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Full text of "Histoire de la confédération Helvetique"

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IN  THECUSTODY  Or  THE 

BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


■^HELF   N° 


HISTOIRE 

DELA 

CONFÉDÉRATION 
HELVETIQUE. 

SECONDE  PARTIE 


HISTOIRE 


DE    LA 


CONFEDERATION 

HELVETIQUE; 


^ 


iÊ^mmti^ 


.mmi 


LIVRE    SIXIE'ME. 

A  Ville  de  Fr  iB  o  UR  G    14^0' 
étoît  reftce   fidèlement  Fribourg 
attachée  aux  Ducs  d'Au-  pajfi  fous 
triche  fes  Maîtres,  pen-  '^  ^^* 
dant  la  guerre  de  Zu- 
rich ;  elle  avoit  pris  une  garnifon  é- 
trangére  à  fa  folde ,  qui  avoit  fort  char- 
gé la  Bourgeoifie.     Le  Duc  Albert 
ffére  de  l'Empereur  Frîderich  s'y 
//,  Pan,^  A  ij  rendie 


voye. 


4  LivKt  ^  iXiE^mn. 

14^0.    rendit  pendant  Tannée  1450.    Ce  Prin- 
ce voulut  engager  Fribourg  à  entrer 
dans  de  nouveaux  projets ,  qu'il  mé- 
ditoit  contre  Berne.     La  plus  grande 
partie  de  la  Bourgeoifie  preféroit  de 
vivre  en  paix  avec  cette  République 
Toifme  5    &   répréfentoit  fans   cefle , 
qu'ifolce  &  féparée  de  tout  le  refte  des 
Etats  de  la  Mâifon  d'Autriche,    cette 
Puillàncê  n'étoit  plus  à  portée  de  la  1 
protéger.    Albert  avoit  achevé  d'irriter 
tout  le  peuple  contre  lui  par  la  Condui- 
te qu'il  avoit  tenue  à  Fribourg  pendant 
le  féjour  qu'il  y  avoit  fait.    On  réfolut 
enfin  de  fechoifir  un  autre  Maître:  Le 
peuple  balançoit  entre  le  Duc  de  Savoye 
&  Berner  le  Duc  fut  préféré  ;  Ce  Prince 
qui  ne  s'étoit  engagé  de  traiter  avec  Fri- 
bourg que  conjointement  avec  Berne  » 
paya  15000  Gouldes  à  cette  Républi- 
que ,   qui  le  menaçoit  de  fe  faire  ren-» 
dre  raifon  de  fon  manque  de  parole 
par  les  armes,  (a)  Les 


(a)    Jujîinger,    SfeUUriJ  6,77, 


Livre    Sixis'ms.         ^ 

tes  AutriehieHs  perdirent  àtux  ^,n-    ï4t^^ 
fiées  après,  l'a  Comté  de  Ky bourg  ^  quils 
rendirent  aux  Znricois  pour  les  frai^^ 
de  la  guerre.  (^0 

La  valeur  que  les  Suifles  aboient    1455, 
montré  à  la  Bataille  de  St.  Jaques ,  ren-    Premier, 
dit  leur  nom  célèbre  en  France.  Char-  ^^  Miav^ 
LES  VII  propofa  aux  huit  Cantons  ^  %^f^^ 


à  la  Ville  de  Soleure  un  Traité  d'Allian-  ^^^.^^  J^ 
ce,  dont  les  conditions  furent  réglées  Fram^^^, 
au  mois  de  Novembre  1453-.  Ce  Trai- 
té portoit  Qi)  :  „  Que  le  Roi  ï-àiïoit  un 
;,,  Accord  &  Convention  durable  avec 
„  les  Cantons  de  ne  leur  être  jamais 
j,  contraire  ni  à  leurs  Succeffeurs  ,  pai* 
„  lui  ni  par  fes  Sujets ,  &  de  ne  do% 
3,  ner  aide  ,  fecouïs ,  ni  faveur  à  per- 
,,  fonne  qui  voudroit  entreprendre  de 
^,  les  niolèfter.  Qtie  les  Habitans  & 
3,  Sujets  des  Cantons  SuiîTes  de  touta 
^3  qualité  poarroieot  paffer  &  retomv 
A  iij  neî^- 


(a)  Tfchachtîan  Chron.  B^rn.  T{chs^07,^,,_ 


*  L  î  V  RS     s  î  X  ï  E'  M  s; 

I^Ai3^  »  ner  avec  tous  leurs  biens/  e'quîpa-i 
„  gcs,  armes  &  bagages  par  tout  le 
j,.  Royaume  fans  aucun  trouble,  &  y 
„  commercer  ,  pourvu  qu'à  l'occafioa 
„  de  cet  accord  il  ne  foit  contrevenu  k 
„  aucun  point  du  Traité.  Louis  XI 
le  renouvella  le  27  Novembre  14(^3-  k 
Abbeville, 

f4W'  On  vit  l'année  fuivante  pour  la  pre^ 
miére  fois  les  Suifles  s'enroller  au  fer* 
vice  des  Princes  étrangers ,  contre  l'a^ 
veu  de  leurs  Souverains ,  &  combat- 
tre pour  une  caufe  étrangère,  Jean 
d'Anjou  Duc  de  Calahre  amena  ^00  Suif» 
fes  aux  Princes  de  h  Liguç  du  biea 
public.  G) 

î4(îo.     -  Il  ne  reftoit  plus  à  ta  Maifon  d'Au*^ 

Guerre    triche  en  Suiffe  que  la  Thurgovie  ,  Ra^ 

ie  Thur-  perfvvcil  Se  Winterthur,     Ces  Etats  lui 

gov?;.       furent  enlevés  peu    à  peu.      Rapcrf. 

vveil{\)  fe  donna  volontairement  aux 

Cantons 


(a)  Commines   T.  i,  p.  38. 

ii)  La  Fais  de  Raperfweil  fi^uce  au 

hmiê 


Livre  Sixie'mi::^        ^ 

Cantons  d'Uri  ,  Sehweitz  ,  Under-  54^ 
walden  &  Claris.  Le  Duc  d'Autriche 
en  fut  irrité  ,  &  traita  ces  quatre  Can- 
tons en  ennemis  :  Ceux-ci  pour  s'en 
venger  fe  chargèrent  de  l'exécution  du 
Ban  de  l'Eglife  ,  auquel  Sigifimnà  vé- 
iioit  d'être  mis ,  &  lui  enlevèrent  dans 
peu  de  jours  toute  la  Thurgoviâ,  Ils 
çonfervérent  cette  belle  Province  dans 
le  traité ,  qui  fe  fit  l'année  fuivante  à 
Conftance.  Les  Cantx)ns  partagèrent  I4^^' 
la  Corrègence  avec  Zurich ,  Lucerne 
&  Zug ,  &  n'admirent  Berne  que  dans 
celle  de  Diejjinhofen  (a).     Wmthrthur  ^    î4^7v 

qui 


hmt  du  Lac  de  Zurich  forme  aujourd'hm 
lae  petite  République ,  qui  ejî  fous  la  pro-^- 
tt&ion  de  Zurich  ,  de  Berne  ^  de  Claris 
épuis  la  guerre  de  tan  171 2k 

(a)  Tfchachtlan  f  53,  S%,  79.  Tfchudî 
T.  2.  p,  600,  6i2>  Dam  la  Paix  /rfc 
lannée  171 2  Berne //</  aufp  admis  à  l^ 
Corrègence  de  la  Thurgovie.  Ai} fila  Sou-^. 
Viraineîé  de  ce  Landgraviat  apartient  aux: 
hit  mcims  Çantom^   qiù  k  font  gonver^ 


.Milans 


.|  L-i V R E  Si X I e' m e,^ 

!l4^'7.    qui  étoit  la  dernière  place  que  la  MaK 
fon  d'Autriche  eut  CQnfervée  en  Suifle 
fut  engagée  l'un  1457  par  le  Duc  SigiC- 
mond  à  la  Ville  de  Zurich,   &  aban^ 
donnée  entièrement  à  cette  Républk 
que  en  1477.  (a} 
CapîtU"      Les  Cantons  firent  leur  première  Ak 
n/r-1''^^^    liance  pu  Çaptulat  avec  le  Duc  Gaieazs 
Mmç  Sforze  de  Milan.    11  fut  réglé  h 
Lucerne  ,  8^  concerne  principalernent 
la  fureté  du  commerce.    Ce  Prince  cé- 
da par  le  même  Traité  la  Foliée  de  Livi^ 


%er  par  un  EaUif\  qui  refiâe  à  Frauen- 
feld  ,  ^  qui  efi  relevé  ahcrnativemen^ 
tous  les.  deux  ans.  Berne ,  Frihmirg-  ^ 
Solenre  (r,ii  part  au  criminel  depuis  1499.' 
JLes  Suijfcs  ayant  obligé  dans  la  guerre  dt 
Snahe  la  Vilb  de  Conjlanie  d^  leur  cékr- 
PAdvoyeris  de  Frauepfeld  ,  qiCells  pojféddt 
depuis  1415'.   ' 

DietTenhofen  forme  une  petite  RépM^. 
que  fous  la  prote&îon  des  huit  anciens  Carr- 
tons  ^  de  Schafhaufen. 

(  a  )  3Iémorak  Tig,  éd.  1742.  p.  ^45. 
Etterlin  /.  80*  Stumpf  l.  i,  c.  33.  Tf^ 
/^7a.        ^  "         '         -  ■■  ^^ 


L  I  VRE  Si  XI  e'me.  $ 

ften  au  Canton  d'Uri ,   qui  en  a  con- 
fervé  la  pofleffion  jufqu'à  nos  jours. 

Les  événemens  des  années  fuivan-    i/^&^: 
tes  nous  conduifent  infenfibleraent  à  la    Guerre 
guerre  de   Bourgogne   fi  célèbre  en  ^s  Schaf-^ 
SuiflTe.  Deux  Gentilshommes,  pour  des  ^u  mj^^ 
prétentions  particulières  ,  inquiétoient  haufeju 
les  Villes  de  Schafhaufen  Se  de  Mulkuufen. 
Le  premier  d'entr'eux  Peler'm  as  Heu-- 
dorf^voit  fait  prifonnier  le  Eourgue-* 
maître  Jem  Am  Staâ  de  Schafhaufen  & 
lui  avoit  extorqué  une  rançon  de  îgoo 
Gouldes  (a)     Le  fécond  Henri  de  iîe- 
gisbehn  avoit   acquis  une  petite  dette 
d'un  particulier  contre  un  Bourgeois 
de  Miilhaufen  ,.    &  s'étoit  plaint  d'un 
déni  de  juftiçe  auprès  de    Thurmg  de 
Hallv-acii  Ballif  à  Enfisheim.     Hallweil 
commit  toutes  fortes  d'hoftilités  contre 
la  Ville ,  &  la  mit  par-îà  dans  la  né^ 
.ceflité  de  demander  une  garnifon  de 


(  a  )  Schilling  p.  12.    TfGhachtlan  l  34, 
Etterli}i%U   Tfchii.di  €■]€. 


ïo         LivRB  S  I  XI  e^me; 

f4^S.  200  hommes  à  Berne  Se  à  Soleure ,  qui 
venoient  de  recevoir  cette  Ville  au 
nombre  de  fes  Alliés  (a).  Ce  petit  fe- 
cours  fut  fuivi  de  7000  hommes ,  qui 
fe  portèrent  fur  VOchfinfeld^  où  ils  pré- 
fentérent  la  bataille  aux  ennemis,  (b) 
Le  refte  des  Suiffes  les  ayant  joint, 
toute  l'armée  des  Alliés  marcha  contre 
WMshut ,  &  mit  le  Siège  devant  cette 
place  Qc},  Tout  çtoit  prêt  pour  don- 
ner un  aflaut  général ,  lorfqu'on  fit  h 
paix  aux  conditions  :  que  les  Schaf- 
haufois  feroient  dédommagés  jdes  1800 
Gouldes  ;  que  Mûîhaufen  feroit  çom- 
prife  dans  la  paix.  Se  que  le  Duc  d'Au- 
triche payeroit  loooo  Gouldes  pour 
les  fraix  de  la  guerre.  (J) 

$M%  SigifmorJ  peur  fè  venger  des  Suiffes , 
fe  rendit  à  la  Cour  de  Lotiis  XI  Rai 


(a)  Schillmgp.  iC 

(b)  Idem  p.  10. 

(c)  TJlhacbtL  1^3-  TJ}:huà  ^88;.  Schl!;. 
img  24. 

\à)  SéilL  J%.  feq.  Tfckidi  6.^0... 


Livre   Sixie'jvïî:.         îi 
de  France ,  dans  refpérance  de  pou-    14^^ 
voir  engager  ce  Monarque  dans  une 
ligue  contre  cette  Nation.    Le  Roi  de 
France  étoit  bien  éloigné  d'entrer  dans 
les  vues  du  Duc  :  Jaloux  de  l'exceffive 
Puiffance  de  Charles  le  Hardi  Duc 
de  Bourgogne  ,  ce  Prince  regardoit  les 
Suifles  comme  très-prapres  à  féconder 
fes  projets  (  «  ).     Sigifmond  ayant  é^ 
çhoué  à  la  Cour  de  France  fe  rendit  à 
celle  de  Bourgogne  au  mois  de  Mars 
J4<^9  ;  il  engagea  au  Duc  la  Comté  de    SigiJ^ 
Fôrréts,   le  Sotintgatt ,   PAIface,   leBrif^^^^"^  , 
gaii  8c  les  quatre  Filles  for ejîiér es  ,    pour    /      ,  ^"^ 
les  mettre  à  couvert  des  entreprifes  des  ge  la 
Suiffes*    Charles  prépofa  pour  ^û- Comté  de 
îif  à  ces  Provinces  Pierre  de  Hagenh.ach  ^7'^%%  , 
ennemi  déclaré  de  la  Nation  QT),     Ce  ^  Charles 
Gentilhomme  prêta  la  main  à  toutes  les  Duc  de 

violences  que  fes  Officiers  commirent  ^^^^^i^* 

gne. 


çontrç 


(  a  )  Schilling  p.  70.  TfchcichtL  20? 
Tfch.j02.  Colhit  Chron.  de  Bourg,  p.  840, 

(b)  Commines  T.  i.  p.  il 2.  Schilling 
f.71.  Etterlinf.%^.,   Gollii^.p.  83^. 


iz        Li  VRE  s  IXI  e'me. 

'Ï4^0.     contre  les  Suiffes.     Diepoh  de  Hahslerg 

Fremié-  Bailif  de  LaufFenbourg  fit  élever  des 

re  Un-    Banderoles  aux  armes  de  Bourgogne  à 

Gitr-rre  ^  -^^^^^^^^^^-^^^  <^s"s  le  Bailiage  de  Schen- 

àe  Botiv^  kenberg  du  Canton  de  Berne;  la  Ré- 

gogue,      publique  députa  au  commencement  de 

l'année  Adrien  de   Bnhsnherg  au  Duc , 

pour  lui  faire  des  répréfentations  à  ce 

fujet,  elles  furent  fans  effet  auffi-bien 

que  d^ux  lettres ,    que  Berne  adrefla 

au  Sieur  de  Hagenbach  fous  le  ig  de 

Juin  &  dans  le  courant  d'Août,  (a) 

Louis  XI  profita  habilement  du  mé- 
contentement des  Bernois.  Gmlîcuime 
de  Dieshcuh  ,  qui  fe  trouvoit  à  fa  Cour, 
fut  chargé  de  faire  à  cette  République 
l'ouverture  d'une  Alliance  particulière  : 
Le  Roi  envoya  des  Anibali^ideurs  à 
Berne  ;  ceux  de  Zurich  ,  Sch\witz  ^ 
Zug  s'y  rencontrèrent-  vers  la  nii  Juil- 
let,  &   indiquèrent  une  Diète  géné- 

rafe 


(  a  )    Tfchachtlan  âms-  ^^^  R^glflres  d^ 
Mime  fi  2,16. 


Livre  Sixîe'ms.  U 
raie  à  Lucerne  pour  îe  i'^  d'Août.  Les  1470*' 
Articles  de  la  Confédération  furent 
'dreffés  &  acceptés  par  le  Souverain  Sé- 
nat de  Berne  le  14  d'Août  (  «  ).  Ils 
portoient  en  fubftance ,  que  les  deux 
Parties  ne  pourroient  donner  au  Duc 
de  Bourgogne  comme  à  l'ennemi  com- 
mun des  deux  Etats ,  aucun  aide  ni  fe- 
cours  au  préjudice  l'un  de  l'autre,  (h) 

Louis  XI  &  le  Duc  de  Bourgogne  j^-yj^ 
armoient  de  toutes  parts  ^  &  quoique 
le  Traité  avec  le  Roi  ne  fut  pas  ratifié 
par  tous  les  Cantons ,  ils  firent  cepen- 
dant des  défenfes  rigoureufes  à  leurs 
Sujets    de  prendre  parti    dans   cette  ^ 

guerre;  deux  Citoyens  de  Berne, Pierre 
Ougsbourger  &  Pierre  Murri ,  furent 
rapellés  fous  peine  de  leur  vie  (c).  Les 
mêmes  ordonnances  furent  renouvel- 

lées  l'année  fuivante.  (^d) 

Les 


(a)  IhilfoL  217. 

(b)  Fal.  Anshelmf,  15  g» 

(c)  Tfchiuhtif.ZSi, 
Cd')IdmfoL272,, 


Î4  L  t  V  R  E  S  1  X  t  ë'M  È. 

5473.  Les  Schafhaufois  >  loin  d'être  rem« 
bourfés  des  igoo  Florins  en  vertu  de 
la  Paix  de  Waldshut ,  reftoient  jour- 
îieliement  expofés  aux  hoftilités  du 
Sieur  de  Heudor£  Le  Duc  de  Bour- 
gogne le  prit  fous  fa  protedion  de  mê- 
me que  Bernhard  d'Eptingen  (a).  Ces 
Gentilshommes  enlevèrent  avec  le  fe^ 
cours  du  Sieur  de  Geroldfeck,  au-def« 
fous  de  Brifac  »  des  Négotiants  Suifles 
avec  leurs  marchandifes ,  &  les  con- 
duifirent  à  Schiittern  Château  de  la  dé- 
pendance de  Geroldfeck  5  d'où  les 
Strafsbourgeois  les  retirèrent  à  main 
^         armée»  (i») 

Ce  fut  dans  ces  circonftances  ^  qtic 

les  Cantons  de  Lucerne,  Uri,  Schweitz 

&  Underwalden  firent  une  AlHance 

perpétuelle  avec  le  païs  de  Faîaîs.  (c) 

L'Empereur  ^   qui  avoit  paffe  une 

parti© 


(a)  Schilling  p,  73. 

(b)  Idem  7(^5  77. 

(c)  TfQlmduL^sh 


Livre  Sîxie'mê.  x? 
partie  de  Fêté  aux  Bains  de  Baden ,  fe  j^^j; 
rendit  à  Baie  fiiivi  d'une  cour  nombreu- 
fe;  il  en  partit  le  9  de  Septembre* 
Pierre  de  Hagenhach  le  joignit  dans  cet- 
te Ville  avec  un  grand  cortège ,  &  le 
fuivit  jufqu'à  Trêves  ;  fes  Domelliques 
portoient  fur  les  manches  de  leurs  ha- 
bits trois  dez  en  broderie  avec  la  De- 
vife  Allemande  ich  pafi  ^  je  les  attends  ; 
les  Suiffes  crurent  que  par  cet  emblê* 
me  il  cherchoit  à  les  infulter  (^).  Ils 
avoient  d'autant  plus  lieu  de  fe  défier 
de  fes  intentions  à  leur  égard ,  qu'il  les 
menaçoit  ouvertement  d^une  guerre 
prochaine  de  la  part  de  fon  Maître  ; 
il  ajoutoit  ,  que  ce  Prince  lui  avoiù 
promis  les  Comtés  de  Lentzbourg^ 
Thun  &  Nidau  ih).  Charles  avoiÊ 
auflî  fait  déclarer,  par  fes  AmbaDTadeurs, 
aux  Suiffes  aflemblés  à  Lucerne  au 
mois  de  May,   qu'il  avoit  pris  le  Duc 

Sigifmond 

(a)   TfchachtL%Zi. 


ï^         LîVré   Sixîe'mjé; 
Sigifttiond  d'Autriche  fous  la  protec- 
tion avec  le  Sieur  de  Heudorf ,  &  qu'il 
les  défendroit  de  corps  &  de  biens,  (a) 
Î474»        Cette  menace  du  Duc  de  Bourgogne 
LesSuif'  irrita  les  Suilles  ;  ils  chargèrent  le  Can^ 
Jes  en-      ^^^^  jg  Berne  d'envoyer  en  leurs  noms 
Jw  Am-  ^^^  AmbalTade  au  Duc  pour  lui  en  de-* 
laffa-       mander  fatisfadion  ^  &  pour  lui  cxpo^ 
dmirs  m  fer  les  griefs  qu'ils  avoient  contre  les 
•J;^^^  .       fufdits  Gentilshommes   &  contre  Ha- 
de  Bour^  genbach.    Nicolas  de  Scbarnachthal  Ba- 
gogyiê*       ron  d'Oberhofen  &  Pierre  de  Waheren 
Baron  de  Belp  furent  choifis  pour  cette 
Ambaffade  ;   ils   joignirent  le  Duc  à 
Tanne  le  8  de  Janvier  j  &  lui  répré- 
fentérent  conformément  à  leurs  inftruc- 
tions  t  (y) 

1°.  La  bonne  întelligence  qui  avait 
conftamment  régné  entre  les  Ducs  fes 

PrédécefTeurs 


(a)  Tfchachtî.  2%s.  Relation  des  Ara* 
lajf.  de  Bourg,  dans  les  freiwes  de  Comnîi'^ 
nés  T»^.p.  4'')7'  ^^ii'  àe  Bruxelles^ 

(  b  )  TfchaM.  304.  Chron.  de  Bourgi 
dans  Commines  f.  3§i^.  Schilling,  {*  9Î* 


Pfédécefleurs  &  principalement  entre    i474> 
Philippe  fon  Père  &:  fes  Alliés. 

a\   Ils  produifirent  le  Traité  de     • 
Waldshut,  &  repréfentcrent ,  que 

3^.  Contre  fa  teneur  poûtive ,  le 
Ballif  Hagenbach  refufoit  aux  Mùlhau- 
fiens  toute  liberté  de  commerce.  Se 
leur  interdifoit  jufqu'à  l'entrée  des  den- 
rées les  plus  néceffaires  à  leur  fubfiC- 
tance. 

4^  Qu'on  leur  retenoît  les  rentes 
qu'ils  poffédoient  dans  le  Suntgau  <fe 
dans  PAlface. 

5°.  Que  quoique  Pelegrin  de  Heu- 
idorf  eut  été  compris  dans  la  paix  de 
Confiance,  ce  Gentilhomme  avoit  com- 
mis des  hoftilités  contre  les  SuiiTes ,  Se 
que  cependant  le  Duc  Pavoit  pris  fous 
fa  proteàion. 

6^.  Quje  leurs  Maîtres  accepteroierifc 
volontiers  la  médiation  du  Pape  ,  de 
iEmpereur  ou  de  l'Eledeur  Palatiji. 

7°.  Qu'ils  efpéroient ,  que  le  Duc 
défavouëroit  la  conduite  de  Hagenbach 
à  leur  égard. 

ILPm.^  S         g'.  Ils 


ï8  Ll  VR  E   S  î  X  1  e'me. 

1474.  g°.  Ils  expoférent  tous  les  griefs  par- 
ticuliei-s,  que  la  Nation  avoit  contre 
ceBalli£      ^ 

Ces  répréfentations  ne  firent  pas  la 
moindre  impreffion  fur  Pefprit  du  Duc, 
qui  traita  ces  Ambaffadeurs  avec  une 
hauteur  &  une  fierté  qui  n'a  point  d'e- 
xemple, en  les  obligeant  de  faire  leurs 
propofitions  à  genoux  (a).  Après  cette 
Scène  humiliante  on  les  congédia  fans 
réponfe  ,  quoiqu'ils  euffent  fuivi  la 
Cour  pendant  plus  de  quinze  jours,  (h) 
Hagenhach,  qui  voyoit  fa  conduite 
aprouvée  par  fon  Maître  n'en  devint 
que  plus  infolent  II  infulta  plufieurs 
Bourgeois  de  Strasbourg ,  de  Colmar, 
de  Seîeftat  &  de  Bâle  ,  &  mit  de  fortes 
garnifons  dans  Brifach  ,  Rheinfelden , 
Seckingen,  Laufienbourg  &  Walds- 

hut.  (0 

Les 


(a)  Schilling  p.  9^. 

(b)  Idem  p,    100.    Chron,   de  Boiirgl 


^  ,  (c)  SMmgp.  103. 


L  î  V  R  E  s  r  X  î  E^  M  Ëf  19 

Les  Suiffes ,   qui  fe  voyoient  mena-    1474^ 
ces  d'une  danger  eu  fe  guerre,    s'alliè- 
rent avec  les  Evêques  de  Strasbourg 
&  de  Baie  ,    &  avec  les  Villes  de  Straf- 
bourg  ,    Coîmar  ,  Seleftat  &  Baie,  (a) 

Le  Duc  Sigifmond  d'Autriche  de  fou   Srgif 
côté  en  étoit  au  repentir  d'avoir  aliéné  ^^'^ondfi 
la  plus  belle  partie  de  fon  héritage.    Il  rj^  ^L^^ 
ne  s'y  étoit  laifle  engager  que  dans  la  cédé, 
vùë  d'attirer  un  puiffant  ennemi  aux 
Suiffes.     Ses  anciens  Sujets  foulés  par 
Hagenbach  imploroient  journellement 
faprotedion.     Il  voyoit  peu  de  jour 
à  retirer  fes  Provinces  des  mains  du 
Duc.     Charles  l'avoit  flatté  du  maria- 
ge de  Marie  fa  fille  (b),   il  s'aperçut 
qu'on  le  trompoit.  Ces  différentes  con-^ 
fidérations  l'engagèrent  facilement  à  fe 
prêter  aux  vues    de  l'Empereur  fon 
Coufm  8z  du  Roi  de.  France.    L'Empe- 
reur craigaoit  le  reffentiment  du  Duc 

de 


(a)  Schilling  p.  106". 

(b)  Infiruà.    des  Amhajpid.  de  Bourg.* 
^  399. 

Bij 


ID  Livre  Sixième. 

1474'  de  Bourgogne,  qui  avoit  demandé J 
que  fes  Etats  fuffent  érigés  en  Pvoyau- 
nie  ;  ce  que  PEmpereur  avoit  refufé.  (a) 
Le  Roi  de  France  foilicitoit  vivement 
Sigifmond  &  les  Suiffes  de  s'unir  par 
un  traité  perpétuel.  Charles  armoit 
de  toute  part,  &  chaque  PuilTance 
craignoit  fes  vues  ambitieufes. 

L0U15  XI  avoit  déjà  conclu  le  10 
de  Janvier  avec  les  huit  Cantons  & 
avec  Fribourg  &  Soleure  une  ligue  dé'- 
fenfive  contre  le  Duc  de  Bourgogne  ; 
par  laquelle  il  promettoit  à  chacun 
d'eux  2000  Francs  de  penfion  par  an  » 
&  20000  Gouldes  pour  les  fraix  de  la 
guerre.  Çp) 

Ce 


(a)  Trevîri  ab  Imperatore  Frlderî- 
co  III  Carolus  Burgundus  Regem  Gaî- 
liae  Belgicae  &  Burgundiae  inaugurari  fe 
volebat ,  ut  quafi  Vicarius  Imperii  vel 
in  ordinem  redigeret  rebelles ,  vel  fub 
jOgum  mitteret ,  qui  ad  Imperium  per- 
tinentes olim  fe  huic  exemiffent.  Boh^. 
mms  in  vita  Alberti  IIL 

(b)  Schilling  f,  15  J,     j 


L  I  V  R  E   s  I  X  I  e'  M  E;  ^f 

Ce  Monarque  fit  de  nouvelles  inftaa-    1474^' 
ces  aux  CaBtQiis  dans  une  Diette  af-    Union. 
femblée  à  Lucerne  le  20  de^  Janvier  ^  Héréè^ 
pour  les  engager  à  faire  leur  Paix  avec  ^^^,  ^^ 
le  Duc  d'Autriche.    Jofl  de  Silhien  Ad*  Maifon- 
îîimiftrateur  de  TEvêché  de  Grenoble  d'Atmi^ 
&  Prévôt  de  Muntter  en  Argeu ,,  fut 
chargé  de  ce  foin  (cî)    Les  Suifles  pro- 
jettérent  le  Traité  à  Feldkirch  dans  uns 
féconde  Diette ,  &  le  firenë  préfenter 
par  Nicolas  de  Disshacb  ,  au  Roi,  qui  Taj- 
prouva  dans  tous  fes  points  &  en  fit 
dreffer  un  Ade  à  Seni'is  le  1 1  Juin  ^  en 
Langue   Allemande  &    muni   de  fo:i 
fceau  (^).     Ce  Traité  »   qu'on  nomme 
l'Unmt  E[ér éditer e  y.  affura  aux  Suiffes 
k  poffefrion  de  leurs  conquêtes  fur  1^ 
Maifon    d'Autriche  ;    les  Cantons  f^ 
chargèrent  de  veiller  à~  la-  confervatioii 
des  Etats  du  Duc  SigifmGnd  (f),.  L'ex^- 
B  iij.  preflSoîi. 


(a)  Schilling  p.  108. 

(b)  Idem  p.  109,  ïio. 

(t)  Foyés  ce   Traité  dam  Leibnit^S  im 
€od,  di])loiiL  Pari  IL 


^%         Livre  Sixîe"'me; 
11474,      preffion  dont  on  fe  fervoit  de  Treu 
Ânffehen ,  a  donné  lieu  dans  la  fuite  des 
teinis  à  bien  des  explications  différentes. 
Le  Samedi  après  Pâques  les  Bernois 
écrivirent  à  la  Duché fs  de  Savoye  la  nou- 
velle de  l'Alliance  ,  qu'ils  avoient  con- 
tradée  avec  le  Duc  d'AutrichelAa  priant 
de  ne  plus  iaiffer  palier  fur  les  Terres 
des  troupes  étrangères  déftinées  con- 
tre eux  :  Elle  leur  répondit  favorable- 
ment    Cependant  les  Sujets  du  Duc 
de  Sayoye  5  &  entre  autres  leur  Chef 
le  jeune  Baron  de  Lafflira  fe  mettoient 
en  campagne  &  prenoient  les  armes 
pour  le  Duc  de  Bourgogne  contre  les 
SuiiTes.    Les  Bernais  Payant  apris  écri- 
virent le  30  d'Avril  à  i'Evéque  &  au 
Comte  de  Genève,   pour  les  prier  de 
mettre  ordre  à  ce  que  la  Maifon  de  Sa-. 
voye  ne  violât  pas  leur  Alliance,  qu'au-- 
trement  a   leur  grand    regret  ils  fe- 
roient   obligés   de  prendre  les  armes 
contre  elle,  (f)  Charles 


(+)  Lss  Bsrmis  tèmQignoïenP  alors  une  fnu 

g^uliérù 


Livre  S  i  x  i  e'm  e/        2^ 

Charles  eut  vent  de  ce  qui  fe  tra-     1474^ 

lîioit  contre  lui  ;    il  envoya  le  5  de     Aml/mfi 

'Mars  un  Meffager  à  Berm  ,  pour  s'in-^^"^-  ^^ 

former  ,    fi  le  bruit  de  l'Alliance  de  ^^^%''L 

en  SniJJk 
cette  République  avec  la  France  avoit 

^  du  fondement  (a).  11  chargea  auffi  le 
Coynie  de  Ro7nont  d'envoyer  des  Ambaf- 
fadeurs  de  fa  part  aux  Cantons  pour 
les  apaîfer  ;  Henri  de  Colombier  Seigneur 
de  Veuillerens  &  Jean  Allard  furent 
chargés  de  cette  commiffion.  lis  al- 
lèrent de  Canton  en  Canton  :  Ils  re- 
préfentérent ,  que  le  Comte  de  Ro- 
mont  fouhaitoit  paffionément  de  con- 
tinuer la  bonne  intelligence  ,  qui  avoit 
fubfiftée  de  tout  tems  entre  la  ?vîaifoii 

de^ 

r  r  , . 

gidiére  confidération  pour  la  Iflaifcn  de  Sa-^ 
voye  :  F'oici  comme  ils  s^ énoncent  dans  uns 
lettre  '  a  la  TJuche{[e  datée  du  27  de  Mars. 
Divi  quondamfabaudioe  inclitiffimi  Du- 
ces ,  qui  rem  noftram  publicani  haudi 
fegniori  ftudio  ac  fuam  continuis  incre-. 
mentis  aluerunt  &c.  Rnckat  Hijh  d^ 
■ia  Suijfe,    Ms.  qui  cote  un  Ms.  p-.  S 76  adl 

(a)  ChïQn.  de  Bmirg,  p,  ^S^t-. 


'S4^  L I V  R E  S  I X I  e'm  e; 
1474'.  de  Savoye  &  les  Suiffes  ;  que  le  Due 
de  Bourgogne,  à  l'exemple  de  fes  Pré- 
déceffeurs ,  avoit  accordé  à  la  Nation 
les  mêmes  avantages  dans  tous  les  païs 
de  fa  domination  dont  fes  propres  Su- 
jets jouïflbient:  que  néanmoins  leur 
Maître  étoit  averti ,  que  par  certaines 
pratiques  &  menées  on  s'efForçoit  àc 
mettre  la  difcorde  entre  lui  &  les  Con- 
fédérés 5  en  répandant  des  chofes  con- 
trouvées ,  comme  par  exemple  :  que 
dans  fon  Traité  avec  le  Duc  d'Autri,^ 
che ,  il  ne  les  avoit  point  exceptés,  & 
comme  s'il  avoit  promis  audit  Duc  une 
protedion  particulière  contre  eux  ;  que 
îarfqu'il  avoit  reçu  en  engagement  les 
païs  de  Ferrette  &  d'Auflbis  ç'avoit  été 
à  la  feule  requête  du  Duc  Sigifmond, 
qui  rétoit  venu  trouver  pour  cet  effet 
en  perfonne  ;  que  la  raifon  qui  l'y  a- 
voit  porté  étoit ,  qu'il  avoit  été  averti 
que  s'il  les  refufoit ,  ce  Prince  les  re- 
mettroit  en  d'autres  mains  ,  dont  il  au- 
loit  pu  lui  revenir  grand  dommage; 
qu'il  n'avoit  pris  le  Duc   d'Autriche 

fous 


Livre  Sixîb'me.  2J 
fous  fa  protedion ,  qu'en  vue  de  me-  14-74^ 
nager  fon  accommoderiTent  avec  les 
Suifles  »  comme  il  leur  en  avoit  fart 
faire  plufieurs  ouvertures  ;  Qu'au  fujet 
de  MefCre  Pierre  de  Hagenbach  ,  il 
n'étoit  point  parvenu  à  la  connoiffance 
de  leur  Maître ,  qu'il  eut  grevé  aucun 
de  leurs  gens ,  qu'il  y  mettroit  ordre 
fi  cela  fetrouvoit;  qu'il  avoit  nommé 
aftuellement  des  perfonnes  pour  infor- 
mer; que  les  Suiffes  jouïroient  d'un 
commerce  libre  dans  les  païs  de  Fer- 
rette  &  d'Auffbis,  &  en  pourroient 
tirer  toutes  les  denrées ,  qui  leur  é^ 
toient  nécciTàires.  (a) 

La  Ville  de  Fribourg  &  les  Cantons 
deLucerne  ,  Uri ,  Schweitz,  Under- 
walden  &  Zug  reçurent  la  déclaration 
des  AmbafTadeurs  de  Bourgogne  avec 
de  grands  témoignages  de  reconnoii^ 
fance    &  d'attachement  pour  le  Duc 

leur 

(a)   Ifîjïrii&iou  des  Amhajfl  Bour^,  a]y^ 
Çommines  T,  4,  p.  4(^:î. 


^6  L  I V  R  E    S  I  X  I  e'  M  e: 

147.4,  leur  Maître.  Ils  ne  trouvèrent  pas  des 
difpofitions  auffi  favorables  à  Berne  Se 
à  Soleure.  lîs  firent  leurs  propofitions 
devant  le  Confeil  Souverain  de  Berne  : 
Quelques  Sénateurs  interprétèrent  mal 
leurs  paroles  ;  il  s'éleva  à  ce  fujet  de 
grands  débats.  Pierre  Kiftler  tenoit  les 
,  Sceaux  en  rabfence  de  l'Advoyer ,  il 
le  rangea  avec  le  Tréforisr  Fraukli  du 
parti  des  Ambaffadeurs  ;  on  reconnut 
qu'on  avoit  mal  à  propos  cherché  à 
irriter  les  Membres  du  Gouvernement 
contre  eux.  Adrien  de  Buhenherg,  Haru 
mann  de  Stcin  ,  Cafpar  de  Scharnachthai 
Se  Jean  Frankii  furent  chargés  de  la  ré- 
ponfe  du  Confeil  Souverain.  Ils  dé- 
clarèrent ,  que  la  République  n'avoit 
aucun  fujet  de  fe  plaindre  du  Duc  de 
Bourgogne  ni  par  rapport  à  fes  anciens 
Etats ,  ni  par  rapport  aux  Comtés  dc^^ 
Ferrette  &  d'AuîTois  :  mais  que  Pierre 
de  Hagenbach  fe  rendoit  odieux  par 
fes  extorfîons  Se  par  les  difcours  inju- 
rieux ,  qu'il  tenoit  contre  eux  ,  fur-= 
tout  contre  Baie  &  Strasbourg  :   que 

quand:; 


Livre  Sixie'me;  2? 
quand  il  fe  trouvoit  dans  leurs  Affem-  ï474ï 
blées  il  vouloit  tout  gouverner  ;  qu'il 
fe  fervoit  ordinairement  de  ces  expref- 
fions  :  Par  la  Char  Dieu,Villains,  vous 
paflTerés  par-là  ;  qu'il  s'étoit  vanté  d'ê- 
tre Ballif  des  i\.lliances  &  Seigneur  des 
meilleurs  Maifons  que  les  Bernois  euf- 
fent  i  qu'il  commettoit  de  grandes  vio- 
lences contre  leurs  Alliés  de  Mùlhau- 
fen  ;  qu'il  les  arrêtoit  pour  les  plus  lé- 
gères dettes  5  au  point  qu'ils  n'ofoient 
plus  fortir  de  leur  Ville ,  ou  on  les  af- 
famoit  en  leur  interdifant  toute  liberté 
de  commerce. 

La  Ville  de  Soleure  fit  à  peu  près  les 
mêmes  répréfentations.  {a) 

Le  Duc  de  Bourgogne  cherchoit  à    //  chr^ 
endormir  les  Suiffes  pour  avoir  le  tems  che  à  les 
d'exécuter  les  vaites  projets  qu'il  ayoit  ^'^^^'^•^ 
formés.     Ses  vues  font  clairement  dé- 
veloppées dans  les  inftruftions  que  ce 

Prince 


-    (a)  Relat.  des  Ambajf,  Bourg,  chez  Corn- 
min,  T,  4.  p.  44^. 


SS        Livre   S  i  xi  e'ms; 
)r474.    Pfii^ce  donna  à  la  fin  de  Tannée  14725 
aux  Ambafladeurs  qu'il  envoya  au  Duc 
d'Autriche.     Sigifmond  avoit  fait  des 
plaintes  contre  la  Nation  &  avoit  de- 
mandé du  fecours  à  Charles  :  Le  Duc 
de  Bourgogne  lui  répondit ,  qu'il  ne 
lui  étoit  pas  poffible  de  lui  en  fournir 
pour  le  préfent  :    „  hem  ^  pour  ce 
99  femhle  que  pour  le  plus  certain  fan  doit 
5,  délayer  pour  cette  faifon  de  mouvoir  Aî- 
55  dite  guerre  ,    ^    dès  maintenant  à  tout 
5,  événement  lefdits  Amhajfadenrs   requer-* 
;,   ro7it  à    mon  dit  Sr-  d'Autriche  9     qu'il 
s,  veuille  dire  ^  déclarer  la  forme  &  ma^ 
9,  niére  comme  il  luifémkle  que  r on  pour -^ 
35  roit  le  plus  avayitageufemenf  envahir  ^ 
5,  faire  la  guerre  auxdits  Suijfes  (a).  Preu- 
ve qu'il  ne  cherchoit  qu'à  gagner  du 
tems.    Il  ne  mit  aucun  ordre  aux  ex- 
torfions  &  aux  hoitilités    de  Hagen- 
bach.    Ce  Gentilhomme  continua  dCm» 

fiilter 


(a)  InfiruB.  des  Amhajf.  envoyés  au  Duû 
c^ Autriche.   Commiu.  1\  4.  ^.  352,  fsa. 


L  î  V  R  E    s  I  X  I  E'  M  E.  2$ 

fulter  les  Suifles  dans  toutes  les  occa-  147^ 
fions.  II  établit  de  nouveaux  péages 
contre  les  Traités  ;  maltraitoit  les  Bour- 
geois de  Mùihaufen  ;  menaçoit  les  Bâ- 
lois,  &  violoit  le  territoire  des  Ber- 
nois, (a) 

Le  Duc  d'Autriche  avoit  dépofé  à 
Bâle  §çs  80000  Gouldes ,  pour  lefquels 
il  avoit  engagé  une  partie  de  fes  Etatsi 
Ce  qu'il  avoit  prévu  arriva:   Charles 
refufa   de  reftituer  l'Hypothèque  fous 
différents  prétextes.     Hagenhach  redou-  i    l^^^a' 
bla  fa   tyrannie:  mais  ayant  formé  ^^ arrêté, 
projet  de  faccager  la  Ville  de  Brifach  {h)  jugé  ^ 
les  Habitans  le  prévinrent  &  fe  faiii^  ^^^'^"^^*; 
rent  de  fa  perfonne.    Le  Duc  d*Autri- 
che  établit  le  9'  de  May  une  Cour  cri- 
minelle pour  inftruire  fon  procès  ;  les 
Députés  des  Suiffes  y  furent  admis  : 
Fctermann  de  PVaberen  y  prit  féance  de 
la  part  de  Berne,  Henri  Hasfurter  de 

celle 


(a)  Schilling  p,  84. 

(h)  Idem  p.  ilQ  &  uj^ 


30  L  I  V  R  E  S  î  X  î  e'm  e. 

t474.  celle  de  Luce  rne ,  &  Jean  de  Staal 
Chancelier  de  Soleure  au  nom  de  cette 
Ville  (a  ).  Hagenbach  fut  coudamné 
par  ce  Tribunal  à  perdre  la  tête  fur  un 
échafaut.  (/;) 

Charles  aprit  devant  Nuifi  ^  dont  il 
faifoit  le  Siège  ,  Texécution  de  fon  fa- 
vori &  réfolut  d'en  tirer  vengeance,  (c) 
Il  donna  ordre  à  Eftienne  de  Hagen- 
bach 5  frère  du  défunt ,  de  ravager  la 
Comté  de  Ferrette.  (J) 
Tenta-  Plus  irrité  cependant  en  apparence 
îive  de     contre  le  Duc  d'Autriche  que  contre 

mms    1^^  Suiffes  ,   Charles  fit  une  dernière 
pour  la  .  r 

Faix  ^-   tentative  pour  le  ménager  leuc  neutra- 

vec  les      lité.    Il  fit  repréfenter  par  fes  Ambaffa* 

Suijjès,     deurs  aux  Cantons  de  Zurich  ,  Berne 

&  Lucerne  :     qu'ils  ne  dévoient  pas 

préférer  un   nouvel  Allié  tel  que  le 

Duc 


(a)  Tfchachtl  /  334.   Hafner  T.  2 
]).  100. 

(b)  SchïILp:  IÎ4,  Il 8,  iif?. 

(c)  Idem  p.  123. 

(d)  Idem  ^.11%  Gojlut:  p,  844.  87^^^ 


Livre  S  i  x  î  e'  m  e.  $  r 
Duc  d'AiUricbe ,  dont  la  Maifon  avolt  ^474* 
été  depuis  tant  de  fiécles  leur  ennemie 
déclarée^  à  un  ancien  Ami  &  Confédé- 
ré tel  que  lui:  qu'ils  dévoient  fe  ra- 
peller  le  bon  voifinage  ,  que  fes  Ancê- 
tres &  lui  avoient  maintenu  fans  inter- 
ruption avec  les  SuifTes  ;  que  leur  No- 
bleffe  avoit  été  reçue  avec  diftindioa  à 
fa  Cour  ;  que  Louis  XI  comme  Dau- 
phin avoit  concerté  leur  ruine  avec  les 
Autrichiens  dans  la  guerre  de  Zurich  ; 
qu'il  n'avoit  jamais  refufé  de  fe  défaifir 
des  Provinces ,  qu'il  tenoit  par  enga- 
gement de  Sigifmond  ;  mais  que  ce 
Prince  n'avoit  pas  rempli  le  Traité 
qu'il  avoir  avec  lui  à  ce  fujet  :  que 
leurs  griefs  contre  la  conduite  de  Ha- 
genbach  auroient  pu  facilement  être 
terminés  à  l'amiable,  (a) 

Ces  repréfentations  ,    quelque  fcn-    p^^.,^^  - 
dées  qu'elles  fufTent ,    ne  firent  point  qui  s'étoit 

d'impreffion  à    Berne.      Le   Duc  de/^^'^^'^' 

-D  contre  lui 

Boureoene  ^  r, 

°  °      a  Berner 

(a)  FalAnshdm  Ch\  Mfc.f.  167. 


'a^         LïvKË  s  i  xîé'mb. 
Ï474.     Bourgogne  y  avoit  néanmoins  un  fott 
parti  :  ç'étoit  la  plupart  des  plus  an- 
ciennes Maifons ,  qui  avoient  de  tout 
tems  fréquenté  la  Cour  de  Bourgogne. 
Adrien  de  Euhmherg  Chevalier ,  Baron 
de  Spietz,  ancien  Advoyerj  étoît  à  leuf 
tête.     Le  parti  oppofé  avoit  pour  Chef 
Nicolas  de  Dieshach  Chevalier  ,  Baron 
de  Signau  Advoyer  régnant  ;  ce  Che- 
valier étoit  fort  attaché  à  la  France  ;  il 
étoit  généreux,  populaire,  éloquent; 
quoiqu'il  eut  pafle  Page  de  74  ans  il 
avoit  confervé  toute  foii  adivité  \  il  é^ 
toit  entreprenant  &  par  tant  de  quali- 
tés réunies  extrêmement  chéri  du  peu^ 
pie.     Adrien  de  Bubenberg ,   homme 
d'un  grand  mérite ,  qui  avoit  rendu 
des  fervices  fignalés  à  la  République, 
maïs  trop  fier  de  fon  illuftre  Naiflauce . 
fut  écarté  fous  divers  prétextes  &  relé- 
gué à  Spietz ,  &  la  Guerre  contre  le 
La  guer^  Duc  réfoluë  par  la  République,  (a) 
^â  Elle 

(a)  Anshelm  fol.  179  feq.     Cet  Auteur 

nous 


LïvRE  Sïxte'mê,         ^3 
Elle  indiqua  une  Diette  à  Lucerne    1474»' 
pour  le  24'  d'Août.    Les  Villes  de  PAl- 
face,  qui  étoient  alliées  des  Suiffes,  & 
celle  de  MonthsHard ,  qu'ils  avoient  pris  ^ 

fous  leur  protedion  (j) ,  s'y  rendirent 

par 


nous  af  rend  fol  i  S4.  que  Nicolas  de  Die& 
bach  avoH  ménagé  P Alliance  avec  la  Fran^ 
es  ^  Pmùon  Héréditaire  de  longue  main  ; 
qu'il  avoif  ajjemblé  le  22  Septembre  1443 
le  Souverain  Sénat  ,  augiisl  on  jî'avoiP 
apellé  que  les  membres  du  deux  Cent  qui  é- 
toient  de  [on  parti ,  qui  -ti  avoient  d'abord 
été  qu'au  nombre  de  22  ,•  qu'on  lui  avoit 
remis  plan  pouvoir  de  conduire  ces  négo- 
iiations  ,  que  le  réfultat  de  cette  délibéra- 
tion avoit  été  tenu  fifecret ,  qu'il  n'en  avoiè 
jamais  rieîi  tranfpiré.  Il  mourut  à  Pore}u 
trui  de  la  Pejîe  ,  fans  enfans.  Guillaums 
de  Diesbach  ,  Chevalier  ,  fon  Coufin  ger- 
main hérita  de  fes  grands  biens. 
"  (^\y  Au  moment  que  le  Duc  de  Bour^ 
gogne  aprit  la  mort  de  Pierre  de  Hagen^ 
bach  ,  il  fit  arrêter  à  Luxembotirg  le  Com- 
te Henri  de  JVirtemberg  ,  ^  donna  les 
ordres  de  s'affitrer  de  Montbeliard.  Les 
Bernois  envoyèrent  300  hommes  an  fecours 
de  la  place  fous  Henri  Matter  ^  Jean  de 
Hallweil  ;  ce  ficours  rencontra  à  Nidmt 
IL  Part.  Ç         Marquard 


34         Livre   Sixie'mk. 
^474'     par  Députés ,  &  demandèrent  du  fe- 
cours  aux  Cantons  (^).  Hubert  CerjeaU 
Sieur  de  Combremont ,    &  Antoine  de 
Ommpïon  y  parurent  de  la  part  de  la 
Duchelïe  de  Savoye  Sœur  de  Louïs  XI, 
&  promirent  au  nom  de  cette  Princeffe 
d'obferver  une  exade  neutralité  (  ^  ). 
Les  Cantons  cependant  faifoient  quel- 
ques difficultés  de  fe  déclarer  ouverte- 
Bient  contre  le  Duc  de  Bourgogne.  Ils 
ne  s'étoient  engagés  par  leurs  Alliances 
avec  le  Duc  d'Autriche  qu'à  la  Défenfe 
de  fes  Villes  &  Provinces;  ils  préten- 
tjoient  n'être  pas  tenus  d'agir  ofFenfî- 
Les  Cnn-  ^^^'^'^^^'^^  C  ^)«     Cependant  ils  cédèrent 
'tons  y      enfin  le  9  d'Oâobre  aux  inîlanc€s  du 
prennent  d^q  après  avoir  reçu  8000  Gouldes  de 


Marquard  de  Stein ,  qui  avoit  défendu 
■cette  Fille  i  ^  qui  ne  trouva  pus  qu'il  fuf 
me ejjhire  qu'il  continua  fa  route,  Tfcbac  htL 
fol  34^ 

(a)  Schilling  p.  132^. 

(b)  Idem  p.  13Î. 
(e)  Lkmp.131. 


L  I  V  RE  Si  xîe'me;  3T 
ce  Prince  (a),  8c  déclarèrent  la  guerre  1474; 
au  Duc  Charles  le  27  du  même  mois  (h) 
à  Pcxception  du  Canton  d'Underwaï- 
den ,  qui  pour  quelques  difficultés  , 
qui  lui  reftoient  à  régler  avec  le  Duc 
d'Autriche,  ne  voulut  pas  prendre  part 
à  cette  guerre.  (0 

Les  Bernois  fe  mirent  en  campagne   Entrent 
peu  de  jours  après,  avec  leurs  Alliés  de  sn  cam* 
Fribourg  ,  Soîeure  &  Biennc  ;  ils  fu-^^^^^^' 
rent  joints  par  Lucerne  près  à'Héri- 
court ,    Se  ayant  mis  le  Siège  devant 
cette   Place ,    les   autres  Cantons  ,  à 
l'exception  d'Underwalden  ,  8z  le  refte 
de  leurs  Alliés  les  joignirent  (J).     Les 
Confédérés  formoient  une  armée   de 
1 8000  hommes  d'élite.   Tljihauû  de  Neuf^ 
chafel.  Maréchal  de  Bourgogne  ,   au- 
quel cette  Ville  apartenoît,  s'en  apro- 
cha  avec  sooo  hommes ,  &  voulut  fe 

faire 


Ca)  Schilling  p,  134, 
(b)  Idem p.iZ^é 
ic)  Idem  p.  133, 
(d)  Idsmp,  137, 


5^        L  î  V'RE  S  I  XI  e'mb. 

1474.  f^i^'c  jour  à  travers  Tarmée  Confédérée 
pour  i€  jetter  dans  la  place  (a)  ;  mais 
il  fui  repcnilTé  avec  perte  de  2000  hom- 
mes ,  fans  que  les  Confédérés  euiïent 

^^fi^  perdu  un  feul  des  leurs  (^).  Herkonrâ 
€ourt  '  ^^  rendit  peu  apr^s  par  capitulation , 
&  fut  remis  au  Duc  d'Autriche. 

Ï47T-         Le  Duc.de  Bourgogne  s'obftinoit 

il'harks  cependant  au  Siège  de  NuiJ^,     Il  perdit 

.pît  fa      poccHÎion  de  fe  joindre  aux  Andois, 

J^aix  avec  -  , 

TEmpe-    9"^  ^'^^^  avoient  follicité  ,   &  donna  le 

reiir  ^  tenis  à  Louïs  de  regagner  Edouard  leur 
m  Iran-  j^q]^  Charles  fe  voyant  abandonné  du 
Roi  d'Angleterre  5  conclut  avec  celui 
de  France  à  Vervins  une  Trêve  de  9 
années.  Il  avoit  auffi  fait  fa  paix  avec 
TEmpereur ,  &  levé  le  Siège  de  Nuifi, 
La  Ligue  de  la  haute  Allemagne  refta 
feule  expofée  à  fa  vengeance,  quoique 
l'Empereur  &  la  France  fe  fuffent  en- 
gagés 


(a)   Coramines  T.  i.  p.  Zi^J.    GoJhii 


£iVRE   Sïxie'meC         37 
gagés  folemnellement  à  ne  point  fliire    f47f> 
de  Paix  fans  les  y  comprendre.  C^) 

Les  Confédérés  rentrèrent  en  cani>  Les  Car^ 
pagne  dès  le  mois  de  Février,  &  firent Z^*^^^'^^" 
diverfes  irruptions  dans  les   terres  de  ^    V  ^ 
Bourgogne  (f).     1300  Soldats  de  Btr- pagfw.^ 
ne ,  Lucerne  &  Soleure  s'emparèrent 
de  F  ont  ar  lier.     Ils  y  furent  affiégés  par 
12000  Bourguignons  5  qui  fe  retirèrent 
avec  perte  fans  avoir  pu  réùffir  dans 
leur   projet.     Les  Suiffes    abandonnè- 
rent  Pontarlier  après  avoir    brûlé  la 
Ville  &  le  Château  Q?),    Ils  tournèrent 
leurs    armes   avec  le  feeours  de  Fri-- 
bourg  &  de  Bâle  contre  Grmtâfon  ,.  Or-^ 
he  5.   Montagny  Sc  Echallsm  y   qui  apar« 
C  ii]  tenoient 


(a)  Commines  l,c.  p,  215:,  23-7,.  26'T. 

(  f  )  Pour  coiiwîr  le  païs ,  les  Bernois 
munirent  le  Château  de  Nid  au ,  ?^  y  fi- 
rent tranfporter  les  armes  qui  fe  trouvoieîiS^ 
/2  Cerlier,  dont  ib  s'étoient  emparés  aî^ 
wois  de  Septembre  de  l'année  précédente... 
Tfchachth  404. 

(b).  Schilling  p,  l^^feq»    GoIhiL  p.  Z7t^ 


18  Ll  VRE  S  î  xîe'me.' 
Ï475'.  tenoient  à  Louis  de  Chalons  Seigneur  de 
Chateauguion  ,  &  à  Hugue  de  Chalons 
Seigneur  d'Orbe  fon  frère,  qui  par 
un  Traité  avoient  accordé  au  Duc  de 
Bourgogne  le  paffage  fur  leurs  ter- 
res (a)  :  Ces  places  firent  peu  de  ré* 
fiftance  ,  excepté  le  Château  d'Orbe , 
qui  fut  pris  d'affaut  &  brûlé ,  &  les 
plus  braves  Chevaliers,  qui  s'étoient 
retirés  dans  le  Donjon  de  la  tour  fu- 
rent maflacrés  avec  Nicolas  de  Joigne 
leur  Capitaine  Q?).  Joigne  fe  rendit  à' 
r terre  de  Wahcren,  (c)  (*) 

Les 


(a)  Ms.  de  la  guerre  de  Bourg,  commu-» 
ntqué  par  W.  Mutach ,  Ballif  d'Yver- 
dun. 

(b)  Idem  Ms. 

(c)  Schilt,p.  Ï69.  feq. 

(*)  On  a  cru  jurqu'ici  fans  fonde- 
ment ,  que  ce  fut  dans  cette  guerre , 
que  les  Bernois  s'étoient  emparés  d'Aï- 
GLE  &  d'ORMONT  ;  l'adle  par  lequel 
ils  établirent  un  Châtelain  fur  ces  païs 
au  mois  de  Novembre  de  cette  année , 
parle  de  ces  peuples  comme  d'anciens 

Sujets, 


Livre  S  i  x  i  e'^m  e.  39 
Les  Strasbourgeois  prirent  400  Ber-  i.yr^ 
nois  à  leur  Solde.  Cette  République 
y  ioignit  600  hommes  fous  les  ordres 
de  Nicolas  de  DiesbacL  Cette  troupe 
avec  500  Lucernois ,  que  les  Bâlois 
avoient  enrollés ,  fut  groffie  par  les  fe» 
cours  de  l'Evéque  de  Baie  &  de  la  ViU 
le  de  Strasbourg ,  le  commandement 

eri; 


Sujets  ,  opprimés  par  nombre  de  Sei- 
gneurs particuliers  ;  ils  implorèrent  h 
protection  de  Berne  Tan  1464  ou  envi- 
ron ;  ils  chafférent  leurs  Tirans  du 
païs ,  principalement  le  Sieur  du  Tor- 
rent ,  Seigneur  d'Aigle.  Pierre 
DE  DuiN  ,  Seigneur  du  Chatel  de  Boex: 
&  de  Noville  eut  recours  à  eux  ;  il  ob- 
tint un  ordre  du  13  Décembre  1408,. 
adreffé  a  Pierre  Steigusr  ,  Gouver- 
neur, de  lui  faire  rendre  fes  bien?. 
Mémoi7'e  de  Mr.  le  Juge  Veillon.  // 
efi  cependant  confiant  par  les  'mémoires  dîi- 
tems  de  Tfchachtlan  ,  que  le  Sr.  du  Tor- 
rent 7^eçut  garnifon  Lombarde  à  Aigle  ,. 
^  que  les  Bernois  s^ emparèrent  du  ChateaW' 
au  mois  d! Août  de  cette  année  ,  que  àt& 
Torrent  P^  fa  garnifon  avoient  abandomiéB 
à  leur  aprocbe.  FidefoL  45^^ 


40  L  I  V  R  E    S  I  X  I  e'  M  E. 

ï47f.     en  fut  conféré  au  Comte  de   Tbierfle'm. 
Cette  armée  s'empara  en  peu  de  jours 
de  Bkmont  &  d'une  grande  partie  de 
la  Franche-Comté  (  ^  )  :    Mais  la  pefte 
ayant  commencée  à  s'y  faire  reiïentir 
elle  fe   retira  (^).     Antome  Bâtard  de 
Bourgogne  la  fuivit  quelque  tems  fans 
néanmoins  ofer  Tattaquer.      Ce   Sei- 
gneur fe  jetta  fur  la  Lorraine ,  dont  le 
Duc  de  Bourgogne  fe  rendit  maître  à 
fon  retour  du  Siège  de  Nuifs. 
La  Dn-^      La  DucheJJe  de  Savoye  s'étoit  engagée 
£hejje  de    ^  j^  neutralité  :  Cependant  elle  permet- 
léCerve     ^^^^  ^  ^^^  Sujets  de  s'enroller  parmi  les 
mal  h       troupes  de  Bourgogne;  elle  accordoit 
veutî-a-    |g  paffage  ^lux  Italiens ,  qu'on  amenoit 
au  Duc ,  authorifoit  fes  Vaffaux,  à  agir 
en  ennemis  contre  les  Sujets  &  Alliés 
des  Cantons  (t)  5  &  donnoit  enfin^ 

eiî 


(a)  SchïlL  p.  188..%. 

(b)  Idemp,  208. 

(f)  Les  archives  du  Château  de  Chate- 
l'àï  proche  de  Fevui  fonrnijfmt  des  preuves 
imont stables  as  ce  fait  dms  la  perfonne  de 

Pierre 


Livre    Sixte' me.         41 
eh  toutes  occafions ,  des  marques  de    i47f» 
fon  attachement  pour  Charles  («).   Les 
Bernois  s'en  plaignirent;  la  Duchefle 
fe  juftifia  par  le  canal  da   Comfe    de 

Gruyère , 

Pierre  de  Gingins  ,  Chevalier,     Ce  Gm-^ 

tïlhommè  arma  [es  gens  &  en  forma  une 

troupe  y  avec  laquelle  il  faifoit  des  coiirfes 

fur  les  Valaifans ,   ^  enlevoit  tout  ce  qui 

étoit  Suîjje  ou  Allemand  :  Henri  Cols   de 

Nuremberg  ,    Anfelm  Scuder  de  St.  Gai  ^ 

Hrhard  Scudmherg  de  Lucerne  faifant  paf^ 

fer  des  marchandijes  par  le  Païs  de  Faud^ 

Pierre  fuivi  de  fes  trois  fds  François  ,  Ja-- 

ques  0'  Claude  les  enleva  au  logis  de  l'Ange 

à  Rolle  5   ^  les  fit  pqjjer  dans  le  Château  de 

I  Beaur égard  en    Chahlais  ;    ayant  continué 

I  fes  hoftilités  il  fut  tué  fous  les  murs  de  fon 

I  Château  de  Chatelar  r année  fuivante  par 

les  troupes  que    conimandoit  Zerkinden. 

Andrée  de  Valperguéy^  Veuve  fut  obligée 

I  eyi  1479  de  payer  aux  Alarchands  dépouiL 

'lés  1400  FL  ^  qui  furent  acquités  en  149:^ 

far  Blanche  de  Montferrat,  Alére  ^ 

:  Tutrice  du  Duc  Charles  Jean  Amé,  par- 

I  ticuliérement  en  confidération  ,  comme  s^ex- 

I  frime  la  Chartre  ,  que  le  Père  de  ces  trois- 

frères  avoit  été  tué  à  fon  fervice. 

(a)  SchilL  f.zih 


4^        L I  V  R E  S  I X I  e' me. 

^475'.  Gruyère ,  Maréchal  de  Savoye ,  qu'elles 
envoya  a  Berne  {a).  Cette  Princeffi 
propofa  aux  Cantons ,  à  Lucerne  ,  de 
fe  détacher  du  Duc  d'Autriche  Se  de 
s'unir  à  celui  de  Bourgogne  ;  elle  pro- 
mettoit  que  ce  Prince  leur  céderoit 
fes  prétentions  contre  le  Duc  Sigif- 
mond  ;  elle  cherchoit  à  donner  de  la  dé- 
fiance aux  fept  Cantons  contre  Berne>& 
leur  propofa  une  Alliance  à  l'exclufion 
de  cette  République  ;  elle  entretenoit 
des  Emifïaires  qui  cherchoient  à  y  ex- 
citer une  révolte  (J?\  Elle  taxoit  Berne 
&  Fribourg  devant  eux  d'être  les  feuls 
Auteurs  de  la  guerre  (c).  Cette  con- 
duite irrita  ces  deux  Villes  contre  la 
PrinceiTe. 

Le  Corn*      Jaques  de  Savoye  ,  Comte  de  Romoitt 

tedeRo-  ^  g^j.Qj^  ^^  Y^^^  ^^qJ^  ^^^^.^  ^^  fervice 

mo'itt  les  ^ 

traite  en  ^^  ^uc  Charles  ,  il  venoft  d'être  fait 

emiemis.  Maréchal  de  Bourgogne  ;    fes  Sujets 

traitoient 

(a)  SchiU.p.  217, 

(b)  hhn  2î8. 

(c)  Idem  %i% 


i 


Livre  Si  xi  e'me.        43 

traitoient  les  garnifons  de  Grandfon  ,     147?^  i 

d'Orbe  &  de  Joigne  en  ennemis ,    & 

les  Députés  des  SuiflTes  mêmes  avoient 

été  attaqués  &  infultés  par  ceux  qui 

tenoit  Ejciées  pour  le  Comte.    Etant  de 

retour  dans  fes  Etats  ,    il  fit  enlever 

deux  chars  chargés  de  cuirs  ,  qui  ve- 

noient  de  Nuremberg,  &  en  maltraita 

les  Condudeurs  (*).     H  mit  garnifon 

étrangère  dans  toutes    les  places   du 

Païs  de  Vaud  Ça).     Ces  diffère ns  griefs  Les  Eer* 

obligèrent  les  Bernois,  après  s'être  for-  ^^^^^  ^^" 

tifiés   de  TAlliance  des  Falaifans  de  lui  ,  ^  \.l,.,,^ 

•^  la  guerre 

déclarer  la  guerre  le  $  d'Odobre.     Ils  <^  fem- 
entrèrent  en  campagne  le   lendemain  ^^^^j^^  ^/^ 
fous  les  ordres  de  Pierre  de  Waheren,  Païs  de 
Chevalier ,  Baron  de  Belp  :  les  Fribour-  '^'^^^" 
geois    les  joignirent  devant  Moraf  la 

veille 


(*)  Tons  les  Auteurs  étrangers  &  mê- 
me Commines  T.  i,  p.  277.  attribuent 
f  origine  de  la  guerre  de  Bourgogyie  à  ces 
deux  chars  enlevés.  On  voit  par  ce  que 
nous  venons  de  rapporter  combien  ils  fonè 
dans  Perreur. 

(a)  Scînll,  p,  2,21,  fq. 


44  Livre  S  IXIE'ME: 
>47f•  veille  de  la  St.  Gall.  Les  troupes  des 
deux  Villes  s'emparèrent  en  peu  de 
tems  à^  Morat  y  de  P^i>'<?n/(?  &  de  plu- 
fieurs  Châteaux  des  environs.  La  Vil- 
le d'Eflavayé  faifoit  alors  un  grand  com- 
merce ,  qui  l'avoiE  fart  enrichie  ;  le 
Comte  de  Romont  y  avoit  jette  300 
hommes  fous  la  bannière  de  Nyon; 
elle  fut  prife  d'affaut  :  il  y  eut  plus  de 
3^00  hommes  paifés  au  lil  de  Pépée 
dans  cette  occafîon  (a).  Les  Soleuroù 
joignirent  Berae  &  Fribourg  à  Eita- 
vayé  ;  on  prit  Tverdun  &  nombre  de 
lieux  circonvoifîns.  Hertri  Dittlinger  Se 
Jeayi  Tillier  de  Berne  avec  Jean  Vôgdi 
de  Fribourg  fe  diftinguerent  à  fa  prife 
à'EfciéesCb^.    Les  troupes  des  autres 

Cantons 


Ca)  Chronique  du  Fais  ds  Fatid.  p.  160* 
(b)  SchilL  235.  StcttL  23  f.  vojès  aiijjï 
Anshelm  h.  a.  La  vérité  as  Phifloire  n^ 
me  fjervriet  pas  de  pnjjer  foits  filence  la  crueU 
k  vengeance  des  Suijfe.s  contre  la.  garnifan 
d'Efclées  i  il  ne  rejla  des  ajjiégés  que  1 8  horn^ 
mes  y  qiii  iurmi  la.,  tètt  tranchée,     Ls  Vc.^ 


L  I V  R  E  s  I  X  I  e'  M  E.  45^ 

;)antons  avoient  joint  peu  à  peu  l'armée  147 f. 
le  Berne  &  de  Fribourg  ,  Se  s'étoient 
miparés  en  paffant  de  Romont ,  Mou- 
hn^  Rue  &  d'autres  endroits.  Les' 
'^almfans  avoient  pris  de  leur  côté  St. 
Iliuirke  81  Gmulîs ,  qui  faifoient  partie 
jlu  Chablais  Ça),  Les  Confédérés  s'é- 
joient  avancé  au  -  delà  de  Morges ,  & 
•rojettoient  de  faire  le  fiégc  de  Genève^ 
ui  montroit  beaucoup  de  haine  contre 
3s  SuilTes  :  mais  cette  Ville  s'en  ra- 
heta  moyennant  la  fomme  de  26000 
jouldes  ,  qu'elle  promit  de  payer,  (b) 
.près  une  campagne  de  trois  femaines 
?s  Suiffes  fe  retirèrent  (t)>  n'ayant 

laiiïé 


t  dit  Capitaine  Pierre  de  Cojfonai  eut  fsul 
!  vie  fauve  pour  avoir  fervi  de  Bourreau 
ins  cette  oeca/ion, 

(a)  Tfchachtlanf.  6^^. 

(b)  Gollutp,  872. 

(t)  Le  Ms.  Mutach  ajoute^  que  lorf- 
•ie  l'armée  des  Suijjes  fe  retira  elle  devofa 
:  campagne ,  excepté  ce  qui  était  de  PE^ 
khé  de  Laifanne ,  des  Baronies  de  Laf- 
\ra  ^  d'4^hmis  &  de  k  terre  de  Ba^ 

vois. 


î47<^. 


4^'  L  I  Y  R  E  S  I  X  I  e'm  e. 

î47f.  laifle  garni fon  qu'à  Tyeràm  fous  les  or- 
dres d'Albin  de  Siliiien ,  Se  à  Granâfon 
fous  ceux  de  Erandolf  ds  Ste'm,  Ils 
avcieiit  même  abandonné  Joigne ,  où 
ils  auroient  pu  arrêter  quelque  tems  le 
Duc  de  Bourgogne  ,  ils  ne  furent 
pas  long-tems  à  regretter  cette  faute. 
Rodolphe ,  Marggrave  de  Hochberg , 
Comte  de  Neufchatel  ,  fe  donna  bien 
des  mouvemens  pendant  tout  l'hyver 
pour  étouffer  cette  guerre.  Les  Suif- 
fes  n'étoient  pas  éloignés  de  fe  pré-' 
ter  à  un  accommodement,  pourvu 
que  le  Duc  d'Autriche  &  leurs  Alliés  y 
fuffent  compris.  Us  confentirent  à  une 
Trêve  de  trois  mois ,  qui  fut  rejettée 
avec  beaucoup  de  hauteur  par  le  Duc 
de  Bourgogne   {a).    Le  Marggrave, 

pour 


fOiV ,    en  confédération  i:!" Adrien  de  Biihcn^ 
h  erg ,  qui  et  oit  gendre  du  Baron  de  Laf^ 
[ara  ,    du  Cornue  de  Gruyère  qui  et  oit  Ba^ 
Ton  d'Aubonne ,    ^^  de  Jaques  de  Glerejje^ 
qui  et  oit  Seii^neur  de  Bavois, 
(a)  Schilp.  3)8. 


Livre  S  i  x  i  e'  m  e.  47 
lOur  donner  une  marque  publique  de  ^+7?^ 
i  bonne  volonté  aux  Cantons ,  leur 
émit  la  Garde  de  la  Ville  de  Nenfcha^ 
eî{a)  ;  il  s'y  jetta  un  nombre  de  Vo- 
ontaires  de  Bienne ,  de  la  Neuveville , 
lu  Landeron  &  de  Cerlier.  (h) 

Le  Comte  de  Romont  continua  la  guer- 
:e  ;  il  furprit  Tvêrdun  le  12  de  Janvier 
lïvec  1500  hommes;  la  garnifon,  qui 
ii'étoit  que  de  70  homes ,  tous  Lucer- 
nois,  Ce  retira  dans  le  Château,  &  y  fit 
une  vigoureufe  refîHance.  Dépourvus 
de  munitions  de  guerre  &  de  bouche 
ces  braves  guerriers  ne  fublîftoient  que 
du  butin  qu'ils  enlevoient  dans  leurs  fré- 
quentes forties  (f).    Le  Comte  n'eut 

pas 

(a)  SchiILp.2S9. 

(b)  Ms.  Mtitcick 

(f)  Da&ion  héroïque  A^un  Lucernoif  ^ 
flont  on  ne  marque  pas  le  nom  ,  raérîte  de 
trouver  place  ici.  Il  n'^avoit  pour  toutes  ar- 
mes que  fou  épée  Ç^f  une  feule  flèche  ^  il  la 
Aécodm  dans  la  retraite  contre  un  Bour- 
guignon^ acheva  de  le  tuer  avecfon  épée , 
retira  la  flèche ,   S?  s'en  fer  vit  pour  tuer 

m 


4S  L  I  V  R  E    S  I  X  î  e'  M  E. 

S47^,  pas  le  courage  de  donner  l'affaut  au 
Château ,  &  fe  retira.  Les  Habitans 
d'Yverdun  avec  lefquels  il  avoit  entre- 
tenu des  intelligences  ,  abandonnèrent 
la  Ville  pour  fe  dérober  au  reffentiment 
des  SuiiTes  Ça),  BranMf  de  Stein  fut 
enlevé  la  même  nuit  dans  la  Ville  de 
Grandfon.  Le  Château  refufa  de  fe  ren- 
dre ,  quoiqu'on  eut  conduit  de  Stein  au 
pied  de  fes  murs  ,  &  que  les  Bour- 
guignons euffent  menacé  de  le  pendre 
en  leurs  préfence  en  cas  de  refus  :  mais 
ce  brave  Capitaine  les  exhorta  lui-mê- 
me à  ne  s'étonner  de  rien  ,  &  les  raf- 
fura  tellement ,  que  les  ennemis  furent 
obligés  de  fe  retirer  ;  ils  emmenèrent 
de  Stein ,  après  la  bataille  de  Grandfon, 
à  Nozaret  ,  où  il  refta  prifonnier  juf- 
qu'à  ce  qu'il  fut  échangé  contre  le  Chef 

des 


îm  ficond  ennemi ,  des  flancs  duquel  il  C  ar- 
racha derechnf  ^  ^  P emporta  avec  lui  au 
Château.    Tfchachtlan  f,  573.  SchilL  p.2,63» 
(a)  Schili.  %6q.  feq. 


Livre   Sixie'mê.         49 
des  Bourguignons  trouvé  dans  le  Clia-    147-5"; 
teau  de  Grandfon.  (a) 

Sur  la  première  nouvelle  qu'on  eut 
de  ce  qui  venoit  de  fe  paffer  ,  les  Ber- 
nois avec  leurs  Alliés  de  Fribourg  & 
de  Soleure  fe  remirent  en  campagne. 
Ils  laiiTérent  200  hommes  dans  Tver^ 
diiH  ,  &  doublèrent  la  garnifon  de 
Grcmrlfon,  (h) 

Le  Duc  de  Bourgogne  dans  ces  entre-    j^ç  jj^^^ 
faites  marclioit  à  grandes  journées  con-  sntre  en 
tre  la  SuiflTe.     Il  entra  par  Joîgyis  dans  ^^^(^  ^ 
le  Païs  de  Vaud  à  la  tête  de  1 00000  qI!^^^^^ 
hommes  ic)  ,•  il  arriva  à  Orhe  le  12  dey^;^|. 
Février  C^)  ,  &  forma  le  Siège  de  Grand- 
fm.    Il  fit  donner  le   premier    affaut 

le 

(a)    Idem  SchilL  p.  26^  P§  292.    Partie 

de  la  guerre  de  Bourg,    dans  PHïJloire  du 
Fais  de  Faud.  p.  171. 
Cb)  SchilL  p.  266. 

(c)  Les  requijttoires  aux  Confédérés , 
que  Tfchachtlan  raporte  ,  ne  parlent  qus 
de  60000. 

(d)  Chroiu  de  Bourg,  dans  Comniin. 
X  2.  p.  400. 

IL  F  m  t.  D 


^O  L  ï  V  R  E    s  I  X  I  e'  M  E. 

1476.  le  22  an  même  mois,  &  emporta  la 
Ville  trois  jours  après.  Le  Château  fe 
défendit  courageufement. 

Les  Bernois ,  fous  les  ordres  de  Ni" 
■colas  de  Schm'nachthal  &  de  Jeayi  de  Hall" 
vveii,  &  les  Fribourgeois  fous  ceux  de 
Pierre  de  Fanjjiguy ,  s'avancèrent  au  fe- 
cours  de  Grandibn  (/?).  Henri  Dit- 
tlinger  tenta  de  fe  jetter  dans  la  place, 
mais  inutilement  (h).  L'armée  Alliée 
ctoit  campée  à  Morat ,  où  elle  atten- 
doit  le  refte  des  Confédérés,  Le  Duc 
de  Bourgogne  s'impatientoit  de  fe  voir 
arrêté  par  un  lî  foible  Château  :  il  trom- 
pa la  garnifon  par  des  propofîtions  fort 
avantageufes ,  qu'il  lui  fit  faire  par  le 
canal  d'un  Gentilhomme  Bourguignon 
îiommé  Luc  de  Ronchant  (c).  Les  aC» 
lîégés  avoient  perdu  Jean  Tillier  leur 
Maître  d'Artillerie  ;  le  feu  avoit  pris  à 

leurs 

(a)  SchilL  p.  272. 

<b)  Idem  p,  277. 

(c)  Idemp,  281.    Le  Ms.  Mutach  & 

i^mmm  Luc  ds  Rouçhant* 


Livre  S  i  x  îe'm  e;        fî 
leurs  poudres  ;    ia  méfmtelligeiice  s'é-   I47*^. 
toit  gliffée  parmi  eux  ;  ils  voyoient  peu 
de  jour  à  être  délivrés  :  toutes  ces  con- 
fidératioîis  leur  firent  prêter  l'oreille 
aux  propofitions  de  Ronchant  (t).    Us  Le  Chcù 
livrèrent  le  Château  au  Duc  le  27  de  ^^^^ft 
Février.     Charles  fit  pendre  ou  noyer  ^^L^^^/^^ 
dans  le  Lac  toute  cette  garnifon,  (\mtmh 
étoit  encore  de  4^0  hommes  (a).    Les 
Suiffes  aprirent  à  Neufchatel  ^  où  ils  s'é- 
é  toient 


(t)  Tfchachtîan  ajouts  ^  queJtdXï  "Wul- 
1er  5  Capitame  de  la  Garnifon  ,  fut  un  des 
premiers  à  prêter  Poreilk  aux  înfinuations 
du  Sr.  de  Ronchant ,  Ç^  que  ce  dernier 
avoit  reçu  loo  Gouldes  de  gratif  cation  ds 
la  garnifon  pour  fes  bons  offices. 

(a)  SchiJL  p,  283.  Ronchant  avoit 
reçu  quelque  offenfe  de  ceux  de  Soleure  ,•  il 
^e  joignit  au  Comte  de  Romont ,  à  Phi- 
lippe Marggrave  de  Hochberg  ^  à 
ceux  d'Yverdun  pour  engager  le  Duc  à 
cette  cruauté.  Les  Bernois  firent  arrêter 
le  Marggrave  Rodolph  père  de  Philippe  , 
qui  fe  trouvoit  à  Berne ,  ^  le  firent  gar^ 
der  à  vue  dans  la  tour  Lombach,  f^oyés 
TfêhdfkL  f  619  &  623^ 
Dij 


^Z  L  T  V  R  E    s  I  X  î  e'  m  E. 

^47^-     toient  avancés  depuis  Morat ,   le  fort 
<îe  ia  garniiba  de  Grandfon.     Refolus 
de  venger  leurs  Compatriotes  ils  mar- 
chèrent le  2  de  Mars  avec  20000  hom- 
mes à  la  rencontre  du  Duc  de  Bour- 
gogne.  Ce  Prince  avoit  jette  3^0  hom- 
mes dans  le  Château  de  Fauxmarais  , 
qui  eil:  fur  le  paiïage  de  Neufchatel  à 
Grandfon  ;  les  SuifTes  ne  s'y  arrêtèrent 
EataiUs  V^^  '  Leur  Avantgarde ,  compofée  des 
S  Grande  t^oupQS  de  Schvveitz  Se  de   Tlmn,  s'é- 
Jm.  toit  avancée  au-delà  de  ce  Château  » 

&  avoit  pris  polie  dans  un  terrein  avan- 
tageux au-deffus  de  Vauxmarcus ,  dans 
un  lieu  nommé  la  Comhe  de  Ruaiix  (a)^ 
George  de  Rofimhos  les  attaqua  avec  100 
Archers  (f).  Les  Confédérés  laiflerent 
Vauxmarcus  derrière  eux  &  marchè- 
rent à  leur  fecours.  Ces  mouvemens 
engagèrent  la  Bataille.  Charles ,  con- 
tre l'opinion  de  fes  Généraux  ,   étoit 

forti 
,«„«_ — ^ — —- ,- ^. ^ . ^ 

(a)  Schil  p.  2%6.  Ms.  Muf, 

(b)  Commin,  T.  i.^.  ^75, 


L  t  V  R  E     S  I  X  I  E^  M  E.  f  3: 

fortî  de  foîî  camp  avaMtageux  fous  1-47^- 
Grandfon  pour  aller  au  -  devant  de.^ 
Suiffes  ;  il  s'engagea  dans  un  terrain 
fort  ferré  au-dellus  du  bois  de  la  Lav« 
ce^  que  l'on  nomme  la  Chatofe  {et)  ,  & 
s'avança  avec  une  précipitation  ,  qu^ 
ne    permit  pas  à  toute   ibîi  armée  de 

I  le  fuivre  (Q.     Les  troupes  de  Berne  ^ 
Schvveitz  j    Frihoiirg ,   Soleure   ^  Eienne 

\  arrivèrent  les  premières  en  préfence 
de  l'ennemi  ;  ellel  fe  jettérent  à  ge- 
noux ,  félon  l'ufage  de  la  Nation  ,  pouu 
implorer  le  fecours  Divin  :  les  Bour;. 
guignons  crurent  qu'ils  demandoient 
grâce.  li  s'éleva  de  grands  cris  àd.ni 
leur  armée  ^  qui  trainoit  plus  de  3000 
femmes  à  fa  fuite  {c^.  Les  ô.quil  ar- 
mées fe  canonérent  quelque  teeis.  Louis 
de  Chûloijs  ,  Sei-rnenr  de  Chateaii^uion , 
commença  l'attaque  avec  la  Cavalerie- 
Les  Suiffes  formaient  un  Balailloîi 
D  iij  q narré 

(a)  IPRMnt. 

(b)  Commin.  L  c, 

(c)  SchilL^.2^j^ 


f4  Livre  S  i  xî  e'm  e. 
H7^^  quarré  ,  dont  le  front  étoit  défeiida 
par  ies  Lanciers  :  Quoique  leurs  trou- 
pes n'euffent  pas  encore  toutes  joint  le 
corps  de  bataille  ,  Chateangumi  ne  puÊ 
les  entamer  :  après  avoir  attaqué  pour 
la  féconde  fois  ce  bataillon  des  Suiffes , 
&  avoir  été  repouffe  autant  de  fois,  iî 
fut  tué  à  la  troifiéme  attaque  par  Jean 
von  âer  Griih  de  Berne  ^  &  avec  lui 
plufieurs  Seigneurs  de  la  première  con- 
fidération  {a).  Le  Duc  de  Bourgogne^ 
qui  ne  croyoit  avoir  à  faire  qu'à  cette 
poignée  de  monde  ,  qu'il  voyoit  de- 
vant lui  5  fut  étonné  de  la  voir  croitre 
d'un  moment  à  l'autre  ;  c'étoit  le  refte 
des  Alliés ,  qui  fe  rangeoient  en  batail- 
le à  mefure  qu'ils  arrivoient  {h).  11  ea 
fut  informé  par  Brandoîfe  de  Stein; 
ce  Prince  s'écria  plein  de  décourage- 
ment :  Que  deviendrons-nous ,  puiC 
que  nous  n'avons  pas  pu  vaincre  cette 

poignée 


(a)  S6hulp.'i%%. 


Livre  Si  xîe'me.  ff 

poignée  de  gens  (a):    Les  premiers    ^47^ 
rangs  de  fes  troupes  fe  retirèrent  en 
arriére  pour  rejoindre  le  corps  de  l'ar- 
mée.    Ceux-ci  prenant  leur  retraite 
pour  une  fuite ,  reprirent  le  chemin  du 
Camp  (0-   Les  SuiiTes  les  fuivoient  de 
près  ;  ils  atteignirent  l'Infanterie  ,  qui 
îie  put  pas  foutenir  leur  choc  ;   la  àé-- 
route  devint  bien-tôt  générale.  Ils  chal^ 
férent  les  Bourguignons    devant  eux 
comme  une  troupe  de  bétail,   (  pour 
me  fervir  de  Texprefiion  d'un  Auteur^ 
qui  était  préfent  )  (c>  ,    &  les  pourfui- 
virent  jufqu'à  Montagny  ;  leur  pefante 
armure  ne  leur  permettant  pas  d'aller 
plus  loin.     Ils  s'y  jettérent  à  genoux 
pour  rendre  grâce  à  Dieu  ,  de  la  vic- 
toire fignalée,  qu'il  venoit  de  leur  ac- 
corder contre  un  Prince,  qu'on  croyoit 
invincible.    800  Cavaliers  de  Bâîe  &  les 

Gendarmes. 


(a)  Murait  Mfc. 

(b)  Conimin.  L  c. 
(c)   Schilling  p.  2  SS, 


I 

0         Livre   Sixîe'me. 
X47^.     Gendarmes  Autrichiens  &  Strasboiir- 
geois  ne  joignirent  Tarniée  Confédérée 
qu'après  le  combat  Ça), 

Le  Duc  de  Bourgogne  ainioit  lefafte^ 
foa  Caiîip  étoit  rempli  d'eifets  précieux. 
On  eftima  à  on  million  de  florins  les  ri- 
cheffes  qui  tombèrent  entre  les  mains 
des  SuiiTes  (|).  La  Garnifon  de  Grand- 
fou 


(a)  TfchachtL  f.  6'3o,  6'^i. 

i])  On  aprend  par  ks  Mémoires  de 
Burkard  Stoer  Frevot  d'AmJolthjgen  ,  qui 
jhit  dans  les  Archives  de  Btrne^que  dans  ces 
fents  le  Marc  d'argent  valoit  ^  flor.diiRhm, 
On  conferve  précieiifement  dans  PArfenal  de 
Berne  pliifieiirs  pièces  d'Artillerie.  ^  les 
Motijquetons  des  Gardes  du  Duc  ,  ciuï  lui 
furent  enlevés  dans  cette  occafion.  On  nion^ 
tre  au/Ji  phifieurs  riches  tapis  ^  les  ttipijje" 
nés  avec  lejqueUes  [es  tentes  étaient  décorées.. 
Nos  Chroniques  raportent ,  que  ie  gros 
Diamant  qui  fait  aujourd'hui  le  principal 
orne7nsnt  de  laCou.ronne  Papale  fut  acheté  à 
Lucevne  Pan  1492  pour  <^qoo  florins  du 
Rhin,  par  Guillaume  de  Dicsbach  fils  de 
l'Advoyer^  de  c«  nom  qui  le  vendit  à 
Barihlomé  M-àj  Seigneur  de  Stratlingen 

pour 


Livre  S  i  x  î  e'  m  e.  ^7 
fon  fe  rendit.  On  diflribua  entre  les  ^'^7^* 
Confédérés  une  trentaine  de  Gentils- 
hommes de  diftin^ion;  Berne  demanda 
le  SeignetîT  de  Darin-^  pour  l'échanger 
contre  BranMphe  de  Siein  :  mais  à  la 
vûë  des  nialheureufes  viélimes  de  la 
cruauté  du  Duc  de  Bourgogne,  les  fol- 
dats  de  Berne  Se  de  Fribourg  mafla- 
crérent  tous  ces  prifonniers  à  l'excep- 
tion du  feul  S"  de  Darin.  (a)  La  Gar- 
nifon  de  Fauxmarcus  abandonna  le  Châ- 
teau &  eut  le  bonheur  de  fe  faover. 
Cette  vidoire  ne  coûta  aux  Suiffes  que 
>o  hommes;  la  perte  des  Bourguignons 
fut  de  îooo(^),  parmi  lefquels  on  ne 
comptoit  que  7  hommes  d'armes,  (c). 


,es 


pour  5' 400  &  celui-ci  à  des  Marchands  de 
Gènes  pour  7000  ,  lefquels  l'ont  remis  aii 
Duc  de  Milan  pour  1 1000  ducats.  Jules 
II.  P acheta  de  ce  dernier.  Tfchachtlan 
iMémoires  du  Temps  fol.  (?3^. 

(a)  ScbiJl.  p.  291.  Tfèhachtlan6^\, 

(b)  Lhm63o, 
Çc)  Cooiriiin.  /,  c. 


58  L  I V  R  E  S  î  X  I  e'm  e. 

347(^.        Les  Confédérés  après  avoir  palTe  trois 
Le  Duc  J^^^s  f^^'  ^^  Champ  de   Bataille   repri- 
rajfemhle  rent  le  chemin   de  leurs  mailbns.    (  j) 
une  mu-  Charles  s'étoit    fauve  le  jour  de  la  Ea- 
^^^^^         taille  de  Grandfoii  jufqu'à  Nozaret  ;  fou 
Armée  l'y  fuivit   {a),  11  fit  de  nouveaux 
préparatifs  de  Guerre,  réfolu  de  rentrer 
au  plutôt  en  Suiile  &  de  former  le  Siè- 
ge de  Berne  &  de  Fribourg,    Comme 
alTuré  de  la  viftoire  ce  Prince  promit 
la  Ville  de  Berne,  au  Comte  de  Romont 
&  celle  de  Fribourg,  à  la  Ducheiïe  de 

Savoye 


(i")  Après  la  bataille,  les  Suijjes  armérenû 
Chevaliers,  les  Gentilshommes  qui  s^  étaient: 
le  plus  âifiingués.  De  Zurich^  Jean  deBrei- 
tenlandenberg  ,  Roll  de  Bonftetten  Ba-^ 
YGUôl'Uftri,  Sigmund  de  GrielTen  ,  Hart- 
mann Rordorf ,  Henri  Gôldlin  fe^  Félix 
Schwarzmaurer.  De  Berne,  Petermanii 
de  Wabereo  fils  de  PAdvoyer  de  ce  nom  , 
Jean  de  Hallweil  ,  Arnold  Segenfer  ^ 
Jean-Friderich  de  Mûh'nen.  />f  Bâle^ 
Arnold  deRotberg  ^  Jean  Schlierbach. 
Tfchachtl.f.  532. 

(a)  SchilL  p,  304. 


L  I  V  RE  Si  XI  e' ME.  ^9 

Savoye  &  partagea  les  principales  Mai-    147^ 
fons  entre  fes  Officiers.  Ça). 

Le  Duc  de  Bourgogne  étoit  venu 
camper  à  Laiifanns  le  14  de  Mars  (Jy)* 
Son  Armée  groffiflToit  tous  les  jours  ;  la 
DuchelTe  de  Savoye  &  le  Comte  de  Ro- 
mont  lui  avoient  prêté  tous  les  fecours 
imaginables.  Les  Bernois  &  les  Fri- 
bourgeois  profitèrent  du  féjour  ,  que 
le  Duc  fit  à  Laufanne  pour  munir  les 
places  les  plus  expofées.  Ils  jettérent 
1000 hommes  dans  Grandfon  &  i^%o 
fous  Adrien  de  Biihenherg  (*)  &  Giiillaii^ 
me  d'Affry  dans  Morat  (c).   Les  SuilFes 


Ca)  Idem  p.  3o5. 

(b)  Cbr.  de  Bourg,  p\  400. 

(*)  Les  Auteurs  Coiitempora'ws  donnent 
âe  grands  éloges  à  la  fagejfe  ^  au  courage 
^Adrien  de  Bubenberg.  Ayant  eu  avis ,, 
que  fa  garni fon  étoit  prêts  à  Je  mutiner  ,  il 
publia  une  Ordonnance  ^  que  tout  fol dat [e- 
roit  tenu  par  fon  ferment  de  paffer  au.  fil  ds 
répée  toute  perfonne  ^  qui  témoigner  oit  la 
moindre  irréfohttion,  fans  exception  de  rang^ 
Tfchachtl.f.  6%i.  SchilL  p,  334. 

(c)  SchilL  p.  307. 


^O  L  I  V  R  s    s  I  X  ï  E'  M  E. 

'1^76,  &  leurs  Alliés  firent  entrer  1000  hom- 
mes dans  Fribourg  (a).  Le  Comte  de  Ro- 
mont  avoit  repris  preiqiie  tout  fon  païs, 
&  toutes  fes  places  ecolent  bien  gar- 
nies (h),  Nicolas  Zerkinden  Châtelain 
du  haut  Simmenthal  reprit  la  Tour 
près  de  Vevay ,  &  pafiii  au  fil  de  Tépée 
500  hommes  qui  y  étoient;  il  s'empara 
enfuite  do  P^evay  &  de  plufieurs  lieux 
circonvoifins.  (<:)  Peterman  de  Wah-eren 
&  Gtiulaume  de  Dieshach  marchèrent  con- 
tre Romoitt  ;  le  Comte  de  ce  nom  dé- 
fendoit  la  Ville  avec  4000  hommes  ;  ils 
firent  donner  quelques  aUauts  contre 
une  tour  fans  pouvoir  l'emporter  &  Te 
retirèrent  fans  ofer  entreprendre  le  Siège 
de  la  place.  Qd)  Les  Falaifan^  défirent 
un  corps  de  3000  Lombards,  qui  a- 
voient  paiTé  le  Saint  Bernard  pour  en- 

trei- 


(a)  SchîlL  ^0.6^ 
(h)  îdem  310. 

(c)  Idem  3  ï  3. 

(d)  Idem  3^6, 


Livre  Si  Xie'iME.  '       6i 
trer  an  Service  du  Duc  00-  ^47^« 

Les  Bernois  écrivirent  en  date  du  ii^ 
d'Avril  au  Roi  de  France ,  &  lui  re- 
commandèrent les  EnfiTiis  de  Savoye  (-f), 
qui  étoient  expofés  par  le  mauvais  par^ 
ti  qu'avoit  pris  leur  ]\Iére ,  à  être  de'- 
poùillés  de  leur  bien  par  le  Duc  de 
Bourgogne  ;  Ils  requeroient  le  Roi  d'at- 
taquer ce  Prince  dans  le  cœur  de  fes  E- 
tats ,  pendant  qu'ils  étoient  réfolus  de 
lui  livrer  bataille  en  Suiffe  (F).  Ils  a- 
voient  auffi  écrit  à  tous  leurs  Alliés  pour 
prefler  leurs  fecours  (o). 

Le  23  de  May  le  Duc  de  Bourgogne     ÂlP^^i^ 
détacha  une  partie  de  fon  armée,  qui  "  -'^^^^*- 
€toit  de  (50000  hommes  (^ ,  pour  aller 

inveftir 


•  Ca)   TfchachtL  6^6, 
(t)   Cétoit  Fhilihtrt  Duc  de   Savoye., 
Charles  ;   Lomfe  ?nariée  depuis  à  Hn;îue  de 
Chidouy  Marie  mariée  à  Philippe    ds  Hoch^ 
herg, 

(b)  SchilL  3 2 T. 

(c)  Idem  318. 

(d)  TfchachtL  6^0. 


6Z  L  T  V  R  E    s  î  X  t  e'  M  B. 

1476".  inveftir  Morat  ;  ces  troupes  arrivèrent 
devant  la  Ville  le  24  (ji) ,  &  achevèrent 
de  rinveftir  le  lendemain.  Le  Duc  ne 
îevja  fon  Camp  de  Laiifamie  que  le  27, 
&  prenant  avec  le  gros  de  fon  armée 
une  route  détournée  il  alla  camper  à 
Morrain  près  du  lac.  Le  Mardi  4  Juin 
ce  Prince  s'avança  jufqu'au  Château  de 
Beaulay  ,  il  campa  le  7  à  Montet  près 
d'Eftavayé  ;  il  en  partit  le  9  avec  fon 
armée  &  campa  à  Avenche,  le  10  à  Faug 
près  de  Morat ,  &  entra  dans  le  Camp 
de  Morat  le  lendemain.  (^)  Jaques  Com^ 
te  de  Romont  étoit  campé  avec  8003 
hommes  au  nord  de  la  Ville  ,  Antoine 
Bâtard  de  Bourgogne  près  du  lac  avec 
30000;  le  Duc  occupoit  les  hauteurs 
avec  le  refte  de  fon  armée  {c), 

LesCon-     Les  Bernois  donnèrent  le  comman- 

fédérés  -, 

centpour 

dégager    "~  '     *  "  

îaYilk. 

(a)  Schill.  323. 

(b)  Chron.  de  Bourg,  ]?,  40 1. 

(c)  TfchachtL  6%% 


L  î  V  RE     S  I  X  I  E'  M  E.  6"5 

'dément  de  leurs  troupes  à  Nicolas  de  147^. 
Scharnachthal  &  à  Pierre  de  Wahereyi  ,  & 
firent  avancer  toutes  leurs  forces  à  Laii^ 
peu  &  à  Giirmnen  pour  défendre  leurs 
ponts.  (^).  Les  Bourguignons  les  at- 
taquèrent fans  pouvoir  les  emporter,  (d) 
Le  j5  de  May  ils  donnèrent  l'affaut  à  la 
Ville  de  Morat,  le  combat  dura  4  heu- 
res 8c  fut  opiniâtre  ;  ils  furent  repouf- 
fés  après  avoir  perdu  plus  de  1000 
hommes,  (c). 

Dans  ces  entrefaites  les  Alliés  joigni- 
rent peu  à  peu  l'armée  de  Berne  &  de 
Fribourg.  Les  Confédérés  s'avanc*. 
rent  jufqu'à  Ulmitz ,  ils  formoient  un 
corps  de  30000  hommes  d'Infanterie  & 
de  4000  chevaux.  (J).  Ils  réfolurent 
dans  un  Confeil  de  Guerre  d'attaquer 
les  Bourguignons.  René  Duc  de  Lor^raine 

accom- 


(a)  Schill.p.  328. 
ih)  Idem.  330. 

(c)  Idem  331. 

(d)  Commin.  L  f.  c.  3.  p.  289.   T.  1. 

Tfchachtlan 


6*4  L  î  V  R  E    S  î  X  î  E'  M  E* 

I47^»  accompagné  de  quatre  Comtes  de  Eitfch 
^  de  Lehmigen  avec  2oo  Gendarmes 
joignirent  l'Armée  peu  d'heures  avant 
la  bataille  00  après  avoir  fait  une  di- 
ligence incroyable  (b). 
L'avantgarde  fut  confiée   à  Jean  as 

Halhve'd  ^ 


Tfchach tl an  chus  fes  Mémoires  du  Tems 
fol.  707.  fait  le  dénombrement  d^nne  partie 
de  cette  Armée,  Les  Troupes  de  Solenre  ^ 
de  Bienne  s^étoient  avancées  la  veille  jîifqti  à 
Arherg.  Bàle  envoya  2000  hommes  fous 
Pierre  de  Roth  Chevalier,  Le  Comte 
Louis  dOettingen  commandait  le  fecours 
de  Strasbourg ,  qui  confijhit  en  40C)  Gen^ 
darmes  ^  300  Arquebufiers,  Le  Comte 
Ofwald  de  Thierilein  commandait  200 
Gendarmes  Autrichiens  avec  le  fecoiirs  des 
ViÏÏes  die  Calmar ,  Selefiadt  ^  Kaifersberg, 
Le  Comte  de  Gruyères  È?  ^^^^  Filles  de 
Rothvvei!  ^  deSchafkatifen  avaient  pareille- 
7nent  joint  les  Confédérés,  Les  Zuricois  au 
nombre  de  sooo  hommes  fous  Jean  Wald- 
man  arrivèrent  k  Berne  la  veille  de  la  ha- 
taille  çff  poiijférent  le  même  foir  jufqu\ï 
Gpmiyien. 

(a)    Commin,  l.  c*  p.  ^%6, 


Livre  Sixïe'me;  6^ 
Hallvveil^  qui  avoit  fous  fes  ordres  Ro-- 
ihlph  de  Wuippens  &  Jean  de  Fôgtieli  de  ^^7^*  • 
Fribourg  ;  le  Corps  de  bataille  étoit 
commandé  par  Jean  TValdman  de  Zu- 
rich ,  &  l'arriére  garde  par  Gafpard  de 
Hertenftein  de  Lucerne.  Ça).  Le  Che- 
valier Guillaume  Hertter  reçut  le  Com- 
mandement en  chef,  (h).  On  tint  un 
grand  Confeil  de  Guerre,  dans  lequel  il 
fut  réfolu  d'envoyer  rcconnoître  le 
Camp  des  ennemis  le  lendemain  ;  c'é- 
toit  le  22  de  Juin  Çc),  jour  anniverfarie 
de  la  Viâoire,  que  les  Suiffes  avoient 
remportée    à    Laupen  en  133^.  Eataîllk 

Avant  que  ce  détachement  des  Suif-  deMo^ 
fes  fc  mit  en  marche,  le  Comte  de  Thîer^  *'^^» 
fle'm  arma  Chevaliers  i  f  o  des  plus  braves 
Guerriers.    Le  Général  Hertter  dans  la 
crainte  que  la  bataille  ne  s'engagea  trop 
légèrement,  propofa  aux  Suiffes  de  re. 

trancher 

Oi)  Idemp,'^Z6. 
(b)  Etterlinf.  9}^ 
^C)  Idem  L  c 


€S         L  î  V  R  g    S  I  X  I  ê'  M  E. 

«47^»     trancher  leur  Camp  pours'aflurer  une 
retraite  :  Félix  Kellcr  de  Zurich  s'y  op- 
pofa  ;  il  repréfenta  que  les  Suiffes  ne 
connoiffoient  point  ces  fortes  de  pré- 
cautions ,  que  c^étoit  en  combattant 
vaillamment  qu'ils  favoient  s'aflurer  du 
pais.  Hertter  fe  rendit  à  fes  raifons  , 
&  fit   joindre  à   l'Arme'e  Confédérés 
tous  les  Auxiliaires   étrangers ,  qu'il 
avoit  fous  fes  ordres  («).  Le  Z?/£^  aver- 
ti qu'il  paroiffbit  des  Suiffes  fit  fortir 
fes  troupes  de  fon  Camp  &  les  rangea 
en  bataille  derrière  une  haye  vive  au- 
deffus  de  Morat;  le  détachement ,  qui 
étoit  allé  à  la  découverte,  fit  avertir  le 
Corps  d'Armée  que  les  Bouro^uignons 
fe  préparoient  à  les  attaquer.  LesCon-,, 
fédérés  fe  mirent  en  marche  malgré  une 
pluie  abondante  qui  inondoit  la  campa- 
gîie.  Le  foldatmarquoit  beaucoup  d'ar- 
deur pour  le  combat  ;  les  Généraux 

eurent 


(a)  Tfcb^Mfi  713- 


Livre  Sixie'me.  ê"? 
«urent  de  la  peine  à  le  retenir  ;  on  fit  I47^<» 
la  prière  &  Hertter  arma  le  Duc  de  Lor- 
raine  &  plufieurs  braves  Gendarmes , 
Chevaliers  (a).  Les  deux  armées  rçf- 
térent  ainfi  en  préfence  jufqu'à  midi  (f) 
Charles  jugea  que  les  Suifles  n'avoient 
pas  intention  de  l'attaquer  ce  jour-là 
&  fit  fonner  la  retraite.  Dès  que  fes 
troupes  eurent  comencé  à  marcher  en 
arriére  les  Confédérés  tombèrent  fur 
elles  ;  ils  avoient  devant  eux  une  baye 

vive 


(a)  Etterlin  ^  SchiîL  l  c. 

(f)  Les  Auteurs  Confetnporawf  rapor* 
teyjt  5  que  peiulant  que  les  armées  furent 
en  préfence  ,  les  chiens  qui  étaient  dans  le 
Camp  des  Bourguignons  attaquèrent  ceux 
des  Suiffes  ,  qu^ils  fe  battirent  long-tems  (ï- 
vec  beaucoup  d acharnement  &  que  les  pre* 
mier s  furent  obligés  de  leur  ahandonyter  k 
champ  de  bataille.  Ils  ajoutent  un  fécond 
augure  favorable  :  qu^ après  la  prière  les  nua* 
fes  fe  dijfipértnt  ,  ^  qu^ilftt  un  beau  foleiL 
Hallweil  en  homme  de  génie  parcourut  tous 
les  rangs  &  promit  au  foldat,  fur  ces  heit^ 
reufes  aujpicesp  une  viSoire  certaine. 
Eij 


^S         Livre  S  ïxte'mb. 
Ï47^»    vive  défendue  par  huit  Couleuvrînes  J 
Halhveil  à  la  tête  de  l'Avantgarde  en 
fit  le  tour  ,  s'empara  du  canon  8c  s'en 
fervit  contre  l'ennemi  (a),  il  fe  jetta 
cnfuite  dans  un  chemin  creux ,  prit  les 
Bourguignons  en  flanc  &  fondit  avec 
une  telle  impétuofité  fur  eux ,  qu'ils  fu- 
rent mis  en  déroute.    Le  refte  de  l'Ar^ 
niée  avança  en  bon  ordre  ,  &  attaqua 
les  troupes  du  Duc  déjà  ébranlées  par 
le  mouvement  qu'elles  avoient  fait  pour 
fe  retirer.  Buhmherg  en  même  tems  dé^ 
tacha  ^00  hommes  de  fa  garnifon  pour 
les  prendre    entre  deux   feux  ;  cette 
manoeuvre  acheva  de  les  décourager , 
ils  ne  penférent  plus  qu'à  chercher  leur 
falut  dans  une  fuite  précipitée  :   maïs 
prefTés  de    toute  part  par  les  troupes 
des  Confédérés  &  pourfuivis  par  leur 
Cavalerie,  qui  les  fuivit  jufqu'à  Avenche^ 
il  çchapa  peu  de  Bourguignons  au  fer 

vengeur 


(a)  TfchachîU  71  S, 


Livre  Si  3cie*me.  6:9 
vengeur  des  Suifles ,  qui  pour  s'animer  147^^ 
ravantage  avoient  pris  pour  cris  de 
juerre  Grandson.  On  raporte,  qu'il 
;'étoit  jette  une  fî  grande  quantité  de 
Lombards  dans  le  lac ,  qu'il  en  fut  tout 
:ouvert.  Ça) 

Le  Comte  de  Romont ,  qui  comman-^ 
loit  un  Camp  féparé  ;  loin  de  venir  au 
ecours  du  Duc  ,  fe  retira  avec  précipi^ 
ation  &  laifla  tout  fon  bagage  en  ar- 
iére.  Les  Confédérés  remportèrent  une- 

vidoirâ 

(a)  Idc-m  /.  c.  &■  Schill.  p.  55  g.  //  y  a 
3U  d'années^  qu;  on  pécha  des  Armuns  d'ims 
rande  beauté  du  fond  du  lac.  On  a  rnmaf^ 
f  dans  la  fuit  s  les  offemens  éparsfur  le  Champ 
'  e  Bataille ,  qu-on  conferv:  encore  de  nos 
nirs  dans  une  Chapelle,  qui  eflfur  le  grand 
bemin  près  de  Jklorat,  On  y  lit  l'Infcrip- 
ionfuivante, 

Deo  oft.  Max.  Caroli  inclytî 
|.t  fortissimi  dvci«  bvrgvn0i5£ 
îxercitus  muratmum  obsidins  kt^ 

IelVETIIS    CiESUS  HOC  sur  MOISVMEÎT 
f¥M.aELIQ.UIX.  AîîNO     MCCCCI.XXV&>^ 


70  Livre  S  ixie'me.  "* 
S47^.  vidoirecomplette.  Le  Duc  perdit  tous 
fes  équipages  avec  près  de  2<^cx)0  hom- 
mes. Cette  défaite  coûta  fi  peu  aux 
Suiffes ,  qu'on  auroit  peine  à  le  croire, 
fila  vérité  du  fait  n'était  raportée  par 
un  Auteur  Contemporain  ia).  On  peut 
juger  du  découragement  du  Duc  de 
-  Bourgogne  par  fa  fuite  précipitée,  puit 
que  ce  Prince  ne  s'arrêta  qu'à  Marges  , 
qui  eft  à  14  lieues  de  France  de  Morat; 
il  y  dîna  le  lendemain ,  &  alla  coucher 
à  Gex  5  où  il  féjourna  jufqu'au  27.  (^)# 

Le  Comte  de  Gruyère  fuivit  les  çnnemîs 
jufqu'à  Laufame ,  il  s'y  arrêta  &  pilla  la 
Ville.  Les  Confédérés  ,  après  avoîc 
pafle  trois  jours  fur  le  champ  de  batail- 
le ,  congédièrent  la  moitié  de  leur  ar- 
mée ,  &  s'avancèrent  avec  le  refl:e  juC 
qu'à  Laufamte  ,  après  avoir  pillé  «&  brû- 
lé 


(a)  SchiîLp,  138.  i^f  cet  Auteur  rapor^ 
ie  fofitivement  ,  que  les  Suijfss  ne  perdirent 
que  20  hommes,  p.  3  50. 

(b)  Chr.  as  Émrg*  h  40î» 


Litre   Sixie'me.         71 

lé  Lucem  &  Moudou  (a),  lis  trouvéreat    147C! 
à  Laufanne  les  Députés  du  Roi  de  Fran- 
ce &  de  plufîeurs  Princes ,  qui  les  tn^ 
g^tgéïQtit  di  unQ  Ty-êve  avec  la  Savoye.  Ils    Congrès 
convinrent  auffi  d'un  Congrès  à.  Fribmrg  &p^ixtk 
pour  la  St.  Jaques  fuivante ,.  (h)  pour    ^^  ^^^^* 
y  régler  les  difficultés ,  qui  étoient  en- 
tf  eux  &  la  Duchefle  de  Savoye.    L& 
Bâtard  de  Bourbon  Admirai  de  France  , 
s'y  rendit  de  la  part  de  Louis  XI; 
l'Evêqiie  de  Genève^  le  Duc  ds  Lorraine  > 
le  Comte  de   Gruyère   s'7  trouvèrent  en 
perfonne  avec  les  Députés  du  Duc  Sigif- 
mond  d'Autriche,  &  des  Evêques  de  Stras- 
bourg &  de  Eâle,  du  Duché  de  Savoye, 
de  Genève ,  du  Païs  de  Vaud,  des  huit 
Cantons  ^  de  Soîeure»  de  Eienne,  de 
l'Elefteur  Palatin.  ,des  Villes  de.  l'Alfa^ 
ce,  &   deTEvêque  &  du  païs  de  Va« 
lais.   (c).  11  fut  réglé  :  Que  la  Ville  de 

Genêvs 

(a)  SchilL  p.  34c. 

(b)  IJem  p,  34^- 
(ç)  Idem  p.  S<5i.. 


7*       Livre  S  i  x  t  e'  m  ê; 
^47^.    Genivs  payeroit  les  24000  florins ,  attx- 
quels  elle  avoit  été  taxée  au  commen- 
cement de  la  guerre  de  Bourgogne. 
Que  le  Pais  de  Faud   feroit  reftitué  à  la 
Maifon  de  Savoye,  fans  qu'il  put  jamais 
dans  la  fuite  en  être  démembré,  moyen- 
nant f  0000  florins  ,  pour  fureté  de  la- 
quelle fomme  il  reftcroit  hypothéqué. 
j(Horat  avec  fes  dépendances,  Grandfony 
Grandcourt  &  Cudrefin  furent  cédés  aux 
Bernois  &  aux  Fribourgeois.  (t)  H  fut 

auflî 


(f)  Les  Bernois  s'étoîent  emparés  dès  Is 
commencement  de  la  guerre  de  Cerlier  ; 
(^Erlachi)  ils  ont  eonfsrvé  cette  Comté  pour 
eux  feuls.  Elle  apartenoit  à  Guillaume  de 
Châlon  ,  Prince  d'Orange.  Rodolphe 
Comte  de  Neufchatel  &  de  Nidau  doit 
en-avoir  prêté  homage  n  Pierre  de  Savoye 
en  1264..  Guichenon  T.  i.  p*  285.  Ifa- 
helle  de  Neufchatel  en  reprit  le  Fief  en  y^J^. 
Humhert  Bâtard  de  Savoye  en  étoit  Sei^ 
gneur  en  1403.  ^  Jean  Comte  de  Fri* 
bourg  &  de  Neufchatel  en  1424.  Elle  pajfot 
enfuite  a  la  Maifon  de  Châlon  par  Marie 
as  Cbfilm  fa  vçuve^  qui  m  avoit  difpofé  par 

tejlamsm. 


Livre  Si  x  i  e'me.        73 
auflî  règle  que   la  Maifon  de  Savoye    147e. 
payeroit  aux  Fribourgeois  356*00  flor. 
qu'elle  leur  devoit.  (ci) 

Le 


tejlament  en  faveur  de  Guillaume  de  Châ- 
lon  fin  neveu  en  14^5.  fans  qu'on  trouve 
aucun  veftige  de  reprife  de  Fief  Mo  rat  , 
Grandfon  &  Echallens  ont  été  gouver^ 
fiés  depuis,  alternativement  par  Berne  S? 
Fribourg  ,  qui  y  envoyent  tous  les  cinq 
ans  un  Ballif  ;  tellement  que  fous  les  Ballifs 
Bernois  Padminijîration  dépend  de  Fribourg 
Çc?  réciproquement  de  Berne  fous  un  Fri- 
bourgeois. Grandfon  fut  cédé  en  1424 
le  26  Juin  par  le  Duc  de  Savoye  à  Loiiis 
de  Châlon  Prince  d'Orange,  Orbe ,  E- 
challens  &  Montagny  étoient  en  1381 
de  la  dépendance  de  Jean  Philippe  Comte  de 
Montheliard  ,  qui  les  tenoit  des  Montfau- 
cons.  Les  VUlerfeels  ont  tenu  mis  par- 
tie d'Orbe,  &  les  trois  Terres pafférent  en- 
fn  aux  Chdlons  par  Jeanne  fille  d'' Henri  de 
Montheliard ,  qui  époufa  Loiiis  ds  Châlon 
■Prince  d Orange,  Grandcourt  &  Cudre- 
fin  furejît  rejlitués  n  la  Maifon  de  Savoye. 
Berne  s'en  remit  en  pojfejfon  lors  de  la  con- 
quête du  Pais  de  Vaud  m  153^. 

(a)  Schillp.  3<^0. 


74       LtvRE    Sixie'me, 

Î477-        Le  22  d'Août  1477.  Joîande  DucheC* 

Fribotirg  fe  deSavoye  renonça,  à  la  follicitatioiv 

tefr^ ,  &  cette  Ville  fut  reconnue  li- 
bre &  indépendante,  &  furmonta  ,  de- 
puis cette  époque  ,  fes  Armes  de  PAî- 
gle  Impérial.  La  Ducheffe  Se  Philibert 
fon  fils  avoient  envoyé  Urbain  de  Chi- 
vron  Chevalier  ,  Bernard  de  Menthon 
&  Bertrand  de  Deircea  à  Berne  pour 
renouveller  l'ancienne  Alliance  de  la 
Maifoii  de  Savoye  avec  cette  Républi- 
que, Berne  fouhaita  d'y  faire  compren- 
dre Fribourg&  demanda  que  cette  Vil- 
le fût  mife  en  liberté  ;  la  Savoye  y  con- 
fentit,  moyennant  qu'elle  rabatit  loooo 
florins  de  la  fomme  qui  lui  étoit  due. 
Jaques  Velg  Advoyer ,  Rodolphe  de 
"Wuippens  Chevalier ,  Guillaume  & 
Jean  Tâchtermafi,  Henri  Larer  &  Jean 
Furer  négocièrent  ce  Traité.  («). 

L'Amiral 


(a)  Anshelm  f,  248.  SchiJLp,  39  r.  Cln\ 
J:  Fribotirg  Ms. 


Livre  s  IX  I  e' ME.       7f 

L'Amiral  de  France  &  les    Suifles    I475, 
étoient  convenus  dans  le  Congrès  de  Ambaf^ 
Fribourg,  que  les  Confédérés  enver-/^^^  <?« 
roient  une  Députationau  Rc'  pour  re-  ^^^^^^* 
cevoir  le  payement  des  24000  florins , 
que  ce  Monarque  leur  avoit  promis 
pour  les  fraix  de  la  guerre  de  Bourgo- 
gne. Leurs  Ambafiadeurs  furent  reçus 
avec  beaucoup  de  diftinclion  par  Louis 
XL  La  fomme  fut  délivrée  &  partagéq 
entre  tous  les  Cantons  également.  Cha- 
que Ambaffadeur  reçut  un  préfent   de 
£G  Marcs  d'argent  &  Adrien  deBubenhèrg 
reçut  encore  toq  Marcs  du  Roi  comme 
lin  témoignage  de  l'eftime  qu'il  taîfoit 
de  fa  perfonne.  (a). 

Le  Duc  de  Bourgogne  mit  le  Siège  de-    ^^'^^'^ 
vant  Niuicy  le  22  d'Oclobre.  Le  Duc  de  ^r^y^cy. 
Lorraine  fe  préfenta  en  perfonne  devant 
le  Confeii  Souverain  de  Berne  le  23  de 
Novembre  ,  &  demanda  du  fecours  à 

la 

Ci)  Idmp^  3^2. 


*y^  Ll  YRE    s  IXI  E'ME, 

t47^»     la  République.  On  indiqua  deux  Diètes 
à  ce  fujet  à  Lucerne ,  Berne  opina  en  fa- 
veur de  René  :  1  es  Cantons  objeftoient 
la  rigueur  de  la  Saifon  ;   c'étoit  le  plus 
froid  hyver  qu'on   eût  jamais  vu.     Ils 
permirent  cependant  au  Duc  de  prendre 
à  fa  folde  autant  de  Suiffes ,  qu'il  pour- 
roit  engager:  Il  en  raffembla  gooo.  (*) 
Ces  troupes  partirent  de  Bâle  le  26  de 
^477*    Décembre.    Elles  ne  contribuèrent  pas 
Bataill   P^^  ^  '^  célèbre  vidoire,  que  ce  Prince 
^evanf     remporta  le  f  de  Janvier  fur  le  Duc  de 
Nmcy,     Bourgogne  devant  Nancy.     Charles  y 
^^^^^■^•^fut  tué.  Sa  mort  mit  fin  à  une  guerre 
fanglante,  que  Louis  XI.  avoit  fomen- 
tée ,  dans  laquelle  il  ne  prit  point  par- 
ti malgré  fes  fermensr ,  &  dont  il  retira 
cependant  le  principal  avantage. 


(*)  Idemp,  367. 

Fin  du  Smiéme  Livrer 


HISTOIRE 


HISTOIRE 

DELA 

CONFÉDÉRATIOM 

HELVETIQUE. 

»^— i—  ■  « 

LIVRE    SEPTIEME. 


A   Comté  de  Bourgogne  a-    I477'' 
voit  envoyé  des  Députés     Traité 
mwM>^i^-  a  Neufchatel  au  commen-  v^.^,,y^ 


.^^*Cir^:^,^p  cernent  de  Tannée  1477.  Comté» 


pour  négocier  une  Trê- 
ve avec  les  SuilTes,  Dès  qu'ils  furent 
informés  de  la  mort  de  le«r  Maître  ,  ils 


78  Livre  S  e  p  t  i  e'  m  e. 
1477.  fe  rendirent  à  Berm  {a),  V Archevêque 
AeBefaiîçon  étoit  à  leur  tête  :  H  propo- 
fa  une  Alliance  perpétuelle  avec  lesCan- 
tons ,  ou  s'ils  ne  Pavoient  pas  pouif 
agréable  ,  de  fe  foûmettre  aux  Suiffes 
en  qualité  de  leurs  Sujets,  pourvu  qu'on 
voulut  les  maintenir  dans  la  joûiflance 
de  leurs  privilèges  &  de  leurs  franchi- 
fes.  Q).  Berne  les  renvoya  au  refte  des 
SuiflTes.  Ce  Canton  étoit  d'avis  d'accep- 
ter Pofre  des  Francs  Comtois.  La  Suifle 
fournit  abondamment  toutes  les  den- 
rées néceffaires  à  la  vie  excepté  le  fel;  la 
Franche  Comté  qui  a  de  riches  Salines 
à  Salins,  convenoit  fort  bien  à  la  Con- 
fédération ,  pour  la  rendit  entièrement 
indépendante  de  fes  voifins.  Cepen- 
dant les  Cantons ,  déterminés  peut-être 
par  différentes  confidérations  par^ticu- 
liéres,  rejettérent  les  offres  de  Txlrche- 
véque.  Ils  firent  un  Traité  de  Paix  per- 
pétuelle 

(a)  Schilling  p.  388. 

(b)  TfchitchLf.  8^9. 


Litre  S  e  î  t  i  e'  m  ê.  ■  79 
péciielle  avec  la  Comté  moyennant  1477- 
i^oooo  florins,  que  cette  Province 
s'engagea  de  payer  aux  Confédérés  (a). 
Ce  Traité  ne  fut  pas  rempli  de  la  part 
des  Francs  Comtois;  Louis  XI.  avoit 
gagné  le  premier  Seigneur  du  païs  Jemi 
de  Chulon  Prince  d'Orange:  (Z^)  II  fe  for- 
ma par  fon  moyen  un  grand  parti  dans 
]a  Province.  Ce  Monarque  offrit  aux 
Suiflfes  de  leur  payer  la  fonime  d'argent 
fufmentionnée  ,  les  Cantons  y  confen- 
tirent  &  cédèrent  leurs  droits  au  Roi  ; 
fous  la  réferve  cependant  que  ce  Prin- 
ce obferveroit  la  paix  perpétuelle  à  la- 
quelle les  Comtois  s'étoient  engagés  (t). 
Louis  XI  fe  crut  muni  d'un  titre  fuf- 
fifant  pour  établir  fes  droits  fur  la  Fran- 
che Comté  :  11  négligea  le  Prince  d'O- 
range; ce  Seigneur  abandonna  fon  par- 
ti: le  Roi  fut  obligé  de  lever  des  trou- 
pes 

C'a)  F  cil.  Anshelm  f,  227. 
(h')Commînes  T,  l,p,  3^p, 
(c)  Anshelm.  229. 


§o  Livre  Septie'me. 
.  '477-  pes  pour  s'en  mettre  en  poflTeffion.  Il  n'a- 
voit  point  encore  ratifié  le  Traité  qu'il 
avoit  conclu  en  1474  avec  les  SuiflTes  : 
Ce  Prince  envoya  ,  pour  cet  effet ,  fes 
Ambaffadeurs  aux  Cantons  ;  leur  fit  dé- 
livrer les  fommes  ftipulées  par  le  Trai- 
té 5  &  demanda  à  lever  les  ^000  hom- 
mes ,  qui  lui  avoient  été  promis,  (a). 
Marie  Punique  héritière  de  Charles 
Duc  de  Bourgogne  venoit  d'époufer 
Maximtlifn  Duc  d'Autriche  ,  fils  de 
l'Empereur  Friderich  III.  Ces  Prin- 
ces faifoient  par  leurs  Ambaffadeurs 
tous  leurs  efforts  pour  engager  les  Suif- 
fes  à  la  neutralité.  Leurs  Sujets  s'étoîent 
enrollés  en  foule  indifféremment  au 
Service  des  deux  Parties  CO-  I^s  les  ra- 
pellérent  (c) ,  &  députèrent  au  Roi 
Jean  IVdâman  Chevalier  ,  de  Zurich  • 
.    Adrïsn  deBuhenherg  Chevalier  ,  de  Ber- 

nca 


(a)  SchîU.  f,  587. 
(h)  Idem.  388. 
(c)  TfçlmhtL  §5^. 


Livré  Septie^mê.  Sf 
ne  ;  &  Jean  Im-Hof  d'Un  ;  pour  mé- 
nager une  Trêve  en  faveur  de  la  Bour- 
gogne. Ces  Ambaffadeurs  ne  furent 
pas  écoutés  (a). 

Cette  conduite  du  Roi  irrita  la  Na-    14781^ 
tion.    Elle  convoqua  dans  le  courant 
des  mois  de  Janvier  &  de  Février  deux 
Diéttes  5  auxquelles  le  Duc  René  ât 
Lorraine  Se  P Archevêque  de  Befançon  fc 
trouvèrent  en  pcrfonne.  avec  les  Am- 
baffadeurs du  Pape  »  de  PEmpereur  & 
de  l'Archiduc  Maximilien.    La  grande 
Ligue  de  la  haute  Allemagne  fut  pro- 
longée au  terme  de  i  f  années.     Le  Pa- 
pe 5  l'Empereur ,  l'Autriche  &  la  Bour- 
gogne s'allièrent  en  vùë  d'empêcher  la 
Conquête  de  la  Franche  Comté.    Le 
Roi  de  France  offrit  de  partager  cette 
Comté  avec  les  Suiffes ,  ou  d'augmen- 
ter la  fomme  qu'il  leur  avoit  promis 
.  pour  acquérir  leurs  droits  fur  cette  Pro- 
■  *  vince, 

JLUii    im  Il, ■WlUljHi»!   III   I   !■  J|l  «HIJUJI  MH^ 

(a)  Anshflm.  23& 


tz  Livre  Septie'me; 
iï478«  vince  :  Les  Confédérés  refuférent  I^ift 
&  l'autre  de  ces  partis ,  &  exigèrent 
du  Roi,  qu'il  renonçât  à  fes  prétentions 
fur  la  Comté,  qui  devoit  être  reçue  dans 
l'Alliance  des  Suiffes  moyenant  150000 
florins ,  qu'elle  payeroit  h  la  Nation^ 
Le  Duc  Maximilien  &  le  Duc  René  fi* 
rent  une  Alliance  particulière.  Oncon^ 
firma  la  Paix  avec  la  Savoye  ;  Philibert 
Duc  de  Savoye  paya  a^çoo  florins  & 
la  Ville  de  Genève  11 000.  On  reftitua 
à  ce  Duc  le  Païs  de  Vaud  ,  à  l'excep* 
lion  de  Morat ,  Granâfon  &  Echalkns  9 
qui  furent  cédés  à  perpétuité  aux  Ber- 
nois &  aux  Fribourgeois.  Berne  fe  ré*^ 
ferva  en  propre  Aigle  «  Chateaudoix  & 
Rotigemont,  (a). 

Les  SuiflTes  ne  fe  foutînrent  pas  dan^ 
leur  conduite  à  l'égard  de  la  Franche 
Comté  ;  ils  défendirent  d'abord  à  leurs 
Sujets,  fous  des  peines  très  rigoureufe^ 

de 


(a)  làm  Amh  ^,  ^8^* 


Livre  SepTîe'me:     gj 
âe  s'enroller  pour  aucun  des  partis  :    î478^ 
as  n'en  furent  pas  les  Maîtres.    On  vit 
pour  la  première  fois  les  frères  armés 
contre  les  frères.  Louis  XI,   outre 
les  penPions  qu'il  payoit  aux  Cantons  « 
répandoit  des   fommes  bien  plus  con- 
lîdérables  parmi  les  particuliers  :  Co 
fut  la  perte  de  la  Nation.  Commines  le 
prévoyoit  dès-lors;  l'événement  n'a  que 
trop  bien  juftifié  ce  qu'il  avançoit   eiî 
ces  termes  :  Eu  croîs  qu'a  la  fin  fera  leur 
'dommage  ,  car  ils  ont  tant  accoutumé  l'ay^ 
gent,  dont  ils  avoient  petite  cormoijjanc^  au» 
parafant ,   &  fpécialemsnt  des  monnoyes 
d'or  5  qu'ils  ont  été  fort  prêts  a  fs  divifir 
entr'eux,    («). 

Charles  d'Amboife,  Seigneur  de  Châtia 
mont,  fucceda  au  Seigneur  de  Craon 
dans  la  conduite  de  la  guerre  de  la 
Franche  Comté.  Il  attira  dans  le  parti 
du  Roi  la  plupart  des  SuilTes,  qui  é- 
F  ij  toieût 

(a)  Commis  /.  Jif^»3§?? 


84        Livre  S  b  p  t  ï  e'  m  e. 

Î478,  toîent  au  Service  de  Maxiniilien.  (4; 
L'Empereur  &  l'Archiduc  en  firent  leurs 

^.^  plaintes  aux  Suiffes  (^).  Après  bien 
des  négotiations  les  Cantons  fe  déter- 
minèrent dans  une  Diette  tenue  à  Lu- 
cerne  le  9  Septembre  1479  à  céder  au 
Roi  leurs  prétentions  fur  la  Comte  pour 

Ï48Q.  ^^  fomme  de  200000  florins.  Enfin 
l'année  fuivante  l'Alliance  avec  la  Fran- 
ce fut  ratifiée  par  tous  les  Cantons ,  8c 
par  les  Villes  de  Fribourg  &  de  Soleu- 
re  ;  ils  donnèrent  à  ce  Monarque  le 
fecours  de  ^000  hommes ,  qui  y  étoîÉ 
ftipulé.  (c).  Ce  font  les  premières  trou- 
pes réglées  que  la  France  ait  entrete- 
nues. (^). 

3477.  I^  s'étoit  formé ,  après  la  guerre  dô 
Bourgogne  dans  les  Cantons  populai- 
res, des  Bandes  de  foldats^'dans  le  goût 
des  grandes  Compagnies  en  France , 

.  dont 


(a)  IdemL  c.p.  388. 

(b)  Ansklm.  323. 

(c)  Schil  400. 
(à)  dnsklm.  337. 


Livre    Septie'me;       Sf 
dont  nous  avons  parlé  ;    Ces  Vaga-    ^477- 
bons  prétextèrent  la  réfolution  d'oblf- 
ger  la  Ville  de  Geitève  à  payer  la  Ran- 
çon qu'elle  avoit  promife.  lis  entrèrent 
au  mois  de  Février  1477   au  nombre 
de  700  fur  le  territoire  de  Berne  ;  on 
leur  accorda  enfin  le  paHàge  à  travers. 
la  Ville  :  Ils  furent   joints  à  Fribourg 
par  :2ooo  de  leurs  Compagnons.  Les 
Genevois  après  bien  des  Négociations 
fe  rachetèrent  enfin  de  leur  vifite   eiî 
payant  à  chacun  de  ces  Avanturiers  '^ 
florins  du  Rhin.  (a). 

Les  Cantons  de  Zurich ,  Berne  ^t 
Lucerne,  avec  les  Villes  de  Fribourg  Se 
:  de  Soleure ,  firent  une  alliance  particn-» 
liére  pour  leur  défenfe  réciproque.  (R 
Les  Cantons  populaires  en  prirent 
ombrage  ,  ils  n'éclatèrent  cependant 
'  pas  d'abord. 

Le  Pape  Sixte  IV  venoit  de  con-     %&rti. 

cl  are 


(a)  SchiJl.  38r. 

(b)  TfcbaQk.^T^f^ 

F  ii| 


H?'8.  dure  le  ig  d'Odobre  1478.  une  Alliance 
avec  les  Cantons,  (a).  Celui  d'Uri  fe 
laiffa  entraîner  dans  une  guerre  contre 
la  Duchefle  de  Milan  veuve  de  Jean 
Galeace.  Berne  ,  Fribourg  &  Soleure, 
leur  envoyèrent  un  fecours  de  3400 
hommes.  (^). 

1479 .  L'année  fuivante  les  Confédérés  fi- 
rent un  Traité  avec  Mathias  Roi  d'Hon- 
grie. Ce). 

H^i.  Les  Cantons  populaires  levèrent  le 
niafque  ,  lorfque  Fribourg  8c  Soleure  de* 
mandèrent  à  être  reçus  dans  la  Confé* 
dération  :  Zurich  ,  Berne  &  Lucerne 
apuyérent  fortement  leurs  inftancesi 
mais  ks  premiers  refuférent  abfolument 
leur  confentement.  Ils  prétendirent , 
que  l'Alliance  des  Villes  étoit  contraire 
à  la  teneur  de  la  Confédération.  Zurich 
&  Berne  ne  s'étoient  pas  liés  à  ne  point 

contrader 

(a)  Etterlin  97.  Anshelm,  3oS, 
<b)  SchiU.  393., 
<c)  dmhdm,  3 15^ 


Çontrafter  d'alliance  fans  leur  confente-    148^^ 
ment  :  maisLucerne  étoit  dans  le  cas. 
Ils  lui  intentèrent   procès;  les  Villes 
étoient  réfoluës  de  maintenir  leur  Al- 
liance ,  lorfque  Fre're  Nicolas  von  Flue^. 
Hermite ,  qui  étoit  en  odeur  de  iain* 
teté,  s'entremit,  &  difpofa  les  Parties 
à  une  entrevue  amiable  à  Stanz  au  mois 
de  Décembre  1481.  (a).  Les  deux  Par- 
ties reconnurent  Frère  Nicolas   ponr 
leur  Arbitre ,  qui  prononça  :  que  l'Al- 
liance particulière  des  Villes  Teroit  an-, 
nnlèe  ,  &  que  Fribourg  &  Soleure  Fribottrg 
feraient  reçus  dans  la  Confédération.  &  Solen^ 

0.1  ajouta  aux  conditions  de  PAllian-  7  ^^^^V 

'         ,       ,     .    _  .      dans    1(3 

ce  entre  les  nuit  Cantons  quatre  Ar-  Cpjféde* 

tcles  particuliers  pour  Fribourg  &  So-  raiiQn» 

!(ure.     i^    Que  ces  deux  Cantons  ne 

s^ngageroient  dans  aucune  guerre  fans 

hveu  des  huit  anciens  Cantons,  1°.  Qiie  ^ 

s\  leur  furvenoit  des  difficultés  avec 

me  Partie  qui  leur  offrit  le  Droit ,  & 

(a)   Etterlin  97. 


88       LîTRE  Septie'me. 

Ï4ài*     que  les  huit  Cantons  fe  trouvaflent  fuf* 

fifans  pour  en  décider,  les  deux  Villes 

feroient  tenues  de  fe  foûmettre  à  leur 

décifion.   3®.  Qu'ils  ne  feroient  aucuns 

nouvelle   Alliance  fans    leur  confente- 

ment.  4°.  Qu'au  cas  qu'il  s'élevât  une 

guerre  entre  les  anciens  Cantons ,  ils 

refteroient  neutres  &  feroient  l'ofF^cc 

de  Médiateurs. 

i^onte-     Les  huit  Cantons  avant  que  de   {5 

^rl   ^    féparer  firent  un   Convenant  ,  qui  eÊ 

^peWé  la  grands  Convention  de  Stcmz*  Elle 

règle  dans  la  première  partie:   1°.  De 

ne  commettre  aucune  hoftilité  les  uis 

envers  les  autres.   2°.  D'affifter  le  Cai- 

ton    qui    feroit    attaqué    injuftemen:, 

3°.  Chaque  Souverain  s'engage  à  pu- 

nir  févérenient  ceux  de  fes  Sujets ,  qu! 

commettront  des  hoftilités  contre  ur 

des  Cantons.  4''.  Chaque  délit  fera  pu. 

ni  par  le  Juge  du  lieu  où  il  aura  ét( 

commis.    On  s'engage  dans  la  féconde 

A  ne  permettre  aucunes  aOembiées  illi 

cites.  Dans  la  troifiéme  :  A  ne  pas  pro 

^        tègep  les  Sujets  d'un  autre  Canton  eoi> 

G? 


LivRB   Septtb'mb.         g^ 
•e  leurs  Souverains  &  à  ne  former  au-    i4.Sî# 
un  parti  parmi  eux;   mais  plutôt  à 
oncourir  enfemble   pour  les  retenir 
ans  l'obéiflance.  Dans  la  quatrième,  ou  • 

onfîrma  les  ditFérens  Règlemens  Mili- 
aires  ;  comme  le  Ffaffen-Bricf  de  Paa 
381.   &  r  Ordonnance   de    Sempach    dô 
393.  La  dernière  règle  la  manière  ,  ea 
iquelle  les  conquêtes  que  les  Conféde- 
és  pourroient  faire  dans  la  fuite  ,  fe" 
Dient  partagées  :  favoir  tous  les  biens 
leubles  à  raifon  des  hommes ,  qui  fe 
•ouveront  à  l'expédition  ;  tous  les  ira- 
leublespar  portion  égale.   Les  autres 
Cantons  &  les  Alliés  auront  leur  por- 
on  aux  meubles  ;  mais  les  huit  fe  ré- 
irvent  tous  les  immeubles.    C^). 
L'union  ainfi  rétablie  dans  l'intérieur   P^'^^^'-^ 
es  Cantons,  les  Suiffes  étendirent  leurs  ^^^,  ^ 
ùës  au  dehors.  Ils  avoient  obtenu  de  PrivU^^ 
,ouis  XI  par  des  Lettres  Patentes  du  ,^^/ ^'-'^''" 
lois  de  Septembre  148 1^  enregi^h'ées  î?^:'^^^''* 

'^  par  Loiiîs 


(a)  Ansheîm,  400,  417. 


96  Livre  S  e  p  t  i  e'  iyi  s. 
»48i.  à  la  Chambre  des  Conif^tes  au  mois 
d'Oâobre,  plufieurs  Privilèges  pour 
leurs  Militaires  en  France.  Ces  Let- 
tres Patentes  renferment  tout  le  fonde- 
ment des  Privilèges,  dont  les  Militaires 
Suiffes  font  en  droit  de  jouir  dans  ce 
Royaume,  &  méritent  par-là  d'être 
raportées  en  fubftance.  Elles  contien- 
nent : 

35  Que  tous  ceux  de  cette  Nation  ,' 
^3  qui  étoient  alors  ou  feroient  à  Tave- 
.^5  nir  au  Service  de  Sa  Majellé,  à  fes  ga- 
,3  ges  &  folde  &  qui  étoient  mariés 
^3  ou  habitués ,  fe  marieroient  ou  ha- 
53  bitueroient  ci-après  dans  le  Royaume, 
33  pourront  y  acquérir  tous  les  biens 
35  meubles  &  immeubles ,  les  poffeder 
,33  &  ^n  difpofer  par  T-ftameht  ainfique 
,3  kurs  femmes ,  enfans  ou  héritiers 
.,3  pourront  les  recueillir  &  leur  fuc- 
53  céder  comme  s'ils  étoient  natifs 
33  du  Royaume  :  A  l'effet  de  quoi  le 
^3  Roi  les  déclare  autorifés  &  habitués , 
,33  feus  qu'eux  ,  leurs  femmes ,  ou  en- 

fans 


L  I  VR  E  Septie'me.  91 
55  fans  ou  héritiers  puiflent  être  tenus  1481. 
35  de  payer  pour  raifon  de  ce 'aucune  fi- 
<53  nance  ni  indemnité  :  dont  il  leur  fait 
55  dès-lors  don,  à  quelque  fomme  qu'el- 
-,„  les  puiflTent  monter.  Et  afin  ,  que  les 
„  gens  de  guerre  de  ladite  Nation  ,  qui 
55  demeuroient  alors  &  viendroient 
53  dans  la  fuite  demeurer  dans  le  Royau- 
35  me  5  &  qui  feroîent  à  fes  gages  & 
35  folde  ,  puiffent  mieux  vivre  &  s'en- 
33  tretenir  honnêtement  fans  être  inquie- 
35  tés  ,  &  que  les  autres  ayent  meilleur 
35  courage  de  s'y  habituer  en  plus  grand 
35  nombre  ,  eux  &  leurs  veuves  durant 
35  leur  viduité  feront  leur  vie  durant 
35  exemt  de  toutes  Tailles  ,  Impôts , 
35  Aides  &  Subventions  quelconques 
35  mifes  ou  à  mettre  dans  le  Royaume, 
33foit  pour  buteftenement  des  gens 
35  de  guerre  ou  autrement  ,  pour  quel- 
33  que  caule  ou  prétexte  que  ce  foit  ; 
35  fe  qu'ils  foient  aufTi  exempts  du  Guet 
53  &  Garde  de  Porte  en  quelque  lieu 

3,  du 


9^  L  î  V  R  E   S  E  P  T  I  e'  M  *.' 

t48^*     55  du  Royaume  qu'ils  demeurent,  (aj. 
Il  s'étoit  élevé  quelques  différents 
entre  une  partie  des  Cantons  &  quel- 
ques-uns de  leurs  voifins ,  qui  furent 
appaifés  par  la  médiation  des  Bernois. 
Le  Capitulât:  de  Milan  fut  confirmé  & 
renouvelle    fous    Padminiftration    dd 
Louis  Is  More  (h).  Louis  XI  étoit  peu 
religieux  à  obfcrver  fes  Traités  :  Henri 
Matter  de  Berne  lui   fut  député  par 
cinq  Cantons.  11  foUicita  inutilement 
les  arrérages  ,  qui  étoient  dûs  à  la  Na- 
tion,  (c). 
IjSS  fept      Lesfept  Cantons  firent  Pacquifition  de 
Cantons   la  Comté  de  Sargans  du  Comte  Jean  de 
achètent    Sonenberg,du  confentement  du  Comte 
de  Sar-    George  de  Sargans ,  de  qui  il  la  tenoit 
gans.        en  hypotèque.   (J). 

La 

(a)  Traité  des  Alliances  de  France  avec 
les  Suijjes.  p.  1 2. 

(b)  Ansbelm.  ^66* 

(c)  Idem  481. 

(d)  Idem  p.  50^.  Bevnçfut  admis  danî 
la  Corrègence  de  cette  Comté  par  la  Fai:» 


L  I  V  R  E    s  E  P  T  I  É'  M  E.  93 

la  mort  du  Roi  Louis  XL  fit  revi-  1483. 
i^re  les  négotiations  de  la  France   en 
Suiffe.  Les  Cantons    nommèrent  des 
Députés   pour  complimenter  le  nou- 
veau Roi  &  pour  lui    témoigner  les 
)onnes  difpofitions ,  dans  lefquelles  ils 
h  trouvoient  pour  le  renouvellement 
le  l'Alliance.  La  Régence  de  France 
^s  a  voit   prévenus  :  Le  Sr.  de  Lins  Se 
Préfixent  de  Thouloufe  fe  prefentérent 
leur  Diette  à  la  fin  de  Novembre  ; 
ffrirent  de  payer  les  arrérages  dûs  à  la 
fation ,  &  demandèrent  à  prolonger 
:  terme  de  l'Alliance  (^a)* 
Les  Députés  fc  rendirent  auprès  du    1484^' 
oi  au  mois  de  Février.   Ils  furent  re- 
'is    très -honorablement  :   Charles 
111  promit  de  payer  les  penfions  à 
,  Ion ,  où  elles  furent  en  effet  délivrées 
a  partie  à  BarthlomélMay  de  Berne, qui 
]  avoit  été  envoyé  de  la  part  des  Can- 
tons* 


■muff» 


Jfb)  dnshdm.  î34, 


94      Livre    Septte'me. 
^484.    tons,  (t)  Les  Députés  Suiffes  furent  fui- 
vis  par  les  Ambaffadeurs  du  Roi ,  Phi- 
lippe Bodst  Chancelier  de  Bourgogne  & 
Jean  â'Andilot   Gouverneur    de   cette 
Alliance  Province.  Ils  ménagèrent  avec  les  Suif- 
Charles    ^^^  "^  Traité,  qui  fut  conclu  à  Lucer- 
FIIL      ne  le  4   d'Août  avec  Zurich,   Berne,: 
Lucerne ,  Uri ,  Schweitz ,  Underwal- 
den ,  Fribourg  &  Soleure.    Outre  la 
confirmation  des  engagemens  contrac- 
tés  fous  le  règne  précédent ,   il  renfer- 
me deux  Articles  nouveaux ,  favoir  : 
35  Que  le  Roi  ne  pourra  retenir  aucun 
33  des   foîdats  des   Cantons ,  fans  leur 
35  confentement,  &  que  d'abord  que  les 
35  Cantons  auront    guerre  avec  quel- 
35  qu'un  de  leurs  Ennemis ,  le  Roi  fera 

obligé 


(t)  Non  -  feulement  Barthlomé  May 

7îe  reçut  pas  la  Comme  entière^  qui  étoit  didè\ 
mais  on  r obligea  de  fe  charger  de  mauvaifes 
efpèces  ;  ^  on  lui  fit  toutes  fortes  de  mau* 
vais  traitemens  û  fa  fortle  ds  Lion*  f^oyés 
dnshehn  &  Stah\ 


1.IVREI    SePTIE'mE.  9f 

,  obligé  de  la  lui  déclarer  de  l'attaquer  14S4* 
>  &  de  le  pourfuivre  comme  fon  enne- 
,  mi  propre  fans  fraude  ni  dol.  Ce 
fraité  eft  ligné  par  Jean  Wulàmann 
Chevalier,  Bourguemaitrede  Zurich; 
jîiîîlaume  àe  Dieshach  Chevalier ,  & 
^isrre  de  Wàheren  Advoyers  de  Berne , 
fcc.  &c.  &c.  («).  Par  des  raifons  ,  que 
los  Hiftoriens  ne  nous  ont  pas  tranf- 
lifes  5  il  ne  fut  jamais  avoué  des  Cân- 
Diis.  Le  mécontentement  de  la  condui- 
e  5  que  tint  la  France  dans  le  payc- 
lent  des  penfions  peut  y  avoir  donné 
eu. 

Berne  fit  deux  années  après  un  Trai-   î48â 
2  de  Combourgeoifîe  avec  la  Prévôté      Com^ 
e  Motier  Grandval ,  ou  le  Munierthah  ^^^^  J^o/- 
oici  ce  qui  Poccafionna.  Deux  Com-*^^^^^ 
étiteurs  fe  difputoient  la  dignité   de  avec  h 
j'revôt  de  Motier.    Le  premier  Jean  Prévôté 

-^^^     tien 


(a)  Traité  de  Paix  de  Leonhard  T,  4« 
.19.  Traité  des  AllianQQS  &Tjiiib  Fram^ 
ar  Fogei  f.i^ 


06        Livre  Septie* ME. 

448<^.  ^ff^^'  ^^^^^f  ^^  Sîirfée  étoit  parent  du 
Bourgiiemaitre  Waldmann  de  Zurich, 
&  protégé  par  Cafpar  Ze  Rhein  Evê- 
que  de  Baile  :  le  fécond  Jean  Meyer 
étoit  Bourgeois  de  Berne  &  apuyé  du 
Canton.  L'Evêque  mit  PfifFer  en  pof- 
feffion  ;  les  Bernois  fecoururent  Meyer, 
s'emparèrent  de  toute  la  Prévôté,  & 
forcèrent  l'Evêque  de  reconnoître  leur 
Bourgeois.  Par  h  Traité ,  qui  fe  fit 
au  mois  de  Février  par  l'cntremife  de 
Hartmann  de  Hallweil  Prévôt  du 
haut  Chapitre,  PEvêque  renonça  à 
fes  droits  du*  la  Prévôté  &  s'engagea  à 
payer  aux  Bernois  2foo  florins  pour 
les  fraix  de  la  Guerre.  Ils  firent  peu^ 
après  avec  les  habitans  de  cetteVallée 
un  traité  de  Combourgeoifie  daté  du  14 
May  ;  par  lequel  ces  Peuples  s'enga- 
gèrent d'affilter  Berne  avec  leurs  Mi- 
lices à  leurs  propres  dépens  dans  toutes 
les  guerres,  excepté  contre  l'Evêque 
de  Bafle.  Ce  Prince  s'adreiïa  aux  Can- 
tons pour  rentrer  en  poffeflîon  de  la 
Prévôté.  11  fut  enfin  réglé  Je  28  No- 
vembre 


Livre  Septie'mb.  97 
i/cmbre  que  les  Bernois  reftitueroient  148^. 
la  Prévôté  à  i'Evêque.  Ce  Traité  mit 
in  à  un  nombre  de  difficultés ,  qui 
fubfitoient  entre  le  Prince  Evéque  & 
la  République  de  Berne.  Il  porte  en 
iibftance  : 

1°.   Que  le   Village   de   Reîhen  de- 
meurera à  PEvéque  :  mais  que  les  Ber- 
lois   auront  le  droit  d'y  fuivre  &  d'y 
^aire  enlever  les  malfaiteurs.    2".  Que 
a  vacherie  la  Faliere  reftera  à  ceux  de 
Bureih  3^  Que  les  Bourgeois  d^Bienne 
"eront  francs  de  péage  fur  le  Lac  de 
N"idau   pour  tous  les   effets,   qui  ne 
fervent  qu'à   leur  ufage.     4°.   Que  la 
iCombourgeoifie  des  Habitans  de    la 
i Prévôté  avec  Berne  fera  reconnue  par 
le  Prince  ;  que  Berne  pourra  difpofer 
de  leur  Milice  dans  tous  les  cas  ,   ex- 
cepté   celui  où   cette   République  fe 
trouveroit  en  guerre  contre  Son  Al- 
teffe  ;  que  pour   lors  aucun  des  deux 
partis  ne  pourra  leur  faire  prendre  les 
armes.  5°.    Que  Berne  demeurera  en 
//.  Parf.  G        poffeflion 


9S       Livre  SEPtiE'MS. 
poiTeffion  de  fa  Co-Souveraineté  fut 
la  montagne  de  Dieiïe.  (f) 
Î49T.         Charles  VIII,  après  avoir  réduit  la 
Dijjen-  Bretagne   par  la   défldte  du  Duc  FraU" 
timi  entre  ^^-^  ^  ]^  journée  de  Saint  Aubin  ,   s'at- 
FIII?^  tira  de  nouveaux  embarras.     Le  Duc 
31aximi^  de  Bretagne  étoit  mort  peu  après ,  & 
lien,  dans  n'avoit  laiflë  qu'une  fille  unique  Anne» 
hquelk     q^^  ^j-QJj.  promife  depuis    1489  avec 
€?•/  veut  T»/r 

,v.w  Maxi- 

impliquer 

les   Suîf^ . ».,,.r, — -^ 

fes. 


(t)  Anshelm.  à  f.  61^.  ad  6%^.  Cette 
Combourgeoifie  fubfifle  encore  de  nos 
jours.  Elis  a  été  renouvellée  en  1495,  l<^  13, 
165^,  1^71,  1^895  1704?  170^5  172s, 
^  dernièrement  en  174?  par  Jean-Ro- 
DOLPH  Dachselhofer  ,  Philippe- 
HenriSinner,  Samuel  Moutach, 
&  François -Louis  de  Watte- 
VILLE.  Elle  fut  jurée  folemnellement  pûtr 
plus  de  mille  hommes  portant  armes.  La 
Prévôté  eji  encore  reconnue  de  nos  jours 
Fats  d'Empire,  les  Appels  en  vont  à  J^Vetz^- 
lar  ^  &  par  le  Traité  de  Bule  de  J6S7> 
il  a  été  réglé  ,  qu^  elle  fournir  oit  le  quator^ 
ziéme  denier  des  Suhfides  j  auxquels  rEvi*^ 
ché  de  BMe pourvoit  être  ta^é,  . 


Livre  SeptIe^me.  99 
Maximilien  Roi  des  Romains.  Char-  1491, 
les  faifoit  élever  à  fa  Cour  l'Archidu- 
cheiïe  Marguerite  fille  de  Maximilien, 
qui  lui  étoit  deftinée;  il  la  renvoya  & 
époufa  Anne  de  Bretagne.  Le  Roi  des 
Romains  en  fut  fort  irrité  Se  fe  ligua 
avec  Henri  Roi  d'Angleterre.  Qd). 
Charles,  qui  prévoyoit  une  guerre  fan- 
glante,  envoya  PEvêque  de  Montau- 
ban  Se  Antoine  de  Lamet  aux  Suifles  , 
&  demanda  dans  une  Diette  ,  qui  s'aC- 
fembla  à  Berne  au  mois  de  Juin  ,  à  re- 
nouveller  les  anciens  engagemens  avec 
eux  en  leur  ofrant  les  mêmes  penfions, 
que  Louis  XI  leur  avoit  accordées. 
Ces  propofitions  ne  furent  pas  écou- 
tées ;  parce  que  les  Suifles  refufoient 
de  donner  des  troupes  au  Roi  pour 
agir  ofFenfivement  ,  Se  que  d'ailleurs 
leurs  Officiers  préferoient  de  fervirfans 
G  ij  Capitulation 


(a)  Abrégé  ds  JUezcrai  T.^*  p,  ^4. 


îoo      Livre   Sëptie'mê; 

149 1.     capitulation  particulière,  (z^). 

Max iMi LIEN  chercha  à  profiter 
des  circonftances.  11  écrivit  de  Nurem- 
berg le  12  de  Juillet  aux  Cantons,  pour 
les  remercier  de  ce  qu'ils  n'avoient  pas 
prêté  l'oreille  aux  propofitions  delà 
France,  (h').  Ses  AmbafTadeurs  propo- 
férent  à  une  Diette  à  Lucerne  de  re- 
nouveller  l'Union  héréditaire  fans  pou- 
voir y  difpofer  les  Cantons  (c)  ce  quî 
engagea  ce  Prince  à  fe  rendre  en  per- 

Ï492.  fonne  à  Confiance  au  mois  de  Juillet 
de  l'année  fuivante.  Il  fit  des  plaintes 
améres  aux  Députés  contre  le  Roi  de 
France  ;  leur  repréfenta  que  tout  le 
Corps  Germanique  ,  dont  la  Suiffe  fai- 
foit  une  partie  diftinguée  ,  étoit  fenfi- 
blement  oftenfé,  par  la  conduite  de 
Charles  à  l'égard  de  fa  fille.  11  demanda 
la  levée  de  ^000  hommes,  &  que  com- 
me 


(3)  Anshehn.  fol,  921. 

(h)  Idem  f.  924,  (c)  Il  f,  927. 


Livre  Septie'me.       ïoi 
me  fou  coufiii  le  Duc  Sigifmond  lui     149a. 
avoit  tranfporté  &  remis  tous  fes  païs 
héréditaires,  pour  lefquels  la  Nation  é- 
toit  en  Traité ,  on  ne  refufa  pas  de  les 
renouveller  en  fa  faveur  (à).  Les  Dépu- 
tés lui  répondirent  ;  que  par  rapart  au 
renouvellement  de   l'Union  ,    ils  n'é- 
toient  point  inftruits  fur  cet  article  , 
mais   qu'ils  en  feroient  leur  raport  à 
leurs  Supérieurs  ;  &  pour  la  levée  des 
troupes,  que  l'intérêt  de  la  Confédera-» 
tion  ne  permettoit  pas  dans  des  cir- 
confiances  où  les  plus  puiffans  Monar- 
ques   de  l'Europe  alloient  entrer   çn 
guerre,  qu'ils  s'écartaffent  de  la  neu» 
tralité  qu'il  leur  convenoit  d'oî>ferver. . 
Ils  conclurent  par  offrir  leur  Média- 
tion :  Maximilien  l'accepta  &  les   in- 
vita de  fe  trouver  à  la  Diette  générale 
de  l'Empire  ,  que  l'Empereur  Fride- 
rich  alloit  convoquer  à  Mayence.  (h'). 
G  iij  Les 

Il  ■      '  »■!"  ■■'■       >"m^t>^     IMMiail    LJilMIlMlll' 

(a)  Ansk-lm.  T.  a.  /  4. 

(b)  Ibùlf.6,7. 


102  Livre  Septie'me. 
14-92,  Les  Cantons  indiquèrent  une  Diette 
à  Schweitz  pour  le  jour  de  Sainte  Ca- 
therine ,  &  chargèrent  Berne  &  Fri- 
bourg  d'écrire  au  Pv.oi  de  France  pour 
lui  faire  agréer  leur  médiation.  Berne 
écrivit  en  conféquence  à  ce  Monarque 
le  lo  d'Août.  Qa), 

Berne  &  les  Etats  Ariflocratiques  de 
la  Suiffe  étoient  difpofés  en  faveur  de 
Maximilien  &  fouhaitoient  de  renou-  | 
veller  l'Union  héréditaire  :  Les  Etats 
Populaires ,  au  contraire  ,  écoient  plus 
attachés  à  la  France.  Le  Landaman  Re^ 
àîng  de  Schweitz  déclara  en  pleine  At 
fembîée  à  la  Diette ,  qu'il  n'y  avoit  que 
l'amitié  de  la  France  qui  put  mettre 
un  frein  à  la  haine  que  les  Allemands 
&  les  Lombards  leur  tèmoignoient 
Ainiî  la  Diette  fe  fépara  infrudueufe- 
menJ:,  &  les  Etats  Populaires  fignifié- 
rent  leur  réfolution  à  la  Diette  de  Zu- 
rich 


(a)  Anshduh  f.  8. 


LîvRE  Septîe'me.        T03 
*ich  aux  Ambaffadeurs  de  Maximilien ,    HS^ 
Herniann  d'Eptingen  ,    Lazare  d'Andlau  » 
fe  Jean  Lanz  de  Liebenfils,    Cette  di vér- 
ité de  difpofitions  réveilla  les  jaloufies, 
qui  s'étoient  élevées  parmi  les  Cantons 
depuis  la  guerre  de   Bourgogne.    Les 
Populaires ,  pour  s'afiTurer  la  pluralité 
dans  les  Dietces ,  firent  une  Ordonnant 
:e  à  By-nnen  ;  que  Fribourg  &  Soleu- 
•e  n'auroient  de  voix  que  dans  les  afFai- 
*es  ,  qui  les  concerneroient  immédia- 
;ement ,  &que  les  Diettes  rouleroient 
mnuellement  de  Canton  en  Caaton.(^). 
Les  Villes  s'affemblerent  de  leur  côté  à 
Zoffingue  &  réfolurent  de  garder  une 
éxacle  neutralité  ,  &  de  défendre    fous 
peine  de  la  vie  à  leurs    Sujets  de  pren- 
dre parti  ni  pour  la  France    ni   pour 
l'Autriche,   (h).  Berne  8c  Lucerne  fe 
lièrent  par  un  Traité  particulier  d'u-=- 
nion  &  d'amitié,  (c),  Dans- 


(a  )  Amhelm.  f.  î  i.    Qh)Idsmf.    la. 
(c>  Idem  f.  28. 


104  Livre  Septie'me. 
.149^.  Dans  ces  entrefaites  on  reçut  une 
Lettre  du  Roi  Charles  VIII  datéedu 
24  d'Août,  par  laquelle  ce  Monar- 
que tèmoignoit  une  extrême  fenfibilité 
des  bons  offices,  que  les  Cantons  vou- 
loient  bien  rendre  pour  prévenir  PefFu- 
fion  dufang  Chrétien;  il  les  affuroit  qu'il 
remettoit  fes  intérêts  entre  leurs  mains 
avec  la  confiance ,  que  méritoit  leur 
amour  pour  la  paix  &  pour  la  jufti- 

1493.  ^^'  (^)-  ^^^  ^^^^  ^^^  ^^  contribuèrent 
pas  peu  à  difpofer  les  Parties  premiè- 
rement à  une  trêve  ,  &  enfuite  à  une 
paix  (table  ,  qui  fut  faite  à  Senlis  le  23 
de  Mai,  par  laquelle  la  Comté  de  Bour- 
gogne fut  cédée  à  Maximilien.  (^). 

1494.  La  guerre  pour  le  Roïaume  de  Napies 
Motive-  attira  un  grand  nombre  de  Suiffes  dans 

mens  a  ^^g  quartiers.  Les  Cantons  prirent  tou- 
CCLU]^   de  / 

la  (Tuerre  ^^^  "^^  précautions  imaginables  pour 
de'Na^  retenir 

;ples. ■ , 

(a)  Anshelm.f.  13. 
•  •  (b)  Idemf.  39.  Mezerai  T.  4.  p,  27» 


Livre  Septie'me.  lof 
retenir  leurs  Sujets  :  mais  tous  leurs  14^4.^  î 
foins  devinrent  inutiles.  Ils  envoyèrent 
des  Députés  à  l'armée  de  Charles,  qui  h 
joignirent  à  Geues ,  &  qui  raporterent 
un  Acle  du  14  Juillet  figné  par  le  grand 
Ecuyer  d'Urfé  &  par  le  Ballif  de  Dijon, 
qui  portoit  une  déclaration  ,  que  Gaf- 
pard  de  Stein  Sc  fes  Collègues  n'avoient 
rien  négligé  pour  ramener  les  troupes: 
mais  que  comme  elles  fe  trouvoient 
toutes  réparées,  les  Officiers  de  Sa  Ma- 
jefté  s'étoient  opofés  à  leur  demande  , 
!  ne  pouvant  pas  fe  réfoudre  à  voir  par- 
tir une  troupe  ,  en  qui  le  Roi  mettoit 
j  une  fi  parfaite  confiance.  Charles  en 
I  écrivit  peu  de  tems  après  aux  Cantons, 
I  &  les  chofes  en  reftérent-là  :  Cepen- 
dant la  Répubhque  de  Berne  en  con- 
çut un  reffentiment  fi  vif,  qu'elle  ne 
put  plus  être  amenée  du  vivant  du  Roi 
au  renouvellement  de  l'Alliance,  (a), 

Maxî- 


(a)  Anshelm.  T.  3.  /  53' 


ÎO^        L  î  V  RE     S  E  P  T  î  e'  M  S. 

'Ï45'T.     Maximilien  ayant  fuccedé  à  PEmpe- 
Mauve-  reur  Friderich  fon  père  ,  convoqua  les 
mens  à     Membres  de  l'Empire  à  Worms;  GuiU 
hume  de  Dieshach  y  parut  de  la  part  de 
Berne,   (a).  L'Empereur  &  les  Etats 
firent  propofer  aux  Cantons  par  leurs 
Ambaffadeurs  dans  une  Diette  affem- 
blée  à  Lucerne  le  23  de  Juin ,  de  leur 
accorder  la  levée  de  loooo  ou  tout  au 
moins  de   6000  hommes   pour  efcor- 
ter  l'Empereur   dans  fon    voyage  de 
Rome.  (F).  Ils  réitérèrent  la  même  de- 
mande par  leurs  Lettres  ,  &  renvoyè- 
rent une  féconde  iVmbaffade  à  la  Diet- 
te de  Zurich  pour  les  inviter  à  entrer 
dans  la  Confédération  générale,  que  les 
Membres  de  l'Empire  venoient  de  con- 
clure pour  leur  défenfe  commune.  Les 
Députés  fe  chargèrent  d'en  faire  le  ra- 
port  à  leurs  Supérieurs  :  Berne  feul  alla 
plus  loin  ,   &  s'engagea  de  ne  pas  per- 
mettre 


(a)  '  Anshdm.  /  69 .     (b)  Lient  /  70. 


Livre    Septie'me.       107 
nettre  à  fes  Sujets  de  fervir  contre  le    149Y1 
juc  de  Milan.   (^), 

Louis  le  More  ,  qui  venoit  d'ufurper 
e  Duché  de  Âlilan  fur  le  fils  de  Galeas 
iforce.  envoya  le  Dodeur  Jean  Mo- 
'ofin  à  Lucerne  pour  ménager  le  re- 
louveilement  du  Capitulât  {h).  An- 
;onin  de  Beffe,  Ballif  de  Dijon  ,  traver- 
a  cette  négotiation  au  nom  du  Duc 
rOrleans,  Se  offrit  aux  SuilFes  de  leur 
:eder  à  perpétuité  Bellinzone,  Lauwis 
&  Lucarne ,  s'ils  vouloient  l'affilier  dans 
la  conquête  du  Milanois  ;  il  les  remer- 
cia de  la  part  du  Roi  des  iervices  que 
leurs  foldats  lui  avoient  rendus  ;  il  fit 
des  plaintes  contre  le  Duc  de  Milan  , 
qui  après  avoir  attiré  le  Roi  en  Italie 
l'avoit  trahi.  Ces  repréfentations  eurent 
leur  effet  :  Les  Cantons  excepté  Ber- 
ne rejettérent  l'Alliance  du  Duc  dé  Mi- 
lan &  promirent  les  levées  pour  la 
France ,   qui  fe  montèrent  bien-tôt  , 


(a)  Ansbelm.f.  73.  (b)  Idemf.  84. 


io8      Livre  S  e  p  t  i  e'  m  e. 
M9^,     à  près  de  20000  hommes.   (^). 

Berne  conferva  la  neutralité ,  &  or- 
donna des  peines  rigoureufes  contre 
tous  les  enroUeurs.  Cette  conduite  lui 
attira  beaucoup  de  menaces  de  la  part 
des  Cantons  Populaires ,  ce  qui  enga- 
gea cette  République  à  plufieurs  Con- 
férences avec  Zurich,  Fribourg  &  So- 
ieure.  (b).  Cependant  cette  animofîté  fe 
calma  bien-tôt  après,  &  on  vit  la  SuiflTe 
fe  réunir  contre  un  ennemi  commun  , 
qui  y  occafîonna  la  dernière  guerre  que 
la  Nation  ait  fbutenuë  contre  les  Etran- 
gers. C'eft  la  guerre  deSuabe,  qui  fera 
le  fujet  du  Livre  fuivanc. 

Fin  du  Livre  Septième, 


Ca)  Anshelm,  f,  %9, 
(b)  Idem  f.  90. 

I 


HISTOIRE 


HISTOIRE 

DELA 

CONFÉDÉRATION 

HELVETIQUE. 


LIVRE    HUITIEME. 

'Empereur  Maximilien     ^49f.' 
avoit  établi  à  la  Diette     Origine 

de  Worms  une  Cour  ,      "^^  ^^  , 

gtierra  ae 
qu'on  nomma  la  Cham^  Stiahe. 

hre  Impériale^  devant  la- 
qjuelle  toutes  les  affaires  civiles  de  l'Em- 
pire dévoient  fe  porter.    On  avoit  rè- 
gle 


iio      Livre   Huitie'me. 

t49^  glé  à  la  même  Diette  les  contributions 
de  chaque  Membre  de  l'Empire  pour 
les  honoraires  de  cette  Cour,  &  un 
impôt  extraordinaire  du  centième  de- 
nier fur  tous  les  Sujets  de  l'Empire  (a)  : 
ce  Subfide  devoit  fervir  aux  fraix  de  la 

$/^96.  guerre  contre  les  Turcs.  Maximilien 
fit  part  de  ces  établiflemens  aux  Suit 
fes  aflTemblés  à  Zurich  au  mois  de  Fé- 
vrier  1496" ,  avec  ordre  de  s'y  confor- 
mer  comme  Membres  de  l'Empire.  Ses 
Députés  eurent  ordre  de  folliciter  de 
nouveau  leur  acceffion  à  la  grande  Li- 
gue d'Allemagne  ,  &  une  Levée  de 
troupes.  Cette  négotiation  fut  portée 
devant  pîufieurs  Diettes ,  &  le  réfultat 
fut  enfin:  que  Zurich,  Lucerne^une 
partie  d'Underwalden,  Zug, Claris,  Fri- 
bourg  &  Soleure  déclarèrent  aux  Am- 
baffadeurs  dePEmpereur,  que  l'anciene; 
Alliance ,   qui  fubfiftoit  entre  eux  &  la 

France 


(a)  Animnctus  de  Comitiis.  c.  8»i^-33- 


Livre    Huitie'me.       it/ 
France  ne  leur  permettoit  pas  de  con-    i49(r. 
trader  aucun  engagement  contraire  ; 
qu'ils  efpéroient   cependant,  qu'on  ne 
troubleroît  pas  la   Nation  dans  la  pof- 
fefîîon  des  immunités  &  de  l'indépen- 
dance ,  qu'elle  s'étoit  fi  glorieufement 
procurée,   (a).  Berne  ,  Uri ,  Schweitz 
&  l'autre  partie  d'Underwalden  accep- 
tèrent l'Alliance  du  Duc  de  Milan.  C^). 
Le  Légat  du  Pape  mit  tous  les  SuiflTes^ 
qui  tenoient  le  parti  François ,  au  Ban 
de  PEglife  ;  &  l'Empereur  conjointe-    1497. 
ment  avec    TEmpire  ,  fit  évoquer  les      Griefs 
caufes  deplufieurs  particuliers  des  Can-  contre  b 
tons    devant    la   Chambre   Impériale,  f  ^*^^.^^ 
L'Abbé  de  St.  Gai  fut  cité  devant  les  /^^ 
Diettes,  &  l'on  exigea  de  ce'Prélat ,  du 
Païs  d'Appenzell  &  des  Villes  de  St  GaU 
Schafhaufen  &  Rothweil  des  Contri- 
butions ;  Les  chofes  furent  même  pouf. 

fées 


(a)  Anshehihf.  108.    (b)  IJemf.  109. 


112      Livre  Huitie'ms. 
1497.    fées  au  point  de  mettre  la  Ville  de  St. 
Gai  au  Ban  de  l'Empire,  (a).    Les  Suif- 
fes    envoyèrent  des    Ambafladeurs    à 
l'Empereur  ,  aux  Ducs   de  Bavière  & 
de  "Wurtemberg ,  &  à  toutes  les  Vil- 
les de  la  grande  Ligue  ,   pour  IblHci- 
ter   le  redrelTement  de   leurs  Griefs, 
Maximtlien  les  renvoya  à  la  prochai-^ 
ne  Diette  de  Worms.  (b).  Ils  n'y  ob- 
tinrent  point  leur  demande  (^),  & 
l'Empereur  leur  indiqua  une  journée 
à  Insbruck  ;  le  Ban  contre  St.  Gai  fut 
enlevé  ,  on  leur  promit ,  que  la  Cham- 
bre Impériale  fufpendroit  fes  pourfui- 
tes,  &  que  tous  leurs  griefs  feroient  re- 
dreflez  à  la  prochaine  Diette,  que  Ma-. 
ximilienavoit  convoquée  à  Fribourg. 
Ce  Prince  ayant  hérité  la  fuccefîîoii 
d'Autriche  par  la  mort  de   fon  coufm 
Sigifmoiid  arrivée  au  mois  de  Mars  de 

l'année 


iTi)  Anshelmf.  13^.    (b)  Idemf,  138. 
(c)  Idsmf.i^i. 


tons  n  ce 


Livre  Hu  r  t  ie'me.      119 
i'aanée  précédente  ;  il  fit  en  même  tems    1498. 
['ouverture  aux  Cantons  pour  le  re- 
nouvellement de    l'Union  héréditaire. 

Toutes  ces  longueurs  impatientèrent    Mouve- 

enfin  les  SuifTes ,  &  ils  fe  préparoient  memâam 

rérieufement  à  fe  faire  rendre   juftice  '^^  ^^"* 

par  les  armes  ;  lors  qu'au  mois  de  JuiU  ^r^^. 

et    de    l'année    fuivantc    l'Empereur 

eur  fit  faire  de  nouvelles  propofitions. 

[Charles  VIll  venoit  de  mourir  & 

Louis  XII.  s'étoitfait  proclamer  Duc 

le  Milan.    L'Empereur  demandoit  que 

;es  Suifles  ne  favorifafTent  pas  fon  en- 

lemi  5  &  qu'ils  lui  accordaffent  le  paf- 

àge  de  ^000  hommes  fur  leur  territoi- 

I  €,  pour  paffer  en  Franche  Comté  :  les 

iJuiffes  tergivcrférent  à  leur  tour.  (a). 

1  envoya  une  féconde  Ambaffade  & 

îcmanda  la  levée  de  ^000  hommes: 

Inais  les  Cantons   ne  voulurent    en- 

endrc  à  aucune  propofîtion  à  moins 

que 

(a)  Arishelm.f,  l62* 

IL  Fart.  H 


î  Î4        L  î  V  R  E   H  U  I  T  I  e'  M  e:  ^ 

Î498.    ^^^    préalablement    tous  leurs  Alliés 

n'euiïent  obtenus  les  fatisfadions  qu'ils 

avoient  Ibllicitées. 

Berne      Le  Canton  de  Berne  fe  donna  beau- 

refufe  in    coup  de  mouvemens  pour  engas^er  le 

Neufcha-  ^^^^  ^^^  Suiffes  à  fe  prêter  aux  vues  de 

M^^^'- ^'Empereur;  &  pour  ne   leur  donner 

7îonce  à     aucun  ombrage ,  les  Bernois  refuférent 

fonalUan^  la  Comté  de  Neufchatel ,  que  ce  Prince 
ce  avec  le  j  i 

Bîic  de     leur  ofroit  pour  une  fomme  peu  con- 
Mîlan      fîdérable.    Philippe  Margffvave  de  Hoch^ 
rùlaire  ^^^^  ^  Comte  de  Neufchatel  avoit  été 
aux  au-    ^'^'^'^^  ^u  Ban  de  l'Empire.     Les  Bernois 
très  Can-  firent  entrer  des  troupes  dans  Neufcha- 
tons,         |.gi  pQ^^jj-   conferver  à  leur  Combour- 
geois  Ton  héritage.  C^).    Cette  conduite 
ne  diffipa  point  la  défiance  des  Cantons:, 
ils  infiftérent  à  ce  que  Berne  renonçât  à! 
l'Alliance  de  Milan  ;  Les  Bernois  fe  prê--' 
térent  encore  à  cette  demande  du  moins  1 

en) 


(a)  Ansbim,  /  175, 


Livre  Hu  ïT  ie'me.      iiç 

en  partie,  &  firent  rayer  par  Barthïomê    1498. 
May  5  qu'ils  envoyèrent  pour  cet  effet 
dans  le  courant  du  Mois  de  Juin    au 
Duc  de  Milan  ,   l'article  du  Traité  qui 
caufoit  le  plus  d'ombrage  aux  Suiffes  : 
c'étoit  celui  par  lequel  les  Bernois  pro- 
niettoient  une  exade  neutralité  &  s'en- 
gageoient  à  ne  donner  du  fecours  à  au- 
cune des  Parties  (a)  :  mais  les  Cantons 
ne  fe  contentèrent  pas  de  cette  explica- 
tion. 

Un  Incident  qui  furvint  fit  tourner     Comen-^ 

au  dehors  toute  l'attention  des  Can- f  ^^^'^^'^'^ 
tons  réunis.  George  Comte  deJVerdenherg  ^q  Suabe, 
Çcf  deSargans^  Gauâent lus  Comte  de Metfch 
6c  Werner  Baron  de   Zimmern  avoicnt 
jeté  mis  au  Ban  de  l'Empire;   le  Com- 
te de  Sargans  étoit  Combourgeois  de  ^ 
Schweitz  &  de  Claris ,  8c  avoit  vendu 
fa  Comté  de  Sargans^aux  VIL  Cantons. 
Ce   Seigneur   tenta    d'enlever    Jean-- 
^H  ij           George 


i^)  Anshelm.  f,  178. 


116     Livre   Huitie'me. 

1498-  George  âe  GoJJenhrot  Confeiller  de  Ré- 
gence d'Infprack,  qui  prenoit  les  bains 
de  Pfifirs  :  mais  l'Abbé  du  Couvent 
de  ce  nom  prévint  fes  deffeins.  Cet- 
te démarche  lui  attira  l'inimitié  du 
Comte,  qui  le  força  de  quitter  le 
Couvent.  L'Empereur  &  la  grande  Li- 
gue d'Allemagne  follicitérent  les  Suif- 
fes  à  ne  pas  prendre  parti  pour  le  Com-, 
te  ;  ils  le  refuférent.  (a).  Ce  qui  achcn 
va  d'aigrir  les  Cantons  furent  les  lon- 
gueurs, que  la  Régence  d'Infpruck 
aporta  dans  les  difficultés  ,  que  les. 
Grifons  avoient  avec  le  Tiroî^  dont  ils  | 
dévoient  être  Juges.  La  Ligue  Grifi 
&  la  Ligue  de  la  Maifon  de  Dieu,  avoient 
fait  une  Alliance  Tannée  précédente 
avec  les  VII  Cantons.  La  Régence  pour 
endormir  les  Grifons  avoit  fixé  une 
journée  à  Felâkirch  au  mois  de  Février 
de  l'année  fuivante  ,  pendant  qu'elle 

faifoit 

(a)  Ansb.f,  18^. 


LivreHuiti  E'x^E.      Î17 
faifoit  munir  toutes  les  places  frontié-    14990! 
res  de  troupes  ,   &  ayant  fait  une  ten- 
tative pour  furprendre  le  Couvent  de 
Mimfterthal,  les  Grifons  s'y  oppoférent 
de  vive  force  &  les  repouiïerent  a- 
vec  perte  de  1 8  hommes,  {a).   Ce  fut 
le  fignal  de  la  guerre.    Ceux  de  D  ijf 
tis  demandèrent  du  fecours  à  Uri ,  & 
ce  Canton   en  demanda  au  refte  des^ 
Suiffes  {y).  On  parla  encore  d'accom- 
modement ,  &  on  conclut  une  Trêve  » 
qui  ne  fut  pas  de  longue  durée.    Les 
Troupes  de  la  Ligue  s'emparèrent  de 
MeyenfelÀ  &  pafférent  au  fil  de  i'épée    Meytn-^ 
Itout  ce  qui  y  portoit  les  armes  \  elles-^     /^/f 
|y  lailFerenc  une  garniïon  de  400  hom-  ^^^^  ^^ 
jtîies  &  fortifièrent  le  paflTige  de  Lucien^  Smh<. 
\i}ei^  :  ceci   fe  paffa  le    to   de  Février. 
iLes  Suiffes   &  les  Grifons  reprirent  le 
lendemain  Lîicimfieig  &  chafférent  les   4P^^^ 
H  l|  àuabss  ^',.a:,,r^ 

■— ^ ' 8?    ^^ 


(a)  Bircken  EhrenfpiegeL  p,  il 09..         Tnifeft. 

(b)  Amhelmj\  %iq. 


ii8      Livre  Hu  I  Ti  e'm  E. 

^499.  Suahes  au-delade  /'///.  Le  12  du  même 
mois  un  fecours  de  1000  hommes,  que 
les  Suiiïes  avoient  envoyé,  pafla  le  Rhin, 
repoufla  les  Suabes  près  de  Treifen  & 
brûla  le  Château  de  Fadutz ,  qui  a- 
partenqit  à  LoUïs  de  Brandis  ;  Ils  repri- 

Meyen^  rent  enfuite  Meyeyifeld  :  ces  trois  expé^ 

J^ .  ^'^"     ditions  coûtèrent  aux  Suabes  plus  d& 
pris,  ^ 

800  hommes.  (^0- 

Le  même  jour,  que  les  Grifons  avec 

leurs  Alliés  avoient  repris  Lucienfteig ,  j 

Les  Ber-  les  Permis  au  nombre  de  4000  hom- 

trentauC'  mes  fous  les  ordres  de  Jean-Rodolph  de 

fisns^uer^  ScharnachthaU  Jaques  de  PVattèville^  Mi-' 

re,  chel  Utiger  8c  Jean  de  Weingarten ,  avec 

leurs  Alliés   de  Fribourg  &  de  Soletire 

entrèrent  en  campagne,  8l  déclarèrent 

la  guerre  à  la  Ligue ,  s'étant  joints  aux 

troupes  de  Zurich  &  de  Schafhaufen  ils 

firent  une  courfe  dans  le  Hegeu  ,  où  ils 

mirent 


(a)  Birckenp.  iîio. 


Ltvre    Huitie'me.       ïî9 

mirent  tout  à  feu  &  à  fang.  00-  Le    1499» 
théâtre  de  la  guerre  fut  plus   ianglant 
encore  furie  haut  Rhin.  Les  Allemands 
avoient  rafleniblé  un    corps  de  loooo 
hommes  à  Harâ  entre  Fujfach  Se  Ere-    Bataiîk 
gentz  ;  Les  Grifons  &  les  Suiffes  réfo-  ^  ^^^'^^ 
lurent  de  les  attaquer  :  les  ennemis  a- 
près  une  vigoureufe  réfîftance  furent 
forcés  de  fe  replier  vers  Bregentz.  Cet- 
te retraite  tourna  bien-tôt  en  fuite,  dans 
laquelle  ils   perdirent    bien  du  mon- 
de, (b).  Les  Confédérés  rançonnèrent 
enfuite  le  Bregentzer  IValâ  pour  220a 
florins ,  Se  ne  voyant  plus  d'ennemis 
en  campagne  ils  retournèrent  chez  eux; 
Ils  n'y  furent  pas  long-tems  tranqui- 
les ,  &  les  Allemands  s'étant  extrême-- 
ment  fortifiés  dans  les  Villes  forêtiéres, 
principalement^  à  Confiance ,  les  Suif- 
fes portèrent  auffi  leurs  principales  for- 
ces au   Schvvaderloch  qui  eft  une  forêt 

près 


(jt)  Ayishslm  f.  230-24?.  Eirckmf,  iiil. 
(b)  Lkm  îhifL 


120     Livre  Hu  i  t  t  e'  m  e. 
14^9.  près  de  cette  Ville ,  dans  laquelle  ils 

élevèrent  de  fortes  redoutes. 
AUimi-  Louis  XII  étoit  trop  habile  pour 
ee  avec  "^  P^^s  profiter  de  l'altération  des  Suif- 
Louis  fes  contre  l'Empereur  &  contre  le  Duc 
de  Milan  Ion  Beaufrére ,  duquel  il 
croïoit  avoir  fujet  de  fe  défier,  quoiqu'il 
eûtobfervé  jufqu'alors  une  neutralité 
exafte.  Ce  Monarque  envoya  fes  Ani- 
baffadeurs  à  Zurich  le  i.  Mars  ;  ces 
AmbaflTadeurs  étoient  Trijlan  de  Salazar 
Archevêque  de  Sens,  Rigaiilt  â'Oreills 
Gouverneur  de  Chartres  &  le  Ballif 
de  Dijon.  Ces  Miniftres  ofrirent  tou- 
tes les  forces  du  Royaume  aux  SuiiTes, 
&  les  engagèrent  à  une  Union  avec  la 
Couronne  qui  fut  acceptée  par  tous  les 
Cantons,  à  Lucerne  le  21  de  Mars.  (f). 
Il  y  étoit  porté  ,  que  le  Traité  dure- 
roit  ùix  ans  :  Son  contenu  eft  à  l'initar 

de 


if)  Sienne  y  fut  agrégée  le  %•)  du  mêms 
mois* 


Livre  Huitie'me.  i2t 
le  celui  de  Louis  XI  ,  pour  ce  qui  1499^ 
:oncerne  raflîftance  &  le  fecours  mu- 
uel  en  cas  de  guerre  ;  de  même  que 
)our  la  folde  &  les  avances ,  auxquel- 
es  le  Roi  s'obligeoit  pour  les  expédi- 
ions des  Militaires  Suiffes.  (a).  Les 
Confédérés  manquoient  d'Artillerie  : 
îerne  preflTa  principalement  ce  fecours 
u  nom  des  Cantons  par  une  Lettre  , 
[ue  cette  République  écrivit  le  23  de 
dars  au  Roi  ;  cependant  il  ne  fut  li- 
re à  Soleure  que  vers  la  St.  Jaques  , 
z  lorfque  après  la  Bataille  de  Dornach 
es  ennemis  n'oférent  plus  tenir  la  cam- 
lagne.  (b).  Pendant  que  cette  Alliance 
straitoit  à  Lucerne,  une  troupe  de 
000  volontaires  de  Berne  ,  Lucerne 
k,  Soleure  fous  les  ordres  de  Daniel  bataille 

Bahcnberg  ^u  Brtu 
— — ».  derholz* 

(a)  Anshelm  f.  2^6.  Recueil  des  Trai-^ 
es  de  -paix  T.  l.  p.  809.  Lmiig.  Cod.  DipL 
r,  l.p.  22S'  Dwmont  Corps  DipL  T.  I. 
P.  2.  p,  40^. 

(b)  Anshelm,  p,  280. 


123     Livre   Huitie'me. 
M499.    Eahsnherg  de  cette  dernière  Ville  firent 
une  courfe  dans  le  Suntgeiu  Friderkb  dt 
Cappel  Officier  renommé   de  la  Ligue 
fit  avancer  400  chevaux  &  4000  fan- 
taffins ,   qu'il   plaça  prè«  de  Ste  Mar- 
guérite  &  du  pont  de  la  Birs,  dans  k 
deffein  de  leur  couper  la  retraite;  Suï 
Tavis  que  les  Suiffes  s'avançoient  vers 
Dornach ,  il  laiffa  fon  infanterie  auponi 
&  les   fuivit  avec  fes  cavaliers  ;  il  les 
atteignit  dans  le  Leimeyitbal  :  mais  fon  1: 
infanterie  ne  l'ayant  pas  joint  à  propos  ' 
il  ne  put  foutenir  l'attaque  &  fat  dé-, 
fait  &  pourfuivi  jufqu'au  Bruderhoh  a-|| 
vec  perte  de  5oo  hommes  ;   celle  des] 
Suiffes  ne  doit  avoir  été  que  d'un  feul^ 
fantaffin.  {a). 

Le  même  jour  de  l'affaire  du  Bruder-. 
holz  ,  qui  étoitle  2^  de  Mars  ,  les  en-: 
nemis  qui  s'étoient  retranchés  proche 
de  Frajlsnz  ^ntïQVIIl,  &  îa Montagne 

nommée 


(a)  Anshdvh  f.  266.  Eirckenf,  ilit-. 


Livre  Hu  I  tie'me.       123 
nommée  Lanzsngafl ,  pafférent  le  Rhin;    1499^^ 
Saccagèrent  le  païs  de  l'Abbé  de  St.  Gai, 
&  du  Baron  de  Sax,  &  pénétrèrent  juf- 
jii'à  Gans,     Les  Suiffes  les  plus  à  por- 
:ée  de  ces  contrées  raffemblérent  leurs 
brces  &  pafférent  le  Rhin  à  leur  tour  . 
e  II  d'Avril,   &  préfentérent  la  Ba- 
:aille  aux  Suabes  :  mais  ceux-ci  ne  for- 
irent  pas  de  leurs  retranchemens.  {a)- 
Dans  ces  entrefaites  un  autre  Corps  de 
îuabes  de  8000  hommes  entra  dans  la 
rhurgovie  ;  furprit  les  Suiffès  à  Erma- 
ingiien  ,  &  brûla  plufieurs  villages  des 
environs'  (h).  Les  Confédérés  retran- 
:hés  au  Schwaderloch  fur  l'avis  que  les    Bataille 
îuabes  n'étoient  point  fur  leurs  gardes  au  Schva* 
brtiient    de    leurs  retranchemens   &  derlock 
tinrent  à  eux.  Les  foldats  Allemands, 
]ui  ne  favoient  pas  l'ennemi  fi  proche 
le  penférent  qu'à  chercher  leur  falut 

dans 


(a)  Anshdm.  f.  288- 

(b)  Idemf,  290.   Freiindsherg  f.  3, 


1^4  Livre  HuïTiE'J|yiE. 
t/^99'  dans  la  fuitte  ;  la  Cavalerie,!  tenta  en 
vain  de  les  retenir  :  nombre  de  braves 
Chevaliers  mirent  pied  à  terre  &  le 
placèrent  dans  les  premiers  rang*?,  dans 
Telpérance  de  ranimer  le  courage  de 
leurs  fantaffins  ;  tous  leurs  efforts  fu- 
rent inutiles.  L'hiftoire  a  confervé  les 
noms  de  plufieurs  de  ces  vaiîlans  Che- 
valiers ,  comme  de  Burcard  Se  Henri 
de  Ranâcck.Jean  âe  Neueyugg^  &  Henri  ds 
Langmjieuu  La  déroute  devint  générale, 
&  les  ennemis  furent  pourfuivis  depuis 
TriheîtingGn]\x{^\x'd.  Gottliehen ,  leur  per- 
te doit  avoir  été  de  pafiTé  1400  homes. 
Ce  qui  fit  le  plus  de  plaifir  aux  Suifles, 
c'eft  qu'ils  réitèrent  maîtres  de  if  piè- 
ces de  Canons.  Ils  manquoient  d'ilr- 
tillerie  ,  comme  nous  l'avons  déjà  re- 
marqué. Cet). 
Le  Corps  de  troupes  pofté  vis-à-vis 

de 


(a)  ///,  ih,   Anshelm.  /  297,    Eirclim 


r 


J'  IIÎ3» 


Livre   Huîtie'me.     ii:ç 
ie  Frajienz  rélblut  de  forcer  les  retran-    1499» 
;hemens  ennemis  ;  ceux-ci  avoient  300    Bamillô 
kquebufiers  fur  le  Lanzengaft  Se  dans  ^^  ■^^'^- 
ine  efpèce  de  redoute  fur  le  penchant*'     *^ 
le  la  même  montagne  ipo  mineurs, 
ous  gens  fort  réfoîus.  Les  Siiiffes  com- 
iiandérent  Henri  WoUeh  d'Uri  Officier 
l'une  grande  diftinâion    avec    2000 
lommes  fous  les  bannières   d'Urferen 
cde  Sargans  ,  pour  faire  le  tour  delà 
lontagne  &  en  gagner  les  hauteurs  ; 
?  Corps  d'armée  fut  deftiné  à  marcher 
roit  aux  retranchements,  &  l'arriére- 
arde  fut  confiée  aux  Grifons.  JVoIleh 
L  fa    troupe  gagnèrent  les  hauteurs 
vec  des  peines  infinies;  ils  délogèrent 
?s  Arquebufiers,  qui  fe  rephérent  vers 
^s  Mineurs;  ceux-ci  fe  défendirent 
ourageufement  :  la   fituation   du  lieu 
bligeoit  de  combattre  corps  à  corps. 
Les  premiers  rangs   renverfés  ,  cette 
;roupe  fe  retira  vers  le  retranchement  ; 
|es  SuiflTes  qui  étoient  en  marche  pour 
'attaquer  les  avoient  coupés  ;  ils  tom- 
bèrent 


126  Livre  Huitie'me, 
1499.  bérent  tous  entre  leurs  mains ,  excepta 
200  qui  purent  gagner  le  plus  épais  de; 
bois.  ,,  Wolleh  après  ces  avantages  re- 
joignit  le  Corps  de  Tarmée  des  Con- 
fédérés.  Ils  avancèrent  en  bon  ordre 
contre  les  retranchemens  ,  qui  étoien 
défendus  par  une  nombreufe  Artii!eri( 
&  par  1200  Arquebufîers  ;  à  la  pre 
miére  décharge  les  Suiffes  fe  jettéren 
à  terre  ;  s'étant  relevés  ils  fe  prépa 
roient  à  l'attaque  ;  mais  Wolleh  les  re 
tint ,  &  leur  fît  faire  à  la  féconde  dé 
charge  des  ennemis  la  même  inanoeu 
vre  ;  lui  feul  reftafur  fes  pieds ,  &  fu 
bleffé  mortellement  II  ramaffa  cepen 
dant  toutes  fes  forces ,  commanda  Pat 
taque  &  expira  en  béniffant  le  Ciel  d( 
la  Vidoire  qu'ils  alloient  remporter 
Sans  donner  le  tenis  aux  ennemis  d( 
charger  de  nouveau  5  les  Suiffes  fautè- 
rent dans  les  retranchemens ,  préfen- 
térent  aux  ennemis  les  armes  blanches, 
&  les  forcèrent   bien-tôt  à  une  fuite 

honteufe.    Le  maffacre  devint  affreux , 

on 


Livre  Hu  I  tie'me.  127 
m  compta  3000  morts  fur  la  place  &  ï499» 
?oo,  qui  fe  noyèrent  dans  VIII.  11  eft 
refque  incroyable,  queîesSuiffesayent 
vré  des  combats  auffi  fanglans  avec 
uffi  peu  de  perte  que  nos  Chroniques 
î  raportent  ;  ils  n'eurent  qu'onze 
lorts  dans  cette  mémorable  aftion  (!)• 
!s  enlevèrent  dans  cette  occafion  cinq 
)rapeaux  ,  deux  Tentes  magnifiques, 
ix  pièces  de  Canon ,  500  Arquebufes 
:  une  grande  quantité  de  Cuiraffes  & 
e  Lances.  («). 

L'Empereur   étoit  occupé    dans  la  ^^  Ligué 
iueldre,    qu'il  difputoit  au   Comte  f^^f'^ 

harles  d'Egmont  :   Les  Chefs  de  la  l'Empe- 
rande   Ligue  l'apellérent   à  leur  k-reuràfon 
ours.   Ce  Prince  fit  une  trêve  avec  le-/^^^^^^^* 

Comte 


(t)  Nous  avons  cepenâant  tiré  les  prin^ 
ipales  cir confiances  rie  cette  guerre,  de  Va- 
eriiis  Anshelm,  Auteur  conteinporain,  ^ 
uwbe  de  Naiffance, 

(a)  Ansbelra.  f.  ^01,  fq.  Eirchenf,  1 1 14. 


128      Livre   Hi^itië'me, 

t499.  Comte  &  arriva  au  mois  d'Avril  à  Frî- 
bourg  avec  un  Corps  de  6000  hommes. 
11  fit  publier  un  Manifefte  contre  les 
Suifles ,  dans  lequel ,  en  fe  fervant  des 
expreffions  les  plus  odieufes ,  il  taxoit 
leur  Confédération  de  rébellion  ouver- 
te contre  l'Empire  ;  faifoit  une  énume- 
ration  de  toutes  les  familles  nobles , 
qu'il  prétendoit  que  les  Suiiïes  avoient 
dépouillé  de  leur  héritage  ,  &  provo- 
quoit  tout  l'Empire  à  joindre  fes  for- 
ces pour  détruire  ces  païfans  rebelles. 
Cette  pièce  ne  produifit  aucun  effet  :  les 
Membres  de  l'Empire  regardoient  cet- 
te  guerre  comme  une  querelle  parti- 
culière à  l'Empereur  ,  qu'il  s'étoit  at- 
tirée affez  légèrement ,  comme  Birck^ 
heimer  fon  Confeiller  d'Etat  le  reconnoît 
lui-même,  (a). 

Les   SuiOTes    cependant    continuè- 
rent la  guerre;  après  avoir  renforcé  le 

corps 


(a)  Birckheimer  de-  bello  Helvet,  Anshshiu 


LiVREHuITIE'mé.         129 

corps  de  troupes  qui  étoit  retranché  au    149^' 
Schvvaderloch  ils  pafferent  le  Rhin  avec  ^Les  CaU" 

ïoooohomes,  tombèrent  dans  l^Klet-^^^^^  /'• 

vaflent  le 

\getu  &  mirent  le  fîége  devant  la  Ville  Kletgeu, 
de  Tlmngen  ,  qui  apartenoit  au  Comte 
Rodolph  de  Stdz.  Diemch  deElumeneck 
y  commandoit  ;  ce  Gentilhomme,  qui 
ctoit  un  des  plus  grands  ennemis  des 
SuifTes,  s'échapa  de  la  Ville  crainte  de 
tomber  entre  leurs  mains  :  la  garnifon 
mit  à  fa  place  Henri  de  Baldeck  y   qui  fe 
rendit  à  difcretion  dès  qu'il  vit  apro- 
cher  le  canon  ;  on  fit  grâce  de  la  vie  à 
toute  la  garnifon  ;  les  Suiffes  fe  conten- 
tèrent des  armes  &  du  bagage.  Ils  firent 
défiler  toute  la  garnifon  en  chemife  à 
i  travers  le  camp,  chaqu  e  foldat  ayant  une 
ibaguette  blanche  à  la  main.    Ils  gardè- 
rent prifonniers  les  Gentilshommes  qui 
fe  trouvèrent  dans  la  Ville  ,    comme 
Henri  de  Baldeck  ,  Rodolph  de  GrieJJèn  ^ 
Poleyde  Rifchach  ^  Jean  de  Roggeyihach  ^ 
Henri  de  Baden,  qui  furent  obligés  de' 
payer  de  groffes  rançons.  L'armée  deff 
//.  Farf.  1  Suiffes 


î3û  Livre  Huitie'me; 
'^499»  Suides  prit  dans  la  même  courfe  lea 
Châteaux  de  Kujfenherg  ,  StuUngen  & 
Elumenfeld;  on  reçut  la  garnifon  du 
dernier  vie  fauve  ;  le  Baron  de  Rofeneck 
fut  refervé ,  les  Suiffes  étant  fort  irrités 
contre  lui  ;  &  par  raport  aux  effets  il 
fut  réglé  qu'il  feroit  permis  à  chaque 
perfonne  de  fauver  ce  qu'elle  pourroit 
porter  fur  elle  ,  &  que  le  refte  feroil 
abandonné  au  pillage.  L'époufe  du  Ba- 
ron uniquement  inquiette  du  fort  de 
fon  mari  laifla  tout  fon  bien  en  arriére. 
&  chargea  fon  époux  fur  fes  épaules 
Cette  ingénieufe  générofité  toucha  le{ 
Suiffes  ;  ils  donnèrent  la  liberté  ai 
Baron  &  firent  remettre  à  fa  vertueufi 
époufe  tous  les  effets  qui  lui  aparté- 
noient.  (^). 

Après  cette  courfe,  qui  n'aboutîf 
foit  qu'à  défoler  le  païs ,  les  Suiffes  ré- 

folurenl 


(«  )    lâ.  f,  ^2S*  M*  Eircken  il  14. 


Il 


Livre   Huitie'me.       131 
Dlurent  de  diriger  leur  marche  contre    I499» 
Tberîingen  &  3Iershoiirg  pour  fe  joindre 
ux  Grifons.  Berne  fut  d*un  avis  oppo- 
%  Se  confeilloit  de  marcher  vers  Gott- 
\ehen   Se   le   Schvvaderîoch  pour  tâcher 
'attirer  la  garnifon  de  Confiance  à  un 
ombat.  Pendant  ces  délibérations  on  Berne  ^ 
prit  dans  le   camp,    que  l'Empereur  ^^      Y* 
iffembloit  dans  le  Suntgeu  umrméQ  ^gp^j^yy^j^^ 
e  20C00  hommes,  &  que  fon  projet  Conféds^ 
toit  de  tomber  dans  le   Canton   de  ^^^* 
joleure  ;  que  ce  Canton  avoit  jette  du 
iionde  dans  Dornach,  Se  qu'il  avoit  de- 
landé  du  fecours  à  Berne  &  à  Frî- 
ourg.     Cette   nouvelle  engagea  les 
roupes  de  Berne  &  de  Fribourg  à  re- 
réndre  le  chemin  de  leur  païs.  Cette 
fparation  fit  beaucoup  de  peine  au 
efle  des  SuiflTes  ;  ilfe  tint  là-defllis  des 
ifcours  imprudens,  aufTî  bien  que  cou- 
re la  conduite  du  Chevalier  Guillaume 
k  Dieshach  &  de  Loms   fon  frère  ,    qui 
iirent  taxés   de  quelque  intelligence 
vec  l'Empereur  &  avec  la  Ligue.    Le 
i  lij  premier 


Ï32     Litre  Huitie^mê; 

Î4.99.     premier  avoit  époufé  une  Baronne  de 
Freiberg  fort  apparentée  en  Suabe  ;  ce 
qui  avoit  donné  quelque  couleur  à  ceî 
calomnies.  Jaques  de  PVattevilIe  fut  ex- 
pofé  aux  mêmes  imputations  ;  ces  deu? 
Seigneurs  avoient  alors  la  principal 
autorité  dans  la  République  de  Berne 
Elle  fit  fcs  plaintes  à  deux  Diettes  te 
nues  à  Zurich  &  à  Lucerne,  &  ofrit  d 
juftifier  fa  conduite  &  celle  de  de  Dies 
bach  &  de  de  Watteville  devant  te 
Juge  que  les  SuiiTes  trouveroient  à  prc 
pos  ;  l'affaire  en  refta  là.  (a), 
■p  Berne  envoya  le  5  de  Mai  2400  hon: 

mifecours  ^^^^^  ^^  fecours  de  Soleure  à  Dornacl 
de  Dor-  Fribourg  y  joignit  fa  bannière  &  Lu 
nack,  cerne  un  nombre  de  volontaires.  Le 
Impériaux  étoient  dans  le  voifinage 
ce  qui  occafionna  bien  des  petites  rer 
contres  entre  les  deux  partis ,  dan 
Tune  defquelles  le  Comte  y^^zw  â'Oi 

tenhur 

{^  Anshslm.  f,  337,  ^  344. 


Livre  Huitîe'me.       133 
nhirg  perdit  la  vie.   (a).    Les  Impé-    1499* 
aux  firent  une  courfe  dans  la  Prévôté 

Métier  à  Tinftigation   de  Bernhard 

V  Rhein  neveu  de  PEvéque  de  Baie  ; 

;  Prince  prétendoit  forcer  ces  peu- 

es  à  renoncer  à  la  Combourgeoifie 

î  Berne.    Les  Bernois  y  envoyèrent 

)oo  hommes  ,  qui  firent  mal  leur  de- 

)ir ,  &  qui  à  Paproche  de  l'ennemi  fe 

tirèrent  précipitament     Les  Impé-   ' 

jiux  les  pourfuiyirentjufqu'à  Bellelay, 

1  irent  le  Couvent  en  cendre  Se  tout 

i  païs  à  feu  &  à  fang  :  après  ces  cour- 

i  ;  cette  formidable  armée  fe  fépara.  (b}. 

Ce  fut  fur  les  frontières  des  Grîfons,    Bataille 
ue  le  feu  de  la  guerre  fe  ralluma.  Les  ^^j^ 
'  L'olois  avoient  élevé  une  redoute  au  /  -V'''^' 
i  hlingenherg   dans  le    Vinftgeu  ;   de  ce  onés  par 
]>(te    ils  incommodoient  les  Habitans /^^  &Vi- 
t:  VEngadirie;  ceux- ci  au  nombre  de/^^^'» 
:  000  s'avancèrent  le  10  de  Mai  pour 
I  iij  Ie& 

(a)  Idem  f.  3  38«  fiq-  Fretinàsberg  f.  J. 

(b)  Aiishêlm,  f,  344. 


Ï34     Livre  HuitiE'ME: 
Ï499-     les  en  déloger  :  le  combat  fut  rude  l 
dura  plus  de  quatre  heures  ;  les  Tire 
lois  furent  battus  &  perdirent  plus  d 
4000  hommes.  Qa), 

Le  21  de  Mai  les  fîx  Cantons  firer 

une  courfe  dans  le  Hegeu  :  mais  la  di 

fention  ,  qui  fe  mit  parmi  eux ,  la  rer 

dit  infrudueufe.  (  ^  ).  L'arriére-garc 

qui  étoit  de  600  hommes  de  Zuric 

fut  attaquée  dans  fa  retraite  par  la  C; 

Valérie  Impériale  &  foufrit  beacoup.  (c 

Circonf-     La  Ville  de  Bàk  fe  trouvoit  pendai 

tances      tout  le  cours  de  cette  guerre  dans  d 

critiques  circonftances  fort  critiques.  Elle  avo 

i  e  Jia^e,    ^q^jq^^s  vécu  avec  les  Suiffes  en  parfai 

intelligence  :   Son  Evéque  &  le  Hai 

Chapitre  tenoient  ouvertement  le  pa 

ti  de  la  Ligue  ;  elle  fe  conduifit  fo 

habilement  &  obferva  une  exade  nei 

tralité  ;  &  pour  ôter  toute  défiance  ai 

Cantons 


(a)  Anshehm  /  34f- 

(b)  Anshlm.f,  349.  (c)  Uemf.^^Sl' 


Livre  Hu  I  tïe'me.       13^ 

Cantons ,  elle  dépofa  fes  deux  Bour-    1^9% 
guemaitres  Hurtman  d'Andlau  &  Jecm 
Jmer  de  Gilgenherg ,    que  les  Suiffes  ne 
regardoient  pas  comme  amis,  {a), 

L'Empereur  fe  rendit  de  Fribourg    Grande- 
à  Feldkirch ,  il  y  affembla  fes  Troupes  niifére  M 
pour  les  mener  contre  les   Grifons ,  J-ivoL 
où  il  vouloit  porter  tout  PefFort  delà 
guerre.    Bilihald  Eirkheimsr  fut  com- 
I  mandé  pour  paffer  l'Arlherg  &  prendre 
jpofte  dans  le  défilé  de  Bormio.     Il  ne 
!  rencontra  fur  fa  route  que  des  Villages 
brûlés,  des  terres  incultes  3  &  toutes 
j  les  marques  des  horreurs  de  la  guerre. 
Il  raporte  ib)  entr'autre  ,  qu'il  avoit  vu 
deux  femmes ,  qui   chaffoient  devant 
elles  400  enfans ,    comme  les  Bergers  i 
chaffent  leurs  troupeaux  devant  eux  ; 
que  leur  ayant  demandé  où  elles  les 
vouloient  conduire  ,  il  en  avoit  bien- 
tôt été  éclairci  lui  -  même  ,   îors  que 

cette 


(a)  Anshelm.  /  341. 

(b)  ds  hcllo  Helv.  L  2u 


13^     Livre   Huitie'me; 
H99*      cette  troupe  affamée  étant  arrivée  fur 
une  prairie  elle  fe  jetta  à  terre  pour 
brouter  l'herbe  comme  les  brutes,  avec 
cette  différence  feulement,  qu'ils  l'arra- 
choient  avec  la  main  &  la  portoient  à 
la  bouche  :  telle  étoit  la  mifére  à  la- 
quelle cette  partie  duTirol  étoit  réduite. 
Maximilienl  détacha  2000  hom- 
irrup-.  ^^^^  '  q^i  pénétrèrent  dans  VEngaâine , 
tîon  des     brûlèrent  Scampfs ,  Sumada ,  Campocafco 

Imperi^     &  Ponterafina  :  mais  Pimpolfibilité  de 
aux  dans  ^         .     ,         .  ^  ,   . 

VEmadi'  fournir  des  vivres  a  cette  troupe  lui 

ne,  fît.prendre  le  parti  de  la  retraite  •  la  di- 

fette  ayant  gagné  fon  camp  même  ,  ce 

Prince  prit  le  parti  de   retourner  en 

Suabe.    {a).    Il  tint  une  nombreufe 

Diette  au  commencement  de  Juillet  à 

Confiance,    à  laquelle  affilièrent  le  Duc 

Albert  de  Saxe ,   le  Duc  George  de 

Bavière ,  le  Marggrave    Friderich  de 

Brandebourg ,  Philippe  de  Baden ,  le 

Comte  Palatin  Louis  ,  le   Duc  Ulrich 

de 

(a)  Eirken,  f.  1119. 


Livre  Huitie'me.  137 
!e  Wirtemberg  &  nombre  d'autres  149^? 
'rinces.  Il  y  fut  réfolu  d'attaquer  les 
'uifles  en  même  tems  à  Feldkirch , 
^onftance  &  Dornach.  Les  Suiffes  in- 
)rniés  de  ces  projets  firent  avancer  des 
LOupes  de  leur  côté  pour  couvrir  les 
-ontiéres.  Ils  renforcèrent  le  corps  du 
'chvvaderloch  jufqu'au  nombre  de  ^000 
ommes.  Berne  &  Soleure  obfervoient 
;  Comte  de  Furjîemherg  qui  étoit  avec 
5000  hommes  dans  le  Sunfgeu.  (a).  La 
ombreufe  armée  qui  étoit  dans  Con- 
mcâ  fe  montra   pluiieurs  fois  :  mais 

défunion  s'étant  niife  entre  tant  de 
rinces ,  l'Empereur  fe  retira  de  dépit, 
:  il  ne  fe  paffa  rien  de  ce  côté-là. 

Le  Comte   de  Fiirflernherg  par-contre    BataïUa 
/ança  vers    Dornach  avec  14000  fan-  ^^  y^^" 
iffins  &  2000  chevaux,  parmi  lefquels    '  ^  ' 
îtrouvoient  lesGardes  de  Gueidre.  Ce 
'hateau  fe  trouvoit  prefque  fans  défenfe; 

mais 


(a)  Anshdnu  /.  376'. 


Ï38     Livre  Huîtie'ms. 
1499.    mais  étoit  gardé  par  un  Officier  de  So- 
leure  nonié  Benedi&]  Hiigi  d'une  valeur 
reconnue.    Ce  Canton  fur  l'avis  que 
Hiigi  donna  du  deJTein   des   ennemis 
envoya  fa  bannière  à  Liechtflal  ^ous  les 
ordres  de  Nicolas  Ctinrad  &  Urs  Rtichti, 
Les  Bernois  firent  filer  les  troupes  que 
Gafpard  de  Stein  comniandoit  à  Liecht- 
ftal  ;  leur  bannière  fuivit  bien-tôt  com- 
mandée par  Rodoiph  d'Erlach  ,    qui  a- 
voit  fous  fes  ordres  Cmtrad  Vogt ,    Ga^- 
pard  Wikr  &  Nicolas  Murri  ;  ce  corps 
de  Bernois  étoit  de  3000  hommes.  Zu- 
rich détacha  400  hommes  fous  les  or- 
dres de   Gafpard  Goldli  ;    &  les  autres 
Suides  à  l'exception  de  Glarisi  Appen-i 
zel  &  St,  Gai,  qui  n'oférent  pas  dégar- 
nir leurs  frontières ,  fe  mirent  en  mar- 
che à  la   première  fommation  de  So- 
leure.    Les  Allemands  fur  de  faux  ra- 
ports  que  toutes   les  forces  des  Suif- 
fes  étoient  rallemblées  au   Schwader- 
loch ,  ne  fe  tenoient  point  fur  leurs 
gardes  j  on  eut  dit  qu'ils  fcûfoient  un 

camp 


Ll  VR  E   Hu  I  TIE'ME.         139 

camp  de  plaifir.  On  ne  voyoit  parmi  14.99; 
eux  que  Bals ,  fêtes  &  gros  jeux.  Les 
Soleurois  de  Liechtftal  impatients  d'en 
venir  aux  mains  avec  les  Allemands , 
dont  ils  pouvoient  voir  eux-mêmes  le 
peu  de  difcipline  depuis  les  hauteurs 
où  ils  étoient ,  purent  à  peine  être  re- 
tenus de  courir  au  combat  avant  l'ar- 
rivée de  leurs  Confédérés ,  quoiqu'ils 
ne  fuffent  pas  au-delà  de  800  hommes. 
Mais  dès  que  le  fecours  de  Zurich  & 
de  Berne  les  eut  joint ,  l'attaque  fut  ré- 
foluë.  Les  ennemis  avoient  formé  trois 
camps  féparés ,  qui  inveftiîToient  to- 
talement le  Château  de  Bomacb.  L'A- 
voyer  de  Soleure  Nicolas  Cunradt  fe  mit 
à  l'avant-garde  &  pénétra  fans  réfiftan-  ' 
ce  jufques  fort  avant  dans  le  camp  des 
ennemis  par  une  rufe  qui  les  trompa.  Il 
avoitfait  prendre  à  fes  troupes  la  croix 
rouge  de  Bourgogne ,  ce  qui  les  avoit 
fait  prendre  ,  par  les  Allemands ,  pour 
de  leurs  camarades  :  ce  ne  fut  qu'à 
grands  coups  de  mourquets  &  de  halle- 
bardes 


ï4<5     Livre  Huitie'me; 
^499.  bardes  qu'ils  fe  firent  recoimoître  ;  tout 
plia  dabord  devant  eux  :  mais  le  corps 
de  l'armée  ayant  été  obligé  à  caufe  des 
chemins  creux  &  ferrés  de  fe  féparer; 
celui  qui  avoit  pris  la  gauche  fut  pouf- 
fé vivement  &  contraint  de  fe  retirer 
contre  Arlesbei?}j.  Le  fécond  corps'pour 
foutenir  le  premier  tira  du  même  cô- 
té &  le  joignit  enfin.   Toute  l'armée  a- 
vança  conjointement  contre  la  Birs  ^ 
où  l'élite    de  l'armée  du,  Comte    de 
Furlliemberg  étoit  rangée  en   Bataille. 
Le  combat  fut  rude.  Se  le  fuccès  dif- 
puté  avec  une  égale   valeur  pendant 
quatre  heures.  La  Cavalerie  Gueldrien- 
lîe  avoit  palTéJa  Birs ,  &  étoit  tombée 
fur  les  flancs  des  Canféderés  ;  l'artille- 
rie des   ennemis  étoit  bien   fervie   8c 
les  incommodoit  beaucoup.    Ce  qui 
décida  enfin   la  vidoire  fut  le  fecours 
de  Lucerne  &  de  Zug ,  qui  s'avança 
précipitamment  depuis   Arlesheim  au 
nombre  de  1200  hommes  fous  les  or- 
dres  de  Pc-îmnafi  Feer   Chevalier   & 

de 


Livre  Hu  itie'me.        141 
de  Wernher  Steiner.  Leur  jondion   re-     ^^9% 
nouvella  le  courage  des  Suiffes.    Les 
ennemis  perdirent  du   terrain  ,  &  en 
voulant  fe  replier  fur  le  pont  de  la  Birs 
leur  retraite  dégénéra  bien-tôt  en  fuite 
ouverte.    La  nuit   qui  étoit  devenue 
fort  noire  empêcha  les  Suiffes  de  les 
fuivre  ;  ils  entrèrent  dans  le  camp  en- 
nemi &  y  pafférent  îa  nuit.    Cette  mé- 
morable  journée  fut  le   22  de  Juillet 
jour  de  la  fête  de  Marie-Magdelaine  ; 
elle  coûta  aux  Suiffes  300  hommes  :  la 
perte  des  Allemands  fut  de  3000  ,  au 
nombre  defquels  fe  trouva  le  Comte  ds 
Furfiemherg   &    plufieurs  Seigneurs  de 
confidération.    Le  lendemain  les  trou- 
pes d'Uri ,  d'Underwalden  ,   de  Fri- 
bourg  &  de  Schweitz  joignirent  l'ar- 
mée vidorieufe    (a)  ;   qui  après  avoir 
i  demeuré  trois  jours  fur  le  champ  de 
bataille ,  s'avança  contre  Baie ,  &  com- 
me 

i^)Anihdm.f,  ^^^.feq.Eirkenjp.  112,0. 


142     Livre  Huitie'me. 
î499.     me  il  ne  paroiflbit  plus  d'ennemis  en 
campagne ,  elle  fe  fépara.    On  repro- 
cha alors  aux  Suiffes  avec  raifon    ce 
qu'on  avoit  dit   autrefois   d'Annibal  : 
qu'ils  favoient  vaincre  ,   mais  qu'ils  ne 
favoient  pas  profiter  de  la  vidoire. 
Négocia-      ^^^  différens  fuccès  t  que  les  Can- 
tionspour  tons  &  les  Grifons  leurs  Alliés  venoient 
la  paix,     de  remporter,  fii-ent  naître  à  Maxi- 
ivïiLiEN  des  idées  de  paix.     Le  Duc  de 
Milan  Se  la  France  s'y  intereffoient  éga- 
lement dans  des  vues  différentes  :  cha- 
cun d'eux  efpéroit  d'attirer  les  Suiffes 
dans  fon  parti  pour  s'en  fervir  en  Ita- 
lie ,  &  le  Duc  de  Milan  fe  flattoit  en- 
core que  l'Empereur  débaraffé  de  cet- 
te guerre  pourroit  lui  fournir  des  fe- 
cours  contre  Louis  XII ,  qui  lui  dif- 
putoit  le   Milanois.    Jean  GaleazFif-^ 
conti  avoit  déjà  fait  à  Berne  le   19  de 
Juin  des  propofitions  à  ce  fujet  :   on 
avoit  fixé  une  journée   à  Lucerne  au 
10  de  Juillet,  à  laquelle  l'Archevêque 
de  Sens  s'étoit  trouvé  de  la  part  de  la 

France. 


Livre  Huitte'me.  145 
4'ance.  Les  Suiffes  témoignèrent  aux  H99* 
leux  Ambaffadeurs  leur  reconnoilTan- 
:e  ,  de  ce  qu'ils  vouloient  bien  fervir 
le  Médiateurs.  Ils  avoient  plus  de  con- 
iance  cependant  aux  bonnes  inten- 
ions du  Duc  de  Milan  ,  qu'à  celles  de 
Louis  XII,  qu'ils  croyoient  plus  in- 
lerefle  à  voir  prolonger  la  guerre  pour 
)Ccuper  l'Empereur  dans  ces  con- 
rées.  (a).  Ce  fut  la  raifon  qui  les  dé- 
ermina ,  lorfque  Fifconti  leur  produi- 
lit  les  pleins  pouvoirs  de  l'Empereur 
:  e  lui  en  donner  de  pareils  &  de  le  re- 
i  onnoître  pour  Médiateur  dans  la  Diet- 
e  qui  fe  tint  à  Schafhaufcn  le  4  d'Août. 
.'Ambafladeur  de  Milan  demanda  que 
=s  Suiffes  produififfent  leurs  préten- 
iions  par  écrit  :  elles  confîftoient  en 
iilufieurs  articles.  Le  premier;  que  tous 
jss  Cantons  avec  leurs   Sujets ,  Confe- 

ilerés  &  Alliés  fuffent  maintenus  dans 

l'exercice 


(a)  Ambelnuf.  386". 


144  Livre  "H  u  i  t  i  e'm  e. 
^499-  l'exercice  de  leur  Souveraineté  &  in 
dépendance  fans  être  a  l'avenir  inquie 
tés  ni  recherchés  par  la  Chambre  Im 
périale,  ni  par  aucun  Membre  de  l'Em 
pire  pour  aucune  redevance.  Taxe  oi 
Subvention.  Le  fécond,  que  la  A^ill 
de  Conilance  renonçât  à  la  Ligue  d 
Suabe.  Le  troifiéme ,  que  les  conque 
tes ,  que  les  Suiffes  au r oient  faites  dan 
cette  guerre,  leur  fuffent  cédées  à  pet 
pétuité  ;  Se  enfin  que  leurs  Vaffaux  t 
Sujets  fuffent  dédommagés  des  perte 
&  dommages  qu'ils  avoient  foufferl 
dans  le  cours  de  cette  guerre.  (^).  ] 
ne  parut  perfonne  de  la  part  de  l'Empe 
reur  &  de  la  Ligue  pour  répondre 
ces  articles.  Ce  fut  le  Gouvernetir  c 
Chartres^  un  des  Ambaffadeurs  du  Rc 
de  France  ,  qui  produifit  un  écrit  qu'; 
difoit  lui  avoir  été  remis  par  un  Cou 
rier ,   &  qui  portoit  :   que  toutes  le 

conquête 


(a)  ûnshebu  f.  410. 


Livre  Huit  îe'm s.      ï4< 

conquêtes  ,  qui  auroient  été  faites  t4$9* 
de  part  &  d'autre  feroient  reftituées  ; 
que  les  Suiiïes  renouvelleroient  leurs 
ades  d'obéiflTance  envers  l'Empire  ; 
fous  la  réferve  cependant  de  leurs  Al- 
liances, auxquelles  leur  lien  avec  l'Em- 
pire ne  pourroit  point  porter  de  pré- 
judice ;  que  les  Grifons  comme  au- 
teurs de  cette  guerre  en  feroient  châ- 
tiés par  connoiffance  des  Membres  de 
l'Empire.  (a\  Ces  propositions  irritè- 
rent extrêmement  les  Suifles  ;  ils  for- 
nérent,  avant  de  feféparer,  le  plan 
l'une  nouvelle  campagne.  Cependant 
Tollicités  de  nouveau  d'indiquer  une 
autre  Diette  pour  reprendre  la  né- 
gociation de  la  paix,  ils  la  convoquè- 
rent à  Bâle  au  a  ^d'Août.  Le  Marg^ 
grave  Cajlmir  de  Brandebourg ,  Jean  de 
Thalhourg  Evêqiie  de  fVorms ,  le  Comte 
Philippe  de  Najfau^  Paul  ds  Liechten^ 
IL  Part.  K  fiein  ; 

(a)  Ansheîm.  /41a. 


ï499«    î4<^      Livre  Huitie'ms; 

fiein^Jean  d'Ahshei'g  ,  Jean  de  Thimgenl 
&  Ciprien  Sermtîner  Chancelier  de 
l'Empereur  s'y  rencontrèrent  de  la  part  ' 
de  ce  Prince  &  de  la  Ligue.  VArche^ 
^êqm  as  Sens  avec  les  Députés  de  pref- 
que  tous  les  Cantons  &  des  Villes  & 
Païs  Alliés  5  comme  Rothweil  ,  Schaf- 
haufen  ,  St.  Gai ,  Apenzeil ,  le  Valais 
Se  les  Grifons  y  parurent  auffi.  (a). 
Faul  de  Lischtenjleîn  parla  avec  beau- 
coup de  hauteur  :  il  déclara  que  l'Em- 
pereur &  la  Ligue  ne  confentoient  à 
traiter  de  la  paix ,  que  fous  la  condi- 
tion 5  que  les  Suiffes  accepteroient  lei 
articles ,  qui  leur  avoient  été  propo 
fés  par  le  Gouverneur  de  Chartres. 
Loiiis  Amman  Chancelier  de  Zurich  ré 
pondit  au  Difcours  de  Liechtenfteii 
au  nom  des  Cantons ,  &  refufa  d'en 
trer  en  négociation  fur  ce  pied  ;  &  le 
Conférences  alloient  le  rompre ,  lorj 

qu 


(d)  Anshehmf.  414.  fcq^ 


Livre   H  u  i  t  i  e'  m  e.      147 

que  Fifconti  s'entremit  de  nouveau.    Il    1499* 
demanda  par  écrit ,  les  articles  ,  que 
les  Suifles  prétendoient ,  afin  qu'il  les 
pût  communiquer   à    TEmpereur  :  il 
ofrit  encore  de  leur  payer  20000  florins 
pour  le  criminel  de  la  Thtirgovie,  dont 
ils  s'étoient  faifis  ;    9^00  florins  pour 
leurs  prétentions  fur  plufieurs  lieux  de 
la  Suabe;  d'entrer  en  alliance  avec  eux, 
&  de  leur  payer   une  penfion  égale  à 
celle  qu'ils  tiroient  de  la  France.  Les 
Miniftres  de  France  traverfoient    cette 
négociation  de  tout  leur  pouvoir;  les 
I  Cantons  même  entr'eux  n'étoient  point 
i  d'accord  :   la  plupart  étoient  las  de  la 
guerre.  Leurs  Députés  réunirent  enfin 
leurs  fiifFrages  à  ne  demander  que  le 
criminel  de  la  Thurgovie  ;    que  le  dif- 
férend des  Grifons  avec  le    Tirol   fût 
terminé  par  des  voyes  amiables  ;  &  ils 
fe  défiftérent  de    tous  les  autres  arti- 
cles. (  «  ).    L'Empereur  y   donna  les 
K  ij  mains, 

(a)  Ansbelm,  ik  &feq. 


148     Livre   Huitie'me; 

H99«     mains ,  Se  la  paix  fut  fignée  à  Bâle  fous 

£fi  %nés^  ^^^  conditions  le  2Z  Septembre.    Les 

À  Baie,     fept  Cantons  reçurent  Berne  dans  la 

Co-Règence  du  Criminel  de  la  Thur- 

govie. 

Six  Batailles  gagnées ,  &  20000  en- 
nemis tués  ne  valurent  aux  Cantons 
qu'une  Judicature  dans  une  Province, 
donc  ils  avoient  déjà  la  Souveraineté*  1 
Des  Voifins,  dans  des  vues  particulières 
avoient  fomenté  cette  guerre  &  promis 
un  fecours  qui  ne  fut  jamais  fourni.,  1 
Les  Cantons  reconnurent  trop  tard ,  I 
qu'une  Conftitution  telle  que  la  leur 
les  rendoit  invincibles  lorfqu'ils  com-» 
battoient  pour  leur  liberté  :  mais  qu'el- 
le ne  convenoit  nullement  h  des  entre- 
prifes  au  dehors.   Cette  maxime  eftdu 
depuis  profondément  gravée  dans  leurs 
cœurs. 

La  guerre  de  Suabe  eft  la  dernière 
que  les  Suiffes  ayant  foutenus  contre 
l'Etranger.  L'expédition  de  Bellinzone^ 
de  laquelle  nous  allons  parler  ,   &  le 

fiége 


Livre    Huitie'me.       149 

fiége  de  Dijon  n'eurent  point  de  fuites  ;    I499i 

mais  l'avidité  des  particuliers ,  que  les 

I  Princes  nos  voifins  ont  attiré  fucceffi- 

!  venient  dans  leurs  intérêts ,    &  qu'ils 

'  ont  toujours  fçu  fî  habilement  mettre 

à  profit,  joint  au  goût  de  la  nation  pour 

la  guerre,   a  fait  couler  desruiffeaux 

I  de  fang  dans  toute  l'Europe  où  il  ne 

s'eft  prefque  point  fait  de  guerre  fans 

que    leurs  troupes  y  ayent   eu  part 

Je  n'entre  point  dans  ces  détails  :  mon 

plan  n'étant  que  de-faire  connoître  ,  de 

quelle  manière  s'eft  formée  l'alTociatioti 

du  Corps  Helvétique ,    &  de  raporter 

ce  qui  la  concerne  directement. 


Fin  du  Huitième  Livre. 


HISTOIRE 


HISTOIRE 

DELA 
CONFEDERATION 

HELVETIQUE. 


IfOQ. 


LIVRE    NEUVIE'ME. 

E  S  intrigues  du  Bail  if  de 
Dijon  &  de  Viiconti,  pour 
attirer  les  Suiffes  dans  les 
différentes  armées  de  leurs 
Maîtres  dans  le  Milanois  ,  remplirent 
l'intérieur  de  la  Suiffe  de  mille  troubles. 

Les  trois  Cantons   Uri ,  Schweitz  Se 

L/ndervaidm 


Livre  Neuvi'e'me»      ï^ï 

Undervvalden    profitèrent  de  cette  oc-    i  f oa 

cafion  pour  acquérir  la  Comté  de  Bellin-      Urr  ^ 

zone,  dont  les  Habitans ,  pour  éviter -^^^^^^^^^ 

/         F^  Un- 
la  domination  Françoife  ,  fe  jetterent  j^j.^.^jj^;^ 

entre  leurs  bras,  (^)»  Louis  XIU  après  aquiérent 

avoir  fait  la  conquête  du  Duché  de  Mi-  BellinzQ'-^ 

îan,  demanda  la  reftitution  deBellinzo- 

ne.   Cette  démarche  fit  perdre  à  ce 

Prince  de  fon  crédit  :    Maximîlîen      Umom 

fçut  en  profiter  ;  il  propofa  le  renou-  héredîtaî'- 

vellement  de  i'Union  héréditaire  :  Z/i-  ^^^^^o^- 

veilce  pfïï*' 
rich^  Berne,  Uri  &  Undervv-alden  y  don-  aii^lques 

nérent  les  mains.    Le  Traité  eft  à  Pin-  Can^^oi^f. 

ftar  de  celui  de  1474.  La  Paix  de  Bâle 

de  Tannée  précédente  y  fut  confi.rmée. 

La  France  fe  plaignit  ouvertement  de 

cette  démarche  ;  ce  qui  empêcha  le  ref« 

te  des  Cantons  d'y  accéder,   {h). 

Le  Corps  Helvétique  agrégea  Pan-     î^ot, 

née  fuivante  les  deux  Villes  Impériales    Bàle  ^ 

de  ^'W 

haujen 

{2^  Anshehn.   T,    3./  îg„  dayis  la 

(b)  Id.  îb.f.  ^9.fiq.  Conféde^ 


i^z     Livre  Neuvie'me. 
f  foi.    de  Bâle  &  de  Schafhaufen  à  fa  Conféde» 
ration.  La  Paix  de  Bâle  avoit  bien  mis 
fin  à  la  guerre  de  Suabe  :  mais  toute  la 
Noblefle  de  ces  contrées  paroiffoit   dif- 
pofée  à  profiter  de  la  première  occafion 
pour  fe  vanger  des  Suiffes  &  de  leurs  af  |j 
dhérans:  &  quoiqueBâle  eût  obfervéune  i 
neutralité  exade,  cette  Ville  fe  vit  cepen- 
dant continuellement  expofée  à  leurs 
înfultes.  Une  partie  de  cette  Nobleiïe  » 
qui  avoit  eu ,    dans  les  tems  paffés ,  la 
principale  autorité  dans  laVille,  tels  que 
ItsKichenfiebiyMunch,  Eptingen,  ZeRhein, 
RiTtmJlein  ,    Roth ,  Rotberg  ,    Flachslatid , 
Andlatt  &  d'autres,  avoient  des  fujets  de 
niécontentemens  particuliers  pour  a-» 
voir  perdu  de  leurs  prérogatives.  Bâle 
demanda   à  être  reçu  au  nombre  des 
Cantons  ,  ce  qui  lui  fut  accordé  à  Lu- 
cerne  le  9  Juin.   Les  Suiffes  ne  firent 
d'autre  réferve  dans  ce  Traité ,   finon 
que  Bâle  ne  pourroit  point  entrepren-, 
dre  de  guerre  ni  contrader  d'Allian- 
ce fans  leur  confeutement.     On  lui 

affignà 


Livre  Neuvie'me;  i^'J 
aflîgna  le  neuvième  rang.  («).  Les  Eve-  i  yor, 
ques  y  avoient  ci-devant  des  droitures 
confidérables ,  qu'ils  ont  aliénées  dans 
divers  tenis.  Toutes  leurs  difficultés 
furent  terminées  par  un  traité  définitif 
en  158V. 

Scbafhaufen  fuivit  l'exemple  de  Bâle  ; 
cette  Ville  fut  reçue  dans  la  Confédé- 
ration le  10  d'Août ,  &  forma  le  dou- 
zième Canton. 

La  Ville  de  Conjïance  défiroit  pareil-  je^^' 
lement  d'être  reçue  au  nombre  des 
Cantons.  L'Empereur  y  confentoit  à 
condition,  qu'on  cédât  à  cette  Ville 
la  partie  de  la  Thurgovie ,  qui  eft  à 
l'Orient  de  la  Thur  ;  mais  les  Suiffes 
refuférent  de  démembrer  cette  Pro- 
vince, (b). 

Les    trois  Cantons  Uri ,  Schweitz  Mouve- 

&  Underwalden  avoient  fort  à  cœur  ^^^^^^^   ^ 

j    caufi  de 

'    '"■  ■'  ■     .jj  "^  ne, 

(a)  Anshelm,  f.  86", 

(b)  Idemf,  lOi, 


îf4     Livre  Neuvîe'me. 
1(02.    deconferver  Bellinzone,  Se  menaçoienti 
de  rompre  avec  la  France  ,  fi  elle  per- 
fiftoit  à  vouloir  leur  difputer  cette  con- 
quête. Les  Cantons  neutres ,  pour  pré. 
venir  une  nouvelle  guerre,  envoyèrent 
des  Ambafiadeurs  à  Paris  au  mois  de 
Septembre.  Le  Roi  ofrit  de  faire  jugée 
ce  différent   par  des  Arbitres.    Le  Dé-i 
■puté  d'Uri  dans  une  Diette  tenue  à  Lu- 
cerne  le  7  d'Odobre  rejetta  avec  beau- 
coup de  hauteur  toute  voye  amiable 
Les  trois  Cantons  envoyèrent  des  Dé 
pûtes  de  Cantons  en  Cantons  pour  fol 
îiciter  leurs  fecours  ;  on  leur  répondi 
par  tout  également  :  qu'on  obferveroil 
fidellement   les  Alliances  à  leur  égard 
mais  qu'on  les  conjuroit  de  ne  pas   f 
refufer  à  une  entrevue  amiable  avec  le 
Ambaffadeurs  du  Roi.    Ils  acceptéren 
cette  Conférence  ,  qui  fe  tint  à  Lucer 
ne  au  mois  de  Décembre.     L'Archevê 
que  de  Srns  &  l'Evéque  de  Rennes  ] 
parurent  de  la  part  du  Roi.  Ils  expofé- 
rent  que  Bellinzone  avoit  étéincorpo- 


Livre  Neuvih'ms.  içf 
*ée  par  TEmpereur  Wenceslas  en  1 39(3  î  5*^^^= 
m  Duché  de  Miian  ;  qu'en  1426.  les 
Z)antons  d'Uri  &  Underwalden  avoient 
reçu  loooi  florins  pour  toutes  leurs 
Drétentions  fur  ladite  Comté  ,  quoi- 
iju'il  fut  démontré  clairement  alors  que 
le  Comte  de  Mafox  ,  qui  leur  avoit  re- 
mis fes  droits ,  en  avoit  été  débouté 
précédemment  par  une  Sentence  Arbi- 
:rale  de  Zurich  ;  qu'en  1480  le  Duc 
Je  Milan  s'étoit  racheté  de  nouveau 
de  leurs  prétentions  en  payant  aux 
Suiffes  2^000  florins  &  200  ducats  ; 
qu'en  renouvellant  le  Capitulât  avec  le 
Roi  le  24  Odobre  1499  leurs  Députés 
les  Laiidamans  André  de  Beroldnigen  & 
IVahher  in  der  Gajfen  avoient  déclaré  en 
leur  nom  ;  qu'ils  fe  contentoient  des 
Places  qu'ils  avoient  prifes  à  Louis  le 
More  ;  quiis  remettoient  la  déciiion 
de  ce  différend  à  l'Arbitrage  des  Can- 
tons neutres',  ou  que  les  crois  Can- 
tons dévoient  renoncer  à  l'Alliance  a- 
vec  la  France. 

Les 


If 6^      Livre  Neuvie'ms. 

Sf  J02.         Les  Députés  des  trois  Cantons  ré- 
pondirent  :  que  le  Roi  pour  lors  Ducjï 
d'Orléans  leur  avoit  promis  ,  que  s'ils 
vouloient  lui  donner  des  troupes  pour 
faire  la  conquête  du  Milanois ,   il  leur 
abandonneroit   Beilinzone,    Lauis  ^ 
Lucarne;  qu'ils  croyoient  avoir  ren-j 
du  à  S.  M.  des  Services  affez  impor-j 
tans  pour  mériter  de   conferver  une| 
Province  ,  qui  s'étoit  jettée  volontaire- 
ment entre  leurs  bras ,  &  qu'ils  étoient 
réfolus  d'avoir  recours  à  Dieu  &  à  leurs 
Hallebardes ,  c'eft  l'expreffion  dont  ils 
fe  fervirent ,  fi  S.  M.  ne  vouloit   pas 
la  leur  abandonner  volontairement.  00. 

tf03.  Les  Cantons  neutres  indiquèrent 
une  féconde  Diette  au  21  Février  à 
Lucerne  ,  pour  conférer  des  moyens 
de  prévenir  une  rupture  entre  la  Fran- 
ce &  les  trois  Cantons  :  mais  tous  les 
expédiens  propofés  furent  refufés  par 

•  les 

(a)  Anshelm,  /  loS.feq, 


L  IVRE  Ne  u  vie' Ml.      1^7 

es  derniers.  Ils  prirent  les  armes  &  de-    j  ^^j; 

nandérent  au  refte  des  Cantons  les  fe- 

:ours  ftipulés  par  les  Alliances  ;  Zurich 

?2:  Berne  fournirent  chacun  i^oo  hom- 

nés ,  Lucerne  &  Zug  50^  >  Claris  & 

îâle^oo  ,  Fribourg  500,  Soleure40o, 

;chafhaufen2So,  les  Grifons  3000,  ce 

juiformoit  une  armée  de  paffé  14000 

lommes.    Les  Suifles   déclarèrent  la 

ruerre   à   la  France  en  Pavertiflant , 

qu'ils  avoient  donné  à  leurs  foldats  la 

;roix  blanche  félon  leur  ancien  ufage; 

;'étoit  auffi  la  marque  des  François  :  le 

îeigneur  de  Chaumont ,    qui  comman- 

loit  les  troupes  du  Roi,  leur  donna  la 

leur  de  Lis   pour  marque.    L'armée 

iuifle  s'empara  en  peu  de  jours  detou- 

es  les  Places  du  Lac  major»    Les  trois 

Cantons  foUicitérent  Berne  de  faire  une 

nvafion  dans  la  Bourgogne;  mais  cette 

lépublique  le  refufa  ,  ce  qui  caufa  un 

^rand  mécontentement  dans  ces  Can- 

;ons.  Ça).  Le 

(a)  Anshelnuf,  i/\.z,  fe^. 


158      Livre  N  e  u  v  i  e'  m  e. 
J503.         Le  Roi  far  ces. nouvelles  envoyai?/. 
chard  le  Moine  en  Suiffe  avec  pouvoii 
de  terminer  ce  différend.    La  paix  full 
faite  le   10  d'Avril  par  Tentremife  de; 
Cantons  neutres.  Le  Roi  céda  auxtroij- 
Cantons  à  perpétuité  Beliinzone,  Son  ^ 
Meâallia  ,  &  peu  de  tems  après  le  Ca 
pitulat  du  Milanois  fut  renouvelle  ei 
faveur  du  Roi  comme  Duc  de  Milai 
par  tous  les  Cantons.  (^).  Les  Auteur 
contemporains  blâment  les  Suifles   d 
n'avoir  pas  pouffé  leurs  conquêtes  plu  ' 
loin  ,    &  ajoutent ,  qu'il  leur  auroitét  'i 
facile  de  s'emparer  de  tout   le  Duchi' 
de  Milan,  qui  fuportoit  impatienien' 
la  domination  Françoife  :  mais  tous  lel 
Cantons  neutres  étoient  entrés  malgr' 
eux  dans  ce  différend  ,    &  profitéren 
avec  empreffement  des  difpofitions  d» 
la  France  pour  la  paix. 
Corrup-      Les  mêmes  Auteurs,  &  particulière- 
?on    ei     yy^Q^y^  Falerhis Anshelm,  nous  reprefenten 

avei 


(a)  Ansheîmf.  14^.  /è^. 


Livre    N  e  u  v  i  e'  m  i.       î  f  f 
vec  des  couleurs  fort  vives  les  défor-    1^03- 
Ires ,  que  la  licence  des  guerres  avoit 
ntroduits  en  SuiOTe,    La  noble  finipli- 
;ité  de  nos  ancêtres,  qui  les  rendoit 
iches  dans  la  plus  grande  médiocrité , 
voit  fait  place  à  un  luxe  pernicieux, 
.a  néceffité  d'y  fatisfaire  rendoit  tout    - 
iioyen  pour  acquérir  de  l'argent  per- 
ais.  Nos  voifins  en  répandoientà  plei- 
le  main.    Les  ordres   des  Souverains 
>our  retenir  leurs  peuples  dans  le  de- 
oir,  quelque  févérement  qu'ils  fuffent 
xecutés ,  ne  tenoient  plus  contre Pap- 
)as  des  richeffes.     Les  Suiffes  ont  per- 
lu  30000    de  leurs   Sujets  dans  ces 
Tuerres  du  Milanois  :  mais  un  mal  plus 
rréparable  encore  fut  la  défunion  en- 
|:re  les  Cantons ,    que    les  Miniftres 
jîtrangers  ont  fçu  habilement  y  entre- 
tenir pour  fe  ménager  plus  de  crédit. 
Cela  fit  varier  la  Nation  dans  fes  en- 
igagemens ,    &  donna  atteinte  à   une 
réputation  ,    que  leur  conduite   dans 
les  fiécles  précédens  avoit  rendue  irré- 
prochable. La 


t6o       Livre  Neuvte'me. 

î^oy.     La  conduite  5  que  la  Nation  tint  en- 

Le  fe-     vers  l'Empereur  peu  d'années  après , 

cours pro-  fQ^j-j^jt;  y^e  fQ^^e  preuve  de  ce  que  je 

mis  àMa-  ^  tTt     .    .1.      ri.... 

ximilien    ^^^^^^  d'avancer.   iMaxmiiiien  iollicitoit 

eji  tra-     une  levée  de  Suiffes  pour  l'accompa- 
veyfé  par  ^^^^^  ^^^^  Çq^  voyage  de  Rome.  Neuf 
Cantons,  favoir Zurich  , Berne  ,  Uri, 
Schweitz,  Underwalden,  Baie ,  Fri- 
bourg,   Soleure  &  Schafhaufen,    lui 
accordèrent  ô'ooo  hommes.  L'Evêque 
de  Riez  &  le  Sieur  de  Roquehenin  Am* 
bafladeurs  du  Roi  de  France  traverfé- 
rent  cette  affaire ,  &  trouvèrent  moyen 
par  des  libéralités  exceflîves  d'attacher 
les  Chefs  de  ces  Républiques  a  leurs 
intérêts ,  &  de  faire  ajouter  au  Traité 
avec   l'Empereur   la  claufe;  que  les 
troupes  qu'ils   avoient   accordées   ne 
pourroient  point  être  employées  con- 
tre le  Roi  de  France.  Cette  condition 
empêcha  Maximilien  de  fe  fervir  de 
la  levée  ,  qu'on  lui  avoit  accordée  ;  les 
vues  de  ce  Prince  étant  moins  de  cher- 
cher fon  Couronnemerit  à  Rome ,  que 
de  s'emparer  du  Milanois.  Les 


Livre  NeuvIe'me.       îêi 
Les  particularités  des  profufions  des    li'ô? 
liniftres  François  méritent  d'être  ra-     Profu» 
ortées;  elles  ne  caraftérifent  pas  moins  -^^^  ^.^^^^^ 
;  génie  de  ces  Seigneurs  que   la  dé-  j^yançois. 
ravation  des  mœurs   de  la  Nation. 
l.oquebertin  dans  Tes  voyages  jettoit 
e  l'argent  au  peuple,   qui  s'attrou- 
oit   autour  de  lui  ;  il  tenoit  à  Zurich 
:  h  Baden  un  train  de  Prince  ,  traitoit 
refque  journellement  toute  la  Ville  ; 
ayoit  à  Baden   la   dépenfe  de  toutes 
•s  perfonnes,  qui  vouloient  l'accepter. 
'Evêque  de  Riez,  pendant  fon  féjour  à 
erne&  à  Lucerne,  traitoit  indifférem- 
ent  tout  le  monde  jufqu'au  plus  bas 
niple:  on  raporte  ,  que  le  nombre  en 
loit  fôuvent  à  mille  perfonnes  ;  il  fai- 
it  des  préfens  confidérables  aux  fem- 
les ,  qui  tenoient   quelque  rang;  ca^ 
•(Toit  les  hommes,   en  leur  repréfen- 
nt  l'avantage  ,  qu'ils  pouvoient  pro- 
irer  à  leur  Patrie ,  en  recevant  l'ar-  ' 
mt  d'un  grand  Roi  leur  Ami  &  leur 
Uié  ;  que  les  richeffes,  dont  il  vou- 
//.  Pm.  L  loit 


j62     Livre  N  e  u  v  i  e' m  e. 
if 07.    loit  les  combler  ,  les  mettroient  de  ni- 
veau avec  les  peuples  les  plus  heureux 
de  PEurope  ;  qu'il  avoit  à  Lucerne 
200000  Ecus  ,   qu'il  vouloit  répandre 
parmi  eux.  Les  Magiftrats  de  Berne, 
pour  Faire  cefler  le  défordre ,  que  ces 
profufions  occafiomipient,  furent  cbli« 
gés  de  prier  Monfieur  TEvêque  défi- 
nir fes  largeffes  :  plufîeurs  Sénateurs 
furent  fufpedés  d'avoir  reçu  des  pré- 
fens  ;  ce  qui  remplit  la  Ville  de  défiait- 
ce.  0?).    Les  penfions ,  que  la  France 
répand  aujourd'hui ,  produifent  le  mê- 
me effet,  &  ont  fait  dans  tous  les  tems 
autant  de  tort  à  ceux  qui  les  donnent 
qu'à  ceux  qui  les  reçoivent.  C'eft  er 
cherchant  le  vrai  bien  de/la  Natiori  II 
que  les  Miniftres  Etrangers  fe  forme 
ront  un  parti  fur  en  Suiffe. 
15^09.        L'année    1^09.  fe  paifa  en  négocia 
Les  Cari'  tions  -comme  les  précédentes.  Jules  11 
tmn  re^    Pennemi  implacable  de  la  France ,  fi 
parles  propofe 

tes.  (a)  Fakr.  Anshiliii.  f.  aj  5.  fe^. 


LîvRÊ  Neuvie'mf.  1^5 
propofer  une  Alliance  aux  Suiffes  par  ifo^. 
Alexandre  de  Gahehneftis  fon  grand  Ca- 
merier  ;  il  demandoit  une  levée  de 
troupes  pour  la  défenfe  du  St.  Siège. 
L'Empereur,  la  France  &  la  Républi- 
que de  Venife  demandèrent  aufli  des 
troupes  :  les  Cantons  les  refuférent  é^ 
gaiement  ;  cependant  le  concours  de 
leurs  peuples  dans  les  Services  de  ces 
différents  Princes  fut  toujours  le  mê- 
me, malgré  la  vigilance  des  Souverains; 
les  Agens  de  la  France  en  attiroient  le 
plus  grand  nombre  dans  leur  partis 
cela  augmenta  rindifpofition  des  Can- 
tons contre  cette  Couronne,  (a), 

L'Evêque  de  Sion,  Mathieu  Schiner^    Ifio. 
trouva  plus  de  facilité  ;  chargé  du  Pape    Miancs 
de  renouveller  les  propofitions  d'une  ^p^^  ^ 
Alliance  avec  le  St.  Siège ,  elle  fut  ac- 
ceptée le  14  de  Mars.  Les  Suiiïes  ac- 
cordèrent une  levée  de  6000  hommes 

L  ij  au 


(a)  Anshdnh  /.  i03./f^. 


ï^4       L  ï  V  il  E     N  E  Û  V  ï  E'M  É. 

IfïO.    au  Souverain  Pontife  ,  pour  être  em- 
ployés à  la  défenfe  des  Etats  du  Pape. 
Gtikhardin  ajoute ,   que  les  Suiffes  a- 
Yoient  demandé  une  augmentation  de 
penlîon  de   20000  livres  à  la  France^ 
ee  qui  niontoit  à  loooo  ducats  :    mais 
que  le  Roi  contre  Pavis  de  la  plupart  , 
de  fes  Miniftres  avoit  refufé  d'y  donner) 
les  mains  ;  qu'il  jS\xt  porté  par  un  et 
prit  d'œconomie  ,  qui  lui  étoit  natu- 
rel 5  &  parle  fecours  qu'il  efpéroit  ti- 
rer des  Valaifans  &  des  Grifons.  {a). 
Au  mois  de  Juillet  fuivant,  le  Pape  de-  1 
manda  ce  fecours  fous  prétexte  de  faî-'  I 
re  rentrer  le  Duc  de  Ferrare  fous  l'o- 
béillance  du  vSt.  Siège.   La  France  fit  II 
inutilement    des  repréfentations  à  ce 
Hijet,  en  déclarant,  que  les  vues  de  | 
Jules  11  étoient  de  fe  fervir  de  ces 
auxiliaires  contreleMilanois;&  qu'elle 
fe  verroit  obligée  de  leur  en  défendre 

l'entrée, 

(a)  Guichardin,  1. 9.  c.  i. 


Livre  Ne  uvie'me.      i^f 
l'entrée  par  la  force.    Ces  menaces  ne    i^ia 
firent  que  hâter  ieur  marche  :  mais  le      Entris- 
Sieur  de  Chmmiont  avoit  fi  bien  fait  car-  z?'#«<^^^^-» 
der  le  paffage  de  Cème  Se  engagé  le  Duc  o  yn^^ 
de  Savoye  à   leur  refufer  celui  de  la  ^^,^.^'/^ 
jTal  d'AoJie  ,  qu'ils  furent  contraints  de  Milanok^ 
prendre  leur  route  pcLV ,  Bellinzouâ,   Ils 
prirent  le  pont  de   Trefe  ,  &  pénétrè- 
rent jufqu'à  Farefe  i  ils  y  furent  joints 
par  4000  des  leurs  ,  &  avancèrent  en 
corps  vers  Chatilloyi  :  les  François  les 
harceloient  continuellement  dans  cette 
marche.  Puis  tournant  vers  Corne,  ils 
reprirent  la  route  de  Beliinzone  par  h 
Vallée  de  Lungare  ,  &  de-là  le  chemim 
de  leurs  maifons.  Guichardin  raporte , 
5ue  ce  fut  la  difette  d'argent  &  la  dif- 
iîculté  de  paffer  les  rivières ,  qui  les  a- 
ivoient  engagés  à  cette  retraite  :  mais 
jnos  Auteurs   l'attribuent  aux   feercts 
rellcrts  de  la  France,   {a).  Quoiqu'il 

L  ij  ^n 


\    (a)  f^akrms  Jlmhelm,  f,  S  3^- M' 


1^6  Livre  Neuvie'me. 
îfiî. .  enfoit ,  on  vit  bien-tÔÊ  les  Saiffes  re- 
Occafîon  prendre  la  même  route,  {b)  Trois  Cou- 
guerre  de  ^^^^^  ^^  ^^^"^  '  Schweitz  &  Fribourg, 
Milan,  qui  avoient  porté  quelques  ordres  aux 
troupes,  furent  enlevés  par  le  François 
proche  de  Lauwis  ;  celui  de  Berne  s'é- 
toit  échapé ,  &  les  deux  autres  avoient 
été  mis  à  mort.  Schweitz  réfolut  de 
venger  cette  infulte  ;  ce  Canton  de- 
manda le  fecours  de  tout  le  Corps  Hel* 
vetique  ,  &  malgré  fa  médiation  & 
les  offres  de  la  France  de  donner  toute 
la  fatisfadion  qu'on  pouvoit  préten- 
dre, Schweitz  prit  les  armes  &  avan- 
ça avec  fa  bannière  le  14  Novembre 
jufqu'à  Beliinzone  ;  les  Fribourgeois 
les  y  joignirent  les  premiers  ;  les  au- 
tres Cantons  firent  fuivre  leur  contin- 
gent affez  lentement  dans  refpérance 
qu'on  tr«>uveroit  moyen   de   pacifier 

cette 


(^)  Valerîus  Anshelm,  f.  SH-fi^-  ^^"' 
chardin  l,  ^.  c»  6. 


Livre  Netjvîe'me.  1^7 
cettQ  affaire:  mais  les  deux  Cantons ,  ijîi, 
fans  attendre  leurs  Alliés  >  avance'rent 
contre  la  TreiJJe;  Jean  Heid  deFribourg 
Je  fignaîa  au  paffage  de  cette  rivière. 
Ce  fut  proche  de  Farefe  qu'ils  furent 
joints  par  le  relie  des  Cantons  &  for- 
mèrent une  armée  de  paffé  ïoooo  hom- 
mes. Giîjïm  de  Foix  ,  qui  commandoit 
dans  le  Milanois  ^  ne  fe  trouvant  pas 
afiez  fort  pour  leur  tenir  tête  ,.  fe  con- 
tenta de  les  obferver  dans  leur  marche 
&  de  leur  couper  les  vivres.  De  Farefe 
tes  Suifles  vinrent  à  Galère,  Mr.  de  Foix 
fe  mit  dans  Legymne,  après  quoi  s'étant 
préfenté  devant  Gakre ,  les  SuilTes  fe 
mirent  en  bataille  :  mais  le  Général 
François  ayant  fait  mine  d'accepter  le 
combat,  ils  rentrèrent  dans  la  Ville  » 
&  après  avoir  été  joints  par  plufieurs 
des  leurs  ,  ils  avancèrent  vers  Etfjli  r 
La  Garnifon  leur  évacua  la  place  ;  de 
Eiifti  ils  marchèrent  vers  Milan  &  cam^ 
pérent  à  deux  milles  de  cette  Ville  où: 
la  frayeur  fut  d'abord  fort  grande  i 

cependaî^ 


1^8  Livre  Neuvie'me. 
ïfii.  cependant  lors  qu'on  s'y  attendoit  le 
moins  ils  rebroufférent  vers  Goyne  Se  re- 
prirent de-là  le  chemin  de  leur  païs.  (a). 
Caitfe  de  Qn  n'a  jamais  bien  fçu  tous  les  mo- 
^fe  '^deT'"  ^^^^  ^'^^"®  retraite  auffi  précipitée.  LeBa- 
Stdjfês.  rot^  Ulrich  de  Sax  avoit  été  à  Milan  ,  & 
par  fon  canal  le  Seigneur  de  Foix  avoit 
fait  faire  des  offres  confidérables  aux 
Suiffes ,  s'ils  vouloient  fe  retirer  ;  c'eft 
le  langage  que  tient  Anshelm.  Giikhar'* 
din  avance  ,  que  ce  fut  de  Sax  qui  fit 
les  propofitions  ;  mais  que  le  Gouver- 
neur de  Milan  refufa  les  fommes  qu'il 
avoit  demandées.  Anshelm  ajoute  ,  que 
les  troupes  des  trois  Cantons  Urî, 
Schweitz  &Underwalden  s'étoient  mi- 
fes  en  marche  pour  fe  retirer  fans  en 
faire  part  au  refte  de  leurs  Alliés  ;  & 
que  ceux  d'Uri  avoient  rendu  toutes 
fortes  de  mauvais  offices  aux  Bernois  à 
leur  paflage  fur  leurs  terres ,   jufqu'ati 

point 

(a)    Gukhardin  L   lo.  c,  7.  Anshehii^ 


Livre  Neuvie'me.      169 
point  d'infulter  publiquement  Aîito'me    15'ir; 
Bnigler,  quiportoit  leur  bannière.  («). 

Les   Falaifam  avoient  été  confervés  Trouhh 
jufqu'alors  dans  l'union  avec  le  Roi  de  ^^'^cecu 
'France  par  le  moyen  de  George  auf  der  q^qj.^^ 
'Fine.   L'Evêque  de  Sion  chercha  à  le  auf  der 
perdre  ;  il  le  noircit  tellement  à  Berne  Flue. 
&  à  Fribourg  ,  que  la  première  de  ces 
Villes,  dont  il  étoit  Citoyen,  le  raya  de 
ifes  Regiftres,  &  que  s'étant  rendu  dans 
la  féconde  pour  fe  juftifier,  il  y  fut  arrê- 
té ,  mis  en  prifon  ,  enfuite  à  la  torture; 
&  alloit  être  condamné  à  mort ,   lors 
que  l'Advoyer  François  Arfent  y  Che- 
valier attaché  au  parti  de  la  France , 
jtrouva  moyen  de  le  faire  échaper  de 
prifon;  toute   la  fureur  du  peuple  fe 
tourna  alors  contre  cet  Advoyer  ,  qui 
fut  décapité   pubhquement.     Auf  der 
Fine  s'étoit  fauve  à   Neufchatel  ;  les 
Bernois  demandèrent  qu'il  leur  fut  li* 

vré 


(a)  Anshdm.  f  ^zi. 


î7o     Livre  Neuvie'me; 
îiU.    vré,    &  après  avoir  examiné  les  diffé- 
rends chefs  d'accufation,  que  les  Dépu- 
tés du  Vallais  &  de  Fribourg  avoienti 
porté  contre  lui ,  il  fut  remis  en  liberté 
par  Sentence  rendue  le  27  de  Mars. 00. 
De  retour  chez-lui  il  forma  de  nouvel- 
les pratiques  &  retint  les  Valaifans  dans 
PAllianceduRoi.  (f). 
"ffi^.         Les  SuiflTes  d'un  autre  côté  fe  liérenl 
LesSuiJjes  jg  ^\^^  ^^  plyg  ^^^ç  pEmpereur  &  k 

TSntYCHt 

en  Italie    ^^P^  *  ^^^  ^^  ^^-^^^^  ^^  Janvier  de  cette 
année  les  douzeCantons  renouvellérenl 

l'Union  héréditaire  avec  Maximilien& 
Charles  fon  petit-fils  ;  ils  envoyèrent 
des  Ambafladeurs  à  la  Diette  Impéria- 
le qui  fe  tenoit  à  Trêves  ;  &  d'autres  § 
Venife,  pour  concerter  avec  l'Evéque 

de 


(a)  Anshelm,  f,  6^J. 

(t)  Le  premier  Traité  d^ Alliance  entre  la 
France  ^  les  Falaifans  efl  daté  du  l^  de 
Mai  1 5^00  ,  fon  contenu  étoit  prefque  con- 
forme à  celui  de  P Alliance  de  Loùis  XII 
avec  les  Cantons.  Zurlauben  F^.  p.ia5.. 


Livre  Ne  u  V  I  e' M  s.      171 
de  Sion  ,  qui  venoit  d'être  fait  Cardi-    i^iZi 
nal  ,  &  cette  République ,  les  niefures 
à  prendre  pour  enlever  le  Milanois  aux 
François,   (a).  Le  6  de  Mai  ils  fe  mi- 
rent en  campagne  avec   un  Corps  de 
^000  hommes  d'élite  ,  qui  devoit  être 
à  la  foidedu  Pape;  &  prirent  leur  route 
Ipar  les  Criions  &  le  païs  de  Trente. 
I  Cette    Armée  avoit  pour    Généraux 
I  Ulrich  Baron  de  Sax  ,  Jaques  Stapfer  d© 
I  Zurich  &  Jtan  Heid  de  Fribourg  ;  elle 
I  s'avança  depuis  Trente  à  Vérone  &  fe 
joignit  aux  Vénitiens  à  Viliefranche  ;  à 
leur  aproche  les  François  abandonné-   Ef  s*cm^ 
rent  toutes  les  places  qu'ils  occiipoient,  P^^^^^  ^f^^ 
qui  fe  rendirent  volontairement  à  la  fain-       ^^^^^^ 
te  Ligue,  qui  étoit  le  nom  que  l'on  don- 
noit  à  cette  Confédération.  Au  bruit  de 
ces  fuccès  le  nombre  des  Sailfes  s'accrut 
beaucoup;   ils  s'emparèrent  pour  leur 
compte  de  Locarne  ,    &  les  Grifons  de 
la  Faltcline  &  de  Chiavenne,  Q^„ 

Les 

i^OAnshcM  T,^.f.  6. 
Qd)  Guicbardin  L  iQ.c.  17. 


172     Livre  N  e  u  y  î  e'  m  e.' 
T?ï2.         LesVaflaux  &  Officiers  de  la  Fran^ 
es  ya]~  ^^  furent  traités  en  ennemis.  Les  dou- 
Jctuxdela  .  rr/r        j 

France     ^^  Cantons  le  mirent  en  polieihon  de 

maltrai-'    la  Cb;;^^^'  de  Neufchatel ,  qui  apartenôit 
^^^*  à  Louis  d'Orléans  du  chef  dejeanne  de 

Hochberg  fa  femme  ;  la  République  de 
Soleure  s'empara  de  la  Comté  de  Thier^ 
fiein,  par  la  feule  raifon  ,  que  le  Com- 
te de  ce  nom  étoit  au  Service  du  Roi  : 
mais  ils  la  rendirent  k  fon  maître  peu  de 
tems  après,  (a).  Elle  fait  aujourd'hui 
partie  de  ce  Canton  en  vertu  du  Traité 
avec  l'Evêque  de  Baie  de  i  ^22.  dans 
lequel  cette  Comté  fut  cédée  à  Soleure 
à  perpétuité.  Charles  V,  Empereur  con- 
firma ce  Traité  en  if30.  (^). 
Mouve-  Monfieur  de  la  Palife,  qui  avoît  fuc- 
mens  a-    cédé  à  Gafton  de  Foixdans  le  Gouver- 

fres  la      ^çn^ent  du  Milanois,  ne  fe  trouvant 
conquête  ,  i  /r     ^ 

<Iu  Mila-  P^s  ^^  ^^^^  ^^  ^^  défendre  contre  les 
nois»  Suifles . 


(a)  Anshelm.  l  c.  f,  41. 

(b)  Hiifmr  F*  z.  p.  102* 


Livre  Neuvie'mé.       175 
uifles ,  prit  le  parti  d'en  fortir.  Il  s'é-    ifi^r' 
2va  alors  des  difficultés  entre  les  Alliés 
!e  la  Ligue  même  ;  Les  Vénitiens  pré- 
endoient   garder  Breffe  &  Crème  ; 
Empereur  y  formoit  auffi  des  préten- 
ions ,  &  vouloit  dépouiller  les  Véni- 
iens  de  tout  ce  qu'on  lui  «rvoit  promis 
lans  la  Ligue  de  Cambrai  ;  le  Pape  & 
2S  Suifles  prétendoient   qu'on  refti- 
uât  ce  Duché  à  Maximilien  fils   de 
.oûls  Sforze.    (a).    Le    Cardinal   de 
iion  follicita  les  troupes  des  Cantoas 
e  tourner  leurs  armes  contre  Venife. 
.es  différentes  vues  de  ces  Puiffances 
2s  engagèrent  à  de  grands  ménage- 
nens  pour  les  Cantons.  LePape,  l'Em- 
')ereur,le  Roi  de  France,FerdinsndRoî 
l'Efpagne,    Henri  Roi  d'Angleterre, 
a  République  de  Venife,  les  Ducs  Ma- 
dmilien  de  Milan  &  René  de  Lorraine 

envoyèrent 


(a)  GuidmrJm  l  11,  c.  2. 


174  Livre  Neuvie'me. 
f  f  12.  envoyèrent  des  iimbaffadeurs  aux  Diet- 
tes  des  Suiffes  à  Baden  au  mois  d'Août 
&  à  Zadch  &  Lucerne  au  mois  de 
Septembre.  (^).  De  toutes  ces  Puif- 
fances  le  Pape  étoit  celui  qui  avoit  le 
plus  de  crédit  en  SuilTe  ;  il  avoit  don- 
né aux  Cantons  les  bannières  de  TE- 
glife  avec  le  glorieux  Titre  de  Dé/en- 
fcurs  de  PEglife,  (h).  Ce  Pontife  cepen- 
dant ne  put  obtenir  d'eux  du  fecours 
contre  le  Duc  de  Ferrare  ;  ils  crai- 
gnoient ,  que  s'il  s'élevoit  une  nouvel- 
le  guerre  en  Italie  ,  cela  ne  fit  éclatei 
les  Diffentions  qui  règnoient  entre  le 
Pape  ,  TEmpereur  &  les  Vénitiens  ;  & 
pour  d'autant  mieux  prévenir  toute 
rupture ,  ils  envoyèrent  um  Ambafla- 
.  de  folemnelle  au  Pape,  qui  palTa  de 
Rome  à  Venife  ;  le  Sénat  fit  des  plain- 
tes  fort  améres  contre  ce  Pontife  & 

l'Empereur  ; 


(a)  Ansbehn  ih. 
(b}   Giiïcharclhi  ih. 


Livre   Neuvie'me.      lyç 
Empereur  ;  &  la  Médiation  des  Suiffes    l  fiS* 
e  put  prévenir  la  Ligue  qui  fe  fît  peu 
e  tems  après  entre  ces  deux  Puiflan- 
es  contre  Venife. 

Les  Cantons  tinrent  ferme  à  ne  re- 
lettre  le  Duché  de  Milan  qu'à  fon 
égitime  Héritier,    malgré  les  offres 
vantageufes  de  l'Empereur.  Ce  Prince    Traité 
onfentit   enfin  au  Traité  qui  fe  fit  à  j^f"" J"* 
|}aden;   par  lequel  Maximilicn  Sforze  quelles* 
)wmit  aux  Cantons  outre  200000  du-  Ballmges 
;ats  &  une  penfion  ailuelle  de  40000,  ^'Italie ^ 
ie  leur  céder  à  perpétuité  les    ^^^^^  auxCalu^ 
klliages,  Lauwis ,  Locarne  &  Valniag-  /^w/. 
^io.  Les  Suifles  de  leur  côté  s'enga- 
gèrent à  la  garantie  du  Milanois.  ia). 

Ils  nommèrent  enfuite  des  AmbafTa-    Le  Dui 
Jeurs  pour  inftaller  le  Duc  de  Milan  ;  f/^^^^ 
ils  choifirent  pour  cette  cérémonie  ;  de  p^^  i^^  * 
Zurich  le  Bourguemaître  Felîx  Schmid^  SuiJJis,' 
&  Henri  PVinkler  ;   de  Berne  l'Advoyer 

Jaques 


(a)  Amhelmf.  7^. 


lys     Livre  N  e  u  v  i  e'  m  ê. 
ÎÏÎI2.  Jaques  de  Watteville  ,*  de  Zug  l'Aman 
Schvvartzmaurer  ,*  de  Baie  le  Bourgue-j 
maître  Meltiugwn-;   de  Soleure  PAd-i 
voyer  Bahenherg  ,  &  de  Schafhaufen  le 
Bourguemaître  Schal  Ce  fut  au  mois 
de  Décembre  que  cette  AmbaOTade  par- 
tit pour  Milan  ;  le  Duc  s'étoit  rendu  àj 
Vérone ,  &  de-là  à  Crémone ,   où  l'E- 
vêquedeGurck  le  vint  joindre.    Les 
Ambaffadeurs   SuiOTes  arrivèrent  feize 
jours  avant  lui  à  Miîan  ;  il  s'y  rendit 
enfin  incos;nito  &   eut  une  entrevue 
avec  eux  dans  la  Maifon  du  Cardinal , 
les  Suifles  ayant  refufé  d'aller  à  fa  ren- 
contre.    Il  leur  témoigna  »  par  un  Dit 
cours  étudié,  toute  la  reconnoiffance 
dont  il  fe  fentoit  pénétré  envers  la  Na- 
tion pour  les  Services  confidérables , 
qu'elle  venoit  de  lui  rendre  ,  &  promit 
d'en  conferver  un  fouvenir  éternel.  Le  | 
lendemain  31  Décembre,  le  Prince  fit| 
fon  entrée  publique  ,  accompagné  des 
AmbaGTeurs  Suiffes ,    du  Cardinal,    de 
î'Evéque  de  Gurck  ,  du  Comte  de  la 

Perufe 


Livre  N  e  uv  i  e'  m  e;      177 

'erufe,   du  Cardinal  de  Julien,  du     ipg; 

•rére  du  Duc  de  Mantouë,  de  Colofie 

/iceroi  de  Naples ,    de  Profper  Co- 

3ne,  d'Ulrich  Baron  de  Sax,  Général  des 

Iuiires,&  de  nombre  d'autres  Seigneurs 

le  la   première   diftindion.    L'Aman 

Ichwartzmaurer  lui  remit  les  clefs  de 

ililan  fous  la  porte  de  cette  Capitale. 

.e  Vendredi  fuivant  dans  une  Confé- 

ence  avec  le  Duc  ,  ce  Prince  ratifia  le 

'raité  de  Baden  &  la  donation  desBaî- 

ages  d'Italie ,  qui  y  avoit  été  ftipu- 

îe  ;   il  follicita  les  Ambafladeurs  d'in- 

erpofer  leurs  bons  offices  pour  que 

s  Duchés  de  Parme  &  de  Plaifance  & 

\  Valteline  lui  fuffent  reftitués,  &  leur 

bioigna  fes  inquiétudes  à  l'occafion 

e  l'Audiance  que  les  Cantons  avoient 

ccordée  aux  AmbafTadeurs  de  Fran- 

e.   (a).   Ce  fut  par  la  médiation  des 

//.  Partie.  M  DucS 

1 

i  (a)  Guicharflinl,  II.  c.  6^  Lettre  de 
MonftetiY  de  "Watteville  à  fes  Souverains 
'ans  Anshelmf.  78»  i*  c. 


178     Livre  Neuvie'me. 
1^12.    Ducs  de  Savoye  &  de  Lorraine,  & 
Le  Roi  principalement  par    Tinterceflion   de 
JlfXT  ^^^^^^  la  Princeffe  d'Orange,  que  les 
/£' rero;^a- Anibaffadeurs  de  France  Louis  delà 
lier  avec   Triniouille  Vicomte  de   Thôuars  & 
iesSiiijns.  pj.jj^ce  de  Talmont;  Claude  de  Seyffel 
Evêque  de  Marfeille ,  &lmbert  de  Vil- 
leneuve, Préfidentde  Bourgogne,  ob- 
tinrent des  Sauf-conduits  datés  du  23 
Décembre. 
I S 1 3?        Le  Roi  de  France  avoit  fort  à  cœui 
Réfte^  de  fe  reconcilier  avec  les  Suiffes.    Gui 
xions  de    ^}j^y^i^  ji^  •  ^^  q^e  ce  Monarque  con 
dhiâL''  :'3"oifroit  que  de- là  dépendoit  la  vici 
fiijet.        :^  toire  certaine,  par  la  grande  influen  ^ 
^^  ce  que  la  Nation  avoit  alors  ;  par  li 
35  crainte  de  leurs  armes ,  &  parce  qu'i 
jjfembloit,  qu'ils  euffent   commenc 
3;,  à  fe  gouverner  non  plus  comme  fol 
35  dats  mercenaires  ,  mais  avec  un  foii 
55  &  une  vigilance  corne  des  Républi 
35  cains  bien  ordonnés  &  des  gens  nour 
„  ris  dans  l'adminiflration  &  le  manie 
j^rnent  des  affaires,  fans  permettre  qu': 


I 


Livre  Neuvie'me.     175 
Je  fit  aucune  levée,   finoii  fous  leur   1^13, 
jbon  plaifîr  &  avis ,  à  raifon  de  quoi 
,,les  Ambaffadeurs  de  tous  les  Princes 
^Chrétiens  fe  trouvoient  en  Suiffe.   Le 
jPape  &  prefque  tous  les  Potentats  d'I- 
jtalie  leur  payoient  des  penfions  an- 
^^nuelles,  pour  être  reçus  en  leur  Coa- 
jféderation  &  pouvoir  lever  pour  leur 
^propre  défenfe  ,  quand  befoin  en  fe- 
,,roit ,  des  foldats  de  cette  nation  :  de 
^quelles  chofes  eux  ennorgueillis  &  fe 
/ouvenant  qu'avec  leurs  armes  le  Roî 
^Charles  VIII  avoit  premièrement  trou- 
,jblé  l'heureux  état  d'Italie,  &  puis  que 
jjle  Roi  Louis  fon  Succefleur  avoit , 
j^au  moyen  d'icelle  conquête   la  Du- 
Ijjché  de  Milan,  recouvré  Gènes  ,  & 
i„défait  les  Vénitiens  ,  ils  fe  portoient  à 
IjjPendroit  d'un  chacun  impérieufement 
I55&  infolemment,    &  toutefois  le  Roi 
jjde  France  outre  les  perfuafions  de  plu- 
l^fieurs  particuliers  de  cette  Nation  & 
^l'opinion  qu'ils  viendroient  à  fe  fléchir 
j^par  de  très  grands  offres  de  deniers  , 
M  ij       a^efpéroit 


l'gOt    Livre  Neuvie^me. 

îf  13»     î^efpéroit  de  les  pouvoir  gagner  ;  pour 

55ce  que  ceux  qui  gouvernoient  Milaa 

j^ayant  accordé  avec  les  Àmbaffadeurs 

3,des  SuiiTes  au  nom   de  Maximilien 

55Sforze  ,  qu'il  leur  donneroit  içoooo 

33 ducats  5  auffi-tôt  qu'il  auroit  reçu  la 

„po(reflîon  de  la  Duché  de  Milan ,  &c. 

33n'étoient  pas  en  état  de  tenir  leur  pa- 

^jrole,  Doncque,  fuivant  la  Conimiffion 

s.du  Roi,  le  Sieur  delà  Trimouille  vint 

33a  Lucerne  ,  auquel  lieu  la  journée  a- 

33Voit  été  fignifiée  pour  l'oûir  ;  &  com- 

jjbien  qu'on  le  reçut  avec  bon  vifage  , 

j^fi  e(l-ce  qu'il  connut  auffi-tôt  qu'il 

33ne  feroit  rien  pour   le  regard  de  la 

33Duché  de  Milan  3  parce  que  peu  de 

33Jours  auparavant  fix  des  Cantons  a- 

„voient  ratifié  &  figné  les  Capitulations 

33faites  avec  Maximilien  Sforze.  (a). 

Coutil      La  mort  du  Pape  Jules  II  changea, 

miationde  la  face  des  affaires  en  Italie.   Son  Suc- 

la  guerre  ceffeur 

dsMilan, 


idi)  Gukhardm  L  11.  c,  8. 


Ltvre  Neuvîe'mf.  igr 
cefTeur  Léon  X  renouvella  l'Alliance  îf  13* 
avec  les  Cantons.  Les  Vénitiens  firent 
leur  paix  avec  la  France,  &  leur  Am- 
bafladeur  Jean-Pierre  Stella  eut  ordre 
jde  fortir  de  la  Saiffe.   (a).  Le  Roi  de  -- 

France  envoya  une  armée  nômbreufe 
en  Italie  fous  les  ordres  de  la  TrimowU 
lif.  MaxiaiiiienSforzeapeila  les  Suilles 
|a  fon  fecours  ;  les  Cantons  lui  permi- 
rent la  levée  de  12000  hommes.    Les 
commencemens  de  la  campagne  tour- 
nèrent à  l'avantage  des  François.    La 
valeur  que  les  Suiffes  montrèrent  à  îa 
\  Bat  aille  de  Navarre  ^   furpalTa ,  au  dire    Bat  mile 
jde  Guichardin ,  toutes  les  chofes  me-  ^^^  ^0^ 
jmorables ,   que  nous  lifons  des  Grecs    ^  ^^' 
!&:  des  Romains.    Cette  victoire  affura 
leMilanois  à  Sforze.  (^) 

M  iij  Pen- 

,  (a)  Anshelm  f  10^.  feq, 
I  '  (b)  Guichardin  donne  de  grimds  éloges 
itu  Capitaine  Motin,  qiCil  nomme  Chef  des 
Suiffes,  Il  a  été  mal  informé,  jacob  Matti 
ou  Mutri,  natif  de  la  "Vallée  deLivinen^  wV- 
\toit  pas  même  Ojficier.    Ce  furent  Conrad 

Engelhart 


î82    Livre  Neuvie'me, 
ffi  3.        Pendant  que  la  renommée  des  Suifles 
Troubles  s'étendoit  de  toute  part  au  dehors ,  il 
mns  Pin^  s'élevoit  dans  l'intérieur  des  Cantons 
^es  Can^  ^^^  diffentions  domeftiques  ,  qui  trou- 
tons,        bloient  leur  repos.    LaTrimouille  & 
fes  Collègues  avoient  trouvé  moyen 
pendant  leur  féjour  en  SuiOTe ,  d'enga- 
ger grand  nombre  de  particuliers  â 
faire  des  levées  fecrettes  en  faveur  de 
la  France,  Les  Zuricois  furent  les  pre- 
miers ,  qui  découvrirent  ces  menées  j 
&  qui  en  avertirent  les  autres  Canton 
dès  le  21  de  Mars.  Les  Cantons  firen 
publier  les  Ordonnances  les  plus  févé 
res  contre  de  pareils  enrollemens  ;  or 
arrêta  les  coupables,  &  on  en  fît  mou 
rir  plufieurs  :  Cependant  les  Peuple 

com 


Engelhart  de  Zurich,  Benedid  deWein 
garten ,  Barthlomé  May ,  ^  Jean  Frit 
ching  de  Berne  &  Nicolas  Conrad  Aà 
voyer  de  Soleure  qui  comandérené  les  Suijfe  ^ 
dans  ce  Combat, 
^stti  T.  I.  ^.  4PÎ.  S?  Ansheim  L  (U 


Livre  Neuvie'me.      i83 
commencèrent  à  fe  mutiner.    Les  Su-    1^13. 
jets  du  Canton  de  Lucerne  prirent  les 
premiers  les  armes  ;  les  paiTans  des  en- 
virons de  Eey-ne  Paivirent  leur  exemple;  Partlcu^ 
entrèrent  armés  en  Ville  ;  pillèrent  les  Uéremmt^ 
maifons  des  Magiftrats  qui  leur  étoient  ^  Berne, 
fufpefts  >  &  prirent  porte  à  la  place  du 
marché.  Jaques  de  PVattevilk  ^  qui  ve- 
noit  d^êtrefait  Advoyer  de  la  Républi- 
que, calma  cette  révolte  en  déployant 
la  Bannière  de  la  Ville  àlaCreutzgaff  ; 
les  païfans  fe  rapellérent  les  fermens , 
qui  les  attachoient  à  cette  Bannière  . 
ceflerent  tout  dèfordre  ^  &  demandè- 
rent la  permiffion  de  s'y  ranger  ;  elle 
leur  fut  refufêe  ,   comme  à  des  gens  , 
qui  s'en  étoient  rendus  indignes  par 
leur  conduite  :  mais  leur  ayant  flùt 
donner  parole  par  PAdvoyer  Guillaume 
de  Diefhach  vénérable   par  fon  grand- 
âge  &  fort  chéri  du  peuple,  &  deux 
autres  Députés  ,   que  s'ils  avoient  des^ 
griefs  à  préfenter  contre  quelques  Ma- 
giltrats  >  on  les  prendroit  eu  délibéra- 

tioîî 


184     Livre  Ne  u  vie' me. 
IÎI3*     tion  ,  ils  fortirent  de  la  Ville  fans  cau^ 
fer  d'autres  défordres.    (^). 

Le  même  efprit  de  révolte  fe  comu^ 
niqua  prefque  dans  tout  le  pais.  On  prit 
cependant  des  informations  exades 
contre  les  Magiftrats  accufés ,  &  on 
en  dépofa  plufîeurs  ,  même  fur  les  plus 
•  légers  indices  d'avoir  reçu  de  l'argent. 

Ceci  fe  pafla  dans  le  courant  du  mois 
de  Juillet,    &  la  rébellion  fe  calma. 
Lucerney   Soleure  8c  Ziig  fe  virent  pen- 
dant le  courant  du  mois  d'Août  dans 
les  mêmes  embarras. 
Invafton      Ces  circonftances  déterminèrent  fa- 
m  Bour-  vilement  les  Souverains, des  Cantons  à 
^  ^   '      fe  prêter  aux  vues  de  l'Empereur  ,  qui 
les  follicita  de  faire  une  invafion   en 
Bourgogne;  ils  donoient  par  ce  moyen 
de  l'occupation  à  ce  peuple  mutin,  & 
fe  vangeoient  de  la  France  ,  à  qui  ils 
attribuoient  la  défunion ,  que  fes  Mi- 

niftres 

^0gm^mwm^^m^wmÊÊimmi'immmmmÊÊimmmmmmÊÊÊmÊamimÊmmmimmmmmmmmmfmmÊmmÊmim^ 

Qi)  Anshelm»  &  Smtkr  p,  497. 


Livre  Neu  vie'me.  igf 
liftres  avoient  occafionnée  par  leurs  ifi3. 
)ratiques  fecretÉes.  Les  Cantons  ac- 
:ordérent  à  l'Eiripereur  une  levée  de 
^000  Suiffes  à  fa  folde.  Jaques  de  Wat^ 
evilîe  fut  nommé  Général  de  cette  ar- 
née  (a)  ,  &  on  lui  donna  ,  de  Berne  , 
)our  Confeiller  de  Guerre  Jean  fPEr^ 
%ch ,  Gafparâ  Weiler  6c  Michel  Ougs- 
ourger.  Ces  troupes  fe  mirent  en  mar- 
he  le  18  d'x\oùt;  elles' furent  jointes 
>roche  de  Gray  par  le  Duc  Ulrich  de 
Virtemherg^  qui  commandoit  les  Im- 
périaux; cette  armée  réunie  montoit  à 
>afle  30D00  hommes,  {h).  Après  avoir 
)ris  plufîeurs  places  de  peu  de  confé- 
juence  ,  elle  mit  le  fiége  devant  Z)/-  Sié^e  ds 
on.  Voici  cornent  Gaichardin  décrit  ce  Dijon, 
|ui  fe  paffa  dans  cette  expédition  ,  qui 
le  peut  être  juftifiée  que  par  lesfâcheu- 
ès  circonftances  ,  que  nous  avons  ra- 

'     portées 


(a)  Gollut  Chroij.  de  Bourg,  f.  ï002. 

(b)  Stmlerp,  s  06, 


i8<^  Livre  Neuvie'me» 
ÏÎ13.  portées  ci-deffus.  35Monfieurde  laTru 
jjtnouilie  étoic  à  Dijon  avec  mille  km- 
5:>ces  &  ^000  hommes  de  pied,  &  poui 
^jdoute  que  les  Suiffes  avoient  de  leun 
53 Capitaines ,  qui  commençoient  déjs 
55a  traiter  avec  les  François ,  ils  prirenl 
ajl'artillerie  &  fe  mirent  à  battre  la  Vil 
j^le  ;  de  la  défenfe  de  laquelle  le  Sieui 
jjde  la  Trimouille  doutant  fort,  eut  re 
jjCours  aux  derniers  remèdes,  &  accor 
„da  foudainement  avec  eux  fans  atten 
jjdre  aucune  comiffion  du  Roi  ;  que  1( 
j^Roi  feroît  tenu  de  renoncer  au  droi 
j^qu'il  avoit  fur  le  Duché  de  Milan  ,  <S 
3,delcur  payer  6'oooooécus  dans  certaii 
^^tems  ;  pour  Pobfervance  defquelle 
35chofes  il  bailla  quatre  otages  perfon 
„nages  honorables  &  de  grande  con 
„dition  ,  &  les  Suifles  ne  s'obligéren 
55a  autre  chofe  ,  que  de  s'en  retourne 
^.en  leurs  niaifons ,  enforte  ;qu'ils  n'e 
5>toient  tenus  pour  l'avenir  d'être  ami 
.,du  Roi  de  France;  ains  ils  pou 
^jvoient  retourner  pour  envahir   foi 

Royaum 


Livre  Neuvie'me.      187 
„Royaume  quand  ils  voudroient.  Les    ifilj 
«otages  reçus  ils  partirent  incontinent, 
„&  alleguoient   pour   exeufe  d'avoir 
^convenu  fans  TEmpereur  :  qu'ils  n'a- 
,5 voient  reçu  en  tems  du  les  deniers 
jjqu'il  leur  avoit  promis  &c.  Toutefois 
jjle  Roi  fe  fâcha  très-fort  d'une  telle 
jjChofei  &  fe  plaignoit  merveilleufe-» 
^ment  du  Sieur  de  la  Tritiiouille,  pour 
îjla  fomme  des  deniers  qu'il  avoit  pro- 
„mis  ,  &  beaucoup  plus  parce  qu'il  l'a- 
jjVoit  obligé  à  la  ceffion  de  fes  droits  ; 
^jpour  cette  caufe  encore  ,   qu'il  y  eut 
jjun  très-grand  danger,  fî  les  Suifles  in» 
53dignés   fuSent  retournés  de  nouveau 
„pour  l'aflaillir.  Se  confioit  néantmoins 
jjCn  ce  que  l'hiver  approchoit  «  &;  en  la 
jjdifficulté  qu'il  y  avoit  ,   qu'ils  fe  raf- 
^jfeniblaflTent  fitôt  i  &  ayant  encore  ar' 
arrêté  d'encourfr  plutôt  toute  fortune  , 
55que  de  fe  priver  des   droits  de  cette 
jjDuché  qu'il  aimoit  exceflivement ,  il 

délibéra 


188     Livre   Néuvîe'jvîe. 
t<;i3'    sjlibera  de  ne  point  ratifier,  (a). 

Cette  relation  eft  conforme  dans  tous 
fes  points  à  ce  que  nos  Auteurs  con- 
temporàins  en  rapportent.  Les  Confeil 
1ers  de  Guerre,  que  les  Cantons  te, 
noient  à  rarniée  ,  avoient  reçu  pleir 
pouvoir  de  traiter  de  la  paix  ,pourvi 
qu'elle  fe  fit  aux  conditions  de  confer- 
ver  le  Milanois  à  la  Maifon  Sforze.  (h). 
Cela  juftifie  leur  conduite  d'être  entré; 
.en  négociation  avec  la  Trimouille.  Leî 
mêmes  Auteurs  ajoutent ,  qu'il  courut 
bien  des  bruits  défavantageux  contre 
pîufieurs  Officiers  de  la  Nation  ;  qu'on; 
avoit  pris  des  informations  contre  eux 
.auxDiettes,  mais  que  l'affaire  fut  af- 
foupie.  (0-  Un  Auteur  Moderne  00 


Ca)   Giiichctrdin,  L  1 2.  c.  2. 

(b)  Ansh^lm.  /  191.  &?  Stettler  p,  50^. 

(c)  Anshehnf.  201, 

(d)  Dunoâ  Hijh  de  Bourgogne    T.  3. 
i^.  438. 


Livre  Neuvie'me.  139 
voulu  taxer  Jaques  de  Watteville ,  tn  IS^3« 
'ant  une  conféquence  du  mariage  de 
js  deux  fils  Rheinhart  &  Jaques  avec 
iine  &  Elifabeth  filles  de  Philibert  de 
hauviray  Seigneur  de  Chateauvilain 
dç  Colombier  ,  mariages  qui  fe  fi- 
nt ,  à  ce  qu'il  avance  ,  peu  de  tems 
iirès  la  levée  du  fiége  de  Dijon.  Il 
eft  pas  excufable  d'hazarder  de  pa- 
illes conjedures  fans  preuves.  Mon- 
îur  Dunod,  qui  connoit  fi  bien  la  gé- 
ialogie  de  la  Province  ,  ne  devoit  pas 
norer  que  ces  deux  Dames  avoient 
1  fifére  ,  qui  ne  mourut  qu'après  l'é- 
)que  dont  nous  parlons  ,  &  que  ce 
t  cette  mort ,  qui  les  rendit  de  fi  ri- 
les  héritières.  Monfieur  de  Colom- 
er  étoit  d'ailleurs  Citoyen  de  Berne; 
iforte  que  ces  mariages  ne  dévoient 
îturellement  pas  donner  lieu  à  des 

nputations  auffi  odieufes.  (a). 

Guichardin 

(a)  Anshelm.  /.  209. 


ipo  Livre  Neuvte'me. 
ïfi3-,  Guîchardin  paffe  fous  fîlence  la  fuper- 
chérie  de  Monfieur  de  la  Trimouille 
relativement  aux  otages,  qu'il  avoil 
promis  aux  SuiflTes.  On  étoit  convenu 
qu'il  donneroit  outre  le  Sieur  de  Me 
ziére  fon  neveu,  quatre  des  principau: 
'  Citoyens  de  Dijon  y  il  leur  fubftitu 
quatre  perfonnes  de  la  plus  baffe  ex 
tradion  ,  auxquelles  il  avoit  donné  de 
noms  fuppofés.  (^).  Quelque  fenfi 
ble  qu'il  fût  aux  Suiffes  d'avoir  ainl 
été  joués  par  M.  de  la  Trimouille ,  il 
îie  voulurent  cependant  pas  entrer  dan 
des  engagemens  plus  particuliers  ave 
l'Empereur ,  &  fe  contentèrent  d'er 
voyer  2000  hommes  dans  le  Milanoi 
pour  occuper  les  Châteaux  de  Milai 
&  autres ,  que  les  François  avoient  te 
nus  jufqu'alors;  &  nommèrent  le  Bal 
liî  Fleckler  deSchweitz  &  le  Bourguc 
maitre  Falk  de  Fribourg,   deuxhorr 

nie 

m'  '  n  ■  Il        maw^ii  — M  «LU       ,    — ^ 

(a)  Anshehn.  f,  200. 


Livre   Neuvie'me.      191 
nés  fort  habiles  dans  le  maniement  des    i  S 1 3« 
ifFaircs ,  pour  réfider  de  leur  part  au- 
)rès  du  Duc. 

Vers  la  fin  de  cette  année  le  Païs  Appenzeit 
I'Appenzell  fut  reçu  dans  la  Confé-  ^  ^^f" 
leration,  aux  mêmes  conditions  que  ^.^^^.^^^ 
^""ribourg  ,  &  forma  le  treizième  Can-  Canton. 
|on.  Cette  République  eft  fituée  à  Tex- 
!  remité  de  la  Suifle  vers  l'Orient ,  entre 
eRheinthal,   les  Etats  de  F  Abbé  de 
|!t  Gall ,  le  Toggenbourg  &  la  Baron- 
ne de  Sax  :  elle  tire  fon  nom  d*Appen- 
i:ell,  quieft  fon  principal  Bourg.   Je 
jî'ai  rien  à  ajouter  fur  Pétat  ancien  de 
|:e  païs  à  ce  que  j'en  ai  raporté  au  citi- 
Ijuiéme  Livre  de  cette  Hiftoire;  finon 
jque  lorfqu'il  paCTa  fous  la  domination 
des  Abbés  de  St.  Gall  la  haute  jurtt 
diftion  appartenoit  au  Landgraviat  de 
la  Turgovie  ,    &  ne  fut  cédée  aux 
Abbés  de  Saint  Gall  qu'en  1292.   par 
l'Empereur  Adolphe,  (a).  Ces  peuples, 
I  comme 

I  Wl  "  ■■■■'    ■   "'■  ■       Il  !■        Il 

(a)  fVaifir  Chron.  A^psnz,  p.  47» 


Î92     Livre   Neuvîe'me* 
^fï3-     comme  tous  les  Sujets  de  i'Eglife,  ont| 
joui  de  tout  tems  de  privilèges  confi- 1 
dérables.   Nous  avons  vu  fous  l'année  i 
Ï40Î,  avec  quelle  valeur  il  fçurent  s'y 
maintenir  :  depuis  141 1  ,  que  les  fepti 
Cantons  les  reçurent  dans  leur  Com-i 
bourgeoifie  ,   ils  ont  pris  part  à  toutes  | 
leurs  guerres  ;  &  les  difFérens  fervices,  1 
qu'ils    ont  rendu  à  la  Confédération, 
leur  ont  enfin  mérité  une  place  parmi . 
les  Cantons.   L'année  1^97  cepaïsfuti 
féparé  en  deux  Républiques   difFéren- 1 
tes ,  le  Roden  (t)  extérieur  profefle  la , 
Religon  Reformée  ;  le  Rodm  intérieur  1 
la  Catholique  Romaine.    Ils  forment 
deux  Républiques   entièrement  indé-, 
pendantes  l'une  de  l'autre  ;   chacune 
defqueiles  envoyé  fon  Député  parti- 
culier 


(t)  Le  mot  Je  Roden  vient  de  PJIIe^ 
numd  Rotten  ,  cohortes  ;  par  P'tifage  qu'a* 
voit  chaque  Communauté  de  ce  pais  de  for-^ 
7}îer  de  chaque  Commune  particuliers  auSim& 
de  CQmj}agnies  féparées,   Waller  /.  c,p^  -3. 


LîVRÊ  Neuyie'me.     193 
ilier  aux  Diettes.  De  tous  les  Baillia-    t<;i^l 
2s  communs ,  il  n'y  a  que  celui  du 
heinthal  auquel  ce  Canton  ait  part. 
L'année  fuivante  fe  paffa  en  diverfes 
égociations.  Léon  X ,  qui  avoit  fuc- 
idé  au  Pape  Jules  II ,  fe  forma  un 
ftênie  différent  de  celui  de  fon  pré- 
écelFeur  par  rapport  à  l'Italie  ;  il  craî- 
iioit  également  tous  les  Princes ,  qui 
jen  difputoient  l'empire.    Ce  qui  cau- 
»it  le   plus  d'ombrage  à  ce  Pontife  , 
étoit  le  bruit  qui  couroit  queFerdi- 
mdpetit-fils  de  l'Empereur  Maximi- 
m  devoit  époufer  la  Princefle  Renée 
ile  de  Louis  XII,  &  recevoir  pour  dot 
;  Duché  de  Milan.  Louis  étoit  las  de  la 
luerre  &  vouloit  acheter  la  paix  à  tout 
rix  :  Le  Pape  fe  flatta,  que  s'il  étoit 
oITible  de  détacher  de  la  Ligue  quel- 
ues-uns  des  ennemis  du  Roi,  cePrin- 
!;e  perdroit  de  vue  ce  mariage  ;  il  s'a- 
jieflTaauxSuiflres,  en  leur  faifant  infi- 
jiuer  tout  ce  qu'ils  avoient  à  craindre 
u  cas  que  l'Empereur,  l'Efpagne  & 
Il  Part.  N  la 


T94     Livre   Neuvie^me^ 
îfi4.    la  France  vinflent  à  fe  liguer  contn 
eux  ;  à  quoi  il  ajouta ,    que  s'ils  vou 
loient  fe  défifter  de  la  ceffion  du  Mi 
lanois ,  que  la  Trimouille  avoit  pro 
mife  ,  il  engageroit  le  Roi  à  ratifier  l 
Traité  de  Dijon  dans  fes  autres  articles 
D'uniautre  côté  ,  il  fit  repréfenter  aii 
Roi  l'avantage  qui  lui  reviendroit,  d 
fe  rendre  les  Suiffes  favorables  ;  qu 
par-là  tôt  ou  tard  il  parviendroit  à  fe 
vues  fur  le  Milanois  :  au  lieu  qu'il  f 
voyoit  expofé  à  une  nouvelle  invafio 
de  leur  part ,  qui  Tobligeoît  à  garde 
une  noubreufe  armée  fur  pied ,  qui  ( 
toit  à  charge  à  fon  Royaume,  (a). 

Le  Roi  goûta  le  confeil  du  Pape  ; 
fit  propofer  aux  Cantons  affemblés  e 
Diette  à  Zurich  au  mois  d'Avril ,  pa 
François  âe  Gimms  Baron  de  Chatelat 
les  Sieurs  de  la  Eaflîe  &  de  Benvilar,  un 
Alliance  perpétuelle  ;  à  quoi  il  ajout 

le 


(a)   Guichardin  l  12,  C.  3. 


I 


Livre   Neuvie'me.     19? 
es  différentes  conditions  de  leur  payer    IÎI4» 
pooGO  Ecus  comptans ,  Se  800000  en 
livers  tems  pour  acquitter  toutes  les 
^rétentions ,  que  la   Nation  .pouvoit 
ivoir  ;  d'entretenir  a  fon  Service  un 
ll^orps  de  Suiffes ,  comme  avoit  fait 
louis  XI  ;  de  n'entreprendre  aucune 
i^uerre  contre  le  Pape ,  la  Savoye  &  le 
Vîilanois  fans  le  confentement  de  laNa- 
:ion  ,  qui  de  fon  côté  ne  s'engageroit 
ju'à  le  rétablir  dans  fes  droits  fur  Gè- 
les &  Aft.  (a\ 

Les  Cantons  rejettérent  ces  propo- 
itions ,  malgré  les  repréfentations  de 
a  plus  grande  partie  de  leurs  chefs , 
qui  ne  purent  venir  à  bout  d'appaifer 
la  haine  que  les  peuples  nourriffoient 
contre  la  France  à  l'occafion  de  la  fu- 
percherie  de  Mr.  de  la  Trimouille  :  la 
Fuite  de  Monfieur  de  Mezîeres  ,  qui 
rompit  dans  ce  même  tems  les  arrêts, 
N  ij  qu'on 


(a)  Guichard.  ihid.  Stettîsr  T.l'jp.S^^' 


19^  Livre  Neuvie'me.' 
Jf  14*  qu'on  lui  avoit  donné  à  Zurich ,  forti- 
fia ces  dirpofitions.  Les  Suiffes  firent 
,  arrêter  le  Préfident  de  Grenoble  a  Ge- 
nève &  le  traitèrent  cruellement.  («). 
Réfoluë  de  rentrer  en  France  avec 
2000O  hommes  la  Nation  rechercha 
Famitié  du  Roi  d'Angleterre,  &  lui  dé- 
puta  Maurice  Huraus  Se  Jem  Stolz.  Ces 
AmbafTadeurs  furent  très^bien  reçus,  & 
le  Roi  Henri  les  fit  accompagner  à  leur 
retour  par  deux  de  fes  Miniftres ,  qui 
propoférent  une  Alliance  défenfive  en- 
tre l'Angleterre  &  la  Suifie  :  mais  au 
milieu  de  cette  négociation  le  Roi 
ayant  été  imformé ,  que  le  Roi  d'Ef- 
pagne  venoit  de  conclure  une  trê- 
ve avec  la  France  ,  il  fit  pareillement 
fa  paix.  Les  Suiffes  y  furent  compris  ; 
cependant  avec  la  claufe  ,  que  quicon- 
que défendroit  l'Etat  de  Milan,  Gènes 
ou  Aft  contre  le  Roi  de  France  en  fe- 

roit  exclus.  (^). 

Le 

(a)  Gukharâin  ibid, 

(b)  Sêsttkrj).  5  iz.  Gukhardmc,  f. 


LiVKE    NeUVIS'mH.         197 

Le  Pape  ,  qui  auroit  fouhaité  que  1^14^ 
es  divers  Potentats  de  TEurope  fufTent 
ilTez  occupés  chez  eux  pour  perdre  de 
|më  ritalie,  mit  en  oeuvre  de  nouveaux 
•efforts  de  politique  pour  fe  maintenfr 
luprès  des  différens  partis  ;  il  renou» 
^ella  l'Alliance  avec  les  Suides,  Se  pro- 
nit  d'être  attentifs  \i  la  confervation 
lu  Milanois,  fans  vouloir  permettre 
:ependant  que  le  Duc  fût  compris  dans 
'Alliance,  (a). 

Quoique  le  Corps  de  la  Nation  fut 
:ontraire  à  la  France  ,  le  Roi  y  avoit 
;ependant  un  fort  parti,  qui  écartoit  ha- 
)irement  toutes  les  négociations ,  qui 
ui  pouvoient  être  préjudiciables  :  Teî- 
e  étoit  l'Alliance  particulière  avecl'Em- 
3ercur  &  PEfpagne.  Il  furvint  niénie 
juelque  froideur  envers  le  Duc  de  Mî» 
an.  Ce  Prince  fe  plaignoit ,  que  les 
Suiffes  qu'il  tenoit  à  fa  folde  fe  compor- 

^oieuÊ 
>'■  ■  ■       II,       'i - 


198       Livre    Neuvie'me.^ 
ïfi4,     toient  mal  :  Les  Cantons  prétendoîent 
qu'on  leur  livrât  le  Château  de  Milan; 
ils  fe  défioient  du  Duc ,  &  il  y  eut  des 
fufFrages  pour  renoncer  à  ion  Allian- 
ce,   (a). 
i^i^.        Louis  XII  fut  enlevé  par  la  mort  le, 
■^^f!^   i"".  Janvier  au  milieu  des  grands  pré-| 
XII^^^  paratifs,    qu'il   faifoit  pour  entrer  en j 
Italie.  François  I.  lui  fucceda  dans| 
fon  Royaume  &  dans  fes  vues.    Il  prit 
avec  le  titre  de  Roi  de  France  celui  de. 
Duc  de  Milan  dès  le  2  de  Janvier.  Il 
notifia  aux  SuilTes  fon  avènement  à  la 
François  Couronne ,  &  leur  demanda  leur  ami- 
Lrecher-ûé:    Mais  fon   Meflager  reçut  pour 
ehe  Pami-  ^q^^q  réponfe  ;  que  fon  Prédéceffeur 

tie  des  -j.  r  -..  r>  •      ^    T-v 

Cantons,  ^^  ^'^^^  ^^-^  ^^-^^  ^^^^  ^  Dijon , 

que  fi  Sa  Majefté  vouloit  la  ratifier. 

Elle  pourroit  conter  fur  leur  amitié  , 
finon  qu'ils  ne  pouvoient  recevoir  au- 
cune propofition  de  fa  part.  Qb). 

Le 


(jà)  Stettîerp.  519. 
(b)  Smtkrf,  ')^l. 


Livre   Neuvie'me.     199 

Le  Roi  ne  fe  rebuta  point;  il  eni-    iji?- 

loya  les   Minières  du   Duc  de  Sa- 

oye  ;    qui    fe  donnèrent  de  grands 

tiouvemens   pour  ménager  la   paix  : 

nais  comme  les  Suifles  infiftoient  toû- 

ours  également  fur  la  ratification  du 

Traité  de  Dijon ,  on  perdit  les  mois  de 

tfars ,  Avril  &  Mai  en  Conférences 

nutiles.  («). 

On  faîfoit  cependant  courir  le  bruit    Aîlîancs 
m  France  ,  que  l'armement  confidéra-  ^^^^  ^^^^' 
)le  du  Roi  ne  regardoit  que  les  Suif-  p^^  fj*^^ 
es.  L'Empereur  ,  le  Roi  d'Efpagne  &  reurJ'EJL 
e  Duc  de  Milan  ne  prirent  pas  le  chdin- pagne^c^ 
^e.    Ils  traitèrent  d'une  Alliance  avec  ^^^^f^'^  ^^ 
les  Cantons.    Les  'Suiifes  s'engagèrent 
au  cas  que  François  L  fit  une  irruption 
en  Italie  ,  d'entrer  avec  12000  honimes 
dans  le  Dauphiné  ;  à  condition  qu'ils 
tireroient  un  fubfide  de  30000  ducats 
par  mois  ;  que  l'Efpagne  attaqueroit 

la 

(a)  Suukr  îbiiL 


aoo  Livre  N  e  u  v  i  e*  m  e. 
I  ç  I  y.  la  France  par  Per  pignan  ou  Fontarabie; 
que  11  malgré  ces  diverfions  le  Roî 
pourfuivoit  fon  deffein  contre  l'Italie , 
lesSuiffes  y  fsroient  paffer  12000  hom- 
mes fous  le  même  Subfide  de  30000 
ducats.  («). 

Ce  Traité  ne  fut  pas  obfervé  de  la 
part  de  l'Efpagne.  „Il  étoit  deftiné  » 
jjComme  s'exprime  Guichardin ,  que  la 
^défenfe  ou  la  perte  du  Duché  de  Mi- 
jjlan  fe  feroit  tant  feulement  avec  le 
jjdanger  &  aux  dépens  du  Sang  des 
jjSuiffes.  (^), 

Les  Can^  ^^^  ^'^™  '  ^^^^  '^^  Cantons  reçu-^ 
tons  char-  rent ,  que  les  troupes  du  Roi  fe  raffem- 
gés  feuls   bloient  à  Lion ,  ils  firent  défiler  des 

l  ^^En'  ^^^"P^^  ^^"^  ^^  Milanois ,  qui  occupé- 
vôyent  ^^^^  ^^^  paffages  du  Mont  Cenis  &  du 
um  ar-     Mont  Genêvre-,  Le  premier  envoi  ne  fut 

mse  en     d'abord  que  de   12000  hommes;  il  y 

Italie.  ^  ■ 

en 


C?i)  Stettler  p.    52^. 
(b^  Guichardin  l,  10. 


Livré  Neuvie'ms.  201' 
en  pafla  fucceffivement  jufqu'à  40000.  i  i^iî» 
Jean-Jaqiies  Trivuîce  s'ouvrit  une  au- 
tre route  entre  les  Alpes  maritimes  & 
les  Cocciennes  par  le  Marquifat  de  Sa- 
luées. Les  Suifles  avoient  négligé  de 
garder  ce  pafiage,  parce  qu'on  le 
croyoit  impraticable.  Monfieur  de  la 
Palice  entra  par  Co7îi  &  furprit  Filk"^ 
'franche.  Les  Suifles  le  retirèrent  à  iVb-  ^ 
varre;  chargés  feuls  de  la  guerre,  fans 
fecours  ni  d'hommes  ni  d'argent  de  la 
part  de  leurs  Alliés,  divifés  entr'eux 
ils  réiblurent  de  retourner  dans  leu^ 
païs.  (tî).  ]\Iais  comme  ils  fortoient  de 
Novarre,  l'argent ,  que  le  Pape  leur  en- 
voyoit,  arriva  ;  ce  qui  détermina  les 
troupes  de  Zurich,  Bâle ,  Schafhau- 
fen_,  Appenzell ,  des  Grifons  &  des 
trois  Cantons  Uri,  Schweitz  &  Under- 
waîden  de  rentrer  dans  le  Milanois  & 
de  prendre  le  chemin  de  Galère,  Celles 

de 


(a)  Guichardin  /.  11. 


202     Livre  N  f.  u  v  i  e'  m  e. 
îÇïf.     de  Berne,  Fribourg,  Soleure  &Bien- 
ne  prirent  la  route  d'Arom  ;  Se  bien- 
tôt après  ,  lors   qu'elles  furent  infor- 
mées qu'il  venoit  d'arriver  un  nouveau 
Gorps  de   leurs  Compatriotes  à  Domo 
/:rO//f//«  elles  le  joignirent.    Cette  fépa- 
ration  ,  de  l'armée  des  Suifles ,  fut  oc- 
caîîonnée  par  les  négociations ,  que  la 
France  entretenoit  dans  les  Cantons. 
Fraîiçois  François  I.   traitoit  continuellement 
/.  trmie  jg  i^  p^j^.  \q^  Suifles  excepté  Schweitz  j 
^  W^j     &  Claris ,  lui  avoient  envoyé  des  Am- 
Canions»  baffadeurs  le  28  d'Août,  à  Novarre,  qui  j 
propoférent  pour  Préliminaires  ;  que  ' 
le  Roi  feroit  un  établiflement  convena- 
ble au  Duc  de  Milan;  qu'il  leur  paye- 
roit  les  fommes  ftipulées  par  le  Traité'  | 
de  Dijon  ,    &  (^ooooo  écus  pour  les 
fraix  de  la  guerre.    Le  Roi  confentit  à 
tout,   à  condition  que  la  Nation  vou- 
lut faire  une  Paix  perpétuelle,  &  lui 
reilituer  les  Etats  qui  avoient  été  dé- 
nieïiibrés  précédemment  du  Duché  de 
Milan  ,  pour  lefqueîs  on  leur  offroiÈ 

un 


Livre  Neuvie'me.  2,03 
un  équivalent  de  300000  écus  ;  &  pour  15 1  f - 
régler  toutes  les  conditions  de  ce  Trai- 
té, il  leurafEgna  une  journée  à  Galère. 
Dans  ces  entrefaites  les  Suifles  qui 
étoient  à  Galère  folîicitoient  vivement 
leurs  compatriotes  de  les  joindre. 
L'Advoyer  Jaques  de  WattcvHk  ,  qui 
commandoit  les  Bernois  ,  tâcha  vaine- 
ment ,  par  les  plus  fages  repréfentations 
de  les  y  porter  ,  avec  d'autant  plus  de 
raifon,  queyÉ'^;^  deDiefboich  Capitaine 
des  Gardes  du  Viceroi  de  Naples  leur 
avoit  indiqué  une  route  fùre  pour  Va- 
rèfe-:  les  autres  Chefs  prétextèrent  les 
ordres  des  Ambaffadeurs  de  la  Nation , 
qui  avoient  écris ,  que  la  négociation 
de  la  paix  étoit  fort  avancée.  Cepen- 
dant la  plupart  des  foldats  fe  débandè- 
rent 5  &  de  7000  Bernois ,  qui  étoient 
arrivés  avec  les  Drapeaux  à  Donio 
d'Offeila  5  il  n'en  reftoit  pas  au-delà  de 

mille,  (a). 

Les 

Qi^SisUlerp.  541. /e^. 


204  Livre  N  e  u  v  i  e'  m  e. 
15" .If'  Les  négociations  paroiiToient  avan- , 
cer  affez  heureufement  à  Galère.  Le  ! 
Duc  de  Savoye  ,  qui  s'y  étoit  rendu  \ 
de  la  part  du  Roi ,  confentit  à  toutes. 
les  conditions ,  que  ks  Suiffes  de- 
mandoient  ;  &  offrit  d©  donner  Id 
Duc  de  Lorraine  pour  caution.  Ce- 
pendant lorfque  les  Ambaffadeurs  Suif- 
fes propofe'rent  les  Articles  aux  trou- 
pes, qui  étoient  à /^er^e/,  elles  ne  vou- 
lurent pas  accepter  l'article  d'une  paix 
perpétueile,  &  préferoient  une  Alliance 
limitée  à  un  certain  nombre  d'années. 
Les  Ambaffadeurs  des  Troupes  de  Zu- 
rich ,  Berne,  Lucerne,  Underwalden, 
Zug,  Bâle  f  Fribourg,  Soleure ,  Schaf- 
haufen  &  Appenzell  acceptèrent  la  paix 
par  un  Traité  conclu  à  Galère  le  8  Sep- 
tembre, &  firent  en  même  tems  une 
Alliance  avec  le  Roi  pour  fa  vie  8c  dix 
ans  après  fa  mort  ;  dans  laquelle  le  Ca- 
pitulât de  Milan  fut  renouvelle  en  fa- 
veur 


Livre  Neu  VIE' ME.      sof 
yeur  de  ce  Monarque,  (a),  i^iî» 

Sur  ces  nouvelles  les  troupes  de  Ber- 
ne ,  Fribourg,  Soleure,  Sienne  &  du 
Valais  reprirent  la  route  de  la  SuifTe. 
Celles  d'Uri ,  Schweitz  &  Claris  refu- 
fe'rent  de  ratifier  le  traité  ;  celles  de 
Zurich  &  de  Zug  étoient  difpofées  à 
n'accepter;  mais  fe  laiffërent  enfin  per- 
fuader  par  le  Cardinal  de  Sion  de  pren- 
dre la  route  de  Milan  avecles  premiers 
Cantons,  (h), 

Trivulce  abandonna  Milan  à  Tapro-  ,-^^!f2^^^^ 
che  des  SuifTes  Se  fe  pofta  à  Marîgnany  ........  " 

pour  empêcher  leur  jonction  avec  les 
troupes  du  Pape.  La  fituation  des  SuifTes 
étoit  fînguliére:  ils  avoient  une  armée 
formidable  en  préfence ,  avec  laquelle 
quelques  Cantons  venoient  de  conclu- 
re la  paix.  Uri,  Schweitz  &  Claris,  n'a- 
voient  pas  voulu  y  foufcrire,  &regar- 

doient  les  autres  SuifFes  prefque  autant 

ea 


(a)  Stettler  p.  H7- 

(b)  I4£m]p.  54S. 


ao6  Livre  Neuvie'me; 
J^ij.  en  ennerais  que  les  François.  Mare. 
Rôyjl  Bourguemaître  de  Zurich  n'atten- 
doit  qu'un  moment  favorable  pour  f^ 
retirer  avec  fes  troupes,  (a).  Il  s'étoit 
même  aduellement  mis  en  marche  ;, 
lorfque  les  Suiffes  furent  informés  par 
un  Courier,  que  Rodolphe  Rhan  de 
Zurich  leur  dépécha ,  que  Padion  éf 
toit  engagée  ;  &  qu'on  les  prioit  de  ve-i 
iiir  au  fecours  de  leurs  compatriotes J 
Arnold  de  Wjnkelried  d'Underwalden,  à 
la  perfuafio/i  du  Cardinal  »  s'étoit  fait 
fuivre  par  un  nombre  de  volontaires 
&  avoit  attaqué  les  François.  Q?).  Le 
Camp  du  Roi  étoit  fortifié  par  un  dou- 
ble 


Ca)  Bullinger  dans  fa  Chronique  rapor 
îs  d'avoir  oui  dire  fouvent  à  Diethelme  1 
'Kb'S^  Bourguemaître  de  Zurich^  que  fon 
Tére  Marc  Rôy/î  n^ avoit  jamais  envifa^ê 
V union  des  SuiJJes  avec  le  Duc  de  Alilan 
pour  avant ageitfe  :  ?^  que  lors  qu'on  en  a^ 
voit:  pris  la  réfblution  à  la  Diette ,  ott  avoit 
entendu  de  mauvais  préfaces ,  qui  ne  s'^étoienP 
que  trop  vérifiés  du  depuis, 

(b)  Steîtkrp.  5'45>. 


Livre  Neuvîe'me,  207 
ble  retranchement  &  muni  d'une  forte  i  fiçi 
Artillerie.  Sur  le  bruit ,  qu'une  partie 
des  Suifles  avoit  commencé  l'attaque  , 
les  Zuricois  revinrent  fur  leurs  pas;  & 
:  tous  les  Suiffes  ,  qui  étoient  à  Milan  , 
coururent  prefque  fans  ordre  aux  en- 
nemis ,  quoiqu'il  fût  déjà  fort  tard.  Se 
qu'il  n'y  eût  plus  deux  heures  de  jour 
â  efpérer.  Les  Suiffes ,  qui  pouvoient 
être  au  nombre  de  18000  honies,  atta- 
quèrent les  retranchemens  avec  une  fi 
grande  impétuoficé,  qu'ils  renverférent 
deux  lignes  des  ennemis  &  s'emparè- 
rent d'une  partie  de  l'Artillerie.  Le  Roi 
à  la  tête  de  fa  Cavallerie  fe  mit  fur  leur 
paffage  ;  ce  qui  rendit  le  combat  ter- 
rible &  fi  opiniâtre ,  qu'il  continua  juf- 
qu'à  quatre  heures  de  nuit.  Enfin  les 
deux  Armées  manquant  de  force  pour 
combattre  plus  long-tems  feféparérent 
fans  ordre  des  Généraux.  Les  François 
fe  retirèrent  dan?;  le  fond  de  leur  Camp, 
&  les  Suiffes  relièrent  toute  la  nuit  fur 
le  champ  de  bataille  ^   fans  qu'aucune 

partie 


208      Livre  Neuvie'me. 
Ifïf.    partie  pût  s'attribuer  la  Vidoirc.    Dè%\ 
que  ie  jour  parut  les  SuiflTes  recommen- 
cèrent Fattaque  ;    ils  trouvèrent  plus' 
de  réiîftance  que  le  jour  précédent/ 
ITAlvîane  ,    qui  conduifoit  le  fecours' 
des  Vénitiens  ,  joignit  le  Roi  au  mo-' 
ment ,  que  le  combat  étoit  le  plus  ru- 
de, &  prit  les  Suifies  à  dos.  Ce  fecours 
les  fit  défefpérer  de  la  vidoîre;  de  forte 
qu'ils  firent  fonner  la  retraite  ;  &char- 
^geant  fur  leurs  épaules  l'artillerie,  qu'ils 
avoient  menée  avec  eux  ,    ils  fe  re- 
tirèrent en  bon  ordre  à  Milan  avec  un 
tel  étonnement  des  François  ,  dit  Giii^. 
charâini   que  de  toute  l'armée  il  n'y 
eut  pas  un  homme  de  pied ,  ni  de  che- 
val 5   qui  eut  la  hardiefle  de  les  fuivre/ 
Trivulce  ne  pouvoit  affez  vanter  la  va- 
leur ,  qiie  les  Suiffes  avoient  montrée 
dans  cette  bataille,  &  difoit:    qu'ils 
avoient  plutôt   paru  des  Géans ,  que 
des  hommes,  (a)*  La  perte  des  Suifles 

fut 

hii  1  .  •  "  I         j       IIP— u— W 

(a)  Gîiiçhardin  Li2.c,i3, 


Livre  N  e  uv  i  e'  m  e.      509 
ut  confîdérable  :  les  relations  les  plus     ïfif*' 
lires  la  font  monter  wà  ^000  hommes , 
)armi  lefquels  on  comptoit  iiooZu- 
icois.  Les  Officiers  de  marque ,  qui 
)erdirent  la  vie  dans  cette  maiheureufe 
ournée ,   furent  Jaqms  Meifs  un  des 
^ollonels  Zuricois,  Jaques  Efcher  Che- 
valier ,  Jaques  Schvvend ,  Antoine  Clau- 
er,    Jean    &   Nicolas   Keîler    tous   de 
Zurich  ;  Hugue  de  Haîlweil  &   Loiiis 
^rifching   de  Berne  ;   les    Landamans 
'\?iintiner  Se  Imhofà'lJn;  Nicolas  WUrtz 
i'Underwalden   &  Jean  Bar  de  Bâle. 
La  perte  des  François    doit    avoir  été 
igale  à  celle  des  Suifles  :  mais  les  fui- 
:es    de   leur  vidoire  leur  furent  des 
dIus  avantageufes  ;   tous  les  Suifles  re- 
prirent le  chemin  de  leur  païs ,    &  le 
Duché  de  Milan  pafîa  entièrement  fous 
l'obéiffance  du  Roi.  (a). 

Cependant  François  I.   ne  perdit 
point  de  vue  fa  paix  avec  la  Suiffes , 


(a)  Stettler  p.  ')52. 

//.  Partie,  O 


^îo  Livre  Neuvie'mè. 
î  5  ï  f .  &  les  avis  des  Cantons  étoient  toujours 
également  partagés  à  ce  fujet.  Les  Can- 
tons de  Berne,  Lucerne,  Underwal- 
dcn,  Zug,  Claris  ,  Fribourg  &  So- 
leure,  firenc  enfin  un  Traité  à  Zurich 
for  le  pied  de  celui  de  Galère:  Les  cinq 
autres  Cantons  perfiftérent  dans  leur 
^fî^S".  éloignement  pour  la  France.  Néant- 
moins  aucun  des  partis  ne  prit  direde- 
ment  part  à  la  guerre  ,  qui  fe  renou- 
vella  Tannée  fuivante  dans  le  Milanois  : 
Mais  le  Roi  s'étant  enfin  défilté  de  l'ar- 
ticle qui  regardoit  les  Balliages  d'Ita- 
lie, &  ayant  confenti  de  les  abandon- 
ner aux  Cantons ,  ils  firent  tous  con- 
jointement le  ^s  de  Novembre  à  FrU 

raîxpY-  ir^^^y^  un  Traité  de  Paix  perpétuelle 

-pétiiellf'  , 

ave  ^  If    '^^'^^  ^^  ^^^*    ^^   Traite  a  fervi  de  ba- 

France^  ze  a  toutes  les  Alliances ,  qui  ont  été 
faites  depuis  avec  la  France ,  &  porte 
en  fubftance  :  i°.  Que  toutes  les  ini- 
mitiés feroient  entièrement  abolies  & 
éteintes.  2^  Que  tous  les  prifonniers 
feroient  relâchés.  3^  Que  les  préten- 
tions 


LivïiE  Ne  u  vie' ME.      an 
ons  5  que  les  particuliers  pourroient    151^* 
voir ,  dévoient  être  follicitées  par  voie 
e  droit.  4"^.    Que  Ton  recevoit  dans 
;  traité,  les  Alliés  des  Suiffes,  qui  font 
ompris  dans  les  limites  de  la  Suifle. 
\  Qiie  les  privilèges  &  franchifes,  que 
:s  Marchands  Suiffes  avoient  obtenues 
)us  les  précédens  Règnes  feroient  re^ 
onfirtnées.    6"".    Que  le  Roi  payeroit 
13X  Suiffes  pour  fraix  de   la  guerre  au 
ijet  du  fiége  de  Dijon  400000   Ecus 
j  foleil  &  300000  pour  les  fraix  de 
mrs  Campagnes  d'Italie.  7°.  Qu'en  cas 
u'il  furvint  quelque    différent   entre 
;  Roi  &  les  Cantons  ,   ou  entre  les 
ujets  des  deux  Etats ,   aucune  Partie 
le  procéderoit  contre  l'autre  par  entre- 
»rife  de  guerre;  mais  que  tels  différens 
roient   amiablement  .  appointés    ou 
lécidés  par  voye  de  juftice.  8°.  Qu'a- 
in  que  toute  bonne  union  ,  paix  & 
tmitié  fût  mieux  obfervée,  aucune  Par- 
ie ne  donneroit  retraite  aux  ennemis 
ie  l'autre  en  fes  Terres ,  Païs  <^  Sei- 
O  ij  gneuries , 


21^  LivkE  Neuvie'më. 
îf  ï^.  gneuries;  ni  ne  permettroit,  que  les  Su^'j 
jets  fe  laiGaiFent  employer  à  envahir  ou 
endommager  les  Etats  de  l'autre  ;  mai» 
auffi  que  lefdites  Parties  ne  feroientl 
pas  obligées  de  s'entr'aider  fans  en  être 
requifes.  9\  Que  les  Sujets  des  Parties 
pourroient  paffer  &  repaffer  librement 
dans  les  Etats  refpedifs  fans  aucun  em- 
pêchement ni  nouvelle  impofition  de 
péage.  ïo^  Que  lapenfion  annuelle 
pour  chacun  des  XIII  Cantons  &  le 
païs  deValais  feroit  réglée  à  2000  francs 
par  an  ;  &  celle  des  Grifons  fur  le 
pied  ,  qu'elle  leur  avoit  été  accordée 
par  Louis  XII  à  2000  francs  par  an  à 
partager  entre  leurs  Alliés ,  à  favoir  en- 
tre PAbbé  de  St.  Gall ,  le  Comte  de 
Toggenbourg,  &  les  Villes  de  St.  Gall, 
&  de  Mûlhaufen.  1 1\  Que  les  Privilè- 
ges &  Libertés  de  ceux  de  Beîllnzone, 
Lugan,  Locarne,  Mendris  &  Valmagia, 
qu'ils  avoient  obtenus  précédemment 
des  Ducs  de  Milan  leur  feroient  con- 
firmés. 12°.   Qiie  quand  à   ces  quatre 

Balliages 


Livre  N  e  u  vi  H'iM  é.  213 
{alliages  avec  la  Valteline  &  le  Com-  if  î6. 
é  de  Chiavenne,  les  Siiiffes  &  Grifons 
uroient  la  liberté  de  les  retenir  ou 
l'en  recevoir  un  équivalent  de  300000 
eus  ;  pour  Bellinzone  les  troisCantons 
Jri ,  Schweitz  &  Undervalden  en  de- 
oient  refter  en  poffeffion.  13^^'.  Que 
ette  Paix  &  cette  Union  devoit  durer 
•erpétuellement. 

On  régla  pareillement  par  le  même 
Traité  la  manière  de  terminer  les  dif- 
érens  foit  entre  le  Roi  &  les  Cantons ,. 
)U  entre  leurs  Sujets  refpeaifs ,  favoir: 
ue  chacune  des  Parties  fe  choifiroit 
eux  Arbitres  ;  que  fî  le  différent  con- 
;ernoit  des  biens  mouvans  du  Royau- 
nc  de  France^le  lieu  de  laMarche  feroit 
^ayerne  ;  &  que  lî  le  différent  concer- 
loit  des  biens  mouvans  du  Duché  de 
Vlilan,  le  lieu  de  la  Marche  feroit  l'Ab- 
)aye  de  Poillan  :  en  cas  que  les  Arbi- 
:res  viniTent  à  Te  partager  dans  leur 
Sentence  ,  le  Demandeur  devoit  de- 
tîiander  un  fur-Arbitre,  qui  feroit  cIiqî- 
0  iij  Û 


214     Livre  Neuyie'me. 
1^x6,     fi  dans   les  Ligues  Grifes  ,  ou  dans  le 
païs  de  "Valais.  Les  AGTociés  des  Suiffes, 
l'Abbé  de  St.  Gaîl,  ayecla  Ville  du  mê- 
me nom  &  celle  de  Mùlhaufen  ,  qui 
avoient  été  reçus  l'année   précédente 
dans  l'affociation  de  la  Confédération 
furent  compris  dans  ce  Traité  avec  lei 
trois  Ligues  Grifes  &  le  Vaiais. 
DifiinC'     1^  f^^^  ^^^^  diftinguer  en  Suifle  le 
tion  entre  hSocié^Socii^    des   Alliés    Confusâerati 
^^!,  4^"  Les  premiers  ont  féance  dans  les  Diet 
^Alli^ à    ^^^  ordinaires,  &  font  partie  du  Corp 
&ni^^K     d^s  Cantons  :  tels  font  WAhhé  de  St,  Gd 
la  Fille  du  même  nom  i    Mulhaufen\   qt 
depuis  raniç8^5  que  les  Cantons  C^ 
tholiques  renoncèrent  à  fonAllianct 
n'eft  plus  Confédérée  qu'avec  Zurich 
Berne  ,  Baie  &  Schafhaufe  ;  &  Bimm 
qui  fans  avoir  d'Alliance  générale  ave 
le  Corps  Helvétique  a  été  mêlée  detou 
te  ancienneté  dans  les  affaires  de  la  Suii 
fe  par  les  liaifons  étroites  avec  les  troi 
Villes  de  Berne ,  Fribourg  &  Soleure 
&  l'attachement  particulier   qu'elle 

tOÛJQUI 


Livre  Neuvis'me.  2if 
toujours  témoigné  à  Berne  ;  auffi  fut-  151^. 
elle  comprife  dans  Tillliance  avec 
Louis  XIL  de  l'an  1499  -.  dans  celle 
lavec  François!  de  1531,  &  dans  les 
fuivantes  :  Elle  eft  auffi  comprife  dans 
îles  Défenfionals  de  1^47  &  166^. 
Rothvveil  dxoit  été  reçu  en  1^19,  com- 
me Aflbcié,  fon  Alliance  ne  fubfifte 
plus  aujourd'hui. 

Les  Alliés  des  Suiffes  font  en  Confé- 
dération avec  tout  le  Corps ,  ou  avec 
des  Cantons  en  particulier.  Les  Ligues 
Grifes  &  ie  Falais  font  Alliés  avec  tout 
le  Corps,  Genève  Se  la  Comté  de  Neuf^ 
châtel  ne  font  Alliés  qu'avec  des  Can- 
tons particuliers.  Genève  depuis  Pan 
1558-  avec  Berne,  &  depuis  1584,  svec 
Zurich.  Nenfchâtel  outre  fa  combour- 
geoifie  avec  Berne,  eil  en  Alliance  avec 
Lucerne,  Fribourg  &Soleure. 

Nous  terminerons  cette  Hiitoire  de 
la  Confédération  Helvétique  par  un  dc-^ 
tail  abrégé  de  l'Hiftoire  de  fes  Confédé- 
rés &  Alliés ,  pour  achever  le  Tableau 

m  d'un^ 


2iS     Litre  Neuvîe' me; 
ïf  i^,     d'une  Confédération  ,   qui  s'eftfi  heu- 
reufement  foutenuë,  malgré  la  diverfité  j 
apparente  de  fes  intérêts  &  la  bigarure 
de  fes  gouvernemens.    Quoiqu'elle  ait  l 
paru  fouvent    s'écarter  des    principes 
d'une   Politique    réfléchie  ;  la  fageffe 
&  le  bon  fens  ,  qui  font  le  caradère 
eflentiel  de  la  Nation  ,  l'ont  toujours!  j 
ramenée  à  fes  vrais  intérêts,  &  ont 
tellement  affermi  fa  Conftitution  ,  que 
la  Suiffe  renferme  aujourd'hui  l'un  des 
plus  heureux  peuples  de  l'Europe, 

Fin  du  Newuiime  Livre^ 


HISTOIRE 


(317) 


HISTOIRE 


DE    LA 

CONFÉDÉRATION 

HELVETIQUE. 


LIVRE    DIXIE'ME- 

H'    '  T  IK^  premier  rang  entre  les  Ai-  as  St. 
^iS..        ^^  fociés  des  Suiffes.   St,  Gall  ^^'^^^ 


^^^ia^'^^  bâtit  environ  Pan  620,  une 

Cellule  près  du  Lac  Acronique.  {d).  Ses 

Diicipîes 

(a)  Rhegino^  Mar:  Sconis.  Herm:  cou- 
tra&ns ,  Si^eb:  Gsmblac» 


2îg  Livre  Dix  î  e'me. 
Diiciples  fe  multiplièrent  beaucoup  a- 
près  fa  mort  &  formèrent  un  Pvlonaflè- 
re  Régulier.  Pcpin  fils  de  Charles  Mar- 
tel Périgea  en  Abbaye  &  établit  0ht- 
mar  pour  premier  Abbé.  Othmar  reçut 
la  Règle  de  St.  Benoît.  Cette  Maifon 
fut  richement  dotée  par  la  Nobîeffe  de 
la  Tliurgovie  ;  les  Chartres,  que  le  Père 
Hergott  d.  publiées,  remontent  à  Pan 
744.  L'Abbé  Ulrich  de  Hohcnfax  fut 
élevé  à  la  dignité  de  Prince  du  St.  Em« 
pire  par  PEmpereur  Philippe  Pan  1204- 
ces  Abbés  font  Souverains  d'un  beau 
diftria  de  païs  au-deffus  du  Lac  deCon- 
ftance,  dans  lequel  on  compte  pîufieurs 
petites  Villes ,  comme  Goifau  ,  Rof- 
chach,  BernhardszellL  Romishorne  & 
Wyl  Ils  ont  auffi  la  baffe  jurifdiction 
fur  la  plus  grande  partie  du  Rheinthaî. 
En  14^8  PAbbé  Ulrich  Rôfch  acheta 
la  Comté  de  Toggenbourg  du  Baroii 
Petermann  de  Raren  :  les  fenchifes 
dont  les  ïoggenbourgeois  fe  préten- 
dent eojoûillance  ont  excité  dans  di- 
vers 


L  IVRE  D  I  X  ie'me.        219 

vers  tems  des  démêlés  en  SuifTe.  Ce^ 
peuples  font  combourgeois  de  Sch- 
v/eitz  &  de  Claris  depuis  l'an  1436. 
L'Abbé  Ulrich  entra  dans  la  même 
conibourgeoifîe  ;  fon  prédéceOeur  Gaf- 
pard  de  Landenberg  s'étoit  déjà  allié 
précédemment  en  1451  avec  Zurich, 
Lucerne  Schweitz  8c  Claris ,  qui  en- 
voient alternativement  dans  ces  païs 
un  Officier  fous  le  Nom  de  Landshaupu 
mann  ,  qui  réiide  à  Wyl ,  &  qui  eit 
comme  rAdvoùé  des  peuples  &  parti- 
cipe à  la  jurifdiction  fifcale  fur  les  an- 
ciens Sujets  de  l'Abbaye.  Des  droits 
auffi  limités  &  auffi  compliqués  ont 
du  néceffairementcauferbien  des  trou- 
bles. La  paix  de  1718.  a  réglé  grand 
nombre  d'articles  litigieux;  il  refte 
celui  du  Militaire,  qui  eft  acluellcnient 
en  négociation. 

La  Fille  de  St,  Gall  doit  fon  orio-ine  La  Fille 
à  l'Abbaye;  elle  reçut  les  immunités  ^  J^^^'^'^ 
de  Ville  Impériale  de  l'Empereur  Ar- 
nolphe.  Les  ilbbés  y  avoient  confervé 

des 


v^ 


220  Livre  D  i  x  i  e'  m  e. 
des  droits ,  dont  la  Ville  s'cft  rache- 
tée petit  à  petit ,  fon  Alliance  avec  les 
SuifTes  eft  de  l'an  14^4. 
]^Q^  Les  Grifons  {a)  font  partie  de  Tan- 
Grifons.  cienne  Rhetie ,  qui  s'étendoit  fous  les 
Romains  depuis  le  Lac  de  Conie  jul- 
qu'au  Danube.  Les  frontières  des  Gri- 
fonsjdu  côté  de  l'Occident/ont  aujour- 
d'hui les  Cantons  d'Uri  &  de  Claris  ; 
vers  l'Orient  le  Tyrol  ;  au  Nord  le  païs 
de  Claris  &  la  Comté  de  Sargans,  l%  au 
Midi  l'Etat  de  Venife  ,  Bellinzone  & 
le  Milanois.  On  prétend ,  que  l'Evêché 
de  Coirc  fut  fondé  par  i'Enipereui: 
Confiance  {li)  :  Cependant  les  Cartu- 
laires  de  l'Eglife  ne  remontent  pas  au- 
delà  d'Afimon ,  qui  figna  au  quatrième 
Concile  de  Chalcedoine  en  4^1.  (c}. 
C'eft  environ  dans  ce  tems-îà,  que  les 

Allemands 


(a)  Le  nom  de  Grifons  vient  du  Latin 
Cani ,  dénomination  qui  doit  leur  venir  des 
Italiens. 

(b)  Gukr  Chron,  Rbet.  p.  4^. 

(c)  Id.p,  5<^. 


l'ivre  Dîxiè'me.  22Î 
Allemands  s'emparèrent  d'une  partie 
deîaRhetie;  l'autre  partie,  qui  porte 
aujourd'hui  le  nom  de  païs  des  Grifons 
j tomba  fous  la  puiflance  des  Odro- 
goths,  qui  firent  gouverner  cette  Pro- 
ivincepar  des  Ducs  (a).  Theodobert 
iRoi  d'Auflrafie  s'en  empara  environ  l'an 
539 ,  &  la  Rhetie  fut  confédérée  avec 
le  Duché  d'Allemanie.  On  voit  par  un 
Diplôme  de  Pan  890  fous  l'Empereur 
Arnolphe,  que  ce  païs  fe  nommoita- 
lors  la  Comté  de  la  Rhetie  Coirîen- 
ne.  (h).  L'Empereur  Otton  I.  &  Lu- 
dolphe  Duc  d'Allemande  donnèrent 
en  951  à  Hartbert  Evéque  de  Coire 
les  droits ,  qu'ils  avoient  dans  la  Ville 
de  Coire  ,  &  des  biens  confidérables 
dans  la  Comté  deîaRhetie,  avec  le 
droit  dépêche  dans  le  Wahlenfée,qu'on 
appelle  aujourd'hui  Lac  de  Walen- 
ftadt.  (c).    Les  Empereurs  Succefleurs 

d'Otton 


(a)  Cajjlodorel.  2,  (b)  Gukr  L  c.  ^.99» 
(c)  hkmp,  105. 


222       Livre  D  ixie'me. 
d'Otton  continuèrent  ces  largeffes.  Fri- 
derich  I ,  éleva  FEvêque  Eginon  à  la 
dignité  de  Prince  de  l'Empire  en  ii?^- 
00.  Les  Rhetiens  reftérent  fidellement 
attachés  à  Friderich  1 1  ,    &  reçurent 
en  récompenfe  des   Privilèges   &  des 
Immunités  confidérables ,    de    même 
que  la  Ville  de  Come  ,  qui  poffe doit 
alors  la  Valteline  ,    qui  paflat  bien-tôt 
après  fous  la  domination  des  Vifconti 
de  Milan  ,  comme  auffi  Bormio ,  Pe- 
feîat  &  Chiavenne.     On  prétend  qu'à 
cette  époque  plufieurs    des  Commu- 
nautés delaRhetie  reçurent  les  Immu- 
nités,    qui  ont  mis  le  fondement  & 
leur  ont  frayé  le  chemin  à  la  Souve- 
raineté ,  dont  elles  joùiiTent  préfente- 
ment.  Les  Comtes,   dont  les   princi- 
paux étoient  ceux  du  païs  de  Coire  , 
dont  defcendent  les  Comtes  de  Lentz- 
bourg,  ceux  de  Bregenz,  de  Montfort, 

de 

(a)  V.  Hcrgott  ^.  i%%. 


Livre  D  i  x  i  e'  m  h.  223 
de  Werdenberg  ,  de  Sargans ,  du  Ti- 
rol,  de^findeck,  deTafers,  de  Cleve, 
de  Realt  &  de  Mafox;  &  les  Barons  de 
Vatz,  d'Afpreniont:,  de  Metfch ,  de 
Razuns,  de  Sax  ,  de  Montait ,  de  Bel- 
mont  &c.  ne  dépendant  plus  que  de 
l'Empire  immédiatement  ,  depuis  que 
laRhetie  iie  reconnut  plus  l'autorité 
des  Ducs  d'Allemanie,  devinrent  peu 
à  peu  toutà  faitindépendans.  (a).  Con- 
radin  ,  qui  fut  décapité  à  Napîes  en 
12(^9,  fut  le  dernier  Duc  d'Allemanie. 
Rodolphe  de  Habsbourg  ,  qui  fut  in- 
vefli  du  Duché  de  Suabe  par  l'Empe- 
reur Rodolphe  fon  père  ,  ne  forma 
aucune  prétention  fur  la  Rhetie.  L'E- 
vêque  de  Coire  avoit  une  grande  auto- 
rité dans  le  païs  ;  ce  Prince  s'allia  l'an 
1282.  avec  TEvéque  du  Valais,  (h).  Il 
fit  en  141 9.  conjointement  avec  la  Vil- 
le de  Coire  la  première  Alliance  avec 

la 

(a)  Giiler  ih.  p.  139. 

(b)  Idemp,  143. 


224       Livre   Dixie^me. 
la  République  de  Zurich  pour  fr  ans 
Le  nom  de  Rhetie  fe  perdit  au  com- 
mencement du   i6^  fiécle,  lorfqueles 
différentes  Communautés  de  ce  païs , 
qui  fe  trouvoient  en  liberté  ,  s'aflbcié- 
rent  par  une  Confédération  régulière  8c 
perpétuelle  en  1^24,  &  formèrent  ainfi 
un    Corps  de  République.    Ça),   Les 
Communautés  s'étoient  affranchies  fuc- 
ceffivement  des  droits ,  que  leurs  Sei- 
gneurs particuHers  y  avoient  ;  &  en  a-- 
voient  acquis  par  droit  de  guerre  ou 
autrement  piufieurs   Villes  &  Provin- 
ces ,   qui   font  aujourdhui  fujettes  de 
l'Etat  :  C'eft  ainfi  que  les  Rois  de  Fran- 
ce ont  cédé  la  Valteline  &  la  Comté  de 
Chiavenne  en  1515  aux  Grifons;  & 
que  la  Ligue  des  10  Droitures  a  ache- 
té des  Comtes  de  Soultz  la  Ville  de 
Meyenfeld ,  que  ceux-ci  tenoient  des 
Barons  de  Brandis. 

Les 


(a)  Sîmier  ds  Repik  Helv,  edit,  Fnef* 
Un  p,  I4f. 


Livre  Dixîe'me.  22f 
Les  Grifons  font  divifés  en  trois  Li- 
gues, La  première  efl:  la  Ligue  Hauts 
ou  Caddée ,  compofée  de  19  Commu- 
nautés ;  La  Ligue  Caddég  cft  compo- 
fée de  21  Communautés,  &  la  Ligue 
des  dix  Droitures  de  10.  Chaque  Com- 
munauté outre  fa  jurifdidion  civile  & 
criminelle  ,  qu'elle  exerce  fans  apel  , 
jouit  de  fes  propres  Loix  &  Ufage^. 
Le  gouvernement  y  eft  démocratique  : 
celui  de  la  Ville  de  Coire  eft  mixte. 
L'autorité  fupréme  réfide  dans  la  Diet- 
te  générale,  qui  eft  compofée  des  Dé- 
putés de  toutes  les  Communautés.  On 
y  porte  les  intérêts  de  tout  le  Corps  , 
les  Alliances  &  ce  qui  regarde  les  fujets 
communs  &c.  Les  affaires  s'y  décident 
à  la  pluralité  des  fufFrages»  à  teneur  des 
infirudions ,  que  chaque  Communau- 
té donne  à  fes  Députés, 

Les  différents  que  les  Ligues  Haute 
8c  Caddée  eurent  avec  le  Tirol  les  en- 
gagèrent à  fe  joindre  aux  fept  Cantons 
en  1497.  par  uuq  Alliance  perpétuelle. 
//.  Par^.  P  Les 


â2(^  Livre  D  i  :g  i  e'  m  ê. 
Les  Grifons  défendirent  leurs  frontiè- 
res dans  la  Guerre  de  Suabe  avec  beau- 
coup de  valeur ,  &  furent  mêlés  en- 
fuite  dans  toutes  les  affaires  des  Suiffes 
en  Italie.  Ils  n'envoyenÉ  point  de 
Députés  aux  Diettes  des  Cantons.  Leur 
première  Alliance  avec  la  France  eft  du 
24  Juin  1509.  Ils  font  compris  dans 
la  paix  perpétuelle  de  151e*. 

Le  Valais  eft  borné  à  l'Orient  par  le 
Le  Va^  Canton  d'Uri,  au  Mi^i  par  le  Milanois 
hîs*  &  la  Savoye  ,  au  Couchant  &  au  Nord 

par  le  Canton  de  Berne.  Le  Rhône 
prend  fa  fource  à  l'extrémité  de  ce  pais, 
&  le  traverfe  dans  toute  fa  longueur- 
On  comptoit  trois  peuples  dans  cette 
contrét:  h^s  Lepontii  Vihsri ,  les  Heâunî 
&  les  Veragri  Le  nom  de  Fakfia  eft  an- 
cien; on  le  donna  à  tout  le  païs  dans  le 
moyen  âge.  Ses  Evéques ,  qui  fignérent 
au  Concile  à'Epone  (à)  &  au  cinquiè- 
me 


(a)  Les  Savans  fe  font   donné  bien  des 
peines  pour  fixer  Is  lien  de  ce  Concile ,  quife 

fint 


Livre  Dixib'me.  227 
me  d'Orléans  ,  fe  nomment  Evêques 
à'O&odurum  F'aliyifanorum  (a)  ;  &le  Li- 
vre des  Provinces  déiîgne  OBodurum 
par  une  Ville  du  Valais,  Civitatem  FaU 
îenfium  (b). 

LaMorge  fépare  le  haut  du  bas  Va- 
lais :  le  haut  Valais  eft  Souverain  du 
bas  ;  il  eft  partagé  en  fept  Dizains  ou 
Départcmens ,  qui  ont  chacun  leur  ju- 
rifdiclion  particulière,  dont  on  peut 
apeller  à  rAflemblée  générale  (c).  Six 
de  ces  Dizains  fe  gouvernent  démocra- 
tiquement 


tmf  fous  le  Règne  du  Roi  Sigifnumd  de 
Bourgogne  vers  la  fin  du  S^  fié  de.  Pierre  de 
la  Lande^  au  raport  de  Labbeus  in  not  : 
ad  Concil:  Epaonens,  prémidoit  ^z^'Epon 
(ivoit  été  une  ancienne  F  aroîffe  de  St,  Mau^ 
rice;  ^  Mr.  Briquet  dans  un  Traité  par ^ 
ticulier  imprimé  à  Lion  en  1741  confirme 
cette  conje&ure,  vid:  Leu  Helvet:  Lexicon^ 
voce  Epaona. 

(a)  Aujourdhiiî  3Iarti^ny. 

(b)  Simleri  Falefm  inybsf:  Hift  :  HtU 
vet:  p.  7. 

(c)  Idem  l  c.  p.  9. 


%2%  Livre  Dixie'me, 
tiquement ,  la  Ville  de  Sion,  qui  fait  le 
feptiéme,  forme  une  Ariftocratie.  Cha- 
que Dizain  envoyé  des  Députés  à  PAf- 
femblée  générale  du  païs.  UEvéque  de 
Syon  prélîdc  à  ces  Affemblées  ;  le  pre- 
mier Magiftrat  du  païs  fe  nomme  Ca- 
pitaine général,  &  eft  élu  par  l'Evêque 
&  les  Députés  des  Dizains  dans  l'Af- 
femblée  générale  ;  on  y  nomme  pareil- 
lement aux  Magiftratures  du  bas  Va- 
lais, 

L'Evêché  de  Syon  eft  le  plus  ancien 
de  la  Suiffe ,  fi  Ton  en  croit  la  tradi- 
tion 00»  L'ildvocatie  de  cet  Evéché  fut 
donnée  en  1 1^7.  par  l'Empereur  Fride- 
rich  I  à  Berthold  Duc  de  Zaringue ,  ce 
qui  prouve,  que  les  Evêques  n'avoient 
alors  aucune  autorité  civile  dans  le 
païs.  CePrince  fut  obligé  d'y  maintenir 
l'autorité  Impériale  par  la  force  ;  après 
rextindion  de  cette  Maifon,  les  Com- 
tes 

(a)  Simkr.p,  26, 


Livre  D  i  x  i  e'  m  e.  229 
tes  de  Savoye  s'y  arrogèrent  des  droitb\ 
(fl).  Il  faut  cependant ,  qu'ils  ne  fe 
foient  pas  maintenus  long- te ms.  Les 
Evéques  de  Syon,  qui  prétendoient 
d'exercer  les  droits  d'Advocatie  dans  le 
païs ,  fous  le  nom  de  Préfet  8c  Comte 
du  Valais ,  titre  qu'ils  doivent  tenir  de 
Charlemsgne  ,  ont  cherché  dans  divers 
tems  à  étendre  leur  autorité.  Les  Va^ 
îaifans,  qui  avoient  déjà  combattu  pour 
leur  liberté  fous  les  Ducs  de  Zâringue, 
s'y  étoient  maintenus  contre  les  Evé- 
ques. Les  Barons  de  la  Tour  &  de  Ra- 
ren  ,  puiffants  dans  ces  quartiers  y  leur 
cauférent  de  l'ombrage  ;  ces  familles 
furent  chafTées  du  païs  »  &  l'Etat  de 
liberté  des  Valaifan^s  fut  affuré. 

Le  bas  Valais  étoit  fous  la  domina- 
tion des  Comtes  de  Savoye.  Rodolph 
d'Afperling,  un  cadet  de  la  famille  deRa- 
ren,  repéta  l'héritage  de  fa  Maifoii,  &  fe 
mit  fous  la  protection  de  Jeanioûk 

de 


(a)  Simkr,  p,  2^', 


230  Livre  Dixie'me. 
de  Savoye  Evêque  de  Genève ,  &  de  la 
Dux:hefre  de  Savoye.  L'Evêque  entra 
avec  igooo  homes  dans  le  haut  Valais, 
prit  la  Ville  de  Syon  &  battit  les  trou- 
pes, que  les  Valaifans  lui  avoient  opo- 
fées.  Les  Suiffes  étoient  alors  en  guer- 
re avec  le  Duc  Charles  de  Bourgogne^ 
Berne ,  Fribourg  &  Soleure  envoyè- 
rent 3000  hommes  au  fecours  du  Va- 
lais ,  avec  lequel  ils  venoient  de  con- 
trarier une  Alliance  défenfive  ;  l' Evê- 
que fut  repoulTé,  &  les  Valaifans,  pro- 
jStant  de  leur  vidloire,  s'emparèrent  de 
tout  le  bas  Valais  ,  &  démantelèrent 
toutes  les  places  fortes  ,  qui  s'y  trou- 
voient  {a).  Les  Valaifans  firent  enfuite 
une  Alliance  perpétuelle  avec  Berne  > 
qui  fut  renouvellée  en  1^43.  Ils  font 
auflî  en  Alliance  avec  les  VII.  Cantons 
Catholiques,  Lucerne,  Uri,  Schweitz, 
Underwalden  ,  Zug  ,  Fribourg  &  So- 
leure. La 


(a)  Simler.p*  3  a. 


Livre  Dixîe'me.  231 
La  Ville  de  Miilhmfsn  eft  fituée  dans  Mulhau^ 
le  Suntgau  fur  la  rivière  d'ill  Son  Al-P^' 
liance  avec  les  XIII  Cantons  eft  de 
1^15:.  Les  Cantons  Catholiques  renon- 
cèrent à  cette  Alliance  ep  i58<^3&  n'on^ 
jamais  voulu  depuis  ce  tems-là,  permet- 
tre à  Mûîhaufen  l'entrée  aux  Diettes  ° 
En  voici  le  fujet.  Deux  frères  Fyninger 
formoient  des  prétentions  fur  une  pe- 
tite forêt  fituée  dans  la  jurifdidion  de 
Sebaftien  Ze-Rhin  ,  &  citèrent  le  pof- 
fefleur  ,<  qui  étoit  un  de  leur  combour- 
geois  ,  devant  ce  Gentilhomme  ;  le 
Bourgeois  de  Mûîhaufen  prétendit  , 
'qu'on  ne  pouvoit  former  adion  con- 
tre lui,  félon  les  Conftitutions  de  Mûî- 
haufen ,  que  par  devant  leur  Magiitrat 
commun.  Le  Magiftrat  lui-même  folli- 
cita  les  Fyninger  à  cela  ;  ils  le  refufé" 
rent  &  allèrent  fe  plaindre  à  la  Diette 
d'un  déni  de  jufîice.  Les  VII  Cantons 
Catholiques  envoyèrent  le  Landaman 
Taiier  d'Uri,  &lc  TrèforierBûehler  de 
Schweitz,  à  Mûîhaufen  pour  protéger 
^  -ks. 


232      Livre  D  i  x  i  e'  m  s. 

les  deux  frères  :  mais  ceux-ci  fe  com- 
portèrent û  mal  envers  leurs  Supé- 
rieurs ,  que  le  Magiftrat  les  fit  faifir  & 
jetter  dans  les  prifons.  LesCantonsCa- 
tholiques  fe  ttouvérent  fi  offenfés  du 
peu  de  cas  ,  qu'on  témoignoit  faire  de 
la  proteftion  qu'ils  avoient  accordée 
aux  Fyninger ,  qu'ils  renoncèrent  à 
l'Alliance  de  Mùlhaufen. 

Êienne  ^^  ^^^^^  ^^  Sienne  eft  fituée  dans  l'an- 
cien diftria  delà  Comté  de  Bargen,  & 
doit  avoir  tenu,  déjà  dans  le  moyen  âge, 
un  rang  confidérable  ,  puifqu'on  lui  a- 
voit  attaché  le  droit  de  Bannière  fur 
plufieurs  contrées  voifines.  (f).  L'Al- 
liance 


(f)  Cellarius  ^r^/f?7/i  3  que  Bienne  oc- 
€upe  le  local  de  f  ancien  Petinefca  de  ri^ 

tiyieraire  d'Antoniyi  ^  des  Tables  Theodofi* 
nés,  Tichudi  in  Defcript:  vet  :  Helï  : 
Mfc.  croi^  que  c'ejl  Buren.  Le  fentimey.-^ 
du  feu  Commi (Taire  Gau  d  a  rd  ,  r^por^^'  par 
Plantin  in  Helv  :  ant  :  &  nova ,  qiCii 
faut  chercher  cette  Fille  dans  la  Comté  d^ 
Nidait  entré  Jens  ^'  Schwadernau  prés 


Livre  DixIe'me.  235 
liance  que  le  Maire ,  Confeil  &  Com- 
mun de  Bienne  ,  contradérent  en  1331^ 
avec  Rodolphe  Comte  de  Neafchâtel, 
en  marque  l'étendue.  (*).  Cette  Ville 
a  obtenu,  en  difFérens  tems,  des  privilè- 
ges des  Empereurs  ;  comme  de  Rodol- 
phe 

dhin  village  nommé  Tribey  ,  e/î  pins  vrai-^ 
femblable.  Au  Nord  de  cet  sndroit^  il  y  a  une 
colline  qiCon  nomme  /f  Jensberg,  au  militii 
de  luquslle  s'élève  une  ém'mence  qiCon  nom^ 
Wc  Knebelsburg,  de  laquelle  on  a  tirade^ 
puis  peu  quantité  de  pièces  de  décomhrs.  On 
découvre  de  ce  lieuIPIorat  ç^Soleure  ^  tou^ 
te  la  voye Romaine,  qui  parte  encore  aujour^ 
d'hui  le  nom  de  Hochftrat.  J^ai  reînarqué 
même  fur  cette  colline  bien  des  traces  d^vms 
anciemie  Ville  ,  qui  me  font  croire  ,  que 
Petinefca  étoit  plutôt  placé  fur  cette  émi- 
vence  ,  que  dans  la  plaine. 

(*)  .yPromittejites  juramento  nojîro  cor-- 
^^poralitér  preflito  pro  nobis&  nafris  bere- 
j^dibus,  predictis  videlicet  BurgenfÂms  di&î 
^^oppidi  de  Beylo  ^  etiain  his  cf-ii  fimt  ad 
^^corum  veùtillumjpe&antes  ^pertinentes  , 
^^utpote  au  s  de  Beyùerlon ,  de  Meyiisbevg , 
^^de  valle  St.  Imerii ,  ^  n  for  ami  ne  Byr-* 
^^pertos  furfmn  ufque  ad  rivum  de  Thyk^ 


S54  Livre  Dixte'me. 
phe  en  127^  ,  d'Adolphe  en  1297  &c. 
Nous  avons  déjà  raporté  ,  comment 
les  droits  de  PEmpire  pafférent  aux 
Evêques  de  Bâle.  (a).  Ces  Princes  de 
leur  côté,  ont  accordé  beaucoup  d'Im- 
munités à  laVille  deBienne.  Elîefe  gou- 
verne par  elle-même,  fous  la  préfidence 
du  Maire  ,  que  le  Prince  établit.  (^). 
La  Mairie  de  Bienne  fut  retrecie  en 
13^5' ,  lorfque  la  Neuveville  fut  déta- 
chée de  fon  reffort  ;  elle  perdit  en  mê- 
me tems  la  Bannière  fur  la  montagne 
de  Diefle ,  qui  fut  conférée  à  la  Neu- 
veville. Ce  droit  de  Bannière  de  Bienne, 
a  fait  de  tout  tems  rechercher  l'Allian- 
ce de  cette  Ville  avec  empreffement 
Ses  Traités  avec  Berne  font  les  plus  an- 
ciens ;  les  Alliances  de  1278,  i3o<5  &:c. 
furent  enfin  converties  en  une  Alliance 

perpétuelle 

(a)  Liv.  2.  p.  y^'fiq- 

(b)  Le  Traité  de  \6io  a  fixé  les  homes 
as  s  droits  rcfpe&ifs  du  Prime  &  ds  la 

FiUs,  ■ 


Livre    Dixie'me.      2,^^ 

jperpétuelle  en  l'année  131^2.  Celle  avec 
Soleureeft  de  l'an  138^,  &  avec  Fri- 
bourg  de  149^.  Ces  Alliances  ,  &  les 
Services  que  Sienne  a  rendus  en  tout 
tems  au  Corps  Helvétique ,  ont  mérité 
à  cette  Ville  le  rang  d'Affbciée  des  Suif- 
fes,  &  une  place  dans  leurs  Diettes;  Se 
elle  a  été  comprife  comme  telle  dans 
toutes  les  Alliances  avec  la  France. 

La  Ville  de  Genève  étoit  ancienne-  Genève. 
ment  une  Ville  des  Allobrogcs,  Les  Au- 
teurs du  moyen  âge  la  nomment  Csym^ 
hum  ,  Janoha  ,  Janua  ;  mais  plus  com- 
munément Gehena  (a).  Les  Bourgui- 
gnons s'en  rendirent  maîtres  au  com- 
mencement du  5'  fiécle.  Sur  la  foi  d'u- 
ne Infcription,  que  Simler  raporte  (0» 
le  reOTort  de  fon  Evêclié  s'etendoit  dans 
ce  fiécle  jufqu'à  Soleure  ;  dans  les  fui- 
vans 


(a)  Spon  Hijl:  de  Genève,  erh  J?  1730. 

(b)  Simier  ch  Repiih:  Helvet  :  sa:  Fit^ 
lin.  /.  i.p.  109. 


23^       Livre    D  i  x  î  e'  m  f. 

vans,  fes  limites  du  côté  de  l'Helvetie 
étoit  PAubonne.     Genève  paflfa  enfui- 
te  fous  la  domination  des  Francs,  &  fit 
partie,  après  la  mort  de  Charles  le  Gros 
en  88 8>  du  troifiéme  Royaume  de  Bour- 
gogne. Les  Comtes  de  Genève  rendi- 
rent, fous  ces  Princes,  leur  autorité  hé-  ^ 
réditaire.  L'Empereur  Conrad  fut  obli- 
gé de  foumettre  le  Comte  Gerold  par 
la  force  ;  ce  même  Gerold  prêta  hom- 
mage à  l'Empereur  Henri  à  Soleure  en 
1045.  Son  fils  Robert  chercha  à  fe  ren- 
dre indépendant ,  ce  qui  engagea  les 
Empereurs  à  remettre  les    droits  de 
l'Empire  entre    les    mains    des  Eve- 
ques  (a).    Ces  Prélats  eurent  des  diffi-1 
cultes  continuelles  avec  les  Comtes,! 
qui  prenoient ,  au  commencement  du 
12*  fiécle,  le  titre  d'Advoué  de  l'EgUfe 
de  Genève.    Les  Ducs  de  Zâringue  > 
qui  en  avaient  obtenu  la  Souveraine- 
té 


'^a)  SpQu  f.  79.  L  c,  in  yioîiSt 


Livre    Dixïe^me.        237 

é  ,  l'avoient  cédée  au  Comte  ;  l'Em- 
lereur  Frideridi  remit  l'Evêque  dans^ 
^s  droits  en  ii6"2,  &  fixa  ceux  du 
"omte,  qui  devoit  fe  reconnaître  Vaf- 
û  de  TEglife  pour  ce  qu'il  tenoit  dans 
i  Ville.  Âmé  V.  Comte  de  Savoye  ob- 
int  par  le  Traité  de  l'an  1290  le  Vido- 
aat  de  Genève  00  :  Amé  VI  Comte 
e  Savoye  fut  gratifié  ,  de  l'Empereur 
;)l.iarles  IV  en  i3<?f,  du  Vicariat  de 
Empire  dans  ces  païs  (^.)  mais  TAfte 
n  fut  révoqué  à  la  requifîtion  de  la 
îourgeoifie  de  Genève  (c)  :  Cependant 
lès  que  les  Princes  de  cette  Maifoii 
urent  des  droits  dans  la  Ville  ,  ils 
;herchérent  à  les  étendre  par  toutes 
brtes  de  moyens.  Ik  avoient  acquis  la 
îaronie  de  Gex,  de  Hugue  de  Joinville, 
k  le  Comté  de  Genevois  d'Odon  de 
Villars  en  1401  ;  par  ce  moyen  ils  é- 

toient 


(a)  IJ.  Spon  p.  122.  in  not, 
<b)  Il  /^.  i^i.  Cc)Up,  1^% 


2,38       Livre  Dixie'ms. 
toicnt  maîtres  de  tout  le  païs   autour 
de  Genève: Les  Evèques, pour  fe main- 
tenir, accordèrent  des  droits  confîdéra- 
bles  à  la  Ville,  qui  fut  prifefous  la  pro-j 
tedion  de  l'Empire  par  l'Empereur  Si- 
gifmond  (a).  L'Evêque  Jean-Louis  de 
Savoye  &  laViile  firent  en  1478  Allian- 
ce avec  les  Cantons  de  Berne  &  de  Fri- 
bourg  (Z').    Les   tentatives  du  Duc 
Charles  III  fur  la  liberté  de  Genève | 
l'engagèrent  à  contrader  une  Alliance  i 
particulière  avec  Fribourg  en  KT9.  Lc|| 
Duc  afifemblafept  ou  huit  mille  homci 
autour  de  St.  Julien,  &  déclara  la  guer 
re  a  la  Ville  ;  Le  Canton  de  Fribourg 
luifitconfeiller  de  s'accommoder  avec 
leDuc;  on  ouvrit  les  portes  à  ce  Prince 
il  les  fit  abbattre  ,  Se  entra  dans  la  Vil 
le  Comme  en  triomphe  tout  armé,  nré 
cédé  de  fonPage  Jsan-Jaques  de  Wat 
tcfille  qui  portoit    fon  cafque.    Le 

troupe  ^ 
— ,„  „  ,  ,  ,    .  -  ^-1  1,1,       -      .  .'         — 

(a)  U  Sponp.  17;.   (b)  W.  ^  S08. 


Livre   Dixîe'me,       259 

troupes  du  Duc  commettant  beaucoup 
de  défordre  dans  laVille,  la  République 
de  Fribourg  y  envoya  une  Enfeigne  ^ 
qui  fut  groffie  par  nombre  de  Vo- 
lontaires, qui  s'avancèrent  jufqu'à  Mor- 
ges.  Les  autres  Cantons  s'étant  entre- 
mis on  convint,  que  le  Duc  retire- 
roit  fes  troupes  de  Genève  ,  que  les 
Fribourgeois  rentreroient  chez  eux' 
&  que  l'Alliance  avec  Fribourg  feroit 
annullée.  Mais  le  Prince  ayant  conti- 
nué fes  vexations  contre  tous  les  Ci- 
toyens qui  défendoient  la  liberté  de  la 
Ville ,  Berne  &  Fribourg  la  reçurent 
dans  leur  Alliance  le  21  Février  172^ 
(a).  Le  Vidomat  fut  aboli  en  1529,  du 
confentement  tacite  de  l'Evêque  Pierre 
de  la  Baume,  qui  avoit  quitté  Genève 
au  commencement  des  troubles  :  mais 
ce  Prélat  inconftant ,  étant  rentré  dans 
les  intérêts  du  Duc,  lesGenevois  avec 

le 

(a)  IJ.  Sponp.  314:  feq. 


^40  Livre  Dixîe'me. 
le  recours  des  Bernois  s'affranchirent  en- 
tièrement en  i53<^  de  tous  les  droits, 
que  l'Evêché  a  voit  en  Ville  (a).  Genève 
ayant  reçu  la  Réforniation  en  1533. 
Fribourg  renonça  à  fon  Alliance  ;  celle 
de  Berne  fut  rendue  perpétuelle  le  9 
de  Janvier  iSS'è-  Zurich  y  entra  le 30 
d'Août  i^84«  Son  premier  Traité  avec 
la  France  efl  de  l'an  1^79  {h).  Cette 
République  jouit  de  tous  les  avanta- 
ges, que  cette  Couroiie  a  accordés  aux 
Suiffes  :  mais  malgré  les  prefTantes  fol- 
Kcitations  de  fes  Alliés,  le  Corps  Helvé- 
tique n'a  jamais  voulu  la  recevoir  au 
nombre  de  fes  Affociés. 
Neuf'^  Là  Principauté  de  Netifchâtd  a  les 
châteL  terres  de  l'Evêché  de  Baie  &  de  la 
montagne  de  Dieffe  à  l'Orient  ,  le  Lac 
deNeufchâtel  &  la  Thiele  au  Midi , 
leBalliage  médiat  de  Grandfon  &  la 
Franche  Comté  à  l'Occident ,  &  cette 

même 

(a)  Id.  SpGJî  p.  734- 

ih) Léonard  Traités  I\  4.  ^.  i. 


Livre  Dixie'me»  241 
tnême  Franche  Comté  au  Nord*  On 
prétend  que  la  Ville  de  ce  nom  fut  bâ- 
tie par  rÈmpereur  Conrad  le  Salique 
environ  l'an  1034,  C^\  Ce  difirid  étoiC 
compris  dans  Pancienne  Comté  de  Bar- 
gen.  La  Ville  de  Nugerol,  qui  y  te- 
noit  un  rang  confidérable  ,  puifque 
non-feulement  elle  a  donné  fon  nom 
au  Lac,  qu'on  nomme  aujourd'hui  de 
Nidau  ou  de  Bienne ,  mais  à  toute  la 
côte  (^) ,  peut  bien  avoir  été  l'ancien 
Noidemlex ,  dont  le  livre  des  Provin* 
ces  fait  mention*  Cnichemn  (c)  rapor* 
te  une  Chartre  du  dernier  Roi  Rodol* 
phe  de  Tan  1016^  qui  donne  des  terre$ 
à  un  nommé  Amifo  dans  la  Comté  de 
Bargen  ou  Vallée  de  Nugerol ,  du  con- 
fentement  du  Comte  Bertholde ,  &  da 

Comte 

(a(  Mfc:  del'Hifl  :  de  Neufchàtd  ^  qui 
tn^a  été  communiqué  par  Mr^  Peter* 

(b)  Voyés  les  Chartres  des  années  9^7^ 
1040.  107^* 

(c)  r*  3,/7,4. 

lUFarK  d 


24^  Livre  Dix ie' ME' 
Comte  Cuono  &  de  fes  fils  CaX  Cç 
Comte  Bertholde  étoit  vrai-femblable- 
ment  le  Père  du  Due  Rodolphe,  qui 
coiifentit  avec  fon  iils  Bertholde  à  la 
fondation  du  Monaftère  de  Rueggif- 
berg  dans  la  Comté  de  Bargen  ib\ 
Conrad  fils  de  Bertholde  prit  le  premier 
le  nom  de  Zaringue»  On  voit  par  un 
Ade  de  ii%i  ic) ,  que  Bertholde  fils 
de  Conrad  confentit  à  un  échange  eii 
faveur  d'Ulrich  de  Neufciiâtel*  Tout 
cela  prouve ,  que  les  Zâringue  exer- 
coient  dans  ce  diftrici:  le  Vicariat  de 
l'Empire  ,  comme  dans  le  refte  de  la 
petite  Bourgogne^ 

Les  Comtes  après  Textindion  de 

cette 

(a)  Cette  Chartre  efi  donnée  à  Pinpin- 
ningis ,  ({ue  le  célèbre  Schœpflin  croît  êtrt 
Pipp  :  mais  le  Cartulaire  de  Laufanne ,  qui 
eft  de  1228,  nomme  Bumplitz  prés  de  Berne  j 
Finpjnnant  5  c^efl  le  Finpimingis  de  cettt 
Chartre^  ■ 

(b)  Chartre  de  10  jS^. 

(e)  Apud  HergottfoU  I94* 


Livre  Dixi  e'me^  S43 
cette  Maifon  de  Zâringue  redevinrent 
Vaflaux  immédiats  de  l'Empire'.  Ulrich, 
dont  nous  venons  de  parler ,  laifla  trois 
fils ,  Rodolphe ,  Ulrich  &  Berr holde 
EvêquedeLaufanneen  121  u  &  enfui- 
te  de  Bâle*  Rodolphe  eut  Bertholde , 
qui  partagea  en  123 1*  les  terres  de  la 
Comté  avec  Rodolphe  fon  coufin  & 
fes  frères ,  qui  étoient  fils  d'Ulrich  ,  & 
qui  formèrent  les  branches  de  Nidau , 
d'Arberg ,  &  de  Valengin.  Bertholde 
eut  trois  fils,  Rodolphe,  Hermann  & 
Henn\  Rodolphe  fut  père  d'Ame  & 
grandpére  de  Rodolphe,  qui  en  1288* 
fe  reconnut  Vaffal  de  Jean  de  Châloa 
Seigneur  d'Arlay ,  pour  Neufchâtel  feu- 
lement ;  le  Val  Travers  étant  un  an-' 
cien  fief  de  Bourgogne.  Louis  le  fils 
de  Rodolphe  reprit  ce  fief  de  Jean  II. 
de  Châlon  en  1 357.  exceptant  le  Lande^ 
ron  acquis  de  l'Abbé  de  Tlsle  de  St.  Jean, 
item  Greffier  &  la  Mairie  de  Ligniere 
acquife'pâr  une  décifion ,  que  Leopold 
Archiduc  d'Autriche  rendit  en  1 3 1 6^  en- 
Ci  ij  tre 


244-  JLiVRE  Dixième 
tre  Rodolphe  Comte  de  Neufchâtel  & 
TEvêque  de  Bâle  (/?),  Louis  ne  laifla 
que  deux  filles,  Ifabelie  &  Verenne; 
cette  dernière  époufa  Egon  Comte  de 
pribourg  :  Ifebelle  héritière  de  Neuf- 
châtel, époufa  Rodolphe  Comte  de 
Kidau  ,  arriére-petit-fils  de  celui  qui 
forma  cette  branche  ,  il  fut  tué  en 
J37S*  devant  Buren ,  fans  laiffer  d'en- 
fens,  Ifabelie  mourut  en  i39^^  après 
avoir  inftitué  pour  fon  héritier  uni* 
yerfel  Conrad  de  Fribourg  fon  neveu* 
Ce  fut  fous  ce  Conrad ,  que  la  Ville  de 
Neufchâtel  fut  reçue  dans  la  Çombour- 
geoifie  de  Berne  en  1405^  Le  Comte 
fuivit  fon  exemple,  &  Fun  &  Tautre  de 
ces  traités  fubfiftent  de  nos  jours* 
Jean  fon  fils  lui  fucceda  eu  1424,  il 
mourut  fans  enfans  en  14s  8*  après  avoir 
inftitué  pour  fon  héritier  Rodolphe 
Marggrave  de  Hochberg  ,  petit -fils 
d*Anne  de  Fribourg  fa  tante;  ce  Ro- 
dolphe 

(a)  Mfc  :  cité  de  Henfchàteh 


LrvRE  Dixiè'mè.         24? 

dolphe  fçut  fe  ménager  fort  habilement 
pendant  la  guerre  de  Bourgogne  entre 
le  Duc  Charles  &  les  Suiffes  ;  il  mou- 
rut en  1487^  Philippe  fon  fils  ne  laifla 
qu'une  fille  nommée  Jeanne,  qui  por- 
ta la  Comté  de  Neufchâtel  à  Loiiis 
d'Orléans  Duc  dé  Longuevillé.  Ce 
Prince  en  fut  dépouille  en  1^2.  par  les 
quatre  Cantons  Berne ,  Lucerne,  Fri- 
bourg  &  Soleure ,  fous  prétexte,  qu'il 
avoit  porté  les  armes  contr'eux  en 
Italie.  Ces  quatre  Cantons  reçurent 
les  autres  dans  la  corrègence,  &  firent 
gouverner  la  Comté  par  des  Ballifs, 
qui  fe  relevoient  tous  les  deux  ans* 
Enfin  en  1529,  à  rinterceffiôn  de  la 
France  ils  rendirent  la  Comté  à  Jeanne 
d'Hochberg  ;  fous  condition ,  que  les 
traités  avec  les  quatre  Cantons  fubfiftei- 
roient.  Elle  prit  la  première  lé  titre  de 
Princeffe  Souveraine ,  après  la  mort  du 
Prince  Philibert  d'Orange,  prétendant 
que  les  droits  de  cette  Maifon  fe  trou- 
Q.iij  voieat 


Q>^6  Livre  Dixie'me, 
voient  éteints  (  ^  ).  Cette  Princeffe 
mourut  en  iS43«  Son  pedt-fils  Fran- 
çois II»  Duc  de  Longuevillelui  fucceda* 
Leonor  d'Orieans  fon  fils  &  Marie  de 
Bourbon  ont  renouvelle  la  Combour- 
geoifieavec  Soleure  en  15^9,  &avcc 
Berne  en  1570^  Ils  ont  acheté  en  15^4, 
la  Chatelanie  de  Devais  des  trois  frères 
de  Watteville  ,  Nicolas  Marquis  de 
Verfoy  Chevalier  de  la  Toifon  &  de 
TAnnonciade,  Gerhard  Seigneur  d'U- 
fié ,  &  Jaques,  tous  fils  de  Jean- Jaques 
Advoyer  de  Berne ,  &  d'une  Chauviray 
Dame  de  Collombier  ;  Ils  ont  auffi 
réuni  la  Comté  de  Valengin  àla  Prin- 
cipauté en  1584.  en  rachetant  les  droits 
du  Canton  de  Berne  &  du  Comte  de 
MontbeUiard  qu'ils  tenoient  des  Com- 
tes Davy  &  de  Tourniel  par  René  Com- 
te de  Chalant,  qui  avoit  hérite  en  1523 
Loûife  d'Arberg  Comteffe  de  Valengin 
fa  femme^  Ci^X  La 

(a)  Mfc^  cité^ 
Cbj  Id,  Mh 


Livre  Dixie'ivje,  247 
La  Maifon  de  Longueville  finit  en 
la  perfonne  de  Jean  -  Louis  -  Charles 
d'Orléans  mort  en  1694.  Marie  d'Or- 
léans Ducheffe  de  Nemours  fa  fœur  lui 
fucceda ,  &  après  fa  mort  arrivée  en 
1707 ,  les  trois  Etats  de  Neufchâtel  ad- 
jugèrent la  fucceflion  en  qualité  de 
Seigneur  Suzerain  des  Comtés  de  Neuf- 
châtel à  Friderich  K  Roi  de 
PruflTe,  comme  repréfentant  la  Maifon 
de  Châlon* 

Ceft  comme  Alliés  des  quatre  Can- 
tons Berne  ,  Lucerne  ,  Fribourg  & 
Soleure,  &  en  vertu  de  la  Combour- 
geoifie avec  Berne,  que  le  Prince  ^  la 
Ville  de  Neufchâtel  font  compris  dans 
la  Neutralité  des  Suiffes» 

Fin  dn  dixième  Livre. 


Q.  iiij  CON- 


CONTINUATION 

LHIsfoiRE 

DE  LA 
CONFÉDÉRATION 

HELVETIGlUE, 

ou 
LIVRE  ONZIEME. 

I 

LE  Corps  politique  de  la  Suîflè, 
formé   par    rAflbciation   des 
treize   Cantons  ,     maître  de 
tout  le  païs  qui  eft  entre  les 
Alpes ,  le  Rhin ,  le  Rhône  &  le  Jurât , 
au  païs  de  Vaud  près ,  occupoit  l'HeL 

vetie 


EiVRE  OnzIE'mE*  249 

vetié  entière  telle  quelle  eft  délimitée 
par  Cxfau  Sa  Conduite  héroïque  pour 
maintenir  fa  liberté  cet  Etat  naturel 
des  hommes  ;  la  valeur ,  la  difcipline 
régulière  de  fes  Troupes  ;  fa  modéra- 
tion à  ne  pas  profiter  de  fes  Viftoires 
pour  étendre  fa  domination  au  delà 
de  fes  limites  naturelles  ;  tant  de  Ver- 
tus réunies  faifoient  rechercher  l'ami- 
tié de  la  nation  Suifle  à  toutes  les 
puilfances  voifmes^ 

Le  Traité  deNoyon  entre  François  h  ^S^7* 
&  Charles  Quint ,  auquel  Maximilien 
venoit  d'accéder ,  en  procurant  la  Paix 
à  l'Europe  paroiffoit  devoir  affurer  fa 
tranquilité  :  Mais  le  même  feu ,  qui 
couvoit  fous  la  Cendre  en  Allemagne, 
éclata  bientôt  en  Suifle  ,  &  arma  en- 
fin les  Cantons  l'un  contre  l'autre* 

Le  Pape  Léon  X.  avoit  deux  grands  içig^ 
projets ,  celui  d'armer  les  Princes  chré- 
tiens contre  les  Turcs  &  d'embellir 
Q.  iiiij  Rome 


2^o  Livre  Onzie'me 
ifi8*  Rome  (^).  Il  falloit  pour  ces  deux 
objets  beaucoup  d'Argent,  Léon  X^ 
aimoit  le  luxe  à  Texces  ,  aufli  biea 
que  fa  Sœur  Magdelaine  femme  de  Fran- 
çois Cibo  ;  il  fit  publier  des  Indulgen- 
ces dans  toute  TEurope  ;  on  achetoit 
ce  pouvoir  de  fes  officiers  (h),  L'ab- 
folution  des  péchés  devint  une  mar- 
chandife ,  qu'on  afFermoit  comme  les 
droits  d'entrée  &  de  fortie  :  Bernardin 
Samfon  Cordelier  de  Milan  tenoit  cette 
ferme  pour  la  Suifle  &  l'Evêque  Ar- 
chembauld  pour  l'Allemagne ,  ce  der- 
nier donna  fa  commiffion  à  Jean  Tet- 
zel  Dominicain  allemand*  Le  Doâeur 
Luther  d'Eisleben  &  Ulrich  Zwingle  du 
Toggenbourg  s  élevèrent  en  même 
tems  contre  cet  abus  (.cX 
Les  Sciences  s'étoient  réfugiées  après 

la 

(a)  Annales  de  P Empire  T*  2^  p*  132» 
Erlit  :  de  Bâle  deiyS3* 
.    (b)  Gmccardin  L*  13*  Ch^  IÇ* 

(c)  Sieid^n  Comment:  L^  i* 


Livre  ONZiE'iviE*  2fi 
la  prife  de  Conftantinople  en  Italie,  ifiS* 
ou  le  grand  Cofme  de  Medicis  leur  a  voit 
offert  un  Afyle  ;  elles  s'étoient  repan-  ' 
dues  en  Allemagne  &  dans  une  partie 
de  la  Suifle  ;  l'Art  de  l'Imprimerie  avoit 
facilité  ces  Progrès*  La  Ville  de  Baie 
avoit  obtenu  du  Pape  Pie  IL  en  14^9. 
la  permiflion  de  fonder  une  Académie  ; 
cet  exemple  avoit  été  fuivi  en  Allema- 
gne &  ailleurs*  Le  Clergé  avoit  abufé  de 
la  fimplicité  des  peuples ,  il  vivoitdans 
le  défordre ,  &  on  demandoit  une  Re- 
forme depuis  bien  du  tems  fans  pou- 
voir l'obtenir  des  Papes ,  qui  s'occu- 
poient  de  toute  autre  chofe*  Ces  cir- 
conftances  n'étoient  pas  favorables  à 
la  Miflion  de  Samfon* 

Hugue  de  Landeherg  EvêqUe  de  Con-  if  19^ 
ftance  lui  fit  défendre  l'entrée  de  fon 
Diocéfe ,  &  les  Suiflès  demandèrent  au 
Pape  fon  rappel  &  l'obtinrent,  Z-wingle , 
Thomas  Wyttenhach  ,  Myconuis ,  Berchtold 
Haller  &c^  prêchèrent  l'Evangile  dans 
les  différentes  parties  de  Suilfe* 

Les 


2^2  Livre  Onzie'me. 
fKZO»  Les  Cantons  bannirent  enfin  tous 
les  Courtifans  du  Pape  comme  ils  les 
appelloient  ;  c'étoient  des  Italiens ,  qui 
venoient  fe  mettre  en  poffeQion  des  bé- 
néfices ecclefiaftiques  fur  des  brevets  de 
Rome  Ça)* 

Les  Efprits  comrnençoient  cepen-* 
dant  à  s'échauffer  pour  &  contre  les 
nouveaux  Prédicateurs^  Les  Princes 
alloient  rentrer  en  Guerre  &  vouloient 
s'affurer  des  Suiffes  ;  Le  Roi  de  Fran- 
ce leur  fit  propofer  une  Alliance  :  Le 
Pape  &  l'Empereur  cherchoient  à  la 
prévenir  ;  le  premier  demanda  les 
^000^  hommes  qu'on  lui  avoit  promis  J 
ils  lui  furent  accordés ,  à  Condition  ^ 
qu'il  ne  les  emploïeroit  pas  contre  TEm- 
pereur  ni  contre  le  Roi  de  France^ 
Le  Pape  n'entreprit  rien  avec  ce  Se- 
cours ;  il  le  renvoïa  bientôt  après , 
&  garda  environ  zoqo^  Volontaires. 

LAI- 

(a)  Steuier  p.  598* 


Livre  Onzie'me^        2^3 

L'Alliance  avec  la  France  futrefoluë  i^zr. 
le  7»  May  1521^  partons  les  Cantons 
&  leurs  Alliés ,  excepté  Zurich  (aX 
Zwingle ,  qui  y  étoit  Prédicateur ,  s'é- 
toit  élevé  contre  les  Penlions  publi- 
ques &  particulières ,  que  les  Suifles 
recevoient  des  Princes  ;  en  reformant 
la  Dodrine  il  vouloit  aufli  reformer 
les  mœurs ,  &  les  fervices  étrangers  les 
corrompoient  ChX  II  n'eut  pas  le  cré- 
dit d'empêcher  la  levée  de  2700.  hom- 
mes ,  que  ce  Canton  accorda  au  Cardi- 
nal Schiner  pour  le  Pape  (c)  ,  dans  le 
tems  que  tous  les  autres  Cantons  ex- 
cepté Zoug  en  avoient  refufé  la  ger- 
miffion^  Cet  habile  Miniftre  du  Pa- 
pe ne  laifla  pas  d'enrolkr  près  de  7000^ 
volontaires  Suiffes  &  Griibns  ;  démar- 
che qui  acheva  d'irriter  les  Cantons 

contre 

(a)  Vojés  Vogel  Alliances  avec  la  Franc9. 
p*  182. 

(b)  Sleiâan  L.  3* 

(c)  S^eUlerp^Co^^ 


2^4        LiVR  E  Onzie'me* 

îî^i*  contre  le  Pontife,  qu'on  accufoit d'ar- 
rofer  les  Champs  de  la  Lombardie  du 
fang  des  Suifles  U)  ,  &  ce  fut  le  com- 
mencement de  cette  animofité ,  qu'on 
vit  éclater  contre  Zurich ,  quoi  qu'el- 
le changea  bientôt  après  d'objet»    . 

La  Situation  des  Suifles  étoit  déli- 
cate ;  le  Roi  de  France  &  l'Empereur 
étoient  rentrés  en  guerre^  Robert  de 
la  Mark  Duc  de  Bouillon  avoit  fervi  de 
prétexte  à  la  rupture  ;  les  vues  de  CW- 
les  Quint  fur  l'Italie  en  étoient  la  vérita- 
table  Raifon^  Léon  X^  s'unit  avec  ce 
Monarque  contre  la  France ,  il  efpé- 
roit  de  recouvrer  Parme  &  Plaifance  ♦ 
&'d'obtenir  Ferrare  (J?\  L'Empereur 
fous  le  femblant  de  rétablir  François- 
Sforce  dans  Milan  efpéfoit  de  faire  re- 
vivre les  droits  de  TEmpire  fur  ce  Du- 
ché. (0*    Les  deux  partis  négocioient 

des 

(a)  Bottinger  Hift  ;  EcdefiT.  3,  p*  70^ 

(b)  Gukcanlmh^i/j^^Qli^i^ 
(C)  Id:  Ol.Q^^ib: 


Livre  Onzie'me»  2^7 
des  troupes  chés  les  Cantons ,  &  en  155^1* 
achetoient  des  particuliers  ;  le  fang  des 
Suiffes  fe  vendoit  au  plus  offrant  ;  la 
fureur  du  fervice,  &  le  zélé  delà  Re- 
ligion partagoient  tous  les  efprits. 
Guillaume  B^ublin  prêchoit  à  Baie, 
il  fut  chaUé  à  la  Sollicitation  de  l'Eve- 
que  Chriftofle  ;  Beudi&  Bourgauer  8c 
Wolfgang  Wetter  réformoient  St.  Gall  ; 
Jacities  Burkjin  de  Zurich  foutenu  par 
Chrétien  Anhorn  prêchoit  dans  les 
Grifons  (a\ 

On  fe  hattoit  en  Italie  prefque  tou- 
jours au  déravantage  des  François* 
Leon^,  mourut  le  i.  de  Décembre  de 
joïe  delà  prife  de  Milan  C^X  AdrienVl^  if^a* 
qui  a  voit  été  Précepteur  de  TEmpe-, 
reur,  luifuccéda.  Les  Cantons  refté- 
rent  fermes  dans  l'AlHance  de  la  Fran- 
ce, &  lui  accordèrent,  le  16^  Janvier 

une 

(a)  juchât  mil:  de  la  B^form  ;  Tt  I* 
p,  91,  fuivl 

Ço)  GuiccardUh:  Ch.  14, 


2^6  Livre  Onzie'me* 
1^22*  une  levée  de  k^ooo.  hommes ,  à  con- 
dition  qu'ils  choifjroientles  Capitaines 
lelon  l'Ancien  ufage  C^),  auquel  ils 
avoient  déroges  par  leur  Alliance  de 
1^21  ,  &  donc  Berne  a  fi  bien  compris 
l'importance  dépuis ,  qu'elle  en  a  fait 
une  de  fes  Loix  fondamentales^  On 
trouve  ailleurs  les  Circonftances  de  cet- 
te malheureufe  Expédition  ,  &  des  per- 
tes que  les  Suifles  y  firent ,  principa- 
lement au  fatal  combat  de  la  Bico- 
-  que  ih\ 
1^23^  Les  trois  Années  fuivantes  fontmar- 
IC2Ç*  Q"^'^s  par  les  mêmes  pertes  des  Suit 
fes  en  Italie ,  par  leur  facilité  à  fe  faire 
enroller ,  &  par  les  Difputes  fur  la  Re- 
ligion ,  on  en  avoit  tenue  une  à  Berne 
&  une  à  Zurich  ;  plufieurs  endroits  de 
là  Suifle  avoient  abolis  par  des  réglè- 
mensla  Mefle ,  l'invocation  des  Saints, 

le 

(a)  Stettler  T,  l*  p.  6l6^ 

(b)  Zarlauhen   Bifi:    milit  :     T»    4. 
p,  143.////% 


Livre  Onzie'me*  2^7 
le  Culte  des  Images,  le  Célibat  des  Pré-  i  ç2î< 
très  &c.  Le  Clergé  fortit  enfin  de  la 
Léthargie ,  dans  laquelle  il  avoit  paru 
être  ;  les  Evêques  de  Baie ,  de  Con- 
fiance &  de  Laufanne  écrivirent  aux 
Cantons,  qui  étoientaflemblésen  1^24. 
après  Pâques  à  Lucerne ,  &  leur  repre- 
Tentèrent  ^  que  fi  les  Novateurs  entre- 
prenoient  de  fecouer  le  joug  de  leurs 
ïuperieurs  ecclefiaftiques  ,  ils  en  fe- 
roient  bientôt  autant  à  l'égard  de  leurs 
Magiftratsfeculiers,  ilsajoutoient,  que 
s'il  s'étoit  glifl^é  par  la  longueur  du  tems 
quelque  abus  dans  l'état  ecclefiaftique, 
ils  ofFroient  de  les  abolir  Ca),  Cle* 
tnent'MlL  Succefleur  d'Adrien  leur  adref- 
fa  un  Bref  en  datte  du  i8*  d'Avril  8c 
les  dix  Cantons  envoïérent  en  Juin  des 
Députés  »  à  Zurich  ,  SchaflFoufen  8c 
Appenzeli  pour  les  engager  à  punir 

les 


(a)  Sleidan,  L.  14.    Bâchât  Hifi^  de  la 
J{eform,  T,  L  p.  212* 

Ih  Un,  R 


2^8  Livre  Onzie'me, 
1^25*  les  Luthériens,  comme  ils  les  appel- 
loient  ;  plufieurs  des  Cantons  mêmes 
les  menacèrent  de  les  exclure  de  i'Al- 
liance^  Quelque  tems  après  dans  une 
féconde  Diette  à  Luceroe  les  députés 
des  neuf  Cantons  drefierent  un  Intérim , 
qui  ne  fut  publié  qu'à  Berne  ,  quoi- 
qu'il ne  touchât  qu'à  la  police  exté- 
rieure de  TEglife  00*  Le  Clergé  ne 
travailîoit  point  à  la  reforme  ,  qu'il 
avoit  promis  ;  il  ne  vouloit  abandon- 
ner auqune  de  fes  prérogatives ,  &  il 
les  perdit  toutes» 

Munzer  l'apôtre  des  i\nabaptiftes  en 
prêchant  l'égalité  &  l'humilité  Chré- 
tienne fouleva  les  habitans  de  la  cam- 
pagne contre  leurs  Souverains  ;  les 
premières  fureurs  des  Païfans  éclatent 
dans  la  Suabe  :  Ce  fanatifme  dange- 
reux gagna  la  Franconie ,  la  Thurin- 
ge ,  l'Alface»  Munzer  paffe  en  Suiffe , 
Conrad  Grehel  &  Félix  Manz  de  Zurich 

devien- 

(a)  Id^  Bouchât  iK  p»  358»  fmv^ 


Livre  Onzie'me^  2^9 
deviennent  fes  difciples ,  leur  venin  fe  if^îv 
répand  ;  les  fujets  de  l'Evêque  de  Ba- 
ie pillent  LaufFen ,  Delemont  &  Po- 
rentrui.  Les  Anabaptiftes  de  la  Suiffe 
prêchent ,  mais  ne  s'arment  pas  (^)* 

Pendant  qu'on  fe  difputoit  en  Suiffe 
fur  la  Religion ,  la  nation  continuoit 
à  verfer  fou  fang  dans  le  Milanois. 
La  bataille  de  Pavie,  qui  fe  donna  le 
24.  Fév*  1 5^f  ♦  coûta  à  François  L  la  U* 
berté  &  la  perte  entière  du  Milanois. 

Jaques  Troger  Landamman  d'Uri  leva  i^Z6^ 
l'année  fui  vante  8000^  Suiffes ,    Se  en 
1^27*  Antoine    Mortîet   Ajnbaffadeur 
du  Roi  obtint  une  autre  levée   de 

lOOOO, 

Les  Suiffes  fouhaitoient  paîfionné- 
ment  de  rétablir  dans  l'intérieur  de  la 
Nation  la  confiance ,  l'union  &  la  paix; 
l'aigreur  contre  quelques  Cantons  & 
principalement  contre  Zurich  augmen- 
toit  journellement;  pour  prévenir  un 
R  ij  éclat 

■Il  '  '■  Il  II    I       !■     I  H 

(a)  ^mtkvTXv^  <^35f>^'^'t 


260  Livre  Onzième^ 
ti26^  éclat  fâcheux  ils  s'affemblérent  le.if* 
de  Janvier  152^.  Lucerne  ,  Uri  » 
Schweiz ,  Fribourg  &  Appenzeli  pro- 
poférent  un  Sinode  général ,  comme 
l'unique  expédient  pour  s'expliquer 
fur  les  différents ,  qui  nienaçoient  de 
troubler  leur  harmonie  j  ils  ne  purent 
s'accorder  là-dellus  que  le  i8»  Avril  à 
Einlîdlen  ,  &  Baden  fut  choifi  pour 
le  lieu  du  Synode  ,  auquel  ils  invitè- 
rent les  Evéques  de  Confiance ,  de 
Laufanne,  de  Bâîe  Se  de  Coire.  Zwin- 
gle  rcTufa  de  paroîtrej  l'exemple  de 
Jean  Hufs,  de  Jérôme  de  Prague,  & 
de  Jean  Hiigli  Pafteur  de  Lindau ,  qui 
venoit  d'être  brûlé  ,.  lui  fit  cr  aindre 
pour  fa  fureté.  Les  Députés  des  10^ 
Cantons  &  des  4  Evéques  s'y  rendi- 
rent le  10.  de  May  ;  le  Codeur  Jean 
^  Eckius  PrôfefTeur  en  Théologie  à  In- 
golftadt  ,  célèbre  par  fes  Difputes  avec 
Luther  &  Carlftad  ,  Faber  &  Murner 
y  furent  envoies  par  le  parti  du  Pa- 
pe; Oecolompade,  BerchtoldHaller, 

Jaqui 


Livre  Onzie'me^  26î 
Jaque  Immeli  &  Ulric  Stouder  ténoi-  if25» 
ent  le  premier  rang  pour  les  Refor- 
més^ Les  Députés  des  Cantons  pro- 
noncèrent ,  qu'on  ne  devoit  rien  in- 
nover dans  la  Religion  U)  :  mais  les 
Cantons  mêmes  ne  fe  réunirent  point; 
Bâle,  Mulhaufen  &  St.  Gall  iaifférent 
aux  Miniftres  la  liberté  de  prêcher  ; 
Schaffoufe  étoit  irréfolu  ,  Claris  & 
Appenzeli  Iaifférent  chacun  dans  fa 
croyance,  Coire,  la  Thurgovie  ,  le 
Toggenbourg&  le  Rheinthalfe  mirent 
du  parti  de  Zuric;  Berne  étoit  divifé» 
les  principaux  du  Sénat ,  les  Chanoi- 
nes ,  les  3.  frères  de  Watteville ,  les 
Tanneurs  &  un  grand  nombre  d'au- 
tres Bourgeois  favorifoient  la  réforme  ; 
le  refte  desCitoïens  lui  étoient  contrai- 
res Ch\ 

Les  7.  Cantons  voulurent  exécuter 

leur  me^ice  d'exclure  les  reformés  de 

R  iij  la 

(a)  Sleidan  Comment.  U  ^» 

(b)  Sîettkr  MSc. 


2^2  Livre  Onzie'me* 
t^26^  la  Confédération  ;  ils  refuférent  de  la 
renouveller  avec  Zurich ,  à  qui  ils  en 
If 2^7^  vouloient  principalement  !  Berne, 
Bâîe ,  Schaflfoufe  &  Appenzell  s'affem- 
blérent  à  Zurich  au  commencement  de 
Janvier  pour  concerter  les  moïensde 
prévenir  une  rupture;  la  même  ani- 
mofité ,  qui  fe  manifeftoit  de  Canton 
à  Canton  ,  troubloit  le  repos  de  cha- 
que paroifle  particulière  ;  les  Souve- 
rains y  mettoient  ordre  félon  les  prin- 
cipes qu'ils  foutenoient  :  par  la  même 
raifon  cette  diverfité  d'opinion  rera- 
pliffoit  de  troubles  les  païs  qui  dépen- 
doient  de  plufieurs  Cantons ,  comme 
la  Thurgovie,  le  Rheintal,  les  Com- 
tés de  Bade  &  de  Sargans  ,  puifque 
chacun  des  Souverains  cherchoit  à 
maintenir  fes  maximes* 
j^28,  Berne,  après  avoir  fait  plaider  les 
*  Théologiens  des  deux  partiildans  une 
Difpute  publique ,  qui  eft  imprimée , 
reçût  la  reforme  le  7.  Février  ,  &  la 
fit  publier  dans  toute  l'étendue  du  Can- 
ton ; 


Livre  Onzie'me*  253 
ton  ;  le  païs  de  Hasle  réfufa  de  s'y  IS^S* 
foumettre ,  prit  les  armes  &  reçut  un 
fecours  de  800^  Underwaidiens ,  qui 
répafla  le  Brunig  avant  que  les  trou- 
pes ,  que  Berne  fit  marcher  contre  les 
Rebelles  ,  fe  fuflent  raffemblées  ;  l'Ad- 
voïer  d'Erlach  eut  bientôt  calmé  cette 
Sédition  («)♦  Cette  République  fit 
enfuite  une  Alliance  defFenfive  avec 
Zurich  &  les  Villes  de  Conftance  &  de 
St,  Galls  à  laquelle  Bienne  fut  aggré- 
gée  au  mois  de  Janvier  1 5  29  (^b)^  Mul- 
haufen  au  mois  de  Février ,  &  Basle  le 
3*  de  Mars. 

Schafhaufeni  Basle,  une  partie  de  1^29^ 
Claris  &  d'Appenzell  fe  reformèrent 
l'Année  fuivante  (c)»  La  plus  grande 
Partie  des  Grifons  avoit  déjà  pris  le 
même  parti  en  1^26^  Les  s^  Cantons 
R  iiij  catho- 

(a)  Stettler  T.  2,  p,  l  -  17. 

(b)  BfïIIwg  L*  19^  C*  4*  Stetfl.  h  C^ 
p*  20, 

(c)  Sleidan  \^  6^ 


à^4  Livre  Onzie'me* 
ï  jCt9,  catholiques  avoîent  fait  l'année  précé- 
dente  une  Alliance  avec  le  Valais  pour 
la  defFenfe  de  la  Religion  avec  la  Claufe 
particulière,  que  les  obligations  de 
cette  Alliance  dévoient  précéder  toutes 
les  antérieures  déz  qu'il  s'agiroit  du 
maintien  de  la  Religion  catholique  ; 
ils  fe  fortifioient  auflî  de  l'Alliance  avec 
le  Pape  &  du  Roi  Ferdinand,  &  pa- 
roiflbient  difpofés  à  une  rupture  ou- 
verte :  Basle,  Schafhaufen,  Appen- 
zell.  Glatis,  Fribourg,  Soleure&les 
Griibns  s'entremirent  amicalement ,* 
ils  travaillèrent  avant  toute  chofe  à 
raccommoder  Berne  &  Underwalden  ; 
Berne  confentit  au  Traité  qu'ils  avoient 
propofé  ,  à  condition  que  Zurich  y 
fut  compris  :  mais  Zurich  réfufoit  d'un 
côté  d'y  accéder  ,  &  les  cinq  Cantons 
ne  voulurent  pas  confentir  à  l'y  com- 
prendre^ Berne  &  les  Cantons  mé- 
diateurs envolèrent  des  Députés  aux 
cinq  Cantons  &  ces  Députés  furent 
mai  reçùs^      C'étoit  le  tour  d'Under- 

walden 


Livre  Onzie'me,  2^f 
walden  de  nommer  un  Baîiif  pour  Ba-  1^29* 
den  :  Zurich  &  Berne  refuférent  de  re- 
connoitre  Antoine  Abacher  que  ce 
Canton  avoit  élu  ;  Lucerne,  Uri , 
Schweiz  &  Zug  firent  mine  de  rinftal- 
1er  de  force  ;  Zurich  jetta  2oo»  hom- 
mes dans  les  Balliages  Hbres,  ^co^dans 
Bremgarten,  &  s'empara  du  couvent 
de  Mouri  ;  ce  fut  le  fignal  de  la  guer- 
re^  Toutes  les  répréfentations  des 
Cantons  neutres  &  fur  tout  de  Ber- 
ne turent  rejettées  ,  fous  prétexte, qu'on 
avoit  offert  le  droit  à  Lucerne  inuti- 
lement ;  que  les  cinq  Cantons  avoient 
mis  Garnifon  dans  Raperswil  &  fol- 
licité  des  fecours  étrangers*  Zurich 
fit  imprimer  un  Mânifette ,  &  requit 
le  fecours  de  fes  alliés;  leva  4000. 
hommes  fous  George  Berguer  ,  détacha 
3^  Corps  fous  George  WerdmuUer  , 
Jean  Efcher  &JeanRodolf  Lavater,  pour 
s'afifurer  du  Gafter ,  de  nôtre  Dame 
des  Hermites  &  de  la  Thurgovie^ 
Berne  s'arma  pour  aller  à  fon  Se- 
Q,  iiiij  cours 


266  Livre  Onzie'me^ 
If 29.  cours,  Se  leva  ^000.  hommes  Tous 
rAdvoïer  Sebaftien  de  Diesbach  & 
Gafpar  de  Mulinen ,  &  4000*  fous 
rAdvoïer  Jean  d'Êrlach  &  Bernhard 
Tillmann  ;  munit  fes  frontières  ;  le  Bal- 
lif  Râber  couvroit  celles  de  Lucerne, 
Jean  Jaques  de  Watteville  Seigneur 
àé  Colombier  &  Jaques  Wagner  celles 
d'Underwalden, 

L'Armée  des  Zuricois  avoit  pris  po- 
fte  à  Cappel ,  celle  des  cinq  Cantons 
campoit  à  Baar  ;  on  fe  préparoit  à  l'At- 
taque lorfque  Jean  Aebli  Landamman 
de  Claris ,  après  avoir  obtenu  un  ar- 
miftice  des  Catholiques,  le  vint  pro- 
pofer  au  Zuricois  :  le  Randeret  Vœ- 
geli  de  Fribourg  &  le  Député  de  So- 
leure  fe  joignirent  à  lui,  c'étoitleio. 
de  Juin  ;  Tarmiftice  fut  accepté ,  mal- 
gré l'oppofition  de  Zwingle  qui  étoit 
à  l'Armée  ;  il  prétendoit  que  les  Ca- 
tholiques ne  manifeftoient  des  Senti- 
mens  de  Paix  que  pour  gagner  du  tems  ; 
elle  fe  fit  cependant ,    mais  fous  des 

con- 


Livre  Onzie'me,        2^7 
conditions ,    qui  ne  promettoient  pas  15^9^ 
qu'elle  fut  de  longue  durée^ 

Les  cinq  Cantons  confentoient  que 
dans  les  Balliages  communs  les  peu.  . 
pies  puiOTent  fe  réformer,  fi  la  plura- 
lité des  voix  le  démandoit  ;  que  TAU 
liance  avec  le  Roi  Ferdinand  fut  annul- 
lée  ;  que  les  cinq  Cantons  ne  tien- 
droient  pas  des  Diettes  particulières 
furtout  fur  des  affaires  qui  régardoient 
l'intérêt  général  du  Corps  helvétique  ; 
que  toutes  les  ordonnances  que  les  fix 
Villes  auroient  faites  fur  la  Religion 
fubfiftéroient  ;  qu'on  feroit  décider  deis 
fraix  de  cette  Guerre  par  des  Arbi- 
tres dans  le  terme  d'un  mois ,  &  que 
fi  cela  n'avoit  pas  lieu  que  les  fix  Vil- 
les féroient  en  droit  d'interdire  la  li- 
berté du  commerce  aux  cinq  Cantpns. 
La  datte  de  ce  Traité  eft  de  Samedi 
après  la  fête  de  St.  Jean  Baptifte  le 
23,  de  Juin  1529.  Nicolas  Manuel , 
Pierre  In^Haag  Banderets,  Antoine 
Bifchof  &  Leonhard  Tremp  du  grand 

Confeil 


26S        Livre  Onzie'me 
^^29*  Confeilde  Berne  Tacceptérent  au  nom 
de  la  Republique,       L'Advoyer  Seba- 
HIqu  de  Diesbach  étoit  arrivé  à  Brem- 
"     garten  à  la  tête  du  fecours  de  Berne 
comme  on  publioit  cette  Païx  ia).  El- 
le ne  rétablit  point  l'union  en  Suifle  ; 
les  deux  partis  fuivoient  plus  les  mou- 
vemens  de  leur  zélé  que  les  principes  de 
la  politique^ 
ïf3o^      Luther  &  Zwingle  s*étoient  élevés 
en  même  tems  l'an  1^8.    contre  les 
mêmes  abus  ;  ils  fe  partagèrent  fur  des 
queftions  d'école  :  Le  Landgrave  Phi- 
lippe de  Hefle  chercha  à  les  réunir; 
il  appeila,  Zwingle  &  Oecolompade  à 
une  Conférence  à  Marbourg  indiquée 
au  i^  d'Octobre*     Luther,  Melanch» 
ton,  Jonas,  Olîander,  Brentius,    A- 
grieola  d'une  .part ,  8c  Zwingle ,  Oe- 
jcolampade ,  Bucer  &  Hedion  de  l'au- 
tre fignérent  une  confeffion  de  foi  de 

If* 

' s ■ 

(a)  Stettler  U  C*  p.  ^7-  3^.    Bullinger 
Hîfi,  MSc^  1.  20,  c.  20  :  ai* 


Livre  Onzie'me,  269 
15.  Articles,  fur  lefquels  ils  fe  trou-  iÇ3o, 
voient  d'accord  ,  on  |ne  pût  pas  les 
rapprocher  fur  la  préfence  réelle  W)i 
Zwingle  envoya  fa  confeflîon  de  foi 
à  l'Empereur  à  la  Diette  d'âugsbourg , 
elle  fut  préfente'e  à  ce  Monarque  par 
les  députés  des  trois  Villes  de  Zurich  , 
Berne  &  Basle  {h),  Charles  Quint 
n'ayant  pas  pu  reuffir  à  ramener  les 
Proteftants  fit  publier  un  éditle  ig^ 
de  Novembre,  qui  ordonnoit  à  tous" 
les  membres*  du  Corps  de  FËmpire  de 
vivre  félon  les  régies  de  l'Eglife  romai- 
ne jufqu'au  tems  du  Concile  Cc\ 

Les  Reformés  de  la  Suifle  s'allièrent 
avec  le  Landgrave  de  Heffe  &  la  Ville 
de  Strasbourg  :  & ,  ce  qu'on  aura  pei- 
ne à  croire,  François  L  qui  faifoit  brû- 
ler 
,,,11,1,  — * 

(a)  Scultet^     AnnaK    Evang^     T*  2^ 

p»  229.  # 

(b)  Hofpnian,  Hifi,  Sacrant^  p.  i^?*- 
Hottmg.  p»  52I» 

(c)  Smltet,  p*  287* 


270  Livre  Onzie'me. 
i^3o*  1er  les  Luthériens  en  France,  déman- 
da  à  être  reçu  dans  cette  ligue  ,  mais 
fa  propofition  fut  rejettée  Ca)^  Le 
Landgrave  fouhaitoit  de  faire  recevoir 
les  Cantons  évangéliques  dans  la  ligue 
de  Smaikalden  ,  ils  n'en  étoient  pas 
éloignés,  mais  comme  PEIedeur  de 
Saxe  zélé  luthérien  démandoit  qu'ils 
reçuiïent  fa  doftrine ,  cela  ne  put  avoir 
lieu  (b), 

Ceft  ainfi  qu'un  zélé  mal  entendu 
arrêta  les  progrès  de  la  reformé,  qui 
auroit  pu  dévenir  générale ,  fi  en  s'é- 
levant  contre  les  abus  de  la  puiflance 
ecciéfiaftique  les  Princes ,  qui  la  favo- 
rifoient ,  n'eufTent  point  touché  aux 
bien  du  Clergé  ,  qui  par  une  conduite 
oppofe  devint  un  parti  formidable  dans 
toute  l'Europe^  Les  peuples  fe  mêlè- 
rent de  controverfe  ,  s'échauffèrent  > 
on  fe  calomnia^     Les  p;oteftants  d'AU 

lemagne 


(a)  Hùtting,  p*  H*^* 

(b)  SkUan.l  §*  p.  Sî^ 


Livre  Onzie'me,        271 
d'Allemagne  fe  préparèrent  à  la  guer-  1530* 
re,    &  les  reformés  de  la  Suiffe  s'y 
trouvèrent  engagés  par  la  précipitation 
de  Zurich  &  de  Claris* 

Ces  deux  Cantons  avec  ceux  de  Lu- 
cerne  &  de  Schweiz  font  par  les  trai. 
tés  protedeurs  de  TAbbé  de  St  Gail 
&  de  fes  anciens  fujets,  (on  appelle 
anciens  fujets  ceux  que  l'Abbaye  a  voit 
avant  1468.  que  PAbbé  Ulrich  Rôfch 
acheta  le  Toggenbourg,  )  en  1479 
l'Abbé  leur  accorda  le  droit  d'envoïer 
à  tour  un  Officier  ,  qu'on  nomme 
Landshauptmann  ,  dans  fon  païs  pour 
veiller  aux  droitures  rélpedives  de 
l'Abbé  &  de  fes  anciens  fujets*  L'Abbé 
François  Geifsberger  étant  mort  le  23* 
Mars  1529.  les  moines  s'affembiérent  à 
Rapperswil  &  élurent  Kilîan  Kâufiin  ; 
Zurich  &  Glaris  ne  voulurent  pas  le 
reconnoître ,  il  fe  retira  en  i  s  30,  avec 
fes  moines  à  Wolfurt  près  de  Bregen- 
ce,*&  foutenupar  Marc  Sittich  Seig- 
neur de  Hohenems  il  fit  raine  de  s'in- 

ftaller 


272       Livre  Onzie'me^ 

IT3f*  daller  par  force.  Ses  fujets  prefque 
tous  reformés  fe  mirent  fous  la  protec- 
tion particulière  de  Zurich  &  de  Cla- 
ris ,  ceux  -  ci  dreiïerent  un  règlement 
fur  Tadminiflration  des  biens  de  l'Ab- 
baïe  ;  Lucerne  &  Schweiz  s'oppoférent 
à  ce  fequeftre;  Berne,  Baie  &  Stras- 
bourg cherchèrent  à  en  détourner  Zu- 
rich &  Claris  ;  les  neuf  Cantons  neu- 
tres firent  une  féconde  tentative  ;  ils 
propoférent  au  mois  de  Mars  que  les 
4»  Cantons  protedeurs  nommeroient 
un  Landshauptmann ,  qui  adminiftre- 
roit  les  biens  de  l'Abbaïe  jufqu'à  ce 
que  la  difEculté  pût  être  terminée  ; 
l'expédient  ne  fut  pas  goûté  5  l'Abbé 
mourut  exilé  le  30.  Août ,  Diethelm 
Blarer  lui  fuccéda  ;  Zurich  &Glaris  re- 
lièrent en  poiïeflion  de  tous  les  biens 
de  TAbbaïe ,  &  affranchirent  les  Tog- 
genboufgeois  de  toute  dépendance  & 
ferviîude  pour  la  fomme  de  14000» 
Goaldes.  Les  anciens  fujets  réfuférent 
de  recevoir  le  Landshauptmann  que 

Lucer- 


Livre  Onzie'me^  273 
Lucerne  avoit  nommée  Les  cinq  Can-  i  f  30* 
tons  réfufoient  de  leur  côté  de  païer  les 
fraix  de  la  première  Guerre  de  CappeU 
Les  Reformés  en  général  fe  plaignoient  iî3i» 
qu*on  genoit  la  liberté  de  Conicience 
des  fujets  dans  les  Balliages  communs  ; 
qu'on  avoit  maltraités  plufieurs  réli- 
gionnaires  ;  qu'on  les  rendoit  odieux 
auprès  des  puiÎTances  voifines^  On  ne- 
gotia  beaucoup  ;  Zurich  propofoit  des 
expédiens  extrêmes  i  la  Guerre  de  Mùfs 
s'éleva  ;  les  8»  Cantons  envoyèrent  aux 
Grifons  4000^  auxiliaires  ;  les  5*  Can- 
tons réfhférent  leur  contingent  ;  les  re- 
formés crurent  qu'il  y  avoit  du  deflein , 
la  méffianee  augmenta  ;  Zurich  vou- 
loit  la  Guerre,  les  autres  Cantons 
cherchoient  à  la  prévenir^  Enfin  dans 
une  diette  tenue  à  Zurich  le  lundi  a- 
vant  la  Pentecôte  les  Cantons  convin- 
rent d'interdire  tout  commerce  aux 
cinq  Cantons  ;  ils  vouloient  éviter  une 
Guerre ,  &  par  cet  expédient  ils  la  pré- 
cipitèrent^ ^ 
11.  Part.  S 


274  L'IVRE  Onzie'me 
i53i>  cipitércnt,  La  France  s'entremit  avec 
Claris ,  Fribourg  &  Soleure  ;  on  tint 
un  Congres  le  14.  Juin  à  Bretiigarten* 
Les  Reformés  démandoient  pour  préli- 
minaires ,  que  les  Catholiques  laiflaflent 
prêcher  l'Evangile  en  toute  liberté  chez 
€ux  ;  les  Catholiques  étoient  plus  rai- 
fonnables ,  ils  ne  démandoient  que  la 
levée  de  l'interdit  ;  les  deux  partis  s'o- 
piniatrérent  dans  leur  refus  (a)^ 

Dans  ces  entrefaites  Basle  &  Soleure 
fe  brouillèrent  au  fujet  des  limites  du 
Landgraviat  de  Sisgau ,  qui  apparté- 
îioit  au  premier  Canton  ;  Soleure  pré- 
tendoit  que  Dornach ,  Hochwald  & 
Gempen  leur  aparténoient  en  toute 
Souverainetés  La  difficulté  fut  d'abord 
remifé  h  un  arbitrage  :  mais  Soleure 
rompit  la  conférence  &  fit  drefler  une 
potence  entre  Schauenbourg  &  Gem- 
pen; 

^     (a)  Stfimpf^   p.  324,////%     Hotting^ 
'      Hijh  MSc.  L.  23* 


Livre  Onzie'me^  27? 
pen  ;  les  deux  Cantons  armèrent;  les  if3U 
Cantons  neutres  s'entremirent  de  nou- 
veau ;  on  convint  d'un  fécond  arbi- 
trage ,  &  cette  difficulté  fut  mife  heu- 
reufement  en  règle  {a\ 

11  n'en  fut  pas  de  même  dans  Taf- 
faire  des  deux  Religions  ;  un  fécond 
Congrès  à  Bremgarten,  tenu  le  11^ 
Juillet,  fut  fans  effet  auffi  bien  que  • 
lesfuivants*  On  parle  différemment 
des  difpofitions  de  Zwingle  dans  ces 
Circonftances*  Hottinger  rapporte , 
qu'il  alla  fecretement  à  Bremgarten 
pour  repréfenter  à  fes  Amis ,  que  l'in- 
terdit pouvoit  avoir  des  Suites  funeftes;, 
&  qu'il conviendroit  de  s'en  défilter  (^). 
Bullinger  par  contre  dit,  qu'il  alla 
trouver  les  députés  de  Berne  Jean 
Jaques  de  Wattewyl  Seigneur  de  Co- 
lombier &  Pierre  Im  -  Haag ,  &  qu'il 
les  foUicita  de  ne  rien  céder  aux  Ca- 
S  ij  tho- 


(a)  WHrfteifenU^.C.%, 

(b)  Hotting.  p^  572^ 


27^  Livre  Onzie'me. 
ii3i*  tholiques  (^),  Les  Médiateurs  firent 
plufieurs  projets  de  paix,  ils  furent 
tous  rejettes ,  tantôt  par  l'un  tantôt 
par  l'autre  parti.  Les  Reformés  s'o- 
piniatroient  &  perdaient  du  tems  en 
négotiations ,  pendant  que  les  cinq 
Cantons  démandoienr  des  troupes  au 
Valaifans ,  au  Duc  de  Savoie  &  au 
.  Pape,  s'armèrent  &  déclarèrent  la 
guerre  à  Zurich  le  8-  d'Odobre  {b\ 

Le  lendemain  les  cinq  Cantons  firent 
une  irruption  avec  1200  hommes 
dans  les  baillages  libres ,  ravagèrent  le 
païs ,  &  pillèrent  Mouri ,  Moos ,  Efch, 
Boswyl  &  Bûnzen.  Albert  de  Mulinen 
Chevalier  teutonique&  Commandeur 
de  Hitzkilch  en  donna  avis  à  ZuricU 
&  à  Berne  ;  le  premier  Canton  ne  le- 
va que  trois  corps  peu  confidèrables» 
Ho ttinger  cherche  àjuftifier  cette  con- 
duite 


(a)  Bullîtig^  Mfc,  p,  159,  a; 

(b)  Sleidan^  1,  8. 


Livre  Onzie'me^  2577 
duîteCa),  &  eîieenavoit  béfoin,  le  i^it 
II.  d'Odobre  ,  jour  auquel  Berne  dé- 
clara la  guerre  aux  cinq  Cantons ,  les 
Zuricoîs  jette'rent  i^oo*  hommes  dans 
Bremgarten  (b),  George  Gôldîin  étoit 
pofté  à  Cappel  avec  environ  1200^ 
hommes;  il  n'aprit  la  marche  des  ç. 
Cantons,  que  par  leur  attaque;  fon 
Canon  les  tint  pendant  quelque  tems 
écartés  ;  la  bannière  de  Zurich  mar-  » 
chaàfonfecours,  mais  de  4000,  hom- 
mes à  peine  2000,  eurent  le  tems  de  le 
joindre;  Zwingle  étoit  de  ce  nombre^ 
Jean  Jouch  d'Uri  tourna  l'armée  & 
jetta  l'épouvante  parmi  les  Zuricois , 
qui  commencèrent  à  prendre  la  fuite, 
Rodolphe  Lavatter  fit  ferme  avec  un 
petit  corps  de  gens  réfolus  ;  Zwingle 
la  hallebarde  à  la  main  leur  prcêhoit 
d'exemple  ;  il  fut  tué  &  la  déroute 
devint  générale.  Les  Zuricois  ne  per- 
S  iij  dirent 


(a^  Hotting.  p.  577^ 
Cb)  Rp.  579* 


2^78  Livre  Onzie'me 
i^3t^  dirent  pas  au  delà  de  512^  hommes  i 
fuivant  le  Calcul  de  BuUinger  ,  qui  les 
nomme  nom  par  nom  ,  &  qui  eft  plus 
croïable  que  Salât  fuivi  de  M,  le  B^ 
d'Alt ,  &  qui  fait  monter  leur  perte  à 
2000.  hommes  (^X 

Les  Reformés  joignirent  leurs  forces 
après  cet  échec  à  Bremgarten ,  &  fans 
entreprendre  rien  de  conGdérable  par 
la  defunion  des  Généraux  ils  fe  parta- 
gèrent de  nouveau  &  s'àmuférent  a 
piller  quelques  Villages^  Un  détache- 
ment de  4000*  hommes  de  troupes  de 
Zurich  ,  de  Bâle ,  de  Schaf haufen  & 
de  Sl  Gall  fe  laifla  furprendre  le  24^ 
Odobre  fur  le  Zugerberg  par  700^ 
Catholiques  commandés  par  Chrétien 
Itti  ;  les  Reformés  y  perdirent  83o^ 
hommes ,  i  (^  pièces  de  Canon  &  f^ 
Drapeaux  C^)^      Salât  compte  encore 

ici 

a  ■•■■    I  ■!  ■  I  1 1 1         ■  i' 

(a)  BuUinger  Hijî.  Mfc,  Thuan  T.  L 
p.  80. 

Cb)  BnUiTig,  Mfc^  h  c^   Stettler  Chr^ 


Livre  Onzie'me*       279 
ici  plus  3e  2300,  hommes,    les  Reia-  i53i* 
tions  de  Bulli.iger  font  plus   impar- 
tiales^ 

Les  Toggenbourgeois  fe  df^couragé- 
rent  &  firent  leur  paix  particulière; 
on  recommença  les  négotiations  ,  & 
les  hoftilités  continuèrent  ;  les  fujets 
de  Zurich  commencèrent  a  traiter  de 
la  paix  en  leur  particulier ,  &  le  Can- 
ton fut  obligé  de  l'accepter  de  i^. 
Novembre  aux  conditions ,  qu'il  plut 
au  vainqueur  de  dider.  Comme  cet- 
te paix  fut  acceptée  par  Berne  ,  & 
qu'elle  fervit  de  loix  fondamentale 
jufqu'en  171 2*  je  vais  en  donner  les 
articles  principaux* 

On  promet  par  le  premier  de  laiîTer 
les  cinq  Cantons  &  le  Valais  dans  leur 
ancienne,  vraïe  &  indubitable  foi 
Chrétienne  ;  les  cinq  Cantons  de  bif- 
fer Zurich  &  leurs  adhérans  dans  leur 
Religion  ;  les  Cantons  fe  refervent  ré- 
ciproquement leurs  traités  ;  les  fujets 
des  Baillages  libres ,  de  Bremgarten 
S  iiij  & 


sgo       Livre  Onzie'me* 
Ty$i.  ^  de  Mellingen  font  exceptés  de  la 
paix,  de  même  que  leToggenbourg, 
le  Gafter  &  Wefen. 

2^  Les  deux  parties  s'engagent  à  fe 
laifler  jouïr  réciproquement  de  leurs 
droits  dans  les  BalHages  communs  » 
fous  la  réferve  que  s'il  y  avoit  quel- 
que paroiflTe ,  qui  ayant  embraffée  la 
nouvelle  Religion  voulut  la  garder , 
de  même  que  les  paroifles  qui  n'au- 
ront pas  encore  renoncé  à  l'ancienne 
Religion,  féroient  pleinement  en  droit 
d'y  demeurer ,  &  que  s'il  y  en  avoit , 
qui  vouluffent  rétablir  la  Religion  ca- 
tholique ,  elles  féroient  en  droit  de  le 
faire  ;  qu'on  partagera  les  biens  d'Egli- 
fe  entre  les  prêtres  &  les  miniftres  fé- 
lon l'étendue  des  lieux  ;  qu'on  ne 
pourra  pas  s'injurier  pour  caufe  de 
Religion* 

3*  Les  deux  parties  s'engagent  à 
obferver  mutuellement  leurs  ancien- 
nes Alliances ,  &  en  particulier  les  Zu- 
riçois  s'engagent  à  ne  point  fe  mêler 

des 


Livre  Onzie'me^         281 

des  affaires  des  lieux  ,    où  ils  n'ont  i53i« 
aucune  authorité. 

4.  Les  Zuricois  s'engagent  de  re- 
noncer à  tous  les  traités  nouveaux , 
&  le  précédent  traité  de  paix  devra 
être  annullé  &  remis  aux  Cantons^ 

S^  Us  réditueront  auflTi  les  2^00» 
Ecùs ,  que  les  cinq  Cantons  leur  avoi- 
ent  payé  pour  les  fraix  de  la  guerre 
précédente^ 

6^  Les  prétenfions  contre  les  ecclé- 
fiaftiques  fe  décideront  par  le  droit. 

7^  Tous  les  dommages  caufés  pen- 
dant cette  guerre  devront  être  rem- 
bourfés^ 

8»  Les  prifonniers  feront  échangés 
&  ceux  qui  ne  pourront  être  échangés 
rantionnés  à  un  prix  raifonnable* 

Ce  Traité  tut  fait  fous  la  médiation 
du  Roi  de  France ,  du  Duc  de  Savoie, 
d'Ernefl:  Marggrave  de  Baden ,  de  Jean- 
ne de  Hochberg ,  des  Cantons  de  Claris, 
de  Fribourg  &  d'Appenzell  OOv 

S  iiiij  Berne 

m  '  •  ••  Il   ^— — 

(a)  WurJieiP  L  g.  c.^3* 


282  Livre  Onzie'me 
If  31^  Berne  n'eut  d'autre  parti  à  prendre 
après  que  Zurich  eut  fait  fa  paix  par- 
ticulière ,  que  de  i'accepter  pareillé- 
ment»  Cette  Republique  avoit  fait  une 
faute  qu'on  lui  a  encore  reproché  de- 
puis ,  c'eft  d'avoir  trop  partagé  fes 
forces^  Sebaftien  de  Diesbach  &  Jean 
Jaques  de  Wattevilie  n'avoient  pas 
7000^  hommes  fous  leurs  ordres  ;  les 
Païfans  fervoient  à  leurs  propres  fraix  ; 
ils  étoient  m'écontens ,  qu'on  ne  les 
eut  pas  d'abord  menés  à  l'ennemi  ; 
mais  Berne  qui  avoit  travaillé  à  pré- 
venir une  rupture  ne  vouîoit  agir  que 
defFenfivement^  Diesbach  fe  replia 
vers  Lenzbourg  &  Aarau  ;  les  f.  Can- 
tons le  fuivirent  avec  12000^  hom- 
mes ,  qui  firent  une  incurfion  fur  les 
terres  de  Berne,  &  infultérent  la  Vil- 
le de  Brougg  ;  l'advoyer  ZulaufF  de 
cette  Ville  avec  les  gens  de  la  Chate- 
lanie  d'Eigen  les  répoufTa  avec  beau- 
coup de  valeur  {a\      Les  médiateurs 

firent 


(a)  Stettlet  J.  2»p,53* 


Livre  Onzifme,  ag^ 
firent  accepter  la  paix  aux  Bernois  le  1,5 ^i* 
22.  Novembre  fous  les  conditions 
nommées  plus  haut*  On  ajouta  qu'ils 
païeroient  3000.  Ecus  aux  cinq  Cantons 
pour  les  dommages  caufés  au  couvent 
de  Mouri  ;  qu'ils  remettroient  à  ceux 
d'Underwalden  les  titres  &  recés , 
qu'ils  avoient  contre  eux  au  fujet  de 
l'affaire  de  Hasli;  qu'ils  ne  féroient 
pas  obligés  par  contre  de  rei^ituer  les 
3000^  Ecus  ,  que  ceux  d'Underwaldea 
leur  avoient  payés  ;  que  les  Bernois 
permettroient  aux  Rebelles  du  Grin- 
delwald  de  rentrer  chés  eux*  Les  fraix 
de  cette  guerre-ci  furent  réglés  à  ^coo; 
Ecus ,  que  Zuric  &  Berne  payèrent* 

Tel  fut  le  malheureux  fucces  d'u- 
ne guerre  ,  que  Zurich  s  étoit  attirée 
imprudemment ,  qui  fut  mal  condui- 
te &  qui  arrêta  tous  les  progrés  de  la 
Reforme  en  Suifle*  L'Abbé  de  SU 
Gall  fut  remis  en  poffeffion  de  fon 
Abbaye  ;  la  Ville  de  St*  Gall  lui  paya 
loooo*  Gouldes  pour  fraix  &  dom- 
mages 


284  Livre  Onzie'me^ 
1^31,  mages  (a),  &  il  accorda  la  liberté  de 
confcience  à  fes  anciens  lujets  ;  l'af- 
franchiflfement  des  Toggenbourgois 
iut  déclaré  nul  en  1538.  (b)  Se  les  VIL 
Cantons  catholiques  renouvellérent 
leur  Alliance  en  1^3,  avec  l'Evêque 
&  le  pais  de  Valais  ;  ce  Traité  fut  con- 
firmé le  9»  de  Juin  i  S78* 

Pendant  les  negotiations  raportées 
ci-deffus  les  Grifons  étoient  en  guer- 
re avec  Jean  Jaques  de  Medicis ,    dit 
le  Châtelain  de  Mùfs*       Cet  Avan- 
turier  s'étoit  emparé  le  I2^  de  Mars 
du  Bourg  &  du  Château  de  Morbe- 
gno  dans  la  Valteline  ;  les  Grifons  ap- 
pellérent  les  Suiffes  à  leur  fecours ,  & 
obtinrent  4000,  hommes^      Les  Con- 
federéz  réprirent  Morbegno  &  quel- 
ques autres  petites  places ,    &  s'avan- 
coient  contre  Mùfs .    lorfque  le  Duc 
de  Milan  pour  éloigner  les  Suifles  de 
fes  frontières  leur  fit  accepter  un  trai. 

té 


(a)  BMng,  MSc^ 

(b)  UJK 


Livre  Onzie'me^  28i 
té  le  7^  de  May,  par  lequel  il  s'en-  1^31^ 
gageoit  de  continuer  la  guerre  à  fes 
dépens  ;  qu'à  l'exemple  de  fon  frère 
Maxiniilien  il  renonçoit  à  fes  preten- 
fions  fur  la  Valteline  &  les  Comtés  de 
Chiavenne  &  de  Bormio  ;  qu'il  pren- 
droit  2000*  hommes  des  Confederéz 
à  fa  Solde  ;  que  les  places  dont  il  fe 
rendroit  maitre  lui  appartiendroient, 
&  qu'il  payeroit  30C00,  Gouldes  d'Or 
aux  Confederéz  (a), 

(a)  Sprecher  L*  lo» 

FIN. 


TABLE 


TABLE  DES  MATIERES. 


AArau  5  pafTe  fous  les  Bernois  T.  j^p^2i9^ 
Aigle  ^  pris  par  le  Bernois^  2-  38«. 

Albert  y  Empereur,  fes  entrepr ifes*  1*40^  feq^ 
Allemanme  ,  Duché ,  fa  fondation     1*13,  1 4» 
Alliance  des  trois  Cantons,  i»  1 19.  première 
des  Suifles  avec  la  France^  2,  ç^ 

^//ieV  des  Suiffes*  2*  21^, 

Anabapîifies^  2*  258* 

Anglois ,  leur  guerre  en  SuiflTe.  i;  1 69^ 
Argeu,  failbit  partie  de  l'Allemannie,  i,  i8* 
Appenzell,  i.  201^  feq^  2^  19U 

4/rc?^;V/ des  Suiffes*  2^  214^ 

Autriche ,  fa  puiffance  en  Helvétie^      i^  ^3* 

B. 

ErtJ^»  pris  par  les  Cantons,  i*  220, 

Mie,  la  Ville, fonHiitoire  i,  104,  feq,  2, 1 34^ 

entre  dans  la  Confédération  Helv  :  2,  i  ^  i. 

(TEvêché)  i.iof,  74,77, 

Balliages  d'Italie,  2,    il  S* 

Balliages  libres^  I^  220,  feq. 

Bargen  Comté»  I,  8,195  7i* 

Bellinzone^  i  ♦  2 1 4,  2. 1 5 1  ♦  feq«. 

Berne, 


TABLE. 

Berne  ,     étoit   d'origine    une    Ville  Imp. 

Tom  I.  p.  93, 
Conjecture  fur  l'origine  de  fon  nom.  1,94* 
Son  Hiftoire*  i,  97Jeq^ 

Déclare  la  guerre  à  Charles  le  Hardie 

Refufe  la  Comté  de  Neufchâtel     2  1 14^ 

BerthoîdV.  de  Zaringue,  i.  28,  91» 

5fr/W  vendu  aux  Bernois,  !>  i78«. 
Bienne.                i*  7^,  77,  l52.   2.  232,  feq^ 

^ip/?  vendu  aux  Bernois^  i*  i^7«. 

5d?i:^/?^  (de)  cité.  i.  4,  80; 

Bc^^c/'fc/^  (Comtes  de)  .   i^  .102^ 

Bourgogne  la  petite»  I.  11,  i  S»  2i. 

5{?/^r^6>^«e  (Guerre  de)  2.  i2.  feq. 

j^rW^r/W^^  (bataille  au)  2.121^ 

Brouggïm^xk&ihïiûé^  1.249^ 

Bubenberg  (Adrien  de)  2.  ^9,  yf, 

Buchsgeu^  Landgravi^t.  i.  32. 

C 

Cantons^  i  les  trois  premiers)  i*  3  ,  33*feq^ 
les  VIIL  anciens^  i.  i^^o^ 

Capitulât  de  Milan^  2,  8. 

Cappel  (  I, Guerre  de)  2,  26f^ 

'    Seconde  ib,  .  276,  feq. 

Chablais ,  ce  qu'il  comprenoit,  1.23. 

Chambre  Impériale^  2.  109»  Iir. 

Charles  le  Hardie  2.  1 6, 20, 49,  61 ,  7f . 


TABLE. 

Cerlier  pris  par  le  Bernois.  T»  2,  p,  37  >  7^* 
C(?/re,  l'Evêché.  i*  I3*  2.  22o* 

Çombourgeoifie  de  Berne  avec  Neufch*  i.  2io^ 

de  Berne  avec  la  Prévôté  de  Métier.  2,9s* 
Comhourgeotfies  Suifles  »  ce  que  c'eft.  i ♦  2(^7 î ^ 
Compagnies  (Gr^mcles)  en  France.  i*  248. 

Comtes  en  Helvetie.  i.  31  >  79» 

Confpiraiion àZuïichy  1. 140. àBerne,  I,  i<^8» 

à  Soleure.  i.  i7<^* 

Confiance  (  Guerre  du  Concile  de), ,.  1.21^. 
C/y«r^J (Nicolas)  Général  Soleurois,  2.  i39^ 

A 

Dieshach  (  Nicolas  de)  2.  32. 

(Guillaume)  2.  131. 18  3. 
Blettes  en  SuifTe ,  2.  i >o. 

D/;(?»  (Siège  de)  2.   i8T» 

Difcipline  Militaire  des  SuiflTes ,  l.  T98» 

Difputesïm  la  Religion.  2.  25o.  262. 
Dornach  (Bataille  de)  2.  137. 

Droit  Helvétique ,  ce  que  c'eft.  I^  252. 

D^WÉ^^  redrefle.  2.  18  8» 

Efone  ^  ou  fitué.  2.  22^. 

jE'^//f7?rej ,  cequec'étoit.  i^  23. 

ErldcUXiXdQh.  d')i.99XRodolph)l.i  32,  t  37^ 

Efdées^m.  2.  44. 

£y?^x;/ï/Vpris&faccagé.  2.44. 

Tarnsherg 


TABLE. 

F. 

Farnsher^  affiége  par  les  Suifles^  T,  i^  ^  ^f  o^ 
Fiefs  rGouvernement  des)  i.  27. 

Fine  (George  auf  der)  2»  1 69^ 

(Nicolas  von)  Hermite.  2,  87. 

Franche  Comtés  2,  77,  ^2.- 

rrrty?fw^  (Bataille  de)  2.  ïzç^ 

rnî//Z'r///7«ew (Bataille  de)  i*  I73«. 

fni'«?//r^  bâti,  1,91,  Ton  Hiftoire,  2.  3,  71,  74. 

reçu  dans  la  Confédération  Helvet,  2.  87. 
fr(?^o^r^  (Comte  de)  i.  166. 

G. 

GalK^Abhé  deSt,  )      i.  74,  29,  ^*  2f73, 

2,  319; 
Gew^W ,  Ton  Hiftoire.  2;  23  ç. 

G/^r/V ,  fon  Hiftoire.  i,  121;  14^,  148* 

Gouverneurs  Imper^  en  HqIv.  i*  45»  leq.  5  3^ 
Grandfon  (Bataille  de)  2,  6f  * 

Grinau  (Combat  de)  i*  1 39*. 

CrifonSy  leur  Hiltoire*  2»  116",  220^ 

H. 

Habsbourg  bktu  i.  2a. 

(Lauffenbourg)  Comtes.  i.  64^ 

B'igûenbach  (Pierre  de)  2.  11^  feq.  29^ 

Halltveil  (Jean  de)  Général  Bernois*       2.  64, 

(Thuring)  Général  des  Zuricpis^  i.  238^ 

//,  Fart^  T  JFfW 


TABLE. 

Jfrfr/^  (Bataille  de)  Tome  2.  ^  ii9» 

Hnsli ,  fa  Defcription.  i,  33* 

Hehetie,Ç^  Defcription,  i,  61,  9,  83- 

Helvetiens ,  leur  Origine  &  Hift,  i.  3,  feq  8o* 
jF/enVo//r/ (Bataille  de)  2*  3^» 

iïj/?(?n>«  (Caradère  dun)  i.f^* 

Jacoh  (Bataille  de  St,)  i^  2ÇO, 

Joigne  pris  par  les  Bernois.  2.  3  8. 

Indulgences  prêchées  en  Suifle.  2.   250.  fq^ 

Iverdm  pris.  a.  47. 

Klettgeu  dévafté  par  les  Cantons.        2.  1 29. 
K^hourg  (Comtes  de)  J»  31*  ^5,  224, 

X^iwi^r^T;/^/ de  Bourgogne»  i*  40» 

I,^/^;?e«  (Bataille  de)  !♦  i34* 

Laufanne  ,  Evêché.  l*  70. 

Lentzbourg  I*2l8>  2.222. 

Leopold  d'Autriche  tué  à  Sempach.       i*  1 86^» 


Livinen  (Vallée  de) 
Lucerney  fonHiltoire. 

M, 
Maires  du  Valais, 
Maleray,  (Bataille  de) 
Malferheid  (Bataille  de  la) 

1.213* 

I.  123*  feq. 

r.  f. 

2.  133. 

Marignan 

TABLE. 

Marhourg  (Colloque  de)  Tome  2,  p*.  2^8* 

Marignan  (Bataille  de)  2.  20^^ 

Jl'to2ffr  (Jean)  Capitaine  Bernois..  i*  2^0^ 
Mîlamis^  (Guerredu)  i.  212,  2,io6,i^^*fq* 
Morat,  Ville  i,  33,  82.  (Bataille  de)  2.  6s ^ 
Morgarten,  (Bataille  de)  i  ♦  1 1 3 ♦ 

Mulhatifen^  2^  9  ,  23I* 

Murbach  C  Abbé  de)  vend  Lucerne*  i.  42^ 
Mufs  (Guerre  de)  2.  284. 

N. 
Nafeh  (Bataille  de)  i*  192^ 

NeufchàteKSlomiQ^àt)  '  1,71,2.240, 
Neuvevilk^  1,1%,  feq, 

jsr/i^/if,  1, 171, 174, 17^,  194, 

Novarre  (Bataille  de)  2.  1 8 1 . 

Nugerol  Ville  détruite*  !♦  7^,  2,  24i* 

0. 

Ofc^///?wJ,coniea:Jur  l'orig.  de  ce  nom.  i.  90, 
Or^f,  pris.  2,  38» 

P^jyy  Jf  F^/zJ*  I*  6>*  2.  43* 

P^/x  de  Senlis.    2„  104*  de  Bâle,  148*  perpé- 
tuelle avec  la  France*  2,  210* 
Tai^  entre  les  Reformés  &  les  Catholiques* 

2.  279* 
Pjj)?i?r?7(?  (Abbaye)  fondée*  i*  i8* 

Teîmefca,  Conjecrure  fur  Cette  Ville,  2*232* 
P/i//ew^r/>/,  ce  que  c'eft*  ^     i*  16%, 

Tij  P/>r- 


TABLE. 

Tiempertuà,  Tome  i*  p^  \^U 

Pipp ,  bâti  I,  8.  (Comté  de)  ibid^  19.  7S* 
Fontarlier  pris  par  les  Suiffes*  2.  37» 

THvilèges  des  Suifles  en  France^  2.  89- 

B^perfweil  (Comtes  de)  1*1 39  .  224. 

B^auraques^  l*  8ij  104* 

Béforme  à  Berne.  2.  262. 

Reforme (^Qt  qui  en  empêcha  les  progrès) 

2.  283» 
I^einfeUen  pris  par  les  Bernois.  i .  2  s  7* 

^eûie,  l^  13.  2.  220»  feq* 

B^den^  ce  que  c'eft»  2.  19*^ 

J^o^/(?//;/7  r.  de  Habsbourg.  1.38.  feq. 

i{^oyf//f^4.(  Baron  de)  fauve  par  fon  époufe*^ 

2.  lao. 
^. 

Sargam^  (Comté  de)  x^  73^  20^.  2.  92* 

^rtî^i/jye  (.Comtes  de)  i.  ^ç. 

SchafhaHfen ,  Ibn  Hiftoire.  I.  io8*  2^  9. 

entre  dans  la  Conféd.  Helvétique.  2.  1^3* 

SchlofsbergbitU  I.  78^ 

Schwaderloch  2,  119,  (Bataille  de)  2.  I23« 
Schyveitz,  Hiftoire de  ce  Canton.  1.33,  m* 
^w//?/ic77  (Bataille de)  i.  i83* 

(Règlement.)  i,  197^ 

Soieure  *  fon  Hirtoire.  i.  ici  ,  126^ 

reçu  dans  la  Confédération  Helv.     2.  87* 


TABLE. 

Spreng ,  cité.  Tome  2 , J^«  2  ^  T* 

Stanz  (Convenant  de)  2^  88» 

StUJJi,  Bourguem.  de  Zurich,  i*  236  ,  243^ 

Stumpf,  Hiftorien  accafé*  i*  S^* 

Suahe  (Guerre  de)  2*  109,  feq* 

SuiJJe^  fa  Defcription^  i*  61,  feq. 

Smjjes  a  Origine  de  ce  nom*  i*  ï  oo. 

Leur  premiérç  guerre*  i*  112* 

Commencent  à  s  «nrôller  dans  les  Services 

Etrangers*  2^6^ 

S'emparent  du  Milanois.  2*171» 

^* 
fejfi;i;f// (Combat  de)  i*  14^* 

5>// (Guillaume)  fon  Hiftoîre*      î*49*feq^ 
!rWr^i?i;i^conquife*  2*  7* 

^/>/^«,  vendu  aux  Bernois*  i*  178* 

!nr(?/ (grande  mifére  du)  2*  13  c* 

Itoggenbourg  (Comtes  du)  i*  72 ,  225^ 

V. 
Valais^  2^  14,  4f ,  22^; 

Vndervaîden ^  Hift*  de  ce  Canton,    i*  3  ,  33^ 

2*  3T. 
Union  héréditaire  avec  l'Autriche*  2*22,  i  f  i .. 
Vriy  Hiftoirede  ce  Canton,     i^  3  >  33, 2i8«. 

Wattevilk  (  Jaques  de  )   Ge'néral  Bernois* 

2*  Ii8»i83,  185,  i89>203» 

Welfes^ 


TA  BLE. 

Welfes,  leur  Généalogie.        Tomei,  p^  16^ 
Werdenherg  (Co lîites  d e)  i  ♦    7 2 ♦ 

Winterthidr  cédé  auxZuricois.  2,  8* 

^c?M  (Henri)  Officier très^ brave.   .  2. 125* 

Z'dringue  (  Ducs  de)  i*  24. 

ZoffingMe,  I.  33  »  218. 

Z//^,  fonHiftoire^  1.148* 

entre  dansla Confédération Helv.  I.  149. 
Zurich ,  Capitale  du  Pagus  Tigurinus.   i.  80. 

SonHiftoire.  i.85»feq. 

Sa  guerre  civile*  i.  137. 

Etablit  une  nouvelle  forme  de  Gouverne- 
nement.  i*  138* 

Entre  dans  la  Conféd.  Helvétique,  i,  141. 

Sa  guerre  avec  les  SuiflTes.        i .  22  <.  feq. 
Zmlauheriy  (Baron  de)  fon  Hiftoire  Mili- 
taire des  Suiffes.  I.  199* 
ZwingU^                                            %,  250» 

FIN. 


-^^K  ^