Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at|http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adressefhttp: //book s .google . coïrïl
çGoogle
çGoogle
çGoogle
çGoogle
çGoogle
çGoogle
HISTOIRE
DE LA LATINITÉ
DE
CONSTANTINOPLE
M. A. BELIN
CONSUL-GÉNÉRAL PRÉS LAMRASÏiADE DE FRANCE A CONSTANTINOPLE, '
HEXBRE HONORAIRE DU " SVLLÛUOS BELLIMCOS " DE CONSTANTINOPLE,
MEMBRE CORRESJ'ONDANT
« DELLA SOCIETA LIGURE DI STORLA PATRU », ETC.
DEUXIÈME ÉDITION
RÉPARÉE ET CONSIUÈHABLEUENT ACCRUE PAR L'aUTEUR
REVUE. UltMEIITÉE ET CONTIRUËE JUSQU'i Wni TERPS
Le R. p. ARSÈNE de Chatel
CAPUCINS DK PAlllS, EX-PRÉFET .APOSTOLIQUE
AVEC DEUX PLANS ET DES GRAVURES
PARIS
ALPHONSR PICARD ET FILS, EDITEURS
Liàrairet de» ArcMceÊ nationales et de la Socléti de t'Éroie de* Charte*
83, HUE Bonaparte, 82
1894
Toui droits r^sei-ciJs.
,dbvGoogle
153T
,Cfo
çGoogle
/^ v-yoo/a
INTRODUCTION
A LA ^OUVELLE ÉDITION
En 1872 M. Belin, secrétaire-interprète et consal-général
près l'ambassade de France à Constantinople, publiait dans le
f Ck)ntemporain i une série d'études, intitalées < Histoire de
l'Église latine à Constantinople. * Ces articles forent fort re-
marqués alors, car on ne possédait aucun travail d'ensemble
sor la matière; aussi engagea-t-on l'auteur & en faire un tirage
à part. C'est ce qu'il fit, en y ajoutant de nombreuses notes
complémentaires. Cette brochure fut enlevée en peu de temps,
si bien que plusieurs années avant la mort de l'auteur il était
impossible d'en trouver un seul exemplaire.
C'est que M. Belin n'était point le premier venu et qu'il était
fort bien préparé pour faire un travail sérieux. M, Belin
François-Alphonse naquit à Paris le 31 juillet 1817. II appar-
tenait à une ancienne et honorable famille du Vexin français',
dont la fortune fut emportée par la tourmente révolutionnaire, et
dont les membres quittèrent pour la plupart le pays natal, 11
s'appliqua de bonne heure à l'étude des langues orientales, sous
la direction de S.-J. Marcel, et suivit, au collège de France et
à l'École spéciale des langues orientales vivantes, les cours
> Belin est un vieux mot français qu'on trouve à diverse! époques soua
les Tormes : Belinus, Blio, Balin, lielin, Hellin, Heylin, Bélines etc. VîUehar-
douin parle d'un eieur de Héline» qui prit la croix en 1200; un sieur Jacques
Belin vendait sa maison à Jacques Cœur ; un sieur Belin, maire de Deaune
■ous Henrj' IV conserva cette ville à la France par son courage. — Un sieur
Paoio di Belin, vénitien, habitait Oalata en 164.'!. Un sieur Fran<;ois Belin
était chancelier de l'ambassade de France à Constantinople ; de 17l:i 4 1717,
il remplit trois fois les fonctions de chargé d'affaires de Sa Majesté. Noua
trouvons fort souvent sa signature dans nos archives du l.evant.
çGoogle
d'arabe, de persan, d'hébreu et de turc, de Sylvestre de Sacy,
Baynaud, E. Quatremère et Joubert.
Nommé en 1838 répétiteur à l'école des Jeanes-de-Langues,
il remplit ces fonction jusqu'en 1843, époque à laquelle il fut
nommé Drogman-Chancelier du nouveau consulat de France à
Elzeroum (Arménie). Appelé l'année suivante, en la même qua-
lité, à Salonique, il y fut pendant quelques mois chargé de la
gestion de ce poste consulaire. 11 passa ensuite au Caire (7 sep-
tembre 1847) et géra aussi ce consulat en 1847. Il devint enfin
secrétaire-interprète intérimaire près l'ambassade de France à
Constantinople. C'est là surtout qu'il continua à utiliser, au
service de la France et de l'Église, les rares qualités dont la Pro-
vidence l'avait doué.
Il fut envoyé à Jérusalem à l'époque de la discussion relative
au Lieux Saints et y resta jusqu'en 1853. Il rentra alors en
France, pour y contracter mariage avec M"" Virginie Deîaporte,
fille de l'ancien consul de ce nom. Peu après il fut détaché, par
le ministre des affaires étrangères, en mission spéciale auprès
du maréchal de Saint- Arnaud, commandant en chef de l'armée
française d'Orient et conserva ce poste de confiance jusqu'en
janvier 1855. Dans l'intervalle, en mai 185'», il avait été nommé
secrétaire-interprète titulaire. Il obtint en 1862 le brevet de
secrétaire-interprète de l'Empereur et fut enfin nommé consul-
général en 1868. C'est donc à Constantinople et dans ces b:ès
honorables fonctions qu'il passa les plus belles années de son
utile existence.
C'est laque nous l'avons connu : homme de devoir avant tout,
appliqué^ malgré sa santédébiJe, aux travaux incessants que lui
imposait sa charge et les soins que demandait l'éducation de
ses enfants. Dans l'intervalle il trouvait le moyen de s'occuper
des bonnes œuvres, si nombreuses à Constantinople. Membre actif
des conférences de Paint Vincent de Paul, il faisait souvent, à
la fm del'année, des rapports très remarqués sur les travaux de
cette institution. Mais son œuvre de prédilection fut à propre-
ment parler la fondation, l'organisation, le développement et
l'entretien du cimetière catholique de Féri-Keuï. Délégué par
r>' Google
— 7 —
l'ambassade de France pour s'occuper de la création de ce cime-
Uère en 1S59, il fut, en 1862, nommé secrétaire de la commission
qui l'administre et c'esten cette qualité qu'il a fait chaque année
an rapport, non seulement intéressant au point de vue des faits,
mais encore tout rempli d'érudition et de science et écrit avec
cette pureté de style, cette élégance sobre et cette concision an-
tique gui le caractérisaient. Il ne cessa ses fonctions laborienses
qu'en 1875, sa santé ne lui permettant plus de les remplir.
Il semble qu'avec toutes ces occupations il devait lui rester
peu de temps pour les travaux littéraires, et cependant, quand
nous parcourons la liste de toutes ses publications, nous en trou-
vons un si grand nombre qu'elles pourraient remplir la vie la
mieux occupée et la plus longue. Presque toutes sont relatives
aux questions orientales. Nous n'en citerons qu'un petit nombre;
beaucoup ont paru dans le Journal asiatique : Notice sur tes
Chrestoinathtes orientales, 1843. — Fétoua relatif à la
condition des Zimmis Zêumuts, 1852. — Ce travail fait très
bien connaître la situation civile et politique des sujets non mu-
sulmans de la Porte. — Mémoire sur l'usage et la constitu-
tion fies biens de ^nain-morte, en pays mtisulman, 1853. —
Lettre sur un document relatif à Mahomet; dans ce travail
M. Belin établit l'authenticité d'une lettre adressée par Mahomet
à Marauc»s vice-roi d'Egypte pour l'empereur Héraclius. Cette
publication produisit une profonde impression dans tous les
pays musulmans. — Ètiides sur la propriété foncière en pays
mustilman et spécialement en Turquie, 1862 (248 pages). —
Essai sur l'histoire économique de la Turquie, 1865. — Du
régime des fiefs militaires dans l'Islamisme et principale-
ment en Turquie, 1870. — Des capitulations et des traités
de la France, en Orient, 1869, indispensable à tous ceux qui
veulent connaître l'histoire des rapports extérieurs de la Turquie.
— Et enfin le travail dont nous donnons au public la 9^ édition :
Histoire de l'Église latine de Constantinople, etc., etc.
Tous ces travaux avaient attiré sur M. Belin l'attention du
public lettré et lui avaient obtenu de flatteuses et innombrables
distinctions. — Officier de la Légion d'honneur, décoré d'un
r>' Google
grand nombre d'Ordres étrangers, meml^e de beaucoup de
Sociétés savantes, il était consulté avec £ruit par tous ceux
qui s'occnpent des questions orientales et leur donnait un con-
cours que son incontestable compétence rendait infiniment
précieux.
Il avait, avons-nous dit, publié son Histoire de l'Église
Latine en 1873 ; mais il ne s'était pas pour cela désintéressé
deson travail : il lui avait même conservé one affection spéciale.
Il ne se diasiihulait pas qu'il s'y trouvait de nombreuses et im- -
portantes lacunes, n continua donc de fouiller les archives,
d'écrire à tous ceux qui s'occupent de l'histoire du Levant,
réunit tous les livres qui paraissaient sur ces sujets ; il amassa
ainsi une quantité considérable de documents et s'en servit
pour préparer une douxiëme édition beaucoup plus considé-
rable et iplus complète que la première. Lorsqu'il mourut, le
IBavril 1877, dans la soixantième année de son âge seulement,
son œuvre était presque achevée, et n'eût été le désir de la
perfectionner encore, il l'eût imprimée depuis longtemps.
Sa veuve et ses enfants conservèrent, avec un soin religieux,
non seulement sa mémoire et l'bonorabilité de son nom, mais
encore ses manuscrits et ses notes etspécialement cette Histoire
da la Latinité de Constantioople. Pourquoi ne fut-elle pas pu-
bliée plus tât ? C'est que la manière de travailler de M. Belin
réclamaitde l'éditeur de son œuvre un travail assez considérable.
Respectueux de l'exactitude jusqu'au scrupule, ami des plus
petits détails, avide des indications les plus diverses, il réunissait
quantité de citations, en surchargeait ses pages, de telle sorte
qu'il était difficile da s'y reconnaître sans une étude assidue.De
plus les trois chapitres entre lesquels il avait partagé son travail
primitif et qui convenaient à peine à une brochure de 1 50 pages,
ne pouvaient suffire à encadrer la masse des documents qu'il
avait réunis ; enfin embarrassé pour ranger certaines parties de
son histoire, il avait classé les églises simplement selon l'ordre
alphabétique, sans aucun égard à leur antiquité ni à leur im-
portance. Il follait donc de ce chef un grand travail pour mettre
dans cette histoire un ordre capable de satisfaire le lecteur.
r>' Google
En outre la Latinité de Constantinople a été mieux coDiiiie
depuis 20 ans et les progrès qu'elle a faits depuis cette époque
ont été considérables : il fallait donc compléter certains chapitres
et continuer cette histoire jusqu'à nos jours. C'a été le travail de
réditeur.
Il avait connu M. Belin en 1876 et avait conservé de lui un
excellent souvenir : il avait apprécié le travail publié en 1873 et
regrettait vivement que la seconde édition qu'on lui avait an-
noncée ne fut pas publiée. Aussi quand la pensée de se charger
de préparer et de mener à bien ce travail lui fut suggérée, il y
consentit volontiers. Ce n'était pas du reste pour lui une chose
nouvelle et inconnue, car il était familiarisé avec l'histoire ecclé-
siastique de la Constantinople moderne et ses recherches dans
les archives des couveilts de l'Orient l'y avaient préparé, II se mit
donc résolument à l'œuvre et c'est le fruit de son labeur qu'il
ofTre aujourd'hui au public.
Son œuvre consiste d'abord en une révision complète du texte
et des notes qu'il fallait mettre en ordre, une division ratîo-
nelle du livre en parties et de chaque partie en chapitres homo-
gènes et bien ordonnés. Chemin faisant il s'est permis d'ajouter
au texte de M. Belin certaines pages qui lui ont paru nécessaires
pour le compléter : ainsi la liste des empereurs et des patriarches
latins, ainsi le récit des efforts tentés à diverses reprises pour
amener l'union entre les deux Églises etc.
Dans la deuxième partie les changements paraissent plus nom-
iH'eux et plus importants, cependant, c'est toujours l'œuvre de
M. Belin qui reste. Le premier chapitre lui appartient tout en-
tier, le 3* a été complété et on y a ajouté la liste des ambassa-
deurs de France à Constantinople ; ils ont eu trop d'influence
sur l'histoire de la Latinité pour qu'on puisse les négliger. Il
eût été même utile d'ajouter quelques détails sur le rôle qu'ils
ont joué, mais cela nous eût entraîné trop loin. Les chapitres qui
concernent les Églises et les Ordres religieux à Constantinople
sont aussi de M. Belin, seulement l'éditeur les a rangés suivant
leur ordre historique et les a complétés par les documents trouvés
dans les archives qae les chefe des diverses Communautés ont
r>' Google
— 10 —
graciensement mises à sa disposition. Mais il a fallu ajouter
encore davantage au chapitre qui contient la série des chefs de
la hiérarchie latine et essayer de faire connaître le rôle très
effacé qu'ils ont rempli.
Dans la troisième partie l'éditeur a nne plus grande part
il a complété et continué l'œuvre de M. Belin et l'a menée jus-
qu'au commencement de 1893. Il a donné un soin tout spécial à
la statistique des œuvres catholiques et du clergé latin. Enfin
dans un chapitre linal il a essayé de résumer toute cette histoire
et de faire connaître l'état actuel de la Latinité Constantinopo-
litaine.
Nous nous sommes demandé s'il fallait marquer par une
dictinctioQ typographique, ou par d'antres indications, ce qui
appartenait à l'auteur et la part modeste de l'éditeur; mais nous
nous sommes déterminé à ne faire qu'un seul texte. L'auteur et
l'éditeur n'ont eu qu'un seul but, faire connaître la vérité et ap-
porter leur part à ce grand travail historique duquel doit sortir
une plus grande gloire de Dieu et une connaissance plus appro-
fondie de l'Église catholique et de son influence bienfaisante
dans le Levant. Ce sera en même temps une contribution à
l'histoire de la France, dont le rôle a été si important dans
ces contrées.
Comme il était juste l'éditeur a soumis son travail à ses su-
périeurs : c'est avec leur bénOdiction et leur approbation qu'il
le fait paraître,
Constantinople le 15 janvier 1893.
r>' Google
AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR
AVANT LA PREMIÈRE ÉDITION
L'étude que nous publions aujourd'hui a été entreprise sur les
conseils de Mgr Brunoni, alors vicaire apostolique de Constan-
tinople, présentement patriarche latin d'Antioche.Sans d'aussi
vénérables encouragements, nous n'aurions pu consentir, nous
l'avouons, à nous charger d'une tâche que, malgré nos efforts,
nous savions d'avance ne pouvoir remplir à notre complète
satisfaction. Aussi, n'avons-nous pas la prétention d'écrire une
histoire proprement dite de l'Égliae latine de Constantinople ;
nous nous sommes borné au simple classement des matériaux
qu'il nous a été donné de recueillir, durant de longue années,
sur un sujet d'autant plus intéressant pour nous qu'il se rat-
tache, dans plus d'une occasion, à l'histoire même de la France.
D'après le plan que nous avons adopté, cette étude offrira,
nous l'espérons, une monographie présentant l'ensemble des
trois principales phases de l'Église latine de Gonstintinople,
savoir ; à Byzance, sous les empereurs grecs, avant comme après
l'empire franc, et sous les sultans ; — à Galata, depuis la res-
tauration byzantine et sous la domination ottomane ; — enfin à
Péra, depuis que, les relations avec l'Europe étant devenues plus
nombreuses et plus fréquentes, les colonies européennes, trop
resserrées dans Galata, ont ét^ contraintes d'émigrer sur les hau-
teurs du Péra actuel.
Ne nous dissimulant point les imperfections de notre œuvre,,
nous sollicitons en sa faveur l'indulgence du lecteur; mais si les
défauts nous appartiennent, nous nous faisons un devoir de prier
toutes les personnes qui ont bien voulu nous assister de leurs
r>' Google
— 12 —
lumières ou de la communication de documents eu leur posses-
sion, d'agréer ici le tribut de notre profonde gratitude. Dans
une cité comme celle-ci, si fréquemment ravagée par le feu, ce
destructeur impitoyable de tout, le concours qu'on nous a prêté
avec tant d'obligeance a été pour nous d'une valeur inappré-
ciable : grâce à lui, nous avons pu tracer une ébauche de l'his-
toire de l'Église latine de Constantinople ; et, qu'il nous soit
permis de le dire, ajouter, sous certains rapports, une nouvelle
page à l'histoire même de notre propre pays, cette patrie tradi-
tionnelle du soldat de Dieu ; Oesia Det per Francos ' /
Aussi, malgré les cruelles épreuves qui viennent de la frapper
si douloureusement, la France, sous cette noble devise : t Dieu
et patrie, > se montrera, n'en doutons pas, aussi grande dans le
malheur qu'elle fut glorieuse dans la prospérité; et elle saura
puiser dans sa foi, comme dans les enseignements du passé, une
courageuse fermeté pour supporter le présent, en même temps
qu'une confiance énergique pour affronter l'avenir !
In te. Domine! speravi; non confundar in CBtemum!
Cette étude, nous l'avons dit, sera partagée en trois parties,
subdivisées elle-mêmes en chapitres suivant l'ordre chronolo-
gique.
Partie I« — La Latinité à Constantinople (Stamboul.)
Partie II' — La Latinité de Galata-Péra (État ancien.)
Partie III* — La Latinité de Péra-Galata (État actuel.)
> « Tourne-toi (6 France'} vers Je Christ, trop oublié naguère;
H Ce Dieu des cbevatiera
■c Qui t'employa mille ans à ses Gestei de guerre...
(Ode à la France. parM.de Laprade, de l'Académie françaiie ; laFranee,
du 10 janvier 1871).
r>' Google
HISTOIRE
DE LA LATINITÉ
DE
CONSTANTINOPLE
PREMIERE PARTIE
LA LATINITÉ DB CONSTANTINOPLE, DANS LA VILLE PROPREMENT
DITE, JDSQUE ET APRÈS LA CONQUÊTE OTTOMANE.
La ville de Constantlnople comprend, sur la rive eoropéenae,
denx parties bien distinctes. Sur la rive droite de la Corne
d'Or, dans l'enceinte des vieilles murailles byzantines, se presse
la ville ancienne, habitée surtout par les musulmans et les
raïas, grecs et arméniens : sur la rive gauche, des rivages de
Galata, jusqu'aux hauteurs de Péra, s'étage la ville européenne,
où résident les représentants des Puissances étrangères, autour
desquels se groupent leurs nationaux et les antres chrétiens.
Le catholicisme latin a commencé sur la rive droite, surtout
autour des murailles de la ville, et dans les environs du port.
C'est là que nous le verrons d'abord, pendant la durée du
Bas-Emph-e et jusqu'à la conquête ottomane. Nous y dis-
tinguerons quatre périodes, qui seront traitées dans autant de
chapitres.
,dbvGoogle
çGoogle
CHAPITRE PREMIER.
lATINITÉ DE GONSTANTINOPLE FS>n>ANT LE BAS-EHPIRE.
L'histoire de l'Église latine de Constantinople est, à propre-
ment parler, celle de la Latinité elle-même, dans cette partie du
monde ; elle a suivi les phases diverses de l'importance, de la
restriction oa du développemeut des colonies latines dans cette
capitale de l'Orient. Déjà, dès le jx' siècle, on relève de k
lettre 251 écrite par le pape Jean VIII (intronisé le 14 dé-
cembre 873, mort le 11 décembre 883) k Basile le Macédonien,
qui Téga» de 867 k 886, l'existence à Constantinople, enti'e 867
et 88S, d'une église latine sous le vocable de S. Sergius, con-
temporainement au patriarcat de Photius. Banduri < reproduit,
comme suit, les termes de la lettre pontificale : < Immensas
post Deum Serenitati vestrae grattas agimus, primo... secundo
autem quod monasterium S. Sergii" intra vestram rcgïam ur-
bem constitutum, quod sancta Romana Ecclesia jure proprio
. ' Imperium orientale, Venisa, 1729, p. 503.
■ L'église des SS- Sergiu«, et Bacchus bâtie par Justinien, convertie en
mosquée aoua le nom actuel de Kutrkuk ala Sofia, et dite, jadis, courent
d'OrmUtloa, sise non loin de l'hippodrcme, prâa la porte Tchatladi-capou
n'aurait pas été, selon M. le docteur Paapati, donnée entièrement aux
Latins ; ceux-ci auraient eu, seulement, la faculté d'y célébrer leur culte,
en venant 6. Constantinople. Malgré ce dire, on ne peut s'empêcher de
constater que les ternfies de^a bulle pontiBcale sont formels. Cette église
était située du côté de Ih Propontide, et plus à l'est que Vlanga et Coum-
çGoogle
— 16 —
guondam retiouit, divina inspiratione repleti pro honore Prin-
cipis apostolorum, nostro prsesulati reddidtstis. >
Dès 991, ieè empereurs Basile et Constantin accordèrent,
par chrysobulle, des franchises commerciales, dans la capitale,
aux Vénitiens, tout en leur interdisant d'enlever le commerce
aux ÀmalQtains, Juifs, Lombards et autres, qui s'y livraient
déjà •.
En 994, les Vénitiens établis à Constantinople y formaient
une commune. Depping ', auquel cette citation est empruntée,
ne parle pas de leurs établissements religieux; mais il est pro-
bable, en s'appuyant, par analogie, sur ce qui s'est passé depuis,
que les intérêts religieux ont dû être sauvegardés, aussi bien
que ceux de la politique et du commerce. En effet, on a vu plus
tard que chaque nationalité, en obtenant des empereurs des
localités distinctes pour leurs intérêts temporels, acquirent en
même temps la faculté d'avoir des églises ou mieux des cha-
pelles, ainsi que des lieux de sépulture et autres, pour le culte
ou l'exercice de la charité. Malheureusement, les passions poli-
tiques ou religieuses, le feu, et, surtout, cette indifférence
affectée de part et d'autre pour les dissidents et leurs établisse-
ments religieux, n'ont laissé que peu ou point de traces sur
les localités occupées par les Latins dans la ville de Constan-
tinople, et rendent ainsi plus que difficile toute recherche ten-
dant à en déterminer l'emplacement. Toutefois, grâce au sa-
voir et à l'amitié éclairée de M. le Docteur Paspati ^, il nous
sera permis de reconstituer à peu près et avec une certaine
exactitude, le tracé des anciens emplacements occupés par les
colonies Latines, dans Mégalopolis, (la Grande Ville, Constan-
tinople).
( L'ancienne muraille de Constantinople, du côté du port,
dit M. Paspati, partait, à l'extrémité E. du port, de la pointe la
plus orientale de la Corne d'or, on du Séraï, pour s'élever, en-
suite, vers Saintfr^ophie, en passant entre cette église et
Sainte-Irène, qu'elle laissait en dehors ; dans son parcours, de
> Fonleê rerum wutriaearam... diptomata et acta, douzième volume de le
collection, pramler des dacumeoU de la république de Veniae, par lea doo-
tears Tafal et Tboma». Vienne, 1856, I, 38.
■ Hltt. da eommtroe entre le Leixint et l'Europe.
* Cf. Aeta du Syllogoi littéraire de Tbnce.
r>' Google
— 17 —
l'est à l'ouest, le long du port, on trouvait, successivement,
trois porles principales :
1' Celle dite Néorion, Orea, et par les Turcs, Bâghtché-
Capou, t porte des jardins du Séraï ; »
2° Celle dite porta Peramatls t porte du passage » (de
G-alala à Bj-zance), nommée plus tard Bûtyq-Bâzar « du
marché au poisson, de la poissonnerie » de la juiverie, sise à
l'ouest du pont actuel de Carakeuï, conduisant de Galata à
-Constantinople, en face de la mosquée leni-Djâmi. Cette porte
faisait face au Mycyr-Tchârchy t le marché des épices ; •>
3° Enfin, la porte dite Droungarion, ensuite porta Ca-
raviôn * des navires, * et Zindân capou, « la porte de la
prison; t dénomination prise de la tour voisine, servant de prison
pour dettes. Cette porte conduisait à lemich-iskclê, t l'échelle
.des fruits, n
t Chacune des colonies franques, qui en avait obtenu la
concession des empereurs, posséda sur le parcoui's compris
entre ces trois portes, un établissement central ' sis dans l'en-
ceinte de la ville, intra muros, avec une échelle on débarca-
dère, placée plus ou moins en prolongation de ces établisse-
ments, sur le rivage, pour les opérations commerciales.
« A gauche de la porta Peramatis, du côté de l'est, se
trouvait un emplacement occupé par les Juifs curaïtes, et en-
globé, depuis, dans l'enclos de la mosquée leni-djâmt'. Les
Canutes possédaient, dans cet endroit, des maisons et une
synagogue ; il résulterait, d'autres recherches récentes, que ces
maisons auraient été prises des juifs, par les Turcs, qui leur
auraient donné, en échange, d'autres habitations à Ehâs Keuï,
et leur auraient accordé, en outre, l'exemption du kharâdj
pour quarante individus de leur eommunanté ; quant à la syna-
' Emporioa, cmporium, embolum, embalo,(ii(auasi Funda, fondicus, fonti-
C118, fundacus; en vieux fraoçais Fonde, fundique, fontigué; en Italien Fon-
daco, fonduco, fontEco; en Espagnol Alfondega, aifontïga ; en Arabe Fon-
doaq : Marché, foire publique, lien où te tient le marché, halle, galerie
coUTSrte arec des arcades latérales pour les boutiques, bazar, khan, etc.
' Cette mosquée fut construite, pour la première fois, en 993=1585, par
l'ex-grand vizir Ouzdemir-Osman Pacha, qui se prétendait descendre de»
khalifes abbassidei. Elle fut ensuite réédîflée, pour ainsi dire complètement,
en 1050=1640, par Keucem Mâh-Pelker Soultan, môre de Mourad IV et d'I-
brahim, et femme de Sultan Ahmed !•■ (Cf. Hadiqat uldjeeùmi, l, StS).
■GdbvG00g\il
— 18 —
gogue, comme elle ne pouvait être aliénée, on aurait accordé
aus Caraïtes, à titre de location du terrain, une redevance an-
nuelle qui leur serait payée encore actuellement (1873), par
l'administration de la mosquée'.
« A la pai'tie contiguë au terrain caraïte, du côté de l'est, se
trouvait le monastère grec de Saint- Antoine, ayant une
échelle ou débarcadère en dépendant, sur le rivage, »
Selon Ducange-, les Amalâtains^, qui furent l'une des pre-
mières colonies latines établies dans le Levant, possédaient à
Constant inople une église dite « Deiparse seuMarife Àmalphîta-
rum, de Latina'. >
' Cette information ne concorJe pas avec le témoignage de Benjamin de
Tudéle, qui s'exprime ainsi dans la relation <lc son vo,vage(II59-ll~3) ■.« Il
n'y a point do luit» dans la Ville ; on lea a transportés au delà, d'un bras de
mer.... Un compte à CP. 2,000 juifs Rabbinistes, et outre cela, îOO Caraïtes,
de l'autre cuti Il n'est permis à aucun juif de montera cheval.(ConsuItei
notre Fetoua sur la rttmlUioii r/es Zimmig. ) Les grecs haïssent tous les juifs
sans distinction des bons et des méchants... quand ils lea rencontrent dans
les rues ils les battent, les traitent cruellement, et les tiennent dans une dure
servitude; ie lieu où ils habitent s'appelle Pèra. » (Voj/n^nrjt i/u Moyen
A'je. Ed. Charton, p. 171.)
ï Constantiniipol'i Christiaiia, lîb. II, I,
> A la partie N-E du Mont Athos sur une colline sise près de la mer, et
appelle de nos jours," Morfonouu (altération du terme A mal fi tain s), on voit
les ruines d'un ancien couvent des Amalfitains : c'est la plus belle situation
de toute la Montagne. I.e Pérc Athanasc de Trébisonde, sous l'Empereur
Zimmiscâs,(OTCI) aurait bâti ce couvent, et constitué sa Régie, La renommée
de ce religieux s'étant répandue en Italie, quelques personnes pieuses d'A-
mnlfi seraient venues se placer sous la direction du l'ère, qui les admit
dans son couvent qui, de ses nouveaux habitants, fut dit a Monastère des
Amaifltains. » La tangue latine était usitée dans ce couvent, et, dans la
rédaction des.Xclesy relatifs, on y trouTe encore deux copies des Chrisobulea
délivrés « au Monastère des Amalfitains « par Alexis Comnéne et par son
fils. Ces Chrysobules mentionnent quelques villages et localités de la plaine
de Serrés, sur lesquels ce irtonastère exerçait un droit souverain. II paraî-
trait aussi que le couvent .AmalBtain. de CP était une propriâté dépendant
de celui de l'Athos. (Renseignements dus à l'obligeance de M. Aristoclidis,
«nvoyè en mission au Mont Athos, par le Patriarcat Œcuménique 1874.)
' Le P. Hélyot, dans son Dictionnaire dcx ordre» i-eligieax, II, 821 , rap-
porte 1 qu'environ vers l'an 10J8, des marchands d'Amalfl, trafiquant & Jé-
rusalem, obtinrent du prince musulman qui y régnait alors, une église oïl
l'on put célébrer l'ofBce divin selon le rit de l'ï^iae romaine; cette église
était située au quartier des chrétiens, devant le temple de la Résurrection...
elle fut appelée Sainte-Marie de la Latine, pour la distinguer des autres
églises où l'on ne suivait pas le rit latin. ■ Voy. aussi p. 740, 741 : elle dé-
pendait des Bénédictins du Mont Cassin.
r>' Google
— 19 —
D'après les privilèges rapportas par Miklotich et Muller ' ils
habitaient la rue dite Néro-dromal.
A gauche de l'échelle du monastère de Saint-Antoine, tou-
jours du côté de l'est, se trouvait l'échelle des < AmalStains, »
les plus anciens colons francs de Constantinople.
Mais l'autonoraie de cette colonie disparut bientôt, par les
dispositions inscrites dans le privilège accordé aux Vénitiens.
Sous Basile et son frère les services rendus par la marine de
la république à l'empereur, contre les Normands de Robert *
Guiscard, obtim-entà la première (1081-90), d'après AnneCom-
nène, lienouvelîes faveurs : le doge reçut d'Alexis l"le titre de
protosecnstos, et le patriarche vénitien celui A'hipertimon;
l'empereur attribua à ce dernier des honoraires, aux églises de
Venise des subventions considérables annuelles", rendit les
Amalfitains de Constantinople tributaires dans l'avenir de
l'église bûtie, îï Venise, en l'honneur de l'apôtre-èvangéliste
Saint Marc, donna aux Vénitiens toutes les boutiques {o/Ticinas)
etles échelles, au nombre de trois, comprises dans l'espace s'é-
tendant entre la vieille échelle juive et Bigla^; l'une de ces
échelles était dite schala major''. L'empereur donna aussi à
" L'abbaye de la I^atine, déiliée à N. I)., en la ViQe de Hiérusalem. prés
de l'église du Saint Séjjulcre, de religieux de l'Urdre de saint Henoii, clO-
pendait immédiatement du Pntriarclic de Hiérusalem. L'abbi- ]HDnait mitre,
croce et anneau, et devait de service de guerre 50 seigeanls. Ce monastère
fut b.'iti par ceux de Melft, en Italie, et l'ut ainsi nommé, à cause qu'il fut
donné à des moines Latins... l-'abbaye fut transférée à Acre, après la prise
de Hiérusalem par Saladin. " (l-'nmillp^ •l'Otiiri''Mfi; par Ducange, publiées
par Guillaume Rey. Paris ISUÎI. p. >iîi.) Cet ancien monastère a été con-
cédé à la Prusse en 1869; c'est <!ans une de ses salles que le ministre
prussien fait le service religieu.t. (Missions Catholiques du 30 Janvier 1874.)
(Il faut noter cependant que selon le Prof. Heyd : les couvents de !jt-
SauTeur et de Sainte Marie de infi'ci auraient appartenu aux Pieans. Le
eolonie rommetriali ilegii Italinni l'n orir/ile itct mclio Eco. Venezia e
Torino 1866, !. 7.)
' Acta et illplomata grteca, médii ter^i sacra et profana... Vin'loboiue 1865.
t. III, p. 7, 18-20 et 22.
> Ces présantsannuels furent stipulés nécessairement en faveur dft chacune
des nations qui obtinrent des privilèges impériaux, et, par le fait, constituè-
rent une sorte d'hommage-tige ou de vasselage.
* Dita ailleurs, p. 48. 97, Vigla et Uigla.
* V, aussi II. 43 Et mariiimat III Schala», gtue in prrsdicto tpatîo lermi-
ntmtur. {Forttet, p. 5t.)
çGoogle
— 20 —
l'église Saint-Aktnain ' le moulin voisin de cette église'. Sainte
Marie des Amalfîtains, suivit, sans doute, le sort de la Co-
lonie, et passa aux mains des Vénitiens.
Lors de la séparation de l'Église ori«itale, cousoiniaée en
1064, les lettres d'excommunication du pape Léon IX au pa-
triarche grec Michel Gérulaire, déposées par les légats ponti-
ficaux sur l'autel de Ste-Sophie, en présence du patriarche
et du peuple assemblé, font mention des c églises latines de
Gonstantinople ^. »
Quelques années plus tard, et après la célèbre bataille de
Hastings (14 octobre 1066), qui donna la couronne d'Angleterre
à Guillaume le Bâtard, un noble anglais, s'exilant de son pays,
vint se retirer à Constantinople et y bâtit une église sous le
vocable de Saint Nicolas et Saint Augustin de Cantorbêry'';
mais cette seconde dénomination, rappelant, d'ailleurs, un sou-
venir tout national, a fini par disparaître complètement, et
l'église ce fut plus connue que sous le nom de St-Nicolas,
conservé jusqu'au moment où elle fut enlevée à la latinité.
Sur une tour des murailles de Constantinople, sise entre la
porte d'Andrinople et celle de Topcapou, M. le docteur Paspati,
a relevé, il y a quelques années, des inscriptions funéraires de
Fœderati « gardes-du- corps des empereurs »; ces Varanges se
seraient-ils groupés autour de cette église qu'ils auraient con-
sidérée comme leur église nationale ^ ? M. le docteur Dethier a
envoyé, de son. côté, au musée de Stuttgard, il y a une dou-
zaine d'années, une pierre tombale de Varanpe, trouvée par
lui dans le même endroit.
' V. cî-aprés.
3 Ne aerait-ca pas là l'origine des fours. coDcédéB'à chaque colonie ^nque
ea Turquie, jusqu'à ces derniers temps I
" Baronii critica, IV, 195; cf. aussi /mperinm orientale 1711, 11,676.
* CPlig ehrhtiana, W, 90 ; II. 53. St. Augustin fut l'apûtre du roj-aume
anglo-saxon et le premier archevêque de Caotorbén*. (Cf. Montakmbert, fe*
Moine» d'Occident. IV, 35B et suiv.)
6 L'ambassade d'Angletarre a. fait récemment, assure-t-oa, des déiriarehes
pour obtenir la tranalatiou de ces pierres au cimetière militaire anglais de
Scutari ; malheureusement, ces démarches n'ont pas abouti : cas précieux
monuments ont été employés comme matériaux dans la construction de l'or-
phelinat dit Selimle. Cela est d'autant plus r^rettable que l'incendie du
5 juin 1870 a détruit les fac-similé des inscriptions exiatant tant chez M. Fa-
*pati que dans \a.Société littéraire h^eiUque de Përa.
çGoogle
— 21 —
Dans son Dictionnaire de la basse latinité, Ducange explique
ainsi ce mot : i Milices barbares (étrangères), que les Romains
prenaient à leur solde. > « Les Varanges, dit M. Paspati, avaient
une église particulière Panaïa Varanghiotiça « N,-D, des
" Varanges, » sise à la façade ouest de Ste-Sophie, et presque
contiguë à cette basilique. » Je ne puis m'empêclier de remar-
quer ici, sans y attacher, d'ailleurs, autrement d'importance, le
rapport phonétique existant entre les termes varanges, frenk,
frangos, t franc, » et Vlanga, nom actuel d'un quartier de
Constantinople, dont on ignore l'origine étymologique ',
Mis en possession des établissements et de l'échelle des Amal-
fitains, les Vénitiens reçurent, en même temps, la concession
de toutes les boutiques et tavernes comprises, selon les termes
du privilège rapporté par Miltitz, entre l'ancienne échelle juive
dont il a été parlé (Bâlyq bazar), et l'endroit dit Bigla. Cette
localité, dit M, Paspatl, n'est pas, jusqu'à présent, bien déter-
minée; plusieurs localités, d'après les historiens grecs, auraient
été dites vicia, » vigie-. »
« Tout l'espace compris entre Bâlyq bazar et Zindân ca~
pou, continue leD' Paspatl, était dit Perama, du nom rapporté
plus haut, de la première de ces deux portes, occupée par les
Vénitiens. ï
Dans l'opinion de feu Henri Giavany, le premier établissement
des Vénitiens aurait été de l'autre côté de Constantinople, sur
la Propontide, à Koum-Capou, à l'est du quartier de Vlanga,
vers rextrémité est de la langue de terre sur laquelle s'étend la
capitale; cette localité se trouvait ainsi à l'ouest de l'église
latine de St-Sergius, mentionnée plus haut. Nicola Barbare,
dans son journal du siège de Constantinople, parle d'un combat
naval survenu entre quatre navires chrétiens et ceux des Turcs,
les premiers ayant jeté l'ancre contre la ville de Constantinople,
< pas loin de Vlanga-Bostan, » selon le D' Mordtman ^. D'après
le même savant, « le palais du hailly vénitien, orné de la ban-
dière de Saint-MarCj tout près de l'église vénitienne de Sainte-
' V. Burles Varegi-angH.Goti et Russi.Baldelli-Boni, Storiai/cWfl reiaiioni
aieei'leDoli dell' Europa e dell'Atia, Firenïe, 1827. I, 360.
* V. cî-aprèi Hur ce terme le chrysobulle <Ie Manuel Comndne, 1148.
» Dethier, Critoboutoi, Mon. hang. hi»t. XXII, 2" partie, p. 75.
,dbvGoogle
Marie, » se trouvait c aa forum Constantini, où il y a la colonDe .
de porphyre brûlée, sans escalier '. »
On doit remarquer que, vis-à-via la colonne brûlée, se trou-
vent encore les ruines d'un klan dit par Busbecq (Epistola III),
caravassara, en démolition de nos jours, pour élever sur cet
emplacement, dit êltchî-hhân, « le khan des ambassadeurs, »
le tombeau de Fuad pacha. C'est là que résidèrent, sous les sul-
tans ottomans, les envoyés de Moldavie, de Valachie, de Baguse,
de Transylvanie, et même l'envoyé de l'empereur d'Allemagne,
comme roi de Hongrie ; et c'est aussi là que_Busbecq, représen-
tant de ce dernier prince, fut, pour ainsi dire, interné. < A son
retour d'Âmasia, en 1559, dit Hammer-, sultan, Suleïman fit
renfermer Busbecq, dans leftAon des ambassadeurs, à la co-
lonne brûlée. »
Les Vénitiens, descendant sur l'autre côté du versant de la
coltine, vers le port, vinrent-ils, plus tard, s'établir sur la partie
riveraine indiquée par M. Paspati ? Nous verrons plus bas,
d'après Ducange^, que « les Vénitiens auraient demandé à l'em-
pereur Henri, l'image hodighitrias, et qu'après l'avoir enlevée
de Sainte-Sophie, où elle avait été transportée, ils l'auraient
déposée dans l'église du Pantocrator^, dont le monastère,
selon Hammer^, était devenu, à la conquête franco-vénitienne,
le quartier général des Latins. >
Enfin, on lit dans Canale'^... < Innanzi di recarsi in Galata
(les Génois}, con popolar furore, uguagliavano al suolo il mo-
nastero (ou mieux : les dépendances) del Pantocrator [où Gen-
nadius, le premier patriarche grec, sous les Ottomans, avait été
confiné, après le eoneile de Florence), « ov'erano la chiesa, la
' D' Dethier, loc. laad. p. 75. KiliOBmfni alili ou Tchamberli tâck (V,
De$cript. de CP. par le patriarche Constantiua, Comple, 1846, p. 68, r-, et la
notice spéciale du D' Dethiar sur ce monument, Mon. hunQ, hi»t. vol. XXIII,
V partie, p. 1183 et suiv.
I Hitt. de l'Emp. ottoman. VI, 117.
' Hiêt. de l'Bmp. de Conttantinople, Èdit. 1826, p. 94.
» Aujourd'hui Kélict djdmi (Hammer), ou Zelrek djdmi {Conttantiniade.
p. 93), aise en haut de la voie aboutissaut vers la port, k Oun-Capàn.(Cf. ci-
après, LATINITÉ DB CP. SOUS LES SULTANS : Suinte Marie.
' Loc. laad., IK, 429.
* Nuoea storia. II, 153.
çGoogle
loggia, il palazzo dei Veneziaai '; cosi lavaranno l'onla di San
Giovanni d'Acra e la torra cola distratta da maggior rovlDa
venia vindicata ; délie piètre trasportate in Genova da Ansaldo
Doria, edificavasi la chieaa di San Giorgio -. »
En 1090, le doge, après en avoir reçu la donation de l'empe-
reur ï per jain dictas impériales cartulas, » fit don, à son tour,
an monastère de Saint-Georges, d'un Capylion^ avec ses atte-
nanees et dépendances, en pierre ou en bois, tant de l'intérieur
qae du dehors*.
Par un acte du mois de juillet, même année, le doge Vitalis
Faletro, < imperialis protosevastos, » donna, à perpétuité, au
même monastère de Saint-Georges, dans la personne de l'abbé
et de ses successeurs, les terrains couverts et non couverts'^,
maisons etboutiques concédées par Alexis I^"", aises sous {tnfra)
la ville de Gonstantinople ; le tout compris dans le terrain s'é-
tendant de Vîgla à la porte Perftma, jusqu'à ia Juiverie (iisque
ad Judecam), à l'exception, toutefois, de la donation déjà faite
par l.ui au monastère St-Nico!as, et de la scala major, dont
il se réservait l'usage '^.
« Scilicet damus jam prefato monasterio S. Gèorgii ipsum
< capyllio situm juxta latus de suprascrito sacro Vigla, sicut
■ Le traité de 12G1, conclu entre Michel Paléologue et les Génois, avant la
restauration byzantine, at cité plus bas, porte, dans le texte reproduit par
Canale (II, 387) : > E si l'omnipotente Signora li concédera (a l'empereur)
che ricuperi ed occupi la steaia citta de Coslantinopoh, i (jenovesi vi avranno
palazzo, abitarioni, posaessioni eii inlrati colla chiesa di Santa-Miria,
adeaso tenuta dai Veneziani, colle logge circostanti il cimitero e l'area del
casteUo dei Veneziani medesimi... u
' Cf. ci-aprés Saint-Georqes, et nos Ti-ailét et Capitulntiona 'te In France
en Orient, p. 44 ; de la sorte, les Génois satisfirent à un double sentiment :
CAlui de la vengeance et celui de la rivalité, quant à| la domination dans les
mers d'Orient. Dans leurs querelles intestines, que le Pape Alexandre [V
essaya vainement d'apaiser, les Pisana elles Marseillais vinrent en aide aux
Vénitiens, qui rasârent la tour d'Acre, appartenant avx Génois, (Sauli,!. p. 55.)
' Taverne ou plutùt auberge comportant un espace assez considérable, où
l'on recevait des centaines de personnes.
* Fontes, p. 43.
1 Cette clasaiBcation d'une certaine catégorie de propriétés a passé dans la
technologie ottomane, sous les termes inoiicaqqafal et mouatngltiU'it ; le pre-
mier indiquant las terrains n à toiture ■ sur lesquels on a élevé des construc-
tions, le second les terrains sans conlructions, rendant un produit agricole.
• Id. p. 57.
r>' Google
— 24 —
< tenet uno ejus capite in ipso nostro rfeflmfiM/o ' atque cum
« tota sua loDyitudine et latitudine, cum capitibus et lateribus
« suis, necnon cum totis suis edificiis, petrinis et ligneis, sive
I cum totis ejus habentis et pertinentis ab intus et foris, secun-
€ dura quod iiobis advenit a prememorati Alexii imperatorls;
0 Etiam damus ergasteriuni (boutique) unum situm juxta
latus de prenominato cupyliio, sicut respicit ejus frons in jam
dicto nostro deumbulo ;
« Seeundum ergasterium, similiter damus, secundum quod
est positum justa proprietatem que tune fuit domini Berardi,
ex alio latere Armante in proprietale, que nunc est Sancti
Nicolai;
*c . . .Verumtatnen statutum est inter nos et vos prenominatum
Karinum abbatem, ut ipsa schala, que dicitur schala major,
quem ndnostrum usum retinuimus, semper habeat accensem
et dessensem sine vestra et successorum contradictione-. »
L'église Saint Acyndyn ', dont il a été parlé plus haut, avait
été donnée, antérieurement, par chrj'sobulle, aux doges véni-
tiens; par acte signé en septembre H 07, le doge Ordelafus
Faletro, le~s évêques, les juges et le peuple vénitien en firent
cession, dans les termes ci-après, au patriarcat de Grade, avec
tous ses biens et dépendances, en meubles et immeubles, en
échange, ii paraîtrait, d'une subvention annuelle qu'un doge
précédent s'était engagé de fournir à ce patriarcat' :
« Idcirco nos prenominatus Ordelafus, D. G. Veneeiarum
dux, cum nostris episcopis et judicibus et populo Venetiœ, cum
successoribus et heredibus ab bodie in antea damus et conce-
' EinboUi.
» Fonte», p. 55.
' Saint Akindynos, martyr <lu quatrième siècle, souffrit à Mcomédie, soua
Diodéiien, dans la même perEécution où mourut St Georges. Leurs re-
liques furent partagées entre les différentes églises de Constantinople, le
crâne de St .\kindynos fut placé dans TL-glIse des Sta Anai^res,
(Côme et Damien). A la prise de Constantinople par les croisés, celte pré-
cieuse relique fut apportée en France, par ua seigneur de Franche-Comté,
et donnée par lui au Xfonastére de Hosiéres, où elle resta jusqu'à la Révolu-
tion. Klle a été retrouvée, portant encore la plaque d'argent avec son imago
et son nom. Elle a été reconnue par l'Académie des Inscriptions et Belle»-
Letlres, dans sa séance du 30 Octobre 1891. (N. E.)
* Par la suite, comme on le verra ci-aprôs, dans an acte du 8 Mai 1205,
un chapitre fut institué dans cette église.
çGoogle
— 25 —
dimus vobis quidem, domÎDO Johanni Gradonico, venerabili
Gradensi patriarchEe etvestris successoribus in perpetuum, vi-
âelieet eccieslam beati Archidani ZMm omni suo territorio et
benefitio, positam in regali urbe Constantîiiopoli, quos est anti-
quitus dejure et possessione nostri palatii secandum imperialis
crisovoli conârmationem.
« Hanc namque prenominatametdesignatam ecclesiam cum
toto suo thesauro et palliis et libris et cum omnibus suis lia-
bentiis et pertinentiis ab intus et foris quas nunc babet et in
anteaaiiquo modo habitura est, cum suis ergasteriis universis
et cum suo mankipio et furno {moulin et four)/ et cum om-
nibus stateris et rubis et ponderibus et cum cunctis metris tam
oleum quam ad vinum ' et cum omnibus tabernts qiire in
prœdicta urbe subnostra potestate esse videntur... salua tamen
illa honortficentia quam quondam nostri communes legati
in eadem ecclesia et tavernishabuerunt'. »
Les privilèges accordés d'abord aux AmalGtains, puis aux
Vénitiens, etsurtouties difficultés avec lesquelles l'empire était
aux prises de plus en plus, le portèrent à acheter encore d'autres
alliés-défenseurs^ ; en 1112, Alexis ComnÈne (1081-1118.) ac-
corda aux Pisanaun privilège semblable à ceux octroyés à leurs
devanciers ; il comportait « Echelle, magasin spécial, ou mieux
marché, pour leurs marchandises, place d'honneur à Ste So-
phie, et tribune réservée à l'hippodrome, dans les cérémonies et
fêtes publiques. » Fanucci * rapporte comme suit la version ita-
lienne de ce privilège : t Saranno dati alla Cbiesa Pisana, nomi-
nata Santa Maria, ogni anno 400 monete d'oro iperperi,edue
paramenti ; al dilettissimo arcivescovo di Pisa, monete simili
60 ogni anno ed un paramento ; a Lamberto giudice, a Carletto
ed ad Antonio 100 monete simili ; e dopo la morte di loro si
daranno alla cbiesa suddetta Vi sara assegnata una scala,
a cni debbano approdare le vostre navi e discaricarvisi ; vi sara
dato un luogo addattato e concenienle con abitazioni, acciochè
' Droit de niesurage, de pesage; le gi/'iianljn de nos jours,
' Sous réserve des boQaeurs et droits dus aux représentants vénitiens,
dant cette église et sur ces tavernes. (Fonlet, p. €7.)
' V. Nos TfaMê et Cnpitulati'oiit <le la Ffaiire en Orient. (Passim.)
* Storia di tre celelii-i popoli ileU'Italia, Veiicjinni. Genoeexi e Fi»ani.
Lib. I*, Pisa 181T, p. 16S.
r>' Google
possîate riporvi le vostre mercanzie ed abitarvi. Simllmente
nella grande cliiesa di Santa Sofia di CPU ri sara assegnaio un
posto onorifico e distinto, dal santissimo nostro patrlarca. Nel-
l'ippodi'omo, ossia circo di CPH, vi sara dato luogo distinto in
cui dobbiate sedere, voi Pisani, nei giomi degli spectacoli '
I croce signati che anderanno a Geruaaiemne coi vostri uotnini
e coi Tostri legni, per cagione di militare contre i pagani, non
avranno, o in andare, o in ritomare, impedimento verruno'...»
t Le terrain concédé aux Plsans, dît M. Paspati, était sis à l'est
de celui des Amalfitano-Yénitiens, comprenant dans son enclos
la porte Bâghtché-Capou. En dehors du mur d'enceinte, et en
face de ce terrain, il y avait aussi des magasins, appartenant au
monastère dit Apo-Loghotheton ; et devant eux, sur le rivage,
se trouvait l'échelle pisane. »
En résumé, et pour faire saisir d'un coup d'oeil l'emplacement
des divers établissements ci-dessus décrits, l'enclos actuel de
leni-Djami comprendrait, de Bâlyq-bâzilr à Baghtchè-Capou,
les anciennes localités occupées par les Caraïtes, le monastère
de Saint-Antoine, l'établissement amalfltain, passé plus lard
aux Vénitiens, et enfin une partie de celui des Pisans.
c La porte de Bâghtché-Capou, ajoute M, Paspati, inalié-
nable, et appartenant au monastère Apo-Loghotheton, était
surmontée d'une grosse tour, en défendant l'entrée ; vis-à-vis,
sur le rivage, il y avait une échelle ou débarcadère, désignée, de-
puis longtemps, sous le nom de Dipli-Scala t Échelle double, »
dont la jouissance fut donnée aux Pisans.
< De l'autre côté de Bâghtché-Capou, à l'est, se trouvait le
monastère Apo-Loghotheton^, cité plus bas, sous le nom d'é-
glise du Saint-Sauceur, accordée en 1205, par le cardinal-légat
1 A cette époque, la place résenée, dans Ste Sophie, aux rspréMntants
étrangers devait être [jlutàt politique que religieuse ; c'est probablement l'o-
rigine des tribunea réservées, dans les églises latines aux ambassadeurs
des puissances protectrices. Il en était probablement de même ))our les tri-
bunes de l'hippodrome. On peut consulter sur le cirque de CP. et les quatre
factions, distinguées en deux groupes (bleue ou veuète et blanche, « prasna x,
vert (hellène et rouge,) un intéressant article du Dr. Detbier(rur<7ui*e du
6 mars 1U74.) arec ta description d'un bronze contomiate, représentant I«
triomphe d'un vainqueur à ces jeux.
< La version latine du Chrj'sobulïe de 1113, concédé aux Pisans est rap-
portée in extenso dans les Rerheivhes lur la Principauté françaite île Ma-
rée, par Bachon Paris 1845, 1, 8, II, 4.
r>' Google
— 37 —
et NivelûD, évèque de Soissoas, aux PisaQSj ou mieux, au prieur
de leur église. ( Ce monasU>re, dit M. Paspati, n'était séparé
que par la grande rue, du terrain pisan, sis ù droite de Bâghtchè-
Capou; il avait aussi une échelle, qui, suivant sa propre condi-
tion, passa, avec lui, aux Pisans, lesquels possédaient ainsi deux
échelles, la Dipli-Scala et celle à'Apo-Loff/iot/ietoti. »
En mO, les Vénitiens avaient aussi, dans Constantinople,
un monastère du nom de i 8t Georges de Pantépopti ' > dirigé
par un Prieur, puis en 1220, par un Abbé -.
En 1113, la république envoi-a le patriarche de Constanti-
oople (de Grade ?) en qualité d'ambassadeur auprès d'Alexis ï'^,
à l'effet de solliciter l'alliance de ce prince pour reprendre la
Dalmatie sur les Hongrois^. L'ambassadeur était accompagné
d'une escorte de quatorze galères.
Un chrysobulle donné par Manuel Comnène, en mars H48,
fournit, comme suit, la description du quartier de Conslanti-
Dople, occupé par les Vénitiens, à cette époque ;
* Incipit ab ipsa Vigla* et procedit versus orientem. Tenet
embolum et que versus septentrionem et meridiem sunt cum
solariis habitacula, et procedit usque ad fornicem conjunctum
muro hospitnlts Sancti Mnrctani, comprehendens et loca in
quibus stant octo numulariorum tabule. Ascendit paululum ver-
' L'élise de Pantépopti. trâs remarquable par la i>osjtion élevée qu'elle
occupe, et qui lui valut probablement son nom. fut bfttie par Anne, mère
d'Alexis Comnéne ; elle a été transformée en Imaré (élablieeement d'assis-
tance publique) par Méhemmed le conquérant ; puis en mosquée sous le
nom d'Eski Inutret. KIIg «st sise non loin des murailles ; on rapen;oit en
passant entre Oun-Capou et njoubaly-capou. (C',n.ilanlinia-lc. 107.)
) Le Prieur était hiérarchiquement inférieur à l'abbé qui. dans le royaume
de Jérusalem, portait le plus souvent « mitre, croce et anneau, n Toutefois le
prieur du St ïiépulore i[ qui élait Véglise patrinrchale de Hiérusalem ', avait
DOS seulement la prérogative d'élire te Patriarche. - avec les cbauoines de
la même église, qui étaient chanoines réguliers de St Augustin, mais encore
avait droit de porter mitre et anneau, mais non ]'ns la Croce. ' (Rey Fa-
mille» il'outre-iner de Du Cnngc. Paria 1*)9, p. 83!») (N. E.) Dans certain!
Ordres religieux, comme chez les Bénédictins il y a des Prieurs et des Ab-
bés, en d'autres, comme chez les Chartreux, il n'y n que des Prieurs. Les
Chanoines Réguliers n'avaient généralement pas d'abbés.
' Fonle». p, 75.
* D'après M. le Dr. Dethier, Vjgla ou Higla dr'signait un poste militaire
(vigie) coafii aux gardes gothiques, (\'. la Turquie des 11 déc. 1873, et
2 janvier 1873.)
r>' Google
— 28 ~
sus meridiem ab ipsa Vigla. Tenet iid modiciim et aliud ent-
bolum, et pervenît usque ad primum fornicem ejusdem embo-
li, comprehendens triclinariura altum domîcilium Miii. Versus
orientem ejusdem emboli secundum d'jas partes humilem do-
munculum cum acclini tecto ejusdem monasterii, et que in
equali hujus est, modicam curiam, que dicitur Aristini, et ha-
bet longitudinem brachiorum octo cum dimidio et latitudinera
septem cum tercia, Preterea, que suot versus orientera habita-
culadiaconi Precursoris, debentibus obturari januis huiusmodi
habitaculorum, que educunt in manîfestam curiam. Versus
aquilonem tria ergasteria cerulartornim, Ycanati' duas sta-
tiones,in quibus et loca tabularum duarumnumularioium ejus-
dem monasterii Mill. Incipit rursum ab ipso fornice predlcti
hospitalis; tenet publicam viam, que versus occasum est ejua-
dem hospitalis, et progreditur usque ad portam que est juxta
parvum temptuin Precursoris. Exinderursus dimittens pre-
monstratam portam, quasi versus orientem transit per murum
cîvitatis, etpervenit usque ad semitam, que dividit jura mo-
nasterii Akimitero. Exinde ascendit modicum versus meridiem
tenens eamdein publicam semitam, habentem in latitudihe bra-
chia tria, et ut dictum est, dividentem mansiones monasterii
Akimitero, et perveniens usque ad finem domicilii ecclesie Peri-
■olepti, ita ut a muro civitatis per equalitatem ejusmodi sémite
usque ad Qnem sint brachia viginti se![. Flectitur versus orien-
tem, tenens murum ecclestœ Sancti Nicholai, relinquens a
dextris quidem monasteriunt Sancti yicholai, a sinistris pi-
storicum ergasterium Sancti Marciani quod est junctum man-
sionibus Sancti Nicholai. Supergreditur rursus aliam tertiam
semitam, et peivenit usque ad aque cursum, que a Vigla des-
cendit, relinquens a dextris alia habitacula Sancti Nicholai, a
sinistris domicilium i^ancti Marciani et pensionales domos mo-
nasterii Parakymomeni, Iterum progreditur versus meridiem,
' Les Icomati étaient tes valets des Greco-Gotha, qui ensuite devinrent
eux-mêmes une milice (BibUotheca Ginera Medii ÂCel, par Fatkog, Vienne
1S13, p, 37.) Et ailleurs k les Icanali étaient des soldats préposas à la garde
du Palais (Conttantin Porpkijrogfntte, III. J <• Dans la localité occupée par
le* Vénitiens, dit M. Paspati, auquel nous devons la communication de ce
qui précède il y avait deux postes d'Ifanati. n Icanati iluas stationesin qui-
bus panes venduntur. (Tafel 1, 192.) » Selon le même M. Paspati. la port»
IcanalixMi devait se trouver là où est aujourd'hui léni-Djami.
DigilizPdbvGoOt^le
comprehendens vacaum locum ejusdem .monasterii Parakymo-
meni, qui versus orientem jacet domorum Sancti Nicholai, et
proceditet regreditur usque ad Viglam, unde et iiicipit, dimît-
tens quidem a dextris domos monasterit Snnctt Marci,&. si-
nistris vero aque corsum.
» Ejusraodi deteruiinationis spatîo compretienduotur ea, que
sunt versus orientem aque cursus descendentis a Vigla versus
portatn Canavuci(?).
( Habitacula et vacuus magnus locus, qui usque ad publicam
viam versus occidentem progreditnr Sancti Marciani a muro ci-
vitatis et usque ad embolum, per presens chrysobulum verbum
datum. Et ea que sunt versus occidentem aque cursus a muro
civitatis, qui in equali sémite est, dividentisjura monasteni Aki-
miton, et usque ad domos Sancti Nicholai'eX Sancti Marci,
cumparvo loco monasterii Parakymomeni. Et simpliciter om-
nia, que inhnbitantur, et que non inliabitantur, habitacula et
vacua loca, in predicto spatio comprehensa. Adhuc cum bis
comprebenditur et que est in litore, scala Sancti Marctant,
que a chrysobasilio possidetur ', cum universa ejus compre-
hensione et continentia, et que in ea sunt, domibus et er-
gasteriis.
< His sic nb imperio nostro <Ionatis per presens chrysobulum
verbum altitudinis nostre, exceptis proximantibus his donatis,
portis videlicet, mûris et cortinis murorum civitatis, habebunt
Venetici bec, devotionem et fidem, quam imperio nostro debent,
servantes, secundum quod et per ea, que prius adeptl sunt,
chrysobula hanc servare tenentur, cujuscumque juris sint, sive
ecclesiastici juris, sive rei publiée, sive private, sive sancte do-
mus, vel mouastice, nulla actione locum exercendi habente con-
tra eos gratia borum^... »
Au mois d'octobre de la mCme année H48, Manuel Comnène
renouvela le cbrysobule donné par Alexis, en confirmant les do-
nations faites par ce prince à V église de Saint-Marc, à Venise,
Bavoir : tout le terrain compris entre l'échelle de Vigla, les bou-
tiques tenues par les Vénitiens et les drecs, & l'échelle de Pera-
ma f id est transitus » avec les trois échelles comprises dans
I Voyez ci-deaBUS, à l'on 990.
' Fonttt, p. 111.
r>' Google
~ 30 —
cet espace, comine aussi la donation du moulin à l'église Saint-
Akyndan ' .
Daas un acte hypothécaire de décembre H50, dressé en fa-
veur du religieux; supérieur de Saint-Marc-, celui-ci signe cet
acte comme suit : « Ego Henrîcus Vallaressus, presbyter et no-
tarius, plebanus^ Stl Akîndî, compleci et roboravî, » ce qui
indiquerait, ainsi qu'oiLl'a vu plus liaut, que cette église était
dite indifféremment Saint-Akindan ou Saint-Marc. Gomme on
le remarquera cî-aprés, cette église était voisine du palais
ducal, lors de l'occupation firanco-vénitienne. Dans un acte da-
té de mai 1229*, on lit que l'une des portes de la ville étaitdite
« porte de Saint- Marc ; > « sed loca autem ipsa hec sunt :...
pecia vero una de terra vacua, posita infra murumctvitatis.Ex
uno capite versus orientera firmat in porta civitatis que dici-
tur S. Marci per quani discurrit via publica ex alio capite
versus occidentem firmat in porta qua exitur ad Drongarium
que dicitur EbraiUy... per quam portam via discurrit pu-
blicam. »
Au reste, la nouvelle juridiction sous laquelle Saînt-Akyndan
avait été placé ne tirda pas à amener des difTicultés entre le su-
périeur de cette église, « Dominicus prior Sancti Marci in Cons-
tantinopoli, Venetorum jurisdictionis monasferii Sancti Georgii
de Veneciis, » et Steplianus, vicaire du patriarche de Grade;
et, en présence du prieur de l'église Saint-Nlcolas des Véni-
tiens, du prieur Ecclesiœ Stœ Mariœ de Embulo, du prêtre
Zacharias et de Bonifacio Fulmolo, t judices Venetorum, » à
ce témoins, le supérieur précité requit Sergius, prêtre capitu-
laire, notaire apostolique, de dresser, le 12 décembre 1199, en
l'église même de Saint Akyndan, un acte par lequel, aux fins
de se garantir contre tout dommage ultérieur, il plaçait ladite
église, lui même et son clergé, les charges, bénéfices, et, en un
mot, tous droits relevant de sa juridiction, sous la protection
1 Fontes, p. 75.
) « Une église de S. Marc appartenait, à Alexandrii?, depuis longtemps a
Vénitiens. » (M. Giacomo, Procii-eerbaiu} iitr la réforme judiciaire
Egypte, 1870, p, 136.)
s Prêtre, notaire et curé.
* Fonte», II, 270.
r>' Google
— 31 —
du pape Innocent IK, et protestait solenneltement contre le vi-
■caire patriarcal '. '
En 1157, le pape Adrien IV, dans ses lettres à Henri, pa-
triarche de Grade*, formait unesortede diocèse des églises la-
tines de Consttintinople et des autres villes de l'empire, qu'il
plaçait sous l'autorité de ce prélat ; et il donnait à celui-ci * fa-
culté d'ordonner et de sacrer des évèques, tant dans la capitale
que partout où besoin serait. » Ces lettres, tout en ne faisant
mention que des églises * fréquentées par la multitude des Vé-
nitiens, > semblent indiquer, néanmoins, que la latinité entière
de ce pays relevait de l'autorité ecclésiastique du patriarche de
Grade, ou des évèques sacrés par lui ^.
Dès H42, l'empereur Jean Comnène, auquel les Génois
avaient su se rendre utiles, comme précédemment le.s Véni-
tiens, fit, avec les ambassadeurs génois, en Cilicie, un traité
remplaçant par un droit régulier, tes taxes arbitraires imposées
jusqu'alors à leurs marchandises*. Un peu plus tard, en 1155,
les embarras de la an de son règne, suscités par le passage de
l'armée des croisés, l'invasion de Roger, roi de Sicile, etses dé-
mêlés avec le Sultan Seldjouqyde d'Iconium, engagèrent l'em-
pereur Manuel à chercher un nouvel appui en Occident, ou du
moins h y diminuer le nombre de ses adversaires ; dans ce but,
il se décida à envoyer à Gènes un ambassadeur, Démétrius Ma-
cropolit, charge de proposer aux consuls de la république les
mêmes avantages qu'ans Pisans, c'est-à-dire subside annuel,
durant quatorze ans, réduction des taxes douanières, permission
de vivre en communauté dans la Capitale^ ; jouissance des
mêmes faveurs et privilèges que les Pisans j marché, échelles,
présents annuels pour l'archevêque, les consuls et la cathédrale,
1 Fontei. p. 280.
' Grado, résidence du patriarche rietle Venaie, jusqu'en H51, é|>oque Où
cette dignité fut portée au siège de \'cnise. Le patriarche de Grade Joua un
rAle important en 685, dans l'assemblée des ëvéques, du clei^, des noblaa
et du peuple, qui nomma le premier duc de Venise (Lebeau, IJitt. du Bom-
Emptre, par S. Martin, XII, <1.)
5 BarorUi eritica, IV, 586 ; CPIU fhntUana. III. 3.
* Miltitz, Manuel de» contiiU II, 80.
* Jusqu'à cette époque, ils avaient été obllgéade fixer leurs habitations hors
d« l'eDceiote de CF., sur une plage ouverte et assez distante des portes. Mil'
titz II, 8.
r>' Google
— 32 —
* et dabit vobia Dominus meus sanctissimus imperator înCons-
tantinopoli embolum et scalas, cum coinmeicio et omnia in ei5
pertinentibus, sicut Pisaoi habent,... ' » En échange, l'empereur
demandait aux Génois de refuser leur concours k ses ennemis,
et de défendre le territoire de l'empire comme leur propre pays.
Cet acte fut accepté par les parties, réunies dans l'église de St.
Laurent, le 12 octobre 1156; mais quoique consenti de part et
d'autre, l'exécution de ce traité, dans certaines clauses, rencon-
trait l'opposition des étrangers et celle des Grecs eux-mêmes,
qui voyaient avec un vif déplaisir l'établissement des Génois
dans l'intérieur de la ville ". Quoiqu'il en soit, et selon Miltitz,
reproduisant le rapport de Girol. t^erra, les Génois, en IICO,
y étant autorisés, s'empressèrent d'acheter le couvent abandonné
de Calamos, (dit ci-après Calamaiïos,)_qu'ils abattirent; et sur
cet emplacement, ils construisirent un palitls «insulaire, une
église, des loges, des bains et des citernes ^ ■ •
Cependant, en même temps qu'ils négociaient avec Manuel,
les Génois ne voulaient pas rompre avec l'empereur Frédéric
Barberousse ; mais ce dernier irrité du traité qu'ils venaient de
conclure, et pour mieux assurer ses projets, se chargea d'exciter
les jalousies que la nouvelle installôjion des Génois il CP. avait
suscitées. De son côté Manuel, irrité de l'alliance de Gènes avec
l'Allemagne, y donna aussi la main : les Pisans, qui, dans CP.,
étaient au nombred'un millier d'hommes, insultèrent les 300 Gé-
nois résidants en cette ville ; des insultes>an en vint aux armes
(1162'; les premiers, plus nombreux, envahirent le fondouq
(Eml)olo, bazar) génois, et le pillèrent, après avoir massacré
Octave RufTo, l'un des Génois les plus notables*.
Gênes n'était pas la seule cité qui eut fait alliance avec Fré-
déric ; Pise avait agi de la même façon ; aussi pour punir les
Pisans, et de leur nouvelle alliance, et de la sédition provoquée
1 Sauîi, DeOn rolonia degii Genore»i. in Galata. 1831, I, 19; II, 181 ; et
aussi Buchon, Rechercher tur la principattti françaite de Morte, II, 9.
» Mittilz, Loc. cit. 11, 81.
* Miltitz id. Id. Hur Iss mots Fondoag et Loge voir nos Capitulation» de
la Fronce en Orient, 26 et 41. Voir aussi plus loin Part. Il St George*.
* Fanucci, lot;, laud. p. 26 ; Vincens. Hitt. de la Républ. de Géneê, PAris
1842, I, 167; Miltitz, JI,62, 1S3. Il semblerait d'aprâs les citations da M. Le
Chev. De Simon), rapportées par Sauli,. que cet Embolo portait le nom de
Santa Croce.
d.bvGoogle
çGoogle
çGoogle
— 33 —
par eux dans CP-, Manuel chassa-t-il ces derniers de la ville,
leur, enlevant leurs fondouqs, leurs marchandises, et les expul-
sant même de la Grèce et de toute la Romanie. Puis il ouvrit
avec eux des négociations pour les détacher de leur alliance avec
l'Allemagne. Pressée entre les sollicitations des deux empe-
reurs, Pise, pensant que Manuel ne saurait spolier leur église de
Santa Maria, fit don à celle-ci des marchés, débarcadères et
autres établissements que la république po^isédait à CP, ; puis
elle lui envoya des ambast>adeurs dont la mission n''aboutit pas,
ceux-ci ayant pour instructions de ne pas renoncer à l'alliance
de leur puissant voisin, l'empereur Frédéric.
Gènes, comme ses devancières, non contente de son établis-
sement à Calamanos, vînt aussi prendre sa place sur les rives de
la Corne d'or ; ce fait s'accomplit dans les circonstances sui-
vantes : des dissentiments s'iHatPnt produits entre Manuel et les
Vénitiens, le premier voulant arrêter le développement de leur
influence politique et commerciale en Orient, les seconds, voyant
chaque jour de nouveaux émules, sinon des rivaux, exploiter
avec eux les avantages dont ils avaient joui seuls jusqu'alors.
Manuel ât faire successivement, auprès de Guillaume de Sicile
et du Doge (1170) des démarches, qui d'un côté comme de
l'autre restèrent infructueuses ; il se plaignit à Venise de l'in-
subordination des sujets de la République, et celle-ci, de son
côté mit à la mer une escadre dont le Doge lui-même prit le
commandement. Sur les représentations du gouvernement de
Négrepont, le doge consentit i^ arrêter sa marche et dépêcha &
Manuel l'évoque d'Aquilée et quelques autres personnages, parmi
lesquels se trouvait Henri Dandolo, poiu* traiter de la paix ; puis
il se retira à Chio, dont il s'empara. L'empereur qni voulait
gagner du temps, retint le doge dans l'inaction, et envoya des
négociateurs à Gènes et Ji Pise, pour engager la première de ces
républiques & opérer dans le Levant, et proposer à la seconde
le renouvellement des anciens traités. Celle-ci avait déjà expédié
des envoyés à CP. ; et tandis que Manuel traînait en longueur les
négociations avec les Vénitiens, il renouvela (1172) avec ses
c aCTectionnés i Pisans, dès leur arrivée, leurs anciens privi-
lèges, leur restituant, c seulement dans une autre partie de
la ville, la It^e, l'échelle et l'église dont ils avaient été éloignés
pomr co'tains motifs. ■ Reconnaissant qu'il avait été trompé, le
r>' Google
— 34 —
doge (le Venise, dont la flotte se trouvait de beaucoup réduite,
reprit la route de Venise j quant à ses ambassadeurs, l'un d'eux,
Henri Dandolo, ayant été aveuglé avec un poinçon d'argent, ils
quittèrent la capitale sans prendre congé de l'empereur, se
promettant bien de tirer vengeance de l'acte de cruauté dont
Dandolo avait été victime '.
La sédition de H62, survenue dans CP. entre les Pisans et
les Génois, amena, nous l'avons vu, l'expulsion des premiers ;
les seconds, peu nombreux périrent dans le massacre ou émi-
grèrent. Gènes réclama du gouvernement grec, par l'intermé-
diaire d'envoyés successifs, le remboursement des pertes éprou-
vées par ses nationaux et sollicita de nouveaux privilèges, lui
assurant des garanties contre le retour de semblables excès ; elle
y parvint en Octobre H69 : son envoyé, Amico di Murta, qui
avait rempli diverses missions dans ce but, à CP., obtint un
chrysobulle par lequel, (à cette date, établie par M. le Chev. de
Simoni, dans une remarquable dissertation, au Gtomale U-
gustico, 1874.) en échange du secours que la république s'en-
gageait de fournir à l'empereur contre les Sarrasins et autres
payens, celui-ci promettait c dare civitati Janue emt>olum et
scalam, ultra GPiim, in loco qui dicitur Orcu, in loco bono et
placabili etc. > La localité indiquée dans ce document est dite à
la fois Orcu et Créa par Sauli=. M. de Simoni émet l'opinion que
le chrysobulle de H69 ne reçut pas son exécution, et que la
concession faite aux Génois ne leur fut finalement consignée
qu'en avril suivant, et cela non pas à l'extérieur de la ville, mais
dans l'intérieur parla restitution du Coparion (l'endroit où l'on
confectionne les rames) ; en effet, deux traductions du premier
chrysobulle portent l'une urtr-ô, l'autre ^j-an^Constantinopolim,
tandis que dans le Chrysobulle de maill70, relatif à cette con-
cession on lit c constitit imperium meum ut demutaretur eis
hujusmodi embolus et scala, et daretur iUis t in magna civi-
tate > (traduction du terme grec Mégalopolis), et plus bas c sanci-
tur per presentis auree bulle sigillum ut ipsi possideant hujus-
modi embolum et scalam in magna civitate, sicut illis tradita
' Fanucci, loc. laail. 60.
■ Le texte grec original dont M. Paspati a bien voulu nouB donner com-
munication porte 0 entoB • intra ou mieux iotui, ce qui reproduit exactement
le phone grec.
r>' Google
— 35 —
sunt vice illorum que data fuerant illis in traDsmare partibus. >
II résulte de l'opinion du savant auteur du mémoire précité
{M. De Simoni), que la localité dite Orcu ou Orca', hors de
CP., de l'autre c4té de la mer, en face de la ville, fut accepté
par l'envoyé génois, conformément d'ailleurs à ses instructions
* embolum et scalas studeas habere in CP. ... et si non posses. ..
in Pera studeas habere » à défaut de la concession dans Cous-
tantinople même ; puis enfin que dans l'intervalle du mois d'oc-
tobre à avril, le négociateur parvient à obtenir la restitution du
Coparion, l'ancien embolum génois dans CP. « in positione lo-
comm onorii' videlicet coparion» à l'est.
Cette sorte d'invasion latine, quoique toute commerciale,
mais non cependant toujours pacifique, ne tarda pas à soulever
les passions locales : déjà, le passage des bandes plus ou moins
disciplinées de la première croisade, sous Alexis I. Comnène,
avait laissé de pénibles souvenirs dans l'esprit des populations ;
« les désordres commis par elles sur les terres de l'empire avaient
fait considérer les Francs comme des ennemis non moins dan-
gereux que les Turcs Seldjouqydes » ; et, si l'on en croit les
historiens latins, t Alexis n'aurait rien négligé pour consom-
mer, en Asie, la perte des croisés^. » De part et d'autre, on
manqua aux engagements contractés, et la mésintelligence
éclata entre les Latins et les Grecs. Pourtant, certains empe-
reurs, comme Manuel, s'inspirant, il est Trai, des intérêts poli-
tiques, surent comprimer ces sentiments; mais le peuple, étran-
ger à cet ordre d'idées, c tint les Latins en avereion > ; et la mort
de Manuel l'affranchissant de la contrainte que lui imposait la
protection donnée par ce prince aux étrangers, il se livra sans
■ M. Dethier pense que l'on doit lire Gréa, le Baghtcbé Capûu de nosjouri,
A gauche duquel ee trouve le néorjon « remiie. aocrage des embarcations
desSultans » Cf Dethier, Criiaboiilot, Vie de Mahomet II, dans les Mon.
hung. Hi»t. Iir, 182, 217. V. aussi le continuateur de Pierre GyHes, p. 387
aurea vel pulchra porta. Maçoudi (maçoudj eddahab,) édition de M. Elarbier
de Meyoard, Paria 1863, p, 319, ci(o dans sa description de CP. a la porte
dorée, bab eddahab d
• Ce terme parait être la reproduction de Néorion « arsenal maritime i ,
d'où la porte voisine a reçu son nom corrompu en celui d'orea « ta belle », le
Baghtché Capou actuel. La Neorion était un port où se trouvent encore les
bateaux (Caltj) de parade des sultans. Conittntiniwlv, par le patriarche Coos-
tantiua, CP. 1846, p. 17.
' Millitz. toc. laad.. Il, i, 83 ; Art de cMfler les date*.
,dbvGoogle
réserve à sa haine et la poussa jusqu'à la frénésie. «L'ambassa-
deur génois, porteur de la ratiâcation du traité conclu par la
république avec le prince défunt, fut mal accueilli d'Alexis II
Comnène, son successeur ; et, selon certains rapports, il aurait
été lui-même victime du mouvement populaire de 1182, dans
jequel les prêtres Latins furent expulsés de leurs églises, les
malades cliassés des hôpitaux, et les habitants paisibles de leurs
foyei-s. Tout le quartier latin fut mis à feu et à sang, sans
distinction d'âge, de sexe, de condition. Selon Guillaume de
Tyr, « les Latins massacrés dans ce soulèvement furent au
nombre de six mille, leurs maisons furent saccagées et brûlées;
ceux d'entre eux qui échappèrent au carnage se réfugièrent sur
leurs navires, et à leur tour livrèrent les îles et les terres de la
Propontide, au pillage. »
A la suite de ces horribles événements, dit Canale (II, 362),
on chanta < pietosaraente, il Te Deum, poichè il capo di un
Cardinale Romano legato pontiRcio, vedesi separato del suo bu-
sto e trascinato a coda di cavallo per le strade délia città, fra î
barbari scherzi di un inferocita ciurmaglia. >
Saladin {Papiers d'État,) de son côté écrit au Khalife de
Bagdad, Nacir-ledin-lllah, aux rives de l'Euphrate, sous la date
de Djémazi-ul-ewel, 588-1182, < Moi le serviteur des deux
sanctuaires, (La Mecque et Médine,)j'ai reçu d'Egypte une
lettre m'annonçant la capture d'un navire de guerre franc, chargé
de fuyards sortis de CP. à la suite d'une sédition qui a éclaté
dans cette ville, entre les grecs et les francs. Le nombre des
fuyards s'est élevé à 50.000 ; ils se sont jetés sur des navires,
dont celui-ci faisait partie; parmi eux se trouvaient des per-
sonnages considérables, et des gens de marque ; qui sont tom-
bés entre nos mains avec leurs trésors : les Guerriers de la
Foi, une fois de plus, ont été de la sorte, l'objet des faveurs de
la bonté divine ; les nôtres en ont tué le plus grand nombre et
fait qiiatre cents prisonniers. ' »
Après ces événements, et pendant tout le règne d'Audronic,
Yénitiens, Pisans et Génois se tinrent éloignés de CP. ; mais
quand son successeur Isaac l'Ange, parvint au trône, on songea
à renouveler les anciennes relations et diverses tentatives furent
' Manuscrit arabe de ma ooUeclion.
çGoogle
— 37 —
faites dans ce sens par les uns et par les autres. Finalement
Guglielmo Tomelio et Guido Spinola furent envoyés de Gènes à
CP, avec mission d'obtenir le renouvellement des anciens privi-
lèges ; et en avril 6700, 10° indiction {H92), l'empereur rendit
à la république l'ancien emboluni de Coparia, avec son échelle,
de plus une seconde échelle et divers bâtiments, voisins de ce
bazar ; puis enQn le palais d'une ancienne famille impériale, de
Calamanos ou Calanitis, autrefois d'une grande magnificence, et
renfermant deux églises '.
Dans la même année 1192, les Pisans à leur tour, sollicitèrent
Je renouvellement des privilèges à eux accordés par Alescis et
Manuel à la Communauté de Pise dans la Grande Ville de CP.,
c'est-à-dire i l'emboluin, les deux (grandes églises, de l'apôtre
St. Pierre et de St. Nicolas bilties antérieurement dans l'enceinte
de leur quartier, l'échelle maritime dans la localité dite Ycanati,
et de plus, l'envoi à Pise des dons et subsides habituels.- » Le
chrysobulle adhérant à ces demandes, et signé € Isacco, in
Christo signore,imperator fidèle, e rettore dei Romani, Angiolo
et juré I per corporal sacramento » est scellé du sceau des deux
églises des Pisans de CP. c'est-à-dire du chef des apôtres, St.
Pierre et St. Paul et de St. Nicolas. ^
Selon M. le Dr. Dethier, l'église des Pisans se trouvait, sous
Comnène, au Nord de Ste-Sophie. Le même savant a trouvé ré-
cemment dans les décombres d'une galerie en démolition, con-
duisant autrefois de Ste-Sophie à Ste-Irène, une brique comme-
morative portant cette marque
t nETPOY
MAPT. H.
Monogramme de MartjTios, abbè de St. Pierre, qui a signé
an Concile tenu sous le patriarche Menas, qui occupa le trône
' M. Paspati me ra[iporte que dans l'oraison funûbra d'Alexis, prononcée
par EuHtftche, arche^'Ëque de Salonique. ce prélat ilisait que les faveurs ac-
cordées par ce prince au.\ Latins, en vue d'obtenir le concours de l'Europe
pour résister aux invasions de l'Orient, araient eu pour résultat de porter
l'accroisBcment des Latins dans la Capitale, jus^iu'au nombre de 60.000 ;
' SimoDÎ (Chev. de) loc. laurl. 162.
3 Fanucai, p. 148. Le te\te grec de ce privilégn est rajiporté en entier dans
les Acta et diplomata grirr-a. de Miklo"ich et Muller. Vienne 18C5, p, 8. Et
par Buchon Rei-herchei Utr la prinripnulé frrrm:<iise île Mof<^, (Appendice.)
çGoogle
patriarcal de 536 à 553. Cette galerie qui aurait été édifiée en
536, pour le Concile présidé à OP. par le Pape Agapit, et dans
lequel le patriarche Antliyme fut déposé, servait de lieu de pas-
sage aux Pères du Concile pour se rendre de la métropole à Ste-
Irène; elle aurait été construite aux frais des différentes églises
de la capitale : le supérieur de cliacune des églises, ayant con-
tribué à la construction de cette galerie, avait apposé sa marque
sur quelques-unes des briques fournies par ses soins.
On a trouvé également dans la même galerie une autre brique
au nom d'un abbé du monastère d'Hormisdas, des SS. Sergius
et Bacchus, cité plus haut '.
Le cfarysobulle de 1192, dans son contexte, mentionne aussi
en ces termes * la grande église érigée par les Pisans, sous le
vocable du Saint Apôtre Pierre, i Dans la description des terrains
nouvellement concédés aux Pisans, il parle d'une ruelle, sise
au nord de cette église, séparant la concession actuelle, des ter-
rains détruits du monastère de S. Antoine; diverses bâtisses
du môme monastère (Kyr Antoniou) parallèles à la ruelle sise
au nord de St-Pierre, et arrivant jusqu'au Nêro-dromos, (Canal)
des Amalfitains, puis aux murailles de CP., et à la porte Icana-
tissa-, dans les dites murailles. On lit aussi plus loin dans le
même diplôme : a il y a là une échelle sise, ab antiquo, dans
la partie extérieure delà çorieiNéorion. vis-à-vis le monastère
apo-logotheton, et dite dipli; cette échelle eSt fermée, paral-
lèlement à la voie publique, par des barrières {parmaqlyq] afin
d'empêcher eu ces endroits la construction des maisons, on y
voit seulement une échoppe de changeur de monnaies. Depuis
cette échelle jusqu'à celle du monastère de Kyr Antonios &
i'ouest, on en trouve trois autres, qui ont, vers la muraille de
la ville, des terrains et des bâtisses en dépendant. Des deux
échelles pisanes, l'une, à l'ouest de la porte Néorion, possède
un terrain tenant lieu de dépôt, et sur lequel les Pisans élève-
ront des baraques du genre de celles qui y étaient ; sur les deux
autres, il y a des baraques neuves. Cette échelle, sise à l'ouest
de la DipUcala, est d'une longueur de 83 coudées ; l'autre a
,V. I^ Turquie du 15 déc. 1873,
' M, Paspati pense que la porte Icanatisso devait se trouve
aujourd'hui léniDjami.
çGoogle
7 pics 1/2 et se trouve éloignée de l'échelle du monastère de
S. Antoine de 23 coudées; de celui-ci à la mer, il y eu a 30.
But ces trois éclielles ' il y a trois boutiques de changeurs ; au
delà de ces trois échelles se trouve celle du monastère de
S. Antoine, qui avec les bâtiments en dépendant, et proches de
la mer, n'a pas été concédée aux Pisans, et doit rester en la pos-
session de ce monastère. En dehors de l'échelle de S. Antoine,
non comprise dans la concession accordée aux Pisans, Je leur
concède celle donnée précédemment par moi à l'hôpital des
40 martyrs, nouvellement créé, elle a 20 coudées de longueur,
et avoisine, à l'ouest, la porte Ycanatissa ; la longueur des bâti-
ments sis vers la muraille,y compris celle de la porte Ycanatissa,
est de 19 coudées; la porte devra rester libre de toute cons-
truction, et les Pisans ne devront l'exhausser d'aucune bâtisse
elle devra rester dans l'état où elle se trouve présentement-. »
< A côté des échelles ainsi concédée^ aux Latins, > et qui rap-
pellent, SOQS certains rapports, ce qui existe aujourd'hui, sur la
rive opposée,pour les opérations commerciales de la compagnie
^nçaise des Messageries maritimes, » échelles sur lesquelles,
dit M.Paapatî, les agents du fisc venaient prélever certains droits
régaliens, sans nuire à ceux de l'administration de la colonie,
et, pour son compte, se trouvaient encore d'autres échelles, af-
fectées k l'usage des indigènes, »
.Uexis III monta sur le trône en 1105, après avoir enlevé la
couronne à son frère Isaac l'Ange. Trois ans après son avène-
ment une nouvelle rupture éclata entre les Génois et l'empire,
à l'occasion d'actes de piraterie, commis par le génois Gaffo-
rio, d'entente et au nom de ses compatriotes ; tant est-il que
l'empereur, selon le rapport de Canale^, en représailles de ces
hostilités « feudi, possessioni, mercanzie, danari toglieva; il
palazzo consolare di Calamos accordava ad alloggio militare
per le baade Alemanne, le quali ne facevano guasto ed obbro-
brio. >
< Il parait ressortir de ce passage que l'échelle des Amallltains avait été
donnée également eux Pisans.
i Je dois cette traduction de l'original grec à l'obligeante amitié de M. Pa-
ipati. La version latine est d'ailleurs rapjxirlt'e par lîuchon, dans ses Re-
cherrkc* sur la prirwlpnuté fmiit:nisc de Mori'c. Il, 72.
» .Vuoea HUtarin rlelta republi'ea -li Genoca : Firenze, ISfiO p. 365, II.
r>' Google
— 40 —
Tontefois, Alexis oublia bientôt ses rancunes contre la répu-
blique, et en 1199, il lui envoya un ambassadeur à l'efTet de re-
nouveler les traités anciens. On ne saurait dire si la république
y répondit immédiatement ; mais elle remit à Ottobono délia
Croce, envoyé en ambassade auprès de l'empereur' des instruc-
tions, datées du 15 juin 1201, où l'on trouve ce qui suit:*
€ Art. 2, Sîa ricuperato il palazzo di Calamos, cou chiesa,
bagno, cisterne d'acqua corrente e corle consolare, nell'antico
modo, e restoro del palazzo a speae impériale, per cui venga
restituito a quella forma e bontà che aveva quando fu concesso
ai Genovesi, e venne poi guastato e distrutto dagli Alemanni,
che l'imperatore vi pose ad allo^gio.
< Z' Si riacquistiil possesso dell'^m&o/o e di ambi gli scali
che i Genovesi soleano avère con tutte le pertinenze, l'area e lo
spazio ov'erano riposte le case loro ; similmente altre due case
con molini situati verso l'embolo dei Pisant, e altre due verso
il tempio santa Sofia, corne fu concesso ai predetti legati Gu-
glielmo Tonello e Guido Spinola.
4° Si procacci il monastero al disotto l'embolo genovese
coH'area e le case circostanti âno agli scali che sono al mare, e
ciâ aSinché l'embolo cogli scali sieno congiunti, e fatto un solo
« 5° Se il monastero colle case non potessero ottenersi, al-
meno si abbia la chiesa, la quale ë posta tra l'embolo ed il pa-
lazzo di Calamos; in tal modo saranno uniti l'embolo, il pa-
lazzo e gli scali situati fra i Genovesi e i Pisani... »
La concession génoise, comprenant une étendue de terrain
égale environ à l'ensemble de celle des Amalûtains et des Pisans
réunis, se trouvait à l'est du monastère Apo-Loghotheton,
et remontait, selon le témoignage rapporté ci-dessus des ins-
tructions données à Ottobono di Croce, < usque ad Sanctam
Sophîam, > comme il a été dit plus haut, c Getl« conces-
sion, ajoute M. Paspati, comprenait dans sa circonscription,
le palais d'une ancienne famille impériale du nom de Cala-
' D'après les Arta Grceca.
' Cette négolàation aurait été couronnée de euccés, jar le renouvellement
des anciens privilèges et la restitution de l'embolo et du Palais Calamano
(ou Chalama, suivant les textes) augmentés de certains établissements et
d'une échelle. Cf. De Simoni l/x: lawl. p. 166-168.
r>' Google
— 41 —
mano ' ou Botoniatis',ainsi qu'une église grecque qui aurait été
cédée aux Génois; aux deux extrémités de ce terrain, se trou-
vaient aussi deux échelles, dont la jouissance fut également
donnée aux Génois.
Canale répartit en trois époques principales les concessions
attribuées aux Génois dans CP.
La première, celles faites par Manuel (H69), relativement
peu considérables ;
La seconde, celles accordées par Isaac (1193), beaucoup plus
importantes, et s'étendant sur un plus grand espace ;
La troisième enûn, les concessions encore plus nombreuses,
d'Alexis (1202) à Ottobono, parmi lesquelles des églises, dont
on lit la description suivante : < Una chiesa cou tribuna soste-
nuta da qunttro colonne, uiia di esse bianca, sopravi tavole
marmoree ed archi, ed angeli, e figure dorate ; nella chiesa,
altre colonne coii zone di bronzo; in mezzo un tempietto di
legno dorato, con altare sostenuto da quattro altre colonne cou
due porte ; sopra quella che guardava ad occidente una sculp-
tura rappresentante l'imagine di Gesu Ghristo ; il pavimento era
di marmo verde incrostato a diverai colori...
« Un altra chiesa in rovina con colonne, curiu consolare,
bagni di acqua tepida e letti di bagnanti.' >
En terminant la savante dissertation, citée plus haut, et à
laquelle nous avons fait d'importants et utiles emprunts, M. de
Simoni'' résume ainsi ce qui a trait aux échelles génoises dans
CP. pour cette période c le diplAme de 1 1 70 concéda aux Génois
la première échelle, sise à l'est, au delà d'une des tours défendant
la muraille de la ville, h. la porte dite Bono ; par celui de 1192,
on y adjoignit une autre échelle, à l'est de la première ; et fina-
lement par celui de 1203, une troisième échelle, sise à l'ouest de
la plus ancienne ; toutes les trois ayant appartenu au monastère
de Manuel, ou de S. Pantatèon. Sur le parcours de ces échelles,
le long des murs, se trouvaient des habitations arrivant jusqu'à
la muraille; et, çà et là, des échelles ou débarcadères de moindre
I Deux princes du nom de Caloman régnèrent sur lea Bulgares, le premier
en 1242, le second en 125â. {An ih rMlier leg ilnlet. p. 3S5.)
) Nicépbore Botoniate Tut déclaré em[>ereur en Orient et ftt en cette qua-
lité, son entrée à CP. le 25 mars 1078. (Art île rfri/kr les ilnlc». >
• L'^. laud. p. 175-176.
r>' Google
_ 43 ~
importance, construites en bois. Dans le chrysobulle de 1202,
l'empereur ne voulut pas accorder aux Génois le monastère de
Manuel, demandé par eux, il ne leur accorda qu'une seule des
deux échelles sépamat leui'S ancienaes échelles de celles des
Pisans'. »
Les haines excitées de part et d'autre par le soulèvement
de 1182 s'étant apaisées, Gènes envoya, en 1301, un nouvel
ambassadeur auprès d'Alexis III Comnène, à l'effet de négocier
le renouvellement des anciens pactes, et d'obtenir i: des maisons
prés le fondac des Pisans, comme aussi dans le voisinage de
Sainte -Sophie ; mais la marche des croisés franco-vénitiens,
avec le projet avoué de détrôner ce prince, entrava les négocia-
tions et excita une telle indignation dans le peuple, que l'em-
pereur, envue de préserver lesjoursde l'envoyé génois, l'engagea
à retourner secrètement dans son pays'. En elTet, le filsd'Isaac
l'Ange, devenu plus tard empereur sous le nom d'Alexis IV,
voulant parvenir à la délivrance de. son père, Isaac l'Ange, dé-
trôné par son oncle Alexis III, s'était rendu en Allemagne,
puis en Italie et à Venise, pour solliciter des secours^ ; et il
avait signé avec la sérénissime république un traité stipulant
que l'empereur son père, une fois rétabli sur le trône, s'emploie-
rait à l'établissement de l'obédience envers le souverain pontife,
ainsi qu'à la substitution du rit latin au rit grec *. On sait, par
un livre de publication encore récente^, comment la conduite
de ce prince, qualifié «d'horrible fléau de sa patrie, > fut ap-
préciée par ses coreligionnaires. Toutefois, tiré de sa prison,
Isaac l'Ange fut replacé sur le trône avec son (ils par les croisés;
mais ce dernier se fit tellement détester de se^ sujets par ses
procédés, ou plutôt par le fait même de ses engagementsenvers
les Latins, et dont ceux-ci réclamaient l'exécution", qu'un cer-
I Voir le plan ci-contre de CP. indiquant les points occupés par les diffé-
rentes colonies occidentales.
' MUtltz, II, I, 84
' Selon le rapport de t-'nnwfi, \, 12, les Pisans mécontents d'Alexis III. à
cause des obstacles qu'ils avaient rencontrés, dans le renouvellement de
leurs privilèges, auraient facilité l'évasion du jeune Alexis.
•.Sauli, Utc. laal. I, 3t.
* Dc»i'i'iplion'leCP.anrieiiiic et »no''orHc.parle[)atriarcheConstantiu8,p.81.
" Après la restauration d'Isaac r.\ng8 sur le trône, par les Croisés :
• mo.stra Joffroi de Villehardoin, li mareschaux de Champaigne. la parole, et
çGoogle
— 43 —
taÏD Murzufle se &t proclamer empereur, et fit mettre à mort le
malheureux protégé des Latins. Croyant voir, dans cet acte, la
violation des promesses qui leur avaient été faites, les Latins,
entraînés d'ailleurs par les Vénitiens, dont ils servaient ainsi la
politique intéressée et les rivalités, firent le siège de Gonstan-
tinople.
dit à l'empereur Kyrsac {Kijriot [taar) : Voici lea convenances faites avec
votre flls : tôt el premier chief, mettre tôt l'empire da Homanie à l'obédience
de Rome, dont il est pieçà partie. » {C/uvnique, éd. Buchon 1M28, p. 7^,), On
lit dana ViUehardouin (Ed. de Paris 1S57, p. 74) : n toutes les rues par où
passèrent les ambassadeurs des croisés étaient garnies, jusqu'au palais dei
BlaquerncB. d'Englois et de Danois, à totes les haches, u
«ibvGoogle
CHAPITRE U.
EMPIRE LATIN DE CONSTANTINOrLB.
Nous avons assisté jusqu'ici aux efforts des Occidentaux,
Amalfitains, Vénitiens, Génois et Pisans, pour s'établir à CF.
et nous avons constaté les concessions faites par les empereurs
grecs, à leurs instances tet à leur richesse, L'animosité à peine
déguisée de ces derniers, leurs tergiversations continuelles, leur
mauvaise foi évidente, secondées par la haine à la fois reli-
gieuse et nationale des Grecs contre les Latins, avaient amené
des faits déplorables, comme la catastrophe de 1 183, mais avaient
animé semblablement les Latins contre les Grecs... L'orage
éclata à l'occasion de la quatrième croisade.
Isaac l'Ange avait été détrôné, mis en prison et aveuglé par
son frère Alexis III : son fils qui régna depuis sous le nom
d'Alexis IV, tenta tous les moyens pour délivrer son père, le ré-
tablir sur le trône, ou, du moins y monter lui-même. Il envoya
donc une ambassade aux croisés qui venaient de s'emparer de
Zara, 29 Nov, 1203. Il leur faisait les plus l)eUe3 promesses et
s'engageait, à peine au pouvoir, à les accompagner avec une
armée nombreuse et à leur fournir d'abondants subsides. Les
croisés se laissèrent tromper, et le lendemain de Pâques,
7 avril, 1303, ils se mettaient en route pour Constantinople '.
1 Les V<?nitienB ^laLent d'accord arec Sultan, Melik-el-Adhel, qui leur
accorda, eo reconnaissance de ce qu'ils avaient détourné la croisade de
l'Egypte, des privilûges et franchises considéiablea. {Mas-Lati-le. Irailéi de
paij) et lie commerce, supplément, p. 170.)
çGoogle
— 45 —
CependaDt ie grand Pape Innocent in était formellement op-
posé à cette expédition. Entre autres manifestations de sa volon-
té, il écrivait aux évèques de Troyes et de Boissons, qui se
IrouTaient à l'armée, une épltre (VI, 231-232,) dans laquelle,
après avoir rappelé la peine dont l'avait affecté la prise de Zara,
et leur avoir redit les conditions sévères et formelles qu'il avait
mises à leur absolution, et la promesse que les croisés avaient
faite et renouvelée solennellement d'obéir désormais aux in-
jonctions pontilicales, il poursuivait en ces termes : t Nous
leur avions spécialement interdit d'occuper ou de piller, soos
aucun prétexte, les terres des Grecs. Qu'elles ne soient pas en-
tièrement soumises au siège apostolique, que des préjugés sé-
culaires les séparent encore de nous, que l'empereur de Cons-
tantinople ait usurpé le pouvoir en déposant son frère, en lui
faisant souffrir les plus cruels traitements, ce n'était pas aux
libérateurs du Saint-Sépulcre, disions-nous, qu'il appartenait
de juger ou de punir ces crimes. Ils ont arboré l'étendard du
salut dans un autre but, pour aller à la conquête de la Terre-
Sainte. Par les téméraires engagements qu'ils ont contractés,
ils encourent de nouveau l'anathème ; car beaucoup de nos
sages conseillers estiment avec nous qu'ils ne sont pas exempts
de parjure, agissant contre leurs serments antérieurs. Sans
dout« nous voudrions que, par leur influence morale et leurs
nobles sentiments, l'Église grecque se réunit k l'Église Romaine,
de manière à ne former qu'un seul troupeau sous un même pas-
teur ; notre sollicitude paternelle doit néanmoins, avant tout,
maintenir ses enfants dans la voie droite, ou les y ramener,
pour que leur exemple y rappelle ensuite les frères séparés.
Agissez vous-mêmes en ce sens, je vous en conjure, et je vous
l'ordonne, de peur que vous ne soyez enveloppés dans la con-
damnation à laqnelle vous les exposeriez par votre condescen-
dance. »(Patrol. lat: T. CCXV, col 261-263.)
Malgré tout cela les croisés persistèrent, et la flotte arriva,
le 23 juin 1203, en vue de CP.. Les chefs tinrent conseil le soir,
dans une église de Saint-Étienne, sur la cAte d'Asie ; le lende-
main, jour de saint Jean-Baptiste la flotte vint se déployer
devant la ville, si près des murailles que plusieurs vaisseaux
furent atteints par les traits et les pierres qu'on lançait du haut
des remparts. Ne pouvant forcer la chaîne qui fermait l'entrée
r>' Google
du port, elle alla mouiller à Chrysopolls, (Scutari) ofi elle fiit
rejointe par l'armée de terre.
Nous ne pouvons pas raconter ici, par le détail, toutes les
péripéties du siège, ni dire comment Isaac l'Ange fut tiré de
prison par les croisés, et remis sur le trône pour y régner, de
concert avec son fils Alexis IV, ni comment ce dernier fat dé-
trôné et mis à mort par un usurpateur, appelé Mursuâe, ni
comment les croisés se rendirent maîtres de la ville, le 13
avril 1304, ni enfin comment ils furent amenés à constituer un
empereur Latin, le comte de Flandre, Baudouin. Tous ces
faits trouveront leur place dans les extraits que nous emprun-
tons, pour la plupart, aux écrivains contemporains et que nous
reproduisons dans leur naïf langage.
On trouve dans Buchon ' sur ces événements le rapport sui-
vant : t Quand ils virent (les Grecs) que li crestiens appro-
choient de CP., si firent une caine lever qui étoit près du port,
pour chou que les nés n'entraissent dedans le port. Or vous
dirai combien chele caine était longue : plus de trois b-aitiés
d'arc; et si étoit aussi grosse. comme le bras d'un homme. Li
uns des corons de chele caine estoit à une des tours de CP., li
autres estoit à une vile que on apele Père : là manoient li Juis
de OP..
c Au chief de chele rue avait une tour, là où li uns des kiés
de chele caine estoit, qui de CP. venoit -. Chele tour estoit
moult bien garnie pour ce qu'ils savoient bien qu'ils prendroient
de chele part terre. Et en tel manière l'avoient garnie pour la
caine garder. Or vous dirai coment chele tours avoit nom : elle
avoit nom c le tours de Gaifl((îs>.*Là fit Sainct Pauls une par-
tie de ses épistres^. Or errèrent tant, li pèlerin tranchais, qu'ils
1 loc. laud. I, p. <16. Croiiade ,1e CP., Mb /le la Bibliot. Nat ; 7188, Ap-
pe/i'lke atm lieckerckes him. gur la Prinrip, fran. de Marée. 1, 4, 6.
' Fanucoî dit loc. laud. I, p. 189 ; une forte chaîne fermait le port, » dal
eatteUo di Golala fino à l'arropoU. »
' L'auteui da cette chronique a confondu ici probablement St. Paui aveo
S. Andrâ ; le patriarche Conalaatios, comme d'autre part, le Srriptara; Sa-
cne curêuê compléta», (Migne, Paris 1840), l'Histoire uninerselte da l'Eglise
catholique de Rokiiincher (Pari», 1842) etc., ne font aucune mention de la
venue à CP. de l'Apôtre des Gentils; le second de ces ouvrages dit seule-
nient(p. 375) « qu'après avoir embrassé les ildéles do la Troade.S, Paul
traversa l'Hellespont, pour se rendre eu Macédoine. Ses difréreutes épitrea
r>' Google
— 47 —
vinrent près de CP. mais ne pooient entrer dedans le port ; ains
arrivèrent d'autre part, dessus la Juerie, près d'un lieu qu'on
apele le J^oupe^ôeye. La arrivèrent H franchois et prirent terre.
Quant che vint le lendemain, que no gent furent arrivé d'autre
part de CF., si allèrent assalir à le tour de Galatas, si ni ot mie
grant assaut ; et sili prirent '. Et boutèrent le fu en le vile ausJuis,
et si desconflrent lis Grifons de CP. venus pour le tour rescorre.
Et moult y en ot de noies quant on depescha le caine, qui sus
étoient montés pour fuier en CP. en garison ; car tantôt come 11
crestiens orent de prise chele tour, ils dépêchèrent le caine pour
les nés entrer dedans le vile et ils orent délivré le port, si
firent les nés entrer dans le port. Et alait tout outre, ousque au
cbief, devant un castel qui est au delà de CP. devers terre, qui
a nom Blaqueme, qui estoit un des manoirs l'empereur, et là
estoit-il le plus. >
Le même auteur ^oute que les croisés élurent Murzufle, pour
batlly (Régentl de l'empire- t celui-ci les engages, pour que
meslée ne surgit entre eux d'aller se hebergier en Père, à Je
tour de Galatos où les Juis manoient devant qu'ils fussent ars;
et je vous eovoiroie de la viande asses, et querroie et pourclie-
rôle que vous ories les convenenches teles come on les vous de-
veroit. Franchois et Vénitiens après en avoir conféré allèrent
s'établir à la tour de Galatas. >
ont été éerilea à Corinthe. Èphése, Philipiies de Macédoine, Rome et Nico-
polia. ■ Le patriaichB Constantius rapporte (p, 1G3 » qu'un peu au-dessus
de Top-HaoB, (Où l'apôfre paraît avoir débarqué) S, André prêcha, à Fon-
douglou, la parole de vérité aux Ityzantins, bâtit une église, et sacra Sta-
cbya, premier Ëvéque de Byzance. c
I On Ut dans Villehardouin (.Ed. île Wamy. p. 55-56) < 159, le conseil de
DOB barons fut qu'ils se logeraient sur le port, devant la tour de Galatas, où
tenait la chaîne qui venait de CP-, et sachez que par cette chaîne devait
entrer qui voulait entrer au port de CP,, et nos barons virent que s'ils ns
prenaient cette tour et rompaient cette chaîne, ils étaient morts et mal lo-
tii... 160,et le lendemain, quand vint l'heure de tierce,ceux de la tour de Ga-
latbaa llrent une attaque avec ceux qui, de CP., venaient aider en barques-
ISS... ainsi fat pris lech&leau de Galathas, et le port fut gagné par force:*
' Voir sur cette dignité nos Traité* et Capitulation* île la France en
Orient, p. 36 8t passim. Ballos ou Bailos fut le terme employé plus tard
pour désigner,en Turquie les ambassadeurs et consuls é (rangers. Kiy mol ogi-
queroent BailU ou Bahulo • porte-fardeau » équivalent du mot arabe Ouézîr,
Véiir, qui a la même signification. Cf. sur ce mot. Villehardouin éd. de
Pari» 1857, p. 75.
r>' Google
On lit dans les Fontes (XII, 309) sur ces événements, celte
lettre de Hugues, Comte de S. Po!,datéede 1303» Inde perresi-
mus ad quandam turrim fortissimam, quœ Galatha nuncupa-
tur, in qua firmabatur catena ferrea, grossa nimis, que posita
super ligna transversa, mare transnatabat, attingebat usque ad
muros civitatis : catena Ula portum servabat In turri si-
quidem sepe dicta, erant serjanti anglici, pisani, livorniani,
dachi. Ad eam protegendam qui esibant turrim et introibant,
sicut et quando volebant, ad sagittandum nostros. >
Plus loin dans une chronique française inédite (p. 347.)
« Après eurent conseil, se ils se logeroient devant la tour de
Galathas, et ils s'y logèrent. Jusqu'à CF. avait une chaîne moult
grosse qui tenoit les nefs, que elles ne pooient entrer au port,
sans le congié de ceux de la tour Ainsi fu pris le chastel
de Galathas et le port gaignlé. »
Déjà, au rapport de Villehardouin ', < et pendant qu'Alexis
était en campagne avec son armée, il survint un insigne malheur
et un grand désastre à Constantinople, an immense -incendie al-
lumé par une querelle entre les Grecs et les Latins-, qui y es-
toient estagier, dont moult y en avoit... et quant li baron de
l'ost qui, de l'aultre part du port,estoieQt hé^ergié, virent ceste
aventure, si en furent moult dolent et moult irié, et moult ea
eurent grant pitié. Car ils virent ces hautes yglîses et ces riches
palais fondre et dura li feus dui jors et dui nuit, que aine
ne post estre estains par nul home et tenoit bien li frons del
feu, si corne i'. aloit ardant, demi-lieu de terre..... et tout li Latin
qui estoient hébergié en CP....,n'i osèrent puisdemorer ains
prirent leurs femes et leurs enfans^et de leur avoir ce qu'ils
purent traire del feu ne échaper, et entrèrent en barges et ea
vaissiaus, et passèrent le port par devers nos pèlerins ; et ne
furent mie si poi que ils ne fussent encore quinze mit que pe-
tit que grant'''. >
Fanucci' rapporte les mêmes faits, mais cet auteur semble
I Ed. Paulin Paris, p. G5.
' Cf. Bur les séditions su^^*enues, après la restauration d'Alexîa, entre Grecs
et Latins, Derrastalio CPtinn. p. 87, qui en donne les dates.
* On croirait lire dans oe passage de Villehardouin, le récit du lamen-
table incendie de Péra, du 5 juin 1870.
* Loc. laic'l. p. 204.
dbyGoogle
les attribuer & la première arrivée dea Franco-Vénitiens devant
la capitale : son récit . contenant certains renseignements qui
rentrent dans l'objet même de notre étude, nous le consignerons
ici : c Les Grecs avaient préparé seize grands brûlots, chargés
de combustibles et de fuoco {/reco, s'embrasant dans l'eau, un
vent fort soufQait et menaçait la flotte étrangère d'une ruine
complète; elle en fut préservée par l'intrépidité et la direction
énergique du vieux doge : un navire pisan, ancré dans le port
prit feu : l'armée française et la flotte vénitienne se mirent en
mouvement ; alors les marchands pisans gui concouraient à la
défense de là ville, se virent, dans le tamulte qui se produisit,
attaqués par les Grecs. Dans leur haine contre l'étranger ceux-ci
ne connaissant plus ni devoir, ni reconnaissance, ni mesure,
commencèrent par donner le sac aux maisons et aux mosquées
sarrasines ; puis le tumulte se propagea entre Grecs et Pisans.
Du combat à l'arme blanche on en vînt à prendre les torches
et à mettre le feu aux habitations ; l'église de fit. Sauveur des
Pisans, sise nelle colonne, près de leur quartier, et dont Be-
nenali était prieur, lequel put à peine se dérober aux flammes,
fut incendiée. Cette ville devenue la proie du feu dans l'étendue
d'une lieue, offrait l'aspect de la désolation, t
Il paraît, d'après tous les historiens du temps, que les Pi-
sans, établis dans CP., loin de prendre part aux opérations du
siège, avec les croisés, se trouvaient au contraire, du moins
dans le principe, dans les rangs de leurs adversaires ; mais ils
abandonnèrent bientôt la cause des Grecs, et passèrent sous les
drapeaux des croisés. Bonciani, (rapporté par Buchon, I, p. 15
et II, p. 23.1 à ce sujet s'exprime ainsi : * avendo i francesi ed
i Yeneziani tentato piii volte d'impatronlrsi di CPli, che fra
l'altre, rompendo il muro délia parte verso il mare che si chia-
mava « la scalà dell' imperatore, > vi entrarono dentro, ma
che furono gagliardamente battuti e ribattuti dai Pisani.... ma
che dopo riconciliati i Pisani ed i Veneziani, combattessero in
favor loro, il che fu cagioue di consegnir la vittoria e la presa
della città. >
Finalement, < Le confanon de Saint-Marc fut veu en une
des tours et si ne sceat-on qui li portai quant lesGrecs le virent,
il se desconflrent et gnerpirent les murs... Entre ces choses
bouta, ne say qui, le fea en la. cité ; mais en la fin fu si graos
r>' Google
— 50 —
qu'il ne peut estre estains, ains dura VIII jours ou bien près,
parmi le travers de la ville;... tous les Latins de quelque terre
qu'ils fussent, ne osèrent oncques puis demourer en la cité ; mais
entrèrent ens barges et ens nefs a tout ce que ils peurent avoir
du leur et s'en allèrent en l'ost des pèlerins'... Après la Pasque
fat cryé que tous apportassent le gaaing, si corne il avoit été de-
visé.... Quant le gaaing fu apporté en trois églises, les Venis-
siens en eurent la moitié, si corne leurs convenances portoient-. >
« Si fut Constantinople prise (rapporte l'auteur de la
Croisade de CP., précité) et vous dirai que li Francbois et li
Vénissiens fisent anchois qu'ils assaussisseiit le chité. Ils éta-
blirent que dedans les moustiers on ne prendroit nule rien, et
que tous les avoir que on prendroit en le chitè, on les meteroit
tous ensanble, et partiroit-on à droit ; car li Vénissiens avoient
moitié partout; car issi fut-il en convent, quand on leva l'es-
torre à Corbya, que de toutes les aquestes, fores *en le terre de
Jhërusalem, en quelconque terre que che fust, dovoient-Us avoir
le n-.oitiè. Après che, quant ils orent establi, si flst-on es-
comenier à quatre Vesques qui là estoient, li vesques de Sois-
sons et li vesques de Troies, et uns vesques d'Alemaigne, qui
nule cose destoumeroïent, et che qu'ils trouveroient n'aporte-
roient, laù on avoit alvami. Après esquemenia-on chiex qui
dedans moustiers prendroient nule cose, ne prestre ne moine
desroberoient de cose qu'il eussent sur aus, ne sur femes mete-
roient main. Ensi fut establi et commandé, et li esquemenieraens
fais. Devant che que li Franchois et li A'énissîens eiitraissent en
CP. ne presissent, estoient-ils pleins de la grâce du Sf. Esprit,
et avoient grant carité en aus; et se cent Grifons veissent dix
Francbois, si s'en fuissent- ils. Quant li Franchois prissent CP.
ils avoient l'escu Dame Dieu embrachiô devant aus ; et tantost
come furent ils ens, ils le gelèrent jus. Ils coururent premiè-
rement à Ste Église, et brisèrent les Abeyes et reub^rent. Là
' Cf. Ci-desBUs le récit de cet Incendie. I^ comte Riant Hoc. lawl. p. 107)
parle d'un épouvantable incendie et de l'horrible sac de CP., inceodie allumé
par Boniface de Monfermt et les Allemands qui l'entouraient, ainsi que du
pillage de Ste Sophie accompli par les clercs eu7!-mSmes, qui se livrârenl,
ajoute-t'il, ouvertement à ce que Gunther, par un singulier euphémisme,
qualiBe de saint brigandage, (p. tOâ.)
) Il y eut deux incendies le premier allumi dana la querelle entre les
Grecs et les Pisans, le second à la prise même de la ville.
çGoogle
— 51 —
fu le convoitise si grant entr'aas, que, qaaiiiques il dévoient
porter au moût, il portoient au vol. Là fu si grant le haine
entr'aus que li chevaliers disoient que les povres gens avoient
tout et les povres gens disoient que li chevaliers et U prestrea
avoient tout ravi, dont il fu bien sentant à la départie. Et chil
qui plus en emblèrent, che furent li Vénissiens, qui par nuit le
portoient à lor n6s. Dont il avint, quant ils orent prise GP. que
li Dus de Venisse, qui estoit en le chité, vaut faire marquié de
l'avoir assauter as Franchois, que il feroit l'avoir de la chit^
amasser as ses homes, et mettre d'une part, et les meubles, et
si donroit on à cascun chevalier quatre cens marcs, et à cascan
prestre, et à cascun serjant à queval tiens cens marcs, et à
cascun home & pié cent marcs. Ainsi l'eust-il fait et créante,
mais li Franchois ne le vautrent mie octoier; ains on embla
on tant, et destouma, devant cbe on partesist as Vénissiens,
que de le partie as Franchois,n'ot li chevaliers que vingt marcs,
et li prestres et serjant à queval que dis marcs, et li serjant à
pié Cinq marcs'. »
En dehors de ces valeurs ils se partnjîi'rent les richesses des
églises. On peut consulter la fri-s considérable liste de reli-
quaires et objets précieux pour le culte qui furent enlevés de
la capitale et envoyés en Europe par les Croisés. (Dépouilles
reliyieuses enlevées à CP. un XIII^ siècle pur lesLaliits,C.tv^
Riant, Paris 1875. p. 177-911.)
< Quant ils orent parti l'avoir, si partirent le chité par mi ;
si que li Vénissiens en orent la moitié,etli Franchois l'autre moi-
tié. Et si escai le partie des Franchois par devers le terre, et le
partie as Vénissiens par devers les mers. Quant ils orent prise
le chité, si prisent conseil entr'aus qu'ils y feroient empereur
et patriarche. Et si atira que se on fesoit empereur de decha
les monts, chil de delà les monts feroient patriarche ; et que li
Vénissiens donroient le quarte part de leur chité à l'empereur,
et li Franchois le quarte part, par devers Banque de lion {Bu-
coléon) Quant ainsi orent atourné, si eslut on le comte Baudoin
de Flandres à estre empereur, et porta couronne ". »
' Bucbon, ion. laui.p. ABU Appenlicc, Cmiêade de CP.,
blioth. Nat. 7188.
s Buchon, toc. laui.
r>' Google
— 52 —
Pour prévenir toute querelle et toute division,les Croisés firent
un traité solennel, dont voici les principales clauses i t Si Dieu
permet que la ville tombe en notre pouvoir, tous continueront
de rendre obéissance à leurs chefs respectifs, aux princes de l'ar-
mée. Les dépouilles feites seront intégralement réunies, pour
être distribuées ensuite, selon le rang de chacun et son mérite,
par une commission nommée à cet etfet; les vivres seront par-
tagés suivant le nombre des bouches. Tous les droits que les
Vénitiens possédaient à CP. et dans l'empire leur resteront in-
tégralement acquis. Chacune des parties contractantes nommera
sis délégués chargés d'élire, k la pluralité des suffrages, en tout
honneur, Sous l'unique inspiration de leur conscience, celui
qu'ils jugeront le plus digne d'être empereur. Le quart de l'em-
pire relèvera directement de l'élu, constituera son bien et son
apanage, avec les palais de Bucoléon et de Blaquernes ; les trois
autres quarts seront partagés par portions égales entre les Vé-
nitiens et les Français. Le patriarche sera tiré de la nation à
laquelle n'appartiendra pas l'empereur, et l'église de Ste Sophie
lui sera remise comme siège de son patriarcat. Une commission
composée de 24 membres, 12 de chaque partie, choisis parmi
les plus vertueux et les plus sages, assignera les fiefs, les pos-
sessions et les dignités, en déterminant les rapports de subordi-
nation et les chargns incombant à tout feudataire. Les fiefs se-
ront transraissibles par voie d'hérédité, sans préjudice pour
l'organisation de l'empire et l'autorité de l'empereur; en mon-
tant sur le trône, celui-ci jurera de son côté l'inviolabilité du
partage, la stabilité des donations. •» Innocent IIL Ep. VIT,
305; Patrol. Curs. compl. CCXV.Làse trouve le texte même
de la convention. Ilisf. de l'Ei/Hse. Darras t. 28, p. 187-188.
Cette convention déplut beaucoup au Pape Innocent III,
car elle violait évidemment les droits de l'Église. Il réclama
donc contre quelques-unes de ses prescriptions et finit par faire
prévaloir sa volonté, c'est-à-dire le droit et la justice.
Si le Pape Innocent III se décide enfin à féliciter Baudoin de
son triomphe, et à consacrer son règne, c'est qu'il y voit la
réalisation du grand vœu de l'Église romaine, la réunion des
deux Églises sous un seul chef, le moyen de rappeler cette
Église autrefois si fertile en doctrines pures et ensuite obscurcie
par l'erreur et de la ramener, avec la grâce de Dieu, aux prin-
r>' Google
— 53 —
cipes fondamentaux de la parole div ine '. Le ton des lettres du
Pape et leur contenu, ajoute Hurler, justifient pleinement In-
nocent d'avoir voulu profiter de la conquête de GP. pour aug-
menter la puissance du St. Siège. Le lecteur impartial pourra,
en les parcourant, pénétrer au fond de son cœur, et reconnaître
sous quel point de vue il envisageait ces événements ^
Le clioix (lu comité des douze électeurs, six français et six
vénitiens, s'étant porté sur Baudoin^, celui-ci ceignit la cou-
ronne impériale, dans Sainte-Sopliie, le 16 mai 1204^. Parmi
les électeurs français, figurait * Nevelon, évèque de Soissons. »
Puis, suivant la convention, le clergé catholique conduisit les
chanoines vénitiens à Ste-Sophie, où, à l'unanimité, ils élurent
Thomas Morosini, patriarche de Constantinople ; enfin l'empe-
reur^ et le doge envoyèrent à Rome des délégués chargés d'ob-
tenir, pour cette élection.la confirmation pontificale'''. Par ce fait,
l'ancienne juridiction spirituelle du patriarche délie Venezte se
trouva recevoir ainsi une nouvelle et solennelle consécration.
Informé du résultat de ces événements, Innocent III, par sa
lettre du 7 décembre 1304, adressée i episcopis et abbatibus in
exercitu christiano apud Constantinopolim constitutis, > re-
commanda < d'établir des prêtres latins, dans les églises aban-
données par les grecs, afin de rendre <ï Dieu le culte qui lui
est dû, de conserver les biens ecclésiastiques, de se maintenir
dans l'obéissance du Siôge apostolique, de célébrer les offices
pour les paréissiens et de leur administrer les sacrements.
Puis, instruit de la forme qui avait présidé à l'élection du pa-
triarche, le Souverain Pontife, par une autre lettre du 21 jan-
vier 1205, adressée aux mêmes évèques, abbés et autres clercs,
déclara que les prêtres, se disant chanoines de Sainte-Sophie,
et qui s'étaient, de la sorte, attribué le droit d'élire le patriarche,
I U XVI ep. 105.
» L. VUI.
' BuchoD toc. t/m-J.
' Fleury, Hittoire ecrUtiastiqw.. XVI, 87. D'après le Comte Riant. Inno-
cent m, Philippe rie Soualie et lionifa'-c <le Monfcrrat, l'aria, 1875. l'élection
de l'empereur eut lieu le 9 mai.
' fl Uauduin fut couronné au mouatierSainte-Sourrye. » (l'Z. 357.)
• Conf. Deeattatio conttantinnpnHtana. Mit. par Hopf, p. !>2, et nussi la
Prite 'le rp. de Robert de Clary, p. 73, édUée par le mÉme;
tiona dues à l'obligeance de M. le docteur Detbier.
çGoogle
— 54 —
n'ayant été institués ad hoc ni par le Saint-Siège ni par ses lé-
gats, Sa Sainteté, le sacré-collège consulté, avait cru devoir
blâmer cette élection en consistoire public ; mais que, vu les
circonstances et dans la plénitude de son autorité pontificale, le
pape nommait et confirmait l'élection du patriarche de l'Église
constantinopolitaine '.
Le patriarcat latin dura autant que l'empire, et compta dix
titulaires résidents, dont le dernier, Pantaléon Giustiniani,
noble Vénitien, quitta Constantinople en 1261, après la restau-
ration grecque, pour venir à Rome, où il mourut, en 1386. Lea
papes ont continué de nommer des patriarches latins au siège
de Constantinople; mais ceux-ci, ont, depuis, résidé à Borne.
Toutefois, et bien que la dignité patriarcale fût exclusivement
réservée aux Vénitiens, les Français ne furent pas écartés des
grands offices ecclésiastiques: ainsi, en 1215, un Français, Le-
giers, était deens (decan, chanoine-doyen) de Sainte-Sophie et
chancelier de l'empire ; un autre, Gautier, était t deens de l'é-
glise de N.-D. Panecrante t Immaculée-. »
La conquête latine réalisa, pour le moment du moins, les pro-
messes du prince Alexis : plusieurs églises, et des plus impor-
tantes, furent attribuées aux Latins ; mais, quoi qu'il en fût, le
nombre de ces églises dut être encore bien restreint, comparati-
vement au chiffre total des édifices religieux de la capitale. Du-
cange rapporte ^ d'après Théodelus : « an mc, qu'il y avait dans
la ville 1 ,900 églises et 360 couvents. * Villehardouin dit, de son
côté : * Des sanctuaires ne convient mie à parler, que autant
en avoit-il à ice jor en la ville, come il remanant dou monde. >
Rol)ert de Glary dit, d'autre part : « xcu... que mes bons con-
terrespeust nombrer mie toutes les abeies de la chite; tant i en
avoit-il, que de moines que de nonains, entre les autres mous-
tiers de la ville hors, et si nombroit-on qu'il avoit bien large-
ment en la chite ," * prostrés, que moines que autres. . . »
1 La série des patrïarchos grecs a continué sans interruption, malgré la
domination franque; la premier de ceux-ci, pour celte période, Michel V avait
transféré son siège à Nicée.
* CPlit chriatiana. IV, 56, 63.
s Loc. taïKl. ni, 8.
* 30,00UT A ceux que cette multiplicité de clercs et de moines surprendrait,
il faudrait rappeler qu'à Ste Sophie seulement étaient attachés â'25 clercs.
(Traraiu: retutifuù Ikixloii-e Bynanline.j
çGoogle
~ 55 —
Parmi les églises attribuées aux Latins, se trouvaient :
c Le mostier de Ste Sopbie, oii fu enterrez le doge Henri Daa-
dolo, à graat honor* ; puis, Marie de Champagne, femme de
l'empereur Baudoin ^ :
< Le mostier des A.pdtres, où ta enterrez Eudes de Cham-
pagne ^ ;
f Le mostier de Mgr S. Georges de la Mange, où fu enterrez
à moult grant honor Hugues de S. Paul' ;
€ L'yglise de Mgr sain Johan de l'hospital, de Jérusalem, où
fa enterrez Mahius de Monmorenci''. »
On peut citer aussi :
L'église de S. Acyodyn, affectée spécialement aux Vénitiens,
et relevant do patriarche de Grade * R. Acyndyn t à l'abri de
tout danger, > était, à une certaine époque, le patron de l'église
des Vénitiens à Constantinople ; on en célébrait la fête le
20 avril '.
Le monastère du Pantocrator t Tout-puissant, » où les La-
tins, dit Hammer" auraient établi leur quartier-général, et de-
' Ducaoge, Iii»t. lU femp de CP.. p. 340.
• /rf. 334.
' /(/. p. 108. • Le moustier des V[| apâlrea ; si igisoient en cbu moustier
VU cora d'apostres » (Robert de Clar>-. l<x: taud. p. 68). Cf. Pierre Gylles
et son continuateur, ('le Topogi-aphia. p. 364 et -lOU) Ce temple aurait été
construit, avec une grande magnjflcence. par Constantin le Grand qui y au-
rait été inhumé, s'étant réservé une place aupréa des apOtres. l'iuueun em-
pereurs grecs y Turent enterrés après lui. — A la conquête turque elle fut
transformée en palais patriarcal pendant deux ans : puis Gennadius ayant
demandé, en Hb5, au Sultan, la permission de transférer sa résidence à
Psammatia, peu de temps après cette translation cette église fut abattue, et
Sultan Mehemmed II, flt élever sur son emplacement la mosquée qui porte
son nom. ConMlimtinia'Ie. p. 94.
• /'/. p. 138; sis à la partis N. de la ville, baignée par la mer. (V. le plan
de Belmontet, dressé en 14Z3, dans l'imperiam orientale.)
' Villebardouin Chronique, éd. Bucbon, Paria, 1826, p. 33.
• CPliê Ckriil. III, ai.
' Dict. ilet Sni'/irit. ou Mai-tyrologe unioertcl, par de S, Allais ; cf. aussi
le Martyrologium romanum... Malinea 18j9, au ÏO avril et 23 août.
' //i>(. 'le l-emp. otlom. III, 429. Cf. docteur Delhier, III, 19. Selon ce sa-
vant, cette église aurait été, du temps des I.atins, i quasi eoclesîa cathedra-
tia Borum. > Située sur la 4' colline, l'église da Pnntorralor fut fondpc par
l'impératrice Irène, femme de Calo-Jean Comnàne, qui monta sur le trône
an 1118, elle fut achevée par son fll». Manuel Comnéne, lequel se fit repré-
■enter dans l'intérieur, olTrant à Jéaua la plan de son église. Ce prince fut
r>' Google
— 56 —
venu aujourd'hui Kélicé ou Zeirch Djami. La CPUs chri-
stlana dit seulement que ce monastère fut pillé par les Latins,
à la prise de la ville.
L'église Saint-Pierre des Pisans, dont il a été parlé plus haut,
et mentionnée dans une lettre du cardinal Jean de Sainte-Pra-
lède, datée de l'an 1321, pontificat dHonorius III, adressée * au
Prieur de l'église Saint-Pierre des Pisans à CP. ' » Cette église
est-elle la même que celle citée plus haut, et, plus bas (1439),
dans le privilège de Jean Palèologue, transmettant aux Floren-
tins « la sainte église du Bienheureux Pierre (ton ïeron naon
tau macaritou Petrou] -?
Une église de St. Sauveur apo logotheton, voisine du quar-
tier des Pisans, fut concédée à ceux-ci par le cardinal Légat,
Pietro Capuano, et l'évêque de Soissons, Nivelon, après la prise
de la ville, selon le diplôme émané de ces prélats en 1205, et
adressé « Priori Ecclestœ Pisanorum CP. '■'■ »
La conduite des Pisans pendant le siège, et surtout la part,
qui leur revenait dans le succès final, leur obtint non seulement
la confirmation de certains privilèges, mais les fit même aug-
menter sous certains rapports. Baudouin les assimila aux Véni-
tiens; et, si la première dignité ecclésiastique, celle de Pa-
triarche, fut donnée aux Vénitiens, celle de Prieur, \a. seconde,
fut laissée aux Pisans. De plus Baudoin leur concéda le droit
de choisir leur Consul, lequel prononçait dans leurs différents
sans l'intervention des officiers impériaux. (Sans doute quant
aux Pisans seulement.) *
enterré à l'entrée de cette église ;.et d"aprés sa volonté, on a\-a(t placé sur
aa tombe la plaque de marbre rouge sur laquelle on avait lavé et parfumé
le corps du Christ, après l'avoir dttaohé de la croix... A ia prise de CP.
par les l.atîns. ceux-ci, à cause de la vaste étendue et de la position de ce
monastère dans la partie dominante de la ville, en firent le quartier général
de l'armée conquérante. Anselme, évéque d'.\velsbei^ rapporte (Ducange,
CP. Chrittiniia. IV, p. .^4.) que lorsqu'il se trouvait à CP. en qualité d'apo-
critiaire de Lothaire-le-Graad, auprès de Calo-Iani, 11 y avait dans ce mo-
nastère sept cents moines, de la régie de S. Antoine.' Pierre GvUes, p. 2S3,
donne la description de cette église au xvi* siècle.
1 CPU» ChriUiann, IV, 89.
' Acta grœea. III, 7. 20, 201. Cf. aussi Millitz, 1, H, 429, et ci-aprés
S. Michel, note.
' CPtis Chrixl. IV, 55.
» Bucbon. lor. laitd. I, 2, 16.
r>' Google
— 57 —
Roaciani ' s'exprime ainsi, sur ce sujet : « Ai Pîsani furono
rese tutte le loro dignità, cosl spirituali come temporal], come
chiaramente se vede per una lettera scritta dai vescovi che si
troTarono in qoesta impresa, (celle de 1205, des évêques de-
Soissons, de Troyes et de Bethléem, où il est dit que l'église
dn St. Sauceur est conférée à Benenato, prieur des Pisans ;
elle fut confirmée par le Légat apostolique, qui donna de plus
anx Pisansdeox autres églises qu'ils avaient autrefois : ^. Pierre
et S. Ntcolas.)
t Quella dignitJi,^/ Prlorato, continue Bonciani, era la prima
dopo quella del patriarcato, imperrochè aveva autorità il Priore
di usare le vesti e le insigne ponteâcali, di benedire i corporali,
consecrare icalici, cresimare i fanciulli, dare glîordini minori,
le qoalî cose furoao concesse da Alessandro IV, pontefice ro-
mane, a Pietro, priore dei Pisani in questo luogo, il quaie
avendo, nella persecusione di Andronico imperatore, perduto il
privileglo di tante dignità a lui concesse, Benenato suo sucees-
sore, fece l'anno 1199 e l'anno 1201, a perpétua memoria, esa-
minare molti teatimonii, alla presenza di Giovanni di Giovanni,
ed Alberto, capellanî d'Innocenzo III, summo pontefice, e suoi
legati in CPli, siccome si vede per un contralto rogato da Ra-
nieri Giaberti, notario apostolico, che si trovava présente, che
ta piena fede del privileglo concesso a dette priore, délia sua
perdita, e dell'altre cose da me narrate di soprà. Il quai con-
tratto fu fatto due volte, la prima nella seconda Indlzione, l'an-
no 1199, agli 11 di Febrajo, e l'altra l'anno ISOl, nella quarta
Indizione, ai 19 di luglio. >
Ces privilèges leur furent renouvelés par l'impératrice Marie
f Baiula imperil CPli » aux ides de février 1214. (Ainsi se
nommait la Régente, ou Heutenante de l'empire.)
Notre-Dame des Blaquernes-, l'église du palais impérial, ci-
tée par Chateaubriand dans le Génie du christianisme, fut aussi
atbibuée aux Latins. Innocent III, dans sa correspondance,
parle des ûecanl Btachernarum. La fête de la Purification
était la fête patronale de cette église ; les empereurs s'y ren-
' Buchon, II. 26.
» Dans le linra de la Conquête île CP., édité par Buchon, II. 4â9, il est fait
mention d'une i Abbaye dite N. D. de la Blaquerne. « V. dans Piei-re Gulte*.
p. 294 et 418 la descriplion île cette église au xvr siècle.
r>' Google
daient, accompagnés du corps des Varanges composé de Bretons,
de Germains et d'Esclavons ; après le service divin ces gardes
du corps attendaient l'empereur, la hache haute à la porte du
palais '.
Au témoignage de Villehardouin, une procession solennelle
eut lieu « k N.-D. de Rlaquerne, le jour de la fête de N.-D. de
Chandeleur (2 février 1206), à laquelle assistait Henri, régent de
l'empire. » Cette solennité était la fête pab'onale de l'église*.
Les croisades avaient fait éclore plusieurs Ordres, hospita-
liers et militaires, qui reçurent aussi leur part. dans le partage
des églises de OP. Parmi les hospices latins, il y a lieu de re-
marquer le xenodochium de Saint-Jean, donné par Manuel Com-
nène (H43-1180) aux hospitaliers de Jérusalem, et dont le su-
périeur portait ce titre : c frater Hîeroaolim. hospitalis et prior
B. Joannis CP. » C'est, probablement, dans la chapelle de cet
hospice que fut inhumé Mathieu de Montmorency^.
Les Hospitaliers reçurent aussi de Baudouin l'hospice de
Saint-Sanison, sis entre Sainte-Sophie et Sainte-Irène;* cet
' Le cérémonial usité dans cett« occurrence, (Cf. Congtaniminde. p. 61.)
rappelle tout d fait cflui qui est obsené par les Sultans se rendant aux
Bnii-ama, ou à la fftte du Mevloud, à la prière à sainte Sophie, entourés de
hallebardiers (les tabenlnrié d'Egjpte, sous les Sultans Mamlouks) Bollailj'i
ou piii/ct. coiffés de leur casque à panache, dérobant, en quelque sorte, au
peuple la vue du souverain.
' La belle église de la Viei^e des Blacherneii. commencée par Pulchérie,
et achevée par Léon-le-grand, fut brûlée fortuitement sous Jean Paléologue.
. Lors de la conquÉle ottomane les débris du monastère furent employés
dans la reconstruction de l'église. Il ne reste plus aujourd'hui de l'ancien
couvent que quelques portiques à demi écroulés et une arcade qui se trouve
prés de la fontaine sainte, jaillissant à cet endroit, et qui Jadis était une
tHiignoire sacrée des empereurs. Dans la petite a\-ant-cour, où se trouve
l'arcade à de mi -écroulée, était jadis le baptistère sacré, orné de plusieurs
images en argent, et surtout celle de la Vierge Marie, sur l'urne du baptis-
tère. Dans la voûte inférieure, oû l'on voit maintenant la sainte fontaine,
(AIAKMA) se trouvait autrefois une statue en marbre de la Vierge, faite de
telle façon que l'eau coulait de ses mains dans le baptistère e.xtédeur. Les
empereurs, après les cérémonies et les prières d'usages, et revêtus du Le'i-
tium d'or, se plongeaient trois fois dans le baptistère sacré. {Conttanti-
rtiade. p. 112.) L'église actuelle, sise & Balat. rue Aiazma, a été rendue au
culte par Sultan Mahmoud II. Elle est petite ; l'ajasma restaurée, parait
être l'objet principal du temple.
ï CPUt Chritt. IV, 114 : Hiil. de l'empire de CF. Parit. 1857, 302.
• Dite aussi .Ste Hérin. — Ducange (Buchon). p. 41.
r^'Googlc
— 59 —
ordre militaire fut exclu des stipulations du traité gréco-génois
de 1961 '.
Le € célèbre monastère » de Ste Marie de Virgiotiis- fut at-
tribué aux Bénédictins ; ce n'était pas toutefois le premier éta-
blîssement de l'Ordre existant sur le territoire de l'empire ; Ba-
ronius^ sous la date 1119, nous donne le texte de deux lettres de
Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, l'une adressée au patriarche
œcuménique, l'autre à l'empereur Jean-Calo, [Calo-Iani, Com-
' néne), pour solliciter la restitution d'une localité dite Cicit.ot,^
près CP-, dépendant de l'église et du monastère de la Charité-
snr-Loire anciennement concédée à l'Ordre de Cluny : < Boga-
rem post îlla, quod et nunc ergo, ut Cluniacensi ecclesite et
monasterio de Charitate locum qui Civitot dicitur, juxta CPlim
positum, restitui juberetis. Dédit illum Clnniaco, et monaste-
rio de Charitate, etiam apud nostros magni nominis et glorise,
Imperator Aleslus. pater ejus : cui sicut in regno, sic multo
magis in justifia et pietate, ' illum decet succedere. » « Alexis
Comnène I, avait donné an monastère de la Charité-sur-Loire
une localité dite CtcUot, près de CF., lociilité qui avait été
usurpée dans ta suite et dont l'abhé de Cluny réclamait la
restitution, t '■• Aussi en prenant part à la croisade qui devait
se rendre en Terre Sainte, les abbés de Glteaux n'oublièrent pas
ce que l'Ordre devait k ses bienfaiteurs, et ceux d'entre eux qui
faisaient partie de l'armée Fnmco-Vénitiennne ne manquèrent
pas de s'opposer aux projets formés contre leur indépendance.
f Deux abbés de Clteaux avaient pris part à la cérémonie de
la prise de la croix, par le marquis de Montferrat, en lui atta-
' /'/. iil, éd. de 1826. p. 41. .-jelon le rapport du P. Helyot (tiy. tnwl. ][,
827), VOrdre de Saint-Samson de CP. et de Corinthe, qui était aussi hospita-
lier, fut réuni à celui de ï5ainl-ieRn de Jérusalem, sous la grande maîtrisa
de Villa ret.
■ Nous n'avonn pu. jusqu'à présent, recueillir aucune indication sur la po-
sition de ce monastère de Pnnala Virijiolirn. qui signifiait d'après M. Pas-
pafi « Ptichfri > la vie:^ à la verge, aux broussailles, à l'épi.
» Ann. Eccl. ad ann. 1119. Cf. sur Civitat. Chronique de Villehardouin,
pasBîtn.
* Kivotos, l'ancienne Khios. aujourd'hui Oiiemlek. l'une des Echelles-sud
de la mer de Marmara.
' Indication due à l'obligeance de M. Uruel, des Archives nationales, de
Paris.
r>' Google
chant la croix sur les épaules ; ce même personnage se rendit à
l'abbaye de Citeaux, avant son départ pour la croisade ' ; l'abbé
de Vaux de Sernay, de l'ordre de Citeaux, s'opposa à l'attaque
de Zara, par les Croisés, et leur en ût défense, de la part du
pape Innocent IIP. Le même abbé s'opposa aussi à la marche
de l'armée franco-vénitienne contre Constantinople, ainsi qu'à
l'accueil fait aux démarches du prince Alexis^. Villehardouin
cite, de son cdté, comme un grand malheur pour l'armée, la
mort de l'ablKi de Los, de l'ordre de Citeaux, « qui était un saint
homme et qui avait toujours travaillé au bien commun de
l'armée*. »
Comme nous l'avons dit, le monastère de Ste Marie de Vir-
giottis fat attribué, après la prise de CP. par les Croisés, aux
Bénédictins : il était distant de deux bornes milliaires de la
ville (Duottus Inpidlbus CPU dissitum), et occupé par des
moines grecs. Voici la version du diplôme latin de cette dona-
tion, rapporté par Gattula^.
« Benoit, par la Miséricorde divine, cardinal prêtre du titre
de Ste Susanne, légat apostolique, à notre vénérable frère en
J.-C. Roffride, cardinal prêtre du titre des SS. Pierre et Marcel-
lin, abbé du Mont-Cassin, ainsi qu'à son Couvent, salut en
N.-S... Le devoir de notre dignité épiscopale étant de choisir
quiconque convient au service du troupeau confié à nos soins,
il nous incombe à nous revêtu de la charge de Légat dans l'em-
pire de Remanie, de veiller avec la plus grande vigilance, à l'ac-
complissement de nos devoirs. Or comme il a plu i^ la divine
Providence, dans ses impénétrables décrets, de remettre cetem-
' Hiitl. lie l'empire île Constantinople. par Ducitnge, 1657, p. 17.
' Sit. îd. 31. On lit dans le livre du comte Riant : Iitno-viu III eCi'. Le
Pape ne confirma le traité de 1201, avec Venise {rapporté à Troyes, à l'as-
semblé des Croisés) qu'à son corps défendant et après un refus formel des
Génois et des Pisans, et en y insérant cette clause, que l'exécution du traité
ne iwurrait donner lieu à aucune attaque des Princes chrétiens et serait sou-
mis à la continuelle surveillance du légat pontifical.
' Id. 44.
' !il. Si. En outre des abbés de Vaux et de Los, la Deomlatio roiiMantmo-
potitana dit : <• et alii quinque abbates Cisterciensis ordinis... Crucem ao-
cepenint. x
» HUlon'a AJibntiw CaiBineii^is. p. 491. Original existantaux archives du
Mont-Cassin.
çGoogle
— til — -
pire aux mains des Latins, et comme de nombreux religieux sont
venus dans ces contrées pour y faire le bien, nous avons jugé
opportun d'attribuer une large part des bonnes œuvres à ac-
complir, à l'Ordre de S. Benoît', le premier instituteur de la
vie monastique, et le Père des Moines, afni que le nom de ce
saint religieux qui a illustré l'univers par ses vertus, fût aussi
proclamé dans les contrées de l'Orient. »
« A ces causes, Vénérables Frères en J.-C. considérant l'é-
tendue de votre dévotion envers l'Église Romaine, que vous vé-
nérez spécialement comme votre mère, et en vue d'augmenter
encore plus, par votre entremise, la vénération pour l'Église
Romaine dans l'empire de Remanie, »
* Nous vous concédons, et par vous, à votre monastère du
Mont-Cassin, en vertu de l'autorité à nous déléguée dansl'em-
pire de Romanie, le monastère de Ste-Marie de Virgioti, sis
hors la ville de CP. à deux milles de diatance. (Extra civita-
tem CPtanam, infra duo milliaria situm) avec toutes ses
dépendances, raisons et propriétés ; à la condition toutefois,
que vous n'en expulserez pas les moines grecs qui y de-
meurent. I
« Que personne dans l'avenir ne vienne donc vous troubler
dans la possession de cette église qui vous est ainsi concédée,
en vertu de notre autorité, par ce présent acte ; et si quelqu'un
osait violer cet acte, qu'il sache qu'il encourra l'indignation du
Dieu tout-puissant et celle de ses saints Apôtres Pierre et Paul, »
» Donné à CF., le 6 mars, de l'an du Seigneur 1206. >
Cet acte de donation fut confirmé sommaU'ement, comme
suit, par Honorius III :
t Honorius Episcopua, servus servorum Dei, dilectis flliis...
abbati et conventui Cassinensi, salutem et apostolicam benedi-
ctionem. Justis fietentium desideriis dignum est nos facilem pre-
bere consensum, et vota que a rationis tramîte non discordant,
> s. Benoit fonda aa régie au mont Cassin en 540. Chateaubriand, Génie
du chriitianiume, ITI, 179. V. sur la biï^aphie de S. Benoit, les Bénédictins
et lea abbaye» de Clairvaux et de Clteaux ; Dirt. tles ordre* religieux du
P. Hélyot, éd. Migne, I, AM; MilUtz, I[, partie 2, liv. 3, p, 464 ; at surtout lea
Moine* d'Occident, II, S-72. Dans, le récit de la vie du « Docteur ani^liqiM,
du patriarche des moines d'Occident, de ce grand soldat de Dieu, > selon las
expresùons de M. de MontaLembert, on retrouve plus d'une affinité à établir
antre cette époque et le temps présent I
çGoogle
— 63 —
affectu prosequente complere. Ea propter, dilecti in Christo
fllii, vestris justis petitionibus grato concurrentes assensu, ec-
clesiam Sancte Marie de Virgiotis a bone memorie Benedicto,
portuensi episcopo, tune tituli Sancte Susanne presbytère cardi-
nali, apostolice sodis legato, pia vobis conslderatione coUatum,
sicut eam juste ac pacifiée possidetis ; vobis et per vos mona-
sterio vestro auctoritate apostolica conûrinamus et presentis
scripti patrocinio communimus. Nuîli ergo hominum liceat hanc
paginam nostre confirmationis et protectionis infringere, vel ei
ausutemerario contra ire. Si qaisautem hoc atteraptarepresunip-
serit indigaationem Omnipotentis et Beatoium Pétri et Pauli,
apostolorum ejus, se noverit incursurum. Datutn Laterani, III
nonas maji, pontiflcatus nostii anno primo. {Adest sigilhim
plumbeum^ . »
Une autre bulle du même pontife, au même abbé> mais da-
tée ; « Anagnie, XIII K/ilendas Junii, pontlficatus nostri
anno primo, » c'est-à-dire postérieure d'un mois à la précé-
dente, est conçue dans les mêmes termes que l'acte de donation
du Cardinal Légat, Benoit, quant au donataire, à la situation
topographique de l'église, objet de la donation, et à la condition
de résidence des moines grecs y demeurant-.
Que se passa-t-il au bout de quelques années entre les supé-
rieurs de l'église nouvellement concédée aux Bénédictins? Y eut-
il quelgu'acte d'insubordination de la part des premiers envers
l'abbé du mont Casain? on serait porté à le supposer d'après la
Bulle [sub piumbo), donnée à Latran par le même Pape Hono-
rius III, le 15 décembre, l'an VII de notre pontificat, et
adressée à l'abbé et au couvent de l'église de Ste Marie de Vir-
giotis, les exhortant à recevoir avec honneur et considération
les religieux qui leur seraient envoyés du Mont-Cassin, dont ils
relèvent et à se soumettre humblement et dévotement à leurs
ordres ■''.
Le mois précêdent,le même Souverain Pontife, par une buUe
{sub piumbo), confirmait et commentait, en faveur du Mont-
Cassin, la donation de l'église de Ste Marie de Virgiotis :
' Arcbives du Mont'Casain Caps. S, N* 27.
> Gattula, Hltl. abb. Castln. ; capa. 2, N'' 37. . ,
» Gattula, id. Capa. II, N- 40.
r>' Google
Dans ce document Honorius, après avoir rappelé comment
ledit monastère avait été donné au Mont Cassin, par son Légat,
ajoat« : « Procuratori vestro de nostro assignarlt mandate, et
ipsum in possessionem ejusdem înduxerlt corporalem. Nos
yestris precibus inclinati, monasterium istud> sicnt illud juste,
canoDice et pacifiée possidetis, vobis et per vos monasterio Ca-
sinensi auctoritate apostolica conftrmamtts, Itberum et e.rem-
ptum, et presentis scripti patronicio communimus. XuUi ergo
etc. Datum Laterani II italend. Nov. pont. Xostri Anno VU '. »
Les religieux Bénèdictina conservèrent-ils cette possession
après la restauration grecque? Nous ne saurions le dire ; nous
savons seulement, d'après le rapport suivant, emprunté à Dq-
cange ■ qu'en 1 334, il y avait encore, dans CP. même des reli-
gieuses de l'Ordre de S. Benoit. « Anno mcocxxxiv, monasterium
monialium ecclesiaa Sanctae Maria; de Petreio" de Constantino-
poli, ordinis cisterciensium regulfe S. Benedicti. »
Les Fontes rerum austrinrcarum fournissent en outre la
mention d'un assez grand nombre d'églises qui paraissent avoir
été desservies par les Latins, pendant la durée de l'empire fran-
co-vénitien. En voici la liste par ordre alphabétique, avec indi-
cation du volume et de la page où se trouvent les documents
en faisant mention :
1. S. AkTDdiD (1,113, 1S5 ; Akin-
dan II, 280) ; S. Archidaii de Coiie-
t8ntinople(l.67; 11.449) ;Achindan
(I. 2S7);S. Aquindan (11,449) ; S.
Quintan (111, 139,3261.
S. Ste .\nastasie [U, 76j.
3. S. Ange (II, 227).
4. S. Apollinaire (1.547).
5. S, Cancian (1,550; (W Cas-
Bian II, aaaée 1255).
6. Église du cbateau (I, 547).
7. SteCroiï{I, Î150)..
8. S. Jean-Baptiste (I, 55i.
9. S. Jean ClirjsosHiwe (I, 547).
10. S. Jean des Cornes (11, 4|'.
11. S. Jérémie (1, 547i, S. Véro-
miejll,341.
12. S, Georges-Majeur 1, riSO: II,
4,270).
13. Ste Herine,^ en deliors des
murs (II, 4).
14. Ste Luce (1,547| ; Ste Lucie,
(1.547).
15. S. Marc (1, 109, 1Î5.547 ; JI,
' ArchÏT. du Mont CaHsin, caps. II, N* 2j.
' Con»tanUnopoU» chri$tïana, IV, 63.
' Au quartier Pétri, à Constantinople (V. Imperium
tuellemeut celui où le .trouve le Patriarcat grec.
* Allualon, suivant M, Paapati, & un certain baur
église, dans une aorte de corne d'abondanoe.
<: Ste Irène; vdir Part, 11^ une autre église de ce mj
r/ Google
270, 422); s. Marc de Conatanti- cliolas il, 109. 547); S. Nicolas-des-
Dople(l.:i80). ' Vénitiens? {l,280i.
16. Ste Marguerite [1,547, KOi. 24. S. Pantaléon (1,547).
17. Ste .Marie <in,65. 139,326); S5. Monastère de Pantepopti
OuStc Marie de Erabulo (1.280); (11. 422).'
id. de Einbolo (II, 42ï). 20. Id. riu Pantocralor fil, 45i.
18. Ste Marie de Blakerne (11. 27. S. Paul (II. 150); S. Paul de
111). Conatantinople |11,76).
19. Ste Marie de Carpiano (11,4). 2«. S. Samuel (1, 550).
20. S. Marcieu (1.109). 29. S. Siiuéoti (I, 547).
21. S. Martin (1,53.547). S, Mar- 30. Ste Sophie (1.447.547) ; l'é-
tin-Mineur, Clugiensis (1.125,5;0). gliae de Conatantinople \U. 55ft).
22. S. Moyae (M. 270l. 31. S. Sylvestre (1. 547, 650i.
23. S. Nicolas (1,55,550) ; S. Ni- 32. S. Vite (I, 550).
Ces ('glises, non compris Notre-Dame des Blaquernes, sont au
nombre de trente et une"'; elles paraissent avoir été desservies
par les Vénitiens relevant soit du patriarcat local, soit de celui
de Grade, lequel comptait cinq paroisses, en outre des autres
églises relevant de sa juridiction. On verra plus bas^, par le
document du âmars 1209,que l'empereur Baudoin avait retenu,
de son côté, trente églises, sur lesquelles il avait droit de nomi-
nation; et il semblerait également, d'après la lettre d'Inno-
cent III*, qu'il serait besoin de connaître aussi le nombre » des
églisps pisanes et autres ne relevant pas de la juridiction du
patriarcat local',» pour établir, approximativement, le total
des églises desservies par les latins, à Constantinople, pendant
la durée de l'empire franco-vénitien.
Après son élection au trône patriarcal, Morosini essaya de
placer sous son obéissance l'épiscopat de l'île de Chypre,
comme cela existait sous les Grecs ; « cet épiscopat se compo-
sait d'un archevêque et de trois évèques latins. Le Pape fit
responce que cela ne se pouvait pas faire, l'épiscopat de cette
' Aujourd'hui Enkl-iinaret iljami. (Hadiqal-ul-'ljécdiiiy.) Ce livre, aana
entrer m al heureusement dans aucun détail histoiique, donne le ^aorn de
34 églises chrétiennes qui auraient été changées en mosquées à CP.
> D'après las recharches de M. la Dr. Paspati.ce chiffre se serait élevé à 51.
» Fontel, II, 111.
- • L»-. laud., p. 73.
' On verra, d'après un passage de Pachyméres, relatif au couvent latin
repris par Andronle, que les Pisans. à cette époque, étaient placés, A CP.
BOUS la juridiction apitîtaelle d'un exarque. De nos jours ce nom est donné
encore aux chefs spirituels de* Bulgares, séparés du patriarche oecuménique.
çGoogle
— 65 —
lie ayant été placé sous la juridiction du patriarche de Hièru-
salem ', avant que les Français se fussent rendus maîtres de
l'empire d'Orient-. »
Un peu plus tard, le S9 mai 1205, Innocent III, s'adressant
au doge Henri, condamne sévèrement le partage, fait entre les
Vénitiena et les Français, des biens ecclésiastiques, sauf la part
réservée pour l'entretien honorable du clergé. Sa Sainteté ajoute
que la spoliation du trésor et des biens des églises constitue une
faute grave ; que le pape ne doit et ne peut approuver un acte
aussi contraire au serment fait par les parties ; que cela serait
déroger à l'honneur du Saint-Siège. Le pape adressa le même
bl&me à Baadoin.
Le 30 mars même année, Innocent III écrit au patriarche
Thomas Morosini, lui conûrmant, à lui et à ses successeurs, la
possession des biens actuels et futurs de son église ; il ratifie les
privilèges et immunités de cette église, ainsi que ses coutumes
raisonnables et anciennes^ il confère le patlîum ^ au patriarche,
l'autorisant à s'en vêtir, dans les églises de sa juridiction, aax
messes des fêtes et solennités indiquées dans cette même lettre j
il lai accorde faculté de le conférer, à son tour, aux archevêques
de sa juridiction ; de faire porter devant Jui l'étendard do Sei-
gneur, c'est-à-dire la Crofac, partout où il se trouvera, excepté à
Rome et là où se trouverait le pontife romain; comme aussi
< ia processionihusj usum nacci*. >
Par lettre de même date, le pape concédait également au pa-
triarche la faculté de conférer les ordres et les dignités ecclé-
siastiques & tel qu'il en jugerait digne.
■ Encore aujourd'hui un vicaire du patriarche latin de JéniMlem «it ad-
mloistrateur spirituel de l'iie, pour le rite latin.
> Famille» d'outre-mer, p. 844.
' \'oîr aur l'origine et le aene lymboliqua de c«t Inaigne archiépiscopal,
Le culte catholique, par l'abbé Durand, Paria, 1863. p. ISO.
^ Id. p, 539. D'apréaleDiff. in/". lofinii.de Dncange, mvf uj ou naco» parait
£trele caparaçon dont on recouvrait eniiArement lea chevaUK.au moyen&ge,
dans les aolennitée publiques. Le privilège de faire u»age du cherai blanc
ainsi caparaçonné était donné, par les papes, à certains dignitaires ecclé-
siastiques. On lit, dans une lettre d'Alexandre III & l'archeréque de Cologne,
■ Insigne quoque festivi equi, quod a quibusdam vulgo naecum vocatur..,
confinnainns. ■ Dansla lettre 34 d'Innocent III A l'archsTéque de Piae, id.
Tenet., on lit aussi : s Denique ut Pisana civitas... amplius honoretur, eqno
albo cum nacho albo in prooeaflionibas uteodi tibi lieenliam damus. »
r>' Google
Encore sous ]a même date, Sa Sainteté dit au patriarche :
€ Dans le serment que, selon la coutume générale, vous aurez
à nous prêter, lors de la réception du palHum, vous devrez sti-
puler spécialement que vous ne vendrez pas les biens relevant
de la mense de votre épîscopat, que vous ne les donnerez ni en
don ni en gage, que vous ne les inféoderez ni ne les aliénerez,
sans avoir consulté, au préalable, le pontife romain '.
Également à la même date. Innocent III recommande expres-
sément au patriarche qu'à son décès ou à celui de ses succes-
seurs, on ne propose à Rome que le candidat élu selon les règles
canoniques. Consacré d'après les usages ecclésiastiques, celui-ci
devra envoyer un d^égué à Rome, pour y recevoir, auprès du
corps de S. Pierre, le palUum, insigne de la plénitude de la
dignité épiscopale ; et, en le recevant, il prêtera le serment pro-
noncé par le patriarche actuel -.
La constitution, à Constaatînople, du patriarcat latin, à cdté
de la juridiction antérieure du patriarche de Grade, devant né-
cessairement amener des conflits entre ces deux autorités ecclé-
siastiques. Innocent III, eu vue de prévenir les difllcult^s, avait
écrit à ce dernier t qu'à la sollicitation de Morosini, il avait
accordé à celui-ci la jouissance complète des revenus ecclésiasti-
ques, jusqu'à plus ample information sur l'état de )a nouvelle
église '.
Toutefois, et par une déclaration pour ainsi dire contempo-
raine (elle était datée du 14 mai 1305}, Thomas Morosini, pa-
triarche de Constantinople, muni du consentement du chapitre
patriarcal, déclarait exemptes de sa juridiction les églises de la
capitale relevant du patriarcat de Grade, ou de tous autres pré-
lats Vénitiens. Cet acte est signé : « Nicolas Tinto, presb. et
pleb. Sancti Nicolai, canon. S. Sophiee CP. ecciesite, Nicola
Thome, presb. ecclesiœ Sancte Margarite, canonicus supra-
scripte ecclesie, > et de cinq autres chanoines de Sainte-So-
phie'.
L'intéressant recueil auquel nous avons emprunté ce qui pré-
cède fournit aussi le texte de l'acte de réception du serment
prêté, après leur élection, par les chanoines de Sainte-Sophie,
1 Id. p. 546.
! Id. p. 551.— ' /t(, p. 543. —
Id. p. 544,
DigilizPdbvGoOt^le
aûn d'assurer la possession des canonicats et du patrlnrcat aux
Vénitiens ; en voici, în extenso, la vereion française :
1205. 8 mai.
* Au nom du Dieu éternel; amen.
c En présence de seigneur Raniero, Ûls de Henri Dandolo.par
la grâce du Très-Haut, doge de Venise, Dalmatie et Croatie, ré-
gent ; des sages membres du Conseil, savoir : comte Petro Ziant,
Henri Navigaioso, Petro Barboni, Laurentio Quirino, Giovanni
Tomaso, Philippe, curé de Sainte-Luce ; maîtres Frederico et
Philippo, chanoines de Saint-Marc ;
f Les clercs ci-après nommés, savoir :
Adam, prêtre de Saint-Sylvestre,
JeanBelon, prêtre de Saint-Martin>
OtoQ et Marino, prêtres de Saint-Jérémie,
Pierre Sferminus, prêtre de Saint-Apollinaire,
Jacob Mariano, diacre de l'église du château,
Mathias Magliano, prêtre de Saint- Siméon, prophète,
Léonard Balluo, prêtre et curé de Saint-Jean-Chryaostôme,
Nicola Tinto, prêtre et curé de S. Nichola,
Nicolas Thomas, prêtre de Sainte-Marguerite,
Pierre Salinbeen, prêtre de Saint- Pan taléon,
Jean Marao, prêtre de Sainte-Lucie,
Pierre Ruibalo, clerc de Saint- Marc ',
< Ont prêté, sur les saints évangiles, le serment d'accomplir
fidèlement ce qui est inscrit dans les capituiaires, savoir :
c Moi N-, élu chanoine de l'église Sainte-Sophie, je fais ser-
ment de n'élire et de ne recevoir, en ce qui me concerne, dans
ladite église de Sainte-Sophie, comme archidiacre, archiprètre,
prévôt, [prepositus), decan, trésorier ou tout autre dignitaire
de ladite église, et comme patriarche de Constantlnople,
qu'un candidat, Vénitien de nation, ou ayant servi pendant
dix années dans une église vénitienne. Je jure de faire prêter,
après son élection, un serment semblable à quiconque sera élu
et reçu, de mon temps; et je ne permettrai jamais que ce prin-
cipe soit enfreint ou violé.
' Toutes ces églises sont indiquées dans la liste, rapportée ci-dessus, des
églises desservies par tes Latins.
çGoogle
c Le présent serment sera inscrit dans les actes publics, et
transmis, sans altération, aux mains du procureur de Saint-
Marc,
Fait dans l'église de Saint-Marc, prés le palais ducal '.
Moi, Jacques Mariano, diacre et clianoine de Sainte-Sopliye,
m. m. ss.
Moi, Pierre Ruibalo, sous-diacre et chanoine de Sainte-So-
phye, m. m, ss.
Moi, Jean Belon, prêtre et chanoine de Sainte- Sophye,
m. m. ss.
Moi, Mathias Magliano, prêtre et chanoine de Sainte-Sophye,
m. m. ss.
Moi, Otto, prêtre et chanoine de Sainte-Sophye, m. m. ss.
Moi, Adam, prêtre et chanoine de l'église constantinopolitaine
de Sainte-Sophie, m. m. ss.
Moi, Pierre Stermînus, prêtre et chanoine de Sainte-Sophye,
m. m. ss.
Moi, Jean Marao, prêtre et chanoine, id.
Moi, Nicola Tinto, prêtre et curé de Saint-Nicola, chanoine
de l'église de Sainte-Sophye de Constantinople, m, m. ss.
Moi, Nichola Thomas,prêtre et chanoine de l'église de Sainte-
Sophye de Constantinople, id.
Moi, Marinus Vitalis, prêtre et chanoine, id.
Moi, Philippe de Lupriolo, curé de l'église de Sainte-Luce,
tt. ss. (testis subscripsi).
Moi, Philippe Russo, sous-diacre de l'église de Saint-Marc,
tt. ss.
Moi, maître Frédéric, chanoine de Saint-Marc, tt. ss.
Léonard, curé, et Pierre, requérants ;
Moi, Jean Kardiaga, prêtre et notaire, de ce requis, j'ai écrit,
parachevé et donné force légale à ce que dessus, selon ce que
j'ai vu et entendu.
< Pour copie conforme : Vivianus, écrivain, notaire et
juge'. »
' U est curieux de remarquer que ce serment était prtté dont Saint-Marc
et non point dans Sainte-Sophie. Un autre acte du même genre, ooua la
date du 14 mai mime année, fut rédigé « in caméra camb«llarla du(»iUs au-
)e venetiane. »
I Fontes, II, p. 545.
çGoogle
^À
Mais, ces dispositions exclosives ne furent pas i^réées du
pape : Innocent III recommanda au patriarche de ne pas main-
tenir ce serment, en faveur uniquement des Vénitiens ' et, tout
en ne s' opposant pas, formellement, à ce que le patriarche fût
vénitien, sous réserve, toutefois, des droits du Siège aposto-
lique, le pape insista énergiquement pour que cette condition
ne fit pas l'objet d'un acte écrit, de telle sorte que le canonicat
et le patriarcat ne devinssent pas ainsi une sorte de patrimoine
héréditaire, possédé seulement par certains individus, mais
soient accessibles à quiconque observe la justice et se rend
agréable à Dieu. Un ordre pontifical, du 25 août 1206, enjoint
même au patrîarclie et à son chapitre de recevoir, comme
chanoine, la personne recommandée dans cet ordre.
L'établissement du patriarcat latin à Constantinople avait créé
dans cette ville, nous l'avons dit, une situation nouvelle, notam-
ment en ce qui touchait l'ancienne juridiction du patriarche de
Grade ; ceiui-ci déjà en avait ressenti les effets ; aussi, pour cor-
roborer l'existence de cet ancien patriarcat, le doge prescrivit-il
à son podestat, à Constantinople, de faire dresser l'acte suivant,
destiné à confirmer et à renouveler les donations faites, anté-
rieurement, au patriarcat de Grade.
1206 février'.
« An nom de Dieu, etc.
€ Voulant augmenter de plus en plus l'importance et la con-
sidération du patriarcat de Grade,
* Nous, Marina Geno, podestat des Vénitiens à Constanti-
nople, et d'ordre de seigneur Pietro Ziano, par la grâce du Dieu
très glorieux, duc des Vènétie, Dalmatie et Croatie, seigneur
du quart et demi de l'empire romain, assisté de nos juges et
sages conseillers, nous vous donnons à perpétuité, ainsi qu'à
vos successeurs, à vous Benedicto Faletro, par la grâce divine,
patriarche de la sainte église de Grade, primat de Dalmatie :
* Toutes nos échelles, autrefois dites de notre commune
> On a vu plus baut en etTet, qu'en 1215, un Français remplis*ait In
ohaige de décan (jloyeii) de Ste Sopbie.
> Loc. laa-l., tl, p.
çGoogle
— 70 —
des Vénitiens, et nos terres vagttes, sises hors des murs de la
ville de Gonstantinople, avec tout le rivage ; les petites échelles
et leurs revenus, à partir de l'angle oriental de la tour du cou-
vent de Saint-Georçes le Majeur,... jusqu'à une distance de
treize pieds au delà de la tour de Sainte-Marie, à l'ouest ; le
tout comprenant une étendue de quarante-deux pieds et demi,
en longueur ; auxquelles échelles les Vénitiens ont pouvoir d'a-
border, avec leurs navires, de les y ancrer, de les y charger et
débarquer, en un mot, d'y faire leurs opérations, de laisser là
leurs barques et d'y habiter, selon leurs convenances '. »
« Au milieu de ces propriétés se trouve l'église de S. Akin-
din ', avec ses dépendances. « Nous vous concédons, en outre,
les propriétés, terrains et maisons sis près de l'église de St.
Jean de Comibus, comme auprès du portique de cette église
auquel aboutit, d'un côté, la voie publique percée entre ces pro-
priétés et I Simionem >, l'une des extrémités aboutit à une rue
allant des propriétés de Ste Hérine à ladite voie, l'autre au
quartier des Lombards (in Lombardis). »
« Nous vous concédons encore la propriété des terrains sis,
avec deux arcades, (cuni duabusvoltis', auprès de la cour, [cur-
tem , de Ste Hérine, hors des murs, jusqu'à ladite église de
Ste Hérine, vers les propriétés, qui jadis, furent aux Alle-
mands... >
c Nous vous donnons également toutes nos propriétéSjCOtitierf gj
et non couvertes, nos terres et maisons, sises sous [infra)
le mur de Gonstantinople, appartenant à la co^mnunedes Véni-
tiens, aboutissant, d'un côté, à l'ancienne muraille de Sevasto-
crator, et de l'autre au mur de la ville ; se terminant, d'un bout
et en ligne droite, à la rue allant, de la porte Ebrayhy, au mur
du Sevastocrator, « in cuva Stœ Mariœ de Carpiani, n puis,
traversant le mur et allant à la mer j le tout, aussi bien la partie
hors du mur de la ville que celle dite sous le mur de la cité, a
■ Dans un acte d'octobre 1296 {Fonte»- II, 43), Renedicto de Salmaza se
■erait engagé Â payer un loyer de... pour un terrain de 30 pieds <Ie long Bur
12 de large, « sis à Gonstantinople, en dehors des murs, à la Sikala inojor,
«ur la rive de Perama, et qui relève du patriarcat de Grade. «
* Le curé (pltbanu») de Saiat-Akindin, arant d'entrer en fonctions, prêtait
•erment de fidélité au patriarche de Grade ; un acte de ce genre, dressé au
palais patriarcal, le 4 août 1250. est rapporte dans les Fo/tfes. tome II,
p. 449.
r>' Google
_ 7i —
été déterminé par nous et Jufredus, maréchal de l'empire, de ce
mandé par l'emperem-. »
A. la suite de ces donations se trouve inscrite la liste nomina-
tive des propriétés du patriarcat de Grade, à Constaiitinople,
rangées sons les sept titres suivants :
€ 1° Iste sunt case extra, juxta murum'civitatis Constanti-
nopoli....
2" Aput Drongarium...
3° Iste sunt case de ripa secus mare.,.
4" Infra civitatem apud S. Akindanum...
5° Ante S. Akindanum...
6° Apud S. Johannem de Cornibus....
7" Scala de Drongario.... »
Le pape, on l'a vu, s'était réservé de donner des instructions
au patriarche latin de Constantinople, après plus ample informa-
tion snr l'état de son Église ; la lettre do 2 août règle les point»
snivants :
< Les possesseurs des églises et biens ecclésiastiques relève-
ront delà juridiction patriarcale de Constantinople, à l'excep-
tion de celles de ces églises qui, avant la prise de la ville royale,
auraient été distraites K'guliêrement de la juridiction patriar-
cale. *
Le Pape ne trouve pas juste, non plus, de faire aucun tort,
soit par jugement soit par contumace, à ceux dont ces églises
relèvent; t la prudence conseille aussi,dit te Souverain Pontife,
de ne pas exciter contre l'empire, les Pisans, Vénitiens ou tous
antres ayant, dans GP., de ces sortes d'églises ; » il engage le pa-
fa'iaiche à user de conciliation, jusqu'à ce que l'empire soit
solidement établi; alors, si le patriarche juge équitable de pour-
suivre la revendication de ses droits, le Pape lui fera rendre
justice.
ï Dans les églises habitées seulement par des grecs, le pa-
triarche devra placer des évoques grecs, si l'on en peut trouver
de lidèles et dévoués au Siège apostolique, et consentant à être
sacrés par le patriarche ; dans les églises mixtes, habitéas par
des grecs et des latins, le patriarche devra donner la préférence
. aux desservants latins sur les grecs, i
€ Quant à la question de laisser les grecs officier dans leur
rite ou de les pous-ter à adopter le rite latin, le patriarche devra
r>' Google
— 73 —
les maintenir aussi longtemps que possible, dans leur rite, jus-
qu'à ce que, après mûre réflexion, le Saint-Siège eu ait décidé
autrement >.
» En ce qui touche les mouastères grecs à convertir en cano-
nicats séculiers, le patriarche n'en devra rien faire tant que ces
monastères seront* occupés par des réguliers, grecs ou latins ;
il ne devra y placer de clercs séculiers qu'an défaut de régu-
liers'. »
Comme il l'avait annoncé,le pape envoya un légat à Coustan-
tinople ; l'intervention de ce haut dignitaire ecclésiastique se
produisitdans la convention intervenue le 5 août 1206, entre ce
prélat et le patriarche latin, d'une part, l'empereur Henri, les
barons, l'armée et le peuple, d'autre part, au sujet des anne-
xions et conquêtes pouvant être faites dans l'avenir.
« L'empereur, du conseil et consentement des princes, ba-
rons, de l'armée et du peuple, fait don aux églises, sises en
dehors des murs de Constantinople, de la quinzième partie des
terres, habitations, forêts, champs, vignes, salines et autres pro-
priétés, de quelque nature qu'elles puissent être, sauf, bien en-
tendu, ce qu'elles possèdent déjà, près des murs de Constanti-
nople (t a porta Aurea itsqtce ad portam Blachemam,inf^a
murum ipsius et mare. »
f Sur la douane à percevoir, sous et hors des murs de Cons-
tantinople, au nom de la aille, il leur accordait franchise du
quinzième. *
« Les clercs, toutes les églises, les propriétés en dépendant, les
individus y demeurant, les religieux grecs ou latins, les sécu-
liers, habitant avec eux le cloître des églises, ceux qui s'y ré-
fugieront, seront affranchis de toute juridiction laïque,
selon la coutume de France ; faisant réserve, toatefois, de l'au-
torité de l'Église romaine, de celles du patriarche et de l'empe-
reur-. »
Comme complément à cette lettre, et sur l'exposé qui lai en
avait été fait par le /patriarche, que certains évêques, tout en
faisant acte de soumission au patriarcat et ayant prêté serment
d'obéissance et de fidélité au Siège apostolique, refusaient
I Fonte», II, p. 19.
» Fonle», II, p. 31.
r>' Google
— 73 —
d'être sacrés, selon l'usage latin, Innocent III répond que, t si
les évèques déjà sacrés, refusent de recevoir une nouvelle onc-
tion, le patriarche devra, sur ce point, fermer les yeux; mais
que ceux qui devraient être sacrés ultérieurement, ne pourront
Tètre que d'après l'usage latin, pai'ce que, dit le pape, nous ne
pouvons sacrer, même les grecs, que selon nos propres cou-
tumes'. >
Malgré la prépondérance dont ils jouissaient sur Ste Sophie,
l'église patriarcale ; les Vénitiens se rendirent pourtant cou-
pables de la violation de cette église. Le patriarche fit au Pape
le récit détaillé de cet événement dont voici les circonstances :
le podestat fit enlever violemment l'ff^one sur laquelle, dicitur,
S. Luc avait, de sa propre main, reproduit les traits de la
sainte Vierge ; placée autrefois, avec certaines reliques, dans
la chapelle du grand palais ", l'empereur Henri aurait fait don
de cette image à Sainte-Sophie. Les Vénitiens, ne voyant pas la
réalisation des promesses qui leur avaient été faites avant le
couronnement de Henri, voulurent alors en assurer eux-mêmes
l'exécution ^ ; le podestat envoya à Sainte-Sophie des agents qui
brisèrent l'une des grandes portes de l'église ; et ils se dispo-
saient k en faire autant de celle du sanctuaire où Vtmage était
déposée, lorsque le patriarche, informé de se qui se passait, ac>
courut sur les lieux •-, voyant l'imminence du sacrilège, il mena-
ça les envahisseurs de l'excommunication ; n'ayant pu les ar-
rêter, le prélat, c candelis accensis, » frappa publiquement et
solennellement d'excommunication le podestat, son conseil et
les exécuteurs de leurs ordres. Les foudres ecclésiastiques n'ar-
rêtèrent pourtant pas les violateurs du sanctuaire ; ils en bri-
sèrent les portes, s'emparèrent de l'image, et la portèrent dans
Véfflise du Pantocrator''. Le patriarche s'étant ensuite rendu
' FonUi. II, p. 68.
» Cf. plus haut, tarmenCde» chanoine», 8 mai 1205.
' Voyez ci-dessue, chap. i.
' M. le Dr. Dethier, dans une note insérée au Lûeunt-Hfifil'l du
2i avril lt<T6, dit : > Lorsque Ibr croisÊa I^tiiK a.ssi(-gârcat et prirent CP.,
l'empereur flt faire une eorlie contre eux, avec l'image de la madone
« Odi([hitria» conduisant 'à la victoire. » La sortie fut malheureuBe. l'image
tomba au pouvoir de* Croisés, et fut envoyée en Italie. Sa raprorfuction est
donnée par d'Adncourrt, dans son Histoire de l'art par les monument»,
pi. 27. I,e comte ttiani, (des Dépoitilleii i-eligieii»et etc. p. 36). dit : ■ la cé-
r>' Google
— 74 —
auprès du légat pontîQcal, celui-ci conûrma rexcommunication
et l'interdit lancés contre toutes les églises du quartier habité
par les sacrilèges. — Dans sa lettre du 15 janvier 1207, au pa-
triarche, le pape conSrnia les censures prononcées dans cette
circonstance '.
Ces scènes de désordre, qui présentaient des symptômes
qu'on ne saurait méconnaître, ne furent sans doute pas les seules
de ce genre, car le pape enjoignait, le 7 mai'S 1308^, aux mem-
bres du clergé de toutes les églises de Constantinople, non dis-
traites de la juridiction patriarcale, « d'obéir aux ordres du pa-
triarche, de le reconnaître comme le père, l'évêque de leurs
âmes, et de lui rendre les honneurs et l'obéissance canoniques;
il recommandait, en même temps, à l'empereur, de prêter aide
et assistance à ce prélat, afin que les grecs, clercs et séculiers,
rendent hommage à la très sainte Église romaine, à son véné-
rable frère le patriarche de Constantinople, et le reconnaissent
pour leur père et leur pasteur. »
Les marques d'insubordination se manifestaient, d'ailleurs,
sur plus d'un point : malgré la défense pontificale relative au
serment d'exclusivité, prêté par les chanoines de Sainte-Sophie,
après leur élection, cette formalité, comme le prouvent les actes
de novembre 1207 et d'avril 1308, ne continuaitpas moins d'être
accomplie^.
D'autre part, le patriarche se plaignait, de son côté, au pape,
en mars même année,du refus dea Pisans, Lombards, Amalfitains,
lébre anacoine tomba entre les mains d'Iienri il'Anjoii, à l'embuscade de la
Philée, elle fut attribuée à l'abbaye de Citeaux. Puis il ajoute en note : » l'î- '
dentification exacte de cette image (décrite par Clari, Albéric et Co^eehale)
avec l'une des trois ou quatre Iconea miraculeuses de la Vierge, conservées
à CF., est presque impossible. Cette ancoiane ne parait pas d'ailleurs être
venue en Europe. » Cf. Hiant D^poaiUe» •■eîigleutet e'deofeu à CP. au XUl-
tiirie par le» Lntira. p. 53.)
' Fonlea, 72.
' Il semblerait résulter Je ce passage, qu'il y avait encore A Constantinople
d'autres juridictions ecclésiastiques que celle du patriarche de Grade, ne re-
'eTant pas de l'autorité patriarcale du lieu, n Vicarius patriarchsGradensis
bnrgenses venetos liabitatores civitatis ejusdem. sive maneaDt in quinque
paiTOCchiJB ejusdem patriarchee Gradeusis, sive se transférant ad parrochias
^bi Bubjectat seu ad parrocbias Pisanorum nec non etiam ad parrochias îl-
lorum. qui Constaotinopolitano non aunt subditi patriarchffi, ecclesiastica
dlatrictione compellit... >• (ForUet. II. 73.)
3 /r/. II. p. 75.
r>' Google
— 75 —
Danois, Anglais et autres, résidant k Constantinople, d'acquitter,
dans leurs paroisses, les taxes respectives ' ; et, ce n'est pas
non plas sans motif que le pape recommandait, le 8 mars 1208,
au patriarche de Grade et aux siens d'éviter tout contact ou rela-
tion avec les excommuniés, et de leur refuser les sacrements '.
Enfin, un diSférend vint à s'élever aussi entre le patriarche et
l'emperenr, au 'sujet de la nomination {pt^œposilurœ) à trente
Églises, et des meilleures de [infra] Constantinople, échues aux
ïYançais, que l'empereur Baudoin aurait retenues comme do-
nation personnelle, et dans lesquelles il pourvoyait k la nomi-
nation des supérieurs et àécans. Le patriarche demandait que
ces églises fissent retour à sa juridiction, d'autant pins que le
légat apostolique se seraitadjugë vingt-trois de ces églises, sans
se prononcer sur les sept autres, pour lesquelles il attendait la
décision du Souverain Pontife.
L'empereur, de son c6të, demandait au Siège apostolique de
lui conlirmer le droit de nomination sur ces églises, préten-
dant n'avoir pas, en cela, moins le droit que les princes occi-
dentaux sur les églises de leurs contrées.
En l'état, le pape déféra l'examen du conflit & une commission
d'enquête, formée d'un archevêque et d'un évêque, qui auraient
ensuite à lui transmettre leur rapport^.
Une autre commission du même genre, composée de deux
évêqnes et du décan de Sainte-Sophie, fut chargée d'examiner
un antre conflit survenu entre le patriarche de Constantinople
et celui de Grade. Le premier s'était plaint au pape, de ce que,
malgré l'autorisation à lui donnée par le Siège apostolique, de
prélever certaines taxes sur les Vénitiens, le vicaire du pa-
triarche de Grade voulait contraindre les bourgeois vénitiens
résidant dans la circonscription des ctnq paroisses de son pa-
triarcat, OH de celles en relevant, ou bien domiciliés dans le dis-
trict des paroisses des Pisans, ou tous autres non soumis au
patriarche de Constantinople, d'acquitter ces taxes entre ses
mains, ne leur permettant pas de recevoir la bénédiction nup-
tiale ailleurs que dans les églises de sa juridiction, c'est-à-dire
' îd. II. p. 68,
» /./. II. p. 69.
* fwilw, II, 76.
r>' Google
— 76 —
là où ils ne résidaient point, et cela même, quelquefois, sous
peine d'excommunication. Le pape chargea des conunisaaires
de prononcer canoniquement^ sauf appel, sur le point en
litige.
Revenant ensuite sur les faits déjà frappés de son blflme,
Innocent III, sous la date du 23 avril 1208, adressa au patriarche
de Constantinople des reproches sévères sur l'oubli de ses pro-
messes ; il condamna de nouveau le principe d'exclusion aux
canonicat de Sainte-Sophie, appliqué à tous autres que les Véni-
tiens ou les prêtres ayant desservi, durant dix années, une église
vénitienne ; et il termine en avertissant le patriarche qu'il pres-
crit à ses commissaires de prononcer sa suspension. Une autre
lettre, de même date, enjoint aux chanoines de Sainte-Sophie
d'abjurer le serment fait par eux à cet égard, faute de quoi ils
seront également suspendus.
A son tour, et revenant sur l'affaire des églises à sa nomina-
tion, l'empereur Henri porta plainte au pape de ce que le pa-
triarche, sans prendre son avis, nommait, de son libre arbitre,
et sans le consulter, aux églises relevant de son autorité ; et il
manifestait le désir d'éviter le scandale de voir les supérieurs et
le clergé de ces églises Frappés d'excommunication. Il parait
que l'affaire aurait été jugée en faveur des prérogatives de l'em-
pereur, car le pape écrit, le 2 novembre 1209, qu'il a enjoint au
patriarche de mettre fin à ces injustes prétentions, et d'éloignei'
de ces églises les dignitaires nommés par lui *.
Poursuivant le cours de ses démarches antérieures en vue
d'établir l'indépendance de sa juridiction, le patriarche de Grade
requit et obtint de Mathieu, patriarche de Constantinople, le
81 janvier 1321, la rédaction d'un acte public par lequel celui-
ci déclara et reconnut l'exemption de sa juridiction, tant au
spirituel qu'au temporel, comme au temps des grecs pour les
églises vénitiennes existant dans l'empire romain; il s'engageait
de plus, pour lui et ses successeurs, et en cas de violation de
cette promesse, à payer au patriarcat de Grade une amende de
cent marcs d'ai^ent-.
" Fontet, p. 111.
1 Fonies, II, 422. Cf. ci-dc»suB 14 mai 1S05. I.c pape Alexandre coDflrma
cette exemption le 11 juillet 125G (Fonte», III, 16.)
r>' Google
— 77 —
C'est vers cette époque, en 1219, que nous voyons apparaître
pour la première fois en Orient des rellgîeus nouvellement ins-
titués, les Frères Mineurs, appelés plus communément Fran-
ciscains, du nom de St. François d'Assise, leur fondateur
(1183-1224). Les religieux ne manquaient pasàCP. : nous avons
TU que les Bénédictins, des diverses branches de l'Ordre, s'y
étaient établis dès le commencement. Les Cisterciens, qui avaient
eu ane si large part dans l'organisation de la croisade, avaient
eu aussi unepartcorrespondante dans la distribution des églises^
les religieux de Cluny, ceux du Mont Cassin, avaient aussi
leurs monastères, et nous avons même signalé un couvent de
religieuses Cisterciennes. Nous avons noté aussi la présence des
Ordres hospitaliers ou militaires. Tous ces Ordres entraient fort
bien dans le système féodal que la conquête imposait à l'empire
d'Orient; ils ne se trouvaient pas déplacés dans les conseils, à
cdté des Barons bardés de fer ; ils s'y étaient même si bien unis
et inféodés qu'au jour où l'empire fut renversé, non seulement
le clergé séculier qui faisait partie du système politique, mais
encore les religieux, furent renversés avec lui et disparurent des
terres redevenues grecques. Les Frères Mineurs et les Frères
Prêcheurs ou Dominicains, au contraire, plus indépendants des
circonstances extérieures, parce qu'ils n'avaient pas de bènéficeB
ou de biens territoriaux, destinés, en vertu même de leurs régies,
à se mêler au monde, organisés pour vivre sous toutes les lati-
tudes et s'accommoder à tous les régimes, restèrent à leurs postes,
non seulement sous les empereurs grecs, mais aussi sons les
Sultans. Us furent pendant des siècles, presque le seul clergé
latin de CF., comme nous le verrons plus tard.
Le premier Frère Mineur que nous voyons cité à propos de
CP. est un certain Fr. Lucas d'Apulie qui est nommé provincial
de Romanie, ou de Grèce (la dixième des provinces de l'Ordre),
au grand chapitre de 1319, dit Chapitre des Nattes. Il ne vint
peut-être pas à CP. ou du moins 11 n'y resta pas bien longtemps,
car en 1220, il y était remplacé ijar F. Benedetto d'Arezzo, un
grand et saint religieux, qui organisa cette province et la ât
reconnaître par l'empereur Robert de Conrthenay. Cette province
de Grèce comprenait tout le littoral de la Méditerranée, depuis
rniyrie, jusqu'à CP., et même l'Asie-Mineure. Elle semble'avoir
été presque dès le commencemeut séparée de celle de Syrie^oa
r>' Google
— 78 —
de Terre Sainte. Fr. Benedetto resta longtemps en Orient et y
travailla beaucoup.
Les Frères Prêcheurs ou Dominicains, vinrent à CP. presque
en même temps que les Franciscains; mais il semble que leur
mission ne fut complètement organisée que par S. Hyacinthe, qui
y arriva vers 1332. Il continua en Romanie, ce qu'il avait fait
en uu grand nombre d'autres pays qu'il avait évangélisés, rece-
vant des novices et fondant des couvents, partout où il passait.
Dans quels endroits furent installés ces premiers religieux ?
Les chroniques et les archives sont muettes à cet égard. Toujours
est-il qu'ils furent activement employés par les empereurs latins.
Ainsi nous voyons qu'on leur confie les missions les plus impor-
tantes, soit auprès des princes, soit auprès des èvêques et des
conciles, dans toutes les tentatives qui furent faites pour l'union
de l'Église grecque à l'Église Romaine.
Par telles circonstances que nous ignorons, l'abbé et le cou-
vent de Saint-Georges le Majeur, des Vénitiens, donnèrent en lo-
cation, par acte du 15 octobre 1344, à l'archevêque d'Héraclée,
l'église Sainte-Marie de Embolo et le monastère de Pante-
popti, ainsi que les propriétés en dépendant. L'archevêque pro-
mettait de conserver lesdites églises, propriétés et dépendances,
dans l'état ofi il les recevait, et mieux si possible, de les dé-
fendre « ad opus ipsius monasterii, > de faire desservir Sainte-
Marie par un prêtre et des clercs, et, selon l'usage, d'y faire
célébrer solennellement la fête de S. Marc. Il promettait, en
outre, de payer à l'abbé ou à ses successeurs et au couvent,
trente yperperis d'or, de juste poids, à Constantinople, en sep-
tembre ou en mars, ou bien au départ des convois de navires
de commerce, ou comme on disait, aux passages de chrétienté
en Levant ' .
Cependant l'empire Latin d'Orient n'était pas né viable. Bau-
doin I, qui avait été élu empereur du consentement commun,
ne put jamais néanmoins exercer une autorité sérieuse, même
sur la ville de CP. ; le doge de Venise se disait Seigneur du
quart et demi de l'empire ; les autres grands Barons s'étaient
fait des principautés presque indépendantes, et s'y maintenaient
I Villehardouin, éd. Buchon, p. 33 et nos Capîialationt de la Franre
Orient, p. 43.
r>' Google
— 79 —
& grand peine : les Vénitiens s'établissaient dans les lies et sur
les côtes. Tous relevaient nominalement de l'empereur ; mais
occupés chacun de leur cdté, ils le laissaient seul et affaibli, en
face des intrigues des Grecs, et des attaques des Bulgares. On
sait comment après des prodiges de valeur, Baudoin alla se
faire prendre à Andrinople, et mourut en captivité. Ce prince
était remarquable à tous égards ; sa vertu égalait sa bravoure,
mais les circonstances étaient plus fortes que lui.
Il eut pour successeur son frère Henri de Flandres (Élu le
30 août 1206, après 16 mois de régence.) Il arrivait au trdne
au milieu de dllTicultés inextricables. Ses belles qualités, ses
vertus, sa vaillance ne purent néanmoins lui permettre de con-
solider son empire, en ses 10 ans de règne. Il mourut sanspos-
térité en 1316.
Il y eut de grandes difficultés pour lui donner un successeur;
mais enlln l'atTaire fut portée devant le Pape Honorius III qiii
donna droit à Pierre de Courtenay, comte d'Auzerre, qui pou-
vait revendiquer les droits de sa femme Yolande, sœur de Bau-
doin et d'Henri. Le Pape le sacra lui-même, mais h St. Lau-
rent, hors des murs de Rome, pour qu'il n'y eut pas d'atteinte
portée à la prérogative, reconnue au patriarche de CP., de sacrer
les empereurs, (avril 1217). Dans son voyage pour aller prendre
possession de son empire, Pierre tomba dans une embuscade
dressée par Théodore Comnène, il fut fait prisonnier avec le
Légat du Pape, pendant que toute leur suite était massacrée. Il
mourut dans sa captivité et fut remplacé par son flis, Robert de
Courtenay, en 1318.
Robert n'avait pas tes mêmes qualités que ses prédécesseurs.
Plus adonné aux plaisirs qu'aux soins de son empire, il se lais-
sa dépouiller d'une partie de ses possessions : le despote d'É-
pire, après avoir conquis le royaume de Thessalonique, vint
s'emparer d'Andrinopie (1224) et se proclama empereur. Le
Pape Honorius III faisait cependant son possible pour lui pro-
curer des secours : ainsi il écrivait ù la reine Blanche de France '
c Dieu a livré la couronne de Remanie aux mains des Francs.
Ils ont fondé là comme une France nouvelle. Mais à présent
BOUS l'empereur Robert, cousin de votre mari, la puissance des
1 Honor. Epirt, V!ir, 1542.
r>' Google
— 81) —
Francs a été diminuée, et déchoit de jour en jour. Les progrès
de leurs ennemis font craindre, si l'empereur ne reçoit immé-
diatement des secours, qu'une ruine irréparable ne frappe les
Latins, qu'un coup terrible ne soit porté à la prépondérance
firançaise. Il serait contraire, non pas seulement aux conseils
de la Foi, mais aussi à tous les sentiments d'humanité, que le
Roi de France, que tous les Latins d'Orient appellent « leur
Roi ï, laissât périr sous les coups des ennemis de Dieu, et
l'empereur et les Francs de CF., quand il lui est facile de se-
courir cet empire, dont la conquête fut une des gloires les plus
pures du règne de son père, et dont la perte serait une honte
ineffaçable pour lui-même et pour la mère-patrie. »
Mais la parole du pape ne pouvait pas conjurer les progrès
des ennemis, et d'un autre côté les fautes de Robert paralysaient
la bonne volonté de ses partisans. Il ^t enfin chassé par ses su-
jets eux-mêmes et alla mourir en Achîde {1328). Il fut cepen-
dant aimé et soutenu jusqu'au bout par le saint Fr. Benedetto
d'Arezzo, qu'il avait établi à CP. et qui n'épai^nani voyages ni
fatigues pour lui procurer des seconrs.
Son successeur était un enfant, Baudoin II, son fils. Les
Latins de CP. voyant les difBcultéa dans lesquelles se trouvait
l'empire, ne crurent pas pouvoir faire mieux que de mettre à leur
tète le vieux Roi de Jérusalem, dépouillé de ses états, Jean de
Brienne. Ils le prièrent de monter sur le trône, à la condition
qn'il donnerait sa fîlle en mariage <\ Baudoin, quand ils seraient
d'âge, et qu'à 20 ans, ce dernier serait investi du royaume de
Nicée avec ses dépendances. Jean de Brienne était octogénaire,
mais la pureté de ses mœurs et sa constitution athlétique sem-
blaient lui promettre encore de nombreuses années de vie et de
luttes. Voici le portrait qu'en fait un Chroniqueur contemporain :
( n était grand et fort, de très haute stature, et si habile dans
les combats, qu'on aurait dit un autre Charles- Martel. Quand
U était au milieu de la mêlée, il frappait si bien à droite et à
gauche, de sa masse de fer, que les sarrazios fuyaient devant
lui comme s'ils eussent vu le diable ou un lion prêt à les dévo-
rer. En vérité il n'y eut pas en son temps on chevalier plus
brave qne lui dans tout le monde. On a fait en son honneur une
chanson partie en latin, partie en français, que j'ai chantée
bien souvent. Cependant quand ses écuyers l'armaient avant le
r>' Google
. Mv.luuJ.: /.:ji;,i .(n.V.'j;iiumirliL.
CONSTANTINOPLE
r>' Google
çGoogle
— 81 —
combat, ils le voyaient trembler comme un jonc dans le courant
du ruisseau, et comme i\s lui demandaient comment, lui si brave
en face de l'ennemi, il pouvaittrembler ainsi, il répondait : «: je
n'ai cure de mon corps; mais je crains pour mon âme^ qui peut-
être n'est pas bien avec Dieu. » c Mais après cela, il allait au com-
bat et ne redoutait aucun ennemi. ' » Malgré son Age Jean de
Brienne continua tant qu'il piit cette vie de combats incessants,
souvent heureux, mais au fond l'affaiblissant toujours. Enfin
le vieux héros senfit le besoin de repos ; en 1237, il renonçait
au monde et prenait l'habit franciscain des mains de son ami le
Fr. Benedetto d'Arezzo, provincial de Romanie. Il ne put le
porter que peu de temps et mourut saintement. Son corps fut
transporté en Italie et ses restes reposent fi .\ssise, auprès du
tombeau de S. François, où on lui a élevé un monument digne
de lui.
Il laissa à son successeur Baudoin II un trône chancelant
et les lambeaux d'un empire, que des ennemis de tout genre se
disputaient avec acharnement. Il aurait fallu un autre esprit et
un autre bras que les siens pour les maintenir. Malgré les se-
cours que lui fournirent les Papes Grégoire IX, Innocent IV, et
Alexandre IV, il ne put se soutenir, et encore bien misérable-
ment, qne jusqu'au 25 juillet 1261. Ce jour-là les Grecs en-
traient par trahison dans CP. : Baudoin s'échappait ù grand
peine, et s'en allait mourir obscurément en Italie. (1273.) -
La conquête de CP, avait amené la réunion de tous les chré-
tiens d'Orient sous un même pasteur ? Ce grand but des efforts
de tous les Papes avait été atteint ; cependant la manière dont
s'était effectuée cette soumission ne pouvait contenter tout-à-
fait Innocent, ni le rassurer sur l'avenir. II témoigne donc à
tous sa joie du retour de l'Église grecque à l'obéissance du
Saint Siège; mais comme il voyait bien que si l'union s'était faite
extérieurement, il n'en était pas ainsi en réalité, il envoya pour
k procurer un Légat, le Cardinal évèque d'Albano, Pelage, avec
des lettres de recommandation très pressantes (1313). Pelage
manqua de savoir faire, ou même il se montra dur, orgueilleux
et violent. Il gt fermer les églises, et emprisonner les moines
) Salimbéné cité par P. Panfllo da Mag'.ianoT, I, p. 458.
» Hittoire ecclétieutigut, pa»iim.
r>' Google
— 83 — ^
et les prêtres qui ne voulaient pas se soumettre, et reconnaître
la primauté du Pape. Devant ces mesures la désolation fut
grande à CP. , les principaux de la Nation recoururent à l'empe-
reur et lui écrivirent : t Etant d'une autre nation et aj-ant un
autre pontife, nous nous sommes soumis à votre puissance
quant au corps ; mais non pas quant à l'àrae et aux choses spi-
rituelles. Nous sommes obligés de combattre pour vous à la
guerre, mais il nous est impossible de quitter notre religion.
Délivrez-nous des maux qui nous menacent, ou laissez-nous
aller en liberté rejoindre nos compatriotes. > L'empereur ne
voulut pas se priver de tant de braves gens, et, malgré le Légat,
il fit ouvrir les églises des Grecs, et mettre hors des prisons
leurs moines et leurs prêtres : il apaisa ainsi pour le moment
cette tempête ; ce qui n'empêcha pas un grand nombre d'ecclé-
siastiques d'aller trouver l'empereur Lascaris et le patriarche,
Michel Antorien, réfugiés à Nicée, qui les reçurent bien, et leur
donnèrent des monastères et des églises '.
Une autre tentative fut faite sous le gouvernement de Jean de
Brieone. En i2B2, cinq Frères Mineurs de la province de Ro-
manie, étant allés en Xatolie pour prêcher la Foi, furent arrêtés
par les Turcs et retenus en prison pendant quelque temps. Mis
en liberté, ils arrivèrent à Nicée où le Patriarche Germain et
l'empereur Vatace faisaient alors leur résidence. Les cinq Frères
furent reçus humainement par le patriarche, édiAé de leur pau-
vreté et de leur zèle. En reconnaissance ils travaillèrent à les
rapprocher de l'Église romaine, et ils réussirent si bien que le
patriarche et l'empereur, (pressés d'ailleurs très vivement par
Jean de Brienne,) se décidèrent à écrire à Grégoire IX, qu'ils
appelaient dans leur lettre « l'excellentissime Pape de l'ancienne
Rome, le recteur du Siège apostolique; » ils se réjouissent de
l'espoir que leur ont donaé les cinq Frères Mineurs, de remettre
enfin l'union entre les cinq grands patriarches. Le Pape répondit
à leur lettre et il leur envoya, comme Apocrtsiaires,qiia.iiQTe-
ligieux, deux Frères Mineurs, Aymon de Faversham, Anglais,
(qui devait devenir bientôt général de l'Ordre,) et Raoul de
Reims, et deux Frères Prêcheurs, Hugues et Pierre. Leur lettre
' Georgei AcropoUte, N. 17, Htit. Bg»anl. CiW par Robibaoher t. Vil,
p. 36S.
r>' Google
de créaDce est datée de Rome, 17 mai, 1233. Les conférences
commencèrent, en janvier 1234, et se continuèrent longtemps,
à Nicèe d'abord, ensuite à Nymphée ; mais après de longues
discussions où les nonces se montrèrent étonnants par la science
et l'iiabileté avec lesquelles ils répondirent aux arguments astu-
cieux de leurs adversaires. Ils furent enfm obligés de repartir,
(mai 1233) sans avoir obtenu un résultat définitif •.
Innocent IV (en 1247), renouvela ces tentatives et envoya
comme Légat en Orient, son pénitencier, le Franciscain F. Lau-
rent; mais comme l'empereur Vatace, et le patriarcbe Emma-
nuel Garitopoulo, avaient entendu parler du Général des Frères
mineurs, Fr. Jean de Parme, ils envoyèrent au Pape les deux
Franciscains grecs F. Tiiomas et F. Salimbéné, pour le deman-
der en qualité de Légat. Innocent IV se rendit volontiers à leur
désir et Fr. Jean de Parme reçut l'ordre de partir pour le Levant.
Il resta en Grèce deux ans entiers et s'y fit une grande réputa-
tion de science et de sainteté ; il aurait amené la réunion com-
plète, si elle n'avait pas été rendue impossible par l'esprit astu-
cieux et orgueilleux des Grecs.- Fr. Jean de Parme voulut plus
tard reprendre ces négociations, mais il mourut en route. L'É-
glise l'iionore comme bienlieureux (1289).
Nous verrons encore d' autres tentatives d'union, même après
la restauration Bj-zantine, toujours avec un grand désir de
succès et avec une pleine bonne foi de la part des Papes, pendant
que le plus souvent les empereurs n'avaient d'autre but que de
se procurer des secours en hommes et eu argent, dans leurs
luttes incessantes contre les Turcs,
A. tous ces détails sur l'empire Latin de CP. nous croyons
devoir ajouter, pour être aussi complets que possible, la
série des Patriarches latins, queltpie restreint qu'ait été leur rôle
et quelqu'éphémère qu'ait été leur gouvernement. Nous l'em-
pruntons à l'ouvrage de Le Quien, Oriens Christîanus, T. ZIl.
1° Tkomds Morostni. D'après l'accord conclu avantla con-
quête, entre les Français et les Vénitiens, l'empereur étant d'une
nation, le patriarche devait être de l'autre. Les croisés avaient
1 p. Panfllo da Magliano Storia eotnpenl. di S, Franccico e di Francc-
ani T. I, P. 579 ; Roihbac. Vil, p. 56W75.
I P. PanBlo da Msgltano. Loe. 'wid. p. 572.
r>' Google
commencé par mettre un chapitre daas l'église de Ste-Soptiie, et
l'avaient composé des clercs séculiers qui avaient suivi l'armée,
pour la plupart Italiens. Lorsque Baudoin eut été proclamé em-
pereur, les chanoines et les barons s'y assemblèrent, et ils
élurent patriarche Thomas Morosini. C'était un noble vénitien,
d'une vertu réelle, qui était allé, jeune encore, s'enfermer dans
an monastère (Portuense), et y donnait l'exemple d'une grande
régularité. 11 n'était encore que sous-diacre, et n'avait pas suivi
la croisade.
Innocent III, ayant appris comment l'élection s'était faite, la
déclara nulle, comme provenant de prêtres qui n'avaient aucune
mission, et de laïques. Cependant peu de temps après, il con-
sentit à la ratifier, à cause du mérite personnel de l'élu. II le
consacra même de ses propres mains, (1206).
Le nouveau patriarche passa par Venise pour aller prendre
possession de son siège ; mais là il tomba entre les mains des
astucieux et habiles conseillers de la Sérénissime Seigneurie,
et soit faiblesse, soit impéritie, il s'engagea par serment à ne
conférer de bénéfices ecclésiastiques qu'à des sujets vénitiens.
Le pape Innocent Itl veillait, il apprit cet accord irrégulier et le
cassa [21 juin 1306). Thomas Morosini fut assez mal accueilli
par la population, et surtout par la portion française du clergé ;
mais il ne se laissa pas effraj'er, et il lança l'excommunication
contre les opposants. Heureusement le Légat du Pape, Benoit,
était encore là, il s'interposa et amena la réconciliation entre les
membres du clergé latin.
Quant aux indigènes, Georges Acropolite, écrivain du temps,
nous apprend qu'une proclamation des conquérants avait permis
à tous les habitants de rester à CP., s'ils voulaient accepter la
loi des vainqueurs, se soumettre à leur pouvoir et reconnaître
la Suprématie du Pape. Ceux qui ne voulaient pas subir ces
conditions avaient la liberté de quitter la ville. Beaucoup de
Grecs, et des principaux, profitèrent de cette liberté et allèrent
se grouper aatoar de Théodore Lascaris et du patriarche grec
réfugiés à Nicée.
L'aspect du patriarche latin n'avait du reste rien qui parlât à
leur imagination. Il portait des vêtements si collants qu'on les
eût dit cousas sur son corps; et, comme il se rasait complè-
tement, il avait l'air d'un jeane homme efféminé. On l'accepta
r>' Google
— 85 —
néanmoins, et ce fut lui qui sacra empereur Henry de Flandres,
élu pour remplacer son &ëre Baudoin, mort dans sa captivité
d'AndrinopIe. Il fit ensuite avec lui un accord sur les biens ec-
clésiastiques, les dîmes, la discipline intérieure de l'Église, etc.
Après un pontiâcat fort affairé et peu fécond, Thomas Morosini
s'en fut mourir à Thessalonique (Juin 1311).
8° Gerçais, ou Gérard, ou ^cer'ïrrf. Bientôt après la mort
de Thomas, le clergé se réunit suivant les formes indiquées par
le droit pour lui donner un successeur; mais les chanoines ne
purent se mettre d'accord. Les uns voulaient pour patriarche le
curé de S. Paul de Venise, les autres l'archevêque d'Héraclée.
L'affaire fut donc dévolue au Souverain Pontife, qui évinça les
deux concurrents et nomma un prêtre toscan dont le nom s'écrit
de trois façons différentes : Gerrasius, Gerartius,Everitrdus.
Il assista au concile de Latran (1215) et en souscrivit les actes,
en qualité de patriarche de CP.
A peine arrivé dans sa ville, il se laissa griser par la dignité
dont il était revêtu, et voulut trancher du Pape. Ainsi il en-
' voyait des Légats à Latere dans les provinces de la Romanie,
avec des lettres de pouvoirs copiées sur les bulles des papes; il
empiétait sur la juridiction des évèques et des archevi^ques, et
voulait empêcher tout recours à Home. On aurait dit que l'es-
prit des Grecs s'était emparé de, sa personne. Honorius III qui
avait succédé à Innocent , s'éleva très fermement contre ces préten-
tions etcassa toutesces ordonnances (1218). (Cf. Raynal. N"28,
p. 281). On ne sait pa» au juste la date de sa mort, ce fut en 1219
ou 1220 : toujours est-il qu'en 1221, il avait pour successeur
3° Mathieu ou Mathlas. Thomassin, (De veterl et nova
eccles. disciplina. Part. I,Ltb. I, Crt/». 26.) nous dit : t Après
la mort d'Everard, les électeurs n'ayant pu s'entendre pour lui
élire un remplaçant, furent obligés de recourir au pape Hono-
rius III, pourlui demander un patriarche. Honoriusnomma un
vénitien, Mathieu ou IMathias (eptscopus Aquilanus ou mieux
Equiltnus). Il lui confirma toutes les anciennes prérogatives
patriarcales, entre autres celle de couronner l'empereur et de
le revêtir des insignes de la dignité suprême ; mais il faisait
bien remarquer en même temps que l'on ne devait rendre les
honneurs royaux à l'empereur, qu'après qu'il aurait reçu la con-
sécration solennelle. >
r>' Google
Nous voyons, le 15 mars 1221, Mathias couronner à Ste-So-
phie Robert de Courtenay, qui succédait à sou père, mort sans
être arrivé à CP.
Ce Mathias donna encore plus de sujets de plaintes au Pape que
ses deux prédécesseurs.Une lettre d'Hoaorlus II[(rf« i 7 juin 1222)
lui dit en substance : * Nous regrettons vivement de vous avoir
élevé à cette haute dignité. Nous espérions que vous donneriez
le bon exemple et que vous seriez comme un flambeau dans la
maison de Dieu, et voilà que vous êtes pour beaucoup une oc-
casion de scandale. Vous deviez être le Bon Pasteur, qui donne
sa vie pour ses brebis, et voilà que vous cherchez uniquement à
leur extorquer de l'argent. Nous vous croyions pieux et nous
apprenons que même vous ne célébrez que rarement la messe;
nous vous pensions zélé pour les lois de l'Église, et au lieu de
cela vous communiquez avec les excommuniés, et vous leur
donnez l'absolution contre toutes les règles. Nous vous avertis-
sons paternellement, revenez à de meilleurs sentiments, et cor-
rigez-vous. » Cette monition si ferme produisit-elle quelque
eflfet? Nous ne le savons pas exactement.
Une des mesures les plus importantes par lesquelles il mar-
qua son passage fut l'ordonnance qui établit que toutes les
églises des Vénitiens seraient exemptes de la juridiction patriar-
cale de CP. et ne relèveraient que du Patriarche de Grade ou
de Venise. Elle eut, comme nous le verrons ailleurs, de très sé-
rieusea conséquences. Il mourut en 1226.
4° Jean d'Abbeville, {élu, non installé). Shnon. Cette fois
encore les électeurs ne purent s'entendre pour choisir un suc-
cesseur au patriarche défunt, et Honorius III, à qui par suite
le choix fiit dévolu, nomma Jean d'Abbeville, d'abord doyen du
chapitre d'Amiens, puis Archevêque de Besançon. Ce prélat
arriva à Rome au temps de la mort de Honorius. Le Pape Gré-
goire IX, son successeur sur le siège de S. Pierre, retint auprès
de lui le patriarche nommé, le créa cardinal évèque de Sabine,
et en fit un de ses principaux conseillera. Il lui donna pour rem-
plaçant Simon, archevêque de T}t. On ne sait ni le nom de
famille ni même la patrie de ce prélat. On sait peu de choses de
ses actes : on le voit seulement apparaître quelquefois auprès
de Jean de Brienne. Il était mort vers 1233.
5° Nicolas. Ce patriarche, né à Piacenza, de la famille de
.vGopgle
— 87 —
Castro Arqaato de Porta, d'abord archevêque de Spolète, et
chanoine de Latran, fut nommé en 1234, ou 1235 ; uiaia il n'ar-
riva à GP. qu'en 1236. Malgré la vaillance et les grands coups
d'épée du vieil empereur, les affaires d'Orient pliaient fort mai.
Nicolas, qui ne pouvait se battre, aida son prince de tous ses
revenus, bien diminués du reste par les conquêtes ou les dépré-
dations des Grecs. Il se vit donc réduit presque à la misère ;
alors le pape Grégoire IX écrivit aux évêques du Péloponèse de
lui venir en aide, et de lui donner les moyens de vivre convena-
blement, et de soutenir la dignité patriarcale.
En 1243, Innocent IV l'envoya comme L^at en Europe pour
y prêcher la croisade. Nous le voyons à Paris en 1244 ; il as-
siste au premier Concile de Lyon en 1245, et continue ensuite
sa mission. Il mourut à Milan, en 1251, et fut inhumé dans
l'église des Frères Mineurs.
6" Pantaleo Qitistîniani. Sur la demande des Vénitiens,
Innocent IV nomma patriarche Pantaleo Giustiniani, d'une des
plus nobles familles de la République, 1253. Comme les affaires
d'Orient allaient de mal en pis, sous le gouvernement faible de
Baudoin II, Innocent l'envoya lui aussi prêcher la croisade;
mais comme les aumônes des fidèles n'étaient pas abondantes, il
l'autorisa ft hypothéquer les biens de l'église pour garantir un
emprunt destiné à couvrir les frais de la guerre. Arrivé à CP.
il se trouva si pauvre, que le pape Innocent chargea Fr. Bene-
detto d'Arezzo, provincial ^es Franciscains de Grèce, d'engager
les prélats et les abbés de Remanie à lui assurer un revenu de
500 marcs d'argent, pour qu'il eût de quoi vivre tranquille et
remplirhonorablement ses fonctions. Enfin en 1261, quand CP.
fiit reprise par lesGrecs, il fut obligé de partir avec Baudoin IL
Certains chroniqueurs disent que leur vaisseau fut pris par les
Sarrazins, que le Soudan d'Egypte les garda prisonniers 7 ans,
et ne leur rendit la liberté qu'après avoir reçu pour eux, d'Al-
phonse de Castille, une rançon de 20.000 livres d'argent.
Cependant ce récit ne semble pas exact, car le Pape Urbain IV,
en 1369, écrit au provincial des Frères Mineurs de France, pour
le charger d'aider Baudoin et Giustiniani, occupés en ce moment
à promouvoir une croisade nouvelle. Il assista au Concile de
Lyon, en 1274, et mourut en 1286.
7' Pièrrel. Comme il y avait encore des catholiques latins.
r>' Google
et même des principautés latines dans le Levant, oa continua
quelque temps encore de donner des successeurs à Pantaleo Gius-
tinianl. Le premier fut Pierre I qui résida ordinairement en
Crète. Il fit acte ^e juridiction en excommuniant, par deux fois,
Fr. Friincus Libératus, et ses compagnons, Frères Mineurs qui
ne voulaient pas reconnaître l'autorité de leur Général. Il mourut
en 1301'.
8° Léonard, son successeur, fut élu en des circonstances
spéciales. Jusqu'à lui les chanoines de Sainte-Sophie, chassés
de CF. et réfugiés en Chrétienté, formaient une sorte de corps ;
mais en 1302, il n'en restait plus qu'un seul : alors Boni-
face VIII déclara que désormais la nomination du patriarche
était réservée au Souverain Pontife.
Le dernier patriarche ayant une juridiction réelle fut le car-
dinal Bessarion, mort en 1492. On continua jusqu'à nos jours
à nommer des patriarches latins de CP-, mais alors ce ne sont
que de simples dignitaires de la Cour PontiHcale, sans aucune
autorité. Cependant quand on établit une nouvelle autorité ec-
clésiastique h CP. on respecta cette fiction et le prélat qui admi-
nistre le diocèse de CP. n'a que le titre de Vicaire Patriarcal.
Ainsi finit cette institution, éphémère comme l'empire, au
sort duquel elle était essentiellement attachée.
Selon Sauli- l'ambition des Vénitiens de s'appropriera eux
seuls le commerce de l'Orient, les avanies que les Génois
éprouvèrent, tant de leur part que d^ celle de Baudoin II, enfin
la décadence de leur commerce, les portèrent, excités d'ailleurs
par les Pisans, les Marseillais et les autres colonies méditerra-
néennes, â guetter l'occasion de prendre sur leurs heureux rivaux
une revanche éclatante. La discorde se manifesta d'abord en
SjTie, et aboutit à l'affaire de la tour d'Acre, dont il a été
parlé plus haut. Michel Paléologue, l'un des seigneurs grecs les
plus aventureux, et prétendant ù la couronne impériale, se rendit
en Thrace à la tèted'une armée, occupa les Sous-bourgs de CP.,
I 11 est tans doute ici question du B. Liberato, dont les BollaDdist«B don-
nent la vie au XXIX vol. p. 840. Il se croyait exempté de l'autorité du Gé-
néral de l'Ordre, par un acte du Pape S, Célettîn V. Cet acte fut annulé
ensuite par Boniface VIII, et les lollgieux qui avaient été séparés de l'Ordre
y rentrée nt.
■ -Sauli, Lo^. laul. I. 45.
çGoogle
et vint mettre le siège devant le cnstel de Gatatn, dans la
pensée de se rendre bientôt maître du pays s'il pouvait s'em-
parerde ce point ; mais comme les Vénitiens avaient un palais
dans l'intérieur des murs de Galata, les elTorts de Paléologue
furent paralysés et il dut se retirer.
C'est alors que les Génois, qui d'ailleurs étaient restés d'abord
étrangers à la croisade Franco- Vénitienne, profitant des circons-
taoces qui s'offraient à eux, résolurent d'envoyer des ambassa-
deurs auprès de Paléologue, pour tenter de retrouver leurs
anciens avantages. En effet t quant Mikhailli Paleologo ol guer-
royé longnement par terre et par mer, si s'accorda avec les Ge-
nevois (Génois), et leur donna le lieu de Galata (? sic), et les
franchit de tous péages, gabelles et usages, par toute Roumanie,
mais qu'ils lui aidaissent à conquérir son empire'. > Par le
traité de Nympbie, conclu le 13 mai 1261, Michel Paléologue
s'engageait i d'y donner aux Génois à CF., palais, estai, pos-
sessions et terres, et de plus Véglise Ste Marie, (alors possé-
dée par les Vénitiens-.) A donc s'accordèrent li Genevois avec
l'empereur Quir Mikhailli, et reçurent le lieu de Galata, et ha-
bitirent illec ^ et donnèrent 60 galèes armées, appareillées à ses
gaiges ; et commencèrent la guerre contre les Vénitiens pour ce
qu'ils maintenaient l'empereur Bauduin*, etpuis que li genevois
ae furent mis àl'aidede l'empereur Quir Mikhailli, si gardèrent
le bras de S. Georges (c'est la mer et l'estroit de CP.) que nul
secors ne pooit venir à l'empereur Baudnin de nulle part, i
■ i Et quant li Grecs qui estoient habités dedans la cité vi-
rent que l'empereur Bauduin ne pooit tenir contre li grex, si
s'accordèrent avec l'empereur grec, et le tirent entrer dedans la
cité deCP. ; et l'empereur Bauduin vit cette trahison, si réduisit
' Buchon, Reeherc/tei Jli»:. etc. I, 16.
' Miititz, II, I, B6 Depping, 11, 59. L'empereur donnera à la commune gé-
noise ■ Ëcclesiam S. Mari're quam modo tenent Venetici cum logiis qiiœ
iotra ipwtm eoclesiam, et oimfierii ipsîus atque solum castri \enetorum quod
est in ipaa. civitate... > Texte du traité de !2r>l, rap|>orté dane l'edit de
i'HUtoirc lie l'empiit ih CP. par Buîhon, 1836, p. 2JS et auîv.
■' Le fait n'eut pas lieu aussi promptement que ce passage semblerait le
faire croire, cela n'eut lieu que plus tard.
• Cette alliance dè« Génois avec Paléologue, contre l'empire latin excita le
déplaisir du Pape Urbain IV, qui mit Gênes en interdit. (Vincens. Hitt. de
Gine*\, 139.)
,dbvGoogle
— 90 —
dedans le vieil palais du Xion (Bucolèon), et là se tint longue-
ment.... etquantil vit qu'il ne pooit pliis souffrir la guerre, si
entra en une nof, an bien trois mil personnes ; et cela tans par
mer, qu'il vint au château de Malvesie.... puis ala en France '? >
Selon le rapport de M. Fanucci^ les Pisans qui se trouvaient
à CP. au moment de ces revers, voyant l'impossibilité d'une
défense eflîcace, se retirèrent dans leur quartier, dans leurs
Fondouqs, dont ils fermèi-ent les portes, sans prendre parti, ni
parles armes, ni autrement, en faveur des belligérants. Le César
Alexis Stratégopoulo prit possession de la capitale le 25 juil-
let 1261, et Michel Palèologue, qui se trouvait en Asie, y fit
son entrée le 14 août suivant.
I BucboD. Recherche* »ar la princip. de Alorée I, 24 à 27.
' Fanucci Loc. Icavl. III, %*.
çGoogle
CHAPITRE m.
REaTAL'RATIOM BYZANTINE.
Ea même temps que l'empereur Baudoin II, était parti
Giustiniani, patriarche Latiu de CP. : ils n'avaient pas plus l'un
que l'autre de racines dans le sol de CP. Le clergé des princi-
pales églises avait, comme eux, abandonné an pays où il ne
comptait presque pas de fidèles. Michel Paléologue avait fait
son entrée modestement, il marchait à pied, sans ornements
impériaox, à la suite de l'image de la T. Ste Vierge, qu'on disait
peinte par St Luc. Il la déposa au monastère de Stude, puis
étant monté à cheval» il se rendit à Sainte-Sophie, pour rendre
grâces à Dieu, et de là au grand palais où il prit son lo-
gement.
Un de ses premiers soins fut de remplir le siège patriarcal,
vacant par la mort de Nicéphore : il se détermina à y rappeler
Arsène, qu'il en avait fait descendre quelque temps auparavant.
n le conduisit avec de grands honneurs à Sainte-Sophie, et, le
piienant par la main, il lui dit : « Voilà votre chaire, seigneur,
jonissez-en, maintenant, après en avoir été si longtemps privé.»
Il le mit en possession du patriarcat, rétablit en son premier
état l'église de Sainte-Sophie, et poarvut à la subsistance des
ministres sacrés, et à la décence du culte divin.
Un peu plus tard, désirant rétablir CP. en son antique état,
il mit un clei^ë nombreux, avec des revenus convenables, dans
l'église des ApAtres, et un autre dans celle de N.-D. des Bla-
quernes. De plus, à l'hôpital S. Paul, destiné pour les orphelins,
r>' Google
— 93 —
il établit une école de grammaire, avec des pensions pour les
maîtres et pour les enfenta. Il allait quelquefois lui-même à
cette école, pour en connaître les élèves, et voir les progrès
qu'ils faisaient : il leur donnait, pouf les exciter au travail,
des prix et des congés. C'est ainsi qu'il agit partout où il lui
fut possible, cherchant à effacer les traces éphémères du pas-
sage des Latins.
Ceux d'entre eux qui étaient restés continuaient à être di-
visés. Quoique l'appui des Génois eilt été plutôt moral qu'ef-
fectif, malgré la jonction de l'escadre génoise à celle des Grecs,
dans le port de CP., jonction qui selon Fanucci, amena l'ami-
ral vénitien Michieli à conduire la sienne à Venise ', Michel
Paléologue n'obser\'a pas moins avec fidélité ses engagements
envers ses alliés : il mit les Génois en possession du palais et
de l'église des Vénitiens '^, A quelle i Religion » la desser-
vance de cette église fut-elle donnée par suite de ces événe-
ments? Il est évident que ce fut à des clercs nationaux ou
bien à l'un des Ordres nouveaux des Frères Prêcheurs ou des
Fi-ères Mineurs, dont les membres n'avaient pas abandonné le
' terrain, où leur zèle trouvait ample matière à s'exercer; mais
on ne sait lesquels en furent chargés. Dans tous les cas elle dut
sortir de la juridiction du patriarche de Grade, pour passer sous
celle de l'archevêque de Gênes.
Encore selon Fanucci^, les Vénitiens irrités de leur déposses-
aion eii faveur de leurs rivaux, se seraient portés eux-mêmes
vers le palais, dont ils enlevèrent tous les emblèmes nationaux
et le démolirent ; mais d'après Sauli ', ce furent les Génois qui,
par représailles de l'affront d'Acre, et cédant à leurs sentiments
de rivalité et de vengeance, démolirent le palais vénitien, au
bruit des instruments de musique, et des acclamations de
triomphe, envoyèrent les principales pierres de l'édifice à Gènes^
pour y servir de trophée : elles furent employées ensuite à la
construction de l'église de S. Georges'', Toutefois cet acte lui-
^ Fanucci. toi: lait I. 111,2-1.
ï Le Pantocrator, selon M. île Simoni, Gîornnle Lif)usli'-o I8T6, 283 ; mais
peut-être, d'après les termes du traité de Nymphie, Ste ïlarie de Embolo.
î Loc. lau-/. III, 2-1. — ' /'/. II, 63.
■■■ Ducange, Hiai. 'le l'emp. île CP. par Buchon, p, 360.
• Vinceng. Hist. -h Gvnes. I, 329.
r>' Google
même, qui provoqua le ressentiment dissimulé de l'empereur,
comme aussi le nombre toujours croissant des Génois venant
s'établir à CP., engagèrent Michel, par mesure préventive desé-
curîté, à éloigner ces hôtes dangereux. 11 leur assigna d'abord
pour résidence Héraclée de Thrace ', puis bientât après, le ro-
cher de Galata, vis-à-vis CP,, dans la région de Péra-. Quant
aux Vénitiens (ce qui restait de l'ancienne colonie de l'empire
latin) et aux Pisans, (dont on a vu plus haut la prudence inté-
ressée,) comme ils étaient en petitnombre, l'empereur leur per-
mit de rester dans la ville, mais séparés les uns des autres''.
Malgré cela Michel n'obtint pas de cette mesure les résultats
espérés ; les nouveaux colons, hors d'état d'ailleurs de résister
victorieusement, se déclarèrent bientôt en état de rébellion : mais
tont en les ramenant à l'obéissance' Michel, voulant établir
une sorte d'équilibre, et au besoin se ménager un appui parmi
leurs rivaux, conclut, le 30 juin 1268, avec le doge Raniero
Geno une trêve, dans laquelle on lit : * De même, l'empereur
nous a concédé les églises, les prêtres et le ba/ttême (?), selon
notre coutume, à Constantinople et autres lieux de son empire;
ces églises, prêtres et baptême seront exempts de la juridiction
impériale, et cela sans possibilité de révocation, jusqu'à l'expi-
ration de la présente trêve''. >
Le 19 mars 1277, le mÔme empereur donna aussi un chri'so-
bulle, portant ce qui suit*i : i; Notre empire leur donne, dans
Constantinople, les maisons {hospîcia), sous les mui-s de la
ville, commençant de la porte Trungarion, venant kSatnt Qidn-
tan, à gauche, et allant < ad cubain Sanctœ Mariœ, » vers
la rue des Ciriers ~' \ puis, allant jusqu'à la porte de Perama, et
I Nicéphore Grigoras L. W. ch. 5. Pachymères, Bonn» 1835, I, 16â...
M. Paspati pense que les G^Dois auraient été envoyés à Galata par suite de
l'agrandi ssemeut du palais impérial, dont la muraille d'eaceînte aurait été
reculée vers le sud ; les motifs de cet éloignement, fiireiit multiples et, Bani
admettre que cette raison fut absolue, il est possible que l'empereur s'en
soit servi comme d'un prétexte pour arriver à. ses Qus, sans blesser ses an-
ciens alliés.
• Sauli loe. cit. 64.
• Pachymères L. cit. Buobon, Hiil. de l'Enip. deCP. 3G0.
• CPliê, eh. I, 60 iConëtanliniade 160.
» Fonte», 111, 92. — • Id. 111, p. 139.
' La texte porte eurrigiarionim ; M. Paapati lit eerulariorum. En prolon-
gtttion da la rue B^yq-Ba^w, od trouve celles dee Ëpoogien, puie de* Mar-
,dbvGoogle
de celle-ci à la porte de ïrungarion, les maisons en dedans
(aeinlus), de la muraille, savoir : une maison pour l'habitation
du batte, nne autre pour les conseillers, et uiie autre pour ma-
gasins (pro cannava) ' des objets de la commune vénitienne ;
notre empire prendra à loyer, pour les marchands vénitiens ve-
nant du dehors, vingt-cinq autres maisons, autour des trois
susdites ; et elles leur seront données gratuitement, pour habi-
tation.
« Notre empire leur donnera également deux églises dans
Constantinople, savoir celle de la très sainte Marie, Mère de
Dieu', et l'église de Saint-Marc^; notre empire leur concède
aussi d'avoir des prêtres, le baptême, etc., comme dessus. »
Les auteurs que nous avons pu consulter ne parlent point
d'une église spéciale sous ce dernier vocable ; il est permis de
supposer que cette dénomination était employée dans le peuple,
et par métonymie, pour désigner l'église sur laquelle, aux jours
de solennité, HaiisM le pavillon de Saint-Marc^ c'est-à-dire
St. Akindin ; une semblable mètonyipie s'est reproduite plus
tard, à l'égard de Saint-Paul, de Galata, désignée dans cer-
tains documents, sous le nom de Saint- DominiQue, par la
seule raison qu'elle était desservie par les Pères Dominicains. Il
paraîtrait donc résulter du teste précité, que les Vénitiens furent
remis en possession de leurs églises de Saint-Marc, et de celle
de la Très Sainte Vierge.
Une autre dénomination : Santa Maria délie Grazte, qu'on
retrouve comme désignant une église latine de Ck>Qstantinople,
paraît devoir s'appliquer encore au même édifice religieux.
briere et dea Moum-ijOar « Ciriera ; u à l'entrée de celle-ci, il existe une
petite mosquée, dite de Hadji-Moustafa, ancien chef des eunuques, qui au-
rait été brûlée trois ou quatre fois, et dont une partie des dépendances (ea-
couf) aurait ëtâ vendue.
' Cannaea ou Canora d'où Ca/iruxaro, olHcier de la maison de l'arche'
vaque de Gènes et de certains couvents d'Italie.
t Cf. Acta... Grœca, 111,88; p. 11, U est fait mention de l'église U» peraXoa
Theotocou ecclicia ti» Piitit, dite, dans la table, a ecclesia metropolitana
PJsanorum. » On lit aussi dans le mâme index : « o aloi Marco*, ecclesia
Venetorum CPlî. »
' Millitz, 11, 1, 19, Î5, et, ci-»prée S. Benoit et S. Pierre.
* Cr. Chapitre t, p. 11. Ces deux églises devaient être l'anuenne église
Sainte-Marie de Embolo et Saint-Marc, autrement dit Saint- Akindin,
r>' Google
- 95 —
En 13S5, le 15 juin, l'empereur AQdronlc conclut avec le
doge Jean Dandolo ' une trêve de dix années ; on Ut dans ce
document, comme dans la Irève de 1277, la délimitation du
quartier vénitien et le passage relatif aux églises, aux prêtres et
au baptême. Cet acte fut confirmé le 28 j uillet suivant ".
Tout en ayant opéré la restauration byzantine sur les ruines
de l'empire latin, Michel Palëologue, selon la politique i'ègui-
Ubre qu'il s'efforçait de pratiquer, comprenant, comme certains
de ses prédécesseurs, que, bientôt peut-être, son pays pourrait
avoir besoin de l'Occident, ne voulut pas rompre entièrement
avec la Latinité.
Nous avons vu les tentatives réitérées qui avalent été faites
pendant la durée de l'empire latin pour amener la réconciliation
des deux Églises, de nouvelles, mais aussi infructueuses négocia-
tions, furent encore entamées après la restauration byzantine.
Ainsi, comme Guillaume de Viliehardouin, prince d'Achaïe,
secondé par les autres barons chrétiens du Levant, faisait aux
Grecs une guerre avantageuse, Michel Paléologue dépêcha au
pape Urbain IV une ambassade composée de Maxime Alufard,
moine, Andronic Muzzalon et Michel Abalante, pour le même
objet. Urbain répondit (38 juillet 126S) par une letti-e très
digne et très paternelle, et iui envoya quatre Frères Mineurs,
FF. Simon d'Auvergne, Pierre de Moras, Pierre de Crest et
Boniface d'Yvrée. Il écrivit en même temps au prince d'Achaïe
pour l'en avertir et lui faire cesser les hostilités.
Comme les négociateurs pontificaux ne comprenaient pas assez
le grec, l'empereur demanda au Pape de lui envoyer Nicolas,
évêque de Cortone, qui parlait bien cette langue. Le Pape y con-
sentit, et sans révoquer la mission des autres, il adjoignit àNi-
colas deux autres Frères Mineurs, F. Gérard de Prato et Ff Rai-
nier de Sienne, qui connaissaient déjà le Levant. Les nouveaux
venus, d'accord avec les anciens et avec les théologiens nommés
par l'empereur, dressèrent une profession de foi que tous sous-
crivirent. Puis comme les diUicultés renaissaient toujours et
que les Grecs an appelaient à un concile général, le Pape, alors
Clément IV, envoya de nouveaux nonces, (4 mars 1367), pris
cette fois parmi les Dominicains ou FF. Prêcheurs. C'est que
1 Fonte*, p. 326. — « M. p, 345.
,dbvGoogle
cette fois Baiidoia II était à Viterbe auprès du Pape, faisant un
traité avec Charles d'Anjou, roi de Sicile, et que tout parais-
sait se préparer pour une grande expédition contre les Grecs:
Cette fois encore on tomba d'accord sur les ternies de la profes-
sion de foi ; mais cette fois encore l'union ne fut pas effectuée.
Cependant Michel, soit pour faire montre de plus de bonne vo-
lonté, soit pour avoir un arbitre plus puissant contre Charles
d'Anjou, essaya d'intéresser S. Louis à ces affaires et d'obtenir
sa médiation.
Un autre pape, Saint Grégoire X, (en 1272 et t273), dut
encore se prêter à d'autres essais. Il envoya quatre FF. Mineurs
FF. Girolamo d'Ascoli, depuis pape sous le nom de Nicolas IV,
Bonagrazia da Persiceto, Raymond Béranger, et Bonaventure
da Mugello : ces négociateurs devaient surtout préparer la ve-
nue des envoyés de l'empereur au Concile général de Lyon. Ils
y réussirent et Michel choisit pour le représenter ii cette assem-
blée solennelle l'ancien patriarche Germain, Téophane métropo-
litain de Nicée, et quelques grands personnages parmi lesquels
le plus considérable était le grand logothète, Georges Acropo-
lite, l'historien officiel de cette époque. Ils avaient pour inter-
prètes entre autres un Fr. Mineur, Jean de Balestro, ou de CF.,
qui jouissait, même parmi les Grecs, d'une grande réputation
de science et de sainteté. Ils étaient procédés par deux des nonces
qui avaient préparé leur départ, et portaient de riches présents
au Pape et aux principaux personnages de sa cour et du con-
cile. Ils furent reçus soienneliement par la plupart des membres
du concile et l'on commença immédiatement les négocia-
lions. Certains chroniqueurs disent que Michel Paléologue lui-
même vint au concile de Lyon, mais rien, ni dans les actes du
concile, ni dans la suite de l'histoire, ne peut donner à ce dire
une apparence sérieuse de vérité.
On sait comment, à la suite de conférences dans lesquelles
S. Bonaventure, de l'Ordre des Frères Mineurs, cardinal-évéque
d'Albano, et président du concile, sous le pape Grégoire X, on
lomba d'accord sur tous les articles, tels qu'ils avaient été réglés
plusieurs fois à CP.. Enfin à la quatrième session du concile,
le 6 juillet 1374, la réunion fat prononcée solennellement :
Georges Acropolite abjura le schisme en son nom et au nom
de son mattre : les prélats grecs vinrent siéger avec les évèques
r>' Google
— 97 —
latins, on chanta, en latin et en grec, le Credo avec l'addition
« Filioque » ; le pape Grégoire entonna le Te Dewn au milieu
de la joie tmiverselle. Il semblait bien cette fois que tout était
heureusement terminé et que le schisme était fini. Les Pères
du concile Ifl crurent ainsi et S , Bonaventure en mourant, quel-
ques joui-s après, le 14 juillet, en remerciait Diea.
De fait la décision du concile fut acceptée par l'empereur Mi-
chel Palèologue, qui signa et la formule qui lui avait été en-
voyée et son serment d'obéissance au pape. Trente-sept métro-
politains, soit de gré soit de force, signèrent l'acte d'adhésion,
et comme le patriarche Joseph refusa d'y souscrire, on le déposa
et on le remplaça par Jean Veccus, qui avait eu la plus grande
part aux négociations préliminaires. Enfin le 16 janvier 1275,
on chanta, en latin et en grec, dans la chapelle du palais le sym-
bole romain, et le diacre nomma solennellement le pape Gré-
goire au canon de la messe. Veccus et l'empereur travaillèrent
avec un zèle et même une vigueur qne l'on peut croire sincères,
malgré leur exagération, à rendre cette réunion effective et gé-
nérale ; mais ils rencontrèrent tant de difficultés, ils furent obli-
gés à tant de tergiversations, que Veccus fut destitué, et que
Michel mourut, excommunié en même temps par le pape et par
les Grecs '.
Andronic II Paléologue, dit le vieux, son fils et son succes-
seur, était opposé à l'union ; mais l'intérêt ramena cependant à
unsemblant d'union. Le jour de Pâques, 19 avril 1283, tous les
Grecs et les Latins, entre autres Fr. Jean de Balestro et les autres
Frères Mineurs envoyés comme nonc% ou apocrïsiaires assistè-
rent à la messe célébrée à Sainte-Sophie par le patriarche Joseph,
rétabli sur son siège .- puis le lendemain ce fut une fête dans
toute la ville, tous les chrétiens de tous les rites se donnaient
le baiser de paix et se traitaient de frères. Qu'y avait-il de sé-
rieux au fond de toutes ces diverses alternatives ? Faut-il at-
frîhuer toutes ces tergiversations à la mauvaise foi, ou bien à
une incurable légèreté ? Toujours est-il que l'historien a grand
peine à se reconnaître au milieu de ces changements. Ce qu'il
y a de certain c'est qu'à mesure que le temps s'écoule nous
' Voir pour toutes ces négociations les bistoriens eccléHÎaitiques, spé-
cialement Rohrbacher, o ibî »,et Vi(« lii S. Bonaeentura. dottore terafiro,
par 1« P. Lndovico Marcanzoni, Min. Conr. PadoTa.1874, p. 260 et suiv.
çGoogle
voyons grandir le fossé qui sépare les deux Églises, et que mal-
gré la bonne volonté des papes les esprits des Grecs ne sont pas
disposés à la réunion. Nous nous contenterons donc de noter en
passant les autres tentatives que nous trouverons encore sur
notre route.
Nous sommes heureux cependant de rencontrer un fait qui
nous montre les chrétiens de OP. sans distinction de rite, unis
dans une même pensée. Fr. Jean de Balastro, franciscain, que
nous avons déjà signalé plusieurs fois, vint à mourir ; les Grecs
l'avaient en aussi grande vénération que les Latins, de plus le
jour de sa mort il se produisit autour de son corps une telle
quantité de miracles, (plus de 300, dit le chroniqueur,) que ses
obsèques devinrent un triomphe. Au lieu de la messe des morts,
les Grecs chantèrent celle des confesseurs, et au lieu du répons
funèbre, l'hymne des fêtes. L'empereur Andronic et les èvèques
grecs demandèrent au Pape sa canonisation immédiate'.
Cependant les rois de France conservèrent le collège de CP. que
Philippe-Auguste avait établi à Paris, près de la place Maubert,
pour y recevoir les jeunes grecs, dans le but, à n'en pas douter,
de préparer, ou de cimenter l'union de l'Orient et de rOccidenf.
Les Latins étaient donc établis comme nous l'avons dit,
dans la ville même, les Vénitiens Sous la conduite de leur
Baile, les Génois sous celle d'un Podestat, les Pisans sous
celle d'un Consul, puis d'un Exarque : ils y avaient une cer-
taine autonomie et leurs églises nationales ; mais en dehors de
ces églises y en avait-il d'autres à CP. du rite latin ? Nous
trouvons la trace de plusieurs, et nous regrettons que les la-
cunes qui se rencontrent dans les archives des plus anciens cou-
vents ne nous permettent pas de raconter tout au long leur
histoire. Elle serait parfois instructive. Ainsi selon le rapport
de la Storia unicersale délie missîoni francescane^, les
Frères Mineurs et Prêcheurs qui, de l'agrément de l'empereur,
avaient acquis un terrain pour y bâtir un couvent*, en commun,
I Ckronica Fralris Nicoiai Glatberger, éd. Quaraohi, 1888, p. 88.
' Les Origine» de l'Unioersilé de Pari'n, par l'abbé Ferret, Contemporain,
mai 1876, p. 831.
û Loc. lau'l. t. m. p. 536.
' Pour comprendre comment il y avait à CP. un couvent qui appartenait
IX Ftérea Mîneura et aux FF. PrSchenrs, il faut se rappe-
çGoogle
— 99 —
eurent bientôt à souffrir de nouveaux ressentiments : peu après
la mort de Michel Paiéologue, le patriarclie Athanase ât, de
son autorité privée, raser le couvent, et attribuer à un usage pro-
fane le local oi'i l'on .ivait déjà célébré les saints mystères et
inhumé les morts. L'empereur, qui, d'ailleurs, voulait lui-même
l'éloigneraent des religieux, leur offrit une indemnité que ceux-
ci refusèrent ; mais, finalement, ils furent chassés de cet endroit
et durent se réfugier daus l'église de Saint-Pierre. Ceci se passait
en 1307.
Georges Pachyiuères donne de ce fait le récit suivant qui
confirme le précédent et y ajoute quelques détails'. « Les
Frères- avaient sollicité et obtenu de l'empereur la permission
d'acheter un terrain vague, appartenant au public, dans le
voisinage de W agora » imarché), afin d'y établir un de leurs
monastères. Ils rencontrèrent une vive opposition, provoquée
en partie par l'excès de leur zèle religieux. .Aussi le Patriarche
Athanase, àsonsecondavènement,(I304), s'était-il opposé, pour
ce motif, à l'accomplissement des promesses faites, en disant
que l'établissement du couvent en cet endroit serait une profa-
kr un fait assez peu conau île leur histoire. On sait que leurs Fondateurs
étaient unis par le lien d'une charité fort tendre : on sait nussi que leurs su-
périeurs, les BBx Jean <!e Parme et Humbert de Romans s'uniren,t pour leur
reuo m mander ensemble la même charité qui avait uni leurs Pères. Mais les
deux Bienheureux avaient l'un et l'autre un grand r.éle pour les mlssioas
parmi les inlldéles, c'est pourijuoi ils s'unirent pour promouvoir une institu-
tion nouTciie que, sur leur initiative sans doute, le pape Innocent IV venait
d'établir. Celle ries n Voyageurs pour li.- Christ. Teller/i-in/tiiti per Chnnlo. »
En ce temps, dit Wadding, i dans le but de travailler elllcacement à la
conversion des achigmatiques. des hérétiques et des infidèles, le S. Pontife,
innocent IV, choisit parmi les Frères, Mineurs et Prêcheurs, des homme»
pieux et doctes, destinés à parcourir les contrées étrangères à la Foi, pour y
répandre la parole divine. Il en fit une seule société, commune aux deux
Ordres, et leur donna des privilèges spéciaux trâs étendue. Cette société se
développa rapidement et produisit beaucoup do bien, comme on peut le con-
clure de la Huile de Jean .\.\II. a Gratias a^mus » (1318) et de celle de
(irégoire XI, " Quia in nostris desideriis gerltur, n (1.'Î7J). « Il n'est donc pas
étonnant qu'à cùté des couvents des Dominicains et des Franciscains, dont
nous aurons à parler plus lard, la Société des o Pellegrinanti per Christo, »
ait eu son couvent spéciiil, commun aux religieux des deux Ordres. Cf.Pan-
fdo da Magliano t. Il, ch. 17, Srorin nnlrenale ilclle <iximioi>i fmnreirnne.
Histoires générales de l'Église, .Archives du couvent de S. Pierre à CP.
' Pachyméres, de Michnclc et Awlroniro Paleolonis. Honnœ, tS.'iû, II, 21,
- Les Frères, Fratrir$. t'i'Oti. désignation restée de l'empire lalin, et s'ap-
pliquant aux familles de S. François et -S. Dominique.
çGoogle
— 100 —
Dation; de leur côté les Frères résistaient en disant qu'une lo-
calité où avaient existé un monastère, un autel et des sépultures,
et où ils avaient célébré les saints mystère-^, ne pouvait pas être
convertie en habitations publiques. Le patriarche n'en continua
pas moins à exciter le peuple ; il chercha même à gagner l'em-
pereur, qui finit par lui céder, et consentit à reprendre le terrain,
pour le donner k l'amiral de la flotte, en ofeant aux Frères une
indemnité, que ceux-ci ne voulurent point accepter. Quoi qu'il
en soit, et ne pouvant plus résister davanta^^e, ils abandonnèrent
le couvent, y laissant les objets sacrés et autres qui s'y trou-
vaient, croyant qu'on n'en viendrait pas à des mesures de ri-
gueur. Mais poussé par le patriarche, l'empereur employant la
violence, ordonna à l'exarque des Pisans, voisin de ce monas-
tère, de se faire accompagner des prêtres desservant l'église
S. Pierre des Pisans, et de témoins, de se rendre au couventdes
Francs, de reconnaître tout ce qui pouvait en être enlevé, et de
transporter scrupuleusement le tout à S, Pierre, par l'entremise
des prêtres de cette église. Cet ordre fut exécuté'. Ne pouvant
se venger des Grecs, les Frères reportèrent toute leur colère
sur l'exarque, et s'étant plaint au podestat des Grénois, ils lui
demandèrent justice.Des embûches furent dressées contre l'exar-
que, qui tomba gravement blessé. Irrité de cet attentat, l'em-
pereur fit chasser le podestat génois de sa présence, lui défendit
de se présenter aux portes de la ville, et demanda réparation à
la métropole". »
En 1340, Narbonne, à son tour, obtint d'Andronic III Paléo-
logue, dit le Jeune, (1332-1341) des privilèges identiques à
ceux qu'avaient obtenus précédemment les autres cités méditer-
ranéennes ' ; cette commune eut aussi sansdoute des établisse-
ments religieux dans CF. *.
Le même Andronîc III voi-ant que sans l'aide de Latins, il
ne pourrait résister longtemps à ses ennemis, envoya Barlaam,
moine calabrais, en ambassade auprès de Robert, roi de Naples,
1 Cr. Heyd Lo<: laud.. p. 370.
^ M. l'aspali a bien voulu mo fournir la traduction de ce passage de la
version grecque.
» Depping, II, C8, 69.
' Un privilège, accordé plus tard â la même oommuoe par Jean Faléo-
,ogue, est rapporté dans les Acta Gneca.
DigilizedhyGoOt^le
— 101 —
de Philippe VI de Valois, roi de France, et du Pape, à Avignon,
avec mission d'exposer le désir qu'avait l'empereur de voir
l'union des deux Églises ; dans ce but ii sollicitait la convo-
cation d'un concile auquel prendraient part les patriarches de
Constantinople, d'Antioche, d'Alexandrie et de Jérusalem, ainsi
que la plupart des évèques de l'empire. Il fut répondu à cet
envoyé, que tant que durerait le sctiisme, l'Empereur ne pour-
rait pas compter sur l'assistance des Latins '.
Jean Cantacuzène, régent pendant la minorité de Jean Paléo-
logue, (1347-1355), envoya aussi des ambassadeurs au pape
Clément VI avec la mission de démontrer au Souverain Pontife
la nécessité évidente pour toute la chrétienté d'unir ses elforts
contre les envahisseurs de l'empire. Le pontife tout en se mon-
trant favorable à ces ouvertures, opposait seulement, comme
obstacle à l'exécution, la séparation des deux Églises, que l'em-
pereur se déclarait d'ailleurs très disposé à faire cesser par un
chaleureux concours : malheureusement le Pape vint à mourir
et la solution qui alors semblait prochaine, se trouva éloignée
encore une fois '-.
Jean Cantacuzène abdiqua en janvier 1355, et prit l'habit
monastique, après le retour dans la capitale de son ancien pu-
pille, Jean Paléotogue I, favorisé en cela par les galères génoises,
commandées par Francesco Oalatugo. Toutefois celui-cî se
voyant bientôt dans l'impossibilité de résister aux progrès cons-
tants des Ottomans, dut k son tour solliciter du Pape le concours
de la chrétienté, promettant en échange et par un chrysobulle
solennel, d'être prêt, ainsi que la majorité de son clergé, & re-
connaître la suprématie du Siège Romain, et à réunir les deux
Églises. Le Souverain Pontife adhéra aux sollicitations de l'em-
pereur, mais ces efforts, pour le but recherché, restèrent in-
fructueux ^,
Pourtant, et sur l'initiative de Pierre de Lusignan, roi de
Chypre, Urbain V avait tenté, à Avignon, de réunir les éléments
d'une nouvelle croisade, à laquelle Charles IV, empereur d'Al-
lemagne, Charles V, roi de France, et Waldemar III, roi de
' Sauli. loc. laud. [, 267.
> la. 291.
» Id. [I, 38. Fanucci IV. p. 68.
r>' Google
— 103 —
Danemark, devaient prendre part ; mais craignant d'une part que
les Latins ne voulussent profiter de l'occasion pour relever leur
empire d'Orient, et de l'autre que les Vénitiens n'eussent fait la
demande de cession de Ténédos qu'ti cette fin, Jean Palt!'ologue
entrava l'exécution du projet, puis se repentant presque aussitôt
de sa résolution, il se décida', en 1360, iise rendre lui-même en
Europe solliciter, par l'entremise pontificale, l'appui de la cliré-
tienté-. Les sentiments de l'Église orientale étaient d'ailleurs
assez partagés, les efforts tentés par les partisans de l'union,
comme en sens inverse par ceux des opposants^, durant la pé-
riode qui s'écoula entre le concile de Lyon, (1274) et celui de
Florence, (1439) l'attestent sufiisamment. Jean Paléologue I con-
clut donc un traité avec le pape Urbain V, dans l'espoir que quel-
ques concessions faites à l'Église Latine lui assureraient la pro-
tection de l'Occident. Il se rendit à Rome, reconnut la primauté
pontificale, la procession du Saint-Esprit, et admit la consé-
cration du pain azyme.
L'empereur qui, pour soutenir l'éclat de son rang, avait été
conduit à faire, malgré ses appréhensions, des emprunts assez
considérables aux Vénitiens, et leur avait promis en garantie la
cession de Ténédos, ne put tenir ses engagements ; aussi- fut-il
retenu par ses créanciers, à son passage à Venise pour rentrer
dans ses états, et il ne dut la fin de sa captivité qu'à la vente
que Manuel, son second fils, fit de tous ses bijoux pour lui
rendre la liberté.
L'Ordre des Frères Mineurs, établi depuis longtemps à CP.
subit, vers la fin du xni' siècle, et pendant le xiv, une crise
prolongée qui pouvait lui être fatale, mais qui finit par avoir
pour l'Orient des conséquences heureuses. Depuis le temps de
sa fondation, deux tendances opposées s'étaient accusées dans
l'Ordre : les uns voulaient une observance stricte de la Règle
Séraphique, surtout quant à la pauvreté, les autres, désirant cer-
tains adoucissements à ses rigueurs, obtenaient des Souverains
Pontifes quelques mitigations. Les religieux les moins sévères
I Sauli, liy. lawl. il.
' Art lie rèrifter les dates.
» On peut consulter à ce sujet les Ai^ta giti'ca. où Be trouvent consignées
de nombreuses sentences synodales prononcées contre la latinité, et de non
moinq nombreux actes d'abjuration en faveur de lagi-rcM.
çGoogle
— 103 —
étaient ordinairenaent ceux qui habitaient ies grandes villes et
peuplaient les grands couvents ; les plus observants préféraient
les petites villes ou les solitudes. On leur donna différents noms,
mais ceux qui finirent par prévaloir avec le temps furent ceux
de Conventuels et d'Observants.
De temps à autre quelque Frère zélé se mettait à prijcher la
réforme dans l'intérieur de l'Ordre, et cherchait à ramener la
Religion à sa primitive ferveur. Le plus souvent ils ne se sé-
paraient pas pour cela de leurs Frères, mais ils vivaient tous
ensemble, jusqu'à ce que les Papes finissent par leur accorder
certains couvents où ils pouvaient se sanctifier à leur manière.
D'autres fois ils se séparaient presque absolument de l'Ordpe
comme il arriva pour les Célestins. Les principaux chefs de ces
derniers, FF. Thomas de Tolentino, Pierre deMacératael Angelo
Clareno, furent envoyés en Arménie, où ils firent de nombreuses
conversions. Le roi du pays les pria d'aller à Rome traiter avec
le pape S. Gélestin V, 1292. Ils réussirent dans leur mission et
ils obtinrent en même temps pour eux-mêmes la permission de
vivre à part, sous le nom de Frères Célestins, ou d'Ermites du
pape Gélestin. Après son abdication, se voyant persécutés en
Italie, ils se réfugièrent en Achaïe, et travaillèrent énergique-
ment à la propagation de la Foi. Après diverses péripéties, cette
branche alla se fondre dans celle de l'Observance, non sans
avoir laissé des traces profondes de son passage dans le Levant.
Au reste la Province de Remanie, après la restauration bj'san-
tine, mais à une date que nous ne pouvons préciser, s'était
partagée en deux. La Province de Romanie, avec 3 Custodies,
Nêgrepont, Thèbes et Chiarenza, en tout 13 couvents; et le
Vicariat d'Orient avec 3 Custodies, Constantinople, 7 couvents,
Trébizonde, 3 couvents etCauris, 4 couvents'.
Finalement la Régulière Observance fut reconnue définitive-
ment par le Saint-Siège, en 1427, (en attendant d'être complète-
ment séparée des Conventuels, par Léon X, en 1517) : elle fut
établie à CP. à la suite des malheurs éprouvés par l'Ordre dans
la guerre intervenue entre le roi de l'île de Chypre et le Soudan
d'Egypte. Le pape Martin V, pour remédier aux maux de la re-
■ Cnlalogo 'telle Pi-oeîwic. e Vipnrie tleU'OnUiie dei Minori, nelt'Anno
, Hno. P. Panaio, loc. lau-L l. Il, p. 627.
r>' Google
_ 104 —
ligion dans ces contrées, résolut d'envoyer en qualité de visi-
teur, non seulement à Chypre, mais encore à. Chio, à Pèra, et
à CafFa, (Grimée) Fra Francesco Spinola, d'une noble famille
de Gènes', religieux profès de l'Ordre des FF. Mineurs, revêtu
du titre de « représentant du Ministre Général de l'Ordre dans
les Vicariats d'Orient, du Nord et de Russie, » avec pouvoir
d'ériger huit nouveaux couvents dans ces contrées.
Le pape Martin V munit Fr. Spinola d'une lettre pour l'évêque
de Chio (3 mars 1427), par laquelle il avertit ce prélat de l'envoi
du visiteur, avec un bon nombre de religieux de la Régulière
Observance, pour travailler à la conversion de ces peuples ; Sa
Sainteté l'informe aussi que la piété des fidèles a fait don à
l'Ordre de deux localités, l'une dans la ville même de CP.,
l'autre à Péra-, c'est :\ dire t couvent et église, avec jardin,
clocher, cloche, cimetière, et tout ce qui peut leur être utile
et nécessaire. » Le pape avise aussi l'évêque du pouvoir qu'a
Fr. Francesco Spinola « d'ériger 8 nouveaux couvents, sans qu'il
ait aucun besoin d'obtenir de l'évêque diocésain ou de tout
autre prélat, aucune licence ; d'y établir tel nombre de religieux
qu'il jugera convenable, et de nommer ou changera son gré les
gardiens de ces Communautés. >
F. Francesco Spinola parti de Rome, se rendit à Chio poar
s'y concerter avec l'évêque îles Frères Mineurs avaient un cou-
vent dans ce diocèse depuis longtemps) , de là il passa en Chypre,
puis vint k CF., et Fera, et passa ensuite à Caffa',
Sans entrer dans de plus amples détails le P. Barbiéri de son
côté, dit dans son mémoire à Mgr Coresi : « les Annales de
l'Ordre Séraphique disent que le P. Francesco Spinola, noble
Génois, de la Régulière Observance, fut le premier envoyé et
autorisé par Martin V, en vertu du Bref « Sacrœ Relîgionis »
(Mai 1437) à élablir cet Ordre k CPK *
' L'n Spinola est archevêque de Gènes, F. M., en 1289; un autre, podestat
de la colonie génoise de CP. en 1451.
' M. Belin se demande ni ce sont deux fondations nouvelles ou les anciens
couvents existants l'un à Ci*, l'autre à Galata, S. François, dont nous par-
lerons plus loin. Il ne me semble pas douteux que ce furent deux fondations
nouvelles, car S, François a toujours appartenu aux Convantuels, qui avaieDt
aussi un autre couvent dans CP. m£me.
' cr. Storia dcUe miitioni Francmcane, IV p. 472 et seq.
• Archiret du Vicariat patriarcal de CP.
çGoogle
— 105 —
L'empereur, Jean II, Paléologue, continuant les traditions
grecques, se rendit au concile de Florence, (1439) où l'union des
deux Églises fut cimentée. Mais à son retour dans ses états,
avec l'intention de faire exécuter Jes conditions consenties, ce
prince désespérant d'une part de recevoir l'appui des Latins, et
craignant de l'autre que son zèle à seconder les vues pontificales
ne lui aliénât ses peuples, et ne lui attirât aussi la colère du
Sultan ottoman Murad, et par suite ne lui causât la perte du
reste de ses états, ralentit sa marche dans cette voie '. En efTet
peu après son retour, Marc d'Ephèse, le seul des prélats grecs
. qui eût refusé de souscrire aux conditions du concile-, renouvela
le schisme, auquel d'ailleurs les divisions nées dans le sein
même de la famille impériale donnèrent une nouvelle force.
Malgré ces symptômes, le pape Eugène IV envoya ù CP. un
Commissaire spécial chargé de diriger la construction, « intra
muros, » d'un couvent et d'un église de FF, Mineurs, sous le
vocable de sauf Antonio degli cypressi ^. L'emplacement de la
nouvelle église fut-il celui de l'ancien couvent du même Ordre
rasé du temps du patriarche Athanase? II n'est pas hors de
raison de supposer que les FF. Mineurs, nous l'avons dit,
ayant fini probablement par obtenir leur réintégration dans leur
ancien couvent, ont pu y rebâtir une habitation provisoire que
l'on agrandit alors.
Ce qu'il y a de certain c'est qu'au moment de la conquête
turque les FF. Mineurs avaient à CP. deux grands couvents,
au moins. Suivant la tradition le dernier aurait été construit
tout près des murs de la ville, du côté du port, non loin des
jardins du Séraï. Terminé en 1451, deux ans seulement avant la
conquête, ce couvent anrait été dékuit pendant le siège, ou peu
après : les religieux qui l'habitaient auraient été ou massacrés
ou réduits en esclavage'.
1 Sauli, toc. lawL, p. U2.
» Art de rérifter le$ date», 300.
^ Ledoct. Paapatinoua fait remarquer qu'il existe à Psammatia, quartier de
CP.,une ancienne église byzantine, dite S, George des Cyprès (ti a IdparisBOu).
* Wadding, Annale* Minorum al annum H5I. Sloria deUa mhs'oni fran-
cetcane. IV, p. 461. M. Belin se demande si le nom de Ht. Antoine donné à
ce couvent ne viendrait pas du couvent grec qui était dans te voi8ina.get
Evidemmentit avait été donné en l'honneur du grand Saint Francisc3in,Antoine
de Padotie. N. E.
r>' Google
— 106 —
Nous ajouterons qu'à l'époque dont il s'agît, Conslanti-
nople renfermait de nombreux espaces vagues, inhabités, sur
lesquels se trouvaient des plantations d'arbres, de cyprès entre
autres, comme l'indique sur un autre point la dénomination de
l'église grecque de S. Georges des cyprès, il Psammatia.
Nicolas V, successeur d'Eugène IV, envoya àCP. le Cardinal
Isidore, archevêque de Kiew, dit aussi le Cardinal de Russie,
afin d'exhorter les Grecs, par ses prédications, à embrasser les
croyances et les rites des Latins, et de veiller à soutenir l'em-
pereur dans le succès de cette œuvre. Constantin XII, Paléo-
logue, dit Dragacês, appuya de son côté, le cardinal; mais il .
perdit ainsi l'affection de la plupart de ses sujets, et bien qu'un
simulacre de réunion eût eu lieu dans Sainte-Sophie, le 13 dé-
cembre 1452, en vue d'intéresser l'Europe à la question d'Orient
et, par ce moyen, d'obtenir son appui ', l'aniniosité était à son
comble : le clergé de la cour, les chapelains et les diacres assis-
taient, avec l'empereur, au service catholique, célébré par le
cardinal Isidore, tandis que les abbés, les archimandrites et les
moines s'en éloignaient, et ne quittaient pas le cloître du Pan-
tocrator, l'ancien quartier-général des Latins, dans leqtiel avait
été confiné Gennadius, présent et adhérent au concile de Flo-
rence, mais rallié depuis au parti de Marc d'Éphèse. De sa
retraite, ce prélat lançait ses foudres contre les azymites et dé-
nonçait le décret de réunion comme wi acte impie. Ses pa-
roles, qu'envenimait encore la haine implacable du grand-amiral
Lucas Xotaras, l'homme le plus puissant de la cour, contre les
catholiques, entraînaient une multitude passionnée. Cependant,
et contrairepient au propos de ce personnage: « plutôt le turban
des Turcs que le chapeau d'un cardinal-, » le peuple moins
Tanatique, et, cette fois, plus éclairé sur ses véritables intérêts,
déclarait que, s'il fallait opter, il préférait le joug des Latins à
celui des musulmans, puisque les premiers croyaient au Christ
et à la Vierge Marie. Mais, au lieu de s'entendre, Grecs et
' J'iuriinl 'lu nièga île CP, par Niuola Barbara, publié par H. Cornel, et
retraduit par le D. Dethier. Moiutm. Hung. Hist. Vol. XXU, p. 21.
^ Sauli. loc. Inu-l. 144, dans l'une des séditions qui sUT^rent à cette oc
cation. Siuli Rignale celle da Giorgio Scolario qui refusa de reconnaître
l'empereur comme légitime défenseur de laiiatrie, et proposait de préférence
le joug des musulmans à l'union avec les Latins.
çGoogle
— 107 —
Latins se fuyaient, la passion l'emporta sur fa question de salut
public; et, par la cliute de Constantinople, l'œuvre de la sépa-
ration fut définitivement consommée.
Durant le siège de CP. des conseils nationaux se tenaient
dans les églises latines et grecques, pour discuter les moyens à
employer ; c'est ainsi que des réunions de ce genre furent tenues
dans S. Marc, (S. Akindin, l'église nationale des Vénitiens,)
Ste Marie, S. Pierre ; une grande assemblée présidée par l'em-
pereur, et à laquelle assistait le baile vénitien, fut tenue k
Sainte-Sophie.
Nicolas Barbare fournit les témoignages suivants :
« El conselo di dodexe, ma per essere cosa important issîma,
si trovasemo vinti do zentilhomeni, » fut convoqué » in la
gieia di Sto Marco di CPU, » le jeudi 14 décembre 1452, s per
el nobel bomo magnîfico Misser Gerolamo Minoto, per il sere-
nîssimo ducal, de gno bailo di CP., » à l'effet de statuer sur la
demande faite par « lo serenissimo imperador, in la giexia di ?anta
Sofia, a la presentia di messir bailo, » de retenir ù Constantinople
divers navires vénitiens, en vue de contribuer à la défense de
la capitale contre les Turcs. Le conseil adhéra à cette requête.
Le même conseil des douze se réunit encore le 11 avril 1453,
( in giexia de Santa Maria di CPii, > et il décida, dans cette
séance, l'incendie de la flotte turque qui se trouvait * dentro
dal navarchio » de Pera.
Le 10 mai suivant, le « conselo de dodexe > se réunit de nou-
veau c in la giexia uxada de Santa Maria di CP, » et nomma le
capitaine Aluvixe Diédo, commandant en chef des forces mari-
times réunies dans le port '.
Selon Puseulus ' un conseil de la commune vénitienne aurait
' Nicola Barbaro, p. 38.
■ H ressort de ces diverses citations que, clie?. les Lutins comme chez les
Grecs. les assemblées politiques se tenaient ikm.^ /ci cf/li/rs. La version la-
tine <iu privilège accordé par Alexis aux Vénitiens, et rapporté d'après Ma-
rin, par Miltitï (I, p. 301)- emploie plusieurs rois ii; terme err/e-'i'i Veneto-
runi. pour désigner le siège officiel de !a juridiction Vénitienne à Coastanti-
Dople, 1 e'-i'Ceêia répond au terme linxilique. c'est-à-dire le lieu oïl siégeaient
les magistrats ; l'antiquité n'avait rien de plus auguste, n (Uzanam, Œurivt
complétée, Paris, 1863, tome 1, p. 49. Un peut retrouvsr lit l'origine des an-
tembléet nationale», ou réunion des notables des colonies françaises du
Levant. (Cf. à cet égard Féraud Giraud, rie la Jurid'-'l. franfaiie dam iei
échelle* du Leoanl, II, 68; et sur les devoirs po^r en faire partie, i'I. I, 53.)
çGoogle
— 108 —
été tenu, durant le siège de Constantinople, dans l'église de
Saint-Pierre Claniger. C'est sans doute l'ancienne église des
Pjsans, transférée ensuite aox Florentins, en 1439, différents
conseils ayant pu être réunis par les colonies franques qui con-
tribuaient à la défense de la capitale. La commune vénitienne
a pu dans l'une de ces assemblées se joindre à la communauté
pisano-florentine, dans son église de St-Plerre, ou même choisir
cette localité par suite de quelque circonstance que nous ignorons.
On sait le concours prêté par les Latins à la défense de la
capitale comme aussi le sort qui échut au couvent des Obser-
vantins, Sont' Antonio degli cypressi. Il fut rasé et ses re-
ligieux massacrés ou réduits en esclavage. On lit à ce sujet
dans la Cronaca di Bologoa ■ c alquanti fratl dell'osservanza
di San Francesco, che furono presi nella detta città di CPli,
vennero a Bologna e dissero tali novità » touchant la mort de
l'empereur, la vente comme esclaves des moines, prêtres et
religieux, parmi lesquels le cardinal Isidore, qui parvint à
s'échapper et à gagner Rome, c tutte le chiese furono rubate,
violate, vituperate etc. x Le cardinal Isidore Rutheno, légat ■
pontiflcai, vendu lui-même comme esclave, se sauva des mains
d'un turc, moyennant quelques aspres.
Les deux églises, de Ste-Marie et de St-Nicolas qui furent
laissées, après la conquête, à la latinité de Péra-Galata, furent-
elles comprises virtuellement dans la capitulation signée par
celle-ci avec sultan Mehemmed le Conquérant? Ou bien, restant
fermées durant les premiers temps qui suivirent la conquête, ne
furent-elles rendues au culte qu'un peu plus tard ? Le défaut de
renseignements ne permet pas de résoudre ces questions. Nous
savons seulement que, malgré la part active prise par Venise à
la défense de Constantinople, et le supplice inRigé il son repré-
sentant, la sérénissime République ouvrit bientôt avec l'empe-
reur ottoman des négociations qui aboutirent au privilège obtenu
par elle le 15 avril 1454 -. Nicolas Barbaro donne le projet de
cet acte; on y lit, articles : «procuraretur omnibus modis quod
' Muratori, Smptoi-e» i-f. p. 701, rapporte del superiore dei Franc«scanj,
présente ail' assedio ed alla presa di Cooetantinopoli, mandalo ed amvato a
Bologna. il 4 Luglio 1453. (DelhJer lof. lawl. p. 935.)
'' M. Dethier loc. lau-t. p. 221 tradu[t ainsi ■ et sa bannière, signe, dra-
peau, Lobia. n
dbvGoogk
— 109 —
conâul iturus in CPlim habent domum cum lobia plateis et
ecclesits, quos habebat baïutus noster tempore Grsecoram, ut
nostri mercatores habeaat reâitctum et eccleslas pro sepvl-
turts^uïsK > Il ne fut fait droit qu'en partie à ces demandes:
Santa Maria ai CPU, devenue propriété de l'État, releva,
administra tivement, de la communauté de Péra; et si les
Frères Prêcheurs s'éloignèrent, momentanément, de cette église,
il est à présumer qu'ils en furent remis en possession depuis
sa restitution an culte-.
En présence de ces événements politiques que le vainqueur
fit connaître à tous les monarques orientaux par ses lettres de
victoire^ et qui furent d'une importance si considérable pour
l'avenir, l'Europe si souvent sollicitée à venir en aide à la chré-
tienté d'Orient, resta inerte et insensible ; la papauté seule, dans
la personne de Calixte III (8 avriM45n — 6 août 1458), fit une
démonstration, qui malgré son impuissante témérité, ne mérite
pas moins d'être signalée. Tandis que le conquérant ottoman
tournait ses armes contre l'illustre Huniade, le héros de la Hon-
grie, Calixte m équipa une flotte de quinze galères, dont il*
donna le commandement supérieur au Patriarche d'Aquilée puis
à Jacques Cœur, qui s'était retiré à Rome *, avec le titre de Ca-
pitaine général. Celui-ci prit le commandemsnt de l'escadre et
la conduisit à Chio, où il mourut, en 1456.
> On dit que les Arab«a,à une certaine époque, travestirent par mépris, le
mot grec Eirlixiia en celui de Afni'cn, s Iniibtdum. » que leur offrait leur
langue, lieu de» balaijurea. FraytaB 3 signalé déjà l'analogie de ce dernier
mot avec celui de Kenicha. Synagoga Jwlaeoi'um ; et on lit dans VEitai sur
t kittoire et la géographie de la Palettine. par Derembourg (I, 34) ; » ansché
heneëet fi^ggadolah • les hommes de la grande réunion, de la grande syna-
gogue, la réunion des savants, des docteurs, prêtres et laïques.
' Voyeï les Papier* d'état de Férîdon.
* Hiêtoliv de» Echelles du Lcrant et dem rotum'es, par Salvador. Paris 1854,
p. ICÎ.
r>' Google
CHAPITRE IV.
LATIMTÉ DE OOSSTAKTINOPLE SOUS LES SULTA>.-S.
C'est le 29 mai 1458, que Sultan Meheramed Ilentra victorieux
à Constantinople. Il pénétra à cheval dans l'église de Ste-Sophie,
.s'assit sur l'autel et réduisit en esclavage tout ce qui s'y ren-
contra, prêtres, moines et religieuses, comme les nobles et le
peuple. Beaucoup d'églises furent changées en mosquées, mais
après quelque taraps, il consentit à en laisser quelques-unes
aux Grecs. Les Latins n'avaient pas un grand nombre d'églises
sur la rive droite de la Corne d'or, elles subirent le sort com-
mun. Nous avons vu que St-Antoine des Frères Mineurs de
l'Observance fut détruit ; nous nq possédons aucun renseigne-
ment sur les autres églises de religieux gui pouvaient s'y trou-
ver, ni sur leur sort. Avec le temps nous ne voyons, dans Cons-
tantinople même, que deux églises latines, dont nous allons
parler en détail.
Le plus ancien document relatif à ces églises est une lettre
que la « Magnifica Comunità > de Péra écrit, le 18 novembre 1583,
au R. Vicaire patriarcal de Constantinople. Elle fait une instance
formelle pour maintenir le droit qu'elle avait, de toute antiquité,
de choisir, sous la réserve de la confirmation de l'ordinaire,
les religieux qui devaient desservir les églises de St-Xicolas et
Ste-llarie de Constantinople, de Ste-Anne, St-Benoît, St-Jean, St-
Sébastien, St-Antoine, et St-Georges dfe Péra, suivant les Capi-
tulations qui lui avaient été consenties, en 1453, par Sultan Me-
hemmed II. Cette juridiction ne fut pas contredite par l'évèque
r>' Google
— )11 —
de Tinos visiteur .postolique. (Archive» de la Délégation, Re-
gLÏè nJp 2S. Ces documents semblent empruntes a„^ ar-
chires de St-Antoine ) ,„^,
la Sainte image dite • Hodighitrms, . le» Kc.es ^uu
c. François de Gaiata, et les Pères Domm.camsde Ste Manc de
sur les offrandes des Hdcles à l'occas.on de la fête (~u mars
"'c^iScConstantiuopleavaient ,nc,,uesre„^ c^men
plt^,uei,ues titres d'ob|i«atio,^pare^,c.^Sr.A„.n.
a.:'iVreçuerde'ces églises, et il en promettait 1,700 l'an pour
"utS'de la m.m. date, et de .60 aspres. «ait souscrit
pa^Au ea Fontana, en faveur des mcrues «S''-. « "o™
Cr être navé à première réquisition. Ces oU.gal.on. ont
lous^Ss p" D. Giorgio Perpiuiauo, évèqne de Tinos, V.s.leur
"Cr ::SèmeX..ion «ian-Batllsta GiuUbo .levait
eaoÔaspres. aux m.-mes églises, P»y?l>i- «0° ."^'l' »™t
il de l'Ordre aes cr. n^:^--^^-^ -■ — ■
que les Fontana se sont libérés » -'^(^""-fj^'- ""' ^""-
^Cr ::S m^X-ion «ian-Batllsta GiuUbo .levait
.oÔaspres. -x m.'.mes églises, payables 600 aspres 1 année.
•ces tr'ois obligations furent payées à la date "^"^-^^^
vrier 1618, devant le Visiteur. Fra Giovanni Tmoh, V.caire
Itérai de l'Ordre des FF. Précbeurs en Levant, rec.nna.t
aue les toniana&c 50UI w",-'^- .-
Lee générale, il délivre trois quittances spéciales.
L ifgentprovenantdecepayementfatemploy àaelietcrpou
, T. L ce, mêmes églises, inaivisement, une maison
■trd s Z^é^.,.a,;a.a. (Oahvé maliala,) conli-
Tnî de droite à Andréa Fontana, de gauche à Isa.no Spa.et, de
derrière à Esce (aicha?) Cad.n.
çGoogle
§1-
Sainte-Marie ou la Madone de Constantinople.
La dévotioD à la Vierge a toujours été très répandue à Cods-
tantinople ; Ducange fournit la longue liste des temples qui lai
furent consacrés dans cette capitale; mais Pietro délia Valte',
qui visita cette ville au commencement de 1614, dit dans sa
lettre de la même année, datée de cette capitale : <Noi altri latinî
dentro a CP. , abbiamo due sole Chiesuote, assai piccole, amen-
due vicine, in v,na medesima contrada, uaa che si chiama
S. Nicola, ë l'altra la Madonha che in Italia, e massimamente in
Napoli, è di tanta famosa divozione, a guardia délia quale vi sta
un solo frate domenîcano....t D'après ce témoignage, Santa
Maria, malgré l'importance relative qu'elle pût avoir, était donc
unepetile e'i/^îsc, desservie par la mission des Frères Prêcheurs;
les actes de la * Comunità de Pèra t établissent, sons les an-
nées 1618-1627, que celle-ci était chargée de pourvoir à sa des-
servance.
Eq 1634, Redjeb-Paclia, lieutenant du grand-vizir, profitant
des mésintelligences survenues entre l'ambassadeur de France
et le résident impérial, au sujet du protectorat religieux, aurait
fait fermer Xèglise de la Vierge à Constantinople, en annon-
çant l'intention d'en faire une mosquée. Deux ans après, < la
Comunità, » par sa lettre de fin août 1636, informait le cardi-
nal < protettore di Levante, > qu'elle venait de perdre, ( il y a
quarante jours, > la miraculeuse église de la Madone de Cons-
tantinople-. Ilrésultedu rapport du P. Giacinto, supérieur des
Dominicains, adressé au conseil de. la Propagation de la foi,
I Viaggii di Pietro délia Valle. Tunn, 1843, 1, 26.
a D. Subiani (taas une lotlre du 14 octobre 1654, ([mprimée par Michels
Giustiniani en 1056,) fait le rapport suivant s l'fglfse Stc-Maria in Blachernis,
ou Vlacherniotica, probablement du Rosaire, dite encore aujourd'hui par les
Turcs » Gui Djâmi, ou mosquée des roses, vocable correspondant à celui du
Rosaire, était sise « nella contrada, communemente chiamata Balata ; n elle
fut enlevée aux Frères Prêcheurs, il y a environ 35 ans ». Malgré ce dire la
date de la « Comunità » <^tant précise doit Être préférée & toute autre
dbyGoogle
— 113 —
le 27 février 1843, que, jusque-là, cette église aurait conservé
la protection vénitienne.
Dans cette église, selon le même document, se trouvait la
célèbre image c de la Madone de Constantinople, » conservée, de
nos jours, dansl'égliseSt-Pi erre de Galata'. Diverses opinions re-
latives à cette image sont consignées dans le Mémoire de l'abbé
Giustiniani, imprimé à Borne en 1656. Selon une relation du
couvent de Saint-Pierre, cette image aurait appartenu au mo-
nastère de Caffa, d'où elle aurait été rapportée, lors de l'inva-
sion tartare, par les religieux fugitifs, lesquels la déposèrent
alors dans l'église qui, pour ce motif, reçut le titre de Madonna
dt Constantinopoli. Quand leur église fut transformée en mos-
quée, ces religieux ayant perdu le tableau délia Madonna,
s'adressèrent au Baile vénitien, ancien protecteur de l'église,
pour eu obtenir la restitution ; et, après bien des démarches
faites par celui-ci, l'image fut finalement recouvrée, et dépo-
sée dans St-Pierre de Galata. Quoique protégée par la France,
la Séréuissime République entretenait, cependant, dans cette
dernière église, plusieurs religieux chargés de travailler à la
propagation du culte de la sainte Vierge. De même que l'an-
cienne église de Constantinople était dédiée à la Très sainte
Vierge du Rosaire, ou simplement Ste Marie du Rosaire,
St-Pierre de Galata, par suite de la translation de l'image, fut
dit à son tour chiesa délia B. Vergine del Rosario ; et, à
cette occasion, les papes l'enrichirent de nombreuses indul-
gences.
Selon une autre version, rapportée par Dom Calmet-, « cette
image serait celle de Yhodtghitrias (conductrice^ peinte par
St, Luc, et rapportée de Jérusalem par Eudoxie, femme de
Théodose le Jeune, en 450, qui en fit don à Ste Pulchérîe, sa
belle-sœur-'. L'image était en grande vénération, non seulement
chez les Grecs, mais aussi dans le monde entier : & Rome, on
érigea en son honneur une archiconfrérie aux frais de la nation
sicilienne. A la conquête franque, cette image, dans laquelle
les empereurs avaient mis leur conûance, tomba au pouvoir
1 Hammer, IX, 233. Cf. aussi Jouannin, La Turquie, 234.
* Rapport déjà cité du supérieur de Saint'Pierre.
» V, ci -après, cbap. m.
r>' Google
— lU -
des Latins'. » Les Vénitiens la déposèrent, A&naVégHse du
Très saint Rosaire, et la confièrent aax Frères Prêcheurs,
< les premiers, dit le rapport précité, qui, sous le nom et l'habit
des frères, portèrent à Gonstantinople una parola ed una pre-
ghiera : il vangelo ed il rosario. >
D'après Du Gange ^, l'empereur Henri aurait fait tirer cette
image de la sainte chapelle du palais Bncoléon, où elle aurait
été portée, après la prise de la ville, pour la transporter à Ste-
Sophie ; mais, k la demande dea Vénitiens, il l'aurait donnée à
ceux-ei * ; le patriarche s' étant opposé à la translation, les Vé-
nitiens auraient enfoncé les portes du temple et enlevé l'image
qu'ils auraient portée dans l'élise du Pantocrator, d'où Mi-
chel Paléologue l'aurait reprise ensuite, pour la restituer c à
l'église iel'Hodége*. »
1 On lit dana la. Deoattntio Constantinopolifana, p. 91, que Murzufle ayant
été blcisaé dans un combat contre Henri, frère du comte, perdit « omnia îm-
perialia, coronam scilicet et lanceam et quandam jmaginem glorioMB Virgi-
nis, quEe aemper solebat reges precedere in bello. tota de auro et lapidîbua
precioais. s
Lors du siâge de CoastantlDople, le troisième, par sultan Mourad, les
Turcs furent mis en fuite à l'apparition delà SteVierge(PanBta) qui serait des-
cendue du ciel pour proléger les rot igîe use a, odieusement promises aux séidea.
D'après Canano, cheikh-Uoukari-emir-aullan, assura luî-m6mo que pendant
l'assaut, une vierge, revêtue d'une robe violette, et jetant autour d'elle un
éclat éblouisBant, s'était montrée sur lea bastions extérieurs, et que cette ap-
parition mit les assiégeants en fuite. Il ajoute que toute l'armée conflnna
par serment la déclaration du cheikh, ot qu'on n'osa plus douter de la réalité
du miracle. (Hammor, H p. 241). Pendant le siège de 1453, les Grecs n'a-
vaient d'espoir qu'en la Très Ste Vierge qui, au dernier siège, les avait si mi-
raculeusement délivrés. Depuis la aemaine de Pâques au commença le
siège, l'image miraculeuse était exposée dans l'église del'Hodighitria, située
au milieu de l'Acropole, sur l'emplacement occupé autrefois par l'autol de
Minerve (id. p. 421.)
» Hist. de l'amp. de Conitantinople. 1826, p. 94.
* cxiv. Estait l'ymage de N. D., dit Robert de Clary, painte en une taule.
Si cstoit cbis ymagea si rikes que moult et estoit tous carkiea de likea
pierrea précieuses : ai diaoient li Griu que chou eatoit 11 premiers ymages de
N. D. qui onques fust fait ne pourtrais. En chel ymages ai avoient li Griu si
grant flanche que il l'aouroient eeur toute rien, et ai le portoîent cascun de
mara a pourchession ; si l'aouroient li Griu et donnoicnt lui moult grans dons.
Ore ne vonlolent nient li Venicien souffrir que maaaire (Henri) fuat empe*
reurs, a'il n'eussent chel 3'mage tant c'om leur donna cbel ymage; puis, si
corona on monseigneur H(enri} a empereur, x
* l'rès S. Georges in manganis. Cf. Imperium orientale, plan de Gonstan-
tinople. Hammer, II, 419, 4ïl ; Critoboulos {Vie de Mahomet), éditée et tra-
çGoogle
— 116 —
Certains rapports prétendent tronver, dans la désignation
tnrqae d'une mosquée actuelle, dite Qul-djàmt, l'emplace-
ment de Ste-Marie du Rosaire ; mais ce temple, qui, sous les
Grecs, fut l'église de Ste-Thëodosie, sise près Aïa capou t la
porte de la Sainte, > a tiré son nom de celui de Triacontafllo ',
propriétaire du terrain sur lequel, en iOSl, l'empereur Ro-
main Argyrus éleva cette église -, placée sous le vocable dAïa
Maria Periclepti, t l'admirable Vierge Marie^, et dite aussi,
du nom de l'ancien possesseur, Roûon amaranton, t Rose qui
ne se fane pas. > A la conquête ottomane, cette église, se-
lon HammerS fut enlevée aux Grecs par sultan Mehemmed,
ainsi que sept autres temples chrétiens, et convertie en magasin
de dépôt pour l'arsenal; Selim II (1566-1574) en fit une mos-
quée ^. D'après ces données, la mosquée actuelle Gul-Ujàmî ne
semble donc pas avoir été l'ancienne église latine ; l'emplace-
ment doit en être cherché ailleurs. Le P. Giacinto, dans son
Rapport précité, dit qu'elle se trouvait au quartier de Balat^ ;
et comme, selon Pietro délia Valle, elle était dans la même
contrada que celle de St-Nicolas, sise, d'après Carbognano,
duite par le D' Dethier, H, 98, rapporte que Hmage fut portée procession-
nellement dans Constaotinople pendant le siège des Turcs ; et que, tombant
des mains des porteurs, sans qu'' ceuji-cî.par suite de sa pesanteur miracu-
leuse, pussent la relever, elle sembla présager ainsi le malheur réservé & la
ville, M. Paspati pense qu'on <)oit lire hodigkitria*.
' Constant! nopolU ehrisliana, IV", G^, et le patriarche Conslantius. p. 19, 44.
' Cette église fut bâtie en 1031, par ce prince qui y fut enterré, ainsi que
Nicéphore Itotoniate, après lui. Michel Paléologue la Ht réparer soigneu-
sement, et tous les ans, à la Chandeleur, comme il ge pratiquait antérieure-
ment à Ste Marie cles Blacherncs, quand il se trouvait à Constant! nople il se
rendait en grande pompe k celte église. Avant t'incendie de 1TS2, on y voyait
encore l'image de cet empereur avec l'auguate Tliéodora, ayant entre eux
leur fils Constantin. (Coiiatnntiniitili', 116.) M. Paspati ne trouve pas cette
appellation exacte ■ Aia Maria «. Il propose de la remplacer par celle-ci,
« Panaiia Perivlepti, » « la vierge admirée de toute part, o Le patriarche
Constantius, lor. laiid. rapporte que cette église passa aux Arméniens, sous
le nom de Souloit mOTuiatir, monastère de l'eau.
* te Mater admîrabilis. a
* Loc. laud. III, 429.
» Ha'liqat uMjé:ami, 18G, et Uammer, loc. laud. XVIII, 40.
* Balat M palatium, * AboulCéda, r/i'ographie, édit. Reinaud,p, 213, dit l'ha-
bitation du souverain est nommée I3alat-el-milik, « le palais du roi. > Balata
était la résidence de l'ambassadeur d'Allemagne, Cte de Leslie en IC65. An<
ludea de St-Benoit.
çGoogle
— 118 —
cité ci-après, c verso le mura délia città, tra il pal&zzo di Cos-
tantino e la porta d'Àndemopoli, > c'est donc dans cette région
qu'a dû exister l'église de la Madone; enlevée à la latinité en
1634, S0U3 le règne de Murad IV ', elle a été conservée au culte
durant une période de 183 ans après la conquête ottomane.
Saint-Nicolas.
Selon toute apparence, cette église fut la même que celle fon-
dée antérieurement sous ce vocable, par l'exilé deHastings. Le
voyageur Pietro délia Valle, dans le passage rapporté plus haut,
dît que t St-Nicolas et Ste-Marie étaient deux églises assez
petites, voisines l'une de l'autre, dans le même quartier ; »
et Carbognano-précise en ces termes la position de la première :
< verso le mura délia città, tra il palazzo di Costantino e la porta
d'Andernopoli, si vede una plccola moschea, cou due cupole
di vaga e regolar architettura ; ecco fu la chiesa di San~Nicold,
ufllziata dai padri domenicani. ï
Mentionnée dans une lettre de 1616 ou 1617, de la «: Comunf-
tà di Pera, > il résulte d'un procès-verbal de 1627 que le su-
périeur de St-Pierre de Galata réclamait, à cette date, de la
« Comunità i l'autorisation de recevoir du procureur de son
église (St-Pierre) le remboursement des avances faites par lui
et ses religieux pour l'entretien du desservant des deux églises
de Constantinople, Ste-Marie et St-Nicolas. On a vu plus
haut qu'en 1614, d'après Pietro délia Valle, un seul prêtre
était chargé de la desservance de ces deux églises.
Selon les termes d'une lettre émanée des mêmes sources, et
adressée le 8 octobre 1636 « al cardinale protettore di Levante....
l'église de St-Nicolas aurait été perdue, dit ce document,
■ Ce prince occupa le trdae de 1633 à 1640.
' Detcriiione topoifraftca diContta/Uinopiili.l'94.Cl. également une lettre
du supérieur des Domintcaina au conseil de la Propagation de la Toi, eu date
du S7 février 1843. Ma'gré mes recherches, Je n'ai pu parvenir à retrouver
cet emplacement.
çGoogle
— 117 —
depuis six ou sept ans,y soit : ea 1639 ou 1630'. herapport
précité du supériear des dominicains dit même qa'elle aurait
été démolie ; la Gomuiiità regrettait en outre la perte, à cette
occasion, de tre casait (hameaux) catholiques, altués ftors la
porte d'Andrinopîe, et dont les habitants étaient devenus, les
uns musulmans, les aub'es grecs orthodoxes. La population
de ces villages était-elle le fruit de révangéUsation des desser-
vants de St-Nicolas, on bien descendait-elle d'une colonie de
Yaranges, groupée autour de l'église ?
Une attestation délivrée parla confratemita di Sant'Anna,
le 23 avriI1675, et conservée aux archives deSt-PierredeGialata,
déclare que t. la chiesa di S. Nicolà cb'era nella città propria di
Costantinopoli di rito latino era ufQziata dalli BR. PP. domoii-
cani (quali oggidl si trovano offiziando la chiesa de! SS. aposlo-
li Petro e Paulo in questa citti di Pera) quantuaque al présente
sia moschea di Turcbl, presa dagli istessi per forza. »
Selon le rapport précité du P. Glacinto, vicaire général
et préfet apostolique de la mission, l'église St-Nicolas était
sous la protection de la France ; et M. de Brèves, ambassadeur de
Henri IV, aurait, par son intervention, empêché qu'elle ne fût
changée en mosquée, un peu avant 1600. M. de Brèves, dans
la Relation de ses voyages, s'exprime à ce sujet comme sait;
c Peu de temps avant mon partement de ConstantinopIe,je sau-
vai aussi une église nommée Satnct-Nicolas, desservie par des
religieux dominicains, que nous nommons en France Jacobins. »
On conserve k St-Pierre de Galata, un crucifix d'argent doré,
sur le pied duquel se trouve l'Inscription suivante : < hoc -{-
OPDS FËCIT FHATER AOQUSTINUS DE COSTENA, PRIOR EQCXESI^ STI-
NicoLAi cossTANTDJOPOLiENSJS. » Le titra du supérieur de cette
église fut donc pour celle-ci, comme pour St-Pierre des Pisans,
St-Jean des hospitaliers et autres églises, celui de prieur, à une
époque non déterminée, d'ailleurs, par le texte de l'inscription.
Le règne de snltan Murad IV mit fin aux derniers vestiges de
la Latinité de Constanttnople : des deux églises qu'elle avait
■ cr. 8ur les cause! préEUméei de cet év^aernent Part. II ci-apri*, ch.
S. BenoÇt.
Dans un rapport de P. Timonl, Sl-Nkolas le tiouvalt prés d» palais d«
ConBtanlÎD, dit par les Turcs Tekfoar tarai}. Ailleura dans lea mêmes mé-
molKs de St. Pierre elle est dite : ■ S. Nicolas ad palatium Conttanttni. »
y,'G00g\il
— H8 —
conservées dans la ville même, St-Kicolas fat perdu en 1639
ou 1630, c'est-à-dire 176 ou 177 ans après la conquête ot-
tomane; Ste-Marîe, on l'a vu, subit le môme sort sous le
règne du même prince, six ans plus tard ', Depuis lors, la Lati-
nité n'a plus possédé d'établissement dans Constantinople, sauf
à l'époque de la giterre d'Orient, durant laquelle les sœurs de
Saint-Vincent de Paul établirent une ambulance, puis une
école, à Gulkhanè, fermées toutes deux en 1860, à la suite des
malheureux événements de Syrie.
L'image de S. Nicolas, patron des jeunes garçons et des na-
vigateurs, se trouvait sur une des pierres historiques de l'en-
ceinte fortifiée de Galata, relevées parM. Delaunay, et dont ce-
lai-ci a bien voulu nous donner communication. Cette pierre,
qui est de l'an 1S49, porte l'image du Saint, surmontée de cette
inscription : c S. Nicolans. > Â dextre, on voit l'ècusson de
Gênes; à sénesfre, celui des Grénois vassaux des Paléologues ;
cette pierre anrait été érigée sous le règne de Jean Paléologue.
Chacune des tours de l'enceinte de Galata, ayant un nom par-
ticulier, celle sur laquelle se trouvait cette pierre était dite, pro-
bablement, la Tour Saint-Nicolas.
De tout ce qui précède, nous croyons donc pouvoir donner
quant & la possession des églises latines h Constantinople le ré-
sumé suivant :
En ■867-882, les Latins avaient l'église des SPIs Sergius et
Bacchus, relevant directement de la juridiction du St.-Sicge.
Les communes politiques ne semblent pas encore formées.
Les premiers Latins qui ont une église nationale, sont les
Amalfltains qui ont l'église de Ste-Marie de Latina.
L'autonomie des Amal&tains ne dure pas longtemps, ils sont
remplacés par les Vénitiens qui, outre l'église susdite, reçoivent
i'ôglise St-Âkindin, qui devient si bien leur propriété qu'on ne la
nomme le plus souvent qnel'égliseS.Marc.Cela dure jusqu'ùlaûn.
Les Anglais y eurent ensuite une église sons le vocabble de
S. Nicolas et S. Augustin de Cantorbéry, la dernière appellation
s'effaçant n'a plus laissé que S. Nicolas, que nous retrouvons
jusqu'à l'an 1636.
I On verra plus loin § St-Benott les plaintes formulées par Louis XIII contr*
la situation Taite à cette époque A la religion en Orient.
r>' Google
Les Varanges avaient une église Panaiia Varangiotica, mais
il est difHcile de l'identiâer avec aucune de celles que noua
Les Pis&ns et plus tard les Florentins ont eu une église de
la Très Ste Vierge, Ste Marie de Embolo, et surtout leur église
nationale S. Pierre, ou S, Pierre Claviger.
Les Génois avaient anasi leur église, dans leur concession
il semble que c'était une église de S. Georges.
Quant à l'église de Ste Marie de Constantinople, dont nous
avons parlé, à quelle nation a-t-eUe appartenu, et quel était
son vocable? Il semble qu'elle s'estappelée N. D. délie Grazie et,
que plus tard elle a appartenu aux Dominicains et est devenue
N.-D. du Rosaire.
A. ces églises nationales, il faut ajouter celles que les Ordres
religieux, Dominicains et Franciscains, possédaient k Gonstan-
tinoplâ pendant la restauration byzantine.
L'église des Frères Voyageurs pour le Christ, dont nous
avons vu le sort, et qui était commune aux deux Ordres : en-
suite celles dont nous venons de parler, de N.-D. du Rosaire et
de St-Nicolas que les Dominicains avaient la charge de desservir.
Ces deux dernières leur furent conservées jusque vers 1636.
Les Franciscains en avaient deux, celle de S.-Antoine qui fut
bâtie pour les religieux Observants, comme nous l'avons vu, et
une autre dont nous ignorons la situation exacte, et qui fut
peu de temps avant la conquête Turque, attribuée aussi aux
Observants.
r>' Google
çGoogle
DEUXIÈME PARTIE
LA LATINITÉ DE GALATA-P£BA.
Dans la première partie de ce travail, noas avons vu l'his-
toire de la Latinité dans la ville même de Constantinople : nous
pourrions dire avec plus de précision, sur cette étroite bande
de terre qui s'étend entre les murailles de la ville et la rive
droite de la Corne d'or; car jamais, sauf pendant la conquête
latine, elle ne pénétra sérieusement dans l'intérieur même de
la cité. Les documents nous manquent poar éclaircir un grand
nombre de points, mais nous avons essayé de mettre en relief
ceux qu'il a été possible de réunir.
Nous allons maintenant voir la Latinité à l'œuvre sur un
terrain qui lui appartient presque absolument, nous voulons
dire dans ce fauboui^ qui s'étage, de l'autre côté de la Corne
d'or, sur les collines qui font face h Constantinople et domi-
nent l'entrée du Bosphore. Ses développements furent singu-
lièrement gênés, d'abord par les Grecs, ensuite par les Turcs,
sans parler des compétitions qui existèrent toujours entre les
diverses nations, toujours rivales, et souvent ennemies, et
prêtes à se faire la guerre ou à se trahir réciproquement.
r>' Google
— 123 —
Neaf chapitres nous montreront aaccessivement : la topo-
graphie historique de Galata-Pèra, la c Magniâca Comonità
di Péra, » les églises des Religieux suivant l'ordre chronolo-
gique de leur fondation, les églises aujourd'hui disparaes,
et enfin la hiérarchie ecclésiastique telle que l'ont faite les
siècles.
r>' Google
CHAPITRE I.
TOPOQRAPHIB HISTORIQUE DE OALATA-PÉHA.
Noos avons va plus baat les motifs qui détermiaèrent Michel
Paléologue à reléguer la colonie génoise d'abord à Héraclée de
Thrace, puis dans la XIII" Région, celle de Fera, sur le rocher
de Galata; mais si cette concession fut en quelque sorte noa-
velle, 11 n'en résulte pas cependant d'une manière absolue, que
les Latins qui avaient déjà un palais dans Péra, au temps de la
domination franque, et qui défendirent cette ville contre Paléo-
logue, n'y eussent rien conservé de leurs anciennes possessions.
Pachymères rapporte qu'avant de faire aux Génois cette con-
cession, l'Empereur ordonna de raser au niveau du sol, les
fortiâcations et les ouvrages de défense élevés à Qalata, tant
vers l'intérieur, du cdté du marché, voisin de la mer, qu'en
dehors du bourg; puis il prescrivit aux Génois d'habiter dans
une série de maisons.étendues en longueur le plus possible ' . Mais
les mesures que l'Empereur avait cru devoir prendre pour as-
surer sa sécurité, ne tardèrent pas à lui laisser entrevoir des
résultats tout différents de celui qu'il avait recherché. En effet
la République génoise, par cette concession, parvint à la réali-
sation de ses visées politiques : sa prépondérance dans les con-
trées du Levant fut assurée, du moins pour un certain temps,
et Galata devint, pour ses possessions d'outre-mer, la succursale
de la métropole-. Gènes, il est vrai, procéda avec autant d'habi-
1 Sauli. Tom. I. Î63. — ' Id. II, 15.
r>' Google
— i;34 -
leté qae de prudence, tantôt victorieuse, tantôt vaincue ; mais
sachant toujours profiter des circonstances, ellefit deGalataune
place forte qui pins d'une fois se déclara en état d'hostilité avec
les empereurs, et traita avec eux de puissance à puissance.
Noas allons assister au développement progressif de cette cité.
La dénomination de Oalata attribuée au rocher s'élevant vis-
à-vis de Byzance, a donné lieu à de nombreuses conjectures, sur
lesquelles nous nous abstiendrons de nous étendre, la lumière
ne s'étant pas encore faite sur ce point : nons nous bornerons k
consigner ici les sentiments des auteurs les plus autorisés,
laissant à la critique le soin de se prononcer en dernier ressort.
D'après Denys de Byzance, cet emplacement fut dit à cer-
taine époque, Sykai, ou Sykaena, à cause des nombreux figuiers
qui s'y trouvaient'.
Plus tard, à l'époque de Etienne de Byzance, cet endroit
prit le nom de Jncundiana, ou Justiniana, parce que Justtnieo
y avait élevé plusieurs édifices. Puis, à une date que nous ne
pouvons déterminer, ce dernier nom fit place à celui de Galata.
Dans l'opinion des Constantinopolitains, rapporte Pierre Grylles,
cette appellation viendrait de ce qa'on tirait on vendait du lait
(gala), à cet endroit^.
Au reste, une localité de l'Épire porte aussi le nom de Galata.
On le trouve appliqué à un village près de Varna, et on pour-
rait peut-être rattacher & cette nomenclature le nom de Galatz,
ville du bas Danube.
D'après Tzetzès, poète et écrivain connu, né à Constantinople
en 1120, mort en 1180, cité par Pierre O-ylles, les Gaulois, dits
Galates par les Grecs, ayant, sous la conduite de Brennus, traversé
le Bosphore en cet endroit, lui laissèrent leur nom. Ce point qui
était appelé Fera, (en face ou vis-à-vis) ou plutôt Pérama, Cle
passage), fut nommé finalement, suppose notre auteur, Galata,
en souvenir de la grande invasion celtique ^. Le patriarche
Gonstantius rapporte cette opinion mais ne semble pas lui être
favorable.
' Pierre GyUea, de Topografla. 317 t 32Ï, 40S.
' Etienne de Byzance dans son Dictionnaire d'hitloire et de géogro^hU.
Justioîen occupa le trOne 525-565. '
3 Pierre Oylles, 33J.
r>' Google
— 125 —
L'invasion celte, conduite par Brennus, sortit en 378, avant
notre ère, des pays du haut Danube, et après être descendue
jusqu'il Delphes, d'où elle fut repoassée elle se divisa: une
partie rentra dans la Gaule, à l'ouest de Lyon, et une autre
colonne s'étant dirigée vers la Thrace, arriva jusqu'aux portes
de Byzance ; pais ayanttraversé le détroit passa en Asie Mineure.
Les trois principales tribus dont elle se composait, les Trocmes,
les Tolistoboiens, et les Tectosages, s'établirent dans cette
partie de l'Asie Mineure qui forme aujourd'hui la Province
d'Angora, et qui d'après eux fut nommée Oalatie. Les Gaulois
d'Asie Mineure sont désignas exclusivement sous le nom de
Galates, Galatai, Keltai, Kelti, chez les écrivains grecs, etOalli
nom emprunté aux Romains. St Paul a écrit, d'Éphèse, une do
ses épitres ad Galntas.
Léon le grammairien qui écrivait son Histoire des empereurs
d'Orient vers 1013, mentionne le Fort de Galata. Le Livre de
la conquête de la Principauté de Morée ' dit que « Mikhailli Pa-
leologo donna aux Genevois le lieu de Galata »... adonc les
Genevois reçurent le lieu de Galatas et habitèrent illec. >
Les divers auteurs des mémoires sur les croisades, Ville-
hardouin entre autres, écrivent Galathas, Galatas, Galatat etc.
Le chrysobulle de 1303, mentionne lalocalité s apudGalatim »
et le même diplôme, comme celui de l'année suivante, cite le
f Castrum Galathai; > le privilège de 1353 décrit la donation
faite par l'empereur c communi Janue de Oallata ou Ga-
lathe > .
Enfin le voyageur Ibn Batouta, qui visita Constantinople au
xii' siècle, donne la description de Ghnlatha etc. D'autre part
le Juif Benjamin de Tudèle, qui visita Constantinople à peu près
vers le même temps, nous dit : • il n'y a point de juifs dans
la ville de Constantinople ; le lieu où ils habîtetit s'appelle
Péra. »
Il semble que pendant qne le nom de Galata fut conservé
par les Byzantins, les colons Génois au contraire le délaissèrent
pour celui de Péyra, Peyre, vis-à-vis, en face de Constantinople,
vocable qui indique d'une façon générale les collines sises en
face de Constantinople, de l'autre côté du port. Sous les Otto-
' Bucbon édit. Paris 1845, I, £6.
r>' Google
— 126 —
mans, la dénomination de (ïalata prévalut et s'étendit jusqu'à
l'emplacement de l'ancienne caserne des Pupilles des Janis-
saires, devenue plus tard le Lycée de Galata-Séraï.
Ce n'est qu'aux deraiers jours de son existence que la colonie
génoise fit reparaître, dans l'inscription murale de 1446, le nom
de Galata « svburbani, Qalatai cives »/ mais on le retrouve,
et cette fois d'une manière définitive, dans le texte grec de la
capitulation accordée par le conquérant ottoman à la colonie
génoise « les archontes catholiques de Qalata ont envoyé à
la Porte de notre Seigneurie etc'. i
Dans la mélodie élégîaque sur la prise de Coostantinople,
par un prêtre arménien, on lit: Dans le bourg de Galata,sou-
mis aitœPrancs, les principaux s'étaient enfuis par mer-.
Malgré cela, les procès-verbaux de Ste-Anne. débris de la
colonie génoise, n'en continuent pas moins l'emploi du terme de
Péra. Galata comme désignation de l'ancienne ville, n'apparait
dans les actes que le II avril 1657, deux siècles après la con-
quête, alors que la distinction entre les deux localités, Galata et
Péra, commençait à s'introduire dans les mœurs locales, le
premier désignant l'ancienne ville, le second la nouvelle. Vers
le même temps les archives de St-Pierre, en plusieurs docu-
ments, parlent indifféremment de Galata et de Péra, comme de
la même localité. Et un auteur du temps nous dit : c Galata
communamente chiamata Pera. > Un autre « Galata, sîve
Péra. »
Quant au nom Turc iBeï-Oglou», si l'on en croit une tradi-
tion populaire, il désignerait le quartier musulman, compris entre
la rue Asraaii-mesdjid et le 'Tekié ; en un mot l'emplacement
occupé actuellement par la chancellerie russe, et qui avait été as-
signé parSultanMahmoudIau troisième fils du dernier empereur
de Trèbizonde, qui aurait embrassé l'islamisme. (Cf. Hammer
II, 81). Le Tékié des derviches mèvlèvi fut bâti sous Sélim I, et
la mosquée d'Âsmali-Mesdjid sous Baiezid II. Un fils naturel du
Doge Grilli qui sous sultan Suleiman, fut l'agent de la Porte
dans ses rapports avec les puissances, estdésigné par Féridoun,
dans le c Journal de la campagne de Sultan Suleiman en
■ Hammer, II, 525.
> Dethler. p. 241.
r>' Google
— 127 —
Hongrie, > comme sait, < le Bei-Oglou franc, gui habite
Galata. »
De tout ce qai précède, il résulte donc que la localité qui nous
occupe, fat désignée en même temps, pour ainsi dire, par deux
dénominations ; l'une officielle, c Galata, > employée dans les
actes publics de l'empire, ou dans ceux qui lai étaient adressés,
l'autre populaire et intérieure : t. Péra » usitée parmi les étrangers,
en vue peut-être de constater leur rupture complète avec le
passé et leur indépendance. Il en fut de même après la conquête
ottomane, quand la population galatiote se transporta sur l'em-
■ placement de la nouvelle ville, Péra actuel, celle-ci, comme
l'ancienne reçut deux dénominations ; l'une officielle « Bei-
Oglou » l'autre populaire, < Péra, » adoptée par les étrangers,
et dans les docaments, écrits en langue étrangère, de la muni-
cipalité de cette ville.
Quoiqu'il en soit de ces controverses étymologiques et topo-
graphiques, lorsque les Gténois furent établis à Galata, les Vé-
nitiens ne purent voir leurs rivaux s'installer sur leurs ruines
sans un sentiment de vive jalousie ; aussi ayant résolu d'en tirer
vengeance, ils envoyèrent une flotte, commandée par Morosini,
an début du règne d'Andronic JI, mettre le siège devant Galata,
qu'ils réduisirent en cendres. Impuissants dans la résistance,
les Génois, avec tout ce qu'ils possédaient, s'étaient réfugiés
dans la ville impériale '. Puis la paix intervenue entre les belli-
gérants, ayant rendu un peu de calme à la colonie, elle en pro-
fita ponr réparer les dommages soufferts'; et, pour se garantir
contre le retour d'une nouvelle attaque, elle entoura ses ha-
bitations d'un fossé, qu'elle étendit même au delà du terrain
précédemment occapé ^. En outre, en vue sans doute de par-
venir à la même fin, certaines négociations étant entamées avec
Temperear, elle resta neutre pendant une nouvelle expédition
vénitienne qui, sous les ordres de Giustiniani, vint devant la
Capitale, et imposa à Andronic de fort dures conditions. Ces
négociations avaient pour bat d'obtenir de l'empereur l'autori-
' Du Cange Conêtantinopoli» ehriitiana. 1, 60; atti detla Société ligure eto.
II, 355.
• SbhU, m, la.
* CpUê Chriêt. ib.
r>' Google
— 128 —
sation de s'étendre dans Galata et de s'y fortifier. Elles abou-
tirent en partie ; car peu après l'expédition de Giustiniani, c'est-
à-dire en mai 1303, les limites du bourg génois furent déterminées
d'une manière précise, comme l'indique le chrysobulle dont
nous traduisons, en partie, le texte latin '.
1303. «... D'ordre de notre très puissant et saint empereur, la
localité concédée et donnée, à Galata, à l'illustre communauté
génoise est délimitée comme suit : La ligne frontière commence
de la marine, près de l'échelle dite de l'ancien arsenal, distante
de celle-ci de 27 pas, de 7 palmes l'un, elle monte ensuite vers
le nord, laissant à gauche, à 3 pas de distance, les limites de
St-Jean, prophète et précurseur; puis entre dans la vigne de
Perdlcarios, dont elle prend 4 pas, arrive jusqu'au fossé de cette
vigne, ce qui fait, en tout, depuis la marine jusqu'au dit
fossé, 90 pas, de 7 palmes l'un.
( Delà elle va directement, vers l'est, à travers cette vigne,
dont elle prend 4 pas, et arrive, en ligne droite, à la vigne du
monastère de Lipsios, laissant à gauche, à 34 pas de là, l'église
du saint et grand martyr Théodnie. Elle passe ensuite à travers
cette vigne, à la distance de 54 pas du mur séparant la vigne
dite Macropita. Elle passe ensuite par le puits de l'église de
Ste-Iréne, ancien cimetiôre, {lieu de sépulture) des Génois- ;
puis à travers la vigne du logothète Stratioticos, autrefois
Kinami, à la distance de 3 pas j elle se rapproche encore de ce
mur, et va joindre celui d'une autre vigne appartenant au même
personnage, laquelle se trouve à l'oppostte, en face la porte de
l'église du grand et saint martyr, St George, éloignée de là de
28 pas. Enfin cette partie depuis la vigne de Perdicarios, jus-
qu'au mur de la seconde vigne de logothète Stratioticos, autre-
fois Kinami, comprend une étendue de 217pas^.
€ Là elle descend vers le sud, laissant à gauche, à une dis-
tance de 10 pas, l'église des SS. Anargyres.
< Puis elle se tourne un peu vers l'est, laissant cette même
église à gauche, pour se diriger à la distance de 14 pas, vers
l'hospice du Loghothète Stratioticos.
i Sauli. lof. lau'I. 1, 132. Document" IX.
» Voyez c[-après Ste-Irêne.
s Cette ligne allait probablement jusqu'à la ruelle Hadji-Ali, d'Oii elle
allait rejoindra la porte Wolvoda, à Jùksek Qalilirim.
r>' Google
çGoogle
çGoogle
— 129 —
< Ensuite elle revient vers le sud, laissant à gauche, à la dis-
tance de 6 pas, l'église de St-Nicolas ;
t Elie reprend, de nouveau, dans une distance de 30 pas vers
l'est, laissant à gauche la même église, dont elle est éloignée de
8 pas;
t Elle redescend ensuite vers le sud, et va, en droite ligne
à la mer, laissant Mitre elle et le mur du château de Gnlata une
distance de 75 pas. 11 y a aussi au mur de la vigne du logho-
thète Stratioticos, autrefois Kinami, jusqu'à la mariae, 75 pas.
( De là elle tourne un peu à l'ouest, vers la marine, pour
aboutir au point où ellea commencé; cette partie est 339pas.
( Telles sont les limites du terrain donné et concédé comme
dessus, à Galata, par notre puissant et saint empereur, à l'illustre
commune de Gènes.
< Un espace de 60 coudées (Cubitum) devra rester libre et
sans habitations, sur toute l'étendue de ces confins, de même
que le long des hospices, où résident des prêtres desservant les
églises précitées; grecs ou autres n'auront point la faculté d'é-
lever d'habitations sur cet espace,
« De même l'espace compris entre la mer et cette limite jus-
qu'au château de Oulata, sera libre de toute habitation, dans
toute la largeur dudit château, comme aussi dans l'espace pré-
cité, de 60 coudées. Ainsi l'a prescrit et ordonné notre paissant
et saint empereur. Fait le 1" mai 6811 ' (1303). »
A la suite de cet édit, les Galatiotes élargirent leur fossé,
dans lequel ils pouvaient détourner l'eau de la mer ; ils posèrent
des balistes, avec lesquelles ils pouvaient lancer des pierres an
loin, et ârent de leurs habitations autant de petites poternes,
d'où ils pouvaient combattre en sûreté. La ville était dès lors
constituée '.
Ceci acquis et poursuivant toujours leur but, c'est-à-dire
V agrandissement de leur cité, et l'autorisation de s'y forti-
fier, les Génois obtinrent, l'année suivante 1304, du même em-
pereur, Andronic le vieux, un nouveau chrysobulle, confirmatif
du précédent, et consacrant l'existence du fossé d'enceinte.
Cet acte autorise en outre les Génois, à bâtir des maisons et
' Voir le plan ci-contre de Galata.
* Conttanlinopolit ChritCiana HI, 3.
çGoogle
— 130 —
autres édifices offrant solidité et sécnrité, et à construire aussi
des bains, des marchés, comme aussi des églises, desservies se-
lon le rite latin ; il spécifie de plus le maïutien, sous la juri-
diction du patriarche, des trois églises grecques du même
lieu, qui seront desservies par des prêtres grecs, y célébrant
l'office selon leur rite.
Voici la version française du document de 1304 ' :
1304. «... 1" Les Génois auront dans Galata, la localité qu'ils
ont désiré être fixée et déterminée, dans une forme quadran-
gulatre, et qui est entourée par le fossé creusé tout fiutour.
« Nous voulons et ordonnons que, tout autour de cette loca-
lité, il soit mesuré un espace de terrain de 60 coudées, qui res-
tera entièrement libre de toute habitation quelconque, comme
aussi autour du mtcr du château de Galata, dans toute sa
longueur, jusqu'aux confins des Génois ; de même il y aura un
espace entièrement libre d'habitations, entre le fossé et la mer,
et il ne sera permis à personne d'y élever aucune habitation
quelconque. Les Génois auront faculté et pouvoir défaire à leur
gré, des maisons, constructions et autres édifices solides, ofi'rant
toute sécurité, à l'exception d'un mur de forteresse, (d'enceinte),
que nous ne voulons pas permettre audit lieu.
( Item, les Génois jouiront en toute liberté et sans nul em-
pêchement, de ce qu'ils ont et auront audit lieu... Loge, bains,
leurs propres églises, un prêtre ou des prêtres génois ou
latins...
» Item, comme il y a, danscelieu,iro^j églises grecques, sur
lesquelles S.S. le patriarche grec a toute juridiction, les prêtres
grecs devront avoir ces églises, y chanter et célébrer selon qu'il
sera ordonné par M. S. le Très saint patriarche général.-... »
1 Cf. Sauli, 1, 132, n, 211.
* Quelles étaient ces églises! Il n'existe pas actuellement d'église grecque
dans l'ancien Galata as 1303 et 1304. et l'on ne saurait, je penae, les cher-
cher parmi les anciennes églises latines. Pour St-François, on trouvera ci-
aprés une inscription de 1304, pour St-Paul une autre de I32S. quant A
St -Georges cette église servait de aépullure aux Génois avant 1303. Les églises
grecques de Galata, au nombre de trois d'abord, puis de quatre ensuite, n'ex-
istaient que dans l'enceinte de Marufo Balthasar ; ces églises sont St-Spiri-
dion, cédée aux Chiotes. qui en ont la pleine et entière administration, dite
aujourd'hui St-Jcan ; St-Nicolas ; l'église du Christ, et enQn Tëglise de la
Vierge de Ca/fa. Les trois piemiéres seraient celles dont il est question ici, la
çGoogle
— 131 —
Cette nouvelle concession ne répondait pourtant pas encore
à l'ambition des Galatiotes ; toutefois s'appuyant sur le chryso-
bulle impérial ils étendirentles limites de leur ville, la munirent
de somptueux et solides édifices, l'entourèrent d'un fossé, et
contrairement aux stipulations expresses du clirysobulle, ils
élevèrent des murailles et se fortifièrent d'une façon sé-
rieuse t ; puis le premier magistrat qui, selon l'usage du temps,
était AiiAbbate âel popolo, se présenta devant l'empereur et
lui notifia que lui-même était dans la nécessité de faire alliance
avec les Catalans, fortifiés eux-mêmes dans Gallipoli-.
D'autre part la République, sous Andronic III, le Jeune, avait
enlevé à l'empire les lies de Chio et de Mételin ; aussi, enfiée de
ce succès, la colonie galatiote, qui d'ailleurs s'était beaucoup
augmentée par suite de l'extension de son commerce, fit creuser
it, une plus grande profondeur le fossé entourant la ville, et,
sous prétexte d'habitations particulières, elle fit élever peu h
peu de grosses tours, pouvant servir à la défense ; enfin par ses
intelligences à la cour, {Imperit procuratoribus larf/llime
comiptis), le gouvernement colonial obtint la pleine faculté
d'obtenir les Vignes des alentours, en dehors des limites fixées
par le traité, comme aussi de bâtir sur les hauteurs voisines
{in vicino colle), de splendîdes habitations qu'on eut soin de
fortifier pour le cas d'hostilité avec Byzance.
Mais l'empereur ayant à cœur de se venger de l'affaire de Mé-
telin, (qui avait été occupé par la flotte génoise) et d'a'53urer la
sécurité de sa capitale contre ses ambitieux voisins, avant de
partir pour l'Archipel, parcourut les hauteurs de Galata, détruisit
les édifices, (Casamentf), récemment construits, enleva les ap-
provisionnements de guerre qui s'y trouvaient accumulés, et
quatrième paraissant, d'après sa dénomination ir.Sme, devoir Être poht prieure
à la conquête musulmane. Certains supposent toutefois qu'il en fut de Galata
comme de Coustautinople où les églises latiues étaient autrefois grecques:
les inoriplions que nous venons de citer ne permettent pas d'adojjter cetto
conjecture ; le patriarche grec Tonstantius doute m6me que St-l(enolt fut
tlans le principe une église orthodoxe. Quoi qu'il en soit, il me i>arail ),lus
naturel de penser que les G<''nois, devenus plus indépendants, n;l<^guèrent
les trois églixes grecques ta où elles sont aujourd'hui, eu leur conservant leur
ancien vocable. M. Paspati me dit que jusqu'en 1804, il n'y avait pas d'éjjlise
grecque dans Péra. et que celle de la Vierge de Caffa, à Galata, était la
paroisse orthodoxe de Péra.
> SauU, 1, 159, — * Id. aoâ.
r>' Google
— 182 —
sans vouloir enteeprendre le siège de la ville même, il en fit le
blocus rigoureux, de telle ftçon qu'au bout de six jours, le
peuple contraignit ses magistrats de solliciter la paix. L'empe-
reur la leur accorda, à la condition de se maintenir dorénavant
dans la limite des traités < .
A la mort d'Andronic III, arrivée le 15 juin 1341, les Gala-
tiotes se sentant assez forts pour intervenir entre les compéti-
teurs à l'empire, et pour peser aussi peut-être, par l'effet de leur
décision, sur le rétablissement de l'ordre, résolurent, avant de
se prononcer, de procéder à une enquête ; ils chargèrent de cette
mission deux religieux, dont l'un, le Père c Enrico, {Sabau-
dus), supérieur du couvent des Observantins de Galata » avait
en outre des liens de parenté avec l'impératrice Anne, veuve
d'Andronic m. S'étant rendus au camp, ces religieux décou-
vrirent les manœuvres artificieuses d'Apocampe, l'adversaire du
Régent Cantacuzëne, et ils instruisirent l'impératrice du résultat
de leur mission. Apocampe voyant son crédit eh déclin, s'aban-
donna à de tels excès que bon nombre de Constantinopolitains
durent quitter la capitale et chercher un refuge dans (lalata-.
A la suite de ces événements Cantacuzène fut revêtu de la di-
gnité impériale ; mais ce prince ayant voulu reconstituer la ma-
rine grecque pour lutter avec quelque avantage contre ses enne-
mis, vit bientôt ses efforts neutralisés par les Génois, jaloux de
conserver leur supériorité navale. Ils lui créèrent d'incessantes
difficultés et sollicitèrent de nouveau l'autorisation d'occuper
les collines de Galata. Pénétrant leurs desseins, Cantacuzène ne "
manquait pas de leur opposer des refus, mais pendant ce temps
les Galatiotes ne cessaient pas d'amasser les matériaux destinés
à commencer les travaux, dès que l'autorisation attendue leur
serait accordée. Aussi l'empereur, après une expédition enThrace
contre les Turcs, ayant dû différer son retour dans sa capitale, les
G-alatiotes crurent l'occasion favorable : ils armèrent leurs navires,
et interdirent tout trafic entre Constantinople et le dehors. De leur
côté les Grecs murèrent les portes de leur ville, et à leur tour rom-
pirent toute communication avec Galata. Cette ville habituée à
vivre de ses relations avec la capitale, se hâfa d'envoyer des dé-
putés à l'impératrice pour solliciter son pardon, tout en lui de-
1 Sauli. I. 252. — « Id. ib. 275.
r>' Google
— 133 —
mandant de s'abstenir de réparer et de reconstituer sa flotte.
L'impératrice en ayant référé à l'empereur, celui-ci ordonna de
donner l'assaut & Galata. Instruits de cette résolution, les Giala-
tiotes se préparèrent à la résistance. Tout d'abord ils mirent le
feu à des galères impériales et à quelques autres navires ancrés
dans le port, et empêchèrent tout navire chargé d'y entrer. En
même temps la population de tout flge, de tout sexe et de toute
condition, employée auztravauz des fortifications, creusait les
fossés, murait les bastions et travaillait partout avec la plus
grande activité. L'impératrice de son cdté soutenait et encoura-
geait les efforts des siens. Son fils Manuel rendaitauz Galatiotes
tout le mal qu'ils faisaient k la capitale, et incendiait leurs mai-
sons et les constructions élevées en dehors de l'enceinte du
bourg. Enclins à ne pas faire grand compte des Grecs, les Gala-
tiotes ne s'inquiétèrent pas grandement, tout d'abord, de ces
hostilités ; mais la ténacité et la persévérance de leurs adversaires
finirent par les engager à faire des propositions de paix ; et ils
trouvèrent l'empereur disposé à les accueillir, à la condition
toutefois que leurs tours seraient rasées, ainsi que les forti-
fications élevées par eux en dehors .des limites tracées par ses
prédécesseurs. Rentré dans sa capitale pour y suivre ces né-
gociations, Cantacuzène se trouva en présence des plaintes
de son peuple, et surtout du patriarche Isidore, qui le poussè-
rent à tirer vengeance des Galatiotes. Quels que fussent ses
efforts pour calmer cette irritation, et faire tenir ua langage
plus conforme à la raison et aux vrais intérêts de l'empire, il
fut obligé de céder à l'opinion publique et de se préparer au
combat ■.
Une galère de Rhodes, envoyée en mission par le Grand
Maître, chercha à interposer ses bons offices j l'empereur ne vou-
lut ou ne put consentir à entendre aucune proposition, avant la
démolition des ouvrages de défense élevés par les Galatiotes,
tant dans leur ville que au delà des terrains à eux régulièrement
concédés. Ne pouvant consentir à ces conditions, les Galatiotes
se préparèrent à combattre, après avoir rais sur la galère rho-
dienne leurs femmes, leurs enfants et leurs trésors. L'armée
grecque occupait les hauteurs pour fondre ensuite sur Galata
1 SauU, ih., 203.
,dbvGoogle
— 134 —
dès que l'attaque par mer aurait commencé ; mais l'Inhabileté
et surtout rindiscipliue des marins de la flotte grecque l'obli-
gèrent à se retirer. Sur ces entrefaites le bruit s'étant répandu
de l'arrivée aux iles des Princes d'un gros navire génois, deux
trirèmes impériales furent envoyées à sa rencontre j le navire
génois se défendit si vaillamment qu'il s'empara des trirèmes et
les ramena prisonnières & Galata. La flotte impériale se décida
pourtant à prendre la mer et offrir le combat, mais elle fut dis-
persée par un vent violent qui fit évanouir toute espérance de
succès. Une paniqua s'empara des équipages et gagna les troupes
postées sur les hauteurs, aussi bien que la population accourue
sur les murs de Constantinople. II eût été facile aux Galatiotes,
au milieu d'un tel désarroi, d'entrer dans la capitale ; ils se
bornèrent à solliciter la paix*.
Cette modeste attitude leur fut peut-être commandée d'ail-
leurs par des instructions que des messagers spéciaux appor-
taient de Gènes aux magistrats de la colonie. La métropole blâ-
mait hautement la conduite antérieure des colons; elle leur
enjoignait d'abandonner le terrain usurpé, de réparer le tort fait
par eux aux habitants de la capitale, et de s'engager par ser-
ment à ne plus renouveler dans l'avenir de pareils faits. Ces en-
voyés se rendirent ensuite auprès de Cantacuzène, lui décla-
rèrent être prêts à remettre aux mains de son fils les fortifications
nouvellement élevées, et lui comptèrent une somme importante,
à répartir, comme indemnité, entre ceux de ses sujets qui pou-
vaient y avoir droit. L'empereur répondit qu'il avait entrepris
cette lutte plutôt en vue de conserver les droits mêmes de la
métropole que pour la minime parcelle du terrain injustement
■ Ibn Batouta ^i, dans la longae sârie de ses voyages, accomplis entre 1325
et 1354. visita Constantinople, fait de GaUta U de»criptioD suivante : « Cialata
située sur la rive occidentale de la rivière, /a Corne rf'Or, est affectée particu-
lidremenl à la résidence des chrétiens francs, génois, vénitiens, romains at
français. L'empereur de Constantinople est leur suzerain, il leur donne un
chef appelé Cornes, (comte), qui paie un tribut à l'empereur ; tbutefoia ils se
mettent souvent en état de rébellion contre l'empereur qui les châtie, et
l'accord ne se rétablit que par l'intervention pontificale. lia font tout le com-
merce, leur port est vaste et contient plus de cent gros navires, quant aux
petits on ne saurait les compter; les marchés (souqs) sont beaux, mais
sales, une petite rivière dégoûtante les traverse : leurs églises sont aussi fort
■aies et n'offrent rien de beau. * Ed. Defrémerj-, Paris 1854, II, I, 32.
r>' Google
— 135 —
Qsurpèe, et qu'il était disposé à l'accorder de bonne grâce aux
envoyés de la République '.
A cette même époque une flotte vénitienne, sous les ordres de
Marino Ruggieri, ravagea toutes les colonies génoises d'Orient,
et vint aussi devant Galata qu'elle surprit. Depuis leurs suc-
cès les Ctalatiotes négligeaient de fermer, la nuit, les portes de
la ville : les envahisseurs entièrent donc sans coup férir ; mais
au lieu d'en occuper les points principaux, ils se livrèrent au
pillage, et de la sorte, ayant laissé aux. habitants le temps de se
reconnaître, ces derniers finirent par se défendre et même chas-
ser les Vénitiens. Ceux-ci recherchèrent alors l'alHance de l'em-
pereur, mais Gantacozène redoutant les uns aussi bien que les
antres, laissa traîner les choses en longueur, se bornant à offrir
aux Vénitiens le renouvellement de leurs privilèges abrogés -.
Gènes agissait vis-à-vis de l'empire, avec plus de sagesse que
sa colonie galatiote. Celle-ci croyant que l'alliance avec Venise
n'avait manqué que par l'effet du peu d'avantages des propositions
de ses rivaux, recommença les hostilités contre Constantinople et
an moyen de ses balistes, lança une énorme pierre dans la ville
même. L'empereur fit des plaintes dont le podestat ne tint aucun
compte. Le lendemain il y faisait lancer une autre pierre. Devant
de telles insolences, Cantacuzène regretta de n'avoir pas accepté
les propositions vénitiennes, et déclara aux Galatiotes que tout
étant dès lors rompu entre eux, il leur donnait huit jours pour
enlever leurs marchandises de Constantinople et régler leurs
comptes. Au même temps, la flotte vénitienne étant rentrée dans
les eaux de Constantinople, Cantacuzène se mit en rapport avec
son chef, et conclut le traité d'alliance recherché par la Républi-
que ; il prit ensuite ses dispositions pour assiéger Galata du côté
de terre. Ses troupes mirent encore le feu aux habitations gala-
tiotes bâties hors des murailles ^, et formant de la même façon
que de l'autre cAtë, (à Constantihople) un quartier dit de la Ma-
rine*. Puis faisant sortir en même temps sa flotte de la Dersana
des sept échelles, il la divisa en deux escadres, l'une destinée i
> Sauli, ib., 313. Vincens Wi*(. de la Riip. de Cinet. f. 484 et seq.
• Sauli, 330. — » Id. 337.
* C'est là qu'on voyait encore, avant la démolition des murailles, la douane,
l'intendance militaire, et les boutiques des marchands dont le commerce
avait spécialement rapport A la marine.
çGoogle
— 136 —
opérer devant Galata, l'autre chargée de ruioer les établissements
génois de la Mer Noire. L'empereur et l'amiral vénitien reTinrent
pour attaquer Galata que les troupes impériales devaient battoe
par terre. Gênes ayant envoyé un secours de 60 galères, l'amiral
vénitien se porta à sa rencontre et fut battu ; l'amiral génois
voulant profiter de ce succès, fit aussitôt voile pour Galata ; mais
un vent contraire l'obligea à relâcher dans le port d'Héraclée de
Thrace, afin d'éviter un désastre '.
A la nouvelle de l'arrivée de l'escadre génoise, l'emperenr
s'était mis en état de défense, et de leur cdté, les confédérés
vénitiens et catalans, ayant pu s'avancer par suite d'un vent fa-
vorable, ils se portèrent sur Galata. La rencontre eut lieu de
nuit; mais le vent ayant changé, le désordre se mit parmi les
alliés qui éprouvèrent de graves dommages. Les galères cata-
lanes capturées furent envoyées à Gênes ■.
Malgré cela et en présence des ennemis contre lesquels il avait
à faire face, l'amiral génois, Paganino Doria, rechercha l'ai*
liance de Sultan Orkhan, qui se disposa à faire passer des
troupes en Europe. De son côté Cantacuzène pressait l'amiral
vénitien d'agir ; mais au bout de quelques jours celui-ci mit &
la voile et quitta Constantinople pour n'y plus revenir. Dès lors,
se trouvant privé du secours sur lequel il avait compté, l'em-
pereur se décida à traiter avec les Galatîptes, et à accéder à leurs
demandes. Le traité fut conclu le 16 mai 1352. Il renouvelait
les anciennes capitulations, tout en laissant valables celles con-
clues entre l'amiral Paganino et Sultan Orkhan'. Voici les prin-
cipales dispositions de cet acte :
1352. ï Pour nous, confirmant les conventions anciennes
et nouvelles, existant entre l'empire et la commune de Gènes,
avec la réserve toutefois, que la paix et les actes passés entre le
seigneur amiral et l'émir Orkhan-Beï seront maintenues, non-
obstant les dites conventions. Item, notre empire fait gra-
cieusement don, par ce pacte, à la commune génoise de Galata,
du terrain avec fossé, se dirigeant jusqu'au château de la
Ste Croix, [Castellum. Sanctœ CtnLCts.)^. Ni latins ni grecs
' Sauli. 3G0. — ' Id. 368.
' Sauli, 359. Cf. Conniantiniailo. p. 160.
* Cest probablement au;: environs de ce château qu'on pourrait recher-
cher Vemfiolo lii Santa Crore, dont parle M. De Simoni, Gi'ornale liguiUco,
çGoogle
— 137 —
ne poarront b&tir maison ou aatre édifice nouveaD, jusqu'à la
distance de 100 coudées, à partir dudit fossé. AiDsi cet espace
de 100 coudées existera à partir du commencement de Galata,
jusqu'au château de la Ste Croix, et, de ce château, jxtsqu' à
la Tour de Tracerios...
c Dressé par Thomas Aelan, notaire de la commune génoise
de Constantinople, au saint palais de Blaquemes, en présence
des témoins, grecs et génois, l'an 6860 de la création du monde,
selon l'ère des Romains {Romèon) : mats 1352, selon l'ère des
latins [de l'Incarnation de N.-S. J.-G.) '. >
Depuis lors la colonie ne cesse d'étendre et d' augmenter ses
moyens de défense: aussi put-elte soutenir des luttes fréquentes
et sanglantes contre Jean Paléologue, Ûls de Manuel, et ût-elle
plus d'une fois le siège de Constantinople.
Il parait également d'après ce que rapporte Froissart, {cité
par Du Gange), année 1385, que dani; l'intervalle compris entre
cette date et le chrysobulle de 135S, la colonie avait pris posses-
sion du château de Galata, lequel dans les précédents chryso-
bulles, était maintenu sous l'autorité impériale, c Et (les Ga-
latiotes) tiennent, dit Froissart, la ville et le châtcl de Père,
qui sied en mer devant Constantinople (ancien castrum
Sanctœ Cruels), et la font garder h leurs frais et dëpent, et )a
rafroichissent trois ou quatre fois l'an de tout ce qui est néces-
saire. Les Tartares, les Tores ont aucune fois essié comment
ils le penssent avoir ; mais ils n'en peuvent venir k chef ; ain-
çois quand ils i sont venus ils î ont plus pris que mis, car Père
sied sur une roche, et n'i a qu'ime seule entrée, les Genevois
l'ont grandement forti&ée'-. >
Débarrassés dès lors de toute entrave, les Galatiotes reprirent
lenrs anciens projets qu'ils mirent à exécution. Ils entourèrent
leur ville d'une enceinte fortifiée, qu'au fur et à mesure des cir-
constances, et selon les besoins, ils portaient plus loin, jusqu'au
p, 149, 155 : Embolitm et arnlam itwlea* habera in Contlanlinopoti... et êi
ibi non pouefi. in Fera êtwlcat ha/ierc ; ([nslructions d'Amico di Murât)
159, 160. Ces citations iniuisent & supposer que le rhàleau êîê au bord île la
mer, portait le oom de Catlrum .Slot C.rivi*. et la principale tour à laquelts
fl fut relié par une muraille, au sommet de la ville, Chriiieam turrim, tur
laquelle flotta ensuile l'étendard de Gènes, à l'elligie du Christ.
• V. le texte complet de ce document. Sauli, II, 316, N- XI.
' Du Cange.
r>' Google
point où nous l'avons vue nous-mêmes il y a peu d'années, c'est-
à-dire entourant l'ancien et le nouveau Galata, depuis l'arsenal
militaire d'une part, jusqu'à Top Khané de l'autre; et en&n
se terminant, pour la partie supérieure à la tour de Galata.
(Ces murailles ont été démolies par la Muoicipalilé de Péra,
en 1864.)
Le gouvernement de la colonie, d'après M. Promis dans sa
préface des Stàtuli délia colohîa çenovese di Pera ', était
formé de la manière suivante :
» Le Podestat, envoyé de Grênes chaque année, avec le titre
de Pûtestas Januensis in imperio Romanice, ayant le gou-
vernement et l'administration suprêmes de la colonie ;
< Il était assisté d'un grand conseil composé de 34 membres,
dits probt honiines, et d'un petit conseil de 6 membres, com-
posé par moitié de patriciens et de plébéiens.
< II avait la qualité de ministre résident auprès de l'em-
pereur.
( Le podestat rendait la justice par l'entremise d'un vicaire,
et il expédiait les affaires par celle d'un chancelier envoyé de
Gènes, ou choisi parmi les notables de la commune.
< Un ttffizio di mercanzîa, composé de huit des principaux
habitants, était chargé des affaires commerciales ;
( Un clavario, i trésorier > était chargé de la garde du
trésor et des archives.
c Par imitation, sans doute, de ce qui avait lieu dans la mé-
tropole, un abate del commune e popolo di Pera, existait
aussi dans cette ville, aux xiv* et xv' siècles, conjointement
avec le podestat ; iMChino Ptetrarossa, exerçait cette charge
en 1427'.
c Lé cbef religieux était le recteur de l'église de St-Michel,
patron de Péra, en sa qualité de vicaire de l'arcbevêqae de
Gènes. »
Les Génois avaient des ateliers monétaires dans leurscolonies
de Theodosie, (Caffa), d'Ammokhosto, de Chypre et de Chio ;
mais on ne connaissait pas de monnaies frappées par eux à Péra.
1 Turin 1871, dont nous devons la communication à l'obligeance de M. da
Simoni.
• M. Promis et Lobero, Memorie Storiche del Banco di S. Giorgio. Geao-
çGoogle
— 189 —
Grâce à M. Paul Lambros ', nous possédons l'empreinte de deux
monnaies d'or, frappées, ahustoement, dit cet auteur, à Péra,
et trouvées la premiôre à Smyrne, la seconde à Constantinople.
La première de ces monnaies frappée sous Philippe-Marie
Visconti, duc de Milan, porte d'un côté, l'image de l'apôtre
St-Pierre, tenant dans sa main gauche un livre, et, de sa main
droite, remettant au Duc agenouillé devant lui, l'étendard à la
croix de Gènes : on lit en exergue, cette inscription : F. M.
MEDIOL. D. ET CÔIS. lA. < Philippus-Marta Mediolani aux,
et communitatis lanuœ. » Sous le Mton de l'étendard, on voit
le Différend, ou marque de l'atelier monétaire, P. (Péra), en
caractère gothique. Au revers se trouve l'image du Christ bénis-
sant de la main droite, et tenant l'évangile dans la main gauche.
Dans l'ellipse, à droite sont placées quatre étoiles, et à gauche .
cinq : enfin on lit en exergue : SIT. T. XTE. DAT. Q. T.
REGIS. ISTE. DVCTVS. < SU tibf, Christe. datus. quem tu
reffis tste ducatus. »
La seconde monnaie porte à l'avers : T. G. DVX. lAN. « Tho-
mas Campofregoso , dux lanuœ. »" Au centre est placée l'image
de S. Laurent^ tenant dans la main gauche un livre, et de la
droite, remettant au duc, agenouillé devant lui, l'étendard à la
croix de Gènes ; au-dessous la marque P. (Péra), en lettre go-
thique. Le revers est semblable à celui de la monnaie précédente.
Selon M. Delaunay, archiviste du bureau, technique de la
municipalité du VI' cercle, (Galata-Péra-Pancaldi) qui en a fait
le relevé géométrique, les murailles de Galata s'étendaient sur
un parcours de 3800 mètres. Leur démolition a laissé à la voie
publique un espace libre de plus 9000 mètres, soit à peu près la
40° partie de la cité génoise ^. Elles étaient percées de cinq portes
et flanquées de vingt^uatre tours, y compris celle du Ghrist,dite
■ Anef-lata aitmitmata etc. Athènes 18T2. (en grec) La fabrication âw
moDoaies ne fut pas toujours permise dani les colonies génoises, elle fut
même interdite aous dea peines aâvéres, comme le porte l'acte Z7I îles Sta-
Uiti dcUa rolonia genovt.se di Pera. déjà cité^.
■ S. [.surent martyrisé, sur la gril, est le patron de la cathédrale de Génca.
> Pierre GijUen dît que le périmètre de Galftta s'étend aur-un parcours de
1 40!) pas, que six j>ortes du mur d'enceinte ouvraient sur la mer ', qu'entre
la muraille et la mer se trouvait un espace vague, occupé par des auberges,
deataveTTies et des magaaios, et employa également pour le déchargemeot
dea navirea.
«ibvGoogle
— 140 —
abusivement tour de Galata '. L'enceinte extérieure renfermait
quatre sections, séparées entre elles par ane muraille fortifiée elle-
même de tours intérieures, et indiquant les développements suc-
cessifs de la colonie ^. Les inscriptions historiques des murailles,
relevées par M. Delaunay, et rapportées dans s^Notice précitée,
établissent la date de la construction ou de la réparation des
différentes parties de ces fortifications 3. Les pierres originales
déposées d'abord dans l'enclos d'un petit cimetière turc, aux
Petits Champs, ont été ensuite transportées, sur les démarches
de l'ambassade de France, provoquées par nos sollicitations,
dans la partie inférieure de la Tour de Galata, et finalement
dans la partie du Vieux Serai, sur le sol environnant Tchinibiii-
Kiochk, oii est placé le Musée impérial ottoman *. A l'aide de
. ces précieux monuments, on peut suivre pas à pas les dévelop-
pements successifs de la colonie galatiote et il est permis de
supposer que bien que la démolition de ces murailles ait été or-
donnée par les empereurs, à la suite des luttes survenues entre
eux et la colonie, il en fut de même alors que plus tard, à l'é-
poque de la conquête ottomane, c'est-à-dire < que le supérieur
ou l'ancien ne les fît pas abattre complètement; et qu'après
avoir fait acte d'autorité sur une partie, le vainqueur laissa le
reste subsister. »
Nous donnons ici la description sommaire de ces monuments
pour lesquels nous avons suivi, sauf quelques corrections in-
diquées par l'inspection des photographies, la recensio de son
premier travail, donné par M. Delaunay dans l'Univers, revue
orientale^ cahiers de novembre 1874 à mars 1875.
Du côté de la ville de Galata, vers l'arsenal, au-dessus delà
porte d'Azab-capou, donnant entrée de la mer dans la muraille
1 Contlnntiniaih, p. 1G2, Notice aur le oieua: Galata, (Pèra des Génoit)
pur M. Delaunay.
* Voir le plan ci-dessus.
* A la demande de la Sor.ietà di utoria palria, la municîi)alité de Gènes,
moyennant l'assistance du Ministère flegli afjari eileri a fait relever, jiar les
soins de la légation d'Italie à Constantinopla la photogra[>hie de ces mo-
numents (juillet 1ST5) préservés ainsi de toute destruction ou disparition
ultérieure. La col'ection de ces monuments s'élâve au chifTre de di\'buit
planches.
* Ce kiosque d'après la belle inscription qui en décore l'entrée, a été cOD»-
truit en 877 de l'Hégire (1471) par sultan Méhemmed le conquérant.
r>' Google
■ 141 ■
d'enceinte, à partir du Vehtt Tersana de 1804, laquelle mn-
raiUea'arrôteen équerresurlarue Yanyq, dont elle forme l'angle,
se trouvaient les trois Poussons ci-dessous, aujourd'hui dis-
joints, mais autrefois rénnis l'un à l'autre sur l'emplacement
primitir.
L'ècusson du centre aux armes de Gènes avec les quatre B
contournés, indiquant la suzeraineté des Paléolognes qui avaient
donné ces armes à la co-
lonie génoise, à titre d'hon-
neur, et en même temps
comme signe de sa vassa-
lité à l'empire ; les deux
autres écussons, le deztre
et le sénestre, sont celui
de la sérénissime République. Ces écussons ne sont accompa-
gnés d'aucune inscription explicative, ni de date; mais la posi-
tion de l'ècusson de vassalité en abtme, c'est-à-dire à la place
d'honneur, indique sufOsamment qu'elle date des premiers
temps de la colonie.
1335. Sur la tour carrée de la rue Woïvoda, en avant de la
porte de même nom ouvrant autrefois dans l'intérieur de la
même rue, en entrant par la montée de lùkcek qaidyryra, en
face du corps de garde central de police, dit encore de nos jours
i le Woïvode » M. Delaunay a relevé l'inâcription suivante, sur-
montant deux écussons de cette forme.
t M. CGC. XXX. V.
Ici on peut croire déjà h des velléités d'indépendance : quoique
se trouvant encore à la place d'honneur, l'ècusson de vassalité
n'est plus comme en 1335, en
abîme ; bientôt on le verra dispa-
raître tout à fait. Cette pierre, qui
ne se trouve pas dans la collec-
tion des photographies, serait de la
même année que celle que nous
donnerons plus bas, en fac-similé,
au Chapitre m St-François.
1349. Parvenae quelques années plus tard, à porter ses mu-
railles jusqu'à la Tour du Christ, la colonie, tout en gardant
r>' Google
— U2 —
«QCore un semblant de vassalité k l'empire, se croit pourtant
assez puissante déjà, pour rejeter à la seconde place le signe qui
en est le témoignage. Ainsi sur la haute tour carrée dominant
la porte de Galata, ouvrant sur Péra, au sommet de la montée
dite lùkcek qaldyrym, elle place au-dessus d'une fenêtre grillée,
à la hauteur d'environ 18 mètres au-dessus du niveau du sol,
une pierre sur laquelle je crois bien lire :
t M. CGC. XXX. VIIII.
Au-dessous on voit à dextre (la gauche du spectateur) l'écus-'
son de Gènes, puis, en abime, une image de Saint, que M. De-
launay croit être celle de St Nicolas, dont il croit lire le nom à
droite et à gauche de la tète du Saint : à sénestre (la droite du
spectateur) i'ècusson de la colonie,
contourné des quatre B, des Paléo-
I I ('\ [~â pn logues, relégué k la deuxième place.
1 i . \ 1 Cette pierre n'est pas accompagnée
V / Lu' \.^ ^/ d'inscription explicative, mais le
\^| y \^ y^ fait seul de la position respective
des écussons indique sulTisamment la situation nouvelle qu'elle
s'était faite vis-à-vis de l'empire. A l'angle droit du second écus-
son se trouve un trigramme ou tétragramme, que M. Delaunay
propose de lire ainsi P. S. R. Per Serenissima Republica.
Ici s'arrêtent dans nos monuments les traces de vassalité
de la colonie : dorénavant l'écusson de la République figure seul
avec ceux de son premier magistrat ou du Podestat, sur les mu-
railles de sa puissante colonie.
Les efforts de Cantacuzène, malgré leur énergie, furent im-
puissants à la maintenir. Ce prince fut obligé de se résigner k
ce sacrifice, et l'acte de 1353 ouvrit pour les Galatiotes une
ère de complète indépendance, qui devait durer tout un siècle,
jusqu'à la conquête de Constantinopic par les Ottomans. Depuis
cette époque en effet, l'enceinte de la ville génoise reçut d'im-
portants compléments, que les podestats tinrent à honneur de
constater par des inscriptions, (ci-après), où ne figurent plus
désormais que leurs propres écussons et ceux des doges de la
métropole.
1387. Côté de terre N. 0. sur la première tour de la muraille
d'enceinte, à partir de celle du Christ, en allant vers l'arsenal :
r>' Google
pierre aor laquelle on lit cette inscription, tracée en caractères
gothiques assez grossiers :
t M. CCG. LXXX. VII. HOC, OPS.
FACTAVIT. TEMPORE_NOBrLIS. DNI. RAFAËL DAVFÛA
PTS. PEIRAE.
Au>des30QS et au centre, l'image d'un archange, ailé, nimbé,
Têtu d'une tunique courte et d'un manteau militaire : il est
chaussé de sandales à bandelettes, et tient, dans sa main droite
une épée nue, et dans la gauche, le fourreau. Cette Image est-
elle celle de St Michel, «: le protecteur de la colonie i ou celle
de l'archange Raphaël, en l'honneur du podestat Rafaël Doria
qui l'érigea ' ? A droite de l'archange, au-dessous de l'inscrip-
tion, se trouve l'écusson de Gènes, à sénestre, celui du podes-
tat, aigle couronnée, aux ailes abaissées.
1397. Sur la dernière tour, sise au bord du fossé, du côté de
Cassim-Pacha, on a trouvé une pierre commèmorative, portant
comme suit en grands et beaux caractères gothiques, la date de
sa construction.
t M. CGC. LXXXX. VII.
« au-dessous l'écusson de Gênes en abime, à dextre et à sé-
nestre, an écusson barré de sept pièces ; à cette date Gênes n'a-
vait pas de duc : elle était gouvernée par Vallerand de Luxem-
bourg, comte de St-Pol et de Ligny, pour le roi de France,
Charles VI. L'écusson n'étant pas celui du gouverneur français,
appartient certainement au podestat de Péra, qui aura voulu de
la sorte, protester contre la domination étrangère ^. »
1400. Côté de la mer, rue Moum-khané, au bas de la mu-
raille, se trouvait une pierre portant une inscription, et des
écnssons : en voici la description : f M. CCCC.
(U y a peut-être une lacune, la pierre étant très fruste) : au-des-
sous trois ëcussoDs, celui du centre à la croix de Gènes, ceux de
< L'imago représeote assurément St. Michel : l'archange Raphaûl n'étant
jamais armé. Ed.
* Delannay, loe. laud. déo> 1874, p. llS.Vo^'ez sur la critique de ces ina-
criptiont le P. Vigoa : Alli delta Societd ligurv. Dr Déthier et Delau-
my ISGa.
r>' Google
dextre et de sénestre sont méconnaissables. Au-dessous on lit
l'inscription suivante tracée en caractères gothiques élégants :
ITALICVM. JVBAR. LVXR. R (eipublicie). DVX. MED (iator)
DE FRANCHI.
GAVDEAT ERGO. JANVA. A. Ima. SUE. TATO. DVGE.
GVBERNATA.
IVBENTE. P(re)SIDE. PERE. DE. FRANCIS. POTE (sta) TE
FILIPO'.
L'endroit où cette pierre a été trouvée n'est pas, très proba-
blement, celui de son emplacement primitif ; du reste elle avait
été enduite d'une couche de chaux que M. Delaunay a fait enle-
ver, pour mettre l'inscription au jour '.
1404. Côté de terre, 0, ; rue Hiçar-dibi, * le pied de la forte-
resse » n' 1 ; tour devenue propriété de la mission des Laza-
ristes. Inscription en caractères gothiques, grossièrement tracée.
t TVRRIS. ISTA FVrr FACTA. TEM
PORE. REGIMINIS. EGREGIl. VIRI.
DNI. lOHANNIS. SAVLI. HONORABILIS
POTESTATIS. PEYRE. M. CGCC. IIII.
Au-dessous, trois écussons : celui du centre à la croix de
Gênes, celui de dextre à l'aigle contourné, au vol abaissé, qui
peut être celui de Boussicault, alors gouverneur de Gènes, ou
celui du podestat, qui en répétant le sien, aurait voulu protester
contre la restauration étrangère ; à sénestre celui du podestat
Sauli. Sous ces trois écussons, on lit ce complément d'inscrip-
tion, qui fixe la date précise du monument.
DIE. PRIMA. NOVEMBRIS.'"
1423 ? Du côté de la terre, rue Khan daq, t fossé », se trou-
vait la tour St'BaHhélemy , la troisième à partir de celle
1 De Franchi, nommé par les seigneurs, capitaine de la Bépublitiue aurait
remplacé Boccanegra acclamé par le peuple après avoir chassé le gouverneur
français. Callard de Calleville ; mais ce gouvernement dura peu ; les Fran-
çais rentrèrent bientôt dans Gènes et l'autorité plus que sévère de Boussi-
cault, engagea peut-être le podestat Philippe de Franchi à dissimuler le mo-
nument qui conservait la mémoire de cet événement.
" Il faut dira que M. de Simoni pense qu'il faudrait lire 1430, au lieu
de UOO.
r>' Google
çGoogle
çGooisle
— U5 —
du Christ, Tis-ii-Tis d'un corps de garde de Zabltè : sur
cette tour se trouvait une pierre portant l'image du Saint,
drapée et oimbée, surmontée du nom de l'apôtre grossièrement
tracé, accompagné de deux ëcussons, répétés à gauche et à
droite : les deux d'en haut, à la croix de Gènes, ceux d'en bas, à
la face échiquetée, au clief chargé d'un fer de lance (Armes
parlantes des Spinola.) Cette pierre est sans date : ne portant
pas le signe de vassalité, elle ne peut être attribuée aux mem-
bres de cette famille qui régirent la colonie au temps de la do-
mination grecque : c'est pourquoi nous l'avons placée, sauf
meilleure et plus exacte attribution, à l'année 1433, où Zaccaria
Spinola fut, d'après M. Belgrano, podestat de la colonie. Ne
connaissant dans Galata l'existence d'aucune église sous le
vocable de St-Barthélemy, et chaque tour étant placée, selon
toute apparence, sous le vocable d'un Saint, il est possible que
douze d'entre elles aient reçu chacune le nom d'un apôtre. D'a>
près les Slaluti délia colonia genovese di Pera, l'abbé de
St-Barthôlemy, à Gênes, n'était pas soumis k l'obligation du
serment, quand son témoignage était requis par les tribunaux '.
1435. Côté de la mer ; première tour de la muraille d'en-
ceinte, rue Stoupoudji, près Azab-capou-djami, entre les n°' 5
et 7, à l'extrémité 0-S. de la ville.
Trois écussons. Gênes subissant alors la domination des ducs
de Milan, l'écusson du milieu est en émail plein, c'est-à-dice
sans signes héraldiques, c'est comme une sorte de protestation
contre le joug étranger ; celui de dextre est aux armes de Gènes,
celui de sénestre à celles des Marinis. Au-dessous une inscrip-
tion en beaux et grands caractères gothiques.
_ t M. CGC. XXX. V. TËPORE. SPECTA
BILI. DNI. STEPHANI., DE MARINIS. POTAT.
1441. Côté de la mer : tourelle n* 7, rue Dtbbagh Khoma,
< tannerie, » o& se trouvait la muraille d'enceinte, du côté delà
mer, en face des Messageries Maritimes françaises. Cette tou-
relle portait, au-dessus de son couronnement, trois écussons ;
au centre celai de Gènes, à dextre celai du dc^e, Gampofregoso,
t Uns égliM de Veniae était dédiée à ce Saint ; et en 1390, 1« curé de cett«
église exen^it A ConstantiDople les fonctions de notaire des Vénitisni.cbaii-
celier du Balle. Aeta grteca, III, 110.
r>' Google
à sénestre celui du podestat SpiDOla : au-dessous, l'inscription
suivante, en caractères gothiques i
SPECTABILIS. NOBILIS. DNS.
NICOLA.VS. ANTHONI. SPINVLA..
POTAS. PERE. HOC OPVS. FIERI.
IVBSIT. M. CCCC. XXXX. I. DIE: XX.
AUGVSTI ».
1443. Rue Khan-Daq, à 56 mètres de la tour St-Barthélemy,
vis-à-vis le poste de Zabliè, du cimetière musulman, en allant
vers le pont d'Azab-capou, se trouve dans la maison d'Ali effen-
di, près du sommet de la quatrième tour, une pierre portant
trois écussons, les mêmes qae ceux de la pierre de 1441, sur-
montant l'inscription saivante, tracée en beau gothique ;
t SPECTABILIS. ET NOBILIS. DOMINVS.
NICOLAVS. ANTONIVS. SPINVLA. QuoNDAM. DÎ5L
THOME. POTESTAS. PEIiE. lANVENSlV. INTO.
TO. IMPERIO. ROMANIE. CONSTOVI. FECIT.HANC.
TVRRÎ. IN. PAVGIS. DIEBVS. COCTRUGT.
M.CCCC.XXXX.II.
DIE. Vini. MAY.
Dans les démolitions de cette tour, M. 0 Mahony, architecte
de la municipalité de Péra-Galata, a trouvé une grande pierre
portant l'image, en pied, de la Ste Vierge, tenant l'Enfant Jésus
sur son bras gauche, et ayant, à chacun de ses côtés, un Saint
barbu, nimbé, portant un vêtement ecclésiastique, avec une
crois sur chaque épaule. Ces images grossièrement gravées an
trait, sans modelé, se trouvent, avec les autres pierres prove-
nant des murailles de Galata, dans le jardin du Yieus Sera!,
autour de Tchnili Kioehk. La présence de cette pierre sur la
tour, rapprochée du vocable de celle-ci, comme telles autres
figures de Saints, sur les tours placées sous leur invocation,
établit parfaitement le lieu auquel elle appartenait.
' Les mémoires ds M. le Chevalier Belgroao, secrétaire géniral de la So-
rietà ligure, mentionnent les noms de cinq peraonnagea de cette famille, qui
auraient occupé la charge de podestat de Péra, Bavoir Inghello <1£T6), Ber-
nabo (1300 et 135S), Zaccaria (1423), Gianetto (1437). et Njcolo Antonio
(1441-43.)
r>' Google
— 147 —
Dans la même rne Ehan-daq, cdté de terre, à peu prëB là où
se trouvent aajourd'Iiui (1875) les bureaux du journal La Tur-
quie, sur la tour Ste-Marie, la deuxième après celle du Christ,
inscription gothique élégante : trois écussons, de Gènes au
centre, du doge Campofregoso à dexbe, da podestat Spînola à
sénestre : au-dessous on lit :
t SPECTABIL. NOBiC. VIR. DNS. NIGOLAVS
ANTHS. SPmVLA. POTESTAS PEIRE. lANVEN
SM. IN. TOTO. IMPIO. ROMANIE. TPRE. SVI.
REGIMINIS. ANNI SCVDI. IVXTT HANC. SCDAM.
TVRIM. CONSTRVI. M. CCCC. XXXX. II. DIE. XX. 0
CTobris. ManDAN. VOCHARI. S. MARIAM. f .
Une pierre à l'image de la Ste Vierge, identique à celle dé-
crite ci-dessus, a été également trouvée dans cette seconde toar
bâtie par ce même podestat, dorant la seconde année de son
gouvernement, et dédiée par lui, comme la précédente, à Ste
Marie. Toutefois cette seconde tour ne fut achevée que l'année
suivante 14i3, par le successeur de Spinola, comme l'indique
l'inscription ci-après : trois écussons, celui de Gènes au centre,
de doge Rafaël Adorno à sénestre, et celui du podestat Boruet
de Grimaldi à dextre. Au-dessous en beaux caractères Cou-
âques, cette inscription ;
t TVRRIS HEG. FVIT. PERFICTA. TE
MPORE. SPECTABILIS. DNI. EORVELIs.
DE. GRDIALDIS. M. CCCC. XXXX. lU.
1445. Sur la tour sise rue Qalé, c de la forteresse, > en face
l'impasse Khourma muraille du câté Ë. de la terre, se trouvait
une pierre portant l'inscription suivante, en beaux caractères
gothiques.
t M. CCCC. XXXX. V. COMPLEIA. EST.
HEG. TMtRIS. TEMPORE. POTESTACL
E. SPECTABILIS. DM. BALD.ASARIS. M.
ARRUFI. DE. MEXSE. MAIL
Au-dessous trois écussons ; au centre, celui de Gênes, h
dextre celui du doge Rafaël, et à sénestre celui du podestat
Mamifo,
r>' Google
— 148 —
1446. A partir de lagh-capou, jasqu'à la me Motun-khanë,
lea murailles, du côté de terre, ne portaient Qi inscription, ni
marque quelconque. Dans la rue Moum-kbané au contraire, on
a trouvé un certain nombre d'inscriptions, dont l'une a été A^
rapportée plus haut, (année 1400). Les murs de la grande en*
ceinte fortiûëe, sur la partie s'étendant de la Tour du Christ,
& Moum-khané-eapou, portaient, sur la face extérieure, des ins-
criptions commémoratives ; & partir de la rue Moum-kbané,
elles étaient placées à l'intérieur et dans la ville même. Sur la
porte Moum-khané se trouvait une pierre dont voici la des-
cription :
Trois écossons, les mêmes que les précédents, an-dessous^
l'inscription suivante en beaux caractères gothiques :
iSS. ÎS. CCHC. XXXX. VI. MAY.
EREXIT. MARRVFVS. BALDASSAR. ISTA.
MENU. PLVS. ALnS. NOBILE. FEGIT. OPVS.
GRANDIS. IS. ASPECTV. FORMOSV. HVMAN.
HABVNDA.
ELOQVIO. INGENIO^IVSTCIAQVE. PARI.
HEC. SIBI. SERVABVT. ROMANV. MVNERA.
NOMEN.
CUNQVE. DUS. DIVUM. CVNQVE. CELERE. YIRIS.
Le mur d'enceinte, comme le dit cette inscription, fat donc
élevé par le podestat MarrufTo, et ces fortifications, considérées
alors comme une œuvre grandiose, digne de perpétuer à jamais-
la mémoire de ce magistrat, aussi bien parmi les immortels que
parmi les humains. ^
Le même podestat fit aussi exhausser la Tour du Christ,
comme l'indique l'inscription ci-après, placée au-dessus de la
porte dite Sirkédji-capou, conduisant à la Cité française.
En tète trois écussons, les mêmes que ceux des deux inscrip-
tions précédentes ; an-dessous, cette inscription eu beaux ca-
ractères latins, d'un bon style.
ArAQHI. TYXHI.
BALTASSARI. B. F. MARUFO. GALATEAE. HVIVS BYZAN
TIANAE. PERAE. THRacio. IN. BOSPHORO. CLARISSIMAE.
GENVENSrVM. COLONIAE. B. M. PRAETORI.
r>' Google
— 149^
OV. MAGISTRA.TVM. QVEM. SV3CEPEEIAT. DIGNE GE-
BENDO.
SUBURBANIS. HAC. IN. PARTE. MOENÏBVS. AMPLIATIS.
ET- AD.
CHRISTEAM. TVRRIM. ANAVISTATIS. PRISCAE. ALTI-
TVDINIS.
DVPLO. COLLATIS.GOLlem. IPSAM. TUTIOREM. EXIMIAE.
PROFA.
ATAM. EXORNATAMQ. FORE. CVRAVIT.
GENVENSES. AC. SVBVRBANI. GALATEI CIVES. COLo-
NIQVE. DEDERE.
A l'angle gauche, se trouve un signe que nous ne savons pas
expliquer, puis ce caractère YJ^S. M-, et peut-être la date, in-
déchififrable '.
Cette inscription parait avoir été gravée en témoignage de
la reconnaissance des Galatiotes pour les travaux accomplis par
leur illustre podestat; elle n'affecte pas le langage direct d^
inscriptions précédentes, mais s'exprime au nom des colons et
citoyens génois du bourg de Galata. Elle offre aussi cela de par-
ticulier qu'elle est la première tracée en caractères latins, afiSr-
mant ainsi la puissance purement latine dans ces contrées.
La date de l'inscription se trouve peut-être, nous l'avons dit,
à la suite du monogramme du Ctirist, mais nous ne saurions
l'afBrmer. Seulement on peut attribuer l'érection de ce monument
à 1446, d'après le passage suivant du patriarche Constantius ^.
( La Tour du Christ, dit cet auteur, fut bâtie par Anastase le
Dicore ; elle fut ensuite exhaussée par les Génois, en 1446. > Le
même auteur dit aussi ^ : t En 1446, les Génois, voyant les
progrès des Turcs, firent rehausser leurs murailles, les forti-
fièrent et y pratiquèrent douze portas. >
1447. Dans la maison n" 5, de la rue Eeumurdju, détruite
depuis par un incendie, en remontant le long de la muraille
N. se trouvait une pierre portant une inscription. En tète trois
Poussons, au centre celui de Gènes, à dextre du duc Giano de
' Ce moDogramme YnS- M. rappelle celui que Jeanne d'Arc avait but
eon étendar.l. [1 devait venir des Frâres Mineurs Réfonnés qui comme niaient
A se répandre partout.
• Loc. laud. J6!. — * Id. 161.
r>' Google
Gampo&egoso, à séaestre celai du podestat Luchino de Facio ;
au-dessous l'inscription suivante, en beaux caractères gothiques:
SPECTTABILIS. ET EGREGIVS. DOffiïS.
LVGHNVS. DE. FACIO. POTAS. HOS MVROS.
CONSTRVI. FECrr. M. CCCC. XXXX. VU.
1448. Côté de la mer ; sur le mur d'un magasin, n'existant
plus aujourd'hui, dans Khaviar-Khan, se trouvait une pierre,
portant des écnssons presque entièrement détruits, par les clous
qu'on y avait enfoncés pour suspendre les marchandises; an-'
• dessous, l'inscription suivante :
SVB. FELICr. DOMINIO. ILLVSTRISSIMI. lANVS. DE.
CAMPO. FREGOSO. lANVENSIVM. DVCIS. DIGNISSIMI.
REGENTE.
SPECTARILI. DOMINO. BENEDICTO. DE VIVALDI. PO-
TESTATE..
PERAE. M. CGGG. XXXX. VIII. DIE. XX. DEGEMRRIS.
M. Delaunay a pu relever ce texte, aujourd'hui iacomplet.
Dans la collection photographique on n'en retrouve plus que
des fragments, tracés d'ailleurs en beaux caractères gothiques.
1453. Enfin, dans une maison du c6té de terre, sise dans
l'enceinte de la Tour du Christ, on a retrouvé cette curieuse
inscription en beaux caractères gothiques :
t M. GCCG. LU. DIE. Prima. APRILIS.
NICOLAVS. PAPA. QVINTVS. lANVENSIS.
Au-dessous la tiare pontificale, s'élevant entre les mots
PAPA et QVINTVS, au-dessous de la tiare, les clefs de S.Pierre.
Trois écnssons : au centre celui de Gênes, à dextre celui du
doge Campofregoso, àséneatre celui du podestat Lomellini,puis
l'inscription ci-après:
TEMPORE. spectabilis Domini ANGELI. lOHannIS. LOM.
ELINI. P0TESTATI3. PERE. SVB. DVCatu.ILLustrissimi.
Domini. D. PETRI. DE. CAMPO.FRegoso.IANuensium.DVGIS.
1513. L'inscription suivante inédite, nous a été gracieuse-
ment communiquée, avec la note qui l'accompagne, par M. le
r>' Google
— 161 —
B"" Alfred Testa, fils du B" Igoace Testa, auteur du Recueil
des Traités de la Porte Ottomane.
Cette note attestée conforme par lui, est extraite des pa-
piers de soa graud-père, Antoine Testa : elle est ainsi conçue :
(Nous traduisons littéralement de l'Italien,) J'ai trouvé une
pierre à demi rompue, mais qui existe encore, et qui se con-
serve depuis le temps de Charles Testa, premier Drogman
de la Cour impériale d'Autriche, dans sa propre maison, ré-
cemment construite en pierre, aux Quatre-Cbemins, à cfité de
la Maison Franchini. Cette pierre à laquelle il manque un mor-
ceau, et précisément celui qui contenait les armes de la famille,
porte l'inscription suivante :
....MDXIII'.
ENIA. HOEC
TERREMOTV. DISTBUTA.
ANDREAS. TESTA,
PROPRIO. AERE.
REEDIFI
CAVIT.
' Hamner, Hi'at. deVempire otlom. IV, 98, dit ce qui suit, à l'anoée MDX
ou MDXI. x Le 14 8ept«inbre 15U0 ContilaiitiDopIâ fut ébranlée par le plus
violent tremblement de terre dont EOn histoire ait gardé le souvenir. 109 mos-
quées, 1070 maisons, la totalité des remparts de la ville du ■^■'li' 'le tn te.rref?)
]k plus grande partie de ceux du côté de la mer, les 7 Tours (t) les murs du
Serai depuis la mer jusqu'à Kaghtché-capou, Turent ruinés de fond en com-
ble, et un grand nomtire d'édifices s'éi:roulérent ; plusieurs milliers d'indi-
vidus Turent eosevelis sous les décombres.... Ce tremblement de terre tint,
durant 45 jours, Constantinople et les provinces d'Europe et d'Asie en de
continualIeH alarmes... la mer furieuse roulait «es vagues au-dessus des
murs de Constanlinople et de Galata, inon<Iant les rues ds la ville basée et
du faubourg. Dans Ste-Sophie. l'enduit, recouvrant les mosaïques byzan-
tines, tomba entièrement, et l'on vit reparaître les gigantesques images des
évangélistes, comme si ceu.\-ci, par leur présence, eussent voulu protéger les
églises chrétiennes, qui furunt tiMles ppiiraiicfH au milieu de cette ruine gé-
nérale. Sultan Haiezid fit dresser dans le jardin du Serai, une tente légère,
BOUS laquelle il demeura lU jours I.orsque la fureur des éléments parut
apaisée, il convoqua un Divan, pour le rétablissement immédiat desinurs de
Conatantinopte dans l'espace do dix mois, du 10 juin llilO, au 3fl mars
1511, les murs de Constanlinople et de Galata furent restaurés ; on 3 em-
ploya 3,tKXI maçons, 3,000 muallems comme journaliers, et «00 lahia comme
chaufourniers. Un auteur ri.\e à 73,000 le nombre des hommes employés à
ces travaux de restauration, n
Le fragment de l'inscription Testa attribue la restauration, faite à ses frais,
r>' Google
— 159 —
( Cet André Testa est le premier de cette famille que nous
trouvons établi à Constantinople. On ne sait à quelle époque
elle y était venue, de Chio, son lieu d'origine. Est-ce quand les
Génois se rendirent maîtres de cette lie après la prise de Cons-
tantinople? Était-elle à Galata antérieurement? La seconde sup-
position semble plus probable, puisqu'elle était en état de re-
lever à ses frais un mur de la ville, 70 ans après cette data
douloureuse. On peut donc croire qu'il était le fils d'un de ces
Génois qui furent compris dans la capitulation avecMehemmed I^
en 1453. On sait qu'après cette capitulation, Mehemmed qui avait
d'abord démoli une partie des murs de la cité,Iaissa les habitants
les rétablir à leurs propres frais. Après le tremblement de terre,
il est donc vraisemblable qu'un Testa fut assez généreux et as-
sez riche pour en rétablir une partie, et c'est en mémoire de
cette action généreuse que fut (gravée l'Inscription ci-dessus,
qui se conserve jusqu'à présent dans la maison de cette famille
appartenant aujourd'hui à M.Charles Testa. (Mgr Charles Tes-
ta, de la même famille, longtemps vicaire général, puis ëvëque
de Phacuse, a vécu et est mort dans lu même maison.) i
A ma demande, M. Alfred Testa a bien voulu faire des re-
cherches pour retrouver cette pierre, comme aussi l'endroit des
murs où elle avait été placée : ses investigations sont restées
sans snccès ; la pierre retirée, pour une raison quelconque, de
l'endroit où elle avait été placée, a disparu, et l'on ignore au-
jourd'hui ce qu'elle est devenue. Toutefois, comme on ne sau-
rait mettre en doute l'existence de cette inscription, une partie
de la figure, et le texte étant conservés dans les papiers de la
famille, ce document, à part tout intérêt particulier, offre cette
importance qu'il atteste une fois de plus « la conservation des
murailles de Galata par les vainqueurs, et constate en outre la
faculté laissée à ses habitants d'en réparer les parties d^adées
ou tombées en ruine. >
En somme l'ensemble des fortifications de Galata se compo-
sait donc : de l'enceinte, successivement reculée et agrandie
à l'an 1513. 11 faudrait peut-âtre subslituer la date de 1510 ou 1511 à celle
de 1513, D'après Uiovio {Fotti illii^tri ,/i RHim, dans Sansovino). 11 est en
effet difKcile d'admettre que celte |>artie de la restauration des mure de Ga-
lata n'ait élé accomplie qu'au bout dn 4 années, après le désastre dont l'ina-
cription elle-même fait mention.
çGoogle
— 153 —
jusqu'aux limites indiquées aa plan ci-dessus, et comprenant,
du côté de la mer, le château de Qalata, où se trouvait, à la
pointe, la tour de la chaîne, plus haut du côté de la terre
l'enceinte fortifiée de St-Benoit, et enÛB la Tour du Christ,
dominant le tout, vigie défensive, du cétéde la terre, comme
celle de la Chaîne du cdté de la mer.
St-Beooit, ou plutôt son enclos, paraît en effet avoir été lui-
même un ouvrage de défense, complément du château de Ga^
tata, et de la Tour du ChiHst, et les reliant entre eux, en de-
hors de la délimitation de 1303 et 1304. Cet enclos formait un
carré long entouré de tous côtés par une muraille crénelée, dé-
fendue, au moins sur deux de ses angles, N-O et N-E, par de
grosses tours rondes. St-François et St-Paul, dont il sera parlé
plus loin, n'avaient pas d'enceintes fortifiées, ces couvents étant
dans l'intérieur de l'enceinte. Enfin la tour carrée du beffroi de
St-Benolt parait elle-même avoir été la tour de vigie de cet
ouvrage militaire'.
Mais revenons en arrière pour reprendre la suite des événe-
ments, après nous en être écartés fort longtemps. En 1386, la
commune s'engagea, par traité, à prendre les armes pour la dé-
fense de l'empire, contre les ennemis extérieurs ; ce qui ne l'em-
pêcha pas, l'année suivante, de confirmer, auprès de Sultan
Murad, les engagements contractés antérieurement par elle, avec
Orkhan -. Aussi quelques années plustard, la métropole envoyait-
elle quelques forces au secours de son allié, l'empereur grec,
contre Baïezid lildirim. Le roi de France, de son cùté, fit ar-
mer k Gènes deux galères, sur lesquelles Boucicault s'embarqua.
n se rendait en Asie avec ses preux; mais ayant appris que Péra
et les fiiubonrgsdeConstantinopIe étaient attaqués par les Turcs,
il y conduisit ses chevaliers. Ce secours inattendu déconcerta
l'ennemi, et Péra fut sauvé. Ces nobles aventuriers protégèrent
le pays durant un an. Les Ottomans n'en continuaient pas moins
de menacer la colline de Péra, qu'ils considéraient comme le
principal boulevard de Constantlnople. Le redoutable rival tar-
tare des Ottomans, Timour, instruit que les chrétiens étaient,
' Voir sur Tart militaire dus croisé», l' h' (ic/e uni
lUitn-re det croisé» en Syrie. parO. Rey. Pari» li
' Saulf, II, S5.
r>' Google
— 154 —
aussi bien que lui, ennemis de BdSeàd, fit parvenir aux Gala-
tiotes ses encourageioents et leur envoya des présents'. Ceux-
ci y répondirent par des démonstrations, en arborant solennel-
lement, dans Péra, le drapeau du conquérant mongol. Celui-ci
les délivra de Baïezld ; mais cependant il ravagea les colonies
génoises de Smyrne et de Phokia. Manuel parcourut la France
et l'Angleterre, pour y solliciter des secours ; il vint aussi à
Gtênes, où il fut reçu par Boucicault, avec de grands honneurs.
L'état lui promit l'envoi de trois galères armées,- qui devaient
surtout pourvoir à la défense de Péra, et lui donna en présent
3,000 florins 2.
Toutefois, et peu de temps après que sultan Méhemmed II eut
élevé, sur la rive droite du Bosphore, une forteresse semblable
à celle que son père avait construite sur la rive gauche, aux
Eaux douces, les Galatiotes effrayés des événements qui s'an-
Qonçaient dans un très prochain avenir, envoyèrent au sultan
deux députés qui renouvelèrent avec lui les anciens traités*.
Nous avons eu communication d'un t commandement conte-
nant des privilèges, en forme de capitulations, accordées aux
Génois, natifs, habitants de Galuta et aux Galatiotes, par Sul-
tan Mebemmed II, et daté d'AndrinopIe, le 7 sefer, 855 — 1451
de Jésus-Christ, dans la personne de Peroz, Gara, Ayoz, Agor-
tez et Arcaz (?,) princes et ambassadeurs de la ville de Galata,
demandant particulièrement de Francisco, agent du sultan, de
' yiaceaa, Higioire 'le la Ri'puhUqnc de Génaa. 112 et aeq.Timour ne raisait
que suivre, en cela, la politique de ses prâdëcesBeura : ainsi, tnndis qu'à
Boukkhara et à Samarqand, les BoIda.ts deDjinguiz tran s formaient les mos-
quées i:iiécuries,leschrétiens]ouissaient d'une grande liberté dans ses états;
dans le camp mime de lloulagau, le destructeur du Khalifat, par la grande
épouse de ce prince. Les Khans mongols entretenaient des correspondances
atfec leapnnces chrétiens, notamment avec les rois de ^'^inoe ; la formule
du signe de la croix se lisait sur les monnaies de certains d'entre eux ; enfin
l'on crutà la possibilité d'une alliance entre eux et les croisés ; mais malgré
les apparences qui purent donner le change à rt:urope, ces peuplades,
indifTérentes, pour le fond, ù toute croyance religieuse quelconque, n'avaient
d'autre but que la domination ; et quoique devenus musulmans, Qhazan-
khan, Khouda-Baudé et Timour n'en furent pas moins les ennemis de leurs
nouveaux coreligionnaires, ijuand ceux-ci étalent un obstacle a l'exercice
de leur domination. (V. Aoj Triiiti'K el C/ipiliilolions de la Frarwc en Orient,
p. 40.)
' V. Vincens. toc. lau-l. p, 119, 120.
3 Sauli, II, 149.
dbyGoogle
— 155 —
traiter av«c ce prince, leqnel leur accorde des garanties, immu-
nités, pour leur commerce, leurs navires, leurs personnes, etc ' . »
D'autre part, Gênes vint au secours de la capitale byzantine,
menacée de plus en plus : elle lui envoya deux galères sous le
commandement de Ctiovanni Giustiniani, qui deux ans avant
le siège de Constantinople avait accepté le titre de podestat de
Crimée^.
Quoi qu'il en soit, la colonie galatiote jouait, en quelque
sorte, un double jen : elle défendait l'empire, et en même temps,
cbercbait à se ménager la bienveillance de I'3ssaillant\ Pen-
dant ce temps, l'empereur qui s'était préparé à la mort, par la
réception des sacrements, se dirigea vers la porte St-Romain,
pour la défendre. Il succomba au milieu des siens, et la capitale
tomba elle-même au pouvoir des Turcs *. Beaucoup de Génois
qui avaient combattu pour l'empereur furent tués, d'autres se
retirèrent sur leurs navires, ou sur ceux des Vénitiens ; les
autres enfin, restés spectateurs, se jetèrent néanmoins dans
leurs navires arec leurs trésors. MaisMëhemmed ne voulant pas
compromettre le résultat de la conquête, députa vers eux
Saqnos Pacha, pour les engager à ne pas déserter les lieux, leur
donnant en même temps l'assurance du renouvellement des
traités conclus par eux avec les empereurs grecs. Après en avoir '
délibéré, les cbefe' de la colonie décidèrent d'envoyer au vain-
queur les clefsdeleur ville. Celui-ci parut les recevoir avec bon-
té, et les Galatiotes, croyant l'avoir apaisé, lui députèrent en-
suite des messagers pour solliciter le renouvellement des
privilèges byzantins. Changeant alors de visage, sultan Me*
hemmed reprocha aux Galatiotes le manque de sincérité de leur
conduite, et leur attribua l'insuccès de ses premières opérations,
par les secours qu'ils avaient donnés à l'empereur ; ils durent
dès lors renoncer au renouvellement pur et simple de leurs ca-
pitulations avec les Grecs ^, et se contenter de celles que le
vainqueur leur accorda. Selon le rapport de Sauli ^, le podestat
1 Une version française de cette capitulation se trouve dans les archives
de rAmbasiade de France. Renueil ileê Traitég, etc. II.
! Sailli, II, 153.
ï W-, 162.— ' /</.,169.
>• Hammer, ITI, 168.
•Sauli, lor. lau'l. 11,172.
r>' Google
— 156 -
de Galata ■ n'aurait pas Toala signer l'acte de capitalation, qui
fut rédigé seulement au nom des bourgeois sub nomine bur-
genstum.)
Le conseil supérieur de Gènes, vu l'impossibilité où se troa-
vait la République de faire passer des forces suffisantes en
Orient, décida de remettre les affaires de la Mer noire al ma-
gistrato di San Giorgio, et lui transmit toute sa souveraineté
sui' les autres contrées de l'Orient; en un mot la République se
dépouilla, ainsi que l'U/flsio de Romanie, de toute sa souve-
raineté, en faveur du Magistrato di San Qtorgio-.
On Ut dans une relation contemporaine, relative aux événe-
ments qui précédèrent la chute de Constantinople ^ ; « XXVI.
Peyre n'avoit eu nul assault, et estoit la plus grande part des
Peyriens à Constantinople pour deffendre. Ceulx qui estoient
à Peyre, qui neavoient rien esté de leurs biens, délibérèrent de
bailler les clefe au Turc, et se recommander à luy, et luy offrir
la cité, où il s'y avoit en tout six cens de hommes et de
femmes, montèrent sur une nef de Gennevois pour s'en aller
ensemble audit Jacques (?) que une accoinsaire chargée de
femmes de Peyre fut prise des Turcs, i Christoforo Ricbîero*
dit que ï les conditions de la capitulation ne furent pas obser-
vées, et que Pèra n'aurait pas échappé aux horreurs d'un siège. »
On trouve également dans le R. P. Vigna' d'après il Pe-
ratto : « Après dix (?) ans de siège, Mehemmed II, roi des Turcs,
s'était rendu maître, le 29 mai 1453, de la cité de Constanti-
nople, capitale de l'empire grec ; mais on avait eu soin, quelque
temps auparavant, de transporter dans la ville voisine, de Fera,
' Selon une note ^^VAtgedio di Conitantinopoli, ce poilestat aurait été An-
geio Zaccâri&.-et d'après Serra, A ngelo Giovanni l.omellini. Selon M. Is
Chev. de Sîmoni, Memorie délia conqaUta di Conttanlînopoli de Aiiamo Hi
Mootaldo, le Podestat de Péra, alors en service était [/)mellini. Cr. aussi
Pueculusaoaoté parle D' Dethier, p. 340.
' Sauiî, II, 173.
' Rcl'itiim du Florentin Giacomo Tbidaldi. présent à la prise de Constan-
tinople le X.\IX may, 1453 (TAegaiirut nr.Du.s anrrdotorum. l'aria 1717) /n-
formatiofi» enrayées en 1453, tant par Francisco de Franc, à Mgr ie Car-
dinal d'Avignon, que par Jehan Dlanchin et Jacques Tedalrli, marchand
florentin, sur la prinse de Constantinople. (Dethier, loc. taud. 887,904.)
• Rapporté par .Sansovino, p. 6(1. Venise, 1564.
» ïaitstr<uii>ne Morira... ilelVanlii-kiasima Meta di Sta Maria di Cattello,
inCenoea, parle R. P. Vigna, Gènes 1864. p. 139.
r>' Google
— 157 —
alors au pouvoir des Génois, an grand nombre de saintes re-
tiques. En 1461 <, avant que cette cité de Péra tombAt entre les
mains des Turcs, ces reliqnes forent envoyées à Gènes et distri-
buées, en même temps que bien des ]ivres et autres choses de
prix, entre les églises et les principaux monastères, par quel-
ques patriciens députés à cet effet par le sérénissime gouverne-
ment. Dans le monastère de Sta-Maria di Castello, le !'■' oc-
tobre 1461, (après que les administrateurs de l'église eurent
pris l'engagement de restituer leur dépôt aux églises d'où ils
avaient été tirés, si jamais ces pays revenaient au pouvoir des
chrétiens, comme il eonste d'un papier, conservé dans la sacris-
tie, dressé par Giacomo Bracelli, notaire public, et signé par les
seigneurs Paolo Lorenzo, et Baldassare ûiustiniani), on déposa
les reliques suivantes : trois croix d'argent contenant des frag-
ments de la Sainte Croix ; les reliques de St Paul et de St Bar-
tiiélemy apôtres ; de St Lazare, le ressuscité ; de St Denys,
évèque et martyr; de St Constantin, empereur; de Ste Agathe,
de St Jean-Baptiste ; des SS. Martin et Rafaël, évèques ; des
88. Grégoire, Urbain, Philippe, Daniel; de Ste Marguerite ; des
SS. Martyrs Maurice, Ignace, Pierre de Vérone, Biaise ; un doigt
de Ste Madeleine et de St Laurent, un bras et la main de
Ste Praxède ; une partie de la main de St Etienne premier martjT ;
enBn des morceaux du cilice de SIe Catherine et de la chappe de
St Vincent Ferrier. 0 y déposa encore deux corbeilles, l'une
d'argent, l'autre de serpentine, pleines aussi de diverses reliques
sans nom. On y déposa encore différents autres objets, entre
autres vingt-quatre valûmes et la sainte image Notre-Dame,
dite de St Luc- travaillée sur argent, et ornée de perles et
d'un anneau précieux : elle est encore exposée chaque jour b.
la vénération des fidèles sur l'autel de l'Assomption. >
La capitulation donnée par sultan Mehemmed aux Péro-Ga-
latiotes laissait à ceux-ci c leurs biens, maisons, magasins,
vignes, moulins, navires, barqnes, etc., et elle leur accordait le
< Ne faut-il pas lira 1451 f date qui tomipoDdrait aux apprUenaion* Jn*-
plrâe> aux Galatiolea par aultan Mehemmed, avec lequel, en cette même
aonée, U* conolurent une lorte de capitulation, comme on a vu plus haut T
* E«t-il encore question de l'Hodighitrîaa, dont il a <té parlé plua haul(N.D.
de Coaitanlloople)! Il pantttialt aaaez qu'il eat ici question d'un de caa nom-
breux tableaux que l'on attribue & St Luc.
çGoogle
— 158 —
libre trafic daus tout l'empire, l'âxemptioa de doaane,du service
forcé, moyennaDt paiement de la capitation; la conservation
de leurs églises, de leurs cbants. Tout en interdisant l'usage
des cloches, elle promettait de ne pas convertir les églises en
mosquées, mais interdisait d'en construire de nouvelles ' ; elle
laissait le jugement des affaires commerciales à un ancien, élu
par la commune, et autorisait l'élection d'un des membres de
celle-ci pour l'administration de ses affaires-. >
D'après Hammer,ciDq jours après la chute de Coostantinople,
sultan Mebemmed se serait rendu à Galata pour y faire exécu-
ter les démolitions stipulées dans la capitulation : f Na khalaço
ton castron tou. Je démolirai le château', > Selon Sauli*, le
sultan fit démolir les murailles seulement du côté de terre,
laissant debout celles qui regardaient la mer ; il ordonna ensuite
que les maisons et magasins des fuyards fussent mis sous scel-^
lés, après inventaire de leur contenu, pour le tout être remis
aux légitimes propriétaires, dans le cas où ceux-ci rentreraient
à leur domicile, dans le terme de trois mois. Un navire leur fut
expédié, pour les informer de ces dispositions. Il ne parait pas
que cet appel fat entendu et que Galata reprit son ancienne
physionomie : loin de là ; bon nombre de ses habitants émi-
grèrent ; il se dépeupla, et pour longtemps : < Galata, dit le
' baileCt. Moro, en 1 590, prima abitato da Cristiani... è occupato
al présente per la maggior parte da Turcbi, tanto dentro,
quanto aU'intomo ^ >
Les rapports relatifs au sort de Galata après la prise de cette
ville, bien que constatés par de nombreux témoignages, pa-
raissent, en apparence du moins, être contredits par les faits.
Sansovino* termine sa lettre adressée de Chio au pape Nico-
las V, le 17 août 1453,par le récit de la capitulation des envoyés
' Cf. mon fetva sur la condition des Zlminia.
* Hammer, loc. laud. \l, 525. Négocialiom de la France ilann le Leeant, I,"
CXIX. Selon Hammer, XII, 120, cette capitulation aurait été renouvelle
en 1613.
ï Hammer, II, 523.
* Loc. laud. II, 172.
* Relation! renetc, 3* térie, III, 334.
■ Notices et extraits de mst. pièces diplomatiques tirées des archives de
G4QBS, XI; reproduite aiiss! daus Sauli, II, 163.
çGoogle
— 159 —
pérotes, et ajoate que le sultan ordonna la démolition c delta
toTTe dt Santa Croce, au haut de laquelle se trouvait une
croix ', et que cette tour fut ruinée jusqu'aux fondements. »
Le même témoignage est rendu par le cardinal Isidore Ruthe-
no, dans sa lettre au pape, après la prise de la ville ' ; < Turcbi
occuparono Fera, poco di lungl, sptanando le sue mura
flno a terra. Délie campane dî cbiesa, fecerono bombarde,
Ttiandarono a terra ta torre del Croce, in cima délia quale
era un gran croce. > Crasius^ rapporte aussi les mêmes faits.
Enfin, on lit dans la version latine d'une lettre datée de Péra,
le 33 juin 1453, et publiée par Sylvestre' de Sacy* : le sultan...
< burgos et partem fossorum de Castro dirut fecit, turrîm
Sanctœ Cruels dlrui fecit'^... Selon les renseignements qui
nous ont été fournis par S. E. Ahmed Vefyq effendi, d'après les
bistorieus turcs, sultan Mehemmed aurait ordonné, en effet, la
démolition de la tour du Cbrîst et des murailles d'enceinte ;
mais il se serait contenté de faire couper seulement la tour de
dix archines^ dans sa hauteur, et de raser çà et là les murailles
sur une étendue de 40 arcbines. Après avoir ainsi fait acte de
souveraineté, le sultan n'aurait pas été plus loin ; et Saghanos-
Pacha, signataire, pour sultan Mehemmed, de la capitulation
galatiote, et dont l'un des descendants vivait encore en 1868,
aurait fait ensuite relever la tour, en y remplaçant la croix gé-
noise par le drapeau ottoman.
Depuis la publication de la première édition de ce travail,
j'ai été assez heureux, grâce à la libéralité de M. le B"" Alfred
Testa, pour avoir communication de documents appartenant à
la succession de son père, le B"" Ignace Testa : le premier est
1 Édit. de 1564, p. 61, verso.
* Les armes de G6nes se composaient d'une croix, partageant l'écusson de
part en part.
' Sansovino, p. G3.
* Turco-Grœna, p. 54.
' On voit ici clairement établie la distinction entra le château de Galata
et, la Tour de Sainte-Croix. Jean de Lastic, grand maître de Rhodes, écrit
aussi dans sa btdU t Robert de Latil, prieur d'Angleterre, d'Irlande et d'E-
cosse : Peram, cinilatem Janaansium, »inc armis, magnas Teucer prwfatUÊ
obtinuit, muros ejua solo œquavjt, incolis censum imposuit (Dethier,
880.)
* L'archiae est à,e 65 centimâtrcs.
çGoogle
l'original grec de la capitulation galatiote, dont voici la descrip-
tion exacte :
f En tète, en caractères turcs le Toughra impérial, dans le-
quel on lit le nom du conquérant, « Mehemmed, > puis au-
dessons, le texte grec, dans lequel je lis, avec M. Dethier, i na
ml khalaçà ton castron tou, > je ne détruirai pas la place,
( le cb&teau, l'enceinte fortifiée. > Le négatif employé au lieu de
l'affirmatif de la version Hammer; le texte entier de cette ver-
sion est moins humiliant et plus honorable, dit M. Dethier, que
la version donnée par Hammer. Le document se termine par ces
mots écrits en caractères turco-arabes ; Tahriran fl eoà/Oiirt
djemasi ul eioel sêne'i seba au khamsin au temân-mUébi
maqàmi costantiniié ■■
et plus bas au milieu de la page, de petit format d'ailleurs,
et roulée autour d'un petit rouleau en bois, Hatvara-ho Za-
ghanos elfaqyr, c donné dans la dernière décade de Djémazi-
ewel 857 — de notre résidence de Constantinople.
écrit par Zaghanos le pauvre. >
M. Alfred Testa a bien voulu aussi nous communiquer le re-
nouvellement turc de la capitulation galatiote, donné par sultan
Ahmed, en 1022 de l'Hégire. Après le préambule, on y trouve
rapporté, littéralement, la capitulation, citée plus haut et signée
pour sultan Mehemmed,par Sagbanos.On ylitle passage turc sui-
vant, traduction âdèle de la phrase grecque reproduite ci-dessus :
ben dahht uzerlertné asker ilé vamp, calàlerêni iiqup
hharalf etméïêim < de plus, je ne marcherai pas contre eux
pour détruire et renverser leur forteresse.... les habitants con-
serveront leurs églises et leur culte; mais 11 leur est interdit de
sonner les cloches ( Tchân] ou de se servir de crécelles (niqous.)
Je ne convertirai pas leurs églises en mosquées, mais ils ne
pourront pas en élever de nouvelles <. >
Une version française de ce document existant dans les archi-
ves de l'ambassade [Recueil des Traités, etc.) porte : f Je n'irai
pas contre eux avec des troupes pour détruire leur château. >
D'autre part nous lisons dans une traduction française de la
eapitolation galatiote, existant dans les archives des RR. PP.
Capucins de Péra :
< V. DOtre fetaa sur la condition dei tinunit.
„Google.
i ■ * ■
TOUR DE GALATA
r>' Google
çGoogle
— 161 —
( Tous les Seigneurs de Galata ont envoyé Ici, à la porte de
mon empire, les honnorés seigneurs, le Seigneur Babila-Para-
vezo et le Seigneur Marque le Drifrancos, (peut-être Babilano
Pallavicini et Marco De^anchis) et leur interprète Bangoutze
(peut-être Pugliuzzi, nommé depuis le 5 juin 1447, par la si-
gnorta de Gênes, interprète de la colonie, (de Simoni, loc.
laud. 307.) Us se soumettent et se font sujets de nia gran-
deur etque je ne ruinerai pas leur château.... qu'ils auront
leurs églises où ils officieront, pourvu qu'ils ne battent point
de cloches ny simandi'es; que je ne ferai point mosquées de
leurs église, et n'en fairont pas d'aultres.... et qu'il n'y aura
point de Turcs parmy eux, mais en dehors et ces mesmes
Galatiotes auront pouvoir de créer un proto ieros pour accom-
moder les différents des marchands.... le présent serment a été
escrit, et ma grandeur l'a signé l'an 6961, Ind. I' à Constanti-
nople le 1" octobre'. >
'LeLibro maesiro delta Comunità dt Fera (Voir ci-après)
contient aussi une version italienne de la capitulation galatlote,
on y lit : t Et en signe d'amitié, ils m'ont présenté les clefs de
leur ville, et se sont fait ainsi nos sujets : nous les avons donc
acceptas en cette condition, et ils pourront vivre, se régir et se
gouoerner comme ils l'ont fait par le f?issk, sans que je puisse
aller, avec mon armée, occuper ou ruiner leur ville. »
La relation de Cristoforo Richiero parait donner l'explication
de la contradiction existant entre le texte de la capitulation et
les faits rapportés parles contemporains; «: ma poi assallata
Fera inimichevolmente e ciotata la ferle publica, si messe a
for^wrtre le chiese, i palazzi e le mura'. » Ce rapport concor-
derait avec le dire de Hammer, quant à l'effet, tout en différant
quanta la cause.
Enfin nous rappellerons ici l'inscription ci-dessus, de 1513,
à laquelle nous ajouterons le passage suivant, emprunté aux
actes f della Comunità di Fera, > du 8 octobre 1636, et du 7 dé-
cembre 1640, où celle-ci, dans l'énoncé de ses dépenses, men-
tionne celles faites n pour la réparation aux murs de la ville,
attenant aux églises. >
Dans l'opinion d'Ahmed Vefiq effendi, sultan Mehemmed n'au-
1 Sao«ovino, III, p. 66. ,
r>' Google
— 163 —
rait fait abattre qu'nne sorte de mur d'enceinte, entourant un
terrain sis du côté des Petits champs (de l'arsenal) dans leqael
se serait trouvée une église de Ste-Vënérande.
Le professenr Heyd est aussi d'avis, d'après M. de Mas-La-
trie, que les démolitions de Péra ne durent être que partielles
et superficielles.
Le Patriarche Constantius ;'163) dit aussi : < les murailles du
côté de la terre furent abattues par Mahomet II, deux se-
maines après la prise de Conslantînople, > et on verra plus loin
le rapport du prêtre arménien, reproduit par M, Dethier, disant
que « sur l'ordre du maître, les Qalatiotes rasèrent leurs murs
du côté de la terre. »
On lit les mêmes dispositions dans un firman délivré à la Na-
tion franqne de Galata, sur sa requête, à la date de Mouharrem
1026-1616, où le texte de cette capitulation est rapporté in
extenso ( Je n'irai point sur eux avec des troupes, pour dé-
molir leur château ils garderont leurs églises et feront lec-
tures selon leur loi, mais ne sonneront point de cloches je
ne prendrai point leurs églises pour en faire des mosquées, mais
ils n'en bâtiront point- de nouvelles.,.. »
Ces capitulations furent encore renouvelées dans la 1™ décade
de Rebi-alther 1033-1640, P. C. (La version de cette capitu-
lation donnée par Zorzo Dolflni, Asseâio e presa di Constan-
tinopoli, n'est pas exacte. Dethier, 1040.)
Dans un autre renouvellement, aussi de Mouharrem, 1026-
1616, on ajoute les conditions marquées ailleurs : c ils
constitueront parmi eux la personne qu'ils voudront, pour être
leur prévôt dans leurs affaîros. > De la part des chrétiens, ces
engagements ont été tenus; on n'en peut dire autant de l'autre
partie. (V. ci-après St-Prancois et St-Paul.)
M. le Dr. Dethier incline à penser que < la tour du Christ
ou de la Croix » était celle qui se trouvait près de la douane
actuelle de Galata, et à laquelle la chaîne était attachée. Cette
tour, ajoute-t-il, parait avoir eu aussi une horloge ; et, pour
cette raison, on l'aura nommée aussi < tour de l'Horloge. » Mal-
gré l'importance que dût avoir, sous certains rapports, cette
tour, destinée à la défense, et surtout à la fermeture du port,
elle ne parait pas, cependant, d'après les dessins les plus anciens
que nous possédons, avoir été la principale des tours da l'en-
r>' Google
_ 163 —
ceinte ; et l'horloge dont parle le prêtre arménien cité par M. De-
thier, pourrait se rapporter à la tour actuelle de Galata, qui aurait
«n son beffroi, destiné, de la tour vigie, de la tour maîtresse,
voisine de l'hdtel des Podestats, aujourd'hui le Khan Franchini,
sis k l'angle des rues Perchembè-Bazar et Tchiuac, auquel, selon
«ertains dires, elle était reliée par une voie souterraine, & ap-
peler, en cas de besoin, )a population galatîote à la défense de
la cité '.
Selon M. Delaunay < l'extérieur de cet hôtel, ou Hôtel-de-
ville aurait beaucoup souffert; le splendide escalier qui y con-
duisait a été démoli, les étages supérieurs ont subi des transfor-
mations regrettables. La salle du conseil serait pourtant encore
reconnaissable. > Dans le vestibule actuel du Khan Franchini,
oa retrouve, couverte d'un badigeon, une pierre commémorative,
malheureusement sans date, et dont M. Delaunay ne reproduit
pas le texte, mais sur laquelle se trouvent les armes d'ua Uarl-
nis, podestat de Péra.
< La ville, dit le marquis Serra, {Storia dt Qenova, par Ca-
nale, II, 397), est entourée d'une grosse muraille, avec de nom-
breuses tours : elle a 7 portes, dont 3 du côté de Constantinople :
la plus orientale se nomme de la Chaîne, parce que pour fermer
le port on tend, de là à la porte Oréa, sous l'Acropole, une chaîne
«n fer, soutenue par des piles de bois en plusieurs endroits.
{Nous trouvons cette chaîne mentionnée aux deux sièges de
Constantinople 1204 et 1453.) Elle s'abaissa devant les Turcs et
se referma aussitôt, la perte de ceux-ci fut grande et leur con-
fusion telle, que sultan Mchemmed, irrité de cette humiliation,
voulut faire empaler son grand-amiral, Ealtadji-Oglou. (Ham-
mer.) Trois fois les Génois élargirent l'enceinte de leur cité, et
l'on y voit encore un triple mur du côté du couchant, un double
du côté du levant... A la cime de la ville s'élève une grande tour
«emblable ;\ celle dn palais ducal de la métropole, (à la diffé-
cence que ceîîe de Gônes est carrée et que celle de Galata est
ronde) : elle s'appelle encore aujourd'hui, la Tour des Génois. ■
Selon M. Delaunay, la Tour du Christ, biîtie sur la cime de la
■ Actuellement la Tour de Galata sert de vigie A un poRte de pompiers
chaînés de signaler les inceodies qui vieDoeat à se déclarer sur tel ou tel
point de U ville.
çGoogle
— 164 —
colline de Oalata, à une altitude de 47 m. s'élève de la base aa
sommet à une hauteur de 42 m. 45 cm. '.
De ce qui précède et de la comparaison des textes, il résulte
que deux tours principales contribuaient, l'une du câté de la
terre et l'autre du côté de la mer, à la défense de la colonie gé-
noise. Celle du cdté de la mer, à laquelle était attachée la chaîne
qui fermait le port, existait avant l'arrivée des premiers croi-
sés à Constantinople. Elle retomba avec la ville au pouvoir
des Grecs en 1261, et resta entre leurs mains assez longtemps
après la constitution de la colonie. Elle passa aux Génois, à
une époque que nous ne pouvons préciser. C'est elle qui est
mentionnée par Villehardouin, f la tour de Galathas, oii la
chaeine fermait qui movait devant Constantinople. » Elle dé-
pendait d'un ensemble de forUftcations que l'on a appelé le
Castrum Sanctœ Crucis, ou Chastel de Père, < qui sied en
mer devant Constantinople, t dit Froissart. C'est celle dont les
croisés crurent devoir se rendre maîtres dès leur arrivée sous les
murailles de la ville. Selon le rapport de S. E. Ahmed Vefiq
effendi, cité plus haut, le Château de la chaîne n'aurait pas
été détruit par sultan Mebemmed, mais bien par l'explosion
d'une poudrière établie en cet endroit. Cette explosion eut lieu à
une époque inconnue, mais relativement récente.
La seconde tour existe encore, elle se nommait autrefois la
Tour du Christ, (Chrtstea turris), elle fut encore désignée
parle nom de Tour de Péra, c'est là que les prisonniers de
Gerbi furent renfermés. Officiellement elle est Galata Quallé-
cy, la Tour de Galata. Peut-être démolie en partie par le con-
quérant, elle fut réparée et conservée, jusqu'à nos jours. Sultan
Sélim III, en 1791, la fit réparer après un incendie. Sultan Mah-
moud la fit rebâtir après un nouveau désastre, en 1824. Depuis
elle a subi encore une autre transformation dans sa partie su-
périeure, qui était simplement conique, il y a moins de vingt ans
(1875). II y a lieu d'ajouter que jusqu'à ces derniers temps nous
avons TU, avant la démolition de l'enceinte fortifiée de Galata,
la partie entourant le mamelon sur lequel elle s'élève, garnie
d'embrasures pour les canons, ce qui n'existait nulle part ail-
' pour avoir une idée de l'aspect que préBentaït Galata, voir les plana pu-
bliés dam le travail remarquable de M. la Dr. Mordtmann, Reçue de l'art
chrétien, anoée 1691, pp. 204, 3S3, 371, 479.
r>' Google
— 165 —
lenrs, et peut fournir un indice de l'importance attachée à cette
position tant par les Génois que par les Turcs.
La colonie génoise, après nne existence autonome de deux
siècles environ, disparut avec l'empire grec, qu'elle avait presque
toujours combattu. Durant cette période et celle qui la précéda,
c'est-à-dire lorsque les Latins habitaient encore la ville même
de Constantinople, la Latinité peut compter deox périodes bien
distinctes, celle pendant laquelle Venise exerça la prépondé-
rance, mais sans exclure les autres nations, et celle pendant la-
quelle Gènes l'emporta : alors, comme elle était chez elle à Ga-
lata, sa domination fut exclusive, même au point de vue religieux.
Sa puissance fat détruite, mais comme la religion catholique n'est
attachée à aucnne bannière politique, elle continua à vivre,
même sons l'empire du croissant.
r>' Google
LA « MAOranCA GOMONITA M FERA. » — PROTECTORAT DE LA FBANCB.
■ POPULATION LATINE,
Nous avons vu comment était organisée la colonie do Galata
80QS la domination génoise. Au moment de la capitulation, ac-
cordée par sultan Mehemmed, le podestat, qui représentait le
pouvoir central de la métropole, n'ayant pas voulu signer la ca-
pitalation, et s'étant retiré, il n'était resté en face du conqué-
rant qu'une réunion de Bourgeois, qui ne tarda pas h s'organi-
ser comme nous aurons à le dire bientôt. Mais il est k remarquer
qae,pour la colonie galatiota, comme pour toutes les nationalités
que l'empire ottoman absorba peu à peu, c'est bien moins avec
an peuple qu'avec une communauté religieuse que le conqué-
rant veut avoir à traiter. Plus tard il entrera en relations ami-
cales avec les puissances occidentales et conclura avec elles des
traités ou capitulations, mais pour le moment il n'est ques-
tion que d'une concession faite à des sujets nouveaux, donnés
par la conquête.
On peut considérer cette capitulation de Mehemmed II, comme
l'origine de la communauté dite des Latins, Latin raiacy, ad-
ministrant, jusqu'à nos jours, dans tout l'empire, les affaires
des Latins, sujets de la Porte. Le chef de la chancellerie des
IaUhs à Gonstantinople est en possession d'un sceau portant
en turc cette inscription : c N. Chef de la communauté des
Ratas latins, Véhïfi-milleti réâïâï ladn. > Celui-ci a auprès de
lui un fonctionnaire ou Moukhtar (chef de quartier), pour Ga-
r>,Google
— 167 —
lata, dit : Mou)ûitàri mahallêi ghalata, milleti latîn. Des
cbanceileries latines sont aussi établies à Brousse, Chio, Smyrna,
st dans quelques autres localités ; elles relèvent de celle de
Gonstantinopte, celle-ci à son tour relève du ministère ottoman
des affaires étrangères, témoignage évident de son caractère ori-
ginel d'estranéité. II est à remarquer cependant que cette auto-
rité ', quoique bien reconnue par Ja Porte, ne figure point dans
leSal-Naroé, on annuaire ottoman-.
Quelle forme prit la nouvelle administration de Galata, après
la conquête ottomane? Elle dut, nécessairement, être réglée d'a-
près les bases de la capitulation ; mais les renseignements fout dé-
fout; seulement, et d'après une copie d'anciens documents, eux-
mêmes incomplets^, il résulterait que les notables de la ville se
swaient constitués en un corps municipal,civiletreligieui, sous
le titre de < Confraternité deSainte-Anne; >àquelleépoque cela
eut-il lieu ? fut-ce immédiatement après la conquête ? On pour-
rait supposer le contraire, en considérant l'espoir que Gènes avait
conservé d'obtenir, de sultan Mehemmed, une fois en paix avec
lui, et, comme autrefois, des empereurs byzantins, la possession
de Galata ; mais la réponse de ce prince à l'ambassadeur génois
fit évanouir ces espérances \ A propos d'une visite de sultan
Murad III à Galata, en 1584, l'historien turc Selâniki ^ parle des
plaintes du peuple et des primats de Galata contre le cadi de
cette ville ; comme il n'aurait pas employé ce terme pour dési-
gner les musulmans, l'historiographe ottoman désigne donc par
là f les notables, les chefs de la communauté chrétienne. »
La communauté latine, dont le chef, comme autrefois l'an-
cien baile vénitien à Constantinople, se décorait du titre de
Magniflco, donné dans l'antiquité aux préfets de l'empire ro-
main*', la communauté latine était dirigée par un prieur, un
sous-prieur et douze conseillers '•, elle parait n'avoir jamais
' Voyez au sufet lies Latins ou Cathoiiqiios, sujets de la Porte, l'bidni.
Lettres nur la Turquie. IS5J, IT, 385, et seq,
' V.fiotn Étale titr la propriété en pa'ji miiiiilman, p. 177.
» ProoÔB-verbaux de 1603 à 1689 et (juelquea pièces de 179J.
• llainmer, loc. lau I. III, 68.
• Page 282.
• CVMiUiti, 11, 472 ; GuiJoI. Cours d'h-ttoire mo-lcrne. p. 47.
' Tous les conneiller» devaient être de rite catholique latin, zmtifs de Pé-
ra, ou du moins, mari^B à des femmes pérotes : (décision du 25 avril I63S).
çGoogle
— 168 —
compté guère plus d'une trentaine de membres ; elle avait l'ad-
ministration temporelle des églises, et nommait annuellement,
pour ciittcune d'elles, deux procureurs ', chargés de l'adminis-
tration.de leurs biens immobiliers, du produit des quêtes, des
aumônes, et des taxes éttiblies par la communauté ; tout pro-
cureur élu prieur, devait se démettre de là procure. (Décision
du 12 décembre 1617.)
Dans les documents contenus encore dans les archives des
diverses communautés religieuses, elle est ordinairement appe-
lée : ( La Magniâca Comunità di Pera. »
En 1583, le 18 novembre, la t Magnifica Comunità di Pera»
fit une instance formelle auprès du Vicaire patriarcal, pour ré-
clamer les droits anciens qu'elle avait, depuis la capitulation
de Mehemmed II, en i4S3, de choisir (sauf confirmation de
l'Ordinaire), les religieux qui devaient desservir les églises lui
appartenant, c'est-à-dire celles de Ste-Marie et de St-Nicolas à
Constantinople, et celles de Ste-Anne, de St-Benoit, de St-Jean,
de St-Sébastîen, de St-A,ntoine, et de St-Georges de Péra. Ce
droit de nomination lui avait été contesté par l'évêque de Tinos,
visiteur apostolique, dans les ordonnances laissées par lui à l'is-
sue de sa visite. Il parait que l'on fit droit à ses réclamations ;
mais les procureurs ne satisfaisant pas à leurs obligations, le
Père Ministre Provincial des Conventuels menaça d'excommu-
nication les procureurs de i la Magnifica Comunità > qui ne ren-
draient pas compte à la fin de l'année, selon les ordres des Visi-
teurs apostoliques, de l'administration des églises et autres
établissements pieux, confiés à chacun d'eux.
La communauté prélevait sur les recettes, les fonds néces-
saires à la réparation des églises, au paiement des avanies, etc.
L'argenterie des églises était placée sous la garde des procureurs
qui, sur inventaire, en faisaient remise, chaque année, à leurs
successeurs.
La c Comunità » entretenait, pour ses affaires, une corres-
pondance active avec un prince de la Cour romaine, dit t cardi-
nale protettore di Levante ; » elle se serait plainte à ce prélat,
Les procureurs de la Curie ^piacopale de Gènes s'inliluiai.'n
j-domino, ministi-o e proonitttort : fAtti ilella SorleUi ligure, 1871,
çGoogle
en 1606, « de rintroduction, à Péra, du calendrier grégorien', à
cause de la nouvelle barrière que cela élèverait entre les catho-
liques et les Grecs comme aussi des dissentiments qui en résul-
teraient par suite des alliances mixtes, et elle aurait prie te car-
dinal-protecteur d'obtenir, de Sa Sainteté, la faculté de célébrer
les fêtes selon l'ancien calendrier, comme cela avait été accordé
pour Candie, Corfou et autres lieux.
En 1590, le Prieur de la Confraternité de Ste-Anne, président
delà ( MagniGca Comunità, * était en même temps procureur
de St-François : (Ce n'était point contre les règlements, car
St-François n'appartenait pas à la commune). En 1631, le Vicaire
Patriarcal, à la suite de sa visite pastorale, enjoignit aux deux
procureurs de la c Magniliea Comunità di Fera, > sous peine
d'excommunication, de lui rendre compte de leur administration
des églises et antres établissements pieux.
En 1648 la même intimation leur fut faite, sous peine des
censures de l'Église ; et l'année suivante l'Ordinaire enjoignit à
Messieurs les membres de la « Comunità di Pera, » sous peine
d'excommunication, de fournir les comptes de leur administra-
tion des églises de Galata que, depuis de longues années, ils re-
fusaient de présenter; comme aussi de restituer tous les produits
encaissés par eux, et de verser le mentant des pertes et dom-
mages occasionnés par les retards apportés dans la reddition de
leurs comptes-CommecesMessieurs ne voulurent pas se soumettre
et rendre leurs comptes, le R. P. Gian-Franceso Circhi, d'Ana-
gni, Vie. Patriarcal, lança contre eux l'excommunication. Mais
ce religieux ayant renoncé à sa charge et étant remplacé par le
R. P. Severoli (Fr. Filippot min. Conv.), la « Magnifica Comunità
di Pera » lui présenta un mémoire justificatif de son adminis-
tration, à la suite duquel, par un acte du 7 septembre, non seu-
lement il les absout, mais encore il les comble de louanges. (Il
est vrai que dans un mémoire subséquent, il revient sur cette
appréciation), 1650-1651.
Il n'y avait pas que la < Magnifica Comunità di Pera » à s'oc-
cuper des communautés, et à s'en occuper sans droit, en cer-
' Le Pape aurait déjà recommandé, à M. De Germigny, en 1583 (AVgocia-
tion», IV, 231), de B'umployor auprès des Grecs, pour l'adoption du nouveau
calendrier.
r>' Google
— 170 —
taines circonstaiicea. Ainsi, en 1 648, défense est faite, par le Vi-
caire patriarcal, aux procoreurs de St-François, de- faire aueune
location ou vente d'immeubles appartenant à cette église, sans le
concours et l'autorisation préalables dn R. P. Provincial. En
1675, le Vicaire patriarcal ordonna au procureur de St-François
de ne pas donner au supérieur de cette église telle somme dëter-
minée, parce qu'il n'avait pas encore achevé son année de pro-
vincialat; avis en fut donné & la t Magniâca Comunità. »
(21 novembre 1675)'. ^
La ( MagniQca Comunità di Pera » donnait aussi son avis
dans les questions qui intéressaient le bien de l'Église. Ainsi
elle s'opposa dans le principe (1633), à la nomination, à Cons-
tantinople, d'un èvëque suffragant, pour divers motifs, et entre
autres par Ja crainte que ce prélat, étant signalé par les Grena-
dins - comme un ambassadeur du pape, cela n'amenât la
perte du peu d'églises laissées au culte. Mais en 1664, elle fit
instance à Rome pour obtenir, en faveur de Mgr RidolO, évëque
suffragant. Vicaire patriarcal de Constantinople, le Bérat de la
Porte, comme cela se pratiquait pour les autres évèques de l'em-
pire ottoman. Un peu plus tard, en 1671, elle fit une nouvelle
démarche auprès de la Propagande, pour obtenir la nomination
d'an Patriarche Latin à Constantinople ; un refus formel lui fut
Le S5 mars 1667, la ( Magnifica Comunità > fit instance au-
près du Vicaire patriarcal, Mgr Rîdolfi, contre les FF. Mineurs
Réformés, lesquels, après l'incendie de leur couvent à Galata,
en 1660, avaient loué une maison appartenant à Tommaso Wlas-
ti, et située aux Quatre Chemins, et y célébraient les offices,
c au risque, disent les conseillers, d'attirer sur la Communauté
de nouvelles avanies de la part des Turcs, et peut-être de faire
fermer encore quelques églises, comme il était arrivé d'autres
fois. » Le Vicaire patriarcal accueillitla demande de la » Magni-
fica Comunità » et défendit aux PP. Réformés de persévérer. Le
P. Francesco Pedauli, et le P. Giuseppe da Salmona n'ayant pas
voulu obéir à ce monitoire, furent suspendus a dtotnis par le
> Toutes ces délibérations sont extraites des archives de St-ADtoine.
• Maures expulBés d'Espagne. Il ne faut pas oublier que leur expulsion fut
le prétexte dont on se servit pour prendre et changer en mosquée l'église de
St-Paul,aetuerement encore Arab-DJami.
«ibvGoogle
— 171 —
Vicaire, rappelés en chrétienté par la S. C. de la Prop^ande, et
remplacés à Constantinople. On voit par là quelle était la terreur
qu'inspirait alors le pouvoir des Ottomans I
Les délibérations de la Comunità étaient ordinairement prises
en Ste-Ânne, ou, comme le portent certains documents, < in
casaccia di Sant'Anna : > elles étaient scellées de son sceau, le-
quel, appliqué sur une pièce de 1675, Georges Draperis étant
prienr, portait l'image de Ste Anne à droite, celle de St Joacbim
à gauche, et celle de la T. Ste Vierge au milieu.
En 1636, la « Communauté des Péraux > tenait ses assem-
blées les seconds dimanches de chaque mois. Elle tenait, en
double, un registre destiné à l'inscription de ses actes, et dit
c Libro maestro, > ou < registro générale delta magntflca
Comunità di Fera; » la plupart de ses procès-verbaux com-
mençait par ces mots : t Laus Deo ! >
En certaines circonstances, ■ la Magnifica Comnnità > datait
ses délibérations, del suo oratorio, in publica udienza ;
d'autres fois, comme dans an procès-verbal du 14 novembre
AQIO,*. New oratorio dellaMagnifica Comttnrtâ.» C'était alors
relise Ste-Anne. Mais en 1668, le Père Provincial des Con-
ventuels, commissaire d'Orient, se rendit à St-Benott, dans une
chapelle qui appartenait à la Magnifica Comunità, (l'église
Ste-Anne dévorée par l'incendie de 1660 n'avait pas encore été
reconstruite) et là, devant les prieurs, conseillers et autres
membres de la Confrérie, devant les PP. Jésuites et les Conven-
tuels, il donna lecture de ses patentes. La même formalité fut
remplie le 30 août 1690'.
En un mot la Comunità, à l'instar des assemblées nationales
tenues, on l'a vu plus haut, à Ste-Sophie par les Grecs, à Ste-Ma-
rie de Ct)n3tantinople par les Vénitiens, sous la présidence de
leur baile, à St-Michel de Gainta par les Génois, tenait ses
séances dans une église, ordinairement dans celle de Ste-Anne,
qui était à proprement parler son siège, ou au besoin dans une
autre église ou chapelle. Il y avait aussi, en Ste-Anne, une
grande, salle, Casaccia, qui servait aux réunions. Le Vicaire
patriarcal les présidait, d'un siège élevé au-dessus des autres^.
> Archives de St-Aotoine.
* An:hiTea de Si-Louis.
çGoogle
— 172 "
Nous ue connaissons qu'un petit nombre de prieurs ou de
procureurs de la < Mngnifica Comunità, > nous allons donner
leurs noms d'après les indications du Ltbro maestro, nous y
ajouterons ceux des procureurs de la Gomunità et même de
ceux des églises que nous connaissons, pour conserver la mé-
moire de bons et utiles citoyens.
1610, DomcnicoFornettî, prietir.
1611, Malco Perone, prieur, Antonio de Negri, sous-prieur.
1614, Eduardo da Gogliano, prieur.
1615, Lazarotto Draperis, prieur, Tomaso Navone, sous-prieur.
1618, A. de Negri, prieur, Antonio Grillo, sous-priem*.
1619, Eduardo da Gogliano, prieur, et procureur de Terra S".
1626, Nîcola Draperis, sous-prieur.
1633, Stefano Perone, prieur, FrancescoFometti,sous-prieor.
1670, Francesco Testa, sous-prieur.
1684, Tortia, prieur.
Les Procureurs connus.
1581, Bernardo de Negri, procureur de St-Pierre.
1616, Francesco de Negri, procureur de St-Françoîs.
1618, F. de Negri et Lazarotto Drap»ris, proc. de St-François.
1626, Giovanni d'Andria, procureur de St-Jean.
G. Ant. Grillo, proc. de St-François.
Malco Perone, proc. de St-Pierre.
Bartolomeo Perone, proc. de St-Georçes.
Georges Draperis, proc, de St-Georges.
Gasparino Testa, proc. de Ste-Anne.
Bartolomeo Galante, proc. de St-Sebastiano.
En 1631, la Gomunità ne comptait que neuf membres, le plus
souvent elle était au complet. Nous les voyons apparaître dans
les circou'^tances solennelles : ainsi le P. de Ganillac, nous dit :
à l'occasion des funérailles de M. de Salignac, ambassadeur de
France : * Douze gros cierges de la Noble compagnie de Ste-
Amie, qui fait le corps de ville pour les chrétiens catholiques,
portés par douze, etc. » Le même les désigne sous ce nom : t Mes-
sieurs de cette ville, messieurs de Péra. » Les Négociations
les appellent : t les seigneurs Pérotz. >
Mais les jours de la i Magniâca Gomunità di Pera > étaient
comptés : sa principale raison d'être était d'administrer les biens
r>' Google
— 173 —
commuas, et de pourvoir aux nécessités des églises qui lui ap'
pu'tenaieot encore ; or en 1683, l'Église de Constantinople avait
pour Vicaire patriarcal un liomme actif et enlreprenant, Mgr
Gasparini, les églises avaient passé en d'autres nia)ns,ou mieux
avaient disparu, dévorées par les incendies ou confisquées par
les Turcs ; la plupart des catholiques relevaient de leurs ambas-
sadeurs et se réclamaient d'eux dans leurs besoins ou leurs dif-
férends avec la Porte ; ii lui restait donc bien peu à faire. Le der-
nier coup lui fut porté par le "Vicaire patriarcal qui, lassé de son
opposition, parfois tracassière et jalouse, demanda au St-Siège
et obtint de la S. C. de la Propagande un décret, du 17 oc-
tobre 1683, qui lui enlevait totalement dès mains l'administra-
tion des biens des églises. Elle essaya, nonobstant ce décret, de
nommer un procureur pour le couvent de St-François ; mais le
R. P. Provincial, Fr. Giuseppe Mazza de Péra, refusa de se
rendre à Ste-Anne, pour assister à la réunion de l'assemblée,
< pour la raison, disait-il, que, (conformément k la décision que
nous venons de citer) l'adrainistration des biens de l'église ap-
partenait aux religieux et non aux laïques (31 janvier 1685). »
Depuis cette époque, nous la voyons encore apparaître dans
quelques circonstances solennelles, mais c'est simplementcomme
confrérie religieuse, ou comme corporation d'honneur, et non
plus comme revêtue d'une puissance réelle. Elle essaya de se
reconstituer en 1793, mais sans grand succès. Nous la verrous
remplacée par une confrérie de Ste-Anne, qui ne réclame aucune
autorité sur les affaires de la Latinité de Constantinople.
Pour bien se rendre compte de la transformation qui s'était
opérée dans la situation des Latins de Péra, il faut faire atten-
tion à deux nouveaux éléments qui y avaient fait leur appari-
tion, l'accroissement de la puissance spirituelle de Rome, et le
protectorat politique exercé par les puissances occidentales.
A la suite de la prise de Constantinople par les Turcs (1453),
privée désormais de son autonomie, la Latinité de Péra, cher-
chant dans la religion un refuge contre ses malheurs, se tourna
vers Rome, ofi le cardinal ( protettore di Levante » était l'appui,
le défenseur de ses intérêts. Déjà, dans les derniers jours de son
indépendance, le i." avril 1452, sous le gouvernement du po-
destat Ange-Jean Lomellini, elle avait placé les armes pontificales
et le nom du Souverain Pontife occupant alors la chaire de St-
r>' Google
_ 174 —
Pierre, <: Nicolatis Papa V ianueasls, » sur l'une des tours de
la ville, sise auprès de celle du Christ ; au-dessous, on voyait
les armes du doge, puis celles de la Réput>Uque et du podestat.
Cette inscription est la seule de ce genre que M. Delaunay ait
relevée.
La Cour de Rome revendiquait aussi une sorte d'autorité su-
périeure sur les biens des églises; et l'un des prélats-visiteurs
envoyés par elle, l'évèque de Tlne, aurait rendu, en 1639, un dé-
cret menaçant de l'excommunication quiconque aliénerait ces
sortes de biens. Forcée par la nécessité de contrevenir à ce dé-
cret, la Comuntià fournit, en 1636, des explications sur la
vente de certains biens ecclésiastiques qu'elle avait dû effectuer
pour la réparation de diverses églises tombant en ruines ; elle
aurait aussi encouru le blÂme du St-Siëge à raison de la réduc-
tion opérée par elle sur la somme attribuée à l'entretien des
églises.
L'établissement de la S. Congrégation de la Propagande, des-
tinée, dans la pensée du Pape Grégoire XV qui la constitua,
(1622), à donner plus d'unité et d'activité aux efforts des mis-
sionnaires envoyés parmi les nations inâdëles, ne tarda pas ii
produire ses effets. Le nombre des missionnaires s'accrut, des
Ordres nouveaux vinrent joindre leurs efforts aux anciens, et les
missions catholiques jouirent alors d'une prospérité inconnue
antérieurement. Les missions, tant anciennes que nouvelles re-
levant plus directement de cette autorité, furent affranchies, par
là même, de leur dépendance vis-à-vis des gouvernements lo-
caux. Ce n'était qu'une force morale, il est vrai, car jamais le
St-Siège ne put songer à revendiquer, en Turquie, un protecto-
rat effectif : nous ne voyons pas même qu'il ait été jamaU en
relations directes avec la Porte ; mais cette autorité ne s'en fai-
sait pas moins sentir aux fidèles enfants de l'Église.
Son action fut plus sensible encore lorsque, en 1653, le Saint-
Siège commença à se faire représenter à Constantinople, non
plus par le supérieur d'une des communautés religieuses de
Péra, avec le titre de Vicaire patriarcal, mais par un Ëvëque,
revêtu du caractère sacré, et portant le titre, bien plus respec-
table, de Vicaire Apostolique, suffragant du Patriarche de Cons-
tantinople. Alors toutes les autres autorités furent amenées à
s'abaisser devant la sienne.
r>' Google
— 175 —
L'autre fait, plus important encore, fut l'établissement du
protectorat politique des puissances, et surtout celui de la
France.
Peu après la conquête, la République vénitienne ayant rétabli
ses relations avec Constantinople, elle prêta, sans doute, ses
bons offices ainsi que son concoure moral et matériel & la Lati-
nité de Galata ; mais bieiîtôt, la position prise par la France au-
près de sultan Suleïman assura un nouveau protecteur à l'Église.
Sans traiter ici de la protection donnée à la religion <, en Tur-
quie en général, et pour ue parler que de la Latinité de la capi-
tale, il sutnt de rappeler la conservation de plusieurs églises, due
à l'intervention de François l", la protection assurée aux divers
Ordres religieux, l'intervention personnelle de Henri III (1584)
en faveur du patriarche de Constantinople (vicaire patriarcal),
la reconstruction et la dotation de telles ou telles églises, dues
aux bons offices des ambassadeurs, non moins qu'à la munifi-
cence de nos rois, en un mot l'assistance efficace et constante
donnée par la France aux affaires de l'Église. En 1608, la Co-
munilà déclarait M. de Brèves c protecteur particulier et dé-
fenseur de toutes les églises et monastères, — représentant du
Roi très chrétien, protecteur général des chrétiens de l'empire
ottoman-, s (Quelques années auparavant, sollicitant l'assistance
du doge de A'enise, elle qualifiait aussi ce prince de « particolar
protettore di tutle le chiese dell' Oriente. »)
Selon Hammer^, Marchevilie, ambassadeur en 1631, aurait
« donné le premier l'exemple de faire dire, dans les églises, des
prières pour le Roi; » et il aurait été, également, < le premier
qui fit élever un catafalque, à Péra,lor3 de la mort de Henri IV.»
Sans nous arrêter à l'erreur évidente de nom pour ce dernier fait,
il est certain que ce mode d'affirmation du protectorat était pra-
tiqué, à St-François, antérieurement à la date indiquée. En effet,
voici ce qui eut lieu, dès que la mort de Henri IV fut connue à
Constantinople : < M. l'ambassadeur ne manqua à ce qui estoit
' Cf. Feraud-Giraud, de la Jurirlinion françaixe dan* Us fchdlrii du Le-
eant et de la BaH>arie, II. 77 ; et nos Capitulation! et traitée île la Franf^
en Orient, passim.
■ En 1A:j9, 1« Patriarche cecuroâiiique de Constantinople Iui-:n6me faisait
supplier le roi de FraDce Je se déclarer le Protecteur de l'Kgliio d'Orient.
* Loc. laad. IX, 233.
r>' Google
— 176 —
deu à la mémoire d'un tel roy, faisant faire un ofUce solennel,
premièrement, en l'esglise de St-François, qui est la principale en
cette ville, avec un bel appareil lugubre, faisant l'office Mgr l'é-
vèque d'André, tout porté icy par cas fortuit, avec l'assistance
des illustrissimes ambassadeurs de Venise et de Raguse, et toute
la maison d'Anglotan, avec le beau-frère de l'ambassadeur, qni
ne pouvait assister en personne à la messe. On se servit d'un
de nous (jésuite), pour faire l'oraison funèbre, en italien, quel-
que refus que nous en fisiona, pour le défault de langue, et
d'aultres parties. Dieu voulut que le discours fust aucunement
passat)le. Messieurs de Venise y eurent une période honorable,
pour le propos des amis de cette couronne. »
Un service solennel eut lieu également à St-François, en
1643, pour le repos de l'âme de Louis XIII. (Voir ci-après St-
François.)
On lit dans les mémoires des Conventuels de St-Antoine et
dans les archives de St-Louis, des Capucins, le récit de longues
querelles de préséance, entre les ambassadeurs, à la suite des-
quelles la Sacrée Congrégation recommande le ^'icaire patriarcal
à la protection du résident de la République de Gênes ;15 sep-
tembre 1670) et vers le même temps, le couvent de St-François
se réclamait de la protection effective de la République de Ve-
nise, Ces faits eurent-ils quelque résultat, ou durée, ou bien ne
furent-ils qu'un simple incident qui passa inaperçu? Cela parait
probable, car un peu plus tard, en HM'), le même Vicaire apos-
tolique, Mgr RidolQ, fit des démarches auprès du Résident gé-
nois pour se remettre en paix avec les représentants étrangers,
contre lesquels il luttait depuis 1667, pour le maintien des
rubriques imposées par l'Église.
Ces dissensions finirent par disparaître, car en 1684, les ob-
sèques de Marie-Thérèse d'Autriche, femme de Louis XIV,
furent célébrées d'abord à St-Louis, puis de la même façon et
avec le même cérémonial que dans la chapelle de l'ambassade,
le 18 mars, à St-Benoit, des Jésuites, le 20 à St-Georçes, des
Capucins ; le 22 à St-François, des Cordeiiers; et le 24 à St-
Pierre, des Dominicains.
On lit dans un Mémoire remis à M. de Bonnao, ambassadeur
en 1716 : * Quand l'ambassadeur faisait inviter les ministres
étrangers h quelque cérémonie religieuse, soit dans sa chapelle
r>' Google
— 177 —
de Péra', soit dans les églises de sa protection, à Galata, pour
les priucipales fêtes de l'année, ou à l'occasion des Te Beum
d'actions de grâces ou prières publiques, pour le renouvellement
de la santé du Roi, on qaelque événement important, il leur
laissait la droite, leur faisait donner l'Évangile à baiser les pre-
miers, et ne se faisait encenser qu'après eux ; puis, après la
prière ordinaire pour le Roi, il faisait réciter le Laudate Do-
Tnînum omnes gentes pour les princes dont les représentants
avaient été Invités. Ceux-ci ne venaient jamais sans avoir été
mandés, parce que l'ambassadeur était toujours libre de faire
DU de ne pas faire cette invitation. Quand la cérémonie se fai-
sait dans l'une des autres églises de la ville, ces ministres y ve-
naient, accompagnés de leur maison ; l'ambassadeur avait
toujours la droite, dans la marche, qui se faisait sur deux liJes,
précédées de janissaires; dans les églises deGalata, il prenait
aussi la droite, baisait l'Évangile et était encensé le premier^. »
On relève des Délibérations nationales de 1720, que la na-
tion fournissait, annuellement, des subsides au Vicaire patriar-
cal, aux Capucins de St-Louis, aux Dominicains de St-Pierre,
aux Conventuels, aux Jésuites de St-Benott, aux Capucins
de St-Georges, et même aux Récollets de Ste-Marie. Elle at-
tribuait également des fonds pour la fôte du St-Sacrcuient
au palais de France, chez les Jésuites et chez les Domini-
cains-'.
En 1737, le roi accorda une augmentation de pension de
1000 livres à l'archevêque de Carthage, vicaire pab'iarcal de
Conatantinople, auquel l'ambassadeur devait faire le même trai-
tement qu'à un (ministre) résident.
On lit dans la notice de M. Dacier sur le comte de Choiseul-
Oouflier : i Cet ambassadeur a toujours mis au premier rang
de ses devoirs la protection de la religion catholique ; et il n'a
jamais perdu de vue les obligations que lui imposaient envers
' Saint-Louis.
• V. ci-aprés g St-Fnançoii et St-Ceorget.
>Oit sait que, depuis an certain nombre d'années, le gouvernement fran-
çais alloue une subvenlion considérable aux ttablissements religieux du Le- .
vaut, ils reçoivent en outre des allocations spéciales selon les circonstances,
et des sommes non moins importantes Tournies par la Propagation de
ta foi.
n
y,'G00g\il
— 178 —
elle la foi de ses pères et le caractère d'ambassadeur du Roi
très chrétien'.
L'ordonnance royale de Louis XVI, datée de Versailles, le
3 mars 1781, contient une série d'articles, (Tit. I, Art. 134
à 157), relatifs à la protection du clergé latin en Turquie.
An reste le protectorat a été, dans le passé, l'objet de pins
d'une atteinte ; il a été partagé dans une certaine mesure avec
Venise, puis avec l'Autriche-. Toutefois, il est juste de consta-
ter que, quelles que soient leurs tendances particulières, les di-
verses puissances catholiques ont contribué, de leura propres
subsides, à la conservation et au maintien delà Latinité deGia-
lata ; en 1793, l'Autriche donna sa protection au vicaire apos-
tolique et & St-Georges, Naples aux Conventuels ; Saint-Benoit,
les Capucins et les Dominicains restèrent sous la protection de
la France'.
La protection générale du clergé latin par la France, et nom-
mément celle des Jésuites et des Capucins, fut l'objet d'articles
spéciaux, dans les capitulations françaises de 1678, rapportées
par Fôridoun, Papiers d'Etat, II, 323, et en sommaire, dans
Naima, II, 138., (Art. 40 et seq. et Capit. de 1740, art. 132, et
seq. La protection des Pères de la Hercl, et des Jésuites Polo*
nais se trouve consignée dans le renouvellement de la trêve
de Sitvatorok, signé à Vienne en 1615-1024*. (Cf. ci-après
Chap. vni. La Trinité.)
Des trois églises restant à Galata, eu 1870, St-Pierre et
St-Benott sont prot^ées par la France ; St-Oeorges et l'hôpital
en dépendant, par l'Aatricbe, depuis que les Pères Bosniaques
et plus tard les Lazaristes allemands la possèdent.
Aux jours de solennités, le drapean français flotte sur les
églises du St-Esprit, de St-Pierre et de St-Benott ; le jour de
la Fête Dieu, sur celle de St-Louis, enclavée dans l'enceinte de
l'ambassade. Ce même pavillon est hissé auasî sur le palais de
l'ambassade tous les dimanches. Le Vendredi-Saint il est mis
> Voyage pittoretgue dont l'empirt ottoman, par le comte de Cboiseat-
Gourrrier. Paria 1842, t. X.
. * cr. Hammer, pauim. César Famîn, hittoire de la riealité du protecto-
rat de* iglitet chrétienne* en Leoant. Paria 1853.
* Comunitâ di Pera,
* Chap. V.
DigilizPdbvGoOt^le
— ilQ —
en beme, à mi-mflt. Tous les établissements ftançais l'arborent
le dimanche.
Eo résumé, le protectorat religieux qui, plus d'une fois, a
suscité de regrettables rivalités, a été, selon les temps, entre les
mains de qui l'exerçait, une sorte de reflet de la condition poli-
tique générale. Une grande et belle page aura été réservée, sous
ce rapport, par la Providence, dans les annales de l'Église, à la
Qaule, cette terre fécondée par l'évangélisation des grands
évèqnes des premiers siècles, tels que St Irënée âeLyon,StDe-
nis de Paris, St Hilaire de Poitiers, St Martin de Tours, St Ger-
main d'Auxerre, St Rémi de Reims, et tant d'autres illustres
pontifes et saints doctears. Dès les premiers mérovingiens, de-
venus chrétiens en Gaule, et contemporainement aux pontificats
des papes Pelage II et St Grégoire le Grand ', la France prélu-
dait déjà, en Occident, à la mission religieuse qu'elle devait
poursuivre, à travers les temps dans les contrées de l'Orient; et,
jusqu'aux jours de ses dernières et inénarrables infortunes, rap-
pelant malheureusement le triste souvenir des invasions d'un
antre Age, elle se trouvait encore au poste d'honneur qu'elle
s'était assigné pour la défense et la protection de l'Ëglisel...
mais tout passe, en ce monde !... Dieu seul est permanent !...
€ Et juSTniA EJDs MU4BT ïn stsculum saicult.'... >
La Turquie et l'Europe ont, par des traités solennels reconnu
& la France ce droit de protectorat de l'Église catholique. Le
St-Siège a fait un devoir à ses Ëvéques et à ses missionnaires
d'y faire appel, et leur a défendu de se mettre sous une antre
protection.
Mais il est une autre question qu'il importe de traiter aussi,
celle de la population de la ville latine de Péra, à travers les
temps.
Il ne paraît pas d'après Sanll '', ce qui est confirmé, d'ailleurs,
par les Mémoires de Sansovîno, que la capitulation de Mehem-
med n ait inspiré une grande sécurité aux Pérotes : cenx-ej,
Génois ou Vénitiens, ayant pris une part plus on moins im*
portante à la défen-se de Constantinople, ils émigrèrent en grand
nombre à Chio, où, bientét, le conquérant ottoman, en vue de
I Cr. lea Moine* (fOecident, par la comte de MoaUlemb«rt, II, 140.
• Ue. laud. 11,172.
r>' Google
^ 180 ~
lés rappeler dans leurs foyers, fit prévenir les intéressés que leurs
propriétés, mises sous scellé, seraient rendues à tous ceux qui,
dans le délai de trois mois, viendraient les occuper.
En 1560, les Vénitiens comptaient, dans Galata dix à douze
maisons de commerce '.
Selon les Négociations-, c la population chrétienne des
villes de Constantinople, et de Peyra était, vers 1573, de
40,000 âmes. »
Le 20 février 1606, f la population latine, écrivait la Comu-
nità au cardinal-protecteur, compte à peine cinquante mai-
sons. >
En 1613, le P. de Canillac disait : < Le petit nombre des
Latins fait que nos fonctions sont moins fréquentes que nous
le voudrions*. >
En 1614, Pietro délia Yalle dit, au même sujet : «: II reste à
Péra peu de familles de l'ancien temps, qui, tout en se gréci-
sant de vêtements et de costumes, ont conservé le rit latin et la
langue italienne, concurremment avec l'idiome grec. >
En 1616, les Francs de Galata « non arrivano a mille, » rap-
porte Hammer, d'après les bailes vénitiens*.
En 1664, dit le P. Saniger, ( les marchands français establis
en cette ville, avec leurs femmes et leurs enfants, étoient en
assezbon petit nombre. >
On lit dans le Choix des lettres édifiantes : c Le nombre
des catholiques, A Constantinople, s'élève aujourd'hui, en 1713,
à plus de douze mille, i Ce chiffre, comparéà celui des années
précédentes, parait bien élevé, ou du moins il faudrait savoir
de quelles catégories d'individus on veut parler. En effet dans
un rapport du P. Tarillon^, adressé à Paris, le 11 mars 1714,
au comte de Pontchartrain, sous-secrétaire d'état, on trouve ce
qui suit : f De toutes les famiUes qui habitaient icy au temps
des Génois, il y en a encore plusieurs qui se sont maintenues &
Galata et à Péra ; ces personnes font entre elles trois à quatre
' Relaiio/ii eenete, 3' série, I, E74 éd. d'Albéri.
» III, 259.
' RelatioTi» iu Carayon, p. 66.
• Loc. taud. VIII, 227.
<■ Lettre* éUiftanle*. Lyon 1819, p. 17. Nouceaute mémoire» de* MUêiont de
In Compagnie de Jéuta, Pftria 1715, p. 4 et eniv.
çGoogle
— 181 —
cents personnes. Les misfiions des ambassadeurs des princes
chrétiens, et les marchands de leurs nations, font la portion la -
plus distinguée des chrétiens francs ; ils se montent à près de
3.000 personnes Il faut encore compter, parmi les catholi-
ques de Constantinople 4.000, ou 5,000 esclaves, servant sur
les vaisseaux et les galères, ou enfermés dans le bagne du Grand
Seigneur, et pins de 20.000 autres (?) répandus dans les diverses
maisons des particuliers <.
En 1843, selon le Mémoire déjà cité du supérieur de Saint-
Pierre, c le nombre des paroissieos de cette église s'élevait à
mille environ. >
Ces notions sur la population de Péra sont bien vagues, nous
sommes obligés de le reconnaître, mais outre que dans les
siècles passés nos pères tenaient peu à ces détails statistiques,
même de nos jours il est extrêmement difficile, pour ne pas dire
impossible, de axer un chiffre exact, de la population de la ville
de Constantinople, et même de la population catholique. Nous
tâcherons, quand il s'agira des temps actuels, de donner des
cbifFres aussi approximatifs que possible.
Il est une autre question plus intéressante encore, celle de
l'état dans lequel vivait cette population chrétienne. Nous ne
pouvons nous en faire une idée par le régime sous lequel nous
nous trouvons, surtout depuis le Traité de Paris. (1856.)
D'abord, conformément aux capitulations mentionnées ci-
dessus, les Latins catholiques avaient le libre exercice de leur
culte, et l'usage libre de leurs églises. En théorie cette liberté
ne cessa pas d'exister; mais elle était tempérée!? par te système
des avanies, et quantité de vexations, La lecture des récits de
voyages, et surtout les archives des missions sont souvent na-
vrantes à ce sujet. Nous pourrions écrire de longues pages de
récits douloureux. Chaque communauté compte d'ailleurs un
bon nombre de martyrs, morts au bagne, sur les galères, de
mauvais traitements etc., mais nous ne voulons pas faire ici cette
histoire, lugubre et glorieuse tout à la fois.
Cependant, en temps ordinaires, on y jouissait d'une cer-
taine liberté. D'après la correspondance de la Comunità avec
Rome, on faisait dans Pèra-Galata, en 1619, des processions so-
• V. ci-aprés Tiagnjs.
çGoogle
— 182 —
lennelles, dans les mes de la ville» les jeudi et vendredi saints ;
I une magDi&qae procession se faisait également, par les rues,
le jour de Pâques, avec une inanité de chandelles et de torches
allumées. > Les convois, accompagnés d'un grand cortège de
confréries et de religieux, avaient lieu avec une liberté ' qu'on
ne saurait désirer plus grande, même en chrétienté. Les âdèles
avaient coutume de se rendre au cimetière, accompagnés du
clergé des trots paroisses de Galata, les 3 et 4 novemhre,
pour y réciter l'office des morts.
Le 4 novembre 1675, le Vicaire patriarcal se rendit au Champ
des morts, pour y faire la cérémonie accoutumée, et par sa pré-
sence mettre An à certaines difficultés intestines. Cette cérémo-
nie se faisait tous les ans, avec plus ou moins d'éclat.
Une redevance de 5 aspres était payée au Capoudjou de Ga-
lata, qui remettait en échange le permis du Woïvode pour faire
sortir les morts de l'enceinte. Il paraît qu'une redevance était
également perçue par ce même officier c pour les nopces comme
pour les morts '. »
Les processions de la Fête Dieu se faisaient aussi, parfois
même elles pouvaient sortir des églises et des cloîtres. On re-
marque que l'église et le cloître de St-François étaient riche-
ment ornés pour la fête du (7o**pi«J>omi»i. Enl730,d'aprèsles
comptes de la Nation française à Constantinople, celle-ci four-
nit un subside < pour les reposoirs de la Fête-Dieu, au Palais
de France, ciiez les PP. Jésuites, et les Dominicains. >
Depuis de longues années, et surtout depuis la guerre d'O-
rient, les processions de la Fête-Dieu sortent des diverses églises
et parcourent les rues avolsinantes, (ou du moins les parcou-
■ H Les chrétiens (Isa Grecs) tout aussi des processions magniflqueti, dit
Michel Febvre (Ëlat présent de la Turquie, 1075, p. 227) par les rues voi-
sines de l'âglise, où assistant le patriarche, l'évèque et les prêtres, tous en
chapes, et vestua des plus beaux ornements qu'ils aient. >
> La taxe des morts était, paratt-îl, en usage en Orient, car on lit dans le
traité conclu par Florence avec l'Éte-pte, en septembre Xi^i: «e quamln mori-
no, unti ilelli luro merca/lanti. in gaalitnque liinijo fonte, panna (■«.«(■rr .ii-jiolto
aUn rkicsa ilei ckriglia/iî, iecondo Vutensa. tenm pngaiv nesvtiia nxin-
giaria. i (Amari, dorumenti degli arehiri tom-<ini, Florence \Wtî, p. 339,
343.) Dans un BËrat concédé aux religieux latins, en 1070 = Ifînf;, à la de-
mande du Comte de Leatie, ambassadeur impérial à Constanliiopic. ce droit
est dénommé TaboiU ogkhi'ctj. « taxe du cerceuil n. (Document communiqua
par le R. P. Romano, S. J, Recteur du collège de Sle-Pulchérie.)
çGoogle
— 183 —
raient, car elles ont été supprimées dans diverses paroisses. )
Elles sont accompagnées par les troupes et la mnsique turques,
dont on ne saurait b'op louer l'attitude dans ces cérémonies. La
procession de St-Benoit se fait le jeudi môme de la Fête-Dieu,
à l'issue de la grand' messe célébrée par le Vicaire apostolique ;
celle de St-Pierre le dimanche dans l'octave,' après la messe;
celle du St-Esprit, le même jour après les vêpres ; celle de St-
Antoine le jeudi de l'octave, dans l'après-midi. Leur parcours
est fort restreint. Mais elles sont suivies avec dévotion par les
catholiques, et avec respect par une foule de grecs et même de
musulmans. Lesrepoaoirs sont fort beaux.
Pour faciliter l'intelligence de nombreux passages de notre
histoire, nous croyons devoir intercaler ici la liste complète des
représentants de la France auprès de la Porte,depui8 François I,
jusqu'à nos jours. Elle terminera ce chapitre consacré, en partie,
au protectorat que la France a esercé à Gonstantinople sur les
chrétiens de rite latin.
Liste des Ambassadeurs, ministres, agents et résidents
français à Constantinople depuis 1524 jusqu'à nos jours ;
Frangipaiii (Jean), envoyé, 1524.
Rinçon (Antoine), envoyé. 1531.
LAFOREST {Jean de). 1" Ambassad. 1535.
1" Traité conclu en 1535,
Montlue (Jean de), protonotaire. 1536.
Marillac, (cousin de J. De Laforeat) chargé d'alf. 1537.
Capitaine Rinçon, envoyai. 1538.
CantelmofCésai'l napolitain, 1539.
Polin, baron de la Garde ;Antoiae) dît Cap. Polin, envoyé. 1541.
D'ARAMO.N (Gabriel), 2' Ambassad. l.'>17.
De Cambray ichaiioine de Bourges}, chargé d'affaires. 1Ô50.
Chesneau, chargé d'affaires. 1551.
Retour de M. dAramon. 1552.
Chesneau, chargé d'affaires. 1553.
CODIGNAC. valet de chambre du Roy. 3' Ambassad. 1554.
Villemonté, envoyé. 1555.
LA VIGNE (M. de). 4' Ambassad. 1557.
Petromol, ou Petromol de la Norroy, agent. 1559.
Dolu, agent. 1561.
Petromol, C009. et maître d'hôtel du Roy. 1661.
dbyGoogle
— 184 —
DU BOURG, Sieur de Guôrines, (Ciatide), 5- Ambassad. 1566.
II' Renouvellement des Capitulations : octobre 1569.
Grandchamp (de), chargé d'affaires. 1570.
LaTriquerie, chargé d'affaires. 1571.
DE NO.-\ILLES (François), évéque d'Acqs, 6' Ambassad. 1572,
DE NOAILLES (Gilles), Abbé de l'Iale, 7' Ambassad. 1574.
Jugé, chargé d'affaires. 1577.
GERMIGNY, baron de Germoles |le chevalier de), 8' Amb. 1580.
IIP Renouvellement des traités ou Capitulations. 1581.
Berthier, chargé d'affaires. 1584.
SAVARY, Seigneur de l'Ancosme. [Jacques], 9* Ambassad. 15^5.
SAVARY, Seigneur de Brèves, (François), 10" Ambassad. 1589.
IV' Renouvellement des Traités. 1597,
DE GONTAUT-BIRON, baron de Salignac. (Fr.), 11« Amb. 1607.
DE HARLAY-SANCY, baron de la Mole, 12* Ambassad. 1611.
DE HARLAY, comte de Césy, (Philippe), 13' Ambassad. 1620.
DE GOURNAY, comte de Marcheville, [Henry) W Amb. 1631.
L'ambassadeur renvoyé par la Porte. 1634.
Le comte de Césy reprend la gestion des affaires. 1G34,
DELA HAYE, seigneur de Vanielet (Jean), 15' Ambassad. 1639.
Laforest, chargé d'affaires, Blondel, maréchal de camp.
Roboli, agent. 1660.
DE LA HAYE, seigneur de Vantelet,(Denis),16' Ambassad. 1665.
OLIER, Marquis de Nointel, (Charles-François), 17° Amb. 1670.
Mission du chevalier d'Arvieux, envoyé extraordinaire.
y- Renouvellement des Traités. 1673.
DE LA VERGXE DE GUILLERAGUES (Gabriel -J.js.).
18' Ambassad. 1679.
Fabre fJ-B.) chargé d'iiffalros. 1685.
DE GIRARDIiN' (Pierre), 19° Ambassad. id.
De Girardin, abbé, chargé d'affaires. 1689.
DE CASTAGNERES DE CHATEAU.MEUF (Pierre-An-
toine), 20' Ambassad. id.
DE FERRIOL, baron d'Argental (Charles), 21° Ambassad. 1699.
Des ALLEURS (Pierre Puchot, seigneur de Clinchamps,
comte). i'i° Ambassad. 1711.
D'USSON, marquis de Bonnac, (Jean-Louis), 23' Ambassad. 1724.
PICON. vicomte d'Andresel (J-B-L.). 24° Ambassad. ,1'
De Fonton (Gasp.), Cons. gén. à Smyrne, chargé d'affaires. 1727.
VILLENEUVE (Louis-Sauveur, marquis dej 25' Ambassad. 1
VI° Renouvellement des Capitulations, avec augmenta-
tion de quarante-deux articles sur celles de 1604 et
de 1673 1740.
r>' Google
— 185 —
Comtede CASTELLANE (Michel-Ange), 26' Ambassad. 1741.
Comte DES ALLEURS (Roland-Puchot), 27" Ambassad. 1747.
M. Pérote, agent, 1754.
De Peysonnel, Cons. gén. h Smyrne, chargé d'affaires. 1754,
GRAVIER COMTE DE VERGENNES, Ministre plénipo-
tentiaire. 1755.
Nommé ambassadeur, 28" Ambassad. 1756.
G" DE SAINT-PRlEST{le chev. Guignard), 29' Ambassad. 1768.
Le Bas, chargé d'affaires, 1776.
M. le Comte de Saint-Priest revient en 1778.
Comte de CHOISEUL-GOUFFIKR, 30» Ambassad. 1784.
M. de Choiseul dSposé en 1792, octobre. ' 1792.
Le premier député du commerce charjçé des affaires. 1793.
M. Doscoches (Marquis de Sainte-Croix), envoyé par la
Convention nationale, sans caractère public. Id.
M. de Chalgrin. charjçé d'affaires du roi Louis XVIII. !d.
De Verninac, envoyé extr. et ministre plénip. de la Répu-
blique française. 1795.
AUBERT-DUUAYET (le Général). 31- Ambassad. 1796.
Général Carra-Saint-Cyr, chargé d'affaires. 1798.
M. Ruffin, chargé d'affaires. Id.
Guerre d'Egypte, de 1798 à 1802.
M. Ruffin sort des Sept Tonrs et gère les affaires, 25 août 1801.
VII" Paix (Messidor an X). 1802.
BRUNE. (Marie-Anne), maréchal de France, 32" Ambassad. 1803.
■ M. Parandier (P.) chargé d'affaires, déc. 1804.
M. Ruffin, chargé d'affaires, sept. 1805.
SEBASTIAN! (le général Horace) 33" Ambassad. 1806.
La Tour-Maubourg, marquis Fay de (Florimond), chargé
d'affaires. 1808.
Comte ANDREOSSY, lieutenant général, 31' Ambassad. 1812.
M. Ruffin. chargé d'affaires. 1814.
Marquis de RIVIÉRl':. lieutenant nénéral, 35' Ambassad. 1816.
M. le Vicomte de Viella, chargé d'affaires. 1819.
LaTOUR-MAUBOL'RG.(marquisFAVde)(Flor.j36"Amb. 1821.
Comte di; Beaurepaire, chargé d'affaires. 1823.
Comte GUILLI'IMINOT. lieutenant général, 37" Amba«sad. 1826.
Interruption des rapports entro-la France et la Porte. 1827.
Retour du général Guilleminot h Constanlinople. 1829.
Baron de Varenne, chargé d'affaires. 1831.
ROUSSIN iM. le vice-amiral baron), 38' Ambassad. 1833.
VIII" Traité de Commerce, novembre 1838.
M. le Comte de PONTOIS, envoyé extr. et ministre plénipot. 1839.
dbyGoogle
Le même, 39" Ambassad. 1840.
De BOURQUENAY, chargé d'atf., ministre ptôaip. 1841
Le même, 40* AmbasBad. 1844.
Le Général Aupick, eovoyé extr. et ministre plénip. 1848,
De LA VALETTE, envoyé extr. et ministre plénip. 1851.
Le même, 41* Ambassad. 1852.
De la COUR. 42' Ambassad. 1853.
Le Général BARAGUEY d'HILLIERS, ambassad. extr.
et plén., 43- Ambassad. 1853.
THOUVENEL, 44' Ambassad. 1855.
LA VALETTE (le Marquis de), 45' Ambassad. 1860,
MOUSTIERS (le Marquis de), 46* Ambassad. 1861,
BOURÉE, 47' Ambassad. 1866.
Ducros-Aubert, chargé d alT. par intérim. 1870.
LA GUÉRONNIÈRE (le Vicomte de), 48- Ambassad. 1870.
VOGUÉ (le Comte de), 49- Ambassad. 1871.
BOURGOING, (le Comte de), ÔO- Ambassad. 1875,
FOURNIER, 51' Ambassad. l877.
NOAILLES (le Marquis de), 52" Ambassad. 1880.
MONTEBELLO (le Comte de), 53' Ambassad. 1886
CAMBON, 54' Ambassad. 1891
r>' Google
CHAprraE III.
ST-ERANÇOIS ET LES ETIÈBES MINEURS CONVENTUELS,
Nous avons vu, dans la première partie de ce travail, que les
enfants de Si François d'Assise vinrent k Constantinople dès les
premières années de l'existence de leur Ordre. Fr. Lucas d'Apulie,
fut désigné comme ministre de laProvioce deRomanie, en 1319:
nous ne pouvons pas constater sa venue en Orient ; mais en tout
cas Fr. Benedetto d'Arezzo, qui le remplaça dans la charge de
Provincial, y arriva en 1220. Il y travailla généreusement à l'u-
uioa entre les grecs et les latins, et s'occupa avec activité des
affaires delà chrétienté, en Romaoie et en Terre Sainte. Il resta
dans le Levant jusqu'à lareprise de Constantinople par les Byzan-
tins et retourna mourir en Italie, en 1381. Mais avant de par-
tir, il avait solidementfondé son Ordre à Constantinople. Lorsque
les Grecs y rentrèrent, les Franciscains n'abandonnèrent pas la
partie pour cela, ils y restèrent au contraire pour maintenir l'in-
fluence romaine dans l'Orient, Nous avons vu comment on leur
avait d'abord disputé, puis enlevé un couvent à Constantinople;
mais s'ils durent abandonner Constantinople (ce qui n'est pas
certain) ils ne quittèrent pas le pays ; ils avaient, dès le priii-
cipe, na couvent sur la rive gauche de la Corne d'Or, celui de
St-Prançois, qui resta pendant longtemps la principale église la-
tine de Galata et en fut la vraie paroisse; plus tard, quand le
St-Siège se décida à envoyer un évêque à Constantinople, St-
François devint naturellement sa cathédrale.
A quelle époque faut-il faire remonter la fondation de l'église
r>' Google
de St-François ? Nous ne pouvons répondre avec précision k cette
question. Elle esistalt certainement à la restauration byzantine,
en 1261, nous croyons même qu'elle dut être établie dès les
premiers temps du séjour de Fr. Benedetto d'Arezzo, antérieu-
rement à l'année 1227, car malgré son nom de St-François, elle
avait été consacrée tout d'abord à la T. Ste Vierge, sans doute
parce que St François n'était pas encore canonisé : or il le fut
par son ami et protecteur, le Pape Grégoire IX, le 27 mars 1227.
Aussi loin que s'élèvent nos documents, nous voyons le cou-
vent de St-François chef-lieu de la Province de Remanie, puis
à partir d'Eugime IV, clief-lieu de la Province d'Orient : c'est
le nom qu'elle conserve encore aujourd'hui. Le Provincial des
Franciscains jouissait, depuis l'origine, du titre, et remplissait
les fonctions de vicaire du Patriarche latin de Constantinople ;
c'est-à-dire qu'il remplaçait le Patriarche qui ne pouvait plus
demeurer dans sa ville. Comme nous l'avons vu, la Province
de Romanie comptait, en 1400, trois custodies, et la Custodie
de Constantinople sept couvents.
Nous avons aussi fait remarquer qu'un peu avant cette date,
à Constantinople, comme dans tout l'Ordre franciscain, deux
courants se dessinent, bien distincts. Quelques religieux, plus
zélés observateurs de la Régie, remplis de bonne volonté etd'ar-
deur, aimant davantage la solitude et affectionnant les petits
couvents, veulent s'en tenir à la rigueur des paroles de St Fran-
çois relativement à la pauvreté et renoncent à toutes les permis-
sions, et à tous les privilèges accordés aux Frères Mineurs par
' les Souverains Pontifes : on les appela de divers noms, mais
celui qui prévalut fut celai d'Observants, les autres, surtout
ceux des grandes villes et des couvents considérables, plus mê-
lés au monde et partant moins sévères, acceptèrent des Papes
une interprétation moins rigoureuse de la Règle, sous le rapport
• de la pauvreté, quelques habitudes pins bénignes dans leurs ob-
servances : on leur donna le nom de Conventuels, parce que
en général les grands couvents leur furent attribués. En France
on les nomma Cordeliers.
D'abord ces religieux ne se séparèrent pas les uns des autres,
mais vécurent ensemble dans les mêmes maisons, surtout ?i l'é-
tranger et dans les contrées infidèles ; cependant peu à peu, ils
se séparèrent complètement, et sous l'influence de plusieurs
r>' Google
saints, formèrent d'abord des couvents, et enfin des Ordres dis-
tincts. Pour ce qui nous occupe en ce moment, nous constatons
qu'en 1445, le pape Eugène IV décida finalement que tous les
couvants de la Custodie de Constantinople resteraient aux. Ob-
servants à l'exception de celui de San Francesco^qui serait attri-
bué aux Conventuels. Plus tard encore, une autre division se
produisit dans l'Ordre, des religieux, pour revenir plus complè-
tement à la forme de vie et de costume de St François, formè-
rent une nouvelle Réforme, qui fn! à son tour séparée des autres
et, forma un Ordre spécial, tout en restant parmi les vrais en-
fants de St François, celui des Frères Mineurs Capucins. Ainsi
les Franciscains, remontant au même Père, observant la même
règle, et distingués par le même signe, la Corde qui leur sert
de ceinture, forment maintenant trois Ordres séparés, ayant
chacun leur supérieur général et leur administration indépen-
dante : les Conventuels, les Observantins, les Capucins. St-Ân-
toine, Ste-Marie et St-Louis, sont à Constantinople le siège de
ces trois branches de l'Ordre franciscain.
Quoi qu'il en soit, et pour revenir à notre sujet, nous avons
TU plus haut que sous le règne d'Andronic II Paléologue, suc-
cesseur de Michel, les Frati, Minori e Predicatort, avaient
eu beaucoup à souffrir de l'animadversion des Grecs; et que,
pour un moment du moins, chassés de Constantinople ils avaient
été contraints, en 1307, de se rabattre tous sur leur couvent de
Péra. Ce couvent lui-même était déjà fort convoité par l'empe-
reur i mais le concours des catholiques qui venaient se presser
autour de leurs religieux, les consolait et les engageait même
à chercher avec eux les moyens de se soustraire aux mauvais
traitements dont ils étaient l'objet.
Nous n'avons pas de monument relatif à l'église de San Fran-
cesco, antérieur k l'année 1304. Wadding, le savant Annaliste
des Frères Mineurs, cite une inscription commémorative funé-
raire, placée sur la porte principale du temple à l'extérieur : -
c HIC INFERIUS EST SEPULCRUM D. D. GERARDI ET
ROBERTI FRATRUM COMITUM DE MONTE GUCO ET HAE-
REDUM SUORUM.... 1304-1338. » Cette inscription postérieure
d'une année seulement à la Délimitation de Qalata de 1303,
citée plus haut, d'après Sauli, est d'autant plus importante
qu'elle constate, pour cette époque, l'existeoce de Méglise ta-
r>' Google
— 190 —
tine de St-François, dans cet endroit même : fait corroboré par
une autre inscriptioo'.
En effet nous avons trouvé, à deux mètresde profondeur sous
le sol, lors de l'exhumation du cimetière des Orands Champs
de Péra, en 1864, une pierre tombale de l'année 1335, prove-
nant de St-François ou de son enclos, et que nous avons fait
placer dans le nouveau cimetière, à la partie centrale du grand
ossuaire. Voici le texte de cette inscription accompagnée du fac-
similé que nous en avons fait relever :
SEPULGRUM DOMINI ANDRIOLI DE PAGANA ET HAE-
REDUM SUORUM, QUI OBIIT ANNO DNI M CGC XXX V.
DIE XV JUNU.
Cette inscription est de la même année que celle rapportée
plus haut, (Part n, Ch. I.), lorsque Galata reconnaissait encore
sa vassalité vis-à-vis des empereurs grecs.
Dans les divisions intestines survenues à la mort d'Andro-
nic III (juin 1341), les Galatiotes, avant de se prononcer pour
l'un des concorrents & la couronne, chargèrent deux religieux de
St-François, dont l'un était le P. Enrico, parent de l'impératrice
Anna, et supérieur des Mineurs Observantins de Galata, de
se rendre an camp, pour faire une sorte d'enquête sur les droits
des compétiteurs, et transmettre ensuite son avis aux magistrats
de la colonie^.
En 1356, les Pères Tomaso, earmélitain, et G-aiUaume, des
Mineurs, furent envoyés par Innocent VI, comme nonces, auprès
de l'empereur Jean I" Paléologue ; et, ne l'ayant pas b-ouvé à
Constantinople, frère Guillaume resta dans la capitale, aân de
se concerter avec ses confrères les Mineurs de Péra et leaPr^-
cheurs de Oalata, sur les mesures à prendre pour le succès de
leur mission ^.
1 Storia unioertale délie miuioiû frvnce*cane. Rome, 1859, II, chap, iv, 186.
1 Sauli, Ux. laud.. I, £77.
' Sloria uiusertale deUe miuioni fraiKe*eane, IV, 221 ; Cf. Waddîng, an-
aée 1356. Cette dîatlaction de dénomination, ponr ta mâiUe localité, pont
paraître sin^liére ; on ne saurait l'expliquer autrement qne conims una
simple appellation, chinaie par chacune des deux religions pour aon titre
q>écial et partieuliar.
çGoogle
— 191 —
Une bulle de Martin Y (1439) aa fl*ère Nicolas, nonce aposto-
lique, cite les diocèses et villes de c Cafa, Chio, Mytilène... Pa-
ra, Ticino di Constantinopoli '.
Les Annales Minorum foornissent des détails intéressants
« sar l'eaglyae de St-Françoia des Cordeliers, » qualifiée par
M. de Ciermigny, ambassadeur de Henri ni, < de ddme ou esglyse
cathédrale ; > par la Comunitâ, de < grandezza e splendore del
nome christiaDO, in queste parti dell'Oriente.., domo di questa
città di Peyra,... cbiesa principale, > par Dacange, c d'aedes
principalis totios Galatini oppidi. »
Wadding donne la description de cette église, et, entre autres
détails, le texte des pierres fanéraires placées dans le temple,
mais dont le feu n'a laissé aucune trace ; en voici le som-
maire :
Près la porte de la sacristie : « bontpacids de paclo, amib&tos
REâNI BCEUORDll-, OBITI 1364. >
Près la porte conduisant de l'église au cloître : c JACEnr kobilis
Vm BRANCHA, DE SPmOUS; DEFDNCTDS ANNO 1890. >
Près le baptistère : c jacent andrbas de orquldis andreae
FIUCS QUI ANNO 1433 Dm PRIU. NOV., BT LEONABSOS DB SPINOLIS
QDI DIE 10 SEPT. OMEBCNT. >
Non loin de la porte du cloître, le tombeau en marbre c ma^
QNIFICI DHI ULinS CAftOLI LOUELINI, PRfFECTI CLA5ST3 GENUENBI8,
DBFDNCn 1434 OIE 4 BEPTEUBRI3. >
Âu milieu de l'élise : c hic sepdltds est mabcus DELpmNus,
PATRICIDS VENBTDS, ANHO 1490 DIE 13 JOUI. >
Dans le cloître même, chapelle Ste-Marie Madeleine : ( jacet
PmiIFPUS DE ARTOIS COltES DE CIC (sic) ^I COMESTABOLI FRANCIS,
QUI OBirr MIKHALIt3 ANNO 1497 {siC) DIE 15 JCND^. >
< Storia xtmeêrtale deUe miM. fr. IV, 231; Cf. WaddÎDg. année 1356 ; id.
p. 472.
* Comte d'Eu, fait pritonnier i la oéMbr»bataiUe de Nioopolis, par sultan
Balezid, le 25 Mplembre 1396, et mort à Mikhalidj , Ducange, Contt. CkriU.
p. M.) Cette intcriptioa sa TOyait encore dans St-Frangoîa, en 1656.
On lit dans lea archives des Missions capucines dans le Levant : ■ Le 19 fé-
vrier 1656, le curé de l'église St-Franç(da présenta à M. de La Haye une
lierre Terdfttre, comme étant un tombeau, dans lequel on n'a rien trouvé,
mais dont le oouTercle portait l'épitapbe d'un comte d'Artois, qualifié conné<
Uble de France, mort en... 1394 on 5. > (tie).
DigilizPdbvGoO^le
— 192 —
Au milieu du temple : t georgius andrëas GRirrr dugis veme-
TIABUM FILIUS, QUI OBIIT 1538 '. »
Dans le chœur, du côté de l'épitre ; t jacet joannes dold
ÛALLORUM REGIS ORATOR QUI IN «TATIS 33, m: CHRISTI 1561, DIE JULD
Dans la chapelle Ste-Anne : < jacet illusibis vm albertus
DE VnS FERDINANDl ET MAXIMIUANI IMPERATORUU GONSILIARIl'S ET
IN CURIA OTTOMANIGA MULTORDM ANNORDM ORATOR. OBIIT OC.TOBRIS
1579 J. »
Le baron de Preyner, ministre impérial, décédé le 19 août
1584, fut également inhumé à Saint- François, à côté d'Albert
de Wyss*.
Près du baptistère, on lisait sur le sol : * vincentio grade-
Nico, EQum, BAiLO, 1600. > Le nom de ce balle ne se trouve pas
dans la liste des balles, donnée parHammer.
Parmi les familles illustres dont les membres avaient leur
sépulture à St-François se trouvaient toutes celles qui ont laissé
un nom dans l'histoire locale.
Quelques-unes faisaient mieux, elles donnaient aussi de leurs
enfants au cloître ; ainsi nous rencontrons parmi les profès de
St-François, d'après Bonose, Fr. Maestro Bartbolomeo Lomel-
lini, di Genova, et Lodovico Splnola, vicario in Pera di Gons-
tantinopoli, etc.
Cette église paraît ne pas avoir été placée seulement sous le
vocable de Saint-François, à en croire l'inscription suivante,
placée au-dessusde deux tribunes séparées, l'une pour les jeunes
filles, l'autre pour les femmes, que MgrGiflredusGicala,évêque
de Gaffa, avait fait construire :
Ad honorem Dëi et B. Mari*; vibginis et beati Francisci hoc
OPUS FECn FIERI REVDU3 DOMNUS PRATER GiFFREDDS CiGALA, DeI
GRATIA EPISCOPUS CAFFENSIS, OLIM PROPESSUS IN ORDINE MINORUM
PRO CUJUS SDTFiai PR.¥aaO DETUR SIBI VriA fn'EBNA, AMEN. 1426
DTE PRIMO AUGtJSn.
' File naturel du doge, et qui joua un râle important sous le râgne de sul-
tan Sulelman.
^ Les Négoriatlon» ([, 6G3) et autres documents ne font nulle mendan de la
triste On de est envoyé de Charles IX.
> Lisez r 1569. Si<gociat!ons. III, 96; Hammer, VI, 335 et 516.
* Hammer, VI, 174.
r>' Google
çGoogle
çGoogle
Selon le témoignage de Waddiug, l'église et le cloître de
St-Fraaçois étaient vastes et spacieux ; les rapports contem-
porains s'accordent encore à dire que l'ancien enclos de l'église
était plus étendu que celui de la mosquée actuelle, bâtie sur ses
ruines.
Lies NégociatiOTis \ faisant le récit des rivalités politiques
existant entre l'envoyé de Philippe II et l'erabassadeur du roi de
France Henri III, nous donnent aussi quelques détails sur ces
mêmes rivalités dans les questions religieuses ; ces conflits ame-
nèrent la clôture de l'église St-François durant plusieurs années :
( J'ay tousjours conservé et conserve la possession de précé-
dence des ministres de V. M., écrivait au roi M. de Germigny,
le 30 mars 1580, à sçavoir dans l'esglyse des Cordeliers qui sert
comme de dôme ou esglyse cathédrale à tous les ambassadeurs
chrestiens y résidentz, comme vostre ambassadeur, celuy de
l'empereur, de Venise et Raguze, où ils ont accoustumé d'an-
cienneté, à la façon des ambassadeurs à Rome et à Venize, d'al-
ler ouyr les messes grandes et offices de l'église aux festes so-
lennelles de l'année tous easemble, où j'ay été, devant et après
l'accident, avec les dits ambassadeurs, qui même me sont ve-
nus prendre en mon logis, pour m'y accompaigner-, laissant
aller le susdit Mariglian ^ seul en une autre esglise à part. >
M. de Germigny continua ainsi le 26 avril suivant : « Le sieur
de Mariglian projetait de faire practique avec le bassa pour se
trouver en l'église principale de ce lieu de Péra ; je le devançay,
faisant entendre résolument au bassa, où il le luy permettrait
et ferait cette brèche à V. auctorité, je ne l'endurerois et y
emploierois toutes mes forces et ma vie pour faire saige ledit
Mariglian à l'advenir et onltres ce prendrois dès lors congé de
ce seigneur et le bassa éclaircy soudainement, envoïa l'ordre
de ce seigneur audict Mariglian de n'assister aux cérémonies
publiques là où Y. ambassadeur seroit, s'il ne vouloit marcher
et prendre siège au-dessoubz, et qu'où il se mettroit en effort
d'oultre-paaser ce commandement, il l'envoyeroit renfermer en
son logis.... Bref, j'ay assisté à toutes les cérémonies de la sep-
1 Tome m, 889.
* Cf. plus haut g Protectorat politique.
* L'envoyA espagnol ou mieux de l'cmpepeur d'AUemagna.
r>' Google
— 194 —
maine sainte et festes de Pasques, m'estaot venu prendre en
mon logis le vice-bayle des Vênieiens, les Seigneurs Perotz,
raguzoj's, marchands vénitiens et aultres à l'accoustumée, pour
m'y accompaîgner ; où ledit sieur Mariglian alla seulement une
fois ou deux en l'église Saint-Pierre, petit monastère des Jaco-
bins, seul et sans qu'aucun pêrot ni aultre et moings ambas-
sadeurs nibayles, s'y retrouvassent '. »
Le même ambassadeur écrit encore au roy, le 2 juillet sui-
vant- : « Je me trouvay à la procession solennelle de la Feste-
Dieu dernière, accompaigné de tous les Seigneurs Pèrotz à l'ac-
coustumée,où toutes lesesgllses chrestiennes de Constantinople
et de Péra s'assemblent; et fusl faict l'office par l'évesque de
Pcio. ï
Selon Hammer ^, sultan Murad III, voulant les changer en
mosquées, aurait fait fermer les églises de St-François, Ste-
Anne, et St-Sëbastien. Le dimanche suivant, l'ambassadeur
se serait rendu, avec une suite de quatre-vingts Français, de-
vant l'église dont il aurait frappé la porte entonnant l'hymne
Attollite portas ; et il ne se serait retiré qu'à midi, pour-
suivi par les railleries des Turcs ; mais, comme cela avait déjà
eu lieu, un sacrifice de quelques milliers de ducats aurait
empêché l'exécution du projet conçu*.
De nouvelles difiicultés s'élevèrent pourtant encore, à propos
des mêmes questions de préséance, en 1585, avec le baile de Ve-
nise. Bertbier, chargé d'affaires, écrit au roi, le 26 mars de cette
année : i Comme suivant ce qui a esté de tout temps de louable
coustume... par les ambassadeurs de V. M.... et pour en ce don-
ner exemple et satisfaction à ce peuple chrestien, de deçà, aux
églises de Pera,et mesmement à celle de Saint-Françoys, je se-
rays le dimanche xvii du présent mois, allé à icelle pour y ouyr
le sermon et le service divin ; après toutesfois avoir faict re-
connaître à celluy des miens qui y porte mon tapis,8i celluy du
baille des Vénitiens y seroit. Comme il n'estoit donné ordre
' Cf. ci-dessus ; Protectorat politique.
* Négociationii. III, 916.
3 Loc. lau't. VU, IJO.
> Moins affirmati^JouanDin (Za ritrç'jie, 169) dit eeulementque M.de Ger-
mignj-, au moyen de quelques milliers de ducata, empAcha la fermeture d«i
églises qu'on voulait consacrer à rislaniieme.
çGoogle
— 195 —
qu'en ce cas il meist le mien en une aaltre église, là auprèz...
Mais non seulement cestuy-cy prins party d'y venir, mais il me
manda dire par ung des siens quej'eusse à lui céder le premier
lieu. Sur ce, pour éviter l'outrageuse résolution du dict baille,
venant h ceste an, accompaîgné, oultre les siens, de tout plain
de personnes de sa nation, j'aurais pensé plus expédient de
m'en partir de là, ayant mesme jà,ouy messe*. *
On relève plus loin de la môme correspondance que ce chargé
d'affaires » auroit esté invité à se trouver à St-Françoys par ung
marchand de la confraternité du St-Sacrement' érigée de deçà
depuys un an ou environ (1584), ayant accoustumé les confrères
d'icelle faire une procession à certain dimanche de chaque moys.
Ce dont où ainsy seroit estant moi semhlablement de la dite
confraternité.... Le baile ani-oit encore [contre l'antienne et in-
vétérée usance, non oncques violée par aucuns ministres de
princesde deçà, ny des ambassadeurs de V. M.) buté de vouloir
forcer, mesmes par audacieuses menaces, les chrestiens Perrots
de l'antienne confraternité de Ste-Anne, en ceste église de
St-Françoys, de luy céder le pas, dans les cérémonies de la se-
maine sainte. En estant venus enfin iceux Perrots jusque à ce
(voyant l'oultrage du personnage, et en vertu de leur ancien
commandement et privilège de ce seigneur d'estre maintenuz en
la jouissance de leur église et leurs antiennes usances en icelles,
dont de l'ung et l'aultre, ils ont toujours recogneu la pre-
mière, principale et comme seule protection de V. M.), que de
s'estre résolu, ou de faire clore les portes de leur église au-
dict sieur baile, comme il y viendroit avec ce desseing, on de
recourir ouvertement à moy pour ce regard. — Au demeurant,
écrit encore Berlhier à Henri III, le 39 avril 1585, je fus le
jour de Pasques, à l'église de St-Françoys, au service solen-
nel d'icelle, y bien reçu et honoré de tous, en considération
du grand respect que tous généralement de deçà ont de tou-
1 Xdr/orialiuna, IV, 3C7.
- Las procès- verbaux de la Comuni'tâ font aussi mention ila l'exis-
tence de cette confrérie. Comme la confrérie de Ste-Anne, celle du St-^acre-
ment', précédemment instituie à St-Fraaçois, fut transférée i, St-U»'
noit : ir Las marchanda, dit le Père Tarillon, s'assemblent dans St-Benolt
pour leur confrérie du Saint-Sacrement, qui est fort nombreuse, et Où il se
fait beaucoup de bien. »
r>' Google
— 196 —
jours ea du nom de V. M., ofi le sieur bayle de Yenise ne se
trouvera*. »
Les Négociations, qui, du reste, o&ent une lacune à cette
époque, ne fouroiaaent aucun renseigueinent sur la fermeture de
St-Françoi3. On lit dans Jouannin ^ : « Le caractère violent
de M. de Lancosme le poussa à commettre dans l'église St-
Georges (lisez St-François), à Galata, un acte qui eut des
suites graves : le dimanche 29 mars 1586, il enleva à main ar-
mée la place d'honneur qu'occupait l'ambassadeur impérial. Le
maintien du privilège explique cette action ; mais la Porte en
fut irritée ; l'église fut fermée ; et le grand-vizir déclara qu'elle
ne serait rouverte que lorsque M. de Lancosme ne serait
pius fou. )
Le docteur Pezzen, porteur, en 1587, du c présent honoraire
annuel impérial, t Interposa inutilement ses bons offices pour la
réouverture de l'église ^ ; le baile vénitien agissait aussi de son
côté, et annonçait même (1588) un succès non encore obtenu^.
IL semble toutefois, d'après la correspondance de M. de Lan-
cosme, du 33 décembre 1587, que, dans ses négociations avec
le grand-vizir, celui-ci faisait retomber le fait de la fermeture
de l'église sur les Perrots eux-mêmes, et que ces derniers dé-
siraient obtenir un compromis entre les ambassadeurs du roi et
de l'empereur. Ce même dire est rapporté dans une lettre de
Henri IV à sultan Murad, portant textuellement ; « Nous avons
été averti par notre... ambassadeur... que, pour quelque con-
testation qui advint... entre luy et l'ambassadeur de Hongrie,
touchant la préséance de l'église, fut pris occasion par les pro-
cureurs religieux du couvent de Saint-François de Gallata,
de fermer leur ^lise, où les ambassadeurs avaient coutume
d'aller ouïr le service divin *. i Quoi qu'il en fût, St-Fran-
çois n'était pas rouvert, et M. de Lancosme écrit au roi
le 19 février 1586, « à propos de l'heureuse victoire que S.
■ Négoeiatiom, IV, 381.
" La Turquie, p. 173.
ï Hammer, VIT, 181.
» NégwAationt, IV, 633.
s Testa, Recueil rfe* (raiK*. III, 8ïâ. Dans une lettre do 1611, la Comuni^,
dit que l'église fut fermée, d'ordrs du sultan, poor les mâmea raisons, et de-
meura ainsi close duraat plusieurs années.
r>' Google
— 197 —
H. divine a donaée à Y. M. sur l'bérésîe, j'ai fiaict assembler
tous les prebstres et religieux qui sont<i Constanttnople et à
Fera*, lesquels ayant chanté les lonanges de Dieu et uog Te
Deum, dans une des priacipales églises, et prescbë publique-
ment la grAce qne Dieu avoitfaicte à tous les chrestiens par l'heur
et conduite de Y. M., tous univeraellement ont invoque la béné-
diction de Dien sur icelle ; je m'y suis trouvé avec tous les
Françoys et grande quantité de Perrots et aultres chrestiens^. >
A son ari-ivée à Constantinople, vers le mois de mars 1593^,
M. de Brèves demanda, au nom du roi, an sultan, la réouverture
de St-François. Henri lY qui, d'ailleurs, avait, de longue
date, entretenu des relations personnelles avec saltan Murad,
avait écrit de nouveau à ce prince : c Sultan Amurat, notre
très cher et parfait ami, i pour le supplier très affectueusement
que son bon plaisir soit avoir agréable, en notre contemplation,
que la dite t'gllse soit ouverte à tous les chrétiens ; donnant, s'il
lui plaît, sur ce, des recommandations, de sorte qu'il n'y soit
mis empêchement par les ministres et ofBciers de S. H. , de la-
quelle nous recevrons la dite concession à plaisir, à nous parti-
culièrement faite ^ 1 La demande du roi fiit aussitôt satisfaite :
€ dès l'arrivée de M. de Brèves, dit Hammer^, le sultan fit ou-
vrir l'église de Galata, qui litait restée fermée jusqu'alors. »M, de
Brèves, dans la Relation de ses voyages, dit au reste, à ce
propos : < Cette église est demeurée cinq ou sis années sans
être servie des religienx qui souloient y demeurer, à cause d'an
débat qui arriva entre l'ambassadeur de l'empereur qui résidoit
alors à Constantinople et celui de France, fondé sur la préséance
qu'un chacun d'eux prétendoit. J'ai eu le bonheur d'y restablir
ces religieux comme auparavant. Ce fut en l'an 1590^ >
On sait, du reste, le crédit extraordinaire dont jouissait M. de
> La Ijitîniti' [lOBaédait encore, â ConstantinoplQ,les deux églises de $t-Ni>
colas et Ste-Marie.
' Si'aixintiiM^, IV, 649.
» Hammer, liaite* vMUicnt. \'\\. 252-253.
* Testa, lirrueil -Ici traMx. III, 328.
» Lor. tnu-l., VU, 252.
* Une erreur typographique donne 15!>0, qu'il faut remplacer par 15S3; l'é-
glise, on l'a vu, fut fermée en 1186 ; en adoptant pour la durée de la ferme-
ture le chitTre de six années indiqué par M. de Braves, on aurait 1592; 0«t
ambassa^Ieur, on l'a dit plus haut, est arrivé à son poste en mars 1593.
r>' Google
— 198 —
Brèves à la cour ottomane, l'usage qu'il en fît pour la conserva-
tion au culte de plusieurs églises, tant à Constantinople qu'ail-
leurs, et notamment de celle du St-Sépulcre, que, plus d'une
fois, on voulut changer en mosquée ; ce crédit, nous l'avons
rapporté autre part, avait fait dire à un historien turc : « Peu
s'en est fallu que l'islam ne devint fou, par le fait de ce damné
d'ambassadeur de France ! »
Une déclaration des trois chefs d'ordre de Péra, savoir 1" le
Père André Farga, de Venise, prédicateur général et vicaire gé-
néral de la congrégation de Constantinople, de l'Ordre des Prê-
cheurs; 2''fra Cherubino, da Macerata, de l'Ordre des Mineurs
de l'Observance, gardiende la province de Marche, commissaire,
vicaire du patriarche de Constantinople ; 3° fra Margalion de Péra,
commissaire provincial des conventuels, datée du 33 décembre
1604, constate, à cet égard, s les heureux effets de la puissante in-
tervention de l'ambassadeur de France ; il a, contre toute attente,
fait ouvrir et sauvé l'église de St-François de Péra, grandenr et
splendeur du nom chrétien dans ces contrées, lorsque, par suite
de la dispute de préséance entre les ambassadeurs de K. M. T.C.
et de S. M. LjClle avait été fermée; et qu'il yavait danger ma-
nifeste de la voir perdue' ; » St-François était resté fermé de
1580 i 1593, c'est-à-dire durant environ sept années - ; mais, à
différentes reprises, le droit de conservation fut maintenu par
les sacrifices pécuniaires que, dans l'intervalle, et au moyen des
secours sollicités de Rome, de Venise, et d'ailleurs, lew Pérotes
s'imposèrent, tanten numéraire que par la vente d'immeubles
appartenant aux diverses églises de Ste-Anne, St-Benoît,
San-f'iiovanni de l'hôpital, St-Pierre et autres, pour le rachat,
à Malte, de trente esclaves turcs ^.
En 1598, M, de Brèves « plaida encore la cause des Francis-
cains de Péra, auprès du mufti Sead-Eddin ' ; c'est peut-être à
ce fait que les chefs d'ordre font allusion dans leur déclaration
précitée, où il est dit : < Dans une autre occasion, M. de Brèves
a sauvé St-François d'un danger manifeste que cette église
1 Testa, lo-.luad., 111,331.
* .( A la suite lie ce différend, disent les actes de la Comarulâ. St-François
resta ferma durant plusieurs années. »
' Cf. ComiiniKi, à Tannée 1611, etHammer, VII, 287.
» Hammer, VII, 362.
r>' Google
— 199 —
avait couni, par suite d'une accusation relative à quelques es-
claves fugitifs, et qui avait menacé la vie de tous les religieux
desservant la dite église. >
En 1604, c la chiesa di San Francesco era nel pericolo di per-
dersi, bavendo turchi procurato che il signore, passando vi en-
trasse, divertito Bostandji bachi ', »
Ayant quitté l'ambassade de Constantinople pour celle de
Borne, M. de Brèves n'en continua pas moins ses bons offices à
la Latinité de Péra ; par sa lettre du 1" août 1609, rappelant la
réouverture de St-François, due à son énergique intervention,
le danger que, sans lui, cette église et les autres temples catho-
liques auraient couru dans l'affaire des esclaves fugitifs, la Vo-
muiiîlà déclarait M. de Brèves t protecteur et défenseur de
toutes les églises et monastères de Constantinople, > et sollici-
tait son appui auprès du Saint-Père.
En 1618, et sans doute à raison des sacrifices continuels qui
lui avaient été imposés, St-François était tellement pauvre, l'cri-
vait la Comunltà, le 30 mars, h Paul Y, * que, cbaque semaine,
les desservants de cette église vont mendier leur pain dans les
maisons, et qu'un frère va faire la quête à chaque messe. »
Eu 1623, le 6 mai, la Sacrée Congrégation des Bites, sur une
instance du visiteur apostolique, l'évèque de Santorin, décida
que c'est au Supérieur de FF. MM. Conventuels de Constanti-
nople et non au Vicaire patriarcal qu'il appartient de porter le
St-Sacrement, dans les processions qui se font dans les cloîtres
de St-François : cependant elle ajoute que, par ailleurs le Vi-
caire patriarcal avait la préséance dans tous les actes auxquels il
assiste en sa qualité de Vicaire patriarcal. Le Vicaire patriarcal
était alors Frère Mineur observant, gardien de Ste-Maric Dra-
■ péris.)
En 1633, l'Évoque de Santorin, visiteur apostolùiiio, fixe
le personnel religieux de SI-Fran(:ois it'six prêtres et deux
laïques, et à 45,000 aspresla pension qui devaitleur être comp-
tée par les procureurs, pour leur entretien et les réparations
de l'église.
En 1633, St-François aurait été mis sous scellé, aio-si que
d'autres églises, ce qui, avec la réparation des églises attenant
' Hammer, d'après les Baile^ rt'nitien», VHI, iSli.
y,'G00g\il
— 200 —
aux murs de la ville, aurait occasionné à la Latinité de Galata
de nouveaux sacrifices ; aussi dut-on réduire le personnel ecclé-
siastique de St-François à quatre prêtres et un iai'que, et
l'allocation annuelle de 15,000 aspres, soit net 30,000 aspres
ou 250 realî, auxquels venaient s'ajouter 150 realt pour le
service de trois chapelles, une fois la semaine l'une', celui
du bagne, les mariages, baptêmes, enterrements, bénédiction
des maisons, deux fois l'an, les offrandes durant l'année, la
caisse particulière du couvent, les confessions et legs.
Au milieu de toutes ces difficultés les religieux de St-Prançois
continuaient, comme ils pouvaient, leur ministère, ils s'occu-
paient même de l'œuvre à laquelle l'Ordre avait travaillé avec
tant de sollicitude, la réunion de l'Église grecque à l'Église ro-
maine. L'an 1637, le P. Mattre, Angelo Petrica, commissaire
général d'Orient pour les FF. MM. Conventuels, et Vicaire pa-
triarcal, détermina le patriarche grec, Veni, à tenir un synode
où fut prise, par les Grecs, la résolution de se réunir aux La-
tins. Mais l'émoi causé par cette résolution fut tel que l'on cons-
pira contre le patriarche et qu'on parvint à le faire empaler, sur
la place publique. Quant an P. Angelo, il eut grand peine à
sauver sa vie, en fuyant en chrétienté.
Enfin, le 16 mars, selon Hammer, le 18 selon les archives de
St-Antoine, 1639, l'antique église de St-François, qui avait été
si longtemps la première de Galata, et qu'on regardait comme
une des merveilles de l'Orient fut détruite par un incendie. U
semble que le désastre fut dû à la malveillance des Grecs, irri-
tés encore de ce que le patriarche avait voulu se faire catho-
lique. En tout cas le couvent fut pillé et dévasté entièrement.
C'est bien à cette église qu'il faut appliquer la description
que nous trouvons dans les auteurs. On lit en effet dans Maca-
rius, patriarche non uni d'Antioche-, la description suivante
de St-François, qui paraît répondre parfaitement à cette épo-
que : * Then \ve viewed the church of the franhs, which
has been burnt (britlée) ; whicb egunlled Santa Softa, in
heigt and size, and form, and structure ; and was adorned inside
and out with mosaic paintings and gildings of tbe dominical
' St-Antoine, St-Jean, Sl-Sébastien !
* Loi-, law/.,p. 28.
çGoogle
— 201 —
feast, over the door, od the whole, is a painting, in mosaic, of
the assumption of our Lady. AU the inscriptions are in the
frank language but is ruined, and deserted, and altogether
in the hands of the Franks. » Nous avons ensaite visité l'église
des Francs, qui a été brûlée depuis, elle égalait Ste-Sophie pour
la hauteur, la grandeur, la forme et la structure. Elle était
ornée à l'intérieur et à l'extérieur de peintures en mosaïques
représentant les faits évangéliques : par dessus tout on admi-
rait sur la porte une mosaïque représentant l'Assomption de
Notre-Dame. Toutes les inscriptions sont en langue franque ;
mais elle est ruinée et abandonnée quoique (oi^ours aux mains
des Francs.
Cette description est confirmée par le rapport de M. de Brèves,
dans la Relation de ses voyages ; t L'une des églises de Pera
est servie par des Cordeliers conventuels, qui est richement et
superbement bâtie, et se nomme St-François, enrichie de
mosaïques par le dedans ; joignant cette église, il y en a une
autre qui en dépend, nommée Saincte-Anne. , . Tous ces bâti-
ments n'ont pas esté bastis pour 3 ou 400,000 écus. » Cetto
somme, considérable popr le temps, indique suffisamment l'im-
portance de St-François et de ses dépendances.
On dut racheter le terrain, pour 4,500 reali. i St-Fran-
çois, écrit alors la Comunità, ne possède plus qu'une seule
maison; et celle-ci encore devra être vendue, si le général des
Conventuels n'envoie des fonds pour rebâtir l'église. » Mais se-
lon Hammer ' le « Divan » ne permit pas aux chrétiens (ou
mieux li la communauté latine) de réédifier l'église de Oalata,
coasumée par les flammes au commencement de cette année ; »
et, plus loin-, le même auteur rapporte que Qara-Moustafa,
grand-vizir de sultan Ibrahim (de décembre 1638 à mars 1643),
aurait « changé San Francesco en mosquée ; > ce dernier dire
n'est pas entièrement exact : on fit, en effet, de grandes difBcul-
tés ; mais, finalement, l'église fut reconstruite auprès des ruines
de l'ancien édifice ; et, d'après le même savant, l 'internonce im-
périal Kinsky aurait fourni six cents écus pour cette recons-
truction.
I Cf. Comunità, k l'année 1611, et Hammer, VU, 287.
> Hammer, VII, 362.
r>' Google
— 202 —
Il parait toutefois que les proportions de la nouvelle église
furent bien plus reslreintes. En effet le Père Giovanni Mercredi-
ai, Provincial d'Orient, et (c'est la première fois que nous
voyons cette appellation, qui sera désormais ordinaire), Préfet
apostolique des missions de Valachie et de Moldavie, Vicaire
patriarcal trouvant que le seul autel qui existait dans l'église
nouvellement relevée, de St,-Fraûçois, ne suffisait pas pour le
service religieux, en fit élever un autre dans la chapelle qui
servait de sacristie, et le consacra à Notre-Dame délia Sa-
lute. Pour avoir des ressources il se recommanda au baile de
Venise et à toute la nation, il en obtint des fonds, et na sieur
Paul de Belin fit don k cet autel d'un beau tableau de la Madone.
La < Magnifica Comunità di Pera n passait annuellement
36,000 aspres au couvent de St-François, mais comme cela ne
sufiisait point à l'entretien de six prêtres et de deux lais, néces-
saires pour le service de cette église, qui était la mère desautres
et la cathédrale, le supérieur demanda que ce subside fût aug-
menté. La f Magnifica Comunità» lui accorda, le 19 mars 1643,
un secours de 4,000 aspres une fois donnés, et promit 2,000
aspres par an pour le médecin et le pharmacien. Elle consentit
encore à ce que le produit des offrandes et des quêtes passât di-
rectement dans la caisse du couvent au lieu d'entrer dans celle
du procureur de l'église. Elle établit en même temps que les au-
mônes faites au quêteur appartiendraient aux religieux, sans
que le procureur eût à s'y ingérer en quoi que ce fût. (Archioes
de S(-Antolne.) Jusque-là c'était le procureur qui tenait toutes
les clefs, et touchait tous les deniers.
Le 5 août de la même année, 1643, « un service solennel se
fit dans l'église de St-François, pour le repos de l'âme du Roi
Louis XIII, de glorieuse mémoire ; tout était tendu de noir ; le
cloître était en boucassin, l'église à plein en drap, et le cata-
falque en velours; ce dernier, ainsi que l'autel, chargé de gros
flambeaux. L'ambassadeur et son secrétaire, tous deux en ha-
bits de deuil, assistèrentà la cérémonie; le secrétaire de l'ambas-
sade d'Angleterre s'y trouva aussi ; mais n'ayant d'autre place
que celle que le hasard lui donna, parce qu'il n'a pas rang en
l'absence de son chef. »
« M. le baile avaitprécédé de quelques minutes notre ambas-
sadeur à l'église, pour obvier à ce qu'on vît par les rues, sa li-
r>' Google
vrèc ea gala, mèlôe k celle de notre ambassadeur, qui était,
ainsi que sa maison, en grand deuil ; on ne déféra aucun hon-
neur ecclésiastique aux autres pendant la messe ; et le Libéra
chanté, ceux-ci ne donnèrent pas l'aspersion, autour du cata-
falque, comme cela se fait en France. (Archives des Capucins.)
En 1657, un difTérend assez grave s'éleva entre le t ministre
provincial, commissaire-général des Mineurs-conventuels de
St-Françoia » et la Comunità, k propos de la construction,
dans son église, d'une chapelle, où le premier voulait fonder la
confrérie des agonisants, sous le patronage de sSt-Antoine
de Padoue ; » cette querelle, dans laquelle intervint officiellement
M. de La Haye, ambassadeur de France, se prolongea durant
deux années.
En 1660, le 16 avril, te couvent et la nouvelle église de St-
François, bâtie auprès des ruines de l'ancienne et grande église,
furent encore la proie d'un incendie, qui dévora c les deux-tiers
de Galata. » Il ne resta autre chose de ces établissements que
des murs en ruine ; « pour le moment, lit-on dans les Archives
des PP. Conventuels, les religieux ne trouvèrent d'autre asile
qu'au bagne du Grand Seigneur, auprès de M. Proni, écri-
vain en chef; > puis ils passèrent aux Quatre Rues, aux vignes
dePéra, cicino ai palazzo del ministro di Francia, dsin'inne
maison que l'Ordre y possédait depuis longtemps, jusqu'à ce que
le couvent de Galata pût être rendu habitable. Le P. Pasqnatini,
provincial, partit en août pour la Chrétienté : il se rendit à Pa-
ris, où il recueillit 500 doublons d'Espagne, qui servirent au
rachat du terrain du couvent et de l'église incendiés. Les Turcs
retinrent d'abord l'emplacement de la grande église et le terrain
du four et de- la maison contigue; finalement Messieurs de la
Communauté, du consentement de Mgr ïeoli firent l'achat
simulé desdits lieux; mais ce ne fut qu'à grand peine qu'on
put avoir les Hodjets [titres de propriété ; et encore n'obtint-on,
le 2 juillet 1062, que la permission de biUir le couvent mais
non l'église. »
De nombreux objets provenant des églises incendiées, ayant
été retenus par ceux qui les avaient sauvés du feu, Mgr Ridolfl
dut menacer, quatre ans après, de l'excommunication, quiconque
tarderait davantage à les restituer. Dans cette même année on
dut vendre toute l'argenterie des confréries du St-Sacrement et
r>' Google
— 204 —
de St-François, pour racheter des Turcs, les hospices et église
de St-Jean-Baptiste, retenus par eux depuis l'incendie de 1660.
Des démarches furent faites, mais en vain, auprès do gou- -
vernement local, pour obtenir la reconstruction de l'église de
St-François, par les représentants d'Allemagne et de Venise.
te 20 mai 1666, une supplique fut adressée, au nom du Sou-
verain Pontife, au Baile de Venise, Ballerini, grand cliancelier,
pour qu'il obtint de la Porte, l'autorisation de rebâtir un simple
oratoire, sur l'emplacement de l'église incendiée de St-François.
Le terrain ayant été conservé par la protection de la Sérénissime
République de Venise, après le désastre de 1660 : ce fut le com-
mencement du protectorat vénUien à St-François, et il parait
avoir été confirmé en cette année 1666.
Mgr Ridolfi manda en c chrétienté » le supérieur de St-François,
afin d'y recueillir des aumônes pour la reconstruction de cette
église. L'Espagne, le Portugal et la Sicile lui fournirent des
subsides, Le 10 avril suivant, le vicaire patriarcal écrivit au Baile
Molino, qui se trouvait à la Canée, pour le prier d'employer
ses bons offices auprès du grand vizir, afin d'obtenir l'autorisa-
tion de relever St-François ; et, quelques mois après il sollicitait
pour le même objet des subsides du Pape et de la Propagande,
En&n l'année suivante, 1669, après la reddition de Candie,
l'amiral vénitien Morosini, en faisant la remise de l'ile de Crète,
obtint, du vizir Haçan, la reconstruction de St-François. Les
travaux toutefois ne furent commencés que Je 18 aoflt 1670 ; et
le 25 décemlve suivant on y célébra la première messe. Venise
avait fourni pour cet objet 3.000 talents, le Pape 1.000, et la
S. Congrégation 600, l'Espagne 1.000, le Portugal 300; on en
emprunta aussi 800 sur la maison des Pères aux Quatre Bues,
le chevalier Moysio Monico en prêta 100, Mgr Ridolfi, 67 ; enfin
on vendit une partie de l'argenterie qui produisit 90 talents.
Le 19 mars 1671, la nouvelle église fut bénite par Mgr Ridolfi,
en présence de Baile Luïgi Molino ; les armes de la République
furent placées sur la porte principale, et le tableau de St Marc
auprès du grand autel.
On lit dans les Actes de la Comunità à propos de cette cons-
truction :
* Grâce à l'intervention du baile de Venise, on obtint, en 1670,
la permission de rebâtir l'église en pierres ; et, quand elle fut
r>' Google
— 205 —
terminée, Mgr Riâolfi en fit la bénédiction. > On lit, à ce sujet,
dans Cbardin : « Le baile Molino eut beaucoup de peine à faire
rebâtir à Galata, faubourg de Constaotinople, Yégtise des Vé-
nitiens, que le feu avait consumée. Le baile fît tant d'efforts,
en cette circonstance, pour lever les obstacles qui survenaient
de tous côtés, qu'il en mourut » la peine ; mais, par bonheur,
l'oavrage était presque terminé, t Luigi Molino, qui avait été
envoyé à Constant! no pie eo qualité de ministre extraordinaire
délia Republica veneta mourut à Péra, le 26 août 1671 et fut
inhumé à St-François.
Les Annales de la résidence de Si-Benoît, s'expriment ainsi
i ce sujet : < Lea catholiques ont eu la consolation cette an-
née 1671, de voir enfin rebâtir l'église et le monastère de Stn
François. La première messe y a été dite le jour de laSt Joseph,
à laquelle assista M. Molin, ambassadeur de la République, qui
avait beaucoup contribué à la bâtisse. >
Les renseignements ci-dessus dont nous sommes redevables
à l'obligeance des RR. PP. Conventuels de St-Antoine, répon-
dent aux questions posées dans la première édition de notre
travail, et les confirment en partie : nous disions en effet, à ce
sujet :
Comment et à quelle époque St-François devint-il l'église
des Vénitiens ? Les actes de la Comunità élablissent qu'en
1657, l'ambassade de France intervint ofilciellement entre cette
église et la Comunità : ce ne serait donc qu'entre cette date
et 1670, époque de la reconstruction de l'édifice, que pourrait
&&*€ placé ce changement de protection, devena la conséquence
des démarches du haile pour la reconstruction, démarches dont
le souvenir, conservé dans le paj-s, se trouve conflrmé par le té-
moignage de Chardin. Venise ne faisait, d'ailleurs, que suivre
en cela son ancienne politique : on a vu plus haut la suite des
tentatives réitérées, à différentes époques, par les balles véni-
tiens, afin d'établir leur prépondérance religieuse, soit sur <: la
principale église de Galata, » soit sur St-Benott, par les difficul-
tés quïils contribuërant k opposer à l'établissement des jésuites
français dans cette abbaye. Cette ambition se trouvait dès lors
satisfaite, du moins en apparence ; mais elle ne fut peut-être
pas étrangère à la décision prise en 1731, par le R. P. Général
des Conventuels déclarantque ses religieux seraient placés Amb-
r>' Google
navant sous la protection de la France. Toutefois, on va le voir,
cette protection n'était point exclnsive, loin de là, et elle ad-
mettait encore certaine prépondérance en faveur de celle qu'on
avait voulu annuler.
Durant le temps qu'ils restèrent privés de leur église, les Con-
ventuels n'en continuèrent pas moins l'exercice de leurs fonc-
tions curiales, probablement à St-Benolt, la seule église épar-
gnée par l'incendie de 1660. En tout cas c'est à St-Benolt que
se faisaient les cérémonies ofQcielles : ainsi c'est là que se fit
l'installation ou la prise de possession de Mgr Ridotfi le 30 no-
vembre 1663, c'est là que se faisaient aussi les processions so-
lennelles et toutes les grandes fonctions. Les confréries y trans-
portèrent aussi leurs réunions, spécialement celle de Ste-Anne,
dont le prieur était le chef de la i Magniâca Comunità i.
La chrétienté latine de Constantinople n'ayant pas d'év&que,
n'avait pas à proprement parler de cathédrale, mais quand, à la
place du simple Vicaire patriarcal, ordinairement religieux de
St-François, on envoya un évèque, sufEragant du patriarche, il
choisit naturellement pour cathédrale la principale église, celle
de St-François. Des que le nouvel édifice fut achevé il recouvra
tous ses droits anciens. Le 28 mai la procession du Corpus-
Domini s'y fit solennellement; quatre reposoirs étaient dressés
dans le cloître, en l'honneur de St Louis et de St Marc, par les
deux Nations, du Rosaire par la Confrérie, et de Ste Anne par
la < Magnifica Comunità di Para. » Le baile de Venise, et l'am-
bassadeur de France, M. de Nointel assistaient à la cérémonie:
des contestations s'élevèrent entre eux. M. de Nointel voulut
faire enlever l'image de St Marc de l'autel où elle était placée,
ce qui lui fut refusé ; mais le lendemain vendredi, pendant les
vêpres, il lit enlever par un de ses domestiques les armes de Ve-
nise qui étaient arborées sur la grande porte.
La première procession de la confrérie du St-Sacrement, après
la restauration de l'église, eut lieu le 20 novembre 1672, celle
du Sacro Cordone, le 37 du même mois, toutes les deux pré-
sidées par Mgr Ridolfi. Les processions de la confrérie de Ste-
Anne recommencèrent aussi le 29 novembre. Mais ce ne fut que
le 21 mars de l'année suivante 1673, que fut bénite la nouvelle
chapelle de Ste-Anne, reconstruite dans les cloîtres de St-Fran-
çois, comme auparavant. Ce qui rendit ce jour plus mémorable
r>' Google
_ 207 —
c'est la démarche que fit le patriarche grec pour obtenir une
réconciliation entre son peuple et les Latins.
En 1674, le 5 novembre, sur la permission du Caïmacan de
Constantinople et du Woïvode de Galata, Isaac de Bovi, flam-
mingo, fut inhumé le premier après la reconstruction de
l'église, dans la chapelle St-Antoine, à St-François.
En 1675, la procession de la Ste Épine fut faite solennelle-
ment, aux flambeaux, dans les cloîtres de St-François.
Le 4 juin 1676, la procession de la Fête-Dieu se fit pontifi-
calement, avec l'assistance des représentants de France et de
Venise; à l'autel de St-Louis, on chanta le psaume Exaudiat
et l'oraison du Saint ; à l'autel St-Marc le Laudate Domtnum
omnes gentes, et l'oraison de St-Marc.
La protection de Venise avait, par le fait, amené plus d'un
conflit entre le baile et l'ambassadeur de France, elle en provo-
qua aussi entre les Vénitiens et les religieux. En 1678, le baile
Donati ayant prétendu, en sa qualité de protecteur de St-Fran-
çois, avoir la haute direction du couvent, le R. P. Général des
Conventuels, par une lettre du 14 août 1680, refusa de se sou-
mettre à cette extgeance, et ne voulut pas laisser entre ses
malus les clefs des maisons possédées par le couvent. En même
temps il déclarait commissaire général et supérieur du couvent,
Mgr Gasparini, qui avait succédé comme Vicaire patriarcal,
suffragant, à Mgr Ridolfl, 11 avril 1678.
Il réussit à établir une règle fixe pour la préséance entre l'am-
bassadeur et le haile.
Il eut à prendre une résolution plus importante, demanda et
obtint de la Sacrée Congrégation de la Propagande un décret qui
enlevait absolument aux Seigneurs Pérots l'administration des
revenus du couvent (17 octobre 1682). De son côté le Père Pro-
vincial refusa, à la fin de janvier 1685, d'intervenir dans l'élec-
tion qui devait se faire à Ste-Anne, par la i Magnifica Corau-
nità > d'un procureur pour le couvent de St-François ; mais la
ï Magnifica Comunità » de son côté, considérant que les conti-
nuels sacrifices imposés à la Latinité, tant pour ta reconstruction
que pour la conservation de St-François, avaient amené un tel
déficit dans ses finances, qu'il lui était impossible de faire da-
vantage, résolut, par décision du 28 janvier 1685, de ne plus
nommer de procureur pour cette église, et d'en abandonner l'ad-
r>' Google
minîatration temporelle à qui voudrait bien s'en chaîner. De fait
la * Magnîâca Comuaità > avait vécu, sa seule raison d'être
étant depuis longtemps l'administration temporelle des biens
St-Françoi3 ne lui survécut pas bien longtemps. Le 5 mai 1696,
à l'occasion des illuminations faites pour la naissance d'un fils
du sultan, il se déclara dans Galata, un incendie considérable, qui
consuma dix mille maisons et toutes les églises grecques. Celles
des Latins furent grandement endommagées : St-François per-
dit tous les immeubles dont il tirait ses revenus ; il ne lui resta
plus que la maison qu'il possédait depuis longtemps aux Vi-
gnes de Péra, près du palais de l'ambassade de France, aux
Quatre Rues.
L'église était restée presque intacte; mais, par un décret de
sultan Mustafa II, 6 mars 1697, le couvent, l'église de St-fYan-
çois et tout ce que contenait leur » rectnto > furent conâsqués;
le 4 octobre suivant l'église fut en partie démolle, (diroccata),
et finalement convertie en mosquée, soas le nom de léni'djàmi,
f nouvelle mosquée *.
Le fait en lui-même est clair, et tous les auteurs sont d'ac-
cord en cela avec les archives de St-Ântoine ; mais quand on
veut expliquer cette conDscation, si contraire aux capitula-
tions, les documents varient beaucoup. Nous allons en citer
quelques-uns.
Le naturaliste voyageur, Tournefort, qui visitait Constanti-
nople quelques années seulement après les événements, nous
dit : ( Les Cordeliers étaient curés à Galata, mais leur église,
depuis que le feu s'y prit, a été changée en mosquée, appelée
par les Francs • la mosquée de St-François » et par les turca
c la mosquée de la Validé » qui règne à présent et qui a
contribué à la faire bâtir. > Il se fait ensuite l'écho d'un bruit
malveillant, qu'on avait fait courir contre les religieux, ainsi
qu'il arrivait souvent à cette époque, nous ne le répéterons pas
après lai.
D'autre partBenofe, s'exprime de la sorte : f l'anno 1696, in
Galata di Constantinopoli, il di 5 marzo, per la terza volta, il
fuoco consuma il nostro convento, con un gran numéro di case ;
si era brugiato l'anno 1639, e poi nel 1660, e quindi era stato
rialzato, specialmente dalla pietà délia Republica veneta, da cui
r>' Google
— 209 —
prendeva il nome. Nel darsi relazione al gran Signore dell'iii'
cendio, deltosi dal retatore, che era arso anche il laogo dei Pa~
dri veneziani, con li qaaii aveva gaerra, commando che la
chiesa, rimasta intatta, fosse convertita in moschea ; e cosi fu
perduto quel nostro antichissimo soggiorno ; ta perd eretto un
altro convento in Pera, per il quale il re di Spagna diede co-
piosa elemosina. » [Loc. latid.)
Selon Hammer ' f la sultane Validé s'était naguères approprié,
dans le faubourg de Galata, l'emplacement d'une église incen-
diée et y avait fait construire une mosquée. >
Le Hadîqat el-djéoami^ dit simplement : c là se trouvait
une église qui fut brûlée ; et comme l'autorisation légale ne fut
pas accordée pour la reconstruction, le terrain /esta quelque
temps à l'état vague ; puis la sultane Gulnouch EmetuoUah,
€ servante de Dieu, > mère de sultan Moustafa II, y bâtit en
1109-1697, une mosquée, qui reçut le nom de léni-djàmt, ou
Validé-djàmt^. »
Hammer, dans un autre endroit*, rapport* que * l'église des
Minorités aurait été rasée, lors de la dernière rupture entre la
Porte et la République de Venise, et on aurait élevé une mos-
quée sur son emplacement ji ce dernier dire s'accorde avec celui
qui est consigné dans les archives des Conventuels, dans un vo-
lume de memoranda provenant de l'ancien couvent môme de St-
François, et soustrait aux flammes.
On est donc autorisé à affirmer avec raison, d'après tous cts
témoignages, que la participation des Vénitiens aux hostilités
combinées de l'.^utriche, de la Pologne et de la Russie, contre
la Turquie, ne fut pas entièrement étrangère à la perte définîtive
de St-François.
L'acte diplomatique vénitien qui, & la paix de Carlowicz, mit
fin aux hostilités', ne stipule rien de spécial pour les églises,
et se borne à rappeler, art. 14, c que les affaires religieuses se-
ront traitées de la façon déterminée par les anciens firmans. >
" Hammer, XII, 119.
* Le Jardin, des mosgaiva. Il, 34.
* Raehid, seconde éd., in-S-, H, 472.
* Hammer, XU, 411.
* NfgoKÎationt.
çGoogle
— 810 —
Aucune allusion n'y est faite à l'église dite, par Chardiu, des
Vénitiens,
La perte de oette église étant consommée, des mesures furent
prises touchant les sépultures du cimetière qui se trouvait
dans son enclos; et les procès-verbaux des délibérations na-
tionales, sans spécifier, d'ailleurs, si ce fut pour tout ou partie,
constatent que t la Nation û'ançalse fit procéder, à ses frais,
à l'exhumation des os des morts qui estoient dans l'esglise de
St-François, à Galata, et les ât transporter au cimetière de
BeattlouK >
Derrière cet édifice, et de l'autre côté de la rue, dite autrefois
ieni âjami soqaffhp,et actuellement medrécé-sogaghy, laquelle
a été prise sur l'ancien enclos de l'église, se trouve un medrécé
€ collège » bâti par Mebemmed Pacha, kiahia de la sultane, puis
vizir. Par opposition à St^Pau], dit, par les Turcs, djâmii-
kébir < la grande mosquée, » celle-ci est dénommée djamii-
djedîd, équivalent arabe de l'expression turque, ( nouvelle
mosquée; > mais l'ancien nom a été conservé ; et les titres des
propriétésvoisines, de 1232=1816etl279=l 862, portent qu'elles
sont sises dans le quartier de San Francesco -. Je serais assez
porté à chercher l'emplacement de l'ancienne église Ste-Anne,
gui était « net recinto » de St-François, mais en dehors de la
clôture, et qui du reste appartenait à la < Magnifica Comunità »
et non au couvent qui l'englobait dans son enceinte, à la place
de la petite mosquée du médressè. L'école du couvent, était au-
près de l'église Ste-A.nne, et la tradition se serait maintenue ici
encore, malgré le changement de culte.
Bj'santios rapporte^ que les maisons chrétiennes du voisinage
furent démolies, comme cela avait été pratiqué pour St-Paul ;
toutefois cela ne dut avoir lieu que dans une proportion minime,
ou pour peu de temps, car le quartier ne fut pas envahi par les
musulmans comme celui d'Arab-djami. Les chrétiens ne ces-
sèrent pas de l'occuper pour les affaires de leur commerce ; il
n'en est pas de même pour l'ancienne église St-PauI.
La mosquée actuelle, de petite dimension, est b&tie en pierres
' ProcéB-verbal du 18 juin 1607.
• V. Compte-rendu du cimetière. 1865. p. 24 ; 1867, p. 43.
» Tome H, 69.
r>' Google
— 211 —
et recouverte d'une enveloppe en bots ; la partie regardant la
mer parait appartenir k l'ancienne construction de l'église ; on
n'y trouve plus aucune trace d'inscriptions latines. L'imam nous
rapportait, en 1865, que la partie de gauche, affectée présente-
ment aux ablutions, était le couvent ou habitation des religieux ;
snr la partie de droite, ajoutait-U, on avait fait des excavations
qui auraient mis à nu une certaine <iuàntité d'ossements liu-
mains.
A la suite de ces événements, le Vicaire patriarcal, Mgr Gas-
parini, resta sans cathédrale et sans logement ; il ne laissa pas
que de s'occuper de son devoir : ainsi il prescrivit au P. Pro-
vincial de faire rentrer dans le trésor la relique de Notre Père
St François, qui avait été confiée au sieur Pellagro ; il prescrivit
aussi de réunir tout le mobilier de l'église et celui des religieux
chez le sieur d'Andria, et défendit d'en rien distraire autrement
qu'en présence et du consentement des Frères. Puis il acheta, de
ses deniers, une maison sise sur la rue Dàm-dùm, à l'angle sep-
tentrional de la ruelle de Venise ; cette maison servit de demeure
à lui et à ses successeurs, mais comme elle fut trois fois la proie
des flammes, la Sacrée Congrégation se lassa de la relever et
prescrivit d'en vendre l'emplacement. Dès lors le Vicaire patri-
arcal fut logé dans une maison, louée aux frais de la Propagande.
(Archives des Conventuels).
Quant aux religieux ils se réfugièrent dans la petite maison
qu'ils avaient aux Quatre Rues, près du palais de France, dans
les Vignes de Pèra, et qui était louée 120 piastres l'an. Ils. y
étaient très resserrés mais ils y avaient cependant une petite
chapelle dédiée elle aussi, à St François.
Pour les fonctions du ministère paroissial, sous la date du
25 octobre 1704, ils passèrent avec les Jésuites de St-Benoit une
convention en vertu de laquelle ils se servirent de leur église,et
y firent leurs fonctions, à certaines conditions : ils y restèrent
vingt-huit ans, jusqu'à ce que, par l'intervention de la France,
ils eussent obtenu un firman pour élever une petite église en
bois en l'honneur de St Antoine de Padoue, auprès du Palais
de France ;1724).
Ils firent aussi un autre accord, du même jour, avec le P.
Francesco di Cavosino, premier préfet des FF. MM. Réfor-
mes de Ste-Marie pour faire, au besoin, leurs fonctions dans
r>' Google
— 212 —
son église. L'accord se fit lâoyeunant la cession de la Quarte
fnnèraire. Nous retrouverons, plus tard le noaveau couvent de
St-Ântoine et nous dirons quelles furent ses péripéties.
Ainsi finit )e Couvent de St- François, le plus ancien et le pre-
mier de Constantinople. Les religieux ijai le peuplèrent étaient
tantôt envoyés de l'Italie ou des autres provinces, tantdt Fils du
couvent, c'est-à-dire reçus là même, car ce n'est qu'en 1704
qu'on défendît strictement aux couvents du Levant de recevoir
des novices. Ds furent mêlés très intimement à la vie de la ville
de Galata, ils en furent généreusement soutenus, mais ils rem-
plirent toujours, toutes les fonctions du ministère qui lenr fu-
rent demandées. Le voyageur ne traverse pas sans un certain
serrement de cœur la cour de la mosquée qui remplace cette vé-
nérable institution.
r>' Google
CHAPITRE IV.
LES ÉGLISÏ3 ST-PAOL, ST-HEHHE DE QALATA.
LES FRÈRES PRÊCHEURS OU DOIONICAINS.
§1-
St-Paul.
L'histoire des Dominicains à Constantinople se partage en
trois périodes bien distinctes, celle de la fondation de 1333
& 1335, celle des Frères Voyageurs pour le Christ, (Fratres
Peregrinantes pro Christo), jusqu'en 1601, et celle de la
Congrégation d'Orient, depuis le commencement du xTn*^ siècle
jusqu'à nos jours.
Que les Dominicains soient venus à Constantinople dès le
commencement de leur Institut, c'est un fait incontesté. En de-
hors même de tout témoignage positif on le pourrait afllrmer :
ils formaient un corps de prédicatears, actif et puissant dès
l'origine, ils étaient entre les mains des Souverains Pontifes un
levier irrésistible, pour agir sur les âmes : aussi,du vivant même
de leur fondateur furent-ils envoyés chez les peuples infidèles
pour y porter le nom de Notre-Seigneur,
Parmi les plus fameux missionnaires de ces temps primitifs,
l'histoire nous cite St Hyacinthe (1183-1257), qui avait reçu le
saint habit religieux des maina de St Dominique lui-même. La
tradition le regarde comme le fondateur de la mission domini-
caine de Constantinople. Il est vrai que son histoire ne le dit
pas formellement ; mais elle nous le montre parcourant l'AUe-
r>' Google
— 214 —
magne, la Pologne, la Russie, venaDt en Crimée et dans l'Archi-
pel grec, et fondant partout des couvents. II dut donc passer à
Constantinople et y établir ses frères, si déjà ils ne l'y avaient
précède. C'est donc, au plus tard, à cette date (1233), que nous
faisons remonter la fondation de cette mission. En tout cas nous
avons vu, dans la première partie de ce travail, les Dominicains se
mêler aux Franciscains avant la reprise de Constantinople par les
Grecs, 1261. En 1298, d'après Echard, Frère Bernard-Guillaume
deGail]ac,vint se fixer à Constantinople et y fonda un deuxième
couvent, < car, ajoute-t-il, l'Ordre en avait déjà un premier, de-
puis 1233. II traduisit en grec les œuvres de St Thomas d'Âquin. i
Ce qui favorisa le plus l'extension des Frères Prôcheura en
Orient, ce fut l'institution de la société des Frères Voyageurs
pour le Christ. Nous avons vu que le Pape Innocent IV, sur
les instances du B. Jean de Parme, Général des Franciscains et
du B. Humbertde Romans, Général des Dominicains, avait com-
mencé cette société, en 1351 ou 1353. Et nous avons constaté
l'existence à Constantinople d'un couvent où Frères Prêcheurs
et Frères Mineurs vivaient ensemble, et travaillaient de concert
à la même oeuvre. Cette société de missionnaires dura longtemps:
le Pape Jean XXII lui donna un nouvel essor par sa bulle Gra-
ttas eglmus, 1318; et le Pape Grégoire XI, en 1374, la recom-
manda et l'encouragea encore fortement. Elle formait une Con-
grégation particulière dans l'Ordre, gouvernée par un Vicaire
général, élu par le Chapitre de l'Ordre.
II semble néanmoins que le mélange des deux Instituts, Do-
minicains et Franciscains, ne persévéra pas longtemps à Cons-
tantinople, les derniers se séparèrent peu à peu pour travailler
en particulier. La société des c Frati Pellegrlnantt per Chri-
sto » devint une institution toute dominicaine ; mais les religieux
des deux Ordres conservèrent toujours entre eux les relations
les plus charitables et les plus cordiales.
Comme la Société n'avait pas de couvents à elle, le Général
Hugues de Vaucemain lui eu assigna deux, que l'on disait fon-
dés par St Hyacinthe, celui de Caffa en Crimée, et celui de St
Paul à Constantinople. Plus tard, on lui en attribua dix autres,
détachés de différentes provinces.
Le Vicaire général résidait d'abord en Crimée, à CafTa, mo-
nastère plus centra], mais plus tard, quand cette ville fut prise
r>' Google
— 315 —
par Tamerlan, il vint se fixer à St-Paul. Le dernier Vicaire gé-
néral de la Société des Frères Vopageurs pour le Christ fat
le P. Maître Eustachio Fontana. Avant de partir pour l'Italit
(1601), il signa un inventaire i délie cose appartenenti alla chie'»
sa e convento di S. Piero, in Fera dell'Ordine dei Frati Predica-
tori, ftitto nel tempo di governo del M. E. P. Maestro Eusta-
chio Fontana, délia Congregazjone délia Terra dei Peregrinanti,
e della cbiesa suddetta del medemmo ordine, Vicario, ed alla
presenza dei procuratori sottoscritti> del P. Fr Arcangelo di
Metelino, e del P. Fr. Alberto di Imola, del detto Ordine. Die
I Aprilis 160^ . i Cette note se trouve, autographe, dans les ar-
chives de St-Pierre.
La Congrégation des Frères Prêcheurs d'Orient, devait ex-
ister déjà, puisqu'elle pouvait accepter des couvents et dea
œuvres, mais c'est la première fois qu'elle apparaît dans notre
histoire locale, désormais c'est elle que nous verrons à l'œuvre
dans le Levant. Elle était, jusqu'à ces derniers jours, gouvernée
par le T. R. P. Vicaire général de la Congrégation d'Orient. Elle
avait pour siège le couvent et l'église de St-Pierre de Galata.
L'église de St-Paul, tour à tour consacrée aux cultes musul-
man et chrétien, aurait été construite, pour la première fois, l'an
97 de l'hégire (715 de J.-G.}, par Moslema, général du khalife
Ommiade Oualidlbn Abdul-Melik, selon le texte' de l'inscrip-
' Ractidé par le Hti'Uqat et djérâmi, d'après Qaratehélebi-Zâdd et Hodji-
KbaUa, II, p. 31 ; Cf. aussi d'UhssoD, TMeau de l'empire ottoman, II. 4S3.
L'inscription placée sur la porte d'Arab-djami, rapporte que Mouslëma
fut envoyé, à la tète d'une armée de 50.000 hommes, pour Taire le siège de
Constant! nople, qu'il prit la ville et imposa à l'empereur une contribution
considérable, avec laquelle il élfva une mosquée, à laquelle il donna le Dom
d'Arab-Djami : il aurait occupé la ville sept ans.
Hadji'khaira cite, en 97==7]5, la prise de Galata par Mosléma et la oona-
truction d'Arab-djami.
Qaratubelebi Zadè dit, sur cette eoipédilioD : ■ selon une version arabe,
Arab-djami a été bâtie A cette époque par Mosléma. d
Ce temple resta-t-îl à l'état do mosquée ou fut-il donné au culte chrétlent
Je n'ai entre les mains aucun document qui ma permette de résoudre cette
question. Il est certain seulement que les musulmaus avaient à Conatanti-
nople des mosquées, du temps des empereurs grecs. Elles furent, nous dit-on
brûlées dans une sédition. Mais sous l'empire latin, il est certain que cet édi-
fice fut donné ù St Hyacinthe et aux Dominicains. Ils y restèrent après la
restauration bysanline, jusqu'à l'invasion par les Grenadins.
D'un autre cûté M. Paspali espérait pouvoir prouver que Sl-Paul a appa^
tenu aux Grecs à une époque îi
çGoogle
— 216 —
tioD tnrqae encastrée dans le mor droit de la nef latérale de la
mosquée actuelle. Constantinopla fut encore assiégé, par les
Ommiades, en 739, et, par Haronn Errachid, en 780 et 798.
bepaîs, le3 musulmans ne firent plus de tentative contre cette
capitale, jusqu'en 1S96, sous sultan Bù'ezid Ildirim. Mais pea-
daat tous ces sièges cet édifice put servir au culte musulman.
Quoi qu'il en soit, l'on assure que l'église actuelle fut fondée
ou du moins occupée par St Hyacinthe lui-même '. La Comu-
nttà, dans ses Actes, la désigne sous le nom de San Domentco,
eu raison, sans doute du titre des religieux la desservant". La
forme de sa construction, vaste et hardie, rappelle l'architecture
du temps ; l'édifice se compose d'une grande nef conduisaut au
chœur, et de deux nefs latérales aboutissant chacune à une
chapelle. Le clocher devenu aujourd'hui minaret, et appliqué
à la partie extérieure de l'édifice, est une tour carrée, couronnée
d'un campanile'. Le sol intérieur du temple, recouvert d'un
plancher, (enlevé momentanément pendant la guerre d'Orient)
est couvert de pierres funéraires de l'époque ; on voit encore
l'une d'elles sous le porche de la grande porte latérale de gauche ;
elle porte le millésime i833. En voici la reproduction :
t M. CGC. XX. m. DIE XV IULII. HIC. ÏACET. ODONIS
SALVAIGVS. FILI^^. DLM. DOM. SALVAIGI. Cette inscrip-
tion est accompagnée des aroies de la famille Salvaigo. Un Guil-
laume Salvaigo figure parmi les conseillers de la Comunità,dans
ufie lettre au P. Supérieur des Dominicains (31 octobre 1618^.)
' Rapport du R. P, Giacinto Sura Vicaire général, Préfet Apostolique de
la mission des DomiDÎCBini au Supérisiir Général de son Ordre. Il dit ex-
preHaément : «la chieaa che sf crede essere Tondata da S. Giadnta,era siluala
in Galata... pochi passi distante del luogo ove trovasi l'attualc contento; era
eostrutta in pietra, tre narate Bemigotiche, ed pra dedicala ail' apostolo S.
Paolo.... Questa cbiesa fù dagli Granatini à viva Torza presa e convertita in
moschea, che ha nome Arab-dj'àmi. » Voir aussi le Mémoire mtren^t à la
Congrégation de la Propagation de la foi etc., 17 février 1843. Cf. Mi'moire
du P. Barbieri. à Mgr Corresi. Carbognano, loc. laiid.
■ 11 existe, dans la sacristie ds St-Pierre une table de noyer aur laquelle,
dit-on, St Hyacinthe et se* compagnons auraient pris leura repas ; mais ce
dire n'est pas considéré comme authentiqua.
* La forme de cette tour et de aa flèche est tout à fait identique, nous
nappOTte le R. P. Cambiaso, vicaire actuel de St-Pterre, à celle des couvents
de Dominicains fondés k Cbierf et à Finale.
* Notice de M. Oelaunaj.
r>' Google
— 217 —
Les Dominicaias conservèrent cette église jusqu'à l'émigration
en Turquie des Maures d'Espagne', laquelle commença à la
cbute du royaume de Qrenade et continua sous les rois Phi-
lippe II et Philippe III. Cette tradition locale, rapportée aussi
par Carbognano*, est également consignée dans le rapport du su-
périeur de la Mission (1843) an Père Général. Ce rapport fixe à
l'an 1535 la date de cette spoliation, i come consta, dit-il, da
eerti documenti esîstenti. > En reprèsaille des poursuites exer-
cées contre eux par les memhres du saint-ofRce, les Arabes ex-
pulsés d'Espagne chassèrent les Dominicains de leur église de
St-Paul, comme du couveat en dépendant; et ils auraient fait
subir le même sort à St-Benolt, si, pour conserver celle-ci au
culte, l'ambassadeur de France n'en eût demandé et obtenu la
donation au roi de France. Cette donation serait de 1540, date
qui concorderait assez avec la perte de St-PauP.
D'après Bysantios*, les maisons voisines de St-Paul qui ap-
partenaient aux Chrétiens furent démolies, et le quartier devint
ainsi tout &&iit musulman. Dans cette même année il y eut aussi
une irruption de Janissaires qui, au nombre de deux mille
€ voulaient forcer le dit lieu de Perre ^ ce qu'ils eussent fait, si
ceux de dedans ne s'y fussent opposés. » Convertie en mosquée,
l'église de St-Paul reçut le nom d'Arab-djami, t mosquée des
Arabes > rappelant à la fois sa première fondation et la cause
de sa restitution au culte musulman j elle est dite aussi: Djamii-
kébir, « la grande mosquée. *
■ Cea Maures réfugiés à Constant inople sont appelés par la Ctxnunità, Grs-
natini, et par un rapport françois Granatois. L'expulsion en masse eut tieu
en 1S71, mais beaucoup avaient drijà du fuir le pays avant cette date, et leur
arrivée avait excité un grand émoi à Constantinople. L'Exode dura longtemps:
M. de Juyé transmettait à Henri III, en mars 1579, les plaintes du Sultan de
Constantinople touchant quelques Granatins qui, passant à Marseille pour vs'
nir  Constantinople y auraient été retenus. Kn 16S3, la Comunjtà faisant des
objections ft la nomination d'un évËque, disait : s les Grenadins, qui ont déjà
provoqué la mort du Vicaire patriarcal (Sangallo) et qui convoitent sans cesse
nos églises ne manqueraient pasd'nser dece prétexte pouratteindre leur but.*
* Lo^. iaii'l. p. 59 : ■ Regnando Solimano I'. ad istanza dei Mon disoac-
ciati délia Spagna, fu convertita in moschea. •
> D'après Carbognano. cet événement aurait eu lieu en 1525. Toumerort
qui partit de Paris en 1700, dit à ce a\iiet(llelalion, etc., p. 7) i« Cette église
fut confisquée sur les Dominicains, ily b environ cent ans(t)»
* Turco (Grecia),
* Nfgoeiaiion», I, ZS3,
r>' Google
■ 218 -
§11-
Eglise St-Pierre et St-Paul.
A quelle époque remonte la fondation de cette église? Les do-
cuments connus ne nous ot&'ent à ce Bujet aucune donnée posi-
tive. La plus ancienne mention qui en est faite nous est signalée
par le B. P. Ligier, archiviste général des Dominicains à Rome:
il nous dit que le B. Raymond de Capoue, maître général de
l'Ordre, confesseur et historien de Ste Catherine de Sienne, et
son auxiliaire puissant dans l'œuvre de réforme qu'elle avait
entreprise, écrivait, sous la date du 5 mars 1387, et du 11 avril
1390, aux religieuses de Ste-Catherine établies à Fera, dans
l'église de St-Pierre ', et en même temps aux religieux Domini-
cains de St-Paul de Constaolinople.
D'autre part, on lit dans les documents de la c Comunità di
Fera, t dans une lettre de celle-ci écrite le 30 mars 1618, au
Pape Paul V, à propos d'un conflit survenu entre elle et le P.
Général des Dominicains, concernant la desservance d'églises
entre leurs mains et qu'ils ne voulaient pas remettra à la Comu-
nità. (.... Les Pères de St-Dominique habitent le monastère de
St-Pierre comme hâtes > et plus bas : < ils ne sont pas réelle-
ment malties du monastère de St-Fîerre, attendu qu'il était au-
paravant un couvent- de religieuses, et quand, il y a bien des
années, Mahomet II prit la cité, les Turcs ont pris le couvent
de St-Dominique et l'ont transformé en mosquée (!), alors les
pauvres Pères Dominicains, étant restés sans église, furent logés
provisoirement dans ledit monastère de St-Pierre, où ils ont oon-
tinuë d'habiter jusqu'à ce jour.... >
' I^ H- P- Cambiaso, supérieur actuel <le St-Pierre, pease que la patronne
de ces religieuses était Ste Catherine d'Alexandrie, vierge et martyre. Les
Dominicaine ont encore un monastère de religieuses de leur Ordre à San-
torin, sous le m6me vocable. Cependant les lettres citâea du B. Raymond de
Cai>oue feraient aisément supposer que ces religieuses avaient adopté la
régie des ManteliaCe. si Tort répandues à cette époque par Sle Catherine de
Sienne, Bile spirituelle du Bienheureux, morte en llîâO, mais béatifiée seule-
ment en 1^61.
DigilizPdbvGoOt^le
— 219 —
Dans un autre document de la même Comunità, daté du 29 dé-
cembre 1621, on lit eacore : < .... lorsque à la prise de Constanti-
nople le sultan Mehenimed concéda spontanément aux magni-
fiques citoyens de Péra, leurs maisons, leurs jardins, leurs pos-
sessions, moulins etc.: il leur a donné spécialement toutes les
églises et tous les monastères qui s'y trouvaient, pour qu'ils
fussent < leurs » en toute liberté : il a seulement enlevé les
cloches qui s'y trouvaient. Us, les Pêrotes, ont donc conservé
ces églises et les ont administrées et fait desservir, comme vrais
propriétaires, suivant leurs usages sans que personne y ait mis le
moindre olfStacle. Ces citoyens de Péra, ayant ainsi le patronage
des églises, quand ils virent que l'église de Sl-PauI, qui était
autrefois desservie par les Dominicains, fût seule prise par les
Turcs et changée en mosquée, ils eurent pitié de ces pauvres
Pères qui étaient ainsi restés sans église, ils ont donc fait partir
de St-Pierre les religieuses qui s'y trouvaient, et y ont installé
provisoirement les Pères de St-Dominique ',.. t
A l'appui de cette affirmation on Ut dans le mémoire du P.
Barbieri, (1817,1 : » après leur expulsion de St-Paul, les Domi-
nicains obtinrent de la < MagniSca Comunità di Pera », un autre
endroit avec église, où se trouvaient certaines religieuses, et qu'ils
possèdent actuellement, sous le titre de St-Pierre, y exerçant
charge d'âmes, ab i/nmemorabili temporel.
Ce double rapport de la Comunità et cette affirmation du
P. Barbieri ne concordent pas du tout avec les documents four-
nis par les supérieurs de la Mission, d'après leurs archives, ni
avec les traditions les plus anciennes du couvent. Ces sources
nous disent en effet que les Dominicains, chassés par les Arabes
Grenadins de leur église de St-Paul, furent accueillis chez un
noble vénitien, nommé Ângelo Zaccaria, dont la maison, entourée
d'un jardin communiquant avec St-Paul, leur permit de sauver
quelques objets du pillage résultant de cette invasion. Ce géné-
reux chrétien donna sa maison et le terrain qui en dépendait* et ■
c'est là. que s'élève aujourdbui le couvent de St-Pierre. 11 aurait
1 Dits, an France, JacobiDa (Thévenot. p. 51 ; d'Arvieux, IV, 490), parce
que leur première maison était sise dans U rua St-Jacques.
* Archives do St-Antoine et du VicatiEit.
■ L'acte de cette donation serait conservé dans les archives des Oomiai*
cain*.
r>' Google
— 220 —
fait plus encore, il avait un droit de patronage sur la petite
église de St-Pierre toute voisine, et il l'affecta au service des
religieux dépossédés.
VHistoria Missionîs CP. 0. P. noua dit : < Au commence-
ment du XVI* siècle Angelo Zaccaria donna aux religieux de
l'Ordre des Frères Prêcheurs, le temple des saints Apôtres Pierre
et Paul, avec les maisons avoisinantes, dont il avait le patronat.
Ainsi nos religieux expulsés des autres maisons qu'ils avaient,
se retirèrent en cet asile. Par la suite des temps ce couvent fut
plusieurs fois la proie des flammes et le terrain sur lequel il est
construit retomba au domaine public, ou myrî, comme on dit,
mais par la grâce du Dieu Tout-Puissant et les soins des supé-
rieurs, il a été toujours conservé à l'Ordre. >
Les Archives de St-Pierre nous donnent, à l'appui de ce dire
an document de 1561 , dont une copie sur feuille volante mais
parfaitement authentiquée par l'autorité civile et ecclésiastique
du temps, est conservée jusqu'à ce jour.
c Nel Nome di Dio, Amen.
( Nell'anno délia salutifera Incarnationedel N. S. G. Cr. 1561,
Indizione quinta, nel tempo de! pontificato del Smo in Xro Pa-
dre e Pne Pio, per divina Providenzat'apa IV, a di 26 del mese
di Gennajo del medesimo anno ;
f On dit qu'il est certain (nous traduisons le texte italien) que
sous la date du 20 avril 1535, le seigneur Angelo Zaccaria, fils
de Pierre-Antoine, de Péra, comme patron et procureur actuel
de cette église de St-Pierre, à raison du patronage et du domaine
qu'avait leur prédécesseur ledit S. Angelo; tant par droit que
par coutume, depuis un temps immémorial, confirmé par un ex-
ercice constant et pacifique dès l'origine : a donné et concédé
pour lui-même, ses successeurs et ses descendants à perpétuité.. .
la susdite église et chapelle de Str-Pierre et Paul, située dans la
cité de Péra, avec son jardin, ses appartenances et dépendances,
au R. P. Fr. Luca de Péra, de l'Ordre des Frères Prêcheurs de
St--Dominique, alors vicaire de ladite église... à la charge pour
les dits Frères de donner chaque année, en signe de reconnais-
sance dudit droit de patronage, au S. Angelo, un cierge le jour
r>' Google
— 921 —
f
de la fête de la Purification de la B. V. Marie.... De plus, en
vertu de cet accord, les Frères seront obligés de célébrer chaque
semaine une messe des défunts pour ledit S. Angelo et ses pa-
rents décédés. >
( Cette donation est renouvelée en l'année 1561, comme le
dit le document cité. Elle est acceptée par tous les Frères pré-
sents,au nom de leur Ordre,en présence de nombreux témoins,
dont tous les religieux de St-François. »
La réalité de cette donation par Zaccaria est reconnue par
diverses pièces, entre autres par un décret de Mgr Fonton(181i;.
Plusieurs pièces des archiver s'y réfèrent, et l'on peut dire que
c'est la tradition dominicaine entière.
Nous ne nous prononcerons pas sur cette controverse, entre
les Dominicains et la Comunîtà, nous avouons isependant qu'il
est difficile de comprendre un droit de patronage séculier dans
l'état oh se trouvait la Latinité de Galata au xvi* siècle.
Les mentions de St-Pierre sont peu nombreuses jusqu'à l'é-
poque de sa jonction à la Congrégation générale des Frères Prê-
cheurs d'Orient. Crusios (1584) ne parle pas de St-Paul, qui
n'existait plus, mais il cite St-Pierre.
M. de Germigny, dans le récit de ses démêlés avec le repré-
sentant hongrois, cite (1580) d'église St-Pîerre petit monastère
de Jacobins, où le second se rendit pour entendre l'office. »
En janvier 1581, le R. P. mro Arcangelo Gorpi, est désigné
sous le titre de « Vicario, fi prior di San Pietro » ; mais au mois
de mai suivant on l'appelle ; « Vicario e procuratore di S. Pietro
e commissario sopra i Latini. >
St-Pierre, comme les autres églises de Galata, vendit une
partie des immeubles qui lui étaient attachés, pour contribuer à
la conservation de St-François, après la fermeture de cette égli-se,
en 1586-1593.
En 1601, comme nous l'avons dit, le gouvernement des Do-
minicains d'Orient subît un changement notable : il passa de la
Société des Frères Pellegrinanti pro Christo à la Congréga-
tion des Frères Prêcheurs de l'Orient; le passage est indiqué
dans les livres de compte du Couvent par une note : ( toutes
les choses contenues dans le présent inventaire ont été remises
aux procureurs de l'église de St-Pierre, les Sieurs Oliviero di
Olivieri, et Antonio Negri, de Péra, et au P. Arcangelo (Corpi)
r>' Google
de Metelino, religieux du même Ordre en la présence âa P. Al-
berto d'Imola. »
En 1603, nous trouvons comme supérieur à St-Pierre avec
les titres de Vicaire général de l'Ordre des Frères prêcheurs, de
la Congrégation de Gonstantinopie, Prédicateur général. Com-
missaire Apostolique pour les églises et chrétiens du Levant,
Frère Jonantès, Andréa Carga, ou Farga, dé Venise qui fut un
peu plus tard nommé évëque de Syra, et mourut martyrisé
cruellement en 1617, [il avait été sacré en 1611.) On commença
son procès de canonisation, mais Le malheur des temps empê-
cha de poursuivre cette atTaire. Sous son administration eut lieu
la reconstruction, au moins partielle de l'église St-Pierre il603-
1604) : les livres de compte du couvent nous disent encore à
quel prix s'élevèrent les dépenses faites pour cette construction.
Cette église dura cinquante^ept ans, jusqu'en 1660, au grand
incendie de Galata.
Les différents couvents de Gonstantinopie aimaient à se
rendre de mutuels services : ainsi nous voyons que les Domini-
cains de Ste-Marie de Gonstantinopie et ceux de St-François de
Qalata assistaient aux fêtes de St-Pierre et avaient leur part
dans les offrandes qu'y faisaient les Mêles. Ainsi que nous l'a-
vons vu, (Première Partie,) les Dominicains avaient encore les
deux petites églises de Ste-Marie et de St-Nlcolas en Gonstanti-
nopie.
C'est encore sous le même P. Andréa Carga, que l'église de
St-Pierre fut reconnue comme placée sous la protection de la
France, par un fîrman de Sultan Ahmed I, sous l'ambassade de
M. de Salignac, 1608. Ce firman fut renouvelé en 1731, pen-
dant l'ambassade de M. de Villeneuve, et par un Khatti-chérif
de sefer 1218=1804, sous l'ambassade du maréchal Brune.
Mais déjà même avant cette date de 1608, la France avait fait
acte de protection, à l'égard des Dominicains, lorsque M. de
Brèves avait empêché les Turcs de s'emparer de St-Nicolas
comme nous l'avons dit P. 1, Ch. rv.
En 1611, St-Pierre était desservi par cinq religieux ayant un
revenu quotidien de demi thalari, destiné à pourvoir à la fois
au service de l'église et aux besoins personnels de la commu-
nauté. Les comptes étaient tenus par les procureurs nommés
par la c Magnifica Comunità i et l'on voit que ces procureurs
r>' Google
ItUques n'avaient pas toujours pour les religieux les égaras dé-
sirables.
Les luttes mêmes ne manquaient pas entre les religieux de
tous les Ordres et les administrateurs de la < Magnifica Comu-
nità. » En 1618, une supplique est adressée par elle au Vicaire
patriarcal P. Oiuseppe de Bruni, de Venise, Gardien de Ste-Ma-
rie Drapéris, contre les Dominicains de St-Pierre, le requérant
d'intimer au R. P. Glo. Batti-sta Turoli, dominicain, vicaire gé-
néral d'Orient, et ce sous les peines canoniques d'avoir k céder
les clefs et l'usage de l'église de St-Georges, dont son Ordre
jouissait depuis dis. ans, et qui cependant avait été administrée
avant lui par des prêtres séculiers et des religieux de divers
Ordres. Le Vicaire patriarcal donna raison à la Comunitù, comme
nous le dirons (Ch. vn,), et l'église Str<3eorges fut, quefqaes
années après, donnée aux Capucins.
En 1686, une grande tristesse était réservée à la Latinité de
CP. Ju.squ'alors deux églises lui étaient restées, seules de toutes
celles qu'elle avait possédées sur la rive droite de la Corne d'Or;
mais à cette date, à la suite d'événements sur lesquels nous
n'avons pas h revenir, ces deux églises Ini furent enlevées. Les
Frères Prêcheurs * exilés >, dit le supérieur des Dominicains,
vinrent frapper à la porte c dell' osptzio dt S. Pietro i j il
leur fut ouvert et ils n'y portèrent d'autre dot que celle du
Christ, une extrême pauvreté. Mais Dieu les en récompensa
bientôt : ils obtinrent un trésor d'un prix inestimable : le baile
de Venise obtint de la Porte qu'EIle leur rendrait l'image mira-
culeuse de la Madone, qui fut depuis vénérée dans l'église St-
PieiTe.
La Comunità suscita aussi contre St-Pierre, en 1G51 et
1653, des dilHcultés semblables à celles qu'elle souleva, à dif-
férentes époques, contre Ste-Marie et St-Benoit. II est juste
de reconnaître d'ailleurs, que l'admiiiistration des biens de St-
Pierre était régie par deux procureurs, nommés par la Comu-
nitù. Ce différend fut soumis, par la Sacrée Congrégation de la
Propagande, au jugement du Vicaire patriarcal qui décida, en
avril 1657, que l'un des deux procureurs serait toujours choisi
dans la famille Drapéris, et l'autre nommé par ia Comunità.
Du reste, et comme les autres religieux à diverses époques,
les « Pères de St-Pierre furent persécutés et menés au Cadi, le
r>' Google
— 224 —
35 mai 1654, pour larecherchede trois enfantsd'une chrétienne
ducouventde St-Pierre quisefit turq»e9que,parcolèreou dépit,
et menacés d'être pris de nouveau et leur église brûlée, s'ils sa
trouvaient là cachés.. . . Les Dominicains portèrent leur argenterie
à St-(ieorges, dans la crainte qu'ils avaient, mais l'ambassadeur
de France intervint, à la prière du Père Thomas, {des Capucins).»
< A la fête du Corpus Domini, le 7 juin 1634, le R. P. Tho-
mas, capucin, en sa qualité de pro-vicaire patriarcal, célébra la
messe solennelle à St-Pierre et porta ie T. S. Sacrement à la
Proces.sion des Pères Dominicains, assisté de religieux conven-
tuels et observantins, comme diacre et sous-diacre. M. de la
Haye et toute sa cour y assistaient, avec son aumônier.... Les
aumôniers d'Allemagne et de Raguse ont assisté à tout et porté
le dais, avec un cordelier et un observantin : la coutume était
que le Sr. Drapéris et autres séculiers le fassent; mais à cause
que c'était l'ordinaire qui of&ciait, lesdits Pères Dominicains
ont voulu qu'il fût porté par des prêtres. >
Nous ne parlons pas de ces malheurs qui étaient ordinaires
dans ces temps, par exemple des avanies et des pestes. Ainsi
nous voyons qu'à certains moments tous les religieux sont obli-
gés d'abandonner ensemble le couvent, à cause de la peste, et
de se réfugier en qaelqu' endroit écarté. Les Dominicains de St-
Pierre avaient reçu, en 1629, par cession d'Edoardo da Gagliano,
une vigne de la contenance de quatorze deuQums,qui avait coûté
34,000 aspres au vendour,le tout à St-Dlmitri ; c'est là qu'ils se
réfugient alors ; mais c'est pour eux l'occasion de nouvelles dé-
penses.
St-Pierre et le couvent en dépendant furent détruits par
l'incendie de IGGO ; et le tableau de la Madone de Constantt-
nople, ayant été sauvé des flammes par l'un des notables de la
Comunltà, le sieur Olivieri, celui-ci fut invité, par décision de
la Comunità du 13 mars 1662, après la reconstruction de l'é-
glise, à le restituer à l'église des saints Pierre et Paul de Gala-
ta. Selon le rapport précité du supérieur de la mission, ce ta-
bleau peint en bois, et placé derrière le maltre-autel, était
entièrement revêtu d'argent, et ne laissait voir que la tète de
l'Enfant-Jésus et celle de sa sainte Mère ' ; il est exposé, aujour-
' Carbognano fait le mAma i^oit. (p. 58.)
çGoogle
— 225 —
d'huijà la vénération des fidèles (1870), au-dessus de l'autel de
la première chapelle, à droite, en entrant dans l'église. La res-
tauration de l'image, telle qu'elle existe présentement, date de
l'époque où les Dominicains de St-Pierre passèrent sous la
protection française, ce qu'indiquent les c fleurs de lis » dont le
manteau de la Vierge est parsemé ; il représente la vision de
St Dominique, dans laquelle le saint fondateur de l'Ordre s'étant
plaint à la Vierge do ne pas voir ses enfants auprès d'elle, la
Ste Vierge, ouvrant les bras, lui fait voir tous les saints,
papes, rois, reines et autres personnages, illustrés par leur saîur
teté, qu'elle couvrait de son manteau. La tète et la poitrine
seules appartiennent à l'ancien tableau, le reste date de sa res-
tauration.
Cet incendie (de 1660) réduisit à la plus grande détresse le
Couvent de St-Pierre. De toute l'église il n'était resté debout que
les portes de fer, et des vingt maisonnettes adjacentes, qui for-
maient toute la propriété des religieux, il n'en demeurait que
sept. Ils se virent encore sur le point de tout perdre : les Turcs
ârent mettre le terrain aux enchères publiques. Les religieux
durent le racheter de leurs deniers, et encore dépenser beaucoup
pour se ménager la bienveillance de certains agents de l'auto-
rité, 1661 ; l'année suivante il fallut recommencer encore, faire
des cadeaux à l'aga des janissaires, au meltter-bachi, au Woi-
vode de Galata, etc, etc. ; ainsi que 10,000 aspres à divers,
par l'entremise de M. Roboly, agent d'affaires' de l'ambassade
française, en l'absence de l'ambassadeur, pour recouvrer le ter-
rain et garder la petite église provisoire, qui était auparavant
le ri'fectoire des religieux. Cette petite église provisoire avait
été déjà l'occasion d'une avanie de 12,000 aspres au Woivode
de Galata, parce qu'on l'avait ouverte sans la permission né-
cessaire.
Pour comble d'infortune, deuX Pères furent emprisonnés à
cause de toutes ces difficultés et il fallut encore débourser une
somme assez forte pour leur délivrance.
Enfin un Hudjet fut dressé et enregistré au mekèhmô de Ga-
lata, en 1669, pour garantir la propriété de la cour et des
chambres du couvent contre toute possibilité de spoliation fu-
ture. Nous trouvons qu'en somme, avant de pouvoir se mettre à
la reconstruction de leur couvent, les Dominicains durent dépen-
r>' Google
ser plus de 100,000 aspres. Le nouveau couvent fut pauvre et
petit, misérablemeut meublé, comme il appert d'uQ inventaire
du temps. Ce ne sera que peu à peu à l'aide de sérieuses écono-
mies, et de secours venus un peu de tous les câtés, que l'on
réussira à avoir une habitation convenable et une église suffisante.
Les ambassadeurs des puissances, surtout celui de la France,
contribuèrent de leur mieux à réparer les ruines de St-Pierre.
La République de Gènes elle-même ne lui retira pas sa bienveil-
lance, et nous trouvons que son représentant choisit St-Pierre
poar le lien de sa sépulture, 1671. Il est vrai qu'elle avait de-
mandé une église spéciale, en 1666, mais il lui avait été répon-
du, par la Porte, qu'il ne fallait rien innover à ce sujet, qu'elle
avait & sa portée les églises de St-Pierre et de St-Benolt et
qu'elle pouvait en user. Ainsi elle n'avait plus rien dans cette
ville qui lui avait appartenu si longtemps I
I^a mission de St-Pierre fit, en 1689, une grande perte par
la mort < del célèbre P. Oregorio Cyrîacense », religieux Ar-
ménien. Ce fut le premier misslonn»ù-e qui s'appliqua et
réussit, à la conversion des Arméniens. Il était né A Brousse ;
élevé par nos Pères, il avait pris l'habit de l'Ordre. Il fut le
premier curé des pestiférés, car auparavant c'était un curé
quelconque qui allait à leur secours, celai qui était appelé le
premier. En dehors des temps de contagion, le Père s'occupait
activement de la conversion de ses compatriotes, et ne reculait
devant aucun voyage et aucune fatigue, pour arriver à ce ré-
sultat : c il y opéra des fruits merveilleux, et c'e^t depuis lui
que notre église de St-Pierre devint comme la paroisse des Ar-
méniens catholiques. » Les Arméniens en conservèrent une
grande reconnaissance ans Dominicains, et nous trouvons à plu-
sieurs reprises dans leurs archives des dons ou des legs, venant
de bienfaiteurs de cette nation. Le P. Gregorio fut victime de
son zèle et mourut de la peste, en assistant les malades. Il fut
inhumé au cimetière de Beolou(Bey-oglou), Grand-Champs de
Pancaldi, où l'on conduisait ordinairement ceux qui mouraient
de peste.
Les incendies et les avanies n'étaient point les seules causes
de ruine pour les communautés : nous trouvons sous le vica-
riat du R. P. Fr. Antonino Guiducci, de Chio, (1691-1693) que
son prédécesseur, P. Domenico Timoni, lui avait laissé en
r>' Google
— 227 —
caisse une somme assez considérable en Manghurt, sorte de
papier-monnaie, mais lorsque le P. Antonino voulut régler la
situation, il se trouva que les Manghuri avaient tellement di-
minué de valeur, qu'une oke de viande en vint à coûter 35 et
38 aspres ; même un peu plus tard, cette monnaie fat tout k fait
dépréciée, et le gouvernement qui l'avait émise cessa de la re-
connaître. Nous avons vu la même chose en d'autres temps, ici
et ailleurs. Ce Père Fr. Antonino fut de nouveau nommé Vi-
caire général d'Orieut quelques années après, il mit en bon ordre
tout le couvent et laissa de bonnes traces de sa double adminis-
tration. Il sut y intéresser les bienfaiteurs et spécialement la
confrérie du Rosaire, Schuola del Rosario. Surtont nous re-
marquons qu'il fit réparer et embellir le < quadre de la Madone,
dite Hodighitrias, » et une superbe bannière que les religieux
avaient pu soustraire au désastre deChio.
Les Dominicains avaient aussi une maison de rapport aux
Quatre Rues de Péra, mais l'incendie de 1700 la réduisit en
cendres. Il fallut encore se mettre en frais pour la reconstruire,
et conserver au couvent cette source de revenus.
Pendant le vicariat du R. P. Tommaso de Via, de Chio,
(1702-1706) le couvent de St-Pierrequi avait été déjà mis sous
la protection française en 1608, mais qui était resté en réalité
sous celle de Venise, passa effectivement sous le drapeau fran-
çais. Voici à quelle occasion ; on se souvient que l'image vé-
nérée de la Madone avait été rendue aux religieux Domini-
cains sur les instances du baile de Venise : la République en
profita, vers cette date, 1703, pour prétendre à sa possession ;
elle donna donc à son représentant l'ordre de s'emparer de cette
précieuse image et de l'envoyer à Venise. Les religieux, disent
les arûhives,tenaientbeaucoupàVenise,mais ils tenaient encore
plus à l'image sainte ; ils refusèrent donc ce qu'on leur deman-
dait et il en résulta nn si grand refroidissement entre eux que,
en décembre 1705, l'tîglîse St-Pierre passa définitivement sous
la protection de la France. Le livre des comptes nous parle d'un
festin qui fut donné à cette occasion. La République néanmoins
se retira tout à fait de ces religieux, et elle discontinua le subside
annuel de cent quarante-quatre tballers qu'elle avait coutume
de donner pour rétribuer celui des Pères qui faisait le service
de l'autel où l'on vénérait la sainte image.
r>' Google
A partir de cette époque l'église de St-Pierre ent plus d'im-
portance et devint comme la paroisse française de Galata. Et de
son cAté la France lui assura de larges subsides et une protection
efficace, tant auprès de la Porte qu'auprès de la Cour Romaine.
Les Registres du couvent nous disent ce que faisaient les reli-
gieux pour reconnaître cette protection.... tNous sommes tenus
et obligés de prier pour le roi,particulièrement nous mentionnons
solennellement son nom le Vendredi et le Samedi saints, puis
toutes les fois que nous donnons la bénédiction du T. S. Sa-
crement, après le Tantum ergo nous chantons trois fois le
Domine salvum fac regem, le Glorta Patri, et l'oraison. Le
jour de St Louis, et de r.\s.somption, nous faisons des prières
pour le roi et nous chantons le Psaume Exaiidint. Le jour de
St Louis toute la nation assiste à la raes.se solennelle dans notre
église, et on y chante le Te Deum, etc. »
En 1731,1e 21 juillet, le couvent et l'église de St-Pierre
furent encore détruits par un incendie, qui consuma une grande
partie de Galata; mais ils furent relevés sur un firman obtenu
ii Ln demande du marquis de Villeneuve, ambassadeur de
France. La première pierre fut posée le 13 novembre de la
même année ; la construction était achevée le printemps sui-
vant, et l'existence de l'église de St-Pierre qui n'était que
tolérée, depuis l'incendie de 1660, fut enfin officiellement re-
connue. La bénédiction fut faite par le Vicaire général, Fr.
Bartolomeo Dimitrl de Ragiise le 14 mars 1733, avec licence
de l'archevêque deCarthage, Vicaire patriarcal, (Francesco Gi-
rolamo Bona) : la première messe y fut célébrée comme en ca-
chette : les religieux reprirent possession du couvent et recom-
mencèrent les offices dans l'église le l"avril.c Pendant trois ans
ils célébrèrent une messe chaque jour pour les bienfaitcure qui
les avaient aidés à cette reconstruction, et ils dijent trois messes
pour chacun de ceux qui vinrent à mourir pendant ce même
temps. »
Les secours reçus n'avaient pas suffi pour ces travaux, aussi
le couvent était-il obéré de dettes énormes. Le R. P. Vicaire
s'en alla en Chrétienté, et revint après bien des mois plus riche
de bonnes paroles que d'argent sonnant. Il réunit 'k son retour
le conseil de la communauté et on décida- qu'il fallait vendre
tout ce que l'on possédait pour se libérer. On obtint la permis-
r>' Google
— 229 —
sion du Saint-Siège, et l'autorisation de la Sôrénissime répu-
blique de Gênes. On vendit même la maison des Quatre Rues;
mais ce ne fut qu'en 1763 que le couvent se trouva libre enfin de
toutes ses dettes.
n ne faudrait pas croire que pour cela les religieux ne s'occu-
passent plus des âmes : ils continuaient leur ministère : ainsi
nous voyons qu'en 1733 on fait venir de Smyrne un Père Fr.
Eiiseblo Franzozini pour prêcher le carême, il s'y distingua si
bien et y fit de si grands fruits que le R. P. Général ne lui per-
mit pas d'aller à la mission de Naxivan à laquelle il était desti-
né, mais le retint à CP. Il apprit très bien le Turc et se dévoua
au service des Arméniens, en convertit un grand nombre et
maintint les aubes dans la foi. II fut un peu plus tard supé-
rieur du couvent et Vicaire général de la Congrégation d'Orient,
puis Provincial d'Arménie, et enfin Vicaire apostolique.
Les angoisses des temps présents ne leur faisaient pas oublier
la reconnaissance pour les bienfaits anciens : ainsi nous trou-
vons dans les archives, sous la date du 1" mai 1756 : < ayant
trouvé dans les papiers du couvent que la communauté avait l'o-
bligation de célébrer une messe chaque semaine pour Angelo
Zaccaria, le fondateur du couvent, et ne sachant pas pour quelle
raison on a cessé de le faire, noua prenons en chapitre la réso-
lution de la reprendre, à commencer du présent mois. >
Sous le vicariat du R. P. Fr. Mariano Timoni : en décembre
1763,toutes les dettes étant enfin payées, le supérieur, en signe de
reconnaissance envers la Bonté divine,propose de partager avec les
pauvres les ressources qu'EUe envoie : cà runanimité,les religieux
promettent de donner aux pauvres le cinquième de tous leurs
revenus.»
Pendant les années de détresse qu'avait traversées le couvent
de St-Pierre on avait dû diminuer le nombre des religieux et
relAcber un peu de la régularité ; mais quand on fut déchargé
du fardeau écrasant des dettes, on augmenta le nombre des
Pères et ils purent s'appliquer avec zèle aux œuvres de la mis-
sion, L'Historia Uissionts Constantinopolttanœ 0. P. noua
dit quel était.en 1772, l'état delà maison : t On y compte cinq
prêtres, sous la direction du R. P. Fr. Marianua Timoni, Vicaire
général : ces religieux, pour satisfaire à leurs obligations et
glorifier Dieu, ont tous les dimanches et jours de fêtes deux
r>' Google
sermons,, l'an en Turc, l'autre en Grec, ils chantent ensuite la
messe solennelle. Pendant le carême il y a de plus un sermon
italien chaque vendredi : on ne peut faire davantage car les
autres jours sont pris par des prédications dans les autres
églises. Nous remplissons ces fonctions chacun à notre tour, et
tous nous nous appliquons à entendre les confessions des fi-
dèles à l'occasion des jours de fêtes. Dans les autres jours, après
avoir récité dans l'église les heures canoniques, chacun s'ap-
plique religieusement à son office, i
Pour satisfaire à la dévotion des fidèles, on avait établi dans
l'église de St-Pierre diverses confréries : 1° celle du' Rosaire,
comme dans toutes les églises des Frères Prêcheurs. La fête se
célébrait le premier dimanche d'octobre et l'on faisait une pro-
cession solennelle dans les rues qui avoisinent le couvent. Nous
en parlerons dans la dernière partie de ce travail.
S" La confrérie du Sacré-Cœur de Jésus. Elle fut érigée en
1784, par M. do Villeneuve, qui se rendit devant l'autel élevé
ad hoc, entouré de ses nationaux, et en fit lui-même l'inaugu-
ration. Le Pape Clément XII confirma cette confrérie par bulles
pontificales, l'enrichit de privilèges et d'indulgences, et en dres-
sa lui-même le règlement. Cette confrérie existait encore en
1829. L'ambassadeur de France avait le droit de nommer, ou
du moins de confirmer les prieurs de la confrérie, et nous
voyons même que pendant la guerre de l'indépendance de la .
Grèce, les relations diplomatiques étant interrompues entre la
Porte et la France, le ministre de Hollande M. Van Zuyien,
chargé des affaires de nos nationaux à CP.,rendit, le 15 avril 1839,
un décret par lequel MM. David Glavany et Joachim Gravier
étaient nommés prieurs de l'institution du Sacré-Cœur de Jé-
sus en remplacement de MM. Baudouy et Hip. Crespin, prieurs
sortants.
3° Une confrérie de St-Grégotre l'UIumiDateur fut aussi insti-
tuée dans l'église St-Pîerre, nous ne savons que! a été son sort.
Toutefois, lors des afi'aires arméno-catholiques de 1761, St-
Pierre, où des arméniens s'étaient réfugiés, fut violé, comme
St-Georges et St-Benoit, et les réfugiés, conduits au bagne
d'où ils furent bientôt renvoyés,
4" Enfin les Capucins qui occupaient l'église voisine, de St-
Georges, l'ayant vendue à la S. G. de la Propagande, pour le
r>' Google
— 231 —
service du Vicaire Apostolique, Mgr Fracchia, qui jusqu'alors
n'avait pas de cathédrale, on transféra dans St-Picore la confré-
rie de 3t-Boch.qui existait à St-Georges depuis 1707. Cependant
le couvent n'accepta que le service spirituel de la confrérie, mais
ne voulut pas s'ingérer dans l'œuvre du rachat des captifs qui y
était annexée. Diverses négociations furent engagées à ce sujet
et tranchées enfin pai l'autorité du Vicaire Apostolique.
Mais vers la fin du xvm* siècle, les relations diplomatiques
étant rompues entre la France et la Porte, et le couvent se trou-
vant de fait sans protection efficace, quelques chrétiens de
Chio voulurent en profiter pour se faire adjuger l'église de St-
Pierre par le gouvernement ottoman. Us réassirent à obtenir un
flrman qui la leur attribuait, et ils le présentèrent à la commu-
nauté, novembre 1799. U Mlat un monitolre énergique de Mgr
Fonton contre ces audacieux envahisBeurs,et de plus une action
vigoureuse de la part de tons les Ministres et drt^^ans qui
étaient restés à leur poste, pour faire rapporter c» firman et
maintenir les religieux en la possession de leur église. EnlQn un
khatti-chérif de Sefer 1318=1804, rétablit le protectorat de la
France et rendit la paix aux religieux.
Depuis que l'église St-Qeorges eut passé entre les mains du
Vicaire apostolique, celle de St-Pierre devint de plus en plus la
paroisse des Français : même en 1835, les documents de la dé-
putation française déclarent que cette ^Use était considérée
c comme la paroisse du commerce français. >
Jusqu'à la date à laquelle nous sommes arrivés la Congréga-
tion d'Orient des Frères Prêcheurs, gouvernée par son Vicaire
général, se suffisait presque à elle-même : elle recevait bien, il
est vrai, des religieux du dehors, d'Italie surtout, mais elle avait
on grand nombre de ses membres que nous voyons appelés J^/^
des couvents : nous constatons même que souvent la S. C. de
la Propagande choisit parmi ces religieux les évëques du Levant,
ou les Vicaires apostoliques de CP., mais nous allons arriver à
une autre période où il lui faudra recourir à une province parti-
culière, afin de maintenir dans ses établissements un nombre
suffisant de religieux pour en assurer le service'.
< Tous l«s délaita contenu) dans lea pagei ci-dawui, sont extraits des ar-
ohivea de St-Pierre, mises gracieusement A notre disposition. U nous a sem-
blé inutile d'y renvoyer & chaque alinéa. (Note de l'Editeur.)
r>' Google
CHAPITRE V.
• LES PÈRES JÉSinTES.
Les origines de St-Benolt, église et abbaye {Chiesa éAbba-
zià) et de son enclos, sis daiis la troisième- enceinte de Galata,
rue Kèmer-alty, sont assez obscures, Tournefort dit que cette
église f était aux Bénédictins du temps des Génois'. » Carbo-
gnano de son côté nous dit que c l'antica chiesa di san Bene-
detto posseduta già, nei tempi addîetro, corne si ha per comun
fe^izione, dai monaci Benedettini-. » Mais à quelle époque re-
monte la construction de cette abbaye? À quelle date les Béné-
dictins en prirent-ils possession ? C'est là ce que nous voudrions
établir aussi clairement que possible, d'après les communica-
tions qui nous "ont été faites gracieusement de différents côtés.
Il est certain d'abord qae même avant de prendre position à
Galata, l'Ordre de St-Benolt possédait déjà des établissements à
CP. Il en avait eu même du temps des empereurs grecs, avant la
conquête Franco- Vénitienne.De plus nous avons vu que quelques
abbés de l'Ordre de Clteaux se trouvaient dans l'armée qui
s'empara de GP. en 1205. Par l'ordre du Pape Innocent III, ils
firent d'abord opposition aux desseins des croisés, mais ils les
suivirent néanmoins jusqu'au bout, et ils eurent part aux dé-
pouilles. Aussi les voyons-nous dans GP. en plusieurs endroits.
L'Ordre de Gluny lui-même, quoique la part qu'il a prise à la
' Tournefort. Voyage en Orient.
I Opère dtato. -
çGoogle
conquête soit moins évidente, obtint cependant plusieurs églises.
Quel fut le sort des uns et des autres après la restauration by-
zantine ? Purent-ils se maintenir dans les monastères qu'on leur
avait a.ssîgaés?Nousne pouvons répondre bien catégoriquement
à ces questions, dans l'état actuel de nos connaissances. II semble
plutôt qu'ils ne restèrent pas dans CP. même ; mais nous y voyons
un monastère de Nonnes Cisterciennes en 1334. Les religieux
avaient dû se retirer dans la possession génoise, à Galata, et
s'y établir, nous seroble-t-il.
Des documents dont le R. P. Romano, S. J., recteur du col-
lège de Ste-Pulcbérie, nonsa donné communication, nous disent
que < Instabat orator (le comte de Leslie, ambassadeur de
l'empereur Léopo ta II J ut aliqna saltem, ex deletis incendio
tomplis, restaurarentur, omnia quippe perieraat, excepto sacel-
lo Patrum Societatis Jesu, sumptibus reipublicœ Januensis ere-
cto, sedenteUrbano V, et honori divfe Virginis Matris et S. Be-
nedicti consecrato, anno 1427, ac denique sacrae Benedictinorum
familise quondam commisse. > (Taffener S. J.')
Cette note est précieuse, elle assigne une date précise à la
fondation de St-Benolt, le règne de Urbain V, (1362-1370). Elle
dit encore que cette église a été consacrée en 1437. Construite
aux frais de la République génoise, elle fut probablement élevée
sous le règne de Cantacuzène, à l'époque où la colonie franque
acquit sa pleine autonomie. Le style du beffroy de St-Benoit est
d'ailleurs entièrement semblable à celui des constructions qui
bordent la rue de Percbembé-bazar et datent de ce temps-là.
Ce dire est consacré, même de nos jours, par la tradition popu-
laire qui désigne parfois cette église sous le nom de Djenécy-
keliçacy c l'église des Génois, i II semble que par la suite elle
devint la principale église de la ville et succéda en cette qualité
à celle de St-Michel. Cette dernière, détruite par l'escadre vé-
nitienne en 1396, réédifiée en 1303, existait encore en 1336.
Des événements que nous ignorons auraient amené sa destruc-
■ Le p. Paul Taffener, aé à Clagearurth, en CarioUiie, en I6JS, entra au
noviciat de la Compagnie en 1628. il enseigna lea humanités durant quatre
ans. devint recteur du collage de Styr, puis exerça le ministère à Vienne
Le comte de i.eslie, ambassadeur de l.éopold M près la Porte Ottomane, l'at-
tacha à sa mission en qualité d'aumânier. (Bibliothèque des écrivains de la
C. de J.)
r>' Google
tton et déterminé la République à construire celle de St-Be-
noit. (?) Toujours d'après le P. Taflfeoer il paraît que la nouvelle
église aurait été placée sous le double vocable de la B. Vierge
Marie et de St-Benolt.
Un autre docament nous fait avancer davantage dans la ques-
tion et la précise. Il est dû au R. P. Quandel, bibliothécaire de
l'abbaye du Mont-Cassin. Dans les notes qu'il a bien voulu nous
envoyer, nous voyons ce qui suit :
€ S. Mariœ Miserioordiae in Fera.
f Monasterium S. MarJse Misericordise in Pera, prope Con-
stantinopolim, unitur congrégation! a Nicolao V, anno 1449,
seâ posseasio capta est anno 1450, cum monasterio S. Benedi-
cti, ibidem illi unito-. Anno 1557, fiiit institutus procurator a
Congregatione Fr. Stephanus Gattaluzius, ordlnis Prasdicato-
rum, ad regendum pnedictum monasterium, et ad exîgendum
fructus, cum promissione solvendi tertiam partem fructuum
congregationi, sed quia nihil unquam solvit, fuit contra eum
lata sententia, a vicario urbis, ad restituendam et relasandara
procura tionem, una cum fructibus, sub die 27 mart. 1560; uti
ex actis D. Simeonis Grugnetti lîquet. *
( Ab anno 1449, usque ad annum 1550 numerantur qninqae
professi .
( D. Bartholomeus a Janua (anni professionis) 21 mars 1439.
c D. Jo. Baptista de Pera, 8 7br. 1449 ;
c D. Basilius de Pera, 3 apr. 1449 ;
e D. Ambrosius de Portugallo, 25 dec. 1449 ;
( D. Bartolomeus de Pera, 21 mar. 1450. >
De ce document, officiel, on recueille que deux établisse-
ments coexistaient ensemble, presque sur le même terrain, 1° le
monastère de Ste-Marie de la Miséricorde, 3° celui de St-Benolt.
Cette dualité se maintient pour ainsi dire jusqu'au xvn° siècle,
même après que les Jésuites y furent installés, car on trouve
une lettre de la Comunità, à M. de Brèves, alors ambassadeur
' Nicolas V est ce Pape génois dont noul avons vu le Dom Eur une ins-
cription des muraillea de la ville (1447-1455.)
* Ce fait est confirmé par les Archivem de» Capucins de St'Louia, comme
nous le verrons plus bas à propos de St Josepb de Léonjase.
çGoogle
— 236 —
à Rome, en date du 30 mars 16i0, qui raconte que les Jésuites
c ont établi dans la chapelle extérieure, voisine de l'église, une
congrégation, et que chaque samedi matin, son EIxc. l'ambassa-
deor de France, M- de Salignac, et beaucoup d'antres y vont
avec une grande dévotion. »
Les Bénédictins du Mont-Cassin n'entrèrent en possession
qu'en 1450'. Ce n'était que trois ans avant la conquête otto-
mane. Ils continuèrent de l'occuper quelque temps encore ;
mais ils l'abandonaërent ensuite, puisque en 1557 ils donnent
procuration poor l'administrer et en percevoir les revenus,
dont le tiers devait revenir au Mont-Cassin. Le dominicain
qu'ils avaient choisi comme mandataire, n'ayant pas tenu ses
engagements, ils recoururent au Vicaire patriarcal pour l'y obli-
ger, ou lui faire rendre sa {owiaration.
II semble que les Dominicains aient eu pendant quelque temps
la charge de desservir cette église, car dans une supplique au
R. P. Général des Dominicains la Comunità dit : « Nous prieur
et gouverneurs de la commune, ayant mis des Pères de St-Do-
minique dans l'église de St-Benolt, etc. > Cette lettre est de
1618. (21 oct.)
Il est dit de plus dnns une lettre de la même Comunità au
B. P. Général des Conventuels, sous la date du 80 juillet 1616 :
< II y a quarante ans que vos Pères desservent l'église de St-
Benoit, » par conséquent vers 1576.
Mais il est un autre fait plus singulier. Le P. Barbieri, dans
son mémoire souvent cité, nous dit que les Frères Mineurs de
l'Observance qui étaient établis à CP. dans le couvent de St-
Antoine des Cyprès, en ayant été chassés lors de la prise de CP.
par sultan Mehemmed, 1453 (Plusieurs furent égorgés, d'autres
' Le R, P. Qiuindel, auquel nous devons déjà de précieux renaeignementa,
eo ajoute un autre qui jelta encore un peu de jour sur 1b question obscure
qui nous occupe en ce moment, a L'égtiae de St-Itenolt, et le monastère dont
elle dépendait, était occupée par Ici Bénédictins dés son origine. Au xv' siâcle
les Bénédictins d'Italie, pour divers motifs, et surtout pour ee soustraire au:i
abus de la Commande, se réunirent en une congrégation dite, dans le prin-
cipe, de Ste-Justine de Padoue, où i!e s'établirent, et ensuite du Mont-CasBin,
quand ce célèbre monastère s'y rallia. Les Papes favorisèrent cette congré-
gation ; et toutes les fois qu'ils en trouvèrent l'opportunité, ils lui adjoigni-
lent les autres monastères ; de ce nombra fut celui de Ste-Marie de la
Miséricorde de Fera. ■
çGoogle
réduits en esclavage, comme nous l'avons dit), la c Magniûca
Comunità > mit à leur disposition le couvent de St-Benolt. Cette
concession n'était que provisoire, mais cette occupation dura
jusqu'à l'arrivée- des Jésuites en 1583. Alors une dame pieuse
leur donna Ste-Marle Drapëris, comme nous le dirons en son
temps.
Enfin nous verrons plus bas que les premiers Capucins venus
à Péra, après la première disparition des Jésuites, furent aussi
reçus !i St-Benoît, et que St Joseph de Lèotiisse y fut miracu-
leusemeut conduit. Ces choses, si contradictoires eu apparence,
s'accordent cependant si l'on tient compte de l'existence de
deux églises, et de deux couvents voisins, qui ne furent confon-
dus que plus tard, mais que l'on désignait cependant sous le
nom générique de St-Benoît, parce qu'ils étaient voisins et dans
le même enclos.
Pierre Gylles, reproduit par Du Cange, cite le nom de St-
Benoit, et signale < sa magnifique citerne, déjà dépouillée de
ses chambres, ainsi que des trois cents colonnes qui en soute-
naient la voûte, et convertie, de son temps en champ de culture,
pour les besoins du desservant du temple. »
Grâce à la protection française, St-Benolt, menacé de subir
le même sort que St-Paul, fut conservé au culte chrétien. Excité
par l'expulsion des Maures d'Espagne réfugiés dans ses États,
sultan Snleïman avait résolu d'abattre cette église, ou de la
changer en mosquée ; mais < l'ambassadeur de France fit en
sorte que le roi l'autoris&t à demander, en son nom, ladite
église, pour en faire nue chapelle royale, à l'usage de l'ambas-
sade de France'. • Il obtint cette donation du sultan, vers 1540-.
Le P. Barbieri rapporte le même fait, mais il attribue la con-
cession de St-Benolt t alla pace di 1535, pel commodo dell'
ambasciatore di Francesco I", che doveva stabilirsi in GPli. »
Le premier traité conclu entre la Porte et la France est, comme
on la sait, de 1535. Quatre firmans datés de 1609, 1617, 1619
et 1638, confirmèrent la donation de sultan Suleïman.
I On lit dans VEtlnt de* mUtiona de GrÈce, prfiienlé ù .ViV. SS. fe.i arche-
eiqut». écéijuen et députée du clergé de France en l'année 1695, p. 12 : « Pour
servir à la nation, et encore plus pour empêcher qu'elle ne fut convertie en
mosquée, selOD les ordres que le sultan en avait déjà donnés, h
» Topographia,32S. ConitantinopoUt Chrîtt. EV, 82, 113.
r^'Google
— 237 —
Depuis lors, selon les Annales de la résidence des PP. Jé-
suites, les Ambassadeurs de France firent desservir cette église
par des prêtres nommés par eux.
Un peu plus tard les catholiques de Péra et de Galata, dont
le nombre décroissait toujours, au point que, selon certains rap-
ports, ils n'étaient plus que dix-sept familles seulement (?}/
résolurent de demander au Pape l'envoi de quelques Pères de la
Compagnie de Jésus ; ils sollicitèrent à cet effet l'intervention de
M. de Germigny, baron de Germoles, ambassadeur de France, et
celle de Morosini, Balle de Venise. On leur accorda leur demande.
La nouvelle mission avait pour supérieur le P. Mancinelli ',
italien, accompagné des PP. Honoré Gaze, de Marseille, et Mau-
rice Timpanizza de Raguse, et des Frères Martin, de Marseille, et
François, grec de nation. Parfis de Rome pour Venise, ils mi-
rent à la voile le 15 juin et arrivèrent à CP. le 8novembrel583.
L'ambassadeur de France et le baile Morosini les logèrent en
leurs palais, puis les Pères prirent possession de St-Benoît, le
18 novembre 1583. M. de Germigny informa le roi, comme
suit, de leur arrivée à GP,
< Et y (ici) arrivoient trois pères jésuites^, mandés par N. S.
P. le pape, à la requeste et instance des chrestiens Perots, pour
l'effect de l'instruction de leurs enfants ; par lesquels Sa Sainteté
m'aurait escript un bref aux fins de les recevoir et tenir soubz
' LeP. Jules Mancinelli, tiëA Macérata dans les Marches, lit si
Rome (1 558-1 5(iO). Après qu'il eut terminé ses études, il fut appliquô au mï-
DÎstdre de la prédication. Kon éloquence était si persuasive que son discours
était souvent ioterrompu par les sanglots de ses auditeurs. On l'employa en-
suite aux missions en Kurope, en Asie et même en Afrique. Les Souverains
Ponlires, surtout (iré^'oire XIII, lui donnèrent les plus larges facullc-s l'Ouï
admettra tes hérétiques et los scbismatiques dans le sein de l't^lise catho-
lique. Après son court apostolat à CP., il continua ses courses apo8toli(]ues
en Algérie, revinten Italie, parcourut l'Allemagne, la Valachie, la Moldavie,
la Pok^ne, etc. Il mourut à Naples le 14 août 1GI8 àrftgedeplus de quatre-
vingts ans. II laissa une grande réputation de sainteté et Ibs Jésuites l'hono-
rent comme Vénérable. (V. Symbolrc a-l illduti-anilam Er-rleai"' Orienlalîx,
etc., p. OSO.auctore R. F. Nicolao Nillos. S. J, Inspruok, IHM.î.)
» L'Ordre des Jésuites fut fondé en 1534, par Ignace de Loyola, (Ils d'un
gentilhomme de la proïince de GuipuBcoa, et approuvé par le pape l'nul III,
le 27 septembre 1510.
' Le pape avait également adressé un autre bref, en Taveur dps Pérès, au
baile (!e Venise, Morosini (Carayon, p. 4). lequel, dit VExtiit i/o Mifaliins.
p. 12, i aurait fait une aumûne considérable pour meubler et réparer l'églUe. ■
çGoogle
la protection de V. M., et les faire loger et accommoder au mo-
nastère St-Benoît comme estant, dès le temps de sultan Suley-
nan, soubz la garde et protection particulière de V. M., ce qne
j'ay très-volontiers faict'. »
( Le 35 août suivant (1584), M. de Germigny, à qui cette
église appartient de droit, leur ât expédier deux patentes ; l'une
en latin, pour les chrétiens, mentionne les divers breTs du pape ;
l'autre en italien, pour les Turcs, sans mention du Pape, cons-
tate la donation faite par le sultan. La patente latine préconise
le zèle des Rois T. G. à soutenir la religion en Levant, ce qui
est d'ailleurs coustalé par l'empressement que le Roi a montré
pour se faire remettre l'église que le sultan voulait convertir en
mosquée. > M. de Germigny établit, par suite, le droit que les
ambassadeurs ont eu, dès lors, de nommer des recteurs, et des
économes, pour la desservance de cette église, citant même
parmi eux les pères Antoine de Chio et François Pastes, tous
deux franciscains ; il termine en disant t que c'est sur les re-
présentations des chrétiens de Péra qu'il a demandé et obtenu
la venue des jésuites ; > enûn, < qu'il s'est déterminé, conduit
par l'esprit de religion du roi, à leur affecter pour logement l'é-
glise de St-Benoit, et que, sur la demande du souverain pontife,
il les recevait sous la protection spéciale de S. M. »
Cette patente se termine ainsi : ( donné aux Vignes de Péra,
le 35 août 1584. »
Le lendemain le Baile vénitien leur expédia d'autres lettres-
patentes, dans lesquelles on lit : c Les Pères étant arrivés le
8 novembre 1583, et étant entrés au lieii de St-Benolt, par ordre
de Sa Sainteté, qui a voulu, par un bref de même teneur, qu'Elle
nous a adressé, qu'il leur soit assigné, pour y faire leur résidence,
comme l'ont demandé les Seigneurs Pérotes. . . . Nous avons, par
charité, subvenu à leur nécessité de quelque petite aumône, la-
quelle nous déclarons, aûn qu'en tout temps ils puissent être
les maîtres de ce que nous leur donnons.... tant pour le service
du culte divin, que pour l'avantage de leur maison. »... ï Aux
Vignes de Péra, le 26 août 1584'. »
I Négocialion*. IV, 231.
' Cf. aussi P, Carayon, p. 4. et VEalnt de* Mixtio/i*. etc. où il est dit que
Morosini • aurait fait une aumAne considérable, pour réparer et meubler
l'église- »
r>' Google
Les Jésuites se mirent aussitôt à l'ceuvre, et les documents
de l'époque, Estât de la Mission de Grèce, sartoat, nous di-
sent : ( Tout occupés qu'étaient les Pères de leurs prédications,
ils ne laissèrent point d'ouvrir une école pour l'éducation de la
jeunesse \ les enfants schfsmatiques, aussi bien que les catholi-
ques, la remplirent incontinent } leurs parente même les y ac-
compagnaient pour profiter de l'instruction que l'on faisait à
leurs en&nts. Outre ces occupations, il fallait que les mission-
naires trouvassent le temps d'aller dans les prisons et dans les '
hâpitauz.... il leur fallait aussi donner des heures aux prêtres
et aax évèquea qui voulaient avoir avec eux des conférences
particulières. Le patriarche d'Antioche et celui d'Alexandrie vin-
rent souvent consulter le P. Mancinelli, sur diverses questions,
de conscience, certains doutes qu'ils avaient : ils finirent pai se
trouver si persuadés de la vérité de la religion catholique et de
la primauté de l'Église romaine, qu'ils écrivirent au Pape pour
lui témoigner leur soumission ; (Michel, patriarche d'Antioche,
reçut plus tard, par l'entremise du Père, le palltum, que le
Souverain Pontife lui envoya.)
f Les métropolitains d'Éphèse et de Césarée suivirent leur
exemple, et souscrivirent de leur main l'acte de leur obéissance.
Deux autres métropolitains, et des principaux de la Grèce, firent
la même chose. Le patriarche des Arméniens et l'archevêque de
Crota, patriarche et primat de toute l'Albanie, après bien des
conférences, voulurent aller à Rome pour preuve de leur retour
sincère à l'unité catholique. Jérémie, patriarche de CP., députa
deux de ses prêtres pour porter au Souverain Pontife la protes-
tation de sa Foi. >
< Or ces travaux ne sufTisaient pas aux Pères : ils y joignirent
la mission du bagne où se trouvaient plus de quatre mille for-
çats. Ils s'y rendaient le soir, y faisaient chanter les vêpres, en-
tendaient les confessions, qui duraient souvent la nuit entière ;
et le lendemain matin avant qu'on appelât les esclaves au tra-
vail, on disait la sainte messe, après laquelle les Pères distri-
buaient leurs aamônes '. >
Le Père Mancinelli fut appelé en Europe pour les besoins de
la mission qui demandait de nouveaux ouvriers évangéliques.
' Doeumenti officiel*. Cf. aussi Carayon, loc. laud. p. 4.
çGoogle
— 240 —
Ses confrères moururent de la peste '. M. de Laneosme écrivait
au roi, le 23 mai 1586, t de cinq jésuites envoyés par lo deffunct
pape Grégoire, en l'église St-Benolt, qui est soubz la protection
de V.M., il n'en estoit resté que ung, les aultres estans morts
de peste, lequel avoit escript à son général pour avoir des com-
paignons ; mais le pape Sixte V ayant résolu de ne vouloir rien
donner ponr les entretenir, cela a faict que ce dernier a été ré-
voiqué, et s'en est allé depuis huict jours, laissant l'église dé-
■ sorte j s'il semblait k V. M. d'écrire à Sa Sainteté pour y faire
envoyer ou des bons hommes ou des cnppuchins, ce seroit
l'honneur de V. M., et la consolation des chrestîens qui sont
ici=. »
Cette demande de l'ambassadeur fut eiaucée ; en effet, on lit
dans les archives des PP. Capucins de St-Louîs, t que l'an 1587,
le R. P. Général de l'Ordre décida l'envoi en Turquie d'une
mission de religieux de son Ordre, composée de trois prêtres,
les PP. Pietro délia Groce, supérieur, Dionigi da Roma, et Egi-
dio di Sta Maria. Ce dernier ayant été empêché au moment du
départ, par raison d'infirmité, il fut remplacé par le P. Joseph
et le fr. Grégoire de Léonisse, l'un prêtre l'autre laïque 3.
« A leur arrivée les Capucins eurent pour habitation un lieu
à demi ruiné, qui acait été aux religieux de Si-Benoît ; et
l'église, petite, étant encore en état de servir, ils bâtirent au-
tour, de petites cellules, où ils restèrent environ deux ans*. >
« Le P. Joseph de Léonisse qui n'avait pu partir avec les
1 On retrouva les restes de trois <le ce» religieux, lians la crypte de St-
Benolt, lors du dépôt qu'on y fit des restes de M. de Halignac (Carayon, lor.
lau'I. 40, 51). I^ nom du I'. Cbizzola. avec la date de ISS.i, se trouve inscrit
Bur la pierre tombale des PI'. Jésuites, morts de peste à Conalantinople, de
IStiri à ITjG ; cette pierre a été transportée de l'ancien cimetière des Grands-
Champs, à l'éra, dans l'église du Saint-Ksprit. (Comple-rci-hi ilii einiet. la-
tin m-A. p. 26.)
< Un appelait populairement Bons-Hommes, les religieux Minimes, fondés
par st Frani;ois de Paulc. Ils devaient ce surnom au roi I^uis XI qui avait
fait venir en France leur fondateur et le gardait auprès de lui. Il l'appelait
son Don-Homme, et. du l'ère le nom passa aux enfants.
> filorin dette Migxini'i i/ei Cappwdni, Roma, I, â-l. On trouve dans ce
mitme volume, p. 471, le texte du bref de Sixte V, constitutif <le la mission,
ainsi que les lettres d'obédience données par le P. Général aux premiers
Péri!S désignés, puis au P. Joseph de Léonisse, en juin et août IjUl.
* ArrMeei de* Cnpwiii» île Pcra. Palmier Séraphiijne. 4 févr.
çGoogle
çGoogle
•J
çGoogle
— 241 —
autres débarqua sur la côte de Thrace ; ne sachaDt pas oîi trou-
ver ses frères, il fut accosté par un charmaDt enfant qui le prit
par la maia et le conduisit à travers les rues de CP. jusqu'à
Yêglise de Notre-Dame, comprise dans le couvent où rési-
daient les religieux qui l'avaient précédé. Ce couvent, qui avait
appartenu aux Bénédictins, était en très mauvais état, mais heu-
reusement l'église était en des conditions plus satisfaisantes. A
peine arrivé l'enfant disparut'. » Le P. Rocco dit aussi ; ( Nos
religieux furent placés, « in una chiesuia semi-dlruta, un
giorno dei figli di San Benedetto occupata. > (C'était sans doute
l'église de Notre-Dame de Miséricorde, dont il a été question
plus haut.)
( Destiné au service du bagne, le P. Joseph se dévoua, avec
un zèle et une charité héroïques, au bien des galériens, surtout
durant les ravages d'une pesle terrible. Il fut atteint lui-même
par le fléau, mais 11 put en guérir, après de longues souffrances.
Moins heureux que lui, ses deux Frères succombèrent aux at-
teintes de cette cruelle maladie ; (leurs restes sont probablement
ceux que l'on trouva dans la crypte de St-Benoit, quand on vou-
lut y déposer le corps de M. de Salignac.) Resté seul avec son
compatriote le Fr. Grégoire, le P. Joseph, loin de ralentir son
zèle dans ses travaux apostoliques, ne cessa au contraire de
l'enflammer davantage. Mis en prison une première fois, il en
sortit par l'intervention du baile de Venise ; puis ayant voulu
porter sa prédication jusque devant le sultan, il fut condamné
au supplice de la pendaison aux crochets. Après être resté trois
jours et trois nuits dans cette position, et bien que l'on eût es-
sayé de le brûler au moyen d'un grand feu allumé sous son gi-
bet, il fat détaché de la potence par un ange, qui lui apporta dos
aliments, et lui ordonna de partir pour l'Italie. Le P. Joseph
était resté deux ans à GP. > (Né en 1556, dans la petite ville de
Léonissa, il mourut à Amatrice, le 4 février 1613, flgé de cin-
quante-sept ans, et fut canonisé en 1746, par Benoit XIV^.)
Cependant * après le départ du P. Mancinelli, en 1585, l'église
de St-Benott retourna, comme auparavant, au roi de France et
1 Rorbacher, Vie* ilen SainI». CarayoD, Relation inédite p. 51. — Ci-.les-
aous, S. Georges, cb. VII.
> Storia dello ml$*ioni dai Cappuecini, P. Roooo (U Ceaiuale, I.
r>' Google
— 34i3 —
à ses ambassadeors en Levant, jasqa'eo 1604, où M. de Brèves
obtint de la Porte la permission nécessaire pour y établir des
Pères français, de la Compagnie de Jësos. En mai 1605, l'am-
bassadeur envoya au roi les patentes du Grand Seigneur à cet
effet ; mais l'aSaire, pom* diverses causes, fut retardée jusqu'en
1609 '. ..
Durant cette longue période, des rivalités s'étaient produites ;
et, en septembre 1609, la Comunità informa le pape Paul V
f de l'installation à St-Benolt, par l'ôvêque de Tine ', » visiteur
apostolique en tout le Levant, * de la confrérie de la charité,
à laquelle on s'affilie avec grand empressement, » ainsi que du
désir de cet évëque d'établir, contre le gré de l'ambassadeur,
l'A^pf/a/ dans l'abbaye de St-6enoit. Ces dispositions étaient di-
rigées contre la nouvelle mission des Jésuites, partie de Paris le
SI janvier 1609 ; composée des PP. Cbarles Qobin (mort de peste
en IdlS), Guillaume Levesque, et du frère Colomb, elle aug-
menta en route du frère Viar, et du P. de Canillac, supérieur'.
La mission rencontra aussitôt des diSicultés, réelles ou sup-
posées, pour la question de résidence ; t car, dit le P. de Ca-
nillac, les mieux pratiqués de ce lieu ne cuidaient pas que le
monastère de St-Benolt, où nos Pères avoieut jadis fait leur
résidence, fat propre à nos fonctions, pour estre écarté de la
demeure des Latins, entouré des Grecs et des Arméniens, >
Aussi M. de Saliguac, persuadé,d6 son côté, par les gens du pays,
avait déjà loué, pour les Pères, « une maison belle et bien
située, au milieu de la demeure des Latins * i ; mais la diffi-
culté estoit de trouver église propre et commode, y ayant seule-
ment une petite église ou chapelle, voisine de quelques cin-
' Annale» de la Rfiidence. et Histoire des Turc» de Verdier.Vie de Sultaa
Ahmed 1. ParÎB, 1665. I, 336.
» Tine relevait encore de la juriiiîclion occlësiasiique de Venise (Carayoo,
loc. laud. 1864, p. Iiî5>. Cf. plus haut,le passage relatif à la juridiction ccclé-
siastiqae du patriarche de Grade. D'aprâe les archives de St-Pierre de
Galata. cet évêque était Giorgio Perpîniano.
» Cf. Eilat de» Miuion* de Grtce.p. 31.
* « Les Parcs Jésuites ont été placés, écrit la ComaniCà & M. de BrâTee,
le 17 octobre 1609, dans la maison du S' Giorgio Mamoretto, bâtie dans le
jardin acheté par celui-ci, du sieur Dane. > Les Latins habitaient encore
presque exclusivement, l'ancien Galata, compris dans l'enceinte de 1303-
1304, tandis que St-Benott sa trouve dans le nouveau au milieu des églises
grecques et arménienoeB.
r>' Google
— 243 —
qaante pas, dicte St-SëbastieD, qui o'ètoit ofliciée qu'une ou deux
fois l'an ' ; l'ambassadear ât demander Vttëage de cette église
au visiteur apostolique, avec réserve, néanmoins, de St-Benott;
mais S. G. répondit que c'étoit trop, et qu'une suffîsoit ; aussi,
avoit-ii destiné le dit St- Benoit à un hôpital, qu'il avoit projeté
avec les « Messieurs de la ville. >
Les Turcs avaient été travaillés, d'autre part, contre la rèins-
tallation des Jésuites, car l'ambassadeur se trouvant chez t le
Bascha, celui-ci, à propos de quelque chose qui touchait le
Vénitien, dit avoir sceu que quelques prebtres latins estoient
venus de nouveau, personnages dangereux et haïs de tout
le monde, et qu'il estoit meilleur qu'ils s'en retournassent en
leur païs au plus tôt. » De son c(>\.k,%i contrairement nw désir
du pape, l'évêque visiteur, tenant à fermer St-Benolt aux reli-
gieux français, insistait pour l'installation de l'hôpital dans
l'abbaye, tandis que les Pérotes faisaient valoir n l'incommo-
dité pour eux > d'envoyer leurs enfants dans ce quartier de
ville (St-Benolt), éloigné de la demeure de France. - >
Finalement, les Pères furent mis en possession de St-Sébas-
tien ; et le jour de leur installation, le 20 septembre 160D, ils
chantèrent une messe solennelle dans cette église, en présence
de l'ambassadeur et des principaux du lieu, c A leur insti-
gation, fut établie dans leur église le 28 novembre, la Con-
grégation de' Notre-Dame , dans laquelle M. de Salignac
s'inscrivit le premier, avec ses drograans et son aumônier,
devenu depuis évéque de Milo ^. Chaque dimanche, les Pères
ârent des prédications qui, avant eux, n'avaient lieu que du-
rant l'avent et le carême ;_ et ils ouvrirent des classes, « même
1 Carayon, tof. Itmd., 27.
' Cette résidence, de Francs, se trouvait-elle, comme t'indiquent certaines
fratlitionB, dans le KbanFranchini.à l'angle de la rue de St-Georges et celle
de l'erchembé-BazaT, autrefois te palais des podestats, ou plutôt dans l'en-
clos actuel des maisons de Sit-I*ierre tlja. dernière maison à droite, dans la
prolongation de la rue Tchinar f Sur l'angle rentrant de la'muraille de cette
maison, occupée longtemps par la banque ottomane, et fafsaat saillie, on
voit encore l'écuason aux armes de France, sculpté eorelief sur la muraille.
Noua ajouterons que dans les réparations jotérieuros faites pour cette
banque, en 1873, ou avait trouvé de vieu^ï registres, pouvant provenir de
l'ambassade de France ou de sa ohancetlerie. On a vu plus haut que le
quartier St-f ierre était particulièrement occupé par la Nation française.
• Loc. laud.. VIT, 166.
,dbvGoogle
— 244 —
sans livres ». Dans une lettre au pape, la Comunità confesse
que, jusqu'à l'arrivée des jésuites, lesenCants latins ne savaient
pas dire leur Pater.
Mais si la restauration des Pères paraissait avoir été acceptée,
sous certains rapports, elle ne l'avait pas été sous d'autres : le
haile B^nrtïen, auquel, selon Hammer', s'étaient joints l'envoyé
anglais et Vévêque de Tine, rendirent les jésuites suspecta à la
Porte les présentant comme des causes de discorde et des enne-
mis de l'Etat ; leur habitation fut envahie le dimanche 13 dé-
cembre 1609 par le soubacM et ses ^ents, qui conduisirent ces
religieux au palais du Bascha.d'où l'ambassadeur, accouru aussi-
tôt, les ramena en liberté -. » Ils passèrent tranquillement *. le
premier jour de l'an et la feste de St Sébastien', titulaire de l'é-
glise; mais la veille du jour de la Conversion de St Paul,l'ambas-
sadeur receut, de nouveau, commendement de chasser ces reli-
gieux, accusés d'être des hommes séditieux, espions du pape,
et de l'Espagne *, ordre qui fut réitéré, une fols chaque mois
pour le moins, jusqu'au mois de... oCi on leur dit : c Puisque
l'ambassadeur s'opiniâtre tant à vous retenir, eh bien ! restez ^ ! >
Sur la proposition de M. de Salignac, Henri IV avait assigné
aux Pères Jésuites une pension suffisante pour l'entretien de
dix missionnaires. »
L'habitation des Pères menaçant de tomber en ruines, on dut
revenir sur la question de St-Benoit; le visiteur apostolique se
maintint, d'abord, dans son système d'opposition ; puis, crai-
gnant de compromettre le sort de son hôpital, et blâmé, d'ail-
leurs, par le pape Paul V, qui n'accueillait nullement ses motife
avoués de l'exclusion, il finit par donner son adhésion; et les
Pères furent remis en possession de St-Benolt, dans t la dernière
sepmaine avant le Carême » (le 15 février 1610). La Comunità
avait proposé au pape de donner aux Jésuites '^ St-Qeorges,
' Hammer, VIII, 166. — » CarajTon, te. lawl. 27.
* Dana DOtre calendrier, cette fête est indiquée au 20 janvier.
• Cette accusation est rapportée dans VEstat ile> Mistloii», p. Zi, comme
dans Hammer VIII, 1G6. Sous le même préte.xte, ita auraient été expulsés,
plus tard, de divers pointa de l'empire (Hammer, IX, 114).
* Carayon, foc. iawL 39.
• Hammer, ce dont ne parlent ni le P. Carajon, ni la Comanilà, ajoute
que .St«-Marie Drapéris aurait été refusée à ces relipeux ; il ne parait pas
que la deman le en ait jamais été faite.
çGoogle
— 245 —
occupée alors par les Dominicaics. Enfin, réinstallés dans leur
^lise, les Pères commencèrent aussitôt leurs exercices religieux
et scolaires '. < On preschoit les jeudy et dimanche matin,
en italien, selon la distribution des églises de ce lieu ; et le
vendredy soir, exposant le Saïnt-Sacrement, après un dévot
Stabat Mater, on discourait sur quelques mystères de la
f La St Benotst qui escbeut en ce saint temps, fut solennel-
lement festée, avec un bel appareil; entre autres d'un théâtre,
en demi-rond, de degrés sur l'autel» gamy de lampes, sur le
milieu duquel estoît te Saint-Sacrement, exposé pour les qua-
rante heures, qui vont chaque dimanche, en l'une des églises
de Péra, par l'ordonnance de Mgr le visiteur apostolique. Il y
eut sermon le matin, en italien, et le soir en français... C'estoit
grand dommage que ceste église, vénérable pour son antiquité,
rare pour son assiette, belle pour ses mosaïques, qui, naïfvement
et richement, représentent, en espaliers, sur les pans de mu-
railles, les principaux mystères de la vie et passion de N. S.,
demeura serrée (fermée) toute l'année, excepté le jour du saint,
se ruinant sensiblement, en danger de s'ensevelir en brief, dans
ses propres ruines...^ Ilya deux maltresses portes pour entreren
l'esglise, l'une pour les hommes, et l'autre pour les femmes, qui
ont leur lieu distingué par un treillis de bois, avec une tribune
au-dessus pour les vierges, qui, en ces quartiers, ne s'osent
montrer, non pas même à leurs proches ; et, pour ce, vont rare-
ment ez-esglises, et ce, k la poincte du jour. Le bout de ces
galeries (nefs latérales) s'abboutit à un treillis de fer qui serre
une gentille chapelle voûtée et desdiée à V Annonciation ' de
la Vierge, où les congrégations s'asseDi4:ilent, laquelle feu
' Dans une lettre écrite â M. de Urèves. à Rome, le 20 mars IGIO. ta
Comitnità dit que « les Pérès ont une école qui ne compte sinon trente élèves
' CaMyoQ, Ion. laul..42. I-e patriarche Maoarius('Afi Tmi-cU of Mai-ariua,
patrinifh of Aniiorhe : \jiaàon. 18^6. p. 27) donne une deacription à peu pré»
semblable de St-Benolt, qui, selon lui, aurait appartenu ancienDement aux
orthaloxe» (t).
* Aujourd'hui chapelle Sie-Anne. I.a Comunità écrit à M. de Hréves, alors
ambassadeur à Home, le 20 mars IGlO : n Depuis leur retour à St-Benolt, tes
jésuites ont établi la Congrégation /Ir la ti-it-triiiile Vierge, dans ta chapelle
du dehors, voisina de l'église ; l'ambassadeur de Krance et nombre d'autres
personnes vont, chaque samedi, pratiquer cette sainte dévotion. >
çGoogle
— 346 —
M. l'ambassadeur a faict magnifiquement peindre par un peintre
grec, avec les armes du Boy T. C. et les siennes, et a décoré
d'un beaa parement blanc , onvragé à la persienne , avec la
chasuble de damas blanc aussy <, >
Loin de voir leurs écoles moins fréquentées depuis leur retour
à St-Benoit, c les grecs, les juife même, y envoyoîent leurs
enfants ' ; et q>iant à leur église, ils y virent affluer des péni-
tents grecs et latins, régnicoles - et étrangers ; et les françoia la
consîdéroîent comme leur principale et plus chérie paroisse...
M. l'ambassadeur avoit folct accommoder une chambre, tout
prèz du jubé de l'église, tout exprès, les trois derniers jours ds
la passion, pour vacqua- plus librement à sa dévotion '. »
« Le pénultième jour de juillet, veille de la feste de notre
B. P. Ignace, que jadis, le dimanche précédent, dit le Père de
Canillac, le R. P. vice-patriarche (qui nous montre grande affec-
tion) par un fort honorable cartel, avoit faict publier par toutes
les églises de ce lieu, on fit un service pour Henri IV défunct ;
et ensuite on chanta, dans St-Benoit, les premières vespres so-
lennellement avec un appareil meslangé de joye et de deuil. Le
chœur et autels estoient richement parés de blanc, et la nef
tendue en blanc et noir, parsemée de fleurs de lys et de larmes ;
et sur le milieu, y avoit une magniflque chapelle ardente, sur
quatre colonnes blanches et noires, en façon de marbre, meslè
avec des pantes de brocatel blanc et noir, et un drap d'or sur
le cercueil, bandé d'une bande de velours noir. M. l'ambassa-
deur passa cette nuict chez nous et la suivante. Le lendemain,
' Carayon, loc. C!iu4. 43.
< Le même auteur ajoute plus loin (p. 58)» qu'ils avaient dans leurs classes
divers religieux... des caloyers grecs avec un diacre et plus de cinquante
enfants, tant grecs que francs ; aux uns on apprend à lire, aux autres les
grammaires grecque et latine, o Baudier, citi! par Hamraer (VIII, 16fi), dit
que D les Jésuites fondèrent une école de niathi^maliques. s Selon les Lettre»
et aiicrilote» lie Cyrille Lin-ari», patriarche de CP.. Amsterdam, 1718 ; i Ce
collège était destiné à l'enseignement gratuit, «ou» pri'tej:te de rharitf, de la
grammaire, des langues et des arts libéraux. »
s Dans le Bérat préci'é. délivré au comte do Leslie, 1076=1665, il est dit :
0 que les Jésuites et tous les autres religieux du rite latin, ne seront pas
troubiés par les évéques grecs, serbes et bulgares, dans les églises actuelle-
ment en leur possession. 'lû anliqno. non plus que dans celles des Kalas,
dépendant spiritnellement d'eux, quand ils accompliront dans ces églises
leurs pratiques religieuses selon le rite latin. >•
' Carayon, loc. lawl. p. 43-45.
DigilizPdbvGoOt^le
— 347 —
nn de nos Pères chanta la grand'messe du sainct... Oo y com-
mença les quarante heures, pour prier, tant pour l'âme du roy
deffunct, que pour l'heureux règne du nouveau roy Louis XIII ;
et, sur la clôture de k dicte oraison, on ât nn autre office so-
lennel lugubre, où le P. Antoine, cordelier, bon prédicateur, âst,
à ma réquisition, un petit panégyrique... La chapelle ardente
demeura tendue quarante jours durant, avec la messe tons les
jours pour l'âme du roy '. »
f M. de Salignac, continue le même Père, m'avolt recom-
mande de fester le jour de St Louys, arec singulier appareil,
désirant introduire celte feste icy, comme solennelle, pour la
nation françoise \ ce qui fust faict avec grand'messe et sermon,
où tous les religieux furent invités, avec le R. P. vicair©-
patriarcal, qui chanta la messe ^. >
Peu après, la mission perdit son zélé protecteur; M. de Sa-
lignac mourut le 13 octobre 1610, c après avoir légué une
bonne partie de ses livres à St-6enolt ^. > Le P. de CaniUac fait
ainsi le récit de ses funérailles et de l'impression produite par
cet événement : < On ne sçauroit bonnement exprimer les re-
grets de toute sorte de gens de condition et de religion à ce
sujet. Le jour suivant, nous tendîmes nostre esglise en noir ;
et, sur l'heure de midi, qui revient & la quarte de nostre hor-
loge françois en été, on flst le convoy honorablement ; nos petits
escholiers, avec des cierges allumés, alloient les premiers, suivis
de plusieurs autres estrangiers; puis venoient les religieux, et,
après, les domestiques (gens de la maison). Douze gros cierges
de la noble compagnie de Ste-Anne, qui faict le Corps de la
Ville, pour les chrestiens catholiques, portés par douze, vestns
' > Chez les Bénédictins, depuis le viir BÎécle, chaque fois qu'il mourait un
religieux, on était dans l'usage de fairecélébrer la messe et donner sa pitance
aux pauvres à son intention. — En Helgique, les trenlenaires se célèbrent
encore, après les funéraittes, par toutes lés famlUes chrétiennes. » (Les Moineê
d'Oeci'/enI, I, 102.)
' 11 semblerait mâme qu'à un moment l'église de St-Benolt fut désignéa
BOUS le nom de St-Louis, comme il résulte du texte suivant cité par Hammer
(.YII, 19U). 1 I Prancesi ...anco in tempo délia pacé. ottenero licenza di ri-
fabricare due chiese, l'una SUOiorgio. l'altra St-Lodovioo, in Galata, • Cette
reconstruction ne fut probablement que partielle et se borna à certaines
parties du monastère incendiées en 1660.
■ Ce fut en exécution de ses volontés que M. de Salignao fut inhumé dans
l'Oise des Jésuites.
çGoogle
— 348 —
en sacs, qui représentent les douze apostres et n'avoient cou-
tume de marcher que pour la procession du Sainct-Sacrement,
prëcëdoient immédiatement le cercueil, couvert, h la mode de
France, d'un drap de velour noir, avec la croix de satin blanc.
Snivoit M. de Cariât, frère du defifunct, assisté des illustrissimes
ambassadeurs d'Angleterre et de Venise, avec toute leui' suite,
qui tous conduisirent le corps en nostre esglise, le posant soubs
la chapelle et ouyrent l'office de l'enterrement. Mais nous le
mismes puis en son lieu de repos, la nuict, à huis clos... en la
voûte... De là à six ou sept jours, on ûct le service solennel,
avec une oraison funèbre, faicte par le mesme des nostres qui
fist celle du roy, non sans larmes des auditeurs. Pour nous,
nous ne pouvions faire plus grande perle, pour l'assistance et
secours humains, en tous ces quartiers '. »
La peste ayant exercé ses ravages durant toute l'année 1611
et partie de 1612, M. de Harlay-Sancy fit retirer les Pères en
un quartier de son logis c l'espace quasi de trois mois, jusqu'à
ce que le voisinage fat nettoyé d'infection. Nonobstant la con-
tagion, les Pères n'ont pas laissé d'avoir toujours quelques com-
muniants en leur église, et de faire quelque briefve exhortation,
tant en la mesme esglise qu'estant retirez chez M. l'ambassa-
deur, ayant introduit un sermon tous les ans en sa chapelle ; et
tant qu'ils demeurèrent au loçts de France, les enfants des
principaux de Fera y venoient, du gré de M. l'ambassadeur, y
prendre leurs leçons. La procession du saint-sacrement eut lieu
autour de l'église -... Â la même époque, les marchands et
mariniers françois ont aussi commencé une congrégation, sous
le nom de Notre-Dame de Bon-Voyage, venants, tandis qu'ils
se retrouvent icy, dire les heures de N.-D. en la chapelle que
M. de Salignac fit peindre et orner. > M. l'ambassadeur voulut
en être, et son exemple y attira les plus considérables d'entre
les chrétiens (Estât des missions de Grèce, 41).
L'épidémie dont il vient d'être- parlé enleva « le P. Charles
Gobin ^, le Frère Claude, elle faillit emporter le P. de Canillac,
supérieuret, leP. Antoine Frégate,qu'on dut transportera Ghio,
' Carayon, lof.. lawl.
■ Carayon, loc. laud. p. 65.
1 Carayon, loc. lawl. 59. La pierre tombale des Jésuites morts de peste
porte, à l'an 161£, le Dom du P. Gobin.
,dbvGoogle
— 349 —
laissaot seulement dans la maison le P. Guillaume Levesque
atteint de paralysie. > Les Annales de la Résidence se louent
( du secours plein de charité qu'elle reçut alors des Domini-
cains et des religieux des deux communautés de St-François :
elles ajoutent que c'est à eux que la mission doit sa conserva-
tion. >
Au reste, et k la suite des bonnes œuvres accomplies durant
la période contagieuse, la mission de St-Benolt avait pu ra-
cheter, pour y établir les classes, une maison dépendant jadis
du monastère; et l'église avait été « réparée et ajancée. Un
chevalier de Malte qui, attendant son rachat, avoit fréquenté la
congrégation de Notre-Dame, envoya un très beau tableau
de la Conceplion, principale feste de la Congrégation ; et
Mgr l'ambassadeur fict faicg un autre tableau pour le grand
autel, qui est d'une Ste Trinité sur le haut, et, au-dessous,
un St Louys, royalement vestu, et le bienheureux P. Ignace,
avec un Jésus en main, qui accompagnent le tabernacle posé au
milieu. Les armes du roy sont du costé de St Louys, et celles
de Mgr l'ambassadeur du costé du bienheureux Père '. > On
voit encore, à la Mission (des Lazaristes), un ancien tableau re-
présentant St Ignace en cbasuble,ettenant, dans sa main droite,
un livre ouvert snr lequel on lit k droite : Ad majorem Det
glortam, et sur la page de gauche : Constitutiones Societa-
tis Jesu. >
La mort de Henri IV, et celle de son ambassadeur, M. de Sa-
lignac, modifièrent singulièrement la situation desPères Jésuites
à CP. Le baile de Venise qui déjà s'était montré hostile à leur
rétablissement à CP. c sachant les Pères brouillés avec la
République depuis 1605, recommença ses menées contre eux,
et ne cessa de les faire persécuter et de chercher à obtenir
leur expulsion de Turquie. Pour cacher son jeu, il enveloppa
dans leur cause le P. de St-Gal, ou Sangalto, Vicaire patriar-
cal, vénitien et franciscain, qu'il se flattait d'ailleurs de tirer
d'affaire. Celui-ci et tous les Pères Jésuites furent mis au
cachot à CP.
Le sultan, d'ailleurs, était fort irrité de ce que < l'ambassa-
deur de l'empereur était entré dans Constantinople tambour
' CarayoQ, lo~.. laud. 64-68.
r>' Google
— 250 —
battant et enseignes déployées '... Le bruit couroit qa'il y avoit
beaucoup - de milliers déguisés venus avec ]ai, et sont à Cons-
tantinople et en Galata, en habits de juifs et de grecs, qu'il y
avoit quantité d'armes dans les églises et dans les maisons des
ambassadeurs ; qu'on vouloit sooblever les grecs ; que les
cosaques ëktient de la partie. II en résulta l'ordre à chacun de
porter sou babit selon sa nation, et defTense de porter chapeau
qu'aux françois, et aux françois d'habits de grecs. On fit une
recherche partout et un rôle de tons les chrestiene. Le grand
seigneur commanda, pour avoir plus tôt fait, de tuer tous les
françois, sans en excepter aucun... L'ambassadeur étant allé
au Bâcha solliciter pour les Pères Jésuites, le grand seigneur
Qt intercepter la circulation entre Constantinople et Galata;
l'ambassadeur, au retour, ne put continuer sa route ; et, pendant
qu'il était allé chez le mufti, ceux qui l'accompagnaient fail-
lirent être massacrés ; en&n, le bascha envoya un ordre écrit de
sa main et l'un des siens pour accompagner l'ambassadeur, faire
passer tout son train à Galata, et le conduire à son logis ; cette
même nuit, et sur une fausse alerte, les turcs se soulèvent, an
nombre d'un millier d'hommes, avec les intentions les plus si-
nistres ; les Pères Jésuites i (tirent prins. Il n'y avoit celuy qui
ne dèsespër&t de leur vie ; aussi, un bon père cordelier, vicaire
patriarcal, qui fut pris avec eux, et mis en la mesme prison,
■ Caravon, 87. lettre de M. de Moranvilliers, du 27 janvier 1617. Tl est
question ici de Czernim qui Ht san entrée à CP. en juin 1616, précédé dans
aon cortège « do cinq trompettes et de tambours, et d'un enseigne portant
QD étendard représentant d'un côté le Christ sur la croix, et de l'autre, l'afgle
d'Autriche. . (Hammer, VIII, 227.)
* Hammer r&pporte à ce sujet (VIII, 238). une ancienne tradition, d'aprto
laquelle « l'empire serait en danger de perte, lorsque J'étendart de la croix
flotterait dans CP. > Tous les habitants et le sultan lui-même prirent l'a-
larme : les bruits les plus contradictoires circulèrent dans la ville : Les
églises, les cloîtres et tes maisonn des chrétiens regorgeaient d'armes, disait-
on, et les Grecs devaient s'en servir pour secouer le joug. Les cosaques
étaient sur le point d'envahir de nouveau les oâtes de la mer Noire et de
pénétrer dans le canal de Cf. Enfin, disait-on, les Jésuites avaient l'inten-
tîon fie s'emparer de la ville, (/ambassadeur impérial, Czernim, fut gardé A
vue; toutes les maisons chrétiennes furent visitées, le vicaire général des
Franciscains fut jeté à la mer, et quatre Jésuites furent emprisonnés aux
Sept-Tours ; le sultan lui-même fit des rondes pendant la nuit, accompagné
de ses (5ardes. Cependant lorsque l'on reconnut^ fausseté de ces bruits, on
rendit la liberté à Czernim, le 4 septembre, et on lui promit une satisftictioD,
qu'il n'obtint jamais. >
abvGoogle
— 261 —
ftit &it mourir, trois jonrs après, en présence du grand seigneur
qui fut à cheval, tout le long de la nuit, à Constantinople. Les
Jésuites furent seuls pris avec le vicaire patriarcal ; on n'alla
pas aux autres églises, et si passe-t-on tout auprès en les me-
nant, et puis, on se demande si c'est Yéglise que demandent
les Vénitiens '. >
Les Jésuites reconnus innocents furent mis en liberté, pen-
dant que le P. Sangallo Ait étranglé dans sa prison. In-ité de
ce résnltatile baîle les ât remettre en prison. M. de Sancy, alors
ambassadeur de France, depuis évëque de St-Malo, épousant leur
cause, comme celle de l'Église et de la Nation, les délivra de
nouveau ; mais on agit de telle sorte que le caïmacam décida
que des six missionnaires emprisonnés aux Dardanelles, quatre
seraient embarques, et deux seulement resteraient auprès de
l'ambassadeur. » Bientôt, la trêve intervenue entre la Porte et
l'empereur Mathias, stipula que < les Jésuites auraient le libre
exercice de leur ministère dans tout l'empire ottoman. ' »
c La vraie raison des persécutions excitées à CP. contre les
Jésuites à cette époque, à l'instigation des Vénitiens, se trouve
dans la haine de la République de Yenise envers la Compagnie,
haine qui suscita la première et la plus acharnée des persécu-
tions qu'elle ait subies. Les Pères avaient découvert et signalé
les menées de fra Paolo Sarpi, qui voulait protestantiser Venise,
n commença par brouiller Rome avec Venise, St-Pierre avec
St-Marc, pour une question d'immunité ecclésiastique. Paul V
excommunia la République. Les Jésuites prirent le parti du
Pape : oo confisqua tous leurs biens, on en mit quelques-una
en prison, tous les autres furent expulsés du territoire. Les Ca-
pucins, les Minimes et les Thëatins eurent le même sort. Le
Pape se réconcilia avec la Sërénissime Seigneurie, mais la haine
contre les Jésaites était si grande que le décret d'exil porté
contre eux ne fut rapporté qu'après cinquante ans. Pendant
toute la durée de cette lutte la République ponrsuivit les Jé-
suites dans tous les pays, par le moyen de ses ambassadeurs.
C'est donc à cela, en dernière analyse, qu'il faut attribuer les
' Carayon. lue. laul. 87-89. [^ttre de M, de Moranvillîera, docteur da
Sorbonne, daté du 27 janvier 1617.
> Annale* de la Rétideiice, et aussi Hstat des miteions de Grèce, p. 44.
r>' Google
— 352 —
difficultés suscitées par le balle des Vénitiens à CP. à cette
époque. Après comme avant, nous voyons au contraire les re-
présentants de la S. Seigneurie donner aux Jésuites des marques
constantes de leurliienveillance'. >
Toutes sortes de calomnies avaient été répandues contre les
Pères ; t malgré cela, l'ambassadeur parvient, au prix de grands
sacrifices, à les tirer du péril où ils se trouvent ; leurs malveil-
lants sollicitent au moins leur expulsion ; mais l'ambassadeur
obtient uu fîrman déclarant leur innocence ; donnant permission
à deux d'entre eux de retourner pour le présent, et permettant
qu'à l'advenir il puisse en venir d'autres de France-. »
Sous le règne de sultan Murad IV (1623-1640), il se produisit
diverses circonstances qui, pour le moment, du moins, vinrent
troubler cette situation : dès leur arrivée, les Jésuites s'étaient
ménagé des intelligences avec le haut clergé arménien ; ils
avaient aussi prêché k réunion des deux rits grec et latin ;
des conversions avaient eu lieu ■'', le patriarche grec < leur au-
roit manifesté le désir d'estre uni avec l'Église latine * ; et il in-
vita les Pères à assister, dans son église, à la fête de l'Epiphanie,
où il concélébra avec le patriarche d'Alexandrie. » Mais ce
Patriarche fut remplacé, le 9 nov. 1622 par Cyrille Lucaris.
Celui-ci raconte lui-même dans les Lettres qui lui sont attri-
buées, les noirs complots ourdis par les Jésuites contre l'au-
teur des Lettres^, et la correspondance entretenue par celui-ci
avec les représentants d'Angleterre et de Hollande, l'archevêque
de Cantorbéry, les t très-grands et magnifiques seigneurs, séna-
teurs, docteurs, ministres, etc., de la république de Genève ^. >
* Note du R- P. Samut, S. J. recteur du collège de Sle-Pulchérie.
* /'/. 97.
» Hammer. loc. laud. VIII, 106.
' Carayon, ioff. laud. 62.
* P. 204. Voir aussi le'rapport du baile vénitien, cité parHammer.VIII,344.
s On a vu, par les jodrnaux de Turquie, dans la première moitïi! lie 1870,
l'accueil fait par le patriarche grec à un archevêque de son rit, revenant de
Londres, et lui transmettant les sentiments favorables du clergé anglican
pour une union avec l'Église grecque. Antérieurement, le patriarche grec avait
autorisé, [lar mandement, l'Inhuniation, au besoin, des anglicans dans les
ciroetiéreB orthodoxes. (Impartinl du 28 février 1870.) Dans le courant
d'avril 1874; uns dépulation, composée de quatre Vieux-Catholiques, est
venue présenter au patriarche grec de CP. une lettre de Dollinger, l'invitant
r>' Google
Pais, seloD le rapport de Hammer ', t Harlay, excité par les
Jésiiites,provoqua la déposition du patriarche Cyrille, qu'on accu-
sait, non sans quelque raison, d'être calviniste. » Déposé le 1"
avril 1 623, les grecs offrirent 50,000 écus pour qu'on leur rendit
leur patriarche ; l'ambassadeur de France appuj'a les prétentions
des Jésuites, cettx d'Angleterre et de Venise les demandes
des Grecs ''sde part et d'autre, les passions étaient surexcitées ;
et l'on ne peut s'empêcher de penser que l'hostilité jnanifestée
contre les Pères avait pour principal mobile des rivalités essen-
tiellement politiques, venant en aide aux dissentiments reli-
gieux; — les rapports vénitiens, et les actes du baile Nani,
< homme distingué, dit Hammer, mais adversaire ardent des
Jésuites, > semblent établir ce fait ^,
Cyrille Lucaris*, qui avait déjà administré le siège de CP,
pendant denx années, ambitionnait encore la dignité patriar-
cale, il fit un accord avec le résident hollandais, par lequel
celui-ci devait lui fournir les moyens pécuniaires de parvenir
à ses ans ; en retour, il promettait, en cas de succès, d'en-
voyer en Hollande un certain nombre de jeunes gens pour y
être instruits dans le Calvinisme. On fit venir de la Hollande
des caractères avec lesquels on imprima le catéchisme de
à envoyer au congrès qui devait se tenir à [Jonn trois docteurs en théologie,
alîn de discuter l'union des dilTerentes églises protestantes et grecques-
orientales. l'Eglise de CP, étant reconnue par les Vieui-Catholiques comme
ayant conservé le véritable dépdt de la Foi 1 invitation parait avoir été ac-
ceptés. (Leeartt-Hi'rali.) Le Slamhiid du 21i octobre 1875 contient une lettre
d'un anglais qui s'est fait ordonner prêtre de l'Eglise orthodoxe, et qui a
Tonde une église orientale à Car JilT en \ngletcrre.
■ to<;. tawK VIII. 344.
» Hammer. VIII, 345.
« Hammer, VIII, 220, année 1G1G ; 221-323 ; X, 31. Les Vénitiens étaient
alliés de la France, mais adversaires déclarés de la Compagnie, depuis son
expulsion du territoire de la République, en 1600. (Carayon, loc. tawL, 93.)
* Cyrille Lucaris fut élevé au siège patriarcal de CP. le 5 novembre 1622 ;
déposé, en 1624, par les évèques réunis en concile, scandalisés de sa doctrine
protestante sur l'Eucharistie, il fut réintégré par les soins du Ministre de
Hollande, en lG2â ; chassé et exilé en 1G31, il remonta pour la troisième fois
sur son siège en 1635 ; chassé do nouveau au bout de quatorze mois, Il en
reprit possession pour la quatrième fois en 1G3G; l'année suivante il fut
exilé A Rhodes ; en 1637, il parvint â. se faire replacer pour la cinquième fois
sur le siège de CP. ; mais cette fois encore, à cause de -ses doctrines ca!-
vinistes.il fut de nouveau déposé en 1638,exilé sur les bords du Ponl^Kuxia :
il fui étranglé eu route et enterré en terre \ rofane.
çGoogle
— 254 —
Calvin, traduit en grec. Informé de ces fuits, M. de Césy en ins-
truisit le grand vizir et le mufti ; l'imprimerie fut saisie et trans-
portée chez le Caïmacara.
t Les ambassadeurs protestants, appuyés, dit-on, par le re-
présentant de Venise, se mirent en mouvement, et les Pères
Jésuites ayant été accusés d'être les auteurs de cette confisca-
tion, furent envoyés sous bonne escorte à Chio ; mais Césy
obtint leuc rappel et de plus, assisté du mufti, un firman
(juillet 1637) enjoignant à tous les ofliciers de les laisser occuper
paisiblement leur église de St-Benoît, autant qu'ils voudraient,
pourvu qu'ils fussent Français et non d'une autre nation. >
En 1628, de nouvelles tentatives ayant été faîtes pour la réu-
nion des deux églises, des désordres se reproduisirent : les
jésuites reçurent l'ordre de quitter Constautinople et de s'em-
barquer immédiatement; et quels qu'eussent été les efforts de
Philippe de Harlay, ils auraient été expulsés'.
En effet c au mois de juin 1628, le Woivode de Galata, par
ordre du Vizir, se saisit des Jésuites, et non seulement de leurs
personnes, mais aussi de tous leurs ornements, livres et escrip-
tures, qu'il trouva dans leur couvent de St-Benoit; et ensuite
les mena au caïmacan de CP. Regeb-pacha ; Mr. l'ambassadeur,
comte de Gézy, voulant défendre les RR. PP. de l'avanie qu'on
leur avait faite, afin que le Grand-Seigneur les fit chasser de
CP., y passa pour aller trouver le caïmacan et lui faire entendre
raison : la négociation fut longue et coûU, en cadeaux ,
1905 piastres, t On lit plus loin dans les mêmes archives : i le
comte de Césy s'était retiré h. cette époque à Buiukdéré, à cause
de la peste, et le P. Martin (mort de peste en 1662) etle P. d'Au-
truy Jésuites, avec lui, qui n'avaient point été pris, ni chas.sés
par le grand vizir, comme avaient été tous leurs autres Pères
et Frères, logés dans la maison de St-Benoit, dès le mois de
février, pour une certaine avanie qui leur fut faite à l'occa-
sion des Hollandais. Le dit Sieur ambassadeur ayant obtenu
avec une dépense de 9000 piastres et plus, permission de réta-
blir les dits Pères Jésuites à St-Benoit, ils y retournèrent le
14 juillet 1628. > Toutefois, les instructions de Louis XIU à
son ambassadeur, Marcbeville, envoyé en Levant en 1631, sem-
' Hammer, lor. laii L, IX, 112.
r^'Googlc
— 355 —
blent attester qae l'expulsion n'eut pas lieu complètement : « H
(l'ambassadeur) maiiitiendra,di8ent-elle3, les religieux en la pos-
session de leurs établissements... il n'y en a point parmi eux
qui ayent souffert plus souvent que les pères jésuites, lesquels
ont encore, depuis un an, esté menacés d'estre bannis de Cona-
tantinople, et n'cjnt échappé à cela que par la dextérité et dili-
gence du comte de Gésy '. >
En 1634, la mission comptait seulement quatre Pères et deux
Frères, et à la suite du retour de Syrie du Capitan-pacha, oà
il avait été soumettre ie < prince de Séyde, > et qui avait fait
esclaves plusieurs français et cinq Capucins ; l'ambassadeur
s'employa activement de leur délivrance. Au même temps le
Bostandji-bachi et le cadileskier parcoururent la ville, accom-
pagnés de scribes, fouillant les maisons, en pillant quelques-
unes : ils firent de même chez les religieux, et les mêmes per-
quisitions earent lieu à St-Benoit, dans la maison, l'ofHce, l'église
et la sacristie'.
< L'année suivante, le 24 janvier, > toutes les églises latines
furent mises sous scellé, et le lendemain, à une heure et demie,
un notaire vint mettre le sceau à l'église des Pères Jésuites...
Les maisons des marchands européens furent l'objet de perqui-
sitions, leurs armes de toute sorte furent saisies et transportées
au sérail là oCi l'on déposait les trophées pris sur les ennemis
en campagne. >
« Les églises restaient fermées, et comme on ne pouvait comp-
ter sur le crédit des représentants étrangers pour les faire rou-
vrir, les habitants de Galata agirent directement en s' appuyant
sur les capitulations accordées lorsqu'ils s'étaient rcndtis li-
brement à sultan Mehemmed II.Après un don de 4000 piastres,
remis en secret, ces églises furent rouvertes le 36 janvier,
ee qu'on n'espérait pas, car on savait qu'un des maures-'*
' Carayon, lor. laud.. 168. C'est vers cette période, aous le régne de Mu-
rad IV, que fut perdue, à Constantinople, l'êgliae St->'icoliis, protégée par la
France ; ces circonstancea ne furent peut-Atre pas étrangères à cet événe-
ment; Sle-Marie de Conslantinople, bous protertion Bi'nitiennc, fut perdue
aussi, quelques années après, sous !e régne du même prince.
' .archives de l'ambassade de France.
' Du Verdier, loc. laud. I, 3.19, rapporte que x les maures de Grenade m
réfueiérenl en Turquie, et principalement à Péra, où ils furent si bien ac-
cueillis que l'un d'eux fut fait Ca-ly de la ville, ce qui releva le courage des
çGoogle
— 256 —
appelés ici Orenatois, (parce qu'ils viennent du royaume de
Grenade), avait promis 20,000 piastres si on lui promettait de
faire de l'éirlise de St-François une mosquée. On craignait la
même chose pour l'église des Jésuites, dédiée à la Ste Vierge
et à St Benoit. Le procureur de celle-ci fut menacé de la pen-
daison s'il ne produisait pas le firmaii autorisant la bâtisse d'une
certaine galerie. Ce document ayant été exhibé, il fut délivré. »
< Grâce au zèle de J. B. Salvaio ', drogman de Venise, l'é-
giise de St-Benoit fut la première rouverte ; ce dernier ayant été
cette année, fait prieur, selon l'usage, afin qu'il s'employât au
soin et à la régie de toutes les églises de Galata : il mit en
gage tous les bijouz et joyaux de sa femme pour payer la
somme demandée par le capitan-pacha, pour la restitution de
ces églises ; ensuite cette somme ne pouvant se rendre, les Mes-
sieurs de Galata jugèrent à propos de vendre quelques mat-
sorts dont le revenu était employé à la réparation des églises.
C'est à cette occasion qu'une des maisons de St-Benoit fut ven-
due, ainsi que toute l'argenterie des églises,- la République
de Venise donna 1,000 piastres ". »
Malgré tous ces troubles, les Pères ne continuaient pas moins
les exercices de la mission, leurs prédications en grec, en italien
et en français, le catéchisme sur les navires, l'école, etc.
Dans cette même année 1635, l'ordinaire permit l'accomplis-
sement du devoir pascal dans St-Benoit^ ; mais par décrets de
1647 et 4651, la S, Congrégation interdit aux Jésuites de s'in-
gérer dans l'exercice des fonctions curiales, sauf permission de
l'ordinaire et des curés compétents.
En 1637, année de la mort de leur ancien adversaire, le pa-
triarche Cyrille, le siège patriarcal fut occupé par Carfila, ou
autres ; ils entreprirent de chasser les juifs de ce lieu-!à et de mettre à bas -
toutes les Synagogues... Grâce au Cad_v,ils exécutèrent leur entreprise ; ils
eussent agi da même envers les chrétiens, ai M. do Sancy, ambassadeur de
France, par son crédit auprès du grand vizir, qu'il rendit leur protecteur, en
menaçant de les faire périr eux-mâmes s'ils attentaient encore quelque chose
contre eux, en quelque façon que ce fut. »
' V. St Paul, le texte d'une inscription tombale portant ce même nom.
' Annalei de la Résidence, etc.
' Cette faculté existe encore aujourd'hui, mais seulement pour les per-
sonnes habitant l'encloB St-Benoit ; pour celles-ci, cette église est regardée
comme paroisse.
çGoogle
— 257 —
mieux Cyrille de Berée, au contraire, protecteur déclaré des
jésuites'.
En décembre 1640, l'allocatiou annuelle attribuée par la Co-
munità à St-Benoit, fut réduite, à raison de la diminution des
ressources, à 6,000 aspres -.
En 1653, les revenus annuels de cette église étant de 26,000
aspres par an, sur lesquell^ on ne loi en allouait que 8,000, le
supérieur demanda que ce cbiffre fût porté an double, à partir
de ladite année, à titre de frais de nourriture et de vêtement des
pères, de cire et d'huile pour l'église; cette demande fut agréée;
pui3,toute allocation fut retirée durant trois années^. (Les biens
de l'église étalent alors administrés par des procureurs nommés
par la Comunità qui en retenaient, comme on voit, la plus
grande partie.)
Le patriarcbe d'Antioche, déjà cité, nous donne, de St-Beuoit,
Ja description suivante : « Proni this ve passed by to a very
large church, wicb was one of tbe most magnificënt churches
belunging to the orthodox religion, in tbe grecian empire, and
is a présent in the bands of Frank jesuits. It is very ancient and
lofty and is paincted ail over, in mosaic,- with the festival of
our Lord, explalned in greek characters. Tbe belfry (beffroi) la
high, and of ancient structure^, t
Le 16avrill660, toutes leséglises latines de Galata, St-Fran-
çois, Ste- Anne, St-Sébastien, Ste-Marie, St-George8,et St-Pierrc,
devinrent la proie des flammes; St-Benoit seul, d'après les ar-
chives des Capucins, échappa au feu ; mais, dans le tumulte,
cette église fut pillée. La Confrérie de Ste-Anne s'y établit pro-
visoirement ; elle y fit comme d'usage, la procession de Pâques,
deux heures avant le jour ; a: on porte à cette procession, disent
les Annales, une résurrection avec beaucoup de bannières et
de torches.... la messe se chante ensuite, i
Selon une version de l'incendie, rapportée dans Annales de
' Hammer. IX, 30G. d'apris Kycaut et Sagredo.
> Aqlctuf. Cf. no» EagaU lar VhUtoire dconomigue de la Targuie, p. 31 et suiv,
" Carayon, loe. laud., 97-103.
» The TraceU of Maeariiig pniriarch of Antlorhe. London, 183G, p. 27.
Traduit de l'arabe par le fils de l'autear, l'archidiacre Paul, et publié aux
frai» du Comilé de» Iraduetiom. Cette description se rapproche beaucoup
de celte du P. de CaDiltac, rapportée plus haut.
17
r>' Google
— 358 —
la résidence, t tout fut brûlé, > (peut-être toute l'habitation de»
Pères) ; une autre relation qui vient immédiatement après celle-
ci, dit au contraire que i l'égliseavec les deux galeries latérales,
ainsi que la chapelle de N.-D-, la sacristie et ses dépendances,
échappèrent au feu ; sauf quelques dégâts s' élevant à une valeur
de plus de 500 piastres ; et que cinq ou six petites maisons
appartenant à la mission furent brûlées. * Cette version con-
cordant seule avec les témoignages rapportés ailleurs parait
plus véridique. Plus loin on lit encore daus les mêmes Annales,
' d'après un manuscrit de 1663 : « Notre église à présent est la
seule du rite latin les six autres ayant été brûlées dans l'in-
ceodie de 1660. Aussi reçoit-elle un grand concours de lidèles.i
St-Benoit se trouvant ainsi la seule église latine laissée de-
bout, c'est là que Mgr Ridolfi, après sa nomination comme suf-
fra^ant de CP., prit possession de son autorité ; c'est peut-être
aussi pour ce motif que les Jésuites, par l'entremise de M. de
Roboly, chargé d'affaires de France, sollicitèrent, en 1663,
l'érection de leur église en paroisse. Cette demande ne fut pas
agréée. Toutefois c'est probablement pour la même raiso» qu'en
166Î, à la demande de la Comunilà, la fête de St Benoit fut
déclarée fête de précepte, par ce suffragant patriarcal, Mgr Ri-
dolfi.
Il était question alors, en 1662, disent encore les Annales,
d'établir une école pour les Grecs k CP., près du patriarcat
grec : la maison où elle devait être établie se trouvait, en même
temps proche du résident de l'empereur, (habitant à Balata,
comme on l'a vu) dans la chapelle duquel on aurait pu aller
tous les jours dire la messe ou chez le résident de Raguse, qui
n'est pas éloigné du patriarcat.
Pour l'année 1664, le P. Sauger fait, comme suit, le rapport
des travaux de la mission : « Tous les dimanches de l'avent et
du caresme, on a preschè en françois; nous faisons le caté-
chisme aux marins, à nos barques et vaisseaux allant et venant
en France; nous allons tous les dimanches au grand bagne du
grand seigneur qui renferme deux mille esclaves de toutes na-
tions, et particulièrement des françois'. Nous y allons prescher, .
' l.ep esdaveR sont l'objet de stipulations parliculiéres dans les capitula-
tions françaises de 1535, 1559, 1581, 1604, 1«T3, ViO. (Voyez nos CapUtda-
tii;/i« rt rrniti'f de la Francien Orient.)
çGoogle
Goofessser et chanter la grande messe'. Nous avons de plus
pour mission les Sept-Tours-, qui est la prison des gentils-
hommes, capitaines et chevaliers de Malte, pris par les turcgs.
Nous avons aussi l'école, composée non-seulement de petits
françois, mais encore de plusieurs petits grec», de l'un et de
l'autre rit ; nous avons un très grand nombre de grecs frans,
c'est-à-dire du rit romain, que nous instruisons, confessons, et
à qui nous ■ser\'on3 comme de curez, pour n'y avoir point
d'autre église que la nôtre. Nous avons plusieurs grecs qui ont
bien plus de contiance en nous qu'en leurs papas ; leurs femmes
ne manquent pas de venir se confesser à nous, pour évister l'a-
varice de leurs papas, ù qui il faut donner une somme d'argent
toutes les fois. Je fais la doctrine chrestienne en grec vulgaire, à
tous ces petits grecs et aux petits escholiers qui y veulent as-
sister. Tous les vendredis de carême, nous faisons les exhorta-
tions en grec ; notre R. P. supérieur apreud le grec littéral à
plusiei4,r3 papa-s, dans les écoles desquels nous pouvons aller
faire le catéchisme tous les jours, si nous le voulons, et je ne
perds pas l'espoir de prêcher, l'un de ces jours, dans quelque
grande paroisse de ce pays. Des prédications en langue italienne
avaient également lieu presque tous les dimanches. > Tant de
zèle, couronné d'un pareil succès, devait soulever encore quel-
ques orages; aussi, le 15 février IGGi, l'habitation des pères
fut-elle envahie de nouveau par les turcs, qui saisirent l'un
d'eux et le conduisirent chez le cadi ; il fut bientôt reiachô et
l'affaire en resta là^, » Pour mettre fin à ces traca.sserics, .M. de
Nointel fit insérer, dans les capitulations de l(î73, l'article 35,
ainsi conçu : t On n'inquiétera pas les deux ordres de religieux
français, à savoir ies jésuites et les capucins, sur les églises
qu'ils tiennent en Galata depuis longtemps, ni sur toutes les
autres choses qu'ils ont en leur possession*. »
I Carayon, 243-232.
' Les l'èras Jégiiites ayant été accusés d'avoir facilité l'évasion du com-
mandeur de Hcaujean, emprisonné aux S«pt-Toura, par l'escadre royale qui
avait amené M. de Nointel ; il leur fut interdit de servir dorénavant cette
mission ; mais comme il se trouvait là quelques AUamands, depuis la
troisième guerre de Hongrie, le résident de l'empereur obtint quelque teinps
après, qu'un Père de St François irait y dire la messe aux principales fêtes.
' Carayon. foc. lau-I., 103. — ' Cf. Hammer, XT, SU. Cette même dispo-
sition a étâ reproduite dans les capitulations de 1740.
çGoogle
_ 260 —
En 1666, sous la supériorité du P. Nicolas Vabois', il s'é-
leva, disent les Annales, des difficultés avec les Messieurs de
Péra ; ceux-ci croyant avoir droit sur l'église de St-Benoit et
les biens qui y sont attachés, et cela en vertu de leurs capitula-
tions avec les Turcs, et que les Pères en conséquence sont leurs
chapelains ou vicaires. L'évèque de Calamine, Vicaire aposto-
lique, [MgrRidolfi, 1662-1677), lit porterie procèsà la S. Con-
grégation qui, après plusieurs années de discussion, condamna
les Messieurs de Pêra "•. »
St-François n'étant point encore rebâti la procession de la
Fête-Dieu eut lieu le 5 juin 1669, à St-Benoit ; le P. Vignau
était alors supérieur. M. de la Haye, ambassadeur de France, as-
sista ofTicielIement à la cérémonie. M. de Nointel, assista égale-
ment, le 31 juillet, 1671, dans la même église, à la messe solen-
nelle célébrée pour la St Ignace, par le Vicaire patriarcal,
suffragant, II y vint aussi le jour do St Louis, quoiqu'il fût en
campagne, pour assister, avec la Nation, à l'Exaudiat chanté
pour le roi.
Les Annales rappellent également que les Jésuites prêchèrent
le jubilé de 1670, c chez eux et au bagne ; et qu'ils allèrent prê-
cher le carême dans l'église grecque de S. Dimitry, à nne de-
mi-lieue d'ici »
En vue sans doute de faciliter dans leurs relations locales,
l'exercice de leur ministère, les Jésuites avaient adopté le cos-
tume du pays, mais la S. Congrégation de la Propagande leur
prescrivit, le 5 décembre 1673, d'atiandonner le Coîpaq, et de
le remplacer par le chapeau ecclésiastique ; un peu plus tard,
le 3 décembre 1674, il leur fut également enjoint de quitter le
férédjé ou bénich et de reprendre le mantello.
En mai 1674, * le roi très chrétien leur conféra le titre de
chapelains royaux et consulaires. Ce titre, ou mieux, la
qualité de chapelains des Français en Levant, leur fut con-
firmé par édit de Gateau-Cambrésis, le 17 mai 1675, sans toute-
fois porter atteinte aux droits anciens des Capucins, comme
' Le P. Vabois fut d'abord supérieur à Smyrne (rapport du P. Boiléve,
daté de Smyrne le 24 août 1657), il mourut à CP. en 1686 ; son nom figure
sur la pierre affectée aux Pères victimes de la peste. (V. ei-apràs, le
St-Esprit).
1 Arcb. de l'ambassade et de la Réaiden>:e de St-Benoit.
r>' Google
chapelains de l'ambassade et des chapelles consulaires. Après
de longues discussions, il fut reconnu que ce titre, sans donner
aux PP. Jésuites des attributions réelles, avait pour but surtout
de leur conférer plus de coosidératioQ dans le pays, et par suite
une protection plus assurée'.
Le P. Nicolas de Ste-Geneviève, qui en 1665, fut laissé à
CP. par Mgr Ridolfl, en qualité de provicaire, mourut de peste,
en 1680, âgé de 84 ans. « L'èvêque latin présida à ses obsèques
auxquelles assistèrent les cours des ambassadeurs de France, de
l'Empire et de Gennes ; il avait passé plus de vingt-huit ans
h CP. et avait dirigé la Congrégation de N.-D., à laquelle les
principaux de la Nation se font un honneur d'appartenir ; enfin
il avait. rédigé pour les nouveaux missionnaires un Lexicon
grec vulgaire, d'un très grand usa^e pour apprendre cette
langue". >
Les Annales de laRésidence mentionnentcommeil suit «l'in-
cendie de notre église, et son rétablissement avec une voAte : >
c L'année 1686, arriva l'incendie de notre église, lequel fut
causé par un cierge que le sacristain avait laissé allumé sur
un autel en fermant l'église. Le P. Besnier, par ses relations
personnelles avec le mufty, contribua beaucoup à obtenir la
reconstruction de cette église, surtout il obtint la permis-
sion de la voftter et de la couvrir en plomb,' ce qui est un pri-
vilège de mosquée : on dit aussi que ce mufty fit présent au
P. Besnier des colonnes de marbre qui font le vestibule de
l'église. I
Si l'influence du P. Beroier sur le mufty fut utile pour obte-
nir l'autorisation de reconstruire l'église de St-Benoit, il fallut
cependant l'intervention active de l'ambassadeur, M. de Girar-
din pour en obtenir le firman. De plus il contribua largement
aux dépenses comme l'indique l'inscription ci-après, encore
existante, et placée au-dessus de la grand'porte d'entrée de
l'église :
• p. Barbieri. li^. laul. Le P. Rocco, dans Utoria 'telle mlààloni lUi Cap-
pucini III, rsô. rapport* presque en entier, la version italienne du ce do-
r>' Google
Ad M.VJOREH DeI OI^RIAM. S. BENEDICn patroni gloriosi pris-
TINUM DECOS ATQUE lUMORT^LEM HONOREM TEMPLUM HOC RESTAU-
RATUM FUIT ASNO DnI 1687.
LuDOvra Magni FEUCIBUS AUSPICIIS AC REGIA MONIFIGENTIA.
Sur un des piliers de l'église, il y a un marbre avec une autre
inscription, touchant cet incendie. Ce marbre est caché parle
tableau deStJoseph,plaeé par le P. Monfort; voici l'inscription:
Petrds Girardinl's, Ludovigi magni ad portam ottomanam
SUPREMi:S ORATOR, GmJJCO NOMINl NON IMPAR, SE QIIIS ESSET TN
POSTERUM VEL AU IGNE METUS, DEXTERITATE INSATA, INFRACTOQUE
ANIMO, EXPRFSSO AB OSMANIS EDICTO REGIO, INSTAURATOM, ARCUATO
OPERE TEMl'LUM HOC STI BEXEDICTI, REGIA LUDOVICI MAONI AU-
CTORITATE AC MONIFIGENTIA ^ETERNITATI CONSECRAVIT. ANNO DNI
MDCLxxxvir, LEGATioNis ir.
A cette date les missionnaires Jésuites de CP. étaient an
nombre de six.
Neuf ans plus tard, en 1696, St-Benoit fut encore détruit par
l'incendie qui embrasa presque tout Galata; il fut relevé, l'an-
née suivante, par la libéralité de la chambre de commerce de
Marseille, sous les auspices du Grand Roi, comme le constate
cette autre inscription, qu'on lit encore aujourd'hui, sous le
porche de l'église, à gauche de la grand'porte d'entrée :
Ad perpetoam Rei memoriam LuDovmt magni nomine rem ga-
THOLICVM OCTAVUM JAM AMXOM APIID OtHOMANOS PROCURANTE PeTHO
Antonio a Castagnere barone a Chateauneuf, parisiensis cubi*:
SENATORE TEMPLUM HOC IMMANI VaSTaTUM INCENDIO QUO TOTA PROPE
UHBS Galata m non. mai. MDCXCVIcoNPLAaRAviTMASsiLiENSiUM
MERGATORIJM MONIFIGENTIA ' ANNO PROXIME SEQUENTI INSTAUHATDM
EST AD MAT, DeI GLORIAM.
I « Messieurs de la chambre royale ilu commerce de Marseille • avaient
fait égaloment rebâtir, en l&tô, l'église de St-Louis, à ^myrne. (Carayon, loc.
çGoogle
Le Père Braconnier, témoin oculaire, fait sur ce troisième
Incendie de St-Beuolt, le rapport suivant, {Annales de la Ré-
sidence.) t Dans la nuit du 4 au 5 ma! 1696, le feu ayant pris
sur les onze heures du soir, dans une boutique du faubourg de
Top-hana, les boutiques voisines forent bientdt entièrement
consumées, et la flamme poussée par le vent, passa par dessus
la muraille de Galata : nous n'hésitâmes pas k prendre les me-
sures accoutumées, et nous nous h&tames de mettre eu aflretè
tout ce qui paraissait le mériter davantage. Notre premier
soin fut de porter le Saint Sacrement et tous nos vases sa-
crés dans l'un des deux petits souterrains sous notre église ;
nous continuâmes toute la nuit à y transporter nos papiers les
plus nécessaires, nos ornements, etc. Sur les huit heures du
matin le feu ne paraissait pas devoir s'éloigner du rivage de
ta mer ; mais tout k coup, le vent ayant tourné à Test, le fou
s'étendit de notre côté. A peine nous resta-t-il le temps de
sauver les livres de la bibliothèque en les descendant par les
fenêtres dans notre grand jardin j sur les dix heures du matin,
nous étions entourés par les flammes : une heure après nous
étions sans maison et presque sans église. L'ardeur du feu
était si grande que nos livres exposés dans le jardin s'enflam-
maient, sans 'que nous vissions tomber sur eux aucune flam-
mèche !
( On fait état qu'il y eut 6 à 'Î'OOO maisons ou boutiques con-
sumées par le feu : puis le vent ayant tourné vers le nord, les
flammes furent rejetées vers la mer, où elles allèrent s'éteindre
après avoir dévoré les deux tiers de Galata. Galata n'avait que
deux petites portes du côté de Péra, où tons les fuyards s'en-
tassaient pour échapper au feu.
< Pour nous, nous flmes tous nos efforts pour sauver les
restes de la chapelle de N.-D., qui sert d'aile droite à notre
église; nous fûmes assez heureux pour en conserver une partie,
ce qui nous a donné moyen de pouvoir ouvrir et fermer notre
église de ce côté-là, la porte de communication qu'a cette cha-
pelle avec le chœur de l'église n'ayant pu brûler parce qu'elle est
en fer. Sans cela nous n'aurions pu que difficilement continuer
à desservir notre église, comme nous avons fait, par la grâce de
Dieu, depuis ce temps-là. Nous y dimes la messe dès le lende-
main de l'incendie qui était un dimanche, après avoir muré
r>' Google
— 364 —
nous-mêmes la grande porte, d'une muraille sèche... et nous
avons coQtinué depuis à dire la messe, en nous retirant pen-
dant la nuit dans les deux petits réduits routés qui sont sous
l'église. >
c Pour convaincre tout le monde que notre église est encore
en état, nous y avons fait les fonctions du carême, c'està-dire,
qu'après avoir fait faire une chaire et des bancs, par un me-
nuisier français, et avoir fermé les fenêtres avec de grands ri-
deaux en attendant que nous puissions le faire autrement, nous
y avons prêché et donné la bénédiction du St Sacrement aux
jours ordinaires ; on peut même dire que le concours a été plus
grand que de coutume, chacun se faisant un point de religion
de concourir à la conservatioQ d'une église qui est la seule
qui reste de l'antiquité, la première que les Français ont eue
en Turquie, la plus belle qu'ils aient actuellement à CP-,
église que la protection de nos rois a tant de fois conservée au
culte... >
( Enfin un firman fut rendu.à la fin deChaban, 1108=1697,
adressé à Ibrahim-pacha, caïmacam de CF., lui ordonnant de
laisser rebâtir notre église dans les proportions indiquées par le-
dit firman. Malgré de nombreuses avanies l'église fut rebtitie en
moins de deux mois, et le Caïmacam, avec les principaux offi-
ciers de la ville de Galata, vinrent faire la visite de notre nou-
vel édifice selon les termes du firman.»
Cette église nouvelle eut de beaux jours et les Pères qui
la desservaient travaillèrent énergiquement au bien, surtout à
la conversion des Arméniens schismatiques. Le Père Taril-
lon' donne, de St^Benolt, dans son rapport de l'année 1713,
la description suivante, qui parait devoir se rapporter à la
reconstruction de cette église, en 1696. t Notre église, dit ce
Père, passe pour la plus belle de toutes les églises chrétiennes de
la Turquie; les colonnes qui soutiennent son vestibule, la ba-
lustrade qui le termine, et qui règne le long de l'escalier y con-
duisant, sont en marbre blanc; le corps de l'église est voûté,
avec la coupole et la couverture en plomb ; c'est le privilège
des seules -mosquées; la nef est décorée par les sépultures de
plusieurs ambtasadeurs de France et celle de la jeune princesse
1 CAotj; dct Lettre» idlfianttê. Paria, 1809; V. p. S5.
r>' Google
Tékéli ; celle de la princesse Bagotzki, sa mère, est dans une
chapelle voisine... Nous exerçons tontes les fonctions du culte
catholique, avec une liberté aussi entière que si nous étions
au milieu des Tilles les plus chrétiennes ; une multitude de fi-
dèles des trois rites franc, grec et arménien, y assistent »ucces-
sivement; les pt^dications s'y font en turc, en italien et en
français ; les catéchismes en grec et en turc. Les hommes oc-
cupent la nef ; les femmes sont dans une tribune séparée et en-
tourée de hautes jalousies ; le Père Portier, supérieur de notre
mission, a établi, pour chaque lundi, deux instructions en turc,
l'une le matin, pour les marabets, ou vierges arméniennes,
consacrées à Dieu, et qui mènent, chez leurs parents, une vie
fort retirée et pénitente ; l'autre en forme de conférence, pour
les jeunes diacres et sous-diacres arméniens, destinés à devenir,
plus tard, prêtres, ou cartabieOs. »
II ajoute aussi dans un mémoire adressé au comte de Pon-
chartrain, secrétaire d'État, le 4 mars 1714 : < Comme les
Allemands n'ont point d'église à CP., c'est encore dans la nôtre
qu'ils font toutes leurs grandes cérémonies, mais toujours avec
la permission expresse des ambassadeurs français. Le comte de
Caprera, un de leurs ambassadeurs, y est inhumé, et j'y ai vu
faire pendant plusieurs jours les obsèques des derniers empe-
reurs. »
Vers 1703, les Jésuites obtinrent, du patriarche arménien, la
permission de prêcher, en langue turque, dans les églises de sa
nation ; « mais le successeur de ce patriarche, moins favorable
que le premier, ayant été enlevé par M. de Ferriol et transpor-
té en France, une persécution s'ensuivit; l'arrestation de tous
les Arméniens catholiques fut ordonnée ; bon nombre d'entre
eux furent envoyés au bagne ou aux galères, plusieurs fiirent
condamnés à mort, et le vartabied Comidas devint le martyr de
sa f oi ' . »
Les historiens turcs ont parlé aussi du mouvement produit
parmi les Arméniens et les Grecs, par suite des prédications des
1 Cf. Hammer, XIII, 85, 185 et suiv. Lor» de la pereéculion contre lea ar-
méniens-catholiques, en 18!8, ceuX'Ci trouvèrent une assistance non moins
efficace que dans le passé, auprâs des prâtres lazaristes ; le supérieur d'a-
lors aurait, m'asBure-t-on, fait vendre les vases sacrés de iit-Benolt, pour
venir en aide aux malheureuses familtes exilées,
r>' Google
Jésuites. Rachid rapporte', sous la date 1138=1725, que sur les
plaintes des raïas, t dont la paix avait été troublée par les reli-
gieux francs, défense fut faite à ceux-ci de circuler dans l'em-
pire, et de résider ailleurs que dans les endroits où se trouve-
raient des consuls, suivant les capitulations. >
On lit aussi dans le Choix des Lettres éditlantes etc ? t que
les missionnaires seront chassés de tous les endroita où il n'y
aurait pas de consul de nation française, i Cet ordre fut expédié
sous l'ambassade du vicomte d'Andrezel, qui, par ses démar-
ches, en fit suspendre l'exécution.
Les Jésuites avaient fondé une imprimerie à Constantinople ;
et l'un d'eux.le P. Kruzinski, traduisit (1729) en langue turque,
pour le grand vizir Ibrahim pacha, l'histoire de la guerre des
afghans [Târikhi-Se'Uâh\
Malgré les faits sommairement indiqués plus haut, une sorte
d'apaisement s'ètant produit, t: un penchant k l'union, dit un
document du temps, se manifesta chez les Arméniens : en 1735,
leur pâque tombant le même jour que la nôtre, ces derniers di-
rigèrent la procession qu'ils font en la ville, de manière à pas-
ser devant l'église des Jésuites de Galata, et ils y firent la même
station que font nos missionnaires en passant devant la leur ^. t
En 1744, une nouvelle persécution, la troisième du siècle,
s'éleva encore contre les Arméniens catholiques ; on leur défen-
dit, sous peine de la potence et du bagne, de fréquenter les
églises latines*. Cette persécution se renouvela aussi en 1761 ;
< les églises des Jésuites, des Capucins et des Dominicains de
Galata, placées sons protection de France, furent violées le
22 novembre ; et plus de cinquante Arméniens qui s'y étaient
réfugiés furent conduits au bagne*. »
' Racbid. VI, SI4, Ahmed vefyq afendi, Tdrikhi omndni. 112, 115. I.e Bi-
rat précjté(1076:^ 6.^5) stipulait en faveur de toua les religieux latins la faculté
de résider dans tout l'empire, comme aussi il'alter et venir, par terre ou par
mer, sane être moleslég par personne.
' T, V. 139, 151 etc.
» Des processioDS noeCuriiex avaient lieu, à Galata, les vendredi et samedi
saints ; le ministre de la marine pria l'ambassade de France, en 1749, d'inter-
dire, dorénavant, ces processions aux Jésuites. Itcg, 'le» di'lib. nnl., 6 Jukl-
tet 1740. Une procession nocturne se faisait aussi à Sm^me la jeudi-saint.
(D'Arvieux, Mémoire», \. 107.)
* Hammer, XV, 90. Le texte de ce Rrman est rapporté par Hammer, XIV,
118. — */'/., XVI, 70.
r>' Google
— 267 — .
Celui âes Jésuites de ce temps-là qai se distingua le plus &
CP. fut le P. Jacques Cachod, qui, avec le nom de Père des Ar-
méniens, eut celui de Père des esclaves. < Il y a huit ou dix
ans qu'il est presque continuellement occupé aux œuvres de
charité, où ii y a le plus de péril, ' soit dans le bagne, soit sur
les vaisseaux ou les galères du Grand-Seigneur. Les esclaves
qui n'en peuvent sertir, savent l'y introduire par le moyen de
leurs gardiens turcs avec qui ils sont d'intelligence. L'an-
née 1707, que la peste fut si furieuse qu'elle emporta près d'un
tiers de CP,, ce Père s'enferma une nuit pour confesser les ga-
lériens à fond de cale d'un navire turc et y passa toute une nuit
au milieu des pestiférés... Il écrit lui-même : i de cinquante-
deux esclaves que je confessai et communiai douze étaient ma-
lades et trois moururent avant que je fusse sorti. Jugez quel air
je pouvais respirer dans ce lien renfermé et sans la moindre
ouverture,».., < C'est lui qui a reçu deDieu le talent le plus rare
pour le salut delà nation des Arméniens. Dans la seule année
1712, ce Père a ramené pri'S de quatre cents schismatiques et
confessé à lui seul plus de trois mille personnes. L'année dernière
(1713) le nombre des schismatiques convertis a presque monté
au double. Sa maxime est de paraître peu et d'agir beaucoup. Il
a toujours sous la main un nombre de catholiques zélés et sages,
qui se répandent de tous côtés, et lui amènent sans bruit ceux
qu'ils ont disposés à se convertir. Plusieurs prêtres et Vertabieds
orthodoxes servent encore extrêmement h. maintenir la foi. Ils
sont comme les surveillants de leur nation, toujours prêts à courir
où l'on a besoin d'eux, et à maintenir l'ordre dans les familles... i
C'est encore le P. Cachod qui inspira à Mékitar et à d'autres
vertabieds de se réunir en commun, sous une règle, due h. lui-
môme au moins en grande partie, et il contribua ainsi à la fon-
dation de la Congrégation des Mékitaristes.
Le P. Cachod trouvait encore le moyen de s'intéresser aux
autres religieux de CP., c'est ainsi qu'en 1718, il peut prêter
une somme de 500 réaux aux PP. Riforniati de Ste - Ma-
rie, et les aider ainsi à sortir de leurs embarras pécuniaires.
It fut aussi un aide précieux pour la princesse Tékéli dans les
affaires qu'elle avait à traiter avec l'ambassade française. Il
mourut en odeur de sainteté, après une vie remplie de bonnes
œuvres de tout genre. On l'honore aussi comme Vénérable.
r>' Google
Un autre Jésaite remarquable de ce temps, à CP., fut le
P. Braconnier. < Sous la protection de Louis XIV, il a main-
tenu la foi parmi les chrétiens de CP. ; il a pa même ramener à
l'Église catholique le fameux comte Eraeric Tékély, ce héros
que le luthéranisme et l'ambition poussèrent dans les rangs de
l'armée ottomane. Il sut si bien gagner son cœur que le comte
fit, entre ses mains, abjuration du luthéranisme. Il mourut ca-
tholique romain près de Nicomédie, ou Ismidt. Le P. Bracon-
nier était missionnaire avant tout ; mais son apostolat ne l'em-
pêchait pas de cherchera instruire l'Europe, tout en évangéiisant
les orientaux. Il détermina la position de l'antique Philîppes,
capitale de la Macédoine ; et il établit une mission ilSalonique.
Il prêcha l'unité aux Grecs, établit une maison pour recevoir
ceux qui se convertissaient. La contagion ne l'effrayait pas
plus que les mauvais traitements, et il poursuivait son but sans
se laisser arrêter par aucune considération. Aussi M- de Férioi,
ambassadeur de France, admirant son zèle, redoutait les excès
auxquels il se laissait entraîner, c s'embarrassant peu des diffi-
cultés qu'if suscitait aux ambassadeurs. » II mourut en 1716,
après une vie pleine de travaux. » \Symbolœ ad tUustrandam
htstorîam Ecclesiœ Ortentalis, etc. R. P. Nicolao Nilles,
966-969.)
En i731,!è feu détruisit encore l'église de St-Benoît, comme
celles des Capucins et des Dominicains ; la première fut relevée
l'année suivante, comme le constate une troisième inscription
qu'on voit encore maintenant, à droite de la porte d'entrée du
D. 0. M. Régnante féliciter Lud. XV. strende adnitentë ex-
CELL. DD. March. de Villeneuve extr. ejus legato hoc sacel-
LUM IN NUPERA CONFLAGRATIONE GaLAT-E PENITUS COMBUSTDM SIJIUL
ET REUQUA HLJUS RELIGIOSE DOMDS .EDintaA EADEM PESTE IV" GOL-
LAPSA TOTItlS ET LAXIl^ RESTITUA SUNT MDCCXXXII.
Sous son ambassade, M. de St-Priest fit restaurer la pierre
funéraire placée, à la mémoire de M. de Salignac, dans la
chapelle Ste-Anne, ou mieux de V Annonciation de la Vierge;
la pierre est sur le sol, côté de l'épitre, et porte l'inscription
suivante :
r>' Google
D. 0. M. Illus. et exc, DD. Joannes de Gontavt de Biron^
Buto^(I lŒ Salaonac, Régis christianiss * apvd imperatorem
OtHOMANVM ORATORl TVMVLVM HVNC SVIS SVMPTIBVS FAGIENDTM CV-
RAVIT LvJWVinvS CrEDOIN BENEnaORVM AOCEPTORVH MEMOR. OBOT
NATVS ANNOS 57 DIE 13 OCTOBRIS ASNO 1610. — HOG PIETATIS MO-
NfMENTVM ANTBnELETVMINPIGNVSAMOBIS RBNOVAHI JVSSIT ILL, ET
Exc. DD. Frangisgvs Emmaxvel de Gvignard de Saint-priëst
EQVES NOSlLISStMVS REGIS GaLUARVM AD EAMI^H AVLAH IMPERATO-
RIAM LEGATUS ANNO Dxi MDGCLXXIII.
Daiis la même chapelle, du côté opposé, sons la baluslrada
se trouvait cette autre inscription, à demi effacée, dont on peut
lire seulement les mots suivants :
Hic A8SESVATCR COR MOBILE ET RE6IUH EXELLUI GaIXJARUM LE-
QATI DXI DnI PiCON VICOMITIS d'AnDREZELLES... IS REGI A SECRE-
TI3... VIRNATUS ADGRAN... VARIIS PUIWmONlIUIS... APUD... BELLIQUE
PAdSQUE... REUOIONl... UBIQL'E... MERITIS CfNCTIS... JLLUSTREM
ANIHAM DeO REDOmiT. . . A.NXO JÎTATIS SV£... MDCGXXVII'^.
A notre prière et sur l'invitation de M. le marquis de Moustier,
alors ambassadeur de France k Gonstantinople, et afin de pré-
server les caractères de l'inscription d'une disparition complète,
MM. les Lazaristes ont fait relever cette pierre, en 1866, et l'ont
fait mettre de champ, sur la muraille, à l'endroit même où elle
recouvrait le sol.
Dans cette même chapelle se trouvent les pierres tombales de
François Hakoezy « electus Transylvanias princeps » et de sa
femme% née Frangipani'.
' Plusieurs auteurs Tont remonter le titre de Roi très chrétien à Clovis : ce
qui est certain, c'est que depuis I^uis XI il est devenu la qualifl cation
propre des rois de France. (Miltitï, II, partie 2, livre 3, p. 4Ï5.)
' Les arcbives de St-Loiria permettent de reconstituer le texte complet.
> La famille princiére de Rakoczy et sespareataleBFTangipani.ont séjour-
na & llodoato :, une partie des membres de la famille a été inhumée dans
cette ville, (on vient d'y restaurer leurs monuments, et en môme temps l'é-
glise de la mission des Pérès Conventuels qui les contient), une autre partie
A CampoHorio, prAs de Nicomédie.
* Ce dernier nom eat celui du second envoyé da François I" à la cour de
sultan Suleiman. Le premier eavoyé. expédié par la Reine-mérc, ne put at-
teindre le but da Bon voyage ; il fut assassiné en tiosnie.I.e second, Frangipa-
Qi, envoyé par le roi lui-même, (février 1525), fut plus heureux, il put arri-
r>' Google
— 270 —
Dans la nef de l'église, au pied de l'autel de St-Joseph, à
gauche du maltre-autel, se trouve uae pierre funéraire, sur la-
quelle on Ut cette belle et toachaute inscription :
Hic JACET III. DD, Theresia.Ill.DD. De Talman Cjsaris apud
TuftCAS RESIDENTIS CONJUX, VIRTLTE, SUAVITATË MOBUM, PROBITATE
vrr*:, modestia supërior omnibi's, nl-lli sbcunda, inopcm et ga-
PTIVOROM NUTRIX AG MATER... OBIIT, .VNNO DnI MDCG VIII, APRIL XV,
âTTATIS XXX.
Les Pères Jésuites continuèrent leur ministère avec fruit,
jusqu'au moment de leur suppression. A la suite du Bref de Clé-
ment XIV qui les supprimait, ils durent abandonner leur église,
leur maison de St-Benoit, et toutes leurs œuvres, et se reti-
rer. Ils ne firent aucune résistance, quoique quelques-uns res-
tassent dans le pays (10 août, 1773 . M. de Saint-Priest, à qui
revenait, en sa qualité d'ambassadeur de France, le soin de
veiller sur un étalïUssement national, nomma M. Ruflin, consul
général, administrateur et économe des biens de l'église de St^
Benoit; il ordonna au supérieur de lui consigner tous les titres
et papiers relatifs à la propriété dudit établissement, et défendit
à quiconque de troubler M. Ruflin dans l'exercice de sa charge.
Mais comme l'aml»assadeur et le Vicaire patriarcal Mgr Baves-
trelli étaient l'un et l'autre élèves des Jésuites et très affection-
nés à leurs anciens maîtres', ils s'entendirent pour adoucir le
coup qui leur était porté ; on se contenta de leur signifier le dé-
cret de suppression, de proclamer leur sécularisation, puis on
permit à ceux qui le voulurent de rester à St-Benoît, comme
prêtres séculiers, pour desservir l'église.
Dix ans plus tard elle passait à la Congrégation des prêtres
de la Mission, dits Lazaristes, qui la desservent encore aujour-
d'hui i mais, comme souvenir des temps anciens, elle est encore
souvent désignée, même de nos jours, sous le nom de DjizoU-
hêliçacy, i église des Jésuites, n
Nous verrons, dans la troisième partie de ce travail, son his-
toire sous cette nouvelle administration.
ver jusqu'à CP,, et en rapporta une letire conçue dans les termes les plus
amicaux, (mi-février, l')2(l). On peut consîdciror ce document comme 1h pre-
mier acte des négocfalîons, siiivies depuis entre la France et la Turquie.)
> Archives de Ste- Marie, à cette année.
çGoogle
CHAPrrRE VI.
.'* MARIE DRiPÊRIS (ANCIENNE ET NOUVELLE). — LES FRÈRES
MINEURS DE l'oBSERVANCE. LES RÉFORMÉS. — LES FïIRES DE
TERRE -SAINTE.
Quand les premiers Frères Mineurs de l'Observance firent-ils
leur apparition à CP., nous ne pouvons le dire avec une entière
certitude : nous voyons cependant qu'ils y étaient à Galata,
en 1341j puisque leur supérieur, le Père Enrîco de Savoie, fut
chartfé d'une mission de pacification entre les Grecs, dans les
différends qui s'élevèrent à GP. après la mort d'Andronic III.
Mais ils ne furent constitués en un corps séparé qu'en 1437,
à la suite de la mission du Père Francesco Spinola de Gènes,
dont nous avons parlé.
Ds furent autoriHés à se consti-uire un couvent sous \es murs
de CP. vers l'endroit que nous appelons aujourd'hui la pointe
dn Séraï. Il fut consacré à St-.\.ntome( deffli cipressî), et ue fut
terminé qu'en 1 453, deux ans avant la prise de CP. par les Turcs.
Nous avons vu aussi quel fut le sort de ce couvent et des reli-
gieux qui l'habitaient. Que devinrent ceux qui échappèrent au
massacre ou à l'esclavage, et où trouvèrent-ils un refuge ?
D'après un document authentique, disent les archives de St-
Antoine et de Ste-Marie, la « Magnifica Comuniti » les reçut k
Sl^-Benoit, ou du moins dans les dépendances de ce couvent;
mais seulement d'une façon précaire et provisoire. Nous ne
trouvons même rien dans l'histoire particulière de St-Benolt
qui nous atteste leur séjour dans cette église. Ils y restèrent
r>' Google
— 273 —
jusqu'à la venue des PP. Jésuites. Alors l'église et le couvent,
qui avaient été cédés à la France, furent affectés aux nouveaux
religieux.
SI-
Si-Marie Drapérts (ancienne) les Observantins.
Mais les Frères Mineurs de l'Observance ne restèrent pas
longtemps dans l'embarras. Une certaine veuve nommée Clara
Bartok Drapéris ' leur offrit une maison et une ancienne église
qu'elle possédait à titre privé à Galata. La maison était en fort
mauvais état, l'église, petite et presque ruinée, servait d'étable :
elle était dédiée à la ï. Ste Vierge et avait une image précieuse
de la Madone, peinte sur bois à la manière orientale et remon-
tant à une très haute antiquité. Clara Bartola Drapéris, par un
acte authentique du 1" janvier 1584, donna aux religieux Fran-
ciscains de l'Observance ce lieu et cette église, à cause, dit-elle,
de sa dévotion à St François et aux Saints Lieux de Jérusalem,
L'année d'après, par sa Bulle * Sicut nobts exponi fecistis, t
du 8 mars 1585, le Pape, Grégoire XIII, confirme cette donation
et accorde aux religieux franciscains de l'Observance qui étaient
à CP. pour s'occuper des affaires de Terre Sainte auprès des
ambassadeurs des princes chrétiens et de la Porte ottomane, et
qui prenaient aussi un grand soin des esclaves chrétiens et des
autres fidèles qui y habitaient, toutes les faveurs spiritueUes et
tous les privilèges que possédaient les autres églises de l'Ordre,
le tout sous l'obédience et dans la dépendance du Ministre gé-
néral.
Les religieux se hâtèrent de réparer la maison et de recons-
truire l'église, qui de l'image de la Ste Vierge qu'elle possédait
et de la donatrice qui l'avait concédée fut appelée « Ste-Marie
Drapéris. » Elle était située, suivant les traditions, dans la partie
de Galata dite Moum-Khanè, limitrophe de Top-khanè, à peu
près là où se trouve aujourd'hui la Cité française. »
I Un sieur Luchîno Drapéris est mentionné dans le traité conclu entre le
podestat de Galata, et Jean l'aléologue, en 1386. Un autre, François Drape-
ra-GoOg Ic
— 273 —
Conformément à l'usage local, Tadmintstration des biens de
Ste-Marie Drapéris était confiée à un c Procureur » séculier
ayant le titre de t Procurator dtgnissimus conventus San-
ctœ Marlœ >; les affaires des religieux étaient confiées à un
t Syndictis apostolicus hujus conventus *, conformément
aux usages de l'Ordre, c'est-à-dire à un personnage séculier qui
prenait, au nom du St-Siége, les intérêts de la commuiiauté.
Des personnages importants de la colonie latine, clioisis par les
supérieurs, remplirent cette charge, souvent plus honorifique
que réelle.
Cette origine et cette situation n-'empôchèrent pas la « Ma-
gnifica Comuniti'i t d'élever aussi sur cette église de Ste-Marie
des prétentions du même genre que celles qu'elle émit à di-
verses époques sur d'autres églises : la S. C. de la Propagande
renvoya, en 1651, la solution de ce différend, entre un sieur
George Drapéris représentant le couvent et la famille, et la Co-
munità, au tribunal du Vicaire patriarcal de Gonstantinople.
Les religieux Observantins furent plus ou moins nombreux à
Ste-Marie Drapéris; mais ils s'occupèrent activement de leur
ministère. Ils n'avaient pas d'abord charge d'&mes, c'est-à-dire
qu'ils n'exerçaient pas les droits paroissiaux ; mais ils n'en
avaient pas moins beaucoup de travail auprès des chrétiens de
Galata et auprès des esclaves renfermés dans le bagne du Grand
Seigneur.
Les Réformés, ou Récollets, arrivèrent à CP. vers 1630, et
ils n'eurent pas d'abord d'église à eux. Nous les voyons alors
dans le voisinage de St-Pierre, ils y ont un petit hospice, mais
c'est chez les Dominicains qu'ils vont célébrer la messe et faire
leurs cérémonies. Ensuite ils sont à Ste-Marie Drapéris, confon-
dus avec les Ot>.servantins, sous le même supérieur. Ensemble
ils formaient une communauté d'une dizaine de prêtres, aux-
quels s'ajoutaient quelques Frères lais.
Mais en 1642, il y eut un grand scandale : deux religieux
de Ste-Marie Drapéris apostasièrent et se firent turcs. Alors le
Pape Urbain. VIII, par sa bulle t Religionis xelus, etc. > du
5 août 1643, établit à CP. la Réforme de la plus Stricte Obser-
rJB, n^ociant de Galata, créancier dei chiotei, fut cause de la prise do Chio
par Buttao Mehemmed II. Des membres de cette fam[Ue figurèrent ù&a» la
■ Comunità di Pera, n et l'uo d'eux en était prieur en 1675.
r>' Google
— 274 —
vanee, lui confia le couvent de Ste-Marie Drapérîs, et conféra
au P. Bonaventura da Crema, gardien et commissaire général
de la costodie de CP., tous les droits et privilèges dont jouis-
sait le précédent supérieur des Observantins de Terre Sainte.
Il était mis sous la dépendance directe du Ministre général de
l'Ordre des FF. MM. de l'Oiservance. C'est à partir de cette épo-
que que les Franciscains de Ste-Marie commencèrent à exercer
les droits paroissiaux, que les Dominicains et les Conventuels
étaient seuls à posséder t ab antiquo. >
Cependant la délimitation des paroisses ne se fit que plus
tard, (33 mars 1725), par Mgr Mauri, M. R. Malgré cela, le
R. P. Giovanni Francesco Circhi, M. Conv., Vicaire patriarcal,
pour la seconde fois, dans sa visite du 15 octobre 1649, prescrit
au R. P. Bonaventura da Crema, gardien de Ste-Marie Drapéris,
de tenir un registre exact des baptêmes, mariages et décès, con-
formément aux règlements ecclésiastiques. Ces registres furent
sans doute commencés alors mais on n'en possède rien qui soit
antérieur à l'incendie de 1660. Il semble néanmoins que Ste-
Marie, qui est appelée c parochialis ecclesia Beatœ Mariœ
Virgints » ou » Chtesa parochiale di Santa Mafia Drapé-
ris, délia relïgtone di San Francesco, minori ossercanlt
riformati », avait une certaine juridiction territoriale.
Les Riformati ne jouirent pas longtemps de l'église de Ste-
Marie, cet édifice comme la plupart des églises et couvents de
Galata devint la proie des flammes, dans le grand incendie du
24 juillet 1660. Tout fut détruit, et l'on ne put sauver que le
tableau de la T. Ste Vierge Marie, que le courage d'un sieur
Drapéris sut dérober au feu.
Les religieux, tant Observantins que Riformati, restaient donc
sans couvent : alors la Congrégation générale de l'Observance,
tenue à Valladolid, décida le 35 juillet 1661 que ce couvent se-
rait rétabli aux frais de la Terre Sainte, car il était indispensable
de garder à Constantinople quelques religieux pour les besoins
de la Palestine, et il fallait leur assurer une habitation. On se
mit immédiatement à l'œuvre, et bientôt le bâtiment fat en état
de recevoir ses botes ; malheureusement on n'avait pas pris
toutes les précautions, et l'on ne s'était pas muni des permis-
sions requises, aussi les autorités turques vinrent-elles en chas-
ser les religieux et s'emparèrent de la propriété. Il semble que
r>' Google
— 275 —
cette confiscation fiscale n'ait eu lieu qu'en 1663. Les Obser-
vantins de Terre Sainte et les Rifonnati de Ste-Marie se trou-
vaient ainsi sans abri. Le P. Cagnizanez, commissaire de Terre
Sainte, se réfugia chez les Conventuels de St-François, qui
avaient, dès 1662, obtenu l'autorisation de relever, non pas
leur église mais leur couvent. Nous allons suivre les autres dans
leurs pénibles pérégrinations avant qu'ils réussissent à se fixer
& Péra.
su.
Ste-Marie Drnpéris f nouvelle), Riformati.
Le premier gardien, commissaire et custode des Frères Mi-
neurs réformés de la plus Stricte Observance, à CP., fut, comme
nous l'avons vu ci-dessus, le R. P. Bonaventura da Crema, de
la Province réformée de Breseia. Il fut élu dans la Congrégation
générale d'Ara Cœli, à Rome, en 1642. Comme nous l'avons ra-
conté, le Pape Urbain VIII lui accorda tous les privilèges con-
cédés au gardien du Mont Sion, et au custode du St-Sépulcre,
commissaire apostolique de Terre Sainte. C'est aussi à lui et à
ses frères que fut attribuée l'église de Ste-Marie Drapéris. Ce-
pendant le P. Cagnizarez, commissaire de Terre Sainte, continua
de résider avec les Riformati et la séparation ne fut complète
entre les deux branches qu'après l'incendie de 1660.
Outre l'image de la Madone, les religieux n'avaient pu sauver
que bien peu de choses, quelques fragments roussis d'ornements
sacrés, trois calices dont un grand d'argent doré et deux petits
au pied de cuivre, nn ciboire d'argent et un ostensoir Ile cuivre
doré : il faut y ajouter les grands livres de chœur, et une caisse
d'autres livres dépareillés. Ils se retirèrent avec leur maigre tré-
sor dans une petite maison qu'on leur loua assez cher, et où ils
ne purent pas rester longtemps. Ils devaient aller d'ici de là
chercher leur subsistance, et ils étaient obligés, par tous les
temps, de courir au secours des âmes dont ils avaient la chaîne.
Néanmoins ils ne manquaient pas à leur devoir,quoi qu'en aient
pu dire quelques malveillants qui profitèrent de l'occasion pour
r>' Google
demander à la S. Congrégation de Propaganda Fide qu'on leur
ôtât les droits paroissiaux qu'ils ne pouvaient plus exercer,
n'ayant pas d'église fixe. Le nonobre des religieux ainsi occupés
fut variable suivant les circonstances et l'abondance des Frères,
deux ou trois, quatre au plus.
En i667 deux d'entre eux avaient affermé d'un certain Tom-
maso Wlasti, une maison située aux Quatre Rues de Péra,il3 y
ouvrirent une petite chapelle et commencèrent à y exercer leurs
fonctions paroissiales; mais la < MagniflcaComunità», craignant
quelques nouvelles avanies de la part des Turcs, le leur défen-
dît, par t Ordres Souverains. » Les religieux refusèrent d'o-
béir : alors les Seigneurs Pèrotes firent instance auprès du Vi-
caire patriarcal, M'frRidolfi, qui appuya cette défense sous peine
de suspense a dtcinis et de privation d'office. Le P. Francesco
Pedauli, supérieur, et son compagnon, le P. Giuseppe da Sul-
mona, résistèrent, furent frappés de censures par le Vicaire
patriarcal, et sur sa plainte, rappelés en Italie par la S. Con-
grégation. Ils furent remplacés à CP. par le Père Francesco da
Piegaro, de la province séraphique, nommé Custode en 1668.
Enfin, en 1678, Us purent acheter une maison située à Péra
quartier des Quatre Bues, d'un certain Manè, ils y joignirent
plus tard, en 1700, un terrain acheté de Dimitro Savasto, au
prix de 375 piastres turques, il donne sur la rue Dùm-Di^im et
confine à l'hospice des Pères de Terre Sainte. Ils obtinrent, par
la médiation de l'intemonce impérial, d'y bâtir un hospice et
une église, en 1691. Dès que leur église fut prête, ils y installè-
rent solennellement l'image de la B. Vierge qui avait été sauvée
de l'incendie de Ste-Marie par un Drapéris et conservée dans sa
famille pendant ces trente et un ans. C'est en souvenir de l'an-
cienne église et de l'image vénérée que l'on donna au nouvel
édifice le nom de l'ancien, reliant ainsi le passé au présent, la
Ste-Marie Drapéris des Riformati prenant la place de celle des
Observantins.
Cette église, achevée seulement en 1691, n'eut pas une longue
durée. Dans la nuit du 9 septembre 1697, elle devint la proie
des fiammes avec le couvent adjacent. Seule la sainte image de
la B. Vierge Marie fat encore sauvée comme miraculeusement.
On la releva immédiatement de ses ruines, mais sans y mettre
beaucoup de soins et avec de mauvais matériaux. Elle résista
r>' Google
— 277 —
néanmoias à l'incendie qui dévora le couvent trois ans après,
en 1700. Mais en 1727 elle fut ruinée par un tremblement de
terre. Rétablie peu de mois après, sur de plus grandes dimen-
sions, elle vit le couvent s'aggnndir peu à peu et prendre les
limites qu'il a maintenant, de la rue de Péra à la rue Dùm-Dùm
ou Toùm-Toùm.
En 1767, le 27 octobre, un incendie terrible ravagea tout le
quartier de Péra, l'église de Ste-Marie fut détruite, comme les
palais des représentants de Hollande, de Naples et de Russie :
celui de France fut sauvé grâce aux efforts des équipages des
navires français ancrés dans le port de CP. La résidence du
Vicaire patriarcal fut cette fois encore la proie des flammes. Il
se réfugia d'abord à l'hospice de Terre Sainte, puis ù St-Bcnoit,
et enfin il acheta pour sa résidence et sa cathédrale le couvent
de St-Georges,
L'année d'après, 1768, la recommandation de l'empereur Jo-
seph II et les instances de son internonce à CP. obtinrent de la
Porte un firman ' qui permettait de reconstruire, en pierre et
avec une voûte, le couvent et l'église, afin de les mettre ainsi
à l'abri du feu. La construction fut achevée en 17((9, et, le
18 mars, le Vicaire patriarcal, Mgr Roverani, fit la bénédiction
de l'église et la dédia à c l'Immaculée Conception de la B. Vierge
Marie », C'est en somme l'église que nous voyons à présent, une
assez vaste construction d'une seule nef avec une galerie latérale
à gauche, conduisant aux tribunes et à la sacristie. Nous en di-
rons plus tard l'état actuel.
En 1785, la latinité de Péra fut sur le point de perdre Ste-
Marie ; en effet, dit Carhognano, cette église étant accablée sous
le poids de l'intérêt des emprunts contractés pour sa reconstnic-
tion, il fut question, à cette époque, de la vendre aux non-ca-
tholiques {acatolici) ; mais le baron de Herbert Ratkeal, inter-
nonce impérial, sauva l'église de ce danger, en réduisant le taux
de l'intérêt à 4 p. 0/0, et en rëpartissant le paiement du capital,
qui liiépassait 250,000 piasb-es, par échéance de lots annuels. En
1 Hammar, XV[. I9S. Cet auteur rapporte que le premier bérat obtenu pat
lesKirormati île Péra aurait été de 107£i=lGC], renouvelé en 1113=1700. puii
en 1118=1706. Corbognano dit que l'incendie eut lieu en 1*67, et la réédifi-
cation de l'église t l'anno tiisgesiienle, colla permintione ilel goeerno. ilata
ail' iitama ileW !
çGoogle
— 278 —
mémoire de cette bienfaisante et salutaire intervention, les Mi-
neurs Riform. firent placer l'inscription suivante sur l'nne des
portes intérieures, du cloître :
Magno vmo EcMO Duno Petro baboni de Herbert Ratkeal
INTER. G:¥SAREO OB RESTITLT4M VIRTDTE SUA REU MISSIONIS CoSPNa!
P. MIN. STfUCT. 0B3. S. FRANQSa jERE ALIENO LABANTEH : BJUS
ALUMNI .ETERNUM GRATI ANIMI UONUMENTUM PP. KaL. SEXTILI
MDCCLXXXV.
Un autre accommodement se fit encore en 1815, par le R. P.
Luigi Cardelli de Rome, Préfet de la mission, avec leur syndic
apostolique M. le B™ Antonio Testa, Chancelier de l'internou-
ciature Impériale, qui prit sur lui toute la dette de la mission,
moyennant une hypothèque sur quelques maisons qui appar-
tiennent aux religieux.
Les Riformati firent, suivant les temps, appel à la protection
de Gènes, de' Venise, ou de quelqu'autre puissance catholique :
les Turcs étant continuellement en guerre avec la Chrétienté,
tantôt d'un côté tantôt de l'autre. Mais à partir du règne de In-
nocent XI, ils passèrent sous celle de l'Empire d'Allemagne. En
effet, sur la demande du Cardinal Colonitz, ce Pape les recom-
manda à l'empereur Léopold I, et ce prince consentit à les pro-
téger. L'empereur Joseph I, en 1706, a confirmé cette disposition
et l'empereur Joseph II, comme nous l'avons vu, marcha sur les
traces de ses prédécesseurs. Cependant durant les guerres si fré-
qnente.s entre l'empire et la Porte, les religieux passaient sous
la protection de la Hollande. Aujourd'hui l'église de Ste-Marie
est l'église nationale Austro-Hongroise.
Les Riformati, établis à Ste-Marie Drapéris en 1643, formè-
rent d'abord une Gustodie, dont le supérieur avait le titre de
Gardien de Ste-Marie, Commissaire général de la Gustodie de
CP. Ils étaient religieux et remplissaient les fonctions de curé,
comme nous le dirons ci-après ; mais ils ne dépendaient pas
de la Propagande et n'étaient point missionnaires. (Archives de
Ste-Marie, Reg. F. 25, V.) C'était pour eux une faiblesse : ils le
reconnurent au bout de quelque temps, et, sur la demande ins-
tante du R. P. Gardien, Custode et commissaire de CP., appuyée
par le Rme P. Procureur général des Missions de l'Ordre, la
S. C. de la Propagande prit sous sa protection cette Gustodie,
r^'Google.
— 379 —
comme elle avait fait déjà pour d'autres missioDS, Transylvanie,
Terre Sainte, etc., et, par un décret du 13 novembre 1702, ac-
corda la grâce demandée. Pour achever la constitution de la
Gustodie, la S. Congrégation des évoques et réguliers accorda
aux supérieurs la permission de recevoir des novices indigènes,
(9févr. 1704.)
Enfin le 13 février 1704, la Custodie de CP. fut érigée en
Préfecture apostolique. Le B. P. Prancesco di Cavorlno, de la
Province de St-Nicolas de Bari, qui était custode, fut nommé
Préfet apostolique. On lui assigna plusieurs compagnons, de
diverses provinces. La Préfecture comprenait, outre la maison
de CP., celles de Smyrne, Ghio, Tlne, Rodi, auxquelles il fau-
drait ajouter celle de Mjcone.
Depuis le P. Francesco da Carosino, le premier préfet, jus-
qu'au T.R.P. Andréa da Jeune, préfet actuel, on compte trente-
cinq titulaires, empruntés & différentes provinces, le plus sou-
vent italiennes. Pendant le xvm* siècle ils furent généralement
nommés pour quatre ans, dans ce siècle ils sont ordinaire-
ment nommés c ad beneplacUum i. Plusieurs ont été sacrés
A peu près dès leur arrivée à Ste-Marie (à Moum-Khanè), les
Riformati <t eurent charge d'&mes i, sans que nous rencontrions
dans les archives aucun acte qui leur confère ce privilège. Ce
fut sans doute pour favoriser les catholiques qui étaient autour
d'eux assez éloignés des autres églises paroissiales, placées à
l'autre extrémité de Galata. La raison était encore plus forte
quand ils se furent installés à Péra, où aucun ordre ne possé-
dait juridiction paroissiale.
Ces droits leur furent cependant disputés ; ainsi, en 1663, le
Custode se plaignait à la Comunità, que l'ordinaire leur déniait
ces attributions et voulait les faire passer aux Jésuites de St-
Benott : il la suppliait de ne pas permettre cette usurpation. A
la même époque on faisait des instances du même genre auprès
de la S. Congrégation : nous avons vu que ce fut sans succès.
En 1703 ils se réclament de ce titre de Curés, pour se sous-
traire à la visite du R. P. David de St-Charles, religieux Carme,
envoyé par le St-Siège pour se rendre compte de l'état des Mia-
sions du Levant : < Les Riformati, disent-Ils, sont curés et non
missionnaires. >
r>' Google
— 280 —
Ils n'en étaient pas absolument jaloux néanmoins, car nous
lisons dans leurs arctiives (R. F. 28, v.) sous la date du 25 oc-
tobre 1704 : « aujourd'hui le P. Provincial des Conventuels, ac-
compagné par le P. M. Faggia, sont venus trouver le P. préfet,
Francesco da Carosino, pour lui demander de faire leurs offices
dans notre église ; le F, préfet leur a accordé avec bienveillance
ce qu'ils demandaient et lesdits Pères s'offrirent à donner à l'é-
glise « la quarte funéraire » suivant l'usage de cette cité. »
Par contre nous les voyons réclamer leurs droits sur leurs
paroissiens, quand ceux-ci veulent se faire inhumer dans d'au-
tres églises, comme en font foi ]eurs registres de catholicité,
La délimitation des paroisses de Péra fut faite en 1725, nous
dirons plus tard dans quelles conditions ; mais sauf une note
dont nous ne connaissons pas la source et qui est consignée
dans les Archives de Ste-Marie(R. F. 322, r.), nous ne pouvons
rien dire sur le chiffre de la population catholique. D'après cette
note: en 1765, tous les catholiques de la paroisse sont au nombre
de 361 se décomposant ainsi :
Catholiques ayant maison propre et domiciliés. . . 60
Catholiques étrangers ou en location ...... 134
Domestiques catholiques, tous étrangers 67
Total 261
Sur ce nombre on compte : Pérotes 73
Allemands 17
Français 33
Italiens 13
Jérosolimitains .... 4
Ragusiens 4
Insulaires 50
La même note nous donne pour janvier 1809 un nombre de
685 catholiques, tant latins que maronites, grecs raelchites, etc. ,
existant sur la paroisse de Ste-Marie, décomposés ainsi :
Communiants domiciliés, tant natifs qu'étrangers . . 339
Fkifants non communiants 145
Serviteurs, tous étrangers 07
Servantes, toutes étrangères 104
Total 686
r>' Google
Nous trouvons de plus qu'à diverses reprises les Riformati out
rempli les fonctions de chapelains auprès du baile de Venise ou
du résident de l'Empire, mais sans continuité.
Les Pères de Tet^e Sainte, FF. MM. de la Réguli^r
Observance.
Il ne peut entrer dans notre cadre de faire ici l'histoire des
Franciscains en Terre Sainte, mais seulement des représentants
que la Custodie de Terre Sainte avait à GP. 11 semble, comme
nous l'avons fait remarquer Jf= Part,), qne la Province de Ko-
manie fut séparée de très bonne heure de celle de Palestine, mais
comme Constantinople resta le centre de l'empire et que des af-
faires de plus d'un genre devaient y être traitées, les Francis-
cains durent y avoir toujours des représentants. Cela fut néces-
saire surtout quand les Ottomans eurent pris CP. On voit que
dès lors il y eut quelques religieux chargés de prendre les inté-
rêts des Saints Lieux. Comment se traitaient ces affaires, nous
ne pouvons guère le dire aujourd'hui; mais lorsque la France
et les autres puissances eurent des représentants attitrés auprès
de la Porte ottomane, les négociations devinrent plus faciles,
surtout parce que la France était ofHciellement reconnue comme
protectrice des intérêts catholiques en Syrie. Alors des religieux
furent accrédités pour traiter les affaires de Palestine auprès de
la Porte et des amliassadears des Puissances, spécialement de
la France.
Comme les Observantins étaient chargés des Saints Lieux,
«'est eux aussi que nous trouvons comme leurs représentants à
CP. Ils habitent donc le couvent de l'Observance sans se dis-
tinguer des autres. Cependant c'est à eux spécialement que Dame
Clara Bartola Drapéris donne sa maison et l'église qui lui ap-
partenait, I à cause, dit-elle, de son amour pour St François et
pour les Saints Lieux de Jérusalem. >
Lorsque, en 16i3, le Pape Urbain VIII eut donné le couvent
r>' Google
de Ste-&farie Drapéris aux Riformati italiens, il conféra au -
P. Gardien les privilèges que possédait le Custode de Terre
Sainte. Il brisa en même temps les liens qui unissaient les reli-
gieux de CF. à ceux de la Palestine, et les rendit dépendants du
seul Général de l'Ordre. Cependant l'état déplorable des choses
en Syrie et la multiplicité des affaires à traiter k CP. y firent
maintenir des religieux qui en fussent spécialement chaînés. Le
Père Giovanni Gagnizarez, de Grenade, fut nommé commissaire
pour la Terre Sainte par le P. Général, lequel pour régulariser la
situation s'adressa k la S. Congrégation en 1647. Un décret de
1654 établit enSn cette institution et reconnaît le P. Cagnizarez
comme commissaire : il en remplit les fonctions pendant vingt-
quatre ADR '.
E commença d'abord par résider à Ste-Marie, mais après l'in-
cendie de 1660, se trouvant sans abri, il obtint de la Congréga-
tion de Valladolid des subsides pour rétablir son couvent. Nous
avons vu comment cette tentative aboutit à une confiscation de
la part des autorités turques.
Cependant les Conventuels avaient obtenu l'autorisation de
reb&tir leur couvent, et c'est chez eus que le Père commissaire
reçut une fraternelle hospitalité, qui dura longtemps.... jusqu'à
l'acquisition de l'hospice actuel, 1670. C'est en souvenir de ce
séjour chez les Conventuels que les Pères de Terre Sainte reçu-
rent k leur tour dans leur hospice les Conventuels sans abri après
les incendies de 1734 et de 1763 ; ils leur avaient rendu déjà le
service de recevoir et garder chez eux tous les objets précieux
du couvent qu'on avait pu sauver, en 1697. En échange les Con-
ventuels accordèrent (1763) au P. Commissaire tpro temporey
le droit d'officier dans leur église le jour de la fête de St Antoine
de Padoue, quand le Vicaire patriarcal n'y tient pas office pon-
tiScal.
Les statuts rédigés pour la Terre Sainte dans la Congrégation
générale de Valladolid, en 1661, furent confirmés par Rome en
1663. Ils établissent que le Commissariat temporel ou la pro-
cure de Terre Sainte k GP. serait désormais confiée aux Obser-
vantins espagnols, sous la dépendance du Rme P. Custode.
Enfin les Pères de Terre Sainte acquirent d'an certain Draco
' Sloria cronologira di Sirla, del P. Gio. da Calivria, Osa. L. 6, C. 7.
çGoogle
Àlessio, un terrain et une maison situés auprès de la résidence
du baile de Venise, aujourd'hui l'ambassade Austro-Hongroise,
entre celle-ci et l'église de Ste-Marie. Cette acquisition parait
avoir été faite par parties : en effet une propriété sise au quar-,
lier Toùm-Toùm, Rue del Bailo, et confinant au jardin del Bal-
io, est achetée, en 1080=1669-70, par on médecin hollandais,
nommé Henri Wolde, comme prëte-nom des religieux, ainsi
qu'il résulte d'un acte passé en chancellerie de France, le S juin
1671. La totalité est ensuite achetée, le 9 rebi-ewel 1081=1671,
par Sinibaido Fieschi, (également comme prète-nom des Pères
de Terre Sainte,) résident de la Sérénissîme République de
Gènes. La propriété se composait alors de six chambres, kios-
que, citerne, puits, jardins, etc. Le lendemain de ce jour, 10 re-
bi-ewel, ce résident constituait, au mehkémé de Qalata, sa
propriété Mnlk, en Vacouf perpétuel, « jusqu'au jour de la ré-
surrection » en faveur des Pères de Terre Sainte. Et par acte
du S juillet, dressé en chancellerie c del palazso del résidente
délia Serenisstma Republica di Genova, > il déclarait en
outre que cette propriété, sise au quartier Toùm-Toùm, Strada
del Bailo, avait été acquise à la demande du R. P. Commis-
saire, des deniers de la Terre Sainte, et était ainsi légitime pro-
priété de celle-ci, »
Dans une autre déclaration du 30 juillet 1673, le même rési-
dent dit encore que le couvent de Terre Sainte situé t & Galata
de CP. ou autrement dit aux vignes de Péra, quoique bâti, pour
plus de sécurité, en son propre nom, appartient entièrement à la
Terre Sainte, et que les frais de construction et de réparations,
bien qu'avancés par lui, ont été faits et soldés par la Terre
Sainte et dûment acquittés par elle. >
Cette première acquisition fut agrandie successivement par
des donations ou des contrats postérieurs. L'hospice actuel, et la
chapelle qui en dépend, sont sous la protection de la France.
Etat actuel du Commissariat.
Le commissariat de Terre Sainte est resté sur le même ter-
rain et dans les mêmes conditions que par le passé. On peut dire
cependant qu'il s'est grandement amélioré dans ces dernières an-
r>' Google
nées. Eq effet par une bonne et intelligente administration, les
emplacements anciens ont été utilisés pour la construction de
diverses maisons de rapport, et par suite, au lieu d'être une
jcharge pour la Custodie de Terre Sainte, il est devenu une
source de revenus.
La chapelle, entièrement reconstruite par les soins du R. P.
Ënrico Collado, commissaire, a été bénite le 1" août 1871 par
Mgr Franchi, nonce apostolique. Elle est placée sous l'invoca-
tion de N.-D. des Sept-Douleurs, dont la fête se célèbre le ven-
dredi de la Passion. Le 4 avril 1873, M. le comte de Vogué, ac-
compagné d'une partie du personnel de l'ambassade de France,
assistait à la messe solennelle célébrée dans cette chapelle, pour
la fête patronale, par le R. P. Préfet de Ste-Marie. Au salut on
a chanté la prière accoutumée pour la France.
L'ècusson de Jérusalem, à la croix cantonnée de croisillons,
surmontée d'une couronne fermée, est peint sur la porte d'en-
trée du couvent. Les religieux, comme il avait été déterminé dès
l'origine, sont espagnols, envoyés par le Rme P. Custode de Jé-
rusalem,
Il ne s'y trouve en ce moment qu'un Père, commissaire, et un
Frère lai.
Les Pères de Terre Sainte ont été chapelains du baile de Ve-
Hise, comme nous l'avons remarqué, plus tard ils ont été chargés
du service religieux de la Légation d'Espagne : aujourd'hui ils
n'ont aucune fonction en dehors du commissariat.
Le sceau du supérieur de la maison porte la croix de Jérusa-
lem, et la devise : Sigillum. Com. et Prœs. Ter. Sanci. Con-
stantinopoteos.
,dbvGoogle
CHAPITRE VIL
ST-QEORGBR. — ST-L0U13, LES RB. PP. CàPUCINS.
Nous avona constaté la présence des disciples de St François
d'Assise à Constantinople dès le commencement de l'Ordre, et
du .vivant même du fondateur. Nous avons ensuite raconté
l'histoire locale des deux premières branches de cet Ordre, les
Conventuels ou Cordelière, et les Observants, Soccolants et Ré-
formés, (C. G. III et VI.) il nous faut arriver h la troisième
branche de l'Ordre Franciscain, les Frères Mineurs Capucins,
qui eurent à CP. deux églises, dont une est encore en leur pos-
session. Lem- Réforme naquit dans le sein de l'Observance en
1525, mais ne tarda pas à s'en séparer. Après diverses péripé-
ties et de nombreuses oppositions, dont nous n'avons pas à nous
occuper ici, les Capucins furent définitivement constitués en un
Ordre religieux, formant une branche de l'Ordre de St-François,
distincte des deux autres. (Bulles des Papes Clément VII,
Paul ni, Pie IV 1538-1560, etc.)
Nous parlerons successivement des deux églises qu'ils ont
eaes à CP.
SI.
ST-oEOROEs (église encore existante).
Les documents écrits et la tradition sont les deux sources de
l'histoire : or quand il s'agit de St-Georges, comme des autres
r>' Google
églises de Galata, les plus anciens documents écrits ne remon-
tent pas au delil du xu[° siècle. St-Qeorges était cependant de
beaucoup antérieur k cette date : il parait môme remonter anz
premiers Ages du christianisme, car il semble devoir son origine
à i'Atasma, ou fontaine sacrée, qui se trouve dans son en-
ceinte. Saivant une ancienne tradition populaire, cette fontaine
était dédiée à une divinité payenne, sans doute à Apollon, qui
y possédait un autel ou un temple. La Vierge Irène, fille dn roi,
ou prince, Licinius, y fut amenée, dans un jour de fête, et som-
mée de sacrifier li la divinité qu'on y adorait. Comme elle s'y
refusa avec une grande constance, elle y subit un douloureux,
mais glorieux martyre. Les chrétiens s'emparèrent de son corps,
l'ensevelirent avec honneur dans un autre endroit, et conser-
vèrent soigneusement son souvenir-
Lorsque le christianisme fut vainqueur du paganisme, les
empereurs, à OP., comme ailleurs, consacrèrent à Dieu et à ses
saints les anciens sanctuaires des divinités payennes, pour dé-
tourner, au profit des nouvelles croyances, les traditions popu-
laires difficiles à déraciner. St Élie ou St Michel remplacèrent
Jupiter, et St Georges, le chevaher chrétien, prit souvent les
autels d'Apollon ou de Mars. C'est ainsi que le culte du glorieux
martyr dut s'établir sur le puits sacré de la montagne de Gala-
ta, où avait été martyrisée Ste Irène. C'est ainsi que le culte de
la patronne de CP. s'unît à celui du martyr de Nicoraédie, et
qu'ils ont persisté ensemble jusqu'à nos jours.
( Presque au milieu de Galata, là où sont les habitations des
négociants français, dit Carbognano ', se trouve aussi l'église de
St-Georges 3 sise, rueTchinar^ sur la colline > et dite, pour ce
' Descrizione lopograflca di CP., 1Q4.
1 Cf. ConstantinopoIiB Cbristjana : L. IV, 85,
' \a rue Tcbinar est l'une des rues les plus rainarquablea de Galata par
les souvenirs qui s'y rattachent. En gravissant la rue Perche mbê- bazar, et
regardant la tour du Christ, qui la termine, l'angle de cette rue. bordant celle
de Perche mbè-bnzar, est formé par l'ancien Hôtel de ville ou des Podestats,
transformi! en Khan, ou réunion dans une même enceinte de comptoirs da
commerce ; un peu plus loin, sur la partie gauche de la rue, se trouve l'é-
glise de SlrGeoi^es que l'on peut regarder, en quelque sorte, comme a na-
tionale > ; puis revenant en arriére, après avoir traversé la rue Percbembé-
bazar. on trouve, au fond de la prolongation de celte même rue, à droite, une
maison portant l'écusson (tes armes de France, prés d'une des portes du local
occupé naguère par la Banqua ottomane, et dépen-iant du couvent de St-
r>' Google
motif, selon Byzantlos, S. Giorgio a monte, ou S. Georges
du Mont, suivant les archives des Capucins. Le même Byzan-
tlos, sans d'ailleurs indiquer ses sources, rapporte que St-
Georges aurait été la métropole et la cathédrale des Génois,
durant leur possession de Gatata, avant la conquête ottomane.
La dé limitation du bourg de Oalata, en 1303' parle d'une
^lise de St-Georges c divini ac reverendi templi sancti et ma-
gni martyris beati Geoi^il i, sans indiquer toutefois le rit
auquel elle appartenait ; certains archéologues sans avoir égard
à la tradition et aux raisons rapportées ci-dessus inclinent à pen-
ser que l'église actuelle ne fut placée sous ce vocable qu'à une
époque relativement récente ; s'il en était ainsi, aurait-elle reçu
ce titre en souvenir de la mère-pairie, quand la colonie fut dé-
tachée de la métropole ? St Georges, » le chevalier du Christ, >
était, on le sait, le protecteur de Gênes^ ; et, à la restauration
byzantine, les débris du palais du podestat vénitien à Constan-
tinople, démoli par les Génois, furent envoyés à Gênes par ceux-
ci pour y être employés à la construction de l'église St-Georges,
dans la métropole ^.
La mahone ou banque de St-Georges était l'an des princi-
paux établissements financiers du moyen âge*; et ce fut al
magistrato di S. Giorgio, dont les membres étaient dits com-
pères de St Georges, que Gênes, à l'époque de la conquête
ottomane, remit la souveraineté des colonies du Levante
Aussi tout en n'étant pas la principale église de Galata, selon
l'ordre hiérarchique et religieux, l'église St-Georgea parait-elle
avoir succédé, au point de vue politique, à celle de St-Michel ;
c'était là, qu'en souvenir du protecteur de l'ancienne métropole,
on célébrait la fête patronale et nationale de St Georges, pro-
tecteur de la République de Gênes.
Pierre. Ce local fut occupé, à certaine époque, par l'ambassade rrançalae, et
plus tarJ par le consulat de la même nation. (V. ce que nous disons à pro-
pos de St-Benoll.)
< Sauli, for. lauft.
> Sauli, toc. lau'l., II, 75.
" Du Congo, Hittoire 'le l'empire de CP.. 1826, 360.
* Depping, loe. laud., I, EIT; II,221;Matastrie, HUtoIrt de l'île de Ckgprt,
m, 64.
* Sauli, loe. laad., II, 173.
r>' Google
On lit dans une lettre de M. de Germigny, du 17 mai 1580 ',
( le treizième du mois d'avril (V, S.), pour la St Georges, ayant
esté invité à une fête solennelle, par les Seigneurs Pérotz, en
l'église dudit saint, je m'y trouvai avec le sieur vice-baile des
Vénitiens, qui m'accompagna, ensemble les dits Pérotz, où l'è-
vèque de Scio, estant à présent en ce lieu, fit l'office et ung
sermon -. »
En 1796, le T. R. Ab. D. Guillaume Marquis, Vicaire général
du patriarcat de CF., déclara Fêtes de précepte, comme avant
la conquête, le 23 avril, fête de St Georges, et le 16 août, fête de
St Roch, le premier comme patron secondaire de la ville, le se-
cond comme son protecteur contre la peste. Trois ans plus tard,
Mgr Fonton prit une décision du même genre, mais elle ne fut
pas approuvée par la S. Congrégation, qui ordonna que les deux
fêtes seraient célébrées solennellement à leur jour d'incidence,
28 avril et 16 août, mais que la seconde seulement serait
chômée. Ce décret est encore en vigueur.
A l'arrivée des Jésuites, en 1583, l'ambassadeur d'Angleterre
demanda l'église St-Georges, sous le prétexte que c'était une
église abandonnée. M. le Baile de Venise, pour lui ôter ce pré-
texte, y envoya son aumônier pour y dire la messe; et le P. Man-
cinelli, jésuite, y allait chaque jour, pour faire le catéchisme aux
enfants; par là ils empêchèrent que cette église ne devînt le
< prêche » des Anglais^.
L'église de St-Georges est citée par Crusins* au nombre des
' Sfgociationa, etc., [11,904.
» V. St-flenolt. oh. V sup.
3 1^ baile vùniden Matteo Zane, dans son Mémoire de 1594 {Reliu. cen.
3- série, IIl, 405). rapporte le fait suivant : « L'ambasciatore d'Inghilterra
ultimamente si i atlentato di domandare una ckieita rattolira di Fera, per in-
trodurvi un predicatore calvinista, che easo dice di cbiamare da Ginevra. >
Il ne parait pas. toutefois, d'après les termes mêmes de ce dire, ni d'apràs la
tradition.que le fait ait jamais reçu son exécution. Il existe actuellement à P^-
ra.quatre chapelles protestantes : l'une dans l'enceinte du palaîad'Anglelerre.
une autre dans celle du palais de Hollande,la troisième dans celui d'Allema'
gne, et depuis la guerre de Crimée, l'ambassade d'Angleterre a obtenu la
concession d'un terrain, sis sur la colline de St-Théodore, probablement làoii
Bultan Mehemmed avait établi une batterie d'artillerie contre la ville de CP.
(Hammer, II, 412.) Sur ce terrain l'ambatsade anglaise a fait construire uns
belle église, celle du Christ, dite aussi ■ Mémorial Church n : elle est tout
prés d'une mosquâe, séparée seulement par quelques mélres-
* Turco-Grœcia, 52.
r>' Google
çGoogle
çGoogle
huit églises de Péra. Dans sa lettre dn 21 octobre 1618, an
Père Vicaire général des Dominicains, la Comunità rapporte
que St-Geoi^es aurait été desservi, quelques années avant cette
date, par un conventuel, pi)is, successivement, par deux capu-
cins, un prêtre cbiote, un religieux qui 'g faisait la classe, et,
finalement, par un dominicain. Aa départ de ce dernier, le
vicaire-général de ces réguliers ayant voulu conserver cette
desservance, il en résulta des démêlés avec la Comunità ; %i,
en vue probablement de trancher le différend, celle-ci aurait
tenté, en septembre 1609, de faire donner ce monastère aux Jé-
suites, pour y établir une école plus rapprochée que l'abbaye
des habitations franques ' / elle s'adressa à M. de Brèves;
alors à Rome, en lui demandait de lui prêter son appui, dans
ce sens> auprès du pape. Des ordres furent donnés ; mais les
Dominicains, sur l'ordre de leur général, continuèrent d'occuper
St-Georges, où ils administraient les sacrements et faisaient la
classe '^ ; d'autre part, la Comunità, abandonnant son premier
projet, demanda le renvoi du difTérend à la décision du Vicaire
patriarcal, et consentit à ce que la desservance de St-Georges
fût réservée, à tout jamais, à l'un des trois Ordres : Mineurs-
observantins, Dominicains ou Conventuels. A la suite de ce
compromis et après examen, le P. Giuseppe, des Mineurs-ob-
servantins de St-François, gardien-commissaire de Ste-Marie de
Pêrn, t vicario patriarcale générale apostolico délia citfà e dio-
cesi Constantinopolitana, » débouta c le vicaire de St-Pierre de
Péra » de ses prétentions ; il aurait ordonné en outre, sous les
peines canoniques, d'après le P. Barbieri, citant les archives de
■ Comme il a été dit (ch. v, St-Benolt,) les habitations franquca se trou-
vaient surtout au quartier do Percbembé-bazar, dans les plus anciennes en-
ceintes àe Galata, là où se trouvait aussi alors la résidence de l'ambassa-
deur de France.
^ D'après le registre du Procureur de St-Pi«rre, la desservant de St-Gforges.
dominicain, était qualifié de Capellano di San Giorgio, ses honoraires lui
étaient ]jayés au couvent de St-Pierre, et se montaient, en 1613 et Ifiia, à
720 aspres, dout SO équivalaient à un Aslàni, ou talari au lion, de Hollande.
— Les archives des Dominicains relatent qua ces religieux dessen'aient
cette église en 1620, et qu'un legs rut fait par moitié entre St-Georges et
St-Pierre; Zorzi Drapérla étant procureur de St'Geiirges, en 1625. Il ne
semble pas néaumoins que jamais cette église ait appartenu aux Domini-
cains, quoiqu'ils en aient eu souvent la charge, taus doute à cause du voi-
19
r>' Google
— 290 —
St-Antoine, de remettre les clefs de St-Georges à la t Comunità
di Para», qui en était légitime propriétaire. Les Dominicains
la desservaient alors depuis dix fins.
Le 27 octobre suivant, la desservance de St-Georges était
donnée à un Mineur-Observantin ; et, en mai 1623, cette église
étant restée close depuis plusieurs mois, la Comunità y plaça
un desservant chargé de la tenir ouverte, choque ma.i\a,coTn.me
d'usage.
Finalement, cette église et le petit couvent en dépendant
furent remis, le 15juillet 1626, aux PP. Capucins, venus à Coos-
tantinople par l'entremise de M. de Cèsy, ambassadeur de
France.
Selon un document manuscrit faisant partie des archives de
St-Louis, les premiers Capucins venus à CP. furent les Pères
Giovanni Juarcz, de Castille,et Giovanni,delaPouille, (enl551)
lesquels ayant été arrêtés, furent envoyés en Egypte, où ils mou-
rurent dans les prisons. Ces missionnaires ne faisaient pas par-
tie d'une mission régulièrement constituée, et ils ne furent pas
remplacés.
Mais, en 1586, M. de Lancosme avait proposé au roi de
remplacer les Jésuites de St-Benolt par des cappuchlns, et
le 20 janvier 1588, le même ambassadeur écrivait à Henri III,
qu'il avait obtenu, pour ces religieux, < ung commandement gé-
nérai, afin que tousceux de leur Ordre pussent seurementet li-
brement aller et venir en tout cest empire. »
D'autres furent donc envoyés à CP. en 1587, (comme il est
dit Ch. V, St-Benolt). S. Joseph de Léonissa, fut le plus remar-
quable de cette seconde colonie capucine : les uns succombèrent,
victimes de la peste, les autres retournèrent en Italie. Enfin,
en 1635, les religieux de cet Ordre parvinrent à s'établir déGniti-
vement en Levant.
Le Cardinal de Richelieu était ministre du Roy de France,
Louis XIII, et le P. Joseph de Paris, capucin, plus connu sous
le nom de Père Joseph du Tremblay, était secrétaire et conseil-
ler de Richelieu. Or le Père Joseph avait spécialement à cœur
la conversion de l'Orient, comme en témoignent ses lettres et
son poème, la Turciade. Il avait été nommé, avec le P. Léo-
nard de Paris, préfet, pour dix ans, de toutes les missions des
Capucins français, par Bref pontifical d'Urbain VIII, avec mis-
r>' Google
— 291 —
sion d'envoyer des religieux en Levant et spécialement à CP.
Les premiers Pères furent les PP. Archange des Fossés, ou de
Fossé, Léonard de la Tour, Évanjîéliste de Reims, et Raphaël
de I;i Neuville-Roy, ou de Gompiègne. Ils partirent de Paris
le 5 février 1626, munis de lettres royales pour M. de Césy, am-
bassadeur de France en Levant, ainsi que d'une ordonnance
royale du 30 janvier, de la même année recommandant ces reli-
gieux « à tous les Rois, princes, seigneuries, républiques et po-
tentats des lieux de leur passage. » Arrivés il CP.iIsse rendirent
aussitôt, (7 juillet 1026,) à « la maison du Roy, aupri's de
M. de Césy, auquel ils présentèrent les lettres de crédit du
Roy. > (D'après des documents sérieux, le P. Archange de Fos-
sé, était parent de M. de Césy et devait, par suite en être bien
connu.) Pendant huit jours, ils occupèrent un logis voisin de
l'ambassade, « pendant que lesMessieurs de Péra se disposaient
à les accommoder d'une église et d'une maison. Du consente-
ment de l'ambassadeur, ils allèrent visiter le BaiJe de Venise,
seigneur Justinien, le Cavalier Ros, ambassadeur d'Angleterre,
et l'ordinaire (Vicaire patriareal).... Ils se rendirent ensuite
auprès de t la Communauté des Péraux,» o,'i ils furent introduits
le 15 juillet, en un lieu qu'on appelle Ste-Anne. On leur fit
prendre place dans la principale chaire, destinée pour le Vicaire
patriarcal, qui est le Supérieur ou directeur de la Communauté ;
et après le discours par lequel le Père Archange, supérieur,
oSrait ses services spirituels à la Communauté, le Sieur Anto-
naki de Negri, prieur, drogman de France, souhaita la bienve-
nue aux religieux, et leur promit son assistance. Le soir même
la c Communauté » vint dire au Palais de France, qu'ils avaient
décidé de donner aux Capucins le choix de l'église St-Jean, ou
de celle de St-Geot^es du Mont. Les Pères acceptèrent cette
dernière église, quoique fort délabrée; et le dimanche suivant,
19 juilletjils en prirent possession'. Le Supérieur,Père Archange
des Fossés, y dit solennellement la messe, en la présence de
■ Le L'bro maetlro délia Comunilà rapporte, in exleruo, le texte de la pa-
tente délivrée aux Capucins, et les mettant en possession da St-Oeorges.
Cette patente, datée de Péra le 15 juillet IGîG. est signée de Negri, prieur,
Nicolo Dmpéris. sous-prieur. Cet acte est suivi du récépissé de cette pa-
tente, remis à la Comunità par les Pores, sous la date du 17 du même
mois. Elle est signée par les quatre Pères.
çGoogle
tous les habitants de Péra, cela a été le premier établissement
des Capucins Français dans le Levant ' . »
Dans ces actes le P. Archange est qualifié de i de prédicateur
capucin, supérieur des PP. Capucins de Galata et Péra, Custode
de la Custodie de Grèce, quoiqu'indigne. t Les Capucins de CF.
ne restèrent pas longtemps isolés dans le Levant ; vers le milieu
du siècle, ils étaient partagés en trois Custodies, relevant d'au-
tant de Provinces françaises. La Province de Paris avait la Cus-
todie de Grèce, avec douze Stations, savoir : celles de Galata et
de Péra à GP., celles de Smyrne, Chlo, Athènes, Napoli de Re-
manie, . Candie, Naxie, Paros, Milo, Syra et Quoch-adacy ou
Scala nova dans le golfe d'Éphèse. La Province de Touraine
avait, en Turquie, la Custodie de Syrie, avec sept stations, sa-
voir : Nicosie et Larnaca en l'Ile de Chypre, Alep, le Grand
Caire, Diarbékir, Ninive et Babylone. La Province de Bretagne
avait la Custodie de Palestine, avec sept stations, savoir : Da-
mas, Tripoli de Syrie, Barut, Saide, et trois dans les montagnes
du Liban.
Les Capucins de St-Georges acquirent bientôt certains im-
meubles, autour de leur église pour le développement de leurs
œuvres. L'un des Hudjets, (titre de propriété), délivrés par le
Mehkèmè de Galata, en 1040=1630, porte que ces immeubles,
acquis par l'église St-Georges, quartier de Bereket-zadi, à Ga-
lata, sont acquis au nom de l'ambassadeur de France. Dans
deux autres Hudjets, l'un de 1651, l'église de St-Georges est
qualifiée d' «église franque de Galata, au quartier de Longiu-
lazè. t Dans un autre, de 1670 elle est appelée i l'église Fran-
que de Galata, ayant un puitS, dans son enceinte. »
En même temps que les Pères prenaient possession de l'é-
glise de St^eorges, t ils se mirent aussi dans la petite maison
qui y était jointe, du côté de la tramontane, la séparant en pe-
tites cellules, avec un petit dortoir, (c'est ce qu'on a appelé
depuis le petit couvent).,.. Ils y demeurèrent jusqu'à l'incendie
de Galata, arrivé le 11 avril 1660, où leur église de St-Georges
et cette petite maison furent brûlées, avec six{?) autres églises
latines. >
' Il était bien entendu que liis Capucins de St-Georges venaient à CP,
tema cura parochiale, s disent les mémoires.
çGoogle
Dès leur arrivée, les Capucins se livrèrent avec zèle à tous les
travaux du ministère, prédications, catéchismes, soins des pes-
tiférés et des esclaves dans les bagnes, conversion des héré-
tiques et des schismatiques. Peu après, le 14 juillet 1628, t mes-
sieurs de la Communauté de Péra prièrent le P. Archange qu'ils
fissent aussi l'esciiole : notre habitation de St-Giorge estant
trop petite et incommode pour tel exercice, ces Messieurs s'of-
frirent de louer pour cela an grand magasin fort clair, au coing
de la rue de St-Giorge, de notre môme côté en allant à St-Pierre.»
Informé des fruits spirituels donnés par les missions des Ca-
pucins, le Roi Louis XIII, en 16S7, leur assigna la pension al-
louée jadis, par François 1", aux Observantins de Terre Sainte.
En 1628, le 22 juillet, il leur délivra une patente signée, au
camp devant La Rochelle, déclarant que « les capucins étaient
placés sous sa protection spéciale, et que les Consuls français
les pourraient loger, nourrir et admettre pour leurs chapelains,
excepté ès-saints lieux, oii lesdits Pères Cordeliers ont des mo-
nastères ou couvents de plusieurs religieux. » Ces patentes
furent renouvelées, confirmées et étendues le 22 février 1644,
le 17 mai 1675, le i"' mars 1724, etc. Les documents authen-
tiques sont conservés dans les archives de St-Louis de Péra :
ils ont été publiés, en partie dans V Histoire des Missiojis ca-
pucines, du T, R. P. Rocco da Cesinale, (Mgr Rocco Cocchia,
archev. de Chîeti).Par d'autres lettres patentes du 17 août 1718,
renouvelant des patentes plus anciennes, une pension de 12,000
livres, dont 6,000 pour les missions du Levant, fut constituée
aux missions de l'Ordre, sur les gabelles du Languedoc.
La maison dont il a été question plus haut, < en arrière de
l'église St-Georges, étant trop petite, le R. P. Joseph de Paris,
ministre d'état, envoya à M. de Gésy, l'ordre d'acheter, « au
nom du Roy, comme étant acquis et payé de ses deniers, pour
l'avancement des œuvres de Capucins, la maison de Stefani Pi-
ron, jointe à l'église de St-Georges. * Le premier Hudjet de
cette propriété futdressé en juillet ou'aotU 1U37, et déposé aux
archives de l'ambassade de France. Cette affaire traîna toutefois
en longueur par suite des créances de tiers sur le vendeur ; elle
fut portée en arbitrage devant le baile vénitien, Âloisio Con-
tarinî, et le représentant hollandais, Cornélius Haga, qui le
29 juillet 1637, rendirent leur sentence arbitrale, ordonnant la
r>' Google
— 294 —
remise de cette maison aux mains de M. de Césy. Un hudjet
pour cette maison dit qu'elle est située à Galata, au quartier de
Kysyp-Elias(?).
Les affaires de la guerre de Crète avaient motivé, le 18 mai
1650, le départ du « bail Soranzo, pour Venise, avec tous les
marchands vénitiens ». Le 3 novembre 1651 * les églises latines
furent butlées, (scellées) à l'occasion d'un vénitien que l'on
cherchait. Estant advertis que l'on avait bulle déjà celle de St-
FVançois, les Capucins retirèrent promptement le St-Sacrement
de leur église de St-Georges, et les ornements de la sacristie, ne
sachant pas ce pourrait arriver. Elles demeurèrent bullées
l'espace de dix jours, et ce fut le Woivode de Galata qui les
bulla.... lesdites églises furent débuUées au nom de M. l'am-
bassadeur de la Haye ; et MM. Roboly et Legrand qui avaient
été mis en prison le jour du bulland, pour le même vénitien,
ont été délivrés par sa dite excellence. »
Comme antérieurement les Jésuites, les PP. Capucins furent
chargés aussi de négociations tendant à l'union des deux églises
d'Orient et d'Occident. Le Père Archange des Fossés, dans un
de ses voyages, présenta au Hoi Très Chrétien une lettre du
patriarche de CP. < suppliant 8a Majesté de se rendre protecteur
de l'Église d"Orient ; et remit en créance sur ledit Père de dire
à Sa Majesté l'état de ladite église ; à quoi satisfaisant, il a assu-
ré S. M. que ledit patriarche est entièrement orthodoxe, même
à l'égard du Pape et du St-Siège. » Le Père Archange se rendit
aussi à Rome, pour informer le Pape des bons sentiments dudit
patriarche. Puis il revint en Levant pour achever sa mission '.
Le Sieur Torsia, en 1652, le 8 août, prévientle H. P. Thomas
que la Comunità écrivait à la Sacrée Congrégation pour sollici-
ter son élévation à la charge de vicaire patriarcal-.
Gomme nous l'avons vu déjà, «ne cérémonie spéciale réunis-
sait toute la Latinité pour la commémoraison des morts. Le
I Archives des Capucins. Mémoire au sieur de la Haye Vantelet, ambas-
sadeur en Levant. Ce patriarche était probablement Cyrille de BSrée, pa-
triarche pour la troisième fois, et qui succéla à Cyrille Lucaris, lora de aa
deu.^i6me déposition; il fut lui-mâme déposé et exilé en 1639. 1^ successeur
de ce dernier, Parthénios, conrlanina en concile les doctrines calvinistes de
Cyrille [.ucaris.
' Le F. Thomas, Cuslode, est inscrit sur la pierre tombale des Capucins,
mort de peste en 167L
r>' Google
— 295 —
3 novembre 1653, t le B. P. Thomas, pro-vicaire patriarcal,
alla otncier aux sépultures de morts, assisté des carés et de leurs
religieux, qu'il laissa aller prier sur les tombes des particuliers
et se retira. Ils étaient venus à St-G-eorges le prendre, mais il
était déjà parti, les curés et autres religieux attendirent le
P. Thomas à la porte de l'ambassade où il était, et allèrent tous
en compagnie aux dits sépulchres. t
€ Le 29 du même mois,premier dimanche de l'Avent, M. l'am-
bassadeur vint ù St-Georges, comme il sonlaît aller à St-Fran-
çois, quand le vicariat y était. Les religieux de St-François, St-
Pierre et de Sle^Marie, tous venus pour aider au P. Tiiomas à
clianter une messe haute, et ceux de St-Prançois avaient appor-
té des dalmatiques violettes. Le Père Robert de Vantelet y prê-
cha en français à toute la nation, >
Comme St-François, St-Pierre, Ste-Marie, Ste-Anne, St-Sè-
bastien et 8t-Jcan, l'église de St-Georges fut détruite, dans
la nuit du 10 au H avril 1660, par le feu c qui dévora pres-
que toute la ville de Galata ' ; et mesme année fut ladite église
rebasiie en forme de grand magasin, avec des chambres au-des-
sus pour oster tout soupçon que ce fnst une église ; mais se
doutant bien qu'avec le temps, ledit magasin serait converti en
église, tout le bâtiment fut jeté par terre, et fut conQsqué au
grand-seigneur et par luy fait vacouf. Puis, la mesme année, la
place de ladite église fut achettëe par un Turc, pour y bastir; et,
en échange d'icelle, il en donna une autre à la mosquée qui es-
toit plus à l'avantage d'icelle mosquée ; ledit Turc vendit encore
une partie de ladite place à un juif, qui y bastit une maison et
le reste demeurant en cour, sans être b&ti^. >
I Archives des RR. PP. Cajmcina.
» Danason Thi'ûtre de la Turquie, Paria, 1686, p. 28<,in-4-, Michel FebTM
rapporte ce fait, dans une de ses parljea Beuleinent ; mais il dit avec exacti-
tude que, ■ si une églite vient à se brûler, les Turcs s'emparent du fond,
c'est-à-dire du lieu sur lequel elle estoit bastie, en sorte que les religieux ou
les chrétiens auxquels elle appartenait ne peuvent plus rieu prendre A cet
espace :ie terre qu'elle occupoit, ny le joindre à un jardin ou k une court, à
moins qu'on ne le rachelte d'eux. .1 St-Georges fut dans ce cas, et il eo fut de
même, plus d'une fois, pour St-Françoia comme on l'a vu plus haut.
On peut consulter sur la conservation, la réparation ou la construction des
églises en pays ottoman notre Étude sur la propriété, p. 97; comme anasl
lea dis|>ositions di Khatti-bummaium de 1586, modiSant l'ancienne jurispru-
dence, tout en maintenant les principes.
çGoogle
On lit au sujet de cet incendie, dans un mémoire MS. de l'é-
poque : < le cinquièsme de may, jour que les Capucins de St-
Georges faisaient l'office de St Georges, parce qu'il était trans-
féré, et que tous les autres faisaient l'office de St Marc aussi
transféré, le feu a pris la maison du pâtissier qui demeurait au
pied de la mosquée de Top-hana, avec le vent de tramontane
très violent, environ une heure et demie devant minuit, dans le
temps que l'on faisait des réjouissances pour la première allé du
GrandSeigneur Comme le vent était de tramontane, et que la
mosquée de Top-hana était au-dessus du vent, elle n'a point été
brûlée; mais le feu s'est étendu avec tant d'impétuosité,tout d'un
coup, que environ en vingt heures de temps, tout Galata a été
brûlé. C'était capable de faire verser des larmes de sang, voyant
cette si grande ville réduite en si peu de temps dans un état si dé-
plorable, qu'il serait impossible avec toutes sortes de bombardes
d'en pouvoir faire autant. On avait beaucoup de soin des hautes
maisons au-dessous du feu ; mais cela n'empêchait pas que le
feu ne prit partout par les charbons qui volaient de tous côtés, i
M. de Nointel, parti pour Constantinople en 1670, avait pour
instruction c de demander, en premier lieu, que les Capucins
français qui sont à Constantinople pussent relever leur église
que le feu avait entièrement consumée'. > La négociation abou-
tit heureusement, comme le constate l'art. 42 des Capitulations
de 1673, ainsi conçu : ( On n'inquiétera pas les deux Ordres de
religieux français à savoir les Jésuites et les Capucins, sur les
églises qu'ils tiennent en Galata, depuis longtemps.... et, parce
que l'une de ces églises a été brûlée, nous permettons qu'elle
soit rebâtie à son premier état, et au pouvoir des Capucins... »
Cet article c assurait aux Jésuites et aux Capucins la possession
perpétuelle de leurs deux églises de Galata. * L'ensemble de ces
dispositions fut considéré d'une telle importance que les docu-
ments contemporains les qualifiaient de f rétablissement de la
foi catholique dans l'empire ottoman^. >
" Chardin, Voyage». I, 47 ; d'Arrîeux dit, de son côté (Mémoire» IV, 490) :
■ On poursuivait, auprâa du grand lei^eur, dans le temps que j'y étais, le
rétablisBement de i'égliie de St-Georges dee Capucina. •
' Cr. d'.'Vrvieux, MUmoire», IV, 395 ; Chardin, I, 63 ; de* Tmilfa et Jet «J-
pitulation» de la France en Orient, p. 1£0. Les capitulations de 1740 ont re-
produit, art. 35, l'art. 42 de 1673.
r>' Google
— 297 —
Les Capucias rachetèrent, pour 3600 piastres, les terrains ac-
quis « par le turc et par le juif > dont il a été parlé ; et, le 3 oc-
tobre 1675, OD commença la reconstruction de l'église ; elle de-
vait avoir trois nefs; mais les cintres ayant été enlevés trop
précipitamment, la moitié des voûtes s'écroula ; et ce ne fut
qu'au mois de juin 1676, que M. de Nointel obtint une nouvelle
autorisation pour réparer la bâtisse éboulée ' ; l'église fut cou-
verte le 10 août suivant; et le 6jaavier 1677, < fut rebenitte"^
par Mgr Ridolfi suffragant et vicaire patriarcal de Constantin
nople ; et la première messe par luy célébrée pontiâcalement, en
présence dudit sieur ambassadeur de Nointel et du bail de Ve-
nise, le sieur Morosini, avec un très grand concours de peuple.»
Ce fut le dernier office pontifical célébré par cet évêque, qui
mourut le 15 avril.
On a pu voir, jusqu'à ces dernières années, au-dessus et £i
l'extérieur de la porte d'entrée du temple, donnant sur la rue,
gravée eu lettres d'or, sur un marbre noir, et relouée mainte-
nant dans un coin de l'église, l'inscription suivante, constatant
c^ faits :
ANNO REPARAT^ SALOTIS 1676, TEMPLUM HOC JAMPRIDEM D.
QIORQIO MARTYRI DICATUM INGENDH GENERALIS BX PARTE SUPEHSTES
EXOTAVrr INCLYTOM NOMEV LUDOVIGI XIV SEUPEB AUGUSTI ; DE-
VASTATOS FLAMMARUH VI PAFUBTES EREXTr RE01S CHRISTIAN ISSIMl
SUPREMA MAJESTAS; PRISTIN*: STRUCTURE: NOVDM DEÇUS ADDIDTr
INGENITA PIETAS REGIS BCCLESI^ PRJMOGENITI ^ ; DIE VOGATIONI fiEN-
TIUM SACRO, OB REGIS REGUU ADORATIONEM A REOIBUS EXPIJRGARUNT
HANUS POSTIFICtE ANNO 1677. BEGIO PATROCINIO REOIS A DEODATI
SDFFULSrr ET GORROBORAVn OCOLATA PRUDENTIA EXfiELLESTISSIMl
CAROLI PRANCISa OLIER, MARCHIONIS DE NOINTEL, REGH ORATORIS,
DJNOVATIONE INITI POEDEBIS CAPTruLUM, JAM DJDÈ A 55 AXMS INTER-
BUPTA, EGREGII;M PIGNUS PIETATIS REGI£ NEC NON ET RELIGIONIS
' La tloria ilelle MUtioni ilei Cappunfiini, rapporte la version italienne
d'un firman qui parait répondre à la nouvelle autorisation dont il est fait
mentiou ici, mais le savant auteur donae pour date de ce document » Andri-
nople, 1676.
• Cf. ci-aprèa g St-Pierre.
' Le titre de fiU aîné île l'Églite remonte aux premier! temps de la monar-
chie française ; il fut solennel le ment reconnu par le traité de Pise du tZ fé-
vrier 1664, conclu entra le pape Clément IX et Louis XIV,
çGoogle
Avrr.t: au ipso pathibcs GiPucaMS pbovinci£ parisiensis missiona.-
RnS APOSTOLir.IS RESTlTtrrUM ' .
D'après le témoignage du P. Rocco da Cesinale, (Nfgr Fr. Roc-
co Cocchia, arch. de Chieti, loc. lattd. III, 158.) qui rapporte la
version italienne du flrman précité, et la réponse pontificale qui
y aurait été faite (?), sultan Mehemraed IV aurait écrit au Sou-
verain Pontife, en 1678, pour assurer sa Sainteté de sa bien-
veillance envers les Capucins.
Le 13 avril 16B8, la Sacrée Congrégation ordonna au Vicaire
patriarcal de ne faire aucune innovation dans le couvent de St-
Georges. Le prélat avait occupé le jardin et voulait y faire des
changements : l'ambassade de France s'y opposa, porta plainte
à Rome et enfin eut gain de cause.
L'incendie de 1696, qui consuma St-Benott et St-François,
détruisit seulement le couvent de St-Geoi^es ; l'église fut sau-
vée ; mais, dans l'incendie ultérieur du 21 juillet 1731, le cou-
vent devint encore la proie des flammes, et la sacristie fut aussi
détruite; ils étaient rebâtis à la fin de l'année, comme le cons-
tate l'Inscription suivante, placée dans le couvent, et rapportée
par Carbognano - :
HOC r>E\0BIUM DIE KXI iCLH ANNO HEP. SAL. HDGCXXX.T INCENDIO
PE^ITUS COSSUMiTUM EXCELLENTISSIMUS LUDOVICUS SALVATOR MAR-
CHIO DE VILLEMEOFVE REfH A SANCTIORIBUS CONSIUIS NEC NON APCD
AHMED m ET MAUUOUD TURfi, l.MP, LUDOVICl XV QALL. IMP. CHRISTIA-
NISSIMI LEQATUS, RELIGIO.NIS IN PABTIBUS ORIENTIS I>EFENSOR, CAPOQ-
NORUM lîENEFJCËNTISSIMUS ET VIGILANTISSIMUS PROTE(,T0R, TUTIORI
ELEGANTIORIQ. MODO PR^ EDIFIGARI (ilTlSSIME HtOT.URAVrT ; CUJUS
TANTIQ. IIEN'EPICH MEM0HIÎ3 REM POSTERITATI M4XDAVERB, DIB IH
UART. MUCCXXXll.
Cependant le couvent de St-Georges n'était pas resté long-
temps le principal établissement des Capucins à CP. Dès 1636
1 Cette pierre et celte plact^e intérieurement dans le couvent en mémoire
de la cession do cette église aux Pérès Bosniaques, sous l'internonciature
du Elaron de llruck. ont été encastrées dans la muraille, derrière le niultrs-
» Lin-, liiiil., p. 37. En 1730, la nation française avait attribué une alloca-
tion annuelle aux Capucins. {Urgintre* 'Ici délibérât, nation.)
çGoogle
ils avaient act^uis dans les Vignes de Péra le terrain sur lequel
se trouve encore aujourd'hui le couvent et l'église de St-Louis
de Péra. Comme ils étaient chargés de tout le service religieux
de l'ambassade de France, ils avaient dû suivre les ambassa-
deurs ; mais ils n'abandonnèrent pas pour cela la station de St-
Georges. Un rapport adresséà la Sacrée Congrégation, en 1745,
par le P. Custode, et conservé dans les archives des Capucins de
Smyme, nous dit, en ces termes, (juel était à cette date son état,
et à quoi s'occupaient les religieux, qui l'habitaient.
t La Mission de St-Georges est située à Galata de CP. au mi-
lieu de la rue qu'habitent tous les marchands, Français, Véni-
tiens et quelques Arméniens, appartenant au rite catholique.
Elle est très utile à tous parce que, depuis l'aube jusqu'il dix
heures, et le dimanche, jusqu'à midi, on y dit continuellement
la messe, et on y entend les confessions en français, grec, ita-
lien et arménien. On y prêche tous les jeudis de carême, en
français ou en italien ; tous les dimanchâs et fêtes on y chante
les vêpres et l'on donne la bénédiction du T. St Sacrement. I^es
troisièmes dimanches du mois, quaiid la persécution contre les
Arméniens catholiques n'est pas trop grande, on expose le T. St
Sacrement et l'on prêche en arménien, pour la confrérie du
Purgatoire établie dans cette église. Tous les quatrièmes di-
manches du mois, à cause de la confrérie, on expose la relique
de St Hoch, avant la messe conventuelle, après on fait la pro-
cession du T. St Sacrement et on donne la bénédiction.
( En outre depuis quelques années, on a établi auprès de cette
église, un collège de Jeunes gens des langues, de Naples, qui
doivent être instruits et formés à la pratique des langues fran-
çaise, latine, italienne, turque, grecque et arménienne. Ce collège
qui fonctionne ad instar de celui de St-Louis, est destiné k
fournir des drogmans et interprètes pour le service du roi des
Deux Siciles.
ï Enfin on fait encore, toute l'année, la classe et le catéchisme
à tous les petits enfants, français, italiens, grecs et arméniens.
Avec toasces moyens, je puis assurer à Vos Éminences que les
conversions sont nombreuses, de (îrecs et Arméniens schisma-
tiques, qui passent au rite latin après avoir fréquenté notre
église. Dans l'intervalle de leurs travaux les Pères assistent aussi
les malades. >
r>' Google
Nous avons reproduit ce document parce qu^ k cette date
nous en possédons peu qui nous montrent les mlssioanaires à
l'œuvre, et nous disent leurs occupations.
En 1761, StrGeorges fut profanée, comme les élises des Jé-
suites et des Dominicains, par l'arrestation des Arméniens ca-
tholiques c[ui s'y étaient réfugiés et qu'on conduisit au bagne'.
Plus tard, M. de St-Priest, comme il le dit dans sa lettre du
6 novembre 1 769, au duc de Choiseul, eut l'idée d'établir dans le
couvent de St-Georges un iiôpital pour la marine marchande
française ; on aurait payé aux religieux un loyer de 300 piastres.
€ D y avait k cette époque jusqu'à soixante-dix navires français
dans le portde Contantlnople. t
En 1783 les Capucins, dont le droit de propriété sur leur
église était établi par le rachat qu'ils avaient fait du terrain
(en 1675,) vendirent cette église à Mgr Fracbia, vicaire-aposto-
lique de Constantinople, pour compte de la Propagande. St-
Georges devint alors la résidence de Tévêque suffragant et de
son clergé séculier, ce que constate l'inscription suivante, rap-
portée par Carbognano ^ :
D. 0. M. DIVO GIOEGIO M. niCATUM TEMPLDM USA CUM ADNEXIS SIBI
£DIBUS OLIÎif HR. PP. UiLLIGE NATION, CAPUCINORUM EFFICACISSINEA
MEDIATIONS ET OPERA EXCELLMI D. EMMANUELÎS FRANGISa COMITIS DE
8. PRIBST REGIS GHRISTIANISSIMI Al) POBTAM OTHOMANAM ORATOmS
PER SAC. CONGREQ. DE PROP. FIDE ANNO REPARAT* SALUTIB
MDCCLXXXIV SUB EJUSDEM UAJBSTATIS TUTELA ET PRESIDIO IN PERPE-
TOUM REMANSUBUM NUMERATA PECONIA COMPARATUM FUIT.
La vente du couvent de St-Georges excita un certain étonne-
ment parmi les Sdèles, on peut cependant en donner les raisons.
La première était les dettes que les Capucins de la Mission
avalent dû contracter pour la reconstruction de leur église de
Smyme, la S. C. de la Propagande leur avait avancé de l'argent
et tenait à rentrer dans ses fonds. La seconde était le désir sou-
vent formulé par les Vicaires patriarcaux d'avoir une église et
une maison à eux, sans être obligés d'aller en demander à des
religieux ; la troisième était la difiîculté que commençaient à
< Hammer, XVI,
^ L<K. laud., p. 56.
çGoogle
— 301 —
trouver les religieux à recruter de nouveaux missionnaires, de-
puis les ordonnances de la fameuse commission des réguliers,
en 1768.
Les Capucins touchèrent 32,000 piastres pour prix de leur
couvent, et l'archevêque eut sa catliédrale et sa maison. On ne
tarda pas néanmoins k en chercher de plus commodes, et, en
1802, Mgr Fonton se transporta à l'église de la T. Ste Trinité.
Jusque sous l'épiscopat de Mgr Htllereau, certaines solennités,
auxquelles assistait l'ambassadeur avec les deux députés de la
Nation, et, plus tard, ceux-ci seulement, étaient célébrées par le
Vicaire apostolique à St-Georges, notamment le Te Deum de
tin d'année.
Sur le sol de l'église, on remarque différentes pierres funé-
raires, parmi lesquelles celle qui recouvre la sépulture de
Mgr Frachia, à gauche et en dehors du chœur, côté de l'évan-
gile ; en voici le texte :
D. 0. M. FRANaSCUS ANT0NIU8 FRACHIA, GONQREG. S. J. BAPTISTa;,
ARCHIEPISCOPUS THEODOSIOPOLrTANUS, VKIAR. APOSTOLICUS CONSTAX-
TISOPOL, RELiniO>aS ZELO HIISOUTATE PIETATE OMNIUMQUE EGREGII3
VIRTUTUM OFFirjIS CELEBERRIMUS SEMPER PAÏENS NUMQUAM EXCTOENS
MAGNAS EMENDICATAS 01*1S EXl'LENDO EGESTAT13 SUBSIDIO EROQAVIT
PAL'l'ERmUS, PLTILUS VIDUIS CUJU3 STUDIO ET OPERA D. GIORGIO M.
DKIVTUM TEMPLUM SIBI SUISQITE l'OSTERIS DILEC.TOOt^ SUO GIPJIO COM-
I'AR.4T(IM FUIT, VIXIT ASXOS 73, TA.\DEM DIL'TLllO (sic) MOltBO PA-
TIENTISSIME TOLERATO ANNO A PARTL- VIRG. 1795 II KAL, NOV. EJU3
DE MANDATO. H. O. E, ',
En outre de cette pierre, on voit celles de Jean-François Ro-
boly, négociant, chargé des affaires de France en 16C0, jusqu'à
la venue de M. da la Haye, prédécesseur du marquis de \oin-
tel : 11 mourut en 1689. Celle de la femme de Jean-Baptiste
Fabre, premier député du commerce, chargé des affaires de la
nation, en 1685, jusqu'à l'arrivée de M. De Girardin, en jan-
vier 1686; enfin celle de Meynard, chargé des mêmes fonctions
en 17.. (pro regenostro galllco, régente...)
■ Deux barrettes sont nuspendues à la voûte du chœur : l'une est celle da
MgrFTaobia ; l'autre, celle de Mgr Pecora, son coadjuteur et auccesseur,
décédé à Galata, le 28 février 1796. (V. notre Compte-rendu '.du cimet. cath.
latin, 1867, p. lU.)
r>' Google
Après le départ du Vicaire patriarcal pour Pèra, l'église St-
Georgesfut desservie avec plus ou moins de régularité, par des
prêtres séculiers désignés par le vicariat.
En 1853, le vical-iat apostolique de Constantinople a vendu
l'église St-Georges auit Mineurs-Observantins bosniaques. Une
inscription latine, appliquée dans la muraille, à l'enti'ée de la
petite habitation que les PP. Bosniaques se sont réservée, cons-
tate que cette église a été réparée en 1854, sous le régne de
S. M. sultan Adul-Medjid, et par les soins de M. le baron de
Brnck, internonce d'Autriche à Constantinople.
Le courent fut acheté en même temps et transformé en hô-
pital, destiné principalement aux malades de la marine Austro-
Hongroise.
Mais cette destination du couvent de St-Georges ne dura pas
longtemps, en 1882 les Pères Bosniaques le cédèrent aux prêtres
de la Mission (Lazaristes) qui y ont établi une œuvre allemande.
L'hôpital autrichien a été transféré ailleurs.
Près de l'autel de St-Georges se trouve encore l'Aiasma, ou
puits sacré, à l'eau duquel les gens du pays attachent une vertu
particulière, et miraculeuse. Ils y viennent surtout en grand
nombre le jour de la fête de St-Georges.
La confrérie de St-Roch qui existait dans l'église de S-Georges
fut transférée à St-Pierre. Elle est peu à peu tombée, et il n'en
reste de souvenir qu'un plateau d'argent qui servait aus quêtes
des confrères.
La confrérie des Ames du purgatoire qui y avait été établie
en 1738, fut unie à celle du même nom qui existait à St-Louis.
L'église de St-Georges possédait quelques reliques précieuses,
de Ste Irène, de St Georges, de St Joseph de Léonissa, et enfin
de St Roch. On n'en conserve plus que les authentiques.
su-
sT-ix)i:is (paroisse de l'ambassade de France.)
Le mouvement qui poussait la population latine vers les
hauteurs de Péra avait commencé de bonne heure, mais il s'ac-
r>' Google
centua sensiblement quand les ambassadeurs des puissances
chrétiennes, se trouvant trop à l'étroit dans les murailles de
Galata, s'y construisirent des demeures, simples d'abord, en-
suite véritables palais. Dès avant 1635, nous voyons une assez
grande quantité de maisons t dans les vignes de Péra. » Les
ambassadeurs avaient amené avec eux leurs cours fort nom-
breuses, ils y attirèrent en même temps un cortège d'autres lia-
bitants, désireux de vivre tranquilles h. l'ombre de leur protec-
tion. Mais les églises n'étaient pjis aussi faciles ;"i transporter ou
à construire que les malsons : les capitulations garantissaient,
il est vrai, l'existence de celles qui étaient à Galata an moment
delà conquête, 1453, mais elles défendaient en même temps
d'en construire de nouvelles. Il fallait cependant pourvoir aux
besoins religieux de la population de Péra : les Capucins furent
les premiers à s'y établir, et leur église de SI^Louis est la plus
ancienne de toutes celles que nous y voyons aujourd'hui.
Cet édifice religieux fut le premier qui ait été placé, il Cons-
tantinople, sous l'invocation du saint roi, dont le nom, en
d'autres temps, eut un si grand retentissement dans les contrées
de l'Orient, et que les historiens orientaux désignent eux-
mêmes par le titre de Melik elafrendj i le Roi des Francs, » el
Francis < le Français, » ou même Ré dé Frans s le Roi de
France'. »
La liturgie du diocèse de Paris (prose des vêpres de la fé-
rié) retrace, dans une éloquente brièveté, les hauts faits de l'il-
lustre guerrier chrétien- :
f Saint monarque ! la gloire de Dieu t'appelle k de nouveaux
combats ! Tu vas porter la guerre aux infidèles, sous l'étendard
de Jésus-Christ; la Croix est le gouvernail de tes vais-seaux, la
sainte espérance en est l'ancre inébranlable ;
< En mourant, tu triomphes ; la mort t'enlève, mais en même
temps t'assure la victoire \ avant même la sépulture, ton corps
est couvert de lauriers I... Mais le Ciel te réserve un triomphe
bien plus glorieux : les astres forment ta couronne.
c Tes cendres rendues à la patrie seront pour elle une égide ;
'Cf. Historien* dex croita'le» : Kitdd latail-ulaJthbâr, An mon ms.; A-
botd-fida, éd. deConstantinople, III, p. 189.
* « Te sancte rursus Ludovice pnelia, etc.*
,dbvGoogle
et pendant que ton ftme, au milieu des lis immortels, repose
dans le sein de Dieu, tes regards bienveillants ne cesseront de
protéger la Gaule ! »
L'hôpital de St-Benoit parait n'avoir été placé sous le même
vocable de St-Louis qu'en 1697.
Dès l'avènement de Louis XIII, M. de Salignac, (on l'a vu au
chapitre v, St-Benoît,) avait fait célébrer la f&te de St Louis
f avec grand appareil, comme solennelle pour la nation fran-
çaise. »
"Le renouvellement du vœu par lequel Louis XIII plaça la
France sous la protection de la sainte Vierge (1638) fut-il célé-
bré le 15 août de chaque année dans la chapelle nationale de
St-Louis ', comme cela se pratique encore de nos jours dans la
mère-patrie, ainsi que l'attestentles deux dernières strophes de
la prose de la messe du jour (liturgie du diocèse de Paris) ?
Ad Deum ut adeant
Per te vota transeant ;
Non fas matrem rpjici,
Aniel tuam Galliam ;
Régi det justitiam,
flebi pacem supplici !
Voici maintenant comment s'établit, d'après les Mémoires des
Capucins, la première habitation de ces religieux à Péra, où se
trouvaient les ambassades. Les Jésuites ayant été chassés de St-
Benolt s'étaient réfugiés auprès de l'ambassadeur de France,
M. deCézy,alors àBujuk-dèrè, à cause delà peste; mais lorsque
les deux PP. Jésuites, qui étaient seuls tolérés à CP., purent ren-
trer à St-Benolt, le 14 juillet 1628, ils furent remplacés auprès
de l'ambassadeur par deux Capucins, qui commencèrent ainsi à
remplir les fonctions de chapelains de l'ambassade de France.
La peste terminée, ils rentrèrent h Péra avec l'ambassadeur.
' La procession du va'U de Louis XIII avait lieu Bolennellement au coaau-
lat de France d'AIep, en 1681, selon le rapport du chevalier d'Arvieu-i, con-
signé dans aes Mémoirat (VI, 177), lequel reproduit le texte entier de la
Dêrlaration. du roi Louis XIII, par laquelle il met ton i-o'jaiimc toiia la
protection, de la trft-tain.te Vierge. Avant la procession faite pour cette so-
lennité, le consul d'Arvieux faisait lecture de cette Déclaration à la nation
assemblée. Jusqu'à 1930, cette procession, à laquelle la famille royale assis-
tait, se rendait solennellement de l'église St-Germain l'AuJterrois, de Paria,
à l'église métropolitaine.
r>' Google
— 805 —
Or l'école des Capucins à St-Georges étant mal commode et
éIoi;;née, c MM. de la Communauté des Péraux > demandèreot
au R. P. Archange des Fossés d'en ouvrir une autre dans leur
voisinage. Le supérieur se rendît à leurs instances, et comman-
da au P. Ttiomas de Paris et à son compagnon, qui étaient au-
près de l'ambassadeur, d'ouvrir une école près du logis de
France. « Pour ce sujet, disent les archives de St-Louis, (Re-
gistre I, f. 5.) ils prirent k louage une vieille maison qui appar-
tenait à la Signora Subrana, à 30 piastres par an, que la t Co-
munità» paj'ait, et tous ceux de ce quartier se cotisèrent de
sorte qu'ils dépensèrent 40 piastres pour, accommoder ladite
eschole et trois chambrettes de planches au-dessus. Le jardin
de ladite maison aboutissant au logis dudit aml>assadeur, on y
fit une porte de communication. »
« Le P. Thomas ouvrit l'eschole et y vinrent les enfants, peu
de temps après Pâques 1629 j mais il n'y eut pas d'abord de
chapelle ; les Pères allaient dire leur messe à St-Georges. L'es-
chole devint nombreuse, d'enfants des premières familles de
Péra, les parents voyant les progrès des enfants, non seulement
dans les bonnes lettres, mais dans la civilité et dans la pratique
d'une vie vertueuse et chrétienne. »
Les RR. PP. Capucins acquirent en 163'i, à Péra, l'emplace-
ment dit Cahona, agrandi en 1651-52, par d'autres achats, où
se trouvent actuellement la chapelle St-Louis, le couvent des
Pères et des maisons particulières, propriété du couvent; le
tout formant un ilôt, enclos et fermé, sis au-dessous de !a léga-
tion de Hollande, et à droite de la cour d'honneur du palais de
l'ambassade de France, en venant de la grand'rue de Péra.
La première acquisition, faite par M, de Marcheville, am-
bassadeur de France (de 1631 à 1634), donna lieu à la rédaction
d'un hudjet, passé au mehkèmè do Cassim-pacha;, au nom de
l'amba-ssadeur de France, Henri, fils de Renaut, (Marcheville,)
pour un emplacement Mulh, sis hors de Galata, an quartier dit
Serai, (Galata-séraï',) en 1031=1651, pour propriété mulk, de
1 DanB un hudjet racoaf de 1216 de l'bégire, remplacement de la rue de
Pologne cODligu à l'ambassade de France, est dit emplacement aia au quar-
tier Toûm-toàm, dans la capitale de Oalato fma/iroucU gkalatarla, loùm-
toàm. mahuUirindi kialn etc.) L* texte de ces documents se trouve dans les
archives de St-Louis. la version italienne a été imprimée dans la Sioria
délie miettonl dei Cappuccini, III, 9S.
r>' Google
Cocona, fille de Djiban, à Louis, drogman do France ; dans
un autre hudjet de 1056=1661, la Cocona, de qui les Pères
ont acheté leur propriété, est dite Cocona bînt Politî, fille
d'Hippolyte. Ce fut le couimencement de l'établissement des
Capucins à Péra.
Par Brevet royal du 14 juillet 1637, •/. le Roy, en considéra-
tion des fruits retirés de la mission des Capucins, et pour leur
donner le moyen de contribuer encore davantage à l'instructioa
et à l'édification du prochain, par l'ouverture d'une eschole où
l'on enseignerait k la Jeunesse ce qui est de la piété et de la
doctrine chrétienne, accorda aux Capucins, et leur fit don d'un
logement, qui est derrière un bastinoent nommé Château-Gail-
lard, en la Maison de P>ance, audit CP., lequel logement aurait
été employé ci-devant pour servir aux-dits Capucins; et qui
depuis, aurait été employé à d'autres usages, pour estre doré-
navant et à toujours ledit logement habité par lesdits Capu-
cins. » Cette donation fut confirmée par un autre décret royal
du 12 juillet 1638, donné à St-Germain-en-Laye.
Selon les remarques écrites de la main du P. Romain, une
< veuve Bon fit donation aux Capucins d'une petite maison
qu'elle avait, où fut plus tard bâtie la porte de la cour des
Jeunes de langues '. >
Peu à peu on fit dans la maison une sorte de chapelle, sur-
tout pour les enfants; mais ou la dissimula le mieux que l'on
put ; l'autel était dans une espèce d'armoire, fermant avec des
portes : on les ouvrait le matin pour la messe, on les fermait
ensuite, et la pièce paraissait Être seulement une école, i On ad-
mettait cependant les parents au service religieux qu'on y fai-
sait, ils étaient avertis de l'heure parles escholiers: > les choses
restèrent en cet état jusqu'en 1640.
Le mois de février 1642,les Capucins commencèrent à dire la
messe pour l'ambassadeur, dans une grande salle attenante à son
palais. (L'amba-ssadeur était alors M. de la Haye de Vantclet.) La
communauté n'était pas nombreuse : jusqu'à l'incendie de 1660,
elle ne se composait que de deux religieux, mais après le dé-
sastre subi parSt-Georges.Ies deux familles se réunirent àPéra,
et il semble que dès lors cette maison devint la première de CP.
I Ltltre de M. de St-Priest à U. le duc de Choiaeul, ti août 1774.
r>' Google
— 807 —
II fallait donc l'agrandir. En 1653 on arait acqnù la portion
de jardin enfermée entre f la salle du Roy et la fondation
royale » : en 1659, 1673, 1731, on Qt de nouveaux achats, mais
non sans peine et sans de grands embarras. Les religieux ne
pouvaient ordinairement acquérir par eux-mêmes, il leur fallait
se servir d'intermédiaires, et ces derniers n'étaient pas toujours
bien fidèles. Les archives des maisons religieuses sont remplies
de pièces relatives aux procès qu'on dut intenter à ces procu-
reurs pour se faire rendre justice. Le SI décembre 1729, les Ca-
pucins échangèrent une partie de leur jardin, joignant la cban-
cellerie, contre divers bâtiments et dépendances que le vicomte
d'.\ndressel avait fait construire à Belgrade ; et le 29 dé-
cembre 1733, ils acquirent un terrain avec bâtiments et ameu-
blement de maison de campagne dans la même localité. D'après
un budjet, passé au mehkèmë de Galata en 1134=1731, une
partie de cet immeuble était destiné à l'habitation des c Jeunes
de langues. >
Ce fut peu après 1660 que l'on bâtit l'église de St-Louis: la pre-
mière épîtaphe que nous y remarquons est celle de M. l'abbé de
Nointel, frère de l'ambassadeur, mort en 1773. Ce n'était d'a-
bord qu'une longue salle, dit le Père Romain : il y ajouta lui-
même les bas côtés, en 1736 : enfln du temps de M. des Âlleurs
fils, (ambassadeur de 1747-1755), il la reconstruisit presque en
entier, ce dont il rend compte en ces termes : * toute la dépense
de cette réédiScation s'est trouvée dans la charité des fidèles, et
surtout de M. le comte des Alleurs et de Madame l'ambassa-
drice... le peu qui a été fourni, soit de la part du Roy, soit de
celle de la Nation, n'a été qu'à titre d'aumône.... la dépense a
monté à plus de 9240 livres. >
Le chevalier d'Arvicux cite la chapelle du palais de France
à l'occasion du Te Deum que M. de Nointel y fit chanter, le
21 juillet 1672, à propos de la naissance d'un second duc d'An-
jou et des grands avantages que le roi avait remporté sur les
Hollandais, c Tous les religieux s'assemblèrent dans la grande
salle du Palais ; les nations amies s'y rendirent aussi et firent
leurs compliments. L'évèque latin de la ville y voulait assister
pontiiicalement ; mais le Père Michel-Ange de Paris, capucin,
cbapelin et aumônier de M. l'ambassadeur s'y opposa et ne vou-
lut jamais se relâcher de ses droits vrais ou prétendus, quelque
r>' Google
chose qu'on pnt lui dire. Il officia donc dans la chapelle du pa-
lais de France, et l'évèque ne si trouva pas. Le chant du Can-
tique fut accompagné de cinq décharges de vingt-cinq boëtes.
chacune, que l'on tira dans le boulingrin du palais '. >
Le désaccord entre les Capucins et le Vicaire patriarcal ne
dura pas longtemps cette fois, car nous voyons Mgr Ridolû ve-
nir bénir solennellement la chapelle de St-Louis, le 35 août
1673, le jour de la fête du Saint. Elle fut alors déclarée « cha-
pelle ministérielle >. L'ambassadeur de France (sans doute
M. de Nointel.) avait pu obtenir un Ûrman pour l'ouverture de
cette nouvelle église.
Le gouvernement français qui avait spécialement encouragé
l'établissement des Capucins français en Orient, pour le déve-
loppement de l'instruction, songea, sous Colbert, à tirer un
profit pratique de cette institution, pour le service de l'État. Un
arrêté du Conseil royal du commerce, en date du 18 novembre
1669, décida que, tous les trois ans, on enverrait au couvent
des Capucins, à Constantinople et à Smyrne, six Jeunes de lan-
gues: le 31 octobre de l'&nnëe suivante, le Conseil d'état, en
confirmant cette décision, résolut l'envoi annuel de six Enfants
de langues pendant trois années de suite dans les mëmea
échelles 2. Puis le 7 juin 1718, le Conseil du Roi fixait à
douze le nombre des Jeunes des langues, entretenus à GP ^.
Ces jeunes gens furent établis, dans le principe,dans une partie
du hÂtiment donné par le Roy aux Capucins, et qui servait en
même temps pour la communauté des Pères. En 1673, un corps
de logis spécial fut construit par les soins de M. de Nointel,
pour l'habitation des Jeunes de langues, sous le nom de « Col-
lège des Pères Capucins de St-Louis. > Les Jeunes de langues
changèrent plus tard de domicile, ils se trouvaient en dernier
lieu dans la partie du couvent qui avait été aménagée en cel-
lules après le dernier incendie de 1831. (Elle a disparu dans la
reconstruction de 1880). Noua ne pouvons suivre cette institu-
tion dans toutes ses péripéties, nous relevons seulement quel-
• Mémoires du Chevalier d'Arvieux, loc. laud. iv, 434.
* Le R. P. Kocco rapporte la vereioa italienne de l'ordonnance de St-Ger-
maln-eu-Laj'e.
3 Noua donnons ici les dates fournies psr M. Declerc, guide des consulats,
elles digèrent un peu de celles données par les archires des Capucins.
çGoogle
qoes chiffres : du 10 juillet 1710, au 1" janvier 1726, le collège
des Capucins a fourni au service du Roy et de la Nation, qua-
rante trois Jeunes de Langues, pour la très grande majorité
française, parmi lesquels on trouve Ctiarles Fabre, 1716, Charles
Fonton, 1717, Antoine Ruffin, 1718, Jean Michel Vanture, 1718,
Augustin Fonton, 1734, Antoine Dantan, 1723. En 1736, les
Capucins reçurent ofGcielIement de M. de Maupas la direction
du collège des c Enfants de Langues à Constantinople, » et
leur chapelle fut entretenue aux frais de la Nation.
€ Le jeudi 16 mars 1684, M. de Guilleragues, fit célébrer,
pour le repos de l'âme de la reine, un service funèl)re dans la
chapelle du palais de France, desservie par les RR. PP. Capu-
cins de la Province de Paris : toute la chapelle était tendue de
noir, depuis le haut jusqu'en has, le tout couvert de plusieurs
écussons aux armes de la Reyne (Marie-Thérèse d'Auh-iche,
femme de Louis XIV). La représentation qu'on avait élevée
vers le bout de la nef était couverte d'un drap mortuaire char^fé
de deux grands écussons aux armes de la Reyne, et brodé de
larmes et de fienrs de lys, or et argent; au-dessus se trouvait
un carreau avec la couronne d'or couverte d'une crêpe. La messe
fut célébrée par le vicaire patriarcal, et M. l'ambassadeur fut k
l'offertoire. L'office fini l'archevêque avec la mitre, et les quatre
supérietjrs des Dominicains, des religieux de St-Francois, des
Capucins et des Jésuites, vinrent vers la représentation, précédés
de tous leurs religieux, un cierge à la main, accomplir les
prescriptions du rituel '. >
En 1685, le 24 mars, le Père Urbain, custode, demande au
Roy que la Chapelle Royale de St Louis, serve de sépulture
aux ambassadeurs. Un firman obtenu sur la demande de M. de
Girardin, la même année ou l'année suivante (1097=1685-86}
adressé au Kadi de Galata, enjoint k ce magistrat de permettre
aux Capucins, chapelains de l'ambassade de France, d'inhumer
dans leur église, située hors de Galata, près du Palais de
France, les ambassadeurs, religieux et autres personnes de dis-
tinction. Nous donnnerons plus bas la liste des religieux inhumés
à St Louis, d'après la pierre tombale qui recouvre l'entrée âa
cavean.
' Archiïoa de l'ambassade de France.
çGoogle
— 310 —
M. le Marquis de Ferriol sollicita, en 4702, la faculté d'éri-
ger en paroisse, povr les Français, l'église de St-Louis de
Péra. Cette demandé, combattue par les Cordeliers et les Ré-
coUets, quoique appuyée par le baile des Vénitieas, ne fut pas
admise par le St-Siëge ; mais la S. C. de la Propagande, par un
décret du 3 décembre 1709, reconnut, comme par une carte de
transaction, aux PP.' Capucins, la faculté de donner la commu-
nion pascale et les autres sacrements paroissiaux, aux officiers
de l'ambassade, tant du dedans que du dehors '. Ce droit était
antérieur à cette date, pour la chapelle St-Louis : ainsi dès
1643 t au décès de M. de Fligny, parent de M. l'ambassadeur, le
P. Jacques, revêtu du surplis et de l'estolle, accompagné du
P. Armand et de tous les religieux, fit la levée du corps, qu'il
accompagna jusqu'à la porte de la rue, où le R. P. Vicaire pa-
triarcal, qui attendait là, le reçut dudit P. Jacques, en qualité
de chapelain de M. l'ambassadeur, et fut l'enterrer. Le P. Jacques
et le P. Armand ne furent pas plus loin. » Il en fut de même à
la mort de M. Fonton interprète de France, en 1753.
M. le comte desAlleurs, ambassadeur de France en 1711, lais-
sa, en mourant, son cœur aux Capucins: t il fut placé dans la
chapelle de St-Eélix", où il est aujourd'hui. Le 22 janvier 1716,
la cérémonie funèbre eut lieu avec toute la pompe possible ; l'é-
glise était toute tendue de noir, depuis le haut j usqu'en bas : une
belle pyramide au milieu toute illuminée, au haut de laquelle
on avait placé le coeur. La messe fut chantée par Mgr l'archevêque,
et'l'oraison funèbre prononcée par le P. Thomas de Paris, cus-
tode, où se trouvèrent leurs exe. de Venise. »
Les f mémoires des Capucins » nous fournissent, comme
suit un rapport sur le cérémonial religieux observé à l'arrivée
des ambassadeurs de France à CP. f M. le Marquis de Bonnac
(1716-1724) arrivai CP. le 4 octobre 1716; il fut reçu à la porte
de l'église par le P. Thomas, custode, en chappe, avec le cru-
' Los archives de» Cordeliers, et celles des Jacobins font bien remarquer
que les Capucins n'avaient charge d'âmes que pour les seuls habitants de
l'ambassade : mais pour ceux-là, uq religieux de St-Louis est quatidé. « mis-
sioanaire apostolique et curé de l'église royale et paroissiale de St-Louis de
Péra. »
' St Félix de Cantalîcfl, né sur les confins de l'Ômbrie en 1513 se fit cjtpu-
cin. Il tilt béatifié en 1S£5, et canonisé en nU. Sa chapelle dans l'église
de St-Louis est & droite en regardant le maltre-autel.
çGoogle
— 8tl —
cifix et l'eau bénite. Le P. Thomas de Paris prononce le com-
pliment sur les marches de l'autel ; ensuite on chanta le Te
Deum, et on reconduisit l'ambassadeur chez lui. t
Les mêmes « mémoires » nous font connaître les cérémonies
observées à la mort d'un ambassadeur. * Le 26 mars 1726, le
Vicomte d'Andresselles, successeur de M. de Bonnac, rendit son
ftme à son Créateur. Aussitôt après les Capucins lui préparèrent
une chambre ardente avec un lit de parade, où il resta jusqu'à
ce que nous l'enterrâmes, dans notre église, dans le chœur de
8t-Fèlix. Mgr Mauri, archevêque de Carthage, chanta la messe.
A cette grand'messe le R.P. Thomas, custode, prononça l'orai-
son funèbre du défunt. L'église était toute tendue de noir, et la
chapelle de St-Félix était comme une chapelle ardente ; le mi-
lieu où était posé le corps, était un lit de parade très beau et des
mieux entendus, conduit par les soins du P. Romain de Paris,
préfet des Enfants de Langues. Dès le grand matin, le 27 de
mars, on dit les messes deux à deux, aux deux chapelles que
l'on avait faites dans la chambre du lit de parade, et ces messes
se suivirent jusqu'à près de midi, tous les religieux des cou-
vents et les prêtres séculiers y venant dire la messe. La même
chose s'observa le 28, le 29, et le 30 mars : les messes se dirent
dans notre église, € présente corpore. • Comme on avait ouvert
le corps, le cœur fut confié au P. Thomas de Paris, qui le fit
mettre pendant toute la cérémonie où était le corps exposé, puis
on le mit dans le même caveau où était déjà le corps. Plus tard,
sur le désir manifesté par M. d'Andresselles, le cœur fut exhumé
de l'endroit où il avait été placé, et remis, par les Capucins, aux
Jésuites, suivant acte de M. Belin, chancelier, qui était avec
eux. Trois mois après les Jésuites firent une cérémonie publique
de ce cœur : ils y prononcèrent une oraison funèbre. *
c Le comte des Alleurs, fils du précèdent ambassadeur, et
qui succéda en cette charge à M. le comte de Castellane, mou-
rut k CP. en 1754, et fut inhumé dans i'église St-Louis, des
Capucins. >
Par décision du 3 décembre 1725, la Nation se chargea de
l'entretien des enfants trouvés à la porte de l'église de St-Louis.
Mais que faisaient les religieux qui la desservaient? Les classes,
sans doute, les occupaient beaucoup, mais ils avaient aussi un
ministère ecclésiastique très actif. St-Louis était pour les Fran-
r>' Google
— 312 —
çais de Péra,réglise nationale, comme nous dirions aujourd'hui:
les Capucins les recevaient avec cliaritë, les instruisaient avec
sollicitude, et leur administraient les secours religieux dont ils
avaient besoin. Un rapport dressé par le R. P. Romain de Paris,
custode en 1745, et adressé à la S. C. de la Propagande, nous
dit quelles étaient à celte époque leurs occupations : nous le
trouvons dans les archives de St Polycarpe de Smyrne. Noos le
traduisons de l'italien, en l'abrégeant un peu.
( La mission de St-Louis est située auprès du palais de l'am-
bassadeur de France, à Péra de OP., et nos missionnaires sont
employés premièrement pour le service de Son Excellence et de
sa cour. Ils entendent les confessions de presque tous les habi-
tants de cette ville de Péra, enseignent la doctrine chrétienne,
assistent les malades, et s'occupent des officiers et des matelots
de la Nation, pour leur faire recevoir tes sacrements avant leur
sortie du port.
f II y a dans la maison un collège de jeunes gens qui ap-
prennent les langues : un des missionnaires est supérieur, ud
autie maître de langue latine. La mission est obligée de nourrir
et d,' entretenir ces enfants, et de leur donner des maîtres qui
leur enseignent, outre le latin, le français, l'italien, le grec, l'ar-
ménien et le turc. Ces jeunes gens sont au nombre de douze, et
se disposent à l'office de drogmans, quand il en faudra dans les
échelles de la Turquie. A ces élèves s'en joignent d'autres, en
nombre égal, pensionnaires aussi, grecs et arméniens, qui
viennent pour apprendre les langues ; mais ce qui est de plus
grande importance, c'est que dans notre collège et sous notre
direction, ils apprennent notre religion et contractent nos
usages, de sorte que quand ils sortent, ils sont devenus tout à
fait latins.
« En outre nous avons, à St-Louis de Péra, une autre école à
laquelle nous admettons tous les petits enfants, de toute na-
tion. On leur enseigne surtout la religion, et on les forme à la
piété, en les faisant assister à la sainte messe, aux fonctions qui
se font dans notre église, et en leur faisant faire chaque soir une
très dévote prière à Dieu, à la B. V. Marie, à St Roch et aux
Saints. On leur apprend à prier pour l'Église, pour N. S. P. le
Pape, pour les cardinaux de la S. Congrégation, pour le Roy,
notre unique protecteur, etc. A ces prières s'unissent tous les
r>' Google
— 313 —
Pères et toute la Cour. Tous les dimanches et toutes les fêtes de
l'année, on chante les vêpres et l'on prêche, après quoi on donne
la bénédiction da T. St Sacrement. La semaine sainte on fait
dans notre église les mêmes cérémonies qui sont en usage par-
tout. Toutes les cérémonies se font av^c une grande édification
de toute la chrètienLé : les fidèles y assistent avec une grande
régularité. Pendant tout le carême on fait chaque soir la prière,
à laquelle assiste Son Elxcellence, avec toute sa Cour, et l'on
donne la bénédiction avec le saint ciboire.
f Dans notre église on peut entendre les confessions, en fran-
çais, italien, grec et tare ; c'est pourquoi il s'y fait toujours un
grand concours de pénitents, mais surtout aux principales fêtes
de l'année, et pour le premier dimanche du mois, à cause de la
confrérie de N.-D. du Mont Carmel, à laquelle sont affiliés un
grand nombre de fidèles au grand profit de leurs flmes. Par tous
les exercices qu'ils font en leur église, par le soin qu'ils met-
tent b. assister les malades, les Pères sont les instruments de
beaucoup de conversions, si bien qu'il ne se passe guère de
jour, sans que l'on en voie quelqu'une, à la grande joie de
l'Église.
< Nous espérons ériger bientôt la confrérie du Purgatoire, en
conformité avec la bulle de Clément XII. Cette confrérie n'est
pas érigée en d'autre église : il est vrai qu'elle existe déjà dans
nob-e église de St-Georges de Galata, mais outre que c'est sur-
tout pour les arméniens, on peut dire encore que Galata est une
cité toute différente de Péra, et ces deux confréries ne se con-
trarieront point.
t A St-Louis nous nous occupons aussi des esclaves fugi-
tife: ils viennent se réfugier à l'ambassade de France, pour se
libérer du joug des Turcs. Il nous faut les vêtir de pied en cap,
les nourrir etc. Un Père mis.sionnaire s'occupe chaque jour de
les instruire, de les ramener â la condition de vrais chrétiens,
car le plus souvent ils ont tout oublié, et beaucoup sont même
devenus renégats. C'est un grand travail pour les religieux, une
grande charge et une gêne extrême pour la communauté; mais
on le fait volontiers à cause du bien produit par cette œuvre.
Chaque année il ne s'y fait pas moins de deux cents conversions :
autant de gens que l'on rend ft la chrétienté. Parmi ces esclaves,
il y a des Français, des Italiens, des Maltais, des Espagnols
r>' Google
etc. Nous ne pouvons faire cette œuvre que des aumônes des
fidèles '. >
L'église de St-Louis a subi diverses bunsformatioDS et agran-
dissements que nous avons notes en passant : elle semble n'a-
voir été d'abord qu'en bois ou du moins en matériaux légers
qui exigeaient de fréquentes réparations. Elle était cependant
appelée < église paroissiale et royale de St-Louis » et l'on dési-
rait quelque chose de mieux. Enfin, en 1788, le R. P. Godefroy
d'Amiens, alors custode et curé, depuis archevêque de Naxle, la
reconstruisit entièrement. Cette nouvelle église était toute en
pierres, assez vaste, le maltre-autel était en marbre et on lisait
sur la muraille de chaque côté les épitaphes de quatre ambas-
sadeurs de France, qui y étaient inhumés. (Ces pierres funéraires
ont disparu dans l'incendie de 1831).
Une pierre commémorative de la reconstruction de l'église
avait été placée à l'intérieur, elle a disparu comme les autres
dans le dernier incendie ; mais elle est rappelée en partie par
la plaque suivante, placée k gauche de l'autel de N.-D. dans la
nouvelle église.
D. o. M.
OODEFRIDUS DE LA, POBTE, MISSIONUM ORDINIS CAPUCINOHUM AD
BOSPHORUM THftACIUM ALUMNUS, ARCHffiPISCOPDS NAXJENSIS. XV KAL
NOV. A, D. lIDCaC. -CTATIS SU*! LXVII, VITA PUNCTtlS ; HOC JAfiET
IN TEUPLO, SÛPTIBUS SUIS- JAM ESTRUCTO, QOOD INDE FLAMUA
DELETUM, GALLICA NATIO, MDOCCXLVII, ORDINI EIDEH SPLENDIDIUS A.
FUNDAMBNTIS RESTITUEBAT,
* I.a positioD des Capucins aupréa de l'ambassade de France Tacililait
cette (Duvre. D'autres voulurent l'entreprendre, mais ils y trotivérant de
grands dangers : ainsi dans les archives de Ste-Marie, à l'année 1687, on
trouve que les roligiaux do cette mission ayant reçu deux esclaves fugi-
tifs, furent menaués par les Turcs, si bien qu'ils firent passer ces esclaves
chei les Capucins pour les abriter sous la protection française. Un ajoute
même que ce ne fut pas sans peine que le chargé d'affaireB réussit à les
préserver,
* Il semblerait, d'après tes Mitt'wn* Caihotiquet, 27 septembre Iâ72, que
Mgr de la Porte no fut pas seul à contribuer à la reconstruction de St'
Louis. L'ambassade de France, après l'asBasunat. en 1786, du P. Vincent
Ruovo. dans le DJéziré, avait obtenu de la Porte ottomane une indemnité do
9.000 livres environ, 4ui fut envoyée à CP. et employée, par elle, à la recons-
truction de l'église des Pérès Capucins de cette ville.
«ibvGoogle
— 315 —
Les pierres tombales que l'on remarquait dans l'église de
St-Louis étaient celles des comte des AUeurs, vicomte d'An-
drezelles, comte des Alleurs fils, on y ajouta dans ce siècle celle
du général Aubert-Dubayet envoyé de la République en 1797,
Inhumé d'abord dans l'enceinte des murs de ramt>assade, au
pied de l'arbre de la liberté, le grand cyprès qu'on voit encore à
gauche du grand méridien tracé sur la muraille intérieure du
jardin. Ses restes furent exhumés en 180i et transférés dans
l'église, avec un service religieux.
Les autres sont celles qui suivent
1751, 3 juin : Cécile Ursule, fille du comte des Alleurs et de
la Comtesse, née princesse Lubomirzka : elle fut inhumée sous
l'autel de St-Félix.
1753, 30 mars : Le Père Jean-Louis,préfet des Jeunes de langues,
fut inhumé dans la sépulture, sods le grand autel de St-Louis.
1754, le 33 novembre : Le comte Roland des AUeurs, inhumé
sous l'autel de St-Félix.
1756, 27 juillet : Pierre Fonton, premier drogman, secrétaire
interprète du Roi, inhumé dans la sépulture dans le sanctuaire.
Les Capucins continuèrent leur ministère sans rien changer
à leur organisation, jusqu'à la révolution française : ils étaient,
ainsi que nous l'avons dit, gouvernés par un Custode de la
Mission de Orêce, nommé par le Provincial de la Province de
Paris pour quatre ans, mais pouvant être continué, avec la per-
mission de la S. Congrégation de Propagande. Le trentième et
dernier fut ie R. P. Hubert d'Amiens. A l'expiration de sa
charge, en janvier 1792, il n'y avait plus de Capucins organisés
en France, par suite de la suppression des Ordres religieux :
la S. Congrégation le nomma donc Préfet apostolique des mis-
sions de l'Ordre pour les lies de l'Archipel, de l'Asie mineure, et
de Constantinople. Celte première nomination était ad Qua-
driennium, elle fut prorogée jusqu'à la mort du P. Hubert
en 1813. Avec lui commença la nouvelle période de l'histoire
de S. Louis, que nous relaterons dans la troisième partie de ce
b-avail.
r>' Google
CHAPITRE VIII.
LES ÉGLISES, ADJODRD HO] DISPARUES,
DÉPENDANT DE LA ( MACNIFICA COMUNTTA DI PERA.
U est diflîcile, presque impossible même, de fixer le nombre
de ces édifices pour la période antérieure à la conquête otto-
mane. Il parait indubitable que les Latins, pendant leur courte
domination, ont dû s'emparer de plusieurs églises de Galata
appartenant aux Grecs, mais ils durent en abandonner la plupart
quand se fit la restauration byzantine ; toutefois il est de tra-
dition locale que, postérieurement à la conquête, ils. avaient
conservé new/" églises dans Galata.
Crusius en cite huit, savoir : Ste-Ânne, St-Benoît, Ste-CIaire,
St-François, SWîeorges, St-Jean, Ste-Marie, St-Pierre ; avec les
deux églises de Constantinople, on aurait un chiffre égal à celui
indiqué ci-après par Pierre Gyllcs (1546).
t Les Francs, » dit le même Pierre Gylles, « ont environ dix
églises (h Galata?) j » mais ce voyageur n'en donne pas la no-
menclature.
M. de Brèves, dans la Relation de ses voyages*, dit sans,
du reste, donner le détail des noms : * En la ville de Pèra, il
y a environ six ou sept églises, servies et habitées de religieux
latins. »
Du Cange (1680) cite seulement trots églises latines h Galata :
St-Benoît, St-François, St-Pierre.
' Page 12 d'une édition à laquelle le litre manque, mais que je crois ôtre
çGoogle
— 317 —
La Comitnità di Pera, dans une lettre au doge de Venise,
parle de douze églises, qu'elle ne dénomme pas : mais sa cor-
respondance en cite onze, savoir : deux pour Constanttnople :
San Nicolo, Ste-Marie ; neuf pour Gaiata : Ste-Anne, Sant'An-
tonio, San Benetto, San Francesco, San Giorgio, San Giovanni
de i'Ospedale, Santa-Maria, San Pietro, San Bastiano.
Les Atii délia Soeietà ligure font mention d'une église de
St-Clément, dont nous n'avons trouvé aucune trace, jusqu'à
présent, dans les documents locaux.
Nous pouvons cependant arriver k savoir le nombre et le
nom de toutes les églises de Péra. Dans une instance de t la
Magnifica Gomunità > au Vicaire patriarcal, di 1 8 nov. \ 583, elle
réclame la propriété de huit églises, à savoir : St-Nicolas et Ste-
Marie à CP., Sta-Anna, S. Benedetto, S. Giovanni, S. Sebastîa-
no, S. Antonio, et S. Georgio de Péra. Si à ces six églises de
Fera, existant en 1583, nous ajoutons celtes de St-Michel, de
Ste-Irène, lie Ste-Claîre, dont l'existence nous est indiquée par'
les monuments, et les églises des religieux, St-Paul, puis Sts
Pierre et Paul des Dominicains et St-François des Conventuels,
nous aurons, je crois, toutes les églises laissées aux Latins par
la capitulation de 1453.
Plusieurs de ces églises existent encore, mais la plupart ont
disparu et l'on connaît à peine l'emplacement de quelques au-
tres. Par contre quelques églises neuves sont venues prendre la
place des anciennes : nous traiterons de chacune en particulier
consacrant ce chapitre aux églises, aujourd'hui disparues, de la
Comunità.
M-
Ste-Anne.
Les documents de la Comunità di Pera, qui, d'ailleurs, pour
le présent, ne remontent pas au delà de 1603, parlent de Ste-
Anne' comme d'une église particulière édiCée sous ce vocable.
' • L'Abbaye de Ste-Anne, près ta porte dite de JoMphat, en la ville de Hié-
nisalem, et la piscine probatique, auquel' lieu on tient que la ^'ierge prit
çGoogle
— 318 —
Crusius [Turco-Grœcla) et Hammer' en font aussi une église
distincte. Pierre Gylles, dont le voyage ea Orient s'effectua de
154G à 1549-, n'en fait nulle mention. Du Gange-* cite deux
temples de ce nom h Constantinopte, et un autre à Galata, ce
dernier d'après Crusius, sans dire que ce fût une église latine.
En 1585, la confrérie de Ste-Anne, déjà qualifiée d'antienne
à cette époque, existait t en l'église des Mineurs conventuels de
St-François. » La confrérie était enrichie d'indulgences, et jouis-
sait du privilège d'accomplir, dans cette église, certaines céré-
monies, à des jours marqués de l'année: tElle avait aussi le droit
d'aller au baiser de la Sainte-Croix, le vendredi sainct, où ils
sont accoustumés de tout temps, vestus comme ils sont de leurs
sacz et cappes de confrérie, immédiatement après les religieux,
avec torches en main, au baiser d'icelle croix*. » Wadding*,
dans sa description de St-François, cite la chapelle Ste-Anne,
où se trouvait l'inscription funéraire d'Albert de Wyss, ambas-
sadeur impérial, décédé en 1569^.
La Comunitd parle, en 1611, de la perte que fit Ste-Anne de
divers immeubles, à la suite du différend survenu entre l'am-
bassadeur de France et le représentant hongrois, lora de la fer-
meture de St-François'' ; et elle donne, comme suit, en 1614,
l'inventaire, dressé par !e prieur, des reliques existant dans c l'é-
glise de Ste-Anne, » savoir : c dans une petite botte d'argent,
placée dans une petite armoire dans le mur, prés le grand
autel : un morceau de la vraie croix, reliques de St André,
naissance, estoit de religieuses de l'Ordre da St-Benolt, et dépendait immé'
diatement du patriarche de Hiérusalem. n (l.es Familles d'outre-mer, de Du
Cnnge. publiées par M. Ray. Paris, I8fi9, p. âlâ.)Devcnu oMedrècé.collége »,
sous l'islamisme, cet édifice a été donné à la France par le gouvernement
olloman, à la suite de la guerre d'Orient. Cette église, fort bien restaurée,
est aujourd'hui cleaservie par les Pérès Blancs, ou missionnaires de N.-D.
d'Afrique ; elle est un séminaire de Grecs Melchites.
'£w. laud., VU, 139.
* Selon te rapport do Pierre Belon, son compagnon de voyage, cité dans
les Xi'g'K-iatiùnt, 1, 622.
' Constant, rkrintiana.
I Xi'ijoeiation», \\\ 369.
" Tome VI, 55.
« Voyez notre Compte-rcn-lu du cimet. latin île CP. 1805, 23.
' St-t'ran;oiB resta fermé de 1586 à 1593; durant cette période de sept
années, la chapelle de âte-Annele fut également.
çGoogle
— 319 —
de St Christophore, de St Barthélémy, de Ste Euphémie, des
SS. Fabien et Sébastiea, de Ste Agnès, de St Nicolas, de St An-
toine, de St Georges ; cendres de St Jean-Baptiste, reliques de
St Ignace, etc. ' >
Ste-Anoe avait ses procurears ; « et il était d'usage, dît un
procès-verbal du 3 mars 1637, que les procureurs de Ste-Anne
fissent la quête, tous les dimanches, à la porte de St-François,
la tire-lire en mains, pour l'église de Ste-Anne ; > la Comunttà
maintint cet usage-.
Le conseil de Ste-Anne, composé de douze memlfres, avait
coutume de se réunir en Ste-Anne, le 12 janvier de chaque an-
née, pour assister à la procession usitée en ce jour. Nous n'a-
vons pu recueillir de renseignements sur cette cérènionle, qui
d'ailleurs n'a plus lieu ; nous trouvons seulement, dans le mé-
moire du P. Barbléri, déjà cité, le passage suivant : c le 29 jaur
vier 1673, le Vicaire patriarcal ofHcia pontificalement dans St-
François et rétablit la procession de Ste Anne; le SI mars
suivant, il bénit la nouvelle église de Ste-.^nne, élevée dans les
cloîtres de St-François, et officia à cette occasion, i Par décision
du 20 juillet 1799, Mgr Fonton prescrivit d'observer comme
fête de précepte, (ainsi que cela avait lieu avant la conquètel,
le 26 juillet, en l'honneur de Ste Anne; mais la S. C. de la
Propagande ne donna pas son approbation à cette mesure.
Nous aurons une idée exacte de ce qu'était Ste-Anne et
de sa situation, si nous réunissons toutes les données ci-de.ssus
k celles que nous trouverons dans le chapitre in, de St-Fran-
çois. Dans l'enceinte (Recinto), dite de Si-François, beaucoup
plus grande que la cour actuelle de la mosquée A'Iéni-djami,
se trouvaient : 1" l'église de St-François, proprement dite, 2" le
' Du Cange fConslanlinopoli» Chrittiann) fournil de précieux rotiseigne-
menls sur le nombre considérable de saintes retiques recueillies dans la
ville de CP, (Mégnlopoli».) et qui faisait dire 4 Pierre le Vénérable, abbé de
Cluny : > plaise d Dieu qu'il me soit donné de visiter un Jour cette jurande
capitale, et d'y vénérer les reliques des martyrs et des saints qui sont
réunies là comme dans un vaste cimetière. » (Voir la Ihte ilonnce fuir
M. Riant, citée plus haut.) Une seule église aujourd'hui pourrait rivaliser
avec ces églises Je CP., celle de St-Sernin de Toulouse.
• Des quêtes sont encore faites, de la sorte, pour certaines œuvres, les jours
de dimanches et fAtes. à la porte dea diverses églises ; des quétt.'s du même
genre sont faites encore aujourd'hui, mais pour certaines œuvres de bien-
teisance.
çGoogle
couvent des Conventuels et les cloîtres qui en dépendaient, ces
deu^i monuments appartenaient aux religieux, â^ l'église de Ste-
Anne, appartenant à la « Magniftca Comunità, ■» 4" une église
de St-Antoine, qui fut prise par les Turcs avant tnëme te der-
nier incendie de 1(>96. Il semble même que la Comunità avait
aussi des locaux, non pour ses réunions générales, qui se te-
naient publiquement dans l'église même, mais pour les archives
et certaines réunions privées. [La casaccîa diS. Anna.)
M. de Brùves {Relation de ses voyages) nous donne de ces
choses une notion fort claire, quand il nous dit : « Joignant
cette église (de St-François), il y en a une autre qui en dépend,
nommée Ste-Anne, oii les chrétiens du pays font leurs assem-
blées, et y ont une confrérie fort dévote. >
La population catholique était organisé&en confrérie, suivant
l'usage du temps, et les membres de la < Magnifica Comunità »
étaient les prieurs de la confrérie. Lorsque, comme il arriva
plusieurs fois, l'église de Ste-Anne était ruinée par un incendie,
ou fermée par la force, la confrérie se réunissait ailleurs, ordi-
nairement à St-Benoit, (jui appartenait aussi à la Comunitii, mais
aussitôt que l'église de Ste-Anne était restaurée ou rouverte, les
réunions de la t Magnifica Comunîlà » et celles de la confrérie
recommençaient à se tenir à leur siège régulier.
Ainsi Ste-Anne devint, comme St-François, la proie des flam-
mes en 1660, elle ne fut complètement reconstruite qu'en 1674,
et pendant ce tem,ps la confrérie, comme nous l'avons dit, célé-
bra ses réunions à St-Benoît, elle retourna alors chez elle, et y
restajusqu'en 1697. Elle fut alors définitivement transférée dans
l'église de St-Benoit où elle se trouve aujourd'hui.
Cette confrérie est dite actuellement, des Chioies; mais on sait
qu'un grand nombre de Pérotes s'étaient enfuis à Chio, lors de
la conquête ottomane (Sauli, II, 173.), d'où certains seraient re-
venus ensuite à Péra et auraient donné leur nom à la confrérie de
Ste-Anne. Ainsi que nous l'avons fait remarquer, cette confrérie
n'est plus qu'une réunion de dévotion,qui reçoit aussi des femmes
parmi ses membres. Elle a été transfèrée,de no3Jours,à St«-Marie.
La Comunità donnait naturellement la priorité à Ste-Anne sur
les autres églises ; on lit dans un de ses procès-verbaux, citant
le nom de diverses autres, i anco la chîesa dt Sta Anna, che
doveoa dire prima » (que je devais citer la première).
r>' Google
— 321 —
Comme il est dit au ch. m, cette église fut comprise dans
la cou&scation du couvent de St-François. Sur l'emplacement
qu'elle nous parait avoir occupé s'élèvent une petite mosquée et
une école qui a donné son nom à la rue MedresséSoghaky .
St-Michel, église.
Il y avait dans la ville de CP. un grand nombre d'églises dé-
diées à St Michel; les documents nous en signalent une de
chaque côte de la Corne d'Or, près des extrémités de la chaîne
qui fermait l'entrée de ce port. Était-ce en vertu de cette sorte
de dédoublement de la cité que nous avons signalé, ou simi»le-
ment de la dévotion de ses habitants, nous ne saurions l'afTir-
mer. Quoi qu'il en soit, l'église de St-Michel & Qalata dut avoir
une certaine importance primordiale, l'Archange étant un des
principaux i protecteurs de la colonie galatîote, Peyrœ pro-
tector et patromis. » Son image se trouvait sur une pierre en-
casb-ée dans la muraille de la première tour du fossé d'enceinte,
près de la tour du Christ, en allant vers l'arsenal ; elle était
placée entre deux écussons, l'un aux armes de Gènes, l'autre à
celles du podestat d'Aurla (1387); la tête de l'archange est
. nimbée ; il tient dans la main droite une épée dont le fourreau
est dans sa main gauche, il porte une tunique courte, un man>
teau militaire recouvre ses épaules, ses pieds sont chaussés de
sandales à la romaine.
Où se trouvait cette église de St-Michel? Du Cange, sans don-
ner d'autre renseignement, se borne k dire qu'elle se voyait dans
Galata. Le patriarche CDnstantius (p. 161) dit : c sous les em-
))ereurs grecs, Galata renfermait... l'église de St-Michel., > sans
dire si elle était de rite grec ou latin. L'auteur de la Notice sur
les fortiâcatioua de Galata pense que cette église était sur l'em-
placement de Khaviar-Khan, à gauche de la rue de Qara-keui
conduisant au pont. Un autre document nous la représente dans
le bas de Galata, dans la plaine, près de la mer.
Les archives de la Comunità sont entièrement muettes h l'en-
dbvGoogle
droit de St-Michel ; nous n'y avons trouvé aucune mention de
cette église, dont l'importance, pour l'époque génoise, ne peut
faire l'objet d'un doute ; il faut peut-être dire pour expliquer ce
silence, que la chute de la colonie mit probablement en oubli
le grand Archange et son église, pour s'attacher surtout à
S. Georges le patron de la mère-patrie. Mais les Atti délia So-
cietà ligure dî storîa patria(\ol. II, p. 354),nou3 permettent
de suppléer dans une certaine mesure à l'insuffisance de nos
renseignements locaux.
Il paraîtrait, d'après les Atti, que Michel Paléologue aurait
accordé aux Génois la faculté d'ériger dans Pôra des églises
leur appartenant en propre, et dans lesquelles leur clergé exer-
cerait les fonctions du culte selon les usages latins. Les Actes
génois, lit-on dans le même recueil, font mention des églises
St-Clément, St-François, et plus souvent St-Michel. Le chef, ou
Prévôt {Preposto, ou Prœpositus) avait pour la colonie, au
moins à certaines époques, le titre de vicaire général de l'arche-
vêque de Gènes, de qui dépendait Galata, au spirituel comme
an temporel.
Heyd dit aussi de son cAté : c in riguardo religioso, la colouïa
genovese dipendeva dell'arcivescovo . di Genova, il cui vicario
générale, almeno nei 1335, fù it preposto di San Michèle in
Fera'.
Toutefois l'église St-Michel disparut bientôt par le fait des ri-
valités Véneto-génoises- : «en effet, irrités et jaloux des conces-
sions faites aux Génois par Michel Paléologue, et plus encore de
ce que Andronic II suivait, sous ce rapport, les traces du restau-
rateur de l'empire, les vénitiens envoyèrent une escadre devant
Peyra (Galata). Les Génois s'enfuirent â CP., où ils trouvèrent
un refuge ; mais l'amiral Ruggero Morosini ravagea les environs
et mit le feu à tous les édifices de la colonie. L'église de St-Mi-
chel dont, trois années auparavant, la cure avait été donnée par
l'archevêque de Gènes, Jacques de Voragine, au prêtre Pagano
di Caranza, ne fat pas épargnée et devint la proie des flammes
(1396). Après cet événement les galatiotes ayant résolu de
' Voyez le Colonie eommereiali degli Italiam in Oriente, nel madio eao,
disaertazione (tel prof. Heyd. Toriao e Venezia. 1866, 1[, 357, et d-apréa,
Hiérarchie ëpiscopaU!.
' Atlt délia Soeiefà ligure, et mémoire de M. Belgrano, L. L.
çGoogle
— 823 —
relever ce temple dans le même emplacement qae l'ancien,
le même archevêque, pour constater son droit de juridiction,
s'empressa de nommw, comme administrateur futur de ladite
église, et pour le terme de dix années, le prêtre AJdobrando di
Corvara (1397), à charge par lui de compter une redevance de
30 à 50 lires par an, tant que la trêve ne serait pas rompue
entre les communes génoise et vénitienne. Le texte de ce docu-
ment et l'acte d'ampliation d' AJdobrando sont datés tous deux
du 22 janvier 1297. Toutefois le titulaire de la nouvelle église
n'en conserva pas longtemps l'administration ; un nouveau
f Preposto ï, le prêtre t Gualterio de Vezzano, preposilus ec-
clesiœ Sti Mtchaelis de Peyra, et in dicto loco pro Domino
archiepiscopo Januensi, in spiritualibus vicarius générales, > in-
tervint à la rédaction de l'acte de délimitation de Galata, en
1303.
Le premier document qualifie Aldoln^ndo de < Capellanus
ecclesîie Januensis » et plus loin de t rector et administrator
ipsius ecclesiœ de novo edificandse. >
A ces actes interviennent aussi comme témoins deux Frères
Prêcheurs, un clerc de l'archevêché et le Prévôt de l'église de
Ste-Marie-Magdeleine de Gênes.
L'église de St-Michel fut-elle reconstruite ? Il le semble bien
puisque Wadding, sous l'année 13S6, et à propos d'une contes-
tation avec les Frères Mineurs de St-François, cite le « Rector
ecclesiœ Sancti Michaelis de Peyra, > mais elle fut détruite plus
tard, car en 1584, Pierre Gylles rapporte (Topographia, 334)
qu'on avait bâti sur les fondements de l'église St-Michel, un
Xenodochium, < hospice » qui existait encore & son arrivée
àCP.
En somme le caractère prédominant et politique de l'église de
St-Michel, sous les Génois et antérieurement à la conquête ot-
tomane, est suffisamment attesté par le passage suivant, em-
prunté à Depping (L. L. II, 3) : c les consuls et marchands de
Fera avaient coutume de tenir leurs audiences auprès de l'église
de St-Michel. > St-Michel était donc comme le patron de la co-
lonie j et son église était la basilique de ses habitants, qui se
réunissaient dans ce temple.
Quant à la desservance spirituelle de l'église, les renseigne-
ments fournis par les c MU > permettent d'afSrmer qu'elle
r>' Google
— 824 —
appartenait à des prêtres sécaliers, à la nomination de l'arche-
vèque de Gdnes, qae les docaments appellent parfois le Pa-
triarche, ou le Légat du St-Siège pour le Levant.
Depuis, St Michel n'a pas cessé d'êlre invoqué, spécialement
par la Nation française : c'est en son honneur que Louis XI
institua l'Ordre de St-Michel, affectô plus tard à la récompense
des services civils, lequel avec celui du Saint-Esprit, fondé par
Henri III, donnait & celui qui en était revêtu, le titre de Che-
valier des Ordres du Roi. Malgré le malheur des temps St Mi-
chel est encore invoqué aiUourd'bui comme un des patrons et
protecteurs de la France.
§in.
St-Jean-Baptiste (église et hôpital.)
Cette église ou chapelle, citée par Grtisius comme la huitième
des églises latines de Galata, parait avoir été la chapelle de
l'hépital du même nom : < la chiesa di S. Giovanni, dove l'os-
pedale, > dite aussi < chiesa e ospedale di S° Zuane di Përa. >
On a vu dans la première partie, les donations faites par Manuel
Comnène aux chevaliers-hospitaliers de St-Jean de Jérusalem ;
St Jean-Baptiste était le patron de cet Ordre militaire, dont
l'hospice était destiné au soulagement des pèlerins. Cet hôpital
fut-il transporté de CP. à Fera, après k restauration bj-zantine,
pour conserver, de ce côté du port, ce qu'on avait perdu de
l'autre, ou bien y avait-il deux établissements distincts? On ne
sait. Hammer rapporte seulement , qu'un couvent 'de St-Jean-
Baptiste existait à CP. au quartier dit « Petriion » et qu'il fut
pillé à la conquête ottomane.
Cet hôpital possédait divers immeubles, dont une partie fut
aliénée, à la suite de la fermeture de l'élise de St-François
(1586), aSn de produire des fonds pour obtenir la réouverture
de cette église.
Comme les autres établissements religieux, celui-ci avait ses
procureurs, chargés annuellement de l'administration de l'hôpi-
tal et de l'église.
r>' Google
— 325 —
Nous avoDs va (cb. vn) que la c Comunità >, sur la de-
mande de M. de Césy, ambassadeur de France, avait offert aux
Capucins & leur arrivée à GP., le cboix entre l'église de St-
Cleorges et celle de StJean. Les Capucins optèrent pour SIh
Ceorges, quoique très délabrée.
Selon une lettre de la < Comualtà >, en date de 1618, San
Giovanni était desservie par les Domioicains, qui l'occupaient
«ncore en 1643; époque où elle fut conâée à un prêtre cbiote.
En somme, comme elle disait dans une lettre (de 1588], la
< Magnitlca Comunità * la faisait desservir comme elle le vou-
lait, ou miens, comme elle pouvait.
Cet hdpital servait surtout eu temps de peste, ce qui était
fréquent, et l'on y transportait ceux qui étaient atteints du fléau.
Ainsi on 1642, le P. Joseph, tbéatin, y fut transporté, il en fut
do môme en 1649, pour Mgr Subiano : se trouvant mal et soup-
çonné de peste, le suffragant fut emporté, de St-François où
il logeait, A l'hôpital St-Jean.
Cet établissement périt comme les autres dans le grand in-
cendie de 1660. En 1664, le ^rrain et les ruines de l'hospice et
de l'église furent rachetés des Turcs, mais, d'après les mé-
moires des Conventuels, St-Jean n'était pas encore reconstruit
en 1666, car le 31 juillet de cette année les FF. MM. Riformati
sollicitèrent de la Propagande l'autorisation de construire leur
couvent sur le terrain de l'église incendiée en 1660. Cette de-
mande renvoyée au Vicariat de CP. ne fut pas accueillie favo-
rablement par Mgr Ridolfl, pour la raison que ce local < servait
d'asile aux pestiférés et aux inQrmes, sous le titre ancien de
ospedale asststito dai Domenicani. >
Plus de deux siècles s'étaient écoulés depuis la chute de sa
puissante colonie, lorsque Gènes songeant à reprendre ses rela-
tions avec la Turquie, envoya, en 1666, selon Hammer (XVH,
443) le marquis de Durazzo à CP. pour rouvrir les négociations
& ce sujet. L'arrivée de ce personnage, si l'on en croit les actes
de la Comunità ût sensation à Galata, le conseil en prit
occasion pour adresser à la République une supplique en faveur
de son hôpital, non encore reconstruit : < la Comunità et les
anciens de Péra, dit-elle dans ce document daté du 13 mars 1669,
ont été comblés de joie à la vue, dans cette échelle, de l'éten-
dard de la République ; et cette joie s'est encore accrue, si c'était
r>' Google
possible, par les promesses de. son ambassadeur, touchant la
reconstruction de son bdpital ; aussi en présence du fléau qui
désole sans cesse cette malheureuse cité, la c Comunità > s'est-
elle décidée, encouragée par ces espérances, de commencer sans
retard, avec l'assistance de la Sérënissime République, l'exécu-
tioa de cette œuvre pie, et de prendre ses dispositions pour que
l'établissement contienne diverses petiteschambres pour recevoir
les malades frappés de peste, et en même temps pour loger un
prêtre qui leur administrerait les secours de la religion. » Le
projet ne paraît pas néanmoins avoir été réalisé, du moins sur
l'emplacement primitif, car dans le courant de la même année,
1669, l'hôpital fut transféré à Péra. Il parait que les Domini-
cains continuèrent à le desservir, comme l'attestent les archives
du couvent sous la date des années 1674 et 1675.
Le 31 octobre de cette dernière année, la i Comunit;\ :> de
Péra écrivit à Rome, pour demander que le chapelain de l'église
et de l'bâpital incendiés, de St-Giovanni des pestiférés, fût re-
gardé comme curé, et pût exercer son ministère envers tous les
malades qui y seraient apportés.
Où l'hôpital de St-Jean fut-il enfin reconstruit, que devint-il?
n existait encore en 1744, puisque nous voyons que le P. M.
Ginseppe Danè, Mia. Conv. et commissaire général de son
Ordre, était chapelain de l'hâpital de St-Jean-Baptiste des
Il semble avoir été un moment sous la protection vénitienne,
car le Journal de la Résidence de St-Benolt des Pères Jésuites
nous dit que t le baile y fut reçu avec tous les honneurs dus
aux puissances protectrices (en 1667). Nous verrons, III* partie,
comment les hôpitaux de Péra furent transformés. Comme sou-
venir de l'église et de l'hôpital St-Jean, il existe encore aujour-
d'hui à Ste-Marie, une confrérie de St-Jean-Baptiste, unie à
celle de Ste-Ânne.
r>' Google
§ IV.
Ste~ Irène.
Pierre Gylles ' parle de trois églises de ce nom dans CP. ;
Crusius (1584), ne fait nulle mention d'église latine sous cette
âénomination ; mais il en existait certainement une au moins,
dans Galata, sans parler de celles qui se trouvaient en CP. :
nous lisons en eO'et dans le chrysobulle de 1303, qui ûxo les
limites de la concession génoise au bourg de Galata - : « transit
post^ (la ligne de frontière) per puttieum quod est in templo
sanetœ Irence, quod priùs habebant Januenses pro cimitero ^. >
Où était cette église ? on ne peut faire à cet égard que des
coiyeetures plus ou moins douteuses.
La ligne frontière montait au nord, de la * Vêtus Tersana >,
jusqu'au fossé, c'estrà-dire quatre-vingt-dix pas, de sept palmes
l'un Elle va ensuite à l'est et à la distance de deux mille
quatre cents cinquante-quatre pas elle rencontre le puits de
Ste Irène, ancien cimetière des génois ; elle continue, et à la dis-
tance de vingt-huit pas, elle se trouve en face de la porte de
l'église du grand et saint martyr St Georges, etc.
Malgré ce texte, plusieurs voudraient identitier les deux églises
de St-Georges et de Ste-Irèae, surtout à cause du puits sacré
que nous voyons encore à St-Georges, et qui est consacré à
Ste Irène. D'après eax le changement de vocable ne se serait
produit qu'à l'époque oii les Génois s'établirent à Galata : ils
auraient donné à leur cimetière le même patron qui protégeait
la mère patrie, St Georges. Mais il se rencontre une grande difS-
culté à ce système, c'est là simultanéité, d'après le texte du
chrysobulle de deux églises, dédiées l'une à Ste Irène, l'autre à
St Georges, assez distantes l'une de l'autre. Nous laisserons la
solution à d'autres plus habiles.
Une autre question intéressante se pose encore ici : à quelle
1 Topographiii, p. 244,
■ Sauti, 1<K. lawi., II, documenta.
* Voir U texte, t'n extengo, G. II, c. i.
çGoogle
époque les Génois commencèrent-ils à être inhumes à Ste-Irène?
Cet usage remontait-il à la première concession faite aux Génois,
dans la ( grande ville x, en 1169? Elle comprenait des églises
et des cimetières; mais eu égard à l'étroitesse de ces concessions,
ne peut-on pas supposer que les inhumations avaient lieu sur
k colline de Péra? C'eût été la continuation de l'usage ancien,
de faire passer l'eau aux morts pour les conduire h leur der-
nière demeure. Plus tard l'islamisme continua cette tradition :
sur la rive gauche de la Corne d'or, à l'extrémité des anciennes
murailles de Galata, du cdtè de l'arsenal, près de la porte dite
Âzab-capou, se trouve une échelle dite Meit-iskéléci, t l'échelle
des morts » citée déjà dans le Hadyqat-uldjévarai, à propos de
la mosquée de Djubalï. Là venaient aborder, en imitation de la
tradition payenne conservée à travers les siècles, malgré la
transformation des croyances, et après avoir simulé ainsi le
passage des âmes à travers le Styx, la plupart des morts de
CP. (du moins ceux de ce versant des collines), pour être inhu-
més sur les hauteurs de Péra. On doit peut-être rattacher à
cette tradition la défense de faire passer les morts sur les ponts
reliant Galata à CP. Du reste, c'était aussi par eau que les
morts de Chalcédoine devaient passer pour aller se reposer à
Hieriae, actuellement Fener-baghtché.
Quoi qu'il en soit il ne reste rien de l'église de Ste-Irène, s'il
faut y voir un édifice distinct de St-Georges, comme noua le
croyons,
II ne reste rien non plus d'une autre église de Ste-ïrène, jadis
temple antique que Constantin transforma en église, et que
Justinien décora brillamment. Elle était située à l'entrée de la
Come-d'or à l'endroit appelé aujourd'hui t Top-Kbanè » (Cons-
tantius, p. 161).
8 V.
StSébastien (autrement San-Bastlano), chapelle.
L'emplacement de cette église ou chapelle, dite par la Co-
munità « San-Bastiano », est inconnu; les uns le fixent entre
la porte de Tophana et Moum-khâuè, d'autres dans le Péra d'au-
r>' Google
jonrd'hai. Od a vu plus haut (ch. v, St'Benoît) que, sur les
difUcaltés opposées à la rëinstallation des Jésuites dans St-Benoit,
qui, disait-on, était ( éloigné de la demeure de France ', » et
écarté de la résidence des Latins, M. de Salignac avait loué uae
maison sise au milieu du quartier habité par ceux-ci, et voisine
c de quelque cinquante pas, d'une petite église ou chapelle,
dite St-Sébastïen, où l'on n'officiait qu'une ou deux fois l'an', i
Il résulte d'une lettre écrite par la Comunità à M. de Brèves,
le 17 octobre 1609, que cette maison, appartenant à un sieur
Giorgio Mamoretto, était bâtie dans le jardin acheté par celui-ci
du sieur Dané.
On a vu également plus haut que les Jésuites officièrent, dans
cette église, pour la première fois, le 20 septembre 1609, et la
desservirent jusqu'à leur retour & St-6enolt, dans la dernière
semaine précédant le carême de l'an 1610.
St-5ébastien avait été fermé, en mars 1586, sous Murad III,
t en même temps que SUFrançois et Ste-Ànne ; et, comme ces
églises, il fut question de le changer en mosquée, mais ce projet
ne fut pas exécuté ^. >
St-Sébastien avait aussi des procureurs, chargés de l'admi-
nistration de ses biens.
Cette église est mentionnée dans une lettre de la ComunUà
au pape, en date du 14 mai 1619. Un acte de la même origine,
signé par le procureur de cette église, atteste encore son exis-
tence au 1" janvier 1636.
S. Bastiano contribua, de ses deniers, au renouvellement des
capitulations pérotes, obtenu par l'entremise de l'ambassadeur
impérial Schmidt (1653).
EijRn, cette chapelle brûla en 1660, comme les autres
églises de Qalata. ainsi que l'atteste le procès-verbal de la
Comunità du 6 juin 1661. St-Sébastien se trouvait donc, cer-
tainement, dans Galata, et non pas à Péra. Que devint-fl de-
puis? Les démarches constantes faites en faveur des Trîni-
■ Voyez ci-desBus St-Denolt, chap. v.
• CarayoD, (or, Icuid.. p. 27. Cf. St-Fntncoia ei St-Elenolt.
> HammeT VU, 130, l'auteur de VHiitoire île l'Empiré Ottoman place ce
fait en 15âl, bous rambaisade de M. de Germigny; la correspondance de
cet agent n'en parle pas ; Jouannin, la Targuie, p. 173, l'inscrit avec plus
de raison sous l'année 1SS6.
,dbvGoogle
taires, dont la mission était consacrée t à la rédemption des
captifs; > comme aussi l'établissement de ces religieux à Péra,
en 1733 seulement; et enfin, les pratiques de ceux-ci, touchant
la fête de SI Sébastien, qu'ils célébraient dans leur église de
Péra, n'offriraient-ils pas autant de raisons pouvant faire sup-
poser que cette congrégation fut, dans le principe, établie à
Galata, dans le couvent-église dé St-Sébastien, relevé d'une
façon plus ou moins durable, après l'incendie de 1660?
Dans une note sans date, et qui, malgré des conjectures mal
fondées, fournit cepeudant un renseignement intéressant, on
lit : ( Les Jésuites furent établis, provisoirement, dans la petite
maison de 3t-Sébastien, à Péra, qu'on suppose être dans le
terrain qu'occupent aujourd'hui les Trinitaires, lesquels sont
tenus, cbaque année, de célébrer la fête de St Sébastien '. >
Les archives des Capucins nous fournissent un renseignement
qui nous permet d'élucider le fait, en apparence inintelligible
de ce double établissement des Jésuites à Galata-Péra.
t Les Pères Jésuites Polonais, appuyés par le représentant de
Pologne, demandèrent, le 30 avril 1653 ou 1654, l'église de
St-Sébastien pour s'y establir, et servir aux c esclaves de leur
nation. La reyne de Pologne, voulant, disent-ils, fonder ladite
mission, au nombre de dix. Leur ambassadeur la voulait obtenir
d'autorité par un Cat-chérif du 0. S.; mais M. l'ambassadeur,
de la Haye, le faisant proposer k l'amiable à la Communauté des
Pérotes, la résolution d'une commune voix a esté négative...
l'ambassadeur polonais a présenté Ars au vizir pour obtenir
St-Sébastien ; mais le vizir l'a décliné •. »
I VI.
Ste-Claire, couvent et chapelle.
Nous manquons de renseignements sur l'église ou monastère
de Ste-Claire. c L'intrépide fille de St François, dit Ozauam, qui
sort de son couvent tenant entre ses mains le saint ciboire, et
' Voir ci-dessous, g Vil, la Trinité.
* Archives des Mission* des Fâres (Capucins dans le Levant.
r>' Google
qai met en faite les inSdèles, > avait une maison & Galata.
Pirare Gyllesen parle comme existant de son temps.... t In qao
bodie spectantur du» œdes sacrs, quarum unam Franci appel-
lent Divam Claram.... » Crualus cite également une église de ce
nom parmi les huit de Galata. Du Gange, d'après Crusius, dé-
signe Ste-CIaire comme ( temple ou monastère encore existant
à Galata >. Il semble, d'après les indications de Pierre Gylles,
que cette église devait se trouver dans la partie de Galata avoi-
sinant Top-bana. Les Actes de la Comunità ne font aucune
mention d'une église de ce nom. Elle aurait donc dépendu de
St-François, dont nous voyons que les religieux en étaient
chargés'. Elle disparut sans doute dans un incendie.
S VIL
La Trinité.
Nous rangeons parmi les églises disparues celle de la T. Ste
Trinité, bien qu'elle existe encore, parce que rien ne la rattache
à l'histoire actuelle de la Latinité de CP. Elle a en effet été
cédée aux Arméniens catholiques, en 1857. Noua auroas à men-
tionner cette cession à sa date.
Cette église a pris son nom des religieux Xrinitaires, plus
exactement appelés : Ordre de la T. Ste Trinité pour la Ré-
demption des captifs. Cette « Religion, i comme celle de Notre-
Dame de la Merci, répondait à un besoin du temps de sa fonda-
tion : ses membres faisaient profession de se dévouer au rachat,
et quand ils ne pouvaient les racheter, aux soins, des chrétiens
captifs dans les pays musulmans. Ils furent fondés au commen-
cement du xni' siècle par St Jean de Matha et St F''èlix de
Valois. Us durent venir bien des fois dans le Levant et à CF.,
pour remplir lenr ministère de charité, mais on ne voit pas
qu'ils y eussent d'établissement fixe. Ils sont mentionnés en
première ligne, dans le premier renouvellement de la paix, ou
trêve, de Sitwatorok, conclue entre la Turquie et l'empereur des
> Archives de St Antoine.
çGoogle
Romains, en 1015 = 1606 '. Cet Ordre s'établit à Constantinople,
spécialement par la protection de l'Autriche - ; les ambassadeurs
impériaux en Turquie comptaient souvent, parmi les personaes
de ieur suite, on ou deux religieux de cet Ordre '. Toutefois,
l'église qui fait l'objet de ce paragraphe fut élevée, dans le prin-
cipe, t pour le corps des interprètes, » en 1699, à la demande
de l'ambassadeur Œttingen ^ ; et, plus tard, le comte de Virmont
se borna à solliciter, en faveur des Triuitaires, nn ou plusieurs
firmans, indiqués par Hararaer, sans en faire connaître l'objet • ;
de même, et dans la crainte que, si ces religieux élevaient < une
église à Péra, elle n'éprouvât le même sort que celle des mino-
rités (St-François), > qui avait été rasée (î), lors de la dernière
rupture avec Venise, < M. de Dirling, au lieu de demander,
pour ces religieux, l'autorisation de bâtir une église, sollicita
seulement en leur faveur l'autorisation de fonder un couvent
lie frères hospitaliers ou hospice ". »
Selon certain témoignage, qui, d'ailleurs, n'indique pas la loca-
lité, les Trinitaires se seraient établis, à Galata, 1719 ; cet éta-
blissement n'aurait-il pas eu lieu dans la chapelle St -Sébastien,
alFectée, précédemment, aux Jésuites, dans les conditions rappor-
tées plus baut,auchapilrev?L'usage des Trinitaires de célébrer
annuellement, plus tard, à Péra, la fôte de St Sébastien parait
donner à cette conjecture quelque apparence de probabilité.
Le Ptire Barbiéri fait à ce sujet, le rapport suivant : c Dans
cette année 1733, quatre religieux de cet Ordre, des Trinitaires,
placé sous la protection de l'empereur Charles VI, acquirent,
sur le côté ouest de la rue Dum-dum ^, au-dessous de la pa-
' CF, sur la fondatioa da cet Ordre et «es modiOcatjons, DM. det Ordret
religieii.B III. 706 ; Miltitz, II, partie liv. III, p. 42. 327. Ces religieux étaient
dits en France Malhurîrut. parce que leur première maiaoo à Paris, fut
fondée prêa d'une chapelle consacrée à St Mathurin.
' Mission du oomta Schlik, en 1698 (cf. Hammer, lor. Caul.. XII, 461).
» Mission du comte de Virmont, en 1719 (Hammer, XIV, 18).
' Hammer, XII. 470.
» T. XIV, 22,
• Voyez Hammer. tome XIV. p. 41.
' Actuellement grande Rue de Péra.Celle-cI n'a pas toujours porté, comme
aujourd'hui, le même nom dans toute sa longueur, Beloglou djaddâci : elle
était dite rue Dùm-dùm pu Toùm-toùm devant StO'Marie et St-Antoine
(comme une grande partie de ce quartier) plus haut Aga-Djamici-djadôci,
devant la mosquée Aga-djanii, etc.
«ibvGoogle
roisse St-ADtoiDe, un terrain oCt ils bâtirent un hospice avec
une église ea bois ; ils y célébrèrent les fonctions du culte, mais
sans avoir chaîne d'âmes, conformément à un décret de la S. G.
de la Propagande, du 8 avril 1737. Leur église ayant ét^ incen-
diée, comme celle de St-Antoine, le 30 septembre 1762, ils
obtinrent de sultan Mustafa II, par l'intervention de la cour de
Vienne, ua firman eo vertu duquel ils rebâtirent l'hospice, sept
maisons de location et leur église en pierres. Celle-ci fut bénite
par Mgr Roverani, le premier dimanche de carême 1770.
La paix de Belgrade, conclue sous la médiation de la France,
c confirma les privilèges des religieux de l'Ordre de la Trinité ou
de la Hédemption des captifs, et stipula pour eux la liberté de
reconstruire leurs églises'. >
Eu qualité t d'advocatus Ecclesise Romanse " i le comte Ulefeld
reçut pour instructions de réclamer la protection et la suze-
raineté des Trinitaires et des Franciscains ^ ; et, h l'avène-
ment de l'empereur François I", Penkler, son ambassadeur,
faisant valoir la nécessité d'y construire une tribune pour lui
et sa famille, obtint l'autorisation d'agrandir l'église des Trini-
taires de Fera'.
La sécularisation de l'Ordre ayant été prononcée par la cour
de Vienne, c l'église et les maisons comprises dans l'enceinte
sont présentement affectées, dit Carbognano, à la résidence de
l'internonce impérial et de sa nombreuse mission » » .
Par suite du (sened > (convention, acte obligatoire), intervenu
entre Joseph II et la Porte ottomane, relativement à la sécurité
de la bannière autrichienne contre les pirates barbaresques, les
Trinitaires, en l'an 1781 abandonnèrent leur établissement qui
passa en la possession de l'internonce impérial, lequel en fit sa
résidence personnelle et celle des employés de l'internonciature,
jusqu'à l'incendie de Fera, du 14 mars 1799 ; alors l'église resta
> Hammer, loc. laad., XIV, 464.
* Charleraagne, dont les empersurs d'Allemagne avaîe nt la prétention d'être
les héritiers, a n'avait pas, dit Ozanam, reçu vainement le titre « d'avocat ou
avoué de l'%lise « qu'il couvrait de son glaive au dehors, et dont il faisait
respecter les ordonnances ou dedans. ■
" Id. XV, 17.
* Id. XV, 90, 130.
* Carbognano, lac. lau.1., é.l. de 1794, p. 66.
r>' Google
— 334 ~
debout mais gravement endommagée, bien qu'elle eût été bâtie
en pierres.
D'après le Père Barbiéri, Mgr Ponton, vicaire apostolique pa-
triarcal, trouvant sa résidence de StrGeorges de Galata, trop
éloignée du centre de la population catholique s'employa pour
obtenir de Sa M^esté Césaréenne, la concession de l'église et
d'une partie du terrain ancien des Trinitaires. Le siège vicarial
fut donc transféré à la T. Ste Trinité, le 25 avril 1803. D'après
d'autres informations, qui d'ailleurs viwinent à l'appui du rap-
port du P. Barbiéri, le frère de Mgr Fonton, vicaire aposto-
lique, de 1799 à 1816, acheta, de l'Autriche, le couvent ainsi
que l'église des Trinitaires, restée fermée depuis le départ de
ceux-ci, SOQS la réserve de laisser les armes autrichiennes sur
la porte d'entrée, ainsi que la tribune de l'ambassadeur ; et de
conserver, à cette puissance, le Jus patronattis, même en cas
d'incendie ou de reconstruction du temple.
La Confrérie t dei sette dolori délia Beatissima Virgine »
fut érigée canoniquement dans cette église le 1" mai 1808.
Cependant, malgré la bonne volonté des Vicaires patriarcaux,
il ne fut pas possible de donner à cette église les droits curïaux
ni d'en faire le siège d'une paroisse.
NN. SS. Fonton et Corresi ont été inhumés dans la Trinité,
le premier sous la sixième dalle, en dehors du chœur ; la pierre
funéraire a été brisée dans l'incendie de 1831 ; selon l'usage, les
deux barrettes épiscopales avaient été appendues k la voûte du
chœur; mais, brûlées dans le même incendie de 1831, elles
n'ont pas été remplacées. L'inscription funéraire de Mgr Corresi
se trouvait dans le chœur, du cûté du trône archiépisco-
pal, ainsi qu'une autre inscription relative à la fondation de
l'église; mais, endommagées par l'incendie de 1831, ces ins-
criptions ont été recouvertes d'un crépissage. Quoique ayant
assez souffert du feu, les murailles et la coupole ont pu être
conservées, au moyen de réparations d'une certaine impor-
tance.
Desservie jusqu'alors par le clergé diocésain, l'église de la
IVinité a été cédée aux Arméniens catholiques, vers le mois
d'août 1857, durant la gestion intérimaire de Mgr Mussabini,
archevêque de Smyrne, Par suite d'un accord, auquel la Su-
blime Porte aurait tacitement consenti, les armes d'Autriche et
r>' Google
— 835 —
la tribune de l'ambassadeur y ont été conservées, bien que l'é-
glise ait passé, par le fait, sous la juridiction ottomane '.
Les restes des deux vicaires apostoliques, inbumés dans cette
église, y ont été laissés.
g VIII.
Congrégation de St-Jean-Baptiste (Battistint).
Cette congrégation de Clercs Réguliers était originaire de
Gênes ; elle compta peu de ses membres à CP. Les premiers
Battistini envoyés en Orient étaient destinés à la mission de
Pilippopoli, en Bulgarie. Ils passèrent à CP. en 1755, et furent
béber];;és à St-Antoine chez les Conventuels, Mgr Roverani, qui
appartenait à cet Institut et qui était d'abord Vicaire aposto-
lique de Bulgarie, fut envoyé comme visiteur secret à CP.
pour des affaires qui regardaient les Arméniens. Après avoir
rempli sa mission il retourna à son poste (1736) d'où il ne tar-
da pis à être appelé à CP. en qualité d'Archevêque de Marcia-
nopli, et Vicaire apostolique patriarcal, 1767. Des persécutions
suscitées contre ces missionnaires par les Grecs, leur rendirent
pour un temps le séjour de la Bulgarie impossible, ils se réfu-
gièrent donc à CP. où ils reçurent encore tous les secours né-
cessaires des Mineurs Conventuels. La plupart d'entre eux
purent retourner à leur mission ; mais quelques-uns demeu-
rèrent à CP. On acheta pour eux, en 1771, uoe grande maison
et un terrain assez considérable, sis à Péra, près d'une église
arménienne en ruine. Mgr Fracchia, nommé Vicaire apostolique
patriarcal, en 1778, était aussi de cette congrégation. Ils ont
disparu de CP. sans laisser de grandes traces. Leur maison
après avoir subi diverses oppositions fut enfla attribuée aux
Capucins, qui s'en défirent plus tard.
' Cest peut-£tre uniquement à la présence des armes de l'Autriche sur la
porte de cette église que les Arméniens catholiques ont dû de pouvoir la
conserver, seule de toutes celles qu'ils possédaient, pendant le néo-schisme,
anti-Hasaountiste. Tous les autres édifices servant au culte, ou de bienfai-
sance, avaient tsik livrés aux néo-schlsmatiquas. Les derniers restes de
cette fuoesta division ont heureusement disparu.
çGoogle
SIX.
Le Bagne. — Si-Antoine.
A la saite des invasions des Sarrasins, et après les Croi-
sades, un grand nombre de chrétiens restèrent prisonniers en
Orient ; le nombre en fut encore augmenté par la conquête
turque. Les Osmanlis, race essentiellement belliqueuse, avaient
pour habitude de faire chaque année quelque expédition sur les
terres cbrétiennes.Ghaque année ils ramenaient an bon nombre
de captif, pris les armes à la main, ou emmenés par force, des
contrées chrétiennes. Le nombre de ces captifs était encore
augmenté par ceux que les corsaires turcs enlevaient, soit dans
les lies de la mer Egée, soit sur les navires chrétiens capturés
en pleine mer, soit même dans quelques descentes heureuses
SOT les rivées de l'Italie, de la Provence ou de l'Espagne.
Nous trouvons dans les histoires locales de nombreuses plaintes
au sujet de ces ravages des corsaires musulmans.
Un peu plus tard les Capitulations interdirent, il est vrai, aux
Turcs de faire des captifs français ou de certaines autres na-
tions ; mais souvent aussi les Capitulations restaient lettre
morte, en sorte qu'il y avait, dans toutes les villes musul-
manes et surtout à CP. un grand nombre de captifs ou esclaves
chrétiens.
Les uns vendus sur le marché devenaient la propriété des
particuliers, et suivant l'humeur de leurs maîtres, ils étaient
parfois assez bien traités ; mais alors naissait pour eux le dan-
ger de se mêler plus intimement à la famille de leurs maîtres,
en devenant musulmans eux aussi ; les autres n'étaient pas ven-
dus, mais ils restaient la propriété du Grand-Seigneur. On en
faisait deux parts, les uns étaient distribués sur les galères, et
ils étaient attachés à leurs rames jusqu'à la mort; les autres
étaient appliqués aux travaux publics ; alors on les renfermait
dans des bagnes. Ces bagnes étaient généralement près des ar-
senaux, et les esclaves en sortaient chaque jour pour aller à
leurs ateliers. A CP, nous voyons un de ces bagnes auprès de
l'arsenal de Qassim-pacha, un autre près de celui de Top-Kha-
r>' Google
OBÉLISQUE ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE
;S UBDBCCNS ET PHARUACIEKS DÉCÈDES DE L'AFtUÉE FRANÇAISE D'Oi
çGoogle
çGoogle
— 337 —
né, an antre à Bëchiktasch. Cependant les Turcs ne traitaient
pas de la même façon tons leurs esclaves : ceux dont ils pou-
vaient espérer une rançon étaient mis à part : nous voyons qu'ils
étaient généralement gardés aux Sept-Tours, la prisort- des
Qentits-hommes.
he régime des esclaves chrétiens était fort variable, suivant
te malb-e auquel ils appartenaient. Ceux des bagnes et des ga-
lères étaient traités ' fort durement, car comme les expéditions
annuelles donnaient le moyen de combler, sans frais, les vides
crensës par la mort, on n'épargnait pas le travail et les mauvais
traitements à ceux que l'on possédait. Ils étaient de plus très
exposés à perdre la foi, car on délivrait et l'on plaçait avanta-
geusement ceux qui se faisaient Turcs, suivant le langage du
temps.
Aussi le rachat des captife était-il, au moyen âge, une des
grandes œuvres de la miséricorde chrétienne. Deux Ordres reli-
gieux, celui de N.-D. de la Merci, et celui de la T. S. Trinité y
consacrèrent tous leurs efforts. D'autres encore s'y employèrent,
mais sans pouvoir diminuer sensiblement le nombre de ces
infortunés.
Les religieux établis dans GP. et dans les autres villes assu-
jetties au croissant, avaient donc poar mission spéciale de s'oc-
caper de ces esclaves chrétiens, sur les galères et dans les bagnes.
Nous les voyons tous employés à ce ministère. Conventuels,
Dominicains, Capucins et Jésuites rivalisent de zèle. Leur
ministère était facilité par les Turcs eux-mêmes, qui laissaient
à leurs esclaves une certaine liberté et qui permettaient aux
religieux l'entrée des bagnes. Le bakschisch traditionnel aidait
souvent à leur ouvrir les portes de ces antres. Nous allons les
voir à l'œuvre.
Le bagne de Constantinople ou * arsenale fabbricato... nel
porto, appresso il luogo di Pera ', > était rempli autrefois des
c esclaves infidèles faits sur les chrétiens, pendant la guerre'.»
On eu accusait trois à quatre mille en 1592^, deux mille en
1664*, trois mille du temps de M. de Girardin (1686-89) ; le
t Rekaioni oenet., 3- série, IK, 347.
« E»tat de* mittion» de Grèce, p. 88.
9 Relai. oenet., 3* série, II, 33S.
* CarayOD. Rel. inéd. de» ir
çGoogle
p. Tarillon dit (1712) : t II faut encore compter parmi les ca-
tholiques, quatre à cinq mille esclaves, servant sur les galères,
ou enfermés dans le bagne du 6.-S., et plus de vingt mille
autres, répandus dans les maisons des particuliers '. > A la chnte
de Gerbi, don Alvarez, général espagnol des troupes de débar-
quement, y fut conduit avec les autres prisonniers • ; après
celle de Famagouste, la peau du malheureux et héroïque Ba-
gradino^ y fut exposée ; le dominicain Calipio, qui y fut mis
comme espton du pape, essaya de la dérober ; et, plus tard,elle
fut rendue à Venise, et déposée, dans une urne, dans l'église
des Santi Giovanni et Paolo*.
En 1593, après la défaite de l'armée turque devant Essek, le
baron de Lobkovitz, ambassadeur impérial, fut traîné à la suite
de l'armée, et let> gentj de sa maison conduits au bagne ^. c L'on
y voit toutes sortes de nations, dit le P. Saul^er, jésuite, en
1664, mais particulièrement des Français-, j'y al vu des Pari-
siens, des Bretons et des Normands''. >
Les Capitulations contiennent de nombreux articles relatifs
à la libération d es esclaves ^ ; une confrérie, celle du Satnt-
Cœur de Jésus, avait été instituée, pour le rachat des es-
claves, et le produit de certaines taxes et amendes^ avait été
affecté au môme objet. Lors de la paix conclue sous la média-
tion de la France, M. de Villeneuve, ambassadeur de Louis XV,
obtint la libération de trente prisonniers allemands, incarcérés
au bagne de Constantinople ".
On lit dans Tourneforf '", qu'il y avait, dans le bagne, deux
chapelles pour les Latins, l'une appartenant au Roi de France,
l'autre destinée à l'usage des Vénitiens, des Italiens, des Alle^
mands et des Polonais. < Les missionnaires, continue le savant
I Xoiircaux Mffitoire^ '/es Mluloii», etc., p. 28.
' Hàmmer, VI, 194.
> [d. id. 415. Cf. ndai. rcn. 3" série, I, 379.
* Hammer, VI, 5S7.
* Hammer, V[[, 67,
■ Carayon, loc. IntuL. 99. 236, 237.
' Voyez nos Traité» et eapitulation» de la France, dans le Contemporain,
1369, paseim.
s Délibération* nationales, procès- verbaux àe 1717, 1719, 1725.
* Hammer, XIV, 4G7.
"I Voyage au Lerant, 11, 5.
çGoogle
voyageur, y confessent, disent la messe, administrent les sacre-
ments, et font les exhortations en pleine liberté, en donnant
quelque gratiScation au commandant du Bagno. Les Grecs y
avaient anssi une chapelle. > Carbognano', rapportant les
mêmes faits, dit aussi : L'une des deux chapelles latines < ap-
partîeneaî francesi e l'altra è commune a tutte le nazioni. >
L'église grecque est la seule existant aujourd'hui (1870) ; et
dans une visite que nous aTons faite au bagne, en octobre 1865,
on nous a montré des ruines qu'on indiquait comme étant celles
d'une chapelle latine ; on ajouta que cette chapelle était dite
« Saint-Pierre ou Saint- Antoine, i Ce rapport n'est consigné ici
que pour n'omettre aucun élément d'information.
On lit, dans les Mantahhtbât d'Ëvlia Tchelebi, que sultan
Suleïman fit bâtir, dans l'arsenal, le San-Pavla ztndâni; ne
trouverait-on pas là un indice du titre de la chapelle ' ?
Pour ce qui est de St-Antoiue, le r^istre des actes de bap-
tême de Ste-Marie Drapéris mentionne, au 18 janvier 1668 :
f L'ecclesia Sancti Antonii di Padua, apud captivorum carce-
res, vulgô die dicto Bagno del Oran Sîgnore, In Casslm
pacha; > et, au 23 février 1670, < la capella di Santo Antonio
di Padua, al bagno del Gran Signore. »
La Comunità rapporte, en 1618, que cette église ou cha-
pelle aurait été desservie, à une certaine époque, par les Domi-
nicains; elle ^oate, en 1633, qu'elle était fréquentée par les
Grecs, les Arméniens, et même par les mitsulmans des deux
sexes, qui, aHligës d'inOrmités réputées incurables, venaient se
recommander au saint, auprès duquel ils passaient trois jours
et trois nuits ; après quoi, ils s'en retournaient guéris, t La
miraculosa chiesa di Sant' Antonio ' » courut danger d'être dé-
molie, dit la Comunità, en mars 16S6 : le plomb d'un maga-
sin du Q. S. attenant à l'église ayant été volé ; le chapelain fut
chassé, et se réfugia chez l'ambassadeur de France ; et l'église
' Loe. laud., p. 70.
■ i Les Turcs, dit Byzantios (II, 21), appellent la bagne, j'ignore pour-
quoi, pritOfi de Sl-Paul, ■
3 C'aat probablement da cette église que parla Du Gange (lîb. IV, 81), d'a-
près le P. Pacifique, capucin, in Itinsrario Co'iitanlinopolilano. « fréquen-
tée, dit-il, par un grand nombre de Grèce, à cause des miracles que Dieu
y opérait. ■
r>' Google
fat mise sous scellé. La réouverture ayant été obtenue à prix
d'argent, la desservance fut donnée aux Mineurs Observantins
(16 mai 1626); le procureur comptait au chapelain 20 asprcs
par jour pour son entretien.
En 1632, la Comunità décide que le chapelain et le sacris-
tain pourront seuls, dorénavant, passer la nuit dans l'église.
Mise de nouveau sous scellé, en février 1686, cette chapelle
était encore fermée, en octobre même année ; les sacrifices de la
Comunità ne parent obtenir sa restitution au culte '.
Selon Hammer", une femme du séraï, sous le règne de sul-
tan Ibrahim, successeur de sultan Mourad IV, aurait brisé les
scellée apposés sur la porte de l'église ; et, après s'être baignée
dans Vaïasma, aurait, de nouveau, fermé la porte. Irrité de
cette violation de l'ordre impérial, le grand vizir Qara Mous-
tafa^ aurait, à cette occasion, changé l'église en mosquée^.
De ce qui précède, il semble résulter que St- Antoine se trou-
vait hors du bagne mais attenant aux magasins de l'arsenal ;
une circulation aussi fréquente n'aurait pu être tolérée dans
l'intérieur ; d'autre part, les actes de Ste-Marie Drapéris cons-
tatent qu'un mariage fut célébré, en janvier 1668, t in ecclesia
Sti Antonii di Padua, apud captivorum carceres, vulgo dicto
Baguo del Gran Signore, in Cassim bassà ; > et, en février
1670, qu'un baptême eut lieu i nella capella di Sto Antonio
di Padua, al bagne del Gr. S. > Si le rapport de Hammer est
exact, on peut être conduit à snpposer,en tenant compte des in-
dications fournies par les registres de Ste-Marie Drapéris, que
le vocable St-Antoine aurait été reporté à l'une des deux cha-
pelles du Bagne, vraisemblablement & celle qui t était commune
à toutes les nations. >
D'autre part le fait du changement de St-Antoine en mosquée
n'est pas rapporté dans les mémoires locaux qui constatent au
contraire l'existence de cette église à une époque postérieure à
celle du viziratde Qara-Moustafa. On lit dans les mémoires des
- 1 Cette date correspond à. celle de la parte de Ste-Marie de Conitanti-
DOple, detierrie par laa Dominicaine (voyez chapitre I)-
» Loc. laad., X, 112.
* Grand-Tizir de décembre 1638 au SE mars 1643.
* Toutefofa, la liste des mosquées de CAcim.^cha ne fournit aucune In-
dication à cet ^rd. (Hammer, XVIII.)
r>' Google
— 341 —
P.P. Conventnela : c Au bagne, ou à la prison des Sept-Tours,
et à l'arsenal, aatrement ait «Bagno dl Cassim-bassà, i il y
arait uae chapelle b&tie pour l'usage des latins, sous le vocable
dd St-Antoine de Padoue, par l'écrivaia Prono, et dans la-
quelle les P.P. Gonveatuela prêchaient et célébraient les of-
fices j cette chapelle fut bénite par Mgr Ridolti, le 19 mars 1664.
Donnée plus tard, en 1688, aux Jésuites, par Mgr Gasparini,
Mgr Bavestrelli en confia la direction aux prêtres séculiers,
après la suppression des Jésuites. Elle avait été incendiée
en 1720, mais reconstruite eo pierres presque aussilôt.
D'après la visite que lui fit le Vicaire patriarcal, le 37 Join
1688, quand il la donna anx Jésuites, l'église de St-Antoine de
Padoue, au bagne du Grand Seigneur, avait trois autels, le
maltre-autel, dédié à St Antoine, celui de droite à Ste Bose et
celui de gauéhe aux Ames du Purgatoire.
A cété du grand bagne se trouvait le petit qui avait aussi son
service religieux : nous voyons en effet que Mgr Bidolfl, les IS
et 33 décembre 1664, bénit deux chapelles nouvellement éri-
gées sous le vocable de la B. Viei^e Marie, dans le c piccolo
bagno di Cassam pacha >.
Dans la même année 1664, les Dominicains desservaient l'é-
glise du bagne de Bechiktach, où Mgr ElidolQ avait établi sa ré-
sidence d'été, il y officia pontificalement le 11 mai 1664. Cette
église avait deux cloches.
Il y avait aussi un bagne aux Sept-Tours, et nous avons vu
que l'on y faisait un service religieux.
Au reste, le P. Tarillon, dans son mémoire déjà cité, donne
du b^ne de Qassim-pacha et de ses diverses parties une des-
cription qui nous fait bien voir comment il était constitué en
1712. «Le bagnese compose d'une grande enceinte,... au milieu
de laquelle s'élèvent deux gros bâtiments, de figure presque
carrée, mais de grandeur inégale : le plus grand s'appelle le
grand bagne ; l'autre, le petit bagne... Dans un qimrtter de
chaque bagne, on a pratiqué une double chapelle, dont une
portion est pour les esclaves du rite franc, et l'autre pour les
esclaves du rite grec et moscovite. Ces chapelles avaient, en
commun, d'assez bonnes cloches ; il y a cinq ou six ans qu'on
les leur a enlevées (1706?). Assez près du petit bagne, ou a
b&ti et orné, des anmdnes des fidèles, une petite église, sous le
r>' Google
— 342 —
titre de St-Antotne, qui est assez biea fournie des meables
d'autel nécessaires ; c'est la chapelle des officiers et des ma-
lades. Les esclaves élisent, tous les ans, un écrivain ou préfet
du bagne, et sous lui un sacristain, à qui tout se donne pour
compte, pour le remettre dans le même état à celui qui eutre en
cbai^e après lui'... Dans les temps de peste,... notre usage est
qu'il n'y ait qu'un seul Père au bagne, pour y demeurer tout le
temps que la maladie dure. Celui qui en obtient la permission
du supérieur (ce qui n'arrive pas sans de fortes représentations
de la part des autres), s'y dispose pendant quelques jours de
retraite, et prend congé de ses firères, comme s'il devait bien-
tôt mourir.... Le dernier jésuite, mort dans cet exercice de
charité, est le P. Vandermans, flamand ; depuis lui, personne
n'a plus été frappé de cette maladie qae le P. Besnier, saisi de
la peste en confessant-. >
Selon les archives de Ste-Marïe, les sacrements étaient admi-
nistrés aux esclaves du bagne, de 1667 à 1731, par les réguliers
de cette paroisse; et, dans leur supplique, supposée de 1683, à
la Comvnitâ, ces mêmes religieux se plaignaient de ce que
c les Jésuites se sont introdoits, dernièrement, dans le grand
bagne, et que monseigneur leur en a donné la cure, i On lit
cependant dans le Mémoire du P. Saulger, en date du 30 mars
1664 : ( Parmi les travaux des Jésuites sont les galères, com-
posées d'un bon nombre d'esclaves français ; deux de nos Pères
vont, tous les dimanches, au grandbagne du Qrand Seigneur...
nous y allons confesser et chanter la grand'messe, avant le tra-
vail. Nous avons, de plus, pour mission, les Sepl-Tours, la
prison des gentils-hommes. Nos Pères restent auprès des ma-
lades ; te soir, ils retournent au bagne, pour entretenir, plus k
loiair ceux dont il faut soutenir la foi. Durant les nuits entières
des veilles des grandes fêtes, passées avec ces pauvres gens
pour les confessions, il faudrait voir la douleur de leur péni-
tence, la ferveur de leurs prières, leur soif de la parole de Dieu...
Durant dix années qu'il demeura & Constantinople, le P. Ber-
nard a pris le soin des bagnes; il y passait souvent les jours et
' Cf. plus haut, Comunità di Pfra-Oalaia.
> I^ nom du P. Besnier n'est pas inscrit sur la pierre des Pir«a Jésuites
morts de peeie. (Voyez notre Compte-i-endu de 1864.}
çGoogle
— 343 —
les nuits. Ce révérend missionnaire est mort victime de son zèle
évangélique; son nom figure, à l'année 1683, sur la pierre fu-
néraire des Jésuites morts de peste K i
D'après l'état de la chrétienté de CP., présenté au St-Siège
par Mgr Teoli, archevêque de Myra, suffragant du pateiarche
de CP. (1653-1663}, les allemands et les polonais esclaves, spé-
cialement aux Sept-Tours où ils sont enfermés, et où se trouve
une nouvelle chapelle, avaient le plus grand besoin de mission-
naires de leur nation. Déjà le P. Giovanni Circbi, d'Anagni,
Vicaire patriarcal (1681-1635), et de nouveau (1648-1651), avait
fortement représenté à la Propagande la misère des esclaves du
bagne à CP.
Dans une lettre du 33 mars 1747, au ministre des affaires
étrangères, M. de Castellane cite < les Jésuites qui ont l'entrée
du bagne^. » En temps de peste, ceux-ci s'enfermaient avec
leurs ouailles, et plusieurs d'entre eux y ont trouvé une mort
glorieuse : ils sont tombés sur le champ de bataille de la cha-
rité évangélique! Remplacés, à la suppression de l'Ordre, par
MM. les Lazaristes, ceux-ci ont dignement occupé au bagne,
jusqu'en 1818 ou 1830, le poste de leurs prédécesseurs; & peu
près vers cette époque, leur chapelle fut détruite par le feu ; on
sauva des flammes le tableau qu'on voit présentement (1870), à
St- Benoît, au-dessus des orgues ; il représente une scène de
rachat d'esclaves; un évêque, assisté de deux prêtres en cos-
tume de chœur, compte au personnage, debout devant lui, le
prix de la libération d'esclaves accroupis et garrottés à ses pieds.
Depuis que les Turcs ne font plus d'esclaves chrétiens, l'œuvre
du bagne n'a plus la même importance que jadis. Ce n'est plus
qu'une œuvre ordinaire des prisons, et même peu considérable ;
car les européens des diverses nationalités étant justiciables de
leurs cours nationales de justice, il ne reste guère que les
condamnés raïas, peu nombreux toujours. Nous ne séiiarerons
donc pas ce qui reste à dire des prisonniers dans l'état actuel
de ce que l'histoire nous fournit des bagnes d'autrefois.
Actuellement, la desservance du bagne est dévolue aux
1 Cf. CarayOQ, lor. f(ia<J., p. 99.247, 248,252; Eitaldc» ininion» de Grèce,
en 1695 ; et mon Comple-rcn/lu du cimeliire catholique latin de Constauti-
nople pour l'année 1864, p. 26.
> Testa, Recueil de» Traita», II, 180.
r>' Google
~ 344 ^
H*. Dominicains : le révérend et zélé curé de St-Pierre, assisté
d'une sœur de Charité chaînée de cet office, a obtenu, de l'au-
torité locale, un petit emplacement qu'il a converti en cha-
pelle ; là on entend les confessions, on dit ]a messe et l'on
administre les sacrements; on distribue aussi, une fois la se-
maine, en numéraire ou en nature, des secours aux galériens
latins. Le docteur Fontana, assisté de sœur Madeleine, a créé,
dans le hatgne (zindân), aa petit hôpital pour les malades latins.
Le curé de St-Pierre et les sœurs de charité ont également
obtenu, du ministère de la police, l'autorisation d'établir une
petite chapelle dans la prison de la préfecture de police {zabtïé)
à Gonstantinople. Cette autorisation avait été retirée ; aussi les
prisonniers catholiques latins étant restés dépourvus de tout se-
cours religieux, l'ambassade de France a fait des démarches
auprès du ministère de la police aSn de remédier à cet état de
choses : le ministère accueillant favorablement les justes obser-
vations gui lui étaient présentées, a mis dans la prison centrale
deCP., sur la place de sultan Ahmed, une chambre assez grande
& la disposition du curé de St-Pierre, dont la juridiction s'étend
à tout CF., afin d'y célébrer la messe et d'y donner les secours
religieux aux détenus catholiques-latins. La nouvelle chapelle a
été inaugurée, le 30 mars 1876, par le R. P. Marengo, domini-
cain, curé de St-Pierre,
Sous le titre d'ceuwe des prisons de Constantinople, il s'est
formé, À cette occasion, une association, dont voici les résultats
pour l'année 1869:
Recettes .'Cotisations [piastres, gT3 /Mpenses.'Aumànea: piastres, 717
Dons pour vêtements, 240 Acliat de vêtements, 210
Piastres. . . 1062 Piastres. . . 927
Compte -rendu moral .
Bienfaiteurs 9
Visites aux prisonniers. . . . 4S
Libération de prisonniers ... G
Vêlements et chaussures distri-
bués à trente-trois prisonniers.
Résultats pour 1891 :
Bienfaiteurs : dix ; visites : douze ; prisonniers libérés : trois ;
recettes ; 1,846 piastres ; dépenses : 941 piastres.
r>' Google
SX.
Saint-Jean Chrysostôme '.
Cette église, sise daas la graade rue de Péra, à gauche, en
allant vers le Taqcim, presque eu face de la me Hava, fut cons-
truite par Mgr HîUereau, qui en fit l'inauguration en 1S54. Sa
Qrandeur avait désiré l'ériger en paroisse ; mais certaines oppo-
sitions ayant été produites à la Propagande, contre l'exécution
de ce projet, l'archevêque fut invité à l'ajourner. Le vaisseau
de l'édifice se composait de trois nefs, dont une, celle de gauche,
troncpiée ; il avait plusieurs tribunes. Cette église qui, d'ailleurs,
n'était portée qu'à la moitié de sa longueur projetée, ne donnait
pas sur la rue, comme cela est d'usage en Orient, elle était pré-
cédée d'un corps de logis contenant la résidence de l'arche-
vêque, le secrétariat, la chancellerie.
C'est là que Mgr Hillereau rendit son flme à Dieu ; et c'est
dans cette église que ses obsèques furent célébrées. M. le chargé
d'affaires de France y assistait avec une partie du personnel de
l'ambassade ; la dernière absoute a été donnée par Mgr Trioche,
archevêque de Babylone, de passage à Constantînople.
L'église St-Jean Chrysostéma a été détruite par le feu, dans
l'incendie du 5 juin 1870; la toiture s'est effondrée sur le
sol ; les quatre murs seuls sont restés debout ; la résidence ar-
chiépiscopale a entièrement disparu ; elle contenait une biblio-
thèque ecclésiastique importante, dont on a & regretter la perte.
Au moment où le feu se déclarait à l'une des extrémités de Péra,
et s'avançait avec une rapidité efb^yante, le vicaire apostolique,
Mgr Pluym, officiait à l'église du St-£^prit, dont c'était la
tête patronale (le jour de la Pentecôte) ; informés du danger
que courait l'archevêché, M. l'abbé Testa, vicaire général, Don
Antonio Gîorgiovich et le Frère passioniste attaché & la personne
da Monseigneur, se portèrent en hflte sur le lieu du danger ;
■ St Jean Chry*o>Wine fut élu patriarche de ConatantiDOple «n 397. Voyaz
sur cet illustre docteur, Montalembert, U» Moine* d'Occident, 1, 121 «t auiv-
çGoogle
— 346 —
par leur zèle et leur courage, ils parvinrent à sauver des flammée
les saintes Espèces, une grande partie des ornements sacerdo-
taux et pontificaux, ainsi que les objets les pins précieux servant
au coite'.
St-Jean Chrysostdme, résidence du vicaire apostolique, était
desservi par les prêtres séculiers du diocèse, au nombre de huit
prêtres en tout, répartis entre cette église et celle du St-Esprit.
St-Jean Chrysostôme n'avait pas d'école gratuite ; mais le Vi-
cariat y contribuait, de différentes façons, à l'instructioB d'un
certain nombre d'enfants pauvres, tant chez les Frères de la
Doctrine chrétienne que chez les Sœurs.
> S«Ion le rapport lu par le président du conseil municipal de Péra, dans
la eéaoce du jeudi 10 Dovembre 1870, l'Incendie du 5 juin aurait détruit le
quart de ta circonicriplion municipale, coniumé 3000 maisons, et laine
â),000 Amei sans pain ni asile.
çGoogle
CHAPITRE IX.
ORGAMSA-nON ECXXÊSIASTIQUE DE LA. LATINITÉ DE CONSTANTINOPia.
On a TQ, dans la Première Partie, que les églises et les mo-
Dastères de rite latin, qui se trouvaient & CP. pendant tonte la
durée du Baa-Empire, étaientsoumis directement à l'autorité du
St Siège, qui souvent les confiait à un vicaire pontifical. Puis,
lorsque les Cités italiennes fondèrent des colonies sous les murs
de la ville impériale, elles y envoyèrent un clergé de leur choix,
et eurent des églises nationales dans l'enceinte de leurs conces-
sions. Nous l'avons constaté spécialement pour les Âmalfitains,
les Pisaus, les Vénitiens et les Oénots. Les Vénitiens étant les
plus nombreux et les plus puissants, il semble que tous 1^
liatins ont été pendant quelque temps soumis à l'autorité du
patriarche de cette nation : Âquilèe, Grade, ou Venise, suivant
les époques.
Lors de la conquête Franco-Vénitienne, on établit à CP. la
hiérarchie ecclésiastique, et, à la tète de l'Église latine, on cons-
titua un patriarche. Nous avons suivi toute la série des patri-
arches effectif de CP. Après la reprise de la cité par les Grecs,
le patriarche avec son clergé, dût abandonner l'empire, où il n'y
avait plus de place pour lui ; mais il conserva néanmoins sa ju-
ridiction. Il est cependant à remarquer, que, malgré la présence
du patriarche local, le patriarche de Venise avait encore des
droits sur les églises vénitiennes, et l'archevêque de Gènes sur
celles de sa nation.
A partir de 1361, les Vénitiens n'eurent plus qu'une place
tout h fait secondaire à CP. : les Génois y sont tout puissants,
r>' Google
— 348 —
surtout dans leur colonie de Galata. L'archevêque de Qènes
garda donc sur les églises qui' appartenaient à la Comanità, l'au-
torité qu'il possédait depuis longtemps } celles des religîeaz étant
exemptes ne relevaient guère que de leurs supérieurs, locaux ou
généraux, et du St Siège. Les choses n'y marchaient pas toujours
d'elles-mêmes, aussi voyons-nous les Souverains Pontifs y en-
voyer des visiteurs, pour apaiser des diflférends ouréprimer des
abus (1421, 1425).
Depuis la conquête ottomane, (1453', la ville de Gènes ayant
abandonné sa colonie à son propre sort, nous ne voyons plus son
cher spirituel y exercer aucune juridiction. Tout le pouvoir ec-
clésiastique est concentré entre les mains du patriarche qui
l'exerce par un vicaire de son choix ; c'était ordinairement un
religieux, le plus souvent, le supérieur du couvent de St-Fran-
çois. Ce Vicaire patriarcal n'était point revêtu du caractère
épiscopal : on redoutait même, & certains moments, comme nous
l'avons vu, la nomination d'un évêque véritable,
Cependant, à la suite de la visite de l'évêque de Santorin, la
S. C. de la Propagande, en 1634), manda au patriarche d'en-
voyer à GP., outre le Vicaire patriarcal, (qui était alors le R. P.
Guillaume Vizzanni, M. Conventuel), an évèque suffragant, qu'il
devait entretenir à ses frais, D. Livio, doyen de Candie, fot
choisi pour cet office, mais il ne put arriver h son poste et mou-
rut en Crête, en 1645.
L'année d'après, la S. Congrégation, < pour mieux subvenir
aux besoins des âdèles, > nomma elle-même et sans aucune in-
gérence du patriarche, un évêque suflragant de CP., le P. Hya-
cinthe Subiano, Ord. Praed., qui put prendre possession de son
église. Puis après quelques années, des conQits d'attributions
a'étant élevés entre lui et le Vicaire pah-iarcal, la S. Congréga-
tion unit les deux titres dans la même personne, (21 novembre
1651). Depuis lors, et jusqu'en 1772, elle nomma des évèques
titulaires, (ou in paHibus infidelium), en leur attribuant le
titre de Vicaire apostolique, suffragant paU-iarcal de Constantino-
ple. Mais comme les Turcs, ayant envahi l'Ile de Crête, s'étaient
emparés de tous les biens du patriarcat, et que le patriarche ne
pouvait plus rien pour son suffrf^ant, la S. Congrégation con-
tinua de le nommer elle seule. Enfin depuis 1773, elle a suppri-
mé le titre de suffragant patriarcal qui n'avait plus de raison
r>' Google
— 349 —
d'être et elle nomme simplement dee Vicaires apostoliques pa-
triarcaux. Ils sont Vicaires apostoliques pour tout le district
qui leur est conâë, et Vicaires patriarcaux pour Constantisople.
Cet archevêque jouit de la juridiction t ordinaire », d'après le
décret de Benoit XIV, du 15 avril 1752. Enfin le cinq mars 1868,
il a reçu le titre de t Délégué apostolique pour les Rites ori-
entaux >,
n est à noter encore que pendant leurs absences ou même
sans être absents, quand ils le voulaient, les Vicaires patriar-
caux, les évéques suffraganis, et les vicaires apostoliques, se
donnaient un vicaire général de leur choix, lequel administrait
en vertu des pouvoirs qu'il tenait de lui.
Ces préliminaires étant posés, et ces distinctions bien faites,
il nous sera plus facile de nous reconnaître au milieu de toutes
les confusions de notre histoire locale '.
Avant l'établissement régulier des Vicaires patriarcaux, nous
trouvons que l'archevêque de Gènes avait son vicaire à CP. Il
parait avoir résidé à l'église de St-Michel de Galata, mais nous
ne trouvons pas de traces de son administration.
En 1421 le patriarche d'Aquilée et l'archevêque de Gênes,
avec d'autres évëques, sont chargés d'examiner une question
relative aux lieux-saints ; le jugement fut rendu le 7 janvier
1421, mais il ne semble pas que les prélats soient venus en
Orient pour l'examiner.
Si l'on en croit les Négociattons iT. I, 303.) un patriarche
d'Aquilée serait venu à GP., en 1532 i?)
D'an autre cdté Crusius nous dit que < Paptstœ, in oppido
Galata sive Fera, generalem antistitem totius orientis habent,
cui titulus patriarchae est (1584). >
En 1437, Fr. Francesoo Spinola de Gênes, avait la mission de
visiter Chypre, Chio, Fera, Caffa et autres lieux, comme nous
l'avons dit ailleurs.
La < Comunità *, sans fixer de date, parle d'an évëque de
Nona qui aurait été envoyé à CF., comme visiteur apostolique,
antérieurement à 1609. Les mémoires des Conventuels nous
rapportent une lettre de la t Comunità > qui cite les procës-
1 Cr. la première éd. p. 108 et 109. Ces ptëlimiiiairea Mnt cODBrméi par
la rcoueîl officiel de la S. C. De la Propagande, Miiaionei Catholicte, Rome
im, p. 115, IIG.
,dbvGoogle
verbaux d'une visite faite à CP. par l'évôqne de Tiue, en 1540
et en 1588.
En 1609, l'évêque de Tine est encore choiai pour faire la vi-
site de CP. mais en 1633, c'est l'évêqne de Santorin, Fr. Pietro
de Marcbis 0. P., qui est chargé de cette mission.
Nous aurons à citer encore plusieurs visiteurs apostoliques
dans le cours de notre énumération des chefs religieux de la La-
tinité de CP. Nous en venons aux vicaires patriarcaux propre-
ment dits*.
LISTE DES CHEFS BELIOIEOX DE LA LATINTFÉ DE CONSTAKTINOPLE.
Vicaires Patriarcaux.
R. P. N. N. Vie. Patr. (on ne sait pas son nom) ; Il reçoit une
instance de la c Magnifica Coniunità > qui affirme ses droits sur
huit églises de OP., droits reconnus par l'évêque de Tine dans
sa visite. En 1684, il publie un décret de Grégoire XIII qui éta-
blit la préséance des Conventuels sur les Observantins à CP.
1599. Mgr Bonaventura Secusi, da Caltagirone, in Sicilia,
mintstro générale des FF. MM. Observants, créé patriarche
de CP. par Clément VIII, meurt à Catane.
1604. Fr. Cherubîno da Macerata, M. 0. Custode de la
Marche, Vicaire patriarcal de CP. La S. C. des Évêques et Ré-
guliers déclare qoe l'Ordinaire ne peut sans de graves raisons
enlever aux curés la célébration des mariages et des bap-
têmes, etc. pour se les réserver personnellement.
1616. Le P. Fr. Jean-Baptiste Sangallo, da Monte Barocchio,
Vicaire patriarcal, et Min. Prov. des FF. MM. Conv. est mis à
mort dans sa prison par les Turcs. Les uns disent qu'il fiit
étranglé, les autres qu'il fut jeté à la mer. Une lettre de la
( Comunità » à la S. G. de la Propagande, dit que le Vicaire Pa-
triarcal fut mis en prison et condamné à mort par' le grand vizir.
1618. Fr. Gluseppe de Bruni, da Venezia, M. 0. gardien de
' La Bérie chronologique des ordinatrea de CP. eat prise d'une copie manus'
crit« du mémoire'préHeDté à Mgr Coreesi, vie. apoat. patr. de CP. par le R. P.
Barbleri, en 1SI7. Elle est conservée dans les archives des Conventuels, et
reprodoito dans celles du Vicariat.
çGoogle
— 351 —
Ste Marie, Vie. Patr.. Il ordonne sous les peines canoniques au
R.P. Turoli, 0. P., de rendre les clefs de l'église de St-Georges,
que sa communauté possédait depuis dix ans. En 1631,1a t Ma-
gnifica Comnnità > fait la même réclamation pour l'église 3t-
Pierre, desservie par les Dominicains. Elle réclame au moins
que l'on reconnaisse son droit de patronage. En 1622, Gré-
goire XV, de Bologne, établit la S. C. de la Propagande.
1622. P. Benedetto da VeronS, M. 0. Vie. Patr.
1636. P. M. F. Andréa Gislanti, da Firenze, min. Prov.
d'Orient tenant place du Vie. Patr. au spirituel et au temporel,
n fit la visite du patriarcat, et renonça à son ofBce.
1637. P. M. Fr. Guglieimo Foca da Perugia, M. Conventuel
Prov. d'Or. Vie. patr. La S. C. du St Office déclare que l'on ne
peut permettre le mariage avec des sebismatiqaes que si la
partie schismatique promet d'abjurer ses erreurs et de se faire
catholique. Il se démet en 1639.
1629. P. M. Fr. Giovanni Mauri délia Fratta, M. C. Prov. d'Or.
Vie. Patr. Il publie les nouvelles constitutions des FF. MM.
Conventuels, et se démet en 1631.
1631. P. M. Fr. Giovanni Francesco d'Anagni, Cirehi, M. C.
Prov. d'Or, Vie. patr. Il fait la visite du diocèse et laisse en chaque
église des ordonnances, suivant les besoins. En 1633, il prescrit
la tenue d'un registre des mariages, à conserver à la chancel-
lerie. Il détermine les Fêtes- de précepte à Fera. H commande,
sous peine d'excommunication, aux procureurs laïques des églises
de rendre leurs comptes à la fin de chaque année au Vie. patr.
selon les ordonnances antérieures. Il commence une longue lutte
contre les représentants de la France et les religieux français,
au sujet des prières que l'on faisait k la messe pour le roi de
France.
1635. P. M. Fr. Guglieimo Vizzani da Bologna, M. G. Prov.
d'Or. Vie. patr. Il établit des régies de droit relativement à l'ac-
complissement du devoir pascal, dans une des trois églises pa-
roissiales. Il meurt de peste et il est inhumé aux Grands-Champs,
17 oct. 1637. Ses restes et la pierre funéraire qui les recouvrait
ont été transportés en 1864, de l'ancien cimetière des Grands-
ChampSj à l'église de St-Autoine à Péra.
1637. P. M. Fr. Angelo Petricca da Sonnino, M. G. Com. gén.
d'Or. Vie. Patr. C'est sous son administration que le patriarche
r>' Google
— 352 —
grec Veni tint un synode où fut décrétée l'union des Grecs aux
Latins. Le patriarche fat empalé, et le Vicaire patriarcal fut
obligé de prendre la fuite, en chrétienté. D obtint de la t Ma-
gniâca Comunità > l'augmentation du subside qu'elle donnait
aux Conventuels.
1641. P. M. Fr. Francesco Castogna, da Staffolo, des Marches,
M. C, proT. d'Or. Vie. patr. D mourut de peste en 1641 ; ses
restes et sa pierre tumulaire ont été transférés des Grands-
Champs à St-Antoine en 1864.
1641. P. Bac. Fr. Andréa Ridolfl, délie Fratte, d'Urbino, M. C.
n était secrétaire du précédent j à sa mort, il fat fait commis-
saire général d'Or, et vice-vicaire patriarcal-, il fut après son
remplacement, l'année suivante, nommé préfet apostolique de
Transylvanie, puis commissaire à Vienne et à Raguse. ëd la
même année le P. Archange des Fossés, préfet des Capucins,
fut nommé, par la S. Congrégation, Vie. général.
1642. P. M. Fr. Giovanni Mercredini da Fanano, de Modène,
M. C. prov. d'Or. préf. de Valacbie et Moldavie. Il arriva peu
après la restauration de l'église de St-François, ensuite de l'in-
cendie de 1639. Nous avons vu ce qu'il fit pour l'aggrandir et
lui procurer des ressources. Il mourut de peste et fut inhumé
aux Grands-Champs.
1643. P. M. Fr. Giovanni Battiata Siroli da Lugo, M. C. prov.
d'Or, préfet des deux Valachies. D s'occupa surtout de la disci-
pline intérieure et de l'administration économique du couvent
de St-François. Il se retira en Italie en 1644
1645. P. Bac. Fr. Gregorio de Magistris, d'Alatri. M. G.
Comm. d'Or, pro-vic.
1646. Mgr. Hyacinthe Subiano, Ord. praed. archev. d'Edesse.
n est nommé sufCragant du patriarche de CF. On lui reproche
de s'être montré trop facile à laisser introduire des abus contre
le cérémonial, c'est à dire à permettre les prières officielles et
publiques pour le roi de France. Ce fut la source d'une infinité
de discussions entre ses successeurs et les Jésuites.
1648. P. M. Fr. Giovanni Francesco Cirehi, d'Anagni, pour
la seconde fois. Il prescrivit sous les peines les plus sévères la
fidélité aux règles canoniques relatives à l'accomplissement du
devoir paacal. Il obligea les procureurs laïques des églises, à
rendre compte au Vicaire patriarcal, une fois cbaqae année, de
r>' Google
— 353 —
leur administratioD financière : en plusieurs visites saccessives
il insista sur ce point avec la plus grande énergie. Il ânit par
excommunier les procureurs des églises et couvents de Péra,
pour irrégularité dans leur administration. A l'occasion de la
guerre, il renonça & sa cliarge et rentra en Chrétienté.
1651. P. M. Fr. Filippo Severoli, de Faenza, M. C. prov.
d'Or. Vie. patr. Les membres de la < Magnitlca Comunità > se
justifièrent devant lui des charges qui leur avaient été imputées
par son prédécesseur ; il leur donna l'absolution des censures,
et les loua même de leur administration. Cependant on raconte
qu'il laissa à son successeur un mémoire p£tr lequel il justifie
son prédécesseur le P. J. F. Circhi. Du reste les Jésuites, par
plusieurs mémoires, ayant établi que les procureurs de St-Benoit
touchaient 36.000 aspres des revenus de leur église et ne leur
en donnaient que 8.000, il les obligea à en donner au moins
14.000; quant au reste il devait être appliqué aux besoins de
l'église. II eut encore divers ennuis et comme la guerre rendait
son administration plus diflicile, il renonça à son office et se
retira en chrétienté.
Vicaires apostoliques, suffragants patriarcaux.
1652. Mgr. Hyacinthe Subiano, 0. P., du couvent de St-Pierre,
le même que plus haut, réunît en sa personne les deux titres
de sufFragant et de Vicaire patriarcal, il reçut de Rome ses pa-
tentes et les fit lire à St Pierre le 3 aoilt 1 (jô'-i ' . Mais il rencon-
tra tant d'opposition qu'il se retira bientôt à Mmyme, après
avoir établi son vicaire le P. Thomas de Paris, capucin.
165;î. Mgr. Bonaventura Teoli, da A'elletri, M. C. Arch. de
Mira, Vie. Apost. suffragant patriarcal de CF. Il prit possession
en 1653 ; après de longues discussions entre la « Magnifica Com-
munità > et la famille Drapéris relativement à la procure de
St Pierre, il établit qu'il y aurait désormais deux procureurs
pour cette église, l'un toujours de la famille Diapéris, l'autre
choisi par la « Magniflca Comunità >. Il renonça à la charge et
rentra dans sa patrie en 166'^.
' Archives ai St Loais.
çGoogle
— 354 —
1663. Mgr. Andréa RmolfideileFratte,d'Urbino,M. Conventuel
érëque de Calamine, Vicaire apostolique patriarcal, sufTragant d&
CP. Il avait été déjà, en 1641, Vie. patr. Il arriva à CP. en nov.
1663, et fat hébergé dans la maison qu'avaient les Conventuels
aux Vignes de Péra. Il arrivait en des circonstances difliciles, le
grand incendie de 1660 avait détruit toutes les églises, sauf
St-Benoit, et toutes choses semblaient désorganisées :de plus il
fallait lutter contre la <: Magnifîca Comunità i fort catholique,
mais tenant beaucoup à ses attributions anciennes et à son pa-
tronage sur les églises : enfin il avait à s'opposer aux prétentions
exhorbitantes des ambassadeurs des puissances qui exigeaient
des honneurs refusés par les lois ecclésiastiques. Heureuse-
ment c'était un homme intelligent, actif et ferme : son passage
à CP. laissa de longues traces. Cependant une vie de luttes per-
pétuelles le fatiguait ', il donna donc sa démission et pria le
Gard. Altieri de la faire accepter par le Pape. II revint plusieurs
fois à la charge, si bien qu'en 1(575, on lui nomma comme suc-
cesseur Mgr Piluzzi, en lui demandant de rester à sonposte en
attendant. Le successeur ne put pas venir, et Mgr Bidolfi dut
se résigner à demeurer à CP- Il y mourut le 15 avril 1677.
Voici l'épitaphe que l'on grava sur sa tombe:
D. 0. M.
FRATEK ANDREAS RIDOLFI.
NATURA
ADNEPÛS FRACÏABUM GERMEN HUMILE.
GRA'ITA
EPISCOPUS GAL.^-MIXE BYSANTII SUFFRAGANEUS
PATRIARCALIS
FATO
PEREIJRINL'S A PATRIA CIVIS MUNDI
VOTO
PAt'PERTATlS ALUMXUS MINORITA CONVENTUALIS
OFFICIO
MI8SI0XUM PR.EFEGTUS VICARIUS APOSTOLICUS
' Il Tut obligé, à causo de la guerre de s'absenter de CP. pendant un an
(l'Uir)-! '•'•!>) ut se rérugia à Mîlo- Il rentra, [dès que les cïrconetanoea le lui
çGoogle
— 355 —
HANC SAXEAM EPIGRAPHEM VIVENS
SIBI OBITURO CONSULTO POSULT
UT
CHRISTOLITUS CAUSTICA. PIETATE
REQUIEM AETTERNAM
DEPRECETTUR.
VIXIT ANNOS LXVI
DEVIXIT ANNO MDCLXXVII.
DIE XV APRILIS.
Il eut divers vicaires généraux parmi lesquels nous devons
citer P. M, Fr. Mansueto Lorabardi, M. C. qui fut (1668; en-
voyé en chrétienté quêter pour la reconstruction de l'église
8t-François; P. Nicolas de 8te-Genevlève, Jésuite, pendant
l'absence du vicaire patriarcal et du vie. gén. (1665-1666);
P. M. Bernardine Yalentini da Pérugia, M. C. (1668-1670) etc.
1675. MgrVito Piluzzi da Vignanello, M. C. préfet de Molda-
vie et Valachie fut nommé Vicaire apostolique, su&agant pa-
triarcal de GP. puis archevêque de Marcianopolis. Il ne put venir
à CP. et mourut à Rome en 1697, au collège de la Propagande.
1677. P. M. Fr. Paris Maria Boschi de Bologne, M. C. Prov.
d'Orient, Pro-vicaire patriarcal, prit possession à la mort de
Mgr Ridold. Il ne tarda pas à partir pour la Chrétienté il fut
remplacé par
1678, P.B. Fr.. Girolamo Polocaij, polonais, M. C, comm.
prov. d'Or., Pro-vicaire patr. pendant quelques mois.
1678. Mgr Gasparo Gasparlui da Castignano, autrefois prov.
d'Or. M. C. Il fut nommé évèque, puis archevêque de Spiga,
Vie. apost. patr. de CP. sufïr. Il prit possession le 3 avril 1678.
n avait, de la S. Congrégation, l'ordre de s'entretenir à ses
frais, le couvent de St-François ne lui devant que le logement.
Il continua les luttes de ses prédécesseurs contre la « Magni-
fica Comunità i et les prétentions des ambassadeurs. Il parvint
à établir un règlement des préséances et des droits de chacun ;
mais ce fut sous son administration, que cessèrent les fonctions
des Seigneurs Pérots de la t Magni&ca Comunità > relativement
aux églises. Il eut, le 5 mai 1696, la douleur de voir consumer
par le feu dix mille maisons de Galata, entre autres le couvent
de St-François et toutes les maisons qui en dépendaient. Puis
r>' Google
— 356 —
l'année d'après, 1697, les Turcs s' étant emparés de St-Françoia,
pour en faire une mosquée, il se trouva sans catlièârale et sans
maison. Il se réfugia, comme nous l'avons vu dans une maison
qu'il avait achetée rue Dum-dum. II mourut en 1706.
1703. Le B. P. David de SK:iiarIes, carme déchaussé de Ift
congrégation d'Italie, nommé visiteur apostolique, par Clé-
ment XI, pour les missions de Constantinople et de Smyrne, par
Bref du 10 février 1703, arriva à CP. et prit possession le
16 nov. 1703. Il était logé chez les FF. MM. Observantins, de
Terre Sainte. Il demeura dans le Levant environ 4 ans. Il
s'occupa surtout de rétablir daus tous les couvents la régula-
rité religieuse.
1706. P. M. Fr. Raimondo Galani de Raguse, 0. P. fui, à
la mort de Mgr. Gasparini nommé Vicaire patriarcal par an
bref du 19 Avril 1706.
1709. Mgr Raimondo Galani, O.P. fut nommé archevêque
de Ancyra, consacré à Tioe pendant les troubles excités dans
la nation arménienne. Eu 17S0, il renonça à sa charge.
1730. Mgr Giovanni Battista Mauri. Milanais, deGarbagnato,
Min. Reformé, était vicaire apostolique à Smyrne depuis le
27 juillet 1718, quand des bulles du 18 mars 1720, le nommè-
rent Vicaire apostolique, suffragant patriarcal de CP. Il fut
consacré dans l'église de 8te-Marie Brapéris, par son prëde-
cesseur. C'était un homme de mente, qui avait rempli avec
honneur toutes les charges de son Ordre. L'acte le plus remar-
quable de son pontificat futla publication, faite le 26 N'ov. 1733,
d'une lettre pastorale par laquelle, d'ordre de la S. Congréga-
tion de la Propagande, il était défendu à tous les supérieurs de
communautés demeurant dans l'empire ottoman de faire aun
cune innovation dans leurs missions, sans le conseil et la
permission de l'ambassadeur de France, laquelle devait se
demander par l'intermédiaire du Vicaire patriarcal pro-iempore
de CP., le tout sous les peines de droit. Cette pastorale devait
èfarelue une fois l'année dans chaque communauté, devant tous
les religieux assemblés. Une autre mesure importante fut la
division de Constantinople en paroisses. Elle fut opérée le
33 mars 1725. Il mourut de peste le 3 avril 1730, et fut in-
humé aux Grands-Champs. Sa pierre funéraire a été transportée
H Ste-Marie Drapéris.
r>' Google
— 357 —
1730. Mgr P. Antonio Balsarini, lectenr et bibliothécaire des
archives romaines, nommé évèque de Carthagène, et Vicaire
patriarcat de CP. meurt avant de se rendre à son poste.
1731. Mgr Gïrolamo Bona, de Raguse, du cierge séculier,
d'abord évèque de Marciana et Trébigne, puis archevêque de
Carthage, in parttàus, est transféré & CP. comme Vie. Apost.
suflfr. Patr. Avec lui arrivent des prêtres séculiers, pour lesquels
il dut prendre des mesures spéciales. Il y avait bien eu sans
doute quelques ecclésiastiques séculiers, employés comme au-
môniers ou comme scribes dans les chancelleries, mais ils ne
comptaient pas encore. Mgr Bona en avait un plus grand nom-
bre : il leur imposa une règle, les obligea à venir aux cas de
conscience que leur faisait le P. Provincial des Conventuels, et
âla retraite annuelle, qui devait se faii-e au lieu et au temps
fixés par lui. Ils devaient aussi assister à certaines fonctions
solennelles, prendre part aux processions, et accompagner l'ar-
chevêque quand ils en seraient requis. En 1742, il est, en
Congrégation générale, nommé visiteur apostolique de l'Orient,
pour 3 ans, les limites de son pouvoir de visiteur, comme celles
de sa juridiction ordinaire sont « toutes et chacunes provinces,
Terres, Cités et lieux soumis présentement au domaine des
Turcs. » On lui assigne, pour lui et son vice-vicaire patriarcal,
une somme de 300 Scudi, sur le trésor papal et autant sur la
Propagande. Ces pouvoirs furent prorogés pour deux ans en-
core. Il reçut la défense de traiter aucune question religieuse
avec les patriarches schismatiques personnellement, mais seu-
lement par le canal de l'ambassadeur de France. Il s'appliqua
pendant son administration à déraciner les abus qui, toujours
les mêmes, cherchent à se glisser dans le peuple levantin. En
1750, il résigne la charge de Vicaire patriarcal à son neveu,
Biaise Paoli de Raguse.
Il eut pour vicaires généraux, P. M. fr. Francesco Ant, Maria
Razolini d'Ajolo, treviziano, M, C. prov. d'Or, qui accomplit si
bien sa charge, pendant la visite, que la S. Congrégation ac-
corda, en cette considération 278 Scudi romani à St-Antoine.
L'autre Vicaire général fut P. Raffaele, Trentino, del Val di
Baono, Min. Réf. curé et vice-préfet de Ste-Marie Drapéris. Il
remplit ces fonctions avec louange pendant près de dix ans.
1750, Mgr Biagio Paoli de Raguse prit la place de son oncle
r>' Google
— 358 ~
en qualité de Vicaire patriarcal, en mars 1750. Il fut bientôt
ilommë archevêque de Larisse et Vicaire apostolique, auffragant
patriarcal. 11 fit divers règlements pour empêcher les abus qui
se produisaient dans le culte particulier, tel qu'on était souvent
obligé de le faire, dans les maisons. En 1767, il renonça à ses
. fonctions et se retira dans sa patrie.
1765, MgrGiuseppe Roverani da Genova, de la congrégation
de St-Jean-Baptiste, {Batttstint,) vicaire apostolique de Philîp-
popoli, fut envoyé à GP. comme visiteur secret; quand il eut
pris ses renseignements et fait son rapport à la S. Congrégation,
sur le Vicaire patriarcal, la situation des Arméniens, et celle
des Âleppins, il rentra dans sa mission.
1767. Mgr Roverani, fut nommé archevêque de Marcianopolis
en Bulgarie et Vicaire apostolique, suffragant patriarcal de CP.
n fut sacré évoque à St Antoine par l'évèque de Cliio, Mgr
Bavestrelli, (tous les deux encoururent l'excommunication pour
avoir omis la profession de foi dans la cérémonie, et ils en
furent absous par j)ermission du St Siège). Les Pères Réformés
de Ste-Marie Drapéris demandaient une révision des limites de
de leur paroisse, mais la S. Congré(;ation refusa, répondant :
JVihil tnnocetur. Dans l'incendie du 25 septembre de cette
année, il perdit sa maison de la ruelle de Venise, qui brùla en
même temps que toutes celles de la paroisse Ste Marie. Il se
retira d'abord chez les Pères de Tej^e Sainte, puis il alla ha-
biter chez les Jésuites de St-Benoit, enân il prit à loyer, aux
frais de la Propagande, une maison, qui brûla encore et le laissa
sans abri. Il s'occupa de r^ler la manière dont ses diocésains
devaient remplir leurs devoirs et publia plusieurs ordonnances
fort sages. En 1772, il alla faire la visite de son vicariat, et à
son retour, il fut frappé par la peste et mourut saintement dans
sa maison, le 2 juillet 1772. Ses funérailles furent célébrées le
lendemain en présence de deux évêques Bavestrelli et Riccardini,
et de tout le clergé, tant séculier que régulier. Il fut suivant la
coutume des temps de peste, inhumé aux Grands-Champs. Sa
pierre tombale a été transportée à l'église du St Esprit.
1772, Son chancelier, P. D. Antonio Frachia, de Gènes, de
la congrégation de St.-Jean-Baptiste, fut nommé vicaire général
au moment du départ de Mgr Roverani, pour sa visite, il resta
pro- vicaire patriarcal pendant la vacance.
r>' Google
Vicaires Apostoliques patriarcaux de Constantinople.
1773. Mgr. Giovanni Battista Bauestrelli, on Bavestrelli, de
CP. était évoque de Ghio, II fat nommé Vicaire apostolique
patriarcal de CP., ou comme il dit en plusieurs documents :
Vicaire apostolique dans le patriarcat de CP. Ce nouveau
titre est remarquable puisqu'il fait disparaître tout vestige de
dépendance, même nominale, vis à vis du patriarche. Il avait
été décidé quelques années auparavant par la S. Congrégation,
sur la demande très fort motivée de l'ambassadeur de France et
du Vicaire patriarcal d'alors, que l'on ne prendrait pour Vi-
caire apostolique de CP. aucun Constantinopolitain ; néanmoins,
sur les instances de S. E. le Card. de Bemis ambassadeur de
France à Rome, qui en fut pressé par l'ambassadeur de CP. et
un grand nombre de personnages notables, et malgré le désir
du Pape Clément XIV qui préférait Mgr Riccardinl, Mgr Ba-
vestrelli fut nommé, avec le titre d'archevêque d'Héraclée. Le
21 Juillet 1773 le Pape Clément XIV fit publier la défense, au
clerçé, sous peine d'excommunication réservée, de parler ou
d'écrire, pour ou contre la suppression des Jésuites. II mourut
d'apoplexie le 29 avril 1777 et fut inhumé à Ste Marie, dans la
crypte, sous l'autel. L'inscription funéraire porte : < Vicar^v4
patriarcalis Conslantinopoleos. >
1777. P. M. Giovanni Battista Fonton, M.C. de Péra, fut élu
par le clergé vicaire capitulairë, à la pluralité des voix. Il fut
maintenu vicaire général par le successeur.
1778. Mgr Nicole Pugliesi fut transféré de l'évèobé de Ra-
guse sa patrie, au Vicariat apostolique patriarcal de CP. avec te
titre d'Archevêque de Thessalonique. Il pritpossession le4juin
et fut enlevé subitement par la peste le 8 juillet 1778. On l'in-
huma aux Grands-Champs, et sa pierre tombale a été trans-
portée dans l'église dn 5t Esprit.
1778. P. Andréa da Brignano, milanais, M. Réformé, préfet
de Ste-Marie Drapéris, fut nommé vicaire patriarcal intérimaire,
par la S. Congrégation, le 26 septembre; mais il ne put exercer
ses fonctions à cause de l'opposition des Pérotes.
1778. Mgr François Antoine Frachia, de Gênes. Battisttno,
r>' Google
futcréé archevèquedeThéodosiopolisoù Erzeroum, en Arménie,
în partîbus, sacré ù Rome le 13 février 1778; et expédié à CP.
comme Vicaire apostolique patriarcal. En 1789; le 19 mai, il
avait fait un décret qui donnait la préséance aux religieux sur
les prêtres séculiers, la S. Congrégation le 31 juillet de la même
année, annula ce décret comme contraire au droit général et aux
décisions antérieures. En 1781 le roi de France Louis XYI fit
promulguer une ordonnance, qui établit à quelles conditions les
prêtres de rite latin peuvent jouir de la protection de la France
dans tous les pays du Levant, soumis à la domination ottomane.
En la même année, le ^1 Juillet la 8. Gong, publia un décret
par lequel elle reconnaissait comme valides les mariages mixtes,
contractés dans ce vicariat entre catholiques et schismatiq'ues ou
hérétiques, et à plus forte raison ceux des orientaux entre eux,
encore qu'ils ne fussent pas conformes au décret du Concile de
IVente; mais par contre elle déclara invalides ceux des catho-
liques qui n'y seraient pas conformes.
1783. le 18 avril, le Vicaire apostolique entra en possession
de l'église St-Georges, qui lui avait été vendue par les Capu-
cins, avec consentement du St-Siège.En 1784-1785, s'élevèrent
de graves discussions au sujet des décisions du St-Siëge, rela-
tives à l'usure et an prêt à intérêt. Le Vicaire apostolique sou-
tint, contre les ambassadeurs, les vraies doctrines romaines.
II continua d'administrer avec sagesse malgré la difllcultè des
temps, et mourut en novembre 1795. Il fut inhumé dans son
église St-Georges. Il avait un coadjuteur depuis 1788, et de-
puis 1791 il était atteint de paralysie.
Avec lui finit, à proprement parler, l'ancien régime de la Lati-
nité à CP. En effet jusqu'alors bien qu'il y eut eu depuis long-
temps, un évèque à CP., et que cet évêque fut parfois un prête
séculier, il n'y avait pas de clergé séculier véritable : toutes les
églises étaient des églises < exemptes > : tous les prêtres em-
ployés dans le ministère étaient des religieux, « Frati » ; l'ar-
chevêque lui-même devait emprunter leurs églises pour faire
ses fonctions, et même, depuis la perte de St-François, il était
obligé de changer souvent d'église et de promener sa mitre et sa
crosse de Rt-Benoit à St-Pierre, et de St-Georges à St-Antoine,
en passant par Ste-Marie, là où l'on consentait & le recevoir.
Depuis Mgr Fracchia le Vicaire patriarcal a une église, une de-
r>' Google
— 361 —
maure à lui, iodépendant de la t Magnifica Comanità > et des
religieux, il se constituera peu à peu un clergé : le moment
viendra où il pourra lui donner des paroisses. C'est une évo-
lution qui s'est opérée partout dans rËglise,que l'état politique
de la société avait retardée à CP. mais qui, devait, par la force
même des choses, se réaliser un jour ici même. Nous en ver-
rons les incidents aa Ch. i de la III* partie de ce travail.
r>' Google
çGoogle
TROISIÈME PARTIE.
ÉTAT ACTUEL DE LA LATINITÉ DE CONSTAKTINOPLE.
L'histoire propremeat dite de la Latinité devrait se terminer
avec la deuxième partie de ce travail ; mais notre but ne serait
pas atteint si nous ne présentions aussi le tableau de l'état ac-
tuel de l'Église catholique latine à CP. C'est ce que nous nous
proposons de faire dans cette troisième partie; mais comme le
présent est intimement lié au passé, nous rattacherons ce qae
nous avons à dire aux choses que nous avons dites déjà. Noos
reprendrons par conséquent l'histoire des anciennes institutions
aa point où nous l'avions conduite. Pour quelques unes la tra-
dition n'a pas été interrompue, c'est-à-dire qu'aucune crise n'est
venue imiter leur vie ; pour d'autres, au contraire, i] y a eu des
changements radicaux : notre récit ne commencera donc pas
pour toutes & la même date, mais nous le rendrons aussi com-
plet qu'il nous sera possible.
,dbvGoogle
Dis,lizadbvG00>^le
DD GOUVERNEME>fT BOCLÉSIASTIQUE ET DE l' ORGANISATION PAROISSIALE
DANS LE VIGAMAT DE CONSTANTINOPLE.
SI.
Du Gouvernement ecclésiastique.
NoQS avons raconté ci-dessus comment Mgr Fraccbia, après
avoir longtemps attendu une église qui lui fut propre, avait
enfin pris possession de St-Georges, le 13 avril 1783. Il s'ins-
talla dans le couvent, et continua d'administrer son église. En
1788 il obtint un coadjuteur, avec future succession, fut frappé
de paralysie en 1791 et mourut en 1795.
1795, Il eut pour successeur Mgr Fr. Giulio d'Ameno, Min.
Rif. de la province de Milan, ancien préfet de Ste-Marie, qui
fut créé archevêque d'Arabha, et Vicaire apostolique patriarcal
de CP. Comme religieux le P. Giulio Maria s'était distingué
par sa régularité et son zÈIe. Il devenait évèque en des temps
fort difficiles. La révolution française faisait pénétrer les idées
nouvelles même à CP. La confrérie de Ste-Anne se reconstituait
et avait la prétention de succéder aux droits réels ou supposés
de la < Magnilica Comnnità > di Péra, d'un aulxe côté la guerre
qui se déclara entre la Porte et la France priva l'église d'une
protection puissante : il administra avec sagesse mais sans
grandes consolations. Il fut trouvé mort dans son lit le 28 fé-
vrier 1796 et inhumé à St-Georges.
1796. T. R. Seig. Ab. Guillaume Marquis, de Péra, élève de
r>' Google
la Propagande et protonotaire apostolique, fut élu vicaire général
dans le patriarcat de CP. Il s'appliqua à faire observer les Fêtes
de précepte. Il fut frappé d'apoplexie à Buïuk-déré, en 1817, et
fut inhumé à Ste-Marie Drapéris. Il avait administré le diocèse
jusqu'en 1799.
1796. Mgr Timoni, Nicolas, évêque de Chio, fut transféré au
siège de CF. avec le titre' d'Archevêque de Marcianopolis, par
bulle du 3 juin 1796. Il n'accepta pas et resta à Chio.
1799. Mgr Giovanni Battista Fonton, de Péra, Min. Conv.
filsdu couvent de St- Antoine, était évèque de Syra; il fut nommé,
le 16 mars 1799, archevêque de Marcianopolis, et Vicaire apos-
tolique dans le patriarcat de CP. : il prit possession le 30 no-
vembre de la même année, mais seulement comme administra-
teur, en conservant son titre d'évèque de SjTa, parce que ses
bulles avaient été arrêtées à cause de la captivité et de la mort
de Pie VI. Il ne les reçut qu'en juin 1801. Il publia un petit
catéchisme, le mèrae qu'il avait fait imprimer à Vérone, pour
son diocèse de Syra, En 1802, il transporta sa résidence et son
siège cathédral, de St-Georges à l'église de la Ste-Trinité. I!
régla de nouveau ce qui concerne la célébration des Fêtes de
précepte, et les préséances. Il établit la paroisse de Buïuk-Déré,
contlée aux Conventuels. En 1814, le 21 septembre, ayant obtenu
du St-Siège un coadjuteur, il se fit accommoder une chambre
à St-Antoine et s'y retira, vivant comme un simple religieux et
pratiquant toutes les observances monacales. II mourut à Buïuk-
déré, le 26 aoftt 1816, et fut inhumé dans son église cathédrale
de la Ste-ïrinité. n a laissé une rente perpétuelle pour les
pauvres de la paroisse de St-Antoine.
1815. Mgr Vincenzo Corresi de Chio, archevêque de Naxie,
fut nommé coadjuteur du Vicaire apostolique de CP. Par une
bulle du 12 octobre 1814, avec le titre d'archevêque de Sardes,
il succéda au titulaire le 26 août 1816. Avec les meilleures
intentions, il se trouva mêlé aux discussions des Arméniens et
ne s'en tira pas toujours au gré du St-8iège. En 1833, il reçut
comme coadjuteur, avec le titre d'archevêque de Pétra, Mgr Hil-
lereau, précédemment évèque de Calédonie et Vicaire aposto-
lique de Smyrne. Il mourut le 4 mars 1S35 et fut inhumé dans
l'église de la T. S. Trinité.
1835. Mgr Julien Hillereau. C'était un prêtre séculier fran-
r>' Google
— 367 —
çais, que le zèle des âmes avait amené, avec quelques compa-
gnons, pour travailler aux missions du Levant. II était, depuis
peu de temps, vicaire apostolique de Smyrne, quand i! fut
appelé à CP. en qualité de coadjuteur de Mgr Coresi, auquel il
succéda le 4 mars ISSr».
Un grand pape, Grégoire XVI, assis alors sur le sit'ge de
St Pierre, donnait une puissante Impulsion aux missions étran-
gfres. Un esprit nouveau animait le clergé et les catholiques de
France. C'était le temps des luttes pour la liberté de l'Église, le
commencement des conférences de St Vincent de Paul, la pre-
mière floraison de la Propagation de la Foi, la renaissance des
Ordres religieux, etc. : tout s'unissait pour donner au bien une
impulsion toute nouvelle et d'une grande puissance. Presque
en même temps que Mgr Hillereau, arriva à Constantinople,
comme préfet des prêtres de la Mission, mi homme de foi, doué
d'un esprit élevé et d'un grand cœur, rempli d'un zMe aussi in-
telligent qu'actif, M, Leleu. Ces deux hommes se comprirent, et
les œuvres de chariti- et de zèle commencèrent à Constantinople.
D'abord, en 1839, M. Leleu, voyant que les jeunes filles
catholiques n'avaient aucun moyen de s'instruire, fit venir les
premières Filles de la Charité, et les établit dans l'enclos de
St-Benoit. Elles ne tardèrent pas à réaliser les espérances que
l'on avait fondées sur elles. En 1842, M. Leleu appela les Frères
des écoles chrétiennes, et les installa dans les bâtiments mêmes
de St-Benolt. En 1840, on fondait la première conférence de
St Vincent de Paul, pour habituer les hommes aux ministères
de la charité chrétienne, et à l'accomplissement de leurs devoirs
religieux. Vers le même temps les Filles de la Charité ouvraient
au Taqcim leur seconde maison, pour les écoles et l'hôpital
français. Un peu plus tard les Frères durent quitter St-Benoit,
où leurs œuvres se trouvaient trop à l'étroit: le Vicaire patriarcal
les aida puissamment à s'établir ailleurs et à multiplier leurs
écoles, d'abord à Galata, puis à Péra.
Mgr Hillereau n'eut pas, il est vrai, l'initiative de toutes ces
œuvres, mais il eut du moins le mérite, peut-être plus grand,
de les comprendre, de les adopter et de les protéger. Le clergé
de la ville, sauf quelques prêtres, se tenait dans l'abstention,
quand il ne laissait pas voir un éloignement non déguisé pour
ces nouveautés.
r>' Google
Mais il avait auesi ses œnvres à lui. Dès 1844, ayant remar-
qué que la population continuait son naouTemeot vers les hau-
teurs de Péra et s'était répandue déjà jusqu'à Pancaldi, il eut
la pensée d'y construire une église, assez vaste pour recevoir de
nombreux fidèles. Il ne pouvait la confier qu'à des prêtres sécu-
liers, c'est pourquoi, en même temps que les murailles de la
future paroisse, il élev», sur la rue, des b&timents destinés, dans
sa pensée, à devenir le séminaire patriarcal. Cette église fut
consacrée en 1846. En même temps il y érigeait la nouvelle
paroisse du Sl^Esprit.
Quelques années après, voyant que toutes les églises de Péra
se trouvaient réunies ensemble, et comme accolées à l'ambassade
de France, et que par suite elles laissaient sans secours religieux
la plus grande partie de la population des hautes rues de Péra
et du Taqcim, il acquit un terrain dans une situation remplie
d'avenir et y construisit une église qu'il dédia à St-Jean-Chry-
sostôme, avec la pensée d'y établir sa demeure, d'en faire sa
cathédrale, et même de l'ériger en paroisse. Il ne put réaliser la
dernière partie de son programme, devant les oppositions qu'on
lui suscita en cour de Rome ; mais il bénit l'église et s'y trans-
féra avec tout son clergé, en 1854.
Pour toutes ces constructions Mgr Hillereau avait dépensé
tontes les réserves du vicariat : elles ne suffisaient pas : il fallut
donc recourir à des mesures extraordinaires. Pour cela il vendit
aux Observantins de Bosnie l'ancienne église et le couvent de
St-Georges, qui, des Capucins, avait passé aux Vicaires patriar-
caux. Puis il prépara la vente de la récente cathédrale de la
T.-.Ste-Trinité, aux Arméniens catholiques ; mais cette dernière
opération ne fut accomplie que par son successeur. Ces mesures
suscitèrent des réclamations assez bruyantes du clergé et des
fidèles. Il n'eut pas longtemps à en souffrir, il mourut subite-
ment le i" mars 1855. Avant de mourir, il s'était occupé acti-
vement de la création d'un cimetière catholique latin, mais il
n'avait pu terminer cette affaire. Il fut inhumé dans l'église du
St-Esprit qu'il avait fondée.
Voici l'épitaphe placée sur sa tombe :
me JACET JULIANUS MARIA F. X. HILLERAD NATIONE GALLUS ,
ARCHIEP. PETRENSIS VICARIUS a'"""'' G"% PRUDENTIA CHAEUTATB IN
r>' Google
FAUPERE3, HORIBL'S, INQ&NIO, 3CBIPTIS C0NSPICUU3, QUI OONSTAN-
TISSIUE PEK ANNOS VIGINTI C"" OUBERNAVIT ECCLESIAM. SANCTI
SPIRITU ET S. NOM. JE3U NUNCUPATAS ECCLESIAS EREXIT, DIVERSAS
MISSIOtœS INSTITUIT, OMNIBUS CHARUS OBITT KAL. MART. 1855.
j:rATi3 su-E 57 mens. 8.
n eutsaos doute continué ses œuvres avec une nouvelle activité,
sous l'influence grandissante de la France, pendant et après la
guerre de Crimée. Mais on peut dire que de tous les Vicaires
patriarcaux c'est lui qui a fait le plus pour le diocèse de Cens-
tantinople.
Pendant son administration, en 1848, Mgr Ferrieri fut envoyé
comme nonce et ambassadeur extraordinaire dn S. P. Pie IX,
aupri'S de sultan ÂbdnI-medjid, à la suite de la visite que ce
prince lui avait fait faire précédemment. Mgr Ferrieri arriva à
CP. le 16 janvier 1848 et remplit avec honneur la mission qui
lui avait été confiée.
1855, 17 août. Mgr Mussabini, archevêque de Smyme, prit
l'administration du dioct'se, avec le titre de pro-vicaire aposto-
lique. Il n'eut pas le temps de faire beaucoup de choses pendant
sa courte administration. Cependant ce fut lui qui acheva la
vente de l'église de la T.-Ste-Trinité aux Arméniens catholiques.
C'est aussi à lui que l'on doit l'érection de la paroisse de Scu-
tari, qu'il confia aux Lazaristes. 1856.
1858, Janvier. Mgr Paolo Brunoni, précédemment vicaire
apostolique d'Alep, et délégué apostolique de la Syrie : il fut
transféré à Constantinople avec le titre d'Archevêque de Taron.
En 1SG8, il fut de plus nommé délégué apostolique pour les
chrétiens des Rites Orientaux.
Mgr Brunoni fut un grand bâtisseur d'églises, et c'est sous
son adininistratioii que furent élevées le plus grand nombre de
celles que nous y voyons. Ce n'est pas cependant qu'il ait eu la
charge de toutes car celles des réguliers furent bâties en grande
partie à leurs frais, mais il les ennouragea toutes et les aida diins
la mesure de ses forces. En 1860 les PP. Riformati construi-
sirent l'église de Prinkipo, en 1863, les Dominicains celle de
Malcri-lteui, en 1803, les Capucins celle de San Stefano ; en
18(i6, les PP. Conventuels celle de Buyuk-déré. Mais, comme
nous venons de le dire ces ^lises devaient être desservies
r>' Google
— 370 —
par les religieux et le vicariat ne contribua que dans une faible
mesure à leur élévation.
Uals il se chargea exclusivement de deux entreprises consi-
dérables, la construction de l'église de Eadi-keui, et la recons-
truction de celle du St-Ësprit. Le Vicaire patriarcal les mena
l'une et l'autre à bonne fin, et le diocèse peut s'enorgueillir de
deux belles cathédrales. Mais Mgr Brunoni avait reçu des dettes
de ses deux prédécesseurs, ces constructions entreprises un peu
inconsidérément, et surtout les détournements et les dilapida-
tions des fonds commis par l'homme de confiance du vicariat,
les augmentèrent si bien, que l'on se trouva en face d'un passif
auquel toutes les ressources locales ne pouvaient plus suflire.
Mgr Brunoni partit alors pour Rome afin d'aviser aux moyens
de liquider la situation, laissant pour administrer le vicariat en
sou absence, un prêtre fort remarquable, son vicaire général,
M. l'abbé Testa, mort depuis évêque de Phacusa. Le vicariat
aux abois était sur le point de faire banqueroute, quand sur les
lettres très instantes qui lui furent écrites de Constantinople, le
Souverain Pontife Pie IX consentît à se charger de la dette
énorme, un milion et demi, dit-on. La Propagande dut vendre
un de ses palais pour se procurer une si forte somme.
Mgr Brunoni, qui était resté à Rome, fut sur ces entrefaites
nomme patriarche latin d'Antioche, avec résidence à Rome, et
ne revint plus dans son diocèse.
C'est pendant l'administration de Mgr Brunoni que les Sœurs
de Sion prirent possession des bâtiments élevés par Mgr Hille-
reau en avant de l'église du St-Esprit, pour servir de séminaire.
Elles y remplaçaient les Filles de la Charité, qui y avaient tenu
un pensionnat, pendant quelques années. Plus tard les Sœurs
de Sion achetèrent ces bâtiments et s'y installèrent définitive-
ment.
1869. Le 33 mai, Mgnor Lavaggi, prélat domestique de
Sa Sainteté, fut envoyé à CP. avec la mission spéciale de liqui-
der la situation financière et de gouverner le diocèse au point
de vue matériel, M. Testa restant chargé de l'administration
spirituelle.
1869, le 3 juin. Mgr Joseph Pluym, hollandais, de l'Ordre des
Passionistes, évêque de Nicopolîs, in part, et vicaire aposto-
lique de Bucarest, prend possession du vicariat de Constanti-
r>' Google
— 371 —
Qople, en qualité d'administrateur apostolique. Il se rend au
Concile du Vatican vers la fin de novembre ; mais, sur ces entre-
faites, Mgr Bmnoni ayant été préconisé patriarche d'Antioche, il
est envoyé de nouveau à CP, comme titulaire du Vicariat ijatriar-
cal, avec le titre d'archevêque de Thyane, in part.
Mgr Pluym, outre les soins du vicariat avait encore à s'oc-
cuper activement, en sa qualité de délégué apostolique pour les
rites orientaux, des affaires, alors extrêmement embrouillées, des
Arméniens catholiques, qui s'engageaient dans un nouveau
schisme. Il y consacra tous ses soins, mais ne put parvenir à
empêcher la division.
Il était à peine installé dans son vicariat qu'une, grande épreuve
vint fondre sur la ville : l'incendie du 5 juin 1870 dévora la plus
grande partie de Fera, la cathédrale de St-Jean-Clhrysostôme,
ainsi que le palais êpiscopal, partagea le sort commun. Meubles,
bibliothèque, archives, rien ne fut épargné, on a pu seulement
emporter le T. S. Sacrement, et quelques-uns des ornements
précieux, laissés par Mgr Hillereau. Il se réfugia chez les Sœurs
de Sion, qui lui donnèrent une généreuse hospitalité.
C'est pendant son administration que furent fondées les écoles
paroissiales de Pancaldi, dirigées , celle des garçons par les
Frères des écoles chrétiennes, celle des filles par les Sœurs de
Sion. C'est aussi dans le même intervalle de temps que l'on fit
l'acquisition d'une maison voisine de l'église pour le logement
du Vicaire patriarcal. C'était un saint prélat, doué de grandes
vertus; mais il ne gouverna pas longtemps le diocèse. Il fut
emporté par une maladie aiguë, et fut inhumé dans la crypte de
l'église du St-Esprit, le 13 janvier 1874. M. l'abbé Testa resta
vicaire général administrateur du diocèse, aâ intérim.
1871 . Mgr Alessandro Franchi, archevêque de Thessalonique,
fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire du St-Siège,
auprès de la Porte ottomane, à l'occasion des difficultés exis-
tantes, au seio'de la communauté arménienne catholique. Il fut
reçu avec de grands honneurs et s'occupa avec zèle de sa mis-
sion. Nous n'avons pas à en raconter toutes les péripéties, puis-
qu'elle n'avait pas trait à la communauté latine. Il partit en
novembre de la même année. Il fut, un peu plus tard, nommé
préfet de la Propagande et conserva toujours un hou souvenir
de son passage à CP.
r>' Google
— 372 —
1874, 20 mars. Mgr Milani, (Fra Seraflno Milaai, de l'Ordre
des FF. MM. de l'Observance) ancien custode de Terre Sainte,
fut d'abord Dommé vicaire apostolique d'Alep, archevêque de
Trajanopolis, in part., et délégué apostolique pour la Syrie. Il
fut presque aussitôt transféré à Gonstantinople, et y arriva le
33 mars 1874. Reçu avec les honneurs dus à son caractère, U prit
possession du diocèse ; mais il ne fit qu'y passer. Appelé à Rome
par l'autorité supérieure, il quitta Gonstantinople, le 11 no-
vembre, pour n'y pas revenir. Il laissait encore pour adminis-
trateur, M. l'abbé Testa, avec le titre de vicaire général du
vicariat.
1874, 39 décembre. Mgr Fr. Antoine-Marie Graselli, des
FF. MM. Conventuels, fut nommé archevêque de Colosses, et
'Vicaire apostolique patriarcal.il prit possession le 39 décembre.
Pendant son administration, il établit 1° les retraites annuelles
pour le clergé; 3° les conférences morales pour la solution des
cas de conscience; 3" l'adoration du T. S. Sacrement une fois
chaque mois à Terra Santa ; i" il décida que chaque année on
rendrait à Dieu de solennelles actions de grâces le dernier jour
de l'année, le matin dans les paroisses, le soir dans la cathé-
drale. Il s'occupa avec zèle de toutes les œuvres et remplit avec
persévérance tous les devoirs d'un bon évêque. Il fut enfin ap-
pelé à Rome et chargé de fonctions importantes au collège de
la Propagande.
1880. Mgr Vincenzo Vanutelii, fut choisi surtout pour apaiser
le différend arménien. II s'y appliqua de toutes ses forces et il
avança beaucoup la solution de cette question. Il avait un esprit
larye, capable de comprendre et d'encourager le bien ; c'est lui
qui accueillit dans le vicariat les Capucins français à St-Louis,
les PP. Augustins de l'Assomption à Goum-capou. II ne resta
pas longtemps à Gonstantinople, et fut remplacé par
1883. Mgr Louis Rotelli, archevêque de Pharsaie. Ce prélat
très cher au cœur du Souverain Pontife Léon XIII, resta lui
aussi peu de temps à Gonstantinople. Il y continua les œuvres de
ses prédécesseurs, avec un grand dévouement, et fut appelé par
le Pape à la nonciature de Paris. Au bout de quelques années,
il fut élevé à la dignité cardinalice et mourut jeune encore.
1887. Mgr .\uguste Bonnetti, archevêque de Palmyre, Vicaire
apostolique patriarcal et délégué apostolique pour les rites
r>' Google
Orientaux, appartient à la congrôgatâon des Prêtres de la Mission,
ou Lazaristes. Après avoir vaillamment travailJé au bien à
SaloDÎque, il fat élevé à la dignité épiscopale, et bientôt appelé
à Constantinople. Il s'est mis à l'œuvre avec courage et fait tout
le biea possible dans les circonstances difficiles où se trouve
l'ÉglUe.
§11.
Organisation paroissiale.
Durant les trois [ffemiers siècles de l'Église, le terme paroisse
désignait, communément, le cercle de la juridictiond'uuévêque,
c'est-à-dire une ville, autour de laquelle se groupaient un
nombre plus ou moins considérable de bourgs, de villages. Le
diocèse, modelé sur la juridiction civile, était le siège d'un
évêque ou d'un patriarcbe, et embrassait plusieurs paroisses ;
c'était ia plus vaste juridiction, après celle du Souverain-Pon-
tife. L'établissement des paroisses ne date guère que du vi'
siècle'.
Selon la Comunità -, i Galata, depuis la conquête ottomane,
□'avait jamais été divisé en paroisses; les diverses églises de la
ville formaient une seule chrétienté, travaillant dans le même
but, et se prêtant un mutuel concours. » Au reste ce n'était pas
une chose bien difficile, car penciant de longues années il n'y
eut pas, à proprement parler, à CP. d'autre clergé que les Frères
Mineurs, avec leur couvent de St-François, et les Frères Prê-
cheurs, avec celui de St-Paul, et ensuite celui de St-Pierre. Ces
religieux desservaient non seulement leurs propres églises, mais
encore celles de la < MagniSca Comunità », à moins qu'un
Prieur, pour un motif quelconque, n'en chargeât quelqu'autre
prêtre, séculier ou régulier, sans que jamais ce fût une institu-
tion durable : les Franciscains et les Dominicains restaient tou-
jours les seuls prêtres ayant charge d'âmes dans le vicariat de
I Voyez t'abbé Martigny, Dirt. ihn ai
Chateaubriand. Gfnie du CkrUtianitn
bourgeoiaic île Pari», U. 46.
* Lettre au général des dominicainB, ilu 3 septembre 1611.
r>' Google
— 374 —
CP. Aussi lit-on dans les archives des Capucins que, selon le
Vicaire patriarcal, le 11 avril 1647, Mgr Subiano suffragant, les
églises de CP. c étaient paroisses et ne l'étaient pas > . Cependant
on appelait assez fréquemment du nom de paroisses ou d'églises
paroissiales, les églises des religieux ayant charge d'âmes, les
Dominicains et les Conventuels, et plus tard les Riformati, en
1643. Quand il s'agit des autres religieux, par exemple des
Jésuites ou des Capucins, et plus tard des Mathurins ou Trini-
taires, on a bien soin de faire remarquer, qu'ils n'ont pas charge
d'âmes. S'ils veulent sortir un peu de leurs attributions, on
s'empresse de le leur reprocher et on porte plainte, soit au Yi-
caire pakiarcal soit même à la S. Congrégation de la Propa-
gande.
Tous les religieux des couvents susdits paraissent avoir ex-
ercé les fonctions curîales indifféremment, sous la direction du
supérieur régulier, mais quand il y eut des évëques à CP. on ne
tarda pas à vouloir régulariser les choses, et à donner à chacun
des attributioas précises. Nous voyons, en effet, que dans la
visite qu'il fit du vicariat en 1674, Mgr Ridolfi prescrivit au
P. Provincial de St-François, de soumettre à son approbation la
nomination qu'il lui prescrit de faire de l'un de ses religieux,
pour remplir les fonctions curiales.
Dans sa visite à St-François,. du 31 janvier 1692, le Suffra-
gant vicaire patriarcal, Mgr Gasparini, prescrit au P. Curé
d'ouvrir un nouveau registre destiné à l'inscription des baptê-
mes, mariages et décès, selon le Rituel romain, afin que ce fbt
un document authentique.
Dans sa visite du même jour à St-Pierre et St-Paul, des Do-
minicains, il trouve que tout était en règle.
Eu 1682, trois des églises de Qalata exerçaient les fonctions
curiales, et la Comunità, citant le clergé des trois paroisses
de Galata, informe la Propagande que Mgr le Vicaire veut
enlever aux Mineurs S.-O, leur antique paroisse, pour l'at-
tribuer aux. Jésuites ; elle ajoute qu'elle ne saurait consentir au
changement des paroisses. Selon une lettre du cardinal
Gualterio au marquis de Bonnac, ambassadeur de France à
Constantinoplc, (de 1716 à 1734,) l'idée de la création d'une
paroisse française, à Galata, aurait été < reprise » à cette
époque; et le cardinal informait l'ambassadeur des difTieultés
r>' Google
— 375 —
que la Propagande trouvait à la réalisation de ce projet, ne
voulant pas noire aux anciennes paroisses et les exposer & dé-
périr '.
Cependant cet état de choses avait plus d'un inconvénient
Les religieux n'étant chargés d'aucun territoire particulier, il
B'en suivait que certains catholiques étaient négligés tandis que
l'on se disputait les autres. Pendant les épidémies, il arrivait
qne des malades étaient abandonnés : on allait visiter ceux que
l'on connaissait, ou par lesquels on était demandé, les autres
restaient sans secours. D'un autre cdté les malades riches et
leurs familles étaient sollicités et tourmentés pour choisir leur
sépulture dans telle église plutôt que dans telle autre. Les Vi-
caires apostoliques avaient sans doute fait plusieurs fois des
règlements et des recommandations pour obvier à ces inconvé-
nients ; mais, comme le disent avec naïveté les archives de
St-Pierre : « les hommes sont plus portés à réclamer leurs
droits qm'ô faire leur devoir*, et l'on retombait quand
même dans les abus du passé.
En vue donc de remédier aux inconvénients résultant, pour
l'administration spirituelle, de l'absence de délimitation des
paroisses, et e d'accord avec les illustrissimes ambassadeurs de
France et de Venise, ainsi qu'avec les représentants des autres
puissances catholiques, > Mgr Mauri fixa, comme suit, le 37
mars 1725, la délimitation de chacane des trois paroisses :
Nous donnons ici la traduction de la partie historique et ca-
nonique du décret de division des paroisses de CP.
< Nous avons souvent observé que beaucoup d'inconvénients
naissent de l'indivision des paroisses, si bien que les catholi-
ques étant libres de faire appel k tel curéqu'ils aimeront mieux,
il sera impossible & tous d'avoir pour les Ames le soin que re-
commande le St Concile de Trente, puisqu'aucua ne leur ap-
partient en particulier. Aucun curé ne peut librement exercer
son zèle, puisqu'il ne connaît pas ses paroissiens, et il est im-
> A plusieurs reprisea nous retrouvons calte pensée d'une paroisse e;cclu'
sivement rrançaiso. Elle a éM réalisée dés 1635, à Smyrne; la paroisse de
St Polycarpe comprenait, elle comprend encore aujourd'hui, toute la popu-
lation rraniraise; mais oomme cet état de choses a Huscité, depuis l'origine,
un grand nombre de diCBeultés, on comprend très bien que la S. Congrégation
n'ait pas voulu tenter une nouvelle expérience.
çGoogle
possible d'avoir l'état des âmes, surtout dans une grande cité
comme CP., le marché du monde, où arrivent des gens do tous
pays : il en résulte donc un grand danger pour les âmes des
chrétiens commis à notre sollicitude pastorale. Afin donc de
remplir notre devoir et de déchaîner notre conscience, après
mare délibération, et après avoir pris le consentement de leurs
Excellences les Ambassadeurs de France et de Venise et des
autres représentants des nations catholiques ; pour que les curés
puissent remplir leur devoir et que les catholiques, qui sont
obligés de changer continuellement de domicile, ne soient pas
privés de secours religieux, nous avons résolu de diviser les pa-
roisses, non suivant les familles, mats suivant les quartiers,
comme dans le reste de la chrétienté, réservant à nos successeurs
de faire tous les changements que les circonstances rendront
nécessaires, afin qu'aucune paroisse ne reste sans fidèles et au-
cun fidèle sans secours religieux. >
( Paroisse de St-Pierre et St-Paul, des PP. Dominicains,
de Galata, comprenant les catholiques latins habitant la ville
même de Constantin opie et celle de Galata. i
( Paroisse de St-Antoine de Padoue, des PP. Mineurs con-
ventuels, de Péra, comprenant tous les latins habitant à l'est,
depuis leur hospice jusqu'à tout Beolo {Bei-oghlou ou Péra);
à l'ouest, de la maison du drogman Torsia, à tout Chievaso-
Khori et le haut de Tèpè-bâchi. t>
c Paroisse de Ste-Marie-Drapéris de Péra, des PP. réfor-
més de St-François, comprenant tout le reste, c'est-à-dire des
Quatre rues, à droite,jusqu'à la rampe de l'ambassade do France;
à gauche, jusqu'à la maison du drogman Torsia ; puis, jusqu'à
la porte du Tekiè ; et enfin, jusqu'à Tophana, Cacimpacha, le
bas de Tèpè-Bachi et San-Dimitri (dit aussi Tatavla.) »
( Au R. Curé des pestiférés de l'hôpital de Bei-Oglon, ap-
partiendront tous ceux qui seront atteints de ce mal (dont Dieu
nous préserve tous !) toutes les fois qu'ils seront transportés à
cet hôpital. >
c Quant aux catholiques qui, pour leur santé ou pour leur
plaisir, vont s'établir pendant un temps, dans quelque endroit
où il ne se trouve pas de paroisse déterminée, ils restent sous
la juridiction du curé de leur domicile ordinaire, i
( Nous commandons, en vertu de la sainte bbèissance, à tous
r>' Google
— 377 —
les catholiques latins de notre obédience de reconDattre leurs
paroisses respectives et d'y remplir leurs devoirs, suivant les
lois de l'église, surtout pour le précepte pascal et les autres sa-
crements paroissiaux. Nous déclarons que personne n'est
exempt, ni privilégié sous ce rapport, excepté ceux qui le sont
, de droit, comme le sont ceux qui habitent dans les palais des
Excellentissimes Seigneurs les Représentants des puissances
catholiques. >
( Nous recommandons en outre la plus grande vigilance et
le zèle le plus constant aux RR. PP. Curés, pour expliquer k
leurs paroissiens la doctrine chrétienne et leur administrer les
Sacrements. Qu'aucun d'entre eux n'ose jamais s'ingérer dans
les quartiers qui ne leur appartiennent pas et qu'ils se sou-
viennent bien qu'il leur est défendu sous les peines de droit
d'entreprendre sur la juridiction des autres, etc »
( Donné à Péra dans notre résidence accoutumée , le
20 mars 1725.
» Fra Pier-Battista Mauri, Arch. de Carthage, vicaire Patr.
CP. »
Cette division a été maintenue sans changements jusqu'au
milieu de notre siècle.
Par un décret du 6 juillet 1846, Mgr HiUereau créa une qua-
trième/Jaroï^^e, celle du St-Esprit, laquelle s'étend de Boumili-
Hiçar, inclusivement, à l'échelle de Fondouqli, et comprend la
rue conduisant de Fondouqli au cimetièregrec du Taqcim, celle
contournant ce cimetière, la grande rue de Péra, jusqu'à la rue
Mislc- Adalar, celle-ci, puis celle qui, tournant à l'hôpital alepia,
suit le fond du vallon, entre Saqyz-agatch et le Madjar, jusqu'au
pont dndérë de leni-chehir. Du cété du nord, elle s'étend jus-
qu'aux limites de la paroisse de Buïuk-dèrè, le Maslak et Bel-
grade exclusivement ; à l'ouest, jusqu'à la rivière qui, venant
de Belgrade, se jette dans le port d'Eïoub, passe au-dessous
d'AU-bei-Keuï ; et, de là jusqu'au dérè de leni-chehir, tout ce qui
se trouve en dehors des limites de la paroisse de St-Pierre, comme
aussi le village de Tatavla, dépendant autrefois de Ste-Marie.
Le même archevêque voulut, plus ttrd, ériger en paroisse
une cinquième église, celle de St-Jean-Chrysostome : mais la
réalisation de ce projet échoua par suite des observations pré-
sentées à la Propagande par la paroisse intéressée.
r>' Google
Jusqu'en 1840, les supérieurs de communauté étaient, en
même temps, curés de la paroisse desservie par leurs missions
respectives. A. la suite de difficultés sorrenues alors entre l'ar-
chevêque et les chefe des couvents, une décision de la Propa-
gande, de Cette môme année, prescrivit à ceux-ci de présenter à
l'archevêque un de leurs religieux, pour remplir, dans leur
église, les fonctions curiales, et recevoir, de l'ordinaire, l'inves-
titure réglementaire.
S ni.
Circonscription paroissiale et population
de Constantinople.
Les paroisses de Constantinople sont confiées les unes au
clergé séculier, les autres au clergé régulier : nous les ènumè-
. reroDS donc sous ces chefs. Pour évaluer le chiffre de la popu-
lation catholique, nous prenons celui des baptêmes administrés
dans chaque paroisse pendant les six années précédentes, 18S7-
1892, aQn d'avoir ane moyenne : puis comme la durée moyenne
delà vie humaine à Constantinople est évaluée k quarante ans,
nous multiplions le chiffre des naissances par quarante et nous
avons ainsi le chiffre approximatif de la population catholique.
A. — Paroisses confiées au clergé séculier.
i" Paroisse du St-Esprit, église cathédrale, à Pancaldi.
Prêtres séculiers 9 : baptêmes en 6 ans : '^* = 102, 33X40 = 4.093
2" Kadî-Keui, Assomption de Notre-Dame.
Prêtres séculiers 2 : baptêmes en 6 ans: î|! = 20,16X40-806
3° Scutari, St-Jean-Baptiste.
Prêtre Géorgien 1 : baptêmes en 6 ans: |' = 4X40= 160
B. — Paroisses confiées au clergé régulier.
1° Paroisse St-Pierre, et St-Paul, Galata et Stamboul, Makri-
Keui.
Prêtres, Dominicains 10 : baptêmes en 6 ans : ^ = 80, 5X40=3.220
r>' Google
— 379 —
3° Paroisse St-Antoine, Péra, Taqcim.
Prêtres FF. MM. Convent. 8 : baptêmes : ^* = 85, 33X40 = 3.453
3" Paroisse Ste-Marie Drapéris, Péra, Tékiè.
Prêtres FF. MM, Riformati 12: baptêmes: !-i§î= 184X40 =7.360
4" Paroisse St-Loais, Ambassade de France.
Prêtres, FF. MM. Capucins 8 : baptêmes 9. Population totale y
compris l'école et le séminaire 109.
5" Paroisse de Boyuk-dérè, Immaculée-Conception de N.-D.
Prêtres FF. MM. Conventuels 4 : baptêmes : '-^ = 31X40 = 1.240
6" Paroisse de San Stéfano, St Etienne premier martyr.
Prêtres, FF. MM. Capucins 4 : baptêmes : ^" = 5X40 = 200
7° Paroisse des Iles, St-Pacifique, Prinkipo,
Prêtres, FF. MM. Riformati 1 ; baptêmes : *-^ = 3X40 = 120
Réciipitulalion de la population.
St-Esprit, Cathédrale.
2 720
4 093 + 1 373
Kadi-keui, Assomption.
520
806+ 286
Scutari, St-Jean-Baptisto.
300
160- 40
St-Pierre et St-Paul.
8 720
3 330- 500
St-Atitoine de Padoae.
4 720
S 453 - 1 267
Ste-Marie Drapéris.
8 600
7 360-1 240
St-Louis de France.
80
109 + 29
Byuk-dérè, Imm, -Concep. N.-D.
1360
1240- 130
San Stéfeno.
63 ,
200 -H 147
Prinliipo, les Iles.
90
120 -(- 30
32 060
20 761 - 1 899
En somme la population latine a diminué en ce.s vingt ans
de 1399. Certaines paroisses ont gagné, ce sont celles du St-
Esprit et de Kadi-keui surtout. Les paroisses de Péra ont perdu
beaucoup, elles obéissent h la même loi que nous avons notée :
la population se porte en dehors de la ville et vers les hauteurs.
Les pertes de la paroisse de St-Pierrc, dans la ville de Galata,
ont été atténuées par l'augmentation des catholiques auprès de
la gare et des ateliers des chemins de fer.
r>' Google
CR^PITRE n.
J'AROISSES DESSERVIES PAB LE CLERGÉ SÉCULIER.
Jusque vers la fin du siècle dernier, on ne voit pas dans la
ville de GP, de clergé séculier proprement dit. Il s'y trouvait
bien quelques prêtres séculiers, attachés à la personne des am-
bassadeurs, d'autres, en plus grand nombre, venus des iies de la
mer Egée, pour chercher fortune ou pour rendre service, comme
chapelains dans de grandes maisons : uu peu plus tard on y vit
arriver aussi quelques prêtres levantins élevés à Rome au col-
lège de la Propagande ; mais ces prêtres, comme nous l'avons
remarqué déjà, n'avaient ni églises à eus, ni ministère ordî-
nake. Ils disaient la messe, soit dans les maisons particulières,
soit dans les églises des religieux.
Le premier Vicaire patriarcal qui s'en occupa otTicielIement
fut Mgr Guillaume Bona, prêtre séculier lui-même. Nous avons
vu qu'il leur imposa un règlement, les obligea à assister aux
conférences de morale que leur ferait le Père Provincial des
Conventuels, et à la retraite annuelle qu'il leur ferait donner, au
temps et au lieu qu'il choisirait lui-même. Ils devaient aussi
assister aux processions générales et accompagner l'èvêque,
lorsqu'ils en seraient requis. Pour toutes ces fonctions il devait
leur être assigné des places particulières dans le sanctuaire.
Us n'y avaient droit cependant que quand ils étaient revêtus du
costume ecclésiastique et portaient la cotta, t soit sur la sou-
tane si la cérémonie se fait dans l'église, soit sous le manteau,
quand eUe a lieu en public, i Cette même ordonnance leur in-
r>' Google
— 381 —
terdit de faire la classe dans les maisons, sans la licence de
l'ordinaire ; mais alors ils ne devront pas se contenter de faire
la classe, ils devront aussi faire le catéchisme aux domestiques
de la famille et les instruire des principes de la foi. (Ordonnance
du 4 mars 4741.)
Cet état de choses ne tarda pas à susciter quelques difficultés
au sujet des préséances entre les prêtres séculiers et les reli-
gieux. Un règlement de fait s'établit avec le temps, sur une
décision générale de la S. Congrégation, < quedansles fonctions
communes les religieux cèdent le pas au clergé séculier, t Mais
les religieux s'appuyant sur ce que, d'un côté il n'y avait pas
de clergé diocésain mais seulement des prêtres étrangers, et de
l'autre sur ce que, on ne pouvait pas donner le pas sur eux à
des étrangers, dans les églises qui leur appartenaient, obtinrent
de Mgr Fracchia une décision qui donnait la préséance aux re-
ligieux, lesquels à vrai dire formaient seuls le clergé de CP. et
seuls avaient juridiction. Cette décision (du 19 mars 1780) fut
déférée à Rome et la S. Congrégation, en assemblée générale,
cassa le décret du Vicaire patriarcal, rendit la préséance aux
prêtres séculiers et ne lit d'exception que ponr le curé, dans sa
propre église et pour les fonctions strictement paroissiales.
(31 juillet 1780).
Peu de temps après Mgr Fracchia avait une église, celle de
St-Georges, oft il pouvait faire ses fonctions tout à son aise en
présence de ses prêtres. Mais St-Oeorges n'avait jamais été et
n'ètaitencore pas paroisse et le clergé diocésain n'était pas en-
core constitué. Au reste la population avait depuis des années
déjà émigré vers les hauteurs de Péra : l'archevêque se trouvait
donc tout à fait isolé dans son église et son convent, .\us3i
MgrFontou transfcra-t-il son siège archiépiscopal dans l'église
de la T. Ste-Trinitè {35 avril 1802). Peu de temps après il
précisa le droit de préséance du clergé séculier, établissant
qu'il ne passerait avant les religieux que s'il était en corps,
(c'est-à-dire au moins trois prêtres en costume choral.) Mais
l'église de la T. Ste-Trinité n'était pas encore paroisse.
Mgr Hillereau ayant construit, en 1855, l'église de St-,7ean-
Chrj'sostome voulut l'ériger en paroisse pour son clergé ; mais
comme elle se trouvait très rapprochée de Ste-Marie et de St-
Antoine et qu'elle aurait causé un tort grave aux droits acquis,
r>' Google
sans qu'il y eut par ailleurs d'avantages compensateurs, il fut
obligé d'y renoncer.
Mais le marne prélat ayant consacré l'église dn St-Esprit, le
6 juillet 1846, en ât le centre d'une paroisse, par un décret du
lendemain. C'était la première paroisse séculière. Nous avons
indiqué ci-dessus ses limites.
Paroisse du St-Esprit. Prêtres séculiers.
\
Édifiée au faubourg dePéra, entre les rues Idjadiïè-Djedidiïé
et la rue de Pancaldi vis-ii-vis l'extrémité du grand cimetière
arménien touchant aux terrains de l'École militaire, cette église
a été bâtie en 1846, par Mgr Hillereau, qui en fit l'église métro-
politaine; S.G. en fit la consécration le dimancha 5 juillet 1846;
et la cérémonie terminée, une messe solennelle fut chantée en .
présence de M. le baron de Bourqueney, ambassadeur de France,
entouré du personnel de l'ambassade. M, l'abbé Hillereau, grand-
vicaire et parent de l'archevêque, prononça le discours d'inau-
guration. Cette église, composée de trois nefs, séparées l'une de
l'autre par une rangée de colonnes, est la plus grande de Fera.
Des mouvements de terrain ou toute autre cause ayant mis,
récemment, l'édifice en péril, des réparations considérables ont
été exécutées, en 18(35, par les soins de M. l'abbé Giorgiovich,
prêtre diocésain. Cette réédification est constatée par l'inscrip-
tion suivante, placée au fronton de l'égiise ;
D. 0. M. Templum in suborbano crescente in die oppujanorcm
NUMERO DIFFICILLIMIS TEMPORIBUS ERECTtJM W PIDEI C^THOLlat: TE-
STiMOMi^u Spiiutui Sancto dic^tdm a Juli.\no Maria-Hujlereau
PeTRENSI AEICHIEPIS. CONST. SED. ATOST. POTEST, PREI'ECrO VICE
BAGBO MDCGCXLVI, VALIDIS TERREMOTIliUS SUA MOLE FATISCENS
D.N. Paulus a coMiTrous Brunoni Taronensis arcmep. CP. pre-
SUL JURE APOSTOUCO V. L. ADNITENTE. MAXIME. CLERO. AERE. A
POPULARIBUS. CONLATO. NOVO. MOLIMIXE. ELEGANTIORl FORlLi. SAR-
TUM. TECTDM. RËSTITUn. MDCGCLXV.
r>' Google
Au-dessous, et courant sur la frhe, on lit :
JCSTITIA ET PAX ET GALDIL'M IN SpIRJTU BANCTO.
La bénédiction de l'église restaurée a été faite par Mgr Bru-
noni, le dimanche 31 décembre 1865. Aux jours de solennité,
on arbore le pavillon français à droite du fronton ; et le drapeau
pontifical à gauche.
Devant l'église, et donnant sur la grande rue de Pancaldi,
Mgr Hillereau avait fait construire aussi un grand corps de lo-
gis dont il fit, pendant un certain temps, la résidence archié-
piscopale, et qu'il destinait k un séminaire diocésain.
II existe aous l'église, une crypte destinée, dans le principe, à
des caveaux de famille, et à gauche en entrant, on trouve une
chapelle spéciale dans laquelle se voit le cénotaphe du vénéré
fondateur de l'église, Mgr Hillereau. Derrière, appliquées au
mur, on a placé les pierres tombales de prêtres, transférées en
cet endroit par ordre de Mgr Brunoni, lors de l'exhumation des
ossements des Grands-Champs, dont voici en sommaire les
inscriptions :
1882, JosEPHUs RovER.\ra, vicarius apostolicos Coxstantino-
POLEOS PESTE INTEREMPTLS.
1778. Nicolaus Pugliesi, alumntjs de Propaganda Fini-:, vica-
BIUS APOSTOUCUS CONSTANTINOPOLEOS PESTE INTEREMPTUS.
Mgr Brunoni a voulu également que les restes des Jésuites,
presque tous français, morts de la peste, de 1585 h. 1756, et in- .
humés au cimetière des Grands-Champs, fussent déposés dans
cette même crypte, avec la pierre funéraire qui les recouvrait.
Cette pierre porte l'inscriptidn suivante :
Patiu:s SocrETATis Jesi; peste intebemph
1585. P. LuDoviGcs Ghizzola.
1612. P. Car. Goblv.
1613. P. Luixiv, GraNgiër.
1662. P. FiiAXG. Martin.
1680. P. Nie. DE Ste Geneviève.
1683. P. Pcmus Bernard.
1686. P. Nie. V.\D0is.
1696. P. Henricus Va.nderma.v.
r>' Google
1719, P. Franc. Ranoeart:
1726. P. Jacob. Gachoo.
1738. P. Ans. Bayle. .
1751. P. Marc. Gharot,
1756. P. Petrus Clerget.
Les Pères Jésuites du collège de Ste-Puchérie ont fait mettre
de champ cette pierre tumulaire, sur la moraille. Ils ont mis à
côté une autre pierre qui rappelle la sépulture du R. P. Gloriot,
aumônier de l'armée française d'Orient, disposée par les soins
de M"'" la Marquise de Moustier :
la REPOSE, EN ATTENDANT LA RÉSURRECTION, LA DÉPOfILLE MOR-
TELLE DU P. Joseph Globiot, prêtre pbofès de la Compagnie de
Jésus, né le 29 avril 1811 ; il entra en relioion le 20 octobre
1832, ET mourut, victime de son zèle ET DE SA CHARITÉ POUR LES
soldats de la FRANCE, LE 22 MAI 1855, DANS l'hOPITAL CIVIL DE
Fera.
On voit aussi dans le même caveau, où elles ont été transfé-
rées à la même occasion, les deux pierres suivantes, d'anciens
aumôniers de l'hôpital des pestiférés :
1815. JOANNES BaPTISTA DE PORTU, MISS. CAPELLANU3 HOSPmi
Sti Joannis pestiferantium.
1834. D. Giorgio Rroo, di Tine, capellano dei pestipehati.
Par une faveur spéciale, et en témoignage de son estime, Mgr
Pluym a bien voulu autoriser l'inhumation dans cette chapelle,
d'un prêtre français, M. l'abbé Mandonnet, ancien curé de Ran-
dan, en Auvergne, décédé à l'hospice du Taqcim, le 3 novembre
1 871 . En notre qualité d'exécuteur testamentaire, et pour rappe-
ler les vertus du défunt nous avons fait recouvrir sa tombe d'une
pierre nêcrologico-historique.
Dans la mCme crypte, Mgr Pluym a fait déposer les restes de
Mgr Meletios, Emmanuel Stazanero, archevêque Grec-uni de
Drama, décédé à CP. le 11 sept. 1879.
C'est dans l'église du St-Esprit qu'ont eu lieu, le 14 janvier
187 i, les funérailles de Mgr Pluyna, Vicaire apostolique patriar-
cal, décédé la veille dans sa résidence archiépiscopale. Tout le
clergé latin, et les dignitaires ecclésiastiques de résidence ou de
r>' Google
passage h CP. et en communion avec le St^Siège, ainsi que toutes
les congrégations et communautés religieuses d'hommes et de
femmes, entourées d'un grand concours de fidèles assistaient
à la cérémonie. La messe chantée par les élèves du pensionnat
de N.-D. de Sion, a été suivie de l'oraison funèhre, prononcée
par le R. P. Bomano, S. J. supérieur du collège de Ste-Pulché-
rie. Les absoutes ont été données par les supérieurs des Domi-
nicains, des Riformati, des Lazaristes et des Conventuels ; Mgr
Testa vicaire général a donné la dernière. Le corps du vénérable
prélat n été ensuite descendu dans la crypte et placé à côté des
autres évèques ses prédécesseurs. Par une volonté spéciale, le
prélat a disposé que son cœur serait conservé dans la chapelle
intérieure du pensionnat de N.-D. de Sion : touchant souvenir
de l'hospitalité reçue par le digne évêque dans cette pieuse mai-
son à la suite de l'incendie de 1870 '.
S. E. M. le Comte de Vogué, ambassadeur de France, entou-
ré de tout le personnel de l'ambassade, assistait oiriciellement h
la cérémonie, ainsi que MM. les Ministres d'Autriche-Hongrie
et de Hollande.
L'église du Sl-Esprit avait été consacrée déjà à l'époque de
son inauguration : mais ayant été considérablement restaurée et
presque reconstruite en 1865, Mgr Graselli, k l'occasion du don
d'un magnifique autel fait à. sa paroisse par le curé, D. GaJibert,
décida d'en faire la consécration en même temps que celle du
nouvel autel, Cette cérémonie eut lieu le dimanche 19 décembre
1875, tous les chefs d'Ordres y avaient été convoqués, M. de
Bourgoing, ambassadeur de France y assistait au.ssi, avec une
bonne partie de son personnel.
Les reliques de quatre saints martyrs, St Lin, pape et mar-
tyr, St Laurent, diacre et martyr, St Crispin Pomponius, sol-
dat et martyr (dont le corps repose dans l'église et dont la fête
se célèbre le quatrième dimanche après Pâques) enfin St Sébas-
tien, soldat et martyi\ Ces reliques après avoir été portées so-
lennellement en procession ont été enfermées dans le tombeau
de l'autel. L'archevêque a célébré la messe pontificale et après
I Voir la nolioe nécrologique que nous avons donnée dans le Courrier d'O-
rient, du 16 janvier, reproduile par les Miasiona catholiques du 20 janvier
1874 ; et aussi notre comple-rendu de l'administration dea Cimetières latins,
pour l'exercioe 1873-1874.
85
r>' Google
— 886 —
l'évangile il a pria la parole, en grec d'abord, puis en français,
pour dire que dans cette circonstance solennelle, et en présence
du digne représentant de la France, il se bornerait à exprimer
une pensée, et à formuler une prière : « une pensée toute de
reconnaissance envers la France, cette puissante et constante
protectrice du catliolicisme ; une prière, celle de demander à
Dieu de couvrir cette généreuse nation, qui est toujoura restée
la fille ainée de l'Église, et pour laquelle je résumerai tous mes
vœux dans cette simple prière de tous les cœura chrétiens : que
Dieu protège la France ! »
Par Bulle du ^0 janvier 1876, le Souverain Pontife a déclaré
cathédrale, l'église du St-Esprit, et lui a attribué les privilèges
et prérogatives ordinaires de ces églises. L'anniversaire de la
Dédicace doit être célébrée suivant les canons et les rubriques
par tout le clergé, séculier et régulier de la ville, le second di-
manche de juillet de chaque année. Un rescrit déclare privilé-
gié le maitre-autel de la nouvelle cathédrale.
Œuvres attachées à la paroisse du St-Esprit.
A l'église du St-Esprit sont attachées deux écoles paroissiales
entretenues par le vicariat patriarcal, moyennant les subsides
de la Propagation de la Foi. Celle des garçons est tenue par les
Frères des écoles chrétiennes. Elle compte deux cent treize
élèves, tous catholiques. Celle des filles est sous la direction des
Sœurs de Sion : elle compte deux cent vingt-trois élèves, aussi
toutes catholiques.
Les enfants des écoles des Frères forment en même temps la
maîtrise de la cathédrale : ils ont une musique instrumentale
assez bien montée. Nous parlerons ultérieurement de ces écoles.
La cathédrale-paroisse du St-Esprit est desservie par des
prêtres séculiers au nombre de neuf.
Elle est le siège des confréries suivantes.
1" La confrérie de N.-D. des Sept-Douleurs, établie canoni-
quement à la T.-Ste-Trinité en 1817, transférée plus tard à
St-Jean-Ghrj'sostome et enfin au St-Esprit. Elle compte actuel-
lement plus de deux mille membres.
2" Une Congrégation de la T. Ste Vierge, alBliée à celle de
Rome, y a aussi son centre.
r>' Google
3' On a récemment inauguré une ceavre excellente pour
la persévérance des jeunes gens, dans l'école paroissiale des
Frères.
III.
Kadi-heui. Paroisse de l'Assomption de N.-D.
La ville de Kadi-keui, qui s'élève sur l'emplacement de l'an-
cienne Chalcëdoine, n'était d'abord qu'un viUage oCi les habi-
tants de Gonstantinople venaient, pendant Tété, chercher un air
plus frais et des espaces plus vastes : elle est devenue peu à peu
une ville ayant une population fixe considérable. Gomme il s'y
trouvait un certain nombre de catholiques latins, il fallut leur
assurer un service religieux. Ils eurent d'abord une petite cha-
pelle, mais enfin Mgr Brunoni résolut de leur élever une véri-
table église. L'ambassade de France obtint un firman impérial
de Chaban 1375=1859, et la première pierre fut posée le 5 juil-
let, par le Vicaire apostolique patriarcal, en présence de M. le
Comte de Lallemand, chargé d'affaires de France. Quelques-uns
présument que c'est sur l'emplacement de l'ancienne église de
Ste-Euphémie,' dans laquelle se tint, en 451, le Concile de Chal-
cëdoine, présidé parles Légats du Pape St Léon le Grand. (??)
L'église actuelle, l'une des plus belles de la latinité de CF.,
a la forme d'une croix latine : elle contient, outre le maître-au-
tel, six chapelles latérales. Sur l'arceau de la coupole, dominant
le centre de la croisée, du côté du chœur, on lit :
.-VSSUMPTA EST MARIA IN CŒLUM ; sur l'arc en face :
H^C EST FIDES NOSTRA QVM VICIT MUNDUM; sur ce-
lui de gauche, au-dessus de la chapelle de St-Léon, un tableau
représente ce pape envoyant les légats au concile, ou confir-
mant ses décrets, au-dessus l'inscription suivante : PETRUS
FER LEONEM LOGUTUS EST ;. en face, au-dessus de la
1 Cri.ebeau, Hist. du bas-empire, XII, 857. n M, de Nointel, dit Tournefopt,
assurait que les restes de Ste Euphémie as trouvaient à un mille du village
adue! de Kadf-keui. • Selon Pierre Gylles, rdgUee de Ste-Euphémie aurait
çGoogle
chapeUe de Ste-Euphémie, A SUPPLICIO EUPHEMIA AD
GŒLUM.
Tous les autels sont en marbre et ornés de tableaux dont plu-
sieurs ont été envoyés de Rome ; ceux des chapelles de St-LéoD
et de Ste-Euphémie ont été donnés par le pape PIE IX.
Œuvres existant dans la paroisse de Kadi-heuî.
Sur le territoire de la paroisse se trouvent divers établisse-
ments religieux. Les Pères Capucins de la Province de Paris,
qui desservaient, depuis 1882, le pensionnat des Frères, ont, en
1890, élevé, au milieu d'an vaste jardin un grand couvent dans
lequel les jeunes religieux de leur province font leurs études
philosophiques et théologiques, ils n'exercent aucun ministère
ecclésiastique.
Les Religieux Augastins de l'Assomption ont à Fener-bagbt-
chè, une chapelle, une grande maison qui leur sert de noviciat,
une école de garçons et une de filles. Les Frères des écoles chré-
tiennes ont un grand pensionnat, très florissant. Les Dames de
Sion un couvent et un pensionnat. Les petites sœurs de l'As-
somption une école de filles à Fener-baghtchè ; mais comme
tous ces établissements ne dépendent pas directement de la pa-
roisse nous en parlerons ailleurs.
Écoles. Une école de garçons a été ouverte par le vicariat et
le curé dans les dépendances de l'église, en 1878 : elle compte
cinquante-trois élèves, qui sont instruits par trois maîtres.
Les filles catholiques suivent les classes des Sœurs de Sion,
ou celles des Sœurs de l'Assomption.
Les Confréries sont celles de la T. Ste Vierge et du Sacré-Cœur.
Il s'y trouve aussi une petite Fraternité du Tiers-Ordre Fran-
ciscain dirigée par les PP. Capucins.
Une chapelle, construite et entretenue par la famille Tubini,
dans le voisinage de l'échelle, reçoit chaque dimanche de nom-
breux fidèles.
été élevée sur les ruines d'uD temple de Wniis. Il ajoute qu'elle rut ainsi
numméc en l'bonneur de la femme de Justin de Thrace qui la b&tit. L'an-
cienne église de Ste'Fuphémie était reconnaissable & Yatnxma qu'on y véné-
rait. Il se trouve à Kadi-keui, une église grecque de Ste-Euphémie.
çGoogle
§111.
Scutari. Paraisse de St- Jean-Baptiste.
Quoique Scutari soit essentiellement une ville turqae, il s'y
trouve néaamoins quelques familles catholiques, on ne pouvait
donc les abandonner. Les Dominicains en forent chargés quelque
temps, pais la paroisse ayant été érigée par Mgr Mussabini, eu
date do 31 décembre 1856, les Prêtres de la Mission, dits Laza>
ristes, en furent désignés curés. La paroisse comprend toute la
ville de Scutari, arrive au sud Jusqu'aux conôns de la paroisse
de Kadi-keui, et au nord jusqu'à Candilli exclusivement où elle
rencontre la paroisse de Bujuk-dërë. L'église était sise au quar-
tier de Reis-mahallè ou léni-mahallé. Mais cette église ayant
été brûlée, les Lazaristes ont abandonné le service qui retourna
au clergé séculier.
Cependant les Filles de la Charité qui, dès 1859, avaient
commencé à Scutari un internat et une école, achetèrent, en
1884, une maison et firent construire à côté une chapelle qui
sert d'église aux catholiques du quartier.
Cette église est desservie par un prètra Oéorgien de Rite
latin.
Les classes comptent cent quatorze enfants, douze garçons et
cent deux filles. Comme elles ne sont pas une œuvre parois-
siale nous en parlerons ailleurs.
Etai du clergé séculier du vicariat de Constantinople.
Vicaire Patriarcal. ïllme et Revme Mgr D. Auguste Bonetti,
de la Congrégation de la Mission, archevêque de Palmyre.
Résidant à Pancaldi, près de la cathédrale du St-Esprit.
Vicaire général : D. Jean Genocchi.
Clergé de la Mission : vingt-six prêtres séculiers, dont trois
seulement sont indigènes et appartiennent au Vicariat.
De plus sept prêtres de rites orientaux sont attachés au vi'
cariât, sans compter les Géorgiens, etc.
r>' Google
— 390 —
Séminaire. Les Capacîns de la ProTÎnce de Paris ont dans
lenr coavent de St-Lonis, & Constantinople, un séminaire pour
la formation d'un clergé séculier, tant pour Constantinople c[ae
pour les diocèses voisins. De plus les Lazaristes, les Géorgiens^
les Assomptionistes et les Résurrectionistes, ont des alumnats
destinés surtout à fournir des vocations à leurs instituts.
r>' Google
CHAPITRE m.
PAROISSES RÉOULIÈRES, OU CONFIÉES A DES REUGIEOX
Les religieux établis depuis le xm' siècle à CP. et chargés
seuls, pendant des siècles, de l'administration des sacrements,
ont conservé leurs positions jusqu'à présent, sauf l'exception
que nous avons indiquée au chapitre précédent. Ils les ont
même augmentées en ce sens qu'ils ont établi diverses succur-
sales, k mesure que le besoin s'en faisait sentir. Nous traite-
rons de ces paroisses et de leurs œuvres, selon le même ordre
que précédemment, dan^^ la seconde partie.
SI-
Paroisses des FF. MM. Conventuels. — St-Antoîne. —
Buyuh-déré. etc.
Nous sommes obligés de remonter un peu haut pour parler
des Pères Conventuels, que nous avons laissés au moment où ils
étaient chassés de leur ancien couvent de St-François de Gala-
ta. Après la destruction de leur église et la confiscation île leurs
terrains, en 1697, les religieux Conventuels se réfugièrent dans
une petite maison qu'ils avaient depuis longtemps, aux vignes de
Péra, sur l'emplacement même de leur église actuelle de St-An-
toiiie. Ils y avaient déjà une petite chapelle domestique, dédiée
r>' Google
à St François, ils s'en servirent pour eux-mêmes, et y admirent
quelques fidÀles, mais ils ne pouvaient y exercer les fonctions
curiales.
Ils recoururent donc aux PP. Jésuites de St-Benoît, et ils en
obtinrent, en 1704, l'autorisation de se servir de leur église
pour leurs fonctions curiales ; ils ârent de même à Ste-Marie,
avec les Pères Riformati, comme nous l'avons dit ailleurs.
Comme ils étaient sous la protection vénitienne, et que Venise
était alors en guerre avec la Porte, ils restèrent longtemps sans
pouvoir obtenir le firman nécessaire pour la reconstruction de
leur église ; mais en 1731 le P. Général de l'Ordre décida que
' ses religieux seraient de nouveau placés sous la protection
Ërançaise, comme presque tous les établissements catholiques à
cette époque. L'effet ne tarda pas à s'en faire sentir, car M. de
Bonnac, ambassadeur de France, s'employa à faire concéder les
autorisations prévues par les capitulations de 1453. II fit plus,
il fit accorder par la France un subside considérable pour cette
construction. Commencés en 1724, le 6 mars, les travaux furent
terminés le 24 juillet suivant, ce n'était, suivant l'usage, qu'un
édifice en bois. L'église fut bénite le jour même, sous le vocable
de St .\ntoine de Padoue, par Mgr Mauri. Tous les < droits
parochiaux » de l'ancienne église de St-François furent trans-
férés à celle de St-Antoine, qui n'en était que la continuation.
C'est l'année suivante, 1725, que les limites des paroisses furent
fixées par le même Vicaire patriarcal.
Le 20 septembre 1762, la nouvelle église et le couvent atte-
nant, furent détruits par le feu. Les religieux furent recueillis,
pour la seconde fois, chez les Pères de Terre Sainte, FF. MM.
de l'Observance. L'année d'après, M. de Vergennes obtint de la
Porte l'autorisation de reconstruire l'église sur la rueDum-dum,
près du palais de l'ambassade française. La nation fournît en-
core un subside, comme il résulte de l'inscription ci-après, rap-
portée par Carbognano ', mais qui n'existe plus aujourd'hui :
D. 0, M. REfiXAXTE Ldd. XV Galli\r[im imperatore mijos
ECCLBSI.E Min. Convent. protbctore mcnificestissimo suroît ab
IGNE VENEB. D. Antoni Patavini templum qdod Exc. equesD.cab.
I Carbopiano, lor. laud., p. 65.
r>' Google
DE VERr.ENN'ES GaLLIX OR. RESTirUlT ZELI OFOC. FDTUR*: iÊTVAJl
MOXUMESTUM INDUSTRtA PP. ELBBMOSIX. PIORUM SUB BEOTUINE
A. R. P. M. JOAN. ChRÏSOSTOMI PHOVINUALIS et HLEFECn EIlECrUM
A. D. MDCCLXm.
Cette fois l'église et le couvent avaient été reconstruits en
pierres, sur des fondements nouveaux et de forme plus élé-
gante. L'église comprenait trois nefs, soutenues par douze co-
,Ioane3 en granit oriental. La dépense avait été considérable et
l'Ordre avait alloue 10.000 éctis (zécchini), Elle fut bénite par
le R. P. Fr. Jean-Chrysostome. Mgr Blaggio Paulî, Vicaire
patriarcal, en consacra les autels, le 29 octobre 1763. En 1799,
cette église reçut plus d'extension et des embellissements consi-
dérables. De grandes réparations y furent faites encore en 1815 ;
de telle sorte que les religieux se trouvèrent presque toujours
dans les dettes, ou du moins dans la pauvreté la plus grande.
Le 1" septembre 1766, la S. Congrégation décida, en faveur
des PP. Conventuels, que les Âleppins seraient compris dans la
circonscription paroissiale de St-Antoine, comme les Latins, et
soumis aux mêmes obligations.
Dans l'intervalle, l'ambassadeur de France, pour élargir et
régulariser la rue qui conduit à son palais, et aussi pour cons-
truire un logement à ses cawasa, prit une langue de terrain sur
toute la longueur du couvent et tout le jardin qui y était at-
tenant. Les religieux durent s'y résigner et reçurent en dédom-
magement une somme de 6000 livres. Le terrain occupé par les
PP. Conventuels est donc extrêmement restreint, et quand la
rectification de la Grande-Rue de Péra leur aura encore enlevé
cinq mètres sur toute la largeur de leur église, il leur restera
bien peu de chose.
Cette église qui avait coûté tant d'argent et de peines fut à
son tour dévorée par les flammes, dans le grand incendie qui
détruisit presque tout Péra en 1831. Le palais de France et
l'église de St-Louis eurent le même sort.
Les religieux n'avaient pas encore payé toutes les dettes
anciennes : ils ne pouvaient fiéanmoins rester sans église ; ils
se mirent à l'œuvre, et dès l'année suivante, 1832, ils avaient un
édifice provisoire, où ils pouvaient du moins célébrer la messe
et administrer leur paroisse. Quant à eux, ils avaient, pour la
r>' Google
troisième fois, reçu une généreuse hospitalité chez les Pères de
Terre Sainte. C'est ea souvenir de cette charité, que le Père
Commissaire de Terre Sainte a le privilège d'officier le jour de
la fête patronale de St-Antoioe, 13 juin, lorsque le Vicaire
patriarcal ne célèbre pas lui-même pontificalement la sainte
messe.
Pour couvrir toutes leurs dépenses les religieux s'imposèrent
de grandes privations, et de plus le P. Curé, Paul Sardi, et le
P. M, Francesco Carboni se tirent quêteurs et parcoururent
l'Europe entière, pour amasser des fonds. On parvint enfin à
achever le couvent et l'église dans la forme actuelle et à conser-
ver ainsi la plus ancienne mission de l'Ordre,
Dans l'église de St-Antoine, se trouve la chapelle nationale
des Ragusais, dédiée à St Biaise; cette chapelle, la plus rap-
prochée du chœur, à droite, est en même temps dédiée à là Ste
Vierge et à St François ; la fête de St Biaise y est célébrée
solennellement le 3 février ; pendant longtemps, cette chapelle
était ornée d'un tableau, donné par les Ragusais, et représentant,
dans les cieux, l'image de St Biaise dominant la ville de Raguse
qu'il semblait couvrir de sa protection. Les Ragusais possé-
daient, dans l'église St-Antoine, un caveau national, pour les
inhumations '.
On voit aussi, dans cette église, une chapelle dédiée à StRoeh,
objet d'une dévotion particulière à Gonstantinople, contre la
peste.
Lors de l'exhumation du cimetière des Grands-Champs, en
1864, les restes et les pierres funéraires, y existant, de quatre
Vicaires patriarcaux de cet Ordre, les RH. PP. Vizzani, Staffulo,
MercedrinietdeMgrRidolfi,ontété transportés dans cette église.
Voici les inscriptions gravées sur ces pierres :
1637. D. 0. M.
Hic JACET BEVERENTÏISSrauS PATEIlGuiLLELMUS ViZZiNI A BONONIA,
DOCTOR THBOL. PaEDICATOIl GELEBERRIMUS OHD. MIN. CONV. MINIS.
MtOVINGI.E ORIENTIS AC VICARIUS GENERALIS l'ATHIARGALIS CONSTAN-
i 1 13 décembre 1783. N. sepulta fuit in ecclesia Sl\ Antonii Padavini
PP. MM. Conveatualium, in aepulcro nationis ragusine. ■ (Archives de
Ste-Marie.)
r>' Google
TIN0P0LE03 lATIN. A CONOR. DE PBOP. FIDE DEPUT. OBIIT 17 0CT0BRI3
41 cniaTEB JBT. sua;, ann. ikcarnat. dni. 1637.
1641. D. 0. M.
TUMULUM IN QUO QUIBSCIT RMUS P. FhaNCISCUS STAIFULANL'S,
PICENNATES ORD. MIN GONV. PROVINCI^. 0RJHNTI8 MpJISTER. VIC.
PATRIARCALIS BYSANTII AC UTRIUSQUE VALLACH. MISSION. PR^ib'ËCrUS.
OBUT DIE 15 OCTOBRIS STATIS SVJE ANNO 40. 1641 ■
1648. D. 0. M.
Mausolbum ubi jacet RMUS p. JoANNsa Mercredinus Fananensis
PROVINCLG BON. ORDIN. iON. GONV. PROVINdSÎ.ORIENTlS HINISTEB VIC.
PATRIARCH. BISANITI ET UTRTDSÛUE VALLACH. MISS. Wiaï. OBIIT DIE
6 OCTOBRIS «TATIS SU*: ANN. 42. 1643.
1677. LssGRiiTioN DE Mgr Rioolfi, déjà rapportée.
Une autre pierre tombale, recouvrant les restes des religieux
conventuels morts de la peste a été également transportée à
St-Antoine à la même époque : on y lit ;
PP. et FF. Min. Conv. peste interempti.
1754. P. Antonils Bianchi, brl^nd.
1769. P. Ubaldus Rochi.
1778. P. M. Antonius Pomani, patav, Mdj. Prov. ac Prjep.
Apost.
1817. F. Phiuppus Bonfils Maces. 29 Auqust.
L'église de St-Antoine et l'habitation des Pères Conventuels
sont situées Grande-Hue de Péra, et forment le côté gauche de
la rampe conduisant à l'ambassade de France.
Le supérieur porte le titre de Préfet de la mission des Mineurs
Conventuels ; le sceau des actes émanés de lui porte l'image de
St François, entourée de cet exergue : Sigillum ministri pro-
VINCI.E OniENTIS MLN. CONV. »
Il est d'usage de célébrer aiinuRllement, dans cette église, le
5 janvier, à quatre heures de l'après-midi, la cérémonie de la
bénédiction de l'eau, ou du baptême de Notre-Seigneur. Un
jeune enfant, choisi parmi les paroissiens, y représente St Jean-
Baptiste, sous le nom de Coînôarodf /.-C. La mèmecérémonie
r>' Google
s'est établie, postérienrement, à Ste-Marie Drapéris ; elle est
suivie de la bénéâiction des maisons, comme le samedi-saint.
La procession du Corpics Domini se fait, dans cette paroisse,
le jeudi de l'octave de la Fête-Dieu ; elle sort de l'église à cinq
heures de l'après-midi, pour entrer, par les rues de Péra et de
Pologne, dans l'enceinte des jardins de l'ambassade de.France,
où deux reposoirs sont dressés ; la procession fait une troisième
station dans St-Louis, chapelle de l'ambassade, après quoi elle
rentre dans l'église ; l'étendard de 8t Biaise ouvre la marcbe du
cortège. Depuis ijuelques années le parcours de cette procession
a été encore abrégé : elle sort de l'église, vient dans les jardins
de France oi'i elle trouve un reposoir, fait une station dans l'église
St-Louis, et rentre à St-A,ntoine au chant du Te Deum.
Œuvres de la paroisse de St-Antoine.
1° Ecoles. Les Pères Conventuels ont dans leur couvent
une école paroissiale, sorte de maîtrise, tenue par un religieux;
on y donne l'enseignement élémentaire. La langue de l'école est
l'italien, mais on y enseigne en outre le français et le grec. Le
nombre des enfants qui la fréquentent s'élève k quarante ou
cinquante. Ils sont en partie entretenus par la mission.
Les classes des flUes sont tenues par les Sœurs italiennes de
rimmaculée-Gonception d'Ivrea, en Piémont, Elles sont assis-
tées par les religieux de St-A.ntoine. Le R. P. Préfet, pro tem-
pore représente, en Orient, l'évêque d'Ivrea, supérieur général
de ces religieuses.
3' Hôpitaux. L'hdpital italien, desservi par dix sœurs de
l'Immaculée Conception d'Ivrea, est secouru, au spirituel, par
les religieux de St-A.ntoine, qui y font des fonctions régulières
et y assistent les malades.
Ils donnent aussi les secours spirituels, quand on les réclame,
aux deux hôpitaux, Municipal et Allemand.
3° Associations et Confréries. Le Tiers-Ordre de St-Fran-
çois est établi régulièrement à St-Antoine, il y compte environ
cent dix membres qui assistent régulièrement aux réunions
mensueile.s.
4° U Arckiconfrérie du Cordon de St-François, dont le
centre se trouve dans la Basilique du Sacra Convento à As-
r>' Google
— 397 —
sise, est érigée à St^ Antoine, par diplômes du 15 avril et 14 août
1734. Elle compte des membres très nombreux.
5" Celle de St-Antoine de Padoue y a été établie par un
rescrit de Benoît XIV, en date du 15 novembre 1746.
Les religieux de St-Antoine sont au nombre de huit prêtres
et quatre frères lais, de diverses provinces.
3° Paroisse de Ste-Marte de Buyuh-déré.
Buyiik-dèrè est un faubourg de Constantinople, situé sur la
rive droive du Bosphore de Thrace, presque à l'entrée de la mer
Noire. C'est une des Stations d'été les plus fréquentées, et un
des plus agréables centres d'excursions. Les ambassadeurs et
beaucoup de catholiques lapins avaient depuis longtemps l'ha-
bitude d'y passer les mois d'été, mais personne n'en était spé-
cialement chargé au spirituel : il était même réglé que la juri-
diction des curùs y suivait leurs paroissiens. Cependant il semble
que les PP. de Ste-Marie y eurent une résidence et peut-être
une sorte de chapelle, mais rien de bien régulier toutefois. C'est
en 1807, le 12 septembre, que la S. Congrégation confia cette
station aux religieux de St-Antoine, à la charge par eux d'y en-
tretenir un religieux, auquel elle promettait de donner une pen-
sion de trente écus d'or (zecchini), qui du reste n'ont Jamais
été payés. Le 12 avril 1808, le Vie. patriarcal, notilia l'ordre
qu'il avait reçu d'établir cette nouvelle paroisse. Le 22 juillet
1811, il attribua, par ordre de la mt'-me S. Congrégation, les
droits paroissiaux à la nouvelle fondation.
Ce ne fut pas sans quelques dillicultés néanmoins, car le
P. Préfet de Ste-Marie, et l'internonce d'Autriche, B"" Sturmer,
protestèrent contre les droits qui lui étaient attribués ; mais la
Vicaire patriarcal, par un acte du 8 juillet 1815, notifia à tous
les intéressés, l'érection de la nouvelle paroisse en forme cano-
nique. Enfln,en l'année 1817, le St-Siège ordonna à l'ordinaire
de fixer les limites de la paroisse ; c'est ce que fit Mgr tioresi,
par un décret du 5 juillet 1817. Elle va des Hiçar, ou châteaux
de Roumili et d'Anadolou, jusqu'à Fanaraki de la mer Noire, y
compris Belgrade. Mais on ne regardait comme paroissiens que
ceux qui y avaient vraiment leur domicile, et non ceux qui y
venaient seulement passer la belle saison, ou chei'cher un re-
r>' Google
fuge coDtre la peste : ceux-là relevaient de leurs curés respec-
tif. Ce fut l'occasion de nombreuses dlMcnltés, si bien qu'en
1845 cette restriction fut levée et que les Pères Conventuels res-
tèrent vraiment curés de tout le territoire qui leur avait été as-
signé.
Une paroisse ne peut pas exister sans église ; pour en cons-
truire une, le St-Siège autorisa la mission à contracter un
emprunt de 12.000 écus d'or (zecehini), (1814). Un autre dé-
cret autorisa un nouvel emprunt de 3000 écus d'or, et l'on
eut une église, et une habitation pour les religieux cbai^és de
la desservir, le tout en bois et sans aucun style.
Plus tard, l'accroissement du nombre des fidèles obligea les
religieux Conventuels à bâtir une nouvelle église, beaucoup plus
grande que l'ancienne. La mission, pour cette conslruction,
dut s'imposer de très lourdes chaînes, qui pèsent encore sur
elle.
L'ancienne église en bois, qui, d'ailleurs, était une maison
particulière, adaptée aussi bien que possible à sa nouvelle des-
tination, a été abandonnée lors delà construction de l'église ac-
tuelle, bâtie en pierres avec le concours des dons des fidèles, et
par firman impérial de moharrem 1282 (ISjuin 1865), obtenu à
la demande de l'ambassade de France. — Sur la proposition de
M. le marquis de Moustier, alors ambassadeur, le gouvernement
français a contribué, par un subside, à l'édification de la nou-
velle église.
Mgr Brunoni a posé solennellement la première pierre le
25 juin 1865 ; et, le 8 septembre 1866, Sa Grandeur bénissait
l'église et y célébrait pontificalement la première messe.
On lit, sur la façade, au-dessus de la grand'porte d'entrée,
l'inscription suivante :
D. 0. M. IS HONOREM MaBI-E NASGENllS AB ORIOINK IMMACULATA
COLLATITIA FTOELira STIPE .KDEM HANC IN AMl-LIOREM FOBUAM A
SOLO RE3T1TUTAM FrATRES t"RANCISCALES A CONVENTU UEUICAVERUNT.
Anno 1866.
Le sceau de la paroisse porte l'image de la Madone, au chef de
St-François. L'exergue : Sigil. parochiœ S.-Mariœ BuyuMe-
ren, ad Bosphorum T/iracium.
y,'G00g\il
Œuvres de la paroisse.
1" Écoles. Les Pères tiennent une école primaire de garçons
qCi l'on enseigne le français, l'italien, l'allemand, le grec et la
musique. Elle compte de soixante à soixante-dix élèves. L'école
appartient à l'Autriche et est par conséquent sous la protection
autrichienne.
Les Sœurs de l'immaculée Conception d'Ivrea y ont une
( École nationale italienne > en face de l'église. Elle compte de
cent à cent dix élèves.
^"Associations. Le Tiers-Ordre de St-François (50 membres).
La Confrérie de St-Roch très nombreuse.
Succursales. Beicos. Pacha-baghtchê,
En face de Buynk-dèrè, sur la côte d'Asie, au fond d'une
baie magnifique et profonde, se trouve le village de Beicos.
Comme il s'y rencontre quelques catholiques, le P. Provincial
y envoie un des Pères de Buyuk-dèrè, qui va y dire la messe,
les dimanches et fêtes, et y faire la classe quatre jours la se-
maine.
Tout près de Beicos, à Pacha-baghtchè, on a établi une ver-
rerie qui occupe une trentaine de familles Styriennes, catho-
liques. Un Père, d'origine allemande, va chaque dimanche leur
dire la messe et leur faire le catéchisme. Il leur administre au
besoin tous les sacrements paroissiaux.
Pour tous ces services, les Pères Conventuels entretiennent à
Buyuk-dèrè quatre Pères et deux Frères.
§11-
Paroisses des Pères Dominicains.
I. St-Pierre, état actuel.
L'édifice, relevé en 1781, dura jusqu'en 1841 ; à cette époque,
1 vétusté de la construction, presque toute en bois, nécessita la
,dbvGoogle
— 400 —
recoQStruction de l'église sur un plan plus vaste et plus solide.
M. le comte dePontois obtint, à cet effet, le firman nécessaire ;
des secours furent envoyés de France et d'ailleurs ; mais il est
juste d'ajouter, d'après le Journal de Constantinople du temps,
« que les Pères dominicains supportèrent la plus grande partie
de la dépense, afin que la reconstruction de leur église ne fût
pas une cause de débours extraordinaires pour leurs parois-
siens.» Le roi Charles- Albert, de Sardaigne, donna 15.000 francs,
et la reine Marie-Christine affecta une somme de 800 francs
à la célébration, à perpétuité, d'une messe, le jour anniversaire
de la mort de son royal époux, Charles Félix.
La nouvelle église, sise rue Perchembè-Bazar, vit ajouter à
son nom antique des saints apôtres Pierre et Paul, celui de la
Beata Vergine ciel Rosarto. Elle compte, en outre du maltre-
autel, deux chapelles latérales, à droite et à gauche ; et comme
annexe, sur la droite du vaisseau principal, une sorte d'ora-
toire où se trouve ta chapelle de Ste-Catherine de Sienne. L'i-
nauguration en fut faite avec grande pompe, et un jubilé de
huit jours fut accordé à cette occasion. Jusqu'alors, aucune
église latine n'avait été con^acr^e à Constantinople ' ;MgrHilIe-
reau, vicaire apostolique, sollicita, de Home, l'autorisation de
consacrer celle-ci ; la question fut laissée à son appréciation.
Cette consécration eut lieu le 19 février 1843 : Mgr Hillereau
archevêque de Petra, vicaire apostolique de Constantinople, fut
accueilli, par une aftluence considérable de fidèles, à la porte du
temple, occupée par un détachement des marins du stationnaire
français /â Fiecfte. Les cérémonies de la consécration terminées,
M. l'ambassadeur de P'rance, protecteur de l'église, et auquel, en
qualité ï d'évèque du dehors, » sont rendus les honneurs accou-
tumés, entrait dans l'église et assistait à la messe pontificale. K
l'élévation et à la bénédiction, les iionncurs militaires furent
rendus par la compagnie de débarquement de la Flèche ; le
commandement militaire et le bruit du tambour qu'on n'entend
jamais dans les églises orientales, causèrent h. toute l'assistance
une émotion indiclble;et quand on entonna le Domine sa Icum
1 Vo\ez sur la ninv-Talion des églises, te Culte r-alhiiliqan ilans -tet ri'n*-
moiiies et tes ai/iiUiolps. par l'abbé Durand, 1868, 8", pages 418 et suiv. et plus
haut g St-Frarivoi* et St-Georges.
y,'Goog\c
VUE CENTRALE DE LA CHAPELLE
r>' Google
Google
DijiiizBdbvV^iOOQle
— 401 —
fac Regem, chacDo se croyait transporté en France dans une
église de la mère-patrie.
( Quatre archevêques ou évèques assistaient le prélat consé-
crateur :
c Mgr Hassoun, coadjuteur du primat, et Mgr Artin, évêque
de Van, du rit arméno-catholique ;
( Mgr Mazloum, patriarche des grecs-unis d'Egypte et de
SjTie, et Mgr lacoub, évëque syrien de Damas.
< Le rit latin fut pratiqué solennellement, pendant les six
jours restant de la semaine, par les diverses communautés reli-
gieuses de Péra et de Galata ; des discours furent prononcés en
toutes langues : en français, en italien, en grec, en allemand et
en turc. Les prêtres Lazaristes ouvrirent, le lundi, cette série
de prédications par c l'éloge de St Dominique, et la démons-
tration du caractère propre à l'action sociale exercée par les
Ordres monastiques, du xii* au xvii< siècle.
€ Le chargé d'affaires d'Autriche assista à la cérémonie du
vendredi ; le discours, prononcé en allemand, fut suivi d'une
prière pour l'empereur et la famille impériale.
< Le samedi, le marquis Pareto, ministre de Sardaigne, as-
sista à l'otrice divin, célébré par les PP. Dominicains ; et le dis-
cours fut suivi du Domine saleum pour le roi.
a Le dimanche, Mgr Hassoun, évoque d'Anazarbo, oflicia, se-
lon le rit arméno-catholique ; le discours fut prononcé en lan-
gue turque.
t Le jour suivant, lundi, un service funèbre fut célébré so-
lennellement pour le repos de l'àme des fldMes ensevelis sous
l'église ; et, le même jour, les PP. Dominicains appelèrent à
leur table tous les pauvres de leur paroisse; ils les firent asseoir à
leur place, et les servirent de leurs propres mains ; plusieurs né-
gociants acceptèrent l'invitation de participer ii cet acte de
charité.
« La piété des fidèles, durant ces exercices, fut si grande que
cent confesseurs, de rites différents, étaient occupés à recevoir,
tous les jours, les coufessions ; les communions s'élevaient à
plus de mille par jour. >
Sur la première travée, au-dessus de l'orgue, on lit ;
VERO CHRISTI CULTUI, PR^OICATOKUM ORDO. 1842.
,dbyG00gle
— 402 —
Un peu plas loin, on Ht, sur le mur, à gauche, l'iDSCriptioQ
suivante, rappelant la date de la réëdifïcation et de la consécra-
tion de l'église :
TEMPLUM HOC NUPER RFJEDIFICATL'M IXDULGENTIIS A SS. D. N. GRE-
OORIO XVI IMPERTmS LOCLTI.ETIUS DD. J. M. HttXEREAU, ARCH. PE-
TRE SEDIS BYZANTII VlC. APOSTOLIC. SOLEMNITER CONSECRABAT XI KAL.
MART. 1843.
De l'autre côté, à droite, et un peu en avant de la chapelle de
l'Image miraculeuse de la Vierge, on a placé, sur les murailles,
l'inscription suivante, rappelant, de son côté, la cérémonie ulté-
rieure du couronnement solennel de cette image, peu après la
proclamation du dogme de l'Immaculée Conception :
ASS.P.N.PIO IT.IX DE IMMACITLATOB. MARIiEV.CONCEPTU DOGMATS
PROCLAMATO DD. A. MUSSABINI ARCH. S^fYR^■. SEDE3 CONSTANT. PBO-
VIC. AI'OSTOLlfiUS THIBl'M Kl'ISCOI'IS ADSTANTIBUS NEC NON OALLIARITM
PR.ESIXE IMAGINEM HANC B. MARI.T: V. ODIGHITRIAS A DIVO LUCA DEPI-
CTAU AUREA IXSlr.KIEBAT CORONA VI TO. DECEMBRIS 1855. CONGHATU-
LATIONIS Ef((iO.
L'église St-Pierre et St-Paul possède plusieurs reliques de
Saints. Au-dessous de l'Hodighi trias, le premier à droite en en-
trant, se trouve le corps de St René, ou du moins une partie de
ses ossements, provenant des catacombes. Au second autel sont
les reliques de St Thomas ; à celui d'en face, celles de St Domi-
nique. Enfin dans le maître-autel ont été placées les reliques de
St Pierre et de St Paul.
Comme édifice, l'église latine de St-Pierre est l'une des plus
belles de cette capitale ; elle est, d'ailleurs, l'œuvre de l'archi-
tecte Fossîiti, l'habile restaurateur de Ste-Sophie. En dehors du
temple, dans la cour de droite, se trouve la crypte, destinée
précédemment aux sépullures.
Le titre de la paroisse qui réunit dans son appellation le nom
des deux Saints Apôtres, patrons des deux églises successives
des Dominicains, est Pmxccia SS. Apostol. Pétri et Pauli
Galntœ et BysantU, Ord. Prœclic Le sceau du T. R. P. Vi-
caire porte l'image des SS. Patrons ; celui du P. Curé de
St-Pierre porte cette inseriplion « Parochus SS. Apost. Petrt
r>' Google
et Pauli. t Ed 1640, le sceau du couvent avait déjà pour ex-
ei^ae : 1 1 Conv. SS. Apost. Pétri et Pauli. Bysantii. »
St-Pierre est aujourd'hui (1893) la seule paroisse latine de
Galata et Constantinople ; sa juridiction s'étend sur toute la
ville de Constantinople, y compris Psammatia et les Sept-Tours
sur les villages des deux rives du port, jusqu'à l'extrémité
d'Eïoub, et sur les navires ancrés sur les deux rives d'Europe et
d'Asie, jusqu'aux Hicar, i les châteaux de Bosphore >.
Aux jours de solennité, le drapeau français est uboréànn
màt de pavillon établi sur le mamelon dépendant de St-Pierre
et sis à droite de la grand'porte extérieure de l'église.
On y célèbre chaque année très solennellement la Fête et la
procession du T. St Sacrement et celles du St Rosaire : pour
ces processions on sort ordinairement dans les rues voisines de
l'église, au milieu d'une foule attentive et recueillie.
Pour la première les Dominicains ont été investis par l'église
d'un privilège particulier :
St Thomas et St Bonaventure ayant été (dit-on) invités par le
Pape à composer l'office de la solennité du Corpus Domini, ils
furent introduits en présence du Souverain Pontife, pour lui
soumettre leur œuvre; St Thomas reçut l'ordre de donner, le
premier, lecture de son travail, et St Bonaventure fut tellement
frappé de la supériorité de cette composition, qu'il renonça à
lire la sienne. En mémoire de ce chef-d'œuvre, le Pape accorda,
par bulle spéciale, aux Dominicains, le privilège de faire, eccté-
rieurement, la procession de cette fête, sans pouvoir en être
empêchés par les curés des paroisses sur le territoire des-
quels la procession viendrait à passer.
La procession du St Rosaire se taxi le premier dimanche d'oc-
tobre de chaque année ; il est diflicile de rendre le caractère de
grandeur vraiment religieuse que présente, en ce jour, la pro-
cession sortant de l'église, à l'issue de la grand'messe, chantée
pontificalement par le Vicaire apostolique, et se déroulant dans
les rues de Glalata, au seul bruit des cloches, à la simple réci-
tation du rosaire, par le R. P. vicaire, au milieu d'une popu-
lation nombreuse et recueillie.
Les membres de la confrérie du rosaire marchent en ordre,
précédés d'un étendard bleu, au chiffre de Marie, entouré de
cette inscription ; « Società cattoltca maltese di niutuo soc-
y,'G00g\il
— 404 —
corso. » A la procession de l'année 1874, ils étaient au nombre
de cent trente-six, ayant tous fait la communion le matin. Les
confrères portent une aube blanche avec un cordon rouge et
une cappe bleu de ciel, ils tiennent en main un cierge allumé.
Le massier, portant sa canne d'argent, ouvre la marche, qui est
close par le recteur, portant suspendue à son cou la plaque d'ar-
gent de la confrérie, insigne de sa dignité. La confrérie unique-
ment composée de Maltais, se réunissait tous les dimanches à
St-Pierre, où une instruction religieuse lui était faite : elle s'oc-
cupe activement d'oeuvres de piété et de charité ; mais les réu-
nions religieuses ont cessé, sauf l'assistance aux processions
solennelles.
Presque en même temps que leur église, et môme un peu
avant, en 1S38, les religieux avaient trouvé le moyen de rebâtir
leur couvent, et ils l'avaient construit spacieux, solide, con-
forme aux exigences de la vie religieuse. Ce n'est pas que le
nombre des Pères fût très considérable, ni que leurs occupations
fussent fort multipliées : la population abandonnait de plus en
plus Galata, pour monter vers les hauteurs de Péra, l'église de
St-Pierre était de plus en plus désertée. D'un autre côté, le re-
crutement des religieux se faisait plus diFRcilement, dans le
Levant encore plus qu'en chrétienté, et les prêtres se faisaient
plus rares. Il n'est donc pas étonnant qu'il y ait eu, pendant des
années, une sorte de sommeil religieux, à St-Pierre comme dans
les autres communautés de CP.
C'est cependant à cette époque qu'on Ht plusieurs changements
dans le gouvernement de la maison de St-Pierre. D'abord le vi-
caire général de Ja Congrégation dominicaine d'Orient devint
Préfet apostolique, et fut ainsi relié plus étroitement au St-
Siège et à la S. Congr^ation de la Propagande, ensuite un
Préfet, plus zélé que ses prédécesseurs, établit la vie commune,
et la récitation publique des heures canoniales, depuis bien
longtemps tombée en désuétude : il se proposait d'y apporter de
bien autres modiâcationa, mais il ne ût que passer et ne put réa-
liser le programme qu'il avait conçu.
Enfin en 1859 on nomma le R. P. Giacinto Gambiaso, Pré-
fet apostolique, et vicaire général de la Congrégation d'Orient.
Cet èminent religieux, de la Province de Piémont, s'appliqua
avec une constance soutenue, et une suite ininterrompue, à res-
r>' Google
— 405 —
taurer son Ordre dans le Levant et son église de St-Pierre à
CP. U y implanta toutes les œuvres que les temps modernes
réclament, et sans lesquelles on ne peut faire aucun bien
sérieux.
Mais sous son administration se fît une modification plus ra-
dicale encore dans la mission dominicaine. En effet, en 1857,
elle fut unie à U Province de St-Pierre-Martyr, de Piémont. Le
supérieur de la Mission qui était, depuis 1601, Vicaire gén^^l
de la Congrégation des Frères Prêcheurs d'Orient, et ensuite
Préfet apostolique de CP., devint simple vicaire provincial du
Provincial de Piémont, Préfet réel ; il n'eut plus que le titre de
Supérieur et pro-préfet. Il est vrai que la S. Congrégation lui a
conservé personnellement ses droits et sa préséance, comme
auparavant, mais le changement n'en est pas moins radical et
complet. Cependant il n'enleva rien à l'énergie du B. P. Gia-
cinto Cambiaso, et n'arrêta pas son activité. Voici les œuvres
qui prirent naissance dans la mission pendant son adminis-
tration.
1° École des Frères à Gatata.
Les Frères des écoles clirétiennes appelé.^ à CP. en 1842,
comme nous le dirons plus loin, et établis d'abord à StBenott,
chez les Lazaristes, y ouvrirent des classes qui réunirent un
grand nombre d'élèves. Obligés de quitter ce premier établis-
sement, ils errèrent en plusieurs endroits, et enfin ils vinrent
demander un asile au R. P. Cambiaso, qui les reçut bien et
leur donna pour faire leurs classes une partie du couvent de
St-Pierre, au rez-de-chaussée. Puis comme ce local ne conve-
nait ni aux Dominicains ni aux. Frères, il leur permit de se
construire une maison en planches et des classes assez vastes,
dans la partie supérieure de leur jardin. Ces classes ayant été
consumées par un incendie (1877), les Frères construisirent,
sur le même terrain, une longue et solide maison, et des classes,
maliieureusement trop petites. Les Pères Dominicains, en com-
pensation de la concession de leur terrain y trouvent l'avantage
d'avoir là une école paroissiale gratuite, et une maîtrise pour
le service de leur église. Le P. Curé de la paroisse s'occupe de
l'école et y vient faire le catéchisme plusieurs fois la semaine
r>' Google
3° t^cole et chapelle d'iédi-koulé.
La jparoisse de St-Pierre est officiellemeot appelée, paroisse
de Galata et de ByzaQce : elle comprend dans son périmètre
toute la ville de Stamboul. Les Dominicains y possédaient au-
trefois deux églises, qui leur furent enlevées, vers 1635, comme
nous l'avons raconté. Depuis cette époque il n'aurait pas été
possible d'en ouvrir d'autres ou de s'établir sur ce côté de la
Corne d'Or. Il y eût fallu un firman spécial que jamais le
Sultan n'aurait accordé. Il n'y avait du reste aucun besoin d'é-
glise latine en ces quartiers, carie nombredes catholiques latins
égarés dans la ville, turque ou grecque, était fort petit : il ne
leur était pas difficile d'ailleurs d'aller à quelque église catlio-
lique arménienne, ou de venir à St-Pierre.
Cependant après la construction des chemins de fer orien-
taux, quelques familles latines, presque toutes étrangères et
volantes, vinrent s'établir, les unes auprès de la station de
Sirkëdjy-Iskélècy, les autres, plus nombreuses, auprès des
ateliers de la compagnie, à lédi-koulè. Les Pères Dominicains
leur administraient les sacrements, quand ils réclamaient leur
ministère. Mais ces catholiques, peu fervents, ne recouraient
pas souvent à leurs prêtres. On ne songeait donc que vaguement
à leur donner des écoles et une église. II y avait dans cette
partie de la ville environ soixante familles latines. L'arrivée des
Pères Àssomptionnistes amena les Dominicains à .s'occuper de
cette partie de leur troupeau.
Ils se mirent à l'oeuvre avec un grand zèle et au prix de
grands sacrifices, ils réussirent. Ils ouvrirent d'abord des classes
dans une maison turque, puis ils en achetèrent une plus grande
et s'y installèrent, 1885. lis construisirent ensuite une très
grande salle, faisant fonction de chapelle, cette station est des-
servie par un religieux qui y demeure à poste fixe, et y remplit
toutes les fonctions du ministère paroissial. Il y a établi une
école tenue aujourd'hui par les soeurs Dominicaines de Makri-
keui. L'école compte, en 1892, cent sept élèves, dont soixante-
seize latins, dix-neuf grecs, deux arméniens, huit protestants,
un juif. Quant au sexe il y a trente-quatre garçons, soixante-
treize filles. La langue de l'école est l'italien, mais on y en-
r>' Google
— 407 —
seigoe le français et ralIemaDd. Le programme est celui des
écoles primaires élémentaires, on y ajoute pour les filles les
travaux h l'aiguille et autres gui conviennent à leur sexe.
La Mission des Dominicains s'est occupée, dans ces dernières
années, mais seulement d'une façon passagère, de la mission de
Scutari et de celle de Prinkipo. Elle a solidement fondé celle de
Malcri-keui.
II. N.-D. du Si Rosaire de Mahri-heui, succursale de
St'Pierre de Oalata.
Le village de Makri-keui, qui s'élève probablement sur les
raines de l'ancien palais de l'Hebdomon, est surtout habité par
des Grecs et des Arméniens : on y compte aussi un certain
nombre de familles latines : aussi fallut-il s'en occuper, dès
qu'elles y devinrent assez nombreuses. Les FF. MM. Conven-
tuels y possédaient une maison et un terrain, ils y construisirent
sans bruit une fort modeste chapelle, 1849. C'était plutôt une
cabane oii ils donnaient aux catholiques les secours religieux
dont ils avaient besoin. Ils durent, pour certaines raisons so
retirer et ils mirent en loterie tout ce qu'ils possédaient. L'é-
glise échut à un catholique latin qui offrit au Vicaire patriarcal
de lui donner en échange un autre terrain, sur lequel on poui>
rait édifier une église un peu plus convenable. Mgr Hillereau
accepta et D. Angelo Spartali, prêtre séculier, y construisit une
chapelle qu'il bénit en 1853, et qu'il continua de desservir
pendant longtemps.
Mais celui qui avait donné le terrain étant mort avant qae les
formalités du transfert eussent été faites, ses héritiers furent
amenés à le , mettre en vente : l'église était sur le ^oint de
tomber entre les mains d'un Turc, 1863. A cette nouvelle le
B. P. M. Cambiaso, vicaire des Dominicains fut profondément
ému, et sans prendre garde aux dettes dont son couvent était
surchargé, sans même se donner le loisir de consulter ses sa-
périenrs, il fit l'acquisition de la propriété. Les supérieurs et
la S. Congrégation ratifièrent bientôt cet acte, et enfin Mgr
Brunoni, Vicaire patriarcal, confia aux Pères Dominicains le
soin d'établir là ane paroisse nouvelle, qui serait une succnrsale
r>' Google
— 408 —
de St-Pierre. II contribua m^ine pour une part notable à l'ac-
quisition, faite au nom et par l'intermédiaire de l'ambassade de
France.
Cette église n'était encore que peu de chose, le R. P. Gam-
biaso, y fit des réparations, des agrandissements, il y ajouta
un petit couvent pour la résidence des religieux, et en prit pos-
session en 1864. Depuis on n'a pas cessé d'y faire, presque
chaque année des embellissements et des aut^meotations nota-
bles, jusqu'en 1883. Elle était donc convenable et sulUsait aux
besoins des fidèles qui habitent Makri-keui.
Mais en cette année 1883, une famille latine du pays ayant
inopinément reçu un héritage considérable, voulut en faire bé- .
néficier la religion et en consacrer une partie à la construction
d'une belle église à Makri-keui. La première pierre fut posée le
25 avril 1884. Des diUicultés administratives ne tardèrent pas à
arrêter les travaux pendant plusieurs mois ; mais un Iradé im-
périal vint permettre ofTiciellement la construction de l'église, le
11 février 1885, et dès le 13 avril les travaux reprenaient pour
ne plus s'interrompre, jusqu'à, la fin.
Au bout de trois ans l'église était achevée. C'est un beau mo-
nument de style byzantin, un des plus beaux édifices religieux de
CP. et du Levant. Cette construction a encore grevé le budget
de St-Pierre, mais Dieu en est glorifié et les religieux peuvent
en être fiers.
L'église fut inaugurée et bénite solennellement, en présence
de M. le comte de Montebello, ambassadeur de France par
Mgr Charles Testa évêque de Phacuaa, et vicaire général du
vicariat. Le matin une dernière messe avait été dite dans l'an-
cienne église par D. Angelo Spartali, qui l'avait bénite et y avait
dit la première, trente-quatre ans auparavant. Le lendemain une
grande cérémonie était accomplie suivant le rite arménien par
S. B, Mgr Azarian, patriarche de Cilicie, assisté d'un nombreux
clergé de son obédience. Le surlendemain grande cérémonie
grecque par Mgr Beniaminos Euséviadis, évêque grec-uni,
assisté de Mgr Michèle Petkoff, évoque Bulgare-uni d'Andri-
nople. C'est ce dernier prélat qui consacrait les autels del'église,
le 16 juin. Il y avait longtemps que la Latinité de CP. n'avait
pas vu de fêtes aussi solennelles que celles de l'inauguration
de cette ^lise, 3, 4, 5 juin 1887. Le souvenir en sera perpétué
r>' Google
par une inscription, qui placée d'attord sur la porte de l'église
été ensuite transportée à l'intérieur.
p. U. HTACINTHL'S CAMBtASO... ASXO XI Sll PR-ESIXATUS...
HEBDOM1AN.R DOUUS O. P. AICTOR JJUClILi; TEMPLUM
HOC ANNO M.D.Oœ.L. XXX.V. H ... PltESIXATliS SUI XXXV
SirFFEClT.
Ecole des Sosurs de Makri-keuî.
Une paroisse, surtout de nos jours, n'est pas complète si elle
n'a pas ses écoles bien organisées. Les Pèras Dominicains le
comprirent vite et firent divers essais de ce côté; mais enfin,
au prix de très graitd?i sacrifices, ils firent venir de Mondovi, en
Piémont, des Sœurs Dominicaines et leur confièrent les écoles de
la paroisse. Il y avait eu jadis des religieuses de cet Ordre à
St^Pierre de Galata, nous avons vu qu'elles rec'evaient des lettres
du lî. Haymond de Capoue. Elles avaient dft cijder leur couvent
aux Dominicains expulsés de St-Panl. Les nouvelles venues ne
faisaient donc que renouer la chaîne des anciennes traditions.
Inaugurée le 9 août avec quinze élèves, toutes catiioliqnea, la
cla.'îse, aux vacances suivantes, en comptait quarante, de di-
.verses conditions. Avec le temps le nombre s'en est encore
accru. On a agrandi le local, multiplié les maltresses, oi^anisé
toutes choses sur un excellent pied et on possède aujourd'hui
un établissement florissant. Six maitresses y donnent l'ensei-
gnement primaire supérieur, k quatre-vinjçtr-huit élèves, dont
vingt-deux garçons et soixante-six filles. Pour la religion trente
enfants sont catholiques latins, trois arméniens, quarante-un sont
de la religion grecque, et quatorze arméniens grégoriens. Les
familles latines sont peu nombreuses, ce qui explique la pré-
dominance de l'élément acatholique. La tangue de l'école est le
français, mais on y eo.'ieigne aussi le grec, l'ilalien et l'allemand.
On les forme avec soin aux travaux de leur âge et de leur sexe.
\ous avons dit comment les sœurs avaient fondé une succur-
sale de leur école à lédi-koulè.
r>' Google
§ m.
Paroisses des FF. MM. Rtformatt.
Les Pères de Ste-Marie ont en ce moment deux paroisses,
l'ancienne, dont nous avons raconté l'origine et suivi l'histoire,
et une nouvelle & Prinkipo, dans les Iles des Princes.
i° Ste-Marte Drapérts.
La psroisse de Ste-Marie Drapéris, si elle n'est que la troi-
sième parmi les paroisses régulières, est cependant la première
par son importance et te cliiffire de sa population.
L'église construite, comme nous l'avons vu, en 1769, a subi
diverses réparations plus ou moins considérables ; mais en \ 874,
elle a été restaurée de fond en comble, agrandie et complétée.
EUe forme une seule nef assez grande, avec des couloirs
latéraux tenant lieu de nefs. La voûte a été décorée, avec un
vrai talent, dans le genre byzantin. Elle est couverte de pein-
tures symboliques d'anges et de saints. Le long delà corniche
courent de longues bandes portant les représentations des lita-
nies de la T. Ste Vierge. Des vitraux de couleur rappellent le
souvenir de St François et de Ste Claire, celui du fond, le St-
Esprit.
La nef contient six autels, & droite, en allant de la porte à
l'autel, celui de Notre-Dame de la Lettre, en grande dévotion
dans le pays, celui du Crucifix et celui de St-Léonard de Port-
Maurice : à gauche en s'avançant dans le même sens, ceux de
St-Roch, de St-Françoîs et de St-,Ioseph. Au maitre-antel
l'image ancienne de Ste Marie Drapéris.
Sous l'autel de St-Roch, en 1876, on a placé les reliques de
St Théophile, envoyées de Rome par Mgr Leopoldo, ancien curé
de la mission : la cérémonie a été présidée par Mgr Graselli,
Vie. apostolique patriarcal.
Diverses inscriptions ont été placées originairement, ou rap-
portées dans cette église : nous allons donner celles qui peuvent
avoir une certaine importance historique.
r>' Google
-* 411 —
Dans le cbœnr, derrière le siège de l'ofliciant.
D.O.M. Inglyto benepjLCTobi suo excelmo D. Antonio Fran-
cisco lœ Broonard. Boh. Imp. Ad Portam Ottohanam imteiwun-
Tio.XXII JUNn 1769 aetat. anno ltv hic condito patres hujds
ECCLESIAE RIF. S. FRANCÛSO POSUERE ANNO 1772.
Sur la muraille de droite, entre les autels latéraux :
I>. O. M. S. V. Pns Pétri Phil. L.B. ab Herbert Rathkeal. M.
Rom. Caes. aug. ab intimis consilUs. ac lcstr. febe V ad Otto-
UANAM POHTAM DOÏÏINUNTIUS. OUM IN GONQRESSU PACaS FeSCHIN.
OPERAI SUAM EQHEaiO ABBIBUTT. POSTEA IPSE LEGATUS SiSTOVn
BELLON CUM TURCIS HÀDD OMNINO MIRUM IN MODUM C0MP03UIT. FRAM-
MATA PIRAT. ARROOANTIA PONT. EuX. NAVœUS AUSTRUaS APERIHT...
ObUT VII KAL MART. ANNO A ChRIST. NATIVITATE 1802.
Plus loin :
D. 0. M. Hic jacet illcstriss. ac revebendiss. DD. Joannes
Bapta Bavestrelli ouh vicarius Suyrnensis de iqc episcopcs
Chie.\sis. tandem AJtcioBPiSGOPUs Heracleae et vicarius patriah-
CAU8 Constantinopoleos,... Obdtdiexx aprilis. aetatis annordh
66 REPARATAE SALDTIS 1777.
Plus loin, sur la même muraille la pierre précédemment pla^
cée dans le chœur en souvenir des services rendus à l'église par
rinternonce de Brognard.
Ensuite celle qui fut consacrée à la mémoire du Baron Casi-
mir de Hiibsch, ministre de Danemark, décédé le 29 mars 1865.
A gauche, entre le deuxième et le troisième autels :
Ci-GiT Adélaïde Sophie Joséphine Lauotte Cornisset épouse
DE Joseph Marie Jouannin premier drooman de l'ambassade de
RtANCEDÉCÉDÉE LE V AVRIL 1823.
Sur le pilier de la petite nef de gauche :
D. 0. M. Praeclaho viro Ignatio Maria de Cobral et Aguirre
HiSPAN. REGIS A GONSILnS INTIMIS AD REGES DaN. ET SUBT. KBPO-
BUCASQUE BaTAVAS et VeNET. ET P09TREM0 AD PORTAM OtTOM.
L£0. EXTRAORDINARIUS ET CONJG. AnNAB JuUANAE ViCTOR. DbWOL-
LIN BARONISSAE DE LeVEN POSUTT A. S. 1805. OBIERUNT 1804.
Vn ID. MAD.
r>' Google
— 412 —
Derrière la seconde colonne de gauche on lit l'inscription
suivante, remplaçant celle qui fut transportée antérieurement
des Grand^Champs, et placée sous la porte extérieure de
l'église.
Pétri Bipttstae Maubi. Minoris Rif. Cabthaginensis archi-
episcopi vicarir apostolici gonstannnopoutani. vita functi xi
nov. mdgcxxx qneres e sepulchro commcni hug translat.
AN. 1860.
En entrant dan^ l'église par la grand'porte, on voit sur la
colonne de droite l'inscription suivante, rappelant la visite
faite, en 1869, par l'empereur François-Joseph I, d'Autriche, à
Ste-Marie, où il a entendu la messe, célébrée pontiQcalement,
par Mgr Pluym, vie. apostolique patriarcal.
QUAM
D. 0. M.
NrMI>rB SL'O COMPLEVIT AËDEM HAXC S-^TJIAM huic e proemines-
TIOHI aUGQESTU M.A.rESTATE SUA ADFUI.SIT. ImP, Rex. FRANCaSCUS Jo-
SETHua I, AusTRiACUs Hljngarigus Plus Félix Aucustcs. Fausto
ILLI LUSTRAU ADSPERSIONE OMINANTE ET AD ARAM FAGIENTE AnTONIO
JosEPHo Pluym apostolicae sedis vice sacro lbgato Coloniaf.
AUQ. PREQOËtmSSIMIS 0RDINIBU3 SUSPICIENTIBUS ADCLAMANTIBUS. III
KAL. NOVEM. M D CGC LXIX HTMUS LOCI MODERATORES NE TAM
AUSPIGATI SIXQULARISQUE EVENTUS MEMORIA EXCIDERET OPTIMO PRIN-
ciPi iiTULUM posn'ju-:.
Les travaux de restauration qui ont fait de Ste-Marie, pour
ainsi dire, une nouvelle église, étant terminés, la bénédiction so-
lennelle en a été faite le 6 décembre 1874, par le R, P. Théo-
phile préfet apostolique, auquel M. l'abbé Testa, vicaire général,
a voulu laisser la satisfaction d'accomplir lui-même cet acte.
La cérémonie a eu poar témoins toutes les autorités ecclésias-
tiques de CP. et les membres de l'ambassade d'Autriche-Hon-
grie. L'inauguration a eu lieu le 8 décembre, jour de l'Imma-
culée Conception, fête patronale de l'église.
Sur la colonne de gauche, à l'entrée de l'église, on Ht l'ins-
cription suivante, qui consacre le souvenir de cette importante
restauration.
r>' Google
— 413 —
TEMPLUM.DEIPAH4E.DIGA.TUM.0LIM.ANaUSTO.L0C0.SOL0.INAEQi;ALI.
TEMPORIBUS.SOSPiaOSIS.E.POXDAMENTIS.lNFELICl.SUCCESSUjERECnnif.
XOVlSQnE.IN,DIES.ADGBSSIONIBtJS.DËFOHMATUM.NUNC.PURGATA.VErDS-
TATE.LUGB.CONVEînBNTIBUS.IXVECrrA.FORNlCE.PARIETIBUSQUE.AFFABRE.
VERraCDLATIS. ADMODUM. R. P.ThEOPIQLUS. A, CaSTINETANO. DITIONE.
APOSTOLICA. PRAEFECTtlS. PIOBOM. AERE. SUBLEVATUS. LUDOVICO.
SEEPËLDËR.ARCHITEGrO.OPERlBUS.PERFICrUNDIS.paABPOSrrO. IN DECEN-
TIOREU FORMAM. REDEQIT. SOLEMNl. POMPA.INAUGDRAVIT. DIE. ImMACL-
LAT0.C0NCEPTUI.VIRGINIS.8AGB0. VIIIdecembms m D CCGL XX IV.
A. gaucbe, de niveau avec la terrasse qui conduit à l'orgue,
on a construit une assez grande chapelle où le service paroissial
a été accompli pendant la durée des travaux. Elle est dédiée à
St Pierre et sert maintenant à diverses réunions.
Cette église de Ste-Marie est restée l'église nationale des su-
jets de l'empereur d'Autriche-Hongrie. L'ambassadeur y a une
tribnne réservée; et c'est là que l'on célèbre les fêtes natio-
nales, accompagnées des prières pour le chef de l'État.
Les Frères Mineurs Réformés y sont au nombre de dix
prêtres et trois frères lais, sous le gouvernement d'un supérieur
qui a le titre de Préfet apostolique. Il est nommé par la S. Con-
grégation, ad beneplacitum ■ autrefois il ne l'était que pour
quatre ans. La mission dont il est chargé comprend avec Ste-
Marie, les stations de Prinkipo, Smyrne, Tincs (deux maisons)
Mételino, Magnésie, et Rhodi ; les religieux y sont envoyés par
les supérieurs généraux de l'Ordre et viennent de plusieurs
provinces. Plusieurs sont originaires du pays. On exerce le
ministère surtout en grec, en italien et en français.
ŒUVRES DE LA PAROISSE.
\° Ecoles. Les religieux ont eu, de tout temps, une école atte-
nante à leur église, et destinée à donner aux enfonts l'instruction
religieuse et élémentaire, en même temps qu'à assurer le ser-
vice de l'église. La langue de l'enseignement est l'Italien. Elle
est tenue par un Père et compte trente élèves.
Pour les filles, les religieux ont établi sur leur territoire une
communauté de Sœurs Franciscaines dont la maison-mère est à
r>' Google
— 414 —
Getnona près d'Udine, en Italie. Us y donnent l'instruction re-
ligieuse et les secours spirituels. Nous en parlerons en détail
dans un chapitre suivant.
2" Associations. Confréries. Le Tiers-Ordre séculier de
St-Francois est florissant dans la paroisse : il compte vingt
hommes et deux cents femmes. Les réunions de chaque mois
sont très exactement suivies.
Les confréries sont celles de Ste-Anne de St-Jean-Baptiste et
dn Sacré-Cœur.
1° La confrérie de Ste-Anne a été transférée de St-Benolt à
Ste-Marie. Nous en parlons ci-dessous au ch. VI.
2° La confirériedu Sacré-Cœur de Jésus a été canoniquement
érigée par décret du 13 juin 1815. Elle compte de nomhreuï
membres.
3° Paroisse St-Pactfique, de Prinhipo.
Depuis qu'une partie de la population latine a pris l'habitude
d'aller passer l'été aux Iles des Princes, il devenait nécessaire
de lui assurer les secours religieux. Et quand plusieurs familles
s'y fixèrent tout à fait il fallut y laisser un prêtre à demeure.
C'était une mission indispensable.
Les Pères Dominicains en furent d'abord chargés, mais lors-
que k maison qu'ils y avaient fut vendue, ils abandonnèrent en
même temps la mission (1844). Le Vicaire patriarcal y envoya
alors un prêtre séculier qui y resta quelques années. Enfin le
8 février 1860, Mgr Brunoni y érigea une paroisse et la confia
aux FF. MM. Riformati.
L'église, consacrée à St Pacifique de S. Severino, un grand
saint de l'Ordre des FF. MM. de l'Observance, fut bâtie par les
soins d'un généreux bienfaiteur, sur un firman obtenu par l'am-
bassade de France Rebi-akher 1279=1802. Elle a été bénite par
Mgr Rotelli, Vie. apostolique patriarcal, le 26 septembre 1866.
Quoique la juridiction de cette paroisse se borne à la grande
ile, le curé est tenu cependant d'assister spirituellement les
Latins des autres lies. Deux Pères Riformati y consacrent leurs
soins. La population fixe est peu nombreuse, environ cent
vingt Âmes.
r>' Google
ŒCVRES DE L\ PAROISSE.
Le R. P. Préfet a établi dans cette lie une école de filles tenue
par Ie8 Sœurs Franciscaines deGemona. Elles ont quatre-vingts
élèves. Nous en parlerons au chapitre des écoles.
Associations et confréries. Le Tiers-Ordre de St-François.
§ IV.
Paroisses des FF. MM. Capucins.
1° St-Louts de Péra.
1& révolution française avait supprimé les Ordres religieux
et fermé les couvents. Il était donc impossible aux mission-
naires du Levant d'attendre des secours de la mère-patrie ; il
arriva même que plusieurs religieux, dans le commencement
surtout, attires par je ne sais quelles idées, demandèrent à
rentrer en France. Ce fut pour toutes les missions une très
rude épreuve.
Il eu résulta d'abord une transformation dans le régime de la
Mission en Grèce. Elle avait été gouvernée depuis son origine
par un Custode, diïpendant du P. Provincial de Paris, qui avait
toute autorité pour envoyer ou rappeler ses sujets, d'après les
concessions du St-Siège. Quand la Province de Paris fut dis-
soute, il fallut donner à la mission une autre organisation, et
la soumettre directement à la S. Congrégation et aux supérieurs
généraux de l'Ordre. Le P. Hubert d'Amiens, Custode, fut nom-
mé Préfet apostolique, et conserva sur la mission la même au-
torité. Mais ses supérieurs français n'étaient plus là pour le
fournir des sujets dont il avait besoin. Les supérieurs généraux
ne manquaient pas de bonne volonté, mais l'Europe entière
était bouleversée, et les Ordres religieux dans un désarroi com-
plet. Il fallait donc attendre longtemps les remplaçants de ceux
qui mouraient, et ceux qu'on lui envoyait étaient pour la plu-
r>' Google
— re-
part italiens. C'est ainsi que la mission, de parisienne qu'elle
était, devint en fait italienne. Le P. Hubert resta cependant
Préfet de là mission et supérieur de St-Louis jusqu'à sa mort,
arrivée le 4 février 1813.
Il fut remplacé par le R. P. Valentin de Terni et d'autres sans
interruption jusqu'en 1881. Mais comme d'un côté les œuvres
françaises de la mission étaient toutes emportées par le courant
révolutionnaire, comme de l'autre les religieux étaient peu nom-
breux, ils se bornèrent bientôt au service de l'ambassade et au
petit ministère qu'ils pouvaient exercer dans leur église. Ils
eurent cependant une petite école, dans laquelle ils réunirent
une trentaine d'enfants, auxquels ils donnaient l'instruction
élémentaire, et qui leur servaient dans les fonctions du culte
religieux. La mission de St-Louis marchait donc doucement,
comme du reste toutes les autres : jusque vers 1840 le catholi-
cisme était comme endormi dans Constantinople.
Or en 1831 un grand incendie dévora une grande partie de
Fera, entre autres le palais de France, St-Antoine et St-Louis.
II respecta l'église de ate-Marie. I^es PP. Capucins se réfu-
gièrent dans une partie du couvent qui avait été épargné par les
flammes, et y ouvrirent une chapelle provisoire, où ils conti-
nuèrent le ministère.
Lorsqu'ils voulurent reconstruire leur église, sur les bases
mêmes de l'ancienne, ils rencontrèrent des difficultés, et une
opposition formelle de la part de l'ambassade française, qui
leur contestait le droit de propriété sur leur propre couvent,
ou du moins sur une partie de leur terrain. Après de longues
négociations leur droit fut reconnu par le Conseil dÉ'tat, la
France s'engagea même à reconstruire l'église, en même temps
que le palais de l'ambassade, mais à la condition que les Ca-
pucins céderaient une partie de leur terrain pour y faire les dé-
pendances de l'ambassade. Ils avaient dû en céder déjà un peu
pour la construction de la cliancellerie, et s'étaient privés d'une
sortie du côté de Galata; ils se trouvaient donc ainsi fort res-
serres; mais enfin, en 1846, leur église était presque achevée.
Quoique le gouvernement français eût fait les principaux frais,
les Capucins y avaient néanmoins contribué pour une somme
notable.
Elle fut bénite par le R. P. Mauro da Léonessa, alors Préfet,
,dbvGoogle
— 417 —
le 1" mai 1847, ea présence de M. de BourqueDay, ambassa-
deur, et d'une nombreuse assistance : elle n'était pas encore
complètement achevée. On n'y a fait depuis d'autre addition
que celle du clocher, élevé par les soins des Pères et à leurs frais.
En 1882, lorsque les PP. Capucins français eurent repris pos-
session de leur ancienne mission, ils trouv^ent que l'église
était dans un grand délabrement et soogèrent dès lors à une
restauration complet*, c'est-à-dire à la remettre dans son état
primitif. Le P. Provincial de Paris, Préfet de la mission, adressa
□ne demande au gouvernement français. Quelques discussions
s'élevèrent encore au sujet de la propriété de l'église, mais elles
furent enfin résolues en faveur des religieux, et le ministre des
affaires étrangères accorda aux Capucins une somme de 13,500
francs, comme il avait été demandé, tout en reconnaissant à
nouveau les droits de la Mission. Les réparations furent faites
avec intelligence et l'église reprit exactement la physionomie
-qu'elle avait en 1647.
Cette église, de médiocre grandeur, s'élève sur les bases de
l'ancienne et dans les mêmes proportions : elle est agréable et
de bon goût. A la difTérence des autres églises de Péra, qui sont
dans le style byzantin ou jésuite, elle affecte plutôt la forme des
basiliques romaines.
La muraille extérieure du cdté du palais de l'ambassade est
ornée de sculptures, pour s'harmoniser avec les antres cons-
tructions. Ou y lit sur une plaque de marbre l'inscription sui-
vante :
D. 0. M. SCB INV. DIVI LUDOVia f^NCXE REGIS ANNO Do-
MIM 1846, REGNANTE LUDOVICO pHUJPPO I" AD HtEPCLGIDAM PoB-
TAM LBGATO F. A. BARO>JE DE BOLTIQUENEY, -EDIFIGAVIT P. L. LaO-
HECISQUE, PARISIENSIS.
Sur la façade extérieure, donnant sur la terrasse réservée, on
lit, dans le triangle symbolique, léhovak; et au-dessous : D. 0.
M. SOB Djv. Mvi LuDovia Frangine régis an.s-o D. 1846.
L'intérieur est très simple : une seule nef assez large, termi-
née par une abside carrée, beaucoup moins large, et deux sortes
d'absidioles dans lesquelles on a mis des autels. Le maltre-
autel est dédié à St Louis, celui du nord à la T. St« Vierge, ce-
lui du midi à St Félix de Cantalice.
r>' Google
— 418 —
L'église n'est pas voûtée, piaia couverte d'une double toiture
avec charpente apparente, gracieusement ornée, dans le même
style que les murailles et les colonnes. Au fond du cliœur, des
peintures représentent en haut le Père Éternel, à sa droite le
Sauveur du monde, à sa gauche l'Annonciation de N.-D., au-
dessona St Louis, patron de l'église. De chaque côté de l'autel
sont deux trihunes destinées, celle du nord à l'ambassadenr,
celle du sud au personnel de l'ambassade.
Sur la ii-ise autour du chœur, court l'inscription suivante :
Domine salvam fac remp. D. 0. M. sub inv. divi Ludovict.
An. Pom. m D CGC XLVII. edifica.
Dana la nef au-dessus des autels les noms des saints aux-
quels ils sont consacrés. Sur la frise, au-dessus des arcades
les commandements de Dieu en langue française. Dans les
angles formés par la frise et la voûte, aux quatre coins de
l'église, l'image des évangélistes. Au fond, en face dos autels,
des invocations à 8t François d'Assise et à St Joseph de Léo-
nîsse.
Le mattre-autel était en bois peint ; mais par les soins du
R. P. Pierre de Settignano, il a été remplacé par un autre en
marbre, à l'aide d'un subside accordé à la mission par la France,
durant l'ambassade de M, de Thouvenel.
Sous la tribune à droite en entrant, se trouve la sépulture des
religieux, qui avaient le droit d'y être inhumés, par une con-
cession souveraine, valable pour les religieux et les ambassa-
deurs. Elle est recouverte de l'ancienne pierre portant cette ins-
cription :
Séries Cu-puccinorum sus hoc. tumulo repultorum ajb institu-
TioNE n,LORmi IN Gr-Ccia missionum. Anno 1625.
1648, P. RoBËRTir.s Bellovagex.
1648. P. Laurentius Silvanec,
1648. P. HoNORATus Parisiënsis. peste corrept.
1655. P. JoANNE-s FRANascus Antissidor. peste corrept.
1661. F. COSMAS SiLVANECT. LAICUS.
1665. p. Jacobus PARisiENSia custos.
1671. p. Thomas Parisiënsis CUSTOS.
1681. P. FRANascus MONTROL. peste CORREPTUS.
r>' Google
— M9 —
1689. P. Léo Parisinus peste gorrept.
1705. P. Feiancisciis Parisinus peste corrept.
1713. P. HiEROTHECs Balserik. peste corrept.
1728. P. LuDovicus Franciscus Parisinus superior Sti Geor-
Gn TESTE corrept.
1723. F. j£!an)ius Vennetus iaicus peste corrept.
1739. P. Carolus DuiiENS. peste corrept.
Sur les murailles on a disposé des plaques de marbre blanc
qui portent le souvenir de personnes qui ont été inhumées dans
l'église, ou qui se sont intéressées à son avantage.
Au nord, en partant de l'autel de la T. Ste Vierge,
1* Le nom de Mme Laurécisqne, femme de l'architecte de
l'église.
8' Un peu plus loin celui de son fils mort presque en même
temps que sa mère, en 1847 ,
2° Entre les deux celle de Mgr Godefroy de la Porte, que nous
avons rapportée ailleurs.
3° M. Joseph Vattier de Boameville, drogman, mort en 1854.
De l'autre cAté nous relevons les noms de
1* M. Jules deCadalvône, mort en 1852.
2° De SitwDd de St-Fériol, attaché d'ambassade, mort en
1847.
3° Nous citons tout entière l'inscription qui regarde M. Dan-
tan, car elle offre un intérêt historique.
Ici REPOSE
Michel Ange Dantan,
PREMIER interprète DE l' AMBASSADE DE FRANCE
PRÈS LA Porte Ottomane,
NÉ LE 20 NOVBIffîRE 1763. DÉCËC^ I£ 2 JUIN 1813
après AVOra servi son pats A.VEC LE ZÈLE LE PLUS DÉVOUÉ
PENDANT TRENTE ANS
DONT TROIS PASSÉS EN CAPTIVnÉ
AU CHATEAU DBS SePT-ToURS.
il emporta l£s justes rëobets de sa fauixe,
de son gouvernement et de ses alos.
Ses enfants ont fait graver cette inscription en homulace
TX I£UR BESPECn POUR SA MÉMOIRE.
r>' Google
4" Jacques Fonton, mort en 1832.
5° Nicolas Jarosziaski secrétaire, mort en 1890.
6" M. Fourchon secrétaire, mort en 1879.
T Comte de Vaujany, baron de Châteauneuf, mort en 1522.
Son neveu capucin consacre son souvenir.
8" Enfin une inscription que nous voulons reproduire tout
entière, car elle est consacrée à l'auteur de ce livre.
In manus tlas, DoMmE, commendo kpiritum mbum, Ps. 30.
A. lA uÉMoms
DE François Alphonse Beun,
CONSUL GÉNÉRAL, SECEÉTAIBE INTERPRÈTE
PRÈS l'ambassade DE FhANCE A CONSTANTINOPLE
OFFICIER DE LA LÉGION d'hONNEIT»
DÉCORÉ DE PLUSIEURS ORDRES ÉTRANGERS
DÉCÉDÉ LE 16 AVRIL 1877 DAJIS SA 60' ANNÉE.
Sa VIE A ÉTÉ NOBLEIŒNT REUPUE
PAR LES SERVICES RENDUS A l'ÉgLISE CATHOLIQUE,
A LA France, a l'Oribnt et a la science.
Il laisse des regrets ineffaçables
au sein de sa famille et de ses noheibeux amis.
Sa veuve désolée, selon le vœu de son uari
A PAIT GBAVHl GETTE PIERRE
AUPRÈS DES CENDRES DE SON PLUS JEUNE FILS.
Devant la porte d'entrée, on voit les deux pierres funéraires
suivantes, qui, lors de la pose du maître-autel en marbre, ont
été transportées du chœur en cet endroit.
D. 0. M. la REPOSE AUPRÈS DE SES BONS PARENTS, THOMAS
ROFFm, ÉCUTER, MEMBRE DE LA LÉQION d'honNEUB ET CHEVALIER DU
Saint-Sépulcre, en son vivant consul de S. M. T. G. a Saint-
Jean d'Acre' et a Barouth; décédé a CP. le 96 janvier 1825,
A l'âge de 49 ANS. Il n'a survécu qce d'une année a son bespbc-
TABLE père'. — J. M. JOUiNNDJ ■', EXÉCUTEUR DE SES VOLONTÉS, k
' Cf. no» TraiUt et CapiCulationt de la Fraiice en Orient.
> Ruffin, aaci«D secrétaire-lnterprdte de l'ambassade, consul-général d«
France, et plusieurs fois chargé d'affaires, notamment durant l'expédition
d'Egypte.
> Premier secrétaire-interprète du roi, à Paris, y déoédé en 1843,
r>' Google
pait poseh cette pierre de souvenir, au nom de sa sœur unique
Rose Cécile de Lesseps ki de ses nièces. 1835.
D. 0. M. Hic jacbt Pefrus Dubouchet d'Orgeval de Saint-
André, BEâlARUH ORDINUM EQUES, BEOIS CHRISTIANIS3IHI CONSUL
CXDONEU MIS30S, LBQATUS IN PiCTAVIA DUCIS LUDOVId DE La RO-
CHBJAGQUELBIN, UM PRO DeO, RëGE ET pATRIA FOHTITER MILITAVIT.
LUGDUNI NATU3, 19 DIE JULII 1788, CoNSTANTINOPOLl OMn DIE 6 OG-
TOBRIS 1825.
En 1881, la mission de St-Louis sabit un grand changement.
Nous avons vu que, fondée par le Père Joseph du Tremblay,
elle avait été confiée à la Province des Capucins de Paris, et
qu'ensuite, par le fait des circonstances, elle était devenue une
mission italienne. Plusieurs fois les ambassadeurs s'en étaient
plaint et avaient réclamé le retour à l'ancien état de choses, sur-
tout depuis qu'ils savaient que l'Ordre s'était rétabli à Paris.
Cette demande, fort légitime, n'avait pu être exaucée pendant
des années ; mais enfin en 1880 le P. Arsène, Provincial des
Capucins de Paris, voyant ses religieux expulsés de leurs cou-
vents, demanda et obtint des Supérieurs et du St-Siège, avec
l'assentiment de la France, la concession de cette maison et le
retour à l'ancien état de choses : le Provincial de Paris devait
être chargé de pourvoir aux besoins de la mission, en qualité de
Préfet apostolique.
Les religieux français prirent possession de leur ancienne
maison le 27 mai 1881 ; la nouvelle communauté, installée par
le P. Arsène, ne se composait que de trois prêtres et trois frères
lais, sons la conduite du R. P. Marcel, vice-préfet.
Elle avait été accueillie avec faveur par l'ambassadeur, et
par la colonie française, avec grande joie par le Vicaire aposto-
lique patriarcal, Mgr Vanutelli, avec froideur par les autres com-
munautés. Un des religieux italiens avait demandé à rester avec
les français, mais il ne persista que quelques jours dans sa ré-
solution et alla rejoindre ses compatriotes à 8. Stéfano.
Le premier soin des nouveaux religieux fut d'établir dans la
maison l'observance régulière et la récitation commune de l'of-
fice divin, avec les modifications que réclamait le petit nombre
des Pères et leurs occupations multiples. Le second fut de res-
taurer la maison et de la rendre commode pour une comrau-
r>' Google
— 422 —
nautè régnlière ; la Province de Paria y consacra une somme
considérable, mais on y réussit très bien.
Cependant le zèle des religieux demandait an autre aliment
que le petit ministère que lui fournissaient l'ambassade et l'é-
glise de St'Louis. Le Souverain Pontife pressait alors tous les
piftb'es de l'Orient de travailler à rapprocher l'Église orientale
de l'Église romaine ; or le grand moyen étant l'éducation des
enfants et surtout la formation d'un clergé indigène vraiment
instruit et h la liauteur de sa mission, les supérieurs de la
mission, se souvenant que de tout temps la maison de 3t-
Louis avait été une maison d'éducation, résolurent de renouer,
encore sous ce rapport, les anciennes traditions au nouvel état
de choses. Le Père Préfet obtint donc du St-Siège un décret
autorisant l'ouverture d'une école qui serait consacrée à l'édu-
cation des jeunes clercs, sans distinction de rites. Ce décret est
daté du 16 mai 1882. On ât rapidement les appropriations né-
cessaires et l'École (ou Collège) apostolique orientale de St-
Louis fat ouverte dès le 4 septemlire 1882.
Les commencements furent dlMciles et les premières années
ingrates ; mais peu à peu les religieux se formèrent à l'enseigne-
ment, les élèves à la discipline et l'ordre s'établit.
La Province de Paris fournissait les maîtres ; les diocèses du
Levant les élèves : il fallait ausKi les ressources. Les maisons
construites dans l'enceinte du couvent donnaient quelque re-
venu, la France quelques subsides, la Propagation de la Foi ac-
Gorda un secours et l'œuvre marcha. Elle ne tarda pas cepen-
dant à avoir une autre ressource : quelques parents demandèrent
que leurs enfants, bien que ne se destinant pas au sacerdoce,
fussent admis à suivre les cours comme externes. On y consen-
tit, après mûre délibération, et le prix de leurs mois d'école
aide à entretenir les internes, dont l'éducation complète est tout
à fait gratuite, quelle que soit leur origine.
Pendant que cette oeuvre s'organisait, les supérieurs con-
sentirent, sur les demandes instantes des Frères des Écoles
chrétiennes, à donner des aumôniers à leur grand collège de
Eadi-Eeni. Cette aumônerie amena, le 11 septembre 1882,
l'ouverture d'une nouvelle maison provisoire dans l'enclos des
Frères. Les Pères devaient en même temps aider au ministère
ecclésiastique de la paroisse.
,dbvGoogle
— 423 —
Quelques années après, en 1885 et 1886, le R. P. Marcel s'oc-
cupa d'oue autre fondation importante. Leâ œuvres de charité
ne faisaient pas défaut à CP., mais il y manquait une commu-
nauté de Sœurs Gardes-malades. U forma un comité, et prépara
tout pour cette fondation. II y fut grandement aidé par un an-
cien premier drogman de l'ambassade de France, Ministre plé-
nipotentiaire, M. de Longeville, qui fut jusqu'au bout la cbe-
Tille ouvrière de ce comité. Enfin les Sœurs Franciscaines de
-Calais arrivèrent à Constantinople le 15 octobre 1886. Elles
forent installées dans une petite maison de la rue de la Cban-
«eilerie, qu'elles ne tardèrent pas beaucoup à quitter pour s'é-
tablir dans une autre maison plus commode et plus grande,
rue Tom-Tom, qu'elles ont fini par acheter. Elles s'occupent
en même temps de la lingerie, et occasionnellement de l'in-
firmerie de l'école.
Mais l'école prenant des développements, les supérieurs réso-
lurent de l'agrandir, an risque même de se priver des ressoivces
^e la mission trouvait dans la location des maisons qui lai
appartenaient. Le R. P. Marcel réunit toutes les ressources de la
Mission, le R. P. Prosper, qui avait succédé au R. P. Arsène,
en qualité de protincial, accorda un secours considérable ï le
gouvernement français vint à l'aide de l'œuvre, comme aussi la
Propagation de la Foi. On mena activement le travail et à l'au-
tomne de 1889, la nouvelle maison fut ouverte. C'est une re-
cons^ction presque entière de l'ancien couvent. Elle offre, de
la cour, un aspect simple et sévère mais imposant par sa
masse et ses lignes harmonieuses. L'intérieur est vaste, bien
disposé et tout à fait accommodé à sa situation. IjS. cour de
récréation est grande et agréable.
Si la province de Paris avait fait des sacrifices pour la re-
construction de St-Louis, elle fut la première à en profiter : ses
jeunes religieux, obligés par la persécution de quitter le sol
français, y furent fraternellement accueillis, en décembre 1889,
et y restèrent jusqu'en septembre 1890. Ils inaugurèrent le
nouveau chœur, disposé au deuxième étage pour remplacer le
-chœur qu'ils avaient auparavant près de l'autel et qui était de-
venu trop petit pour le nombre des religieux.
Dans les premiers mois de cette année on acquit un vaste ter-
rain à Kadi-keui, sur le bord de la mer, et on y éleva aussi ra-
r>' Google
— 424 —
pidemeot que possible une grande maison pour abriter les jeunes
religieux dont nous venons de parler. Ils en prirent possession
en septembre i890.
Œtn-RES DE LA. MISSION ST-LOUIS.
1" Service de l'église. L'église St-Louis, dite autrefois
f Paroissiale et Royale i, dans tous les actes officiels, est
affectée au service de l'ambassade française, mais elle reste ce-
pendant une église publique. Le ministère s'y fait en français.
On y prêche régulièrement pendant l'A vent, tous les dimandies
à la messe de 10 heures ; pendant !e carême, le dimanche et le
mardi, de plus une retraite de dames la quatrième semaine et
une retraite d'hommes la cinquième. On y prêche encore tous
les jours, le mois de Marie et la neuvaine de N.-D. du Mont^
Carmel : et enfin les quarante heures. Cette église est très fré-
quentée par la Colonie française ou parlant français : les offices
s'y font suivant les usages de France et avec gravité. Les élèves
de l'école, surtout ceux du séminaire, y contribuent de leur
mieux. •
2° Service de l'ambassade française. Les Capucins sont
aujourd'hui, comme il ya près de trois cents ans, les aumôniers
de l'ambassade française. Ils ont la juridiction paroissiale dans
toute l'enceinte du palais de France et de la chancellerie. La
messe officielle est fixée A 10 heures, elle est toujours très fré-
quentée. Pendant l'été, quand l'ambassade va à Thérapia, ou
va dire la messe, les dimanches et fêtes, dans la chapelle du
palais.
3° AumÔnerie des Frères de Kadî-keui. Sur la demande
des Frères et avec le consentement du Vicariat, la Province a
accepté l'aumônerie des Frères et de leur collège. Deux Pères
et un Frère lai sont occupés à cette œuvre. Outre les instruc-
tions religieuses et les catéchismes qu'ils font au collège, ils en
font aussi à l'école paroissiale. Ils remplissent en même temps
les fonctions d'aumôniers dans le pensionnat des Dames de
Sion.
r>' Google
— 425 —
4° Aumônerie de l'école de St-Mîchel. La mission donne
encore tous les secours religieux, messes, instructions, confes-
sions, etc., à l'école que les Frères ont fondée sous le patronage
de St Michel, rue de Agha-Hammam. Le nombre des enfants
catholiques y étant relativement plus considérable, on y trouve
aussi plus de consolation.
5° Aumônerie des Sœurs Franciscaines. Ces religieuses
ayant été appelées par ta mission et s'occupant de i'ècoie et de
la sacristie, il est juste qu'on leur donne tous les secours reli-
gieux dont elles ont besoin. Un Père est leur confesseur, tous à
tour de rdle vont leur dire la messe chaque matin. Elles ont des
pensionnaires âgées, et quelques orphelines.
6" Catéchismes. Presque dès le commencement, les Pères se
sont occupés de donner l'instruction religieuse, et de faire le
catéchisme aux enfants des deux sexes qui sont élevés dans leurs
familles ou dans les écoles laïques. Cette œuvre a pris un grand
développement. Plusieurs fois par semaine les enfants y viennent
avec assiduité et plaisir. Chaque année, le jour de l'Ascension,
on fait solennellement la première communion, comme en
France, Les élèves du séminaire vont en outre faire le caté-
chisme, plusieurs fois la semaine, dans les classes externes des
Frères — à Galata, au Taqcim et à Pancaldi.
7° Prédications. Les Pères, outre les prédications dont nous
avons parlé, sont encore demandés souvent pour des occasions
extraordinaires, et surtout pour les retraites des communautés
et des associations, à Constantinople, A Sm\Tne et ailleurs.
8° Ècole-Sémînaires. L'œuvre la plus importante et la plus
caractéristique de la Mission c'est incontestablement l'école dont
nous avons raconté le commencement et le progrès. Avec les
années, encore bien peu nombreases, elle a atteint son complet
développement. Elle comprend en ce moment deux sections, le
petit séminaire ou collège proprement dit, et le grand séminaire.
Au petit séminaire on fait toutes les études classiques ordi-
naires et les élèves y font leurs humanités complètes. Plusieurs
ont pu se présenter avec succès aux examens de France,
r>' Google
— 426 —
Oaelques-uns ont été reçus avec honneur dans les écoles spé-
ciales. La discipline y est forte, quoique douce et paternelle.
Les externes, qui doivent toujours être moins nombreux que les
pensionnaires, arrivent dés le matin et suivent tous les exercices,
comme les autres. Après leur repas, qu'ils vont prendre en
famille, ils rentrent à l'école jusqu'au soir.
Au grand séminaire les élèves portent la soutane et font les
études ecclésiastiques ordinaires. La philosophie dure un an, la
théologie quatre ans. On leur enseigne en même temps l'histoire
ecclésiastique, l'écriture sainte et le droit canonique. On le^
forme aux cérémonies, au chant grégorien et à la musique.
Qaelques-uns sont déjà dans les Ordres, les autres sont tous
clercs.
Un des premiers élèves de l'école, natif de Smyrne a été
ordonné prêtre par son archevêque, & St^Louis ; un autre entré
dans l'Ordre des Capucins, a été ordonné par le Vicaire pa-
triarcal.
Les élèves du grand séminaire sont au nombre de douze :
Latins de divers diocèses, sept ; Arméniens, trois ; Géorgiens,
deux.
Les élèves internes du petit séminaire sont choisis par les
évëques des divers diocèses du Levant. On avait d'abord admis
ceux qui se présentaient d'eux-mêmes, sans les éprouver suifi-
samraent, mais le recrutement fait de cette façon était fort dé-
fectueux et les déchets considérables. La règle invariable au-
jourd'hui est de ne les admettre que sur la présentation des
évëques du Levant, et on les instruit pour eux spécialement. On
les prie de bien s'assurer avant de les envoyer, s'ils ont une
véritable vocation. Ils sont au nombre de trente-quatre dont
vingt-deux Latins, neuf Arméniens, trois Géorgiens.
L^ externes appartenant à de bonnes familles de Péra sont
au nombre de vingl^trois. »
9° Associations et confréries. Confrérie de JV,-D. du
Mont-Carmel. Depuis l'année 1731 , la confrérie est établie dans
cette église. La solennité de la fêle, qui se célèbre le 16 juillet,
«st précédée par une neuvaine, fort suivie. Elle comprend un
grand nombre de membres ; mais elle n'a pas de réunions men-
suelles.
r>' Google
~ 437 —
Les religieux de la mîssioD appartiennent tons à la province
de Paris, comme autrefois. Bb sont au nombre de onze prêtres,
dont huit employés à St-Louis et trois & Kadi-keui, et de quatre
Frères lais, dont trois à St'Lonis.
3* Paroisse de St-Stefano.
Cette paroisse a été créée par Mgr Brunoni par un décret du
16 décembre iS63. L'église a été bâtie sur un ûrman impérial,
émané à la demande de l'ambassade de France, Chaban, 1281=
1865. Elle a été bénite et inaugurée, le 16 juin 1867, par le
R. F. Pierre de Settignano, préfet de la mission.
Cette paroisse appartient aux FF. MM. Capucins qui ont fait
tous les frais de sa construction. Depuis que les Capucins de la
province de Paris ont pris possession de leur ancienne mission
de St-Lonis, cette station dépend de la mission de Smyrne. Dans
ces dernières années, le Bév»' Père Général de l'Ordre y a
établi nn noviciat international pour les missions de l'Ordre.
Les Religieux sont au nombre de cinq prêtres, cinq clercs et
quatre frères lais.
ŒUVRES DE LA. PAROISSE.
Les Pères tiennent une petite école dans un des bâtiments
attenant k l'église. Ils doivent inaugurer bientôt une école de
filles tenue par des religieuses.
C'est dans l'église grecque de ce villagequeles croisés Franco-
Vénitiens se réunirent en arrivant à CF. et délibérèrent sur la
manière dont ils opéreraient leur débarquement, c Alors descen-
dirent à terre les comtes et les barons, et le doge de Venise ; et
le parlement se tint à l'église de St-Étienne... abbaye à trois
lieues de CP '. > Cette église (orthodoxe) a été presque entière-
ment réédiâée, en 1844, par la libéralité d'un Qdèle.
' Histoire de la conquôte de CF., par \'illehar(iouin. éd. de Waillv, 1870.
p. 45.
r>' Google
CHAPITRE IV.
COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES d'hOMMES. ÉCOLES DE GARÇO>rS.
Les communautés religieuses d'hommes, dont nous avons
parlé jusqu'ici, étaient anciennes dans CP. ; elles avaient été
mêlées à la vie de la Comunità : elles avaient eu aussi, dans
une certaine mesure, leur part, dans le gouvernement ecclésias-
tique : nous allons parler maintenant de communautés, vivant
de leur vie, et ne se rattachant que d'une manière indirecte au
clergé diocésain. Nous en trouverons même qui sont essentielle-
ment laïques : c'est donc un genre de choses tout à fait à part.
Nous en parlerons suivant l'ordre de leur installation à CP.
SI-
Les prêtres de la Mission ou Lazaristes. 1783.
Les prêtres de la Mission ont été fondés par St Vincent de
Paul : ils furent appelés Lazaristes quand ils se bansférèrent à
]a Maison St-Lazare, à Paris, faubourg St-Denis, qui leur avait
été donnée par Louis X.III en 1632. St Vincent s'était occupé
beaucoup, par lui-même et par ses prêtres, des cbrètiens captifs
chez les musulmans ; mais son attention et ses soins s'étaient
dirigés surtout du côté des états barbaresques. On ne voit pas
qu'Usaient fait aucune apparition à Constantinople jusqu'à la
r>' Google
— 429 —
&n du xvm' siècle. Après la suppression des Pères Jésuites
en 1773, M. de Saint-Priest, ambassadeur de France, avait de-
mandé que les Lazaristes fussent appelés à les remplacer; mais
cette Congrégation déclara par l'organe de M. Viguier', préfet
apostolique à Alger, qu'elle n'accepterait la cession de ces éta-
blissements, qu'autant qu'ils seraient placés sous la protection
de la France et libres de toutes dettes. Or les établissements des
Jésuites dans le Levant étaient extrêmement obérés. Le gou-
vernement dn roi, après maintes délibérations, consentit à amor-
. tir les dettes, et à protéger les Missionnaires. Un arrêt du roi,
en date du 33 décembre 1780, donna donc aux Lazaristes
St-Benolt et les autres maisons des Jésuites supprimés. On s'a-
dressa alors à Rome pour avoir l'approbation de la Propagande ;
pour diverses raisons cette approbation fut retardée jusqu'au
23 novembre 1782, M. Viguier, premier supérieur arriva enfin à
Gonstantinople le 19 juillet 1783. II fut aussitôt rais en posses-
sion par une ordonnance de M. de Saint-Priest.
Les Lazaristes commencèrent un ministère difRcile et faisaient
du bien. En 1793, après la déposition et le départ de M. de
Choiseul-GoufSer, ambassadeur de France, les députés du com-
merce restèrent seuls chargés des intérêts de la nation : or,
comme les idées nouvelles avaient pénétré dans leurs esprits, Us
voulurent exiger de M. Viguier le serment constitutionnel.
Celui-ci, très attaché à l'ancien régime et aux idées catholiques,
refusa le serment : alors le représentant de la France, en vertn
du droit ancien, confirmé par les capitulations, délégua quatre
commissaires accompagnés du chancelier de l'ambassade, pour
procéder à l'inventaire des objets existants dans l'église. À cette
occasion la f magnifica Comunità », qui avait cherché à se
reconstituer, protesta pour ceux de ces objets qui appartenaient
à la chapelle de Ste-Anne ; il lui fut répondu que l'on n'y tou-
cherait pas ; la t Comunità > fit des démarches auprès de la
Porte, pour obtenir la consignation de l'église deSt-Benolt, dont
l'administration temporelle avait été donnée, le 17 février 1793,
à un économe nommé par la Nation. La République n'ayant pas
encore été- reconnue par la Porte, celle-ci prit le parti d'ajourner
I Autour d'un ouvrage eatîmable intitulé : Élément» de la langue lurgtie,
u TabUt analytique» de la langue turque utuelle. CoQStautiaople, In-l-.
çGoogle
— 430 —
sa décision ; seulement elle nomma pour Inspectear le Woivode
(directeur de police) de Galata, et confia la supériorité k xm
missionnaire, es-Jésuite, Delenda ', né sujet ottoman.
Le citoyen général Aubert-Dubayet, envoyé extraordinaire et
ministre plénipotentiaire de la Républit^ue, en 1797, confirma,
proTisoirement, le P. Delenda dans sa supériorité ; mais ayant
TU que l'opposition aux Lazaristes masquait en réalité une oppo-
sition à la France, il nomma en qualité de supérieur-adminis-
trateur à St-Benolt, M. Renard, Lazariste, ancien supérieur de
Tripoli et de 3myme qui était venu à Constantinople pour ses
affaires. C'était le 16 fructidor an V. Alors les Rayas latins,
excités d'ailleurs par le premier drogmao d'Angleterre, M. Dane,
et par l'internonce d'Autriche, le baron d'Herbert, firent de nou-
velles démarches auprès de la Porte, pour obtenir d'elle que la
France f(tt dépossédée de St-Benott. Le chargé d'affaires,
M. Ruffin, opposa à ces prétentions ane énergique et efficace
résistance. Enfin la Porte ordonna an Woivode de Galata d'aller
lever les scellés turcs, précédemment apposés ; et l'on remit à
cette occasion, aux commissaires français une déclaration écrite
portant que l'église et le couvent de St-Benolt étaient c rendus >
aux ambassadeurs de la République c pour les administrer, pro-
t^er et posséder, comme par le passé - >.
Mais l'expédition d'Egypte ayant amené une rupture entre 1&
France et la Porte, M. RufDn, qui avait soutenu si efficacement
les Lazaristes, fut arrêté et enfermé aux Sept-Tours. Les enne-
mis des Lazaristes reprirent l'avantage, et ceux-ci furent expulsés-
de St^Benott et enfermés au palais de France,30 septembre 1798.
M, Renard n'en sortit que le 4 décembre. Il se retira à Buyuk-
dérè. Le P. Delenda fut encore nommé administrateur de St-
Benolt.
Pendant qu'il agissait contre les Lazaristes à Constantinople
le baron d'Herbert agissait aussi à Rome pour faire atti-ibner à
' Le P. D«lenda était de iSantorin et son lieu d'origine ne fut peut-Atrepa»
étranger au choix qui fut fait de sa personne. Sa qualité d'cx-Iésuite per-
mettait aux anciens religieux de -SUBenott d'espérer une réintégration dans
leur Église. D'autre part sa qualité de Raya était d'accord avec les préten-
tion* de la confrérie de Ste-Anne qui cherchait alors au détriment de la Fraoca
A reconstituer la « Magnifica Coiiiuniià s de jadis. Le P. Albini, également
ex-Jésuite, accompagnait le P. Delenda.
' Archives de l'ambassade de France.
çGoogle
— 431 -^
sa couronne la protection des catholiques du Levant ; mais le
cardinal Àntonelli, Préfet de la Propagande, résista énergique-
ment & cette prétention et maintint le privilège de la France.
Enfin en 1803, après la conclusion du Concordat, les Laza-
ristes furent reconnus propriétaires de St-Benolt et remis en
possession par M. Ruffîn, sorti des Sept-Tours, depuis le 35 août.
Hs en ont joui paisiblement depuis lors '.
L'église et le couvent de St-Benolt sont devenus le centre le
plus actif du zèle religieux à Constantinople. Les Missionnaires-
ontre le collège, s'y sont occupés toujours de toutes les œuvres^
d'enseignement, d'apostolat et de charité, établies par leurs
prédécesseurs, et de celles qu'ils ont établies eux-mêmes.
Parmi les services qu'Us ont rendu à la religion nous devons
signaler le secours puissant accordé aux Arméniens catholiques,
pendant leur dernière persécution (183S). M. Bricet, alors préfet
de la Mission les reçut & St-Benolt, leur donna pour abri les
maisons dépendantes de la Mission ; et leur rendit tous les ser-
vices imaginables, avec une générosité qui lui valut plus d'une
fols les reproches de ses confrères et même de ses supérieurs.
Les Arméniens d'alors aimaient à proclamer que si leur nation
avait pu surmonter la persécution et si enfin elle avait pu se
constituer en un corps indépendant, c'est en grande partie à
M. Bricet qu'elle en est redevable.
L'égliae de St-Benolt, telle qu'on la voit aujourd'hui, ne date
que de 1733, époque de sa dernière reconstruction ; la tour du
hef^i on clocher adossée sur l'avant, au flanc droit de l'église,
et snr laquelle Hotte le drapeau français, aux jours de solen-
nité ^, est seule ancienne, elle parait dater du xm- siècle. Par
l'efi'et d'une habitude traditionnelle, cette église est souvent
désignée par l'un des termes suivants : i église des génois, église
des jésuites, St-Benolt. i Elle a été sérieusement menacée par
l'incendie qui, dans la nuit du 30 au 21 février 1865, détruisit
la partie de l'enclos de St-Benolt dite la maison de la Provi-
dence; elle n'a dû sa conservation qu'au zèle et aux efforts des
officiers et matelots du stationnaire français t'Ajaccio.
» Cr. ci-dessus, Ste-Marie île* VMiti:
y,'G00g\il
— 432 —
L'église St-Benoit a été restaurée, et entièrement transformée
à l'intérieur, durant l'été de 1871, sous la supériorité ieM. Sal-
vayre. Le tableau de l'ancienne église du bagne a été placé au-
dessus de la porte d'entrée latérale, et remplacé, au-dessus du
sanctuaire, par l'image de St Vincent de Paul, fondateur de la
congrégation des Lazaristes.
En outre de la procession de Pâques, dont il a été parlé plus
haut, les Lazaristes font intérieurement et extra mur os, le jeudi
du Corpus Domini, à l'issue de la grand'messe, la procession
de la Fête-Dieu avec une grande pompe. La procession sort, à
l'extérieur, par la porte de Notre-Dame de la Providence, et
rentre dans l'enclos par celle du collège ; trois reposoirs sont
dressés dans l'intérieur de l'enclos ; à la maison des sœurs, au
palier du grand escalier et dans la cour du collège.
Outre les inscriptions dont nous avons parlé au chapitre de
St-Benolt, on voit dans l'église, sur le pilier central, à droite
avant la chaire, les inscriptions suivantes :
D. 0. M.
Ci-o1t Louis-Flohent Lkleu, visiteur et préfet apostouqde
DES missions des Lazaristës en Turquie, en Grèce et en Perse,
FONDATEUR DES ÉTABLISSEMENTS DES FbËRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES
ET DBS Filles de la Chartié dans le Levant, décédé le 11 no-
vembre 1846, A l'ace de 46 ans.
A droite une pierre à la mémoire de
Piebre-Paul Gamba, supérieur ms hiëtres de la uission^
DÉCÉDÉ LE 13 MARS 1860, ÂGÉ DE 43 ANS.
A gauche :
Jérusalem.
A la mémoire de la mère des pauvres.
Ci-g1t
SŒUR Françoise-Marie Lesueur, btlle de la GHARrrÉ, sopê-
RIEDRE DE LA MAISON DE LA PROVIDENCE ET FONDATRICE DES ŒUVRES
DE CRAIUTÉ A GP., DÉGÉDÉE LE 6 AVRIL 1863, A l'aQE DE 64 ANS.
r>' Google
œm'BES DBS raÈTRES DE LA MISSION.
Suivant l'esprit de leur saint Fondateur , les Lazaristes se
sont occupés, depuis leur arrivée à Constantinople, i^ faire le
bien sans bruit : ils ont avancé peu à peu et il est venu un
moment où l'on a pu dire que toutes les œuvres de charité et
de zèle avaient leur inspiration à St-Benoit.
Dès que leur sort fut fixé, en 1804, ils ouvrirent le collège
dans les anciens bâtiments de St-Benoit, assez diminués par
l'hôpital qu'on y avait annexé. Ils se contentèrent de cette occu-
pation et du ministère de l'église, pendant des années. Mais en
1839, les esprits en France s'étaient tournés vers les institutions
religieuses et charitables, c'était le moment où se fondaient
les grandes œuvres catholiques : or il y avait alors h CP. un
archevêque français, intelligent et zélé, Mgr Hillereaa, et à la
Mission un préfet jeune, actif et rempli de l'esprit de Dieu,
M, Leleu. C'est alors que commencèrent les institutions que
nous admirons maintenant dans le Levant.
Le collège de St-Benott donnait l'enseignement à la classe
supérieure de la société catholique, mais il n'y avait rien pour
les femmes et rien pour les garçons du peuple, sauf les écoles
paroissiales, petites et mal organisées. M. Leleu fit donc venir
les Filles de la Charité, 1839 ; en 1841 il y appela les Frères des
Écoles chrétiennes et les installa dans les bâtiments mêmes de
St-Benolt. Avec le temps ces instituts se sont agrandis d'une
façon merveilleuse et comptent de nombreuses maisons tant à
CP. que dans le reste du Levant. D'autres congrégations reli-
gieuses sont venues ensuite, mais celles-là ont donné le branle
après avoir ouvert la voie.
De 1846 à 1853, la Mission a créé les Conférences de St-Vin-
cent de Paul, les Associations des Dames de charité, et des
Enfants de Marie, et toutes ces œuvres de charité et de zèle qui
font tant de bien dans la ville. Elle a été en un mot le foyer
d'où est parti presque tout le bien qui s'est opéré il CP. parmi
les catholiques. Les hérétiques eux-mêmes s'en sont ressentis
car ils ont imité chez eux ce qui se faisait chez nous.
On a remarqué de plus que la première cloche qui ait été
entendue à Gonstantinople a sonné à St-Benott.
r>' Google
Nous allons énumérer les principales œuvres auxquelles s'oc-
cupent Messieurs l3s prêtres de la Mission.
1° La Mission. Dans la Maison de St-Benolt, nous devons
d'abord signaler c la Mission >. Elle se compose du Supérieur
régional, qui a le titre et les pouvoirs de Préfet apostolique et
de Visiteur de tout le Levant. C'est de lui qne relèvent, dans un
très large rayon, les maisons des Lazaristes et des Filles de la
Charité.
Un nombre, toujours trop petit, de missionnaires s'occupe
sous sa direction du ministère ecclésiastique et des oeuvres.
C'est d'abord l'église publique de St-Benolt, jadis la princi-
pale de la Latinité, elle a vu la plupart des catholiques latins
émigrer vers Péra, mais elle attire encore, surtout à certains
jours, une foule de fidèles, qui viennent y entendre la prédica-
tion et y recevoir les secours religieux.
Les missionnaires ont ensuite la direction spirituelle des
Filles de la Charité, répandues dans la ville et le district.
Ils ont fondé et continuent de diriger les associations des En-
fants de Marie, des Dames de Charité, des Conférences deSt-Vin-
cent de Paul, de la Société Tinio, de toutes les écoles et autres
œuvres qui sont sous la direction des Filles de la Charité.
Une de leurs occupations encore est la traduction et l'impres-
sion en turc et en grec, des livres catholiques.
On peut dire que si d'autres qu'eux travaillent au bien, d'une
façon ou de l'autre, les Lazaristes s'y emploient de toutes ces
manières. Et quand on les demande, ils vont encore prêcher, en
toutes les langues si multiples du pays, dans les églises ou cha-
pelles étrangères.
3" Collège de St-Benott. Ce collège, fondé en 1804, est
incontestablement le plus ancien, et il fut pendant près de
soixante ans le seul établissement catholique d'enseignement
littéraire à CP. Il fonctionna pendant longtemps dans les an-
ciens b&timents restaurés et agrandis; mais enl840M. Leleu,de
vénérable mémoire, le voyant trop à l'étroit, à cause des autres
œuvres qui venaient lui disputer sa place antique, le transféra
à Bebek, dans une propriété acquise aâ hoc. En 1843 il reçut du
roi Louis-Philippe, le titre de < Collège Royal i avec uncer-
r>' Google
— 435 —
tain nombre de bourses, qui lui sont encore continaées au-
Jourd'hai.
En 1867, anx vacances de Pâques, poar diverses raisons ex-
cellentes, et eu vue d'auguienter le bien qu'il faisait déjà, le col-
lège fut ramené de Bebek à St-Benolt, et intallé dans les nou-
velles constructions élevées pour un séminaire. Ces constructions
ont été depuis recommencées à nouveau sur un plan général, et
le collège est maintenant un établissement parfait, dans son
genre.
On y enseigne le latin, le français, le grec ancien, les sciences
physiques et mathématiques, les langues vivantes et en parti-
culier le turc et le grec. On y donne en un mot une éducation
littéraire et commerciale aussi complète que le réclament les be-
soins du pays.
Le collège de St-Benoit a eu pour élèves presque tous les
chefs des anciennes familles du pays, et un certain nombre des
hommes publics de la Turquie contemporaine lui doivent, en
tout ou en partie, leur éducation et leur instruction. Parmi ceux
qui vivent encore on peut citer : 1° plusieurs officiers supé-
rieurs turcs, 3° six Consuls appartenant à diverses puissances,
3° cinq drogmans ou secrétaires d'ambassades, 4° cinq Pachas,
5° un ambassadeur, 6° un ministre d'état, 7° un archevêque ou
métropolitain bulgare.
n compte en ce moment, (1" janvier 1893) dix classes et
cent cinquante élèves, y compris les séminaristes, qui en suivent
les cours.
Pour la nationalité on compte : Italiens dix-huit ; Français
trente ; Hellènes vingt-six ; Rayas neuf ; Autrichiens dix ; Ar-
méniens vingt-sept ; Géorgiens trois ; Albanais cinq ; Bul-
gares un ; Allemands sept ; Anglais six ; autres nationalités
huit.
Quant à la religion : Catholiques cent deux ; Grecs ortho-
doxes quarante et un ; Protestants un ; Israélites quatre ; mu-
sulmans deux.
Depuis le commencement de l'année scolaire 1893-1898, les
Lazaristes se sont assuré le concours des Petits Frères de Marie,
au nombre de sept, qui sont chargés des petites classes de fran-
çais et de quelques cours et surveillances.
Une Société amicale des anciens élèves a été fondée en 1892.
r>' Google
— 436 —
3° Séminaire. Une des pensées les plus chères an cœur de
St Vincent de Paul fut toujours l'^ucation des jeunes clercs, ou
pour mieux dire la préparation de bons prêtres pour l'Église de
Dieu. Comme nous l'avons fait remarqaer, pendant longtemps
cette œuvre ne fut pas utile à Gonstautinople, puisque toutes
les paroisses étaient entre les mains des religieux ; mais on com-
mença à en sentir le besoin quand on eut fondé des paroisses
séculières.
Le séminaire fut fondé en 1867, pendant le vicariat de Mgr
Pluym, et par l'initiative de M. Devin, préfet de la Mission. Les
élèvent suivent les cours du collège mais ils ne sont pas mêlés
à ses élèves dans les exercices de la vie commune.
Le séminaire compte en ce moment dix-buit élèves. Depuis
sa fondation, il a donné & l'Église deux prêtres séculiers ; un
Conventuel ; trois Capucins -, huit missionaires ; quatre étu-
diants en théologie ; un évéque, Mgr MladénofT, évêque de Sata-
1a, vicaire apostolique des Bulgares-unis de Macédoine ; etc.
Conférence des Aspirants. Pour accoutumer leurs élèves
aux œuvres de zèle les Lazaristes ont établi dans leur maison
de St-Benolt une Conférence de St- Vincent de Paul, composée
exclusivement d'élèves. Bile a cet avantage que les jeunes gens
qui en font partie se trouvent, à leur entrée dans le monde,
versés dans les conférences régulières, et ne se sentent pas iso-
lés. Nous en parlerons à l'article des œuvres laiques de la cha-
rité chrétienne.
4" Maison de St-6eorges... Œuvre des Allemands.
Nous avons vu comment l'église et le couvent de St-Georges,
après avoir été cédés par le Vicaire patriarcal, avaient passé par
des péripéties diverses. Le couvent avait servi d'hôpitaJ, pour
les Français d'abord, ensuite pour les Autrichiens. L'église
avait été affectée aux Observantins Bosniaques. Mais enfin, en
1883, elle fut cédée aux Missionnaires pour y établir leurs
œuvres allemandes.
Cette œuvre des Allemands, bénie d'une façon toute spéciale
par le St Pontife Léon XIII, fut fondée en 1873. Elle commença
petitement, avec cinq pauvres enfants : elle s'est développée
avec les années. Le 24 nov.1883, lors du transfert à St-Georges,
r>' Google
- 437 —
elle comptait tme soixantaine de Slles et une dizaine de garçons.
Elle forme aujourd'hai deax sections distinctes, celles des Mis-
sionnaires et celle des Filles de la Charité, séparées par l'église.
CEUVRES DES MISSIONÏlAntES .
Personnel : quatre prèti'es de la Mission, six frères coadju-
tenrs.
Mission : c'est-à-dire prédications, les dimanches et fêtes,
retraites, même pour les hommes, confessions, soin des ma-
lades, etc., etc.
Classes. D y a à St-Georgea six classes avec nn internat pour
les orphelins et les enfants pauvres. Les internes sont au nombre
de cinquante-six, les externes quarante-cinq, dont trente grecs
orthodoxes.
œuvRES nES rmi^s de la. charité.
Personnel : Sœurs treize.
Orphelinat: filles quarante-trois.
f garçons .... trente.
Pensionnat de jeunes flUes . quarante-cinq.
Classes externes quarante.
Secours aux pauvres allemands, selon les besoins et dans la
mesure des ressources.
Dans ces œuvres les religions et les diverses nationalités sont
mêlées ; mais il s'y fait un bien réel. Chaque année, on y compte
quelques conversions, du schisme ou de l'infidélité.
§n.
Les Pères de la Compagnie de Jéstts. 1864.
Nous avons va dans la deuxième partie de ce travail, comment
les Pères Jésuites firent le bien à CP. jusqu'au jour de la sup-
pression de la Compagnie, par le Pape Clément XIV, en 1773.
r>' Google
Plusieurs d'entre eux restèrent dans la ville et continuèrent d'y
travailler aux œuvres du ministère ecclésiastique. lia eurent
même un moment l'espoir que, sur la demande du Tsar, ils
pourraient se rétablir à St-Benolt, pendant que la France était
«n guerre avec la Turquie ; mais la paix se Qt et ces espérances
s'évanouirent. Les Pères moururent l'un après l'antre : et ce-
pendant on n'oubliait pas ceux qui avaient Tait tant de bien
à CP. Lorsque la Compagnie fut rétablie, il fut plusieurs fois
question de l'y rappeler ; mais ce désir fat longtemps à se réa-
liser.
Après leur expulsion de Sicile, les PP. Jésuites de cette Pro-
vince qui cberchaient un champ ob déployer leur zèle, vinrent
à Constantinople, et ouvrirent, le 1" décembre 1S64, un ex-
ternat de garçons sous le titre de c Collegio dt Sta Pulche-
ria 1. Le supérieur et la plupart des religieux étaient italiens,
mais on leur avait adjoint, & diverses reprises, des Jésuites
français.
Avec l'autorisation de la S. C. de la Propagande, Mgr Brur
noni a approuvé et confirmé, par son décret du 3S mai 1867,
l'établissement de la Compagnie à Constantinople, la déclarant
canoniquement instituée, et accordant aux RB. Pères la faculté
de vivre en communauté, d'avoir une maison religieuse avec
collège et église, réservant à l'ordinaire la désignation de l'em-
placement ultérieur de ce dernier édifice.
Le collège de Ste-Polchérie, après avoir occupé divers locaux
s'est enfin fixé (1891) dans un très vaste bâtiment élevé sur un
terrain acquis par les Pères au point le plus élevé de Péra.
ŒUVRES DES RR. PÈRES JÉSUITES,
i* Le Collège de Ste-Pulchérie. On connaît le talent dé-
ployé par les PP. Jésuites dans l'ëducation de la jeunesse et les
succès qu'ils ont obtenu partout. A Constantinople ils se sont
trouvés en présence d'une difficulté locale qui leur a fait modi-
fier leur manière accoutumée. La population levantine n'appré-
cie pas une instruction qui n'est pas immédiatement utilisable,
et par suite, les études classiques proprement dites n'y trouvent
pas une grande faveur : il a donc fallu joindre qq cours com-
r>' Google
— 439 —
mercial aux cours littéraires, et donner nne place prépondérante
aux langues vivantes sur le latin et le grec antique. C'est là ce
que demandent la plupart des parents pour leurs enfants. Sauf
cette remarque, nous pouvons dire que le collège de Ste-Pulchë-
rie marche suivant les mêmes règles que tons les autres de la
Compagnie.
Us ont établi parmi leurs élèves les Congrégations ordinaires
de la T. Ste-Vierge, et de St-Louis de Gonzague. Ces Congré-
gations sont présidées, sous la direction d'un Père, par un pré-
fet élu par les confrères.
Ils ont également établi parmi leurs élèves la Congrégation
instituée par le Pape Pie IX sous l'invocation de St Jean Berch-
mans, ayant pour but de dresser les enfants an s^-vice des of-
fices sacrés.
2* La mission. Les Pères Jésuites ne sont pas seulement insti-
tuteurs, ils sont aussi missionnaires. Ils ont en cette qualité une
église ouverte au public et fort fréquentée par les âdèles. Ils s'y
adonnent à toutes les fonctions du ministère ecclésiastique, qui
ne sont pas paroissiales. Ainsi de fréquentes prédications en di-
verses langues, les catéchismes, les réunions pieuses de tout
genre, etc.
Ils ont fondé l'association de la Ste-Famille, si recommandée
par le Pape Léon XIII, pour introduire ou maintenir dans les
familles les pratiques de la vie chrétienne, spécialement celle
de la prière en commun.
Enfin ils ont créé à Péra, avec l'approbation du Vicaire pa-
triarcal, r « association de N.-D. des Bons Livres ». Elle est
formée de dames et de jeunes filles pieuses. Elle a son siège an
collège même de Ste-Pulchérie, et possède une bibliothèque bien
choisie, de plusieurs milliers de volumes. La contribution an-
nuelle des membres de l'association est de soixante piastres,
(15 fr.).
Un Père Jésuite est chargé de l'enseignement religieux au col-
lège national austro-hongrois de Constantinople, établi dans les
dépendances du palais d' Autriche.
Personnel. Pour toutes ces œuvres les Pères Jésuites sont au
nombre de douze, deux scolastiques, et quatre coadjuteurs.
Les élèves du collège sont au nombre de quarante-deux in-
r>' Google
— 440 —
ternes, dont trente-sept latins et trois arméniens catholiques et
huit schismatiques : les externes sont au nombre de soixante-
quinze, dont trente-sept latins, quinze arméniens et un mel-
chite catholique et vingt scbismatiques.
3° Les Jésuites de la Province de Lyon, ayant été chargés,
en 1881, de la mission d'Arménie, ont une procure àConstanti-
nople et ordinairement un Père pour veiller à leurs intérêts.
S m.
Les Pérès Augustîns de l'Assomption. .
Fondés depuis une cinquantaine d'années seulement, les Pères
Àugustins de l'Assomption forment une des milices ecclésias-
tiques les plus jeunes, mais aussi les plus actives de notre
temps. Â la prédication, à l'enseignement, et aux autres fonc-
tions du ministère accoutumé, ils ont joint la presse et surtout
le journalisme, comme un des moyens les plus efficaces de faire
lebien de nosjours. Ils ont pu se faire ainsi une place à part
parmi les Ordres religieux. A leur activité, qui se trouvait à
l'étroit en France, le Pape Pie IX assigna de plus les missions
parmi les infidèles. Il les envoya dans la partie bulgare de l'em-.
pire ottoman : c'était en 1862.
Convaincus que pour agir sur l'islamisme, jusqu'alors incon-
vertissable, c'était à la tête que l'on devait s'adresser, ils dési-
raient vivement s'établir à Constantlnople même, pour y fixer
le centre de leur mission. Mgr Vanuteili, alors Vicaire aposto-
lique patriarcal, non seulement se montrait favorable à ce projet,
mais il l'encourageait vivement, et pressait le R. P. Gtalabert,
supérieur de la mission de l'exécuter. C'est au mois d'oc-
tobre 1882 que le R, Père réalisa cette fondation.
L'emplacement choisi fut Stamboul où ne se trouvait, depuis
des siècles, aucune communauté latine. Il faut reconnaître,
pour être impartial envers les anciens religieux de CF., que
depuis que les turcs avaient pris, pour en faire des mosquées,
les églises de N.-D. du Rosaire et de St-Nicolas, il aurait été
r>' Google
— 441 —
impossible d'ouvrir une chapelle, ou d'établir une commanauté
dans Stamboul. Les Filles de la Charité qui l'avalent tenté aa
moment de la guerre de Oimëe, avaient été contraintes d'aban-
donner la position en 1860, au moment des massacres du Liban.
Le choix de cet emplacement poar la nouveUe mission cansa
donc beaucoup d'étonuement : on considérait comme hardie, et
même imprudente, une installation dans l'intérieur de la cité
musulmane.
On commença par les religieuses. EHles s'établirent dans une
inaison de location et ouvrirent une école et une chapelle, (dé-
cembre 1883). Avant la fin de l'année, le nombre des élèves s'é-
levait à quarante-deux. Bientôt quelques familles latines per-
dues dans Stamboul, sans prêtres, sans églises, sans sacrements
de leur rite, obligés pour avoir la messe de traverser la Corne
d'or ou d'aller dans les églises arméniennes, commencèrent à
fréquenter la chapelle et à se grouper autour de la nouvelle com-
munauté. Depuis ce temps-là î'école n'a fait que prospérer, elle
est maintenant fort bien établie, non loin de la station de Coum-
capoQ et compte de nombreuses élève». Mais ce qui est le plus
apprécié, c'est le dispensaire et les consultations gratuites, ce
sont surtout les visites des malades à domicile. Ces visites sont
toujours regardées par les familles malheureuses comme une
véritable bénédiction.
Un an plus tard, en octobre 1883, le H. P. Joseph Maubou
arrivait avec sept religieux. La première maison qu'avait louée
le P. Galabert étant insufRsante ponr la nouvelle communauté
et ponr les œuvres grandissantes, on chercha un nouveau local
et on s'installa en plein quartier turc. Il y eut une grande explo-
sion de colère de la part des musulmans : ils lançaient de
grosses pierres à travers les vitres et leur fureur alla même jus-
qu'à essayer de poignarder un religieux. Celui-ci fut préservé
providentiellement, car la lame de l'arme, dirigée vers le cœur,
rencontra la montre, en perça la première boite et s'arrêta sur
la seconde, où était collée une petite image du fondateur de la
Congrégation, le R. P. d'Alzon. Les religieux apprirent depuis
que les deux assassins avaient été excités par les discours tenus
dans une école voisine.
Cette tentative, jointe à des tracasseries journalières, obligea
les PP. Assomptionnistes à quitter cette maison : ils s'instal-
r>' Google
— 443 ~
lëreot, noa loin de là, mais dans un quartier où domine l'élé-
ment chrétien. C'est là que l'œuvre s'est affermie. Les diffi-
cultés ne lui ont certainement pas manqué, et elles durent
toujours,quoique avec moins de violence. Les grecs et les armé-
niens qui entourent les Pères, sont peut-être les plus opposés
à une installation déûnitive de la mission. Les Pères couti-
nueot avec courage et persévérance à leur faire tout le bien
lElJVRES DE LA. MISSION.
1* École. Ici comme partout, il faut commencer par les
écoles. I^es Pères ont donc ouvert nne école qui est (réqnentée
par autant d'élèves qu'elle en peut contenir, cent à cent quinze,
dont nne trentaine de catholiques.
Trois fois la semaine, une classe du soir réunit une vingtaine
d'adultes.
Il y a aussi dans la maison une section d'internes, plus ou
moins nombreux, qui se destinent à la vie religieuse ou ecclé-
siastique, il y en a en ce moment douze.
Chapelle. La chapelle est fréquentée par une trentaine de
familles catholiques, quelques-unes latines, les autres des divers
rit«s orientaux. On y administre les sacrements, qui ne sont
pas paroissiaux : les catéchismes s'y font régulièrement, et un
petit patronage réunit chaque dimanche les enfants catholiques
de cette région.
Enfin la maison de Coum-capou est le centre de la mission
et c'est de là que part le développement de toutes les œuvres
des Pères de r.\ssomptioQ.
2° Maison de Fener-baghtché. En 1886) les religieux de
l'Assomption achetaient à Fener-baghtchè, sur la côte d'Asie,
dans une très l>elle position, un terrain sur lequel se trouvait
une chapelle publique, un moment desservie par un P. Capucin.
Ce fut le centre d'une nouvelle mission. Non seulement les As-
somptionnistes continuèrent le service de cette chapelle, mais à
côté il ont construit une vaste maison dans laquelle ils ont un
noviciat pour la Congrégation, qui compte trente novices, un
r>' Google
— 443 —
séminaire pour les enfants pauvres qui se destinent à la vie ec-
clésiastique ou religieuse, de six élèves.
En même temps ils ont ouvert une école externe pour les
enfants catholiques, de vingt élèves.
Personnel des deux maisons. 1° Coum-capou, quatre prêtres,
sept clercs, deux laies j 3° Fener-baghichê, quatre prêtres,
trente clercs^-l laie.
S" Maison des Sœurs Oblates de l'Assomption. En même
temps que les Pères, les Sœurs s'établissaient aossi à Fener-
baghtchè. Elles y ont un dispensaire et une école, comme à
Conm-capou.
4° La mission en Asie Mineure. Le Vicariat a chargé les
PP. Âssomptionnistes de la paroisse latine de Brousse, et de
plusieurs stations apostoliques. Nous noterons seulement Car-
tal, où ils ont une station fixe, avec école, Ismidt, ou Nicomédie,
Elski-chéir, où ils ont aussi écoles et dispensaires. Ils se bornent
àvisiter an certain nombre d'autres endroits où se trouvent quel-
ques catholiques. La S. Cong. de la Propagande leur a confié
5 IV.
Les Frères Mineurs Capucins de Paris. 1890.
k la suite des mesures prises contre les communautés reli-
gieuses, en 1880, les supérieurs songèrent à procurer à leurs
jeunes gens des abris sûrs et tranquilles où ils pourraient faire
leur éducation religieuse et achever leurs études théologiques.
Us ne purent trouver qu'à l'étranger ces abris dont ils avaient
besoin. C'est ainsi que les Capucins de Paris, après avoir erré
en différents paya, vinrent enfin se fixer à Constantinople, où
les attiraient du reste puissamment les religieux de leur pro-
vince, déjà établis à St-Louis.
Ub ont acquis, sur le bord de la mer, et dans une magnifique
position, une grande propriété et y ont bâti un couvent, con-
r>' Google
— 444 —
forme aux traditions de leur Ordre. Us y suivent les exercices
de leur règle et se livrent à l'étude. Cependant les Pères rendent
à la paroisse et aus communautés les services qui sont compa-
tibles avec leurs occupations. Ils n'ont pas de chapelle ouverte
au public.
Personnel : prêtres six, clercs trente, frères lais six, novices
quatre.
IjCs Frères des Écoles Chrétiennes. 1842.
L'Église catholique a toujours regardé l'instruction des en-
fonts comme un de ses devoirs les plus sacrés. Elle a imposé
aux prêtres préposés aux paroisses l'obligation d'y donner les
soins les plus consciencieux, par eux-mêmes ou par des hommes
de leur choix. Aussi a-t-on vu partout s'élever, à l'ombre de
DOS églises, des écoles de tous les degrés : universités dans les
grandes villes, collèges dans les plus petites, écoles élémentaires
jusque dans les plus petits villages. A Constantinople elle n'a>
vait pas manqué à son devoir : les Jésuites et les Capucins
avaient des écoles florissantes, tous les autres couvents en
avaient aussi de moindres. Quand la rëvolation française eut,
même en Turquie, bouleversé l'ordre ancien, il fallut du temps
pour relever les ruines du passé et rendre florissantes les écoles
nouvelles. Les Prêtres de la Mission qui remplaçaient les
Jésuites à St-Benolt, avaient ouvert leur collège dès 1804, et le
soutenaient au prix de grands sacrifices. Mais il manquait des
écoles élémentaires pour le peuple.
Or il existe dans l'église plusieurs instituts destinés spécia-
lement à donner aux petits enfants l'enseignement élémentaire,
surtout celai du catéchisme. Parmi ces instituts le plus ancien
et le plus répandu est incontestablement celui des Frères des
Écoles Chrétiennes, fondé par le Bx J.-B. de la Salle. Aussi c'est
à eux qae M. Leleu, préfet de St-Benolt, s'adressa, quand il
Toulutétablir à CP. des écoles pour les garçons, comme il venait
d'en ouvrir pour les filles avec les Sœurs de St- Vincent de Paul.
r>' Google
— 445 —
C'est en 1842, que les Frères ârent leur première apparition à
CP. sous la conduite du Cher F. Urin. Ils n'étaient alors que
cinq, dont an pour les offices temporels. M. Leieu les établit à
St-Benoltj où ils constituèrent une communauté distincte de
celle des Lazaristes, qui leur donnaient une généreuse hospita-
lité.
Les Frères ouvrirent quatre classes, qui furent aussitôt au
complet. Les enfants catholiques de toute nationalité se pressè-
rent pour recevoir un enseignement catholique et français. Il
n'y a pas de doute que c'est en grande partie aux classes des
Frères qu'est due la diffusion de notre langue et l'inQuence que
la France exerce dans le Levant. Avant les écoles populaires
des Frères et des Sœurs, la langue italienne était celle de la
majorité des catholiques, celle de tout le clergé, et aussi celle
du commerce : elle perdit peu à peu du terrain et fut remplacée
par la langue française. La guerre de Crimée acheva l'œuvre,
en lui ouvrant les portes des grandes administrations civiles et
des écoles de l'État.
Mais les classes de St-Benolt étaient bien éloignées de la plus
grande partie des enfants catholiques. Les Frères durent donc,
en 1848, ouvrir une école de quartier dans Péra, prèaduTaqcim.
Cependant les Frères ne faisaient qu'un seule communauté rési-
dant à St-Benolt.
Des raisons multiples amenèrent dans la situation des Frères
un changement radical : en 1851, ils quittèrent St-Benolt pour
vivre d'une vie complètement indépendante. Sans rien changer,
pour le moment, à leur école du Taqcim, ils installèrent leurs
classes dans nne maison louée de la rue luksek-qaldirim, et la
communauté s'établit dans la maison Jacob, auxPetitsChamps:
quelque temps ils résidèrent aussi dans une des maisons de
St-Louis, et dans d'autres locaux de location. C'est depuis leur
établissement à Péra que les Frères, ayant leur pleine indépen-
dance, purent donner libre champ à leur zèle.
En 1854, ils transportèrent leurs classes, de la rue luksek-
qaldirim à celle de Perchembè-basar, chez les PP. Dominicains,
qui leur cédèrent d'abord une partie de leur couvent, et ensuite
une de leurs maisons : ils n'y furent vraiment installés néan-
moins qu'en 1857 quand, l'intendance militaire leur ayant donné
les débris des barraquements de l'année française, ils en firent
r>' Google
— 446 —
construire, sar le terrain des Dominicains, des écoles conve-
nables, qui durèrent jusqu'en 1877.
Cette même année 1857 vit s'opérer un progrès réel dans la
situation des Frères : ils louèrent dans la rue Imam, au-dessus
d'Aga-djamici, une maison assez vaste où ils ouvrirent un demi-
pensionnat, destiné à faire faire des études plus complètes aux
enfants des familles du commerce : la communauté put aussi
s'y établir. Ils fondèrent ensuite une école arménienne, sur la
demande de Mgr Hassoun ; mais elle n'ent qu'une bien courte
durée.
Enân en 1863, les Frères purent sortir de l'état précaire et
provisoire où ils se trouvaient depuis plus de vingt ans et ils
acquirent, presque en même temps, deux immeubles, l'un rue
Camavoula pour les écoles primaires, l'autre à Kadi-keui, pour
y fonder un pensionnat. Ils ne parent pas néanmoins construire
immédiatement le pensionnat, mais ils en ouvrirent les cours
dans de vastes bâtiments situés à Hoda, et occupés aujourd'hui
par les Pères Mékitaristes : ils y restèrent quatre ans.
L'incendie de 1870 qui consuma le pensionnat de la me
Imam et les écoles de la rue Carnavoula et qui rainait absolu-
ment les Frères, fut au contraire le commencement de leur
prospérité. Ils en prolltèrent pour construire le collège de
Kadi-keui, et avec la suite du temps, tons leurs autres éta-
blissements. Aujourd'hui ils possèdent à Constantinople cinq
communautés florissantes, dont nous allons parler en détail.
1" Kadi-keui. Co lié ffe français de St-Joseph. 1870.
C'est en 1863 que les Frères firent l'acquisition d'une magni-
fique propriété, sise à Kadi-keui, rue Ligori-tchechmèci, pour y
construire un collège. Leurs ressources avaient été épuisées par
l'acquisition, ils ne purent donc songer à construire tout d'a-
bord; mais quand l'incendie de 1870 les eutdépouillès de tout,
ils n'avaient pins à hésiter, il leur fallait une maison pour s'a-
briter eux-mêmes et pour recevoir leurs élèves. Leurs ressources
n'étaient pas considérables, mais ils se décidèrent quand même
à bâtir sans retard un premier corps de logis sur un plan qui
pourrait être continué plus tard. Le 16 août, le curé de Kadi-
keui, bénissait la première pierre de la nouvelle construction :
r>' Google
— 447 —
le 1" novembre suivant Mgr Pluym bénissait solennellemeot le
nouveau collège : en soixante-quinze jours l'œuvre avait été
menée & terme, et cela grâce au dévouement et à l'activité des
Frères. Ce n'était qu'une construction provisoire, partie en bois,
mais solide et capable de durer longtemps : elle dure encore
après vingt-deux ans. Le but essentiel était obtenu : on pouvait
recevoir les élèves.
Depuis cette époque les bâtiments se sont peu â pea accrus,
OD a ajouté une chapelle, deux corps de bâtiments, des bangards,
des dépendances de tout genre, en un mot c'est [aujourd'hui le
plus grand et le mieux installé de tous les établissements d'éda-
cation que les catholiques possèdent à CP. : il n'a aucune pré-
tention au grandiose, mais il. ne manque ni de beauté, ni de
majesté. Avec le temps on le complétera en reconstruisant le
corps de logis ancien et la façade principale.
Le collège est la résidence du F. Visiteur de l'Orient, et le
lieu ofi les frères viennent faire leurs retraites, et se reposer de
leurs fatigues.
Le service religieux est assuré par une convention conclue
entre le P. Provincial des Capucins de Paris et le F. Visiteur.
La mission de St-Louis donnera un aumônier au collège, et les
Frères se chargeront de loger, non seulement l'aumdnier titu-
laire, mais aussi les religieux quilui seront adjoints pour former
une petite communauté, jusqu'à ce qu'il en ait été arrangé au-
trement. Le collège des Frères à Kadi-keui, ressemble, dans la
plupart des points, aux autres collèges que nous voyons en
France ; sons d'autres rapports, il s'en sépare sensiblement. Il
faut donner aux enfants les notions de tontes les sciences, sans
lesqaelles il n'y aurait pas aujourd'hui surtout d'éducation sé-
rieuse j il faut insister en particulier sur l'instruction religieuse
au milieu d'une population où toutes les religions se coudoient,
et oit ce mélange constant met en grand danger la foi des ca-
tholiques ; mais à Constantinople les sciences qui ont trait à
l'industrie, à l'agriculture, et à la littérature ancienne, doivent
être mises de cété, comme complètement inutiles pour une gé-
nération qui ne sait s'appliquer qu'au commerce, ou bien aux
diverses fonctions civile.^ des administrations gouvernementales
ou financières. Les langues vivantes surtout sont indispensa-
bles. La situation géographique de CP. sa population mélangea
r>' Google
— 448 —
de tant de peuples, les exigences de son commerce demandent
impérieusement que tous ceus qui veulent y tenir une place ou
y faire leur chemin sachent plusieurs langues. Tous les élèves
doivent donc, outre le français qui est k langue de l'école, ap-
prendre le grec, le turc, l'anglais, l'allemand, etc. Il est ordi-
naire pour eux de se servir dans la même conversation de
quatre ou cinq langues différentes. Ils le font avec une grande
facilité, comme du reste tous les orientaux. Cependant les vrais
amis des Frères, et ceux qui connaissent mieux les besoins du
pays regrettent que dans leurs collèges et leurs écoles élémen-
taires, ils ne donnent pas une place plus sérieuse encore aux
langues ofiicieUes du pays c'est-à-dire au grec, et surtout au
turc, car leurs élèves ne peuvent, sans elles, être admis dans
les administrations officielles.
Ce genre d'éducation répondant mieux aux besoins et aux
goûts de la population levantine, il n'est pas étonnant que les
écoles et collèges des Frères ne reçoivent un très grand nombre
d'enfants. On peut même dire que les autres établissements
doivent se modeler sur eux s'ils veulent avoir des élèves.
Parmi les beaux-arts, un seul est apprécié et cultivé dans ce
collège, « la musique. » Beaucoup d'élèves apprennent le violon
et le piano. On a formé dans le collège une bande, plus ou moins
fournie suivant les années, mais qui obtient de vrais succès.
Personnel : Religieux trente ; Aumôniers; les Pères Capucins
de la mission deSt-Louis.
Élèves internes : cent vingt-trois, dont catholiques, soixante-
dix-hait; schismatiques, vingt-cinq; protestants, deux;- Is-
raélites, douze; musulmans, six. Externes : cent vingt, dont
catholiques, trente-deux; schismatiques, soixante dix-sept;
protestant, un; Israélites, huit; musulmans, deux.
Tous les élèves chrétiens suivent tous les exercices des
classes et de la chapelle : les musulmans et les Israélites ne
suivent pas les cours de religion et ne vont point à la chapelle. H
en est de même dans tous les établissements d'éducation de CP.
2° École gratuite paroissiale de Kadi-keui. 1878.
Depuis plusieurs années Mgr Grasselli, vicaire patriarcal, et
M. l'abbè de Negri, curé de Kadi-keui, sonpiraient après une
r>' Google
— 449 —
école paroissiale, où les enfants du pays pussent apprendre leur
religion et les éléments âea sciences usuelles. Us voyaient avec
une grande peine ces enfants catholiques abandonnés à eux-
mêmes, ou obligés de fréquenter les écoles schismatiques. Mgr
Qrasselli insista auprès du F. Visiteur pour obtenir des Frères,
promit de leur faire un traitement suffisant, et de leur trouver
un local pour les classes : à ces conditions les Frères commen-
cèrent les classes le 2i octobre 1878. Ceux qui les tiennent ap-
partiennent à la communauté du collège.
Personnel : Frères, trois.
Elèves, tous externes : cinquante-trois, dont catholiques,
trente et un ; schismatiques, vingt-deux.
Cette école donne de bons résultats.
3". Écoles de Péra et Galata.
1" Ecole de St-Pierre de Oalata. Lorsque les Frères durent
quitter St-Benolt où leurs œuvres se trouvaient trop k l'étroit,
la communauté alla s'établir à Péra, mais on conserva encore
des classes à Galata. Elles étaient installées dans la rue luksek-
qaldirim; mais elles y étaient mal. Après quelques années, le
nouveau supérieur de St-Pierre, sur la paroisse duquel elles
étaient, les reçut dans le couvent même des Dominicains,* au
rez-de-chaussée, puis comme ce n'était commode, ni pour les
Frères ni pour les religienx, il leur assigna quelques petites
maisons dépendantes du couvent. Enfin, en 1857 l'intendance
française donna aux Frères les bois des barraquements qui
avaient servi à l'armée pendant la guerre de Crimée. On en fit
des bâtiments assez grands pour contenir trois classes, sur un
terrain que les Pères Dominicains leur laissèrent poar un très
faible loyer. Les Frères y établirent leurs classes de Oalata
en 1857.
En 1870, les Dominicains ayant compassion de la pauvreté
des Frères qui avaient tout perdu dans l'incendie du 5 juin,
-cessèrent même d'exiger tout loyer.
Le 9 février 1877, un grand désastre vint fondre sur cette
maison, un jour de congé, en l'absence de tous les Frères, le feu
consuma tout, sans qu'il fût possible de rien sauver. Sans perdre
■courage, les Frères se mirent immédiatement en mesure de ré-
r>' Google
— 450 —
tablir leurs classes, mais sur un pied meilleur et plus solide. A
certaines conditions déterminées d'avauce, les Pères Domini-
cains prêtèrent le terrain en haut de leur jardin, et les Frères y
construisirent, à leurs frais, une grande et belle maison qui pou-
vait recevoir quatre classes et de plus une petite communauté
indépendante. Ce ne fut pas sans quelques discussions parfois
assez vives, même devant le tribunal du Consulat de France, et
devant celui du Vicariat, que ces fondations furent achevées;
mais depuis cette époque le bon accord n'a pas cessé de régner
entre le couvent et l'école. Ce sont les enfants de l'école qui
font le service de l'église, et ce sont les Pères qui donnent aux
enfants l'iastruction religieuse et tous les secours spirituels.
Les classes sont gratuites et la maison est entretenue par le
Vicariat patriarcal, au moyen des allocations de la Propagation
de la Foi.
Personnel: Frères, six.
Enfants : deux cent trente-huit, dont lalins, cent soixante-
quinze ; grecs orthodoxes, cinquante-huit ; arméniens, deux ;
israélites, trois.
2° Classes du Taqcîm, rue Parmaq-capou. Cette école
représente les plus anciennes que les Frères ont eues à Péra,
nous n'avons donc pas à en faire l'histoire. Dans sa forme ac-
tuelle elle ne remonte qu'à l'incendie de 1870. En allant s'établir
& Kadi-keui, les Frères ne pouvaient songer à abandonner les
enfants de Péra : ils ne pouvaient plus y avoir de pensionnat ;
mais ils y conservèrent des classes externes. Elles sont bien éta-
blies sur un terrain qui appartient à l'institut et ne dépendent
d'aucune paroisse.
Personnel : Frères 6 ; aumdnier : un prêtre séculier.
Enfanta : 246, dont 144 latins, 14 arméniens- catholiques,
86 grecs orthodoxes, 3 arméniens grégoriens.
3° Classes de Pancaldi. École paroissiale du St-Esprit.
Dès que l'augmentation de la population catholique eut rendu
nécessaire la construction d'une église et l'érection d'une pa-
roisse sur les hauteurs de Pancaldi, on songea à y établir aussi
des écoles pour les enfants des deux sexes. Ce ne fut cependant
que Mgr Pluym qui, sur un terrain appartenaat au vicariat, fit
r>' Google
— 451 —
élever des classes convenables. Les Sœurs de SioQ se chargèrent
d'instruire les filles, et des Frères venaient chaque jour dn Taq-
cim faire la classe aux garçons. Les choses marchèrent ainsi
pendant des années, assez peu commodément pour les uns
comme pour les antres; mais enfin Mgr Vanutelli M construire,
sur le même terrain, une fort belle maison pour les classes et
pour les Frères, et abandonna toute l'ancienne aux Sœurs de
N.-D. de Sion qui purent y étendre leurs œuvres.
Cette école est exclusivement catholique : elle est entretenue
par le vicariat, à l'aide des allocations de la Propagation de la
Foi. Les élèves font le service de la paroisse et de la cathédrale.
On y donne un soin tout particulier aux cérémonies et aux
chants. On y a organisé une musique instrumentale qui se fait
entendre dans les grandes cérémonies et qui relève l'éclat des
pompes religieuses.
Personnel : 6 Frères.
Élèves : 313, dont 172 latins et 41 arméniens, tous catho-
liques. C'est le clergé de la paroisse qui s'en occupe.
4" Deini-pensionnat de Péra, 'me Agha-hammam. Les
écoles gratuites étaient organisées partout dans la ville et mar~
chaient bien : il semblait donc qu'il n'y avait plus rien k faire
qu'à maintenir ce qui existait ; cependant il y avait beaucoup
d'enfants à Péra qui demandaient une éducation plus soignée
et une instruction plus complète que celles que l'on reçoit dans
les écoles populaires. D'un autre câté les parents ne pouvaient
pas tous mettre leurs enfants en pension à Kadi-k(^i ; il fallait
donc aviser. C'est en 1886, le 20 septembre, que le T. C. Frère
Jonathan- Amédée ouvrit, rue Agha-hammam', le demi-pension-
nat, ou externat payant, sous la protection de St Michel ar-
change. La première année, 38 enfants suivirent les cours, de-
puis il a été toujours eu progressant, avec lenteur. Les classes
y sont sérieuses, et les enfants qui y passent toute la journée,
ont en même temps les avantages de la vie de collège et ceux
de la vie de famille.
Personnel : 7 Frères ; aumôniers ; les Pères Capucins de St-
Louis.
Élèves : 93, dont 71 catholiques, 32 schLsmatiques.
De tout ce qui précède il résulte donc que les Frères, aujour-
r>' Google
— 452 —
d'hui au nombre de cinquante-cinq, ont dans leurs classes
à peu près onze cents enfants (1086) auxquels ils donnent une
éducation chrétienne et française : on ne peut donc nier qu'ils
ne fassent ainsi un très grand bien. Ne serait-il pas possible de
faire encore davantage? Comment se faitril, par exemple, que les
Frères n'aient pas une seule œuvre de persévérance pour leurs
élèves ? Les catholiques y sont au nombre de sept cents, il en
sort en moyenne cent cinquante par an : que deviennent ces
enfants, et encore une fois comment se fait-il que personne
ne s'en occupe, à cet âge où ils auraient un si grand besoin
d'une protection efficace? Les Frères ont à leur tète comme Vi-
siteur un homme remarquable et qui connaît parfaitement le
Levant, puisqu'il l'habite depuis plus de trente ans et qu'il y
a fondé partout des maisons de son institut; je me permets de
lui signaler cette lacune. Son œuvre ne sera complète que quand
il l'aura comblée.
Mais en regardant en arrière et en nous rendant compte du
chemin parcouru, nous ne pouvons que constater que les Frères
des Écoles chrétiennes, par leur modeste et persévérante action,
ont contribué largement à répandre l'instruction chrétienne et
la langue française dans la ville de Constantinople, et qu'ils y
tiennent une place très honorable.
S VI.
Les Petits Frères de Marte. 1892.
Les Prêtres de la Mission ont appelé, au commencement de
l'année scolaire 1893-1893, dans leur collège de St-Benott, des
religieux qui n'avaient pas encore pénétré à Constantinople : ce
* sont les Petits Frères de Marie. Cet Institut a pris naissance
dans le diocèse de Lyon, il y a plus de cinquante ans : il a main-
tenant sa maison-mère à St-Genis-Lavai, près de Lyon. Leurs
fonctions seront de tenir les petites classes de français, et de
s'occuper des plus jeunes enfants : ils ne forment pas une com-
munauté spéciale, mais ils vivent dans le collège de St-Benoit.
r>' Google
Ils y sont au nombre de sept. Ils prêtent aux prêtres de la Mis-
sion un concoors très actif.
RÉCAPITULATION DU CLESOÉ, SÉCUUEB ET RÉGUUE».
Le Vicaire apostolique patriarcal, Mgr Auguste Bonetti,P.M.,
archevêque de Palmyre, délégué apostolique pour les rites
orientaux.
Le Vicaire général, M. l'abbê Jean Genocchi.
Le Chancelier du Vicariat patriarcal, M. l'abbé Hollas.
Les curas des paroisses, chapelains des commanautâs, etc.
En tout vingt-six prêtres séculiers employés dans la ville, dont
trois indigènes seuls incorporés au diocèse.
Clergé régulier.
RR. PP.
Conventuels.
Préfet-PrOTincial.
Prêtres
12 Lais
6
Dominicains.
Vicaire.
id.
10 id.
4
Obaervantina
. Commissaire.
id.
2 id.
1
Riformati.
Préfet.
id.
13 id.
3
Capucins.
ProTJncial de Paris.
Préf.
id.
Il id.
3
id.
San Stefano
id.
4 Clercs 5 id.
4
id.
Kadi-keui (couvent)
id.
5 id. 29 id.
8
Jésuites. .
Provincial de Sicile
id.
12 id. 2 id.
4
Lazaristes,
Préfet.
id.
21 id, i id.
13
Augustins de l'Assomption.
id.
8 id. 33 id.
3
Frères des Ecoles chrétiennes. 53
Petits Frères de Marie. 7
En tout :
Prêtres séculiers.
Prêtres religieux.
Total des prêtres.
26
98
Frères clercs ou scolastiques.
Frères lais ou coadjuteurs.
Frères instituteurs.
182 •)- 124 = 306
Le clergé, tant séculier que régulier, s'élève donc au chiffre
de 306.
r>' Google
Ecoles des garçons.
CoDfentuels
Il
Riformalî
CApucins
Luaristes
Jésuites. Assomption .
Frères des Éc. chrétiennes.
Filles de la Charilé .
Dominicaines
Franciscaines deGémona .
SS. de l'Immaculée Conc.
St-Antoine 30
Buyuk-dérè 65
Sl«-Harie 30
Î' Gr. Séminaire IX
Ec.apost.OR. 3*
Externes. . . 23
San Stefano 8
c. o ,. ICoUÈge. . . . 150.
( Séminaire . . 18
-. _ l Internes ... SS
*'-»'"«"■ iE.l,m»... iS
Sle-Pulchérie il7
„ (Externes. . . 115
Coum-capou . .1 , ,
•^ I Internes ... 18
Fener-baghlchè 32
767
i Internes ... 1S3
ExteiAes. . . 120
Paroisse ... 53
St-Pierre 239
I Taqcim 240
Pancaldi 213
Sl-Hichel 93
1.084
Providence IfiO
Taqdm 30
luP.i. I Orphelin,... 80
i Apprentis . . 18
I Si-Georges . . . Orphelins . . 30
Artigiana 38
. Sculari 12
318
Makri-keui 20
lédi-koulè . 3»
Prinkipo SI
Péra 2S
Bujuk-dérè 25_
123
Total général 2.294
r>' Google
— 455 —
Ce clergé paraîtra nombreux à beaucoup de nos lecteurs fran-
fais, mais il De faut pas oublier que les catholiques latins sont
perdus au milieu d'une immense multitude d'hommes de toutes
les religions, qu'ils ont besoin d'être soutenus dans leurs lattes
de tons les jours pour conserver leur foi, et prêtres et religieux
ne sont pas trop nombreux pour maintenir et agrandir les oeuvres
qui existent à Gonstantinople.
r>' Google
CHAPITRE V.
COMMUNiLXJTÊS REUr.IEUSES DE FEMMES. — £C0LE3 DE FILLES.
Si la population de Constant! nople compte peu de catho-
liques latins, ceux-ci par contre possèdent un clergé nombreux,
et les œuvres d'instruction et de zèle sont florissantes parmi
eux. Mais les Arméniens catholiques ont un clergé beaucoup
plus nombreux encore, relativement à leur nombre. Les Grecs
orthodoxes et les Arméniens grégoriens ont aussi beaucoup de
prêtres, de docteurs et de moines ; II est cependant un point où
les catholiques l'emportent incontestablement, c'est quand II
s'agit des Communautés religieuses de femmes. On peut consta>
ter que la charité s'y est donné un libre et généreux essort, que
tous les besoins de l'ûme et du corps ont été prévus et sont se-
courus par ces généreuses viei^es. Elles sont, là comme partout
une des plus brillantes floraisons du catholicisme. Nous regrettons
de ne pouvoir qu'indiquer leurs œuvres et le bien qu'elles font.
Pour elles, comme pour les religieux, nous procéderons
suivant la date de leur entrée à Constantinople.
§1-
Les Filles de la Charité, ou Sœurs de St-Vîncent de Paul.
II y avait eu des religieuses de différents Ordres à Constanti-
nople, dans les temps anciens et surtout pendant la conqnéte
latine. Quelques monastères surrècurent à l'empire franco-vëni-
r>' Google
— 457 —
tien. Ainsi nous voyons des Cisterciennes du cAté du Pbanar,
des Clarisses à Galata, des Dominicaines, probablement i Man-
tellate » à St-Pierre, et d'autres encore.
Quelqnes-unes survécurent m&me à l'empire grec: ainsi nous
voyons qu'en 1535, lors de la prise de l'église St-Paul par les
Arabes grenadins, on donna aux Dominicains, qui se trouvaient
sans abri, le couvent de St-Pierre où vivaient encore quelques
religieuses de leur Ordre. C'est la dernière mention positive que
l'on rencontre de couvents de femmes. Cela se comprend aisé-
ment : il n'y avait pas ass^z de tranquillité pour que des reli-
gieuses cloîtrées, et vouées â la vie contemplative pussent se
développer et même vivre.
Les Instituts de religieuses non clottrées et adonnées aux
œuvres de charité sont une floraison toute récente de la grande
souche catholique. Si St Vincent n'en a pas été l'inventeur, c'est
lui du moins qui en a été le principal propagateur. Quoi qu'il en
soit les Filles de la Charité sont les premières religieuses qui
sont venues de France à Constantinople.
C'est M. Leleu qui les appela en avril 1838, comme nous l'a-
vons vu à l'article des Prêtres de laMissîon. Il fallut un grand cou-
rage aux premières Sœurs qui arrivèrent, pour aller dans les rues
de Galata et de Péra, et à plus forte raison dans celles de Cons-
tantinople. Les Turcs n'étaient pas encore pénétrés par l'esprit
occidental, et gardaient jalousement leurs mœurs antiques.
Ainsi l'usage ne permettait pas aux femmes, même aux chré-
tiennes, de sortir et surtout de paraître devant les hommes, sans
être strictement voilées : et ce fut un spectacle étrange et un
vrai scandale que de voir ces Sœurs sortir modestement, mais
sans voile, au milieu des rues les plus fréquentées. Mais quand
on les eut vues à l'œuvre, accueillir avec bonté, et soigner avec
une charité infatigable tous les pauvres et tous les malades qui
se présentaient, sans aucune distinction de race ou de religion,
l'estime publique leur fut acquise, et la liberté leur fut laissée
pleine et entière. Les Filles de la Charité ont su conserver et ac-
croître encore cette estime ries premiers jours de leur arrivée.
Los épidémies et les guerres y ont laidement contribué, quand
on les a vues ne reculer devant aucune fatigue et même aucun
danger pour faire un plus grand bien.
Les œuvres des Filles de la Charité ont commencé petitement,
r>' Google
_ 458 —
elles se sont accrues rapidement, et anjourd'hui elles sont nom-
breuses et florissaates. On compte dix Maisons de leur Institut
à Constantinople, ou dans les faubourgs, et cent quarante-huit
religieuses.
Nous allons d'abord énumèrer les maisons suivant la date de
leur fondation : nous parlerons ensuite de chacune à sa place,
soit comme établissement d'éducation, soit comme établisse-
ment charitable, l' La Providence, 8 décembre 1839. 2* Le Taq-
cim, 15 juin 1848. 3' Bebek, 1853. 4" N.-D. de la Paix, 19 avril
1857. 5° Hôpital municipal, 1865. a°Tcho(iour-bo3tan,1869.7'
L'Artigiana, 1873. 8" St-Georges, 1873-1883. 9' Gerémia, 1881.
10" Scutari, 1883.
1' Maison de N.-D. de la Providence, fondée le
8 décembre i839.
C'est le premier établissement et le berceau des Filles de la
Charité à Constantinople. C'est encore la résidence de la supé-
rieure régionale ou visitatrice.
La maison de la Providence s'élève dans l'enclos de St-Benoit
sur l'emplacement de l'ancien couvent et de l'église de N.-D. de
la Miséricorde, qui fut uni à celui de St-Benolt en 1449, et
donné à la Congrégation du Mont-Cassin. Après la conquête mu-
sulmane les Frères Mineurs de l'Observance y trouvèrent an
abri jusqu'à la constructioù de St-Marie Drapéris en 1583. Les
premiers Capucins y furent reçus en 1585, et St-Joseph de Léo-
nîsse y fut conduit par un ange. Les Jésuites y établirent une
partie de leurs œuvres, pais la conMrie de la charité et l'bdpi-
tal général. Le site avait donc toute une histoire, quand les La-
zaristes y installèrent les Filles de la Charité. La vénérable Sœur
Lesaeur, dont la population de CP. conserve religieusement le
souvenir, trouva bientôt dans son intelligente et communicative
charité les ressources nécessaires à l'extension rapide des œuvres
confiées à son zèle et à son expérience. On y établit successive-
ment une école externe, un pensionnat, un orphelinat, une phar-
macie et un dispensaire. La maison était fort justement nommée
la Providence, car tous y venaient chercher et y trouvaient les
secours dont ils avaient besoin dans leurs misères physiques et
morales.
r>' Google
— 459 —
Le feu s'étant déclaré dans cette partie de l'enclos de St-Be-
Dott, dans la nuit da 20 au 21 février 1865, la sœur Caroline
(Renaat), qui, à peine revenue du Mexique, où elle avait dirigé
le service des ambulances de l'armée française, avait; été appelée
à remplacer, comme visitatrice, la mère Lesueur, défunte, s'oc-
cupa tout d'abord des orphelines ; on fît lever et babiller, en
hAte, ces jeunes allés que les Sœurs dirigèrent sur divers points,
afin de les mettre en s&reté ; pois, la sœur Caroline courant à
la chapelle, prit le tabernacle qu'elle emporta dans ses bras et
sauva des flammes, ainsi que le tableau de la Vierge, placé au-
jourd'hui à l'entrée de la nouvelle maison ; ce furent les senls
objets dérobés & la fureur du feu !
Ne voulant pas que le malheur dont les Sœurs venaient d'être
frappées arrêtât le cours de leurs bonnes œuvres, MM. les La-
zaristes placèrent ces saintes filles, ou mieux leurs classa et
leurs orphelines, dans le bAtiment qu'Us venaient de construire
pour le séminaire ; quant aux Sœurs, elles se logèrent dans les
combles des misérables maisons de l'enclos ; et l'on ne saurait
dire quelles misères les courageuses filles de St-Yincent ont en-
durées dans ces pauvres réduits I _
On ne peut se rappeler, sans une vive émotion, le spectacle
qui s'offilt aux yeux des catholiques, quelques mois à peine
après l'incendie, le jour de la Fête-Dieu ! Confiante dans sa foi,
la Sœur visitatrice voulut que le premier reposoir de la proces-
sion de St-Beaott s'élevât sur les ruines, presque encore fu-
mantes, de la maison de la Providence l Toutes les pauvres
Sœurs, agenouillées là, demandaient à Dieu de bèoir et d'exau-
cer leurs fervent«s prières pour la restauration de cet asile de la
charité I Leur vœu a été exaucé : le gouvernement français, la
colonie et le gouvernement du sultan lui-même, leur sont ve-
nus en aide ; et moins de deux ans environ après sa destruc-
tion, c'est-à-dire en avril 1857, la nouvelle maison de la
Providence rouvrait ses portes, comme par le passé, à tous
les malheureux. Toutes les anciennes œuvres y ont été réta-
blies (externat- ou vroir, catéchuménat, dispensaire), sauf
l'orphelinat, porté à Tchoqour- Bostan, et dont il sera parlé
plus bas.
La Maison de N.-D. de la Providence réunit un grand nombre
d'œuvres différentes.
r>' Google
— 460 —
A, LesŒuvres de la Jeunesse. l'Asile des garçons. 3° 'Asile
des ûlles. 3° Classes des petits garçons. 4* Classes des filles.
5' Ouvroir de filles. 6° Atelier d'ouvrières. 7° Associations des
Enfants de Marie. 8^ Association des Enfants de Marie mariées.
B. Les (meures de Charité. 1° La crèche. 2° Le dispensaire,
â* Visite des pauvres et des malades. 4° Association des Dames
de Charité. 5° Association des Patronnasses de l'oeuvre des en-
fants trouvés.
ŒUVRES DE Là JEUNESSE.
1° Moyenne annuelle des dix dernières années.
i" Garçons. 120.
Filles. 395.
Total 515,
3' Crèche.
Enfants recueillis. 50.
« entretenus. 109.
3° Pauvres et malades.
Secours au dispensaire. 36.050.
Secours à domicile, visites. 500.
Portions aux enfants des classes. 16.435.
4° Associations.
de Charité. 200.
de Piété. 150.
Enfants de Marie mariées. 60.
5° Sommes dépensées depuis dix ans.
par les Dames de Charité. 77.380.
par les patronnesses de la crèche. 125.766.
Pour toutes ces œuvres les Sœurs sont au nombre de trente-
aix.
Les Prêtres de la Mission en sont les aumôniers.
3' Maison du Taqcim, fondée en 1833.
L'hôpital civil et militaire du Taqcim appartient à la France
et il est administré par le consulat de France. Les Sœurs y
r>' Google
— 461 -
furent appelées en 1846 par l'ambassade française. (Nous en
parlerons dans un autre chapitre). Peu de temps après leur ins-
tallation au Taqcim, les Sœurs adjoignirent à l'hôpital l'œuvre
des écoles, celles des pauvres malades délaissés, celles des En-
fants de Marie et du patronage, etc. Ces œuvres, qui sont au-
jourd'hui dans un état très prospère, font d'autant plus de bien
qu'elles sont placées dans un quartier très populeux, et qu'il n'y
a pas à proximité d'autre centre catholique pour les jeunes Ûlles.
Personnel : vingt Sœurs ; aumôniers, les Prêtres de la Mission.
A. Œuvres de la jeunesse. 1° Classes de petits garçons.
2° Classes des filles. 3° Ouvroir et atelier d'ouvrières. 4° Patro-
nage des jeunes filles. 5° Association des Enfants de Marie. —
B. Œuvres de Charité. 1" Hôpital. 2° Dispensaire. 3° Visite
des malades pauvres et délaissés. 4° Patronage des enfants pauvres
des classes.
Moyenne annuelle des dix dernières années.
1° Cla-sses et ouvroirs.
Garçons. 30.
Filles. 416.
Total. 446.
3° Enfants pauvres assistés par le patronage. 120.
3° Malades.
Soignés au dispensaire. 7.300.
Traités à l'hôpital. 604.
Visités à domicile. 150.
Secourus par l'association. 120.
4* Associations.
de Piété. Enfants de Marie. 410.
f < mariées. 50.
de Charité. 250.
5* Sommes dépensées depuis dis ans.
par l'association des pauvres malades. 87.004.
par les patronnesses des enfants pauvres des classes. 36.396.
,dbvGoogle
— 462 —
Ea somme, il est passé h l'hApital, depuis que les Soeurs y
sont, dix -sept mille quatre cent soixante-quatre malades, dont
douze mille deux cent trente-huit catholiques, quatre mille
cinq cent soixante-dix-neaf iiétérodoxes et six cent quarante-
sept infidèles.
Il est passé dans les classes environ six mille enfants dont
Latins deux mille, Arméniens catholiques deux mille six cents,
Arméniens grégoriens huit cents, Grecs orthodoxes six cents.
3° Maison Sl-Josepk de Bebeh, fondée en 1853.
Cette maison a connu des jours plus prospères. Toute réduite
qu'elle est, par le malheur des temps et des circonstances, elle
continue à rendre des services précieux : elle instruit la jeunesse,
elle forme des ouvrières, elle visite les malades et secourt les
pauvres dans la mesure de ses ressources. La chapelle sert d'é-
glise paroissiale aux Latins et aux Arméniens catholiques du voi-
sinage. C'est le seul centre catliolique de ce côté du Bosphore.
Personnel : Sœurs, cinq ; aaménier, un prêtre séculier.
A. Œuvres de la jeunesse, l" Pensionnat. 2' Orphelinat.
3° Atelier de dentelles et ouvroir. 4° Classes externes. 5' Asso-
ciation des Enfants de Marie. — B. Œuvres de Charité. \' Un
petit dispensaire. 3° Visite des pauvres et des malades.
Moyenne annuelle des dix dernières années.
1° Œuvres de la Jeunesse. Quatre-vingts élèves de diverses
nationalités et religions.
S' Œuvres de Charité. Suivant les ressources et les besoins.
Conversions : Musulmam, un; Arménien, un.
4° Maison de N.-D. de la Paix Ouverte. 1879.
Après la guerre de Crimée, le gouvernement impérial otto-
man, raconte-UoQ, voulant reconnaître les services rendos par
les Sœurs de St-Vincent de Paul, dans les ambulances de l'ar-
r>' Google
mëe, soDgea à leur offrir des décorations. Il fut répondu que la
meilleure manière de récompenserles Filles de la Charité était de
leur procurer le moyen de faire plus de bien. A la suite de cette
réponse, sultan Abdul-Medjid, sur la requête de l'ambassade de
France, coucéda aux Sœurs, le 19 avril 1857, aux portes de
Constantinople, un vaste terrain, où elles construisirent un M-
pital, qui en souvenir de son origine fut appelé N.-D. de la
Paix. Cette Maison, commencée avec dix malades, a vite grandi.
A l'hôpital primitif, diverses œuvres sont venues s'adjoindre,
et aujourd'hui c'est à la fois une des maisons les plus considé-
rables et ies plus prospères de Constantinople.
Personnel ; Sœurs vingt-trois ; auméniers : les Prêtres de la
Mission.
ŒUVRES DE LA MAISON.
A. Œuvres de la Jeunesse, i" Orphelinat. 2- Classes. 3' Ap-
prentis. 4° Classes externes de filles. 5° Associations des Enfants
de Marie. — B. Œuvres de Charité. 1° Hôpital pour malades
et infirmes. 2° Asile d'aliénés pour hommes. 3' Asile d'aliénées
pour les femmes. 4° Division ophtalmique.
Œuvres de la jeunesse. 1° Orphelinat. C'est le seul grand or-
phelinat catholique de garçons à Constantinople. Il compte quatre-
vingts enfants de tous pays, mais presque tous catholiques.
2° Apprentis. Les apprentis sont au nombre de dix-huit, ré-
partis en quatre ateliers : forgerons, menuisiers, tailleurs et cor-
donniers. Quelques-uns aussi apprennent le jardinage.
3° Classes de filles. Commencées en 1870, elles comptent de
quarante-cinq à cinquante enfants. On vient d'ériger parmi elles
l'association des Enfants de Marie.
. Œuvres de Charité. 1» Hôpital. Malades ou infirmes soignés
annuellement: 70.
3° Asiles d'aliénés. Établissements modèles en ce genre ;
aussi, soit comme installation, soit comme soins, ils jouissent
dans tout le pays d'une réputation bien méritée. Cent soixante-
quinze personnes de toute nation et de tout culte y ont été soi-
gnées dans l'année qui vient de s'écouler.
r>' Google
3° Division ophthalmiqae. Fondée depuis deux ans, elle est
en pleine voie de prospérité. Elle a traité dans l'unnée cent cin-
quante malades.
Le personnel total de la Maison est de quatre cents personnes.
Il s'y trouve une association d'Enfants de Marie : quarante-sept
membres.
5° Hôpital Municipal, fondé en Î865.
Cet bdpital, comme l'indique son nom, appartient à la muni-
cipalité du VI" cercle. Établi en 1865, à la suite du choléra, sur
les débris d'une ambulance de cholériques, et dirigé depuis sa
fondation par les Filles de la Charité, il reçoit gratuitement à
toute henre de la nuit comme du jour, sans aucune formalité
dilatoire et sans distinction aucune de religion ni de nationalité,
tous cenx qui se présentent, ou atteints de maladies aiguës, ou
blesses par quelque accident.
Ce mélange de nationalités et de religions n'a offert jamais
aucune difficulté pour le service. Tous ces pauvres gens sont
traités de la même manière, tous sont contents et heureux, bé-
nissant et remerciant Dieu, cliacun à sa manière, des bons soins
qu'ils reçoivent de la part des bonnes c Marabettes i Sœurs.
L'hApital contient quarante lits.
Personnel : sept Sœurs ; aumôniers, les Lazaristes.
Depuis sa fondation en 1865, l'hâpital a fourni journées de
malades deux cent quarantfi-huit mille six cent soixante-deux, et
soigné, par malades et blessés, dix-sept mille cent quarante-huit.
Ces malades et blessés appartiennent à trente-deux nations
différentes. Nous ne les relèverons pas toutes, nous remarquons
seulement que les musulmans comptent pour neuf mille, les
grecs raïas pour deux mille, les Arméniens pour mille neuf
cent vingt-cinq, les Israélites pour cinq cent quatre-vingt-six,
les Persans pour quatre cents, les français ^<>ur cinquante-
trois, etc., etc.
6' Maison St~Joseph de Tchoqour^Bostan. i869.
Cette maison a été bâtie avec les dons du gouvernement fran-
çais, da haut commerce et de la charité publique, sur un ter-
r>' Google
çGoogle
«ibvGoogle
— 465 —
rein coDcAdi parS.M.Ï.SuItaDAbdoI-Azlz. Commencée es 1865,
aprèa l'incendie de la Providence, pour y transf^r l'orphelinat
qui existait dans cette maison dtqtuis 1841, elle ne fut aclievée
qu'en 1869. C'est aujourd'tiui, non seulement le plus ancien,
mais aussi le plus grand et le plas bol arpbeliuat catholique de
filles qui existe & Constantinopla. H compt» plus de deux cents
orphelines qui appartiennent à toutes les nations.
A l'orphelinat sont venues bientAt se joindre l'œuvre des
pauvres et celle des écoles externes, etc. Tchoqour-Bostan est .
aujourd'hui un des principaux centres catholiques d'éducation <
et de charité.
Personnel : Sœurs, vingt-sept; auméniers, les prêtres de
la Mission.
A. Œuvres de la Jeunesse. !<• Orphelinat, asile, ateliers de
broderie, classes, ateliers de repassage, ouvroirs, -atelier de
fleurs artificielles, association des Enfants de Marie. 3° Pension-
nat, classes et ouvroir. 3° Externat, classes, asile, ouvroir, ate-
lier de couture, atelier de tissage, association des Enfants de
Marie. — B. Œuvres de Charité, i' Dispensaire. 3° Visite des
pauvres et des malades. 3* Association des Dames de Charité.
1' Œuvres de la jeunesse. L'orphelinat et le pensionnat
comptent ensemble deux cent vingt-neuf enfants. L'externat en
compte à lui seul deux cent trente-six, soit en tout quatre cent
soixante-cinq. Ces enfants appartiennent à douze nationalités
diiférentes, pour la grande majorité grecques, arméniennes et
italiennes, vingt-huit françaises seulement. Quant à la religion
presque toutes les internes sont catholiques ; les externes schis-
matiques sont peu nombreuses.
Depuis le 1" janvier 1870, jusqu'au !•' janvier 1887, il est
passé à l'orphelinat sept cent quinze, au pensionnat deux cent
trente-huit, à l'externat six cent cinqnante-deux enfants. Â l'oa-
vroir externe cent quatorze jeunes filles. Total mille sept cent
dix-neuf. On compte quelques conversions au catholicisme, mal-
heureusement peu nombreuses.
r>' Google
2° iEuvres de chàrité.XA principale aaaocUtion'des Dames
de charité a sod centre et son siège à l'orphelinat de Tchoqonr-
Bostan. Elle a pour présidente ordinaire l'ambassadrice de
France.
Cette association fondée en février 1847, en même temps que
celle de Oalata, compte dans ses rangs cent trente-six Dames
appartenant à tontes les nationd et aux meilleures classes de
la société. Elle a d'après son compte-rendu, fait aux pauvres
dans cette seule année cinq mille sept cent vingt visites, assisté
cent qoatre-viDgt-quatre familles, envoyé dans les hôpitaux
douze malades, secouru et médicamenté à domicile cinq cent
qaafare-vingt malades, dont vingt sont morts munis des sacre-
ments de l'Église. Elle a receuilU pour. les pauvres la somme
de 341.383 fr. C'est à peu près la moyenne annuelle ordinaire.
8° Enfants de Marie : cent cinquante ; it. mariées vingt-deux.
7" Maison de l'Artigiana, 1872.
C'est un hospice de vieillards. En 1838, on Autrichien,
M. Gîacomo Anderllch, conçut l'idée d'établir, parmi les euro-
péens, artisans ou x;ommer(;ant8 de Constantinople, une société
de bienfaisance, qui prit le nom de i Associazione commerciale
artigianadipietà). L'article premier des statuts déclarait la
société purement séculière et philanthropique.
< Dès la seconde année, racontent les opposants, par les
conseils de M. Leleu, préfet des Lazaristes, et avec l'appui de
M. Cor, premier drogman de l'ambassade de France, deux
français, bons catholiques, MM. David G-Iavany, et Jacques
Allèon, ainsi que plusieurs membres du comité, entreprhent de
donner à l'œuvre une couleur religieuse, et pour cela offrirent
de bâtir, à leurs propres ûms, une chapelle dans l'établisse-
ment, pais d'obtenir, pour assurer sa défense, la protection de
l'ambassade de France. Ces Messieurs rencontrèrent la plus vive
opposition ; ils forent même destitués par l'assemblée générale ;
mais cela ne les empêcha pas de persévérer dans leur dessein,
et il faut croire qu'ils finirent par l'emporter, puisque la cha-
pelle fut bâtie, et que l'œuvre obtint la protection, non seule-
ment de la France, mais encore de l'Italie, de l'Espagne, du
Portugal, de la Hollande, et de la Belgique, dont les six dra-
r>' Google
~ 467 —
peaux flottent, chacun à son tour.de r6Ie, sur les bâtiments de
l'hospice. > .
Ed 1873,1e comité en charge fit appel aux Filles de la Charité,
pour avoir plus d'ordre et de régularité, tant dans le service
que dans les dépenses ordinaires. Depuis lors l'oeuvre a pris une
marche régulière et assurée.
En 1878, les Sœurs ont joint & l'hospice un asile pour les
enfants da quartier.
Personnel : Sœurs six ; aumônier : un Prêtre de la Mission.
i° Hospice. Il se compose d'une série de maisonnettes à la
suite les unes des autres et pouvant loger des ménages. Et abrite
actuellement cinquante^six vieillards, dont trente-trois hommes
et vingt-trois femmes.
3° L'astle compte soixante-seize enfants des deux sexes.
8» Hôpital Gérémia. iSSî.
B avait pour destination primitive de recevoir gratuitement
les pauvres malades catholiques de Constantinople. Le manque
de ressources et les circonstances ont fait modifier ce pro-
gramme : Gérémia reçoit aujourd'hui tontes sortes de malades
gratuits et payants, sans distinction de culte ni de nationalité.
C'est la dernière venue des œuvres catholiques de Constanti-
nople, la plus petite, la plus pauvre aussi : et pourtaat, chose
merveilleuse, c'est une de celles où la charité catholique parait
triompher avec plus d'éclat.
\° Le petit hôpital a eu l'honneur d'être patronné parl'ancien
comité international des ambalances de 1876, comité formé des
sommités diplomatiques, commerciales et financières du pays.
En 1883, une fête organisée par ce comité à l'ambassade de
Bnssie, lui a donné 11.000 frs. En 1885, une seconde fête orga-
nisée à la légation de Hollande a donné près de 10.000.
2° Lady DufTerin, plus tard vice-reine des Indes, étant am-
bassadrice d'Angleterre à GP. a voulu que c la Dorcas >, société
de secours anglaise et protestante qu'elle dirigeait, s'entendit
avec Gérémia pour les remèdes h fournir, et avec les Sœurs, pour
r>' Google
les distribntions à faire aux paarres. La même chose s'est con-
tinnèe pendant le séjour & CP. de Lady White, qni lui a snc-
cédé.
3° Six médecins, la plupart distingués, se sont chargés,
comme adjoints du Docteur priacipal, de faire gratuitement le
service de la maison, ponr les traitements, les pansements, les
consultations etc. Or tous ces médecins sont grecs de re-
ligion.
Ce concours de toutes les bonnes volontés, quelles que soient
les divergences de croyances, pour assurer le succès d'une œu-
vre de charité catholique, et faire ensemble le bien, est de bon
exemple et donne lieu d'espérer encore mieux de l'avenir.
Quant àl'bumble hépital, il fait le bien qui est de son ressort et
rapproche les ftmes en soignant le corps des malades.
Personnel : Sœurs six; anmdniera et administrateurs: les
Prêtres de la Mission.
HApital. Consultations gratuites. Traitements ophtalmiques.
Chaque année le nombre des malades s'accroît, et surtout
celui des consultations gratuites. Uoe construction nouvelle,
servant de prolongement à l'hôpital, vient d'être foite : elle porte
lenom de : ( Smythe mémorial. > Ce monument est élevé, sur
le terrain de l'hôpital, pour honorer la mémoire de Sir I<ïédérik
Smythe. Les amis du défunt y ont contribué pour une somme
de LT. 500.
9» Maison de ScutaH, i883.
Comme nous l'avons dit, en 1859, les Filles de la Charité
avaient commencé à Scutari nn externat et an internat, qui
marchaient assez bien, lorsque, & la suite des massacres de
SjTïe, elles furent rappelées et employées à d'autres œuvres.
En 1883, par manière d'essai, elles ouvrirent de nouveau,
dans une maison de louage, une école pour les rares catholiques
du pays, qui en étaient absolument privés. L'essai ayant réussi,
les Sœurs ont acheté une maison en 1884, et y ont fait cons-
truire une chapelle qui sert d'église aux catholiques du quar-
tier.
Personnel : Sœurs quatre.
r>' Google
A. de Jeunesse. Interost. Externat. OaTroir. Association
d'Enfants de Marie. — B. de charité. Un petit dispensaire.
Visite des pauvres malades.
Classes : cent quatorze enfants, dont douze garçons et cent
deux filles.
Charité. On accueille an dispensaire tout ceux qui s'y [srè-
senteut, et on visite les pauvres malades, que l'on assiste autant
que les ressources le permettent.
10» Si-Oeorges.
Kons De notons ici cette maison que pour mémoire : nous en
avons parlé au chapitre consacré aux Prêtres de la Mission.
D ne faudrait pas terminer ce cbapitre des Filles de la Charité
sans rappeler qu'elles avaient formé un fort beau pensionnat à
Pancaldi, dans les maisons qni avoisinent l'église du St-Esprit
et qu'elles l'ont cédé, en pleine prospérité, aux Sœurs de Sion
qui y sont maintenant encore installées.
Les Sœurs de Notre-Dame de Ston. i857.
Mgr Hillereau avait eu le projet, comme nous l'avons dit plus
haut, d'établir nn séminaire diocésain dans les bâtiments éle-
vés par Ini en avant de l'église du St-Esprit, sur la rue ; mais
n'ayant pu exécuter spn dessein, il dit à M. l'abbé HUlerean, sou
cousin et son vicaire général, quelques jours seulement avant sa
mort, qu'il voulait offrir ce corps de logis aux Sœurs de St-Vin-
cent de Paul, pour établir dans ce quartier, le pensionnat créé
par elles à Galata. Les Sœurs, auxquelles cette pensée était
connue, accédèrent à ce désir et louèrent ce local pour la somme
annuelle de 7.000 ou 8.000 francs. Elles transportèrent donc au
St-Esprit leur pensionnat, qui comptait alors quatre-vingt-dix
élèves, sans parlw de vingt-huit autres inscrites pour nue pro-
,flbvGoOgle
— 470 —
chaîne admission. Mais cette maison ne devait pas longtemps
rester aux mains des Filles de la Charité : elle allait passer
hientdt aux religieuses de Notre-Dame de Sion et deveair leur
principal établissement dans le Levant.
L'origine de cette congrégation se rattache à la conversion
cëlèhre qui eut lieu à Home, dans l'élise de S. Andréa délie
Fratte, le 30 janvier 1843, à l'autel de la Vierge Immaculée.
Celui qui en fat l'objet, depuis le R.P. Alphonse-Marie Ratis-
bonne, < se sentit vivement pressé, dès les premiers instants où
il onvrit les yeux à la lumière, de propager la. connaissance de
la vérité parmi les Israélites, et il communiqua cette pensée à
son frère Théodore, missionnaire apostolique, alors sous-direc-
teur de l'archiconfrérie de N.-D. des Victoires. > Les premières
jeunes filles envoyées par leurs parents pour se faire instruire
dans la foi catholique, furent placées provisoirement à l'ouvroir
de la Providence dirigé avec an admirable dévouement par les
sœurs de St- Vincent de Paul.
En juin 1843, le sous-directeur de l'sDvre se rendit k Rome
pour demander au Saint-Père l'autorisation de se consacrera la
conversion des brebis dispersées du troupeau d'Israël ; puis an
mois de mai de l'année suivante, quelques pieuses chrétiennes,
animées dn désir de travailler à leur propre sanctification, tout
en se dévouant aux œuvres d'éducation, et principalement à la
r^énération des Israélites, jetèrent les fondements de la con-
grégation. En 1845, la première maison ne suffisant plus aux
développements de l'œuvre, on la transporta dans une antre
plus grande et on la plaça sous le patronage de Notre-Dame de
Sion, avec cette devise : c In Sion firmatasum'. >
Le 15 janvier 1847, le Souverain Pontife Pie IX l'érigea, &
Parts, par un bref qni lui accordait de nombreuses indulgences.
En 1855, la congr^ation fonda des pensionnats pour lesjeunes
chrétiennes, des ouvroirs et des orphelinats, et des écoles pour
les pauvres. Peu à peu, sans oublier sa première destination de
> Ce nom de N.-D de Sion n'est pas nouveau dans l'histoire ; ■ l'abbayade
N.-D. du Mont Sion. en la ville de Hiérusalem, de cbanoines régulier de St-
Augustin, dépendait immédiatement du Patriarche. Elle eut d'abord dea
Prieurs, te lloi Louis VII lui donna l'abbaye de St-Sanson d'Orléans. L'é^iu
du Mont-SioQ était le but de la procession du St-Sépulcr«, le jour de la Pen-
tecâte. L'abbé portait mttre, croce et anneau. ■ (Du Cange, Familles d'outre
mer, p. 827.)
r>' Google
— 471 —
la conversion des Israélites, elle devint une instituttoa d'édu-
cation, ea France, k l'étranger, et soitoat dans les Missions
parmi les infidèles. Elle a -pcis des développements fort rapides
et compte anjoord'liui de oombreases maisons, dans toutes les
parties du monde.
De même que l'œuvre avait commencé à Paris dans une
maison de Sœurs de St-Vincent de Paul, ainsi devait-il en être
à Constantinople. Les Sœurs de N.-D. de Sien devaient y ap-
par^tre sous les auspices de l'apâtre de la Charité. En effet, àla
snite d'un voyagea CP. du B,P. Th. Ratisbonne, sapérienr et
fondateur de la congrégation, celui-ci sollicita et obtint de
M. Etienne aupérietir général des Lazaristes et des Filles de la
Charité, avec l'agrément de ta S. Congrégation de la Pi;opa-
gande,la substitution, dans ce pensionnat, des Sœurs de N.-D.
de Sion, aux Filles de la Charité. Les nouvelles religieuses ar-
rivèrent à Oalata en octobre 1857, elles furent reçues, avec
grande charité, & la maison de la Providence, dirigée alors par
la vénérable Sœur Lesueur, et furent bientôt mises en possession
de leur maison et du pensionnat, en pleine prospérité.
Grâce à la direction sage et intelligente de la première supé-
rieure, de M""* Rose, et de celles qui leur oAt succédé Jusqu'ici,
cette maison a prospéré. Le nombre des religieuses s'est accru,
en même temps que celui des élèves : on a augmenté, dans une
même proportion les bâtiments qui servent aux unes et aux
autres, et pourtant elles se trouvent encore i l'étroit.
La Congrégation de Notre-Dame de Sion a été approuvée dé-
finitivement le 8 septembre 1863, par le Souverain Pontife, sur
la proposition de la Propagande, qui pouvait le mieux appré-
cier ses services. Un décret du 35 juin 1856 lui avait donné une
existence légale. Elle possède actnellement deux établissements
à CP. : celui de Pancaldi et celui de Kadi-keui.
1* Établissement de Pancaldi.
n est attenant à l'église cathédrale da St-Esprit et le sépare
de la rue. La maison communique directement avec les tribunes
de l'église ; aussi pendant longtemps les Sœurs et leurs jeunes
flUes furent-elles chaînées d'exécuter les chants liturgiques
dans les plus grandes cérémonies. Mgr Orasselli déchargea les
r>' Google
— m —
Sœnrs de cette obligation et confia les chaats aux ea&nts des
écoles des Frères.
Personnel de la maison : soixante-quatre religieuses, dont
trente Sœurs de chceor occnpées aux classes, et trente-quatre
converses employées aux services de la maison ; auménier : nn
Prêtre de N.-D. de Sion.
ŒOTRES DE Là JXITNES3B.
1' Pensionnat. Élèves internes deax cent quatre-vingt cinq,
dont soixante-treize latines, quatre arméniennes, trente-deux
bulgares schismatiqnes, cinquante grecques orthodoxes, dix-
sept arméniennes grégoriennes, viiigt-deux Israélites. Élèves
demi-pensionnaires quatre-vingt-sept, dont cinquanle-huit la-
tines, dix-sept grecques orthodoxes, sept arméniennes grégo-
riennes, deux catholiques, deux Israélites, trois protestantes.
2° Orphelinat. Les Sceurs entretiennent gratuitement dans
la maison quatorze Jennes flUes catholiques, qu'elles forment
aux travaux du ménage, et & la couture.
3* École gratuite, pour les enfants de la paroisse. Dès
qu'il leur a été possible, les religieuses de N.-D. de Sion ont
ouvert, conformément & leurs règles, nne école pour les enfants
pauvres. Elle était d'abord dans les dépendances du couvent.
Mgr Pluym fit construire, sur des terrains appartenant au vica-
riat, des écoles convenables où il établit les classes des Qlles et
celles des garçons. Cette école paroissiale occupe qaatre Sœurs,
qui y viennent du couvent voisin. Elle est divisée en trois
classes qui contiennent environ deux cents enfants, la plupart
catholiques, latines ou arméniennes. On leur donne l'ensei-
gnement primaire, et on les forme aux travaux de leur sexe.
Beaucoup de ces enfants pauvres reçoivent de la communauté
des vêtements et an repas au milieu du jour.
4' Atelier de roberie. Cet atelier, dirigé par deux mal-
tresses séculières à gages, sons la surveillance d'une religieuse,
reçoit ime vii^^ine de Jeunes filles, sortant en partie de l'école,
les commençantes au pair, les anciennes reçoivent un salaire
proportionné à leur travail.
r>' Google
_ 473 —
5* Association aes Enfants de Marie. Cette œuvre est
établie dans la maison comme couroanement de tout un sys-
tème de confréries, destinées à favoriser la piété en même temps
qu'à maintenir le bon esprit dans la maison. Les élèves qui sont
sorties de la Maison ne cessent pas d'en faire partie, et un bon
□oyau d'entre elles viennent du dehors assister cbaqae mois aux
instructions qui leur sont données, ordinairement par un reli-
gieux àe la vUle.
6° Œuvre du vestiaire. Elle a été fondée, sur l'initiative de
Mgr Pluym, en 1871 ; les associées, élèves actuelles ou anciennes
de l'établissement, et an nombre de deux cents, payent une
piastre par mois et s'occupent de l'achat ou de la confection de
Tëtements pour les enfants pauvres des écoles de la paroisse,
comme aussi de ceux du quartier.
ŒUVRE DE ZÈLE SURITUEL.
Association des Mères chrétiennes. Fondée par ]eR.P. Th.
Ratisbonne, cette association fut érigée en arcbiconfrérïe par
l>ref ponti&cal du 11 mars 1856. Elle s'est répandue dans tout le
monde catholique, et fait partout le pins grand bien. Elle a
tonjours son siège dans la chapelle de la Maison-mère des Sœurs
de N.-D, de Sîon, rueN.-D. des Champs, à Paris. Elle fut établie
à CF. en 1862, dans la chapelle de Pancaldi. Les réunions s'y
font régulièrement aux fêtes de l'association, conformément au
manuel. Les associées sont au nombre de quatre cents.
2° Maison de Kadi-heui.
Sur les instances de Mgr Brunont, une maison de Sœurs de
N.-D. de Sion fnt établie à Kadi-keni, pour y pourvoir aux be-
soins de la popolation catholique. Elle s'ouvrit d'abord dans les
dépendances de l'église que l'on venait de construire (1863), puis
elle se transféra dans une propriété plus vaste, acquise par la
congrégation. Elle est placée sous l'invocation de Ste-Euphëmie.
Ses commencements furent modestes et ses progrès assez
lents, mais réguliers : aujourd'hui elle est connue et appréciée.
Personnel : trente et une Sœurs, dont quinze converses ; au-
môniers : les Pères Capucins.
r>' Google
A. ŒUVRES DE JGDNBBSE.
1* Pensionnat et externat. Le Dombre des pensionnaires
a' élève à cinquante-trois, dont trente et une latines, cinq armé-
niennes catholiqnes, trois grecques orthodoxes et dooEO Israélites.
Des externes au nombre de quatre-vingt-quatorze sont admises
h suivre les mêmes cours, dont trente et une latines, sept ar-
méniennes catholiques, trente-six grecques orthodoxes, dix ar-
méniennes gr^oriennes, neuf Israélites, une musulmane.
3* Orphelinat. Six jeunes allés catholiques sont élevées dans
la maison de Kadi-keui, comme dans celle de Pancaldi.
3° Association des Enfants de Marte, pour les pension-
naires et les anciennes élèves.
B. ŒCJVRE DE ZÈLE.
Association des Mères Chrétiennes. Elle fonctionne à Eadi-
keui, comme dans toutes les maisons del'InatitQt. Les associées
sont au nombre de quatre-vingt.
§ m.
Sœurs de Charité de l'Immaculée Conception, d'Ivrea. 1869.
Cet Institut fondé sur le modèle des Filles de la Charité, a sa
maison-mère à Ivrea, en Italie. Elles ont été introduites à CP.
en 1869. Elles y sont au nombre de trente et une et ont trois
établissements.
1* Hôpital Italien de Péra. C'est un très bel établissenieat
situé dans une agréable position, et bien tenu.
Personnel : neuf Scears, trois converses; aumdniers : Pères
Conventuels de St-Ântoine.
r>' Google
Pendant l'snnèe,. environ quatre cent qaatre-Tingts malades
traités, vingt aliénés,, soixante prisonniers.
2°. École italienne de Péra, Rue Agha-hamtnam. Per-
sonnel : dix Sotais, dens converses. — Élèves internes trente-
clnq.,externes cent quarante, asile de petits enfonts quatre-vingt-
quinze. Ces enfants des classes italiennes sont en très grande
: majorité catholique. (Vingt-trois garçons à l'asile.)
La langue d« l'école est l'italîMi; mais on y enseigne aussi le
. firancaîs, le grec et les autres langues usitées dans le pays.
3" École italienne et asile enfantin de Buyuk-déré. Per-
sonnel : cinq Sœurs, deux converses.
A l'école italienne cent vingt élèves, dont quatre-vingt-dix
catholiques. A l'asile enfantin quatre-vingts enfants, dont vingt-
ciDq garçons.
L'enseignement se donne aussi en italien, mais on y enseigne
aussi les autres langues.
Ces religieuses sont soumises à l'autorité de l'évëque d'Ivrea,
représenté à CP. par le P. Préfet de St-Antoine.
Couvent de Ste-Eltsabeth (Sœurs du Tiers-Ordre de
Sl-Prançois). Paroisse de Ste-Marie.
W y avait en jadis une église et un couvent de religieuses de
Ste-Qaire, sous la direction des FF. MM. Conventuels, comme
noas l'avons vn dans la deuxième partie de ce travail ■■, mais
cette institution avait si bien disparu qae l'on n'en peut retrou-
ver aucune trace.
Dans le coimint de ce siècle, un supérienr de Ste-Marie Dra-
përis essaya de constituer le Tiers-Ordre régulier à Constanti-
nople, avec des éléments indigènes ; mais soit que le □omla'e
des vocations n'ait pas été suffisant pour le bon fonctionnement
de la maison, soit qne les vocations elles-mêmes ne fussent pas
assez sérieuses, on fut obligé de demander à Rome l'autorisation
r>' Google
— 476 —
de laisser les religieoses retonmer dans leurs familles, et d'alié-
ner l'immeulile qui leur serrait de couvent, et jusqu'à présent
aucun couvent cloîtré n'a pu s'établir dans la ville.
Depuis, les PP. Préfets de Ste-Marie tournèrent leurs vues
d'un autre c6té. Désirant avoir des religieuses de leur Ordre
pour les œuvres paroissiales, ils s'adressèrent & Borne, afin d'en
obtenir. Lear demande n'ayant pu almutir en ce moment, ils
résolurent de fonder eux-mêmes une communauté de religieuses
tertiaires indigènes. Le 23 février 1873, Mgr Pluym donna, à
Ste-Marie, le costume religieux à cinq tertiaires franciscaines,
et les établit en communauté, dans les dépendances du couvent;
mais on ne voulait pas retomber dans le même Inconvénient que
la première fois, et l'on finit par obtenir, pour diriger la mai-
son, des religieuses d'un couvent régulier. C'étaient les Sœurs
Franciscaines Missionnaires, de Gémona, prés Udine, en Italie.
Cette congrégation était toute nouvelle encore. Une dame du
grand monde, et possédant une fortune considérable, voulait
Caire une œuvre capable d'aider les missionnaires k répandre les
lumières de l'Évangile. Après avoir prié et consulté, elle se dé-
cida à fonder une congrégation de religieuses dont le but spécial
serait d'aller dans les Missions, tant pour soigner les malades
que pour instruire les enfants. Elle essaya en France, puis à
Rome, enfin elle rencontra à Crémona, près Udine, dans le
Frionl, un ancien couvent de religieuses clarisses, sécularisé
par les révolutions : c'est là qu'elle commença sérieusement son
œuvre sous la direction de quelques Pères de l'Observance.
Les commencements étaient beaux, les novices, de toute na-
tion, étaient nombreuses, on espérait beaucoup de l'avenir. Mais
les épreuves ne manquèrent pas, la fondatrice abandonna son
Institut, ses amis de la première heure se tournèrent contre lui;
malgré tout il prospéra et it fut bientôt encouragé par les béné-
dictions du St-Siège. Les religieuses portent la tunique de bure
grise avec le scapulaire et la corde franciscaine : elles suivent
la règle du Tiers-Ordre régulier, tempérée par des constitutions
appropriées au but spécial qu'elles se proposent. Les premières,
au nombre de six, arrivèrent le 15 novembre 187S, et commen-
cèrent courageusement leur œuvre.
Actuellement elles sont établies, rue Drogmanat, dans un as-
semblage de maisons assez discordantes, mais qui suffisent à
r>' Google
— 477 —
leurs œuvres, tout en leor donnant le moyen de pratiquor la
pauvrets et la mofliBcation.
Les Sœnrs Franciscaines Missionnaires ont dans Ck>D8tanti-
nople deox établissements, et bientôt nn troisième.
\<^ Ste -Elisabeth, de Péra.
Personne : religieuses vingt, dont huit converses.
ŒUVRES EC LA. 3UIS0N.
lo Classes paroissiales gratuites. Élèves soixante. C'est la
première et celle poar laquelle elles sont venu^ à GP. Elles s'y
appliquent avec un soin tout spécial.
2" Externat payant. Élèves cent vingt. Internat. Élèves
quarante. Demi-pensionnat, vingt. Ces deux dernières œuvres
ont été établies sur la demande des familles de Péra, qui ne
trouvaient pas dans le voisinage d'écoles catholiques. Ces classes
sont prospères et grandissent chaque année.
La langue de l'école était d'abord l'italien, mais on n'a pas
tardé à lui substituer le français, sans abandonner pour cela l'é-
tude de la langue italienne. Le programme est celui des écoles
françaises du même degré. Les élèves, à la fm de leurs études,
se présentent aux examens de l'ambassade française. L'ensei-
gnement de la doctrine chrétienne est tout spécialement soigné
comme il convient & une maison religieuse. On forme aas.si les
élèves aux travaux de leur sexe et à l'étude des langues vivantes.
3° Les Sœurs avaient commencé ii s'occuper des malades,
mais elles y ont renoncé depuis l'établissement à CP. d'une
communauté de Sœars Garde-malades.
4° Elles s'occupent aussi de l'entretien de l'église de Ste-
Marie Drapéris.
Anmftniers : les PP. Riformati de Ste-Mirie Drapéris.
9o École de Prtnkipo.
■ En 1883, les Sœurs ont été appelées à Prinkipo, pour y tenir ■
les classes. Elles y sont établies en face de l'église.
Personnel : Sœurs quatre, dont une converse ; enfants soi-
r>' Google
— 478 —
xante-boit, dont dix-sept latins, sept arméniens catholiques,
trois grecs orthodoxes, cinq juifs, quatre musalmans. Sur ce
nombre on compté vingt et un gardons et quarante-sept filles.
ŒUVRES : toutes les œuvres paroissiales.
Les Sœurs Franciscaines Missionnaires ont encore quelques
antres établissements dans le Levant : Rhodes, fondé en 1873,
Earagatch, près d'Andrinople en 1891. Elles doivent avoir bien-
tôt d'autres maisons encore.
Eïles sont placées soos la protection française, quoique le
personnel soit recruté dans toutes les nations et compte même
un assez bon nomlure de religieuses indigènes. Elles s'accom-
modent & toutes les exigences du pays, sans rien sacrifier de
leurs règle».
\
Sœurs Domtnicatnes. 1882.
n y avait eu jadis à CP. au moins un couvent de religieuses
de l'Ordre de St-Dominique, à St-Pierre. Elles n'étaient que peu
nombreuses vers 1535, lorsque les Turcs s'emparèrent de l'église
de St-Paol et en chassèrent les Frères Prêcheurs. EUes cédèrent
la place à leurs Pères, et désormais on n'entend plus parler de
religieuses à CP. jusqu'en 1839. Mais lorsque les Pères Domini-
cains ayant fondé la paroisse de Makri-keni, voulurent lui don-
ner des écoles, ils s'adressèrent à des religieuses de leur Ordre
et de leur pays et appelèrent des Sœurs Dominicaines de Mod-
dovi. Nous regrettons de ne pouvoir donner aucun renseigne-
ment snr cet Institut si méritant.
Les Sœurs du Tiers-Ordre de St-Dominique ont i CP. deux
établi^ements.
i" Makrt-heui. Écoles paroissiales. Personnel : cinq Sœurs,
converse une, novice uiie. Enfants : garçons vingt, filles cin-
quante-huit. La majorité des enfants appartient aux cultes non
catholiques.
r>' Google
— 479 —
2° lêâi-coulé. EUes ont d»ii9 ce quartier de Stamboal une
école de la Mission. — Personnel : Sœurs trois, converse one.
En^ts : garçons, trente-denx, filles soixante et une, en grande
majorité catholiques.
Nous avons donné ailleurs les détails relatif & ces établisse-
ments.
s VI.
Sceurs Auçustines Obtates de l'Assomption. i882.
L'Institut des Soeurs Augustlnes Oblates de l'Assomption est
uni à celui des Pères Augttstins de l'Assomption. Leur établisse-
ment à CP. provient de la même pensée, nous ne pouvons donc,
pour l'histoire de leur fondation, que renvoyer à ce que nous
avons dit au chapitre précédent. (Gh. iv, § 8.)
Les Soeurs Oblates de l'Assomption ont dans CP. deux éta-
la Coum-capou, maison principale, école et dispensaire.
1862. — Personnel : religieuses quinze, dont deux bulgares et
une arménienne ; aumôniers : les Pères Augastins de l'Assomp-
tion. — École. Quatre-vingt-quinze élèves, dont vingt-cinq
latins, cinq arméniens catholiques, quarante et un grecs ortho-
doxes, vingt-deux arméniens grégoriens, un musulman. — Dis-
pensaire. On y reçoit au moins deux cent ciaquante malades
par semaine. Les Sœurs visitent aussi les malades à domicile.
Ces soins donnés aux malades font le plus grand bien.
2° Fener-Baghtché, ou Phanaràhi. Personnel : deux reli-
gieuses. — École. Élèves vingt-deux, dont onze latins, dix
arméniens catholiques.
Les Sœurs Oblates de l'Assomption ont dans le Vicariat apos-
tolique de Constantinople six autres maisons. Partout elles s'oc-
cupent des classes et soignent les malades.
r>' Google
s VII.
Sœurs Franciscaines de Calais. 1886.
Les Sœurs Fraociscalaes do nord de la France remontent an
xHi* siècle. Elles se dévouaient surtout an soin des malades
dans les hôpitaux, et à l'éducation des enfonts pauvres. Après
la Révolution française, il n'en restait plus que quelques mai-
sons, qui après avoir vécu péniblement résolurent de se réunir
en une seule Congrégation. L'union fut effectuée en 1853 : alors
le noviciat central fut ouvert et la maison-mère établie à Ca-
lais. Depuis cette époque l'Institut a prospéré : il a de nom-
breuses maisons en France, & l'étranger, et surtout an Portugal,
et dans les Missions.
Parmi toutes les œuvres de charité qui existent à CP., il en
manquait une : celle des garde-malades à domicile. Les Pères
Capucins de St-Louis songèrent à en appeler et s'adressèrent
pour cela aux supérieures de cet Institut, qui leur en envoyèrent
en octobre 1886. Cette fondation, comme nous l'avons remarqué
ci-dessos, avait été préparée par an comité de patronage, com~
posé de laïques intelligents et charitables. Après quelque temps
de souffrance, les Sœurs Franciscaines ont pu, grâce aux sa-
crifices de la maison-mère, acheter une propriété convenable,
rue Tom-tom, auprès de l'ambassade de France, et s'y établir.
Ces religieuses suivent la Règle du Tiers-Ordre régulier de
St-Francois, et des Constitutions approuvées par le St-Siège.
L'Institut a été depuis plusieurs années approuvé par le Souve-
rain Pontife.
Personnel : onze Sœurs ; aumôniers : les Pères Capucins.
1° Le soin des matattes à domicile. Les familles ne peu-
vent pas toujours soigner elles-mêmes les malades qui leur sont
chers, et elles ne veulent pas non plus les envoyer dans les hô-
pitaux, aussi le ministère des Sœurs gardes-malades est-il très
apprécié. Elles vont dans toutes les familles sans distinction de
nationalité ou de religion.
r>' Google
2" Dames âgées ou infirmes. Elles reçoivent dans lear mai-
son quelques dames âgéee ou infirmes. Elles peuvent y être au
nombre de dix.
3° Orphelînat.Eliea ont accepté aussi quelques enfants (douze
au plus) qu'elles forment au travail toMiuel, tout en leur don-
nant une éducation simple et modeste, en rapport aveo leur po-
sition future.
4° Mission de St-Louts. Pour s'associer aux travaux de la
mission des PP. Capucins de St- Louis, elles se sont cliargées de
l'entretien de la lingerie du séminaire, et de ceUe de la sacristie
et de l'église ; au besoin elles soignent les enfants malades dans
l'infirmerie extérieure.
§ VUI.
Petites Sœurs des Pauvres. 1893.
Les Petites Sœurs des Pauvres sont trop connues pour qu'il
soit besoin de mettre ici une notice sur leur Institut. Elles sont
trop récentes à CP. pour qu'elles y aient déjà une histoire. Elles
ont été appelées dans la ville par un généreux bienfaiteur et éta-
blies en deux maisons de bois à Féri-lceui. Elles ont été bénies
à leur arrivée par Mgr Bonetti, vicaire patriarcal, sont vues avec
bienveillance par la population de toute religion et de toute na-
tionalité. Elles ont déjà commencé leurs quêtes ordinaires, sans
trop de difTicultés.
Personnel : buit Sœurs, huit vieillards.
Communautés religieuses de femmes.
Filles de la Charité Maisons 10 Sœurs 148
Sœurs N.-D. de Sion
Sœurs de l'Immaculée Goncep. d'Ivrea.
Sœurs Franciscaines de Gémona. . . .
Sœurs Dominicaines de Mondovi . . ,
Sœurs Oblates de l'Assomption ....
Sœurs Franciscaines de Calais
Petites Sœurs des Pauvres
Il n'y a aucune communauté de religieuses contemplatives ;
toutes sont occupées aux œuvres de charité ou de zèle. Quelques-
unes des sœurs sont originaires du pays, mais la plupart vien-
Deat de Chrétienté.
SI
a
—
95
3
—
31
3
—
24
3
—
11
2
—
26
1
—
11
i
-~
8
364
çGoogle
Gomme il y a 306 prêtres ou religieux, il se trouve donc en
tout dans CoustautiQopIe 306 + 356 = 663 persouues portant
le costume ecclésiastique ou religieux, du rite latiu.
Écoles des ftUes.
' u nj I n j (Externes ... SIS
I /Orphelines . . 40
_ i Externes . . . 4*6
r'''^"'" Ouvrière.... 50
Filles de la Charité .
I Bebek
S.~D. de la Paix
.'si.J03ephdeTcho-(''''P''"'"'^'
' Externes .
qour-bostan .
J Artigiana .
■ ' Pensionnaire:*.
I I Orphelines . . 43
St-Ueorges Pensionnaires. 45
I ' Externes ... 40
l'Scutari 118
y r.xwrncs . . .
I Panculdi ' Demi'pension.
l ( Orphelines . .
1 . ( PlfiV^H
SS. de N.-D. (le Sion ' Ecole paroissialp . . ";
1 / Ouvrières . . .
/ i Internes. . . .
Kadi-keui t Externes . . .
' Orplielines . .
Dominicaines
SS. Obbtes de TAssomptio
SS. Franciscaines de Gémoi
IMakri-keui . , .
' jlédi-koulè. . . .
jCoum-capou . . .
■/Fener-bagli tollé.
/ Internes. . . .
) jvïlernes pay.
I Demi-pension.
\ Prinkipo .
ipéra. . . .
SS. de l'Immaculée Concep, |
(Internes. . .
' ) Externes . .
I „ , , . , I Classes . . .
('""■'"'-''•"•' |a«I. ....
SS. Franciscaines de Calais Orphelines .
Tolal général 3.577
r>' Google
Récapitulation.
Il résulte donc du tableau ci-contre qu'il y a dans les écoles
catholiques deConstantinople :
Garçons 2.294
Filles 3.577
Tolal , . . 5.871
Sur ces cinq mille huit cent soixante et onze enfants fré-
quentant nos écoles, trois mille cinq cent soixante-diz-sept
filles et quatre cent quarante et un garçons fréquentent les
classes des Sœurs, soit en tout quatre mille dix-huit; et mille
huit cent cinquante-trois seulement les classes des religieux.
Environ un tiers des enfants n'appartiennent pas ù la religion
«atholique. Nous avons noté, quand nous l'avons su, le nombre
^des non-catholiqnes qui sont dans certaines classes.
Relativement aux congrégations, nous remarquons que les
Frères des Ecoles clirétiennes ont mille quatre-vingt-six élèves,
les Filles de la Charité mille neuf cent quarante-deux filles et
trois cent dix-huit garçons, en tout deux mille trois cent soi-
xante enfants. Les Sœurs de N.-D. de Sion reçoivent dans leurs
classes sept cent cinquante-neuf jeunes filles.
Nota. Nous ne parlons pas ici des autres écoles catholiques
qui ne sont pas « Latines ». Les Arméniens ont trois collèges,
un séminaire, des écoles populaires pour le^ garçons, et de nom-
breuses écoles pour les filles.
Les Pères Géorgiens et les Sœurs de la même nation ont aussi
leurs écoles, etc., elc.
r>' Google
CHAPITRE VI.
(EUVRGS LAÏQUES DE CHARITÉ ET DE BIENFAISANCE.
La charité étant la première des vertus chrétiennes, elle ne
doit pas fleurir seulement chez les prêtres on dans les commu-
nautés religieuses d'hommes ou de femmes. Elle doit aussi se
développer au milieu du -monde parmi les chrétiens du siècle.
La ville de Gonstantinople nous en fournit une preuve évidente.
Les associations, ou instituts de charité n'y sont pas nouveaux :
nous en avons signalé plusieurs dans son histoire, cependant ce
n'est point par celles-là que nous commencerons notre énumé-
ration, mais bien par celles qu'elles ont empruntées à nos
contrées occidentales.
Nous énumérerons d'abord celles qui se relient à l'apôtre de
la charité, St Vincent de Paul, car elles forment le faisceau le
plus considérable et le plus puissant.
M.
Associations charitables qui se rattachent à St Vincent
de Paul.
1» Conférences de St-Vincent de Paul.
L'établissement des Conférences à CP. remonte assez haut,
n date de 1846, et la première pensée, comme aussi l'organisa-
UOBj en sont dues à M. Bore, supérieur des Lazaristes de CP.,
r>' Google
— 485 —
mort depuis sapériear général de l'Institut des Prëtrea de la
Mission et des Filles de la Charité.
La première fut constituée le 6 mars 1816, à l'issue de la
messe, et les premières élections lui donnèrent pour président
M. David Glavany, pour vice-président M. de Bonnant, et poor
secrétaire M. Ë. Bore. Le 3 mai, elle était agrégée par le conseil
central de Paris, et rendue participante de toutes les faveurs
spirituelles accordées par le Souverain Pontife à l'Institution.
Les premiers commencemeots fturent remplis de zèle : ainsi,
dès le mois d'avril, elle commença la publicati<Mi des Annales,
qui ne furent pas continuées. En novembre, elle fonda deux lits
à l'hépital de Péra ; mais après divers essais, les malades ne
goûtant pas ce moyen de secours, on dut y renoncer. Elle éta-
blit ensuite une bibliothèque, mais après quelques années les
livres furent dispersés et il n'en reste pas de trace. Elle fit di-
vers autres essais qui ne furent pas poursuivis, soit parce qu'ils
ne répondaient pas à un besoin réel, soit parce que l'esprit de
suite manquait à ses membres.
Les réunions se tenaient tantôt à St-Benott, tantôt chez le
président ou chez l'un des membres. Pendant longtemps ce fat
dans le couvent de St-Àntoine. Aujourd'hui elle est fixée à St-
, Benoit. Elles étaient généralement assez suivies, mais on y
constatait néanmoins de grandes irrégularités. Les Conférences
elles-mêmes subirent des phases très diverses, et furent parfois
sur le point de disparaître. A d'auires moments nous voyons au
contraire plusieurs Conférences, une à St-Benolt, une à Pan-
caldi, une autre pour les allemands, sans compter celle des as-
pirants.
Actuellement la Conférence compte vingt-huit membres actife
ou souscripteurs. KUe a commencé, en 18'73, un compt&rendu
annuel de ses œuvres, le premier a été fait par M. Belin. Ses
œuvres actuelles sont l'assistance des pauvres et la visite des
femilles. Le nombre de ces familles est régulièrement de cin-
quante-buit. Elle donne des aliments, des vêtements, du char-
bon, etc. Elle entretient des orphelins à N.-D. de la Paix et à
Tehoqour-Bostan. Elle n'a pas d'autres ressources que les con-
tributions des membres et le produit d'une quête faite après un
sermon de charité pendant le carême. Elle a dépensé depuis son
origine 23,000 fr. ■
r>' Google
Le bien moral qu'elle a opéré est plus considérable encore :
c'est elle qui a commencé h grouper les hommes chrétiens qui
avant cela ne se connaissaient pas comme tels ; elle a coatribuè
à donner l'élan à toutes les autres œuvres catholiques. A elle
appartient aussi l'initiative de la retraite des hommes, qui se
prêche chaque année pendant le carême et qui fut inaugurée par
M. Salvayre, en 1871.
2" Conférence des asptninls, au collège St-Benoît.
Elle fut fondée en 1873, et elle est formée des élèves les
mieux notés du collège. En faire partie est une récompense jus-
tement appréciée. Son but est de soulager les pauvres, et d'i-
nitier les jeunes gens h la pratique de la charité.
De 1873 à 1877, elle essaya ses forces en patronant des en-
fants orphelins, en habillant des enfants pauvres, en faisant la
classe k une quarantaine de petit» enfants abandonnés, en dis-
tribuant ses petites aumônes. Enfin on 1877 elle adopta quel-
ques familles et commença la visite régulière des pauvres.
Chaque semaine elle a ses séances où l'on disente les intérêts
des pauvres, «liaque semaine aussi deux membres de la Confé-
rence, ù tour de rôle, vont, sous la conduite d'un directeur,
visiter les familles adoptées, et porter des bons de pain, de
riz, de viande, de charbon, d'habits, etc.
Le nombre des membres actifs est de trente, celui des fa-
milles assistées de douze.
Depuis son organisation définitive, elle a assisté par an
soixante-dix-huit familles et dépensé environ 800 fr. par an.
Les membres de la petite Conférence passent naturellement dans
la grande.
3" Société Tinio-catholique. 187i.
Cette société, essentiellement catholique, a un. double but :
le maintien des pratiques religieuses tant parmi ses membres
que parmi les personnes étrangères qui sont dans le rayon de
son influence \ et ensuite le secours mutuel de Ses membres en
cas de maladies ou d'autres accidents.
Elle tient ses séances à St-Benoit,sous la direction d'un mis-
r>' Google
sioimaire, et Fait ses fêtes à l'église de la Mission. Cette excel-
lente société a aujourd'hui soixante membres, presque tous
chefs de familles nombreuses.
ASSOGIATIOS'^DE DAMES, DEST-VÎNCENT DE PAUL.
1' Association des Dames de charité de Péra,
fondée le iS février 1847.
Cette association, comme toutes celles du même genre, a
pour but de venir en aide aux pauTres dans toutes leurs néces-
sités.
Elle compte cent trente-sept Dames, sous la présidence ordi-
naire de Mme l'Ambassadrice de France à Constantinople. Elle
assiste régulièrement cent quatre-vingt-quatre familles.
Depuis sa fondation son bilan est :
Familles assistées régulièrement 7.122
» t extraordinairement . . . . 5.61S
Malades secourus et médicaments 15.284
Visites aux pauvres et aux malades .... 199,350
Sommes dépensées pour les pauvres .... 741.000
Baptêmes en neuf ans 99
Mariages réhabilités 4
2° Association des Dames de charité c
fondée le 18 février 1847.
■>, Qaiata,
Elle compte soixante-dix-sept membres et elle assiste régu-
lièrement quatre-vingts familles.
Bilan depuis la fondation :
Familles assistées régulièrement .
B » extraordinairement
Visites aux pauvres et aux malades
Portions aux enfants pauvres des classes.
Sommes dépensées pour les pauvres
Baptêmes en dix ans . . . . .
Mariages réhabilités
2.584
2.934
40.800
73.842
187.000
55.
,dbvGoogle
3' Association des Dames de charité du Taqcim,
fotuiée en 1853.
Cette association a pour bat principal le soin des pauvres
malades délaissés. Elle compte cent cinquante-deux Dames et
secourt annuellement cent vingt malades.
Bilan depuis sa fondation ;
Malades reçus et médicaments 2.430
Dépenses faites pour ces malades 177.610
i," Association des Demoiselles Patronnasses de la crèche,
fondée en 1872.
Cette association, composée de jeanes demoiselles, a pour
but de soutenir l'œuvre des enfants trouvés. Elle compte cent
une patronnesses et elle entretient chaque année en moyenne
cent vingt-cinq enfants.
Bilan depuis sa fondation :
Enfants recueillis 560
Dépenses faites pour leur entretien 378.500
Si à ces chiffres de l'association des Patronnesses de la crèche,
on ajoute ceux de la crèche elle-même, on arrive au chiffre de
Enfants recueillis 1.097
6° Patronage des enfants pauvres des classes du Taqcim,
fondée en 1872.
Cette œuvre a pour but de venir en aide aux enfants pauvres
qai fréquentent les classes du Taqcim, en les habillant, en les
nourrissant, en leur donnant le moyen de fréquenter l'école et
le catéchisme. Elle compte une cinquantaine d'associées et pa-
tronne cent vingt enfants.
Bilan depuis sa fondation- :
Enfants patronnés 1.490
Dépense 44.965
r>' Google
Bilan général des huit associations de Charité
de SI- Vincent de Paul.
Enfants recaeillis par la crèche 1.097
Enfants assistés par le Patronage 1.490
Malades soignés et médicamentës 18.000
Familles assistées (cinq membres en moyenne). . 21.000
Portions aux enfants pauvres des classes. . . . 73.843
Visites aux pauvres et aux malades 343.500
Sommes dépensées (chifîre net). . . , . fr. l.SOO.OOO
GLOmE A. DlEO I
C'est ainsi que les prêtres de la Mission terminent le compte-
rendu de leurs œuvres, envoyé au Souverain Pontife, à l'occa-
sion de son jubilé, (c'est là que nous avons pris les chiffres qne
nous avons donnés,) c'est ainsi qne nous terminerons nous-
mêmes cet exposé de ce qui se fait pour le bien des Ames et des
corps, sous l'inspiration de St Vincent de Paul.
GLomE i. Disc !
SU.
Autres Associations charitables.
i" Confrérie de Ste-Anne.
Cette confrérie, reste d'une antique institution, f^t d'abord
établie dans la chapelle de la Sainte, en St-François, puis
comme nous l'avons dit, transférée à St-Benolt, enfin reconsti-
tuée dans l'église de Ste-Marie Drapéris.
L'existence de cette confrérie à St-Benolt et la pratique des
exercices de la confrérie, dans cette église, sont attestées par
les Mémoires de la confrérie en date de février 1798 ; ces céré-
monies, les mêmes qui, selon l'antique usage, étaient pratiquées
à St-Fran$oi3, consistent dans le lavement des pieds, le Jeudi-
r>' Google
— 490 —
saint, la procession de Pâques et la messe patronale, où l'on
prononce le panégyrique de Ste Anne. L'office religieux du jeu-
di-saint terminé, les prieur, soos-prieur et assistant, ces deux
derniers en aubes et en cape jaune, entrent dans le chœur ; au
même instant, un sous-diacre lit l'épître du jour; puis, un
diacre, précédé de la croix et des acolytes, monte en chaire, et
y lit l'évangile ; au fur et & mesure de la récitation des paroles
évangéliques, le prieur revêt l'aube, la ceinture, le cordon et la
serviette ; et, accomplissant successivement les actes que nous
venons d'énumérer, lave les pieds à douze enfants ; les membres
de la confrérie distribuent des pains à chacun d'eux, même à
l'assistance, et entonnent ensuite le Stabat Mater, k la porte
de l'église, est suspendu un tableau portant le nom des prieur,
sous-prieur et des douze apôtres ou conseillers ; l'un des
membres de la confrérie reçoit les aumônes, pour les pauvres.
On peut être porté à dire, avec quelque raison, que la céré-
monie dont il vient d'être parlé, est la conlinuation,par le prieur
de Ste-Anne, d'un usage pratiqué, antérieurement, par le po-
destat et le conseil des magistrats de la colonie génoise de Péra.
Le jour de Pâques, les membres de la confrérie, mais < sans
cappe, » portent une châsse d'argent massif, contenant l'image
du ï Rédempteur ressuscité'. >
La confrérie, qui a aussi sa bannière, possède dans sa cha-
pelle, à St-Benoit, à droite du mattre-autel, un a.ssez grand ta-
bleau de la Ste Vierge, peint sur toile, et enfermé dans un cadre
intérieur d'argent. La tète de la Vierge, nimbée d'or et cou-
verte d'un voile tombant sur le front, est noire ; les mains de
l'enfant Jésus, qu'elle tient appuyé sur son bras gauche, sont
d'un ton bistré ; on attribue à cette image, rapportée, dilnin, ab
anttquo,A& Trébizonde, où la confrérie aurait pris naissance,
certains miracles, opérés sur les malades chez lesquels on la
portait autrefois.
A gauche de l'autel, côté de l'évangile, se trouve le tableau
de Ste Anne, entièrement d'argent, sauf la tète et les mains
jointes, qui seules sont peintes, et d'un ton également bistré :
au côté opposé de l'autel, le tableau de 3t Joachim est exacte-
I Cette procession est citée dans une plainte de la Comunil'i au Saint-
Père contre Mgr de Spiga.
r>' Google
— 491 —
ment dans les mêmes conditions. Ces deux tableaux paraissent
être de la même époque que ceiui de la Vierge.
En haut et au milieu du fronton de l'autel, se trouve encore
an tableau de St Nicolas, dont la confrérie célèbre également la
fête. Ob y voit aussi une image de St Itoch, invoqué contre la
peste.
La fête patronale de Sfe Anne est célébrée solennellement le
26 juillet.
Le P. Tarillon, Jésuite, nous fournit sur celte confrérie et ses
usages tels qu'ils existaient à St-Benolt, en 1713, les détails
suivants, assez singuliers :
€ Les latins de Péra, dit le Père, ont aussi, dans l'église de
la mission, leur association des Pénitents, on confrérie de
Sle-Anne, établie depuis cinq à six siècles'. Cette confrérie a
des privilèges assez singuliers : les confrères ont le droit de
chanter l'évangile, avec une ètole, comme les diacres-, et de
prendre du vin dans des vases, le jour de Pâques, après avoir
communié^. Elle n'était autrefois composée que des plus no-
tables catholiques du pays ; mais^ depuis plusieurs années, les
négociants français et vénitiens y sont entrés, et lui donnent un
nouveau lustre :
t Cette confrérie possède un riche trésor qu'elle a toujours
conservé, malgré toutes les révolutions arrivées dans cette ville :
ce trésor est une épine de la couronne qui fut mise sur la tête
de Jésus-Christ. Cette précieuse relique est vérifiée par les
certiflcals et lès pièces les plus authentiques, et donna lieu
à la procession qui se fait, depuis longtemps, ta nuit du
samedi-saint et le jour de Pâques; en voici tout l'ordre et
l'arrangement : La procession sortit de notre église, vers les
deux heures du matin et n'y rentra qu'à quatre. Une nombreuse
troupe de violons, de haulbois,de trompettes, de cors de chasse,
•choisis dans les palais des ambassadeurs, marchoit à la tète, et
faisoit retentir toute la ville du bruit des instruments : tout
1 Loc. lau'l.. V, 25 à 30S.
^ \ t'une des cérénionies auxquelles j'ai assisté, c'était, comme je l'ai dit
plus haut, un prêtre qui, en chaire, fit lecture de l'évangile.
^ A la première communion, j'ai tu ausBi. dans une paroisse de Péra,
donner à boire de l'eau aux entants, après la consommation des saintes e^
çGoogle
cela prëcédoit trois riches bannières, qui étotent environnées et
éclairées par une vingtaine de torcbes allumées ; les bannières
. ètoient suivies de tous les confrères au nombre d'environ deux
cents, qui marchoient deux à deux, et qui portoient tous un
flambeau. Leur habillement consiste en une espèce d'aube de
toile blanche et âne ; il y avoit au milieu des rangs, à une dis-
tance raisonnable, deux choeurs de musique, à la façon du pays,
qui ne laisse pas d'avoir quelque chose d'harmonieux ; ils se
répondoient l'un à l'autre, après avoir laissé aux instruments
le temps de se répondre.
< Paraissoit ensuite un autel portatif, magnifiquement orné,
entouré d'une cinquantaine de cierges et de presque autant de
flambeaux ; sur cet autel, s'élevoit une résurrection, dont le
travail m'a paru assez beau ; c'est une image de Jésus-Christ
ressuscité, qui est placée dans une espèce de rotonde, dont le
' dessus est soutenu par plusieurs colonnes : le tout est d'ar-
gent ' ; on voyoit autour de cet autel, huit gros fanaux dorés et
ornés de sculptures.
t Venoit après, le clergé, composé des cordeliers, des récol-
lets, des trinitaires, des dominicains, tous en chapes, et des jé-
suites, en manteaux longs.
( Le dais, qui est d'un beau damas blanc, à grandes franges
d'or, avec une magnifique crépine, étoit porté par le prieur et les
trois principaux oÉBciers de la confrérie, habillés de blanc,
comme le reste des confrères. Cette relique, qui consiste en une
petits branche, revêtue d'or, est enfermée dans une coupe de
cristal, dont le couronnement et le pied sont de vermeil. Le
dais étoit environné de quelques prêtres en dalmatique, d'an
grand nombre de flambeaux, et de quatre confrères, qui por-
toient de grands vases d'argent, remplis d'eau de rose, dont ils
arrosoient les assistants -. La procession étoit fermée par une
vingtaine de confrères et par les principaux officiers, qui tous
avoient un flambeau.
1 Cette même Résurrection est portée encore actuellement (1S73), par les
confrères de Stc-Anne, ilaos l'enclos de St-Beno[t, à la proceEsioii du jour de
PAques.
» J'ai encore vu cet usage pratiqué (1872), dans les églises grecques, le
vendredi-saint ; en entrant dans l'église, les visiteurs sont aspergés d'eau de
rose, par les personnes placées, ail hoe, & la porte du temple.
çGoogle
— 493 —
< Les arméniens avoient demandé avec instance que la pri}-
cession se détournAt, pour passer devant nne de leurs églises ;
CD accorda cette grâce k l'ëvèque de cette église, qui reçut la
procession, lorsqu'elle passa devant le temple ; il ètoit en chape
et en mitre ; plusieurs prêtres de son clergé l'accompagn oient,
et étoient précédés par une cinquantaine de flambeanx. La
procession s'arrêta quelques moments ; un de nos diacres chan-
ta l'évangile du jour, et l'oraison du patron de cette église ; le
prélat s'approcha ; je lui présentai la sainte-épine, et il la baisa,
avec une profonde vénération... Le lendemain,jo«r tfe Pâques,
de grand matin, ils reviennent (les confrères de 8te-Anne) faire
une autre procession, le long des principales rues de Galata,
avec la croix haute, et chantant des hymnes ; de tout temps, ils
ont eu cette permission. Les Turcs qui se rencontrent sur leur
chemin, sont les premiers h s'arrêter et à donner des marques
de leur respect. >
Cette procession continua, sans doute, d'avoir lieu jus-
qu'en 1749,époque, on l'a vu plus haut, oi!iles processions noc-
turnes furent interdites, à la demande du capilan-pacha.
Quant à la sainte relique, il résulte des renseignements dont
je suis redevable à Mgr Testa, vicaire-général, camérier du
Souverain-Pontife, qu'elle se trouvait à St-François, lors de
l'incendie de cette église, en 1696 ; elle fut sauvée des flammes
par l'un de ses aïeux ; puis, des différends étant survenus entre
sa famille (Charles Testa) et.la confrérie, la cause fut portée i^
Rome, où il fut décidé que la relique resterait aux mains de
ceux qui l'avaient conquise au péri] de leur vie. Cependant, le
possesseur de cette relique consentit à la prêter, le vendredi-
saint, pour la procession d'usage, à la condition qu'un prêtre de
St-Benolt viendrait la prendre et la rapporter chaque fois. Cette
condition n'ayaqt pas été remplie du vivant du père du vicaire-
général actuel, il se refusa à la prêter désormais. Au-dessous de
la relique, à côté de laquelle se trouve aussi un morceau de la
vraie croix, il y a, dans un double fond du reliquaire, les docu-
ments attestant son authenticité, comme il est dit dans le rap-
port précédent do père Tarillon.
St-Benolt possède présentement une autre sainte épine,qu'on
porte, processlonnellement, dans l'église, à l'issue des ténèbres,
le vendredi-saint ; elle est également présentée à la vénératioa
r>' Google
— 494 — •
des Ûdéles, le jour de Pâques, après la procession de la Résur-
rection, par la confrériede Ste-Aime.
Les église? de Ste-Marie, à Pêra, et du Saint-Esprit, à Pan-
caldi, ont aussi, chacune, une relique de la sainte épine,exp03ée
h la véntîration des fidèles, le vendredi-saint, à l'issue des té-
nèbres.
Les grecs ont conservé l'usage de la procession le vendredi-
saint; le 9lî avril i872, vendredi-saint, ancien style, je me trou-
vai sur le passage de la procession sortie de l'église giecque de
St-Jean, àGalata', k six heures de l'après-midi, et se dérou-
lant, au milieu d'un grand concours de peuple,' dans les ruos
avoislnant l'église ; le clergé, précédé de la croix, entourée des
• csefteria, < emblèmes des chérubins, > de riches bannières et
lanternes, portait, sur une espèce de dais, porté par quatre
prêtres, l'image du Christ mort, reposant sur ce dais, symbole
du saint tombeau. Le clergé de l'église voisine, dite du Christ,
se porta sur le passage de la procession. — La même procession
ae fait, dans léglise épiscopale de Pèra, dans l'enceinte du
cloitre, autour du temple, sans sortir au dehors.
Ces détails que nous avons donnés sur une ancienne et véné-
rable association ont surtout un intérêt rélrospectif et histo-
rique et nous transportent au Moyen-Age, ou du moins à l'an-
cien régime. La confrérie de Sle-Aune s'est conservée : elle a
subi, selon les temps, différentes phases de prospérité, de dé-
cadence et de renaissance. En dernier lieu, elle se serait éteinle
en 1840, pour se reconstituer, sous une nouvelle forme, le 13 d^--
lembre 1856, jour de la première réunion de la nouvelle société.
L'associatiim de St-Jean- Baptiste, chargée, après l'extinction
de celle de Ste-Ahne, du soin de l'hôpital tien pestiférés de
Pcra, au Taqcim, avait conservé une ombre d'existence par la
perception du loyer de son ancien hôpital, loué aux sœurs de
charité. Conservé scrupuleusement, puis accru, dans une pro-
portion considérable, par le prix de la vente de ce même hôpi-
tal, faite à la France en 1862, te montant de cette location finit
par former un capital important qui permit à l'ancienne société
de se reconstituer à nouveau. Elle se compose, actuellement, de
I L'ancienne é^'ise de St-Spiridion, cédée aux Chiotes, et dont il a été par-
lé plus haut- ([jitinité de l'éra-Ualila, note.)
çGoogle
— 495 —
deux sections, comptant chacune dix-huit familles, l'une pour
Galata, dite plus spécialement de Sle-Anne, l'autre pour
Péra, dite de St- Jean-Baptiste. Chaque section est dirigée par
un syndic ou président-senré taire, ;issisté d'un ou deux délé-
gués, chargés de la distribution des secours. Au moyen de ses
ressources, sagement administrées, l'œuvre pourvoit à l'entre-
tien des orphelins du choléra, au soutien des aliénés, à l'éduca-
tion de jeunes fllles placées dans les pensionnats religieux, à
l'entretien de malades, dans l'hôpital dn Taqcim ; de vieillards,
dans l'hoipice de V Artigtana ; et à l'assistance de pauvres hon-
teux. Elle a acheté, à Feri-keui, non loin du cimetière catho-
lique latin, un terrain où l'on avait projeté de construire un
hôpital; sans renoncer A ce projet, la société a fait élever, sur
ce terrain,un certain nombre de maisonnettes bâties en briques,
pour y donner asile, provisoirement, aux victimes de l'incendie
du 5 juin 1870.
Les confréries unies de Ste-Anne et de St-Jean-Baptiste ont
depuis quelques années transporté le siège de leurs réunions à
l'église de Ste-Marie. Nous regretton-s vivement do ne pouvoir
donner de détails sur l'état de la confrérie depuis sa translation
à Ste-Marie. Elle y continue ses cérémonies de la Semaine-
Sainte et du jour de Piiques et a encore ses œuvres de charité.
2" Association commerciale et artisane de piété.
Fondée le 1'^' janvier 1838, par les latins de Péra, à l'instiga-
tion zt'Iéc et efficace de M. Oiacomo Anderlich, cette associa-
tion, entièrement séculière, possède à Pancaldi, vis-à-vis
l'École impi'riale militaire, un hospice composé de quarante-
deux petites maisons, où l'on reçoit les veuves cliargées de fa-
mille, les vieillards et les infirmes hors d'état de gagner leur
vie. L'association, selon les statuts, datés du 10 mars 1844,
assiste toutes les infortunes, sans distinction de culte ou de
nationalité ; et elle dispose d'un revenu annueî d'environ cent
mille piastres. — En outre des cotisations d'admission et de
chaque mois, les associés doivent faire la quête aux jours de
fête, au moins une fois l'an, en faveur de l'ceuvre, à la porte des
églises.
L'administration de l'hospice avait été d'abord absolument
r>' Google
l^qae et civile ; mais, poor faciliter le service et pour écono-
miser les reasources, le conseil d'admimstration, après une
entente avec Mgr Pluym, vicaire patriarcal, en remit la direc-
tion aax -Filles de la Charité. La chapelle de l'hospice est placée
sous l'invocation de N.-D. Àuxiliatrice, et célèbre sa fête le
34 mai.
Pour les détails statistiques de l'hôpital de l'Artiglana, voir
f les établissements dirigés par les PÏUes de la Charité. »
r>' Google
CHAPITRE VII.
LES HOPITAUX CATHOLIQrES, ANCIENS ETMODEBNES.
Nous avons vu au Chap. VIU, § III, de la 2* Part, que les
hôpitaux catholiques sont fort anciens à CP. Leur nombre a été
encore augmenté de nos jours, à mesure que la charité chré-
tienne a pris de nouveaux développements. Aux hépitaux reli-
gieux se sont venus joindre les établissements nationaux : nous
ne parlerons de ces derniers qu'autant qu'ils se rattachent à
notre sujet, à cause des religieuses qui les desservent.
SI-
Hôpitaux anciens, pour la plupart disparus
oti fondus en d'autres.
1° Hôpital de St' Jean (confrérie de St-Jean-Baptiste).
Cet hfipital, le même que celui dit, autrefois, < des Latins s
ou « des Peyrotes, » et qui, aujourd'hui, n'existe plus, par suite
de la vente faite à la France en 1862', aurait été créé par la
Comunità di Péra vers 1669 -. Cet hôpital fut alors géré et
administré par la confrérie de St-Jean-Baptiste, issue de celle
de Ste-Anne, probablement à l'époque où l'hôpital San-Giovan-
ni fut transféré de Galata à Péra,
' Voyez plus bas, Hôpital français,
« Cf. procô»-vefbal du 13 mare 1669. (Comunità di Péra.J
y,'G00g\il
Il recat une nouvelle organisation en 1762 ; et, à cette date,
un sieur Dantan ' en fut le procureur ou syndic.
En 1767, il s'accrut de la partie de t l'hdpital St-Louis, > ■
dont on fit l'acquisition *.
Dans un Hu^jetde 1174=1760, cethdpital, dilAfrendJ oda-
lacy, t Chambres des Francs > se composait de sept chambres
k l'étage supérieur, et de deux à l'étage du bas avec dépen-
dances pour le service. Il fut transféré alors, du nom de Bap-
tiste Navoni, drogman de Venise, à celui de Bartliélemj- Testa,
drogman d'Autriche.
Dans le rachat de cet immeuble par la France, en 1862,il est
désigné, dans l'acte de transfert, sous le terme de Khastalar
odacy < les chambres des malades >. En 1793, cet hépital était
dit par la Comunità : t ospedale dei pestiferati, > ou c di San
Giovanni, vicino al campo degli morti >. Il est désigné par les
documents français du temps : « hôpital des catholiques de Fe-
ra ; hfipital StJean des Peyrotes ; > et par Carbognano : c ospe-
dale degli appestati del rito latioo. »
En 1817, MM. Gaspard Testa et Auge Dantan en étaient les
procureurs.
Lors de l'exhumation générale du cimetière latin des Grands-
Champs, à Péra, on y a trouvé des pierres funéraires portant '
les inscriptions suivantes :
1815. Joannis di Porta, miss. Capellanus hospitii Sti Joannis
Baptistœ pestiferantium.
1834. D. Giorgio RiGo, di Tine, capellano dei pestiferanti.
Ces deux 'pierres ont été transportées dans ia «rypte de l'é-
glise du St-Esprit.
La conMrle de St-Je&n-Baptiste qui, d'ailleurs, n'existait
plus que de nom, depuis longtemps, s'est fusionnée, en 1856,
avec celle de Ste-Anne.
- 1 La famille Dantan a fourni au drogmanat français da Levant plai d'un
sujet distingua.
! Voyez plus bas, Hôpital français.
çGoogle
2° Hôpital Sf-Benoîi, ou St-Louis, Hospice des Latins.
Hôpital de St-Benoît. — La fondation de cet hfipital fut, on
l'a vu plus haut, l'un des motifs mis en avant pour s'opposer
au rétablissement des jésuites, dans St-Benoit, à leur seconde
mission, en 1609; mais le Souverain-Pontife n'ayant pas paru
accueillir ces prétextes, on en vint à une sorte de compromis :
les Pères furent réinstallés dans l'abbaye; mais, de leur côté,
ils acquiescèrent à l'établissement de l'hôpital. Les Capitula-
tions de 1673 mentionnent aussi cet hôpital dans les termes
ci-après, rapportés dans celles de 1740 ; « On n'inquiétera pas
les Français... quand ils liront l'évangile, dans leur hôpital de
Galata. »
On lit également dans Chardin' «que l'ambassadeur (de
France) sera reconnu protecteur de {'hôpital des chrétiens eu-
ropéens, qui est à Galata, et y pourra faire dire la messe. »
En juin 1697, les députés de la nation accordent une alloca-
tion « à dom Pelleyre, qui sert à l'iiôpital de St-Louis de Ga-
lata', pour louage de la maison servant d'hôpital, et pour
commencer au plus tôt, la fabrique nécessaire pour le rétablis-
sement d'iceluy. > Il résulte de la délibération prise à cet égard,
que l'hôpital St-Louis avait « esté brullé dans l'incendie gêné-
ralle de Galata, durant l'année précédente, 1696. » La restaura-
tion de l'hôpital fut effectuée et terminée en 1698, aux frais de
la nation^. « Un maître apothicaire de la nation française » fut
attaché à l'établissement en 1704 ; et, en 1717, « un médecin
chirurgien et pharmacien de la nation, fiit appointé par elle, i
Le locaî de l'hôpital se trouvait sur la droite du grand esca-
lier, conduisant de l'église à la porte de l'enclos ouvrant sur la
rne; parmi les redevances qu'ils acquittent encore aujourd'hui
{1870), les lazaristes paient au vacouf celle < des deux maisons
servant d'hôpital. » D'après un document de 1794, cet éta-
blissement portait alors le nom « d'hôpital de la République
française. >
' Loe. lawi., 1,63.
■ L'hâpital de St-Benolt eat désigna désormais sous le oom d'Aâpital St-
' Regittre de» délibérations natîonaleê.
çGoogle
— 500 —
Dans un document, de l'an VI (1798) de la république firan-
çaise, cet élablissement est dît : « hospice de St-Benolt de Ga-
lata. >
Pendant de longues années, l'hôpital resta h St-Benolt ; et il
avait pris, à une certaine époque, une telle extension, qu'une
partie même du local habité par les missionnaires était occupée
par les lits des malades. En 1825, sinon pins tôt, il fut trans-
féré dans la € casa vicariale di San Giorgio, » dont la nation ac-
quittait annuellement le loyer,et il yresta jusqu'en octobrel840;
il fut alors transféré au Taqcim de Péra. Tant à St-Benoît qu'à
St-Georges, l'hôpital fut administré par le second député ; le
□ombre des lits, qui était de huit en 1834, fut porté à douze
en 1840.
§11.
Hôpitaux nationaux catholiques.
i" Hôpital municipal.
Bien que cet établissement ne rentre pas directement dans le
cadre de notre travail, il peut cependant y trouver place, car il
est desservi par les sœurs de Charité. Fondé en 1865, par la
municipalité de Péra, à l'occasion du choléra, pour tous les
malades de la circonscription municipale, sans distinction de
culte, ni de nationalité, il compte présentement quarante-cinq
lits, sous la direction d'un médecin, M. le docteur Plessa ; les
soins y sont donnés aux malades,par les sœurs de Charité. (Voir
au Chap.V, § I, les détails sur cet hôpital.)
S" Hôpital austrO'hongrois . — Allemand catholique.
L'hôpital austro-hongrois fut fondé par le gouvernement au-
trichien, probablement en 1836 ; mais les registres que l'on en
a conservé ne remontent qu'à 1840. A cette époque il était établi
dans une maison située derrière le Taqcim, à Sultan-Tchechmè.
Cet hôpital, destiné principalement aux malades de la marine
austro-hongroise, a été établi depuis 1854, dans l'ancien cloître.
r>' Google
— 501 —
dit f petit conveDt des Capucins, > à SMleorges ; il compte
trente lits ; la direction est civile, et placée sous la haute sur-
veillance de l'ambassade impériale et royale ; les soins sont don-
nés aux malades par des infirmiers, sous la direction da mëde'
oin de l'ambassade austro-hongroise. Il a été uni au suivant.
3" Hôpital allemand-cathoHque.
Fondé eu 1869, par la f Société allemande de bienfaisance et
de secours, » rue Hammal-bâchi, vis-à-vis le palais d'Angle-
terre, cet hôpital comptait une vingtaine de lits, et était desser-
vi par trois sœurs de Charité (deux allemandes, une française).
Il a été détruit par l'incendie de Péra du 5 juin 1870 ! Les
administrateurs, MM. Runzler (Gustave), Krebs (Antonio) et
Sefïelders, qui s'étaient portés sur le lieu du sinistre, pour sau-
ver les malades, ont péri, ainsi que l'une des sœurs, victimes
de leur dévouement ! Le feu ayant déjà envahi la chapelle où
se trouvait le St-Sacrement, la sœur Marie, accourue de Tcho-
qour-Bostan au secours de ses sœurs en religion, invita la sœur
Joséphine Kûrth, flllede la Charité, et la sœur Flora Angélina,
ursuline, présentes, à faire, à genoux, leur acte de contrition, et
à communier ensuite en viatique! ces saintes filles consom-
mèrent ainsi les saintes espèces ; peu après, la sœur Joséphine
et' les généreux administrateurs étaient enveloppés par les
^mmes !... ils y trouvèrent la mort tîl... Les restes de ces hé-
ros de la charité ont été pieusement recueillis, portés à St-Be-
noit, et transportés, après le service funèbre, célébré à Ste-Ma-
rie, au cimetière de Feri-Keui. Quant à la sœur Marie, qui,
prenant dans ses bras un enfant qu'elle sauva du feu, put
rentrer à l'orphelinat, elle rendait son âme à Dieu cinq jours
après, au milieu de souffrances qui ne purent dompter son
courage et sa résignation !
Quatre malades, les nommées Prilschelschlager (Ida), Schick
et sa fille Anna, et Anna Schneider, eut péri dans les flammes.
La colonie allemande catholique a rétabli son hépital dans la
me Kmin-djami. Cet hôpital est desservi par des infirmiers
laïques. Le service religieux est fait par un P. Observantin, qui
réside à Ste-Marie. II sert en même temps d'aumônier à l'am-
bassade austro-hongroise.
r>' Google
4° Hôpital fYançais, civil et 7naritime,du Taqcim.
L'origine de l'hôpital que, suivant on ancien document, « on
avait transporté ' auprès des cimetières, > remonte au moins
à 1719; il fut fondé, à cette époque, sous le titre < d'hôpital des
Français de Péra, i et transformé, en 1734, sous celui « d'hô-
pital St-Louis, » ou ( d'hôpital des Français de la peste, à
Pèra ; > un autre aumônier était attaché à cet hôpital. L'aumô-
nier du temps rapporte que, sur cinquante malades « qui y
étaient entrés en 1719, il avait vu avec douleur que trois ou
. quatre d'entre eux seulement avaient échappé au Ûëau pestilen-
tiel. > L'hôpital, qui se composait, à cette époque, d'une seule
chambre, était entretenu sur la caisse nationale de l'échelle de
Constantinople '.
En 1720, il est augmenté de quatre chambres ; < une place
est réservée à l'autel, dans la galerie, non seulement pour la
consolation des malades, mais aussi pour maintenir le droit de
dire la messe dans l'hôpital, selon les capitulations. > Dans la
même année, un directeur est adjoint aux deux députés-admi-
nistrateurs.
Dès cette époque, l'aumônier avait la charge de curé, pour
l'intérieur de l'hôpital, ce qui a été confirmé par décret de
Mgr Mauri du 24 mars 1795.
En 1730, l'hôpital est augmenté par l'achat d'une maison
contiguti ; mais des réparations assez importantes ayant dû être
faites en 1766, M. de Vergennes, en vue de rétablir l'équilibre
dans le budget, propose, le 25 mai 1767, de vendre, pour
3,000 piastres, <c à l'hôpital des catholiques de Péra, dont ce-
lui-ci n'était séparé que par un mur, » la maison enclavée dans
< l'hôpital St-Louis ; » la proposition fut adoptée.
' Suivant une nota du Bureau dei ingénienra du i'j' cercle, en data du
9 Niçan 1290=1874, les terrains existant au Taqcim derrière l'hùpital, fai-
saient partie d'un o jardin du Taqcim, » créé par sultan Mahmoud 1, et sur
une parcelle duquel la Vacouf aurait fait bâtir des magasins aveo de nom-
brenaes chambrea, pour taa goa-ialdj/ui, i inspecteurs des eaux u et [es
taqqa u porteura d'eau u ainsi que des baraques, destinées â donner un
aaile spécial et provisoire aux pauvres et aux victimes des incendies ; le
reste aurait conservé le nom de « jardin du Taqcim. »
* Le titre de propriété de la partie oocou/'de ce terrain est du 12 rebl-ewel
1279^6 septembre 1862.
r>' Google
— 503 —
L'enclos de l'hôpital s'accrut d'un nouveau terrain de deux
cent quarante-six pics, dans la parlie longeant l'église armèno-
catholique de St-Jean Chrysostome.
Enfln, l'hôpital fut complètenaent transformé, le 12 octobre
1840, par la translation qui y fut faite alors, de l'hôpital fran-
çais de St-Georges, à Galata.
Un médecin et un économe, sous la surveillance des députés
du commerce, furent attachés à l'établissement; et ces derniers
exprimèrent h M. de Bourqueney, ambassadeur, le 27 dé-
cembre 1843, le désir de voir la direction de l'hôpital confiée
aux sœurs de Charité; ce vœu fut réalisé, en 1846, par la signa-
ture d'un contrat emphythéotique, passé à Constantin ople, le
■31 décembre 1846, entre Mme la supérieure-générale de la
communauté et les députés du commerce, à Constantinople,
contrat homologué plus tard par M. le supérieur-général.
En 1862, sous l'ambassade de M. de Moustier, le gouverne-
ment français racheta, pour la somme de 84,770 francs, le ter-
rain vendu, en 1767, à « l'hôpital St-Jean des Peyrotes, » ainsi
que le propre hôpital de ceux-ci ; — l'étendue totale de' ce ter-
rain est de mille trois cent vingt pics environ, dont cinq cent
vingt vacouf ; ce qui porte l'étendue totale actuelle de l'empla-
cement de l'hôpital à cinq mille huit cent cinquante^trois pics
carrés.
Sœur Thérèse (de Merlis), supérieure, munie du consente-
ment des députés du commerce, a &it construire, vers la rue,
sur le nouveau terrain acheté en 1862, et durant l'été et l'hiver
de 1865, un corps de bâtiment ayant magasins dans le bas, avec
habitation au-dessus. Après extinction des frais de construc-
tion, le prix de location de ces immeubles sera une source de re-
venu pour l'entretien de l'hôpital.
Avant la remise aux sœurs de l'administration de l'hôpital,Ie
nombre des lits y contenus était de douze ; en 1851, il fut porté
à trente-six; en 1865; if était de soixante-dix; en 1871, le
nombre des lits était le môme; en 1875) il était seulement de
cinquante-sept.
Les anciens b&timents, affectés au service hospitalier, mais
dont nous ne saurions préciser la date, paraissent avoir été cons-
'trnîts sur la partie de derrière, parallèlement à la grande rue de
-Péra, du côté de Valiaé-tchechmé.hos scbtus les plus anciennes
r>' Google
— 504 —
de l'hôpital se soutiennent que le cabinet du médecin et le par-
loir étaient de ce côté. Les salles des malades étaient au-dessus,
la grande porte d'entrée du même côté encore. Ce n'est qu'après
la guerre de Crimée que la grande porte actuelle a commencé à
être d'un usage habituel, auparavant elle était comme con-
damnée.
A leur œuvre principale, les sœurs en ont adjoint beaucoup
d'autres, que nous avons énumërées plus baut, et qui eu font
un des centres les plus actifs de la charité chrétienne à CP. ;
mais l'œuvre première et celle qui donne le nom à la maison
c'est encore l'ancienne : ( l'Hâpital français. >
Le nombre des malades traités dans l'établissement est en
moyenne de six cent quatre par an. Le nombre des sœurs em-
ployées aux diverses œuvres est de vingt.
Depuis de longues années on se plaint du mauvais «tat et de
l'étroitesse de la maison : on a fait différents projets de re-
consb-uction, ou de déplacement ;. on paraît détermine mainte-
nant à reconstruire l'hôpital à neuf, mais sur le même emplace-
ment.Le gouvernement français a alloué une somme considérable
pour cet effet.
3° Hôpital italien.
La fondation de cet établissement remonte à la reprise des
relations entre Gênes et l'empire ottoman. Située dans la rue
Tcbinar la nouvelle maison fut construite, vers 1838, surtout
pour les marins sardes. Depuis sa reconstitution politique, l'I-
talie a donné plus d'extension à son hôpital. Mais comme l'en-
droit où il se trouvait était trop restreint, on l'a transféré sur
une hauteur entre Përa et Galata, du côté de Fondouglou, à
Deflerdar-iogouchou. Au moyen d'une souscription nationale,
et d'an subside du gouvernement on Ût l'acquisition d'un ter-
rain, et on acheva la construction d'une très belle maison, par-
faitement appropriée, à son but. Bâti tout en pierres et en
briques, pour qu'il soit à l'abri du feu, cet hôpital peut conte-
nir environ cent lits de malades. M. Barrera, drogman d'Italie,
a été chargé de la surveillance, et l'on peut dù^ que le résultat
obtenu est dû en grande partie à son zèle et à son dévouement.
Les Filles de la Charité étaient d'abord chargées du service
r>' Google
— 505 —
de cet hôpital : elles y ont été remplacées depuis 1869 par les
Sœurs de l'Immaculée Conception d'Ivrea. Elles y sont au
nombre de oeuf. La colonie italienne fournit la plus grande
partie de ce qui est nécessaire pour l'entretien de l'hôpital.
Plusieurs autres puissances européennes ont aussi des hôpi-
taux fort bien agencés, ainsi l'Angleterre et l'Allemagne ; mais
nous n'avons pas à en parler, car si les catholiques peuvent y
être admis comme les autres, cependant il ne s'y fait pas de
service religieux, et ce ne sont pas des religieuses qui en sont
chargées. Cependant les prêtres catholiques y sont admis pour
soigner leurs coreligionnaires, toutes les fois qu'ils y sont ap-
pelés. Ou ne peut qu'applaudir à l'esprit de large tolérance qui
anime les administrations de ces divers établissements.
S nr.
Hôpitaux religieux.
Ck)mme nous l'avons faitremarquer,outre ces établissements
officiels, la charité privée a ouvert, elle aussi, de très beaux hô-
pitaux : nous avons cité ceux : 1° de N.-D. de la Paix ; 2° de
l'Artîgiana; 3° de Gérémia. Nous ne reviendrons pas sur ce su-
jet, mais il nous faut citer encore la plus nouvelle de toutes les
maisons charitables deCP.,Gelledes Petites Sœurs des pauvres.
4" Hospice des Petites Sœurs des pauvres.
Ces religieuses quoique très récentes, sont cependant connues
de tout le monde ; elles se sont répandues avec une merveil-
leuse rapidité, et sont dans toutes les parties de la terre. On les
désirait depuis assez longtemps à CP. pour prendre soin des
vieillards abandonnés. Un homme charitable leur a fait don
d'une maison à Feri-keui, et elles sont venues s'y installer
sans bruit, en novembre 1893. Elles ont été bien accueillies de
toute la population et ont commencé leurs quêtes, avec pleine
liberté.
Elles ont déjà huit vieillards des deux sexes.
,dbvGoogle
CHAPITRE Vni.
UBS GIMBTIÈRBS CATHOLTQUBS.
N0U8 ne croyons pas q^ue ce soit ici le lieu de revenir sur ce
que nous avons dit ailleurs des cimetières, ces lieux du suprê-
me repos (Kimitirion-Dorraitorîum), où les chrétiens attendent
le jour de la résurrection, du réveil (expression si bien rendue
par le terme arabe elqyiamé « se mettre debout »), non plus
que sur l'histoire, en quelque sorte diplomatique de la mort,
et les stipulations internationales, ayant pour objet d'assurer
l'existence et le respect des cimetières en certaines contrées de
l'Orient.
Nous nous bornerons à rappeler que l'établissement de l'is-
lamisme apporta certaines restrictions dans les cérémonies
funéraires : ainsi dans la formule à peu près générale, de Yahd
c pactum > souscrit, au fur et k mesure, par les chrétiens de
Syrie, à Omar-ibn-elhhattâb , et contenant les diverses condi-
tions, moyennant lesquelles le Kalife leur assurait la conserva-
tion de leur autonomie religieuse, on lit : » Nous ne ferons pas
entendre nos chants en accompagnant nos morts... nous ne les
enterrerons pas dans le voisinage des musulmans. > Ces stipula-
tions, dans la seconde partie, quant au fond, n'avaient rien de
€ canonique », pourrait-on dire, elles tombèrent en désuétude
avec le temps. En effet le diplôme donné au patriarche tienna-
dius par Mehemmed-el-fatyh, après la conquête de CP. porte
entre autres privilèges : s leurs enterrements {des grecs) seront
maintenus d'après les rites et les principes de l'Église grecque'.»
' Hammer, III, 4.
çGoogle
— 507 —
En principe, les cimetières chrétiens, comme ceux des mu-
sulmans, furent placés hors des villes, au Caire comme à GP.,à
Djedda comme à Tunis, à Tripoli, à Salonique et ailleurs < . Dans
les premiers temps, il faut le reconnaître, l'inhumation des
chrétiens donna lieu, plus d'une fois, à des faits regrettables ;
et eu vue sans doute de prévenir leur retour, le fait m&me de
l'inhumation prit place au nombre des stipulations conclues
entre les communes européennes et les princes musulmans d'A-
frique et d'Asie.
Ainsi on lit dans un édit, donné par le sultan aioubite Melik-
el-aadit, art, XXV : < e non paghino niente per sui mortt
che moriscono in terra del soldano, e possano sepelirglt
nella sua chiesa''.
L'art. II du privilège concédé à Pise, en 1230, par le roi de
Tunis, porte aussi la stipulation d'un cimetière en faveur des
Pisans ^.
Quatre ans plus tard la même nation signait une paix, ou
trêve, de trente années avec Tunis, dans laquelle on lit : « In
quolibet fontico débet fieri ecclesîa et cemeterium. >
Dans le renouvellement, pour trente autres années, de ce
dernier acte, en 1265, on Ut encore : « E debbta a loro esse
facto, in ciasckeduno fondacho, (id est di Affrlchia e di
Bttggea) una ecclesia e uno cimiterio. »
De son côlé, et après la mort de St Louis, victime de la peste
sur le sol africain ; Philippe le Hardi, avant de rentrer en
France, passa avec le roi de la Tunisie, un traité où ae trouve
cet article : « Les moines et les prêtres chrétiens pourront
résider dans les états de l'émir des croyants, qui leur don-
nera un lieu où ils pourront bâtir des monastères, des
église."! et enterrer leurs morts, t
Dans un autre acte signé entre la commune de Pise et le
même état, en 1313, pour dix années, puis renouvelé égale-
, ' Si un chrétien meurt à Djedda. dit Itoukhart. (Voyage en Arabie, 1, 17.)
il D'est pas enterré dans la ville, mais dans une des pelitea lies de la baie....
■ A Tunis, [lit d'Ar\'ieux, le cimeliâre dea chrétiens est à un quart de lieue
de la ville, hors la porte de la marine, r
« Amari, Dorumenti ,'c^i untirki t<jiKnni. FCremr, 186î.
' Depping. II, 181. Les autres textes se suivent. Pour Alexandrie, on Ut
dans les Colonie rommerciiUi i/egli ilaliani m oriente, II, 245. Per tuti gli
europei, era riserrato un cimltero attiguo alla chiesa giacobita di S. Michèle.
çGoogle
— 508 "
ment pour le même nombre d'années, on lit encore : t Selon
l'ancien usage, un fondouq sera affecté exclusiveinent attx
Pisans pour leur nation et il contiendra une église et un
lieu d'inhumation ' . »
Ultérieurement, quand Florence eut absorbé la commune pi-
sane et l'eut annexée à son terntoire,elle voulut à son tour jouir,
«n Egypte, des privilèges dont "Vénitiens, Génois, Pisans et
autres avaient été en possession : et, à cet effet, elle envoya au
Soudan une ambassade qui obtint un privilège, sous forme de
firman, 825 = 1423, portant cet article : * E quando mortsse
uno délit loro mercantanti, in qualunque luogo fosse,
passa essere sepoUo, alla chîesa de' cristtani c seconda
l'uzanza, senza pagare alchuna cûsa e sema nessuna
mangiacia -. »
A 6yzance,comme dans les autres parties de la cbrétienté, les
inhumations latines se faisaient autour des églises, dans Va-
trlum, et même dans l'intérieur des temples'. l,!idéllmitation
de Galata pour 1303 constate que « l'église Ste-Irène servait,
autrefois, de sépulture aux Génois ; > et une lettre du pape
Martin V, de 1427, rapporte que les Mineurs avaient un cime-
tière dans leurs deux églises de Constantinople et de Pôra *.
Le sol, actuellefnent couvert d'un plancher, de l'église St-
Paul (arab-djamtci), est encore formé de pierres tombales,
antérieures, naturellement, à la transformation de l'église en ■
mosquée^; et cet usage s'est conservé, presque jusqu'à nos
jours, dans les diverses églises de Galata et de Péra, Toutefois,
il semblerait résulter des fouilles pratiquées durant ces dernières
années à Péra, qu'il y eut aussi, même à l'époque génoise, des
inhumations faites en dehors des murs de la ville.
Durant la période ottomane, les inhumations eurent lieu dans
l'enclos ou dans l'intérieur même des églises, sauf en temps de
I Aman. loc. laud-, 8â. 101. V. d-deuus P. Il, Ch. II, la <c Magaiflca Co>
munit di Péra. » Il semblerait résulter de ce passage que l'inhumation ap
TJlle, dans ou autour l'église, n'aurait pas été toujours de règle.
3 Cf. l'abbé Gorlarti. Cour» d'archéologie xacrêe. II, 213 ; Hornstein, te» S^-
paltiiret. Parie, ISBS, p. 125 et suit. ; et entin les Antiquité* chrétiennat de
l'&bbé Martigny.
* Storia nnieertale delU miuioni france*cane, IV, 472.
' Voyez Compte-rendu 1864-65, p. 87.
r>' Google
— 509 —
peste; et, d'après le texte de deux pierres tombales, l'une de
1561, celle du docteur Quackelbe, médecin de Busbecq, envoyé
impérial i Conatantinople', l'autre de 1585, celle des PP. Jé~
suites,les inhumations des victimes de la peste étaient faites au
cimetière des Grands-Champs, dit de Beolo, Beaulou, Beï-
oghloo (Péra), devenu commun, dans certaines conditions, au
moins dès 1615. C'est dans le même cimetière qu'à la suite de
la perte de St-François de Galata, en 1697, on transporta les
restes provenant de l'exhomation de celui de cette église : c la
nation française, dit un document contemporain, fit procéder,
à ses frais, à l'exhumation des os des morts qui y estoient, et
les fit transporter au semetîère de Beaulou ^. »
Comme nous l'avons dit dans notre compte-rendu 1863-
1864, la condition des inhumations latines de Péra et de Galata
peut se classer en trois périodes :
Époque génoise : inhumations dans les églises, hors et non
loin des murs.
Époque ottomane : inhumations seulement dans l'enclos ou
dans l'intérieur des églises, sauf en temps de peste.
Cimetière des Grands-Champs réservé aux pestiférés au moins
dès 1561, devenu commun au moins depuis 1615, dates des
pierres tombales les plus anciennes, pour l'une et l'autre pé-
riode, inscrites sur notre inventaire des sépultures de ce ci-
metière ^,
L'iDsuflïsance ultérieure de ce cimetière, non moins que des
raisons de piété, avaient conduit Mgr Hillereau à s'occuper de
la recherche d'un autre emplacement à affecter à la même des-
tination ; et, en 1852, le gouvernement ottoman offrit l'échange
du terrain des Grands-Ohamps contre une autre localité de la
contenance d'environ quarante-quatre mille pics carrés archi-
tect« *, sise hors la ville, sur les hauteurs de Feri-keui. Quoique
ces ouvertures et les négociations qui en furent la conséquence,
' Cf. Butùegnii epislola primo, HaDOvise, 1629, p. 78. Selon le aecrétaire
du b&ila vénitien à Constantinople, ta peite de cette époque aurait emporté,
du mois d'août 1560 au même mois 1561, plus de 80,000 personnes à Cona-
taotinople et à Péra {Relazioni cenete, 3" térie, III, 308 ; Négociations île la
Fraiwe ilam le Lerant, II. 635.
) Registre des Délibif ration* nationales, prooés-Terbat du 18 juiD 1697.
s Comptc-renr/u 1863-64, p. 27.
I Le pic architecte équivaut à eoi:<aDte-quinze centimâtres.
çGoogle
n'aient pas obtenu un résultat définitif immédiat, ce terrain,
i^i devait être partagé entre les catholiques et les protestants,
fut assigné aux inhumations des milîlaires français décédés
dans les hôpitaux dePéra.
Il est à remarquer qu'autrefois, lorsqu'il ne se trouvait pas
dans un endroit de cimetière catholique, on inhumait dans les
cimetières grecs ; les actes mortuaires de Ste-Marie Drapéria
constatent que, de 1697 à 1734, diverses inhumations ont été
faites, c seconda il rito délia santa romana chîesa » dans
les cimetières grecs de Belgrade, d'Arnaout-keui, de St-Dimitri
(Tatavla), etc.
Plus tard des cimetières distincts furent attribuas aux ca-
tholiques : à St-Dimitri (Tatavla), où les Pères Riformati eurent
même une cbapelle,ainsi qu'il i-ésulte de l'acte suivant : « 6 no-
vembre 1731, N. sepultus est in sepultura catholicorum,
existente in pago quocl vulgo dicitur SU Dimitri. » Cet acte
est d'ailleurs le dernier de ce genre,les morts étant ensuite trans-
portés au cimetière de Belgrade. Dans ce lieu les Pères du
même Ordre possédaient aussi une maison et une chapelle, au
moins en 1735; il y avait aussi IJi, en 1753, un cimetière ca-
tholique : € S auffusti, 1733, N. animani Deo red<fi(lit in
pago dîcto Belgrado, et illic, in cemeterio fidetium sepul-
tus est. ï On trouve une mention identique en 1811,
A Buyuk-dérè, le cimetière est cité pour la première fois en
1801 : * 6 Jul. decessit N. in Buyuk-dérê, et sepultus fuit in
loco ad hune usum destinato;... 1816, 19 noc.in communi
fldelium cetneterio, in pago Buyuk-dérè. i
En 1786, il n'y avait pas à Thêrapia, de cimetière catho-
lique, comme l'atteste l'acte mortuaire suivant: 1 1786,26 jul.
N. sepultusest in Thêrapia, penés cemeterium grecorum.t
Le bagne dont nous avons parlé plus haut, avait aussi son
cimetière, comme le prouve la mention suivante, tirée des ar-
chives de Ste-Marie, sous la date de 167fi : c Afori N. schiavo
dt Sciabanbeij ,neUa sua gâtera, c confessato e cojnmuni-
cato da tne, fu sepolto nel cimitero solito e destinato per
li schiavi cristiani dt questa cita di CPli, Fr. Francesco
da Francacilta, parocco di Sta Maria Draperis. » Et plus
loin : « 22 mart. 1680, passa a meglior vita l'anima di N.
schiaoo, da me sepolto nel bagno destinato alli poveri
r>' Google
— 5U —
schtavf. > Il est k supposer que ce cimetière était la partie de
celui des Petits-Champs, nos loin de l'échelle des morts, ( meit-
isMHci, t En effet, après avoir gravi la colline à partir du
< meit-îshilict , » dît aujourd'hui, Azab-capou, on trouvait à
droite cette partie du cimetière des Petits-Champs, dite Scfia-
rtihluk < la pourriture >, qui servait de lieu de sépulture anx
esclaves musulmans, et, il n'y a pas longtemps aux pauvres.
C'est là précisément que, pendant la dernière épidémie de cho-
léra, on a fait, malgré les défenses de l'autorité, l'inhumatioa
d'un certain nombre de cholériques, transportés de CP. Toute-
fois, si l'on en croit le témoignage d'un vieillard, témoin ocu-
laire de ce qui se passait il y a une cinquantaine d'années (1873),
I les esclaves non musulmans décédés an bagne, étaient inhu-
més dans un seul et même endroit, sis à l'intérieur, dans la
partie haute, du côté de Khas-heui : c'était un emplacement,
dépourvu de tout signe extérieur, dans lequel, selon les lugubres
besoins de la journée, on creusait une fosse plus ou moins
grande, destinée a. recevoir, sans distinction de religion, et sans
l'assistance de leurs pasteurs, les cadavres des malheureux pri-
sonniers. > Sans prétendre aflirmer ou infirmer en rien ce rap-
port, il semble pourtant peu probable qu'à l'époque ou le
nombre des captifs était malheureusement trop grand, les ca-
davres des défunts fussent inhumés dans l'enceinte même du
bagne : aussi et suivant une version, qui du reste ne diffère pas
beaucoup de celle-ci, et vient par cela même la confirmer, on
peut incliner à penser que le lieu d'inhumation des captifs, tout
en se trouvant dans la même direction, était en dehors de l'ar-
senal, non loin de la porte donnant du côté de Khas-heui, sur
le Dotmaz-dêré . Quant h. ce qui est de la partie religieuse de
l'exposé ci-dessus, et en admettant même que les choses aient
pu changer depuis, les registres de Ste-Marie Drapôris attestent
que de 1667 à 1751, les sacrements de baptême et de mariage
étaient administrés aux esclaves du bagne, par le curé de cette
paroisse, lequel administrait aussi les moribonds, et assistait
aux inhumations, soit dans le cimetière du Bagne, soit même
dans celui des Grands-Champs, ou enfin dans celui de St-Di-
mitri, àTatavla'.
1 Archives de Ste'Marie Drapérîs. Sur lea Bagnes cens. Hammer.
r>' Google
— 512 —
Actuellement les cadavres des galériens chrétiens sont livrés
à leurs propres pasteurs, pour être inhumés dans leurs cime-
tières respectifs.
Quoi qu'il en soit de cette revue funèbre, la nécessité d'un ci-
metière catholique ne s'en imposait pas moins impérieusement.
A son arrivée à Péra, Mgr Brunoni reprit les projets de son
prédécesseur ; et, après entente avec les ambassades des puis-
sances catholiques, une commission formée des délégués de
chacune d'elles ' reçut le mandat d'aviser aux moyens de cons-
tituer régulièrement le nouveau cimetière de Feri-keui, lequel
cimetière fut entièrement attribué aux catholiques, l'ambassade
de France ayant obtenu, en faveur de ceux-ci, la concession de
la parcelle primitivement destinée aux protestants^.
Dans sa première séance, tenue à l'archevêché, sous la pré-
sidence du Vicaire apostolique, le dimanche 30 mai 1859, la
commission jeta les bases du programme qu'elle était chargée
d'accomplir; et, le 2 avril 1860, un mandement archiépiscopal
faisant appel à la piété des tîdèles, en faveur de l'œuvre du
cimetière, fut lu dans les églises latines de la capitale. Puis, les
délégués des ambassades ayant recueilli chacun les offrandes de
leurs compatriotes, le total de ces dons s'éleva,au 1" janvier 1861,
au chiffre de 363,544 piastres, dans lequel le gouvernement
français et la colonie française de Constantinople figuraient
pour 243,330 piastres '. En dehors de la souscription de leurs
colonies respectives, les gouvernements d'Autriche, de Belgique,
d'Espagne et d'Italie ont également contribué de leurs dons
particuliers en faveur de l'œuvre*.
Des statuts, mûrement délibérés, furent adoptés le 18 jan-
vier 1861 ; après quoi, un comité permanent, pria dans le sein
de la commission générale, fut chargé de l'exécution des tra-
vaux et de l'administration. Ce comité se réunit régulièrement
le premier vendredi de chaque mois, sous la présidence de Mgr
l'archevêque, statue sur les affaires courantes, et dresse le pro-
cès-verbal de chaque séance.
< L'auteur du présent travail, délégué par l'ambassade de France, fut nom-
mé secrétaire de cette commission.
' Les frais de transfert de ce terrain, dont le titre est du 29 chaban 1382
= 10 janvier 18GG, ont été acquittés par la France,
s \'oyCE notre Complc-i-cn'hi 1861-62.
* \'ojez Coiii;i(CJi-/-c/i'/ua 1662, 18tî4,
r>' Google
çGoogle
«ibvGoogle
— 513 —
La commission se réunît en assemblée générale, sauf les cas
extraordinaires, une fois l'an, au secrétariat du cimetière, sous
la présidence de l'archev&que, le 4 novembre, premier jo'ur de
l'exercice, à l'effet d'entendre la lecture du compte-rendu des
travaux du comité permanent d'administration, procéder à une
sorte d'inspection générale du cimetière, et statuer sur les pro-
positions oi^aniques qui peuvent lui être faites. Ce compte-
rendu est imprimé aux frais de l'administration '.
Entreprenant la loDgne série des travaux qu'il avait à faire
exécuter, le comité a poursuivi tout d'abord la construction du
mur d'enceinte, puis celle d'une maison d'habitation pour l'au-
mônier, administrateur-délégué, du secrétariat, et enfin du lo-
gement des gardiens.
Le 23 avril 1863, Mgr Brunoni a posé solennellement la
première pierre de la chapelle, appuyée au mur ouest d'enceinte;
préalablement, l'ambassade avait obtenu de la Porte un Srman,
daté de zilqydë 1379, autorisant l'édiâcation de cette chapelle,
laquelle se compose d'une rotonde et d'une sorte d'abside pour
l'ante), avec tribune de chaque côté; le tout recouvert d'un
dôme au-dessus duquel s'élève le signe chrétien de la rédemp-
tion. Cette croix, en marbre blajic, a été taillée dans l'une des
pierres commémoratives , placées, d'ordre du gouvernement
français, dans chacun des cimetières militaires des environs de
la capitale^.
Sur l'autel figure un grand tableau de la Vierge de Murilto,
donné par le gouvernement français au cimetière. L'image de
l'Assomption de la sainte Mère de Dieu semble être ici le sym-
bole de la douce espérance, que les âmes des fidèles reposant
dans ce cimetière se seront élevées, à la suite de cette puissante
Adoocnta nostra, et par son intercession, vers la céleste pa-
trie, vers le séjour des bienheureux !
La rotonde mesure, à l'intérieur, douze pics de diamètre, et
sept pics et demi du sol au sommet intérieur de la coupole ^.
■ M. Belin, auteur de ce travail, a eu une très grande part à tout ce qui
■'e«t fait pour le cimetière. Ses rapports annuels depuis l'origine jusqu'en
18T4, ont été composés avec le plus grand soin et renferment de très pré
cieux Tenaeignementa. Note de l'éd.
■ Voir la plaocbc.
' Le Pic (Arohin ou ïiva) arohitecta, est de vingt-quatre Parmaq « ou
doigts i et correspond à soixante-quinze centimètres.
r>' Google
— 514 —
Des raisons d'économie budgétaire n'ont pas permis de pous-
ser les travaux avec l'aclivitè qu'on aurait pu obtenir en d'autres
circonstances, et ce n'est qu'en 1872, qu'il a été pour ainsi dire
terminé. M. l'abbé Gîorgiovich, ancien élève de la Propagande à
Borne, adniinistrateur^délégné, a lui-même conçu le plan de
cette chapelle, il en a dirigé les travaux; la judicieuse combi-
naison qui a présidé à l'ornementation intérieure de l'édiûce a
su réunir, avec un goût d'une convenance remarqual>le,la gran-
deur du style architectural à une sévère élégance, et joindre en
même temi»s dans le choix des emljlèmes et des allègories,ridée
toujours redoutable de la mort, à celle d'une chrétienne et
douce espérance !
La chapelle, nous l'avons dit, pràsente la forme d'une ro-
tonde, dont le contour intérieur est divisé en huit sections ou
portiques, dont quelques-uns sont figurés, les autres donnant
entrée soit dans la chapelle soit dans ses dépendances.
Deux des carrés sont destinés à recevoir l'inscription des fon-
dations pieuses faîtes au (;imetière ; sur l'un on lit déjà la men-
tion suivante :
MISSION MILITMIIE FRANÇAISE.
MESSE
A CËLÉ&ItEK ANNUELLEMENT LK 17 MAI,
POL'R I,E REPOS DE l'aUE
DES MILITAIRES DÉFUNTS DE l' ARMÉE FRANÇAISE d'oRIENT.
La Mission militaire se composait alors de MM. de Lalobbe,
Géraud, Vitalis, Vineaux et Favalelli. Cette fondation a été
constituée avec l'autorisation préalable de M. le Ministre de la
guerre.
La partie supérieure de chaque porte, vraie ou simulée, dont
l'arc repose sur des colonnes teintées, d'ordre dorique, est sur-
montée d'un beau moulage allégorique, se composant d'une
urne cinéraire, recouverte d'un linceul ; au-dessus et au centre
de l'arc, se trouve une aorte de médaillon sur lequel sont gra-
vés les textes suivants tirés de l'Ecriture Sainte:
1" médaillon. — Homo, sigut eiimum dïes ejus, tanquam
FLOS AGRI SIC EFFLOREBIT. (Psatni.)
,dbvGoogle
— 515 —
0 MOns! QUAM AMilLV EST MEHORU TUA ! (Eccli.)
2" médaillon. — Mémento, homo, quia pulvis es et in rcr.-
vehem reverteris. (Genesis.)
MeMOR ESTO QOOîJIAM mors non TARDAT, (ECCli.)
3* méelaillon.—MiLiTiPL esit vita hominis super TEBRAii. (Job.)
CURAU HABE DE BONO S'OMIKE : HOC ENIM MAGIS PERMANEBIT TIBI
QUAM MILLE THESAlTtl PHETIOSI ET MAr.XI. (Ecclî.)
4" Tnédatllon. — Sancta ERfio et SALL'BRia esi- cooitatio pro
DEFTJNcrrs ExoiiARE, UT A i>ECf:ATis soLVASTUR. (Machab.)
MlâEREMINI MEI, KISEREMINI MEI ! S.ALTEU VOS AMICI MET, QUU
MANUS DOMINI TBTIGIT ME. (Job.)
5' médaillon. — ■ De profdndjs o-amayi ad te, Domine, Do-
Mist; ! EXAUDI vocEM mv:am ! (Psalm.)
Miserere mei, Domixe! quoniam infirmus slti ! (Psalm.)
6' médaillon. — Salvcu me fac, I'Roiter misericordlim
TiAM. (Psalm.)
Cl'M AITEM' MOllT.VLE HOC INnfERIT IMMOnTALITATE.\l, TIINC FIET
SERM" QT'I SCRIPTUS est : ARSORITA EST MORS IN VICTORIA ! (St
Paul.)
La clef des arcs est formée 'de moulures à emblèmes fu-
néraires; chacun des portiques est séparé de l'autre par une
colonne d'ordre ionien supportant les assises de la coupole.
Leur cliapiteau est aussi décoré d'embUVmes funèbres. Ici, pour-
rait-on dire, ici finit la terre avec ses douleurs et l'affreux dé-
chirement de ses séparations cruelles!.-. Là commence le ciel,
avec ses consolantes espéran-cos !..Icîonest entouré d'emblèmes
offrant à l'esprit l'inéluctable fin, l'écroulement de l'humanité,
le délaissement de l'Ame quittant la terre, l'abandon de tout ce
qui semblait constituer à jamais son bonheur, l'elTroi de l'homme
dans ce terrible passage de la vie au trépas ; enfin les ardentes
invocations de la pauvre créature, son énergique recours à la
divine miséricorde, seul bien qui ne puisse lui être ravi !... Là
les allégories olïertes aux regards attristés, aux cœurs éplorés,
semblent faire entrevoir une faible image de la quiétude inalté-
rable de l'autre vie, de la félicité éternelle t Oh ! oui, comme le
dit l'Écriture, dans une des inscriptions ci-dessus : « La mort
est vraiment vaincue, absorpta est mots in Victoria ! » Avec
ses déchirements, ses douleurs, rtolores mortis ; la mort n'est
r>' Google
~ 516 —
qu'une nouvelle et suprême épreuve de cette vie, la dernière
étape de notre pèlerinage dans cette vaUée des larmes ! Bientôt,
car < Hodie mîht cras (ibi, aujourd'hui c'est moi, demain ce
sera vous, > ceux qui se sont tant aimés ici-bas, sépares pour
un moment, seront ensuite, par la mort, réunis à jamais, dans
le sein de Dieu !...
La coupole qui s'élève avec hardiesse, et reçoit le jour par
trois Fenëtr&s, est occupée au centre par un groupe de sculptures
représentant le St-Esprit, symbole de l'amour ou de la charité,
planant dans l'espace au milieu d'un rayonnant soleil, entouré
d'une couronne de Chérubins, et semblant assurer d'avance aux
flmes pécheresses, mais repentantes, le gage du pardon, de la
suprême et souveraine clémence !
A droite de la chapelle et y attenant, se trouve la sacristie ;
& gauche une salle d'attente, destinée en même temps aux cas
de médecine légale ; au-dessous de celle-ci se trouve un caveau
de dépôt provisoire.
Par ta nature même de sa situation sur la montagne.Ie sol du
cimetière offrait des variations assez importantes de terrain,
comme aussi des obstacles pour l'écoulement des eaux et la vé-
gétation ; le terrain, formé de roc, a dû être défoncé, nivelé
dans toute sa superficie, recevoir une inclinaison pour l'écou-
lement des eaux pluviales, et finalement être sillonné par un
système complet de drainage.'
En même temps, et par suite de la division méthodique du
cimetière, selon les dispositions des statuts, l'administration a
fait pratiquer l'exhumation générale des sépultures militaires
faites dans cette localité, durant la guerre d'Orient ; et les restes
humains en provenant ont été déposés dans un caveau creusé
dans la partie ad hoc sise à droite de la chapelle, côté nord, et
à laquelle on a donné le nom de car^é militaire. Sur ce ca-
veau, la commission a fait élever un turaulus, en pierres, en
forme de fortin, sur lequel on a gravé l'inscription suivante :
€ Armée fbançaise d'Orient. la reposent les restes de 3,000 sol-
dats, INHUMÉS DANS CE rjMETiÊRE EN 1854-56-56. RequtescQnt
in pace* I *
Peu après, M. le maréchal Randon, ministre de la guerre,
> Voir la plancha.
r>' Google
— 517 —
prescrivit à M. le lieuteDaot-coIoael de Lalobbe, chef de la mis-
sion militaire & Constantinople, de faire procéder à l'exhuma-
tion générale des cimetières militaires français des environs
de la capitale, et d'en faire opérer la translation dans le carré
militaire, au cimetière de Feri-keui. Cette exhumation a été
exécutée par les soins et sous la direction de M. l'abbé Giorgio-
Tich, assisté de M. de Lalobbe. Six caveaux, creusés en cet en-
droit, ont reçu les restes de douze mille trois cent trente-neuf
soldats de l'armée d'Orient ; puis, faisant suite au premier tu-
mulus, on a élevé un monument principal, et un autre tumu-
lus de même forme que celui construit précédemment par la
commission. Ces deux monuments ont été érigés, d'ordre et aux
frais du ministère de la guerre, sur le plan et par 1^ soins de
M. l'abbé Giorgiovich.
Le monument principal présente à la face E la croix de la
Légion d'Honneur, à l'ouest les armes impériales, et au-dessous
l'iDScriptloQ suivante : < A. ia hémoqie des militaires eb&nçais
DtiCÉDÉS A. CONSTANnNOPLE PENDANT LA âUERRE d'OBIENT. U
Sur les trois autres faces, on lit :
C6té est : c Érigé en 1865, sons le rèqne ma Napoléon III,
FAR ORDRE DD llAHÉCHAL COBilTE RaNDON, mNISlBE DE LA QUERBE. 1
Côté nord : < Exhuuations 1864. Qanlidja, Maslak, Leveni>*
TCHIKTLICK. *
Côté sud : f Exhumations 1864. Malteté, Fil-damy, Pri»*
KIPO. >
Aux localités indiquées ici, on doit ajouter celles de Daoud-
pacha et Rami-Tchiniik, qui, avec les six précédentes^ formaient
le total des huit emplacements assignés pour lieux d'inhuma-
tion aux soldats français décèdes.
Complétant la pieuse pensée qui a présidé à la création de
ce glorieux champ de repos, l'administration a fait entourer l'es-
pace réservé au c Carré Militaire » d'une chaîne en fer, cou-
rant sur des colosnettes en pierre, au nombre de trente-deux,
surmontées chacune d'un fer de hallebarde.
En avant de ces ossuaires, du cAté ouest de la muraille d'en-
ceinte, la commission a fait placer les sépultures des officiers,
reconnues ou indiquées par des pierres tombales ; ces sépultures,
r>' Google
— 518 —
placées sur deux lignes, comptent trois tombes d'aumôniers de
l'armée, et quatre-vingt-treize tombes d'officiers, ou assimilés.
Nous croyons devoir donner ici la liste complète de ces sé-
pultures, précédées chacune de leur numéro d'ordre, en par-
tant du nord pour se diriger vers la cliapelle, avec la date du
1. Leblanc (Louis), adjoint de \" classe à l'intendance mili-
taire, chevalier de la Légion d'Honneur; 3 octobre 1854.
2. Clavel (Félix-Eugène), capitaine d'état-niajor; 6 août 1854.
3. B.AILLY (Pierre-Hyppolite-Henri), médecin aide-major de
1" classe ; 1" octobre 1854.
4. DliiéIiil (Louis-Eugène-Adolphe), ■ médecin aide-major;
19 octobre 1854'.
5. SiLL.iN (Charles;, sous-lieuteaant au 2* zouaves ; 26 octobre
1855.
9. Bealcamp (Eugène-Louis), * médecin-major de 3* classe;
8 novembre 1854.
7.
8. FouncADE (Joseph-Prosper), capitaine du génie; 11 mars
1855.
9. CouÉ (Armand-Marie), lieutenant-colonel au 2* de ligne ;
29 janvier 1855.
10.
11. BÉHUÉ (Gabriel), officier comptable des subsistances mi-
litaires; 14 avril 1855.
12. De VutiEt; (Amédée\ capitaine au 14* bataillon des chas-
seurs à pied; 15 mai 1855,
13. Le Mauff DE KERDL"DAi.(Jules-Charles-Marîns), capitaine de
frégate, chevalier de la Légion d'Honneur; 20 décembre 1854.
14. Mamelët • (Charles-Henri-Pierre), médecin-major de 1"
classe ; 18 mai 1855.
15. Delaporte (Louis-Benoît), capitaine du génie; H juil-
let 1855.
16. ViuET ■ (Félix), médecin aide-major au 52* de ligne ;
19 août 1855:
E marqués d'un astérisque ', sont ceux JfS memlirea du s
icrits sur l'obélisque du rond-point.
«ibvGoogle
— 519 —
17. Mestre (Raymond) *, médecin principal; S9 juillet 1855.
18. Adrien (Henri-Albin), chef de bataillon au 49* de ligne ;
29 août 1855.
19. Toussaint (Victor), chef de bataillon du génie, chevalier
de la Légion d'Honneur ; 6 septembre 1855.
30. Villain'e: (Benjamin), lieutenant au 14' de ligne; 33 sep-
tembre 1855.
31.L.VRDY (Pierre-.Iefln)*, médecin aide-major; 8fèvrierl856.
23. SiBiLLE (Eugène), clief d'escadron d'artillerie, oflicier de la
Légion d'Honneur; 17 octobre 1855,
23. Salexia. (Justin), aspirant de marine; 11 novembre 1855.
24. FRETTÉ-D\MicoLKr(Léonor-François)', médecin-major de
1" classe ; 10 avril 185C.
35. BuDAN (Antoine-Etienne), lieutenant des sapeurs pom-
piers; 31 juillet 1856.
36. Demaset ', médecin aide-major; 14 avril 1856.
37. • L'abbé Barthélémy Menier, aumônier de l'armée ; 35 juil-
let 1855.
. 38. * L'abbé Baron de Reinach (Adrien-Rodolphe), chanoine
honoraire de Carcassonne, aumônier militaire; 16 mars 1856.
39. * L'abbé DEsa,Ati, aumônier de l'armée; 18 mars 1856.
30. DcpARr; 18 février 1856.
31. Le Ker", médecin aide-major; 14 mars 1856.
32. PoiNTiGNAN, officier comptable ; 17 mars 1856.
33. Perhin *, médecin aide-major ; 38 mars 1 856.
34. Fourmer; 2 avril 1856.
35. PcEL*, médecin-major; 4 avril 1856.
36. Pêqat*, médecin-mïgor; 30 avril 1856.
37. Brunbt*, médecin aide-major; 25 avril 1856.
38.
39. Galse;37 avril 1856.
40. Desblasgs*, médecin aide-major; 24 mai 1856.
41. BocHON (Henri-Charies); 26 mai 1856.
42. GusTZ (Joseph) ; 22 juin 1855.
43. Daxin (François); 22 novembre 1855.
44. DuLAc ', médecin aide-major ; 11 février 1856.
45. GuioL (Alexis-Antoine) ; 16 février 1856.
46. N. N. officier polonais.
47. AL.\BERrjABDE (Jules-Émile) ; 25 juillet 1855.
,dbvGoogle
48. Ijifaivre; 16 août 1855.
49. De BEUHMA.N [Eugène); 8 octobre 1855,
50. VoLAQE *, médecin principal; 28 février 1856.
51. Fayet (Jacques); 28 avril 1855.
52. BouREAux (Théodore); 16 avril 1855.
53. Favel ;Alexandre), médecin de la flotte; 11 avril 1855.
54. CoNTY, lieutenant; 4 mai 1855.
55. BucHOT ( ), capitaine; 5 mai 1855.
56. Boule, capitaine au 78' de ligne; 6 mai 1855.
57. Magnix, soiUî-Ueatenant au 62» de ligne; 6 mai 1855.
58. N.; 12 mai 1855.
59. Préloy (Giuillaume), médecin; 12 mai 1855.
60. Ravenet, sergent; 22 mai 1855.
61. Rouget (Pierre); 9 juin 1855.
62. N., inârmier-mEtjor ; 12 juin 1855.
63. Lamothe, Vida! de Termes; 22 juin 1855.
64. Cambray (César); 22 juin 1855.
65. PoLONENs, capitaine aa 82* de ligne; 28 juillet 1855.
66. L'Hen. ; 11 août 1855.
67. Evrard (Jean-Baptiste)^ capitaine au 2* léger; 16 août
1855.
68. Babbarin; 23 août 1855.
69. N., sergent; 21 septembre 1855.
70. BoRELLY, capitaine ; 30 septembre 1855.
71. Antoine, adjudant en premier; 6 octobre 1855.
72. HouDRY (Jean) ; 22 juin 1855.
73. GoiLLOT (Louis); 6 octobre 1855.
74. PiENZisKi; 12 octobre 1855,
75. N., infirmier; 7 février 1856.
76. GmAUD, mécanicien ; 27 février 1856.
77. Wnz (Paul-Arnaud-Auguste), capitaine au 2^ régiment
de zouaves ; 19 novembre 1856.
78. Demagni iLouis), officier piémontais ; 11 octolffe 1856.
79. RomoT; 15 mai 1856.
80. Laguerhe (Jean-Baptiste).
81. Morandy; 17 avril 1856.
82. Bouchez (Jean-François), sergent ; 16 mai 1856.
83. Ricard; 38 février 1856.
84. Dubois; 3 mai 1856.
r>' Google
— 531 —
85. Ragu *, médecin aide-major; 4 mars 1856.
86. MiLTEMBBROER*, mëdecin aide-major; 6 mars 1856.
87. BouQUEROL*, médecin aide-m^or;8 mars 1856.
88. V&LLEAU, lieutenant; 8 mars 1856.
89. N., officier; 13 mars 1856.
90. N.
91. N.
9a. N.
93. N., médecin ; 27 février 1856.
94. Savaète, médecin aide-major; 21 février 1856.
95. Maechais; SseptemJwe 1857.
Au milieu du cimetière, se dresse un obélisque, élevé d'a-
bord, ailleurs, par les médecins de l'armée d'Orient, à la mé-
moire de leurs confrères décèdes. La commission a foit trans-
porter cet obélisque an rond-point du cimetière, et y a fait
graver les noms de soixante-quinze médecins et pharmaciens
français, représentant le funèbre contingent fourni à la guerre
d'Orient par le corps médical de l'armée ' .
Ce cbifTre se décompose comme 11 suit :
3 médecins principaux.
25 médecins majors.
38 médecins aide-majors.
4 médecins sous-aide-majors.
6 pharmaciens aide-m^ors.
Sur le socle de l'obélisque on lit l'inscription suivante :
t
AUX MÉDEaNS
ULITAniES Fa&NÇAIS
MORTS
K l'abuée d'orient.
Voici la liste complète des noms inscrits sur les quatre faces
de cet obélisque :
r>' Google
Médecins princtpaicœ.
Mestre.
Valage.
Médechis majors.
Lagùze.
Fratini.
Peyrusbet.
PONTIËR.
MlCHELET.
PURL.
Hankn.
Mercier.
GOLLT.
MlCIIBL.
Tavernier.
Fretté-Damicourt.
Bert.
Bracnwald.
Pégat.
Menier.
1 (rumens.
MOULIKIER.
Bealcamp.
Girard.
Leclerc.
Akcinelle.
Rampo.nt.
Mamelet.
Félix.
Médecins aide-majors.
Gérard.
ViDET.
Masson.
Bailly.
ViLLAIN.
MlI-mMBEROËR.
Dl'mas.
Lardy.
HOURGUEROL.
PLA33AN.
DULAC.
Leker.
Stéphany.
Savaete,
Perrin.
Brunet.
Leclëre.
PRf;CY.
DUMÉRIL, '
Cordeau.
Servi ï.
FOUCAUT.
Fourni ER.
GUERY.
Senaox,
Desdlancs.
Forget.
Barre.
Mof.INARD.
GiLLIN.
ROBELIN.
Dartigaux.
Demanet.
COUZIER.
Sagne.
LamarvLle.
A! ORGUES.
Ragu.
Médecins sous-aides
Verneau.
GODQUIN.
Sautier.
Jacob.
Pharmaciens aide-majors.
Fraineau.
GOSTIER.
Granal.
MUSARD.
Cl.AQI-ART.
UOL'SSARD.
DisHizadbvGoOl^le
Cet obélisque qui, dans le principe, avait été placé daiis la
partie droite du cimetière, a été transporté, avec l'assistance des
marins du stationnaire français, l'Ajaccio, commandé par M. de
Marqiiessac, à la place qu'il occupe aujourd'hui, sur uft terre-
plein de forme circulaire, semé de gazon et planté de flears ;
quatre bornes reliées entre elles par une chaîne, entourent le
monument, posé au centre d'une corbeille en fer et reposant
sur une assise de pierres de taille.
A gauche de la chapelle, et sur la même ligne que le carré
mililaire, s'élève un autre monument, non moins digne d'in-
térêt que les précédents, à un autre point de vue. Dès que la
translation, à Feri-iceui, de l'ancien cimetière de Péra fat déci-
dée, foute inhumation fut interdite dans ce dernier, par l'au-
torité épiscopale, A partir du 27 avril 1859; et, au bout de cinq
années à compter de cette date, la commission, de concert avec
les autorités municipales et sanitaires, fit procéder à l'exhuma-
tion du cimetière des Grands-Champs. Avancée de quelques jours
à raison des chaleurs, cette exhumation a été exécutée avec le
soin, la convenance et la régularité désirables, du 29 février au
27 avril 1864, sous la direction et la surveillance de M. l'abbé
Giorgiovich, qui, depuis onze années, fait preuve du zèle le plus
constant et d'un dévouement inaltérable en faveur de l'œuvre
du cimetière. En môme temps que l'exhumation se pratiquait à
l'ancien cimetière dit des Grands-Champs, la commission faisait
construire, dans le nouveau, un grand caveau destiné à rece-
voir les ossements exhumés, dont le poids s'est élevé à la quan-
tité considérable de vingt-deux mille oques environ ' ! Sur ce
caveau, la commission a fait exécuter, d'après les plans et sous
la direction de M, l'abbé Giorgiovich, administrateur-délégué
du cimetière, un grand sarcophage d'un style simple et sévère,
présentant uo carré plus haut et long que large, accompagné, à
chacun de ses quatre angles, d'un obélisque à degrés. Le monu-
ment lui-même et les quatre obélisques sont formés et revêtus
des pierres tombales, de toutes grandeurs, recueillies de l'ancien
cimetière, et taillées de façonà entrer en combinaison les unes
avec les autres -. Le surplus de ces pierres, placées sur le sol,
' L'oque équivaut à 2 livres 1/4 de France.
' Dans notre Comple-ivn/u 1803-01, nous avons donné l'inventaire som-
Tnaire des pierres tombales tiiific'e» dans le cimûliéro des Urands-Champa,
antérieurement à l'e^ihumation.
çGoogle
— 524 —
aatoar du moaument, forme an pourtour, protégé par une
chaîne courante, s'appayant sur des bornes en pierre.
Trois cent sept pierres tombales ont été retirées de l'ancien
cimetière des Grands-Champs ; de ces pierres
29 sans inscriptions ont été employées dans la construction ;
12 pierres ecclésiastiques, transportées dans les églises;
258 ont été placées sur le monument ou à sa base \
8 ont été mises aux monuments nouveaux élevés par les
familles.
307
Au-dessus de la porte donnant entrée dans le cavean, figure
une pierre du xiv* siècle, sur laquelle on lit une inscription la-
tine, gravée en beaux caractères gotliiques ; cette pierre provient
du cimetière de St-Francoîs de Galata, et fut transportée, de
là, à celui dit des Grands-Champs, en 1697, lors de l'exhumation
générale faite en tout ou en partie, par les soins et aux frais
f de la naUon française' ; > elle porte l'inscription suivante :
SEPDMHDM DoïCNI AnDRIOLI de PaGANA, et HEEÏEDUM SOORDll,
QUI OBirr ANNO Dni MCCCXXXV dib xv junh.
Cette pierre fut hï)uvée, lors de l'exhumation générale du ci-
metière des Grands-Champs, & deux mètres environ au-dessous
du niveau extérieur du soi ; et, non loin de là, on recueillit aussi
un certain amas d'ossements, restes probables de l'exhumation
de 1697, qui ont été déposés dans l'ossuaire général,sur lequel
on a élevé le monument commémoratif, recouvert, nous l'avons
dit, des pierres tombales retirées de l'ancien cimetière.
Ce monument offre, par le fait, un touchant symbole de la
catholicité, en même temps qu'une page intéressante de l'his-
toire de la Latinité de Constantinople, du xiv* siècle à la moitié
du XIX'. En effet, les idiomes les plus hétérogènes, tels que
l'albanais, l'allemand, l'anglais, l'arabe, l'arménien, le crbate»
le français, lè grec, l'italien, le latin, le russe et le turc, sont
représentéssnr ce vaste sarcophage; aussi bien que les professions
1 Voyez ci-dessiiB St'Fmntolt.
çGoogle
— 525 —
les plus diverses : clergé, diplomatie, magistrature consulaire,
sciences, commerce, etc. Nationalités et carrières se troavent
ainsi confondues dans la terrible égalité de la mort, et réunies
dans la douce unité de la foi ' !....
A. la partie supérieure de la face E du monument, et sous la
corniche, on lit ce qui suit :
ANCIEN aUETIÈRE DES GRANDS-^^AMPS
AU BEÏ-OGHLOU (PÉRa).
EXHUMATION ET TRANSLATION EN 1864.
PIEBBES TOMBALES PROVENANT DUDIT CIMEnÈHE.
OSSUAIRE GÉNÉRAL ÉRIGÉ EN 1870.
De profanais.
Autour de la corniche, l'administration a fait graver les ins-
criptions suivantes :
H DisH mei traneîemnt et in nihilum redacU sunt omnea artus meL >
i,Joli. 16.)
i Heati mortui qui in DomiDO moriuntur. » (Apocol. 14.)
• Christus resui^na ex mortuja jam non moHtur ; mors !111 ultra non
dominabitur. • (Jlom. 6.)
■ Non Dioriar, eed vivam ; narrabo op«ra Domini. * (P«. 117.)
Sur le premier degré de l'obélisque de gauche, à l'est, au-
dessus du soubassement, on remarque la pierre du xvi° siècle
(1561) placée jadis sur la tombe de Quackelbe, mort de pesto
en 1561 , pierre qui inaugura peut-être le cimetière des Grands-
Champs, comme lien d'inhnmation des victimes de la peste ;
elle porte l'inscription suivante :
WILHELMUS QUACKELBE, EN ALIAS COTURNOSSIUS, BELGA, CORTRA-
CENUS, UEDICIN^ DOCTOR ET OMNIS PHILOSOPHIE; PERIXISSIMUS, CUW
CON8TANT1N0P0LI PLURIBL'S ANNIS REIPUBL1G£ CHRISTIAN^ NAVASSET
OPERAM, TANDEM QUOD IN PATWAM NEOABATDR, CHRISTO DUCE, VEBTïT
IN ŒLUM ; OBUr PESTE Vm m. MAJI MDLXI.
Quacicelbe avait été le médecin de Busbecq, envoyé extraor-
' Compte-rendu de l'adminiatration, du eimatière cath. latin, pour 1:
ec planche.
çGoogle
— 526 —
dinaire de Ferdinand d'Autriche, roi de Hongrie, auprès de
Sultan Suléiman, et auteur de lettres et de mémoires connus sur
cette capitale.
Sur ce monument on remarque encore les pierres tombales
ci-après indiquées :
1C61 . Maximilianus Vischer, austriacus, viennensis patricius.
1678. Josephus Fiëschi, Venetus legatus thesaurius, peste
correptus.
leS'i. Thomas Navong, Ser. venet. Beipob. Interpres.
1707. Lucas Jagelski, Cœsareus ad Portam interpres, natus
in Silesiam, denatus Bysantii, 13 decembris.
1709, Lucas Barga, Ragusinus, pro ead. Reip, in hac urbe
consul.
1715. Joanoes-Baptista Navon, interpres peritis.
1726. Joannes Forner Soxnenuold, Sac, Cses. Reg. Cat,
Majest. linguarum orlentalium secret, et ad Porta, ottom. ■
ioterp. primarîus.
1740, David Magy, mercator gallus, pluries unanimi con-
sensu, nattonis su% res gessit, 3 octobris.
1743. Raymondus Dugabé Delahia, Galliarum imperat. a se-
cretis et orlentalium idiomal. interp. pestilenti morbo corrept.
18 august.
1768. Guillaume Gérard Dereuo, envoyé des Belges confé-
dérés auprès de Sultan Moutafa lU.
1778. Petrus Roustan, Gallus, prim, interp. pestilentia ictus,
1780. Giuseppe Chutta, interprète di S. M. l'Imperatore di
tutte le Russie, raorto di peste.
1787. François-Jacques Le Bris, sieur du Rest, français,
sous-ingén. construct. de la marine, mort de peste,
17ÎI9. Dom. Jacobus Janowski, exe, lUustr. Dn. Pocki, magni
Poloniïe legati, capellanus, peste corrept.
1793. Nicolas Rostaing, 1" major du régim, des grenadiers
de Sibérie, au service de S. M. l'Empereur de toutes les Russies,
attaché à l'arabass. extr. envoyée à la Porte ottomane, après la
paix de Yassy. 7 décembre.
1794. Nicolas-Auguste Mazuiuer, cap, du génie, envoyé par
la Convention nationale, au service de la Porte ott. 23 messi-
dor an II.
r>' Google
— 537 —
1801. Henri Dubois de Lyon, sous-comm. cbanc. de FraDCe
à Bukharest. 16 nivôse, an IX.
1821. Charles-Jo3eph de Lbdoulx, écuyer, cens, de France à
Bhodes.
1834. Georgius Wooo, esq. dragoman to this english em-
bassy, to the S. P.
1852. Daniel Dubroca., vétérinaire de l'armée française, et
fondateur de l'école vétérinaire de Constantinople. Décembre.
1856. Gastave-Adolphe Baumgarten, ingénieur en chef des
ponts-et-chaussées de France, chev. de la Légion d'honn.
6 octobre.
Parmi les pierres arméniennes placées sur ce monument, il
s'en trouve une qui recouvrait la tombe d'un parent du martyr
Comidas (de Carbognano), misa mort le 5 novembre 1709, et
dont les restes avaient été déposés par les soins de sa fille au
clmetii're de Balougly '.
L'inscription suivante, due à l'obligeance éclairée de Mgr
Giacomo Barozzi, camérier honoraire du St-Père, chancelier de
l'archevêché, a été gravée, en outre, sur les deux pierres se
trouvant au-dessous de celle de 133"», des deux côtés de la
porte d'entrée du caveau :
MONCMENTUM HOC UNUM IN OUBE,
SU.K IN DEFU-NOTOS PIKÏATIS
IN REI.IGIONE DECORUM IMPICSSI 8TUDU
FERENNB TËSTIMOXK'.M
ASTONU GIORGIOViai SAOJmOTIS
PRESTANTI INOENIO EXCOUITATLM
SOLERTIA CL-RISQUE ASSIDUIS
ABSOLOTUM EST'-.
> Lettres édiflantes, 1819. 19.
> Pour toutes ces dilTérentes inscriptions et en général pour tout ce qui
concerne la clmetiéie, voir nos différents compte h -rendu a, et les plaach«a
ci-contre. Les .Vlissions Catholique* ont consacre, les tf mars 1874 et 19 fé-
vrier I87j, une notice sur le cimetière catholique de Kerî-keui. M. l'abbé
Giorgiovlch, qui a été, (avec M. Belin) le grand orgauinateur du cimetière,
fat nommé en 1H72 camérier honoraire do Pape Pie IX, sur la proposition
de Mgr Franchi. Cest une juste récompense des services rendus & la cause '
catholique à CP- It était ilécoré de la Légion d'Honneur pour ses bons ser-
vices en qailité d'aumûnier des soldats français de l'armée d'Orient.
«ibvGoogle
— 528 —
Entre ce monament et la chapelle, la commission a bit cons-
truire un autre ossuaire, composé de liuit cellules souterraines,
destiné à recevoir les ossements provenant des carrés communs,
renouvelables par période quinquennale. Une sorte de lanterne,
de construction octogone, s'élève au-dessus de cet ossuaire.
Bâti dans un style roman-gothique, cet ëdiSce est octogone :
la partie supérieure de chaque face terminée en ogive, contient,
en outre de l'inscription historique rapportée ci-dessous, des
textes tirés de l'Écriture Sainte ; puis sur la table de marbre
placée au-dessous, seront gravés, au far et à mesure, le millé-
sime de la période d'inhumation, et en regard, le chiffre des
morts,ou mieux, des restes exhumés des carrés communs, pour
la même durée, et déposés dans l'ossuaire.
Au-dessus de ta porte donnant entrée dans le caveau souter-
rain, on lit l'inscription suivante :
OSSL'AIEIE OÉNÉBAL.
OHSEMEyrs
RELEVÉS DES CABRÉS QUINQUENNAUX.
ÉRIGÉ EN 1871.
Puis, sur chacune des autres faces :
Quis est homo qui vivit, et non videbit mortem î (Ps. 88.)
Deficiet omnis caro simul, et bomo in cinerem reverletur.
[Job, 34.)
Iste moritur, robustus et sanus, dives et felix. {Job, 21.)
Verumtamen universa vanîtas, omnis homo vivens. (i'j.SS.)
Thesaurizat, et iguorat cui congregabit ea. {Ps. 37.)
Quoniam in te, Domine, speravi; tu exaudies me, Deus
meus 1 (Ps. 37.)
Pretiosa in conspectu Domini,mors sanctorum ejus.(Pj. 115.)
A l'intérieur de la lanterne, il s'en trouve une seconde, repo-
sant sur la partie 'antérieure de chacun des huit caveaux, et re-
joignant, en cintre tronqué, la coupole principale, couverte en
plomb et surmontée d'une croix ; une étroite galerie intermé-
diaire donne passage entre cette double lanterne j dans le mur
r^'Googlc
— 529 —
d« la partie externe, od a pratiqué, à l'intérieur, sept loculi par
travée, destinés à tel emploi ultérieur que de besoin, soit qua-
raate-neuf loculi pour les sept travées.
Une chaîne en fer, reposant sur huit bornes en pierre, en-
toure le monument.
Ce dernier monument constitue, pour ainsi dire, le complé-
ment organique du cimetière. Selon ses moyens de fortune,
chacune des classes de la société peut y assurer pour plus ou
moins de temps, autant que le permet la courte durée des choses
de ce monde, le respect à la sépulture de ses morts ; les pauvres
seuls paraissaient devoir être privés de cette consolation ; mais
s'inspiraat des enseignements de la Religion, la Commission a
ambitionné l'honneur d'accomplir ce pieux devoir, et, doréna-
vant, les pauvres, eux aitssi, auront la douce assurance que les
restes de ceux qu'ils ont aimés, seront conservés, d'une manière
toute spéciale, à leur vénération et à leurs respects.
Le gouvernement de S. M. le Sultan a fait don à la France, à
titre d'annexé au c Cimetière Militaire français >d'un parcelle de
onze mille huit cent douze pics, sise au nord, en dehors du mur
d'enceinte, et régularisant le parallélogramme du terrain du ci-
metière'.
D'après notre Compte-renduàe l'administration du cimetière
pour l'exercice 1870-71, la mortalité dans la colonie catholico-
latine de Gonstantinople, a été, pour la période décennale
comprise entre 1861-63 et 1870-71,de quatre mille quatre-vingt-
dix décés,so\i mille huit-cent vingt-six pour les cinq premières
années, deux mille deux cent soixante-quatre pour les secondes.
Ces chiiTres, combinés avec ceux donnés plus haut pour les
naissances, fournissent des bases, on peut dire officielles, pour
établir, d'une manière à peu près exacte, le quantum de la po-
pulation latine de Gonstantinople^.
Depuis la création du nouveau cimetière, le transport des
corps, de l'église au champ du repos, s'effectue au moyen de
corbillards. Selon l'antique usage la levée da corps se fait par
■ Lefl titres de traoarert de cette parcelle sont du 90 chaoual 1283 (17 mara
1866).
■ On peut conaulter, sur l'histoire des cimetières de Canstantiaople, nos
Complei-rendu» annuels, de 18e£à 1871, treize bsctcules.
r>' Google
- 530 —
le clergé, à la maison mortuaire', et le transport jusqu'à l'é-
glise est fait à bras. L'emploi des corbillards a été aussi adopté
par les tirées et par les Arméniens.'
Lors de l'épidémie cholérique qui sévit avec tant de force à
Constantinople, en 1865, l'autorité locale interdit toute inhuma-
tion dans les églises, comme cela avait eu lieu jusqu'à cette
époque, à partir du 27 juillet de cette année. Une exception fut
faite pour les sépultures existant déjà dans la crypte du St-Esprit,
maisil ne fut pas permis d'en construire de nouvelles.
Cimetière de Buyiik-dêré. L'église latine de cette localité
possédait un terrain d'environ mille pics, sis en haut de la rue
Kiriko, et qui lui avait été donné par Georges Kiriko. Cet em-
placement servit de cimetière pour les Latins, depuis les der-
nières années du siècle passé et fat enclos de murs en 1856 :
mais cet emplacement, d'abord éloT(;!'J des habitations, s'en
trouvant par la suite entouré de tous cétés,et le conseil de santé,
lors du choléra de 1865, ayant interdit toute inhumation dans
cet endroit, M. Septime Franchini gratifia la communauté latine
de Buyuk-dérè d'un autre terrain, de onze mille pics environ,
situé à un kilomètre du village, à l'entrée de la prairie qu'on
trouve au sortir de Buyuk-dérè, sur la droite de la route qui
conduit à Belgrade. Toutefois ce terrain, étant d'un accès diili-
cile, on. continua, après la disparition du choléra, d'inhumer
dans l'ancien cimetière, jusqu'en 1869 ; alors la nouvelle route
étant achevée, le conseil de santé renouvela l'ordre, qui fut
exécuté, d'inhumer désormais en cet endroit.
Par les soins du R. P. Franconi, M. C, curé de Buyuk-dérè,
on procéda, en mars 1875, à l'exhumation des ossements de
l'ancien cimetière, que l'on transporta dans le nouveau. Les re-
ligieux, aidés par les aumdnes des fidèles, firent enclore de
murs le cimetière, bâtir une petite chapelle, et faire tous les
travaux nécessaires. Sur les parois de droite et de gauche dn
mur d'enceinte on a placé diverses pierres tombales apportées
de l'ancien cimetière, parmi lesquelles nous avons relevé les
inscriptions suivantes :
1 Voyez, sur la Ievé« du corps, notre Mémoire sur les rites funèbres, dans
e compte-reudu de 1865-1866.
r>' Google
— 531 —
Victor BuTET, fils d'Amédée Butet, ancien officier de marine,
et consul de S- M. très chrétienne en Egypte, né à Buyuk-dérè,
le 22 juillet 1797, y décédé le 10 octobre 1799.
D. 0. M. Lucie Krzanowska, veuve du dernier chargé d'af-
feires de Pologne près la Porte ottomane, morte le 92 dé-
cembre 1833.
Comme à Péra, le transport des morts se fait au moyen d'un
corbillard,
Scutart d'Asie. Un cimetière est affecté aux catholiques la-
tins, aux grecs et aux bulgares ; sa superficie est de treize Deu-
nums.
Kadî-hetti. Depuis quelques années un cimetière a été dis-
posé pour les catholiques de ce fauboui^.
Prînhipo. Autour de l'église catholique on a réservé une
place pour les inhumations des rares catholiques des Iles.
Thérapia. II existe dans ce village, sur la hauteur, vers la
partie gauche de la baie, un lieu de sépulture, spécialement af-
fecté à la marine, et dit « Cimetière français t. Entouré de
murs, il renferme peu de tombes ; à l'extrémité à droite, adossé
à la muraille se trouve un petit tertre, surmonté d'une croix de
marbre, recouvrant les ossements d'un certain nombre de ma-
rins français ; derrière, appliquée à la muraille, une plaque de
marbre porte cette inscription :
Ossuaire renfërmaxt les restes des maiuns ihançais morts
EU 1854, 1855 ET 1856, pendant la qdkrre d'Ohient, inhumés
d'abord dans l'ancien ciMEnÈRE DE Thebapia et dans celui de
Khaiki, pois transférés ra, kn 1867 et 1868.
De profundts!
r>' Google
ÉPILOGUE.
CHAPITRE FINAL.
En arrivant à la un de ce long travail, il est utile, noos
semble-t^il, de chercher à noua rendr&.aiJinpte, par un r^ard
d'ensemble, de l'espace parcouru et des résultats obtenus, pen-
dant les huit cents ou les neuf cents ans qu'il embrasse.
Nous avons vu successivement les premiers essais d'impa-
tronisation des Latins sur le territoire de l'antique Byzance:les
Communes italiennes à peine constituées en républiques indé-
pendantes y arrivent les premières, l'une après l'autre. Elles
obtiennent de la faveur, de l'intérêt, ou de la faiblesse des em-
pereurs grecs, des concessions qui vont en grandissant tou-
jours, s'établissent à côté les unes des autres, se jalousant
toujours, se combattant souvent. La politique habile des empe-
reurs maintient entre elles la division, pour s'assurer l'empire.
Us y réussissent jusqu'à ce que leurs trahisons répétées aient
exaspéré la puissante république de Venise et l'aient amenée à
détourner de son but la cinquième croisade, pour venir s'em-
parer de Constantinople.
La Latinité s'établit alors en maîtresse à Byzance et y fonde
un Empire. C'était un bien grand nom pour une bien faible
puissance. Les excès de cet empire exaspèrent les Grecs, ses di-
visions le rendent impuissant et amènent sa chute à très brève
échéance. L'empereur Baudoin s'enfuit, les Vénitiens se re>
tirent, les Grecs demeurent les maîtres à CP. Cependant les
Génois qui avaient séparé leur cause de celle de A'enise ob-
tiennent de rester, mais ce n'est plus sur la rive droite de la
Corne d'Or: ils sont relégués sur le rivage de Gaiata et sur les
r>' Google
— 533 —
pentes du coteau de Péra. Ils s'y établissent, s'y font une ville
nouvelle, soumise nominalement à Byzance, mais en réalité
presque indépendante, et souvent ennemie ; ils la fortifient et
l'agrandissent peu à peu. Cette domination de Galata, presque
exclusivement génoise, a quelques belles pages dans son his-
toire. La Latinité affirme sa force par la construction de mas-
sives murailles, de vastes et belles églises, de solides édifices,
«t enfin de cette Tour imposante qui reste aujourd'hui, seul
témoin d'une puissance disparue.
Ne sachant ni s'entendre avec les Grecs, ni les supplanter
absolument, les Génois durent succomber avec eux, devant la
puissance formidable des Osmanlis, La République s'effaça, elle
se réservait : le conquérant trouva devant lui pour traiter des
conditions de la reddition de la ville, non le podestat génois,
mais bien les notables t]&0alata,parmi les chrétiens de rite latin.
C'est aux chrétiens ttins que Sultan Mehemmed accorde la ca-
pitulation, dont les conditions principales règlent encore les
rapports des vainqueur et des vaincus. Les notables se consti-
tuent en une sorte de corps qui les représentera, et le Sultan
établit une chancellerie qui traitera ofTieiellement les affaires de
la chrétienté latine « Latin-Raiacy ». Suivant l'usage du temps,
et k nécessité des circonstances, ces notables forment une
confrérie qui se réunit auprès de la principale église, et attire
peu à peu ù elle toute l'autorité qu'il était possible d'avoir sous
le joug des Turcs. Elle est connue sous le nom de t la Magni-
flca Comunità di Pera > et dure plus de deux cents ans.
Cependant elle n'avait pas assez de ressources i>our entre-
prendre de bien grandes choses, ni assez de force pour résister
aux exigences des maîtres musulmans. Ainsi elle ne put empê-
cher les Turcs d'enlever aux Latins leurs églises de CP. et môme
leurs grandes églises de St-Paul et de St-François, ni la plu-
part de leurs' autres édifices religieux : aussi le rôle des Prieurs
et des Confrères de Ste-Anne se réduisait-il le plus souvent à
payer les amendes dont on frappait la chrétienté. Au reste le
nombre des Latins était fort réduit, ils paraissaient même par-
fois sur le point de disparaître complètement. Heureusement,
pour les maintenir, les églises leur restaient, avec les religieux
qui les desservaient. Elles forent pendant un long Intervalle, le
seul centre de la vie latine ; c'est pourquoi nous avons db doa-
r>' Google
— 534 —
ner une si large place à l'histoire des églises et des religieux de
Constantinople.
Mais depuis le règne de Sultan Suléimau, un autre élément
entre en ligne de compte. Le3 Osmanlis qui avaient étêjusqu'a-
loi's en guerre continuelle avec la chrétienté et qui restaient
toujours armés contre l'Empire germanique, sur les terres du-
quel ils faisaient chaque année quelque incursion nouvelle, en-
trèrent en relations amicales avec la France. Depuis 1635, les
Rois Très Chrétiens entretinrent presque constamment des am-
bassadeurs résidant auprès de la Porte ottomane. La situation
de ces ambassadeurs était parfois bien précaire, ils n'osaient
pas parler bien haut, quand ils faisaient des réclamations; on
les menaçait parfois de les mettre aux Sept-Tours, mais cepen-
dant ils représentaient une grande puissance amie, et c'est au-
près d'eux que les Latins s'habituèrJGt à chercher un refuge
dans leurs dangers, un secours dans leurs embarras, et un ap-
pui toujours. Les ambassadeurs de France à CP., les consuls
français dans les Échelles devinrent donc les protecteurs natu-
rels de tous les chrétiens du Levant : la Porte leur r^onnut ce
droit, le St-Siège le consacra, et les traités le confirmèrent.
Seulement ce fut la mort de l'autonomie locale et de la puis-
sance de la •: Magni&ca Comunità >. Peu à peu toutes les af-
faires durent passer par la chancellerie française, Cette influence
ne s'établit pas sans quelque lutte. L'Empire, quand il était eu
paix avec la Turquie, Venise surtout, qui avait de grands inté-
rêts à CP., réclamèrent, il fallut leur faire une part; mais on
peut remarquer que c'est quand l'influence française diminue
que la puissance ottomane pèse plus lourdement sur les chré-
tiens. Ainsi les églises de Stamboul qui avaient été conservées
à la chrétienté par l'intervention de M. de Brèves, lui furent
enlevées dans une crise qui obligea l'ambassadeur de France,
M. de Marcheville, à disparaître ; ainsi Ste-Marie Drapéris (an-
cienne) fut enlevée aux Observantins, quand leur maison fut
devenue une possession espagnole ; ainsi St-François fut en-
levé aux Conventuels quand ils en eurent fait une église véni-
tienne, etc.
Cette protection fut donc un bonheur pour les Latins, mais
elle fut en même temps un obstacle à leur union et nuisit ainsi
k leur force intrinsèque. Soutenue par le dehors, la Latinité
r>' Google
- 535 —
a'ëtait pas t une > au dedans,elle était par \h même plus faible.
On le vit mieux au xvii' et au xvni" siècles. Deux Ordres re-
ligieux, dont les membres se recrataient en France et dépen-
daient de supérieurs français, les PP'. Jésuites et les PP. Capu-
cins, concentrèrent presque toute la vie religieuse de Péra dans
leurs églises de St-Benoît, de St-Georges et de St-Louis; ce-
pendant ces églises n'étaient point des paroisses; mais leurs
prêtres étaient d'accord avec la puissance prépondérante, ils
pouvaient donc agir avec plus de sécurité et faire ainsi plus de
bien. La Porte elle-même leur accordait une spéciale liberté,
tandis que les autres églises ne se maintenaient que par une
sorte d'inertie et que leur activité se bornait, trop souvent, à '
des disputes entre elles ou k des tracasseries aux religieux
français.
Une autre cause de IXlesse pour la Latinité était l'absence
d'un clief religieux capable de commander. Les Patriarches de
CP. conservaient leur titre et leur autorité nominale, mais obli-
gés de résider à Rome, ils devaient se faire représenter à CP.
. par un Vicaire, le plus souvent supérieur de Str-François ; mais
d'un côté ce Vicaire n'avait pas une grande autorité, et, sans
caractère èpiscopal, il manquait de prestige, d'un autre cOté il
ne résidait, en général, que peu de temps à CP. Ces changements
fréquents, Routés aux autres causes, que nous avons indi-
quées, empêchaient leur bonne volonté d'ôtre fructueuse. Depuis
deux siècles, il est vrai, le Vicaire patriarcal est revêtu du ca-
ractère épiscopal, mais n'ayant pas un titre réel, n'ayant pas
même, tout d'abord, d'église à lui, ne possédant pas de clergé
qui lui appartint directement, son autorité était plus nominale
que réelle ; souvent, lorsqu'il voulait la faire prévaloir, elle re-
vêtait une apparence tracassière, en contrariant les droits des
réguliers sur lesquels elle s'exerçait. Ces Vicaires patriarcaux
effacés par les ambassadeurs, jalousés par la < Comunità », peu
obéis par les religieux, obligés de faire mille compromis pour
vivre, furent rarement les chef^ réels de la Latinité, mais il
leur était difBcile de faire mieux. Nous avons noté les efforts
de quelques-uns d'entre eux ; mais nous avons constaté, qu'en
somme les résultats obtenus furent maigres.
Nous ne pouvons d'ailleurs nous figurer, nous qui vivons
sons un régime de liberté relative, combien il était difficile à
r>' Google
ceux gui nous oot précédés d'entreprendre quelque chose de
sérieux. Sans doute à l'abri des Capitulations et sous la pro-
tection de la France ils pouvaient à peu près conserver leurs
positions et continuer leur vie; mais il fallait toujours appré-
hender quelques tracasseries nouvelles d'un pouvoir arbitraire
et capricieux, des <: avanies x, tantôt sous un prétexte taatdt
sous un autre, des amendes qui épuisaient les ressources des
couvents et celles de la t Comunità >. Surtout on se heurtait
à des difficultés inextricables, lorsque, après un de ces incen-
dies, si fréquents alors, on voulait rebâtir une église. Ce n'était
pas trop alors de toute la puissance et de toute l'habileté des
ambassadeurs, et de toutes les ressources des Latins, pour ob-
tenir les Ûrmans nécessaires ; et encore tout fut parfois inutile :
malgré tous les efforts le sol de plusieurs églises incendiées fat
confisqué par les autorités musulmajcr^. On se plaint aujour-
d'hui de la peine que l'on éprouve pour obtenir l'autorisation
d'ouvrir une église ou une école; mais qu'est-ce que tout cela
en comparaison de tout ce qu'il fallait dépenser jadis d'habileté
et d'argent, et souvent pour n'aboutir à rien.
Ajoutez à toutes ces causes d'infôriorité, la pénurie dans la- '
quelle se trouva toujours la Latinité. Les revenus de !a Comu-
nità étaient presque nuls, ceux des églises n'étaient pas consi-
dérables. Le Vicaire patriarcal n'avait ni une maison ni une
église ; il n'y avait pour faire face aux dépenses générales de la
Latinité que les contributions volontaires ou forcées de ses
membres, ou des chrétiens qui faisaient le commerce dans le
Levant. Et encore quand toutes les nations eurent des consuls
dans les Échelles, les droits se payèrent aux consuls et non plus
à la chancellerie de Galata. Et pourtant il fallait faire face à de
grandes nécessités; toutes les églises de Péra ont été plusieurs
fois dévorées par les flammes, et quelques-unes ont été renver-
sées par des tremblements de terre. Les Ordres religieux firent
les plus grands sacrifices pour relever leurs églises et leurs cou-
vents, ils y furent aidés par les ambassadeurs et les cbrétien^
du pays, mais il fallut abandonner enfin les églises qui ne rele-
vaient pas spécialement d'un Ordre religieux. On s'étonne
même comment la bonne volonté des uns et des autres a pu ré-
sister pendant si longtemps ù de si lourds sacrifices et se main-
tenir quand même.
r>' Google
— 537 —
Heureusement la Frauce, en preuant la protection des chré-
tiens, assumait aussi la charge de leur donner un secours effi-
cace, 80US la forme de subventions pécuniaires et autres. Non
seulement les religieux français, Jésuites et Capucins, étaient
régulièrement subventionnés par leur gouvernement, mais aussi
les autres qui n'étaient pas français, recurent maintes fois des
preuves non équivoques de la protection que leur accordait le
Roi. Grflce à ces secours, grâce aux contributions des chambres
de commerce, les missions purent se maintenir et le catholi-
cisme se conserver à jConstantinople jusqu'à nos jours.
Les prêtres catholiques, et leurs chefs, les Vicaires patriar-
caux, auraient-ils pu faire davantage ? Auraient-ils pu, par
exemple, exercer une certaine Influence sur les autres chrétiens
et les amener à l'unit^ de l'Église catholique ? Il serait injuste
de dire que rien n'a tt^^it dans ce aens : outre les grands ef-
forts qui furent faits au \iB', au xiV siècle et môme au xv^,
et qui aboutirent à l'Union prononcée aux Conciles de Lyon et
de Florence, il y eut d'autres travaux enticpris dans ce but.
Nous avons dit comment les Arméniens catholiques ont trouvé
un appui à yt-Benolt, à St-Georgea, à St-Pierre, comment il se
trouva toujours des religieux qui se dévouèrent à cette œuvre,
on ramena quelques schismatiques, mais surtout on conserva la
foi dans le cœur de ceux qui étaient catholiques. Les efforts
échouèrent sur la masse, elle est resiée aussi attachée à son
autonomie et & ses idées que jadis, mais le catholicisme n'a
pas reculé ; malgré toutes ces causes de faiblesse, il est demeu-
ré dans les mêmes positions qu'il occupait au moment de la
conquête ottomane.
Notre tâche ne serait pas complètement achevée si, après
avoir raconté l'histoire du passé, nous n'envisagions pas aussi
la situation présente de la Latinité. Elle peutse considérer sous
deux aspects, dans le peuple qui la compose, et dans les chefs
qui la gouvernent.
Las colonies latines sont nombreuses h Constantinople, mais
le seul lien qui les unit c'est l'Église catholique ; or nous, voyons
que cette Église s'est constituée avec une grande force et
qu'elle a afllrmë son unité. Ses chefs spirituels ont actuellement
une autorité plus grande et mieux reconnue de leurs fidèles ; ils
sont soutenus avec plus d'énergie par la Cour romaine, et de-
r>' Google
venus plus forts, ils peuvent essayer davantage. Dans ce siècle
l'Église latine a eu quelques « Évëqaes » vraiment remar-
quables; je n'en citerai qu'un : la longue administration de
Mgr Hillereau, par exemple, laissera des traces durables et des
institutions utiles ; il a organisé te diocèse et lui adonné toutes
les œuvres nécessaires.
Ce n'est pas, remarquons-le bien, que les Vicaires aposto-
liques patriarcaux d'aujourd'hui puissent beaucoup faire par
eux-mêmes. Les mêmes causes qui ont empêché l'action de
leurs prédécesseurs entravent aussi la leur. La plus grande par-
tie du clergé qui dessert les églises ne leur appartient pas direc-
tement; je n'en veux pour preuve que ce fait : sur cent vingt-
quatre prêtres latins qui sont à CP, il n'y a que vingt-six
prêtres séculiers,et encore sur ces vingt^iiv il n'y en a que trois
qui soient indigènes et appartiennent iifciînocèse ; les autres vien-
nent de l'étranger ou des lies. Quant. aux quatre-vingt-dix-huit
prêtres réguliers, ils sont des auxiliaires utiles et puissants,
mais ils ont leurs supérieurs et c'est de cette autorité qu'Us at-
tendent leur direction. Ne nous étonnons donc pas si l'initia-
tive du bien est venue surtout de ce côté ; ils ont pour eux le
nombre, la position acquise, la force de la tradition. Les
évêques l'ont compris, et avec une sagesse qui les honore, bien
loin de se montrer tracassiers à l'égard des religieux, ils ont
été généralement bienveillants, et ils ont reçu avec reconnais-
sance une aide dont ils ne pouvaient se passer.
Du reste la position de ces Vicaires apostoliques est singu-
lière ; bien que revêtus du caractère épiscopal et d'une autorité
€ ordinaire », bien que reconnus comme prélats par leurs fi-
dèles, et même respectés en cette qualité par les infidèles, ils
n'ont cependant aucune place dans la hiérarchie civile et ne
peuvent avoir aucune relation directe avec le pouvoir officiel.
C'est par l'entremise des Ambassadeurs que doivent passer
toutes leurs communications et leurs demandes. Cela les met
donc dans une position dépendante et inférieure, à certains
égards, tout en garantissant mieux la liberté de leur action.
Ajoutez à cela que par suite de circonstances malheureuses le
Vicariat n'a presque aucune ressource fixe. Il est vrai que d'un
côté la S. C. de la Propagande, d'un autre les diverses œuvres
catholiques, et enfin le G-ouvernement français viennent à son
r>' Google
— 539 —
aide ; mais ce n'en est pas moins une existence précaire et ma]
assurée. Malgré tout le Vicariat jouit d'une grande considéra-
tion et il exerce sur les fidèles une sérieuse influence.
Le clergé qui donne à l'évèque un concours cordial et actif,
manque de cohésion. Jusqu'ici il n'y avait pas à CP. de sémi-
naire proprement dit, on ne conçoit même pas très bien com-
ment on aurait pu songer à former un clergé indigène séculier,
puisque l'on n'aurait pa.s eu d'occupation à lui donner ; mais à
présent qu'il y a des paroisses séculières le besoin d'un clergé
local se fait sentir, et par suite, celui d'un séminaire pour le
former. On ne peut songer à envoyer à Rome tous les sujets
dont on a besoin et l'on ne peut se contenter des prêtres venus
du dehors avec de la bonne volonté sans doute, mais ne possé-
dant pas toujours toute', les qualités de science et de caractère,
nécessaires au bien à nf^Ç-époque. C'est pourquoi, sans songer
à établir un séminaire pour eux seuls, les Vicaires patriarcaux
ont encouragé lea séminaires de St-Benolt et de St-Louis. Es-
pérons que ces établissements donneront au diocèse des prêtres
instruits et pieux capables de faire du bien aux âmes.
Quant aux religieux curés, on ne peut nier qu'ils ne s'oc-
cupent avec conscience de leurs fonctions curiales : ils tiennent
à leurs paroissiens et leur administrent exactement les sacre-
ments, seulement la même cause qui a neutralisé leurs efforts
dans le passé pèse sur eux encore aujourd'hui. La difficuUé de
se recruter que les noviciats religieux éprouvent et le manque
de choix dans les sujets qui composent les missions, rendent
leur ministère moins effectif.Les supérieurs majeurs ne peuvent
faire davantage, les supérieurs locaux utilisent de leur mieux
les sujets qu'on leur donne, mais ils avouent, les uns et les
autres, qu'ils désireraient vivement quelque chose de mieux
encore. Quelques religieux ont fait de grands progrès en ce
sens, espérons que les autres ne resteront point en arrière.
Il faut cependant reconnaître, pour être juste, que le clergé
n'a pas perdu son temps, depuis quelques années. Les œuvres
se sont multipliées d'une façon merveilleuse,et le « diocèse > de
Gonslantinople ne le cède à aucun diocèse du monde, ni pour le
nombre des prêtres, ni pour celui des religieux, ni pour les
écoles, les hôpitaux et les institution^ de charité. On peut dire,
comme nous l'avons remarqné,qu'il ya eu depuis cinquante ans
r>' Google
— 540 —
à CP. une floraison catholique merveilleuse. Partie des Laza-
ristes et de Str-Benoit, elle se continue toujours ; tous les prêtres
séculiers ou réguliers rivalisent de zèle et d'efforts.
Les écoles élémeataires reçoivent une population innom-
brable, les collèges de garçons et de filles sont nombreux et
bien fréquentés ; les enfants reçoivent partout une instruction
en rapport avec les exigences du temps et les nécessités de leur
avenir. On' peut donc dire, ea résumé, que ceux qui gouvernent
ont fait leur devoir et l'ont fait largement, et qu'ils tiennent
bien leur place à la tète de la Latinité.
Mais si du clergé nous en venons au peuple, comment pour-
rons-nous l'apprécier? Impossible de le juger en un seul bloc.
Il se compose en effet de deux parts sans cohésion entre elles,
les t Raias » ou chrétiens indigène^, l't les étrangers, conser-
vant leur nationalité propre, Fraiiffif^i Italiens, Autrichiens,
Anglais, Hellènes, etc. C'est là pour 1 Église catholique une aulre
cause de faiblesse et d'infériorité.Les Baïas eux-mêmes ne sont
pas uns, quelques-uns en effet appartiennent à d'anciennes fa-
milles galatiotes ou pérotes, ou même viennent originairement
des Iles grecques, mais depuis de longues années sont fixés à
CP., les autres viennent en ville 'seulement pour chercher le
moyen d'amasser de l'argent, sans avoir la pensée de s'y fixer.
Les premiers forment seuls la population sérieuse sur laquelle
on peut compter. C'est sur ces chrétiens fixés dans le pays,
comme dans leur patrie, que l'on peut s'appuyer pour le bien.
Quant à la population levantine flottante, si nombreuse dans
toutes les villes, il faut bien s'en occuper, mais il ne faut pas
s'attendre à recevoir d'elle une aide bien efficace. L'important
est que l'on puisse ta préserver des mauvaises influences.
Restent donc les européenî proprement dits ; mais parmi
ceux-là il faut encore faire une distinction essentielle; les uns
sont fixés dans le pays depuis longtemps, parfois depuis plu-
sieurs générations, ceux-là sont assimilables aux pérotes vrais,
et forment avec eux la meilleure partie de la population. Les
autres viennent en Orient pour leurs affaires; parmi eux il s'en
trouve de fort bons, qui ont apportC' avec eux les idées reli-
gieuses et les habitudes des œuvres de l'Occident, ceux-là ont
été pour la Latinité un puissant secours, ils lui ont même im-
primé une impulsion, dont on a dit que les levantins peuvent
r>' Google
— 641 —
difficilement avoir l'initiative. Mais parmi les étrangers beau-
coup n'ont que de mauvais principes et des habitudes déplo-
rables ; ils ont iioportë dans le Levant les idées d'irréligion ou
tout au moins d'IndifTêrence qu'ils avaient dans leur patrie, et
malheureusement ils sont trop écoutés par les gens du pays. Il
faudrait donc savoir éliminer les mauvais éléments et grouper les
bons ; mais ici le sentiment de la nationalité, si beau et si noble
en lui-même, devient un obstacle. Chaque nation n'est pas as-
sez nombreuse pour avoir ses œuvres à elle seule, et chacune
craint de se mêler aux autres. Il faudrait que le clergé fît plus
d'efforts pour amener la fusion des esprits, au moins sur le ter-
rain de la religion et de la cbmté.
Les ambassades étrangères, officiellement d'accord, sont na-
turellement jalouses de l'inSuence que les autres peuvent avoir.
Quelques-unes ont mon*^peu de bienveillance pour le privi-
lège que les traités accordent à la France de protéger les Latins;
elles ont même gêné son action autant qu'il leur a été possible
et se sont appliquées à le détruire, soit par une action directe,
soit en agissant indirectement aupri'S de la Porte. Malgré cela
cette protection est encore nécessaire et elle se maintient. Les
ambassadeurs frani^ais se succèdent, les gouvernements se rem-
placent, mais les traditions restent ; on comprend à Paris
comme à CP. que le rôle de protectrice de la Religion catho-
lique que la France remplit dans le Levant est le meilleur fon-
dement de son influence. On y persiste donc toujours. On com-
prend aussi à Rome, malgré certaines tendances contraires, que
cette protection de la France est non seulement utile, mais
encore nécessaire ; aussi les Papes et le Pape actuel, plus vigou-
reusement encore que ses prédécesseurs, l'ont maintenue tou-
jours. Je n'en veux pour preuve que les instructions que la S. C.
de la Propagande a récemment adressées aux évêques et aux
missionnaires qui dépendent d'elle. On désirerait seulement que
cette protection fût plus effective, tout en reconnaissant que les
missionnaires eux-mêmes rendent quelquefois son exercice bien
difficile.
Ceux qui ne font que passer dans le Levant, on môme ceux
qui tout en y résidant ne cherchent pas à se rendre compte do
la réalité, se demandent ce que fait l'Ëglise et quelle est sa po-
sition dans les flmes. A cette question nous pouvons répondre
r>' Google
_ 542 ~
avec franchise : l'Église se maintient, elle maintient parmi ses
enfants les croyances, les traditions et les pratiques chré-
tiennes. Ce n'est pas à dire assurément que tous les catholiques
de CP. soient fervents, hélas ! plusieurs se laissent entraîner
par les exemples et les doctrines qui viennent de l'Occident,
mais la masse reste fidèle. L'Église fait même quelques con-
quêtes, et plusieurs qui sont venus chercher la fortune ont em-
porté la foi. Les prêtres, il est vrai, se plaignent d'une certaine
diminution de ferveur chez leurs paroissiens, mais où troave-
t-on aujourd'hui des prêtres qui ne se plaignent pas ? , On re-
proche aux chrétiens du pays leur manque d'initiative pour le
bien et l'on dit que c'est du dehors qu'a dû venir l'impulsion
pour les œuvres; mais n'ont-ils pas le droit de répondre qu'ils
ont eu du moins le mérite de eompiéndre cette impulsion et de
la suivre? Ils ajoutent qu'il nous e^V^cile h présent de parler
des œuvres, puisque nous en avon,3 la- liberté ; mais que pen-
dant des siècles ils ont soutenu des combats incessants et d'au-
tant plus méritoires qu'ils étaient inconnus des hommes, et
qu'ils ne pouvaient aboutir à aucun autre résultat que de main-
tenir à la chrétienté une vie précaire. Ils y ont réussi k force
de sacrifices : avouons qu'ils ont fait une bonne œuvre.
On nous adressera encore une question : l'Église catholique
exerce-t-elle une grande influence dans le pays ? Â-t-elle contri-
bué à préparer l'union des esprits et des cœurs ? A cette ques-
tion nous pouvons répondre que son influence est sensible,
beaucoup plus grande que ne le ferait supposer le petit nombre
de ses adhérents. Indépendamment des nationalités, les catho-
liques tiennent une grande place à Constantinople, par leurs
écoles et par leurs œuvres. Ils ont maintenu dans l'union les
Arméniens, au milieu de toutes les persécutions dont cette na-
tion a été l'objet, ils l'ont guidée au milieu des tentatives de
schisme. Quant aux schismatiques, grecs orthodoxes ou armé-
niens grégoriens, nous ne pouvons pas dire que nous faisons
parmi eux des conquêtes sensibles ; cependant nous recevons
beaucoup de leurs enfants dans nos écoles : ils y apprennent à
nous connaître, à nous estimer et même à nous aimer ; mais
on ne leur demande pas le sacrifice de leur religion, et généra-
lement ils sortent de nos écoles avec la même foi qu'ils y avaient
apportée ; avons-nous perdu notre temps avec eux, au point de
r>' Google
— 543 —
vue religieux? Non certes; ils ODt perdu leurs préjugés, ils
coanaissent ootre fol. S'il» n'ont pas fait encore le pas décisif
qui les amènera à l'unité complète, ils ont au moins diminué la
distance qui nous séparait : un jour viendra sans doute oh tous
se réuniront dans la même foi comme ils ont été unis dans la
même vie.
Les Églises orientales elles-mêmes ont proâtè de la présence
de l'Église latine.EUes s'en sont rapprochées en plusieurs points
et lui ont empranté diverses pratiques. De plus l'émulation les
3 portées à faire pour leurs écoles et pour leurs œuvres ce
qu'elles voyaient chez nous ; de ce côté encore nous avons fait
un bien, indirect mais réel. Je ne parle pas évidemment des mu-
sulmans inattaquables ù Constantinople, comme ailleurs. Ka
somme la Latinité tient sa place comme religion et elle remplit
toujours son rôle coni^ représentant de la civilisation occi-
dentale.
Ce n'est pas néanfnoins une situation dont nous puissions
nous contenter absolument ; nous avons d'autres désirs,et nous
entretenons d'autres espérances. 11 faudrait que la Latinité pût
prendre hautement la première place dans notre société et y
exercer l'influence à laquelle lui donne droit la possession com-
plète de la vérité ; elle réaliserait ainsi tout le bien que lui per-
mettent les ressources dont elle dispose et les sacrifices qu'elle
impose à ses prêtres et à ses religieux. Mais comment amener
ce résultat î Nous avons tout ce qui est nécessaire comme
œuvres de préservation et de charité, nous pouvons instruire
nos fidèles et les armer sulTisamment contre l'erreur ; mais
sommes-nous armés suffisamment pour la conquête ? et n'ou-
blions-nous pas qu'une religion qui ne fait pas de prosélytes
nouveaux est une religion destinée à disparaître ?
Il faudrait donc aborder résolument ces hautes et difiîciles
questions, mais comment y réussir ?
Au XVI' siècle, même au xvii* la division entre les chrétiens
orientaux et les Latins était moins tranchée. Les Grecs orttio-
doxes et les Arméniens grégoriens ne craignaient pas de fré-
quenter nos églises, ils nous invitaient à officier et à prêcher
dans les leurs. Aujourd'hui il n'en est plus ainsi : surtout
depuis la proclamation de l'indépendance de la Grèce, la religion
est derenue comme le palladium de la nationalité et toute in-
DigilizPdbvGoO^le
— 544 —
cursion sur ce terrain est considérée comme une attaque aux
plus nobles sentiments patriotiques. Devenir catholiques leur
paraîtrait abandonner la patrie hellénique ou les espérances
nationales de rArménie. Il faut donc, pour se rencontrer amica-
lement, et exercer sur eux une influence sérieuse, trouver an
terrain neutre. Mais lequel? Peut-être serait-ce celui de la
science.
Les orientaux ne craignent pas d'envoyer leurs enfunts à nos
petites écoles et à nos collèges, on y ébauche un rapproche-
ment : ne serait-il pas possible de le compléter en ouvrant une
école d'enseignement supérieur, ou bien en s'adressant par la
voie de la presse périodique aux intelligences plus cultivées ?
Ne pourrait-on pas leur montrer ainsi que leurs préjugés ne sont
pas fondés et qu'Us seront encore plus forts, comme Grecs ou
Arméniens, en s'nnissant plus intig^ient à leurs frères, les ca-
tholiques? Ne pourrait-on pas leur faire Toir que la reconnais-
sance de la Suprématie pontificale, loin de leur ôter de leur
liberté, donnerait un nouveau fondement à leur dignité et à leur
indépendance nationale ? Y a-tril d'autres moyens d'amener ce
résultat ? Nous ne pouvons croire que la parole du Christ soit
fallacieuse et nous espérons, suivant sa promesse, qu'un jour
viendra où il n'y aura plus qu'w" seul bercail et nn seul
pasteur.
Nous savons que ces pensées occupent sérieusement l'esprit
du grand Pontife qui préside aux destinées de l'Église, tel est
son désir hautement manifesté en mainte occasion. Nous atten-
dons avec confiance les mesures qu'il prendra pour amener ce
résultat et nous les seconderons avec toute la bonne volonté et
l'énei^ie dont nous sommes capables. C'est l'ambition des ca-
tholiques latins du Levant et celui qui a contribué à faire pa-
ralfre ce travail sera heureux s'il peut ajouter une page glorieuse
à l'Histoire de la Latinité de Gonstantinople.
r>' Google
TABLE DES MATIÈRES
Introducjion à la nouvelle édition . . . 5
AvertÏBsenieDt de .l'auteurv- ■ .... 11
.PREFERE PARTIE.
La Latinité de CenstaptinOpIe dans la ville proprement dite,
'jusque et après la. conquête ottomane _ . . ■ ■■_...... 1^
Chapitre i. — Latinité de CP. pendant le Bas-Empirr. Con-
cessions pisanes, vénitiennes, génoises 15
Chapitre II. — La conquête latine de CP. (1201-1261.) Les
Empereurs, le clergé et les Patriarches, les tentatives d'u-
nion entre les deux Eglises 41
CïiAPiTRE III. — Restauration byzantine {1S61-1453.) Prédo-
minance génoise, luttes, travaux pour l'union des jlglises. 91
Chapitre IV.— latinité de Stamboul (1453-1635.) S.te-Marie,
St-Niçoias, .. ..• . ...... . . . . . ,. . . , 110
DEUXIÈME P.AIÎTlft."" ,
LatinUé de Galata-Péra (126H783.) ... . . . -, . .121
Chapitre I. — Tot)ographiB historique de Galata (1103-186.4.)
Les diverses enceintes, les murailles^ les églises. . . . 1S3
ChapïtHe II. -La < Magnifie» Gomunilà di Péra »(1453-1682.)
Organisation municipale, protection de la France. ... 165
■'•-'■ ■■ ■^■35-- ."-
r>' Google
— 546 —
Chapitre III.— St-Françoia (1220-1696.) Les Frères Mineurs
Conventuels ou Cordeliers 187
Chapitre IV. — St-Paul, St-Pierre ( 1232-1535-1838. ) Les
Frères Prêcheurs ou Dominicains, (Jacobins) 213
Chapitre V. — St- Benoit. Les Pères de la Compagnie de Jâsus,
ou PP. Jésuites. (1583-1773.) 232
Chapitre VI.— Sto-Marie Drapéns(158&-1803.) Les Frères
Mineurs de l'Observance. (1445.) Les Riformati. (1&12.)
Terra-Santa : ". . 271
Chapitre VII. — St-Georges, St-Louis. Les Frères Mineurs
Capucins de Paris. (1626-1792.) 285
Chapitre VIII. — Les églises aujourd'hui disparues. 1* Ste-
Anne; 2> St-Michel ; S* St Jean-B^ctiate ; 4* Ste-Irène ;
5* St-Sébastien ; 6" Ste-Claire ; 7" V,^4e-Trinité ; 8» Con-
grégation de S t-Je an -Baptiste ; 9* L^ Ba^e et ses églises ;
10* St-Jean-Chrysostomc. ... - 316
Chapitse IX. — Organisation ecclésiastique de la Latinité.
(1453-1789.) Vicaires patriarcaux, Évëques suffragants,
Vicaires apostoliques patriarcaux 347
TROISIEME PARTIE.
État actuel de la Latinité. (1783-1893.) 363
CtTAPiTRE I. — Gouvernement ecclésiastique et organisation
paroissiale, population catholique 365
Chapitre II. — Paroisses séculières. l*Le St-Esprit; 2*Kadi-
Keui ; 3" Scutari 380
Chapitre Ilf. — Paroisses Régulières. 1* Paroisses des PP.
Conventuels; 2' paroisses des PP. Dominicains; 3* pa-
roisses des PP. Riformati ; 4* paroisses des PP. Capucins. 391
Chapitre IV. — Communautés religieuses d'hommes (non
paroissiales). Écoles de garçons. 1" Prêtres de la Mission
(Lazaristes); 2" PP. Jésuites; 3* PP. Aoigaslins de l' As-
somption ; 4* PP. Capucins de Kadi-keui ; 5" Frères des
Écoles chrétiennes ; 6* FF. Maristes. Récapitulation géné-
rale du Clergé. Tableau des écoles 428
r>' Google
— 547 —
Chapitre V.—CommunautéB religieuses de FemineB. 1° Filles
de la Charitâ ; 2'> Sœurs de N.-D. de Sîon ; 3<> Sœurs de
l'Itnmaculée-Ooncepiioii d'Ivrea; 4* Sœurs Franciscaines
de Gémona ; 5* Sœurs Dominicaines de Mondovi ; 6* Sœurs
Oblatesde l' Assomption ; 7* Sœurs Franciscaines de Calais,
(Gardes-malades) ; 8* Petites Sœurs des Pauvres. Écoles
de filles. Récapitulation 456
Chapitre VI. — Œuvres de Charité inspirées de St Vincent.
Laïques 484
Chapitre VII. — H^itaux. Anciens, Nationaux, Religieux. 497
Chapitre VIII. — Les cimetières, histoîrfl, état actuel. . . 506
Épilogue 532
çGoogle
U on treuil -sur -Mer. — Inip. N.-I). îles Piés. — Ern. Duquat, diietleur.
r>' Google
abvGoogle
Montreuil-sur-Mer - liiip. N.-U. des PrÉs- - Ern. Duquat, direoleur.
dbyGoogle
çGoogle
çGoogle