifles refufoient
de donner des troupes au Roi pour
agir ofFenfivement , Se que d'ailleurs
leurs Officiers préferoient de fervirfans
G ij Capitulation
(a) Abrégé ds JUezcrai T.^* p, ^4.
îoo Livre Sëptie'mê;
149 1. capitulation particulière, (z^).
Max iMi LIEN chercha à profiter
des circonftances. 11 écrivit de Nurem-
berg le 12 de Juillet aux Cantons, pour
les remercier de ce qu'ils n'avoient pas
prêté l'oreille aux propofitions delà
France, (h'). Ses AmbafTadeurs propo-
férent à une Diette à Lucerne de re-
nouveller l'Union héréditaire fans pou-
voir y difpofer les Cantons (c) ce quî
engagea ce Prince à fe rendre en per-
Ï492. fonne à Confiance au mois de Juillet
de l'année fuivante. Il fit des plaintes
améres aux Députés contre le Roi de
France ; leur repréfenta que tout le
Corps Germanique , dont la Suiffe fai-
foit une partie diftinguée , étoit fenfi-
blement oftenfé, par la conduite de
Charles à l'égard de fa fille. 11 demanda
la levée de ^000 hommes, & que com-
me
(3) Anshehn. fol, 921.
(h) Idem f. 924, (c) Il f, 927.
Livre Septie'me. ïoi
me fou coufiii le Duc Sigifmond lui 149a.
avoit tranfporté & remis tous fes païs
héréditaires, pour lefquels la Nation é-
toit en Traité , on ne refufa pas de les
renouveller en fa faveur (à). Les Dépu-
tés lui répondirent ; que par rapart au
renouvellement de l'Union , ils n'é-
toient point inftruits fur cet article ,
mais qu'ils en feroient leur raport à
leurs Supérieurs ; & pour la levée des
troupes, que l'intérêt de la Confédera-»
tion ne permettoit pas dans des cir-
confiances où les plus puiffans Monar-
ques de l'Europe alloient entrer çn
guerre, qu'ils s'écartaffent de la neu»
tralité qu'il leur convenoit d'oî>ferver. .
Ils conclurent par offrir leur Média-
tion : Maximilien l'accepta & les in-
vita de fe trouver à la Diette générale
de l'Empire , que l'Empereur Fride-
rich alloit convoquer à Mayence. (h').
G iij Les
Il ■ ' »■!" ■■'■ >"m^t>^ IMMiail LJilMIlMlll'
(a) Ansk-lm. T. a. / 4.
(b) Ibùlf.6,7.
102 Livre Septie'me.
14-92, Les Cantons indiquèrent une Diette
à Schweitz pour le jour de Sainte Ca-
therine , & chargèrent Berne & Fri-
bourg d'écrire au Pv.oi de France pour
lui faire agréer leur médiation. Berne
écrivit en conféquence à ce Monarque
le lo d'Août. Qa),
Berne & les Etats Ariflocratiques de
la Suiffe étoient difpofés en faveur de
Maximilien & fouhaitoient de renou- |
veller l'Union héréditaire : Les Etats
Populaires , au contraire , écoient plus
attachés à la France. Le Landaman Re^
àîng de Schweitz déclara en pleine At
fembîée à la Diette , qu'il n'y avoit que
l'amitié de la France qui put mettre
un frein à la haine que les Allemands
& les Lombards leur tèmoignoient
Ainiî la Diette fe fépara infrudueufe-
menJ:, & les Etats Populaires fignifié-
rent leur réfolution à la Diette de Zu-
rich
(a) Anshduh f. 8.
LîvRE Septîe'me. T03
*ich aux Ambaffadeurs de Maximilien , HS^
Herniann d'Eptingen , Lazare d'Andlau »
fe Jean Lanz de Liebenfils, Cette di vér-
ité de difpofitions réveilla les jaloufies,
qui s'étoient élevées parmi les Cantons
depuis la guerre de Bourgogne. Les
Populaires , pour s'afiTurer la pluralité
dans les Dietces , firent une Ordonnant
:e à By-nnen ; que Fribourg & Soleu-
•e n'auroient de voix que dans les afFai-
*es , qui les concerneroient immédia-
;ement , &que les Diettes rouleroient
mnuellement de Canton en Caaton.(^).
Les Villes s'affemblerent de leur côté à
Zoffingue & réfolurent de garder une
éxacle neutralité , & de défendre fous
peine de la vie à leurs Sujets de pren-
dre parti ni pour la France ni pour
l'Autriche, (h). Berne 8c Lucerne fe
lièrent par un Traité particulier d'u-=-
nion & d'amitié, (c), Dans-
(a ) Amhelm. f. î i. Qh)Idsmf. la.
(c> Idem f. 28.
104 Livre Septie'me.
.149^. Dans ces entrefaites on reçut une
Lettre du Roi Charles VIII datéedu
24 d'Août, par laquelle ce Monar-
que tèmoignoit une extrême fenfibilité
des bons offices, que les Cantons vou-
loient bien rendre pour prévenir PefFu-
fion dufang Chrétien; il les affuroit qu'il
remettoit fes intérêts entre leurs mains
avec la confiance , que méritoit leur
amour pour la paix & pour la jufti-
1493. ^^' (^)- ^^^ ^^^^ ^^^ ^^ contribuèrent
pas peu à difpofer les Parties premiè-
rement à une trêve , & enfuite à une
paix (table , qui fut faite à Senlis le 23
de Mai, par laquelle la Comté de Bour-
gogne fut cédée à Maximilien. (^).
1494. La guerre pour le Roïaume de Napies
Motive- attira un grand nombre de Suiffes dans
mens a ^^g quartiers. Les Cantons prirent tou-
CCLU]^ de /
la (Tuerre ^^^ "^^ précautions imaginables pour
de'Na^ retenir
;ples. ■ ,
(a) Anshelm.f. 13.
• • (b) Idemf. 39. Mezerai T. 4. p, 27»
Livre Septie'me. lof
retenir leurs Sujets : mais tous leurs 14^4.^ î
foins devinrent inutiles. Ils envoyèrent
des Députés à l'armée de Charles, qui h
joignirent à Geues , & qui raporterent
un Acle du 14 Juillet figné par le grand
Ecuyer d'Urfé & par le Ballif de Dijon,
qui portoit une déclaration , que Gaf-
pard de Stein Sc fes Collègues n'avoient
rien négligé pour ramener les troupes:
mais que comme elles fe trouvoient
toutes réparées, les Officiers de Sa Ma-
jefté s'étoient opofés à leur demande ,
! ne pouvant pas fe réfoudre à voir par-
tir une troupe , en qui le Roi mettoit
j une fi parfaite confiance. Charles en
I écrivit peu de tems après aux Cantons,
I & les chofes en reftérent-là : Cepen-
dant la Répubhque de Berne en con-
çut un reffentiment fi vif, qu'elle ne
put plus être amenée du vivant du Roi
au renouvellement de l'Alliance, (a),
Maxî-
(a) Anshelm. T. 3. / 53'
ÎO^ L î V RE S E P T î e' M S.
'Ï45'T. Maximilien ayant fuccedé à PEmpe-
Mauve- reur Friderich fon père , convoqua les
mens à Membres de l'Empire à Worms; GuiU
hume de Dieshach y parut de la part de
Berne, (a). L'Empereur & les Etats
firent propofer aux Cantons par leurs
Ambaffadeurs dans une Diette affem-
blée à Lucerne le 23 de Juin , de leur
accorder la levée de loooo ou tout au
moins de 6000 hommes pour efcor-
ter l'Empereur dans fon voyage de
Rome. (F). Ils réitérèrent la même de-
mande par leurs Lettres , & renvoyè-
rent une féconde iVmbaffade à la Diet-
te de Zurich pour les inviter à entrer
dans la Confédération générale, que les
Membres de l'Empire venoient de con-
clure pour leur défenfe commune. Les
Députés fe chargèrent d'en faire le ra-
port à leurs Supérieurs : Berne feul alla
plus loin , & s'engagea de ne pas per-
mettre
(a) ' Anshdm. / 69 . (b) Lient / 70.
Livre Septie'me. 107
nettre à fes Sujets de fervir contre le 149Y1
juc de Milan. (^),
Louis le More , qui venoit d'ufurper
e Duché de Âlilan fur le fils de Galeas
iforce. envoya le Dodeur Jean Mo-
'ofin à Lucerne pour ménager le re-
louveilement du Capitulât {h). An-
;onin de Beffe, Ballif de Dijon , traver-
a cette négotiation au nom du Duc
rOrleans, Se offrit aux SuilFes de leur
:eder à perpétuité Bellinzone, Lauwis
& Lucarne , s'ils vouloient l'affilier dans
la conquête du Milanois ; il les remer-
cia de la part du Roi des iervices que
leurs foldats lui avoient rendus ; il fit
des plaintes contre le Duc de Milan ,
qui après avoir attiré le Roi en Italie
l'avoit trahi. Ces repréfentations eurent
leur effet : Les Cantons excepté Ber-
ne rejettérent l'Alliance du Duc dé Mi-
lan & promirent les levées pour la
France , qui fe montèrent bien-tôt ,
(a) Ansbelm.f. 73. (b) Idemf. 84.
io8 Livre S e p t i e' m e.
M9^, à près de 20000 hommes. (^).
Berne conferva la neutralité , & or-
donna des peines rigoureufes contre
tous les enroUeurs. Cette conduite lui
attira beaucoup de menaces de la part
des Cantons Populaires , ce qui enga-
gea cette République à plufieurs Con-
férences avec Zurich, Fribourg & So-
ieure. (b). Cependant cette animofîté fe
calma bien-tôt après, & on vit la SuiflTe
fe réunir contre un ennemi commun ,
qui y occafîonna la dernière guerre que
la Nation ait fbutenuë contre les Etran-
gers. C'eft la guerre deSuabe, qui fera
le fujet du Livre fuivanc.
Fin du Livre Septième,
Ca) Anshelm, f, %9,
(b) Idem f. 90.
I
HISTOIRE
HISTOIRE
DELA
CONFÉDÉRATION
HELVETIQUE.
LIVRE HUITIEME.
'Empereur Maximilien ^49f.'
avoit établi à la Diette Origine
de Worms une Cour , "^^ ^^ ,
gtierra ae
qu'on nomma la Cham^ Stiahe.
hre Impériale^ devant la-
qjuelle toutes les affaires civiles de l'Em-
pire dévoient fe porter. On avoit rè-
gle
iio Livre Huitie'me.
t49^ glé à la même Diette les contributions
de chaque Membre de l'Empire pour
les honoraires de cette Cour, & un
impôt extraordinaire du centième de-
nier fur tous les Sujets de l'Empire (a) :
ce Subfide devoit fervir aux fraix de la
$/^96. guerre contre les Turcs. Maximilien
fit part de ces établiflemens aux Suit
fes aflTemblés à Zurich au mois de Fé-
vrier 1496" , avec ordre de s'y confor-
mer comme Membres de l'Empire. Ses
Députés eurent ordre de folliciter de
nouveau leur acceffion à la grande Li-
gue d'Allemagne , & une Levée de
troupes. Cette négotiation fut portée
devant pîufieurs Diettes , & le réfultat
fut enfin: que Zurich, Lucerne^une
partie d'Underwalden, Zug, Claris, Fri-
bourg & Soleure déclarèrent aux Am-
baffadeurs dePEmpereur, que l'anciene;
Alliance , qui fubfiftoit entre eux & la
France
(a) Animnctus de Comitiis. c. 8»i^-33-
Livre Huitie'me. it/
France ne leur permettoit pas de con- i49(r.
trader aucun engagement contraire ;
qu'ils efpéroient cependant, qu'on ne
troubleroît pas la Nation dans la pof-
fefîîon des immunités & de l'indépen-
dance , qu'elle s'étoit fi glorieufement
procurée, (a). Berne , Uri , Schweitz
& l'autre partie d'Underwalden accep-
tèrent l'Alliance du Duc de Milan. C^).
Le Légat du Pape mit tous les SuiflTes^
qui tenoient le parti François , au Ban
de PEglife ; & l'Empereur conjointe- 1497.
ment avec TEmpire , fit évoquer les Griefs
caufes deplufieurs particuliers des Can- contre b
tons devant la Chambre Impériale, f ^*^^.^^
L'Abbé de St. Gai fut cité devant les /^^
Diettes, & l'on exigea de ce'Prélat , du
Païs d'Appenzell & des Villes de St GaU
Schafhaufen & Rothweil des Contri-
butions ; Les chofes furent même pouf.
fées
(a) Anshehihf. 108. (b) IJemf. 109.
112 Livre Huitie'ms.
1497. fées au point de mettre la Ville de St.
Gai au Ban de l'Empire, (a). Les Suif-
fes envoyèrent des Ambafladeurs à
l'Empereur , aux Ducs de Bavière &
de "Wurtemberg , & à toutes les Vil-
les de la grande Ligue , pour IblHci-
ter le redrelTement de leurs Griefs,
Maximtlien les renvoya à la prochai-^
ne Diette de Worms. (b). Ils n'y ob-
tinrent point leur demande (^), &
l'Empereur leur indiqua une journée
à Insbruck ; le Ban contre St. Gai fut
enlevé , on leur promit , que la Cham-
bre Impériale fufpendroit fes pourfui-
tes, & que tous leurs griefs feroient re-
dreflez à la prochaine Diette, que Ma-.
ximilienavoit convoquée à Fribourg.
Ce Prince ayant hérité la fuccefîîoii
d'Autriche par la mort de fon coufm
Sigifmoiid arrivée au mois de Mars de
l'année
iTi) Anshelmf. 13^. (b) Idemf, 138.
(c) Idsmf.i^i.
tons n ce
Livre Hu r t ie'me. 119
i'aanée précédente ; il fit en même tems 1498.
['ouverture aux Cantons pour le re-
nouvellement de l'Union héréditaire.
Toutes ces longueurs impatientèrent Mouve-
enfin les SuifTes , & ils fe préparoient memâam
rérieufement à fe faire rendre juftice '^^ ^^"*
par les armes ; lors qu'au mois de JuiU ^r^^.
et de l'année fuivantc l'Empereur
eur fit faire de nouvelles propofitions.
[Charles VIll venoit de mourir &
Louis XII. s'étoitfait proclamer Duc
le Milan. L'Empereur demandoit que
;es Suifles ne favorifafTent pas fon en-
lemi 5 & qu'ils lui accordaffent le paf-
àge de ^000 hommes fur leur territoi-
I €, pour paffer en Franche Comté : les
iJuiffes tergivcrférent à leur tour. (a).
1 envoya une féconde Ambaffade &
îcmanda la levée de ^000 hommes:
Inais les Cantons ne voulurent en-
endrc à aucune propofîtion à moins
que
(a) Arishelm.f, l62*
IL Fart. H
î Î4 L î V R E H U I T I e' M e: ^
Î498. ^^^ préalablement tous leurs Alliés
n'euiïent obtenus les fatisfadions qu'ils
avoient Ibllicitées.
Berne Le Canton de Berne fe donna beau-
refufe in coup de mouvemens pour engas^er le
Neufcha- ^^^^ ^^^ Suiffes à fe prêter aux vues de
M^^^'- ^'Empereur; & pour ne leur donner
7îonce à aucun ombrage , les Bernois refuférent
fonalUan^ la Comté de Neufchatel , que ce Prince
ce avec le j i
Bîic de leur ofroit pour une fomme peu con-
Mîlan fîdérable. Philippe Margffvave de Hoch^
rùlaire ^^^^ ^ Comte de Neufchatel avoit été
aux au- ^'^'^'^^ ^u Ban de l'Empire. Les Bernois
très Can- firent entrer des troupes dans Neufcha-
tons, |.gi pQ^^jj- conferver à leur Combour-
geois Ton héritage. C^). Cette conduite
ne diffipa point la défiance des Cantons:,
ils infiftérent à ce que Berne renonçât à!
l'Alliance de Milan ; Les Bernois fe prê--'
térent encore à cette demande du moins 1
en)
(a) Ansbim, / 175,
Livre Hu ïT ie'me. iiç
en partie, & firent rayer par Barthïomê 1498.
May 5 qu'ils envoyèrent pour cet effet
dans le courant du Mois de Juin au
Duc de Milan , l'article du Traité qui
caufoit le plus d'ombrage aux Suiffes :
c'étoit celui par lequel les Bernois pro-
niettoient une exade neutralité & s'en-
gageoient à ne donner du fecours à au-
cune des Parties (a) : mais les Cantons
ne fe contentèrent pas de cette explica-
tion.
Un Incident qui furvint fit tourner Comen-^
au dehors toute l'attention des Can- f ^^^'^^'^'^
tons réunis. George Comte deJVerdenherg ^q Suabe,
Çcf deSargans^ Gauâent lus Comte de Metfch
6c Werner Baron de Zimmern avoicnt
jeté mis au Ban de l'Empire; le Com-
te de Sargans étoit Combourgeois de ^
Schweitz & de Claris , 8c avoit vendu
fa Comté de Sargans^aux VIL Cantons.
Ce Seigneur tenta d'enlever Jean--
^H ij George
i^) Anshelm. f, 178.
116 Livre Huitie'me.
1498- George âe GoJJenhrot Confeiller de Ré-
gence d'Infprack, qui prenoit les bains
de Pfifirs : mais l'Abbé du Couvent
de ce nom prévint fes deffeins. Cet-
te démarche lui attira l'inimitié du
Comte, qui le força de quitter le
Couvent. L'Empereur & la grande Li-
gue d'Allemagne follicitérent les Suif-
fes à ne pas prendre parti pour le Com-,
te ; ils le refuférent. (a). Ce qui achcn
va d'aigrir les Cantons furent les lon-
gueurs, que la Régence d'Infpruck
aporta dans les difficultés , que les.
Grifons avoient avec le Tiroî^ dont ils |
dévoient être Juges. La Ligue Grifi
& la Ligue de la Maifon de Dieu, avoient
fait une Alliance Tannée précédente
avec les VII Cantons. La Régence pour
endormir les Grifons avoit fixé une
journée à Felâkirch au mois de Février
de l'année fuivante , pendant qu'elle
faifoit
(a) Ansb.f, 18^.
LivreHuiti E'x^E. Î17
faifoit munir toutes les places frontié- 14990!
res de troupes , & ayant fait une ten-
tative pour furprendre le Couvent de
Mimfterthal, les Grifons s'y oppoférent
de vive force & les repouiïerent a-
vec perte de 1 8 hommes, {a). Ce fut
le fignal de la guerre. Ceux de D ijf
tis demandèrent du fecours à Uri , &
ce Canton en demanda au refte des^
Suiffes {y). On parla encore d'accom-
modement , & on conclut une Trêve »
qui ne fut pas de longue durée. Les
Troupes de la Ligue s'emparèrent de
MeyenfelÀ & pafférent au fil de i'épée Meytn-^
Itout ce qui y portoit les armes \ elles-^ /^/f
|y lailFerenc une garniïon de 400 hom- ^^^^ ^^
jtîies & fortifièrent le paflTige de Lucien^ Smh<.
\i}ei^ : ceci fe paffa le to de Février.
iLes Suiffes & les Grifons reprirent le
lendemain Lîicimfieig & chafférent les 4P^^^
H l| àuabss ^',.a:,,r^
■— ^ ' 8? ^^
(a) Bircken EhrenfpiegeL p, il 09.. Tnifeft.
(b) Amhelmj\ %iq.
ii8 Livre Hu I Ti e'm E.
^499. Suahes au-delade /'///. Le 12 du même
mois un fecours de 1000 hommes, que
les Suiiïes avoient envoyé, pafla le Rhin,
repoufla les Suabes près de Treifen &
brûla le Château de Fadutz , qui a-
partenqit à LoUïs de Brandis ; Ils repri-
Meyen^ rent enfuite Meyeyifeld : ces trois expé^
J^ . ^'^" ditions coûtèrent aux Suabes plus d&
pris, ^
800 hommes. (^0-
Le même jour, que les Grifons avec
leurs Alliés avoient repris Lucienfteig , j
Les Ber- les Permis au nombre de 4000 hom-
trentauC' mes fous les ordres de Jean-Rodolph de
fisns^uer^ ScharnachthaU Jaques de PVattèville^ Mi-'
re, chel Utiger 8c Jean de Weingarten , avec
leurs Alliés de Fribourg & de Soletire
entrèrent en campagne, 8l déclarèrent
la guerre à la Ligue , s'étant joints aux
troupes de Zurich & de Schafhaufen ils
firent une courfe dans le Hegeu , où ils
mirent
(a) Birckenp. iîio.
Ltvre Huitie'me. ïî9
mirent tout à feu & à fang. 00- Le 1499»
théâtre de la guerre fut plus ianglant
encore furie haut Rhin. Les Allemands
avoient rafleniblé un corps de loooo
hommes à Harâ entre Fujfach Se Ere- Bataiîk
gentz ; Les Grifons & les Suiffes réfo- ^ ^^^'^^
lurent de les attaquer : les ennemis a-
près une vigoureufe réfîftance furent
forcés de fe replier vers Bregentz. Cet-
te retraite tourna bien-tôt en fuite, dans
laquelle ils perdirent bien du mon-
de, (b). Les Confédérés rançonnèrent
enfuite le Bregentzer IValâ pour 220a
florins , Se ne voyant plus d'ennemis
en campagne ils retournèrent chez eux;
Ils n'y furent pas long-tems tranqui-
les , & les Allemands s'étant extrême--
ment fortifiés dans les Villes forêtiéres,
principalement^ à Confiance , les Suif-
fes portèrent auffi leurs principales for-
ces au Schvvaderloch qui eft une forêt
près
(jt) Ayishslm f. 230-24?. Eirckmf, iiil.
(b) Lkm îhifL
120 Livre Hu i t t e' m e.
14^9. près de cette Ville , dans laquelle ils
élevèrent de fortes redoutes.
AUimi- Louis XII étoit trop habile pour
ee avec "^ P^^s profiter de l'altération des Suif-
Louis fes contre l'Empereur & contre le Duc
de Milan Ion Beaufrére , duquel il
croïoit avoir fujet de fe défier, quoiqu'il
eûtobfervé jufqu'alors une neutralité
exafte. Ce Monarque envoya fes Ani-
baffadeurs à Zurich le i. Mars ; ces
AmbaflTadeurs étoient Trijlan de Salazar
Archevêque de Sens, Rigaiilt â'Oreills
Gouverneur de Chartres & le Ballif
de Dijon. Ces Miniftres ofrirent tou-
tes les forces du Royaume aux SuiiTes,
& les engagèrent à une Union avec la
Couronne qui fut acceptée par tous les
Cantons, à Lucerne le 21 de Mars. (f).
Il y étoit porté , que le Traité dure-
roit ùix ans : Son contenu eft à l'initar
de
if) Sienne y fut agrégée le %•) du mêms
mois*
Livre Huitie'me. i2t
le celui de Louis XI , pour ce qui 1499^
:oncerne raflîftance & le fecours mu-
uel en cas de guerre ; de même que
)our la folde & les avances , auxquel-
es le Roi s'obligeoit pour les expédi-
ions des Militaires Suiffes. (a). Les
Confédérés manquoient d'Artillerie :
îerne preflTa principalement ce fecours
u nom des Cantons par une Lettre ,
[ue cette République écrivit le 23 de
dars au Roi ; cependant il ne fut li-
re à Soleure que vers la St. Jaques ,
z lorfque après la Bataille de Dornach
es ennemis n'oférent plus tenir la cam-
lagne. (b). Pendant que cette Alliance
straitoit à Lucerne, une troupe de
000 volontaires de Berne , Lucerne
k, Soleure fous les ordres de Daniel bataille
Bahcnberg ^u Brtu
— — ». derholz*
(a) Anshelm f. 2^6. Recueil des Trai-^
es de -paix T. l. p. 809. Lmiig. Cod. DipL
r, l.p. 22S' Dwmont Corps DipL T. I.
P. 2. p, 40^.
(b) Anshelm, p, 280.
123 Livre Huitie'me.
M499. Eahsnherg de cette dernière Ville firent
une courfe dans le Suntgeiu Friderkb dt
Cappel Officier renommé de la Ligue
fit avancer 400 chevaux & 4000 fan-
taffins , qu'il plaça prè« de Ste Mar-
guérite & du pont de la Birs, dans k
deffein de leur couper la retraite; Suï
Tavis que les Suiffes s'avançoient vers
Dornach , il laiffa fon infanterie auponi
& les fuivit avec fes cavaliers ; il les
atteignit dans le Leimeyitbal : mais fon 1:
infanterie ne l'ayant pas joint à propos '
il ne put foutenir l'attaque & fat dé-,
fait & pourfuivi jufqu'au Bruderhoh a-||
vec perte de 5oo hommes ; celle des]
Suiffes ne doit avoir été que d'un feul^
fantaffin. {a).
Le même jour de l'affaire du Bruder-.
holz , qui étoitle 2^ de Mars , les en-:
nemis qui s'étoient retranchés proche
de Frajlsnz ^ntïQVIIl, & îa Montagne
nommée
(a) Anshdvh f. 266. Eirckenf, ilit-.
Livre Hu I tie'me. 123
nommée Lanzsngafl , pafférent le Rhin; 1499^^
Saccagèrent le païs de l'Abbé de St. Gai,
& du Baron de Sax, & pénétrèrent juf-
jii'à Gans, Les Suiffes les plus à por-
:ée de ces contrées raffemblérent leurs
brces & pafférent le Rhin à leur tour .
e II d'Avril, & préfentérent la Ba-
:aille aux Suabes : mais ceux-ci ne for-
irent pas de leurs retranchemens. {a)-
Dans ces entrefaites un autre Corps de
îuabes de 8000 hommes entra dans la
rhurgovie ; furprit les Suiffès à Erma-
ingiien , & brûla plufieurs villages des
environs' (h). Les Confédérés retran-
:hés au Schwaderloch fur l'avis que les Bataille
îuabes n'étoient point fur leurs gardes au Schva*
brtiient de leurs retranchemens & derlock
tinrent à eux. Les foldats Allemands,
]ui ne favoient pas l'ennemi fi proche
le penférent qu'à chercher leur falut
dans
(a) Anshdm. f. 288-
(b) Idemf, 290. Freiindsherg f. 3,
1^4 Livre HuïTiE'J|yiE.
t/^99' dans la fuitte ; la Cavalerie,! tenta en
vain de les retenir : nombre de braves
Chevaliers mirent pied à terre & le
placèrent dans les premiers rang*?, dans
Telpérance de ranimer le courage de
leurs fantaffins ; tous leurs efforts fu-
rent inutiles. L'hiftoire a confervé les
noms de plufieurs de ces vaiîlans Che-
valiers , comme de Burcard Se Henri
de Ranâcck.Jean âe Neueyugg^ & Henri ds
Langmjieuu La déroute devint générale,
& les ennemis furent pourfuivis depuis
TriheîtingGn]\x{^\x'd. Gottliehen , leur per-
te doit avoir été de pafiTé 1400 homes.
Ce qui fit le plus de plaifir aux Suifles,
c'eft qu'ils réitèrent maîtres de if piè-
ces de Canons. Ils manquoient d'ilr-
tillerie , comme nous l'avons déjà re-
marqué. Cet).
Le Corps de troupes pofté vis-à-vis
de
(a) ///, ih, Anshelm. / 297, Eirclim
r
J' IIÎ3»
Livre Huîtie'me. ii:ç
ie Frajienz rélblut de forcer les retran- 1499»
;hemens ennemis ; ceux-ci avoient 300 Bamillô
kquebufiers fur le Lanzengaft Se dans ^^ ■^^'^-
ine efpèce de redoute fur le penchant*' *^
le la même montagne ipo mineurs,
ous gens fort réfoîus. Les Siiiffes com-
iiandérent Henri WoUeh d'Uri Officier
l'une grande diftinâion avec 2000
lommes fous les bannières d'Urferen
cde Sargans , pour faire le tour delà
lontagne & en gagner les hauteurs ;
? Corps d'armée fut deftiné à marcher
roit aux retranchements, & l'arriére-
arde fut confiée aux Grifons. JVoIleh
L fa troupe gagnèrent les hauteurs
vec des peines infinies; ils délogèrent
?s Arquebufiers, qui fe rephérent vers
^s Mineurs; ceux-ci fe défendirent
ourageufement : la fituation du lieu
bligeoit de combattre corps à corps.
Les premiers rangs renverfés , cette
;roupe fe retira vers le retranchement ;
|es SuiflTes qui étoient en marche pour
'attaquer les avoient coupés ; ils tom-
bèrent
126 Livre Huitie'me,
1499. bérent tous entre leurs mains , excepta
200 qui purent gagner le plus épais de;
bois. ,, Wolleh après ces avantages re-
joignit le Corps de Tarmée des Con-
fédérés. Ils avancèrent en bon ordre
contre les retranchemens , qui étoien
défendus par une nombreufe Artii!eri(
& par 1200 Arquebufîers ; à la pre
miére décharge les Suiffes fe jettéren
à terre ; s'étant relevés ils fe prépa
roient à l'attaque ; mais Wolleh les re
tint , & leur fît faire à la féconde dé
charge des ennemis la même inanoeu
vre ; lui feul reftafur fes pieds , & fu
bleffé mortellement II ramaffa cepen
dant toutes fes forces , commanda Pat
taque & expira en béniffant le Ciel d(
la Vidoire qu'ils alloient remporter
Sans donner le tenis aux ennemis d(
charger de nouveau 5 les Suiffes fautè-
rent dans les retranchemens , préfen-
térent aux ennemis les armes blanches,
& les forcèrent bien-tôt à une fuite
honteufe. Le maffacre devint affreux ,
on
Livre Hu I tie'me. 127
m compta 3000 morts fur la place & ï499»
?oo, qui fe noyèrent dans VIII. 11 eft
refque incroyable, queîesSuiffesayent
vré des combats auffi fanglans avec
uffi peu de perte que nos Chroniques
î raportent ; ils n'eurent qu'onze
lorts dans cette mémorable aftion (!)•
!s enlevèrent dans cette occafion cinq
)rapeaux , deux Tentes magnifiques,
ix pièces de Canon , 500 Arquebufes
: une grande quantité de Cuiraffes &
e Lances. («).
L'Empereur étoit occupé dans la ^^ Ligué
iueldre, qu'il difputoit au Comte f^^f'^
harles d'Egmont : Les Chefs de la l'Empe-
rande Ligue l'apellérent à leur k-reuràfon
ours. Ce Prince fit une trêve avec le-/^^^^^^^*
Comte
(t) Nous avons cepenâant tiré les prin^
ipales cir confiances rie cette guerre, de Va-
eriiis Anshelm, Auteur conteinporain, ^
uwbe de Naiffance,
(a) Ansbelra. f. ^01, fq. Eirchenf, 1 1 14.
128 Livre Hi^itië'me,
t499. Comte & arriva au mois d'Avril à Frî-
bourg avec un Corps de 6000 hommes.
11 fit publier un Manifefte contre les
Suifles , dans lequel , en fe fervant des
expreffions les plus odieufes , il taxoit
leur Confédération de rébellion ouver-
te contre l'Empire ; faifoit une énume-
ration de toutes les familles nobles ,
qu'il prétendoit que les Suiiïes avoient
dépouillé de leur héritage , & provo-
quoit tout l'Empire à joindre fes for-
ces pour détruire ces païfans rebelles.
Cette pièce ne produifit aucun effet : les
Membres de l'Empire regardoient cet-
te guerre comme une querelle parti-
culière à l'Empereur , qu'il s'étoit at-
tirée affez légèrement , comme Birck^
heimer fon Confeiller d'Etat le reconnoît
lui-même, (a).
Les SuiOTes cependant continuè-
rent la guerre; après avoir renforcé le
corps
(a) Birckheimer de- bello Helvet, Anshshiu
LiVREHuITIE'mé. 129
corps de troupes qui étoit retranché au 149^'
Schvvaderloch ils pafferent le Rhin avec ^Les CaU"
ïoooohomes, tombèrent dans l^Klet-^^^^^ /'•
vaflent le
\getu & mirent le fîége devant la Ville Kletgeu,
de Tlmngen , qui apartenoit au Comte
Rodolph de Stdz. Diemch deElumeneck
y commandoit ; ce Gentilhomme, qui
ctoit un des plus grands ennemis des
SuifTes, s'échapa de la Ville crainte de
tomber entre leurs mains : la garnifon
mit à fa place Henri de Baldeck y qui fe
rendit à difcretion dès qu'il vit apro-
cher le canon ; on fit grâce de la vie à
toute la garnifon ; les Suiffes fe conten-
tèrent des armes & du bagage. Ils firent
défiler toute la garnifon en chemife à
i travers le camp, chaqu e foldat ayant une
ibaguette blanche à la main. Ils gardè-
rent prifonniers les Gentilshommes qui
fe trouvèrent dans la Ville , comme
Henri de Baldeck , Rodolph de GrieJJèn ^
Poleyde Rifchach ^ Jean de Roggeyihach ^
Henri de Baden, qui furent obligés de'
payer de groffes rançons. L'armée deff
//. Farf. 1 Suiffes
î3û Livre Huitie'me;
'^499» Suides prit dans la même courfe lea
Châteaux de Kujfenherg , StuUngen &
Elumenfeld; on reçut la garnifon du
dernier vie fauve ; le Baron de Rofeneck
fut refervé , les Suiffes étant fort irrités
contre lui ; & par raport aux effets il
fut réglé qu'il feroit permis à chaque
perfonne de fauver ce qu'elle pourroit
porter fur elle , & que le refte feroil
abandonné au pillage. L'époufe du Ba-
ron uniquement inquiette du fort de
fon mari laifla tout fon bien en arriére.
& chargea fon époux fur fes épaules
Cette ingénieufe générofité toucha le{
Suiffes ; ils donnèrent la liberté ai
Baron & firent remettre à fa vertueufi
époufe tous les effets qui lui aparté-
noient. (^).
Après cette courfe, qui n'aboutîf
foit qu'à défoler le païs , les Suiffes ré-
folurenl
(« ) lâ. f, ^2S* M* Eircken il 14.
Il
Livre Huitie'me. 131
Dlurent de diriger leur marche contre I499»
Tberîingen & 3Iershoiirg pour fe joindre
ux Grifons. Berne fut d*un avis oppo-
% Se confeilloit de marcher vers Gott-
\ehen Se le Schvvaderîoch pour tâcher
'attirer la garnifon de Confiance à un
ombat. Pendant ces délibérations on Berne ^
prit dans le camp, que l'Empereur ^^ Y*
iffembloit dans le Suntgeu umrméQ ^gp^j^yy^j^^
e 20C00 hommes, & que fon projet Conféds^
toit de tomber dans le Canton de ^^^*
joleure ; que ce Canton avoit jette du
iionde dans Dornach, Se qu'il avoit de-
landé du fecours à Berne & à Frî-
ourg. Cette nouvelle engagea les
roupes de Berne & de Fribourg à re-
réndre le chemin de leur païs. Cette
fparation fit beaucoup de peine au
efle des SuiflTes ; ilfe tint là-defllis des
ifcours imprudens, aufTî bien que cou-
re la conduite du Chevalier Guillaume
k Dieshach & de Loms fon frère , qui
iirent taxés de quelque intelligence
vec l'Empereur & avec la Ligue. Le
i lij premier
Ï32 Litre Huitie^mê;
Î4.99. premier avoit époufé une Baronne de
Freiberg fort apparentée en Suabe ; ce
qui avoit donné quelque couleur à ceî
calomnies. Jaques de PVattevilIe fut ex-
pofé aux mêmes imputations ; ces deu?
Seigneurs avoient alors la principal
autorité dans la République de Berne
Elle fit fcs plaintes à deux Diettes te
nues à Zurich & à Lucerne, & ofrit d
juftifier fa conduite & celle de de Dies
bach & de de Watteville devant te
Juge que les SuiiTes trouveroient à prc
pos ; l'affaire en refta là. (a),
■p Berne envoya le 5 de Mai 2400 hon:
mifecours ^^^^^ ^^ fecours de Soleure à Dornacl
de Dor- Fribourg y joignit fa bannière & Lu
nack, cerne un nombre de volontaires. Le
Impériaux étoient dans le voifinage
ce qui occafionna bien des petites rer
contres entre les deux partis , dan
Tune defquelles le Comte y^^zw â'Oi
tenhur
{^ Anshslm. f, 337, ^ 344.
Livre Huitîe'me. 133
nhirg perdit la vie. (a). Les Impé- 1499*
aux firent une courfe dans la Prévôté
Métier à Tinftigation de Bernhard
V Rhein neveu de PEvéque de Baie ;
; Prince prétendoit forcer ces peu-
es à renoncer à la Combourgeoifie
î Berne. Les Bernois y envoyèrent
)oo hommes , qui firent mal leur de-
)ir , & qui à Paproche de l'ennemi fe
tirèrent précipitament Les Impé- '
jiux les pourfuiyirentjufqu'à Bellelay,
1 irent le Couvent en cendre Se tout
i païs à feu & à fang : après ces cour-
i ; cette formidable armée fe fépara. (b}.
Ce fut fur les frontières des Grîfons, Bataille
ue le feu de la guerre fe ralluma. Les ^^j^
' L'olois avoient élevé une redoute au / -V'''^'
i hlingenherg dans le Vinftgeu ; de ce onés par
]>(te ils incommodoient les Habitans /^^ &Vi-
t: VEngadirie; ceux- ci au nombre de/^^^'»
: 000 s'avancèrent le 10 de Mai pour
I iij Ie&
(a) Idem f. 3 38« fiq- Fretinàsberg f. J.
(b) Aiishêlm, f, 344.
Ï34 Livre HuitiE'ME:
Ï499- les en déloger : le combat fut rude l
dura plus de quatre heures ; les Tire
lois furent battus & perdirent plus d
4000 hommes. Qa),
Le 21 de Mai les fîx Cantons firer
une courfe dans le Hegeu : mais la di
fention , qui fe mit parmi eux , la rer
dit infrudueufe. ( ^ ). L'arriére-garc
qui étoit de 600 hommes de Zuric
fut attaquée dans fa retraite par la C;
Valérie Impériale & foufrit beacoup. (c
Circonf- La Ville de Bàk fe trouvoit pendai
tances tout le cours de cette guerre dans d
critiques circonftances fort critiques. Elle avo
i e Jia^e, ^q^jq^^s vécu avec les Suiffes en parfai
intelligence : Son Evéque & le Hai
Chapitre tenoient ouvertement le pa
ti de la Ligue ; elle fe conduifit fo
habilement & obferva une exade nei
tralité ; & pour ôter toute défiance ai
Cantons
(a) Anshehm / 34f-
(b) Anshlm.f, 349. (c) Uemf.^^Sl'
Livre Hu I tïe'me. 13^
Cantons , elle dépofa fes deux Bour- 1^9%
guemaitres Hurtman d'Andlau & Jecm
Jmer de Gilgenherg , que les Suiffes ne
regardoient pas comme amis, {a),
L'Empereur fe rendit de Fribourg Grande-
à Feldkirch , il y affembla fes Troupes niifére M
pour les mener contre les Grifons , J-ivoL
où il vouloit porter tout PefFort delà
guerre. Bilihald Eirkheimsr fut com-
I mandé pour paffer l'Arlherg & prendre
jpofte dans le défilé de Bormio. Il ne
! rencontra fur fa route que des Villages
brûlés, des terres incultes 3 & toutes
j les marques des horreurs de la guerre.
Il raporte ib) entr'autre , qu'il avoit vu
deux femmes , qui chaffoient devant
elles 400 enfans , comme les Bergers i
chaffent leurs troupeaux devant eux ;
que leur ayant demandé où elles les
vouloient conduire , il en avoit bien-
tôt été éclairci lui - même , îors que
cette
(a) Anshelm. / 341.
(b) ds hcllo Helv. L 2u
13^ Livre Huitie'me;
H99* cette troupe affamée étant arrivée fur
une prairie elle fe jetta à terre pour
brouter l'herbe comme les brutes, avec
cette différence feulement, qu'ils l'arra-
choient avec la main & la portoient à
la bouche : telle étoit la mifére à la-
quelle cette partie duTirol étoit réduite.
Maximilienl détacha 2000 hom-
irrup-. ^^^^ ' q^i pénétrèrent dans VEngaâine ,
tîon des brûlèrent Scampfs , Sumada , Campocafco
Imperi^ & Ponterafina : mais Pimpolfibilité de
aux dans ^ . , . ^ , .
VEmadi' fournir des vivres a cette troupe lui
ne, fît.prendre le parti de la retraite • la di-
fette ayant gagné fon camp même , ce
Prince prit le parti de retourner en
Suabe. {a). Il tint une nombreufe
Diette au commencement de Juillet à
Confiance, à laquelle affilièrent le Duc
Albert de Saxe , le Duc George de
Bavière , le Marggrave Friderich de
Brandebourg , Philippe de Baden , le
Comte Palatin Louis , le Duc Ulrich
de
(a) Eirken, f. 1119.
Livre Huitie'me. 137
!e Wirtemberg & nombre d'autres 149^?
'rinces. Il y fut réfolu d'attaquer les
'uifles en même tems à Feldkirch ,
^onftance & Dornach. Les Suiffes in-
)rniés de ces projets firent avancer des
LOupes de leur côté pour couvrir les
-ontiéres. Ils renforcèrent le corps du
'chvvaderloch jufqu'au nombre de ^000
ommes. Berne & Soleure obfervoient
; Comte de Furjîemherg qui étoit avec
5000 hommes dans le Sunfgeu. (a). La
ombreufe armée qui étoit dans Con-
mcâ fe montra pluiieurs fois : mais
défunion s'étant niife entre tant de
rinces , l'Empereur fe retira de dépit,
: il ne fe paffa rien de ce côté-là.
Le Comte de Fiirflernherg par-contre BataïUa
/ança vers Dornach avec 14000 fan- ^^ y^^"
iffins & 2000 chevaux, parmi lefquels ' ^ '
îtrouvoient lesGardes de Gueidre. Ce
'hateau fe trouvoit prefque fans défenfe;
mais
(a) Anshdnu /. 376'.
Ï38 Livre Huîtie'ms.
1499. mais étoit gardé par un Officier de So-
leure nonié Benedi&] Hiigi d'une valeur
reconnue. Ce Canton fur l'avis que
Hiigi donna du deJTein des ennemis
envoya fa bannière à Liechtflal ^ous les
ordres de Nicolas Ctinrad & Urs Rtichti,
Les Bernois firent filer les troupes que
Gafpard de Stein comniandoit à Liecht-
ftal ; leur bannière fuivit bien-tôt com-
mandée par Rodoiph d'Erlach , qui a-
voit fous fes ordres Cmtrad Vogt , Ga^-
pard Wikr & Nicolas Murri ; ce corps
de Bernois étoit de 3000 hommes. Zu-
rich détacha 400 hommes fous les or-
dres de Gafpard Goldli ; & les autres
Suides à l'exception de Glarisi Appen-i
zel & St, Gai, qui n'oférent pas dégar-
nir leurs frontières , fe mirent en mar-
che à la première fommation de So-
leure. Les Allemands fur de faux ra-
ports que toutes les forces des Suif-
fes étoient rallemblées au Schwader-
loch , ne fe tenoient point fur leurs
gardes j on eut dit qu'ils fcûfoient un
camp
Ll VR E Hu I TIE'ME. 139
camp de plaifir. On ne voyoit parmi 14.99;
eux que Bals , fêtes & gros jeux. Les
Soleurois de Liechtftal impatients d'en
venir aux mains avec les Allemands ,
dont ils pouvoient voir eux-mêmes le
peu de difcipline depuis les hauteurs
où ils étoient , purent à peine être re-
tenus de courir au combat avant l'ar-
rivée de leurs Confédérés , quoiqu'ils
ne fuffent pas au-delà de 800 hommes.
Mais dès que le fecours de Zurich &
de Berne les eut joint , l'attaque fut ré-
foluë. Les ennemis avoient formé trois
camps féparés , qui inveftiîToient to-
talement le Château de Bomacb. L'A-
voyer de Soleure Nicolas Cunradt fe mit
à l'avant-garde & pénétra fans réfiftan- '
ce jufques fort avant dans le camp des
ennemis par une rufe qui les trompa. Il
avoitfait prendre à fes troupes la croix
rouge de Bourgogne , ce qui les avoit
fait prendre , par les Allemands , pour
de leurs camarades : ce ne fut qu'à
grands coups de mourquets & de halle-
bardes
ï4<5 Livre Huitie'me;
^499. bardes qu'ils fe firent recoimoître ; tout
plia dabord devant eux : mais le corps
de l'armée ayant été obligé à caufe des
chemins creux & ferrés de fe féparer;
celui qui avoit pris la gauche fut pouf-
fé vivement & contraint de fe retirer
contre Arlesbei?}j. Le fécond corps'pour
foutenir le premier tira du même cô-
té & le joignit enfin. Toute l'armée a-
vança conjointement contre la Birs ^
où l'élite de l'armée du, Comte de
Furlliemberg étoit rangée en Bataille.
Le combat fut rude. Se le fuccès dif-
puté avec une égale valeur pendant
quatre heures. La Cavalerie Gueldrien-
lîe avoit palTéJa Birs , & étoit tombée
fur les flancs des Canféderés ; l'artille-
rie des ennemis étoit bien fervie 8c
les incommodoit beaucoup. Ce qui
décida enfin la vidoire fut le fecours
de Lucerne & de Zug , qui s'avança
précipitamment depuis Arlesheim au
nombre de 1200 hommes fous les or-
dres de Pc-îmnafi Feer Chevalier &
de
Livre Hu itie'me. 141
de Wernher Steiner. Leur jondion re- ^^9%
nouvella le courage des Suiffes. Les
ennemis perdirent du terrain , & en
voulant fe replier fur le pont de la Birs
leur retraite dégénéra bien-tôt en fuite
ouverte. La nuit qui étoit devenue
fort noire empêcha les Suiffes de les
fuivre ; ils entrèrent dans le camp en-
nemi & y pafférent îa nuit. Cette mé-
morable journée fut le 22 de Juillet
jour de la fête de Marie-Magdelaine ;
elle coûta aux Suiffes 300 hommes : la
perte des Allemands fut de 3000 , au
nombre defquels fe trouva le Comte ds
Furfiemherg & plufieurs Seigneurs de
confidération. Le lendemain les trou-
pes d'Uri , d'Underwalden , de Fri-
bourg & de Schweitz joignirent l'ar-
mée vidorieufe (a) ; qui après avoir
i demeuré trois jours fur le champ de
bataille , s'avança contre Baie , & com-
me
i^)Anihdm.f, ^^^.feq.Eirkenjp. 112,0.
142 Livre Huitie'me.
î499. me il ne paroiflbit plus d'ennemis en
campagne , elle fe fépara. On repro-
cha alors aux Suiffes avec raifon ce
qu'on avoit dit autrefois d'Annibal :
qu'ils favoient vaincre , mais qu'ils ne
favoient pas profiter de la vidoire.
Négocia- ^^^ différens fuccès t que les Can-
tionspour tons & les Grifons leurs Alliés venoient
la paix, de remporter, fii-ent naître à Maxi-
ivïiLiEN des idées de paix. Le Duc de
Milan Se la France s'y intereffoient éga-
lement dans des vues différentes : cha-
cun d'eux efpéroit d'attirer les Suiffes
dans fon parti pour s'en fervir en Ita-
lie , & le Duc de Milan fe flattoit en-
core que l'Empereur débaraffé de cet-
te guerre pourroit lui fournir des fe-
cours contre Louis XII , qui lui dif-
putoit le Milanois. Jean GaleazFif-^
conti avoit déjà fait à Berne le 19 de
Juin des propofitions à ce fujet : on
avoit fixé une journée à Lucerne au
10 de Juillet, à laquelle l'Archevêque
de Sens s'étoit trouvé de la part de la
France.
Livre Huitte'me. 145
4'ance. Les Suiffes témoignèrent aux H99*
leux Ambaffadeurs leur reconnoilTan-
:e , de ce qu'ils vouloient bien fervir
le Médiateurs. Ils avoient plus de con-
iance cependant aux bonnes inten-
ions du Duc de Milan , qu'à celles de
Louis XII, qu'ils croyoient plus in-
lerefle à voir prolonger la guerre pour
)Ccuper l'Empereur dans ces con-
rées. (a). Ce fut la raifon qui les dé-
ermina , lorfque Fifconti leur produi-
lit les pleins pouvoirs de l'Empereur
: e lui en donner de pareils & de le re-
i onnoître pour Médiateur dans la Diet-
e qui fe tint à Schafhaufcn le 4 d'Août.
.'Ambafladeur de Milan demanda que
=s Suiffes produififfent leurs préten-
iions par écrit : elles confîftoient en
iilufieurs articles. Le premier; que tous
jss Cantons avec leurs Sujets , Confe-
ilerés & Alliés fuffent maintenus dans
l'exercice
(a) Ambelnuf. 386".
144 Livre "H u i t i e'm e.
^499- l'exercice de leur Souveraineté & in
dépendance fans être a l'avenir inquie
tés ni recherchés par la Chambre Im
périale, ni par aucun Membre de l'Em
pire pour aucune redevance. Taxe oi
Subvention. Le fécond, que la A^ill
de Conilance renonçât à la Ligue d
Suabe. Le troifiéme , que les conque
tes , que les Suiffes au r oient faites dan
cette guerre, leur fuffent cédées à pet
pétuité ; Se enfin que leurs Vaffaux t
Sujets fuffent dédommagés des perte
& dommages qu'ils avoient foufferl
dans le cours de cette guerre. (^). ]
ne parut perfonne de la part de l'Empe
reur & de la Ligue pour répondre
ces articles. Ce fut le Gouvernetir c
Chartres^ un des Ambaffadeurs du Rc
de France , qui produifit un écrit qu';
difoit lui avoir été remis par un Cou
rier , & qui portoit : que toutes le
conquête
(a) ûnshebu f. 410.
Livre Huit îe'm s. ï4<
conquêtes , qui auroient été faites t4$9*
de part & d'autre feroient reftituées ;
que les Suiiïes renouvelleroient leurs
ades d'obéiflTance envers l'Empire ;
fous la réferve cependant de leurs Al-
liances, auxquelles leur lien avec l'Em-
pire ne pourroit point porter de pré-
judice ; que les Grifons comme au-
teurs de cette guerre en feroient châ-
tiés par connoiffance des Membres de
l'Empire. (a\ Ces propositions irritè-
rent extrêmement les Suifles ; ils for-
nérent, avant de feféparer, le plan
l'une nouvelle campagne. Cependant
Tollicités de nouveau d'indiquer une
autre Diette pour reprendre la né-
gociation de la paix, ils la convoquè-
rent à Bâle au a ^d'Août. Le Marg^
grave Cajlmir de Brandebourg , Jean de
Thalhourg Evêqiie de fVorms , le Comte
Philippe de Najfau^ Paul ds Liechten^
IL Part. K fiein ;
(a) Ansheîm. /41a.
ï499« î4<^ Livre Huitie'ms;
fiein^Jean d'Ahshei'g , Jean de Thimgenl
& Ciprien Sermtîner Chancelier de
l'Empereur s'y rencontrèrent de la part '
de ce Prince & de la Ligue. VArche^
^êqm as Sens avec les Députés de pref-
que tous les Cantons & des Villes &
Païs Alliés 5 comme Rothweil , Schaf-
haufen , St. Gai , Apenzeil , le Valais
Se les Grifons y parurent auffi. (a).
Faul de Lischtenjleîn parla avec beau-
coup de hauteur : il déclara que l'Em-
pereur & la Ligue ne confentoient à
traiter de la paix , que fous la condi-
tion 5 que les Suiffes accepteroient lei
articles , qui leur avoient été propo
fés par le Gouverneur de Chartres.
Loiiis Amman Chancelier de Zurich ré
pondit au Difcours de Liechtenfteii
au nom des Cantons , & refufa d'en
trer en négociation fur ce pied ; & le
Conférences alloient le rompre , lorj
qu
(d) Anshehmf. 414. fcq^
Livre H u i t i e' m e. 147
que Fifconti s'entremit de nouveau. Il 1499*
demanda par écrit , les articles , que
les Suifles prétendoient , afin qu'il les
pût communiquer à TEmpereur : il
ofrit encore de leur payer 20000 florins
pour le criminel de la Thtirgovie, dont
ils s'étoient faifis ; 9^00 florins pour
leurs prétentions fur plufieurs lieux de
la Suabe; d'entrer en alliance avec eux,
& de leur payer une penfion égale à
celle qu'ils tiroient de la France. Les
Miniftres de France traverfoient cette
négociation de tout leur pouvoir; les
I Cantons même entr'eux n'étoient point
i d'accord : la plupart étoient las de la
guerre. Leurs Députés réunirent enfin
leurs fiifFrages à ne demander que le
criminel de la Thurgovie ; que le dif-
férend des Grifons avec le Tirol fût
terminé par des voyes amiables ; & ils
fe défiftérent de tous les autres arti-
cles. ( « ). L'Empereur y donna les
K ij mains,
(a) Ansbelm, ik &feq.
148 Livre Huitie'me;
H99« mains , Se la paix fut fignée à Bâle fous
£fi %nés^ ^^^ conditions le 2Z Septembre. Les
À Baie, fept Cantons reçurent Berne dans la
Co-Règence du Criminel de la Thur-
govie.
Six Batailles gagnées , & 20000 en-
nemis tués ne valurent aux Cantons
qu'une Judicature dans une Province,
donc ils avoient déjà la Souveraineté* 1
Des Voifins, dans des vues particulières
avoient fomenté cette guerre & promis
un fecours qui ne fut jamais fourni., 1
Les Cantons reconnurent trop tard , I
qu'une Conftitution telle que la leur
les rendoit invincibles lorfqu'ils com-»
battoient pour leur liberté : mais qu'el-
le ne convenoit nullement h des entre-
prifes au dehors. Cette maxime eftdu
depuis profondément gravée dans leurs
cœurs.
La guerre de Suabe eft la dernière
que les Suiffes ayant foutenus contre
l'Etranger. L'expédition de Bellinzone^
de laquelle nous allons parler , & le
fiége
Livre Huitie'me. 149
fiége de Dijon n'eurent point de fuites ; I499i
mais l'avidité des particuliers , que les
I Princes nos voifins ont attiré fucceffi-
! venient dans leurs intérêts , & qu'ils
' ont toujours fçu fî habilement mettre
à profit, joint au goût de la nation pour
la guerre, a fait couler desruiffeaux
I de fang dans toute l'Europe où il ne
s'eft prefque point fait de guerre fans
que leurs troupes y ayent eu part
Je n'entre point dans ces détails : mon
plan n'étant que de-faire connoître , de
quelle manière s'eft formée l'alTociatioti
du Corps Helvétique , & de raporter
ce qui la concerne directement.
Fin du Huitième Livre.
HISTOIRE
HISTOIRE
DELA
CONFEDERATION
HELVETIQUE.
IfOQ.
LIVRE NEUVIE'ME.
E S intrigues du Bail if de
Dijon & de Viiconti, pour
attirer les Suiffes dans les
différentes armées de leurs
Maîtres dans le Milanois , remplirent
l'intérieur de la Suiffe de mille troubles.
Les trois Cantons Uri , Schweitz Se
L/ndervaidm
Livre Neuvi'e'me» ï^ï
Undervvalden profitèrent de cette oc- i f oa
cafion pour acquérir la Comté de Bellin- Urr ^
zone, dont les Habitans , pour éviter -^^^^^^^^^
/ F^ Un-
la domination Françoife , fe jetterent j^j.^.^jj^;^
entre leurs bras, (^)» Louis XIU après aquiérent
avoir fait la conquête du Duché de Mi- BellinzQ'-^
îan, demanda la reftitution deBellinzo-
ne. Cette démarche fit perdre à ce
Prince de fon crédit : Maximîlîen Umom
fçut en profiter ; il propofa le renou- héredîtaî'-
vellement de i'Union héréditaire : Z/i- ^^^^^o^-
veilce pfïï*'
rich^ Berne, Uri & Undervv-alden y don- aii^lques
nérent les mains. Le Traité eft à Pin- Can^^oi^f.
ftar de celui de 1474. La Paix de Bâle
de Tannée précédente y fut confi.rmée.
La France fe plaignit ouvertement de
cette démarche ; ce qui empêcha le ref«
te des Cantons d'y accéder, {h).
Le Corps Helvétique agrégea Pan- î^ot,
née fuivante les deux Villes Impériales Bàle ^
de ^'W
haujen
{2^ Anshehn. T, 3./ îg„ dayis la
(b) Id. îb.f. ^9.fiq. Conféde^
i^z Livre Neuvie'me.
f foi. de Bâle & de Schafhaufen à fa Conféde»
ration. La Paix de Bâle avoit bien mis
fin à la guerre de Suabe : mais toute la
Noblefle de ces contrées paroiffoit dif-
pofée à profiter de la première occafion
pour fe vanger des Suiffes & de leurs af |j
dhérans: & quoiqueBâle eût obfervéune i
neutralité exade, cette Ville fe vit cepen-
dant continuellement expofée à leurs
înfultes. Une partie de cette Nobleiïe »
qui avoit eu , dans les tems paffés , la
principale autorité dans laVille, tels que
ItsKichenfiebiyMunch, Eptingen, ZeRhein,
RiTtmJlein , Roth , Rotberg , Flachslatid ,
Andlatt & d'autres, avoient des fujets de
niécontentemens particuliers pour a-»
voir perdu de leurs prérogatives. Bâle
demanda à être reçu au nombre des
Cantons , ce qui lui fut accordé à Lu-
cerne le 9 Juin. Les Suiffes ne firent
d'autre réferve dans ce Traité , finon
que Bâle ne pourroit point entrepren-,
dre de guerre ni contrader d'Allian-
ce fans leur confeutement. On lui
affignà
Livre Neuvie'me; i^'J
aflîgna le neuvième rang. («). Les Eve- i yor,
ques y avoient ci-devant des droitures
confidérables , qu'ils ont aliénées dans
divers tenis. Toutes leurs difficultés
furent terminées par un traité définitif
en 158V.
Scbafhaufen fuivit l'exemple de Bâle ;
cette Ville fut reçue dans la Confédé-
ration le 10 d'Août , & forma le dou-
zième Canton.
La Ville de Conjïance défiroit pareil- je^^'
lement d'être reçue au nombre des
Cantons. L'Empereur y confentoit à
condition, qu'on cédât à cette Ville
la partie de la Thurgovie , qui eft à
l'Orient de la Thur ; mais les Suiffes
refuférent de démembrer cette Pro-
vince, (b).
Les trois Cantons Uri , Schweitz Mouve-
& Underwalden avoient fort à cœur ^^^^^^^ ^
j caufi de
' '"■ ■' ■ .jj "^ ne,
(a) Anshelm, f. 86",
(b) Idemf, lOi,
îf4 Livre Neuvîe'me.
1(02. deconferver Bellinzone, Se menaçoienti
de rompre avec la France , fi elle per-
fiftoit à vouloir leur difputer cette con-
quête. Les Cantons neutres , pour pré.
venir une nouvelle guerre, envoyèrent
des Ambafiadeurs à Paris au mois de
Septembre. Le Roi ofrit de faire jugée
ce différent par des Arbitres. Le Dé-i
■puté d'Uri dans une Diette tenue à Lu-
cerne le 7 d'Odobre rejetta avec beau-
coup de hauteur toute voye amiable
Les trois Cantons envoyèrent des Dé
pûtes de Cantons en Cantons pour fol
îiciter leurs fecours ; on leur répondi
par tout également : qu'on obferveroil
fidellement les Alliances à leur égard
mais qu'on les conjuroit de ne pas f
refufer à une entrevue amiable avec le
Ambaffadeurs du Roi. Ils acceptéren
cette Conférence , qui fe tint à Lucer
ne au mois de Décembre. L'Archevê
que de Srns & l'Evéque de Rennes ]
parurent de la part du Roi. Ils expofé-
rent que Bellinzone avoit étéincorpo-
Livre Neuvih'ms. içf
*ée par TEmpereur Wenceslas en 1 39(3 î 5*^^^=
m Duché de Miian ; qu'en 1426. les
Z)antons d'Uri & Underwalden avoient
reçu loooi florins pour toutes leurs
Drétentions fur ladite Comté , quoi-
iju'il fut démontré clairement alors que
le Comte de Mafox , qui leur avoit re-
mis fes droits , en avoit été débouté
précédemment par une Sentence Arbi-
:rale de Zurich ; qu'en 1480 le Duc
Je Milan s'étoit racheté de nouveau
de leurs prétentions en payant aux
Suiffes 2^000 florins & 200 ducats ;
qu'en renouvellant le Capitulât avec le
Roi le 24 Odobre 1499 leurs Députés
les Laiidamans André de Beroldnigen &
IVahher in der Gajfen avoient déclaré en
leur nom ; qu'ils fe contentoient des
Places qu'ils avoient prifes à Louis le
More ; quiis remettoient la déciiion
de ce différend à l'Arbitrage des Can-
tons neutres', ou que les crois Can-
tons dévoient renoncer à l'Alliance a-
vec la France.
Les
If 6^ Livre Neuvie'ms.
Sf J02. Les Députés des trois Cantons ré-
pondirent : que le Roi pour lors Ducjï
d'Orléans leur avoit promis , que s'ils
vouloient lui donner des troupes pour
faire la conquête du Milanois , il leur
abandonneroit Beilinzone, Lauis ^
Lucarne; qu'ils croyoient avoir ren-j
du à S. M. des Services affez impor-j
tans pour mériter de conferver une|
Province , qui s'étoit jettée volontaire-
ment entre leurs bras , & qu'ils étoient
réfolus d'avoir recours à Dieu & à leurs
Hallebardes , c'eft l'expreffion dont ils
fe fervirent , fi S. M. ne vouloit pas
la leur abandonner volontairement. 00.
tf03. Les Cantons neutres indiquèrent
une féconde Diette au 21 Février à
Lucerne , pour conférer des moyens
de prévenir une rupture entre la Fran-
ce & les trois Cantons : mais tous les
expédiens propofés furent refufés par
• les
(a) Anshelm, / loS.feq,
L IVRE Ne u vie' Ml. 1^7
es derniers. Ils prirent les armes & de- j ^^j;
nandérent au refte des Cantons les fe-
:ours ftipulés par les Alliances ; Zurich
?2: Berne fournirent chacun i^oo hom-
nés , Lucerne & Zug 50^ > Claris &
îâle^oo , Fribourg 500, Soleure40o,
;chafhaufen2So, les Grifons 3000, ce
juiformoit une armée de paffé 14000
lommes. Les Suifles déclarèrent la
ruerre à la France en Pavertiflant ,
qu'ils avoient donné à leurs foldats la
;roix blanche félon leur ancien ufage;
;'étoit auffi la marque des François : le
îeigneur de Chaumont , qui comman-
loit les troupes du Roi, leur donna la
leur de Lis pour marque. L'armée
iuifle s'empara en peu de jours detou-
es les Places du Lac major» Les trois
Cantons foUicitérent Berne de faire une
nvafion dans la Bourgogne; mais cette
lépublique le refufa , ce qui caufa un
^rand mécontentement dans ces Can-
;ons. Ça). Le
(a) Anshelnuf, i/\.z, fe^.
158 Livre N e u v i e' m e.
J503. Le Roi far ces. nouvelles envoyai?/.
chard le Moine en Suiffe avec pouvoii
de terminer ce différend. La paix full
faite le 10 d'Avril par Tentremife de;
Cantons neutres. Le Roi céda auxtroij-
Cantons à perpétuité Beliinzone, Son ^
Meâallia , & peu de tems après le Ca
pitulat du Milanois fut renouvelle ei
faveur du Roi comme Duc de Milai
par tous les Cantons. (^). Les Auteur
contemporains blâment les Suifles d
n'avoir pas pouffé leurs conquêtes plu '
loin , & ajoutent , qu'il leur auroitét 'i
facile de s'emparer de tout le Duchi'
de Milan, qui fuportoit impatienien'
la domination Françoife : mais tous lel
Cantons neutres étoient entrés malgr'
eux dans ce différend , & profitéren
avec empreffement des difpofitions d»
la France pour la paix.
Corrup- Les mêmes Auteurs, & particulière-
?on ei yy^Q^y^ Falerhis Anshelm, nous reprefenten
avei
(a) Ansheîmf. 14^. /è^.
Livre N e u v i e' m i. î f f
vec des couleurs fort vives les défor- 1^03-
Ires , que la licence des guerres avoit
ntroduits en SuiOTe, La noble finipli-
;ité de nos ancêtres, qui les rendoit
iches dans la plus grande médiocrité ,
voit fait place à un luxe pernicieux,
.a néceffité d'y fatisfaire rendoit tout -
iioyen pour acquérir de l'argent per-
ais. Nos voifins en répandoientà plei-
le main. Les ordres des Souverains
>our retenir leurs peuples dans le de-
oir, quelque févérement qu'ils fuffent
xecutés , ne tenoient plus contre Pap-
)as des richeffes. Les Suiffes ont per-
lu 30000 de leurs Sujets dans ces
Tuerres du Milanois : mais un mal plus
rréparable encore fut la défunion en-
|:re les Cantons , que les Miniftres
jîtrangers ont fçu habilement y entre-
tenir pour fe ménager plus de crédit.
Cela fit varier la Nation dans fes en-
igagemens , & donna atteinte à une
réputation , que leur conduite dans
les fiécles précédens avoit rendue irré-
prochable. La
t6o Livre Neuvte'me.
î^oy. La conduite 5 que la Nation tint en-
Le fe- vers l'Empereur peu d'années après ,
cours pro- fQ^j-j^jt; y^e fQ^^e preuve de ce que je
mis àMa- ^ tTt . .1. ri....
ximilien ^^^^^^ d'avancer. iMaxmiiiien iollicitoit
eji tra- une levée de Suiffes pour l'accompa-
veyfé par ^^^^^ ^^^^ Çq^ voyage de Rome. Neuf
Cantons, favoir Zurich , Berne , Uri,
Schweitz, Underwalden, Baie , Fri-
bourg, Soleure & Schafhaufen, lui
accordèrent ô'ooo hommes. L'Evêque
de Riez & le Sieur de Roquehenin Am*
bafladeurs du Roi de France traverfé-
rent cette affaire , & trouvèrent moyen
par des libéralités exceflîves d'attacher
les Chefs de ces Républiques a leurs
intérêts , & de faire ajouter au Traité
avec l'Empereur la claufe; que les
troupes qu'ils avoient accordées ne
pourroient point être employées con-
tre le Roi de France. Cette condition
empêcha Maximilien de fe fervir de
la levée , qu'on lui avoit accordée ; les
vues de ce Prince étant moins de cher-
cher fon Couronnemerit à Rome , que
de s'emparer du Milanois. Les
Livre NeuvIe'me. îêi
Les particularités des profufions des li'ô?
liniftres François méritent d'être ra- Profu»
ortées; elles ne caraftérifent pas moins -^^^ ^.^^^^^
; génie de ces Seigneurs que la dé- j^yançois.
ravation des mœurs de la Nation.
l.oquebertin dans Tes voyages jettoit
e l'argent au peuple, qui s'attrou-
oit autour de lui ; il tenoit à Zurich
: h Baden un train de Prince , traitoit
refque journellement toute la Ville ;
ayoit à Baden la dépenfe de toutes
•s perfonnes, qui vouloient l'accepter.
'Evêque de Riez, pendant fon féjour à
erne& à Lucerne, traitoit indifférem-
ent tout le monde jufqu'au plus bas
niple: on raporte , que le nombre en
loit fôuvent à mille perfonnes ; il fai-
it des préfens confidérables aux fem-
les , qui tenoient quelque rang; ca^
•(Toit les hommes, en leur repréfen-
nt l'avantage , qu'ils pouvoient pro-
irer à leur Patrie , en recevant l'ar- '
mt d'un grand Roi leur Ami & leur
Uié ; que les richeffes, dont il vou-
//. Pm. L loit
j62 Livre N e u v i e' m e.
if 07. loit les combler , les mettroient de ni-
veau avec les peuples les plus heureux
de PEurope ; qu'il avoit à Lucerne
200000 Ecus , qu'il vouloit répandre
parmi eux. Les Magiftrats de Berne,
pour Faire cefler le défordre , que ces
profufions occafiomipient, furent cbli«
gés de prier Monfieur TEvêque défi-
nir fes largeffes : plufîeurs Sénateurs
furent fufpedés d'avoir reçu des pré-
fens ; ce qui remplit la Ville de défiait-
ce. 0?). Les penfions , que la France
répand aujourd'hui , produifent le mê-
me effet, & ont fait dans tous les tems
autant de tort à ceux qui les donnent
qu'à ceux qui les reçoivent. C'eft er
cherchant le vrai bien de/la Natiori II
que les Miniftres Etrangers fe forme
ront un parti fur en Suiffe.
15^09. L'année 1^09. fe paifa en négocia
Les Cari' tions -comme les précédentes. Jules 11
tmn re^ Pennemi implacable de la France , fi
parles propofe
tes. (a) Fakr. Anshiliii. f. aj 5. fe^.
LîvRÊ Neuvie'mf. 1^5
propofer une Alliance aux Suiffes par ifo^.
Alexandre de Gahehneftis fon grand Ca-
merier ; il demandoit une levée de
troupes pour la défenfe du St. Siège.
L'Empereur, la France & la Républi-
que de Venife demandèrent aufli des
troupes : les Cantons les refuférent é^
gaiement ; cependant le concours de
leurs peuples dans les Services de ces
différents Princes fut toujours le mê-
me, malgré la vigilance des Souverains;
les Agens de la France en attiroient le
plus grand nombre dans leur partis
cela augmenta rindifpofition des Can-
tons contre cette Couronne, (a),
L'Evêque de Sion, Mathieu Schiner^ Ifio.
trouva plus de facilité ; chargé du Pape Miancs
de renouveller les propofitions d'une ^p^^ ^
Alliance avec le St. Siège , elle fut ac-
ceptée le 14 de Mars. Les Suiiïes ac-
cordèrent une levée de 6000 hommes
L ij au
(a) Anshdnh /. i03./f^.
ï^4 L ï V il E N E Û V ï E'M É.
IfïO. au Souverain Pontife , pour être em-
ployés à la défenfe des Etats du Pape.
Gtikhardin ajoute , que les Suiffes a-
Yoient demandé une augmentation de
penlîon de 20000 livres à la France^
ee qui niontoit à loooo ducats : mais
que le Roi contre Pavis de la plupart ,
de fes Miniftres avoit refufé d'y donner)
les mains ; qu'il jS\xt porté par un et
prit d'œconomie , qui lui étoit natu-
rel 5 & parle fecours qu'il efpéroit ti-
rer des Valaifans & des Grifons. {a).
Au mois de Juillet fuivant, le Pape de- 1
manda ce fecours fous prétexte de faî-' I
re rentrer le Duc de Ferrare fous l'o-
béillance du vSt. Siège. La France fit II
inutilement des repréfentations à ce
Hijet, en déclarant, que les vues de |
Jules 11 étoient de fe fervir de ces
auxiliaires contreleMilanois;& qu'elle
fe verroit obligée de leur en défendre
l'entrée,
(a) Guichardin, 1. 9. c. i.
Livre Ne uvie'me. i^f
l'entrée par la force. Ces menaces ne i^ia
firent que hâter ieur marche : mais le Entris-
Sieur de Chmmiont avoit fi bien fait car- z?'#«<^^^^-»
der le paffage de Cème Se engagé le Duc o yn^^
de Savoye à leur refufer celui de la ^^,^.^'/^
jTal d'AoJie , qu'ils furent contraints de Milanok^
prendre leur route pcLV , Bellinzouâ, Ils
prirent le pont de Trefe , & pénétrè-
rent jufqu'à Farefe i ils y furent joints
par 4000 des leurs , & avancèrent en
corps vers Chatilloyi : les François les
harceloient continuellement dans cette
marche. Puis tournant vers Corne, ils
reprirent la route de Beliinzone par h
Vallée de Lungare , & de-là le chemim
de leurs maifons. Guichardin raporte ,
5ue ce fut la difette d'argent & la dif-
iîculté de paffer les rivières , qui les a-
ivoient engagés à cette retraite : mais
jnos Auteurs l'attribuent aux feercts
rellcrts de la France, {a). Quoiqu'il
L ij ^n
\ (a) f^akrms Jlmhelm, f, S 3^- M'
1^6 Livre Neuvie'me.
îfiî. . enfoit , on vit bien-tÔÊ les Saiffes re-
Occafîon prendre la même route, {b) Trois Cou-
guerre de ^^^^^ ^^ ^^^"^ ' Schweitz & Fribourg,
Milan, qui avoient porté quelques ordres aux
troupes, furent enlevés par le François
proche de Lauwis ; celui de Berne s'é-
toit échapé , & les deux autres avoient
été mis à mort. Schweitz réfolut de
venger cette infulte ; ce Canton de-
manda le fecours de tout le Corps Hel*
vetique , & malgré fa médiation &
les offres de la France de donner toute
la fatisfadion qu'on pouvoit préten-
dre, Schweitz prit les armes & avan-
ça avec fa bannière le 14 Novembre
jufqu'à Beliinzone ; les Fribourgeois
les y joignirent les premiers ; les au-
tres Cantons firent fuivre leur contin-
gent affez lentement dans refpérance
qu'on tr«>uveroit moyen de pacifier
cette
(^) Valerîus Anshelm, f. SH-fi^- ^^"'
chardin l, ^. c» 6.
Livre Netjvîe'me. 1^7
cettQ affaire: mais les deux Cantons , ijîi,
fans attendre leurs Alliés > avance'rent
contre la TreiJJe; Jean Heid deFribourg
Je fignaîa au paffage de cette rivière.
Ce fut proche de Farefe qu'ils furent
joints par le relie des Cantons & for-
mèrent une armée de paffé ïoooo hom-
mes. Giîjïm de Foix , qui commandoit
dans le Milanois ^ ne fe trouvant pas
afiez fort pour leur tenir tête ,. fe con-
tenta de les obferver dans leur marche
& de leur couper les vivres. De Farefe
tes Suifles vinrent à Galère, Mr. de Foix
fe mit dans Legymne, après quoi s'étant
préfenté devant Gakre , les SuilTes fe
mirent en bataille : mais le Général
François ayant fait mine d'accepter le
combat, ils rentrèrent dans la Ville »
& après avoir été joints par plufieurs
des leurs , ils avancèrent vers Etfjli r
La Garnifon leur évacua la place ; de
Eiifti ils marchèrent vers Milan & cam^
pérent à deux milles de cette Ville où:
la frayeur fut d'abord fort grande i
cependaî^
1^8 Livre Neuvie'me.
ïfii. cependant lors qu'on s'y attendoit le
moins ils rebroufférent vers Goyne Se re-
prirent de-là le chemin de leur païs. (a).
Caitfe de Qn n'a jamais bien fçu tous les mo-
^fe '^deT'" ^^^^ ^'^^"® retraite auffi précipitée. LeBa-
Stdjfês. rot^ Ulrich de Sax avoit été à Milan , &
par fon canal le Seigneur de Foix avoit
fait faire des offres confidérables aux
Suiffes , s'ils vouloient fe retirer ; c'eft
le langage que tient Anshelm. Giikhar'*
din avance , que ce fut de Sax qui fit
les propofitions ; mais que le Gouver-
neur de Milan refufa les fommes qu'il
avoit demandées. Anshelm ajoute , que
les troupes des trois Cantons Urî,
Schweitz &Underwalden s'étoient mi-
fes en marche pour fe retirer fans en
faire part au refte de leurs Alliés ; &
que ceux d'Uri avoient rendu toutes
fortes de mauvais offices aux Bernois à
leur paflage fur leurs terres , jufqu'ati
point
(a) Gukhardin L lo. c, 7. Anshehii^
Livre Neuvie'me. 169
point d'infulter publiquement Aîito'me 15'ir;
Bnigler, quiportoit leur bannière. («).
Les Falaifam avoient été confervés Trouhh
jufqu'alors dans l'union avec le Roi de ^^'^cecu
'France par le moyen de George auf der q^qj.^^
'Fine. L'Evêque de Sion chercha à le auf der
perdre ; il le noircit tellement à Berne Flue.
& à Fribourg , que la première de ces
Villes, dont il étoit Citoyen, le raya de
ifes Regiftres, & que s'étant rendu dans
la féconde pour fe juftifier, il y fut arrê-
té , mis en prifon , enfuite à la torture;
& alloit être condamné à mort , lors
que l'Advoyer François Arfent y Che-
valier attaché au parti de la France ,
jtrouva moyen de le faire échaper de
prifon; toute la fureur du peuple fe
tourna alors contre cet Advoyer , qui
fut décapité pubhquement. Auf der
Fine s'étoit fauve à Neufchatel ; les
Bernois demandèrent qu'il leur fut li*
vré
(a) Anshdm. f ^zi.
î7o Livre Neuvie'me;
îiU. vré, & après avoir examiné les diffé-
rends chefs d'accufation, que les Dépu-
tés du Vallais & de Fribourg avoienti
porté contre lui , il fut remis en liberté
par Sentence rendue le 27 de Mars. 00.
De retour chez-lui il forma de nouvel-
les pratiques & retint les Valaifans dans
PAllianceduRoi. (f).
"ffi^. Les SuiflTes d'un autre côté fe liérenl
LesSuiJjes jg ^\^^ ^^ plyg ^^^ç pEmpereur & k
TSntYCHt
en Italie ^^P^ * ^^^ ^^ ^^-^^^^ ^^ Janvier de cette
année les douzeCantons renouvellérenl
l'Union héréditaire avec Maximilien&
Charles fon petit-fils ; ils envoyèrent
des Ambafladeurs à la Diette Impéria-
le qui fe tenoit à Trêves ; & d'autres §
Venife, pour concerter avec l'Evéque
de
(a) Anshelm, f, 6^J.
(t) Le premier Traité d^ Alliance entre la
France ^ les Falaifans efl daté du l^ de
Mai 1 5^00 , fon contenu étoit prefque con-
forme à celui de P Alliance de Loùis XII
avec les Cantons. Zurlauben F^. p.ia5..
Livre Ne u V I e' M s. 171
de Sion , qui venoit d'être fait Cardi- i^iZi
nal , & cette République , les niefures
à prendre pour enlever le Milanois aux
François, (a). Le 6 de Mai ils fe mi-
rent en campagne avec un Corps de
^000 hommes d'élite , qui devoit être
à la foidedu Pape; & prirent leur route
Ipar les Criions & le païs de Trente.
I Cette Armée avoit pour Généraux
I Ulrich Baron de Sax , Jaques Stapfer d©
I Zurich & Jtan Heid de Fribourg ; elle
I s'avança depuis Trente à Vérone & fe
joignit aux Vénitiens à Viliefranche ; à
leur aproche les François abandonné- Ef s*cm^
rent toutes les places qu'ils occiipoient, P^^^^^ ^f^^
qui fe rendirent volontairement à la fain- ^^^^^^
te Ligue, qui étoit le nom que l'on don-
noit à cette Confédération. Au bruit de
ces fuccès le nombre des Sailfes s'accrut
beaucoup; ils s'emparèrent pour leur
compte de Locarne , & les Grifons de
la Faltcline & de Chiavenne, Q^„
Les
i^OAnshcM T,^.f. 6.
Qd) Guicbardin L iQ.c. 17.
172 Livre N e u y î e' m e.'
T?ï2. LesVaflaux & Officiers de la Fran^
es ya]~ ^^ furent traités en ennemis. Les dou-
Jctuxdela . rr/r j
France ^^ Cantons le mirent en polieihon de
maltrai-' la Cb;;^^^' de Neufchatel , qui apartenôit
^^^* à Louis d'Orléans du chef dejeanne de
Hochberg fa femme ; la République de
Soleure s'empara de la Comté de Thier^
fiein, par la feule raifon , que le Com-
te de ce nom étoit au Service du Roi :
mais ils la rendirent k fon maître peu de
tems après, (a). Elle fait aujourd'hui
partie de ce Canton en vertu du Traité
avec l'Evêque de Baie de i ^22. dans
lequel cette Comté fut cédée à Soleure
à perpétuité. Charles V, Empereur con-
firma ce Traité en if30. (^).
Mouve- Monfieur de la Palife, qui avoît fuc-
mens a- cédé à Gafton de Foixdans le Gouver-
fres la ^çn^ent du Milanois, ne fe trouvant
conquête , i /r ^
<Iu Mila- P^s ^^ ^^^^ ^^ ^^ défendre contre les
nois» Suifles .
(a) Anshelm. l c. f, 41.
(b) Hiifmr F* z. p. 102*
Livre Neuvie'mé. 175
uifles , prit le parti d'en fortir. Il s'é- ifi^r'
2va alors des difficultés entre les Alliés
!e la Ligue même ; Les Vénitiens pré-
endoient garder Breffe & Crème ;
Empereur y formoit auffi des préten-
ions , & vouloit dépouiller les Véni-
iens de tout ce qu'on lui «rvoit promis
lans la Ligue de Cambrai ; le Pape &
2S Suifles prétendoient qu'on refti-
uât ce Duché à Maximilien fils de
.oûls Sforze. (a). Le Cardinal de
iion follicita les troupes des Cantoas
e tourner leurs armes contre Venife.
.es différentes vues de ces Puiffances
2s engagèrent à de grands ménage-
nens pour les Cantons. LePape, l'Em-
')ereur,le Roi de France,FerdinsndRoî
l'Efpagne, Henri Roi d'Angleterre,
a République de Venife, les Ducs Ma-
dmilien de Milan & René de Lorraine
envoyèrent
(a) GuidmrJm l 11, c. 2.
174 Livre Neuvie'me.
f f 12. envoyèrent des iimbaffadeurs aux Diet-
tes des Suiffes à Baden au mois d'Août
& à Zadch & Lucerne au mois de
Septembre. (^). De toutes ces Puif-
fances le Pape étoit celui qui avoit le
plus de crédit en SuilTe ; il avoit don-
né aux Cantons les bannières de TE-
glife avec le glorieux Titre de Dé/en-
fcurs de PEglife, (h). Ce Pontife cepen-
dant ne put obtenir d'eux du fecours
contre le Duc de Ferrare ; ils crai-
gnoient , que s'il s'élevoit une nouvel-
le guerre en Italie , cela ne fit éclatei
les Diffentions qui règnoient entre le
Pape , TEmpereur & les Vénitiens ; &
pour d'autant mieux prévenir toute
rupture , ils envoyèrent um Ambafla-
. de folemnelle au Pape, qui palTa de
Rome à Venife ; le Sénat fit des plain-
tes fort améres contre ce Pontife &
l'Empereur ;
(a) Ansbehn ih.
(b} Giiïcharclhi ih.
Livre Neuvie'me. lyç
Empereur ; & la Médiation des Suiffes l fiS*
e put prévenir la Ligue qui fe fît peu
e tems après entre ces deux Puiflan-
es contre Venife.
Les Cantons tinrent ferme à ne re-
lettre le Duché de Milan qu'à fon
égitime Héritier, malgré les offres
vantageufes de l'Empereur. Ce Prince Traité
onfentit enfin au Traité qui fe fit à j^f"" J"*
|}aden; par lequel Maximilicn Sforze quelles*
)wmit aux Cantons outre 200000 du- Ballmges
;ats & une penfion ailuelle de 40000, ^'Italie ^
ie leur céder à perpétuité les ^^^^^ auxCalu^
klliages, Lauwis , Locarne & Valniag- /^w/.
^io. Les Suifles de leur côté s'enga-
gèrent à la garantie du Milanois. ia).
Ils nommèrent enfuite des AmbafTa- Le Dui
Jeurs pour inftaller le Duc de Milan ; f/^^^^
ils choifirent pour cette cérémonie ; de p^^ i^^ *
Zurich le Bourguemaître Felîx Schmid^ SuiJJis,'
& Henri PVinkler ; de Berne l'Advoyer
Jaques
(a) Amhelmf. 7^.
lys Livre N e u v i e' m ê.
ÎÏÎI2. Jaques de Watteville ,* de Zug l'Aman
Schvvartzmaurer ,* de Baie le Bourgue-j
maître Meltiugwn-; de Soleure PAd-i
voyer Bahenherg , & de Schafhaufen le
Bourguemaître Schal Ce fut au mois
de Décembre que cette AmbaOTade par-
tit pour Milan ; le Duc s'étoit rendu àj
Vérone , & de-là à Crémone , où l'E-
vêquedeGurck le vint joindre. Les
Ambaffadeurs SuiOTes arrivèrent feize
jours avant lui à Miîan ; il s'y rendit
enfin incos;nito & eut une entrevue
avec eux dans la Maifon du Cardinal ,
les Suifles ayant refufé d'aller à fa ren-
contre. Il leur témoigna » par un Dit
cours étudié, toute la reconnoiffance
dont il fe fentoit pénétré envers la Na-
tion pour les Services confidérables ,
qu'elle venoit de lui rendre , & promit
d'en conferver un fouvenir éternel. Le |
lendemain 31 Décembre, le Prince fit|
fon entrée publique , accompagné des
AmbaGTeurs Suiffes , du Cardinal, de
î'Evéque de Gurck , du Comte de la
Perufe
Livre N e uv i e' m e; 177
'erufe, du Cardinal de Julien, du ipg;
•rére du Duc de Mantouë, de Colofie
/iceroi de Naples , de Profper Co-
3ne, d'Ulrich Baron de Sax, Général des
Iuiires,& de nombre d'autres Seigneurs
le la première diftindion. L'Aman
Ichwartzmaurer lui remit les clefs de
ililan fous la porte de cette Capitale.
.e Vendredi fuivant dans une Confé-
ence avec le Duc , ce Prince ratifia le
'raité de Baden & la donation desBaî-
ages d'Italie , qui y avoit été ftipu-
îe ; il follicita les Ambafladeurs d'in-
erpofer leurs bons offices pour que
s Duchés de Parme & de Plaifance &
\ Valteline lui fuffent reftitués, & leur
bioigna fes inquiétudes à l'occafion
e l'Audiance que les Cantons avoient
ccordée aux AmbafTadeurs de Fran-
e. (a). Ce fut par la médiation des
//. Partie. M DucS
1
i (a) Guicharflinl, II. c. 6^ Lettre de
MonftetiY de "Watteville à fes Souverains
'ans Anshelmf. 78» i* c.
178 Livre Neuvie'me.
1^12. Ducs de Savoye & de Lorraine, &
Le Roi principalement par Tinterceflion de
JlfXT ^^^^^^ la Princeffe d'Orange, que les
/£' rero;^a- Anibaffadeurs de France Louis delà
lier avec Triniouille Vicomte de Thôuars &
iesSiiijns. pj.jj^ce de Talmont; Claude de Seyffel
Evêque de Marfeille , &lmbert de Vil-
leneuve, Préfidentde Bourgogne, ob-
tinrent des Sauf-conduits datés du 23
Décembre.
I S 1 3? Le Roi de France avoit fort à cœui
Réfte^ de fe reconcilier avec les Suiffes. Gui
xions de ^}j^y^i^ ji^ • ^^ q^e ce Monarque con
dhiâL'' :'3"oifroit que de- là dépendoit la vici
fiijet. :^ toire certaine, par la grande influen ^
^^ ce que la Nation avoit alors ; par li
35 crainte de leurs armes , & parce qu'i
jjfembloit, qu'ils euffent commenc
3;, à fe gouverner non plus comme fol
35 dats mercenaires , mais avec un foii
55 & une vigilance corne des Républi
35 cains bien ordonnés & des gens nour
„ ris dans l'adminiflration & le manie
j^rnent des affaires, fans permettre qu':
I
Livre Neuvie'me. 175
Je fit aucune levée, finoii fous leur 1^13,
jbon plaifîr & avis , à raifon de quoi
,,les Ambaffadeurs de tous les Princes
^Chrétiens fe trouvoient en Suiffe. Le
jPape & prefque tous les Potentats d'I-
jtalie leur payoient des penfions an-
^^nuelles, pour être reçus en leur Coa-
jféderation & pouvoir lever pour leur
^propre défenfe , quand befoin en fe-
,,roit , des foldats de cette nation : de
^quelles chofes eux ennorgueillis & fe
/ouvenant qu'avec leurs armes le Roî
^Charles VIII avoit premièrement trou-
,jblé l'heureux état d'Italie, & puis que
jjle Roi Louis fon Succefleur avoit ,
j^au moyen d'icelle conquête la Du-
Ijjché de Milan, recouvré Gènes , &
i„défait les Vénitiens , ils fe portoient à
IjjPendroit d'un chacun impérieufement
I55& infolemment, & toutefois le Roi
jjde France outre les perfuafions de plu-
l^fieurs particuliers de cette Nation &
^l'opinion qu'ils viendroient à fe fléchir
j^par de très grands offres de deniers ,
M ij a^efpéroit
l'gOt Livre Neuvie^me.
îf 13» î^efpéroit de les pouvoir gagner ; pour
55ce que ceux qui gouvernoient Milaa
j^ayant accordé avec les Àmbaffadeurs
3,des SuiiTes au nom de Maximilien
55Sforze , qu'il leur donneroit içoooo
33 ducats 5 auffi-tôt qu'il auroit reçu la
„po(reflîon de la Duché de Milan , &c.
33n'étoient pas en état de tenir leur pa-
^jrole, Doncque, fuivant la Conimiffion
s.du Roi, le Sieur delà Trimouille vint
33a Lucerne , auquel lieu la journée a-
33Voit été fignifiée pour l'oûir ; & com-
jjbien qu'on le reçut avec bon vifage ,
j^fi e(l-ce qu'il connut auffi-tôt qu'il
33ne feroit rien pour le regard de la
33Duché de Milan 3 parce que peu de
33Jours auparavant fix des Cantons a-
„voient ratifié & figné les Capitulations
33faites avec Maximilien Sforze. (a).
Coutil La mort du Pape Jules II changea,
miationde la face des affaires en Italie. Son Suc-
la guerre ceffeur
dsMilan,
idi) Gukhardm L 11. c, 8.
Ltvre Neuvîe'mf. igr
cefTeur Léon X renouvella l'Alliance îf 13*
avec les Cantons. Les Vénitiens firent
leur paix avec la France, & leur Am-
bafladeur Jean-Pierre Stella eut ordre
jde fortir de la Saiffe. (a). Le Roi de --
France envoya une armée nômbreufe
en Italie fous les ordres de la TrimowU
lif. MaxiaiiiienSforzeapeila les Suilles
|a fon fecours ; les Cantons lui permi-
rent la levée de 12000 hommes. Les
commencemens de la campagne tour-
nèrent à l'avantage des François. La
valeur que les Suiffes montrèrent à îa
\ Bat aille de Navarre ^ furpalTa , au dire Bat mile
jde Guichardin , toutes les chofes me- ^^^ ^0^
jmorables , que nous lifons des Grecs ^ ^^'
!&: des Romains. Cette victoire affura
leMilanois à Sforze. (^)
M iij Pen-
, (a) Anshelm f 10^. feq,
I ' (b) Guichardin donne de grimds éloges
itu Capitaine Motin, qiCil nomme Chef des
Suiffes, Il a été mal informé, jacob Matti
ou Mutri, natif de la "Vallée deLivinen^ wV-
\toit pas même Ojficier. Ce furent Conrad
Engelhart
î82 Livre Neuvie'me,
ffi 3. Pendant que la renommée des Suifles
Troubles s'étendoit de toute part au dehors , il
mns Pin^ s'élevoit dans l'intérieur des Cantons
^es Can^ ^^^ diffentions domeftiques , qui trou-
tons, bloient leur repos. LaTrimouille &
fes Collègues avoient trouvé moyen
pendant leur féjour en SuiOTe , d'enga-
ger grand nombre de particuliers â
faire des levées fecrettes en faveur de
la France, Les Zuricois furent les pre-
miers , qui découvrirent ces menées j
& qui en avertirent les autres Canton
dès le 21 de Mars. Les Cantons firen
publier les Ordonnances les plus févé
res contre de pareils enrollemens ; or
arrêta les coupables, & on en fît mou
rir plufieurs : Cependant les Peuple
com
Engelhart de Zurich, Benedid deWein
garten , Barthlomé May , ^ Jean Frit
ching de Berne & Nicolas Conrad Aà
voyer de Soleure qui comandérené les Suijfe ^
dans ce Combat,
^stti T. I. ^. 4PÎ. S? Ansheim L (U
Livre Neuvie'me. i83
commencèrent à fe mutiner. Les Su- 1^13.
jets du Canton de Lucerne prirent les
premiers les armes ; les paiTans des en-
virons de Eey-ne Paivirent leur exemple; Partlcu^
entrèrent armés en Ville ; pillèrent les Uéremmt^
maifons des Magiftrats qui leur étoient ^ Berne,
fufpefts > & prirent porte à la place du
marché. Jaques de PVattevilk ^ qui ve-
noit d^êtrefait Advoyer de la Républi-
que, calma cette révolte en déployant
la Bannière de la Ville àlaCreutzgaff ;
les païfans fe rapellérent les fermens ,
qui les attachoient à cette Bannière .
ceflerent tout dèfordre ^ & demandè-
rent la permiffion de s'y ranger ; elle
leur fut refufêe , comme à des gens ,
qui s'en étoient rendus indignes par
leur conduite : mais leur ayant flùt
donner parole par PAdvoyer Guillaume
de Diefhach vénérable par fon grand-
âge & fort chéri du peuple, & deux
autres Députés , que s'ils avoient des^
griefs à préfenter contre quelques Ma-
giltrats > on les prendroit eu délibéra-
tioîî
184 Livre Ne u vie' me.
IÎI3* tion , ils fortirent de la Ville fans cau^
fer d'autres défordres. (^).
Le même efprit de révolte fe comu^
niqua prefque dans tout le pais. On prit
cependant des informations exades
contre les Magiftrats accufés , & on
en dépofa plufîeurs , même fur les plus
• légers indices d'avoir reçu de l'argent.
Ceci fe pafla dans le courant du mois
de Juillet, & la rébellion fe calma.
Lucerney Soleure 8c Ziig fe virent pen-
dant le courant du mois d'Août dans
les mêmes embarras.
Invafton Ces circonftances déterminèrent fa-
m Bour- vilement les Souverains, des Cantons à
^ ^ ' fe prêter aux vues de l'Empereur , qui
les follicita de faire une invafion en
Bourgogne; ils donoient par ce moyen
de l'occupation à ce peuple mutin, &
fe vangeoient de la France , à qui ils
attribuoient la défunion , que fes Mi-
niftres
^0gm^mwm^^m^wmÊÊimmi'immmmmÊÊimmmmmmÊÊÊmÊamimÊmmmimmmmmmmmmfmmÊmmÊmim^
Qi) Anshelm» & Smtkr p, 497.
Livre Neu vie'me. igf
liftres avoient occafionnée par leurs ifi3.
)ratiques fecretÉes. Les Cantons ac-
:ordérent à l'Eiripereur une levée de
^000 Suiffes à fa folde. Jaques de Wat^
evilîe fut nommé Général de cette ar-
née (a) , & on lui donna , de Berne ,
)our Confeiller de Guerre Jean fPEr^
%ch , Gafparâ Weiler 6c Michel Ougs-
ourger. Ces troupes fe mirent en mar-
he le 18 d'x\oùt; elles' furent jointes
>roche de Gray par le Duc Ulrich de
Virtemherg^ qui commandoit les Im-
périaux; cette armée réunie montoit à
>afle 30D00 hommes, {h). Après avoir
)ris plufîeurs places de peu de confé-
juence , elle mit le fiége devant Z)/- Sié^e ds
on. Voici cornent Gaichardin décrit ce Dijon,
|ui fe paffa dans cette expédition , qui
le peut être juftifiée que par lesfâcheu-
ès circonftances , que nous avons ra-
' portées
(a) Gollut Chroij. de Bourg, f. ï002.
(b) Stmlerp, s 06,
i8<^ Livre Neuvie'me»
ÏÎ13. portées ci-deffus. 35Monfieurde laTru
jjtnouilie étoic à Dijon avec mille km-
5:>ces & ^000 hommes de pied, & poui
^jdoute que les Suiffes avoient de leun
53 Capitaines , qui commençoient déjs
55a traiter avec les François , ils prirenl
ajl'artillerie & fe mirent à battre la Vil
j^le ; de la défenfe de laquelle le Sieui
jjde la Trimouille doutant fort, eut re
jjCours aux derniers remèdes, & accor
„da foudainement avec eux fans atten
jjdre aucune comiffion du Roi ; que 1(
j^Roi feroît tenu de renoncer au droi
j^qu'il avoit fur le Duché de Milan , <S
3,delcur payer 6'oooooécus dans certaii
^^tems ; pour Pobfervance defquelle
35chofes il bailla quatre otages perfon
„nages honorables & de grande con
„dition , & les Suifles ne s'obligéren
55a autre chofe , que de s'en retourne
^.en leurs niaifons , enforte ;qu'ils n'e
5>toient tenus pour l'avenir d'être ami
.,du Roi de France; ains ils pou
^jvoient retourner pour envahir foi
Royaum
Livre Neuvie'me. 187
„Royaume quand ils voudroient. Les ifilj
«otages reçus ils partirent incontinent,
„& alleguoient pour exeufe d'avoir
^convenu fans TEmpereur : qu'ils n'a-
,5 voient reçu en tems du les deniers
jjqu'il leur avoit promis &c. Toutefois
jjle Roi fe fâcha très-fort d'une telle
jjChofei & fe plaignoit merveilleufe-»
^ment du Sieur de la Tritiiouille, pour
îjla fomme des deniers qu'il avoit pro-
„mis , & beaucoup plus parce qu'il l'a-
jjVoit obligé à la ceffion de fes droits ;
^jpour cette caufe encore , qu'il y eut
jjun très-grand danger, fî les Suifles in»
53dignés fuSent retournés de nouveau
„pour l'aflaillir. Se confioit néantmoins
jjCn ce que l'hiver approchoit « &; en la
jjdifficulté qu'il y avoit , qu'ils fe raf-
^jfeniblaflTent fitôt i & ayant encore ar'
arrêté d'encourfr plutôt toute fortune ,
55que de fe priver des droits de cette
jjDuché qu'il aimoit exceflivement , il
délibéra
188 Livre Néuvîe'jvîe.
t<;i3' sjlibera de ne point ratifier, (a).
Cette relation eft conforme dans tous
fes points à ce que nos Auteurs con-
temporàins en rapportent. Les Confeil
1ers de Guerre, que les Cantons te,
noient à rarniée , avoient reçu pleir
pouvoir de traiter de la paix ,pourvi
qu'elle fe fit aux conditions de confer-
ver le Milanois à la Maifon Sforze. (h).
Cela juftifie leur conduite d'être entré;
.en négociation avec la Trimouille. Leî
mêmes Auteurs ajoutent , qu'il courut
bien des bruits défavantageux contre
pîufieurs Officiers de la Nation ; qu'on;
avoit pris des informations contre eux
.auxDiettes, mais que l'affaire fut af-
foupie. (0- Un Auteur Moderne 00
Ca) Giiichctrdin, L 1 2. c. 2.
(b) Ansh^lm. / 191. &? Stettler p, 50^.
(c) Anshehnf. 201,
(d) Dunoâ Hijh de Bourgogne T. 3.
i^. 438.
Livre Neuvie'me. 139
voulu taxer Jaques de Watteville , tn IS^3«
'ant une conféquence du mariage de
js deux fils Rheinhart & Jaques avec
iine & Elifabeth filles de Philibert de
hauviray Seigneur de Chateauvilain
dç Colombier , mariages qui fe fi-
nt , à ce qu'il avance , peu de tems
iirès la levée du fiége de Dijon. Il
eft pas excufable d'hazarder de pa-
illes conjedures fans preuves. Mon-
îur Dunod, qui connoit fi bien la gé-
ialogie de la Province , ne devoit pas
norer que ces deux Dames avoient
1 fifére , qui ne mourut qu'après l'é-
)que dont nous parlons , & que ce
t cette mort , qui les rendit de fi ri-
les héritières. Monfieur de Colom-
er étoit d'ailleurs Citoyen de Berne;
iforte que ces mariages ne dévoient
îturellement pas donner lieu à des
nputations auffi odieufes. (a).
Guichardin
(a) Anshelm. /. 209.
ipo Livre Neuvte'me.
ïfi3-, Guîchardin paffe fous fîlence la fuper-
chérie de Monfieur de la Trimouille
relativement aux otages, qu'il avoil
promis aux SuiflTes. On étoit convenu
qu'il donneroit outre le Sieur de Me
ziére fon neveu, quatre des principau:
' Citoyens de Dijon y il leur fubftitu
quatre perfonnes de la plus baffe ex
tradion , auxquelles il avoit donné de
noms fuppofés. (^). Quelque fenfi
ble qu'il fût aux Suiffes d'avoir ainl
été joués par M. de la Trimouille , il
îie voulurent cependant pas entrer dan
des engagemens plus particuliers ave
l'Empereur , & fe contentèrent d'er
voyer 2000 hommes dans le Milanoi
pour occuper les Châteaux de Milai
& autres , que les François avoient te
nus jufqu'alors; & nommèrent le Bal
liî Fleckler deSchweitz & le Bourguc
maitre Falk de Fribourg, deuxhorr
nie
m' ' n ■ Il maw^ii — M «LU , — ^
(a) Anshehn. f, 200.
Livre Neuvie'me. 191
nés fort habiles dans le maniement des i S 1 3«
ifFaircs , pour réfider de leur part au-
)rès du Duc.
Vers la fin de cette année le Païs Appenzeit
I'Appenzell fut reçu dans la Confé- ^ ^^f"
leration, aux mêmes conditions que ^.^^^.^^^
^""ribourg , & forma le treizième Can- Canton.
|on. Cette République eft fituée à Tex-
! remité de la Suifle vers l'Orient , entre
eRheinthal, les Etats de F Abbé de
|!t Gall , le Toggenbourg & la Baron-
ne de Sax : elle tire fon nom d*Appen-
i:ell, quieft fon principal Bourg. Je
jî'ai rien à ajouter fur Pétat ancien de
|:e païs à ce que j'en ai raporté au citi-
Ijuiéme Livre de cette Hiftoire; finon
jque lorfqu'il paCTa fous la domination
des Abbés de St. Gall la haute jurtt
diftion appartenoit au Landgraviat de
la Turgovie , & ne fut cédée aux
Abbés de Saint Gall qu'en 1292. par
l'Empereur Adolphe, (a). Ces peuples,
I comme
I Wl " ■■■■' ■ "'■ ■ Il !■ Il
(a) fVaifir Chron. A^psnz, p. 47»
Î92 Livre Neuvîe'me*
^fï3- comme tous les Sujets de i'Eglife, ont|
joui de tout tems de privilèges confi- 1
dérables. Nous avons vu fous l'année i
Ï40Î, avec quelle valeur il fçurent s'y
maintenir : depuis 141 1 , que les fepti
Cantons les reçurent dans leur Com-i
bourgeoifie , ils ont pris part à toutes |
leurs guerres ; & les difFérens fervices, 1
qu'ils ont rendu à la Confédération,
leur ont enfin mérité une place parmi .
les Cantons. L'année 1^97 cepaïsfuti
féparé en deux Républiques difFéren- 1
tes , le Roden (t) extérieur profefle la ,
Religon Reformée ; le Rodm intérieur 1
la Catholique Romaine. Ils forment
deux Républiques entièrement indé-,
pendantes l'une de l'autre ; chacune
defqueiles envoyé fon Député parti-
culier
(t) Le mot Je Roden vient de PJIIe^
numd Rotten , cohortes ; par P'tifage qu'a*
voit chaque Communauté de ce pais de for-^
7}îer de chaque Commune particuliers auSim&
de CQmj}agnies féparées, Waller /. c,p^ -3.
LîVRÊ Neuyie'me. 193
ilier aux Diettes. De tous les Baillia- t<;i^l
2s communs , il n'y a que celui du
heinthal auquel ce Canton ait part.
L'année fuivante fe paffa en diverfes
égociations. Léon X , qui avoit fuc-
idé au Pape Jules II , fe forma un
ftênie différent de celui de fon pré-
écelFeur par rapport à l'Italie ; il craî-
iioit également tous les Princes , qui
jen difputoient l'empire. Ce qui cau-
»it le plus d'ombrage à ce Pontife ,
étoit le bruit qui couroit queFerdi-
mdpetit-fils de l'Empereur Maximi-
m devoit époufer la Princefle Renée
ile de Louis XII, & recevoir pour dot
; Duché de Milan. Louis étoit las de la
luerre & vouloit acheter la paix à tout
rix : Le Pape fe flatta, que s'il étoit
oITible de détacher de la Ligue quel-
ues-uns des ennemis du Roi, cePrin-
!;e perdroit de vue ce mariage ; il s'a-
jieflTaauxSuiflres, en leur faifant infi-
jiuer tout ce qu'ils avoient à craindre
u cas que l'Empereur, l'Efpagne &
Il Part. N la
T94 Livre Neuvie^me^
îfi4. la France vinflent à fe liguer contn
eux ; à quoi il ajouta , que s'ils vou
loient fe défifter de la ceffion du Mi
lanois , que la Trimouille avoit pro
mife , il engageroit le Roi à ratifier l
Traité de Dijon dans fes autres articles
D'uniautre côté , il fit repréfenter aii
Roi l'avantage qui lui reviendroit, d
fe rendre les Suiffes favorables ; qu
par-là tôt ou tard il parviendroit à fe
vues fur le Milanois : au lieu qu'il f
voyoit expofé à une nouvelle invafio
de leur part , qui Tobligeoît à garde
une noubreufe armée fur pied , qui (
toit à charge à fon Royaume, (a).
Le Roi goûta le confeil du Pape ;
fit propofer aux Cantons affemblés e
Diette à Zurich au mois d'Avril , pa
François âe Gimms Baron de Chatelat
les Sieurs de la Eaflîe & de Benvilar, un
Alliance perpétuelle ; à quoi il ajout
le
(a) Guichardin l 12, C. 3.
I
Livre Neuvie'me. 19?
es différentes conditions de leur payer IÎI4»
pooGO Ecus comptans , Se 800000 en
livers tems pour acquitter toutes les
^rétentions , que la Nation .pouvoit
ivoir ; d'entretenir a fon Service un
ll^orps de Suiffes , comme avoit fait
louis XI ; de n'entreprendre aucune
i^uerre contre le Pape , la Savoye & le
Vîilanois fans le confentement de laNa-
:ion , qui de fon côté ne s'engageroit
ju'à le rétablir dans fes droits fur Gè-
les & Aft. (a\
Les Cantons rejettérent ces propo-
itions , malgré les repréfentations de
a plus grande partie de leurs chefs ,
qui ne purent venir à bout d'appaifer
la haine que les peuples nourriffoient
contre la France à l'occafion de la fu-
percherie de Mr. de la Trimouille : la
Fuite de Monfieur de Mezîeres , qui
rompit dans ce même tems les arrêts,
N ij qu'on
(a) Guichard. ihid. Stettîsr T.l'jp.S^^'
19^ Livre Neuvie'me.'
Jf 14* qu'on lui avoit donné à Zurich , forti-
fia ces dirpofitions. Les Suiffes firent
, arrêter le Préfident de Grenoble a Ge-
nève & le traitèrent cruellement. («).
Réfoluë de rentrer en France avec
2000O hommes la Nation rechercha
Famitié du Roi d'Angleterre, & lui dé-
puta Maurice Huraus Se Jem Stolz. Ces
AmbafTadeurs furent très^bien reçus, &
le Roi Henri les fit accompagner à leur
retour par deux de fes Miniftres , qui
propoférent une Alliance défenfive en-
tre l'Angleterre & la Suifie : mais au
milieu de cette négociation le Roi
ayant été imformé , que le Roi d'Ef-
pagne venoit de conclure une trê-
ve avec la France , il fit pareillement
fa paix. Les Suiffes y furent compris ;
cependant avec la claufe , que quicon-
que défendroit l'Etat de Milan, Gènes
ou Aft contre le Roi de France en fe-
roit exclus. (^).
Le
(a) Gukharâin ibid,
(b) Sêsttkrj). 5 iz. Gukhardmc, f.
LiVKE NeUVIS'mH. 197
Le Pape , qui auroit fouhaité que 1^14^
es divers Potentats de TEurope fufTent
ilTez occupés chez eux pour perdre de
|më ritalie, mit en oeuvre de nouveaux
•efforts de politique pour fe maintenfr
luprès des différens partis ; il renou»
^ella l'Alliance avec les Suides, Se pro-
nit d'être attentifs \i la confervation
lu Milanois, fans vouloir permettre
:ependant que le Duc fût compris dans
'Alliance, (a).
Quoique le Corps de la Nation fut
:ontraire à la France , le Roi y avoit
;ependant un fort parti, qui écartoit ha-
)irement toutes les négociations , qui
ui pouvoient être préjudiciables : Teî-
e étoit l'Alliance particulière avecl'Em-
3ercur & PEfpagne. Il furvint niénie
juelque froideur envers le Duc de Mî»
an. Ce Prince fe plaignoit , que les
Suiffes qu'il tenoit à fa folde fe compor-
^oieuÊ
>'■ ■ ■ II, 'i -
198 Livre Neuvie'me.^
ïfi4, toient mal : Les Cantons prétendoîent
qu'on leur livrât le Château de Milan;
ils fe défioient du Duc , & il y eut des
fufFrages pour renoncer à ion Allian-
ce, (a).
i^i^. Louis XII fut enlevé par la mort le,
■^^f!^ i"". Janvier au milieu des grands pré-|
XII^^^ paratifs, qu'il faifoit pour entrer en j
Italie. François I. lui fucceda dans|
fon Royaume & dans fes vues. Il prit
avec le titre de Roi de France celui de.
Duc de Milan dès le 2 de Janvier. Il
notifia aux SuilTes fon avènement à la
François Couronne , & leur demanda leur ami-
Lrecher-ûé: Mais fon Meflager reçut pour
ehe Pami- ^q^^q réponfe ; que fon Prédéceffeur
tie des -j. r -.. r> • ^ T-v
Cantons, ^^ ^'^^^ ^^-^ ^^-^^ ^^^^ ^ Dijon ,
que fi Sa Majefté vouloit la ratifier.
Elle pourroit conter fur leur amitié ,
finon qu'ils ne pouvoient recevoir au-
cune propofition de fa part. Qb).
Le
(jà) Stettîerp. 519.
(b) Smtkrf, ')^l.
Livre Neuvie'me. 199
Le Roi ne fe rebuta point; il eni- iji?-
loya les Minières du Duc de Sa-
oye ; qui fe donnèrent de grands
tiouvemens pour ménager la paix :
nais comme les Suifles infiftoient toû-
ours également fur la ratification du
Traité de Dijon , on perdit les mois de
tfars , Avril & Mai en Conférences
nutiles. («).
On faîfoit cependant courir le bruit Aîlîancs
m France , que l'armement confidéra- ^^^^ ^^^^'
)le du Roi ne regardoit que les Suif- p^^ fj*^^
es. L'Empereur , le Roi d'Efpagne & reurJ'EJL
e Duc de Milan ne prirent pas le chdin- pagne^c^
^e. Ils traitèrent d'une Alliance avec ^^^^f^'^ ^^
les Cantons. Les 'Suiifes s'engagèrent
au cas que François L fit une irruption
en Italie , d'entrer avec 12000 honimes
dans le Dauphiné ; à condition qu'ils
tireroient un fubfide de 30000 ducats
par mois ; que l'Efpagne attaqueroit
la
(a) Suukr îbiiL
aoo Livre N e u v i e* m e.
I ç I y. la France par Per pignan ou Fontarabie;
que 11 malgré ces diverfions le Roî
pourfuivoit fon deffein contre l'Italie ,
lesSuiffes y fsroient paffer 12000 hom-
mes fous le même Subfide de 30000
ducats. («).
Ce Traité ne fut pas obfervé de la
part de l'Efpagne. „Il étoit deftiné »
jjComme s'exprime Guichardin , que la
^défenfe ou la perte du Duché de Mi-
jjlan fe feroit tant feulement avec le
jjdanger & aux dépens du Sang des
jjSuiffes. (^),
Les Can^ ^^^ ^'^™ ' ^^^^ '^^ Cantons reçu-^
tons char- rent , que les troupes du Roi fe raffem-
gés feuls bloient à Lion , ils firent défiler des
l ^^En' ^^^"P^^ ^^"^ ^^ Milanois , qui occupé-
vôyent ^^^^ ^^^ paffages du Mont Cenis & du
um ar- Mont Genêvre-, Le premier envoi ne fut
mse en d'abord que de 12000 hommes; il y
Italie. ^ ■
en
C?i) Stettler p. 52^.
(b^ Guichardin l, 10.
Livré Neuvie'ms. 201'
en pafla fucceffivement jufqu'à 40000. i i^iî»
Jean-Jaqiies Trivuîce s'ouvrit une au-
tre route entre les Alpes maritimes &
les Cocciennes par le Marquifat de Sa-
luées. Les Suifles avoient négligé de
garder ce pafiage, parce qu'on le
croyoit impraticable. Monfieur de la
Palice entra par Co7îi & furprit Filk"^
'franche. Les Suifles le retirèrent à iVb- ^
varre; chargés feuls de la guerre, fans
fecours ni d'hommes ni d'argent de la
part de leurs Alliés, divifés entr'eux
ils réiblurent de retourner dans leu^
païs. (tî). ]\Iais comme ils fortoient de
Novarre, l'argent , que le Pape leur en-
voyoit, arriva ; ce qui détermina les
troupes de Zurich, Bâle , Schafhau-
fen_, Appenzell , des Grifons & des
trois Cantons Uri, Schweitz & Under-
waîden de rentrer dans le Milanois &
de prendre le chemin de Galère, Celles
de
(a) Guichardin /. 11.
202 Livre N f. u v i e' m e.
îÇïf. de Berne, Fribourg, Soleure &Bien-
ne prirent la route d'Arom ; Se bien-
tôt après , lors qu'elles furent infor-
mées qu'il venoit d'arriver un nouveau
Gorps de leurs Compatriotes à Domo
/:rO//f//« elles le joignirent. Cette fépa-
ration , de l'armée des Suifles , fut oc-
caîîonnée par les négociations , que la
France entretenoit dans les Cantons.
Fraîiçois François I. traitoit continuellement
/. trmie jg i^ p^j^. \q^ Suifles excepté Schweitz j
^ W^j & Claris , lui avoient envoyé des Am-
Canions» baffadeurs le 28 d'Août, à Novarre, qui j
propoférent pour Préliminaires ; que '
le Roi feroit un établiflement convena-
ble au Duc de Milan; qu'il leur paye-
roit les fommes ftipulées par le Traité' |
de Dijon , & (^ooooo écus pour les
fraix de la guerre. Le Roi confentit à
tout, à condition que la Nation vou-
lut faire une Paix perpétuelle, & lui
reilituer les Etats qui avoient été dé-
nieïiibrés précédemment du Duché de
Milan , pour lefqueîs on leur offroiÈ
un
Livre Neuvie'me. 2,03
un équivalent de 300000 écus ; & pour 15 1 f -
régler toutes les conditions de ce Trai-
té, il leurafEgna une journée à Galère.
Dans ces entrefaites les Suifles qui
étoient à Galère folîicitoient vivement
leurs compatriotes de les joindre.
L'Advoyer Jaques de WattcvHk , qui
commandoit les Bernois , tâcha vaine-
ment , par les plus fages repréfentations
de les y porter , avec d'autant plus de
raifon, queyÉ'^;^ deDiefboich Capitaine
des Gardes du Viceroi de Naples leur
avoit indiqué une route fùre pour Va-
rèfe-: les autres Chefs prétextèrent les
ordres des Ambaffadeurs de la Nation ,
qui avoient écris , que la négociation
de la paix étoit fort avancée. Cepen-
dant la plupart des foldats fe débandè-
rent 5 & de 7000 Bernois , qui étoient
arrivés avec les Drapeaux à Donio
d'Offeila 5 il n'en reftoit pas au-delà de
mille, (a).
Les
Qi^SisUlerp. 541. /e^.
204 Livre N e u v i e' m e.
15" .If' Les négociations paroiiToient avan- ,
cer affez heureufement à Galère. Le !
Duc de Savoye , qui s'y étoit rendu \
de la part du Roi , confentit à toutes.
les conditions , que ks Suiffes de-
mandoient ; & offrit d© donner Id
Duc de Lorraine pour caution. Ce-
pendant lorfque les Ambaffadeurs Suif-
fes propofe'rent les Articles aux trou-
pes, qui étoient à /^er^e/, elles ne vou-
lurent pas accepter l'article d'une paix
perpétueile, & préferoient une Alliance
limitée à un certain nombre d'années.
Les Ambaffadeurs des Troupes de Zu-
rich , Berne, Lucerne, Underwalden,
Zug, Bâle f Fribourg, Soleure , Schaf-
haufen & Appenzell acceptèrent la paix
par un Traité conclu à Galère le 8 Sep-
tembre, & firent en même tems une
Alliance avec le Roi pour fa vie 8c dix
ans après fa mort ; dans laquelle le Ca-
pitulât de Milan fut renouvelle en fa-
veur
Livre Neu VIE' ME. sof
yeur de ce Monarque, (a), i^iî»
Sur ces nouvelles les troupes de Ber-
ne , Fribourg, Soleure, Sienne & du
Valais reprirent la route de la SuifTe.
Celles d'Uri , Schweitz & Claris refu-
fe'rent de ratifier le traité ; celles de
Zurich & de Zug étoient difpofées à
n'accepter; mais fe laiffërent enfin per-
fuader par le Cardinal de Sion de pren-
dre la route de Milan avecles premiers
Cantons, (h),
Trivulce abandonna Milan à Tapro- ,-^^!f2^^^^
che des SuifTes Se fe pofta à Marîgnany ........ "
pour empêcher leur jonction avec les
troupes du Pape. La fituation des SuifTes
étoit fînguliére: ils avoient une armée
formidable en préfence , avec laquelle
quelques Cantons venoient de conclu-
re la paix. Uri, Schweitz & Claris, n'a-
voient pas voulu y foufcrire, ®ar-
doient les autres SuifFes prefque autant
ea
(a) Stettler p. H7-
(b) I4£m]p. 54S.
ao6 Livre Neuvie'me;
J^ij. en ennerais que les François. Mare.
Rôyjl Bourguemaître de Zurich n'atten-
doit qu'un moment favorable pour f^
retirer avec fes troupes, (a). Il s'étoit
même aduellement mis en marche ;,
lorfque les Suiffes furent informés par
un Courier, que Rodolphe Rhan de
Zurich leur dépécha , que Padion éf
toit engagée ; & qu'on les prioit de ve-i
iiir au fecours de leurs compatriotes J
Arnold de Wjnkelried d'Underwalden, à
la perfuafio/i du Cardinal » s'étoit fait
fuivre par un nombre de volontaires
& avoit attaqué les François. Q?). Le
Camp du Roi étoit fortifié par un dou-
ble
Ca) Bullinger dans fa Chronique rapor
îs d'avoir oui dire fouvent à Diethelme 1
'Kb'S^ Bourguemaître de Zurich^ que fon
Tére Marc Rôy/î n^ avoit jamais envifa^ê
V union des SuiJJes avec le Duc de Alilan
pour avant ageitfe : ?^ que lors qu'on en a^
voit: pris la réfblution à la Diette , ott avoit
entendu de mauvais préfaces , qui ne s'^étoienP
que trop vérifiés du depuis,
(b) Steîtkrp. 5'45>.
Livre Neuvîe'me, 207
ble retranchement & muni d'une forte i fiçi
Artillerie. Sur le bruit , qu'une partie
des Suifles avoit commencé l'attaque ,
les Zuricois revinrent fur leurs pas; &
: tous les Suiffes , qui étoient à Milan ,
coururent prefque fans ordre aux en-
nemis , quoiqu'il fût déjà fort tard. Se
qu'il n'y eût plus deux heures de jour
â efpérer. Les Suiffes , qui pouvoient
être au nombre de 18000 honies, atta-
quèrent les retranchemens avec une fi
grande impétuoficé, qu'ils renverférent
deux lignes des ennemis & s'emparè-
rent d'une partie de l'Artillerie. Le Roi
à la tête de fa Cavallerie fe mit fur leur
paffage ; ce qui rendit le combat ter-
rible & fi opiniâtre , qu'il continua juf-
qu'à quatre heures de nuit. Enfin les
deux Armées manquant de force pour
combattre plus long-tems feféparérent
fans ordre des Généraux. Les François
fe retirèrent dan?; le fond de leur Camp,
& les Suiffes relièrent toute la nuit fur
le champ de bataille ^ fans qu'aucune
partie
208 Livre Neuvie'me.
Ifïf. partie pût s'attribuer la Vidoirc. Dè%\
que ie jour parut les SuiflTes recommen-
cèrent Fattaque ; ils trouvèrent plus'
de réiîftance que le jour précédent/
ITAlvîane , qui conduifoit le fecours'
des Vénitiens , joignit le Roi au mo-'
ment , que le combat étoit le plus ru-
de, & prit les Suifies à dos. Ce fecours
les fit défefpérer de la vidoîre; de forte
qu'ils firent fonner la retraite ; &char-
^geant fur leurs épaules l'artillerie, qu'ils
avoient menée avec eux , ils fe re-
tirèrent en bon ordre à Milan avec un
tel étonnement des François , dit Giii^.
charâini que de toute l'armée il n'y
eut pas un homme de pied , ni de che-
val 5 qui eut la hardiefle de les fuivre/
Trivulce ne pouvoit affez vanter la va-
leur , qiie les Suiffes avoient montrée
dans cette bataille, & difoit: qu'ils
avoient plutôt paru des Géans , que
des hommes, (a)* La perte des Suifles
fut
hii 1 . • " I j IIP— u— W
(a) Gîiiçhardin Li2.c,i3,
Livre N e uv i e' m e. 509
ut confîdérable : les relations les plus ïfif*'
lires la font monter wà ^000 hommes ,
)armi lefquels on comptoit iiooZu-
icois. Les Officiers de marque , qui
)erdirent la vie dans cette maiheureufe
ournée , furent Jaqms Meifs un des
^ollonels Zuricois, Jaques Efcher Che-
valier , Jaques Schvvend , Antoine Clau-
er, Jean & Nicolas Keîler tous de
Zurich ; Hugue de Haîlweil & Loiiis
^rifching de Berne ; les Landamans
'\?iintiner Se Imhofà'lJn; Nicolas WUrtz
i'Underwalden & Jean Bar de Bâle.
La perte des François doit avoir été
igale à celle des Suifles : mais les fui-
:es de leur vidoire leur furent des
dIus avantageufes ; tous les Suifles re-
prirent le chemin de leur païs , & le
Duché de Milan pafîa entièrement fous
l'obéiffance du Roi. (a).
Cependant François I. ne perdit
point de vue fa paix avec la Suiffes ,
(a) Stettler p. ')52.
//. Partie, O
^îo Livre Neuvie'mè.
î 5 ï f . & les avis des Cantons étoient toujours
également partagés à ce fujet. Les Can-
tons de Berne, Lucerne, Underwal-
dcn, Zug, Claris , Fribourg & So-
leure, firenc enfin un Traité à Zurich
for le pied de celui de Galère: Les cinq
autres Cantons perfiftérent dans leur
^fî^S". éloignement pour la France. Néant-
moins aucun des partis ne prit direde-
ment part à la guerre , qui fe renou-
vella Tannée fuivante dans le Milanois :
Mais le Roi s'étant enfin défilté de l'ar-
ticle qui regardoit les Balliages d'Ita-
lie, & ayant confenti de les abandon-
ner aux Cantons , ils firent tous con-
jointement le ^s de Novembre à FrU
raîxpY- ir^^^y^ un Traité de Paix perpétuelle
-pétiiellf' ,
ave ^ If '^^'^^ ^^ ^^^* ^^ Traite a fervi de ba-
France^ ze a toutes les Alliances , qui ont été
faites depuis avec la France , & porte
en fubftance : i°. Que toutes les ini-
mitiés feroient entièrement abolies &
éteintes. 2^ Que tous les prifonniers
feroient relâchés. 3^ Que les préten-
tions
LivïiE Ne u vie' ME. an
ons 5 que les particuliers pourroient 151^*
voir , dévoient être follicitées par voie
e droit. 4"^. Que Ton recevoit dans
; traité, les Alliés des Suiffes, qui font
ompris dans les limites de la Suifle.
\ Qiie les privilèges & franchifes, que
:s Marchands Suiffes avoient obtenues
)us les précédens Règnes feroient re^
onfirtnées. 6"". Que le Roi payeroit
13X Suiffes pour fraix de la guerre au
ijet du fiége de Dijon 400000 Ecus
j foleil & 300000 pour les fraix de
mrs Campagnes d'Italie. 7°. Qu'en cas
u'il furvint quelque différent entre
; Roi & les Cantons , ou entre les
ujets des deux Etats , aucune Partie
le procéderoit contre l'autre par entre-
»rife de guerre; mais que tels différens
roient amiablement . appointés ou
lécidés par voye de juftice. 8°. Qu'a-
in que toute bonne union , paix &
tmitié fût mieux obfervée, aucune Par-
ie ne donneroit retraite aux ennemis
ie l'autre en fes Terres , Païs <^ Sei-
O ij gneuries ,
21^ LivkE Neuvie'më.
îf ï^. gneuries; ni ne permettroit, que les Su^'j
jets fe laiGaiFent employer à envahir ou
endommager les Etats de l'autre ; mai»
auffi que lefdites Parties ne feroientl
pas obligées de s'entr'aider fans en être
requifes. 9\ Que les Sujets des Parties
pourroient paffer & repaffer librement
dans les Etats refpedifs fans aucun em-
pêchement ni nouvelle impofition de
péage. ïo^ Que lapenfion annuelle
pour chacun des XIII Cantons & le
païs deValais feroit réglée à 2000 francs
par an ; & celle des Grifons fur le
pied , qu'elle leur avoit été accordée
par Louis XII à 2000 francs par an à
partager entre leurs Alliés , à favoir en-
tre PAbbé de St. Gall , le Comte de
Toggenbourg, & les Villes de St. Gall,
& de Mûlhaufen. 1 1\ Que les Privilè-
ges & Libertés de ceux de Beîllnzone,
Lugan, Locarne, Mendris & Valmagia,
qu'ils avoient obtenus précédemment
des Ducs de Milan leur feroient con-
firmés. 12°. Qiie quand à ces quatre
Balliages
Livre N e u vi H'iM é. 213
{alliages avec la Valteline & le Com- if î6.
é de Chiavenne, les Siiiffes & Grifons
uroient la liberté de les retenir ou
l'en recevoir un équivalent de 300000
eus ; pour Bellinzone les troisCantons
Jri , Schweitz & Undervalden en de-
oient refter en poffeffion. 13^^'. Que
ette Paix & cette Union devoit durer
•erpétuellement.
On régla pareillement par le même
Traité la manière de terminer les dif-
érens foit entre le Roi & les Cantons ,.
)U entre leurs Sujets refpeaifs , favoir:
ue chacune des Parties fe choifiroit
eux Arbitres ; que fî le différent con-
;ernoit des biens mouvans du Royau-
nc de France^le lieu de laMarche feroit
^ayerne ; & que lî le différent concer-
loit des biens mouvans du Duché de
Vlilan, le lieu de la Marche feroit l'Ab-
)aye de Poillan : en cas que les Arbi-
:res viniTent à Te partager dans leur
Sentence , le Demandeur devoit de-
tîiander un fur-Arbitre, qui feroit cIiqî-
0 iij Û
214 Livre Neuyie'me.
1^x6, fi dans les Ligues Grifes , ou dans le
païs de "Valais. Les AGTociés des Suiffes,
l'Abbé de St. Gaîl, ayecla Ville du mê-
me nom & celle de Mùlhaufen , qui
avoient été reçus l'année précédente
dans l'affociation de la Confédération
furent compris dans ce Traité avec lei
trois Ligues Grifes & le Vaiais.
DifiinC' 1^ f^^^ ^^^^ diftinguer en Suifle le
tion entre hSocié^Socii^ des Alliés Confusâerati
^^!, 4^" Les premiers ont féance dans les Diet
^Alli^ à ^^^ ordinaires, & font partie du Corp
&ni^^K d^s Cantons : tels font WAhhé de St, Gd
la Fille du même nom i Mulhaufen\ qt
depuis raniç8^5 que les Cantons C^
tholiques renoncèrent à fonAllianct
n'eft plus Confédérée qu'avec Zurich
Berne , Baie & Schafhaufe ; & Bimm
qui fans avoir d'Alliance générale ave
le Corps Helvétique a été mêlée detou
te ancienneté dans les affaires de la Suii
fe par les liaifons étroites avec les troi
Villes de Berne , Fribourg & Soleure
& l'attachement particulier qu'elle
tOÛJQUI
Livre Neuvis'me. 2if
toujours témoigné à Berne ; auffi fut- 151^.
elle comprife dans Tillliance avec
Louis XIL de l'an 1499 -. dans celle
lavec François! de 1531, & dans les
fuivantes : Elle eft auffi comprife dans
îles Défenfionals de 1^47 & 166^.
Rothvveil dxoit été reçu en 1^19, com-
me Aflbcié, fon Alliance ne fubfifte
plus aujourd'hui.
Les Alliés des Suiffes font en Confé-
dération avec tout le Corps , ou avec
des Cantons en particulier. Les Ligues
Grifes & ie Falais font Alliés avec tout
le Corps, Genève Se la Comté de Neuf^
châtel ne font Alliés qu'avec des Can-
tons particuliers. Genève depuis Pan
1558- avec Berne, & depuis 1584, svec
Zurich. Nenfchâtel outre fa combour-
geoifie avec Berne, eil en Alliance avec
Lucerne, Fribourg &Soleure.
Nous terminerons cette Hiitoire de
la Confédération Helvétique par un dc-^
tail abrégé de l'Hiftoire de fes Confédé-
rés & Alliés , pour achever le Tableau
m d'un^
2iS Litre Neuvîe' me;
ïf i^, d'une Confédération , qui s'eftfi heu-
reufement foutenuë, malgré la diverfité j
apparente de fes intérêts & la bigarure
de fes gouvernemens. Quoiqu'elle ait l
paru fouvent s'écarter des principes
d'une Politique réfléchie ; la fageffe
& le bon fens , qui font le caradère
eflentiel de la Nation , l'ont toujours! j
ramenée à fes vrais intérêts, & ont
tellement affermi fa Conftitution , que
la Suiffe renferme aujourd'hui l'un des
plus heureux peuples de l'Europe,
Fin du Newuiime Livre^
HISTOIRE
(317)
HISTOIRE
DE LA
CONFÉDÉRATION
HELVETIQUE.
LIVRE DIXIE'ME-
H' ' T IK^ premier rang entre les Ai- as St.
^iS.. ^^ fociés des Suiffes. St, Gall ^^'^^^
^^^ia^'^^ bâtit environ Pan 620, une
Cellule près du Lac Acronique. {d). Ses
Diicipîes
(a) Rhegino^ Mar: Sconis. Herm: cou-
tra&ns , Si^eb: Gsmblac»
2îg Livre Dix î e'me.
Diiciples fe multiplièrent beaucoup a-
près fa mort & formèrent un Pvlonaflè-
re Régulier. Pcpin fils de Charles Mar-
tel Périgea en Abbaye & établit 0ht-
mar pour premier Abbé. Othmar reçut
la Règle de St. Benoît. Cette Maifon
fut richement dotée par la Nobîeffe de
la Tliurgovie ; les Chartres, que le Père
Hergott d. publiées, remontent à Pan
744. L'Abbé Ulrich de Hohcnfax fut
élevé à la dignité de Prince du St. Em«
pire par PEmpereur Philippe Pan 1204-
ces Abbés font Souverains d'un beau
diftria de païs au-deffus du Lac deCon-
ftance, dans lequel on compte pîufieurs
petites Villes , comme Goifau , Rof-
chach, BernhardszellL Romishorne &
Wyl Ils ont auffi la baffe jurifdiction
fur la plus grande partie du Rheinthaî.
En 14^8 PAbbé Ulrich Rôfch acheta
la Comté de Toggenbourg du Baroii
Petermann de Raren : les fenchifes
dont les ïoggenbourgeois fe préten-
dent eojoûillance ont excité dans di-
vers
L IVRE D I X ie'me. 219
vers tems des démêlés en SuifTe. Ce^
peuples font combourgeois de Sch-
v/eitz & de Claris depuis l'an 1436.
L'Abbé Ulrich entra dans la même
conibourgeoifîe ; fon prédéceOeur Gaf-
pard de Landenberg s'étoit déjà allié
précédemment en 1451 avec Zurich,
Lucerne Schweitz 8c Claris , qui en-
voient alternativement dans ces païs
un Officier fous le Nom de Landshaupu
mann , qui réiide à Wyl , & qui eit
comme rAdvoùé des peuples & parti-
cipe à la jurifdiction fifcale fur les an-
ciens Sujets de l'Abbaye. Des droits
auffi limités & auffi compliqués ont
du néceffairementcauferbien des trou-
bles. La paix de 1718. a réglé grand
nombre d'articles litigieux; il refte
celui du Militaire, qui eft acluellcnient
en négociation.
La Fille de St, Gall doit fon orio-ine La Fille
à l'Abbaye; elle reçut les immunités ^ J^^^'^'^
de Ville Impériale de l'Empereur Ar-
nolphe. Les ilbbés y avoient confervé
des
v^
220 Livre D i x i e' m e.
des droits , dont la Ville s'cft rache-
tée petit à petit , fon Alliance avec les
SuifTes eft de l'an 14^4.
]^Q^ Les Grifons {a) font partie de Tan-
Grifons. cienne Rhetie , qui s'étendoit fous les
Romains depuis le Lac de Conie jul-
qu'au Danube. Les frontières des Gri-
fonsjdu côté de l'Occident/ont aujour-
d'hui les Cantons d'Uri & de Claris ;
vers l'Orient le Tyrol ; au Nord le païs
de Claris & la Comté de Sargans, l% au
Midi l'Etat de Venife , Bellinzone &
le Milanois. On prétend , que l'Evêché
de Coirc fut fondé par i'Enipereui:
Confiance {li) : Cependant les Cartu-
laires de l'Eglife ne remontent pas au-
delà d'Afimon , qui figna au quatrième
Concile de Chalcedoine en 4^1. (c}.
C'eft environ dans ce tems-îà, que les
Allemands
(a) Le nom de Grifons vient du Latin
Cani , dénomination qui doit leur venir des
Italiens.
(b) Gukr Chron, Rbet. p. 4^.
(c) Id.p, 5<^.
l'ivre Dîxiè'me. 22Î
Allemands s'emparèrent d'une partie
deîaRhetie; l'autre partie, qui porte
aujourd'hui le nom de païs des Grifons
j tomba fous la puiflance des Odro-
goths, qui firent gouverner cette Pro-
ivincepar des Ducs (a). Theodobert
iRoi d'Auflrafie s'en empara environ l'an
539 , & la Rhetie fut confédérée avec
le Duché d'Allemanie. On voit par un
Diplôme de Pan 890 fous l'Empereur
Arnolphe, que ce païs fe nommoita-
lors la Comté de la Rhetie Coirîen-
ne. (h). L'Empereur Otton I. & Lu-
dolphe Duc d'Allemande donnèrent
en 951 à Hartbert Evéque de Coire
les droits , qu'ils avoient dans la Ville
de Coire , & des biens confidérables
dans la Comté deîaRhetie, avec le
droit dépêche dans le Wahlenfée,qu'on
appelle aujourd'hui Lac de Walen-
ftadt. (c). Les Empereurs Succefleurs
d'Otton
(a) Cajjlodorel. 2, (b) Gukr L c. ^.99»
(c) hkmp, 105.
222 Livre D ixie'me.
d'Otton continuèrent ces largeffes. Fri-
derich I , éleva FEvêque Eginon à la
dignité de Prince de l'Empire en ii?^-
00. Les Rhetiens reftérent fidellement
attachés à Friderich 1 1 , & reçurent
en récompenfe des Privilèges & des
Immunités confidérables , de même
que la Ville de Come , qui poffe doit
alors la Valteline , qui paflat bien-tôt
après fous la domination des Vifconti
de Milan , comme auffi Bormio , Pe-
feîat & Chiavenne. On prétend qu'à
cette époque plufieurs des Commu-
nautés delaRhetie reçurent les Immu-
nités, qui ont mis le fondement &
leur ont frayé le chemin à la Souve-
raineté , dont elles joùiiTent préfente-
ment. Les Comtes, dont les princi-
paux étoient ceux du païs de Coire ,
dont defcendent les Comtes de Lentz-
bourg, ceux de Bregenz, de Montfort,
de
(a) V. Hcrgott ^. i%%.
Livre D i x i e' m h. 223
de Werdenberg , de Sargans , du Ti-
rol, de^findeck, deTafers, de Cleve,
de Realt & de Mafox; & les Barons de
Vatz, d'Afpreniont:, de Metfch , de
Razuns, de Sax , de Montait , de Bel-
mont &c. ne dépendant plus que de
l'Empire immédiatement , depuis que
laRhetie iie reconnut plus l'autorité
des Ducs d'Allemanie, devinrent peu
à peu toutà faitindépendans. (a). Con-
radin , qui fut décapité à Napîes en
12(^9, fut le dernier Duc d'Allemanie.
Rodolphe de Habsbourg , qui fut in-
vefli du Duché de Suabe par l'Empe-
reur Rodolphe fon père , ne forma
aucune prétention fur la Rhetie. L'E-
vêque de Coire avoit une grande auto-
rité dans le païs ; ce Prince s'allia l'an
1282. avec TEvéque du Valais, (h). Il
fit en 141 9. conjointement avec la Vil-
le de Coire la première Alliance avec
la
(a) Giiler ih. p. 139.
(b) Idemp, 143.
224 Livre Dixie^me.
la République de Zurich pour fr ans
Le nom de Rhetie fe perdit au com-
mencement du i6^ fiécle, lorfqueles
différentes Communautés de ce païs ,
qui fe trouvoient en liberté , s'aflbcié-
rent par une Confédération régulière 8c
perpétuelle en 1^24, & formèrent ainfi
un Corps de République. Ça), Les
Communautés s'étoient affranchies fuc-
ceffivement des droits , que leurs Sei-
gneurs particuHers y avoient ; & en a--
voient acquis par droit de guerre ou
autrement piufieurs Villes & Provin-
ces , qui font aujourdhui fujettes de
l'Etat : C'eft ainfi que les Rois de Fran-
ce ont cédé la Valteline & la Comté de
Chiavenne en 1515 aux Grifons; &
que la Ligue des 10 Droitures a ache-
té des Comtes de Soultz la Ville de
Meyenfeld , que ceux-ci tenoient des
Barons de Brandis.
Les
(a) Sîmier ds Repik Helv, edit, Fnef*
Un p, I4f.
Livre Dixîe'me. 22f
Les Grifons font divifés en trois Li-
gues, La première efl: la Ligue Hauts
ou Caddée , compofée de 19 Commu-
nautés ; La Ligue Caddég cft compo-
fée de 21 Communautés, & la Ligue
des dix Droitures de 10. Chaque Com-
munauté outre fa jurifdidion civile &
criminelle , qu'elle exerce fans apel ,
jouit de fes propres Loix & Ufage^.
Le gouvernement y eft démocratique :
celui de la Ville de Coire eft mixte.
L'autorité fupréme réfide dans la Diet-
te générale, qui eft compofée des Dé-
putés de toutes les Communautés. On
y porte les intérêts de tout le Corps ,
les Alliances & ce qui regarde les fujets
communs &c. Les affaires s'y décident
à la pluralité des fufFrages» à teneur des
infirudions , que chaque Communau-
té donne à fes Députés,
Les différents que les Ligues Haute
8c Caddée eurent avec le Tirol les en-
gagèrent à fe joindre aux fept Cantons
en 1497. par uuq Alliance perpétuelle.
//. Par^. P Les
â2(^ Livre D i :g i e' m ê.
Les Grifons défendirent leurs frontiè-
res dans la Guerre de Suabe avec beau-
coup de valeur , & furent mêlés en-
fuite dans toutes les affaires des Suiffes
en Italie. Ils n'envoyenÉ point de
Députés aux Diettes des Cantons. Leur
première Alliance avec la France eft du
24 Juin 1509. Ils font compris dans
la paix perpétuelle de 151e*.
Le Valais eft borné à l'Orient par le
Le Va^ Canton d'Uri, au Mi^i par le Milanois
hîs* & la Savoye , au Couchant & au Nord
par le Canton de Berne. Le Rhône
prend fa fource à l'extrémité de ce pais,
& le traverfe dans toute fa longueur-
On comptoit trois peuples dans cette
contrét: h^s Lepontii Vihsri , les Heâunî
& les Veragri Le nom de Fakfia eft an-
cien; on le donna à tout le païs dans le
moyen âge. Ses Evéques , qui fignérent
au Concile à'Epone (à) & au cinquiè-
me
(a) Les Savans fe font donné bien des
peines pour fixer Is lien de ce Concile , quife
fint
Livre Dixib'me. 227
me d'Orléans , fe nomment Evêques
à'O&odurum F'aliyifanorum (a) ; &le Li-
vre des Provinces déiîgne OBodurum
par une Ville du Valais, Civitatem FaU
îenfium (b).
LaMorge fépare le haut du bas Va-
lais : le haut Valais eft Souverain du
bas ; il eft partagé en fept Dizains ou
Départcmens , qui ont chacun leur ju-
rifdiclion particulière, dont on peut
apeller à rAflemblée générale (c). Six
de ces Dizains fe gouvernent démocra-
tiquement
tmf fous le Règne du Roi Sigifnumd de
Bourgogne vers la fin du S^ fié de. Pierre de
la Lande^ au raport de Labbeus in not :
ad Concil: Epaonens, prémidoit ^z^'Epon
(ivoit été une ancienne F aroîffe de St, Mau^
rice; ^ Mr. Briquet dans un Traité par ^
ticulier imprimé à Lion en 1741 confirme
cette conje&ure, vid: Leu Helvet: Lexicon^
voce Epaona.
(a) Aujourdhiiî 3Iarti^ny.
(b) Simleri Falefm inybsf: Hift : HtU
vet: p. 7.
(c) Idem l c. p. 9.
%2% Livre Dixie'me,
tiquement , la Ville de Sion, qui fait le
feptiéme, forme une Ariftocratie. Cha-
que Dizain envoyé des Députés à PAf-
femblée générale du païs. UEvéque de
Syon prélîdc à ces Affemblées ; le pre-
mier Magiftrat du païs fe nomme Ca-
pitaine général, & eft élu par l'Evêque
& les Députés des Dizains dans l'Af-
femblée générale ; on y nomme pareil-
lement aux Magiftratures du bas Va-
lais,
L'Evêché de Syon eft le plus ancien
de la Suiffe , fi Ton en croit la tradi-
tion 00» L'ildvocatie de cet Evéché fut
donnée en 1 1^7. par l'Empereur Fride-
rich I à Berthold Duc de Zaringue , ce
qui prouve, que les Evêques n'avoient
alors aucune autorité civile dans le
païs. CePrince fut obligé d'y maintenir
l'autorité Impériale par la force ; après
rextindion de cette Maifon, les Com-
tes
(a) Simkr.p, 26,
Livre D i x i e' m e. 229
tes de Savoye s'y arrogèrent des droitb\
(fl). Il faut cependant , qu'ils ne fe
foient pas maintenus long- te ms. Les
Evéques de Syon, qui prétendoient
d'exercer les droits d'Advocatie dans le
païs , fous le nom de Préfet 8c Comte
du Valais , titre qu'ils doivent tenir de
Charlemsgne , ont cherché dans divers
tems à étendre leur autorité. Les Va^
îaifans, qui avoient déjà combattu pour
leur liberté fous les Ducs de Zâringue,
s'y étoient maintenus contre les Evé-
ques. Les Barons de la Tour & de Ra-
ren , puiffants dans ces quartiers y leur
cauférent de l'ombrage ; ces familles
furent chafTées du païs » & l'Etat de
liberté des Valaifan^s fut affuré.
Le bas Valais étoit fous la domina-
tion des Comtes de Savoye. Rodolph
d'Afperling, un cadet de la famille deRa-
ren, repéta l'héritage de fa Maifoii, & fe
mit fous la protection de Jeanioûk
de
(a) Simkr, p, 2^',
230 Livre Dixie'me.
de Savoye Evêque de Genève , & de la
Dux:hefre de Savoye. L'Evêque entra
avec igooo homes dans le haut Valais,
prit la Ville de Syon & battit les trou-
pes, que les Valaifans lui avoient opo-
fées. Les Suiffes étoient alors en guer-
re avec le Duc Charles de Bourgogne^
Berne , Fribourg & Soleure envoyè-
rent 3000 hommes au fecours du Va-
lais , avec lequel ils venoient de con-
trarier une Alliance défenfive ; l' Evê-
que fut repoulTé, & les Valaifans, pro-
jStant de leur vidloire, s'emparèrent de
tout le bas Valais , & démantelèrent
toutes les places fortes , qui s'y trou-
voient {a). Les Valaifans firent enfuite
une Alliance perpétuelle avec Berne >
qui fut renouvellée en 1^43. Ils font
auflî en Alliance avec les VII. Cantons
Catholiques, Lucerne, Uri, Schweitz,
Underwalden , Zug , Fribourg & So-
leure. La
(a) Simler.p* 3 a.
Livre Dixîe'me. 231
La Ville de Miilhmfsn eft fituée dans Mulhau^
le Suntgau fur la rivière d'ill Son Al-P^'
liance avec les XIII Cantons eft de
1^15:. Les Cantons Catholiques renon-
cèrent à cette Alliance ep i58<^3& n'on^
jamais voulu depuis ce tems-là, permet-
tre à Mûîhaufen l'entrée aux Diettes °
En voici le fujet. Deux frères Fyninger
formoient des prétentions fur une pe-
tite forêt fituée dans la jurifdidion de
Sebaftien Ze-Rhin , & citèrent le pof-
fefleur ,< qui étoit un de leur combour-
geois , devant ce Gentilhomme ; le
Bourgeois de Mûîhaufen prétendit ,
'qu'on ne pouvoit former adion con-
tre lui, félon les Conftitutions de Mûî-
haufen , que par devant leur Magiitrat
commun. Le Magiftrat lui-même folli-
cita les Fyninger à cela ; ils le refufé"
rent & allèrent fe plaindre à la Diette
d'un déni de jufîice. Les VII Cantons
Catholiques envoyèrent le Landaman
Taiier d'Uri, &lc TrèforierBûehler de
Schweitz, à Mûîhaufen pour protéger
^ -ks.
232 Livre D i x i e' m s.
les deux frères : mais ceux-ci fe com-
portèrent û mal envers leurs Supé-
rieurs , que le Magiftrat les fit faifir &
jetter dans les prifons. LesCantonsCa-
tholiques fe ttouvérent fi offenfés du
peu de cas , qu'on témoignoit faire de
la proteftion qu'ils avoient accordée
aux Fyninger , qu'ils renoncèrent à
l'Alliance de Mùlhaufen.
Êienne ^^ ^^^^^ ^^ Sienne eft fituée dans l'an-
cien diftria delà Comté de Bargen, &
doit avoir tenu, déjà dans le moyen âge,
un rang confidérable , puifqu'on lui a-
voit attaché le droit de Bannière fur
plufieurs contrées voifines. (f). L'Al-
liance
(f) Cellarius ^r^/f?7/i 3 que Bienne oc-
€upe le local de f ancien Petinefca de ri^
tiyieraire d'Antoniyi ^ des Tables Theodofi*
nés, Tichudi in Defcript: vet : Helï :
Mfc. croi^ que c'ejl Buren. Le fentimey.-^
du feu Commi (Taire Gau d a rd , r^por^^' par
Plantin in Helv : ant : & nova , qiCii
faut chercher cette Fille dans la Comté d^
Nidait entré Jens ^' Schwadernau prés
Livre DixIe'me. 235
liance que le Maire , Confeil & Com-
mun de Bienne , contradérent en 1331^
avec Rodolphe Comte de Neafchâtel,
en marque l'étendue. (*). Cette Ville
a obtenu, en difFérens tems, des privilè-
ges des Empereurs ; comme de Rodol-
phe
dhin village nommé Tribey , e/î pins vrai-^
femblable. Au Nord de cet sndroit^ il y a une
colline qiCon nomme /f Jensberg, au militii
de luquslle s'élève une ém'mence qiCon nom^
Wc Knebelsburg, de laquelle on a tirade^
puis peu quantité de pièces de décomhrs. On
découvre de ce lieuIPIorat ç^Soleure ^ tou^
te la voye Romaine, qui parte encore aujour^
d'hui le nom de Hochftrat. J^ai reînarqué
même fur cette colline bien des traces d^vms
anciemie Ville , qui me font croire , que
Petinefca étoit plutôt placé fur cette émi-
vence , que dans la plaine.
(*) .yPromittejites juramento nojîro cor--
^^poralitér preflito pro nobis& nafris bere-
j^dibus, predictis videlicet BurgenfÂms di&î
^^oppidi de Beylo ^ etiain his cf-ii fimt ad
^^corum veùtillumjpe&antes ^pertinentes ,
^^utpote au s de Beyùerlon , de Meyiisbevg ,
^^de valle St. Imerii , ^ n for ami ne Byr-*
^^pertos furfmn ufque ad rivum de Thyk^
S54 Livre Dixte'me.
phe en 127^ , d'Adolphe en 1297 &c.
Nous avons déjà raporté , comment
les droits de PEmpire pafférent aux
Evêques de Bâle. (a). Ces Princes de
leur côté, ont accordé beaucoup d'Im-
munités à laVille deBienne. Elîefe gou-
verne par elle-même, fous la préfidence
du Maire , que le Prince établit. (^).
La Mairie de Bienne fut retrecie en
13^5' , lorfque la Neuveville fut déta-
chée de fon reffort ; elle perdit en mê-
me tems la Bannière fur la montagne
de Diefle , qui fut conférée à la Neu-
veville. Ce droit de Bannière de Bienne,
a fait de tout tems rechercher l'Allian-
ce de cette Ville avec empreffement
Ses Traités avec Berne font les plus an-
ciens ; les Alliances de 1278, i3o<5 &:c.
furent enfin converties en une Alliance
perpétuelle
(a) Liv. 2. p. y^'fiq-
(b) Le Traité de \6io a fixé les homes
as s droits rcfpe&ifs du Prime & ds la
FiUs, ■
Livre Dixie'me. 2,^^
jperpétuelle en l'année 131^2. Celle avec
Soleureeft de l'an 138^, & avec Fri-
bourg de 149^. Ces Alliances , & les
Services que Sienne a rendus en tout
tems au Corps Helvétique , ont mérité
à cette Ville le rang d'Affbciée des Suif-
fes, & une place dans leurs Diettes; Se
elle a été comprife comme telle dans
toutes les Alliances avec la France.
La Ville de Genève étoit ancienne- Genève.
ment une Ville des Allobrogcs, Les Au-
teurs du moyen âge la nomment Csym^
hum , Janoha , Janua ; mais plus com-
munément Gehena (a). Les Bourgui-
gnons s'en rendirent maîtres au com-
mencement du 5' fiécle. Sur la foi d'u-
ne Infcription, que Simler raporte (0»
le reOTort de fon Evêclié s'etendoit dans
ce fiécle jufqu'à Soleure ; dans les fui-
vans
(a) Spon Hijl: de Genève, erh J? 1730.
(b) Simier ch Repiih: Helvet : sa: Fit^
lin. /. i.p. 109.
23^ Livre D i x î e' m f.
vans, fes limites du côté de l'Helvetie
étoit PAubonne. Genève paflfa enfui-
te fous la domination des Francs, & fit
partie, après la mort de Charles le Gros
en 88 8> du troifiéme Royaume de Bour-
gogne. Les Comtes de Genève rendi-
rent, fous ces Princes, leur autorité hé- ^
réditaire. L'Empereur Conrad fut obli-
gé de foumettre le Comte Gerold par
la force ; ce même Gerold prêta hom-
mage à l'Empereur Henri à Soleure en
1045. Son fils Robert chercha à fe ren-
dre indépendant , ce qui engagea les
Empereurs à remettre les droits de
l'Empire entre les mains des Eve-
ques (a). Ces Prélats eurent des diffi-1
cultes continuelles avec les Comtes,!
qui prenoient , au commencement du
12* fiécle, le titre d'Advoué de l'EgUfe
de Genève. Les Ducs de Zâringue >
qui en avaient obtenu la Souveraine-
té
'^a) SpQu f. 79. L c, in yioîiSt
Livre Dixïe^me. 237
é , l'avoient cédée au Comte ; l'Em-
lereur Frideridi remit l'Evêque dans^
^s droits en ii6"2, & fixa ceux du
"omte, qui devoit fe reconnaître Vaf-
û de TEglife pour ce qu'il tenoit dans
i Ville. Âmé V. Comte de Savoye ob-
int par le Traité de l'an 1290 le Vido-
aat de Genève 00 : Amé VI Comte
e Savoye fut gratifié , de l'Empereur
;)l.iarles IV en i3<?f, du Vicariat de
Empire dans ces païs (^.) mais TAfte
n fut révoqué à la requifîtion de la
îourgeoifie de Genève (c) : Cependant
lès que les Princes de cette Maifoii
urent des droits dans la Ville , ils
;herchérent à les étendre par toutes
brtes de moyens. Ik avoient acquis la
îaronie de Gex, de Hugue de Joinville,
k le Comté de Genevois d'Odon de
Villars en 1401 ; par ce moyen ils é-
toient
(a) IJ. Spon p. 122. in not,
<b) Il /^. i^i. Cc)Up, 1^%
2,38 Livre Dixie'ms.
toicnt maîtres de tout le païs autour
de Genève: Les Evèques, pour fe main-
tenir, accordèrent des droits confîdéra-
bles à la Ville, qui fut prifefous la pro-j
tedion de l'Empire par l'Empereur Si-
gifmond (a). L'Evêque Jean-Louis de
Savoye & laViile firent en 1478 Allian-
ce avec les Cantons de Berne & de Fri-
bourg (Z'). Les tentatives du Duc
Charles III fur la liberté de Genève |
l'engagèrent à contrader une Alliance i
particulière avec Fribourg en KT9. Lc||
Duc afifemblafept ou huit mille homci
autour de St. Julien, & déclara la guer
re a la Ville ; Le Canton de Fribourg
luifitconfeiller de s'accommoder avec
leDuc; on ouvrit les portes à ce Prince
il les fit abbattre , Se entra dans la Vil
le Comme en triomphe tout armé, nré
cédé de fonPage Jsan-Jaques de Wat
tcfille qui portoit fon cafque. Le
troupe ^
— ,„ „ , , , . - ^-1 1,1, - . .' —
(a) U Sponp. 17;. (b) W. ^ S08.
Livre Dixîe'me, 259
troupes du Duc commettant beaucoup
de défordre dans laVille, la République
de Fribourg y envoya une Enfeigne ^
qui fut groffie par nombre de Vo-
lontaires, qui s'avancèrent jufqu'à Mor-
ges. Les autres Cantons s'étant entre-
mis on convint, que le Duc retire-
roit fes troupes de Genève , que les
Fribourgeois rentreroient chez eux'
& que l'Alliance avec Fribourg feroit
annullée. Mais le Prince ayant conti-
nué fes vexations contre tous les Ci-
toyens qui défendoient la liberté de la
Ville , Berne & Fribourg la reçurent
dans leur Alliance le 21 Février 172^
(a). Le Vidomat fut aboli en 1529, du
confentement tacite de l'Evêque Pierre
de la Baume, qui avoit quitté Genève
au commencement des troubles : mais
ce Prélat inconftant , étant rentré dans
les intérêts du Duc, lesGenevois avec
le
(a) IJ. Sponp. 314: feq.
^40 Livre Dixîe'me.
le recours des Bernois s'affranchirent en-
tièrement en i53<^ de tous les droits,
que l'Evêché a voit en Ville (a). Genève
ayant reçu la Réforniation en 1533.
Fribourg renonça à fon Alliance ; celle
de Berne fut rendue perpétuelle le 9
de Janvier iSS'è- Zurich y entra le 30
d'Août i^84« Son premier Traité avec
la France efl de l'an 1^79 {h). Cette
République jouit de tous les avanta-
ges, que cette Couroiie a accordés aux
Suiffes : mais malgré les prefTantes fol-
Kcitations de fes Alliés, le Corps Helvé-
tique n'a jamais voulu la recevoir au
nombre de fes Affociés.
Neuf'^ Là Principauté de Netifchâtd a les
châteL terres de l'Evêché de Baie & de la
montagne de Dieffe à l'Orient , le Lac
deNeufchâtel & la Thiele au Midi ,
leBalliage médiat de Grandfon & la
Franche Comté à l'Occident , & cette
même
(a) Id. SpGJî p. 734-
ih) Léonard Traités I\ 4. ^. i.
Livre Dixie'me» 241
tnême Franche Comté au Nord* On
prétend que la Ville de ce nom fut bâ-
tie par rÈmpereur Conrad le Salique
environ l'an 1034, C^\ Ce difirid étoiC
compris dans Pancienne Comté de Bar-
gen. La Ville de Nugerol, qui y te-
noit un rang confidérable , puifque
non-feulement elle a donné fon nom
au Lac, qu'on nomme aujourd'hui de
Nidau ou de Bienne , mais à toute la
côte (^) , peut bien avoir été l'ancien
Noidemlex , dont le livre des Provin*
ces fait mention* Cnichemn (c) rapor*
te une Chartre du dernier Roi Rodol*
phe de Tan 1016^ qui donne des terre$
à un nommé Amifo dans la Comté de
Bargen ou Vallée de Nugerol , du con-
fentement du Comte Bertholde , & da
Comte
(a( Mfc: del'Hifl : de Neufchàtd ^ qui
tn^a été communiqué par Mr^ Peter*
(b) Voyés les Chartres des années 9^7^
1040. 107^*
(c) r* 3,/7,4.
lUFarK d
24^ Livre Dix ie' ME'
Comte Cuono & de fes fils CaX Cç
Comte Bertholde étoit vrai-femblable-
ment le Père du Due Rodolphe, qui
coiifentit avec fon iils Bertholde à la
fondation du Monaftère de Rueggif-
berg dans la Comté de Bargen ib\
Conrad fils de Bertholde prit le premier
le nom de Zaringue» On voit par un
Ade de ii%i ic) , que Bertholde fils
de Conrad confentit à un échange eii
faveur d'Ulrich de Neufciiâtel* Tout
cela prouve , que les Zâringue exer-
coient dans ce diftrici: le Vicariat de
l'Empire , comme dans le refte de la
petite Bourgogne^
Les Comtes après Textindion de
cette
(a) Cette Chartre efi donnée à Pinpin-
ningis , ({ue le célèbre Schœpflin croît êtrt
Pipp : mais le Cartulaire de Laufanne , qui
eft de 1228, nomme Bumplitz prés de Berne j
Finpjnnant 5 c^efl le Finpimingis de cettt
Chartre^ ■
(b) Chartre de 10 jS^.
(e) Apud HergottfoU I94*
Livre Dixi e'me^ S43
cette Maifon de Zâringue redevinrent
Vaflaux immédiats de l'Empire'. Ulrich,
dont nous venons de parler , laifla trois
fils , Rodolphe , Ulrich & Berr holde
EvêquedeLaufanneen 121 u & enfui-
te de Bâle* Rodolphe eut Bertholde ,
qui partagea en 123 1* les terres de la
Comté avec Rodolphe fon coufin &
fes frères , qui étoient fils d'Ulrich , &
qui formèrent les branches de Nidau ,
d'Arberg , & de Valengin. Bertholde
eut trois fils, Rodolphe, Hermann &
Henn\ Rodolphe fut père d'Ame &
grandpére de Rodolphe, qui en 1288*
fe reconnut Vaffal de Jean de Châloa
Seigneur d'Arlay , pour Neufchâtel feu-
lement ; le Val Travers étant un an-'
cien fief de Bourgogne. Louis le fils
de Rodolphe reprit ce fief de Jean II.
de Châlon en 1 357. exceptant le Lande^
ron acquis de l'Abbé de Tlsle de St. Jean,
item Greffier & la Mairie de Ligniere
acquife'pâr une décifion , que Leopold
Archiduc d'Autriche rendit en 1 3 1 6^ en-
Ci ij tre
244- JLiVRE Dixième
tre Rodolphe Comte de Neufchâtel &
TEvêque de Bâle (/?), Louis ne laifla
que deux filles, Ifabelie & Verenne;
cette dernière époufa Egon Comte de
pribourg : Ifebelle héritière de Neuf-
châtel, époufa Rodolphe Comte de
Kidau , arriére-petit-fils de celui qui
forma cette branche , il fut tué en
J37S* devant Buren , fans laiffer d'en-
fens, Ifabelie mourut en i39^^ après
avoir inftitué pour fon héritier uni*
yerfel Conrad de Fribourg fon neveu*
Ce fut fous ce Conrad , que la Ville de
Neufchâtel fut reçue dans la Çombour-
geoifie de Berne en 1405^ Le Comte
fuivit fon exemple, & Fun & Tautre de
ces traités fubfiftent de nos jours*
Jean fon fils lui fucceda eu 1424, il
mourut fans enfans en 14s 8* après avoir
inftitué pour fon héritier Rodolphe
Marggrave de Hochberg , petit -fils
d*Anne de Fribourg fa tante; ce Ro-
dolphe
(a) Mfc : cité de Henfchàteh
LrvRE Dixiè'mè. 24?
dolphe fçut fe ménager fort habilement
pendant la guerre de Bourgogne entre
le Duc Charles & les Suiffes ; il mou-
rut en 1487^ Philippe fon fils ne laifla
qu'une fille nommée Jeanne, qui por-
ta la Comté de Neufchâtel à Loiiis
d'Orléans Duc dé Longuevillé. Ce
Prince en fut dépouille en 1^2. par les
quatre Cantons Berne , Lucerne, Fri-
bourg & Soleure , fous prétexte, qu'il
avoit porté les armes contr'eux en
Italie. Ces quatre Cantons reçurent
les autres dans la corrègence, & firent
gouverner la Comté par des Ballifs,
qui fe relevoient tous les deux ans*
Enfin en 1529, à rinterceffiôn de la
France ils rendirent la Comté à Jeanne
d'Hochberg ; fous condition , que les
traités avec les quatre Cantons fubfiftei-
roient. Elle prit la première lé titre de
Princeffe Souveraine , après la mort du
Prince Philibert d'Orange, prétendant
que les droits de cette Maifon fe trou-
Q.iij voieat
Q>^6 Livre Dixie'me,
voient éteints ( ^ ). Cette Princeffe
mourut en iS43« Son pedt-fils Fran-
çois II» Duc de Longuevillelui fucceda*
Leonor d'Orieans fon fils & Marie de
Bourbon ont renouvelle la Combour-
geoifieavec Soleure en 15^9, &avcc
Berne en 1570^ Ils ont acheté en 15^4,
la Chatelanie de Devais des trois frères
de Watteville , Nicolas Marquis de
Verfoy Chevalier de la Toifon & de
TAnnonciade, Gerhard Seigneur d'U-
fié , & Jaques, tous fils de Jean- Jaques
Advoyer de Berne , & d'une Chauviray
Dame de Collombier ; Ils ont auffi
réuni la Comté de Valengin àla Prin-
cipauté en 1584. en rachetant les droits
du Canton de Berne & du Comte de
MontbeUiard qu'ils tenoient des Com-
tes Davy & de Tourniel par René Com-
te de Chalant, qui avoit hérite en 1523
Loûife d'Arberg Comteffe de Valengin
fa femme^ Ci^X La
(a) Mfc^ cité^
Cbj Id, Mh
Livre Dixie'ivje, 247
La Maifon de Longueville finit en
la perfonne de Jean - Louis - Charles
d'Orléans mort en 1694. Marie d'Or-
léans Ducheffe de Nemours fa fœur lui
fucceda , & après fa mort arrivée en
1707 , les trois Etats de Neufchâtel ad-
jugèrent la fucceflion en qualité de
Seigneur Suzerain des Comtés de Neuf-
châtel à Friderich K Roi de
PruflTe, comme repréfentant la Maifon
de Châlon*
Ceft comme Alliés des quatre Can-
tons Berne , Lucerne , Fribourg &
Soleure, & en vertu de la Combour-
geoifie avec Berne, que le Prince ^ la
Ville de Neufchâtel font compris dans
la Neutralité des Suiffes»
Fin dn dixième Livre.
Q. iiij CON-
CONTINUATION
LHIsfoiRE
DE LA
CONFÉDÉRATION
HELVETIGlUE,
ou
LIVRE ONZIEME.
I
LE Corps politique de la Suîflè,
formé par rAflbciation des
treize Cantons , maître de
tout le païs qui eft entre les
Alpes , le Rhin , le Rhône & le Jurât ,
au païs de Vaud près , occupoit l'HeL
vetie
EiVRE OnzIE'mE* 249
vetié entière telle quelle eft délimitée
par Cxfau Sa Conduite héroïque pour
maintenir fa liberté cet Etat naturel
des hommes ; la valeur , la difcipline
régulière de fes Troupes ; fa modéra-
tion à ne pas profiter de fes Viftoires
pour étendre fa domination au delà
de fes limites naturelles ; tant de Ver-
tus réunies faifoient rechercher l'ami-
tié de la nation Suifle à toutes les
puilfances voifmes^
Le Traité deNoyon entre François h ^S^7*
& Charles Quint , auquel Maximilien
venoit d'accéder , en procurant la Paix
à l'Europe paroiffoit devoir affurer fa
tranquilité : Mais le même feu , qui
couvoit fous la Cendre en Allemagne,
éclata bientôt en Suifle , & arma en-
fin les Cantons l'un contre l'autre*
Le Pape Léon X. avoit deux grands içig^
projets , celui d'armer les Princes chré-
tiens contre les Turcs & d'embellir
Q. iiiij Rome
2^o Livre Onzie'me
ifi8* Rome (^). Il falloit pour ces deux
objets beaucoup d'Argent, Léon X^
aimoit le luxe à Texces , aufli biea
que fa Sœur Magdelaine femme de Fran-
çois Cibo ; il fit publier des Indulgen-
ces dans toute TEurope ; on achetoit
ce pouvoir de fes officiers (h), L'ab-
folution des péchés devint une mar-
chandife , qu'on afFermoit comme les
droits d'entrée & de fortie : Bernardin
Samfon Cordelier de Milan tenoit cette
ferme pour la Suifle & l'Evêque Ar-
chembauld pour l'Allemagne , ce der-
nier donna fa commiffion à Jean Tet-
zel Dominicain allemand* Le Doâeur
Luther d'Eisleben & Ulrich Zwingle du
Toggenbourg s élevèrent en même
tems contre cet abus (.cX
Les Sciences s'étoient réfugiées après
la
(a) Annales de P Empire T* 2^ p* 132»
Erlit : de Bâle deiyS3*
. (b) Gmccardin L* 13* Ch^ IÇ*
(c) Sieid^n Comment: L^ i*
Livre ONZiE'iviE* 2fi
la prife de Conftantinople en Italie, ifiS*
ou le grand Cofme de Medicis leur a voit
offert un Afyle ; elles s'étoient repan- '
dues en Allemagne & dans une partie
de la Suifle ; l'Art de l'Imprimerie avoit
facilité ces Progrès* La Ville de Baie
avoit obtenu du Pape Pie IL en 14^9.
la permiflion de fonder une Académie ;
cet exemple avoit été fuivi en Allema-
gne & ailleurs* Le Clergé avoit abufé de
la fimplicité des peuples , il vivoitdans
le défordre , & on demandoit une Re-
forme depuis bien du tems fans pou-
voir l'obtenir des Papes , qui s'occu-
poient de toute autre chofe* Ces cir-
conftances n'étoient pas favorables à
la Miflion de Samfon*
Hugue de Landeherg EvêqUe de Con- if 19^
ftance lui fit défendre l'entrée de fon
Diocéfe , & les Suiflès demandèrent au
Pape fon rappel & l'obtinrent, Z-wingle ,
Thomas Wyttenhach , Myconuis , Berchtold
Haller &c^ prêchèrent l'Evangile dans
les différentes parties de Suilfe*
Les
2^2 Livre Onzie'me.
fKZO» Les Cantons bannirent enfin tous
les Courtifans du Pape comme ils les
appelloient ; c'étoient des Italiens , qui
venoient fe mettre en poffeQion des bé-
néfices ecclefiaftiques fur des brevets de
Rome Ça)*
Les Efprits comrnençoient cepen-*
dant à s'échauffer pour & contre les
nouveaux Prédicateurs^ Les Princes
alloient rentrer en Guerre & vouloient
s'affurer des Suiffes ; Le Roi de Fran-
ce leur fit propofer une Alliance : Le
Pape & l'Empereur cherchoient à la
prévenir ; le premier demanda les
^000^ hommes qu'on lui avoit promis J
ils lui furent accordés , à Condition ^
qu'il ne les emploïeroit pas contre TEm-
pereur ni contre le Roi de France^
Le Pape n'entreprit rien avec ce Se-
cours ; il le renvoïa bientôt après ,
& garda environ zoqo^ Volontaires.
LAI-
(a) Steuier p. 598*
Livre Onzie'me^ 2^3
L'Alliance avec la France futrefoluë i^zr.
le 7» May 1521^ partons les Cantons
& leurs Alliés , excepté Zurich (aX
Zwingle , qui y étoit Prédicateur , s'é-
toit élevé contre les Penlions publi-
ques & particulières , que les Suifles
recevoient des Princes ; en reformant
la Dodrine il vouloit aufli reformer
les mœurs , & les fervices étrangers les
corrompoient ChX II n'eut pas le cré-
dit d'empêcher la levée de 2700. hom-
mes , que ce Canton accorda au Cardi-
nal Schiner pour le Pape (c) , dans le
tems que tous les autres Cantons ex-
cepté Zoug en avoient refufé la ger-
miffion^ Cet habile Miniftre du Pa-
pe ne laifla pas d'enrolkr près de 7000^
volontaires Suiffes & Griibns ; démar-
che qui acheva d'irriter les Cantons
contre
(a) Vojés Vogel Alliances avec la Franc9.
p* 182.
(b) Sleiâan L. 3*
(c) S^eUlerp^Co^^
2^4 LiVR E Onzie'me*
îî^i* contre le Pontife, qu'on accufoit d'ar-
rofer les Champs de la Lombardie du
fang des Suifles U) , & ce fut le com-
mencement de cette animofité , qu'on
vit éclater contre Zurich , quoi qu'el-
le changea bientôt après d'objet» .
La Situation des Suifles étoit déli-
cate ; le Roi de France & l'Empereur
étoient rentrés en guerre^ Robert de
la Mark Duc de Bouillon avoit fervi de
prétexte à la rupture ; les vues de CW-
les Quint fur l'Italie en étoient la vérita-
table Raifon^ Léon X^ s'unit avec ce
Monarque contre la France , il efpé-
roit de recouvrer Parme & Plaifance ♦
&'d'obtenir Ferrare (J?\ L'Empereur
fous le femblant de rétablir François-
Sforce dans Milan efpéfoit de faire re-
vivre les droits de TEmpire fur ce Du-
ché. (0* Les deux partis négocioient
des
(a) Bottinger Hift ; EcdefiT. 3, p* 70^
(b) Gukcanlmh^i/j^^Qli^i^
(C) Id: Ol.Q^^ib:
Livre Onzie'me» 2^7
des troupes chés les Cantons , & en 155^1*
achetoient des particuliers ; le fang des
Suiffes fe vendoit au plus offrant ; la
fureur du fervice, & le zélé delà Re-
ligion partagoient tous les efprits.
Guillaume B^ublin prêchoit à Baie,
il fut chaUé à la Sollicitation de l'Eve-
que Chriftofle ; Beudi& Bourgauer 8c
Wolfgang Wetter réformoient St. Gall ;
Jacities Burkjin de Zurich foutenu par
Chrétien Anhorn prêchoit dans les
Grifons (a\
On fe hattoit en Italie prefque tou-
jours au déravantage des François*
Leon^, mourut le i. de Décembre de
joïe delà prife de Milan C^X AdrienVl^ if^a*
qui a voit été Précepteur de TEmpe-,
reur, luifuccéda. Les Cantons refté-
rent fermes dans l'AlHance de la Fran-
ce, & lui accordèrent, le 16^ Janvier
une
(a) juchât mil: de la B^form ; Tt I*
p, 91, fuivl
Ço) GuiccardUh: Ch. 14,
2^6 Livre Onzie'me*
1^22* une levée de k^ooo. hommes , à con-
dition qu'ils choifjroientles Capitaines
lelon l'Ancien ufage C^), auquel ils
avoient déroges par leur Alliance de
1^21 , & donc Berne a fi bien compris
l'importance dépuis , qu'elle en a fait
une de fes Loix fondamentales^ On
trouve ailleurs les Circonftances de cet-
te malheureufe Expédition , & des per-
tes que les Suifles y firent , principa-
lement au fatal combat de la Bico-
- que ih\
1^23^ Les trois Années fuivantes fontmar-
IC2Ç* Q"^'^s par les mêmes pertes des Suit
fes en Italie , par leur facilité à fe faire
enroller , & par les Difputes fur la Re-
ligion , on en avoit tenue une à Berne
& une à Zurich ; plufieurs endroits de
là Suifle avoient abolis par des réglè-
mensla Mefle , l'invocation des Saints,
le
(a) Stettler T, l* p. 6l6^
(b) Zarlauhen Bifi: milit : T» 4.
p, 143.////%
Livre Onzie'me* 2^7
le Culte des Images, le Célibat des Pré- i ç2î<
très &c. Le Clergé fortit enfin de la
Léthargie , dans laquelle il avoit paru
être ; les Evêques de Baie , de Con-
fiance & de Laufanne écrivirent aux
Cantons, qui étoientaflemblésen 1^24.
après Pâques à Lucerne , & leur repre-
Tentèrent ^ que fi les Novateurs entre-
prenoient de fecouer le joug de leurs
ïuperieurs ecclefiaftiques , ils en fe-
roient bientôt autant à l'égard de leurs
Magiftratsfeculiers, ilsajoutoient, que
s'il s'étoit glifl^é par la longueur du tems
quelque abus dans l'état ecclefiaftique,
ils ofFroient de les abolir Ca), Cle*
tnent'MlL Succefleur d'Adrien leur adref-
fa un Bref en datte du i8* d'Avril 8c
les dix Cantons envoïérent en Juin des
Députés » à Zurich , SchaflFoufen 8c
Appenzeli pour les engager à punir
les
(a) Sleidan, L. 14. Bâchât Hifi^ de la
J{eform, T, L p. 212*
Ih Un, R
2^8 Livre Onzie'me,
1^25* les Luthériens, comme ils les appel-
loient ; plufieurs des Cantons mêmes
les menacèrent de les exclure de i'Al-
liance^ Quelque tems après dans une
féconde Diette à Luceroe les députés
des neuf Cantons drefierent un Intérim ,
qui ne fut publié qu'à Berne , quoi-
qu'il ne touchât qu'à la police exté-
rieure de TEglife 00* Le Clergé ne
travailîoit point à la reforme , qu'il
avoit promis ; il ne vouloit abandon-
ner auqune de fes prérogatives , & il
les perdit toutes»
Munzer l'apôtre des i\nabaptiftes en
prêchant l'égalité & l'humilité Chré-
tienne fouleva les habitans de la cam-
pagne contre leurs Souverains ; les
premières fureurs des Païfans éclatent
dans la Suabe : Ce fanatifme dange-
reux gagna la Franconie , la Thurin-
ge , l'Alface» Munzer paffe en Suiffe ,
Conrad Grehel & Félix Manz de Zurich
devien-
(a) Id^ Bouchât iK p» 358» fmv^
Livre Onzie'me^ 2^9
deviennent fes difciples , leur venin fe if^îv
répand ; les fujets de l'Evêque de Ba-
ie pillent LaufFen , Delemont & Po-
rentrui. Les Anabaptiftes de la Suiffe
prêchent , mais ne s'arment pas (^)*
Pendant qu'on fe difputoit en Suiffe
fur la Religion , la nation continuoit
à verfer fou fang dans le Milanois.
La bataille de Pavie, qui fe donna le
24. Fév* 1 5^f ♦ coûta à François L la U*
berté & la perte entière du Milanois.
Jaques Troger Landamman d'Uri leva i^Z6^
l'année fui vante 8000^ Suiffes , Se en
1^27* Antoine Mortîet Ajnbaffadeur
du Roi obtint une autre levée de
lOOOO,
Les Suiffes fouhaitoient paîfionné-
ment de rétablir dans l'intérieur de la
Nation la confiance , l'union & la paix;
l'aigreur contre quelques Cantons &
principalement contre Zurich augmen-
toit journellement; pour prévenir un
R ij éclat
■Il ' '■ Il II I !■ I H
(a) ^mtkvTXv^ <^35f>^'^'t
260 Livre Onzième^
ti26^ éclat fâcheux ils s'affemblérent le.if*
de Janvier 152^. Lucerne , Uri »
Schweiz , Fribourg & Appenzeli pro-
poférent un Sinode général , comme
l'unique expédient pour s'expliquer
fur les différents , qui nienaçoient de
troubler leur harmonie j ils ne purent
s'accorder là-dellus que le i8» Avril à
Einlîdlen , & Baden fut choifi pour
le lieu du Synode , auquel ils invitè-
rent les Evéques de Confiance , de
Laufanne, de Bâîe Se de Coire. Zwin-
gle rcTufa de paroîtrej l'exemple de
Jean Hufs, de Jérôme de Prague, &
de Jean Hiigli Pafteur de Lindau , qui
venoit d'être brûlé ,. lui fit cr aindre
pour fa fureté. Les Députés des 10^
Cantons & des 4 Evéques s'y rendi-
rent le 10. de May ; le Codeur Jean
^ Eckius PrôfefTeur en Théologie à In-
golftadt , célèbre par fes Difputes avec
Luther & Carlftad , Faber & Murner
y furent envoies par le parti du Pa-
pe; Oecolompade, BerchtoldHaller,
Jaqui
Livre Onzie'me^ 26î
Jaque Immeli & Ulric Stouder ténoi- if25»
ent le premier rang pour les Refor-
més^ Les Députés des Cantons pro-
noncèrent , qu'on ne devoit rien in-
nover dans la Religion U) : mais les
Cantons mêmes ne fe réunirent point;
Bâle, Mulhaufen & St. Gall iaifférent
aux Miniftres la liberté de prêcher ;
Schaffoufe étoit irréfolu , Claris &
Appenzeli Iaifférent chacun dans fa
croyance, Coire, la Thurgovie , le
Toggenbourg& le Rheinthalfe mirent
du parti de Zuric; Berne étoit divifé»
les principaux du Sénat , les Chanoi-
nes , les 3. frères de Watteville , les
Tanneurs & un grand nombre d'au-
tres Bourgeois favorifoient la réforme ;
le refte desCitoïens lui étoient contrai-
res Ch\
Les 7. Cantons voulurent exécuter
leur me^ice d'exclure les reformés de
R iij la
(a) Sleidan Comment. U ^»
(b) Sîettkr MSc.
2^2 Livre Onzie'me*
t^26^ la Confédération ; ils refuférent de la
renouveller avec Zurich , à qui ils en
If 2^7^ vouloient principalement ! Berne,
Bâîe , Schaflfoufe & Appenzell s'affem-
blérent à Zurich au commencement de
Janvier pour concerter les moïensde
prévenir une rupture; la même ani-
mofité , qui fe manifeftoit de Canton
à Canton , troubloit le repos de cha-
que paroifle particulière ; les Souve-
rains y mettoient ordre félon les prin-
cipes qu'ils foutenoient : par la même
raifon cette diverfité d'opinion rera-
pliffoit de troubles les païs qui dépen-
doient de plufieurs Cantons , comme
la Thurgovie, le Rheintal, les Com-
tés de Bade & de Sargans , puifque
chacun des Souverains cherchoit à
maintenir fes maximes*
j^28, Berne, après avoir fait plaider les
* Théologiens des deux partiildans une
Difpute publique , qui eft imprimée ,
reçût la reforme le 7. Février , & la
fit publier dans toute l'étendue du Can-
ton ;
Livre Onzie'me* 253
ton ; le païs de Hasle réfufa de s'y IS^S*
foumettre , prit les armes & reçut un
fecours de 800^ Underwaidiens , qui
répafla le Brunig avant que les trou-
pes , que Berne fit marcher contre les
Rebelles , fe fuflent raffemblées ; l'Ad-
voïer d'Erlach eut bientôt calmé cette
Sédition («)♦ Cette République fit
enfuite une Alliance defFenfive avec
Zurich & les Villes de Conftance & de
St, Galls à laquelle Bienne fut aggré-
gée au mois de Janvier 1 5 29 (^b)^ Mul-
haufen au mois de Février , & Basle le
3* de Mars.
Schafhaufeni Basle, une partie de 1^29^
Claris & d'Appenzell fe reformèrent
l'Année fuivante (c)» La plus grande
Partie des Grifons avoit déjà pris le
même parti en 1^26^ Les s^ Cantons
R iiij catho-
(a) Stettler T. 2, p, l - 17.
(b) BfïIIwg L* 19^ C* 4* Stetfl. h C^
p* 20,
(c) Sleidan \^ 6^
à^4 Livre Onzie'me*
ï jCt9, catholiques avoîent fait l'année précé-
dente une Alliance avec le Valais pour
la defFenfe de la Religion avec la Claufe
particulière, que les obligations de
cette Alliance dévoient précéder toutes
les antérieures déz qu'il s'agiroit du
maintien de la Religion catholique ;
ils fe fortifioient auflî de l'Alliance avec
le Pape & du Roi Ferdinand, & pa-
roiflbient difpofés à une rupture ou-
verte : Basle, Schafhaufen, Appen-
zell. Glatis, Fribourg, Soleure&les
Griibns s'entremirent amicalement ,*
ils travaillèrent avant toute chofe à
raccommoder Berne & Underwalden ;
Berne confentit au Traité qu'ils avoient
propofé , à condition que Zurich y
fut compris : mais Zurich réfufoit d'un
côté d'y accéder , & les cinq Cantons
ne voulurent pas confentir à l'y com-
prendre^ Berne & les Cantons mé-
diateurs envolèrent des Députés aux
cinq Cantons & ces Députés furent
mai reçùs^ C'étoit le tour d'Under-
walden
Livre Onzie'me, 2^f
walden de nommer un Baîiif pour Ba- 1^29*
den : Zurich & Berne refuférent de re-
connoitre Antoine Abacher que ce
Canton avoit élu ; Lucerne, Uri ,
Schweiz & Zug firent mine de rinftal-
1er de force ; Zurich jetta 2oo» hom-
mes dans les Balliages Hbres, ^co^dans
Bremgarten, & s'empara du couvent
de Mouri ; ce fut le fignal de la guer-
re^ Toutes les répréfentations des
Cantons neutres & fur tout de Ber-
ne turent rejettées , fous prétexte, qu'on
avoit offert le droit à Lucerne inuti-
lement ; que les cinq Cantons avoient
mis Garnifon dans Raperswil & fol-
licité des fecours étrangers* Zurich
fit imprimer un Mânifette , & requit
le fecours de fes alliés; leva 4000.
hommes fous George Berguer , détacha
3^ Corps fous George WerdmuUer ,
Jean Efcher &JeanRodolf Lavater, pour
s'afifurer du Gafter , de nôtre Dame
des Hermites & de la Thurgovie^
Berne s'arma pour aller à fon Se-
Q, iiiij cours
266 Livre Onzie'me^
If 29. cours, Se leva ^000. hommes Tous
rAdvoïer Sebaftien de Diesbach &
Gafpar de Mulinen , & 4000* fous
rAdvoïer Jean d'Êrlach & Bernhard
Tillmann ; munit fes frontières ; le Bal-
lif Râber couvroit celles de Lucerne,
Jean Jaques de Watteville Seigneur
àé Colombier & Jaques Wagner celles
d'Underwalden,
L'Armée des Zuricois avoit pris po-
fte à Cappel , celle des cinq Cantons
campoit à Baar ; on fe préparoit à l'At-
taque lorfque Jean Aebli Landamman
de Claris , après avoir obtenu un ar-
miftice des Catholiques, le vint pro-
pofer au Zuricois : le Randeret Vœ-
geli de Fribourg & le Député de So-
leure fe joignirent à lui, c'étoitleio.
de Juin ; Tarmiftice fut accepté , mal-
gré l'oppofition de Zwingle qui étoit
à l'Armée ; il prétendoit que les Ca-
tholiques ne manifeftoient des Senti-
mens de Paix que pour gagner du tems ;
elle fe fit cependant , mais fous des
con-
Livre Onzie'me, 2^7
conditions , qui ne promettoient pas 15^9^
qu'elle fut de longue durée^
Les cinq Cantons confentoient que
dans les Balliages communs les peu. .
pies puiOTent fe réformer, fi la plura-
lité des voix le démandoit ; que TAU
liance avec le Roi Ferdinand fut annul-
lée ; que les cinq Cantons ne tien-
droient pas des Diettes particulières
furtout fur des affaires qui régardoient
l'intérêt général du Corps helvétique ;
que toutes les ordonnances que les fix
Villes auroient faites fur la Religion
fubfiftéroient ; qu'on feroit décider deis
fraix de cette Guerre par des Arbi-
tres dans le terme d'un mois , & que
fi cela n'avoit pas lieu que les fix Vil-
les féroient en droit d'interdire la li-
berté du commerce aux cinq Cantpns.
La datte de ce Traité eft de Samedi
après la fête de St. Jean Baptifte le
23, de Juin 1529. Nicolas Manuel ,
Pierre In^Haag Banderets, Antoine
Bifchof & Leonhard Tremp du grand
Confeil
26S Livre Onzie'me
^^29* Confeilde Berne Tacceptérent au nom
de la Republique, L'Advoyer Seba-
HIqu de Diesbach étoit arrivé à Brem-
" garten à la tête du fecours de Berne
comme on publioit cette Païx ia). El-
le ne rétablit point l'union en Suifle ;
les deux partis fuivoient plus les mou-
vemens de leur zélé que les principes de
la politique^
ïf3o^ Luther & Zwingle s*étoient élevés
en même tems l'an 1^8. contre les
mêmes abus ; ils fe partagèrent fur des
queftions d'école : Le Landgrave Phi-
lippe de Hefle chercha à les réunir;
il appeila, Zwingle & Oecolompade à
une Conférence à Marbourg indiquée
au i^ d'Octobre* Luther, Melanch»
ton, Jonas, Olîander, Brentius, A-
grieola d'une .part , 8c Zwingle , Oe-
jcolampade , Bucer & Hedion de l'au-
tre fignérent une confeffion de foi de
If*
' s ■
(a) Stettler U C* p. ^7- 3^. Bullinger
Hîfi, MSc^ 1. 20, c. 20 : ai*
Livre Onzie'me, 269
15. Articles, fur lefquels ils fe trou- iÇ3o,
voient d'accord , on |ne pût pas les
rapprocher fur la préfence réelle W)i
Zwingle envoya fa confeflîon de foi
à l'Empereur à la Diette d'âugsbourg ,
elle fut préfente'e à ce Monarque par
les députés des trois Villes de Zurich ,
Berne & Basle {h), Charles Quint
n'ayant pas pu reuffir à ramener les
Proteftants fit publier un éditle ig^
de Novembre, qui ordonnoit à tous"
les membres* du Corps de FËmpire de
vivre félon les régies de l'Eglife romai-
ne jufqu'au tems du Concile Cc\
Les Reformés de la Suifle s'allièrent
avec le Landgrave de Heffe & la Ville
de Strasbourg : & , ce qu'on aura pei-
ne à croire, François L qui faifoit brû-
ler
,,,11,1, — *
(a) Scultet^ AnnaK Evang^ T* 2^
p» 229. #
(b) Hofpnian, Hifi, Sacrant^ p. i^?*-
Hottmg. p» 52I»
(c) Smltet, p* 287*
270 Livre Onzie'me.
i^3o* 1er les Luthériens en France, déman-
da à être reçu dans cette ligue , mais
fa propofition fut rejettée Ca)^ Le
Landgrave fouhaitoit de faire recevoir
les Cantons évangéliques dans la ligue
de Smaikalden , ils n'en étoient pas
éloignés, mais comme PEIedeur de
Saxe zélé luthérien démandoit qu'ils
reçuiïent fa doftrine , cela ne put avoir
lieu (b),
Ceft ainfi qu'un zélé mal entendu
arrêta les progrès de la reformé, qui
auroit pu dévenir générale , fi en s'é-
levant contre les abus de la puiflance
ecciéfiaftique les Princes , qui la favo-
rifoient , n'eufTent point touché aux
bien du Clergé , qui par une conduite
oppofe devint un parti formidable dans
toute l'Europe^ Les peuples fe mêlè-
rent de controverfe , s'échauffèrent >
on fe calomnia^ Les p;oteftants d'AU
lemagne
(a) Hùtting, p* H*^*
(b) SkUan.l §* p. Sî^
Livre Onzie'me, 271
d'Allemagne fe préparèrent à la guer- 1530*
re, & les reformés de la Suiffe s'y
trouvèrent engagés par la précipitation
de Zurich & de Claris*
Ces deux Cantons avec ceux de Lu-
cerne & de Schweiz font par les trai.
tés protedeurs de TAbbé de St Gail
& de fes anciens fujets, (on appelle
anciens fujets ceux que l'Abbaye a voit
avant 1468. que PAbbé Ulrich Rôfch
acheta le Toggenbourg, ) en 1479
l'Abbé leur accorda le droit d'envoïer
à tour un Officier , qu'on nomme
Landshauptmann , dans fon païs pour
veiller aux droitures rélpedives de
l'Abbé & de fes anciens fujets* L'Abbé
François Geifsberger étant mort le 23*
Mars 1529. les moines s'affembiérent à
Rapperswil & élurent Kilîan Kâufiin ;
Zurich & Glaris ne voulurent pas le
reconnoître , il fe retira en i s 30, avec
fes moines à Wolfurt près de Bregen-
ce,*& foutenupar Marc Sittich Seig-
neur de Hohenems il fit raine de s'in-
ftaller
272 Livre Onzie'me^
IT3f* daller par force. Ses fujets prefque
tous reformés fe mirent fous la protec-
tion particulière de Zurich & de Cla-
ris , ceux - ci dreiïerent un règlement
fur Tadminiflration des biens de l'Ab-
baïe ; Lucerne & Schweiz s'oppoférent
à ce fequeftre; Berne, Baie & Stras-
bourg cherchèrent à en détourner Zu-
rich & Claris ; les neuf Cantons neu-
tres firent une féconde tentative ; ils
propoférent au mois de Mars que les
4» Cantons protedeurs nommeroient
un Landshauptmann , qui adminiftre-
roit les biens de l'Abbaïe jufqu'à ce
que la difEculté pût être terminée ;
l'expédient ne fut pas goûté 5 l'Abbé
mourut exilé le 30. Août , Diethelm
Blarer lui fuccéda ; Zurich &Glaris re-
lièrent en poiïeflion de tous les biens
de TAbbaïe , & affranchirent les Tog-
genboufgeois de toute dépendance &
ferviîude pour la fomme de 14000»
Goaldes. Les anciens fujets réfuférent
de recevoir le Landshauptmann que
Lucer-
Livre Onzie'me^ 273
Lucerne avoit nommée Les cinq Can- i f 30*
tons réfufoient de leur côté de païer les
fraix de la première Guerre de CappeU
Les Reformés en général fe plaignoient iî3i»
qu*on genoit la liberté de Conicience
des fujets dans les Balliages communs ;
qu'on avoit maltraités plufieurs réli-
gionnaires ; qu'on les rendoit odieux
auprès des puiÎTances voifines^ On ne-
gotia beaucoup ; Zurich propofoit des
expédiens extrêmes i la Guerre de Mùfs
s'éleva ; les 8» Cantons envoyèrent aux
Grifons 4000^ auxiliaires ; les 5* Can-
tons réfhférent leur contingent ; les re-
formés crurent qu'il y avoit du deflein ,
la méffianee augmenta ; Zurich vou-
loit la Guerre, les autres Cantons
cherchoient à la prévenir^ Enfin dans
une diette tenue à Zurich le lundi a-
vant la Pentecôte les Cantons convin-
rent d'interdire tout commerce aux
cinq Cantons ; ils vouloient éviter une
Guerre , & par cet expédient ils la pré-
cipitèrent^ ^
11. Part. S
274 L'IVRE Onzie'me
i53i> cipitércnt, La France s'entremit avec
Claris , Fribourg & Soleure ; on tint
un Congres le 14. Juin à Bretiigarten*
Les Reformés démandoient pour préli-
minaires , que les Catholiques laiflaflent
prêcher l'Evangile en toute liberté chez
€ux ; les Catholiques étoient plus rai-
fonnables , ils ne démandoient que la
levée de l'interdit ; les deux partis s'o-
piniatrérent dans leur refus (a)^
Dans ces entrefaites Basle & Soleure
fe brouillèrent au fujet des limites du
Landgraviat de Sisgau , qui apparté-
îioit au premier Canton ; Soleure pré-
tendoit que Dornach , Hochwald &
Gempen leur aparténoient en toute
Souverainetés La difficulté fut d'abord
remifé h un arbitrage : mais Soleure
rompit la conférence & fit drefler une
potence entre Schauenbourg & Gem-
pen;
^ (a) Stfimpf^ p. 324,////% Hotting^
' Hijh MSc. L. 23*
Livre Onzie'me^ 27?
pen ; les deux Cantons armèrent; les if3U
Cantons neutres s'entremirent de nou-
veau ; on convint d'un fécond arbi-
trage , & cette difficulté fut mife heu-
reufement en règle {a\
11 n'en fut pas de même dans Taf-
faire des deux Religions ; un fécond
Congrès à Bremgarten, tenu le 11^
Juillet, fut fans effet auffi bien que •
lesfuivants* On parle différemment
des difpofitions de Zwingle dans ces
Circonftances* Hottinger rapporte ,
qu'il alla fecretement à Bremgarten
pour repréfenter à fes Amis , que l'in-
terdit pouvoit avoir des Suites funeftes;,
& qu'il conviendroit de s'en défilter (^).
Bullinger par contre dit, qu'il alla
trouver les députés de Berne Jean
Jaques de Wattewyl Seigneur de Co-
lombier & Pierre Im - Haag , & qu'il
les foUicita de ne rien céder aux Ca-
S ij tho-
(a) WHrfteifenU^.C.%,
(b) Hotting. p^ 572^
27^ Livre Onzie'me.
ii3i* tholiques (^), Les Médiateurs firent
plufieurs projets de paix, ils furent
tous rejettes , tantôt par l'un tantôt
par l'autre parti. Les Reformés s'o-
piniatroient & perdaient du tems en
négotiations , pendant que les cinq
Cantons démandoienr des troupes au
Valaifans , au Duc de Savoie & au
. Pape, s'armèrent & déclarèrent la
guerre à Zurich le 8- d'Odobre {b\
Le lendemain les cinq Cantons firent
une irruption avec 1200 hommes
dans les baillages libres , ravagèrent le
païs , & pillèrent Mouri , Moos , Efch,
Boswyl & Bûnzen. Albert de Mulinen
Chevalier teutonique& Commandeur
de Hitzkilch en donna avis à ZuricU
& à Berne ; le premier Canton ne le-
va que trois corps peu confidèrables»
Ho ttinger cherche àjuftifier cette con-
duite
(a) Bullîtig^ Mfc, p, 159, a;
(b) Sleidan^ 1, 8.
Livre Onzie'me^ 2577
duîteCa), & eîieenavoit béfoin, le i^it
II. d'Odobre , jour auquel Berne dé-
clara la guerre aux cinq Cantons , les
Zuricoîs jette'rent i^oo* hommes dans
Bremgarten (b), George Gôldîin étoit
pofté à Cappel avec environ 1200^
hommes; il n'aprit la marche des ç.
Cantons, que par leur attaque; fon
Canon les tint pendant quelque tems
écartés ; la bannière de Zurich mar- »
chaàfonfecours, mais de 4000, hom-
mes à peine 2000, eurent le tems de le
joindre; Zwingle étoit de ce nombre^
Jean Jouch d'Uri tourna l'armée &
jetta l'épouvante parmi les Zuricois ,
qui commencèrent à prendre la fuite,
Rodolphe Lavatter fit ferme avec un
petit corps de gens réfolus ; Zwingle
la hallebarde à la main leur prcêhoit
d'exemple ; il fut tué & la déroute
devint générale. Les Zuricois ne per-
S iij dirent
(a^ Hotting. p. 577^
Cb) Rp. 579*
2^78 Livre Onzie'me
i^3t^ dirent pas au delà de 512^ hommes i
fuivant le Calcul de BuUinger , qui les
nomme nom par nom , & qui eft plus
croïable que Salât fuivi de M, le B^
d'Alt , & qui fait monter leur perte à
2000. hommes (^X
Les Reformés joignirent leurs forces
après cet échec à Bremgarten , & fans
entreprendre rien de conGdérable par
la defunion des Généraux ils fe parta-
gèrent de nouveau & s'àmuférent a
piller quelques Villages^ Un détache-
ment de 4000* hommes de troupes de
Zurich , de Bâle , de Schaf haufen &
de Sl Gall fe laifla furprendre le 24^
Odobre fur le Zugerberg par 700^
Catholiques commandés par Chrétien
Itti ; les Reformés y perdirent 83o^
hommes , i (^ pièces de Canon & f^
Drapeaux C^)^ Salât compte encore
ici
a ■•■■ I ■! ■ I 1 1 1 ■ i'
(a) BuUinger Hijî. Mfc, Thuan T. L
p. 80.
Cb) BnUiTig, Mfc^ h c^ Stettler Chr^
Livre Onzie'me* 279
ici plus 3e 2300, hommes, les Reia- i53i*
tions de Bulli.iger font plus impar-
tiales^
Les Toggenbourgeois fe df^couragé-
rent & firent leur paix particulière;
on recommença les négotiations , &
les hoftilités continuèrent ; les fujets
de Zurich commencèrent a traiter de
la paix en leur particulier , & le Can-
ton fut obligé de l'accepter de i^.
Novembre aux conditions , qu'il plut
au vainqueur de dider. Comme cet-
te paix fut acceptée par Berne , &
qu'elle fervit de loix fondamentale
jufqu'en 171 2* je vais en donner les
articles principaux*
On promet par le premier de laiîTer
les cinq Cantons & le Valais dans leur
ancienne, vraïe & indubitable foi
Chrétienne ; les cinq Cantons de bif-
fer Zurich & leurs adhérans dans leur
Religion ; les Cantons fe refervent ré-
ciproquement leurs traités ; les fujets
des Baillages libres , de Bremgarten
S iiij &
sgo Livre Onzie'me*
Ty$i. ^ de Mellingen font exceptés de la
paix, de même que leToggenbourg,
le Gafter & Wefen.
2^ Les deux parties s'engagent à fe
laifler jouïr réciproquement de leurs
droits dans les BalHages communs »
fous la réferve que s'il y avoit quel-
que paroiflTe , qui ayant embraffée la
nouvelle Religion voulut la garder ,
de même que les paroifles qui n'au-
ront pas encore renoncé à l'ancienne
Religion, féroient pleinement en droit
d'y demeurer , & que s'il y en avoit ,
qui vouluffent rétablir la Religion ca-
tholique , elles féroient en droit de le
faire ; qu'on partagera les biens d'Egli-
fe entre les prêtres & les miniftres fé-
lon l'étendue des lieux ; qu'on ne
pourra pas s'injurier pour caufe de
Religion*
3* Les deux parties s'engagent à
obferver mutuellement leurs ancien-
nes Alliances , & en particulier les Zu-
riçois s'engagent à ne point fe mêler
des
Livre Onzie'me^ 281
des affaires des lieux , où ils n'ont i53i«
aucune authorité.
4. Les Zuricois s'engagent de re-
noncer à tous les traités nouveaux ,
& le précédent traité de paix devra
être annullé & remis aux Cantons^
S^ Us réditueront auflTi les 2^00»
Ecùs , que les cinq Cantons leur avoi-
ent payé pour les fraix de la guerre
précédente^
6^ Les prétenfions contre les ecclé-
fiaftiques fe décideront par le droit.
7^ Tous les dommages caufés pen-
dant cette guerre devront être rem-
bourfés^
8» Les prifonniers feront échangés
& ceux qui ne pourront être échangés
rantionnés à un prix raifonnable*
Ce Traité tut fait fous la médiation
du Roi de France , du Duc de Savoie,
d'Ernefl: Marggrave de Baden , de Jean-
ne de Hochberg , des Cantons de Claris,
de Fribourg & d'Appenzell OOv
S iiiij Berne
m ' • •• Il ^— —
(a) WurJieiP L g. c.^3*
282 Livre Onzie'me
If 31^ Berne n'eut d'autre parti à prendre
après que Zurich eut fait fa paix par-
ticulière , que de i'accepter pareillé-
ment» Cette Republique avoit fait une
faute qu'on lui a encore reproché de-
puis , c'eft d'avoir trop partagé fes
forces^ Sebaftien de Diesbach & Jean
Jaques de Wattevilie n'avoient pas
7000^ hommes fous leurs ordres ; les
Païfans fervoient à leurs propres fraix ;
ils étoient m'écontens , qu'on ne les
eut pas d'abord menés à l'ennemi ;
mais Berne qui avoit travaillé à pré-
venir une rupture ne vouîoit agir que
defFenfivement^ Diesbach fe replia
vers Lenzbourg & Aarau ; les f. Can-
tons le fuivirent avec 12000^ hom-
mes , qui firent une incurfion fur les
terres de Berne, & infultérent la Vil-
le de Brougg ; l'advoyer ZulaufF de
cette Ville avec les gens de la Chate-
lanie d'Eigen les répoufTa avec beau-
coup de valeur {a\ Les médiateurs
firent
(a) Stettlet J. 2»p,53*
Livre Onzifme, ag^
firent accepter la paix aux Bernois le 1,5 ^i*
22. Novembre fous les conditions
nommées plus haut* On ajouta qu'ils
païeroient 3000. Ecus aux cinq Cantons
pour les dommages caufés au couvent
de Mouri ; qu'ils remettroient à ceux
d'Underwalden les titres & recés ,
qu'ils avoient contre eux au fujet de
l'affaire de Hasli; qu'ils ne féroient
pas obligés par contre de rei^ituer les
3000^ Ecus , que ceux d'Underwaldea
leur avoient payés ; que les Bernois
permettroient aux Rebelles du Grin-
delwald de rentrer chés eux* Les fraix
de cette guerre-ci furent réglés à ^coo;
Ecus , que Zuric & Berne payèrent*
Tel fut le malheureux fucces d'u-
ne guerre , que Zurich s étoit attirée
imprudemment , qui fut mal condui-
te & qui arrêta tous les progrés de la
Reforme en Suifle* L'Abbé de SU
Gall fut remis en poffeffion de fon
Abbaye ; la Ville de St* Gall lui paya
loooo* Gouldes pour fraix & dom-
mages
284 Livre Onzie'me^
1^31, mages (a), & il accorda la liberté de
confcience à fes anciens lujets ; l'af-
franchiflfement des Toggenbourgois
iut déclaré nul en 1538. (b) Se les VIL
Cantons catholiques renouvellérent
leur Alliance en 1^3, avec l'Evêque
& le pais de Valais ; ce Traité fut con-
firmé le 9» de Juin i S78*
Pendant les negotiations raportées
ci-deffus les Grifons étoient en guer-
re avec Jean Jaques de Medicis , dit
le Châtelain de Mùfs* Cet Avan-
turier s'étoit emparé le I2^ de Mars
du Bourg & du Château de Morbe-
gno dans la Valteline ; les Grifons ap-
pellérent les Suiffes à leur fecours , &
obtinrent 4000, hommes^ Les Con-
federéz réprirent Morbegno & quel-
ques autres petites places , & s'avan-
coient contre Mùfs . lorfque le Duc
de Milan pour éloigner les Suifles de
fes frontières leur fit accepter un trai.
té
(a) BMng, MSc^
(b) UJK
Livre Onzie'me^ 28i
té le 7^ de May, par lequel il s'en- 1^31^
gageoit de continuer la guerre à fes
dépens ; qu'à l'exemple de fon frère
Maxiniilien il renonçoit à fes preten-
fions fur la Valteline & les Comtés de
Chiavenne & de Bormio ; qu'il pren-
droit 2000* hommes des Confederéz
à fa Solde ; que les places dont il fe
rendroit maitre lui appartiendroient,
& qu'il payeroit 30C00, Gouldes d'Or
aux Confederéz (a),
(a) Sprecher L* lo»
FIN.
TABLE
TABLE DES MATIERES.
AArau 5 pafTe fous les Bernois T. j^p^2i9^
Aigle ^ pris par le Bernois^ 2- 38«.
Albert y Empereur, fes entrepr ifes* 1*40^ feq^
Allemanme , Duché , fa fondation 1*13, 1 4»
Alliance des trois Cantons, i» 1 19. première
des Suifles avec la France^ 2, ç^
^//ieV des Suiffes* 2* 21^,
Anabapîifies^ 2* 258*
Anglois , leur guerre en SuiflTe. i; 1 69^
Argeu, failbit partie de l'Allemannie, i, i8*
Appenzell, i. 201^ feq^ 2^ 19U
4/rc?^;V/ des Suiffes* 2^ 214^
Autriche , fa puiffance en Helvétie^ i^ ^3*
B.
ErtJ^» pris par les Cantons, i* 220,
Mie, la Ville, fonHiitoire i, 104, feq, 2, 1 34^
entre dans la Confédération Helv : 2, i ^ i.
(TEvêché) i.iof, 74,77,
Balliages d'Italie, 2, il S*
Balliages libres^ I^ 220, feq.
Bargen Comté» I, 8,195 7i*
Bellinzone^ i ♦ 2 1 4, 2. 1 5 1 ♦ feq«.
Berne,
TABLE.
Berne , étoit d'origine une Ville Imp.
Tom I. p. 93,
Conjecture fur l'origine de fon nom. 1,94*
Son Hiftoire* i, 97Jeq^
Déclare la guerre à Charles le Hardie
Refufe la Comté de Neufchâtel 2 1 14^
BerthoîdV. de Zaringue, i. 28, 91»
5fr/W vendu aux Bernois, !> i78«.
Bienne. i* 7^, 77, l52. 2. 232, feq^
^ip/? vendu aux Bernois^ i* i^7«.
5d?i:^/?^ (de) cité. i. 4, 80;
Bc^^c/'fc/^ (Comtes de) . i^ .102^
Bourgogne la petite» I. 11, i S» 2i.
5{?/^r^6>^«e (Guerre de) 2. i2. feq.
j^rW^r/W^^ (bataille au) 2.121^
Brouggïm^xk&ihïiûé^ 1.249^
Bubenberg (Adrien de) 2. ^9, yf,
Buchsgeu^ Landgravi^t. i. 32.
C
Cantons^ i les trois premiers) i* 3 , 33*feq^
les VIIL anciens^ i. i^^o^
Capitulât de Milan^ 2, 8.
Cappel ( I, Guerre de) 2, 26f^
' Seconde ib, . 276, feq.
Chablais , ce qu'il comprenoit, 1.23.
Chambre Impériale^ 2. 109» Iir.
Charles le Hardie 2. 1 6, 20, 49, 61 , 7f .
TABLE.
Cerlier pris par le Bernois. T» 2, p, 37 > 7^*
C(?/re, l'Evêché. i* I3* 2. 22o*
Çombourgeoifie de Berne avec Neufch* i. 2io^
de Berne avec la Prévôté de Métier. 2,9s*
Comhourgeotfies Suifles » ce que c'eft. i ♦ 2(^7 î ^
Compagnies (Gr^mcles) en France. i* 248.
Comtes en Helvetie. i. 31 > 79»
Confpiraiion àZuïichy 1. 140. àBerne, I, i<^8»
à Soleure. i. i7<^*
Confiance ( Guerre du Concile de), ,. 1.21^.
C/y«r^J (Nicolas) Général Soleurois, 2. i39^
A
Dieshach ( Nicolas de) 2. 32.
(Guillaume) 2. 131. 18 3.
Blettes en SuifTe , 2. i >o.
D/;(?» (Siège de) 2. i8T»
Difcipline Militaire des SuiflTes , l. T98»
Difputesïm la Religion. 2. 25o. 262.
Dornach (Bataille de) 2. 137.
Droit Helvétique , ce que c'eft. I^ 252.
D^WÉ^^ redrefle. 2. 18 8»
Efone ^ ou fitué. 2. 22^.
jE'^//f7?rej , cequec'étoit. i^ 23.
ErldcUXiXdQh. d')i.99XRodolph)l.i 32, t 37^
Efdées^m. 2. 44.
£y?^x;/ï/Vpris&faccagé. 2.44.
Tarnsherg
TABLE.
F.
Farnsher^ affiége par les Suifles^ T, i^ ^ ^f o^
Fiefs rGouvernement des) i. 27.
Fine (George auf der) 2» 1 69^
(Nicolas von) Hermite. 2, 87.
Franche Comtés 2, 77, ^2.-
rrrty?fw^ (Bataille de) 2. ïzç^
rnî//Z'r///7«ew (Bataille de) i* I73«.
fni'«?//r^ bâti, 1,91, Ton Hiftoire, 2. 3, 71, 74.
reçu dans la Confédération Helvet, 2. 87.
fr(?^o^r^ (Comte de) i. 166.
G.
GalK^Abhé deSt, ) i. 74, 29, ^* 2f73,
2, 319;
Gew^W , Ton Hiftoire. 2; 23 ç.
G/^r/V , fon Hiftoire. i, 121; 14^, 148*
Gouverneurs Imper^ en HqIv. i* 45» leq. 5 3^
Grandfon (Bataille de) 2, 6f *
Grinau (Combat de) i* 1 39*.
CrifonSy leur Hiltoire* 2» 116", 220^
H.
Habsbourg bktu i. 2a.
(Lauffenbourg) Comtes. i. 64^
B'igûenbach (Pierre de) 2. 11^ feq. 29^
Halltveil (Jean de) Général Bernois* 2. 64,
(Thuring) Général des Zuricpis^ i. 238^
//, Fart^ T JFfW
TABLE.
Jfrfr/^ (Bataille de) Tome 2. ^ ii9»
Hnsli , fa Defcription. i, 33*
Hehetie,Ç^ Defcription, i, 61, 9, 83-
Helvetiens , leur Origine & Hift, i. 3, feq 8o*
jF/enVo//r/ (Bataille de) 2* 3^»
iïj/?(?n>« (Caradère dun) i.f^*
Jacoh (Bataille de St,) i^ 2ÇO,
Joigne pris par les Bernois. 2. 3 8.
Indulgences prêchées en Suifle. 2. 250. fq^
Iverdm pris. a. 47.
Klettgeu dévafté par les Cantons. 2. 1 29.
K^hourg (Comtes de) J» 31* ^5, 224,
X^iwi^r^T;/^/ de Bourgogne» i* 40»
I,^/^;?e« (Bataille de) !♦ i34*
Laufanne , Evêché. l* 70.
Lentzbourg I*2l8> 2.222.
Leopold d'Autriche tué à Sempach. i* 1 86^»
Livinen (Vallée de)
Lucerney fonHiltoire.
M,
Maires du Valais,
Maleray, (Bataille de)
Malferheid (Bataille de la)
1.213*
I. 123* feq.
r. f.
2. 133.
Marignan
TABLE.
Marhourg (Colloque de) Tome 2, p*. 2^8*
Marignan (Bataille de) 2. 20^^
Jl'to2ffr (Jean) Capitaine Bernois.. i* 2^0^
Mîlamis^ (Guerredu) i. 212, 2,io6,i^^*fq*
Morat, Ville i, 33, 82. (Bataille de) 2. 6s ^
Morgarten, (Bataille de) i ♦ 1 1 3 ♦
Mulhatifen^ 2^ 9 , 23I*
Murbach C Abbé de) vend Lucerne* i. 42^
Mufs (Guerre de) 2. 284.
N.
Nafeh (Bataille de) i* 192^
NeufchàteKSlomiQ^àt) ' 1,71,2.240,
Neuvevilk^ 1,1%, feq,
jsr/i^/if, 1, 171, 174, 17^, 194,
Novarre (Bataille de) 2. 1 8 1 .
Nugerol Ville détruite* !♦ 7^, 2, 24i*
0.
Ofc^///?wJ,coniea:Jur l'orig. de ce nom. i. 90,
Or^f, pris. 2, 38»
P^jyy Jf F^/zJ* I* 6>* 2. 43*
P^/x de Senlis. 2„ 104* de Bâle, 148* perpé-
tuelle avec la France* 2, 210*
Tai^ entre les Reformés & les Catholiques*
2. 279*
Pjj)?i?r?7(? (Abbaye) fondée* i* i8*
Teîmefca, Conjecrure fur Cette Ville, 2*232*
P/i//ew^r/>/, ce que c'eft* ^ i* 16%,
Tij P/>r-
TABLE.
Tiempertuà, Tome i* p^ \^U
Pipp , bâti I, 8. (Comté de) ibid^ 19. 7S*
Fontarlier pris par les Suiffes* 2. 37»
THvilèges des Suifles en France^ 2. 89-
B^perfweil (Comtes de) 1*1 39 . 224.
B^auraques^ l* 8ij 104*
Béforme à Berne. 2. 262.
Reforme (^Qt qui en empêcha les progrès)
2. 283»
I^einfeUen pris par les Bernois. i . 2 s 7*
^eûie, l^ 13. 2. 220» feq*
B^den^ ce que c'eft» 2. 19*^
J^o^/(?//;/7 r. de Habsbourg. 1.38. feq.
i{^oyf//f^4.( Baron de) fauve par fon époufe*^
2. lao.
^.
Sargam^ (Comté de) x^ 73^ 20^. 2. 92*
^rtî^i/jye (.Comtes de) i. ^ç.
SchafhaHfen , Ibn Hiftoire. I. io8* 2^ 9.
entre dans la Conféd. Helvétique. 2. 1^3*
SchlofsbergbitU I. 78^
Schwaderloch 2, 119, (Bataille de) 2. I23«
Schyveitz, Hiftoire de ce Canton. 1.33, m*
^w//?/ic77 (Bataille de) i. i83*
(Règlement.) i, 197^
Soieure * fon Hirtoire. i. ici , 126^
reçu dans la Confédération Helv. 2. 87*
TABLE.
Spreng , cité. Tome 2 , J^« 2 ^ T*
Stanz (Convenant de) 2^ 88»
StUJJi, Bourguem. de Zurich, i* 236 , 243^
Stumpf, Hiftorien accafé* i* S^*
Suahe (Guerre de) 2* 109, feq*
SuiJJe^ fa Defcription^ i* 61, feq.
Smjjes a Origine de ce nom* i* ï oo.
Leur premiérç guerre* i* 112*
Commencent à s «nrôller dans les Services
Etrangers* 2^6^
S'emparent du Milanois. 2*171»
^*
fejfi;i;f// (Combat de) i* 14^*
5>// (Guillaume) fon Hiftoîre* î*49*feq^
!rWr^i?i;i^conquife* 2* 7*
^/>/^«, vendu aux Bernois* i* 178*
!nr(?/ (grande mifére du) 2* 13 c*
Itoggenbourg (Comtes du) i* 72 , 225^
V.
Valais^ 2^ 14, 4f , 22^;
Vndervaîden ^ Hift* de ce Canton, i* 3 , 33^
2* 3T.
Union héréditaire avec l'Autriche* 2*22, i f i ..
Vriy Hiftoirede ce Canton, i^ 3 > 33, 2i8«.
Wattevilk ( Jaques de ) Ge'néral Bernois*
2* Ii8»i83, 185, i89>203»
Welfes^
TA BLE.
Welfes, leur Généalogie. Tomei, p^ 16^
Werdenherg (Co lîites d e) i ♦ 7 2 ♦
Winterthidr cédé auxZuricois. 2, 8*
^c?M (Henri) Officier très^ brave. . 2. 125*
Z'dringue ( Ducs de) i* 24.
ZoffingMe, I. 33 » 218.
Z//^, fonHiftoire^ 1.148*
entre dansla Confédération Helv. I. 149.
Zurich , Capitale du Pagus Tigurinus. i. 80.
SonHiftoire. i.85»feq.
Sa guerre civile* i. 137.
Etablit une nouvelle forme de Gouverne-
nement. i* 138*
Entre dans la Conféd. Helvétique, i, 141.
Sa guerre avec les SuiflTes. i . 22 <. feq.
Zmlauheriy (Baron de) fon Hiftoire Mili-
taire des Suiffes. I. 199*
ZwingU^ %, 250»
FIN.
-^^K ^