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Full text of "Histoire de la littérature hindoui et hindoustani"

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HISTOIRE 


DE    LA 

LITTÉRATURE  HINDOU! 

ET   HINDOUSTANI 

PAR  M.  GARCIN  DE  TASSY 

PROFESSEDR    À  L'ÉCOLE    SPECIALE    DES    LA?iGDES    ORIENTALES    VIVANTES 

MEMBRE    DE    L'INSTITUT    DE    FRANCE 

ET    DES    SOCIÉTÉS    ASIATIQUES    DE    PARIS  ,     DE    LONDRES  ,    DE     CALCUTTA  ,     DE    MADRAS 

ET  DE  BOMBAY 
CHEVALIER   DE   LA  LEGION    D'HONNEUR,    ETC.   ETC.   ETC. 

The  Hindi  dialects  liave  a  litciatuie  of  theii 
own  and  one  of  vory  great  interest. 

H.  H.  WlLSON,  Introd.  to  M/ick.  Coltecl. 

TOME  I 
BIOGRAPHIE  ET  BIBLIOGRAPHIE 


PARIS 


PRINTED    UNDER    THE    AUSPICES 

OF   THE   ORIENTAL   TRANSLATION    COMMITTEE 
OF    GREAT   BRITAIN   AND    IRELAND 

M  DCCC  XXXIX 


PIC 
2031 


^  R  A^' 


u3  1.0  1362 


0  O  *l  'i  t/ 


A  SA  MAJESTÉ 


LA  REINE 


DE  LA  GRANDE-BRETAGNE. 


MADAME, 


Il  est  tout  naturel  que  j'aie  sollicité  l'honneur 
de  dédier  à  Votre  Majesté  un  ouvrage  qui  traite 
d'une  portion  de  la  littérature  de  l'Inde,  de  cette 
vaste  et  belle  contrée  soumise  à  votre  sceptre,  et 
qui  ne  fut  jamais  si  heureuse  que  depuis  qu'elle 
dépend  de  l'Angleterre.  On  ne  saurait  être  contre- 
dit en  avançant  ce  fait;  et,  d'ailleurs,  des  écrivains 
hindoustani  modernes  le  témoignent  :  on  trouve 
dans  leurs  ouvrages  l'éloge  de  l'Administration  bri- 


tannlqiie,  sous  laquelle  ne  sont  plus  à  craindre 
les  exactions  ni  la  tyrannie  des  gouvernements  in- 
digènes. 

Parmi  les  anciens  souverains  de  l'Hindoustan, 
ce  fut  une  femme  qui  se  distingua  peut-être  le 
plus  par  son  mérite  personnel.  En  apprenant  l'heu- 
reux avènement  au  trône  d'une  Princesse  aussi 
accomplie  que  Votre  gracieuse  Majesté  ,  les  natifs 
ont  dû  se  rappeler  cette  sultane  Razia  qui  leur 
fut  chère.  Ils  retrouvent,  en  effet,  dans  la  Reine 
Victoire  la  jeunesse  et  les  rares  cpiahtés  de  Razia; 
et  cette  considération  ne  peut  que  les  attacher 
plus  fortement  encore  au  pays  auquel  la  divine 
Providence  a  voulu  les  assujettir. 

Je  suis,  avec  le  plus  profond  respect, 


MADAME, 


DE  Votre  Majesté, 


Le  très-liuniblc  cl  InVobéissant  serviteur, 
GARCIN  DE  TASSY. 
Paris,  ce  i  F>  avril  iSSq. 


PREFACE. 


Il  paraît  que  dès  avant  le  xf  siècle  de  notre  ère,  les 
langues  modernes  de  l'Inde  avaient  remplacé  partout 
l'idiome  sacré  des  Védas.  Celle  qui  surgit  dans  l'ancien  em- 
pire de  Bharata  fut  désignée  sous  le  nom  générique  de  bhâ- 
schâ  ou  bhâkhâ  (langage) ,  et  sous  l'appellation  plus  spéciale 
à'hindavî  ou  d'hinclouî  (langue  des  Hindous).  Cet  idioine 
nouveau  était  à  peine  formé  quand  eut  lieu  l'invasion 
de  Mahmoud  le  Gaznévide.Plus  tard,  lors  de  l'établissement 
à  Dehli  de  la  dynastie  Pathane,  vers  la  fin  du  xii*  siècle, 
par  suite  des  relations  suivies  qui  s'établirent  entre  les  Hin- 
dous et  les  Persans,  il  se  fit  dans  les  villes  soumises  aux 
Musulmans  une  sorte  de  mélange  entre  la  langue  des  vain- 
queurs et  celle  des  vaincus.  Ce  mélange  acquit  un  nouveau 
degré  de  consistance  à  l'époque  où  le  célèbre  conquérant 
Timûr  s'empara  de  Dehli.  Le  marché  de  l'armée  fut  établi 
dans  la  ville  et  reçut  le  nom  tartare  d'urdû,  qui  signifie 
proprement  armée  et  camp.  Ce  fut  là  surtout  qu'on  fut  obligé 
de  parler  le  nouvel  idiome  hindou-musulman  ;  aussi  reçut-il 
le  nom  vulgaire  de  langue  urdû,  tandis  que  les  poètes  lui 
donnèrent l'épithète  de  mêlé  (rekhta).  Vers  le  même  temps, 
le  même  phénomène  philologique  s'accomplissait,  au  midi 
de  l'Inde ,  sous  les  dynasties  musulmanes  qui  régii^ent  les 
différents  empires  élevés  successivement  au  sud  de  la  Ner- 
budda;  et  là  l'idiome  hindou-musulman  prit  le  nom  spécial 
de  dalilinî  (méridional).  Ces  deux  dialectes ^  comme  ceux 

'  Seddon  [Addrcss  on  iJtr  lanrjiiagr  and  liicralurc  of  Asia)    rrmarque, 

A. 


IV  PREFACE. 

d'oil  et  d'oc  dans  la  Fiance  du  moyen  âge,  ont  pénétié  dans 
l'Inde,  l'un  au  nord,  l'autre  au  midi,  partout  où  les  Musul- 
mans ont  étendu  leurs  conquêtes,  tandis  que  l'ancien  est 
resté  usité  dans  les  villages,  parmi  les  Hindous  des  provinces 
du  nord^;  mais  quoique  ces  idiomes  diffèrent  les  uns  des 
autres  dans  le  choix  des  expressions,  ils  ne  forment  néan- 
moins, à  proprement  parler,  qu'une  seule  et  même  langue, 
soumise  à  une  syntaxe  unique,  et  ils  sont  tous  désignés  sous 
le  nom  vague  de  hindi  ou  indien^,  et  par  les  Européens  sous 
celui  dliindoustani ;  et  de  même  que  l'allemand  est  écrit 
avec  des  caractères  latins  ou  gothiques,  selon  les  lieux  et 
même  selon  le  goût  des  personnes,  ainsi,  pour  écrire  l'hin- 
doustani^,  quoiqu'on  emploie  généralement  aujourd'hui  l'al- 

avec  juste  raison  ,  que  l'urdû  et  le  dakhnî  ont  le  même  rapport  à  l'hin- 
douî  que  le  turc  à  l'ouigour,  et  l'anglais  au  saxon. 

'  On  nomme  thenth  ou  hhârî  boli  (pur  langage)  l'iiindî  sans  mélange 
de  mots  persans  et  arabes;  braj-hhâhhâ ,  le  dialecte  particulier  au  pays 
de  Braj  ,  celui  des  dialectes  modernes  qui  se  rapproche  le  plus  de  l'an- 
cien hindouî;  enfin  purbi  bliùkhd,  une  autre  nuance  du  même  dialecte 
qui  est  parlée  à  l'orient  [purb  )  de  Dehli. 

^  On  voit,  en  résumé,  que  l'hindoustani  se  divise  en  bindoustani  an 
cien  ou  bindouî,  et  en  bindoustani  moderne.  L'ère  de  l'bindouî  com- 
mence 1;\  où  finit  celle  du  sanscrit.  Le  moderne  se  subdivise  en  trois 
dialectes,  deux  au  nord,  un  au  midi.  Ceux  du  nord  sont  l'urdû  ou  dia- 
lecte musulman,  et  le  braj-bhâkbà  ou  dialecte  des  Hindous  (le  même, 
à  peu  près,  que  l'ancien  bindouî).  Le  dialecte  du  midi  ou  dakbnî  est 
seulement  employé  par  les  Musulmans. 

'  On  écrit  l'bindoustani  en  caractères  arabes  ou  en  caractères  indiens. 
liCS  premiers  sont  ou  nastalic,  ou  naskbî,on  scbikasta.Le  nastalic  est  le 
plus  usité.  Le  naskbî  est  employé  dans  quelques  contrées  du  Décan. 
Le  scbikasla  est  le  caractère  nastalic  cursif.  Les  caractères  indiens  sont 
ou  dévanagarî  ou  kaïlhî  nagarî  ;  ils  ont  aussi  d'autres  formes  nagarî 
plus  ou  moins  distinctes.  Le  caractère  kaïlbî  nagarî  est  celui,  entre 
autres,  des  poésies  de  Kabir  :  on  s'en  est  servi  pour  imprimer  quelques 
opuscules  à  Calcutta.  Les  lettres  et  quelques  manuscrits  sont  écrits 
en  caractères  nagarî  cursifs. 


PREFACE.  V 

phabet  persan,  les  Hindous  se  servent  souvent ,  comme  leurs 
ancêtres,  de  l'alpliabet  dévanagarî  ^ 

Je  ne  dirai  rien  ici  des  avantages  politiques  et  commer- 
ciaux de  l'hindoustani.  Ce  fait,  du  reste  incontestable,  n'a 
aucun  rapport  avec  mon  sujet.  Mais,  d'abord,  comme  langue 
parlée,  l'hindoustani  a  dans  toute  l'Asie  une  réputation  d'é- 
légance et  de  pureté  qu'aucune  autre  ne  possède".  On  cite 
une  sorte  de  proverbe  persan  d'après  lequel  les  Musulmans 
considèrent  l'arabe  comme  la  base  des  langues  de  l'Orient 
musulman  et  comme  le  plus  parfait  des  idiomes,  le  turc 
comme  celui  des  arts  et  de  la  littérature  légère,  et  le  persan 
comme  celui  de  la  poésie,  de  l'histoire,  de  la  haute  cor- 
respondance. Mais  le  langage  qui  sait  adapter  les  qualités 
des  trois  autres  aux  exigences  générales  de  la  société ,  c'est 
l'hindoustani ,  qui  leur  semble  préférable  pour  le  langage  de 
la  conversation  et  les  usages  pratiques  auxquels  on  le  con- 
sacre spécialement^.  Il  est,  en  effet,  dans  l'Inde,  l'idiome 
usuel  le  plus  expressif  et  le  plus  poli ,  comme  il  est  le  plus 
utile  à  connaître  à  cause  de  la  généralité  de  son  emploi.  Il 
acquiert  même  tous  les  jour  une  nouvelle  importance.  Déjà 
il  a  remplacé  le  persan  dans  les  bureaux  et  les  tribunaux; 
il  y  sera  substitué  sans  doute  bientôt  aussi  dans  la  corres- 
pondance diplomatique. 

Comme  langue  écrite,  je  puis  dire  avec  l'illustre  india- 
niste Wilson,  dont  j'ai  pris  les  propres  paroles  pour  épi- 
graphe :  Les  dialectes  hindi  ont  une  littérature  qui  leur  est 
propre,  et  elle  offre  un  très-grand  intérêt;  et  cet  intérêt  n'est 

'  Lorsque  j'ai  reproduit  les  noms  des  auteurs  et  les  titres  des  ou- 
vrages dans  les  caractères  originaux,  j'ai  employé,  selon  la  circonstance, 
l'alphabet  arabe  ou  le  sanscrit. 

^  Voyez  ce  que  dit  là-de.ssus  Amman,  de  DeliH,  cité  dans  mes  Rudi- 
ments, pag.  80. 

■'  Srddon,  Aàdrcss  on  the  Icwcjiimje  and  litcralure  of  Asia,  pag,  12. 


VI  PREFACE. 

pas  seulement  poétique,  il  est  historique,  il  est  philoso- 
phique ;  et  d'abord  examinons  l'intérêt  historique  de  l'hin- 
doustani.  De  précieuses  chroniques  (en  vers)  sur  ce  que  je 
pourrais  appeler  le  moyen  âge  de  l'Inde,  existent  en  hin- 
douî ,  qu'on  peut  nommer  aussi  la  langue  romane  de  l'Hin- 
doustan.  On  a  une  idée  de  leur  importance  par  celle  du 
poëme  de  Chand,  écrit  dans  le  xii*  siècle,  poëme  d'où  le 
colonel  Tod  a  tiré  les  Annales  du  Badj asthan ,  et  par  l'His- 
toire des  Bandélas  de  Làl  Kavi,  qui  a  écrit  au  commen- 
cement du  xvn*  siècle,  travail  que  le  major  Pogson  nous  a 
fait  connaître.  S'il  n'est  parvenu  jusqu'ici  à  la  connaissance 
des  Européens  qu'un  nombre  peu  considérable  de  ces  ou- 
vrages, ce  n'est  pas  une  raison  d'en  conclure  qu'il  n'en 
existe  pas  davantage.  Le  célèbre  érudit  anglais  que  j'ai  déjà 
cité  nous  assure  que  plusieurs  ouvrages  du  même  genre 
sont  répandus  dans  les  États  ràjpût^  11  ne  tiendrait  qu'à 
un  voyageur  zélé  d'en  obtenir  des  copies. 

Il  y  a  aussi  en  hindouî  et  en  hindoustani  des  travaux 
intéressants  de  biographie.  Le  principal  est  le  Bhakta  mdla, 
sorte  de  Vie  des  Saints  hindous  les  plus  célèbres,  écrite  à 
la  fin  du  xv!*"  siècle. 

Quant  à  l'intérêt  philosophique,  voici  surtout  en  quoi 
il  consiste,  et  ce  fait  curieux  donne  à  Thindoustani  un 
caractère  bien  propre  à  le  faire  apprécier  par  les  esprits 
élevés.  C'est  l'idiome  des  réformes  religieuses  de  l'Inde.  De 
même  qu'en  Europe  les  réformateurs  chrétiens  ont  adopté 
les  langues  vivantes  pour  tout  ce  qui  a  rapport  au  culte  et 
à  l'instruction  religieuse;  ainsi,  dans  l'Inde,  les  chefs  des 
sectes  modernes  hindoues  et  musulmanes  se  sont  servis  géné- 
ralement de  l'hindoustani  pour  propager  leurs  doctrines  ; 
tels  sont  Kabîr,  Nânak,  Dàdii,  Birfihùn,  liakhtawar,  et  enfin 

'    Maclicit zic' s  Cnlaln<jHr ,  [om.  I,    pap.   iij. 


PREFACE.  VII 

le  saïyid  Ahmad,  le  plus  récent  des  réformateurs  musul- 
mans. Non-seulement  ils  ont  écrit  leurs  ouvrages  en  hin- 
doustani,  mais  les  prières  que  récitent  leurs  sectateurs,  les 
hymnes  qu'ils  chantent,  sont  en  cet  idiome. 

Enfin,  la  littérature  hindoustani  a  un  intérêt  poétique 
qui  ne  le  cède  à  celui  d'aucun  autre  langage,  et  cet  intérêt 
n'est  certes  pas  le  moindre.  Chaque  littérature,  en  effet,  a 
la  couleur  locale  qui  en  fait  le  charme,  comme  à  chaque 
fleur,  selon  l'expression  d'un  poète  persan  ^  est  une  couleur 
et  une  odeur  différente.  L'Inde  est  d'ailleurs  le  pays  clas- 
sique de  la  poésie;  tout  y  est  en  vers,  romans,  histoires, 
traités  didactiques,  dictionnaires,  jusqu'aux  légendes  des 
monnaies'^.  Mais  l'intérêt  dont  je  parle  ne  consiste  pas  seu- 
lement en  une  heureuse  combinaison  de  mots  agréables  à 
l'oreille ,  dans  l'arrangement  plus  ou  moins  harmonieux  de 
lignes  pompeuses;  il  a  quelque  chose  de  plus  substan- 
tiel, tant  en  descriptions  utiles  qu'on  y  trouve  sur  la 
nature  et  le  sol ,  qu'en  détails  ethnographiques  curieux  qui 
nous  donnent  l'explication  d'une  foule  de  choses  peu  ou  mal 
connues.  J'ajouterai  que  la  poésie  hindoustani  est  surtout 
employée  à  populariser  les  doctrines  les  plus  sublimes  de 
la  religion  et  de  la  haute  philosophie.  En  effet,  ouvrez  un 
recueil  de  poésies  urdù,  et  vous  y  trouverez  célébrée  sous 
des  allégories  variées  l'union  de  l'homme  à  Dieu.  C'est  le 

'  (^\jité,.]yS^:>  (<jJ^  "ijCij  îj   i^^S^  Ji>  .  Cet  hémistiche  a  été  ainsi 
paraphrasé  par  Afsos,  dans  son  Araïsch-i  Mahfil: 

^  Voyez  XAyeeii  ahberj  et  l'ouvrage  de  Marsdfn    intitulé  Niimismata 
Orientalia, 


ym  PREFACE. 

taon  et  le  iotus,  le  rossignol  et  la  rose,  le  papillon  et  la 
bougie. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  abondant  dans  la  littérature  hin- 
doustani,  ce  sont  les  diwân,  ou  recueils  de  gazai,  sorte 
d'odes  sur  une  même  rime,  et,  surtout  en  dialecte  dakhnî, 
les  romans  en  vers.  La  même  chose  a  lieu  en  persan  et  en 
turc,  et  ces  trois  littératures  ont  des  points  nombreux  d'ana- 
logie. Il  y  a  aussi  en  hindoustani  beaucoup  de  chants  popu- 
laires d'un  grand  intérêt,  et  c'est  cette  langue  qu'on  emploie 
le  plus  communément  dans  les  drames  de  l'Inde  actuelle. 

Une  grande  partie  de  la  littérature  hindoustani ,  je  dois 
l'avouer,  consiste  en  traductions  du  persan,  du  sanscrit,  de 
l'arabe  ;  mais  ces  traductions  ont  souvent  de  l'importance , 
parce  qu'elles  peuvent  donner  les  moyens  d'expliquer  les 
passages  obscurs  ou  équivoques  des  originaux;  quelquefois 
même  elles  remplacent  ces  ouvrages  lorsqu'ils  sont  malheu- 
reusement perdus  ^.  Quant  aux  romans  qu'on  dit  traduits 
du  persan,  ce  sont  plutôt  des  imitations  et  même  de  nou- 
velles manières  de  présenter  des  légendes  connues,  que  de 
véritables  traductions;  or  une  heureuse  imitation  est  quel- 
quefois préférable  à  la  production  première  ;  jamais  elle 
n'est  dénuée  d'intérêt^.  Je  dois  dire  d'ailleurs  que  j'ai  trouvé 

^  Comme  c'est,  je  crois,  le  cas  pour  le  Baïtal  Pachîcî,  par  exemple. 
Voyez  l'article  sur  Surat. 

^  On  peut  dire  de  toutes  ces  traductions  ce  que  Wilâ  dit  de  celle 
qu'il  a  donnée  du  Tarihh-i  Scher  Schâhî  :  «Quelque  parfait  que  soit,  en 
«son  genre,  l'original  persan,  je  suis  venu  à  bout  de  le  reproduire 
«d'une  manière  aussi  parfaite.  » 

C'est  à  l'alla  tueuse  bienveillance  du  lélt  secrétaire  de  la  Société 
asiatique  du  Bengale,  que  je  dois  un   manuscrit  do  cet  ouvrage. 


PREFACE.  IX 

généralement  plus  de  naturel  dans  les  ouvrages  hindoustani 
que  dans  les  persans.  La  littérature  dont  il  s'agit  semble 
tenir,  en  effet,  le  milieu  entre  l'exagération  persane  et  la 
noble  simplicité  sanscrite. 

C'est  cette  littérature  presque  inconnue  à  l'Europe  dont 
je  veux  dérouler  le  tableau.  Je  veux  indiquer  les  ouvrages  de 
tout  genre  en  vers  et  en  prose  qui  l'enrichissent  et  la  rendent 
digne  de  l'attention  du  monde  savant.  Pour  cela,  j'ai  lu  un 
grand  nombre  d'ouvrages  hindoustani ,  et  j'en  ai  parcouru 
un  nombre  plus  grand  encore.  J'ai  eu  soin  de  me  procurer  le 
plus  de  manuscrits  que  j'ai  pu;  je  suis  allé  deux  fois  en 
Angleterre  pour  connaître  les  richesses  hindoustani  des 
bibliothèques  publiques  et  particulières,  et  partout,  je  dois 
le  dire,  j'ai  trouvé  l'accueil  le  plus  flatteur,  l'assistance  la 
plus  généreuse.  La  plus  belle  collection  de  manuscrits  hin- 
doustani à  laquelle  j'aie  eu  accès,  c'est  celle  de  la  biblio- 
thèque de  YEast-India  House ;  et  dans  cette  bibliothèque, 
c'est  surtout  le  fonds  Leyden  qui  est  le  mieux  fourni  en  ce 
genre.  Le  docteur  Leyden  avait  été  examinateur  pour  l'hin- 
doustani  au  collège  de  Fort-William  i;  il  s'occupait  beau- 
coup de  cette  langue.  Certes,  si  plusieurs  autres  orientalistes 
avaient  réuni  autant  de  volumes  hindoustani  qu'il  l'a  fait, 
je  pourrais  présenter  un  tableau  bien  plus  étendu  que  celui 
qu'il  m'est  permis  d'offrir  aujourd'hui  au  public  lettré. 

Pour  les  auteurs  qui  m'étaient  inconnus,  et  afin  de  pou- 
voir donner  quelques  détails  sur  d'autres,  j'ai  dû  avoir  gé- 
néralement recours  aux  biographies  et  aux  anthologies  origi- 
nales. Les  ouvrages  de  ce  genre  que  j'ai  pu  me  procurer, 
ou  du  moins  consulter,  sont  les  suivants  : 

'  C'est  le  même  savant  à  qui  on  doit  la  traduction  des  Mémoires  du 
sultan  mogol  Baber,  complétée  et  revue  par  W.  Erskine  et  publiée  à 
Edimbourg,  en    1826,   in-'f. 


X  PREFACE. 

1°  Nikdt  uschschuard,  ou  les  Bons  Mots  des  Poètes,  par 
Mîr,  biographie  hindi  rédigée  en  pensan  ; 

2°  Tazkira-i  Schiiarâ-é  Hindi,  ou  Mémorial  des  Poètes 
hindi,  par  Mushafî,  rédigée  aussi  en  persan; 

3°  Tazkira-i  Schnarâ-é  Hindi,  ou  Mémorial  des  Poètes 
hindi,  par  Fath  Ali  Huraïnî,  encore  en  persan; 

4°  Guhar-i  Ihrâhim  [idem],  par  le  nabàb  Ali  Ibrahim 
Khân; 

5°  Gulschan-i  Hind,  ou  le  Jardin  de  Tlnde,  par  Lulf, 
biographie  hindi  rédigée  en  hindoustani; 

6°  Diwân-i  Jahân,  Anthologie  hindoustani,  par  Bénî 
Naràyan  ; 

7°  Guldasta-i  Nischât,  ou  le  Bouquet  du  Plaisir,  par 
Mannù  Lâl ,  sorte  d'anthologie  descriptive  en  persan  et  en 
hindoustani. 

Le  plus  étendu  de  ces  ouvrages  est  celui  d'Ali  Ibrahim  ^ 
Il  contient  des  notices  sur  environ  trois  cents  poètes,  et 
des  extraits  souvent  considérables  de  leurs  ouvrages.  Le  titre 
de  Gulzâr-i  Ibrahim,  ou  Jardin  d'Abraham,  que  l'auteur  a 
donné  à  cette  biographie,  fait  allusion  à  son  nom  propre 
et  aussi  au  patriarche  Abraham-.  Notre  biographe  travailla 
a  cet  ouvrage  pendant  douze  ans,  de  1772  à  1784.  11  ré- 
sidait alors  à  Murschidàbàd,  dans  le  Bengale. 

'  J'en  ai  deux  exemplaires.  Le  plus  ancien  a  appartenu  à  feu  Turner 
Macan,  l'éditeur  du  Schah-ndma ;  l'autre  a  été  copié  pour  moi,  dans 
rinde  ,  par  l'entremise  de  mon  lionorable  ami  M.  Troyer.  Le  premier, 
quoiqu'il  soit  écrit  en  scliikasta ,  est  préférable  au  second,  très-bien 
peint  en  nastalic;  mais  on  trouve  dans  l'un  et  dans  l'autre  des  fautes 
grossières  et  même  des  omissions,  dans  le  second  surtout. 

-  Pour  comprendre  celle  dernière  allusion,  il  faut  savoir  que ,  selon 
les  Musulmans,  Nemrod,  fondateur  du  culte  du  feu  ,  fit  jeter  Abraham 
dans  une  fournaise  ardente,  sur  le  refus  du  père  des  croyants  d'adorer 
cet  élément,  et  (jur  cpllc  lomnaise  se  ebangea  l'ii  un  parlerio  de  fleurs. 


PREFACE.  M 

Je  ne  dirai  rien  sur  les  autres  ouvrages  que  je  viens  de 
citer;  il  en  sera  parlé  aux  articles  respectifs  des  auteurs  à 
qui  on  les  doit. 

Malheureusement  ces  tazkira  sont  rédigés  d'une  manière 
bien  peu  satisfaisante.  Souvent  on  ne  donne  que  le  nom 
des  poètes  dont  il  est  parlé  et  quelques  vers  extraits  de 
leurs  ouvrages  comme  spécimen  de  leur  talent.  Dans  les 
notices  les  plus  étendues,  on  ne  trouve  presque  jamais  la 
date  de  leur  naissance,  rarement  celle  de  leur  mort,  et  des 
détails  sur  leur  vie  privée.  On  ne  dit  rien  presque  jamais 
non  plus  de  leurs  ouvrages,  on  n'en  donne  pas  même  les 
titres;  à  peine  nous  apprend-on  si  ces  poètes  ont  réuni  leurs 
pièces  fugitives  en  diwân,  et  on  ne  donne  cette  indication 
que  parce  que  les  poètes  qui  ont  publié  un  ou  plusieurs 
de  ces  recueils  sont  nommés  auteurs  de  diivân,  titre  qui  les 
distingue  des  autres  écrivains,  et  qui  paraît  équivaloir  à 
celui  de  grand  poëte.  La  principale  utilité  de  ces  tazkira, 
c'est  qu'ils  offrent  de  nombreux  fragments  de  poètes  dont 
les  ouvrages  sont  inconnus  en  Europe.  Le  seul  des  bio- 
graphes originaux,  Mîr,  porte  quelquefois  son  jugement  sur 
les  vers  qu'il  cite;  il  en  relève  les  plagiats  et  les  expressions 
qui  lui  paraissent  inexactes  ou  défectueuses  quant  à  la  me- 
sure, et  il  fait  souvent  connaître  la  manière  dont  il  s'y  serait 
pris  à  la  place  de  l'auteur  de  qui  il  cite  des  fragments.  Sa 
biographie  est  d'ailleurs,  s'il  faut  l'en  croire ,  la  plus  ancienne 
de  celles  qui  traitent  spécialement  des  poètes  urdù  ^. 

Outre  les  tazkira  originaux  auxquels  j'ai  pu  avoir  accès , 
il  y  en  a  plusieurs  autres  mentionnés  dans  le  courant  de 
mon  ouvrage,  mais  dont  je  ne  sache  pas  qu'il  existe  une 
seule  copie  en  Europe.  Toutefois  il  en  est  deux  que  je  dois 
signaler  ici  :  ils  font  partie  l'un  et  l'autre  de  la  belle  col- 

'   Préface  du  Nikdt  uschschiiarà. 


XII  PREFACE. 

lection  de  Sir  W.  Ouseley,  frère  de  Sir  Gore.  Le  premier, 
c'est  le  tazkira  d'Abuiharan;  il  est  indiqué,  sous  le  n°  Sy/i 
du  catalogue  imprimé  de  cette  collection ,  comme  une  his- 
toire des  poètes  qui  ont  écrit  en  hindoustani ,  rangés  alpha- 
bétiquement. Le  second,  mentionné  sous  le  n"   Syi,  est 
intitulé   Tazkira-i  Schuarâ-é  Jahcinguîr  Schâhi,  c est-à-dire 
Mémoiial  des  Poètes  qui  ont  vécu  sous  le  règne  du  sultan 
Jahànguîr.  On  n'en  désigne  pas  l'auteur,  mais  on  a  soin  de 
dire  que  plusieurs  des  poètes  dont  il  y  est  parlé  ont  écrit 
en  persan ,  ce  qui  suppose  que  les  autres  ont  écrit  en  hin- 
doustani, et  que  c'est  donc  encore  une  biographie  urdû. 
Je  n'ai  pu  voir  ces  deux  tazkira;  mais  si,  comme  je  l'espère, 
j'en  reçois  la  communication  avant  l'impression  de  mon 
second   volume,  nul  doute  qu'ils  ne   me   fournissent  les 
moyens  de  donner  des  renseignements  nouveaux  et  curieux. 
Les  biographies  originales  qui  ont  servi  de  base  à  mon 
travail  sont  toutes  rangées  par  ordre  alphabétique.  J'ai  suivi 
cet  exemple,  quoique  mon  premier  dessein  eût  été  d'adopter 
l'ordre  chronologique  :  et,  je  ne  le  dissimule  pas,  cet  ordre 
aurait  été  peut-être  préférable,  ou  du  moins  plus  conforme 
au  litre  que  j'ai  donné  à  mon  ouvrage;  mais  il  aurait  été 
difficile  de  l'adopter  à  cause  de  l'insuffisance  des  renseigne- 
ments que  j'ai  eus  à  ma  disposition.  En  effet ,  comme  je  viens 
de  le  dire,  les  biographes  originaux  ne  nous  font  souvent 
pas  connaître  l'époque  où  les  poètes  qu'ils  mentionnent  ont 
écrit;  et  quoiqu'ils  en  citent  assez  souvent  des  vers,  on  ne  peut 
guère  juger  du  style,  parce  qu'il  a  subi  parla  transcription 
des  changements  orthographiques  qui  les  font  paraître  mo- 
dernes, quoiqu'ils  soient  quelquefois  anciens.  Pour  les  au- 
teurs hindouî,  on  n'est  pas  fixé  non  plus  sur  la  date  précise 
des  écrits  de  la  plupart  d'entre  eux.  Si  j'avais  adopté  l'ordre 
chronologique,  il  aurait  fallu  établir  plusieurs  catégories: 


PREFACE.  xm 

j'aurais  mis  dans  la  première  les  auteurs  dont  i'époque  est 
bien  connue;  dans  la  seconde,  ceux  dont  l'époque  est  dou- 
teuse; enfin ,  dans  la  troisième,  ceux  dont  elle  est  inconnue. 
Il  aurait  fallu  faire  de  même  pour  les  livres  dont  la  mention 
n'aurait  pu  trouver  place  dans  le  corps  de  l'ouvrage.  J'ai 
dû  renoncer  à  cet  arrangement  tant  pour  simplifier  mon 
travail  que  pour  la  commodité  du  lecteur. 

J'ai  donc  classé  par  ordre  alphabétique  les  auteurs  dont 
j'ai  pu  recueillir  les  noms,  et  j'ai  rejeté  à  la  suite,  sous  le 
titre  d'Appendice ,  la  liste  des  ouvrages  dont  il  n'a  pu  être 
question  dans  la  biographie  ;  et  quoique  ce  tableau  de  la 
littérature  hindoustani  soit  nécessairement  très-incomplet, 
tel  qu'il  est ,  j'ose  le  croire ,  il  ne  peut  manquer  d'offrir  de 
l'intérêt  :  car  on  n'avait  encore  rien  écrit  sur  cette  matière , 
et  Gilchrist  lui-même ,  le  fondateur  de  l'étude  de  l'hindous- 
tani  parmi  les  Européens,  avait  à  peine  cité  les  noms  d'une 
trentaine  d'écrivains  hindi.  Aujourd'hui,  malgré  l'insuffi- 
sance des  matériaux  que  j'ai  eus  à  ma  disposition ,  je  fais 
connaître,  dans  ce  premier  volume  seulement,  sept  cent 
cinquante  écrivains^  et  plus  de  neuf  cents  ouvrages.  Incidem 
ment,  j'ai  parlé  des  productions  persanes  qui  sont  dues 
à  des  écrivains  urdû ,  et  on  ne  sera  pas  étonné  d'apprendre 
qu'un  bon  nombre  de  poètes  hindoustani  ont  fait  des  vers 
persans  et  ont  même  écrit  des  ouvrages  en  cette  dernière 
langue ,  en  se  souvenant  que  Racine ,  Boileau ,  et  la  plupart 
des  poètes  les  plus  distingués  du  siècle  de  Louis  XIV,  auraient 
cru  donner  une  mauvaise  idée  de  leur  instruction  s'ils  n'a- 
vaient publié  parmi  leurs  poésies  quelques  pièces  en  latin. 

^  J'aurais  pu  consacrer  des  articles  aux  éditeurs  indiens  des  ouvrages 
hindoustani,  et  à  ceux  qui  ont  été  chargés  de  les  revoir,  par  le  doc- 
teur Gilchrist  et  par  d'autres  Européens;  mais  je  me  suis  contenté  d'en 
parler  subsidiairement  quand  l'occasion  s'en  est  présentée. 


XIV  PREFACE. 

La  série  des  auteurs  hindouî  commence  au  \if  siècle, 
et  s'étend  jusqu'à  nos  jours  ^  Celle  des  auteurs  musulmans 
du  nord  ofifre  quelques  poésies  dès  la  fm  du  xiii®  ou  le  com- 
mencement du  xi\^  siècle.  Toutefois  il  faut  descendre  jus- 
qu'au xviii"  siècle  pour  trouver  les  poètes  célèbres  qui  ont 
jeté  de  l'éclat  sur  cette  littérature:  Saudâ,  Mîr,  Haçan.  La 
série  des  écrivains  dalclinî  cominence  au  xvi"  siècle,  et  con- 
tinue sans  interruption  jusqu'à  nos  jours.  Cette  branche  de 
la  littérature  hindi ,  qui  a  été  entièrement  négligée  par  les 
Anglais ,  me  paraît  la  plus  riche  en  productions  variées.  Elle 
occupe  une  grande  place  dans  mon  travail. 

Mon  ouvrage  se  composera  de  deux  volumes.  Le  premier, 
que  je  publie  aujourd'hui,  renferme  :  i°  des  Notices  plus 
ou  moins  étendues  sur  les  écrivains  hindî;  2°  un  Appen- 
dice contenant  des  notices  succinctes  sur  les  ou\rages 
anonymes  et  ceux  qui  ont  des  Européens  pour  auteurs-; 
3°  enfin,  deux  Tables,  une  des  auteurs,  et  une  autre  des 
ouvrages,  chose  indispensable  dans  un  travail  de  ce  genre. 
Pour  rendre  les  recherches  plus  faciles,  j'ai  resserré  dans 
un  seul  volume,  qui  est  par  conséquent  complet,  toute  la 
partie  biographique  et  bibliographique  ;  et  tant  pour  ne  pas 
grossir  outre  mesure  ce  volume  que  pour  mettre  plus 
d'uniformité  dans  la  proportion  des  articles,  je  n'ai  fait  que 

'  Il  y  a  peut-être,  dans  les  bibliothèques  des  princes  de  Tlnde,  des 
ouvrages  liindî  d'une  époque  antérieure;  mais  ils  ne  sont  pas  connus, 
jusqu'ici,  des  Européens,  l^armi  les  chants  populaires,  il  s'en  trouve 
sans  doute  de  fort  anciens  :  j'aurai  occasion  d'en  j^arler  dans  mon  second 
volume. 

*  Outre  les  ouvrages  que  je  signale  ,  il  y  en  a  une  foule  d'autres  dont 
j'ai  trouvé  çà  et  là  l'indication  sous  les  titres  vagues  de  hitâb  ou  fwtlii 
(livre);  quissa,  hiluiyal  ou  nacl  (histoire)  ;  masiicnri .  cacîda,  riçdla-inan- 
zûnui  (  poënic  ) ,  etc.,  sans  compter  les  titres  illisibles  et  les  volumes  sans 
titres,  d'après  le  malheureux  u.sage  des  Orientaux. 


PREFACE.  XV 

de  rares  et  courtes  citations.  J'ai  réservé,  pour  le  second 
volume,  les  morceaux  les  plus  longs  et  les  analyses.  Ce  sera 
la  partie  vraiment  anthologique.EUe  se  composera  :  i"  d'Ex- 
traits et  d'Analyses  des  principaux  ouvrages  hindî;  2"  de  la 
Liste  des  ouvrages  élémentaires  publiés  sur  l'hindoustani; 
3°  sous  le  titre  d'Additions  à  la  Biographie  et  à  la  Biblio- 
graphie, je  donnerai  les  renseignements  nouveaux  que 
j'aurai  obtenus  pendant  et  depuis  l'impression  du  premier 
volume  ^ 

Il  me  reste  un  devoir  à  remplir,  celui  de  remercier  les 
honorables  membres  du  Comité  des  traductions  orientales 
de  la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande,  et  en  particulier  leur 
respectable  président,  Sir  Gore  Ouseley,  de  ce  qu'ils  ont  bien 
voulu  encourager,  par  une  large  souscription,  la  publica- 
tion d'un  ouvrage  que  leur  règlement  semblait  repousser. 
Ils  m'ont  ainsi  facilité  les  moyens  de  mettre  au  jour  un 
travail  où  se  trouvent  révélés  des  faits  nouveaux  qui  seraient 
restés  peut-être  ignorés  longtemps  encore  sans  leur  généreux 
appui. 

Pour  me  conformer  à  l'article  xxxiii  du  règlement  de  l'O- 
riental Translation  Fund,  je  dois  faire  connaître  l'ortho- 
graphe que  j'ai  adoptée.  Cette  orthographe  est  la  même  que 
j'ai  suivie  dans  ma  traduction  des  Aventures  de  Kâmrûp,  et 
que  j'ai  développée  dans  la  préface  de  cet  ouvrage,  imprimé, 
comme  celui-ci ,  sous  les  auspices  du  Comité  des  traductions 
orientales. 

J'ose  me  flattei*  que  ceux  qui  apprécient  les  études  lit- 
téraires liront  mon  ouvrage  avec  plaisir,  malgré  les  défauts- 

'  J'aurais  pu  déjà  donner,  à  la  fin  de  ce  volume,  avec  quelques  cor- 
rections, de  nombreuses  additions;  mais,  pour  ne  pas  le  rendre  trop 
fort,  je  ne  les  publierai  que  dans  le  second. 

-  On  trouvera,  entre  autres,  dans  les  noms  propres,  bien  des  inexac- 


XVI  PREFACE. 

([u'ils  pourront  y  reconnaître  ;  et  qu'il  me  soit  permis  de  dire 
à  ce  sujet  avec  Wali  : 

«  Je  soumets  mes  écrits  aux  connaisseurs,  de  même  qu'on 
«  fait  estimer  les  pierreries  par  les  joailliers  ^  » 

litudes  qui  se  sont  glissées  malgré  toute  mon  attention.  Je  laisse  à  la 
sagacité  du  lecteur  le  soin  de  les  rectifier. 
'  Pag.  122  de  mon  édition. 


HISTOIRE 


DE     I.  A 


LITTÉRATURE  HINDOUI 

ET  HINDOUSTANI. 

BIOGRAPHIE 

ET  BIBLIOGRAPHIE. 


ABD  ULBARR^ 

Poëte  hindouetani,  qui  est  cité  seulement  par  Mil' 
Taquî ,  dans  sa  biographie  intitulée  Nikât  usschuarâ ,  ou 
Bons  mots  des.  Poètes'-^. 

ABD  ULCADIR. 

Maulànâ  Scliâh  Abd  ulcàdir^,  de  Dehli,  auteur  d'une 
traduction  hindoustani  du  Coran  imprimée  à  Hougly  * 

jM)    »yj<£.  serviteur  du  Juste  [par  excellence). 

^  Il  a  été  parlé  de  cet  ouvrage  dans  la  préface,  et  il  en  sera  encore 
parlé  plus  loin,  à  Tarticle  sur  Mîr.  C'est  à  rextrême  obligeance  du  sa- 
vant et  respectable  Sir  Gore  Ouseley  que  je  dois  la  communication  du 
seul  manuscrit  de  cette  biographie  qui  existe  en  Europe. 

'  jiViJI    >>sA£  serviteur  du  {  Tout-)  Puissant. 

*  En  l'année  1829,  deux  tomes  en  un  vol.  in-fol.  de  85o  pages. 
1.  1 


2  BIOGRAPHIE 

(  sous  le  litre  de  Mdzih-i  Ciirân  ',  ou  Exposition  du  Co- 
ran), était  fils  du  schaïkh  Walî  uHah  et  petit-fils  d'Abd 
urrahman,  de  Dehli.  Son  père  avait  traduit  le  Coran 
en  persan-,  mais  quoique  la  connaissance  de  cette  langue 
soit  beaucoup  plus  répandue  dans  l'Inde  que  celle  de 
l'arabe,  toutefois  la  masse  des  Musulmans  l'ignore,  et 
ainsi,  le  but  que  se  proposait  le  père  de  l'auteur,  celui 
de  propager  la  connaissance  du  livre  de  Mahomet ,  n'é- 
tait qu'à  demi  rempli.  C'est  ce  que  sentit  bien  Abd 
ulcâdir-,  et  pensant,  comme  il  le  dit  dans  sa  préface, 
qu'il  n'était  pas  plus  difficile  de  traduire  le  Coran  eu 
bindoustani  qu'en  persan,  il  entreprit  ce  travail,  lieu- 
reux  de  rendre  par  là  un  service  signalé  à  la  cause 
de  la  religion  musulmane,  en  faisant  connaître  les  vrais 
principes  de  cette  religion,  ignorés  de  la  plupart  de 
ceux  à  qui  les  livres  arabes  et  persans  sont  inacces- 
sibles. ((Les  Musulmans,  dit-il  à  ce  sujet  dans  sa  pré- 
((face,  sont  tenus  de  connaître  Dieu,  tel  qu'il  s'est 
((révélé  aux  hommes;  ses  attributs  et  ses  ordonnances, 
((  ce  qu'il  aime  et  ce  qu'il  désapprouve  :  car  hors  de  son 
((Service  il  n'y  a  rien,  et  celui  qui  n'en  observe  point 
((  les  règles  n'est  pas  son  serviteur.  Or  la  connaissance 
((  de  Dieu  ne  s'acquiert  que  par  l'indication  qu'on  nous 
((  en  donne.  L'homme  naît  dans  une  ignorance  com- 
((plète-,  tout  ce  qu'il  apprend,  on  le  lui  enseigne;  mais 
((  quelque  confiance  que  méritent  les  paroles  de  ses 
((instituteurs,  elle  n'est  cependant  pas  comparable  à 
((  celle  que  l'on  doit  accorder  à  la  parole  de  Dieu  ;  car  la 
((  direction  qu'on  y  trouve  n'existe  point  ailleurs.  » 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  3 

Abd  ulcâdir  fait  ensuite  connaître  la  méthode  qn'il 
a  suivie  dans  sa  traduction.  Il  dit,  d'abord,  qu'il  ne  lui 
a  pas  paru  nécessaire  de  rendre  l'arabe  mot  à  mot,  parce 
que  la  construction  de  l'hindoustani  est  tellement  éloi- 
gnée de  celle  de  l'arabe,   que  si  on  suivait  celle-ci,  il 
serait  impossible  de  saisir  le  sens  du  discours.  Il  an- 
nonce, en  second  lieu,  que  pour  être  bien  compris  de 
tout  le  monde,   il  a  écrit  en  hindoustani  courant,  et 
non   pas    en  relihta,  c'est-à-dire  dans  le    style  relevé, 
employé  par  les  poètes.  Ce  ne  fut  qu'après  avoir  ter- 
miné sa  traduction,  que,    pour  se   rendre    aux  vœux 
qu'on  lui  exprima,  il  y  joignit  des  notes  exégétiques, 
qui  ne  font  point  proprement  partie  de  l'ouvrage,  et 
que  les  copistes,  dit-il,  peuvent  transcrire  ou  omettre 
à  volonté.  Le  titre  de  Mûzih-i  Carân,  que  Abd  ulcâdir 
donna  à  son  ouvrage,  indique  à  la  fois  quel  en  est  le 
sujet  et  quelle  est  la  date  ou  tarikh  de  sa  composition. 
En  effet,  en  additionnant  la  valeur  numérique  des  lettres 
qui  composent  ces  deux  mots  ,  on  a  le  nombre ,  c'est-à- 
dire  l'année  de  l'hégire  i2o5  (  i8o3  de  J.  C.  ),  époque 
où  ce  travail  fut  achevé. 

Cette  traduction  ne  tarda  pas  à  être  connue,  et  sa 
fidélité  hit  généralement  appréciée  par  les  juges  com- 
pétents; aussi  des  copies  furent-elles  bientôt  répandues 
parmi  les  Musulmans.  Mais  ce  mode  de  publicité,  lent 
et  difficile,  était  loin  de  satisfaire  le  besoin  d'instruc- 
tion religieuse  qui  se  fait  vivement  sentir  parmi  les  Mu- 
sulmans de  l'Inde.  Il  était  réservé  au  saiyid  Abd  ullah  ^ 

'  Voyez  son  article. 

i, 


4  BIOGRAPHIE 

de  remédier  à  cet  inconvénient,  en  publiant  l'ouvrage 
d'Abd  ulcâdir. 

Le  style  hindoustani,  tant  de  la  traduction  que  des 
notes,  est  très-pur  et  très-clair;  on  a  même  adopté 
une  sorte  de  ponctuation  pour  en  faciliter  l'intelligence. 
La  traduction  me  paraît  fort  bonne  :  elle  est  bien  pré- 
férable à  celle  dont  on  a  donné  des  extraits  dans  le 
Hidâyat  iilislcim.  Les  notes  sont  pleines  de  sens  ;  on  v 
trouve  bien  rarement  de  ces  arguties  scolastiques  qui 
rendent  insipide  la  lecture  des  commentateurs  arabes. 
Elles  sont  empreintes  d'un  esprit  religieux  de  liberté , 
qu'on  ne  s'attend  guère  à  trouver  dans  l'ouvrage  d'im 
docteur  musulman;  elles  ont,  en  général,  peu  d'éten- 
due. «Les  meilleurs  discours,  dit  Walî  \  ne  sont  pas 
«  les  plus  longs ,  mais  ce  sont  ceux  qui ,  en  peu  de 
((  mots ,  expliquent  clairement  ce  qu'on  veut  exprimer.  )) 

Pour  donner  une  idée  de  la  manière  dont  est  exécuté 
ce  travail,  j'en  ai  cité  ailleurs  quelques  passages  '-.  J'en- 
gage le  lecteur  à  en  prendre  connaissance.  Il  y  en  a 
plus  qu'il  n'en  faut  pour  donner  une  idée  assez  exacte 
d'un  ouvrage  important,  non-seulement  pour  l'Inde 
musulmane,  mais  encore  pour  l'Europe  savante.  Nul 
doute  que  ce  travail  ne  puisse  être  consulté  avec  avan- 
tage par  celui  qui  voudra  enfui  donner,  en  français, 
une  traduction  du  Coran  faite  non  sur  le  latin  de  Mar- 
racci  ou  l'anglais  de  Sale,  mais  sur  le  texte  arabe. 

'  Voyez  le  texte,  pag.  128,  lig.  9.^  de  mon  édition  des  Œuvres  de 
ce  célèbre  poète  du  Décan. 

*  Journal  des  Savants,  an  i836.  Je  reproduis,  du  reste,  ici  et  dans 
l'article  suivant,  une  partie  de  ce  que  j'ai  déjà  dit  dans  ce  recueil  scien- 
tiGque  et  littéraire. 


ET   BIBLIOGRAPHIE. 


ABD   ULLAH. 


SaïyidAbd  ullah  ',  fils  du  saïyid  Balladur  Alî^,  petit- 
fds  du  saïyid  Haçan  et  arrière-petit-fds  du  saiyid  Ja- 
far,  naquit  à  Sawâna,  ville  à  treize  kos  sud  de  Thanéçar, 
et  à  cinq  journées  de  marche  de  Dehli,  Ses  ancêtres 
habitèrent  Laliore  avant  de  résider  à  Sawâna.  Un  d'eux, 
le  sclîâh  Zaïd,  général  d'année,  vint  de  Lahore  à  Sa- 
wâna, avec  ses  frères,  pour  combattre  le  râja  hindou 
de  ce  pays.  Après  l'avoir  vaincu,  il  périt  martyr  en 
cet  endroit.  Ses  frères  et  ses  enfants  se  fixèrent  à  Sa- 
wâna, et  gouvernèrent  quelques  villes  des  environs.  Il 
y  a  eu,  dans  cette  famille,  plusieurs  saïyid  distingués; 
elle  remonte  à  l'imâm  Ali  Asgar,  petit-fds  de  l'imam 
Zaïn  ulàbidin. 

Le  saïyid  Abd  uUali  s'était  retiré  à  Calcutta,  où  il  ré- 
sidait depuis  quelque  temps,  lorsque  l'émir  des  croyants, 
l'iniâni  des  Musulmans  (  comme  il  le  nomme  ) ,  sa  sci- 
fjnearie  le  saïyid  Ahmad,  vint  à  Calcutta,  conduit  par  le 
désir  de  s'y  embarquer,  pour  aller  faire  le  pèlerinage  de 
la  Mecque  et  de  Médine.  A  cette  époque,  Abd  ullah 
avait  déjà  réfléchi  sur  la  position  fiïcheuse  des  Musul- 
mans de  l'Inde  britannique ,  où ,  indépendamment  des 
mauvais  exemples  que  leur  donnent  les  païens  hindous, 
ils  en  trouvent  souvent  de  pernicieux  parmi  les  Euro- 
péens auxquels  ils  sont  soumis  et  qu'ils  sont  obligés  de 


'    aMI    tXA£  scnilcui  de  Dieu. 

^  Voyez  rai'licle  consacre  à  cet  ccmain. 


0  BIOGRAPHIE 

fréquenter.  «Aussi,  dit-il,  la  crainte  de  Dieu,   de  son 
«prophète  et  dos  magistrats  musulmans,  s'est  éloignée 
«  de  leurs  cœurs.  Ils  ont  quitté  la  voie  droite  de  l'isla- 
«  misme ,  et  sont  tombés  dans  celle  de  l'idolâtrie  et  des 
u  innovations,  s'étant  livrés ,  à  leur  gré,  à  tous  les  désirs, 
«  sans  en  être  empêchés.  »  Abd  uUah  regrettait  que  les 
gens  instruits  d'entre  les  Musulmans  ne  s'occupassent 
pas  un  peu  plus  de  l'instruction  religieuse  du  peuple. 
Il  n'y  avait  pas  longtemps  qu'Abd  ullah  avait  fait  ces 
sages  réflexions,  lorsqu'il  fut  admis,  avec  des  centaines 
de  Musulmans ,  dans  la  nouvelle  secte  d'Ahmad ,  et  eut 
l'honneur  de  faire,  en  sa  compagnie,  le  pèlerinage  des 
villes  saintes  de  l'islamisme.  Pendant  le  temps  qu'ils 
restèrent  dans  ces  villes  pour  y  accomplir  les  rites  du 
pèlerinage,  Ahmad,  qui  était  le  fils  d'une  sœur  d'Ahd 
ulcâdir,  eut  occasion  de  voir,  chez  Abd  ullah,  l'exem- 
plaire que  ce  dernier  possédait  de  la  traduction  hin- 
doustani  du  Coran,  dont  le  même  Abd  ulcâdir  était 
l'auteur,    et  il   en  voulut  prendre    copie   dans   le  lieu 
même  du  pèlerinage.  Il  exprima  en  même  temps  l'opi- 
nion que,  si  fon  publiait  cette  traduction,  on  pour- 
rait espérer  que  les  Musulmans  connaitraient  enfin  la 
parole   de  leur  Créateur  et    s'y    conformeraient.    Ces 
simples  paroles  furent  un  ordre  pour  Abd  ullah.  A  son 
retour  de  Calcutta,  il  mit  la  mahi  à  l'œuvre,  et,  avec 
faide  de  Maulânâ  Abd  ulhaïyî,   de   Maulânâ  Muliam- 
mad  Ishac,  de  Dehli,    et   de   Maulavvî  Haçan  Ali ,    de 
Lakhnau,  il  revit  la  traduction  d'Abd  ulcâdir,  v  ajouta 
quelques  notes,  et  prépara  la  copie  qui  devait  être  li- 
vrée à  la  presse.  Lorsqu'il  étail  (mi  doute  sur  (juclque 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  7 

passage,  il  consultait  une  traduction  hindouslani  ^  à  la- 
quelle son  père,  le  saïvid  Balladur  Ali,  avait  travaillé , 
le  commentaire  du  défunt  Maulànà  Schàh  Abd  idazîz^ 
intitulé  Tafcir-i  Azizia,  c'est-à-dire  Explication  d'Azîz; 
le  Tafcir-i  Haçdini,  c'est-à-dire  le  Commentaire  de  Hu- 
çaïn  Wàïz  Kàschifî,  auteur  de  Y Anwâr-i  Suhaïli ,  et  de 
Ijonnes  copies  du  Coran.  Non  content  d'imprimer  ce 
travail,  Abd  ulcàdii',  notre  éditeur,  l'accompagna  du 
texte  arabe ,  et  rendit  la  version  liindoustani  interli- 
néaire-, il  n'est  pas  inutile  de  remarquer,  en  effet,  que 
c'est  à  lui  que  cette  traduction  doit  cette  forme  qu'elle 
n'avait  pas  dans  l'origine.  Abd  uUah  la  lui  a  donnée  pour 
faciliter  fusage  du  Coran  à  ceux  qui  ont  quelque  tein- 
ture de  cette  langue,  ce  qui  n'empêche  pas  qu'on 
puisse  lire  la  version  liindoustani,  sans  s'occuper  du 
texte  arabe.  On  m'a  assuré,  du  reste,  que  d'autres  tra- 
ductions interlinéaires  du  Coran  sont  répandues  dans 
l'Inde,  surtout  dans  le  Décan. 

Le  Aolume  se  compose  du  texte  arabe,  imprimé  avec 
beaucoup  de  soin,  et  accompagné  de  tous  les  signes 
de  ponctuation  et  d'abréviation  particuliers  au  Coran, 
et  que  notre  illustre  orientaliste,  feu  M.  de  Sacy,  a  fait 
connaître  dans  sa  Grammaire  arabe;  d'une  traduction 
interlinéaire  liindoustani,  et  de  notes  marginales  exé- 
gétiques,  écrites  dans  la  même  langue.  Le  titre  de  chaque 
chapitre  est  accompagné  de  l'indication  du  nombre  de 

'  Celle,  apparemment ,  dont  on  a  donné  des  extraits  dans  l'Eucologe 
iiHisulman ,  imprimé  à  ('alcuUa,  sons  le  titre  de  lUdàyat  iiUslâin. 

-  N'oyez,  au  sujet  de  ce  porsounaj^^e,  ma  Notice  sur  des  vctemcnls  k 
inscriptions,  dans  le  u"  d'avril  i838  du  Journal  asiatique. 


8  BIOGRAPHIE 

mots  el  de  lettres  qui  le  composent;  ce  titre,  pom'  la 
facilité  des  recherches ,  est  répété  en  tête  de  toutes  les 
pages.  Les  sîpâra  ou  trente  juz,  divisions  du  Coran, 
leurs  moitiés,  leurs  tiers,  les  riicû  (c'est-à-dire  les 
versets  qu'on  doit  lire  en  s'inclinant  ) ,  y  sont  exacte- 
ment indiqués.  On  a  eu  soin  de  suivre,  pour  ces  sub- 
divisions, l'ordre  de  la  concordance  du  Coran,  imprimée 
à  Calcutta,  sous  le  titre  de  Nujâm  ulfurcûn.  Elles  sont 
indiquées  par  un  din ,  dernière  lettre  de  leur  nom 
arabe,  suivi  de  leur  numéro  d'ordre.  Il  y  a,  de  plus, 
ce  qu'on  ne  trouve  dans  aucun  manuscrit,  les  numéros 
d'ordre  des  versets,  imprimés  dans  une  colonne  parti- 
culière, en  marge.  Les  notes  sont  désignées  par  la  lettre 
fé;  et  quand  il  y  en  a  plusieurs  à  la  suite  l'une  de 
l'autre,  l'éditeur  a  eu  soin  de  leur  donner  des  numé- 
ros ,  pour  qu'on  retrouve  plus  facilement  celle  dont  on 
a  besoin.  Les  deux  parties  qui  composent  ce  volume^, 
se  terminent  par  une  liste  de  quelques  mots  de  l'idiome 
nommé  thentli  hindi  ou  pur  hindoustani,  et  encore  kharî 
boli^  ou  vrai  langage  hindoustani;  mots  peu  usités  dans 
la  langue  vulgaire,  et  dont  l'éditeur  a  donné  les  équiva- 
lents en  hindoustani  plus  usuel. 

'  Outre  cette  édition,  il  v  en  a  une  autre,  imprimée  comme  la  pre- 
mière à  Ilougly  (en  iSS^).  Je  dois  ce  renseignement  au  savant  et  célèbre 
professeur  II.  II.  Wilson,  qui  a,  comme  moi,  un  exemplaire  de  la  pre- 
mière. On  m'avait  aussi  annoncé,  en  juillet  i833,  qu'on  s'occupait,  à 
cette  épofjuc ,  de  donner,  à  Serampore,  une  édition  litliograpliiée  de 
celte  traduction  du  Coran,  cl  qu'on  devait  y  joindre  une  version  an- 
glaise. Enfin  on  en  avait  commencé  une  autre  édition  ,  à  Ca«  npour,  en 
i834;  mais  elle  n'a  pas  été  aclievéc. 

^  W.  Priée,  de  Calcutta,  a  donné  un  vocaljulairc  kluuî  ]i{ilî,p(uir 
le  Prem  sâijar,  ouvrage  dont  il  sera  parlé  plus  Idin. 


ET  BIBLIOGIVAPHIE.  9 

Non-seulement  l'auleur  a  consacré  à  ce  travail  un 
temps  considérable,  il  en  a  encore  supporté  tous  les 
frais,  afin,  dit-il,  de  n'être  à  charge  à  aucun  de  ses 
frères  musulmans.  Toutefois,  son  zèle,  si  désintéressé, 
ne  l'a  pas  mis  à  l'abri  de  la  critique.  En  effet,  plu- 
sieurs Musulmans,  qui  occupaient  un  rang  distingué, 
blâmèrent  violemment  cette  entreprise;  pareils,  en 
cela,  à  ces  Chrétiens  ombrageux  qui  désapprouvent  la 
propagation  des  saintes  Écritures.  L'éditeur,  cependant, 
ne  se  découragea  pas,  et  il  rend  grâces  à  Dieu,  dans 
son  épilogue ,  de  ce  qu'il  a  fait  retomber  la  calomnie  sur 
les  calomniateurs,  et  qu'il  a  délivré  son  serviteur  de 
la  méchanceté  de  ces  Musulmans  égoïstes,  impassibles 
sur  les  erreurs  de  leurs  frères,  et  qui  prétendent  être 
très-religieux ,  tandis  que  leur  foi  n'est  pas  même  com- 
parable au  vétyver.  «  Dieu  nous  garde ,  s'écrie-t-il ,  de 

((  telles  gens  !  Leur  bien  n'est  que  mal Ils  sont 

«  enlacés  dans  le  filet  trompeur  du  monde ,  et  sont 
«  morts  pour  la  religion  ;  car  leur  seule  affaire  consiste 
(i  à  gagner  quelques  roupies.  Quel  rapport  y  a-t-il  entre 
«  eux  et  la  bonne  direction  ?  » 

ABD  ULLAH,   DU   DÉCAN. 

On  doit  à  cet  écrivain  hindoustani  un  masnawî  in- 
titulé Darr  nlmajâlis\  la  Perle  des  Assemblées.  Ce 
poëmc  contient  la  vie  des  prophètes  mentionnés  dans 
le  Coran,  Il  y  en  a  un  exemplaire  iiiiS"  à  la  bibliothèque 
de  YEcist-lmlia  Hniise.  Il  existe  des  ouvrages  en  prose 


10  BI^GIIAPHIE 

hindoustani  sur  le  même  sujet.  Voyez  l'article  sur  Miràu. 
Parmi  les  livres  persans  de  la  bibliothèque  de  l'in- 
fortuné Tippou ,  il  y  en  a  un  qui  porte  aussi  le  titre  de 
Durr  majâlis.  C'est  un  recueil  d'anecdotes  sur  différents 
personnages,  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jusqu'à 
Khâja  Sùfiàn  Sûrî  :  on  y  trouve  aussi  une  description 
du  ciel  et  de  l'enfer.  Saïf  ulzafar  Nobcbarî  en  est  fau- 
teur. Il  paraît  que  cet  ouvi'age  a  été  traduit  en  bindous- 
tani;  car,  au  nombre  des  livres  hindoustani  du  ministre 
du  Nizâm,  à  Haideràbâd,  il  y  a  un  volume  intitulé  Tar- 
jamai  darr-i  majâlis,  c'est-à-dire  traduction  du  Durr-i 
majâlis. 

ABD  ULMAJID. 

Hakîm  Maulawî  Abd  uimajîd  \  médecin  musulman, 
comme  son  titre  de  hakim  f indique,  était,  en  i835, 
cazi  ul  cuzât  du  Sadr-i  Diwâni  Nizâmat  uddaula  de  la 
présidence  de  Calcutta.  Il  était  auparavant  professeur  et 
médecin  au  collège  musulman  de  la  Compagnie,  et  sur- 
intendant-adjoint à  f  Institution  médicale  des  natifs, 
sous  le  docteur  John  Tytler  -  qui  en  était  le  chef,  et  qui 
pendant  sept  ans  eut  continuellement  recours  à  lui, 
pour  des  traductions  en  hindoustani.  Il  a,  entre  autres, 

'  fc\>jsci  ^A£  scroiteiir  du  Louable  [par  excellence) ,  c'est-à-dire  de 
Dieu. 

-  Ce  savant  recommandable  est  mort  en  Angleterre  le  5  mars  1837. 
Voyez  une  notice  circonstanciée  et  intéressante  sur  sa  vie  et  sur  ses 
ouvrages  dans  YAsiaiîc  Journal,  nouv.  sér.  tom.  XXIII,  pag.  1  et  suiv. 
Le  docteur  Bramiev ,  qu'on  lui  avait  préféré  pour  la  direction  du 
collège  médical  des  natifs,  que  John  Tyller  avait  conduit  avec  tant  dr 
zèle  pendant  plusicu»  années,  e.4  mort  à  l'âge  de  trente-trois  ans, 
le  )8  décciiilur  i83(3,  deux  mois  cl  demi  avant  Tytler. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  11 

rédigé,  conjointement  avec  Lewis  Dacosta ,  une  traduc- 
tion hindoustani  des  Eléments  d'histoire  cjénérak  ancien- 
ne et  moderne,  par  Tytler  (depuis  lord  Woodhouselee  ), 
et  la  continuation  de  cet  ouvrage ,  par  le  docteur 
Nares,  jusqu'en  1820.  Cette  traduction,  intitulée  Lahb 
iittaivarîhh  \  a  été  imprimée  à  Calcutta,  en  1819,  par 
l'ordre  et  aux  frais  de  la  Société  pour  l'éducation  des 
natifs  de  Bombay,  en  trois  volumes  in-li".  Elle  est 
écrite  d'un  style  simple  et  intelligible ,  et  sa  lecture  ne 
peut  qxl'être  avantageuse  pour  l'instruction  des  Indiens-, 
seulement,  il  me  semble  qu'il  y  a  trop  de  mots  arabes 
et  persans,  comme- dans  presque  tous  les  ouvrages  ré- 
digés sous  la  direction  des  savants  anglais.  Abd  ulmajîd 
a  aussi  aidé  Kalî  Kriscbna  dans  la  rédaction  du  Majma 
ullatâïf,  ouvrage  dont  je  parlerai  dans  l'article  consacré 
à  ce  râjà  distingué. 

ABD  ULWACL 

Abd  ulwâcî-,  de  Hànsav,  est  auteur  d'un  Dictionnaire 
hindi,  cité  par  Breton  dans  son  Vocabulaire  médical  '  et 
intitulé  Hansâwi,  du  nom  de  la  ville  natale  de  l'auteur, 
nom  qui  lui  sert  aussi  de  nom  propre.  Hânsav  est  appa- 
remment la  ville  à   laquelle    nos   cartes    européennes 

'    ;<7j!»jc)î   «_^  Essence  des  chronicjues. 

^   (X^wSkJl    ^A^  sei-viteur  de  l'immense   (Dieu). 

'  A  Vocabularj  of  ihe  names  of  ihe  varions  parts  oj  thc  human  bodv, 
and  of  médical  and  technicai  ternis,  in  Enfjlish ,  Arabie.  Persian.  llindee 
and  Sanscrit,  by  P.  Brelon,  uu  vol.  iii-i",  CaicuUa ,  1827.  C"esl,je  crois, 
le  même  ouvrage  tiui,  est  souvent  désij^ué  sous  le  titre  de  Nosoloijical 
Table. 


12  BIOGRAPHIE 

donnent  le  nom  de  Hansi.  Elle  est  située  dans  la  pro- 
vince de  Delili,  sur  le  canal  construit  par  le  sultan  Fi- 
roz,  lat.  28°  5Zi'  N.,  long.  7 5°  09'  E.  Cette  ville  lut 
prise  parles  Musulmans  Gaznévides,  dès  l'année  io35; 
et,  vers  la  fm  du  xvni*  siècle,  elle  attira  de  nouveau 
l'attention  comme  capitale  de  la  principauté  de  peu 
de  durée  que  se  forma  l'aventurier  George  Thomas  '. 

ABD  URRAHIM-. 

Ecrivain  hindoustani  dont  Mîr  cite  un  vers  qui  si- 
gnifie : 

Lorsque  le  moment  de  la  séparation  de  ma  bien-aimée  est 
arrivé ,  j'ai  perdu  mes  sens  et  ma  raison ,  je  suis  devenu  fou 
{majnân),  et  j'ai  suivi  ma  Leïla  dans  le  chemin  où  elle  est 
allée. 

ABIDF. 

Ecrivain  du  Décan  à  qui  on  doit  un  masnavvî  intitulé 
Dhiyâ  Calbi  \  d'après  le  nom  d'un  compagnon  de  Maho- 
met sur  lequel  il  roule.  Je  possède,  de  ce  poëme,  un 
manuscrit  que  je  dois  à  l'obligeance  de  mon  ancien  au- 
diteur, M.  le  professeur  Falconer.  C'est  un  in-Zi"  de 
2  3  pages  qui  se  termine  par  deux  cacîda.  Voici  en  peu 
de  mots  le  sujet  de  cette  production  :  Dhiyâ  Calbi  était 
arrivé  à  l'âge  de  soixante  ans  sans  être  marié ,  lorsque 
le  tableau  de  la  résurrection   s'offrit  à  lui  en  songe. 

'  Voyez  W.  Hamillou,  Êa5<-/nt/ja  Gazetteer.  toni.  I,  pag.  629. 
-   <<s=^jJ{  J'kj^s.  serviteur  da  Miséricordieux  {par  excellence). 
^  (^tXjLc,   adjectif  dérivé  de  «XjLc,   s.  m.  adorateur  {de  Dieu), 
dévot. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  13 

Il  vit  des  enfants  qui  montaient  au  ciel,  soutenus  par 
des  anges,  et  il  les  entendit  demander  où  étaient  leurs 
père    et  mère.   On   leur  répondit   qu'ils    avaient  mé- 
rité l'enfer  et  qu'ils   y  avaient   été  jetés.  Ces  enfants 
intercédèrent  alors  pour  leurs  parents,  au  nom  de  Ma- 
homet et  de  Fatime,  et  Dieu  se  rendit  à  leurs  prières. 
A  son  réveil  Dhiyâ  Calbî  était  pensif  et  rêveur.  Ses  dis- 
ciples lui  en  demandèrent  la  raison.  «  Cherchez-moi 
u  une  femme,   leur  dit-il,  je  veux  me  marier.»  Il  se 
maria  effectivement,  et  dans  la  première  année  de  son 
mariage  il  eut  un  enfant;  mais  il  le  perdit  bientôt,  ainsi 
que  six  autres  qu'il  eut  ensuite.  Jusque-là  le  père  et  la 
mère  s'étaient  résignés  à  la  volonté  de  Dieu,  mais  à  la 
dernière  fois  ils  rejetèrent  la  patience  et  firent  un  grand 
deuil.  Le  mari  voulut  divorcer;  la  femme  lui  représenta 
qu'elle  avait  vieilli  auprès  de  lui,  qu'elle  avait   porté 
sept  enfants  dans  son  sein,  et  qu'il  était  de  la  dernière 
injustice  de  s'en  prendre  à  elle  de  leur  mort.  Dhiyâ 
Calbî  se  leva  néanmoins  et  quitta  la  maison;  sa  femme 
s'attacha  à  ses  pas  et  le  suivit  dans  les  jangles.  Là,  ayant 
éprouvé  une  soif  ardente,  ils  se  mirent  à  la  recherche 
d'une  source  et  finirent  par  trouver  un  bassin  d'eau; 
mais  il  n'y  avait  ni  corde,  ni  seau,  ni  vase  pour  en 
puiser.  Il  leur  vint  à  l'idée  d'appeler  à  leur  secours  leurs 
fils  défunts,  qui  se  manifestèrent  en  effet  à  eux,  l'un 
après  l'autre ,  du  monde  invisible ,  et  le  boftheur  brillait 
sur  leur  figure.  Le  septième,  dont  la  mort  les  avait  jetés 
dans  le  désespoir,  vint  à  son  tour;  mais  celui-là  était 
ensanglanté  et  couvert  de  haillons.  Ils  surent  par  lui 
que  c'était  à  leur  manque  de  résignation  qu'il  devait  la 


l'i  BIOGRAPHIE 

condition  fâclieiisc  où  il  se  trouvait.  Ils  se  convertirent 
alors,  se  réconcilièrent  et  purent  iDoire  de  l'eau  du 
bassin,  par  l'entremise  de  leurs  fils.  En  ce  moment  ils 
apprirent  que  ce  bassin  n'était  pas  autre  chose  que  la 
fontaine  de  Rauçar ',  et  que  l'eau  qu'ils  avaient  bue  était 
celle  du  paradis.  Heureux,  ils  retournèrent  à  leur  mai- 
son ,  et  Dieu  les  bénit  par  la  naissance  de  sept  nouveaux 
fils  qu'ils  eurent  la  satisfaction  d'élever  et  à  qui  ils  ins- 
pirèrent la  crainte  de  Dieu;  ceux-ci  eurent,  à  leur  tour, 
des  enfants  qui  réjouirent  la  vieillesse  de  Dhiyâ  Calbî. 
Abidî  tire  de  là  cette  moralité,  que  nous  devons 
supporter  avec  patience  les  fâcheux  événements  qui 
nous  arrivent.  Ce  petit  poëme  où  l'on  trouve  des  ré- 
pétitions et  des  longueurs  comme  dans  la  plupart  des 
masnawî,  est  écrit  dans  le  pur  dialecte  dakhnî,  pareil 
à  celui  de  la  traduction  de  VAnwâr-i  Suhaïli,  imprimée  à 
Madras. 

ABJADI^ 

Poëte  dakhnî  à  qui  on  doit  un  diwân  qui  se  compose 
seulement  de  gazai  et  de  rubâî.  La  bibliothèque  de 
VEast-India  House  possède  un  exemplaire  de  ce  recueil, 
lequel  porte  le  titre  de  Dùiân-i  Abjaâi  ^'.  Il  est  écrit  dans 
le  dialecte  dakhnî,  mais  très-rapproché  del'urdû;  ce  qui 
doit  faire  supposer,  selon  M.  Shakespear,  que  l'auteur 
a  vécu  près  de  Bombay  où  l'on  parle  un  dialecte  qui 
s'éloigne  très-peu  de  celui  d'Agra  et  de  Dehli. 

'   Fontaine  du  paradis. 

'  ^tX^i  alphabéticjup  ;   ce  mot  est  le  takIiaUns  ou  surnom  poétique 
de  cet  écrivain  ,  dont  le  véritable  nom  mcst  inconnu. 
^  Fonds  de    Leyden ,  n"   '128. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  15 

Voici  la  traduction  d'un  court  gazai  de  cet  écrivain  : 

AujoiircVliui  CCS  cheveux  entortilles  m'ont  rendu  insensé;  je 
n'ai  du  repos  que  dans  les  chaînes  qu'ils  m'ont  imposées.  Bien 
loin  d'être  douce,  elle  est  d'une  humeur  chagrine  :  ô  mon  ami! 
indique-moi  la  conduite  que  je  dois  tenir.  Au  matin  a  paru 
cette  lune  qui  a  la  nature  du  soleil.  Que  de  bonté  n'a-t-elle  pas 
eue  pour  moi,  après  m'avoir  laissé  toute  la  nuit  dans  les  larmes  î 
Comme  je  reste  continuellement  dans  l'esclavage  ,  je  ne  possède  , 
jusqu'ici,  aucune  considération  dans  l'assemblée  des  belles.  A 
qui  Abjadî  fera-t-il  connaîti'e  son  état  désolé  ?  La  jeunesse  le 
rendra-t-elle  victorieux  de  son  chagrin  ? 

ABRU. 

Schaïkh,  Schâh  ou  Miyân  Najm  uddîii  Alî  Khan, 
nommé  aussi  Schâh  Mubârak,  et  connu  sous  le  nom 
poétique  d'Abrû  ^  était  un  des  petits-fiis  du  schaïk  Mu- 
hammad  Gaus  de  Guaiior  et  parent  de  Sirâj  uddîn  Alî 
Khan  Arzù,  dont  il  fut  l'élève.  11  naquit,  à  ce  qu'il  pa- 
raît, à  Guaiior;  mais  il  alla,  très-jeune  encore,  à  Dehli; 
voilà  pourquoi  on  le  nomme  Abrù  de  Dehli,  c'est  là 
en  effet  qu'il  s'est  formé  à  l'art  d'écrire.  Abrù  est  un 
écrivain  très-distingué  et  fort  estimé  par  les  natifs.  11  est 
auteur  d'un  divvàn  hindoustani  qui  eut  beaucoup  de 
vogue  est  qui  est  surtout  apprécié  sous  le  rapport  des 
allégories  ingénieuses  qui  y  abondent.  On  cite  spéciale- 
ment de  lui  un  masnawî  intitulé  Maiiaza-i  arâïsch-i  nias- 
chûc  (Indication  des  agréments  que  doit  posséder  une 
maîtresse^).  Mîr  nous  apprend  que  par  l'effet  de  l'aveu- 


'     »vJ^    honneur. 


*=.  —  *, 


^    \^yM*JLA    ^J*.j\jS     iuà&y^ 


16  BIOGRAPHIE 

glement  de  la  i'oiliino  dont  la  conduite  est  pareille  à  celle 

de  l'Antéchrist,  il  était  privé   d'un   œil.   Miishafî   nous 

lait  savoir  qu'il  laissait  croître  sa  barbe  et  qu'il  portait 

habituellement  un  bâton  à  la  main.  Il  vécut  quelque 

temps  à  Nârnaul.  Il  mourut,  sous  le  règne  de  Muham- 

mad  Scbâh,  âgé  de  plus  de  cinquante  ans.  C'était  un 

homme  d'un  caractère  très-aimable. 

Béni  Narâyan  cite  de  lui  trois  pièces  de  vers  dans  son 

Anthologie,  et  Lutf,  Fath  Ali  Hucaïnî,  Alî  Ibrahim  et 

Mushafî,  plusieurs  pages  extraites  de  son  diwân.  Voici 

la  traduction  d'un  de  ses  plus  courts  gazai  : 

Peu  m'importe  que  ton  cœur  se  soit  détourné  de  moi ,  puis- 
que j'ai  Dieu  pour  moi.  Je  ne  suis  coupable  d'aucune  faute, 
et  toutefois  on  te  dira  :  Il  est  infidèle.  Que  t'ai-je  donc  fait 
pour  que  tu  sois  fâchée  contre  moi  ?  Celui  qui  m'a  desservi 
auprès  de  toi  est  insensé;  ne  l'écoute  pas,  et  unis-toi  à  moi ,  à 
celui  à  qui  je  sais  bien  que  ton  cœur  est  attaché.  Ne  jette  pas, 
sans  raison  ,  dans  le  désespoir,  moi ,  Abrû ,  pauvre  voyageur  ac- 
cablé de  fatigue  '. 

Voici  la  traduction  d'un  autre  gazai  qui  est  devenu 

un  chant  populaire  ^  : 

Puisque  tu  es  à  un  tel  point  mon  ennemie,  pourquoi,  ô  ma 
bien-aimée,  cherches-tu  à  captiver  mon  cœur  à  un  tel  point  ?  De 
temps  en  temps  tu  me  regardes  avec  les  yeux  de  l'amitié;  ah  ! 
seras-Ui  bonne  au  point  de  venir  une  fois  auprès  de  moi  ?  En 
voyant  que  tu  t'es  éloignée ,  tout  le  monde  demande  que  tu 
reviennes;  à  tel  point  des  soupirs  comme  des  étincelles  sortent 
de  mon  cœur.  Cesse  de  tourmenter  le  faible  et  l'innocent  ;  crains 
Dieu,  et  ne  tyrannise  pas   à  ce  point  Abrû. 

'   Voyez  le  texte  de  ce  morceau  clans  les  Hindee  and  Hindoostanee  Se- 
leclions.  tom.  II,  pag.  878,  1"  édit. 
*  Ibid.  pag.  436. 


ET  BIBLIOGRAPHIE  17 


ABU'LFAZL. 


Schaïkh  Abù'lfazi  \  célèbre  ministre  de  l'illustre 
Akbar,  est  trop  connu  pour  que  je  m'étende  sur  son 
mérite  et  sur  les  immenses  services  littéraires  qu'il  a 
rendus  à  l'Inde,  et  par  suite  à  l'Europe.  Je  dois  le  citer 
seulement  ici  comme  écrivain  hindoustani.  En  effet, 
outre  les  précieux  ouvrages  persans  qu'on  lui  doit  et  les 
travaux  qu'il  a  encouragés ,  il  nous  apprend ,  dans  son 
Àyîn-i  Akbari,  qu'il  a  travaillé  à  la  traduction  liindouî 
des  Nouvelles  Tables  astronomicjaes  rédigées  en  persan  par 
Ulugh  Beg,  traduction  exécutée  par  l'ordre  d'Akbar. 
Ses  collaborateurs  dans  ce  travail  furent  Amîr  Fath 
ullali  Schirâzî ,  Kischen  Jaïcî ,  Gangâdhar  et  Mahaïs ,  dont 
il  sera  parlé  sous  ces  titres  respectifs. 

ACAD. 

Mîr  Amânî  Açad  ~  fut  un  des  disciples  de  Sauda.  Il 
était  de  Dehli,  d'autres  disent  d'Akbarâbâd  (Agra). 
Alî  Ibrahim  dit  qu'il  vint  dans  le  Bengale  pendant  le 
temps  de  Schâh  Alam  et  qu'il  s'établit  à  Murschidâbâd. 
Musliafî  nous  fait  savoir  que  c'était  un  jeune  homme 
d'un  agréable  caractère  et  d'un  visage  riant,  il  est  au- 
teur d'un  diwân.  Ses  cacîda,  ses  gazai  et  ses  masnawî 
sont  très-estimés  ;  son  masnawî  sur  les  cartes  '  est  sur- 

'  Ji.>iiiJI   kjl  p^re  de  la  vertu,  c'est-à-dire  vertueux. 
*   <X.m!  lion. 


18  BIOGRAPHIE 

tout  célèbre,  Mushafî  tenait  de  Mîr  Zuificâr  Alî,  qui 
était  le  voisin  d'Açad ,  que  cet  écrivain ,  dans  un  voyage 
qu'il  fit  à  Lakhnau ,  voulut  avancer  plus  à  l'est ,  et  que 
dans  une  chauderie  de  la  route  il  fut  assailli  par  des 
voleurs  qui  l'assassinèrent.  Il  était  âgé  de  près  de  cin- 
quante ans. 

AGAF. 

Açaf^  est  le  surnom  poétique  du  nabâb  d'Aoude 
Açaf  uddaula  Yahya  Khan  ,  fils  du  nabâb  Schuja  uddaula 
et  petit-fils  du  nabâb  Abû'lmançûr  Khan.  Il  régna  de 
1  y  y 5  à  1797,  époque  de  sa  mort.  Nous  ne  dirons  rien 
ici  de  sa  vie  politique,  mais  nous  parlerons  seulement 
de  son  talent  comme  écrivain.  Alî  Ibrahim  nous  repré- 
sente chacmi  de  ses  vers  hindoustani  comme  autant  de 
perles  brillantes  de  la  plus  belle  eau ,  et  Mushafî,  jouant 
sur  ses  noms ,  dit  que  bien  qu'on  le  nommât  y^çaf, 
on  pouvait  l'appeler  le  Salomon  de  son  temps;  et  que 
quoiqu'on  le  nommât  Jean-Baptiste  (Yahya),  on  pouvait 
le  considérer  comme  le  Jésus-Christ  (Iça)  de  son  siècle. 
Le  fait  est  qu' Açaf  avait  reçu  une  éducation  très-soignée, 
et  que,  dès  sa  plus  tendre  jeunesse,  il  s'était  fait  re- 
marquer par  son  goût  pour  les  connaissances  et  pai^  sa 
capacité  littéraire.  Il  aimait  la  poésie ,  et  il  écrivait  en 
vers  avec  esprit.  Bénî  Narâyan  cite  de  lui  six  différentes 
pièces  ;  et  le  docteur  Gilchrist ,  dans  son  Strancjer's  East- 
India  Guide  ^,  une  septième,  en  caractères  latins,  ac- 

'  uÀiO)  nom  d'un  minisire  de  Salomon  à  qui  sont  adressés  plusieurs 
psaumes. 


2 


Pag.  269. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  19 

compagnée  de  la  traduction  anglaise.  Miishafî  cite  aussi 
quelques  vers  de  ce  nabab  distingué ,  et  enfin  Alî  Ibra- 
him donne  une  page  de  ses  vers.  Ses  poésies,  qui  sont 
écrites  dans  un  style  très-figuré ,  ont  été  réunies  en  un 
diwân.  Elles  sont  fort  estimées  dans  l'Inde.  La  biblio- 
thèque du  collège  de  Fort-W  illiam  en  possède  un  exem- 
plaire. On  distingue  surtout  son  poëme  sur  la  fête  du 
Muharram,  On  trouve  aussi,  à  la  bibliothèque  de  YEast- 
IndiaHome,  un  volume  intitulé  Bajâz  ou  album^  qui 
contient  une  collection  de  vers  tant  hindoustani  que 
persans  de  ce  même  souverain.  Ce  manuscrit  a  appar- 
tenu au  gouverneur  général,  lord  Hastings.  Voici  la 
traduction  d'un  gazai  d'Açaf  dont  le  texte  a  été  publié 
dans  les  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections^  : 

0  fée  charmante,  ta  parure  est  particulière;  ta  vivacité,  ta 
beauté,  la  manière  de  serrer  ton  anguia  sont  particulières.  Les 
amulettes  qui  ornent  ta  tête  tyrannisent  les  cœurs,  et  les  plis 
de  ton  turban  excitent  les  passions  particulièrement;  tes  che- 
veux exhalent  une  odeur  suave  ;  ta  manière  de  les  tresser  est 
particulière.  Tes  pendants  d'oreilles  exercent  l'injustice  ;  les  bra- 
celets de  neuf  pierres  l'exercent  aussi,  et  tes  ornements  de  joyaux 
ont  une  beauté  particulière.  En  voyant  le  gokhrâ  garni  de  son- 
nettes se  jouer  sur  ta  cheville,  on  ne  peut  s'empêcher  de  re- 
connaître que  ce  bijou,  comme  le  ruban  qui  le  serre,  est  fait 
d'une  manière  pai'ticulière.  Ton  vêtement  est  plus  beau  que  tout 
autre;  de  la  tète  aux  pieds,  tu  es  plus  belle  que  toutes  tes  com- 
pagnes. Par  la  teinture  du  missî,  tes  dents  ont  une  noirceur  par- 
ticulière. A  tes  pieds  sont  des  babouches  ornées  d'or  et  de  pier- 
reries d'une  rare  beauté,  sur  lesquelles  retomlie   ton  pantalon 

^  Bayâz,  Verses  in  Persian  and  Ilincli,  by  the  navvâb  wazîr  Açaf  ud- 
daula. 

-  Tom.  II,  pag.  878  de  la  première  édition. 

2. 


20  BIOGRAPHIE 

de  forme  particulière,  qui  jelle  le  cœur  clans  l'infidélité,  et  dont 
l'agrafe  brille  comme  les  Pléiades.  Lorsque  cette  fée  est  debout, 
sa  tournure  est  particulière.  La  forme  de  son  vêtement  est  telle- 
ment belle  qu'elle  séduit  les  cœurs.  Cette  robe  qui  entoure  ton 
corps  délicieux  excite  les  passions.  Les  mancbes  en  sont  très- 
étroites  ;  elles  sont  plissées  d'une  manière  particulière Dites- 
moi,  si  vous  êtes  justes,  pourquoi  le  cœur  ne  se  laisserait  pas 
captiver  par  cette  fée  dont  la  conversation  est  enchanteresse.  Sa 
colère  même  plaît,  et  son  amitié  est  toute  particulière.  Quelle 
description  pourra  faire  Açaf  de  celle  qui  l'a  charmé?  Ses  mains 
et  ses  pieds  sont  remarquables  par  leur  forme  parfaite  ;  le  menhdî 
qui  les  teint  a  une  couleur  particulière. 

Il  y  a  un  autre  poëte  hindoustani  qui  a  pris  pour 
takhailus  le  nom  à' Açaf.  C'est  le  nabâb  Umâd  uimulk 
Nizâm ,  dont  il  sera  parlé  sous  le  nom  de  Nizâm,  qui  est 
son  autre  takhailus. 


ACAR. 

Mîr  Mubammad  Açar  \  de  Dehli,  était  frère  cadet 
du  khâjâ  Mîr  Dard  '^.  Homme  très-savant  et  très-pieux, 
il  joignait  à  l'habileté  en  poésie  la  science  du  spiri- 
tualisme ^.  Tant  que  son  frère  vécut,  il  fut  simple 
membre  de  la  famille  religieuse  dont  ce  dernier  était 
le  chef;  mais,  à  sa  mort,  il  en  fut  nommé  supérieur*. 
Ses  vers  hindoustani  ne  sont  point  sans  mérite,  et  ils  ne 
sont  pas  moindres  en  nombre  que  ceux  de  son  frère 

'    j3)   trace,  etc. 

^   Voyez  rarticlc  consacré  à  ce  poëte  distingué. 

*   (jXm*j  ù^\^,  à  la  lettre,  assis  sar  le  tapis. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  21 

aîné.  Musliafi  en  cite  quatre  pages.  Lutf  nous  fait  sa- 
voir qu'Açar  est  auteur  d'un  très-long  masnawî  sur  l'a- 
moar  \  poëme  dont  ce  J3iographe  a  donné  des  extraits 
choisis.  Voici  un  gazai  d'Açar,  que  je  trouve  dans  Béni 
Narâyan  : 

Si  dans  la  nuit  je  rappelle  à  mon  esprit  Ion  injustice ,  je  ne 
puis  m'empêcher  de  pousser  des  cris  et  des  gémissements ,  que 
tu  les  entendes  ou  non.  Tous  les  efforts  de  ces  agaçantes  beautés 
n'ont  d'autre  objet  que  de  briser  les  cœurs;  y  en  a-t-ii  une  seule 
qui  rende  quelqu'un  satisfait?  Il  faut  que  nous,  leurs  esclaves, 
nous  ayons  soin  de  les  contenter,  et  qu'au  rebours  de  ce  qui  de- 
vrait être ,  nous  renoncions  aux  fonctions  de  cbasseur.  Montre-toi 
donc  quelquefois  ici ,  viens-y  déployer  tes  gentillesses.  Ah  !  je  me 
souviens  bien  des  avantages  qui  te  distinguent  de  tes  compagnes. 
Peut-être  que  quelques  soupirs  finiront  par  s'échapper  de  ton 
cœur;  c'est  bien  alors  que  je  te  consacrerai  tout  ce  qui  est  en 
moi. 

AGI. 

Nûr-i  Muhammad  Aci '^,  natif  de  Burhânpûr,  ancienne 
capitale  de  la  province  de  Gandeisch,  dans  le  Décan, 
est  un  des  écrivains  les  plus  distingués  de  cette  partie 
de  l'Inde.  Fath  Alî  Huçaïnî  en  cite  quelques  vers. 

Je  pense  que  c'est  le  même  auteur  à  qui  on  doit 
deux  ouvrages  sur  la  doctrine  et  les  devoirs  de  la  re- 
ligion musulmane,  ouvrages  dont  on  trouve  une  co- 
pie à  la  Bibliothèque  royale  de  Paris  (  n"  2  i  du  fonds 
d'Anquetii),  écrite  en  11 46,  1167  (lySS-iySS  de 
J.  G.  ),  sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh  lU.  Le  pre- 

'  t^  cH^**  uW 

*   ^5<io^  rebelle. 


22  BIOGRAPHIE 

mier  est  intitulé  KJiulâçat  ulmuamalât  \  ou  la  Quintes- 
sence des  pratiques  ;  et  le  second  Anwâ  ululâm  ^,  ou 
les  Différentes  espèces  de  sciences  (religieuses),  ouvrage 
dans  lequel  est  compris  le  Kitâh  farâïz  ^,  ou  le  Livre 
des  devoirs  extérieurs  de  la  religion.  Ces  traités  sont  en 
vers  du  genre  nommé  masnawL  Ils  forment  un  volume 
in-folio  d'environ  5oo  pages,  enrichi  de  notes  marginales 
écrites,  en  persan.  Ils  sont  rédigés,  d'après  les  opinions 
sunnites ,  en  un  dialecte  dakhnî  fort  difficile ,  mais  cu- 
rieux à  connaître. 

ACIMI. 

Khâja  Burlîân  uddin  Acimî  ^  est  compté   parmi  les 

meilleurs  écrivains  hindoustani.  Il  habitait  à  Dehli  dans 

le  quartier  nommé  Baliâdiir'pâra.W  aimait  beaucoup  le 

genre  plaisant  ;  il  excellait  dans  les  tarîkh  et  les  mar- 

siya.  Il  savait  manier  aussi  bien  l'épée  que  la  plume; 

mais  il  paraît  qu'il  n'était  pas  hem^eux  ^.  Mîr  et  Fath 

Alî  Hucaïnî  citent  de  lui  trois  vers  dont  voici  la  tra- 

duction  : 

Au  jour  où  la  rose,  reine  des  fleurs,  parut  dans  toute  sa  beauté 
sur  le  trône  des  jardins,  autour  d'elle  vinrent  mille  rossignols 
chanter  et  faire  du  bruit.  L'automne  arriva,  et  une  épine  de  cette 

*  ^^pj^Vs   pour    ^^.j^\s-  chaste,  vertueux,   etc. 

*  Mîr  dit  à  son  sujet,  dans  sa  biographie  qui  est  écrite  en  persan  : 

«Il  honore  notre  Irtiips,  (pioiquc  le  temps  (la  fortune)  ne  lui  soit 
«pas  favorable.  » 


ET  BIBLIOGKAPHIE.  23 

rose  n'existait  plus  même  dans  le  parterre.  Le  jardinier,  en  pleu- 
rant, me  montra  où  était  auparavant  le  bouton,  où  se  trouvait 
la  rose.  (  En  voyant  l'instabilité  des  choses  du  monde  )  je  passai 
la  nuit  à  répandre  des  larmes  comme  la  bougie ,  et  au  matin 
je  me  trouvai  comme  anéanti,  tant  l'abondance  de  mes  pleurs 
m'avait  aflaibli  ! 

ADHAM. 

Abd  ulalî  Adham  ^  est  auteur  d'un  masnawî  mys- 
tique écrit  en  hindoustani,  extrêmement  intéressant, 
intitulé  Majmûa-i  âschiqain-,  ce  qu'on  peut  rendre  par  la 
Communion  des  saints ,  poëme  dont  on  conserve  un  exem- 
plaire au  Britisli  Muséum,  orné  de  dessins  représen- 
tant les  principaux  individus  qui  y  sont  célébrés.  Cet 
ouvrage  contient  en  effet  la  vie  des  personnages  qui 
se  sont  distingués  par  un  ardent  amour  pour  Dieu ,  tant 
ceux  qui  ont  appartenu  à  la  religion  musulmane ,  qui 
était  celle  de  l'auteur,  que  les  Chrétiens  et  les  Hindous. 
Parmi  les  saintes  chrétiennes,  je  dois  citer  la  Vierge 
({ui  est  en  outre  représentée  sur  un  dessin  avec  l'en- 
fant Jésus  ,  absolument  de  la  même  manière  que  nous 
la  représentons  dans  nos  gravures  et  nos  tableaux.  Chose 
singulière ,  il  y  a ,  même  parmi  ces  dévots  sofis  chantés 
par  notre  poëte,  des  dieux  du  paganisme  hindou,  tels 
que  Ganescha,  les  Avatar  de  Wischnou,  Krischna,  etc. 

Voici  la  traduction  des  vers  cpii  accompagnent  le 
dessin  de  la  Vierge  ;  ils  sont  fondés  sur  fhistoire  de  la 
naissance  de  Jésus-Christ,  telle  qu'elle  est  racontée  dans 
le  Coran,  sur.  xix,  v.  i  6  et  suiv. 

'   J^it  signifie  proprement,  ii/i  cheval  de  couleur  brune . 
'  (^jviLwlft   If^y^,  ,  à  la  lettre  ,  la  réunion  des  amanls. 


24  BIOGRAPHIE 

Ceci  nous  représente  la  noble  Marie  lorsque,  après  avoir  mis 
au  monde  Jésus  le  Messie,  être  parfait ,  qui  fut  engendré  sans 
père ,  les  gens  de  sa  famille  étant  venus  la  trouver,  lui  dirent  : 
«  Est-ce  bien  toi  qui  as  mis  au  nionde  cet  enfant  ?  Si  tu  nous 
B  fais  connaître  la  vérité,  c'est  bien  ;  sinon  n'oublie  pas  que  nous 
«  sommes  disposés  à  punir  de  mort  le  mensonge.  »  Ayant  en- 
tendu ces  mots ,  elle  dit  sans  émotion  :  «  Gens  de  Nazareth , 
«pourquoi  m'interrogez-vous?  Cet  enfant  est  né  de  moi,  sans  que 
«j'aie  commis  une  faute »  Comme  néanmoins  on  la  tourmen- 
tait encore  ,  elle  ajouta  :  «  Demandez  à  cet  enfant  lui-même  com- 
«  ment  a  eu  lieu  sa  naissance,  car,  pour  moi,  je  n'en  sais  absolu- 
«  ment  rien;  j'en  jure  par  Dieu.»  Alors  ses  compatriotes  s'adres- 
sèrent à  l'enfant  :  «  Raconte-nous  toi-même ,  lui  dirent-ils ,  ce  qui 
«  s'est  passé  :  »  Jésus  répondit  :  «  Je  suis  prophète ,  je  vous  ap- 
«  porte  les  ordres  de  Dieu  ;  je  suis  le  souffle  du  Très-Haut  ;  je 
«suis  l'illustre  Messie.  Ma  mère  est  Marie,  et  mon  père  c'est 
«  Dieu.  »  Les  habitants  de  Nazareth  ayant  entendu  ce  discours, 
dirent  à  Jésus  :  «  Fais  un  miracle  pour  que  nous  croyions  à  la 
«vérité  de  ce  que  tu  nous  annonces.  —  Eh  bien!  dit  Jésus,  par 
«la  grâce  de  Dieu,  je  ressusciterai  les  morts,  je  rendrai  la 
«  clarté  aux  yeux  des  aveugles ,  et  la  santé  aux  corps  des  lépreux.  » 
Ses  compatriotes ,  désireux  d'épi'ouver  la  vérité  de  cette  as- 
sertion, demandèrent  qu'on  apportât  des  cadavres.  Effectivement 
on  en  transporta  un  grand  nombre  dans  leur  bière,  et  on  les 
plaça  devant  Jésus.  Il  ne  les  eut  pas  plutôt  vus,  que  s'adres- 
sant  à  chacun  d'eux  en  particulier,  il  lui  dit  :  «Lève-toi,  Dieu  te 
B  le  permet  !  »  Alors  tous  ces  cadavres  furent  rendus  à  la  vie.  Tel 
fut  l'ordre  de  Dieu.  De  leur  côté,  des  aveugles  et  des  lépreux  ac- 
coururent, dans  l'espoir  de  la  guérison.  En  effet,  ils  recouvrèrent 
tous  la  santé,  au  nom  du  Tout-Puissant.  Alors  les  gens  de  Na- 
zareth reconnurent  que  Jésus  était  vraiment  un  prophète  ;  ils 
crurent,  et  embrassèrent  la  religion  qu'il  annonçait.  Mais  l'enfant 
alla  se  placer  de  nouveau  entie  les  bras  de  sa  mère,  qui  l'abreuva 
de  son  lait  pur.  Plus  tard,  sa  propre  nation  le  persécuta;  mais  il 
est  inutile  d'entrer  dans  aucun  détail  là-dessus.  A  la  fin ,  le  pro- 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  25 

phète  Jésus  s'étant  délivré  des  mains  du  peuple  ',  monta  au  ciel 
où  il  vit  éternellement. 


AFAG. 

Mîr  Farîd  iiddîn  Afàc  -  est  un  poëte  liiiidouslaiii 
dont  Mannû  Lâl  a  cité  plusieurs  vers  dans  son  Guldas- 
ta-i  nischât,  ou  Rhétorique  pratique,  ouvrage  dont  il 
sera  parié  en  son  lieu.  Ces  vers  contiennent  des  méta- 
phores tellement  contraires  à  notre  goût,  qu'il  est  im- 
possible de  les  traduire. 

AFGAN. 

Alil  Khàn,  connu  sous  le  takhallus  d'y^i/a/i  ^,  était  un 

derviche  de  profession  qui  est   cité  parmi  les  poètes 

hindoustani.  Alî  Ibrahim  donne  de  lui,  dans  son  Galzâr, 

deux  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Dans  le  commencement  j'ai  su  affranchir  mon  esprit  de  l'a- 
mour ;  pourquoi  faut-il  qu'en  peu  de  jours  il  l'ait  rendu  insensé  ? 
Le  miroir  qui  réfléchit  ta  beauté,  supérieure  à  toutes  les  autres 
beautés,  s'est  dissous  de  honte,  en  voyant  le  poli  de  ta  joue 
éclatante ,  et  il  est  devenu  de  l'eau  '. 

'  Il  est  dit  en  effet  dans  le  Coran,  sur.  iv,  v.  i56,  et  ailleurs,  que  les 
Juifs  crurent  crucifier  J.  C,  mais  que  ,  par  la  permission  de  Dieu,  ils  ne 
crucifièrent  qu'un  corps  fantastique. 

^  HJiiK  pluriel  de  ^^Li\  horizon.  Le  poëte,  qui  a  pris  ce  nom,  a 
voulu  peut-être  exprimer  par  là  que  sa  réputation  était  répandue  dans 
les  horizons,  c'est-à-dire  dans  les  différentes  régions  de  la  terre. 

'  /jljiiî,  nom  du  petit-fils  de  Malik  Tâlût  (Saiil),  duquel  les  Afgàns 
ou  Pathans  prétendent  tirer  leur  origine. 

*  Cette  métaphore  bizarre  est  très-usitée  chez  les  poètes  de  l'Inde. 


^6  BIOGRAPIIIK 

AFGAR. 

Mîr  Junûn  prit  pour  surnom  poétique  le  mot  Afgâr  ' 
qui  signifie  blessé  (par  l'amour).  Dans  la  biographie  des 
poètes  hindoustani  intitulée  Giilzâr-i  Ibrahim,  on  lit 
qu  Afgâr  étant  allé  à  Tous  en  Rhoraçan  visiter  le  saint 
tombeau  de  fimâm  Rizâ^,  y  resta  en  qualité  de  mu- 
jâwir  ^.  Voici  un  de  ses  vers  ;  il  est  empreint  des  idées 
qui  occupaient  son  esprit  : 

L'asile  où  repose  Alî  (  Rizâ)  est  un  lieu  de  douceur,  tel  qu'au 
prix,  de  lui,  la  nuit  du  mirâj  (ascension  de  Mahomet)  est  une 


vigile  *. 


AFSAH. 

Schâh  Facîh  Afsah  ^  connu  sous  le  nom  de  ScMh 
FacHi,  fut  un  des  disciples  de  Mirza  Bédil  ^  C'était  un 

"-  Ce  tombeau  nommé  meschhed  («X.ft*iw«) ,  lieu  de  martyre,  tire  son 
nom  du  faubourg  de  Tous  où  il  est  situé.  Voyez,  à  ce  sujet,  l'édition 
de  feu  Langlès  des  Voyacjes  de  Chardin,  t.  IV,  p.  201.  Voyez  aussi  le 
Voyage  dAbd  ulharîm,  traduit  par  le  même  M.  Langlès,  pag.  67  et  79. 

5  C'est  ainsi  qu'on  nomme  les  Musulmans  qui  demeurent  près  d'un 
temple  ou  d'un  tombeau,  pour  se  livrer  babituellement  aux  exercices  de 
piété. 

*  Le  mot  que  je  traduis   par  vigile  est  \Jl=s-   cyj    (peut-être  pour 

nf^  S(^  ) .   C'est  proprement  une  pratique  exécutée  surtout  par   les 

femmes;  elle  consiste  à  veiller  toute  la  nuit,  à  l'occasion  de  certaines 

fêtes. 

5  Le  mot  ^Qj\   est  la  forme  comparative  et  superlative  de  l'adjectif 

arabe   ^^ai  èlo(jaenl.  Ce  dernier  nom  est  le  sobriquet  de  notre  poëte, 

et  le  premier   est  son   iakhalliis  ou   surnom  poétique. 

«  Voyez  plus  loin  l'article  consacre  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  27 

pieux  Musulman  qui  poussa  très-loin  sa  carrière.  Sa 
profession  était  celle  de  derviche.  Il  habitait  Lakhnau, 
où  il  mourut  en  i  i  92  (  1  y  y  8).  11  a  laissé  un  bon  nom- 
bre de  vers  hindoustani;  Ali  Ibrahim  en  cite  quelques- 
uns  dont  voici  la  traduction  : 

M'étant  souvenu  de  toi,  là  où  j'étais  allé,  je  n'ai  pu  y  fixer 
ma  résidence.  Hélas!  le  dévot  doit  se  diriger  vers  laCaaba,  et 
moi  je  tourne  mes  yeux  vers  la  pagode.  Je  n'ai  pas  visité  le 
temple  bâti  par  Abraham,  et  je  suis  allé  dans  celui  des  idoles. 

Les  instants  où  je  suis  séparé  de  toi  sont  pour  moi  pareils  à 
la  mort.  Ces  jours  de  mort  doivent-ils  compter  pour  ceux  de  ma 
vie  ?  et  faut-il  que  lorsque  je  pourrai  contempler  ta  stature, 
ce  soit  pour  moi  le  jour  terrible  de  la  résurrection? 

afsAr. 

Gulâm-i  Aschraf  Afsar\  fils  de  Gulâm-i  Raçûl,  est  un 
poète  hindoustani  qui  dans  les  marsiya  et  les  salâm  -  a 
pris  le  takhallus  d'Ascliraf  et  dans  les  autres  pièces  de 
vers  celui  d'Afsar.  Il  était  de  la  tribu  des  Schaïkh^,  et  ses 
ancêtres  étaient  entrepreneurs  de  la  bergerie  impériale, 
Afsar  se  sentit  un  goût  prononcé  pour  la  poésie  ;  il  com- 
mença par  composer  des  marsiya  et  des  salâm,  et  les 
mit  en  circulation.  A  l'époque  où  Mushafî  établit  une 
société  littéraire  à  Debli,  il  y  lut  quelques  gazai  de  sa 
composition ,  qui  lui  valurent  les  éloges  qu'en  fait  le 
même  Mushafî,  dans  le  Tazkira  que  j'ai  mis  souvent  à 


j.**<j»  couronne. 


■  ^/»5X— ui  signifie  salutation;  ce  mot  indique  ici  une  pièce  parti- 
culière de  poésie. 

'"  On  nomme  ainsi  dans  llnde  les  dcscendanls  de.s  \rabes.  Voyez 
mon  Mémoire  sur  la  rclùjioii  musulmane  dans  l'Inde,  pag.   20. 


28  BIOGRAPHIE 

contribution  pour  mon  travail.  On  trouve  dans  cette 
biographie  anthologique  deux  gazai  de  ce  poëte  et  deux 
quatrains. 

AFSOS. 

Mîr  Scher-i  Ali  Afsos  \  un  des  écrivains  liindoustani 
modernes  les  plus  distingués,  était  fils  du  saïyid  Muzaf- 
far  Ali  Khàn  et  petit-fds  de  Mîr  Gulâm-i  Mustafâ.  Il  des- 
cendait de  Mahomet  par  l'imam  Jafar.  Sa  famille  vint  se 
fixer  à  Nârnaul,  dans  la  province  d'Agra,  et  en  prit  le 
nom  de  Nârnaiilî;  mais  sous  le  règne  de  Muliammad 
Schâh,  son  grand-père  et  son  père  se  rendirent  à  Dehli 
et  y  occupèrent  des  fonctions  honorables.  Ce  fut  dans 
cette  dernière  ville  qu'Afsos  naquit  et  qu'il  commença 
son  éducation  auprès  de  son  père.  Il  avait  onze  ans 
lorsque,  après  le  bouleversement  de  l'empire  mogol, 
son  père  entra  au  service  du  soubadâr  du  Bengale,  le 
nabab  Câcim  Ali  Khàn,  en  qualité  de  dârocfa  (surinten- 
dant )  de  l'arsenal .  Il  vécut  avec  honneur  et  distinction 
à  Patna  jusqu'à  la  fin  du  règne  du  nabâb  Jâfar  Ali  Khàn. 
Ensuite  il  alla  à  Lakhnau,  puis  à  Haïderâbâd  où  il 
mourut.  Afsos  avait  alors  vingt-neuf  ans  :  il  était  allé  à 
Lakhnau  deux  ans  avant  son  père,  et  y  avait  été  attaché 
au  nabâb  Ishak  Khàn,  oncle  du  nabâb  Açaf  uddaula, 
en  qualité  d'officier^.  Dès  son  enfance,  Afsos  avait  fait 
sa  lecture  favorite  du  Giilistan  de  Saadî  et  du  Diwân  de 

'    (j*(_j->*»jl  chacjrin,  peine. 

VU 

-   CJ»Jùfl  nuicarrab.    Une    partie   de   ces    détails    sont   extraits  de    la 
préfacr  prr:janp    du  Diwàn   bindoustani   d' Afsos. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  29 

VVaiî ,  ainsi  qu'il  nous  l'apprend  lui-même  ^ .  Cependant 
son  génie  se  développait,  et  il  faisait  des  vers  à  l'imita- 
tion des  anciens  écrivains.  Outre  le  profit  qu'il  tira  de 
ses  lectures,  la  fréquentation  des  célèbres  poètes  hin- 
doustani  Mîr  Soz ,  Mîr  Haïdar-i  Alî  Haïrân  -,  et  Mîr  Ha- 
çan,  lui  fut  très-utile.  Aussi  son  style  parvint-il  à  un  tel 
degré  de  perfection  que  les  personnes  les  plus  distin- 
guées recherchaient  ses  vers.  11  est  dit,  dans  la  préface 
de  son  Diwân ,  qu'il  apprit  de  maîtres  habiles  les  règles 
de  la  poésie  persane  et  hindoustani,  et  qu'il  acquit  de 
fhabileté  en  ces  deux  genres;  mais  que  son  goût  pour 
la  poésie  nationale  ayant  prévalu,  c'est  en  cette  langue 
qu'il  a  écrit  ses  ouvrages.  Ce  fut  pendant  le  temps  qu'il 
passa  à  Lakhnau  qu'il  étudia  la  langue  arabe  et  la  mé- 
decine et  qu'il  composa  son  Diwân  hindoustani,  recueil 
qui  eut  beaucoup  de  succès.  Lorsque  MîrzâJawân  Bakht, 
fds  de  Schâh  Alam ,  vint  de  Dehli  à  Lakhnau,  il  entendit 
la  lecture  des  vers  d'Afsos,  les  apprécia  et  le  mit  au 
nombre  de  ses  familiers  qui  étaient  choisis  parmi  les 
gens  les  plus  distingués.  Il  passa  ainsi  quelques  années. 
Ensuite  Mîrza  Hacan  Riza  Khân  Sarfarâz  uddaula,  lieu- 
tenant du  nabâb  Açaf  uddaula ,  s'intéressa  à  lui  auprès 
de  lord  Wellesley.  Afsos  ayant  désii^é,  d'après  le  conseil 
du  colonel  Scott,  d'entrer  au  service  de  la  compagnie 
des  Indes  orientales ,  il  se  rendit  à  Calcutta  sur  l'invita- 
tion du  gouverneur  général.  Il  fut  parfaitement  accueilli 
dans  cette  ville;  on  le  plaça  au  collège  de  Fort-William , 

'   Dans  la  préface  de   sa  traduction   du   Gulistan. 
■^  Haïrân  est  spécialement  désigné   par  Mushafî  et  par  Lulf  comme 
le  maître  d'Afsos. 


30  BIOGRAPHIE 

où  le  docteur  Gilchrist  le  chargea  d'abord  de  traduire  le 
Gulistan,  puis  de  la  publication  de  différents  ouvrages. 
Il  mourut  en  1 809.  Mushafî  et  Lutf,  qui  l'avaient  connu , 
font  l'éloge  de  ses  excellentes  qualités  et  de  son  esprit. 
L'auteur  de  la  préface  de  son  Diwân  en  fait  aussi  un 
grand  éloge  et  loue  surtout  sa  modestie  et  sa  douceur. 
Les  ouvrages  dont  Afsos  est  fauteur  sont  les  suivants  : 
1°  Un  Diwân  très-estimé  dont  Ibrahim,  Béni  Na- 
râyan ,  Lutf  et  le  docteur  Gilchrist  ^  ont  donné  des  frag- 
ments. La  bibliothèque  de  YEast-India  Hoiise  en  possède 
un  bel  exemplaire  -  qui  provient  du  docteur  Leyden. 
Les  principales  pièces  qui  le  composent  sont  les  sui- 
vantes :  un  cacîda  ;\  la  louange  des  imams,  un  autre  à 
celle  d'Acaf  uddaula,  un  troisième  à  celle  de  lord  Wel- 
lesley;  cinq  salâm;  sept  marsiya;  puis  le  Diwan  propre- 
ment dit;  ensuite  des  rubàî  en  grand  nombre  sur  diffé- 
rents suj  ets  ;  des  mukhammas ,  des  wâçukht  et  des  tarîkh  ; 
enfin  des  masnawî. 

2°-  Une  traduction  du  Gulistan  de  Saadî,  imprimée  à 
Calcutta  en  1  808,  sous  le  titre  de  Bâgii-i  iirclû  ^,  c'est-à- 
dire  Jardin  hindoustani.  Cette  traduction  est  en  prose  et 
en  vers  comme  f  original;  elle  est,  je  pense,  la  meillem'c 
de  celles  qui  existent  dans  la  langue  moderne  de  f  Inde. 

'   Dans  l'ouvrage  intitulé  Stranger's  East-India   Vade  mecum. 

^  D'après  la  préface  de  cet  ouvrage  et  d'après  son  contenu,  ce  serait 
plutôt  un  kulliyât  qu'un  diwân. 

'  3^J^  p-'^-  ^^  deux  vol.  grand  in-8°.  On  en  avait  commencé  une 
autre  édition  qui  fait  partie  du  volume  intitulé  Hindec  Maniial  or  Cas- 
hetojlndia,  collection  d'ouvrages  classiques  hindoustani,  imprimée  à 
Calcutta,  par  les  soins  du  docteur  Gilchrist,  en  1802.  Il  n'a  paru  que 
34   pages  du  hà<ju.-i  arda. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  31 

.11  y  a  plusieurs  traductions  en  hindoustani  de  ce 
livre  célèbre.  Il  y  en  a  entre  autres  une  en  dialecte  dakli- 
nî  à  la  Bibliothèque  royale  de  France;  c'est  peut-être  un 
exemplaire  de  la  même  version  dont  il  existe  une  copie 
dans  la  bibliothèque  du  vizir  du  nizàm  d'Haïderâbâd , 
selon  la  note  qui  m'a  été  obligeamment  envoyée  par  le 
colonel  J.  Stewart,  résident  britannique  à  Haïderâbâd. 
Il  y  en  a  une  autre  en  urdû  au  British  Muséum  (  addit. 
mss.),  et  une  troisième  à  ÏEast-India  House,  dans  la  col- 
lection Leyden.  Mon  ami  M.  D.  Forbes  en  a  aussi 
une  traduction  dakhnî  interlinéaire. 

3°  LAraïsch-i  mahjil  \  ou  Statistique  et  histoire  de 
l'Hindoustan,  le  plus  important  des  ouvrages  d'Afsos, 
dont  on  n'a  malheureusement  imprimé  à  Calcutta  que 
la  première  partie  ^,  la  mort  de  l'auteur  ne  lui  ayant 
pas  permis  d'achever  la  publication  de  ce  travail,  cer- 
tainement supérieur  à  Ik  plupart  des  ouvrages  orientaux 
de  ce  genre.  Toutefois  il  paraît  qu'il  existe  en  manuscrit 
à  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William  à  Calcutta, 
réunie  aujourd'hui  à  celle  de  la  Société  asiaticpie  de 
cette  ville.  La  partie  imprimée  contient  :  i°  des  notions 
générales  sur  l'Inde  et  sur  les  usages  de  ses  habitants  ; 
2°  la  description  topographique  de  chacune  de  ses 
provinces;  3°  l'histoire  des  souverains  de  Delili,  depuis 
\udhischtir  jusqii'à  Prithvi-raï.  Quoique  cet  ouvrage 
ait  pour  base  un  livre  persan  intitulé  Khalâçat  uttaiva- 
rikh,  qui  est  dû  au  munschî  Sujâri  Râé,  de  Patala, 
on  peut  le  considérer  néanmoins  comme  original,  soit 

'   Jut^   («ixjijl ,  à  la  lettre,  l'ornemcnl  dr  l'assemblée. 
-  En   i8o8,  in-fol. 


32  BIOGRAPHIE 

à  cause  de  la  quantité  de  faits  qu'Afsos  a  puisés  ailieucs , 
soit  parce  que  souvent,  loin  de  répéter  les  assertions 
hasardées  de  l'auteur  persan ,  il  en  a  rectifié  les  erreurs. 
Je  donnerai  plusieurs  extraits  de  cet  ouvrage  dans  mon 
second  volume. 

Il  a  revu  en  outre  les  deux  ouvrages  suivants  et 
coopéré  au  troisième  : 

1°  Le  Mazliab-i  ischc,  reproduction  en  hindoustani 
moderne  du  Gul-i  Bakâwali  ^  ; 

2°  Le  Nasr-i  Bénazîr,  paraphrase  en  prose  du  poëme 
de  Haçan  intitulé  Silir  nlhayân  ; 

3°  Les  Fables  d'Esope,  traduites  en  hindoustani  et 
publiées  à  Calcutta  en  i8o3,  par  le  docteur  Gilchrist, 
sous  le  titre  de  Oriental  Fahulist^. 

AFTAB. 

Aftâh  ^  est  le  surnom  poétique  de  l'empereur  mogol 
Schâh  Alam  II,  fds  d'Alam-guîr.  Ce  prince,  digne  d'un 
meilleur  sort,  avait  beaucoup  de  goût  pour  la  poésie. 
Il  est  inutile  de  reproduire  ici  son  histoire.  Nous  nous 
contenterons  de  dire  qu'il  commença  à  régner  en  i  -76 1 
et  qu'il  mourut  en  1806.  C'est  son  petit-fils  qui  occupe 
actuellement  le  trône  nominal  de  Dehli.  L'auteur  du 
Gulzâr-i  Ibrahim  cite  de  ce  souverain  deux  vers  dont 
voici  la  traduction  : 

^  Voyez  l'article  sur  Nihâl  Chand. 

^  Voyez  les  articles  sur  Tarinî  Charan  Mitr,  et  sur  Mîr  Bahâdur  Alî 
Huçaïnî. 

'   (_)Uj!  soleil. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  33 

Je  passe  le  malin  avec  la  coupe,  le  soir  avec  ma  bien-aimée. 
Dieu  seul  sait  ce  qui  doit  arriver;  ainsi  passons  tranquillement 
la  vie. 

Musliafî  fait  l'éloge  de  la  piété  de  Schàh  Alain,  en 
même  temps  que  de  son  talent  poétique ,  et  il  cite ,  à 
ce  sujet,  ce  proverbe  arabe  : 

Les  discours  des  rois,  sont  les  rois  des  discours  \ 

Schâh  Aiam  a  fait  un  bon  nombre  de  vers  hindous- 
tani  ;  il  a,  entre  autres,  écrit  des  kabit  et  des  dohra'^;  il  a 
écrit  aussi  des  vers  persans.  Il  est  auteur  d'un  masnawî 
intitulé  Manzûm-i  acdas^,  c'est-à-dire  Poëme  sacré,  ou- 
vrage dont  on  conserve  une  copie  dans  la  bibiiotlièque 
de  la  Société  asiatique  de  Calcutta.  Je  pense  que  le  re- 
cueil intitulé  Diwân-i  Sâhib  Oairân  ^,  qui  fait  partie  de 
la  même  bilDliothèque ,  est  aussi  de  lui.  Les  nombreux 
vers  plaisants  ou  haziyàt  que  Mannù  Làl  cite  dans  son 
Guldasta-i  niscMt,  pag.  Iilx2  et  suiv.  sous  le  nom  de 
Sâhib  Quirân,  sont  probablement  encore  de  Schâh 
Alam. 

Il  aimait  à  réunir  à  sa  cour  les  gens  de  lettres  et  les 
poètes ,  tant  hindous  que  musulmans ,  et  il  rendait  hom- 
mage à  leur  talent  lorsque  leurs  lectures  lui  plaisaient. 

Dans  les  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections  ^,  on  trouve 

'  ^iÂ^:i  d}^x^  jpai  ^-^ 

-  Noms  spécialement  usités  clans  la  poésie  hindouî  :  le  premier 
équivaut  au  gazai;  le  second  au  haït  ou  distirjue  arabe. 

''  Les  souverains  musulmans  de  Dehli  étaient  désignés  sous  le  titre  de 
Sahib  Quirdn  ,  ce  qui  signifie  «  possesseur  de  la  conjonction  des  planètes ,  « 
c.  à  d.  (I  celui  dont  la  naissance  a  été  signalée  par  ce  phénomène  céleste.  » 

'  Tom.   II,  pag.  435. 

1.  3 


54  BIOGRAPHIE 

de  ce  roi  poëte  deux  gazai  qui  sont  devenus  des  chants 
populaires.  Le  premier  fait  partie,  avec  cinq  autres,  de 
l'Anthologie  hindoustani,  de  Bénî  Narâyan.  Voici  du 
même  personnage  un  gazai  allégorique  qu'on  peut  in- 
tituler le  rossignol  et  la  rose. 

Dis  au  rossignol  d'emporter  son  nid  loin  du  jardin.  Quand 
même  il  réciterait  cent  mille  charmes,  il  n'aurait  pas  le  jardinier 
pour  le  défendre.  Le  rossignol  s'est  donc  retiré  du  parterre ,  em- 
portant son  nid.  Il  a  dit  à  la  rose  :  «  Cet  infidèle  a  pris  ma  place.  » 
Et  lorsqu'il  s'est  vu  loin  du  jardin  ,  il  s'est  écrié  en  pleurant  :  «  0 
«  injuste  fortune  !  était-il  écrit  que  je  devais  quitter  ma  demeure 
«  dans  la  saison  de  la  rose!  0  chasseur!  tu  dois  être  prêt  d'es- 
«  prit  et  de  cœur,  et  te  mettre  pour  marque  un  collier  à  la  ma- 
«  nière  de  la  colombe.  » 

Mon  âme  ressent  la  plus  vive  sympathie  pour  ce  rossignol  sans 
ami  qui ,  à  cause  de  son  amour  pour  la  rose,  s'est  exposé  au  mal- 
heur. Lorsqu'il  s'est  retii'é,  résigné  à  son  sort,  ses  plaintes  n'ont 
laissé  aucune  trace  dans  le  jardin.  0  rossignol  !  tu  n'avais  réussi  ni 
auprès  de  la  rose ,  ni  auprès  du  jardinier  :  comment  avais-tu  osé 
bâtir  ta  maison  dans  le  jardin? — Ah!  je  sens  combien  il  a  sujet 
de  soupirer  en  pensant  avec  quel  plaisir  il  passerait  sa  vie  si  ce 
jardin  était  le  sien,  si  cette  rose  était  à  lui,  si  le  jardinier  était 
pour  lui. 

Le  triste  rossignol  pleura  tellement  qu'il  fut  déshonoré.  Les 
larmes  de  ses  yeux  submergèrent  sa  demeure.  Toutefois  un  ami 
de  noble  race  '  le  recherche  pour  l'aimer  cordialement;  le  rossignol 
doit  répondi'e  à  l'amour  du  roi. 

AFZAL. 

Kammal  Schâh  Muhammed  AfzaP,  d'Allahâbâd,  est 

'   Les  mots  yJ^^J    ^^,  qui  signifient  un  individu  de  noble  race,  dé- 
signent, dans  ce  gazai,  le  poète  royal. 
*  J^jhiS  meilleur,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  35 

auteur  d'un  diwân  hindoustani.  Il  fut  très-lié  avec  un 
nommé  Gopâl,  et  il  écrivit  un  poëme  à  ce  sujet,  sous  le 
titre  de  Bikatkahâni^,  c'est-à-dire  Terrible  Histoire;  ou- 
vrage dont  il  existe  deux  manuscrits  à  ÏEast-India  House , 
écrits  en  caractères  persans.  Ce  poëme  est  aussi  inti- 
tulé Bârah  mâça,  ou  les  Douze  Mois.  Dans  un  des  deux 
manuscrits  dont  nous  parlons  il  est  attribué  à  Gopâl.  Il 
y  a  du  reste  plusieurs  ouvrages  hindoustani  cjrii  portent 
le  nom  de  Bârah  mâça.  J'aurai  occasion  de  parler  de 
quelques-uns.  Un  manuscrit  portant  ce  titre '^  est  indiqué 
parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  d'un  nommé  Farzâda- 
culî,  dont  mon  honorable  ami,  M.  Forbes,  possède  le 
catalogue  manuscrit,  mais  j'en  ignore  le  sujet. 

Quoique  Musulman,  Afzal  a  écrit  aussi  des  dohra  et 
des  kabit  en  hindouî  ^.  Afsos  qui  le  connut  en  parle 
dans  son  Araïsch-i  mahfil,  pag.  82 ,  comme  d'un  contem- 
platif renommé.  Ali  Ibrahim  cite  de  lui  un  vers,  tiré  du 
roman  dont  nous  avons  parlé.  En  voici  la  traduction  : 

Ceux  qui  s'attachent  à  un  voyageur  (c'est-à-dire  à  un  homme) , 
s'exposent  à  passer  leur  vie  à  pleurer. 

AGAH    (JAWAN). 

Nûr  Khan  Jawân  Agâh^,  conteur  distingué,  élève,  en 
ce  genre ,  du  célèbre  conteur  Mîr  Ahmad ,  et  pour  la 

*  ^^l^ Jj  ,.^^5o  ■  En  lisant  et  traduisant  comme  je  l'ai  fait,  il  faut 

alors  lire  (ju5o  ;  je  ne  suis  pas  bien  sûr  de  ce  mot  qui  est  illisible  dans 
mes  deux  manuscrits  d'AH  Ibrahim. 

^   XwJLv  Ojjûl»  [sic]  ,  c'est-à-dire  les  douze  mois. 

'  Gilchrist,  Hindonstanee  Gramniar,  pag.   335. 

*  o\Sî  instruit. 

3. 


36  BIOGRAPHIE 

poésie,  de  Mîr  Ziyâ  uddin  Ziyà  ',  était  encore  un  jeune 
homme  à  l'époque  où  écrivait  l'auteur  du  Galzâr-i  Ibra- 
him ,  c'est-à-dire  de  lySo  à  lyS/i.  On  le  compte  parmi 
les  poètes  hindoustani. 

AGAH    (SALAH). 

Muhammed  Salâh  Agâh,  de  Dehli,  vivait  sous  l'em- 
pereur mogol  Muhammad  Schâh.  Il  est  auteur  de  poésies 
charmantes,  tant  pour  le  fond  des  pensées  que  pour 
l'expression.  Voici  la  traduction  d'un  de  ses  vers,  cité 
par  Fath  Alî  Huçaïni  : 

Il  est  convenable  que  clans  ma  vieillesse  je  parcoure  le  monde; 
car  ce  beau  spectacle  s'évanouira  bientôt  pour  moi. 

AHCAN. 

Mîrzâ  Ahçan  Ali  fut  en  premier  lieu  disciple  de  Mîr 
Ziyâ,  puis  de  Mirza  Rafî  Sauda.  Alî  Ibrahim  dit  qu'il  fut 
employé  comme  secrétaire  à  la  cour  du  nabab  d'Aoude, 
Schuja  uddaula.  Plus  tard,  en  1800,  il  fut  employé  l\ 
Lakhnau  au  service  du  nabâb  Sar  Afrâz  uddaula  Hacan 
Rizâ  Khân.  Mushafî  dit  qu'il  était  très-spirituel  et  qu'il 
s'énonçait  avec  précision  et  facilité.  Il  ajoute  qu'il  fut 
d'abord  attaché  au  khàja  Muhammad  Yûnas  Khân,  en- 
suite au  nabâb  vizir  défunt  (apparemment  à  Schuja  ud- 
daula); et  qu'il  se  distingua  spécialement  dans  la  poésie. 
Ses  vers  dans  lesquels  il  a  pris  le  takhallus  de  Ahçan  ^, 

'  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain 
^  /yAMk^l  excellent. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  37 

se  font  remarquer  par  de  la  vigueur  et  par  la  pureté  du 
langage.  Ils  ont  été  réunis  en  diwân. 

AHCAN  ULLAH. 

Miyàn  Aliçan  uilah ,  ou  simplement  Ahçan  ^ ,  est  un 
poëte  hindoustani  qui  a  écrit  dans  le  genre  d'Abrii ,  son 
contemporain.  Il  s'est  attaché  à  exprimer  de  nouvelles 
idées,  ce  dont  peu  de  ses  modernes  compatriotes  se  sont 
mis  en  peine;  car  leurs  écrits  ne  sont  souvent  que  des 
centons  qu'on  peut  retrouver  çà  et  là,  dans  les  écrits 
des  poètes  plus  anciens.  Toutefois  on  lui  reproche 
d'avoir  trop  recherché  les  expressions  à  double  entente, 
ce  qui  empêche  la  généralité  des  lecteurs  d'apprécier 
ses  vers.  Il  était  mort  quelques  années  avant  l'époque 
où  Fath  Ah  Huçaïnî  écrivit  son  Tazkira.  Ce  biographe 
en  cite  quelques  vers;  voici  la  traduction  de  deux  seu- 
lement : 

Le  nom  seul  de  Nimat  Khân  est  aussi  doux  que  le  chant  de 
David  :  il  rend  comme  de  la  cire  les  cœurs  de  fer.  * 

L'usage  des  paroles  grossières  est  indigne  de  l'homme.  Celui 
qui  met  sa  langue  en  mouvement  pour  dire  des  injures  ne  devrait 
pas  faire  partie  de  l'humanité. 

AHCAR. 

Mîrza  Jawâd  Ali  Ahcar^,  de  la  tribu  des  Quizilbasch^, 

'   «*Ml   /j,*Nfc=»-t   l'Excellent  [par  la  bonté  )  de  Dieu. 

^     >A»-i   humble   (  vil  ). 

'  Des  mots  turcs  Jjjj  roi((/c  et  jjiiU  tète.  Ce  sont  des  Tartares ,  con- 
sidérés comme  les  descendants  des  captifs  donnés  par  Tamerian  an 
schaïkh  Haïdar-.  Ils  portent  un  bonnet  rouge ,  d'où  leur  vient  ce  nom. 


38  BIOGRAPHIE 

est  un  poëte  hindoustani  dont  Mushafî  cite  plusieurs 
pièces  de  vers.  Ses  ancêtres  étaient  originaires  du  Kho- 
raçân;  mais  depuis  deux  générations  ils  habitaient 
l'Hindoustan  quand  Ahcar  naquit  à  Lakhnau.  Il  eut  le 
bonheur,  étant  âgé  de  douze  ans,  d'aller  visiter  le  tom- 
beau d'Alî  à  Najaf  \  celui  de  Huçaïn  à  Kai^bala,  et  les  Kâ- 
zimaïn  ^,  ou  les  tombeaux  des  deux  Kâzim,  savoir  :  celui 
du  septième  imam  Muçâ  ben  Jafar  à  Bagdad,  et  celui  de 
Mahdî  douzième  et  dernier  imâm  à  Sâmira.  Il  passa 
quatre  ans  dans  cet  intéressant  voyage  et  revint  ensuite 
à  Lakhnau,  où  il  résidait  en  i  793,  il  n'avait  alors  que 
vingt-deux  ans.  Il  fut  un  des  élèves  les  plus  distingués 
de  Haçan ,  l'auteur  du  Sihr  ulbayân. 

» 
AHMAD. 

Alimad  Beg,  connu  sous  le  surnom  poétique  d'A/i- 
mad'\  est  un  écrivain  hindoustani  qui  est  cité  par  Man- 
nù.Lâl,  dans  son  Giildasta-i  nischât. 

'  Ville  de  l'Irac-Arahî ,  à  18  lieues  de  Karbala.  C'est  là  que  se  trouve 
le  tombeau  d'Alî. 

■  (^jv.«Jô\^  les  deux  débonnaires. 

'  <yjr^  est  un  des  noms  de  Mahomet.  Ce  mot,  qui  signifie  loué. 
■nepiKAuTùs,  est,  selon  les  Musulmans,  le  nom  sous  lequel  leur  pro- 
phète est  annoncé  dans  le  Nouveau  Testament,  où  les  copistes,  disent- 
ils  ,  ont  écrit  par  erreur  T:apaKkvros.  Voyez  mon  opuscule  intitulé  Doc- 
trine et  devoirs  de  la  religion  musulmane,  pag.  i5. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  39 

AHMAD   (HAFIZ   UDDIN). 

Le  scliaïkh  et  maulawî  Hafîz  uddîn  Alimad\  lils  de 
Hiiâi  uddîn  Muliammad ,  et  petit-fils  du  schaïkh  Muham- 
mad  Zâkir  Siddiquî,  est  un  écrivain  hindoustani  très- 
distingué.  Ses  ancêtres  vinrent  de  l'Arabie  se  fixer 
dans  le  Décan;  puis,  après  deux  générations,  le  schaïkh 
Haçan,  un  d'eux,  alla  s'établir  dans  le  Bengale.  Depuis  ce 
temps  ils  firent  profession  de  la  \ie  religieuse,  pendant 
cinq  générations,  en  sorte  qu'un  fils  de  ce  dernier,  le 
schaïkh  Sadî,  connu  sous  le  nom  de  Schâh  Parân,  eut 
f avantage  d'être  disciple  de  Schâh  Inâyat  ullah,  qui 
était  fils  de  Schàh  Abd  ullah  Kirmanî;  et  instruit  par 
lui,  il  parvint  à  un  haut  degré  de  sainteté.  Toutefois  il 
se  mit  au  service  de  fempereur  mogol,  ayant  eu  une 
occasion  favorable  de  le  faire.  Hilâl  uddîn  ^,  père  de 
notre  écrivain,  fut  attaché  en  qualité  de  munschî  (pro- 
fesseur) au  collège  de  Fort-William;  quant  à  Ahmad,  il 
resta  jusqu'à  fâge  de  vingt  ans  au  collège  des  Natifs  de 
Calcutta,  fondé  par  le  gouverneur  général  Hastings.  Il 
y  apprit  les  langues  arabe  et  persane ,  puis  il  fut  attaché 
au  collège  de  Fort- William  en  qualité  de  professeur. 
Ce  fut  alors  que  le  docteur  Gilchrist,  connu  par  son 
zèle  pour  la  culture  de  la  langue  hindoustani,  fengagea 

'  J'iguore  si  c'est  le  même  écrivain  que  Maiinû  Lâl  nomme  simple- 
ment  Schaïkh  Ahmad ,  et  dont  il  cite  un  vers. 

'  /wjJol  J^X^  le  croissant  de  la  relujion.  Il  est  auteur  d'une  gram- 
maire hindoustani,  écrite  en  persan  et  intitulée  Canuncha Hindi ,  c'est- 
à-dire  Petite  Grammaire  hindoustani,  dont  j'ai  un  exemplaire  manuscrit 
dans  ma  collection  particulière.  Je  ne  sais  s'il  a  laissé  d'autres  ouvrages. 


40  BIOGRAPHIE 

à  traduire  ÏJyàr  danisch  ' .  Il  se  livra  en  effet  à  ce  travail , 
dans  lequel  il  fut  aidé  pai'  son  père  qui  était  fort  sa- 
vant. 

L'ouvratje  fut  terminé  en  mai  1800.  et  Ahmad  lut 
gratifié  de  la  plus  forte  récompense  qu'on  ait  jamais 
donnée  en  pareille  occasion.  Quelque  temps  après  il 
quitta  le  collège  de  Fort-William,  et  il  fut  employé  par 
M.  Metcaife.  alors  résident  a  Dehli.  Il  était  encore  en 
cette  \-ille  en  181 5.  et  il  y  exerçait  les  fonctions  de 
principal  munschi.  Jignore  s"û  vit  encore  -.  On  sait  que 
ÏAyâr  danisch,  ou  la  Pierre  d^-  touche  de  la  sagesse,  est 
la  version  persane  due  à  Abuffazl,  premier  ministre 
d'Akbai .  du  célèbre  recueil  de  fables  connues  sous  le 
nom  de  KalilaetDimna,  recueil  originairement  écrit  en 
indien  ■■'  par  le  philosophe  Bidpaï.  sous  le  titre  de  Kara- 
tak  Danianak  ^ .  La  traductiuii  hindoustaai  d'Alinicid.  a  la 
fois  remarqualjle  par  la  pureté  et  l'élégance  du  style, 
aussi  bien  que  parla  fidélité,  est  extrêmement  estimée. 
Elle  a  été  publiée  à  Calcutta,  en  181  5,  sous  le  titre  de 
Khirad  afroz  ",  par  les  soins  de  feu  T.  Roebuck  et  avec 

'  J'ic;nore  si  c'est  la  même  traduction  dont  il  y  a  uu  exemplaire 
dans  la  bibliothèque  du  ministre  du  Mizàm,  sous  le  titre  de  Danisch 

afroz,  j»yj!   /ji;«jli  ,   l  Eclairear  de  la  sa/jesse. 

*  Ce  qui  précède  est  extrait  en  partie  de  la  préface  hindoustani  du 
Kfàrad  afroz ,  écrite  par  Ahmad,  et  en  partie  de  celle  de  Roebuck. 

'  ^>>J^  (j'r'j  ^'  f^"*  entendre  probablement  ici  par  ces  mots  le 
sanscrit. 

*  wiJjc«i  diow^b  .  Voyez  des  détails  sur  celte  matière  dans  le  Mé- 
moire historique  que  feu  M.  de  .Sacy  a  donné  en  tête  de  son  édition 
arabe  de  ce  ménif  ouvrage. 

5    j«»._iS    ^j    -^  ,   c  cst-à-dire   l'Eclaireur  de  ientendeinenl.  Ou  avait 


ET  BIBL1U(.KAP11IE.  41 

l'assistance  du  inaulawi  Kàzim  Ali  Jawâii  et  des  munscliî 
Giiiàm-i  Akbar-.  Miizaï  Beg  et  Gulàm-i  Càdii'-.  FMe 
foriiu'  dvLi\  \  (jluiiies  grand  m-8°.  qui  contiennent  seize 
chapitres  dont  voici  le  sujet  en  peu  de  mots. 

Le  f  •'  contient  l'histoire  de  l'ouvrage ,  telle  qu'elle  a 
été  donnée  par  le  fonieuv  philosophe  Bujurjniilir: 

Le  if  contient  celle  de  Barzuva.  médecm  distingué 
par  sa  science  et  ses  jurandes  qualités,  lequel  fut  envové 
dans  l'Inde  par  Nuschirwan  le  Juste,  roi  de  Perse,  à 
ielTet  d'obtenir  une  copie  de  ce  livre  célèbre; 

Avec  le  m'-  couimcncent  les  tables.  La  première  a 
pour  but  de  prouver  qu'il  ne  faut  pas  se  lier  aux  faux 
rapport^-. 

Le  IV"  roule  sur  la  punition  qui  est  résen'ée  aux  mau- 
vaises actions,  et  sur  la  lin  nialhem'euse  d'une  vie  mal 
euqolovee: 

Le  v^  sur  les  heureux  effets  du  bon  accord  entre  les 
amis,  et  sur  le  secours  qu'ils  peuvent  se  prêter  nuituel- 
lement: 

Le  vf ,  sm'  la  nécessité  de  veiller  aux  mouvements 

commencé,  en  i8o3  .  une  première  édition,  petit  in-folio,  de  cet  ou- 
vrage-, mais  il  u'eu  a  paru,  je  crois,  que  52  pages.  J'ai  dans  ma 
collection  particulière  un  exemplaire  de  cette  portion.  Cette  édition  a 
ele  annoncée  sous  le  titre  de  Ayàr  danisch ,  dans  les  Primihœ  orien- 
tales, tom.  III.  pag.  02.  On  a  publié  à  Calcutta,  en  1827,  uu  volume 

d  extraits  du  Khirad  ajro:  ;  il  est  intitulé  Tàlimaî-i  Khirad  afro:,  c^LjJLxj 
J3>iî  ^>^  •  ^<"P°"^  ^^  Khirad  ajroz. 

Le  même  qui  a  donne    la  seconde   édition    du  Bàg   o  bahdr,   ou 
Histoire  des  quatre  Déniches,  publiée  à  Calcutta  ,  en  1810. 

-  Gulàm-i  Càdir  est  attaché,  en  ce  moment,  eu  qualité  de  professeur 
d'ai-dbe  et  de  pei-san,  au  Bishop's  CoUc(jc,  près  de  Calcutta. 


42  BIOGRAPHIE 

d'un  ennemi ,  et  de  se  tenir  en  garde  contre  son  hypo- 
crisie et  ses  ruses  ; 

Le  v^^  sur  les  inconvénients  qui  résultent  de  la  né- 
gligence qu'on  met  quelquefois  à  s'occuper  d'un  objet 
qu'on  a  en  vue  ; 

Le  vin',  sur  les  suites  fatales  de  la  précipitation  ; 

Le  Ix^  sur  la  prévoyance ,  la  politique  et  les  expédients 
par  lesquels  nous  pouvons  échapper  aux  maux  que  nos 
ennemis  cherchent  à  attirer  sur  nous; 

Le  X*,  sur  la  nécessité  de  se  mettre  en  garde  contre 
les  personnes  malveillantes,  et  de  ne  pas  se  fier  à  leur 
sourire; 

Le  xf,  sur  fexcellence  du  pardon,  qui  est  une  des 
plus  grandes  vertus  d'un  roi  ; 

Le  xn*,  sur  la  rétribution  dont  les  crimes  sont  accom- 
pagnés; 

Le  xiii*,  sur  les  dangers  d'aspirer  à  ce  qui  est  hors  de 
notre  sphère  et  de  négliger  nos  propres  affaires; 

Le  XIV^  sur  l'excellence  du  savoir  et  de  la  modestie , 
et  sur  les  bons  effets  d'une  mûre  délibération; 

Le  XV®  montre  que  les  rois  doivent  se  garder  des  con- 
seils des  gens  sans  probité  et  sans  droiture; 

Le  xvf ,  qu'on  ne  doit  pas  faire  attention  aux  vicissi- 
tudes temporelles,  mais  rapporter  tout  k  la  souveraine 
volonté  et  au  décret  absolu  de  Dieu. 

Il  y  a  plusieurs  autres  Histoires  de  Ralîla  et  Dimna 
rédigées  en  hindoustani.  La  première  est  intitulée  Man- 
lakhah  ulfawâid  ',  c'est-à-dire  Choix  d'utilités;  il  y  en  a 
un  exemplaire  manuscrit  dans  la  bibliothèque  de  Fort- 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  43 

William;  la  seconde  porte  le  titre  de  :  Kalila  Dimna,  tar- 
jama  darhindoui  rekhta\  c'est-à-dire,  Kalila  et  Dimna, 
traduit  en  hindouî  rekhta;  il  y  en  a  un  exemplaire 
dans  la  bibliothèque  de  YEast-India  Home;  la  troisième 
est  indiquée  dans  le  catalogue  des  livres  de  sir  W. 
Ouseley. 

AHMAD  ALI. 

On  doit  à  cet  écrivain,  qui  habitait  Faizâbâd,  un 
poëme  sur  l'histoire  de  Gai  o  Sanaubar-,  qu'il  écrivit 
par  l'ordre  du  dernier  roi  d'Aoude.  Cette  intéressante 
légende  fait  le  sujet  de  plusieurs  autres  romans  en  vers 
hindoustani. 

1  "  Il  y  a  un  Gai  o  Sanaubar  en  dialecte  dakhnî ,  dont 
il  existe  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  du  Nizâm , 
à  Haïderâbâd.  C'est  le  même  poëme,  je  pense,  dont 
on  trouve  un  manuscrit  incomplet  à  ÏEast-India  Home, 
sous  le  n°  546,  fonds  de  Leyden, 

1°  Il  y  en  a  un  autre  qui  porte  le  titre  de  Galschan-i 
Hind  ^,  le  Jardin  de  flnde ,  ou  Qaissa-i  Gui  o  Sanaubar, 
Histoire  de  Gui  et  de  Sanaubar.  Cet  ouvrage  existe, 
en  manuscrit,  à  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William,  à  Calcutta,  qui  fait  aujourd'hui  partie  de  la 
collection  de  la  Société  asiatique  du  Bengale. 

On  doit  encore  à  Ahmad  Ali  deux  ouvrages  en  prose 
hindoustani.  Le  premier  est  intitulé  Mor  pankhi  * ,  ou  le 

^  iOiàr-j  i5j«XJuft  ji    A^^j"   AJL«i   AÏyJ^ 

*   jjyu»    5  J^  la   Rose  et  le  Pin. 


44  BIOGRAPHIE 

Batelet;  et  le  second  est  ie  conte  qui  porte  le  titre  de 
Rasclik-i  pari^  ou  la  Jalousie  de  la  fée.  Ils  ont  été 
écrits  à  Faïzâbâd,  en  12/n  de  l'hégire  (1825-1826). 

AHMAD  WAHHABl 

Poëte  musulman  cité  par  Gilchrist,  dans  sa  Gram- 
maire liindoustani,  comme  ayant  écrit  en  hindouî  et 
en  urdîi  ou  hindoustani  musulman. 

AHMAD,   DU  GUZARATE. 

Ali  Ibrahim  nous  apprend ,  dans  sa  Biographie  antho- 
logique,  intitulée  Gahâr-i  Ibrahim,  que  cet  écrivain 
hindoustani  était  contemporain  et  compatriote  du  cé- 
lèbre Walî,  qu'il  était  fort  habile  en  sanscrit  et  en  braj- 
bhakha,  et  qu'il  a  laissé  des  poésies  rekhta  ^.  Il  en  cite 
ce  vers  seulement  : 

Ahmad,  que  puis-je  faire  aujourd'hui  pour  les  belles  dans 
la  voie  de  l'amour  ?  L'obscurité  de  la  nuit  environne  ma  tête  ,  et 
la  fatigue  relient  mes  pieds. 

Je  pense  que  c'est  le  même  écrivain  que  Mîr  nomme 
dans  sa  biographie  Ahmadi  Giijarâti  ou  Ahmadi  du  Gu- 
zarate,  et  dont  il  cite  cinq  vers  où,  malheureusement, 
on  ne  trouve  pas  le   nom  du  poëte. 

-  (_>Ufc»  </ê/tcreux,  etc.  ;  par  suite  ,  un  des  atlrilnils  de  Dieu,  le  ijtiié- 
iriix  par  cxceUencc. 

'  C'est  ainsi  qu'on  nomme  souvent  I  hindoustani  \crsilic. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  45 


AHMADI. 


Ahmadi  ^  est  le  surnom  poétique  du  schaïkh  Ahmad 
Wâris,  poëte  hindoustani  distingué.  Il  naquit  à  Zima- 
niya  ^.  Sa  famille  était  alliée  au  cazî  Schams  uddîn 
Hérawî  ^,  descendant  du  prince  des  spiritualistes ,  Schâh 
Aschraf  uddîn  Baharî^.  Quant  à  Ahmadî,  comme  il 
tenait  de  ses  ancêtres  le  droit  d'être  payeur  du  pargana 
de  Zimaniva ,  et  de  commander  un  escadron  de  cava- 
lerie, il  fut  employé,  en  cette  qLialité,  par  le  nabab 
de  Gazîpûr,  Fazl-i  Ali  Khan. 

En  Tannée  i  196  (  1781-1782  ),  il  lit  un  choix  de 
cent  vers  environ  parmi  ses  nombreuses  poésies  hin- 
doustani, et  les  envoya  à  Alî  Ibrahim,  pour  qu'il  pûl 
les  citer  dans  sa  Biographie  anthologique  ;  mais  ils  ne 
lui  parvinrent  pas,  et  ce  dernier  n'en  cite  que  dix  qu'il 
connaissait  déjà. 

AISCH,   DE  DEHLI. 

Mirzâ  Muhammad  Askarî  Aïsch  ^  était  fils  de  Mirzâ 
Alî  Taquî ,  cpii  avait  la  charge  de  schar  amîn  ^  de  la 
ville  de  Jahanguîrâbâd  (  Dacca  ) ,  pour  le  nabab  Hu- 
çaïn  Alî  Calî  Khan.  Mii^zâ  Askarî  naquit  à  Dehli,  mais 

'   ^^«X^t  Ahnadien  ,   Mahométan. 

^  Petite  ville  au  sud  de  Gazîpûr,  dans  la  province  d'Allaliâhàd. 

'  C'est-à-dire  de  la  ville  de  Hérat,  en  Khoraçan. 

*  Ou  de  Bahar,  province  de  l'Inde. 

*  (ji^Afi  vie,  etc. 

^  MV*^  ^"Ir**'  c^st-à-dire,  je  crois,  receveur. 


46  BIOGRAPHIE 

il  alla  se  fixer  à  Murchidàbàd  et  v  occupa  des  fonctions 
publiques.  Ses  poésies  hindoiistani  ont  été  réunies  en 
un  diwàn  :  elles  ont  de  la  célébrité.  Aii  Ibrahim,  qui  était 
lié  avec  lui.  en  cite  plusieurs  vers  dans  son  Gnlzâr. 

AISCH    :HACA\   RIZAI. 

Mirzà  Haçan  Rizai  ,\Î5ch.   disciple  de  Mir  Soz.   est 

représente,   par  les  biographes  originaux,   comme  un 

poète  dun    heureux  naturel,    aimable  et  modeste.    Il 

était  à  la  fleur  de  làge  à  l'époque   où  Mushaii.  qui  le 

connaissait,   écrivait   son    Tazliira.  \  oici  la  traduction 

d  un  comi  gazai   de   cet  écrivain  : 

Si  ce  charmant  oiseau  venait  une  fois  seulement  au  bord  de 
la  terrasse  de  ma  draneore ,  je  m  emparerais  de  lui  et  je  îe  met- 
trais en  sùrete  quelque  part.  —  Qu  est-ce  que  ces  gouttes  de 
vin  que  tu  me  donnes,  ô  echan?::: .  Remplis  donc  une  tois  ma 
coupe  entièrement.  —  Ce  gazai  de  Aisch  est  comme  un  holo- 
causte d'amour  :  oui,  je  suis  prêt  à  sacrifier  ma  vie  pour  celle 
à  qui  je  me  suis  voué. 

AISCHI. 

Taiab  .\li.  connu  sous  le  surnom  poétique  de  AischiK 
est  auteur  d'un  diwàn  qui  consiste  en  une  grande 
variété  de  poèmes  écrits  avec  goût  et  élégance.  C  est 
à  M.  le  heutenant-eolon^l  Low.  résident  anglais  a  Lakh- 
nau,  que  je  dois  ce  renseignement,  quil  tenait  du  bi- 
bliothécaire du  d^rni'?!  roi  d'Aoude. 

*  Je  nai  pas  vu  ce  nom  écrit  en  caractères  persans  :  mais  je  pense 
que  c'est  le  mot  ^^vivxA  -  adjectif  dérivé  de  yj^»^  vU ,  et  par  suite. 
piamr.  délices. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  47 


\nz\ 


Poète  hindoustani  cité  par  Mîr  seul,  dans  sa  bio- 
graphie. Il  parait  qu'il  se  livrait  à  l'amour  antiphysique, 
pour  lequel,  malheureusement,  les  Orientaux  à  ima- 
gination ai'dente  ont  quelquefois  de  la  propension.  Il 
était  lié  avec  Mivân  Kamtarîn.  et  il  avait  souvent  des 
conférences  littéraires  avec  Hàfiz  Halim.  qui  était  un 
homme  d'mi  caractère  affectueux  et  très-liant.  Ce  der- 
nier connaissait  les  bons  vers  des  grands  maitres,  et 
il  écrivait  les  siens  à  la  manière  d'Abû  Ishac  Atima  "-. 
Quelquefois  Ajiz  composait  des  vers  en  sa  compagnie 
ou  s'occupait  a  intercaler  des  vers  connus  dans  les 
siens.  Mii^  cite  un  exemple  de  ces  intercalations  nom- 
mées tazmin  ^. 

AJIZ    .ARIF    UDDn). 

Arif  uddin  Ali  Kliân  Gobin  Aiiz.  d'Akbaràbâd  ou 
Agra.  est  un  des  poètes  hindoustani  dont  les  œu\Tes 
ont  été  réunies  en  diwàn.  Il  avait  habité  Dehli  dix 
à  douze  ans  avant  l'époque  où  Mir  écrivait  sa  biogra- 
phie.  et  \  avait  acquis  de  la  célébrité,  d'après  le  té- 
moignage du  même  biographe.  Quelque  temps  avant 
la  même  époque,  il  alla  dans  le  Décan;  il  se  fixa  à 
Burhanpiir.  ancienne  capitale  du  Candcisch.  Selon  Mir. 

'    ys>-\^  faible  ,  abattu. 

'    A.>xlrï  ,  mot  arnbe  ,   pluriel  de     ^^Ixls  viande,  nonrriture. 


^8  BIOGRAPHIE 

le  langage  d'Ajiz  n'était  pas  pur.  Il  a  généralement 
écrit  dans  le  mètre  nommé  kabit.  Fath  Alî  Hucaïnî 
donne  dans  son  Tazkira  trois  pages  de  ses  vers.  Voici 
la  traduction  du  seul  que  cite  Alî  Ibrahim  : 

O  visage  de  roses  !  lorsque  je  me  souviens  de  toi ,  par  l'abon- 
dance de  mes  larmes  de  sang,  mes  paupières  sont  comme  un 
rosaire  de  grains  de  rubis. 

AJIZ   (MUHAMMAD). 

Muhammad  Ajiz  est  un  poëte  du  Décan,  h  qui  on 
doit  :  1°  le  Qaissa-l  lui  o  gauliar,  ou  simplement  Lâl  o 
gauhar  \  roman  en  vers  hindoustani ,  qui  jouit  d'une 
certaine  célébrité  qu'il  doit  surtout  au  stvle  brillant 
et  facile  dans  lequel  il  est  écrit.  J'en  ai  un  exemplaire 
dans  ma  collection  particulière,  et  il  y  en  a  aussi 
des  copies  dans  les  principales  bibliothèques  de  l'Inde, 
entre  autres  dans  celles  du  collège  de  Fort- William ,  k 
Calcutta,  et  du  Nizâm,  à  Haïderâbâd.  On  trouvera 
l'analyse  de  ce  poëme  (  masnawî  )  dans  le  second  vo- 
lume de  cet  ouvrage.  Il  existe,  en  persan,  un  ouvrage 
sur  le  même  sujet,  par  Huçaïn  Alî,  de  Séringapatan. 
Cet  ouvrage,  écrit  en  1778,  est  dédié  au  malheureux 
sultan  Tippou.-  Il  est  mentionné  dans  le  catalogue  des 
livres  de  ce  prince,  catalogue  publié  par  feu  C.  Stewart. 

2°  On  doit  aussi  à  cet  écrivain  une  histoire  de  Firoz 
Schàh,  intitulée  Qaissa-i  Firoz  Scliâh-,  masnawî  dont  il 
existe  des  exemplaires  manuscrits  à  la  bibliothèque  du 

^fcj    5   J*s*J  If  Tiubis  cl  la  Perle. 


I 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  49 

collège  de  Fort-William  et  à  celle  de  la  Compagnie  des 
Indes  orientales,  à  Londres.  Un  manuscrit  de  ÏEast- 
India  House  a  été  cojDié  en  iioo  de  l'hégire  (  1688- 
1689)^.  L'auteur  nous  apprend  que  ce  dernier  ouvrage 
est  traduit  du  persan.  Il  existe,  en  effet,  un  ouvrage  per- 
san portant  ce  titre ,  parmi  les  manuscrits  recueillis  par 
Mackenzie  -  ;  et  M.  Wilson,  rédacteur  du  catalogue  rai- 
sonné de  ces  livres,  nous  apprend  que  ce  Firoz  Schâh, 
fds  du  roi  de  Badakhschan,  comme  Taj  ulmulûk,  héros 
du  Gul-i  BaMwali,  alla  chercher  une  fleur  merveilleuse 
pour  guérir  son  père  malade. 

AJMAL. 

Le  schaïkh  Schâh  Muhammad  Ajmal'^,  d'Allahàbâd, 
frère  cadet  de  Schàh  Gulâm-i  Cuth  uddin  Mucîbat  ^ , 
était  faquîr,  ainsi  que  son  titre  de  schâh  ^  l'indique, 
et  la  lignée  religieuse  à  laquelle  il  appartenait  est  cé- 
lèbre dans  l'Inde.  Il  était  très-lié  avec  Alî  Ibrahim,  et, 
sur  la  demande  de  ce  dernier,  il  lui  envoya  à  Bénarès , 
d'Allahàbâd  où  il  résidait ,  en  l'année  1  196  (i78i-iy82], 

'  Ce  manuscrit,  qui  porte  le  n°  SgS,  fonds  Leyden  ,  n'a  pas  de  litre; 
c'est  seulement  d'après  les  titres  des  chapitres  qu'on  peut  juger  que 
c'est  l'histoire  dont  il  s'agit. 

-  Tom.  II,  pag.  iSy. 

'  J^^ÎJtI   le  plas  beau. 

''  Voyez  l'article  consacré  à  Mucîbat. 

^  Ce  mot  signifie  roi,  comme  chacun  le  sait;  après  le  nom  de  l'in- 
dividu auquel  11  est  joint,  il  s'emploie  en  parlant  d'un  souverain;  avant 
le  nom,  il  indique  celui  qui  est  roi  de  ses  passions,  qui  les  a  sub- 
juguées, et  c'est  un  titre  qu'on  donne  aux  derviches,  aux  pîrs,  etc. 
Voyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  p.   21. 

I.  4 


50  BIOGRAPHIE 

des  vers  qu'Ibrahim  a  insérés  dans  sa  biographie.  J'ignore 
si  Ajmai  est  auteur  de  quelque  ouvrage  de  longue  ha- 
leine et  si  ses  pièces  de  vers  ont  été  réunies  sous  le 
titre  de  diwân. 

AJOMAYARA. 

Ecrivain  hindou  à  qui  on  doit  un  guita  ou  chant 
par  excellence,  écrit  dans  le  dialecte  de  Jaïpûr.  Ward 
cite  cet  ouvrage  dans  son  Histoire  et  littérature  des 
Hindous  ^  Il  cite  un  autre  guîta  en  dialecte  de  Kanoje, 
mais  sans  en  indiquer  l'auteur. 

AKBAR. 

Hajî  Schâh  Akbar  -,  connu  aussi  sous  le  nom  de  Bah- 
chû,  est  un  poète  hindoustani  qui  habitait  Dehli.  Mus- 
hafî  nous  le  représente  comme  un  jeune  homme  gai ,  vif 
et  agréable.  Il  était  attaché  à  l'empereur  mogol  en  qua- 
lité de  concierg \  A  l'époque  où  Mushafi  fonda,  à  Schâh- 
jahânâbâd  (Dehli),  une  société  littéraire,  Akbar  fut  le 
premier  qui  vint  lui  soumettre  ses  pièces  de  vers.  Peu 
de  temps  après ,  il  s'attacha  au  poëte  Schâh  Hâtim  ^,  et 
retira  de  la  société  de  ce  célèbre  écrivain  mystique, 
de  grands  avantages  spirituels  et  littéraires.  Il  composa 
ensuite  un  diwân  écrit  à  la  manière  antique  et  plein 
d'allusions  et  de  métaphores  obscures  -,  genre  que  Mus- 

'  Tom.  II ,  pag.  48 1. 

'     wAl^jÎ  (jrand :  à  la  lettre,  plus  grand  ou  le  plus  (jrand. 

'  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain,  qui,  selon  Bénî   Narâyan, 
était  le  père  de  notre  poëte. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  51 

hafi ,  dont  le  Tazkira  me  fait  connaître  ces  particiiiarités , 
déclare  ne   pas    aimer;  aussi   cite-t-il  de  cet  écrivain 
trois  vers  seulement,  qui  forment,  du  reste,  un  court 
gazai  que  Bénî  Narâyan  a  reproduit  dans  son  Dîwân-i 
jahcm. 

ARHTAR. 

Mîr  Akbar  Ali  Akhtar  ^ ,  prit  d'abord  le  mot  Anjam  ^ 
pour  takhallus.  Il  était  fils  d'Abd  uUah  et  petit-fils  de 
Pansad  Muni  qui  était  un  des  fils  du  nabâb  Camar  uddîn 
Khan.  Mushafi  dit  que  c'était  un  jeune  homme  très- 
aimable  et  fort  éloquent.  11  est  compté ,  à  juste  titre , 
parmi  les  poètes  hindoustani.  Il  excellait  aussi  dans  les 
arts  manuels ,  et  s'amusait  volontiers  à  tirer  des  feux  d'ar- 
tifice. Un  jour,  il  se  rendait  à  Lakhnau  en  compagnie  de 
Mirzâ  Jànî  qui  était  récemment  revenu  de  Karbala;  or, 
Mirzâ  Jânî  qui  connaissait  depuis  longtemps  Mîr  Mu- 
hammad  Naîm  Khàn,  vint  loger  dans  la  maison  de  ce 
dernier,  et  lui  ayant  fait  f éloge  de  fhabileté  d' Akhtar,  il 
le  détermina  à  le  prendre  à  son  service.  Mushafi  était 
attaché  au  même  personnage,  et  il  fut,  par  conséquent, 
lié  avec  Akhtar  qui  lui  soumettait  ses  vers.  Quelques 
années  se  passèrent  ainsi;  mais  ensuite  Mushafi  dégoûté 
des  vers  et  de  la  poésie ,  ne  voulut  plus  être  le  conseiller 
d' Akhtar.  Alors  il  s'adressa  à  Miyàn  Calandar  Bakhsch 
Jurât,  poète  qui  jouit  d'une  grande  célébrité  et  dont  il 

.1    astre,   étoile. 
S^\ ,  forme  comparative  de  la  racine  arabe     j^^  apparaît,  etc. , 
racine  à  laquelle  appartient  le  mot       g..^  étoile. 

à. 


52  BIOGRAPHIE 

sera  parlé  plus  loin.  Mushafî  qui  cite  deux  pages  des  vers 
de  ce  poëte,  croyait  qu'il  passait  trente  ans  en  i  ygS. 

ARRAM. 

Khâjâ  Muhammad  Akram  \  de  Dehli,  est  un  poëte 
hindoustani  qui  excellait  surtout  à  faire  des  chrono- 
grammes ^  en  vers.  C'est  ce  que  nous  apprend  Ali  Ibra- 
him ,  qui  en  cite  le  vers  dont  la  traduction  suit  : 

Si  le  dévot  spiritualisle  venait  dans  ma  pagode ,  ah  !  j'en  suis 
sûr,  il  croirait  se  trouver  dans  la  mosquée. 

Le  poëte  veut  dire  par  là  que  l'homme  religieux  exoté- 
riquement  est  aussi  bien  dans  une  pagode  que  dans  une 
mosquée  pour  prier  Dieu;  que,  s'il  en  faisait  fessai,  il 
verrait  par  lui-même  qu'il  en  est  ainsi. 

ALA. 

Mîr  Ala  ^  fds  de  Mîr  Wiiâyat  ullah  Khân ,  était  un 
noble  de  Dehli  connu  pour  son  talent  poétique.  Ibrahim , 
auteur  du  Gulzâr,  fut  dans  le  cas  de  le  voir  à  fé- 
poque  de  la  guerre  que  soutint,  contre  les  Anglais,  le 
nabâb  Schujâ  uddaula  dans  le  gouvernement  duquel 
Ala  occupait  un  emploi.  Il  nous  apprend  qu'il  avait 
beaucoup  de  goût  pour  le  luxe  et  les  plaisirs  de  f  amour. 
Il  cite  de  lui  plusiem^s  gazai  et  quelques  vers  détachés. 
En  voici  un  qui  se  distingue  par  son  exagération  méta- 
phorique : 

'      ^«w^al  trh-gènèreux. 

*  C'est  ce  qu'on  noirnne  ^jlï- 

'  jXcl  trh-èlcvè,  excellent,   nohle ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  53 

Le  lorrent  de  mes  larmes  ne  se  contente  pas  de  rouler  dans 
les  flots  des  fragments  de  mon  cœur;  mes  yeux  eux-mêmes  sont 
entraînés  par  le  courant,  avides  qu'ils  sont  de  voir  ma  bien- 
aimée. 

ALAM. 

Sâhib  Mîr  Alam  *,  de  Dehli,  fils  de  Khàja  Mîr  Dard  \ 
était  un  derviche  très-versé  dans  la  science  du  spiritua- 
lisme. Il  était  encore  jeune  en  1796.  Mushafî  nous  le 
représente  comme  fort  doux  et  très-affable ,  et  comme 
ayant  hérité  du  talent,  pour  la  poésie,  que  son  père 
possédait  à  un  degré  éminent.  Il  réussissait  surtout 
dans  les  quatrains  et  les  matla  ^.  Il  demeura  quelque 
temps  à  Murschidâbâd  en  119/1  (1780),  par  suite  de 
famitié  qui  le  liait  au  râja  Daulat  Râm.  Lutf  nous  ap- 
prend qu'il  vivait  à  Dehli  dans  la  retraite  et  fabnégation 
en  12  i5  (1800-1801).  Il  a  laissé  des  poésies  hindous- 
tani,  dont  Mushalï,  Ali  Ibrahim  et  Lutf  citent  plusieurs 
fragments. 

ALL 

Munschî  Saïvid  Balladur  Ali  *,  père  dusaiyid  Abd  uilah , 
éditeur  du  Coran  hindoustani  dAbd  ulcâdir,  est  auteur 
lui-même  d'une  autre  traduction  inédite  du  Coran  écrite 
en  hindoustani.  (Voyez  farticle  sur  Abd  uUah.) 

'  ^/«Jl   peine,  ajliciion. 
'^  \oyez  l'article  consacre  à  cet  écrivain. 
^  Le  kMa^  est  le  premier  vers  d'un  poëme. 

'  (^  élevé,  noble,  etc.,  nom  propre  du  cousin  et  gendre  de  Mahomet, 
premier  imâm. 


54  BIOGRAPHIE 

ALI   (HACAIN). 

Mîr  Haçan  Alî,  de  Laklinau,  fils  de  Mîr  Hajji  Schàh, 
est  un  Musulman  distingué  et  fort  instruit  qui  résida 
plusieurs  années  en  Angleterre,  Il  était  attaché  en  qua- 

r 

lité  de  munschi  à  f  Ecole  militaire  de  la  compagnie  des 
Indes  orientales  à  Addiscombe,  près  Croydon.  Il  re- 
tourna ensuite  dans  flnde,  et  conduisit  avec  lui  une 
dame  anglaise  qu'il  avait  épousée,  et  qui  resta  à  Lakhnau, 
pendant  douze  ans,  renfermée  dans  le  harem  de  son 
mari.  Elle  revint  ensuite  en  Angleterre,  et  y  publia,  en 
1 83  2 ,  sous  le  nom  de  Madame  Mir  Haçan  Alî ,  un  ouvrage 
très-intéressant  sur  flnde  musulmane  ^ 

Haçan  Alî  est  auteur,  outre  f  ouvrage  de  sa  femme, 
auquel  il  a  indirectement  coopéré ,  en  lui  fournissant  de 
précieux  renseignements, 

1°  D'une  traduction  hindoustani  de  ï Evangile  de 
S.  Mathieu,  dont  on  conserve  l'original  à  la  bibliothè- 
que de  ï East-lndia  Hoase  à  Londres  ; 

2°  De  la  traduction,  en  hindoustani,  d'une  portion 
du  célèbre  roman  de  Goldsmith  intitulé  le  Ministre  de 
fVaheJield,  traduction  qui  a  été  publiée  dans  la  seconde 
édition  des  Hindustani  Sélections,  par  M.  Shakespear 
alors  collègue  de  Mîr  Haçan ,  à  Croydon; 

o"  D'une  Grammaire  hindoustani,  dont  le  manuscrit 
original  existe  dans  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William  à  Calcutta  ^  ; 

'   Il  est  intitulé  Observations  on  tlie  Miisulmauns  oj  India.  J'en  ai  donné 
une  notice  clans  le  Journal  asiatKjae ,  W  série,  t.  IX  ,  p.   SSg  et  siiiv. 
'   Voyez  le  catalogue  imprimé  de  celte  bibliothèque,  n°  6o6. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  55 

/i"  De  la  traduction,  en  liindoustani,  d'une  portion 
de  la  liturgie  de  l'église  anglicane.  J'ignore  si  c'est  celle 
qui  a  été  imprimée  à  Calcutta  en  1 81  4,  sous  le  titre  de 
A  compendium  ofthe  Book  of  common  prayer. 

ALI   (HACAN),   DU   DÉCAIS. 

On  doit  à  cet  écrivain  que  feu  Charles  Stewart  nomme 
poëte  lauréat  dans  son  catalogue  des  livres  de  Tippou  : 

1°  L'ouvrage  intitulé  Bhûk-bai  ou  Kok-scMstar  \  vo- 
lume en  vers  hindi,  imité  du  sanscrit,  dont  le  titre  signifie 
Liber  coitus,  id  est  modortim  diversorum  coeuudi.  Ces  ma- 
nières, au  nombre  de  trente-quatre,  sont  décrites  scrupu- 
leusement. Les  femmes  y  sont  divisées  en  quatre  classes  ; 
elles  sont  nommées ,  selon  celle  à  laquelle  elles  appar- 
tiennent, padmanî,  chitrinî,  sankhini  ou schankinî  et  hastini. 
Les  hommes  sont  séparés  à  leur  tour  en  quatre  classes. 
Ils  se  distinguent  en  ahû  (daim  ) ,  scher  (lion),  khar  (âne) 
et  yï/  (éléphant).  On  prétend  que  l'auteur  du  premier 
ouvrage  de  ce  genre  était  un  pandit  nommé  Kok,  et  qu'on 
a  donné  son  nom  à  tous  les  écrits  postérieurs  sur  cette 
matière^.  Il  y  a  parmi  les  manuscrits  hindoustani  du 
collège  de  Fort-William ,  un  volume  intitulé  Kok-schâstar; 
j'ignore  si  c'est  le  même  ouvrage.  H  y  a  aussi  parmi  les 
manuscrits  de  ÏEast-India  House  un  ouvrage  intitulé 
Naskhahi  kamîr  qui  est  indiqué  comme  une  traduction 

'  ^jJLmiUÏ  c-Oj-*^  iS**^-  <-^  "-Ij^  •  ^^^  àenx  premiers  mots  doivent 
être  plutôt,  je  pense,  Jk.^   '^^  ^^^°9  P"-^-   '^  moment  du  plaisir. 

^  Je  possède  dans  ma  collection  particulière  un  ou\rage  persan  sur 
le  même  sujet,  intitulé  Kok-nâma.  ^^^\j  liL^Ss 


56  BIOGRAPHIE 

hindi  du  Kok-schâstra.  Je  trouve  enfin,  parmi  les  ma- 
nuscrits indiqués  dans  le  catalogue  de  la  riche  biblio- 
thèque d'un  certain  Farzâda  Culî,  un  Traité  sur  le  hok  en 
vers  hindi,  intitulé  Riçâla-i  Koksâr  ^ 

2°  Le  Mufarrih  alculdb^,  ou  ce  (jui  réjouit  les  cœurs; 
titre  qu'on  a  donné  aussi  à  une  traduction  hindoustani 
de  VHitu-padéça,  faite  d'après  une  version  persane  qui 
est  intitulée  de  la  même  manière  ^.  Le  Mufarrih  d'Haçan 
Alî  est,  selon  Ch.  Stewart,  une  collection  de  poëmes  et 
d'odes  de  félicitation  en  persan  et  en  dakhnî;  mais  c'est 
en  réalité  une  sorte  de  poétique  écrite  en  persan  avec 
de  nombreux  exemples  en  vers  hindoustani.  On  en 
conserve  un  exemplaire  à  la  bibliothèque  de  ÏEast-India 
House,  n"  208,  fonds  Leyden. 

Ces  deux  ouvrages  sont  dédiés  au  sidtan  Tippou  :  ils 
étaient  l'un  et  fautre  dans  sa  bibliothèque. 

AMANI,  D'AZIMABAD. 

Khâja  Imâm  Bakhsch  Amànî  *,  d'Azîmàbâd  (Patna), 
vivait  sous  le  gouvernement  du  nabab  Siràj  uddaula,  fils 
de  Haibat-jang.Il  existait  encore  en  Tannée  2  4  du  règne 
de  Schah  Alam  II  qui  commença  à  régner  en  1  -76 1  ,  et 
il  habitait  sa  ville  natale.  Alî  Ibrahim  à  qui  j'emprunte 
ces  détails ,  ne  cite  qu'un  seul  vers  de  ce  poète  hin- 
doustani. 

'   jU»fcS>j     *iL*»(j   Traite  sur  l'essence   { l'affaire  )  du  hok. 

'  Voyez  l'article  sur  Huça  ni  (Bahàdur  Alî  V 

'   <3^'  (dérivé  de  l'arabe  yUl  )  ,  sùrcte ,  charcje,  dépôt. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  57 

AMANI,   DE  DEHLI. 

Mîr  Amânî ,  fils  du  khâjâ  Acimî  ^ ,  naquit  à  Dehii.  Il 
alla  habiter  Murscliidâbâd  en  1181  (1  767-1  768).  Il  y 
célébrait  avec  zèle  la  fête  du  Tazia  ^.  Non-seulement  il 
composait  des  marciya^  en  bindoustani  en  rbonneur  du 
martyr  des  martyrs  (Huçaïn),  mais  encore  il  les  chan- 
tait lui-même  du  haut  des  minarets.  On  raconte  qu'à 
la  suite  d'un  évanouissement  qu'il  éprouva  dans  une  des 
dix  nuits  du  mois  de  muharram  consacrées  à  cette  fêle, 
en  1187  (*77^'^77^)'  ^^  quitta  cette  terre  périssable 
pour  aller  habiter  féternel  jai^din.  Alî  Ibrahim  cite  trois 
pages  de  ces  vers.  J'ai  lu  aussi  un  cacîda  de  ce  poète, 
à  la  louange  d'Açaf  uddaula,  nabàb  d'Aoude,  dans  un 
recueil  manuscrit  de  pièces  de  poésies  bindoustani.  Il 
m'a  paru  écrit  avec  élégance  et  facilité. 

AMIN. 

Khâjâ  Muhammad  Amîn  uddîn  ou  simplement  Amin  *, 
d'Azîmâbâd  (Palna),  était  fils  de  Wahîd  uddîn  Khân  qui 
exerçait  les  fonctions  de  cazi  pour  le  nabâb  Najîb  ud- 
daula. Il  était  très-lié  avec  Alî  Ibrahim,  et  un  des  hom- 
mes les  plus  distingués  de  son  temps  pour  la  poésie  et 

'  /^  )  pécheur,  etc.  C'est  le  même  personnage  dont  il  a  déjà  été 
parlé ,  quoique  son  nom  soit  orthographié  dififéremment. 

^  Voyez,  sur  cette  solennité,  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane 
dans  l'Inde,  pag.  3o  et  suiv. 

*  Ibid.  pag.  34. 

*  (jv^t  sàr.jidèle. 


58  BIOGRAPHIE 

l'éloquence.  Il  y  a,  en  effet,  plus  d'esprit  et  de  jugement 
dans  ses  écrits  que  dans  la  plupart  de  ceux  de  ses  con- 
temporains. Il  s'exprimait  purement;  il  était  plein  de 
bonnes  qualités  et  d'un  commerce  agréable.  Il  fut,  à  Dehli, 
le  voisin  de  Musliafi,  et  fréquenta  la  même  société  litté- 
raire, A  cette  époque,  il  était  daroga  (surintendant)  de 
la  pharmacie  impériale.  En  i  i  g/i  de  l'hégire  (  i  y8/i  de 
Jésus-Christ  ) ,  après  avoir  occupé  pendant  quelques 
années  un  emploi  auprès  de  Mîr  Muhammad  Rizâ  Khàn 
Muzaffar-jang  Bahâdur,  il  vivait  dans  le  contentement  et 
findépendance  qui  caractérisent  les  vrais  spiritualistes. 
Ses  œuvres  qui  ne  sont  pas  nombreuses ,  ont  été  réunies 
en  diwân.  De  ce  recueil  Alî  Ibrahim  a  extrait  dix  pages 
dont  il  a  enrichi  son  Anthologie  biographique. 

AMIN,   DU  DÉCAN. 

Muhammad  Amîn,  du  Décan,  est  un  poëte  distingué 
h  qui  on  doit  entre  autres  un  Sâqui-nâma  et  un  masnawî 
sur  Joseph  et  Zalîkhâ ,  légende  favorite  des  poètes  mu- 
sulmans. Il  est  intitulé  Qaissa-i  Yuçûf  ZalîkM  K  J'ai,  dans 
ma  collection  particulière ,  un  exemplaire  de  cet  ouvrage 
que  je  dois  à  mon  honorable  et  savant  ami  M.  le  capi- 
taine Troyer,  qui  fa  fait  copier  pour  moi  sur  fexem- 
plaire  qu'on  conserve  à  la  bibliothèque  de  Fort-Wilham, 
à  Calcutta.  Il  se  compose  de  299  pages  petit  in-/i°.  Ce 
poëme  diffère  de  celui  de  Jamî  et  des  ouvrages  persans 
sur  le  même  sujet'-,  ainsi  qu'on  pourra  en  juger  par 

'  Tout  ic  monde  ne  sait  pas  que  le  célèbre  Firdaucî  composa  ,  dans 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  59 

l'analyse  que  j'en  donnerai  dans  le  deuxième  volume  de 
mon  travail.  Il  existe,  en  hindoustani  dakhnî,  mi  vo- 
lume intitulé  Yuçûf  Zalikhâ  dans  la  bibliothèque  du 
Nizâm,  k  Haïderâbâd.  C'est  probablement  un  exemplaire 
de  celui  d'Amin. 

AMIR. 

Le  nabab Muhammad  Yàr  Khân  Amîr  ^  fds  du  nabàb 
Muhammad  Ali  Khàn,  a  écrit  en  hindouî  aussi  bien 
qu'en  urdù'^.  C'était  un  émii^  Afgân  de  nation,  remarqua- 
ble par  ses  bonnes  qualités.  Il  fut  le  premier  de  son 
siècle  dans  la  science  de  la  musique;  il  jouait  surtout 
parfaitement  du  sitâra  ^.  Hakîm  Kabîr  Sumbulî  ayant 
fait  naître  en  lui  le  désir  de  faire  des  vers,  il  voulut 
prendre  des  conseils  de  Mîr  Soz  et  de  Mii'zâ  Rafî  Sauda 
qui,  à  cette  époque,  étaient  à  Farrukhàbâd  auprès  de 
Mîhrbân  Khân  Rind ,  et  se  livraient  avec  distinction  à  la 
culture  de  la  poésie  hindoustani.  Il  leur  écrivit  pour  les 
engager  h  venir  passer  cpielque  temps  auprès  de  lui  ; 
mais  ils  ne  purent  se  rendre  à  son  invitation.  Il  fit  alors 
la  même  proposition  à  Mîyân  Muhammad  Câïm ,  qui  ré- 
sidait, à  cette  époque,  à  Baçûlî  *.  Ce  dernier  consentit 

les  dernières  années  de  sa  vie,  un  poëme  sur  Joseph  et  Zalikhâ.  Il  en 
existe  un  exemplaire,  malheureusement  incomplet,  à  la  bibliothèque 
de  la  Société  royale  asiatique  de  Londres.  J'ai  trouvé  Tindication  d'un 
autre  exemplaire  dans  le  catalogue  manuscrit  des  livres  de  Muhammad 
Baksch,  catalogue  qu'on  conserve  à  VEast-India  Housc. 

'     wA^Î  prince ,  nom  qu'on   donne  aux  descendants  de   Mahomet. 

-   Grammar  of  the  Hincloostance  lantjucKjc.  by  Gilchrist,  pag.  335. 

^  Instrument  de  musique  à  cordes.  Voyez  le  Canoun-i  i.flum ,  Append. 
pag.    i4,  et  Willard,  A  Treatise  oj  ihc  music  of  Hindoostnn .  pag.  116. 

'  Ville  de  la  province  do  Dehii,  qui  était  la  capitale  du  Rohilkand, 
sous  Hàfiz  Rahmat  Khân. 


60  BIOGRAPHIE 

à  ce  qu'Ainîr  désirait.  Il  fut  son  maître  et  reçut  de  lui 
des  honoraires  de  cent  roupies  ^  par  mois.  Amîr  attira 
auprès  de  lui,  de  la  même  manière,  d'autres  gens  de 
lettres  distingués,  tels  que  Fidwî  de  Lahore,  Mîr  Naîm, 
Parwâna  Ali  Schàh  de  Murâdâbâd ,  Miyân  Isclirat  Hazâl 
et  Hakîm  Kabîr  Sâhib.  Ce  dernier,  dont  il  a  été  parlé 
plus  haut,  devança  tous  les  autres.  Mushafî,  auteur  de  la 
biographie  d'où  je  tire  ces  détails,  fut  du  nombre  des 
littérateurs  qu'Amîr  appela  auprès  de  lui.  Il  aimait  aussi 
beaucoup  le  dessin,  et  employait  un  homme,  habile  en 
ce  genre ,  nommé  Aquil  Khan ,  à  qui  il  faisait  copier  ses 
vers  sur  un  album  de  diverses  couleurs.  Cet  heureux 
temps  ne  dura  pas.  Zâbit  Khan  ayant  été  défait  à  Sukar- 
thal,  par  l'empereur  de  Dehli  (Schâh  Alam) ,  avec  l'aide 
des  Mahrattes-,  tous  ceux  qui  formaient  la  réunion  litté- 
raire dont  nous  parlons  se  retirèrent.  Mushafî  se  ren- 
dit alors  à  Lakhnau ,  et ,  un  an  plus  tard ,  il  alla  se  fixer  à 
Dehli.  Ce  fut  là  qu'il  apprit  qu'Amîr  était  mort  peu  après 
la  défaite  de  Hâfiz  Rahmat  Khân^  qui  eut  lieu  en  177/1. 
Voici  un  gazai  extrait  des  œuvres  de  cet  écrivain  : 

Ta  tyrannie  exerce  de  nouveau  ses  ravages  dans  mon  âme.  Je 
dois  te  le  rappeler,  que  tu  veuilles  l'entendre  ou  ne  pas  l'en- 
tendre. Je  pousse  des  cris  et  des  gémissements.  Mon  âme  est 
brisée  par  l'attaque  de  celte  beauté.  Où  est-elle  pour  que  je  ré- 
jouisse mon  cœur  par  sa  venue  ?  Il  faut  que  cette  aimable  chas- 
seresse m'encourage ,  moi  son  esclave,  et  non  pas,  au  contraire, 

'  C'est-à-dire  280  francs. 

*  Voyez  des  détails  là-dessus  dans  l'ouvrage  intitulé  The  Life  of  Rah- 
mat Khan,  pag.  96  et  suiv. 

*  Célèbre  chef  rohilla.  Voyez,  dans  cette  biographie,  l'article  con- 
sacré à  son  fils  Muhabhat. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  61 

que  ce  soit  mol  qui  excite  sa  tendresse.  Ici  ta  beauté  et  la  coquetterie 
se  manifestent  toujours,  et  me  rappellent  bien  le  bonheur  qui 
fait  ton  partage.  De  mon  cœur  s'élève  la  vapeur  de  mes  soupirs  ; 
ils  expriment  ce  que  je  ressens.  Si  ton  œil  est  si  rouge,  est-ce 
par  la  veille  ou  par  le  sang  qui  provient  du  meurtre  de  tes 
amants  ?  Au  temps  où  tu  m'as  congédié ,  ô  ennemie  de  mon 
âme!  quelle  n'a  pas  été  la  détresse  que  j'ai  supportée!  Mais 
puisque  je  suis  venu  conformément  à  ton  désir,  fais  de  moi  ce 
que  tu  voudras.  Quelle  injure  l'homme  ne  supporte-t-il  pas  par 
désespoir  !  Dieu  seul  connaît  celui  qui  attire  les  regards  de  cette 
belle  :  ce  narcisse  aujourd'hui  ne  peut  lever  les  yeux,  tant  il  est 
faible.  A  la  demeure  d'Amîr  viennent ,  pour  s'informer  de  lui, 
des  personnes  qui  lui  sont  étrangères  ;  leur  fera-t-il  entendre  les 
gémissements  de  son  cœur  ? 

Dans  la  liste  des  livres  hindoustani-urdu  de  Sirâj 
uddaula  d'Haïderâbâd ,  liste  que  je  dois  à  l'obligeance  du 
colonel  J.  Stevvart,  je  trouve  un  volume  intitulé  Diwân-i 
Amir  Hacc  Dihlawi  ^  L'écrivain  dont  il  s'agit  ici  paraît 
être  le  même  que  celui  dont  je  viens  de  parler.  Il  faudrait 
seulement  supposer  qu'il  a  pris  quelquefois  le  mot 
hacc  (vérité)  pour  surnom  poétique.  Il  peut  se  faire  aussi 
que  Hacc  soit  un  écrivain  distinct  d'Amîr. 

AMJAD. 

Maulawî  Amjad  ^  est  un  écrivain  hindoustani  distin- 
gué qui  habitait  Delili ,  et  à  qui  Alî  Ibrâhîm  donne  le 
titre  d'ancien  poète ,  parce  qu'il  suivait  l'ancienne  mé- 
thode d'écrire.  Toutefois ,  il  vivait  encore  en  i  ygS ,  et  il 

*    Js.;SÎÎ  louable. 


62  BIOGRAPHIE 

était  âgé  de  soixante  et  dix  ans.  Mushafî  qui  nous  donne 
ces  détails,  fait  l'éloge  de  ses  qualités  morales  et  intellec- 
tuelles-, il  dit  qu'il  était  versé  dans  la  connaissance  de  la 
langue  persane,  qu'il  était,  pour  les  sciences  humaines, 
disciple  de  Nizâm  uddîn  Mujiz  ,  et  pour  les  spirituelles , 
de  Maulawî  Fakbr  uddin  Muhammad.  Son  talent  pour  la 
poésie  était  le  moindre  de  ses  mérites.  Il  jouit  toujours 
pendant  sa  a  ie  de  beaucoup  de  considération  parmi  ses 
contemporains. 

Voici  un  gazai  de  lui ,  que  Bénî  Naràvan  a  donné  dans 
son  Anthologie  : 

Le  cœur  altéré,  l'àme  sur  les  lèvres,  je  m'en  vais  de  ce  monde  ; 
informe-toi  de  mon  état,  ô  échanson,  car  je  vais  mourir.  Si  lu 
viens  me  serrer  dans  tes  bras ,  mes  larmes  formeront  un  torrent 
dans  les  flots  duquel  je  me  jetterai.  Je  ne  me  lèverai  pas  même 
à  l'époque  de  la  résurrection ,  si  tes  regards  ne  se  tournent  pas 
vers  moi.  L'injustice  que  tu  me  fais  éprouver  me  jette  dans  la  co- 
lère et  l'affliction.  Un  monde  entier  a  trouvé  le  salut  loin  de  ton 
épée  sanguinaire  ;  mais ,  de  tous  les  coupables ,  je  suis  resté  seul. 
Lorsque  tu  m'as  dit  :  Viens,  assieds-toi ,  je  suis  allé  m'asseoir.  Lors- 
que tu  m'as  dit  :  Va-t'en  d'ici,  j'ai  dit.  Je  m'en  vais. — Ah  !  lorsque 
Amjad  te  voit,  des  larmes  de  joie  tombent  de  ses  yeux. 

AMMAN. 

Mîr  Amman  \  de  Dehli,  connu,  ainsi  que  le  docteur 
Gilchrist  nous  l'apprend  dans  ïHindee  Manual,  sous  le 

'  /.y^l  1  c'est  ainsi  qu'on  doit  écrire  ce  nom ,  d'après  Gilchrist  et 
F.  Stnyth  -,  mais  comme  il  n'y  a  pas  de  taschdîd  dans  ce  nom,  lorsqu'il 
est  écrit  en  caractères  persans,  on  peut  supposer  qu'il  faut  lire  /y^î ,  qui 
signifie  sécurité. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  63 

takhallus  de  Lutf\  surnom  qu'il  avait  probablement  pris 
dans  ses  poésies  fugitives,  était  d'une  famille  très-dis- 
tinguée. Son  talent  pour  la  poésie  se  réveilla  tout  natu- 
rellement, car  il  nous  apprend  quelque  part^  qu'il  n'a 
jamais  été  ni  l'élève  nile  maître  de  personne.  «  Je  ne  suis, 
«  ajoute-t-il,  ni  poète  (de  profession),  ni  frère  de  poète; 
«mes  vers  ne  sont  que  des  essais.»  Il  se  flatte,  néan- 
moins, de  posséder  le  vrai  dialecte  m^dù,  parce  qu'il  est 
né  et  qu'il  a  vécu  à  Dehli ,  parmi  les  gens  les  plus  dis- 
tingués, et  que  ses  parents  et  ses  ancêtres  ont  été  dans  le 
même  cas.  Ils  furent,  en  effet,  au  service  des  empereurs 
mogols  depuis  le  règne  d'Humayûn.  Pom'  récompenser 
leur  zèle  et  leur  fidélité ,  ces  souverains  leur  donnèrent 
non-seulement  des  titres  et  des  dignités ,  mais  des  jâguir 
(terres  féodales).  Lors  du  bouleversement  de  fempire 
mogol,  Surâj  Mail,  fondateur  de  la  principauté  des  Jàt , 
s'empara  du  jàguîr  qui  était  revenu  à  Amman,  et  Ahmad 
Khan  Durrânî,  roi  de  Caboul,  pilla  sa  maison.  Alors  il 
quitta  son  pays  natal ,  et  il  alla  vivre  pendant  quelques 
années  à  Azîmâbâd  ou  Dacca.  Comme  il  n'y  fut  pas  très- 
heureux,  il  y  laissa  sa  famille  et  vint  à  Calcutta  dans 
fespoir  d'y  trouver  des   moyens    d'existence.   Il  resta 
quelque  temps  sans  emploi,  puis  il  fut  attaché  comme 
précepteur  à  un  jeune  Musulman.  Enfm,  le  munschî 
Mîr  Bahâdûr  Ali  ^  le  présenta  au  docteur  Gilchrist  ;  et 
dès  lors,  grâce  à  ce  généreux  protecteur,  il  fut  à  l'abri 
du  besoin ,  et  put  même  nourrir  les  dix  personnes  qui 

'    ■_  tl^i   bonté. 

^  Préface  du  Gang-i  Ithûbî. 

'  Il  sera  qneslion  plus  tard  de  cet  écrivain  sous  le  nom  de  Haçàïnt. 


64  BIOGRAPHIE 

composaient  sa  famille  ^  C'était  en  1801.  Il  traduisit 
d'abord,  du  persan  en  hindoustani,  lintéressant  roman 
des  Quatre  Derviches'-,  auquel  il  donna  le  nouveau  titre  de 
Bag  0  hahàr,  ou  le  Jardin  et  le  Printemps.  Celte  traduction 
a  été  imprimée  plusieurs  fois  à  Calcutta^,  elle  a  été  repro- 
duite à  ]\ladras  en  1822.  et  iithosraphiée  à  Cawnpour 
en  1 83^.  On  en  a  donné  aussi  une  édition  en  caractères 
latins  [As.  Journ.  N.  S.  t.  XXR  .  p.  88).  Cet  ou\Tage  est 
du  petit  nombre  des  productions  hindoustani  qui  ont  été 
traduites  en  anglais.  Lewis  Ferdinand  Smith  en  a  donné 
une  excellente  traduction  enrichie  de  notes  intéres- 
santes ^.  Ce  volume,  du  reste,  est  extrêmement  rare 
comme  la  plupart  des  ou\Tages  imprimés  dans  flnde. 

L'orioinal  persan  de  ce  roman  in titidé  Ouissa-i  chahar 
danvesch,  ou  Histoire  des  quatre  Derviches,  est  dû  au 
célèbre  poète  de  Dehli,  Mir  ou  Amir  Rhosrau ,  qui  a  écrit 
en  persan  la  plupart  de  ses  ouATages ,  et  qid  est  compté 
néanmoins  à  juste  titre  parmi  les  poètes  hindoustani, 
parce  qu'en  effet  il  a  aussi  écrit  dans  cette  langue ,  quoi- 
que, à  l'époque  ou  ii  l'a  fait,  peu  à,e  poètes  musulmans 
emplovassent  cet  idiome  dans  leurs  écrits.  On  rapporte 

'   Préface  du  Bag  0   bahar,  pag.  \. 

-  Il  V  a  d'autres  traductions  hindoustani  de  cet  ouvrage.  Outre  celle 
dont  je  parlerai  à  larticle  ilta,  il  existe,  entre  autres,  un  volume  hin- 
doustani intitulé  Qaissa-i  char  dancesch,  dans  la  bibliothèque  du  vizir 
du  Nizâm ,  manuscrit  qui  est  probablement  écrit  en  dialecte  dakh ni . 
et  qui  est  sans  doute   une  traduction  du  roman  persan. 

'  La  g'  édition  a  été  donnée  par  Gulàm-i  Akbar,  en  i8i3.  On  en 
avait  commencé  une  1"  édition  en  1802  ,  qui  devait  faire  partie  de 
YHindee  ifanual:  mais  il  n'en  a  paru  que   102  pages. 

*  The  Taie  of  the  Four  Darwesh  ,  translated  from  the  oordoo  tongne .  etc. 
Calcutta,    i8i3,  in-i.°. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  65 

queKhosrau  récita  ce  roman  pour  distraii'e,  pendant  une 
maladie,  Nizàm  uddin  Aulivà  son  maître,  personnage 
vénéré  dans  ilnde  à  cause  de  son  éminente  sainteté,  de 
sa  grande  charité  et  de  son  souverain  mépris  des  choses 
du  monde  ^.  D'autres  écrivains  persans  se  sont  exercés 
sui'  cette  légende  très-appréciée  par  W  illiam  Jones  -. 

Après  avoir  traduit  du  persan,  d'après  l'invitation  du 
D''  Gilchrist,  l'Histoire  des  quatre  Derviches .  Amman 
traduisit,  en  i2iy  (1802).  toujours  d'après  le  désir  du 
même  savant,  un  autre  ouvrage  persan  qui  jouit  d'une 
grande  célébrité  :  ïAkhlâciu-i  niuhcini  "'  de  Hucaïn  Waiz 
Kaschifi,  auteur  de  ïAnwdr-i  Suhaïli,  ouvrage  qui  fut  im- 
primé en  partie  à  Calcutta  ^ .  en  caractères  dévanagari , 
sous  le  titre  de  Ganj-i  hhibi  [Trésor  de  bonté)  que  lui 
donna  notre  auteur.  Je  possède  un  manuscrit  complet 
de  ce  dernier  ouATage  écrit  en  caractères  persans,  lequel 
a  appartenu  à  Sandford  Arnot,  spirituel  orientaliste 
écossais,  mort,  il  v  a  quelques  années,  à  la  fleur  de  l'âge. 
Cette  traduction  écrite  dans  un  style  élégant  et  facile, 
dans  le  véritable  langage  urdù  de  la  haute  société^, 

'  \oyez  ,  sur  ce  personnage  nomme  Znrrizar  bakhsch  ou  donneur  et  or, 
mon  Mémoire  sur  la  religion  mnsalmane  dans  l'Inde,  pag.  loi  et  suiv. 

-  Diss.  on  ihe  musical  Modes.  {As.  Res.  tom.  II,  pag.  63.  ) 

'  /ç  ^  "^^  i»lV^-^î  les  Bons  usages  i  buoni  costumi).  J'ai  donné 
i  analyse  de  cet  ouvrage  dans  le  tome  I\  ,  pag.  61  et  suiv.  de  la  IIP  série 
du  Journal  asiatique. 

*  In-fol.  de  4i  pages.  La  portion  imprimée  ne  va  que  jusqu'à  la  moitié 
do  ïiv'  chapitre,  qui  roule  sur  la  fermeté.  L'année  de  l'édition  n'est  point 
indiquée  dans  l'exemplaire  de  VEast-India  Hoase,  le  seul  que  j'aie  vu. 
11  était  annoncé  comme  étant  sous  presse,  en  i8o4.  [  Primitiœ  orientalts , 
tom.  III,  pag.  3i.  ) 

^  Préface  du  Ganj-i  khûbi.  pag.  5. 

I.  5 


66  BIOGRAPHIE 

n'est  pas  tout  à  fait  littérale  ;  elle  est  quelquefois  la  para- 
phrase du  texte  persan,  qui  est  souvent  un  peu  trop  concis. 
A  tout  prendre ,  cette  traduction  me  semble  plus  élé- 
gante et  plus  fleurie  que  le  texte  persan.  Amman  a  eu 
soin  de  se  rendre  intelligible  aux  lecteurs  qui  ignorent 
l'arabe,  en  rejetant  toutes  les  citations  textuelles  du  Co- 
ran et  des  Hadîs,  et  en  se  bornant  seulement  à  en  donner 
le  sens. 

Il  est  probable  qu'Amman ,  avant  de  traduire  ces  deux 
ouvrages ,  avait  écrit  un  diwân ,  et  que  c'est  ainsi  que  les 
professeurs  du  collège  de  Fort-William  avaient  pu  juger 
de  sa  capacité.  En  effet,  M.  Romer  possède  un  manus- 
crit où  se  trouvent  plusieurs  pièces  de  poésie  de  cet 
écrivain.  Jignore  s'il  a  écrit  d'autres  ouvrages,  et  s'il  est 
mort  ou  s'il  vit  encore. 

ANAND-DAS\ 

Auteur  d'un  bhagavat  écrit  en  dialecte  urdû,  dans  la 
trente-deuxième  année  du  règne  de  Schâh  Alâm ,  c'est-à- 
dire  en  1793  de  l'ère  chrétienne.  Le  savant  professem^ 
Wilson  possède  un  exemplaire  manuscrit  de  cet  ouvrage 
écrit  en  nastalic.  Il  comprend  les  neuf  premières  sec- 
tions du  Bhagavat  inclusivement. 

On  conserve  un  bhagavat  en  dialecte  daklinî  dans  la 
bibliothèque  duNizâm,  à  Haïderâbâd. 

'  C'est-à-dire  le  serviteur  de  Wischnou.  Anand  est  pour  Anant,  ^«^f*^ 
sans  fin,  éternel.  Le  t  est  changé  en  d,  conformément  aux  règles  sans- 
crites sur  la  permutation  des  lettres. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  67 

ANÇAR. 

Muhammad  Ançar  ^  est  un  écrivain  hindoustani  à  qui 
on  doit  un  ouvrage  intitulé  Sar  o  man  Mathriyâ  ^ ,  ce  qui 
semble  signifier,  si  je  lis  bien  le  texte,  la  tête  et  l'esprit  de 
l'habitant  de  Mathura.  Cet  ouvrage  est  aussi  nommé  sim- 
plement Bayâz  ^  (album) .  Un  exemplaire  de  ce  livre  est 
indiqué  dans  un  catalogue  manuscrit  qui  est  entre  les 
mains  du  professeur  D.  Forbes. 

ANJAM. 

Amîr  Khân  Umdat  ulmulk ,  de  Dehli ,  prit  le  mot 
Anjâm  *  pour  surnom  poétique.  Il  appartenait  à  une 
famille  très-illustre.  Il  était  aussi  distingué  par  sa  posi- 
tion et  par  ses  bonnes  qualités  que  par  son  mérite  litté- 
raire. Il  fut  rélève  de  Mirza  Bédil.  Ses  poésies  hindous- 
tani sont  estimées,  surtout  ses  mukrî  ^,  ses  dohra  et  ses 
kabit  ^.  Il  est  célèbre  aussi  comme  écrivain  en  prose , 
comme  compositeur  de  musique ,  et  par  l'à-propos  de  ses 
reparties  et  sa  spirituelle  conversation.  Il  vivait  sous 

*    wxaJÎ ,  forme  comparative  arabe  de  l'adjectif  »juaj  défenseur,  ami. 


^  ^j4*-^  (iT'J^r**' 

'obW 

*  ^%\j^\  fin,  accomplissement. 

s 


f^ySL^,  sorte  de  madrigal  hindouî,  sur  lequel  on  peut  consulter 

Tavant-propos  de  mes  Radiments  de  la  langue  hindotistani ,  pag.  i3. 

*  H.  T.  Colebrooke,  On  the  sanscrit  and  pracrit  languages.  [Asiat.  Res, 
tom.VII,  pag.  220.  ) 

5. 


68  BIOGRAPHIE 

Muhammad  Schâh,  dans  la  compagnie  duquel  il  était 
fréquemment.  Il  mourut,  victime  d'un  assassinat  dû  à 
une  vengeance  particulière,  en  1169  (ly/iô),  et  selon 
Fatli  Alî  Huçaïnî,  six  ans  avant  l'époque  où  ce  dernier 
écrivit  sa  biographie  ^ 

Outre  ses  poésies  hindoustani,  Anjâm  a  aussi  écrit 
des  vers  persans. 

ANWAR. 

Gulâm-i  Alî  Anwar'^  était  de  Kalpî,  ville  de  la  pro- 
vince d'Agra.  Voilà  la  seule  indication  que  donne  sur  cet 
écrivain ,  dans  sa  biographie ,  Alî  Ibrahim ,  qui  cite  de 
lui  le  vers  suivant  : 

Lorsque  sur  ta  bouche  empreinte  de  missî  on  vient  à  cueillir 


1'. 


un  baiser,  on  trouve  tes  lèvres  plus  douces  que  le  sucre  de  Ralp 

AQUIL. 

Aquil*  Schâh  était  un  jeune  poëte  qui,  se  trouvant  à 
Dehli,  en  passant,  vint  souvent  chez  Mushafî.  Tl  prenait 
beaucoup  de  plaisir  à  entendre  la  lecture  des  vers  de  ce 
dernier,  et  il  en  récitait  aussi  à  son  tour.  Mushafî,  dans 
son  Tazkira-i  scliuara-i  hindi,  en  cite  un  gazai  pour  don- 
ner une  idée  de  son  talent  poétique. 

^  Cette  coïncidence  sert  du  reste  à  fixer  Tannée  de  la  rédaction  du 
Tazhira  de  Fath   Alî   Huçaïnî. 

'   J%j^    lv,mineux. 

'  Ville  de  la  province  d'Agra ,  célèbre  par  ses  manufactures  de  sucre 
candi  et  de  papier.  [Hamiltons  East-India  Gazdteer,  tom.  II,  pag.  70.  ) 

*  Ji^lft  ipirituel. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  69 


ARAM. 


Rhaïr  uUali  Khan  Arâm  ^  est  un   poëte  hindoustani 

dont  Mannû  Lâi  cite,  entre  autres,  dans  son  Guldasta-i 

nischât,  un  vers  qui  signifie  : 

Prends  un  instant  de  repos  {arâm)  dans  la  maison  d'été  de  ces 
♦yeux  ;  pour  en  respirer  l'air  frais ,  il  faut  écarter  le  treillis  des 
paupières. 

A  RI  F. 

Muhammad  Arif  "^  d'Akbarâbâd  (Agra)  et  originaire 
du  Kachemyr,  fut  disciple  de  Mazmûn.  Il  tenait  simple- 
ment une  boutique  de  repriseur  (  de  châles  )  à  Dehli  et 
près  de  la  porte  de  ce  nom.  Ce  fut  en  cette  dernière  ville 
qu'il  fut  élevé  et  qu'il  passa  sa  vie.  Il  était  contemporain 
de  Mîr  et  de  Sauda ,  et  faisait  des  vers  hindoustani  avec 
beaucoup  de  goût ,  s' attachant  aux  expressions  nouvelles. 
Il  écrivait  aussi  quelquefois  en  persan.  Ses  poésies  hin- 
doustani ont  été  réunies  en  diwân,  après  sa  mort,  par 
les  soins  d'un  de  ses  amis.  Mîr  et  Mushafî  qui  l'avaient 
beaucoup  connu,  en  citent  quelques  vers. 

ARZU. 

Sirâj  uddîn  Ali  Kliân  Arzû^,  d'Agra,  connu  aussi  sous 
le  nom  de  Khan  Sâhib,  est  un  des  poètes  les  plus  célèbres 
del'Hindoustan.  MîrTaquî  dit,  dans  son  Nikât  iisschiiarâ, 

^   ^y^tj^    repos .  tranquillité. 
'   C3)^  contemplatif. 


70  BIOGRAPHIE 

qu'il  n'y  en  avait  pas  eu,  jusqu'à  son  temps,  d'aussi 
éloquent  et  d'aussi  instruit.  Il  vivait  sous  Scliâh  Alam  II. 
Fath  Ali  Huçaïnî ,  suivant  en  cela  l'exemple  de  Mîr ,  en 
parle  avec  beaucoup  d'emphase.  Il  le  nomme,  entre 
autres,  la  lampe  de  l'assemblée  du  discours,  jouant  sur  son 
nom  de  Sirâj  uddiii  ^,  qui  signifie  la  lampe  de  la  religion. 
Lutf  nous  fait  savoir  que,  dès  l'âge  de  douze  ans,  il  faisait 
des  vers,  et  qu'à  fâge  de  vingt-quatre  ans,  il  avait  lu 
tous  les  livres  nécessaires  à  l'instruction.  Il  s'était  aussi 
instruit  dans  la  société  des  gens  les  plus  habiles  de  son 
siècle.  Après  avoir  acquis  les  connaissances  convenables, 
il  fut  promu  à  un  poste  important,  à  Gualior,  dans  le 
commencement  du  règne  du  sultan  Muhammad  Far- 
rukh-siy ar.  Il  alla  à  Dehli  en  1 1 3  6  de  fhégire  (  i  y  2  3- 
172/1),  et  y  déploya  son  talent  poétique.  En  l'année 
1  1  lij  (1  -73 4-1  735),  le  schaïkh  Muhammad  Aiî  Hazîn^ 
vint  de  la  Perse  à  Dehli,  et  chacun  s'empressa  de  con- 
naître cet  homme  distingué.  Quant  à  Arzii ,  il  ne  partagea 
pas  l'enthousiasme  général.  Il  trouva  des  défauts  dans 
son  diwân,  et  il  en  fit  même  la  critique  dans  un  opus- 
cule [riçâla)  qu'il  intitula  Tambîh  ulgâjiliiv' ,  ou  Avis  aux 
insouciants. 

Arzâ  était  un  poète  éminent.  Il  avait  une  grande  ca- 

'  Ce  nom  est  celui  du  descendant  de  Timûr,  qui  est  assis  actuelle- 
ment  sur  le  trône  nominal  de  Dehli.  Il  ne  faut  pas  l'écrire,  avec  plu- 
sieurs journalistes,  Sàrâj  uildîn,  ce  qui  signifierait  le  soleil  de  la  religion, 
s'il  était  permis  de  grouper  des  mots  indiens  avec  des  mots  arabes. 

*  Personnage  célèbre  par  sa  sainteté  et  par  sa  science,  dont  M.  Belfour 
n  publié  les  mémoires.  Voyez  aussi  ce  que  j'en  ai  dit  dans  mon  Mé- 
moire sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  1 1  2  et  suiv. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  71 

pacité,  le  génie  de  l'invention  et  la  facilité  de  l'élocution; 
qualités  qui  lui  valurent  de  la  célébrité  dans  l'Inde.  A 
l'époque  de  la  dévastation  de  Dehli,  il  se  rendit  à  Lakli- 
nau,  d'après  le  conseil  du  nabab  Salâr-jang,  et  il  mourut 
dans  cette  ville,  en  1169  de  l'hégire  (  lyôS-iySô); 
mais,  conformément  à  ses  volontés,  Salâr-jang  envoya 
son  corps  à  Delili ,  où  il  fut  enseveli. 

Arzû  a  laissé  des  poésies  hindoustani  très-estimées , 
dont  les  biographes  originaux  citent  des  fragments;  mais 
il  a  surtout  écrit  en  persan.  Le  nombre  de  ses  vers,  en 
cette  langue,  s'élève  à  trente-deux  mille.  Ses  principaux 
ouvrages  persans  sont  : 

1°  Mahit  uzmâ,  c'est-à-dire  le  Grand  Océan,  traité  de 
rhétorique; 

2°  Atiya-i  kabarâ,  c'est-à-dire  le  Don  des  grands ,  traité 
sur  l'éloquence; 

3°  Sirâj  ulliigat,  c'est-à-dire  le  Soleil  du  langage,  dic- 
tionnaire dans  le  genre  du  Burlmn-i  câti  ; 

II"  Chiragii-i  hidâyat,  c'est-à-dire  la  Lampe  de  la  direc- 
tion ,  explication  de  l'Iskandar-nâma  et  des  cacîda  de  Urfî  ; 

5°  Khyahan,  c'est-à-dire  Lit  de  fleurs,  commentaire  du 
Gulistan; 

6°  Tazkira,  ou  Biographie  des  poètes  de  l'Inde  qui 
ont  écrit  en  persan.  Cet  ouvrage  est  souvent  cité  dans  le 
Nikât  usschuarâ  de  Mîr. 

Mais  je  ne  cite  ces  traités  qu'incidentellement,  car  il 
n'entre  pas  dans  mon  plan  de  parler  des  ouvrages  per- 
sans. Il  paraît,  du  reste,  qu'Arzû  est  aussi  auteur  du 
Garâïb  ullagat^ ,  c'est-à-dire  les  Merveilles  du  langage ,  dic- 


72  BIOGRAPHIE 

tioimaire  hindoustani  des  mois  mystiques,  lequel  est 
cité  par  Breton ,  dans  son  P'ocabulaire  des  termes  de  mé- 
decine, pag.  65.  Plusieurs  poètes  hindoustani  célèbres 
ont  été  ses  élèves.  Le  principal  est  Mîr  Taquî,  qui  par- 
tage avec  Haçan  et  Sauda  la  palme  de  la  poésie  urdû. 

ASCHIC  (AJAIB  RAÉ). 

Munschî  Ajâïb  Ràé  Aschic  ^  est  un  Hindou  qui  occupe 
une  place  parmi  les  écrivains  hindoustani.  Ali  Ibrahim 
qui  avait  apparemment  demandé,  sur  Aschic,  des  ren- 
seignements qu'il  n'avait  pas  reçus  lorsqu'il  rédigea  son 
ouvrage,  avait  eu  soin  de  laisser,  après  le  nom  de  cet 
écrivain ,  un  espace  blanc  dans  son  manuscrit  original , 
espace  qu'il  espérait  remphr  plus  tard.  Son  espoir  ayant 
été  déçu,  les  copistes  ont  eu  soin  de  laisser  cet  espace 
blanc  ^,  et  je  suis  incapable  d'y  suppléer,  n'ayant  rien 
trouvé  ailleurs  sur  ce  poëte. 

ASCHIC   (ALI  AZAM). 

Ali  Azam  Khân  Aschic ,  fils  de  Khâja  Mîr  Muhammadî 
Khan ,  fut  un  des  disciples  spirituels  d'Agâh  Schâh  Gha- 
cîta,  et  il  abandonna  entièrement  le  monde  pour  entrer 
dans  la  voie  de  la  vie  contemplative.  Alî  Ibrahim  qui  le 

'    ^^-wlc  amant. 

'  On  trouve  assez  fréquemment  des  espaces  blancs  dans  l'ouvrage 
d'Ibrahîm  ;  il  est  fâcheux  que  l'auteur  n'ait  pu  les  remplir.  J'éprouve, 
à  ce  sujet,  le  même  regret  que  les  latinistes  à  l'égard  des  vers  inachevé» 
de  Virgile. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  75 

connaissait  personnellement,  nous  dit  qu'à  l'époque  où 
il  écrivait  sa  biographie ,  Aschic  était  mort  depuis  plu- 
sieurs années.  Le  vers  dont  la  traduction  suit  est  de  lui  : 

11  faut  rester  nuit  et  jour  avec  son  amie  ;  si  auprès  d'elle  on 
ne  trouve  pas  le  repos ,  où  le  trouver  ? 

ASCHIC   (BURHAN  UDDIN). 

Mir  Burhân  uddîn  Aschic ,  disciple  du  célèbre  Mir 
Haçan,  endossa,  comme  le  précédent,  le  manteau  delà 
pauvreté  spirituelle,  et  jouit  d'une  réputation  niéritée 
de  vertu  et  de  sainteté.  Il  se  distingua,  non-seulement 
comme  poète,  mais  comme  peintre.  Le  gazai  mystique, 
dont  la  traduction  suit ,  est  de  lui  : 

Si  j'étais  le  jardinier  de  ce  jardin,  j'en  cueillerais  les  fleurs, 
et  j'en  ferais  sortir  le  rossignol.  —  O  charmant  oiseau!  prends 
avec  joie  cette  rose,  considère  comme  une  proie  cet  heureux 
moment  ;  c'est  le  vœu  que  je  forme  pour  toi. — Qu'on  fasse  part  de 
mes  plaintes  à  la  rose,  j'en  jure  par  son  bouton,  oui,  je  serai 
réuni  à  elle.  —  Si  mon  cœur  était  un  cerf-volant ,  il  volerait  au 
moyen  de  la  ficelle  du  chagrin,  et  finirait  par  s'élever  en  toute 
libei'té  dans  l'atmosphère  de  l'amour.  —  Le  chasseur  peut  bien 
ne  pas  connaître  la  valeur  des  pleurs  du  rossignol;  Aschic  (l'a- 
mant) sait  l'apprécier,  et  il  te  l'indiquera. 

ASCHIC  (MAHDI  ALI). 

Mîrzâ  Mahdî  Ali  Khân  Aschic  est  compté  parmi  les 
poètes  hindoustani.  Dans  une  anthologie  originale,  j'ai 
trouvé  de  lui  lui  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Ce  ne  sont  point  des  feuilles  de  roses  que  tu  vois  parsemées 


74  BIOGRAPHIE 

sur  la  terre  (  auprès  de  ce  rosier) ,  ce  sont  des  cœurs  de  rossignols 
qui  ont  été  offerts  en  sacrifice  à  la  plus  belle  des  fleurs. 


ASCHIG  (RAMSINGH). 

Autre  poëte  hindoustani ,  cité  plusieurs  fois  par  Man- 
nû  Lâl,  dans  sa  rhétorique  pratique  intitulée  GaUasta-i 
nischât.  Voici  un  vers  de  lui,  singulier  par  son  origi- 
nalité : 

Ses  dents  blanches,  au  milieu  du  missî  et  du  bétel,  ne  pro- 
duisent-elles pas  l'effet  du  jasmin  qui  s'épanouit  entre  la  tulipe 
et  la  violette  ? 

ASCHIG  (YAHYA),  DU  DÉGAN. 

Mîr  Yahya  Aschic,  qu'on  nomme  aussi  Aschic  Ali 
Khân,  est  un  des  poètes  les  plus  distingués  du  Décan. 
Il  est,  entre  autres,  auteur  d'un  marciya  sur  Huçaïn, 
dont  le  biographe  Fath  Alî  Huçaïnî  cite  un  fragment. 
De  son  côté ,  Béni  Narâyan  donne  de  lui  un  gazai  dont 
voici  la  traduction  : 

0  mon  amie!  pourquoi  faut-il  que  ton  œil  ait  rencontré  le 
mien  ?  Le  feu  de  mon  amour  était  éteint ,  et  actuellement  tu  l'as 
encore  appliqué  à  mon  cœur,  ô  mon  amie  !  Je  fais  des  vœux 
pour  que  Dieu  consolide  notre  mutuelle  amitié,  quoique,  ô  mon 
amie,  elle  m'ait  donné  un  mauvais  renom  dans  le  monde.  0 
mon  amie  !  aussitôt  que  tu  m'as  montré  ta  face ,  le  feu  de  l'a- 
mour a  jeté  des  flammes  dans  la  maison  de  mon  cœur. 

Si  Dieu  lui-même  était  devant  moi,  je  ne  verrais  jamais  per- 
sonne autre  que  loi ,  ô  mon  amie  !  Après  avoir  mêlé  mon  cœur 
avec  le  tien ,  mes  yeux  avec  tes  yeux ,  la  séparation  d'avec  toi 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  75 

peut-elle  être  supportable  ?  L'empire  des  sept  climats  ne  me  serait 
pas  même  agréable  ;  mendier  dans  ta  rue,  c'est  au  contraire  ce 
que  je  désire  ,  ô  mon  amie  !  Je  n'ai  ni  repos  ni  tranquillité;  mon 
esprit  s'en  est  allé,  ma  raison  m'a  abandonné,  depuis  que,  ô 
mon  amie  ,  ton  regard  a  touché  le  cœur  de  Aschic. 

ASCHK. 

Muhammad  Khalîl  Aiî  Khan  Aschk  ^  est  auteur  i  "  du 
Qiiissa-i  Amîr  Hamza,  ou  Histoire  de  l'émir  Hamza, 
écrite  par  lui,  en  prose  hindoustani,  dans  l'année  1 2  1 5 
(1 80 1).  Cette  histoire ,  est-il  dit,  dans  la  préface  de  l'ou- 
vrage de  Aschk ,  fut  d'abord  écrite  en  quatorze  volumes 
pour  Mahmûd  le  Gaznévide ,  par  les  écrivains  les  plus 
éloquents  du  temps ,  qui  s'unirent  pour  la  rédiger.  Ce 
qui  rend,  toujours  selon  Aschk,  cette  histoire  intéres- 
sante, c'est  qu'elle  instruit  des  usages  des  différentes 
nations,  et  qu'elle  fait  connaître  l'art  de  combattre  et 
de  prendre  les  villes  et  les  royaumes.  Aussi  Mahmûd, 
pour  n'avoir  besoin  des  conseils  de  personne,  avait-il 
soin  de  s'en  faire  lire  quelque  chose  chaque  jour.  Hamza 
a ,  comme  don  Quichotte  ,  un  écuyer  nommé  Umr.  Les 
exploits  merveilleux,  les  histoires  agréables,  les  bons 
mots  enfin  de  cet  autre  Sancho  Pança  ne  sont  pas  ce 
qu'il  y  a  de  moins  intéressant  dans  l'histoire  dont  il  s'agit. 
Je  possède  deux  exemplaires  manuscrits  du  premier 
tome  de  cet  ouvrage  -,  l'un  in-folio  ^  et  fautre  in-/i°;  et 

'    liLiî   larme. 

^  Cet  ouvrage  a  été  annoncé  comme  étant  sous  presse  à  Calcutta , 
en  1802  ,  dans  les  Essays  of  stadents  of  Fort-William  Collège,  et  comme 
publié  dans  les  Primitiœ  orientales,  pag.  Sa. 

'  Cette  copie,   qui  se  compose  de  34o  pages,  a  été  faite  en  1328 


76  BIOGRAPHIE 

la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William,  à  Calcutta, 
en  possède  six  volumes  ^  L'intention  de  l'auteur  était 
d'en  porter  le  nombre  jusqu'à  vingt-deux ,  en  neuf  tomes, 
mais  ils  n'ont  pas  été  faits.  Le  premier  volume  est  in- 
titulé Maulad-qiiissa,  ou  Histoire  de  la  naissance.  Le 
texte  original  en  est  dû  à  Mullà  Jalâl  Balkhî.  Jusqu'au 
quatrième  volume  il  n'est  question  que  de  l'enfance 
du  héros.  Les  volumes  qui  portent  le  titre  de  Harmuz- 
nâma  -,  sont  ceux  où  il  est  question  de  sa  jeunesse 
(  puberté  ).  Les  livres  nommés  Kuchak  hâkhtar  (le  Petit 
Orient  ),  et  JBfl/d  bâkhtar  (l'Orient  supérieur),  roulent 
sur  la  jeunesse  plus  avancée  ou  proprement  dite;  et 
dans  les  livres  intitulés  Garûhiya  (occidentaux),  Scha- 
mâlija  (  boréaux  )  et  Pâyin  bâkhtar  (  l'Orient  inférieur  ) , 
il  s'agit  de  la  fin  de  la  jeunesse  ainsi  que  dans  le  Burj- 
nâma  (Livre  des  constellations).  Les  livres  qui  portent 
le  nom  de  SancluU  traitent  du  commencement  de  la 
vieillesse,  et  le  Tûraj-nâma,  de  la  vieillesse  proprement 
dite  ou  de  l'essence  de  la  vieillesse.  Le  Lal-nâma  (Livre 
des  rubis  )  est  la  fin  ou  le  dénoûment  de  l'ouvrage. 

Voici  ce  qu'on  lit  dans  la  Bibliothèque  orientale  de 
d'Herbelot,  au  sujet  du  héros  de  ce  roman  historique  : 

(  i8i3  )  au  port  de  ^  v)-ftJ  (Bahraïch,  sur  la  rive  du  Sarjû),  par  Sirâj 

uddîn,  connu  sous  le  nom  de  Miinscliî  Muhammad  Salâh. 

'  Des  romans  sur  le  même  sujet  existent  en  persan,  en  arabe,  en 

malais.   Les  Malais  ont  coutume  de  lire  cette  histoire  et  celle  de  Mu- 

Lammad  Hanif  avant  de  marcher  au  combat ,  afin  d'animer  leur  cou- 

rage  par  les  nobles  exemples  qu'elle  leur  présente.   (Jacquet,   Nouveau 

Journal  asiatique,  tom.  IX,  pag.  ii4.  ) 

-  Dans  la  bibliothèque  de  VEast-India  House ,  manuscrits  de  Leyden  , 

fi 
il  y  a  un   conte  en  prose,   de   160  pages,  qui  porte  le  titre  de  ^..Aâ.j» 

y^y^  Quissa-i  Hurmuz. 


ET  BIBLTOGRAPHIE.  77 

«  Hamzah,  fils  d'Abd  ulmutlab  et  petit-fils  d'Haschem , 
u  et  par  conséquent  oncle  du  prophète  Mahomet,  est 
((  aussi  nommé  Ahû  Omar.  Quoiqu'il  fût  frère  d'Abd 
<(ullah,  père  de  Mahomet,  il  était  cependant  frère  de 
«  lait  de  son  neveu.  On  dit  qu'il  se  fit  musulman  dans 
«  la  seconde  année  de  la  mission  de  Mahomet ,  et  que 
((  son  neveu  fayant  reconnu  pour  un  homme  de  coû- 
te rage  et  de  valeur,  il  lui  donna  le  titre  de  Açad  ullah 
«  (  lion  de  Dieu  ) ,  et  lui  mit  en  main  le  premier  éten- 
((  dard  qu'il  fit  faire  et  que  l'on  appela  Râyat  ulislam 
(' (  fétendard  de  la  foi).  Ceci  eut  lieu  en  la  première 
«année  de  l'hégire.  —  Il  fut  tué  Tannée  d'après,  qui  fut 
«  la  seconde  de  l'hégire ,  à  la  bataille  de  Bedr,  que  Ma- 
«  homet  donna  aux  Coraïschites  ;  ceux-ci  furent  défaits , 
«et  il  n'y  eut  que  quatorze  Musulmans  de  tués,  du 
«  nombre  desquels  se  trouva  Hamza.  » 

Il  existe  probablement  en  hindoustani  plusieurs 
autres  ouvrages  sur  le  même  sujet.  La  Bibliothèque 
royale  de  Paris  possède  un  manuscrit  intitulé  Histoire 
des  guerres  d'Amir  Hamza  \  copié  par  forientaliste 
Ouessant,  en  i  ig8  (  i  782  ).  C'est  un  volume  m-li°,  de 
192  pages,  qui  contient  vingt  ditférentes  histoires. 

2°  On  doit  aussi  à  Aschk  un  roman  en  prose  sur 
Rizwân  Schah ,  personnage  qui  est  le  héros  de  plusieurs 
poëmes  hindoustani.  Il  est  intitulé  Gulzâr-i  Chîn  (  le 
Jardin  de  la  Chine  )  ou  Qaissa-i  Rizwan  Schâh  0  Ruh- 
afzâ  (Histoire  de  Rizwân  Schâh  et  de  Rûh-afzâ).  Riz- 
wân Schâh  était  le  fils  du  roi  de  la  Chine,  et  Rûh-afzâ 


^>î*  j-^ 


l.dCL* 


aao» 


78  BIOGRAPHIE 

la  fille  du  roi  des  Génies.  La  bibliothèque  de  la  Société 
royale  asiatique  de  Londres  possède  un  manuscrit  de 
cet  ouvrage,  qui  a  été  écrit  en  1219  (180/1).  Jignore 
si  c'est  le  même  ouvrage  dont  la  bibliothèque  de  la 
Société  asiatique  de  Calcutta  possède  un  bel  exemplaire 
avec  des  dessins  ^  Un  poëme  en  vers  daklmî,  intitulé 
aussi  Qaissa-i  Rizwân  Scliâh,  faisait  partie  de  la  collec- 
tion de  Tippou^. 

3°  Une  traduction  de  ïAkhar-nâma,  célèbre  ouvrage 
d'Abû'lfazl ,  auteur  de  ïAyin-i  Akbarî.  Elle  est  intitulée 
fVâqiiiât-i  AhharP,  c'est-à-dire  les  Faits  et  gestes  d'Akbar. 
La  Société  asiatique  de  Calcutta  en  possède  un  exem- 
plaire. 

4°  Un  autre  ouvrage  en  prose  intitulé  Muntakhâb  ulfa- 
waiz.  C'est,  à  ce  qu'il  paraît,  un  recueil;  il  y  en  a  aussi 
un  exempiaii^e  à  la  même  bibliothèque. 

5°  La  bibliothèque  de  la  Société  royale  asiatique  de 
Londres  possède  aussi,  du  même  auteur,  un  ouvrage 
élémentaire  de  physique ,  intitulé  Riçâla-i  kâînât  ^.  Il 
est  divisé  en  dix  chapitres. 

Le  i"  traite  de  l'air  et  des  animaux  qui  s'y  trouvent; 

Le  11%  des  nuages  et  de  la  pluie  ; 

Le  uf,  de  la  neige,  de  la  grêle,  de  la  rosée,  etc.; 

Le  IV*,  de  l'éclair  et  du  tonnerre  ; 

Le  v%  des  vents,  des  saisons,  du  sumûm; 

'   Catalo(jue  qf  tke  Asiatic  Societj's  Lihrary,  pag.  76. 
^  Stewart,  Catalogue  of  Tippoo's  Lihrary,  pag.  179. 

*  c:>lJol^  ^JIawj   Traité  des  élres  ,  ou  chs  clioaes  phjsi(jves. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  79 

Le  vi',  de  l'arc-en-ciel,  du  halo,  etc.; 

Le  vii^ ,  des  étoiles  tombantes  et  des  comètes  à 
queue ,  etc.  ; 

Le  vnf,  des  tremblements  de  terre; 

Le  ix%  des  sources; 

Le  X*,  du  quart  habité  de  l'univers  \  de  l'hémisphère 
supérieur  et  inférieur  de  la  terre. 

On  doit  peut-être  à  Aschk  d'autres  travaux,  mais  je 
ne  les  connais  pas. 

ASCHNA'. 

C'est  un  poëte  peu  connu,  qui  était  derviche.  Alî 
Ibrahim  en  cite  le  vers  suivant,  dans  son  Gulzâr : 

Idole  de  mon  cœur!  sois-moi  toujours  favorable;  tu  vois  en 
moi  le  fidèle  esclave  de  Dieu. 

ASCHNA   (ZAIN   ULABIDIN.  ) 

Mîr  Zaïn  ulâbidîn  Aschnâ,  de  Dehli,  était  contem- 
porain de  Sirâj  uddîn  Alî  Khân  Arzû.  On  le  compte 
parmi  les  poètes  les  plus  habiles  de  l'Inde  moderne. 
Fath  Alî  Huçaïnî  cite  quelques  vers  de  lui,  dans  sa 
biographie. 

ASCHRAF'. 

Poëte  hindoustani  sur  lequel  il  n'y  a  aucun  détail 
dans  les  biographies  originales.  Ah  Ibrahim  se  contente 

'  Pour   bien  comprendre   cette   expression ,  il   faut   savoir  que  les 
Orientaux  pensent  qu'il   n'y  a  que  le  quart  de  la  terre  qui  soit  habité. 

'   XÀ^)    connaissance,  ami,  etc. 

'  (J>jJm\   distingué,  nohle,  etc. 


80  BIOGRAPHIE 

de  dire  qu'il  était  contemporain  de  Schâh  Najm  uddîn 
Abrû,  et  il  en  cite  un  seul  vers,  Mîr  n'en  dit  rien  du 
tout,  et  en  cite,  de  son  côté,  un  seul  vers  différent 
du  premier. 

Afsar  a  pris  aussi  pour  takhallus  le  mot  Aschraf, 
mais  il  est  plus  connu  sous  le  premier  surnom  poétique, 
et  c'est  sous  ce  titre  qu'il  est  mentionné  dans  cet  ou- 


vrage. 


ASCHRAF   (MUHAMMAD). 

Muhammad  Aschraf  vivait  sous  l'empereur  Schâh 
Alam  II.  Il  a  composé  un  ouvrage  en  vers  hindoustani, 
sous  le  titre  de  Schîr-nâma  K  Voici  un  de  ses  vers  : 

Viens,  mon  ami,  assieds-toi,  causons  un  peu  ensemble  :  mais 
hélas!  ces  heureux  instants  ne  durent  pas.  Dans  peu  de  temps 
où  serai-je?  où  seras-tu  toi-même  ? 

ASCHUFTA. 

Mirzâ  Rizâ  Calî  Hakîm  Aschufta^,  fds  de  Muham- 
mad Schafî  Hakîm,  et  jeune  frère  de  Mirza  Bahjii, 
surnommé  Zarra,  qui  a  écrit  en  persan,  et  de  Bî- 
mât  Miizâ  Razî,  est  compté  parmi  les  poètes  hin- 
doustani les  plus  distingués.  Il  naquit  à  Agra,  puis  il 
habita  Dehli,  ensuite  Faïzâbâd  et  surtout  Lakhnau  où 
il  mourut  et  oii  il  fut  enterré.  Il  alla  à  Murschidàbâd , 
en  1  208  (  1  793-1  79/1),  pour  traiter  Mubarâk  uddaula, 

'    XoU   >A>M  Livre  du  lait. 

"    AaJUÎw)   troublé  [par  l'amour),    malheureux. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  81 

nabâb  du  Bengale,  qui  était  atteint  de  la  maladie  dont 
il  mourut.  Son  fils  et  son  successeur,  Nâcir  ulmulk,  le 
prit  en  alTection ,  en  sorte  qu'il  resta  pendant  sept  ans 
entiers  à  son  senùce,  et  qu'il  gagna  près  d'un  lâkh  de 
roupies;  ce  qui  n'empêcha  pas  qu'il  ne  laissât  des  dettes 
à  Murschidâbâd ,  quand  il  quitta  cette  ville  pour  aller 
en  12  1  4  (1799-1800),  à  Calcutta,  où  il  vivait  dans 
la  considération,  en  12  i5  (1800-1  Soi  ).  Mushafî  dit 
que  c'était  un  jeune  homme  h  tête  folle  et  à  caractère 
indépendant.  Il  ne  réussit  pas  dans  la  médecine ,  qu'il 
avait  apprise  auprès  de  son  père ,  mais  il  se  livra  avec 
plus  de  succès  à  la  poésie,  et  fut  disciple  de  Mîr  Soz. 
Il  excella  dans  ce  dernier  art  ;  ses  poèmes ,  écrits  avec 
beaucoup  de  pureté,  sont  empreints  d'une  teinte  de 
mélancolie  qui  les  fait  lire  avec  intérêt.  Lutf  favait  par- 
ticulièrement connu,  et  c'est  à  lui  que  je  dois  une  partie 
des  détails  qui  précèdent.  Il  nous  apprend  qu'Aschufta 
avait  aussi  du  goût  et  de  faptitude  pour  la  musique, 
et  qu'il  s'en  occupait  même  plus  que  de  poésie  :  il  lui 
reproche  d'avoir  négligé  d'écrire  un  diwân.  Les  poètes 
de  rinde  musulmane  tiennent  en  effet  à  honneur  d'en 
rédiger  au  moins  un.  Auraient-ils  produit  de  nombreux 
ouvrages ,  s'ils  n'ont  pas  fait  de  diwân ,  ils  sont  censés  oc- 
cuper un  rang  inférieur  aux  auteurs  de  diwân.  Lutf  et 
Béni  Narâyan  citent  plusieurs  gazai  de  ce  poëte;  voici 
la  traduction  de  la  plus  courte  de  ces  pièces  de  vers  : 

Les  soupirs  oppressent  mon  cœur  lorsque  ta  face  charmante 

me  vient  en  mémoire.  Comment  ne  serais-je  pas  frappé,  puisque 

ton  œil  combat  si  malignement  ?  Tu  as  porté  dans  le  sein  de  ton 

amant  malheureux  le  tortillement  des   boucles  de  tes  cheveux. 

1.  6 


82  BIOGRAPHIE 

Mon  cœur  est  comme  un  village  désole.  Pourquoi  le  laisserai- 
je  entrer  clans  une  maison  dévastée  ?  Le  cadavre  d'Aschufla  gît 
aujourd'hui  dans  la  poussière.  Ne  viendras-tu  pas  le  relever  ? 


ASCHUFTA  (AZIM  UDDIN). 

Azîm  uddin  Khan ,  surnommé  Ascluifta ,  est  compté 
parmi  les  poètes  hindous tani.  Voici  la  traduction  du 
commencement  d'un  de  ses  gazai ,  d'après  le  texte  donné 
par  Mannû  Lâl  ^  : 

Nous  sommes  assis  clans  l'angle  de  la  solitude,  après  avoir 
brisé  les  liens  de  l'amour  :  nous  sommes  assis  les  genoux  sensés  ; 
l'amour  n'est  plus  pour  nous  que  le  mirage.  Personne  ne  nous 
regarde ,  nous  (  derviches  ) ,  que  la  fortune  a  délaissés  :  lorsque 
nous  nous  approchons  de  quelqu'un ,  il  détourne  dédaigneuse- 
ment son  visage  et  continue  à  rester  assis. 

ASCHUFTA   (BHORI  KHAN). 

Bhorî  Rhân  Aschufta ,  natif  de  Dehli ,  homme  très- 
recommandable  et  militaire  de  profession,  est  auteur 
d'un  diwân  liindoustani.  Il  a  fait  aussi  quelques  vers 
persans.  Il  habitait  Lakhnau,  en  1793.  Mushafî,  de 
qui  je  tiens  ces  détails,  cite  de  lui  un  gazai  mystique. 

ATAl 

Mîr  parle ,  dans  sa  biographie ,  d'un  écrivain  hindous- 

'   GuUlastâi  nichât,  pag.  SgS. 
-  ^Vrfe  don. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  83 

tani  de  ce  nom ,  qui  vivait  sous  Alam-guîr  ^  :  il  en  cite 
un  seul  vers. 

Atâ  est  aussi  le  noni  d'un  traducteur  urdû  du  roman 
des  Quatre  Derviches  ;  il  en  sera  parlé  sous  le  titre  de 
Tahcîii ,  qui  est  son  surnom  poétique. 

AUBASCHl 

Schaïkh  Amîr  uzzamân  Bijnûrî  ^  Aubâsch,  de  Lakh- 
nau,  est  un  poëte  hindoustani  qui  paraît  jouir  d'une  cer- 
taine réputation.  Mushafî  dit  que  c'était  (en  lygS)  un 
jeune  homme  fort  estimable  et  qui  avait  le  génie  poé- 
tique. Voici  la  traduction  de  quelques  vers  d'entre  ceux 
qu'il  cite  de  lui  : 

La  beauté  qui  m'a  touché  n'accepte  pas  mon  hommage  ;  le 
ciel  ne  change  pas  à  mon  gré.  Tout  change  en  ce  monde ,  dans 
l'ordre  religieux  et  au  civil  ;  mais  elle  ne  veut  pas  changer  son 
caractère  méfiant.  Ma  vie  s'écoule  dans  une  vaine  attente;  mais 
cependant  je  ne  changerai  pas ,  moi  Aubâsch. 

AULYA. 

Mîr  Aulyâ  *  était  un  noble  Musulman  de  Mûhan  ou 

'  Probablement  il  s'agit  ici  d' Alam-guîr  II  qui  régna  de  17 53  à  1766, 
et  non  pas  d'Alam-guîr  I,  surnommé  Aurang-zeb. 

'  (jiuji  libertin. 

'  Ccst-à-dire  de  Bijnùr,  ville  qui  est  située  dans  la  province  de  Debli  : 
apparemment  Aubâsch  en  était  originaire. 

*  LJ5Î  saint.  Ce  mot  est  proprement  le  pluriel  du  mot  arabe  <J» 
saint,  mais  il  est  employé  comme  singulier.  On  se  sert  souvent,  en  efTot, 

G. 


84  BIOGRAPHIE 

Mobaun,  ville  près  de  Lakhnau ,  dans  le  royaume 
d'Aoude.  Il  habitait  depuis  longtemps  Murschidâbâd , 
dans  le  Bengale,  à  l'époque  où  Alî  Ibrahim  écrivait  son 
Gulzâr.  Ce  fut  dans  cette  dernière  ville  que  ce  biographe 
le  connut.  Il  nous  apprend  qu'il  faisait  de  très-bons  vers 
hindoustani,  et  il  en  cite  une  tii^ade  dans  son  ouvrage. 

AWARA. 

Mîr  Muhammad  Kâzim  Awàra  ' ,  frère  de  père  et  de 
mère  de  Mîr  Zaïn  ulàbidîn  Aschnâ,  et  beau-père  du 
jeune  frère  de  Fath  Alî  Huçaïnî,  a  écrit  des  vers  hin- 
doustani avec  esprit  et  facilité.  Voilà  tout  ce  que  nous 
en  dit,  dans  son  TazMra,  le  biographe  que  je  viens  de 
nommer. 

AWARI. 

Ecrivain  musulman ,  du  Décan ,  de  la  secte  des  schii- 
tes ,  qui  est  auteur  : 

1°  D'un  roman  en  vers  dakhnî,  intitulé  PhU-han~. 

C'est  fhistoire  de  Taila  Schâh  et  de  la  princesse  Phûl- 

ban ,  qu'on  dit  traduite  d'un  ouvrage  persan  intitulé  Bo- 

çatin  (Baçâtîn?).  Cet  ouvrage  est  cité  comme  une  des 

I  compositions  dakhnî  les  plus  célèbres ,  par  Muhammad 

dans  rinde,  du  pluriel  pour  le  singulier,  par  honneur  :  c'est  ce  qu'on 
nomme  le  pluriel  respectueux.  On  dit  ainsi  un  omra,  !  w*j ,  pluriel  de 
wç«l  ;  un  nabâh,  <_>l»j,  pluriel  de  t»v.'^'  ^*^'^- 
'   "J^^^'  "^"'^  persan  qui  signifie  va(jahomL  etc. 
-   y~>  Jj"â-J  ou  /wj  t}*-^,  nom  de  l'héroïne;  à  la  lettre,  jardin  ou 
Jorêt  dejlears. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  85 

Ibrâlnm,  dans  la  préface  de  sa  traduction  liindoustani 
de  \Amvâr-'i  Sahaïli,  pag.  i  i .  Il  a  été  écrit,  s'il  faut  en 
croire  G.  Stewart  \  en  loSg  de  l'hégire  (  16/19).  I^  Y  ^ 
un  autre  poëme  hindoustani  sur  le  même  sujet,  dont  il 
sera  parlé  à  farticle  sur  Ibn  Nischâlî. 

1°  On  doit  au  même  écrivain  un  Tùti-nâma-,  ou  Gontes  ; 
d'un  perroquet,  légende  favorite  des  Indiens.  G'est  un  | 
masnawî  écrit  en  10/19  ^^  l'hégire  (1609-16/10  de 
J.  G.),  lequel  est  une  traduction,  ou  pour  mieux  dii^e 
une  imitation  dakhnî  du  livre  persan  de  Nakhschabî, 
dont  il  y  a  à  Paris  un  très-bel  exemplaii^e  enrichi  de  des- 
sins curieux  et  d'un  fini  parfait.  Get  exemplaire,  qui  a 
été  rapporté  de  flnde  par  le  général  Allard,  est  entre  les 
mains  de  M.  Félix  Feuillet. 

Outre  les  ouvrages  hindoustani  sur  le  même  sujet, 
qui  sont  dus  à  Ganwâcî  et  à  Haidarî,  et  dont  il  sera 
parlé  en  leur  lieu,  il  en  existe  plusieurs  autres  rédigés 
par  différents  auteurs.  Geux  que  je  connais  sont  :  i°  un 
en  prose  dakhnî,  dont  mon  ami,  M.  F.  Falconer,  pro- 
fesseur de  langues  orientales  à  funiversité  de  Londres , 
possède  un  exemplaire;  2°  un  en  langue  hindouî  et  en 
caractères  nagari,  dont  je  possède,  dans  ma  collection 
particulière,  un  bel  exemplaire  petit  in-folio. 

11  y  a  aussi,  parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  du 
collège  de  Fort-William ,  mi  volume  liindoustani  intitulé 
Muntakhâb-i  Tûti-nâma,  ou  Extraits  choisis  du  Tûti-nâma. 
J'ignore  de  quelle  rédaction  ces  morceaux  sont  tirés. 

Les  ouvi'ages  d'Awarî  sont  dédiés  au  sultan  de  Gol- 

'   Tippoo's  Catalogue,  pag.  i8o. 

*   K^ii  ^Jo'  Voyez  rarticle  sur  Haklarî. 


86  BIOGRAPHIE 

conde,  Abd  iillah  Cutb  Scliâh,  successeur  au  trône  d'Haï- 
derâbâd,  de  Muhammad,  frère  de  Culi  Cutb  Schâli, 
auteur  de  poésies  hindoustani  très-estimées,  dont  il  sera 
parlé  à  l'article  de  Cutb  Schâli,  Ce  fut  Abd  ullah  qui  de- 
vint tributaire  de  l'empereur  mogol  Schâli  Jaliân. 

Le  second  ouvrage  semble  être  le  même  que  celui 
dont  il  sera  parlé  à  l'article  sur  Ganwacî.  Ce  dernier 
écrivain  serait-il  identique  avec  celui  qui  fait  le  sujet  de 
cet  article? 

AWLA. 

Mîr  Awlâ^  était  descendant  d'Alî  et  des  saïyid  de  Ba- 
rah  ^.  Voilà  tout  ce  que  dit  Alî  Ibrahim  de  cet  écrivain , 
si  ce  n'est  qu'il  en  cite  ce  vers  insignifiant  : 

Quoique  toutes  les  beautés  fascinent  généralement  le  cœur 
d'Awlâ,  pou rra-t-il  jamais  oublier  les  charmes  de  sa  bien-aimée 
au  visage  de  péri  ? 

AYAN. 

Mirzâ  Hâscham  Alî  Ayân  ^,  fds  de  Kâzim  Alî  Jawân*^, 
a  suivi  les  traces  de  son  père  et  s'est  exercé  aussi  à  la 
poésie  hindoustani.  Voici  la  traduction  d'une  pièce  de 
vers  que  cite  de  lui  Bénî  Narayan  : 

Il  faut  occuper  son  cœur  dans  le  temps  de  la  jeunesse  ;  il  faut 
entrer  dans  le  cercle  de  ceux  qu'anime  le  désir.  Il  faut  savoir  sup- 

'  i/jl  meilleur,  etc. 

*  ojl»  ville  de  la  province  d'AUahâbâd. 

*  /xIa*  visible,  inanijcsle. 

*  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  87 

porter  à  chaque  instant  les  caprices  des  belles  ;  veulent-elles  se 
lelirer,  il  faut  savoir  se  jeter  à  leurs  pieds  pour  les  apaiser.  11 
faut  se  tenir  constamment  à  l'entrée  de  la  rue  de  son  amie  et 

se  décider  à  l'indiquer  à  tous  ceux  qui  la  demanderont 

Un  monde  entier  est  dans  l'attente,  sur  le  bord  des  terrasses, 
lorsqu'elle  montre  son  sourcil  pareil  au  croissant  de  la  lune  qui 
termine  le  jeûne  du  Ramazân.  Mais  pourquoi,  s'étant  mise  en 
colère,  me  fait-elle  sortir  de  la  rue  où  elle  habite,  si  ce  n'est 
qu'elle  ne  veut  manifester  son  éclatante  beauté  que  devant  mes 
rivaux  ? 

Il  est  utile  que  Ayân  fasse  entendre  maintenant  à  tous  ce  ga- 
zai ,  dans  la  réunion  des  poètes. 

AZAD  (FAZIL). 

Muhammad  Fâzii  Azâd  '  est  un  spirituel  et  ingénieux 
écrivain,  natif  de  Haïderàbâd,  dans  le  Décan.  Il  s'ex- 
primait avec  pureté  ;  ses  poésies  ressemblent  à  celles 
de  Wall,  dont  il  était  le  contemporain.  Il  appartenait  à 
l'ordre  des  faquîrs  nommés  azâd,  et  c'est  ainsi  qu'il  prit 
ce  surnom  poétique.  Nous  devons  ces  renseignements 
à  Mîr  et  à  Ali  Huçaïnî,  qui  du  reste  se  contentent  de 
citer  un  vers  de  ce  poëte.  On  lui  doit  un  ouvrage  in- 
titulé Zafar-nâma^ ,  ou  Livre  de  la  victoire.  C'est  un  mas- 
nawî  divisé  en  chapitres  où  sont  décrites  les  victoires 
sur  Yazîd  de  Muhammad  Hanîf  ou  Ben  Hanîfa,  fils 
d'Alî  et  de  Hanîfa,  sa  seconde  femme  ^.  Ce  personnage 
refusa  plusieurs  fois  la  couronne  que  les  ennemis  des 

'    ilj\  libre,  indépendant. 

'  On  sait  que  la  première  fenunc  à  Mi  était  Fatinie,  fille  du  Pro- 
phète, ri  mère  de  Ha\;an  et  de  Iluçaïn. 


88  BIOGRAPHIE 

khalifes  Ommiades  lui  offi^aient.  Ben  Hanîfa  mourut 
en  l'an  81  de  l'hégire,  sous  le  règne  d'Abd  ulmalik, 
quinzième  khalife  de  la  race  des  Ommiades ,  laissant  des 
enfants  qui  ne  firent  pas  grand  bruit,  dit  d'Herbelot, 
après  la  mort  de  leur  père.  Il  est  nommé  Ibn  ulivâcî  ^ , 
ce  qui  signifie  le  fils  de  fhéritier  ou  du  successeur  lé- 
gitime de  Mahomet,  c'est-à-dire  d'Aiî.  Un  exemplaii^e  du 
Zafar-nâma  fait  partie  de  la  collection  Mackenzie  '-.  J'ai 
aussi  trouvé,  à  la  bibliothèque  de  ÏEast-India  House, 
n°  337  des  manuscrits  de  la  collection  Leyden,  un  ou- 
vrage sur  le  même  sujet,  intitulé  Quissa-i  dar  Àhvâl-i 
jan(ju-i  Muliammad  Hanîf  et  aussi  Jancf-nâma;  mais  il 
est  dû  à  un  autre  auteur  ^.  Il  existe  en  malais  mi  ro- 
man sur  le  même  sujet  qui  est  intitulé  Hikâyat-i  Muliam- 
mad Hanijiah ,  c'est-à-dire  Histoire  de  Muhammad  Hanîf. 
Ce  livre  raconte  les  glorieux  combats  de  ce  héros.  Les 
Malais  le  lisent  pour  exciter  leur  courage  ^. 

AZAD  (MUZAFFAR  ALI): 

Mîr  MuzafPar  Alî  Azâd ,  de  Dehlî ,  est  auteur  d'un  ou- 
vrage sur  les  amulettes  ^.  Alî  Ibrahim  le  vit  souvent  à 
Murschidâbâd.  Il  paraît  que,  quoiqu'il  s'occupât   sur- 

-  Tom.  II,  pag.  i46. 

^  Voyez  l'article  sur  Séwak. 

''  Nouveau  Journal  asiatique ,  tom.  IX,  pag.  119.  M.  Jacquet  y  donne 
des  détails  curieux  sur  l'influence  excitative  de  YHikâjat-Hamza  (  dont 
il  est  aussi  parlé  dans  mon  ouvrage) ,  et  du  Hikdjat  Muhammad  Ilanifija 
sur  l'esprit  des  Malais. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  89 

tout  de  l'art  des  amulettes,  il  faisait  aussi  des  vers  hin- 
doustani,  car  le  même  biographe  cite  dans  son  Gulzâr 
un  fort  joli  gazai  de  cet  écrivain. 

AZAD    (ZAIIS    ULABIDIN). 

Khâja  Zaïn  ulâbidîn  Azâd  est  un  poëte  hindoustani 
qui  vivait  pendant  le  règne  de  Muhammad  Schâh.  Alî 
Ibrahim  est  le  seul  biographe  original  qui  parle  de  cet 
écrivain,  mais  il  n'en  dit  que  ce  c[ui  précède  et  il  se 
contente  d'en  citer  un  seul  vers.  L'article  même  qui  lui 
est  consacré  ne  se  lit  que  dans  l'un  des  deux  manuscrits 
que  je  possède.  L'autre  contient,  en  place  de  cet  article, 
celui  sur  Muzaffar  Alî  Azàd,  lequel  ne  se  trouve  pas 
dans  le  premier. 

AZAD  BALGRAMI. 

Mîr  Gûlâmi  Alî  Khân  Azâd  Balgramî  ^  est  auteur  d'un 
traité  sur  les  gazai  indiens,  intitulé  Riçala-i  gazalân-i 
Hind  ^ ,  ouvrage  qu'on  trouve  indiqué  dans  le  catalogue 
des  livres  arabes,  persans  et  indiens,  composant  la  bi- 
bliothèque d'un  personnage  nommé  Farzàda  Cùli;  cata- 
logue qui  appartient  au  professeur  D.  Forbes.  On  lui 
doit  aussi  des  poésies  hindoustani  dont  Mannû  Lâl  cite 
des  fragments  dans  son  Guldcista-i  nischât. 

'  f^)jS^,  c'est-à-dire  de  la  ville  do  Bclgiam  ou  Balagrama,  dans  le 
royaume  d'Aoude. 


90  BIOGRAPHIE 

AZADA. 

Arâm  Azâda  ^  est  un  poëte  hindoustani  dont  Mannû 
Lâl  cite,  dans  sa  Rhétorique  pratique,  un  seul  vers  qui 
n'a  rien  de  remarquable. 

AZAM. 

Muliammad  Azam^  était  fils  d'un  parfumeur  de  Lakh- 
nau.  11  fut  employé  à  la  cour  du  nabâb  d'Aoude,  Açaf 
uddaula.  On  lui  doit  des  poésies  hindoustani. 

J'ignore  si  ce  poëte  est  le  même  qui  est  cité  par  Man- 
nû Lâl  dans  son  Galdasta-ï  niscliât,  sous  le  nom  à'Azam 
Khân  et  sous  le  surnom  poétique  dAzam. 

AZFARI. 

Muhammad  Zahîr  uddîn  Azfarî  ^  fut  le  maître  de 
Mîrzâ  Alî  Bakht.  Cet  écrivain  hindoustani  est  aussi 
connu  sous  le  nom  de  Mirzâ  Kalati  Gûrgâni.  Il  habita 
d'abord  Dehli,  vint  ensuite  à  Calcutta,  avec  Mand-râj  , 
puis  retourna  à  Delili.  Béni  Narâyan,  qui  nous  donne 
ces  détails ,  a  transcrit  dix  pièces  de  vers  de  ce  poëte  : 
une  d'elles  roule  sur  le  printemps  ;  en  voici  la  traduction  : 

'   ûàîjî ,  synonyme  de  iîjl . 

-  ^Jâ^l   yrand.  proprenienl  trcs-(jrand  ou  plus  grand. 

'  /^vÀlôi .  d<'  1''  racine  arabe  yJdb  unciuibus  valncravit,  et  vieil,  supe- 
ravit:  (\c  là  a:J(iri  peut  signifier  loiigis  iiiKjudnis  prwditus  (vir) ,   et  viclo- 


riosas. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  91 

Le  printemps  s'avance  avec  force  et  bruit.  Nous  le  voyons 
causer  du  plaisir  aux  jeunes  têtes.  Dieu  soit  notre  sauvegarde 
contre  les  insensés  !  Le  printemps  arrive,  il  vient  réveiller  le 
tumulte  qui  était  assoupi.  —  Le  printemps  fait  voler  sur  vous  de 
la  poussière.  Actuellement  les  enfants  jettent  des  pierres  dans 
le  marché.  Gare  donc  à  votre  tête  !  Libertins ,  montez  prompte- 
ment  le  vaisseau  de  l'ivresse  ;  le  printemps  étale  dans  les  jardins 
une  immense  quantité  de  fleurs.  Et  cependant,  lorsque  ma  bien- 
aimée  aux  joues  de  roses  me  vient  en  mémoire,  mes  yeux  n'a- 
perçoivent pas  dans  les  champs  une  seule  rose ,  mais  seulement 
des  épines.  Azfarî  pleure  loin  de  toi  en  récitant  cet  hémistiche  de 
Mazhar  '  : 

N'es-tu  pas  là  ,  échanson  ?  —  A  quelle  infidèle  le  printemps  plaît-il  ? 

AZHAR. 

Mîr  Gulâm-i  Alî  Azhar  -,  de  Dehli,  était  un  des  dis- 
ciples de  Mîr  Schams  uddîn  Faquîr^.  Cet  écrivain  était, 
dit-on,  très-fier  de  son  mérite.  Après  avoir  passé  quel- 
que temps  à  Murschidâbâd ,  en  Bengale,  comme  ie  cli- 
mat de  cette  ville  ne  convint  pas  à  sa  santé ,  il  se  retira 
à  Azîmâbâd,  dans  la  province  de  Dehli,  où  il  mourut, 
sous  le  règne  de  Schâh  Alam.  Il  a  laissé  différentes  pro- 
ductions écrites  les  unes  en  persan  et  les  autres  en  hin- 
doustani. 

AZHAR  (GULAM-I  MUHI  UDDIN). 

Gulâm-i  Muhî  uddîn  Azhar  est  compté  parmi  les 
poètes  hindoustani.   Son  surnom   honorifique   signifie 

'  Voyez  rarticle  consacré  à  cet  écrivain. 

'   ».^lil  manijesle.  célèbre. 

*  Voyez  rarlidc  consacré  à  ce  poète. 


92  BIOGRAPHIE 

l'esclave  de  Muhi  uddin ,  qui  est  un  saint  très-célèbre 
de  l'Inde  musulmane  ^.  Les  premiers  Musulmans  n'a- 
vaient pas  pris  de  pareils  titres  ;  ils  ne  se  reconnaissaient 
qu esclaves  de  Dieu,  et  non  esclaves  du  Prophète,  esclaves 
d'Ali,  etc.  C'est  surtout  dans  l'Inde  que  ces  titres  nou- 
veaux sont  usités. 

AZIM". 

C'était  un  militaii'e  qui  s'occupait  de  poésie  et  qui 
avait  soumis  ses  gazai  à  Mushafî.  Ce  dernier  en  a  extrait 
trois  vers  qu'il  donne  dans  sa  biographie  ;  mais  il  est 
probable  que  ce  sont  les  premiers  venus,  car  ils  n'ont 
rien  de  saillant. 

AZIM  (BEG). 

Mirzâ  Muhammad  Azîm  Beg  ^  est  un  des  disciples  de 
Mù^zâ  Muhammad  Rafî  Sauda.  Toutefois  il  prit  d'abord 
d'utiles  leçons  de  Schâh  Hàtim.  On  dit  qu'il  resta  pen- 
dant quelques  jours  à  Farruhkâbâd,  dans  la  province 
d'Agra,  revêtu  de  la  robe  des  calandar-,  mais  à  l'époque 
où  écrivait  Mushafî ,  il  avait  repris  les  habits  du  monde , 
il  était  même  militaire ,  et  il  habitait  Dehli.  Il  fréquen- 

^  Voyez  mon  Mémoire  sur  la  reliywn  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  46 
cl  suiv. 

*  <<n1s.£  grand. 

^  Alî  Ibrâhîm  le  nomme  simplement  Muhammad  Azîm ,  et  Mushafî , 
Mirzâ  Azîm  Beg.  Il  semblerait  que  c'est  le  même  écrivain  que  le  pré- 
cédent, qui  était  aussi  militaire;  mais  Mushafî  le  dislingue  du  premier. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  93 

tait  beaucoup  les  réunions  littéraires,  et  Musliafî  nous 
fait  savoir  qu'il  y  prenait  sans  façon  la  première  place  ; 
car  il  avait  une  très-haute  idée  de  son  mérite  poétique, 
et  ne  faisait  cas  de  personne ,  persuadé  qu'il  était  de  son 
incontestable  supériorité. Toutefois,  toujours  selon Mus- 
liafi,  il  s'occupait  comme  amateur  de  poésie,  et  il  a  ef- 
fectivement écrit  un  ou  deux  cacîda  avec  énergie  ;  mais 
quant  à  son  diwân,  il  est  dépourvu  d'allégories  et  de 
métaphores,  et  par  suite  peu  digne  d'estime,  selon  le 
même  biographe. 

AZIZ  (BHARARIDAS). 

Bhakarîdâs  ^  Azîz  est  un  disciple  du  célèbre  Khâja 
Mîr  Dard.  Ses  ancêtres  étaient  de  Jaunpour;  mais  pour 
lui,  il  naquit  à  Dehli.  Il  fut  chargé  de  différentes  fonc- 
tions publiques.  Il  était  à  Allahâbâd  en  i  ig6  (  l78l- 
l782),  d'oii  il  envoya  à  Ali  Ibrahim,  pour  sa  biogra- 
phie, une  pièce  de  vers  de  sa  composition.  Ce  dernier, 
néanmoins,  se  contente  d'en  citer  quatre  haït. 

AZIZ   (SCHIV-NATH). 

Schîv-Nâth  Azîz  est  un  autre  écrivain  hindou  qui  est 
cité  plusieurs  fois  par  Mannîi  Lâl,  dans  son  Guldasta-i 
nischât,  un  des  ouvrages  les  plus  importants  qu'on  ail 
publiés  à  Calcutta,  pendant  ces  dernières  années. 

'   Serait-ce  VPTTçÇT  5TH  ^''  senitear  de  Siva  ? 


94  BIOGRAPHIE 

AZIZ  ULLAH. 

Schâh  Azîz  ullah  ' ,  et  simplement  Azîz ,  estmi  homme 
d'esprit  et  même  de  génie ,  qui  a  écrit  des  poésies  mys- 
tiques. Voici  la  traduction  de  deux  vers  de  lui  : 

Je  ne  crains  point  la  blessure  que  la  dague  ou  le  poignard 
peuvenl  me  faire  ,  puisque  j'ai  été  anéanti  par  ton  regard  agaçant. 
En  voyant  la  fraîcheur  de  ta  beauté ,  je  suis  devenu ,  pour  l'ap- 
précier, une  mine  de  sel  ;  et  lorsque  la  flamme  de  l'absence  est 
parvenue  à  moi,  je  me  suis  éteint  par  l'effet  de  mon  chagrin. 

Je  pense  que  c'est  le  même  écrivain  dont  Mîr,  dans 
sa  biographie,  parle  sous  le  nom  d'Aziz  ullah,  et  dont  il 
mentionne  un  gazai  où  il  a  dénommé  tous  les  saints 
musulmans  '-.  Voici  le  macta  ou  dernier  vers  de  ce 
poëme  : 

Comment  aurais-je  pu ,  moi,  pauvre  Azîz  ullah ,  jeune  adolescent , 
célébrer  les  vertus  des  saints,  si  les  pîrs  du  Décan  (qui  marchent 
sur  leurs  traces  )  ne  m'avaient  prêté  leur  assistance  ? 

BABA  LAL. 

Baba  Lâi  ^  était  de  la  secte  des  Cliatriya.  H  naquit  h 
Malwa,  vers  le  temps  de  Jahân-guîr,  c'est-à-dire  de 
i6o5  à  1628.  Il  adopta  de  bonne  heure  une  manière 
de  vivre  religieuse,  sous  la  direction  de  Chétana  Swamî, 
dont  la  capacité  en  ce  genre  avait  été  miraculeusement 


4MÎ  jJVff  cher  à  Dieu. 

<ms(|   ç5TÔ5  '''  Z'^'''*  ^"'  (  chéri  ). 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  95 

prouvée.  Ce  dernier  ayant  sollicité  les  aumônes  de  Ba- 
ba Lâl,  en  reçut  quelques  grains  de  riz  cru  et  du  bois 
pour  les  faire  cuire.  Il  alluma  le  bois,  mit  le  feu  entre 
ses  jambes,  et  soutint,  avec  ses  pieds,  le  vaisseau  dans 
lequel  le  grain  bouillait.  A  cette  vue ,  Bâlâ  Lâl  se  pros- 
terna tout  de  suite  devant  lui ,  le  reconnaissant  pour  son 
gurû,  et  il  en  reçut  un  grain  de  riz  cuit.  Aussitôt  le  sys- 
tème de  funivers  se  développa  complètement  à  son 
intelligence.  Il  suivit  Chétana  à  Lahore,  d'où  ayant  été 
envoyé  par  son  gurû  à  Dwârikâ ,  pour  se  procurer  un 
peu  de  la  terre  nommée  gopi  chandana  ^ ,  il  effectua  sa 
mission  en  moins  d'une  heure.  Cette  rapidité  miraculeuse 
(la  distance  étant  de  quelques  centaines  de  milles)  attes 
tant  ses  progrès  spirituels,  il  fut  renvoyé  par  son  gurii , 
pour  devenir  maître  à  son  tour.  Il  se  fixa  à  Dhianpùr, 
près  de  Sirhind.  Il  y  éleva  un  math,  c'est-à-dire  un  cou- 
vent et  un  temple  où  il  initia  beaucoup  de  gens  à  sa 
croyance ,  qui  consistait  dans  f  adoration  d'un  seul  Dieu , 
sans  aucune  forme  de  culte  extérieur. 

Son  système  tient  le  milieu  entre  la  philosophie  vé- 
danta  et  celle  des  sofîs.  Ses  sectateurs  se  nomment  Bâhâ 
Lâli. 

Parmi  ceux  qui  suivirent  les  doctrines  annoncées  par 
Bâbâ  Lâl,  on  distingue  le  prince  Darâ-schikoh,  que  son 
esprit  libérai  rendait  digne  d'un  sort  meilleur  que  celui 
dont  il  fut  victime.  Il  appela  le  sage  en  sa  présence ,  pour 
être  instruit  dans   ses  dogmes;  et  le  résultat  des  sept 

'  C'est-à-dire  le  sandal  des  (jopi,  4 1  m  |  ^*3^  <  sorte  crargile  blanche 
qu'on  trouve,  dit-on,  à  Dvvàrika,  et  quo  li's  adorateurs  de  Wischnou  ena- 
ploient  pour  s'enduire  le  visage. 


96  BIOGRAPHIE 

entrevues  rjuil  eut  avec  lui  a  été  mis  par  écrit,  en  forme 
de  dialogue,  entre  le  prince  et  le  pîr,  par  deux  Indiens 
lettrés  attachés  au  prince  :  le  premier  nommé  Yadii-dch, 
chatriya;  le  second  Raichand,  le  brahmane  ^  Cette 
entrevue  eut  heu  en  16/19.  Leur  ouvrage,  écrit  pri- 
mitivement en  persan ,  sous  le  titre  de  Nadir  iinnikât  ~ , 
c'est-à-dire  les  Excellents  bons  mots ,  a  été  reproduit  en 
hindoustani  sous  celui  de  Ricâla-i  açâla  0  ajûba  Dârâ 
schilioh  0  Bàhâ  Lâl'^ ,  c'est-à-dire  Traité  des  demandes 
et  des  réponses  de  Dârâ-schikoh  et  de  Baba  Lâl.  Le  pro- 
fesseur H.  H.  Wiison  a  cité  de  curieux  extraits  de  cet 
ouvrage  dans  son  Mémoire  sur  les  sectes  hindoues'^, 
auquel  je  dois  la  plus  grande  partie  de  ce  qui  précède. 
Afsos  nous  apprend  dans  son  Araïsch-i  malijil^  que  : 
(1  Bâbâ  Lâl  s'énonçait  avec  éloquence  et  facilité,  et  em- 
((  ployait  ce  talent  à  développer  les  principes  immuables 
(i  de  funité  de  Dieu ,  et  à  exphquer  les  autres  attributs 
«  divins.  Aussi  accourait-on  auprès  de  lui  et  éprouvait- 
«  on  un  plaisir  inouï  à  fentendre.  Il  a  laissé  un  grand 
((  nombre  de  vers  hindi  sur  les  matières  religieuses ,  vers 
«  que  beaucoup  de  gens  lisent  réguhèrement ,  comme 
«une  tâche  journalière.  La  dévotion  à  ce  saint  person- 
«  nage  est  très-répandue ,  tant  parmi  les  gens  distingués 
«  que  parmi  le  peuple.  » 

'   Scher-i  Alî  Afsos,  qui  dit  la  même  chose,  donne  à  l'auteur  de  cet 
ouvrage  le  nom  de  Munschî  Chandarban  Schah-jahani. 

'   Asialic  Rescarchcs ,  toni.  XVII,  pag.  29G  et  suiv. 
^  Pag.  176. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  97 


BAGA. 


Mîr  Bacâ  Khan,  connu  sous  le  surnom  poétique  de 

Bacâ^,  est  un  écrivain  hindoustani,  dont  Mannû  Lai  cite 

un  vers  dont  je  joins  ici  la  traduction  à  cause  de  son 

originalité  : 

Comment  la  nouvelle  lune  pourra-t-elle  s'ouvrir  un  passage  au 
travers  des  étoiles  qui  semblent  les  nœuds  du  firmament?  Un  seul 
ongle ^  pourra-t-il  défaire  ces  milliers  de  nœuds? 

BACA  (MUHAMMAD). 

Muhammad  Bacâ  ullali,  connu  sous  le  surnom  poé- 
tique de  Bacâ,  était  fds  de  Hafiz  Lutf  uUah.  Il  naquit  à 
Akbarâbâd  (Agra);  mais  étant  encore  fort  jeune,  il  vint 
habiter  Lakhnau.  B  avait  une  très-belle  plume ,  avan- 
tage très-apprécié  chez  les  Orientaux,  et  il  faisait  fort 
bien  les  vers.  Il  prit  d'abord  le  surnom  poétique  de 
Gamin  ^ ,  puis,  à  Debli,  celui  de  Bdcâ,  sur  l'indication 
de  Schâh  Hàtim  qui  le  compta  parmi  ses  disciples.  11  se 
fit  inscrire  aussi  au  nombre  de  ceux  de  I\lir  Dard  ;  mais 
il  fut  spécialement  un  des  disciples  de  Alîrzâ  Fakhr  Ma- 
tin. Il  était  très-lié  avec  Mushafî  qu'il  voyait  souvent 
à  Debli.  Ce  dernier  dit  qu'à  l'époque  où  il  écrivait, 
c'était  un  jeune  homme  aimable,  spirituel  et  content  de 
son  sort,  comme  doivent  l'être  les  personnes  foncière- 

'  Ub  stahiliiè. 

-  On  trouve  souvent,  chez  les  poêles  orientaux,  l'ongle  comparé  au 
croissant,  et  vice  versa.  C'est  à  cause,  non-seulement  de  la  forme  arquée 
(le  l'ongle,  mais  de  sa  couleur,  lorsqu'il  est  teint  de  hinna  ou  menhdi. 

'   M>$  triste,  chacjrin. 

ï-  7 


98  BIOGRAPHIE 

ment  religieuses.  Son  esprit  pétulaiil  était  très-enclin  h 
la  satire.  lient,  par  suite,  quelques  altercations  avec 
Mîr,  h  Dehli,  et  avec  Mîrzâ  Muhamniad  Rafî  Sauda,  h 
Lakhnau.  Lutf  nous  apprend  que  Bacâ  mourut  dans  un 
pèlerinage  qu'il  entreprit  en  1206  (1-791),  pour  visiter 
Karbala  et  le  tombeau  d'Alî,  à  Najaf,  Il  a  laissé  un 
diwân,  que  possède  la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

Ce  Faklir  Makîn,  dont  il  est  parlé  plus  haut,  était 
tellement  fier  de  son  mérite ,  qu'il  se  considérait  comme 
supérieur  î\  Ali  Ilazîn,  célèbre  écrivain  de  l'Inde  mo- 
derne, qui  s'est  fait  aussi  un  nom  parmi  les  Musulmans 
par  sa  sainteté  \  et  dont  M.  Belfour  a  publié  les  mé- 
moires. Il  avait  même  osé  corriger  des  vers  de  ce  der- 
nier écrivain.  Là-dessus  firascible  Sauda,  le  Juvénal 
de  finde,  composa  une  satire  dont  voici  la  traduction  : 

Une  histoiie  me  vient  aciuellement  en  mémoire;  est-elle  vraie 
ou  inventée  à  plaisir  ?  c'est  ce  dont  je  me  soucie  peu.  Il  y  avait 
sous  le  règne  de  Scliâh  Jaliàn  un  mulla  qui  n'était  ni  précisé- 
ment savant  ni  absolument  ignorant.  11  tenait  une  école  où  il 
apprenait  à  lire  aux  enfanls.  Tout  dépourvu  de  jugement  qu'il 
était,  les  enfants  l'aimaient,  mais  ne  le  craignaient  guère.  L'école 
était  pour  eux  une  salle  de  jeu.  Un  jour,  un  des  écoliers  qui  se 
distinguait  par  son  intelligence,  dit  à  ses  camarades  :«  Mes  amis, 
«  nous  avons  fait  cent  sortes  de  jeux ,  et  nous  en  sommes  fatigués  ; 
«mais  sachez  que  j'ai  inventé  un  jeu  nouveau,  tout  à  fait  parti- 
el culier.  —  Quel  est  donc  ce  jeu  ,  frère?  dirent  ses  camarades  :  ap- 
«  prends-nous-le.  —  Ce  jeu ,  répondit-il ,  est  celui  du  roi  et  des  mi- 
»  nistres.  S'il  vous  convient,  il  ne  sera  pas  difficile  à  jouer  ;  aucun 
«  n'est  plus  divertissant.  Voici  ce  dont  il  s'agit  :  il  faut  nous  amuser 
«  un  peu  de  notre  maître ,  en  feignant  de  le  prendre  pour  Schâh 

^  Voyez  l'article  que  je  lui  ai  consacre  dans  mon  Mémoire  sur  la  reli- 
ijioii  musulmane  dans  llinlc. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  99 

«  Jaliân.  —  Bravo!  dirent  les  autres  écoliers  en  riant,  nous  y  con- 
«  sentons. — Eh  bien  !  dit  le  malin  camarade ,  voici  comment  il  faut 
«  s'y  prendre.  Ceux  d'entre  nous  qu'il  fera  lire  demain  matin  ,  da- 
te vront  le  regarder  attentivement;  et  comme  il  en  demandera  la 
«cause,  ils  lui  diront  qu'ils  admirent  la  puissance  de  Dieu  qui, 
«dans  la  nuit,  a  changé  le  visage  du  mulla,  au  point  qu'il  est 
«  réellement  celui  de  Schâh  Jahân  ;  que  la  ressemblance  est  aussi 
«  parfaite  que  celle  de  deux  cheveux,  et  qu'ils  sont,  par  conséquent, 
«  surpris  de  cette  merveille.  Il  faut  même  s'accorder  à  exiger  qu'il 
«fasse  serment,  sans  hésiter,  qu'il  n'est  pas  le  roi.  Par  là  vous 
«jugerez  de  son  esprit;  car,  j'en  suis  sûr,  il  se  laissera  recon- 
«  naître  pour  le  souverain.  « 

La  petite  intrigue  que  cet  enfant  avait  préparée  fut  donc 
agréée  par  ses  camarades,  et  ils  agirent  si  bien,  que  le  maître 
finit  par  dire  :  "  D  est  très-possible  que  je  ressemble  à  Schâh 
«Jahân.»  Il  fit  plus,  il  s'imagina  que,  si  ce  monarque  venait  à 
décéder  avant  lui ,  ses  officiers ,  ne  pouvant  supporter  la  douleur 
de  l'absence,  viendraient  dans  sa  maison  pour  le  visiter.  Il 
pensa  même  que ,  puisqu'on  le  prenait  pour  Schâh  Jahân ,  il  de- 
vait imiter  ses  manières  et  ses  habitudes,  et,  en  conséquence,  mal 
recevoir  le  personnage  qu'on  lui  enverrait  en  députation. 

Il  est  inutile  de  s'étendre  davantage  là-dessus  ;  les  gens  de  sens 
comprendront  que  ceci  est  l'histoire  de  quelqu'un  (  Mirzâ  Fakhr 
Makîn  )  qui,  dans  sa  propre  pensée,  est  de\enu  poète  comme  le 
schaïkh  (Hazîn),  de  même  que  ce  maître  d'école  était  devenu 
Schâh  Jahân  :  mais  il  est  loin  d'avoir  le  talent  et  l'excellence  du 
schaïkh  dont  il  s'agit;  l'égaler  est  pour  lui  chose  impossible. 

BACIT. 

Bâcit  ^  Kliân  est  auteur  d'un  roman  urdù  intitulé 
Guhchan-i  Hind,  ou  le  Jardin  de  l'Inde.  C'est,  je  pense  , 
le  même  ouvrage  dont  il  a  été  parlé  pag.  43. 

'   îauuiL»  tapissier. 

I  ■ 


100  BIOGRAPHIE 

BAGHARI. 

Bagharî  LâP,  de  Dehli,  est  un  poëte  hindouslani 
qui  vivait  sous  l'empereur  mogol  Ahmad  Schah,  fils  de 
Muhammad  Scliâh.  Voilà  tout  ce  que  je  trouve  sur  ce 
personnage  dans  les  biographies  originales. 

BAHADUR. 

Mirzâ  Muizz  uddîn  Balladur  -  est  un  poëte  hindous- 
tani  dont  Mannû  Lâl  cite  plusieurs  vers  dans  sa  rhéto- 
rique pratique  intitulée  Guldastâ-i  niscMt,  ou  le  Bouquet 
du  plaisir,  ouvrage  dont  il  sera  parlé  à  l'article  sur  Man- 
nû Lâl. 

Mannû  Lâl  cite  aussi  des  vers  de  Mîrzâ  Jâwân  Bakht 
Balladur.  J'ignore  si  ce  poëte  est  le  même  que  le  pre- 
mier; je  crois  plutôt  qu'il  s'agit,  dans  ce  cas,  de  Mîrzâ 
Jawân-hakht  Jahândàr  Schâh.  Voyez  l'article  au  sujet 
de  cet  écrivain  sous  le  titre  de  Jaliânclâr. 

BAHAR. 

Le  munschî  Raé  Tek  Chaud  Bahâr  ^,  de  Dehli,  est 
un  écrivain  hindoustaiii  spirituel  et  correct.  Il  était  lié 
d'amitié  avec  Sirâj -uddîn  Alî  Khan  et  Fath  Alî  Huçaïnî, 
qu'il  voyait  souvent.  Mîr,   qui  l'avait  aussi  connu,  fait 

1  JkjtJ  ^jl.^Jlj.  Le  premier  mot  est  peut-être  Vfi|  ((>>)( ,  nn  des 
noms  de  Siva;  le  second  est  probablement  le  mot  hindî  FTTFT,  signifiant 
cher,  etc.  de  sorte  que  ce  nom  propre  signifierait  cher  à  Siva. 

^   jilw-j  hrare,  etc. 

'  jl.j-j  printemps.  Mir  le  nomme  Lâla  Tek  Chand  «XÀ;^^  n^^ . 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  101 

l'éloge  de  son  talent  poétique.  Il  a  écrit  en  hindoui,  en 
liindoustani-iirdû,  et  surtout  en  persan.  On  cite  de 
lui,  en  cette  dernière  langue,  plusieurs  ouvrages  dont 
il  est  inutile  de  parler  ici.  Je  me  contenterai  d'indiquer 
un  traité  sur  la  langue  persane  ^,  qu'il  rédigea  après  un 
voyage  en  Perse  qu'il  fut  dans  le  cas  de  faille.  Fath  Alî 
Huçaïnî  donne,  dans  sa  biographie,  quatre  pages  des 
vers  liindoustani  de  ce  poète. 

BARHSCHISCH  ALI. 

Le  saïyid  Bakhschisch  Alî^  Faïz-âbâdî  ou  de  Faïz- 
âbad,  est  auteur  d'une  traduction  urdû  de  rHistoi:-e 
moderne  de  l'Hindoustan  intitulée  Sijar  ulmutaaJiliarîn, 
ouvrage  persan  connu  et  célèbre  dont  on  a  donné  une 
traduction  anglaise  à  Calcutta,  en  178g,  traduction 
qui  a  été  reproduite^  à  Londres,  par  le  colonel  Briggs. 
L'ouvrage  de  Bakhschisch  Alî  est  intitulé  Icbâl-nâma  ^, 
c'est-à-dire  le  Livre  de  la  fortune.  La  bibliothèque  de 
la  Société  asiatique  de  Calcutta  en  possède  un  exem- 
plaire qui  est  cité  dans  le  catalogue  de  cette  bibliothèque , 
publié  par  les  soins  du  savant  et  zélé  secrétaii'e  de  la 
Société,  M.  J.  Prinsep. 

'  Cet  ouvrage  intitulé  ^/^-^  J^-W  '^  Printemps  des  Persans,  est  en- 
richi de  beaucoup  d'exemples. 

'  Il  n'a  encore  paru,  de  cette  réimpression,  que  le  premier  volume. 
11  a^été  publié  par  le  Comité  des  traductions  orientales,  à  qui  on  est 
redevable  de  tant  de  publications  importantes. 


102  BIOGRAPHIE 

BAKHTAWAR. 

C'est  un  faquîr  hindou  à  qui  on  doit  un  ouvrage  en 
vers  hindi  ou  hraj-bhakhâ  intitulé  Saniçâr,  ou  l'Essence 
du  vide  ^ ,  ouvrage  où  sont  exposées  les  doctrines  des 
sânyabâdi  (secte  de  Jaïns).  Cet  ouvrage  fut  entrepris 
sous  le  patronage  de  Dâyarâm ,  protecteur  de  cette  secte , 
qui  était  râjâ  de  la  ville  de  Hatras,  dans  la  province 
d'Agra,  en  1 8 1  7,  époque  où  elle  fut  prise  par  le  marquis 
d'Hastings. 

Le  but  que  s'est  proposé  l'auteur  de  ce  poëme  didac- 
tique est  de  montrer  que  toutes  les  notions  sur  Dieu 
et  l'homme  sont  trompeuses  et  nulles.  Voici  quelques 
extraits  de  cet  ouvrage,  extraits  que  le  célèbre  H.  H. 
Wilson  a  fait  connaître  au  monde  savant  dans  son 
Escpiisse  sur  les  sectes  religieuses  des  Hindous  [Asiatic 
Researclies,  tom.  XVII,  p.  3o6  et  suiv.).  Comme  ils  sont 
remarquables  dans  leur  absurdité,  je  les  cite,  quoiqu'ils 
énoncent  des  doctrines  déplorables  qu'on  ne  saurait 
trop  condamner. 

Tout  ce  que  je  vois  est  le  vide.  Le  théisme  et  l'athéisme,  Mâjâ 
(le  visible)  elBrahin  (l'invisible),  tout  est  faux,  tout  est  erreur. 
Le  globe  lui-même  et  l'œuf  de  Brahma,  les  sept  îles  {Dwîpa)  et 
les  neuf  divisions  du  continent  [Khandu  ),  le  ciel  et  la  terre,  le 
soleil  et  la  lune,  Brahma,  VVischnou  et  Siva,  Rûrma  et  Sescha, 
le  gara  et  son  élève ,  l'individu  et  l'espèce ,  le  temple  et  le  dieu , 
l'observance  des  rites  et  des  cérémonies ,  la  l'écilation  des  prières  , 

1  Oa  trouve  un  manuscrit  de  cet  ouvrage  à  la  bibliothèque  de  la 
Société  asiatique  de  Calcutta  ,  mais  il  est  indiqué  à  tort  comme  écrit 
parDàyaràm,  de  Hatras. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  103 

louL  cela  esl  le  vide.  Ecouler,  parler  et  discuter,  tout  cela  n'est 
rien,  et  la  substance  elle-même  n'existe  pas. 

Que  chacun  donc  médite  sur  soi-même,  et  non  sur  aucun 

autre;  car  ce  n'est  que  dans  soi  qu'on  peut  trouver  autrui 

De  la  même  manière  que  je  vois  mon  visage  dans  un  miroir,  je 
me  vois  dans  les  autres;  mais  c'est  une  erreur  de  croire  que  ce 
que  je  vois  n'est  pas  ma  face,  mais  celle  d'un  autre.  Tout  ce  que 
vous  vovez  n'est  que  vous  ;  votre  père  et  votre  mère  mêmes  n'ont 
pas  d'existence  réelle.  Vous  êtes  l'enfant  et  le  vieillard,  le  sage  et 

l'insensé,  le  mâle  et  la  femelle C'est  vous  qui  êtes  le  tueur 

et  le  tué ,  le  roi  et  le  sujet Vous  êtes  le  sensuel  et  l'ascétique , 

le  malade  et  le  robuste,  enfin  tout  ce  que  vous  voyez  est  vous, 
de  même  que  les  bulles  d'eau  et  les  vagues  ne  sont  auti'e  chose 
que  de  l'eau. 

Lorsque  nous  avons  des  songes,  nous  pensons  que  ce  que 
nous  voyons  sont  des  choses  réelles ,  nous  nous  éveillons  et  nous 

trouvons  que  c'est  faux On  raconte  ses  songes  à  ses  voisins  ; 

mais  quel  avantage  en  retire-t-on  ?  c'est  comme  si  nous  vannions 
de  la  paille. 

Je  médite  sur  la  doctrine  Suni  seulement  ;  je  ne  connais  ni  la 
vertu  ni  le  vice.  J'ai  vu  bien  des  princes  de  la  terre;  ils  n'ont 
rien  apporté  ni  rien  emporté.  La  bonne  réputation  de  l'homme 
libéral  lui  a  survécu ,  et  le  mépris  a  couvert  l'avare  de  son  ombre. 

Bien  des  êtres  sont  actuellement,  beaucoup  ont  été,  et  un 
grand  nombre  seront  encore.  Le  monde  n'est  jamais  vide.  Telles 
sont  les  feuilles  sur  les  arbres  ;  de  nouvelles  se  montrent  à  me- 
sure que  les  vieilles  tombent.  Ne  fixe  pas  ton  cœur  sur  une 
feuille  flétrie ,  mais  cherche  l'ombre  du  vert  feuillage.  Un  cheval 
de  mille  roupies  n'est  bon  à  rien  quand  il  est  mort;  mais  un 
bidet  vivant  vous  conduira  dans  votre  route.  N'ayez  aucun  espoir 
dans  l'homme  qui  est  mort;  fiez-vous  seulement  à  celui  qui  est 
vivant.  Celui  qui  est  mort  ne  revivra  plus Un  vêlement  dé- 
chiré ne  peut  être  tissu  de  nouveau  ;  un  pot  cassé  ne  peut  être 
refait.  Un  homme  vivant  n'a  rien  à  faire  avec  le  ciel  et  l'enfer; 
quand  le  corps  esl  devenu  poussière,  quelle  est  la  différence 
entre  un  saint  et  un  criminel  ? 


104  BIOGRAPHIE 

La  terre,  l'eau,  le  feu  et  le  vent,  combinés  ensemble,  cons 
tituent  le  corps.  De  ces  quatre  éléments  le  monde  est  composé, 
et  il  n'y  a  rien  autre.  Cela  est  Brahmâ,  cela  est  la  fourmi;  tout 
est  formé  de  ces  éléments 

Les  Hindous  et  les  Musulmans  sont  de  la  même  nature.  Ce 
sont  deux  feuilles  du  même  arbre.  Ceux-ci  nomment  leurs  doc- 
teurs miiUa,  ceux-là  les  nomment  pandit.  Ce  sont  deux  vases  de 
la  même  argile;  les  uns  font  le  namaz ,  les  autres  le  pnjâ.  Où 
est  la  différence?  je  n'en  vois  aucune.  Ils  suivent  les  uns  et  les 
autres  la  doctrine  du  dualisme  (  existence  de  l'esprit  et  de  la  ma- 
tière)  Ne  discute  pas  avec  eux,  mais  sois  bien  persuadé 

qu'ils  sont  identiques.  Evite  tout  vain  débat  et  adhère  à  la  vérité, 
c'est-à-dire  à  la  doctrine  de  Dàyarâm. 

Enfin  voici  quelques  lignes  qui  sont  plus  dignes  d'un 
vrai  philosophe  : 

Je  ne  crains  pas  de  déclarer  la  vérité.  Je  ne  connais  aucune 
différence  entre  un  sujet  et  un  roi.  Je  n'ai  besoin  ni  d'hommage 
ni  de  respect,  et  je  n'entretiens  société  qu'avec  les  bons.  Je  ne 
désire  que  ce  que  je  puis  facilement  obtenir  ;  mais  un  palais  ou 
un  hallier  sont  pour  moi  la  même  chose.  J'ai  renoncé  à  l'erreur 
du  mien  et  du  lien,  et  je  ne  connais  ni  le  gain  ni  la  perte.  Si 
l'homme  pouvait  enseigner  ces  vérités,  il  détruirait  les  erreurs 
d'un  million  de  naissances.  Un  tel  docteur  est  aujourd'hui  dans 
le  monde ,  il  n'est  autre  que  Dàyarâm. 

BALA  BHADRA^ 

Auteur  du  Bala  Bhadra  Chéantî.  Ward  cite  ce  livre 
hindî  dans  son  ouvrage  sur  l'histoire,  la  littérature  et 
la  mythologie  des  Hindous^,  mais  sans  donner  aucun 
détail.  C'est  peut-être  une  histoire  de  Bal-dev,  frère  de 
Krischna. 

1  (s^0  force,  iTZ  excellcidc. 
^  Tom.  II,  pag.  /i8o. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  105 


BALIRAM\ 


Auteur  du  CJiit-vilas'^,  Traité  sur  la  création  du 
monde,  où  sont  décrits  les  objets  et  la  fin  de  l'existence 
humaine ,  la  formation  des  corps  épais  et  légers ,  et  les 
moyens  d'acquérir  le  salut  ^. 

BAQUIR. 

Bâquir  Ali  Khan,  connu  sous  le  takhallus  de  Bâquir'^, 
est  un  poëte  liindoustani  dont  Mannii  Lâl  a  cité  des 
vers  dans  son  Galclasta-i  nischât,  vers  qui  ne  sont  re- 
marquables que  par  l'exagération  des  métaphores. 

BARC,  DE  MURADABAD. 

Parwâna  Alî  Schâh  Barc^,  de  Muradâbâd,  était  un 
jeune  homme  passionné,  calandar  de  profession.  II  était 
adonné  à  la  boisson  du  hang^  et  à  celle  du  vin,  et  pas- 
sait sa  vie  dans  le  désœuvrement  :  cependant  le  désir  de 
la  renommée  s'emparait  quelquefois  de  lui,  et  il  faisait 

^  Balirâm  est ,  je  pense ,  ie  même  mot  que  Bal-râm  ou  Bala-râm  œJc^I^IH 
qui  est  le  nom  du  frère  aîné  de  Krischna. 

^  C'est-à-dire  Amusement  de  l'esprit  :  des  mots  t^TT  esprit,  inlellicjencc . 
6t  I^Ç^IH    amusement,  plaisir. 

'  Mack.  tom.  II,  pag.  108. 

*  w*l*  très-savant. 

*  MJjo  éclair. 

*  Liqueur  faite  avec  le  jus  des  feuilles  du  chanvre. 


106  BIOGRAPHIE 

alors  des  vers  qui  lui  ont  assuré  un  rang  parmi  les  écri- 
vains liindoustani.  Barc  soumettait  ordinairement  ses 
poésies  à  Muhammad  Yâr  Rhàn  ^  Mushafî,  qui  nous 
donne  ces  détails,  ne  cite  de  lui  que  deux  vers. 

BARC    (GULAM-I  HAMDANI). 

Gulâm-i  Hamdânî  Barc,  disciple  de  Mushafî,  est  un 
})oëte  liindoustani  dont  Bénî  Narâyan  cite  le  gazai  sui- 
vant : 

B  y  a  des  lakhs  de  beautés  dans  le  monde  ;  mais  que  m'im- 
porte? Par  Dieu!  sans  toi  je  n'ai  point  de  repos.  Comment  mon 
cœur  flétri  s'épanouira-t-il  ?  Il  y  a  des  roses  dans  le  jardin,  mais 
il  n'y  a  pas  cette  beauté  au  corps  de  rose.  N'est-ce  pas  avec  la 
vapeur  de  mes  soupirs  que  le  nuage  s'enfle  ainsi  dans  l'air  ? 
Hélas  !  il  n'y  a  ici  ni  échanson,  ni  vin,  ni  coupe.  O  Barc!  ne 
te  consume  pas  au  souvenir  de  cette  amie  ;  s'il  y  a  quelque  chose 
de  bon ,  ce  n'est  pas  la  fin  de  cette  afl"aire. 

BARC  (JIU). 

Miyân  Scliâh  Jiii  Barc,  poëte  liindoustani  distingué, 
était  d'un  caractère  vif  et  aimable,  et  excellait  à  manier 
les  armes.  Ce  fut  Mushafî  qui  fengagea  à  prendre  pour 
takhallus  le  mot  harc,  comme  propre  à  donner  une 
idée  de  son  caractère.  Par  égard  pour  ce  dernier,  Jiii 
Barc  se  disait  son  disciple. 

*  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  107 

BASGHIR. 

Mîr  Baschârat  Alî,  connu  sous  le  surnom  poétique  de 
Bascliir^,  vint  de  Schâhjahànâbâd  (Debli)  à  Lakhnau, 
oii  il  fut  élève  de  Mîr  Nizàm  uddîn  Mamnûn^.  Mushafî 
est  le  seul  des  biographes  originaux  que  j'ai  pu  consul- 
ter, qui  parle  de  cet  écrivain  hindoustani;  et  il  n'en 
dit  que  ce  que  je  reproduis  ici,  si  ce  n'est  qu'il  en  cite 
quelques  vers. 

BAYAN. 

Ahçan  uUah  ^  Bayân  *  fut  un  des  disciples  de  Mirzâ 
Jân  Jànân  Mazhar.  Il  naquit  à  Akbarâbâd  (Agra),  et  il 
habitait  Debli.  Il  fut  initié  à  la  doctrine  des  sofîs  pai'  le 
maulawî  Fakhr  uddîn.  Quelque  temps  avant  lygS,  il 
alla  dans  le  Décan ,  où  l'on  dit  qu'il  occupa  un  emploi 
honorable  dans  le  gouvernement  de  Nizâm  Alî  Khan, 
souverain  d'Haïderâbâd. 

Bayân  était  un  poète  éloquent;  il  est  cité  pour  la 
beauté  de  sa  figure  et  la  bonté  de  sa  conduite ,  pour  la 
finesse  et  la  perspicacité  de  son  esprit.  Ses  vers  sont 
remarquables  par  la  pureté  et  félégance  du  style.  Il 
est  auteur  d'un  diwân  dont  Lutf,  Mushafî  et  Fath  Alî 
Huçaïnî  ont  donné  de  nombreux  extraits. 

'    vAÀMO  èvangi'liste ,  porteur  de  bonnes  nouvelles. 
^  Voyez  rarticle  consacré  à  cet  écrivain. 
'  Ou,  selon  Mushafî,  Ahçan  uddîn  Khân. 
*  /jVU  explication. 


108  BIOGRAPHIE 

Bajân  fut  aussi  le  surnom  poétique  de  Mirzà  Saïf  Ali, 
fils  de  Schuja  uddaula,  surnom  qu'il  changea  ensuite  en 
celui  de  Schicjufta.  On  trouvera,  sous  ce  dernier  titre, 
l'article  consacré  à  ce  personnage. 

BAYAZID  ANGARI\ 

C'est  le  fondateur  de  la  secte  des  Roschanî  ou  Jalalî, 
c'est-à-dire  des  illaminés  ;  ces  deux  mots,  le  premier  per- 
san, le  second  arabe,  signifiant  la  même  chose.  Il  na- 
quit, selon  fauteur  du  Dabistan,  en  iSa/i,  à  Jalindar, 
dans  le  Panjàb;  mais  tout  ce  qu'il  est  essentiel  de  dii^e 
ici,  c'est  que  f écrivain  que  je  viens  de  citer  et  Akhûn 
Dervvezeh,  auteur  de  f  ouvrage  puschtu  intitulé  Malli- 
zan-iAfgânî,  ou  Trésor  des  Afgâns,  nous  apprennent  que 
Bâyazîd  Ançârî  (qui  est  du  reste  le  premier  auteur  qui 
ait  écrit  en  puschtu  ses  compositions),  a  aussi  écrit  en 
hindi,  aussi  bien  qu'en  arabe  et  en  persan.  En  effet,  il 
a  exposé  ses  doctrines  en  hindî  pour  les  Hindous ,  en 
persan  pour  les  Persans ,  et  en  puschtu  pour  les  Afgâns. 
Il  mit,  entre  autres,  au  jour  un  ouvrage  tétraglotte  in- 
titulé Khaïr  iilbajân'^,  ou  l'Excellente  Explication.  Cet  ou- 
vrage est  considéré  comme  révélé.  Bâyazîd  n'étant  cité 
ici  qu'en  quahté  d'auteur  hindoustani,  je  ne  crois  pas 
devoii^  entrer  dans  aucun  détail ,  ni  sur  ses  actes ,  ni  sur 
ses  doctrines;  je  me  contente  de  renvoyer  le  lecteur  à 

^  Le  mot  «Xj>:?  ^  signifie  père  d'Yazid;  nous  en  avons  fait  Bajazet. 
f^\jt^\  est  un  adjectif  dérive  du  mot  arabe  j\jAj\  aides,  nom  qu ou 
donne  aux  Médinois  qui  aidèrent  Mahomet  contre  les  Mecquois. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  109 

i'inléressanle  notice  qu'a  donnée  de  ce  personnage  le  doc- 
teur J.  Leyden,  dans  le  tome  X  des  Recherches  asiatiques.. 

BÉBAK. 

Mîr  Najaf-i  Alî  Bébâk  ^  est  un  écmain  hindoustani 
distingué.  Il  était  saïyid  Muçawî,  c'est-à-dire  un  des 
descendants  de  Mûça  Kâzim,  fds  de  Jafar,  septième 
imam.  Ses  ancêtres  étaient  Arabes  d'origine;  mais  de- 
puis quelques  générations  ils  habitaient  Koïl  ^.  Bébâk 
naquit  dans  cette  dernière  ville ,  vint  à  Dehli  à  l'âge  de 
neuf  ans;  et  arrivé  à  l'âge  de  discrétion,  il  retourna  à 
Ko'il.  Il  étudia  la  grammaire,  le  persan,  puis  la  méde- 
cine, science  pour  laquelle  il  se  sentit  des  dispositions, 
en  sorte  qu'à  vingt-deux  ans  il  exerçait  l'art  d'Avicenne. 
Toutefois  il  avait  un  goût  décidé  pour  la  poésie,  et  il 
faisait  circuler  de  temps  en  temps,  dans  le  public,  des 
pièces  de  vers  de  sa  composition.  Mushafî  nous  apprend 
qu'il  les  connaissait  toutes,  attendu  que  Bébâk  les  lui 
communiquait. 

BÉCAID. 

Saïyid  Fazaïl-i  Ali  Khân  Bécaïd"'  était  fils  de  Muham- 
mad  Alî  Khân,  qui  fut  d'abord  le  lieutenant  du  nabâb 
Umdat  ulmulk  Amîr  KJiân,  et  ensuite  soubadàr  de 
Thatha,  c'est-à-dii'e  de  la  province  de  Sinde. 

'   vi)u  ^3  /lart/i  (sans  crainte). 

^  Probablement  la  ville  nommée  CoilJe  clans  les  cartes  anglaises.  Longi- 
tude, 85°  4i';  latitude,  26°  2  5'. 
^   «Xjo  ^_j  sans  lien. 


110  DIOGRAPHIE 

Bécaïd  est  auteur  d'un  masnawî  dans  le  style  des  an- 
ciens écrivains ,  poëme  composé  de  cinq  cents  baït  envi- 
ron, et  qui  roule  sur  l'amour  qu'il  ressentait  envers  une 
jeune  bayadère.  Ali  Ibrahim  en  cite  un  long  fragment. 

BÉCHARA\ 

Poëte  hindoustani  cité  par  Mîr  Taquî.  Voici  la  tra- 
duction du  seid  vers  cp'en  donne  ce  biographe  : 

Je  ne  croyais  pas  avoir  à  quitter  ma  bien-aimée,  mais  Dieu 
a  voulu  qu'il  en  fût  ainsi.  La  patience  oflfre  en  vain  un  remède 
à  ma  peine,  je  dois  rester  Bechâra  (  sans  remède  ). 

BÉDAR. 

Mîr  Muhammad  Alî ,  nommé  plus  ordinairement  Mîr 
Muhammadî  Bédar  ^,  de  Dehli ,  est  un  poëte  liindous- 
tani  distingué.  Il  fut  l'ami  et  le  disciple  de  Murtazâ 
Calî  Beg  Firâc  ^,  et  aussi  un  des  amis  de  Mîr  Dard , 
et  le  compagnon  des  littérateurs  de  Dehli,  ses  contem- 
porains. Il  s'était  trouvé  avec  Mîr  aux  réunions  des  amis 
de  la  littérature  hindoustani  qui,  à  cette  époque,  avaient 
lieu  en  cette  viUe.  Il  s'habillait  en  partie  à  la  manière 
des  derviches,  et  en  partie  comme  les  gens  du  monde. 
Il  habitait  Arab-saraï ''.  Il  est  auteur  d'un  diwân  rekhta 

'   Ojl;^Vo   sans  remède,  (Jèsespèrè. 

'^  j!<Xaj  cveillè. 

'  Voyez  Tarlicle  consacré  à  cet  écrivain. 

''  C'est-à-rlire  le  caravansérai  ou  la  chauderie  des  Arabes. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  111 

ou  hindoiistaiii ,  qui  jouit  de  la  plus  haute  estime.  11  a 
laissé  aussi  quelques  poésies  persanes.  Son  style  est 
très-pur  et  énergique.  Comme  il  avait  beaucoup  de 
confiance  en  Fakhr-uddîn  Sâhib ,  toutes  les  fois  qu'il 
sortait  d'Arab-saraï,  il  venait  dans  le  madriça  (collège)  de 
Gazî-uddîn  Rhân  ,  pour  voir  ce  personnage,  et  Mushafî 
avait  eu  quelquefois  favantage  de  fy  rencontrer.  Il  ré- 
sidait h  Akbarâbàd  (Agra),  en  lygS.  Mushafî  qui  avait 
eu  son  divvàn  entre  les  mains,  en  a  donné  six  pages 
in-folio  dans  sa  biographie;  de  son  côté,  Alî  Ibrahim 
en  fait  connaître  cinq.  Voici  la  traduction  d'un  gazai 
de  cet  écrivain  : 

Si  mon  ami  venait  auprès  de  ma  bière ,  il  réveillerait  du  som- 
meil du  néant  la  sédition.  Le  potier  peut  bien,  de  la  terre,  faire 
à  son  gré  une  coupe  ou  un  vase  quelconque  ;  mais  c'est  à  loi 
que  j'abandonne  le  soin  de,  la  poussière  de  mon  corps.  A  la  ma- 
nière des  gens  rusés ,  j'ai  emporté  une  seconde  fois  mon  cœur 

en  connaissance  de  cause.  Il  s'est  assis,  il  m'a  fait  asseoir 

Quelle  chose  est  donc  venue  dans  ton  esprit  pour  que  tu  aies 
rendu  plus  captif  encore  mon  cœur  déjà  captif?  Il  afflige  le  bouton 
du  cœur,  et  il  sourit  ;  il  frappe  l'œil  du  narcisse ,  et  le  rend  malade. 
Par  un  seul  regard  enivrant,  il  rend  ivre  d'amour;  il  remplit 
les  fonctions  de  chef  de  la  caravane  au  milieu  des  gens  ivres. 
Pour  terminer  toutes  ses' gentillesses,  il  a  réveillé  (Bédar)  pour 
les  deux  mondes  la  sédition. 


BEDIL. 

Mirzâ  Abd  ulcâdii'  Bédil  ^  était  Jagataî  d'origine ,  mais 
il  naquit  dans  fHindoustan.  C'est  un  écrivain  distingué 

'  J«Xao  sans  cœur,  c'est-à-dire  privé  de  son  cœur  par  reflet  de  l'ainour. 


112  BIOGRAPHIE 

par  son  esprit  et  l'élégance  de  sa  diction;  il  est  surtout 
célèbre  par  des  productions  persanes  qui  sont  em- 
preintes de  ses  opinions  mystiques.  Il  est  question  de 
lui  dans  plusieurs  biographies  des  poètes  persans  de 
l'Inde.  Dans  sa  jeunesse,  il  fut  d'abord  attaché  au 
prince  Muhammad  Azam  Schâh  ;  mais  il  ne  resta  que 
peu  de  temps  à  son  service,  et  il  y  renonça  bientôt 
pour  se  livrer  à  son  goût  pour  la  poésie  et  k  la  con- 
templation. Il  avait  une  force  corporelle  telle,  que  peu 
de  ses  contemporains  l'égalaient.  Un  jour  qu'un  tigre 
après  avoir  tué  plusieurs  personnes,  s'avançait  vers  le 
cortège  du  prince,  Bédil  le  tua  aussi  facilement  qu'il 
aurait  fait  d'une  chèvre. 

Dans  sa  retraite  sohtaire,  il  était  souvent  visité  par 
les  grands  et  les  petits.  On  rapporte  que  le  nabab  Nizâm 
ulmulk,  soubadâr  du  Décan,  lui  écrivit  plusieurs  fois 
pour  rengager  h  aller  le  trouver,  mais  que  Bédil  lui 
adressa  en  réponse  un  vers  persan  qui  signifie  : 

Pourquoi  quitterais-je  cet  angle  paisible  pour  l'agitalion  du 
monde?  Non,  mes  pieds  ne  marcheront  pas  loin  de  cet  asile  où 
j'éprouve  la  plus  douce  satisfaction. 

Ses  krdhyât  ou  œuvres  complètes  se  composent  de 
près  d'un  lâkh  (cent mille)  de  haït;  et  toutefois  il  n'y  a 
pas  un  seul  hémistiche  qui  soit  à  la  louange  des  gens  du 
monde.  Il  mourut  à  Dehh,  en  1 1  37  de  fliégire  (172/1- 
1725).  Ah  Ibrahim  et  Lutf  citent  de  lui  ces  deux  vers 
hindoustani  qu'ils  donnent  comme  célèbres,  et  qui  sont 
aussi  cités  par  Mir  Taquî.  En  voici  la  traduction  : 

Ne  me  demandez  pas  de  nouvelles  de  mon  cœur;  là  où  il  est, 
là  je   suis.  Là  où  est  l'eflet  produit  par  le  grain  de  l'amitié  , 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  115 

à  même  je  suis.  Lorsque  l'amour  est  venu  m'appeler  sur  le  seuil 
de  la  porte  de  mon  cœur,  mon  amie ,  quoique  bien  étrangère  à 
moi ,  a  dit  :  Là  où  est  Bèdil,  là  je  suis. 

BÉJAN. 

Azîz  Khan  Béjân\  Afgân  de  nation,  ou,  pour  mieux 
dii^e,  Rohilla,  est  compté  parmi  les  poètes  liindoustani. 
Mushafî,  qui  l'avait  connu,  en  cite  quelques  vers  dans 
son  Tazkii'a. 

BÉKAL. 

Saïyid  Abd  uiwahâb  Bekal  ^,  de  Daulatâbâd  ^ ,  profita 
des  leçons  littéraires  de  Mîr  Abd  ulwalî  Uzlat  ^.  Alî 
Ibrahim  eut  occasion  de  voir  cet  écrivain  hindoustani, 
pendant  l'administration  du  nabab  Sii'àj  uddaula ,  gou- 
verneur du  Bengale  ;  il  ne  donne  néanmoins  pas  d'autres 
détails  sur  lui,  et  il  se  contente  d'en  citer  deux  vers. 

BÉRHUD. 

Narâyan-dàsBékhùd^,  poëte  hindoustani,  dont  Mannû 
Lâl  cite ,  dans  son  Guldasta-i  niscliât,  un  vers  qui  signifie  : 

Tandis  que  l'infidèle  est  impuissant  dans  son  infidélité ,  l'homme 
pieux  se  complaît  dans  sa  piété.  Que  l'infidélité  ou  que  la  piété 
règne,  la  divinité  de  Dieu  n'en  sera  pas  moins  immuable. 

^   yla»ko  50715  âme,  c'est-à-dire,  renonçant  à  son  àine  ,  vaillant,  brave, 

•'   JSjj  sans  repos. 

'  Ville  du  Décan,  nommée  aussi  Déoghir. 

*  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain  distingué. 

'  ^ysS\j  hors  de  soi. 

1-  8 


114  BIOGRAPHIE 

BÉNAWA, 

Bénawâ  ^ ,  de  Sanam  ^ ,  était  un  des  poètes  du  siècle 
de  Muhammad  Schâh,  et  contemporain,  par  consé- 
quent, d'Arzù  et  d'Abrû.  MirTaquî  nous  apprend,  dans 
sa  biographie ,  qu'un  individu  nommé  Sikzan  tua  une 
femme  du  bas  peuple,  qui  vendait  des  souliers,  et  que 
cet  événement  mit  en  émoi  tous  les  cordonniers,  au 
point  qu'ils  empêchèrent  de  faire  la  prière  publique  du 
vendredi  h  la  mosquée  cathédrale.  Zafar  Khàn  Roschân 
uddaula,  connu  sous  le  nom  de  Tiirra-Yâr,  prit  parti  pour 
la  femme  susdite.  Enfin,  le  tumulte  fut  porté  à  un  tel 
point ,  qu'un  grand  combat  eut  lieu  entre  les  émirs ,  et 
que  plusieurs  individus  furent  tués  de  part  et  d'autre. 
Zafâr  Khan  fut  vaincu,  et  en  outre,  il  éprouva  de  si 
grands  désagréments,  à  cause  de  cette  affaii^e,  qu'il  ne 
sortit  plus,  depuis  ce  temps-là,  de  sa  maison. 

Bénawâ  a  consacré  un  mukhammas  au  récit  de  cet 
événement,  et  ce  poëme  est  encore  cité  avec  plaisir 
dans  l'Inde.  Voici  de  Bénawâ  deux  vers  qu'Ali  Ibrahim 
avait  lus  dans  un  album  : 

Tu  présentes  l'aspect  du  plaisir,  et  moi,  celui  seulement  de 
l'espérance.  Je  suis  Bénawâ  (pauvre),  donne-moi  la  dime  de  ta 
beauté  et  quelque  chose  des  avantages  de  la  richesse. 

'  |%J3  sans  richesse  (indigent). 
^  ^^LiuM  ;  un  manuscrit  porte  U>m  . 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  lu 

BÉNI  NARAYAN. 

Bénî  Narâyan  ^ ,  fils  du  maharaja  Lakschmî  Narâyan 
et  frère  de  Râé  Khem  Narâyan  Rind^,  est  un  homme 
de  lettres  hindou  natif  de  Lahore,  à  qui  on  doit  : 

1°  L'ouvrage  intitulé  Diunhi-i  Jahân^,  ouvrage  qui 
n'est  autre  chose  qu'une  anthologie  ou  collection  de 
morceaux  choisis ,  tii'és  des  principaux  poètes  hindous- 
tani  dont  il  eut  les  ouvrages  à  sa  disposition.  Dans 
la  préface  de  cette  anthologie,  fauteur  nous  apprend 
qu'il  vivait  heureux  dans  fHindoustan,  lorsque  le  sort 
envieux  ayant  altéré  son  honheur,  il  se  vit  forcé  de 
se  rendre  à  Calcutta,  dans  le  Bengale.  Là,  le  sort  le 
poursuivant  toujours  de  ses  rigueurs,  il  resta  douze 
ans  sans  emploi  et  dans  le  dénûment  le  plus  fâcheux. 
Enfin,  f habile  et  célèbre  poëte  Haïdar  Bakhsch  *  fut 
touché  de  son  état  et  le  consola.  D'un  autre  côté,  il  fit 
connaissance  avec  le  savant  indianiste  T.  Roebuck,  qui 
se  f  attacha  et  le  retira ,  par  de  bons  honoraires ,  de  la 
situation  pénible  où  il  était.  Ce  fut  pour  se  conformer 
à  son  désir  qu'il  composa ,  en   1 8 1  /i  ^,  son  anthologie 

'  (>jUj  (^^i-  Le  premier  de  ces  mots  signifie,  les  cheveux  tressés 
derrière  la  tête;  le  second  est  un  des  noms  de  Wischnou. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 

'   /\\-4-s»'  M^jr!^   '''  Duvdn  du  monde,  ce  qui  signifie  Collection  de 

pièces  de  poésie  des  écrivains  du  monde,  c'est-à-dire  de  Tlnde. 

*  Il  est  plus  connu  sous  le  nom  de  Haïdari.  Voyez,  sous  ce  titre,  l'ar- 
ticle qui  lui  est  consacre  dans  cet  ouvrage. 

'  Roebuck's  Aniuds  of  the  collège  of  Fort-JVilUam ,  yia^.  425. 

8. 


IIG  BIOGRAPHIE 

hindoustani  ou  Dhvân-i  Jahân.  Cet  ouvrage  se  compose , 
1°  d'une  invocation  et  d'une  préface  en  vers;  2"  des 
extraits  de  différents  poètes  ;  3°  de  quelques  pièces  de 
poésie  de  l'auteur. 

2°  On  doit  aussi  à  Bénî  Narâyan  une  Histoire  du  roi 
et  du  faquîr,  Qiiissa-i  scMli  0  darwesch,  qui  roule  sur 
le  même  sujet  que  le  pocme  persan  de  Hilali,  qui 
porte  le  même  titre.  M.  Wilson  en  a  un  exemplaire 
manuscrit,  in-Zi°,  écrit  en  caractères  nastalic;  il  est  en 
dialecte  urdù,  comme  les  autres  poésies  de  cet  écrivain. 
Cet  ouvrage,  le  premier  qu'ait  écrit  Bénî  Narâyan, 
est  traduit  du  persan,  et  il  porte  aussi  le  titre  de  Char 
ou  Chahâr  giilscJian  ^  Il  en  est  parlé  dans  les  Annals  of 
the  collège  of  Fort-fVilliam,  par  T.  Roebuck,  pag.  SSg. 
Le  manuscrit  de  cette  production  enrichissait  la  bi- 
bliothèque du  collège  de  Fort-W illiam ,  k  Calcutta;  il 
est  aujourd'hui  dans  celle  de  la  Société  asiatique  de  la 
même  ville.  C'est  un  roman,  car  on  le  cite  comme  une 
histoire  divertissante. 

BÉRANG. 

Dilâwar  Khan  Bérang^,  militaire  de  profession,  est 
un  spirituel  et  ingénieux  écrivain  hindou ,  disciple  d' Ya- 
krang  et  contemporain  de  Sauda.  Il  avait  d'abord  pris 
pour  takhallus  le  mot  Ham-rang  ^  ;  mais  il  le  changea 

'  jl.s».  ou  /wiiJo  jLj-s».    les  Quatre  Jardins. 

*  <iAj%    \    sans  couleur. 

'  (iXj)  J^  de  la  même  couleur,  du  même  caractère. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  117 

ensuite  en  celui  de  Bérang.  Il  mourut  à  Deliii.  Ses  vers 
sont  de  la  bonne  facture  classique;  on  en  trouve  plusieurs 
dans  les  tazkira  originaux,  surtout  dans  celui  de  Mîr. 


BÉTAB,   D'ALLAHABAD. 

Schâlî  Muhammad  Alîm  Bétab  \  d'AHahâbâd,  jeune 
frère  du  cazî  Miiftakhar,  était  un  personnage  recom- 
mandable,  tant  par  ses  qualités  personnelles  que  par 
sa  naissance  et  par  sa  science  dans  les  lois.  Il  fut  un 
des  poètes  les  plus  distingués  du  règne  de  Schâh  Alam. 
Alî  Ibrahim  cite  de  lui  deux  vers  seulement ,  et  Mushafî 
trois  autres,  dont  voici  la  traduction  : 

Son  sourcil  est  pareil  au  disque  de  la  lune;  son  éphélide,  au 
noir  muezzin  de  Mahomet^.  Comment  cette  amie  ne  serait-elle 
pas  rebelle ,  avec  cette  taille  élancée  comme  la  jeune  plante  ?  Bétab , 
la  poussière  des  pieds  qui  s'attache  à  ce  bouton  de  rose,  y  devient 
semblable  à  la  poudre  rouge  de  la  fête  du  Holî  '. 

BÉTAB,  DE  DEHLI. 

Muhammad  Ismaïl  Bétab  ,  de  Dehli ,  est  un  écrivain 
hindoustani  distingué ,  dont  les  poésies  sont  fort  agréa- 
bles. Mîr,  qui  favait  connu,  nous  fait  savoir  qu'il  fut 
disciple  du  poëte  Miyân  Yakrang,  sur  qui  on  trouvera 
plus  loin  une  notice.  Il  nous  apprend,  de  plus,  qu'il 

^   Lj\i  ^  sans  force. 

-  Balâl,  fils  de  Riâh ,  qui  était  Éthiopien.  Il  y  a  une  comparaison  sem- 
blable dans  Walî,  pag.  102,  lig.  22  démon  édition. 
'  On  trouve  plus  loin  une  pièce  de  vers  sur  cette  fête. 


118  BIOGRAPHIE 

était  riche  quoique  pauvre  (spiiituel)  ou  derviche;  et 
qu'en  allant  au  palais  de  Jafar  Alî  Khan,  il  tomba  de 
cheval,  se  cassa  le  bras,  et  mourut  des  suites  de  sa 
blessure,  après  avoir  langui  deux  ou  trois  mois. 

BÉTAB  (SANTORH  RAÉ). 

Santokh  ^  Râé  Bétab  est  un  Hindou  qui  a  cultivé  la 
poésie  hindoustani.  Alî  Ibrahim  dit  simplement  qu'il 
était  contemporain  de  Muhammad  Càim^,  et  Mushafî 
nous  fait  savoir  qu'il  était  son  disciple.  Ces  deux  bio- 
graphes en  citent  de  plus  quelques  vers. 

BHAGODAS. 

C'est  un  des  disciples  immédiats  de  Kabir,  et  l'auteur 
ou  le  compilateur  du  petit  Bijak  ou  Vijak  ^,  le  plus 
répandu  des  livres  de  la  secte  des  Rabir-panthî.  L'autre 
livre  fut  communiqué  par  Kabir  lui-même  au  râjâ  de  Bé- 
narès.  Le  Bijak  de  Bhagodâs  est  la  plus  grande  autorité 
parmi  les  Kabir-panthî  en  général.  Il  est  écrit  en  vers 
harmonieux ,  et  avec  une  grande  candeur  d'explication. 
L'auteur,  néanmoins,  argumente  plus  qu'il  ne  dogma- 
tise, et  il  attaque  plutôt  les  autres  systèmes  qu'il  n'ex- 
phque  le  sien  propre.  Il  est,  pour  ce  dernier  objet,  telle- 
ment obscur,  qu'on  ne  peut  guère  apprendre  dans  son 
livre  la  doctrine  réelle  de  Kabii^-,  aussi  ses  sectateurs  en 

'   i^^iJi^Mi ,    HrtlN  ,  contentement. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage. 

'  fcj^cfj.  Il  sera  question  du  grand  Bijak  à  l'article  sur  Kabîr. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  119 

interprètent-ils  différemment  piiisiem^s  passages.  Les 
maîtres ,  parmi  eux ,  ont  un  court  ouvrage  qui  est 
comme  la  clef  des  parties  les  plus  difficiles;  mais  il  n'est 
entre  les  mains  que  d'un  petit  nombre  :  toutefois  il  n'a 
pas  une  grande  valeur,  car  il  n'est  guère  moins  embar- 
rassant que  l'original  ^. 

En  voici  un  court  fragment  : 

Nous  devons  noire  existence  à  Alî  et  à  Râma,  et  nous  devons, 
par  conséquent,  montrer  une  même  tendresse  à  tout  ce  qui  vit. 
A  quoi  nous  sert  de  nous  raser  la  tête,  de  nous  prosterner,  ou 
de  nous  plonger  dans  la  rivière  ?  Pouvez-vous  vous  nommer  pur, 
si  vous  versez  le  sang,  et  vous  enorgueillir  de  vertus  que  vous 
ne  déployez  jamais  ?  A  quoi  bon  laver  voire  bouche,  rouler  dans 
vos  doigts  les  grains  de  votre  chapelet,  faire  l'ablution  et  vous 
incliner  dans  les  temples ,  lorsque ,  pendant  que  vous  récitez  vos 
prières,  ou  que  vous  allez  à  la  Mecque  ou  à  Médine,  la  trom- 
perie est  dans  votre  cœur?  Les  Hindous  jeûnent  tous  les  onze 

jours;  les  Musulmans,    pendant  le  ramazân Le  Créateur 

peut-il  résider  dans  des  temples,  lui  qui  remplit  tout  l'univers? 
Qui  est-ce  qui  a  vu  Râma  parmi  les  idoles  ?  qui  fa  trouvé  à  la 
châsse  que  les  pèlerins  vont  visiter  ?  .  .  .  .  Ceux  qui  parlent  des 
mensonges  des  Ved  et  des  Feb,  sont  ceux  qui  ne  comprennent 

pas  leur   essence.  Ne  vois  qu'une  chose  en  tout Tous  les 

hommes  et  toutes  les  femmes  qui  ont  pris  naissance,  sont  de  la 
même  nature  que  toi.  Celui  à  qui  appartient  le  monde,  et  dont 
Alî  et  Râma  sont  fils,  c'est  mon  gurù,  c'est  mon  pîr  *. 


^  C'est  au  savant  Mémoire  de  M.  Wilson  sur  les  sectes  religieuses  des 
Hindous,  que  j'emprunte  ces  détails;  je  lui  emprunte  aussi  la  traduc- 
tion que  je  donne  ici.  Voyez  Asiatic  Rcsearches ,  tom.  XVI,  pag.  60  et 
suiv. 

^  Alî  est  le  patron  des  Musulmans,  Râma  la  divinité  favorite  des 
Hindous.  Le  gara  est  le  guide  spirituel  des  derniers  ;  le  pîr,  des  premiers. 
Avec  celte  explication,  la  phrase  du  texte  devient  très-intelligible.  On 


120  BIOGRAPHIE 

BHATRIHARI. 

]  Il  est  auteur  d'iiymnes  braj-bliakha  que  chante  la 
classe  des  joguis  indiens  nommés  Sâringuî-hâr,  parce 
qu'ils  se  servent ,  pour  accompagner  leurs  chants ,  d'une 
sorte  de  luth  nommé  sâringui  ^  J'ignore  si  ce  poète  in- 
dien est  le  même  que  Bhartriharî,  frère  de  Bikrmajit 
(Vikramâditya),  à  qui  on  doit,  entre  autres,  un  recueil 
de  sentences  célèbres,  pubhées  par  Bohlen.  En  ce  cas, 
les  stances  hindoui  dont  il  est  auteur  auraient  une 
grande  antiquité. 

BHAVANANDA-DASl 

Écrivain  auquel  on  doit  une  exposition  écrite  en 
hindi,  du  système  de  philosophie  nommé  Védanta^. 
Cet  ouvrage,  qui  est  rédigé  d'après  le  sanscrit,  se  com- 
pose de  quatorze  chapitres,  et  il  est  intitulé  Amrita- 
dhâra'^,  ce  qui  signifie  littéralement  [Traité)  distillant 
l'ambroisie.  Ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  connaissent  pas 
le  système  védanta  ,  en  trouveront  le  développement 
dans  ïEssai  sur  la  philosophie  des  Hindous ,  par  feu  Cole- 

sait  d'ailleurs  que  le  but  de  Kabir,  aussi  bien  que  de  Nânak,  a  été  de 
fondre  ensemble  les  religions  musulmane  et  brahmanique. 

1  Sketch  ofthe  religious  scct  oj  the  Hindus.  [Asiatic  Researches,  t.  XVII, 
pag.  193.) 

^  C'est-à-dire  srrvitcur  de  Bliavanânda.  Ce  dernier  mot  est  composé  de 
Vf^  monde,  et  de  tÀ[*^*tt  P'^-  t^^^t  un  des  noms  de  Kriscbua. 

'  Machenzie  Catalogue,  iota.  II,  pag.  108. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  121 

brooke  ^  et  dans  la  traduction  que  M.  Pauthier  en  a 
publiée  en  français.  Pour  en  donner  une  idée,  nous 
citerons  ici  ce  qu'en  dit  l'écrivain  hindoustani  Afsos , 
dans  son  Araïscli-i  malifil  : 


Le  schastar  nommé  Védanta  est  l'ouvrage  de  Viaçadéva.  Celui 
qui  suit  la  doctrine  de  ce  livre ,  professe  le  système  de  l'unité  : 
il  est  tellement  imbu  de  ce  principe,  que  ses  yeux  ne  sauraient 
jamais  apercevoir  qu'un  seul  et  même  objet.  Selon  lui,  la  multi- 
plicité des  êtres  est  imaginaire;  il  n'en  existe  réellement  qu'un 
seul  ;  et  quoique  tout  ce  qui  est  dans  l'univers  émane  de  lui , 
tout  n'en  est  pas  moins  lui-même.  La  relation  qui  existe  entre  les 
objets  qui  frappent  nos  sens  et  l'essence  de  cet  être  unique, 
est  précisément  la  même  que  celle  du  vase  d'argile  avec  la  terre  , 
des  vagues  avec  l'eau,  de  la  lumière  avec  le  soleil. 

BHU  PATI. 

Bhû  Pati^  ouBbû  Dev,  de  la  tribu  des  Kâyath,  est 
auteur  d'un  bhagavat  en  vers  liindî  intitulé  Sri  Bliagavat. 
Il  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  la  So- 
ciété asiaticpie  de  Calcutta,  et  Ward  cite  cet  ouvrage 
dans  son  Histoire  de  la  littérature  et  de  la  mythologie  des 
Hindous.  J'ignore  si  cette  production  est  la  même  dont 
on  trouve  un  exemplaire  au  British  Muséum,  sous  le 
n°  5620,  collection  Halhed.  Ce  dernier  est  formé  de 
strophes  de  neuf  vers  -,  il  est  écrit  en  caractères  per- 
sans, et  le  dialecte  hindoui  qui  y  est  employé,  est 
difficile  à  comprendre.  Il  y  a  aussi  un  bhagavat  en  vers 
hindi,  à  la  bibliothèque  de  VEast-India  House,  intitulé 

'   Dans  les  Transactions  de  la  Société  royale  asiatujue  de  Londres. 
^  IT  Mirt    maître  de  la  terre,  roi. 


122  BIOGRAPHIE 

Pothi BJuKjavat ;  mais  ce  n'est,  selon  le  calalogue,  qu'une 
portion  du  Dhagavat  Poarâna  ^ ,  traduite  du  sanscrit.  Le 
dixième  livre ,  Daçam  iskandh  ^,  qui  est  l'histoire  de  Kri- 
schna ,  le  même  qui  a  fourni  la  matière  du  Prem  sâgar, 
a  été  traduit  spécialement  en  hindoustani.  Il  y  en  a  un 
exemplaire  ^  qu'on  trouve  indiqué  dans  le  catalogue 
de  la  riche  bibliothèque  d'un  personnage  nommé  Far- 
zâda  Culî,  catalogue  que  possède  mon  honorable  ami, 
M.  D.  Forbes,  et  un  autre  existe  dans  la  bibliothèque 
du  collège  de  Fort- William  ;  celui-ci  est  intitulé  Pothi 
daçam  ishandh'^.  Il  y  en  a,  dans  la  même  bibliothèque, 
une  troisième  copie,  sous  le  titre  de  Sri  Bhagavat  daçam 
ishaiidh,  et  une  quatrième,  en  bhakha,  dans  celle  de 
VEast-India  Home,  sous  le  même  titre.  Dans  le  catalogue 
des  manuscrits  orientaux  du  même  Fârzâda ,  il  y  a  l'in- 
dication d'un  ouvrage  qui  porte  ce  titre  :  Onzième  par- 
tie da  Bhagavat,  savoir,  la  couronne  de  la  science  indiquée 
par  Krischna  à  Arjuna  ^ .  Enfm  le  P.  Paulin  de  Saint- 
Barthélémy  cite  parmi  les  manuscrits  hindoustani  de 

'   Le  Bfeft^aDat  est  te  1 8^  ou  dernier  Pourdna;  il  est  néanmoins  consi- 
déré comme  apocryphe  par  certains  Hindous. 

^  Il  est  intitulé  otKÀSCwî   j<vwi  cy».jl^    ^^^^^y^.  Le  dixième  livre 
du  Sri  Bhajavat,  etc. 

*  On  a  mis  par  erreur,  dans  le  catalogue  manuscrit  que  j'ai ,  j«XaX*»(I 

au  lieu  de  otXjtXAwt. 

oi>jj   ^\»wj5 .  Je  pense  qu'il  faut  lire  ojOl  au  lieu  de  ^JM^^\ ,  d'autant 
plus  que  le  Bhayavat  ne  se  compose  que  de  douze  livres. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  123 

la  collection  Borgia  ^  un  volume  inlituié  Àrjuna-guitn , 
ou  le  Chant  d'Arjuna.  Or  ce  volume  est  probablement 
une  version  du  Bhagavat-giiita,  s'il  est  réellement  en 
hindoustani  ;  mais  je  pense  qu'il  est  sanscrit.  Au  sur- 
plus ,  il  a  été  traduit  en  italien ,  par  Marcus  à  Tumba , 
missionnaire  capucin  de  l'Inde,  et  cette  traduction  ma- 
nuscrite se  trouve  dans  la  même  bibliothèque  Borgia. 
Il  existe,  en  français,  une  traduction  du  Bluigavat 
sous  le  titre  de  Bhagavadam.  Elle  a  été  faite,  d'après 
une  version  tamoule,  par  Foucher  d'Obsonville. 

BIHARI  LAL. 

Biliârî  Lâl  '^,  contemporain  de  Kabir,  est  un  des  écri- 
vains hindoui  les  plus  distingués;  les  Anglais  l'ont 
nommé  le  Thompson  de  l'Inde.  Il  est  auteur  d'un 
poëme  intitulé  Sât-saï,  lequel  jouit  d'une  si  grande  cé- 
lébrité que  les  Hindous  en  citent  sans  cesse  des  frag- 
ments, et  qu'il  a  été  traduit  en  vers  sanscrits  élégants^ 
par  le  pandit  Haripraçàda,  sous  les  auspices  de  Chet 
Singh,  râjâ  de  Bénarès.  Bihârî  faisait  les  délices  de  la 
cour  d'Ambher  *  au  commencement  du  \xf  siècle  de 
notre  ère.  Ses  poèmes  ont  été  arrangés  dans  l'ordre 
qu'ils  ont  à  présent,  pour  l'usage  du  prince  infortuné 
Azam  Schâh,  et  cette  sorte  d'édition  se  nomme  Azam- 

^  Musœi  Borgiani  Velitris  codices  manuscripti,  etc.  pag.  1 5 1 . 

^  C'esl-à-dire  chéri  de  Krischna,  de  fc^«^m,  un  des  noms  de  Krischna, 
et  du  mot  hindî  ^Tç5  chéri. 

'  Asiatic  Researches,  iom.yil,  pag.  221. 

*  Ancienne  capitale  de  la  province  de  Jaïpûr. 


124  BIOGRAPHIE 

schâhi  '.  Le  Sdt-saï  est  une  sorte  de  diwàn  composé  de 
sept  cents  dohâ  ou  dohra  (  distiques  dans  le  genre  des- 
criptif). Krischna  jouant  avec  Radha  et  ies  gopî,  en 
forme  le  principal  sujet.  Il  semble,  d'après  le  savant 
M.  Wilson,  que  Bihârî  ait  pris  l'idée  de  son  Sât-saï  du 
Sapta  sati  de  Govarddlian,  ouvrage  qui  est  aussi  un 
recueil  de  sept  cents  stances  sur  des  sujets  divers  (  seven 
hundred  miscellaneoas  stanzes  ).  Il  paraît  '^  que  c'est  la 
traduction  hindoui  de  ce  dernier  ouvrage  que  Lallii 
Lâl  a  publiée  à  Calcutta,  sous  le  titre  de  Sapta  Satika^. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  Sat-sai  de  Bihârî  a  une  très-grande 
célébrité,  et  il  a  été  publié  à  Calcutta,  en  i  809,  in-S", 
par  le  pandit  Babû  Ram.  Je  reviendrai  sur  cette  pro- 
duction dans  le  tome  II  de  cet  ouvrage, 

BIMAR\ 

Poëte  hindoustani   qui  habitait   Dehli ,    et   duquel 
Béni  Narâyan  cite  le  gazai  dont  la  traduction  suit  : 

Je  meurs  ivre  d'amour  pour  loi.  Ah  !  daigne  t'informer  de 
mon  état  !  0  mon  ami  !  informe-toi  un  peu  de  mon  cœur  affligé  ! 
Et  toi,  zéphyr  du  matin,  di§  à  fagaçante  heauté  que  j'aime  : 
Quelqu'un  est  mourant  au  pied  du  mur  de  ta  demeure ,  va  t'in- 
former de  ses  nouvelles.  —  Dieu  me  délivrera-t-il  du  feu  de  ce 
chagrin,  ou  bien  ressentiras-tu  de  l'amitié  pour  moi  et  t'informe- 

'  Colebrooke,  Dissertations.  [Asiatic  Researchcs ,  tom,  VII,  pag.  221  , 
et  tom.  X,  pag.  4i3.) 

^  Je  dis,  il  paraît,  car  je  nai  jamais  vu  un  seul  exemplaire  de  cet 
ouvrage. 

'   Voyez  rarticlo  sur  Lallû  Lâl. 

'  jUrjJ    malade  (d'amour). 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  125 

ras-tu  de  moi  ?  Comment  mon  cœur  oubliera-t-il  un  instant  ton 
souvenir?  Je  meurs  en  recheichant  ta  face;  informe-foi  de  mon 
état.  —  Il  n'a  pas  la  force  de  se  traîner  jusqu'à  ta  rue,  il  tombe 
mort  à  l'extrémité  du  bazar;  ah  !  daigne  t'informer  de  lui.  Le  méde- 
cin, en  voyant  son  état,  s'est  écrié  :  Le  malade  (Bîmar)  d'amour 
est  sauvé,  viens  t'informer  de  ses  nouvelles. 


BIRBHAN. 

Birbhân  qui  est  reconnu  comme  le  fondateur  de  la 
secte  hindoue  des  Sâdh^,  c'est-à-dire  purs  (puritains), 
habitait  Brijhacir,  près  de  Nàrnaul,  dans  la  province 
de  DehH.  Il  reçut,  en  171/1,  de  Vikramâditya  (  i658 
de  Jésus-Christ),  une  communication  miraculeuse  de 
Sat  fjiirii  (le  Directeur  pur),  nommé  aussi  TJdaka-dâs 
(  le  Serviteur  du  Dieu  unique  ) ,  et  Mâlik  kâ  liukm 
(l'Ordre  du  Seigneur  ou  le  Verbe  de  Dieu  personnifié). 

Les  doctrines  enseignées  par  le  divin  maître  de 
Birbhân  furent  communiquées  aux  hommes  en  sabda 
et  en  sàkM,  c'est-à-dire  en  stances  hindi  détachées 
comme  celles  de  Kabîr.  Elles  sont  réunies  dans  des 
manuels,  et  on  les  lit  dans  les  assemblées  religieuses 
des  Sâdh.  On  a  formé  de  leur  substance  un  traité  in- 
titulé Adi  upades'^,  c'est-à-dire  les  Premiers  Préceptes. 
Dans  ce  traité,  toute  la  doctrine  sâdh  est  réduite  en 
douze  commandements  ou  liukm,  qui  sont  répétés  sous 
plusieurs  formes,  mais  dont  on  reconnaît  toujours 
l'identité.   M.   Wilson  les  a  fait   connaître   dans  son 


126  BIOGRAPHIE 

excellent  Mémoire  sur  les  sectes  hindoues.  Je  crois  être 
agréable   au  lecteur  en  les  reproduisant  ici  : 

I.  Ne  reconnaissez  qu'un  Dieu  qui  vous  a  créé  et  qui  peut 
vous  anéantir,  auquel  aucun  être  n'est  supérieur,  et  que  seul,  par 
conséquent,  vous  devez  adorer.  Il  ne  faut  donc  rendre  aucun 
culte  ni  à  la  terre,  ni  à  la  pierre,  ni  au  métal,  ni  au  bois, 
ni  aux  arbres ,  ni  enfin  à  aucune  chose  créée.  Il  n'y  a  qu'un  Sei- 
gneur et  le  verbe  du  Seigneur.  Celui  qui  aime  le  mensonge  et 
pratique  la  fausseté,  celui  qui  commet  le  crime  tombe  en  enfer. 

II.  Soyez  humble  et  modesle.  Ne  placez  pas  vos  affections  en 
ce  monde.  Atlachez-vous  fidèlement  au  symbole  de  la  foi;  évitez 
d'avoir  des  rapports  avec  ceux  qui  ne  sont  pas  de  votre  religion  ; 
ne  mangez  pas  le  pain  de  l'étranger. 

III.  Ne  mentez  jamais.  Ne  parlez  jamais  mal  en  aucun  temps, 
ni  d'aucune  chose;  de  la  terre  et  de  l'eau,  des  arbres  et  des  ani- 
maux. Employez  votre  langue  à  la  louange  de  Dieu.  Ne  volez  jamais 
ni  richesses  ,  ni  terre,  ni  animaux,  ni  leur  pâture.  Respectez  la 
propriété  d'autrui,  et  soyez  content  de  ce  que  vous  possédez. 
Ne  pensez  jamais  au  mal.  Que  vos  yeux  ne  se  fixent  pas  sur  des 
objets  indécenls  en  fait  d'hommes,  de  femmes,  de  danses,  de 
spectacles. 

IV.  N'écoutez  pas  de  mauvais  discours,  ni  rien  autre,  si  ce 
n'est  les  louanges  du  Créateur.  N'écoutez  ni  contes ,  ni  bavardage, 
ni  calomnie,  ni  musique,  ni  chant,  exceplé  celui  des  hymnes. 

V.  Ne  désirez  jamais  rien,  ni  pour  votre  corps,  ni  en  fait  de 
richesses.  Ne  prenez  pas  celles  d'un  autre.  Dieu  donne  toutes 
chosçs;  vous  recevrez  en  proportion  de  votre  confiance  en  lui. 

VI.  Lorsqu'on  vous  demande  qui  vous  êtes,  déclarez  que  vous 
êtes  Sâdh;  ne  parlez  pas  des  castes;  ne  vous  engagez  pas  dans  des 
controverses.  Soyez  ferme  dans  votre  foi,  et  ne  mettez  pas  votre 
espérance  dans  riiomme. 

VII.  Portez  des  vêtements  blancs,  n'employez  ni  fard,  ni  col- 
lyre, niopial,  ni  mcnhdt;  ne  vous  faites  aucune  marque  sur  le 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  127 

corps,  ni  aucun  signe  distinclif  des  sectes  sur  le  front;  ne  portez 
pas  de  chapelet,  ni  de  rosaire,  ni  de  joyaux. 

VIII.  Ne  mangez  ni  ne  buvez  jamais  aucune  substance  eni- 
vrante, ne  mâchez  pas  de  bélel,  ne  respirez  pas  de  parfums,  ne 
fumez  pas  de  tabac ,  ne  mâchez  ni  ne  sentez  de  l'opium  ;  ne 
tenez  pas  vos  mains  levées  ,  et  n'inclinez  pas  votre  tête  devant  des 
idoles  ou  des  hommes. 

IX.  Ne  commettez  point  d'homicide  ;  ne  faites  violence  à  per- 
sonne-, ne  donnez  point  de  témoignage  capable  de  faire  con- 
damner un  accusé  ;  ne  prenez  rien  par  force. 

X.  Qu'un  homme  n'ait  qu'une  femme,  et  une  femme  un  seul 
mari  ';  que  la  femme  obéisse  à  l'homme. 

XI.  Ne  pi'enez  pas  le  costume  d'un  mendiant;  ne  sollicitez  pas 
d'aumônes,  et  n'acceptez  pas  de  présents.  Ne  craignez  pas  la 
nécromancie  et  n'y  ayez  pas  recours.  Connaissez  avant  d'avoir 
confiance.  Les  assemblées  des  gens  pieux  sont  les  seuls  lieux 
de  pèlerinage.  Saluez  ceux  d'entre  eux  que  vous  rencontrerez. 

XII.  Que  les  Sâdh  ne  soient  pas  superstitieux  quant  aux  jours, 
aux  lunaisons ,  aux  mois,  aux  cris  et  aux  figures  des  oiseaux  et 
des  quadrupèdes.  Qu'ils  ne  recherchent  que  la  volonté  de  Dieu. 

Nous  voyons,  par  ce  qui  précède,  que  les  Sâdh, 
qu'on  peut  nommer  les  unitaires  indiens ,  n'adorent  que 
le  Créateur  seul.  Ils  le  nomment  Satkara,  ou  l'Auteur  de 
la  vertu,  et  Satnâm,  c'est-à-dire  le  Vrai  Nom.  A  cause 
de  cette  dernière  expression ,  qu'ils  appliquent  à  la  Di- 
vinité, on  les  nomme  quelquefois  Satnâmi;  mais  cette 
dénomination  s'applique  spécialement  à  une  autre  secte. 
Leur  culte  est  extrêmement  simple.  Ils  rejettent  toute 
espèce  d'idolâtrie.  Ils  ne  vénèrent  pas  le  Gange  plus 
que  les  autres  rivières.  Toute  espèce  d'ornements  leur 

'  Il  y  a  de  plus,  dans  le  texte,  que  l'homme  ne  doit  pas  manger 
les  restes  d'une  femme,  mais  que  le  coulrairc  est  loisible,  conformé- 
ment à  l'usage. 


128  BIOGRAPHIE 

est  défendue.  Ils  ne  saluent  pas  et  ne  prêtent  pas  ser- 
ment ^  Ils  se  privent  de  tous  les  usages  du  luxe ,  tels 
que  tabac,  bétel,  opium  et  vin.  Ils  n'assistent  jamais 
aux  spectacles  des  bayadères  ^. 

Les  doctrines  des  Sâdh  dérivent  évidemment  de 
celles  de  Kabîr,  de  Nânak  et  d'autres  philosophes  re- 
ligieux de  l'Inde,  avec  l'addition  de  quelques  principes 
du  christianisme.  Toutefois,  quant  à  leurs  notions  sur 
la  constitution  de  l'univers ,  sur  les  divinités  inférieures 
et  sur  le  maliti,  ou  délivrance  de  la  vie  corporelle ,  ils 
pensent,  selon  M.  Wilson,  comme  les  autres  Indiens. 

Ils  n'ont  pas  de  temples ,  mais  ils  s'assemblent  à  des 
époques  fixes,  dans  des  maisons  ou  dans  des  cours. 
Leurs  réunions  ont  lieu  à  la  pleine  lune.  Toute  la  jour- 
née se  passe  dans  des  conversations  intéressantes.  Au 
soir,  ils  prennent  ensemble  un  repas  fraternel,  et  ils 
passent  ensuite  la  nuit  en  récitant  des  stances  attribuées 
à  Birbhân  ou  à  son  maître,  et  des  poèmes  de  Dâdu, 
de  Nânak  et  de  Kabîr. 

Les  villes  où  il  y  a  le  plus  de  Sâdh  sont  Dehli, 
Agra,  Jaïpùr,  Farrukhâbâd.  Ils  tiennent  une  grande 
réunion  annuelle  dans  l'une  de  ces  villes. 

Les  ouvrages  hindoustani ,  sur  la  religion  des  Sâdh , 
qui  sont  parvenus  à  ma  connaissance ,  sont  les  suivants  : 

1°  Pothijnân  bâni  Sâdh-satnâmî  ké  panth  ki^,  c'est-à- 

'  CeUe  secte  a,  comme  on  voit,  une  grande  ressemblance  avec  celle 
des  quakers. 

^  Ces  renseignements  sont  tirés  de  la  Notice  sur  les  Sâdh,  par  W. 
II.  Trant,  Transactions  of  thc  royal  Asiatic  Society ,  tom.  I,  p.  25i  et  suiv. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  129 

dire  le  Livre  du  discours  de  la  connaissance  de  la  secte 
des  Sâdh-satnamî.  Cet  ouvrage  est  indiqué  comme  le  livre 
religieux  des  Sâdh,  par  W.  H.  Trant,  à  qui  il  en  fut  re- 
mis un  exemplaire ,  par  Bhavanî-dâs ,  principal  person- 
nage de  cette  secte,  à  Farrukhâbâd.  Cet  exemplaire  a 
été  donné,  par  M.  Trant,  à  la  Société  royale  asiatique 
de  Londres.  C'est  un  manuscrit  in- 4°. 

2°  An  Account  on  tlie  religion  oftheSâdh,  inHindoostanee; 
manuscrit  in-lf,  de  la  bibliothèque  de  la  Société  royale 
asiatique,  donné,  comme  le  premier,  par  M.  Trant. 

BISMIL^ 

Poëte  peu  connu  dont  Alî  Ibrahim  cite  un  seul  vers. 
C'est  probablement  le  même  écrivain  dont  Mîr  Taquî 
et  Fath  Alî  Huçaïnî  parlent  sous  le  même  takhallus  de 
BisniiL  Ils  en  donnent  aussi  un  vers  différent  de  celui 
qui  est  cité  dans  le  Guhâr.  Ce  dernier  Bismil,  si  par 
hasard  il  difl'ère  du  premier,  fut  le  maître  de  Schâguil, 
dont  il  sera  parlé  plus  loin. 

BISMIL,   DE  CHANAR. 

Le  saïyid  Jabbâr  Alî  Bismil  était  de  Chanâr,  dans 
la  province  d'Allahâbâd.  Il  habita  longtemps  Azîm- 
âbâd,  puisBénarès,  où  il  était  chargé  d'afiTaires  du  ma- 
hârâj  Chet  Singh.  Ce  fut  en  cette  dernière  ville  et  à 

'  t)>-<\*A-j  sacrifié,  expression  dérivée  des  mots  arabes  aMÎ  «(w^  «'i 
ilom  de  Dieu,  parce  que  c'est  en  prononçant  le  nom  de  Dieu  qu'on  im- 
mole les  animaux  destinés  aux  sacrifices. 


130  BIOGRAPHIE 

Muhammadâbâd  que  le  vit,  en  i  196  (1  781-1  782 ),  Alî 
Ibrahim ,  auteur  de  la  biographie  à  laquelle  j'emprunte 
ces  détails.  Bismil  était  très-doux,  plein  d'intelligence 
et  très-indépendant  de  caractère.  11  s'est  acquis  un  nom 
distingué  parmi  les  poètes  hindoustani.  Ibrahim  et  Luif 
citent  plusieurs  pages  de  ses  vers. 

BISMIL  (GADA  ALI  BEG). 

Gadâ  Alî  ^  Beg  Bismil  vivait  à  Faïzâbâd  dans  la  der- 
nière moitié  du  xviif  siècle.  Il  a  laissé  un  masnawi  in- 
titulé Dainok-nâmali-  qui  a  de  la  célébrité.  Alî  Ibrahim 
cite  de  lui  plusieurs  vers  dans  sa  biographie. 

BRAHMAN. 

Data  Râm^  Brahman'^  est  un  Hindou  qui  a  écrit  des 
poésies  urdù  estimées.  Mannû  Lâl  en  cite  plusieurs  gazai 
dans  son  ouvrage  sur  la  rhétorique.  Voici  la  traduction 
d'une  de  ces  pièces  : 

Si  tu  souris  de  tes  lèvres  gracieuses,  les  fleurs  s'épanouissent 
clans  le  parterre;  si  tu  lèves  le  voile  qui  couvre  ta  face,  la  rose 
développe  ses  pétales. 

Lorsque  celte  beauté  qui  fait  honte  au  printemps  s'attache  à 
mon  cou,  mon  corps  tressaille  sous  mon  vêlement. 

'  j£_  1 4X5" /«ne  d'Ali. 

^  iX^b  liuÀji  .  Je  ne  suis  pas  bien  sûr  de  la  lecture  de  ce  titre.  Si 
on  le  prononce  comme  je  l'ai  fait,  il  signifie  Livre  de  la  Jin  de  décembre. 
Ce  serait,  dans  ce  cas,  un  poëme  sur  l'hiver. 

'  6jr1 1   4|H  Râma  le  généreux. 

*   /w^o  brahmane. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  131 

Le  printemps  est  venu.  Viens  te  promener  dans  ce  désert,  et 
tu  pourras  voir  les  oiseaux  prendre  leurs  ébats,  les  forêts  s'émail- 
ler  de  fleurs.  —  Ici  la  rose  ouvre  son  calice  ;  là  le  rossignol  fait 
entendre  son  ramage;  plus  loin,  la  tulipe  et  le  jasmin  s'épa- 
nouissent  

Si  quelqu'un  désire  aujourd'hui  se  promener  dans  les  jardins 
et  les  champs,  qu'il  sache  bien  qu'il  y  a,  outre  la  noire  cicatrice 
de  la  tulipe,  celle  du  cœur  de  Braliman ,  qui  s'est  ouverte  comme 
le  bouton  d'une  fleur. 


BRAJBACI-DAS\ 

Auteur  du  Braj-viJâs^,  ouïes  Plaisirs  deBraj,  poëme 
assez  étendu  sur  la  vie  et  les  jeux  de  Krischna,  pen- 
dant sa  résidence  à  Braj  et  à  Vrindaban,  jusqu'à  son 
départ  pour  Mathura,  et  au  meurtre  de  Kans.  Ce  poëme 
qui  est  écrit  en  bhâkhâ ,  est  indiqué  comme  imprimé 
dans  le  catalogue  de  la  collection  Mackenzie  ^.  C'est  un 
grand  in-8°,  publié  probablement  à  Calcutta. 

BULAQUI. 

Saïyid  Buiâc[uî  *  est  un  poète  du  Décan  à  qui  on  doit 
un  masnawî  sur  l'ascension  de  Mahomet  au  ciel ,  poëme 
qui  est  intitulé  Mirâj-nâma  ^,  ou  le  Livre  de  l'ascension. 

'  Ws{  ^fTHl   ^Iti  '«  serviteur  de  Krischna  [ l'habitant  de  Braj  ) . 

'  Tom.  II,  pag.  116.  Voyez  aussi  les  Asialic  Researches,  tom.  XVI, 
pag.  9'i. 

*  »S^ ,  adjectif  dérivé  de  i»1Vj  ,  i^oiii  de  Tanneau  que  les  femmes 
portent  au  nez  dans  l'Orient. 

9- 


132  BIOGRAPHIE 

J'en  possède  un  exemplake  en  caractères  naskliî ,  qui 
fait  partie  d'un  recueil  de  treize  différents  masnawî  et  de 
quelques  gazai,  formant  un  épais  volume,  tout  copié 
par  un  certain  schaïkh  Ahmad,  fils  de  Muhammad  Ibra- 
him Guîtî  \  qui  a  quelquefois  placé  des  vers  de  sa  façon 
à  la  suite  de  ce  poëme.  Le  Mirâj-nâma  a  été  copié  en 
1219  de  l'hégire  (  i8o/i-i8o5  de  J.  G.). 

CACIMl 

Ahu'lcâcim  Rhân,  et  simplement  Câcim,  était  allié 
cl  la  famille  impériale  de  Dehli,  s'il  faut  en  croire  Béni 
Nârâyan,  qui  lui  fut  attaché  apparemment  comme  se- 
crétaire. Cet  écrivain  hindousianî  demeurait  à  Calcutta, 
en  i8i/i.  Bénî  Nârâyan  en  cite  quatre  gazaP.  Voici  la 
traduction  d'une  de  ces  pièces;  elle  appartient  au  genre 
mystico-éro tique  cpie  les  Musulmans  ont  cultivé  avec 
tant  de  succès  : 

Si  tu  as  prêté  l'oreille  à  l'oiseau  qui  gémit  dans  le  bosquet, 
tu  pourras  alors  seulement  apprécier  la  facture  de  mes  vers.  Lors- 
que cette  beauté  qui  excite  la  jalousie  du  soleil  m'a  touché,  les 
fils  de  la  toile  qui  me  couvre  se  sont  changés  en  autant  de  rayons. 
Le  véritable  amant  peut-il  se  laisser  jamais  resserrer  dans  le  man- 
teau des  pratiques  extérieures  ?  L'insensé  fait-il  attention  à  la  nu- 
dité de  son  corps  ?  Comment  peut-on  dire  que  je  ne  verrai  pas  la 
noble  stature  et  ta  forme  élégante?  n'aperçois-je  pas  dans  le  jar- 
din le  cyprès  et  le  lis  ?  L'or  le  plus  pur  ne  saurait  m'attacher 

'  4^ù_A_5^ou  le  chanteur,  ce  qui  suppose  qu'il  était  musicien  de  pro- 
fession. 

^      /<vul;  iJislribiiteur .  nom  d'un  fils  de  Mahomet. 

^  Trois  dans  le  corps  de  son  antiiologie  et  un  dans  l'appendice. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  133 

La  couleur  de  ton  corps  est  plus  agréable  encore.  La  pureté  de 
ton  essence  peut  se  comparer  à  celle  de  la  fleur  nommée  sèoti  \ 
Le  monde  peut-il  s'en  faire  une  idée?  Et  ces  boucles  de  cheveux 
en  désordre  sur  ta  face  n'offrent-elles  pas  à  Câcim  l'apparence  des 
nuages  obscurs  qui  entourent  la  blanche  lune? 

Je  pense  que  c'est  le  même  écrivain  que  Mîr  nomme 
Câcim  Mîrzâ  dans  sa  biographie ,  et  dont  il  ne  cite  qu'un 
seul  vers. 

CACIM  (CADR  ULLAH). 

Haldm  Cadr  uiiah  Khan  Câcim  est  un  médecin  mu- 
sulman qui  s'est  aussi  occupé  de  poésie.  Mannû  Lâl 
cite  plusieurs  vers  de  cet  écrivain.  Voici  la  traduction 
de  deux  haït  qui  terminent  un  de  ses  gazai  : 

Tu  n'as  pas  permis  à  mes  lèvres  amoureuses  d'exprimer  leurs 
désirs  ,  ou  plutôt  c'est  l'abattement  où  je  suis  plongé  qui  ne  leur 
a  pas  permis  de  remuer.  La  bien-aimée  de  Câcim  ne  viendra-t-elle 
pas  éteindre  de  son  souffle  le  feu  de  la  blessure  du  cœur  de  son 
amant  ?  Lui  permettra-t-elle  du  moins  de  s'approcher  d'elle  ? 

CACIM,  DU   DÉCAN. 

Poëte  distingué,  élève  de  Uzlat.  Voici  la  traduction 
de  quelques  vers  de  lui,  cités  par  Fath  Alî  Huçaïnî  : 

L'ambre  qui  a  la  propriété  d'attirer  la  paille,  a  perdu  (de  dé- 
pit )  sa  belle  nuance ,  en  voyant  ton  visage  couleur  d'or.  Je  t'ai 
livré  mon  âme  comme  une  guirlande  de  mûlçarî  ^,  et  tu  ne  m'as 

'  Afsos,  dans  son  Araîsch-i  mahjil,  ou  Statistique  et  Histoire  de  l'Hin- 
doustan ,  dit  que  cette  fleur  { variété  de  la  rosa  (jlandaUfera  )  est  une  des 
plus  remarquables  de  l'Inde.  Il  en  compare  les  étamincs  à  l'écriture  déliée 
que  trace  son  calam  pour  en  décrire  la  beauté. 

-  Mimusops  elcniji. 


154  BIOGRAPHIE 

pas  même  donné  une  tresse  de  ces  fleurs.  C'en  est  fait ,  tes  gen- 
tilles agaceries  me  font  mourir.  Ah  !  du  moins ,  viens  demain 
planter  sur  mon  tombeau  du  nâzbo\  puisque  les  feuilles  recoquil- 
lées  de  ce  végétal  rappellent  les  boucles  musquées  de  tes  cheveux. 

GACIR. 

Mîrzâ  Babar  Beg  Câcir^  est  un  poète  liindoustani 
dont  Mannû  Lâl  cite  un  seul  vers  dans  son  Galdasta-i 
nischât,  sorte  d'anthologie  descriptive  dont  j'ai  souvent 
fait  usage  pour  mon  travail. 

CADIRl 

Saïyid  Khalîi  Câdir  ou  Câdirî  vivait  dans  le  Décan  à 
l'époque  où  Fath  Ali  Huçainî  écrivait  son  Tazkira. 
C'est  un  poëte  dont  les  productions  sont  remarquables 
par  la  facilité  avec  laquelle  elles  sont  rédigées. 

CADR. 

Muhammad  Cadr'^  est  un  poëte  licencieux,  mais  ha- 
bile et  renommé ,  qui  vivait  sous  le  règne  de  Muham- 
mad Schâh.  Il  avait  secoué  le  joug  de  la  religion  et 
vivait  dans  le  libertinage  le  plus  effréné,  s'adonnant  à 
l'amour  antiphysique.  On  le  voyait  sans  cesse  dans  les 
rues  et  les  marchés.  Les  biographes  originaux  ne  citent 
que  deux  vers  de  lui. 

'  Ocimum  pilosum. 

"  jjiov  court,  c'est-à-dire  petit. 

'  jàlij  puissant,  etc. 

'  j«XS  valeur,  quantité,  (hstin. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  135 


GAIM. 


Quiâmuddin  Alî,  autrement  dit  Schaïk  Muhammad 
Câim  \  naquit  dans  la  ville  de  Chândpûr  ou  Naddyâ; 
mais  il  résidait  ordinairement  à  Delili,  parce  qu'il  y  oc- 
cupait les  fonctions  de  gouverneur  de  l'arsenal.  Il  eut 
de  bonne  heure  du  goût  pour  la  poésie.  Il  fut  célèbre 
par  la  fertilité  de  son  imagination  et  l'élégance  de  son 
style.  Il  se  distingua  parmi  les  littérateurs  de  son  temps 
par  son  jugement  sain  et  la  droiture  de  son  esprit.  Ali 
Ibrahim  et  Lutf  rapportent  qu'il  commença  à  s'exercer 
à  la  poésie  hindoustani  sous  Mîr  Dard,  en  qui  il  eut 
toujours  beaucoup  de  confiance,  et  que  plus  tard  il  fut 
un  des  disciples  de  Mîr  Muhammad  Rafî  Sauda.  Mîr 
l'avait  connu.  Mushafî  eut  occasion  de  le  voir  à  Cut- 
tarab,  chez  le  nabâb  Muhammad  Yâr  Khân^  cpii,  à 
cette  époque,  accordait,  dans  l'Inde ,  aux  gens  de  lettres 
une  protection  éclairée ,  et  s'occupait  lui-même  de 
poésie.  Câim  et  Mushafî  se  lièrent  ensemble  k  cause 
de  l'uniformité  de  leurs  goûts;  mais  lorsque  la  pros- 
périté de  Cuttarah  fut  détruite,  et  qu'eut  lieu  finstal- 
lation  de  Faïz  uliah  Khân  comme  souverain  de  Râmpûr, 
alors  Câim  alla  résider  auprès  du  fils  du  nabâb  susdit, 
Ahmad  Yâr  Khân,  qui  l'employa  dans  diverses  opé- 
rations militaires. 

Ses  gazai  ont  été  réunis  en  un  diwân  qui  est  très- 
estimé.  Il  a  en  outre  composé  une  grande  quantité  de 

'       vj-jb  debout ,  fixe ,  attentif,  persévérant. 

*  Voyez  l'article  sur  ce  personnage  sous  son  surnom  poétique  d'inuV, 


136  BIOGRAPHIE 

cacîda  et  de  masnawî ,  et  un  tazkira  cité  par  Mushafî  c^ 
l'aiticle  sur  Kalîm.  Lutf  nous  apprend  que  ses  meil- 
leures poésies  sont  ses  gazai  et  ses  masnawî. 

Alî  Ibrahim  dit  qu'il  vivait  dans  les  environs  de  son 
pays  natal,  en  i  19/1  de  l'hégire  (1780).  Mushafî,  qui 
écrivait  sa  biographie  en  lygS-iyg/i,  avait  ouï  dire 
qu'il  était  mort  à  Râmpûr.  Effectivement,  on  trouve 
dans  un  exemplaire  des  Kulliyât  de  Jurât,  qui  fait  partie 
de  ma  collection,  un  tarîkh  qui  fixe  la  mort  de  cet 
écrivain  à  l'an  de  l'hégire  1207  (1792-1793  de  J.  G.)^ 

Mushafî  a  cité,  dans  son  Tazkira,  près  de  dix  pages 
des  vers  de  Gâim;  Mîr  près  de  quatre  pages,  et  Bénî 
Narâyan  un  mukhammas  en  entier.  Voici  la  traduction 
d'un  court  masnawî  de  lui  qui  est  cité  par  Alî  Ibrahim. 


L  HIVER     DANS    L  INDE. 


L'hiver  est  tellement  rigoureux  cette  année,  qu'au  matin,  le 
soleil  lui-même  tremble  de  froid;  bien  plus,  on  dirait  qu'il  n'y 
a  plus  de  soleil  dans  le  ciel,  et  que  le  firmament  cache  ce  ré- 
chaud dans  son  sein.  La  couche  d'écume  verdâtre,  qui  en  ce 
temps  surmonte  l'eau  des  étangs,  a  l'apparence  d'une  couver- 
ture de  Cachemire.  On  passe  la  journée  à  se  réchauffer  aux  rayons 
du  soleil,  et  à  la  nuit,  on  s'enveloppe  dans  un  bon  tapis.  Le  ciel 
est  toujours  revêtu  de  son  manteau  de  satin  ;  c'est  la  voie  lactée 
qui  apparaît  sous  le  costume  du  pandit.  Le  lagh^  vient  se  re- 
poser sur  la  rivière,  et  s'envole  ensuite  à  tire  d'aile.  Dans  le  che- 
min il  est  tombé  de  la  neige  tellement  blanche ,  qu'il  ressemble 
au  cardeur,  lorsqu'il  est  recouvert  de  flocons  de  coton. 

Du  ciel  sort  un  bruit  sourd  ;  un  vent  froid  et  violent  se  fait 

Lutf  dit  qu'il  mourut  en  1210  de  l'hégire,  c'est-à-dire  trois  ans  plus 
tard . 

^  Ardca  iorra  cipaica.  Buch. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  137 

sentir;  il  secoue  fortement  les  arbres,  jour  et  nuit.  Grands  et 
petits  ont  les  mains  engourdies  par  le  froid;  mais  les  plus  riches 
s'enveloppent  réellement  de  colon ,  comme  la  poire  ou  le  raisin 
qu'on  veut  conserver.  Allez-vous  chez  les  confiseurs ,  et  regardez- 
vous  leur  étalage?  vous  n'y  verrez  que  delà  neige.  Si  le  lecteur 
trouve  froid  ce  tableau  du  froid,  Câim  espère  qu'eu  égard  à  la 
saison  qu'il  décrit,  on  l'aura  pour  excusé. 

CAIS. 

Mirzâ  Ahmad  Alî  Beg ,  autrement  dit  Madàr  Beg ,  est 
connu  sous  le  takhallus  de  Ccds  ^  Il  était  père  de  Mirzâ 
Murâd  Alî  Beg  et  fils  de  Dâùd  Beg,  lequel  était  un 
riche  marchand,  et  petit-fils  de  Mirzâ  Aquil  Beg,  gardien 
du  tombeau  de  l'imâm  Alî  Muça  Riza.  La  patrie  de  ses 
ancêtres  était  Mascliliâd  ^ ;  mais  il  passa  sa  jeunesse  à 
Lakhnau  et  à  Faïzâbâd.  Il  avait  beaucoup  de  goût 
pour  la  poésie  hindoustani  et  y  réussissait.  Il  soumettait 
ses  productions  à  Jafar  Alî  Hasrat.  Mushafî,  qui  nous 
donne  ces  détails,  cite  une  page  et  demie  des  vers  de 
cet  écrivain. 

CALANDAR. 

LâlaBudh  Singh  Calandar^  était  hindou  de  religion; 
mais  on  dit  que  s'étant  rendu  amoureux  d'une  bayadère 
musulmane,  il  abandonna  l'hindouisme,  et  entra  dans 


'   ^Jlt..Xi,  nom  du  célèbre  amant  de  Lella,  plus  connu  sous  le  nom 
(le  Majnûn  ou  insensé,  que  lui  valut  sa  conduite  extravagante. 

^  Ville  du  Khoraçàn  où  se  trouve  le  tombeau  de  l'imâm  Rizâ. 

'  j«XàA^  sorte  de  faquîr  musulman. 


138  BIOGRAPHIE 

l'ordre  des  faquîrs  musulmans  nommés  calandar.  C'est 
un  poëte  hindoustani  distingué.  Alî  Ibrâbîm ,  à  qui  j'em- 
prunte ces  particularités,  cite  de  lui  trois  vers  seule- 
ment; mais  Béni  Nârayân  en  donne  un  gazai  ^  dont  je 
joins  ici  la  traduction  : 

0  mon  cœur!  tu  gémis  en  vain  sur  ton  infortune!  Ce  que  le 
calam  du  destin  a  écrit  arrive  inévitablement.  A  la  fin  il  faut  se 
décider  à  voyager  dans  le  royaume  de  la  mort.  Réveille-toi  donc 
du  sommeil  de  l'insouciance;  pourquoi  dors-tu  négligemment? 

N'est-il  pas  nécessaire  que  l'acacia  lui-même  porte  son  fruit  ? 
En  effet,  celui  qui  sème  doit  recueillir  le  produit  de  sa  semence. 
Ne  reste  pas  dans  l'inaction;  les  jours  de  la  vie  sont  comme 
une  proie.  Pourquoi  perds-tu  tes  moments  dans  les  jeux  et  les 
plaisirs  ?  Et  toi ,  Calandar,  ne  laisse  pas  prendre  ton  cœur  dans 
les  replis  du  chagrin  ;  crains  le  filet  des  épreuves  de  l'amour. 

CHANDl 

Très-célèbre  historien  et  poëte  hindoui,  auteur  du 
Piitfiwi-râjâ  charitra^,  ou  Histoire  de  Prithwî-ràjâ,  der- 
nier roi  bindou  de  Delili.  Cet  ouvrage  écrit  en  vers, 
d'après  l'usage  suivi  dans  l'Inde,  contient  l'histoire  du 
Rajpoutana,  et  surtout  celle  du  temps  de  Chand,  his- 
toire oii  cet  écrivain  joue  un  rôle  assez  important.  C'est 
assurément  une  des  plus  anciennes  productions  hindî"'. 
Chand  était  le  poëte  de  Pithaura  ou  Pritwî-râjâ,  qu'il  a 

*  W.  Price  a  publié  cette  pièce  de  vers  dans  ses  Hindee  and  Hindoosta- 
nee  Sélections ,  tom.  II,  pag.  SgS. 

*  "of^  lune. 

*  w.  Priée,  Hindee  and  lllndooslancc  Sélections,  préface,  pag.  8. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  139 

célébré  ainsi  que  plusieurs  familles  râjpùt.  Il  vivait 
par  conséquent  à  la  fin  du  xn*  siècle.  La  Société  asia- 
tique de  Londres  a,  dans  sa  bibliothèque,  un  manus- 
crit de  cet  ouvrage  qui  lui  a  été  donné  par  le  major 
Caufield,  et  il  y  en  avait  un  exemplaire  parmi  les 
manuscrits  de  Mackenzie  ^  Un  savant  russe,  Robert 
Lenz ,  en  avait  traduit  une  portion  qu'il  devait  publier 
en  i836,  à  son  retour  à  Saint-Pétersbourg-,  mais  la 
mort  prématurée  de  ce  jeune  savant  a  privé  les  orien- 
talistes de  cet  intéressant  travail.  Le  manuscrit  de  la 
Société  royale  asiatique  porte  un  titre  persan  qui  si- 
gnifie :  Histoire  de  Prithû-râj ,  en  langue  ping  al  (c'est-à- 
dire  en  vers  indiens),  par  le  poëte  Chand  bardai^.  Feu 
James  Tod  a  tiré  un  grand  parti  de  ce  poëme  pour 
son  Histoire  du  Rajastbân  ^.  Il  en  avait  même  traduit 
une  grande  partie;  mais  la  mort  l'a  empêché  de  ter- 
miner ce  travail  et  de  le  publier.  Il  avait  seulement 
fait  imprimer  la  traduction  d'un  épisode  remarquable 
de  ce  poëme  historique  sous  le  titre  de  The  Vow  of  San- 
gopta,  c'est-à-dire  le  Vœu  de  Sangopta;  mais  il  n'en  avait 
donné  des  exemplaires  qu'à  quelques  amis  seulement. 
On  a  réimprimé  cette  traduction  dans  le  tome  XXV, 
nouvelle  série  de  ïAsiatic  Joarnal.  Voici,  du  reste,  ce 
qu'il  dit  du  poëme  de  cet  écrivain  *  : 

'  Mackenzie  Collection,  tom.  II,  pag.  1 15. 

'  Voyez  l'arlicle  de  M.  de  Sacy,  dans  le  Journal  des  Savants,  i83i, 
pag.  7,  et  i832,  pag.  420. 

*  A nnah  and  antiquities  of  Rajasthan,  iom.  I,pag.  254. 


140  BIOGRAPHIE 

«L'ouvrage  de  Cliand  est  une  histoire  universelle 
«  de  la  période  dans  laquelle  il  a  écrit.  Dans  les  soixante- 
«  neuf  livres  comprenant  cent  mille  stances  relatives  aux 
«exploits  de  Pritlii-ràj,  chaque  nohle  famille  du  Rajas- 
«thân  trouve  quelque  mention  de  ses  ancêtres.  En  con- 
«  séquence  on  conserve  cet  ouvrage  dans  les  archives 
«  de  toutes  les  tribus  qui  ont  des  prétentions  au  nom 

«  de  Râjpût Les  guerres  de  Prithi-râj ,  ses  alliances, 

«  ses  tributaires  nombreux  et  puissants ,  leurs  résidences 
«  et  leurs  généalogies  rendent  les  écrits  de  Cliand  inap- 
«préciables  pour  l'histoire  et  la  géographie ,  aussi  bien 
«que  pour  la  mythologie,  les  usages,  etc » 

Je  crois  qu'on  désigne  aussi  cet  écrivain  sous  le  nom 
de  Chandra  ou  Chandrabhât  \  et  son  ouvrage  sous  celui 
de  Pritim-râj  nyâçû^,  c est-à-dire  le  Grand  Sacrifice  de 
Prithvvi-râjâ. 

Ward ,  dans  son  Histoire  de  la  littérature  et  de  la  my- 
thologie des  Hindous,  t.  II,  p.  A82,  cite  cet  ouvrage 
comme  étant  écrit  dans  le  dialecte  hindi  de  Kanoje, 

Je  pense  que  c'est  le  même  ouvrage  qui  est  désigné 
dans  le  Journal  de  la  société  asiatique  de  Calcutta  ^, 
sous  le  titre  de  Prithivi-rajâ  baça  (  bhasha  ) ,  et  dans  le 
catalogue  des  livres  de  la  même  société ,  sous  celui  de 
Pritlii,  or  the  exploits  of  Pritliu-raja,  the  first  monarch  of 
Biana  ^- 

'  ^2  m^  le  barde  Chandr  (lune). 

'   i835,  pag.  55.  ! 

''  Ville  delà  province  tl'Agro. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  141 

On  doit  à  ce  Gliaiidra  un  autre  ouvrage  intitulé 
Jaya-Chaiidra  Prakâçha^,  c'est-à-dire  Histoire  de  Jaya- 
Cliandra.  Il  est  écrit,  comme  le  premier,  dans  le  dia- 
lecte de  Kanoje,  et  il  est  également  cité  par  Ward. 

CHANDA-. 

Célèbre  reine  d'Haidaràbàd,  auteur  d'un  diwân  dont 
on  conserve  un  exemplaire  à  la  bibliothèque  de  VEast- 
India  House.  Cet  exemplaire  fut  offert  comme  un  nazar, 
par  cette  femme  extraordinaire,  au  capitaine  Malcoîm, 
au  milieu  d'une  danse  dans  laquelle  elle  remplissait  le 
principal  rôle,  le  i"  octobre  1799  ^.  En  voici  un 
gazai  qui  rappelle  l'ode  célèbre  de  Sapbo ,  traduite  par 
Boileau  : 

Après  avoir  abreuvé  mon  cœur  à  la  coupe  d'un  œil  charmant , 
j  erre  à  l'aventure,  hors  de  moi-même,  comme  celui  que  trouble 
l'ivresse.  Tes  regards  brùlanls  dévorent  tout;  ta  face  qui  a  l'éclat 
de  la  flamme,  a  consumé  mon  cœur.  Je  me  conforme  à  ton  désir 
en  t'offrant  pour  mon  nazar  ma  tète;  mais,  néanmoins,  ton  cœur 
n'est  point  sans  voile  pour  moi.  Comme  mes  yeux  sont  fixés  sur 
ton  visage,  mon  âme  est  agitée,  mon  cœur  bat  violemment.  Tout 
ce  que  Chanda  désire,  c'est  que,  dans  les  deux  mondes,  tu  la 
places  à  tes  côtés ,  elle  dont  le  cœur  est  si  sensible  *  ! 

^    <XÂâk  la  lune. 

'  Ce  qui  précède  est  tiré  d'une  note  écrite  en  anglais  dans  l'exemplaire 
du  diwân  de  Chanda  qui  appartient  à  la  bibliothèque  de  YEast-India 
House.  Celte  note  est  peut-être  du  docteur  Leyden,  à  qui  ce  manuscrit 
avait  appartenu  avant  de  faire  partie  de  la  bibliothèque  de  YEast-India 
House. 

'  A  la  lettre,  la  terre  du  cœur  Ji  t->îvj,  c'est-à-dire,  je  pense,  son 


142  BIOGRAPHIE 

CHATURBHUJ    MISR\ 

Auteur  de  la  version  braj-bliakha  du  x*  livre  du  blia- 
gavat  de  Viaçadéva,  qui  roule  sur  l'histoire  de  Krischna, 
Chaturbhuj  Misr  la  rédigea  en  clolia  et  en  cliaupaî.  C'est 
la  quintessence^  de  cette  histoire  qui  forme  le  Prem 
sâgar  de  Lallù-jî  La] ,  qui  a  été  imprimé  à  Calcutta.  Je 
parlerai  de  ce  dernier  ouvrage  à  l'article  sur  Lallù-jî 
Lâl. 

CUBUL. 

Abd  ulganî  Beg  Ctibûl  ^  naquit  dans  le  Cachemire. 
Il  est  un  des  poètes  persans  de  l'Inde  les  plus  célèbres; 
mais  il  a  aussi  écrit  en  hindoustani,  et  c'est  comme 
poète  hindoustani  seulement  qu'il  est  cité  ici.  Alî  Ibra- 
him donne  de  lui  un  vers  qui  paraît  tiré  d'un  poème 
satirique. 

CUDRAT. 

Schâh  Cudrat  ullah ,  de  Dehli ,  qui  adopta  le  mot 

cœur  matériel,  son  cœur  de  chair;  en  d'autres  termes,  elle  (jui  est  si 

sensible  ! 

'  "^rl^TÎT  qui  signifie  à  quatre  bras,  est  un  des  noms  de  Wischnou. 

t^T^r  est  une  sorte  de  titre  d'honneur  qu'on  ajoute  aux  noms  propres. 

Ce  mot  signifie  proprement  un  éléphant;  il  est  analogue  à  iH^'  signi- 
fiant lion,  qui  se  place  souvent  aussi  après  les  noms  propres. 

*  HTT  Prcni  sâgar,  pag.  i .  Voyez  ce  que  je  dis  à  ce  sujet  à  l'article 
sur  Lallû-jî  Lâl. 

'  JjaS  acceptation,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  U3 

Cadrât  '  pour  takhallus ,  est  un  des  écrivains  hindous- 
tani  les  plus  éloquents.  Il  était  parent  de  Mîr  Schams 
uddîn  Faquîr.  Ses  vers  sont  de  la  bonne  facture  an- 
tique et  remarquables  surtout  par  la  pureté  avec  la- 
quelle ils  sont  écrits.  Cudrat  fut  aussi  distingué  parmi 
ses  compatriotes  par  ses  bonnes  qualités,  surtout  par 
sa  fidélité  dans  l'amitié  et  par  sa  franchise.  Il  était  lié 
avec  les  notabilités  littéraires  de  son  temps.  Il  demeurait 
près  d'Azîmâbâd  du  temps  qu'écrivait  Mushafî.  Peu 
de  temps  avant  l'époque  où  Alî  Ibrahim  traçait  sa  bio- 
graphie, il  vint  de  Dehli  à  Murschidâbâd  et  y  fixa  sa 
résidence.  Ses  vers  hindoiistani,  qu'il  a  écrits  dans 
tous  les  mètres,  ont  été  réunis  en  un  diwân^.  Lutf  en 
cite  beaucoup  de  gazai,  et  Mannû  Lâl  un  long  mu- 
khammas.  Voici  de  cet  excellent  poëte  un  court  gazai 
cité  par  Bénî  Narâyan  : 

Le  jardin  s'est  échappé  de  ma  possession ,  hélas  !  ô  soir  de 
malheur  !  puisque  ma  patrie  m'échappe.  Ayant  donné  mon  cœur 
par  l'elTet  d'un  coup  d'œil  piquant,  j'ai  fui  comme  le  daim, 
lorsqu'il  s'échappe  des  mains  du  chasseur.  Jusqu'à  présent,  de 
la  racine  de  chaque  cheveu  de  tes  amants,  des  milliers  de 
sources  de  sang  se  sont  échappées  sous  le  linceul  qui  couvre  leur 
corps.  Cudrat,  pourquoi  écrirai-je  la  peine  de  la  nuit  de  l'ab- 
sence ?  L'âme  est  séparée  du  corps,  le  corps  s'échappe  de  l'âme. 

CUDRAT  (MAULAWI  CUDRAT  ULLAH). 

Maulawî  Cudrat  ullah,  et  simplement  Cudrat,  qui  est 
son  takhallus,  était  habile  dans  la  langue  arabe  et  dans 

'   cyj»Xjj  puissance. 

*  Lutf  nous  apprend  qu'on  a  aussi  de  lui  des  vers  persans. 


144  BIOGRAPHIE 

la  inédecinc.  Il  demeurait  à  Dehli,  où  Miishafî  l'avait 
vu  pendant  son  séjour  dans  cette  ville.  Il  était  le  dis- 
ciple et  l'ami  de  Sanà  ullali  Khan  Firâc.  On  lui  doit 
des  poésies  liindoustani. 

Musliafî  nous  fait  connaître  un  autre  Maulawî  Cudrat 
ullah  Cudrat,  auteur  d'un  Tazkira-i  hindi  ou  Biographie 
des  écrivains  liindoustani,  auteur  qui,  en  1^93-179/1, 
résidait  à  Rampour^ 

CULI  CUTB  SCHAH. 

Culî  Cutb  Schâh  - ,  roi  de  Golconde ,  qui  monta  sur 
le  trône  en  1682  de  Jésus-Christ,  âgé  seulement  de 
douze  ans,  eut  de  bonne  heure  du  goût  pour  la  poésie, 
et  fit  de  nombreuses  pièces  de  vers  dakhnî.  On  sait 
qu'il  se  distingua  par  sa  capacité,  et  par  la  protection 
et  les  encouragements  qu'il  accorda  à  la  littérature. 
C'est  à  lui  c|ue  la  ville  de  Haiderâbàd  doit  sa  fondation. 
Les  poésies  liindoustani  de  ce  prince  ont  été  réunies 
sous  le  titre  de  Kiilliyât  (  OEuvres  complètes  ).  Un  exem- 
plaire de  ces  Kulliyât  faisait  partie  de  la  bibliothèque  de 
Tippou.  Il  y  avait  aussi  un  volume  intitulé  Diwani-i  Cuth- 
Sclidhi,  dans  la  bibliothèque  de  Muhammad  Bakhsch. 
Ce  même  ouvrage  ou  les  Kulliyât,  sont  quelquefois  dé- 
signés aussi  simplement  sous  le  nom  de  Cutb-Schâhi.  Il 
en  existe  un  manuscrit  sous  ce  titre  à  Haiderâbàd. 

'  Ville  de  la  province  de  Dehli. 

^  Le  mot  j^Lâ  signiGe  esclave;  il  est  turc.  Ou  sait  en  efiel  que  la 
dynastie  des  rois  de  Golconde  était  d'origine  turque.  Le  mot  '  ^^"«  signi- 
fie pôle;  quant  au  mot  sLtii ,  il  signifie,  comme  on  le  sait,  roi. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  1/j5 


CURBAN. 


Mîr  Jiyûn  Ciirbân  \  un  des  disciples  de  Sauda,  était 
un  jeune  poëte,  militaire  de  profession.  Il  fut  tué,  en 
se  battant  contre  les  Anglais,  à  Faïzâbâd,  après  avoir 
vendu  chèrement  sa  vie.  Voici  deux  vers  de  lui,  cités 
par  Alî  Ibrahim  : 

Sa  robe,  qui  était  étroitement  serrée,  s'est  ouverte  comme  le 
bouton  de  rose  lorsqu'il  se  déploie  avec  grâce.  Le  zéphyr  est-il 
venu  murmurer  quelque  chose  à  l'oreille  de  cette  fleur?  Son 
cœur  serait-il  par  hasard  disposé  à  aimer  ce  rossignol  qui  de 
son  bec  a  déchiré  ses  pétales? 

CUTB   SCHAH'. 

Musulman  du  Décan  à  qui  on  doit  un  masnawî  sur  Ma- 
homet, intitulé  Riçala^,  poëme  qu'il  composa  en  douze 
jours,  dans  l'année  de  l'hégire  1018  (1608-1609).  On 
trouve  de  cet  ouvrage ,  à  la  bibliothèque  de  ÏEast-India 
Home ,  un  manuscrit  qui  se  compose  de  1  2  o  pages  en- 
viron, grand  in-S",  Il  est  divisé  en  Hikâyat'^  ou  histoires. 
Ce  manuscrit  fut  copié  par  Hâjî  Muhammad  Rizâ ,  fds 
de  Murâd  Beg,  fils  de  Muhammad  Kaiîm,  du  Mâzende- 
rân,  dans  la  ville  de  Haiderâbâd,  en  1  1  34  de  l'hégire 
(  1  720-172  1  ). 

~  aUw  c«JaJ»  ou  »,Mj.s]a'»- 
''   >iLwj  épîtrc,  traite. 

'  Dans  les  titres  de  cette  sorte  de  chants  le  mol  ool^Cs».  est  écrit  de 
celte  sorte  ci>  ^<  i  li)  r». . 

I.  10 


146  BIOGRAPHIE 


DADU. 


Dâdû,  fondateur  de  la  secte  des  Dàdù-panthi ,  qui  est 
une  ramification  de  celle  des  Ramanandi,  et  par  consé- 
quent comprise  dans  les  schismes  des  Vischnava,  était 
élève  d'un  des  principaux  propagateurs  kabir-panlhî  et 
le  cinquième  dans  leur  lignée  spirituelle  après  Râmâ- 
nand  ou  Kabîr,  savoir  :  Kamal,  Jamal,  Bimal,  Buddhan 
et  Dâdù. 

Dâdû  était  de  la  caste  des  cardeurs  de  laine.  Il  naquit 
à  Ahmadâbâd;  mais,  dans  sa  douzième  année,  il  alla  à 
Sambher  en  Ajmir,  de  là  à  Kalyânpur,  puis  à  Naraïna, 
ville  située  à  quatre  kos  de  Sambher  et  à  vingt  de  Jaypur. 
Il  avait  alors  trente-sept  ans.  Ce  fut  là,  qu'averti  par 
une  voix  du  ciel,  de  se  dévouer  à  une  vie  religieuse, 
il  se  retira  au  mont  Baliérana,  à  cinq  kos  de  Naraïna, 
où,  après  quelque  temps,  il  disparut  sans  qu'on  pût 
trouver  de  lui  aucune  trace.  Ses  sectateurs  croient 
qu'il  fut  absorbé  dans  la  Divinité.  Ceci  arriva,  dit-on, 
vers  l'année  1600,  à  la  fin  du  règne  d'Akbar,  ou  au 
•commencement  de  celui  de  Jahanguîr.  On  conserve 
encore,  à  Naraïna,  qui  est  le  lieu  principal  du  culte 
Dâdû-panthi,  le  lit  de  Dâdû  et  la  collection  des  textes 
que  ces  sectaires  vénèrent.  Un  petit  édifice,  sur  la 
montagne,  marque  le  lieu  de  la  disparition  de  ce  légis- 
lateur. 

Les  doctrines  de  cette  secte  sont  contenues  dans  diffé- 
rents livres,  en  bâhkhâ,  où  il  paraît  que  beaucoup  de 
passages  des  écrits  de  Kabir  ont  été  insérés.  Dans  tous 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  147 

les  cas,  ces  différents  écrits  ont  beaucoup  de  ressem- 
blance entre  eux  ^. 

Ward^  cite  de  cet  écrivain  le  Dâdûhi  Vâni^,  c'est-à- 
dire  le  Discours  de  Dâdû.  Cet  ouvrage  est  écrit  dans  le 
dialecte  de  Jaïpùr.  Le  lieutenant  G.  R.  Siddons^,  beau- 
frère  du  célèbre  H.  H.  Wilson,  a  entrepris  de  traduire  le 
traité  de  cet  auteur  sâdh,  intitulé  Dâdd-panthi  grantha, 
c'est-à-dire  le  Livre  des  disciples  de  Dâdû.  Le  profes- 
seur Wilson  avait  eu  l'intention  de  s'occuper  du  même 
travail.  M.  Siddons  a  donné,  dans  le  numéro  de  juin 
i835  du  Journal  de  la  Société  asiatujue  de  Calcutta,  le 
texte  et  la  traduction  du  chapitre  sur  la  foi  de  cet  im- 
portant ouvrage  qui,  selon  M.  J.  Prinsep,  offre  un  bon 
spécimen  de  Kliari  holî  (pur  hindoustani)  de  l'Inde  cen- 
trale. En  voici  quelques  extraits  : 

Que  la  foi  en  Dieu  caractérise  toutes  vos  pensées ,  vos  paroles , 
vos  actions.  Celui  qui  sert  Dieu  ne  place  sa  confiance  en  rien  autre. 

Si  le  souvenir  de  Dieu  était  dans  vos  cœurs  ,  vous  seriez  capa- 
bles d'accomplir  des  choses  qui  sans  cela  seraient  impraticables  ; 
mais  ils  sont  en  bien  petit  nombre  ceux  qui  recherchent  la  voie 
qui  conduit  à  Dieu 

0  insensés  !  Dieu  n'est  pas  loin  de  vous  ;  il  en  est  proche.  Vous 
êtes  ignorants,  mais  il  connaît  toutes  choses,  et  il  distribue  ses 
dons  à  son  gré 

'  Ceci  est  extrait  du  Journal  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  n"  de 
juin  1837.  On  y  trouve,  loc.  cit.  des  détails  sur  la  secte  des  Dâdû-panthî, 
ainsi  que  dans  le  Mémoire  de  M.  Wilson  ,  Asiatic  Researches.  tom.  XVII , 
pag.  3o2  et  suiv. 

-    History,  etc.  of  ihe  Hindoos ,  tom.  II,  pag.  48 1. 

*  Ce  jeune  indianiste  s'occupe  spécialement  de  la  langue  Iiindouî. 

lO. 


148  BIOGRAPHIE 

Prenez  telle  nourriture  et  tel  vêtement  qu'il  plaira  à  Dieu  de 
vous  départir.  Vous  n'avez  besoin  de  rien  autre.  Contentez-vous 
du  morceau  de  pain  que  Dieu  vous  accorde 

Méditez  sur  la  nature  de  vos  corps  qui  ressemblent  à  des 
vases  déterre,  et  metlez  en  dehors  tout  ce  qui  ne  se  rapporte 
pas  à  Dieu. 

Tout  ce  qui  est  la  volonté  de  Dieu  arrivera  assurément  ;  en 
conséquence  ne  détruisez  pas  votre  vie  par  l'anxiété,  mais  at- 
tendez. 

Quel  espoir  peuvent  avoir  ceux  qui  abandonnent  Dieu,  quand 
même  ils  parcourraient  toute  la  terre  ?  0  insensé!  les  hommes 
justes,  qui  ont  médité  sur  ce  sujet,  vous  disent  d'abandonner 
tout  excepté  Dieu,  puisque  tout  est  affliction. 

Crois-en  la  vérité,  fixe  ton  cœur  en  Dieu,  et  humilie-toi, 
comme  si  tu  étais  mort 

Pour  ceux  qui  aiment  Dieu  ,  toutes  les  choses  sont  extrême- 
ment douces  ;  jamais  ils  ne  les  trouveront  amères,  quand  même 
elles  seraient  pleines  de  poison;  bien  au  contraire,  ils  les  ac- 
ceptent comme  si  c'était  de  l'ambroisie.  Si  on  supporte  l'adver- 
sité pour  Dieu ,  c'est  bien  ;  mais  il  est  inutile  de  faire  du  mal 
au  corps 

L'esprit  qui  n'a  pas  la  foi  est  léger  et  volage  ,  parce  que  n'étant 
fixé  par  aucune  certitude ,  il  change  d'une  chose  à  l'autre 

Ne  condamne  rien  de  ce  que  le  Créateur  a  fait.  Ceux-là  sont 
ses  saints  serviteurs  qui  sont  satisfaits  de  lui 

Dàdù  dit  :  Dieu  est  mon  gain,  il  est  ma  nourriture  et  mon  sou- 
tien. Par  sa  subsistance  spirituelle  tous  mes  membres  ont  été 

nourris Il  est  mon  gouverneur,  mon  corps  et  mon  âme. 

Dieu  prend  soin  de  ses  créatures ,  comme  une  mère  de  son 
enfant 0  Dieu  !  tu  es  la  vérité;  accorde-moi  le  contente- 
ment ,  l'amour,  la  dévotion  et  la  foi.  Ton  serviteur  Dàdù  te  de- 
mande la  vraie  patience,  et  vient  se  consacrer  à  toi. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  149 

DAG. 

Mîr  Mahdî  Dàg  ^  est  le  fiis  de  Mîr  Soz.  Comme  son 
père,  il  se  distingua  dans  la  poésie  hindoustani.  11  avait 
d'abord  pris  pour  takhallus  le  mot  Ah  '-;  mais  il  choisit 
ensuite  celui  de  Dâg  qui  lui  est  resté.  Mushafî  nous  le 
représente  comme  un  jeune  homme  fort  doux  et  d'une 
heureuse  physionomie.  11  fut  violemment  épris  d'une 
femme,  et,  dans  l'impossibilité  de  la  posséder,  il  tomba 
dans  un  état  de  langueur  qui  le  conduisit  aux  portes 
du  tombeau,  11  allait  rendre  l'àme,  lorsqu'il  reçut  une 
lettre  de  sa  bien-aimée;  mais  il  était  trop  tard.  Il  eut 
encore  néanmoins  la  force  d'écrire  sm*  cette  lettre  le 
vers  dont  la  traduction  suit  : 

Un  souÛle  animait  encore  mes  membres  au  moment  ou  j  ai 
reçu  ta  lettre;  que  t'écrirai-je  quand  tu  me  prives  de  mon  exis- 
tence qui  aurait  pu  être  si  heureuse  ? 

Mushafi  qui  nous  donne  ces  détails  dans  son  Taz- 
hira,  cite  de  cet  écrivain  un  rubàï  hindoustani  où  Dà? 
parle  de  sa  passion.  Le  voici  rendu  en  français  : 

Cette  passion  n'est  pas  bonne,  elle  est  mauvaise  ;  elle  absorbe 
mon  esprit ,  c'est  un  amour  dangereux.  Quand  je  suis  loin  d'elle, 
puis-je  m' empêcher  de  pousser  des  soupirs  ?  Disons  la  vérité  r  une 
telle  affection  est  dangereuse. 

'    j.)i  marque,  bhssuic,  et   aussi   blessé. 
-   ft'  soupir. 


150  BIOGRAPHIE 


DAIM. 


Alî  Dâïni^  est  un  poëte  hindoustani  qui  habitait  Cal- 
cutta avant  l'époque  où  écrivait  Bénî  Naràyan,  qui  en 
cite  onze  pièces  de  vers  composées  avec  goût.  En  voici 
une  qui  est  charmante  dans  l'original  : 

0  messager  !  va  donner  à  mon  amie  de  mes  nouvelles  ;  si  elle 
ne  veut  pas  s'unir  à  moi,  il  faut  le  dire  à  sa  famille.  Mon  cœur 
est  maintenant  agité  du  désir  de  la  voir  ;  dis  l'état  véritable  de  ce 
cœur  à  ma  maîtresse.  Si  cette  beauté  sémillante  n'agrée  pas  mes 
paroles,  ô  messager,  il  faut,  en  pleurant,  les  dire  à  un  autre, 
dans  un  tête-à-tête.  Je  suis  malade  d'amour,  ta  face  est  mon  re- 
mède ;  va  dans  le  jardin  le  dire  au  narcisse.  0  messager!  la  fiole 
de  mon  cœur  n'a  pas  plus  de  valeur  qu'un  atome ,  il  est  néces- 
saire de  le  dire  à  mon  acheteur.  Prends  mon  message  et  porte-le 
à  mon  amie;  il  faut  lui  dire  quelque  chose  en  colère,  et  quelque 
chose  avec  amitié.  Mon  cœur  a  reçu  une  blessure  comme  la  tu- 
lipe; va  dans  les  jardins  le  dire  au  parterre  de  fleurs.  Dâîm ,  tu 
fais  en  vain,  en  pleurant,  connaître  à  chacun  ton  état.  Il  faut  le 
dire  à  une  rose  et  non  à  une  épine. 

DANA. 

Schaïkh  Fazl-i  Alî  de  Delili,  connu  sous  le  nom  de 
Schâli  Dânâ  ^,  était  de  la  famille  religieuse  de  Schâh 
Burhân  uddîn  et  du  nombre  des  disciples  de  Miyân 
Mazmùn  de  Schâhjahanâbâd  ou  Dehli.  Il  resta  long- 
temps occupé  d'affaires  temporelles;  il  fut  entre  autres 
attaché  à  la  cour  du  nabâb  Sirâj  uddaula,  gouverneur 

'li  èlrrnel. 


^    bli   '^'inf,  soraiit. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  151 

du  Bengale;  mais  en  i  ig/i  de  l'hégire  (  1780  de  J.  C), 
il  renonça  aux  occupations  séculières  et  il  embrassa  la 
pauvreté  spirituelle.  Il  est  auteur  de  poésies  hindous- 
tani  mystiques  où  il  s'est  attaché  à  employer  des  expres- 
sions nouvelles.  Mîr  raconte  que  Dânâ  vint  assister,  un 
jour,  à  la  réunion  littéraire  qui  se  tenait  chez  lui  le  1 5 
de  chaque  mois ,  réunion  qui  coïncidait  cette  fois  avec 
la  fête  du  lioli.  Son  costume  était  tellement  étrange 
que  Rafî  Sauda  (qui  était  un  des  assistants)  dit  en 
le  voyant  :  «0  mes  amis  !  voici  quelqu'un  déguisé  en 
«  ours^  »  Cette  plaisanterie  égaya  beaucoup  l'assemblée. 
Du  reste,  Mîr  dit  que  Dânâ,  qu'il  voyait  quelquefois, 
était  un  homme  excentrique.  Il  en  cite  un  petit  nombre 
de  vers.  Ali  Ibrahim  fait  de  lui  des  citations  plus  éten- 
dues, parce  que  Dânâ  ayant  su  qu'il  travaillait  à  une 
biographie  des  poètes  hindoustani,  avait  eu  soin  de  lui 
envoyer  quelques  pièces  de  vers  afin  qu'il  pût  les  placer 
dans  son  ouvrage. 

DARD. 

Miyân  Sàhib,  autrement  dit  Miyân  Khâja  Mîr  Dard  ^, 
de  Dehli,  un  des  poètes  hindoustani  les  plus  distingués 
et  les  plus  célèbres,  était  fils  de  Khâja  Nâcir  de  Dehli  ', 
et  disciple  de  Schâh  Gulschan ,  auteur  du  livre  intitulé 

'  Il  faut  savoir,  à  ce  propos,  que,  pendant  les  jours  de  la  fête  du  holî. 
qui  est  le  carnaval  de  Tlnde,  les  gens  du  peuple  et  les  enfants  se  dégui- 
sent, pour  s'amuser,  en  ours,  en  singe,  en  cheval,  en  chameau.  Voyez 
ma  Notice  des  fêtes  populaires  des  Hindous,  p.  38  et  suiv. 

"  iji  peine,  douleur. 

'  Mushafî  le  donne  comme  fils  de  Schâh  Gulschan. 


152  BIOGRAPHIE 

Nâla-i  andalib  (les  Gémissements  des  rossignols  ^).  Mîr, 
qui  fut  son  disciple,  s'exprime  à  son  sujet  en  termes 
hyperboliques.  De  son  côté  Alî  Ibrahim  dit  ce  qui  suit 
sur  son  compte  : 

Pour  louer  convenablement  le  caractère  de  ce  soleil  qui  éclaire 
le  monde,  de  ce  descendant  du  prophète  élevé ^  je  dois  dire 
que  lorsque  Schâhjâhanàbâd  (Dehli)qui  était  le  lieu  de  réunion 
des  notabilités  en  tout  genre  du  quart  habité  de  l'univers,  et  la 
demeure  des  gens  les  plus  distingués  par  leurs  qualités  et  par 
leur  naissance;  lors,  dis-je ,  que,  par  suite  de  nombreux  mal- 
heurs et  d'accidents  successifs,  cette  ville  tourna  sa  face  vers  la 
destruction,  et  que  chacun,  tant  d'entre  les  grands  que  d'entre 
les  petits ,  tant  des  derviches  assis  dans  l'angle  de  la  pauvreté 
que  des  gens  puissants  et  riches,  que  chacun,  dis-je,  ne  pou- 
vant supporter  cet  état  déplorable,  ne  vit  rien  de  mieux  que 
de  quitter  cette  ville  infortunée ,  cet  homme  d'illustre  naissance 
(Dard)  supporta  patiemment  les  malheurs  qui  étaient  tombés 
sur  sa  patrie,  il  se  résigna  à  ces  événements  fâcheux,  sans  ja- 
mais abandonner  sa  ville  natale.  Il  vécut  là,  retiré  du  monde, 
et  ne  s'éloigna  pas  seulement  à  un  farsang  de  Dehli.  Si  le 
célèbre  Farid^,  surnommé  Schahar  ganj  (trésor  de  sucre),  eût 
pu  voir  cette  montagne  de  patience,  il  aurait  avec  ses  dents 
mordu  son  doigt,  comme  s'il  eût  été  une  canne  à  sucre,  par 
l'effet  de  l'étonnement  que  lui  aurait  inspiré  la  véritable  pau- 
vreté spirituelle  de  Dard.  Et  si  le  saïyid  Huçain-jang  Sawâr  * 
eût  existé  dans  ce  temps ,  il  aurait  mis  sur  ses  épaules  la  livrée 
de  son  service.  Bref,  ce  grand  personnage  s'occupait  à  écrire 
des  vers  hindoustani ,  non  pas  pour  acquérir  de  la  réputation  et 

^  Son  titre  de  Mir  annonce  en  effet  qu'il  descendait  de  Mahomet. 
Voyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  20. 

'  Voyez ,  sur  ce  saint  musulman,  mon  Mémoire  sur  des  particularités  de 
la  relicjion  musulmane  dans  l' Inde ,   pag.   100. 

*  Autre  saint  musulman. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  153 

de  la  célébrité,  mais  pour  faire  jeter  des  flammes  au  feu  presque 
éteint  des  cœurs  des  gens  mélancoliques.  Le  coursier  rapide  de 
son  calam  n'ayant  pas  montré  d'incapacité  à  parer  d'ornements 
sa  diction ,  et  le  burâc  '  léger  de  son  roseau  n'étant  pas  resté  en 
arrière  dans  l'emplacement  des  discours  élevés,  le  papier  où  il 
a  écrit  ses  productions  devint  semblable  à  la  feuille  de  rose,  et 
le  bruit  de  la  langue  de  son  roseau  devint  pareil  à  celui  du  bec 
des  rossignols. 

Son  diwân  ^  n'est  pas  très-étendu ,  mais  les  pièces  qui 
le  composent  sont  généralement  très-agréables,  et  se 
distinguent  de  la  plupart  des  compositions  de  ce  genre 
en  ce  que  le  poète  y  aborde  tour  à  tour  toutes  les  ques- 
tions de  spiritualisme.  Pour  expliquer  ces  matières  abs- 
truses ,  il  a  écrit  lui-même  un  commentaire  à  ses  vers.  A 
l'époque  où  Ali  Ibrahim  écrivait,  en  i  196  (1 781-82), 
ce  célèbre  personnage  était  encore  à  Dehli  considéré 
comme  le  guide  des  spiritualistes.  Il  a  écrit  aussi  des 
gazai  et  quelques  rubàï  en  persan,  Ali  Ibrahim  cite  dans 
sa  biographie  quarante  pages  in-fol.  de  ses  vers  hindous- 
tani  qui  sont  effectivement  très-remarquables.  Son  style, 
fort  éloquent ,  est  clair  et  intelligible. 

Mushafi  dit  que  Dard  fut  militaire  sous  le  règne  de 
Muhammad  Schâh;  qu'il  quitta  ensuite  le  monde  et 
s'assit  sur  le  tapis  des  derviches;  qu'il  fut  Tunique  de 
son  temps  pour  la  science  et  la  vertu,  et  ne  mit  jamais 
les  pied  hors  de  Dehli.  Il  appartenait  à  la  lignée  reli- 
gieuse des  Nacsch-band^.  Il  paraît  qu'il  en  était  le  chef 

'  Monture  de  Mabomet,  dans  son  ascension. 

^  J'en  ai  un  exemplaire  dans  ma  coHeclion  particulière.  Il  y  en  a  un 
autre  dans  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William,  à  Calcutta,  et 
dans  d'autres  bibliotbèques. 

'  Voyez  le  C-aiiùn-i  lilant  du  feu  docteur  Ilerklolls,  pnp:.  200. 


154  BIOGRAPHIE 

spirituel,  car  Mîr  rapporte  qu'il  témoigna  le  désir  de 
l'avoir  pour  successeur  comme  président  de  ces  servi- 
teurs de  Dieu  ;  ce  qui  eut  lieu  conformément  à  sa  vo- 
lonté. 

Il  était  très-liabile  en  musique  :  le  second  jour  de 
chaque  mois  il  réunissait  des  musiciens  près  du  tom- 
beau de  son  père,  et  les  habitants  de  la  ville  de  toutes 
les  classes  venaient  assister  h  ce  concert. 

Il  était  tellement  plongé  dans  la  pauvreté  spirituelle 
et  dans  l'insouciance  des  choses  du  monde ,  que  l'empe- 
reur étant  un  jour  venu  le  visiter  en  personne,  Dard 
ne  tarda  pas  à  s'excuser  et  à  se  retirer. 

Mushafi  dit  qu'à  l'époque  où  il  traçait  sa  biographie , 
il  y  avait  un  an  que  ce  saint  personnage  avait  trouvé 
le  remède  à  l'absence ,  s'étant  réuni  au  grand  médecin 
qu'il  honorait  avec  tant  d'ardeur.  Lutf  se  sert  d'une 
autre  allégorie  pour  exprimer  le  même  événement.  Selon 
lui ,  «  Ce  rossignol  du  jardin  de  la  liberté  étant  sorti 
(c  du  fdet  de  l'existence ,  alla  habiter  le  champ  du  néants  » 
Pour  parler  sans  figure,  il  mourut  en  1209  ^^  l'hégire 
(1793-179/1). 

'  Cette  expression  ,  qu'on  trouve  souvent  chez  les  poêles  musulmans, 
donnerait  à  penser  qu'ils  sont  matérialistes,  tandis  qu'ils  donnent  dans 
l'excès  contraire ,  puisqu'ils  appartiennent  pour  la  plupart  à  la  secte 
des  sofîs ,  qui  considèrent  la  matière  comme  apparente  et  non  réelle. 
Il  est  donc  à  propos  d'expliquer  ce  qu'ils  entendent  ici  par  le  néant.  C'est 
la  non-existence,  la  cessation  de  l'existence  visible,  de  l'existence  telle 
qu'elle  est  pour  nous;  mais  non  pas  de  cette  existence  spirituelle  et  ce- 
pendant réelle  que  Mahomet  a  proclamée  dans  l'Alcoran  lorsqu'il  a  dit  : 
«  Ne  croyez  pas  que  ceux  qui  ont  succombé  dans  le  combat  soient  morts  ; 
Il  au  contraire,  ils  vivent ,  et  reçoivent  leur  nourriture  des  mains  du  Tout- 
«  Puissant.  Il  Sur.  m,  vers.  iG-?. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  155 

Voici  la  traduction  de  quelques  vers  de  cet  illustre 
écrivain  : 

Je  suis  venu  regarder  çà  et  là  dans  le  monde ,  et  tu  t'es  pré- 
sentée à  ma  vue  là  où  j'ai  regardé.  Les  corps  sont  devenus  sans 
vie  là  où  lu  as  regardé  de  tous  tes  yeux.  En  te  regardant  j'ai 
fait  entendre  des  plaintes  et  des  gémissements  autant  que  je  l'ai 
pu  ;  que  dis-je  ?  je  suis  mort  de  cent  manières,  mais  j'ai  vu  que 
tes  lèvres  n'ont  pas,  comme  celles  du  Messie,  le  pouvoir  de 
rendre  à  la  vie.  Le  caractère  de  l'amant  doit  être  plein  de  fer- 
meté ;  Dard  en  a  vu  de  ses  propres  yeux  des  exemples  frappants. 

DARD  (KARAM  ULLAH). 

Mîr  Karam  ullali  Khân  Dard ,  de  Dehli ,  était  frère 
utérin  d'Amîr  Khân  Anjâm  et  neveu  (fds  de  la  sœur) 
du  nabâb  Umd  ulmulk  Amîr  Rhân.  C'était  un  militaire 
très-courageux  et  qui  était  doué  d'une  grande  facilité 
de  parler  et  d'écrire.  Il  fut  tué  sous  le  règne  d'Alimad 
Schàh,  fds  de  Muhammad  Schâh,  dans  une  bataille 
contre  les  Malirattes,  Mîr  avait  eu  occasion  de  le  voir. 
Les  biographes  originaux  citent  plusieurs  vers  de  cet 
écrivain  :  ils  portent  l'empreinte  de  la  mélancolie. 

DARDMAND. 

Muhammad  Faquîh  Sâhib,  plus  connu  sous  le  sur- 
nom poétique  de  DardmanxV,  était  originaire  du  Dé- 
can;  il  y  naquit  même,  mais  il  fut  élevé  à  Dehli.  Il 
eut  pour  maître  dans  l'art  de  la  poésie  Mirzà  Jân  Jânân 
Mazhar.  Il  passa  quelque  temps  à  Azimàbàd   (Patna), 

'    *KJL«^ji  liisfr ,  Pic. 


15G  BIOGRAPHIE 

auprès  du  nabâb  Gulâm-i  Huçaïn  Khân,  fils  du  nabab 
Azam  Khân,  et  dans  la  société  de  Kâzim  Kok,  dans  une 
heureuse  aisance.  Ensuite  il  alla  dans  le  Décan,  puis  il 
retourna  à  Dehli,  et  de  Dehli  à  Murschidâbâb  ,  d'après 
le  désir  du  nabâb  Nawâziscli  Muhammad  Khân  Schahâ- 
mat-jang,  neveu  (fds  de  frère)  du  nabâb  Alî  Wardî 
Khân  Mahabat-jang  ^\  et  il  se  fixa  dans  cette  ville,  où 
il  fut  attaché  au  gouvernement  et  où  il  mourut  en 
l'année  de  l'hégire  iiyô  (1762-1763)^.  Use  distingua 
par  son  talent  poétique,  par  son  amabilité  et  la  douceur 
de  son  caractère.  Il  fut  connu  d'Alî  Ibrahim,  qui  nous 
apprend  ces  particularités.  Mîr  favait  vu  une  fois  seu- 
lement, et  il  n'entre  à  son  sujet  dans  aucun  détail.  Il 
est  auteur  d'un  diwân  hindoustani^,  composé  de  gazai 
et  de  rubâï.  Il  est  aussi  auteur  d'un  Sâquî-nâma  ^,  dont 
on  conserve  un  exemplaire  à  la  bibliothèque  du  Fort- 
William,  à  Calcutta.  Ce  poëme  a  beaucoup  de  réputa- 
tion. Mîr  cite  encore  de  lui  les  masnawî  intitulés  Caça- 
mia^,  Fakhriya^  et  Ischtiyâc  ^.  De  ce  dernier  il  donne  un 
vers  seulement  dont  je  joins  ici  la  traduction: 

'  Vice-roi  du  Bengale  qui  régna  de  1740  à  1766. 

*  Dans  mon  manuscrit  le  plus  ancien  du  Gulzâr-i  Ibrahim ,  il  y  a  »en 
«1166(1752-1753);»  mais  dans  l'autre  et  dans  Lutf  on  trouve  la  date 
que  je  donne  ici. 

'  Il  a  aussi  écrit  un  divvân  en  persan, 

''   A^b  ^\mi  ,  c'est-à-dire  le  Livre  de  l'èchanson.  Ces  poèmes  sont  des 

espèces  de  chansons  à  boire. 

^    Aa^^uo  poëme  relatif  au  srnnent. 

"    Ajwiâ.  vantrrii'. 

fiassion,  cinwiir. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  157 

Ce  vin  et  ce  jardin  ne  subsisteront  pas  toujours,  mais  la  bles- 
sure produite  par  le  désir  de  l'union  avec  toi  demeurera  éter- 
nellement. 

DAUD. 

Mîrzâ  DâûdBeg,  connu  sous  le  nom  de  Dâûd\  qu'il 
prit  pour  takhalius ,  est  un  poëte  hindoustani  estimé  qui 
vivait  sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh.  Il  fut  élève 
de  Uzlat  et  de  Miyan  Arzû ,  maître  du  célèbre  Mîr.  Ce 
dernier  le  cite  dans  sa  biographie,  ainsi  que  Alî  Ibrahim. 

DÉVA-RAJAl 

Auteur  du  NakTia  sikhâ^  et  du  Aschta  yâmâ^,  ouvrages 
hindî  cités  par  Ward,  dans  son  savant  ouvrage  sur  l'his- 
toire, la  littérature  et  la  mythologie  des  Hindous,  t.  II, 
pag.  A8o.  Malheureusement  Ward  n'indique  ni  le  sujet 
de  ces  ouvrages,  ni  même  la  signification  de  leurs  titres. 

DIDAR^ 

Poëte  dakhni  à  qui  on  doit  un  joli  masnawi  qui  roule 
sur  les  amours  de  Mâh  Munawar,  le  fils  du  marchand  ■', 

'   i%îi,  nom  arabe  du  prophète  David. 

-    ^z{  i  I  jf ,  nom  d'Indra  qui  signifie  roi  des  dieux. 

'  rfTpfTjn^T-  Le  premier  de  ces  mots  signiGe  ongle  et  spécialement 
celui  de  l'orteil;  le  deuxième  indique  la  ioiiffe  de  cheveux  que  beaucoup 
d'Indiens  laissent  croître  au  sommet  de  la  tête.  De  là  la  réunion  de  ces 
deux  mots  se  prend  en  hindoustani  pour  entièrement,  à  la  lettre,  de  la 
tête  aux  pieds. 

''  '^ÇT^  <HIH    les  huit  parties  du  jour  [et  de  la  nuit)  ? 


158  BIOGRAPHIE 

et  de  Schamschâd  Bânû,  la  fille  de  l'Européen  ^  Il  est 
intitulé  Qiiissa-i Mali Munawar o Schamschâd Bcinû'^ ,  c'est- 
à-dire  Histoire  de  Mâh  Munawar  et  de  Schamschâd 
Bânû.  J'en  possède  un  manuscrit  dans  ma  collection 
particulière  qui  ne  me  paraît  pas  complet.  Il  se  compose 
de  2  2  pages  petit  in-fol. 

DIL. 

Schâh  Fath  Muhammad  Dil  ^  était  contemporain  de 
Schâh  Abrù  et  petit-fds  de  Muhammad  Gaus,  de  Gua- 
lior.  Alî  Ibrahim ,  le  seul  des  biographes  originaux  qui 
parle  de  ce  poète,  ne  cite  de  lui  qu'un  seul  vers. 

DIL,   D'AZIMABAD. 

Le  schaïkh  Muhammad  Abid  Dil,  natif  d'Azîmâbâd 
(Patna),  était  le  frère  aîné  de  Muhammad  Roschan 
Joschisch^.  Alîlbrâhîm  nous  représente  ces  deux  frères 
comme  des  écrivains  distingués,  graves,  d'un  caractère 
égal  et  pleins  de  bonnes  qualités.  Les  poésies  de  Dil 
ont  été  réunies  en  diwân.  Il  en  envoya  lui-même  à 
Ibrâhîm ,  avec  qui  il  était  lié ,  d'es  morceaux  choisis 
pour  qu'il  pût  en  faire  usage  dans  sa  biographie.  Alî 
Ibrahim  donne  en  effet  cinq  à  six  pages  de  ces  vers, 
qu'il  compare ,  pour  faire  allusion  au  nom  du  poëte , 

*  Ji  cœur. 
Voyez  rarticle  consacré  à  ce  poëte. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  159 

à  un  ongle  qui  déchire  le  cœur.  Voici  de  cet  auteur 
un  gazai  cité  par  Béni  Narâyan  : 

Je  remplis  de  gémissements  tous  les  jours  de  ma  vie  ;  sans 
toi,  je  suis  à  l'agonie;  puis-je  vivre  sans  toi?  ou  plutôt  ne  dois- 
je  pas  mourir?  Chacun  plongé  dans  le  chagrin  se  frappe  la  tête 
et  la  poitrine,  tandis  que  pour  soulager  mon  cœur,  j'appuie  ma 
tête  sur  mes  genoux.  0  mes  amies  !  vous  voulez  donc  me  troubler 
par  votre  absence;  mais  quoi!  les  idoles  animées  ne  craignent 
pas  même  Dieu?  Elle  n'a  pas  voulu  quitter  un  instant  l'oubli 
qu'elle  fait  de  moi,  celle  pour  qui  je  quitte  à  chaque  instant 
le  monde.  Je  fais  serment  de  te  célébrer  désormais  dans  mes 
vers,  toi  dont  le  souvenir  est  sans  cesse  devant  moi.  Oui,  ce  Dil 
(cœur  )  est  agité  par  l'effet  de  tes  boucles  de  cheveux  en  désordre. 

DILSOZ. 

Khairâtî  Khan,  connu  sous  le  surnom  poétique  de 
Dilsoz  \  est  un  écrivain  hindoustani  dont  Mannû  Lâl 
cite  un  grand  nombre  de  vers  dans  son  Galdasta-i  Nis- 
cliât.  Voici  la  traduction  de  quelques-uns  : 

Si  cette  fière  beauté  montée  sur  un  élégant  palanquin  prenait 
la  peine  de  regarder  autour  d'elle ,  elle  verrait  son  malheureux 
amant  qui  la  suit  à  pied  et  sans  bagage. 

Ses  dents  blanches,  teintes  de  noir  missi,  brillent  comme 
au  milieu  de  la  nuit  obscure  les  blancs  boutons  de  la  tubéreuse. 

Lorsqu'elle  se  baigne  après  avoir  frotté  ses  mains  du  rouge 
hinna,  on  croirait  voir  du  feu  dans  l'eau 

DIRARHSCHANl 

Manko  Beg  Dirakhscbân  vivait  sous  le  règne  de  Schâh 

jyiu2^  passio 


'     " "^  'yassionné 


yUi*ifc.ji    hriUanf. 


160  BIOGRAPHIE 

AJam  IL  II  mourut  à  Faïzâbâd  peu  de  temps  avant  la 
rédaction  du  Gulzâr-i  Ibrahim.  Le  vers  suivant  est  de 
lui  : 

0  mes  amis  !  dans  cette  nuit  de  l'absence,  j'ai  dit  adieu  à  la 
vie  :  j'expirerai  au  matin ,  comme  s'éteint  la  bougie  après  la 
A'cillée. 

DIWANA. 

Raé  Sarb-sukh  Divvâna  ^  était  parent  du  Râjâ  Mahâ 
Narâyan.  Il  résidait  à  Lakhnau.  Il  fut  le  maître  de  Has- 
rat,  de  Haïrat,  et  d'autres  poètes  hindoustani.  On  lui 
doit  à  lui-même  des  vers  en  cette  langue ,  mais  surtout 
en  persan,  idiome  dans  lequel  il  a  écrit  dix  mille  vers. 
Il  mourut  en  120/1  de  l'hégire  (  1789-1790).  Les  bio- 
graphes originaux  citent  de  ce  poëte  plusieurs  vers 
en  rekhta. 

DOST. 

Gulâm-i  Muhammad  Dost  était  du  Soubah  du  Bihâr. 
Alî  Ibrahim  fut  dans  le  cas  de  faire  connaissance  avec 
ce  poëte  à  Murschidâbâd ,  et  celui-ci  lui  communiqua 
une  centaine  de  vers  de  sa  composition ,  d'où  Ibrahim 
tira  trois  vers  seulement  qu'il  a  insérés  dans  sa  biogra- 
phie. Voici  la  traduction  de  deux  de  ces  vers  mystiques 
qui  me  paraissent  fort  beaux. 

Elle  est  sortie  sans  voile  de  derrière  le  rideau  du  harem  ;  ce 
jour-là  le  ciel  était  couvert  de  nuages,  on  crut  que  le  soleil  se 
montrait  sur  l'horizon. 

■  ^  ^T^  ^;^  Q,cf|r^:  à  h  \eHrc,  le  Raja  iout-aise.  le  fou. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  161 

Celui  qui  n'a  pas  Ion  amour  dans  le  cœur  est  infidèle.  A  quoi 
sert  la  langue  si  on  ne  l'emploie  à  s'entretenir  avec  loi? 


DULHA-RAM\ 

Il  se  fit  Râmsaiiéhî  en  1776,  et  mourut  en  182/1.  Il 
fut  le  troisième  chef  spirituel  de  sa  secte.  Il  a  laissé  dix 
mille  sahd'^  et  environ  quatre  mille  sahlii,  ou  poëmes  à  la 
louange  de  personnages  éminents  par  leurs  vertus,  non- 
seulement  dans  sa  propre  secte,  mais  parmi  les  Hin- 
dous, les  Musulmans  et  autres  :  c'est  apparemment  un 
ouvrage  dans  le  genre  du  Majmâa-i  ascliiquin,  ouvrage 
dont  il  a  été  parlé  à  l'article  Aàham.  Ces  sortes  de 
livres  rentrent  tout  à  fait  dans  le  système  libéral  des 
sofîs  musulmans ,  qui  mettent  sur  la  même  ligne  Jésus- 
Christ  et  Mahomet,  Buddha  et  Zoroastre,  Krischna  et 
Ali,  la  sainte  vierge  Marie  et  Fatime,  etc.  L'Europe  a 
vu,  il  y  a  quelques  années,  un  vrai  spirituaiiste  hindou 
de  cette  trempe ,  le  Mahârâj  Ram  Mohan  Roi,  qui  allait 
aussi  volontiers  à  la  messe  des  catholiques  qu'au  ser- 
mon des  protestants  et  aux  assemblées  philosophico 
religieuses  des  Bralima-sahlia  qu'il  avait  établies. 

Le  successeur  de  Dùihâ-Râm  fut  Chatra-dâs  ;  il  s'assit 
sur  le  gâddi^  en  182/1  et  mourut  en  1 83  1 .  Il  composa , 
dit-on ,  mille  sabd  ;  mais  il  ne  voulut  pas  permettre  qu'on 

'  ?^^T  jp^  Ràma  le  fiancé. 

"  UJI'=d(,,  sorte  d'hymne  des  ISùnah-panthi,   etc. 

'  j^JO  ;  ce  mot  est,  dans  l'Inde,  synonyme  de  <X.^m^  inasnad.  Ces 
deux  expressions  indiquent  le  trône  d'un  souverain  ou  du  clief  d'une 
secte ,  etc. 

].  1  1 


162  BIOGRAPHIE 

les  écrivît.  Nàràyan-Dâslui  succéda,  et  il  est  en  ce  mo- 
ment le  quatrième  chef  spirituel  de  cette  secte  dont  les 
doctrines  ont  été  exposées  dans  le  n°  de  février  i835, 
du  Journal  de  la  Société  asiaticjue  de  Calcutta ,  par  le  ca- 
pitaine Westmacott. 

DULHAN'   BÉGAM. 

Je  ne  trouve  aucun  renseignement  sur  cette  femme 
auteur  dans  les  ouvrages  biographiques  originaux  que 
j'ai  pu  consulter.  Mushafi  se  contente  d'en  citer  deux 
vers  qui  n'offrent  rien  de  remarquable. 

FAIZ. 

Mîr  Faïz^  Ali,  de  Dehh,  est  le  fds  et  l'élève  de  Mir  Mu- 
hammad  Taquî,  connu  sous  le  takhallus  de  Mir.  Mus- 
hafi dit  qu'il  avait  hérité,  du  goût  de  son  père  pour  la 
poésie,  et  ses  vers  se  ressentent  en  quelque  chose,  en 
effet,  du  talent  remarquable  de  Mîr.  Faïz  était  à  Lakh- 
nau  en  i  196  de  l'hégire  (1781-1782),  d'où,  d'après  la 
demande  d'Alî  Ibrahim,  il  lui  envoya,  à  Bénarès,  quel- 
ques vers  pour  son  anthologie  biographique.  Ibrâhîm 
cite  huit  de  ces  vers,  et  Béni  Narâyan  un  gazai  entier. 
Voici  la  traduction  de  quelques  lignes  de  ce  poète  : 

0  échanson  !  je  veux  boire  de  la  coupe  que ,  de  ta  main ,  tu  fais 
passer  à  la  ronde  ;  mais  pourquoi  est-elle  vide  ?  Crois-tu  donc  que 
j'aie  perdu  le  sentiment? 

'    (^•f/Jj^   nouvelle  mariée. 
'    ^Ja.xi  nhnndnnce.  etc. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  165 

Ne  me  demandez  pas  de  nouvelles  du  choc  que  l'amour  a  fait 
subir  à  mon  cœur  ;  il  est  si  violent  que  j'en  ai  perdu  la  parole 

J'ai  dit  à  tous  ce  que  je  savais;  ton  cœur  et  son  désir  m'est 
connu.  Elle  se  retire  non  sans  être  infectée  de  la  maladie  de  l'a- 
mour. Hélas!  y  a-t-il  quelqu'un  qui  en  connaisse  le  traitement? 

FAIZ   (MUIN   UDDIN). 

On  doit  à  cet  écrivain  hindoustani  une  traduction  en 
vers  du  célèbre  poëme  mystique  du  schaikh  Farîd  uddîn 
Attar,  intitulé  Pancl-nâma ,  ou  Livre  des  conseils;  ou- 
vrage dont  l'illustre  orientaliste  feu  M.  de  Sacy  a  donné 
le  texte  et  la  traduction  accompagnés  de  notes  du  plus 
grand  intérêt.  Le  travail  de  Faïz,  qui  est  intitulé  Tar- 
jama-i  Panel  nâma-i  Attar,  se  trouve  en  manuscrit  à  la 
riche  bibliothèque  de  ÏEast-India  Home,  et  à  celle  de  la 
Société  asiatique  du  Bengale. 

FAIZ  (SADR  UDDIN). 

Sadr  uddîn  Muhammad  Fâïz  \  fds  de  Zabardast  Khan , 
est  un  Musulman  de  l'Inde  qui  a  écrit  en  hindoustani 
un  diwân  composé  de  gazai,  de  caçîda  et  de  six  mas- 
nawî  où  il  décrit  un  pangliat  (escalier  pour  descendre  à 
une  rivière);  une  joguin,  c'est-à-dire  la  femme  d'un  jo- 
jftti;  une  jardinière;  une  gujri,  c'est-à-dire  la  femme  d'un 
(fûjar  (caste  de  Rajpoutes);  une  marchande  de  hang'^; 
enfin ,  d'une  épître  ou  riica.  Je  donnerai  dans  le  tome  II 
de  cet  ouvrage  la  traduction  de  l'avant-dernière  de  ces 

'    >jIj  ,  celui  qui  obtient  ce  qu'il  désire,  qui  en  jouit. 
"  Liqueur  faite  avec  des  feuilles  de  chanvre.  Vovez  la  Chrestomathic 
urnhe  de  feu  le  baron  Silveslrç  de  Sacv. 

1 1 . 


164  BIOGRAPHIE 

pièces,  qui  est  surtout  curieuse  sous  ie  rapport  ethno- 
graphique. 

FAIZ-I  MACIH\ 

Musulman  converti,  à  qui  on  doit,  entre  autres,  une 
traduction  en  vers  hindoustani  des  dix  commande- 
ments de  Dieu,  sous  le  titre  de  Das  hihn'".  Ce  petit  tra- 
vail a  été  imprimé  à  Calcutta,  en  1822;  il  forme  un 
in- 1 2  de  12  pages. 

FAIYAZ. 

Mîr  Wall  Faiyâz  ^  est  auteur  du  Rauza-i  Scliuadâ  ^, 
long  poëme  en  dakhni,  qui  roule  comme  les  marciya 
sur  Haçan ,  Huçaïn  et  les  autres  martyrs  de  Karbala.  Il 
est  divisé  en  dix  majlis  qui  équivalent  à  des  chants.  Ce 
poëme  est  une  imitation  de  celui  d'Huçaïn  Wâïz  Kâs- 
chifî  sur  le  même  sujet  ^.  Il  y  en  a  un  exemplaire  k  la 
bibliothèque  de  la  Société  royale  asiatique  de  Londres, 
qui  se  compose  de  35o  pages  environ  in-8°.  Il  y  en  a 
un  autre  exemplaire  *"  à  la  bibliothèque  de  YEast-India 
Home,  en  marge  du  n°  i332,  qui  est  un  Râmayana.  Il 
a  été  écrit  en  11 58  de  l'hégii-e  [i-jkS), 

'   ^i^Mt>j9  {S^*^  '^  jfrdcp  àa  Christ. 

"  c  y'W:*  '^  (jénèreux. 
''   *I*X„<^  ''^^IJ  j^'^'^^"-  ^^^^  martyrs. 

*  Voyez  ma  notice  de  r^/i7Jd^a-i  mu/icinf',  par  Kâschifî ,  dans  le  t.  IV 
^p  la  3°  série  du  Journal  asiatique. 

"  Il  commence  par  ces  mots  :  jUt  ^^^m  aMÎ  -cw^j  ^J^Sio\j  y%».^=  • 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  165 

Plusieurs  poëmes  urdû  portant  le  même  titre  existent 
dans  d'autres  bibliothèques,  un,  entre  autres,  dans 
celle  de  ÏEast-India  House,  qui  a  été  écrit  à  Palcat  ^ 
dans  le  Bahâr,  en  1217  (  i8o2-i8o3).  Il  y  a  aussi  un 
ouvrage  dakhnî,  portant  le  même  titre  et  sur  le  même 
sujet,  ouvrage  dont  il  sera  parlé  à  l'article  sur  Séwâ, 
et  un  quatrième  qui  est  cité  dans  le  Canoun-i  islam  ^,  et 
qui  porte  le  titre  de  Rauzat  ul  atliar  ^  ;  ce  dernier  est  en 
vers  hindi. 

FAKHR\ 

Mîr  Fakhr  uddîn,  fds  d'Aschraf  Ali  Khan,  est  un  des 
disciples  de  Mirzâ  Muhammad  Rafî  Sauda.  Il  résidait  à 
Lakhnau  en  1  1 96  de  l'hégii'e  (1 78 1-1 782).  Il  est  auteur 
d'une  biographie  ou  Tazkira  ^. 

J'ignore  si  c'est  le  même  écrivain  que  Mîr,  dans  sa 
biographie,  nomme  Fakliri^,  et  dont  il  cite  un  vers  dif- 
férent de  l'unique  que  cite  de  son  côté  Ali  Ibrahim. 

-  Traduction  du  docteur  Herklotts,  pag.  i63. 

^  C'est-à-dire,  je  pense,  ^laxJî  ^*6S^\  jardin  de  parfum. 

*  jji  (jloirc. 

^  Il  est  essentiel  de  faire  observer  qu'une  des  deux  copies  du  Giû- 
zâr-i  Ibrahim  que  je  possède,  met  sur  le  compte  de  Farog,  dont  Tarticlo 
est  dans  le  manuscrit  contigu  à  celui-ci ,  les  détails  qui  accompagnent 
ici  l'article  de  Fakhr,  et  à  celui  de  Fakhr  ceux  qu'on  lira  plus  loin 
sur  Farog.  Comme  les  autres  biographes  ne  parlent  pas  de  ces  deux 
écrivains,  il  m'est  impossible  de  savoir  dans  quel  manuscrit  se  trouve 
l'erreur  du  copiste. 

*  (^yi^  fjloricux. 


I6G  BIOGRAPHIE 

FAQUIR. 

MÎT  Schams  uddin  Faqiiîr^  de  Dehli,  est  un  des 
poètes  les  plus  distingués  de  l'Hindoustan.  Il  a  écrit  des 
vers  hindoustani,  mais  surtout  persans,  dans  tous  les 
genres. 

En  1170(1756-1757), il  alla  visiter  les  villes  saintes 
(la  Mecque  et  Médine).  Au  retour  de  son  pèlerinage, 
dit  Lutf,  le  vaisseau  de  la  vie  de  ce  personnage,  qui 
connaissait  l'océan  de  l'élocution,  périt  dans  le  tour- 
billon de  la  mort.  En  d'autres  termes ,  ce  capitaine  du 
navire  de  l'éloquence  vit  son  vaisseau  devenir  le  jouet 
des  vents  contraires,  et  être  submergé  dans  la  mer 
profonde  de  la  miséricorde  divine. 

FARHAT'. 

Scbaïkli  Farbat  ullah,  fils  du  schaïkh  Açad  ullah, 
lequel  était  un  des  fils  du  cazî  Mazbar,  successeur  (spi- 
rituel) de  Mirzâ  Scbâh  Badî  uddin  Madâr^.  La  patrie 
de  ses  ancêtres  était  le  Ma  warâ  unna/ir  (la  Transoxane), 
mais  Farbat  fut  élevé  à  Debli,  Il  vint  de  Delili  à  Mur- 
schîdabâd,  et  y  resta  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  en 

'   ^xXi  pauvre,  et  surtout  pauvre  spirituel. 

*  c:^*^  joie. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage  clans  mon  Mémoire  sur  la 
religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  54  et  suiv.  11  existe  un  ordre  reli- 
gieux dont  les  membres  se  nomment  Madariens  Ajj\<S^.  Ils  ont  à  leur 
tilc  un  supérieur  qui  est  censé  le  successeur  de  Schâh  Madàr. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  167 

1191  (1777-1778).  Il  a  laissé  un  grand  nombre  de 
vers  hindoustani  où  l'on  reconnaît  la  facture  antique  à 
laquelle  il  s'était  formé  dans  la  compagnie  des  écrivains 
les  plus  célèbres  de  Dehli.  Il  est  auteur  d'un  diwân  d'où 
Ali  Ibrahim,  qui  était  très-lié  avec  lui,  a  tiré  plus  de 
huit  pages  de  vers  dont  il  a  enrichi  son  Anthologie  bio- 
graphique. Ses  poésies  sont  mystiques,  et  c'est  vers  ce 
genre,  en  effet,  que  son  esprit  devait  être  enclin,  car 
l'amour  de  Dieu  l'occupait  entièrement. 

FARIG\ 

Nom  d'un  poëte  hindou,  natif  de  Dehli,  qui  fut  dis- 
ciple de  Miyân  Hâlim  et  ami  de  Faklir  uddîn  Jauhar. 
Ses  poésies  hindoustani  sont  célèbres;  il  avait  surtout 
un  talent  particulier  pour  commencer  ses  poëmes  ^.  Ali 
Ibrahim,  le  seul  des  biographes  originaux  qui  parle  de 
cet  écrivain,  n'en  cite  qu'un  seul  vers. 

FAROG. 

Mîr  Ali  Akbar  Farog^  fut  disciple  de  Schams  uddîn 
Faquîr  *.  Il  était  habile  en  médecine  et  en  astronomie, 
et  il  faisait  aussi  des  vers  en  hindoustani  et  même  en 

'  À)^  ''^'^^  ^'^  soins. 

*  On  nomme  sAii.4  et  au  pluriel  u:>ljt)i2,-4 ,  le  premier  vers  des  gazai 
dont  les  deux  hémistiches  doivent  rimer  ensemble.  On  trouve  souvcul, 
à  la  suite  des  diwân,  des  matia  détachés. 

"'    ittjj  splendeur,   etc. 

^  Voyez  Tarticlc  consacre  à  cet  écrivain. 


168  BIOGRAPHIE 

persan.  Alî  Ibràliîm  cite  de  lui  les  vers  dont  la  traduc- 
tion suit  : 

En  voyant  la  beauté  de  ce  bras  d'argent ,  j'ai  perdu  mon  libre 
arbitre.  La  cloche  de  la  caravane  cesse  de  sonner  durant  la  nuit, 
mais  les  soupirs  de  mon  cœur  n'éprouvent  pas  d'interruption. 
Mes  gémissements  sont  tels,  durant  la  nuit,  que  mon  voisin  m'a 
crié  à  travers  la  muraille,  C'est  assez.  Quoique  tes  yeux  languis- 
sants annoncent  l'ivresse,  ils  ont  néanmoins  assez  d'énergie  pour 
prendre  le  cœur  de  ceux  dont  le  vin  n'a  pas  troublé  le  cerveau. 


FARRUKH. 

Mîr  Farrukh^  Alî  était  un  saïyid  d'Etaweh,  ville  de 
la  province  d'Agra.  Il  se  distingua  dans  la  poésie  hin- 
doustani;  toutefois  Alî  Ibrâhîm  n'en  cite  qu'un  seul 
vers  dont  voici  le  sens  : 

De  combien  de  choses  ton  amour  ne  m'a  pas  privé  !  11  a  ôte' 
de  mes  yeux  la  clarté,  de  mon  corps  la  force,  de  mon  esprit  la 
patience. 

FARUQUI. 

Faquîr  Ahmad  Fàrûquî  ^  est  un  écrivain  liindoustani 
à  qui  on  doit  un  hayaz ,  ou  album  composé  de  pièces  de 
poésie  sur  différents  sujets.  Il  y  en  a  un  exemplaii'e  à 
la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

'    ^vjj  hcurcax. 

^  iS^jw»  "om  patronymique  dérivé  de  13 inU ,  qui  est  le  surnom 
(VOmar.  Ce  dernier  mot  signifie  :  celui  ijui  cUd'in(juc  le  juste  de  l'injuste, 
le  Musulman  de  l'infidèle,  d'après  le  sens  de  la  racine  arabe  separav'd, 
dislin.vit. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  169 

FARYAD. 

Lâla  Sâhib  Raé  Faryâd^  fils  de  Lâla  Sîndliîmal,  de 
la  tribu  des  Kâyath,  habitait  Lakhnau  en  1 196  (  1781- 
1 782  ).  Il  fut  un  des  disciples  de  Mîr  Soz.  H  avait  d'abord 
pris  pour  takliallus  le  mot  Curhân  ;  il  le  changea  ensuite^ 
en  celui  de  FaryâcL  C'est  un  auteur  hindoustani  distingué. 

FATH  ALI. 

Fath  Ali  Khân  Huçaïnî  naquit  à  Gardîz  ^.  On  lui 
doit  entre  autres  un  Tazldra,  ou  Biographie  des  poètes 
hindoustani  du  nord  et  du  midi,  dont  Tippou  possédait 
un  manuscrit  dans  sa  bibliothèque ,  lequel  a  passé  dans 
celle  du  collège  de  Fort-William;  c'est  sur  ce  manuscrit 
que  mon  honorable  ami  M.  le  capitaine  Troyer  a  bien 
voulu  faire  copier  l'exemplaire  que  je  possède.  Il  y  en 
a  aussi  des  exemplaires  à  VEast-IncUa  House  et  dans  la 
belle  collection  de  sir  Gore  Ouseley.  Je  pense  que 
c'est  le  même  ouvrage  dont  le  ministre  du  Nizâm  pos- 
sède une  copie  dans  sa  bibliothèque,  sous  le  titre  de 
TazMra-i  Fath  AU  Khân  *.  Il  se  compose  d'environ  cent 
articles.  Plusieurs  roulent  sur  des  poètes  dont  Mushafî, 
Alî  Ibrahim  et  Béni  Narâyan  n'ont  point  parlé.  Au  sur- 

^  ^Imj  plainte,  etc. 

^  Apparemment  afin  qu'on  ne  le  confondît  pas  avec  un  autre  poète 
de  ce  nom  sur  lequel  on  a  lu  précédemment  un  article. 

'  ^^iiyjS,  probablement  Gurdaïz.  De  là  on  nomme  cet  écrivain 


170  BIOGRAPHIE 

plus,  je  ne  cite  ici  Fath  .\ii  Huçaïnî  que  parce  que  je 
suppose  qu'il  a  écrit  lui-même  des  vers  hindoustani  ; 
car  le  traité  dont  je  viens  de  parler  est  rédigé  en  langue 
persane. 

Comme  cet  ouvrage  se  trouvait  dans  la  bibliothèque 
de  Tippou ,  il  a  été  nécessairement  écrit  antérieurement 
à  cette  époque.  Effectivement,  par  une  coïncidence 
entre  une  date  donnée  dans  la  biographie  rédigée  par 
notre  auteur  et  celle  de  Lutf ,  on  peut  en  conclure  que 
Fath  Ali  a  écrit  en  1 1 53  de  l'hégh^e  (  1 7 /lO- 1 7 Zn  ). 

FATH  ULLAH. 

Amir  Fath  ullah  ^  Schirâzî ,  c'est-à-dire  de  la  ville  de 
Schirâz,  soit  qu'il  en  fût  originaire,  soit  qu'il  y  fût  né, 
est  un  des  auteurs  de  la  traduction  des  Nouvelles  Tables 
astronomie] aes  d'Ulugh  Beg,  du  persan  en  hindouî.  Cette 
traduction  fut  exécutée  par  l'ordre  de  l'illustre  empe- 
reur mogol  A.kbar.  Fath  ullah  y  travailla  avec  Kischen 
ou  Krischna  Jaïci,  Gangàdhar,  Mahaïs  et  Mahânand. 
Abu  Fazl  y  travailla  aussi,  ainsi  qu'il  nous  l'apprend 
lui-même  dans  ïAyîn-i  Akbari  ^. 

¥\ZL\ 

Schâh  Fazl-i  Ali ,  du  Décan ,  nommé  aussi  simple- 
ment Fazlî,  selon  Fath  Ah  Huçaïnî,  fut  contemporain 

'    aXSÎ    .<iCj  la  victoire  de  Dieu. 

-   Tom.   1,  pag.  102   do  la   traduction  anglaise. 

'   J^.Ai9  rcriu.  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  171 

de  Schâh  Najm  uddin  Abrû.  Les  biographes  originaux 
parlent  avec  éloge  de  son  talent  et  citent  de  lui  quelques 
vers. 

FAZLI. 

Afzal  uddin  Kliân  Fazlî  ^  est  un  des  poètes  anciens 
du  midi  de  l'Inde.  Il  a  écrit  dans  le  dialecte  dakhnî  un 
masnawî  sur  un  prince  du  Décan;  j'ignore  le  titre  de 
ce  poëme,  dont  le  style  est  obscur,  au  dire  de  Mir, 
qui,  du  reste,  ne  considère  pas  Fazlî  comme  un  bon 
poète. 

FIDA. 

Mirzâ  FidâHucain  Khân,  dont  le  takhallus  est  Fidâ^, 
était  fils  d'Acâ  Mirzâ  et  petit-fils  du  nabâb  Hàtim  Khân. 
Il  était  incomparable  dans  l'art  de  la  géomancie,  aussi 
bien  que  dans  la  médecine  et  dans  d'autres  sciences. 
C'était  un  jeune  homme  intéressant  qui  n'avait  que 
vingt-deux  ans  en  lygS-iyg/i.  Il  s'occupait  beaucoup 
de  poésie  hindoustani.  Il  consulta  d'abord  sur  ses  vers 
Camar  uddin  Alinnat  et  son  fils.  Plus  tard  il  lut  aussi  ses 
gazai  à  Mushafî ,  à  cause  qu'il  était  son  voisin,  et  ce  bio 
graphe  trouve  qu'ils  sont  empreints  du  génie  poétique. 
Il  en  cite  cinq  pages  entières  dans  son  Tazkira. 

^    (iuwii  vertaenx. 
'   î  J>wi  sacrifice. 


172  BIOGRAPHIE 

FIDA  (ABD  USSAMAD). 

Mîr  Abd  ussamad  Fidâ  est  un  poëte  urdû  dont  Mannû 
Lâi  cite  un  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Fidâ  est  d'avis  qu'il  faut  passer  sa  vie  ou  à  dormir  ou  derrière 
le  rideau  de  l'insouciance. 

FIDA   (IMAM  UDDIN). 

Saiyïd  Imâm  uddîn  Fidâ,  de  Dehli,  fut  disciple  de 
Murtazâ  Calî  Khan  Firâc  ^  C'était  un  homme  pauvre, 
mais  très-indépendant  de  caractère.  Sous  le  gouverne- 
ment du  nabâb  Ali  Wardî  Khan  Mahabat-jang,  il  vint 
de  Delili  dans  le  Bengale,  et  il  s'y  fixa.  Béni  Narâyan 
cite  dans  son  Diwân-i  Jahân  une  pièce  de  vers  de  cet 
écrivain;  mais  elle  me  paraît  trop  surchargée  de  mé- 
taphores exagérées.  J'ignore  auquel  des  deux  Fidâ  que 
je  viens  de  citer  se  rapporte  un  article  du  Tazkira  de 
Fath  Ali,  sur  un  poëte  nommé  Fida  (sans  autre  nom), 
dont  ce  biographe  donne  un  quita  qui  ne  fait  pas  partie 
des  citations  des  autres  biographes  originaux. 

FIDWI. 

Mirzà  Muhammad  Ali  Fidwi-,  de  Delili,  connu  sous 
le  nom  de  Mirzâ  BliacM  ^  était  célèbre  comme  poëte , 

'   Voyez  son  article. 
-  (Xî*^*  (/éioijf ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  175 

et  musicien  distingué.  Il  passa  quelque  temps  à  Murs- 
chidâbâd,  et  en  iig/i  il  résidait  à  Azimâbâd  (Patna), 
auprès  de  Schâli  Ghentâ  \  personnage  qui  l'instruisait 
dans  les  sciences  spirituelles  et  temporelles.  Ce  fut  dans 
cette  dernière  ville  qu'il  mourut.  Alî  Ibrahim  le  con- 
naissait, et  Fidwî  lui  remit  quelques  vers  qu'il  choisit 
parmi  ses  poésies  pour  qu'il  en  enrichît  son  recueil. 
De  son  côté  Béni  Narâyan  en  cite  un  maçaddas  ^  que 
Mannû  Lai  a  reproduit.  Ses  vers  sont  très-estimés  par 
les  natifs,  sous  le  rapport  surtout  de  l'élocution. 

J'ignore  si  c'est  le  même  poëte  qui  est  cité  dans  le 
Tazkira  deMushafî,  comme  étant  d' Azimâbâd  (Patna). 
Mushafî  est  le  seul  qui  en  parle  parmi  les  biographes 
originaux;  mais  il  ne  donne  sur  lui  aucun  détail,  et  il 
se  contente  d'en  citer  quatre  vers. 

J'ignore  encore  s'il  faut  attribuer  au  même  écrivain 
des  vers  cités  dans  le  Guldasta-i  niscliât,  sous  le  nom  de 
Mîr  Fazl-i  Alî  Fidwî. 

FIDWI  (AZIM  BEG  SAUDA). 

Mirzâ  Azîm  Beg  Sauda  prit  aussi  le  takhallus  de 
Fidwî.  Mushafî  en  parle  seul  parmi  les  biographes  ori- 
ginaux que  j'ai  pu  consulter;  mais  il  ne  donne  sur  lui 
aucun  détail.  Il  se  contente  d'en  citer  trois  vers. 

^  Ce  mot  est  écrit  peu  lisiblement  dans  les  manuscrits.  Je  crois  néan- 
moins qu'il  y  a  \jukA..gj  ,  mot  hindoustani  qui  signifie  cochon.  Si  on 

Ht  1 1  °  ff'^  ,  comme  dans  le  manuscrit  du  Giibchânl  Hind,  ce  mot  signifie 
alors  bois  de  lit,  hiire. 

*  Pièce  de  vers  composée  de  strophes  de  six  hémistiches. 


17^1  BIOGRAPHIE 

FIDWI  (MUHAMMAD  MUHCIN). 

Muhammad  Muhcin  Fidwî  ,  fils  de  Mîr  Gulâm-i 
Mustafa  Rhân ,  était  de  la  tribu  des  Saïyid  Huçaïnî.  Il 
naquit  à  Labore;  mais,  à  l'âge  de  seize  ans,  il  se  rendit 
à  Debli,  où  il  fut  disciple  de  Schâb  Mubârak  Abrù.  Il 
se  distingua  non-seulement  comme  poëte ,  mais  comme 
astronome.  Il  a  écrit  dans  le  style  ancien  des  poètes 
bindoustani,  style  que  les  Indiens  eux-mêmes  trouvent 
obscur.  Ses  ancêtres  étaient  dervicbes,  et  lui-même 
embrassa  cet  état.  Mushafî ,  qui  l'avait  connu ,  nous  dit 
qu'en  effet  il  ne  voulut  jamais  occuper  aucun  emploi. 
J'ignore  si  c'est  le  Fidwî  qui  est  auteur  d'un  diwân  dont 
la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William  à  Calcutta 
possède  un  exemplaire  '.  Voici  la  traduction  d'un  court 
gazai  de  ce  poëte,  cité  par  Béni  Narâyan  : 

Mon  cœur  est  agité  soir  et  matin;  ô  Dieu  !  quelle  en  est  la 
cause?  Quoique  ma  belle  ne  cile  pas  avec  éloge  le  nom  de  son 
amant,  toutefois  ce  nom  est  sur  la  bouche  de  chacun.  Mon  corps 
a  été  vide  de  l'âme,  il  restera  dans  un  abattement  complet.  Quand 
est-ce  que  ton  esclave  pourra  se  jeter  dans  tes  bras  ?  Sans  cet 
espoir  il  ne  se  dévouera  pas  à  ton  service.  Hélas  !  Fidwî  ne  trou- 
vera pas  un  tel  ami;  qu'il  s'y  attache  si  l'occasion  s'en  présente. 

FIDWI,   DE  LAHORE. 

Cet  écrivain  fut  disciple  de  Sabir  Alî  Schâb,  connu 
sous  le  takhallus  de  Sâbir.  On  dit  qu'il  était  fils  d'un 

'  ^c^^y>^~i  M^^^  '  Catalogue  manuscrit  des  livres  arabes,  persans 
et  hinrloustani  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Forl-Williain. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  175 

haccal  ^  et  nouvellement  converti  à  l'islamisme.  Il  fut 
l'esclave  d'un  individu  nommé  Mirzâï,  qui  le  fit  élever 
convenablement.  Plus  tard  Fidwî  quitta  son  pays  et  vint 
à  Farrukhàbâd,  où  il  eut  des  discussions  avec  Sauda. 
Ce  satirique  hindoustani  par  excellence  écrivit  contre 
lui  un  mukhâmmas  intitulé  Dar  hujâi  Fidivi  Lahori'^,  Sa- 
tire de  Fidwî  de  Lahore.  Ce  poëme  fait  partie  de  ses 
KuUiyat.  Il  parait  que  Fidwî  se  fit  des  ennemis  par  ses 
grandes  prétentions.  D'ailleurs  il  était,  dit-on,  querel- 
leur, et  se  livrait  à  famour  antiphysique.  De  retour  à 
Lahore,  il  rédigea  un  roman  en  vers  hindoustani  intitulé 
Yuçiif  Zalikha,  ou  Joseph  et  Zalikha;  mais  Mîr  Fath  Ali 
ayant  entendu  la  lecture  de  ce  poëme ,  écrivit ,  pour  le 
critiquer,  un  poëme  intitulé  Qaissa-i  bûm  o  baccaP,  c'est- 
à-dire  Histoire  du  hibou  et  du  baccal.  J'ignore  si  le 
poëme  de  Fidwî  mérite  la  criîique  ou  féloge,  car  je  ne 
le  connais  pas.  Selon  Mushafî,  ce  fut  d'après  l'ordre 
du  nabab  Zâbita  Khàn ,  dont  il  avait  été  pendant  quelque 
temps  le  compagnon,  qu'il  écrivit  en  hindoustani  le 
masnawî  de  Zalikha,  qui ,  selon  Alushafî,  resta  inachevé, 
mais  dont  les  gens  du  peuple  récitent  sans  cesse  des 
fragments  ^.  Fidwî  était  habile  dans  le  quita  du  mètre 

'   jUù  fruitier. 

^  JUj^   ^^jj  Xwai 

*  Parmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  vizir  du  Xizàm ,  il  v  a 
un  volume  intitulé  Yaçûf  Zalikha,  qui  est  écrit  en  dialecte  urdû  ,  c'est-à- 
dire  en  hindoustani  du  nord.  Cet  ouvrage  est  probablement  une  copie 
du  poëme  de  Fidwî. 


176  BIOGRAPHIE 

tawîl  et  dans  le  gazai  sur  tous  les  mètres.  Mushafî  donne 
deux  pages  des  vers  de  ce  poëte. 

Fidwî  fut  attaché  à  la  maison  de  Muhammad  Yâr 
Khan.  C'était  là  que  Miyân  Muhammad  Câim  Mushafî 
et  d'autres  littérateurs  se  trouvaient  habituellement  avec 
lui.  En  effet,  ils  tenaient  dans  la  maison  de  ce  person- 
nage des  réunions  littéraires  qui ,  à  cause  du  caractère 
du  nabab  susdit ,  cessèrent  bientôt  d'avoir  lieu.  Après 
la  défaite  de  Zâbita  Khan  par  les  Mahrattes  à  SukartâP, 
Fidwî  mourut  de  mort  naturelle  dans  la  ville  de  Murad- 
âbâd.  Il  avait  alors  plus  de  cinquante  ans. 

FIGAN. 

Aschraf  Alî  Khan  ^  Figân  ^,  de  Dehli ,  autrement  dit 
Zarâïf  ulmulk  Koka  ^  Khân  Bahâdur,  fds  de  Mirzâ 
Alî  Khân  et  frère  de  lait  de  l'empereur  mogol  Ahmad 
Schâh,  est  un  des  écrivains  hindoustani  anciens  les  plus 
distingués.  Il  était  très-aimable;  sa  conversation  était 
piquante  et  spirituelle.  Il  avait  beaucoup  de  goût  pour 
les  jeux  de  mots ,  et  passait  les  jours  et  les  nuits  à  s'en 
occuper.  Il  fut  disciple  de  Nadîm ,  ainsi  qu'il  le  dit  lui- 
même  dans  ce  vers  : 

Quoique  Figân  soit  en  ce  moment  le  disciple  de  Nadîm ,  vous 
le  verrez ,  dans  deux  jours ,  maître  à  son  tour. 

'   Ville  de  la  province  de  Dehli. 
^  Et  selon  Mushafî ,  Hishmat  Alî  Khân. 
^  Qjuii  lamentation ,  etc. 

''  ^*^^  signifie/rérc  de  lait,  fils  de  la  nourrice.  Figân  Tétait  d'Ahmad 
Scliàh. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  177 

Selon  Mîr,  qvii  l'avait  beaucoup  connu,  Quizilbâsch 
Khan  fut  son  maître. 

DeDehli  il  alla  trouver  son  oncle  (paternel),  Muham- 
mad  Iraj  Khan,  à  Murschidâbâd,  puis  il  revint  à  Dehli. 
Quelques  années  après  il  alla  k  Azîmâbâd  en  compa- 
gnie du  Maharaja  Schitâb  Raé,  et  y  fixa  sa  résidence. 

Il  était  un  des  principaux  officiers  de  la  cour  impé- 
riale. Après  la  ruine  de  Schâhjahânâbâd,  il  alla  dans 
la  partie  de  l'Hindoustan  à  l'est  de  Dehli ,  et  par  l'en- 
tremise de  Mîr  Naîm,  son  condisciple,  il  fut  admis  à  la 
cour  de  Schujàh  uddaula  (nabâb  d'Aoude),  et  devint 
un  de  ses  familiers.  Il  mourut  à  Azîmâbâd  en  1186 
(  1 772- 1 778  ),  et  y  fut  enseveli.  Il  est  auteur  d'un  diwân 
estimé  dont  les  vers  sont  écrits  avec  beaucoup  de  pureté 
de  langage.  Alî  Ibrahim  ,  qui  l'avait  connu,  cite  dans  sa 
biographie  douze  pages  de  vers  choisis  dans  ce  recueil , 
et  Mushafî  six.  Parmi  ces  extraits  il  y  a  deux  satires. 

FIGAN  (SCHAMS  lIDDIN). 

Mîr  Schams  uddîn  Figân  est  un  poëte  hindoustani  qui 
habitait  Dehli.  Béni  Narâyan  en  cite  ]e  gazai  suivant  : 

Le  sommeil  me  couvre  du  rideau  de  l'insouciance  et  vient  au- 
près de  moi,  ayant  vu  pleurer  mes  yeux  humides.  Depuis  que  les 
épines  de  mes  cils  ont  été  les  gardiennes  de  mes  yeux,  le  sommeil 
ne  trouve  pas  moyen  de  s'y  introduire.  Mon  amie  ayant  entendu, 
à  la  nuit,  mes  plaintes  et  mes  soupirs,  a  témoigné  son  étonne- 
ment  de  ce  que  le  sommeil  n'est  pas  venu  à  mes  yeux.  Mais 
quelqu'un  n'ira-t-il  pas  lui  dire,  de  ma  part,  qu'il  n'y  a  rien  en 
cela  d'étonnant?  Lorsqu'elle  aura  lu  ce  misra  de  Figân,  elle  dira 
au  messager  :  Voici  les  yeux  dont  la  vue  éloigne  le  sommeil. 
1.  12 


178  BIOGRAPHIE 

FIRAC  (SANA  ULLAH). 

Miyân  Sanà  ullàli  Khân  Firâc  était  neveu  (fils de  frère  ) 
de  Hidâyat  Khân.  Musliafî  nous  le  représente  comme 
un  jemie  homme  fort  doux,  très -spirituel,  ayant  de 
l'imagination ,  s'énonçant  avec  facilité.  Il  fut  pour  la 
poésie  un  des  disciples  du  khâja  Mîr  Dard,  célèbre 
poëte  hindoustani,  et  en  outre  il  eut  soin  de  se  former 
par  la  lecture  des  meilleurs  ouvrages  urdû  :  il  s'occupa 
aussi  de  médecine  et  acquit  un  grand  renom  dans  cet 
art,  en  sorte  qu'en  1793-1796,  il  était  célèbre  sous 
le  nom  du  docteur  Sanâ  ullali  Khân.  Son  diwân  hin- 
doustani est  écrit  d'un  style  élégant  et  pur.  Mushafi, 
qui  nous  donne  ces  détails ,  était  très-lié  avec  lui.  Il  en 
cite  un  bon  nombre  de  vers ,  et  de  son  côté  Bénî  Na- 
râyan  en  donne  un  mukhammas. 

FIRAC,  DE  DEHLI. 

Murtazâ  Calî  Khân  Firâc ,  de  Dehli ,  fut  d'abord  atta- 
ché à  l'arsenal  de  l'Inde  sous  le  règne  de  Muhammad 
Schâh.  Il  vint  à  Murschidàbâd  pendant  le  gouverne- 
ment du  nabâb  Muhammad  Alî  Khân  Mahâbat-jang, 
fut  attaché  à  sa  cour  et  fixa  sa  résidence  dans  cette  ville , 
où  il  mourut.  On  le  compte  parmi  les  poètes  hindous- 
tani. Il  était  lié  avec  Sauda  et  connu  d'Alî  Ibrahim,  qui 
en  cite  quelques  vers. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  179 

FITRAT. 

Mirzâ  Fitrat  ^  a  été  le  collaborateur  du  révérend  Mar- 
tyn  dans  la  traduction  hindoustani  du  Nouveau  Testa- 
ment, écrite  sous  le  titre  de  InjîV^,  traduction  dont  il  a 
été  publié  plusieurs  éditions,  savoir  :  celle  de  Séram- 
pore ,  en  cai^actères  persans ,  imprimée  en  1 8 1  /i;  celle  de 
Calcutta ,  imprimée  en  caractères  dévanagari ,  en  1 8 1 7  ; 
celle  en  caractères  persans,  imprimée  à  Londres  en 
1819,  et  la  dernière  qui  était  sous  presse  à  Calcutta  il 
y  a  deux  ans. 

FURSAT. 

Mirzâ  Aiif  Beg  Fursât^  était  d'AUahâbâd.  Son  aïeul 
vint  de  la  Perse  dans  l'Hindoustan,  et  y  fixa  sa  rési- 
dence. A  l'époque  011  écrivait  Ali  Ibràbîm,  Fursât  n'avait 
pas  son  égal  comme  poëte  à  Allahâbâd.  Il  mourut  h 
Lakhnau  avant  i8iZi.  Il  a  laissé  des  poésies  hindous- 
tani estimées.  Béni  Narâyan  en  cite  dans  son  Anthologie 
un  gazai  erotique  très-harmonieux  en  hindoustani,  mais 
assez  difficile  à  rendre  en  français  à  cause  que  chaque 
vers  se  termine  par  deux  mots  pareils ,  la  rime  se  repor- 
tant au  mot  précédent. 

'  «-yjJai  sagesse,  etc. 
-  J^A^\  Evangile. 
oyi  occasion. 


12. 


180  BIOGRAPHIE 


GAIRAT^ 


Ce  poëte  est  un  des  disciples  de  Miyân  Calandar 
Bakhsh  Jurât.  Mushafî  et  Béni  Narâyan  citent  de  lui 
un  court  gazai  dont  voici  la  traduction  : 

Ou  tu  trouveras  quelque  moyen  de  venir  auprès  de  moi ,  ou 
tu  me  donneras  un  rendez-vous  quelque  part.  Mon  âme  est  dans 
mes  yeux  (pour  te  contempler);  daigne  donc  maintenant  me 
montrer  ta  face.  Puisque  j'ai  quitté  volontairement  la  vie  comme 
le  papillon  (qui  vient  se  brûler  à  la  bougie),  dorénavant  ne  me 
tourmente  pas.  Gaïrat  crie  après  toi  mille  fois  ;  prends-le  sous 
ta  protection. 

GALIB. 

Saïyid  ulmulkNawâb  Açad  ullah  Khan  Balladur  Imâm- 
jang  Gâiib^,  de  Dehli,  vint  à  Murschîdàbâd  sous  le  gou- 
vernement du  nabâb  Mahâbat-jang  et  y  fixa  sa  résidence. 
Il  se  distingua  par  sa  générosité  et  ses  autres  qualités 
honorables.  Il  avait  aussi  des  talents  poétiques,  et  il  a 
laissé  un  bon  nombre  de  vers  hindoustani  et  persans. 
Il  paraît  qu'Ali  Ibràliîm  avait  été  attaché  à  son  service , 
apparemment  comme  secrétaire.  Béni  Narâyan  cite  trois 
gazai  de  cet  écrivain  ^.  En  voici  un  : 

Ma  vue  s'est  troublée  en  te  contemplant;  comment  saurais-jc 
distinguer  des  mortelles  les  célestes  bouris?  Celui  qui,  après  avoir 
quitté  ta  rue,  est  allé  du  côté  du  jardin,  saura  la  différence  qu'il 

'    cyw*i  honnear  et  jalousie ,  plc. 

^  t.i,ols  vainqueur. 

'  H  le  nomme  Tàlib-jang,  fils  de  Niyàr  Bog  Khân,  habitant  de  Dchli. 
Serait-ce  un  autre  poëte  hindoustani  ? 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  181 

y  a  entre  le  zéphyr  du  matin  et  l'air  embaumé  qui  entoure  ta  de- 
meure. Si  on  n'a  jamais  connu  la  délicatesse  des  fibres  de  la  rose, 
pourra-t-on  distinguer  la  finesse  de  ta  charmante  taille  ?  La  fohe 
de  l'amour  exerce  tellement  ses  ravages  dans  le  monde ,  qu'il  n'y 
a  plus  de  distinction  entre  le  dommage  et  l'utilité.  Lorsque  j'aper- 
çois les  rivaux  s'asseoir  à  côté  de  mon  amie ,  mes  sens  se  troublen  t 
et  mes  regards  incertains  ne  distinguent  plus  rien.  Puisque  les 
gens  à  vues  élevées  ne  prisent  pas  plus  la  pierre  philosophale  que 
la  vile  poussière ,  comment  sauraient-ils  distinguer  la  valeur  de 
l'argent  et  de  l'or  ?  Gâlib  est  coupable  aux  yeux  de  son  amie  ;  quel 
autre  qu'elle  sait  faire  la  distinction  entre  ses  défauts  et  ses  bonnes 
qualités  ? 

GAM  \ 

Je  ne  sais  rien  sur  cet  écrivain.  Je  me  contenterai 
d'en  citer  avec  Bénî  Narâyan  la  pièce  suivante  : 

On  n'entend  ici  que  mes  gémissements  et  ceux  du  rossignol ,  oh 
Dieu!  oh  Dieu  !  J'ai  affaire  à  un  cœur  dur,  à  une  cruelle  infidèle  , 
oh  Dieu!  oh  Dieu!  —  Pourquoi  as-tu  ainsi  fasciné  mon  cœur  in- 
souciant ?  Quelle  faute  a-t-il  donc  faite  ?  oh  Dieu  !  oh  Dieu  I  — 
Laisse  aller  ce  cœur  insensé,  ne  le  jette  pas  dans  les  liens.  Tes 
boucles  de  cheveux  sont  pour  mes  pieds  des  chaînes  suffisantes, 
oh  Dieu!  oh  Dieu  !  —  Tu  te  montres  à  moi  d'un  air  rude  et  cou- 
verte d'un  vêlement  rouge:  aurais-tu  l'intenlion  d'immoler  quel- 
qu'un à  ta  colère  ?  oh  Dieu  !  oh  Dieu  !  —  La  douleur  accompagne 
dans  mon  cœur  le  souvenir  de  cetle  infidèle  ;  sont-ce  les  atteintes 
d'une  flèche  ou  simplement  celles  de  la  pointe  de  ses  cils?  oh 
Dieu!  oh  Dieu!  —  Au  lieu  d'une  juste  considération  pour  mon 
amour,  je  ne  reçois  de  toi  que  des  injures  et  des  coups,  oh  Dieu! 
oh  Dieu!  —  Je  crois  môme  que  si  je  mourais  à  cause  de  toi,  tu 
en  plaisanterais  encore.  Ah  !  mon  destin  est  affreux,  oh  Dieu  !  oh 
Dieu! 

clxacjnn. 


182  BIOGRAPHIE 


GANGA. 


Gangâ^  Kavi  a  écrit  sur  la  rhétorique  en  1 555.  Il 
est  cité  parmi  les  auteurs  hindi  les  plus  distingués  par 
M.  W.  Price,  dans  la  préface  de  l'important  ouvrage 
intitulé  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections  ^. 

GANGA  DHAR'. 

Un  des  collaborateurs  d'Abulfazl  et  d'autres  savants 
dans  la  traduction  hindouî  des  Nouvelles  Tahles  astrono- 
miques écrites  en  persan  par  Ulugh  Beg,  traduction  qui 
fut  faite  par  l'ordre  d'Akbar. 

GANGAPATI'. 

Auteur  de  l'ouvrage  intitulé  Vijnyân-Vilâs^,  c'est-à- 
dire  les  Divertissements  de  la  science,  écrit  en  1 775  de 
l'ère  Samvat  (1 7  1 9  de  J.  G.).  C'est  un  traité  sur  les  dif- 

'  i{i\\  le  Gange,  la  dcesse  Gange. 
■^  Tom.  I,  pag.  10. 

'  TTTTnr?)  épitbète  de  Siva ,  c'esl-à-dire  celui  qui  reçoit  le  Gange, 
l'Océan.  Ceci  fait  allusion  à  une  légende  d'après  laquelle  le  Gange  s'ar- 
rêta d'abord  sur  la  tète  de  Siva,  et  y  resta  quelque  temps  daiis  ses 
cheveux. 

*  TITTlTr  ,  c'est-à-dire  l'époux  de  Gangâ  ou  le  Gange.  C'est  le  nom 
qu'on  donne  apparemment  à  Santanu,  incarnation  de  Varuna,  qui  fut 
roi  d'Hastinapura  et  qui  devint  le  mari  de  Gangâ  dont  il  eut  Bhîschma , 
l'aïeul  des  Pàndava. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  183 

férenles  doctrines  philosophiques  des  Hindous;  on  y 
recommande  le  système  du  Védanta  et  la  vie  mystique. 
L'ouvrage  est  écrit  sous  la  forme  d'un  dialogue  entre 
un  gara  et  un  sikhya,  ou  un  précepteur  et  son  pupille. 
Un  exemplaire  de  cet  ouvrage  faisait  partie  de  la  collec- 
tion Mackenzie  ^ 


GANNA  BÉGAM. 

Gannâ^  Bégam,  épouse  de  Imâd  ulmulk  ^,  s'est  ac- 
quis un  nom  dans  la  poésie  hindoustani.  Son  maître 
fut  Mir  Camar  uddîn  Minnat^,  dont  Imâd  faisait  beau- 
coup de  cas  à  cause  de  son  talent  poétique  et  qu'il  rece- 
vait volontiers  chez  lui.  D'après  l'ordre  d'Imâd  et  en 
sa  présence,  il  enseigna  la  rhétorique  à  Gannâ.  Elle 
profita  de  ses  leçons  et  se  distingua  presqu'à  l'égal  de 
son  maître  par  ses  gazai  d'une  bonne  facture  et  d'un 
style  élégant.  Elle  prenait  quelquefois  pour  takhailus  le 
mot  minnat  (faveur),  nom  de  son  maître;  de  là  vient 
que,  selon  Mushafî,  on  lui  a  attribué  un  gazai  célèbre 
de  Minnat,  celui  précisément  que  Jones  a  donné  sous 
le  nom  de  Gannâ  dans  la  dissertation  sur  l'orthographe 
des  mots  orientaux  qui  est  en  tête  du  tome  premier  des 

'  Voyez  le  tome  II ,  pa g.   109. 


*  \jS^  canne  à  sucre. 


^  Ou  Gazî  uddîn  Khân,  comme  W.  Jones  le  nomme.  Il  était  vizir 
de  l'empereur  mogol  Ahmad  Scbàh ,  qu'il  déposa  et  qu'il  priva  de  la  vue , 
en  1753,  pour  donner  la  couronne  à  Alam-Guîr  II,  lequel  il  fit  ensuite 
assassiner,  en  1766,  pour  élever  sur  le  trône  Schâh  Jabân  II,  qui  lui  hii- 
niênie  détrôné  en  1760. 

*  Voyez  son  article. 


184  BIOGRAPHIE 

Asiatic  Researches.  Voici  la  traduction  de  ce  gazai  revue 
et  corrigée  : 

Mon  ennemi  lui  '  parle  avec  dissimulation.  Mon  espoir  est 
trompe',  je  ne  reçois  que  des  nouvelles  désespérées.  Hélas  !  faut- 
il  que  la  surface  unie  de  mon  sein  soit  devenue  semblable  au 
plumage  d'un  perroquet,  par  l'effet  des  marques  de  brûlure  qui 
l'ont  cicatrisée  pendant  la  triste  absence  de  mon  bien-aimé!  De- 
puis longtemps,  ô  Hinnâ,  ton  cœur  a  été  plein  de  sang  comme 
le  mien.  De  qui  désires-tu  baiser  les  pieds  (en  y  appliquant  ta 
teinture  )  ?  Au  lieu  d'éprouver  la  douleur,  cbaque  blessure  de  ton 
sabre  suce  avec  ses  lèvres  la  douceur  dont  il  est  rempli.  Peu  im- 
porte qu'on  jette  sur  moi,  Minnat,  le  soupçon  de  l'amour.  Oui, 
il  est  vrai  que  j'aime  passionnément  la  société  de  mon  bien-aimé. 

Mushafî  cite  d'autres  vers  de  Gannâ  qui  répondent 
à  la  réputation  de  cette  femme  distinguée. 

GARIB. 

Muhammad  Aman  Garîb-,  selon  Mîr,  et  Muhammad 
Zamân  Garîb,  selon  Fath  Ali  Huçaïnî,  est  un  poëte  liin- 
doustani  dont  les  vers  ne  sont  pas  dépourvus  de  mérite. 
Il  bégayait;  c'est  pourquoi,  outre  le  surnom  poétique  de 

'  Au  lieu  de  (^  J^,  comme  on  lit  dans  les  Asiatic  Researches.  Musliaf  î 

met  ^gA,    Qygl ,  ce  qui  vaut  mieux.  Au  surplus,  Jones ,  qui  ne  s'élait  occupé 

d'hindouslani  que  dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  a  fait  ici  un  contre- 
sens, en  traduisant,  parle  de  moi  [speaks  of  me).  Cela  tient  à  ce  qu'en 
hindoustani,  les  verbes  qui  signifient  dire,  parler,  demander,  interroger, 
promettre,  etc.  se  construisent  avec  l'ablatif,  et  non  pas  avec  ie  datif.  On 
dit  ainsi,  parler  avec  quelqu'un,  demander  avec  quelqu'un,  pour  signifier 
parler  à  quelqu'un,  demander  à  quelqu'un.  On  dit  de  même  en  sanscrit 
promettre  dans  quelqu'un,  avec  le  locatif  pour  le  datif. 
'   t^j  yS' èlranijcr  ci  ytur  sxùie  malheureux,  pauvre. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  185 

Garîb,  onlui  donna  aussi  celui  de  Alkan,  ouïe  bégayeur  *. 
Mîr  l'avait  vu  souvent  dans  les  jardins  de  Mugalpûra,  et 
il  le  nommait  le  libertin  des  jardins.  Les  malheurs  du 
temps  le  forcèrent  d'aller  dans  le  Bengale  deux  ans  envi- 
ron avant  l'époque  où  Mîr  écrivait  sa  biographie. 

GARIB   (MIR  TAQUI). 

Mîr  Taquî  Garîb,  de  Dehli,  était  un  des  compagnons 
du  nabâb  Alî-jâh  Mîr  Muhammad  Câcim  Khan.  On  le 
compte  parmi  les  poètes  hindoustani. 

GARM. 

MîrzâHaïdar  Alî  Garni '-^j  lîls  de  Niyâz  Alî  Beg,  est  un 
poète  hindoustani  distingué  cp.ii  haliitait  Dehli.  Il  était 
passionné  pour  la  poésie,  et  consultait  sur  ses  vers 
Mushafî,  qui  l'afTectionnait  beaucoup,  et  qui  rend  hom- 
mage à  son  mérite.  Béni  Narâyan  cite  de  lui,  dans  son 
Diivân-i  Jahân,  une  ode  ou  gazai  que  je  crois  devoir 
donner  ici  en  français  : 

Mon  cœur  est  brûlé  ;  et ,  par  l'ardeur  de  mes  paroles ,  mes  lèvres 
sont  sèches  et  des  épines  sont  sur  ma  langue.  0  mon  Dieu  !  quel 
est  ce  regard  qui  m'a  pénétré  comme  une  épée  ,  en  sorte  que  je 
suis  à  tel  point  dégoûté  de  la  vie  ?  Ne  me  demande  pas  l'histoire 
des  amis  qui  sont  partis  ;  je  suis  moi  même  en  peine,  ô  mon 
voisin ,  de  savoir  où  ils  sont.  Je  vois  le  soleil  et  la  lune  errer  ;  l'a- 
mour de  qui  les  agite-t-il  en  sorte,  qu'ils  vont  ainsi  de  porte  en 
porte  ?  Les  meurtrissures  brûlantes  du  sein   sont  des  roses  du 

'      |3il ,  adjectif  dérivé  de  la  racine  arabe  /Jî  inexplicatâ  linijuà  Jail. 


'      ^jS^  chaud ,  passionné . 


186  BIOGRAPHIE 

palmier  de  l'amour,  et  les  larmes  sanglantes  des  yeux  en  sont 
les  fruits.  Garm  !  quel  objet  à  visage  de  flamme  t'a  fait  pleurer 
de  chagrin ,  au  point  que  tes  larmes  sont  répandues  çà  et  là 
comme  des  étincelles  ? 

GAUHARP. 

Parmi  les  biographes  originaux  que  j'ai  pu  consulter, 
Mushafî  est  le  seul  qui  mentionne  ce  poëte  hindoustani; 
encore  ne  donne-t-ii  aucun  détail  sur  son  compte,  et 
se  contente-t-ii  d'en  transcrire  deux  vers  qu'il  avait  en- 
tendu réciter. 

GAUWAGI. 

Maulânâ  Gauvâcî  ^  est  un  poëte  hindoustani  dont 
Mîr  cite  seulement  le  nom  et  un  vers  que  je  donne  ici 
traduit  en  français  : 

Celui  qui  sèmera  la  graine  de  l'absence  de  l'objet  aimé  dans  le 
champ  de  son  cœur,  n'y  verra  jamais  fleurir  la  rose  de  l'espé- 
rance. 

C'est-à-dire  que  dans  la  séparation  de  l'objet  aimé, 
on  ne  peut  se  flatter  d'avoir  aucune  jouissance. 

On  doit  à  ce  poëte  un  Tâti-nâma,  ou  Contes  d'un  per- 
roquet, en  vers  dakhnî,  masnawî  dont  la  bibliothèque 
de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  possède  un  exem- 
plaire. J'ai  de  cet  ouvrage  dans  ma  collection  particu- 
lière un  autre  exemplaire  qui  paraît  ancien  -,  il  est  écrit  en 
beaux  caractères  nastalic  et  se  compose  de  près  de  lioo 
pages  grand  in-S".  Après  l'invocation  ordinaire  à  Dieu 

'   4<vJ£s5\  adjectif  dérivé  du  mot  persan    ylb^^  perle ,  etc. 
'   i^\s\  f^  o.eùon  dr  ]>lonjer. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  187 

et  les  iouaiiges  de  Mahomet ,  on  trouve  un  chapitre  de 
plus  de  quatre  pages  qui  contient  l'éloge  du  sultan  de 
Golconde  Abdullah  Cutb  Schâh,  sous  le  règne  duquel 
l'ouvrage  a  été  écrit.  Puis  vient  le  chapitre  d'usage  sur 
le  motif  de  la  composition  du  livre;  ensuite  l'histoire 
commence;  enfin  viennent  les  contes,  dont  plusieurs 
diffèrent  des  autres  rédactions.  L'ouvrage  se  termine  par 
un  wâçùkht ,  sorte  d'ode  écrite  avec  énergie. 

GAZANFAR. 

Gazanfar^  Alî  Khân,  autrement  dit  Miyân  Khillû'^,  était 
petit-fils  de  Gulàm-i  Hucaïn  Karorâ^.  Ses  ancêtres  étaient 
dans  l'origine  des  Chatrya  et  occupaient  un  rang  élevé 
dans  le  monde.  Quant  à  lui,  il  était  plein  d'esprit  et 
tenait  une  conduite  régulière.  Il  fut  un  des  disciples  les 
plus  distingués  de  Jurât,  et  il  se  fit  un  nom  dans  la  poésie 
hindoustani.  Bénî  Narâyan  cite  de  lui  un  gazai. 

GHACI. 

Mîr  Ghâcî  ''■  est  compté  pai^mi  les  écrivains  hindous- 
tani. Mîr  Taquî ,  qui  le  connaissait,  nous  fait  savoii'  que 
c'était  un  jeune  homme  d'un  esprit  distingué  qui  habitait 
Mugàlpûra.  Il  a  affecté  de  ne  pas  insérer  de  takhallus  ^ 

^  yXJUih  lion,  héros. 

^   •J'^J   yc-i  >  jovial. 

^  )j^J^  percepteur  d'impôts,  etc.,  àç,j%jS  dix  millions. 

*   f£*Xfp    herbacé  ou  mieux  herhager. 

^  Il  paraît,  d'après  cette  particularité  qui  nous  est  révélée  par  les  bio- 
graphes originaux ,  qu'on  ne  considère  pas  le  mot  Ghâcî  comme  le  sur- 
nom poétique  de  cet  écrivain. 


188  BIOGRAPHIE 

dans  le  dernier  vers  de  ses  gazai,  ce  qu'ont  eu  soin  de 
faire  au  contraii'e  les  autres  poètes  hindoustarti.  Les  bio- 
graphes originaux  ne  citent  qu'un  seul  vers  de  lui, 

GORUL-NATH. 

Gokul-nâth  \  de  Kacî  (Bénarès),  fils  du  poëte  Raghû- 
nâth,  aussi  de  Bénarès,  est  auteur  du  Mahâbhâr cita- dar- 
pana^,  c'est-à-dii^e  Miroir  du  Mahâbhârata  ;  et  du  Hari- 
vansa-darpana  ^,  Miroir  du  Harivansa ,  traduction  un  peu 
abrégée  du  Maliâbhârata  et  du  Harivansa  en  bhâscliâ  ou 
hindouî,  qu'il  fit  par  l'ordre  de  Sri  uddita  Narâyan,  râjâ 
de  Kacî  ou  Bénarès.  Cette  traduction  se  distingue  par 
son  exactitude  et  par  son  élégance;  elle  est  seulement 
un  peu  abrégée  dans  ce  sens  surtout  qu'on  a  négligé  de 
traduire  les  accumulations  de  synonymes  et  d'épithètes 
si  fréquentes  dans  l'original  et  les  vers  de  remplissage. 
Elle  a,  du  reste,  le  défaut  commun  aux  traductions  du 
sanscrit  et  du  persan  en  hindoustani,  c'est  qu'il  y  a  trop 
de  mots  et  d'expressions  empruntés  à  la  langue  originale 
de  l'ouvrage.  Elle  est  toute  en  vers,  mais  de  différentes 
mesures.  Cet  ouvrage,  un  des  plus  importants  qui  aient 
été  imprimés  en  hindouî,  a  été  édité  par  les  soins  de 
Lakschmî  Narayan  en  quatre  volumes  grand  in-Zt".  Il  a 
paru  à  Calcutta  en  1 76  i  du  Samvat  (ère  de  Salivahana), 
qui  correspond  à  l'année  1829  de  J.  C.  Ces  quatre  volu- 

'  ïTÎ^Tç^^rrSJ"  seigneur  de  Golml,  un  des  noms  de  Krischna. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  189 

mes  comprennent  les  dix-huit  parb,  ou  parties  du  Ma- 
Jiâbliârata,   et  le  Harivansa.  On  sait  que  le  MahâbMrata 
donne  des  détails  curieux  sur  les  discussions  des  princes 
Pândava  et  Kaurava,  c|ui  étaient  cousins  par  la  nais-' 
sance  et  compétiteurs  les  uns  des  autres  pour  le  trône 
d'Hastinapur.  Les  derniers  triomphèrent  d'abord,  et  for- 
cèrent les  premiers  à  se  cacher  pendant  quelque  temps , 
jusqu'à  ce  qu'ils   eussent  contracté  une  alliance  avec 
un  puissant  prince  du  Panjab,  et  qu'une  portion  du 
royaume  leur  fût  accordée.  Plus  tard,  les  PandaA'a  per- 
dirent cette  portion  au  jeu  de  dés,  et  ils  furent  encore 
réduits  en  exil,  d'où  ils  sortirent  pour  soutenu^  leurs 
droits  par  les  armes.  Tous  les  princes  de  l'Inde  prirent 
ie  parti  des  uns  ou  des  autres  des  parents  rivaux;  une 
série  de  combats  eurent  lieu  à  Kurukschetra ,  aujour- 
d'hui Thanîçar;  enfin,  ils  se  terminèrent  par  la  mort  de 
Duryodhana  et  des  autres  princes  Kaurava ,  et  par  l'élé- 
vation de  Yudhischitira ,  l'aîné  des  frères  Pandava,  à  la 
souveraineté  suprême  de  l'Inde.  Le  Harivansa  contient 
l'histoire  de  Krischna;   il  a  été  traduit  du  sanscrit  en 
français  par  M.  Langlois ,  et  publié  sous  les  auspices  du 
Comité  des  traductions  orientales  de  la  Grande-Bretagne 
et  de  l'Irlande. 

Il  y  a  d'autres  traductions  hindoustani  du  MaMhhâ- 
rata.  Celles  qui  sont  parvenues  h  ma  connaissance  sont  : 
1°  Kitâb-i  Malidbliârata ,  ou  Livre  du  Mahâbhârata ,  dont 
une  portion  faisait  partie  de  la  bibliothèque  de  Farzàda 
Cuh;  2°  la  rédaction  dont  sir  W.  Ouseley  a  aussi  une 
portion  seulement^;  3°  il  y  a,  de  plus,  parmi  les  manus- 

'  Ce  manuscrit  est  classé  sous  le  n'GsS  de  son  catalogue.  On  y  lit  : 


190  BIOGRAPHIE 

crits  de  sir  W.  Oiiseley,  un  volume  cpji  contient  une 
portion  du  Maliâbhârata  en  sanscrit  et  en  hindoustani; 
li°  au  nombre  des  manuscrits  hindoustani  du  prince  de 
Borgia ,  décrits  par  Paulin  de  Saint-Barthélémy,  il  y  a 
une  portion  du  Mahâbhârata  intitulée  Bâhha^  Piirâna, 
c'est-à-dire  la  Légende  de  l'enfant  (Krischna).  Le  manus- 
crit original  est  accompagné  d'une  traduction  en  italien 
par  le  P.  Marcus  à  Tumba. 

Outre  la  traduction  persane  du  MaMhhârata  attri- 
buée à  Abû-Fazl ,  ministre  d'Akbar  ^,  il  y  en  a  une 
autre  plus  récente,  par  Naquîb  Khân  ben  Abd  ullatîf, 
faite  par  l'ordre  et  dans  le  palais  du  nabab  Mahaldar 
Khân  Naza^,  en  i  197  de  l'hégire  (1782-1783);  et  ce 
qu'il  est  essentiel  de  faire  connaître,  c'est  que  Naquîb 
rédigea  son  travail  d'après  l'interprétation  verbale  que 
plusieurs  brahmanes  lui  donnaient  en  hindoustani  du 
texte  sanscrit.  C'est  ce  qu'il  dit  lui-même  à  la  fin  de  son 
ouvrage  ^.  Parmi  les  manuscrits  persans  de  la  Société 
asiatique  de  Calcutta,  on  trouve  une  troisième  traduc- 

Some  portions  of  the  Mahabharata ,  in  Nagari  and  Persian  characters,  with  a 
listof  hundred  and  tiventj  Jour  rajahs  who  hâve  reigned  in  Ilindostan,  in 
fol.  Prefixed  are  sonie  pages  containing  a  curious  extract from  a  French  ma- 
nuscript  of  M.  Gentil. 

'  On  a  imprimé  par  erreur  Bâlaga.  clans  l'ouvrage  d'où  je  tire  ces 
renseignements,  Musei  Borgiani  Veliiris  codices  manuscripti,  etc.  pag.  i34. 

*  Sur  ceUe  traduction,  voyez  dans  le  Journal  asiatitjac,  t.  VII,  p.  110, 
un  intéressant  article  de  feu  M.  Schulz. 

'  Straker  s  Catalogue.  Ytag-  4o,  n"  262. 

*  Voyez  pag.  76  de  la  traduction  que  le  major  D.  Price  a  donnée  de  la 
version  persane  de  la  dernière  section  du  Mahâbhârata  (  The  last  days  of 
Krischna),  dans  le  tome  premier  des  MisccUancous  Translations,  publié  par 
le  Comité  des  traductions  orientales  de  la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  191 

tion  persane  du  Mahâbhârata ,    c'est  celle  de  l'Hindou 
Bapâs. 

GOVIND  SINGH. 

Le  gurû  Govind  '  Singh  est  auteur  du  Das  ^  Padschûh 
Ki  grantli^,  ou  Daçama  Padschâh  Ki  grantli^.  Livre  du 
dixième  roi ,  c'est-à-dire  de  Govind  Singh.  On  nomme 
aussi  cet  ouvrage  simplement  Gro.nth,  ou  Livre,  titre  qui 
est  cependant  plus  spécialement  réservé  à  VAdi  granili 
de  Nànak.  Dans  un  catalogue  ^,  ce  dernier  ouvrage  est 
indiqué  comme  ayant  deux  volumes.  Le  premier  est 
attribué  à  Gurû  Nànak,  et  le  second  à  Gurû  Govind. 

GUIRDHAR^ 

Poète  hindouî  cité  par  Gilchrist  dans  sa  Grammaire 
liindoastani,  p.  335.  11  est  auteur  de  kabit  et  de  doha. 
M.  Romer  possède  un  manuscrit  qui  contient  une  col- 
lection de  kabit  et  de  doha  tant  de  ce  poëte  que  de  Tulcî- 
dâs,  Kabîr,  etc. 

Il  paraît  que  c'est  le  même  écrivain  qui,  sous  le  nom 
de  Guiridhara,  est  cité  par  Ward  (dans  son  Histoire  de 

'  TTT^T»)  DO™  <le  Krisclina. 

-  Il  faudrait  proprement  dastven  (^yM,:>  dixième,  cardas  est  le  nom 
de  nombre  cardinal. 

^  Celui  de  la  vente  de  C.  Stewai't,  pag.  108. 
*  TIhTT  cr  lui  qui  soutient  le  discours. 


192  BIOGRAPHIE 

la  littérature,  etc.  des  Hindous,  t.  II,  p.  kSi),  comme 
auteur  du  Kundariya,  ouvrage  dont  j'ignore  le  sujet, 
mais  qui  est  écrit  dans  le  dialecte  hindouî  de  Bhaguel- 
khand. 

GUIRAMI. 

Mirzâ  Guirâmî  ^  était  fds  de  Ganî  Beg  du  Cachemire. 
Il  écrivit  d'abord  en  persan-,  mais  comme  il  vit  que  le 
goût  pour  la  poésie  reklita  prévalait  généralement,  il  se 
mit  à  écrire  des  vers  liindoustani.  Mîr  Taquî ,  qui  était 
son  contemporain,  n'en  dit  pas  autre  chose  dans  sa 
biographie.  Il  se  contente  de  renvoyer  le  lecteur  au 
Tazkira  de  Khân  Sâhib ,  c'est-à-dire  de  Sirâj  uddîn  Alî 
Kiiân  Sâhib  Arzù-,  que  Mîr  reconnaissait  comme  son 
maître  dans  l'art  d'écrire. 

GUIRIYAN. 

Mîr  Alî  Amjad  Guiriyân^,  de  Dehli,  fds  de  Mîr  Alî 
Akbar,  fut  élève  de  Schâh  Cudrat  ullah,  connu  sous  le 
nom  de  Cudrat  ^,  et  de  Mîr  Ziyâ  uddîn ,  connu  sous 
celui  de  Ziyâ  ^.  On  le  compte  parmi  les  poètes  liindous- 
tani. Alî  Ibrahim  et  Mannii  Lâl  citent  plusieurs  vers  de 
lui  dans  leurs  ouvrages. 

'   ç^\jS  cher,  précieux. 

-  Voyez  Tartide  consacré  à  cet  écrivain. 

'    U-J^  p/ciirrur. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage. 

''  Voyez  l'article  consacre  à  cet  écrivain 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  193 


GULAM-I  AHMAD. 


Le  cazî  Gulâm-i  Ahmad  ^  est  auteur  d'un  ouvrage 
urdû  de  jurisprudence  intitulé  Alikâm  unniçâ  ^,  c'est-à- 
dire  les  Commandements  (de  la  loi)  sur  les  femmes. 
On  en  conserve  deux  exemplaires  dans  la  bibliothèque 
de  la  Société  asiatique  du  Bengale. 

GULAM-I  HUÇAIN. 

Gulâm-i  Huçaïn  ^  Kliân  Lohanî  *  est  auteur  d'un 
poëme  intitulé  Jahvâ-îiâma^ ,  ouvrage  qui  fait  partie  de 
la  riche  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  du  Ben- 
gale. J'en  ignore  le  sujet. 

GULAMI. 

Schâh  Gulâm-i  Muhammad  prit  pour  takhallus  le 
substantif  persan  Gnlâmi^,  formé  dumot^uMm,  qui  fait 
partie  de  son  nom.  C'est  un  poëte  qui  a  écrit  dans  le 
style  ancien  ;  il  était  très-lié  avec  Schâh  Hâtim ,  et  allait 
souvent,  en  compagnie  de  ce  dernier,  dans  la  cellule  de 

'■   «Xj^i     v<^X^  T esclave  cl' Ahmad  [Mahomet). 

"   ij-Kj^^tS—  ^y^'^ks-  esclave  de  Huçaïn. 

*  Nom  d'une  tribu  de  Pathans. 

^  Xx\j  oy. Isy  Livre  de  la  manifestation  (ou splendeur). 

**  <^^\*  esclava(je. 

I.  i3 


19a  BIOGRAPHIE 

Scliâli  Taslîm.  Mushafî,  à  qui  nous  devons  ces  détails, 
ne  cite  de  cet  écrivain  qu'un  seul  vers. 

GUMAIN. 

Nazar  Alî  Khân  Gumân  \  de  Delili,  était  un  des  amis 
d'Aschraf  Alî  Khân  Fighân.  Il  habitait  Faïzâbâd  à  l'é- 
poque où  écrivait  Alî  Ibrâhîm.  On  a  de  lui  des  poésies 
estimées. 

GUZARATI. 

Schâh  Alî  Guzarâti  ^  Darwesch  est  auteur  : 
1°  D'un  ouvrage  intitulé  Dliora  ou  Dlioré  ^,  qui  est 
une  collection  de  poëmes  hindî  sur  le  spiritualisme  '\ 

1°  D'un  volume  qui  porte  le  titre  de  Sandar  Singâr^, 
ou  l'Ornement  de  l'amour.  Ce  dernier  volume  est  aussi, 
selon  G.  Stewart  *^,  une  collection  de  poëmes  hindous- 
tani  sm*  différents  sujets;  mais  je  pense  que  c'est  plutôt 
une  sorte  de  Kok  schastar,  comme  un  ouvrage  hindî 
portant  le  même  titre  et  dont  il  sera  parlé  à  l'article  sur 
Sundara-dâs.  Toutefois  il  peut  se  faire  que  ce  soit  un 

^  fJ^^tS"  doute.  ^ 

^  Ou  mieux ,  Gujarati  j]^)4^   habitant  du  Guzaraie. 
3   -^jfc_£Ûà  pluriel  de  tj*-^^ .  ™ot  hindî  qui  est  synonyme  de  baït 
(vers), 

*  jVSouw  j«)sJ*AM.  Stewart  écrit  mal  à  propos  Sindur  Sihâr,  dans  son 
Catalogue  of  the  Libraiy  oj  Tippoo,  pag.  i8o. 
«   Ibid. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  195 

roman  et  que  Sundar  Sîngâr  soit  le  nom  du  héros;  car 
il  y  a  dans  le  catalogue  des  manuscrits  de  sir  W.  Ouse- 
ley,  n°  6 1 3  ,  un  volume  intitulé  Qaissa-i  Sundar  Singâr 
{Histoire  de  Sundar  Singâr).  On  conserve  à  ÏEast-India 
House^  un  manuscrit  du  Sundar  Singâr,  écrit  dans  le  dia- 
lecte d'Antarbed,  c'est-à-dire  dans  le  pur  bhâkliâ ,  et  je 
vois  dans  le  catalogue  de  sir  W.  Ouseley,  sous  le  n"  622, 
un  volume  portant  le  même  titre  et  indiqué  comme 
étant  écrit  en  nagarî  et  dans  un  bhâkhâ  ou  dialecte 
hindavî.  Or  ces  deux  derniers  volumes,  qui  paraissent 
deux  exemplaires  du  même  ouvrage,  sont  nécessaire- 
ment différents  de  celui  de  Scliâh  Guzarâtî,  qui  doit 
avoir  écrit  en  dialecte  daklinî ,  s'il  est  né  dans  le  Guza- 
rate ,  ainsi  que  son  nom  paraît  l'indiquer. 

HABIB  ULLAH^ 

Ali  Ibrahim  ne  donne  de  ce  poëte  que  son  nom  et 
ie  vers  suivant  qu'il  avait  entendu  réciter  : 

Mon  cœur  est  en  désordre  par  l'effet  de  tes  cheveux  en  désordre. 
Je  voudrais,  pour  répéter  ces  mots,  avoir  cent  langues,  comme 
le  peigne  qui  démêle  une  à  une  les  noires  boucles  de  ta  cheve- 
lure. 

HAÇAN  (KHAJA). 

Khâja  Haçan,  de  Dehli,  fils  de  Khâja  Ibrahim ,  fils  de 
Gaïyâs  uddîn,  fils  de  Muhammad  Scharîf,  fils  d'ibrâ- 

'   Fonds  Leyden,  n°  xxx. 

'^  M\  ty^»A5fc  romùie Dieu,  nom  qu'on  donne  au  prophète  Mahomet. 

i-3. 


196  BIOGRAPHIE 

hîm ,  connu  sous  le  nom  de  KMja  Kiimhar  ^  Maiidûdi 
et  de  Hacan,  était  des  Saïd  Hucaïnî,  c'est-à-dire  des- 
cendants  de  Huçaïn ,  et  ses  pères  étaient  originaires  des 
montagnes  qui  sont  près  de  Schahjahànâbâd  (Delili). 
Quelques  années  avant  l'époque  où  Alî  Ibrahim  écrivait, 
Haçan  vint  résider  à  Lakhnau,  et  fut  mis  au  nombre 
des  officiers  du  nabâb  Sarfarâz  uddaula  Hacan  Rizâ  Khan 
Balladur.  Il  avait  résidé  auparavant  à  Bareily,  puis  à 
Faïzâbâd.  J'ignore  l'époque  de  sa  naissance  et  celle  de 
sa  mort.  Alî  Ibrahim  nous  apprend  seulement  qu'il 
vivait  en  1196  (  1781-1782).  Il  s'occupait  avec  distinc- 
tion de  la  géométrie  et  de  la  musique ,  sciences  sur  les- 
quelles il  a  laissé  des  ouvrages.  Il  cultivait  aussi  l'astro- 
nomie, et  s'adonnait  surtout  à  l'étude  du  tacawaf  ou 
spiritualisme.  Mushafî  dit  que  c'était  un  derviche  de 
la  secte  des  sofîs.  Il  a  mis  en  vers  hindoustani,  sous 
forme  d'histoires  et  de  narrations ,  la  plupart  des  doc- 
trines du  spiritualisme ,  spécialement  celle  de  l'unité  de 
l'existence ,  en  les  appuyant  de  preuves  et  d'arguments. 
Il  a  écrit  un  diwân  estimé  dont  les  biographes  originaux 
citent  des  fragments.  Au  commencement  qu'il  s'occupait 
de  poésie ,  il  consultait  sur  ses  vers  Miyân  Jafar  Alî 
Hasrat ,  et  il  était  aussi  lié  avec  Calandar  Baksch  Jurât. 
Il  était  d'un  caractère  vif  et  aimable  -,  il  aimait  les  spec- 
tacles et  s'occupait  même  de  magie,  de  talismans  et 
d'enchantements.  Il  fut  amoureux   d'une  musicienne 

'  j\uJ»  potier.  Je  suis  ici  la  version  d'Ibrâliîm  ;  mais  Musliafî  dit  qu'il 
était  fils  du  khâjà  Ibrabim ,  petit-fils  du  khâjâ  Kambârî  et  descendant 
du  kliâjà  Mabdûd  (JMaudûd  )  Chischtî.  On  peut  voir,  sur  cette  dernière 
dénomination,  mon  Mémoire  sur  la  rclujion  miisiiJmane  dans  l'Inde,  p.  67. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  197 

nommée  Bakhschî  ' ,  et  il  a  placé  dans  le  dernier  vers 
de  tous  ses  gazai  le  nom  de  cette  femme  chérie. 

HACAN  (MIR  GULAM-I). 

Mîr  Gulâm-i  Hacan,  de  Dehli,  était  fils  de  Mîr  Gulâm-i 
Huçain  Zâhik ,  et  petit-fils  de  Mîr  Tmam-i  Harwî ,  c'est- 
à-dire  de  Hérat.  En  efiet,  la  patrie  de  ses  ancêtres  était 
la  ville  de  Hérat,  et  leur  tribu  celle  des  Saïd.  Par  suite 
des  vicissitudes  du  temps ,  ils  quittèrent  ce  pays  et  vin- 
rent se  fixer  à  Delili,  dans  l'ancienne  ville.  Ce  fut  là 
que  notre  poëte  vint  au  monde  et  qu'il  arriva  à  l'âge  de 
raison.  On  dit  que  son  grand-père  paternel  avait  fait  le 
pèlerinage  de  la  Mecque,  et  était  un  homme  vertueux; 
mais  son  père  ne  lui  ressemblait  point.  Toutefois  il  se 
livra  un  peu  à  l'étude ,  et  s'occupa  surtout  de  la  langue 
persane  pour  laquelle  il  avait  des  dispositions;  il  fit 
même  des  vers  en  cet  idiome.  L'auteur  de  la  notice  hin- 
doustani  que  je  traduis  ici-  a  lu  quelques  cacîdah  re- 
marquables de  ce  personnage;  mais  comme  il  aimait 
à  plaisanter,  il  avait  renoncé  à  faire  des  gazai,  pièces 
ordinairement  mystiques  et  par  conséquent  graves.  Il 
était  très-jovial  et  railleur,  ainsi  que  l'indique  son  sur- 
nom poétique  de  Zâliik,  qui  est  un  mot  arabe  signifiant 
en  efPet  rieur;  mais  à  l'extérieur  il  inspirait  la  confiance 
et  était  orthodoxe.  Il  mettait  souvent  un  turban  vert  à 
la  manière  des  Arabes ,  et  portait  un  large  vêtement.  Sa 
barbe  n'était  pas  très-longue,  il  se  rasait  le  dessous  des 

'  Ce  mot  semble  être  Tajcî  dans  la  biographie  de  Lutf. 

'  Me  de  Haçan,  en  tète  de  Tcdition  du  Silir  idbajân,  p.  'j  et  suiv. 


198  BIOGRAPHIE 

lèvres;  sa  taille  était  moyenne;  il  était  basané.  Quant 
à  Mîr  Haçan,  il  se  faisait  raser;  mais  son  vêtement 
était  pareil  à  celui  de  son  père ,  tandis  qu'il  s'arrangeait 
le  turban  comme  les  anciens  natifs  de  l'Hindoustan.  Il 
était  grand  et  brun;  il  avait  le  caractère  gai  et  était 
facétieux;  mais  il  ne  tenait  jamais  de  discours  futiles 
ni  obscènes;  en  outre,  il  était  doux  et  affable,  très- 
aimable  et  fort  instruit;  personne  n'eut  jamais  à  se 
plaindre  de  cet  homme  distingué.  Dès  son  jeune  âge 
il  se  sentit  des  dispositions  pour  la  poésie ,  et  fut 
animé  du  désir  de  les  exploiter.  Il  eut  l'avantage  de 
jouir  de  la  société  du  khâja  Mîr  Dard  ^  ce  qui  le  con- 
firma dans  sa  résolution.  Il  passa  son  enfance  à  Dehli. 
Après  la  destruction  du  sultanat,  forcé  de  quitter  cette 
ville,  il  se  retira,  avec  son  père,  dans  le  royaume 
d'Aoude,  et  se  fixa  h  Faïzâbâd^,  puis  à  Lakhnau  où  il 
acquit  une  grande  célébrité.  Il  fut  attaché  au  nabab  Sa- 
lar-jang  Bahâdur  et  à  Mii^zâ  Nawâzich  Alî  Khan  Bahâ- 
dur  Safdar-jang,  fils  aîné  du  nabâb  susdit,  qui  aimait 
les  vers  et  les  poètes;  en  sorte  que  ce  prince  avait  fait 
de  Haçan  son  compagnon  et  son  ami.  Haçan  ne  con- 
naissait pas  du  tout  l'arabe,  mais  il  savait  le  persan, 
et  faisait  même  quelquefois  des  vers  isolés  et  des  qua- 
trains en  cette  langue.  Toutefois  c'est  surtout  comme 
poëte  hindoustani  qu'il  était  incomparable.  Il  consul- 
tait sur  ses  vers  Ziyâ  uddin,  connu  sous  le  takhallus  de 

'  Poète  hindoustani  très-célèbre,  natif  de  Debli.  Voyez  son  article. 

'  Mushafî  dit  que  le  hasard  ayant  conduit  Haçan,  à  l'âge  de  douze 
ans,  dans  les  contrées  à  rorient  de  Dchli,  il  passa  le  restant  de  SxT  vie  h 
Faïzâbâd  cl  à  Lakhnau. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  199 

Ziyâ^,  lequel  était,  dans  ce  temps,  un  des  plus  ha- 
biles écrivains  de  l'Inde  musulmane.  Il  a  marché  dans 
la  même  voie  que  Dard,  Saudâ  et  Mîr,  et  son  style  a 
un  degré  remarquable  de  pureté  et  de  délicatesse.  Son 
langage  est  élégant  et  fleuri.  Il  excellait  dans  le  gazai, 
le  rubaï,  le  masnawî  et  le  marsiya  (élégie).  Le  genre 
de  poëme  dans  lequel  il  réussissait  le  moins,  c'est  le 
cacîdah.  Il  a  parfaitement  décrit  tout  ce  qui  concerne 
la  coquetterie;  aussi  dit-on  que  ses  vers  font  le  charme 
des  Indiennes  dans  les  zanâna  ou  gynécées.  A  la  fin  du 
mois  de  zihijja  1200  de  l'hégire,  Haçan  fut  atteint  de 
la  maladie  dont  il  mourut;  et  dans  les  dix  premiers 
jom^s  de  muharram  1201  (octobre  1786)^  il  quitta 
ce  monde  périssable  pour  l'éternel,  à  fâge  de  plus  de 
cinquante  ans ,  et  fut  enseveli  à  Lakhnau  (  où  il  était 
mort)  derrière  le  jardin  de  Mirzâ  Gâçim  Alî  Khân.  Il 
laissa  quatre  fils,  encore  vivants  en  i8o3;  trois  étaient 
poètes,  et  demeuraient  àFaïzâbâd.  Mîr  Mnstahçan,  sur- 
nommé Khalic,  et  Mîr  Muhcin ,  connu  sous  le  takhallus 
de  Malicin,  étaient  employés  auprès  de  Mirza  Taquî, 
gendre  de  Bahû  Sâhib ,  mère  d'Açaf  uddaulah ,  et  Mîr 
Haçan,  surnommé  Khalc,  était  avec  Darab  Aiî  Khân 
l'inspecteur.  Celui-ci  et  Khalic  ont  écrit  chacun  un  di- 
wân  ^.  Leurs  vers  ont  quelque  ressemblance  avec  ceux 
de  leur  père.  Khalîc  consultait  Miyân  Mushafî,  poëte 

*  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 

^  Mushafî  donne  un  quatrain  de  sa  composition  sur  le  tarîhh  (date) 
de  la  mort  de  Haçan.  Quant  à  Lutf,  il  fixe  l'époque  de  sa  mort  à  l'an 
i2o5  de  l'bégire.  Il  est  bon  de  remarquer,  en  passant,  que  Lutf  n'est  pas 
souvent  d'accord,  pour  les  dates,  avec  les  autres  biographes. 

'  Voyez  leur  article. 


200  BIOGRAPHIE 

hindoustaDi  distingué,  à  qui  on  doit  la  biographie  hindi 
que  je  cite  souvent. 

Haçan  est  auteur  : 

i°D'un  diwân  qui  se  compose  de  près  de  huit  mille 
vers  dans  les  différents  mètres  usités  en  hindoustani. 

2°  D'un  Tazkira  ou  Biographie  des  écrivains  lundi 
qui  se  sont  fait  connaître  par  leurs  productions;  ou- 
vrage écrit  en  style  poétique  nommé  reklita. 

3°  D'un  masnawî  sur  les  amours  de  Bénazîr  et  de 
Badr-i  Munir,  poëme  intitulé  Sïlir  ulbayân  ^  c'est-à-dire 
la  Magie  de  féloquence,  et  bien  digne  en  effet  de  porter 
ce  nom.  On  a  dit  de  cette  composition  '^  que  chacun  de 
ses  hémistiches  est  sans  égal  (  Bénazir  )  et  que  chaque 
vers  est  comme  une  lune  resplendissante  [Badr-i  Munir). 
Ce  poëme  a  été  publié  à  Calcutta^  en  i8o5,  et  on  en 
a  donné  une  imitation  en  prose  sous  le  titre  de  Nasr-i 
Bénazîr,  c'est-à-dire  Prose  de  Bénazîr,  ouvrage  dont  il 
sera  parlé  à  l'article  sur  Balladur  Alî  Huçaïnî. 

Le  Silir  ulbayân  est  le  principal  ouvrage  de  Haçan. 
On  y  trouve  des  détails  etlmographiques  fort  curieux 
sur  la  parure  des  femmes,  sur  les  danses  des  baya- 
dères  et  sur  les  cérémonies  du  mariage  des  Musulmans. 
Cette  dernière  description  confirme  tout  à  fait  le  récit 
de  C.  Mackenzie  (  Transactions  of  tlie  royal  Asiatic  Society, 
tom.  m,  pag.  1  6o  )  et  celui  de  M""  Mir  Haçan  Ali  (  Ob- 
servations on  the  Musulmaans  of  India,  tom.  I,  pag.  35o 

'  Pour  faire  ailusion  au  nom  du  héros  et  de  l'héroïne  de  ce  poëme. 
Voyez  la  préface  du  Nasr-i  Bénazir,  pag.  3. 
■*  Petit  iu-ibl.  de  iG6  pages. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  201 

et  suiv.).  Le  sujet  de  ce  poëme  n'a  aucun  rapport  avec 
l'histoire  du  prince  Bénazîr,  qu'on  lit  dans  l'édition  des 
Mille  et  une  Nuits  de  M.  Gautliier  d'Arc. 

Haçan  avait  été  lié  avec  Mushafi ,  qiii  cite  dans  sa 
biographie  quelques  pages  de  ses  vers.  Lorsque  Ibràhîm 
travaillait  à  son  Gulzâr,  en  1196  (1781-1782),  Haçan 
lui  envoya ,  de  Lakhnau  à  Bénarès,  des  fragments  de  ses 
poésies,  fragments  dont  Ibrahim  a  enrichi  son  Antho- 
logie bibliographique.  Il  a  donné,  entre  autres ,  un  mas- 
nawî  sur  V Eloge  de  Fciizâbâd  et  la  critique  de  Lakhnau^, 
opuscule  dont  je  donnerai  la  traduction  dans  mon  se- 
cond volume.  De  son  côté  Béni  Narâyan  publie  quelques 
gazai  de  ce  poëte  éminent  et  un  waçûkht-  que  Mannû 
Lâl  a  reproduit  dans  son  Guldasta. 

HACAN   (MIR  MUHAMMAD). 

Mîr  Muhammad  Hacan  était  de  Dehli,  et  du  nombre 
des  disciples  de  Saudâ.  Il  avait  assisté  aux  réunions  litté- 
raires de  Mîr.  Les  biographes  originaux  le  distinguent 
d'un  autre  Mîr  Muhammad  Hacan.  Toutefois  Alî  Ibrahim 
pense  que  ces  deux  personnages  ne  sont  peut-être  qu'un 
seul  et  même  individu. 

Outre  l'article  consacré  à  Mîr  Hacan  dans  la  biogra- 
phie  de  Mîr  Taquî,  on  y  trouve  un  autre  article  sur  un 

^  Ok-i^^^A^/Jj.  C'est  une  ode  erotique  passionnée,  qui  se  compose  de 

strophes  qui  ont  chacune  des  rimes  particulières  répétées  à  chaque  hé- 
mistiche. Les  strophes  sont  terminées  par  un  vers  persan  d'une  rime 
diflercnte. 


202  BIOGRAPHIE 

poêle  auquel  ce  biographe  ne  donne  que  le  nom  de 
Hacaii,  et  dont  il  cite  un  seul  vers. 

Il  me  semble  qu'il  y  a  dans  les  biographies  originales 
quelque  confusion  relativement  à  ces  personnages.  Peut- 
être  ce  que  quelques-uns  disent  de  ce  Mîr  Haçan  doit-il 
s'appliquer  h  l'auteur  du  Sihr  ulhayân. 

HACAN-ALI. 

Auteur  d'un  poëme  historique  sur  les  victoires  de 
Tippou  dans  le  Carnatic,  sur  les  guerres  avec  Nizâm 
Alî  Khan,  les  Mahrattes,  etc.  Cet  ouvrage  est  intitulé 
Fath-nâma  ^ ,  ou  le  Livre  de  la  victoire.  Il  y  en  a  un 
exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  ï East-IncUa  Hoiise, 
n°  1/19  de  la  collection  Leyden.  Il  est  du  genre  de  com- 
position poétique  qu'on  nomme  masnawî. 

HACIB'. 

Ce  poète  naquit  et  fut  élevé  à  Haiderâbâd;  il  fut  le 
maître  dans  l'art  d'écrire  de  Mîr  Abd  ulwalî  Uzlat.  Fath 
Alî  Huçaïnî  cite  dans  son  tazkira  deux  vers  de  ce  poëte, 
et  Mîr  Taquî  un  troisième  vers  tiré  d'un  album  de  son 
maître  Arzû. 

cstimalle. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  203 

HADI. 

Muhammad  Jauwâd  Mîr  Hâdî  \  de  Delilî,  saïd  de  gé- 
néalogie sûre,  est  un  poète  hindoustani,  dont  le  schaïkh 
Farhat,  d'après  le  témoignage  d'Alî  Ibrahim,  ne  faisait 
pas  grand  cas.  Mushafî  paraît,  au  contraire,  apprécier 
ses  talents.  Il  dit  qu'il  fut  d'abord  attaché  au  nabâb 
Imâd  ulmulk,  mais  qu'il  quitta  bientôt  la  vie  du  monde 
et  entra  dans  la  voie  de  la  résignation  spirituelle.  Il 
fréquenta  les  réunions  littéraires  de  Mushafî  pendant 
tout  le  temps  que  ce  dernier  habita  Dehli.  Ce  biographe 
donne  trois  pages  de  vers  de  cet  écrivain. 

HADIR. 

Auteur  du  Sarâfrâz-nâmali  - ,  c'est-à-dire  le  Livre  de 
l'homme  distingué,  ouvrage  dont  j'ignore  le  sujet. 

HAFIZ^ 

Auteur  d'un  diwân  dont  il  existe  entre  autres  un 
exemplaire  dans  la  belle  bibliothèque  du  râjâ  Chandû 
Lai,  d'Haïderâbâd. 

J'ignore  si  c'est  le  même  écrivain  que  celui  dont 
parle  Mîr  dans  sa  biographie,  à  l'article  sur  Ajiz. 

'  j^àufe  directeur,  gaide. 

'  Le  mot  Iâ.Aji^  a  le  même  sens  que  Hâfiz  Jôjl-^  ,  qui  est  le  nom 
flu  plus  célèbre  des  poètes  persans;  il  signifie  celui  qui  retienf  dans  sa 


204  BIOGRAPHIE 

HAIDAR. 

Gulâm-i  Haïdar,  connu  sous  le  takhallus  de  Haïdar^, 
est  un  poëte  hindoustani  mentionné  seulement  dans  le 
Gulzâr-i  Ibrahim.  Dans  un  des  deux  manuscrits  que  je 
possède  de  cette  biographie,  il  est  nommé  Haïclarî, 
c'est-à-dire  Haïdarien.  Ibrâliîm  en  cite  un  vers  intra- 
duisible à  cause  des  métaphores  exagérées  dont  il  est 
rempli. 

HAIDAR  DAKHNI. 

Mîr  Haïdar  Schâh  Dakhnî,  ou  du  Décan,  était  aussi 
bon  guerrier  qu'habile  écrivain.  Il  se  rendit  de  Dehli 
au  Bengale  pendant  le  gouvernement  du  nabab  Schuja 
uddîn  Muhammad  Khân  Schuja  uddaula,  et  fut  attaché 
au  nabâb  Ala  uddaula  Sarâfrâz  Khân,  fils  du  nabâb 
susdit.  Il  a  imité  les  anciens  dans  ses  vers ,  et  il  les  ré- 
citait si  bien  qu'on  se  réunissait  en  foule  pour  l'en- 
tendre. Il  s'occupa  à  mettre  en  mukhammas  le  diwân 
de  Wall,  du  Décan,  et  y  intercala  des  gazai  de  Hafiz. 
Il  excellait  dans  le  genre  nommé  jhûlanâ  ou  jMlnâ  ^. 
Il  vécut  près  de  cent  ans ,  et  mourut  dans  le  Bengale, 
pendant  le  règne  d'Alimad  Schâh ,  fils  de  Muhammad 
Schâh. 

Il  est,  je  pense,  auteur  du  masnawî  dakhnî  intitulé 

mémoire,  spécialement  le  Coran,  et  par  suite  ce  nom  désigne  ceux  qui 
savent  tout  le  Coran  par  cœur. 

'    jù^s^   lion,  surnom  d'Alî. 
'  l«.!L.  {^ry  ,  sorte  de  poëmc  liindi. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  205 

Qaissa-i  Chandar  hadan  o  Muhaijar  \  manuscrit  dont  on 
conserve  un  exemplaire  à  la  bibliothèque  du  Cliandû 
Lai-  d'Haiderâbâd ,  et  dont  j'ai  aussi  un  exemplaire  dans 
ma  collection  particulière,  écrit  en  caractères  naskhî. 
Cette  copie  fait  partie  d  un  recueil  qui  contient  plusieurs 
masnawî  :  elle  est  intitulée  Haïdar,  apparemment  par 
métaphore,  dans  la  liste  des  pièces  dont  se  compose 
la  collection  de  ce  volume. 

HAIDARI. 

Schaïkh  Gulâm-i  Alî  Haïdarî^,  de  Delili,  est  un  poëte 
hindoustani  de  la  nouvelle  école ,  auquel  Aiî  Ibrahim 
consacre  un  article  dans  sa  biographie,  et  dont  il  cite 
quelques  vers. 

A  cause  des  troubles  et  des  changements  politiques 
qui  eurent  heu  à  Dehli ,  Haïdarî  quitta  sa  patrie  et  vint 
se  fixer  à  Azîmâbâd  (Patna),  où  il  acquit  comme  poëte 
de  la  réputation. 

HAIDARI  (HAlDAR  RAKHSCH). 

Le  munschî  Mîr  ou  Saïyid  Muhammad  Haïdar 
Bakhsclî  Haïdarî ,  est  un  des  écrivains  hindoustani  mo- 
dernes les  plus  féconds.  Haïdarî  dit,  dans  la  préface  du 
Totâ  Kahânî ,  qu'il  a  reçu  son  instruction  littéraire  d'Aiî 
Ibrahim  Khan,  auteur  du  Galzâr-i  Ibrâhîm,  qui  était 

^  Voyez  son  article  sous  le  nom  de  Schâdâit . 

^  (<)«Xa^  Haïdarien,  c'est-à-dire  sectateur  d'Alî,  ctc. 


206  BIOGRAPHIE 

défunt  à  cette  époque  (1801),  et  qu'il  est  aussi  élève 

du  maulawî  Gulâm-i  Huçaïn,  de  Gâzîpûr.  Béni  Narâyan 

nous  apprend,  dans  son  Anthologie,  qu'il  vivait  encore 

en  181 4,  et  qu'il  était  très-lié  avec  lui.  Il  en  cite  un 

mukhammas  et  onze  gazai  ^  dont  un  est  remarquable 

par  les  singulières  allitérations  qu'on  y  trouve  à  chaque 

vers;  on  conçoit  qu'il  est  par  là  même  intraduisible. 

En  voici  un  autre  très-court  qui  n'offre  pas  le  même 

inconvénient  pour  être  traduit  en  français  : 

La  rose  a  cru  te  ressembler,  mais  le  zéphyr  lui  a  donné  un 
soufflet  au  point  de  rendre  son  visage  rouge.  Lorsque  je  lui  ai  de- 
mandé un  chaste  baiser,  alors ,  fronçant  le  sourcil ,  elle  m'a  dit 
avec  colère  :  Ne  parle  pas. — Ton  souffle ,  comme  celui  du  Messie , 

m'a  donné  la  vie ,  mais  à  la  fin  mon  âme  est  sortie  de  mon  corps 

Moi  Haïdarî,  je  n'ai  pas  vu  de  maîtresse  aussi  charmante  qu  elle; 
Dieu  l'a  rendue  sans  pareille  dans  notre  siècle. 

Outre  de  nombreuses  poésies  on  doit  à  Haïdarî  les 
ouvrages  suivants  : 

1°  Le  Totâ  Kaliâiii^,  ou  Contes  d'un  perroquet,  tra- 
duction urdû  du  roman  persan  intitulé  Tiiti-nâma  ^, 
c'est-à-dire  le  Livre  du  perroquet.  Ce  roman,  écrit 
d'abord  dans  un  style  obscur  et  difficile  par  Ziyâ  uddîn 
Nakhschabî,  a  été  reproduit  dans  un  langage  simple  et 
sans  prétention,  et  d'une  manière  un  peu  plus  abrégée, 
par  Muhammad  Câdirî.  C'est  ce  dernier  texte  qui  a  servi 

'   Dix  dans  le  corps  de  l'ouvrage ,  et  un  dans  l'appendice. 

'  A.<L>  /isj-îo  ;  cet  ouvrage  a  été  traduit  en  anglais ,  et  de  l'anglais  en 
français,  sous  le  titre  c'e  Contes  d'un  pcrrotjuct,  par  M"""  Colin  de  Plancy. 
M.  Trébulien,  le  traducteur  d'une  suite  des  Mille  et  une  Nuits,  en  a  donné 
aussi  un  choix. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  207 

de  base  au  travail  d'Haïdarî;  mais  sa  rédaction  est  plus 
élégante  que  celle  qu'il  a  suivie  :  elle  est  en  prose  en- 
tremêlée de  vers.  L'original  de  cet  ouvrage  est,  du  reste, 
sanscrit;  on  le  nomme  Sulia  Saptati^,  c'est-à-dire  les 
Soixante  et  dix  Contes  du  perroquet. 

Haïdarî  écrivit  le  Totâ  Kahâni  en  1 2  1 5  de  l'hégire 
(i8oi  de  J.  C).  Il  a  été  imprimé  plusieurs  fois  à  Cal- 
cutta. On  en  avait  commencé  une  édition  en  1802  pour 
l'Hindee  Manual;  mais  il  n'en  a  paru  que  quatre  pages. 

Il  y  a  d'autres  traductions  hindoustani  de  cet  ouvrage. 
Celle^  qu'on  conservait  en  manuscrit  au  collège  de  Fort- 
William  est  sans  doute  une  copie  ou  peut-être  l'origi- 
nal de  l'imprimé^-,  mais  il  y  en  a  une  autre,  proba- 
blement différente,  dans  la  bibliothèque  du  Nizâm  : 
elle  est  intitulée,  comme  en  persan,  Tûiî-nâma.  Il  y  a 
aussi  un  Tûti-nâma  en  urdû  à  la  bibliothèque  royale  de 
Berlin. 

2°  Une  traduction  hindoustani  en  prose,  entremêlée 
de  quelques  vers ,  du  roman  persan  d'Hâtim  Tdi,  dont 
mon  honorable  ami  M.  Duncan  Forbes  a  donné  une 
traduction  anglaise.  Elle  porte  ce  titre  :  Arâïscli-i  mali- 
jil,  ou  l'Ornement  de  l'assemblée.  Ce  travail,  exécuté 
en  1216  de  l'hégire  (1801  de  J.  C),  dans  la  qua- 
rante-troisième année  du  règne  de  Schâh  Alam ,  a  été 
publié^  in-fol.  à  Calcutta,  en   i8o3,  parle  munschî 

^^  HïïfrT 


1 


'  ^«..lo  X^aS  histoire  du  perroquet.  Un  ouvrage  portant  ce  dernier 
titre  a  été  rédigé  par  Hasrat.  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 

'  Je  doute  qu  on  ait  achevé  Timpression  de  cet  ouvrage.  L'exemplaire 
que  j'en  possède  ne  va  que  jusqu'à  la  page  56. 


208  BIOGRAPHIE 

Giidrat  ullah.  Ce  n'est  point  une  traduction  servile,  c'est 
plutôt  une  imitation.  Les  Orientaux  ont  trop  d'imagi- 
nation pour  être  de  simples  traducteurs.  En  général 
tous  les  ouvrages  hindoustani  qu'on  dit  traduits  du 
persan  peuvent  être  considérés  comme  des  ouvrages 
originaux  sur  un  sujet  déjà  traité.  Ainsi,  le  Hâtim  Taï 
de  Haïdarî  est  un  roman  différent  du  persan ,  quoique 
sur  le  même  sujet-,  je  n'en  donnerai  pas  cependant 
l'analyse  dans  mon  second  volume ,  parce  qu'on  ne  peut 
guère  analyser  un  ouvrage  où  sont  accumulées  tant  d'a- 
ventures diverses,  et  que  d'ailleurs  il  est  douteux  que 
le  lecteur  em"opéen  y  trouvât  beaucoup  d'intérêt. 

Le  vizir  du  Nizâm  possède  une  liistoii^e  de  Hâtim 
Taï  en  hindoustani,  intitulée  Qiiissa-i  Hâtim.  Jignore 
si  c'est  celle  dont  je  parle  ici. 

3°  Le  Gul-i  Tiiagjîrat  \  c'est-à-dire  la  Rose  du  pardon , 
ouvrage  en  vers  et  en  prose  sur  les  principaux  martyrs 
musulmans,  depuis  Mahomet  jusqu'à  Huçaïn.  Cet  ou- 
vrage est  proprement  une  traduction  du  Rauzat  usch- 
schuada^,  autrement  dit  Guhchan-i  schaliidâii  ^  c'est-à- 
dire  le  Jardin  des  martyrs.  Il  fut  exécuté  en  1227  de 
l'hégire  (1811);  Haïdarî  le  fit  d'après  le  désir  du  maulawî 
Saïyid  Huçaïn  Ah  Jaunpurî.  Il  est  parlé ,  dans  cet  ou- 
vrage, de  Mahomet,  de  Fatime,  d'Ah,  de  son  fds  Haçan; 
ensuite  de  Muslim,  de  ses  fds,  de  Hurr,  martyr  de 
Karbala,  de  Cacîm  fds  de  Haçan,  d'Abbàs  Ali  le  porte- 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  209 

drapeau,  d'Alî  Akbar  et  d'Alî  Asgar,  enfin  de  Huçaïn. 
Les  chapitres  additionnels  roulent  aussi  sur  ce  dernier. 
Il  paraît  que  cet  ouvrage  est  aussi  désigné  sous  le 
titre  de  Dali  Majlis  ^,  les  Dix  Séances  ;  il  y  en  a  néan- 
moins douze,  et  quatre  chapitres  additionnels. 

li°  Le  Gnlzâr-i  dânisch^,  ou  le  Jardin  de  la  science, 
traduction  en  prose  du  Bahâr  Danisch. 

5°  Le  TarUih-i  NâdirP,  ou  Histoire  de  Nadir  Schâli. 
C'est  une  traduction  de  l'histoire  de  Nadir  Schâh,  écrite 
en  persan  par  Muhammad  Mahdî,  la  même  que  Sir 
W.  Jones  a  publiée  en  anglais. 

6°  Je  pense  que  c'est  le  même  Haïdar  Bakhsch  qui 
a  rédigé  un  abrégé  du  Schâh-nâma  en  hindoustani,  ou- 
vrage dont  on  conserve  un  exemplaire  manuscrit  dans 
la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-\A  illiam ,  qui  fait 
actuellement  partie  de  celle  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta. 

7°  Un  masnawî  intitulé  Haft  Paîkar  ^,  ou  les  Sept 
Images,  roman  qui  roule  apparemment  sur  le  même 
sujet  que  l'ouvrage  célèbre  de  Nizâmî,  qui  porte  le 
même  titre.  Il  y  a  aussi  un  exemplaire  de  ce  dernier 
ouvrage  à  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta. 

H  y  a  un  roman  en  vers  dakhnî  dont  le  sujet,  je 

'  imJ^  û:>  .  Il  y  a  un  manuscrit  ainsi  intitulé  dans  la  bibliothèque 
du  collège  de  Fort-William,  à  Calcutta.  C'est  probablement  l'ouvrage 
de  Haïdarî. 

^  (SJ^^   ^J^'  ^^y^'^  Annals  of  the  collège  of  Fort-lVilUam,  p,  3Zç). 
>>^ 

I.  l/, 


•210  BIOGRAPHIE 

pense,  est  le  même.  Ce  masnawî  intitule  Qiiùsa-i  Bah- 
ram  o  GnJàndàm  ^  Histoii'e  de  Bahram  et  de  Gulàndàm, 
est  dédié  à  l'infortuné  sultan  Abù'llmçaïn.  dernier  roi 
de  Golconde.  qui  fut  vaincu  et  fait  prisonnier  pai'  Au- 
rano[-zeb.  en  i  68". 

Je  pense  que  c'est  le  même  dont  feu  \\  .  Priée  de 
\\  orcester  a  donné  dis.  pages  dans  sa  GrammaiiT  hin- 
doustani.  Seulement  il  pai'ait  que  le  manuscrit  dont  il 
s'est  servi  portait  le  titre  de  Oaissa-i  Bahram  Haft  Hi- 
hàrat.  Histoire  de  Baluam.  ou  les  Sept  Récits -. 

HAIF   ;CHIRAG   ALI). 

Mir  Cliii\àg  Ali  Haït  "\  disciple  de  Mir  Scher  Ali 
Afsos.  est  mi  poète  hindoustani  qui  se  distingucdt  par 
son  esprit  et  par  sa  modestie.  Il  est  mentionné  pai^ 
Mushafi  dans  sa  bibliographie,  et  par  Béni  Naràvan 
dans  son  Anthologie.  Ce  dernier  cite  de  lui  mi  gazai 
erotique  très-gracieux. 

HAIF     MOTI    LAL). 

Moti  Lai  Haîf.  fils  de  Làla  Bat-sen .   de  la  tribu  des 

'  ^«'»XJ^Vo  ,  ^^\y^  Xk£j.  Le  poète  persan  Kàtibi  a  aussi  écrit 
GQ  roman  sur  le  même  sujet  et  portant  le  même  titre. 

-  Le  héros  de  ce  roman  est  Bahràm-gùr,  fils  d"l  ezdegerd ,  roi  de 
Perse,  de  la  d^Tiaslie  des  Sassanides,  lequel,  après  avoir  signalé  son 
règne  par  de  grandes  conquêtes  et  des  actions  d'une  bravoure  surpre- 
nante ,  finit  misérablement  sa  vie  dans  un  fossé  où  son  ardeur  pour  la 
chasse  lavait  précipite. Gulàndàm  était  une  princesse  indienne. 

'    ■_*  1-^    méchanceté,  oppression. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  211 

Kâyatli  \  était  disciple  de  Mîr  Soz.  11  résidait  à  Lakh- 
nau  en  1196  de  l'hégii'e  (1781-82).  Ali  Ibrahim  en 
cite  plusieurs  vers  qui  annoncent  du  talent  pour  la 
poésie. 

HAIRAA. 

»  Mir  Haïdar  Ali  Haïran^,  de  Delili,  fut  du  nombre 
des  disciples  de  Raé  Lâla  Sarb-sukh  Diwâna  ^.  C'est  un 
écrivain  hindoustani  dont  les  vers  sont  tellement  ap- 
préciés qu'on  les  cite  comme  des  proverbes.  Rétait  mi- 
litaire; il  se  distinguait  par  son  esprit  et  par  l'éloquence 
de  son  langage.  A  l'époque  où  Ali  IbrâMm  écrivait  sa 
biographie,  c'est-à-dire  en  1781-82  ,  il  résidait  à  Lakh- 
nau,  où  Mushafî,  qui  écrivait  en  1  ygS,  l'avait  vu.  Béni 
Naràyan  nous  apprend  qu'il  v  mourut.  Le  même  bio- 
graphe nous  fait  connaître  de  lui  un  élégant  gazai. 

HAÏRAI  (BACA  ULLAH). 

Hàfiz  Bacâ  ullah  Haïràn  est  un  poëte  hindoustani, 
probablement  moderne ,  dont  Mannù  Làl  cite  des  vers 
dans  son  Guldasta-i  nischât.  \  oici  la  traduction  d'un  de 
ces  vers  : 

Il  n'est  pas  nécessaire  de  traiter  avec  cérémonie  Haïràn  après  sa 
mort.  11  ne  demande  sur  ses  os  qu  une  poignée  de  terre. 


'  Tribu  d'Hindous  de  la  caste  des  Soudra. 

■    (jij-y^   (tonné. 

'  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


a. 


212  BIOGRAPHIE 

HAIRAT\ 

Mîr  Murâd  Alî  Haïrat  naquit  à  Murâdâbâd,  Il  a  fait 
des  vers  hindoustani  remarquables  par  la  pureté  du 
style.  11  mourut  peu  de  temps  avant  l'époque  où 
Mushafî  écrivait  sa  biographie. 

HAIRAT  (JAFAR  ALI). 

Poëte  hindoustani  dont  Mannû  Lâl  cite  plusieurs 
vers  dans  sa  rhétorique  pratique  intitulée  Galdasta-i 
niscliat.  Voici  la  traduction  d'un  de  ces  vers  : 

Crains  ce  soupir  brûlant  qui  s'échappe  de  mon  cœur.  Quoi- 
qu'il ne  produise  en  ce  moment  aucun  effet  sur  toi,  il  pourra 
devenir  aussi  poignant  qu'une  flèche  aiguë. 

HAJI  WALL 

Auteur  du  Pirtam-nâmali-,  ouvrage  dont  il  existe 
un  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  raja  Chandû  Lâl 
Maharaja  Balladur,  de  Haïderàbâd.  Le  mot  Pirtam  est 
dakhnî  ^  et  signifie  monde.  Ce  titre  semblerait  donc  in- 
diquer un  ouvrage  sur  le  monde,  mais  probablement 
mystique  plutôt  que  géographique. 


'    ^::^y./fS^   étonnement. 


^  Cependant  cet   ouvrage  est   cité   comme  urdû   dans  la  liste  que 
M.  Stewart,  résident  anglais  à  Haïderàbâd ,  a  eu  la  bonté  de  m'envoyer. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  213 


HAJJAM, 


Inâyat  ullah  Hajjâm  ^  naquit  dans  le  village  de  Saha- 
rânpùr^.  Il  résida  longtemps  à  Dehli,  où  il  exerça 
le  métier  de  barbier,  mais  d'une  manière  distinguée, 
et  non  pas  en  parcourant  les  marchés  comme  ses  con- 
frères ^.  Il  écrivait  avec  goût,  et  ses  poésies  sont,  dit 
Mushafî  dans  sa  biographie ,  pleines  de  pensées  plus 
délicates  qu'un  cheveu.  Il  obtint  le  suftrage  de  toutes 
les  sociétés  littéraires  de  Dehli ,  et  y  fut  souvent  couvert 
d'applaudissements.  Dans  le  macta,  ou  le  dernier  vers 
de  chacun  de  ses  gazai,  il  vante  la  nécessité  de  son 
état  d'une  manière  fort  spirituelle,  faite  pour  charmer 
les  auditeurs  ou  les  lecteurs.  Chacun  l'aimait  à  Dehli, 
grands  et  petits.  Il  était  flatté  d'être  élève  de  Mirza  Rafî 
Saudâ.  Une  autre  chose  dont  il  se  faisait  gloire,  c'était 
d'être  entré  dans  la  famille  spirituelle  nommée  Chis- 
cliti  *,  et  d'y  avoir  été  admis  par  le  maulawî  Fakhr  uddîn 
Sâhib.  Pendant  la  vie  de  ce  saint  personnage ,  il  le  rasait 
et  lui  teimait  la  barbe  le  mardi  et  le  vendredi.  C'est 
depuis  l'époque  où  il  connut  ce  vertueux  Musulman, 
que  Hajjâm  endossa  la  robe  et  le  turban  des  cheikhs.  A 
cause  de  cela  on  le  nommait  Schah-ji  ^  dans  son  quar- 
tier. Il  assistait  fréquemment  aux  réunions  pieuses  des 


1 


»l^  harhier  et  chimrcjien,  à  la  lettre,  poseur  de  ventouses. 
^  Ville  et  district  de  la  province  de  Debli. 
'  Dans  tout  TOrient  il  v  a  des  barbiers  ambulants. 
*  Voyez  mon  Mémoire  sur  la  relujion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  22. 
'  Cest-à-dire  Se'ujneur  schâh  ou  roi.  Voyez,  sur  celte  dénomination,  le 
Mémoire  que  je  viens  de  citer,  pag.  2 1 . 


2U  BIOGRAPHIE 

contemplatifs  de  son  ordre,  et  restait  habituellement 
dans  lem^  société. 

Musbafi  le  connaissait  depuis  longtemps  à  l'époqiie 
où  il  écrivait  sabiographie.  Hajjàm  avait  alors  (en  i  ygS  ) 
environ  trente-cinq  ans ,  et  il  y  avait  six  ans  qu'il  était 
à  Dehli.  Voici  la  traduction  de  quelques  vers  de  lui  : 

Je  me  pKopose  de  faire  un  jour  ceUe  demande  à  tes  yeux  : 
Pourquoi  ne  vivifient-ils  pas  ceux  qu'ils  ont  rendus  malades  ?  Mais 
n'allons  pas  dans  la  rue  de  cette  agaçante  beauté;  attendons  le 
jour  où  ses  armes  redoutables  seront  affaiblies. 

Il  vaut  mieux  être  barbier  comme  moi,  que  d'être  cette  jeune 
bayadère  dont  tout  le  mérite  consiste  dans  la  fraîcheur  des  joues, 
fraîcheur  que  le  temps  détruit  si  promptement 

Malgré  l'ordre  qu'elle  me  donne  avec  dédain  de  me  retirer, 
je  reste  dans  le  chemin  où  elle  doit  passer,  dans  l'espoir  que 
son  palefroi,  comme  le  chameau  de  Laila,  fasse  un  faux  pas  et 
me  donne  le  temps  de  l'approcher 

HAKIM. 

Muhammad  Schâh  Khân  Hakîm,  poëte  hindoustani, 
prit  d'abord  le  takhallus  de  Niçâr,  puis  il  le  changea  en 
celui  de  Hakim^.  Il  était  fils  de  Muhammad  Scharîf 
Khân.  Il  commandait  mille  Sipâhi.  C'était,  dit  Mushafî, 
un  jeune  homme  spirituel  et  aimable,  mais  passionné 
et  malheureux  par  suite  de  son  caractère  trop  sensible. 
Il  assistait  aux  réunions  littéraires  que  Mushafî  tenait 
à  Dehli.  Il  fit  avec  lui  le  voyage  de  Lakhnau  dans  la 
même  caravane.  Il  retourna  ensuite  à  Dehh,  puis  il  re- 
vint à  Lakhnau.  Il  était  habile  dans  l'histoire,  la  méde- 

'    ^^^jSom-  sa<jr ,  médecin. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  215 

cine  et  la  musicpie.  Il  était,  pour  la  poésie,  élève  de 
Mîr  Dard.  Ses  poëmes  roulent  principalement  sur  l'a- 
mour. 

HAMDAM. 

Hamdam  ^ ,  d'Azîmâbâd  (  Patna  ) ,  était  fils  de  Mîr 
Muhammad  Haïyât  Hasrat.  A  l'époque  oii  écrivait 
Ibrahim,  il  habitait  Murschidàbâd ,  et  pouvait  consul- 
ter Cudrat  et  d'autres  poètes  distingués  qui  résidaient 
dans  cette  ville.  Ses  poésies  sont  estimées  de  ses 
compatriotes.  Elles  sont  réunies  en  un  diwân  dont  il 
existe  entre  autres  un  manuscrit  dans  la  bibliothèque 
du  premier  vizir  du  Nizâm  d'Haïderâbâd. 

HAMID. 

Mîr  Hâmid^  vivait  à  Lakhnau  à  l'époque  où  écrivait 
Ibrâliîm,  et  il  était  au  nombre  des  disciples  spirituels 
de  Mîr  Nacîr,  qui  remplaça  le  défunt  Khâjâ  Bâcit.  Il 
était  plein  de  bonnes  qualités ,  faisait  profession  d'indé- 
pendance religieuse,  et  était  passionné  pour  la  poésie 
hindoustani,  dans  laquelle  il  obtint  cpielques  succès. 

HAMID   UDDIN. 

Saiyid  Hamîd  uddîn  ^  Bihari,  c'est-à-dire  de  la  pro- 

'    ^,^)y^  compacjiwn,    etc. 

■   iX^l.^ ,   participe  présent  de  la  racine  arabe  *Xj^  louer.  Ce  mot 
signifie  spécialement  celui  qui  célèbre  les  louanges  de  Dieu. 

'   ,  w>«^vjl   <Xa.^  le  loué  de  la  riTicjion. 


216  BIOGRAPHIE 

vince  de  l'Inde  nommée  Bihàr,  est  autem^  d'un  ouvrage 
en  prose  intitulé  Klidn-i  nimat  ^  la  Table  de  la  faveur. 
Jignore  le  sujet  de  ce  livre,  dont  la  bibliothèque  de  la 
Société  asiatique  du  Bengale  possède  un  exemplaire. 

HAOUIOUAT. 

Saïyid  et  Mîr  Schàh  Huçaïn  Kliàn  Haquîquat-  fut  dis- 
ciple de  Jurât.  Ses  ancêtres  étaient  de  Balkh.  Quant  à 
lui,  il  naquit  à  Delili,  et  à  l'âge  de  discrétion  il  vint 
à  Lakhnau.  Ce  fut,  disons-nous,  sous  Jurât  qu'il  étudia 
l'art  de  la  poésie,  et  il  écrivait  souvent  les  vers  de  son 
maître,  qui  étant  aveugle,  ne  pouvait  le  faire  lui-même. 
Imàm  Baklisch  Khàn,  du  Cachemire,  qui  s'occupait 
d'une  anthologie ,  demanda  à  Jurât  de  lui  procurer  quel- 
qu'un qui  put  le  seconder  dans  ses  travaux.  Jurât  lui 
procura  Haquîquat,  et  rendit  ainsi  service  à  l'un  et  à 
l'autre;  mais  Imam  Bakhsch  femploya  à  transcrire  un 
tazkira  qu'il  avait  copie  en  partie  d'un  ouvrage  pareil 
de  ]\Iushafî.  Selon  le  dire  de  ce  dernier,  Imàm  Baklisch 
lui  avait  emprunté  des  caliiers  du  brouillon  du  tazkira 
dont  il  s'occupait  à  la  même  époque ,  et  il  y  prit  tout  à 
son  aise  les  fragments  qui  lui  plurent  et  que  Mushafi 
avait  eu  beaucoup  de  peine  à  recueillir.  Ce  dernier  se 
plaint  amèrement  de  cet  abus  de  confiance  à  farticle 
consacré  à  Haquiquat,  et  il  donne  à  ce  sujet  un  quita 
(  quatrain  )  hindoustani  que  termine  un  vers  du  célèbre 


(.jajUa^  renie,  récit. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  217 

poëte  persan  Nizamî.  Voici  la  traduction  de  cette  petite 
pièce  : 

Tout  le  monde  sait  que  le  tazkira  de  Mushafî  est  depuis 
longtemps  célèbre.  Eh  bien,  le  tazkira  que  Haquîquat  [vérité)  a 
écrit,  il  l'a  en  vérité  pillé  de  Mushafi.  Peu  importe,  du  reste; 
quand  même  tu  allumerais  cent  lampes  aussi  brillantes  que  la 
lune,  elles  ne  seraient  pour  le  soleil  qu'une  tache  noire. 

On  doit  à  cet  écrivain  hindoustani  un  ouvrage  en 
prose  entremêlée  de  vers ,  et  intitulé  Jazb-i  iscluj  \  ou 
l'Attraction  de  l'amour.  Il  fut  témoin  de  l'événement 
qui  fait  le  sujet  de  cette  composition.  Cet  événement 
se  passa  en  120/1(1789-90),  à  Simarî,  qiii  est  à  la 
distance  d'un  pargana  de  Bindràban ,  et  Mîr  Huçaïn  en 
écrivit  la  relation  en  1  2  1  1  (1  796-97  ).  Son  ouvrage  se 
trouve  parmi  les  manuscrits  du  collège  de  Fort-William , 
qui  appartiennent  aujourd'hui  à  la  Société  asiatique 
de  Calcutta.  La  troisième  copie  -  de  cet  ouvrage ,  copie 
que  je  possède  dans  ma  collection  particulière,  fut  faite 
par  l'auteur  lui-même,  en  1212  (1797-98),  pendant 
qu'il  était  au  camp  de  Fatbgarh,  attaché,  probablement 
en  qualité  de  munsclii,  au  docteur  Henderson.  Cette 
copie  était  destinée  à  être  offerte  en  cadeau  à  M.  Robert 
Francis. 

Après  les  louanges  du  Créateur,  féloge  de  Mahomet 
et  une  citation  des  premiers  vers  du  charmant  poëme 
de  Mîr,  intitulé  Schuala-i  isclic  ^,  l'auteur  entre  en  ma- 


-  Dans  cette  troisième  copie  il  est  question  d'une  quatriônic  copie  l'aile 
pour  un  capitaine  Augustin. 

"  Voyez  le  texte  et  la  traduclion  de  ce  morceau  dans  les  Aventures  de 
Kanirùp ,  pag.  186. 


218  BIOGRAPHIE 

tière.  Nous  donnerons  dans  le  second  volume  de  cet 
ouvrage  l'analyse  de  cette  nouvelle  qui  occupe  1 38  pages 
petit  in-/!!"- 

HARINATH. 

Harînath-jî  ^  est  auteur  du  PotM  ScMh  Muhammad 
SchahV%  c'est-à-dire  Histoire  de  Muhammad  Schâh,  dont 
on  conserve  une  copie  manuscrite  au  British  Muséum, 
sous  le  n°  665i  E,  additional  manuscripts. 

HASCHIMl 

Poëte  hindoustani  dont  Mîr,  dans  sa  biograpliie,  cite 
seulement  le  nom  et  un  vers  qui  semblerait  prouver 
qu'il  a  écrit  dans  le  Décan. 

HASGHIMI'. 

Mir  Hàschimî  est  un  des  disciples  de  Saudà.  Il  a 
formé  dans  l'Inde  une  sorte  d'école  appelée  l'école  mo- 
derne, ou  le  nouveau  style,  par  opposition  à  celui  des 
écrivains  hindoustani  qui  l'ont  précédé.  Mushafi,  qui 
l'avait  vu  à  Lakhnau,  dit  qu'à  l'époque  oîi  il  écrivait 

'   <^*|«iiH   le  seigneur  Harî  [\Yisch.nou). 

'  Tftrft  SJT^  H^ii^K  5ÏÏ^ 

■^  M:j\jb  (jènéreax ,  nom  propre  du  père  d'^Uxl  ulinulallib,  père  d'Ab- 
bas,  oncle  de  Maboniet. 

*  ^^i,\jb  Haschèmite ,  descendant  d'Abd  ulmutallib,  père  d'Abbas. 
Voyez  la  Chrest.  ar.  de  feu  le  baron  Silvestre  de  Sacy,  2"  édit.  t.  I ,  p.  36. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  "219 

son  tazkira  (en  1793-96),  il  avait  probablement  plus 
de  soixante  ans.  On  en  cite,  dans  les  biographies  ori- 
ginales, des  vers  fort  éloquents. 

HASRAT  (JAFAR  ALI). 

Mirza  Jafar  Alî  HasratS  fils  de  Mirzâ  Abulkhaïr, 
pharmacien  à  Lakhnau,  devant  la  porte  d'Akbar,  était 
professeur  de  littérature  et  poëte  distingué.  On  lui  doit 
un  diwân,  des  gazai  détachés  et  beaucoup  de  cacîdah; 
on  le  considère  comme  un  des  meilleurs  poètes  de 
Lakhnau.  La  plupart  des  jeunes  poètes  qui  habitaient 
cette  ville  du  temps  qu'Alî  Ibrahim  écrivait  sa  biogra- 
phie ,  furent  les  disciples  de  Hasrat.  Mushafî  le  vit  à 
Lakhnau,  dans  des  réunions  littéraires ,  et  il  dit  de  lui, 
dans  son  tazkira,  que  c'était  an  jeune  homme  aimable, 
doux  et  spirituel.  Il  fut  quelcpe  temps  employé  chez 
Mirzâ  Jahândâr  Schâh.  A  la  mort  de  son  père  il  quitta 
le  service  de  ce  grand  personnage,  et  tint  lui-même 
la  boutique  de  pharmacien.  Mais  tout  à  coup  il  renonça 
au  monde,  endossa  le  froc  des  derviches  et  se  retira 
dans  l'angle  de  la  solitude,  ce  qui  n'empêcha  pas  que 
les  poètes  de  ce  pays  ne  le  reconnussent  toujours  pour 
lem-  maître.  Il  consultait  lui-même  sur  ses  vers  Raé 
Sarb-sukh  Diwâna.  Lutf  nous  apprend  qu'il  habitait 
Dehli ,  apparemment  en  dernier  lieu ,  et  qu'il  mourut 
en  1210  de  l'hégire  (1795-96),  ou,  comme  il  le  dit, 
qu'il  ferma  la  boutique  de  l'existence  pour  aller  dans 
le  bazar  de  la  mort.    Toutefois    on  trouve  dans   les 


^J' 


soupir,  etc. 


220  BIOGRAPHIE 

kulliyât  de  Jurât,  qui  fut  son  disciple,  un  tarîkh  qui 
fixe  sa  mort  à  l'année  de  l'hégire  1206  (1791-1792 
de  J.  C).  Bénî  Narâyan  en  cite  cinq  gazai  et  un  long 
mukhammas.  Je  me  contenterai  de  donner  la  traduc- 
tion d'un  gazai  : 

Ne  touche  pas  mon  pouls  ,  ô  divin  médecin  !  si  ta  main  s'ap- 
plique sur  la  mienne,  je  suis  mort.  Hélas  !  telle  est  ma  manière 
d'être  :  si  tu  me  touches,  je  suis  mort.  Je  vivrai  tant  que  je 
resterai  en  désaccord  avec  mon  amie  ;  mais  souvenez-vous ,  ô  mes 
compagnons ,  que  lorsque  le  papillon  s'est  réuni  avec  la  bougie , 
il  est  mort.  Enlevez-moi  de  sa  rue ,  et  vous  verrez  aussi ,  qu'éloigné 
d'elle,  je  suis  mort.  Pour  nous  tous,  harassés,  l'hôtellerie  est- 
elle  proche  ?  0  triste  sort  !  le  malheureux  voyageur  s'est  épuisé 
de  fatigue,  et  il  est  mort.  Ma  vie  affligée  et  agitée  est  venue  à 
la  nuit  sur  mes  lèvres.  Aujourd'hui  le  poids  du  chagrin  s'est 
fait  sentir  dans  mon  cœur,  et  je  suis  mort.  Si  le  messager  ne 
vient  pas  me  donner  les  nouvelles  que  j'attends,  qu'il  sache  que 
j'ai  compris ,  et  que  je  suis  mort.  Va ,  crois-en  Hasrat ,  n'attache 
ton  cœur  à  personne  ;  pour  lui ,  il  est  allé  se  prendre  dans  le 
dangereux  filet  de  l'amour,  et  il  y  est  mort. 

HASRAT   (MURAD  ALI). 

Murâd  Ali  Hasrat  de  Mouradâbâd  est  un  poëte  hin- 

doustani  qui  vivait  dans  le  siècle  de  Schâh  Alam  ;  voilà 

tout  ce  qu'en  disent  les  biographes  originaux;  ils  citent 

de  lui  le  vers  suivant  : 

J'ai  voulu  me  séparer  un  instant  de  la  caravane;  mais  on  m'a 
laissé  dans  le  désert,  soit  que  le  son  de  la  cloche  du  départ  n'ait 
pas  été  assez  fort,  soit  que  mon  oreille  ne  l'ait  pas  entendu. 

Ce  vers  rappelle   naturellement  cet   autre   baït  du 

GuUstan  de   Saadi,  qui  a  un  charme  particulier  dans 

l'original  et  dans  la  traduction  urdû  d'Afsos  : 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  221 

Il  est  agréable  de  dormir  au  bord  de  la  route ,  à  l'ombre  d'un 
acacia ,  le  jour  du  départ  de  la  caravane  ;  mais  il  faut  être  décidé 
à  renoncer  à  la  vie'. 


HASRAT,   DE  DEHLI. 

MîrMuhammadHaïyâtHasrat,  deDehli^,  est  un  poëte 
hindoustani  connu  aussi  sous  le  nom  de  Haïbat  Calî- 
khân.  Il  fut  attaché  pendant  quelque  temps  au  nabab 
Schaukat-jâng,  fils  du  nabâb  Saulat-jâng,  gouverneur 
de  Pûruya,  dans  le  Bengale,  et  au  nabâb  Sirâj  uddaula, 
vice-roi  du  Bengale.  Puis  en  i  igS  (1780-1781),  il  fut 
un  des  officiers  du  nabâb  Mubârak  uddaula  Mîr  Mubâ- 
rak  Alî  Khân,  gouverneur  du  Bengale.  Il  mourut  en 
12x5  de  l'hégire  (  1800-1801  de  J.  C.  ).  Il  se  distin- 
guait par  la  justesse  et  la  finesse  de  son  esprit,  et  par 
ses  promptes  reparties  et  ses  à-propos.  Il  fut  un  des 
disciples  de  Mirzâ  Jân-Jânân  Mazhar.  Son  diwân  se 
compose  de  près  de  deux  mille  vers.  Alî  Ihrâhîm ,  avec 
qui  il  était  lié,  en  cite  dans  son  Gulzâr  un  bon  nombre 
que  Hasrat  avait  choisis  lui-même  pour  être  placés 
dans  cette  biographie  anthologique. 

Je  pense  que  c'est  à  cet  écrivain  qu'on  doit  un  roman 
en  vers  urdû  qui  roule  sur  une  légende  que  beaucoup 
de  poètes  indiens  ont  exploitée ,  c'est-à-dire  le  Livre  du 
perroquet.  L'ouvrage  de  Hasrat  est  intitulé  Qaissa-i 
Tûtî-nâma  ^,  Histoire  de  Tùtî-nâma.  Il  y  en  a  un  exem- 

'   Chap.   II,  hikâyat   12. 

^  Selon  Lutf,  il  était  d'x\zîinâbà(l  ou  Patna. 


222  BIOGRAPHIE 

plaire  à  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Cal- 
cutta. 

HATIF. 

Mirzâ  Muhammad  Hâtifs  est  un  poëte  hindoustani 
qui  babitait  Dehli  à  l'époque  où  Alî  Ibrâliîm  écrivait 
son  ouvrage,  et  qui  y  vivait  à  la  manière  des  dervicbes. 
Lorsque  Mushafî  était  dans  cette  ville ,  Hâtif  avait  des 
entrevues  littéraires  avec  le  fils  du  râja  Ram  Nâth.  Ce 
fut  Miyân  Sanâ  ullah  Kbân  Firâc  qui  les  avait  engagés 
à  s'occuper  ensemble  de  poésie.  Avant  l'époque  où 
Mushafî  écrivait  son  tazkira ,  il  avait  entendu  dire  que 
Hâtif  était  mort  à  Dehli. 

HATIFT. 

Poëte  hindoustani  dont  Mîr  Taquî  cite  le  vers  que 
je  rends  ici  en  français  : 

La  beauté  de  tes  yeux  et  des  boucles  de  tes  cheveux  a  voué 
le  monde  entier  à  l'infidélité.  Que  sont  devenues  la  foi  et  la  piété  ? 
où  est  l'abstinence  et  la  dévotion? 

HATIM. 

Schaïkh  Zuhûr  uddîn,  nommé  Schâli  Hâtim^,  naquit 
à  Dehli.  C'est  un  des  auteurs  hindoustani  les  plus  cé- 

'    OCjUû  antjc,  voix  du  ciel. 

^  /iouft  ,  adjectif  relatif  dérivé  du  mot  précédent. 

oL^  libéral,  nom   propre  d'un  Arabe  extrêmement  célèbre  par 


sa  générosité. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  223 

ièbres.  On  dit  que  la  date  de  sa  naissance  se  tire  de  la 
valeur  numérique  des  lettres  du  mot  zuhûr  ^  ;  ce  mot 
donne  en  effet  l'année   1 1 1 1  de  l'hégire ,  qui  corres- 
pond aux  années  de  J.  C.   1699-1700.  Il  était  mili- 
taire et  des  anciens  Mîrzà  de  l'Hindoustan.  Mushafî 
rapporte  qu'il  a  entendu  dire  que  dans  la  seconde  an- 
née du  règne  de  Muhammad  Schâh,  le  diwân  de  Walî 
étant  parvenu  à  Dehli,  et  ses  gazai  ayant  été  retenus 
par  cœur  et  répétés  par  les  grands  et  les  petits,  Hâtim 
fut  piqué  d'émulation  et  se  mit  à  faire  des  vers  dans  sa 
langue  maternelle,  lesquels  atteignirent  un  haut  degré 
de  perfection.  Ce  personnage  distingué  assista  souvent 
aux  réunions  littéraires  que  tenait  à  Dehli  Mushafî.  Le 
fait  est  que  pendant  toute  sa  vie  il  fut  considéré  comme 
le  premier  poëte  de  son  temps ,  et  que  ceux  qui  s'occu- 
paient de  poésie  le  reconnaissaient  comme  leur  maître. 
Lui-même  il  écrivit  sur  deux  ou  trois  feuilles ,  en  forme 
de  table,  les  noms  de  ceux  qui  avaient  étudié  sous  lui 
l'art  des  vers ,  et  les  mit  en  tête  de  son  diwân ,  afin 
que  l'on  connût  le  nombre  de  ses  disciples.  Parmi  ces 
noms  se  trouve  celui  de  Mirzà  Rafî  Saudâ,  qui  est  con- 
sidéré comme  le  poëte  hindoustani  le  plus  distingué  de 
ce  pays  (le  nord  de  l'Inde).  Hâtim  parvint  à  près  de 
cent  ans  (lunaires);  il  mourut  à  Dehli  de  1791  à  1792. 
Hâtim  a  écrit  deux  diwân  ^,   un  très-obscur,   à  la 

'  j^Wrlà  •  Jfi  pense  que  cet  écrivain  est  le  même  que  Mîr  et  Fath  Alî 
Huçaïnî  nomment  Mahammad  Hâlim,  qu'ils  disent  natif  de  Dehli,  et  dont 
ils  citent  un  bon  nombre  de  vers. 

*  Il  sera  parlé  à  l'article  sur  Zakî  d'un  poëme  sur  la  pipe,  pccme  dont 
Hâtim  est  auteur. 


22a  BIOGRAPHIE 

manière  antique ,  et  un  autre  selon  le  goût  nouveau  ' . 
Alî  Ibrahim  cite  de  lui  quatre  pages  de  vers  qu'il  dit 
avoir  choisis  parmi  ses  productions.  De  son  côté  Béni 
Narâyan  en  donne  un  gazai  dont  voici  la  traduction  : 

Je  sacrifierai  ma  vie  à  l'heure,  que  dis-je?  à  l'inslant  où  ma 
bien-aimée  viendra  dans  mon  logis.  Les  beautés  du  monde  ayant 
vu  ta  face  dans  l'assemblée,  sont  restées  silencieuses  et  stupé- 
faites ,  au  point  qu'on  dirait  que  ce  sont  des  statues  ou  des  au- 
tomates. Le  sommeil  du  repos  ne  viendra-t-il  point  à  moi  sur  le 
lit  du  chagrin  ,  dont  les  coussins  de  velours  ont  été  foulés  par  tes 

pieds  délicats  ? Est-ce  pour  le  bétel  de  tes  lèvres ,  le  missi 

de  ta  bouche,  le  collyre  de  tes  yeux  que  mon  âme  doit  s'offrir  en 
holocauste  ?  Chère  amie ,  l'âme  de  Hàtim  vient  à  chaque  instant 
s'offrir  en  sacrifice  pour  ta  démarche,  ta  forme,  ta  grâce,  tes 
boucles  tortillées. 

HAWAS. 

Mirzâ  Muhammad  Taquî  Khan  Hawas^,  fils  du  feu 
nabàb  Mirzâ  Alî  Khân,  petit-fils  par  son  père  du  nabab 
Ishâc  Khân,  et  gendre  de  Baliû  Sahib,  mère  d'Açaf 
uddaula  ^,  est  un  littérateur  liindoustani  distingué  qui 
habitait  Lakhnau  en  1 8 1  /i .  Il  est  très-admiré  dans  l'Inde 
pour  la  pureté  et  l'élégance  de  son  style.  On  lui  doit 
plusieurs  poëmes,  et  entre  autres  un  roman  en  vers 
liindoustani  sur  l'iiistoire  des  amours  de  Majnûn  et 
de    Laïla,    intitulé   Qaissa-i  Majnûn  o   Laila,   légende 

'  Dans  la  bibliothèque  du  vizir  du  Nizàm  il  y  a  un  volume  intitulé 
Dmân-i  Hâlim.  J'ignore  si  on  n'y  trouve  qu'un  seul  des  deux  diwân  cités 
ici ,  ou  s'ils  y  sont  tous  les  deux. 

^  (j*»»-^  désir,  ambition ,  etc. 
'  Voyez  l'article  sur  Khalîc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  225 

pleine  d'intérêt  que  plusieurs  poètes  musulmans  ont 
exploitée,  particulièrement  Jâmî,  dont  feu  M.  de  Chézy 
a  traduit  en  français  le  charmant  poëme.  On  conserve 
un  manuscrit  de  cet  ouvrage  dans  la  bibliothèque  du 
roi  d'Aoude. 

Bénî  Narâyan  cite  dans  son  Anthologie  onze  gazai 
de  cet  écrivain.  Je  me  bornerai  à  donner  la  traduction 
d'une  de  ces  pièces  : 

Quoique  j'eusse  ressenti  îa  crainte  de  l'absence,  dans  funion 
même  avec  mon  amie,  toutefois  mon  cœur  sans  repos  éprouvait 
quelque  tranquillité.  Pendant  toute  ma  vie  je  suis  troublé  par 
l'effervescence  de  l'amour  :  me  plaindra-t-on  du  moins  lorsque 
je  serai  dans  le  tombeau  ?  Du  cbemin  que  parcourait  Caïs  (Maj- 
nûn)  s'élevait  un  tourbillon  de  poussière,  et  l'agitation  de  son 
cœur  se  manifestait  même  dans  cette  poussière .  . .  Non-seulement 
les  pierres  ont  été  rougies  par  mes  blessures ,  mon  sang  teignait 
encore  la  pointe  de  chaque  épine.  Aujourd'hui  mon  oreiller  est 
une  pierre,  et  mon  lit  la  terre,  mais  en  aucun  temps  ai-je  été 
(comme  Majnûn)  dans  les  bras  de  ma  bien-aimée?  Je  craignais 
ses  caprices,  et  pour  cela  je  n'osais  m' avancer  dans  son  amitié. . . 
Mes  larmes  coulent  avec  une  telle  abondance  qu'on  n'en  vit  ja- 
mais de  pareille  dans  les  pluies  du  printemps.  Comme  j'avais 
toujours  en  mon  cœur  l'image  de  mon  amie,  l'espérance  me 
donnait  un  avant-goût  de  funion.  Ne  vantez  pas  le  temps  de  ceux 
qui  nous  ont  précédés  :  dans  ce  temps-là  il  y  avait  précisément 
le  même  chagrin  et  la  même  douleur  que  nous  ressentons.  Le 
cœur  de  Hawas  est  à  présent  le  séjour  du  chagrin  par  l'effet  de  ta 
venue;  mais  quoi!  la  joie  a-t-elle  jamais  passé  dans  celle  contrée? 

HAZIN\ 

Mushafi    dit   seulement  que    ce   poctc   vécut   sous 

'    {;V?V*»  triste. 

1.  i5 


226  BIOGRAPHIE 

Muhammad  Schâh.  Il  en  cite  ensuite  trois  vers  qu'il 
avait  entendu  réciter.  En  voici  la  traduction  : 

Je  n'ai  aucun  avantage  à  aimer  cet  infidèle  ;  je  ne  puis  pas 
même  atteindre  ses  pieds.  —  Le  jardin  a  été  tellement  dévasté 
parle  vent  de  l'automne,  que  si  je  voulais  me  brûler  pour  perdre 
la  vie,  je  ne  trouverais  pas  même  de  broussailles.  —  Comment 
en  ce  temps  la  rose  ne  déchirerait-elle  pas  son  collet,  puisque  le 
printemps  se  retire?  0  Hazîn!  les  soupirs  ne  sont  pas  suffisants. 

HAZIN  (ABU'LRHAIR). 

Abû'lkhaïr  Hazîn,  de  Delili,  est  un  poëte  hindi  à  qui 
on  doit  entre  autres  un  j  oli  gazai  cité  par  Bénî  Narâyan , 
pièce  dont  je  joins  ici  la  traduction  : 

C'est  à  la  rose  qu'il  faut  demander  ce  que  c'est  que  la  beauté , 
au  rossignol  qu'il  faut  demander  des  nouvelles  de  l'agitation  des 
amants.  C'est  au  nard  qu'il  faut  demander  quelle  est  la  nature 
de  ces  boucles  qui  font  sur  moi  une  impression  si  profonde.  Le 
sourire  des  belles  est  agréable  aux  buveurs  ;  il  faut  demander  au 
vin  ce  que  c'est  que  le  délire  qui  en  résulte.  Les  habitants  du 
Cachemire  et  d'Ispahân  jouissent  toujours  de  la  vie;  mais  il  faut 
demander  au  Caboul  ce  que  c'est  que  les  plaisirs  de  l'Inde.  On 
nomme  Hazîn  (  triste)  Abû'lkliaïr,  et  cependant  il  est  Saudâ 
(  folie  ^  )  ;  il  faut  demander  aux  boucles  de  cheveux  de  son  amie 
le  remède  à  cette  maladie. 

HAZIN   (BAQUIR). 

Mîr  Muhammad  Baquîr  Hazîn,  de  Dehli,  fut  un 
des  disciples  de  Mirzâ  Jân-Janân  Mazhar.  H  quitta  Dehli 

'  C'est-à-dire,  il  mérite  d'êlre  nommé  folie  comme  le  cclébic  poète 
surnommé  Saiidà. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  227 

et  vint  habiter  le  Bengale,  et  notamment  Azîmâbâd,  où 
il  mourut.  Il  était  lié  avec  Ali  Ibrahim,  à  qui  on  doit 
la  biograpliie  hindoustani  intitulée  Galzâr-i  Ihrâliim.  Il 
est  auteiu:  de  cacîdah  et  d'un  diwân  dont  un  grand 
nombre  de  vers  sont  cités  dans  les  biographies  origi- 
nales. Il  est  considéré  par  les  natifs  comme  un  écrivain 
hindoustani  fort  distingué. 


'»" 


HAZIN  (MUHAMMAD). 

Le  schaïkh  Muliammad  Ali  Hazîn^  est  un  personnage 
célèbre  par  sa  science  et  par  sa  piété,  qui  naquit  à 
Ispahân  en  1692,  et  qui  alla  habiter  l'Hindoustân  sous 
le  règne  de  Muhammad  Schâh.  Il  mourut  à  Bénarès  en 
1766-1767.  J'en  ai  parlé  dans  mon  Mémoire  sur  la 
religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  1  1  2  et  suiv.  Il  est 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  rédigés  en  persan,  entre 
autres,  d'intéressants  mémoires  qui  ont  été  traduits  en 
anglais  par  M.  Belfour,  d'un  sâqui-nâma,  de  contes  et  de 
plusieurs  diwân  dont  la  réunion  forme  un  épais  volume 

Il  a  aussi  laissé  des  vers  hindoustani;  Mannû  Lâl  en 
cite  quelques-uns  dans  son  Guldasta-i  nischat. 

HENGA. 

Mîr  Hengâ^,  de  Dehli,  est  compté  parmi  les  poètes 

'   Surnommé  G uildni  ou  du  Guilàn.  Voyez  la  raison   de  ce  cotjnomen 
dans  mon  Mémoire  sur  la  relirjton  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  i  i  3. 

"  IXAAiÛ  hersr. 

i5. 


228  BIOGRAPHIE 

hindoustani.  On  raconte  qu'il  devint  amoureux  d'une 
jeune  personne,  et  que  ses  rivaux  le  tuèrent  par  envie. 
Alî  Ibrahim  cite  de  lui  un  rubâyî  dans  son  Gulzâr. 

HIDAYAT. 

Miyân  ou  Scliaïkh  Hidâyat  ullah  ^,  de  Dehli ,  prit  pour 
takliailus  le  mot  Hidâyat  ^ ,  qui  est  la  première  partie 
de  son  nom  honorifique.  Il  fut  l'ami,  le  disciple  et  l'ad- 
mirateur du  khâja  Mir  Dard.  Il  a  écrit  entre  autres 
un  poëme  masnawî  très-estimé  sur  la  description  de 
Bénarès.  Il  est  aussi  auteur  d'un  divvân  hindoustani  cpii 
n'est  pas  très-étendu,  mais  qni  jouit  d'une  grande  es- 
time. Mushafî  fait  l'éloge  de  ses  qualités  morales  et 
intellectuelles,  et  il  dit  que  ses  vers  sont  très-éloquents. 
Mîr,  qui  l'avait  connu ,  loue  beaucoup  aussi  la  noblesse 
de  son  caractère  :  il  nous  apprend  cp.i'il  était  très-mo- 
deste, quoiqu'il  fût  doué  d'un  grand  talent  poétique. 
On  le  considère  en  eflet  comme  un  des  meilleurs  poètes 
urdû  de  fancienne  école  ^.  Il  vivait  encore  en  lygS- 
1794*,  mais  il  avait  plus  de  soixante  ans.  Ali  Ibrahim 
cite  dans  sa  biographie  sept  pages  de  ses  vers. 

HIDAYAT  (ALI). 

Hidâyat  Alî  était  contemporain  du  schaïkh  Farhat 
ullah.  Voilà  tout  ce  qu'en  dit  Ali  Ibrahim,  le  seul  des 

'  Mushafî  le  nomme  simplement  Hidâyat  Khân. 

*  Ocj!«Xi5  direction. 

"  J'ai  dit  ailleurs  ce  qu'il  faut  entendre  pnr  cette  expression. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  229 

biographes  originaux  qui  en  parle,  si  ce  n'est  qu'il  en 
cite  un  vers. 

HISCHMAT  (MUHAMMAD  ALI). 

Muhammad  Ali  Hischmat  ^ ,  ami ,  et  selon  quelques- 
uns  ,  maître  de  Mîr  Abd  ulhaïyî  Tàbân ,  fut  célèbre  par 
son  talent  poétique  et  par  son  courage.  Il  accompagna 
à  Murâdâbâd  Cutb  uddîn  Khân,  qui  faisait  la  guerre 
aux  fils  de  Muhammad  Ali  Kliân  Rohilla ,  et  il  mourut 
en  brave  dans  cette  campagne.  Il  excellait  dans  la  poésie 
hindoustani.  Alî  Ibrahim,  à  qui  j'emprunte  ces  détails, 
n'en  donne  que  deux  vers,  les  mêmes  qui  sont  cités 
dans  la  biographie  de  Mîr.  Ce  dernier  dit  que  Hischmat 
était  disciple  de  Ganî  Beg  GubûP,  et  qu'il  aimait  à 
soutenir  des  discussions  en  vers  avec  d'autres  gens  de 
lettres,  discussions  dans  lesquelles  il  trouvait  toujours 
des  reparties  heureuses. 

HISCHMAT,  DE  DEHLL 

Mîr  ou  Saïyid  Muhtascliam  Alî  Khân ,  de  Dehli ,  était 
originaire  du  Badakhschân.  Il  prit  pour  surnom  poé- 
tique le  mot  Hischmat,  emprunté  à  la  même  racine 
arabe  que  son  nom  honorifique.  Il  était  fils  de  Mîr  Bâquî 
et  frère  cadet  de  Mîr  Wilâyat^  ullah  Khân.  Il  descendait 

'  c:i^.fw^&»  honneur,  nom  d'action  de  la  racine  arabe   ,c<v^«-  ,  de  la- 
quelle dérive,  à  la  8"  forme,  le  participe  passé  xûJCai  honoré,  etc. 
^  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 
'  Poëte  distingué  dont  il  sera  question  plus  loin. 


230  BIOGRAPHIE 

réellement  de  Mahomet.  Il  était  militaire,  et  se  dis- 
tinguait par  la  finesse  de  son  esprit  et  par  sa  fertile 
imagination.  Il  était,  du  reste,  très-bon  et  très-doux. 
On  le  considère  comme  un  des  meilleurs  écrivains 
Iiindoustani  de  Dehli.  Outre  les  poésies  hindoustani 
qu'il  a  laissées,  il  a  fait  aussi  beaucoup  de  vers  persans 
qui  ont  été  réunis  en  diwân  et  qui  sont  pleins  de  pen- 
sées neuves  heureusement  exprimées.  Il  quitta  Dehli  et 
alla  habiter  Mugalpûra,  où  il  vivait  dans  la  retraite.  Il 
avait  connu  Mîr,  à  qui  il  témoignait  beaucoup  d'amitié. 
Il  mourut  sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh. 

HOSCH\ 

Elégant  écrivain,  disciple  de  Mîr  Soz.  Mushafî,  qui 
nous  le  fait  connaître,  en  cite  un  court  gazai. 

HUCAINI  (BAHADUR  ALI). 

Mîr  Balladur  Alî  Huçaïnî  ^  est  un  écrivain  hindous- 
tani très-estimé.  Il  est  auteur  :  i°  d'une  imitation  du 
Sihr  ulhaYan,  masnawî  du  célèbre  Hacan  sur  l'histoire 
de  Bénazir  et  de  Badr-i  munir,  laquelle  a  été  imprimée 
à  Calcutta  en  12  ly  de  l'hégire  (1802),  parles  soins 
du  docteur  Gilchrist,  après  avoir  été  revue  par  Mîr 

'   (Aj^  intelligence, jucj entent. 

^  ^^yç»*fc=s.  Huçaînicn,  descendant  de  Huraïn,  de  la  classe  des  Saïd  de 
Huçaïn.  Il  paraît  que  le  takhallus  de  cet  écrivain  est  aussi  Mîr,  car  Afsos, 
dans  l'épilogue  de  sa  traduction  du  Galistan,  toni.  II,pag.  2/11 ,1e  nomme 
Mir  Balladur  AU  Mir. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  231 

Scher  Aiî  Afsos.  Cet  ouvrage  est  intitulé  Nasr-i  Bénazîr^, 
c'est-à-dire  Prose  de  Bénazîr,  nom  du  héros  du  Silir 
ulbayân;  il  est  toutefois  entremêlé  de  vers  2.  On  en  avait 
commencé  une  édition  à  Calcutta,  en  1802,  édition 
qui  devait  faire  partie  du  Hindee  Manual;  mais  il  n'en 
a  paru  que  /i8  pages.  La  seconde  édition  a  vu  le  jour 
à  Calcutta  en  i8o3,  in-/i°. 

2°  D'un  Riçâla  ou  traité  sur  la  grammaire  hindous- 
tani  intitulé  Caivâïd-i  Hindi  ou  Cawâïd-i  urdû  ^,  c'est-à- 
dire  Règles  de  la  langue  hindoustani,  prétendu  abrégé 
de  la  grammaire  de  Gilchrist;  car  il  a  été  imprimé  à 
Calcutta  *  sous  le  titre  de  Gilchrist  urdu  Riçâla  [Gilchrist 
oordoo  Risala),  Traité  de  Gilchrist  sur  la  langue  urdû, 
puis  lithographie  sous  le  titre  de  Riçala-i  Gilchrist. 
Afsos  en  a  donné  un  extrait  en  tête  de  sa  traduction 
du  Galistan  en  hindoustani  ^. 

^  J'ai,  dans  ma  collection  particulière,  une  histoire  manuscrite  en 
prose  de  Bénazir,  dont  la  rédaction  est  différente.. C  est  un  in-8°  de  i3o 
à  i4o  pages. 

'  ^<<XÀ^  *X*!fcj>  ou  «iijl .  Ce  titre  seul  indique  bien  qu'il  ne  s'agit, 

dans  cet  ouvrage,  que  de  Thindoustani  du  nord.  Muhammad  Haniid, 
grammairien  distingué,  qui  habite  Madras,  a  témoigné  par  la  voie  du 
journal  hindoustani  qui  se  publiait  dans  cette  ville  sous  le  titre  de 
Mirât  ulalîhbâr,  le  désir  de  rédiger  une  grammaire  hindoustani  pour  le 
dialecte  du  Décan,  celles  de  Gilchrist  et  de  Shakespear  étant  défectueuses 
sous  ce  point  de  vue ,  et  celle  de  Stewart  (  Introduction  ta  the  stadj  of 
ihe  Hindoostanee  lancjuage  as  spohen  in  the  Carnatic  )  étant  trop  concise  et 
d'ailleurs  épuisée  depuis  longtemps.  J'ignore  si  le  gouvernement  local 
a  encouragé  ce  travail  et  s'il  a  été  fait. 

'  Aux  frais  du  Calcutta  school  book  Society,  en  1 820 ,  in-8°,  tiré  à  2000 
exemplaires. 

*  Voyez-en  mon  analyse  dans  le  numéro  de  janvier  i838  du  Journal 
asiatique. 


232  BIOGRAPHIE 

3°  De  la  traduction  en  hindoustani  de  ÏHitopadeça, 
sous  le  titre  de  Akhlâqii-i  Hindi  ^  c'est-à-dire  l'Éthique 
indienne,  qu'il  rédigea  en  1217  (1802),  d'après  une 
version  persane  faite  par  ordre  du  schâh  Nâcir  uddîn, 
nabâb  du  Bihâr,  et  intitulée  M«/arn7iu/caZ«6-.  Des  exem- 
plaires manuscrits  de  la  version  de  Huçaïnî  portent  le 
même  titre,  qui  signifie  Ce  cjiii  réjouit  les  cœurs.  On 
en  trouve  efiectivement  dans  les  riches  bibhothèques 
de  ÏEast-India  House,  du  British  Muséum  et  ailleurs.  La 
traduction  hindoustani  a  été  imprimée  à  Calcutta  en 
i8o3,  réimprimée  à  Madras  et  lithographiée  en  partie 
à  Londres,  en  1828,  par  feu  S.  Arnot.  On  trouve  un 
extrait  de  cette  traduction  dans  les  Hindee  and  Hindoos- 
tanee  Sélections  de  Tarini  Charan  Mitr  et  W.  Priée  de 
Calcutta, 

Il  y  a  plusieurs  autres  traductions  hindoustani  de  cet 
ouvrage.  M.  D.  Forbes,  professeur  au  King's  Collège  de 
Londres,  possède  un  exemplaire  manuscrit  d'une  tra- 
duction tout  à  fait  différente  de  celle  de  Bahâdur  Ali. 
Elle  est  très-littérale  et  paraît  avoir  été  rédigée  dans  le 
Bengale.  Malheureusement  il  n'y  a  pas  de  nom  d'auteur. 
C'est  un  in-8°  de  26/1  pages. 

On  avait  annoncé  comme  étant  sous  presse ,  à  Cal- 
cutta, en   i8o3^,  une  version  de  VHitopadeça  en  pur 

*  (^«XÀiÛ  Hk^Xj^t  or  Indian  Ethics,  a  Hindoostanee  Translation  of  the 
Hitopadesa  or  salutary  counsel ,  under  the  superintendence  of  U^  Gilchrist . 
in-4°,  Calcutta,   i8o3. 

^   t-jjAiJî   ^yJu9.  Dans  Straker's  Catalogue,   i836,  n°  297  ,  il  est  dit 
que  cette  traduction  persane  fut  faite  sur  l'hindoustani  par  Tâj  ulmélikî. 
'  Primitiw  Orientales,  tom.  III,  pag.  53. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  235 

hindouî.  J'ignore  si  c'est  la  môme  dont  la  Société 
asiatique  de  Calcutta  possède  un  exemplaire.  Elle  est 
indiquée  dans  le  Journal  de  la  Société  asiatique  du  Ben- 
gale ^  sous  ce  titre  :  Hitopadesi,  ivitli  a  Hindee  Translation 
made  hy  a  pundit  of  tlie  raja  of  Bliartpur.  J'ai  aussi  dans 
ma  collection  particulière  un  exemplaire  manuscrit  de 
VHitopadeça  en  sanscrit,  accompagné  d'une  traduction 
hindouî,  sloka  par  sloka.  C'est  un  petit  in-folio  très- 
bien  écrit,  en  caractères  dévanagari. 

à°  Huçainî  est  aussi  auteur  d'une  traduction  de 
l'Histoire  d'Assam,  intitulée  Tarjama-i  târihli-i  Ascliâni^, 
travail  qu'il  rédigea  en  i8o5,  d'après  l'invitation  du 
savant  indianiste  H.  T.  Colebrooke.  L'original  de  cette 
intéressante  histoire  a  été  écrit  sous  le  règne  d'Aurang- 
zeb,  par  Walî  Alimad  Schahâb  uddîn  Tâlisch.  Cette 
traduction  est  le  plus  important  des  ouvrages  de  Hu- 
çaïnî.  J'en  ai  un  manuscrit  que  je  dois  à  la  généreuse 
obligeance  de  M.  J.  Prinsep,  secrétaire  de  la  Société 
asiatique  du  Bengale.  Il  a  été  copié  sur  le  manuscrit 
de  la  Société  asiatique ,  lequel  provient  de  la  biblio- 
thèque du  collège  de  Fort-William.  Je  reviendrai  sur 
cet  ouvrage  dans  mon  second  volume. 
Huçaïnî  a  coopéré  aux  ouvrages  suivants  : 
1°  A  Y  Oriental  Fahulist,  traduction  liindoustani ,  etc. 
des  Fables  d'Esope  et  autres  auteurs,  publiée  par  le 
docteur  Gilchrist. 

'  Année  i835,  pag.  55. 

'   ^/*Ui)   -f-jlï  AiJ^  ;  Toriginal  est  intitulé  ^^Lw\   d)X«  j^jlj 
Histoire  du  royaume  d'Assam. 


254  BIOGRAPHIE 

2°  A  une  traduction  du  Coran  en  hindoustani.  Parmi 
les  autres  collaborateurs  de  cette  version ,  on  compte 
entre  autres  Kâzim  Ali  Jawân. 

Huçaïnî  est  le  père  du  saïyid  Abd  ullab^,  éditeur  du 
Coran  hindoustani  d'Abd  ulcàdir,  imprimé  à  Calcutta 
en  1829. 

HUWAIDA. 

Mîr  Muhammad  AzamHuwaïda-, frère  de  Mîr  Muham- 
mad  Maçûm,  de  Delili,  est  auteur  de  beaucoup  de  mar- 
ciya  sur  l'imam  Huçaïn;  mais  la  plupart  de  ses  poésies 
sont  écrites  en  persan,  parce  qu'il  partageait  les  idées 
absurdes  de  bien  des  écrivains  de  l'Inde  qui  préfèrent 
se  servir  du  persan  pour  rédiger  leurs  ouvrages,  quoique 
cette  langue  soit  morte  pour  eux  et  cpi'ils  l'écrivent  par 
suite  fort  mal^.  Il  est  néanmoins  cité  comme  poëte  hin- 
doustani. Alî  Ibrahim  donne  en  effet  plusieurs  vers  de 
lui  écrits  en  cet  idiome . 

HUZUR. 

Schaïkh  Gulàm-i  Yahya  Huzûr  ^  était  un  des  person- 
nages les  plus  distingués  d'Azîmâbâd,  capitale  du  Bihâr, 

'  Voyez  Tarticle  consacre  à  ce  savant  Musulman. 

'^   l<Xjt^  manifeste,  évident. 

'"  Il  en  est  de  même  en  Europe  pour  la  langue  latine.  Ce  pâle  latin  de 
nos  rliétoriciens  serait  probablement  aussi  peu  intelligible  aux  anciens 
Romains  que  Test  souvent  le  persan  de  l'Inde  aux  habitants  d'Ispahan 
pt  de  Cliyrax. 

4 


j_yit9-   pr 


esencr. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  235 

plus  connue  sous  le  nom  de  Patna.  Sans  avoir  étudié  l'art 
des  vers  sous  aucun  maître,  il  se  livra  à  la  culture  de 
la  poésie ,  pour  laquelle  il  avait  les  plus  heureuses  dis- 
positions. Dans  sa  jeunesse  il  avait  appris  les  principes 
de  la  grammaire  arabe,  sous  son  oncle  paternel,  le 
maulawî  Muhammad  Bâquîr;  et  à  l'époque  où  Alî 
Ibrahim  écrivait  sa  biographie,  il  était  encore  tout  jeune 
et  se  livrait  à  quelques  entreprises  de  commerce.  Il  était 
très-hé  avec  ce  dernier,  et  il  lui  remit  plusieurs  pages 
de  ses  vers  pour  les  insérer  dans  sa  biographie.  Il  est, 
entre  autres,  auteur  d'un  masnawî  sur  le  dargâh  ou 
châsse  tumulaire  de  Schâh  Arzân  \  cpii  existe  à  Azîm- 
âbâd.  Alî  Ibrahim,  dans  son  Gulzâr,  a  cité  de  ce  mas- 
nawî quelques  vers  dont  je  joins  ici  la  traduction  : 

La  coupole  qui  surmonte  le  tombeau  de  ce  saint  personnage 
brille  de  loin  ;  c'est  là  que  se  manifestent  des  choses  merveil- 
leuses. Les  deux  bassins  qui  existent  auprès  de  ce  monument  ne 
sont  pas  comme  de  simples  résenoirs  d'eau.  Ni  sur  la  terre ,  ni 
dans  les  cieux,  on  ne  peut  voir  un  pareil  spectacle;  mes  yeux 
avides  l'ont  contemplé  fixement.  Des  beautés  à  visage  de  fée  s'y 
rendent  en  foule  pour  captiver  les  cœurs  ;  les  boucles  de  leurs 
cheveux  leur  servent  de  chaînes  pour  les  serrer.  Leurs  regards 
produisent  un  effet  prodigieux;  que  puis-je  dire,  si  ce  n'est  que 
mon  cœur  en  a  reçu  une  impression  violente?  Les  paupières 
secondent  admirablement  les  regards;  elles  font  l'effet  d'un  car- 
quois d'où  s'élancent  ces  flèches  meurtrières.  Lorsque  je  pense 
à  la  fossette  qui  embellit  le  menton  de  ces  jeunes  Indiennes,  je  ne 

1  Afsos,  dans  son  Araîsch-i  inahjil,  dit  que  la  châsse  de  ce  saint  ^lu- 
sulman  est  à  un  kos  de  la  porte  ouest  de  Patna.  W.  Hamilton  en  parle 
aussi  dans  son  Gazetteer,  tom.  Il,  pag.  382.  Il  nous  apprend  qu' Arzân 
mourut  en  io32  de  Thégire  (1622-1623),  et  que  son  tombeau  attire 
des  Hindous  aussi  bien  que  des  Musulmans. 


236  BIOGRAPHIE 

sais  comment  décrire  cette  sorte  de  puits  où  mon  âme  est  sub- 
mergée. Parlerai-je  de  la  beauté  des  vêtements  qui  ornent  leur 
corps?  Eb  !  pour  peindre  le  poli  de  leur  cou,  dois-je  le  comparer 
à  la  bougie  renfermée  dans  une  lanterne  opaque,  mais  dont  la 
flamme  se  fait  voir  au-dessus  ? 


HUZUR   (BAL  KAMAND). 

Lâla  Bal  Râmand  Huzûr,  de  Delili,  est  un  poëte 
hindoustani  qui  vivait  dans  la  dernière  moitié  du 
xvnf  siècle ,  et  qui  fut  élève  de  Mîr  Dard.  Il  a  écrit  à 
la  manière  antique.  Il  fréquentait  les  réunions  littéraires 
de  Delili.  Les  biographes  originaux  citent  plusieurs  vers 
de  lui. 

IBN  NISCHATr. 

Il  est  auteur  d'un  masnawî  dakhnî  intitidé  PMl-han  ^, 
charmant  poëme  rédigé  sous  le  règne  d'Haïder  Alî, 
dont  l'auteur  célèbre  les  louanges  après  l'invocation ,  et 
à  qui  il  donne  le  titre  de  Àmîr  iilmiiminîn,  prince  des 
croyants.  On  conserve  un  manuscrit  de  cet  ouvrage  à 
VEast-India  Home,  manuscrit  qui  se  compose  d'environ 
i3o  pages  grand  in-8°.  C'est  un  roman-féerie,  comme 
la  plupart  des  romans  asiatiques.  Il  y  est  question  d'A- 
lexandre, de  Locman,  etc.  On  v  décrit  la  ville  nommée 
Kanjan  patan  ^,  ou  la  ville  d'or,  sorte  de  pays  de  cocagne 

'  Voyez  la  mention  d'un  poëme  sur  le  même  sujet  à  l'article  Awari. 
'   /jJL>  /Y-js^_^3 ,  la  même  ville  apparemment  qu'on  nomme  en 

persan  ibî  jjbys»  ville  desjojaux. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  257 

situé  à  l'orient.  Il  est  question  de  cette  ville  fabuleuse 
dans  d'autres  ouvrages  hindoustani. 


IBRAHIM. 

Navvâb  Alî  Ibrâliîm  Khân  occupait  la  charge  déjuge, 
ou  pour  mieux  dire  de  président  du  tribunal  de  Bé- 
narès\  sous  le  gouvernement  du  lord  Hastings.  Outre  la 
Biographie  anthologique  des  poètes  hindoustani  ^  qu'on 
lui  doit  et  dont  j'ai  parlé  dans  ma  préface ,  il  est  auteur 
d'un  article  sur  fordalie  inséré  dans  les  Asiatic  Resear- 
ches,  t.  I,  pag.  Ziyi,  et  très-probablement  de  poésies 
hindoustani ,  car  les  auteurs  de  tazkira  des  écrivains 
urdû  en  ont  tous  écrit.  Il  mourut  en  1793  ou  179/1 
de  l'ère  chrétienne ,  ainsi  cpie  nous  l'apprenons  par  une 
pièce  de  vers  ^  dans  laquelle  le  célèbre  poëte  hindous- 
tani Jurât  a  fixé  cette  date.  Voici  la  traduction  de  ce 
tarîkh  : 

Hélas  !  cent  fois  hélas!  le  soleil  de  la  justice,  la  lune  brillante 
de  l'équité  est  allée  se  cacher  dans  la  citadelle  de  la  mort.  Y 
a-t-il   une    injustice    qui  par   ses   soins  n'ait  pas  été  éloignée 

du  monde?  Le  jardin  de  l'équité  était  verdoyant  par  lui 

Cent  fois  hélas!  de  ce  que  cet  homme,  qui  était  si  éloquent  dans 
le  palais  de  la  justice,  est  actuellement  silencieux  sous  la  terre. 
Comment  la  chaleur  du  marché  du  discours  ne  se  changerait-elle 
pas  en  froideur,  puisque  cet  éloquent  défenseur  de  la  justice 
n'est  plus  juge?  Mais  c'est  assez  de  complainte,  ô  Jurât  !  pensons 

-  Gulzâr-i Ihrâhim.  Cet  ouvrage  fut  terminé  en  1198  (  1784).  Il  avait 
été  commencé  douze  ans  auparavant. 

'  Pag,  83 1  de  mon  exemplaire  des  œuvres  de  Jurât. 


238  BIOGRAPHIE 

à  faire  connaître  le  tarîkh  de  la  mort  de  ce  personnage  recom- 
mandable  : 

Hélas  !  elle  s'est  éteinte,  lajlavime  de  cette  hongie;  il  a  été  effacé. 
le  matla  '  du  diwân  de  la  justice'  ! 

Je  pense  que  c'est  le  même  écrivain  dont  Mîr,  dans 
l'article  de  sa  biographie  sur  Râquim ,  parle  sous  le  nom 
de  Miyân  Ibrâliîm.  Il  était  tout  jeune  à  cette  époque, 
et  il  était  très-lié  avec  Mîr.  Il  partageait  son  goût  pour 
la  poésie,  et  il  avait  la  même  manière  d'écrire. 

IBRAHIM  ADIL  SCHAHl 

Sultan  de  Béjapour*  qui  régna  de  1679  à  1626, 
année  de  sa  mort.  Il  est  compté  parmi  les  écrivains 
hindoustani.  On  lui  doit  un  ouvrage  en  vers  sm'  la  mu- 
sique intitulé  Nau-ras^,  c'est-à-dire  le  Nouveau  Goût. 
Il  en  existe  deux  exemplaires  dans  la  bibliothèque  de 
la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

'  xJLia.^ ,  nom  qu'on  donne  au  premier  vers  d'un  poëme.  Le  diwân 
est,  comme  on  le  sait,  un  recueil  de  poésies;  le  maila  d'un  diwân  est 
donc  le  premier  vers  de  ce  recueil. 

-  En  additionnant  les  lettres  qui  forment  ce  tarikh,  c'est-à-dire  le 
second  hémistiche  de  ce  dernier  vers,  on  trouve  le  nomhre  1208  qui 
indique  cette  année  de  l'hégire,  laquelle  correspond  aux  années  lygS- 
179/1.  de  l'ère  chrétienne. 

*  Ville  et  royaume  du  Décan,  plus  connus  sous  le  nom  de  Visapour. 


i 


IJMj^   ou    ^Jt,J  y}    (-} 


u^, 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  239 

IHCAN. 

MÎT  Schams  iiddîn  Ihcân^  fils  de  Mîr  Camar  uddîn 
Minnat^,  est  compté  parmi  les  poètes  hindoiistani.  Alî 
Ibrâhîm,  le  seul  des  biographes  originaux  qui  en  parle, 
se  contente  d'en  citer  un  vers. 

ÏKRAM  ALF. 

Maulawî  Ikrâm  Alî  était  frère  de  Turâb  Alî^,  qui, 
d'accord  avec  le  capitaine  Abraham  Locket,  secrétaire 
du  collège  de  Fort- William  ^,  l'engagea  de  se  rendre  à 
Calcutta.  Par  la  protection  de  ce  dernier,  il  fut  attaché, 
en  octobre  1816,  au  collège  de  Fort-William  en  qualité 
de  bibliothécaire.  Alors  John  William  Taylor,  profes- 
seur d'hindoustani,  qui  s'intéressait  à  lui,  lui  donna 
l'idée  de  traduire  de  l'arabe  en  hindoustani  l'ouvrage 

o 

intitulé  Riçâla-i  Ikhwân  ussafa^,  ou  simplement  Ikivân 
nssafa  '^.  Il  lui  recommanda  de  se  servir  d'expressions 
simples  et  d'éviter  celles  qui  pourraient  jeter  de  l'obs- 

'    /jL*fciï».î  hienfait. 

*  Voyez  son  article. 

^   (^  ^/^Iv^sî    rhonneur  cl  Alî. 

*  (^  <_»lvj  la  terre  d'Alî. 

'  Orientaliste  distingué,  auteur  de  plusieurs  ouvrages. 
"  On  a  attribué,  par  erreur,  cette  traduction  à  Turab  Alî,  dans  lesPu- 
blic  Dissertations  qf  ihe  studenis  oflhe  collège  of  Fort- William,  p.  3o  et  44. 

'  Cet  ouvrage  est  intitulé  en  arabe  \.i.xsJ\  {j^^^^  'J^Jtsf'  Tuhfat  Ikh- 
wân ussafâ.  L'auteur  du  texte  arabe  est  Ibn-el-Jeldî.  L'ouvrage  complet 
est  intitulé  liaçâïl  ihhivân  ussafâ.  Le  premier  ouvrage  n'est  qu'un  extrait 
du  second. 


240  BIOGRAPHIE 

curité  dans  le  discours,  sans  renoncer  toutefois  à  l'élé- 
gance du  style  et  sans  rejeter  entièrement  les  nîéta- 
phores  faciles  à  saisir.  Ikrâm  Ali  se  livra  donc  à  ce  travail , 
l'exécuta  conformément  aux  indications  du  capitaine 
Taylor,  et  l'intitula  Tarjama-i  Ikhvân  ussafa,  c'est-à-dire 
Traduction  de  Ylkhwân  ussafa. 

Cet  ouvrage  est  un  recueil  de  discours  entre  les 
hommes  et  les  animaux.  Ils  disputent  entre  eux  sur 
leur  prééminence  et  leurs  mérites  respectifs.  Ikrâm  nous 
dit,  dans  la  préface  de  la  traduction  hindoustani,  que  les 
gens  intelligents  ne  s'arrêtent  point  à  la  pai'tie  fabu- 
leuse de  cet  ouvrage ,  mais  cpi'ils  en  comprennent  les 
allégories  et  qu'ils  éprouvent  du  plaisir  en  lisant  ces 
subtilités  spirituelles  et  ces  allusions  aux  doctrines  reli- 
gieuses. Les  auteurs  arabes  de  cet  écrit  sont  Abu  Salmân , 
Abuihaçan,  Abu  Ahmad,  etc.-,  en  tout  dix  collabo- 
rateurs. Es  demeuraient  à  Basra,  et  Us  employaient  leur 
temps  à  étudier  la  religion  et  les  sciences.  Ils  composè- 
rent cinquante  et  un  traités  différents ,  la  plupart  sur  des 
sciences  importantes.  UBilnvân  ussafa  est  un  de  ces  trai- 
tés. Leur  but  fut  d'exposer  les  prérogatives  de  l'homme 
sur  les  animaux.  Ils  déclarent  que  c'est  par  la  con- 
naissance des  choses  spirituelles  que  l'homme  est  au- 
dessus  des  créatures,  et  ils  renvoient  à  leurs  autres 
traités  où  sont  développées  ces  sciences  importantes. 
Dans  ce  dernier  traité ,  ils  ont  voulu  rappeler  ces  vérités 
par  la  bouche  des  animaux ,  afin  d'exciter  à  la  réflexion 
les  indifférents. 

La  traduction  hindoustani  fut  faite  en  1228  de  f hé- 
gire (1 8 1  o  de  J.  C),  et  imprimée  in-8°  à  Calcutta  l'année 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  241 

suivante ,  c'est-à-dire  une  année  avant  l'impression  du 
texte  arabe,  qui  fut  édité  aussi  dans  la  même  ville  et 
sous  le  gouvernement  de  lord  Minto.  Elle  est  extrême- 
ment estimée  pour  ia  pureté  du  style,  quoiqu'on  y  ait 
laissé  trop  de  mots  et  de  constructions  arabes.  Feu 
James  Micbaël,  qui  en  a  donné  des  extraits  sous  le 
titre  de  Intihhâh-i  Ikliwân  ussafa  \  pensait  que  c'est 
peut-être  l'ouvrage  le  mieux  écrit  en  prose  hindous- 
tani. 

lia  paru  dans  ïAsiatic  Journal,  t.  XXVIII,  une  tra- 
duction de  Ylliliwân  ussafa. 

ILHAM   (FAZAIL  BEG). 

Fazâïl  Beg  lihâm  ^  fut  un  des  disciples  d'Abd  ulwâlî 
Uzlat.  Il  vivait  sous  l'empereur  mogol  Ahmad  Schâh, 
fils  de  Mubammad  Scliâb.  Fath  Ali  Hucaïnî  cite  de  lui 
dans  sa  biographie  deux  vers  qu'il  fit  pour  critiquer  un 
lialâwant  ou  musicien  nommé  Bachî  ^. 

ILHAM  (SCHARAF  UDDIN). 

Schaïkh  Scharaf  uddîn  Ilbâm,  autrement  dit  Schâh 
Malûl,  est  auteur  de  deux  diwân  persans,  et  il  a  com- 
posé aussi  un  bon  nombre  de  vers  hindoustani.  Son 
takhallus  était  d'abord  Maldl^,  puis  il  en  changea  et  prit 

'  LiAaJI  e)'.?^'   olsiCjî,  in-4°,  Londres,  i83o. 
^   ^^LjJi  inspiration  [divine). 

*  J%A««  triste,  abattu. 

I.  i6 


242  BIOGRAPHIE 

celui  d'Ilhâm.  11  habitait  Lakhnau,  où  plusieurs  litté- 
rateurs ont  été  ses  disciples  et  ses  amis.  Ses  ancêtres 
résidaient  à  Lakhnau  comme  lui,  mais  précédemment 
à  Murâdâbâd.  Il  avait  plus  de  soixante  et  dix  ans  en  i  -y  gS . 
Lutf  donne  de  lui  un  gazai  où  ce  poëte  peint  énergi- 
quement  l'agitation  de  son  cœur. 

IMAM  UDDIN\ 

Le  saïy id  Imâm  uddîn  Alî ,  de  Dehli ,  est  auteur  du 
Tarjama-i  Miftâh  ussalat^,  traduction,  en  langue  hin- 
doustani ,  de  l'ouvrage  persan  de  Fath  Muhammad  de 
Burhânpûr,  intitulé  Miftâli  iissalat,  ou  la  Clef  de  la 
prière,  ouvrage  de  théologie  estimé  qui  contient  tous 
les  préceptes  sacrés  sur  la  purification,  la  prière,  le 
pèlerinage,  etc.  L'original  de  ce  traité  est  arabe  :  on  le 
doit  au  schaïkh  Ahmad  ben  Salmân  ^.  La  traduction 
dont  il  s'agit  ici  est  écrite  en  hindoustani  du  Décan, 
selon  l'indication  qui  en  est  donnée  dans  le  catalogue 
des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William  ,  parmi  lesquels  on  en  conserve  un  exemplaire. 

IMAN. 

Imân  *  est  un  poëte  hindoustani  du  Décan.  Béni  Na- 
râyan  en  cite  cinq  gazai  et  un  mukhammas  fait  avec 

^   /w«XJI     >^U»!  ministre  de  la  religion. 

Si 

-  ii^oâi!  J^xj»  ifS^^yi 

'  Voyez  StevidTt,  Catalo(jne  of  Tippoo's  Lihrary,  pag.   i5o. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  243 

un  gazai  de  Cdïm^  Voici  la  traduction  d'un  court  poëme 
de  cet  écrivain  distingué. 

Si  mon  âme  n'a  pas  été  prise  dans  les  chaînes  que  forment  les 
tresses  de  tes  cheveux ,  hélas  !  elle  se  laisse  prendre  par  un  seul 
soupir  du  rossignol.  Quoique  les  traits  brûlants  de  tes  regards 
soient  éteints  par  l'eau  de  la  vie  qui  mouille  ta  bouche ,  mon  âme 
est  néanmoins  blessée  par  l'eflfet  de  ces  flèches  meurtrières  qui 
attaquent  victorieusement  leur  proie.  0  mon  amie!  comment 
font  donc  ceux  qui  sont  audacieux  ?  Mon  cœur  se  laisse  abattre 
par  une  seule  faute!  Toi  dont  le  sourcil  est  semblable  à  l'arc, 
viens  quelque  jour  de  ce  côté-ci;  mon  cœur  n'est  pas  pour  tes 
flèches  une  chasse  défendue.  Lorsque  tu  an-iveras  vers  moi  pour 
opérer  les  miracles  du  Messie ,  à  mesure  que  tu  parleras ,  mon 
cœur  prendra  la  forme  de  l'existence.  Puisque  ma  bien-aimée 
vient  en  riant  rencontrer  mes  regards,  je  me  flatle  que  mes  sou- 
pirs ont  jeté  son  cœur  dans  un  état  indicible,  résultat  de  leur 
effet.  0  Imân!  tes  vers  seront  agréables  à  l'objet  que  tu  chéris, 
lorsque  ton  cœur  y  exprimera ,  avec  la  douceur  convenable ,  les 
sentiments  qui  l'animent. 

INCAFl 

Poëte  hindou  qui  vivait  sous  Muhammad  Schâh.  AJî 
Ibrâliim  se  contente  de  donner  cette  indication  et  de 
citer  de  lui  un  vers. 

'  Les  mukhammas  ont  souvent  pour  thème  un  court  gazai  ;  dans  ce 
cas,  les  deux  derniers  hémistiches  de  chaque  stance  appartiennent  à 
la  pièce  originale.  —  Câim  est  un  poëte  hindoustani  célèbre  dont  il  a  été 
parié  précédemment. 

^  oUajî  justice. 


i6. 


244  BIOGRAPHIE 


INCAN. 


L'émir  Acad  uddaiilah  Yâr  Khân  Incân  \  connu  aussi 
sous  le  surnom  de  Pîr  Jagnûn,  était  fds  de  Lutf  Alî 
Khân,  Il  était  né  à  Agra;  on  le  nomme  cependant 
quelquefois  Inçdn  de  Dehli,  parce  cpi'il  résidait  dans 
cette  ville.  Il  fut  une  des  personnes  les  plus  recom- 
mandables  qui  aient  vécu  sous  le  règne  de  Muhammad 
Schâli^,  et  un  de  ses  principaux  omra.  La  faveur  mar- 
quée dont  il  jouissait  à  la  cour  excita  l'envie  de  ses 
contemporains.  Malgré  les  devoirs  multipliés  de  son 
poste  il  cultiva  la  poésie ,  pour  laquelle  il  avait  des 
dispositions  réelles.  C'est  surtout  dans  le  genre  mys- 
tique qu'il  a  écrit  des  vers  hindoustani.  Il  excellait  dans 
les  marciya  (élégies  sur  Huçaïn,  etc.). 

Il  était  mort  quelques  années  avant  fépoque  où  Fath 
Ali  Huçaïnî  écrivait  son  tazkira,  et  jeune  encore,  à  ce 
qu'il  paraît,  car  Mîr  fait  observer  que  la  mort  l'atteignit 
bientôt,  la  fortune  n'étant  fidèle  à  personne. 

INSCHA. 

Mîr  Inschâ  ullah  ^  Khân ,  connu  sous  le  nom  de 
Inschâ,  qui  est  son  surnom  poétique  ou  takhallus,  était 
fds  de  Hakîm  Ma  schâ  ullah  MasdarKhân,  qui  était  le 
Bûcînâ  (Avicenne)  de  son  temps.  La  patrie  des  ancêtres 

'    M^-»«>j5   homme. 

-  Selon  Mîr  Fath  Alî  Huçaïnî;  et  Ahmad  Schah,  selon  Alî  Ibrâbîm. 

'  aWÎ   *Ui  /jî  si  Dieu  veuf ,  s'il  plaii  à  Diea. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  245 

d'Inschâ  était  Najaf-Aschraf^;  mais  pour  lui  il  naquit 
à  Murschidâbâb,  et  il  résida  ensuite  à  Lakhnau.  Il  était 
en  cette  dernière  ville  en  1200  (1785-1786),  et  il 
jouissait  de  la  faveur  du  prince  Sulaïmân  Schikoh.  Il 
s'appliqua  à  l'étude  de  l'arabe ,  du  persan  et  de  la  mé- 
decine; et  il  devint  habile  dans  la  langue  du  Cachemire 
et  du  Marwar.  Dès  son  enfance  il  montra  du  goût  pour 
la  poésie.  Il  faisait  des  vers  dans  plusieurs  langues.  II 
a  écrit  en  arabe  des  cacîdah  et  des  masnawî,  et  en  turc 
des  gazai.  Il  a  fait  en  persan  deux  diwân.  11  est,  de  plus, 
auteur  d'un  excellent  masnawî  aussi  persan,  intitulé 
ScMro  birinj'^,  c'est-à-dire  le  Lait  et  le  Riz,  pour  répondre 
à  celui  du  maulânâ  Baba  uddîn  Ahlî  ^,  intitulé  Nân  0 
lialiva,  le  Pain  et  le  Gâteau^;  mais  il  s'appliqua  surtout 
à  la  poésie  bindoustani ,  et  acquit  de  la  célébrité  en  ce 
genre.  Il  a  réuni  ses  poèmes  en  un  diwàn  qui  se  dis 
tingue  par  l'élégance  du  style  et  le  goût  exquis  des 
pensées,  diwân  dont  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William  à  Calcutta  possède  un  exemplaire.  La  réunion 
de  toutes  les  poésies  de  cet  écrivain  porte  le  titre  de 
KuUijât.  Il  y  en  a  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque 
du  Siraj  uddaulade  Haïderâbàd;  BénîNarâyan  en  donne 
dans  son  Anthologie  onze  pièces.  Inschâ  a  fait  entre  au- 
tres, à  la  louange  du  nabàb  Umâd  ulmuik,  un  cacîdali  en 
rekhta,  dans  lequel  il  n'a  employé  que  des  lettres  non 

'  C'est-à-dire  la  noble  Naiaf,  ville  de  l'Irac  Arabî  où  se  trouve  situé  le 
tombeau  d'Alî, 

^  Poëte  musulman  de  l'Inde  qui  a  écrit  en  persan. 


246  BIOGRAPHIE 

ponctuées,  c'est-à-dire  sans  points  diacritiques,  ce  qui 
est  un  véritable  tour  de  force;  aussi  cette  pièce  lui 
valut-elle  de  la  part  du  nabab  susdit  des  félicitations  et 
une  généreuse  gratification.  Voici  la  traduction  d'un  gazai 
qu'on  chante  dans  les  rues  des  villes  de  flnde.  J'en 
donne  ici  la  traduction,  quoique  cette  pièce  offre  un 
genre  de  figures  qu'il  est  impossible  de  faire  passer 
dans  une  autre  langue.  Je  veux  parler  des  nombreux 
parallélismes  qui  rendent  cette  pièce  délicieuse  dans 
l'original  : 

Une  houri  m'ayant  vu  venir,  s'est  retirée,  elle  s'est  sauvée  au 
plus  vite  en  mordant  sa  langue  entre  ses  dents. 

Au  bruit  que  j'ai  fait,  elle  s'est  promptement  glissée  par  la 
porte;  elle  en  a  saisi  le  battant,  et  s'est  aussitôt  évanouie. 

Comme  je  fai  censurée  avec  juste  raison,  de  honte  elle  a  re- 
culé malgré  elle. 

Malheureux  bruit  qui  a  troublé  mon  bonheur!  pourquoi  le 
coq  matinal  faisait-il  entendre  ses  cris  ? 

Le  discours  d'Inscha  n'est  pour  cette  houri  qu'une  colonne  de 
fumée  que  disperse  le  vent  printanier. 

lîNTIZAR. 

Alî  Naquî  Khân,  de  Dehli,  prit  pour  surnom  poé- 
tique le  nom  d'action  arabe  Intizâr^.  Il  était  fils  d'Alî 
Akbar  Khân,  défunt  en  1781-1782.  H  vint  résider  h 
Murschidâbâd  dans  le  temps  du  nabab  Alî  Werdî  Khân , 
et  y  vécut  paisiblement.  Ce  fut  là  qu'Ah  Ibrahim  le 
connut  personnellement,  et  qu'il  reconnut  en  lui  un 


'  jlJôAJÎ  attente. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  247 

poëte  hindoustani  très-distingué.  Il  cite  de  lui  une  dou- 
zaine de  vers  dans  son  Gnlzâr. 


ISGHC  (IZZAT  ULLAH). 

Mîr  Izzat  ullah  Ischc^  est  un  poëte  hindoustani  dont 
Mannû  Lâl  cite  deux  vers.  En  voici  la  traduction  : 

0  infidèle!  tandis  que  le  cœur  de  ton  amant  est  en  désordre, 
tu  arranges  avec  coquetterie,  tranquillement  assise  ,  les  boucles  de 
tes  cheveux.  —  Ainsi  le  voyageur  goûte  le  repos,  arrivé  au  cara- 
vanséraï  (  sans  se  mettre  en  peine  de  ceux  qui  sont  encore  sur  la 
route);  ainsi  la  terre  reçoit  avec  indifférence  les  larmes  des  mal- 
heureux. 


ISCHG   (RUKN   UDDIN). 

Schâh  Rukn  uddîn  Ischc,  de  Dehli,  est  aussi  connu 
sous  le  nom  de  Scliâli  Kahtiyâ  ou  Kahtiyayî-.  Il  était 
un  des  principaux  schaïkhs  de  Dehli.  Pendant  sa  jeu- 
nesse, étant  venu  de  Dehli  à  Murschidâbâd ,  il  y  occupa 
un  rang  distingué  avec  le  khâja  Muhammadî  Khân; 
puis,  à  l'exemple  de  ses  aïeux,  il  endossa  le  manteau 
de  la  pauvreté  spirituelle  et  alla  se  fixer  à  Azîmâbâd, 
où  il  était  encore  occupé,  en  1190  (1780-1781),  à 
diriger  les  novices  de  son  ordre  religieux,  animé  qu'il 
était  de  l'amour  réel  et  spirituel  de  Dieu.  Il  devint  ainsi 
une  sorte  de  roi  (Schâh)  dans  le  monde  de  la  pauvreté 


t>«** 


amour. 


'  f^\^^^t,  est  un  adjectif  dérivé  de  ovJL|^~^3  qui  signifie  hièrc 
[cercueil)  et  Ut.  Mannû  Lâl  a  écrit  ce  mot  IXa^^Es  • 


248  BIOGRAPHIE 

spirituelle.  Il  a  laissé  un  grand  nombre  de  vers  hindous- 
tani  qui  sont  réunis  en  un  diwân,  dont  je  possède  un 
exemplaire  d'une  bonne  écriture  ^  que  je  dois  à  l'obli- 
geance de  mon  excellent  ami  et  ancien  élève  M.  F. 
Falconer.  Dans  le  tome  II  de  cet  ouvrage,  je  donnerai 
la  traduction  de  quelques-unes  des  pièces  qu'on  y  lit, 

ISGHQUI. 

Abd  ulwâhid  Balgramî,  surnommé  Ischqui^  dans  le 
dialecte  bindoustani-musulman,  et  Pi^  dans  le  dialecte 
hindoustani-hindou ,  est  un  poëte  hindoustani  à  qui  on 
doit  un  ouvrage  intitulé  Mnjmûa  ^,  ou  Recueil.  Ce  vo- 
lume est  indiqué  dans  le  catalogue  d'un  personnage 
nommé  Farzàda-Culî,  catalogue  dont  M.  Forbes  a  fait 
don  à  la  Société  royale  asiatique  de  Londres. 

ISCHQUI,   DE  MURADABAD. 

Iscbquî,  de  Murâdâbâd,  était  un  faquîr  de  la  con- 
naissance de  Musbafî.  Ce  dernier  le  compte  parmi  les 
poètes  hindoustani,  et  il  en  cite  un  vers. 

^  Petit  in-fol.  de  168  pages. 

"   xJ..Àwi.£  amant,  amoureux,  adjectif  dérivé  du  subst.  arabe  Jj    r"-  ^ 


amour. 


'  ^T  qui  dérive   du  sanscrit  tTT^   ^st   effectivement  synonyme    de 
^*!*£  et  signifie,  comme  ce  dernier  mot-,  amant. 

f^  ^^OsÂJft,  c'est-à-dire  Majmûa,  composition  de  S.  S.  Abd  ulwâhid  Bal- 
tjramî,  etc.  Le  premier  mot  est  écrit  fautivement^^  dans  le  catalogue. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  249 


ISCHRAT. 


Gulâm-i  Alî  Ischrat  ^  est  auteur  d'un  masnawî  écrit 
en  dialecte  dakhnî  sur  l'histoire  de  PadmûwaV^,  légende 
favorite  des  Indiens  dont  il  sera  parlé  à  l'article  sur  le 
poëte  Jaïcî.  L'auteur  nous  apprend  qu'il  a  reproduit 
cette  histoire  dans  le  dialecte  de  sa  province,  parce 
qu'elle  est  attachante  et  pleine  d'intérêt.  Le  style  de 
cette  production  est  clair  et  facile;  il  n'a  aucun  rapport 
avec  celui  des  poèmes  hindi  en  strophes,  à  la  manière 
des  anciens  poëmes  italiens,  lesquels  sont  généralement 
écrits  dans  un  dialecte  fort  obscur.  On  trouve  un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage  dans  la  belle  collection  de  livres 
hindoustani  de  \East-Ind'ia  House  ;  il  se  trouve  relié  avec 
d'autres  ouvrages  sous  le  n°  SgS ,  fonds  Leyden.  Il  y  en 
a  aussi  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  la  Société 
asiatique  de  Calcutta. 

ISCHTYAC. 

Schâh  Wall  uUah  Ischtyâc^  était  de  la  lignée  de  Mu 
jaddad  alf  Sânî''  par  Schâh  Muhammad  Kal  son  grand- 
père,  selon  Ibrahim.  Il  naquit  à  Sirhind  ^,  et  il  y  habitait 
le  château  de  Firoz-Schâh.  Ischtyâc  était  fort  savant, 

*  cjij.Àw>g  plaisir,  etc. 

*  c^jU^Xj»  AAâJ»    Qaissa-i  Padmâwat. 
'  (JjIaa*»;Î  désir. 

^  Ville  de  la  province  de  Dehli  où  Firoz  Schâh  III  fit  élever  le  fort 
dont  il  s'agit  ici. 


250  BIOGRAPHIE 

surtout  dans  les  hadîs,  et  il  était  très-habile  dans  l'exé- 
gèse du  Coran.  Il  a  conservé  jusqu'à  ce  jour  dans  l'Inde 
une  grande  réputation  en  ce  genre ,  due  aux  excellents 
ouvrages  qu'il  a  faits  sur  ces  matières ,  et  qui  ont  eu 
beaucoup  de  publicité.  Lutf  en  cite  deux  spécialement: 
le  premier  est  un  Traité  sur  le  martyre  de  Huçdin^\  le 
second  sur  les  qualités  difficiles  à  acquérir'^.  Il  fut,  du  reste, 
plus  célèbre  encore  par  sa  piété  que  par  son  mérite 
littéraire.  On  lui  doit  quelques  vers  persans,  mais  sur- 
tout des  poésies  hindoustani  fort  estimées  dont  les  bio- 
graphes originaux  citent  des  fragments. 

Lutf  nous  apprend  qu'il  est  le  père  du  célèbre  mau- 
lawî  Abd  ulazîz,  de.Dehli^,  à  qui  on  doit  plusieurs  ou- 
vrages remarquables ,  entre  autres  un  traité  contre  les 
hérétiques  musulmans,  c'est-à-dire,  je  pense,  contre 
toutes  les  innovations  contraires  à  l'esprit  de-l'islamisme. 
Cet  ouvrage  est  intitulé  Radd-i  Rawcifiz'^,  c'est-à-dire 
Réfutation  des  réfractaires. 

'  (^jV*«*-^  5il-<--w  Jllajî  jj  (^*J'  Oj»S-  Ce  titre,  qui  est  arabe, 
signifie  à  la  lettre  :  La  satisfaction  [fraîcheur]  de  l'œil,  ou  la  réfutation  du 
martyre  de  Huçaïn.  Il  indique  que  l'auteur  était  un  Sunnite  exagéré  ;  car  on 
connaît  la  dévotion  des  Scliiites  envers  Huçaïn,  dont  la  commémora- 
tion du  martyre  nommée  aschùrà  est  célébrée  par  eux  avec  grande  pompe. 
Voyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  3o  et  suiv. 

-   iu«\.Jt)î  c-oIà-o  ^  AaJIxÎÎ  ^J;^Aàm,,  cest-h-dire  le  champ  des  choses 

élevées  ou  les  vertus  difficiles. 

'  Le  même  probablement  dont  il  a  été  parlé  pag.  7  de  ce  premier 
volume ,  comme  auteur  d'un  commentaire  sur  le  Coran.  Ce  qui  a  donné 
surtout  de  la  célébrité  à  ce  personnage,  c'est  qu'il  fut  le  directeur  spi- 
rituel du  zélé  réformateur  Saïyid  Ahmad.  Voyez,  à  ce  sujet,  ma  Notice 
sur  des  vêtements  à  inscriptions,  dans  le  Journal  asiatique ,  n"  d'avril  i838. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  251 


ISMAIL. 


Maulawî  Muhammad  Ismaïl  \  savant  et  dévot  mu- 
sulman, un  des  plus  zélés  partisans  du  saïd  Ahmad, 
fondateur  de  la  secte  nommée  Tarîca-i  Muhammadiya, 
ou  la  Voie  mahométane  ^,  a  écrit  sur  cette  secte,  pareille 
sous  tant  de  rapports  à  celle  des  Wahabites ,  un  traité 
hindoustani  qui  a  été  imprimé  ^,  et  qui  est  intitulé  Ta- 
qwiyat  ulimân  *,  c'est-à-dire  la  Corroboration  de  la  foi. 
Il  paraît  que  le  but  que  l'auteur  s'est  proposé  dans  cet 
ouvrage  est  surtout  de  détourner  les  Musulmans  de 
la  dévotion  superstitieuse  aux  saints,  du  pèlerinage  aux 
tombeaux  lointains ,  en  un  mot ,  de  tout  ce  qui  semble 
s'éloigner  de  la  foi  pure  en  un  seul  Dieu.  Ces  erreurs 
sont  classées  sous  quatre  titres  différents  :  i" polythéisme 
relatif  à  l'omniscience  de  Dieu;  2°  polythéisme  relatif 
aux  fonctions  de  cette  omniscience;  3°  polythéisme  re- 
latif au  culte  qu'on  doit  à  Dieu  seul;  k"  polythéisme  rela- 
tif à  d'autres  usages  de  la  vie  commune.  On  trouve  des 
détails  extrêmement  curieux  tirés  de  cet  ouvrage  dans 
le  Journal  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  ^.  Les 
doctrines  exposées    dans   les    écrits   d'Ismaïl  sont   du 

'  J>oowv«î  )  nom  du  père  des  Arabes,  fds  du  patriarche  Abraham. 

■'  Voyez ,  au  sujet  de  cette  secte  et  de  son  fondateur,  ma  Notice  sur 
(les vêtements  à  inscriptions ,  dans  le  Journal  asiaticjue,  n°  d'avril  i838. 

'  Voyez  tom.  I,  pag.  485  du  Journal  de  la  Société  asiatique  de  Cal- 
cutta. 

''  /jLc^l  ovijkjij  Taciviyat  ulimun,  comme  on  a  écrit  pag.  489  du 
Journal  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  1882,  et  non  pas  Tacwiyat  iil- 
imdni,  comme  on  a  mis  pag.  485. 

•"'  Novembre  i832. 


252  BIOGRAPHIE 

reste,  je  crois,  les  vraies  et  pures  doctrines  de  l'isla- 
misme. On  ne  distingue  généralement  pas  assez  sur  ce 
point  le  dogme  des  abus  qiie  l'usage  a  introduits. 

Ismaïl  a  écrit  un  autre  volume  intitulé  Sirât  ulmusta- 
(juim^,  c'est-à-dire  la  Voie  droite;  mais  je  crois  que  ce 
dernier  traité  est  rédigé  en  persan.  Il  a,  du  reste,  été 
publié  à  Calcutta,  par  un  de  ses  confrères,  le  maulawî 
Muhammad  Ali ,  de  Ràmpur,  durant  l'absence  d'ismaïl, 
et  on  en  a  donné  l'analyse  dans  le  Journal  de  la  Société 
asiaticjue  de  Calcutta  -.  Isma'il  était  neveu  du  célèbre  spi- 
ritualiste  de  Debli,  Abd  ulazîz  ^,  qui  fut  le  maître  du 
saïyid  Abmad.  On  le  considérait  généralement  comme 
un  homme  de  beaucoup  de  talent  et  de  savoir.  Ce 
fut  accompagné  d'ismaïl  et  du  maulawi  Abd  ulbaïyî, 
que  le  saïyid  Abmad  vint  de  E^bli  à  Calcutta ,  pour  se 
rendre  de  là  en  pèlerinage  à  la  Mecque. 

Ismaïl  et  l'autre  maulawî  firent  donc  le  voyage  de  la 
Mecque  avec  ce  réformateur.  Ils  s'embarquèrent  à  Cal- 
cutta, au  commencement  de  l'année  1822,  et  ils  re- 
tournèrent en  octobre  de  l'année  suivante.  Voilà  tout 
ce  que  je  sais  sur  Ismaïl-,  j'ignore  s'il  est  encore  en 
vie,  ou  s'il  a  péri,  avec  son  maître,  dans  un  des  com- 
bats que  les  saïyid  Ahmadî  livrèrent  aux  Sikbs. 

'  /■Q.V'^v^.U  IsiwwJl  .  Le  maulawî  Abd  ulhaïyî,  gendre  d'Abd  ulazîz 
et,  je  crois,  frère  d'ismaïl,  coopéra  à  cet  ouvrage. 

*  Numéro  de  novembre  i832. 

'  Voyez  ma  Notice  sur  des  vêtements  à  inscriptions,  dans  le  Journal  asia- 
ti()ue  de  Paris,  n°  d'avril  i838. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  253 

ISMAIL   (MIRZA  MUHAMMAD). 

Auteur  du  Décan,  à  qui  on  doit  deux  contes  eu 
prose  dont  on  conserve  une  copie  manuscrite  in-8° 
à  la  bibliothèque  de  YEast-India  House.  Le  premier  in- 
titulé Hikâyat-i  saudâgar  ^  ou  Qaissa-i  saudâgar,  est  l'his- 
toire du  fils  d'un  marchand.  Elle  forme  80  pages  en- 
viron. Le  second  intitulé  Nacl~i  maus  là  padschâhat 
kard  2,  est  l'histoire  d'un  rat  qui  fit  la  conquête  du 
Guilân.  Il  ne  se  compose  que  de  3  1  pages.  Ces  deux 
opuscules  sont  écrits  en  hindoustani  dakhnî. 

ISMI. 

Khâja  Burhân  uddîn  Ismî  ^,  de  Dehli,  est  un  des 
poètes  les  plus  célèbres  parmi  ceux  qui  ont  écrit  des 
marsiya,  dans  le  nord  de  l'Inde.  Il  s'est  attaché  à  imiter 
les  anciens  dans  ses  vers.  Ibrâliîm  en  cite  quelques- 
uns  ,  qui]  tenait  de  Mîr  Hajji,  fils  d'Ismî. 

IZZAT. 

Gidâm-i  Haïdar  Izzat*^  est  auteur  d'un  roman  en 
prose   hindoustani   intitulé   Hasn  0  ischc  ^,  c'est-à-dire 

1    yS^^^jM  u-oUC^,  n°  44-4-  de  la  collection  de  Leyden. 

'    /<«c5  coupable. 
*  \:i>'y&  honneur,  etc. 


254  BIOGRAPHIE 

la  Beauté  et  l'Amour.  Il  y  en  a  un  exemplaire  à  la  bi- 
bliothèque de  la  Société  asiatique  de  Calcutta.  C'est  pro- 
bablement une  imitation  de  l'ouvrage  persan  de  Kâtibî 
qui  porte  le  même  titre. 

JAFAR. 

Mîr  Jafar  '  est  un  poëte  hindoustani  qui  habitait  Dehli. 
Béni  Narâyan  cite  de  lui  deux  gazai  ;  voici  la  traduc- 
tion de  celle  de  ces  deux  pièces  qui  a  été  reproduite  dans 
les  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections  : 

Cette  idole  est  toujours  retenue  loin  de  moi,  elle  qui  sans  cesse 
par  sa  retenue,  retient  ma  respiration.  Des  pleurs  sont  dans  mes 
yeux,  le  tremblement  est  à  ma  main ,  le  chagrin  dans  mon  cœur  : 
aussi  quand  je  veux  lui  écrire  une  lettre,  le  calam  s'arrête.  Je 
reste  un  moment  en  silence,  hélas!  ma  respiration  s'arrête;  je 
soupire ,  et  alors  cette  idole  s'arrête  loin  de  moi.  Toutes  les  créa- 
tures s'arrêtent  à  cause  de  toi  ;  et  toi  aussi ,  charmant  objet,  tu  t'ar- 
rêtes loin  de  moi.  0  injustice!  que  le  mauvais  œil  soit  éloigné! 
Cette  coupe  est  le  miroir  du  monde  :  Alexandre  et  Jamschîd  se 
sont  arrêtés  pour  la  regarder.  Maintenant  pourquoi  Jafar  ne 
pousserait-il  pas  des  soupirs,  puisque,  selon  le  dire  de  Saudâ, 
lorsque  les  larmes  coulent ,  il  n'est  pas  facile  de  les  arrêter  ? 

J'ignore  si  c'est  le  même  poëte  que  Mîr  cite  sous 
le  seul  nom  de  Jafar. 


• ,  nom  propre  arabe  ;  c'est  ainsi ,  entre  autres ,  qu'on  nomme 
le  sixième  imâm.  Voyez  les  Monuments  arabes,  persans ,  etc.  par  M.  Reinaud, 
tom.  II,  pag.  186  et  suiv. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  255 

JAFAR  ALI  KHAN. 

Poëte  hindoustani  dont  Mannû  Lâi  cite  des  vers 
dans  sa  rhétorique  pratique  intitulée  Gnldasta-i  nischât. 
Voici  la  traduction  d'un  baït  de  ce  poëte  : 

En  voyant  briller  les  dents  de  mon  amie  à  travers  les  lignes 
du  Tnissî\  on  dirait  que  ce  sont  les  diamants  des  étoiles  au  mi- 
lieu du  firmament  azuré. 

JAFAR  SCHAH. 

Jafar  Schâh,  fils  du  saïyid  Camar  uddîn,  est  auteur 
d'une  traduction  hindoustani  du  Tarikh-i  Tahari  ou  His- 
toire de  Tahari,  dont  M.  Duheux  publie  en  ce  moment 
une  traduction  française  d'après  la  version  persane  de 
Bélamî.  La  version  hindoustani  a  été  faite  pour  l'usage 
des  élèves  du  collège  de  Fort- William ,  à  l'époque  de  sa 
fondation.  Le  célèbre  professeur  H.  H.  Wilson  en  a 
dans  sa  bibliothèque  un  exemplaire  en  deux  volumes 
in-folio. 

JAFAR  SCHARIF. 

Jafar  Scharîf ,  autrement  dit  Lâlâ  Miyân ,  fils  de  Alî 
Scharîf,  de  la  tribu  de  Coreïsch,  est  un  Musulman 
sunnite,  natif  d'EUore,  dans  fancien  royaume  de  Gol- 
conde,  ville  où  il  vivait  en  i832.  Son  père  était  natif 
de  Nagor. 

'  On  sait  que  le  missî  est  une  poudre  noire  que  les  Indiennes  ap- 
pliquent aux  dents  par  coquetterie. 


256  BIOGRAPHIE 

Il  est  auteur  d'un  ouvrage  hindoustani  très-impor- 
tant, le  Canûn-i  islam  \  c'est-à-dire  Règle  de  l'islamisme, 
ouvrage  publié  en  anglais  par  le  docteur  G.  A.  Herklots , 
savant  estimable,  mort  à  Wallajàbàd  le  8  janvier  i83/i. 
La  traduction  de  cet  ouvrage  avait  été  revue  par  feu 
Sandford  Arnot,  orientaliste  écossais,  qu'une  mort  pré- 
maturée a  aussi  enlevé  à  la  science  et  à  ses  amis.  Ce 
traité  est  très-certainement  un  des  plus  importants  qui 
aient  été  rédigés  sur  la  religion  de  Mahomet;  c'est  un 
tableau  complet  de  l'islamisme  tel  qu'il  existe  dans  le 
Décan.  Dans  le  Journal  des  Savants  (i8o3)  j'en  ai 
donné  l'analyse,  du  moins  pour  ce  qui  concerne  les 
curieuses  particularités  de  la  religion  musulmane  dans 
l'Inde.  Le  lecteur  pourra  recom^ir  à  cet  article.  Celui 
que  j'ai  publié  dans  le  Nouveau  Journal  asiatique  (t.  IX ) 
sur  l'intéressant  ouvrage  de  M"^  Mir  Hacan  Ali,  et  mon 
Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  llnde,  contiennent 
aussi  des  renseignements  généralement  peu  connus  sur 
cet  objet. 

JAGJIVAN-DASl 

C'est  le  nom  du  fondateur  de  la  secte  des  Satnâmî. 
Il  était  Rschatriya  de  naissance.  Il  naquit  à  Oude,  et 
sa  châsse  tumulaire  [samâdh]  se  voit  encore  à  Katwa, 

*  >^^A»(5  MV*5  Qanoon-e  Islam,  or  ihe  ciistoms  of  the  Moosulmans 
of  India;  comprisimj  a  full  and  exact  account  ofthcir  varions  rites  and  cé- 
rémonies ,from  the  moment  of  birlh  till  the  hour  oj death.  London,  iSSa  , 
royal  in-8°  de  582  pages. 

'  ■It'M^^IH    '^  serviteur  de  Dieu  (  la  vie  du  monde). 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  257 

entre  Lakhnau  et  Oude.  Pendant  toute  sa  vie  il  fut 
grihastha  ou  homme  marié.  Il  écrivit  plusieurs  traités 
qui  sont  tous  en  stances  liindî. 

Le  premier  porte  le  titre  de  Prathama  Grantha  \  ou 
Premier  Livre.  C'est  un  traité  sous  forme  de  dialogue 
entre  Siva  et  Parvatî. 

Le  second  est  intitulé  Jnjân  Praliâs  ^ ,  c'est-à-dire  Ma- 
nifestation de  la  science.  Il  fut  rédigé  en  l'année  de 
Jésus-Christ  i  y  6 1 . 

Le  troisième  est  intitulé  Mahâ  Pralaja  ^,  c'est-à-dire 
le  Grand  Anéantissement.  En  voici  un  court  extrait  que 
nous  en  a  fait  connaître  M.  Wilson  *  : 

L'homme  pur  vit  au  milieu  de  tous ,  mais  il  est  loin  de  tous. 
E  ne  doit  avoir  d'affection  pour  rien.  11  connaît  ce  qu'il  peut 
connaître ,  mais  il  ne  fait  point  de  recherches.  Il  ne  va  ni  ne 
vient  ;  il  n'apprend  ni  n'enseigne  ;  il  ne  crie  ni  ne  soupire ,  mais 
il  discute  avec  lui-même.  Pour  lui ,  il  n'y  a  ni  plaisir  ni  peine , 
ni  clémence  ni  colère ,  ni  fou  ni  sage  ;  Jagjîvan-dâs  voudrait 
savoir  s'il  y  a  un  homme  aussi  parfait,  qui  vive  à  part  de  la  na- 
ture humaine ,  et  qui  ne  se  livre  pas  à  de  futiles  discours. 

JAGNU. 

Miyân  Jagnû^,  cousin  maternel  de  Scher  Afkan  Kliân 
Bastî,  vivait  dans  le  nord  de  flnde,  pendant  le  temps 

^  Asiatic  Researches.  tom.  XVII,  pag.  3o4 

'•"   ^'jS-z^  ver  luisant.  Dans  le  Gulzâr-i  Ihrâhim  on  lit  /j»à5L>  ;  dans 
les  tazkira  de  Mîr  et  de  Fath  Alî  Huçaïnî,  (>X.>  • 

I.  17 


258  BIOGRAPHIE 

de  Muhammad  Schàli.  Il  se  faisait  une  gloire  d'être 
élève  de  Mîr  Taquî.  Voilà  tout  ce  que  nous  apprennent, 
au  sujet  de  ce  poëte  liindoustani,  les  biographes  ori- 
ginaux. Ils  en  citent  un  vers  dont  je  joins  ici  la  tra- 
duction : 

La  maladie  est  une  bonne  cbose  pour  ce  cœur  malade  d'a- 
mour ;  le  guérir  serait  un  crime  :  la  maladie  est  pour  lui  pré- 
férable. 

JAHANDAR. 

Mirzâ  Jawân  Bakht  Jaliândâr  ^  Scliâli,  prince  royal, 
fds  et  héritier  présomptif  de  Schâh  Alam  II  et  petit- 
fds  d'Alam-guîr  II ,  est  compté  parmi  les  écrivains  hin- 
doustani  distingués.  Il  quitta  Dehli  en  1198  (  lySS- 
178/1),  lors  des  désastres  de  l'empire  mogol,  et  se 
retira  à  Lakhnau  où  il  fut  comblé  de  politesses  par 
Açaf  uddaula,  et  où  Alî  Ibrahim  lui  fut  présenté  par 
le  gouverneur  général  lord  Warren  Hastivgs.  Ibrahim 
le  vit  souvent  plus  tard  à  Bénarès,  où  Jahândàr  alla 
vers  la  fm  de  l'année  ci-dessus  indiquée.  A  Lakhnau, 
Jahândàr  tenait  des  réunions  littéraires  deux  fois  par 
mois,  réunions  où  il  accueillait  avec  empressement  les 
poètes  liindoustani  qui  se  trouvaient  en  cette  ville.  Ce 
fut  là  que  Lutf  eut  occasion  de  le  voir.  Lutf  nous 
apprend  qu'il  mourut  à  Bénarès  en  1201  de  l'hégire 
(1786-1787). 

On  conserve  à  la  bibliothèque  de  YEast-India  Eonse 
un  manuscrit  de  ses  poésies,  volume  qu'il  avait  remis, 
à  ce  qu'il  paraît,  à  lord  Hastings.  Il  est  intitulé  Bayâz-i 

'    jî<Xjl.|-s»  roi,  prince;  à  la  lettre,  possesseur  du  monde. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  259 

inâjat-i  Marschad-zâda  \  ou  Album  fortuné  du  prince 
royal. 

Ibrahim  et  Lutf  vantent  son  bon  goût  et  citent  de 
lui  plusieurs  vers.  Bénî  Narâyan  cite  de  son  côté  un 
gazai  qui  ne  se  trouve  pas  dans  Alî  Ibrahim.  Mushafî 
qui  donne  deux  pages  des  vers  de  ce  prince,  parle  de 
son  aptitude  aux  sciences,  qu'il  cultiva  en  effet  avec 
succès ,  et  dit  qu'il  s'occupa  de  poésie  hindoustani  et 
fit  aussi  des  vers  persans.  Il  nous  fait  savoir,  de  plus, 
qu'il  avait  rédigé  une  anthologie  hindoustani  qui  n'était 
encore  qu'en  brouillon  au  moment  de  sa  mort,  et  qui, 
on  ne  sait  par  quel  motif,  était  restée  chez  Imâm-baksch 
du  Cachemire,  lequel  (toujours  selon  Mushafi  )  en  fit 
usage  sans  scrupule  pour  la  composition  de  la  sienne. 

Voici  la  traduction  d'un  petit  gazai  hindoustani  de 
Jahândàr,  dont  les  Indiens  font  beaucoup  de  cas  : 

Ne  m'interrogez  pas  sur  ce  que  nous  faisons  en  passant  dans 
le  monde;  le  désir  de  le  posséder  nous  consume,  et  nous  mou- 
rons souvent  au  milieu  de  noire  course.  Nous  restons  une  nuit 
seulement  dans  cette  maison  de  deuil,  et  comme  la  bougie  ,  nous 
nous  consumons  en  brûlant.  Jahândàr!  nous  nous  sommes  at- 
tachés aux  idoles  de  chair;  mais,  Dieu  aidant,  nous  approchons 
de  notre  éternelle  demeure  (où  nous  jouirons  d'un  objet  plus 
digne  de  nous). 

JAICI. 

Malik  Muhammad  Jaïcî  2,  quoique  musulman ,  a  com- 

^   ^^vw_jL>  doit  être  un  nom  patronymique.  Il  est  dit  dans  une  note 
du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  que  cet  auteur  était  natif  de  Jahen. 

17- 


260  BIOGRAPHIE 

posé  des  dohra  et  des  kabit  en  hindouî.  H  a  écrit  aussi 
en  urdù  ou  hindoustani  musulman  du  nord.  Il  est  cité 
par  Colebrooke  dans  la  Dissertation  siw  les  langues  sans- 
crite et  pracrite^,  et  par  le  docteur  Gilchrist  dans  sa 
Grammaire  hindoustani'-.  Il  est  auteur  d'un  poëme  in- ^ 
titulé  Padmâwati  ^.  C'est  une  histoire  de  Padmâwati,  \ 
reine  de  Chîtor,  en  vers  hindouî  et  en  octaves ,  dont  il 
existe  une  superbe  copie  en  caractères  nagarî  à  la  bi- 
bliothèque de  YEast-India  Home.  C'est  un  beau  volume 
in-folio  de  yZio  pages,  enrichi,  sur  chaque  revers  de  ses 
pages,  de  dessins  enluminés.  Il  y  en  a  un  autre  exem- 
plaire à  la  même  bibliothèque,  en  caractères  persans, 
petit  in-folio  de  3oo  pages  environ.  Cet  exemplaire  a 
aussi  de  fort  jolis  dessins  coloriés.  La  Bibliothèque 
royale  de  Paris  en  possède  également  un  exemplaire  ^ 
en  caractères  dévanagarî.  On  en  trouve  plusieurs  autres 
exemplaires  dans  différentes  bibliothèques  et  collections. 
Il  existe  des  ouvrages  écrits  en  persan  sur  le  même  sujet; 
mais  ils  sont  traduits  ou  imités  de  l'hindoustani.  Il  y 
en  a  un,  entre  autres,  mentionné  dans  le  catalogue  de 
la  collection  Mackenzie,  qui  est  entremêlé  de  stances 
hindi  ^. 

Padmâwat  était  fdle  du  rajah  de  Ceylan.  Elle  fut  ma- 
riée à  Ratan  Sen,  rajah  de  Chîtor;  mais  c^  la  prise  de 

^  Toni.  VII,  pag.  aSo  des  Asiatic  Researchcs. 

-  Pag.  325.  *• 

'  ^^^IT^ÏÏÎ,  *^3U«Xj  ou   jjUtXj. 

'  Fonds  Gentil ,  n°  3 1 . 

^  Voyez  tom.  II,  pag.   i38. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  261 

cette  ville  par  Ala  uddîn,  en  i3o3,  elle  et  treize  mille 
autres  femmes,  plutôt  que  d'être  la  proie  des  vainqueurs 
musulmans,  se  renfermèrent  dans  une  caverne  et  s'y 
firent  périr  au  milieu  d'un  feu  violent  quelles  allu- 
mèrent ^  Le  P.  Catrou,  qui  a  écrit  un  roman  sous  le 
titre  d'Histoire  diiMogol,  confond  la  prise  de  Chîtor  par 
Akbar,  en  1569,  avec  celle  dont  il  s'agit  ici,  et  raconte , 
à  ce  sujet,  l'histoire  de  cette  princesse  qu'il  nomme 
Padmani  '-;  mais  il  n'en  est  pas  parlé  dans  lAkhar-nâma, 
ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  en  lisant  la  traduction  que 
le  major  Da^dd  Price  ^  a  donnée  du  récit  relatif  à  fé- 
vénement  dont  il  s'agit. 

On  doit  au  même  auteur  un  ouvrage  intitulé  Soratli  ^\ 
il  est  écrit  en  vers  du  genre  nommé  dohra.  On  en  con- 
serve un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  la  Société 
asiatique  du  Bengale,  à  Calcutta. 

JALAL. 

Mullâ  ou  MuUân  Jalâl  ^  Balkhî ,  c'est-à-dire  de  Balkh, 
auquel  on  donne  le  titre  de  Qaissa  hMn^  ou  Conteur,  est 

^  Ces  mœurs  barbares  dans  leur  sévérité  existent  encore  dans  le  Raj- 
poutana.  Voyez,  à  ce  sujet,  le  tome  XVII  de  YAsiatic  Journal,  nouvelle 
série,  pag.  86  et  suiv. 

-  Tom.  I,  jiag.  i85  et  suiv. 

'  Miscellaneoiis  Translations from  Oriental  lan(jaages  [Oriental  Transla- 
tion Fancl  ) ,  tom.  II. 

*"  "Hl^^>  no'ïï  d'un  ragnî  ou  mode  musical  secondaire. 
"  J^Vs»  éclat,  splendeur. 


262  BIOGRAPHIE 

auteur  d'une  histoire  d'Amîr  Hamza,  intitulée  Qaissa-i 
Amîr  Hamza.  Cette  histoire  est  écrite  en  prose;  elle 
roule  sur  le  même  sujet  que  celle  dont  j'ai  parlé  à  l'ar- 
ticle sur  Aschk;  il  paraît  môme  que  c'est  d'après  la  ré- 
daction de  Jalâl  que  Aschk  a  fait  la  sienne.  M,  Romer 
possède  un  exemplaire  manuscrit  de  cet  ouvrage;  mais 
je  pense  qu'il  ne  contient  que  la  première  partie  de  l'his- 
toire de  Hamza ,  celle  qui  est  intitulée  Quissa-i  maulad,  ou 
Histoire  de  la  naissance ,  et  dont  la  rédaction  originale 
est  en  effet  attribuée  par  Aschk  à  Jalâl . 

JAN-I  ALAM. 

Jân-i  Alam  ^  Khan ,  neveu  du  nabàb  Roschan  ud- 
daula,  est  un  poëte  hindoustani  disciple  de  Mîr  Soz.  Ali 
Ibrahim  cite  dans  son  Giilzâr  un  vers  extrait  de  ses 
poésies. 

JAN-I  MUHAMiMAD. 

Schâh  Jân-i  Muhammad  -  Faquîr  est  auteur  d'un  ou- 
vrage intitulé  Prem  lilâ  ^,  ou  le  Jeu  de  l'amour.  Cet  ou- 
vrage est  au  nombre  des  manuscrits  hindoustani  qui 
sont  indiqués  dans  le  catalogue  des  livres  de  Farzâda. 

*   *X.«fc^sjl.:*'   l'âme  de  Mahomrl. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  265 

JANA  BÉGAM\ 

Femme  de  lettres  indienne ,  à  qui  on  doit  un  Traité 
écrit  en  hindoustani  sur  les  râg,  c'est-à-dire  sur  la  mu- 
sique indienne,  essai  dont  Sir  W.  Ouseley  possède  un 
exemplaire  dans  sa  belle   collection. 

JAUDAT,   DE  MURSCHIDABAD. 

Hardab  Ram  Jaudat  ^ ,  originaire  de  Katac  ^,  était  at- 
taché à  la  personne  du  nabab  Ala  uddaula  Sarfarâz 
Kbân.  Il  mourut  en  ce  pays  pendant  le  règne  de  Schâh 
Alam.  Ali  Ibrahim,  qui  le  connaissait,  cite  de  lui  un 
rubâî  dont  voici  la  traduction  : 

0  prédicateur!  tes  paroles  ne  sont  pas  propres  à  mon  cœur. 
La  fiole  ne  saurait  supporter  le  choc  de  la  pierre.  Retire-toi, 
ô  abstinent!  toi  dont  les  yeux  ne  sont  jamais  mouillés  par  les 
larmes;  tant  que  tu  seras  près  de  moi,  le  sang  ne  saurait  couler 
de  mes  yeux  humides. 

JAUHAR  (AHMAD  ALI). 

Mirzâ  Ahmad  Ah  Jauhar^  naquit  à  Dehh.  Ses  an- 
cêtres étaient  Persans  d'orio;ine.  Il  fut  tué  à  Delili  dans 


"O" 


'   ^^^S.^  bl>.  Le  mot  ^rnrr  est  le  féminin  sanscrit  de  ^(«i: 
signifiant  connaissant;  et  bégam  est  le  féminin  de  beg ,  titre  honorifique. 

'   c:>iifc>  honte. 

'  District  de  la  province  dOrissa. 

*    yJb^s^  perle,  et  le   naturel,  le  caractère,  etc. 


264  BIOGRAPHIE 

une  querelle  particulière.  Il  est  auteur  de  poésies  per- 
sanes et  hindoustani.   Voici  la  traduction    d'un  eazal 

o 

qu'on  trouve  dans  les  Hînclce  and  Hindoostanee  Sélec- 
tions de  W.  Price,  parmi  les  chants  populaires  hin- 
doustani : 

Lorsqu'on  ouvrira  ici  le  cahier  de  mes  gémissements,  et  là 
celui  des  tiens,  bêlas!  ces  soupirs  ne  passeront-ils  pas  ici  sur 
mon  cœur,  là  sur  le  tien  ?  Ne  combats  pas  avec  moi ,  ô  ma 
bien-aimée!  laisse-moi  te  dire  ce  mot,  ou  plutôt  ces  deux  mots: 
Bientôt  il  ne  sera  plus  parlé  de  nos  maisons  ;  ici  de  la  mienne, 
là  de  la  tienne.  Sur  mon  cœur  est  la  marque  du  soupir,  et  sur 
ton  visage  celle  de  la  petite  vérole.  Ces  deux  marques  brilleront 
comme  des  astres  ;  ici  la  mienne,  là  la  tienne.  Actuellement,  je 
t'en  conjure,  puisqu'il  faut  aller  réunis,  soyons  joints  de  telle 
sorte  que  dans  cela,  le  cbagrin  de  l'absence  ne  vienne  pas  sur 
nos  cœurs,  ici  au  mien,  là  au  tien.  Je  suis  incertain  de  savoir 
comment  je  me  joindi'ai  à  cette  amie,  quoique  je  n'ignore  pas 
que  des  deux  côtés  est  le  désir  de  l'union.  Si  des  espions 
errent  ici,  il  y  a  des  maisons  pour  se  mettre  à  l'abri  de  leurs 
recherches;  ici  la  mienne,  là  la  tienne.  Quelle  bonne  réponse 
pourras-tu  donner  au  sujet  de  ta  tyrannie,  si  le  Créateur  t'in- 
terroge ?  Il  y  aura  des  arbitres  au  jour  de  la  résurrection  ;  ici 
le  mien,  là  le  tien.  On  dit  qu'il  est  mauvais  de  boire  du  vin; 
et  toutefois,  dans  l'ivresse,  ne  découvre-t-on  pas  le  caractère 
(  Jauhar  )  :  ici  le  mien  ,  là  le  tien  ? 

JAUHAR  (SCHIV  RAM). 

Munschî  Schîv  Râm,  connu  sous  le  surnom  poétique 
de  Jauhar,  est  un  poëte  hindoustani  dont  Mannû  Lâl 
cite  un  gazai  fort  agréable  dans  l'original,  mais  peu 
propre  à  traduire  à  cause  des  jeux  de  mots  et  des  alli- 
térations qui  y  abondent. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  265 

JAULAN. 

Mîr  Ramazânî  Alî  Jaulan  ^  vivait  à  Dehli  pendant 
le  règne  de  Muliammad  Schâh.  Il  avait  environ  quatre- 
vingts  ans  de  lygS  à  179/i.  On  dit  que  dans  sa  jeu- 
nesse il  était  le  premier  de  son  temps  pour  le  tir  aux 
flèches.  Mushafi  le  compte  parmi  les  poètes  hindous- 
tani. 

JAWAN  (RAZIM  ALI). 

Mirzâ  Kâzim  Ali  Jawân  ^,  de  Dehli ,  est  un  écrivain 
hindoustani  très-distingué.  Il  habitait  Lakhnau  en  1196 
(  lySi-iySa  ).  Il  se  rendit,  en  1800,  de  Lakhnau 
à  Calcutta,  sur  l'invitation  du  colonel  Scott,  et  il  fut 
attaché  comme  collaborateur  au  docteur  Gilchrist, 
professeur  d'hindoustani  au  collège  de  Fort-William  ^. 
Béni  Narâyan  nous  apprend  qu'il  vivait  en  1814  à 
Calcutta,  où  ses  fils  Ayân  et  Mumtaz  ^  se  distinguaient 
aussi,  à  l'exemple  de  leur  père,  dans  la  carrière  des 
lettres. 

Jawân  est  auteur  : 

1°  D'un  roman  urdû  sur  la  légende  favorite  des 
Indiens,  Sacoiintala,  sous  le  titre  de  Sakuntala  Nâtak^, 

'  U^y^  course,  etc. 

-  ^îj-s»  jeune  homme. 

'  Conf.   The  Hiiidee  roman  orthoepigraphical  ultimatum,  pag.  26. 

''  Voyez  leurs  articles  respectifs. 


266  BIOGRAPHIE 

ou  le  Dizaine  de  Sacountala.  Ce  roman  qui  avait  d'abord 
été  rédigé  en  braj-bhâkhâ,  n'est  pas  une  imitation  du 
drame  de  Kalidâça  ;  on  a  plutôt  suivi  le  récit  du  Ma- 
Mhhârata.  Il  a  été  imprimé  en  1802  à  Calcutta,  en 
caractères  nagarî,  in-Zi"  \  et  en  caractères  latins,  en 
i8o/i,  grand  in-S",  Le  docteur  Gilcbrist  en  a  donné 
une  nouvelle  édition  à  Londres,  en  1826;  et  il  a  été 
reproduit  en  caractères  persi-indiens ,  dans  les  Hinclee 
and  Hindoostanee  Sélections  de  W.  Price. 

2°  Il  travailla  ensuite  à  une  traduction  hindoustani 
de  ïAlcoran.  Je  pense  que  c'est  la  même  dont  l'impres- 
sion avait  été  commencée  à  Calcutta,  en  i8o/i,  sous 
la  surveillance  du  docteur  Gilchrist  '^. 

3°  Il  composa,  d'après  Firiscbta,  une  bistoire  de  la 
dynastie  Bbamanî,  du  Décan.  Celte  histoire  est  men- 
tionnée dans  les  Annales  du  collécje  de  Fort-William ,  par 
Roebuck,  pag.  iSg. 

4°  11  publia  le  Barah  Mâça^,  ou  les  Douze  Mois,  le 
plus  intéressant  de  tous  ses  ouvrages.  C'est  un  poëme 
du  genre  masnawî,  qui  porte  aussi  le  titre  de  Dastâr-i 
Hind  *,  Usages  de  l'Inde.  On  peut  très-bien  le  comparer 
aux  Fastes  d'Ovide.  Dans  cet  ouvrage,  qui  a  été  imprimé 
à  Calcutta,  en  1812,  grand  in-8°,  l'auteur  décrit  les 
fêtes   et  les  usages   des  Hindous  et  des   Musulmans, 

^  Dans  YHindee  Mamial  or  Casket  of  India.  Il  n'en  a  paru  que  trenl 
pages. 

-  Primitiœ  Orientales,  tom.  III. 


*  ^Xsb 


jy^l 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  267 

et  tous  les  phénomènes  physiques  des  révolutions  an- 
nuelles du  soleil  et  de  la  lune,  révolutions  qu'il  a  eu 
soin  de  faire  coïncider  ensemble;  ce  qui  eut  lieu  en 
l'année  858  de  l'hégire,  qui  commença  le   i^' janvier 

I  AS /i.  Je  donnerai,  dans  mon  second  volume,  plusieurs 
extraits  de  cet  ouvrage,  dont  j'ai  souvent  cité  des  mor- 
ceaux dans  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  clans 
l'Inde,  et  dans  celui  sur  les  Fêtes  populaires  des  Hindous. 
On  a  écrit  plusieurs  ouvrages  hindoustani  sur  le  même 
sujet.  J'ai  eu  occasion  de  parler  de  celui  de  Gopal,  et 
je  parlerai  plus  loin  de  celui  de  Wahschat.  A  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Paris,  il  y  a  un  ouvrage  manus- 
crit très-intéressant,  intitulé  aussi  Duâzda  Mânsa  \  ou 
les  Douze  Mois,  et  dont  le  sujet  est  pareil.  C'est  un 
masnawî  de  28  pages  in-lf,  divisé  en  douze  petits  chants. 

II  a  été  copié  à  Calcutta  pour  Ouessant ,  mais  il  n'y  a 
pas  le  nom  de  l'auteur. 

5°  Il  a  composé  un  bon  nombre  de  poésies  détachées 
qui  ont  été  probablement  réunies  en  un  diwân.  Quel- 
ques-unes ont  été  insérées  dans  le  G uhâr-i  Ibrahim  et  le 
Strancjers  East-India  Guide.  Béni  Narâyan  cite  douze 
gazai  de  cet  écrivain  distingué,  deux  desquels  furent 
lus  le  2  4  juillet  (  probablement  en  181/1)  dans  une 
assemblée  littéraire  qui  fut  tenue  à  Calcutta. 

6°  Enfin,  il  a  coopéré  h  la  rédaction  du  Singliaçan 
battîcî  avec  Lailû  Lâl ,  et  il  a  revu  le  Khirad  afroz  et 
l'édition  des  poésies  choisies  de  Saudâ. 

Voici  la  traduction  d'un  court  poëme  de  Jawân  : 


268  BIOGRAPHIE 


L  AMOUR     DE     DIEU. 
Gazai. 

Si  ma  verve  a  produit  un  diwàn ,  c'est  qu'elle  a  senti  dans 
mon  cœur  la  blessure  de  l'amour:  aussi  ai-je  fait  de  ce  brillant 
soleil  le  matla*  de  mon  diwân.  Mon  cœur  est  enflammé  d'a- 
mour pour  cet  être  qui,  en  faveur  d'Abraham,  changea  en 
tulipes  le  feu  de  Nemrod  et  la  fumée  en  nâfarmân  ^.  Je  suis 
privé  de  la  vie  par  l'épée  de  celui  à  l'égard  duquel  Ismaël,  s'é- 
tant  reconnu  comme  une  victime  de  Yîd,  s'immola  avec  ardeur. 
La  lune  de  Canaan  (  Joseph  )  ayant  vu  la  chaleur  du  marché 
de  cette  beauté,  donna  l'argent  comptant  de  sa  vie  comme  des 
arrhes ,  ayant  reconnu  le  pi-ofit  qu'il  y  avait  à  faire  dans  ce 
commerce.  L'un  est  hors  de  lui,  l'autre  fou;  celui-là  est  attiré 
par  l'amour  loin  des  choses  terrestres.  Tels  sont  les  effets  ordi- 
naires de  l'amour.  L'amour  est  évident  partout;  c'est  une  chose 
e'tonnante.  0  beauté  aussi  brillante  que  l'éclair  !  montre  sans 
retard  ton  éclat,  pourquoi  te  caches-tu?  Cet  œil,  d'où  s'é- 
chappent des  larmes  comme  des  perles,  est  le  prix  du  sang  de 
mon  cœur.  Par  lui  les  paupières  garnies  de  cils  sont  deve- 
nues la  honte  de  la  plante  du  corail.  Dans  l'admiration  où  je 
suis,  que  te  dirai-je,  o  toi  qui  es  le  reflet  de  mon  ami?  le 
miroir  du  cœur  où  je  te  vois  m'a  étonné  moi-même.  Le  cheikh 
a  amoindri  sa  sainteté  et  m'a  gardé  auprès  de  lui  ;  l'échanson 
des  siècles  m'a  enivré  du  vin  de  la  contemplation.  Va,  recon- 
nais Dieu,  entretiens-toi  de  lui;  sinon  bois,  et  que  ta  boisson 
soit  du  vin.  0  Jawân  !  tu  es  le  rossignol  du  jardin  de  l'unité 
divine:  pourquoi,  comme  la  l'Ose,  déchires-tu  ton  collet  jusqu'à 
la  ceinture  ? 

'    &Ma»  premier  vers. 
^  Violettes. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  269 

JAWAN  (NAIM  BEG). 

Mirzâ  Naîm  Beg  Jawân,  originaire  de  Schâhjahân- 
âbâd  (Delili),  était,  selon  Mushafî,  un  jeune  homme 
distingué,  d'une  belle  figure,  d'une  taille  avantageuse 
et  s' énonçant  avec  facilité.  Il  était  particulièrement  lié 
avec  l'illustre  Mirzâ  Muhammad  Sulaïmân  Schikoh.  Dès 
sa  plus  tendre  jeunesse  il  se  sentit  des  dispositions 
prononcées  pour  la  poésie.  Il  venait  de  temps  en  temps 
à  Dehli,  et  ainsi  Mushafî  put  le  connaître  en  cette 
ville.  Jawân  soumit  même  à  ce  dernier  des  gazai  et 
d'autres  poésies  pleines  d'imagination  et  de  bon  goût, 
pièces  dont  il  a  extrait  deux  pages  qu'il  donne  dans 
son  tazkira. 

JAYA  CHANDRA. 

Jaya  Chandra  ^,  de  Jaypûr,  est  auteur  d'un  ouvrage 
sanscrit  et  bhâkhâ  sur  la  doctrine  des  Jaïns ,  écrit  en 
l'année  1 863  du  Samvat.  Cet  ouvrage  est  intitulé  Swâmî 
Kârtikéyânuprekscliâ  ^.  M.  le  professeur  Wilson  en  pos- 
sède un  exemplaire  dans  sa  précieuse  collection  de 
livres  hindî. 

'   îl^   "^A  la  lane  de  la  victoire. 


270  BIOGRAPHIE 

JINA'   BÉGAM. 

Je  n'ai  trouvé  aucun  détail  sur  cette  femme  auteur , 
dans  les  biographes  originaux  que  j'ai  pu  consulter. 
Mushafî,  le  seul  qui  en  parie,  n'en  cite  qu'un  vers. 

JOSGHl 

Rahîm  ullali  Josch  était  un  jeune  homme  laborieux 
qui,  à  Dehli,  s'amusait  à  improviser  des  vers  hindous- 
tani  dans  les  assemblées  et  les  réunions.  Comme  il 
avait  beaucoup  de  dispositions  pour  la  poésie,  il  écrivit 
ensuite ,  à  tête  reposée ,  des  pièces  de  vers  sur  lesquelles 
il  consulta  Mushafî.  Il  passa  quelques  années  à  s'oc- 
cuper de  cette  manière,  et  acquit  ainsi  une  habileté 
remarquable  en  ce  genre,  surtout  pour  le  gazai.  Il 
vivait  à  Dehli,  de   lygS  à   179/1. 

JOSCH  (ROSCHAN). 

Muhammad  Roschan  Josch  est  un  autre  poëte  hin- 
doustani  dont  Mannù  Lâl  cite  un  vers  qui  me  paraît 
digne  d'être  traduit  : 

Puisqu'il  est  près  de  mon  cœur,  j'en  ferai  comme  un  miroir; 
il  s'y  regardera ,  et  je  pourrai  ainsi  l'admirer  à  mon  gré. 


'   Uaj»-  vie. 


'  jjijj*'  effervescence ,  passion. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  271 


JOSCHISCH. 


Le  schaïkh  Muhammad  Abid  ^  Joschisch  ^  était  fils 
de  Jaswant  Nâyar  Gobiiid ,  et  natif  d'Azîmâbâd.  Il  paraît, 
d'après  son  nom  et  celui  de  son  père ,  que  ce  dernier 
était  hindou  et  que  Joschisch  était  musulman.  Il  arrive 
souvent ,  en  effet ,  que  des  Hindous  renoncent  à  l'idolâtrie 
et  embrassent  fislamisme.  Ram  Mohan  Raé,  qu'on  a 
représenté  comme  un  unitaire  chrétien,  était  simple- 
ment monothéiste  juif,  musulman  ou  chrétien,  n'im- 
porte. Il  parlait  avec  le  plus  grand  respect  de  Mahomet, 
et  faisait  le  plus  grand  cas  du  Coran  comme  ouvrage 
religieux.  Il  m'a  semblé,  dans  les  conversations  que  j'ai 
eues  avec  lui,  qu'il  ne  mettait  aucune  différence  entre 
Jésus-Christ  et  Mahomet  ;  qu'il  les  considérait  comme 
deux  prophètes  suscités  par  l'Eternel. 

Joschisch  est  un  très-habile  poëte  hindoustani,  à  qui 
on  doit  un  diwân  empreint  d'un  goût  exquis.  En  1 1  g/i 
(  1780  ),  époque  où  Alî  Ibrahim  écrivait  sa  biographie, 
il  lui  envoya  des  vers  choisis  parmi  ceux  de  son  diwân , 
afin  qu'il  pût  les  citer.  Ces  vers  occupent  une  vingtaine 
de  pages  dans  l'ouvrage  d'Ibrahim ,  et  il  les  donne  comme 
étant  très-remarquables  et  ayant  de  l'analogie  avec  ceux 
de  Mîr  Dard. 


Ou,  selon  Lutf ,  Muhammad  Roschan. 


*   ^ji«vî_j.>  désir  violent. 


272  BIOGRAPHIE 

JUNUIV\ 

Ecrivain  hindoustani ,  cité  par  Ali  Ibrahim  dans  sa 
Biographie  anthologique.  Il  était  natif  de  Dehli  et  un 
des  amis  de  Mîr  Dard.  Ibrahim  donne  trois  vers  de  lui, 
pris  au  hasard  dans  ses  poésies. 

JUNUN,  D'ALLAHABAD. 

Schaïkh  Gulâm-i  Murtazâ  Junùn,  d'Allahâbâd,  était 
fils  de  Schâh  Timûr  Sahsrâmî^.  Il  était  un  des  dis- 
ciples de  Maulawî  Muhammad  Barakat.  C'est  un  poète 
hindoustani  estimé.  Les  biographies  originales  en  citent 
quelques  vers. 

JURAT. 

Yahya  Mân^  Calandar-bakhsch  Jurât  ^,  fils  de  Hafiz 
Mân ,  est  un  des  poètes  hindoustani  les  plus  célèbres. 
Yahya  Mân  est  le  surnom  de  ses  ancêtres  ,  sous  lequel 
ils  ont  été  désignés  dès  le  temps  dAkbar.  Celui  du- 
quel cette  famille  tire  son  origine  est  Yahya  Râé  Mân 
qui  habitait  près  de  Chandni-chauk  (  Grand  Marché  ) ,  à 
Dehli,  dans  un  lieu  connu  sous  le  nom  de  Kûcha-i 
Râé  Mfm  (l'Angle  de  Râé  Mân  ).  Pai'  l'effet  des  vicissi- 
tudes des  temps,  Jurât  quitta  Dehli  dans  son  enfance, 

^  Au  lieu  de  «.t»  ,  on  lit  dans  plusieurs  biographies  originales  yUi . 
*  cyivc»  hardiesse. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  273 

et  alla  dans  les  contrées  orientales  de  l'Inde.  Il  y  grandit 
et  y  atteignit  l'âge  viril.  Malheureusement  il  perdit  la 
vue  étant  encore  jeune.  Il  se, distingua  par  son  talent 
pour  la  musique,  pour  l'astronomie  des. Hindous,  et 
surtout  pour  la  poésie ,  car  ses  compatriotes  le  recon- 
naissent comme  un  poëte  très-distingué.  Il  fut  disciple 
de  Mirzâ  Jafar  Ali  Hasrat.  Il  a  formé  beaucoup  d'élèves. 
Il  dit  dans  un  de  ses  poëmes  \  qu'il  quitta  Dehli  à 
l'époque  où  cette  capitale  fut  pillée,  et  vint  s'établir  à 
Faïzâbâd.  11  paraît  néanmoins  qu'il  habita  première- 
ment Lakhnau ,  puis  Faïzâbâd  en  i  i  gy  (  i  ySa-i  y83).  Il 
fut  d'abord  pensionné  par  le  nabab  Muhabbat  Khân, 
connu  sous  le  takhallus  de  Muliahhat  -  ;  puis  en  i  2  i  5 
(1800-1801),  il  reçut  des  secours  du  prince  impérial 
Sulaïman  Schikoh  ^. 

Il  eut  un  fils  nommé  Gulâm-i  Abbâs,  qui  mourut  en 
1204  de  f hégire  (lySg-i'ygo).  On  trouve  le  tarîkli 
de  sa  mort  dans  les  œuvres  de  son  père,  ce  qui  prouve 
que  Jurât  vivait  encore  à  la  même  époque. 

Jurât  est  auteur  d'un  énorme  volume  de  poésies  liin- 
doustani  intitulé  Kiilliyut  ou  OEuvres  complètes  *,  qui 
se  compose  de  gazai  très-admirés  dans  flnde ,  et  de  dif- 
férents poëmes  erotiques  écrits  dans  le  goût  moderne. 
Parmi  les  masnawî  qui  sont  placés  à  la  suite  du  divvân, 
il  y  en  a  deux  qui  ne  sont  pas  de  nature  à  pouvoir  être 

'  Pag.  G91  de  mon  exemplaire. 

-  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 

'  Voyez  l'article  consacré  à  ce  prince  poëte. 

^  J'en  possède,  dans  ma  collection  particulière,  une  fort  belle  copie 
qui  a  appartenu  aux  célèbres  orientalistes  T.  Roebuck  et  T.  Macan.  Elle 
se  compose  de  835  pages  in-fol. 

I.  18 


274  BIOGRAPHIE 

traduits,  car  le  sujet  en  est  immoral;  c'est  d'autant  plus 
fâcheux  qu'ils  ne  manquent  pas  d'intérêt  et  sont  écrits 
aA'^ec  facilité.  Un  autre,  intitulé  Masnaivî  sur  le  Klidjâ 
Hoçaii  Sâhib,  roule  sur  une  simple  aventure  d'amour; 
mais  le  tableau  de  la  beauté  de  la  femme  qui  y  est  cé- 
lébrée, celui  de  son  amour  et  de  l'affection  de  son 
amant  pour  elle,  sont  tellement  développés,  qu'une 
anecdote  qui  aurait  pu  être  contée  en  deux  pages,  en 
occupe  cinquante-liuit.  Il  y  a  aussi  des  satires  ;  la  plus 
intéressante  est  celle  sur  la  pluie,  dont  je  donnerai  la 
traduction  dans  le  second  volume,  ainsi  que  de  quel- 
ques gazai.  Les  autres  roulent  sur  le  froid,  sur  la  gale, 
la  petite  vérole,  etc.;  mais  elles  sont  pleines  de  mots 
à  double  entente  et  d'allusions  licencieuses.  Jurât  est 
malheureusement  du  nombre  de  ces  poètes  orientaux 
dont  les  vers  offrent  souvent  d'obscènes  images. 

JURAT   (SCHER  ALI). 

Mîr  Scher  Alî  Jurât,  contemporain  de  Mirzâ  Rafî 
Sauda ,  quitta  Dehli  pour  aller  habiter  le  Décan ,  quel- 
ques années  avant  fépoque  oi^i  Fath  Ali  Huçaïnî  écrivit 
son  tazkira.  On  le  compte  parmi  les  poètes  hindous- 
tani,  et  les  biographies  originales  donnent  plusieurs  vers 
de  lui.  Il  en  a  cependant  peu  écrit.  Fath  Alî  Huçaïnî, 
qui  f avait  beaucoup  connu,  dit  qu'il  était  très-érudit. 

RABIR. 

Le  Bliahta  Mâla,  précieux  ouvrage  hindouî,  nous 
donne  des  détails  intéressants  sur  ce  réformateur  ce- 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  275 

îèbre  ^  qui  est  aussi  un  des  écrivains  hindî  les  plus  an- 
ciens, et  dont  il  nous  reste  le  plus  de  productions 
remarquables.  Il  est  inutile  de  faille  connaître  ces  récits 
fabuleux;  qu'il  nous  suffise  de  dire  que  Kabîr  vécut  sous 
le  règne  de  Sikandar  Schâh  Lodî,  qui  régna  de  i  liS8 
à  i5i6.  C'était  un  simple  tisserand^,  qui  fut  un  des 
douze  principaux  disciples  de  Ramânand,  et  qui,  à  son 
tour,  propagea  une  réforme  plus  profonde  et  plus 
large.  Son  nom  de  Kabîr  n'est  qu'un  titre  signifiant 
le  plus  grand.  On  le  nomme  aussi  Jnâni  ou  le  sage.  Ce 
sont  deux  différents  takhallus  plutôt  que  des  noms 
propres.  Ce  personnage  est  nommé  Gourou  Kabîr  ou 
Kabîr  Sâliib,  selon  que  ce  sont  des  Hindous  ou  des 
Musulmans  qui  en  parlent.  On  sait  que  Kabîr  est  en 
effet  vénéré  par  les  uns  et  par  les  autres,  et  qu'ils  le 
réclament  les  uns  et  les  autres  comme  appartenant  à 
leur  culte.  A  sa  mort  il  y  eut  même,  dit-on,  une 
grande  contestation  entre  ces  sectaires ,  les  uns  voulant 
enterrer  son  corps ,  et  les  autres  le  brûler.  Kabîr  parut 
alors  au  milieu  d'eux,  et  leur  dit  de  regarder  sous 
fétoffe  qui  couvrait  ses  dépouilles  mortelles.  Ils  le 
firent,  et  ne  trouvèrent  qu'un  monceau  de  fleurs.  Banâr 
Râjâ  ou  Birsinh  Râjâ,  alors  souverain  de  Bénarès,  prit 
la  moitié  de  ces  fleurs  qu'il  emporta  dans  cette  ville, 
où  elles  furent  brûlées,  et  leur  cendre  déposée  dans 
la  chapelle  nommée  Kabîr  cliaura.  D'un  autre  côté,  Bijiî 

'   W.  Price ,  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections ,  tom.  I ,  pag.  84  et  suiv. 

•*  J'ai  un  dessin  original  qui  le  représente  devant  son  atelier  de  tisse- 
randerie  :  il  a  à  sa  gauche  son  fils  Kamal,  et  à  sa  droite  un  autre  ouvrier 
et  disciple  qui  a  le  titre  de  \\ak\m  ou  sage. 

18. 


276  BIOGRAPHIE 

Khan,  Patan,  chef  du  parti  musulman,  éleva  un  tom- 
beau sur  l'autre  portion,  à  Mugm%  près  de  Gorakhpur, 
là  précisément  où  Kabir  mourut.  Ces  deux  lieux  sont 
également  fréquentés  par  les  Kabîr-pantbî  ou  sectateurs 
de  Kabîr. 

Les  écrits  qu'on  attribue  à  Kabîr  sont  trop  variés  et 
trop  volumineux  pour  avoir  été  entièrement  son  ou- 
vrage ,  et  quelques-uns  sont  évidemment  modernes  ;  mais 
parmi  ceux  qui  sont  nommés  Ramaïnî  ^  et  Sabcl  ~,  il  y 
en  a  plusieurs  dont  fantiquité  est  évidente^,  et  qui  sont 
antérieurs  à  la  généralité  des  compositions  urdù.  Ils  ont 
néanmoins  le  même  genre  caractéristique  de  construc- 
tion, mais  ils  diffèrent  essentiellement  par  le  choix  des 
expressions,  dont  presque  ai.cune  n'appartient  au  persan, 
JNI.  \A  .  Priée  ^,  à  qui  j'ai  emprunté  une  partie  de  ce  qui 
précède,  a  donné  un  choix  de  /i3  pages  des  Rekhta^ 
de  Kabîr,  dans  la  langue  originale  seulement ,  et  le  gé- 
néral Harriot,  des  extraits  de  son  Bijak  °,  ouArage  dont 
il  a  bien  voulu  me  donner  la  copie  qu'il  possédait ,  co- 


'  M.  Wilson  nous  apprend  [Asiaiic  Bescarches ,  tom.  XVI,  pag.  58) 
que  dans  ces  recueils  on  distingue  par  les  mots  hahdhi  halir,  c'est-à-dire 
Kabir  a  vraiment  dit,  ce  qui  est  réellement  de  lui;  par  les  mots  kahaï 
Kabîr,  ce  qui  est  la  substance  de  ses  paroles  ;  et  par  ceux  kahajé  clâs 
Kabir,  ce  qui  est  dû  à  quelqu'un  de  ses  disciples  (esclaves). 

*  Hindee  and  Hindoostance  Sélections ,  introduction,  pag.  9. 

°  N-rl<=^,  c'est  le  grand  Bijak.  Voyez  sur  le  petit,  l'article  consacré  à 
Bhagodâs. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  277 

pie  qu'il  devait  à  l'amitié  de  Ram  Singb ,  soubadâr  de 
Chanar,  et  qui  est  très-bien  écrite  en  caractères  nommés 
kaïtlii  nacjari.  M.  Wilson  a  une  autre  copie  du  même 
ouvrage ,  et  un  recueil  des  poëmes  de  Kabîr,  tels  que 
Ramaïni,  Rekhta,  etc.  en  caractères  nagarî.  Le  Bijak  se 
compose  de  trois  cent  soixante-cinq  sâkhi  ^  ou  distiques , 
de  cent  douze  pièces  de  vers  nommées  Sahd,  de  quatre- 
vingt-quatre  poëmes  nommés  Ramaïnî,  et  de  plusieurs 
autres,  formant  en  tout  1/19  pages  in-/t°.  Je  reviendrai, 
dans  le  tome  II,  sur  cette  importante  production. 

On  a  fait  un  cboix  des  sâkbî  de  Kabîr,  sous  le  titre 
de  Bayâz-i  sâlM  Kabîr  ^,  ou  Album  des  sâkbî  de  Kabîr. 
Toutes  ces  poésies  sont  écrites  dans  la  forme  usuelle 
des  vers  bindî ,  le  dobà ,  le  chaupaï  et  le  samaï. 

Voici  la  liste  complète  de  tous  les  ouvrages  qui  sont 
attribués  à  Kabîr.  Ils  forment  la  collection  nommée 
Khâs  Grantha,  ou  Livre  par  excellence,  telle  qu'elle  est 
conservée  par  les  Kabîr-pantbî,  dans  le  monument  de 
Bénarès  nommé  Chaura. 

1°  Siikli  nîdhân,  ou  le  Séjour  du  bonheur.  Ce  livre 
est  la  clef  de  tous  les  autres  :  il  a  la  bonne  qualité 
d'être  clair  et  intelligible. 

2°  Gorakli  nâth  M  Goschthi,  Discussion  de  Kabîr  avec 
Gorakb-nâth. 

3°  Kabîr  pânjî. 

h°  Balalilihi  ramaïnî. 

'  HT^ 

^  Un  exemplaire  de  cet  ouvrage  est  inrliqué  dans  le  catalogue  ma- 
nuscrit des  livres  de  Farzâda  Culî,  catalogue  qui  appartient  actuelle- 
ment à  la  Société  royale  asiatique. 


278  BIOGRAPHIE 

5°  Rdmânand  ki  Gosclithi  Ce  livre  coutienl  les  dis- 
putes de  Kabîr  avec  Ramanaiid. 

6"  Anand  Ram  Sâcjara. 

7°  Sabddvali. 

8°  Mangala,  cent  courts  poëmes. 

9°  Vacant,  cent  hymnes  écrits  dans  le  râg  ainsi 
nommé. 

10°  Holi,  deux  cents  hymnes  nommés  holî  ou  horî, 
chants  du  carnaval  de  l'Inde  ^ 

1  1°  Reklita,  cent  odes.  Le  sujet  de  ces  poëmes  et 
des  suivants  est  toujours  moral  ou  religieux. 

1  2"  Jhûlana,  cinq  cents  odes  dans  un  style  différent. 

iS"  Kahâra,  cinq  cents  odes  dans  un  autre  style. 

ià°  Hiiidola,  douze  autres  odes. 

1 5"  Bârali  Mâça,  les  Douze  Mois ,  sous  un  point  de 
vue  religieux,  conformément  au  système  de  Rabîr. 

1 6°  Chanchara,  au  nombre  de  vingt-deux. 

1  7°  Chautiça,  au  nombre  de  deux.  Ces  pièces  con- 
tiennent l'explication  des  trente-quatre  lettres  de  l'al- 
phabet nagarî,  avec  leur  signification  religieuse. 

18"  Alif-ndma,  falphabet  persan  développé  de  la 
môme  manière. 

1  9°  Ramaïnî,  courts  poëmes  de  doctrine  et  de  con- 
troverse. 

20°  Sdkhî,  au  nombre  de  cinq  mille.  Ils  consistent 
chacun  en  une  stance  composée  d'un  distique  seule 
ment. 

21"  Le  Bijak,  en  six  cent  cinquante-quatre  sections. 
H  y  a  aussi  une  grande  variété  de  stances  nommées 

'   Voyez  la  traduction  crun  chani  de  cette  espace  à  l'article  sur  Zamîr. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  279 

âgam,  hâni,  etc.,  composant  un  cours  d'études  formi- 
dal)le  pour  ceux  qui  veulent  pénétrer  dans  les  doc- 
trines de  cette  école.  Les  Kabîr-panthî  savent  géné- 
ralement par  cœur  un  certain  nombre  de  sâkhî,  de  sal)da 
et  de  rekhta,  et  ils  les  citent  à  propos.  Le  style  de 
toutes  ces  compositions  se  distingue  par  une  simplicité 
naïve ,  qui  charme  et  qui  persuade  :  il  a  une  énergie  et 
une  couleur  particulières.  On  prétend  que  les  vers  de 
Kabîr  ont  quatre  sens  différents  :  l'illusion  (  mâyâ  ) ,  l'es- 
prit (d^d),  l'intellect  [man],  et  la  doctrine  exotérique 
des  Védas  ^ 

Tous  les  ouvrages  de  Kabîr  respirent  la  croyance 
ferme  en  l'unité  de  Dieu  et  l'horreur  de  l'idolâtrie.  II 
les  a  adressés  aux  Hindous  aussi  bien  qu'aux  Musul- 
mans. Il  y  tourne  en  ridicule  les  pandit  et  les  sâstra, 
aussi  bien  que  les  mullâ  et  le  Coran.  C'est  des  doc- 
trines de  Kabîr  que  Nànak,  fondateur  des  Sikhs,  tira 
les  siennes;  aussi  les  Sikhs  ressemblent-ils  beaucoup 
aux  Kabîr-panthî,  si  ce  n'est  qu'ils  sont  bien  moins 
sévères  que  ces  derniers. 

De  son  côté  Paulin  de  Saint-Barthélémy  nous  ap- 
prend que  les  Kabîr-panthî,  qu'il  nomme  Cabirii  et 
Cahiristœ,  ont  pour  livres  fondamentaux  de  leur  reli- 
gion les  deux  ouvrages  suivants ,  écrits  en  langue  hin- 
doustani  : 

i"  Le  Satnam  Kabîr,  ouvrage  qui  n'est  pas  cependant 
cité  dans  la  longue  liste  que  M.  VVilson  a  donnée  des 
ouvrages  attribués  à  Kabîr,  liste  que  j'ai  reproduite 
plus  haut. 

'  H.  H.  VVilsou,  Asîalic  Researches,  tom.  XVI ,  pag.  62. 


280  BIOGRAPHIE 

2°  Le  Miîla  panci,  c'est-à-dire  Livre  de  l'origine  \ 
ouvrage  dont  une  copie  manuscrite,  accompagnée  d'une 
traduction  italienne  parle  P.  Marcus  à  Tumba,  se  trou- 
vait dans  la  collection  Borgia.  La  traduction  a  été  publiée 
dans  le  tome  III  des  Mines  de  l'Orient. 

Ce  que  dit  de  ces  sectaires  le  P.  Marcus  à  Tumba, 
cité  par  le  P.  Paulin  de  Saint-Barthélémy,  s'accorde 
avec  l'idée  qu'en  donne  le  général  Harriot,  dans  son 
Mémoire  sur  les  Kahirpantliî",  où  il  les  représente  comme 
de  purs  déistes.  Kabir  fut  pour  l'Inde  brahmanique 
un  réformateur  à  peu  près  semblable  à  ce  que  fut  plus 
tard  le  saïyid  Ahmad  pour  flnde  musulmane.  11  prêcha 
une  réforme  complète,  et  son  zèle  ne  fut  pas  sans 
succès,  puisque  dans  les  provinces  du  Bengale,  du  Bi- 
hâr,  d'Aoude  et  de  Malwa,  on  trouve  encore  un  grand 
nombre  de  Kabîr-panthî,  remarquables  par  la  simpli- 
cité de  leurs  mœurs  et  par  leur  bonne  conduite. 

Voici  quelques  lignes  des  écrits  de  ce  réformateur, 
traduites  par  le  général  Harriot  ^  : 

Que  peut  effectuer  f  âme  entourée  de  désirs  mondains  ?  . .  . . 
Parler  d'un  pays  qu'on  n'a  pas  vu,  c'est  sottise.  Ils  mangent 
du  sel  amer,  et  ils  vont  vendre  du  camphre. 

La  moitié  d'un  vers  est  suffisante,  si  on  y  réfléchit  conve- 
nablement. Que  sont  les  écrits  des  pandit  qui  sont  chantés  nuit 
et  jour  ? 

^  M.  Wilson  pense  qu'il  faut  lire  Mûla  panilâ,  c  est-à-dire  le  Disciple 
radical. 

-  Journal  asiatùiiie,  n°  de  février  iSSa. 

'  Ibid.  On  trouve  aussi  de  longs  extraits  des  ouvrages  de  Kabîr  dans 
le  Mémoire  du  professeur  Wilson  sur  les  sectes  hindoues,  Asiatic  Re- 
searches,  tom.  XYI. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  281 

De  même  que  le  lait  qui  donne  le  beurre  est  bon ,  ainsi  la 
moitié  d'un  vers  de  Kabir  égale  les  quatre  Védas. 

Ici  on  honore  Dieu  sous  le  nom  de  Har,  là  sous  celui  d'Allah: 
examine  ton  cœur  soigneusement,  lu  y  trouveras  toute  chose.  .  .  . 

Les  uns  étudient  le  Coran ,  les  autres  les  Schâstar.  Sans  l'ins- 
truction donnée  par  un  maître  plein  de  l'esprit  de  Dieu ,  vous 
détruisez  sciemment  la  vie.  Réfléchis  et  mets  de  côté  ce  qui  est 
inutile,  tu  seras  alors  un  vrai  philosophe. 

Quitte  toute  illusion  [maya) ,  et  tu  ne  trouveras  point  d'obs- 
tacle  H  n'y  a  point  de  lieu  où  ne  soit  le  Créateur 

Ds  saisissent  un  nom  faux  qu'ils  suivent,  le  prenant  pour 
la  vérité.  Quand  les  étoiles  brillent,  le  soleil  se  couche.  Ainsi, 
quand  l'àme  réfléchit,  elle  détruit  la  fausseté 

Ce  corps  ne  recevra  jamais  la  sagesse  :  elle  est  proche  d'eux, 
à  leurs  côtés;  ils  ne  la  cherchent  pas,  mais  ils  disent  :  Elle  est 
éloignée.  De  toutes  paris  ils  sont  remplis  de  crainte 

0  insensé!  brûle  l'amitié  du  genre  humain,  dans  laquelle  sont 
les  soucis  et  la  mauvaise  volonté.  Le  temple  est  bâti  sans  fonde- 
ment; je  le  dis,  échappe-toi,   autrement  tu  seras  englouti. 

Peux-tu  écouter  les  jongleries  des  Brahmanes  ?  Sans  avoir  la 
connaissance  de  Har,  ils  coulent  le  bateau  à  fond.  Peut-on  être 
Brahmane  sans  connaître  l'esprit  de  Brahm  (Dieu)  ? 

RABIR  SUMBULI. 

Hakîm  Kabîr^  Sumbulî  Scliaïkh  Ansarî  était  un  mé- 
decin célèbre  qui  s'occupa  aussi  de  poésie  bindoustani. 
Dans  ses  ouvrages  il  a  pris  le  surnom  poétique  de  Kabîr. 
Musbafî  l'avait  connu  cbez  le  nabab  iMubammad  Yâr 
Khan  Amîr^. 


'     y-xjS^  grand.  Il  sera  encore  question  de  cet  écrivain  à  l'article  de 

son  fils  Muruwat. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


282  BIOGRAPHIE 

Il  paraît  que  ses  poésies  ont  été  réunies  en  un  diwân , 
car  parmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  col- 
lège de  Fort-William  on  trouve  un  volume  bindoustani 
intitulé  Diwân-i  Kabir. 

RAFIR. 

Mîr  Alî  Naquîi  Râfir^,  de  Debli,  était  un  saïyid  d'une 
famille  illustre,  qui  s'occupait  avec  succès  de  poésie  bin- 
doustani. Il  prit  d'abord  pour  takballus  le  nom  de 
Taskin  ^,  puis  celui  de  Jumin  ^,  enfin  il  choisit  celui  de 
A'o/jr.  Il  est  aussi  connu  sous  le  nom  de  Kâfir  tika,  parce 
que,  selon  Ibrâbîm,  lorsqu'il  lisait  ses  productions,  il 
disait  à  chaque  vers  :  a  Ceci  est  un  tîka^.  »  Il  était  militaire 
de  profession.  Il  fut  très-lié  avec  ]\lir  Taquî  et  avec 
Fath  Ali  Huçaïnî.  Mîr  nous  apprend  que  les  réunions 
littéraires  des  amis  de  la  poésie  rekhta  se  tinrent  chez 
lui  pendant  deux  ou  trois  mois.  Ali  Ibrâbîm  l'avait  vu 
à  Murschidâbâd ,  et  avait  lu  ou  entendu  lire  ses  poésies; 
mais  il  ne  paraît  pas  en  faille  beaucoup  de  cas. 

KARUL. 

Schâb  Kâkul*",  de  Debli,  est  un  poëte  bindoustani 
qui  fut  le  contemporain  d'Abrû.  Il  quitta  de   bonne 

'    ^ïj  propre,  net. 

*  yi^  injidele,  mécréant. 

'   (^j^S%M*2  consolation,  etc. 

^  A5yo  OU  IjCo  .  J'ignore  si  ce  mot  est  ici  dans  le  sens  de  commen- 
taire,  ou  de  la  marque  distinctive  que  les  Hindous  mettent  au  front. 

*  joW  boucle  de  cheveux. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  ^283 

heure  le  monde,  et  endossa  le  manteau  des  faquîrs.  Sa 
cellule  était  située  dans  le  marché  de  Sad  uliah  Kliân. 
x\lî  Ibrahim  en  cite  quelques  vers. 

KALÏ  RRISGHNA. 

Le  râjâ  Kalî  Krischna  ^  Bahâdur,  de  Sobha  Bâzâr 
(Calcutta),  est  un  savant  hindou,  très-zélé  pour  les 
lettres  qu'il  cultive  avec  succès.  Il  est  fils  du  feu  râjâ 
Râj-Krischna  2,  et  petit-fils  du  feu  râjâ  Nava-Kiischna 
Bahâdur.  Il  est  né  en  i8o5  ou  1806.  11  est  du  nombre 
des  Hindous  amis  de  l'Europe,  et  surtout  de  f  Angle- 
terre et  de  sa  littérature.  On  peut  nommer  ces  Orientaux 
qui  se  livrent  à  l'étude  des  littératures  du  Franhstân, 
Occidentahstes.  Kalî  Krischna  est  un  des  plus  labo- 
rieux. Il  a  une  typographie  particulière  où  il  imprime 
ses  ouvrages.  Quoique  jeune  encore,  il  a  publié  de 
nombreux  travaux  qui  annoncent  un  goût  décidé  pour 
rinstruction;  aussi  les  Sociétés  asiatiques  de  Calcutta, 
de  Londres  et  de  Paris  se  sont-elles  empressées  de  fad- 
mettre  dans  leur  sein ,  et  il  a  reçu  du  gouvernement  an- 
glais et  de  divers  souverains  de  l'Inde,  des  khila,  des 
médailles  et  des  décorations. 

C'est  seulement  comme  écrivain  hindoustani  qu'il  est 
cité  dans  cet  ouvrage;  nous  ne  devons  pas  par  consé- 
quent parler  de  ses  publications  anglaises  ni  même  ben- 
gali -,  toutefois  il  sera  parlé  ailleurs  d'une  des  premières , 

'  ^TT^5T",  nom  deDurga,  et  ^J\3",  nom  d'une   incarnation  célèbre 

de  Wischnou. 

^   Il  en  sera  question  plus  loin. 


284  BIOGRAPHIE 

attendu  que  c'est  une  traduction  du  braj-bhâkhâ.  Les 
autres  sont  des  traductions  du  sanscrit  en  anglais,  et  de 
l'anglais  en  bengali.  Ses  ouvrages  hindoustani  sont  : 

1°  Le  Majma-i  laUuf  \  c'est-à-dire  Collection  de  plai- 
santeries. C'est  un  choix  de  fables  et  d'historiettes  em- 
pruntées à  d'autres  langues ,  et  notamment  au  persan  et 
à  l'anglais ,  au  nombre  de  soixante.  Kalî  Krischna  a  été 
aidé  dans  ce  travail  par  Hakîm  Maulawî  Abd  ulmajîd  2. 
Il  y  a  joint,  comme  appendice,  quelques  pièces  qu'il 
nomme  didactiques,  et  qui  ne  sont  autre  chose  que 
des  sentences  de  sa  façon,  composées  chacune  d'un  vers 
hindoustani,  et  accompagnées  d'une  traduction  en  prose 
anglaise.  J'ai  déjà  donné  des  détails  sur  cet  ouvrage, 
et  j'en  ai  fait  connaître  quelques  fragments  dans  le 
Journal  des  Savants  (i836).  Pour  ne  pas  me  répéter,  j'y 
renvoie  le  lecteur. 

2°  Une  traduction  urdù  des  fables  du  célèbre  poëte 
anglais  Gay.  Elle  est  intitulée  en  hindoustani  Ahçan  ul- 
mawâiz  ^,  c'est-à-dire  les  Meilleurs  des  avis ,  et  en  anglais , 
Fahles  hy  ilie  late  M.  Gay,  ivitli  a  translation  -mto  urda 
poetrj'.  Cet  ouvrage  a  été  imprimé  à  Calcutta  en  i836; 
c'est  un  volume  grand  in-8°,  sur  deux  colonnes ,  Tune 
hindoustani  et  l'autre  anglaise.  11  commence  par  une 
préface  hindoustani  dans  laquelle  l'auteur  fait  connaître 
le  motif  qui  l'a  décidé  à  traduire  cet  ouvrage,  la  mé- 
thode qu'il  a  suivie  dans  son  travail,  etc.;  puis  vient  la 
traduction  des  fables.  Chaque  hémistiche  correspond  à 

*   (_ÀjUaJ  j4t.  un  vol.in-12  de  199  pages.  Calcutta,  i835. 
-  Voyez  son  article. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  285 

un  vers  anglais.  Les  misra  ou  hémistiches  riment  en- 
semble, et  sont  tous  sur  une  même  mesure.  Chacpie 
fable  est  donc  un  masnawî ,  et  leur  réunion  un  grand 
masnawî.  L'ouvrage  se  termine  par  le  tarihh  (  chrono- 
gramme en  vers  ). 

3°  Il  est  aussi  auteur  d'une  esquisse  écrite  en  urdii 
sur  le  Système  solaire  \  esquisse  adaptée  aux  écoles  et 
imprimée  d'après  le  procédé  hthographique. 

KALIM. 

Schaïkh  Muhammad  Huçaïn  Kahm  ^,  de  Dehli,  est 
un  des  plus  célèbres  écrivains  hindoustani.  C'était  un 
officier  de  pohce  qui  vivait  sous  le  règne  d'.llimad 
Schâh ,  lils  de  Mohammad ,  et  qui  était  hé  avec  les  gens 
de  lettres  de  son  temps  les  plus  estimés.  11  était  le  père 
de  Miyân  Hâjî  Tajjalli,  et  parent  de  Mîr  Taquî  qui  lui 
était  très-attaché ,  et  qui  en  avait  reçu ,  de  son  côté  ,  des 
marques  d'affection.  Il  a  écrit  en  hindoustani  un  grand 
nombre  d'ouvrages  qui  lui  ont  assuré  un  rang  distingué 
dans  cette  littérature.  Ces  ouvrages  sont  : 

1°  Un  Traité  sur  la  prosodie  et  la  rime  en  hindous- 
tani ^,  le  même  apparemment  dont  IMushafi  parle  sous 
le  titre  des  Dix  Séances  hindi  ^  sur  la  versification. 

1°  La  traduction  en  hindoustani  du  hvre  arabe  in- 

1  Shetch.  of  the  solar  System,  intended  for  ihc  use  oj  schools. 
^   pÇsX  interlocuteur. 


286  BIOGRAPHIE 

titulé  Fuçiis  ulhukm  ou  ulhikam  ^  C'est  un  ouvrage  de 
théologie  mystique,  écrit  en  6 2 y  de  l'hégire  (  12/40  de 
Jésus-Christ),  par  Muliî  uddîn  Abu  Abd  Allah  ben 
Arabî  Damischquî.  Le  célèbre  Jâmî  a  écrit  un  com- 
mentaire persan  sur  ce  livre. 

3°  Un  Traité  sur  la  diffusion  de  l'hindoustani  2. 

Il"  Un  Diwân  composé  de  gazai,  de  cacîdah,  de  mu- 
khammas,  de  rubâî.  On  distingue  surtout  parmi  ces 
pièces  de  vers  un  cacîdah  intitulé  Rauzat  asclisclmara  ^, 
ou  Jardin  des  poëtes,  poëme  oi^i  sont  cités  les  noms 
de  tous  les  poëtes  hindoustani. 

Toutes  les  œuvres  poétiques  de  Kalîm  ont  été  réunies 
sous  le  titre  de  KiilUjât  ou  Œuvres  complètes.  Il  mourut 
à  Dehh.  Mushafî  nous  apprend  que  Muhammad  Càim 
en  a  parlé  avec  éloge  dans  son  tazkira.  Mîr  se  sert, 
pour  le  louer,  d'allégories  hyperboliques,  et  il  cite 
quatre  pages  et  demie  de  ses  vers. 

KALLAN-HAJJAM. 

Poëte  hindoustani  dont  Mannû  Lâl  a  cité  des  vers 
dans  son  Galdasta-i  niscMt.  En  voici  un  traduit  en 
français  : 

A  cbaque  instant  se  montrent  de  nouveaux  amants  que  t'a 
acquis  ta  coquetterie.  Si  telle  n'est  pas  ta  conduite,  je  me  ré- 
signe à  mourir. 

1  ^,  C-Il  ^,  A/t,» ,  c  est-à-dire  les  Chatons  de  la  sagesse ,  si  on  lit 
hàm  avec  C.  Stewart,  et  les  Chatons  des  sciences,  si  on  lit  hikam  avec 
d'Herbelot. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  287 

RALLAN  JAFAR. 

Mîr  Rallan  Jafar  est  un  poëte  hindoustani  dont  le 
même  Mannû  Lâi  a  cité  plusieurs  vers.  Voici  la  tra- 
duction d'un  singulier  baït  de  cet  écrivain  : 

Ah  !  si  la  main  de  mon  amie  touchait  la  frange  de  ma  robe , 
je  briserais  le  fil  de  ma  vie  et  je  la  jetterais  loin  de  moi. 

KAMAL. 

Scliâh  Kamâl  uddîn  Huçaïn,  nommé  simplement 
KamâU,  est  un  poëte  hindoustani  distingué.  Ses  an- 
cêtres étaient  de  Manikpùr^,  puis  ils  vinrent  dans  le 
Soubah  du  Bihâr,  où  ils  occupèrent  des  postes  impor- 
tants dans  l'empire  mogol.  Dès  que  Kamâl  fut  parvenu 
à  la  jeunesse,  il  se  fit  initier  à  un  ordre  de  derviches,  et 
il  en  prit  l'habit.  Il  vint  ensuite  dans  le  Bengale ,  puis 
à  Lakhnau;  et  à  l'époque  où  Mushafî  écrivait,  il  de- 
meurait chez  le  râjâ  Hidâs  Raé,  qui  était  son  patron. 

Il  avait  depuis  longtemps  un  désir  extrême  d'écrire 
en  vers  hindoustani;  c'est  pourquoi  il  réunit  près  de 
trente  diwân  hindoustani  des  grands  maîtres  anciens 
et  modernes ,  et  tant  par  la  société  de  ses  parents  que 
par  la  lecture  de  ces  écrits,  il  forma  son  style  et  s'as- 
sura une  honorable  considération.  Il  ne  fut  d'abord 
l'élève  de  personne  ;  toutefois  il  se  mit  ensuite  au 
nombre  de  ceux  de  Calandar-bakhsch  Jurât. 

'  i}v  perfection. 

^  Dans  la  province  d'Allah âbâd. 


288  BIOGRAPHIE 

Nous  devons  les  détails  qui  précèdent  à  Mushafî,  qui 
cite  une  page  des  vers  de  ce  poëte.  En  voici  un  gazai 
qui  fait  partie  du  Diwân-i  Jahân  : 

Chère  amie ,  qui  viens  auprès  de  moi ,  lève  un  peu  les  yeux 
et  regarde  ici!  Quelqu'un  t'appelle,  tourne  un  peu  ton  visage. 
Pourquoi  me  dis-tu  :  Que  ferai-je  ?  je  suis  désespérée.  Regarde-moi 
quelques  instants  sans  être  interdite..  .  .  Si  tu  ne  connais  point 
mon  état  véritable,  place  le  miroir  devant  toi  et  regarde  un  peu. 
Le  sort  a  conduit  auprès  de  Kamâl,  dont  le  cœur  est  blessé,  son 
amie;  regarde-moi,  et  ce  voyage  sera  heureux  pour  moi. 

KAMIL\ 

Poëte  hindoustani  dont  Bénî  Narâyan  cite  un  gazai 

que  je  joins  ici  en  français  : 

Où  est  ce  vainqueur  de  mon  cœur,  qui  le  jette  dans  le  trouble  ? 
■  Où  est  ce  chaland  qui  m'a  acheté  ?  Pourquoi  me  demander  ma 
demeure,  à  moi  qui  suis  sans  gîte,  et  dont  tout  le  bagage  est 
sur  le  dos?  Tu  le  sais,  j'habite  à  l'ombre  du  mur  de  ta  maison. 
Tout  musulman  que  je  suis  ,  je  me  reconnais  l'esclave  des  idoles 
vivantes.  Sous  mon  chapelet  se  cache  le  cordon  des  Brahmanes. 
Celui  qui  en  veut  à  mes  jours  est  venu  inopinément  à  moi,  et 
m'a  demandé  avec  rudesse  :  «  Est-ce  bien  toi  qui  me  poursuis  ? — 
«Oui,  lui  ai-je  dit,  hors  de  moi;  et  en  vérité,  mon  cœur  affligé 
«s'offre  à  toi  en  sacrifice.  »  Lorsqu'il  a  entendu  ces  paroles, 
il  a  tiré  son  épée  et  s'est  écrié  :  «  Débarrasse-moi  de  cet  esclave.  » 
Ayant  vu  cet  incident,  l'épée  a  semblé  lui  dire  :  «  Laisse-le, 
«  car  il  est  mon  compagnon  de  douleur.  »  Il  a  dit  alors  :  «  Quelle 
«  épée  es-tu  donc  ?  éloigne-toi  d'ici  ;  je  veux  tuer  Kàmil  qui  est 
«  coupable  envers  moi.  » 

'   J^^  parfait. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  289 


KAMTARIN. 

Miyân  Kamtarîn^  de  Dehli,  était  un  des  officiers 
du  nabâb  Imâd  ulmulk  Gâzî  uddîn  Khân.  Il  a  imité  le 
style  d'Abrù  -.  Il  était  d'un  caractère  satirique  :  aussi 
a-t-il  écrit  des  satires  ^  contre  tout  le  monde.  Il  aimait 
aussi  beaucoup  la  plaisanterie,  et  il  avait  du  goût  pour 
les  métapbores  obscures  et  les  allégories  difficiles  à 
saisir.  Les  gens  du  peuple  de  l'Inde  font  beaucoup  de 
cas  de  ses  poésies  :  ils  les  récitent  souvent.  Cependant 
Mîr  qui  s'était  trouvé  quelquefois  avec  lui  dans  des 
réunions  d'amis  du  genre  burlesque,  dit  qu'il  n'a  ja- 
mais entendu  de  lui  un  vers  qui  eût  le  sens  commun. 
Il  cite  néanmoins  des  fragments  de  ses  diatribes. 

RANARA-DAS\ 

Écrivain  du  Bandelkand,  à  qui  on  doit  le  Snéhâ-Lîlâ^, 
ouvrage  cité  par  Ward  dans  son  savant  et  important  tra- 
vail intitulé  A   View  of  tlie  History ,  etc.  of  the  Hindoos^. 

^   /  o»JCi»  le  moindre. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 

5  s  »^î  Vi-f^-îî ,  à  la  lettre ,  trouhle-ville.  On  donne  ce  nom  aux 
pièces  de  vers  destinées  à  exciter  du  scandale. 

''  Probablement  =t\ Uj [ 6  ^IH  serviteur  ou  disciple  de  Kanâda,  l'au- 
teur du  système  de  philosophie  nommé  Faischeschika. 

^  Tom.  II,  pag.  481. 


290  BIOGRAPHIE 

KARIM   HUCAIN. 

Le  maulawî  Saïyîd  Rarîm  Huçaïn  ^  a  traduit  en  hin- 
doustani,  sous  la  direction  du  major  Pogson  (et  aussi 
en  arabe  et  en  persan),  l'ouvrage  de  Robert  Dodsley, 
intitulé  Economy  of  Imman  life.  On  en  conserve  une 
copie  dans  la  bibliothèque  de  la  Société  royale  asiatique 
de  la  Grande-Bretagne  et  de  l'Irlande.  Le  major  Pogson 
est  celui  à  qui  nous  devons  une  Histoire  des  Bandélas , 
traduite  de  l'hindouî,  travail  dont  il  sera  parlé  plus  loin, 
à  l'article  sur  Lâl. 

RARTA. 

Kartâ^  Kischan  ou  Krischna,  pandit,  est  un  poëte  hin- 
dou qui  a  écrit  en  urdû.  Mannû  Lâl  en  cite,  dans  son 
Galdâsta-i  nischât,  un  gazai  où  se  trouvent  en  abondance 
les  lieux  communs  de  la  rhétorique  persi-indienne ,  et 
les  allusions  ordinaires  aux  amants  célèbres  de  l'Orient  : 
Yûçuf  et  Zahkhâ,  Farhâd  et  Schîrîn,  Majnûn  et  Laïla. 

KAZIM'. 

Kâzim  uddîn  Munschî  est  un  écrivain  du  Décan  à 
qui  on  doit  la  traduction  en  vers  hindoustani  de  Sulirâb, 
charmant  épisode  du  ScJiâli-nâma  de  Firdaucî,  rendu 
dans  le  même  mètre  que   l'original.   Cet  épisode  est 

'    (;jv.*Mw:>-  fsJiy^s   le  généreux  Huçaïn. 

*  \j%$   niaitrc ,  propriétaire ,  etc. 

^   ^^.^Jà^  celui  qui  retient  sa  colère. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  291 

connu  en  Europe  par  l'élégante  traduction  anglaise 
qu'en  a  donnée  J.  Atkinson,  et  il  mérite  en  effet  la 
célébrité  qu'il  a  obtenue  en  Orient.  La  version  liin- 
doustani  porte  le  titre  de  Jang-nâma-î  Siilirâh  o  Riistam, 
c'est-à-dire  le  Livre  du  combat  de  Suhrâb  et  de  Rus- 
tam.  J'en  ai  un  exemplaire  dans  ma  collection  parti- 
culière, lecjnel  a  appartenu  à  Sir  Graves  Ghamney 
Haughton. 

KÉGAVA-DAS. 

Kécava-dâs,  ou  mieux  Kécav-dâs\  est  un  célèbre  écri- 
vain  hindouî  qui  vivait  à  la  fm  du  xvi*  siècle  et  au  com- 
mencement du  xwif,  sous  les  règnes  de  Jabânguîr  et  de 
Schâh  Jahân.  Il  a  employé  dans  ses  vers  une  grande 
variété  de  mesures  ^.  Il  est  auteur  : 

1°  D'un  poëme  sur  Rama,  intitulé  Râmacliandrika^. 
Selon  M.  Wilson,  ce  poëme  est  une  traduction  abrégée 
du  Râmayana,  c'est-à-dire  probablement  du  Râmayana 
sanscrit  de  Valmîki.  Il  se  compose  de  trente-neuf  sec- 
tions. 

2°  On  doit  aussi  à  Kéçava  deux  expositions  poétiques 
de  la  rhétorique  hindoue,  mtitulées  Racik  Prija'^  et 
Kavi  Prya  ^. 

'  C'est-à-dire  serviteur  de  Krischna;  de  ef^yjcj  qui  est  un  des  noms 
de  Krischna  et  signifie  possesseur  de  beauj:  cheveux,  et  de  ^[^  serviteur. 

^  Voyez  Asiatic  Researches,  tom.  X,  pag.  896;  Mack,  CoUect.  t.  II, 
pag.  1 1 3  ;  Broughton ,  Popular  Hindoo  Poeiry,  pag.  1 4  ;  et  Ward ,  tom.  II , 
pag.  480. 

^  ^|^x(|*^af^  Ramayade. 


292  BIOGRAPHIE 

3°  Il  est  encore  auteur  du  Vignâna  gaîta  \  ou  le 
Chant  de  la  science,  et  d'autres  ouvrages. 

Le  Kavi  Prya,  ou  les  Délices  du  poëte ,  est  un  traité 
en  seize  livres  sur  la  rhétorique  des  compositions  poé- 
tiques, d'après  le  système  sanscrit.  Quoiqu'il  n'ait  été 
écrit  qu'en  l'année  de  Samvat  1 658  ou  en  1602  de 
Jésus-Christ,  il  est  néanmoins,  selon  M.  Wilson,  un 
des  monuments  hindi  les  plus  anciens  d'une  date  bien 
certaine.  Le  même  indianiste  en  possède  un  exemplaire 
dans  sa  belle  collection;  il  est  in-Zi"  et  en  caractères 
nagarî.  Il  y  en  a  aussi  des  exempl ailles  au  British  Mu- 
séum, dans  la  Collection  Mackensie  et  ailleurs. 

Le  Racik  Priya,  ou  les  Délices  de  l'homme  de  goût, 
a  été  écrit  en  1692  de  Jésus-Christ. 

Les  ouvrages  de  Kéçava-dâs  sont  d'autant  plus  dignes 
d'attention,  qu'outre  leur  intérêt  intrinsèque,  ils  offrent 
un  intérêt  philologique  en  ce  qu'ils  forment  le  lien 
entre  les  anciennes  compositions  hindi  des  indigènes  et 
les  ouvrages  hindoustani  modernes  des  Musulmans  ^. 

REZ-DAllAZ. 

Abd  uUah  Huçaïnî  Kez-Darâz^,  de  Kalbargah,  est  au- 
teur d'un  ouvrage  intitulé  Nischât  iiUsclic  *,  c'est-à-dire 
les  Plaisirs  de  l'amour  divin.  C'est  un  commentaire 
dans  le  dialecte  dakhnî,  d'un  des  traités  mystiques  du 

1  t^^T*T  <t ild  •  Cet  ouvrage  est  cité  par  Ward  dans  sou  Histoire 
de  la  liitcrature  des  Hindous,  lom.  II,  pag.  48o. 

^  H.  H.  Wilson,  Introdud.to  Mach.  Collect.  pag.  Hi. 

jiji   ijt^^^s  [homme  à)  lon(js  cheveux. 


s 


4 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  293 

célèbre  Gûs  ulâzam  Abd  iilcâdir  Guîlânî.  Cet  ouvrage  se 
trouvait  parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  de  Tippou , 
et  fait  actuellement  partie  de  celle  de  ÏEast-Inclia  House , 
à  Londres. 

Parmi  les  livres  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta, 
il  y  a  aussi  un  volume  qui  porte  le  titre  de  Nischât 
ulischc.  Il  est  en  prose  et  roule  sur  les  Hadîs.  C'est 
peut-être  le  même  ouvrage  que  celui  qui  est  indiqué 
plus  haut.  Toutefois  l'auteur  de  ce  volume  est  désigné 
sous  le  nom  de  Abd  idgafâr  ^  ;  mais  comme  c'est  un 
titre  d'honneur,  il  peut  se  faire  qu'il  s'applique  au  même 
individu. 

RHADIM^ 

Khâdim-i  Huçaïn  Khân ,  d'Azîmâbâd  (  Patna  ) ,  fds  de 
Hâjî  Ahmad  AlîQuiâmat,  et  cousin  d'Ali  Ibrahim,  au- 
teur de  la  biographie  hindoustani,  était  dans  la  magis- 
trature. Par  son  père  ,  il  faisait  partie  des  Schaïkh  qu'on 
nomme  Bani  Hâscliam  ^ ,  et  par  sa  mère ,  des  Saïyid  Hu- 
çaïnî^.  Il  avait  un  caractère  doux  et  grave.  On  le  compte 
parmi  les  poètes  hindoustani. 

'    j*À*JÎ   *Xa&  serviteur  du  miséricordieux. 
^   ^^ilite.   serviteur. 

'  Ou  fils  de  Hàschem.  Ce  sont ,  je  pense ,  les  mêmes  qu'on  nomme 
aussi  Coraîchî.  Hàschem  était  Taïeul  de  Mahomet;  Coraïsch  était  aussi 
un  de  ses  aïeux,  celui  qui  a  donné  son  nom  à  la  tribu  du  Prophète. 

''  On  sait  que  les  saïyid  sont  les  descendants  de  Mahomet.  Ceux  qui 
tirent  leur  origine  de  Huçaïn  se  distinguent  par  le  titre  de  Huçaïnî  ou  de 
Huçaïn. 


294  BIOGRAPHIE 

RHAKHSAR. 

Schàli  1  Muhammad  Yàr  Rhàkhsàr  -,  autrement  dit 
Kallau  ^  était  un  derviche  indépendant  de  l'ordre  des 
caiandar,  et  un  des  gardiens  de  la  châsse  du  Cadam-i 
Scharifàe  Dehli,  c  est-à-dire  du  monument  où  on  con- 
serve Tempreinte  miraculeuse  du  pied  de  Mahomet^. 
Il  est  compté  parmi  les  bons  poètes  hindoustani,  et  il 
est  du  nombre  de  ceux  qu'on  nomme  anciens,  c'est-à- 
dire  qui  ont  précédé  la  génération  qui  a  fourni  les  trois 
célèbres  poètes  hindoustani  du  nord ,  Saudà ,  Haçan  et 
Mir.  Lorsque  ce  dernier,  tout  jeune  encore,  se  mit  à 
fan-e  des  vers,  Khâkhçâr  se  déclara  son  patron.  C'est 
dans  le  Guhâr-i  Ibrâlnm  qu'on  trouve  ces  détails.  Toute- 
fois je  dois  dire  que  Mii^  ne  pai'le  pas,  dans  sa  biogra- 
phie,  de  la  dernière  circonstance  dont  il  \\enX  d'être 
question.  Il  reproche  au  contraire  à  Khàkhsâr  d'être 
fier  de  son  talent,  et  U  critique  la  prétention  qu'il  avait 
de  se  faire  nommer  le  roi  des  poètes.  Selon  lui  (et  il 
partage  en  cela  l'opinion  de  quelques  natifs),  c'est  un 
poète  fort  médiocre  qui  s'est  attaché  à  imiter  Mazhar. 
Huçaïnî  n'est  pas  de   cet  avis;  il  trouve  au  contraire 

^  Mushafî  nous  apprend  qu'il  eut  d'abord  le  titre  de  Mir,  puis  celui 
de  ScMh.  Voyez  ,  sur  ces  titres,  mon  Mémoire  sur  la  relujion  musulmane 
dans  ÏInde,  pag.  21. 

*   jL*^)Uw  humble  ;  à  la  lettre ,  conveH  de  poussière. 

'   ^  ou    ^. 

'*  Vovez,  à  ce  sujet,  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans 
l'Inde,  pag.    1  i. 


ET    BIBLIOGRAPHIE.  295 

beaucoup  trop  sévères  les  critiques  qiie  je  rapporte.  Mir 
prétend  en  outre ,  que  lorsqu'on  invitait  Khàklisâr  à  faire 
ou  à  improviser  des  vers,  il  prétextait  toujours  quel- 
que excuse  pour  refuser.  Quoi  qu'il  en  soit,  Mir  et  Ibra- 
him, Mushafî  et  Fath  Ali  Huçaïni  en  citent  plusieurs 
vers  ,  et  Béni  Naràvan  un  long  mukhammas. 

Lutf  dit  que  c'était  un  poëte  éloquent,  et  qu'il  est 
auteur  d'un  diwân. 

RHALIC. 

Mirzâ  Zuhûr-i  Ali  Kbabc\  fds  de  Mirzâ  Hoschdâr, 
est  très-célèbre  parmi  les  musiciens  indiens  et  les 
chanteurs  de  marsiva.  Il  s'exerça  aussi  à  la  poésie  hin- 
doustani.  Il  vint  à  Murschidàbàd,  dans  le  temps  de 
Muhammad  Schàh ,  à  la  demande  du  nabàb  Nawâzisch 
Muhammad  Khan  Schahâmat-jang,  et  il  se  fixa  dans  cette 
ville.  Il  était  encore  fort  jeune  en  1199  (lySZi-iySS), 
et  y  occupait  des  fonctions  dans  le  gouvernement  du 
Bengale.  Béni  Naràyan,  et  d'après  lui  Price -,  en  ont 
donné  un  gazai  qui  n'offre  rien  de  saillant. 

RHALIC    (MUSTAHÇAN). 

Mir  Mustahçân  Khahc  est  un  des  fils  du  célèbre 
Haçan  (il  sera  bientôt  parlé  de  Ivhulc,  son  aîné).  Dès 
l'âge  de  seize  ans  il  se  sentit  un  goût  prononcé  pour  la 
poésie,  et  se  mit  à  écrire  quelques  pièces  de  vers.  H 

'    ^]j.aA^  ,  adjectif  arabe  signifiant  d'an  bon  naturel,  d'un  hcurrax  cu- 
ractcrc. 

-  Dans  le  tome  II  des  Hindec  and  Hindoostanec  Sélections. 


296  BIOGRAPHIE 

les  soumit  à  son  père,  qui  se  fit  un  plaisir  de  les 
corriger^.  Gomme  à  cette  époque  Mushafî  vint  à  Lakh- 
nau,  Haçan  le  chargea  de  former  son  fils.  Ge  dernier 
vivait  encore  à  Faïzâbâd  en  i8o3,  ainsi  que  nous  l'ap- 
prend l'auteur  de  la  notice  sur  Haçan ,  qu'on  lit  en  tête 
de  fédition  du  Sihr  iilbajân ,  et  il  était  attaché  à  Mii'zâ 
Taquî ,  gendre  de  Bahù  Sàliib ,  mère  d'Açâf  uddaula ,  et 
lui-même  poète  distingué,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin. 
Il  est  auteur  d'un  diwàn  dont  Mushafî  a  cité  plusieurs 
vers. 

RHALIL. 

Muhammad  Khalîl  "  Khan  Faïzâbâdî ,  c'est-à-dire  de 
la  ville  de  Faïzâbâd,  est  auteur  d'un  ouvrage  histo- 
rique en  prose  urdù ,  intitulé  Intikliâb-i  saltâniya  ^,  c'est-à- 
dire  Ghoix  impérial.  Il  existe  un  manuscrit  de  cet 
ouvrage  dans  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  du 
Bengale,  manuscrit  qui  provient  de  celle  du  collège  de 
Fort-William.  J'ignore  quel  en  est  le  sujet. 

KHANI\ 

Ecrivain  du  Décan,  à  qui  on  doit  un  masnawî  in- 

'  Il  est  dit  à  l'article  sur  Khulc,  qu'il  avait  dix-neuf  ans  en  1798; 
or  celui-ci  était  plus  jeune;  ainsi,  en  supposant  qu'il  n'eût  qu'un  an 
de  moins,  il  n'aurait  été  âgé  que  de  onze  ans  à  l'époque  de  la  mort 
de  son  père,  en  1786.  Il  y  a  sans  doute  quelque  inexactitude  dans  tout 
cela. 

^  JuçHà.  ami  (  de  Dieu  ) ,  surnom  d'Abraham  et  de  Mahomet. 

''    jU». ,  adjectif  dérivé  de  hhân .  titre  d'honneur  des  Pathâns. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  297 

titillé  Qaissa-i  Ahulfaïz  Nûrî  \  ou  Histoire  d'Abu'l- 
faïz  Nùrî.  Je  possède  dans  ma  collection  particulière  un 
manuscrit  de  ce  poëme,  qui  se  compose  de  3o  pages 
in-li°  écrites  en  caractères  neskhî.  Il  contient  le  récit 
d'une  aventure  intéressante.  J'en  donnerai  l'analyse  dans 
le  second  volume  de  cet  ouvrage. 

RHIDMAT. 

Farhat  Aiî  Rhidmat  ^  est  un  poëte  hindouslani  qui 
habitait  Laklmau.  Voici  la  traduction  d'un  court  gazai 
de  cet  écrivain,  pièce  qui  fait  pai^tie  de  l'Anthologie 
de  Béni  Narâyan  : 

Dans  ma  vie  de  deux  jours ,  celle  qui  a  ravi  mon  cœur  est 
venue  une  seule  fois  prendre  place  en  ma  maison.  (Je  lui  ai 
dit)  :  «N'oublie  pas  que  la  beauté  ne  demeure  à  personne;  ac- 
«  cepte  mon  salut  et  accorde-moi  un  baiser.  » 

Ayant  relevé  îe  pan  de  ma  robe  (pour  agir  plus  librement), 
je  dis  aujourd'bui  à  ma  bien-aimée  :  «  Tu  es  la  reine  de  la  beauté, 
«  prends-moi  pour  ton  esclave.  Hélas  !  tu  me  l'avais  promis ,  ac- 
«  complis  donc  ta  promesse.  » 

Mais  qu'apprends-je  ?  mon  amie  au  teint  de  rose  est  partie , 
me  dit-on;  je  dois  désoi'mais  renoncer  à  son  service  [Khidmat). 

KHIYAL. 

Gulâm-i  Hiiçaïn  Khiyâl  ^  est  un  poëte  hindoustani 
dont  Mannû  Lâl,  dans  son  Galdasta-i  nischât,  cite  plu- 

^   Oc<«4Xà^  service. 
''  Jva^   iinacjination. 


298  BIOGRAPHIE 

sieurs  vers.  Je  n'essayerai  pas  de  rendre  en  français 
leurs  hyperboles  outrées.  Voici  toutefois  la  traduction 
d'un  de  ces  baït  qui  est  simple  et  gracieux  : 

Tu  désirais  montrer  ton  visage  aux  étrangers  qui  t'entouraient; 
la  chaleur  t'a  fourni  fort  à  propos  un  prétexte  plausible  pour 
ôter  ton  voile. 

Ce  vers  rappelle  celui  de  Virgile  : 

Et  fugit  ad  salices,  et  se  cupit  ante  videri. 

RHULC. 

Mîr  Ahçan  Rhulc  \  fils  de  Mîr  Haçans,  n'était  âgé,  à 
l'époque  où  écrivait  Musbafî  (1793-179/1),  que  de 
dix-neuf  ans.  Il  était  modeste  et  avait  une  belle  phy- 
sionomie. On  pensait  qu'il  avait  hérité  du  talent  poé- 
tique de  son  père,  qui  l'avait  instruit  de  bonne  heure 
à  son  école.  Il  vivait  encore  en  i8o3,  ainsi  que  nous 
l'apprend  l'auteur  de  la  notice  hindoustani  sur  Hacan, 
qu'on  lit  en  tête  de  l'édition  du  Sihr  iilhayân,  et  il  de- 
meurait à  Faïzâbâd,  où  il  était  attaché,  à  cette  époque, 
à  Darâb  Ali  Khân  le  nâzir  ^.  Il  a  réuni  ses  vers  en  un 
diwân.  Mushafî  en  cite  plusieurs. 

KHUSCH-HAL. 

Khusch-Hâl  ''  Khân  est  auteur  d'un  diwân  hindous- 

'    (^X^   nature,   qualité,  etc. 

*  Voyez  l'article  sur  ce  poète  célèbre. 

'   Inspecteur,  sorte  d'ofïicicr  supérieur  du  gouvernement. 


''   Jlata-   jjifc^    hrurewc  d'état. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  299 

tani,  dont  on  trouve  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque 
du  collège  de  Fort- William  à  Calcutta,  collection  qui 
fait  actuellement  partie  de  celle  de  la  Société  asiatique 
du  Bengale. 

KHUSGH]NUD\ 

Poëte  hindoustani  cité  par  Mir  dans  sa  biographie. 
Voici  un  vers  de  lui,  que  ce  même  écrivain  nous  fait 
connaître  : 

J'ai  été  sur  pied  toute  la  nuit;  mais  je  n'ai  pas  vu  ma  bien- 
aimée,  même  à  l'aurore.  Je  me  suis  caché  pour  regarder  dans 
le  chemin ,  mais  en  vain  ;  elle  ne  s'est  pas  montrée  à  moi. 

RHUSRAU. 

Le  khâjâ  Abulhaçan  Khusrau^,  de  Dehli,  est  un  des 
plus  grands  poètes  de  fTnde  musulmane.  On  le  nomme 
Tûti-i  Hind,  ou  le  Perroquet  de  l'Inde  ^.  Son  aïeul  nom- 
mé Tark  vint,  du  temps  de  Genghiz-Khân ,  du  Màwarâ 
unnahr  dans  l'Inde.  Son  père  ^  fut  comblé  de  faveurs 
par  le  sultan  de  Dehli,  Taglicschâh.  Il  périt  dans  la 
guerre  contre  les  infidèles  (  Hindous  ) .  Rhusrau  naquit 
au  xin^  siècle ,  dans  une  ville  nommée  Mûmînâbâd.  Il 
remplaça  son  père  dans  ses  fonctions.  Le  sultan  Mu- 

'    >>yj^'vt) '^    content,  charmé. 

^    jjyow.-^    Kosroës. 

^  Nous  (lirions  plutôt  le  rossignol  de  l'Inde. 

'■'  Dauletschâh  le  nomme  Amir  Mahmûd  Mihtar,  chef  de  la  com- 
manderie  de  Làchîn.  Un  autre  biographe  l'appelle  Saïf  uddin  Lâchin 
Turh  du  Hazàra  (commanderie  )  de  Balkh. 


300  BIOGRAPHIE 

hammad  Taglicschâh,  à  la  louange  duquel  Khusrau  a 
écrit  plusieurs  cacîdali,  avait  pour  lui  beaucoup  d'amitié. 
Il  occupa  des  emplois  sous  sept  souverains,  et  devint 
le  commensal  et  le  compagnon  de  quelques-uns.  Il  con- 
nut Saadî  dans  sa  vieillesse  ^  On  dit  que  ce  poète  per- 
san distingué  fit  le  voyage  de  l'Inde  pour  voir  notre 
écrivain.  Khusrau  finit  par  abandonner  tout  à  fait  le 
monde,  et  par  se  vouer  entièrement  à  la  piété  et  aux 
exercices  de  la  charité  religieuse.  Il  effaça  de  ses  ouvrages 
les  louanges  qu'il  avait  prodiguées  aux  rois  et  aux  grands 
de  la  terre,  pour  n'y  laisser  que  celles  de  TEtre  à  qui 
rois  et  sujets  sont  également  soumis.  Il  devint  effective- 
ment un  fervent  sofi,  et  parvint  aux  plus  hauts  degrés 
du  spiritualisme.  Ses  poésies  mystiques  sont  encore  fré- 
quemment chantées  par  les  dévots  musulmans.  Il  fut 
un  des  disciples  spirituels  de  Nizâm  uddîn  Aulyâ  2,  qui 
le  fut  lui-même  du  célèbre  Farîd  Schakarganj  ~\  Il  fut 
si  affligé  de  la  mort  d' Aulyâ ,  qu'il  en  mourut  à  un  âge 
avancé ,  en  y  1 5  de  fhégire  (  1 3  1  5- 1 3  1 6  ).  Il  fut  enterré 
près  du  tombeau  de  son  maître,  de  Farîd  et  d'autres 
contemplatifs,  dans  un  endroit  délicieux  de  Dehii. 

Khusrau  a,  dit-on,  écrit  quatre-vingt-dix-neuf  ou- 
vrages en  persan,  tant  en  prose  qu'en  vers,  compre- 
nant près  de  cinq  mille  vers.  On  lui  doit,  entre  autres, 
un  Khiimça,  c'est-à-dire  les  Cinq  (Romans)  sur  les  lé- 

'  Ce  poëte,  le  seul   des  écrivains  persans  qui  ait  acquis   en  Europe 
de  la  popularité,  mourut  en   1291   de  Tère  chrétienne. 

-   Voyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  p.   io4 
et  suiv. 

'  Voyez  le  même  Mémoire ,  pag.   1 00  et  suiv. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  301 

gendes  favorites  des  Musulmans  ;  le  Qiiirân-i  Sada'in, 
poëme  en  l'honneur  du  sultan  de  Dehli,  Ala  uddîn, 
et  une  Chronique  de  DelilL  II  avait  des  connaissances 
très-étendues  en  musique.  Ce  ne  fut  qu'à  la  fin  de  sa 
vie  qu'il  écrivit  des  vers  hindoustani  ;  mais  Mîr  Taquî 
nous  apprend,  dans  sa  biographie,  qu'ils  sont  néan- 
moins nombreux.  Parmi  ces  derniers,  il  y  en  a  qui 
sont  faits  de  telle  manière  qu'ils  ont  toujours  un  sens, 
soit  qu'on  les  considère  comme  écrits  en  persan  ou 
comme  écrits  en  hindoustani.  Mannù  LâP  cite  de  Khus- 
rau  un  long  mukhammas  écrit  en  hindoustani,  dont  le 
cinquième  hémistiche  de  chaque  strophe  est  en  persan. 
Voici,  de  cet  homme  célèbre,  ia  traduction  d'un  gazai 
qui  est  devenu  dans  l'Inde  un  chant  populaire-  Ce  qu'il 
offre  de  particulier  dans  l'original,  c'est  que  le  premier 
hémistiche  de  chacpie  vers  est  en  persan  et  le  second 
en  hindoustani.  Ce  chant,  ainsi  cp^i'on  peut  le  penser, 
retentit  souvent  dans  les  zanâna  solitaii^es  : 

Ne  sois  pas  insouciant  de  l'état  de  ta  pauvre  amie  ;  montre- 
moi  tes  yeux,  et  fais-moi  entendre  tes  paroles.  0  mon  bien- 
aimé  !  je  n'ai  pas  la  force  de  supporter  ton  absence Serre- 
moi  contre  ta  poitrine.  Comme  la  bougie  qui  se  consume.  .  .  . 
je  pleure  sans  cesse  par  l'effet  de  l'amour  que  j'éprouve  pour 
cette  lune.  A  mes  yeux  point  de  sommeil,  à  mon  corps  point 
de  repos;  car  il  ne  vient  pas  lui-même,  mais  il  se  contente  de 
m' écrire.  Les  nuits  de  fabsence  sont  longues  comme  ses  boucles 
de  cbeveux ,  et  le  jour  de  la  réunion  court  comme  la  vie.  Ah  ! 
que  les  nuits  me  paraissent  obscures,  ô  mes  amies,  lorsque  je 
ne  vois  pas  mon  bien-aimé  !  Tout  à  coup,  après  cent  tromperies, 
son  œil  a  accordé  à  mon  cœur  le  repos  et  la  tranquillité.  Y  a-t-il 

'   Guldasia-i   nùc/id(,  pag.  487  et  suiv. 


502  BIOGRAPHIE 

quelqu'une  de  vous  qui  puisse  faire  entendre  mes  paroles  à  mon 
bien-aimé?  Khusrau,  j'en  jure  par  la  réunion  du  jour  de  la  ré- 
surrection, puisque  à  ma  justice  est  tromperie,  je  ne  découvrirai 
pas ,  ô  mon  bien-aimé ,  les  paroles  que  je  pourrais  te  dire  ! 


RRISCHNA-DAS. 

Auteur  d'un  TiM  ^  ou  Commentaire  sur  le  BhaUa-mâl, 
biographie  célèbre  des  dévots  de  la  secte  de  Wisch- 
nou.  Je  pense  que  c'est  le  même  Krischna-dâs  à  qui 
on  doit  le  Bliramara-guîta  -,  ou  le  Chant  du  taon  noir, 
ouvrage  cité  par  Ward  ^  comme  étant  écrit  dans  le 
dialecte  du  Bandelkand.  Il  y  a  un  chapitre  qui  porte 
le  même  titre  dans  l'histoire  de  Krischna,  écrite  en 
hindouî  et  inthulée  Prem  Sâgar.  Le  sujet  de  ce  chapitre 
est  le  message  d'Udho,  qui  est  aussi  nommé  Maclhu- 
kar  (taon).  Krischna  l'envoie  auprès  des  gopis  in- 
consolables de  son  absence.  Une  d'elles,  faisant  allusion 
au  nom  de  ce  messager,  interpelle  une  abeille  qui  est 
posée  sur  une  fleur,  et  lui  tient  ce  langage  : 

O  Maduhkar  !  tu  as  pris  le  suc  du  lotus  des  pieds  de  Krischna , 
c'est  pourquoi  tu  te  nommes  Madhukar  (  produisant  le  miel).  — 
C'est  parce  que  tu  es  l'ami  du  fourbe  Krischna  qu'il  t'a  choisi 
pour  son  messager.  Prends  garde  de  toucher  nos  pieds;  sache 
que  nous  n'ignorons  pas  que  tous  ceux  qui  comme  toi  sont 
noirs  (ou  bruns)  de  couleur,  sont  trompeurs.  Ainsi  ne  crois 
pas  te  rendre  agréable  à  nous  par  tes  salutations.  Comme  toi  qui 

'  Asiatic  Researches.  tom.  XVI,  pag.  8. 

2  "iJfT^  îttrî  le  Chant  du  taon  noir,  on  pour  mieux  dire,  relaiif  au 
iaon  noir. 

^  History.  etc.  of  thc  Flimloos.  tom.  II,  pag.  48 1. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  305 

erres  de  Heur  en  fleur,  sans  être  à  aucune,  ainsi  il  témoigne  de 
l'amitié  à  toutes  les  femmes  et  ne  s'attache  à  aucune. 

Krischna-dâs  est  aussi  auteur  du  Prem  satwa  niriîpa  ^, 
traité  religieux.  M.  Wilson  a  dans  sa  collection  un 
exemplaire  de  cet  ouvrage  en  caractères  devanagarî. 

KRISCHNA  (OU  KISCHAN)  JAICI. 

Un  des  collaborateurs  d'Abulfazl,  de  Fatli  ullah, 
de  Gangâdhar,  de  Mahaïs  et  de  Mahânand ,  dans  la 
traduction  hindouî  des  Nouvelles  Tables  astronomicjues 
d'Ulugh  Beg,  traduction  exécutée  par  l'ordre  d'Akbar. 
Voyez  l'article  sur  Abulfazl. 

KRISCHNA   RAO. 

Krischna  ou  Kischan  Râo  est  auteur  d'un  ouvrage 
intitulé  Polyglot  interlinear,  heing  ilie  jirst  instnwtor  in 
English,  Hiridui,  etc.,  ouvrage  qui  a  été  imprimé  à  Cal- 
cutta en  i83Zi.  Le  même  auteur  a  écrit  des  poésies 
hindoustani,  dans  lesquelles  il  a  pris  le  takhallus  de 
Masnir'^.  Mannû  Lai  en  cite  un  spirituel  gazai  qui  finit 
par  un  vers  fort  joli  dans  l'original  et  dont  voici  la  tra- 
duction : 

Ta  tyrannie  m'a  rendu  triste  intérieurement,  quoique  exté- 
rieurement mon  surnom  soit  çjai. 

'  MH  H'^  THt^M  •  Si,  comme  je  le  pense,  ce  dernier  mot  est 
substantif,  ce  titre  me  paraît  signifier  investigation  mr  l'excellence  de 
l'amour. 


jxy*^ 


content. 


504  BIOGRAPHIE 

KRISCHNA  SINGH. 

Auteur  jaïn  k  qui  on  doit  un  Manuel  des  Joins,  in- 
titulé Kriyâ  liathâ  Kaiistuhh  ^  Cet  ouvrage  a  été  écrit 
en  l'année  de  Samvat  1784  (1728  de  Jésus-Christ). 
M.  Wiison  en  possède  une  copie. 

laïc. 

Laïc  ^  est  un  auteur  hindoustani  du  nord ,  dont  les 
poésies  ont  été  réunies  en  diwân.  Siràj  uddaula,  d'Haï- 
deràbâd,  en  possède  un  exemplaù^e  dans  sa  bibliothèque. 
C'est  à  l'obligeance  du  colonel  Josiah  Stewart  que  je 
dois  cette  indication. 

LAL. 

Lâl^  ou  Lâl  Kavi,  c'est-à-dii'e  Làl  le  poëte,  est  un 
célèbre  bai'de  hindou ,  auteur  du  Clihatra  PraMsch  ^,  ou 
Histoire  de  Chhatra,  ouvrage  en  vers  hindi  ou  braj- 
bhâkliâ,  qui  roule  sur  les  guerres  et  l'ordre  de  succes- 
sion des  anciens  ràjàs  du  Bandelkhand,  et  sur  la  valeur, 
l'intiTpidité  et  l'héroïsme  de  la  nation  guerrière  des 
Bandélas.  Cet  ouvrage,  qui  est  historique,  paraît  avoir 
été  écrit  pendant  la  vie  et  probablement  sous  la  dù'ection 

'   I9t)^l    <=t)^l    cfj|trt*T-  Ce  titre  semble  signifier  lejojaadc  l'his- 
toire des  cérémonies  relitjieuses. 

'   (*^,^  digne. 
^  (^1^  chéri. 

'  ^  îRiTîT 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  305 

du  célèbre  râjà  Chhatra  Sâl,  souverain  de  Bandelkhand, 
sur  le  règne  duqtiel  il  contient  des  détails  circonstanciés 
aussi  bien  que  sur  celui  de  son  père,  le  râjâ  Champat 
Râé.  Aucunrâjâ,  avant  ou  après  Clibatra  Sàl,  ne  paraît 
avoir  arrêté,  avec  plus  de  succès  que  lui,  le  torrent 
de  la  conquête  musidmane,  en  attaquant  et  mettant 
en  déroute  les  troupes  d'élite  du  plus  capable,  du  plus 
entreprenant  et  du  plus  brave  des  empereurs  mogols, 
d'Aurangzeb,  qui  fut  en  même  temps  le  persécuteur 
des  Hindous  le  plus  intolérant  et  le  plus  vindicatif. 
C'est  la  mutilation  de  leurs  idoles,  la  démolition  de 
leurs  temples,  ou  leur  changement  en  mosquées  qui 
outra  les  Hindous  d'indignation  et  les  détermina  à  s'in- 
surger. Une  fois  leur  juste  colère  excitée,  l'enthousiasme 
religieux,  l'honneur  militaire  et  le  principe  de  Chhatra, 
de  ne  jamais  fuir,  les  conduisit  à  la  victoire.  Sous  ce 
chef  qui,  par  ses  vertus  et  son  caractère  héroïque,  com- 
mandait leur  confiance  et  leur  amom%  ils  chassèrent 
promptemcnt  leurs  oppresseurs.  Le  capitaine  W.  R. 
Pogson  a  donné  en  anglais  la  traduction  de  l'ouvrage 
de  Lâl,  sous  le  titre  de  A  Historj  of  Boondelas^,  et  le 
major  W.  Priée  a  donné  le  texte  de  la  portion  de  cet 
ouvrage  qui  contient  fhistoire  de  Chhatra  Sâl,  sous  le 
titre  de  The  Chhatra  Prakash  or  Biographical  account  of 
Chhatra  Sal,  etc.^ 

'  Calcutta,  1828,  in-/i.°. 
■■^  Ibiclcm.  1829,  in-8°. 


20 


506  BIOGRAPHIE 

LALA'. 

Poëte  hindoustani  dont  le  gazai  suivant  ^  est  devenu 
un  chant  populaire  : 

Ma  bien-aimée  s'est  levée;  elle  vient  vers  moi  de  sa  chambre  à 
coucher  ;  elle  est  courbée  par  l'ivresse  ;  elle  est  imprégnée  d'es- 
sences précieuses.  Le  sommeil  auquel  elle  vient  de  se  livrer  a  mis 
en  désordre  les  boucles  de  ses  cheveux  ;  la  marque  de  sandal  qui 
ornait  son  front  a  été  effacée  durant  la  nuit.  Ses  yeux  languissants 
sont  appesantis  par  le  sommeil;  un  turban  printanier  enveloppe 
sa  tête. 

Une  fois,  à  la  fin  de  la  nuit,  j'étais  sans  repos;  je  tremblais 

de  crainte  comme  le  voleur Tout  à  coup  je  vis  que  toutes 

les  rivales  de  ma  bien-aimée  étaient  couchées  çà  et  là  ;  un  châle 
voilait  le  visage  de  celle  que  je  préfère  ;  mais  je  me  mis  à  le 
soulever,  et  bientôt  ma  lèvre  fut  collée  à  sa  lèvi'e.  Alors  ses  yeux 
s'ouvrirent,  et  ce  que  j'allais  prendre  par  force,  elle  me  le  donna 
par  goût.  Je  lui  dis  :  «  0  ma  bien-aimée  !  Lâla  est  ton  esclave;  quel 
«  mal  y  a-t-il  s'il  t'a  dérobé  un  baiser  en  secret  ?  » 

LALAGHl 

Poëte  hindouî  cité  par  le  docteur  Gilchrist  dans  sa 
Grammaire  hindoustani,  pag.  335. 

LALLU. 

Sri  Lallû  Jî  Lâl   Rabi^  est  un  Brahmane  natif  du 

1   *JiJ  talîpe. 

'  Voyez-en  le  texte  dans  Priées  Select,  toni.  II,  pag.  407. 

'  q5Tq5^  avidité,  avarice. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  307 

Guzarate,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  tant  en  braj- 
bhâkbâ  qu'en  hindoustani  urdû.  Quelques-uns  cependant 
de  ces  derniers  sont  écrits  en  caractères  dévanagarî. 
Ces  ouvrages  sont  les  suivants  : 

1°  Le  Prem  Sâgar  \  traduction  abrégée  du  braj- 
bbâkbâ,  non  pas  en  urdû,  mais  en  kbarî  bolî  ou  tlienth , 
c'est-à-dire  en  hindoustani  pur,  en  hindoustani  hindou 
de  Dehli  et  d'Agra,  sans  mélange  de  mots  arabes  ni 
persans  ^.  Cet  ouvrage  avait  d'abord  été  rédigé  en  doha 
et  chaûpaî  braj-bhâkhâ,  par  Chaturbhuj  Misr,  d'après 
le  dixième  chapitre  du  Bhagavat  de  Byâs  Déo.  C'est 
ce.  texte  braj-bhâkhâ  que  notre  auteur  a  reproduit  en 
prose  hindi  entremêlée  de  sloka.  Comme  je  ne  connais 
pas  l'original  braj-bhâkhâ ,  je  ne  sais  pas  au  juste  en  quoi 
la  traduction  de  Lallû  Jî  diffère  du  texte.  Je  puis  dire 
néanmoins  que  la  prose  y  est  écrite  en  véritable  hindi , 
tandis  qu'on  a  conservé  dans  la  plupart  des  vers  les 
formes  anciennes  ou  braj-bhâkhâ.  Je  th'e  de  là  la  con- 
séquence que  Lallû  Jî  s'est  peut-être  contenté  de  re- 
toucher la  prose  et  de  retrancher  les  vers  les  plus  diffi- 
ciles. Ces  suppressions  présumées  sont  probablement 
la  cause  de  l'obscurité  qui  règne  quelquefois  dans  cet 
ouvrage. 

La  rédaction  et  fimpression  du  Prem  Sâgar  furent 
commencées  à  Calcutta,  sous  le  gouvernement  du  mar- 
quis Wellesley,  et  sous  la  direction  du  docteur  Gilchrist, 
en  1860  de  Samwat  (180/i  de  J.  C);  mais  le  départ 

'   îHT  FTTîT^  l'Océan  de  Vamour. 

'   ^T^'ii   mm  STT   Prejarc  du  Prem  Sù(jar.  pag.  2. 

■20. 


308  BIOGRAPHIE 

de  l'orientaliste  écossais  interrompit  cette  impression  : 
elle  fut  reprise  plus  tard ,  pendant  le  gouvernement  de 
lord  Minto ,  par  l'ordre  de  John  William  Taylor,  et  avec 
l'assistance  du  docteur  W.  Hunter;  et  tant  le  travail 
que  l'impression  furent  terminés  en  1866  (  1810),  sous 
la  direction  d'Abraham  Lockett.  Il  forme  un  volume 
grand  in-/i°de  280  pages.  J'ignore  si  c'est  le  même  ou- 
vrage qui,  sous  le  titre  de  Sri  Bhagcnvat,  en  pur  hindi, 
est  annoncé  comme  sous  presse ,  dans  les  Primitiœ  Orien- 
tales, tom.  III,  pag,  /ni;  ou  bien  si  ce  serait  la  version 
originale  de  Chatur-bhuj  Misr.  Outre  l'édition  de  1810 
dont  je  parle  ici,  il  y  en  a  plusieurs  autres  dans  les- 
quelles on  a  supprimé  les  finales  sanscrites  des  chapitres 
qui  en  forment  les  titres ,  et  on  les  a  remplacées  par  des 
titres  anglais  indiquant  les  numéros  des  chapitres.  Celle 
qui  a  été  imprimée  en  1828  est  en  caractères  plus  petits 
que  ceux  qu'on  a  employés  dans  la  première.  Le  format 
est  encore  grand  in-/i°.  La  dernière,  je  crois,  est  celle 
de  1 83  1 ,  de  format  petit  in-Zi'',  et  d'une  impression 
très-jolie  à  fœil  et  sur  beau  papier,  mais  bien  moins 
soignée  que  les  premières ,  car  il  y  a  nombre  de  fautes 
d'impression  qu'on  ne  trouve  pas  dans  celles-là.  Il  y  a 
aussi  une  édition  lithographiée  qui  fait  partie  de  la 
nouvelle  édition  des  Hinclee  and  Hindoostanee  Sélections 
de  W.  Price ,  et  qui  est  accompagnée  du  vocabulaire 
des  mots  kharî  bolî  qui  y  sont  employés. 

2"  Le  Latâïf-i  Hindi  \  ou  Gentillesses  hindoustani, 
recueil  de  cent  historiettes  plus  ou  moins  intéressantes, 
en  urdù  et  en  hindouî  ou  braj-bhakhâ.  Cet  ouvrage  a 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  309 

été  imprimé  à  Calcutta  en  1810  sous  le  titre  de  The  new 
CyclopecliaHindoostanica,  etc.;  Carmichael  Smyth  l'a  réim- 
primé en  grande  partie  à  Londres  sous  son  véritable 
titre  de  Latâïf-i  Hindi  ^  ;  enfin  ce  recueil  fait  partie  des 
Hindee  and  Hindoostanee  Sélections  citées  plus  haut. 

3"  Le  Râj  niti  -,  ou  l'Art  du  gouvernement ,  ouvrage 
traduit  du  sanscrit  de  Narâyan ,  pandit,  en  braj-bhâkhâ. 
C'est  une  collection  d'anecdotes  propres  à  inculquer  les 
doctrines  morales  et  la  politique  civile  et  militaire  des 
Hindous.  On  le  considère  comme  un  extrait  de  YHito- 
padéça. 

lx°  Le  Sahliâ  hilâs  ou  Vilâça  ^,  c'est-à-dire  les  Plaisirs 
de  l'assemblée.  C'est  un  recueil  choisi  d'extraits  poéti- 
ques de  différents  écrivains  distingués,  en  braj-bhâkliâ. 
Ce  volume  a  été  imprimé  à  Khizirpur,  en  caractères 
dévanagarî  ^. 

5"  Le  Sapta  Satika  ^,  ou  les  Sept  cents  Distiques.  Je 
n'ai  jamais  vu  cet  ouvrage,  quoiqu'il  soit  imprimé  à 
Calcutta.  Il  n'en  existe  pas ,  je  crois,  un  seul  exemplaire 
à  Londres.  Je  ne  le  connais  que  par  d'anciens  catalogues 
de  librairie;  mais  je  soupçonne  que  c'est  une  traduction 
de  fouvrage  de  Govardhan  qui  porte  aussi  le  titre  de 
Sapta  Sati'^,  ou  Sept  cents  Distiques. 

'  Londres,   1811,  in-8°. 

*  Annnls  of  the  collège  of  Forfjrf/îi'am,  App.  pag.  2861478. 


310  BIOGRAPHIE 

6°  Maçâdir-i  bhâkhâ  \  ou  les  Noms  d'actions  de  la 
langue  (  hindî  ) ,  ouvrage  de  grammaire  rédigé  en  prose 
et  écrit  en  caractères  nagarî.  11  en  existe  un  exemplaire 
dans  la  riche  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta. 

Lallû  a  de  plus  coopéré  à  la  rédaction  des  ouvrages 
ci  dessous  désignés,  savoir  : 

-  1  °  Le  Singhâçan  battîcî  -,  c'est-à-dire  les  Trente-deux 
(Histoires)  du  trône.  Cet  ouvrage,  d'abord  écrit  en  sans- 
crit, puis  traduit  en  braj-bhâkhâ,  a  été  mis  en  urdù, 
en  1 8o  1 ,  mais  en  caractères  dévanagarî,  sur  l'invitation 
du  docteur  Gilchrist,  par  Lallû,  aidé  de  Mirzâ  Kâzim 
Alî  Jawân.  11  fut  imprimé  en  i8o5.  Feu  le  baron  Les- 
calier  a  donné  en  français ,  sous  le  titre  du  Trône  en- 
chanté, la  traduction  d'un  roman  persan  qui  roule  sur 
la  même  légende ,  mais  qui  diffère  essentiellement  du 
roman  hindoustani.  On  pourra  s'en  convaincre  par  fana- 
lyse  que  je  donnerai  du  Sincjhâçan  hatticî,  dans  le  second 
volume  de  mon  travail. 

2°  Le  Baïtal  Pacluci  ^  c'est-à-dire  les  Vingt-cinq  His- 
toires d'un  génie.  Cet  ouvrage  a  été  traduit,  comme  le 
précédent,  du  sanscrit  en  braj-bhâkhâ,  par  Sûrat  Ka- 
bischwar,  et  de  ce  dialecte  en  hindoustani.  Lallû  fut 
aidé  dans  ce  second  ouvrage  par  Mazhar  Ah  Khan  Wilâ, 

^  TR^ITFr  ^rftFft.  Il  y  a  d'autres  rédactions  hindî  de  cet  ou- 
vrage. J'en  ai,  entre  autres,  dans  ma  collection  particulière ,  une  en 
octaves  et  en  caractères  persans.  Elle  est  intitulée  /y^X^SiÀ^  /<4JV 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  311 

ou  pour  mieux  dire ,  ce  fut  lui  qui  aida  Wiiâ ,  qui  est 
ainsi  le  principal  rédacteur  de  cette  version.  De  plus, 
James  Mouat ,  alors  professeur  d'hindoustani  au  collège 
de  Fort-William ,  chargea  Tarinî  Charan  Mitr  de  revoir 
ce  travail,  et  d'en  enlever  les  mots  braj-bhâkhâ  peu 
usités  dans  l'hindoustani  courant. 

3°  Le  roman  de  Mâdhûnal  ^ ,  dans  la  rédaction  du- 
quel il  aida  encore  Mazhar  Alî  Khan  Wilâ. 

h°  Le  roman  de  Sacoiintala  ^ ,  à  la  rédaction  duquel  il 
coopéra  avec  Kâzim  Alî  Jawân. 

LASSAN. 

Mîr  Kalîm  ullah  Lassân  ^  est  un  écrivain  hindous- 
tani  distingué  qui  mourut  à  la  fleur  de  fâge,  pendant 
le  règne  du  sultan  mogol  Ahmad  Schâh.  Il  était  lié  avec 
Fath  Alî  Huçaïnî,  qui  nous  apprend  que  c'était  un  jeune 
homme  d'une  intéressante  figure  et  d'un  bon  caractère, 
et  qui  cite  plusieurs  vers  extraits  de  ses  écrits. 

LATIF. 

Mîr  Schams  uddîn  Latîf  ^  est  un  écrivain  hindoustani 
natif  de  Surate.  Il  était  âgé  de  trente-deux  ans  lorsque 
Mushafî  écrivait  sa  l^iographie ,  et  il  habitait  Lakhnau , 
peu  de  temps  avant  f  époque  où  Bénî  Narâyan  mit   au 

fi 

^   ^J^•^  élocjuent. 

'    '_**hi*  cujréablc ,  bon,  bienveillant. 


312  BIOGRAPHIE 

jour  son  Anthologie.  Selon  les  biographes  originaux,  ii 
avait  le  génie  de  la  poésie.  Effectivement  on  trouve  de 
lui,  dans  le  Diiuân-i  Jalidn,  un  coui't  gazai  qui  est  assez 
remarquable. 

LUTF. 

Mirzâ  Ali  Lutf  \  spirituel  écrivain  hindoustani,  était 
fils  de  Kàzim  Beg  Khân ,  qui  habitait  Asteràbàd,  dans 
le  Jorjan.  En  l'année  i  i54  de  l'iiégii^e  (  lyAi-iyàa  ), 
Kâzim  vint  à  Dehli  avec  Nadii'  Schâh,  et  par  l'entremise 
d'Abulmansur  Kliàn  Safdàr-jang,  il  obtint  des  faveurs 
royales.  Il  est  auteur  de  poésies  persanes  dans  lesquelles 
il  a  pris  le  takhallus  de  Hijri  (hégirien  ).  Quant  à  Lutf 
son  fils ,  il  s'est  adonné  au  contraire  à  la  poésie  hin- 
doustani. On  lui  doit  un  Tazkira  -  ou  Biographie  des 
poëtes  hindoustani,  auquel  il  a  donné  le  titre  de  Gal- 
schan-i  Hind^,  ou  Jardin  de  flnde.  Il  fa  écrit  en  1210 
de  fhégire  (1800-1801  ).  Ce  tazkira  se  compose  de 
notices  écrites  en  hindoustani,  plus  étendues  générale- 
ment que  celles  des  autres  biographes  originaux,  et  de 
beaucoup  de  citations.  Lutf  nous  fait  savoii',  dans  sa 
préface ,  qu'il  a  rédigé  son  travail  dans  le  genre  du 
Giilzâr-i  Ihrâhim,  et  que,  dans  le  but  de  donner  de  la 
popularité  à  la  biographie  des  poëtes  de  flnde  moderne, 
il  fa  écrit  en  hindoustani,  langage  plus  à  la  portée 
du  commun  des  lectem's.  Comme,  d'après  la  préface 
de  Lutf,  on  pourrait  croire  cpie  le  Guhchnn-i  Hind  est 

'    ._iUj  honte,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  313 

un  travail  presque  identique  avec  celui  d'Ibrâliîm  ,  je 
dois  dire  au  contraire  qu'il  en  est  entièrement  distinct  ; 
qu'on  y  trouve  des  notices  qui  n'existent  pas  dans  le 
Giilzâr,  et  que  les  autres  offrent  des  citations  et  des  ren- 
seignements nouveaux,  et  sont  généralement  beaucoup 
plus  étendues.  Dans  la  première  partie  il  s'agit  de 
soixante  poètes  que  iem^s  diwân  ont  rendus  célèbres  ;  car 
un  poète  ne  saurait  acquérir  de  la  réputation  dans 
l'Inde,  s'il  n'a  produit  un  ou  plusieurs  de  ces  recueils 
de  gazai  dont  les  rimes  parcourent  toutes  les  lettres 
de  l'alphabet.  Dans  la  seconde  partie,  Lutf  devait  parler 
des  poètes  d'un  rang  inférieur;  mais  il  nous  apprend, 
dans  sa  préface,  que  cette  partie  n'a  pas  été  terminée. 
En  effet,  le  premier  ministre  du  Nizâm  possède,  dans 
sa  bibliothèque,  un  exemplaire  de  cette  biographie  qui 
ne  contient  que  le  tome  I.  Il  en  est,  par  suite,  de  même 
de  la  copie  que  j'ai  dans  ma  collection  particulière, 
copie  que  M.  le  colonel  J.  Stewart  a  bien  voulu  faire 
prendre  pour  moi  sur  fexemplaire  de  Haïderàbàd.  C'est 
un  volimie  in-folio  de  plus  de  /loo  pages ,  écrit  par  le 
saïyid  Zu Ificàr  Ali  Tajalli,  en  i2  53  de  l'hégire  (  iSSy- 
i838).  Lutf  rédigea  cet  ouvrage  sous  le  règne  du  na- 
bab d'Aoude  Saadat  Alî,  dont  il  fait,  dans  sa  préface,  un 
pompeux  éloge. 

Les  poésies  hindoustani  de  Lutf  sont  nombreuses. 
Il  en  est  cité  y  2  pages  dans  son  tazkira ,  comprenant  des 
gazai,  des  cacîdah  et  un  long  masnawî  erotique ^  J'en 
donnerai  quelques  extraits  dans  mon  second  volume. 

'   Lutf  a  aussi  inséré  quelquefois,  dans  son  tazkira,  des  vers  urdù  de 
sa  façon,  entre  autres,  à  l'article  sur  Taannâ. 


314  BIOGRAPHIE 

LUTFT. 

C'est  un  des  anciens  poètes  du  Décan;  mais  les  bio- 
graphies originales  ne  donnent  aucun  détail  sur  lui. 
Mîr  cite  seulement  trois  vers  de  cet  écrivain,  et  Alî 
Ibrahim  se  contente  de  transcrire  le  dernier  de  ces  vers. 
En  voici  la  traduction  : 

J'étais  étendu  par  terre  dans  la  rue  de  l'amour,  souffrant  sans 
me  plaindre  les  peines  les  plus  cruelles  ;  mais  la  mère  de  ma 
jeune  maîtresse  est  arrivée ,  et  a  augmenté ,  par  ses  remontrances , 
les  tourments  de  mon  cœur. 

J'ignore  si  c'est  au  même  écrivain  qu'on  doit  une  His- 
toire de  Baillai  le  Juste  et  de  la  reine  Narkhâ  la  Chinoise  ^, 
conte  dont  on  conserve  un  manuscrit  à  la  bibliothèque 
de  XEast-lndia  House,  et  qui  a  pour  auteur  un  personnage 
nommé  Lutfî. 

MACBAH. 

Muhammad  Ibrahim  ÎMacbah^  Munschî  est  auteur 
d'une  Grammaire  hindoustani  imprimée  à  Bombay, 
en  1828,  sous  le  titre  de  Tahfa-i  Elphinstone'^,  après 
avoir  été  revue  par  le  major  V.  Kennedy.  Depuis  1 802  , 
l'auteur  enseignait,  à  Bombay,  l'hindoustani  aux  Anglais 
qui  arrivaient  dans  cette  ville  sans  savoir  cette  langue  ; 

'  ^    [fds)   adoptif. 

"■   iijJuo.  J'ignore  quel  est  ce  mot-,  il  paraît  arabe. 
'   mv->**jOcII   xk^  présent    à    Elplùnstoiie    (  gouverneur  do  la  prési- 
dence de  Bombay  ). 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  315 

et  ainsi  il  avait  acquis ,  par  leur  fréquentation ,  la 
connaissance  de  la  langue  anglaise.  Après  avoir  lu  les 
ouvrages  que  Gilchrist  a  composés  pour  l'étude  de  la 
langue  hindoustani ,  il  écrivit  à  son  tour  une  grammaire 
élémentaire  en  anglais  ^ ,  spécialement  destinée  à  l'usage 
de  ses  élèves,  et  dont  ceux-ci  lui  corrigèrent  le  style. 
Cette  grammaire  me  paraît  contenir  bien  des  paradoxes; 
elle  est  certainement  inférieure  à  celle  de  Shakespear. 
Ce  qu'il  y  a  d'intéressant  seulement,  ce  sont  de  nom- 
breux exercices,  en  anglais  et  en  hindoustani,  sur  les 
temps  et  les  modes  des  verbes,  exercices  qui  font  al- 
lusion à  beaucoup  d'usages  de  l'Inde,  et  une  pétition 
originale  adressée  à  un  juge  par  un  individu  nommé 
Schaïkh  Mançùr.  On  y  trouve  aussi  la  description  de 
la  bataille  de  Panipat,  écrite  en  hindoustani.  Macbah 
a  été  élu,  en  1 836 ,  membre  non  résident  de  la  Société 
asiatique  de  Londres. 

MACSUDl 

Macsûd  fournissait  de  l'eau  aux  gens  du  bazar  (  ap- 
paremment de  Dehli) ,  et  réussissait  assez  bien  à  com- 
poser des  vers  hindoustani  qui  faisaient  les  déhces  des 
vendeurs  et  des  acheteurs.  Alushafî  dit  qu'à  cause  qu'il 
était  illettré ,  on  ne  l'a  pas  compté  parmi  les  poètes  an- 
ciens, c'est-à-dire  ceux  qui,  dans  le  nord,  ont  précédé 
l'époque  oii  florissaient  Saudâ,  Alir  etHaçan.  Toutefois 
il  lui  a  consacré  un  article  assez  étendu  dans  sa  biogra- 

'   La  préface  seulement  est  en  hindoustani  et  en  anglais. 
■  ^jp^ajC*  [hut]  proposé,  intention. 


316  BIOGRAPHIE 

pliie.  Ses  enfants  furent  ses  élèves.  On  chante  ses  poésies 
dans  les  réunions  et  les  foires ,  surtout  pendant  la  fête 
hindoue  du  Holi  ^. 

MACTUL. 

Mirzâ  Ibrahim  Beg  Mactûl  ~,  fds  de  Mirzâ  Muham- 
mad  Ali,  descendait  d'anciens  Mirzâ  d'Ispahan.  Quant 
à  lui ,  il  fut  élevé  à  Schâhjahânâbàd.  Il  connaissait  bien 
les  règles  de  Yinschâ^  et  de  la  poétique,  et  il  joignait 
à  la  théorie  la  mise  à  exécution ,  car  il  écrivait  les  vers 
hindoustani  avec  beaucoup  de  goût  et  d'imagination.  Il 
était  élève  de  Mushafi  qu'il  consultait  sur  ses  vers ,  et 
auquel,  en  outre ,  l'amitié  le  liait.  Il  dit  quelque  part  : 

Je  dois  à  Mushafî  la  facilité  que  j'ai  à  m'énoncer  en  vers:  que 
Dieu  prolonge  sa  vie  dans  ce  monde! 

Il  avait  plus  de  trente  ans  en  i  793. 

MADHUSGH. 

Mir  Banî-Jân  Madhûsch*,  petit-fds  dukhâja  Muham- 
mad  Bâcit,  est  un  des  disciples  de  Mir  Soz.  C'est  un 
poète  hindoustani  très-distingué. 

'  Voyez  ma  Notice  des  fêtes  populaires  des  Hindous,  pag.  38  et  suiv. 

-  J^ÏLa  tué. 

^  Lioî  indique  spécialement  l'art  cpistolaire,  c'est-à-dire  la  connais- 
sance du  protocole  des  lettres,  du  style  qu'on  doit  y  employer,  etc.  Dans 
un  sens  plus  vague,  il  signifie  l'art  d'écrire  en  général. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  517 


MAFTUN. 

Mirzâ  Ibrahim  Beg  Maftûn  \  originaire  d'Ispahân, 
fut  disciple  de  Miyân  Gulâm-i  Hamdânî  Mushafî.  Béni 
Narâyan  en  cite  un  court  gazai  dont  je  joins  ici  la  tra- 
duction : 

Lorsque  ces  beautés  qui  rendent  idolâtres  tressent  leurs  che- 
veux ,  elles  lient  mon  cœur  amoureux  dans  les  replis  de  leurs 
boucles.  Je  ne  vis  pas  comme  le  rossignol  dans  son  jardin ,  je 
fais  maintenant  mon  nid  séparément.  Je  répandrai  des  larmes 
de  sang ,  si  de  leurs  mains  elles  mettent  du  hinna  à  leurs  pieds.  Je 
supporterai  la  tyrannie,  mais  je  ne  renoncerai  pas  à  la  vie  -,  je 

contracte  avec  vous  cet  engagement  de  fidélité Dans  chacune 

de  leurs  tresses  ayant  serré  le  cœur  des  amants ,  elles  occasion- 
nent leur  malheur.  Ma  bien-aimée,  pourquoi  n'as-tu  pas  regardé 
l'état  de  Maftûn ,  qui  a  lui-même  lié  fortement  la  ceinture  de 
l'esclavage  ? 


Mirzâ  Ali  Rizâ  Marhûn  prit  d'abord  le  surnom  de 
Maftûn,  s'il  faut  en  croire  Bénî  Narâyan.  Il  en  sera 
parlé  au  mot  Marhûn. 

MAFTUN,  D'ALLAHABAD. 

Kâzim  Alî  Maftûn,  d'Allahâbâd,  est  un  poëte  hin- 
doustani  cité  par  Alî  Ibrahim  dans  sa  biographie.  Voici 
la  traduction  du  seul  vers  qu'il  en  donne  : 

A  quoi  bon  me  plaindre  de  mes  rivaux  à  cette  insouciante  ? 
cette  jeune  et  charmante  étourdie  ne  sait  pas  distinguer  ce  qui 
est  bien  de  ce  qui  est  mal. 

'   ijyXÀ^  séJiiil ,  fasciné ,  amoureux. 


318  BIOGRAPHIE 

MAGMUM. 

Râm  Jas  Magmûm  \  habitant  de  Lakhnau,  est  un 
poète  hindou  dont  le  cœur  avait  été  hrâlé  par  le  Samoum 
de  l'amour.  Ah  Ibrahim  nous  apprend  qu'il  travailla 
avec  William  Jones.  Magmûm  remit  lui-même  au  bio- 
graphe dont  je  parle,  en  1 199  de  l'hégire  (178/1-1785), 
quelques  pièces  de  vers  pour  qu'il  les  insérât  dans 
son  Gulzâr.  Celui-ci  en  a  extrait  deux  pages  qu'on  lit 
dans  son  ouvrage. 

MAHAIS. 

Un  des  collaborateurs  d'Abù'lfazi  et  d'autres  savants 
pour  la  traduction,  en  hindouî,  des  Nouvelles  Tables 
astronomiciues  d'Ulugh  Beg.  Voyez,  à  ce  sujet,  l'article 
consacré  à  Abu  Ifazl. 

MAHANAND^ 

Un  des  collaborateurs  de  la  traduction  hindouî  des 
Nouvelles  Tables  astronomiques  d'Ulugh  Beg,  citée  dans 
ÏAjini  Akbari,  tom.  Il,  pag.   102. 

'   ^^kii^jbo  triste ,   chagrin. 

^  H'^l'lS  nrande  joie.  On  entend  parla  la  félicité  éternelle. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  319 


MAHBUB. 


Mîr  Guiâm-i  Haïdar  Curaïsch  Mahbûb  ^ ,  fils  du  célèbre 
Saudâ ,  est  aussi  compté  parmi  les  poètes  hindoustani. 
D  naquit  à  Dehli,  patrie  de  son  père.  Il  est  estimé 
pour  la  douceur  et  la  flexibilité  de  son  style.  Lutf  nous 
apprend  qu'il  a  écrit  entre  autres  deux  divvân  qui  cor- 
respondent à  ceux  de  Mîr.  Il  vivait  à  Laklinau ,  dans  la 
détresse,  en  12  i5  de  l'hégire  (1800-1801). 

Bénî  Narâyan  en  cite  un  gazai ,  et  Lutf  plusieurs  vers 
détachés. 

MAH-LIGAl 

Auteur  d'un  diwân  urdû  dont  il  existe  une  copie 
dans  la  bibliothèque  du  râjâ  Chandû  Lâl,  d'Haïderâbâd, 
et  d'un  masnawî  très-étendu  et  fort  intéressant  intitulé 
Qaissâ-i  Khmvir  Schâh  ^,  ou  Histoire  de  Rhâwir  Schâh , 
poëme  écrit  en  dialecte  dakhnî  sous  le  règne  de  Schâh 
Alam,  doat  l'auteur  chante  les  louanges  à  la  suite  de 
l'invocation ,  ainsi  que  celles  du  gouverneur  de  la  pro- 
vince où  il  a  écrit.  L'auteur  raconte  dans  sa  préface 
qu'un  jour,  dans  une  réunion  de  httérateurs  qui  eut 
lieu  chez  ce  nabâb,  on  rappela  fhistoire  des  amants 
célèbres,  Nal  et  Daman,  Gais  et  Laïla,  Kohkan  et 
Schîrîn-,  mais  que  ce  nabâb,  amateur  du  nouveau, 
chargea  Mâh-Licâ  de  célébrer  d'autres  héros ,  de  tracer 

^    t-»»^^   aimè ,  aimable. 
^  Ixî  ôUi  visage  de  lune. 


520  BIOGRAPHIE 

d'autres  aventures.  Il  rédi2;ea  en  conséquence  l'histoire 
dont  il  s'agit,  ((histoire,  dit-il,  dont  personne  n'a  jamais 
«entendu  le  récit.  ^^ 

Je  donnerai  dans  mon  second  volume  Tanalyse  de 
cet  ouvrage,  dont  je  possède  dans  ma  coUection  parti- 
culière un  exemplaiiT  très-hien  peint  et  enrichi  dejohs 
dessins. 

MAHIR. 

Miyàn  Fakhr  uddin  Màhir^.  fds  d'Ascliraf  Ali  Khàn 
d'une  famille  célèhre,  était  assez  âgé  à  l'époque  où 
écrivait  Mushafi.  Il  lut  employé  pendant  quelque  temps 
auprès  de  Saiidà  pour  transcrii'e  son  diwàn.  Formé  de 
tomie  heure,  dans  la  société  de  ses  parents,  à  la  pui-eté 
du  langage,  il  vonhit.  à  l'imitation  de  Saudà,  écrire 
aussi  des  vers  liindoustani.  et  il  3es  montra  à  ce  dernier, 
qui  put  ainsi  lui  donner  de  hons  conseils.  On  le  compte 
parmi  les  écrivains  urdù. 

MAHSCHAR-. 

Ce  poète  était  natif  du  Cachemire ,  mais  il  hahita 
Lakhnau.  ou  il  acquit  de  la  réputation.  Mushafi  cite 
de  lui  un  gazai  qui.  selon  ce  biographe,  annonce  du 
talent.  Il  le  trouva  dans  un  ancien  album  qui  était 
depuis  longtemps  en  sa  possession. 

'     ^U   habile,  adroit. 

'  j  »««  ."^  assemblée,  celle,  entre  autres,  dujour  du  jugement. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  521 

MAHSCHAR  (ALI  NAQUI). 

Les  ancêtres  de  Mirzâ  Ali  Naqui  Mahschar  étaient  des 
gens  de  lettres,  et  lui-même ,  après  avoir  reçu  son  édu- 
cation à  Lakiinau,  se  sentit  des  dispositions  prononcées 
pour  la  poésie ,  et  se  mit  à  faire  des  pièces  de  vers  en 
hindoustani  et  en  persan.  Il  avait,  au  sujet  de  son  talent, 
des  prétentions  telles  qu'il  ne  faisait  aucun  cas  des  gens 
de  lettres  ses  contemporains.  Il  se  rendit  coupable  du 
meurtre   de  Mirzâ  Ali  Muhlat,  et  en  consécpience  il 
quitta  Lakhnau  et  se  retira  à  Schâlijahânâbâd  (Delili); 
puis,  deux  ans  après,  il  alla  à  Akbaràbâd  (Agra),  et 
croyant  n'avoir   plus  rien    à  craindre  des  parents  de 
Mulilat,  il  retourna  à  Lakhnau,  et  s'y  comporta  avec 
beaucoup  de  prudence.  Quelques  années  se  passèrent 
ainsi;  mais  les  parents  de  la  victime  ayant  trouvé  une 
occasion  favorable  dans  la  fête  de  muharram,  i  208  de 
l'hégire  (  1  ygS- 179/1),  ils  le  tuèrent,  et  vengèrent  ainsi 
par  le  talion  le  sang  de  Muhlat.  Mahschar  pouvait  avoir 
alors  trente  ans.  Mushafî,  qui  nous  donne  ces  détails, 
cite  de  lui  trois  vers  seulement. 

MAHZUN. 

MaulaAvî  Saïyid  Muhammad  Huçaïn  Mahzûn  ^  était 
des  Saïyid  nommés  Mûçawi^.  Il  fut  le  disciple  le  plus 
distingué  de   Muhammad   Barkat.  11   quitta    son  pays 


*  C'est-à-dire  des  Saïyid  descendants  de  Mùça  sixième  imâm. 
I.  21 


322  BIOGRAPHIE 

(  apparemment  Dehli  ) ,  et  choisit  pour  sa  résidence 
AUahâbâd.  Alî  Ibrahim,  qui  l'avait  connu,  nous  ap- 
prend qu'il  était  grave  dans  ses  manières ,  quoique  plein 
de  vivacité.  Il  déclamait  bien  ses  vers.  Il  a  écrit  tant 
en  hindoustani  qu'en  persan. 

MAHZUN,   D'AMROHA. 

Alam  Schâh  Pîrzâda  Mahzûn  demeurait  à  Amroha , 
et  avait  dans  ce  zila  (  district  )  la  réputation  d'être  un 
fort  bon  poëte ,  à  l'époque  où  Mushafi  tenait  ses  séances 
académiques.  Il  faisait  entre  autres  des  marsiya  et  des 
salâm  pour  la  grande  fête  musulmane  du  mois  de 
muharram.  Mushafî  cite  de  lui  trois  vers  seulement. 

MAJEUR. 

Miyân  hacc-raça  Majbùr  ^  est  un  écrivain  hindoustani 
dont  Mannû  Lâl  cite  deux  vers.  En  voici  la  traduction  : 

Donne  de  la  patience,  ô  mon  amie!  à  ce  cœur  sans  patience, 
dont  l'agitation  inspire  de  la  jalousie  au  mercure  ennemi  du 


repos. 


On  peut  comparer,  avec  juste  raison,  au  fruit  du  jujubier, 
ces  lèvres  auxquelles  le  rubis  porte  envie ,  et  de  dépit  se  cache 
dans  la  mine. 

MAJNUN. 

Schâh  Majnûn^  était,  selon  Ah  Ibrahim,  un  des  fils, 
et  selon  Mushafî,  un  des  petits-fils  de  Raé  Bischan 

1    ifcX:^  contraint  et  par  suite  opprimé. 

-   i^yi^Joii;  à  la  lettre,  touché  par  iinjinn. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  325 

Nâtli,  ministre  de  Muhammad  Schâh.  Il  prit  tour  à  tour 
le  takhallus  de  Hâfi  ^  et  de  Majnûn.  Il  fut  disciple  de 
Mîr  Muhammad  Taquî,  nommé  simplement  Mîr,  et  se 
distingua  lui-même  parmi  les  poètes  hindoustani  qui 
ont  écrit  dans  le  style  ancien;  car  il  est  effectivement 
de  la  vieille  école.  Il  résidait  à  Lakhnau  à  fépoque  où 
écrivait  Ibrâliîm,  et  y  faisait  profession  d'indépendance 
religieuse ,  allant  nu-tête  et  nu-pieds.  Il  envoya  néan- 
moins à  ce  dernier,  sur  sa  demande,  en  1 196  de  l'hé- 
gire (  1781-1782),  des  vers  qu'Ibrahim  a  placés  dans 
son  Anthologie  bibliographique.  Mushafi  nous  fait  savoir 
qu'il  est  auteur  d'un  diwân  qu'il  a  vu ,  lequel  est  plein 
de  vers  gracieux  et  élégants.  Béni  Narâyan  dit  simple- 
ment qu'il  était  faquîr,  et  il  cite  de  lui  un  court  gazai 
seulement. 

MAJNUN  (HIMAYAT  ALI). 

Himâyat  Ali  Majnûn  naquit  à  Dehli  et  habitait  Mur- 
schidâbâd.  Il  fut  un  des  disciples  de  Schâh  Cudrat 
ullah  ,  dont  le  takhallus  est  Cudrat.  Ayant  fait,  par 
ordre  du  nabab  Mubârak  Ali  Khân  Mubârak  uddaula 
Balladur,  un  sâquî-namah  -  en  vers  hindoustani ,  cet 
ouvrage  décela  en  lui  un  habile  poëte.  On  a  de  lui 
d'autres  pièces  de  vers. 

'    ,jl^  allant  nu-pieds. 

*  A-«b  (S Wi ,  à  la  lettre ,  livre  d'échanson ,   sorte  de  poème  où  Ton 
fait,  entre  autres  choses,  l'éloge  du  vin. 


21. 


324  BIOGRAPHIE 


MAJRUH. 


Munschî  Krischna,  ou  Kishan  Chand  Majrûh\  était 
originaire  du  Cachemire;  mais  il  naquit  dans  l'Hin- 
doustan.  Il  fut  un  des  élèves  de  Mirzâ  Mazhar  Jàn 
Jânân '-.  11  vivait  à  Lakhnau  en  i  1 96  de  l'hégire  (  1781- 
1782).  On  le  compte  au  nombre  des  écrivains  hin 
doustani. 

MAJZUB. 

Mirzâ  Gulàm-i  Haïdar  Majzûh^  de  Dehli,  était  fds 
du  prince  des  poètes  hindoustani,  Mirzâ  Muhammad 
Rafî  Sauda.  Il  vivait  à  Laklmau  en  1196  de  l'hégire 
{1781-1782).  On  le  compte  parmi  les  poètes  hin- 
doustani, parce  qu'en  effet  il  a  écrit  un  bon  nombre 
de  vers  qui  ne  sont  pas  sans  mérite.  Au  talent  poétique 
qui  le  distinguait,  il  joignait  la  modestie  et  aussi  la 
fidélité  dans  famitié.  Mushafî  et  Alî  Ibrahim  citent  de 
lui  plusieurs  vers. 

MAKHRIM. 

Khâja  Muhammad  Makhrim*,  de  Dehh,  était  frère 
du  Khâja  Muhammadî  Khân.  Il  était  adonné  à  l'amour 
de  Dieu  et  à  la  culture  de  la  poésie,  pour  laquelle  il 
avait  beaucoup  de  disposition.  Il  résida  à  Murschidâbâd, 

'   —  «j,^  blessé   [par  l'amour). 

^  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage. 
'    OktX^  altirè. 

/^yJ^  sommet  d\ine  montagne. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  325 

où  il  fut  attaché  à  la  cour  du  nabâb  Mîr  Muhammad 
Câcîm  Khan.  Il  était  très-lié  avec  le  célèbre  spiri tua- 
liste  Schâh  Kahtia,  et  aussi  avec  Ali  Ibrâliîm. 

MALIR\ 

Poëte  hindoustani  dont  Mîr  cite  seulement  le  nom 
et  un  vers  dont  je  joins  ici  la  traduction  : 

Je  sacrifie ,  sans  hésiter,  mon  corps  et  mon  esprit  pour  ce  char- 
mant échanson  qui  m'a  mis  hors  de  moi  par  une  seule  goutte  du 
vin  qu'il  m'a  versé. 

MAMNUN. 

Mîr  Nizâm  uddîn  Mamnûn^ ,  fds  de  Mîr  Camar  uddîn 
Minnat  ^,  habitait  Dehli  en  1 8 1  û ,  et  y  était  attaché  à 
la  personne  de  feu  sa  majesté  Akbar  U.  jMamnùn  s'est 
distingué  comme  poëte  hindoustani,  et  par  ses  bonnes 
qualités.  Pendant  la  vie  de  son  père,  après  avoir  étudié 
les  livres  de  jurisprudence,  poussé  par  son  inclination 
naturelle ,  il  s'adonna  à  la  poésie  hindoustani  et  même 
persane,  au  point  qu'en  peu  de  temps  il  accp.iit  cette 
force  d'expression  qui  distingue  les  vrais  poètes,  et 
parvint  à  être  aussi  bon  écrivain  que  son  père.  Beau- 
coup d'auteurs  se  sont  formés  auprès  de  lui  dans  l'art 
de  la  poésie.   On  lui  doit  un  diwân   dont  la   biblio- 

'  kilX«  roi.  Peut-être  faut-il  lire  mulJc,  royaume,  car  il  n'y  a  pas  de 
point-voyelle  dans  le  manuscrit  du  I\ikàt  uschuurâ. 

^  My^  reconnaissant. 

'  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 


326  BIOGRAPHIE 

thèque  du  collège  de  Fort-William  à  Calcutta  possède 
un  exemplaire.  Bénî  Narâyan  cite  de  lui  huit  différentes 
pièces  de  vers.  Voici  la  traduction  d'une  de  ses  pièces  : 

Lorsque,  à  la  nuit,  j'ai  commencé  à  faire  entendre  des  gémis- 
sements semblables  à  ceux  du  rossignol,  la  flèche  de  l'effet  s'est 
appliquée  au  cœur  de  la  pierre.  L'image  de  celte  peinture  reste 
dans  mon  cœur  étonné,  comme  la  figure  dans  le  miroir.  Si  au- 
jourd'hui le  zéphyr  répand  l'odeur  du  musc,  c'est  qu'il  a  sou- 
levé les  boucles  en  désordre  de  ma  bien-aimée.  Puisque  je  n'ai 
pas  dans  le  monde  d'ami  intime  (  à  qui  je  puisse  confier  mes 
peines),  mon  cœur  affligé  s'unira  avec  ma  poitrine ,  et  je  pousserai 
des  gémissements.  Pourquoi  donc  l'étonnement  est-il  mon  par- 
tage? A  chaque  instant  le  miroir  cherche  à  asservir  les  parîzâda. 
Des  flammes  se  sont  élevées  du  calam  et  du  papier,  lorsque  j'ai 
commencé  à  décrire  la  brûlure  de  mon  cœur.  Du  feu  s'est  élevé 
de  la  poitrine  de  Mamnûn ,  lorsqu'il  a  commencé  à  décrire  le  feu 
du  chagrin  de  l'absence. 


"C 


MANCUR-I  ALI. 

Saïyid  Mançûr-i  Alî^  Sabzwârî  est  auteur  du  Qaissâ-i 
Saïf  ulmulûk,  ou  Histoire  de  Saïf  ulmulùk,  roman  en 
prose  hindoustani,  qui  porte  aussi  le  titre  de  Bahr-i 
isclic,  ou  l'Océan  de  l'amour.  Il  paraît  que  c'est  une  tra- 
duction du  persan.  Saïf  ulmuluk  était  un  prince  d'Egypte 
sous  le  règne  de  Sulaïmân  (Soliman).  L'ouvrage  dont 
il  s'agit  contient  l'histoire  de  ses  amours  avec  Badi  ul-ja- 
mâl  (la  Merveille  de  la  beauté),  fille  du  roi  des  génies. 
Il  y  a  un  manuscrit  de  ce  roman  à  la  bibliothècpie  de 
la  Société  asiatique  du  Bengale  à  Calcutta. 

'   (^  j^^ajL*  protê(jé  d'AU. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  527 

MANNU  LAL. 

Le  munschî  Mannû  Lâl  ^  Lahorî,  c'est-à-dire  de 
Laliore ,  est  auteur  d'une  sorte  de  rhétorique  pratique , 
c'est-à-dire  d'une  collection  considérable  d'exemples  va- 
riés des  différentes  espèces  de  descriptions  et  de  tableaux 
poétiques.  Ces  fragments  sont  empruntés  aux  principaux 
poètes  de  l'Inde,  tant  à  ceux  qui  ont  écrit  en  persan 
qu'à  ceux  qui  ont  écrit  en  hindoustani;  et  quoique  ces 
derniers  y  occupent  la  plus  petite  place ,  ils  n'en  forment 
pas  la  portion  la  moins  intéressante  ni  la  moins  cu- 
rieuse. Cet  ouvrage  a  été  imprimé  à  Calcutta,  dans  la 
typographie  particulière  de  l'auteur,  en  i836,  en  un 
volume  grand  in-Zi"  de  486  pages,  sous  le  titre  de  Gul~ 
dasta-i  niscliâi-,  ouïe  Bouquet  du  plaisir.  Il  m'a  été  utile 
pour  mon  travail;  j'y  ai  trouvé  en  effet  l'indication  de 
plusieurs  poètes  hindoustani  qui  ne  sont  pas  cités  dans 
les  biographies  originales;  écrivains  dont  plusieurs  sont 
probablement  vivants.  J'en  dois  un  exemplaire  à  l'obli- 
geance de  M.  J.  Prinsep,  au  frère  de  qui  il  est  dédié. 

MANZAR. 

Khâja  Bakhsch  Manzar^,  d'Allahâbâd,  est  compté 
parmi  les  écrivains  urdû.  Les  biographes  originaux  nous 

*  iol^iij  àJKMd(S.yS^  The  Gnldasta-i  Nischat,  or  nosegay  of  pleasure  : 
a  collection  of  poelical  extracts  in  Persian  and  Hindustani ,  from  more  tJian 
hundred  oj  the  niost  celehrated  aathors ,  arranged  accordincj  ta  the  subject 
or  sentiment,  and  well  adapted  for  the  stiident  of  thèse   lanfjuages. 

^  jiÀM  aspect,  spectacle,  etc. 


328  BIOGRAPHIE 

font  seulement  savoir  qu'il  alla  à  Azîmâbâd  (Patna), 
en  1190  de  l'hégire  (1776-1777),  et  qu'il  retourna 
ensuite  à  son  pays  natal.  Il  avait  le  génie  poétique,  et 
il  était  d'un  caractère  doux  et  affable. 

MARHTJN. 

Mirzâ  Alî  Rizâ  Marhûn  ^  s'appelait  d'abord  Mazmûn 
selon  Musliafî ,  et  Maftûii  selon  Béni  Naràyan.  Ses  an- 
cêtres étaient  de  Mascbhad ,  et  quant  à  lui ,  il  fut  élevé 
à  Debli,  et  s'y  distingua  comme  écrivain  hindoustani. 
Il  fut  disciple  de  Mîr  Nizàm  uddîn ,  autrement  dit  Camar 
iiddîn  Miniiat.  Mushaf  î  et  Bénî  Narâyan  citent  des  pièces 
de  ses  vers.  Voici  la  traduction  d'un  gazai  de  lui  fort 
joli  dans  foriginal. 

Depuis  que  la  renommée  de  cette  mine  de  douceur  est  par- 
venue à  mon  cœur,  on  dirait  que  du  sel  a  été  répandu  sur  mes 
plaies  et  que  le  jour  terrible  de  la  résurrection^  est  arrivé  pour 
moi. 

Conduis-moi,  pieds  nus,  vers  cet  acacia  dont  chaque  épine 
est  plus  aiguë  que  la  lancette  la  mieux  afrdée. 

Depuis  longtemps  les  poignards  de  ses  cils  ne  se  sont  pas 
tournés  de  ce  côté-ci;  et  toutefois  le  sang  de  la  blessure  de  mon 
cœur  vient  mouiller  mes  lèvres  et  exprimer  une  plainte  muette. 

Quoique  je  n'aie  pas  plus  de  force  qu'un  brin  de  paille  légère, 
néanmoins  je  supporte  en  ce  moment  des  peines  plus  lourdes 
que  cent  montagnes. 

'   M»-^v-*  ^"3^5^»  """^  en  gage. 

-  Le  mot  c:a..«IaS  qui  indique  en  arabe  le  jour  de  la  résurrection ,  se 
prend  par  suite  en  hindoustani  dans  le  sens  de  excès,  malheur,  cala- 
mité, etc.  On  l'emploie  aussi  comme  adverbe  signifiant  excessivement , 
extrêmement. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  329 

Je  suis  martyr  de  cette  douce  mais  sanguinaire  beauté,  qui 
après  avoir  fait  périr  tous  ses  amants  par  indifférence,  a  permis 
cependant  à  son  doigt  de  se  poser  en  signe  de  repentir  sur  sa  lèvre 
plaintive. 

MARUF. 

Ilahî  Bakhsch  Kbân  Mariif  \  fils  de  Arif  Khan,  était 
un  jeune  homme  d'une  société  agréable  et  d'une  phy- 
sionomie intéressante.  Il  alla  de  Dehli  à  Lakhnau  à 
l'époque  où  Mushafi  mettait  la  dernière  main  à  son 
tazkira ,  et  retourna  ensuite  dans  sa  ville  natale.  Il 
aimait  beaucoup  la  poésie  et  s'y  livrait  avec  succès. 
Mushafî  n'en  cite  qu'un  seul  matla;  mais  Mannû  Lâl 
en  donne  plusieurs  vers. 

MASGHSCHAG. 

Abd  ullah  Khan  Maschschâc  ^,  fds  d'Abu'lhusn  Khân , 
fds  de  Saif  ullah  Khân ,  était  de  la  nation  des  Afgàns  et 
de  la  tribu  des  Yûçûf  Zâï  '.  La  patrie  de  ses  ancêtres 
était  Kâschân.  Son  père  et  son  grand-père  étaient  poètes 
l'un  et  l'autre.  Ce  dernier  avait  pris  povu^  takhallus  le 
mot  Sahaquî,  et  son  père  le  mot  Hass,  et  ils  avaient 
été  distingués  l'un  et  l'autre  dans  leur  temps;  son  grand- 
père  avait  même  été  le  précepteur  de  Balladur  Schâh, 

^   (Ji^yX^  connu. 

■^  ijjUi.^  apprenti. 

'  Tribu  afgàne  qui  prétend  descendre  du  patriarche  Joseph,  comme 
celle  des  Lodî  de  Loth.  Elle  habite  les  montagnes  situées  près  de  Pescha- 
war.  Ce  fut  surtout  cette  tribu  qui  adopta  la  réforme  du  saïyid  Ahmad, 
et  qui  combattit  sous  ses  ordres  contre  les  Sikhs.  Voyez  ma  Notice  sur  des 
vêlements  à  inscriptions  dans  le  Journal  asiatique,  numéro  d'avril  i838. 


330  BIOGRAPHIE 

autrement  dit  Schâh  Alam  P';  quant  à  son  père,  il 
vécut  dans  la  retraite ,  les  richesses  dont  il  était  posses- 
seur suffisant  à  ses  désirs. 

Maschschâc  reçut  de  l'erapereur  le  titre  honorifique 
de  Muschtâqu-i  Ali  Khan  ,  accompagné  d'un  jâguîr  con- 
sidérable ,  et  fut  aussi  chargé  de  l'éducation  du  prince 
impérial. 

Il  était  versé,  selon  Mushafî,  dans  la  science  des  amu- 
lettes, dans  la  géomancie  et  la  géométrie;  il  était  aussi 
le  plus  habile  cahigraphe  de  son  temps  pour  l'écriture 
nastalîc,  sulus  et  schafîa  ^  C'était,  toujours  selon  ce 
biographe,  un  jeune  homme  agréable,  spirituel  et 
aimant.  Il  commença  à  écrire  en  vers  à  Allàhâbâd,  et 
montra  ses  productions  à  Schâh  Muhammad  Alim 
Haïrat,  d'Allâhâbâd ;  et  ensuite,  à  Dehli,  il  profila  des 
conseils  de  Muhammad  Taquî  Mîr,  Mushafi  cite  une 
page  et  demie  de  ses  vers. 

MASDAR. 

Mîr  Ma  Schâ  ullah  Masdar^  était  le  père  de  Mîr  ïnschâ 
ullah  Klîân^.  Mushafî  dit  que  ses  perfections  naturelles 
sont  tellement  célèbres  qu'elles  n'ont  pas  besoin  d'être 
décrites.  Lui  aussi  a  écrit  des  vers  hindoustani,  et  il 

'  Les  principaux  genres  d'écriture  arabe,  outre  ceux  dont  il  est  parlé 
ici,  sont  le  neskhî,  le  tallc ,  leschikasta,  le  rïliâni,  Yyacûti,  le  dhvânî  ei 
le  hirma.  On  trouve  l'alphabet  de  la  plupart  de  ces  caractères  dans  la 
Grammaire  turque  d'Holdermann ,  imprimée  à  Constantinople  en  lySo. 

'   j«XAra^  source,  origine. 
'•'  Voyez  son  article. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  331 

est  mis  au  nombre  de  ceux  qui  ont  enrichi- de  leurs 
productions  la  littérature  urdû. 

MAST. 

Mîr  Camar  uddmMast\  de  Dehli,  descendait  par  sa 
mère  du  saïyid  Jalâl  Bukhârî  Mîr.  Il  retira  des  avanta- 
ges littéraires  de  la  société  de  Mîr  Nûr  uddîn  Nawed  et 
de  Mîr  Schams  uddîn  Faquîr,  et  fut  initié  par  eux  aux 
difficultés  de  la  versification.  Il  fut  un  des  disciples  du 
spirilualiste  le  maulawî  Fakhr  uddîn ,  et  se  dévoua  à 
la  vie  spirituelle,  en  sorte  que  Bénî  Narâyan  le  nomme 
faquîr.  Il  a  écrit  beaucoup  de  vers  hindoustani  et  per- 
sans ;  il  avait  une  grande  célérité  de  conception  ;  il 
s'énonçait  avec  esprit  et  pureté  de  langage.  En  i  196 
de  l'hégire  (  1781-1782),  il  était  attaché  à  l'honorable 
M.  Jones-.  Il  était  très-enclin  à  l'amour,  et  faisait  beau- 
coup attention  à  la  beauté. 

Ah  Ibrahim  cite  deux  pages  et  demie  de  ses  vers  hin- 
doustani, et  Bénî  Narâyan,  un  gazai  mystique  qui  me 
paraît  très-beau  dans  l'original.  Je  joins  ici  la  traduction 
de  quelques  hémistiches  de  ce  poëme  : 

Aujourd'hui  j'ai  vu  en  songe  ma  bien-aimée  ;  j'ai  vu  la  lumière 
de  Dieu  sous  le  voile.  Moi  qui  suis  néant,  m'unir  à  son  essence: 
j'ai  vu  ce  spectacle  pareil  à  celui  de  la  bulle  d'eau  qui  se  perd 
dans  l'Océan 

Etant  assis,  parcourir  la  région  du  monde  spirituel  :  j'ai  eu  cet 
avantage  dans  les  livres.  Etre  enivré  par  une  seule  coupe  de  vin  : 
j'ai  éprouvé  ce  plaisir  lorsque  j'ai  bu  la  liqueur  des  doctrines  éso- 
teriques. 


'    LJ^JM^  ivre. 


^  Probahlcnient  le  célèbre  Sir  W.  Jones. 


332  BIOGRAPHIE 

J'ignore  si  ce  poëte  est  le  même  dont  parle  Mushafî, 
et  qu'il  donne  comme  disciple  de  Mir  Amânî  Açad ,  et 
comme  un  des  habitués  de  ses  réunions  littéraires. 

MATIRAMA\ 

Excellent  poëte  hindi  à  qui  on  doit  le  Raça-rojâ^\ 
ouvrage  cité  par  Ward  et  par  Colebrooke,  et  dont  je 
possède  un  exemplaire  en  caractères  dévanagarî ,  que 
je  dois  à  l'amitié  du  savant  et  zélé  secrétaire  de  la 
Société  asiatique  de  Calcutta,  M.  J.  Prinsep.  Je  revien- 
drai,   dans  mon   second  volume,   sur  cet  important 


ouvrage. 


MAUZUN   (FARZAND-I  ALI). 

MîrFarzand-i  Ali  Mauzûn^,  natif  de  Sâmâna\  n'était, 
selon  Mushafî,  qu'un  grand  parleur,  qui  avait  la  préten- 
tion d'être  un  excellent  poëte,  meilleur  même  que  les 
écrivains  hindoustani  qui  ont  le  plus  de  réputation.  Il 
écrivait  non-seulement  des  vers  hindoustani,  mais  des 
persans.  J'ignore  si  c'est  le  même  dont  parle  Fath  Alî 
Huçaïnî,  sous  le  nom  de  Mîr  Ralim  AU  Mauziîn,  et  qu'il 
dit  avoir  été  habile  en  arabe  et  en  persan. 

'  H  i  d  (I H  ■  Serait-ce  le  même  que  Motirâma  dont  il  sera  parlé  plus 
loin  ? 

^  Hf  n^  le  souverain  du  (joât  ? 

^  [j^jyA  mesuré,  symétrique ,  cadencé. 

'  Ville  de  la  province  de  Dehli. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  333 

MAUZUN,   D'AZIMABAD. 

Maharaja  Ram  NarâyanMauzûn,  d'Azîmâbâd  (Patna), 
était  gouverneur  du  soubah  d'Azîmâbâd  pour  les  chefs 
du  gouvernement  du  Bengale.  11  fut  l'élève  du  schaikh 
Muhammad  Alî  Hazîn  ^.  B  a  écrit  en  hindous tani  et  en 
persan,  tant  en  prose  qu'en  vers. 

Sous  le  gouvernement  du  nabâb  Mîr  Muhammad 
Câcîm  Khân ,  ayant  été  destitué  pour  une  faute  dont  il 
s'était  rendu  coupable,  il  se  noya  dans  le  Gange. 

MAUZUN,   DU  DÉGAN. 

Nawâb  Khâjam  Calî  Khân  ^  Zû'lficâr  uddaula  Mau- 
zûn  est  un  écrivain  distingué  du  midi  de  l'Inde.  B 
était  général  ^  du  Soubahdâr  de  Burhânpûr. 

MAYIL. 

Mîr  Hidâyat  Alî  Mâyil^  naquit  à  Azîmâbâd  (Patna); 
mais  il  voyagea  dans  le  Dakhan.  Dès  sa  plus  tendre 
jeunesse  il  fut  enclin  à  la  poésie  hindoustani ,  au 
moyen  de  laquelle  il  pouvait  donner  un  libre  essor  à 
l'expression  de  ses  sentiments  religieux,  B  se  distinguait 
par  son  esprit  solide  et  sain.  Alî  Ibrâhîm  en  cite  quelques 
vers. 

'  Voyez ,  sur  ce  personnage ,  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane 
dans  l'Inde,    pag.  112  et  suiv. 


'  tojv^   OOU^,  à  la  lettre,  commandant  de  dix  mille  hommes. 
*  Jul*  enclin,  appli^jnè  [k  quelque  c/io5e). 


334  BIOGRAPHIE 

MAYIL  (MUHAMMAD  YAR  BEG  ). 

Mirza  Muhammad  Yâr  Beg  Mâyil  était  disciple  du 
célèbre  Jurât.  Mushafî  cite  plus  d'une  page  de  ses  vers; 
mais  il  dit  simplement  que  c'était  un  spirituel  jeune 
homme.  On  le  compte  parmi  les  poètes  hindoustani. 

MAYIL  (MUHAMMADI). 

Miyân  et  Mîr  Muhammadî  Mâyil,  de  Dehli,  résidait 
dans  cette  ville,  près  de  la  mosquée  de  Fathpûrî,  à 
l'époque  oii  Mushafî  écrivait  sa  biographie ,  et  à  Mur- 
schidâbâd,  pendant  que  Alî  Ibrahim  écrivait  la  sienne. 
C'est  un  poëte  qui  n'est  pas  sans  mérite;  Mushafî  et 
Mannû  Lâl  en  citent  des  vers. 

MAZHAR. 

Mirzâ  Jân-jàn,  ou  Jan-janân  ^  Mazhar^,  de  Dehli, 
est  un  des  écrivains  hindoustani  les  plus  célèbres  de 
son  siècle.  Il  appartenait  à  une  famille  distinguée,  ori- 
ginaire de  Bokhara.  Son  père  se  nommait  Mirzâ  Jân. 
On  dit  qu'il  appelait  son  fils,  par  amitié,  Jân-jânân, 
c'est-à-dire  mon  cher  (à  la  lettre,  âme  des  âmes),  et  que 

'   yl:S^l>  ,  selon  Mushafî  ;  ybl:^l> ,  selon  Mîr,  Fatli  Alî  Huçaïnî 

et  Alî  Ibrâhîm;  et  selon  Lutf -jbl.^  (j^i*- •  Mîr,  dans  l'article  qu'il 
a  consacré  à  Yâquîn,  fait  observer  que  c'est  par  erreur  qu'on  le  nomme 
vulgairement  Jân-Jân;  que  c'est  son  père  qui  s'appelait  ainsi,  mais  que 
le  nom  du  poëte  est  Jân-jânân. 

^  y  fJ/^r^  spectacle,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  335 

c'est  ainsi  que  ce  nom  lui  est  resté.  Il  naquit  à  Akbarâbâd 
(Agra);  mais  il  fut  élevé  à  DehH,  et  choisit  pour  sa  ré- 
sidence cette  ville,  où  il  acquit  une  réputation  méritée, 
non-seulement  par  son  esprit,  mais  par  la  droiture  de 
son  caractère.  Il  était  habile  dans  la  science  de  la  juris- 
prudence, et  il  savait  allier  à  une  vive  piété  l'enthou- 
siasme pour  la  beauté  humaine,  qu'il  considérait  avec 
juste  raison  comme  un  reflet  de  l'éternelle  beauté.  On 
compte  au  nombre  do  ses  disciples  les  poètes  hindous- 
tani  Hazîn,  Inâm  ullah  Khan  Yaquîn,  Faquîh  Sâhib 
Dardman  et  Mîr  Abd  ulliaïyî  Tâbân  \  qui  était  de  plus 
son  ami.  Il  était  sunnite,  faisait  profession  de  pauvreté 
spirituelle,  et  opérait  même,  dit-on,  des  miracles.  On 
raconte  que,  pour  manifester  ses  opinions  religieuses, 
un  jour  qu'il  était  assis  sur  la  terrasse  de  sa  maison , 
tandis  qu'une  procession  de  schiites  passait  sous  ses 
croisées ,  à  l'occasion  du  Taazia'^  ou  de  la  Commémora- 
tion de  la  mort  du  prince  des  martyrs  (Huçaïn),  il  s'en 
moqua;  il  exprima  même  l'opinion  qu'il  était  ridicule 
que  depuis  douze  cents  ans  que  Huçaïn  était  mort,  on 
renouvelât  encore  ce  deuil  chaque  année ,  et  qu'il  était 
absurde  de  se  prosterner  devant  des  morceaux  de  bois 
(  c'est-à-dire  devant  la  représentation  en  bois  du  tom- 
beau de  Huçaïn).  Ces  discours  malsonnants  furent  en- 
tendus des  porteurs  de  bannières  et  de  drapeaux,  qui 
faisaient  partie  du  cortège  -,  aussi  résolurent-ils  de  venger 
la  cause  de  leur  secte.  En  effet,  la  dernière  nuit  de  la 

'  Voyez  les  articles  consacrés  à  ces  personnages. 
^  Sur  cette  fête,  qui  dure  pendant  les  dix  premiers  jours  du  mois  de 
muharram,  voyez  monMéni.  sur  la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  p.  3o. 


336  BIOGRAPHIE 

fête  dont  il  s'agit,  savoir,  le  lo  de  muharram,  un  d'eux 
se  rendit  à  la  porte  de  la  maison  de  Mazhar  et  l'appela; 
celui-ci  étant  sorti  sans  méfiance,  le  fanatique  partisan 
de  Huçaïn  lui  tira  à  bout  portant ,  sans  mot  dire ,  un 
coup  de  fusil  qui  cependant  permit  encore  à  Mazhar 
de  se  sauver  sur  sa  terrasse,  malgré  la  grave  blessure 
qu'il  avait  reçue.  Mazhar  mourut  de  cette  blessure,  et 
il  est ,  en  conséquence ,  considéré  comme  martyr  par 
ses  coreligionnaires.  Ceci  eut  lieu  à  Dehli,  en  i  iqA  de 
l'hégire  (i  ySo  de  J.  C).  Lutf  dit  que  Mazhar  avait  alors 
près  de  cent  ans. 

Mazhar  a  écrit  avec  éloquence  en  vers  et  en  prose 
hindoustani ^ ;  ses  vers,  en  cette  langue,  sont  coulants 
et  faciles.  Il  est,  selon  Mushafî,  le  premier  qui  ait 
calqué  ses  poésies  sur  celles  des  auteurs  persans,  dont 
il  a,  du  reste,  préféré  la  langue  pour  écrire  la  plupart 
de  ses  productions.  Mîr  Taquî  cite,  dans  sa  biographie, 
quelques  fragments  de  ses  poésies.  Voici  la  traduction 
d'un  court  gazai  de  lui,  publié  dans  les  Hindee  and 
Hiiidoostanee  Sélections  de  VV.  Price  ^. 

La  lettre  de  cette  rose  m'est  pai'venue  de  la  main  du  zéphyr 
matinal,  cette  lettre  qu'elle  a  tracée  dans  le  jardin,  avec  la  main 
du  désir.  Ecrivez  sur  le  pétale  du  hinna  l'état  de  mon  cœur;  il 
peut  se  faire  que  cette  feuille  parvienne  un  jour  à  la  main  de 
ma  bien-aimée.  J'ai  été  libre  des  liens  du  monde,  depuis  que  la 
coupe  du  vin  de  l'amour  est  venue  dans  la  main  de  moi ,  mal- 

^  On  trouve,  dans  le  Catalogue  des  livres  de  Farzâda  Cûlî,  que  j'ai 
souvent  cité,  Tindication  du  diwàn  de  Mazhar,  mais  il  est  apparem- 
ment en  persan. 

*  Tom.  Il,  pag.  4oo. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  337 

heureux Mazhar  !  tiens  aujourd'hui  caché  ce  cœur  délicat; 

il  faut  en  vendre  la  fiole  à  quelque  autre  Mirzâ. 


MAZMUN  (IMAM  UDDIN). 

Saïyid  Imam  uddîn  Khân  Mazmùn,  fils  du  saïyid 
Muîn  uddîn  Khân,  est  compté  parmi  les  poètes  hin- 
doustani.  Alî  Ibrahim,  qui  nous  le  fait  connaître,  n'en 
cite  que  deux  vers. 

MAZMUN  (SGHARAF  UDDIN). 

Schaïkh  ou  Miyân  Scharaf  uddîn  Mazmûn  ^  naquit 
à  Jâj  ou  Jâjyû^,  village  près  d'Akbarâbâd  (Agra).  Étant 
encore  tout  jeune,  il  alla  à  DeUi,  et  resta  attaché  à 
la  mosquée  nommée  Zinat  ulmaçâjid  (  Ornement  des 
mosquées  ).  C'est  un  poète  hindoustani  distingué,  qui 
fut  élève  de  Mazhar  et  de  Sirâj  uddîn  Alî  Khân  Arzù. 
Comme  il  avait  perdu  toutes  ses  dents  par  suite  d'un 
coup  d'air,  Arzû.  le  nommait,  pour  plaisanter,  le  poëte 
sans  pepiii^.  Il  a  laissé  un  diwân  composé  de  pièces  char- 
mantes, mais  pleines  de  métaphores  très-recherchées. 
Mîr  Fath  Alî  Huçaïnî,  Alî  Ibrahim  et  Lutf  ont  donné 
plusieurs  pages  de  ses  vers  dans  leurs  Anthologies  biblio- 
graphiques. Il  était  un  des  petits-fds  du  célèbre  pîr 

'   ly.fÀà^  sens,  signification. 

^  Ce  nom  est  écrit  Jahjow  dans  VEast-India  Gazetteer. 
'  *jîi  ^  ^^Lw.  On  se  sert  du  mot  ^ΫXaj  en  parlant  des  fruits, 
du  raisin  de  Corinthe,  par  exemple. 

I.  22 


338  BIOGRAPHIE 

Farîd  uddîn,  surnommé  Schakar  ganj^,  ou  Trésor  de 
sucre.  Il  dit  quelque  part  à  ce  sujet  : 

Comment  n'apprivoiserai-je  pas  les  beautés  aux  lèvres  de  sucre, 
puisque  mon  aïeul  est  le  vénérable  Farîd  ? 

Mîr,  qui  l'avait  vu  dans  les  dernières  années  de  sa 
vie ,  dit  que  sa  conversation  était  très-animée ,  quoiqu'il 
fût  fort  vieux. 

Mirzâ  Ali  Rizâ  prit  aussi  d'abord  le  takhallus  de 
Mazmûn,  mais  il  adopta  ensuite  celui  de  Marliûn,  nom 
sous  lequel  il  en  a  été  parlé  dans  cet  ouvrage. 

MIHNAT. 

Mirzâ  Huçaïn  Alî  Beg  Mihnat^,  de  Dehli,  était  fils 
de  Mirzâ  Sultan  Beg.  Il  naquit  à  Mugalpoura  ^  ;  mais  à 
l'âge  de  cinq  ans  il  alla  à  l'orient  de  la  capitale  (appa- 
remment dans  le  royaume  d'Aoude).  Mihnat  était  fort 
spirituel;  mais  il  parlait  peu.  Il  avait  un  talent  remar- 
quable pour  la  poésie,  et  il  consultait  sur  ses  pro- 
ductions Calandar  Bakhsch  Jurât,  dont  il  a  été  parlé. 
Mushafî  cite  près  d'une  page  et  demie  de  ses  vers. 

'  Voyez,  sur  ce  saint  personnage  musulman,  mon  Mémoire  sur   la 
religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag,   loo. 
^   '  •'1   \r^  peine ,   a£liction. 
'  C'est,  je  pense,  un  faubourg  de  Dehli, 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  339 

MIHRBAN. 

Mihrbân  ^  Khan  est  un  poëte  hindoustani  dont  les 
marciya  ont  de  la  célébrité.  Ses  œuvres  ont  été  réunies 
en  divvân  ^.  Bénî  Narâyan  en  cite  une  pièce  de  vers. 

MINNAT. 

Mîr  Camar  uddîn  Minnat^,  de  Dehli,  selon  Lutf^, 
descendait  par  sa  mère  du  saïyid  Jalài  Bokhàrî ,  célèbre 
saint  musulman.  Il  fut  d'abord  disciple  de  Mubammad 
Câim,  puis,  surtout  pour  le  persan,  de  Mîr  Schams 
uddîn  Faquîr;  il  eut  aussi  des  rapports  littéraires  avec 
Futuwat  Huçaïn  Khan.  Selon  Lutf,  il  fut  élevé  dans  la 
maison  de  Schâh  Walî  ullah  Muhdis ,  et  ce  fut  l'illustre 
contemplatif,  le  maulawî  Fakhr  uddîn,  qui  l'instruisit 
dans  la  science  du  spiritualisme.  Il  fut  initié  à  l'art  des 
vers  par  Faquîr,  et  au  bon  goût  poétique  par  Nùr  uddîn 
Nawed  ;  il  acquit  ainsi  dans  la  littérature  une  réputation 
méritée.  Son  calam ,  dit  Lutf,  fit  honte  au  pinceau  du 
célèbre  Bihzâd.  Il  avait  des  connaissances  variées,   et 

'   lÀtyM^  affectionné ,  ami. 

-  Dans  le  catalogue  des  livres  de  Farzâda  Cûli ,  il  y  a  l'indication  de 
deux  manuscrits  des  œuvres  de  cet  écrivain.  Le  premier  est  intitulé 

/Mvik  U  i.Mr*  j^  ^^y-^ i  ul>r!^  ^^^^'^  ^^  "i<^rcija  de  Mihrbân  Khân;  le 
second,  ^jVi»-  ljk>"lr*  *"*^J  j^  c5J*^^  Portion  des  poésies  de  Mihrbân 
Khân. 


'  cajL«  obligation  et  supplication. 


*  Selon  Mushafî,  il  était  natif  de  t^^o  f^y<Mi,  et  selon  Bénî  Narâyan  , 
de  oii^JLui. 


22. 


340  BIOGRAPHIE 

possédait  entre  autres  l'arabe  et  le  persan.  Il  a  écrit  en 
prose  et  en  vers,  dans  ce  dernier  idiome,  différents 
ouvrages ,  et  s'est  fait  par  là  un  nom  distingué  parmi 
les  écrivains  qui,  dans  l'Inde,  se  sont  servis  du  persan 
pour  écrire  leurs  compositions.  On  cite  surtout  de  lui 
un  ouvrage  dans  le  genre  du  Giilîstan,  ouvrage  inti- 
tulé Schakaristân ,  ou  Sucrerie.  Il  a  aussi  écrit  en  hin- 
doustani,  et  c'est  seulement  comme  écrivain  liindous- 
tani  que  Lutf,  Mushafi  et  Béni  Naràyan  le  citent  dans 
leurs  ouvrages.  En  1191  de  l'hégire  (1777-1778  de 
J.  C),  à  cause  de  la  dévastation  de  Dehli,  il  alla 
à  Lakhnau ,  où  il  resta  quelque  temps ,  puis  il  se  rendit 
à  Calcutta,  en  1206  (1791-1792),  et  trois  à  quatre 
mois  après,  la  fièvre  le  saisit  et  le  conduisit  au  tombeau. 
Il  mourut  dans  cette  dernière  ville,  en  1207  (1792- 
1793),  et  y  fut  enterré.  Mushafi  donne  un  tarîkh  de 
cinq  vers  sur  sa  mort ,  et  un  échantillon  de  ses  poésies 
hindoustani.  De  son  côté,  Lutf  en  cite  deux  pages. 

MIR  (MUHAMMAD). 

Mîr  Muhammad  désigné,  comme  Mîr  Taquî,  sous 
le  takhallus  de  A/iV,  est  auteur  de  poésies  hindoustani 
agréablement  écrites.  Mîr  nous  le  représente  dans  sa 
biographie  comme  un  jeune  homme  très-capable  et 
d'un  esprit  fort  distingué.  Quoique  la  facture  de  ses  vers 
soit  toute  différente  de  celle  de  Mîr  Taquî  son  homo- 
nyme, toutefois  ce  dernier  exprime  son  déplaisir  de 
ce  qu'il  avait  pris  le  même  surnom  poétique  que  lui. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  341 

MIR  (TAQUI). 

Mîr  Muhammad  Taquî,  connu  sous  le  nom  de  MtrK 
qui  est  son  takliallus,  naquit  à  Akbarâbâd  (Agra);  mais 
il  quitta  de  bonne  heure  cette  ville  pour  habiter  Dehli, 
où  il  fut  élevé-,  il  alla  ensuite  à  Laklmau.  Il  était  parent 
éloigné  de  Sirâj  uddîn  Ah  Rhân  Arzû  ^  et  ce  fut  lui 
qui  veilla  à  son  éducation.  Ses  ouvrages  donnent  une 
juste  idée  de  l'élévation  de  son  esprit,  de  son  beau 
talent  poétique,  de  la  sûreté  de  sa  logique,  uCeux,  dit 
«  Ah  Ibrahim ,  qui  ont  tant  soit  peu  de  pénétration ,  et 
«  qui  peuvent  discerner  la  douceur  de  l'amertume , 
«comprendront  aisément  que  Mîr  doit  être  distingué 
«de  tous  les  poètes  hindoustani  de  son  temps.  »  Lutf  va 
plus  loin,  il  le  met  au-dessus  de  tous  les  écrivains 
urdû  anciens  et  modernes.  Quoique  Mîr  ait  écrit  dans 
tous  les  genres,  toutefois,  parmi  les  natifs,  les  appré- 
ciateurs de  la  poésie  pensent  qu'aucun  poëte ,  et  que 
Saudâ  lui-même  ne  saurait  lui  être  comparé  dans  le 
gazai  et  le  masnawî.  Saudâ,  au  contraire,  l'a  surpassé 
dans  la  satire  et  le  cacîdah. 

Cet  illustre  poëte  était  encore  vivant,  à  Dehli,  à 
l'époque  du  décès  de  Saudâ  (en  1780);  mais  il  quitta 
cette  vihe  en  1782-1783  pour  aher  h  Laklmau,  où  le 
nabâb  d'Aoude ,  Açaf  uddaula ,  lui  donna  une  pension 
qu'il  conserva  sous  son  successeur,  le  nabâb  Saadat  Alî 

^    yXjo  pour    wv^î  prince,  nom  qu'on  donne  aux  descendants  de 

Mahomet. 

2  Porte  hindoustani  très-distinsiué-,  voyez  son  article. 


342  BIOGRAPHIE 

Khan,  pension  (ju'ii  touchait  encore  en  i2i5  de  l'hé- 
gii^e  (1800-1801  ).  Cette  dernière  année  est  celle  de 
la  rédaction  du  Galschan-i  Hind;  Mîr  n'était  par  consé- 
quent pas  mort  à  cette  époque.  Bénî  Narâyan ,  qui  parle 
de  son  décès,  n'en  donne  pas  la  date;  il  dit  seulement 
qu'il  avait  près  de  quatre-vingts  ans  quand  il  mourut. 
Or,  selon  Mushafî,  il  avait  déjà  cet  âge  en  1  -790-1  y  g  4. 
Mîr  a  composé  en  hindoustani  un  très-grand  nombre 
de  poésies  qui  ont  été  réunies  sous  le  titre  de  Kulliyât. 
On  lui  doit  aussi  une  biograpliie  abrégée  des  poètes 
hindoustani,  au  nombre  de  cent  deux;  elle  est  écrite 
en  langue  persane,  et  intitulée  Nikdt  aschschiarcV .  C'est 
dans  cet  ouvrage  qu'il  nous  apprend  qu'il  tenait ,  le  1 5 
de  chaque  mois ,  une  réunion  où  l'on  s'occupait  exclusi- 
vement de  poésie  hindoustani  (rekhta).  Cette  réunion 
avait  auparavant  lieu  chez  Dard^,  et  ce  fut  pour  se 
conformer  à  ses  désirs  que  Mîr  la  tint  chez  lui.  Dans 
sa  biographie ,  Mîr,  d'après  l'usage  des  biographes  orien- 
taux, s'est  consacré  un  article  à  lui-même;  c'est  le  der- 
nier de  son  ouvrage;  malheureusement  il  n'y  donne 
aucun  détail  sur  sa  vie;  il  dit  simplement  qu'il  était 
d'Akbaràbâd,  et  que,  par  l'effet  des  révolutions  du  jour 
et  de  la  nuit,  il  résidait  depuis  quelque  temps  à  Schâh- 

'  Sir  Gore  Ouseley  a  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  qu'il  a  bien  voulu 

me  communiquer.  li  se  compose  de  iSa  pages  in-8°.  Il  a  été  copié  en 

12 n  (1796-1797  ).  D'après  l'orthographe  qu'on  y  a  suivie,  il  semblerait 

qu'il  a  été  transcrit  dans  le  Décan.  Toutefois  la  ville  où  ce  manuscrit 

U     .  ,..  . 

a  été  écrit  semble  être  Soohait  l^x^mi  Xwa»  ^^UÙ«  ,   village   de  Ja 

province  d'Ajmîr,  division  de  Harawti. 

^  Voyez  l'article  sur  ce  poète. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  345 

jahânâbâd-,  puis  il  transcrit  dix-sept  pages  de  ses  vers, 
mais  seulement  des  gazai  et  des  rubâyât.  Il  est  évident 
par  là  que  cette  biographie  fut  une  de  ses  premières 
productions. 

Les  poésies  liindoustani  de  Mîr  ont  été  publiées  en 
totalité  à  Calcutta ,  sous  le  titre  de  KuUiyât-i  Mîr  Taqui; 
elles  forment  io85  pages  grand  in-/i°.  Elles  se  com- 
posent d'un  cacîdah  d'invocation ,  de  deux  cacîdah  à  la 
louange  d'Alî,  d'un  à  celle  de  Huçaïn,  et  d'un  autre  à 
celle  d' Açaf  uddaula ,  nabab  d'Aoude  ;  puis  viennent  six 
différents  diwàn,  des  vers  isolés  (fardiyât),  des  tazmîn^ 
des  quatrains  (rubâî),  des  mustazâd'^,  un  quita-band^, 
dont  le  refrain  signifie  :  «  Nous  ne  reconnaissons  pas  Ali 
«  comme  Dieu;  mais  nous  ne  le  séparons  pas  de  Dieu;  » 
beaucoup  de  mukhammas^,  muçaddas^,  musallas  ^,  etc., 
dont  plusieurs  sont  très-remarquables;  quelques  pièces 
d'éloges  et  d'autres  de  satire;  enfin,  un  grand  nombre 
de  masnawî  dont  plusieurs  sont  fort  longs  et  très-inté- 
ressants :  quelques-uns  roulent  sur  des  aventures  d'a- 
mour; d'autres  sur  différents  animaux,  entre  autres  sur 

'  f^_  ■  t  ^^  '  ■  Ce  mot  signifie  :  intercaler  dans  ses  propres  vers  ceux 
d'un  autre.  On  donne  ce  nom  aux  pièces  de  vers  où  cette  intercalation 
a  Heu. 

^  On  nomme  ainsi  les  poèmes  dont  chaque  vers  est  suivi  d'un  ou 
plusieurs  mots  qu'on  peut  lire  à  volonté  ou  ne  pas  lire  avec  les  vers.  Il 
y  a  quelques  pièces  de  ce  genre  dans  les  œuvres  de  Walî,  que  j'ai  pu- 
bliées, pag.  ii3  et  suiv.  — 

^  «XJo  AjJai,  sorte  de  poème  en  strophes,  dont  le  dernier  vers  com- 
plète le  sens  du  premier. 

"  Poèmes  à  strophes  de  cinq  hémistiches. 

^  Idem  à  strophes  de  six  hémistiches. 

'  Idem  à  strophes  Je  trois  héiui.^liches. 


344  BIOGRAPHIE 

un  chien  et  un  chat  qui  demeuraient  dans  ia  maison  d'un 
faquîr  et  qui  étaient  liés  d'amitié  ;  il  y  en  a  sm^  la  chasse , 
sur  le  holî ,  sur  le  vin ,  sur  le  mensonge ,  sur  le  miroir, 
sur  sa  maison,  qui  avait  été  dévastée  par  les  pluies, 
sur  un  glouton,  etc.  etc.  M.  Shakespear  a  reproduit  un 
de  ces  masnawî^  (poëme  dont  j'ai  publié  la  traduction 
sous  le  titre  de  Conseils  aux  mauvais  poètes),  et  le  major 
Carmichael  Smyth,  un  autre  intitulé  Schuala-i  isclic-, 
Or  tlie  Jlame  of  love.  Je  me  propose  de  donner  la  tra- 
duction de  cet  intéressant  morceau,  ainsi  que  de  plu- 
sieurs autres  poèmes  de  Mir,  dans  le  second  volume 
de  cet  ouvrage. 

Lutf  nous  apprend  qu'un  des  masnawî  de  Mir  les 
plus  populaires,  est  celui  qui  est  intitulé  Daryâ-é  ischc^. 
On  le  ht  beaucoup,  surtout  à  Lakhnau,  selon  ce  qu'a 
dit  à  M.  le  colonel  Low ,  résident  anglais ,  le  bibliothé- 
caii'e  du  feu  roi  d'Aoude. 

MIR  MIRAN. 

Mîr  Mîrân,  autrement  dit  Saïjid  Naivâzisch  Khân 
Zâhir,  est  compté  parmi  les  écrivains  du  Décan;  c'est 
ainsi  que  s'exprime,  à  son  sujet,  Fath  Ali  Huçaïnî. 
De   son  côté,  Mîr  nous  apprend  que  Mîr  Mîrân  prit 

*  Celui  qui  est  intitulé  JU^  ré^S-!^'  • 

*  ^A^  aKxau  .  Dans  le  recueil  imprimé  des  œuvres  de  Mîr,  ce  titre 
est  donné  à  un  autre  masnawî. 

^  jA-ii*-^  (Aj\^  ■  Je  ne  trouve  pas  ce  masnawî  dans  les  œuvres  im- 
primées de  Mir.  C'est  peut-être  celui  dont  je  viens  de  parler  sous  le  titre 
de  Schualai  ischc. 


ET    BIBLIOGRAPHIE.  345 

le  takhallus  de  Bhed  ^  Ces  biographes  en  citent  le  vers 
dont  la  traduction  suit  : 

Hélas  !  si  ce  cyprès  à  la  taille  élancée  venait  à  passer  dans  ce 
jardin,  les  tourterelles  l'inonderaient  d'un  déluge  de  pleurs  (par 
suite  du  tendre  amour  qu'il  exciterait  en  elles). 

MIRA  BHAI. 

li  est  auteur  d'hymnes  hindi  à  l'usage  des  Sikhs.  Le 
célèbre  indianiste,  AL  Wilson,  le  cite  dans  son  savant 
Mémoire  sur  les  sectes  hindoues  ^. 

MIRAN. 

Le  chaïkh  Walî-i  Muhammad  ben  Hafiz  Mîrân^  est 
l'auteur  du  Qaissa-i  Pairambarân  ^,  l'Histoire  des  pro- 
phètes, traduite  du  persan  en  hindoustani  du  Décan. 
Je  possède  un  exemplaire  manuscrit  de  cet  ouvrage, 
qui  a  été  copié  dans  la  ville  de  Pondichéry,  capitale 
de  l'Inde  française.  M""^  Hacan  Alî  cite  souvent,  dans 
son  intéressant  travail  sur  les  Musulmans  de  l'Inde, 
l'original  persan  de  ce  livre;  il  est  intitulé  Haj'ât  ulculûb, 

'   *>yyg.^  secret. 

-  Asiatic  Researchcs ,  tom.  XVII,  pag.  233. 

'  (jijji^,  titre  d'honneur  qui  est  probablement,  je  pense,  le  pluriel 
de  wv« ,  employé  d'abord  par  respect,  et  pris  ensuite  comme  un  singulier, 
de  même  que  nawâb  ,  umrâ ,  etc. 

*  jj|j-c«oiAJ  AAoi.  La  bibliothèque  du  collège  de  Fort- William ,  à 
Calcutta,  possède  un  exemplaire  manuscrit  d'un  livre  urdû  intitulé  i%aÀai 
L.A-o,y)  Histoire  des  prophètes.  Ce  dernier  ouvrage  est  aussi ,  sans  doute , 
une  traduction  hindoustani  du  Hajàt  ulculûb;  mais  la  rédaction  en  est 
probablement  différente. 


3/i6  BIOGRAPHIE 

ou  la  Vie  des  Cœurs ,  et  il  a  été  imprimé  à  Téhéran ,  à 
la  typographie  établie  par  Abbas  Mirzâ ,  en  deux  vo- 
lumes; le  premier  contient  l'iiistoire  des  prophètes, 
depuis  Adam  jusqu'à  Mahomet,  et  le  second  celle  de 
Mahomet,  de  ses  compagnons  et  des  saints  personnages 
de  sa  famille.  Ce  travail  est  dû  à  Mullâ  Muhammad 
Bâquîr  Majlicî. 

Dans  le  catalogue  des  livres  de  Tîppou,  on  trouve 
la  mention  d'un  ouvrage  persan  intitulé  Qaissas  iilan- 
biyâ,  par  Muazzîm  Hàkîm,  de  Dehli.  Il  contient, 
comme  le  précédent,  l'histoire  des  anciens  patriarches 
et  prophètes.  Il  a  été  écrit  en  lyiS.  Le  principal  ou- 
vrage persan  sur  cette  matière  est  celui  de  Muhammad 
ben  Haçan  al  Deinûrî  al  Hanéfî,  qui  a  pris  pour  base 
de  son  travail  celui  de  Salabî  \  écrit  en  arabe.  Il  y  a 
plusieurs  ouvrages  arabes  qui  portent  le  même  titre 
et  qui  sont  sur  le  même  sujet.  Le  premier  qui  a 
paru  sous  ce  titre ,  a  été  composé  par  Wahâb ,  fils  de 
Moubah  ^.  Salabî ,  Kessaï  et  plusieurs  autres  ont  écrit 
après  lui. 

Parmi  les  livres  hindoustani  manuscrits  du  collège  de 
Fort-William,  il  y  en  a  un  intitulé  Qaissas  ulanhiyâ, 
qui  est  apparemment  une  traduction  ou  une  imitation 
en  hindoustani  d'un  des  ouvrages  persans  dont  je  viens 
de  parler.  Voyez  aussi  à  l'article  Abd  ullah,  du  Décan, 
la  mention  d'un  ouvrage  en  vers  sur  le  môme  sujet. 

'   ^^wAjCijI.  M.  Caussin  de  Perceval  père  possédait  un  manuscrit  de 
l'ouvrage  de  Salabî  (  n°  i65i   du  catalogue  de  ses  livres). 
*  Biblioth.  orient,  de  d'Herbelot. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  347 

MIRZA. 

Nawâb  Mi^zâ^  de  Dehli,  nommé  Muhammad  Haçan 
Khan  Ihtirâm  uddaula,  était  fils  du  nabâb  Aschraf  Khan, 
petit-fils  du  nabâb  Samsâm  uddaula  Khân-i  Daurân, 
neveu  (  fds  de  sœur)  du  saïyid  Fazâyil  Ali  Khân,  et 
frère  cadet  de  Raklitar  Rustam  Alî  Kliân ,  connu  sous 
le  takhallus  de  Rustam'^.  Cet  homme  distingué  s'occu- 
pait des  lettres,  et  spécialement  de  poésie.  Ses  vers 
hindoustani  sont  très-nombreux.  Il  est  apparemment 
l'auteur  du  volume  intitulé  Diwân-i  Mirzâ,  dont  la  bi- 
bliothèque du  collège  de  Fort-William,  à  Calcutta,  pos- 
sédait un  exemplaire.  Il  vivait  à  Bénarès  en  i  196  de 
l'hégire  (  1782  ). 

MIRZA  (ALI  RIZA). 

Mirzâ  Alî  Rizâ,  de  Dehli,  connu  simplement  aussi 
sous  le  nom  de  Mirzâ  ^,  est  autem'  d'un  grand  nombre 
de  vers  hindoustani.  Après  avoir  passé  quelque  temps 
dans  les  soubah  du  Bihâr  et  du  Bengale,  il  habitait 
Bénarès,  en  1 196  de  l'hégire. 

'  l)j"*  P""^^  (pour  ù^\j  jj^]  Jils  de  prince). 
*  Voyez  son  article. 

'  Dans  un  de  mes  manuscrits  \e  copiste  a  écrit  Mazâ  []y^  goût),  pro- 
bablement par  erreur. 


348  BIOGRAPHIE 


MIRZAYI. 


•  Muhammad  Alî  Khan  Mirzâyî\  fils  de  Naîm  uUah 
Khan,  était  attaché  à  la  cour  du  wizîr  des  provinces, 
le  nabab  Schujâ  uddaula.  Il  avait  l'esprit  poétique,  et 
il  était  très-habile  en  musique.  Alî  Ibrahim  cite  de  lui 
deux  vers  seulement. 

J'ignore  si  cet  écrivain  est  le  même  que  le  munschî 
MirzâyîBeg,  natif  d'Aoude ,  un  des  réviseurs  du  Khiracl 
afroz,  traduction  hindoustani  du  Ajâr  Dânisch,  et  au- 
teur d'un  ouvrage  hindoustani  intitulé  Bidya  Darpan  ^, 
ou  le  Miroir  de  la  science.  Ce  dernier  ouvrage  est 
calqué  sur  celui  de  Sri  Lâl  Kavi  ^,  écrit  il  y  a  environ 
deux  siècles ,  dans  le  dialecte  nommé  pûrbi  bhahhâ  ou 
hindi  oriental,  et  intitulé  Aivad  Bilâs'^,  ou  les  Plaisirs 
d'Aoude.  Il  contient  f  liistoire  de  Rama  et  une  petite 
encyclopédie  des  sciences  connues  chez  les  Indiens. 
On  le  considère  comme  un  des  ouvrages  hindi  les  plus 
curieux  :  on  le  dit  écrit  dans  le  dialecte  hindi ,  tel  qu'il 
est  parlé  par  les  Sipàhi;  j'ignore  s'il  a  été  publié;  il 
était  prêt  à  l'être  [readyfor  tlie  press]  en  181  4  ^. 

'   <S^Jy^  principauté. 

'  Il  ne  faut  pas  confondre  ce  Lâl  Kavi,  auteur  du  Chhatra  Prahâsch, 
avec  son  homonyme  Lallû-jî  Lâl  Kavi. 

*  Annals  of  the  collège  of  Fort  William  bj  Roebuck .  pag.  42  4  et  52 1. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  349 

MISRIN. 

Mîr  Abd  ullah  Miskîn  ^  est  un  poëte  distingué  dont 
le  docteur  Gilchrist  a  souvent  cité  des  vers  dans  les 
exemples  de  sa  Grammaire  hindoustani,  et  dont  il  a 
même  donné  en  entier  un  marsiya  qui  jouit  d'une 
grande  popularité.  Cette  pièce,  intitidée  Marsiya-i Mis- 
hîn  -,  est  une  élégie  sur  la  mort  de  Muslim  ^  et  de  ses 
deux  fds;  elle  a  été  imprimée  à  Calcutta,  en  1802  ,  en 
caractères  nagarî-*,  pour  entrer  dans  la  collection  inti- 
tulée Hindee  manual  or  casket  ofIncUa,  choix  d'ouvrages 
classiques  publiés  par  le  docteur  Gilchrist,  mais  c[ui 
est  resté  inachevé.  On  a  même  reproduit  ce  poëme  en 
prose  hindoustani,  comme  on  l'a  fait  pour  le  Silir  ul- 
bayân,  et  cette  version  a  paru  à  Calcutta,  en  i8o3,  sous 
le  titre  de  Marseeu  of  Misheen  in  prose  ^. 

Je  me  propose  de  donner,  dans  le  second  volume 
de  cet  ou\T.age ,  la  traduction  de  ce  célèbre  marsiya. 

MISRIN,   D'AZIMABAD. 

L'Hindou  Lâla  Tajammul  Miskîn,  d'Azîmâbâd,  a 
écrit  un  grand  nombre  de  vers;  mais,  selon  AJî  Ibrahim, 
ils  ne  sont  pas  très-estimés. 

'  (^y^~\M*^  pauvre ,   mesquin. 

'  Cousin  de  Huçaïn ,  et  son  envoyé  auprès  des  habitants  de  Koufa. 
H  fut  mis  à  morl  avec  ses  deux  fils  peu  de  temps  avant  Huçaïn. 
'  Murseau  by  Miskeen ,  in-4°. 
*  Primitiœ  Orientales,  tom.  III,  pag.  lij. 


350  BIOGRAPHIE 

MOHANA\IJAYA\ 

Il  est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  Mânatanga  charitra, 
ou  Histoire  du  Manatunga.  Cet  ouvrage  est  rempli  de 
discussions  sur  les  croyances  des  Jaïns  et  de  développe- 
ments de  leurs  doctrines;  toutefois  sa  forme  est  roma- 
nesque, et  la  légende  dont  il  fait  le  récit  est  pleine 
d'intérêt.  Voici,  en  peu  de  mots,  quel  en  est  le  sujet  : 

Manatunga ,  roi  d'Avanti  ^,  ayant  eu  à  se  plaindre  de 
sa  femme ,  nommée  Manavati ,  peu  de»temps  après  son 
mariage  avec  elle ,  il  la  renferma  dans  une  maison  sé- 
parée; elle  s'échappa,  et  sous  différents  déguisements, 
elle  jouit  de  la  société  de  son  mari;  elle  devint  en- 
ceinte ,  et  pendant  que  Manatunga  s'était  absenté  pour 
aller  épouser  la  fille  de  Dalathamba ,  roi  du  Décan ,  elle 
accoucha  d'un  fils.  Au  retour  du  roi  son  époux,  une 
explication  eut  lieu ,  et  ils  vécurent  heureux  ^. 

MOTL 

i     Motî*^  était  une  bayadère,  et  pour  trancher  le  mot, 
[une  courtisane  ^  douée  de  beaucoup  d'esprit,  très-ap- 

'  *HI<('*i  l^^rt'H  1  c'est-à-dire,  je  pense,  le  triomphe  sur  la  tentation. 

'  La  moderne  Ujjaïn. 

'  Voyez  Mackenzie  Collection ,  toni.  II,  pag.  ii^. 

'    ay^  perle. 

*  Dans  rinde,  cette  profession  n'est  pas  précisément  déshonorante; 
elle  est,  en  quelque  sorte,  estimée.  Les  jeunes  fiHesquiy  sont  destinées 
reçoivent  une  éducation  soignée  qui  développe  les  facultés  de  leur  esprit, 
tandis  que  les  autres  restent  dans  l'ignorance  la  plus  complète.  Le  beau 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  351 

préciée  et  très-considérée  dans  sa  profession.  Elle  naquit 
à  Delili.  Mirzâ  Ibrahim  Beg  Mactùl ,  poëte  hindoustani 
distingué,  en  fut  amoureux;  il  lui  a  consacré  un  radîf 
dans  son  diwân  qu'il  écrivait  en  i  782  environ,  et  il  lui 
resta  constamment  fidèle.  Quelques  années  avant  l'é- 
poque 011  Musliaf î  écrivait ,  elle  avait  quitté  Dehli ,  et 
résidait  à  Laklinau ,  où  ce  dernier  l'avait  vue  chez  Mac- 
tùl. On  a  de  cette  spirituelle  bayadère  des  gazai  hindous- 
tani très-gracieux. 

MOTI-RAMl 

Célèbre  poëte  erotique  hindouî ,  auteur  : 
1°  Du  roman  intitulé  Mâdhonal,  que  Wilâ^  et  Lallû- 
jî  Lâl  ont  mis  en  hindoustani  urdû.  J'ignore  si  c'est  le 
même  ouvrage  dont  j'ai,  dans  ma  collection  particulière, 
un  exemplaire  écrit  en  caractères  persans  et  en  stances 
de  six  vers.  Il  est  en  braj-bhâkhâ,  et  il  porte  le  titre 
de  Quissa-i  Mâdhonal^,  ou  Histoire  de  Mâdhonal.  Mâ- 
dhonal^ est  le  nom  de  l'héroïne;  le  héros  se  nomme 
Kâm  Kandala  ^ .  Je  donnerai  l'analyse  de  ce  r^man  dans 
le  tome  II  de  cet  ouvrage. 

drame  indien  intitulé  Mrichchahati  donne   une  idée  exacte  de  la  ma- 
nière dont  on  considère  dans  Tlnde  les  courtisanes. 

*  Dans  la  pièce  nommée  radîf  on  répète,  après  la  rime,  un  ou  plu- 
sieurs mots.  Les  vers  de  la  pièce  dont  il  s'agit  ici  se  terminent  sans  doute 
par  le  mot  motî. 

^  Hlrt  Î^^IH  •  Voyez  rarticle  sur  Mati-râm. 
'  Voyez  Tarticle  sur  TVilfi. 


352  BIOGRAPHIE 

Dans  le  catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque  de 
la  Société  asiatique  de  Calcutta ,  on  mentionne  un 
volume  intitulé  Tarjama-i  Madhonal  Atâli^,  c'est-à-dire 
Traduction  de  Madhonal,  par  Moti-Râm;  mais  comme 
il  est  dit  que  cet  ouvrage  est  imprimé  en  caractères 
nagarî,  je  pense  qu'il  s'agit  de  la  rédaction  de  Wilâ,  etc. 
dont  il  sera  parlé  plus  loin. 

2°  Motî-Râm  est  auteur  d'un  autre  roman  en  prose 
intitulé  Quissa-i  Dilârâm  o  Dilruhâ^,  Histoire  de  Dilâ- 
râm  et  de  Dilrubâ,  ouvrage  dont  on  trouve  un  exem- 
plaire sous  ce  titre  à  la  bibliothèque  de  la  Société 
asiatique  de  Calcutta,  et  un  autre  sous  celui  de  Kitâh-i 
Dilrubâ. 

MUCAWI. 

Mîrzâ  Muizz  Fitrat,  connu  sous  le  sobriquet  de  Mu- 
çawî^  ou  de  Maçawi  Kliân,  comme  aussi  sous  le  ta- 
khallus  de  Muizz  et  de  Fitrat,  est  un  poëte  indien  qui 
a  surtout  gcrit  en  persan.  Dans  quelques-unes  de  ses 
pièces  de  vers ,  il  s'est  à  la  fois  servi  de  l'idiome  savant 
et  de  l'idiome  usuel ,  en  écrivant  un  hémistiche  en  hin- 
doustani  et  l'autre  en  persan,  ce  qui  est  une  sorte 
de  juste  milieu  employé  pour  plaire  à  la  fois  aux  savants 
et  à  la  nation  entière. 

Mir  Taquî,  à  qui  je  dois  ces  détails,  renvoie  le 
lecteur  à  la  biographie  de  Sirâj  uddîn  Ali  Khan  Sâhib, 

'   J}c\ .  Ce  mot  est  peut-être  le  surnom  du  héros. 

'  (5*^%.^  Mosuïle ,  adjectif  relatif  dérivé  de  ^^  Moïse. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  353 

connu  sous  le  nom  d'Arzâ,  et  il  se  contente  de  citer 
de  Muçawî  un  seid  vers  hindoustani  dont  je  joins  ici 
la  traduction  : 

Elle  est  parvenue  jusqu'à  mon  cœur  la  renommée  de  tes  noirs 
clieveux,  dont  l'ondulation  s'est  communiquée  au  miroii'  qui  les 
a  réfléchis. 

MUCIBAT. 

Schâh  Gulâm-i  Cutb  uddîn  Mucîbat\  d'Allàhàbâd, 
est  un  des  fds  de  Schâh  Khùb-i  ullah,  aussi  d'Allâhâbâd. 
Ce  personnage,  d'une  naissance  illustre,  et  distingue 
par  ses  excellentes  qualités,  surtoul  pour  le  bon  accueil 
qu'il  faisait  aux  étrangers ,  a  laissé  des  écrits  tant  hin- 
doustani qu'arabes  et  persans.  Ali  Ibrâliîm  paraît  flatté 
d'avoir  été  lié  avec  ce  savant. 

MUDDAA. 

Mîr  Iwaz  Alî  Muddaa^,  de  Dehli,  est  un  écrivain 
hindoustani  dont  on  vante  les  qualités  du  cœur  aussi 
bien  que  celles  de  l'esprit.  Il  était  très-habile  en  méde- 
cine et  avait  une  réputation  méritée  comme  littérateur. 
Il  occupa  un  poste  élevé  auprès  du  célèbre  Hafiz  ulmulk 
Hafiz  Rahmat  Khan  ^.  On  cite  surtout  de  lui  un  cacîdah 
sur  le  mariage  du  nabab  Muhabbat  Khân  *,  fds  de  Hafiz 

'    CiMJkAA,*   malheur. 
•  l£«X^  ilcsir,  lut. 

•'  Voyez  ses  Mémoires  rédigés  par  un  de  ses  fils  et  publiés  en  abrégé 
par  M.  C.  Elliot,  Londres,  i83i. 

^  Poète  lui-même.  Voyez  son  article. 

1.  'j3 


354  BIOGRAPHIE 

Rahmat,  poëme  tellement  apprécié  qu'il  a  été  traduit 
en  vers  dans  la  langue  puschtû  ou  afgânî. 

Voici  un  fragment  de  ce  cacîdah,  cp.ii  ne  me  paraît 
remarquable  que  par  l'exagération  des  pensées  et  l'ori- 
ginalité de  l'expression  : 

La  tyrannie  du  destin  est  à  la  poursuite  de  ceux  qui  sont 
privés  de  leur  raison  par  l'effet  de  l'amour;  il  vient  jeter  du  sel 
sur  l'ulcère  de  leur  cœur.  La  lune  a  ouvert  la  paume  de  sa  main 
d'argent,  et  si  elle  en  trouvait  une  autre  pareille  à  la  sienne,  elle 
applaudirait  avec  elle.  Par  l'effet  de  la  chaleur  que  produit  sur 
elle  la  flamme  de  la  beauté  de  mon  amie ,  la  lune  a  son  front 
couvert  de  sueur.  A-t-on  jamais  vu  se  produire  un  tel  effet  sur 
cet  astre  qui,  dans  les  sphères,  roule  comme  la  pièce  d'or  ?  Le 
murmure  du  flacon  qui  se  vide  paraît  dire  de  ne  pas  rester  assis 
dans  l'inaction ,  tandis  que  la  coupe  semble  cligner  les  yeux  pour 
regarder  le  cercle  des  buveurs. 

C'est  aujourd'hui  la  noce  du  nabâb  Muhabbat  Rhân,  aussi 
élevé  que  les  cieux  par  son  rang  et  son  mérite  personnel  ;  fête 
qui  réunit  tout  le  monde,  grands  et  petits.  Quelle  description 
ferai-je  de  ta  monture  particulière,  que  couvre  une  étoffe  couleur 
de  rose  ?  Je  dois  avouer  seulement  que  mon  esprit  est  confondu  en 
la  voyant.  Si  un  peintre  voulait  en  faire  la  représentation,  le 
pinceau  s'échapperait  sans  doute  des  mains  de  son  imagination. 
Que  dirai-je  de  la  rapidité  de  ce  coursier  qui,  semblable  à  l'oiseau 
de  la  prière,  a  élevé  ses  pieds  de  la  terre  jusqu'aux  cieux?.  .  . 


MUGAL. 

Mirzâ  MugaP  Karbalâî,  ou  de  Karbala,  est  auteur 
d'une  traduction  en  prose  urdû  du  Bostan  de  Saadî,  in- 

'  Jju»  Mofjol. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  355 

titulée  Tarjama-i  Bostân  ou  Bâ(ju-i  siikhan  ',  c'est-à-dire 
le  Jardin  du  discours. 

On  avait  annoncé  une  traduction  du  Bosfan  sous 
presse  à  Calcutta  en  i8o3,  in-8°  [Primitiœ  Orientales, 
t.  III,  p.  Lin);  mais  j'ignore  quel  était  l'auteur  de  cet 
ouvrage.  Je  pense  que  c'est  la  même  traduction  qui 
porte  le  titre  de  Bâga-i  suklian.  Une  traduction  urdû, 
probablement  différente,  existe  aussi  parmi  les  livres 
du  vizir  du  Nizâm,  à  Haïderâbâd.  Je  connais  encore 
une  autre  traduction  du  Bostan,  en  dialecte  dakhnî. 
M.  F.  Falconer,  mon  ancien  élève  et  ami,  en  possède 
un  exemplaire  manuscrit. 

MUHABBAT. 

Le  nabâb  Mubabbat^  Khan  était  fds  légitime  du 
nabab  Hafiz  ulmulk  (conservateur  de  l'empire)  Hafiz 
Rahmat  Khân^.  Ayant  senti  en  lui  un  grand  désir  d'en- 
trer dans  la  carrière  des  lettres,  il  se  forma  sous  le 
Mii'zâ  Jafar  Alî  Hasrat  à  l'art  des  A'ers;  et  à  cause  de 
ses  dispositions  naturelles,  il  acquit  bientôt  parmi  ses 
contemporains  une  grande  réputation  par  la  chaleur  de 
son  style  éloquent.  Il  a  écrit  dans  tous  les  genres  de 

'^   OsA^   amour. 

'  Célèbre  prince  indien,  souverain  du  Rohilkand,  qui  fut  lue  à  la 
bataille  de  Cutterah,  en  1774.  M.  C.  Elliot  en  a  publié,  il  y  a  peu  d'an- 
nées, les  Mémoires  écrits  par  un  de  ses  fils,  le  nabâb  Mustajâb  Khân 
Bahàdur.  On  peut  consulter  cet  ouvrage  (entre  autres  pag.  120  et  suiv.) 
sur  le  compte  de  Muhabbat  Khân  ;  mais  on  n'y  trouve  rien  qui  ait  trait 
à  ce  personnage  considéré  comme  écrivain. 

23.  s 


356  BIOGRAPHIE 

poésie,  et  il  a  réuni  en  un  diwân^  ses  pièces  détachées. 
Sir  Gorc  Ouseley  possède  un  exemplaire  de  ce  diwân 
dans  sa  belle  collection^. 

Ali  Ibrahim  et  Lutf  nous  représentent  IMuhabbat 
comme  un  beau  jeune  homme,  doué  des  plus  brillantes 
qualités ,  et  entre  autres  de  la  bravoure  et  de  la  géné- 
rosité. Après  la  défaite  du  nabab  Hàfiz  Rahmat  Khan, 
il  alla  résider  à  Lakhnau,  d'où  il  envoya,  en  i  196  de 
l'hégire  (1781-1782),  à  Ali  Ibrahim ,  plusieurs  pièces 
de  vers,  et  entre  autres  un  masnavvi,  ou  roman  en  vers 
dont  il  était  auteur.  Cet  ouvrage,  qui  porte  le  titre 
d'Asrâr-i  Muliahbat,  les  Secrets  de  l'y^mour  ^,  est  l'his- 
toire des  amom^s  de  Sacî  et  de  Panûn  ^.  Selon  Ibrahim 
et  Lutf,  Muhabbat  l'écrivit  pour  répondre  au  désir  de 
Master  Jânas ,  apparemment  sir  William  Jones. 

^  Dans  un  catalogue  manuscrit  qu'on  trouve  à  VEast-India  House,  il 
V  a  l'indication  de  deux  manuscrits  de  cet  ouvrage  :  le  premier  intitulé 

Vu 

aKa^jh  M^  '-^■^  lâiU^  tj^  c:aj^  U^^-^  Diwân  de  Muhab- 
bat Ehân,  fds  de  Hajiz  Bahniat  Khân  le  Rohilla ;  et  le  second  /jî^ji 
jjVÀ.  OvA^  Vl^*  OUÀAiJ  AXiSj  {J^jj^  Ot-sSÎ  Diwân  de  Mu- 
habbat, en  langue  rchhta,  composition  du  nabâb  Muhabbat  Khân. 

-  Muhabbat  a  aussi  écrit  en  puscbtou  ,  c'est-à-dire  dans  l'idiome  par- 
ticulier aux  Afj^âns,  idiome  nommé  aussi  af<jânî,  lequel  était,  à  propre- 
ment parler,  sa  langue  maternelle.  Sir  Gore  possède  aussi  un  exem- 
plaire du  diwân  de  Muhabbat  en  ce  langage  peu  cultivé.  On  trouve 
l'indication  du  même  volume  dans  le  catalogue  manuscrit  de  Muham- 
mad  Bakhsch ,  cité  à  la  note  précédente. 

'  CiOb^  j^y-^^  •  Ç^  titre  fait  aussi  allusion  au  nom  de  l'auteur,  et 
peut  se  traduire   par  les  Secrets  de  Muhabbat. 

*  Il  y  a  un  poème  persan  sur  le  même  sujet,  écrit  par  un  Hindou 
uommé  Làla  Jot  Parkàsch,  et  intitulé  The  Dasioor-i  ischh,  or  the  Loves 
oj  Sasee  and  Panoon.  Il  y  en  a  un  autre  très-court  par  Mîr  Maçùm  Ba- 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  357 

Le  nabab  d'Aoude  Acaf  uddaula  combla  Muhabbat 
d'honneurs  et  d'égards ,  et  ils  firent  des  vers  ensemble. 
Ce  dernier  demeurait  encore  à  Lakbnau  en  1 2 1 5 
(1800-1801),  époque  de  la  rédaction  du  Gulschan-i 
Hind,  et  s'y  occupait  toujours  de  poésie.  Plus  tard  il 
habitait  Bareilly  \  ainsi  que  nous  l'apprend  Béni  Na- 
râyan,  qui  se  flatte  d'avoir  été  lié  avec  lui.  Il  cite  un 
mukhammas  de  cet  écrivain ,  et  Alî  Ibrahim  et  Lutf  en 
donnent  d'autres  pièces. 

Voici,  en  peu  de  mots,  la  légende  qui  fait  le  sujet 
du  poëme  de  Sact  et  Panûn  dont  je  viens  de  parler^  : 

Un  puissant  Hindou  qui  n'avait  pas  d'enfants ,  quoique  marié 
depuis  plusieurs  années,  eut  enfin  une  fille.  Il  consulta  les 
astrologues  sur  le  sort  futur  de  cet  enfant,  dont  la  naissance 
comblait  ses  vœux,  et  auquel  il  donna  le  nom  de  Saci  (lune), 
pour  exprimer  la  beauté  qu'on  distinguait  déjà  dans  ses  traits 
enfantins.  Ils  prédirent  qu'elle  épouserait  un  ^Musulman.  La  dou- 
leur du  père,  en  apprenant  cette  triste  nouvelle,  fut  telle,  que 
pour  prévenir  ce  malheur,  il  se  décida  à  faire  périr  sa  fille.  A 
cet  effet,  il  la  plaça  dans  un  coffre  qu'il  jeta  dans  la  rivière.  Par 
hasard,  ce  coffre  fut  recueilli  par  un  blanchisseur,  qui  l'ayant 
ouvert,  y  trouva  l'enfant  encore  vivant;  et  comme  cet  homme 
n'avait  pas  d'enfants  non  plus ,  il  l'adopta.  Saci  devint,  en  arrivant 
à  l'âge  de  puberté,  d'une  beauté  extraordinaire.  Une  caravane 
de  marchands  ayant  passé  par  l'endroit  où  elle  se  trouvait,  quel- 
ques-uns d'entre  eux  eurent  occasion  de  la  voir,  et,  à  leur  retour, 
en  parlèrent  au  fils  du  gouverneur  de  leur  province,  lequel  était 

kerî;  il  est  intitulé  Husn  o  Nâz,  la  Beauté  et  la  Gentillesse  [Journal  of 
ihe  Asiatic  Society  oj  Bengal .  février  i838). 

'  Ville  de  la  province  de  Debli  et  chef-lieu  d'un  district  de  ce  nom. 
Ce  fut  la  capitale  de  la  principauté  de  courte  durée  de  Hâfiz  Rahmat 
Khân,  père  de  notre  écrivain. 

-  Voyez  le  Journal  de  la  Socièiè  asiatique  de  Calcutta ,  loc.  cit. 


358  BIOGRAPHIE 

musulman.  Celui-ci,  enflammé  par  les  discours  de  ces  marchands, 
voulut  aller  juger  par  lui-même  de  l'exactitude  de  leur  description. 
Il  se  déguisa  en  marchand ,  et  partit  avec  la  prochaine  caravane. 
Pour  parvenir  plus  facilement  à  son  but,  il  se  mit  au  service  du 
blanchisseur  qui  avait  adopté  Saci,  et  eut  ainsi  l'occasion  d'ad- 
mirer sa  beauté,  qui  était  réellement  très-remarquable.  Bientôt  il 
lui  fit  connaître  l'amour  violent  qu'il  avait  conçu  pour  elle,  il  eut 
la  satisfaction  de  la  voir  partager  ce  sentiment,  et  de  l'épouser  en- 
suite. Cependant  la  nouvelle  de  cet  étrange  mariage  parvint  aux 
oreilles  du  père  de  Panùn,  et  il  envoya  deux  autres  de  ses  fils 
pour  ramener  Panûn.  Ceux-ci  prirent  si  bien  leurs  mesures, 
qu'une  nuit  ils  enlevèrent  leur  frère,  et  l'ayant  placé  sur  un  agile 
chameau,  ils  le  conduisirent  à  leur  père.  Lorsque  Saci  apprit  le 
départ  de  son  époux,  sa  douleur  ne  connut  point  de  bornes.  Elle 
résolut  de  suivre  ses  traces  ;  et  après  avoir  marché  l'espace  de 
quarante  kos,  épuisée  de  soif  et  de  fatigue,  elle  tomba  sur  la 
terre  :  mais  une  source  miraculeuse  jaillit  à  ses  pieds.  Elle  conti- 
nua sa  roule  vers  les  montagnes ,  et  là  elle  fut  de  nouveau  assaillie 
par  la  soif  En  ce  moment  un  berger  voulut  lui  faire  violence; 
mais  elle  l'engagea  à  lui  donner  d'abord  à  boire.  Pendaiit  qu'il 
allait  prendre  du  lait  pour  elle,  Saci  pria  Dieu  de  la  délivrer  des 
malheurs  de  tout  genre  auxquels  elle  était  en  butte.  Dieu  exauça 
sa  prière  ;  la  montagne  sur  laquelle  elle  était  s'entr'ouvrit  et  se 
referma  sur  elle,  laissant  seuleruent  en  dehors  le  bord  de  son 
vêtement.  De  son  côté  Panùn  fut  à  la  recherche  de  sa  bien- 
aimée ,  et  arrivé  au  lieu  où  elle  avait  été  engloutie ,  il  pria  Dieu 
de  lui  faire  partager  le  même  sort,  ce  qui  eut  lieu  en  effet. 

MUHABBAT  (ALI). 

Bénî  Narâyaiî  cite  un  autre  poëte  hiiidoustani  dont 
Miihahbat  est  le  takhallus.  C'est  Mirzâ  Aiî  Muhabbat,  de 
Deliii ,  qui  fut  disciple  de  Calandar-baklisch  Jurât.  J'i- 
gnore si  cet  écrivain  est  ie  même  que  celui  que  cite 
Mannii  Lai  sous  le  nom  de  Balladur  Ali  Muhabbat. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  359 

MUHABBAT   (  WALI  ULLAH  ). 

Le  schaïkh  Waiî  ullah  Muhabbat,  de  Delili,  fut  un 
des  disciples  de  Saudà  et  des  amis  de  Rind.  Il  habitait 
FaiTukhàbâd  à  l'époque  où  écrivait  Ali  Ibrahim ,  qui  ne 
nous  donne  pas  d'autres  renseignements  sur  ce  poète. 
Il  ne  cite  de  lui  que  deux  vers  dont  il  me  parait  inutile 
de  joindre  ici  la  traduction. 

MUHACGAC. 

Ancien  poëte  du  Décan  de  qui  Ali  Ibrahim  cite  sim- 
plement un  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Ne  promets  pas  de  montrer  ta  face  à  tous  ceux  qui  te  le  de- 
manderont; évite  de  prononcer  de  ta  langue  un  mensonge. 

MUHAMMAD  ALL 

Mîr  Muhammad  Alî  Tazmazî  est  auteur  d'un  tazkira 
ou  Biographie  des  poètes  hindoustani,  citée  dans  celle 
de  Ali  Ibrahim.  On  doit  au  même  écrivain,  qui  est 
aussi  nommé  Maulaivî  et  Saïyid  MuJiammad  Ali,  une 
traduction  du  SchamscJier  Khâni  ~,  abrégé  en  prose  du 
Schâh-nâma  de  Firdaucî,  par  Tawakkul  Beg.  On  sait  que 
cet  ouvrage  est  non-seulement  une  analyse  du  Schâh- 
nâma,  mais  cfu'on  y  trouve  des  citations  de  ce  poème  et 


'    (*Ai^  vérifié. 


reconnu  vrai. 


560  BIOGRAPHIE 

des  anecdotes  sur  tous  les  personnages  célèbres  men- 
tionnes par  Firdaiirî .  avec  leur  histoire  succincte.  C'est 
cet  omrage  qu'a  surtout  suivi  M,  Atkinson  dans  son 
abrégé  du  Schdh-ndma ,  publié  par  le  Comité  des  tra- 
ductions orientales.  La  traduction  de  Muhammad  Alî 
est  intitulée  Sclidh-nâma ;  il  v  en  a  un  exemplaire  à  la 
bilDliotliècpje  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  copie 
qui  provient  de  la  collection  du  collège  de  Fort-\\'illiam, 
Elle  est  en  prose.  On  vante  sa  fidélité  et  l'élégance  de 
son  stvle  ^. 

MUHAMMAD  HACA^V. 

C'est  un  élève  et  un  imitateur  de  Mir  Taqui,  Fath  Ali 
Hucaïnî  en  cite  un  bon  nombre  de  vers. 

MUHAMMAD   IBRAHIM. 

Miyân  Muhammad Ibràliim  résidait,  en  182^,  à  Ma- 
dras, où  il  était  mimscbî,  c'est-à-dire  qu'il  v  donnait 
des  leçons  d'hindous tani.  Muhammad  était  fils  de  Malik 
Huçaïn,  et  petit-fils  de  Schaïkh  Muhammad.  de  Béja- 
pùr;  il  était  jamaddr  de  cavalerie  (  commandant  de 
mille  cavaliers  1.  H  a  traduit  la  célèbre  version  persane 
des  Fables  de  Pidpav  intitulée  Anu-dr-i  SahaïU ,  en  liin- 
doustaniduDécanoudakhni,  langue,  dit-ii'-,  que  parlent 
tous  les  habitans  de  ce  pays ,  grands  et  petits ,  riches  et 
pauvres,  militaires  et  marchands,  hommes  et  femmes. 
Il  a  rendu  la  prose  par  de  la  prose,  les  vers  par  des 

'  Roebuck,  Annals  of  ihe  collège  of  Fort-Tïllliam .  pag.  SSg. 
-  Dans  la  préface  hindoustani  de  cet  ouvrage,  pag.  10. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  361 

vers,  et  a  intitulé  son  livre  Dahhân  anjân  \  ou  le  Collyre 
du  Décan.  Toutefois  cet  ouvrage  a  été  imprimé  à  Ma- 
dras ,  non  pas  sous  ce  titre ,  mais  simplement  sous 
celui  de  Dakhnee  Unwaree  Soheïlee ,  a  Translation  into  tlie 
daklmn  tondue  of  the  Persian  Lmcar-i  Soheïlee  ,  for  the  use 
or  the  milltarY  officers  of  the  Madras  estahlishment,  br  order 
ofthe  hoard  of  superintendence  for  the  collège  of  Fort  Saint 
George.  Br  Mahammad  Ibraheem  Moonshee;  Madras,  at  the 
collège  Press,  i  82  i,  in-fol.  de  4^i  pages.  Cet  ouvrage  est 
suivi  d'un  vocabulaire  des  mots  particuliers  au  dialecte 
dakhni  qui  s'v  rencontrent;  ils  sont  rendus  en  lilndous- 
tani  du  nord  ou  urdu.  M.  Shakespear  a  tiré  beaucoup 
de  mots  de  ce  volume  pour  la  troisième  édition  de  son 
dictionnaire. 

Ibrahim  nous  apprend  qu'il  vovagea  pendant  trois 
années  dans  tout  le  Décan ,  afm  de  recueillir  ça  et  là 
des  expressions  particulières  aux  provinces  méridionales 
de  l'Inde ,  pour  les  insérer,  lorsqu'il  en  trouverait  l'oc- 
casion, dans  son  ouvrage,  qui  offre  ainsi  une  sorte  de 
répertoire  de  ces  mots  inusités  dans  le  nord.  L'auteur 
fait  observer  aussi  que  les  genres  des  noms  ne  sont  pas 
toujours  les  mêmes  dans  le  nord  et  dans  le  midi  de 
l'Inde,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  en  lisant  les  ouvrages 
dakhni  les  plus  connus,  tels  que  Phûl-ban ,  GaUhan-i 
ischq,  Mantic  altaïr  et  ^uçuf  Zalikha'-:  que  les  noms, 
par  exemple,  de  Kalila  et  de  Dimna,  masculins  dans  le 
nord,  sont  féminins  dans  le  midi. 

'  Vovez,  dans  ia  table  des  ouvrages,  l'indication  des  articles  ou  il 
est  parlé  de  ces  poëmes. 


561  BIOGRAPHIE 

Il  y  a  plusieui's  autres  traductions  daklmî  de  ÏAn- 
wâr-i  Sohaïli;  mais  j'ignore  le  nom  de  leurs  auteurs  : 
1°  J'ai  uii  bel  exemplaire  manuscrit  d'mie  de  ces  tra- 
ductions qui  a  appartenu  à  Adam  Clarke.  Il  a  été  copié 
en  1179  de  l'hégii^e  (1760  de  Jésus-Clirist).  2°  Mon 
ancien  élève  et  mon  ami ,  M,  Falconer,  a  un  manuscrit 
d'mie  rédaction  ditTérente.  3°  Il  v  a  un  manuscrit  liin- 
doustani  de  ce  titre  dans  la  bibliothèque  rovale  de  Ber- 
lin ;  il  porte  le  n°  220  ^.  4°  Deux  autres  copies  faisaient 
partie  de  la  collection  de  sir  G.  G.  Haughton ,  et  il  y  en 
a  eu  plusieurs  en  vente  chez  des  libraires.  5°  Il  y  a 
aussi  à  la  bibliothèque  de  VEast-India  House  un  volume 
intitulé  Tarjama-i  Ainrar-i  Sahaïli,  c'est-à-dire  Traduc- 
tion de  ÏAnirâr-i  Suhaïh.  en  langue  hindi  [bazahân-i 
hindi).  6°  Il  v  a  un  manuscrit  qui  porte  le  même  titre 
à  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Galcutta, 
manuscrit  dont  la  rédaction  est  attribuée  au  doctem' 
Gilclnist. 

MUHGn. 

Mir  Muhammad  ^luhcin-,  d'Akbaràbàd  (Agra),  était 
neveu  (fils  de  frère)  de  Mir  Muhammad  Taqui,  et  pa- 
rent aussi  bien  qu'élève  de  Siràj  uddîn  Ali  Khân  Arzù. 
-\lir,  qui  fut  son  maitre  ,  fait .  dans  sa  biographie  ,  l'éloge 
de  son  esprit  et  de  son  talent  poétique .  et  il  cite  trois 
pages  de  ses  vers.  Muhcin  n'avait  que  vingt  ans  à  cette 
époque,  et  on  avait  tout  lieu  de  croire  qu'il  se  distin- 
guerait de  plus  en  plus  dans  une  carrière  où  il  avait 

'  C'est  au  savant   professeur  Wilken  que  je  dois  cette  indication. 
"    -1  ■■-  *^    hiinfaisanl,  bienfaiteur. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  363 

déjà  obtenu  des  succès.  Telle  était  l'opinion  de  son 
oncle.  En  effet  plus  tard,  lorsque  Ali  Ibrahim  rédigeait 
son  Galzâr,  Muhcin  était  attaché  à  la  cour  du  nabâb 
Sâlàr-jang,  et  avait  écrit  des  poésies  hindoustani  esti- 
mées. 

MUHIBB. 

Schaikli  Walî  idlah  Muhibb ',  ami  et  compagnon  de 
Saudâ ,  était  ori,?inaire  de  Schâhjahânàbàd.  D  a  écrit 
des  vers  hindoustani  dont  le  style  est  énergique  et  pm'; 
et  il  en  a  formé  un  diwân.  Son  talent  poétique  le  fit 

accueillir  avec  empressement  par  le  prince  Sulaïman 
Scliikoh.  Musliafi  nous  apprend  qu'il  mourut  d'un  ul- 
cère ,  en  12  0-  de  l'hégire.  Le  même  biographe  cite  trois 
pages  de  ses  vers. 

MUHLAT. 

Mirza  Ail  Muhlat-  était  disciple  de  Jurât.  Mushafi 
nous  apprend  que  quelques  années  avant  le  temps  où 
il  écrivait  sa  bio,o:i'aphie ,  Muhlat  a^-ait  eu  une  discussion 
avec  Ali  Xaqui  Alalisliar,  et  qu'ils  allèrent  se  battre  en 
duel  au  delà  de  la  Gumti^.  Mulilat  fut  blessé,  et  lors- 
qu'il fut  arrivé  à  sa  maison  ,  ses  héritiers  ^  eurent  beau 
le  presser  de  leur  faire  connaître  celui  qui  l'avait  frappé, 

'   ■:_,^,<J  amant. 

'  i^j<Xj-A  retard,  paresse. 

'  Rivière  qui  so  trouve   dans  l"Hindoustan  du   uord,   et  qui  se  jette 
dans  le  Gange,  au-dessous  de  Bénarès. 
'  C'est-à-dire  ses  proches  parents. 


364  BIOGRAPHIE 

il  ne  voulut  pas  le  leur  indiquer ,  et  peu  de  temps  après 
il  mourut  de  sa  blessure. 


MUHTARIM. 

Khâja  Muhtarim^  Khân  est  compté  parmi  les  poètes 
hindoustani;  mais  je  ne  trouve  aucun  renseignement 
sur  son  compte  dans  les  ouvrages  biographiques  origi- 
naux que  j'ai  pu  consulter.  Mushafî  ne  cite  de  lui  que 
trois  vers. 

MUIN. 

Schaïkh  Muïn  uddîn  ,  et  simplement  Miiïn  ^,  fut  un 
des  élèves  les  plus  distingués  de  Mirzâ  Muhammad 
Rafî  Saudâ;  toutefois  il  suivit  le  style  de  l'ancienne 
école.  Il  était  habile  dans  tous  les  genres  de  poésie, 
mais  un  peu  enclin  aux  discussions  littéraires.  Il  était 
encore  plein  de  vie  à  Lakhnau ,  en  1196  de  l'hégire 
(  i'78i-i'782).  Mushafî  et  Mannû  Lâl  citent  de  lui  un 
gazai  qui  jouit  de  beaucoup  de  célébrité. 

MUJRIM/. 

Auteur  d'un  diwân  hindoustani  dont  la  bibliothèque 
du  collège  de  Fort-William  possède  un  exemplaire  qui 
a  passé  dans  celle  de  la  Société  asiatique  du  Bengale. 


^yji^  honoré ,  respecté. 
*  (>AX*  aide  (sous-entendu  /ojJî  de  la  religion). 
'      >^wsiî  pécheur . 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  365 

MURHLIS,   DE    MURSCHIDABAD. 

Mukhlis^  Alî  Khan,  de  Murschidâbàd,  connu  sous 
le  nom  de  Mir  Bdkir,  était  le  neveu  (  fds  de  sœur  )  du 
nabab  Nawâzisch-i  Muhammad  Khân  Schahâmat-jang. 
Les  biographes  originaux  le  représentent  comme  un 
beau  jeune  homme,  qui  faisait  l'ornement  des  cercles.  Il 
avait  l'air  ouvert  et  était  d'un  caractère  égal ,  et  il  aimait 
le  plaisir  et  la  bonne  chère.  Il  vivait  dans  le  Bengale 
à  l'époque  où  Ibrahim  rédigeait  son  Gulzâr.  Il  a  écrit 
un  grand  nombre  de  vers  hindoustani ,  et  les  a  réunis 
en  un  diwân  fait  à  la  manière  des  grands  maîtres  dans 
l'art  d'écrire,  mais  où  il  s'agit  un  peu  trop  d'amour. 
Alî  Ibrahim  ,  qui  l'avait  connu  particulièrement ,  cite 
quatre  pages  de  vers  extraits  du  recueil  de  ses  œuvres. 
Lutf  nous  apprend  que  cet  éloquent  rossignol  s'échappa 
du  filet  de  l'existence  en  i  207  de  l'hégire  (1792-1  793). 
En  d'autres  termes,  il  mourut  en  l'année  susdite,  dans 
la  ville  de  Murschidâbàd  sa  patrie. 

Voici  la  traduction  d'un  court  gazai  de  ce  poëte 
urdû  : 

Ah!  ne  te  venge  pas  davantage  de  cet  amant  que  lu  as  déjà 
immolé  à  demi.  Je  te  rendrai  mille  grâces  si  tu  renonces  à  me 
captiver  entièrement. 

Les  gens  favorisés  du  ciel  désirent  le  martyre;  pour  eux  l'épée 
de  l'injustice  est  pareille  à  l'aile  de  l'oiseau  merveilleux  (le  huma), 
dont  l'ombre  est  le  pronostic  d'un  trône. 

Lorsque  mon   amie  dans  un    moment  d'ardeur  s'est  unie  à 


>   ,ja^ 


ami   sincère. 


366  BIOGRAPHIE 

moi,  les  larmes  qu'elle  a  versées  ont  enflammé  de  dépit  le  cœur 
de  mes  rivaux. 

Aussi  Mukhlis  doit  le  dire,  il  ne  se  plaint  d'aucune  injustice 
de  la  part  de  sa  bien-aimée  :  il  demeure  ferme  dans  la  voie  de 
l'amour. 

MUKHLIS  (ANAND  RAM). 

Râé  Anand  Ram  Mukhlis ,  de  Dehli ,  était  woMl 
(agent)  du  nabab  Itimâd  uddaula.  Il  a  écrit  des  vers 
hindoustani  estimés  ;  Ali  Ibrahim  en  cite  quelques-uns. 
Mir  nous  apprend  qu'il  avait  été  d'abord  élève  de  Mirzâ 
Bédil,  puis  de  Siraj  uddîn  Arzû,  qui  l'a  mentionné  dans 
son  tazkira.  Un  an  environ  avant  l'époque  où  Mîr  écri- 
vait sa  biographie,  il  mourut  d'une  hémorragie  dont  il 
était  atteint  depuis  quelque  temps. 

MUKHLIS  (BADI  UZZAMAN). 

Badî  uzzamân  Khan  Mukhlis,  de  Dehli,  auteur  de 
poésies  hindoustani,  était  remarquable  par  sa  beauté 
physique  et  par  ses  qualités  morales.  Il  était  attaché  à 
la  cour  du  nabâb  Schujâh  uddaula,  nabab  d'Aoude. 

MUMTAZ. 

Hafiz  Fath  Ali  Mumtâz  \  de  Dehli,  est  un  des  dis- 
ciples de  Saudâ.  Il  occupa  un  rang  distingué  [mnmtâz) 
parmi  les  écrivains  de  son  temps,   ses  émules.  Il  est, 

'  j\jJi  tlistinrjnc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  367 

entre  autres,  auteur  d'un  masnawî  où  il  décrit  un  bâ- 
ton \  et  qui  est  écrit  avec  beaucoup  d'énergie. 

MUMTAZ   (GAGIM). 

Mirzâ  Câcim  Mumtâz ,  fds  aîné  de  Mirzâ  Kâzim  Alî 
Jawân,  dont  il  a  été  parlé ^,  a,  comme  son  père,  cultivé 
la  poésie  hindoustani.  Béni  Narâyan  cite  de  lui  un  gazai 
dans  son  Anthologie. 

MUNIM'. 

Cet  écrivain  était  frère  de  Câyim  *,  dont  il  a  été  parlé 
plus  haut.  Il  jouit  de  quelque  célébrité  parmi  ses  com- 
patriotes comme  poëte  hindoustani. 

MUNSCHl  (GULAM-I  AHMAD). 

Gulâm-i  Ahmad  Munschî  fut  un  des  disciples  de 
Mirza  Mazhar  Jàn  Jànân.  Il  naquit  à  Dadrî,  petite  ville 
du  district  de  Narnaul  (province  d'Agra).  Il  prit  d'abord 
pour  surnom  poétique  le  mot  Wâcjmf  (intelligent). 
Il  écrivait  également  bien  en  vers  et  en  prose ,  en  hin- 
doustani et  en  persan. 

-  Voyez  l'article  sur  Jawàn  et  Tarticle  sur  Ayân,  autre  fils  de  Jawân. 

'  ^^jtM  libéral. 

*  Voyez  l'article  consacre  à  ce  poëte. 


368  BIOGRAPHIE 

MUNSCHI   (MUHAMMAD  HUCAIN). 

o 

Mîr  Muhammad  Huçaïn  Munschî\  de  Delili,  était  de 
la  classe  des  Saïyid  qui  descendent  de  Riza,  le  huitième 
imâm.  Son  père  se  nommait,  selon  Béni  Narâyan,  Mr 
Ahalkhaïr,  et  selon  Mushafî ,  Mir  Abiilhusii.  Munschî 
était  connu  sous  le  nom  de  Mir  Kalan,  et  il  exerçait  la 
profession  de  maître  d'écriture.  Ses  ancêtres  étaient  ori- 
ginaires de  la  Perse ,  mais  depuis  deux  ou  trois  généra- 
tions ils  habitaient  Scliâhjahânâbâd.  Munschî  écrivait 
parfaitement  le  nastalic  et  était  très-habile  dans  l'inscha  2. 
Il  avait  lu  un  grand  nombre  d'écrivains  persans,  et  il 
connaissait  la  langue  arabe.  11  remplissait,  à  l'époque 
où  écrivait  Mushafî ,  les  fonctions  de  munschî  ou  de 
secrétaire  auprès  du  prince  Sulaïman  Schikoh,  et  rédi- 
geait beaucoup  de  lettres  pour  son  patron;  ce  dont  il 
s'acquittait  parfaitement  Bien.  Comme  il  avait  une 
grande  facilité  à  écrire  en  hindoustani ,  tant  en  prose 
qu'en  vers,  il  retouchait  souvent  les  vers  de  Sulaïman 
Schikoh  en  les  transcrivant,  et  de  temps  en  temps  il 
composait  lui-même  des  poésies  hindoustani.  Il  pouvait 
avoir  vingt-huit  ans  en  1793-179/1.  Mushafî,  qui  nous 
donne  ces  renseignements ,  cite  plus  d'une  page  de  ses 
vers;  Bénî  Narâyan  en  donne  un  gazai. 

Je  pense  que  c'est  à  cet  écrivain  qu'on  doit  un  mas- 
nawî  intitulé  Guldasta-i  ischc^,  c'est-à-dire  le  Bouquet 

'   i^CUm  écrivain  (amanuensis),  professeur d'hindoustani  et  de  persan. 
^  Voyez,  au  sujet  de  cet  art,  une  note  pag.  3 16. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  369 

d'amour,  ouvrage  dont  ia  Société  asiatique  de  Calcutta 
possède  un  exemplaire. 

MUNSCHI  (MU-RAMAND). 

Mû-Kamand  Munschî  est  compté  parmi  les  poètes 
hindoustani.  Mannù  Lâl  le  cite  dans^sa  rhétorique  pra- 
tique intitulée  Guldasta-i  niscliât. 

MUNTAZIR. 

Miyân  Nùrulislâm  Muntazir\  de  Lakhnau,  était  fds 
de  Schâli  Faïz  Alî,  autrement  dit  Pir-galâm,  lequel  était 
le  frère  aîné  de  Schâh  Badr-i  Alî ,  et  le  fils  de  Schâli 
Muhammad  Jalîl ,  qui  était  le  frère  cadet  de  Schâh  Aquil, 
lequel  était  constamment  vêtu  de  vert,  et  ne  s'occupait 
que  de  Dieu  et  aucunement  de  lui-même.  Mushafî ,  qui 
fut  le  maître  de  Muntazir,  fait  le  plus  grand  éloge  de  ses 
qualités  intellectuelles.  Il  dit  qu'il  avait  étudié  l'arabe,  et 
qu'il  avait  lu  beaucoup  d'ouvrages  persans  tant  en  vers 
qu'en  prose.  Dès  l'âge  de  dix  ou  douze  ans  il  eut  un 
goût  prononcé  pour  la  poésie;  et  comme  la  poésie 
et  l'amour  sont  jumeaux^,  en  même  temps  qu'il  s'oc- 
cupait de  l'art  des  vers,  il  aimait  une  jeune  beauté  de 
douze  ans,  et  cette  passion  le  rendait  presque  insensé. 

Quand  il  commença  à  faire  des  vers,  il  demanda  des 
conseils  à  Mushafî ,  et  continua  depuis  ce  temps  d'avoir 
toujours  en  lui  la  même  confiance ,   quoique  d'autres 

'     vl^VÂ,'^  atlendant. 

^  Réflexion  de  Mushafî. 

I.  24 


370  BIOGRAPHIE 

poëtes  habiles  fissent  leurs  efforts  pour  l'attirer  auprès 
d'eux.  Il  écrivait  avec  élégance  et  pureté,  et  Mushafî 
le  considère  comme  un  de  ses  élèves  les  plus  distingués. 
11  avait  vingt-cinq  ans  en  1793-1794.  Béni  Narâyan  cite 
dix  pièces  de  vers  de  cet  écrivain.  Voici  un  de  ces 
morceaux  rendu  en  français  : 

Durant  le  temps  de  mon  existence,  je  suis  mort  pour  elle; 
mais,  nouveau  Messie,  elle  m'a  rendu  la  vie.  Tout  ce  que  j'ai 
fait,  en  dehors  de  l'amour,  a  été  mauvais. 

Elle  avait  un  caractère  sauvage,  mais  à  la  fm  je  me  suis  lié 
avec  elle.  Mes  amis  ayant  entendu  mes  vers  bons  et  mauvais , 
les  ont  applaudis.  Ce  que  Majnùn  et  Farhâd  ont  fait ,  je  l'ai  fait, 
et  plus  encore.  Par  le  tortillement  de  ses  boucles  recoquillées ,  le 
trouble  s'introduit  dans  mon  cœur.  Muntazir  étant  chaque  joui^ 
dans  la  nuit  de  la  séparation,  ses  soupirs  brûlent  son  cœur 
comme  la  bougie  enflammée. 

MURID\ 

C'est  le  nom  du  père  de  Mîr  Hamza  Alî  Rînd  2.  Il  est 
un  des  écrivains  hindoustani  les  plus  célèbres  parmi 
ceux  qui  ont  vécu  dans  le  temps  de  Muhammad  Schâh. 
Il  était  également  habile  en  musique. 

MURUWAT. 

Saguîr  Alî  Muruwat^,  connu  sous  le  nom  défis  de 

'    «Xjwj«  disciple. 

'•'  Voyez  rartide  consacré  à  cet  écrivain. 

'  v:y» wo  (]énèrosité. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  371 

lEcjYptien^,  était  fils,  selon  Mushafî,  de  Kabîr  Alî,  au- 
trement dit  Hakim  Kabir  Samhiili  -  Schaïkh  Ançârî,  dont 
il  a  été  parlé  dans  cet  ouvrage.  C'est,  dit  Mushafî,  un 
jeune  homme  capable  et  instruit.  Il  s'appliqua  d'abord 
à  la  médecine  sous  son  père,  à  Râmpour;  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  s'occuper  de  la  poésie,  art  pour  le- 
quel il  avait  un  goût  décidé.  Il  se  lia,  à  cet  effet,  avec 
un  jeune  poëte,  Bakhû  Khan,  fiis  de  Mustaquîm  Khan. 
Sa  société  lui  fut  avantageuse  à  son  début  dans  cette 
carrière.  Il  fit  surtout  des  gazai  et  des  cacîdah  qui  ont  le 
cachet  poétique.  Il  imitait  la  manière  de  Saudà.  Pen- 
dant qu'il  était  à  Râmpour,  en  i  782  ,  il  mit  en  vers,  à 
la  manière  du  Sihr  alhayân,  une  ou  deux  histoires,  et 
il  voulait  les  soumettre  à  Haçan;  mais  comme  à  cette 
époque  ce  dernier  était  en  voyage,  Muruvvat  ne  put 
agir  conformément  à  son  désir.  Cinq  années  après, 
étant  revenu  à  Râmpour  d'un  voyage  qu'il  avait  fait  à 
Bénarès,  il  écrivit  une  sorte  de  réponse  à  ce  masnawî. 
Ce  poëme  était  plein  d'expressions  et  de  figures  nou- 
velles. Après  qu'il  feut  terminé,  il  en  fit  faire  des  copies 
qu'il  répandit.  Plusieurs  de  ses  amis  s'en  procurèrent, 
et  sa  réputation  fut  fondée  sur  ce  masnawî.  C'était,  du 
reste,  Mîr  Haçan  qui  avait  engagé  Muruwat  à  s'occu- 
per de  poésie  urdû,  et  qui  avait  aussi  revu  ses  pre- 
miers essais.  Ensuite,  lorsqu'il  résida  à  Rustamnagar, 
il  consulta,  à  cause  de  la  proximité,  Mîyân  Calandar- 
bakhsch  Jurât.  Toutefois  il  ne  se  donne  comme  dis- 

^  C'est-à-dire  le  docteur  Kabîr,  liahîin  signifiant  médecin.  Alî  Ibrâhîm 
nomme  son  père  le  schuïhk  Muhamwad  Kabir  le  médecin. 

24. 


372  BIOGRAPHIE 

ciple  d'aucun  de  ces  deux  écrivams.  Il  était,  à  ce  qu'il 
paraît ,  éclectique  ;  car  il  s'exprime  ainsi  quelque  part  : 

J'ai  trouvé  un  épi  dans  chaque  moisson  ;  j'ai  trouvé  du  plaisir 
dans  chaque  angle. 

Muruwat  lut  attaché  à  la  cour  du  nabàb  Faïz  ullah 
Khàn,  Musbafî,  à  qui  nous  devons  ces  détails,  cite 
deux  pages  de  ses  vers. 

MUSCHTAC  (nAYAT  ULLAH). 

Inâvat  ullah  Muschtâc  ^  était  un  pîi^zàda  de  Sarhind. 
Mushafî  dit  qu'il  n'était  pas  très-instruit ,  mais  qu'il 
assistait  souvent  aux  réunions  de  l'espèce  d'académie 
que  ce  dernier  avait  étahhe  à  Dehli.  11  paraît,  du  reste, 
que  ce  Muschtâc  a  écrit  des  poésies;  car  Mushafî  le 
compte  au  nombre  des  poètes  hindoustani,  et  il  cite 
de  lui  quelques  vers. 

MUSCHTAC,   D'AZIMABAD. 

Mubammad  Culî  -  Khàn  Muschtâc ,  d'Azîmâbàd 
(Patna),  était  fils  de  Hatim  Culî  Khàn,  qui  était  un 
des  principaux  ofliciers  du  nabàb  Zîn  uddîn  Ahmad 
Khàn  Haïbat-jang,  soubadàr  d'Azimàbâd.  A  l'époque 
oii  écrivait  Alî  Ibrahim,  Muschtâc  était  un  jeune  homme 
distîngné  par  son  esprit  juste  et  par  ses  bonnes  qua- 
lités. Il  était  très-habile  en  musitpie,  et  il  est  auteur 
d'un  grand  nombre  de  vers. 

'   ^^IXjïi^  désireux. 

'   fA.S  esclave.  Mannû  Làl  écrit  ^^  ^4//. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  373 

MUSCHTAC,   DE  DEHLI. 

MÎT  Haçan  Muschtâc,  de  Dehli,  est  un  poète  qui 
ne  manquait  pas  de  talent,  mais  qui  s'était  laissé  aller 
à  la  paresse ,  et  qui  vivait  dans  la  misèreà  Faïzâbàd ,  à 
l'époque  où  écrivait  Ali  Ibrahim. 

MUSHAFI. 

Gulàm-i  Hamdàni  Mushafi  \  nommé  aussi  Mushafi 
Sâhib,  était  fds  de  Wali  Muhammad,  et  petit-fds  de 
Danvesch  Mubammad.  Il  appartenait  à  une  famille  dis- 
tinguée d'Amroha^,  Ses  ancêtres  étaient  attachés  à  la 
cour  du  Mogol  ;  mais  à  l'époque  des  désastres  de  l'em- 
pire des  descendants  de  Tamerlan,  sa  famille  fut  ruinée. 
Mushafi  se  sentit,  dès  sa  jeunesse,  des  dispositions  réelles 
pour  la  poésie,  et  il  acquit  de  bonne  heure  une  gi^ande 
facilité  à  écrire  correctement.  Il  se  mit  alors  à  faire  des 
vers  hindoustani ,  vers  qui  se  distinguent  par  la  clarté , 
la  pureté  et  l'originalité  du  stvle.  Dans  son  tazkira,  il 
s'excuse  pour  ainsi  dire  de  ne  pas  avoir  employé  dans 
ses  poésies  la  langue  savante  de  finde  nmsulmane;  il 
dit  à  ce  sujet  (ju'on  n'écrit  guère  dans  l'Inde  que  des  vers 
hindoustani,  d'autant  plus  que  cette  langue  a  acquis  le  même 
degré  d'excellence  qui  distingue  l'idiome  persan. 

Mushafi  habita  d'abord  Lakhnau,  puis,  vers  i  i  90  de 

'  ^J. — aS5_>«  Coranien,  c'est-à-dire  qui  a  rapport  au  Coran,  lequel  est 
nommé  v^i^s^,  c'est-à-dire  Ze  livre  [par  excellence). 

-  Ville  de  la  province  de  Dehli,  célèbre  parla  châsse  de  Miranjî  ou 
Scliaikh  Saddou,  que  les  natifs  v  vénèrent. 


374  BIOGRAPHIE 

i'hégire  (  i  yyG-iyy  y) ,  il  alla  à  Dehli,  où  il  demeura 
pendant  douze  ans  sous  l'administration  du  nabab  Najaf 
Kbân,  sans  solliciter  de  personne  aucune  faveur,  uni- 
quement occupé  à  se  former  au  pur  langage  urdû  qu'on 
parle  dans  cette  capitale.  Il  tenait  des  réunions  littéraires 
dans  le  genre  de  nos  sociétés  savantes,  réunions  qui 
furent  fréquentées  par  les  gens  de  lettres  les  plus  dis- 
tingués de  Dehli,  Il  paraît  qu'il  retourna  ensuite  à 
Lakhnau,  où  il  fut  admis  auprès  du  prince  royal  Sulaï- 
mân  Scliikoh  \  et  fut  comblé  de  ses  bontés.  Ce  fut  alors 
qu'il  mit  au  net  le  tazkira  dont  il  est  auteur,  ouvrage 
dont  il  s'était  occupé  plusieurs  années  auparavant,  et 
qu'il  avait  laissé  en  portefeuille.  On  lui  doit  les  ouvrages 
suivants  : 

1°  Trois  diwân  hindoustani.  H  y  a  un  exemplaire  de 
son  diwân  (  ou  de  ses  dîwan  )  dans  la  belle  bibliothèque 
de  Chandù  Lâl,  d'Haïderàbâd. 

2°  Un  autre  diwân  hindoustani  qu'il  fit  à  Dehli,  et 
qui  se  compose  de  cacîdah,  de  gazai,  de  masnawî,  etc. 

3°  Un  Tazkira-i  Scliiiarâ-i  Hindi,  écrit  du  reste  en 
persan,  avec  une  préface,  un  appendice  consacré  aux 
femmes  auteurs  ,  et  un  épilogue  qui  se  termine  par  deux 
tarîkh  sur  la  date  de  l'ouvrage. 

Il"  Une  portion  d'un  Scliâli-nâma,  jusqu'à  la  généa- 
logie de  Schâh  Alam. 

5°  La  bibliothèque  du  collège  de  Fort- William ,  à 
Calcutta,  possède  un  manuscrit  intitulé  Kalliyât-i  Mus- 
hafi,  ou  Œuvres  complètes  de  Mushafî. 

Il  a  fait  en  outre  un  tazkira  des  poètes  persans ,  deux 

'  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  375 

divvân  persans  et  même  un  troisième  inachevé;  mais  je 
ne  cite  ces  ouvrages  que  pour  mémoire. 

Les  renseignements  qui  précèdent  sont  extraits  du 
propre  tazkira  de  Musliafî ,  qui  a  donné  dans  cette  bio- 
graphie un  article  sur  lui-même,  à  la  suite  duquel  il 
a  cité  huit  pages  environ  de  vers  extraits  de  ses  diwân 
hindoustani.  Dans  la  préface  du  même  ouvrage,  il  nous 
apprend  cjn'il  écrivit  cette  biographie  pour  complaire 
à  Mîr  Mustahçan  Khalîc  ^ ,  fils  du  célèbre  Hacan ,  qui , 
enthousiaste  delà  poésie  hindoustani,  l'engagea  à  s'oc- 
cuper de  cet  ouvrage.  Il  n'y  parle  guère ,  malheureuse- 
ment, que  des  poètes  urdû  qui  ont  vécu  depuis  le  règne 
de  Muhammad  Schâh,  en  1710,  jusqu'à  l'époque  où 
il  termina  son  ouvrage,  c'est-à-dire  en  1  209  de  l'hégire 
(  1793-179/1),  sous  le  règne  de  Schâh  Alam.  Il  a  eu 
surtout  en  vue  de  faire  connaître  ses  contemporains, 
sur  lesquels  il  a  pu  avoir  des  renseignements  certains. 
Lutf  nous  apprend  qu'en  1  2  1  5  (  1800-1801)  il  était 
depuis  quatorze  ans  à  Lakhnau,  dans  une  position  peu 
fortunée.  Bénî  Narâyan,  qui  a  écrit  son  Anthologie  en 
181/1,  ne  dit  pas  que  Mushafî  fût  mort  à  cette  époque. 
Il  en  cite  onze  différents  gazai. 

Il  paraît  que  Mushafî  avait  été  lié  avec  le  célèbre 
Haçan,  car  celui-ci  termine  le  Sihr  ulbayân  par  un  ta- 
rîkli-  en  hindoustani,  que  Mushafî  fit  pour  ce  poëme, 
et  par  lequel  on  voit  qu'il  fut  composé  en  l'année  1199 
de  l'hégire  (178/1-1786). 

'  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 

'  J*v  a  ê  (J^  ^^  <^V^  ^ 


376  BIOGRAPHIE 


MUSTAMAND. 

Mustamand  \  de  Dehli,  est  un  des  élèves  de  Faquîh 
Sâhib  Dard.  Il  habitait  Azîmâbâd,  puis  Murschidàbâd , 
à  l'époque  oii  écrivait  Alî  Ibrâliîm.  C'est  un  poëte  hin- 
doustani  distingué. 

MUZAMMIL. 

Muhammad  Muzammil  ^ ,  contemporain  de  Schâh 
Abrû,  est  un  écrivain  hindou  stani  qui  a  de  la  célébrité 
parmi  ses  compatriotes.  On  dit  qu'il  devint  fou  dans 
les  dernières  années  de  sa  vie.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  se 
retira  à  Dehli,  et  y  mourut  entièrement  retiré  de  la 
société.  Alî  Ibrahim  cite  de  lui  un  vers  dont  voici  la 
traduction  : 

n  doit  être  interdit  de  recevoir  de  l'or  à  cette  belle,  qui  s'ap- 
pelle ajuste  titre  Sîmtan  (corps  d'argent). 

MUZTARAB. 

Lâla  Durgâ  Parschâd  Muztarab  ^ ,  fils  de  Diwân  * 
Bhawânî  Parschâd,  de  la  tribu  des  Kâyath  (caste  des 

'    Jsjv.pUw.-«  triste. 

'  Jc«v.«,  nom  d'agent  de  la   2'  forme   du  verbe  arabe  J^,   qui 
signifie  involvit,  recondiJit  [illum  in  veste  siiâ). 
•'   i^J^jihj»  agité,  iroublè ,  chagrin . 
'^  C'est-à-dire  ministre. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  377 

Soudra),  était,  dit  Musliafî,  un  jeune  homme  spiri- 
tuel, d'une  heureuse  physionomie  et  d'un  bon  carac- 
tère. Il  aimait  beaucoup  la  poésie ,  et  mettait  de  temps 
en  temps  au  jour  des  pièces  de  vers.  Il  était  lié  avec 
Muhammad  Içâ  Tanhâ.  On  le  compte  avec  juste  raison 
parmi  les  poètes  urdû. 

MUZTARR. 

Lâlâ  Kunwar  Sen  Muztarr  \  fils  de  Diwân  Débî^  Par- 
schâd,  et  frère  de  Muztarab  dont  il  vient  d'être  parlé, 
s'adonna,  comme  ce  dernier,  à  la  culture  de  la  poésie. 
Ses  ancêtres  occupaient  à  Dehli  un  rang  honorable  et 
distingué;  mais  il  naquit,  selon  Mushafî,  à  Lakhnau, 
et  y  fut  élevé.  Arrivé  à  l'âge  de  discrétion,  il  sentit  en 
lui-même  du  goût  pour  la  poésie-,  pendant  qu'il  fréquen- 
tait l'école ,  il  faisait  des  vers  hindoustani  et  même  per- 
sans, qu'il  n'osait,  par  timidité,  montrer  à  personne  : 
il  se  cachait  même  de  ses  parents.  Plus  tard,  par  fen- 
tremise  de  Muhammad  Iça  Tanhâ ,  il  fut  admis  au 
nombre  des  élèves  de  Mushafî.  «Muztarr  a  beaucoup 
«de  facilité,  dit  Mushafî,  mais  il  lui  manque  des  con- 
«  naissances  théoriques.  S'il  s'applique  à  les  acquérir, 
«  nul  doute  qu'il  ne  devienne  un  écrivain  distingué.  » 

'   jJaJ^X^  dans  la  détresse ,  affl'ujè. 

^  Débî  est  ici  synonyme  de  Bahvânî,  nom  sous  lequel  Parschâd  a  été 
désigné  plus  haut.  Ce  sont  des  noms  de  l'épouse  de  Sivâ ,  déesse  de  la 
mort ,  plus  ordinairement  nommée  Darcjd. 


378  BIOGRAPHIE 

NABHAjr. 

Ce  célèbre  écrivain  hindi  florissait  à  la  fin  du  règne 
d'Akbar  et  au  commencement  de  celui  de  Jahânguîr 
son  successeur,  c'est-à-dire  à  la  fin  du  xvf  siècle  et  au 
commencement  du  wïf.  Il  était  de  la  caste  des  Dom  -, 
dont  l'occupation  est  de  tresser  des  paniers  et  de  faire 
d'autres  travaux  analogues.  Il  naquit,  dit-on^,  aveugle, 
et  lorsqu'il  n'avait  que  cinq  ans,  il  fut  exposé  par  ses 
parents,  pendant  un  temps  de  disette,  au  milieu  des 
bois,  où  il  devait  périr.  Ce  fut  dans  cette  situation 
qu'Agradâs  et  Kîl,  zélés  propagateurs  de  la  secte  des 
Vaïschnava,  le  trouvèrent.  Ils  eurent  pitié  de  son 
état  d'abandon,  et  Kîl  jeta  sur  ses  yeux  l'eau  de  son 
hamandal^ ,  ce  qui  fit  recouvrer  la  vue  à  l'enfant.  Ils  le 
portèrent  à  leur  math,  où  il  fut  élevé  et  initié  dans  la 
secte  des  Vaïschnava  par  Agradâs.  Lorsqu'il  fut  parvenu 
à  l'âge  de  maturité ,  il  écrivit  le  Bhakta  mâla  ^,  d'après 
le  désir  de  son  giirâ.  Cet  ouvrage,  dont  le  titre  signifie 
le  Rosaire  des  dévots,  contient  la  vie  des  principaux  saints 
hindous,  spécialement  des  Vaïschnava.  Il  est  composé 
de  stances  en  hindouî  très-difficile.  Il  a  été   revu  et 

■*  ^^^  ou   )5-«5^ . 

5  H.  H.  Wilsou,  As'miic  Bescarches ,  tom.  XVI,  pag.  47. 

*  ^vR^FT.  en  sanscrit  <=t>HsiCl  pot  à  eau,  de  terre  ou  de  bois, 
employé  par  les  faquîrs. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  379 

augmenté  par  Narâyan-dâs ,  sous  le  règne  de  Schâli 
Jahàn,  et  commente  par  Kriscbna-dâs ,  en  lyiS.  Il  a 
été  aussi  reproduit  en  hindoustani  usuel.  M.  W.  Priée  a 
donné  des  extraits  intéressants ,  tant  du  texte  (  mûl  )  que 
du  commentaire  (  tihl  ) ,  dans  ses  Hindee  and  Hindoos- 
tanee  Sélections.  Cet  ouvrage  a  été  très-utile  à  M.  Wilson 
pour  son  savant  et  important  travail  sur  les  sectes  liin- 
doues.  Cet  habile  indianiste  possède  plusieurs  exem- 
plaires de  l'ancienne  rédaction  et  de  la  moderne. 

NABI. 

Mîr  Gulâm-i  Nabi  ^  Balâgramî,  ou  de  Belgram ,  neveu 
(fds  de  sœur)  de  Mîr  Abd  uljalîl  Balâgramî,  a  écrit  deux 
mille  quatre  cents  dobra^  en  langue  bindî,  si  estimés 
qu'ils  égalent,  dit-on,  ceux  du  célèbre  Bibârî^.  Il  était 
aussi  très-babile  dans  différentes  sciences  et  dans  l'art 
de  la  musique. 

NACIRH. 

Scbaïkb  Imâm-bakbscb,  connu  sous  le  surnom  poé- 
tique de  Nâcihh^,  natif,  à  ce  qu'il  paraît,  de  Laklmau, 
est  auteur  d'un  diwân  bindoustani  écrit  dans  un  style 
original,  à  l'imitation  de  la  poésie  persane.  C'est  au 
lieutenant-colonel  Low,  résident  de  Lakbnau,  que  je 
dois  ce  renseignement,  qu'il  tient  du  bibliotbécaire  du 

'   (S^  prophète,  pour   /aj     >*5X^  serviteur  du  prophète. 
'  Ijjfiji  ,   synonyme  de  cisjo  îJcrs,  en  ancien  hindoustani. 
'  Poëte  hindi  dont  il  a  été  parlé  dans  cet  ouvrage. 
*   ^b  copijtc  (amanuensis). 


% 


380  BIOGRAPHiE 

dernier  roi  d'Aoude.  Il  v  a  un  exemplaire  de  ce  diwân 
dans  la  bibliothèque  rovale  d'Aoude,  et  un  autre  dans 
celle  du  premier  ministre  du  Nizàm,  à  Haïderàbàd. 

^ACIR. 

Mivcàn  Xàcir  ^  est  un  des  fils  de  Mir  Haïdai'  Jaliàn. 
Musliaii  dit  que  c'était  un  jeune  homme  éloquent,  qui 
fréquentait  les  remuons  littéraii'es  de  Dehli,  et  qui  y 
prit  du  goût  pour  la  poésie,  qu'il  cultiva  ensuite.  Je 
pense  que  c'est  le  même  écrivain  dont  Mannù  Làl  cite 
plusiem^s  vers  sous  le  nom  de  J/;'r  Aciczr  udcliii  ?>tâcir. 

>ACIR   (ALI). 

Nàcii^  .\ii  était  natif  d'Azimabad.  On  le  compte  parmi 
les  poètes  liindoustani.  Béni  Narcàvan  donne  de  lui  un 
gazai  plein  d'intérêt. 

^ADIM. 

Schaïkh  .\li  Culi  \adim  -.  de  Dehli .  fut  le  maitre 
d'Aschraf  Ali  Khcàn  Fiç-àn.  Il  alla  de  Deldi  à  Murschid- 
àbàd.  et  v  fut  attaché  à  la  cour  du  nabab  Mir  Muham- 
mad  Jafar  Khàn.  Ce  fut  en  cette  ville  qu'il  mourut.  Il 
a  surtout  écrit  beaucoup  de  marciva  et  de  salàm,  et 
c'est  en  ce  genre  qu'il  a  acquis  de  la  célébrité. 

^    yjioli  défenseur. 

«Xj  compaqnnn. 


ET   BlBLlOOliAPlIlE.  381 


NADIR. 


Nadir  ^  de  Dehli.  habitait  Kotla  Firoz  Schah-.  Il 
vivait  sous  le  rèi^ne  de  Muliammad  Schâh.  C'est  un 
poëte  hindoustani  qui.  selon  Ali  Ibrahim,  ne  jouit  pas 
d'une  grande  réputation. 

NADIR  (LALA   GANG  A   SINGH). 

Làla  Gangâ  Singh  Xâdir  est  un  Hindou,  disciple  de 
Hacan.  que  Mushafi  compte  parmi  les  poètes  hindous- 
tani.  et  dont  il  cite  un  vers. 

NAIM'. 

Naim  ullah,  de  Dehli,  disciple  et  ami  de  Schâh 
Muhammad  Hàtim.est  auteur  d"un  petit  diwân  hin- 
doustani.  Il  fut  employé  par  le  nabàb  Muhammad  Yâr 
Khàn ,  et  avant  écrit  des  vers  à  sa  louange,  il  eut  l'avan- 
tage d'être  admis  dans  sa  société,  qui  se  composait  des 
beaux  esprits  du  temps.  Il  a  été  déjà  question,  dans  cet 
ouvrage,  des  réunions  que  tenait  cet  ami  de  lalittérature 
hindoustani .  réunions  ou  les  poètes  urdù  faisaient  assaut 
de  talent  et  de  iacihté.  Naim  mourut  d'hvdropisie ,  à 

^    jàb  étonTW.nt. 

*  Lautenr  veut  désigner  par  lu,  apparemment,  le  quartier  de  Debli 
où  se  trouve  la  tour  de  Firoz  Schàli  et  d'autres  anciens  édifices  élevés 

par  ce  monarque  pâthan. 

^   VSAJ  aise,  volupté. 


382  BIOGRAPHIE 

Dchli,  qu'il  n'avait  jamais  quitté.  Les  biograplies  ori- 
ginaux citent  de  lui  plusieurs  vers. 

NAJAF'. 

Parmi  les  biographes  originaux  que  j'ai  pu  consulter, 
Mushafî  est  le  seul  qui  parle  de  cet  écrivain.  Toutefois 
il  ne  donne  aucun  renseignement  sur  ce  poëte ,  mais  il 
en  cite  trois  gazai  qu'il  a  copiés  dans  un  album,  et 
qui  lui  ont  paru  d'une  bonne  facture. 

NAJAT. 

Schaïkh  Haçan  Rizâ  Najât-,  de  Dchli,  avait  le  génie 
poétique  et  maniait  très-bien  la  langue  urdû.  Après  la 
dévastation  de  Dehli,  ce  poëte  vint  à  Azîmàbàd,  et  y 
jouit  pendant  quelque  temps  de  la  bienveillance  de 
Amî  Hâjî  Ahmad  Alî  Quiâmat.  Il  demeurait  depuis 
quelques  années,  à  l'époque  où  écrivait  Alî  Ibrahim, 
dans  un  village  du  sirkâr  de  Sâran ,  qui  est  une  dépen- 
dance de  la  province  de  Bihâr.  Il  a  écrit,  entre  autres, 
des  marciya  en  l'honneur  du  prince  des  martyrs,  mais 
peu  de  pièces  de  vers  dans  les  autres  genres  ;  ce  qui 
fait  que  sa  réputation  n'est  pas  aussi  grande  qu'elle  aurait 
pu  l'être. 

'    OU^ ,  nom  de  la  ville  où  est  situé  le  tombeau  d'Alî. 
-  cyUtf'  salut,  fuite. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  383 

NAJI. 

Muhammad  Schâkir  Nâjî  ^,  de  Dehli,  fut  le  contem- 
porain et  l'émule  de  Scliâh  Najm  uddîn  Al^rû.  Il  vivait 
en  effet  sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh.  Il  était 
militaire  de  profession-,  mais  il  a  acquis  de  la  célébrité 
comme  poëte  hindoustani.  Il  était  très-aimable,  plaisan- 
tait volontiers  et  avait  l'habitude  de  critiquer  tout  le 
monde.  Un  jour  Mîr  lui  entendit  réciter,  dans  une  so- 
ciété, des  vers  facétieux  de  sa  composition,  qui  exci- 
tèrent l'hilarité  de  l'assemblée.  Il  mourut  à  la  fleur 
de  l'âge.  Ses  vers  ont  été  réunis  en  un  diwân  très-célè- 
bre encore  actuellement  à  Dehli,  surtout  par  les  idées 
gracieuses  qui  y  abondent.  Les  biographes  originaux 
en  contiennent  de  nombreux  extraits.  Il  a  écrit  dans  le 
style  métaphorique  obscur  qui  distingue  les  écrivains 
hindoustani  de  l'époque  où  il  vécut. 

NALAN. 

Muhammad  Askar^  Alî  Khân  Nâlân^,  de  Dehli,  était 
Mogol  de  nation.  Il  fut  le  premier  élève  qu'eut  Mushafi, 
à  Dehli.  Ce  dernier  dit,  à  ce  sujet,  que  Mîr  Haçan*  fa 
donné,  dans  son  tazkira ,  comme  disciple  de  Schâh  Hâ- 
tim ,  mais  que  c'est  une  erreur.  Nâlân  fréquentait  assidû- 

'   ^Ij  sauvé,  libre,  etc. 

"^  Mushafî  et  Bénî  Narâyan  le  nomment  Mijân  Askari Nâlân. 

*  (jiilj  se  lamentant. 

*  Et  aussi  Alî  Ibrâhîm. 


384  BIOGRAPHIE 

ment  les  réunions  que  Mushafî  tenait  chez  lui,  et  avait  en 
ce  biographe  la  plus  grande  confiance.  Toutefois  Mushafi 
l'avait  perdu  de  vue  à  l'époque  où  il  écrivait  son  tazkira. 
Il  en  cite  un  vers  seulement;  mais  Béni  Narâyan  trans- 
crit de  lui  le  gazai  dont  la  traduction  suit  : 

Le  sort  a  pris  dans  son  filet  le  rossignol;  le  sort,  6  Dieu!  i'uni- 
ra-t-il  jamais  avec  la  rose  ?  Après  avoir  demandé  congé  à  mon 
ami,  j'ai  éprouvé  le  mauvais  effet  du  sort  par  le  signe  de  ses  yeux. 
Hélas  !  dans  le  temps  où  je  suis  séparée  de  mou  ami  de  cœur,  le  sort 
fait  écrire  ce  qui  était  dans  mon  sort.  0  mes  amies  !  la  faute  que 
j'ai  faite  ne  vient  pas  de  mon  cœur,  ce  sont  les  yeux  de  mon  bien- 
aimé  qui  font  produite ,  ou  bien  c'est  le  sort.  A  qui  Nàlàn  pein- 
dra-t-il  ton  isolement?  C'était  un  cœur  (qui  l'avait  causé),  mais 
non  pas  le  mien;  ou  plutôt  c'était  l'effet  du  sort. 

NALAN  (AHMAD  ALI). 

Mîr  Alimad  Alî  Nâlân,  de  Dehli,  était,  s'il  faut  fen 
croire,  un  des  disciples  de  Mirzà  Rafî  Saudà.  Ali 
Ibrahim,  en  nous  révélant  cette  circonstance  dans  f ar- 
ticle qu'il  lui  a  consacré  dans  son  tazkira,  déclare  en 
même  temps  qu'il  ne  lui  reconnaît  pas  beaucoup  de 
talent. 

NALAN  (WARIG-I  ALI). 

Mîr  Wâric-i  Alî  Nàlàn,  d'Azîmàbàd  (Patna),  fils  de 
Mîr  Arzânî,  naquit  dans  un  village  du  Bihàr;  mais  il 
habita  constamment  Azîmâbâd,  où  il  était  à  la  tête 
d'une  fabrique  de  verre.  En  i  i  gS  de  f  hégire  (1781  ) , 
il  était  encore  jeune,  et  se  distinguait  par  son  talent 
poétique.  Il  fut  un  des  disciples  de  Mirzà  Aschraf  Alî 
Rhân  Figân. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  385 

NANAK. 

Nânak  Schâh ,  célèbre  fondateur  de  la  secte  des 
Sikhs  ^ ,  est  auteur  de  leur  livre  sacré  nommé  Acli 
Granth^,  ou  le  Premier  Livre.  C'est  peut-être  le  même 
qui  existe  à  YEast-India  Hoiise,  sous  le  titre  de  PotM 
Gara  Nânak  Schâhi  (Livre  du  gurû  Nànak  Schâh),  et  qui 
est  souvent  cité  sous  le  nom  vague  de  Granth  ^,  comme 
le  Coran  des  Musulmans  sous  celui  de  Musliaf  (cahier). 
Ce  livre  enseigne  qu'il  n'y  a  qu'un  Dieu  tout-puissant 
et  présent  partout ,  qui  remplit  tout  l'espace  et  pénètre 
toute  la  matière,  et  qu'on  doit  l'adorer  et  l'invoquer; 
qu'il  y  aura  un  jour  de  rétribution,  où  la  vertu  sera 
récompensée  et  le  vice  puni.  Non-seulement  Nânak  y 
commande  la  tolérance  universelle,  mais  encore  il  dé- 
fend de  disputer  avec  ceux  d'une  autre  croyance.  Il 
défend  aussi  le  meurtre ,  le  vol  et  les  autres  mauvaises 
actions;  il  recommande  la  pratique  de  toutes  les  vertus , 
et  principalement  une  philanthropie  universelle ,  et 
l'hospitalité  envers  les  étrangers  et  les  voyageurs  ^. 

'  On  ne  sait  généralement  pas  que  l'étyniologie  du  mot  5(7.7t  est  hin- 
doustani.  Il  vient  de  ,,^X**(  apprends  (impératif  de  Tinfinitif  U^V^w  ),  mot 
que  Nânak  disait  souvent  à  ses  disciples.  Wilkins,  Asiatlc  Researches. 
tora.  I,  pag.  317. 

2  ïîTTt^  HZH  ■  Ward,  dans  son  History,  etc.  ofthe  Hindoos.  tom.  III, 
pag.  46o  et  suiv.,  donne  des  extraits  intéressants  de  cet  ouvrage. 

^  Voyez  le  Catalogue  de  la  vente  de  C.  Stewart,  n"  108.  Le  véritable 
Granth,  ouX.ivre  de  Nânak,  a  été  écrit  en  vers  dans  le  dialecte  du  Penjâb 
ouPenjabî,  avec  les  caractères  de  l'invention  de  Nânak,  nommés  par 
suite  (jiirû  muhht  (delà  boucbe  du  maître).  Ce  sont  les  mêmes  dont  on 
se  sert  encore  dans  ce  dialecte. 

''  Wilkins,  Asiatic  Researches,  tom.  T,  pag.  817  de  la  trad.  française. 
I.  25 


386  BIOGRAPHIE 

On  conserve  à  la  Bibliothèque  royale  de  Paris  une 
histoire  manuscrite  de  Nânak,  en  hindoustani,  où  les 
sentences  de  cet  habile  réformateur  sont  citées  en  très- 
grand  nombre,  et  à  celle  de  YEast-India  House  le  Nir- 
mala  Grantli^,  ou  le  Livre  pur,  en  brajbhâkhâ ,  et  le  Pothi 
Sarah  gani^,  autre  livre  qui  contient  l'exposé  des  doc- 
trines de  Nànak.  Il  y  a  aussi  à  YEast-India  House  un  vo- 
lume intitulé  ;  Sikh-darsan,  Pothi  Nânak Scliâh,  dar  nazm, 
c'est-à-dii^e  Sikh-darsan,  Livre  de  Nânak,  envers.  C'est 
apparemment  le  même  ouvrage  dont  je  possède  un 
exemplaire  qui  porte  le  litre  de  Sikhni  Bâhâ  Nânak  ^,  ou 
l'Enseignement  de  Bâhâ  Nânak,  en  vers.  Ce  manuscrit 
se  compose  de  172  pages  in-8°  oblong  ^.  Un  ouvrage 
portant  le  même  titre  est  indiqué  parmi  les  livres  de 
Farzâda.  Dans  le  catalogue  manuscrit  des  livres  de 
Muhammad  Baksch ,  se  trouve  un  volume  sur  la  religion 
des  Sikhs ,  écrit  en  hindi ,  et  intitulé  Sikliân  Granth  ^, 
c'est-à-dire  le  Livre  des  Sikhs.  Enfui,  il  y  a  plusieurs 
ouvrages  qui  contiennent  des  vers  et  des  hymnes  reli- 
gieuses de  la  secte  de  Nânak-,  tel  est,  par  exemple,  celui 

'  t«i^Ç^  <i4èJ|  .  Une  copie  de  ce  livre  fait  partie  de  la  collection 
Mackenzie.  Cet  exemplaire,  dit  M.  Wilson  dans  son  catalogue  (tom.  II, 
pag.  109),  contient  les  quatre  mahal  ou  lectures  oi!i  sont  exposées  les 
doctrines  religieuses  des  Sikhs,  dans  le  dialecte  hindou  du  Penjàb.  Le 
manuscrit  de  VEast-India  Home  ne  contient  que  le  premier  mahal. 

*  Je  n'ai  pas  vu  ce  titre  écrit  en  caractères  orientaux  ;  j'en  ignore  l'or- 
thographe véritable  et  la  signification. 

*  J'ai  encore,  dans  ma  collection  particulière,  un  Granlh  liindî  eu 
caractères   persans,   vers  et  prose. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  387 

dont  on  conserve  un  exemplaire  à  VEast-India  Home,  et 
qui  est  intitulé  Ascliâr  ha  zabân-i  bhâkliâ  bar  din-i  Nânak 
SchâM  (vers  en  langue  bhâkhâ  sur  la  religion  de  Nânak 
Schâli) ,  et  cet  autre  intitulé  :  Diwân  dar  zabân-i  bMkliâ, 
yané  Potlii  Gurû  Nânak  ScMh  (Diwân  en  langue  bhâkhâ, 
c'est-à-dire  Livre  du  gurû  Nânak  Schâh). 

Nânak  naquit  en  1/169,  dans  un  village  de  la  pro- 
vince de  Lahore  nommé  Talbindî  ;  d'autres  disent  qu'il 
naquit  sous  le  règne  de  l'empereur  Bâbar,  c'est-à-dire 
de  1 5o5  à  1 53o.  Il  était  encore  jeune  lorsqu'il  se  retira 
du  monde  pour  vivre  dans  la  dévotion  et  l'austérité. 
Ce  fut  dans  la  retraite  qu'il  forma  un  nouveau  système 
de  religion  et  qu'il  composa  le  livre  nommé  par  anto- 
nomase GranthK  Nânak  mourut  à  fâge  de  quatre-vingt- 
dix  ans.  Ses  sectateurs  visitent  encore  religieusement  sa 
tombe  jusqu'à  ce  jour.  M.  Ouseley  a  donné  le  portrait 
de  Nânak  dans  ses  Oriental  Collections,  t.  II,  p.  36o; 
mais  j'ignore  si  le  dessin  en  est  authentique. 

NAND-DASl 

Auteur  du  Panchâdlijâï ,  ou  les  Cinq  Lectures,  poëme 
hindouî  imité  du  Guita  Govinda,  sur  les  amours  de 
Krischna  et  de  Radhâ.  On  connaît  le  poëme  sanscrit 
par  la  traduction  de  Jones ,  qui  a  paru  dans  les  Asiatic 

^  Le  savant  M.  Wilson  m'a  dit  que  par  Granth  on  désigne  générale- 
ment la  collection  de  tous  les  ouvrages  religieux  des  Nânak  panthî,  y 
compris  les  poésies  de  Sùrdàs,  le  Rdmâyana  de  Tulcîdâs,  enfin  les  prin- 
cipaux chants  hindouî.  C'est  ainsi  que  le  mot  Bihle  (  Biblia)  signifie  la 
réunion  des  livres  révélés  des  Juifs  et  des  Chrétiens. 

^  ^T^  <^IH  serviteur  de  Nand,  père  putatif  de  Krischna. 

25. 


388  BIOGRAPHIE 

Researches,  t.  III,  et  dans  ses  œuvres.  Le  Panchâdhjâî 
a  été  édité  par  Aladan  Pal  et  imprimé  à  Calcutta ,  à  la 
typographie  de  Bâbû  Ram;  il  forme  un  in-8°  de  5 à 
pages. 

NARAYA^-DAS\ 

'    .    . 
Ecrivain  hindi  qui  vivait  sous  le  règne  de  Schâh 

Jahân.  C'est  lui  qui  a  mis  dans  la  forme  actuelle,  par 

des  modifications  et  des  additions ,  l'important  ouvrage 

de  Nâbhâji,  intitulé  Bhaklita  mâla,  production  dont  nous 

avons  parlé  un  peu  plus  haut  '^. 

NAWA. 

Schaïkh  Zuhûr  Nawâ ^,  fds  du  maulawî  Dalîl  ullah , 
est  un  écrivain  hindoustani  spirituel  et  grave  qui  fut 
disciple  de  JVIiyân  Bacâ  ullâh.  Mushafî,  qui  cite  des  fi'ag- 
ments  de  ses  poésies ,  nous  fait  savoir  qu'il  excellait  sur- 
tout dans  le  cacîdah.  Il  nous  apprend  aussi  qu'il  reçut  du 
prince  Jaliandâr  *  le  titre  de  KMni,  qui  est  synonyme 
de  Khan. 

Nawâ  est,  je  pense,  auteur  du  diwân  hindoustani  dé- 
signé dans  le  catalogue  manuscrit  des  livres  du  collège 
de  Fort- William  sous  le  titre  de  Diwân-i  Nawâï^. 

'  •1[M^«i   STH  serviteur  de  Nârâjan  (  Wischnou). 

'  Aslalic  iîe5earc/ie5,  tom.  XVI,  pag.  8. 

'  5»j  voix,   chant. 

*  Voyez  l'article  consacré  à  ce  poète  royal. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  389 

NAWAZ. 

Nawâz  Kabischwar\  poète  musulman  qui  est  auteur 
d'une  traduction  en  vers  braj-bhâkhâ  du  drame  sanscrit 
de  Sacountala,  traduction  qu'il  fit  sur  l'invitation  de 
Maulâ  Khân,  fds  de  Fidaï  Khân,  lequel  reçut  de  Far- 
rukhsiyar,  empereur  mogol  du  temps  duquel  il  vivait, 
le  nom  d'Azam  Khân.  M.  Romer  possède  un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage.  Nawâz  est  cité  dans  la  préface 
de  Sacountala  par  Kâzim  Ali  Jawân.  Voyez  l'article 
consacré  à  cet  auteur. 

NEM  CHANDl 

Hindou  de  la  tribu  des  Kschatrya  à  qui  on  doit  un 
poëme  hindoustani  intitulé  Qiiissa-i  cjul  ha  Sanauhar  Kâ^. 
Ce  masnawî  a  été  imprimé  récemment  à  Calcutta ,  sous 
les  auspices  de  Bàbù  Cliaran  Sen  et  par  les  soins  du 
brahmane  Data  Ràm.  C'est,  à  ce  qu'il  paraît,  un  roman- 
féerie,  et  il  est  indiqué  comme  traduit  d'un  ouvrage 
persan. 

Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  parler,  à  l'article 

1   cfjic(jyi   Ce  mot  signifie  prince  des  poètes  ;  il  équivaut  à  l'expres- 
sion îjjciJi   lilXo  des  Musulmans.  Il  accompagne  le  nom  propre  de 

plusieurs  écrivains  hindî,  entre  autres  de  Sundar  et  de  Sûrat ,  traduc- 
teurs, le  premier  du  Slncjhaçan  batticî .  le  second  du  Baîtal  Pachîci. 


^      <^-À=5~      /<\j 


y3yKtO 


\i  yS  lf>,j>&i  The  Rose  and  Pine  tree. 


590  BIOGRAPHIE 

sur  Ahmad-Alî ,  de  plusieurs  ouvrages  hindoustani  por- 
tant le  même  titre ,  et  roulant  probablement  sur  le  même 
sujet. 

NIGAIl  (ABD  ULRACUL). 

Mîr  Abd  ulraçul  Niçâr  ^  était  d'Akbarâbâd  (Agra). 
Ses  ancêtres  avaient  occupé  des  emplois  éminents  sous 
l'empereur mogol  Farrukh  Siyar.  Quant  à  lui,  c'était  un 
poète  distingué,  ami  de  Mîr  Taquî.  On  dit  qu'il  prit 
du  goût  pour  la  poésie  dans  la  société  de  ce  dernier 
écrivain.  Quoi  qu'il  en  soit,  Mîr  nous  apprend  dans 
sa  biographie  qu'il  lui  donnait  des  conseils  pour  ses 
vers.  Mîr  et  Mushafî  font  l'éloge  de  son  esprit,  de  son 
savoir  et  de  son  goût.  Ce  dernier  l'avait  souvent  vu 
dans  le  village  d'Amroha  lorsqu'il  commençait  à  s'oc- 
cuper de  poésie.  Niçâr  avait  alors  soixante  ans  environ. 
Mushafî  ignorait  s'il  vivait  encore  à  l'époque  où  il  écri- 
Vciit.  Il  cite  de  lui  plusieurs  vers ,  deux  entre  autres  qui 
ont  été  attribués,  dans  le  tazkira  de  Mîr  Hacan,  à  Muham- 
mad  Schâkir  Nâjî. 

Bénî  Narâyan  parle  d'un  autre  poète  nommé  aussi 
Abd  iilraçiil  Niçâr,  qui  liabitait  Jahânguirâbâd  (Dacca); 
mais  c'est  peut-être  le  même  que  celui  dont  il  s'agit 
plus  haut,  quoique  dans  son  Anthologie  Bénî  Narâyan 
lui  ait  consacré  un  article  différent.  Voici,  au  surplus, 
la  traduction  d'une  courte  pièce  de  vers  que  Bénî  Na- 
râyan donne  comme  l'ouvrage  de  ce  dernier  écrivain  : 

Le  moindre  souvenir  de  moi  n'est  pas  resté  à  cet  infidèle,  et  à 
moi  il  n'est  pas  resté  la  force  de  gémir.  Quelle  est  la  manière 

^   jIaj  action  de  répandre  quelque  chose,  par  suite  sacrifice. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  391 

d'agir,  envers  la  rose ,  de  ce  rossignol  qui  se  contente  de  rester 
esclave  sous  le  filet  du  chasseur?  S'il  ne  peut  habiter  dans  le 
même  lieu  que  la  rose,  il  doit  se  résigner  à  voir  sa  vie  inutile  rester 
en  proie  au  vent  de  la  destruction.  Niçâr  ayant  entendu  dire  que 
la  terre  était  un  lieu  de  plaisir,  y  était  accouru;  mais  pendant  le 
temps  qu'il  y  est  resté,  elle  n'a  été  pour  lui  qu'un  lieu  de  détresse. 

Il  y  a  un  autre  poëte  qui  avait  d'abord  pris  pour 
takhallus  le  mot  Niçâr,  mais  qui  le  changea  ensuite  en 
celui  de  Hâkim.  On  en  trouvera  la  mention  sous  ce 
dernier  nom. 

NICAR  (MIMAR). 

Muhammad  Zamân  ^  Mimâr,  ou  l'architecte,  connu 
sous  le  surnom  poétique  de  Niçâr,  était  de  la  classe 
des  Schaïkh.  Ses  ancêtres  étaient  architectes  ;  ce  fut  un 
d'entre  eux  qui  dressa  le  plan  de  la  principale  mosquée 
de  Dehli.  Niçâr  trouva  dans  sa  propre  famille  tous  les 
moyens  d'étudier  l'architecture.  Il  fut  d'abord  employé  à 
Dehii,  comme  architecte,  par  le  nabab  Muhammad  ud- 
daula;  mais  lorsque  celui-ci  fut  fait  prisonnier,  il  entra 
au  service  du  nabâb  Zâbita  Khàn  ,  et  à  l'époque  où  Mus- 
hafî  écrivait,  il  était  dans  le  nord  de  Dehli,  attaché  en  la 
même  qualité  au  raja  Takaït  Râé.  Mushafi,  pour  faire 

'  Il  faudrait  prononcer  proprement  Muhammad-i  Zamân ,  c'est-à-dire 
le  Mahomet  du  siècle  :  mais  dans  les  expressions  semblables,  qui  sont  de- 
venues des  noms  propres,  et  qui,  par  conséquent,  sont  souvent  em- 
ployées dans  la  conversation ,  on  ne  fait  pas  sentir  Vi  de  Yizâfat.  On  dit 
ainsi  Turâb  Ali,  Chirac)  AU,  Ikrâm  AU,  etc.  pour  Turâh-i  AU,  Chiràcju-i 
AU,  Ikrâm-i  AU,  etc.  Au  lieu  de  Muhammad  Zamân,  Mushafî  et  Bénî  Na- 
râyan  nomment  cet  auteur  Muhammad  Aman.  Le  dernier  biographe  lui 
donne  au  surplus,  par  erreur,  le  takhallus  de  Niyâz. 


592  BIOGRAPHIE 

un  jeu  de  mots,  dit  que  comme  il  était  architecte  d'ori- 
gine ,  il  n'y  a  rien  d'étonnant  qu'il  sût  bâtir  (  faire  )  avec 
adresse  les  vers  hindoustani.  Il  fut  disciple  de  Schâli 
Hâtim.  Il  fréquentait  les  réunions  littéraires  que  tenait 
Mushafi.  Il  a  écrit  un  petit  diwân,  dont  Mushafî  donne 
trois  pages.  Bénî  Narâyan  cite  de  cet  écrivain,  dans  son 
Anthologie,  un  poëme  remarquable  par  des  jeux  de 
mots.  Voici  la  traduction  de  quelques-uns  de  ses  vers 
que  nous  fait  connaître  Mannù  Lâl  : 

Cette  beauté  qui  fait  honte  à  la  lune,  s'est  emparée  de  mon 
cœur.  De  ses  yeux  tombent  des  larmes  comme  si  elles  s'étaient 
détachées  des  éloUes.  Le  hinna,  charmante  parure,  est  jour  et 
nuit  appliqué  à  ses  pieds. 

Sache  bien  que  mon  cœur  se  brise  plus  facilement  qu'une 
fiole  légère.  Tiens-le  en  ta  possession  et  ne  le  jette  pas  au  loin 
comme  une  balle.  Les  boucles  attrayantes  de  tes  noirs  cheveux 
ont  serré  mon  cœur,  malgré  les  conseils  réunis  des  sages  du 
siècle. 

NIGAR  (SADA  SINGH). 

Sadâ  Singh  Niçâr,  de  Dehli,  est  un  poëte  hindous- 
tani duquel  Ali  Ibrahim  se  contente  de  citer  un  vers. 

NIHAL-CHAND. 

Le  munschî  Nihâl-Chand  ^  est  un  écrivain  hindous- 
tani natif  de  Dehli  et  surnommé  cependant  Lft/ion,  c'est- 
à-dire  de  Lahore ,  ville  où  il  avait  apparemment  résidé 
longtemps.  Il  a  reproduit,  en  hindoustani-urdû ,  l'ancien 


'  '^•^?-  tJ^-f^ 


heureuse  lune. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  395 

roman  hindi  d'abord  traduit  en  persan ,  en  112/1  de 
l'hégire  (1712),  par  le  schaïkh  Izzat  uliah  du  Ben- 
gale, sous  le  titre  de  Gul-i  Baliâwali  \  c'est-à-dire  la  Rose 
de  Bakâwalî,  et  il  lui  a  donné  le  titre  de  Mazhah-i  isclic  -, 
c'est-à-dire  la  Doctrine  de  l'amour.  Toutefois  la  première 
édition  de  ce  roman,  publiée  par  les  soins  du  docteur 
Gilchrist,  a  paru  sous  le  titre  de  :  Gool-i  Bakmvalee ,  a 
taie,  etc.^;  mais  la  seconde,  publiée  en  1 8 1  5  par  T.  Roe- 
buck, porte  le  véritable  titre  que  lui  a  donné  Nihâl- 
Chand\  Cette  traduction  a  été  revue  par  Mîr  Scher  Ali 
Afsoz;  elle  est  écrite  en  prose  entremêlée  de  vers.  C'est 
un  des  ouvrages  hindoustani  le  plus  élégamment  écrits , 
et  un  de  ceux  qui  sont  considérés  comme  classiques. 
Il  est  d'ailleurs  plein  d'intérêt  comme  narration,  et  sous 
le  point  de  vue  des  doctrines  religieuses  et  philoso- 
pliiques  de  l'Inde ,  aussi  bien  que  sous  le  rapport  ethno- 
graphique. On  a  pu  en  juger  par  l'abrégé  que  j'en  ai 
donné  dans  le  Journal  asiaticfue,   en  i836. 

Nihâl  paraît  avoir  aussi  rédigé  un  masnawî  sur  le 
même  sujet;  car  dans  le  catalogue  des  livres  de  la  So- 
ciété asiatique  de  Calcutta ,  après  la  mention  de  la  ré- 
daction en  prose,  il  y  a  un  autre  article  qui  porte  les 

'  CalcuUa,  Hindoostanee  Press,   i8o/i,  in- 4°.  Cette  édition  est  dédiée 
ù  David  Robertson,  protecteur  de  Nihâl. 

Je  soupçonne  que,  dans  l'origine,  le  titre  hindoustani  de  ce  roman 
devait  être  Tùj  ulmulàk ,  qui  est  le  nom  de  son  héros;  car  l'impression 
d'un  ouvrage  sous  ce  titre  avait  été  annoncée  à  Calcutta,  en  1802,  dans 
les  Primitiœ  Orientales  et  ailleurs ,  et  je  suis  persuadé  qu'il  n'est  pas  ques- 
tion d'un  antre  ouvraçre. 


394  BIOGRAPHIE 

mots  Aïdan  manzûm,  c'est-à-dire  même  ouvrage  en  vers. 
Pressé  par  les  circonstances  difficiles  qui  ont  signalé 
dans  l'Inde  la  fin  du  siècle  dernier,  Niliâl  vint  à  Cal- 
cutta, actuellement  h,  capitale  de  l'Hindoustân  ^.  Là*  il  fut 
attaché  au  capitaine  D.  Robertson,  et  ce  fut  par  son 
entremise  qu'il  connut  le  docteur  Gilchrist.  Ce  dernier 
reconnaissant  en  lui  des  talents  littéraires,  l'engasea  à 
entreprendre  le  travail  dont  je  viens  de  parler,  en  1217 
de  l'hégire  (1801-1802  de  Jésus-Christ).  Outre  les 
deux  éditions  mentionnées  plus  haut,  il  y  en  a  une, 
entre  autres,  publiée  à  Calcutta,  en  un  volume  grand 
in-8°,  dans  l'année  1827,  par  Muhammad  Faïz  ullah 
et  Muhammad  Ramazân,  à  l'imprimerie  du  maulawî 
Badr-i  Ali. 

NISCHAT. 

Aïçar  Singh  Nischât  ^  est  un  Hindou  qvii  est  compté 
parmi  les  poètes  hindous'ani.  Mannû  Lâl  cite  de  lui  ces 
deux  vers  remarquables  par  la  singulière  allégorie  qui 
les  termine  : 

Celle  que  mon  cœur  aime  est  très-belle;  c'est  une  péri,  une 
houri  aux  formes  charmantes,  au  visage  agréable.  En  voyant  la 
beauté  de  l'anneau  qui  orne  sa  narine,  le  souffle  s'est  arrêté  dans 
son  joli  nez  pour  la  contempler. 

1  Ce  sont  les  propres  paroles  de  Nihâl.  Voyez  la  préface  hindoustaui 
du  Mazliah-i  isclic ,  pag.  7. 
^  loUiJ j'oie,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  395 


NIYAZ\ 


Il  est  auteur  d'un  masnawî  intitulé  MaJidî  hé  Nazîr^, 
c'est-à-dire  Mahdî^  l'incomparable. 

Cet  ouvrage  traite  apparemment  de  Mahdî,  le  dou- 
zième imâm  que  les  Musulmans  imamiens  croient  en- 
core vivant.  Il  y  en  a  un  exemplaire  à  la  bibliothèque 
de  la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

NIZAM. 

Le  nabab  Imâd  ulmulk  gazî  uddîn  Kbân  Balladur 
Firoz-jang  Nizâm,  nommé  Baklischi  ulmamâlik  sous  le 
règne  d'Alimad  Schâh,  fils  de  Muhammad  Schâh,  et 
TVazir  ulmamâlik  sous  celui  d'Alamguîr  II,  prit  pour 
takhallus  le  mot  iVfzam*,  qui  fait  partie  de  son  nom, 
et  aussi  le  nom  à'Açaf,  sous  lequel  il  est  même  plus 
connu.  C'est  sans  doute  cet  auteur  dont  il  existe  un 
diwân  persan  cité  dans  la  collection  de  Tippou  ^,  diwân 
dont  M.  N.  Bland  possède  une  copie.  Nizâm  se  distingua 
parmi  les  omra  de  son  temps  par  sa  bravoure,  son  ha- 

'  j\AJ  supplication,  pauvreté,  etc. 

*  On  pourrait  lire  aussi  mihdî,  qui  est  le  nom  du  Laivsonia  inermis  avec 
les  feuilles  duquel  les  Indiens  se  teignent  les  mains  et  les  pieds. 

*  ^^\jàj  ordre,  arran(]ement.  Cet  auteur  devait  se  nommer  proba- 
blement Nizâm  ulmulk  (et  par  suite,  simplement  Nizâm  ).  Dans  le  diwân 
persan  que  je  lui  attribue,  il  est  nommé  Mirzâ  Nizâm  ulmulh. 

^  C.  Stewart ,  A  descriptive  Catalo(juc  oj  ihc  Oriental  Librarv  nj  Tippoo  , 
pag.  78. 


396  BIOGRAPHIE 

bileté  dans  différentes  sciences ,  et  par  son  intelligence 
facile.  Il  écrivait  admirablement  les  lettres  et  s'énonçait 
parfaitement  bien.  En  i  i  90  de  fbégire  (  1  780  ),  il  était 
dans  le  Sinde,  où  il  vivait  dans  la  détresse.  Il  a  laissé 
des  poésies  liindoustani  très-estimées;  Mushafi  en  cite 
des  fragments. 

NIZAM  UDDI.\  \ 

Ecrivain  dakhnî  qui  est  auteur  d'un  poëme  sur  le 
mariage  de  Fatime,  fdle  du  Prophète,  poëme  cjni  est 
intitidé  Tazivij-i  Bihi  Fdtima  -  ou  Dar  hayân-i  Taz- 
u'ij-i,  etc.  ^  Il  y  a  plusieurs  autres  poèmes  liindoustani 
sur  Fatime,  dont  je  ne  connais  pas  les  auteiu"s.  Le 
premier  est  la  vie  de  Fatime;  il  est  intitulé  Qaissa  dai 
ahiiâl-i  Bihî  Fâtiina  ^.  C'est  un  masnawi  en  dialecte 
dakhnî,  où  il  est  question,  non-seidement  de  Fatime, 
mais  de  son  mari  Ali  et  de  ses  enfants  Hacan  et  Hucain. 
Le  second  traite  des  miracles  de  Fatime;  il  est  intitulé 
Qaissa-i  Muji:a-i  Bibî  Fdtima^'.  Il  est  dû,  je  pense,  à 
l'auteur  du  Traité  des  miracles  de  Jésus-Christ  ^,  car  il  se 
trouve  dans  le  même  volume  de  la  bibhothèque  de 
VEast-India  Hoase',  et  il  est  de  la  même  écriture.  Le 

^   /  wjtXJî      -^lU» ;  arrancjement  de  la  reliijion. 

*  X^Jols  ^£_>    «<3VJ  ^^  mariage  de  Madame  Fatime. 

'  ^%'yi  mW  j^  >  ^'^^-  ^^^  l'explication  da  mariage,  etc. 

*  Voyez  l'Appendice  sous  le  titre  de  Qiiissa-i  Bihi  Mariam. 
'   N"  393  du  fonds  Leyden. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  597 

troisième  est  le  Tawallad  nâma-i  Khâtiîn-i  jinnat  \  c'est- 
à-dire  le  Livre  de  la  naissance  de  la  reine  du  ciel  (Fa- 
time);  le  quatrième,  le  Wafât  nâma-i  Khâtûn  jinnat'^, 
c'est-à-dire  le  Livre  de  la  mort  de  la  reine  du  ciel  (Fa- 
time).  J'ai  dans  ma  collection  particulière  un  exemplaire 
de  ces  deux  derniers  ouvrages;  ils  sont  écrits  en  carac- 
tères nasklaî.  Nizâm  uddîn  est  aussi  auteur  d'un  autre 
masnawî  intitulé  Kliopri-nâma  ^,  ou  le  LiATe  du  crâne , 
qui  n'est  autre  chose  qu'une  anecdote  de  la  vie  de  Jésus- 
Christ,  anecdote  qui  a  été  racontée  par  différents  écri- 
vains orientaux.  D'Herbelot  cite  un  ou\Tage  dont  cette 
histoire  fait  le  sujet.  Il  est  intitulé  Kissat  al  jamjamat, 
c'est-à-dire  Histoire  du  crâne.  «C'est,  dit-il,  l'histoire 
((  d'une  tête  de  mort  ressuscitée  par  Jésus-Christ ,  et  du 
«  discours  qu'elle  lui  tint.  Cette  fiction  est  tirée  du  crâne 
«d'Adam,  que  les  Chrétiens  orientaux  tiennent  avoir 
((  donné  le  nom  au  mont  Calvaire  où  Jésus-Christ  fut 
«  crucifié.  )) 

NIZAR. 

Khâja  Muhammad  Akram  Nizâr*  est  un  des  disciples 
de  Mîr  Muhammad  Taquî  Mir  ;  il  appartenait  à  l'ordre 
religieux  des  Faquîrs.  Les  biographes  originaux  le 
comptent  parmi  les  poètes  urdû  et  citent  quelques  vers 
de  lui. 

^  w  I  *       I  1 

*   jKJ  "iinre  .  chétif. 


398  BIOGRAPHIE 

NUR-I  ALI. 

Le  saïyid  Nûr-i  Alî^  Bangâlî,  c'est-à-dire  du  Bengale, 
est  auteur  d'un  roman  en  prose  urdû  sur  Nal  et  Daman 
intitulé  Baliâr-i  ischc  ^,  c'est-à-dire  le  Printemps  de  l'a- 
mour. On  conserve  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  à  la 
bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta.  Cet 
exemplaire  provient  de  la  bibliothèque  du  collège  de 
Fort-Wilham. 

NUR  KHAN. 

Nûr  Khân  Quissa  Khan  ^  est  auteur  : 

1°  D'un  poëme  descriptif  sur  Calcutta  intitulé  Mas- 
naivi-i  AInvâl-i  Kalkatta  *,  ouvrage  dont  il  existe  un  exem- 
plaire manuscrit  à  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique 
de  Calcutta. 

2°  D'un  roman  intitulé  Qiiissa-i  buland  aklitar  ^,  c'est- 
à-dire  Histoire  de  l'astre  élevé.  Ce  second  ouvrage, 
dont  j'ignore  le  sujet,  se  trouve  à  la  suite  du  premier, 
dans  le  même  volume. 

'    jkg    j»j  la  lumière  d'AlL 

'  ^1^»:^   A<»â5 ,  c'est-à-dire  conffur. 
*"   AjS-j6  JI_j^I  i£y*M 
*   -■'■■^.1  JsjJj  ^uaJ» 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  399 


NUSRATI. 


Nusrati  ^  est  un  très-célèbre  écrivain  du  Décan.  Il 
vivait  vers  le  milieu  du  xvi*  siècle.  Il  est  auteur  des  ou- 
vrages suivants  : 

1°  GulscJian-i  iscJic ,  ou  le  Jardin  d'amour,  histoire  du 
Kunwar  Manohar,  fds  de  Suràj  Blianû  et  de  Madmâlâti. 
On  trouve  des  copies  de  cet  ouvrage  dans  la  bibliothè- 
que de  ïEast-India  Home  et  dans  d'autres  collections.  La 
bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  en  pos- 
sède un  exemplaire  avec  des  dessins  coloriés.  Du  reste, 
je  pense  qu'il  y  a  des  histoires  de  Manohar  et  de  Mad- 
mâlâti par  d'autres  auteurs  hindoustani.  Il  existe  un  ma- 
nuscrit intitulé  Manohar  Madmâlâti,  en  dialecte  dakhnî, 
dans  la  bibliothèque  du  Nizâni,  à  Haiderâbâd,  et  ce 
manuscrit  n'est  peut-être  pas  l'ouvrage  de  Nusratî,  qui 
porte  proprement  le  titre  de  Gulschan-i  isclic.  Outre  ce 
dernier  ouvrage,  il  y  a  aussi  à  Y East-India  Honse  plusieurs 
manuscrits  sur  ce  sujet  intitulés  Qaissa-i  Manohar  Kun- 
ivar  0  Madmâlâti^,  c'est-à-dire  Histoire  du  prince  Ma- 
nohar et  de  Madmâlâti.  Un  entre  autres  se  compose  de 
5 00  pages  environ  -,  il  est  écrit  en  dialecte  dakhnî.  Ward^ 
cite  un  ouvrage  intitulé  Madhû  Mâlatî,  qui  est  écrit  dans 
le  dialecte  de  Jaïpûr.  Il  roule  apparemment  sur  la  même 
légende.  Un  ouvrage  sur  le  même  sujet,  écrit  en  per- 
san mêlé  de  stances  hindoustani,  et  portant  le  titre  de 

'     s  j  ^^  '  victorieux. 

^  Historj  oj  the  hteralare,  etc.  of  the  Hindoos ,  toni.  II,  pag.  48 1. 


400  BIOGRAPHIE 

Qttissa-i  Madamâlâti,  fait  partie  de  ia  collection  Mac- 
kenzie  et  est  indiqué  par  M.  Wilson  dans  le  catalogue 
de  cette  précieuse  bibliothèque ,  comme  étant  d'origine 
hindoue. 

1°  Galdasta-i  isclic,  ou  le  Bouquet  d'amour,  recueil  de 
pièces  de  poésie  dakhnî. 

3°  Alî-nâma  ou  Tarikh-i  AU  Aclil  Scliâbî,  c'est-à-dire 
Histoire  de  Alî  Adii  Schâh,  roi  de  Béjapour,  masnawî 
très-étendu  comprenant  des  cacîdah  et  d'autres  pièces 
de  poésie  destinées  à  célébrer  des  événements  men- 
tionnés dans  cet  ouvrage.  La  bibliotliècpie  de  VEast- 
India  House  en  possède  un  exemplaire  ancien  en  carac- 
tères naskhî  d'une  belle  conservation. 

PAKBAZ. 

Miyân  ou  Mîr  Salâh  uddîn,  autrement  dit  Makhan, 
et  connu  sous  le  surnom  poétique  de  Pâkhâz  \  était  fds 
du  saïyid  Miyân  Schâh  Kamâl,  et  petit-fds  dusaïyid 
Schâh  Jalâl.  Il  se  forma  dans  la  ville  de  Delili  à  la  poésie , 
sous  Yakrang  et  Uzlat.  Il  vivait  habituellement  dans  la 
retraite,  occupé  principalement  de  pratiques  de  piété. 
Il  assistait  néanmoins  aux  réunions  des  Amis  de  la  litté- 
rature hindoustani ,  réunions  qui  se  tenaient  à  Dehli  le 
1 5  de  chaque  mois,  et  dont  Mîr^  parle  souvent  dans  sa 
biographie.  Fath  Alî  Huçaïnî  cite  de  lui  plusieurs  vers 
dans  son  tazkira. 

'    j\-A-*^L«  pur,  c'est-à-dire /lonnéfe. 

-  Voyez  rarticle  consacré  à  ce  célèbre  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  401 


PANCHYA. 


Schâh  Panchyâ  \  de  Delili,  était  un  derviche  de 
l'ordre  des  Azâcl^.  Il  a  laissé  des  vers  hindoiistani  en 
grand  nombre.  Toutefois  Ali  Ibrahim,  le  seul  des  bio- 
graphes originaux  qui  parle  de  cet  écrivain ,  n'en  cite 
qu'un  seul  vers. 

PARAMALLA. 

Paramalla,  fils  de  Sankara  ',  est  auteur  d'un  livre 
jaïn  intitulé  Srîpâla  Cliaritra  \  M.  Wilson  possède  un 
exemplaire  de  cet  ouvrage  dans  sa  nombreuse  collec- 
tion de  livres  hindî.  Il  sera  parlé  plus  loin  d'un  autre 
ouvrage  jaïn,  qui  porte  le  même  titre. 

PARWANA. 

Le  raja  Jaswant  Singh  Parwâna^,  autrement  dit  Gâgâ- 
ji,  était  fds  du  mahâ  râjâ  Béni  Balladur,  un  des  princi- 
paux lieutenants  du  nabâb  Schujà  uddaula.  Cet  écrivain 
fut  disciple  de  Lâla  Sarb  Singh  Diwâna^.  Il  était  spirituel 
et  instruit.  Il  commença  d'abord  à  écrire  en  persan; 

'  Ce  mot  paraît  être  écrit  Li^^Lj.i  ï^^  ignore  la  signification, 

^  Ou  indépendants,  sorte  d'ordre  religieux  musulman. 

'  J'ignore  si  c'est  le  même  personnage  dont  il  sera  parlé  sous  le  nom 
de  Sanhara  Acharya. 

'  AjijwJ  papillon,  la  teigne  qui  se  brûle  à  la  buugie. 
*  Voyez  son  article. 


I. 


26 


402  BIOGRAPHIE 

mais  voulant  rendre  son  nom  plus  populaire ,  il  renonça 
à  cette  langue  savante,  désormais  morte  pour  l'Inde,  et 
adopta,  pour  ses  compositions,  l'hindoustani  sa  langue 
maternelle.  Il  travailla  nuit  et  jour  pendant  douze  ans, 
nous  dit  Mushâfî,  à  tracer  des  vers  hindoustani;  aussi,  à 
l'époque  où  ce  dernier  travaillait  h  sa  biographie ,  Par- 
wâna  avait-il  acquis  ime  grande  facilité  à  versifier.  Il  a 
imité  Saudâ  dans  le  gazai  et  le  cacîdah;  toutefois  il  s'est 
attaché  à  exprimer  des  figures  nouvelles;  ses  poésies 
sont  intéressantes  et  écrites  avec  élégance.  Il  faisait  grand 
cas  de  Mîr  Taquî,  de  Mîr  Haçan,  de  Miyân  Bacâ  ullah, 
et  avait  quelquefois  recours  à  eux  pour  les  consulter. 
Plus  tard  il  s'adressait  à  Mushafî,  et  lui  soumettait  ses 
productions.  Il  paraît  qu'il  a  réuni  en  diwân  ses  poëmes 
de  peu  d'étendue,  car  la  bibliothèque  du  collège  de 
Fort-William,  à  Calcutta,  en  possède  un  exemplaire. 

En  l'an  2/1  du  règne  de  Schâh  Alam  II  (1785),  il 
habitait  Laklinau. 

PARWANA,   DE   MURADABAD. 

Saïyid  Parwân  Alî  Parwâna,  de  Muradâbâd,  est  un 
poète  hindoustani  distingué.  Il  renonça  de  bonne  heure 
au  monde,  et  prit  les  vêtements  de  la  pauvreté  spiri- 
tuelle. Les  biographes  originaux  citent  de  lui  plusieurs 
vers. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  405 

PETAMBUR  SINGH. 

Hindou  converti  au  christianisme,  à  qui  on  doit  des 
Mémoires  écrits  en  hindoustani,  et  publiés  à  Calcutta, 
en  1 820  \  sous  le  titre  de  :  Memoir  of  Petambiir  Singh, 
a  native  Christian. 

PHATYOLA-VÉLO. 

Ecrivain  du  Jaïpûr,  qui  est  auteur  d'un  guîta  cité  par 
Ward  dans  son  précieux  ouvrage  sur  l'histoire,  la  my- 
thologie et  la  littérature  des  Hindous  ^. 

PIR. 

Pir^  est,  à  ce  qu'il  paraît,  le  takhallus  d'un  poète 
liindoustani  du  Décan,  de  la  secte  des  Sunnites,  qui  se 
nommait  MaJimûd,  et  h  qui  on  doit,  entre  autres,  un 
masnawî  intitulé  Kissa-i  Malïka  hâclscliâli'^,  c'est-à-dire 
Histoire  de  la  reine  Malïka.  Or  cette  Malïka  est  une 
princesse  grecque  sur  laquelle  il  y  a  aussi  un  roman 
persan  dont  on  trouve  un  exemplaire  parmi  les  manus- 
crits de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris.  L'auteur  du 
roman  hindoustani  sur  le  même  sujet  donne  en  effet 

'   Missionary  Press,in-i2. 


^  Tom.   II,  pag.   481. 
5 


vieillard. 

*  oL-wil*  AXj»,A^  A.iâJ> .  J'ai  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  clans  ma 
collection  particulière. 

26. 


404  BIOGRAPHIE 

son  travail  comme  une  traduction  du  persan;  mais  on 
sait  que,  par  traduction ,  les  Orientaux  entendent  géné- 
ralement une  imitation ,  ou  même  un  ouvrage  écrit  sur 
une  légende  qu'un  ou  plusieurs  écrivains  ont  déjà  fait 
connaître. 

Je  pense  que  c'est  le  même  écrivain  dont  Mîr  parle 
sous  le  nom  de  Mahmûcl,  et  dont  il  cite  deux  vers  écrits 
en  dialecte  dakhnî. 

PIYAM. 

Scharaf  uddîn  Alî  Kkân  Piyâm  ^  naquit  à  Akbarâbâd 
(Agra).  Il  vivait  sous  l'empereur  mogol  Muhammad 
Schâh.  C'est  un  écrivain  distingué ,  qui  est  auteur  d'un 
diwân  rekhta  ou  hindoustani.  Il  a  aussi  écrit  en  persan. 
Mîr,  qui  était  son  compatriote,  et  qui  était  très-lié 
avec  son  fds  Miyân  Najm  uddîn  Salàm  -,  avait  été  dans 
le  cas  de  connaître  cet  auteur.  Il  cite  de  lui  quelques 
vers ,  que  reproduisent  Alî  Ibrâliîm  et  Fatli  Alî  Huçaïnî. 

PREM  KESWARA  DAS. 

Auteur  d'une  traduction  liindouî  du  xn'  livre  du 
Bhagavat,  ouvrage  dont  la  bibliothèque  de  l'East-India 
Bouse  possède  un  exemplaire.  Voyez  à  l'article  Bhû  Pati 
la  mention  de  deux  autres  traductions  liindî  du  même 
ouvrage. 

'      v^Lu  message. 

^  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  405 

PRIYA-DAS\ 

Est  auteur  d'un  Bhagavat  en  dialecte  du  Bandelkand , 
ouvrage  qui  est  cité  dans  Ward  (  View  of  the  History,  etc. 
of  the  Hindoos,  t.  II,  p.  48 1). 

PUSCHPA  DANTA^ 

Auteur  d'un  poëme  intitulé  Mahîna  Stotra.  J'en  trouve 
la  désignation  dans  le  catalogue  des  livres  de  feu  Mars- 
den,  p.  Soy;  mais  la  manière  ambiguë  dont  il  est  in- 
diqué me  fait  craindre  qu'il  ne  soit  en  sanscrit  ou  en 
bengali  ^. 

QUINAAT. 

Mîrzà  Muhammad  Beg  Quinâat  ^,  de  Lahore ,  fils  de 
Haçan  Beg,  est  un  des  disciples  de  Mîrzâ  Jafar  Alî  Has- 
rat.  Il  résidait  à  Laklinau  en  i  196  (1781-82).  On  le 
compte  parmi  les  écrivains  hindoustani. 

QUISMAT. 

Le  nabab  Schams  uddauia  Quismat  ^  était  le  fils  aîné 

'  TîT^  ^j\ti  serviteur  du  bien-aimè. 

2  rnUTJT^;  de  TJTJJ  fleur,  et  de  ^^T^tT  donneur. 

^  Voici  ce  qu'il  y  a  dans  ce  catalogue,  au  sujet  de  ce  volume  :  Mahinâ 
Stotrâ  :  a  Hindà  poem  bj  Pushpa  Danta ,  i  2"°  oblongo. 

''  Ot^UJ»  contentement ,  avjdpxeia. 

^  Ci^.<wJ»  sort. 


406  BIOGRAPHIE 

du  iiabàb  Culî  Khàn.  Il  appartenait  à  une  famille  célèbre 
par  son  ancienneté  et  par  sa  bravoiu'e.  A  l'époque  où 
Ouismat  jouissait  de  toute  la  confiance  de  Mii^zà  Jaliàn- 
dàr  Schàh ,  Musbafî  eut  occasion  de  le  connaître ,  il 
devint  même  très-lié  avec  lui.  Quismat  consultait ,  sur 
ses  vers,  Miyàn  Jafar  Ali  Hasrat,  et  après  la  mort  de  ce 
dernier,  Musbafî.  Il  se  distingua  surtout  dans  les  salàm 
et  les  marsiya.  On  le  compte  pai'ini  les  écrivains  hin- 
doustani  les  plus  distingués.  On  lui  doit,  entre  autres,  le 
gazai  dont  la  traduction  suit  : 

Si  cette  idole  infidèle  venait  une  nuit  sur  le  toit  de  mon  losis, 

elle  paraîtrait  une  seconde  lune  devant  la  lune  du  firmament. 
Tes  cils  se  sont  introduits  dans  mon  sein,  de  telle  manière  que 
je  n'ai  pas  eu  une  seule  portion  de  mon  cœur  qui  ne  fût  percée. 
Qui  est-ce  qui  peut  résister  à  ton  ordre?  Si  Rustam  ne  s'y  sou- 
mettait pas,  il  périrait.  Si  tu  paraissais  dans  le  bazar  du  monde, 
le  soleil  descendrait  du  fuinament,  la  tète  baissée.  Quismat!  lors- 
que ce  visage  semblable  à  la  lune  paraîtra ,  on  le  prendi'a  pour 
l'astre  lumineux  de  la  nuit  obscure. 

RACAI \ 

-\li  Ibraliim  est  le  seul  des  biograpbes  originaux  qui 
paille  de  ce  poète  urdù.  Il  en  cite  deux  vers  singidiers 
dont  voici  la  traduction  : 

Le  cœur  de  bien  des  malbeureux  est  attaclié  à  ces  tresses 
ambrées.  0  peigne,  prends  bien  garde  qu'aucun  de  ces  cbeveux 
ne  se  rompe.  Tu  emportes  le  cœur  de  Raçàï,  qui  est  aussi  tendre 
que  la  fiole  la  plus  légère  est  fragile  ;  mais  il  ne  se  brisera  pas  (il 
pourra  supporter  le  cboc  violent  de  l'amour). 

'  i£^J  'in6(7f <f ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  407 


RAGIRH. 


Tâlib-i  Huçaïn  Râcikh^  est  compté  parmi  les  poètes 
lîindoustani.  J'ignore  si  c'est  le  même  écrivain  dont 
Béni  Narâyan  cite  un  gazai  sous  le  nom  seul  de  Râcikh. 

RAE-SINGH^ 

Auteur  d'un  Râmdyana  hindouî  intitulé  Potht  Râ- 
mâyana,  ou  le  Livre  du  Râmâyana.  On  en  conserve  un 
exemplaire  au  British  Muséum,  écrit  en  caractères  per- 
sans. Il  est  formé  de  strophes  de  sept,  huit  ou  neuf 
vers. 

RAFAT. 

Schaïkh  Muhammad  Rafi,  connu  sous  le  takhallus 
de  Rafat^,  était  originaire  d'Ailahâbâd;  mais  il  vint 
résider  à  Azîmâhâd,  et  y  fut  du  nombre  des  officiers 
du  nabâb  élevé  Mît  Muhammad  Câcîm  Khan.  Selon 
Alî  Ihrâhîm,  qui  l'avait  connu,  il  avait  l'air  ouvert  et 
était  très-aimable.  On  lui  doit  des  poésies  urdû. 

'    '<^^)f^^^^'  solide. 

*  ^^5lju«oîj  ou  mieux  ^TÏÏT  TH^  roi-lion. 
»%  élévation. 


408  BIOGRAPHIE 


RAFIC, 


Poëte  hiiidoiistani  qui  résidait  dans  la  ville  de  Patna , 
avant  l'époque  où  Béni  Narâyan  écrivait  son  Anthologie. 
Ce  biographe  cite  de  lui  un  gazai  très-remarquable  dans 
l'original,  et  dont  je  ne  donne  cependant  pas  la  traduc- 
tion, parce  qu'il  ressemble  trop  à  un  autre  qu'on  trouve 
pag.  1 9  de  ce  volume. 

RAGUIB. 

Muhammad  Jafar  Khan  Râguib  '^  de  Dehli ,  neveu 
du  nabâb  Lutf  ullah  Khan  Sâdik,  était  d'une  famille  très- 
distinguée.  A  l'époque  où  Ibrahim  écrivait,  Râguib  ré- 
sidait depuis  quelque  temps  à  Azîmâbâd,  où  il  jouissait 
de  la  considération,  et  se  livrait  avec  avantage  à  la  culture 
de  la  poésie  hindoustani  et  persane.  Il  est  auteur  d'un 
diwân  urdû  dont  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William,  à  Calcutta,  possède  un  exemplaire. 

RAHMAN^ 

Auteur  d'un  diwân  hindoustani  dont  la  bibliothèque 
que  je  viens  de  mentionner  possède  aussi  un  exem- 
plaire. 

'    (4«A<9j  compagnon. 
^   <— »^îj  désireux. 
U^^J  ru(5encorf/(ftJ.r. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  409 

RAJ-KRISCHAN. 

Le  mahâ  raja  Râj-Krischan  Bahâdur  naquit  en  i  ySs  ^ 
Son  père,  le  mahâ  râjâ  Naba  ou  Nava-Krisclian  Bahâdur, 
fut  d'abord  munschî  de  l'honorable  Warren  Hastings , 
lorsqu'il  était  bien  jeune  encore,  jusqu'en  l'année  i  ySo. 
Plus  tard  il  accompagna  le  gouverneur  général,  lord 
Clive,  à  la  cour  de  DeUi,  en  qualité  de  secrétaire.  Après 
avoir  reçu  différentes  distinctions  qu'il  dut  à  sa  bonne 
conduite,  il  mourut  en  i  ygS,  à  fâge  de  soixante-trois  ans. 

Son  père  fit  don  à  la  Compagnie  anglaise  d'une  por- 
tion de  terre  située  au  centre  de  Calcutta,  terrain  sur 
lequel  fut  élevée  la  cathédrale  de  Saint-Jean.  Ce  râjâ 
fut  très-zélé  pour  la  cause  anglaise  pendant  les  troubles 
qui  précédèrent  l'élévation  de  Mîr  Jafar  au  soubadârî. 
Pendant  la  guerre  qui  eut  lieu  avec  Mîr  Câcîm,  il  ac- 
compagna le  major  Adams,  jusqu'à  ce  que  ce  soubadâr 
fut  chassé  de  la  province. 

Il  était  le  petit-fils  de  Râm-charana  Déva ,  qui  était 
le  payeur  général  de  son  altesse  le  nabâb  d'Arcate,  et 
qui  ayant  été  chargé  d'anéantir  une  tribu  de  Mahrattes, 
nommés  Barguî,  qui  habitait  le  midi  de  finde,  la  défit 
plusieurs  fois,  mais  finit  par  être  tué  en  combattant 
avec  ces  rebelles. 

Raj-Krischan  reçut  le  titre  de  Mahâ-râjâ  et  de  Bahâ- 
dur du  gouverneur  général  Sir  John  Macpherson,  de 
sa  hautesse  le  prince  Mîrzâ  Schigufta  Bakht  Bahâdur, 
fils  de  Mîrza  Jahândar  Schahî,  héritier  du  trône  de 

'   Cet  article  est  tiré  en  grande  partie  de  la  préface  du  Pooroos-pari- 
Jihja,  traduit  par  kalî  Krisclina. 


410  BIOGRAPHIE 

l'empereur  Schâh  Alâm,  et  d'autres  princes  indiens.  Il 
demeurait  à  Calcutta,  où  il  fréquentait  les  Européens  et 
les  Musulmans  les  plus  instruits.  La  culture  des  lettres 
était  son  occupation  favorite,  et  il  se  distingua  comme 
écrivain  hindoustani.  Il  avait  accueilli  chez  lui  et  avait 
employé  l'un  comme  aide  de  camp ,  et  l'autre  comme 
secrétaire,  des  écrivains  distingués,  Azuf  Schâhî  et 
Jhontapesch.  Il  mourut  à  l'âge  de  quarante-deux  ans, 
en  182 II,  laissant  deux  filles  et  huit  fils,  le  second  des- 
quels est  le  mahâ  râjâ  Kalî  Krischna,  occidentaliste  dis- 
tingué, dont  il  a  été  déjà  parlé. 

Les  ouvrages  urdû  de  Râj-Krischan  sont  les  suivants  : 

1°  Une  histoire  de  Muazzam  Schâh,  intitulée  Qaissa-i 
Muazzam  Schâhî  h  c'est  apparemment  l'histoire  du  sultan 
Muhammad  Muazzam  Balladur  Schâh,  Schâh  Alâm,  fils 
aîné  d'Alamguir  Aurangzeh,  lequel  ne  régna  que  cinq  ans. 

2°  Cinq  Diwân  hindoustani,  c'est-à-dire  sept  collec- 
tions de  différentes  pièces  de  vers,  et  notamment  de 
gazai. 

Ces  ouvrages  sont  entre  les  mains  de  son  fils  Kalî 
Krischna. 

RAKHSCHAN. 

Muhammad  Chând  Gobind,  connu  sous  le  takhallus 
de  Ralihschân^,  vivait  sous  Ahmad  Schâh,  fils  de  Mu- 
hammad Schâh.  Il  est  compté  parmi  les  poètes  hindous- 
tani. Il  devint  amoureux  d'une  personne  nommée  Zafa- 

^    rj^i"-^  j  resplendissant. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  411 

ràn  (safran),  et  la  violence  de  sa  passion,  disent  les 
biographes  originaux,  amaigrit  son  corps  et  rendit  son 
teint  jaune  comme  du  safran. 

RAM-CHARAN. 

Râm-charan  ^  est  le  fondateur  de  la  secte  hindoue 
des  Râm-sanéhî,  ou  Amis  de  Dieu,  qui  sont  répandus 
dans  l'ouest  de  l'Inde.  Râm-charan  était  un  bairaguî  cpii 
naquit  en  1776  du  Samwat  (1719  de  J.  C),  à  Sorah- 
chacen,  village  dans  la  principauté  de  Jaïpùr.  On  ne 
connaît  pas  l'époque  précise  où  il  abjura  la  religion  de 
ses  pères,  ni  les  causes  qui  le  portèrent  à  cette  action; 
mais  il  s'éleva  de  bonne  heure  contre  l'idolâtrie ,  et  fiit 
violemment  persécuté  à  ce  sujet  par  les  brahmanes. 
Il  quitta  son  pays  natal  en  1750,  et  après  avoir  erré 
quelque  temps,  il  arriva  par  hasard  à  Bhîlwarâ,  dans 
le  territoire  d'Oudipûr,  où  il  résida  pendant  deux  ans. 
Après  ce  temps,  Bhîm  Singh,  souverain  de  ce  pays  et 
père  du  Rânâ  actuel,  le  persécuta  tellement,  à  l'insti- 
gation des  brahmanes,  qu'il  fut  obligé  de  quitter  la  ville. 
Le  chef  de  Schâhpura,  qui  se  nommait  aussi  Bhîm 
Singh,  touché  de  ses  malheurs,  lui  offrit  un  asile  à  sa 
cour,  et  lui  donna  une  escorte  convenable.  Le  sage 
profita  de  cette  offre  bienveillante,  mais  par  humilité 
il  refusa  d'accepter  les  éléphants  et  tout  le  cortège  qui 
avait  été  envoyé  pour  l'escorter,  et  il  arriva  à  Schâhpura 
à  pied,  en  1 767  ;  mais  il  paraît  qu'il  ne  se  fixa  tout  à  fait 
dans  cette  ville  que  deux  années  plus  tard,  époque  de 

'   ^IH^(U|   pied  de  Ràma. 


412  BIOGRAPHIE 

laquelle  date  précisément  l'établissement  de  sa  secte. 
Râm-charan  mourut  dans  le  mois  d'avril  1798,  dans 
la  soixante  et  dix-neuvième  année  de  son  âge ,  et  son 
corps  fut  réduit  en  cendres  dans  le  grand  temple  de 
Scliâhpura. 

On  raconte  que  Sadhu  Ram,  gouverneur  de  Bhîl- 
wâra ,  banian  de  la  tribu  des  Deopura ,  et  qui  était  un 
des  plus  grands  ennemis  de  Râm-charan,  envoya  un 
jour  un  singuî^  pour  l'assassiner.  Râm-charan,  qui  con- 
nut probablement  ce  projet,  baissa  la  tête  lorsque  cet 
homme  arriva,  et  kii  dit  d'exécuter  l'ordre  qu'on  lui 
avait  donné,  mais  de  se  souvenir  que  de  même  que 
Dieu  seul  donnait  la  vie  ,  ainsi  on  ne  pouvait  la  détruire 
sans  sa  permission.  Ces  mots  firent  croire  à  l'assassin 
que  Râm-charan  avait  prévu  d'une  manière  surnaturelle 
la  mission  dont  il  était  chargé;  il  se  jeta  aux  pieds  du 
réformateur  et  lai  demanda  pardon. 

Râm-charan  a  composé  trente-six  mille  deux  cent 
cinquante  sabd  ou  hymnes,  contenant  chacune  de  cinq 
à  onze  vers.  Trente-deux  lettres  composent  chaque  sloka. 
Ces  chants,  aussi  bien  que  ceux  qui  ont  été  composés 
par  les  successeurs  de  ce  philosophe^,  sont  écrits  en 
caractères  dévanagarî  et  principalement  en  hindi,  avec 
un  mélange  d'expressions  propres  au  Râjwârâ ,  de  mots 
persans  et  arabes,  et  de  citations  sanscrites  et  panjabî. 
J'ai  emprunté  les  détails  qui  précèdent  au  capitaine 

^  Caste  particulière  d'Hindous  qui  conduisent  leurs  coreligionnaires 
aux  lieux  de  pèlerinage.  Ce  mot  paraît  être  une  corruption  de  ^^*-Um 
compacjuon. 

^  Voyez  les  articles  Jiâmjan  et  Dulhâ  Râm. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  413 

Westmacott,  qui  les  a  publiés  dans  le  Journal  de  la 
Société  asiatkjiie  de  Calcutta  (février  i835),  où  l'on 
trouvera  un  aperçu  des  doctrines  des  Râm-Sanéhî. 


.7    1 


RAMJAN 

Cet  Hindou  succéda  à  la  suprématie  spirituelle  de 
Râm-charan,  fondateur  de  la  secte  des  Râm-sanéhî, 
personnage  dont  il  était  un  des  douze  chéla  ou  dis- 
ciples. Il  naquit  dans  le  village  de  Sircin ,  embrassa  la 
nouvelle  doctrine  en  1768,  et  mourut  à  Schâbpur  en 
1809,  après  un  règne  spirituel  de  douze  ans,  deux 
mois  et  six  jours.  Il  a  composé  dix-huit  mille  sahd  ou 
hymnes,  la  plupart  en  hindi,  comme  celles  de  Râm- 
charan  ^. 

RAM   MOHAN  RAÉ. 

L'illustre  Râm  Moban  Râé  ^,  ou  Râjâ  Râm  Mohan, 
n'est  cité  ici  que  comme  écrivain  hindoustani.  On  lui 
doit  bien  peu  de  chose  en  cette  langue,  attendu  qu'il 
a  généralement  rédigé  ses  ouvrages  en  anglais  ;  mais  on 
a  néanmoins  de  lui  un  abrégé  du  Védanta  en  hindous- 
tani; et  quoique  ce  traité  n'ait  pas  été  imprimé,  il  a 
été  mis  par  lui  en  circulation  au  moyen  de  copies 
manuscrites. 

Voici  une  courte  esquisse  *  sur  la  vie  de  cet  homme 

'  ^lH^*i   homme  de  Râma. 

*  Journal  of  the  Asiatic  Society  of  Bengal ,   february  i835. 

*  tsb  ty-^^— *  .X'b  °^  i^lH    'li<ç^   {\s[\  ■    Mohan  est  un  des 
noms  de  Krischna. 

'  Il  a  paru  une  notice  biographique  étendue,  sur  ce  célèbre  person- 


^14  BIOGRAPHIE 

remarquable,  que  j'ai  eu  l'avantage  de  voir  souvent 
pendant  son  séjour  à  Paris,  et  dont  j'ai  reçu  plusieurs 
lettres  en  hindoustani  et  en  anglais . 

Ram  Mohan  descendait  d'une  longue  suite  de  brah- 
manes d'un  ordre  élevé.  Son  grand-père  occupait  un 
poste  important  à  la  cour  de  Murschidâbâd ,  capitale  de 
la  province  du  Bengale.  Son  fils  Ràm  Ranth  Râé,  père 
de  notre  râjâ,  se  dégoûta  de  la  cour  et  se  retira  à 
Râdhânagar,  dans  le  district  de  Bardwân ,  où  il  possé- 
dait de  riches  propriétés.  Ce  fut  là  que  Ram  Mohan 
naquit,   en   1780.   Il   fut  envoyé  de   bonne   heure   à 
l'école  musulmane  de  Patna ,  pour  apprendre  l'arabe  et 
le  persan,  connaissances  indispensables  à  ceux  qui  se 
destinaient  à  occuper  des  emplois  sous  des  souverains 
musulmans.  Ce  fut  là  qu'il  acquit  quelques  notions  rai- 
sonnables sur  la  religion.  Ces  premières  idées  influèrent 
sur  les  opinions  et  sur  la  conduite  de  sa  vie.  Il  s'occupa 
aussi  du  sanscrit  et  des  sciences  hindoues ,  les  uns  disent 
à  Bénarès,  les  autres  à  Calcutta.  Mais  dès  l'âge  de  seize 
ans  il  avait  secoué  le  joug  de  l'idolâtrie,  et  dans  un 
écrit  qu'il  rédigea  à  cette  époque,  il  fit  connaître  ses 
sentiments.  Cette  production  fayant  mis  en  froideur 
avec  sa  famille,  il  se  mit  à  voyager.  Il  alla  dans  le 
Tibet  pour  voir  s'il  trouverait  la  vérité  chez  les  boud- 
dhistes. Il  y  resta  deux  ou  trois  ans.  Mais  leurs  doctrines 

nage,  dansïAsiatic  Journal,  tom.  XII,  pag.  igS  et  suiv.  et  pag.  28- 
et  suiv.,  1 833.  C'est  de  ce  mémoire  que  j'ai  pris  ce  que  je  dis  ici  sur  cet 
Hindou  distingué.  Il  y  a  aussi  celle  de  Lant  Carpenter,  London,  i833; 
et  celle  deVAthenaeum  (cet.  i833),  par  feu  Sandford  Arnot,  qui  lui  ser- 
vait de  secrétaire  en  Angleterre.  Voyez  aussi  ce  que  Râm  Mohan  dit  de 
lui-même,  dans  ses  Translations  of  the  Vedas,  pag.  4. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  415 

obscui'es  n'eurent  aucun  attrait  pour  lui.  Il  voyagea  dans 
d'autres  pays  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans.  Alors  son  père 
le  rappela.  Depuis  ce  temps  il  se  lia  avec  des  Européens, 
apprit  la  langue  anglaise,  et  devint  peu  à  peu  un  chaud 
partisan  de  la  domination  britannique. 

Son  père,  qui  mourut  en  i8o3,  le  déshérita;  mais 
il  obtint  une  place  du  gouvernement  anglais ,  et  il  de- 
vint dhvân  auprès  du  receveur  de  Rangpur.  A  l'âge  de 
vingt-quatre  ans  il  déclara  formellement  qu'il  abjurait 
l'idolâtrie  brahmanique ,  et  il  commença  à  faire  tous  ses 
efforts  pour  réformer  la  religion  de  sa  nation.  En  1 8 1  /i 
il  se  fixa  à  Calcutta,  et  il  ne  cessa,  depuis  ce  temps, 
par  ses  écrits,  ses  discours  et  ses  actes,  de  propager 
la  réforme  qu'il  voulait  faire.  Cette  réforme  consistait 
en  une  sorte  de  religion  éclectique ,  dont  les  principes 
fondamentaux  étaient  la  croyance  en  Dieu  et  en  la  vie 
future.  On  y  considérait  comme  également  respectables 
les  hommes  qui  avaient  propagé  des  doctrines  religieu- 
ses fondées  sur  ces  principes.  Moïse  et  Jésus-Christ, 
Vyaça  et  Mahomet;  et  comme  également  bons  les  hvres 
où   étaient  déposées   ces   doctrines,   le   Pentateuque, 
l'Évangile,  les  Védas,  le  Coran.  Cette  doctrine  n'est 
point  nouvelle  :  c'est  celle  des   philosophes  religieux 
de   l'Orient  nommés  50/15.  Tous   les   efforts    de   Râm 
Mohan  tendirent  à  la  populariser.  Il  établit  des  assem- 
blées régulières  des  partisans  de  sa  réforme,  réunion 
à  laquelle  il  donna  le  nom  de  Brahma  sahhâ  ou  Congré- 
gation de  Dieu.  Il  voulut  prouver,  par  l'abrégé  du  Vé- 
danta  dont  nous  avons  parlé  et  par  la  traduction  des 
principaux  chapitres  des  Védas ,  que  les  écritures  in- 


416  BIOGRAPHIE 

diennes  enseignaient  l'unité  de  Dieu.  Pour  mieux  con 
naître  les  doctrines  bibliques ,  il  apprit  le  grec  et  l'hé- 
breu. En  1820  il  publia  son  ouvrage  intitulé  :  les  Pré- 
ceptes de  Jésus,  guides  de  la  paix  et  du  bonheur.  Cet 
ouvrage,  qui  a  évidemment  une  tendance  unitaire, 
comme  tous  les  autres  écrits  du  râjà,  fit  beaucoup  de 
sensation,  plus  encore  parmi  les  Chrétiens  que  parmi 
les  Hindous  et  les  IMusulmans.  Ce  fut  à  tel  point, 
qu'un  zélé  missionnaire  baptiste,  W.  Adam,  fut,  dit-on, 
converti  par  Ram  Molian  et  devint  unitaire.  Râm  Mo- 
ban  employa  aussi  la  voix  des  journaux  pour  se  faire 
entendre  :  le  Caumûdi  et  le  Bengal  Herald,  dont  il  était 
propriétaire,  lui  ouvrirent  leurs  colonnes.  Ce  fut  dans 
ces  gazettes  qu'il  s'éleva  avec  fruit  contre  la  barbare 
pratique  des  sait,  qu'il  avait  déjà  stigmatisée,  en  1810, 
dans  un  petit  écrit  en  bengali.  L'idolâtrie  et  la  supers- 
tition, voilà  ce  cju'il  combattit  toujours  avec  les  armes 
de  l'esprit  et  du  bon  sens. 

Il  désirait  depuis  longtemps  de  faire  un  vovage  en 
Europe;  aussi  saisit-il  avec  empressement  foccasion 
favorable  qui  s'offrait  à  lui  pour  l'exécution  de  ce  projet 
à  la  fm  de  i83o.  La  cour  de  Debli  avait  à  se  plaindre 
du  gouvernement  anglais  de  l'Inde.  Personne  ne  parut 
plus  propre  au  descendant  de  Timûr,  pour  porter  ses 
doléances  au  roi  d'Angleterre  en  personne,  que  notre 
râjà.  On  lui  fit  effectivement  des  ouvertures,  et  il 
accepta  A^olontiers  le  rôle  d'ambassadeur  ou  d'envoyé 
du  prince  mogol,  avec  le  titre  de  râjâ.  Il  partit  de  Cal- 
cutta le  1 5  novembre ,  accompagné  de  son  fils  adoptif 
Râm  Ràé  et  de  deux  domestiques  indiens,  et  il  aborda 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  417 

en  Angleterre  le  8  avril  1 83 1 .  Il  y  fut  accueilli  avec 
honneur  et  distinction  par  les  directeurs  de  la  Compa- 
gnie des  Indes.  Il  fut  présenté  à  Guillaume  IV,  et  le  but 
politique  de  sa  mission  eut  tout  le  résultat  qu'il  pouvait 
espérer.  Il  resta  un  an  et  demi  à  Londres,  fréquen- 
tant la  haute  société,  assistant  aux  réunions  politiques 
et  religieuses,  littéraires  et  d'amusement,  recherché 
partout  à  cause  de  son  esprit,  de  l'affabilité  de  son 
cai^actère  et  de  son  exquise  politesse.  Il  vint  en  France 
dans  l'automne  de  l'année  i832,  et  retourna  en  An- 
gleterre en  janvier  i833;  mais  sa  santé  était  altérée  et 
ses  facultés  intellectuelles  affaissées.  Après  une  courte 
maladie,  il  mourut  à  Bristol,  le  27  septembre  i833, 
âgé  de  cinquante-trois  ans.  On  a  observ  é  qu'il  priait 
souvent  Dieu  avec  ferveur  dans  ses  derniers  moments. 
Son  intention  était  de  retourner  dans  l'Inde  l'année 
suivante,  en  passant  par  la  Turquie,  la  Russie  et  la 
Perse. 

Voilà  en  peu  de  mots  un  aperçu  de  la  vie  de  cet 
homme  extraordinaire.  Son  physique  répondait  à  ses 
belles  qualités  morales;  il  avait  une  physionomie  noble 
et  expressive;  son  teint  était  extrêmement  brun,  pres- 
que noir;  mais  son  nez  régulier,  ses  yeux  brillants  et 
animés,  son  front  large,  la  beauté  de  ses  traits,  ren- 
daient son  visage  remarquable.  Il  était  bien  propor- 
tionné; sa  taille  était  de  six  pieds.  Son  costume  était  ha- 
bituellement bleu.  Il  portait  un  châle  blanc  roidé  sur 
les  épaules,  cpii  descendait  par  devant  jusqu'à  la  cein- 
ture. Il  portait  un  turban  à  la  manière  des  Musulmans 
de  l'Inde. 

I.  27 


418  BIOGRAPHIE 

RAM  PRAGAD^ 

Auteur  du  Dliarma  tatwa  sâra~,  ou  l'Essence  de  la 
réalité  des  devoirs ,  ouvrage  vaïschnava  écrit  à  Ahmad- 
âbâd.  M.  Wilson  en  possède  un  exemplaire;  et  c'est  à 
lui  que  je  dois  ce  que  je  dis  ici  de  cet  ouvrage. 

RANGUÏN^ 

Ce  poëte  hindoustani  était  originaire  du  Cachemire , 
et  il  vivait  à  Dehli  en  même  temps  que  Saudâ.  Alî 
Ibrahim,  qui  nous  le  fait  connaître ,  ne  cite  de  lui  qu'un 
seul  vers. 

RANGUIN   (AMAN  BEG). 

Mirzâ  Aman  Beg  Ranguîn  était  attaché  à  la  cour 
du  nabab  Iftikhâr  uddaula  Mirzâ  Alî  Khan,  où  il  se  dis- 
tingua par  sa  belle  écriture  nastalîc,  genre  de  talent 
auquel  les  Orientaux  mettent  le  plus  grand  prix.  Il  est 
aussi  connu  par  des  poésies  urdû. 

RANGUIN   (SAADAT  YAR  KHAN). 

Saâdat  Yâr  Khan  Ranguîn  était  originaire  du  Turân. 
Il  connaissait  bien  l'art  militaire  et  écrivait  avec  beau- 

^  "^  rR^  ïïïï 

'  ^jv.Xjj  coloré,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  419 

coup  de  goût.  Quoiqu'il  ne  fût  pas  très-savant,  sa  perspi- 
cacité rélevait  au-dessus  des  hommes  les  plus  instruits. 
Il  était  à  Dehli  lorsqu'il  ressentit  le  désir  d'écrire  des 
vers.  Il  soumit  ses  premiers  essais  h  Schàh  Hàtim,  et 
plus  tard,  quand  il  eut  acquis  en  ce  genre  l'habileté 
que  sa  capacité  ne  pouvait  manquer  de  lui  procurer, 
il  soumit  son  diwân  en  entier  à  Mushafî,  qui  nous 
apprend  ces  particularités  dans  sa  biographie.  Il  était 
très-adonné  à  l'amour;  aussi  ses  gazai  et  ses  autres 
ouvrages  contiennent  un  grand  nombre  de  quita  pas- 
sionnés. Il  était  attaché  au  prince  Sulaïmân  Schikoh, 
Mushafî  cite  plus  de  trois  pages  de  vers  extraits  du 
diwân  de  Ranguîn. 

RAQUIM. 

Nand  Râyan  Gobind  Râquim  \  de  Dehli,  est  un 
Hindou  qui  fut  disciple  de  Saudâ.  Il  avait  d'abord  pris 
des  conseils  de  Mîr  Taquî,  avec  qui  Miyân  Ibrahim, 
jeune  homme  distingué,  lui  avait  fait  faire  connaissance. 
Ses  poésies  ont  de  l'analogie  avec  celles  de  Câim,  dont 
il  a  été  parlé  plus  haut.  Mîr  en  cite  de  nombreux 
fragments. 

RASGHID\ 

Ce  poète  fut  un  des  disciples  du  muUa  Nizâm-uddîn. 

•  ^/♦Jjî)  écrivain. 

^   «X.ju^j  le  sage,  etc.,  ou,  comme  on  disait  autrefois,  le  droiturier. 

C'est  le  surnom  du  célèbre  khalife  Haroun  (c'est-à-dire  Aaron)  urra- 
schîd. 

27. 


420  BIOGRAPHIE 

Il  résidait  à  Lakhnau,  où,  fort  jeune  encore,  il  fut  tué 
par  accident.  Il  était  très-habile  dans  les  sciences  exactes 
et  se  distinguait  par  sa  pénétration  et  son  intelligence. 
Alî  Ibrahim  cite  de  lui  quelques  vers. 

RASMI. 

Kamâl  Khan  Rasmî  ',  fils  d'Ismâil  Khattât  Khân, 
lequel  était  secrétaire  des  rois  de  Béjapour,  est  un  des 
poëtes  hindoustani  du  Décan  les  plus  distingués.  On 
lui  doit  des  cacîdah  et  des  gazai,  tant  en  dakhnî  qu'en 
persan  ;  mais  le  plus  remarquable  de  ses  ouvrages  est 
un  poëme  épique  du  genre  masnawî,  composé  de  vingt- 
quatre  mille  vers  :  il  est  intitulé  Khâwir-nâmah  ^,  le  Livre 
de  l'Orient.  Ce  poëme  est  imité  d'un  ouvrage  persan 
qui  porte  le  même  titre.  Les  exploits  d'Ali  en  sont  le 
sujet.  Rasmî  nous  apprend  dans  son  épilogue  qu'il 
exécuta  ce  travail  pour  répondre  aux  désirs  de  la 
princesse  Khadîja,  surnommée  grande  dame,  Jille  de 
Muhammad  Amîn  cutb  Schâh,  fds  d'Ibrâhîm  cutb 
Schâh,  sœur  du  sultan  Abdullah  cutb  Schâh,  fds  de 
Muhammad  cutb  Schâh,  roi  de  Golconde,  épouse  du 
sultan  de  Béjapour,  Muhammad  Gâzi  âdîlschàh,  fils 
d'Ibrâhîm  âdîlschàh,  et  mère  de  Schâh  Alî,  qui  com- 
mença à  régner  en  1071  (1660)  sur  le  royaume  de 
Béjapour.  Rasmî  nous  apprend  qu'il  rédigea  ce  poëme 
en  un  an  et  demi;  il  le  termina  en  loSg  de  l'hégire 

'    /— çwj  coutumier.  Ce  mot  est  le  takliallus  de  l'auteur. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  421 

(16/19).  ^^  paraît  qu'il  a  cru  avoir  acquis  par  là  un 
brevet  d'immortalité ,  car  voici  ce  qu'il  dit  de  lui-même 
à  la  fin  de  son  ouvrage  : 

Mon  corps  pourra  bien  être  anéanti  sous  la  poussière;  mais 
mon  nom  vivra,  qu'ai-je  donc  à  craindre'  ? 

RATAN. 

Bâbâ  Ratan  ^  est  auteur  d'un  ouvrage  hindi  intitulé 
Ahâdis-i  mardiya,  ou  Traditions  humaines^.  Cette  pro- 
duction est  indiquée  dans  le  catalogue  manuscrit  de 
Farzâda  culî. 

RAUNAC*. 

Poëte  hindoustani  dont  Béni  Nârâyan  cite  trois  gazai. 
Voici  la  traduction  d'une  de  ces  pièces  de  vers  : 

Je  n'ai  pas  la  force  de  retenir  mes  lamentations,  ô  conseiller 
bienveillant!  j'en  jure  par  Dieu,  je  n'ai  pas  la  force  d'avoir  pa- 
tience. Je  n'ai  pas  la  force  de  te  regarder,  ô  ma  lune  !  je  crains 
que  mon  cœur  ne  soit  réduit  en  morceaux,  comme  la  mousseline 
que  déchirent  les  rayons  de  la  lune.  De  la  surface  de  mon  cœur 
efface  l'image  de  ces  idoles ,  car  je  n'ai  pas  la  force  de  les  adorer. 
Les  paroles  insensées  sontici  inutiles;  il  faut  raccourcir  salangue; 
mais  je  n'en  ai  pas  la  force.  Dans  le  puits  [chah)  du  monde ,  j'ai 
été  le  compagnon  de  Joseph.  Je  n'ai  pas  la  force  d'élever  mon 

-   /^j  ou  ^^  pierre  précieuse. 


422  BIOGRAPHIE 

désir  [chah)  au  delà  du  monde.  En  pleurant  j'ai  perdu,  comme 
le  papillon ,  ma  vie  dans  le  chagrin  :  hélas  !  ô  bougie  du  matin  !  je 
n'ai  pas  la  force  de  faire  différemment.  Comment  serai-je  décou- 
ragé par  l'effet  de  l'épreuve  que  tu  me  fais  subir?  je  n'ai  pas  de 
moi-même  la  force  de  la  supporter;  mais  si  tu  me  fais  miséri- 
corde ,  ô  mon  Dieu ,  cela  me  suffit.  Délivrance  a  été ,  au  pauvre 
Raunac,  du  chagrin  de  l'absence;  il  n'a  pas  eu  la  force  de  résister 
au  faucon  de  la  douleur. 


RAWAN. 

Saïyid  Jafar  Alî  Rawâii  \  de  Lakhnau,  est  un  des 
disciples  de  Kâzim  Alî  Jawâii.  Il  a  laissé  des  poésies 
liindoustani  remarquables. 

RICCAT. 

Mirzâ  Câcim  Alî  Riccat  ^  était  de  la  nation  des  Mo- 
gols.  On  lui  donna  le  surnom  de  Irârjuî,  c'est-à-dire 
de  rirâc,  parce  qu'en  effet  ses  ancêtres  étaient  de  Ma- 
schliad.  Plusieurs  d'entre  eux  se  fixèrent  au  Cachemire; 
mais  Riccat  naquit  à  Schâhjahânâbâd  :  on  le  conduisit 
ensuite  à  Faïzâbâd,  où  il  parvint  à  l'âge  de  raison.  A 
quatorze  ans  il  sentit  en  lui  le  désir  irrésistible  de  faire 
des  vers.  Ce  fut  sous  Calandar-bakliscb  Jurât  qu'il  se 
forma  h  cet  art.  Il  avait  trente  ans  en  i  -793-9/1.  Mushafî 
cite  de  lui  plusieurs  vers. 


lj^*)j  '«<' .  etc. 
-^J  c^ff^^ction ,  etc. 


2   o^ 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  423 

RIFACAT. 

Mirzâ  Makhan  Rifâcat\  élève  de  Jurât,  était  un 
jeune  homme  plein  d'esprit  et  éloquent,  qui  a  écrit  un 
bon  nombre  de  vers  hindoustani.  Il  n'avait  que  vingt- 
deux  ans  lorsqu'il  mourut  de  phthisie.  Mushafî  cite  de 
lui  quelques  vers  dans  son  tazkira. 

RIND   (ALI). 

Schâh  Hamzah  Alî  Rind  ^  est  compté  parmi  les  poètes 
urdû.  Il  passa  quelque  temps  dans  l'état  militaire,  en 
compagnie  de  Alî  Naquî  Khân  Intizâr,  autre  poëte  urdû, 
et  de  Mubammad  Naquî  Khân ,  fils  l'un  et  l'autre  de  Alî 
Akbar  Khân.  Enfin,  mû  par  la  grâce  divine,  il  quitta 
toutes  les  choses  du  monde ,  et  il  parcourait  les  rues  de 
Murschidâbâd,  la  tête  et  les  pieds  nus,  et  couvert  seule- 
ment du  hing  ^  et  du  manteau  des  derviches.  Il  récitait 
des  vers  et  pleurait  en  poussant  des  gémissements.  Alî 
Ibrahim  le  vit  souvent,  et  s'assura  qu'il  était  un  vrai 
spiritualiste  et  un  contemplatif.  Il  vivait  encore  à  Azîm- 
âbâd  en  119/1  (1780).  Il  est  auteur  d'un  diwân  hin- 
doustani, dont  les  vers  sont  très-estimés  et  écrits  dans 
le  style  des  derviches. 


'    '-'ilsj  compagnie,  amitié. 


-   Jsjj  débauché,  etc. 

^  dljO,  pièce  d'étoffe  qu'on  met  entre  les  jambes  pour  couvrir  les  par- 


ties sexuelles. 


424  •  BIOGRAPHIE 

RIND  (MIHRBAN). 

jVlihrbân  Khan  Riiid  était  ha]3ile  musicien  et  poëte 
ingénieux.  Il  excellait  dans  les  kabit,  les  dohra  et  les 
marcîya.  Il  fut  employé  à  Farrukliâbâd  dans  les  bureaux 
du  nabàb  Ahmad  Khan  Gàlih  Jang.  Il  fut  disciple  de 
Saudâ  et  de  Soz^  Il  excellait  aussi  à  tirer  de  l'arc  et  à 
manier  l'épée.  Outre  ces  détails  que  nous  devons  à  Alî 
Ibrahim,  Mushafî  donne  de  plus,  sur  ce  poëte,  quel- 
ques particularités  insignifiantes,  et  licite  de  lui  plusieurs 
vers.  Sir  Gore  Ouseley  possède  un  exemplaire  des  Kal- 
liyât  ou  OEuvres  complètes  de  ce  poëte  distingué  ^.  Le 
nabab  \^'^izîr  Muhammad  Bakhsch  avait  dans  sa  biblio- 
thèque un  exemplaire  de  son  diwàn. 

RIND  (NARAYAN). 

Râé  Khem  Narâyan  Rind,  fils  de  Mahâràj  Lakschmî 
Narâyan ,  et  frère  de  Bénî  Narâyan ,  auteur  de  l'Antho- 
logie hindoustani  intitulée  Diwân-i  Jahân,  qui  est  un  des 
ouvrages  que  j'ai  mis  le  plus  à  contribution  pour  mon 
travail ,  doit  être  rangé  parmi  les  écrivains  liindoustani 
distingués.  Il  occupa  des  postes  importants  à  Delili, 
et  il  se  retira  ensuite  à  Hoiigly.  Son  frère  cite  de  lui 
sept  gazai.  Voici  la  traduction  d'une  de  ces  pièces  de 
vers  : 

Voyez  l'arlicle  sur  Amîr. 
^  Ce  manuscrit   est  intitule    fj»-  ^    /jL*w.>^    ^l^^i  (_:<^.A-A-L^b 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  425 

Hier  je  me  suis  placée  sous  l'épée  de  mon  ami;  il  a  voulu  m'en 
frapper,  mais  je  ne  me  suis  pas  enfuie  ,  et  je  n'ai  pas  cessé  d'être 
assise.  Je  me  suis  enfin  levée  de  la  porte  de  cet  ami;  mais  cent  et 
cent  fois,  comme  une  proie  blessée,  j'ai  raarclié  et  je  me  suis 
assise.  Je  suis  venue  un  ou  deux  jours  dans  le  jardin  du  siècle ,  et 
je  m'y  suis  assise  sans  porter  de  fruits,  ni  de  fleurs  comme  le  cy- 
près. Maintenant,  il  y  a  une  compagnie  de  jalouses  rivales.  Ecoute, 
ô  mon  cœur!  je  me  lèverai  et  j'irai  auprès  d'elles,  au  lieu  de  rester 
assise.  Quel  ne  sera  pas  leur  contentement  quand  elles  sauront  que 
je  suis  l'holocauste  du  jour  de  Yid?  Moi  aussi ,  étant  agitée,  je  suis 
restée  assise  sans  m' arrêter  à  aucune  considération,  ni  brûler  de 
chagrin.  Par  le  torrent  de  mes  larmes  et  la  flamme  de  mes  sou- 
pirs le  mobilier  de  mon  esprit  ayant  été  submergé  et  s'étant 
brûlé ,  je  me  suis  assise. 

Rind  se  joint  chaque  nuit  (par  la  pensée)  à  Caïs  (Alajnûn)  et  à 
Farhâd;  il  s'est  assis  en  pleurant  jusqu'à  ce  qu'étant  réuni  à  son 
amie,  il  la  tienne  embrassée. 

RIZA\ 

Alî  Ibrâliîm  parle  d'un  poëte  dont  le  surnom  poétique 
est  Rizâ;  mais  il  ne  donne  aucun  détail  sur  son  compte. 
Il  dit  simplement  qu'il  a  lu  de  cet  écrivain  beaucoup  de 
pièces  de  poésie ,  et  il  en  cite  un  vers  dont  voici  le  sens  : 

Viens  t'asseoir  un  instant  auprès  de  Piizà,  car  aujourd'hui  il 
quitte  ce  monde. 

Peut-être  ce  poëte  est  Rizâ  d'Azîmâbàd  dont  il  est 

parlé  plus  bas. 

RIZA  (ALI). 

Mîr  Rizâ  Alî  prit  pour  takhailus  le  mot  Rizâ.  Il  était 
tarjranawis  (sorte  de  garde  des  sceaux  ou  de  secrétaire) 

'   l-O),  nom  d'action  du  verbe  arabe  (^msj  être  satisfait. 


426  BIOGRAPHIE 

de  l'empereur  de  Dehli,  Mushafî  le  donne  plutôt  comme 
un  amateur  de  poésie  que  comme  un  poëte  proprement 
dit.  Il  assure  néanmoins  lui  avoir  entendu  réciter,  à 
Dehli,  des  vers  très-remarquables  par  l'élégance  et  le 
coloris  du  style,  et  il  en  cite  une  page. 

J'ignore  si  ce  poëte  est  le  même  qu'un  autre  bio- 
graphe nomme  Mirzâ  AU  Rizâ.  Ce  dernier  était  un  des 
amis  de  Lala  Sarb  sukli  Diwâna.  On  cite  de  lui  un  mas- 
nawî  erotique. 

RIZA,   D'AZIMABAD. 

Mîr  Muhammad  Rizà  d'Azîmâbâd  (Patna)  était  fds 
de  Mîr  Jamâl  uddîn  Huçaïn  Jamâl  et  parent  de  Mîr 
Habîb  ullah  ^  Les  liaisons  d'amitié  qui  existaient  entre 
lui  et  les  gens  de  lettres  les  plus  notables  d'Azîm- 
âbâd, lui  donnèrent  le  goût  de  la  poésie.  Il  fut  élève  de 
Mii^zâ  Muhammad  Rafî  Saudâ.  Il  écrivit  des  vers  hin- 
doustani  dans  le  genre  nouveau,  lesquels  sont  réunis 
en  diwân.  Ali  Ibrâhîm  et  Mushafî  en  citent  plusieurs. 
Voici  la  traduction  d'une  pièce  de  vers  de  ce  poëte ,  la- 
quelle est  citée  par  Bénî  Narâyan  : 

J'ai  été  content  lorsque  ces  lèvres  de  sucre  m'ont  fait  entendre 
des  injures  ;  car  ces  injures  que  j'ai  supportées  ont  été  douces 
pour  moi.  Quelle  douceur  n'élait-elle  pas  dans  tes  injures!  Dieu! 
Dieu!  elles  étaient  peut-être  préparées  avec  du  sucre  d'Egypte. 
Si  je  me  suis  exposé  à  tes  injures,  c'est  que  je  t'ai  moi-même 
irrité  ;  mais  tes  injures  sont  du  lait  pour  tes  amants.  Quoique  de 
tes  douces  lèvres  lu  me  dises  des  injures  accompagnées  d'un  vi- 
sage austère,  elles  ont  encore ,  pour  moi ,  de  la  douceur  dans  leur 

*  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  427 

amerlume.  Rizâ,  ta  langue  est  vraiment  du  lait  et  du  sucre  :  ceci 
est  un  nouveau  chant  iTinjures  '  que  tu  as  imaginé. 


RIZA  KHAN. 

Saïyid  Riza  ^  Rhân.  Je  n'ai  rien  à  dire  de  cet  écrivain, 
dont  Alî  Ibrâliim  cite  simplement  un  vers. 

RUH   ULAMIN^ 

Poëte  hindoustani  natif  de  Delili.  Bénî  Narâyan  cite 
de  lui  un  gazai  dans  son  Anthologie  intitulée  Diwân-i 
Jaliân. 

RUKHCAT. 

Mîr  Cudrat  ullah  Rukhçat  \  de  Delili,  fds  de  Mîr 
Saïf  ullah,  était  disciple  de  Mirzâ  Jafar  Alî  Hasrat,  et 
avait  aussi  reçu  des  conseils  de  Calandar-bakhsch  Jurât. 
Ce  poëte  urdù  vivait  encore  à  Lakhnau  en  1 1 96  (i  78 1- 
82). 

^  jjo  signifie,  à  la  lettre,  injure;  mais  par  ce  mot,  et  surtout  par 
son  pluriel  #jl.jjlj,  on  désigne  spécialement  des  chansons  indécentes 
qui  se  font  entendre  aux  noces.  C'est  quelque  chose  de  pareil  aux  expres- 
sions grossières  que  fait  connaître  le  Catéchisme  poissard  du  carnaval. 

^  (^*àjy  autre  forme  de  nom  d'action  du  verbe  (^^j  cité  plus  haut. 
'  (JX-*'^5   î»-3)  e5/)rit^(ic/e,  surnom  de  l'archange  Gabriel. 
*  OvAAàkj  concjè. 


428  BIOGRAPHIE 

RUSTAM. 

Rustam  ^  Alî  Khan  Ihtischâm  uddaula,  de  Dehli ,  plus 
connu  sous  le  nom  du  nabâb  Balladur,  fils  du  nabab 
Aschraf  Rhân,  fils  du  nabâb  Samsâm  uddaula  Khân-i 
Daûrân,  et  frère  aîné  de  Muhammad  Haçan  Mirzâ '^, 
est  compté  parmi  les  poètes  liindoustani  distingués. 
Par  suite  des  malheureuses  circonstances  du  temps, 
Rustam  et  son  frère  quittèrent  Dehli  leur  patrie ,  et  se 
dirigèrent  vers  le  soubah  du  Bengale  et  du  Bihâr,  en 
compagnie  du  nabàb  Saadat  Alî  Kliân  Balladur,  et  se 
fixèrent  à  Bénarès.  Alî  Ibrâhîm  fait,  dans  son  Gulzâr, 
l'éloge  de  leurs  bonnes  qualités  et  de  leur  talent.  Il  reçut 
d'eux-mêmes,  quoiqu'il  ne  les  connût  pas  personnelle- 
ment, quelques  pages  de  leurs  vers  qu'il  a  citées  dans 
leurs  articles  respectifs. 

RUSWA. 

Mahtâb  ^  Râé  Ruswâ  était  un  Hindou  qui,  tout  jeune 
encore,  embrassa  fislamisme  sous  Muhammad  Schàh. 
Il  avait  été  d'abord  employé  dans  farsenal;  mais  ensuite 
il  quitta  ses  fonctions.  Malheureusement  il  était  adonné 
au  vin ,  et  de  plus,  il  s'était  rendu  amoureux  d'un  jeune 
Indien  nommé  Manûn,  qui  était  joaillier  de  profession. 
Cette  passion  fut  portée  à  un  tel  point,  que  Ruswâ  en 
perdit  la  raison  et  qu'il  se  couvrit  d'ignominie.  C'est 

'  (*^'*^J  '  "'^'^  '^'^"^  célèbre  héros  persan. 
^  Voyez  Tarlicle  consacré  au  poctc  Mirzâ. 
^  Ou  lune,  selon  Alî  Ibrâhîm-,  et  Aftâb  (soleil),  selon  Mushafî. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  429 

ainsi  qu'il  prit  le  surnom  poétique  de  Rnswâ  ^  Il  allait 
tout  nu,  errant  çà  et  là.  Il  adressait  la  parole  à  tous  ceux 
qu'il  rencontrait ,  et  se  mettait  ensuite  à  pleurer.  Il  ré- 
pétait sans  cesse  un  vers  hindoustani  dont  voici  le  sens  : 

Quiconque  entre  dans  la  voie  de  cet  amour,  est  couvert  d'op- 
probre {Ruswâ),  ruiné,  et  errant  de  porte  en  porte. 

On  raconte  qu'il  avait  la  tête  tellement  dérangée, 
qu'étant  allé  un  jour  se  promener  juscp.i'au  village  d'Am- 
roha,  et  étant  descendu  chez  un  Saïd  qui  l'accueillit 
avec  honneur,  tant  en  sa  qualité  d'homme  de  lettres  dis- 
tingué que  comme  citoyen  de  Dehli,  Ruswâ  ne  cessa  de 
boire  du  vin.  La  petite  provision  du  descendant  de  Ma- 
homet fut  bientôt  épuisée,  et.il  envoya  un  enfant  cher- 
cher du  vin  dans  un  endroit  près  d'Amroha,  nommé 
Ahmadnagar.  Comme  cet  enfant  tarda  beaucoup  à  re- 
venir, le  saïyid  engagea  Ruswâ  à  se  promener  en  atten- 
dant dans  le  jardin.  Celui-ci  répondit  par  un  vers  hin- 
doustani qui  signifie  : 

L'enfant  est  allé  chercher  du  vin ,  pourquoi  me  promènerais-je  ? 
Je  souhaite  toute  sorte  de  bonheur  à  l'enfant  ;  mais ,  néanmoins , 
il  est  cause  que  je  suis  obligé  de  me  passer  de  vin. 

Ruswâ  mourut  à  Dehli  sous  le  règne  de  Muhammad 
Schâh;  par  conséquent  avant  i  7^7,  époque  du  décès  de 
cet  empereur.  Mushafî  rapporte  à  ce  sujet  que  Ruswâ 
avait  exprimé  le  désir  qu'on  lavât  son  cadavre  avec  du 
vin^.  Mais  on  rapporte  qu'après  l'ablution  légale  que 

'   îji-»»')  discjrâce,  opprobre,  ignominie. 

-  On  sait  que  l'usage  des  Orientaux,  y  compris  les  Juifs,  est  de  laver 
les  cadavres  aussitôt  après  la  mort  des  individus.  Conf.  Actes  des  Apôtres. 
chap.  IX,  vers.  87. 


430  BIOGRAPHIE 

ses  amis  eurent  soin  de  faire  exécuter  avec  du  vin,  con- 
formément à  ses  volontés,  on  s'aperçut  que  ni  son  corps, 
ni  le  linceul  dont  on  l'enveloppa ,  ne  prirent  l'odeur  de 
cette  liqueur  ^ 

D'autres  auteurs  racontent  que  Ruswâ  conduisait  avec 
lui,  dans  les  rues  et  les  marchés,  le  jeune  joaillier  dont 
la  vue  lui  avait  fait  perdre  la  raison;  qu'il  l'avait  mis 
dans  un  dolî  (sorte  de  palanquin  pour  les  femmes),  et 
qu'il  se  faisait  frapper  par  les  enfants  et  par  d'autres 
personnes ,  moyennant  des  cauris  qu'il  leur  distribuait. 
On  ajoute  qu'un  jour  ce  jeune  homme,  fatigué  des  im- 
portunités  de  Ruswâ,  le  tua  d'un  coup  d'épée.  Dieu  seul 
sait  au  juste  la  vérité,  dit  Mushafî.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Ruswâ  mourut  à  la  fleur  de  f  âge.  Bénî  Narâyan  cite  de 
lui  le  gazai  dont  la  traduction  suit  : 

Dans  chaque  rue  el  ruelle,  mon  cœur  palpite  hors  de  mesure. 
La  rivière  roule  hors  de  mesure,  cette  année,  ses  flots  tumultueux. 
Si  tu  désires  connaître ,  ô  mon  cher,  l'état  de  cet  infidèle ,  sache 
que  je  l'ai  vu  hier,  et  qu'il  est  agité  hors  de  mesure.  J'ai  de  la 
terre  sur  la  tête ,  des  épines  aux  pieds  ;  j'erre  auprès  de  chaque 
porte  et  dans  chaque  rue.  Si  je  pleure  hors  de  mesure,  c'est  que 
je  désire  d'être  uni  à  toi.  Ne  ressens-tu  pas  encore  de  la  pitié  à 
l'égard  de  ce  fou  ?  Un  amour  pour  toi ,  hors  de  mesure ,  a  pénétré 
dans  mon  cœur. 

Que  dans  ces  jours  Dieu  garde  cet  homme  frappé  d'égare- 
ment! il  a  été  couvert  d'opprobre  [Ruswâ),  hors  de  mesure,  par 
les  mains  de  l'amour. 

'  Il  paraît,  d'après  ceci ,  que  Ruswâ ,  malgré  son  libertinage  apparent, 
mourut  en  odeur  de  sainteté  ,  puisque  ses  compatriotes  croient  à  ce  fait 
miraculeux.  Il  en  est  ainsi  de  Hafiz  et  d'autres  célèbres  poètes  musulmans 
de  la  secte  des  Sofîs. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  431 


SAADAT. 


Miyân  ou  Mîr  Saâdat  Alî,  et  simplement  Saaclat^  qui  est 
son  takhallus ,  était  un  saïyid  d'Amrolia  qui  fut  disciple 
de  Schâh  Wiiâyat  vdlah.  Il  a  composé  un  masnawî  inti- 
tulé Séli  sanjîwan^,  du  nom  de  deux  amants  qui  vivaient 
à  Dehli,  sous  le  nabab  Camar  uddîn  Khan  Wazîr. 
Saâdat  a  écrit  pendant  le  règne  du  sultan  Muhammad 
Schâh,  époque  où  les  poètes  bindoustani  aimaient  les 
expressions  vagues  et  obscures;  aussi  ses  vers  sont-ils 
pleins  d'allégories  souvent  peu  intelligibles,  mais  neuves 
et  hardies;  le  style  en  est  élégant  et  recherché  ;  ils  eurent 
une  grande  réputation  dans  le  temps  oii  ils  furent  com- 
posés, et  l'ont  conservée  en  grande  partie.  Saâdat  a  aussi 
écrit  plusieurs  manâquih  ^,  sorte  de  poëme  à  la  louange 
des  Imâms.  Mîr  qui  était  lié  avec  lui,  dit  qu'il  était  doux, 
modeste,  religieux,  et  qu'il  parlait  peu.  Mannû  Lâl 
rapporte  un  seul  de  ses  vers ,  qui  n'offre  rien  de  remar- 
quable, dans  son  Galdasta-i  nischât. 

^   tiyàLx-w  bonheur.  Selon  Fatli  Alî  Huçaïnî,  il  se  nommait  Saâdat 
iillah,  bonheur  de  Dieu. 

^  Ces  deux  mots  sont  peu  lisibles  dans  mes  deux  manuscrits  du  Gul- 
zâr-i  Ibrahim,  où  se  trouve  cette  indication.  Toutefois  je  crois  qu'il  y  a 

'  <.^^\m,  h  la  lettre,  louantes,  pluriel  du  substantif  arabe  ïLkJlk^ 
(  en  bindoustani  (j^xxXj»  ). 


432  BIOGRAPHIE 

SABA. 

Lâla  Kân  Jî  Mal  Sabâ  \  Hindou  de  la  tribu  des 
Kayath ,  est  compté  parmi  les  poëtes  urdû,  La  patrie  de 
ses  ancêtres  était  Firozâbâd;  mais  il  fut  élevé  à  Lakhnau. 
A  l'époque  ou  Mushafî  vint  dans  cette  ville,  il  passa 
quelcpae  temps  auprès  de  lui.  Précisément  dans  le 
même  temps,  Sabâ,  qui  ressentait  en  lui  le  feu  du  génie 
poétique,  se  mit  à  faire  des  vers  hindoustani  sur  les- 
quels il  consulta  Mushafî  en  qui  il  avait  beaucoup  de 
confiance,  en  sorte  qu'en  peu  de  temps  il  mit  au  jour 
un  diwân  de  poésies  choisies  d'un  très-bon  goût.  Malheu- 
reusement la  mort  l'arrêta  dans  ses  travaux  littéraires  : 
il  mourut  à  la  fleur  de  l'âge ,  c'est-à-dire  dans  sa  vingt- 
cinquième  année.  Mushafî  cite  deux  pages  de  ses  vers. 

SABACAT. 

Mirzâ  Mugal  Sabacat^,  fds  de  JVIirzâ  Ali  Akbar,  était 
Persan  d'origine.  Ses  ancêtres,  depuis  quelques  géné- 
rations, habitaient  Schâhjahânâbâd.  Après  la  ruine  de 
cette  dernière  ville,  ils  vinrent  à  Lakhnau  et  s'y  fixèrent; 
ce  fut  là  que  Sabacat  fut  élevé.  C'était ,  dit  Mushafî ,  un 
jeune  homme  plein  de  bonnes  qualités,  très-poli  et  fort 
aimable.  Comme  il  se  sentit  du  goût  pour  la  poésie,  il 
se  mit  à  écrire  des  vers  hindoustani,  conformément  à 
fusage  de  son  temps,  et  les  soumit  à  Calandar-bakhsch 

'   Lmo  zéphyr  du  matin. 
'  c:\JU^w  excellence,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  433 

Jurât.  11  paraît  qu'il  a  laissé  un  grand  nombre  de  poésies. 
Mushafî  en  donne  deux  pages. 

SABAI. 

Sabàî  ^  est  un  poète  hindoustani  natif  d'Ahmadâbâd , 
ancienne  capitale  du  Guzarate.  Mîr,  le  seul  biographe 
qui  en  parle ,  cite  de  lui  un  vers  dont  voici  la  traduc- 
tion : 

Avec  l'or,  on  se  procure  des  amis,  des  frères.  Sans  or,  rien 
dans  le  monde;  avec  l'or,  tout. 

SABIT   (ICALAT  KHAN). 

Le  poète  hindoustani  nommé  Içâlat  Khân  Sâhit-  était 
Afgân  de  nation;  mais  il  habitait  depuis  longtemps  Azîm- 
âbâd,  à  l'époque  où  Alî  Ibrahim  écrivait  (1780-1782), 
et  il  s'y  occupait,  avec  succès,  de  poésie  hindoustani, 
sous  la  direction  de  Mirzâ  Muhammad  Alî  Fidwî,  dont 
il  est  par  conséquent  disciple. 

SABIT   (SCHUJAAT  ULLAH  KHAN). 

Ce  poète  était  originaire  de  Panipat.  Il  fut  disciple 
de  Mirzâ  Jafar  Alî  Hasrat  et  du  nabab  Dilîr  Khân.  On  ne 
cite  de  lui  qu'un  vers  dans  le  Gulzâr-i  Ibrâhîm. 

'  (^W»*'  adjectif  relatif  dérivé  du  substantif  Ixo,  qu'on  vient  d'ex- 
pliquer. 

^   cxjiji  ferme  ,  constant. 

I.  •  28 


434  BIOGRAPHIE 


SABR. 


Mîr  Muhammad  Alî  Sabr  \  de  Faïzâbâd,  est  un  cé- 
lèbre auteur  de  marcîya;  les  biographes  originaux  ci- 
tent de  lui  un  petit  nombre  de  vers. 

SABZWARI. 

Mîr  Abu  Icâcim  Sabzwârî  ^  est  auteur  d'un  roman  en 
prose  hindoustani  intitidé  Husn-i  ikhtilât'^,  c'est-à-dire 
l'Excellence  des  relations  d'amour  ou  d'amitié.  On  trouve 
un  exemplaire  de  cet  ouvrage  dans  la  bibliothèque  de 
la  Société  asiatique  de  Calcutta ,  lequel  provient  de  celle 
du  coliége  de  Fort- William  :  j'en  ignore  le  sujet. 

SADI,   DU   DÉGAN\ 

C'est  un  des  principaux  écrivains  hindoustani  du  Dé- 
can,  qui  n'est,  par  conséquent,  pas  indigne  d'avoir  le 
takhailus  du  chantre  de  Schirâz.  Mîr  Taquî  fait  observer 
dans  sa  biographie,  que  quelques  Indiens  le  confondent 
mal  à  propos  avec  le  schaïkh  Sadî^,  c'est-à-dire  avec  le 
poète  persan  de  ce  nom.  Il  cite  de  lui  un  court  gazai 

'  jj<AO  patience. 

^  (<)^*iyi-*^  de  Sahzwâr,  nom  de  lieu. 

*   ^4J  i  (^ù^Xmj  .  Le  mot  ^^ù^^xjm  signifie  heureux. 

^  Voyez  une  anecdote  peu  connue  sur  ce  célèbre  écrivain,  p.  289  de 
ce  volume,  et  l'indication  de  différentes  traductions  hindî  de  ses  ouvrages 
intitulés  Giilistân.  Bosiân  et  Pand-nâma,  aux  articles  Afsos,  Mugal  et 
IVila. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  455 

qui,  dans  l'original,  est  remarquable  par  les  allitérations 
spirituelles  qui  s'y  trouvent.  Voici  la  traduction  de  deux 
de  ses  vers  : 

Je  t'ai  donné  mon  cœur,  tu  l'as  pris;  et  en  échange  tu  m'as 
donné  du  chagrin.  Ainsi  tu  as  agi,  ainsi  j'ai  agi  moi-même.  Cette 

façon  de  faire  est-elle  bonne  ! Sadî  a  publié  des  gazai  qui 

sont  un  mélange  de  lait  et  de  sucre;  il  a  parsemé  des  perles  dans 
ses  poésies  rekhta  ^;  il  a  écrit  ses  vers,  tantôt  à  la  manière  arabe ^, 
tantôt  à  la  manière  indienne  '. 

SADIG. 

Mîr  Jafar  Khân  Sâdic  ',  de  Dehli ,  était  petit-fils  de 
Mir  Saïyid  Muhammad  Câdir,  célèbre  contemplatif  dont 
le  tombeau  est  situé  dans  les  environs  de  Dehli.  Sâdic 
fut  élevé  par  son  grand-père  dans  la  droiture  et  la 
piété.  A  sa  mort,  il  lut  enterré  dans  le  sépulcre  de  son 
aïeul. 

Sâdic  est  auteur,  entre  autres,  d'un  ouvrage  intitulé 
Bahâristân-i  Jafarî^,  c'est-à-dire  le  Bahâristân  (séjour  du 
printemps)  de  Jafar.  J'en  ignore  le  sujet. 

SADIC   (ALI). 
Mîr  Sâdic  Alî ,  fils  d'un  officier  de  Schâh  Alam ,  et  lui- 

'    AX^j  signifie,  à  la  lettre,  répandu,  parsemé. 


*  ^i5i>l.o  vénditjue. 
j<»JUt>   /\VX*M)L<-j  .  Le  second  mot  tait  allusion  au  nom  de  l'écri- 


5 

vain  et  du  sixième  imâm 


28. 


436  BIOGRAPHIE 

même  officier  du  prince  royal  Sulaïmân  Schikoh,  avait 
beaucoup  de  goût  pour  la  poésie,  et  soumettait  ses  essais 
à  Mîr  Inschâ  ullah.  On  lui  doit  un  bon  nombre  de  vers 
hindoustani.  Mushafî  en  cite  plus  d'une  page  in-folio. 

SAFA\ 

Je  ne  trouve  rien  sur  ce  poëte  hindoustani  dans  les 
biographies  originales  que  j'ai  sous  les  yeux.  Mushafî  se 
contente  de  citer  de  lui  un  matla  ^  qu'il  avait  entendu 
réciter.  Safa  est  auteur  d'un  diwân  dont  le  raja  Ghandû 
Lâl,  de  Haïderâbâd,  possède  un  exemplaire. 

SAFDAR'. 

Ancien  poëte  natif  d'Haïderâbâd.  Alî  Ibrahim  ne  dit 
pas  autre  chose  sur  cet  écrivain,  mais  il  rapporte  de  lui 
un  vers  dont  voici  la  traduction  : 

L'étoffe  verte  et  moirée  dont  elle  a  couvert  son  sein ,  ne  res- 
semble-t-elle  pas  au  fanal  de  cristal  dont  on  garantit  la  bougie 
de  camphre  ? 

SAFDARI'. 

Les  biographes  originaux  rangent  cet  écrivain  parmi 
les   poètes  hindoustani  anciens,    et  par  là  ils  veulent 

'   \Àdo  pureté. 

'  Voyez,  au  sujet  de  cette  expression,  une  note  p.  52. 
'    jùJus  hrave ,  à  la  lettre ,  hn&ewr  des  rangs  [ de  l'armée  ennemie  ) . 
'  ^^j4yJuo  bravoure .  substantif  dérivé  de  jJsJUo  que  je  viens  d'ex- 
pliquer. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  437 

dire,  je  pense ,  qu'il  a  écrit  dans  le  goût  ancien.  Mushafî 
et  Béni  Narâyan  citent  de  lui  des  pièces  de  vers. 

SAIYID   (IMAM   UDDIN). 

Mîr  Imâm  uddîn  Saïyid ,  de  Dehli ,  est  un  poëte  hin- 
doustani  qui  jouit  d'une  certaine  réputation.  Alilbrâliîm 
ne  rapporte  de  lui  qu'un  seul  vers. 

SAIYID   (YADKAR-I   ALI).    • 

Le  Saïyid  ou  Mîr  Yâdkâr-i  Alî  est,  selon  Ali  Ibrahim, 
un  des  poètes  qui  se  sont  fait  remarquer  sous  le  règne 
de  Schâh  Alam  IL 

SAIYID  AHMAD. 

Parmi  les  manuscrits  hindous tani  indiqués  dans  le 
catalogue  d'une  riche  bibliothèque  de  l'Inde,  catalogue 
dont  la  Société  royale  asiatique  possède  une  copie,  se 
trouve  mentionné  un  ouvrage  intitulé  Pothî  az  hazrat 
Saïyid  Ahmad  Kalpâi  S  c'est-à-dire  Livre  (religieux)  de 
sa  seigneurie  le  Saïyid  Ahmad  de  Kalpî^.  Or  je  pense 
que  ce  Saïyid  Ahmad  est  le  réformateur  musulman  qui 
s'éleva,  il  y  a  quelques  années,  dans  l'Inde ,  et  que  l'ou- 
vrage dont  il  s'agit  est  celui  où  il  déposa  ses  doctrines. 
Peut-être  aussi  ce  livre  a-t-il  été  écrit  seulement  par 

^  Ville  (le  la  province  d'Agra. 


438  BIOGRAPHIE 

un  de  ses  disciples,  ce  que  semble  désigner  dans  le 
titre  la  préposition  az.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  doit  con- 
tenir l'exposé  de  son  système. 

Pour  ne  pas  répéter  ce  que  j'ai  dit  ailleurs  ^  sur  l'ins- 
tituteur de  la  secte  musulmane  nommée  Tarica-i  Mu- 
hammadiya,  je  me  contenterai  de  rappeler  que  ce  fut  à 
son  instigation ,  et  même  par  son  ordre ,  que  le  Coran 
arabe-hindoustani  et  plusieurs  autres  traités  religieux 
rédigés  en  hindoustani  ou  en  persan,  furent  publiés  à 
l'imprimerie  qu'il  avait  établie  lui-même.  Parmi  ces 
traités,  je  dois  citer  surtout  le  Targaib-i  Jiliâd^,  c'est- 
à-dire  l'Excitation  à  la  guerre  religieuse,  travail  qui 
fut  rédigé  en  hindoustani  par  un  maulawî  de  Kanoje  ^-^ 
puis  : 

i"  VHidâyat  ulmiimînim  (la  Guide  des  croyants); 

2"  Muzi  ulkahaïr  ualbidaat  (Exposition  des  grands 
principes  et  des  innovations); 

3°  Nacihat  nlmuslimîn  (Avis  aux  Musulmans); 

à"   Tanbili  ulgcifilin  (Avertissement  aux  négligents); 

5°  Miyat  iilmâçâil  (Les  Mille  Questions).  Ce  dernier 
ouvrage  contient  des  réponses  du  scbaïkb  Muhammad 
Ishac,  petit-fds  de  Schâli  Abd  ulazîz,  à  des  questions 
qui  lui  avaient  été  adressées  par  un  membre  de  la  fa- 
mille royale  de  Debli.  J'ignore  dans  quelle  langue  sont 
rédigés  ces  cinq  derniers  ouvrages. 

'  Dans  le  Journal  des  Savants.  i836,  et  dans  le  Journal  asiaiufiic , 
n"  d'avril   i838. 

'  Il  en  est  parlé  assez  longuement  dans  rinléressanle  notice  sur  les 
doctrines  particulières  des  Suïyid  Alimadi .  insérée  dans  le  Journal  de  la 
Société  asiatique  de  Calcutta ,  en  1 832  ,  n"  de  novembre. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  439 

Parmi  les  ouvrages  hindoustani  de  la  bibliothèque  de 
la  Société  asiatique  du  Bengale,  je  trouve  l'indication 
d'un  traité  en  prose  urdû  de  Saïyid  Ahmad,  auquel  on 
donne  le  titre  de  Câdiri,  c'est-à-dire  de  la  lignée  re- 
ligieuse d'Abd  ulcâdir  Guilâni^.  Ce  traité  est  intitulé  Ri- 
çala-i  Saïyid  Alimad,  et  plus  spécialement  Hiijjat  ulcuâ  ^ , 
la  Raison  des  vertus.  C'est  probablement  un  ouvrage 
ascétique. 

saïyid  ALI. 

Écrivain  hindoustani  à  qui  on  doit:  i°  un  ouvrage 
de  morale,  en  prose,  intitulé  Gulschan-i  akhlâc'^,  c'est- 
à-dire  Jardin  des  vertus,  ouvrage  dont  il  existe  un  exem- 
plaii'e  dans  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta;  2°  un  volume  de  rubajât  ou  quatrains,  dont 
on  conserve  une  copie  dans  la  bibliothèque  du  râjâ 
Chandû  Lâl  d'Haïderâbâd. 

SAJJAD. 

Mîr  Sajjâd*,  d'Akbarâbâd  (Agra),  est  un  poëte  hin- 
doustani distingué.  Ses  ancêtres  étaient  originaires  de 
l'Azarbaijân;  mais  ils  s'établirent  à  Dehli.  Sajjâd  était 
un  des  disciples  de  Schâh  Najm  uddin  Abrû;  mais  les 

'  \ oyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans  l' Inde .  pag.  90  et 
suiv. 

-  4<jAÎi   ii^.  Je  pense  que  ;<*-*  est  le  pluriel  de  iy^  force ,  pris 
dans  le  sens  de  vertu  (  cardinale  ) . 

*   ^\^  adorateur. 


440  BIOGRAPHIE 

connaisseurs  donnent  à  ses  écrits  la  préférence  sur 
ceux  de  son  maître,  quoiqu'ils  soient  pleins  de  méta- 
phores, souvent  plus  obscures  que  celles  qu'on  trouve 
dans  les  vers  d'Abrû.  Mir  en  fait  un  pompeux  éloge. 
Il  nous  apprend  que  Sajjâd  tenait  chez  lui  une  réunion 
des  amis  de  la  poésie  hindoustani,  réunion  à  laquelle 
Mîr  avait  assisté;  mais  cette  réunion  n'existait  plus  à 
l'époque  où  ce  dernier  écrivait  sa  biographie,  et,  en 
raison  des  circonstances,  Sajjâd  vivait  dans  la  retraite. 
Ses  vers ,  qui  sont  fort  éloquents ,  ont  été  réunis  en 
diwân.  Mîr,  Lutf  et  Fath  Alî  Huçaïnî  en  donnent  plu- 
sieurs gazai.  Voici  la  traduction  d'un  vers  de  Sajjâd 
sur  l'instabilité  des  choses  humaines,  vers  que  M.  Sha- 
kespear  a  cité  dans  son  Dictionnaire  : 

Le  rossignol  perché  joyeusement  sur  un  arbre  jouissait  de  la 
tranquillité,  lorsqu'une  balle  cruelle  est  venue  le  mettre  en  pièces. 

On  dit  que  l'aïeul  de  Sajjâd,  Muhammad  Akram 
Khân,  était,  dans  la  chancellerie  impériale,  l'auxiliaire 
du  nabâb  Yahyâ  Khàn ,  munschî  en  chef.  C'était  un 
homme  grave  et  contemplatif. 

SALAM. 

Miyân  Najm  uddîn  Alî  Khân  Salâm  \  natif  d'Agra, 
était  fils  de  Scharaf  uddîn  Alî  Khân  Piyàm'-.  Il  prit 
auprès  de  son  père  du  goût  pour  la  poésie  hindoustani 
et  participa  à  son  talent.  Mîr,  qui  était  très-lié  avec 

^  ^yy^^^-M*  paix ,  saint. 

^  Voyez  l'article  consacre  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  441 

lui,  fait  l'éloge  des  qualités  de  son  esprit  et  de  son 
cœur.  Ils  se  réunissaient  quelquefois  pour  causer  litté- 
rature et  s'exercer  ensemble  à  improviser  des  vers  et 
à  faire  des  saillies.  Le  même  biographe  et  Fath  Alî 
Huçaïnî  citent  quelques  vers  de  Salâm  dans  leurs 
tazkira. 

SALIH. 

Schaïkli  Sâlili  ^  Muhammad  Usmânî  vint  dans  le 
Décan  (on  ne  dit  pas  d'où)  en  12/10  de  l'hégire.  Il  se 
rendit  à  Bombay  et  fut  attaché  au  service  de  la  Com- 
pagnie des  Indes.  Là,  d'après  le  vœu  du  colonel  Ken- 
nedy et  sous  l'administration  du  gouverneur  Elphins- 
tone,  il  rédigea  et  publia  l'ouvrage  hindoustani  intitulé  : 
Saïr-i  isclirat ,  jami  ulliikâyât'^,  c'est-à-dire  la  Récréation, 
collection  de  narrations.  Les  deux  premiers  mots  de 
ce  titre  donnent  le  nombre  12/io,  qui  est  l'année  mu- 
sulmane de  la  publication  de  cet  ouvrage.  Ils  font  en 
même  temps  allusion  au  nombre  de  chapitres  dont  il 
se  compose.  Les  deux  derniers  mots  indiquent  le  sujet 
de  l'ouvrage,  et  ils  donnent  aussi  le  tarîkli  de  l'année  de 
l'ère  chrétienne  1825,  qui  correspond  à  celle  de  l'hé- 
gire qui  vient  d'être  indiquée ,  en  joignant  l'addition 
de  la  valeur  numérique  des  lettres  qui  composent  ces 
mots  à  celle  des  premières. 

C'est  un  ouvrage  écrit  à  l'imitation  du  Galistan,  en 
prose  entremêlée  de  vers.  Il  est  divisé  en  dix  parties. 

'    iL*©  vertueux. 

^  c:^L»\iCiI  ^^>-  i^jJi^  j-A^  -r^^i^o^raiMe  de  266  pages  in-4°. 


442  BIOGRAPHIE 

La  première  rouie  sur  la  justice;  la  deuxième  sur  la 
pauvreté  spirituelle;  la  troisième  sur  la  conduite  des 
souverains;  la  quatrième  sur  les  mœurs  des  vizirs;  la 
cinquième  sur  le  discernement  et  la  perspicacité;  la 
sixième  sur  la  retraite;  la  septième  sur  la  société;  la 
huitième  roule,  je  crois  \  sur  la  générosité;  la  neuvième 
sur  le  gain,  la  fidélité  (envers  ceux  de  qui  on  dépend) 
et  la  mendicité;  la  dixième  sur  l'envie,  l'avidité  et  la 
concupiscence. 

Je  donnerai,  dans  mon  second  volume,  quelques 
narrations  extraites  de  cette  intéressante  collection. 

SALIR. 

Sâlik  ^  est  un  poëte  hindoustani  dont  Mîr  fait  men- 
tion et  dont  il  cite  un  vers  écrit  dans  le  dialecte  du 
Décan,  vers  qui  prouve  par  conséquent  que  cet  écri- 
vain est  du  midi  de  flnde.  Voici  la  traduction  du  baït 
dont  il  s'agit  : 

Toi  qui  as  charmé  Sâlik ,  demande ,  ô  ma  bien-aimée ,  quel  est 
son  état  véritable,  et  tu  sauras  que  hors  de  lui,  il  erre  nu-pieds 
tout  le  jour,  à  cause  de  toi. 

SALIM. 

Mîr  Muhammad  Salîm  ^  était  de  la  classe  des  Saiyid 

'  Je  dis  je  crois,  car  on  a  oublié  d'indiquer  le  titre  de  cette  partie. 
*  tiJJLiw  contemplaiif ,   à  la  lettre ,  celui  qui  marche  (dans  la  voie  du 
spiritualisme  ). 

'^  /<vXaw  pacifujue .  do\ix ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  443 

de  la  ville  de  Patna;  il  s'occupait  du  commerce,  et 
comme  il  avait  beaucoup  de  dispositions  naturelles  pour 
la  poésie,  il  les  exerçait  volontiers.  Il  a  composé,  entre 
autres,  un  masnawî  sur  un  événement  extraordinaire 
qui  eut  lieu  près  d'Azîmâbâd,  masnawî  qui  n'est  pas 
sans  mérite.  Alî  Ibrahim  l'avait  connu  dans  cette  der- 
nière ville.  Il  y  mourut  en  1 1 98  de  l'hégire  (1 780-8 1) , 
et  il  y  fut  enterré. 

SALIM   (SCHAH). 

Schâh  Sâlim  ^  est  un  poëte  hindoustani  cité  par 
Mannû  Lâl  dans  son  Guldasta-i  nischât.  Voici  la  traduc- 
tion d'un  vers  de  cet  écrivain  : 

Cette  beauté  au  cœur  de  pierre  m'a  fait  mourir  en  me  mon- 
trant la  couleur  vermeille  de  son  visage.  On  devra  mettre  une 
pierre  rouge  comme  amulette  à  mon  tombeau. 

SAMAN. 

Mîr  Nacir  Gobind  Sâmân^,  de  Jaunpour,  fut  un 
des  disciples  de  Mirzâ  Mazhar  Jânjânan.  C'est  un  poëte 
hindoustani  estimé ,  qui  a  aussi  écrit  en  persan.  Il 
mourut  quelques  années  avant  l'époque  où  Fath  Alî 
Huçaïnî  fit  paraître  son  tazkira. 

'  ^Uo,  participe  présent  de  la  racine  aralie  !,»«£(  radicltus  excidit  et 
lauidavit,  etc. 

^   yUL*)  préparatifs. 


kkli  BIOGRAPHIE 


SAMSAM. 


Le  nabab  Amîr  ulumarâ  Samsâm  uddaula  Khân-i 
daurân ,  autrement  dit  Khâja  Mahammad  Acim  et  sim- 
plement Samsâm  ^ ,  qui  est  son  surnom  poétique ,  faisait 
partie  des  omra  du  sultan  mogol  Farrukh  Siyar,  Alî 
Ibrâhîm  dit  que  ses  faits  et  gestes  sont  trop  connus 
pour  qu'il  soit  nécessaire  de  les  exposer.  Comme  il 
n'en  parle  qu'en  qualité  d'écrivain,  il  se  borne  à  dire 
qu'il  se  livrait  à  la  culture  de  la  poésie  et  qu'on  a  de 
lui  des  vers  bindoustani  et  persans. 

S  AN  A. 

Sanâ  ^,  d'Azîmâbâd,  disciple  de  Scbâb  Muschtâc 
Talab,  est  un  poète  bindoustani  dont  les  productions 
sont  peu  nombreuses.  Musbafî  et  Bénî  Narâyan  ne  rap- 
portent de  lui  que  deux  vers. 

SANAT. 

Mugal  Kbân  Sanat  -^  était  un  des  familiers  du  nabàb 
Açaf  Jâh  Nizâm  ulmulk.  Alî  Ibrâbîm  et  Fatb  Alî  Hu- 
çaïnî  ne  disent  pas  autre  cbose  sur  cet  écrivain  bin- 
doustani, et  ils  se  contentent  de  citer  de  lui  quelques 
vers  pour  donner  une  idée  de  son  talent. 

'    ^^\j^^AS  èpèe  iranchantc. 

'   vÀj  louange. 

'   c;<otJMo  mjstcre. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  445 

SANI. 

Nizâm  uddîn  Ahmad  Sâni^  de  Balgrâm^,  était  un 
des  amis  intimes  d'Ali  Ibrahim  Khân  et  de  Mirzâ  Mu- 
hammad  Rafî  Saudâ.  Il  a  laissé  un  diwân  de  vers  per- 
sans, et  quoiqu'il  en  ait  moins  écrit  en  hindoustani, 
il  est  compté  avec  juste  raison  parmi  les  poètes  qui 
ont  enrichi  la  littérature  de  cette  langue.  Il  lisait  par- 
faitement les  vers  et  avait  beaucoup  de  perspicacité 
pour  comprendre  les  plus  obscurs.  En  1788  il  habi- 
tait alternativement  Murschidâbâd  et  Calcutta.  J'ignore 
l'année  de  sa  mort. 

SAQUI. 

Mîr  Huçaïn  Ali  est  un  poëte  urdû  qui  prit  le  sur- 
nom de  Sâcfiii  ^.  Ali  Ibrahim  dit  simplement  qu'il  a  lu 
des  gazai  de  cet  écrivain ,  mais  qu'il  ne  peut  donner 
sur  son  compte  aucun  autre  renseignement.  Il  ne  cite 
de  lui  qu'un  seul  vers. 

SAQUIB. 

Miyân  Schihâh  uddîn  Sâquib  ^  était  derviche  de  pro- 
fession et  vivait  à  Dehli  sous  Muhammad  Schâh.  C'était 
un  homme  d'esprit,  qui  s'occupait  de  poésie  hindous- 

'  «JLo  auteur,  etc. 

*  ^/*Li-Xj  .  Voyez  p.  89. 
'  ^i^Au  échanson. 

*  fci.^lj   brillant ,  sublime. 


^46  BIOGRAPHIE 

tani.  Il  fut  d'abord  élève  de  Miyân  Schâli  Mubârak 
Abrû;  puis  il  soumettait  ses  vers  à  Sirâj  uddîn  Alî 
Khan  Arzû.  Mîr  l'avait  beaucoup  connu.  A  l'époque 
où  il  écrivait  sa  biographie ,  Sâquib  était  retourné  dans 
son  pays  natal,  qui  était  des  dépendances  de  Bârah^; 
il  y  pratiquait  toutes  les  vertus  et  ne  s'occupait  en 
aucune  façon  des  choses  du  monde.  Voici  la  traduc- 
tion de  deux  vers  de  lui  cités  dans  les  biographies 
originales. 

La  maîtresse  cruelle  qui  a  occasionné  la  mort  de  Sâquib,  est 
venue  auprès  de  son  cercueil ,  et  a  osé  demander  qui  était  mort  et 
quel  était  ce  convoi. 

SARMAD. 

Muhammad  Sarmad  ^  Câzî  (juge),  de  Séringapatam , 
est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  Kliulcœa-i  sultâni  ',  ou 
Exposition  abrégée  de  la  loi  musulmane,  compilé  par 
l'ordre  du  sultan  Tippou ,  en  dialecte  dakhnî.  L'exem- 
plaire de  cet  ouvrage  qui  était  dans  la'  bibliothèque 
de  Tippou  a  passé  dans  celle  du  collège  de  Fort- William. 
C'est  apparemment  un  commentaire  sur  cet  ouvrage 
dont  on  trouve  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  du 
ministre  du  Nizâm  à  Haïderâbâd  ;  il  est  intitidé  Kaschf 
ulkhalâça  ^.  Ce  dernier  ouvrage  est  sans  doute  le  même 
qu'on  a  pubhé  à  Calcutta  (à  X Asiatic  Iitli0(jrap1iic  press). 

ty^^j^Mi  éternel. 
"    jUaA.*v    iUa^V^  .  i'i  i.'i  lettre,   abréçjè  st\ltanien. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  kkl 

Il  est  écrit  en  urdû  et  en  vers.  Il  roule  sur  les  ques- 
tions de  là  loi  musulmane  les  plus  nécessaires  à  con- 
naître, matières  dont  il  est  indispensable  d'être  ins- 
truit si  l'on  veut  être  compté  au  nombre  des  savants. 
C'est  ainsi  qu'on  s'exprime  au  sujet  de  cette  publication 
dans  un  catalogue  rédigé  en  persan. 

SAR-SABZ 

Mirza  Zaïn  ulâbidîn  Khan  Sar-sabz  \  connu  aussi 
sous  le  nom  de  Mirzâ  Mendo  ^,  était  un  des  fils  du 
nabâb  Sâlâr-jang.  Ses  ancêtres  vinrent  dans  l'Hindous- 
tan  sous  le  règne  de  Farrukh  Siyâr  et  y  occupèrent  un 
rang  distingué  qui  les  rapprocha  du  souverain.  Mushafî 
dit  que  Sar-sabz  était  un  jeune  homme  modeste  et 
plein  d'intelligence ,  qui  était  adonné  à  l'étude  des  livres 
de  religion  et  des  questions  positives  de  la  théologie. 
Il  eut  aussi,  dès  son  enfance  la  plus  tendre,  un  goût 
prononcé  pour  la  poésie  hindoustani.  Parvenu  à  l'âge 
de  dix-sept  ans,  il  fit  un  diwân,  et  depuis  ce  temps  il 
fréquenta  pendant  quatre  ans  Mushafî,  et  se  perfec- 
tionna sous  lui  dans  l'art  de  la  poésie.  Ce  dernier  cite 
deux  pages  et  demie  des  vers  de  notre  écrivain. 

SARSCHAR. 

Mulûk-chand  Sarschâr^  est  compté  parmi  les  poètes 

'   y^..^»^y,Aln   tète  verte  ,  c'est-à-dire  frais ,  florissant. 
^  Ce  mot  est  écrit  ^tSJ<Aya  clans  \e  tazkira  de  Mushafî. 
'  jU'w^w  ivre,  etc. 


448  BIOGRAPHIE 

hindoustani.  Mannû  Lâl  cite  de  lui,  dans  son  Giildasta, 
un  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Cette  voleuse  de  cœurs  marche  au  milieu  de  ses  belles  com- 
pagnes, avec  grâce  et  d'un  air  compassé.  On  croirait  voir  la  lune 
lorsqu'elle  fait  lentement  sa  promenade  nocturne  au  milieu  des 
étoiles. 

SAUDA. 

Mirzâ  Muhammad  Rafî  Saudâ  \  fds  de  Muhammad 
Schafî,  du  Caboul,  est  un  des  poëtes  hindoustani  les 
plus  célèbres.  On  lui  donne  même  le  nom  de  Malik-i 
Schuarâ-é  hindi,  ou  Prince  des  poëtes  hindoustani.  Il 
y  a  néanmoins  des  Indiens,  selon  Mushafî ,  qui  trouvent 
dans  les  poésies  de  Saudâ  des  fautes  évidentes  et  des 
plagiats  réels.  Il  naquit  à  Dehli,  où,  selon  l'expression 
des  biographes  originaux,  il  fut  le  maître  du  sultan  et 
du  vizir,  et  le  compagnon  des  omra.  Ali  Ibrahim  s'ex- 
prime ainsi  sur  son  compte  :  «  Quoique ,  dit-il ,  sa  cé- 
«  lébrité  soit  telle  qu'elle  n'a  pas  besoin  d'être  inscrite 
«sur  les  tables  du  palais  de  la  gloire,  cependant,  par 
«justice,  je  dois  orner  ces  pages  de  la  mention  de  ses 
«  qualités.  Ce  grand  personnage  est  un  des  plus  rares 
«génies  et  des  plus  habiles  écrivains  de  l'Hindoustan. 
«Entre  ses  contemporains,  ajoute  Ali  Ibrahim  en    se 

^  tâk»Aw  folie  (  d'amour).  Au  sujet  de  ce  takhallus,  quelques  auteurs 
européens  ont  prétendu  que  notre  poëte  le  prit  parce  que  ses  satires 
lui  ayant  attiré  des  ennemis ,  il  contrefit  l'insensé  ;  mais  je  ne  lis  rien 
de  cela  dans  les  Biographies  originales,  et  je  suis  porté  à  croire  que  c'est 
un  conte  imaginé  pour  rendre  raison  de  ce  singulier  surnom  de  Folie , 
lequel  n'est  cependant  pas  plus  ridicule  que  celui  de  Brûlure  (  Soz  ) , 
Soupir   (  Afsos  ) ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  449 

«servant  du  style  le  plus  métaphorique,  il  plaça  la 
«balle  de  la  prééminence  sur  la  fenêtre  de  l'élévation 
«  de  telle  façon  que  la  main  de  ses  émules  n'a  pu  y 
«  atteindre.  La  sueur  de  la  faiblesse  atteint  le  feu  lui- 
«  même ,  qui  se  trouve  surpassé  dans  sa  chaleur  par  la 
«langue  brûlante  de  Saudâ,  dont  les  vives  étincelles 
«pénètrent  jusqu'à  lui;  et  l'eau,  à  cause  de  la  jalousie 
«qu'elle  éprouve  de  ses  vers  coulants,  va  se  cacher  sous 
«terre.» 

Les  poésies  de  Saudâ  sont  remarquables  par  la  har- 
diesse des  métaphores,  foriginalité  des  pensées  et  le 
charme  de  l'expression.  Son  diwân  est  étendu.  Il  a  ex- 
cellé dans  tous  les  genres  de  poésie,  notamment  dans 
le  cacîdalî,  le  gazai,  et  surtout  la  satire;  il  était  aussi 
habile  en  musique.  Le  degré  de  supériorité  de  ce  poète 
hindoustani  n'est,  dit-on,  surpassé  par  aucun  autre.  Il 
occupe,  selon  les  biographes  originaux,  le  premier  rang 
parmi  les  anciens  et  les  modernes. 

Les  Anglais  ont  avec  raison  surnommé  Saudâ  le 
Juvénal  de  l'Inde,  parce  qu'il  a  écrit  des  satires  où 
brille  l'esprit  de  ce  poète  romain,  mais  où  se  trouve 
aussi  souvent  le  peu  de  retenue  de  ses  expressions. 

Mîr  Taquî  a  consacré  un  article  à  cet  écrivain  dans 
sa  biographie.  Il  en  parle  comme  d'un  spirituel  jeune 
homme,  ami  de  la  joie  et  du  plaisir,  qui  excellait  dans 
le  gazai,  le  masnawî,  le  quita,  le  mukhammas,  le  rubâî, 
enfin  dans  tous  les  genres  de  poésie.  Lutf  trouve,  au 
contraire,  que  ses  cacîdah  sont  ce  qu'il  a  écrit  de  plus 
parfait. 

Mîr  reconnaît  aussi  en  lui  le   premier  des   poètes 
1.  29 


/i50  BIOGRAPHIE 

hindoiistani ,  leur  roi;  et  il  emploie  à  son  tour,  pour 
le  louer,  ces  paroles  hyperboliques  :  a  Chacun  de  ses 
avers  charmants  qui  ont  été  introduits  dans  le  jardin 
«  de  l'éloquence  indienne  sont  des  bouquets  de  fleurs 
u  des  pensées ,  et  chacun  de  leurs  hémistiches  bien 
((  mesurés  est  pareil  au  cyprès  libre.  »  Lutf  se  sert , 
en  le  louant,  d'expressions  encore  plus  hyperboliques 
Mir  fait  surtout  l'éloge  de  sa  satire  du  cheval,  intitulée 
Dérision  du  siècle  ^  Il  dit  que  dans  ce  poëme  Saudâ  a 
dépassé  les  limites  de  l'art  ^.  Mushafî  compare  les  vers 
de  Saudâ  à  ceux  du  poëte  persan  Khacânî.  Il  dit  qu'il 
était  reçu  avec  honneur  partout  où  il  allait. 

Saudâ ,  qui  était  du  reste  militaire  de  profession , 
quitta  Dehli  après  la  dévastation  de  cette  ville ,  à  fâge 
de  soixante  ans,  et  après  avoir  séjourné  dans  différents 
endroits,  il  alla  jeter  à  Lakhnau  fancre  de  la  résidence, 
comme  s'expriment  les  biographes  originaux.  Le  nabab 
Açaf  uddaula  le  combla  d'honneurs  et  de  dignités,  et 
lui  donna  un  jàguîr  (terre  féodale)  du  revenu  de  6000 
roupies  par  an  (iSooo  fr.).  C'est  par  reconnaissance 
qu'il  a  écrit  plusieurs  cacîdah  à  la  louange  de  ce  géné- 
reux souverain.  Schuj a  uddaula,  nabab  du  Bengale,  le 
reçut  aussi  avec  distinction  à  sa  cour.  Parvenu  à  fâge 
de  soixante  et  dix  ans,  selon  Ibrahim  et  Lutf,  d'autres 
disent  de  quatre-vingt-dix,  il  se  rendit  à  fappel  de 
Dieu.  Pour  parler  sans  figure,  il  mourut  k  Lakhnau 

1    j\S\»\  .4  L  -ai  'i.  Ce  titre  n'existe  pas  dans  les  manuscrits  des 

œuvres  de  Saudâ. 

*  Dans  le  second  volume    de  cet  ouvrage  ou  trouvera  la  traduction 
de  plusieurs  pièces  de  cet  écrivain. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  451 

en  1 195  de  l'hégire  (1780  de  J.  C),  et  y  fut  enseveli 
dans  rimâm-bârâ  d'Acâ  Bâquir.  Chacun  s'empressa 
d'écrire  des  tarîkh  en  vers  pour  fixer  dans  la  mémoire 
l'époque  de  la  mort  de  ce  grand  poëte.  Un  des  plus  cé- 
lèbres est  celui  que  cite  Alî  Ibrahim  :  il  est  en  persan,  et 
on  le  doit  à  Mir  Camar  uddîn  Minnat.  Mushafi  en  rap- 
porte un,  en  hindoustani,  de  Mir  Fakhr  uddîn  Mâhir, 
et  un  autre  de  lui-même,  en  persan.  Il  paraît  même 
que  Lutf  fit  sur  cette  date  un  quatrain  hindoustani 
qu'on  grava  sur  la  pierre  du  tombeau  de  Saudâ ,  tarîkh 
dont  il  donne  le  texte  et  dont  voici  la  traduction  : 

Lorsque  Saudâ  partit  pour  l'élernité,  les  gens  équitables  lais- 
sant toute  prévention,  confessèrent  qu'il  était  mort  un  homme 
d'une  incontestable  habileté;  bien  plus,  que  le  prince  des  poètes 
de  l'Inde  avait  quitté  la  terre. 

Mushafî  dit  que  le  diwân  de  Saudâ  a  acquis  une 
si  grande  célébrité,  que  des  exemplaires  en  sont  par- 
venus en  Perse  et  en  Europe,  et  on  peut  ajouter  qu'il 
a  été  apprécié  par  ceux  qui  ont  pu  le  lire. 

La  collection  complète  des  poésies  de  Saudâ  porte 
le  titre  ordinaire  de  Kallijât  :  j'en  possède  plusieurs 
manuscrits  dans  ma  collection  particulière;  un  entre 
autres  très-beau,  que  je  dois  à  la  généreuse  obligeance 
de  M.  N.  Bland,  un  de  mes  anciens  auditeurs,  membre 
distingué  de  la  Société  royale  asiatique  de  Londres.  Il 
y  en  a,  à  la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta,  un  exemplaire  enrichi  de  dessins. 

On  a  donné  à  Calcutta,  en  1810,  un  volume  in-/i°  ^ 

'  Uns  édition    complète   des   œuvres    de    Saudâ  avait  été  annoncée 


452  BIOGRAPHIE 

de  morceaux  choisis  de  Saudâ ,  sous  le  titre  de  IntikMb-i 
Kulliyât-i  Saudâ  (Choix  des  œuvres  complètes  de  Saudâ  ) . 
Cette  publication,  revue  par  Scher  Alî  Afsos,  Kâzim 
Alî  Jawân  et  Muhammad  Aslam  \  n'est  pas  parfaite- 
ment correcte,  parce  que  les  éditeurs  n'avaient  à  leur 
disposition  qu'une  seule  copie  très-fautive  des  œuvres 
de  ce  poète. 

Parmi  les  livres  de  la  bibliothèque  de  Sirâj  uddaula 
d'Haïderâbâd ,  il  y  a  un  volume  intitulé  Marâcî-i  Mirzâ 
Rafî  '^  ou  Élégies  de  Saudâ.  Or  il  est  bon  de  faire 
savoir  au  lecteur  que  dans  les  collections  de  poésies 
de  Saudâ  que  je  possède  il  n'y  a  pas  de  pièce  portant 
le  titre  de  Marsiya,  ce  qui  suppose  que  ces  collections 
ne  sont  pas  complètes.  Il  n'y  a  pas  non  plus  de  salâm  ^, 
et  cependant  les  biographes  originaux  nous  apprennent 
qu'il  en  a  fait. 

SAYA. 

Salim  Sâya*  est  un  poète  qui  habitait  Dehli;  le  court 

gazai  suivant  est  de  lui  : 

Dans  l'amour  de  cette  infidèle,  je  n'acquerrai  pas  de  renom- 
mée; hélas!  je  n'ai  pas  l'habileté  nécessaire  pour  parvenir  à  m'en 
faire  aimer.  Me  plaindrai-je  de  la  tyrannie  du  ciel  ?  Je  voudrais 

comme  étant  sous  presse,  à  Calcutta,  en  i8a3  ;  elle  devait  se  composer 
de  trois  volumes  in-4°.  Voyez  Primitiœ  Orientales,  tom.  III,  pag.  lij. 
'  (t^M^  6st  rendu  dans  le  Dictionnaire  de  Meninsky  par  certior,  tatior. 

2  •        t  •  •••  t 

^j  Ur*  3>* 

'  ><<^Vav,  sorte  de  poëme  à  la  louange  d'un  individu,  c'est-à-dire  le 
contraire  de  la  satire;  j'en  ai  déjà  parlé  p.  27  et  ailleurs. 

*    XjLm(   ombre. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  453 

périr  consumé  par  le  feu ,  mais  il  n'y  a  nulle  part  le  menu  bois 
nécessaire  à  cette  opération. 

Comment  les  rossignols  pourront-ils  se  sauver  de  leur  cage, 
eux  à  qui  personne  ne  rend  justice? 

Quoique  j'aie  déchiré  mon  cœur,  je  n'ai  pu  atteindre,  comme 
l'ombre  {Sâja),  jusqu'aux  tresses  de  ma  bien-aimée  (  malgré  leur 
longueur). 

SAYIL. 

Mirzâ  Muhammad  Yâr  Beg  Sâyii  ^  était  de  la  nation 
des  Uzbek,  mais  il  naquit  dans  l'Hindoustan  et  était  mi- 
litaire de  profession.  C'est  un  poète  qui  fut  d'abord  dis- 
ciple de  Schâh  Hàtim,  et  qui  s'attacha  ensuite  à  Mirzâ 
Rafî  Saudâ.  Il  a  suivi  les  doctrines  de  l'ancienne  école 
urdû,  ainsi  que  le  prouvent  quelques-uns  de  ses  vers 
cités  par  Mushafi  dans  son  tazkira. 

SCHAD. 

Ilah  Yâr  Beg  Schâd  ^  est  un  poëte  hindoustani , 
Mongol  de  nation  et  disciple  de  Mushafî.  Béni  Narâyan 
cite  une  pièce  de  vers  de  cet  écrivain. 

SGHADAB. 

Lâlâ  Kliusch-wact  Râé  Schâdâb  ^  habitait  la  ville 
connue  sous  le  nom  de  Naddia  et  appelée  aussi  Chand- 

fi 

'   ^oU*i   mendiant. 

*  ^L«w  content. 

*  <_>!:> Lw  frais,  etc. 


454  BIOGRAPHIE 

pur.  Il  excellait  surtout  dans  Yiiischâ^.  Il  a  aussi  laissé 
des  vers  hindoustani.  Aiî  Ibrahim  en  cite  quelques-uns. 

SGHADANl 

Le  râjâ  Chandù  LaP  Maliârâj  Balladur,  d'Haïder- 
âbâd,  est  un  personnage  distingué  par  sa  naissance  et 
son  amour  pour  les  lettres  qu'il  cultive  avec  succès. 
Dans  les  poésies  hindoustani  (urdù)  qu'il  a  mises  au  jour, 
il  a  pris  le  takhallus  de  Scliâdân.  Parmi  les  livres  de  sa 
bibliothèque,  où  il  existe  plusieurs  manuscrits  hindi 
précieux  dont  plusieurs  sont  peut-être  uniques ,  se  trou- 
vent trois  volumes  de  ses  ouvrages  :  le  premier  est  inti- 
tulé Diwân  0  caçâïd  tasnîf  Mahârâj  Bahâdur;  le  deuxième 
Diiuân-i  Scliâdân  ;  le  troisième,  qui  est  le  recueil  complet 
de  ses  œuvres  poétiques ,  porte  le  titre  de  Kulliyât-i  Ma- 
hârâj Balladur  miitalîhallas  ha  Scliâdân.  C'est  au  colonel 
J.  Stewart,  résident  anglais  à  la  cour  de  son  altesse  le 
Nîzâm,  que  je  dois  la  liste  des  ouvrages  hindoustani  qui' 
font  partie  de  la  bibliothèque  de  Chandù  Lai ,  collection 
que  j'ai  citée  plusieurs  fois  dans  le  courant  de  mon 
ouvrage. 

SCHAFL 

Mîr  Muhammad  Schafi  *  fut  un  des  compagnons  de 

'  J'ai  expliqué  plus  haut  ce  qu'il  faut  entendre  par  ce  mot. 

^   /jliLw  content. 

'  J^x)  5 «XÀs»  serait-ce  un  mot  composé  hindou-persan ,  signifiant 

chéri  dnsincje?  de  ^T?  p^^'t  singe,  et  de  Jk.xJ  pour  JiJ  chéri,  enfant,  etc. 

'  AAXïi  intercesseur. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  455 

Mirzâ  Muhammad  Rafî  Saudâ  et  de  Muhammad  Taqiiî 
Mîr.  Il  vivait  à  Lakhnau  à  l'époque  où  écrivait  Ali 
Ibrâliîm,  et  y  faisait  profession  d'indépendance  spiii- 
tuelle.  On  a  de  lui  des  vers  hindoustani  estimés  dont 
Ail  Ibrahim  donne  un  échantillon. 

SCHAFI  (AMIN  UDDIN). 

Amîm  uddîn  Schâfî  \  de  Dehli,  est  un  poëte  urdû 
qui  était  dans  la  misère  à  Patna,  en  1 196  de  l'hégire 
(1781-1782),  époque  où  Ali  Ibrahim  écrivait  sa  bio- 
graphie. C'est  une  chose  fort  commune  dans  tous  les 
pays  que  les  gens  de  lettres  malheureux.  Pétrarque  a  dit 
quelque  part  : 

Povera  e  nuda  vai ,  filosofia. 

Ali  Ibrahim  rapporte  un  seul  vers  de  ce  poëte  aban- 
donné de  la  fortune. 

SGHAFIG. 

Mazhar  Ali  Khan  Schafîc^  est  compté  parmi  les 
poètes  hindoustani.  Mannû  Lâl  cite  de  lui  un  vers  dont 
voici  la  traduction  : 

Ecarte  loin  de  ton  visage  ce  voile  importun,  et  serre-moi  contre 
ion  sein  :  tel  est  le  désir  de  mon  cœur. 

'    il*y  guérisseur. 

'   /ÀJJLii  compatissant ,  affectionné  ,  ami. 


456  BIOGRAPHIE 

SCHAGUIL^ 

Ce  poëte  fut  élève  de  Bismil;  il  consulta  quelquefois 
aussi  Mîr  Taquî.  Ce  dernier,  ainsi  que  Fath  Ali  Huçaïnî, 
citent  de  lui  un  vers  dont  je  joins  ici  la  traduction  : 

Le  souvenir  de  ton  visage  vermeil  et  des  noires  boucles  de  tes 
cheveux  ne  s'éloignera  jamais  de  Scliâguil ,  puisque  ta  face  et  ta 
chevelure  sont  pour  lui  le  jour  et  la  nuit. 

SCHAGUIRD. 

Muhammad  Schaguird  -  fut  un  des  amis  de  Muham- 
mad  Alî  Hisclimat,  célèbre  écrivain  dont  il  a  été  parlé 
précédemment.  Il  a  surtout  fait  des  poëmes  en  stances 
de  trois  vers,  compositions  qu'on  nomme  salâçat^. 

SCHAH  ALI. 

Mîr  Schâh  Alî  Khan,  de  Dehli,  était  un  jeune  poëte 
remarquable  par  sa  beauté,  mais  dans  une  position  fâ- 
cheuse de  fortune.  Il  vint  à  Murschîdâbâd ,  où  il  vécut 
quelque  temps  dans  le  bien-être;  mais  lors  du  ren- 
versement de  la  fortune  de  Siràj  uddaula,  il  quitta 
Murschîdâbâd  et  alla  â  Lakhnau;  puis  étant  venu  à 
Azîmâbâd ,  sous  le  gouvernement  du  nabâb  Alî  Jâh  Mîr 

*■  J<s\jSi  occupé  ,  attentif,  etc. 
^  àjS  Li  disciple. 

o^V5',  mot  arabe  qui  signifie  trois. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  457 

Muhammad  Càcîm  Khàn ,  il  fut  attaché  à  la  cour  de  ce 
prince.  Enfin,  il  se  rendit  dans  le  Décan  où  il  mourut. 

SCHAHI. 

Schâh  Culî  Khan ,  du  Décan ,  prit  pour  surnom  poé- 
tique l'adjectif  scluihi^  (royal),  formé  de  son  prénom 
honorifique  Schâh  (roi)  2.  Il  vivait  à  Haïderâhâd,  et  il 
était  du  nombre  des  officiers  de  Tânâ  Schâh  ^.  Il  a 
écrit  surtout  beaucoup  de  marciya  :  on  le  cite  parmi  les 
poètes  anciens.  Dans  la  bibliothèque  d'Açaf  uddaula, 
roi  d'Aoude,  se  trouvait  un  manuscrit  de  ses  cacîdah 
et  de  ses  gazai.  Il  est  intitulé  Caçâïd  0  cjazUyât-i  Hazrat 


Schâhi 


4 

SCHAHID. 


Le  maulawî  Gulàm-i  Huçaïn  Schaliîd  ^,  de  Gâzîpûr, 
est  compté  parmi  les  poètes  urdû.  Il  fut  pendant  quel- 
que temps  le  compagnon  du  nabab  Fazl  Ali  Khân  de 
Gâzîpûr,  et  il  vécut  alors  dans  les  honneurs.  Ali  Ibra- 
him nous  fait  savoir  que  c'était  un  homme  grave  qui 
s'exprimait  avec  facilité.  Il  fut  un  des  savants  juriscon- 
sultes qui  furent  désignés  pour  former  le  tribunal  de 
Bénarès,  à  la  tête  duquel  Ali  Ibrahim  fut  placé.  Il  vivait 
encore  en  1  1  96  (1  782).    . 

"  Voyez,  sur  ce  nom  que  se  donnent  les  derviches,  mon  Mémoire  sur 
la  relitjion  mmiilmane  clans  l'Inde ,  pag.  47- 
~'  Voyez  l'article  consacré  à  ce  personnage. 

^    <XA.f-vw  marh'r,  etc. 


458  BIOGRAPHIE 

SGHAIC. 

Mîr  Hâjî  Schâïc^  est  compté  parmi  les  poètes  hin- 
doustani.  Mannû  Lâi  cite  de  lui  un  vers  dont  je  joins 
ici  la  traduction  : 

Je  ne  m'inquiète  de  rien  dans  le  monde  :  la  poussière  du  cha- 
grin ne  souille  jamais  le  miroir  de  mon  cœur. 

SCHAIC   (MUHAMMAD). 

Miyân  Pîr  Muhammad  Schâïc  est  un  poète  urdû 
distingué,  qui  fut  d'abord  disciple  de  Miyân  Hâschamî, 
puis  de  Calandar-bakhsch  Jurât,  écrivains  dont  il  a  été 
parlé.  Béni  Narâyan  rapporte  de  lui  un  gazai  erotique. 

SCHAIC   (NAZIR  UDDIN). 

Nazîr  uddîn  Haçan  Schâïc  Curaïschî,  fils  de  Gulâm-i 
Muhî  uddîn  ^,  est  auteur  d'une  grammaire  rédigée  en 
hindoustani  et  intitulée  Masdar-i  fayûz  ^,  titre  qui  sert 
en  même  temps  de  tarîkli  à  cet  ouvrage.  En  effet,  en 
additionnant  la  valeur  numérique  des  lettres  arabes  qui 

'    /«->»-w  désireux. 

^  Mahi  uddîn  est  le  nom  d'un  saint  célèbre  dans  l'Inde  musulmane, 
sur  lequel  on  peut  consulter  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  dans 
l  Inde ,  pag.  i6  ctsuiv. 

'   /  yskA*  jJs-kO^  la  source  abondante.  En  employant  le  premier  mot, 

l'auteur  a  voulu  jouer  sur  son  autre  signification  de  nom  d  action,  sorte 
d'infinitif. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  459 

forment  ce  titre,  on  a  le  nombre  i2  3o.  Or  cette  année 
de  i'hégire  correspond  à  181  5  de  J.  G.  L'auteur  nous 
fait  savoii%  dans  sa  préface,  que  ce  traité,  destiné  à 
ceux  qui  étudient  le  persan  dans  la  ville  de  Bareily,  son 
pays  apparemment,  a  été  écrit  sous  les  auspices  du 
nabâb  Ahmad  Yâr  Khan,  fils  de  Muhammad  Zulficâr 
Khân.  Je  possède  une  copie  manuscrite  de  cet  ouvrage, 
que  je  dois  à  l'obligeance  du  laborieux  occidentaliste 
le  mahârâj  Kâli  Krichna.  La  transcription  de  cet  exem- 
plaire ,  faite  à  Galcutta  pour  cet  Hindou  distingué  par  le 
saïyid  Muhammad  Alî  Sâkin ,  a  été  terminée  le  2  8  açarh 
12  36  de  fère  du  Bengale,  qui  correspond  au  mois  de 
juillet  1829  de  J.  G.  Ge  traité  est  une  sorte  de  nomen- 
clature grammaticale  raisonnée  -,  il  se  compose  d'une 
invocation  en  vers  urdû,  d'une  préface,  de  trois  sec- 
tions et  d'un  épilogue.  G'est  un  petit  in-h°  de  2  2  /i  pages 
très-bien  peint. 

SCHAIDA  (AMANAT  ULLAH). 

Le  maulawî  Amânat  uUah  Bangalî,  c'est-à-dire  du 
Bengale,  prit  pour  takhallus  le  mot  Schaïdâ^.  Il  habi- 
tait Galcutta  en  1 8 1  /i ,  époque  où  Bénî  Narâyan  écrivait 
son  Anthologie.  Il  est  auteur  : 

1°  De  la  traduction  en  hindoustani  de  fEucologe 
musulman  ou  Musulmans  common  Prajer,  à  fusage  des 
Musulmans  sunnites,  volume  qu'il  a  intitulé  Hidâyat 
ulislâm  -,  ou  Guide  de  l'islamisme,  et  qui  a  été  imprimé 

'   1 1.V  \  r\'v  fou  d'amour. 


460  BIOGRAPHIE 

à  Calcutta  en  180 4.  J'ai  traduit  en  français  la  première 
partie  de  cet  ouvrage,  dans  l'opuscule  intitulé  Doctrine 
et  devoirs  de  la  religion  musulmane,  etc.  La  deuxième 
partie  contient  un  catéchisme  dans  le  genre  de  celui 
que  j'ai  traduit  du  turc  sous  le  titre  d'Exposition  de  la 
foi  musulmane,  etc.  Ce  volume  deyait  être  suivi  d'un 
autre  qui  n'a  jamais  paru  :  je  crois  qu'il  devait  contenir 
une  histoire  des  prophètes,  extraite  peut-être  du  Quissa-i 
Païrambarân  dont  il  a  été  parlé  à  l'article  sur  Mîràn. 

2°  Du  Sarf-i  urdâ  \  ou  Grammaire  urdù  en  vers  hin- 
doustani.  Ce  poëme  didactique  a  été  imprimé  à  Calcutta 
en  1810,  in-S".  J'en  ai  donné  l'analyse  dans  le  Journal 
asiatique,  en  iSSy,  je  ne  saurais  mieux  faire  que  d'y 
renvoyer  le  lecteur. 

3°  D'une  version  hindoustani  du  Coran,  intitulée 
Tarjama-i  Curân-i  scliarif'^,  c'est-à-dire  Traduction  du 
nohle  Coran.  Il  paraît  qu'il  fut  aidé,  dans  ce  travail, 
par  d'autres  savants.  On  conserve  cet  ouvrage  en  ma- 
nuscrit, à  la  hihliothèque  de  la  Société  asiatique  de 
Calcutta. 

li°  D'une  traduction  urdù  de  l'ouvrage  persan  inti- 
tulé Akhlâcju-i  Jalâli  ^,  ou  les  Caractères  de  Jalâl  uddîn 
Ardéwanî.  Cet  ouvrage,  qui  est  en  prose,  était  sous 
presse  à  Calcutta  en  iSoli  ^,  mais  je  crois  qu'il  n'a  ja- 

*  Vhldcuj-i  Julalce  ,  or  the  Ëtliics  of  Julalee .  trunslatcd  from  the  Persian 
hy  Umaiml  uUah ,  iindrr  the  siiperintcndcnce  of  captain  James  Moiiat,  as- 
sislanl  professer  of  Hind.  lantj.  [Primitiœ  Orientales,  iom.  III,  pag.  xxxij.) 


ET  -BIBLIOGRAPHIE.  461 

mais  paru.  Dans  le  catalogue  des  manuscrits  hindous- 
tani  du  collège  de  Fort-William ,  il  y  a  l'indication  d'une 
traduction  àeYAkhlcuia-i  Jalâli,  intitulée  Jâmi  ulalMâc^, 
c'est-à-dire  Collection  des  caractères.  C'est  le  même  ou- 
vrage qui  porte  cette  autre  désignation  :  il  est  effective- 
ment indiqué  sous  ce  double  titre,  dans  le  catalogue 
des  ouvrages  arabes,  persans  et  hindoustani  de  la  bi- 
bliothèque de  la  Société  asiatique  du  Bengale. 

5"  De  différentes  pièces  de  vers.  Voici  la  traduction 
d'une  de  ces  pièces  citée  par  Bénî  Narâyan  : 

Je  suis  venu  dans  ta  rue,  puis  je  me  suis  retiré  après  avoir 
beaucoup  pleuré,  et  maintenant  je  me  suis  retiré  ayant  lavé  mes 
mains  de  ton  union.  J'étais  venu  dans  l'espoir  de  gagner  quelque 
chose  dans  le  bazar  de  l'amour,  mais  je  me  suis  retiré  après  avoir 
perdu  l'argent  comptant  de  mon  cœur.  Considérez  un  peu  la  pro- 
menade du  jardin  de  l'existence;  oui,  je  m'en  suis  retiré  après  y 
avoir  planté  le  palmier  de  la  folie.  Que  vous  dirai-je,  mes  amis!  je 
me  suis  retiré  du  jardin  de  l'union ,  avec  mon  amie ,  après  y  être 
resté  un  matin  comme  la  rosée.  Je  me  suis  l'etiré  en  me  plaignant, 
ô  mon  amie,  de  ta  tyrannie  envers  Schaïdâ,  et  de  ta  fidélité  en- 
vers mes  rivaux ,  résultat  de  ton  mauvais  naturel. 

SGHAIDA  (FATH  ALI). 

Mîr  Fath  Alî  Scliaïdâ  ^,  de  Schamsâbâd  ^,  fds  adoptil" 
de  Mîr  Soz  et  disciple  de  Saudâ ,  fut ,  selon  Alî  Ibrâhîm , 
un  des  poètes  distingués  du  siècle  de  Schâh  Alam. 
Mushafî  parle  aussi  d'un   poëte  nommé  Scliaïdâ,  dis- 

^  Un  manuscrit  porte  «Xjyiw  tromperie. 

^  Près  d'Agra ,  78°  10'  de  longitude,  27°  2'  de  latitude. 


462  BIOGRAPHIE- 

ciple  de  Mîr  Muhammadî  Bédâr,  qui  était  un  jeune 
homme  d'un  caractère  agréable  et  passementier  de 
profession.  Il  résidait  à  Schahjahânâbâd,  où  il  jouissait 
d'une  position  honorable  et  employait  ses  moments  de 
loisir  à  écrire  des  vers.  Il  a  laissé  un  diwân  dont  on 
trouve  des  copies  à  Dehli.  Mushafî  en  cite  quelques 
vers. 

SGHAIDA  (HENGA). 

Khâjâ  Hengâ  Schaïdâ  est  un  poëte  hindoustani  dont 
Mannû  Lâl  cite  plusieurs  vers  dans  sa  Rhétorique  pra- 
tique; mais  je  ne  trouve  aucun  détail  sur  cet  écrivain 
dans  les  biographies  originales. 

SCHAIR. 

Mîr  Gulû  Schâïr^  était  parent  du  célèbre  Khâja  Mîr 
Dard.  Il  se  distingua  par  la  justesse  de  son  esprit  parmi 
les  poètes  du  siècle  de  Schâh  Alam  II.  Les  biographes 
originaux  citent  des  extraits  de  ses  productions. 

SGHAMSGHER. 

Schamscher  ^  Khan  Munschî  fut  d'abord  attaché 
au  service  du  célèbre  orientaliste,  diplomate  et  mili- 
taire John  Malcolm,  et  plus  tard,  en  182 5,  il  habitait 
Bangalor,  dans  le  Mysore,  où  il  rédigea,  avec  M.  James 

'      -cLi  poëtr. 

^    -jyôwç^  (■pèe  ,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  463 

Edward  Alexander,  une  traduction  en  hindoustani  du 
Décan,  tel  qu'on  le  parle  à  Madras,  des  Voyages  d'Iti- 
çâm  uddîn ,  écrits  en  persan  par  ce  dernier,  et  dont  la 
Société  asiatique  de  Paris  possède  un  exemplaire,  qui 
lui  a  été  donné  par  lord  Ringsborough.  Cet  ouvrage, 
intitulé  ScMgarf  nâma-i  fVilâyat  \  c'est-à-dire  les  Mer- 
veilles de  l'Europe,  contient  la  relation  d'un  voyage  fait 
en  Europe  en  1766,  intéressante  année  pour  la  Com- 
pagnie anglaise  des  Indes  orientales-,  car  c'est  dans  son 
cours  que  fut  conclu  le  fameux  traité  d'AUahâbâd,  par 
lequel  lord  Clive  obtint  du  malheureux  Schâh  Alam  le 
gouvernement  des  provinces  du  Bengale,  du  Biliâr  et 
d'Orissa.  Itiçâm  uddîn  fut  chargé  d'une  mission  de 
Schâh  Alam,  à  ce  sujet,  auprès  de  S.  M.  Britannique, 
et  ce  fut  le  motif  de  son  voyage,  dont  il  crut  devoir 
écrire  une  relation.  Jen  ai  donné  des  extraits  dans  le 
Manuel  du  cours  dliindoustani,  pag.  3o  et  suiv. 

SCHARAF. 

Mîr  Muhammadî  Scharaf  2,  neveu  du  nabab  Khân-i 
Dauran ,  s'est  fait  un  nom  parmi  les  écrivains  hindous- 
tani. 

SCHARAR. 

Mirzâ  Ibrahim  Beg  Scharar  ^  est  un  poëte  hindoustani 


00 5)»   <3(-«U  o>iLvi,  à  la  lettre,  livre  étonnant  d'Europe. 


^  0>-*2  noblesse  ,  excellence ,  etc. 
'   jwiw  étincelle. 


464  BIOGRAPHIE 

distingué.  Il  a  aussi  écrit  en  persan;  en  sorte  que  Mu- 
sliafî  lui  ayant  consacré  un  article  dans  sa  Biographie 
persane,  il  se  contente  de  mentionner  son  nom  et  de 
rapporter  de  lui  quelques  vers  dans  son  tazkira  urdû. 
W.  Price  ^  a  publié  de  Scharar  deux  gazai,  qui  sont 
devenus  dans  l'Inde  des  chants  populaires.  Voici  la  tra- 
duction d'un  de  ces  morceaux  : 

Mon  cœur  apprécie  le  goût  de  ce  doux  regard.  Une  boisson  dé- 
licieuse semble  en  eflFet  contenue  dans  ses  yeux  voluptueux.  Mille 
blessures  sont  ouvertes  à  cause  d'elle  comme  des  yeux;  moi  aussi 
je  montrerai  mon  sein  brûlé  par  l'amour.  Cette  homicide  beauté 
n'a  aucune  pudeur  du  meurtre  qu'elle  a  commis  en  me  privant  de 
la  vie  ;  que  dis-je?  elle  en  a  été  fière.  La  renommée  du  poil  follet 
qui  lui  tient  lieu  de  moustache,  est  parvenue  jusqu'en  Syi'ie,  et 
la  blessure  de  mon  cœur  s'est  ouverte  de  nouveau.  Le  zéphyr 
printanier  n'a  pu  épanouir  mon  cœur;  il  est  resté,  pour  toujours, 
resseiTé  comme  le  bouton ...  Je  suis  venu  dans  la  mer  rouge  de 
la  mort,  mais  je  n'ai  pu  y  demeurer  un  seul  instant  sans  y  périr 
comme  la  bulle  d'eau  qui  se  forme  à  sa  surface.  Conformément 
au  discours  de  Mir',  Scharar  a  jeté  loin  de  lui  l'argent  comptant 
de  la  vie.  C'est  ainsi ,  grâce  au  ciel ,  que  la  vérité  de  son  amour  a 
été  constatée. 


SCHAUC  (GULAM-I  RACUL). 

Mirzâ  Gulâm-i  raçûl  Schauc  ^  est  un  écrivain  hin- 
doustani  dont  on  trouve  un  haït  dans  le  Giildasta-i 
nischât.  Voici  la  traduction  de  cette  sorte  de  distique  : 

'   Hindee  and  Hindoostanee  Sélections,  pag.  4i4,  i"''  édit. 
'^  Mîr  Taquî.  Voyez  son  article. 
■'    ^ij^-vï  désir. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  465 

Hier,  eu  faisant  voir  ses  beaux  yeux,  celle  infidèle  a,  de  ses 
l'egards,  tué  le  monde.  Elle  ne  sort  jamais  qu'après  avoir  formé 
sur  ses  cils  une  ligne  de  surma  pareille  à  celle  de  l'écriture. 


SCHAUG   (HAGAN  ALI). 

Miyân  et  Mîr  Haçan  Alî  Schauc  naquit  à  Dehli.  Il 
était  militaire,  et  il  fut  attaché  à  la  cour  du  nabab  Imâd 
ulmuik  Gazî  uddîn  Khan.  Son  maître  dans  l'art  de  la 
poésie  fut  Sirâj  uddîn  Aiî  Khân  Arzû,  chez  qui  Mîr  l'a- 
vait souvent  rencontré.  Ses  vers  sont  remarquables  par 
l'originalité  des  pensées  et  le  coloris  de  l'expression,  Mîr 
en  cite  environ  deux  pages. 

Schaac  est  aussi  le  takhalius  du  père  de  Tahcîn.  Voyez 
ce  titre. 

SGHAUKAT^ 

Jonathan  Scott,  connu  par  sa  traduction  des  Mille  et 
une  Nuits,  s'était  aussi  occupé  d'hindoustani.  Il  nous  a 
fait  connaître  quelques  pièces  de  vers  du  poète  Schau- 
kat,  pièces  d'où  je  tire  les  lignes  suivantes  : 

Quel  ange  implorerai-je  ?  Mon  cœur  est  atteint  d'égarement.  La 
folie  m'a  été  destinée  ;  c'est  un  instrument  de  la  Providence.  J'ai 
caché  mes  pensées,  ô  ma  bien-aimée!  toutefois  le  dard  de  tes 
sourcils  a  trouvé  sa  place  dans  mon  cœur. 

Je  t'ai  crue  sans  art ,  ô  ma  bien-aimée  !  mais  par  l'effet  de  la 
compagnie  de  mes  rivaux,  tu  es  devenue  adroite  et  rusée.  Qui- 
conque a  visité  la  limite  du  néant,  n'est  jamais  revenu.  Retourner 
d'un  lieu  pareil,  c'est  chose  difficile.  Ainsi  personne,  ô  Schaukat, 

'   ij^^J^  puissance ,  dignité. 

I.  3o 


46G  BIOGRAPHIE 

ne  saurait  renoncer  à  ton  amour,  quand  même  le  genre  humain 
tout  entier  voudrait  l'y  forcer  \ 


SCHIFA. 

Hakîm  \âr  Alî  Schifà^  était  contemporain  de  Mu- 
hammad  Alî  Hischmat.  Voilà  tout  ce  que  dit  de  ce  poëte 
médecin  Alî  Ibrahim,  qui,  de  plus,  cite  de  lui  un  vers. 

SGHIGUFTA  (BUDH  SINGH). 

Budh  Singh  Schigufta  ^  est  compté  parmi  les  poètes 
hindoustani.  Mannû  Làl  rapporte  de  lui  un  vers  dont 
voici  la  traduction  ;  il  paraît  extrait  d'un  Sâqui  nâma  : 

Les  buveurs  ont  brisé  les  verres,  ils  ont  mis  en  pièces  les  bou- 
teilles. Dis-moi  donc,  ô  échanson,  à  qui  est  le  jardin  où  sont  de 
pareils  ivrognes  ? 

SCHIGUFTA  (SAIF  ALI). 

Mirzâ  Saïf  Alî  Schigufta  Bakht ,  et  simplement  Schi- 
gufta, était  fds  de  Schujâ  uddaula,  nabâb  d'Aoude,  qui 
régna  sur  ce  pays  de  lySG  à  lyyS.  Mushafî,  dans  sa 
biographie,  dit  que  c'était  un  jeune  homme  spirituel, 
doux  et  modeste,  qui  s'occupait  de  poésie.  Il  prit  d'a- 
bord le  takhallus  de  Bajân,  et  ensuite  celui  de  Schi- 
gufta. Il  consultait  sur  ses   productions  Mirzâ  Râzim 

'   W.  Ouseley,  Orienlal  Collections ,  tom.  II,  pag.  896. 
^  IjuCi  (juérison.  allusion  à  sa  profession  de  médecin. 

'   AXÀX.W  èpanoai. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  467 

Ail  Jawân.  Ses  vers  sont  écrits  dans  un  style  sublime 
et  pur,  ses  cacîdali  surtout.  Mushafî  avait  vu  à  Laklinau 
la  collection  des  poésies  de  Schigufta,  et  il  en  cite 
quelques  vers.  De  son  côté,  Mannù  Lâl  en  cite  aussi 
un  bon  nombre  dans  son  Guldasta-i  nischât. 


SGHIHAB   UDDIN\ 

On  doit  à  cet  écrivain  un  recueil  en  vers  contenant 
différentes  pièces,  et  nommément  un  Kok  Schastar'^.  Il 
est  intitidé  Majmûa,  etc.  ^  La  bibliothèque  de  la  Société 
asiatique  de  Calcutta  en  possède  un  exemplaire. 

SCHIKÉBA. 

Schaikli  Gulâm-i  Huçaïn  Schikéba  ^  est  un  poëte 
hindoustani  dont  Mannû  Lâl  cite  un  vers  seulement, 
qui  n'offre  rien  de  remarquable,  dans  son  curieux  et 
intéressant  ouvrage  intitulé  Guldasta-i  niscliât. 

SCHIROH. 

Muhammad  Rizâï  Schikoh  '',  ami  de  Mirzâ  Catîl,  est, 
selon  Mushafî ,  un  poëte  qui  n'a  pas  beaucoup  écrit , 

'    /wtXJÎ   oL<^  l'étoile  de  la  religion. 

^  Voyez,  pag.  55,  ce  que  j'ai  dit  des  ouvrages  portant  ce  titre. 

*  IaaX*»;  palirnt. 

^   a%iw.w  dicjniiè ,  grandeur,  etc. 

3o. 


/ 


468  BIOGRAPHIE 

mais  dont  toutes  les  pièces  de  vers  sont  marquées  au 
coin  du  véritable  génie  poétique. 

SCHOR. 

Aslû^  Beg  Schor^  est  compté  parmi  les  poètes  hin- 
doustani.  Mannû  Lâl  cite  dans  sa  Rhétorique  pratique 
un  fragment  d'un  gazai  de  cet  écrivain. 

SGHORI. 

Poëte  hindoustani,  natif  de  Lakhnau,  dont  le  général 
J.  S.  Harriot  a  recueilli  des  vers  qu'il  prise  beaucoup. 

SGHORISH. 

Mîr  Gulâm-i  Huçaïn  Scliorisli  '\  d'Azîmâbâd  (Patna), 
plus  connu  sous  le  nom  de  Mîr  Balinya,  était  neveu  (fils 
de  sœur)  de  Mulla  Mîr  Wahîd  et  disciple  de  Mîr  Bàkir 
Hazîn.  Il  était  très-orgueilleux  et  fier  de  son  mérite.  Il 
a  composé  en  rekhta  un  tazkira  (ou  biographie)  des 
poètes  hindoustani.  Il  a  écrit  aussi  beaucoup  de  poésies, 
qui  ont  été  réunies  en  diwân.  Il  mourut  en  iigS 
(1781).  Alî  Ibrâhîm,  qui  le  connaissait,  cite  plusieurs 
pages  de  ses  vers. 

'  ^\ 

-  jy^  brait. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  469 

SGHUHRAT. 

Mirzâ  Muhammad  Alî  Scliulirat  ^  de  Dehli ,  était  un 
des  disciples  de  Yahya  Mân  Jurât.  Il  se  retira  à  Lakh- 
nau,  où  il  vivait  encore  en  i  196  (1781-1782).  Alî  Ibra- 
him cite  seulement  deux  vers  de  ce  poëte  urdû,  et 
Mushafî  quatre. 

SGHUHRAT   (GULAM-I  HUGAIN). 

Maulawî  Gulâm-i  Huçain,  de  Gâzîpûr,  passa  quel- 
que temps  dans  les  honneurs  avec  le  nabâb  Fazl-i  Alî 
Khân,  de  Gâzîpûi';  puis  il  fut  attaché,  à  Bénarès,  au 
même  tribunal  dont  Alî  Ibrahim  était  président.  On  le 
compte  parmi  les  écrivains  hindoustani,  et  on  trouve 
dans  le  Gulzâr-i  Ibrahim  un  échantillon  de  ses  poésies. 

SGHUHRAT   (IFTIKHAR  UDDIN). 

Iftikhâr  uddîn  Alî  Rhân  Schuhrat ,  homme  de  lettres 
distingué,  était  frère  du  nabâb  Wâcic  Alî  Rhân.  11  ré- 
sidait à  Calcutta  en  1 8 1  4 ,  et  Bénî  Narâyan  lui  était 
attaché,  apparemment  en  qualité  de  secrétaire.  Ce  der- 
nier cite  de  lui  cinq  gazai ,  quatre  dans  le  corps  de  son 
ouvrage  et  un  dans  l'appendice.  Voici  la  traduction  d'un 
de  ces  morceaux  : 

Elle  a  brûlé  mon  cœur  au  point  que  ma  vie  s'en  va Ah  ! 

regarde  dans  ce  cœur  avec  Ion  charmant  regard  qui ,  hélas  !.  y  a 

'    «_j>wr,^  célébrité. 


470  BIOGRAPHIE 

fixé  une  flèche  de  telle  sorte,  que  ma  vie  s'en  va.  En  la  voyant 
boire  du  vin  en  compagnie  d'un  rival,  j'en  ai  éprouvé  un  tel 
chagrin,  à  la  nuit,  que  ma  vie  s'en  va.  Mon  cœur  a  ressenti  une 
telle  agitation,  qu'il  comprend  que  cette  amie  a  tourmenté  mon 
âme  au  point  que  ma  vie  s'en  va.  Le  souvenir  de  ta  stature  m'a 
fait  lever  et  rester  appuyé  sur  mon  oreiller  toute  la  nuit,  au  point 
que  ma  vie  s'en  va.  La  plainte  s'élève  à  chaque  instant  de  mon 
cœur;  en  effet,  mon  amie  m'a  tellement  obligé  à  rester  dans 
ma  demeure,  que  ma  vie  s'en  va.  Dans  la  voie  de  mon  amour 
pour  toi,  j'ai  supporté  la  peine  et  le  chagrin  à  tel  point  que, 
tout  vivant  que  je  suis,  je  sens  que  ma  vie  s'en  va.  0  Schaïkh! 
ne  m'interroge  pas  sur  la  religion  ;  cette  idole  impie  m'éblouit 
de  telle  façon  que  ma  vie  s'en  va.  J'ai  fondé  sur  ma  vie  ma  cé- 
lébrité { Schilirat  )  \  mais  j'ai  attaché  mon  cœur  à  une  infidèle 
telle,  que  ma  vie  s'en  va. 

J'ignore  si  c'est  de  ce  poëte  ou  de  l'un  des  précé- 
dents, qui  portent  le  même  nom,  qu'il  existe  un  diwân 
manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  vizir  du  Nizâm,  à 
Haïderâbâd. 

SGHUURI. 

Schuùrî  ^  est  un  poëte  hindoustani  natif  de  Gualior  '^. 
Il  n'est  cité  que  dans  la  biographie  de  Mîr,  qui  donne  de 
lui  un  seul  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Pendant  la  saison  des  pluies  j'ai  pu  regarder  fixement  le  soleil, 
et  voir  clairement  qu'il  est  amoureux  de  loi ,  à  la  pâleur  qui  dé- 
colore sa  face. 

'   f^jyXMi  saije ,  inlclliçjent,  eic. 

^  iOjJ'^U^i  c'est-à-dire,  je  pense,  de  Jiialior  ou  Gualior.  On  pour- 
rail  lire  aussi  (Cjy^.^^%^  • 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  471 

SÉWA\ 

Auteur  d'un  ouvrage  intitulé  Rauzat  uscJischaadâ  -,  ou 
le  Jardin  des  martyrs.  C'est  un  recueil  de  marciya  ou 
élégies,  en  vers  dakhnî,  sur  la  mort  de  Huçaïn  et  des 
autres  membres  de  sa  famille  qui  furent  tués  àKarbala. 
Le  docteur  Herklots  parle  de  cet  ouvrage  dans  son  Ca- 
nûn-i  islâm^.  Selon  C.  Stewart^,  il  a  été  écrit  en  1681 
de  J.  C.  Ces  marciya  sont  chantés,  dans  les  Imâm-hârâ^, 
chaque  nuit,  pendant  le  temps  que  dure  la  commémo- 
ration annuelle  du  martyre  de  Huçaïn,  c'est-à-dire 
pendant  les  dix  premiers  jours  du  mois  à  muharram, 
et  ils  arrachent  généralement  des  larmes  à  l'auditoire. 

J'ai  parlé,  à  l'article  sur  Faïyâz,  d'autres  ouvrages 
portant  le  même  titre  et  roulant  sur  le  même  sujet. 

SÉWAK^ 

Auteur  d'un  masnawî  écrit  en  dakhnî  sur  les  guerres 
de  Muhammad  Hanîf,  et  intitulé  Quissa  dar  aluvâl-i 
Muhammad  Hanif,  c'est-à-dire  Histoire  des  guerres  de 

'   l%jç.4w  service,  etc. 

5  Pag.  i63. 

*  Catalotjue  of  Tippoo's  Lihrary,  pag.  181. 

^  Au  sujet  de  cet  édifice  particulier  à  l'Inde,  voyez  mon  Mémoire  sur 
la  religion  musulmane  dans  l'Inde,  pag.  36. 

'   dLjÇAw  H^^R  serviteur,  etc. 


472  BIOGRAPHIE 

Muliammad  Hanîf,  et  aussi  Jang-nâma,  ou  Livre  du 
combat.  C'est  une  imitation  du  persan.  La  riche  biblio- 
thèque de  ïEcist-India  Hoiise  possède  un  manuscrit  de 
cet  ouvrage  qui  n'a  pas  de  date ,  mais  qui  paraît  ancien. 
Il  se  compose  de  i3o  pages  environ  in-/i°.  Il  est  écrit 
en  caractères  neskhî. 

Il  y  a  plusieurs  poëmes  hindoustani  sur  le  même 
sujet.  On  peut  voir  ce  que  j'en  ai  dit  à  l'article  Azâd. 

SIKANDAR. 

Khalîfa  Muhammad  Alî  Sikandar  ^  était  surtout  très- 
habile  dans  la  composition  des  marciya.  Il  en  a  beau- 
coup composé  en  hindoustani  oriental  ou  pûrbî^,  et 
dans  les  dialectes  du  Marwâr  et  du  Panjâb.  Ce  dernier 
idiome  était  celui  de  son  pays  natal,  car  Mushafî  nous 
apprend  que  sa  patrie  était  du  côté  de  Lahore.  Sikandar 
a  aussi  écrit,  en  vers,  un  ouA^rage  intitulé  Qaissa-i  Mal- 
lâli  0  mâlii  0  Bâdscliâli  dil  Khdr^.  Il  était  disciple  de 
Miyân  Nâjî.  Mushafi  dit  qu'il  était  aimable  et  spirituel, 
et  que  dans  ses  vers  urdû  il  a  suivi  tour  à  tour  l'école 
ancienne  et  la  nouvelle.  Malheureusement  il  était 
adonné  au  vin.  A  l'époque  où  le  biographe  que  je  cite 
écrivait  son  tazkira  (1793-179/1),  il  avait  plus  de  cin- 
quante ans. 

'   j4>vj»Xiw  Alexandre. 

^  Voyez  TAppendice  à  mes  Rudiments,  pag.  5i. 

5    j\^^  J:>   oUiiL  j   ^gU  j   ^^X^  .VAoi   Ilisloire    du    warin,  du 
poisson  et  du  roi  maïKjear  de  cœur. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  473 

SIPAHI. 

Mîr  Iinâm-baksch  Sipâhî  ^  est  un  poète  hindoustani 
qui  est  cité  dans  Mannû  Lâl.  Il  me  paraît  inutile  de 
donner  la  traduction  du  seul  vers  qu'on  trouve  de  lui 
dans  le  Guldasta-i  nischât. 

SIRAJ. 

Mîr  Sirâj  uddîn,  d'Aurangâbâd  ^,  prit  pour  surnom 
poétique  le  mot  Sirâj  ^,  qui  fait  partie  de  son  titre  ho- 
norifique. C'est  un  des  poètes  les  plus  distingués  du 
Décan.  Mîr  nous  fait  savoir,  dans  sa  biographie,  qu'il 
avait  ouï  dire  cpie  Sîrâj  était  disciple  de  Saïyid  Hamza, 
et  qu'il  avait  mis  à  contribution  le  Bayâz  ou  Album  de 
ce  dernier.  Il  déclare,  du  reste,  que  ses  vers  ne  sont 
pas  dépourvus  de  goût. 

Fath  Alî  Huçaïnî  cite  trois  pages  des  vers  de  Sirâj ,  et 
Béni  Narâyan  un  gazai  dont  voici  la  traduction  : 

Ayant  entendu  la  nouvelle  de  l'extase  occasionnée  par  l'amour, 
ni  le  jinn  ni  la  fée  n'ont  pu  subsister;  ni  toi,  ni  moi,  tout  ce 
qui  est  resté ,  demeure  privé  de  sentiment.  Le  roi  de  l'extase  m'a 
donné  pour  vêtement  la  nudité  ;  la  couture  du  dépouillement  de 
soi-même  est  restée ,  la  déchirure  de  la  folie  est  restée.  Un  vent 
a  soufflé  du  côté  du  monde  invisible,  il  a  brûlé  le  jardin  de  la 
joie;  mais  une  branche  de  l'arbrisseau  du  chagrin,  qu'on  nomme 
îe  cœur,  est  restée  verte.  Quelle  expression  emploierai-je  pour  me 

'    j^^Aw  soldat,  militaire. 

'  Capitale  de  la  province  de  ce  nom ,  dans  le  Décan. 


474  BIOGRAPHIE 

plaindre  du  regard  insouciant  de  mon  amie  ?  J'éprouvais  le  désir 
de  boire  cent  coupes  de  vin,  et  cependant  mon  cœur  est  plein 
de  cette  boisson.  Ce  fut  un  beau  moment  que  celui  où  je  vis  le 
manuscrit  de  l'amour;  car  ce  qu'on  lit  sur  le  talc  du  livre  de 
l'esprit  est  mondain.  L'effet  de  l'extrême  surprise  causée  par  ta 
beauté  a  été  tel,  que  le  miroir  a  perdu  son  éclat,  et  la  fée  a 
renoncé  à  se  montrer.  Le  feu  de  l'amour  a  réduit  en  poussière 
le  cœur  désolé  de  Sirâj;  l'idée  du  danger  n'est  pas  restée;  il  n'est 
resté  que  celle  d'être  sans  danger. 

Je  pense  que  c'est  le  même  poëte  dont  il  existe  les 
Kullijât  ou  Œuvres  complètes  en  manuscrit  dans  la 
bibliothèque  du  râja  Cbandû  Lai  d'Haïderâbàd ,  et  le 
diwân  sous  le  titre  de  Diiuân-i  Schâh  Sirâj,  dans  la  bi- 
bliothèque du  Nizâm.  M.  Romer  a  aussi  dans  sa  collec- 
tion un  masnawî  du  même  écrivain. 

SIVA-DAS. 

Le  râjâ  Siva-dâs  ^  est  un  écrivain  hindou,  de  Jaipùr 
dans  la  province  d'Agra,  à  qui  on  doit  le  Siva  CJiaupajî, 
ce  qui  signifie  les  Quatrains  de  Siva ,  ouvrage  cité  par 
Ward  dans  son  Histoire  de  la  littérature  des  Hindous, 
t.  II,  p.  481. 

Il  est  aussi  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Potlii  lok 
ûkat,  ras  jagat^.  Comme  ce  titre  n'oilVe  pas  un  sens 
très-clair,  je  nose  pas  le  traduire,  attendu  cjue  j'ignore 
le  sujet  de  l'ouvrage.  Il  est  indiqué  dans  le  catalogue 
des  livres  de  Farzâda  Culî,  comme  rédigé  d'une  manière 

'   T3T^   <5TTT  smitrar  de  Siva. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  475 

nouvelle  et  peu  usitée,   et  on  y   donne   à  l'auteur  le 
nom  de  Raé  scliîv-dâs  da  Soubah  d'Akbarâbâd. 


SIVA-NARAYAN. 

Siva-Nârâyàn ,  fondateur  de  la  secte  des  Siva-Nâ- 
râyanâî,  était  un  Rajpout  de  la  tribu  nommée  Nérivâna, 
natif  de  Chandâwan,  village  près  de  Gâzîpour.  Il  vécut 
sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh,  et  un  de  ses 
ouvrages  est  daté  de  l'ère  de  Samvat  1791  (lySS  de 
J.  C).  Il -a  laissé  de  nombreux  écrits  pour  inculquer 
ses  doctrines.  On  lui  attribue  onze  livres  différents  en 
vers  hindi ,  savoir  : 

1°  Lao  ou  Lava  Granth;  2°  Santvilâs;  3°  JVajan 
Granth;  k°  Santsandara;  5°  Gura  Nyâs;  6°  Sant  AcMri; 
7"  Sant  Opadeça;  8°  Sahdâvalî;  9°  Sant  parwâna;  1 0°  Sant 
Maliima;  1  1°  Sant  Sâcjar. 

J'ignore  si  c'est  la  collection  de  tous  ces  ouvrages 
qui  porte  le  titre  de  Sant  Saran.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
savant  professeur  Wiison  a  un  exemplaire  manuscrit  de 
ce  dernier  ouvrage  en  trois  volumes  in-fol.  Il  se  com- 
pose de  poëmes  et  d'hymnes  hindi  des  Siva-Nârâyanâî; 
il  est  écrit  en  caractères  nagarî. 

Il  y  en  a  un  douzième,  qui  est  le  sceau  de  tous  les 
autres;  mais  il  n'a  pas  encore  été  divulgué  ;  il  reste  à  la 
charge  exclusive  du  chef  de  la  secte.  Cette  personne 
réside  à  Balsande ,  dans  le  district  de  Gâzîpour,  où  il  y  a 
un  collège  et  le  principal  établissement  ^ 

'   Asiaiic  Researches.  toni.  XVII,  pag.  3o5. 


476  BIOGRAPHIE 

SIVA-RAJA^ 

Ecrivain  de  Jaïpûr,  à  qui  on  doit  un  ouvrage  intitulé 
Ratna-mâla^,  c'est-à-dire  le  Collier  de  perles,  cité  par 
Ward  dans  son  Histoire  de  la  littérature  des  Hindous , 
t.  II,  p.  48 1.  J'ignore  si  c'est  le  même  dont  M.  Wilson 
a  fait  usage  pour  son  Dictionnaire  :  ce  dernier  est  une 
liste  des  noms  des  drogues,  tant  végétales  que  miné- 
rales, en  sanscrit  et  en  hindouî. 

On  doit  au  même  écrivain  le  Siva-sâgara^,  c'est-à- 
dire  l'Océan  de  Siva,  ouvrage  cité  aussi  par  Ward, 

soz. 

Saïyid  Muhammad  Mîr  Soz*,  de  Dehli,  est  un  des 
écrivains  hindoustani  les  plus  habiles  et  les  plus  célè- 
bres. Outre  son  mérite  littéraire,  il  connaissait  aussi 
l'art  de  tirer  les  flèches  et  de  bien  monter  à  cheval.  Il 
se  distinguait  encore  par  la  beauté  de  son  écriture, 
genre  de  talent  très-estimé  des  Orientaux;  il  savait 
même  écrire  dans  les  diverses  manières  les  plus  re- 
cherchées. Ses  vers  sont  d'un  style  clair  et  facile;  ils 
ont  une  facture  particulière  extrêmement  agréable  qui 
le  fait  considérer  comme  le  chef  d'une  école  nouvelle. 

'  î<^s^   rrïT  le  râjâ  Siva. 
*    j»»ui  brûlure,  ardeur. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  477 

Selon  le  docteur  Gilchrist  ' ,  Soz  ainsi  que  Figân  dont  il 
a  été  parlé,  ont  écrit  avec  succès  dans  une  sorte  de 
dialecte  particulier  aux  femmes,  quoique,  dans  l'opi- 
nion des  Hindous,  il  soit  inconvenant  aux  hommes  de 
s'en  servir. 

Au  commencement  de  sa  carrière ,  Soz  se  laissa  do- 
miner par  la  violence  de  ses  passions  sensuelles;  plus 
tard,  c'est-à-dire  dans  la  dix-huitième  année  du  règne  de 
Schâh  Alam,  il  entra  dans  la  voie  de  la  liberté  spiri- 
tuelle ,  et  endossa  le  froc  des  derviches. 

Mushafî  nous  apprend  qu'il  prit  d'abord  le  mot  Mîr 
pour  takhallus,  mais  que  Mîr  Muhammad  Taquî  étant 
déjà  célèbre  sous  ce  nom,  il  le  changea  et  adopta  celui 
de  5oz.Il  avait  plus  de  soixante  et  dix  ans  en  lygS-i  yg/i. 
En  1  196  de  l'hégire  (i'78i-i782)  il  habitait  Laklinau, 
et  partageait  son  temps  entre  la  contemplation  et  la 
prière.  En  1212  (1 -797- 17  98)  il  alla  à  Murschîdâbâd ; 
mais  il  n'y  resta  pas  et  retourna  à  Lakhnau ,  où  il  mourut 
âgé  de  quatre-vingts  ans  ^. 

Ali  Ibrahim ,  qui  cite  quinze  à  seize  pages  de  ses  vers , 
nous  fait  savoir  qu'il  parlait  fort  peu  et  consentait  diffi- 
cilement à  ce  qu'on  lui  demandait.  Mushafî  dit  au  con- 
traire qu'il  était  poli,  qu'il  avait  l'air  riant-,  ce  qui  suppose 
un  caractère  ouvert  et  aimable.  Il  dit  qu'il  l'avait  connu, 
et  que  Soz  lui  avait  témoigné  de  l'amitié. 

Soz  a  écrit  en  vers  et  en  prose  :  ses  poésies  urdû  sont 

'  Hindoostanee  Grammar,  p.  247,  2/i8. 

^  Bénî  Narâyan  dit  qu'il  mourut  à  Talhor.  J'ignore  quelle  est  la  ville 
qu'il  entend  par  là.  Dans  les  cartes  anglaises  il  y  a  une  ville  du  Moultan 
désignée  sous  le  nom  de  TuUar. 


478  BIOGRAPHIE 

réunies  en  un  divvân.  On  en  a  imprimé,  dans  l'Inde, 
un  volume  in-/i.°  de  67  pages,  sans  indication  de  lieu 
ni  d'année ,  mais  imprimé ,  en  effet ,  à  Calcutta  en  1810. 
Toutefois  ce  n'est  qu'un  choix  de  ses  œuvres,  consis- 
tant seulement  en  odes  et  en  quatrains  ^  Dans  mon 
deuxième  volume,  je  ferai  connaître  quelques  extraits 
de  cette  édition.  La  pièce  dont  je  donne  ici  la  traduc- 
tion n'en  est  pas  tirée;  elle  est  prise  dans  l'Anthologie 
de  Bénî  Narâyan  : 

Ma  vie  s'en  va;  mes  amis,  retenez-la  :  une  épine  est  entrée  dans 
mon  cœur,  faites-la  sortir.  La  vie  ne  me  convient  pas  ;  non ,  elle 
ne  me  convient  pas  :  tuez-moi!  tuez-moi!  Pour  l'amour  de  Dieu, 
ô  mes  compagnons ,  appelez  et  retenez  cette  belle  qui  s'en  va  ! 
Si  elle  ne  vient  pas,  d'après  ce  que  vous  lui  direz,  suppliez,  ap- 
pelez-la à  chaque  instant.  Si  elle  se  fâche  et  dit  des  injures,  res- 
tez silencieux,  ne  dites  rien,  ne  soyez  pas  méchants  envers  elle. 
Dites-lui  :  «  Un  de  vos  esclaves  se  meurt;  allez  le  délivrer  de  l'ago- 
«  nie  où  il  se  trouve.  » 

Chère  amie  !  les  soupirs  des  gens  qui  ont  été  brûlés  par  l'a- 
mour sont  énergiques;  accepte  les  vœux  que  Soz  (la  brûlure) 
forme  à  ton  sujet. 

SOZAN  \ 

Ce  nom  est  le  takhallus  du  nahâb  Mirzâ  Ahmâd  Ah 
Khân  Schaukat-jang,  fils  du  nabâb  Iftikhâr  uddaula 
Mirzâ  Ali  Khân  et  neveu  du  nabâb  Sâlâr-jang  Balladur. 
Il  vivait  à  Lakhnau,  où  il  jouissait  de  la  faveur  du  na- 
bâb-vizir  Acaf  uddaula.  Comme  il  fut  dans  le  cas  de 


I 


Annals  of  the  collège  of  Fort-William ,  pag.  266. 


^    /.il>v*w   hràlure. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  479 

fréquenter  Mîr  Ziyâ,  il  prit  du  goût  pour  la  poésie  urdû, 
et  il  a  laissé  des  vers  estimés ,  dont  les  ouvrages  bio- 
graphiques originaux  donnent  des  extraits. 

SRUTGOPALDAS^ 

Ce  fat  le  premier  disciple  de  Kabîr.  On  lui  attribue 
la  rédaction  du  Sukh  nidhân,  ouvrage  dont  il  a  été  déjà 
parlé  à  l'article  sur  Kabîr.  Ce  grand  réformateur  est 
censé  s'adresser  lui-même ,  dans  ce  traité,  à  Dharmadâs, 
son  principal  élève.  Dans  cet  ouvrage  se  trouve  exposé 
le  système  de  Kabir.  Le  savant  M.  Wilson  l'a  analysé 
d'une  manière  lumineuse  dans  le  tome  XVI  des  Re- 
cherches asiatiques,  pag.  70  et  suiv.,  et  je  ne  puis  mieux 
faire  que  d'y  renvoyer  le  lecteur, 

SURDEY   OU   SUKADÉVAl 

Auteur  du  Phâdilali-Prakâscha ,  livre  hindi  cité  par 
W.  Ward  dans  son  ouvrage  intitulé  :  A  View  of  the  His- 
tory,  literatare  and  mythology  of  the  Hindoos,  etc.  t.  II, 
p.  480. 

SURHAN. 

Muhammad  Huçaïn  Khân  Sukhan  ^  est  compté  parmi 
les  poètes  hindoustani.  Il  est  cité  par  Mannû  Lâl  dans 
son  Galdasta-i  nischât. 


I 


^nTTnrT^CTH  serviteur  de  Wischnou  (  le  gardien  des  Védas  ). 

5T<=f|/,^ ,  nom  du  fils  de  Vyâça. 
/wsiî'  discours,  etc. 


480  BIOGRAPHIE 

SUKH  DÉV^ 

Écrivain  hindou  qui  florissait  dans  le  xvf  siècle  sous 
un  raja  d'Orscha,  ancienne  ville  de  la  province  d'Al- 
lahâbâd.  C'est  sous  le  patronage  de  ce  raja  nommé 
Mardan  ou  Mardana ,  que  ce  poëte  se  livrait  à  la  culture 
des  lettres.  On  lui  doit  un  ouvrage  en  vers,  intitulé 
Raçarnau  ou  Raçarnava  '^,  lequel  traite,  ainsi  que  le  titre 
l'indique,  des  sentiments  poétiques  et  dramatiques.  Le 
professeur  Wilson  en  possède,  dans  sa  belle  collection, 
un  exemplaire  en  caractère  nagarî.  Je  dois  à  l'obli- 
geance de  ce  savant  indianiste  les  renseignements  que 
je  donne  ici  sur  cet  auteur  distingué. 

Cet  auteur  serait-il  le  même  que  Sukdev  ? 

SULAIMAN. 

Jeune  homme  vivement  chéri  par  le  célèbre  poêle 
hindoustani  Saïyid  Abd  ullah  Tâbân  ^,  et  qui,  à  l'exem- 
ple de  son  ami,  s'adonna  à  la  poésie.  Alî  Ibrâliîm,  à 
qui  j'emprunte  ces  détails,  cite  de  lui  un  seul  vers. 

*  Ce  nom  est  écrit  dans  le  manuscrit  de  M.  Wilson  ÏJ  bj  ^  ;  mais 
je  pense  que  ST^  est  pour  ^t9|  ,  qui  signifie  repos,  tranquillité,  bon- 

heur.  Quant  à  Z^,  c'est  ici  un  titre  d'honneur;  il  équivaut,  à  la  suite 
des  noms  hindous,  au  mot  t-^^^-Lo,  qui  accompagne  souvent  les  noms 
musulmans. 

'  Voyez  Tarticle  consacré  à  cet  écrivain. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  481 

SULAIMAN-SCHIKOH. 

Mirzâ  Muhammad  Sulaïmân-Schikoli  ^  Bahâdur  était 
le  second  fils  du  sultan  mogol  Schâh  Alam  II,  et  le 
frère,  par  conséquent,  d'Akbar  Schâh  II,  père  de  Sirâj 
uddîn,  souverain  actuel  de  Dehli.  11  occupe  une  place 
distinguée  parmi  les  poètes  urdû.  Mushafî  lui  a  con- 
sacré ,  dans  son  tazkira ,  un  long  article  où  il  a  épuisé , 
à  sa  louange,  les  hyperboles  les  plus  outrées  de  l'Orient. 
Les  poésies  de  Sulaimân-Schikoh  ont  été  réunies  en 
un  diwân  dont  il  existe,  entre  autres,  un  exemplaire 
dans  la  bibliothèque  du  vizir  du  Nizâm.  Mushafî  en 
cite  cinq  pages ,  Béni  Narâyan  un  gazai ,  et  Mannû  Lâl 
un  distique.  Ce  prince  vivait  à  Lakhnau  de  1 8 1 3  à 
i8i  /i.  Il  demeura  ensuite  à  la  cour  de  son  frère  Akbar 
Schâh ,  puis  il  se  retii^a  à  Agra ,  où  il  est  mort  le  2  /i  fé- 
vrier i838,  âgé  de  quatre-vingt-deux  ans.  Il  a  laissé  un 
fds  nommé  Mirzâ  Kamber,  que  le  gouvernement  anglais 
de  rinde  a  refusé  de  reconnaître  officiellement  comme 
l'héritier  de  son  père  ^. 

SULTAN ^ 

Poëte  hindoustani  dont  Bénî  Narâyan  cite  un  gazai , 
et  Târinî  Charan  Mitr  *  une  autre  pièce  qui  est  devenue , 

*  OkX^  /jM?vX,ui,  titre  honorifique  qui  signifie  (possesseur  de)  la  di- 
<jmté  de  Salomon. 

^  Asiatic  Journal,  nouv.  sér.  toni.  XXVII,  as.  int.  pag.  i54. 
'   fj' Vl V^¥  sultan,  roi. 

*  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections,  toni.  II,  pag.  4io. 

I.  3z 


482  BIOGRAPHIE 

dans  l'Inde,  un  chant  populaire,  et  dont  je  joins  ici  la 
traduction  : 

Là  où  je  suis,  j'entends  les  gémissements  du  rossignol  ;  Allah  ! 
Allah!  Partout  le  chagrin  accompagne  mon  cœur  affligé;  Allah! 
Allah! 

Au  milieu  de  la  douleur  de  mon  cœur,  je  me  souviens  de  cette 
infidèle ,  de  la  pointe  de  ses  cils  et  de  celle  des  flèches  (  de  ses 
regards);  Aflah!  AUah  ! 

Pourquoi  as-tu  fasciné  ce  cœur  innocent?  quelle  faute  a-t-il 
donc  commise  ?  Allah  !  Allah  ! 

Ton  amour  m'a  entraîné  dans  le  puits  du  malheur  où  je  suis 
tombé.  Telle  est  l'explication  du  songe  de  Joseph  ;  Allah  !  Allah  ! 

Laisse  ce  cœur  insensé,  ne  le  mets  pas  dans  les  liens;  les 
boucles  de  tes  cheveux  sont  pour  mes  pieds  des  chaînes  suffi- 
santes; Allah!  AUah! 

Lorsque  tu  te  montres  avec  sévérité,  couverte  d'un  vêtement 
rouge ,  (  comment  ne  pas  dire  :  )  Pour  quel  meurtre  sont  ces  pré- 
paratifs ?  Allah  !  Aflah! 

Tandis  que  je  meurs  de  chagrin  par  rapport  à  toi,  tu  crois  que 
c'est  une  plaisanterie.  Oh  !  que  mon  sort  est  funeste  !  Allah  !  Allah  ! 

Tu  ne  crains  pas  Dieu  et  ne  connais  pas  l'amitié  ;  tu  es  un 
être  injuste,  au  cœur  de  pierre  et  sans  pîr^;  Allah!  Allah! 

Mon  cœur  s'en  est  allé  de  ma  main  (je  n'en  suis  plus  le  maître); 
la  force  et  l'énergie  m'ont  quitté,  à  cause  de  celle  dont  la  poussière 
des  pieds  est  pour  moi  la  pierre  philosophale  ;  Allah  !  Allah  ! 

Je  baiserai  la  main  du  peintre  qui  a  tiré  le  dessin  du  visage 
de  mon  amie  ;  Allah  !  Allah  ! 

A  quoi  bon  décrire  ta  beauté?  Qu'il  me  suffise  de  dire  que 
Dieu  t'a  ornée,  et  que  tu  es  un  rayon  de  son  éternelle  lumière; 
Allah  !  Allah  ! 

O  toi  qui  es  le  repos  du  cœur!  depuis  que  Sultan  a  vu  ta 
face,  son  existence  a  été  rajeunie;  Allah!  Allah! 

'  Sur  ce  mot,  voyez  mon  Mémoire  sur  la  religion  musulmane  ilans  l'ïnde , 
pag.  i5. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  485 

SUNDAR  OU  SUNDAR-DAS^ 

Célèbre  poëte  erotique  hindouî  à  qui  on  donne  le 
titre  pompeux  de  Kavirâj ,  roi  des  poètes,  ou  de  Mahâ- 
kavi,  grand  poëte.  On  le  nomme  aussi  Kahisivar,  c'est- 
à-dire  Prince  des  poètes.  Il  florissait  sous  le  règne  de 
Schâh  Jahân ,  et  il  a  écrit  ses  ouvrages  sous  le  patronage 
de  ce  prince ,  dont  il  loue  la  générosité  dans  la  préface 
du  Sundar  singâr  ou  sringâr'^,  c'est-à-dire  l'Ornement  de 
l'amour,  ouvrage  qu'il  écrivit  en  1 688  du  Samvat  (i  682 
de  J.  C).  Il  paraît  que  dans  cette  production,  comme 
dans  les  ouvrages  de  Matirâma ,  on  trouve  des  descrip- 
tions d'amants  et  de  maîtresses  systématiquement  classés 
par  leurs  tempéraments ,  leur  âge  et  d'autres  circonstan- 
ces, et  définis  logiquement  avec  le  sérieux  et  la  pré- 
cision élaborée  des  écrivains  classiques.  Ces  poèmes  ne 
sont  point  plaisants  ni  badins,  mais  légers,  et  ils  parais- 
sent être  dans  le  goût  de  la  nation  ^.  M.  Wilson  a  un 
manuscrit  de  cet  ouvrage  dans  sa  riche  collection.  Il  y 
en  a  un  aussi  sous  le  titre  de  Pothi  Sundar  sincjâr,  à  la 
bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta;  mais 
dans  le  catalogue  des  livres  de  cette  bibliothèque ,  l'au- 
teur est  indiqué  sous  le  surnom  seul  de  Mahâkavi  J'i- 
gnore si  Sundar-dâs  est  auteur  du  livre  intitulé  Pothi 
Sandar  bidya",  le  Livre  de  la  belle  science,   omTage 


'  H^T  7tT^  serviteur  de  Kâma  (  l'Amour  ). 

■^  HS?  TH^TTT,  ou  d'après  l'orthographe  sanscrite,  J<^J(|^. 
5  Asiatic  Rcsearches,  tom.  VII,  pag.  220,  et  toni.  X,  pag.  420. 

3i. 


/i84  BIOGRAPHIE 

dont  on  trouve  l'indication  dans  le  catalogue  de  Farzâ- 
da  Culî. 

On  doit  aussi  au  même  Sundar  une  rédaction  en 
dialecte  braj-bhâkhâ  du  Singhaçan  battici  \  ou  les  Trente- 
deux  histoires  du  trône ,  ouvrage  qu'il  traduisit  du  sans- 
crit par  ordre  de  l'empereur  Schâh  Jahân.  C'est,  je 
pense ,  cette  version  que  Ward  cite  dans  son  Histoire 
de  la  littérature  des  Hindous  -,  sous  le  titre  de  Singaçana 
vatrischi.  La  rédaction  urdû  du  même  ouvrage  a  été  faite 
d'après  celle  de  Sundar. 

Sundar-dâs  est  encore  auteur  du  Jnjâna  samudra^, 
ou  l'Océan  de  la  science ,  qui  est  un  traité  de  philo- 
sophie. 

SURAT. 

Sûrat  Kabîschwar  traduisit  le  Baïtâl  Pacliîci  "■  en 
braj-bhâkhâ,  sous  le  règne  de  Muhammad  Schâh,  et 
d'après  l'ordre  du  râjâ  Jaïsingh  Siwaî,  gouverneur  de 
Jaïpour,  le  même  qui  demanda  aux  rois  de  France  et 
de  Portugal  de  lui  envoyer  des  savants,  et  qui  fit  tra- 
duire en  sanscrit  les  Eléments  d'Euclide  ^.  L'original 
sanscrit  intitulé  Vétâla  PancJiavinsati,  ou  les  Vingt-cinq 
(Histoires)  du  Vétâl  (ou  Baïtâl),  a  pour  auteur  Sîva- 
dâça;  mais  il  est  apparemment  perdu,  car  le  laborieux 

'  Voyez  l'article  sur  Lallû. 
-  Tom.  II,  pag.  48o. 

'  5!i|«i   ^7{T  Asiatic  Rescarches,  toni.  XVII ,  pag.  3o5;  Mackenzie  , 
tom.  II,  pag.    109. 

''  Voyez  l'article  sur  Lallû. 

'■'  Asiatic  Researches,  tom.  X,  pag.  9. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  485 

Hindou  Kâlî  Krischna  a  donné  une  traduction  anglaise 
de  cet  ouvrage,  d'après  le  texte  braj-bliâkhâ^.  Ce  recueil 
de  contes  fait  aussi  partie  d'une  collection  plus  consi- 
dérable et  très-célèbre  d'anciens  contes  sanscrits,  in- 
titulée Frihat  kathâ,  ou  la  Grande  Histoire,  à  laquelle 
appartient  aussi  le  Singhâçan  battici  (en  sanscrit,  Sinliâ- 
çana  dvâtrinsati),  ou  les  Trente-deux  contes  du  trône 
enchanté,  et  une  grande  partie  de  YHitopacléça  et  du 
Panchatantra'^.  La  grande  collection  dont  il  s'agit  est 
due  à  Soma-déva  ^  :  elle  a  été  rédigée,  à  ce  qu'il  paraît, 
dans  le  xn*  siècle  de  notre  ère.  Il  existe  un  abrégé  de 
ce  volumineux  recueil  :  il  est  intitulé  Kathâ  sarit  Scujara, 
c'est-à-dire  l'Océan  des  rivières  des  histoires. 

J'ignore  si  la  version  de  Surat,  du  Baïtâl  pachîci,  est 
la  même  que  celle  qui  est  citée  parWard,  sous  le  titre 
de  Vétâla  pacMcî ,  dans  son  Histoire  de  la  littérature ,  etc. 
des  Hindous,  t.  II,  p.  /i8o. 

Il  existe ,  du  reste ,  des  versions  de  cet  ouvrage  ainsi 
que  du  Singhâçan  battici,  dont  on  vient  de  parler,  dans 
plusieurs  langues  modernes  de  l'Inde.  Voyez  ce  que 
j'ai  dit  à  ce  sujet,  dans  mon  article  sur  les  ouvrages 
du  Maharaja  Kâlî  Krischna,  dans  le  Journal  des  Savants 
(  i836,  pag.  /iiZi). 

'  Bjtal  Puchisi,  or  the  twenty  five  taies  of  Bjtal,  transJated  from  ihe 
Bruj-hhahha  into  Enfjlish ,  Calcutta,  i834,  in-8°. 

^  Eugène  Burnouf,  Journal  des  Savants,  i833,  pag.  286.  On  a  donné 
l'analyse  du  Vrihat  kathâ,  dans  le  Calcutta  monthly  Magazine,  années 
1824  et  1825.  Cette  analyse  a  été  reproduite  dans  le  Blackivood's  Edn- 
hurcjli  Magazine,  n°  de  juillet  1826. 

^  Préface  de  la  première  édition  du  Dictionnaire  sanscrit  de  Wilson , 
pag.  xi. 


486  BIOGRAPHIE 

SURDAS\ 

Célèbre  poëte  et  musicien  hindou ,  fils  de  Baba  Râm- 
dâs,  aussi  musicien.  Sûrdâs  était  aveugle;  il  vivait  vers 
la  fin  du  XVI*  siècle  et  dans  la  première  moitié  du  xvn^ 
Il  est  auteur  d'un  grand  nombre  de  chants  populaires  -, 
surtout  d'hymnes  religieux  en  hindouî,  de  différentes 
longueurs,  mais  généralement  courts.  Dans  le  premier 
vers  de  ces  chants,  le  sujet  est  indiqué,  et  il  se  trouve 
répété  à  la  lin  du  poëme.  Ces  vers  sont  généralement 
chantés  par  les  faquîrs  vaïschnava.  Surdâs  est  l'inven- 
teur du  Bischanpad  (ou  Vischmi  pada),  sorte  d'hymne 
en  riionneur  de  Vischnu,  auquel  il  était  très-dévot.  On 
le  considère  même  comme  fondateur  d'une  secte  de 
Vaïschnava^,  car  les  mendiants  aveugles  qui  chantent 
des  hymnes  de  lui,  au  son  d'instruments  de  musique, 
sont  nommés  Sârdâcî. 

La  collection  de  ses  poésies  qui,  chose  singulière, 
est  écrite  en  caractères  persans ,  porte  le  titre  de  Sûr 
Sâgar'^  ou  Bal  lilâ^.  C'est  une  espèce  de  diwân  formé  de 

"  ^i  ^IH  serviteur  du  soleil  (  Sûiya  ) . 

^  Price  en  cite  plusieurs  dans  les  Hiudee  and  Hindoostanee  Sélections , 
parmi  les  chants  populaires  liindî. 

^  Asiatic  Researches,   tom.  XVI,  pag.  48. 

*     OLu)  j3-*w,  c'est-à-dire  l'Océan  de  Sûr  [dâs). 

^  5^^  Jlj-  Dans  le  manuscrit  de  ce  recueil,  qu'on  trouve  à  la  biblio- 
thèque de  VEast-India  House,  n°  2082  de  la  belle  collection  Leyden,  le 
premier  titre  se  lit  sur  la  couverture  et  à  la  fin  du  volume,  et  le  second 
a  été  écrit  sur  le  revers  de  la  première  page.  Le  premier  titre  se  trouve 
sur  deux  manuscrits  de  ce  recueil  que  possède  la  Bibliothèque  royale  de 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  kSl 

petits  poëmes  ressemblants  à  des  gazai,  et  portant  pour 
titre  le  mot  Râg  \  accompagné  d'mie  des  dénomina- 
tions particulières  des  râg  ou  des  ragni^.  Le  nom  du 
poète  se  trouve  dans  le  dernier  vers ,  d'après  l'usage  des  . 
poètes  urdû.  Il  y  a  un  exemplaire  de  cet  ouvrage  dans 
la  bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta, 
qu'on  dit  être  en  prose  (apparemment  parce  que  les 
vers  sont  écrits  à  la  suite  les  uns  des  autres ,  comme  de 
la  prose),  dans  le  catalogue  de  la  même  collection.  Le 
même  ouvrage  est  cité  par  Ward^,  parmi  les  livres 

Paris,  savoir  :  au  n°  80,  fonds  Gentil,  manuscrit  qui  a  été  copié  à  Su- 
rate ,  en  1180  de  Thégirc,  et  au  n°  2  du  fonds  Polier.  Ce  dernier  est 
beaucoup  plus  considérable  que  l'autre;  il  en  diffère  essentiellement. 
Celui  de  Gentil  a  été  copié  par  un  Musulman,  qui  a  commencé  par  les 

mots  sacramentels  /<\..s».wjl  /j<5>-)Ji  ^1  fi>**«>  au  nom  da  Dieu  clément 
et  miséricordieux.  Celui  de  Polier  commence,  au  contraire,  par  les  mots 
y-ifi  jJ^iU»  Uû^lj  ç^yMu  Sri  Râdhâ  aux  doux  amusements.  On  lit  au 

frontispice:  ov^l  ^î  yLA-«ji>  dJTj  ^^Lc  j5Ia»i  j^»w  c_>U^> , 
c'est-à-dire  Livre  du  Sûr  Sâcjar  cjui  comprend  tous  les  râcj.  Malheureuse- 
ment il  est  de  plusieurs  écritures  différentes,  et  il  semble  formé  de  plu- 
sieurs autres  manuscrits.  Dans  quelques  endroits  il  y  a  des  notes  interli- 
néaires en  persan.  Il  paraît  se  terminer  par  une  portion  du  Bhacjavat.  Le 
premier  ne  renferme,  peut-être,  qu'un  choix  de  râg.  Je  ne  trouve  pas, 
du  reste,  les  mêmes  pièces  dans  les  deux  manuscrits;  ce  qui  n'est  pas 
étonnant,  puisqu'on  dit  que  Sûrdàs  a  composé  cent  vingt-cinq  mille 
pièces  devers  nommées ^ada  ou  quatrains.  Wilson,  Asiatic  Researches . 
tom.  XVI,  pag.  48. 

^  Plusieurs  des  noms  de  râg  ou  ragnî,  employés  dans  cet  ouvrage,  ne 
se  trouvent  pas  dans  le  tableau  qu'en  a  donné  Gilchrist  dans  sa  Gram- 
maire, pag.  276  et  suiv.  Il  est  probable  que  quelques-uns  de  ces  râg 
ont  différents  noms  synonymes;  d'ailleurs  il  y  a  plusieurs  systèmes  de 
classification  des  modes  musicaux. 

'  Historj,  etc.  of  the  Hindoos,  tom.  II,  pag.   fySo. 


488  BIOGRAPHIE 

hindî.  J'ignore  si  le  Ras  lila  ^,  qui  est  aussi  cité  par  lui 
comme  un  ouvrage  de  Surdâs ,  en  dialecte  de  Bandel- 
kand ,  est  un  autre  titre  du  même  recueil ,  ou  si  c'est  un 
ouvrage  à  part.  J'ignore  aussi  si  le  livre  intitulé  Riçâ- 
la-i  râg,  qui  est  indiqué  comme  un  ouvrage  en  vers  sur 
la  musique ,  par  Sùrdâs ,  dans  le  catalogue  des  livres  de 
la  Société  asiatique  de  Calcutta,  est  le  même  ouvrage. 
Ward  cite  encore  le  Sârdâs  kavitva  (poëme  de  Sùrdâs), 
livre  qu'il  dit  écrit  dans  le  dialecte  de  Jaipûr^. 

On  attribue  enfin  à  Sùrdâs  un  long  poëme  épique, 
si  on  peut  le  nommer  ainsi,  en  dizains,  intitulé  iVa/ 
Daman  ou  Bhâhhâ  Nal  Daman'^,  ou  enfin  Quissa-i  Nal 
Daman,  c'est-à-dire  Histoire  de  Nal  et  de  Daman  ^, 
personnages  célèbres  dans  l'Inde,  nommés  en  sanscrit 
Nala  et  Damayanti.  Serait-ce  de  ce  texte  que  Faïzî ,  ïvhve 
du  ministre  d'Akbar,  Abu  Fazl,  traduisit  le  roman  per- 
san qui  roule  sur  le  même  sujet?  car  il  est  dit,  dans 
\Ayeen-i  Akberj,  que  cet  ouvrage  a  été  traduit  de  l'iiin- 
douî^.  Il  y  a  une  autre  Histoire  de  Nal  et  de  Daman  à  la 
bibliothèque  de  VEast-India  House,  intitulée  Qaissa-iJSal 
0  Daman;  elle  est  indiquée  comme  une  traduction  du 
sanscrit.  C'est  un  volume  in- 4°  de  3oo  pages  (n°  433, 
fonds  Leyden). 

'  Historj,  etc.  of  ihe  Hindoos  ,  pag.   48 1. 

'-  Ici.  ibid. 

^  Ces  mots  signifient  i\la  lettre  Nal  daman,  en  roman  (langue  romane 
de  rinde ) . 

*  Je  possède ,  dans  ma  collection  particulière ,  une  belle  copie  de  cet 
ouvrage,  en  caractères  persans  comme  les  ouvrages  de  Sùrdâs.  Elle  a 
été  faite  àDehli,  en  1752-1753,  sous  le  règne  d'Ahmad  Schâh. 

^  Tom.  I,  pag.   1  o/i 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  489 

SURUR. 

Mîr  Muhammad  Khan  Surûr  ^  est  un  poëte  hindous- 
tani  distingué  dont  Mannû  Lâl  cite  plusieurs  vers  dans 
son  Guldasta-i  niscliât.  Voici  la  traduction  de  deux  de 
ces  vers  seulement  qui  sont  très-remarquables  dans 
l'original  : 

Ne  jette  point  sur  ma  tombe  des  fleurs  odorantes  de  tulipe. 
Puisque  ce  sont  tes  yeux  fendus  en  amande  qui  m'ont  privé  de 
la  vie,  jettes-y  plutôt  des  fleurs  d'amandier.  Mais  que  dis-je!  si 
tu  passes  une  seule  fois  auprès  de  la  tombe  de  ton  amant,  tu 
vivifieras  celui  que  tes  charmes  ont  fait  périr. 

SURUR  (HIMAYAT  ULLAH). 

Himâyat  ullah  Rhân  Surûr  est  compté  parmi  les 
poètes  hindoustani;  mais  on  me  dispensera  de  donner 
la  traduction  du  seul  vers  que  Mannû  Lâl  cite  de  cet 
écrivain ,  dans  son  excellent  ouvrage  intitulé  Guldasta-i 
nischât. 

TARAN. 

Mir  Abd  ulhaïyî  Tâbân  '^,  de  Dehli ,  était  un  écrivain 
hindoustani  aussi  remarquable  par  la  beauté  de  son 
visage  que  par  son  esprit  et  son  talent  poétique.  Il  fut 
d'abord  élève  de  Schâh  Hâtim ,  puis  de  Muhammad  Alî 
Hischmat,  qui  lui-même  l'avait  été  de  Muhammad  Ganî 

'   j^Y^  joie,  etc. 
^  (julï  rrsplcncUssant. 


490  BIOGRAPHIE 

Beg  Cubûl,  de  Cachemire.  Il  reçut  aussi  des  leçons  de 
Muhtascliam  Ali  Khan  Hischmat,  frère  de  Mîr  Wilâyat 
ullah,  et  fils  de  Mîr  Baquî.  Il  fut  lié  avec  Mazhar  et 
Saudâ.  Ce  dernier  avait  même  revu  un  grand  nombre 
de  ses  vers.  Tàbân  est  auteur  d'un  diwân  hindoustani 
qui  a  de  la  célébrité.  Mîr  Taquî,  Mushafî  et  Fatli  Alî 
Huçaïnî  en  citent  plusieurs  pages.  Lutf  assure  qu'il  n'y 
avait  personne ,  à  Dehli ,  qui  lui  fût  comparable  pour  la 
beauté ,  si  bien  qu'il  faisait  perdre  la  raison  à  toutes  les 
femmes.  Il  fut  néanmoins  insensible  à  leurs  avances, 
et  il  s'attacha  à  un  jeune  homme  nommé  Sulaïmân, 
connu   sous  le  nom  de  Schâh  Salaïmân,  et  qui  faisait 
profession  de   l'état  de  demche.  Mushafî  parle   avec 
enthousiasme  de  la  beauté  enchanteresse  de  ce  poëte; 
néanmoins  il  ne  l'avait  pas  connu,  le  loup  de  la  mort 
l'ayant  dévoré  jeune  encore  avant  l'arrivée  de  ce  bio- 
graphe à  Dehli  en  1776;  mais  il  avait  vu  son  portrait, 
à  Chandnî  Chauk  (grande  rue),  dans  la  boutique  d'un 
marchand  d'objets  d'occasion,  cpii  avait  des  collections 
de  portraits  de  différents  genres.  Tâbân  descendait  de 
Mahomet  par  son  père  et  par  sa  mère.  Mîr,  qui  nous 
l'apprend,  en  fait  un  pompeux  éloge  plein  de  méta- 
phores charmantes  dans  foriginal  persan,  mais  généra- 
lement peu  propres  à  être  appréciées  en  français.  Mîr 
avait  été  lié  avec  lui.  Toutefois  il  y  eut  ensuite  entre  eux 
de  la  froideur  occasionnée  par  la  mauvaise  habitude, 
qu'avait  prise  Tâbàn,  de  se  livrer  à  la  boisson;  habitude 
telle,  qu'on  le  trouvait  ivre  quand  on  allait  le  voir,  ce 
qui  avait  déterminé  ses  amis  à  cesser  leurs  visites.  Il  finit 
par  leur  écrire  pour  leur  annoncer  qu'il  avait  renoncé 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  491 

à  la  boisson.  Il  tint  effectivement  sa  promesse,  mais 
une  mort  prématurée  l'arrêta  dans  sa  nouvelle  vie. 

Selon  Lutf ,  Tâbân  mourut  dans  un  âge  avancé  :  ce 
biographe  nous  fait  savoir  qu'il  le  connut  vieux  à  Lakh- 
nau  en  1201  de  l'hégire  (1 -786-1787),  et  qu'à  cette  épo- 
que son  extérieur  annonçait  que  la  grande  réputation  de 
beauté  qu'il  avait  eue  était  méritée. 

Bénî  Narâyan  donne  de  Tâbân  trois  pièces  de  vers; 
voici  la  traduction  d'une  de  ces  pièces  : 

Qu'est-ce  que  l'amour?  Il  faut  le  demander  à  un  homme 
parfait  dans  ce  sentiment.  Comment  vient-il  dans  le  cœur?  H 
faut  le  demander  à  quelqu'un  qui  lui  ait  abandonné  son  cœur. 
Quel  agrément  y  a-t-il  d'être  tué  par  la  main  de  son  amant,  dans 
l'agitation  de  l'amour?  Il  faut  le  demander  à  celui  qui  a  été 
immolé  de  cette  manière.  Quel  est  l'effet  produit  par  la  blessure 
de  l'amour?  Il  faut  le  demander  à  celui  qui  a  été  atteint  par 
l'épée  des  sourcils.  Aucun  moyen  de  m'unir  à  mon  amie  ne 
vient  à  mon  imagination  ;  il  faut  demander  la  façon  dé  s'unir  à 
elle,  à  quelqu'un  qui  ait  joui  de  son  union.  C'est  dans  l'éloigne- 
ment  de  l'objet  aimé,  que  je  vois  ce  que  sont  réellement  les 
soupirs  et  les  gémissements.  Il  faut  demander  au  cœur,  ô  Tâbân  ! 
ce  qui  s'y  passe  dans  cet  instant. 

TACALLI. 

Lâla  Tikâ  Râm  Taçaili  \  fils  de  Gopal  Raé  Bakhschî , 
général  d' Açaf  uddaula ,  et  frère  cadet  de  Lâla  Bhola 
Nâth,  président  du  tribunal  militaire  du  même  nabâb 
d'Aoude,  est  un  Hindou  qui  s'est  livré,  avec  succès, 
à  la  culture  de  la  poésie  urdû.  Le  biographe  Mushafî, 

'    (JLmJ   consolation. 


492  BIOGRAPHIE 

qu'il  avait  quelquefois  consulté,  fait  l'éloge  de  son  talent 
et  de  ses  bonnes  qualités.  Ses  ancêtres  étaient  origi- 
naires du  district  d'Etawa,  dans  la  province  d'Agra  : 
quant  à  lui,  ce  fut  à  Lakhnau  qu'il  naquit.  Il  n'avait 
guère  plus  de  vingt-cinq  ans  en  1798,  et  à  cette  épo- 
que il  avait  déjà  une  réputation  très-étendue.  On  a  de 
lui,  en  hindoustani  (car  il  faisait  aussi  des  vers  persans), 

1°  Des  masnawî  en  grand  nombre. 

2°  Deux  divvân,  dont  les  copies  circulent  paimi  le 
public  lettré  de  l'Inde. 

Musliafi  rapporte  de  lui  quatre  pages  de  vers.  Je  me 
contenterai  de  donner  la  traduction  d'un  gazai  de  ce 
poëte ,  cité  par  Bénî  Narâyan  : 

Si  tu  ne  passes  pas  dans  le  jardin ,  au  lever  de  l'aurore ,  le 
zéphyr  n'ira  pas  auprès  de  la  rose ,  pour  lui  donner  cette  odeur 
qui  en  fait  le  charme.  Il  n'y  a  personne  dans  le  monde  qui  ne 
donne  à  -ton  amour  une  place  dans  son  cœur.  (  Je  me  livre  avec 
ardeur  à  cet  amour) ,  et  cependant  il  semble  que  tu  ne  veux  pas 
laisser  le  zéphyr  s'élever,  jusqu'à  ce  que  tu  aies  répandu,  de  rue 
en  rue,  la  poussière  de  ma  destruction.  Qui,  dans  le  monde, 
s'informera  de  l'état  de  Taçallî,  si  tu  n'as  pitié  loi-même  de  son 
état ,  ô  mon  amie  ! 

TACAUWUR. 

Saïyidlliçân  Huçaïn  Taçauwur  \  fils  du  Saïyid  Haïdar 
Huçaïn  Khan,  était  des  Saïyid  qui  descendent  de  l'i- 
mam Zaïn  Ulàbidîn.  C'est  un  poëte  hindoustani  que 
Mushafî  nous  représente  comme  un  jeune  homme  de 
belle  apparence  et  plein  de  bonnes  qualités.  Il  était  âgé 

*    j^j^a^  Jfnatji nation  ,   contemplation,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  493 

de  vingt-cinq  ans  seulement  à  l'époque  où  le  biographe 
que  je  viens  de  citer  écrivait  son  tazkira,  c'est-à-dire 
en  1793.  Il  fut  disciple  de  Miyân  Calandar-bakhsch 
Jurât.  Ali  Ibrahim  le  dit  auteur  d'un  grand  nombre  de 
poésies  urdû. 

TAHGÏN. 

Mîr  Muhammad  Atâ-é  Huçaïn ,  surnommé  Mukhâtih 
ou  orateur,  prit  d'abord  pour  takhallus  le  nom  d'action 
arabe  Taficîn\  et,  après  la  mort  de  son  père,  le  mot 
composé  Miirassa-racam  ^.  Il  était  fds  de  Mîr  Muham- 
mad Bàquir,  qui  avait  le  takhallus  de  Schauc  (amour). 
Ce  fut  la  lecture  des  vers  de  Saudâ  qui  lui  inspira  le 
désir  de  s'occuper  de  la  poésie  hindoustani.  Il  demeura 
tour  à  tour  à  Calcutta,  à  Azîmâbâd  (Patna)  et  à  Faïz- 
âbâd,  où  il  fut  bien  traité  par  le  nabab  Schujâ  uddaula 
Abu'lmançûr  Khân  Balladur  Safdar-jang,  et  par  Mirzâ-i 
Jî  Khân  Bahâdur  Hizbar-jang,  à  la  louange  duquel  il 
composa  un  cacîdah  dont  il  lui  fit  hommage.  Il  paraît 
que  c'est  par  Tordre  du  premier  qu'il  fit  l'ouvrage,  dont 
le  titre  hindoustani  est,  je  crois,  Gulclasta-i  dâstân,  ou 
Bouquet  d'histoires ,  ouvrage  que  Hizbar  approuva  aussi 
et  dont  on  conserve  un  exemplaire  au  British  Museam, 
sous  le  titre  de  Historiée  jiiciindœ  Hindostanicè,  petit  in-fol. 
Cette  histoire  n'est  autre  que  celle  des  Quatre  Derviches, 
dont  la  rédaction  intitulée  Bâg  0  haliâr,  par  Amman  de 
Dehli,  est  plus  connue  et  plus  estimée.  Tahcîn  la  tra- 

'   (jv-v*.:*"  approbation. 

^   ^y^j   lUoyA  écriture  dorée. 


494  BIOGRAPHIE 

duisit  du  persan  de  Khiisraii  \  et  il  donna  à  son  travail 
le  titre  de  :  Nau  tarz-i  marassa  ^,  qaissa-i  chahâr  darwesch. 
On  trouve  qu'il  a  laissé  dans  sa  version  trop  d'expres- 
sions persanes  et  arabes.  Il  y  a  deux  exemplaires  de  cet 
ouvrage  parmiles  manuscrits  du  collège  de  Fort-William, 
et  un  exemplaire  dans  la  bibliothèque  de  la  Société 
royale  asiatique  de  Londres ,  écrit  en  12/11  de  l'hégire 
(1826).  Il  y  a  aussi  parmi  les  livres  du  vizir  du  Ni- 
zâm,  dont  je  dois  le  catalogue  à  l'obligeance  du  colonel 
J.  Stewart,  un  manuscrit  en  dialecte  hindoustani-urdù , 
intitulé  Qaissa-i  chahâr  darwesch,  ou  Histoire  des  quatre 
derviches;  mais  j'ignore  si  c'est  la  même  rédaction. 

TAHCIN   UDDIN. 

Le  schaïkh  Tahcîn  uddîn  ^  est  l'auteur  du  poëme 
dakhnî  intitulé  Histoire  de  Kâmrâp  etKalâ'^,  ouvrage  que 
j'ai  publié  sous  le  titre  de  Aventures  de  Kâmrûp.  Il  n'est 
pas  sans  utilité  de  remarquer  que  Tahcîn  uddin  ne  peut 
être  que  le  titre  honorifique  de  l'écrivain  dont  il  s'agit. 
Dans  mi  manuscrit  que  j'ai  acquis  depuis  l'impression 
de  cet  ouvrage,  le  vers  final  porte  ce  qui  suit  : 

Fazlî  Alî  a  fini  d'écrire  cette  histoire,  par  la  faveur  de  l'il- 
lustre Mahomet ,  l'ami  de  Dieu. 

'  Voyez  ce  qni  a  été  dit  à  ce  sujet,  pag.  6i. 

~  lUoyA  j  Jo  *3  nouvelle  rédaction  (  à  la  lettre,  arrangement)  enrichi 
de  joyaux ,  etc.  Ce  dernier  mot  a  été  mis  évidemment  pour  faire  allusion 
au  surnom  de  l'auteur. 

'"   /  w>*3^3!   M^'**'^   l'approbation  de  la  rrl\(jion. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  495 

II  semblerait,  d'après  cela,  que  l'auteur  de  Kâmrûp 
serait  ce  Fazlî  Alî,  et  en  effet  ces  mots  pourraient  bien 
être  le  nom  propre  de  Tahcîn  uddîn;  mais  je  pense  que 
c'est  simplement  le  nom  du  copiste  de  ce  manuscrit  ^. 
Ce  manuscrit  diffère,  du  reste,  des  trois  copies  qui 
ont  servi  à  mon  édition,  comme  ces  copies  diffèrent 
entre  elles. 

Sir  Gore  Ouseley  possède  aussi  un  exemplaire  de 
cet  ouvrage,  et  on  trouve  l'indication  d'autres  exem- 
plaires dans  les  catalogues  de  différentes  bibliothèques 
de  l'Inde. 

Le  célèbre  Goethe  ^  dit  qu'il  doit  au  professeur  Ko- 
segarten  la  traduction  exacte  du  commencement  du 
poëme  inappréciable  (unschàtzbare)  de  Camarapa,  et 
qu'il  lui  a  causé  un  plaisir  infini.  J'ignore  si  cette  tra- 
duction a  été  faite  sur  le  texte  hindoustani  ou  sur  l'ou- 
vrage persan  en  prose,  relatif  au  même  sujet,  dont  je 
possède  deux  exemplaires,  et  dont  M.  Jomard  a  donné 
dernièrement  à  la  Bibliothèque  royale  un  bel  exem- 
plaù-e  enrichi  de  fort  jolis  dessins. 

Il  y  a  à  YEast-India  House,  sous  le  n"  42  3  du  fonds 
Leyden,  un  masnawî  intitulé  Histoire  en  vers  daklinî  dé- 
signée sous  le  nom  de  Kâlâ  Kâm  ^.  Ce  titre  semblerait 
annoncer  une  Histoire  de  Kola  notre  héroïne;  mais  je 
pense  que  c'est  un  autre  roman  dont  le  sujet  est  tout 
différent.  Il  y  est,  entre  autres,  question  de  conversions  h 
la  religion  musulmane,  autant  que  j'ai  pu  en  juger  en  le 

'   Voyez,  au  surplus,  l'article  sur  P'azlî  Alî. 

-  Dans  le  tome  XXXII  de  ses  œuvres,  pag.  194. 


496  BIOGRAPHIE 

parcourant;  car  le  copiste  y  a  laissé  de  nombreuses  la- 
cunes ,  quand  apparemment  il  n'a  pu  lire  le  manuscrit 
original;  ce  qui  fait  qu'il  est  difficile  de  suivre  le  sens. 
J'ignore  le  nom  de  l'auteur  de  cet  ouvrage.  La  copie  de 
VEast-India  House  semble  écrite  par  une  main  euro- 
péenne, quoiqu'on  lise,  à  la  fin  du  volume,  que  le 
copiste  se  nomme  Saïyid  Muçâ  Rizâ  Ali. 

TAJARRUD. 

]VIîr  Abdullah  Tajarrud  ^  fut  disciple  du  saïyid  Abd 
ulwalî  Uzlat,  ainsi  que  ce  poëte  l'a  dit  lui-même.  Il 
naquit  dans  le  Décan ,  où  il  se  distingua  par  son  talent 
pour  la  poésie.  Mîr  et  Fath  Ali  Huçaïnî  ne  citent  de  lui 
que  le  vers  dont  la  traduction  suit  : 

Ton  visage  a  une  gentillesse  inconnue  aux  anges  ;  le  soleil  ne 
peut  en  donner  une  idée  au  monde  qu'il  éclaire. 

TAJJALLI. 

Muhammad  Haçan ,  connu  sous  le  nom  poétique  de 
TajjaUi-,  est  un  écrivain  dont  Mannû  Lâl,  dans  son  Gal- 
dasta-i  niscMt,  cite  plusieurs  vers  écrits  dans  le  style  et 
avec  les  métaphores  qui  plaisent  aux  Orientaux. 

TAJJALLI  (HAJJI). 

Miyân  Hâjjî  Tajjallî  était  fils  de  Mîr  Muhammad  Kalîm 

'  i»j^  isolement,  célibat. 
^   /Ji-;*'  éclat,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  497 

et  neveu  (fils  de  sœur)  de  Mîr  Muhammad  Taquî,  Selon 
Mushafî,  il  n'avait  pas  son  pareil  comme  poëte  hin- 
doustani.  Il  est  auteur  : 

i"  D'un  diwân  dont  les  gazai,  du  mètre  nommé  kâ- 
mil,  mode  ancien,  particulier  aux  poésies  arabes,  ont 
eu  beaucoup  de  vogue  parmi  les  habitants  de'Dehli. 

2°  D'un  masnawî  sur  la  légende  de  Laïla  etMajnûn. 

3°  De  beaucoup  de  mukhammas  et  de  muçaddas. 

En  1793  il  était  âgé  de  quarante  ans  environ.  Il 
était  militaire ,  et  il  servit  en  cette  qualité  avec  distinc- 
tion. Mushafî,  de  qui  nous  tenons  ces  détails,  était  lié 
avec  lui.  Il  donne  environ  une  page  de  ses  vers  comme 
un  échantillon  de  ses  œuvres.  Voici  la  traduction  d'un 
court  poëme  de  cet  écrivain  cité  par  Béni  Narâyan  : 

Lorsque  tu  as  reçu  dans  ton  cœur  la  flèche  de  son  regard  et 
que  tu  as  été  en  proie  à  l'évanouissement,  on  dirait  que  cet  éva- 
nouissement est  pareil  à  l'agonie  de  l'animal  offert  en  sacrifice. 
Que  ferai-je,  ô  mes  compagnons!  puisque  je  n'ai  pu  soutenir 
ses  regards  sans  que  la  défaillance  soit  venue  à  mon  cœur?  Quel 
meurtre  n'a-t-elle  pas  commis  ?  mais ,  en  voyant  le  sang  couler, 
le  meurtrier  a  été  sans  assurance,  défaillance  a  été  au  meurtrier. 
La  couleur  de  la  joie  est  venue  sur  le  visage  de  la  rose,  et  je 
me  suis  épanoui  comme  le  bouton ,  à  mesure  que  cette  beauté 
aux  joues  de  rose  est  venue.  Ta  vie  s'en  ira  actuellement  dans 
l'agitation,  ô  chasseur!  Ne  dis  point  que  la  saison  du  printemps 
est  revenue  dans  le  jardin.  Etant  mort,  je  me  suis  mêlé  avec  la 
terre.  Hélas  !  le  repos  n'est  pas  venu  cependant  à  mon  cœur  agité. 
Pourrais-tu  douter  de  ma  fidélité,  ô  injuste  amie  !  Prends,  si  tu 
veux ,  une  épée  pour  donner  un  exemple ,  et  brandis-la  sur  ma 
tête.  Tajjallî  a  ouvert  les  yeux  dans  la  bière,  quand  il  a  entendu 
que  cette  amie  est  venue.  Voyez  quelle  est  son  ardeur,  quoiqu'il 
soit  mort. 

I.  32 


498  BIOGRAPHIE 

TALAB. 

Schâh  Muschtâc  Talab  '  fut  le  maître  de  Sanâ ,  poëte 
hindoustani,  natif  de  Patna,  dont  il  a  été  précédemment 
parlé.  Qn  le  compte,  lui  aussi,  parmi  les  écrivains  urdiî. 

TALI. 

Mîr  Schams  uddîn  Tâli  ^  était  un  jeune  homme  des 
environs  de  Lakhnau,  qui  a  acquis  de  la  réputation  par 
son  talent  poétique.  Son  esprit  et  sa  physionomie  inté- 
ressante le  faisaient  remarquer;  malheureusement  les 
serres  du  faucon  de  la  mort ,  pour  me  servir  de  la  mé- 
taphore de  Fath  Ali  Huçaïnî ,  saisirent  de  bonne  heure 
l'oiseau  de  son  âme.  Le  biographe  que  je  viens  de  citer 
donne  plusieurs  vers  de  ce  jeune  écrivain. 

TALIB. 

Tâlib  ^  Huçaïn  Khan,  fils  de  Miyân  Askarî,  était  un 
jeune  homme  très-distingué  par  son  esprit,  et  d'un  ca- 
ractère ouvert  et  aimable,  qui  était  attaché  en  qualité  de 
dâroga  ''  au  prince  royal  Muhammad  Sulaïmân-Schikoh. 
Ses  relations  avec  des  gens  de  lettres  qui  s'occupaient 
de  poésie  lui  donnèrent  du  goût  pour  cet  art.  Il  consulta 
sur  ses  premiers  essais  Mîr  Inschâ  ullah  Khan  qui  fai- 

^  t-Jds  demande ,  etc. 

^    îtîUs  prospérité. 

^  «.-olis  amant,  etc. 

*  Siirintendanl,  premier  ofTicier. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  499 

mait  comme  un  frère,  et  aussi  apparemment  Mushafî , 
qui  se  flatte  dans  sa  biographie  d'avoir  eu  sa  confiance. 
11  a  laissé  des  poésies  hindoustani  ;  Mushafî  en  cite  des 
fragments. 

TAMANNA. 

Khâja  Muhammad  Alî  Tamanna^  d'Azîmâbâd,  fils  de 
Khâja  Abd  ullah  Tayîd,  est  un  poëte  distingué  qui  fut 
lié  avec  Alî  Ibrahim.  Ce  dernier  cite  de  lui  dans  son 
Galzâr  quelques  vers  dont  il  fait  féloge. 

TAMANNA  (  ASCHIQU-I  ALI). 

Aschiqu-i  Alî  Khân,  connu  sous  le  surnom  poétique 

de  Tamannâ,  est  un  écrivain  hindoustani  dont  Mannû 

Lâl  cite  dans  son  Gnldasta-i  niscMt  un  vers  qui  signifie  : 

La  terre  est  une  chose  agréable  dans  mes  rapports  avec  ma 
bien-aimée;  lorsqu'elle  veut  m'écrire,  c'est  sur  le  sable  qu'elle 
dépose  ses  pensées. 

TAMRIN. 

Miyân  ou  Mîr  Salâh  uddîn  Tamkîn^,  de  Dehli,  était 
un  derviche  qui  vivait  du  temps  de  Muhammad  Schâh, 
et  qui  se  distinguait  par  l'indépendance  et  l'originahté 
de  sa  conduite.  Ses  poésies  hindoustani  sont  estimées. 
Mîr,  Fath  Alî  Huçaïnî  et  Alî  Ibrahim  en  citent  un  seul 
et  même  vers  dont  voici  la  traduction  : 

Le  jour  où  Dieu  a  créé  l'amour  et  la  beauté,  il  t'a  faite  une 
pérî,  et  il  m'a  rendu  fou  de  toi. 


•  L^jf  désir,  demande,  etc. 
^  '  -  ^  ir  pouvoir,  etc. 


32. 


500  BIOGRAPHIE 

TAMRIN   (SIRAJ   UDDIN). 

Mîr  Sirâj  uddîn  Tamkîn  est  un  autre  poëte  hindous- 
tani  plus  moderne,  qui  est  cité  seulement  dans  l'ou- 
vrage de  Mannû  Lâl  intitulé  Guldasta-i  niscMt 

TANA. 

Tânâ  ^  est  le  surnom  poétique  du  dernier  sultan  de 
Golconde,  de  la  dynastie  Cutbschâhi,  connu  dans  l'his- 
toire sous  le  nom  à'Ahadiaçan  '^  Schâh.  Lutf,  qui  lui 
consacre  trois  pages  de  son  taskira,  en  fait  un  pom- 
peux éloge.  Lorsque  la  ville  de  Golconde  eut  été  livrée 
par  trahison,  en  1690,  au  célèbre  Aurangzeb,  il  retint 
Abû'lhaçan  prisonnier  dans  cette  ville.  Ce  dernier  mou- 
rut (en  lyo/i),  parce  que,  selon  Lutf,  il  ne  pouvait 
dans  sa  détention  se  donner  toutes  les  aises  auxquelles 
il  était  habitué.  A  ce  sujet,  ce  biographe  s'étend  sur 
l'instabilité  des  choses  humaines  et  sur  le  néant  des 
grandeurs.  Il  exprime  tour  à  tour  ses  pensées  en  prose 
et  en  vers;  mais  comme  elles  n'offrent  rien  de  particu- 
lier, je  me  dispenserai  de  les  reproduire  ici. 

'  Apparemment  pour  /jww,  nom  d'action  de  la  racine  -lî ,  signifiant 
gémissement. 

^  Ou  Abu  Huçaïn. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  501 

TANHA. 

Muhammad  Ica  Tanliâ  '  naquit  à  Lakhnau.  Ses  ancê- 
tres étaient  de  Dehli ,  et  il  alla  y  habiter  lui-même.  En 
effet,  Bénî  Narâyan  nous  dit  qu'en  i8i/i,  époque  où  il 
écrivait  son  Anthologie ,  Tanhâ  résidait  dans  cette  der- 
nière ville.  Il  avait  vingt-sept  ans  en  i  793,  et  par  con- 
séquent quarante-huit  en  1 8 1  4 .  Il  avait  embrassé  l'état 
militaire.  Mushafî  dit,  dans  sa  biographie,  qu'il  joignait 
aux  qualités  de  l'esprit  celles  du  cœur.  Dès  son  enfance, 
il  fit  des  vers  qui  annonçaient  un  talent  naturel  pour  la 
poésie;  arrivé  à  fàge  viril ,  il  écrivit  des  pièces  remarqua- 
bles par  la  brillante  imagination  qui  les  animait.  On  a 
de  lui  des  poèmes  de  différents  genres,  entre  autres  des 
marsiya  et  des  salâm.  Mushafî  cite  trois  ou  quatre  pages 
de  ses  vers,  et  Bénî  Narâyan  en  donne  un  mukhammas. 

TAPAN. 

Mîrzâ  Ahmad  Tapân^  est  un  poète  hindoustani  distin- 
gué dont  Mannû  Lâl  cite  un  cacîdah.  Voici  la  traduction 
de  trois  vers  seulement  de  ce  poème  : 

Je  vais  çà  et  là  comme  le  zéphyr  errant.  A  quelle  fleur  mon 
cœur  doit-il  s'attacher? 

Mes  pleurs,  à  f extrémité  des  cils,  ressemblent  à  f enfant  du 
jongleur  en  haut  du  bambou 

Dans  quelles  délices  se  serait  passée  la  nuit  de  l'union,  si  je 
n'avais  appréhendé  l'aurore  ! 

'  l.<Jo  seul. 

^   CJ^^  pai^jftt/if,  agité. 


502  BIOGRAPHIE 


TAPISCH. 

Miihammad  Ismaïl,  autrement  dit  Mirzâ  Jân  Ta- 
pisch  \  de  Dehii,  était  originaire  de  Bokhara,  patrie 
de  son  père.  Il  était  Mogoi  de  nation,  et  descendait  du 
saïyid  Jalàl  Bukhârî.  C'est  un  poëte  hindoustani  très- 
célèbre,  auteur,  entre  autres,  d'un  ouvrage  intitulé 
Schams  ulhayân'^,  ou  le  Soleil  de  l'élocution,  ouvrage 
qui  consiste  en  une  collection  de  proverbes  avec  des 
exemples  en  rubâî,  en  quita  et  en  misra.  Il  a  écrit  dans 
le  pur  hindoustani  nommé  thenth  ^.  Ses  poésies  ont 
été  réunies  sous  le  titre  de  Kulliyât  ou  Œuvres  com- 
plètes. La  bibliothèque  du  collège  de  Fort- William,  à 
Calcutta,  en  possédait,  je  crois,  l'exemplaire  original. 
Il  est  en  outre  auteur  d'un  ouvrage  en  vers  hindous- 
tani; c'est  un  masnawî  intitulé  BaMr  dânisch  \  ou  le 
Printemps  de  la  science.  On  en  conserve,  dans  la  bi- 
bliothèque de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  un  ma- 
nuscrit qui  provient  du  collège  de  Fort- William.  L'ori- 
ginal persan  de  ce  livre  est  dû  au  schaikh  Inâyât  uîlah. 
Il  a  été  traduit  en  anglais,  d'abord  en  partie  par  le 
colonel  Dow,  puis  en  entier  par  Jonathan  Scott,  qui  en 
a  rendu  fautivement  le  titre  par  Garden  of  hiowledge. 
Enfin  il  a  été  traduit  en  français,  du  moins  en  partie, 
par  Lescallier.  La  traduction  ou  imitation  dont  il  s'agit 

'   (jiiw^is  ou  (Ji>XS  affliction. 
^  f^XjkA^  ,  c'est-à-dire  pur. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  503 

ici  est  différente  de  celle  qui  est  intitulée  Gulzâr-i 
dânisch,  ou  le  Jardin  de  la  science,  production  dont  il 
a  été  parlé  à  l'eii^ticle  sur  Haïdarî. 

Ce  poëte  fut  attaché  au  prince  Mirzâ  Sulâïmân-Schi- 
koli,  et  fut  recommandé  par  ce  dernier  au  maharaja 
Râja  Krischna  Balladur,  père  du  râja  Kâlî  Krischna 
actuellement  existant,  lequel  est  connu  par  la  publica- 
tion de  plusieurs  ouvrages  bengali,  hindoustani  et 
anglais,  qui  lui  assurent  un  rang  honorable  parmi  les 
Indiens  occidentalistes  de  notre  siècle. 

Tapisch  étudia  la  rhétorique  sous  Mirzâ  Muhammad 
Yâr  Beg  Sâyil,  puis  il  fut  disciple  de  Mîr  Dard.  Il  était 
militaire  et  un  des  officiers  du  prince  royal  Murchid 
Zâda-i  Afàc  Jahândar  Schâh  Sâhib ,  avec  qui  il  vint  à 
Bénarès.  Ce  fut  dans  cette  ville  que  Ali  Ibrâliîm  eut  oc- 
casion de  le  voir,  et  il  nous  le  représente  comme  étant, 
en  1  198  de  fhégire  (c'est-à-dire  lySS-iyS/i  de  J.  C), 
un  jeune  homme  de  belle  apparence,  modeste  et  plein 
de  bonnes  qualités.  Mushafî,  qui  était  très-lié  avec  lui, 
ajoute  que  dès  l'âge  de  seize  ans  il  était  passionné  pour 
la  poésie  et  faisait  de  fort  bons  vers  qui  se  distinguent 
par  beaucoup  de  fraîcheur  et  de  pureté.  Il  ajoute  qu'il 
était  d'un  commerce  agréable  et  sûr. 

Tapisch  était  à  Calcutta  en  1 8 1 2  ;  en  181/1  il  était 
encore  vivant  et  habitait  l'Hindoustan  proprement  dit. 
Béni  Narâyan  cite  de  cet  écrivain  distingué  huit  pièces 
différentes. 


504  BIOGRAPHIE 

TAQUI. 

Saïyid  Muhammadde  Dehli,  autrement  dit  Mîr  Ghâcî, 
et  connu  sous  le  surnom  poétique  de  Tacjut  \  est  un 
poëte  hindoustani  distingué  dont  les  biographes  origi- 
naux citent  quelques  vers. 

TARINI  GHARAN   MITR^ 

Savant  Hindou  qui  est  auteur  : 

1°  Du  Purasch  Parîchâ  ^  (  la  Pierre  de  touche  ou  l'é- 
preuve de  l'homme).  C'est  un  recueil  d'histoires  desti- 
nées à  expliquer  les  doctrines  morales  des  Hindous  ;  il 
est  traduit  du  sanscrit  en  hindoustani ,  et  11  a  été  publié 
à  Calcutta  en  1 8 1 3.  Kalî  Krischna  a  donné  une  traduc- 
tion anglaise  du  texte  sanscrit. 

2°  D'une  notice  sur  les  fêtes  populaires  des  Hindous, 
publiée  dans  le  tome  I  des  Hindee  and  Hindoostanee  Sé- 
lections, imprimées  à  Calcutta  en  1827,  notice  que  j'ai 
mise  à  contribution  pour  celle  que  j'ai  donnée  sur  le 
même  sujet  dans  le  Nouveau  Journal  asiatique,  t.  XIII, 
p.  9-7  et  suiv.  et  p.  2  1 9  et  suiv. 

Il  a  coopéré  aux  ouvrages  suivants  : 

1°  The  Oriental  Fahulist,  traduction  des  fables  d'Esope 
et  autres  en  hindoustani ,  braj-bhâkhâ ,  etc. ,  publiées 

'   (i^  /JjVté,  crainte  de  Dieu. 

^  fTTÎ^'Un   "cf^MJ   TRW,  c'est-à-dire  l'ami  des  pieds  de  Diirgâ. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  505 

par  le  doctem^  Giichrist.  Il  est  l'auteur  de  la  traduction 
braj-bhâkhâ. 

2"  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections.  Il  a  publié  cet 
ouvrage  en  commun  avec  M.  W.  Price  ^  On  lui  en  doit 
le  plan  et  l'exécution. 

Il  a  revu  entre  autres  : 

Le  Baïtal  Pachici,  ouvrage  dont  il  est  parlé  aux  arti- 
cles sur  Surat  et  sur  Wilâ. 

TARZ. 

Gurûhârî  Lai  Tarz  ^  était  de  la  tribu  des  Kâyath  ^  et 
habitait  Amroha.  Il  fut  disciple  de  Miyân  Muhammad 
Câîm.  On  le  compte  parmi  les  écrivains  hindoustani. 

TASKIN. 

Mîr  Saâdat  Ali  Taskîn  *  est  un  écrivain  hindoustani, 
estimable  tant  pour  ses  talents  que  pour  ses  bonnes 
qualités.  Il  était  disciple  de  Mîr  Camar  uddîn  Minnat  ^. 
Mushafî  cite  de  lui  quelques  vers  dans  sa  biographie. 

'  La  première  édition  a  été  imprimée  à  Calcutta,  en  1827  -,  la  seconde 
édition,  qui  est  lithographiée,  a  paru  en  i83o.  On  y  a  ajouté  le  Prem 
SârjareiXe  Vocabulaire  de  W.  Price  des  mots  kharî  bolî  qui  s'y  trouvent. 
Voyez  l'article  que  j'ai  consacré  à  cet  ouvrage  dans  le  Joarnai  des  Savants, 
année  i832,  pag.  428  et  suiv.  et  478  et  suiv. 

^  jJ^  manière. 

^  Subdivision  de  la  caste  des  Soudra,  au  Bengale. 

''  /jvX*»o  consolation,  etc. 

*  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 


506  BIOGRAPHIE 


TASWIR. 


Schâh  Jauwâd  Alî  Taswîr  \  de  Murschîdâbâd ,  était 
un  derviche  qui  adopta  une  nouvelle  manière  d'écrire , 
laquelle  ne  fut  pas  trop  approuvée  par  les  connaisseurs. 

Voici  la  traduction  d'un  de  ses  vers  : 

Cette  idole  à  l'air  fier,  à  la  stature  élevée,  est  un  reflet  de  la 
lumière  de  Dieu. 

TILAK. 

Tilak  ^  Chand  est  auteur  d'un  masnawî  urdû  intitulé 
Giibchan-i  ischc,  c'est-à-dire  le  Jardin  d'amour.  J'ignore 
le  sujet  de  cet  ouvrage,  qui  existe  en  manuscrit  à  la  bi- 
bliothèque de  la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

TIPOU. 

Le  sultan  Tîpou^,  autrement  dit  Tifon  Sâhih  (ce  der- 
nier mot  étant  employé  dans  ce  cas  comme  un  titre 
d'honneur  équivalent  à  celui  de  Sultan),  naquit  en  17/19 
et  mourut,  comme  on  le  sait,  en  mai  1799,  en  com- 

'     -  «j^.^"  peinture ,  portrait. 

^  di.Aj  marque  (distinctive  des  sectes ,  que  les  Hindous  se  font  au  front, 
entre  les  sourcils  ). 

'  b^j^-A^  •  Ce  mot  signifie  lion,  ou  pour  mieux  dire,  fiyre,  en  langue 
canara.  C'est  ainsi  que  s'appelait  un  pîr  musulman  célèbre ,  dont  on  vé- 
nère le  tombeau  à  Arkât,  dans  le  Carnatic.  Haïder  Alî,  qui  avait  envers 
ce  saint  une  dévotion  particulière,  donna,  en  son  honneur,  le  nom  de 
Tlpou  à  notre  roi  poète,  comme  autrefois  Akbar  avait  donné,  par  la  même 
raison  ,  le  nom  de  Sallm  à  son  fils  Jahânguîr.  Voyez  mon  Mémoire  sur  la 
relujion  musulmane  dans  l'Inde,  p.  67. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  507 

liattant  vaillamment  au  siège  de  Séringapatam.  Il  était 
fils  d'Haïder  Ali,  le  Hugues  Capet  du  Maïçûr,  et  il  lui 
succéda  sans  opposition  le  6  décembre  i -782. 11  n'entre 
pas  dans  mon  plan  de  parler  ici  de  la  vie  politique  de 
Tîpou,  je  le  cite  seulement  comme  écrivain  hindoustani. 
On  lui  attribue,  en  effet,  dans  le  catalogue  des  livres 
de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  un  ouvrage  inti- 
tulé Mafarrih  ulculûb  \  c'est-à-dire  la  Joie  des  cœurs,  re- 
cueil de  poésies  daklinî  dont  la  bibliotbèque  de  la  So- 
ciété susdite  possède  neuf  exemplaires.  On  lui  doit  aussi 
d'autres  ouvrages  que  la  même  Société  possède ,  mais  ils 
sont  rédigés  en  persan  ;  ce  sont  le  Hukm-nâma  ^,  sorte 
de  mélanges,  et  le  Zabarjad  ^,  livre  d'astrologie.' 

TULCI-DAS. 

Tulcî  ou  Tulacî-dâs  ^,  un  des  écrivains  bindouî  les 
plus  célèbres,  est  représenté  dans  le  Bhaktamâla  comme 
ayant  été  excité  à  la  dévotion  particulière  envers  Râma 
par  sa  femme  qu'il  aimait  passionnément.  Il  adopta  une 
vie  errante;  il  visita  Bénarès,  puis  il  alla  à  Cliitrakûta 
où  il  eut  une  entrevue  personnelle  avec  Hanuman ,  de 
qui  il  reçut  son  inspiration  poétique  et  le  pouvoii'  de 

^   <\^Ià$s^  le  livre  du  commandement. 
'   iXr>.wj\  èmeraade. 

^  dC^tll  6TH  serviteur  de  Tulcî  ou  Tulacî  [ocymum  sancliim) .  Cetle 
espèce  de  basiiic  est  en  grande  vénération  chez  les  Hindous.  Ils  croient 
que  Tulcî  était  une  nymphe  que  Krischna  aima  et  qu'il  métamorphosa 
en  cette  plante. 


508  BIOGRAPHIE 

faire  des  prodiges.  Sa  réputation  parvint  jusqu'à  Dehli 
où  régnait  Schâh  Jahân.  Ce  monarque  le  fit  venir;  mais, 
peu  satisfait  de  ses  doctrines  religieuses,  il  le  fit  ren- 
fermer. Alors  des  milliers  de  singes  se  réunirent  mira- 
culeusement et  se  mirent  à  détruire  la  prison.  Schâh 
Jahân,  frappé  d'étonnement,  le  mit  aussitôt  en  liberté 
et  lui  offrit  même  de  lui  accorder  la  faveur  qu'il  de- 
manderait en  réparation  de  l'indigne  traitement  qu'on 
lui  avait  fait  subir.  Tulcî-dâs  pria  alors  Schâh  Jahân 
de  quitter  l'ancien  Dehli  qui  était  la  résidence  de  Râma, 
ce  que  l'empereur  fit;  et  il  bâtit  la  nouvelle  ville  à  la- 
quelle il  donna  le  nom  de  Scliâhjahânâhâd  ou  la  ville 
de  Schâh  Jahân.  Ensuite  Tulci-dâs  alla  à  Brindâban,  où 
il  eut  une  entrevue  avec  Nâbhâjî  ^  Il  se  fixa  là  et  prêcha 
le  culte  de  Sîta  et  de  Râma,  de  préférence  à  celui  de 
Râdhâ  et  de  Krischna. 

M.  Wilson  '^  ajoute  à  cette  singulière  légende  du 
Bhâktamâla,  que  je  viens  de  reproduire,  d'autres  parti- 
cularités tirées  des  propres  écrits  de  cet  homme  cé- 
lèbre ou  conservées  par  la  tradition ,  particularités  qui 
diffèrent  sous  quelques  rapports  de  ce  qui  précède. 
Selon  ces  documents,  Tulcî-dâs  était  un  Brahmane  de 
la  branche  des  Serwariah ,  et  natif  d'Hâjîpûr,  près  de 
Chitrakûta.  Lorsqu'il  fut  arrivé  à  fàge  mûr,  il  s'établit 
à  Bénarès  et  y  remplit  les  fonctions  de  ministre  du  râjâ 
de  cette  ville.  Son  précepteur  spirituel  était  Jagannâth- 
dâs,  élève,  aussi  bien  que  Nâbhâji,  d'Agradas.  Il  accom- 
pagna son  maître  à  Govardhan ,  près  de  Brindâban  ;  mais 

'   Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 
^  Asiatic  Researches ,  tom.  XVI,  pag.  /i8. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  509 

il  retourna  ensuite  à  Bénarès.  Ce  fut  là  qu'il  commença 
son  Râmâyana,  en  i63i  de  Samvat  (iSyS  de  J,  C), 
âgé  seulement  de  trente  et  un  ans.  Il  continua  à  résider 
dans  cette  ville,  où  il  bâtit  un  temple  à  Sîta-Râma  et 
fonda  un  collège  contigu,  édifice  qui  existe  encore.  Il 
mourut  en  1680  de  Samvat  (162/1  de  J.  G.),  sous  le 
règne  de  Jahanguîr  ^ 

Le  Râmâyana  est  écrit  en  purhhî  hhâkliâ  ou  hindouî 
oriental.  Il  se  divise  en  sept  chants  ou  parties  [kânda)  ^, 
savoir  :  le  Bâlakânda,  c'est-à-dire  la  section  de  l'enfance, 
introduction  à  tout  f ouvrage;  on  y  déduit  les  causes 
de  rincarnation  de  Wischnu,  etc.  Le  Ayodhyâkânda , 
section  d'Ayodhya  (Oude);  on  y  traite  des  actions  de 
Râma  dans  cette  ville.  Le  Aranyakânda;  il  y  est  parlé 
de  ce  que  fit  Râma  dans  les  forêts  et  les  déserts.  Le 
Kischkindhâkânda ,  section  de  Golconde  :  Râvana  en- 
levé Sîta  et  l'emmené  à  Lanka  (Geylan).  Le  Sundara- 
kânda  ou  la  belle  section;  il  s'agit,  dans  ce  chant,  de  la 
beauté  et  des  vertus  de  Râma  et  de  Sîta  son  épouse. 
Le  Lankâkânda,  section  de  Lanka  où  Râvana  emmena 
Sîta.  Enfin  ïUttarakânda,  section  du  nord  (de  l'Inde); 
elle  comprend  les  actions  de  Râma  après  son  retour  de 
Geylan. 

Le  Râmâyana  a  été  imprimé  par  Bâbù  Râm ,  et  par 

'  Asiatic  Researches,  tom.  XVI,  pag.  48. 

^  Dans  la  note  des  ouvrages  lithographies  dans  Field  exercises  of  the 
Army ,  on  le  dit  composé  de  six  chants  [fasl]  seulement;  mais  c'est 
une  erreur.  Le  P.  Paulin  de  Saint-Barthélémy ,  dans  son  ouvrage  in- 
titulé Musei  Borcjiani  cocUces  manuscripti,  pag.  i63,  parle  de  la  traduction 
que  le  P.  Marcus  à  Tumba  a  donnée  ,  d'après  l'hindoustani ,  du  septième 
chant  (uttara  hànda  ). 


510  BIOGRAPHIE 

les  soins  de  Lakschmî  Narâyan ,  à  Kidderpoiir  (  Khizar- 
pûr)\  en  18282,  et  lithographie  à  Calcutta,  en  carac- 
tères nagarî  cursifs,  en  i832.  On  trouve  en  outre  des 
manuscrits  de  ce  poëme  dans  plusieurs  bibliothèques. 
On  en  a  pubhé,  aussi  à  Khizarpùr,  un  abrégé,  sous  le 
titre  de  Kabita  Râmâyana. 

Outre  le  Râmâyana  de  Tulcî-dâs,  il  y  a  plusieurs  com- 
positions hindi  qui  portent  ce  titre.  On  en  trouve  une 
entre  autres  dans  la  bibliothèque  de  YEast-India  House, 
copiée  à  Dehh  en  1728,  sous  Muhammad  Schâh;  elle 
est  en  caractères  persans  et  en  strophes  de  onze  vers. 
L'auteur  paraît  se  nommer  Surâj  Ghand. 

Indépendamment  du  Râmâyana,  qui  est  l'ouvrage  le 
plus  populaire  de  Tulcî-dâs ,  on  lui  doit  encore  : 

1°  Un  Sat  saï,  collection  de  cent  stances  sur  diffé- 
rents sujets. 

2°  Le  Râmganâwalî ,  suite  de  vers  à  la  louange  de 
Rama. 

3°  Un  Guitâwali,  composition  poétique  d'un  but  mo- 
ral et  religieux. 

à"  Vinaya  Patrikâ,  sorte  de  traité  en  vers  sur  la  ma- 
nière de  se  conduire;  et  une  grande  variété  d'hymnes, 
tels  que  Râga,  Kabit  et  Pada,  en  l'honneur  de  sa  divinité 
chérie  et  de  son  épouse,  c'est-à-dire  de  Rama  et  de  Sîta. 

Aces  ouvrages,  cités  par  M.  Wilson  ^  Ward  ajoute  : 

'   jyijjux^  la  ville  de  Khizr  (le  prophète  Élie  ). 

^  Un  volume  grand  in-4°.  Il  y  a  une  édition  antérieure ,  en  un  volume 
petit  in-i"  -,  cette  dernière  est  mieux  imprimée  et  sur  meilleur  papier. 
J'en  ai  vu  un  exemplaire  à  ÏEasl-India  House. 

'  Asiatic  Researches,  tom.  XVI,  pag.  5o. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  511 

5°  Le  Râmo,  janma,  écrit,  selon  lui,  en  dialecte  de 
Bhojpûr-, 

6°  Et  le  Râma  schalakâ,  en  dialecte  de  Kanoje  \  ou- 
vrages où  il  s'agit  encore  de  Râma,  ainsi  que  le  titre 
l'annonce. 

Toutes  les  productions  de  Tulcî-dâs  jouissent  dans 
l'Inde  d'une  très-grande  réputation;  aussi  le  savant  et 
justement  célèbre  H.  H.  Wilson  n'hésite  pas  de  dire  ^ 
«  qu'elles  exercent  plus  d'influence  sur  la  masse  de  la 
«  population  hindoue  que  les  nombreux  volumes  des 
«  compositions  sanscrites.  » 

J'ignore  si  c'est  à  Tulcî-dâs  qu'est  dû  l'ouvrage  inti- 
tulé Katliâ  Barmalâ  ^,  ou  l'Histoire  manifeste.  Je  ne 
connais  pas  le  sujet  de  ce  livre,  qui  est  indiqué  dans  le 
catalogue  des  manuscrits  hindoustani  de  Muhammad- 
bakhsch  comme  ayant  Tulcî  pour  auteur  *. 

ULWL 

Ulwî  ^  Khân  est  auteur  d'un  ouvrage  hindoustani  sur 
la  médecine,  intitulé  Bayâz  dar  ilm  Tibb  ^,  c'est-à-dire 
Album  sur  la  science  de  la  médecine.  Un  exemplaire 
manuscrit  de  cet  ouvrage  se  trouvait  dans  la  biblio- 
thèque de  Muhammad-bakhsch.   J'ignore  si  Ulwî  est 

^  History,  etc.  of  thr  Hindoos ,  tom.  II,  pag.  48o. 
^  Asiatic  Researches  ,  tom.  XVI,  pag.  Ag. 

5  (<;%J^  ilcvè  ,  céleste. 


512  BIOGRAPHIE 

auteur  d'un  autre  ouvrage  hindoustaui  sur  la  médecine , 
lequel  est  cité  dans  le  catalogue  de  la  même  biblio- 
thèque, et  qui  est  intitulé  Gâlib  o  maglûb  '  (le  vain- 
queur et  le  vaincu). 

UMDA. 

Sîta  Râm  Umda^,  du  Cachemire,  était  contemporain 
de  Sirâj  uddîn  Alî  Rhân  Arzù.  Il  a  écrit  un  grand  nombre 
de  vers  hindoustani  fort  agréables,  dans  lesquels  il  pa- 
raît avoir  voulu  imiter  Inâm  ullah  Khàn  Yaquîn.  Fath 
Alî  Huçaïnî  en  cite  trois  pages  entières. 

UMMED   (ALI). 

Ummed^  Alî  Nawâb  Khàn  ,  fds  de  Jahân  Khan,  habi- 
tait Hougly ,  à  l'époque  où  Bénî  Narâyan  écrivait  son 
Anthologie.  On  trouve  cinq  gazai  de  ce  poëte  hindous- 
tani dans  le  Diwân-i  Jahân.  Voici  la  traduction  d'une  de 
ces  pièces  : 

Loué  soit  Dieu  mille  fois,  de  ce  qu'une  lettre  matinale  m'est 
arrivée  de  la  part  de  mon  amie ,  lettre  au  moyen  de  laquelle  la 
conciliation  est  arrivée!  A  mon  cœur  épanoui,  la  nouvelle  de 
mon  amie  est  arrivée;  à  la  rose  flétrie,  la  nouvelle  du  printemps 
est  arrivée.  Mille  tulipes  et  mille  roses  croissent  réellement  là 
où  le  pied  de  mon  amie  aux  joues  de  rose  est  arrivé.  Ne 
croyez  pas  que  ce  soit  le  hinna  qui  teigne  ses  pieds  ;  cette  couleur 
rouge  leur  est  arrivée  par  le  sang  du  meurtre  général  de  ses 
amants.  0  charmante  chasseresse  !  est-ce  que ,  quand  tu  as  vu 

'  f^<y^ÀSb  c:vW^  V^'^'^.9   (->wJI^ 

'  ôJsJj  noble,  etc.  * 

•*   <Xa.«I  espoir,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  515 

l'oiseau  de  mon  cœur,  l'envie  de  le  chasser  ne  t'est  pas  ari'ivée  ? 
Un  de  tes  regards  a  enivré  le  monde  ;  regarde  de  ce  côté ,  et  tu 
verras  que  l'ivresse  y  est  arrivée.  L'esprit  de  Ummed  s'est  livré 
à  la  joie  lorsque  le  message  de  cette  belle  au  visage  de  rose  est 
arrivé  jusqu'à  lui. 

Voici  une  autre  pièce  du  même  écrivain  : 

0  soupir!  je  n'ai  pas  découvert  l'effet  que  tu  as  produit;  je  n'ai 
pas  ressenti,  ce  soir,  le  résultat  de  ta  magie. 

Elle  passera  peut-être  bien  auprès  de  ma  tombe  ;  mais ,  hélas  ! 
je  ne  pourrai  la  voir,  car  je  serai  mort.  Actuellement  il  ne  se  passe 
pas  un  seul  jour,  sans  que  j'aperçoive  le  pan  de  sa  robe  souillé 
de  mon  sang. 

0  tvrannique  beauté!  je  n'ai  pas  trouvé,  dans  le  miel  et  le  sucre, 
de  douceur  pareille  à  celle  de  tes  lèvres.  Tu  es  toujours  armée  de 
flèches,  d'épées,  de  poignards  dont  les  boucliers  ne  sauraient 
repousser  les  atteintes. 

Je  n'ai  jamais  goûté  le  fruit  du  dattier  de  la  vie;  mais  l'espoir 
[Ummed)  en  AU rae  soutient. 

UMMED  (CAZALBASCH). 

Mirzâ  Muhammad  Rizâ,  connu  sous  le  takhallus  de 
Ummed,  était  de  Hamadân,  Il  quitta  son  pays  natal  dès 
sa  jeunesse,  et  alla  s'établir  à  Ispahân  où  il  fut  le  dis- 
ciple de  Mirzâ  Tâhir,  surnommé  Wâhià;  puis  il  alla 
dans  l'Hindoustan,  sous  le  règne  d'Aurangzeb;  et  sous 
celui  de  Balladur  Scliâh,  il  reçut  avec  le  titre  honorifique 
de  Cazalbâsch  Khân  le  grade  de  colonel.  Il  fut  employé 
dans  plusieurs  opérations  militaires,  et  mourut  en  1 7/16. 
On  le  compte  parmi  les  poètes  urdû.  Il  a  écrit,  en  effet, 
plusieurs  gazai  en  cette  langue  et  huit  mille  vers  en  per- 
san. Lutf  entre  dans  des  détails  circonstanciés  sur  la  vie 
de  cet  écrivain ,  et  il  cite  de  lui  deux  pièces  de  vers. 
1.  33 


514  BIOGRAPHIE 

Mîr,  qui  l'a  connu,  dit  qu'il  était  d'une  société  agréable 
et  d'un  caractère  fort  gai.  Il  donne  de  lui  deux  vers  dans 
sa  Biographie  des  poètes  liindoustani ,  vers  dont  je  joins 
ici  la  traduction  : 

Lorsque  je  suis  privé  de  mon  ami,  j'ai  une  admirable  société: 
des  murs  et  une  porte,  voilà  ce  qui  la  compose.  En  voyant  tes 
yeux  malins,  j'ai  eu  peur,  et  j'ai  appelé  au  secours  \ 

UMR. 

Muquirr^  Khân  Umr  ^,  du  Décan,  était  Mançab-dàr  '* 
dans  cette  partie  de  l'Inde.  Il  est  cité  comme  un  des 
disciples  de  Walî.  Il  s'est  attaché  surtout  à  exprimer 
de  nouvelles  pensées ,  loin  de  répéter,  comme  la  plupart 
des  poètes  orientaux,  les  idées  des  autres  écrivains. 
Fath  Alî  Huçaïnî  cite  une  page  environ  de  ses  vers. 

UNRARA. 

Sri  Unkara  Bhât ,  un  des  principaux  et  des  plus  ha- 
biles jotIscM  ou  astronomes  de  Malvva  ,  est  auteur  d'un 
ouvrage  hindi  destiné  à  expliquer  à  ses  compatriotes  le 
système  correct  d'astronomie  dont  bien  peu  ont  une 

»  liuÀilla^ 

^   wic«  est  le  nom  d'agent  de  la  quatrième  forme  verbale  de  la  racine 

arabe  jjj ,  forme  qui  signifie  établir,  et  par  suite  avouer,  etc. 

'    yî  vie. 

*   jl<Xx*ajc«  officier  (militaire),  maijistrat .  toute  personne  revêtue 
de  fonctions  publiques. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  515 

juste  idée.  Cet  ouvrage,  intitulé  Bhikjola  Saro  Likhyaté, 
est  proprement  une  traduction  libre  d'un  livre  sur  le 
système  astronomicpie ,  d'après  les  Pourana,  le  Sid- 
dhânta  et  Copernic,  écrit  en  maliratte  ^  par  Subhâjî 
Bâpu,  et  intitulé  Siddhânta  Siromani  Prakâça.  Ces  deux 
productions  se  trouvent  dans  la  bibliothèque  de  la  So- 
ciété asiatique  de  Calcutta.  Voici  ce  que  dit  de  ce  der- 
nier traité  M.  Wilkinson,  agent  du  gouverneur  général 
à  Bhilsa,  dans  une  lettre  communiquée  à  la  Société 
asiatique  de  Calcutta  par  M.  Macnaghten  : 

«  C'est  un  ouvrage  cjui  pourrait  supporter  l'épreuve 
«  de  la  critique  la  plus  sévère  :  il  est  plein  de  réflexions 
«philosophiques.  De  ce  que  les  productions  des  diffé- 
«  rents  pap  sont  nécessaires  réciproquement  aux  autres, 
«l'auteur  en  tire  la  conséquence  que  l'intention  de  la 
«Providence  est  d'unir  tous  les  hommes  par  le  com- 
«  merce  dans  les  liens  d'une  affection  basée  sur  l'intérêt 
«  personnel.  Il  pense   conséquemment  que  la  défense 
«  faite  aux  Hindous  de  voyager  dans  les  contrées  étran- 
«  gères  est  contre  nature.  Il  attaque  la  folie  des  prédic- 
«  tions  astrologiques ,  et  il  défend  la  sagesse  et  la  bonté 
«de  la  Providence  qui  voile  favenir  à  notre  curiosité, 
«et  qui  nous  maintient  toujours  dans  notre  devoir  par 
«  une  espérance  assurée.  Il  ne  laisse  aucune  des  nom- 
u  breuses  erreurs  vulgaires  des  Hindous  cpii  ont  rapport 
«à  la  géographie  ou  à  fastronomie,  sans  les  réfuter 
«  d'une  manière  complète  et  satisfaisante.  » 

'   Cet  ouvrage  a  été  imprimé.  Voyez  le  Journal  de  la  Société  asiatique 
de  Calcutta,  tom.  VI,  pag.  4o2. 

33. 


516  BIOGRAPHIE 

USCHSCHAC^ 

Hindou  de  la  caste  des  Kschatrya,  qui  s'est  occupé 
de  poésie  hindoustani ,  mais  dont  les  vers ,  selon  Mîr,  ne 
sont  pas  toujours  conformes  aux  règles  de  l'art.  Son  sur- 
nom poétique  annonce  quelles  étaient  ses  dispositions. 
Il  fréquenta  les  assemblées  des  amis  de  la  littérature 
rekhta  qui  avaient  lieu  chez  Mîr  et  Dard;  toutefois,  à 
l'époque  où  Mîr  écrivait  sa  biographie ,  Uschschâc  ne 
voyait  plus  personne,  au  point  qu'on  aurait  pu  croire 
qu'il  était  mort. 

UZLAT. 

Le  faquîr  Saïyid  Abd  ulwalî  Uzlat^,  un  des  poètes 
dakhnî  les  plus  distingués,  naquit  à  Surate.  Il  était  fds 
de  Saïyid  ou  Schâh  Sad  ullah,  surnommé  Siirâti  ou  de 
Surate,  parce  qu'il  habitait  cette  ville.  Ce  dernier  était 
distingué  par  sa  science  et  renommé  surtout  par  sa  sain- 
teté. Le  célèbre  empereur  Alamguîr  (Aurangzeb)  le 
protégeait  et  faisait  grand  cas  de  lui.  Il  était  originaire 
d'un  village  près  de  Lakhnau  ^  ;  mais  il  se  retira  à  Surate, 
où  Uzlat  naquit.  Ce  dernier,  après  la  mort  de  son  père , 
alla  à  Dehii  pour  se  former  à  l'art  d'écrire.  Il  y  fré- 

'  (^L-<i-_£.  Ce  mot  prononcé  uschscliâc ,  comme  je  l'ai  fait,  est  un 
pluriel  irrcgulier  arabe  de  l'adjectif  verbal  ^^.^Le -,  prononcé  ascKschâc , 
ce  qui  est  peut-être  la  vraie  leçon,  c'est  un  adjectif  d'intensité  dérivé  du 
même  nom,  et  signifiant  tris-amoureux . 

-   Ci^Jwft  retraite. 

'  Selon  Fath  AU  Huçaïnî ,  il  était  de  Barîli  (  (A_j  wj  ) ,  que  les  An- 
glais écrivent  Baredj. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  517 

quenta  les  gens  de  lettres  les  plus  notables ,  et  y  étudia 
les  écrivains  arabes  et  persans.  Il  s'exerça  un  peu  sur 
la  poésie  persane;  mais  son  goût  l'entraîna  vers  la  poésie 
rekhta,  qu'il  cultiva  avec  succès.  Il  n'était  pas  seulement 
distingué  par  les  qualités  de  son  esprit,  mais  encore 
par  sa  piété  et  par  sa  grande  droiture.  Il  était  d'ailleurs 
très-aimable  et  savait  manier  délicatement  la  plaisan- 
terie. Il  alla  à  Murschîdâbâd ,  sous  le  gouvernement  du 
nabab  Muhammad  Ali  Wardî  Khan  Mahâbat-jang,  et 
fut  l'objet  des  faveurs  de  ce  prince.  Après  la  mort  de  ce 
souverain ,  il  retourna  dans  le  Décan  et  y  passa  le  reste 
de  ses  jours.  Ses  poésies  sont  empreintes  d'un  carac- 
tère de  mélancolie  qui  n'empêche  pas  qu'elles  ne  soient 
très-remarquables  et  parfaites  dans  tous  les  genres.  C'est 
Mîr,  poëte  très-distingué  lui-même ,  qui ,  dans  sa  biogra- 
phie, porte  ce  jugement  sur  Uzlat,  et  qui  nous  fait  sa- 
voir que  cet  écrivain  du  Décan  avait  pour  lui  beaucoup 
d'amitié.  Uzlat  est,  entre  autres,  auteur  : 

1  °  D'un  diwân  dont  on  conserve  un  exemplaire  ma- 
nuscrit à  VEast-India  Hoase,  et  dont  les  biographes  ori- 
ginaux citent  plusieurs  pages. 

2°  D'un  masnawî  intitulé  Râg  mâla,  c'est-à-dire  la 
Couronne  ou  la  Guirlande  des  ràg  (modes  musicaux), 
poème  qu'on  trouve  aussi  parmi  les  manuscrits  hindous- 
tani  de  ÏEast-India  Hoase  ^ 

M.  H.  H.  Wilson  a  deux  ouvrages  manuscrits  en  ca- 
ractères nagarî  intitulés  l'un  et  fautre  Râga  mâla;  ce 

^  Il  y  en  a  deux  manuscrits;  l'un  des  deux  porte,  en  outre,  le  titre  de 
CV   iù'**'i'"**'   °"  peut-être   ^j^  ».<**»-<-«*»  siihasr  ras. 


518  BIOGRAPHIE 

sont  sans  doute  des  ouvrages  sur  le  même  sujet.  Le 
premier  est  dû  au  swâmi  Kârtik,  le  second  à  Hulâs 
Pàthaki. 

VALLABHA. 

Vallabha  Swâmi,  fils  de  Lakschmana  Bhatt,  bramane 
taïlanga,  est  l'instituteur  de  la  secte  des  Vallabhâcharî.  Il 
vivait  au  commencement  du  xvi*  siècle.  Il  habita  d'abord 
Gokul,  village  sur  la  rive  gauche  de  la  Jamna,  à  trois  kos 
environ  à  l'est  de  Mathura;  puis  il  visita  tous  les  lieux  de 
pèlerinage  de  l'Inde;  il  s'établit  ensuite  à  Bénarès.  Enfin , 
ayant  accompli  sa  mission,  il  entra  dans  le  Gange,  à  Ha- 
numânghât,  où  il  disparut;  une  flamme  brillante,  dit-on, 
s'éleva  de  cet  endroit.  H  serait  trop  long  de  s'arrêter  sur 
tous  les  détails  de  la  vie  religieuse  et  de  l'apostolat  de 
notre  auteur,  et  il  n'entre  pas  dans  mon  sujet  d'entre- 
tenir le  lecteur  des  principes  de  la  secte  nouvelle  que 
Vallabha  établit,  d'après  l'ordre  de  Krischna,  qui  lui  ap- 
parut en  personne;  je  ne  pourrais,  d'ailleurs,  que  copier 
le  savant  travail  de  M.  \\  ilson  sur  les  sectes  religieuses 
des  Hindous  (tom.  XVI  des  y4siatic  Researches,  pag.  84  et 
suiv.);  aussi  préféré-je  y  renvoyer  le  lecteur.  Qu'il  me 
suffise  de  dire  que  Vallabha  est  auteur  de  stances  braj- 
bhâkhâ,  en  l'honneur  de  Wichnu,  intitulées  FTichnii 
Pada;  il  est  aussi  le  héros  d'un  ouvrage  hindoustani 
qui  porte  le  titre  de  Vârtta  ou  Bârtta,  lequel  est  une 
collection  d'anecdotes  merveilleuses  sur  ce  chef  de 
secte,  et  sur  ses  premiers  disciples,  au  nombre  de 
quatre-vingt-quatre ,  renfermant  des  personnes  des  deux 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  519 

sexes,  et  de  toutes  les  classes  des  Hindous.  On  trouve 
des  extraits  de  ce  dernier  ouvrage  dans  l'excellent  Mé- 
moire déjà  cité,  ibid.  pag.  96  et  suiv.  M.  Wilson  pos- 
sède un  exemplaire  du  Bârtta;  c'est  un  volume  in-8°, 
écrit  en  caractère  nagarî. 

VARGARAYA'. 

Auteur  du  Gopâchalcikathâ,  à  la  lettre,  Histoii^e  de  la 
terre  des  vachers ,  c'est-à-dire  Histoire  de  Gualior,  ville 
célèbre  de  l'Inde  dans  la  province  d'Agra ,  qui  a  eu  des 
râjâ  particuliers  dès  l'année  1 008  de  J.  C,  Elle  fut  prise 
par  les  Musulmans  en  1 1 97,  mais  les  Hindous  s'en  ren- 
dirent maîtres  de  nouveau.  Elle  fut  subjuguée  ensuite, 
en  1225,  par  Altamscli,  souverain  pathan  de  Dehli.  On 
trouve  un  exemplaire  de  l'ouvrage  de  Vargarâya  écrit 
en  caractère  nagarî,  parmi  les  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque royale  du  fonds  Polier.  Il  est  écrit  en  vers, 
comme  tous  les  ouvrages  hindi  et  sanscrits. 

YÉDANGA-RAYAl 

Auteur  du  Pârsi-prakâs  ^,  ouvrage  où  se  trouve  dé- 
crite la  manière  de  compter  les  mois,  etc.,  chez  les 
Hindous  et  les  Musulmans,  et  qui  fut  rédigé  par  l'ordre 
de  Schâh  Jahân,  Cet  ouvrage  faisait  partie  de  la  coHec- 


101  du  livre. 


1   ^i|^|i|    roi  (lu  II 

'  ^^rr^T  i|^  le  roi  (le  la  science  des  Védas. 

'  TTITTT  rr^îTîT  manifestalwn  persane. 


520  BIOGRAPHIE 

tion  Mackenzie  :  il  est  mentionné  dans   le  catalogue 
qu'en  a  donné  le  professeur  Wilson,  t.  II,  p.  i  lo. 

VINAYAVIJAYA-GAINI  \ 

Auteur  du  Srîpâh-cTiaritra^,  ou  Histoire  de  Srîpâla, 
roi  de  Malva,  en  quatre  sections,  ouvrage  en  faveur  de 
la  religion  jaïna.  C'est  une  production  toute  différente 
de  celle  qui  est  due  à  Paramalla ,  quoiqu'elle  porte  le 
même  titre  et  que  ce  soit  aussi  un  livre  jaïn.  On  la 
trouve  indiquée  dans  la  collection  Mackenzie,  tom.  II, 
p.  1 13.  Voici  la  courte  analyse  qu'en  donne  le  savant 
indianiste  M.  Wilson  : 

Srîpâla  avait  deux  lllles;  ayant  eu  à  se  plaindre  de 
l'une  d'elles  nommée  Mayanaçundari,  il  la  maria  à  un 
lépreux  de  basse  condition;  mais  ce  lépreux  se  trouvait 
être  un  jaïn  :  il  convertit  la  princesse  à  sa  croyance,  et 
fut  guéri  de  sa  lèpre. 

Srîpâla  soumit  Dhavaleça,  roi  de  Kançambi,  et  il 
épousa  Madanamanjûschâ  sa  fdle.  Ensuite  il  épousa 
encore  cinq  autres  princesses  dont  il  obtint  la  main  par 
différents  artifices. 

Puis  il  défit  Ajitséna,  roi  de  Champa,  et  prit  cette 
ville.  Dans  la  description  de  cette  cité,  se  trouve  inter- 
calé l'éloge  de  la  religion  jaïn.  Srikantba,  roi  de  Hira- 
nyapur,  en  expose  les  dogmes,  et  les  éclaircit  par  des 
narrations  intéressantes.  Cette  dernière  partie,  où  sont 

'  Je  pense  que  ce  nom  doit  être  écrit  l^«i^i=<il^   Tl 'D  • 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  521 

développés  les  neuf  principes  fondamentaux  de  cette 
secte,  se  nomme,  à  cause  de  cela,  Navapada  Mahima, 
ou  l'Excellence  des  neuf  mots. 

WAFA. 

Lâla  Nol  Raé  Wafâ  \  jeune  frère  du  râjâ  Gulâb  Raé, 
ministre  de  Najîb  uddaula  Najîb  Khân,  était  un  Hindou 
fort  instruit  qui  s'était  occupé  de  poésie.  Les  biographes 
originaux  citent  de  lui  quelques  vers. 

WAHIDIl 

Ecrivain  du  Décan ,  à  qui  on  doit  un  poëme  sur  Mu- 
hammad  Hanif,  le  même,  je  pense,  dont  il  se  trouve 
un  exemplaii^e  à  la  bibliothèque  de  VEast-India  House, 
et  qui  est  intitulé  Kissa-i  dar  aluvâl-ijangu-i  Muliammad 
Hanif.  Je  possède  un  exemplaire  de  ce  poëme  qui  fait 
partie  d'un  recueil  assez  considérable.  Dans  la  liste  des 
pièces  dont  ce  recueil  se  compose,  on  l'a  intitulé,  je 
ne  sais  pourquoi,  Hazrat  Ali  SU  (apparemment  pour 
Qaissa-i Hazrat  Ali  SU).  Il  a  été  écrit  en  1 2  1 8  de  f  hégire. 

Je  pense  que  c'est  au  môme  écrivain  qu'on  doit  un 
autre  masnawî  intitulé  Mardé  ahvâl  ou  Mardéké  ahvâl  ^, 
poëme  qui,  dans  le  manuscrit  dont  je  viens  de  parler, 
est  joint  au  premier. 

'  Uj  fidélité. 


522  BIOGRAPHIE 


WAHM. 


Mîr  Muhammad  Alî  Wahm  \  fils,  selon  Alî  Ibrahim, 
et  selon  Mushafî,  petit-fils  de  Mîr  Muhammad  Taquî 
Khayâl,  auteur  de  l'ouvrage  intitulé  Bostan-i Khayâl",  est 
un  écrivain  hindoustani  qui  résidait  à  Lakhnau,  à  l'é- 
poque où  Alî  Ibrâhîm  écrivait ,  et  il  y  était  attaché  à  la 
cour  du  nabâb  Açaf  uddaula  Bahâdur,  qui  avait  la  plus 
haute  idée  de  son  mérite. 

WAHSGHAT. 

Mîr  Bahâdur  Alî  Wahschat  ^  était  un  des  officiers  de 
la  cour  du  nabâb  d'Aoude,  Schujâh  uddaula.  Il  a  com- 
posé un  ouvrage  intitulé  Bârah  mâça,  ou  les  Douze  Mois , 
en  thenth  ou  pur  hindoustani. 

WAHSCHAT,  DE  DEHLI. 

Mîr  Abulhusn  Washchat,  de  Delili,  petit-fils  de  Tîr- 
andâz  Khân,  hit  élève  de  Mirza  Rafî  Saudà.  On  le 
compte  parmi  les  écrivains  urdû . 

'   J^  imagination,  idée,  conjecture. 

^  JIaj^  M^'j'^%^  ^^  j^i->'diii   d(    l'iniaiji nation.   Ce  dernier   mot   a  été 
t  iiiployé  pour  faire  allusion  au  nom  de  Tauteur. 
■'     •■    ■'■     >.k  aversion. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  525 


WALL 


Munschî  Muhammad  Wâlî  \  de  Pandua-,  habitait 
Hougiy  à  l'époque  ou  écrivait  Alî  Ibrahim  :  ce  dernier 
le  compte  parmi  les  poëtes  hindoustani,  et  il  cite  de  lui 
quelques  vers. 

WALI,   DE   DEHLI. 

Mirzâ  Muhammad  Walî^,  de  Dehli,  neveu  (fils  de 
frère)  du  spiritualiste  Scbâh  Asrâr  ullah,  résidait  à  Mur- 
schîdàbâd  en  i  ig/ide  l'hégire  (1780  de  Jésus-Christ). 
Il  est  auteur  d'un  grand  nombre  de  vers  urdû  qu'il  a 
réunis  en  un  diAvân.  Béni  Narâyan  le  confond  avec  Walî 
du  Décan;  et  parmi  les  onze  gazai  qu'il  cite  comme 
dus  à  la  plume  de  Walî  de  Dehli,  il  s'en  trouve  huit 
qui  sont  l'ouvrage  de  Walî  du  Décan.  Lutf  était  très- 
lié  avec  ce  poëte,  et  il  rapporte  de  lui  plusieurs  pièces 
de  vers. 

'   <i  U  prince ,  chef. 

'^  Ville  du  Bengale  renommée  pour  l'excellent  air  qu'on  respire  dans 
ses  environs,  et  pour  ses  fruits  provenants  tant  de  l'Inde  que  de  l'Europe. 
Les  Anglais  convalescents  vont  y  changer  d'air.  Dans  une  des  montagnes 
qui  l'entourent  on  trouve  la  caverne  de  Bùbûân,  remarquable  par  ses  sta- 
lactites, ses  cristaux  et  ses  pétrifications.  On  a  exploré,  jusqu'à  un  mille, 
une  branche  de  cette  caverne ,  et  on  s'est  assuré  qu'elle  ne  se  terminait 
pas  là;  on  a  senti  en  effet  un  courant  d'air,  et  on  en  a  tiré  la  conséquence 
que  cette  branche  va  aboutir  au  côté  opposé  de  la  montagne ,  qui  est 
ainsi  percée  de  part  en  part.  W.  Hamilton  ,  East-Jndia  (iazettcer,  tom.  II, 
pag.   426. 

"^  (j«  ami,  etc.  Il  y  a  un  auteur  nonmié  fVali  Muhammad ,  c'est-à-dire 
l'Ami  de  Mahomet.  Vnvez  l'article  Mlrâii. 


524  BIOGRAPHIE 

J'ignore  si  c'est  cet  écrivain  qui  est  auteur  d'un  ou- 
vrage en  vers  urdû  intitulé  Dali  majlis,  ou  les  Dix  Séan- 
ces, livre  dont  on  conserve  un  manuscrit  à  la  biblio- 
thèque de  la  Société  asiatique  de  Calcutta.  Cet  ouvrage, 
comme  celui  de  Haïdarî  qui  porte  le  même  titre,  est, 
à  ce  que  je  pense,  une  collection  de  marciya  destinés 
à  être  lus  pendant  les  dix  premiers  jours  de  muharram, 
dans  les  réunions  que  tiennent  les  Musulmans  pour 
honorer  la  mémoire  de  Hucaïn. 

WALI,   DU  DÉCAN. 

Muhammad  Walî,  ou  pour  mieux  dire,  Schâh  Mu- 
hammad  Walî  ullah  Walî,  est  considéré  par  les  Musul- 
mans de  l'Inde ,  surtout  par  ceux  du  Décan ,  comme  le 
poëte  par  excellence,  le  père  de  la  poésie  hindoustani.  Il 
se  donne  lui-même  le  nom  de  souverain  de  Tempire  du 
discours,  et  il  dit  aussi  :  «Par  mes  vers  harmonieux 
«j'ai  privé  de  sa  supériorité  le  rossignol,  qui  est  re- 
«  connu  cependant  comme  le  prince  de  l'harmonie .  » 
Ses  ancêtres  habitaient  le  Guzarate;  quant  à  lui,  il  na- 
quit à  Aurangâbâd  \  capitale  de  la  province  de  ce  nom 
dans  le  Décan.  Il  écrivait  dans  la  dernière  moitié  du 
XVII*  siècle,  soit  dans  cette  ville,  soit  dans  d'autres  cités 
du  Guzarate  ou  du  Décan ,  ainsi  qu'il  le  dit  dans  les  vers 
dont  voici  la  traduction  : 

Walî  est  connu  dans  l'Iran  et  le  Tourân,  quoiqu'il  ait  écrit  ses 

vers  dans  le  Décan Walî  est,  dans  le  Décan  ,  soumis  à  tes 

ordres. 

'   Selon  le  Nikâl  uschuarâ.  par  Mîr  Taquî. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  525 

Et  dans  celui-ci  où  il  désigne  Satara,  ville  du  Décan, 
comme  étant  le  pays  qu'il  hal)ite  : 

Les  noires  boucles  de  tes  cheveux,  dit-il,  entourent  la  perle 
de  ton  oreille,  comme  l'armée  indienne  la  ville  de  Satara. 

Il  doit  avoir  aussi  écrit  dans  le  Bengale ,  ainsi  que  paraît 
le  prouver  l'hémistiche  suivant  : 

Le  Bengale  est  dans  le  ravissement  en  contemplant  les  charmes 
de  tes  yeux. 

Et  celui-ci  : 

Tes  vers ,  ô  VValî ,  font  les  délices  du  Bengale. 

Il  a  aussi  écrit,  à  Dehli,  des  pièces  de  vers;  car  il  cite 
la  Jamna  de  préférence  à  toute  autre  rivière,  dans  ce 
vers  : 

Les  tresses  ondoyantes  de  tes  cheveux  ressemblent  aux  ondes 
delà  Jamna;  ta  noire  lentille  au  sannyâcî ,  qui,  sur  la  rive,  at- 
tend l'instant  favorable  pour  se  baigner. 

Ailleurs ,  il  se  plaint  d'être  éloigné  du  Guzarate ,  dont  il 
était  originaire  : 

Mon  cœur,  dit-il,  est  dans  l'angoisse,  parce  que  je  suis  éloigné 
du  Guzarate. 

Mîr,  qui  dans  sa  biographie  ne  donne  des  détails 
que  sur  quatre  poètes  dakhnî  (Walî,  Uzlat,  Sirâj  et 
Azâd),  lesquels,  selon  lui,  ont  égalé  les  plus  distingués  de 
l'Hindoustan,  Mîr,  dis-je,  place  Walî  à  leur  tête.  Il  nous 
apprend,  ainsi  que  Lutf,  que  Walî  alla  dans  le  nord  de 
l'Inde  et  notamment  à  Dehli ,  qu'il  y  vit  souvent  Miyân 
Gulschan  Sâhib,  et  qu'il  lui  récita  des  fragments  de  ses 
vers.  Gulschan,  dit-on,  lui  donna  quelques  conseils  sur 


526  BIOGRAPHIE 

la  manière  de  rajeunir  les  pensées  des  poètes  persans, 
en  les  reproduisant  en  rekhta.  Mîr  dit,  du  reste,  qu'il 
n'a  pas  les  données  nécessaires  pour  écrire  convenable- 
ment la  biographie  de  ce  célèbre  poëte.  Il  ne  cite  qu'une 
page  et  demie  de  ses  vers  :  Lutf  en  donne  quatre  pages. 

De  son  côté,  Ali  Ibrahim,  dans  son  Anthologie  bio- 
graphique intitulée  Gulzâr-i  Ibrâliîm,  ne  consacre  que 
quelques  lignes  à  ce  poëte  renommé  :  «  Schams  Schâh 
uWâlî  ullah,  dit-il,  originaire  du  Guzarate,  est  un  des 
«  poètes  les  plus  distingués  et  les  plus  célèbres  du  Dé- 
u  can.  On  dit  qu'il  vint  dans  l'Hindoustan  sous  le  règne 
ud'Alamguîr  (Aurangzeb),  et  qu'il  eut  part  à  ses  faveurs 
«royales.  Walî  est  un  des  auteurs  hindoustani  les  plus 
«  estimés  ;  il  est  le  premier  poëte  qui  ait  écrit  dans  le 
u  dialecte  du  Décan  un  diwân  digne  d'être  cité.  »  A  la 
suite  de  cette  notice  succincte,  Ibrahim  donne  quelques 
morceaux  choisis  dans  le  diwân  de  ce  poëte,  morceaux 
qui  remplissent  trois  pages  in-folio.  Mushafî,  auteur  du 
Tazkira-i  schuarâ-i  Hindi,  ou  Biographie  des  poètes  hin- 
doustani, ne  parle  pas  de  Walî-,  et  Bénî  Naràyan,  dans 
son  Anthologie  hindoustani  intitulée  Diwân-i  Jaliân,  le 
confond  avec  Mirzâ  Muhammad  Walî,  de  Dehli,  dont 
il  a  déjà  été  parlé. 

Il  semble  que  Walî  ait  tenu  un  juste  milieu  entre  les 
Imamiens  et  les  Sunnites.  Tantôt,  en  effet,  il  s'exprime 
sur  les  quatre  premiers  khalifes  comme  s'il  était  sun- 
nite ;  et  ailleurs,  les  louanges  immodérées  qu'il  prodigue 
à  Alî  peuvent  le  faire  considérer  comme  schiite  ou 
imamien. 

On  a  lieu  de   croire  qu'il  conserva  l'indépendance 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  527 

d'un  vrai  poëte,  car  aucun  prince  n'est  célébré  dans  ses 
vers.  Il  ne  ressemble  pas  en  cela  à  Saudà,  à  Mîr  ni  à  Ha- 
çan,  les  trois  poètes  bindoustani  qui,  avec  lui,  ont  le 
plus  de  réputation,  lesquels  ont  épuisé  les  ressources 
des  métapbores  et  des  allégories  orientales  pour  louer 
les  empereurs  de  Dehli  et  les  nababs  d'Oude  et  du  Ben- 
gale sous  lesquels  ils  ont  écrit. 

Il  a  connu  les  arts  de  l'Europe  :  «  Les  peintures  euro- 
ce  péennes,  dit-il  quelque  part,  sont  ravies  d'étonnement 
«  en  voyant  ta  face,  honte  du  pays  de  Daman.  » 

Il  paraît  qu'il  a  formé  des  disciples.  Aiî  Ibrâliim  cite 
comme  tel,  dans  son  Anthologie  biographique,  Mu- 
quirr  Khan,  dont  le  surnom  poétique  était  Umr  \  poëte 
distingué  qui  occupait  des  fonctions  civiles  importantes 
dans  le  Décan. 

Wall  est  du  nombre  des  poètes  hindoustani  qu'on 
peut  appeler  mystiques  ou  spiritualistes.  On  ne  saurait 
mieux  le  comparer  qu'à  Hàfiz ,  dont  il  a  les  beautés  et 
aussi  les  défauts.  Sous  fapparence  de  la  légèreté  et  du 
libertinage,  il  dévoile  le  sy^stème  des  sofîs  musulmans; 
il  le  reproduit  sous  toutes  les  formes  afin  d'être  bien 
compris.  «Mon  esprit,  dit-il  dans  un  de  ses  gazai,  est 
«plein  de  pensées  sublimes;  il  n'attend  qu'une  oreille 
«  pour  les  écouter.  »  Ce  système  se  retrouve  dans  cha- 
cune de  ses  allégories,  de  ses  métaphores,  de  ses  allu- 
sions. Quelquefois,  cependant,  il  parle  ouvertement, 
lorsqu'il  dit,  par  exemple  :  «  Dirige  à  chaque  instant  ton 
«  intelligence  vers  le  Créateur;  dans  chaque  circonstance 
«tourne  la  tète  vers  ton  Dieu.  »  Et  ailleurs  :  «Celui  qui 

'  Il  a  été  parlé  plus  haut  de  cet  écrivain. 


528  BIOGRAPHIE 

{(  a  trouvé  l'empire  de  la  pauvreté  spirituelle ,  ne  désire 
«point  la  souveraineté.))  Dans  un  cacîdali  sur  Maho- 
met ,  il  révèle  presque  systématiquement  la  doctrine  des 
sofis.  Ailleurs  il  s'écrie  :  «Mes  vers  sublimes  ont  leur 
«portée  jusqu'au  trône  de  l'Eternel;  ils  sont  au-dessus 
«de  l'intelligence  qui  reste  dans  les  bornes  humaines.» 
On  trouve  en  effet,  dans  W  alî,  des  traits  de  cette  poésie 
vivante,  écho  d'un  esprit  religieux  qu'on  ne  saurait  taxer 
d'hypocrisie,  ainsi  qu'il  le  dit  lui-même. 

Le  recueil  des  poésies  de  Walî  se  compose  d'un  grand 
nombre  de  gazai  formant  un  diwân  qui  occupe  plus  des 
trois  quarts  du  volume;  puis  viennent  quelques  autres 
pièces  de  vers  de  différents  genres ,  parmi  lesquelles  se 
trouve  un  poëme  sur  la  ville  de  Surate.  Le  style  de  ces 
productions  est  élégant  et  facile  :  il  a  servi  de  modèle 
aux  poètes  qui  ont  écrit  postérieurement  en  hindous- 
tani.  Walî  mettait  le  plus  grand  prix  à  la  pureté  de  i'é- 
locution.  Il  dit  dans  un  de  ses  gazai  : 

0  Alexandre!  ne  cherclie  pas  la  source  de  l'eau  delà  vie, 
dont  Khizr  est  le  gardien  ;  cette  eau  n'est  autre  chose  que  l'élo- 
quence. 

Ce  recueil  se  distingue  du  grand  nombre  de  volumes 
hindoustani  connus  sous  le  titre  de  Diwân,  comme  les 
Odes  de  J.  B.  Rousseau  de  celles  qu'on  a  écrites  en 
France  avant  ou  après  lui.  Les  œuvres  de  Walî  ne  sont 
pas  volumineuses  ;  il  en  donne  quelque  part  la  raison 
avec  le  peu  de  modestie  en  usage  chez  les  poètes  orien- 
taux :  «  Je  n'ai  pas  besoin ,  dit-il ,  d'un  grand  nombre  de 
«cahiers  pour  écrire  mon  diwàn,  car  chaque  vers  a  le 
«  mérite  de  cent  cahiers.  )) 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  529 

Je  possède  aujourd'hui,  dans  ma  coilection  particu- 
lière ,  neuf  copies  ^  manuscrites  des  poésies  de  Walî. 
J'en  dois  deux  à  mes  honorables  amis  MM.  S,  Lee  et 
J.  Shakespear.  On  sait  que  j'ai  publié  une  édition  des 
œuvres  de  ce  poëte  distingué,  et  la  traduction  d'un 
grand  nombre  de  ses  compositions.  Je  renvoie  le  lecteur 
à  ce  travail,  d'où  j'ai  tiré,  en  partie,  le  présent  article. 

WALI  ULLAH. 

Saïyid  Walî  uîlah-,  mufti  ou  juge  du  Zillah  de  Far- 
ruklîâbâd,  était  fort  savant  en  arabe,  et  ce  qui  vaut 
encore  mieux,  il  était  un  juge  intègre,  un  homme 
vertueux  et  aimable,  et  de  plus  un  zélé  mais  tolérant 
Musulman.  On  lui  doit  un  Coran  arabe ,  persan  et  hin- 
doustani,  dont  M.  Andrew,  orientaliste  écossais,  pos- 
sède le  manuscrit  original  en  deux  volumes  in-fol. 

WALIH. 

Saïyid  Muhammad  Mûçulî^,  connu  sous  le  surnom 
poétique  de  Wâlïh'^,  est  auteur  d'un  poëme  du  genre 
nommé  masnawî,  intitulé  Qiiissa-i  Tâlib  o  Molianî,  Uis- 
toii^e  de  Tâlib  et  de  Mohanî,  autrement  dit  AchambJiâ 

'  Un  de  ces  manuscrits  a  fait  partie  de  la  bibliothèque  de  Tempereur 
mogol  Muhammad  Schâh. 

^  AMJ   (J»   l'ami  de  Dieu. 

^  tij-ivfc^  •  Ce  mot  paraît  être  un  nom  patronymique. 

"  *iî»/ou  (d'amour). 


I. 


34 


550  BIOGRAPHIE 

Guftâr\  Discours  étonnant.  C'est  une  histoire  intéres- 
sante ,  écrite  en  dialecte  dakhnî.  Il  y  en  a  un  exemplaire 
manuscrit  à  la  bibliothèque  de  ÏEast-India  House ,  qui  a 
été  écrit  à  Muhammadpûr,  en  i  171  de  l'hégire  [ijb'j- 
1788  de  J.  C.)  :  il  se  compose  de  120  pages  environ 

WALIH,   DE  DEHLI. 

Mîr  Mubârak  Ali  Wâlih ,  de  Dehli,  fds  légitime  de 
Schâh  Cudrat  ullah,  connu  sous  le  takhallus  de  Cadrât, 
s'occupa  surtout  de  poésie.  Il  résidait  à  Murschîdâbâd 
à  l'époque  où  Ali  Ibrahim  écrivait  son  Anthologie  bi- 
bliographique. 

WAQUIF. 

Schâh  Wâquif^,  de  Dehli,  était  un  derviche  qui  s'oc- 
cupait avec  distinction  de  la  science  des  traditions. 
Dans  le  temps  du  nabab  Schujâh  uddaula,  il  fut  mis 
en  prison  pour  avoir  lu  une  adresse  en  faveur  des  Si- 
pâhî,  adresse  qu'il  avait  probablement  rédigée.  Il  fit  à  ce 
sujet  un  gazai  dont  Ali  Ibrahim  cite  le  matla^.  Ce  der- 
nier nous  fait  savoir  qu'il  fut  relâché  quelque  temps 
après,  sans  nous  dire  si  ce  gazai  y  contribua.  En  119/1 
(1780),  Wâquif  vivait  â  Lakhnau.  Il  est  auteur  d'un 

'  jUàj  l^AÀrs^J  U>*w«  (S^^  i  c-JUs  AahS-  Le  mot  tàlïb  est 
peut-être  pour  tâlih  ulilni  (écolier)-,  i/io/ianî  signifie,  A  la  lettre,  en- 
chanteresse. 

*    y_JCi\^  connaissant. 

'  Il  est  utile  de  rappeler  que  c'est  le  premier  vers  d'un  gazai. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  531 

diwân  dont  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William, 
à  Calcutta ,  possède  un  exemplaire.  Mushafî  cite  environ 
une  page  et  demie  de  ses  vers. 

WARIS. 

Muhammad  Wâris  ^  est  un  écrivain  hindoustani  dis- 
tingué, qu'Ali  Ibrahim  avait  vuà  Allahâbâd.  Ce  biographe 
nous  fait  savoir  qu'il  s'occupait  des  sciences  tradition- 
nelles. Il  le  compte  aussi  parmi  les  poètes  urdû,  et  il 
cite  de  lui  plusieurs  vers. 

WASL. 

Mirzâ  Ishâc  Wasl  ^,  fils  de  Hâjî  Ibrahim  et  petit-fils 
d'Aca  Cadîr  Isfahânî ,  est  un  poète  hindoustani  distingué. 
En  1196  (  i-ySi-i  782  ) ,  il  vivait  à  Lakhnau  depuis 
quelque  temps.  Il  était  disciple  de  Schâh  Malûl.  Il  a 
surtout  écrit  beaucoup  de  marciya  et  aussi  des  gazai. 

« 

WAZIRI. 

Le  nabâb  Wazîr  Alî  Khân,  surnommé  fVazîrî^,  est 
compté  au  nombre  des  poètes  hindoustani.  Il  était  fils 
du  célèbre  souverain  d'Aoude ,  Açaf  uddaula ,  qui  fit 
lui-même  avec  distinction  des  vers  hindoustani  ^,  et  il 


dy  îî  •  héritier. 


^  J<AO%  aiuoii. 


'y  3 

'3 
^  w)\»  vizirat ,  ministère. 

Voyez  l'article  sur  Açaf. 

34. 


532  BIOGRAPHIE 

lui  succéda  en  1797;  mais  il  fut  bientôt  détrôné  par 
lord  Teignmouth,  parce  qu'on  le  considéra  comme  bâ- 
tard, et  il  fut  remplacé ,  le  2  1  janvier  1798,  par  Saadat 
Alî,  frère  d'Açaf  uddaula. 

Béni  Narâyan  cite  de  ce  prince  détrôné  un  gazai  dont 
voici  la  traduction.  Il  semble  faire  allusion  à  la  position 
politique  de  Wazîrî. 

Comme  le  gazon,  je  suis  foulé  aux  pieds;  par  l'effet  de  la 
révolution  des  orbes  célestes  je  ne  fleuris,  ni  ne  fructifie —  Je 
pleure  jour  et  nuit,  ô  mon  Dieu!  avec  celte  pensée,  que  bien 
que  je  sois  une  rose,  je  ne  me  suis  pas  épanoui  dans  le  jardin, 
comme  le  bouton.  Je  ressentais  beaucoup  de  désirs  dans  le  jar- 
din de  mon  cœur  ;  je  n'étais  jamais  assis  avec  plaisir  à  l'ombre. 
La  rose  sur  laquelle  je  jetais  mes  regards,  offrait  une  épine  à 

ma  vue.  Etant  allé  dans  le  jardin,  je  me  suis  joint  à  l'épine 

Hélas!  le  lotus  de  mon  cœur  n'a  pu  s'épanouir  :  je  m'en  vais, 
après  avoir  vécu  (  un  jour  )  sur  la  terre.  Hélas  !  dès  le  commen- 
cement j'ai  été  foulé  aux  pieds;  à  qui  me  plaindrai-je,  moi  qui 
suis  consumé  par  le  feu  dévorant  du  destin  ?  C'est  en  vain  que  je 
dis  ma  douleur  devant  ceux  qui  sont  sans  compassion.  Le  monde 
étant  impuissant  (pour  me  secourir),  je  suis  tombé,  mais  je  n'ai 
poinf  disparu.  Qui  voudra  venir  dans  la  prison  du  malbeur,  et 
rester  jour  et  nuit  réuni  avec  Wazîrî  ? 

WILA.  i 

Mirzâ  Lutf  Alî  Wilâi,  autrement  dit  Mazhar  AU  Khan 
PFilâ'-^,  était  fils  de  Sulaimân  Alî  Kliân ,  nommé  aussi 
Mirzâ  Miiliammad  Zamân  Jf  iclâd,  et  petit-fds  de  JMuham- 
madHucain,  surnommé  Ali  Culi  Khan.  C'est  un  écrivain 

'    ii»  amitié,  etc. 

^  C'est  ainsi  qu'il  est  désigné  dans  la  préface  du  Baïidl  PachîcL 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  533 

hindoustani  distingué ,  natif  de  Dehii ,  où  il  occupa  des 
fonctions  importantes.  Il  fut  élève,  pour  la  poésie,  de 
Mirzâ  Jân  Tapisch,  poëte  urdû  célèbre,  et  aussi  de  Mus- 
hafi ,  auteur  de  la  biographie  qui  m'a  fourni  une  partie 
des  renseignements  que  je  donne  ici.  A  l'époque  où  ce 
dernier  écrivait ,  Wilâ  consultait ,  sur  ses  productions , 
Mîr  Nizâm  uddîn  Mamnûn,  Il  habitait  Calcutta  en  1 8 1  A. 
Béni  Narâyan,  qui  l'avait  particulièrement  connu,  cite 
de  lui  douze  ^  pièces  de  vers.  Il  est  auteur  : 

1°  D'un  diwân  dont  on  conserve  des  exemplaires  à 
la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-\\  illiam  à  Calcutta, 
dans  celle  du  vizir  du  Nizâm,  et  dont  j'ai  une  copie 
(|ui  a  appartenu  à  Sir  Graves  Chamney  Haughton.  Il  y 
a  dans  la  bibliothèque  du  râjâ  Chandû  Lai,  d'Haïder- 
âbâd,  un  volume  de  poésies  de  Wilâ,  intitulé  Caçâid  o 
Matlahâé  Wilâ,  c'est-à-dire  Cacîdah  et  Matla  de  Wilâ; 
mais  ce  sont  probablement  les  mêmes  pièces  qui  font 
partie  de  son  diwân. 

2°  De  l'ouvrage  publié  par  le  docteur  Gilchrist,  sous 
le  titre  anglais  de  Hindee  moral  Preceptor,  et  hindoustani 
de  Atâlic]ii-i  Hindi'^,  ou  le  Maître  hindoustani,  livre  élé- 
mentaire hindoustani  et  persan,  pour  apprendre  l'hin- 
doustani  aux  Persans  et  le  persan  aux  Indiens.  Cet 
ouvrage,  imprimé  d'abord  à  Calcutta,  en  i8o3,  a  été 
réimprimé  à  Londres,  presque  entièrement  en  carac- 
tères latins,  en  1821.  Cette  seconde  édition  ne  vaut 
pas  la  première.  Elles  sont  toutes  deux  in-8°. 

3°  De  la  traduction  du  Pand-nâma,  ou  Livre  des 

'  Onze  dans  le  corps  de  l'ouvrage,  et  une  dans  l'appendice. 


»     ,JOiJÛ 


534  BIOGRAPHIE 

conseils,  attribué  à  Saadî\  traduction  qui  fait  partie 
de  l'ouvrage  dont  je  viens  de  parler,  et  qui  a  été  aussi 
imprimée  à  la  suite  du  Bagn-i  urdâ,  ou  Traduction  du 
Gulistan  en  hindoustani ,  par  Afsos,  et  dans  l'ouvrage 
lithographie,  intitulé  Majmûa  talim  iissahiyân '^ .  Il  y  en 
a  encore  une  édition  à  part,  avec  le  texte  persan.  Ce 
même  opuscule  existe  en  manuscrit  à  la  bibliothèque 
du  collège  de  Fort- William ,  à  Calcutta. 

Il  y  a  plusieurs  autres  traductions  hindoustani  du 
Pand-nâma  de  Saadî.  Un  manuscrit  de  cet  opuscule  se 
trouve  parmi  les  livres  du  ministre  du  Nizâm  d'Haï- 
derâbâd;  il  est  en  dialecte  dakhnî,  et  intitulé  Karîmâ^, 
premier  mot  de  ce  poëme.  J'en  ai  une  traduction  litté- 
rale, interlinéaire  au  texte,  dans  ma  collection  particu- 
lière. Elle  est  aussi  en  dialecte  du  Décan, 

h"  Il  a  rédigé,  en  i  2  1 5  de  l'hégire  (  1 80 1  ) ,  dans  ie 
dialecte  urdû,  le  roman  intitidé  Mâdhonal'^,  avec  l'aide 

^  J'ai  donné  une  traduction  française  de  ce  poème  à  la  suite  de 
mon  ouvrage  intitulé  Exposition  de  la  foi  musulmane. 

^  C'est-à-dire  Collection  de  (  ce  cjui  concerne  )  l'enseignement  des  enfants. 
Cet  ouvrage  est  écrit  en  persan-,  mais  il  contient,  outre  le  Pand-nâma 
bilingue:  un  vocabulaire  bindoustani-persan ,  rédigé  alphabétiquement, 
d'après  la  dernière  lettre  du  mot  bindoustani  (le  mot  persan  précède  et 
n'est  soumis  à  aucun  ordre);  des  tables  des  paradigmes  des  verbes,  en 
hindoustani  et  en  persan,  et  des  infinitifs  ou  noms  d'action,  disposés  par 
ordre  alphabétique  de  la  première  lettre  ;  enfin ,  les  noms  de  nombre 
et  ceux  des  poids  et  mesures. 

■'  ^^j^   ô  généreux. 

*  Jo»,^:>L»  Xwa*.  Dans  l'annonce  de  l'édition  de  cet  ouvrage,  il 
est  dit  qu'il  a  été  traduit  du  braj-bhâkhâ,  par  Wilà  et  Lallû-jî  Lâl  Kabi  ; 
mais  il  n'est  pas  question  de  ce  dernier  écrivain  dans  la  préface  de 
Màdhonal. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  555 

de  Srî  Lallù-jî  ^  Les  dix  premières  pages  seulement  ont 
été  imprimées  en  caractères  dévanagarî ,  à  Calcutta ,  en 
1 80 5,  dans  ïHindee  Manaal  or  Casket  oflndia^ du  docteur 
Gilchrist;  mais  j'en  ai  un  exemplaire  complet,  en  carac- 
tères persans,  dans  ma  collection  particulière.  Cet  ou- 
vrage avait  d'abord  été  écrit  en  braj-bhâkhâ,  par  le  poëte 
Motirâm  ^. 

5°  Il  est  auteur  de  la  traduction  hindi  du  Baïtal  pa- 
chicî,  qui  a  été  imprimé  à  Calcutta,  en  caractères  déva- 
nagarî*, et  dont  j'ai  un  exemplaire  manuscrit,  en  carac- 
tères persans,  dans  ma  collection  particulière.  C'est 
Wilâ  qui,  d'après  la  préface  du  Baïtâl  pachici,  a  rédigé 
cette  traduction.  Quant  à  Lallû-jî,  qui  est  cité  dans  le 
titre  ^,  il  l'a  apparemment  revue  et  en  a  surveillé  l'im- 
pression. 

6°  On  lui  doit  encore  le  Tarikli-i  Scher  Schâhi ,  c'est- 
à-dire  l'Histoii^e  de  Scher  (ou  Schîr)  Schâh,  traduite  du 
persan.  L'original  de  cet  ouvrage  a  été  écrit  par  Abbâs 
ben  Ali  Schirvvânî,  d'après  l'ordre  du  grand  Akbar.  Wilâ 

'  Voyez  l'article  consacré  à  cet  écrivain. 

'^  Cette  collection  a  été  publiée  à  Calcutta,  in-4°,  sous  ce  titre  :  Hin- 
dee  Mamial  or  Cashet  of  India,  compded  for  the  use  of  the  Hindoostanee  stu- 
dents  of  the  collège  of  Fort-Wdliam  iinder  the  superintendence  of' doctor 
Gdchrist:  mais  l'impression  de  cet  ouvrage  est  restée  inachevée.  Il  de- 
vait comprendre  :  i°  le  Bâg  o  bahâr;  2°  le  Nasr-i  bènazir:  3°  le  Bcuju-i 
urdû;  4°  le  Tota  hahânî;  5°  le  Singhaçan  battîci;  6°  le  Marsija  de  Mis- 
kîn;  7°  le  Sahinialâ;  8°  YAhhlâcju-i  Hindi;  9°  le  Baïtal  pachici;  10°  le 
Mâdhonal.  Il  n'a  paru  que  des  portions  de  ces  ouvrages. 

*  Voyez  son  article. 

*  Il  n'a  paru  que  vingt  pages  de  la  première  édition ,  qui  devait  faire 
partie  du  Hindcc  Manual. 

^  Translated  into  Hindoostanee  bj  Mazhar  Ali  Khân-i  Vda  and  Shree  Lulloo 
Lai   Kub  moonshees  in  the  collège  of  Forl-William. 


55(3  BIOGRAPHIE 

fit  son  travail  en  i8o5.  Il  sembie.  d'après  une  note  de 
M.  Shakespear,  que  cet  ouvrage  a  été  traduit  en  an- 
glais. Il  y  a  un  exemplaii^e  de  la  version  de  \\  ilà,  in-8°, 
cai'actères  nastaiic.  parmi  les  manuscrits  recueillis  par 
]\Iackenzie  \  J'en  ai  un  aussi  dans  ma  collection  parti- 
culière; cest  a  M.  J.  Prinsep  que  je  le  dois. 

Scher  Schâh  détrôna  Humayùn ,  fds  de  Bàbar  et  père 
d  Akbai%  en  i  009  ,  et  s'empara  de  l'autorité  souveraine. 
Toutelois  Humayun  régna  de  nouveau  après  la  mort 
de  ce  cbef  patliàn  ou  afgân,  et  son  fds  lui  succéda. 

7°  Le  Hnft  Gabchan'-.  les  Sept  Jardins,  ou  Tarjama-i 
Haft  Gabchan ,  traduction  en  prose  urdù  du  roman  per- 
san intitulé  les  Sept  Jardins. 

Cet  ouvrage  a  été  annoncé  comme  étant  sous  presse 
en  1802  .  dans  les  K^says  of  Students  oj  Fort-fïlUiam.  et 
comme  publie  dans  les  Primitiœ  Orientales,  t.  III.  p.  li. 
Il  existe  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  collé'ye  de 
Fort-"\A  illiam .  qui  a  passé  à  la  Société  asiatique  du 
Bengale. 

8°  Un  ouvrage  en  prose  urdù  intitulé  Jaliângnir- 
Schàhi'\  Cestune  traduction  de  ï Icbâl-ndma-i  Jahângniri^ . 
c'estTà-dire  le  Livre  de  la  prospérité  de  Jaliànguir.  La 
bibliothèque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  possède 
un  exemplaire  de  cet  ouvrage,  qui  est  l'histoire  de  Nùr 
uddm  Jahanguu^  Bàdschah.  bis  d'Akbar.  qui  régna  sur 

'   \oyez  le  catalogue  qu'en  a  publié  M.  Wiison ,  toin.  II,  pac.  i45. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  537 

i'Hindoustan.  de  i  6o5  à  1628.  L'original  a  été  écrit  en 
persaii  pai'  Mutamad  Khàri  Muhammad  Scharîf  Irânî. 

WILAYAT  \ 

]\Iîr  Wilâvat  ullah  Khàn,  de  Delili.  fils  de  Alir  Bâqui 

Khûsti.  disciple  du  Khaja  Jafàr,  et  frère  aîné  de  Muhta- 
scham  .Alî  Khàn  Hischmat.  se  distingua  non-seulement 
comme  écrivain  urdù,  mais  encore  il  fut,  par  sa  bra- 
voure, par  sa  générosité,  par  son  indépendance  et  sa 
droiture .  un  des  hommes  les  plus  remarquables  de  son 
temps.  Il  mourut  peu  de  temps  avant  fépoque  où  Alî 
Ibrahim  rédigea  son  ouvrage ,  sous  le  gouvernement 
du  nabàb  d'Aoude,  Schujà  uddaula.  Ce  dernier  bio- 
graphe, qui  lavait  connu,  cite  de  lui  plusieurs  vers. 

YARDIL. 

Mîr  Izzat  idlah  ^  akdil-  était  un  saïvid  qui  vivait  sous 
le  règne  de  Muhammad  Schàh.  Il  cultivait  les  lettres 
avec  succès.  Il  a  surtout  écrit  des  éloges,  pièces  qu'on 
nomme  Mancabat'\  et  qui  sont  le  contraire  des  satires 
nommées  Hajo^.  Mîr.  qui  parle  de  cet  écrivain,  d'après 
ce  qu'il  en  avait  ouï  dire  au  poète  Arif.  cite  de  lui  un  fort 
joli  gazai,  plein  dallusions  au  Coran,  mais  qui.   dans 

'    Oyji^»   sauLtitè. 

"  J«X5o   un  cœur,  cest-à-dire  dune  même  manière  de  penser. 


538  BIOGRAPHIE 

une  traduction,  perdrait  tout  à  fait  sa  couleur,  et  ne 
serait  même  intelligible  qu'à  force  de  paraphrases  et 
d'explications. 

YARRANG. 

Mustafâ  Culî  Khân  Yakrang\  deDehli,  était  un  des 
petits-fils  de  Khân-i  Jahân  Lodî.  Il  fut  un  des  officiers 
de  iMuhammad  Schâh,  et  vécut  ainsi  dans  les  dignités 
et  les  honneurs.  Il  est  compté  parmi  les  écrivains  les 
plus  distingués  de  Dehli.  Son  style,  plein  de  métaphores 
neuves  et  hardies,  ressemble  à  celui  de  Parwâna,  de 
Mazmûn  et  d'Abrû,  dont  il  fut  le  contemporain.  Selon 
les  uns,  il  est  élève  d'Arzû;  selon  d'autres,  de  Miyân 
Abrû;  mais  il  se  déclare  lui-même  disciple  de  Mirzâ 
Mazhar.  Il  est  auteur  d'un  diwân  estimé.  Comme  la  plu- 
part des  diwân  urdû ,  persans  et  turcs ,  cette  collection 
se  compose  de  pièces  érotico-mystiques ,  que  le  vulgaire 
considère  comme  des  chants  inspirés  par  un  amour 
profane,  tandis  que  le  spiritualiste  y  reconnaît  les  ac- 
cents passionnés  de  l'amour  divin. 

Lutf  nous  apprend  que  Yakrang  mourut  à  Dehli; 
mais  il  ne  nous  fait  pas  connaître  l'époque  de  son  décès. 
Les  biographes  originaux  citent  un  grand  nombre  de 
ses  vers.  Mîr  donne,  entre  autres,  des  extraits  d'un  mar- 
siya  de  la  composition  de  notre  poète ,  sur  l'iraâm  Hu- 
çaïn. 

'   i^XjjS^i  unicolore,  sincère. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  539 

YARRU. 

Miyân  Abd  ulwahliâlj  Yaki'û  ^  fut  un  des  disciples  de 
Schâh  Najm  uddîn  Abrû.  B  a  écrit  à  la  manière  des 
anciens  et  d'une  façon  fort  obscure,  ce  cjui  n'empêche 
pas  que  ses  poésies  ne  soient  estimées.  Mîr,  qui  l'avait 
vu  deux  ou  trois  fois  dans  des  réunions  des  amis  de  la 
littérature  hindoustani,  le  considère  néanmoins  comme 
très-peu  habile  dans  la  poésie  rekhta;  j'ignore  jusqu'à 
quel  point  cette  assertion  est  fondée.  Voici,  de  ce  poëte, 
la  traduction  de  quelques  vers  cités  par  Mushafî  et  par 
Mîr  : 

Cette  belle  inhumaine  m'a  emmené  loin  de  mes  amis.  Le 
cœur  d'un  amant  a  été  ainsi  livré  à  ses  desseins  sanguinaires. 
Désormais  Yakrû  ne  peut  plus  vivre ,  puisque  son  cœur  est  à  la 
merci  de  cette  sémillante  mais  bien  cruelle  beauté Aujour- 
d'hui, par  l'effet  de  ton  absence,  il  y  a  dans  mon  cœur  des  bles- 
sures en  si  grand  nombre,  que  ma  vie  peut  se  passer  à  les 
compter. 

YAQUIN. 

Miyân  Li'âm  ullah  Khan  Yaquîn  ^,  de  Dehli ,  était  fils 
d'Azhar  uddîn  Khân  Balladur  Mubârac-jang.  Son  aïeul 
paternel  était  sa  seigneurie  le  schaïkh  Mujaddad  Alif  II, 
et  son  aïeul  maternel  Hamîd  uddîn  Khàn  Nimcha.  Il 
attira  fattention  de  Mirzâ  Mazhar,  fut  son  élève,  et  de- 
vint un  écrivain  hindoustani  très-distingué.  Toutefois 

'    jmX>  un  visa(je ,  c'est-à-dire  sincère.  Cette  expression  est  l'opposé  de 
«j  ji  deux  visages,  c'est-à-dire ybur6e. 
^   (jvAJb   eertitude,  etc. 


540  BIOGRAPHIE 

bien  des  natifs  n'ont  pas  une  très-haute  idée  du  talent 
poétique  de  Yaquîn ,  et  disent  qu'il  a  mis  sous  son  nom 
des  vers  de  la  composition  de  Mazhar.  Mushafî  rapporte 
les  071  dit  que  je  viens  de  mentionner.  Il  ajoute  que  Ya- 
quîn était  lié  avec  Mirzâ  Jân-jânân  Mazhar  d'une  amitié 
très-étroite  ;  que  Yaquîn  passait  souvent  la  nuit  dans  la 
maison  de  Mazhar,  et  qu'ils  faisaient  de  la  nuit  le  jour 
et  du  jour  la  nuit.  Ainsi,  la  supposition  qu'on  fait  n'a, 
d'après  cela,  rien  d'improbable.  De  son  côté,  Mîr  n'hé- 
site pas  à  dire,  que  bien  que  Yaquîn  ait  une  grande 
réputation,  il  ne  la  mérite  néanmoins  pas.  Il  combat 
cependant  l'idée  que  l'on  a  communément  parmi  les 
Indiens,  qu'il  a  hérité  (légalement)  des  vers  de  Mazhar; 
parce  que,  dit-il,  on  hérite  de  tout,  excepté  des  vers, 
et  qu'on  ne  pourrait  pas  même  s'attribuer  les  vers  de 
son  père,  sans  être  accusé,  ajuste  titre,  de  plagiat  :  à 
quoi  donc  servirait-il  de  le  faire  ?  Mais  il  pense  qu'on 
peut  seulement  reprocher  à  Yaquîn  d'avoir,  comme 
bien  d'autres,  pillé  cà  et  là  des  expressions  et  des  vers. 
Il  dit,  du  reste,  qu'après  avoir  vu  Yaquîn,  il  se  con- 
vainquit bien  qu'il  n'avait  ni  goût  ni  intelligence  pour 
la  poésie.  C'est  apparemment  pour  cela  qu'on  s'est  ima- 
giné qu'il  n'était  pas  le  véritable  auteur  des  vers  qui  cir- 
culaient sous  son  nom.  Lutf  dit,  en  effet,  que  la  plupart 
des  habitants  de  Dehli  pensaient  qu'il  n'avait  pas  rédigé 
les  vers  qui  portaient  son  takhallus;  mais  que  c'était 
Mazhar  qui  les  faisait  lui-même ,  et  qui  y  mettait  le  nom 
de  son  ami.  Toutefois  on  rapporte  cpi'un  jour  Yaquîn 
se  trouvait  dans  la  maison  de  Atiyat  uUah  Khan,  fils 
du   nabab  Inâyat   ullah    Khan,   et  qu'il   dit   que   de- 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  541 

puis  le  jour  qu'il  avait  cessé  d'être  disciple  du  Mirzâ 
(Mazhar),  la  facture  de  ses  vers  s'était  améliorée.  Il 
est  vrai  qu'un  des  assistants  cita  alors ,  à  haute  voix,  un 
hémistiche  du  célèbre  poète  persan  Nizâmî ,  hémistiche 
dont  le  sens  est  :  «C'est  cet  oiseau  qui  a  pondu  cet 
«  œuf  d'or.  »  Il  voulait  évidemment  par  là  faire  allusion 
aux  obligations  que  Yaquîn  avait  à  Mazhar.  Miyân 
Schiliàb  uddîn  Sàquib ,  dont  il  a  déjà  été  question, 
rapporte,  de  son  côté,  qu'il  alla  un  jour  à  la  maison 
de  Yaquîn,  pour  éprouver  lui-même  son  talent,  et  qu'il 
lui  proposa  de  faire,  ainsi  que  lui,  un  gazai  sur  un  sujet 
donné.  Sàquib  l'avait  terminé  que  Yaquîn  n'en  avait  pas 
seulement  fait  un  hémistiche.  Au  surplus,  ajoute  Mîr, 
Dieu  seul  sait  la  vérité.  Toutefois  Kalîm,  qui  a  écrit 
un  cacîdah  sur  les  poètes  hindoustani,  dit  en  parlant 
de  Yaquîn  : 

«  En  lisant  les  vers  de  Yacpiîn ,  bien  des  gens  pensent 
«méchamment  qu'ils  ne  sont  pas  de  lui;  c'est  une  er- 
«reur,  je  le  tiens  de  Jân-jânân  lui-même.» 

Du  reste ,  si  son  talent  est  contestable ,  Mîr  fait  ob- 
server qu'il. n'en  est  pas  de  même  de  la  noblesse  et  de 
la  distinction  de  sa  naissance,  qui  en  effet  était  il- 
lustre. 

On  dit  que  sous  le  règne  d'Ahmad  Schâh,  Yaquîn 
ayant  eu  une  contestation  avec  son  père,  ce  dernier  le 
tua  et  jeta  ensuite  son  corps  à  la  rivière,  et  selon 
Mushafî,  dans  une  chaudière.  D'autres  disent  que  son 
père  ayant  voulu  faire  avec  lui  une  action  honteuse, 
qu'il  paraît  que  Mazhar  se  permettait  sans  obstacle, 
\aquîn  résista,  et  que  son  père,  irrité  de  fopposition 


5'42  BIOGRAPHIE 

qu'il  rencontra,  le  tua.  C'est  Alî  Ibrâhîm  qui  nous  fait 
connaître  ces  bruits  fâcheux;  Yaquîn  était  alors  âgé  de 
vingt-cinq  ans. 

Les  vers  de  Yaquîn ,  ceux  du  moins  qui  lui  sont  attri- 
bués, sont  fort  estimés  et  fort  agréables  à  lire.  On  les 
apprend  par  cœur  dans  l'Inde ,  et  on  les  cite  sans  cesse. 
Parmi  les  écrivains  hindoustani  de  l'ancienne  école, 
Yaquîn  est  le  premier  qui  se  soit  exprimé  avec  élégance 
et  pureté.  Ceux  qui  ont  écrit  postérieurement  à  lui  l'ont 
imité ,  comme  il  le  dit  lui-même  dans  ce  vers  : 

Mes  amis,  ne  cherchez  point  à  eflfacer  la  réputation  de  Yaquîn, 
car  vous  avez  pris  sa  manière  d'écrire. 

Les  gazai  de  Yaquîn  ont  été  réunis  en  un  diwân\  dont 
j'ai  un  exemplaii^e  dans  ma  collection  particulière  ;  diwân 
d'où  Alî  Ibrâhîm  a  extrait  dix-huit  pages,  qu'il  donne 
dans  son  ouvrage  comme  un  choix  fait  dans  les  œuvres 
de  Yaquîn.  De  son  côté ,  Bénî  Narâyan  cite  de  lui  une 
grande  quantité  de  rubâyî  ou  quatrains,  les  premiers 
vers  d'un  grand  nombre  de  gazai,  et  des  vers  isolés  nom- 
més/arj'^,  formant  en  tout  quatre-vingt-cinq  pages  in- 
folio. Fath  Alî  Huçaïnî  rapporte  aussi  vingt  et  une  pages 
de  vers  de  notre  poëte,  et  il  nous  apprend  qu'il  était 
très-lié  avec  lui;  mais  il  n'entre  dans  aucun  détail  bio- 
graphique. 

Je  ferai  connaître ,  dans  le  second  volume  de  cet  ou- 
vrage, quelques  poëmes  de  cet  écrivain. 

'   n  est  bien  entendu  que  quelques-uns  l'attribuent  à  Mazhar. 
^  i>y»  et  au  pluriel  cyL:>jJ. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  543 


YAR. 


Schâh  Muhammad  Zamân  Yâr^  est  un  poëte  duDécan 
à  qui  on  doit  le  Qaissa-i  Doli  nâma^,  ou  le  Livre  du 
palanquin,  masnawî  erotique  dont  je  possède  un  exem- 
plaire manuscrit,  et  dont  je  me  propose  de  donner  l'a- 
nalyse dans  le  second  volume  de  cet  ouvrage. 

YAR,   DE  DEHLL 

Mîr  Muhammad  Yâr,  de  Dehli,  fils  de  Schâh  ullah 
Yâr,  est  un  éloquent  écrivain  qui  fut  disciple  de  Mîr 
Taquî,  et  l'objet  de  l'affection  de  Mîr  Ziyâ.  Il  fut  lié  avec 
les  poëtes  les  plus  distingués  qui  florissaient  du  temps 
d'Ahmad  Schâh,  sous  le  règne  duquel  il  vivait.  On  lui 
doit  des  poésies  hindoustani. 

YAS. 

Haçan  Alî  Khân  Yâs  ^  descendait  du  nabâb  Aquîdat 
Khân  Nimat  ilahî.  C'est  un  poëte  urdû  estimé.  Il  vivait 
à  Lakhnau  à  l'époque  où  Alî  Ibrahim  écrivait  son  Gnl- 
zâr,  et  il  s'y  occupait  de  poésie  hindoustani.  Il  soumet- 
tait ses  ouvrages  à  Mirzâ  Jafar  Alî  Hasrat. 

Ai  ami. 


iyj\j>   désespoir. 


^    X<oIj  (i^.S   <Xkâj» 


544  BIOGRAPHIE 

YUCUF\ 

Auteur  du  Décan  à  qui  on  doit  un  Inscliâ,  ou  Recueil 
de  modèles  de  lettres,  en  hindoustani.  M.  F.  Falconer 
a  un  exemplaire  manuscrit  de  cet  ouvrage,  qui  porte  le 
titre  de  Inschâ-i  Yûçufi  ^,  c'est-à-dire  Inschâ  de  Yùçuf. 

YUNASl. 

Médecin  célèbre  qui  vivait  sous  l'empereur  Akbar,  et 
qui  est  connu  sous  le  nom  de  HaMm  Yiînas.  Il  a  écrit 
des  poésies  hindoustani.  Voici  la  traduction  de  deux  vers 
de  lui,  qui  font  partie  de  ceux  que  Mîr  a  extraits  de 
l'album  de  son  maître  Arzû  : 

Lorsqu'à  l'aurore  cette  beauté  au  visage  de  rose  s'en  est  allée 
hors  du  jardin,  toute  la  plaine  a  été  parfumée  de  son  odeur 
suave  ;  des  roses  sont  nées  sous  ses  pas. 

ZABT. 

Mîr  Haçan  Schâh  Zabt  ^  est  un  poëte  hindoustani  qui 
est  cité  par  Mannû  Lâl.  Voici  la  traduction  d'un  de  ses 
vers  : 

Je  suis  devenu  fou  après  avoir  perdu  dans  l'irrésolution  l'argent 
comptant  du  cœur  :  quelle  sorte  de  trafic  ai-je  fait  dans  le  bazar 
de  l'amour? 

'   oUufcj  ,  nom  arabe  du  patriarche  Joseph. 
'  (jt*^^,  Jonas. 


kxo 


possession. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  545 

ZAFAR. 

Le  nabab  Zafar  ^  Khân  est  compté  parmi  les  poètes 
hindoustani.  Mannû  Lâl  cite  de  lui  deux  vers  dont  voici 
la  traduction  : 

A  la  nuit  ma  bien-aimée  m'est  apparue  au  bord  de  la  terrasse 
de  ma  maison  :  c'est  l'étoile  de  mon  bonbeur  qui  s'est  levée  sur 
l'borizon. 

La  fumée  qui  entoure  en  ondoyant  la  bougie,  ressemble  aux 
cbeveux  que  la  femme  du  joguî  laisse  flotter  sur  son  visage. 

ZAHIR. 

Mîr  Gulâm-i  Huçaïn  Zâbik^,  de  Debli,  père  du  célèbre 
Mîr  Gulâm-i  Haçan ,  est  compté  lui-même  au  nombre 
des  poètes  hindoustani.  J'ai  déjà  parlé  de  lui  dans  l'ar- 
ticle sur  Haçan.  Je  me  contenterai  de  dire  ici  qu'il  eut 
surtout  de  la  célébrité  par  ses  calembours  et  ses  plai- 
santeries spirituelles.  Il  était  aussi  habile  en  musique. 
11  vivait  à  Faïzâbâd  en  1196  (i'78i-i772). 

ZAHIR. 

Khâja  Muhammad  Khân  Zâhir^,  de  Dehii,  fut  un 
des  disciples  de  Mirzâ  Mazhar  Jân  Jânân.  Il  mourut  pen- 
dant le  règne  de  Muhammad  Schâh ,  après  l'invasion  de 
Nadir  Schâh  (entre  1789  et  17/17).  Il  est  auteur  de 
plusieurs  pièces  de  vers  hindoustani.  Un  de  ses  gazai  est 

^    jJUà  victoire. 
'   liljfc-Uij  rieur. 
'     wCbUi  manifeste, 

1.  35 


546  BIOGRAPHIE 

encore  clianté,  de  nos  jours,  par  le  peuple  de  l'Inde;  il 
a  été  publié  dans  les  Hindee  and  Hindoostanee  Sélections 
parmi  les  chants  populaires'.  Voici  la  traduction  de 
quelques  vers  de  lui,  cités  par  Fatli  Alî  Huçaïnî. 

Zalîkha  ne  porta  plus  ses  regards  sur  aucun  objet  quand  elle 
eut  vu  Joseph  en  songe. 

Sans  l'amour  qui  colora  les  visages  de  Khusrau  et  de  Schîrîn  , 
celle-là  n'aurait  pas  été  jaune,  ni  celle-ci  rouge. 

Relève  un  peu  ce  voile  importun  avec  ta  grâce  charmante  ; 
pour  toi  la  modestie  est  un  voile  suffisant. 

Quoique  je  ne  me  flatte  pas  que  mes  soupirs  puissent  pro- 
duire un  grand  effet,  toutefois  il  est  impossible  qu'ils  ne  fassent 
quelque  impression  sur  ton  cœur. 

Tu  as  beau  n'avoir  d'amitié  évidente  pour  personne,  ah!  ne 
le  défends  pas  de  quelque  bienveillance  envers  Zâhir. 

ZARA. 

Khùb  Ghand  Zaka^  est  un  Hindou  qui  a  écrit  en  urdù. 
Mannû  Lâl  cite  entre  autres,  de  ce  poëte,  un  gazai  mys- 
tico  -  erotique ,  genre  dans  lequel  excellent  les  poètes 
orientaux.  Malheureusement  les  métaphores  y  dépassent 
non-seulement  les  bornes  de  notre  goût,  mais  elles  sont 
même  d'une  exagération  réelle  qui  les  rend  peu  propres 
à  être  traduites. 

ZAKI. 

Jafar  Alî  Khan  Zakî^  de  Dehh,  fds  de  Mirza  Mumin 

*  Tom.  II,  pag.  42  1, 

^  WS  pcnctration.  sagaciir ,  etc. 


ET   BIBLIOGRxVPHIE.  547 

Beg,  occupait  un  poste  important  parmi  les  officiers 
de  Muhammad  Schàh ,  et  était  un  des  familiers  du  nabab 
Umd  ulmulk  Amîr  Khan ,  après  la  mort  duquel  il  resta 
sans  emploi  jusqu'à  son  décès.  On  raconte  que  l'empe- 
reur Muhammad  lui  donna  ordre  de  faire  un  masnawî 
sur  la  pipe  ^  Il  le  commença,  en  effet;  mais  n'ayant  pu 
y  réussir  au  gré  du  monarque,  ce  fut  le  schaïkh  Hâtim 
qui  le  termina.  Mîr,  à  qui  j'emprunte  ces  détails ,  dit 
que  ce  poëme  n'est  pas  dépourvu  de  bon  goût.  Quatre 
à  cinq  ans  avant  fépoque  où  Mîr  écrivait  sa  biographie , 
Zakî  tenait  chez  lui  des  réunions  des  amis  de  la  litté- 
rature rekhta;  Mîr  ne  nous  fait  pas  connaître  ce  qui 
en  occasionna  la  cessation. 

Zakî  est  compté  parmi  les  bons  poètes  hindoustani. 
Il  avait  en  effet  un  talent  remarquable  pour  la  poésie 
rekhta ,  et  il  s'attachait  à  imiter  le  style  antique.  Mîr 
cite  plusieurs  vers  extraits  de  différentes  pièces  de  Zakî. 
On  a  entre  autres  de  lui  un  poëme  sur  Alî,  poëme  qui 
est  très-célèbre.  Il  est  intitulé  Masnawî  clar  Mancab-i 
Schâli-i  TVilâyat-,  c'est-à-dire  Masnawî  à  la  louange  du 
Roi  de  la  sainteté. 

ZARIR. 

Le  saïyid  Huçaïn  Dost  Zâkir^,  de  Murâdàbâd,  dans 
la  province  de  Delili,  est  compté  parmi  les  poëtes  hin- 
doustani. Alî  Ibrahim,  le  seid  des  biographes  originaux 
qui  en  parle,  ne  cite  de  lui  qu'un  vers. 

'   Ajûfc  (S^^  Masnawi-i  Hucca. 


j,jli  reconnaissant. 


35. 


548  BIOGRAPHIE 

ZAMAN. 

Saïvid  Muhammad  Zamân  \  de  ia  caste  des  Saïyid 
d'Alî",  et  natif  de  la  ville  d'Amroha,  était  un  jeune 
homme  qui  avait  beaucoup  de  capacité.  Il  se  dégoûta 
bientôt  des  choses  du  monde,  prit  le  froc  des  derviches 
et  se  retira  dans  un  jardin.  Ses  poésies  ne  sont  pas  en 
grand  nombre  ;  mais  elles  sont  empreintes  du  véritable 
génie  poétique.  Voici  la  traduction  d'un  vers  que  Mushafî 
cite  de  cet  écrivain  : 

La  rose  a  bien  la  fraîcheur  de  ta  joue ,  mais  elle  n'a  pas  son 
éclat;  le  narcisse  ressemble  bien  à  ton  œil,  mais  il  n'a  pas  les 
cils  aigus  qui  percent  les  cœurs. 

ZAMIR. 

Saïyid  Hidâyat  Ali  Khan  Zamîr^,  de  Delili,  nommé 
aussi  Nacîr  uddaula  Bakhschî  ulmulk  Açad-jang  Balla- 
dur, se  retira  de  Dehli  à  Patna,  où  il  se  fit  connaître 
par  sa  bravoure  et  sa  générosité.  Il  était  parent  du  nabab 
Schujâh  ulmulk  jVIuhammad  Ali  Wardî  Khan  Mahâbat- 
jang.  Il  occupa  avec  distinction,  pendant  quelque  temps, 
le  poste  de  sûbadâr  d'Azîmâbâd  ;  puis  il  alla  à  Dehli  et 
dans  les  environs  de  cette  ville ,  chargé  d'une  mission 
du  gouvernement;  et  dans  les  premiers  temps  du  sul- 
tanat de  Schâh  Alam,  il  revint  à  Azîmâbàd.  Enfin,  il 

*  C'est-à-dire  de  ceux  qui  descendent  d'Alî,  par  tout  autre  de  ses  fils 
que  Haçan  et  Huçaïn. 
'    ^Ji-t-^Js  esprit ,  etc. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  549 

mourut  à  Huçaïnâbâd.  Il  a  laissé  un  bon  nombre  de  vers 
bindoustani,  et  il  en  a  composé  aussi  quelques-uns  en 
persan.  J'ai  donné  dans  ma  Notice  sur  les  fêtes  popu- 
laires des  Hindous  \  un  boli  de  ce  poëte,  cbant  que  je 
crois  devoir  transcrire  ici,  à  cause  de  son  intérêt  ethno- 
graphique. 

C'est  pour  le  holi,  je  le  vois,  que  tu  as  teinl  de  couleur  jaune" 
ton  visage  vermeil,  et  que  ta  tête  ressemble  au  safran  épanoui. 
Quelle  est  donc  cette  fête  dont  la  venue  met  en  mouvement 
chaque  maison   de  la  ville  ?  Pourquoi  tout  est-il   ainsi  teint  en 

jaune  ? A  la  nuit  je  me  suis  rendu  à  la  réunion  du  holî: 

charmant  coup  d'oeil!  tout  était  jaune.  Quelle  description  ferai-je 
de  cette  assemblée?  Tous  les  amis  étaient  assis,  vêtus  de  jaune. 
On  avait  placé  des  lustres  éclatants  autour  de  la  salle  ;  les  portières 
étaient  couleur  de  safran,  les  rideaux  étaient  jaunes;  les  femmes, 
ornées  de  leur  corset  serré,  s'étaient  couvertes  avec  coquetterie 
de  châles  jaunes.  Ces  houris  étaient  assises  symétriquement ,  rang 
par  rang;  elles  s'étaient  parées  de  colliers  d  or  jaune.  Leur  pan- 
talon avait  pour  ornement  un  galon  d'or  jaune.  Chacune  avait 
mis  autour  de  son  cou  des  guirlandes  de  roses  jaunes.  Ces  beautés 
jaunes  étaient  satisfaites  de  leurs  charmes.  De  tous  côtés  les  sar- 
bacanes lançaient  de  la  poudre  avec  force.  La  terre  et  le  ciel 
étaient  jaunes.  C'était  à  qui  jetterait  plus  de  poudre  jaune  de  sa 
fiole.  Les  lustres  de  cornaline  même  en  devenaient  jaunes.  Tout 
était  jaune  par  ]a  poudre  des  sarbacanes  ;  les  boucliers  de  talc  ', 
qui  brillaient  dans  toutes  les  mains,  n'en  garantissaient  personne. 
Des  femmes  charmantes ,  assises  sur  le  masnad  *,  se  trouvaient 
ainsi  placées  au  milieu  de  tous  ceux  qui  prenaient  part  au  jeu. 

'  Pag.  i!\ ,  et  dans  le  Journal  des  Savants.  i832 ,  pag.  485. 

-  Tous  les  vers  se  terminent  par  le  mot  ijj,  qui  signifie  Jaune. 

-  On  se  sert,  dans  ce  jeu,  d'élégants  boucliers  de  talc  pour  se  garantir 
io  visage  des  atteintes  trop  vives  do  la  poussière. 

^   Ou   sofa. 


550  BIOGRAPHIE 

Devant  elles  étaient  des  boîtes  de  bétel  d'or  jaune,  artistement 
arrangées.  Chacune  était,  pour  la  beauté,  la  reine  du  temps.  En 
les  voyanl,  que  de  gens  dont  l'amour  altéra  les  traits  et  rendit 
le  visage  jaune!  Dans  cette  nuit,  mes  yeux  contractèrent  la 
jaunisse;  que  dis-je!  elle  pénétra  même  mes  os.  Zamir,  ta  des- 
cription s'est  bien  assez  prolongée  :  elle  est  elle-même  teinte  en 
jaune  '. 

ZAR  (JIWAN). 

Mîr  Jîvvân  Zâr^  était  originaire  du  Cachemire;  mais 
il  fut  élevé  à  Delili,  où  il  fréquenta  les  meilleures  so- 
ciétés littéraires.  C'était  un  jeune  homme  passionné  qui 
avait  beaucoup  de  talent  pour  la  poésie.  jNIushafî  avait 
eu  occasion  de  le  voir  souvent,  soit  à  Dehli,  soit  h 
Lakhnau.  Zâr  avait ,  à  fépoque  où  Mushafî  écrivait  sa 
biographie  (en  i  ygS-i  79/1  ),  plus  de  trente  ans.  Bénî 
Naràyan  cite  un  mukhammas  de  ce  poëte, 

ZAR  (MAZHAR  ALI). 

Mîr  Mazhar  Ali  Zâr,  homme  très-recommandable , 
disciple  du  spiritualiste  le  maulawî  Schâh  Hafîz  ullah, 
fut  un  des  officiers  du  nabab  Mirzâ  Alî  Khan  Bahâdur, 
probablement  le  même  que  Mushafî  nomme  Ahmad 
Alî  Khan  Schaûkat-jang.  Il  faisait  de  temps  en  temps  des 
vers  urdù.  Les  biographes  originaux  en  citent  quelques- 
uns. 

^  A  cause  des  adjectifs  ^\>XS\  i><\  et  ^^iÀ**fcj,  signifiant  j'au/ic,  qui 
s'y  trouvent  si  souvent  répétés. 
-  jij  àèsir,  etc. 


ET   BIBLIOGRAPHIE.  551 

ZAR   (MUGAL  BEG). 

Alî  lljrâhîm  dit  seulement  que  cet  écrivain  hindous- 
tani  était  lié  avec  le  célèbre  Muhammad  Taquî  Mîr,  et  il 
donne  un  de  ses  vers. 

ZARRA. 

Jîné-dâs^,  connu  sous  le  surnom  poétique  deZarra'-, 
est  un  écrivain  cité  par  Mannù  Lâl  dans  son  Galdasta-i 
nischât.  Voici  la  traduction  d'un  de  ses  vers  : 

Secourez  le  faible,  jetez  la   semence  du  bien;  le  monde  est 
une  eau  courante,  lavez-y  vos  mains. 

ZATALI. 

Mîr  ou  Mirzâ  Jafar  Zatalî^,  plus  connu,  selon  Mir, 
sous  le. simple  nom  de  Jafar,  est  un  auteur  dakhnî  très- 
distingué  qui  a  écrit  tant  en  prose  qu'en  vers,  sous  le 
règne  de  Farrukli  Siyar.  Il  fut  la  rareté  de  son  siècle  et 
la  merveille  de  son  temps.  Grands  et  petits  le  considé- 
raient et  l'aimaient.  Lorsqu'il  allait  en  la  maison  de 
quelqu'un ,  il  écrivait  sur  un  morceau  de  papier  l'éloge 
du  maître  de  la  maison ,  et  sur  un  autre  il  en  traçait  la 
critique.  S'il  avait  à  se  louer  de  sa  politesse,  il  lisait 
l'éloge;  sinon,  il  mettait  en  circulation  la  satire.  Malheu- 
reusement ses  vers ,  dont  le  style  est ,  du  reste ,  soigné , 

'  C*^^  (S^'fi^  serviteur  de  Jina,  saint  personnage  de  la  secte  des  Jaïn. 

(M 

^  oji  atome. 

'  ^Joj  habillard,  adjectif  dérivé  du  mol  hindouslaui  JsSj  ou 
habd. 


552  BIOGRAPHIE 

sont  souvent  fort  obscènes.  Ils  ont  été  réunis  en  un 
diwân  très-volumineux,  et  l'entière  collection  de  ses  poé- 
sies porte  le  titre  de  Kullijât,  ou  OEuvres  complètes. 
Il  existe  dans  la  bibliothèque  du  Nizam  d'Haïderâbâd 
un  manuscrit  de  cet  ouvrage  qui  se  compose  de  deux 
volumes.  Zatalî  est  aussi  auteur  d'un  volume  intitulé 
Bayâz  \  ou  Album ,  dont  il  existait  un  exemplaire  dans  la 
bibliothèque  de  Muliammad-bakhsch ,  et  d'un  ouvrage 
intitulé  Hazlijât^,  ou  Facéties,  genre  pour  lequel  il  avait 
beaucoup  de  goût.  C'est  lui  recueil  de  plaisanteries  et  de 
jeux  de  mots  dont  Sir  Gore  Ouseley  possède  un  exem- 
plaire dans  sa  belle  collection. 

ZAUQUI. 

Schâh  Zauquî^  était  un  faquîr  errant ,  auteur  de  chants 
hindoustani  très-appréciés  dans  les  bazars  de  l'Inde.  Voici 
la  traduction  d'un  vers  de  lui  cité  par  Mannû  Lâl  : 

Elle  tient  en  ses  mains  un  arc  et  une  flèche,  et  moi  je  suis 
là.  A  quoi  peut  me  servir  la  prudence  ?  le  destin  désigne  sa  vic- 
time. 

ZIHN. 

Mîr  Muliammad  Mustaad  Zihn'*estun  poëté  hindous- 

'  ^^b>  joyeux,  etc.,  adjectif  dérivé  du  mot  arabe  njjS  (joiîi;  et  par 
suite,  délices,  joie,  plaisir,  etc. 

*  uy^^  esprit,  sagacité.  Dans  l'exemplaire  que  je  possède  du  tazkira 
de  Fatli  Alî  Huçaïnî,  on  a  écrit  (j-i^i,  mot  appartenant  à  la  même 
racine  arabe  et  signifiant  5piri7HrZ,  sagace,  etc. 


ET  BIBLIOGRAPHIE.  553 

tani  qui  fut  lié  d'amitié  avec  Fath  Ali  Huçaïnî.  Il  mourut 
à  la  fleur  de  l'âge. 

ZINAT^ 

Femme  distinguée  par  son  esprit ,  que  l'on  compte 
parmi  les  Indiennes  qui  ont  cultivé  avec  succès  la  poésie 
hindoustani.  Mîr  Mustahcan  Khalîc  l'avait  connue  à  Faïz- 
âbâd.  Obligé  de  la  quitter  pour  suivre  l'armée  -dont  il 
faisait  partie ,  il  en  reçut  un  gazai  de  dix  vers  que  cite 
Musbafî.  Dans  cette  pièce  remarquable,  elle  exprime 
ses  vœux  et  ses  désirs. 

ZIYA. 

Miyân  ou  Mîr  Ziyâ  uddin,  de  Dehli,  prit  pour  takhal- 
lus  le  mot  Ziyâ^,  qui  fait  partie  de  son  titre  honorifique. 
Il  fut  contemporain  de  Saudà,  l'ami  et  le  disciple  de 
Mîr  Taquî  et  le  maître  du  célèbre  Haçan,  auteur  du 
Sihr  ulhayân,  lequel  l'a  beaucoup  loué  et  avait  en  lui  une 
grande  confiance.  C'est  un  poëte  hindoustani  très-dis- 
tingué. Il  alla  de  Dehli  à  Lakhnau,  où  il  passa  quelque 
temps ,  et  où  plusieurs  littérateurs,  à  qui  il  donna  le  goût 
de  la  poésie  hindoustani,  se  formèrent  sous  lui.  Il  a 
surtout  écrit  des  gazai,  mais  pas  de  cacîdah  et  peu  de 
masnawî.  Ses  poésies  ont  été  réunies  en  un  diwân , 
lequel  est  très-estimé.  A  la  fin  de  sa  vie  il  alla  demeurer 
à  Azîmâbàd  (  Patna  ) ,  et  y  vécut  dans  la  solitude  et  la 
retraite,  dans  le  contentement  [àuldpKSKx]  et  la  contem- 

'    c:ajo\  oriiemenl. 

-  Ijus?  lumière,  splendcar. 


554       BIOGRAPHIE  ET  BIBLIOGRAPHIE. 

plation.  Il  résidait  dans  cette  dernière  ville  en  1196 
(1781-1782),  époque  où  Ali  Ibrahim  écrivait  son  taz- 
kira.  Lutf  nous  apprend  qu'il  y  mourut,  sans  préciser 
l'époque  de  son  décès.  On  trouve  quatre  pages  des  vers 
de  ce  poëte  dans  le  Gnlzar-i  Ihrâhîm. 

ZUHUR  (MUHAMMAD). 

Muliammad  Scliâh  Zuhûr  ^  est  un  poëte  hindoustani 
dont  Mannû  Lai  cite  un  vers  qui  signifie  : 

Cet  œil  en  pleurs  est  resplendissant  de  beauté  :  telle  est  la  lune; 
elle  brille  d'un  plus  vif  éclat  dans  la  saison  des  pluies. 

ZUHUR  (SGHIW  SINGH). 

Lâla  Sclîiw  Singh  Zuhûr  vivait  à  Agra  sous  le  règne 
d'Ahmad  Schâh,  fils  de  Muhammad  Schàh.  Il  se  distin- 
gua par  son  talent  poétique  et  obtint  de  la  célébrité. 
Le  divvân  de  Yaquîn  paraît  lui  avoir  servi  de  modèle. 

ZUHURI'. 

Ecrivain  urdù  qui  est  auteur  d'un  Scujiiî-nâma  dont  il 
existe  un  exemplaire  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du 
vizii'  du  Nizâm  d'Haïderâbâd.  Cette  pièce  est  intitulée 
Sa(iiiî-nâma-i  Zuhûrî,  c'est-à-dire  Poëme  bachique  de 
Zuhùrî. 

•   (SJ^ir^  visible,  iiianijestc.  . 


APPENDICE. 

LISTE 

DES    OUVRAGES   HINDOUI    ET  HINDOUSTANI 


IMPRIMLS    ET    MANUSCRITS 


DONT  IL  N'A  PAS  ETE  PARLE  DANS  LA  BIOGRAPHIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Anécartlia  manjari,  Dictionnaire  des  mots  hindoiiî  qui 
se  ressemblent. 

Volume  in-8°  imprimé  à  Calcutta,  mais  dont  il  n'y  a  pas,  je 
crois,  un  seul  exemplaire  en  Europe. 

Abridgment  (  An  )  of  the  Holy  Scriptm^es ,  by  the  Rev. 
M''  Sellan,  late  minister  of  S'  James's  Cicrkenwell, 
translated  into  ilindoostanee ,  by  direction  of  the  Cal- 
cutta diocesan  committee  of  the  Society  for  pro- 
moting  Christian  knowledge.  —  Calcutta,  printed  at 
the  Hindoostanee  press.  1822. 

C'est  un  volume  in-8°  de  3o3  pages,  en  caractères  persans  nas- 
talic,  bien  imprimé.  Il  a  dû  cire  plus  utile  aux  natifs  que  les  tra- 
ductions complètes  de  la  Bible,  qu  ils  ont  de  la  peine  à  comprendre. 

Abstract  of  the  articles  of  war,  in  English,  Persian  and 
Hindoostanee,  by  Kirkpatric  andWilkins.  —  Calcutta, 

1  782  cl   1  787,  in-k". 


556  APPENDICE. 

Anatomy  of  tlie  urinary  organs,  by  Breton,  superin- 
tendent  ofthe  Native  médical  Institution ,  printed  at 
the  government  lithographie  press.  —  Calcutta, 
1828. 

C'est  un  volume  in-8°  de  18  pa;jes ,  très-bien  exécuté.  Il  est 
intituléenliindoustani:  jjî  ^  ^^S^^j^\  S  {^^^^  -^y*»*^ 
{^y^r-^  (S-^^J  ^LLJ  f^  y!  *J  /j^^a».  3-^ .  Il  y  en  a  une 
seconde  édition  publiée  par  le  savant  et  respectable  feu  J.  Tytler; 
elle  est  revue,  corrigée  et  augmentée.  C'est  un  grand  in-8°  de  2  5 
pages.  Le  titre  bindoustani,  qui  me  paraît  préférable  au  précé- 
dent, est  :  -srj--*->   S  J^^5   '^^^  ■ 

Anatomy  ofthe  maie  organs  of  génération ,  by  Breton. 
—  Grand  in-8°. 

Volume  litbograpbié  de  22  pages,  en  caractères  persans.  Il  est 
intitulé  en  bindoustani:  Jf  (_aAa2£  ^jt>   ij»^mj  ^^j. 

Anatomy  of  the  human  integuments,  lithographie  pu- 
bliée par  Breton. 

Anatomy  Diseases  and  incidental  Complaints  of  the 
human  ear,  by  P.  Breton,  superintendent  ofthe  Na- 
tive médical  Institution. —  Calcutta,  Seplember  1 829. 

L'ouvrage  est  intitulé  en  bindoustani  :  \^  ^|^  (C-^P.  m^>  '-i^  • 
C'est  une  litbograpbié  de  102  pages,  grand  in-S",  dédiée  à  Lord 
William  Bentinck,  gouverneur  général  de  l'Inde,  avec  quatre 
plancbes,  une  table  des  matières  et  l'explication,  en  bindoustani, 
des  mois  tecbniques  anglais  employés  dans  ce  traité. 

Arithmetic,  with  tables  of  logarithms,  ])y  Brown. 

Ouvrage  imprimé  à  Calcutta  (je  crois  en  i834)  et  intitulé  en 
bindoustani  <_>Iaw.s».   ^.c  llin-i  hiràb. 


APPENDICE.  557 

Arilhmetic,   in  Hindui,  by  tbe  Rev.  M.  T.  Adam. — 

Calcutta,   1807,  in-S". 

Cet  ouvrage  est  du  nombre  de  ceux  qui  ont  été  publiés  par  la 
société  nommée  School-book  Society.  On  doit  à  l'auteur  plusieurs 
autres  ouvrages. 

Astronomy  of  Fergusson,  abridged  by  Brewster  and 
translated  in  Hindi  by  Miss  Bird ,  assisted  by  tbe  Rev. 
Mill  and  M^  J.  Tytler. 

Ouvrage  qu'on  a  annoncé  comme  étant  sous  presse,  à  Calcutta, 
en  i834. 

Apology  for  female  éducation,  in  Hindi  kari  boli.  — 
Calcutta,   1822,  in-8°. 

Ouvrage  publié  par  le  Calcatta  school-book  Society. 

Address  to  tbe  people  of  Hindustan,  on  tbe  advantages 
of  tbe  Roman  alpbabet,  by  Trevelyan.  — Calcutta, 
i83/i. 

Ce  traité  est  rédigé  en  hindoustani,  il  est  imprimé  à  la  fois  en 
caractères  persans  et  en  caractères  latins.  On  sait  que  M.  Trevelyan 
veut,  comme  le  docteur  Gilcbrist  Ta  tenté  auparavant,  habituer 
les  Indiens  à  écrire  l'hindoustani  et  leurs  autres  langues  usuelles 
en  caractères  latins.  Il  est  douteux  qu'il  puisse  y  réussir.  Dans  tous 
les  cas,  je  dois  dire  que,  pour  les  Indiens  à  qui  on  veut  apprendre 
l'anglais  au  moyen  de  leur  langue,  et  à  lire  leur  langue  en  carac- 
tères latins,  l'ortliograpbe  du  docteur  Gilcbrist  semble  préférable 
à  celle  de  M.  Trevelyan  et  de  ses  amis,  qui  n'est  autre  que  l'an- 
cienne orthographe  de  W.  Jones,  à  laquelle  on  avait  renoncé  de- 
puis longtemps.  Du  reste,  cette  nouvelle  méthode  de  transcrip- 
tion est  ce  qu'on  nomme  l'hindoustani  romanisè. 

Atlas,  Hindoostanee,  by  Miss  Bird.  —  Oblong  form. 
Calcutta,    iS3/i. 


558  APPENDICE. 

Ancient  History,   by  Archdeacon  Corrie. — Calcutta, 

Tdem,  by  Miss  Bird,  en  caractères  persans. 

On  en  préparait  une  édition  à  Bénarès,  en  caractères  latins,  en 
juillet  i838. 

Abujed  «Xjstî,  abécédaire  bindoustani.  —  In-12. 

Anglo-Indian  Primer,  ou  Abécédaire  anglais-indien. 

Le  Scliool-hooli  Society  de  Calcutta  en  a  publié  deux  diûerents  ; 
Tun  Anglo-Hindooee ,  apparemment  en  caractères  dévanagarî;  et 
l'autre  Anglo-Hindoostanee ,  probablement  en  caractères  persans. 

Anglo-Hindoostanee  Library  of  moral  instruction,  for 
the  natives,  n°^  1   et  2. — Calcutta. 

Voyez  Library  of  eniertaining  knowledcje.  J'ignore  si  ces  deux  pu- 
blications sont  distinctes. 

Agguir  Saguir  j.5Lwj51. 

Ouvrage  bindouî  qui  a  été  traduit  en  persan.  Il  y  a  un  exem- 
plaire de  cette  traduction  parmi  les  man.  de  Sir  W.  Ouseley,  n"  488. 

Astarbân,  conte  en  prose  dakhnî. 

Manuscrit  de  la  Bibliot.  royale  de  Paris,  fonds  Anquetil,  n"  20. 

Am\vâj-i  kbûbî  (les  Flots  du  bien  ) ,  ou  Scharb-i  kbûb 
tarang  (  Développement  des  bonnes  sensations  ). 

w 

Ouvrage  sur  le  spiritualisme  o^aûj  ,  en  bindi  et  en  persan. 
Manuscrit  de  YEast-India  House,  fonds  Johnson,  n°  46o. 


APPENDICE.  559 

Aschar-i  bliàkhâ  mutazamman-i  acsâm-i  rag,  c  est-à-dire 
Vers  en  bliâkhâ  sur  les  modes  musicaux  indiens. 

ÎNIanuscrit  de  VEast-India  House,  fonds  Johnson,  n"  1677. 

Astrologie  (Traité  d')  en  sanscrit  et  en  hindi,  caractères 
dévanagarî. 

Manuscrit  in-8°  de  76  pages,  qui  fait  partie  de  ma  collection  par- 
ticulière. Il  est  incomplet. 

Alfàz-i  râghâ  UjT,  lilÀJî. 

Bibliothèque  de  Sir  Gore  Onseley. 

Acts  of  the  Apostles  (Tlie)  inHinduwce. — Lushington's 
Calcutt.  Inst.  App.  xLi. 

Ark  ou  Urag  nâma  x«b  iàj\ . 

Si  on  lit  arli,  ce  titre  signifie  Livre  du  soleil;  si  on  lit  nracj ,  il 
signifie  Livre  du  serpent.  J'ignore  quel  est  le  sujet  de  cet  ouvrage 
hindoustani.  Il  se  trouve  dans  une  bibliothèque  de  l'Inde  dont  on 
conserve  le  catalogue  à  VEast-India  House,  n°  626  de  la  précieuse 
collection  Leyden. 

Atmânuçâçan  iH^^^HiliUHH   la  Règle  de  l'âme. 

Ouvrage  jaïn  en  bhâkhâ.  [Asiatic  Researches,  tom.  XVII,  pag. 
2  44.)  M.  Wilson  en  possède  un  exemplaire.  C'est  la  traduction  d'un 
ouvrage  sanscrit  ou  pracrit  de  Guna-Bhadra,  élève  de  Jniacéna. 

Selon  le  savant  M.  Wilson,  les  ouvrages  jaïn  sont  pour  la  plupart 
modernes.  Ils  ont  été,  en  général,  composés  à  Jaïpur,  sous  le 
règne  de  Jaïcingh  et  de  Jagat  Singh. 

Acâid-i  Jâmî  i^ùJjb  ij^j^  ».^j^'j  »^x^  c^W-  «^-j^-Ji-ft  les 
Principes  de  la  foi  musulmane  par  Jâmî,  avec  une 
traduction  hindoustani. 

Manuscrit  delà  bibliothèque  du  nabâb  wazîr  Mubammad-bakhsch 


560  APPENDICE. 

Alî  Khân ,  etc.  C'est  prut-être  le  même  ouvrage  qui  est  indiqué 
dans  le  catalogue  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta ,  sous  le  titre 
de  Riçâla-i  acâid,  c'est-à-dire  Traité  des  principes  (  de  la  foi  musul- 
mane). Ce  dernier  ouvrage  est  eu  vers,  et  il  a  été  composé  parle 
maulawî  Amîn  uddin,  le  même  auteur  probablement  dont  j'ai  parlé 
pag.  67  et  58. 

Bible  (la  sainte)  traduite  en  hindoustani,  caractères 
dévanagarî.  —  5  vol.  in-8°,  Serampore,  1812,  1816, 
1818. 

Le   titre   hindoustani  est  ^V| o(^   mSTl  '''  Livre  de  la  loi,  et 

TJ^  ^l  ^m  ^TtT  Tontes  les  paroles  de  Dieu.  Ces  volumes 
contiennent  tous  les  livres  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament, 
excepté  ceux  que  les  protestants  considèrent  comme  apocryphes.  Le 
premier  volume  contient  le  Pentateuque;  le  second,  les  Livres  his- 
toriques; le  troisième,  les  Livres  poétiques;  le  quatrième  contient 
les  Livres  prophétiques;  le  cinquième,  le  Nouveau  Testament. 

Bible  (la)  traduite  en  hindoustani  par  le  missionnaire 
B.  Schultz. 

On  conserve  cet  ouvrage,  en  manuscrit ,  à  la  bibliothèque  royale 
de  Berlin,  en  deux  volumes  in-4°,  n""  160  et  161.  Je  dois  cette  in- 
dication à  l'obligeance  du  professeur  Vilken. 

Barnamâlâ,  or  Hindoo  Alphabet.  —  Serampore,  1820. 

c^U|m(v^| ,  de  ^^  lettre ,  et  de  HlÇil  guirlande. 

Book  (The)  of  common  prayer,  translated  in  Hindoos- 
tanee  by  Lewis  Dacosta.  —  Calcutta ,  in-Zi". 

Idem,  in -8°. 

Idem,  Abstract,  in-8". 


APPENDICE.  561 

Birah  bilâs  f^^  f^Q^ÏÏT  les  Plaisirs  de  l'amour  (  à  la 
lettre,  de  l'amour  dans  l'absence). 

Manuscrit  hindoustani  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- 
William  ,  écrit  en  caractères  dévanagarî. 

Bayân-i  islam  ^^^^t  ij^  Exposition  de  l'islamisme. 

Composition  hindoustani  faite  d'après  les  ouvrages  sur  la  religion 
musulmane ,  publiés  par  le  professeur  Garcin  de  Tassy ,  et  rédigée 
parle  capitaine  Millingen,  fils  du  savant  antiquaire  de  ce  nom, 
avec  Taide  de  plusieurs  natifs.  Ce  traité  n'a  pas  été  imprimé ,  mais 
on  en  a  fait  plusieurs  copies  qui  sont  répandues  à  Madras. 

Bayân  Tap  naubat  kâ  ^  «^j^  <-^'  ^Vaj  Explication  de 
la  fièvre  intermittente.  —  Brochure  hindoustani  de 
P.  Breton,  sans  titre  anglais. 

C'est  une  lithographie  de  1 7  pages  grand  in-8°,  qui  n'est  pas  aussi 
bien  exécutée  que  les  brochures  du  même  auteur. 

Bayâz-i  marciya  *aS^  o^W  • 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  Nizâm. 

Bijaï-Pâl  Râça,  ou  la  Ballade  de  Bijaï-pâl. 

Poëme  braj-bhâkhâ  ,  sur  ce  fameux  souverain  de  Biana  ,  sur  ses 
prouesses,  ses  victoires  et  ses  aventures  romanesques.  (  J.  S.  Lu- 
shington,  Journa/ o/"(/ie  Asiatic  Society  of  Calcutta,  i832,  pag.  273.) 

Bâlavibodha. 

De  SfXçÇ  enfant ,  et  de  |sjc|j  {^t^  intelligence.  Sorte  de  catéchisme , 
en  bhâschâ  ,  sur  les  doctrines  et  les  pratiques  extérieures  de  la  re- 
ligion jaïn.   (  Wilson,  Asiatic  Researches,  tom.  XVII,  pag.  2  44.) 


I. 


36 


5G2  APPENDICE. 

Baranbhavanaçandlii  ^Tljvr^rr  ^tf^.  c'est-à-dire  l'Union 
de  la  nature  des  castes. 

Autre  ouvrage  écrit  en  bhâschà ,  sur  les  doctrines  et  les  pratiques 
extérieures  de  la  religion  des  jaïn.  (  Wilson ,  Asiatic  Researches , 
tom.  XVII,  pag.  2  44.) 

Common  Prayer  of  the  church  of  England,  by  Martyn. 
—  Calcutta,  1818,  in-8^ 

Idem,  edited  by  Archdeacon  Corrie  (le  même  qui  a  été 
ensuite  nommé  évêque  de  Madras).  —  Calcutta, 
i83/i. 

Compendium  (A)  of  the  Book  of  common  prayer,  and 
the  administration  of  the  sacraments  and  other  rites 
and  cérémonies  according  to  the  use  of  the  church 
of  England,  translated  into  the  Hindoostanee  lan- 
guage.  —  Calcutta,  1816,  grand  in- 8°. 

Compendium  (A)  of  Geography,  in  Hindoostanee. — 
Calcutta ,  182/1,  in- 1  2 . 

Petit  volume  de  76  pages,  par  demandes  et  par  réponses,  publié 
par  le  School-book  Society,  en  août  1824,  au  nombre  de  mille  exem- 
plaires. Le  titre  hindoustani  est  :  ^  ij^j^  it^^  «X^^^Xi».  ■ 

Catéchisme  catholique  en  hindoustani. — Rome,  1778. 

Catechism  (A)  on  the  Principles  of  religion,  in  English 
and  Hindusthani.  —  In-i  8,  Rom.  char. 

Catéchisme  anglican,  publié  par  le  Calcutta  auxiliary 


APPENDICE.  563 

chiirch  missionary  Society.  —  Lushington's  Calcutta 
Institutions,  p.  33. 

J'ignore  si  cet  ouvrage  est  le  même  qu'un  petit  catéchisme  de  2  A 
pages  in-12  ,  en  caractères  dévanagarî,  qui  porte  le  titre  de  Kitâb 
larkon  hé  liyé,  c'est-à-dire  Livre  pourles  enfants.  J'ai  ce  dernier  opus- 
cule dans  ma  collection. 

Catéchisme  musulman,  ou  pour  mieux  dire  :  Ouvrage 
sur  le  Fikh  AJij,  ou  la  Jurisprudence  religieuse  mu- 
sulmane, en  vers  hindoustani-urdû. 

Manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris ,  n"  1 ,  fonds  hin- 
doustani.  C'est  un  masnawî  divisé  par  chapitres.  Le  nom  de  l'auteur 
n'est  pas  indiqué  ;  il  n'y  a  pas  de  titre  non  plus. 


Chaturdaca  Gunasthâna  ^ïï65T  i|U|^M  le  Livre  des 

quatorze  qualités. 

Ouvrage  écrit  en  bhâshâ ,  sur  les  doctrines  religieuses  des  jaïn. 
(  Wilson  ,  Asiatic  Researches,  tom.  XVII ,  pag.  2  44.) 

Collection  de  chansons  hindoues  :  Pada ,  Tappâ ,  Holî , 
Râga,  etc. 

Manuscrit  de  la  collection  de  M.  Wilson. 

Collection  of  Hindustani  Songs. 

Manuscrit  en  caractères  persans ,  petit  in-fol.  de  80  pages,  qui  fait 
partie  de  la  bibliothèque  de  la  Société  royale  asiatique  de  la  Grande- 
Bretagne  et  de  l'Irlande. 

Collection  (A)  of  Hindoostanee  Songs,  by  C.  Trinks. — 
London,  in-fol. 

Ce  recueil  contient  trois  chants  populaires  hindoustanl  renom- 
més, savoir:  Schîschî  bharl  (julâh  hî,  etc.  ;  DU  na  dâna  Ujâ,  etc.  ;  Hari , 
Kischnu,  de.  On  y   a  joint  la  chanson  persane  connue,  Mutrib  i 

36. 


564  APPENDICE. 

khusch  naivâ  bago,  etc.  qu'on  doit  à  Hâfiz  du  Cachemire ,  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  le  célèbre  Hâflz  de  Schiraz. 

Collection  (A)  of  divine  Sayings,  in  English  and  Hin- 
doostanee.  —  Calcutta,  1820,  in-8°. 

Collection  (A)  of  Proverbs  and  Proverbial  Phrases  in 
the  Persian  and  Hindoostanee  languages.  Compiled 
and  translated,  chiefly,  by  tlielate  Thomas  Roebuck. 
—  Calcutta,   182/4,  grand  in-8°. 

La  partie  des  proverbes  hindoustani  se  compose  de  897  pages.  Ce 
travail  important  a  été  publié  par  le  savant  indianiste  Wilson ,  et 
il  a  été  dédié  par  lui  au  célèln-e  Gilchrist,  qui  par  ses  nombreux 
travaux  a  donné  une  grande  impulsion  à  l'étude  de  l'hindoustani 
parmi  ses  compatriotes.  Je  n'hésite  pas  à  considérer  cette  collection 
de  proverbes  hindoustani  comme  un  des  ouvrages  les  plus  utiles 
qu'on  ait  publiés  en  faveur  de  ceux  qui  s'occupent  des  langues  de 
l'Inde. 

Collection  (A)  of  moral  Precepts  and  Reflections,  ga- 
thered  from  varions  sources ,  in  English  and  Hindus- 
tani.  —  2  vol. 

Chandrâwatî. 

Manuscrit  hindî ,  en  écriture  nagarî,  de  la  bibliothèque  du  collège 
de  Fort-William.  La  Société  asiatique  de  Calcutta  possède  un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage;  l'auteur  se  nomme  Sadalamisr  Hi^Ç^l^H"^  • 

Chennapatan  Vertanta  (Chcnapatna  Vrittànta),  Nou- 
velles de  Madras. 

Journal  de  Madras,  qui  paraît  le  mercredi  elle  samedi  de  chaque 
semaine.  (  Asiatic  Journal ,  XXIV,  as.  inl.  1 47.  ) 


APPENDICE.  565 

Chhaiidogaya  Upanischad,  traduction  hindi  de  cetUpa- 
nischad  du  Sâma  véda. 

Mackenzie,  Catalogue,  tom.  Il,  pag.  iio. 

Gurân-i  scharîf  oM;-i  {j\^,  c'est-à-dire  le  Noble  Coran. 
—  Calcutta,  Asiatic  lithographie  press. 

Edition  litliographiée  du  Coran,  avec  les  commentaires  de  Huçaïn 
et  de  Abbàs  en  marge,  et  la  traduction  liindî  de  Schâli  Abd  ulcâdir, 
de  Dehli ,  interlinéaire.  (  Voyez  l'article  sur  Abd  ulcàdir.  ) 

Gawâid-i  aklilâc  ^^^^^o^i  *>oi_^  Règles  de  morale. 

Ouvrage  envers,  exécuté  d'après  Tordre  du  roi  d' Aoude ,  à  l'A- 
siatic  litbograpbic  press  de  Calcutta. 

Chahâr  anwâ  ^î^î  j^-^  • 

Ouvrage  bindî,  qui  est  indique  dans  le  catalogue  manuscrit  des 
livres  de  Farzàda  Culî. 

Chârana-raca. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Jaïpûr,  cité  par  Ward ,  Hist.  Liter.  etc.  of 
the  Hindoos,  tom.  II,  pag.  48 1. 

Démonstration  of  the  abdominal  Viscera  <Jj«Xji  ^  ôvv^ 

Traité  lithographie  de  lo  pages,  grand  in-8°. 


Démonstration  of  the  thoracic  Viscera  <J  jJo^  J"  jl^r 

Traité  lithographie  de  1 5  pages  ,  grand  in-8°. 


Description  of  intermittent  Fevers  ^  <^^^  «-^  u^  • 

Traité  lithographie  de  17  pages,  grand  in-8°. 


566  APPENDICE. 

Dâya  Bhâgah  ^FT  HPT:  Division  des  successions. 

La  traduction  de  ce  traité ,  en  liindî,  a  été  imprimée  à  Calcutta. 

Defence   of  female    éducation  ^  fsjTST  f%^i<H=r\,  en 
hindouî.  —  Calcutta,  i83/i. 

Le  même  traité,  peut-être,  déjà  cité  sous  ie  titre  de  Apology  for 
female  éducation. 

Dâdi  â  Ï[T5T . 

Sorte  de  chant  ou  d'hymne  ,  ouvrage  en  dialecte  de  Jaïpûr,  cité 
par  Ward  ,  dans  son  History.  Literature,  etc.  of  the  Hindoos ,  t.  II, 
pag.  48 1. 

Diirgâ  bhâschâ. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Kanoj  ,  cité  par  Ward,  Hi^fory,  Litera- 
ture, eic  of  the  Hindoos,  tom.  II,  pag.  482. 

Dhannâyî. 

Autre  ouvrage  dans  le  même  dialecte,  cité  par  Ward,  History. 
Literature.  etc.  oftheHindoos.tom.il,  pag.  482. 

Dhû-Lîlâ. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Kanoj  ,  cité  par  Ward,  History.  Litera- 
ture, etc.  of  the  Hindoos,  tom.  II,  pag.  482, 

Dîn-i  haquîquî  kâ  khulâça   xo>>^  ^  J^JU-  (j^.i> ,  c'est- 
à-dire  Abrégé  de  la  vraie  doctrine. 

Petit  catéchisme  chrétien,  par  demandes  et  par  réponses,  im- 
primé en  caractères  naskhî.  Très-petit  in- 1  2  de  30  pages. 

Dialogue  (A)  between  Ramhuree  and  Shadhoo  <^ — i-5 

Dialogue  entre  un  Indien  converti  au  christianisme  et  un  Indien 
non  converti.  In-8°  de  22  pages. 


i 


i 


APPENDICE.  567 

Dialogue  (A)  belvveen  a  Durwan  and  a  Malee  ^jl?;i>  iiLI 

(j?^  4^-^^  '-^j  (:3V»  (j*sîJ  <i^  ^j'  j^',  c'est-à-dire 
Dialogue  entre  un  portier  et  un  jardinier. 

Opuscule  religieux  ,  anglais-hindoustani ,  en  caractères  persans, 
de  92  pages,  publié  à  Calcutta  ,  en  1822,  parle  Bencjal  anxïliary 
missionarj  Society.  On  a  tiré  deux  mille  exemplaires  du  texte  hin- 
doustani  seulement. 

Dialogus  man.  in-/i°,  pag.  92,  quo  Christianus,  et  ethni- 
cus  Indostanus  simul  loquentes  de  veritate  religionis 
inducuntur,  quique  Betthiae  Régi,  aliisque  illius  dy- 
nastise  proceribus  anno  m.  dccli,  a  Josepho  M.  Gar- 
guanensi,  et  a  Cassiano  Maceratensi  missionariis  ca- 
puccinis  oblatus  est.  In  Bibliotbecà  collegii  urbani 
de  Propagande  Fide.  (Alphabetum  Branimhanicum 
seu  Indostanum,  etc.  p.  xvn.) 

D'après  une  note  du  cardinal  Mai ,  qui  m'a  été  transmise  par 
MM.  de  Lurde  et  Cintrât ,  le  texte  hindoustani  est  accompagné 
d'une  traduction  italienne. 

Diwân-i  dar  zabân-i  bliâkhâ,  on  Sikh  theology. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  ÏEast-India  House. 

Durr-i  uçûl  ^  Jj-»ol  j:>  la  Perle  des  principes  du  droit 
musulman. 

Traité  en  dialecte  dakhuî,  composé  de  deux  volumes.  Un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage  se  trouve  dans  une  bibliothèque  d'Haïderàbâd. 

Dohra  râg  dlT^  ojJi^b.  Vers  descriptifs  des  modes  mu- 
sicaux. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Muhammad-bakhsch ,  etc. 

'  Peut-Ctrc  faut-il  lire  dar  uçûl,  ce  qui  signifierait  simplement  Sur  les  prin- 
cipes (lu  droit  musulman. 


568  APPENDICE. 

Dar  bayân-i  natâiqu-i  Nâyak  o  Nâyakâ,  bhed  Hindî,  etc. 

Colloques  entre  l'époux  et  l'épouse,  secrets  indiens, 
accompagnés  de  vers  persans. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Dar  riçâla-i  râg-mâlâ  iiU  J\j  ^il^wj  j^  Traité  des  modes 
musicaux. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 


Daçakschapanavratavidhi 

Ce  qui  paraît  signifier  :  Règles  à  suivre  pour  les  actes  satisfactoires 
des  dix  sortes  d'impuretés.  C'est  un  traité  religieux  des  jaïn,  écrit 
en  braj-bhâkhâ,  lequel  est  cité  par  M.  Wilson,  Asiatic  Researches , 
tom.  XVII,  pag.  2/4/i. 


Dharnia  buddhi  cbatusclipadi  ^^  5rf%  t^H^hQ»  Qua- 
trains (braj-bhâkhâ)  sur  la  convenance  des  devoirs 
religieux - 

Ouvrage  jaïn.  (  Asialic  Researches.  tom.  XVII,  pag.  2  44.) 

Dharma-sâstra  ^JT  SJR^,  c'est-à-dire  le  Livre  de  la  loi. 

Ouvrage  hindoustani ,  indiqué  par  Paulin  de  Saint-Barthélémy  , 
dans  le  volume  intitulé  Musei  Borgiani  manuscripti  Avenses ,  etc. 
pag.  i56.  Je  pense  que  c'est  une  version  du  livre  de  Manu  qui  est 
intitulé  Dharina  sâstra  manava.  Toutefois  elle  est  divisée  en  dix-huit 
portions  ,  au  lieu  que  le  livre  de  Manu  n'en  a  que  douze. 

Examinations  and  Exercises  of  the  students  of  the  col- 
lège of  Fort-William,  in  the  Hindoostanee,  Bengalee, 


APPENDICE.  569 

Persian  and  Arabie  languages,  published  by  professer 
Gilchrist. —  Calcutta,  1801  et  1802,  m-/i°. 

Extracts  from  Torrens ,  etc. ,  for  the  use  of  native  Ranks 
of  infantry.  —  Adjutant  generai's  office  ,  Fort  Saint- 
Georges,  1 83 1 ,  in- 4°. 

Volume  liindoustani  de  538  pages,  lithographie  à  Madras,  avec 
figures.  Cet  ouvrage  est  surtout  traduit  de  celui  de  Sir  H.  Torrens, 
intitulé  Field  exercises  of  the  arrny.  On  doit  ce  travail  au  capitaine 
Brown ,  attaché  à  l'adjudant  général.  Il  est  intitulé  en  bindoustani 

Câida-i  Farhang  i^Xj<^ya  û«XfiljJ,  c'est-à-dire  B.e(jle  de  l'art  [mili- 
taire ) . 

Evangelium  Lucae  in  linguam  Indostanicam  translatum 
à  Benj.  Schultzio,  edidit  Jo.  Henr.  Gallenbergius. — 
Halaî  Saxonum,  17/19,  in-12. 

Benjamin  Schultz  était  un  missionnaire  protestant  fort  zélé, 
qui  avait  résidé  dans  le  Décan ,  et  qui  s'était  ainsi  familiarisé  avec 
l'idiome  vulgaire  de  cette  partie  de  l'Inde.  On  lui  doit  une  gram- 
maire bindoustani ,  et  la  traduction  ,  en  cette  langue ,  de  la  sainte 
Bible. 

Elementary  Treatise  on  Geography  and  Astronomy,  in 
Hindi. 

Traité  publié,  je  crois  ,  à  Calcutta,  en  caractères  dévanagarî. 


Ekavinsati  sthâna  XJ^ïf^SfJ'irr  ^H  les  Vingt  et  un  de- 

ÎS. 
Ouvrage  jaïu,  en  bhâschâ.  [Asiutic  Res.  lom.  XVII,  pag.  244-) 


gres. 


570  APPENDICE. 

Fables  in  Hinduwee  (intitulées  dans  l'original  Nîti  kallia 
nlfd  <=n^l  '  c'est-à-dire  Fables  de  morale).  —  Cal- 
cutta,  1802,  in- 12;  autre  édit.  en  i83/i. 

Cet  opuscule  est  publié  par  le  Scliool-booh  Societj. 

Fables  in  Hindoostanee. — Calcutta,  1818,  in-8''. 

Ouvrage  publié  par  le  School-book  Societj. 

Fables  in  Oordoo  c::>l>K&. ,  for  tlie  use  of  tlie  schools.-— 
1™  part.  2^  édit.  1819. 

La  première  édition  a  été  tirée  à  mille  exemplaires  ;  la  seconde 
à  deux  mille.  J'ai  dans  ma  collection  particulière  un  exemplaire  de 
la  seconde  édition ,  qui  a  appartenu  à  un  de  mes  anciens  condisciples 
de  l'Ecole  des  langues  orientales ,  où  je  suis  actuellement  professeur, 
M.  Larocbe,  de  Bàle,  pieux  et  savant  jeune  bomme ,  qui  s'était 
consacre  à  la  carrière  des  missions  dans  l'Inde ,  et  qui  y  est  mort 
en  1821  ou  1822. 

Fables ,  nagari  character.  —  Calcutta. 
Idem,  Persian  character.  —  Calcutta. 
Fables  en  vers  hindi ,  etc. 

Manuscrit  in-4°  de  YEasi-India  Ilouse ,  collect.  Leyden,  n°  XXV, 
écrit  en  1861   de  Samwat  (  1785  de  J.  C.  ). 

Fragments  de  la  Bible ,  en  hindoustani  du  Décan ,  tra- 
duits par  Schultz. — Halle  en  Saxe,  i  76 5- 1  7/17,  in-S". 

Bibliotbèque  de  M.  Marcel ,  ancien  directeur  de  l'Imprimerie  im- 
périale. 

Family  Prayer,  by  Rev.  T.  Morris.  ^^Lci  .  ^^  mj^^ 


APPENDICE.  571 

<J^  S  ojy^j-è^  S'   c'est-à-dire  Prières  du  matin   et 
du  soir,  à  l'usage  des  familles. 

Petit  volume  in-12  de  3o  pages,  très-bien  imprimé,  en  carac- 
tères persans.  Il  a  été  imprimé  à  Calcutta,  à  la  typographie  des 
Missions  de  TEglise  anglicane,  et  publié  à  Bénarès,  en  1826. 

Field  exercises  of  the  army,  in  nagree  and  Roman 
character,  by  L'  Arthur  Hogg  (Oordoo  translation). 
—  Calcutta,  iSSy,  in-8°  de  3/i3  pages. 

Cet  ouvrage  est  demi-imprimé ,  demi-lithographié;  la  partie  en 
caractères  latins  est  imprimée ,  celle  en  caractères  dévanagarî  est 
lithographiée-,  le  tout  est  exécuté  avec  soin.  Le  titre  hindoustani 
est  ainsi  rendu  en  lettres  latines  :  Ungrezee  lashkaree  huwaed  ha  tar- 
jumu. 

Fruitos  de  arvore  da  vida,  c'est-à-dire  Les  fruits  de  l'ar- 
bre de  la  vie. 

Ouvrage  composé  et  traduit  par  P.  Antonio  de  Saldanha.  Manus- 
crit hindoustani  en  caractères  latins.  Catalogue  de  Marsden,  p.  807. 

Farhângu-i  Hindoui ,  ou  Dictionnaire  hindoustcini ,  avec 
une  grammaii^e  et  des  explications  sur  les  sciences 
des  Indiens,  etc. 

Catalogue  des  livres  d'Adam  Clarke,  pag.  SgS. 

Four  Gospels  (The)  in  Hinduwee. 

Lushington ,  Calcutta  Inst.  App.  xli. 

Genèse,  Proverbes  et  Isaïe,  en  hindoustani-urdû. 

Volume  in-8°,  imprimé  à  Calcutta  ,  aux  frais  de  la  Société  bi- 
blique,  en  1825  et  1826.  Le  type  de  ce  volume,  qui  est  nastalic , 
ressemble  beaucoup  aux  caractères  des  manuscrits.  C'est  le  plus 


572  APPENDICE. 

joli  de  tous  ceux  qu'où  a  gravés.  Il  a  servi  à  imprimer  plusieurs  opus- 
cules bindoustaui,  qui  ont  paru  à  Calcutta. 


Goladhva, 

Lusliington ,  Calcutta  InstU.  App.  xl.  Il  faut  probablement  lire 
Golàâhyâja   iW^^ytH  [H    Leçons  de  ijèoyraphie. 

Geography,  in  Hindostanee,  by  Miss  Bird. — Calcutta, 
Giddasta-i  Haidarî  <^j  j^a^^  ajc^j^Jo  . 

Ouvrage  annoncé  comme  ayant  été  imprimé  à  Calcutta  ,  dans  les 
Priinitiœ  Orientales,  tom.  III,  pag.  Li. 

Gospels  (The)  traiislated  into  Hindooslaiiee  by  learned 
natives  ;  revised  and  collected  with  the  original  Greek 
by  ^^illiam  Hunter  (nagree  character).  —  Calcutta, 

i8o5. 

Gospel  according  to  Saint  Matthew ,  Englisli  and  Hin- 
doostanee,  Latin  character. — Calcutta,  i83Zi,  in-S". 

Les  éditeurs  de  cette  publication  et  de  la  plupart  des  écrits  en 
hiudoustani  romanisé,  ont  souvent  échoué  dans  la  transcription  des 
mots  arabes,  en  suivant  plutôt  l'orthographe  que  la  prononciation  de 
ces  mots.  Je  désire ,  du  reste ,  de  tout  mon  cœur,  que  Thindoustani 
romanisé  puisse  servir,  comme  s'en  flattent  ses  partisans ,  à  répandre 
parmi  les  Européens  la  connaissance  de  l'hindoustani  ;  parmi  les 
natifs  celle  de  l'anglais,  et  surtout  nos  sciences  et  nos  principes 
religieux. 

Gospel  of  Saint  Matthew,  in  Ilindooslanee  and  English. 
—  Calcutta ,  1819,  in-8". 


APPENDICE.  573 

Gospel  of  Mark,  English  and  Hindustbani,  Roman  cha- 
racter.  —  ln-8°. 

Générations  française,  persane,  maure  (hindoustani)  et 
bengali,  ou  Liste  de  tous  les  degrés  de  parenté  et  de 
fdiation,  en  ces  quatre  langues. 

Manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris. 

Gulschan-i  tauhîd  «Xx»-^  (j-*-J^  le  Jardin  de  l'unité  de 
Dieu. 

Traduction  du  Mantic  uitaïr  -  >  Vi  i|  ^  Ul^  le  Colloque  des 
oiseaux.  C'est  un  ouvrage  mystique  écrit  en  vers  dakhnî;  il  est  cé- 
lèbre dans  le  midi  de  l'Inde.  Muhammad  Ibrahim  le  cite  dans  la 
préface  de  sa  traduction  de  YAnwâr-i  Siihaïlî.  Il  y  a  un  exemplaire 
de  cet  ouvrage  à  la  bibliothèque  de  YEast-India  House,  exemplaire 
qui  porte  le  titre  de  l'original  persan.  Il  y  en  a  un  autre  qui  est 
désigné  sous  le  premier  titre  dans  la  liste  des  manuscrits  du  vizir 
du  Nizàm ,  mais  ce  dernier  volume  est  indiqué  comme  urdù.  Un 
autre  manuscrit  dakhnî  delà  même  bibliothèque  et  intitulé  Pan- 
chhî  hâchha  ^g-j^b  ^-^  C*^'  ^^  ^l^^  paraît  signifier  Discours 
de  l'oiseau,  est  peut-être  une  traduction  ou  une  imitation  de  l'ou- 
vrage d'Attar. 

On  sait  que  l'original  persan  est  dû  au  célèbre  écrivain  mysti- 
que Farîd-uddîn  Attar,  dont  feu  M.  de  Sacy  a  publié  le  Pand-nâma. 
On  trouve,  dans  les  notes  de  cet  ouvrage,  beaucoup  de  morceaux 
traduits  du  Mantic  nttaïr,  qui  donnent  une  idée  avantageuse  de  l'in- 
térêt spirituel  de  cette  production. 

Gîmâlâ  witli  a  translation  in  Hindee ,  by  a  pundit  of 
tbe  Raja  of  Bhurtpore. 

Catal.  of  the  As.  Soc.  Cale. 


574  APPENDICE. 

Guiyân  niâlà  ^U  ^Ip  ^^FT  WT^  la  Guirlande  de  la 
science. 

Manuscrit  de  la  bibliotlièque  de  Farzâda  Culî. 

Gaj  a-sukumâra-cbaritra . 

Ouvrage  jaïn  eu  bhâscliâ.  (  Asiatic  Res.  tom.  XVII ,  pag.  2  45.  ) 

Hymnes  chrétiennes.  Dharm  pustak  kâ  sâr  ^Jtt  L|^ch 
^  HTX  Essence  du  liv  re  de  la  loi. 

Petit  in-12,  en  hindouî ,  composé  de  dohâ  et  de  chaupaï. 

Hatta-Pradîpa. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Jaïpur,  cité  par  Ward,  Historj ,  Lite- 
rature ,  etc.  of  the  Hindoos ,  tom.  II,  pag.   48 1. 

Steward's  Historical  Anecdotes ,  with  a  sketch  of  the  His- 
tory  of  England,  and  her  connexion  with  India. 
Translated  by  Rev.  W.  T.  Adam.  Anglo-Hindawee. 
—  Calcutta,  printed  at  the  Calcutta  school-book  So- 
ciety's  press,  1826,  in-8". 

Ce  volume  est  intitule  en  hindoustani  :  ^CfXSJ  ^STT  ^7 
^T^JT^  3mi^TîT=RT  "^R^,  c'est-à-dire  Fables  d'ins- 
truction et  Extrait  de  l'Histoire  d'Angleterre.  On  doit  au  traducteur 
plusieurs  autres  ouvrages,  entre  autres,  un  dictionnaire  hindî  avec 
les  explications  dans  la  même  langue.  Il  en  sera  parlé  ailleurs. 

Humane  (The)  Society's  Rules,  in  Hindoostanee. — Lon- 
don,  1826,  in-S". 

Hindce  S  tory  Telier,  or  Entertaining  Expositor  of  the 
Roman,  Persian  and  nagrec  characters  simple  and 


APPENDICE.  575 

compound  in  tlieir  application  to  tlie  Hindoostanee 
language  as  a  writleii  and  literary  vehicle,  by  J.  Gii- 
christ. — Calcutta,  i8o2-i8o3,  in-8°. 

Cet  ouvrage  est  un  des  plus  utiles  de  ceux  qu'a  publiés  le  doc- 
teur Gilcbrist.  Il  se  compose  de  deux  volumes  :  le  premier  contient 
cent  huit  courtes  anecdotes  ;  le  second,  qui  est  très-rare,  des  anec- 
dotes plus  longues. 

Hindee  Roman  ortlioepigraphical  ultimatum,  or  the 
Hindoostanee  Story  Teller,  by  J.  B.  Gilchrist. — Lon- 
don,  1820,  in-8°,  second  edit. 

Nouvelle  édition  du  Hindee  Story  Teller,  imprime  à  Calcutta.  Les 
anecdotes  ne  sont  ici  qu'au  nombre  de  cent;  elles  sont  répétées, 
comme  dans  la  première  édition,  une  fois  en  caractères  persans, 
une  autre  fois  en  caractères  dévanagarî,  une  troisième  fois  enfin 
en  caractères  latins.  Ces  trois  parties  occupent  i4o  pages;  l'intro- 
duction et  les  remarques,  2i4  pages.  Il  n'y  a  pas  de  traduction. 

Hindui  Proverbs.  —  Calcutta,  i83/i. 

Hindoostanee  Version  of  the  London  Pharmacopeia 
published  in  january  180  4,  printed  in  lithograpby 
in  the  nagree  character,  for  the  use  of  the  students 
of  the  Native  médical  Institution.  — Calcutta ,  182/1, 
grand  in-8°  de  166  pages. 

C'est  la  traduction  de  l'ouvrage  intitulé  :  Pharmacopœia  collegii 
regalis  mediconim  Londinensis.  Les  i46  premières  pages  sont  la  tra- 
duction de  l'ouvrage  anglais.  Il  y  a  ensuite  l'explication  des  mots 
techniques  anglais  rendus  en  bindoustani ,  ce  qui  forme  20  pages. 
Cet  ouvrage  a  été  rédigé  par  P.  Breton ,  chef  de  l'Institution  mé- 
dicale des  natifs,  et  il  est  dédié  par  lui  à  Lord  Amberst,  gouverneur 
général  de  l'Inde.  C'est  le  même  P.  Breton  qui  a  publié  en  bin- 
doustani beaucoup  de  traités  de  médecine,  tâche  dans  laquelle  il 
fut  remplacé  par  J.  Tytler  son  successeur. 

Il  y  a  une  édition  du  même  traité  en  caractères  persans. 


576  APPENDICE. 

Hindoostaiiee  Fables.  —  Serampore,  1821. 

Ces  fables  sont  eu  caractères  dévanagarî.  Ceci  est  la  seconde 
édition  ;  elle  a  été  tirée  à  deux  mille  exemplaires. 

Hiiidoostanee  (The)  is  the  most  generally  useful  lan- 
guage  in  India. — Thèse  rédigée  en  hindoustani  (ca- 
ractère dévanagarî)  par  W.  B.  Bayley,  et  publiée 
dans  l'ouvrage  intitulé  :  Essays  hy  the  students  of  the 
collège  of  Fort-PFilliam  in  Bengal,  1802. 

Cette  dissertation  a  été  reproduite,  en  partie,  par  S.  Arnot, 
dans  sa  Grammaire  hindoustani,  tant  en  caractères  dévanagarî  qu'en 
caractères  persans. 

Harmony  of  the  four  Gospels,  containing  a  complète 
History  of  the  Life  of  Christ  chronologically  arranged, 
in  the  words  of  the  Evangelists.  (In  the  Hindoostanee 
language.) — Calcutta,  printed  at  the  Baptist  Mission 
press,  1823 ,  in-8°. 

Volume  de  Sgo  pages,  très-bien  imprimé,  en  caractères  nastalic. 
Il  est  divisé  en  six  portions,  lesquelles  sont  subdivisées  en  chapitres. 
Cette  composition  a  été  faite  par  M.  Macknight,  d'après  la  traduc- 
tion du  Nouveau  Testament  de  Martyn.  Elle  est  intitulée  en  urdû  : 
j^  ^  .f^m^  JUfc.  <-«»**(  (^jvcu*->  1^  J^'=^5  j^^  »S-y*s^ .,  c'est- 
à-dire  Concordance  des  quatre  Evangiles,  comprenant  toute  Ihistoire  du 
Messie. 

Homilies  of  the  united  church  of  England  and  Ireland , 
in  Hindoostanee. 

Voici  la  liste  de  celles  qui  ont  été  publiées ,  à  ma  connaissance  : 
1  "  Homily.  A  fruitful  Exhortation  to  the  readin(j  and  knowJedgc  of 

holj  Scripture. — Grand  in-S"  de  i5  pages.  J'en  connais  deux  éditions 

litbographiées  à  Calcutta  en    i83i. 


APPENDICE.  577 

2''  Homily.  A  Sermon  of  the  miseij  of  ail  mankind  and  of  his  con- 
demnation  to  death  everlasting ,  hy  his  own  sin.  —  Brochure  de  1 7 
pages ,  imprimée. 

S"*.  A  Sermon  of  the  salvation  ofmanhind  hy  only  Christ  onr  saviour, 
from  sin  and  death  everlasting.  —  Brochure  de  2  4  pages,  imprimée 
à  Calcutta. 

li^.   Of  the  true ,  lively ,  and  Christian  Faitk. 

5"".  Of  good  TForh  annexed  unie  Faith.  —  Brochure  de  32  pages, 
Calcutta,  1828. 

6'  .   Of  Christian  Love  and  Charitj.  —  16  pages. 

7'  .  Against  Sivearing  and  Perjury. 

g'*".  Against  the  Fear  of  death.  —  38  pages. 

26'  .   On  the  Passion  :  for  good  friday.  —  20  pages. 

Hacpiîquat-i  Muhammad  Mustafà  Ajila»A.«  «x^î-  cxjujis^ 
Histoire  de  Mahomet  l'élu. 

Masnawî  sur  le  prophète  des  Arabes.  Manuscrit  de  la  bibliothèque 
de  YEast-India  Hoiise ,  n"  303 ,  fonds  Leyden. 

Heavenly  (The)  Way,  ou  le  Chemin  du  ciel. 

Brochure  hindoustani  de  36  pages ,  publiée  à  Bombay  par  les  mis- 
sionnaires américains  [^American  hoard  of  commissioners  for  foreign 
Missions  ) . 

Hadîs  (les  quarante).  Recueil  des  quarante  célèbres 
sentences  de  Mahomet  qui  sont  la  base  de  tous  les 
autres  hadîs. 

Manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de  Paris. 

Historical  Fragment  respecting  the  sultans  Gaïyâs  uddîn 
and  Muïz  uddîn. 

Catalogue  de  Sir  W.  Ouseley,  u'ôiS. 


37 


578  APPENDICE. 

Histoire  d'Haïder  Alî,  en  dakhnî. 

M.  le  capitaine  Millingen,  fils  du  savant  antiquaire  de  ce  nom  , 
et  M.  G.  Broadfoot,  mon  ancien  auditeur,  possèdent  des  exem- 
plaires manuscrits  de  cette  production.  J'ignore  si  c'est  le  même  ou- 
vrage que  le  Haîdar-nâma.  qui  est  une  histoire  de  Haïder  et  de 
Tîpou ,  traduite  du  persan  en  liindoustani ,  histoire  dont  M.  Duncan 
Forbes  possède  un  exemplaire  sans  nom  d'auteur.  Ce  dernier  tra- 
vail a  été  fait  par  l'ordre  du  capitaine  Thomas  Little ,  qui  était  un 
des  chefs  de  l'armée  anglaise  contre  Tîpou.  Il  a  été  écrit  en  1220 
de  l'hégire  (  i8o5  de  J.  C.  ).  Le  manuscrit  de  M.  Forbes  est  forme 
de  200  pages  environ,  in-fol.  Il  y  a  à  la  Société  royale  asiatique 
de  Londres  un  manuscrit  hindoustani  in-4°,  qu'on  a  intitulé  :  Poem 
on  Haidcr  war  with  the  Mahrattas ,  ivrhten  hy  ordcr  of  Tippoo. 

Inschâ-i  murassa  ^j-o  -«^Uot  Composition  ornée. 

Titre  d'une  histoire  en  langues  persane  et  hindoustani.  Manus- 
crit de  la  bibliothèque  de  Farzàda. 

Introductory  Lecture  on  Anatomy,  by  P.  Breton,  super- 
intendent  of  the  Native  médical  Institution. 

Brochure  de  1  2  pages,  intitulée  en  hindoustani  k_jc  ic.^Js.Ji  » 
1/»        .: ..  r 

Jang-nâma-i  Râo  Bhâo  jl^  jr,  JUb  ^^  ,   c'est-à-dire 
Livre  du  combat  de  Râo  Bhâo. 

Poème  sur  la  mémorable  bataille  que  remportèrent ,  le  7  janvier 
1761,  les  Musulmans  sur  les  Mahrattes,  près  de  la  ville  de  Pànîpat. 
Le  chef  de  l'armée  musulmane  était  Ahmad  Schâh  Ahdallî ,  souverain 
du  Caboul-,  celui  de  l'armée  mahratte  était  Râo  Bhâo.  Un  manuscrit 
de  cet  ouvrage  fait  partie  delà  collection  Mackenzie.  Voyez  tom.  II, 
pag.  1 4.5  du  catalogue  qu'en  a  publié  M.  Wilson. 

Jahânguîr-nâma. 

Manuscrit  en  dialecte  dakhnî  de  ÏEast-lndia  Home,  fonds  Leyden , 
11    i35.  M.  F.  Falconer  a  un  autre  exemplaire  de  cet  ouvrage.  C'est 


APPENDICE.  579 

une  histoire  Je  JaLànguîr,  traduite  probablement  de  l'ouvrage  per- 
san qui  porte  le  même  titre. 

Jog  baçaiit  Pothî. 

Manuscrit  hindî  de  la  bibliothèque  de  Muhammad-bakhsch  Alî 
Khân. 

Kitàb  Tahajjî  Urdii  zabân  men  yl>j  jij^  cs^^^Jr'  V^*^ 

Abécédaire  hindoustani,  en  caractères  latins,  première  partie  avec 
une  lithographie  représentant  une  école  hindo-anglaise.  Brochure 
de  18  pages  In- 12,  publiée  par  le  School-book  Society ,  CsAcuttsi  ^  i834. 
J'ai  dans  ma  collection  particulière  un  exemplaire  d'un  autre  abécé- 
daire hindoustani ,  en  caractères  persans ,  imprimé  très-probable- 
ment à  Calcutta,  mais  sans  titre.  Il  y  a  seulement,  au  commence- 
ment de  la  première  page,  J^v?*  (J^-^r»  premier  chapitre.  C'est  une 
brochure  de  2i  pages  in-12,  qui  est  rédigée  avec  soin;  elle  se  ter- 
mine par  une  histoire  intéressante. 

w  

Kitâb-i  tacallubât  «^^UXiG  oUS^  Livre  des  changements. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William.  J'en 
ignore  le  sujet. 

Kitâb-i  cawâid  «xaî_^  v^-^  Livre  des  règlements. 

J'ignore  le  sujet  de  ce  volume,  qui  fait  partie  des  manuscrits 
hindoustani  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William. 

Kitâb  hazâr  dhurpad  «x_j^ijlj^  cjU^)  le  Livre  des 
mille  dhurpad. 

Curieux  traité  sur  la  musique  indienne.  (  Catalogue  de  Sir  W. 
Ouseley,  n°  619.  ) 


37. 


580  APPENDICE. 

Kitâb-i  mantar  ^^Xv»  t_>U5' Livre  des  charmes,  ou  de 
magie,  en  hindi. 

Petit  in-fol.  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  VEast-India  House. 
n"  44 1,  fonds  Leyden. 

Kitâb-i  azrâb-i  sultanî  jliaXw  o5^î  t_>U5'  Livre  des 
exploits  impériaux;  ou  simplement  :  Azrâb-i  sultanî, 
ou  les  Exploits  impériaux. 

Manuscrits  de  la  Société  asiatique  du  Bengale  (ci-devant du  col- 
lège de  Fort-William  ) ,  et  de  la  Société  royale  asiatique.  C'est  This- 
toire  abrégée  de  la  guerre  des  Mabrattes  et  de  Nizâm  Alî,  écrite 
par  Tordre  du  sultan  Tîpou.  Le  manuscrit  de  la  Société  asiatique 
de  Londres  est  un  grand  in-8°  de  i36  pages. 

Kacîr  ulfawâid  *x^lyiJî  jmiS'  les  Grands  Avantages. 

J'ignore  le  sujet  de  ce  volume,  qui  fait  également  partie  des  ma- 
nuscrits de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William,  à  Calcutta. 

Kavi  Prakâsch. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Kanoj ,  cité  par  Ward  ,  HisiorY,  LUera- 
tiire,  etc.  of  ihe  Hindoos ,  lom.  II,  pag.  482. 

Kab  bidya  1>«Xj  <_^  Science  du  poëte. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Khan-i  (The)  ulwan  ^\^\  y 5^  (à  la  lettre,  Table 
de  mets  variés  ) ,  or  Hindoostanee  Cookery. — Sous 
presse  â  Calcutta  en  i8o3.  [Primitiœ  Orientales, 
tom.  III,  pag.  liij.) 

Le  manuscrit  de  ce  traité  existe  parmi  les  livres  de  Fort- William. 
Un  ouvrage  pareil  a  été  traduit  par  feu  Sandford  Arnot,  sous  le 
titre  de  Indian  Cookerj,  et  il  fait  partie  des  Miscellancoiis  Transla- 
tions, publiées  par  le  Comité  des  traductions  orientales;  toutefois 
loriginal  de  ce  dernier  traité  est  en  persan,  mêlé  de  phrases  hin- 
doustani.  Il  paraît  avoir  été  écrit  par  un  Indien  du  Bengale. 


APPENDICE.  581 

Kalpa  sûtra. 

Ouvrage  jaïna  contenant  le  récit  de  la  naissance  et  des  actions 
de  Mahàvîra,  le  dernier  Tirthankara  ou  Jina  de  la  période  actuelle 
du  monde,  et  des  autres  Tirthankara,  en  ordre  inverse,  du  dernier 
au  premier;  et  aussi  des  descendants  et  des  élèves  de  plusieurs 
d'entre  eux,  tels  que  Rischabba,  Néminâth  et  Mahàvîra.  L'ouvrage 
est  terminé  par  la  description  des  devoirs  de  ceux  qui  suivent  la 
foi  des  Jaïn.  (H.  H.  Wilson ,  Mackenzie's  Catalogue,  t.  II,  p.  ii5.) 

Kalpa  kédûr  d^t<M  ^Î6TX- 

Titre  qui  signifie,  je  pense,  le  Champ  des  préceptes  sacrés.  C'est 
un  ouvrage  tantrika  ou  relatif  aux  tantra  (sorte  de  charmes).  Il  est 
écrit  esi  bhâkhâ.  M.  Wilson  en  possède  un  exemplaire. 

Khalîc  bârî  ^$Jj  (j-k^s^  . 

Masnawî  de  lo  pages  seulement,  écrit  à  Akbarâbâd  (  Agra  )  en 
1 1 3 4  de  l'hégire  (1721-22  de  J.  C.  ) .  C'est  une  sorte  de  vocabulaire 
persan-hindoustani  dans  le  genre  du  Nlçâb  tajnîs  ulla(]àt,  par  Jamî, 
titre  que  Gladwin  a  traduit  par  Resemblances  lincal  and  verbal,  dans 
l'édition  qu'il  a  donnée  de  ce  petit  poëme-lexique.  Manuscrit  de  la 
bibliothèque  de  YEast-India  House. 

Kîd-i  zan  yj  *>v^  les  Ruses  des  femmes;  ou  Nacl-i 
Brahmaiidar  bâb-i  Kîd-i  zan  yj  <\./S' JJ^j  ji,  ^^  JJù 
Récit  d'un  Brahmane  au  sujet  des  ruses  des  femmes. 

Manuscrit  de  ÏEast-India  Housc ,  en  2  vol.  in-8°,  fonds  Leydeu, 
n"'  359  et  407.  Il  est  écrit  en  hindoustani  du  Décan. 

Il  y  a  un  conte  arabe  qui  porte  aussi  le  titre  de  Ktd  anniçâ  ùsjS^ 
\m*Jij\  ,  et  qui  a  été  édité  et  traduit  par  feu  Langlès. 

Krischn  chandr  j«XÀrï^  ^jJZ^  . 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Kallânî  scbam  o  parwâna  aur  gui  o  bulbul  ç^  jW^ 


582  APPENDICE. 

cKv^j  tP^j'  ^'j?^^  '  c'est-à-dire  Histoire  de  la  bou- 
gie et  du  papillon ,  et  de  la  rose  et  du  rossignol. 

Cet  ouvrage  est  cité  dans  la  Biographie  de  Lutf.  La  bougie  et  la 
rose  sont,  comme  on  le  sait,  l'image  de  Dieu,  et  le  papillon  et  le 
rossignol,  celle  de  l'homme.  Voyez  l'allégorie  de  la  bougie  dans 
mon  ouvrage  intitulé  les  Oiseaux  et  les  Fleurs;  lepoëme  turc  intitulé 
Gui  0  hulhul,  publié  par  M.  de  Hanimer,  et  l'opuscule  arménien  sur 
la  rose,  publié  par  M.  de  Florival. 

Khaïr  khâh-i  Hind  «XÂ^  ù\^  jaà.  l'Ami  de  l'Inde. 

Journal  religieux  écrit  en  hindoustani  et  imprimé  à  la  Baptist 
Mission  press  de  Calcutta.  Il  est  à  la  fois  en  caractères  persans  et 
en  caractères  latins,  d'après  l'orthographe  de  Trevelyau. 

Looking-glass  for  children  ^^:>  ^  ij^îj^  • 

In-12  de  44  pages,  publié  par  le  School-book  Society  de  Calcutta. 
C'est  un  petit  traité  de  morale  à  l'usage  des  enfants.  Il  est  suivi  de 
quelques  avis  pour  les  parents. 

Library  of  entertainingknowledge  (Anglo-Hindusthani). 

Ce  sont  des  publications  faites  parles  Baptistcs,  en  hindoustani 
romanisé.  Le  format  est  in-i  2. 

N°  1 .  Pitiful  Story  of  the  unhappj  niothcr  who  sacrifœed  her  in- 
fant.—  Brochure  de  17  pages,  avec  trois  gravures  sur  bois.  L'hin- 
doustani  est  rendu  en  caractères  latins.  Elle  est  accompagnée,  comme 
tous  les  opuscules  de  ce  genre,  d'un  alphabet  harmonique  et  de 
quelques  détails  sur  la  prononciation  des  voyelles  et  des  consonnes. 

N°  2 .  Memoir  of  Mohan  Lai. 

N"  3.  Cnielty  to  animais.  — 15  pages  avec  deux  gravures  sur  bois. 
Elle  se  termine  par  huit  vers  anglais,  traduits  par  neuf  vers  hin- 
doustani. 

N°  4.  Moral  Preccpts ,  n°  1. —  Ils  sont  au  nombre  de  soixante  et 
quinze.  Le  texte  est  accompagné  d'un  vocabulaire  anglais-hindous- 
tani.  l'y  pages. 

N°   5.  Lucj  and  her  niolher. — 17  pages,  deux  gravures  sur  bois. 

N°  6.  Murder  of  ihc  innocent  children  bj  their  parents. —  The  Utile 
Girland  the  Butterfly.  —  And  the  shepherd's  Bor.  —  17  pages,  une 
gravure  sur  bois. 


APPENDICE.  583 

M°  7.  The  Grejhound  and  ihe  Miistiff.  —  Virlue  and  Vice  contra- 
sted.  —  And  the  Coiintrjman  and  tlic  Snahe. —  17  pages,  une  gravure 
sur  bois. 

N"  8.  Ibrahim  and  his  happy  family.  3i  pages. 

iV  9.  Hislorj  of  Joseph.  —  87  pages,  neuf  gravures  sur  bois. 

Labal  abab. 

Probablement  pour  cjLaJ^I  oJ  Luh  ulalhdb ,  l'Essence  des 
quintessences;  ouvrage  traduit  du  persan  de  Muhanimad  Haïder, 
sur  l'art  de  dire  la  bonne  aventure,  de  découvrir  les  vols,  les  trésors 
cacbés,  de  prévenir  les  desseins  secrets,  etc.;  en  un  mot  tout  ce  qui 
constitue  la  science  que  les  Arabes  nomment  ramai  Jc«j  ou  géo- 
mancie. Catalogue  de  la  Collection  Mackenzie  ,  tom.  Il ,  pag.  ii4. 

Lugât-i  Hindi  t5*x>v*  ci>UI  Mots  hindoustani,  c'est-à-dire 
Dictionnaire  hiiidoustani-anglais. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  VEast-India  House. 

Lois  mahométanes,  ou  Recueil  des  us  et  coutumes  des 
Mahométans  dans  la  presqu'île  de  l'Inde ,  par  F.  E. 
Sicé ,  jeune  de  langue.  —  Pondichéry,  1 83/i. 

In-i°  de  66  pages  avec  six  tableaux  sur  le  partage  des  successions. 

Ce  traité  est  rédigé  d'après  des  renseignements  écrits  en  hin- 
doustani, par  un  munscbî  nommé  Scbaïkb  Ahmad.  A  défaut  de 
caractères  persans ,  l'auteur  a  copié  à  la  main  les  noms  qu'il  était 
nécessaire  de  donner  dans  la  langue  originale.  Il  y  a  aussi  une 
invocation  en  vers  hindoustani,  et  la  traduction,  dans  le  même 
idiome,  d'un  chapitre  du  ^y^^^^^l  ii^s'^^Ksi^  ,  commentaire  per- 
san sur  le  Coran. 

Liber  de  re  militari,  Hindustanicè  conversus. 

Manuscrit  du  Brilish  Muséum  [additional  il/55.  8920,  i46  H). 
Cet  ouvrage  est  traduit  de  l'anglais.  Il  est  intitulé  en  hindoustani  : 

(^-^  _ji>jl  ,   c'est-à-dire   Traduction  du  livre  des  Reniements   de  la 
cavalerie,  de  la  lamjuc  an(jluisc  en  hindoustani-urdù. 


584  APPENDICE. 

Lizzat  uniiiçâ  U*Àiî  c^JJ  la  Jouissance  des  femmes. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Manbâï  kâ  harkâra  ojYjJi  \^t^UÀ^  le  Messager  de  Bom- 
bay. 

Journal  hindoustani  dont  la  publication  avait  été  annoncée; 
j'ignore  si  elle  est  restée  seulement  en  projet. 

Metlîods  of  treatment  for  the  recovery  of  Persons  dead; 
translated  into  Hindoostanee,  by  D"^  Gil christ,  and 
written  in  the  Persian  and  nagree  character,  by  T. 
Myers.  —  London,  1826. 

Mootufurroqat  (The),  a  Hindoostanee book. 

Ouvrage  dont  l'impression  a  été  annoncée  en  1 8o3  dans  les  Pri- 
mitiœ  Orientales,  tom.  III,  pag.  li  et  ailleurs.  Le  mot  y^Uv  i,  x  .^ 
inutafarricât  est  arabe;  il  signifie  variétés,  mélanges.  Ce  titre  semble 
donc  indiquer  un  Recueil  de  pièces  détachées. 

Mirât  ulakhbârjUà^^i  »|^  le  Miroir  des  nouvelles. 

Journal  rédigé  en  hindoustani  et  publié  à  Madras,  en  i834.  Ce 
journal  paraissait  le  mercredi  de  chaque  semaine.  J'en  ai ,  dans  ma 
collection  particulière,  un  assez  grand  nombre  de  numéros,  que 
je  dois  à  l'obligeance  de  M.  J.  G.  Malcomson.  Ces  numéros,  de 
format  très-grand  in-folio,  sont  lithographies  avec  soin  sur  papier 
du  pays,  en  caractères  nastalic  fort  distincts.  L'éditeur  officiel  se 
nomme  Muhammad  Abd  ullah,  autrement  dit  Hàjî  Miyàn;  mais 
le  journal  est  rédigé  sous  une  inspiration  britannique.  Les  derniers 
numéros  sont  accompagnés  d'une  traduction  anglaise.  La  rédaction 
hindoustani  est  soignée  ,  et  le  journal  est  d'ailleurs  intéressant  en 
lui-même,  non-seulement  à  cause  des  nouvelles  et  des  articles  sur  la 
politique  qu'on  y  trouve,  mais  à  cause  du  caractère  scientifique  et 
littéraire  qu'on  a  eu  soin  de  lui  donner,  en  y  insérant  des  sen- 
tences orientales,  des  réflexions  historiques  et  religieuses,  des  dc- 
veloppenicnls  sur  le  droit  musulman  ,  des  observations  sur  Ihis- 


APPENDICE.  585 

loire  naturelle  de  Tlnde,  etc.  On  doit  regretter  que  des  circons- 
tances particulières  aient  arrêté  cette  publication. 

Mûla  sûtra  (R^  ÇT^  Piègle  du  commencement) ,  Rowe's 
Hindee  spelling  Book.  i""  édition. — Calcutta,  1820, 
in-8°. 

Idem,  2*  édit.  in-S".  —  Calcutta,  1823. 

11  y  a  un  autre  Spelling  Book  hindoustani,  en  caractères  persans, 
imprimé  à  Calcutta,  aux  frais  du  School-hooh  Societj. 

Mrigâvati  chaupaï  ^ . 

Légende  jaïn,  écrite  en  bhàschâ  et  citée  par  M,  Wilson,dans 
son  Mémoire  sur  les  sectes  hindoues,  tom.  XVII,  pag.  2  45  des  Asiatic 
Researches. 

Moral  precepts,  translated  from  the  English  into  Hin- 
dustani  verse.  Published  under  the  patronage  of  His 
Majesty  the  King  of  Oude.  —  Gawnpour,  1  83  A. 

Cet  ouvrage,  différent  de  celui  qui  fait  partie  de  la  collection 
intitulée  Lihrary  of  entertainimj  hnoiiiedge,  est  un  in-64  de  i3i  pages, 
très-bien  lithographie.  J'ai  dans  ma  collection  particulière  un  exem- 
plaire de  cette  petite  curiosité  bibliographique. 

Mufîd-i  sabiyân  ytuwo  «Xax^  Ce  qui  est  utile  aux  en- 
fants.—  Calcutta,  1734,  3  vol.  in-12. 

Ouvrage  intitulé  aussi  Hindoostanee  Reader,  le  Lecteur  hindous- 
tani. C'est  une  collection  de  phrases  et  de  fables,  contes  et  histoires 
tirées  du  Khirad  afroz  et  d'autres  ouvrages  connus. 

Mahkzan  ulislâm  ^/«^X^i/Î  uj^  Magasin  de  l'Islamisme. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William. 

'  Ce  titre  paraît  signilicr  les  Chaupaï  ou  les  Quatrains  de  Mrigâvati ,   c'est-à- 
dire  sur  Mrigâvati. 


586  APPENDICE. 

Malfùzàt-i  Jaliângiiîrî  ^^Ol^.»-  cuUàyiA^  Paroles  (Mé- 
moires) de  Jahanguîr. 

Cet  ouvrage  est  le  même  que  celui  dont  feu  David  Price  a  donné 
la  traduction  sous  le  titre  de  Memoirs  of  the  emperor  Jahaïujueir,  et 
dont  James  Anderson  a  fait  connaître  des  extraits.  On  pourrait, 
peut-être,  considérer  la  rédaction  hindoustani  comme  originale, 
car  il  n'est  pas  dit  qu'elle  soit  traduite  du  persan.  Au  surplus,  j'ai 
dans  ma  collection  particulière  deux  exemplaires  de  ces  Mémoires, 
et  il  y  a  entre  eux  des  différences  analogues  à  celles  qui  existent 
entre  les  versions  de  Price  et  d'Anderson ,  différences  que  feu  M.  de 
Sacy  a  signalées  dans  l'article  qu'il  a  consacré  à  l'examen  de  cet  ou- 
vrage (  Journal  des  Savants ,  i83o  ). 

Matbù  ussabiyân  ^jlwuaJI  ^y^ht^  Ce  qui  est  convenable 
aux  enfants. 

Vocabulaire  persan-hindoustani ,  par  ordre  alphabétique  de  la 
dernière  lettre  des  mots.  Manuscrit  de  ÏEast-lndia  Hoiisc. 

fi 

Majmûâ-i  dawânîn  y^jî^i)  *-£_j-^. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  Nîzâm. 

Man  lagan  (^J  ^j^  l'Aflection  du  cœur. 

Manuscrit  en  dialecte  dakhnî  de  la  bibliothè([ue  du  Nizâni. 

Mihr  o  màh  oU  ^  -^  le  Soleil  et  la  lune. 

Manuscrit  dakhnî,  en  deux  volumes,  de  la  bibliothèque  du  Nizàu». 
Il  y  a  un  masnawî  urdu  récemment  rédigé  qui  porte  le  même  titre, 
ou  pour  mieux  dire,  celui  de  Quissa-i  Mihr  o  mâh.  Histoire  de  Mihr 
o  mâh.  Il  est  dû  à  un  poète  nommé  Akhî  ^î .  Mon  excellent  ami 
M.  Falconer  en  possède  un  exemplaire.  Je  reviendrai  sur  cette  pro- 
duction et  sur  son  auteur  dans  mon  second  volume. 

Mahâvîra  s  ta  va   îT^^^  'RT^  l'Eloge  de  Mahâvîra. 

Ouvrage  écrit  en  bhâschâ,  et  relatif  à  la  religion  des  Jaïn. 
[Asiatic  Rcscarches ,  tom.  XVII,  pag.  245.  )  Mahâvîra  est  le  dernier 
et  le  plus  célèbre  propagateur  jaïn.  On  suppose  qu'il  a  vécu  dans  la 


APPENDICE.  587 

province  de  Bahâr,  dans  le  sixième  siècle  avant  l'ère   chrétienne. 
Wilson,  Sanscrit  Dict. 

Madâr  ulafâzil  J^wlii/I  j\<y<^  le  Centre  des  savants. 

Manuscrit  de  YEast-India  Hoiise,  fonds  persan ,  n°  769.  C'est  un 
dictionnaire  arabe-persan  expliqué  en  hindoustani,  divisé  en  quatre 
parties,  réunies  en  un  grand  in-4°.  L'écriture  en  est  très-belle.  Il  a 
été  exécuté  à  Macsûdâbâd,  en  1187  (1773-1774).  J'ignore  si  c'est 
le  même  qui  est  cité  dans  le  catalogue  de  Tippou ,  p.  1 3 1 .  Ce  der- 
nier ouvrage,  qui  porte  aussi  le  titre  de  Madâr  ulafâzil,  est  un  dic- 
tionnaire persan  qui  contient  tous  les  mots  arabes,  turcs  et  autres 
qui  ont  été  introduits  dans  cette  langue.  L'auteur  se  nomme  Allah 
Dâd  Faïzî  ben  Alwî  Sirhindî. 

Masna\vî-i  jân  pahchân  y^-szjHi  uW-  <^^i-«,  poënie  hindi. 

Si  Jân  Pahchân  n'est  pas  le  nom  de  l'auteur,  ce  titre  si^fuifie 
Masnawî  sur  la  connaissance  de  l'âme. 

Mîzân  ussarf  cJ^-vaJI   ^J\j.^^  Balance  de  la  grammaire. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Madlîu-nâyak  singâr  jUj-w  viJ.jU£û«x«. 

Manuscrit  delà  bibliothèque  de  Farzâda  Culî.  Si  je  lis  bien  ce 
titre,  il  doit  signifier  l'Ornement  du  doux  amant,  et  c'est  probable- 
ment un  ouvrage  erotique  ;  mais  je  ne  suis  pas  même  sûr  de  cette 
traduction,  car  je  ne  connais  pas  le  contenu  du  livre. 

New  Testament  (The)  in  Hindooslanec,  revised  hy  Hun- 
ter.  —  Calcutta,  i8o5,  in-A". 

New  Testament  (The),  etc.  altered  from  Martyn's  Oordoo 
translation  into  the  Hinduee  language  by  the  Révé- 
rend VV.  Bowley,  under  the  patronage  of  the  Calcutta 
auxiliary  Bible  Society.  —  Calcutta,  i82  6,in-8°. 

Rédaction  à  l'usage  des  Hindous,  sans  mélange  de  mots  persans 
ni  arabes. 


588  APPENDICE. 

New  Testament  (The)  of  our  Lord  and  Savioiir  Jesus- 
Christ,  translated  into  the  Hindoostanee  language 
from  the  original  Greek,  by  the  Missionaries  of  Se- 
vampore.  —  Serampore ,  1811,  in-Zi". 

Namâz-i  subh  ké  ahkâm  ^/*l<=».|  S  ^-^j^,  c'est-à-dire 
Formule  des  prières  du  matin.  —  Grand  in-8°  de  y  y 
pages. 

Traduction  de  la  portion  du  Common  Frayer,  qui  contient  les 
Morning  Prayers. 

Nâm  mâlâ  ^U  ^*l» . 

Dans  le  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Farzàda  Culî,  sont  indi- 
qués trois  manuscrits  de  cet  ouvrage  qui  paraît  être  un  vocabulaire, 
si  le  titre  signifie,  comme  je  le  crois,  Guirlande  des  noms.  Un  des 
trois  manuscrits  est  intitulé  Ricdla-i  ndm  mâld.  c'est-à-dire  Traité 
du  j\dni  mâlâ. 

jN'risinhopaniscliad  îjflf^TïTfîT^  • 

Traduction  de  TUpaniscbad  qui  porte  ce  titre,  et  qui  est  un  des 
appendices  de  YAtharvan  vèda,  en  neuf  khanda.  Il  traite  de  la  diffé- 
rence qui  existe  entre  la  vie  et  l'esprit  ;  de  la  nature  du  Pranava 
ou  de  la  syllabe  mystique  Bralim ,  et  des  lettres  dont  elle  est  com- 
posée; de  l'identité  de  l'individu  et  de  l'esprit  universel.  Le  ca- 
ractère de  cet  ouvrage  est  autant  mystique  que  ihéologique;  il 
suit  plutôt  le  système  tdntriha  que  le  vaïdika.  (H.  H.  VVilson, 
Machenzie  Collection,  tom.  II,  pag.  i  lo.  ) 

Naclivât  cyUJij . 

Historiettes  en  prose,  en  deux  volumes;  ouvrage  indiqué  daus 
le  catalogue  des  livres  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta.  On  a 
voulu  peut-être  désigner  sous  ce  titre  l'ouvrage  du  docteur  Gilchrist 
intitulé  Hindcc  Story  Teller. 


APPENDICE.  589 

Old  Testament,  in  Hindmvee. 

Lusliington,  Calcutta  Institutions,  Appenclix,  p.  vu. 

On  Rheumatism. 

Brochure  Hthographiée,  grand  in-8°  de  i3  pages,  publiée  par 
Breton,  sous  le  titre  oriental  de  j»i  c:>wju.iûL»  ^  ,J3y^  ^  «.::*U 
^^l^ljt^  jijî  ^y%\^**j)\  j^\  «^U^Xft,  c'est-à-dire,  De  la  nature  du 
rhumatisme ,  de  ses  signes,  de  ses  espèces  et  de  son  traitement. 

On  the  Choiera  Morbus,  by  P.Breton,  superintendent 
of  tbe  Native  médical  Institution. 

Brochure  lithographiée ,  grand  in-8°  de  22  pages.  Le  titre  hin- 

doustani  est  /jVaj  I^  ^^j^jfjSi .  Le  mot  }iaï:a  iUtiixSi» ,  qui  est  arabe , 
est  le  plus  usité  dans  l'Inde  pour  exprimer  le  choléra.  Il  y  en  a 
plusieurs  autres,  tels  que  sit-ras,  tahobâlâ,  ola-uthâ,  munh-pet,  etc. 
Ils  sont  tous  d'origine  indienne;  le  dernier  est  le  plus  vulgaire. 

On  tbe  Brain  and  its  Appendages  jjî  S  i^^  ^j — ^-J" 
ij^  (S^j  -sjj!^  i£^  4j^  ^  {-s^y^!^  >=?-  Anatomie 
du  cerveau  et  de  tout  ce  qui  en  dépend. 

Brochure  lithographiée  de  42  pages   grand  in-8°,  publiée    par 
P.  Breton. 

On  tbe  Eye  and  its  Appendages  j^S  ^r^^  <^  ^4-^^ 

(J^  (S-^j  ^^  t^«-^^  ^^  ^  ij'r'j'^  yr"    Anatomie 
de  l'œil  et  de  tout  ce  qui  y  a  rapport. 

Opuscule  publié  par  P.  Breton.  C'est  une  lithographie  de   )6 
pages  grand  in-8°,  très-bien  exécutée. 

On  Vaccination  y'vs?  ^  !5X^vs^  ^j^j"  _jO  ,  Explication  sur  la 
petite  vérole  du  pis  des  vacbes. 

Opuscule  publié  par  P,  Breton.  C'est  une  lithographie   de   1 5 
pages  grand  in-S". 


590  APPENDICE. 

On  Air,  by  P.  Breton,  superintendent  of  the  Native  mé- 
dical Institution.  —  Calcutta,  government  lithogra- 
phie près  s,  1829. 

Brochure  grand  in-8°  de  63  pages,  avec  plusieurs  planches  re- 
présentant les  effets  merveilleux  de  l'air.  Le  titre  hindoustani  de 
cet  opuscule  est  :  \^  î^^jft  —kjXi  j^\  c>._a^U  /jIaj  »i  2>iUvj 
Traité  sur  l'explication  de  la  naturf  et  des  effets  de  l'air. 

On  Cataract  ^  <s^\a3^  ^Uj  ,  Explication  de  la  catai^acte. 

Opuscule  de  Breton,  lithographie-,  il  y  en  a  une  édition  en 
caractères  persans  et  une  autre  en  caractères  dévanagarî.  Celle  en 
caractères  persans  se  compose  de  3i  pages  grand  in-8°,  et  d'une 
planche  représentant  les  instruments  dont  on  se  sert  pour  l'opéra- 
tion delà  cataracte.  Celle  en  caractère  dévanagarî,  intitulée  Tract 
on  the  cataract,  se  compose  de  36  pages  grand  in-8°,  et  de  cinq 
planches  représentant  tous  les  instruments  de  l'opération  de  la 
cataracte,  l'infirmité  elle-même  et  la  manière  dont  on  doit  l'opérer. 

On  Hydrocele  ^  t>«-^-w  j^^vs^  u^.  Explication  surl'hy- 
drocèle. 

Traité  publié  par  Breton.  Il  y  en  a  deux  éditions  :  une  en  ca- 
ractères persans,  et  une  autre  en  caractères  dévanagarî.  La  pre- 
mière se  compose  de  48  pages  grand  in-8'',  et  l'autre  de  54  pages, 
avec  deux  planches. 

On  Dislocation  \<aj^5^I  S  u^*>^  *i^J ,  Traité  de  la 
dislocation  des  os. 

Il  y  a  deux  éditions  de  ce  traité,  en  caractères  persans  :  la  pre- 
mière publiée  par  P.  Breton,  et  la  seconde  par  J.  Tytler,  et  très- 
augmentée,  mais  malheureusement  entremêlée  de  titres  anglais 
en  grands  caractères  latins,  qui  font  un  très-mauvais  effet.  Il  se 
compose  de  170  pages  grand  in-8°,  et  de  sept  planches.  Breton  a 
donné  une  édition  du  même  traité  en  caractères  dévanagarî,  qui 
se  compose  de  108  pages.  Tytler  en  préparait  une  nouvelle  édition 
en  1 834.  J'ignore  si  elle  a   paru. 


APPENDICE.  591 

On  the  Venom  of  serpents ,  or  Essay  on  tlie  Venoni  of 
serpents. 

Traité  hindoustani  sur  le  venin  des  serpents,  matière  impor- 
tante pour  rinde.   Lithographie  publiée  par  P.  Breton. 

Osteology  S  uJ^*^^  ^J^*^  Anatomie  des  os. 

Brochure  lithographiée  de  1 6  pages  grand  in-8°,  publiée  par 
P.  Breton. 

Outlines  of  geography  and  astronomy  (Hindui.) — Cal- 
cutta, i82  5,m-8". 

Ouvrage  publié  par  la  Société  des  livres  d'école  de  Calcutta 
[Calcutta  School-hook  Societj  ) .  Il  porte  en  hindoustani  le  titre  de 

H  *Uç6  cjJTllrt  ,  c'est-à-dire  Bécit  du  globe  de  la  terre. 

Parbat  pâl  JL.  ^-^j^.,    ou  Rukminî  mangal  JXà^  (S^^j 
l'Epithalame  de  Rukminî. 

Manuscrit  de  ma  collection  particulière,  in- 12  de  160  pages 
environ.  C'est  un  poème  sur  le  mariage  de  Rukminî.  Il  se  compose 
de  dohra  et  d'autres  pièces  de  poésie  hindouî.  M.  Langlois  a  tra- 
duit un  épisode  du  Bhâgavat,  sur  le  même  sujet,  dans  ses  Mo- 
numents littéraires  de  l'Inde,  pag.  85  et  suiv. 

Pieasing  (  The  )  Instructor,  or  A  Sélection   of  moral 
pièces  in  Hindoostanee.  —  Calcutta,  182Z1,  in-8°. 

Ouvrage  publié  par  le  School-hook  Society.  Le  titre  hindoustani 

est  :  ]yi]  ^Y'^  Ce  qui  cuigmenie  l'instruction.   C'est  une  brochure 

de  93  pages  qui  se  compose  de  trente-quatre  historiettes.  Elle  a  été 
tirée  à  cinq  cents  exemplaires. 

Pieasing  Taies  (Anglo-Hindui).  —  Calcutta,  1836. 

Ces  contes  amusants  ont  été  publiés  par  le  School-hook  Society. 


592  APPENDICE. 

Pentateuclî,  in  Hindoostanee. 

Lushington,  Calcutta  Institutions ,  Ai-)pendi\ ,  p.  vu. 

Psalterium  Davidis,  in  lingnam  Indostanicam  transîatum 
à  Benjamine  Schultzio,  edidit  J.  H.  Cailenbergius. — 
Halœ,  17/17,  in-8". 

Phulwârî  <^jîy>e^.  Parterre  de  fleurs. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Muhammad-bakhsch. 

Pem  kalhâ  \^S'  ^j  Histoire  d'amour. 

Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 
Cet  ouvrage  est  aussi  nommé  apparemment  Peni  Kahânî  jL^/<\j  ; 
car  je  trouve  dans  un  autre  catalogue  (celui  des  livres  de  Muham- 
mad-bakhsch) un  volume  intitulé  5c/iar/t-j  Pem  A'a/iânf  rf>.j  j-v^ 
f^\'<^  ,  c'est-à-dire  Commentaire  du  Pem  Kahânî. 

Pratikramana  sûtra. 

Ouvrage  jaïn  en  bhâschâ.  (Asiat.  Res.  t.  XVII,  p.  2  44.) 

Puruschârtlia  siddhopâyana. 

Livre  jaïn  écrit  par  Amrit  Chand  Suri  à  Jaïpur,  en  1827  du 
Samvat.  M.  Wilson  possède  un  exemplaire  de  cet  ouvrage. 

Pakschi  sûtra. 

Ouvrage  en  bhâschâ  relatif  à  la  religion  jaïn.  [As.  Bes.  t.  XVII, 
p.  244.) 

Pûjâ  paddhati  ^3TT  ^'^f^  Piituel  du  pûjâ. 

Ouvrage  de  la  religion  jaïn  écrit  en  bhâschâ.  [As.  Res.  t.  XVII, 

p.  244.) 

Padma  Purânà  tf^jf  TJJJUl  le  Purânà  de  Padma. 

Légende  jaïn  écrite  en  bhâschâ  sur  Padma,  un  des  douze  chak- 
ravartî  ou  principaux  princes  des  Jaïn.  [As.  Res.  t.  XVII,  p.  245.  ) 


\ 


APPENDICE.  595 

Polhî  prît  bal  JL  cx^  cs^^.  • 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Muhammad-bakhsch. 

Pothî  kiihuk  lîlâ  5XjJ  dL^^^y.. 

Je  ne  suis  pas  sûr  de  la  prononciation  de  ces  mots ,  et,  par  suite , 
de  leur  sens.  Le  manuscrit  dont  il  s'agit  ici  est  indiqué  dans  le 
catalogue  des  livres  de  Farzâda  Culî. 

Pothî  Hindî  az  Ram  Râé  (^^j  ^j'J^  (^tXÀift  (^y^  . 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Pothî  prem  ^/t-jj^.  cs^'j^.  Livre  sur  l'amour. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Pothî  alankâr  singâr  j\Sj<^  jKJI  (_^^. . 

Ce  titre  semble  signifier  Livre  sur  les  Ji(jures  de  rhétori(jue.  H  est 
indiqué  parmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Pothi  jagat  bilâs  (j-t^j  ciX>  <^>?.  Livre  des  plaisirs 
du  monde. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda  Culî. 

Pothî  chatr  mukut  iii^jXs^  cs^yi  • 

Ce  titre  signifie,  si  je  lis  bien,  Livre  du  parasol  [royal]  et  du  dia- 
dème. Manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Pothî  manzûm  dar  tibh  t-Jo  j:>  ^^J.]â^.^  (s^yt  et  Tibb-i 
hindî  manzûm  ^ii^JâjL*  ^^^SJ^  (Z<Xo. 

Livre  en  vers  sur  la  médecine.  Manusc,  de  labiblioth.  de  Farzâda. 

Quissa-î  Roschan-i  zamîn  o  Aram-i  jân,  Histoire  de  Ros- 
chan-i  zamîn  et  de  Aràm-i  jân. 

Conte  ou  roman  hindoustani  dont  le  savant  professeur  Wilson 
possède  un  exemplaire  sans  nom  d'auteur, 

I.  38 


594  APPENDICE. 

Quissa-i   iiiàh  o  Païkar  jS^kj.^  oU  «xasS    Histoire  de  la 
]une  et  de  i'image. 

Roman  en  vers  hindoustani ,  dialecte  du  Décan.  Un  exemplaire  de 
te  masnawî  faisait  partie  de  la  collection  de  Tippou.  (Stewart,  CataJ. 
of  the  Ubrary  of  Tippoo,  p.  1 79.)  Le  même  exemplaire  a  passé  proba- 
blement à  la  bibliotlièque  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta,  après 
avoir  fait  partie  de  celle  du  collège  de  Fort-William.  Cet  ouvrage 
est,  en  eflet,  indiqué  dans  le  catalogue  des  livres  de  cette  société. 

Qiiissa-i  sultan  Muizz  uddîn  /w>«xJt  «*^  ^jUJu.  xuaS. 

Plusieurs  sultans  de  Debli  et  du  Bengale  ayant  porté  ce  nom, 
j'ignore  duquel  d'eux  il  s'agit  ici. 

Qiiissa-i  Schaïkli  Zaa  U^  :a^  <îua5  Histoire  du  Schaïkh 
Zaà. 

Poëme  mystique  en  hindoustani  du  Décan,  suivi  d'une  autre 
pièce  de  vers.  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  M.  Marcel ,  ancien 
directeur  de  l'Imprimerie  impériale. 

Quissa-i  Anâr  rànî,  Histoire  de  la  reine  Anâr. 

Conte  en  dialecte  hindoustani  du  Décan  ;  manuscrit  de  VEast- 
India  House,  n°  262,  fonds  Leyden. 

Oiiissa-i  bandagân-i  Alî  ^^   ^jISj^âj  x»ai . 

Conte  hindoustani-dakhnî  ;  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
YEast-India  House ,  n"  262,  fonds  Leyden . 

Quissa-i  Abu   Schahma  ic«^  yA  Axai    Histoire  d'Abû 
Schahnia. 

Ouvrage  en  hindoustani  du  Décan,  écrit  à  Scringapatan,  par  un 
Musulman  sunnite.  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  VEast-IiuJia 
House,  n°  43g,  fonds  Leyden. 

Quissa-i  Hurmuz  j-*^  AAai  Histoire  de  Hurmuz. 

Manuscrit  de  VEasi-India  House,  n"  239,  fonds  Leyden,  en  prose, 


APPENDICE.  595 

de  160  pages  environ ,  sans  nom  d'auteur.  C'est  l'histoire  fabuleuse 
de  Hurmuz,  fils  d'un  roi  de  Rûm  (Grèce),  et  de  Gui  (Rose),  fille 
du  roi  de  Kbûzân. 


Quissa-i  Bibi  Mariam  ^^♦•^  ^j  Ltaj>    Histoire   de   Ja 
vierge  Marie. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  VEast-India  Honte,  n"  SgS  de  la 
collection  Leyden.  Cet  ouvrage  est  un  masnawî  de  1 20  pages  en  dia- 
lecte dakbnî ,  sans  nom  d'auteur.  Il  est  très-bien  écrit  et  paraît  an- 
cien (il  n'a  pas  de  date).  Il  est  aussi  intitulé  Riçâla  dar  Mujizât-i  Iça 
^^v«aa£  cyJ^:j^^ji  hWmhj  ,  c'est-à-dire  Traité  sur  les  miracles  de 
Jésas-Christ.  Il  y  est  en  effet  question,  à  la  fois,  de  Jésus-Christ  et 
de  Marie. 

Quissa-i  Maïna  \Xk^  xwai  Histoire  de  Maïna. 

Manuscrit  de  VEast-India  House.  Conte  en  vers  dakhnî  de  44  pages 
in-8°. 

Quissa-i  Bibî  Bandi  ^^.Xjl*  jij.  La5    Histoire    de   Bibî 
Bandî. 

Le  mot  handî  signifie  femme  esclave.  Ce  volume  est  un  poëme 
ndoustan 
de  Farzâda 


hindoustani  dont  on  trouve  l'indication  dans  le  catalogue  des  livres 


Réfutation  du  paganisme  indien  -,  avec  double  traduction 
interlinéaire  en  italien,  dont  l'une,  mot  à  mot,  par 
le  P.  Costauro  da  Borgo,  faite  vers  la  seconde  moitié 
du  siècle  dernier.  —  i  vol.  in-A^de  270  pages. 

Manuscrit  hindî  du  musée  Borgia  de  la  Propagande,  à  Rome. 
(Note  du  cardinal  Mai,  transmise  à  l'auteur  par  MM.  de  Lurde  et 
Cintrât.) 

Règlements  de  l'armée  anglaise  stationnée  aux  Indes. 

Manuscrit  en  persan  et  en  hindoustani  in-folio,  n"  2  53  de  la 

38. 


596  APPENDICE. 

bibliothèque  royale  de  Berlin.  C'est  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur 
Vilken  que  je  dois  cette  indication. 

Riyâz-i  ischc  ^^-i^  tj=\)  1^^  Jardins  de  l'amour. 

Deux  exemplaires  de  cet  ouvrage  sont  indiqués  dans  le  catalogue 
de  Farzâda  Culî. 

Racik  bidya  l>t>vj  dUvj  . 

Ouvrage  hindî  sur  le  racik,  qui  est  l'art  de  connaître  les  pensées 
et  les  actions  secrètes,  surtout  en  matière  d'amour.  On  le  nomme 
aussi  pothi  racik  bidja.  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Rogântaka  sâra ,  c'est-à-dire  les  Meilleurs  Médicaments. 

Matière  médicale,  en  hindoustani ,  publiée  par  André  Forbes.  Cal- 
cutta, 181 1,  in-8°. 

Râm  vinod. 

Ouvrage  des  Vaïschnava ,  dont  M.  le  professeur  Wilson  possède 
un  exemplaire  dans  sa  collection. 

Rasclik-i  harnâ-é  Hindî  ^^^XÀ^  iskj^  "^^J  ^^  Jalousie 
des  antilopes  indiennes. 

J'ignore  quel  est  le  sujet  de  cet  ouvrage;  il  fait  partie  de  la  bi- 
bliothèque du  nîzâm  d'Haïderâbàd. 

Ratna  chûra  Muni  ^  ^  5^  ^^  Muni   Ratna  chûra. 

Cbaupaï  en  bhâschà  sur  une  légende  jaïn.  (As.  Res.  tom.  XVII, 
pag.  2  45.) 

Romance  (The)  of  Jaandak  and  Hurak,  or  the  Fairy 
Palace  of  tlie  lake. 

Manuscrit  in-/i.°  avec  beaucoup  de  dessins  coloriés.  Ce  manuscrit 
est  écrit  en  caractères  persans  singuliers.  Il  fait  partie  de  la  riche 
bibliothèque  de  S.  A.  R.  le  duc  de  Sussex,  oncle  de  S.  M.  la  reine 
de  la  Grande-Bretagne. 


APPENDICE.  597 

Kiçala-i  niçâb-i  sabiyân,  o  clîgar  fawâid  az  Kutub  o  kbayâl 

JIa^j  4;.vjcj  j!  «x..jljj  ^5Lji^  fjKxKjta  oUaj  2«iuwj ,  Iraite 
sur  le  capital  des  enfants ,  et  autres  cboses  utiles  ex- 
traites de  différents  livres  et  prises  dans  l'imagination. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzàda.  On  nomme  niçâh  ussa- 
hyân  (capital  des  enfants)  un  vocabulaiie  arabe  avec  une  traduction 
persane  en  vers.  Ici  ce  doit  être  un  Vocabulaire  persan-hiadoustani  qui 
est  indiqué  par  ces  mots. 

Riçâla-i  surtid  o  râg  dlTj  j  ^^j-^  ^JU«;  Traité  sur  la  mé- 
lodie et  les  râg  (modes  musicaux  indiens). 

C'est  plutôt,  selon  Stewart ,  une  collection  de  cbants  populaires 
hindi  et  dakhnî.  (Catal.  deTippou,  p.  182.) 

Riçâla-i  fikb  ou  Riçâla  dar  fikh  ^i  *JLw;    Traité  sur 
la  jurisprudence. 

Manuscrit  dakhnî  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort-William 
et  de  YEasl-India  House. 

Riçâla  nazm  ^^^isj  *iUy   Traité,  ou   simplement  Ou- 
vrage en  vers. 

Collection  de  poëmes  dans  le  dialecte  purbî  ou  oriental.  Manus- 
crit de  la  bibliothèque  de  Tippou.  (Catal.  de  Stewarl,  pag.  182.) 

Riçâla   dar  achâr-i  Mubâracbâd  :>U53U^jUAiî  j:s  ^Lvj 
Traité  sur  les  vers  de  lelicitation. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- William. 

Riçâla-i  istikbrâj-i  cbaumar  vvârîd  j-^yss^  ~!j-£Jv.^t  *il^j 

Manuscrit  en  hiudî-urdû  de  la  bibliothèque  du  vizir  du  Nizâm. 
'  Ce  litre  me  parait  faiilil ,  et  j'en  ignore  le  sens. 


598  APPENDICE. 

Riçàla-i  jog   dÇ>  ^JLw;  Traité  sur  l'union  avec  Dieu. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Riçâla-i  dar  muaiija-i  jânwarân-i  schikârî  parinda  ^U^ 
0'>^j^.  isj^  ^jliyla-  <xj^Ijc«  ji  ,  Livre  sur  l'art  de 
dresser  et  de  traiter,  dans  leurs  maladies ,  les  oiseaux 
propres  à  la  chasse,  tels  que  le  faucon,  etc. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda.  Il  existe  des  traités  ara- 
bes et  persans  du  même  genre. 

Riçâla-i  awârif  ô;î^  >iL«j . 

Je  crois  que  ce  titre  signifie  :  Traité  sur  les  contemplatifs.  Deux 
manuscrits  de  cet  ouvrage  hindi  sont  indiqués  parmi  les  livres  de 
Farzâda. 

Riçâla-i  jawâhir-i  asrâr  ulhind  JO^^I  jLawÎ  v-d>Lj»- /JUm 
Traité  des  perles  des  secrets  de  l'Inde. 

J'ignore  le  sujet  de  cet  ouvrage  qui  est  écrit  en  bindoustani  du 
Uécan,  nommé  ijujrî.  Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Riçâla-i  schifà-bakhsch  ^j^js?  Liû  kl^j  Traité  d'hygiène. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Salât  uljamâat  cxfiU4  «>^  Prière  de  l'assemblée,  par 
Lewis  Dacosta. 

Ce  volume  est  imprimé.  C'est  apparemment  le  Commoii  Prayer 
cité  p.  56o.  Il  est  indiqué  dans  le  catalogue  des  livres  arabes,  per- 
sans et  hindî  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta. 

Summula  Doctrinœ  Christianœ  in  linguam  Hindostani- 
cam  translata  à  Benjamino  Schultzio;  odidit  J.  H. 
Callenbcrgius.—  Hala3,  17  43,  in-8". 


APPENDICE.  599 

Substance  of  Bell's  Inslitulioiis  for  scliools,  trauslaled 
in  Ilindiii  by  M.  T.  Adam,  published  by  the  Scbool- 
book  Society.  —  Calcutta,  i83Zi. 

Sermon  on  the  Mount  (Macîh  kî  nacîhat),  2"^  édition 
cnlarged,  with  extracts  on  relative  duties  in  English 
and  Hindustani,  in  the  Roman  character.  —  Calcutta, 
i83/i,  in-32. 

Soldier's  (The)  Manual,  in  English  and  Hindi,  compiled 
for  the  use  of  infantry.  Part  I  comprising  the  squad 
and  Company  drill;  part  II  conlaining  the  manual  and 
platoon  exercises,  etc.,  by  J.  S.  Harriot.  —  In-8°. 

Le  premier  volume  de  cet  utile  opuscule  a  été  imprimé  à  Cal- 
cutta en  1826,  et  le  second  à  Sérampore  en  1828.  Ils  sont  imprimés 
sur  deux  colonnes.  Tune  en  anglais  et  l'autre  en  hindi.  Le  second 
volume  est  orné  d'une  lithographie  représentant  deux  sipâhî.  L'au- 
teur est  le  général  Harriot,  mort  à  Paris  le  1 1  février  iSSg. 

Siyar-i  mutaccadamîn  (;y^>><JiJL«j^j**  Gestes  des  anciens, 
c'est-à-dire  Abrégé  de  l'histoire  ancienne  arrangée 
en  hindoustani  pour  l'instruction  de  la  jeunesse  in- 
dienne. —  Calcutta,  1  83  1 ,  in-8*'. 

C'est  un  volume  de  368  pag.  très-bien  imprimé  en  caractères  nas 
khî  et  rédigé  avec  soin.  11  s'étend  jusqu'à  la  fin  de  l'empire  romain. 

Sinjar  Siromanî. 

Ouvrage  en  bhâkhâ  de  la  secte  des  Râdha  Wallabhî,  sur  laquelle 
on  peut  consulter  le  Mémoire  du  professeur  Wilson  (/I5,  Rcs.  toni. 
XVI,  pag.  125).  Ce  savant  poisède  un  exemplaire  manuscrit  de  cet 
ouvrage  en  caractères  nagai'î. 

Scva  sakhî  Vanî,  ou  simplement  Vanî  ou  Banî. 

Ouvrage  de  la  même  secte.  Le  professeur  Wilson  en  possède  uu 


600  APPENDICE. 

exemplaire  en  caractères  nagarî  :  il  se  compose  de  plus  de  quarante 
sections. 

Solar  (The)  System,  in  Hindoostanee. 

Il  y  en  a  deux  éditions  :  une  en  caractères  persans,  et  une  en  ca- 
ractères romains.  C'est  un  petit  traité  imprimé  aux  frais  du  dernier 
roi  d'Aoude ,  par  un  savant  anglais.  {Asiat.  Journal,  iSSy.) 

Scientific  Dialogues  Engiish  and  Hindustani,  Roman 
characters. 

Ouvrage  annoncé  dans  le  volume  intitulé  The  Application  oj  the 
Pioman  alphabet  ta  ail  the  Oriental  languages,  pag.  127. 

Sin  no  trifle  M|L(<=h)  «RT^  la  Gravité  du  péché. 

Il  y  a  deux  éditions  de  ce  petit  traité  religieux  :  une  en  caractères 
dévanagarî,  et  l'autre  en  caractères  kaïthinagarî,  très-usités  pour 
écrire  riiindoustani.  Cette  dernière  édition  est  imprimée  à  Calcutta 
en  1826;  elles  sont  Tune  etTautre  composées  de  20  pages  in- 12. 

Sawâl  jawàb  H^T^  ^c(|cj  Demandes  et  réponses. 

Petit  catéchisme  de  7  pages  in-i  2,  à  l'usage  des  enfants. 

Saty  mukt  mârgkâ   sankschep  H?^  ^T^  Tm^ïï  ti^M 
Abrégé  de  la  voie  du  vrai  salut. 

Petit  catéchisme  par  demandes  et  par  réponses ,  composé  de  1 9 
pages  in- 12. 

Safîna-i  aschâr-i  Hindi  ^^«xjLôjUaïI  xJvuLw    Album   de 
vers  hindoustani. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Farzâda. 

Scliirin  schakar  jXw  (j>)^*i  Doux  Sucre. 

Manuscrit  de  VEast-India  Ilousc .  C'est  un  masnawî  en  vers  hin- 
doustani-dakhnî  de  /1.1  pag.,  copié  à  Bangalor  en  1  i  52  de  l'hégire 
( 1 789-1 740},  par  Haçan  Muhammad  Farûquî ,  habitant  d'Yhayapùr. 


APPENDICE.  601 

Sikandar-nâma  n^^ii  jù^iS^  Histoire  d'Alexandre. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  ministre  du  Nizâm  à  Haïder- 
âbàd.  C'est  probablement  un  roman  en  vers  sur  Alexandre  le  Grand, 
dans  le  genre  des  romans  persans  sur  le  même  sujet  par  Nizâmî, 
Hatifî  et  Ahmadî. 

SA  11  rry  A     A 

uyabhaya- 1  uri. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Jaïpûr,  cité  par  Ward  dans  son  Histoire, 
Littérature,  etc.  des  Hindous,  t.  II,  pag.  48 1 . 

Surûd  Hindi ^^«xà^  i>i)j^ , Traité, enhindî, sur lamiisique. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Muhammad-bakhsch. 

Schattrinsat  karma  katliâ    ^^f^^TITrî  ^PT  <=h^l  . 

Ce  titre  paraît  signifier  \  Histoire  des  trente-six  actions.  C'est  un 
ouvrage  en  bhâschâ  sur  la  religion  des  Jaïn.  {As.  Res.  tom.  XVII, 
pag.  2^4.) 

Sânti  jina  stava. 

Ouvrage  en  bhâschâ  sur  la  religion  des  Jaïn.  [As.  Res.  tom.  XVII, 

pag.  245.) 

Sâlabliadra    charilra   HTç^Vf^  ^f^^^    Histoire    de   Sala 
bhadra. 

Légende  jaïn.  Ouvrage  cité  par  M.  Wilson  dans  son  Histoire  des 
sectes  reli(jieiues  des  Hindous.  [As.  Res.  tom.  XVII,  pag.  245.) 

Sélections  from  tlie  popular  Poetry  of  the  Hindoos; 
arranged  and  translated  by  T.  D.  Broiighton.  —  Lon- 
don,  iSilx,  in- 12  de  i56  pages. 

L'auteur  de  cet  ouvrage,  mort  à  Londres  le  i6  novembre  i835, 
a  réuni  sous  ce  titre  quelques  chants  populaires  en  hindouî.  Ils 
sont  niallieurcusemcnt  rendus  en  lettres  latines,  et  même  l'ortho- 
graphe n'en  est  pas  Irès-régulière. 


6<:»i  APPENDICE 

Suicâfde  <(Tlie)  oi  the  Hindoo  W  ido« s.  hs  bumiu^  them- 
sehres  with  the  Bodies  of  their  deceased  Husbands, 
is  a  jpactice  repu^joant  to  the  natnral  feeJings  and 
înccmsistait  wîdi  moral  durv . 


TVèse  ic^^ée  «b  hi^hiasUM  (oiacièRS  ili'i  wi'hij  par  W. 
EBe  se  tmm  dbns  le  tome  m  de  Tonnage  ietitirié  Pri- 
.  CaksUa,  iSoi. 


Sansait  (Tbe)  is  the  parent  ïai^;nage  of  India. 

ré£gée  ea  hi»Afwi^ljw  (cafadérK  <léTaBagm).  pu-  J. 
et  ÎMMniuE.  èams,  ToviTage  ÎBlitMlé  Primmà^  Oriaààes,  Cai- 


Treatise  on  min^^  Poisons,  by  P.  Breton,  surgeon  in 
dic  serrice  of  the  hcmoarahle  ^isî-India  Company 
and  snpaintendexit  of  tiie  Native  médical  Institution . 
— GoTenmirait  liifaogra^iic  ^"ess.  July  lo^  1826. 

•^     •  •  ■^^%  i  i\jL3  EsJSaàSam.  mr  les  ■■ans.  H  ▼  a  éemx  é£tioiB 

w^^       ^     <J    —  •  "  * 

oc  oc  HBBC:  1  L — r  OcS  pma»,  OCm^B^  OOS.  -MI 

et  ^Bi  se  «Esti .  _     ^  -.■  _=»  w       «^  »,     ^, 

■■B  ^  Diat  <ifmtm  ef  ■ùeraonlKaK,  qne  rei 


par  Thn vji.-^i-ii    :>rrT  "-miiqae 

'--  »^  •-  '     Mur  II"  M    La  pRsnlze  a  i32  pages 

-_:.__.  .  -       — g2S,  iBÊne  formai  «pe  la  premKre. 


Treatîse  cm  Tcgetable  Poisons. 

Ovna^  pdhfié  ea  kndeost^,  par  P.  Brttam.  B  y  ea  a  dcox 


raae  ea  caadàes  pi  11  laïf,  et  TasSie  ea  caractères  déia- 
i;  raae  et  TaBlre 


Treatîse  on  sn^ended  Animation  £rom  the  effects  of 


Ai-ï-LShiCE-  6Ci3 

solMiiaaoo,  hanging,  ooiïons  air  aod  tigfatHwng,  and 
tlie  means  onploTed  fiH*  resosôialian.  Pdntâd  kx 
theaseof  diestodentsof  die  liîatîvie  medial  iDstaiu- 
tjtrm. — ^î  *39,graiidiii-8"d!e  38  p^.  awecimepfeBiicise. 

:         -s  Un,  for  P.  Ikcta^ 

Tarjana-î  Madan  irlalaT?^   ^i-é  «y      jv j^,  .Cj^y» .  c'est-4- 
dire  Tradnclion  du  3kl:  _         Jiine  des  sa- 

"ruif?^    =fi  nnmm- 


Taijaiiia-î  tamhidâl-i   aîn  nkant  j^  ^  .s^^  1^.4 
iLùiîi  Trs'*~:~*^?D  du  Tamlitdâ^  lio  i^cûat  (Dé- 

Ycic  "  7  T  ~  V . .  -     :  f -^^scnce  des  TiiL-.ÈS.  . 


!1't  lastatmes  du  i-i..z}:in.  Babar. 


Qm.  SBJt  ■■£  œ  liloBnRs  oM  âê  észib  wes  R»fc«ir 

et  cfs^î  ;  1  TTfaB  a 

■61      :  :  ueiÉ 


"^  "   :t  of  Bama  and 


604  APPENDICE. 

personages,  in  the  Hindostani  language  and  vulgar 
nagri  character. 

Manuscrit  de  la  collection  Marsden,  pag.  807  de  son  catalogue. 

Tamyîz  iilmîzân  (j]j-fX^  >AAjf ,  c  est-à-dire  la  Distinction 
de  la  balance. 

J'ignore  le  sujet  de  cet  ouvrage,  dont  il  existe  un  manuscrit  parmi 
les  livres  du  ministre  du  Nizâm. 

Tuhfa-i  kân-i  iiàj  „5X^  ^J^  fi.x^ ,  c'est-à-dire  Présent  (ex- 
trait) de  la  mine  du  traitement. 

Traité  complet  de  l'art  vétérinaire,  où  sont  décrits  les  maladies 
des  chevaux  et  leur  traitement.  Cet  ouvrage  a  été  traduit  du  hindî 
en  persan,  par  Muhammad  Câcim  ben  Scharîf  Khân.  Voyez  Ainslie, 
Materia  medica,  tom.  Il,  pag.  5 16. 

Vaçanta-Râjâ. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Jaïpûr,  cité  par  Ward,  History ,  litera- 
ture.etc.  of  the  Hindoos,  tom.  II,  pag.  48i. 

Vanî  Bhùschana. 

Ouvrage  en  dialecte  de  Kanoje,  cité  par  Ward,  History,  litera- 
ture ,  etc.  ojthe  Hindoos,  tom.  II,  pag.   482. 

Wafât-nâma-i  Paîrambar  jJt^jj^.  *.x>b  cyli^    Livre   de  la 
mort  du  Prophète  (Mahomet). 

Manuscrit  dakhnî  de  la  bibliothèque  de  YEast-lndia  Hoiise. 

Vie  de  Mahomet. 

Masnawîde  100  pages  environ,  divisé  en  plusieurs  jur  ou  chants. 
Ce  pocme  est  écrit  sur  la  marge  du  riçâla  concernant  les  miracles 
de  Jésus-Christ,   dont  il  a  clé   parlé  plus  haut. 


APPENDICE.  605 

Yoga  Vasischta. 

Manuscrit  hindî  de  la  collection  Mackenzie.  C'est  un  ouvrage 
sur  les  principes  de  la  philosophie  védanta ,  dans  lequel  Ràma , 
en  conversation  avec  Vasischta,  Viswamitra  et  autres  sages,  dis- 
cute sur  la  non-réalité  de  l'existence  matérielle,  les  mérites  des 
œuvres  et  de  la  dévotion,  et  la  suprématie  de  l'âme.  Cet  ouvrage  se 
compose  de  trente-six  sections.  Il  est  traduit  du  sanscrit.  (  Wilson , 
A  descriptive  Caialo(jue  oj  Mack.  Coll.  tom.  Il,  pag.  109.  ) 

Zarb  ulamsâl  JLi^i^l  <-fj^  Proverbes  en  prose. 

Manuscrit  de  la  bibliothèque  du  collège  de  Fort- William.  Il 
fait  aujourd'hui  partie  des  livres  de  la  Société  asiatique  de  Cal- 
cutta. 


'oas 


PREMIÈRE  TABLE. 


NOMS  DES  AUTEURS. 


Page. 

Abd  albarr i 

Abd  ulcadîr Ihid. 

Abd  ulgafûr 297 

Abd  ullah 5 

Abd  ullab,  du  Décan 9 

Abd  ulmajîd 10 

Abd  ulwàcî 11 

Abd   urrabîm 12 

Abidî Ibid. 

Abjadî 1 4 

Abrû i5 

Abu  Ifazl 17 

Açad Ibid. 

Açaf. 18 

Açar 20 

Acî 21 

Acimî 22 

Adham 28 

Afgân 2  5 

Afgâr /tîV/. 

Afsab 26 

Afsar Ibid. 

Afsos 28 

Aftâb 32 

Afzal 34 

Agâh  { Jawân  ) 35 

Agâh   (Salâh) Ibid. 

Ah. ... 3G 

Ahçaii Ibid. 

Ahçan  nllah 87 


Page, 

Abcar ^      87 

Abmad   (  Hafîz  uddîn) 38 

Abmad  Alî 42 

Abmad  Wabbab , .      43 

Abmad,  du  Guzarate 44 

Ahmadî Ibid. 

(V.  aussi  Ahmad,  du  Guz.) 

Aïsch ,  de  Dcbli 45 

Aïsch  (Haçan  Rizaï) Ibid. 

Aïscbî 46 

Ajiz Ibid. 

Ajiz  (Arif  uddîn) 47 

Ajiz   (  Mubammad  ) Ibid. 

Ajmal 4g 

Ajomâyara 5o 

Akbar Ibid. 

Akbî 586 

Akbtar 5i 

Akram 52 

Ala Ibid. 

Alam 53 

Alî Ibid. 

Alî  (Haçan) 54 

Alî  (Haçan) ,  du  Dccan 55 

Alkan.  Voyez  Garib. 

Amânat  ullah.  Voyez  Schaîda. 

Amânî,  d'Azîmâbâd 56 

Amânî ,  de  Debli 57 

Amîn 57  ,   56o 

Amîn,  du  Dccan 58 


G08 


TABLE 


Page. 

Amir 59 

Amjad...  . 61 

Amman 62 

Amrit  Chand SgS 

Anand-Dâs 66 

Ançar 67 

Anjam Ibid. 

Anwar 68 

Aquil Ibid. 

Arâm 69 

Arif Ibid. 

Arzû Ibid. 

Aschic  (  Ajàîb  Râé  ) 72 

Aschic  (  Aiî  Azam  ) Ibid. 

Aschic  (Burbân  uddîn  ) .  .  .  .      78 

Aschic  (  Mahdî  Alî  ) Ibid. 

Aschic  {  Râm  Singh  ) 74 

Aschic  (Yahya),  du  Décan,  .  Ibid. 

Aschk 75 

Aschnà 79 

Aschnâ  (  Zaïn  ulabidîa  ) .  .  .  .  Ibid. 

Aschraf. Ibid. 

{  Voyez  aussi  AJçar.  ) 

Aschraf  (  Muhammad  ) 80 

Aschufta Ibid. 

Aschufta  (Azîm  uddîn) 82 

Aschufta  (  Bhorî  Khân  ) .  .  .  .  Ibid. 

Ata Ibid. 

Aubâsch 83 

Auliyâ Ibid. 

Awâra 84 

Awarî Ibid. 

Awlâ 86 

Ayân Ibid. 

Azâd(Fâzil) 87 

Azâd   (MuzafTar  Alî) 88 

.^zâd  (Zaïn  ulabidîn  ) 89 

Azâd  Balgràmî Ibid. 


Page. 

Azâda go 

Azam b  id. 

Azfarî Ibid. 

Azhar. 91 

Azhar  (Gulàm-i  muhî  uddîn) .  Ibid. 

Azîm 92 

Azîm  (  Beg  ) Ibid. 

Azîz  (  Bhakarî-Dâs) 9  3 

Azîz  (Schiv-nath) Ibid. 

Azîz  uUah g4 

Bâbà  Lâl Ibid. 

Bacâ 97 

Bacâ  (  Muhammad  ) Ibid. 

Bàcit 99 

Bagharî 100 

Bahâdur Ibid. 

(Voyez  Huçaïnî.) 

Bahâr Ibid. 

Bakhschisch  Alî 101 

Bakhtawar 102 

Bala  Bhadra io4 

Balirâm io5 

Bàquir Ibid. 

Barc ,  de   Murâdàbàd Ibid. 

Barc  (Gulâm-i  Hamdânî)..  .    106 

Barc  (  Jiû  ) Ibid. 

Baschîr 107 

Bayân Ibid. 

Bâyazîd  Ançarî 108 

Bébâk 109 

Bécaïd Ibid. 

Béchâra 110 

Bédar Ibid. 

Bédil 111 

Béjân ii3 

Békal Ibid. 

Békhud Ibid. 

Bénawâ 1 1 4 


DES  NOMS  DES  AUTEURS. 


609 


Page. 

Bénî-Narâyan 1 1 5 

Bérang 116 

Bétab,  d'AUahàbâd 117 

Bétab,  de  Dehli Ibid. 

Bétab  (Santokb  Bâé) 118 

Bbagodàs Ibid. 

Bhatrihari 120 

Bhavananda-dàs.. Ibid. 

Bhed.  Voyez  Mir  Mirân. 
Bhûdev.  Voyez  Bhûpati. 

Bhùpati 121 

Bihârî  Lâl laS 

Bîmâr 124 

Birbbàn i25 

Bismil 126 

Bismil,  de  Chanàr 129 

Bismil  (Gadâ  AU  Beg) i3o 

Brahman Ibid. 

Brajbàcî-dàs i3i 

Bulàquî /6k/. 

Câcim 182 

Càcim    (Cadr  ullah) i33 

Câcim ,  du  Décan Ibid. 

Câcir i34 

Câdir Ibid. 

Cadr Ibid. 

Câim i35 

Caïs 187 

Calandar Ibid. 

Chand 1 38 

Chanda 1 4 1 

Chaudû  Lai.  Voyez  Schâdân. 

Chatur  bhuj  Misr i42 

Cubùl Ibid. 

Cudrat Ibid. 

Cudrat  (MaidawiCudratuUah)  Ibid. 

Culî  Cutb  Schâh i44 

Curbân i45 

I. 


i^age. 

Cutb  Schâh i45 

Dàdù i46 

Dàg 1^9 

Daim 1 5o 

Dànâ Ibid. 

Dard i5i 

Dard  (  Karam  uHah  ) i55 

Dardmand Ibid. 

Daùd 187 

Déva-râjâ Ibid. 

Dîdâr Ibid. 

Dil i58 

Dil ,  d'Azîmâbâd Ibid. 

Dilsoz 169 

Dirakhschân Ibid. 

Diwàna 160 

Dost Ibid. 

Dùlhâ  Râm 161 

Dùilian  Bégam 162 

Faïyàz i64 

Faïz 162 

Faïz  (Muïn  uddîn  ) i63 

Faïz  (  Sadr  uddin  ) Ibid. 

Faïz-i  Macîh 1 64 

Fakhr i65 

Fakhrî.  Voyez  Fakhr. 

Faquîr 1 66 

Farhat Ibid. 

Fàrig 167 


Farog 


Ibid. 


Farrukh 168 

Fârûquî Ibid. 

Faryâd 


169 

Fath  Alî Ibid. 

Fath  uUah 170 

Fazl Ibid. 

Fazlî 171 

(  Voyez  aussi  Fazl.  ) 
39 


610 


TABLE 


Page. 

Fidâ 171 

Fidâ  (  Abcl  ussaniad  ) 172 

Fidâ  (  Imâm  uddîn) Ibid. 

Fidwî Ibid. 

Fidvvî  (Azîm  Beg  Saudâ)..  .  .    173 
Fidwî  ( Muhammad  Mulicin  ) .   174 

Fidvvî,  de  Lahore 174 

Figân 176 

Figân  (  Schams  uddîn  ) 177 

Firâc  (Sanà  ullah  ) 178 

Firâc,  de  Deldi Ibid. 

Filrat 179 

(  Voyez  aussi  Muçawi.  ) 

Fursat Ibid. 

Gaïrat 1 80 

Gâlib Ibid. 

Gani... 181 

Gamîn.  Voyez  Bacâ. 

Gangâ 182 

Gangâ  Dhar Ibid. 

Gangâ  Pati ,    Ibid. 

Gannà  Bégani i83 

Garîb 184 

Garîb  (Mîr  Taquî) i85 

Garm Ibid. 

Gaubarî 186 

Gauwâcî Ibid. 

Gazanfar 187 

Gbâcî Ibid. 

Gokulnàth 188 

Govind  Singh 191 

Guirdhar Ibid. 

Guirâmî 192 

Guiridhara.  Voyez  Guirdhar. 

Guiriyân Ibid. 

Gulâm-i  Ahmad 198 

Gulâm-i  AU.  Voyez  Ischrat. 
Gulàm-i  Huçaïn , Ibid. 


Page. 

Gulâniî 193 

Gumân 1 94 

Guzarâtî Ibid. 

Habîb  uHah 195 

Haçan  (  Khâjâ  ) Ibid. 

Haçan  (  Mîr  Gulâm-i  ) 1 97 

Haçan  (Mîr  Mubammad) ...  201 

Haçan  Alî 202 

Hacîb Ibid. 

Hâdî 2o3 

Hadik Ibid. 

Hafî.  Voyez  Majnân. 

Haf îz Ibid. 

Hafîz  uddîn.  Voyez  Ahmad. 
Haïbat.  Voy.  Hasrat,  deDehli. 

Haïdar 2o4 

Haïdar  Dakhnî Ibid. 

Haïdarî 2o5 

Haïdarî    (Haïdar  Bakhscb  ).  Ibid. 

Haïf  (  Chirâg  Alî  ) 210 

Haïf  (MotîLâl) Ibid. 

Haïràn 211 

Haîrân  {  Bacâ  ullab  ) Ibid. 

Haïrat 212 

Haïrat  (  Jafar  Alî  ) Ibid. 

Hàjî  Walî Ibid. 

Hajjâm 2i3 

Hakîm 2 1  4 

Hamdam 2i5 

Hâmid Ibid. 

Hânild  uddîn Ibid. 

Hamrang.  Voyez  Bèrang. 

Haquîquat 216 

Harinâlh 218 

Hàscbim Ibid. 

Hâschimî Ibid. 

Hasrat  (  Jafar  Alî  ) 219 

Hasrat  (Murâd  Alî  ) 220 


DES  NOMS  DES   AUTEURS. 


611 


Page. 

Hasrat,  de  Dehlî 221 

Hatif. 222 

Hatifî Ibid. 

Hâtim .    Ibid. 

Hawas 224 

Hazîn 225 

Hazîn  ( Abùlkhaïr ) 226 

Hazîn  (  Bàquir) Ihid. 

Hazîn   (  Muhammad  ) 227 

Hengâ Jhid. 

Hidâyat 228 

Hidâyat  (Ali) Ibid. 

Hidâyat  (Muhammad  Alî).  .  .    229 

Hidâyat,  de  Dehli Ibid. 

Hosch 280 

Huçaïnî.  Voyez  Fath  Alî. 

Huçaïnî  (  Bahâdur  Alî  ) Ibid. 

HulâsPâthak 5i8 

Huwaïda 234 

Huzûr Ibid. 

Huzûr  (Bal  Kamand) 236 

Ibn  Nischâtî Ibid. 

Ibrahim 287 

Ibrâhîm   Adil    Schâh 238 

Ihçân 289 

Ikrâm  Ali Ibid. 

Ilhâm   (Fazâil  Beg,  ) 2  4i 

Ilhâm  (  Scharaf  uddîn  ) Ibid. 

Imâmuddîn 242 

Imân Ibid. 

Insâf. 243 

Insân 2  44 

Inschâ Ibid. 

Intizâr 246 

Ischc  (Izzat  uUah  ) 247 

Ischc  (  Rukn  uddîn  ) Ibid. 

Ischquî 2  48 

Tschquî,  de  Murâdâbâd Ibid. 


i^age. 

Ischrat 249 

Ischtyâc 2  49 

Ismâïl 2  5 1 

Ismâïl  (Mirzâ  Muhammad)..  253 

Ismî Ibid. 

Izzat Ibid. 

Jafar 2  54 

(Voyez  aussi  Zataîî.  ) 

Jafar  Alî  Khân 2  55 

Jafar  Schâh Ibid. 

Jafar  Scharîf Ibid. 

Jagjivan-dâs 266 

Jagnû 257 

Jahândar 2  58 

Jaïcî 259 

Jalâl 261 

Jân-i  Alam 262 

Jân-i  Muhammad Ibid. 

Jânâ  Bégam 2  63 

Jaudat Ibid. 

Jauhar   (  Ahmad  Alî) Ibid. 

Jauhar  (  Schiv  Râm  ) 264 

Jaulân 265 

Jawân  (  Kâzim  Alî  ) Ibid. 

Jawân   (  Naîm  Beg  ) 269 

Jaya  Chandra Ibid. 

Jînâ  Bégam 270 

Jnânî.  Voyez  Kabi'r. 

Josch Ibid. 

Josch  (  Roschan  ) Ibid. 

Joschisch 271 

Junùn 272 

(  Voyez  aussi  Kâfir.  ) 

Junûn ,  d'Allahâhâd Ibid. 

Jurât Ibid. 

Jurât  (Scher  Alî) 274 

Kabîr Ibid. 

Kabîr  Sumbulî ., 281 

39. 


612 


TABLE 


Page. 

Kâfir 282 

Kakul 282 

Kalî  Krischna 283 

Kalîm 285 

Kallan-Hajjàm 286 

Kallan  Jafar 287 

Kallau.  Voyez  Khâkçâr. 

Kamâl 287 

Kâmil 288 

Kamtarîn 289 

Kanâra-Dâs Ihid. 

Karîm  Huçaïn 290 

Kartâ Ibid. 

Kartik 5i8 

Kâzim 290 

Kéçava-Dâs 291 

Kez-Darâz 292 

Khâdim 298 

Khâksâr 294 

Khalîc 295 

Khalîc  (  Mustahçan) Ibid. 

Khalîl 396 

Khânî Ibid. 

Khidmat 297 

Khiyâl Ibid. 

Khulc 298 

Khusch-Hâl Ibid. 

Kbuschnûd 299 

Khusrau Ibid. 

Krischna-dâs 3o2 

Krischna  (ou  Kischan)  Jaïcî..    3o3 

Krischna  Râo Ibid. 

Krischna  Singh 3o4 

Laïc Soi 

Lâl Ibid. 

Lâla 3o6 

Lâla  Miyân.  V.  Jafar  Scharîf. 
Lâlach Ihid. 


Page. 

Lallû 3o6 

Lassàn 3 1 1 

Latîf. Ibid. 

Lutf. 3 1 2 

(Voyez  aussi  Amman.  ) 

Lutfî. 3i4 

Macbah Ibid. 

Macsûd 3 1 5 

Mactûl 3i6 

Madhùsch Ibid. 

Maftûn 317 

Maftûn,  d'AUahâbâd Ibid. 

Magmùm 3i8 

Mahais Ibid. 

Mahâkavi.  Voyez  Sundar. 

Mahânand Ibid. 

Mahbûb 319 

Mâh-Licâ Ibid. 

Mâhir 320 

Mahmûd.  Voyez  Pir. 

Mahschar Ibid. 

Mahschar  (  AU  Naquî  ) 32 1 

Mahzùn Ibid. 

Mahzûn  ,  d'Amrohâ 32  2 

Majbùr Ibid. 

Majnûn Ibid. 

Majnûn  (Himàyat  Aiî  ) 323 

Majrûh 32i 

Majzûb Ibid. 

Makhrim. Ibid. 

Malik 325 

Malûl.  Voyez   Ilhâm   (ScharaJ 

iiddin.) 

Mamnûn Ibid. 

Mançûr-i  Alî. 326 

Mannû  Làl 327 

Manzar Ibid. 

Marhûn 3?8 


DES  NOMS   DES   AUTEURS. 


613 


Page. 

Marùf. 329 

Maschschàc. Ibid. 

Alasdar 33o 

Masrùr.  Voyez  Krischna  Rdo. 

Mast 33 1 

Matirâma 332 

Mauzûa  (  Farzand-1  ou  Rabm 

AH) Ibid. 

Mauzùn  ,  (l'Azîmâbâd 333 

Mauzùn  ,  du  Décan Ihid. 

Mâyd Ibid. 

Mâyil  (Muhammad  Yar  beg) .    33d 

Mâyil  (  Muhammad  î  ) Ibid. 

Mazhar Ibid. 

Mazmùn  (Imâm  uddîn)....    337 
Mazmùn  (  Scharaf  uddîn  ) . .  .    Ibid. 

Mihnat 338 

Mihrbân 339 

Minnat Ibid. 

(Voyez aussi  Gannâ  Bécjam.) 

JVIîr  (  jMubammad  ) 34o 

Mîr  (Taquî) 3ài 

Mîr  Mîrân 344 

MirâBhâi 345 

Miràn Ibid. 

Mirzâ 347 

Mirzà  (  Aii  Rizâ) Ibid. 

Mirzâyî 348 

Miskîn 349 

MiskÎQ,  d'Azîmâbàd Ibid. 

Mobanavijaya 35o 

Motî Ibid. 

Motî  Râm 35i 

Muçawî 352 

Mucîbat 353 

Muddaa Ibid. 

Mugai 354 

Mubabbat 355 


Page. 

Mubabbat  (  Alî  ) 358 

M  ubabbat  (  Walî  uHah  ) 369 

Mubaccac. 359 

Muhammad  Alî Ibid. 

Muhammad  Haçan 36o 

Muhammad  Ibrâhîm Ibid. 

Muhcin 362 

Muhibb 363 

Mublat Ibid. 

Muhtarim 364 

Muïn Ibid. 

Muizz.  Voyez  Maçaivi. 

Mujrim Ibid. 

Mukhlis,  de  Murscbidâbâd..    365 

Mukblis  (  Anand  Râm  ) 366 

Mukhlis  Badî    uzzamân Ibid. 

Mumtàz Ibid. 

Mumtâz  (Câcim  ) 367 

Munim Ibid. 

Munschî  (Gulâmi  Ahmad)..    Ibid. 
Munschî    (  Muhammad    Hu- 

çaïn  ) 368 

Munschî   (Mû  Kamaod)....    369 

Muntazir Ibid. 

Murassa  Racam.  Vov.  Tahcin. 

Murid 370 

Muruwat Ibid. 

Muschtâc  (Inayât  uUâh)..  .  .    372 

Muscbtâc  ,    d'Azimàbâd Ibid. 

Muschtâc,  de  Dehli 378 

Mushafî Ibid. 

Mustamand 376 

Muzammil. Ibid. 

Muztarab Ibid. 

Muztarr 377 

Nâbbâji 378 

Nabî..  . 379 

Nàcikh Ibid. 


614 


TABLE 


Page. 

Nâcir 38o 

Nâcir  (A]î) Ihicl. 

Nadîm Ibicl. 

Nadir 38i 

Nadir  (Lâla  Gangâ  Singh)..   Ibicl. 

Naîm Ibid. 

Najaf. 382 

Najât Ibid. 

Nâjî 383 

Nâlân Ibid. 

Nâlân  (  Ahmad  Alî  ) 384 

Nâlân  (Wâriç-i  Alî) Ibid. 

Nânak 385 

Nand-Dâs 387 

Nârâyan-Dâs 388 

Nawâ Ibid. 

Nawâz 389 

Nem  Chand Ibid. 

Niçâr  (  Abd  ulraçûl  ) =    390 

Niçâr  (Mimâr) 391 

Niçâr  (Sadâ  Singh) 392 

Nihâl  Chand Ibid. 

Nischât 394 

Niyâz. 395 

Nizâm Ibid. 

Nizâm   uddîn 396 

Nizâr 397 

Nûr-i  Alî 398 

Nûr  Khân Ibid. 

Nusratî 399 

Pâkbâz 4oo 

Panchhyâ 4oi 

Paramalla Ibid. 

Parvvâna Ibid. 

Parwâna,dc  Muràdâbâd. .  .  .    4o2 

Pétambur  Singh 4o3 

PhatyolaVélo Ibid. 

Pî.  Voyez  Isclnjui. 


Page. 

Pîr 4o3 

Piyâm 4o4 

Prem  Keswara-Dâs Ibid. 

Priya-Dâs 4o5 

Puschpa  Dànta Ibid. 

Quinâat Ibid. 

Quismat Ibid. 

Raçài 4o6 

Râçikh 407 

Ràé  Singh Ibid. 

Rafat Ibid. 

Rafîc 4o8 

Raguîb Ibid. 

Rahmân Ibid. 

Raj-Krischan 409 

Rakhschân 4io 

Râm-Charan 4ii 

Râmjan 4i3 

Ràm  Mohan  Ràé Ibid. 

Râm  Praçâd 4i8 

Ranguîn Ibid. 

Rànguîn  (Aman  Beg) Ibid. 

Ranguîn  (  Saâdat  Yâr  Khân  ) .  Ibid. 

Râquim 419 

Raschîd Ibid. 

Rasmî 420 

Ratan /121 

Raunac Ibid. 

Rawân 422 

Riccat Ibid. 

Rifâcat 423 

Rind   (Alî) ..   Ibid. 

Rind  (  Mihrbàn  ) 424 

Rind   (  Nârâyan  ) Ibid. 

Rizâ 425 

Rizâ(Alî) Ibid. 

Rizâ ,  d'Azîniâbàd 426 

Rizâ  Khân 427 


DES  NOMS   DES  AUTEURS. 


615 


Rûh  ulamin 427 

Rukhsat Ibid. 

Ruslani 428 

Ruswâ Ibid. 

Saâdat 43 1 

Sabâ 432 

Sabâcat Ibid. 

Sabâî 433 

Sâbit  (  Içàlat  Khân  ) Ibid. 

Sâbit  (Schujâal  iillah) Ibid. 

Sabr 434 

Sabzwârî Ibid. 

Sadalamisr 564 

Sadî,  du  Décan 434 

Sâdic 435 

Sâdic   (Alî) Ibid. 

Safâ 436 

Safdar Ibid. 

Safdarî Ibid. 

Sâbib  Quiiân.  Voyez  Aftâb. 

Saïyid  (Iniâm  uddîn  ) 437. 

Saïyid  (Yâd  Kâr-i  Alî) Ibid. 

Saïyid  Ahmad Ibid. 

Saïyid  Alî 439 

Sajjâd Ibid. 

Salàm 44o 

Sâlib 44i 

Sâlik 442 

Salîm Ibid. 

Salîm  (Schâh) 443 

Sâmân Ibid. 

Samsani 444 

Sanâ Ibid. 

Sanat Ibid. 

Sâni 445 

Sàquî Ibid. 

Sàquib Ibid. 

Sarmad 446 


P.,go. 

Sar-Sabz .    447 

Sarschâr Ibid. 

Saudà 448 

Sàya 452 

Sâyil 4  53 

Scbâd Ibid. 

Schâdâb Ibid. 

Schâdân 4-54- 

Scbaf  î Ibid. 

Scbafî  (  Aniîn  uddîn  ) 455 

Schafîc Ibid. 

Schâguil 456 

Schâguird .  .    Ibid. 

Schâb  Alam.  Voyez  Aftâb. 

Schâb  Alî Ibid. 

(  Voyez  aussi  Guzarâlî.  ) 

Scbâbî 457 

Scbabîd Ibid. 

Schâïc 458 

Scbâïc  (  Muhammad  ) Ibid. 

Schâïc  (  Nazîr  uddîn  ) Ibid. 

Schaïdâ  (Amânat  uHah) 459 

Schaïdâ   (Fath  Alî) 46 1 

Schaïdâ  (Hengâ) 462 

Schâïr Ibid. 

Schamscher Ibid. 

Scharaf. » 463 

Scharar.  .  , Ibid. 

Schauc  (Gulâm-i  Raçûl  )..  .  .    464 

Schauc  (  Haçan  Alî  ) 465 

Schaukat Ibid. 

Schifà 466 

Schigufta  (Budh  Singh) Ibid. 

Schigufta(SaïfAlî) Ibid. 

Schihâb  uddîn 467 

Schikébâ Ibid. 

Schikoh .  .    Ibid. 

Schor 468 


616 


TABLE 


Page. 

Schorî 468 

Schorisch Ihid. 

Schuhrat 469 

Schuhrat  (Gulâm-i  Huçaïn).  Ihid. 
Schuhrat   (Iftikhâr  uddîn)..    Ibid. 

Schuûrî 470 

Séwâ 471 

Séwak Ibid. 

Slkandar 472 

Sipâhî 473 

Sirâj Ibid. 

Siva-Dâs 474 

Siva  Nârâyan 470 

Siva-Râjâ 476 

Soz Ibid. 

Sozân 478 

Srutgopâldâs 479 

Sukdév Ibid. 

Sukhan Ibid. 

Sukhdev 48o 

Sulaïmàn Ibid. 

Sulaïmân-Schikoh 48 1 

Sultan Ibid. 

Suudar  ou  Sundar-Dâs 483 

Sûrâj-Chand 5io 

Surat 484 

Surdâs 486 

Surûr 489 

Surûr  (  Himâyat  uHah  ) .  .  . .   Ibid. 

Tâbân Ibid. 

Taçallî 491 

Taçauwur 492 

Tahcîn 493 

Tahcîn  uddîn 494 

Tajarrud 496 

Tajailî Ibid. 

Tajallî    (Hajjî) Ibid. 

Talab , 498 


Tâii 

Tàlib 

Tamannâ 

Tamannâ  (  Aschiqu-i  Alî  ) .  .  . 

Tamkîn 

Tamkîn  (  Sirâj  uddîn  ) 

Tânâ 

Tanhâ 

Tapân 

Tapisch 

Taquî 

(  Voy.  aussi  Mir  et  Hauas.  ) 

Târinî 

Tarz 

Taskîn 

(  Voyez  aussi  Kâfir.  ) 

Taswîr 

Tilak. . 

Tîpou 

Tulcî-Dâs 

Turàb  Alî 

Ulwî 

Umda 

Ummed  (  AU  ) 

Ummed  (  Cazalbâsch  ) 

Umr 

Unkara 

Uschschâc 

Uzlat 

Vallabha 

Vargarâya 

Védanga-Râya 

Vinayavijaya-Gani 

Wafâ 

Wâhidî 

Wahm 

Wahschat 

Wahschat ,  de  Dehli 


Pag«. 
Ibid. 
Ibid. 

Ibid. 
Ibid. 

5oo 
Ibid. 

5oi 
Ibid. 

5o2 

5o4 

5o4 
5o5 
Ibid. 

5o6 
Ibid. 
Ibid. 
507 
289 
5ii 

5l2 

Ibid. 
5i3 
5i4 

Ibid. 
5i6 

Ibid. 
5i8 
519 

Ibid. 
520 

521 

Ibid. 

522 
Ibid. 
Ibid. 


DES   NOMS   DES   AUTEURS. 


617 


Page. 

Wâlî 523 

WâU,  de  Dehli Ibid. 

Wâlî ,  du  Décan 524 

Wâlî  ullah 529 

Wâlih Ibid. 

Wâlih,deDeUi 53o 

Wâquîf. Ibid. 

(  Voy.    aussi   Miuischî,   Gu- 
lâm-i  Ahmad.  ) 

Wâris 5  3 1 

Wasl Ibid. 

Wazîrî Ibid. 

Wilâ 532 

WHâyat 537 

Yakdil Ibid. 

Yakrang 538 

Yakrù SSg 

Yaquîn Ibid. 

Yâr 543 

Yâr,  de  Dehli Ibid. 

Yâs Ibid. 

Yuçuf 544 


Page. 

Yûnas 544 

Zabt Ibid. 

Zafar 545 

Zàhik Ibid. 

Zâhir Ibid. 

Zakâ 346 

Zakî Ibid. 

Zâkir 547 

Zamân 348 

Zamîr Ibid. 

Zâr  (Jîwàn) 55o 

Zâr  (Mazhar  Alî  ) Ibid. 

Zâr  (Mugal  Beg) 55i 

Zarra Ibid. 

Zatalî Ibid. 

Zauquî 552 

Zihn Ibid. 

Zînat 553 

Ziyâ Ibid. 

Zuhùr  (  Muhammad  ) 554 

Zuhûr  (Schiw  Singh  ) Ibid. 

Zuhûrî Ibid. 


DEUXIÈME  TABLE. 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


Page. 

Abrégé  de  la  loi  musulmane.  ^46 

Abrégé  de  l'Histoire  ancienne.  699 

Abridgmentof  the  holy  Scrip.  555 

Abstract  of  the  articles  of  vvar.  Ibid. 

Abujed 558 

Abu  Shahma   (  Histoire  d'  ) .  .  594 

Acâid-i  Jàmî 559 

Account  of  the  Sâdh 129 

Achambha  Guftar 529 

Acts  of  the  Apostles SSg 

Adamî  kî  zindaguî  kâ  intizâni.  290 
Address  to  the  people  of  Hiu- 

dusthan 557 

Adi  granth 385 

Adi  upades i25 

Agguir  Sàguir 558 

Ahâdîç-i  mardiva 421 

Ahçan  ulmawâiz 284 

Ahkâm  unniçâ igS 

Air   (Sur  V  ) 590 

Akbar-nâma 78 

Akhlâqu-i  Hindî 282 

Akhlâqu-i  jalâlî 46o 

Akhiàqu-i  muhcinî 65 

Album  de   vers  hindoustani. .  600 

Album  de  Saïyid  Hamza 478 

Alexandre  ( Histoire  d') 601 

Alfaz-i  râghâ 559 

Alî  Adil  Schâh  (Histoire  de).  4oo 


Page, 

Alî  (Masnawî  sur) 547 

Alî-nâma 4oo 

Alif-nâma 278 

Ami  de  rinde(L') 582 

Amîr  Hamza  (  Histoire  d'  ). .  .      74 

Amour  (Secrets  de  1') 356 

Amours    de    Mâh    Munawar 

(Les) i58 

Amritadhara 120 

Amulettes  (  Sur  les  ) 88 

Amwâj-i  Khûbî 558 

Anand  Râm  Sàgara 278 

Anatomie  des  os 589 

Anatomy  (Introductory  lecture 

on) 578 

Anatomy  of  the  ear 556 

Anatomy  of  the  human  inte- 

guments Ibid. 

Anatomy  of  the  maie  organs 

of  génération Ibid. 

Anatomy  of  the   urinary  or- 
gans      Ibid. 

Ancient  History 558 

Anéantissement  (  Le  grand  ). .    257 

Anécartha  manjarî 555 

Anecdotes 574 

Anglo-Hindusthani  Library.  .    558 

Anglo-Indian  Primer Ibid. 

Anvvâ  ululûm 22 


TITRES  DES   OUVRAGES. 


619 


Page. 

Amvâr-i  Subaïlî 36o 

Apology  for  female  éducation.  557 

Arâïsch-i  mahfil 3i 

Arithmetic 556,  567 

Arjuna  Guita 1  aS 

Ark-nâma 569 

AscLâr  bar  dîn-i  Nânak 887 

Aschâr-i  bhâkhà  dar  Ràg. .  .  .  SSg 

Ascbta  Yâmâ 167 

Aspbyxie  (  Sur  1) 6o3 

Asrâr-i  Mubabbat 356 

Assam  (  Histoire  d'  ) 233 

Astarbân 558 

Astrologie ôSg 

Astronomie    (Traité  d') 5i4 

Astronomy 557 

Atalîqu-i  Hindi 533 

Atlas 557 

Atmânuçâçan 550 

Aventures  de  Kâmrûp 494 

Awad  bilàs 3^8 

Ayâr  Dànisch.  Voyez  Kliirad 
afroz. 

Azrâb-i  Sultânî 58o 

Baber   (  Mémoires  de  ) 6o3 

Badr  Munir  (  Amours  de  ). .  .  200 

Bâg  o  babâr 64 ,  493 

Bâgu-i  urdû 3o 

Bàgu-i  sukhan 355 

Bahâr  dâniscb 209,  5o2 

Bahâr-i  iscbc 898 

Babaristân-i  Jafarî 435 

Babrâm  (  Histoire  de  ) 210 

Babr-i  iscbc 398 

Baïtal  Pacbicî., 3io,  484 

Bala  bbadra  cbéanti io4 

Bâlaka  Purâua 190 

Balakh  ki  Ramaïui.. .......  277 


l'âge. 

Bâl  lîlâ 486 

Bâlavibodba 56 1 

Bang    (  Sur   une    marchande 

de) i63 

Bâni , 599 

Bârab  mâça 34,   266,   522 

Baranbhavanaçandbi 562 

Barnamâla 56o 

Bârtta 5i8 

Batelet  (Le) 44 

Bayân-i  islam 56 1 

Bayàn  tap  naubat  kâ 56 1 

Bayâz 19,  67,   168 

Bayâz-i  dar  ilm-i  tibb 5 1 1 

Bayâz-i  inàyat-i  murchad  Zâda.   2  59 
Bayâz-i  Saïyid  Hamza. ......    473 

Bayâz  Sâkhî  Kabîr 277 

Beli's  instructions 599 

Bénazîr  (  Histoire  de  ) 200 

Bbagavat.   121,   i42,    307,  4o4, 

4o5. 

Bbaktamâl 3o2 ,  878,  388 

Bbamanî  (Hist.  de  la  dynastie) .  266 

Bbog  pal 55 

Bbramara-guîta 3o2 

Bbûgola 5i4 

Bible  (  La  sainte  ) 560,570 

Bidya  darpan 348 

Bijaï-pâl  Râça 56 1 

Bijek 118,  278 

Bikat  kabânî 35 

Biographie  des  poètes  hindous- 

tani.  i36,  i44,  i65,  169,  200, 
287,   3i2,    342,   374,  468 

Birab  bilâs 56 1 

Biscban  pad 486 

Bombay  (  Le  messager  de  ) . .    584 
Boslàn 354 


620 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


Page. 

Bougie  et  le  papiHon  (La)..  .    582 

Bouquet  d'amour  (  Le  ) 4oo 

Braj-vilâs 1 3 1 

Caçâid  o  matlâé  wilâ 523 

Cacîda , Pass. 

Caïda-i  Farhang 569 

Calcutta  (  Poëme  sur  ) 398 

Canûn-i  islam 2  56 

Caiumcha  Hindî Sg 

Cartes  (  Sur  les  ) 1  y 

Casketofindia 349,   535 

Cataracte   (  Sur  la  ) 590 

Catéchisme 562 

Catéchisme  (petit) 600 

Catéchisme  anglican 562 

Catéchisme  catholique Ibid. 

Catéchisme  musulman 563 

Cavalerie  (  Règlements  de  la  ) .   583 

Cawâîd-i  Akhlâc 565 

Cawâïd-i  Hindî  ou  urdù.  ...    23 1 

Cerveau  (  Sur  le  ) 589 

Chahâr  anwâ 565 

Chanchara 278 

Chandrâwati 564 

Chârana-raça 565 

Char  gulschan 116 

Chatr  mukut 593 

Chatur-daça  gunasthâna 563 

Chautiça 278 

Chenna  patan  Vertanta 564 

Chhandogaya 565 

Chhatra  Prakàsch 3o5 

Chit  vilàs io5 

Choléra  (  Sur  le  ) 589 

Coïtûs  (  Liber  ) 55 

Collection  de  chansons 563 

CoHect.  (  A  )  of  divine  Sayings.   564 
CoUect.  (A)ofHind.Proverbs.   564 


Hagc. 

Collect.  (  A)  of  Hind.  Songs..  563 
CoUect.  (A)  of  Hind.  Songs, 

manuscrit 563 

Collect.  (A)  of  moral  Precepts.  564 
Commandements  (Les  dix)..    i64 

Conimon  Prayer 5 60,   598 

Common  Prayer  of  the  church 

of  England 562 

Common  Prayer  (Moosulm.  ).  459 
Compendium  (  A  )  of  the  book 

of  Common  Prayer 562 

Compendium  of  Geograpby. .    Ibid. 

Conseils  (  Livre  des  ) 533 

Conseils  aux  mauvais  poètes. .    344 

Contemplatifs  (  Sur  les  ) 598 

Contes 591 

Contes  d'un  perroquet..  85,  206 
Coran  arabe,  persan,  hind.  529 
Coran  traduit  en  hindoustani.      1  , 

6 ,  53 ,  266,  460,  564. 
Cordonnière   (  Sur  le  meurtre 

d'une  ) 11/1 

Countryman    (  The  )  and   the 

Snake 583 

Cruelty  to  animais 582 

Curân-i  scharîf 565 

Cutb  Schâbî 1 44 

Daçakschapanavratavidhi ....  568 
Dacima  Padschâh  kâ  granth. 

Voyez  Dus  Padschâh,  etc. 

Dàdrâ 566 

Dàdû  kî  vânî 1 47 

Dàdû  panthî  grantha 1 47 

Dah  majlis 524 

Dainok-nâma i3o 

Dakhan  anjan 36 1 

Dânisch  afroz /io 

Dar  bayân-i  natàïqu-i  Nàyak.   568 


TITRES  DES 

Page. 

Dargâli  deSchâh  Arzân  (Poëme 

sur  le) 235 

Dar  hujù-i  Fidwî 176 

Dar  riçâla-i  râg-mâla 568 

Dârâ  Schikoh  et  Bâbâ  Lâl  (De- 
mandes et  réponses  de  ). .  .      96 

Daryâ-é  ischc 344 

Das  liukm 1 6i 

Das  Padschàh  kî  granth 191 

Dastûr-i  Hind 266 

Dâya  bbâgah 566 

Defence  offemale  éducation..  Ihid. 
Démonstration  of  the  abdomi- 
nal Viscera 565 

Démonstration  of  tbe  tboracic 

Viscera Ibid. 

Derviches  (Hist.  des  Quatre)  64,  83 
Description  of  intermittent  Fe- 

vers 565 

Dbannâyî , 566 

Dharm  pustak  kà  sâr 574 

Dharma  buddhî ,  etc 568 

Dharma  sâstra Eiid. 

Dharma  tatva  sâra Iii8 

Dhiyâ  calbî 12 

Dhoré 1 9 1. 

Dhûlîla 566 

Dialogue  between  a  Durwan 

and  a  Malee 567 

Dialogue  between   Ramharee 

and  Sadhoo 566 

DialogusChristiani  et  ethnici.   567 
Diction,  des   mots  mystiques.      7 1 

Dictionnaire  hindî 1 1 

Dictionnaire  hind.  angl 583 

Dictionnaires 587  ,   6o3 

Dislocation  (Sur  la  ) 590 

Dîn-i  haquîquî,  etc 566 


OUVRAGES.  621 

Page. 

Diwân Pass. 

Doctrine  et  devoirs  de  la  reli- 
gion musulmane 21 

Dohà  et  dohrà Pass. 

Dohrâ  râg 567 

Dolî-nâma 543 

Duâzda  mânsa 267 

Dûrgà  bhàschâ 566 

Durr-i  uçûl 567 

Durr  ulmajâlis 9 

Economy  of  human  life 290 

Ekavinsati  sthâna 569 

Elementary  Treatise  on  Geo- 

graphy  and  Astronomy. . .  .  569 
Eléments  d'histoire  générale. .  1 1 
Essaysby  the  students,  etc.. .    577 

Ethique  indienne 232 

Eucologc  musulman 459 

Evangelium  Lucœ 569 

Evangile.  Voyez  Gospel. 
Examinationsofthe  collège  of 

Fort-William 568 

Extracts  from  Torrens 569 

Extraits  des  principaux  poètes 
persans  et  hindoustani..  .  .    327 

Fables  de  Gay,  en  hind 284 

Fables  de  Pidpaï 36o 

Fables  d'Esope  en  hindousta- 
ni  32, 233,  5o4. 

Fables    (Autres) 570,   576 

Faïzàbâd    (Sur)., 201 

Fakhriya i56 

Family  Frayer 570 

Farhângu-i  Hindouî 571 

Fath-nâma. .  .  , 202 

Fatime  (  Vie  de  )  ,  etc. .    396,   493 

Félicitation   (Vers  de) 597 

Femmes  (Education des).  556,   566 


622 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


Page. 

Femmes  (  Ruses  des  ) 58 1 

Field  Exercises 871 

Fièvre  intermittente 56 1 

Fikh 563 

Firoz  Schâh  (Histoire  de). . ,  48 

Flame  (The)  of love 344 

Froid  (  Poème  sur  le  ) i36 

Fruitful  exhortation 576 

Fruits  de  Tarbre  de  la  vie.. ,  671 

Fuçûs  ulhukm 286 

Gaïyàs  uddîn  (  Histoire  de)..  577 

Gaja  Sukumara  Charitra 074 

Gâlib  o  maglûb 5i2 

Ganj-i  khûbî 65 

Garâib  ullugât 71 

Gazai Pass. 

Générations  ou  liste  des  de- 
grés de  parenté 878 

Genèse ,  Proverbes  et  Isaïe. ,  .  571 

Geography 572 

Géomancie  (Sur  la  ) 583 

Gilchrist  riçâla 281 

Gîmâlâ 573 

Golâdhya 572 

Gopâlachalâ  kathâ 5 1 9 

Gorakh  nâth  ki  goschtî 277 

Gospel  of  Marc 578 

Gospel  of  Matthew 572 

Gospels  (Four) 071,  572 

Grammaire  hindoust.  54,  281,  3 1 4 

Idem,  en  vers 458 

Grammaire  persane..  .....  46i 

Granth 191,885 

Greyhound    (  The  )    and   the 

Mastif. 583 

Gualior  (  Hist.  de) 519 

Guîtâ 5o  ,  4o3 

Guîtâwalî 5 1  o 


l'iige. 

Guîyân  mâla 574 

Gûjrî  (Sur  une  ) i63 

Guldasta-i  dâstân »...  498 

Guldasta-i  Haïdarî 572 

Guldasta-î  ischc 368,  4oo 

Guldasta-i  nischât 827 

Gul-i  Bakâwalî 893 

Gul-i  magfirat 208 

Gulistân  en  hindoustani ....  3o 

Gui  oSanaubar 48,  889 

Gulschan-i  akhlâc 489,  578 

Guischan-i  Hind. ..    48,   99,  812 

Gulscban-i  ischc 899,  5o6 

Gulschan-i  tauhîd 678 

Gulzâr-i  chîn 77 

Gulzâr-i  Dânisch 209,  5o2 

Gulzâr-i  Ibrahim x ,  287 

Guru  nyâs 478 

Hadîs 577 

Haft  gulschan 536 

Haft  païkar , 209 

Haïdar  Alî  (Histoire  de) .  .  .  578 

Haïdar-nâma Ibid. 

Hamza  (Histoire  de  ) 74 

Hanîf  (Hist.  de)..    87,   471,  52i 

Hansawi 1 1 

Haquîquat-i  Muhammad..  .  .  877 

Harivansa 189 

Harmony  of  the  four  Gospels.  576 

Hâtim  Taï  (Histoire  de)..  .  .  207 

Hatta  pradîpa 574 

Hazliyât 552 

Hazrat  Alî  Sîl 521 

Heavenly  way  (The) 577 

Hidâyat  ulislâm 458 

Hikâyat-i  Saudàgar 2  53 

Hindee  and  Hindoostanee  Sé- 
lections   5o4 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


623 


Page. 

Hindee  Manual..    266,  349,  ^35 

Hindee  moral  Preceptor 533 

Hindee  Ultimatum 576 

Hindee  Story  Teller 574. 

Hindola 278 

Hindoustani  (Dissertation  sur 

r) 286,  576 

Hindusthani  Reader 585 

Histoire.  Voyez  les  titres  par- 
ticuliers des  ouvrages. 

Historiae  jucundae /igS 

Histor^'  of  Boondelas 3o3 

History  of  Joseph 583 

Hitopadéça 232 

Hiver  (  Poème  sur  V) 1 3o 

Holî 278,  549 

Homilies 576 

Hujjatulcuâ 439 

Humane  (  The  )   Society's  Ru- 

les 574 

Hurmuz  (Hist.de) 594 

Husn-i  ikhtilàt 433 

Husn   o    ischc 2  53 

Hydrocèle  (Sur  1'  ) Sgo 

Hygiène 598 

Hymnes  chrétiennes 574 

Ibrahim  and  his  happy  family.  583 

Icbâl-nâma 101 

Ikwân  ussafâ 239 

Indiau  Cookery 58o 

Injil 179 

Inschâ-i  murassa 578 

Inschâ-i  Yuçufî 544 

Intikhâh-i  ikhwân  ussafâ.,  .  .  24i 

Intikhâb-i  kulliyât-i  Saudà..  .  452 

Intikhâh-i  Sultâniya 296 

Tschtiyàc 1 56 

Jaandak  and  Hurak 596 


Page. 

Jahânguir-nâma 578 

Jaïn  (  Ouvrages  sur  les).  Voy. 

leurs  titres  respectifs. 

Jalwâ-nâma 193 

Jâmi  ulakhlâc 459 

Jâmi  ulhikàyàt 44i 

Jang-nâma 88,  472 

Jang-nâma-i  Râo  Bhâo 578 

Jardinière  (Sur  une) i64 

Jaya-Chandra  Prakâscha i4i 

Jazb-i  ischc 217 

Jésus-Christ  (Miracles  de) ..  .  595 

Jhûlanâ 278 

Jnyân  Prakâs 267 

Jnyâna-Samudra 484 

Jog  haçant  pothî 579 

Joguin  (  Sur  une  ) 1 64 

Joseph  et  Zalikhâ 58 

Journaux  hindoustani.   554,  582, 

584,  585. 

Jurisprudence  (  Sur  la  ) 597 

Kah  bidya 58o 

Kabîr  pânjî 277 

Kahit Pass. 

Kabita  Râniâyana 5 10 

Kacîr  ulfawâid. . 58o 

Kahâni  Scham  o  parvvâna..  .  58 1 

Kahâra 278 

Kalâ  Kâm ...  495 

Kalîla  o  Dimna 4o 

Kalpa  Kédar 58 1 

Kalpa  sûtra Ibid. 

Kâmrup  et  Kalâ 494 

Karîmâ 534 

Kaschf  ulkhulâça 446 

Kathâ  barmalâ 5i  i 

Kavi-hhadra  chéanti 1  o4 

Kavi  Prakâsch 58o 


624 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


Page. 

Kavi-Priya 292 

Khaïr  Khâh-i  Hind 582 

Khaïr  ulbayân 108 

Khâlic   bârî 58 1 

Khân-i  nimat 216 

Khan-i  ulwan 58o 

Khâs  grantha , 277 

Khâvvir-nâma 420 

Khâwir  Schâh  (Histoire  de) .    519 

Khirad  afroz ho,   267,  348 

Khulâça-i  Sultânî 446 

Khulàçat  ulmuâmalat 21 

Kîd-i  zan 58 1 

Kitâb-i  cawâïd 579 

Kitâb-i  Farâiz 22 

Kitàb-i  bazar  dburpad 579 

Kitâb-i  tacallubât 679 

Kitâb-i  tahajjî 579 

Kitâb  iarkon  ké  liyé 562 

Kitâb-i  mantar 58o 

Kok  Schâstar 55 

Kriscbn  cbandr 58 1 

Kriscbna  (Histoire  de).   i42,   807 

Kriyâ  Katbâ  Kaustubb 3o4 

KuUiyât. ,  .  i45  ,  278,  286,  343, 
374,  424,  45i,  454,  474, 
5o2,  552. 

Kundariyâ 192 

Labâb  abab 583 

Laïlâ  et  Majnûn 497 

Lait   (  Sur  le  ) 80 

Laknau  (Sur) 201 

Lai  o  gaubar 48 

Lac  ou  Lava  granth 475 

Latâif-i  Hindî 3o8 

Liber  de  re  militari 583 

Library  of  entertaining  Know- 
ledge     582 


Page. 

Little  (Tbe)  Girl  and  tbe  But- 
terfly     582 

Lizzat  unniçà 584 

Lois  mahométanes 583 

Looking-glass 582 

Lubb  uttawârîkb 11 

Lucy  and  her  motber 582 

Lugât-i  Hindî 583 

Maçadir-i  bbâkbâ 3io 

Madan  ulafàzil 6o3 

Madâr  ulafàzil 587 

Madhumalatî 399 

Madbu  nâyak  singâr .    587 

Madbûnal 3n,  35i,   534 

Mabâbhârata 188 

Mabâpralaya 257 

Mabâvîra  stava 586 

Mabdî  bénazîr 396 

Mabîna  Stotra 4o5 

Mabomet  (Poëmes  sur  ).  i45,  6o4 
Mabrattes  (Guerres  des)....    58o 

Majina-i  latâif. 11,   284 

Majmûa-i  àscbiquîn 2  3 

Majmûa-i  dawânîn 586 

Majmûa   talîm  ussabiyân. .  .  .    534 

Majnûn  et  Laïla 124 

Makbzan  ulislâm 585 

Maifùzàt-i  Jabânguîrî 586 

Manibaï  kà  barkâra 584 

Manâquib 434 

Mànatunga  cbaritra 35o 

Mangala 278 

Man  lagan 586 

Manobar  (Histoire  de) 899 

Mantac  uttaïr 578 

Manzùm-i  acdas 33 

Marçiya Pass. 

Marçiya-i  Miskîn 349 


TITRES  DES   OUVRAGES. 


G25 


Page. 

Mariage  de  Muliabbat  Kliân    353 

Alardé  Ké  alnvàl 52i 

Marie  (  Hist.  de  la  Vierge  ) .  .    SgS 
Martyrs  musulmans  (Les)...    208 

Masdar-i  Fayùz 46 1 

Masnawî Pass. 

Masnawî  dar  ahwâl-i  Kalcat- 

ta 398 

Masnawî-i  hucca 547 

Masnawî-i  jân  pahchân 587 

Matbû  ussabiyân 586 

Matière  médicale 596 

Mauaza-i  àràisch-i  maschûc. .  .      1 5 

Maulad  quissa 76 

Mazhab-i  iscbc 398 

Médecine   (  Traité  de  ) SgS 

Memoir  of  Mohan  Lâl 582 

Mémoires  de  Pétambur  Singb.  4o3 
Metbods  of  treatment  for  tbe 

recovery  of  persons  dead. .    584 

Miftàh  ussalat 242 

Mibr  o  màb 586 

Miracles  de  Jésus-Christ 595 

Mirâj-nâma i32 

Mirât  ulakbbâr 584 

Mîzân  ussarf. 087 

Modes  musicaux  (Sur  les  ) .  .    597 
Mois   (  Poëme  sur  les).  266,   522 

Mootufurrocat 584 

Moral  Precepts 582 ,  585 

Mor  pankbî 43 

Mrigâvati  cbaupaï 585 

Muazzam  Scbâb  (  Hist.  de  ) . .  .    4 1  o 

Mufarrih  ulculùb 56,   282 

Mufîd-i  Sabiyân 585 

Mubammad  Scbâb  (Hist.  de).    218 
Muhammad  Hanîf  (  Hist.  de ) .  88 , 

471- 

I. 


Page. 

Mubarram  (  Poëme  sur  le  ). .  .      19 
Muïzz  uddîn  (Hist.  de).  578,  5g4 

Mukrî 67 

Mûla  Sûtra 585 

Mûl  pancî 280 

iVIukbammas ,  .  Pctss. 

Muntakbâb-i  Tûtî-nâma 85 

Muntakbâb  ulfawâiz 42,77 

ÎNIurder  of  tbe  innocent  cbil- 

dren 583 

Musique  (Traité  sur  la).  262,  601 

Muzib-i  curân 5 

Nacl-i  Brabman <  .  ,    58 1 

Nacl-i  Maus 253 

Nacliyât 588 

Nadir  Scbâb  (Hist.  de) 209 

Nakba  Sikbâ 157 

Nal  Daman 898 ,   488 

Namâz  Subb  ké  abkâm 588 

Nâm  mâla 588 

Naskbabi  Kamîr 55 

Nasr-i  Bénazîr 281 

Nauras 238 

Nau  tarz  murassa 494 

New  Cyclopaedia  Hind.  (Tbe).  809 

New   Testament 587,  588 

Nikât  uscbscbuarâ i ,  342 

Nirmala  granth 386 

Niscbât  uliscbc 297 

Nîti  Katbâ 470 

Nosological  Table 11 

Notice  sur  les  fêtes  populaires 

des  Hindous 5o4 

Nrisingbopaniscbad 588 

Œil  (Sur  r) 589 

Œuvres.  Voyez  KaUijât. 

Oiseaux  (  Traitement  des)..  .    SgS 

Old  Testament 589 

ho 


626 


TITRES   DES  OUVRAGES. 


Page. 

Oordoo  risaiuh 281 

Organes  urinaires 556 

Oriental  fabulist 3i,  50i4 

Osteology 591 

Outlines  of  Geography  and  As- 

tronomy Sg  1 

Padma  purâna 592 

Padmawât  (Hist.  de  )..    249,  260 

Paganisme  indien. SgS 

Pakschi  Sûtra 592 

Panchâdhyài 887 

Panchhî  bâchhâ SyS 

Pand-nânia 533 

Pand-nâma-i   Atlâr i63 

Panghat  (Sur  un) i64 

Panipat  (Bataille  de) 3i5 

Parbal-pal Sgi 

Parsî-prakàs 5i9 

Pem  kaliànî 592 

Pem  kathâ Ibid. 

Pentateuch 592 

Perroquet  (Contes  d'un  ) .  83  ,  186, 

206  ,221. 

Phâdilalî-Prakâscha /1.79 

Pharmacopœia  Londinensis.  .  SyS 

Phûlban 8/1,  236 

Phûlwârî 592 

Pipe  (  Poëme  sur  la  ) . .    2  23,   5 47 

Pirtam-nâma 212 

Pitiful    Story    of  the   mother 

who  sacrificed  ber  infant.  .  582 

Pleasing  Instructor Sgi 

Pleasing  Taies IbiJ. 

Pluie  (Poëme  sur  la  ) 274 

Poétique 56 

Poisons  (  Sur  les) 602 

Polyglot  interlinear 3o3 

Pothî Pass. 


Page. 

Potbî  alankâr  singâr 593 

Pothî  daçam  iskandh 122 

Potbî  jnâu  bânî ,  etc 128 

Potbî  Gurù  Nânak  Scbâh. .  .  .    385 
Potbî  Hindî  az  Râm  Râé..  .  .    SgS 

Potbî   Kubuk  Lîlâ Ibid. 

Potbî  jagat  bîlâs Ibid. 

Potbî  lok  ukat ,  etc 474 

Potbî  prem 893 

Potbî  prît  bâl 598 

Potbî  Saïyid  Abmad 487 

Pratbama  grantha 287 

Prati-Kramana  Sûtra 5g  2 

Prem    Lîlâ 2  63 

Prem  Sâgar 1  42  ,  807 

Prem  Satwa  niriipa 3o3 

Prières  du  matin 588 

Principes  de  la  foi  musulmane.   559 

Pritbu  râjà  Râjâçû 1 4o 

Pritbwî  râjâ  cbaritra 1 38 

Prophètes  (  Hist.  des  )...  .    9,  345 

Prosodie  (  Traité  de  ) 285 

Proverbes  bindoustani.   5o2  ,  564, 

575,  6o5. 

Psalterium  Davidis 592 

Pûjâpaddbati 592 

Puruscbârtba  Slddbopâyana. .    592 

Purusch  Parîchà 5o4 

Quaçamiya 1 56 

Quatre  Derviches  (  Hist.  des  ).    64  , 

83,  4g3. 

Quiças  ulanbiya 346 

Quissa Pass. 

Quissa-i  Abû'lfaïz  Nûrî 2g9 

Quissa-i  Anàr  rânî 594 

Quissa-i  bandagân-i  Alî Sgi 

Quissa-i  Bîbî  bandî 595 

Quissa-i  buland  Akhtar 898 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


627 


Page. 

Quissa-i  bûm  o  baccâl 175 

Quissa-i  chandar-badan  o  mu- 

haïyar 2o5 

Quissa-i  Diiàrâm  o  dilrubâ. .  .  332 

Quissa-i  Dolî  nàma 543 

Quissa-i  mâh  munawar,  etc.  i58 

Quissa-i  mâh  o  païkar SgA 

Quissa-i  maïna SgS 

Quissa-i  Malîka 4o3 

Quissa-i  mallâh  o  mâhi ,  etc. .  472 

Quissa-i  Païrambarân 345 

Quissa-i  Roschan-i  zamîn. .  .  .  593 

Quissa-i  saïf  ulmulûk 327 

Quissa-i  scbaïkh    Zaâ 594 

Quissa-i  Tâlib  o  Mohanî.,..  529 

Raça-râjâ 333 

Raçarnava 48o 

Racik  bidyâ 596 

Racik  priya 293 

Râg  (Sur  les  ) 597 

Ràg-mâia 517 

Râj-nîti 309 

Râma   (  Hist.  de  ) 6o3 

Râmachandrica 292 

Ramaïnî 278 

Ramajanma 5ii 

Ràmânand  kî  goscbtî 278 

Ràma  Scbalakâ 5i  1 

Raraâyana 292,   407,  5o9 

Râmgaiiâwalî 5 10 

Ràm-vinod 596 

Raschk-i  barnâ-é  Hindî Ibid. 

Rascbk-i  parî 44 

Râs  lîlâ 488 

Ratna  cbûra  muui 596 

Raina   mâla 476 

Rauzat  ulalbar i65 

Rauzat  uschschuadâ..  .    i64,  471 


Page. 

Rauzat  uschscbuarâ 286 

Reader  (  Hindoostanee  ) .  .  .  .  585 
Réfutation  du  paganisme  in- 
dien   595 

Règlements    de  l'armée    an- 
glaise   595 

Rekbta 278 

Rhumatisme  (Sur  le  ) 589 

Riçâla Pass. 

Riçâla-i  açùla  o  ajùba 96 

Riçâla  dar  aschâr-i  mubarac- 

bâd 597 

Piiçâla-i  acâid 56o 

Riçâla-i  awârif. 598 

Riçâla-i  gazalân-i  Hind 89 

Riçâla-i  Gilchrist 23 1 

Riçâla  i  istikbrâj-i  chaumar. .  597 

Riçâla-i  jawàbir-i  asrâr 598 

Riçâla-i  jog Ibid. 

Riçâla-i  Kâinât 78 

Riçâla-i  Koksâr 56 

Riçâla-i  niçâb-i    Sabiyân....  597 

Riçâla-  i  Saïyid  Ahmad 439 

Riçâla-i  Schifâ  bakhsch 598 

Riçâla-i  surûd  o  râg 597 

Riçâla  nazm Ibid. 

Riyâz-i  ischc 596 

Rizwân  Schâh  (Hist.  de)...  77 

Rogântaka  sâra 596 

Rose  and  Pine  tree  (The)..  389 

Rose  de  Bakâwalî  (  La  ) 393 

Rossignol  et  la  Rose  (Le).  33,  582 

Rubâî  et  rubàyât Pass. 

Rubâyât-i  Saïyid  Alî 439 

Rucâ 164 

Rukminî  mangal 591 

Ruses  des  femmes 58 1 

Sabd 277 


628 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


Page. 

Sabdâwali h'] 5 

Sabba  bilâs 809 

Sacî  et  Panûn 356 

Sacountala 265  ,   889 

Sâdh(Surles) 128,   129 

Saf  îna-i  aschâr 600 

Sabasr  ras 517 

Saints  Hindous  (Vie  des)...    878 

Saïr-i  iscbrat 44 1 

Sâkhî 278 

Sakuntala-nâtak 265 

Sàlabbadra   cbaritra 601 

Salàçat Pass. 

Salâm , Pass. 

Salât  uljamaât SgS 

Sanscrit  (Sur  le) 602 

Sant  acbâri 475 

Sant  mabîma Tbid. 

Sant   opadéça Ibid. 

Sant  ParAvâna Ibid. 

Sant  Sâgar ^ Ihid. 

Sant  saran Ibid. 

Sant  sundara Ibid. 

Sant  vilâs Ibid. 

Santi  jina  stava 601 

Sapta  satika 124,  Sog 

Sâquî  nâma i56,  324,  534 

Saràfràz-nâma 2o3 

Sarf-i  urdû ,    458 

Satires 175,   289,  449 

Satnam  kabir 279 

Satsaï 123,  5io 

Saty  mukt 600 

SaAvàl  jawâb 600 

Scbabd.  Voyez  Sahd. 

Scbâb-nàma 209,   869 

Schàb  o  darvvescb 116 

Schamscber  khânî 359 


Page. 

Scbams  ulbayân 5o2 

Scbar-i  kbûb  tarang 558 

Scbar-i  Pem  kabânî 592 

Scbattrinsat  karma  katbâ. ..  .  601 

Scber  Scbâb  (  Hist.  de  ) 535 

Scbigarf  nàma-i  wilâyat 463 

Scbîr-nâma 80 

Scbirîn   scbakar 600 

Scbuala-i  iscbc 344 

Scientific  Dialogues 600 

Séances   (Les  Dix) 285 

Sélections   from   tbe  popular 

poetry  of  tbe  Hindoos. .  .  .  601 

Sélî  sanjîwan 483 

Sermon  on  tbe  mount 599 

Séva  Sakbî  \anî Ibid. 

Sbepberd's  Boy  (  Tbe  ) 582 

Sibr  ulbayân 200 

Sikandar-nâma 601 

Sikh  Tbeolog)' 567 

Sikb  darsan 386 

Sikbân   grantb Ibid. 

Sikbanî  bâbâ   nânak Ibid. 

Sin  no  trifle 600 

Singbâçan  battîcî.  267,  810,  484 

Siujar  siromani 599 

Sirât  ulmustaquîm 2  52 

Siva  cbaupayî 474 

Siva    Sâgara 476 

Siyar-i  mutaccadamîn 599 

Siyar  ulmutaakharîn 101 

Sketch  of  tbe  solar  System..  .  285 

Snéba-Lîlâ 289 

Solar  System 600 

Soldiers  Manual  (Tbe) 599 

Soratb 261 

Spelling  book 585 

Spiritualisme  (  Sur  le  ) j  94 


TITRES  DES  OUVRAGES. 


629 


Page. 

Srîpâla  charitra 4oi  ,  620 

Substance ofBeirs institutions.  699 

Suhràb    o  Rustam 290 

Suicide  des  veuves  indiennes.  602 

Sukhnidhân 277,  ^79 

SummuladoctrinœChrislianae.  698 

Sundar  bidyà 483 

Sundar  singar 1  gS ,  483 

Suniçâr 102 

Sûrdâs-kavitva 488 

Sûr  sâgar 486 

Sùyabhaya-Tûrî 601 

Swami  kartikéyânuprescbâ. .  .  269 

Tabarî  (Hist.  de) ,  .  ;  255 

Tacwiyat  ulimàn 25i 

Tâj  ulmulûk SgS 

Talîmât-i  khirad  afroz 4i 

Tambîb  ulgàfilîn 70 

Tambîdàt-i  aïn  ulcazat 6o3 

Tamyîz  ulmîzân 6o4 

Targuîb-i  jibâd 438 

Tarîkh Pass. 

Tarîkh-i  Ali  Adil  scbàb 4oo 

Tarîkh-i  âschâm 233 

Tarjama Pass. 

Tawallud-nàma-i  kbatùn-i  jin- 

nat 397 

Tazkira.    i36,    i44,    i65,  169, 
200,  3i3,  374 ,  468. 

Tazwîj-i  Bîbî  Fâtima 396 

Testament  (  Nouveau  ) 587 

Tibb-i  Hindî 593 

Tika 3o2 

Tipou   (  Hist.   de  ) 578 

Totâ  kahàni 206 

Treatise  on  suspended  Anima- 
tion   602 

Trône  enchanté  (  Lr  ) 5 1  o 


Page. 

Tubfa-i  kân-i  ilâj 6o4 

Tubfa-i  Elpbinstone 3i4 

Tûtî-nàma 85,   186,  206 

Tuzuk-i  Babarî 6o3 

Ulug  Beg    (  Nouvelles  Tables 

astronomiques   d').     17,  170, 

182,  3o3 ,  3i8. 
Urag-nâma.  Voyez  Ark-nâma. 

Urinary  Organs 556 

Uttara  kânda Sog 

Vacant 278 

Vaçanta-râjà 5o4 

Vaccine 589 

Vanî 599 

Vanî  bûschana 5o4 

Vârtta 5x8 

Védanta  (  Abrégé  du  ) 4 1 3 

Venom  of  serpents  (On  the).  591 

Vétâla  Pacbîcî 485 

Vétérinaire  (  Art  ). .  . 6o4 

Vijek.   Voyez  Bijeh. 

Vijnân  bilàs  ou  vilàs 182 

Vijnàna  guita 293 

Vinaya  Patrika 5io 

Virtue  and  Vice  contrasted.  .  583 
Vocabulaire  persan-hindousta- 

ni 586,  597 

Vocabulary  (  A  )  of  the  names 

of  buman  body  ,  etc 11 

Voyages  dTtiçâm 463 

Wâçûkbt 201 

Wafat-nâma-i  khatùn-i  jinnat.  397 

Wafat-nâma-i  Païrambar. .  .  .  6oi 

Wajau  grantb 475 

Wakefield  (Le  Minisire  de)  54 

Wâquiàt-i  Akbarî 78 

Wischnu  pada 5i8 

Yoga  Vasichta 60  5 


650  TITRES  DES  OUVRAGES. 

P-'ge-  Pi.g<.. 

Yûçui'  Zalîkhâ 58,   176     Zamîr  (Holi  de) 549 

Zafar-nània. 87     Zarb  ulamçâl 6o5 


FIN    DU   TOME   PREMIER. 


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