'^'^ysT'j^
OT'^
:^Ê<i,^
'^mi-
j^-y:
''fW'
^:Rf?r5K
-^^^-^^
HISTOIRE
DE LA
LITTÉRATURE HINDOU!
ET HINDOUSTANI
PAR M. GARCIN DE TASSY
PROFESSEDR À L'ÉCOLE SPECIALE DES LA?iGDES ORIENTALES VIVANTES
MEMBRE DE L'INSTITUT DE FRANCE
ET DES SOCIÉTÉS ASIATIQUES DE PARIS , DE LONDRES , DE CALCUTTA , DE MADRAS
ET DE BOMBAY
CHEVALIER DE LA LEGION D'HONNEUR, ETC. ETC. ETC.
The Hindi dialects liave a litciatuie of theii
own and one of vory great interest.
H. H. WlLSON, Introd. to M/ick. Coltecl.
TOME I
BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE
PARIS
PRINTED UNDER THE AUSPICES
OF THE ORIENTAL TRANSLATION COMMITTEE
OF GREAT BRITAIN AND IRELAND
M DCCC XXXIX
PIC
2031
^ R A^'
u3 1.0 1362
0 O *l 'i t/
A SA MAJESTÉ
LA REINE
DE LA GRANDE-BRETAGNE.
MADAME,
Il est tout naturel que j'aie sollicité l'honneur
de dédier à Votre Majesté un ouvrage qui traite
d'une portion de la littérature de l'Inde, de cette
vaste et belle contrée soumise à votre sceptre, et
qui ne fut jamais si heureuse que depuis qu'elle
dépend de l'Angleterre. On ne saurait être contre-
dit en avançant ce fait; et, d'ailleurs, des écrivains
hindoustani modernes le témoignent : on trouve
dans leurs ouvrages l'éloge de l'Administration bri-
tannlqiie, sous laquelle ne sont plus à craindre
les exactions ni la tyrannie des gouvernements in-
digènes.
Parmi les anciens souverains de l'Hindoustan,
ce fut une femme qui se distingua peut-être le
plus par son mérite personnel. En apprenant l'heu-
reux avènement au trône d'une Princesse aussi
accomplie que Votre gracieuse Majesté , les natifs
ont dû se rappeler cette sultane Razia qui leur
fut chère. Ils retrouvent, en effet, dans la Reine
Victoire la jeunesse et les rares cpiahtés de Razia;
et cette considération ne peut que les attacher
plus fortement encore au pays auquel la divine
Providence a voulu les assujettir.
Je suis, avec le plus profond respect,
MADAME,
DE Votre Majesté,
Le très-liuniblc cl InVobéissant serviteur,
GARCIN DE TASSY.
Paris, ce i F> avril iSSq.
PREFACE.
Il paraît que dès avant le xf siècle de notre ère, les
langues modernes de l'Inde avaient remplacé partout
l'idiome sacré des Védas. Celle qui surgit dans l'ancien em-
pire de Bharata fut désignée sous le nom générique de bhâ-
schâ ou bhâkhâ (langage) , et sous l'appellation plus spéciale
à'hindavî ou d'hinclouî (langue des Hindous). Cet idioine
nouveau était à peine formé quand eut lieu l'invasion
de Mahmoud le Gaznévide.Plus tard, lors de l'établissement
à Dehli de la dynastie Pathane, vers la fin du xii* siècle,
par suite des relations suivies qui s'établirent entre les Hin-
dous et les Persans, il se fit dans les villes soumises aux
Musulmans une sorte de mélange entre la langue des vain-
queurs et celle des vaincus. Ce mélange acquit un nouveau
degré de consistance à l'époque où le célèbre conquérant
Timûr s'empara de Dehli. Le marché de l'armée fut établi
dans la ville et reçut le nom tartare d'urdû, qui signifie
proprement armée et camp. Ce fut là surtout qu'on fut obligé
de parler le nouvel idiome hindou-musulman ; aussi reçut-il
le nom vulgaire de langue urdû, tandis que les poètes lui
donnèrent l'épithète de mêlé (rekhta). Vers le même temps,
le même phénomène philologique s'accomplissait, au midi
de l'Inde , sous les dynasties musulmanes qui régii^ent les
différents empires élevés successivement au sud de la Ner-
budda; et là l'idiome hindou-musulman prit le nom spécial
de dalilinî (méridional). Ces deux dialectes ^ comme ceux
' Seddon [Addrcss on iJtr lanrjiiagr and liicralurc of Asia) rrmarque,
A.
IV PREFACE.
d'oil et d'oc dans la Fiance du moyen âge, ont pénétié dans
l'Inde, l'un au nord, l'autre au midi, partout où les Musul-
mans ont étendu leurs conquêtes, tandis que l'ancien est
resté usité dans les villages, parmi les Hindous des provinces
du nord^; mais quoique ces idiomes diffèrent les uns des
autres dans le choix des expressions, ils ne forment néan-
moins, à proprement parler, qu'une seule et même langue,
soumise à une syntaxe unique, et ils sont tous désignés sous
le nom vague de hindi ou indien^, et par les Européens sous
celui dliindoustani ; et de même que l'allemand est écrit
avec des caractères latins ou gothiques, selon les lieux et
même selon le goût des personnes, ainsi, pour écrire l'hin-
doustani^, quoiqu'on emploie généralement aujourd'hui l'al-
avec juste raison , que l'urdû et le dakhnî ont le même rapport à l'hin-
douî que le turc à l'ouigour, et l'anglais au saxon.
' On nomme thenth ou hhârî boli (pur langage) l'iiindî sans mélange
de mots persans et arabes; braj-hhâhhâ , le dialecte particulier au pays
de Braj , celui des dialectes modernes qui se rapproche le plus de l'an-
cien hindouî; enfin purbi bliùkhd, une autre nuance du même dialecte
qui est parlée à l'orient [purb ) de Dehli.
^ On voit, en résumé, que l'hindoustani se divise en bindoustani an
cien ou bindouî, et en bindoustani moderne. L'ère de l'bindouî com-
mence 1;\ où finit celle du sanscrit. Le moderne se subdivise en trois
dialectes, deux au nord, un au midi. Ceux du nord sont l'urdû ou dia-
lecte musulman, et le braj-bhâkbà ou dialecte des Hindous (le même,
à peu près, que l'ancien bindouî). Le dialecte du midi ou dakbnî est
seulement employé par les Musulmans.
' On écrit l'bindoustani en caractères arabes ou en caractères indiens.
liCS premiers sont ou nastalic, ou naskbî,on scbikasta.Le nastalic est le
plus usité. Le naskbî est employé dans quelques contrées du Décan.
Le scbikasla est le caractère nastalic cursif. Les caractères indiens sont
ou dévanagarî ou kaïlhî nagarî ; ils ont aussi d'autres formes nagarî
plus ou moins distinctes. Le caractère kaïlbî nagarî est celui, entre
autres, des poésies de Kabir : on s'en est servi pour imprimer quelques
opuscules à Calcutta. Les lettres et quelques manuscrits sont écrits
en caractères nagarî cursifs.
PREFACE. V
phabet persan, les Hindous se servent souvent , comme leurs
ancêtres, de l'alpliabet dévanagarî ^
Je ne dirai rien ici des avantages politiques et commer-
ciaux de l'hindoustani. Ce fait, du reste incontestable, n'a
aucun rapport avec mon sujet. Mais, d'abord, comme langue
parlée, l'hindoustani a dans toute l'Asie une réputation d'é-
légance et de pureté qu'aucune autre ne possède". On cite
une sorte de proverbe persan d'après lequel les Musulmans
considèrent l'arabe comme la base des langues de l'Orient
musulman et comme le plus parfait des idiomes, le turc
comme celui des arts et de la littérature légère, et le persan
comme celui de la poésie, de l'histoire, de la haute cor-
respondance. Mais le langage qui sait adapter les qualités
des trois autres aux exigences générales de la société , c'est
l'hindoustani , qui leur semble préférable pour le langage de
la conversation et les usages pratiques auxquels on le con-
sacre spécialement^. Il est, en effet, dans l'Inde, l'idiome
usuel le plus expressif et le plus poli , comme il est le plus
utile à connaître à cause de la généralité de son emploi. Il
acquiert même tous les jour une nouvelle importance. Déjà
il a remplacé le persan dans les bureaux et les tribunaux;
il y sera substitué sans doute bientôt aussi dans la corres-
pondance diplomatique.
Comme langue écrite, je puis dire avec l'illustre india-
niste Wilson, dont j'ai pris les propres paroles pour épi-
graphe : Les dialectes hindi ont une littérature qui leur est
propre, et elle offre un très-grand intérêt; et cet intérêt n'est
' Lorsque j'ai reproduit les noms des auteurs et les titres des ou-
vrages dans les caractères originaux, j'ai employé, selon la circonstance,
l'alphabet arabe ou le sanscrit.
^ Voyez ce que dit là-de.ssus Amman, de DeliH, cité dans mes Rudi-
ments, pag. 80.
■' Srddon, Aàdrcss on the Icwcjiimje and litcralure of Asia, pag, 12.
VI PREFACE.
pas seulement poétique, il est historique, il est philoso-
phique ; et d'abord examinons l'intérêt historique de l'hin-
doustani. De précieuses chroniques (en vers) sur ce que je
pourrais appeler le moyen âge de l'Inde, existent en hin-
douî , qu'on peut nommer aussi la langue romane de l'Hin-
doustan. On a une idée de leur importance par celle du
poëme de Chand, écrit dans le xii* siècle, poëme d'où le
colonel Tod a tiré les Annales du Badj asthan , et par l'His-
toire des Bandélas de Làl Kavi, qui a écrit au commen-
cement du xvn* siècle, travail que le major Pogson nous a
fait connaître. S'il n'est parvenu jusqu'ici à la connaissance
des Européens qu'un nombre peu considérable de ces ou-
vrages, ce n'est pas une raison d'en conclure qu'il n'en
existe pas davantage. Le célèbre érudit anglais que j'ai déjà
cité nous assure que plusieurs ouvrages du même genre
sont répandus dans les États ràjpût^ 11 ne tiendrait qu'à
un voyageur zélé d'en obtenir des copies.
Il y a aussi en hindouî et en hindoustani des travaux
intéressants de biographie. Le principal est le Bhakta mdla,
sorte de Vie des Saints hindous les plus célèbres, écrite à
la fin du xv!*" siècle.
Quant à l'intérêt philosophique, voici surtout en quoi
il consiste, et ce fait curieux donne à Thindoustani un
caractère bien propre à le faire apprécier par les esprits
élevés. C'est l'idiome des réformes religieuses de l'Inde. De
même qu'en Europe les réformateurs chrétiens ont adopté
les langues vivantes pour tout ce qui a rapport au culte et
à l'instruction religieuse; ainsi, dans l'Inde, les chefs des
sectes modernes hindoues et musulmanes se sont servis géné-
ralement de l'hindoustani pour propager leurs doctrines ;
tels sont Kabîr, Nânak, Dàdii, Birfihùn, liakhtawar, et enfin
' Maclicit zic' s Cnlaln<jHr , [om. I, pap. iij.
PREFACE. VII
le saïyid Ahmad, le plus récent des réformateurs musul-
mans. Non-seulement ils ont écrit leurs ouvrages en hin-
doustani, mais les prières que récitent leurs sectateurs, les
hymnes qu'ils chantent, sont en cet idiome.
Enfin, la littérature hindoustani a un intérêt poétique
qui ne le cède à celui d'aucun autre langage, et cet intérêt
n'est certes pas le moindre. Chaque littérature, en effet, a
la couleur locale qui en fait le charme, comme à chaque
fleur, selon l'expression d'un poète persan ^ est une couleur
et une odeur différente. L'Inde est d'ailleurs le pays clas-
sique de la poésie; tout y est en vers, romans, histoires,
traités didactiques, dictionnaires, jusqu'aux légendes des
monnaies'^. Mais l'intérêt dont je parle ne consiste pas seu-
lement en une heureuse combinaison de mots agréables à
l'oreille , dans l'arrangement plus ou moins harmonieux de
lignes pompeuses; il a quelque chose de plus substan-
tiel, tant en descriptions utiles qu'on y trouve sur la
nature et le sol , qu'en détails ethnographiques curieux qui
nous donnent l'explication d'une foule de choses peu ou mal
connues. J'ajouterai que la poésie hindoustani est surtout
employée à populariser les doctrines les plus sublimes de
la religion et de la haute philosophie. En effet, ouvrez un
recueil de poésies urdù, et vous y trouverez célébrée sous
des allégories variées l'union de l'homme à Dieu. C'est le
' (^\jité,.]yS^:> (<jJ^ "ijCij îj i^^S^ Ji> . Cet hémistiche a été ainsi
paraphrasé par Afsos, dans son Araïsch-i Mahfil:
^ Voyez XAyeeii ahberj et l'ouvrage de Marsdfn intitulé Niimismata
Orientalia,
ym PREFACE.
taon et le iotus, le rossignol et la rose, le papillon et la
bougie.
Ce qu'il y a de plus abondant dans la littérature hin-
doustani, ce sont les diwân, ou recueils de gazai, sorte
d'odes sur une même rime, et, surtout en dialecte dakhnî,
les romans en vers. La même chose a lieu en persan et en
turc, et ces trois littératures ont des points nombreux d'ana-
logie. Il y a aussi en hindoustani beaucoup de chants popu-
laires d'un grand intérêt, et c'est cette langue qu'on emploie
le plus communément dans les drames de l'Inde actuelle.
Une grande partie de la littérature hindoustani , je dois
l'avouer, consiste en traductions du persan, du sanscrit, de
l'arabe ; mais ces traductions ont souvent de l'importance ,
parce qu'elles peuvent donner les moyens d'expliquer les
passages obscurs ou équivoques des originaux; quelquefois
même elles remplacent ces ouvrages lorsqu'ils sont malheu-
reusement perdus ^. Quant aux romans qu'on dit traduits
du persan, ce sont plutôt des imitations et même de nou-
velles manières de présenter des légendes connues, que de
véritables traductions; or une heureuse imitation est quel-
quefois préférable à la production première ; jamais elle
n'est dénuée d'intérêt^. Je dois dire d'ailleurs que j'ai trouvé
^ Comme c'est, je crois, le cas pour le Baïtal Pachîcî, par exemple.
Voyez l'article sur Surat.
^ On peut dire de toutes ces traductions ce que Wilâ dit de celle
qu'il a donnée du Tarihh-i Scher Schâhî : «Quelque parfait que soit, en
«son genre, l'original persan, je suis venu à bout de le reproduire
«d'une manière aussi parfaite. »
C'est à l'alla tueuse bienveillance du lélt secrétaire de la Société
asiatique du Bengale, que je dois un manuscrit do cet ouvrage.
PREFACE. IX
généralement plus de naturel dans les ouvrages hindoustani
que dans les persans. La littérature dont il s'agit semble
tenir, en effet, le milieu entre l'exagération persane et la
noble simplicité sanscrite.
C'est cette littérature presque inconnue à l'Europe dont
je veux dérouler le tableau. Je veux indiquer les ouvrages de
tout genre en vers et en prose qui l'enrichissent et la rendent
digne de l'attention du monde savant. Pour cela, j'ai lu un
grand nombre d'ouvrages hindoustani , et j'en ai parcouru
un nombre plus grand encore. J'ai eu soin de me procurer le
plus de manuscrits que j'ai pu; je suis allé deux fois en
Angleterre pour connaître les richesses hindoustani des
bibliothèques publiques et particulières, et partout, je dois
le dire, j'ai trouvé l'accueil le plus flatteur, l'assistance la
plus généreuse. La plus belle collection de manuscrits hin-
doustani à laquelle j'aie eu accès, c'est celle de la biblio-
thèque de YEast-India House ; et dans cette bibliothèque,
c'est surtout le fonds Leyden qui est le mieux fourni en ce
genre. Le docteur Leyden avait été examinateur pour l'hin-
doustani au collège de Fort-William i; il s'occupait beau-
coup de cette langue. Certes, si plusieurs autres orientalistes
avaient réuni autant de volumes hindoustani qu'il l'a fait,
je pourrais présenter un tableau bien plus étendu que celui
qu'il m'est permis d'offrir aujourd'hui au public lettré.
Pour les auteurs qui m'étaient inconnus, et afin de pou-
voir donner quelques détails sur d'autres, j'ai dû avoir gé-
néralement recours aux biographies et aux anthologies origi-
nales. Les ouvrages de ce genre que j'ai pu me procurer,
ou du moins consulter, sont les suivants :
' C'est le même savant à qui on doit la traduction des Mémoires du
sultan mogol Baber, complétée et revue par W. Erskine et publiée à
Edimbourg, en 1826, in-'f.
X PREFACE.
1° Nikdt uschschuard, ou les Bons Mots des Poètes, par
Mîr, biographie hindi rédigée en pensan ;
2° Tazkira-i Schiiarâ-é Hindi, ou Mémorial des Poètes
hindi, par Mushafî, rédigée aussi en persan;
3° Tazkira-i Schnarâ-é Hindi, ou Mémorial des Poètes
hindi, par Fath Ali Huraïnî, encore en persan;
4° Guhar-i Ihrâhim [idem], par le nabàb Ali Ibrahim
Khân;
5° Gulschan-i Hind, ou le Jardin de Tlnde, par Lulf,
biographie hindi rédigée en hindoustani;
6° Diwân-i Jahân, Anthologie hindoustani, par Bénî
Naràyan ;
7° Guldasta-i Nischât, ou le Bouquet du Plaisir, par
Mannù Lâl , sorte d'anthologie descriptive en persan et en
hindoustani.
Le plus étendu de ces ouvrages est celui d'Ali Ibrahim ^
Il contient des notices sur environ trois cents poètes, et
des extraits souvent considérables de leurs ouvrages. Le titre
de Gulzâr-i Ibrahim, ou Jardin d'Abraham, que l'auteur a
donné à cette biographie, fait allusion à son nom propre
et aussi au patriarche Abraham-. Notre biographe travailla
a cet ouvrage pendant douze ans, de 1772 à 1784. 11 ré-
sidait alors à Murschidàbàd, dans le Bengale.
' J'en ai deux exemplaires. Le plus ancien a appartenu à feu Turner
Macan, l'éditeur du Schah-ndma ; l'autre a été copié pour moi, dans
rinde , par l'entremise de mon lionorable ami M. Troyer. Le premier,
quoiqu'il soit écrit en scliikasta , est préférable au second, très-bien
peint en nastalic; mais on trouve dans l'un et dans l'autre des fautes
grossières et même des omissions, dans le second surtout.
- Pour comprendre celle dernière allusion, il faut savoir que , selon
les Musulmans, Nemrod, fondateur du culte du feu , fit jeter Abraham
dans une fournaise ardente, sur le refus du père des croyants d'adorer
cet élément, et (jur cpllc lomnaise se ebangea l'ii un parlerio de fleurs.
PREFACE. M
Je ne dirai rien sur les autres ouvrages que je viens de
citer; il en sera parlé aux articles respectifs des auteurs à
qui on les doit.
Malheureusement ces tazkira sont rédigés d'une manière
bien peu satisfaisante. Souvent on ne donne que le nom
des poètes dont il est parlé et quelques vers extraits de
leurs ouvrages comme spécimen de leur talent. Dans les
notices les plus étendues, on ne trouve presque jamais la
date de leur naissance, rarement celle de leur mort, et des
détails sur leur vie privée. On ne dit rien presque jamais
non plus de leurs ouvrages, on n'en donne pas même les
titres; à peine nous apprend-on si ces poètes ont réuni leurs
pièces fugitives en diwân, et on ne donne cette indication
que parce que les poètes qui ont publié un ou plusieurs
de ces recueils sont nommés auteurs de diivân, titre qui les
distingue des autres écrivains, et qui paraît équivaloir à
celui de grand poëte. La principale utilité de ces tazkira,
c'est qu'ils offrent de nombreux fragments de poètes dont
les ouvrages sont inconnus en Europe. Le seul des bio-
graphes originaux, Mîr, porte quelquefois son jugement sur
les vers qu'il cite; il en relève les plagiats et les expressions
qui lui paraissent inexactes ou défectueuses quant à la me-
sure, et il fait souvent connaître la manière dont il s'y serait
pris à la place de l'auteur de qui il cite des fragments. Sa
biographie est d'ailleurs, s'il faut l'en croire , la plus ancienne
de celles qui traitent spécialement des poètes urdù ^.
Outre les tazkira originaux auxquels j'ai pu avoir accès ,
il y en a plusieurs autres mentionnés dans le courant de
mon ouvrage, mais dont je ne sache pas qu'il existe une
seule copie en Europe. Toutefois il en est deux que je dois
signaler ici : ils font partie l'un et l'autre de la belle col-
' Préface du Nikdt uschschiiarà.
XII PREFACE.
lection de Sir W. Ouseley, frère de Sir Gore. Le premier,
c'est le tazkira d'Abuiharan; il est indiqué, sous le n° Sy/i
du catalogue imprimé de cette collection , comme une his-
toire des poètes qui ont écrit en hindoustani , rangés alpha-
bétiquement. Le second, mentionné sous le n" Syi, est
intitulé Tazkira-i Schuarâ-é Jahcinguîr Schâhi, c est-à-dire
Mémoiial des Poètes qui ont vécu sous le règne du sultan
Jahànguîr. On n'en désigne pas l'auteur, mais on a soin de
dire que plusieurs des poètes dont il y est parlé ont écrit
en persan , ce qui suppose que les autres ont écrit en hin-
doustani, et que c'est donc encore une biographie urdû.
Je n'ai pu voir ces deux tazkira; mais si, comme je l'espère,
j'en reçois la communication avant l'impression de mon
second volume, nul doute qu'ils ne me fournissent les
moyens de donner des renseignements nouveaux et curieux.
Les biographies originales qui ont servi de base à mon
travail sont toutes rangées par ordre alphabétique. J'ai suivi
cet exemple, quoique mon premier dessein eût été d'adopter
l'ordre chronologique : et, je ne le dissimule pas, cet ordre
aurait été peut-être préférable, ou du moins plus conforme
au litre que j'ai donné à mon ouvrage; mais il aurait été
difficile de l'adopter à cause de l'insuffisance des renseigne-
ments que j'ai eus à ma disposition. En effet , comme je viens
de le dire, les biographes originaux ne nous font souvent
pas connaître l'époque où les poètes qu'ils mentionnent ont
écrit; et quoiqu'ils en citent assez souvent des vers, on ne peut
guère juger du style, parce qu'il a subi parla transcription
des changements orthographiques qui les font paraître mo-
dernes, quoiqu'ils soient quelquefois anciens. Pour les au-
teurs hindouî, on n'est pas fixé non plus sur la date précise
des écrits de la plupart d'entre eux. Si j'avais adopté l'ordre
chronologique, il aurait fallu établir plusieurs catégories:
PREFACE. xm
j'aurais mis dans la première les auteurs dont i'époque est
bien connue; dans la seconde, ceux dont l'époque est dou-
teuse; enfin , dans la troisième, ceux dont elle est inconnue.
Il aurait fallu faire de même pour les livres dont la mention
n'aurait pu trouver place dans le corps de l'ouvrage. J'ai
dû renoncer à cet arrangement tant pour simplifier mon
travail que pour la commodité du lecteur.
J'ai donc classé par ordre alphabétique les auteurs dont
j'ai pu recueillir les noms, et j'ai rejeté à la suite, sous le
titre d'Appendice , la liste des ouvrages dont il n'a pu être
question dans la biographie ; et quoique ce tableau de la
littérature hindoustani soit nécessairement très-incomplet,
tel qu'il est , j'ose le croire , il ne peut manquer d'offrir de
l'intérêt : car on n'avait encore rien écrit sur cette matière ,
et Gilchrist lui-même , le fondateur de l'étude de l'hindous-
tani parmi les Européens, avait à peine cité les noms d'une
trentaine d'écrivains hindi. Aujourd'hui, malgré l'insuffi-
sance des matériaux que j'ai eus à ma disposition , je fais
connaître, dans ce premier volume seulement, sept cent
cinquante écrivains^ et plus de neuf cents ouvrages. Incidem
ment, j'ai parlé des productions persanes qui sont dues
à des écrivains urdû , et on ne sera pas étonné d'apprendre
qu'un bon nombre de poètes hindoustani ont fait des vers
persans et ont même écrit des ouvrages en cette dernière
langue , en se souvenant que Racine , Boileau , et la plupart
des poètes les plus distingués du siècle de Louis XIV, auraient
cru donner une mauvaise idée de leur instruction s'ils n'a-
vaient publié parmi leurs poésies quelques pièces en latin.
^ J'aurais pu consacrer des articles aux éditeurs indiens des ouvrages
hindoustani, et à ceux qui ont été chargés de les revoir, par le doc-
teur Gilchrist et par d'autres Européens; mais je me suis contenté d'en
parler subsidiairement quand l'occasion s'en est présentée.
XIV PREFACE.
La série des auteurs hindouî commence au \if siècle,
et s'étend jusqu'à nos jours ^ Celle des auteurs musulmans
du nord ofifre quelques poésies dès la fm du xiii® ou le com-
mencement du xi\^ siècle. Toutefois il faut descendre jus-
qu'au xviii" siècle pour trouver les poètes célèbres qui ont
jeté de l'éclat sur cette littérature: Saudâ, Mîr, Haçan. La
série des écrivains dalclinî cominence au xvi" siècle, et con-
tinue sans interruption jusqu'à nos jours. Cette branche de
la littérature hindi , qui a été entièrement négligée par les
Anglais , me paraît la plus riche en productions variées. Elle
occupe une grande place dans mon travail.
Mon ouvrage se composera de deux volumes. Le premier,
que je publie aujourd'hui, renferme : i° des Notices plus
ou moins étendues sur les écrivains hindî; 2° un Appen-
dice contenant des notices succinctes sur les ou\rages
anonymes et ceux qui ont des Européens pour auteurs-;
3° enfin, deux Tables, une des auteurs, et une autre des
ouvrages, chose indispensable dans un travail de ce genre.
Pour rendre les recherches plus faciles, j'ai resserré dans
un seul volume, qui est par conséquent complet, toute la
partie biographique et bibliographique ; et tant pour ne pas
grossir outre mesure ce volume que pour mettre plus
d'uniformité dans la proportion des articles, je n'ai fait que
' Il y a peut-être, dans les bibliothèques des princes de Tlnde, des
ouvrages liindî d'une époque antérieure; mais ils ne sont pas connus,
jusqu'ici, des Européens, l^armi les chants populaires, il s'en trouve
sans doute de fort anciens : j'aurai occasion d'en j^arler dans mon second
volume.
* Outre les ouvrages que je signale , il y en a une foule d'autres dont
j'ai trouvé çà et là l'indication sous les titres vagues de hitâb ou fwtlii
(livre); quissa, hiluiyal ou nacl (histoire) ; masiicnri . cacîda, riçdla-inan-
zûnui ( poënic ) , etc., sans compter les titres illisibles et les volumes sans
titres, d'après le malheureux u.sage des Orientaux.
PREFACE. XV
de rares et courtes citations. J'ai réservé, pour le second
volume, les morceaux les plus longs et les analyses. Ce sera
la partie vraiment anthologique.EUe se composera : i" d'Ex-
traits et d'Analyses des principaux ouvrages hindî; 2" de la
Liste des ouvrages élémentaires publiés sur l'hindoustani;
3° sous le titre d'Additions à la Biographie et à la Biblio-
graphie, je donnerai les renseignements nouveaux que
j'aurai obtenus pendant et depuis l'impression du premier
volume ^
Il me reste un devoir à remplir, celui de remercier les
honorables membres du Comité des traductions orientales
de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, et en particulier leur
respectable président, Sir Gore Ouseley, de ce qu'ils ont bien
voulu encourager, par une large souscription, la publica-
tion d'un ouvrage que leur règlement semblait repousser.
Ils m'ont ainsi facilité les moyens de mettre au jour un
travail où se trouvent révélés des faits nouveaux qui seraient
restés peut-être ignorés longtemps encore sans leur généreux
appui.
Pour me conformer à l'article xxxiii du règlement de l'O-
riental Translation Fund, je dois faire connaître l'ortho-
graphe que j'ai adoptée. Cette orthographe est la même que
j'ai suivie dans ma traduction des Aventures de Kâmrûp, et
que j'ai développée dans la préface de cet ouvrage, imprimé,
comme celui-ci , sous les auspices du Comité des traductions
orientales.
J'ose me flattei* que ceux qui apprécient les études lit-
téraires liront mon ouvrage avec plaisir, malgré les défauts-
' J'aurais pu déjà donner, à la fin de ce volume, avec quelques cor-
rections, de nombreuses additions; mais, pour ne pas le rendre trop
fort, je ne les publierai que dans le second.
- On trouvera, entre autres, dans les noms propres, bien des inexac-
XVI PREFACE.
([u'ils pourront y reconnaître ; et qu'il me soit permis de dire
à ce sujet avec Wali :
« Je soumets mes écrits aux connaisseurs, de même qu'on
« fait estimer les pierreries par les joailliers ^ »
litudes qui se sont glissées malgré toute mon attention. Je laisse à la
sagacité du lecteur le soin de les rectifier.
' Pag. 122 de mon édition.
HISTOIRE
DE I. A
LITTÉRATURE HINDOUI
ET HINDOUSTANI.
BIOGRAPHIE
ET BIBLIOGRAPHIE.
ABD ULBARR^
Poëte hindouetani, qui est cité seulement par Mil'
Taquî , dans sa biographie intitulée Nikât usschuarâ , ou
Bons mots des. Poètes'-^.
ABD ULCADIR.
Maulànâ Scliâh Abd ulcàdir^, de Dehli, auteur d'une
traduction hindoustani du Coran imprimée à Hougly *
jM) »yj<£. serviteur du Juste [par excellence).
^ Il a été parlé de cet ouvrage dans la préface, et il en sera encore
parlé plus loin, à Tarticle sur Mîr. C'est à rextrême obligeance du sa-
vant et respectable Sir Gore Ouseley que je dois la communication du
seul manuscrit de cette biographie qui existe en Europe.
' jiViJI >>sA£ serviteur du { Tout-) Puissant.
* En l'année 1829, deux tomes en un vol. in-fol. de 85o pages.
1. 1
2 BIOGRAPHIE
( sous le litre de Mdzih-i Ciirân ', ou Exposition du Co-
ran), était fils du schaïkh Walî uHah et petit-fils d'Abd
urrahman, de Dehli. Son père avait traduit le Coran
en persan-, mais quoique la connaissance de cette langue
soit beaucoup plus répandue dans l'Inde que celle de
l'arabe, toutefois la masse des Musulmans l'ignore, et
ainsi, le but que se proposait le père de l'auteur, celui
de propager la connaissance du livre de Mahomet , n'é-
tait qu'à demi rempli. C'est ce que sentit bien Abd
ulcâdir-, et pensant, comme il le dit dans sa préface,
qu'il n'était pas plus difficile de traduire le Coran eu
bindoustani qu'en persan, il entreprit ce travail, lieu-
reux de rendre par là un service signalé à la cause
de la religion musulmane, en faisant connaître les vrais
principes de cette religion, ignorés de la plupart de
ceux à qui les livres arabes et persans sont inacces-
sibles. ((Les Musulmans, dit-il à ce sujet dans sa pré-
((face, sont tenus de connaître Dieu, tel qu'il s'est
((révélé aux hommes; ses attributs et ses ordonnances,
(( ce qu'il aime et ce qu'il désapprouve : car hors de son
((Service il n'y a rien, et celui qui n'en observe point
(( les règles n'est pas son serviteur. Or la connaissance
(( de Dieu ne s'acquiert que par l'indication qu'on nous
(( en donne. L'homme naît dans une ignorance com-
((plète-, tout ce qu'il apprend, on le lui enseigne; mais
(( quelque confiance que méritent les paroles de ses
((instituteurs, elle n'est cependant pas comparable à
(( celle que l'on doit accorder à la parole de Dieu ; car la
(( direction qu'on y trouve n'existe point ailleurs. »
ET BIBLIOGRAPHIE. 3
Abd ulcâdir fait ensuite connaître la méthode qn'il
a suivie dans sa traduction. Il dit, d'abord, qu'il ne lui
a pas paru nécessaire de rendre l'arabe mot à mot, parce
que la construction de l'hindoustani est tellement éloi-
gnée de celle de l'arabe, que si on suivait celle-ci, il
serait impossible de saisir le sens du discours. Il an-
nonce, en second lieu, que pour être bien compris de
tout le monde, il a écrit en hindoustani courant, et
non pas en relihta, c'est-à-dire dans le style relevé,
employé par les poètes. Ce ne fut qu'après avoir ter-
miné sa traduction, que, pour se rendre aux vœux
qu'on lui exprima, il y joignit des notes exégétiques,
qui ne font point proprement partie de l'ouvrage, et
que les copistes, dit-il, peuvent transcrire ou omettre
à volonté. Le titre de Mûzih-i Carân, que Abd ulcâdir
donna à son ouvrage, indique à la fois quel en est le
sujet et quelle est la date ou tarikh de sa composition.
En effet, en additionnant la valeur numérique des lettres
qui composent ces deux mots , on a le nombre , c'est-à-
dire l'année de l'hégire i2o5 ( i8o3 de J. C. ), époque
où ce travail fut achevé.
Cette traduction ne tarda pas à être connue, et sa
fidélité hit généralement appréciée par les juges com-
pétents; aussi des copies furent-elles bientôt répandues
parmi les Musulmans. Mais ce mode de publicité, lent
et difficile, était loin de satisfaire le besoin d'instruc-
tion religieuse qui se fait vivement sentir parmi les Mu-
sulmans de l'Inde. Il était réservé au saiyid Abd ullah ^
' Voyez son article.
i,
4 BIOGRAPHIE
de remédier à cet inconvénient, en publiant l'ouvrage
d'Abd ulcâdir.
Le style hindoustani, tant de la traduction que des
notes, est très-pur et très-clair; on a même adopté
une sorte de ponctuation pour en faciliter l'intelligence.
La traduction me paraît fort bonne : elle est bien pré-
férable à celle dont on a donné des extraits dans le
Hidâyat iilislcim. Les notes sont pleines de sens ; on v
trouve bien rarement de ces arguties scolastiques qui
rendent insipide la lecture des commentateurs arabes.
Elles sont empreintes d'un esprit religieux de liberté ,
qu'on ne s'attend guère à trouver dans l'ouvrage d'im
docteur musulman; elles ont, en général, peu d'éten-
due. «Les meilleurs discours, dit Walî \ ne sont pas
« les plus longs , mais ce sont ceux qui , en peu de
(( mots , expliquent clairement ce qu'on veut exprimer. ))
Pour donner une idée de la manière dont est exécuté
ce travail, j'en ai cité ailleurs quelques passages '-. J'en-
gage le lecteur à en prendre connaissance. Il y en a
plus qu'il n'en faut pour donner une idée assez exacte
d'un ouvrage important, non-seulement pour l'Inde
musulmane, mais encore pour l'Europe savante. Nul
doute que ce travail ne puisse être consulté avec avan-
tage par celui qui voudra enfui donner, en français,
une traduction du Coran faite non sur le latin de Mar-
racci ou l'anglais de Sale, mais sur le texte arabe.
' Voyez le texte, pag. 128, lig. 9.^ de mon édition des Œuvres de
ce célèbre poète du Décan.
* Journal des Savants, an i836. Je reproduis, du reste, ici et dans
l'article suivant, une partie de ce que j'ai déjà dit dans ce recueil scien-
tiGque et littéraire.
ET BIBLIOGRAPHIE.
ABD ULLAH.
SaïyidAbd ullah ', fils du saïyid Balladur Alî^, petit-
fds du saïyid Haçan et arrière-petit-fds du saiyid Ja-
far, naquit à Sawâna, ville à treize kos sud de Thanéçar,
et à cinq journées de marche de Dehli, Ses ancêtres
habitèrent Laliore avant de résider à Sawâna. Un d'eux,
le sclîâh Zaïd, général d'année, vint de Lahore à Sa-
wâna, avec ses frères, pour combattre le râja hindou
de ce pays. Après l'avoir vaincu, il périt martyr en
cet endroit. Ses frères et ses enfants se fixèrent à Sa-
wâna, et gouvernèrent quelques villes des environs. Il
y a eu, dans cette famille, plusieurs saïyid distingués;
elle remonte à l'imâm Ali Asgar, petit-fds de l'imam
Zaïn ulàbidin.
Le saïyid Abd uUali s'était retiré à Calcutta, où il ré-
sidait depuis quelque temps, lorsque l'émir des croyants,
l'iniâni des Musulmans ( comme il le nomme ) , sa sci-
fjnearie le saïyid Ahmad, vint à Calcutta, conduit par le
désir de s'y embarquer, pour aller faire le pèlerinage de
la Mecque et de Médine. A cette époque, Abd ullah
avait déjà réfléchi sur la position fiïcheuse des Musul-
mans de l'Inde britannique , où , indépendamment des
mauvais exemples que leur donnent les païens hindous,
ils en trouvent souvent de pernicieux parmi les Euro-
péens auxquels ils sont soumis et qu'ils sont obligés de
' aMI tXA£ scnilcui de Dieu.
^ Voyez rai'licle consacre à cet ccmain.
0 BIOGRAPHIE
fréquenter. «Aussi, dit-il, la crainte de Dieu, de son
«prophète et dos magistrats musulmans, s'est éloignée
« de leurs cœurs. Ils ont quitté la voie droite de l'isla-
« misme , et sont tombés dans celle de l'idolâtrie et des
u innovations, s'étant livrés , à leur gré, à tous les désirs,
« sans en être empêchés. » Abd uUah regrettait que les
gens instruits d'entre les Musulmans ne s'occupassent
pas un peu plus de l'instruction religieuse du peuple.
Il n'y avait pas longtemps qu'Abd ullah avait fait ces
sages réflexions, lorsqu'il fut admis, avec des centaines
de Musulmans , dans la nouvelle secte d'Ahmad , et eut
l'honneur de faire, en sa compagnie, le pèlerinage des
villes saintes de l'islamisme. Pendant le temps qu'ils
restèrent dans ces villes pour y accomplir les rites du
pèlerinage, Ahmad, qui était le fils d'une sœur d'Ahd
ulcâdir, eut occasion de voir, chez Abd ullah, l'exem-
plaire que ce dernier possédait de la traduction hin-
doustani du Coran, dont le même Abd ulcâdir était
l'auteur, et il en voulut prendre copie dans le lieu
même du pèlerinage. Il exprima en même temps l'opi-
nion que, si fon publiait cette traduction, on pour-
rait espérer que les Musulmans connaitraient enfin la
parole de leur Créateur et s'y conformeraient. Ces
simples paroles furent un ordre pour Abd ullah. A son
retour de Calcutta, il mit la mahi à l'œuvre, et, avec
faide de Maulânâ Abd ulhaïyî, de Maulânâ Muliam-
mad Ishac, de Dehli, et de Maulavvî Haçan Ali , de
Lakhnau, il revit la traduction d'Abd ulcâdir, v ajouta
quelques notes, et prépara la copie qui devait être li-
vrée à la presse. Lorsqu'il étail (mi doute sur (juclque
ET BIBLIOGRAPHIE. 7
passage, il consultait une traduction hindouslani ^ à la-
quelle son père, le saïvid Balladur Ali, avait travaillé ,
le commentaire du défunt Maulànà Schàh Abd idazîz^
intitulé Tafcir-i Azizia, c'est-à-dire Explication d'Azîz;
le Tafcir-i Haçdini, c'est-à-dire le Commentaire de Hu-
çaïn Wàïz Kàschifî, auteur de Y Anwâr-i Suhaïli , et de
Ijonnes copies du Coran. Non content d'imprimer ce
travail, Abd ulcàdii', notre éditeur, l'accompagna du
texte arabe , et rendit la version liindoustani interli-
néaire-, il n'est pas inutile de remarquer, en effet, que
c'est à lui que cette traduction doit cette forme qu'elle
n'avait pas dans l'origine. Abd uUah la lui a donnée pour
faciliter fusage du Coran à ceux qui ont quelque tein-
ture de cette langue, ce qui n'empêche pas qu'on
puisse lire la version liindoustani, sans s'occuper du
texte arabe. On m'a assuré, du reste, que d'autres tra-
ductions interlinéaires du Coran sont répandues dans
l'Inde, surtout dans le Décan.
Le Aolume se compose du texte arabe, imprimé avec
beaucoup de soin, et accompagné de tous les signes
de ponctuation et d'abréviation particuliers au Coran,
et que notre illustre orientaliste, feu M. de Sacy, a fait
connaître dans sa Grammaire arabe; d'une traduction
interlinéaire liindoustani, et de notes marginales exé-
gétiques, écrites dans la même langue. Le titre de chaque
chapitre est accompagné de l'indication du nombre de
' Celle, apparemment , dont on a donné des extraits dans l'Eucologe
iiHisulman , imprimé à ('alcuUa, sons le titre de lUdàyat iiUslâin.
- N'oyez, au sujet de ce porsounaj^^e, ma Notice sur des vctemcnls k
inscriptions, dans le u" d'avril i838 du Journal asiatique.
8 BIOGRAPHIE
mots el de lettres qui le composent; ce titre, pom' la
facilité des recherches , est répété en tête de toutes les
pages. Les sîpâra ou trente juz, divisions du Coran,
leurs moitiés, leurs tiers, les riicû (c'est-à-dire les
versets qu'on doit lire en s'inclinant ) , y sont exacte-
ment indiqués. On a eu soin de suivre, pour ces sub-
divisions, l'ordre de la concordance du Coran, imprimée
à Calcutta, sous le titre de Nujâm ulfurcûn. Elles sont
indiquées par un din , dernière lettre de leur nom
arabe, suivi de leur numéro d'ordre. Il y a, de plus,
ce qu'on ne trouve dans aucun manuscrit, les numéros
d'ordre des versets, imprimés dans une colonne parti-
culière, en marge. Les notes sont désignées par la lettre
fé; et quand il y en a plusieurs à la suite l'une de
l'autre, l'éditeur a eu soin de leur donner des numé-
ros , pour qu'on retrouve plus facilement celle dont on
a besoin. Les deux parties qui composent ce volume^,
se terminent par une liste de quelques mots de l'idiome
nommé thentli hindi ou pur hindoustani, et encore kharî
boli^ ou vrai langage hindoustani; mots peu usités dans
la langue vulgaire, et dont l'éditeur a donné les équiva-
lents en hindoustani plus usuel.
' Outre cette édition, il v en a une autre, imprimée comme la pre-
mière à Ilougly (en iSS^). Je dois ce renseignement au savant et célèbre
professeur II. II. Wilson, qui a, comme moi, un exemplaire de la pre-
mière. On m'avait aussi annoncé, en juillet i833, qu'on s'occupait, à
cette épofjuc , de donner, à Serampore, une édition litliograpliiée de
celte traduction du Coran, cl qu'on devait y joindre une version an-
glaise. Enfin on en avait commencé une autre édition , à Ca« npour, en
i834; mais elle n'a pas été aclievéc.
^ W. Priée, de Calcutta, a donné un vocaljulairc kluuî ]i{ilî,p(uir
le Prem sâijar, ouvrage dont il sera parlé plus Idin.
ET BIBLIOGIVAPHIE. 9
Non-seulement l'auleur a consacré à ce travail un
temps considérable, il en a encore supporté tous les
frais, afin, dit-il, de n'être à charge à aucun de ses
frères musulmans. Toutefois, son zèle, si désintéressé,
ne l'a pas mis à l'abri de la critique. En effet, plu-
sieurs Musulmans, qui occupaient un rang distingué,
blâmèrent violemment cette entreprise; pareils, en
cela, à ces Chrétiens ombrageux qui désapprouvent la
propagation des saintes Écritures. L'éditeur, cependant,
ne se découragea pas, et il rend grâces à Dieu, dans
son épilogue , de ce qu'il a fait retomber la calomnie sur
les calomniateurs, et qu'il a délivré son serviteur de
la méchanceté de ces Musulmans égoïstes, impassibles
sur les erreurs de leurs frères, et qui prétendent être
très-religieux , tandis que leur foi n'est pas même com-
parable au vétyver. « Dieu nous garde , s'écrie-t-il , de
(( telles gens ! Leur bien n'est que mal Ils sont
« enlacés dans le filet trompeur du monde , et sont
« morts pour la religion ; car leur seule affaire consiste
(i à gagner quelques roupies. Quel rapport y a-t-il entre
« eux et la bonne direction ? »
ABD ULLAH, DU DÉCAN.
On doit à cet écrivain hindoustani un masnawî in-
titulé Darr nlmajâlis\ la Perle des Assemblées. Ce
poëmc contient la vie des prophètes mentionnés dans
le Coran, Il y en a un exemplaire iiiiS" à la bibliothèque
de YEcist-lmlia Hniise. Il existe des ouvrages en prose
10 BI^GIIAPHIE
hindoustani sur le même sujet. Voyez l'article sur Miràu.
Parmi les livres persans de la bibliothèque de l'in-
fortuné Tippou , il y en a un qui porte aussi le titre de
Durr majâlis. C'est un recueil d'anecdotes sur différents
personnages, depuis les temps les plus anciens jusqu'à
Khâja Sùfiàn Sûrî : on y trouve aussi une description
du ciel et de l'enfer. Saïf ulzafar Nobcbarî en est fau-
teur. Il paraît que cet ouvi'age a été traduit en bindous-
tani; car, au nombre des livres hindoustani du ministre
du Nizâm, à Haideràbâd, il y a un volume intitulé Tar-
jamai darr-i majâlis, c'est-à-dire traduction du Durr-i
majâlis.
ABD ULMAJID.
Hakîm Maulawî Abd uimajîd \ médecin musulman,
comme son titre de hakim f indique, était, en i835,
cazi ul cuzât du Sadr-i Diwâni Nizâmat uddaula de la
présidence de Calcutta. Il était auparavant professeur et
médecin au collège musulman de la Compagnie, et sur-
intendant-adjoint à f Institution médicale des natifs,
sous le docteur John Tytler - qui en était le chef, et qui
pendant sept ans eut continuellement recours à lui,
pour des traductions en hindoustani. Il a, entre autres,
' fc\>jsci ^A£ scroiteiir du Louable [par excellence) , c'est-à-dire de
Dieu.
- Ce savant recommandable est mort en Angleterre le 5 mars 1837.
Voyez une notice circonstanciée et intéressante sur sa vie et sur ses
ouvrages dans YAsiaiîc Journal, nouv. sér. tom. XXIII, pag. 1 et suiv.
Le docteur Bramiev , qu'on lui avait préféré pour la direction du
collège médical des natifs, que John Tyller avait conduit avec tant dr
zèle pendant plusicu» années, e.4 mort à l'âge de trente-trois ans,
le )8 décciiilur i83(3, deux mois cl demi avant Tytler.
ET BIBLIOGRAPHIE. 11
rédigé, conjointement avec Lewis Dacosta , une traduc-
tion hindoustani des Eléments d'histoire cjénérak ancien-
ne et moderne, par Tytler (depuis lord Woodhouselee ),
et la continuation de cet ouvrage , par le docteur
Nares, jusqu'en 1820. Cette traduction, intitulée Lahb
iittaivarîhh \ a été imprimée à Calcutta, en 1819, par
l'ordre et aux frais de la Société pour l'éducation des
natifs de Bombay, en trois volumes in-li". Elle est
écrite d'un style simple et intelligible , et sa lecture ne
peut qxl'être avantageuse pour l'instruction des Indiens-,
seulement, il me semble qu'il y a trop de mots arabes
et persans, comme- dans presque tous les ouvrages ré-
digés sous la direction des savants anglais. Abd ulmajîd
a aussi aidé Kalî Kriscbna dans la rédaction du Majma
ullatâïf, ouvrage dont je parlerai dans l'article consacré
à ce râjà distingué.
ABD ULWACL
Abd ulwâcî-, de Hànsav, est auteur d'un Dictionnaire
hindi, cité par Breton dans son Vocabulaire médical ' et
intitulé Hansâwi, du nom de la ville natale de l'auteur,
nom qui lui sert aussi de nom propre. Hânsav est appa-
remment la ville à laquelle nos cartes européennes
' ;<7j!»jc)î «_^ Essence des chronicjues.
^ (X^wSkJl ^A^ sei-viteur de l'immense (Dieu).
' A Vocabularj of ihe names of ihe varions parts oj thc human bodv,
and of médical and technicai ternis, in Enfjlish , Arabie. Persian. llindee
and Sanscrit, by P. Brelon, uu vol. iii-i", CaicuUa , 1827. C"esl,je crois,
le même ouvrage tiui, est souvent désij^ué sous le titre de Nosoloijical
Table.
12 BIOGRAPHIE
donnent le nom de Hansi. Elle est située dans la pro-
vince de Delili, sur le canal construit par le sultan Fi-
roz, lat. 28° 5Zi' N., long. 7 5° 09' E. Cette ville lut
prise parles Musulmans Gaznévides, dès l'année io35;
et, vers la fm du xvni* siècle, elle attira de nouveau
l'attention comme capitale de la principauté de peu
de durée que se forma l'aventurier George Thomas '.
ABD URRAHIM-.
Ecrivain hindoustani dont Mîr cite un vers qui si-
gnifie :
Lorsque le moment de la séparation de ma bien-aimée est
arrivé , j'ai perdu mes sens et ma raison , je suis devenu fou
{majnân), et j'ai suivi ma Leïla dans le chemin où elle est
allée.
ABIDF.
Ecrivain du Décan à qui on doit un masnavvî intitulé
Dhiyâ Calbi \ d'après le nom d'un compagnon de Maho-
met sur lequel il roule. Je possède, de ce poëme, un
manuscrit que je dois à l'obligeance de mon ancien au-
diteur, M. le professeur Falconer. C'est un in-Zi" de
2 3 pages qui se termine par deux cacîda. Voici en peu
de mots le sujet de cette production : Dhiyâ Calbi était
arrivé à l'âge de soixante ans sans être marié , lorsque
le tableau de la résurrection s'offrit à lui en songe.
' Voyez W. Hamillou, Êa5<-/nt/ja Gazetteer. toni. I, pag. 629.
- <<s=^jJ{ J'kj^s. serviteur da Miséricordieux {par excellence).
^ (^tXjLc, adjectif dérivé de «XjLc, s. m. adorateur {de Dieu),
dévot.
ET BIBLIOGRAPHIE. 13
Il vit des enfants qui montaient au ciel, soutenus par
des anges, et il les entendit demander où étaient leurs
père et mère. On leur répondit qu'ils avaient mé-
rité l'enfer et qu'ils y avaient été jetés. Ces enfants
intercédèrent alors pour leurs parents, au nom de Ma-
homet et de Fatime, et Dieu se rendit à leurs prières.
A son réveil Dhiyâ Calbî était pensif et rêveur. Ses dis-
ciples lui en demandèrent la raison. « Cherchez-moi
u une femme, leur dit-il, je veux me marier.» Il se
maria effectivement, et dans la première année de son
mariage il eut un enfant; mais il le perdit bientôt, ainsi
que six autres qu'il eut ensuite. Jusque-là le père et la
mère s'étaient résignés à la volonté de Dieu, mais à la
dernière fois ils rejetèrent la patience et firent un grand
deuil. Le mari voulut divorcer; la femme lui représenta
qu'elle avait vieilli auprès de lui, qu'elle avait porté
sept enfants dans son sein, et qu'il était de la dernière
injustice de s'en prendre à elle de leur mort. Dhiyâ
Calbî se leva néanmoins et quitta la maison; sa femme
s'attacha à ses pas et le suivit dans les jangles. Là, ayant
éprouvé une soif ardente, ils se mirent à la recherche
d'une source et finirent par trouver un bassin d'eau;
mais il n'y avait ni corde, ni seau, ni vase pour en
puiser. Il leur vint à l'idée d'appeler à leur secours leurs
fils défunts, qui se manifestèrent en effet à eux, l'un
après l'autre , du monde invisible , et le boftheur brillait
sur leur figure. Le septième, dont la mort les avait jetés
dans le désespoir, vint à son tour; mais celui-là était
ensanglanté et couvert de haillons. Ils surent par lui
que c'était à leur manque de résignation qu'il devait la
l'i BIOGRAPHIE
condition fâclieiisc où il se trouvait. Ils se convertirent
alors, se réconcilièrent et purent iDoire de l'eau du
bassin, par l'entremise de leurs fils. En ce moment ils
apprirent que ce bassin n'était pas autre chose que la
fontaine de Rauçar ', et que l'eau qu'ils avaient bue était
celle du paradis. Heureux, ils retournèrent à leur mai-
son , et Dieu les bénit par la naissance de sept nouveaux
fils qu'ils eurent la satisfaction d'élever et à qui ils ins-
pirèrent la crainte de Dieu; ceux-ci eurent, à leur tour,
des enfants qui réjouirent la vieillesse de Dhiyâ Calbî.
Abidî tire de là cette moralité, que nous devons
supporter avec patience les fâcheux événements qui
nous arrivent. Ce petit poëme où l'on trouve des ré-
pétitions et des longueurs comme dans la plupart des
masnawî, est écrit dans le pur dialecte dakhnî, pareil
à celui de la traduction de VAnwâr-i Suhaïli, imprimée à
Madras.
ABJADI^
Poëte dakhnî à qui on doit un diwân qui se compose
seulement de gazai et de rubâî. La bibliothèque de
VEast-India House possède un exemplaire de ce recueil,
lequel porte le titre de Dùiân-i Abjaâi ^'. Il est écrit dans
le dialecte dakhnî, mais très-rapproché del'urdû; ce qui
doit faire supposer, selon M. Shakespear, que l'auteur
a vécu près de Bombay où l'on parle un dialecte qui
s'éloigne très-peu de celui d'Agra et de Dehli.
' Fontaine du paradis.
' ^tX^i alphabéticjup ; ce mot est le takIiaUns ou surnom poétique
de cet écrivain , dont le véritable nom mcst inconnu.
^ Fonds de Leyden , n" '128.
ET BIBLIOGRAPHIE. 15
Voici la traduction d'un court gazai de cet écrivain :
AujoiircVliui CCS cheveux entortilles m'ont rendu insensé; je
n'ai du repos que dans les chaînes qu'ils m'ont imposées. Bien
loin d'être douce, elle est d'une humeur chagrine : ô mon ami!
indique-moi la conduite que je dois tenir. Au matin a paru
cette lune qui a la nature du soleil. Que de bonté n'a-t-elle pas
eue pour moi, après m'avoir laissé toute la nuit dans les larmes î
Comme je reste continuellement dans l'esclavage , je ne possède ,
jusqu'ici, aucune considération dans l'assemblée des belles. A
qui Abjadî fera-t-il connaîti'e son état désolé ? La jeunesse le
rendra-t-elle victorieux de son chagrin ?
ABRU.
Schaïkh, Schâh ou Miyân Najm uddîii Alî Khan,
nommé aussi Schâh Mubârak, et connu sous le nom
poétique d'Abrû ^ était un des petits-fiis du schaïk Mu-
hammad Gaus de Guaiior et parent de Sirâj uddîn Alî
Khan Arzù, dont il fut l'élève. 11 naquit, à ce qu'il pa-
raît, à Guaiior; mais il alla, très-jeune encore, à Dehli;
voilà pourquoi on le nomme Abrù de Dehli, c'est là
en effet qu'il s'est formé à l'art d'écrire. Abrù est un
écrivain très-distingué et fort estimé par les natifs. 11 est
auteur d'un divvàn hindoustani qui eut beaucoup de
vogue est qui est surtout apprécié sous le rapport des
allégories ingénieuses qui y abondent. On cite spéciale-
ment de lui un masnawî intitulé Maiiaza-i arâïsch-i nias-
chûc (Indication des agréments que doit posséder une
maîtresse^). Mîr nous apprend que par l'effet de l'aveu-
' »vJ^ honneur.
*=. — *,
^ \^yM*JLA ^J*.j\jS iuà&y^
16 BIOGRAPHIE
glement de la i'oiliino dont la conduite est pareille à celle
de l'Antéchrist, il était privé d'un œil. Miishafî nous
lait savoir qu'il laissait croître sa barbe et qu'il portait
habituellement un bâton à la main. Il vécut quelque
temps à Nârnaul. Il mourut, sous le règne de Muham-
mad Scbâh, âgé de plus de cinquante ans. C'était un
homme d'un caractère très-aimable.
Béni Narâyan cite de lui trois pièces de vers dans son
Anthologie, et Lutf, Fath Ali Hucaïnî, Alî Ibrahim et
Mushafî, plusieurs pages extraites de son diwân. Voici
la traduction d'un de ses plus courts gazai :
Peu m'importe que ton cœur se soit détourné de moi , puis-
que j'ai Dieu pour moi. Je ne suis coupable d'aucune faute,
et toutefois on te dira : Il est infidèle. Que t'ai-je donc fait
pour que tu sois fâchée contre moi ? Celui qui m'a desservi
auprès de toi est insensé; ne l'écoute pas, et unis-toi à moi , à
celui à qui je sais bien que ton cœur est attaché. Ne jette pas,
sans raison , dans le désespoir, moi , Abrû , pauvre voyageur ac-
cablé de fatigue '.
Voici la traduction d'un autre gazai qui est devenu
un chant populaire ^ :
Puisque tu es à un tel point mon ennemie, pourquoi, ô ma
bien-aimée, cherches-tu à captiver mon cœur à un tel point ? De
temps en temps tu me regardes avec les yeux de l'amitié; ah !
seras-Ui bonne au point de venir une fois auprès de moi ? En
voyant que tu t'es éloignée , tout le monde demande que tu
reviennes; à tel point des soupirs comme des étincelles sortent
de mon cœur. Cesse de tourmenter le faible et l'innocent ; crains
Dieu, et ne tyrannise pas à ce point Abrû.
' Voyez le texte de ce morceau clans les Hindee and Hindoostanee Se-
leclions. tom. II, pag. 878, 1" édit.
* Ibid. pag. 436.
ET BIBLIOGRAPHIE 17
ABU'LFAZL.
Schaïkh Abù'lfazi \ célèbre ministre de l'illustre
Akbar, est trop connu pour que je m'étende sur son
mérite et sur les immenses services littéraires qu'il a
rendus à l'Inde, et par suite à l'Europe. Je dois le citer
seulement ici comme écrivain hindoustani. En effet,
outre les précieux ouvrages persans qu'on lui doit et les
travaux qu'il a encouragés , il nous apprend , dans son
Àyîn-i Akbari, qu'il a travaillé à la traduction liindouî
des Nouvelles Tables astronomicjaes rédigées en persan par
Ulugh Beg, traduction exécutée par l'ordre d'Akbar.
Ses collaborateurs dans ce travail furent Amîr Fath
ullali Schirâzî , Kischen Jaïcî , Gangâdhar et Mahaïs , dont
il sera parlé sous ces titres respectifs.
ACAD.
Mîr Amânî Açad ~ fut un des disciples de Sauda. Il
était de Dehli, d'autres disent d'Akbarâbâd (Agra).
Alî Ibrahim dit qu'il vint dans le Bengale pendant le
temps de Schâh Alam et qu'il s'établit à Murschidâbâd.
Musliafî nous fait savoir que c'était un jeune homme
d'un agréable caractère et d'un visage riant, il est au-
teur d'un diwân. Ses cacîda, ses gazai et ses masnawî
sont très-estimés ; son masnawî sur les cartes ' est sur-
' Ji.>iiiJI kjl p^re de la vertu, c'est-à-dire vertueux.
* <X.m! lion.
18 BIOGRAPHIE
tout célèbre, Mushafî tenait de Mîr Zuificâr Alî, qui
était le voisin d'Açad , que cet écrivain , dans un voyage
qu'il fit à Lakhnau , voulut avancer plus à l'est , et que
dans une chauderie de la route il fut assailli par des
voleurs qui l'assassinèrent. Il était âgé de près de cin-
quante ans.
AGAF.
Açaf^ est le surnom poétique du nabâb d'Aoude
Açaf uddaula Yahya Khan , fils du nabâb Schuja uddaula
et petit-fils du nabâb Abû'lmançûr Khan. Il régna de
1 y y 5 à 1797, époque de sa mort. Nous ne dirons rien
ici de sa vie politique, mais nous parlerons seulement
de son talent comme écrivain. Alî Ibrahim nous repré-
sente chacmi de ses vers hindoustani comme autant de
perles brillantes de la plus belle eau , et Mushafî, jouant
sur ses noms , dit que bien qu'on le nommât y^çaf,
on pouvait l'appeler le Salomon de son temps; et que
quoiqu'on le nommât Jean-Baptiste (Yahya), on pouvait
le considérer comme le Jésus-Christ (Iça) de son siècle.
Le fait est qu' Açaf avait reçu une éducation très-soignée,
et que, dès sa plus tendre jeunesse, il s'était fait re-
marquer par son goût pour les connaissances et pai^ sa
capacité littéraire. Il aimait la poésie , et il écrivait en
vers avec esprit. Bénî Narâyan cite de lui six différentes
pièces ; et le docteur Gilchrist , dans son Strancjer's East-
India Guide ^, une septième, en caractères latins, ac-
' uÀiO) nom d'un minisire de Salomon à qui sont adressés plusieurs
psaumes.
2
Pag. 269.
ET BIBLIOGRAPHIE. 19
compagnée de la traduction anglaise. Miishafî cite aussi
quelques vers de ce nabab distingué , et enfin Alî Ibra-
him donne une page de ses vers. Ses poésies, qui sont
écrites dans un style très-figuré , ont été réunies en un
diwân. Elles sont fort estimées dans l'Inde. La biblio-
thèque du collège de Fort-W illiam en possède un exem-
plaire. On distingue surtout son poëme sur la fête du
Muharram, On trouve aussi, à la bibliothèque de YEast-
IndiaHome, un volume intitulé Bajâz ou album^ qui
contient une collection de vers tant hindoustani que
persans de ce même souverain. Ce manuscrit a appar-
tenu au gouverneur général, lord Hastings. Voici la
traduction d'un gazai d'Açaf dont le texte a été publié
dans les Hindee and Hindoostanee Sélections^ :
0 fée charmante, ta parure est particulière; ta vivacité, ta
beauté, la manière de serrer ton anguia sont particulières. Les
amulettes qui ornent ta tête tyrannisent les cœurs, et les plis
de ton turban excitent les passions particulièrement; tes che-
veux exhalent une odeur suave ; ta manière de les tresser est
particulière. Tes pendants d'oreilles exercent l'injustice ; les bra-
celets de neuf pierres l'exercent aussi, et tes ornements de joyaux
ont une beauté particulière. En voyant le gokhrâ garni de son-
nettes se jouer sur ta cheville, on ne peut s'empêcher de re-
connaître que ce bijou, comme le ruban qui le serre, est fait
d'une manière pai'ticulière. Ton vêtement est plus beau que tout
autre; de la tète aux pieds, tu es plus belle que toutes tes com-
pagnes. Par la teinture du missî, tes dents ont une noirceur par-
ticulière. A tes pieds sont des babouches ornées d'or et de pier-
reries d'une rare beauté, sur lesquelles retomlie ton pantalon
^ Bayâz, Verses in Persian and Ilincli, by the navvâb wazîr Açaf ud-
daula.
- Tom. II, pag. 878 de la première édition.
2.
20 BIOGRAPHIE
de forme particulière, qui jelle le cœur clans l'infidélité, et dont
l'agrafe brille comme les Pléiades. Lorsque cette fée est debout,
sa tournure est particulière. La forme de son vêtement est telle-
ment belle qu'elle séduit les cœurs. Cette robe qui entoure ton
corps délicieux excite les passions. Les mancbes en sont très-
étroites ; elles sont plissées d'une manière particulière Dites-
moi, si vous êtes justes, pourquoi le cœur ne se laisserait pas
captiver par cette fée dont la conversation est enchanteresse. Sa
colère même plaît, et son amitié est toute particulière. Quelle
description pourra faire Açaf de celle qui l'a charmé? Ses mains
et ses pieds sont remarquables par leur forme parfaite ; le menhdî
qui les teint a une couleur particulière.
Il y a un autre poëte hindoustani qui a pris pour
takhailus le nom à' Açaf. C'est le nabâb Umâd uimulk
Nizâm , dont il sera parlé sous le nom de Nizâm, qui est
son autre takhailus.
ACAR.
Mîr Mubammad Açar \ de Dehli, était frère cadet
du khâjâ Mîr Dard '^. Homme très-savant et très-pieux,
il joignait à l'habileté en poésie la science du spiri-
tualisme ^. Tant que son frère vécut, il fut simple
membre de la famille religieuse dont ce dernier était
le chef; mais, à sa mort, il en fut nommé supérieur*.
Ses vers hindoustani ne sont point sans mérite, et ils ne
sont pas moindres en nombre que ceux de son frère
' j3) trace, etc.
^ Voyez rarticlc consacré à ce poëte distingué.
* (jXm*j ù^\^, à la lettre, assis sar le tapis.
ET BIBLIOGRAPHIE. 21
aîné. Musliafi en cite quatre pages. Lutf nous fait sa-
voir qu'Açar est auteur d'un très-long masnawî sur l'a-
moar \ poëme dont ce J3iographe a donné des extraits
choisis. Voici un gazai d'Açar, que je trouve dans Béni
Narâyan :
Si dans la nuit je rappelle à mon esprit Ion injustice , je ne
puis m'empêcher de pousser des cris et des gémissements , que
tu les entendes ou non. Tous les efforts de ces agaçantes beautés
n'ont d'autre objet que de briser les cœurs; y en a-t-ii une seule
qui rende quelqu'un satisfait? Il faut que nous, leurs esclaves,
nous ayons soin de les contenter, et qu'au rebours de ce qui de-
vrait être , nous renoncions aux fonctions de cbasseur. Montre-toi
donc quelquefois ici , viens-y déployer tes gentillesses. Ah ! je me
souviens bien des avantages qui te distinguent de tes compagnes.
Peut-être que quelques soupirs finiront par s'échapper de ton
cœur; c'est bien alors que je te consacrerai tout ce qui est en
moi.
AGI.
Nûr-i Muhammad Aci '^, natif de Burhânpûr, ancienne
capitale de la province de Gandeisch, dans le Décan,
est un des écrivains les plus distingués de cette partie
de l'Inde. Fath Alî Huçaïnî en cite quelques vers.
Je pense que c'est le même auteur à qui on doit
deux ouvrages sur la doctrine et les devoirs de la re-
ligion musulmane, ouvrages dont on trouve une co-
pie à la Bibliothèque royale de Paris ( n" 2 i du fonds
d'Anquetii), écrite en 11 46, 1167 (lySS-iySS de
J. G. ), sous le règne de Muhammad Schâh lU. Le pre-
' t^ cH^** uW
* ^5<io^ rebelle.
22 BIOGRAPHIE
mier est intitulé KJiulâçat ulmuamalât \ ou la Quintes-
sence des pratiques ; et le second Anwâ ululâm ^, ou
les Différentes espèces de sciences (religieuses), ouvrage
dans lequel est compris le Kitâh farâïz ^, ou le Livre
des devoirs extérieurs de la religion. Ces traités sont en
vers du genre nommé masnawL Ils forment un volume
in-folio d'environ 5oo pages, enrichi de notes marginales
écrites, en persan. Ils sont rédigés, d'après les opinions
sunnites , en un dialecte dakhnî fort difficile , mais cu-
rieux à connaître.
ACIMI.
Khâja Burlîân uddin Acimî ^ est compté parmi les
meilleurs écrivains hindoustani. Il habitait à Dehli dans
le quartier nommé Baliâdiir'pâra.W aimait beaucoup le
genre plaisant ; il excellait dans les tarîkh et les mar-
siya. Il savait manier aussi bien l'épée que la plume;
mais il paraît qu'il n'était pas hem^eux ^. Mîr et Fath
Alî Hucaïnî citent de lui trois vers dont voici la tra-
duction :
Au jour où la rose, reine des fleurs, parut dans toute sa beauté
sur le trône des jardins, autour d'elle vinrent mille rossignols
chanter et faire du bruit. L'automne arriva, et une épine de cette
* ^^pj^Vs pour ^^.j^\s- chaste, vertueux, etc.
* Mîr dit à son sujet, dans sa biographie qui est écrite en persan :
«Il honore notre Irtiips, (pioiquc le temps (la fortune) ne lui soit
«pas favorable. »
ET BIBLIOGKAPHIE. 23
rose n'existait plus même dans le parterre. Le jardinier, en pleu-
rant, me montra où était auparavant le bouton, où se trouvait
la rose. ( En voyant l'instabilité des choses du monde ) je passai
la nuit à répandre des larmes comme la bougie , et au matin
je me trouvai comme anéanti, tant l'abondance de mes pleurs
m'avait aflaibli !
ADHAM.
Abd ulalî Adham ^ est auteur d'un masnawî mys-
tique écrit en hindoustani, extrêmement intéressant,
intitulé Majmûa-i âschiqain-, ce qu'on peut rendre par la
Communion des saints , poëme dont on conserve un exem-
plaire au Britisli Muséum, orné de dessins représen-
tant les principaux individus qui y sont célébrés. Cet
ouvrage contient en effet la vie des personnages qui
se sont distingués par un ardent amour pour Dieu , tant
ceux qui ont appartenu à la religion musulmane , qui
était celle de l'auteur, que les Chrétiens et les Hindous.
Parmi les saintes chrétiennes, je dois citer la Vierge
({ui est en outre représentée sur un dessin avec l'en-
fant Jésus , absolument de la même manière que nous
la représentons dans nos gravures et nos tableaux. Chose
singulière , il y a , même parmi ces dévots sofis chantés
par notre poëte, des dieux du paganisme hindou, tels
que Ganescha, les Avatar de Wischnou, Krischna, etc.
Voici la traduction des vers cpii accompagnent le
dessin de la Vierge ; ils sont fondés sur fhistoire de la
naissance de Jésus-Christ, telle qu'elle est racontée dans
le Coran, sur. xix, v. i 6 et suiv.
' J^it signifie proprement, ii/i cheval de couleur brune .
' (^jviLwlft If^y^, , à la lettre , la réunion des amanls.
24 BIOGRAPHIE
Ceci nous représente la noble Marie lorsque, après avoir mis
au monde Jésus le Messie, être parfait , qui fut engendré sans
père , les gens de sa famille étant venus la trouver, lui dirent :
« Est-ce bien toi qui as mis au nionde cet enfant ? Si tu nous
B fais connaître la vérité, c'est bien ; sinon n'oublie pas que nous
« sommes disposés à punir de mort le mensonge. » Ayant en-
tendu ces mots , elle dit sans émotion : « Gens de Nazareth ,
«pourquoi m'interrogez-vous? Cet enfant est né de moi, sans que
«j'aie commis une faute » Comme néanmoins on la tourmen-
tait encore , elle ajouta : « Demandez à cet enfant lui-même com-
« ment a eu lieu sa naissance, car, pour moi, je n'en sais absolu-
« ment rien; j'en jure par Dieu.» Alors ses compatriotes s'adres-
sèrent à l'enfant : « Raconte-nous toi-même , lui dirent-ils , ce qui
« s'est passé : » Jésus répondit : « Je suis prophète , je vous ap-
« porte les ordres de Dieu ; je suis le souffle du Très-Haut ; je
«suis l'illustre Messie. Ma mère est Marie, et mon père c'est
« Dieu. » Les habitants de Nazareth ayant entendu ce discours,
dirent à Jésus : « Fais un miracle pour que nous croyions à la
«vérité de ce que tu nous annonces. — Eh bien! dit Jésus, par
«la grâce de Dieu, je ressusciterai les morts, je rendrai la
« clarté aux yeux des aveugles , et la santé aux corps des lépreux. »
Ses compatriotes , désireux d'épi'ouver la vérité de cette as-
sertion, demandèrent qu'on apportât des cadavres. Effectivement
on en transporta un grand nombre dans leur bière, et on les
plaça devant Jésus. Il ne les eut pas plutôt vus, que s'adres-
sant à chacun d'eux en particulier, il lui dit : «Lève-toi, Dieu te
B le permet ! » Alors tous ces cadavres furent rendus à la vie. Tel
fut l'ordre de Dieu. De leur côté, des aveugles et des lépreux ac-
coururent, dans l'espoir de la guérison. En effet, ils recouvrèrent
tous la santé, au nom du Tout-Puissant. Alors les gens de Na-
zareth reconnurent que Jésus était vraiment un prophète ; ils
crurent, et embrassèrent la religion qu'il annonçait. Mais l'enfant
alla se placer de nouveau entie les bras de sa mère, qui l'abreuva
de son lait pur. Plus tard, sa propre nation le persécuta; mais il
est inutile d'entrer dans aucun détail là-dessus. A la fin , le pro-
ET BIBLIOGRAPHIE. 25
phète Jésus s'étant délivré des mains du peuple ', monta au ciel
où il vit éternellement.
AFAG.
Mîr Farîd iiddîn Afàc - est un poëte liiiidouslaiii
dont Mannû Lâl a cité plusieurs vers dans son Guldas-
ta-i nischât, ou Rhétorique pratique, ouvrage dont il
sera parié en son lieu. Ces vers contiennent des méta-
phores tellement contraires à notre goût, qu'il est im-
possible de les traduire.
AFGAN.
Alil Khàn, connu sous le takhallus d'y^i/a/i ^, était un
derviche de profession qui est cité parmi les poètes
hindoustani. Alî Ibrahim donne de lui, dans son Galzâr,
deux vers dont voici la traduction :
Dans le commencement j'ai su affranchir mon esprit de l'a-
mour ; pourquoi faut-il qu'en peu de jours il l'ait rendu insensé ?
Le miroir qui réfléchit ta beauté, supérieure à toutes les autres
beautés, s'est dissous de honte, en voyant le poli de ta joue
éclatante , et il est devenu de l'eau '.
' Il est dit en effet dans le Coran, sur. iv, v. i56, et ailleurs, que les
Juifs crurent crucifier J. C, mais que , par la permission de Dieu, ils ne
crucifièrent qu'un corps fantastique.
^ HJiiK pluriel de ^^Li\ horizon. Le poëte, qui a pris ce nom, a
voulu peut-être exprimer par là que sa réputation était répandue dans
les horizons, c'est-à-dire dans les différentes régions de la terre.
' /jljiiî, nom du petit-fils de Malik Tâlût (Saiil), duquel les Afgàns
ou Pathans prétendent tirer leur origine.
* Cette métaphore bizarre est très-usitée chez les poètes de l'Inde.
^6 BIOGRAPIIIK
AFGAR.
Mîr Junûn prit pour surnom poétique le mot Afgâr '
qui signifie blessé (par l'amour). Dans la biographie des
poètes hindoustani intitulée Giilzâr-i Ibrahim, on lit
qu Afgâr étant allé à Tous en Rhoraçan visiter le saint
tombeau de fimâm Rizâ^, y resta en qualité de mu-
jâwir ^. Voici un de ses vers ; il est empreint des idées
qui occupaient son esprit :
L'asile où repose Alî ( Rizâ) est un lieu de douceur, tel qu'au
prix, de lui, la nuit du mirâj (ascension de Mahomet) est une
vigile *.
AFSAH.
Schâh Facîh Afsah ^ connu sous le nom de ScMh
FacHi, fut un des disciples de Mirza Bédil ^ C'était un
"- Ce tombeau nommé meschhed («X.ft*iw«) , lieu de martyre, tire son
nom du faubourg de Tous où il est situé. Voyez, à ce sujet, l'édition
de feu Langlès des Voyacjes de Chardin, t. IV, p. 201. Voyez aussi le
Voyage dAbd ulharîm, traduit par le même M. Langlès, pag. 67 et 79.
5 C'est ainsi qu'on nomme les Musulmans qui demeurent près d'un
temple ou d'un tombeau, pour se livrer babituellement aux exercices de
piété.
* Le mot que je traduis par vigile est \Jl=s- cyj (peut-être pour
nf^ S(^ ) . C'est proprement une pratique exécutée surtout par les
femmes; elle consiste à veiller toute la nuit, à l'occasion de certaines
fêtes.
5 Le mot ^Qj\ est la forme comparative et superlative de l'adjectif
arabe ^^ai èlo(jaenl. Ce dernier nom est le sobriquet de notre poëte,
et le premier est son iakhalliis ou surnom poétique.
« Voyez plus loin l'article consacre à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 27
pieux Musulman qui poussa très-loin sa carrière. Sa
profession était celle de derviche. Il habitait Lakhnau,
où il mourut en i i 92 ( 1 y y 8). 11 a laissé un bon nom-
bre de vers hindoustani; Ali Ibrahim en cite quelques-
uns dont voici la traduction :
M'étant souvenu de toi, là où j'étais allé, je n'ai pu y fixer
ma résidence. Hélas! le dévot doit se diriger vers laCaaba, et
moi je tourne mes yeux vers la pagode. Je n'ai pas visité le
temple bâti par Abraham, et je suis allé dans celui des idoles.
Les instants où je suis séparé de toi sont pour moi pareils à
la mort. Ces jours de mort doivent-ils compter pour ceux de ma
vie ? et faut-il que lorsque je pourrai contempler ta stature,
ce soit pour moi le jour terrible de la résurrection?
afsAr.
Gulâm-i Aschraf Afsar\ fils de Gulâm-i Raçûl, est un
poète hindoustani qui dans les marsiya et les salâm - a
pris le takhallus d'Ascliraf et dans les autres pièces de
vers celui d'Afsar. Il était de la tribu des Schaïkh^, et ses
ancêtres étaient entrepreneurs de la bergerie impériale,
Afsar se sentit un goût prononcé pour la poésie ; il com-
mença par composer des marsiya et des salâm, et les
mit en circulation. A l'époque où Mushafî établit une
société littéraire à Debli, il y lut quelques gazai de sa
composition , qui lui valurent les éloges qu'en fait le
même Mushafî, dans le Tazkira que j'ai mis souvent à
j.**<j» couronne.
■ ^/»5X— ui signifie salutation; ce mot indique ici une pièce parti-
culière de poésie.
'" On nomme ainsi dans llnde les dcscendanls de.s \rabes. Voyez
mon Mémoire sur la rclùjioii musulmane dans l'Inde, pag. 20.
28 BIOGRAPHIE
contribution pour mon travail. On trouve dans cette
biographie anthologique deux gazai de ce poëte et deux
quatrains.
AFSOS.
Mîr Scher-i Ali Afsos \ un des écrivains liindoustani
modernes les plus distingués, était fils du saïyid Muzaf-
far Ali Khàn et petit-fds de Mîr Gulâm-i Mustafâ. Il des-
cendait de Mahomet par l'imam Jafar. Sa famille vint se
fixer à Nârnaul, dans la province d'Agra, et en prit le
nom de Nârnaiilî; mais sous le règne de Muliammad
Schâh, son grand-père et son père se rendirent à Dehli
et y occupèrent des fonctions honorables. Ce fut dans
cette dernière ville qu'Afsos naquit et qu'il commença
son éducation auprès de son père. Il avait onze ans
lorsque, après le bouleversement de l'empire mogol,
son père entra au service du soubadâr du Bengale, le
nabab Câcim Ali Khàn, en qualité de dârocfa (surinten-
dant ) de l'arsenal . Il vécut avec honneur et distinction
à Patna jusqu'à la fin du règne du nabâb Jâfar Ali Khàn.
Ensuite il alla à Lakhnau, puis à Haïderâbâd où il
mourut. Afsos avait alors vingt-neuf ans : il était allé à
Lakhnau deux ans avant son père, et y avait été attaché
au nabâb Ishak Khàn, oncle du nabâb Açaf uddaula,
en qualité d'officier^. Dès son enfance, Afsos avait fait
sa lecture favorite du Giilistan de Saadî et du Diwân de
' (j*(_j->*»jl chacjrin, peine.
VU
- CJ»Jùfl nuicarrab. Une partie de ces détails sont extraits de la
préfacr prr:janp du Diwàn bindoustani d' Afsos.
ET BIBLIOGRAPHIE. 29
VVaiî , ainsi qu'il nous l'apprend lui-même ^ . Cependant
son génie se développait, et il faisait des vers à l'imita-
tion des anciens écrivains. Outre le profit qu'il tira de
ses lectures, la fréquentation des célèbres poètes hin-
doustani Mîr Soz , Mîr Haïdar-i Alî Haïrân -, et Mîr Ha-
çan, lui fut très-utile. Aussi son style parvint-il à un tel
degré de perfection que les personnes les plus distin-
guées recherchaient ses vers. 11 est dit, dans la préface
de son Diwân , qu'il apprit de maîtres habiles les règles
de la poésie persane et hindoustani, et qu'il acquit de
fhabileté en ces deux genres; mais que son goût pour
la poésie nationale ayant prévalu, c'est en cette langue
qu'il a écrit ses ouvrages. Ce fut pendant le temps qu'il
passa à Lakhnau qu'il étudia la langue arabe et la mé-
decine et qu'il composa son Diwân hindoustani, recueil
qui eut beaucoup de succès. Lorsque MîrzâJawân Bakht,
fds de Schâh Alam , vint de Dehli à Lakhnau, il entendit
la lecture des vers d'Afsos, les apprécia et le mit au
nombre de ses familiers qui étaient choisis parmi les
gens les plus distingués. Il passa ainsi quelques années.
Ensuite Mîrza Hacan Riza Khân Sarfarâz uddaula, lieu-
tenant du nabâb Açaf uddaula , s'intéressa à lui auprès
de lord Wellesley. Afsos ayant désii^é, d'après le conseil
du colonel Scott, d'entrer au service de la compagnie
des Indes orientales , il se rendit à Calcutta sur l'invita-
tion du gouverneur général. Il fut parfaitement accueilli
dans cette ville; on le plaça au collège de Fort-William ,
' Dans la préface de sa traduction du Gulistan.
■^ Haïrân est spécialement désigné par Mushafî et par Lulf comme
le maître d'Afsos.
30 BIOGRAPHIE
où le docteur Gilchrist le chargea d'abord de traduire le
Gulistan, puis de la publication de différents ouvrages.
Il mourut en 1 809. Mushafî et Lutf, qui l'avaient connu ,
font l'éloge de ses excellentes qualités et de son esprit.
L'auteur de la préface de son Diwân en fait aussi un
grand éloge et loue surtout sa modestie et sa douceur.
Les ouvrages dont Afsos est fauteur sont les suivants :
1° Un Diwân très-estimé dont Ibrahim, Béni Na-
râyan , Lutf et le docteur Gilchrist ^ ont donné des frag-
ments. La bibliothèque de YEast-India Hoiise en possède
un bel exemplaire - qui provient du docteur Leyden.
Les principales pièces qui le composent sont les sui-
vantes : un cacîda ;\ la louange des imams, un autre à
celle d'Acaf uddaula, un troisième à celle de lord Wel-
lesley; cinq salâm; sept marsiya; puis le Diwan propre-
ment dit; ensuite des rubàî en grand nombre sur diffé-
rents suj ets ; des mukhammas , des wâçukht et des tarîkh ;
enfin des masnawî.
2°- Une traduction du Gulistan de Saadî, imprimée à
Calcutta en 1 808, sous le titre de Bâgii-i iirclû ^, c'est-à-
dire Jardin hindoustani. Cette traduction est en prose et
en vers comme f original; elle est, je pense, la meillem'c
de celles qui existent dans la langue moderne de f Inde.
' Dans l'ouvrage intitulé Stranger's East-India Vade mecum.
^ D'après la préface de cet ouvrage et d'après son contenu, ce serait
plutôt un kulliyât qu'un diwân.
' 3^J^ p-'^- ^^ deux vol. grand in-8°. On en avait commencé une
autre édition qui fait partie du volume intitulé Hindec Maniial or Cas-
hetojlndia, collection d'ouvrages classiques hindoustani, imprimée à
Calcutta, par les soins du docteur Gilchrist, en 1802. Il n'a paru que
34 pages du hà<ju.-i arda.
ET BIBLIOGRAPHIE. 31
.11 y a plusieurs traductions en hindoustani de ce
livre célèbre. Il y en a entre autres une en dialecte dakli-
nî à la Bibliothèque royale de France; c'est peut-être un
exemplaire de la même version dont il existe une copie
dans la bibliothèque du vizir du nizàm d'Haïderâbâd ,
selon la note qui m'a été obligeamment envoyée par le
colonel J. Stewart, résident britannique à Haïderâbâd.
Il y en a une autre en urdû au British Muséum ( addit.
mss.), et une troisième à ÏEast-India House, dans la col-
lection Leyden. Mon ami M. D. Forbes en a aussi
une traduction dakhnî interlinéaire.
3° LAraïsch-i mahjil \ ou Statistique et histoire de
l'Hindoustan, le plus important des ouvrages d'Afsos,
dont on n'a malheureusement imprimé à Calcutta que
la première partie ^, la mort de l'auteur ne lui ayant
pas permis d'achever la publication de ce travail, cer-
tainement supérieur à Ik plupart des ouvrages orientaux
de ce genre. Toutefois il paraît qu'il existe en manuscrit
à la bibliothèque du collège de Fort-William à Calcutta,
réunie aujourd'hui à celle de la Société asiaticpie de
cette ville. La partie imprimée contient : i° des notions
générales sur l'Inde et sur les usages de ses habitants ;
2° la description topographique de chacune de ses
provinces; 3° l'histoire des souverains de Delili, depuis
\udhischtir jusqii'à Prithvi-raï. Quoique cet ouvrage
ait pour base un livre persan intitulé Khalâçat uttaiva-
rikh, qui est dû au munschî Sujâri Râé, de Patala,
on peut le considérer néanmoins comme original, soit
' Jut^ («ixjijl , à la lettre, l'ornemcnl dr l'assemblée.
- En i8o8, in-fol.
32 BIOGRAPHIE
à cause de la quantité de faits qu'Afsos a puisés ailieucs ,
soit parce que souvent, loin de répéter les assertions
hasardées de l'auteur persan , il en a rectifié les erreurs.
Je donnerai plusieurs extraits de cet ouvrage dans mon
second volume.
Il a revu en outre les deux ouvrages suivants et
coopéré au troisième :
1° Le Mazliab-i ischc, reproduction en hindoustani
moderne du Gul-i Bakâwali ^ ;
2° Le Nasr-i Bénazîr, paraphrase en prose du poëme
de Haçan intitulé Silir nlhayân ;
3° Les Fables d'Esope, traduites en hindoustani et
publiées à Calcutta en i8o3, par le docteur Gilchrist,
sous le titre de Oriental Fahulist^.
AFTAB.
Aftâh ^ est le surnom poétique de l'empereur mogol
Schâh Alam II, fds d'Alam-guîr. Ce prince, digne d'un
meilleur sort, avait beaucoup de goût pour la poésie.
Il est inutile de reproduire ici son histoire. Nous nous
contenterons de dire qu'il commença à régner en i -76 1
et qu'il mourut en 1806. C'est son petit-fils qui occupe
actuellement le trône nominal de Dehli. L'auteur du
Gulzâr-i Ibrahim cite de ce souverain deux vers dont
voici la traduction :
^ Voyez l'article sur Nihâl Chand.
^ Voyez les articles sur Tarinî Charan Mitr, et sur Mîr Bahâdur Alî
Huçaïnî.
' (_)Uj! soleil.
ET BIBLIOGRAPHIE. 33
Je passe le malin avec la coupe, le soir avec ma bien-aimée.
Dieu seul sait ce qui doit arriver; ainsi passons tranquillement
la vie.
Musliafî fait l'éloge de la piété de Schàh Alain, en
même temps que de son talent poétique , et il cite , à
ce sujet, ce proverbe arabe :
Les discours des rois, sont les rois des discours \
Schâh Aiam a fait un bon nombre de vers hindous-
tani ; il a, entre autres, écrit des kabit et des dohra'^; il a
écrit aussi des vers persans. Il est auteur d'un masnawî
intitulé Manzûm-i acdas^, c'est-à-dire Poëme sacré, ou-
vrage dont on conserve une copie dans la bibiiotlièque
de la Société asiatique de Calcutta. Je pense que le re-
cueil intitulé Diwân-i Sâhib Oairân ^, qui fait partie de
la même bilDliothèque , est aussi de lui. Les nombreux
vers plaisants ou haziyàt que Mannù Làl cite dans son
Guldasta-i niscMt, pag. Iilx2 et suiv. sous le nom de
Sâhib Quirân, sont probablement encore de Schâh
Alam.
Il aimait à réunir à sa cour les gens de lettres et les
poètes , tant hindous que musulmans , et il rendait hom-
mage à leur talent lorsque leurs lectures lui plaisaient.
Dans les Hindee and Hindoostanee Sélections ^, on trouve
' ^iÂ^:i d}^x^ jpai ^-^
- Noms spécialement usités clans la poésie hindouî : le premier
équivaut au gazai; le second au haït ou distirjue arabe.
'' Les souverains musulmans de Dehli étaient désignés sous le titre de
Sahib Quirdn , ce qui signifie « possesseur de la conjonction des planètes , «
c. à d. (I celui dont la naissance a été signalée par ce phénomène céleste. »
' Tom. II, pag. 435.
1. 3
54 BIOGRAPHIE
de ce roi poëte deux gazai qui sont devenus des chants
populaires. Le premier fait partie, avec cinq autres, de
l'Anthologie hindoustani, de Bénî Narâyan. Voici du
même personnage un gazai allégorique qu'on peut in-
tituler le rossignol et la rose.
Dis au rossignol d'emporter son nid loin du jardin. Quand
même il réciterait cent mille charmes, il n'aurait pas le jardinier
pour le défendre. Le rossignol s'est donc retiré du parterre , em-
portant son nid. Il a dit à la rose : « Cet infidèle a pris ma place. »
Et lorsqu'il s'est vu loin du jardin , il s'est écrié en pleurant : « 0
« injuste fortune ! était-il écrit que je devais quitter ma demeure
« dans la saison de la rose! 0 chasseur! tu dois être prêt d'es-
« prit et de cœur, et te mettre pour marque un collier à la ma-
« nière de la colombe. »
Mon âme ressent la plus vive sympathie pour ce rossignol sans
ami qui , à cause de son amour pour la rose, s'est exposé au mal-
heur. Lorsqu'il s'est retii'é, résigné à son sort, ses plaintes n'ont
laissé aucune trace dans le jardin. 0 rossignol ! tu n'avais réussi ni
auprès de la rose , ni auprès du jardinier : comment avais-tu osé
bâtir ta maison dans le jardin? — Ah! je sens combien il a sujet
de soupirer en pensant avec quel plaisir il passerait sa vie si ce
jardin était le sien, si cette rose était à lui, si le jardinier était
pour lui.
Le triste rossignol pleura tellement qu'il fut déshonoré. Les
larmes de ses yeux submergèrent sa demeure. Toutefois un ami
de noble race ' le recherche pour l'aimer cordialement; le rossignol
doit répondi'e à l'amour du roi.
AFZAL.
Kammal Schâh Muhammed AfzaP, d'Allahâbâd, est
' Les mots yJ^^J ^^, qui signifient un individu de noble race, dé-
signent, dans ce gazai, le poète royal.
* J^jhiS meilleur, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 35
auteur d'un diwân hindoustani. Il fut très-lié avec un
nommé Gopâl, et il écrivit un poëme à ce sujet, sous le
titre de Bikatkahâni^, c'est-à-dire Terrible Histoire; ou-
vrage dont il existe deux manuscrits à ÏEast-India House ,
écrits en caractères persans. Ce poëme est aussi inti-
tulé Bârah mâça, ou les Douze Mois. Dans un des deux
manuscrits dont nous parlons il est attribué à Gopâl. Il
y a du reste plusieurs ouvrages hindoustani cjrii portent
le nom de Bârah mâça. J'aurai occasion de parler de
quelques-uns. Un manuscrit portant ce titre '^ est indiqué
parmi les livres de la bibliothèque d'un nommé Farzâda-
culî, dont mon honorable ami, M. Forbes, possède le
catalogue manuscrit, mais j'en ignore le sujet.
Quoique Musulman, Afzal a écrit aussi des dohra et
des kabit en hindouî ^. Afsos qui le connut en parle
dans son Araïsch-i mahfil, pag. 82 , comme d'un contem-
platif renommé. Ali Ibrahim cite de lui un vers, tiré du
roman dont nous avons parlé. En voici la traduction :
Ceux qui s'attachent à un voyageur (c'est-à-dire à un homme) ,
s'exposent à passer leur vie à pleurer.
AGAH (JAWAN).
Nûr Khan Jawân Agâh^, conteur distingué, élève, en
ce genre , du célèbre conteur Mîr Ahmad , et pour la
* ^^l^ Jj ,.^^5o ■ En lisant et traduisant comme je l'ai fait, il faut
alors lire (ju5o ; je ne suis pas bien sûr de ce mot qui est illisible dans
mes deux manuscrits d'AH Ibrahim.
^ XwJLv Ojjûl» [sic] , c'est-à-dire les douze mois.
' Gilchrist, Hindonstanee Gramniar, pag. 335.
* o\Sî instruit.
3.
36 BIOGRAPHIE
poésie, de Mîr Ziyâ uddin Ziyà ', était encore un jeune
homme à l'époque où écrivait l'auteur du Galzâr-i Ibra-
him , c'est-à-dire de lySo à lyS/i. On le compte parmi
les poètes hindoustani.
AGAH (SALAH).
Muhammed Salâh Agâh, de Dehli, vivait sous l'em-
pereur mogol Muhammad Schâh. Il est auteur de poésies
charmantes, tant pour le fond des pensées que pour
l'expression. Voici la traduction d'un de ses vers, cité
par Fath Alî Huçaïni :
Il est convenable que clans ma vieillesse je parcoure le monde;
car ce beau spectacle s'évanouira bientôt pour moi.
AHCAN.
Mîrzâ Ahçan Ali fut en premier lieu disciple de Mîr
Ziyâ, puis de Mirza Rafî Sauda. Alî Ibrahim dit qu'il fut
employé comme secrétaire à la cour du nabab d'Aoude,
Schuja uddaula. Plus tard, en 1800, il fut employé l\
Lakhnau au service du nabâb Sar Afrâz uddaula Hacan
Rizâ Khân. Mushafî dit qu'il était très-spirituel et qu'il
s'énonçait avec précision et facilité. Il ajoute qu'il fut
d'abord attaché au khàja Muhammad Yûnas Khân, en-
suite au nabâb vizir défunt (apparemment à Schuja ud-
daula); et qu'il se distingua spécialement dans la poésie.
Ses vers dans lesquels il a pris le takhallus de Ahçan ^,
' Voyez l'article consacré à cet écrivain
^ /yAMk^l excellent.
ET BIBLIOGRAPHIE. 37
se font remarquer par de la vigueur et par la pureté du
langage. Ils ont été réunis en diwân.
AHCAN ULLAH.
Miyàn Aliçan uilah , ou simplement Ahçan ^ , est un
poëte hindoustani qui a écrit dans le genre d'Abrii , son
contemporain. Il s'est attaché à exprimer de nouvelles
idées, ce dont peu de ses modernes compatriotes se sont
mis en peine; car leurs écrits ne sont souvent que des
centons qu'on peut retrouver çà et là, dans les écrits
des poètes plus anciens. Toutefois on lui reproche
d'avoir trop recherché les expressions à double entente,
ce qui empêche la généralité des lecteurs d'apprécier
ses vers. Il était mort quelques années avant l'époque
où Fath Ah Huçaïnî écrivit son Tazkira. Ce biographe
en cite quelques vers; voici la traduction de deux seu-
lement :
Le nom seul de Nimat Khân est aussi doux que le chant de
David : il rend comme de la cire les cœurs de fer. *
L'usage des paroles grossières est indigne de l'homme. Celui
qui met sa langue en mouvement pour dire des injures ne devrait
pas faire partie de l'humanité.
AHCAR.
Mîrza Jawâd Ali Ahcar^, de la tribu des Quizilbasch^,
' «*Ml /j,*Nfc=»-t l'Excellent [par la bonté ) de Dieu.
^ >A»-i humble ( vil ).
' Des mots turcs Jjjj roi((/c et jjiiU tète. Ce sont des Tartares , con-
sidérés comme les descendants des captifs donnés par Tamerian an
schaïkh Haïdar-. Ils portent un bonnet rouge , d'où leur vient ce nom.
38 BIOGRAPHIE
est un poëte hindoustani dont Mushafî cite plusieurs
pièces de vers. Ses ancêtres étaient originaires du Kho-
raçân; mais depuis deux générations ils habitaient
l'Hindoustan quand Ahcar naquit à Lakhnau. Il eut le
bonheur, étant âgé de douze ans, d'aller visiter le tom-
beau d'Alî à Najaf \ celui de Huçaïn à Kai^bala, et les Kâ-
zimaïn ^, ou les tombeaux des deux Kâzim, savoir : celui
du septième imam Muçâ ben Jafar à Bagdad, et celui de
Mahdî douzième et dernier imâm à Sâmira. Il passa
quatre ans dans cet intéressant voyage et revint ensuite
à Lakhnau, où il résidait en i 793, il n'avait alors que
vingt-deux ans. Il fut un des élèves les plus distingués
de Haçan , l'auteur du Sihr ulbayân.
»
AHMAD.
Alimad Beg, connu sous le surnom poétique d'A/i-
mad'\ est un écrivain hindoustani qui est cité par Man-
nù.Lâl, dans son Giildasta-i nischât.
' Ville de l'Irac-Arahî , à 18 lieues de Karbala. C'est là que se trouve
le tombeau d'Alî.
■ (^jv.«Jô\^ les deux débonnaires.
' <yjr^ est un des noms de Mahomet. Ce mot, qui signifie loué.
■nepiKAuTùs, est, selon les Musulmans, le nom sous lequel leur pro-
phète est annoncé dans le Nouveau Testament, où les copistes, disent-
ils , ont écrit par erreur T:apaKkvros. Voyez mon opuscule intitulé Doc-
trine et devoirs de la religion musulmane, pag. i5.
ET BIBLIOGRAPHIE. 39
AHMAD (HAFIZ UDDIN).
Le scliaïkh et maulawî Hafîz uddîn Alimad\ lils de
Hiiâi uddîn Muliammad , et petit-fils du schaïkh Muham-
mad Zâkir Siddiquî, est un écrivain hindoustani très-
distingué. Ses ancêtres vinrent de l'Arabie se fixer
dans le Décan; puis, après deux générations, le schaïkh
Haçan, un d'eux, alla s'établir dans le Bengale. Depuis ce
temps ils firent profession de la \ie religieuse, pendant
cinq générations, en sorte qu'un fils de ce dernier, le
schaïkh Sadî, connu sous le nom de Schâh Parân, eut
f avantage d'être disciple de Schâh Inâyat ullah, qui
était fils de Schàh Abd ullah Kirmanî; et instruit par
lui, il parvint à un haut degré de sainteté. Toutefois il
se mit au service de fempereur mogol, ayant eu une
occasion favorable de le faire. Hilâl uddîn ^, père de
notre écrivain, fut attaché en qualité de munschî (pro-
fesseur) au collège de Fort-William; quant à Ahmad, il
resta jusqu'à fâge de vingt ans au collège des Natifs de
Calcutta, fondé par le gouverneur général Hastings. Il
y apprit les langues arabe et persane , puis il fut attaché
au collège de Fort- William en qualité de professeur.
Ce fut alors que le docteur Gilchrist, connu par son
zèle pour la culture de la langue hindoustani, fengagea
' J'iguore si c'est le même écrivain que Maiinû Lâl nomme simple-
ment Schaïkh Ahmad , et dont il cite un vers.
' /wjJol J^X^ le croissant de la relujion. Il est auteur d'une gram-
maire hindoustani, écrite en persan et intitulée Canuncha Hindi , c'est-
à-dire Petite Grammaire hindoustani, dont j'ai un exemplaire manuscrit
dans ma collection particulière. Je ne sais s'il a laissé d'autres ouvrages.
40 BIOGRAPHIE
à traduire ÏJyàr danisch ' . Il se livra en effet à ce travail ,
dans lequel il fut aidé pai' son père qui était fort sa-
vant.
L'ouvratje fut terminé en mai 1800. et Ahmad lut
gratifié de la plus forte récompense qu'on ait jamais
donnée en pareille occasion. Quelque temps après il
quitta le collège de Fort-William, et il fut employé par
M. Metcaife. alors résident a Dehli. Il était encore en
cette \-ille en 181 5. et il y exerçait les fonctions de
principal munschi. Jignore s"û vit encore -. On sait que
ÏAyâr danisch, ou la Pierre d^- touche de la sagesse, est
la version persane due à Abuffazl, premier ministre
d'Akbai . du célèbre recueil de fables connues sous le
nom de KalilaetDimna, recueil originairement écrit en
indien ■■' par le philosophe Bidpaï. sous le titre de Kara-
tak Danianak ^ . La traductiuii hindoustaai d'Alinicid. a la
fois remarqualjle par la pureté et l'élégance du style,
aussi bien que parla fidélité, est extrêmement estimée.
Elle a été publiée à Calcutta, en 181 5, sous le titre de
Khirad afroz ", par les soins de feu T. Roebuck et avec
' J'ic;nore si c'est la même traduction dont il y a uu exemplaire
dans la bibliothèque du ministre du Mizàm, sous le titre de Danisch
afroz, j»yj! /ji;«jli , l Eclairear de la sa/jesse.
* Ce qui précède est extrait en partie de la préface hindoustani du
Kfàrad afroz , écrite par Ahmad, et en partie de celle de Roebuck.
' ^>>J^ (j'r'j ^' f^"* entendre probablement ici par ces mots le
sanscrit.
* wiJjc«i diow^b . Voyez des détails sur celte matière dans le Mé-
moire historique que feu M. de .Sacy a donné en tête de son édition
arabe de ce ménif ouvrage.
5 j«»._iS ^j -^ , c cst-à-dire l'Eclaireur de ientendeinenl. Ou avait
ET BIBL1U(.KAP11IE. 41
l'assistance du inaulawi Kàzim Ali Jawâii et des munscliî
Giiiàm-i Akbar-. Miizaï Beg et Gulàm-i Càdii'-. FMe
foriiu' dvLi\ \ (jluiiies grand m-8°. qui contiennent seize
chapitres dont voici le sujet en peu de mots.
Le f •' contient l'histoire de l'ouvrage , telle qu'elle a
été donnée par le fonieuv philosophe Bujurjniilir:
Le if contient celle de Barzuva. médecm distingué
par sa science et ses jurandes qualités, lequel fut envové
dans l'Inde par Nuschirwan le Juste, roi de Perse, à
ielTet d'obtenir une copie de ce livre célèbre;
Avec le m'- couimcncent les tables. La première a
pour but de prouver qu'il ne faut pas se lier aux faux
rapport^-.
Le IV" roule sur la punition qui est résen'ée aux mau-
vaises actions, et sur la lin nialhem'euse d'une vie mal
euqolovee:
Le v^ sur les heureux effets du bon accord entre les
amis, et sur le secours qu'ils peuvent se prêter nuituel-
lement:
Le vf , sm' la nécessité de veiller aux mouvements
commencé, en i8o3 . une première édition, petit in-folio, de cet ou-
vrage-, mais il u'eu a paru, je crois, que 52 pages. J'ai dans ma
collection particulière un exemplaire de cette portion. Cette édition a
ele annoncée sous le titre de Ayàr danisch , dans les Primihœ orien-
tales, tom. III. pag. 02. On a publié à Calcutta, en 1827, uu volume
d extraits du Khirad ajro: ; il est intitulé Tàlimaî-i Khirad afro:, c^LjJLxj
J3>iî ^>^ • ^<"P°"^ ^^ Khirad ajroz.
Le même qui a donne la seconde édition du Bàg o bahdr, ou
Histoire des quatre Déniches, publiée à Calcutta , en 1810.
- Gulàm-i Càdir est attaché, en ce moment, eu qualité de professeur
d'ai-dbe et de pei-san, au Bishop's CoUc(jc, près de Calcutta.
42 BIOGRAPHIE
d'un ennemi , et de se tenir en garde contre son hypo-
crisie et ses ruses ;
Le v^^ sur les inconvénients qui résultent de la né-
gligence qu'on met quelquefois à s'occuper d'un objet
qu'on a en vue ;
Le vin', sur les suites fatales de la précipitation ;
Le Ix^ sur la prévoyance , la politique et les expédients
par lesquels nous pouvons échapper aux maux que nos
ennemis cherchent à attirer sur nous;
Le X*, sur la nécessité de se mettre en garde contre
les personnes malveillantes, et de ne pas se fier à leur
sourire;
Le xf, sur fexcellence du pardon, qui est une des
plus grandes vertus d'un roi ;
Le xn*, sur la rétribution dont les crimes sont accom-
pagnés;
Le xiii*, sur les dangers d'aspirer à ce qui est hors de
notre sphère et de négliger nos propres affaires;
Le XIV^ sur l'excellence du savoir et de la modestie ,
et sur les bons effets d'une mûre délibération;
Le XV® montre que les rois doivent se garder des con-
seils des gens sans probité et sans droiture;
Le xvf , qu'on ne doit pas faire attention aux vicissi-
tudes temporelles, mais rapporter tout k la souveraine
volonté et au décret absolu de Dieu.
Il y a plusieurs autres Histoires de Ralîla et Dimna
rédigées en hindoustani. La première est intitulée Man-
lakhah ulfawâid ', c'est-à-dire Choix d'utilités; il y en a
un exemplaire manuscrit dans la bibliothèque de Fort-
ET BIBLIOGRAPHIE. 43
William; la seconde porte le titre de : Kalila Dimna, tar-
jama darhindoui rekhta\ c'est-à-dire, Kalila et Dimna,
traduit en hindouî rekhta; il y en a un exemplaire
dans la bibliothèque de YEast-India Home; la troisième
est indiquée dans le catalogue des livres de sir W.
Ouseley.
AHMAD ALI.
On doit à cet écrivain, qui habitait Faizâbâd, un
poëme sur l'histoire de Gai o Sanaubar-, qu'il écrivit
par l'ordre du dernier roi d'Aoude. Cette intéressante
légende fait le sujet de plusieurs autres romans en vers
hindoustani.
1 " Il y a un Gai o Sanaubar en dialecte dakhnî , dont
il existe un exemplaire dans la bibliothèque du Nizâm ,
à Haïderâbâd. C'est le même poëme, je pense, dont
on trouve un manuscrit incomplet à ÏEast-India Home,
sous le n° 546, fonds de Leyden,
1° Il y en a un autre qui porte le titre de Galschan-i
Hind ^, le Jardin de flnde , ou Qaissa-i Gui o Sanaubar,
Histoire de Gui et de Sanaubar. Cet ouvrage existe,
en manuscrit, à la bibliothèque du collège de Fort-
William, à Calcutta, qui fait aujourd'hui partie de la
collection de la Société asiatique du Bengale.
On doit encore à Ahmad Ali deux ouvrages en prose
hindoustani. Le premier est intitulé Mor pankhi * , ou le
^ iOiàr-j i5j«XJuft ji A^^j" AJL«i AÏyJ^
* jjyu» 5 J^ la Rose et le Pin.
44 BIOGRAPHIE
Batelet; et le second est ie conte qui porte le titre de
Rasclik-i pari^ ou la Jalousie de la fée. Ils ont été
écrits à Faïzâbâd, en 12/n de l'hégire (1825-1826).
AHMAD WAHHABl
Poëte musulman cité par Gilchrist, dans sa Gram-
maire liindoustani, comme ayant écrit en hindouî et
en urdîi ou hindoustani musulman.
AHMAD, DU GUZARATE.
Ali Ibrahim nous apprend , dans sa Biographie antho-
logique, intitulée Gahâr-i Ibrahim, que cet écrivain
hindoustani était contemporain et compatriote du cé-
lèbre Walî, qu'il était fort habile en sanscrit et en braj-
bhakha, et qu'il a laissé des poésies rekhta ^. Il en cite
ce vers seulement :
Ahmad, que puis-je faire aujourd'hui pour les belles dans
la voie de l'amour ? L'obscurité de la nuit environne ma tête , et
la fatigue relient mes pieds.
Je pense que c'est le même écrivain que Mîr nomme
dans sa biographie Ahmadi Giijarâti ou Ahmadi du Gu-
zarate, et dont il cite cinq vers où, malheureusement,
on ne trouve pas le nom du poëte.
- (_>Ufc» </ê/tcreux, etc. ; par suite , un des atlrilnils de Dieu, le ijtiié-
iriix par cxceUencc.
' C'est ainsi qu'on nomme souvent I hindoustani \crsilic.
ET BIBLIOGRAPHIE. 45
AHMADI.
Ahmadi ^ est le surnom poétique du schaïkh Ahmad
Wâris, poëte hindoustani distingué. Il naquit à Zima-
niya ^. Sa famille était alliée au cazî Schams uddîn
Hérawî ^, descendant du prince des spiritualistes , Schâh
Aschraf uddîn Baharî^. Quant à Ahmadî, comme il
tenait de ses ancêtres le droit d'être payeur du pargana
de Zimaniva , et de commander un escadron de cava-
lerie, il fut employé, en cette qLialité, par le nabab
de Gazîpûr, Fazl-i Ali Khan.
En Tannée i 196 ( 1781-1782 ), il lit un choix de
cent vers environ parmi ses nombreuses poésies hin-
doustani, et les envoya à Alî Ibrahim, pour qu'il pûl
les citer dans sa Biographie anthologique ; mais ils ne
lui parvinrent pas, et ce dernier n'en cite que dix qu'il
connaissait déjà.
AISCH, DE DEHLI.
Mirzâ Muhammad Askarî Aïsch ^ était fils de Mirzâ
Alî Taquî , cpii avait la charge de schar amîn ^ de la
ville de Jahanguîrâbâd ( Dacca ) , pour le nabab Hu-
çaïn Alî Calî Khan. Mii^zâ Askarî naquit à Dehli, mais
' ^^«X^t Ahnadien , Mahométan.
^ Petite ville au sud de Gazîpûr, dans la province d'Allaliâhàd.
' C'est-à-dire de la ville de Hérat, en Khoraçan.
* Ou de Bahar, province de l'Inde.
* (ji^Afi vie, etc.
^ MV*^ ^"Ir**' c^st-à-dire, je crois, receveur.
46 BIOGRAPHIE
il alla se fixer à Murchidàbàd et v occupa des fonctions
publiques. Ses poésies hindoiistani ont été réunies en
un diwàn : elles ont de la célébrité. Aii Ibrahim, qui était
lié avec lui. en cite plusieurs vers dans son Gnlzâr.
AISCH :HACA\ RIZAI.
Mirzà Haçan Rizai ,\Î5ch. disciple de Mir Soz. est
représente, par les biographes originaux, comme un
poète dun heureux naturel, aimable et modeste. Il
était à la fleur de làge à l'époque où Mushaii. qui le
connaissait, écrivait son Tazliira. \ oici la traduction
d un comi gazai de cet écrivain :
Si ce charmant oiseau venait une fois seulement au bord de
la terrasse de ma draneore , je m emparerais de lui et je îe met-
trais en sùrete quelque part. — Qu est-ce que ces gouttes de
vin que tu me donnes, ô echan?::: . Remplis donc une tois ma
coupe entièrement. — Ce gazai de Aisch est comme un holo-
causte d'amour : oui, je suis prêt à sacrifier ma vie pour celle
à qui je me suis voué.
AISCHI.
Taiab .\li. connu sous le surnom poétique de AischiK
est auteur d'un diwàn qui consiste en une grande
variété de poèmes écrits avec goût et élégance. C est
à M. le heutenant-eolon^l Low. résident anglais a Lakh-
nau, que je dois ce renseignement, quil tenait du bi-
bliothécaire du d^rni'?! roi d'Aoude.
* Je nai pas vu ce nom écrit en caractères persans : mais je pense
que c'est le mot ^^vivxA - adjectif dérivé de yj^»^ vU , et par suite.
piamr. délices.
ET BIBLIOGRAPHIE. 47
\nz\
Poète hindoustani cité par Mîr seul, dans sa bio-
graphie. Il parait qu'il se livrait à l'amour antiphysique,
pour lequel, malheureusement, les Orientaux à ima-
gination ai'dente ont quelquefois de la propension. Il
était lié avec Mivân Kamtarîn. et il avait souvent des
conférences littéraires avec Hàfiz Halim. qui était un
homme d'mi caractère affectueux et très-liant. Ce der-
nier connaissait les bons vers des grands maitres, et
il écrivait les siens à la manière d'Abû Ishac Atima "-.
Quelquefois Ajiz composait des vers en sa compagnie
ou s'occupait a intercaler des vers connus dans les
siens. Mii^ cite un exemple de ces intercalations nom-
mées tazmin ^.
AJIZ .ARIF UDDn).
Arif uddin Ali Kliân Gobin Aiiz. d'Akbaràbâd ou
Agra. est un des poètes hindoustani dont les œu\Tes
ont été réunies en diwàn. Il avait habité Dehli dix
à douze ans avant l'époque où Mir écrivait sa biogra-
phie. et \ avait acquis de la célébrité, d'après le té-
moignage du même biographe. Quelque temps avant
la même époque, il alla dans le Décan; il se fixa à
Burhanpiir. ancienne capitale du Candcisch. Selon Mir.
' ys>-\^ faible , abattu.
' A.>xlrï , mot arnbe , pluriel de ^^Ixls viande, nonrriture.
^8 BIOGRAPHIE
le langage d'Ajiz n'était pas pur. Il a généralement
écrit dans le mètre nommé kabit. Fath Alî Hucaïnî
donne dans son Tazkira trois pages de ses vers. Voici
la traduction du seul que cite Alî Ibrahim :
O visage de roses ! lorsque je me souviens de toi , par l'abon-
dance de mes larmes de sang, mes paupières sont comme un
rosaire de grains de rubis.
AJIZ (MUHAMMAD).
Muhammad Ajiz est un poëte du Décan, h qui on
doit : 1° le Qaissa-l lui o gauliar, ou simplement Lâl o
gauhar \ roman en vers hindoustani , qui jouit d'une
certaine célébrité qu'il doit surtout au stvle brillant
et facile dans lequel il est écrit. J'en ai un exemplaire
dans ma collection particulière, et il y en a aussi
des copies dans les principales bibliothèques de l'Inde,
entre autres dans celles du collège de Fort- William , k
Calcutta, et du Nizâm, à Haïderâbâd. On trouvera
l'analyse de ce poëme ( masnawî ) dans le second vo-
lume de cet ouvrage. Il existe, en persan, un ouvrage
sur le même sujet, par Huçaïn Alî, de Séringapatan.
Cet ouvrage, écrit en 1778, est dédié au malheureux
sultan Tippou.- Il est mentionné dans le catalogue des
livres de ce prince, catalogue publié par feu C. Stewart.
2° On doit aussi à cet écrivain une histoire de Firoz
Schàh, intitulée Qaissa-i Firoz Scliâh-, masnawî dont il
existe des exemplaires manuscrits à la bibliothèque du
^fcj 5 J*s*J If Tiubis cl la Perle.
I
ET BIBLIOGRAPHIE. 49
collège de Fort-William et à celle de la Compagnie des
Indes orientales, à Londres. Un manuscrit de ÏEast-
India House a été cojDié en iioo de l'hégire ( 1688-
1689)^. L'auteur nous apprend que ce dernier ouvrage
est traduit du persan. Il existe, en effet, un ouvrage per-
san portant ce titre , parmi les manuscrits recueillis par
Mackenzie - ; et M. Wilson, rédacteur du catalogue rai-
sonné de ces livres, nous apprend que ce Firoz Schâh,
fds du roi de Badakhschan, comme Taj ulmulûk, héros
du Gul-i BaMwali, alla chercher une fleur merveilleuse
pour guérir son père malade.
AJMAL.
Le schaïkh Schâh Muhammad Ajmal'^, d'Allahàbâd,
frère cadet de Schàh Gulâm-i Cuth uddin Mucîbat ^ ,
était faquîr, ainsi que son titre de schâh ^ l'indique,
et la lignée religieuse à laquelle il appartenait est cé-
lèbre dans l'Inde. Il était très-lié avec Alî Ibrahim, et,
sur la demande de ce dernier, il lui envoya à Bénarès ,
d'Allahàbâd où il résidait , en l'année 1 196 (i78i-iy82],
' Ce manuscrit, qui porte le n° SgS, fonds Leyden , n'a pas de litre;
c'est seulement d'après les titres des chapitres qu'on peut juger que
c'est l'histoire dont il s'agit.
- Tom. II, pag. iSy.
' J^^ÎJtI le plas beau.
'' Voyez l'article consacré à Mucîbat.
^ Ce mot signifie roi, comme chacun le sait; après le nom de l'in-
dividu auquel 11 est joint, il s'emploie en parlant d'un souverain; avant
le nom, il indique celui qui est roi de ses passions, qui les a sub-
juguées, et c'est un titre qu'on donne aux derviches, aux pîrs, etc.
Voyez mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde, p. 21.
I. 4
50 BIOGRAPHIE
des vers qu'Ibrahim a insérés dans sa biographie. J'ignore
si Ajmai est auteur de quelque ouvrage de longue ha-
leine et si ses pièces de vers ont été réunies sous le
titre de diwân.
AJOMAYARA.
Ecrivain hindou à qui on doit un guita ou chant
par excellence, écrit dans le dialecte de Jaïpûr. Ward
cite cet ouvrage dans son Histoire et littérature des
Hindous ^ Il cite un autre guîta en dialecte de Kanoje,
mais sans en indiquer l'auteur.
AKBAR.
Hajî Schâh Akbar -, connu aussi sous le nom de Bah-
chû, est un poète hindoustani qui habitait Dehli. Mus-
hafî nous le représente comme un jeune homme gai , vif
et agréable. Il était attaché à l'empereur mogol en qua-
lité de concierg \ A l'époque où Mushafi fonda, à Schâh-
jahânâbâd (Dehli), une société littéraire, Akbar fut le
premier qui vint lui soumettre ses pièces de vers. Peu
de temps après , il s'attacha au poëte Schâh Hâtim ^, et
retira de la société de ce célèbre écrivain mystique,
de grands avantages spirituels et littéraires. Il composa
ensuite un diwân écrit à la manière antique et plein
d'allusions et de métaphores obscures -, genre que Mus-
' Tom. II , pag. 48 1.
' wAl^jÎ (jrand : à la lettre, plus grand ou le plus (jrand.
' Voyez l'article consacré à cet écrivain, qui, selon Bénî Narâyan,
était le père de notre poëte.
ET BIBLIOGRAPHIE. 51
hafi , dont le Tazkira me fait connaître ces particiiiarités ,
déclare ne pas aimer; aussi cite-t-il de cet écrivain
trois vers seulement, qui forment, du reste, un court
gazai que Bénî Narâyan a reproduit dans son Dîwân-i
jahcm.
ARHTAR.
Mîr Akbar Ali Akhtar ^ , prit d'abord le mot Anjam ^
pour takhallus. Il était fils d'Abd uUah et petit-fils de
Pansad Muni qui était un des fils du nabâb Camar uddîn
Khan. Mushafi dit que c'était un jeune homme très-
aimable et fort éloquent. 11 est compté , à juste titre ,
parmi les poètes hindoustani. Il excellait aussi dans les
arts manuels , et s'amusait volontiers à tirer des feux d'ar-
tifice. Un jour, il se rendait à Lakhnau en compagnie de
Mirzâ Jànî qui était récemment revenu de Karbala; or,
Mirzâ Jânî qui connaissait depuis longtemps Mîr Mu-
hammad Naîm Khàn, vint loger dans la maison de ce
dernier, et lui ayant fait f éloge de fhabileté d' Akhtar, il
le détermina à le prendre à son service. Mushafi était
attaché au même personnage, et il fut, par conséquent,
lié avec Akhtar qui lui soumettait ses vers. Quelques
années se passèrent ainsi; mais ensuite Mushafi dégoûté
des vers et de la poésie , ne voulut plus être le conseiller
d' Akhtar. Alors il s'adressa à Miyàn Calandar Bakhsch
Jurât, poète qui jouit d'une grande célébrité et dont il
.1 astre, étoile.
S^\ , forme comparative de la racine arabe j^^ apparaît, etc. ,
racine à laquelle appartient le mot g..^ étoile.
à.
52 BIOGRAPHIE
sera parlé plus loin. Mushafî qui cite deux pages des vers
de ce poëte, croyait qu'il passait trente ans en i ygS.
ARRAM.
Khâjâ Muhammad Akram \ de Dehli, est un poëte
hindoustani qui excellait surtout à faire des chrono-
grammes ^ en vers. C'est ce que nous apprend Ali Ibra-
him , qui en cite le vers dont la traduction suit :
Si le dévot spiritualisle venait dans ma pagode , ah ! j'en suis
sûr, il croirait se trouver dans la mosquée.
Le poëte veut dire par là que l'homme religieux exoté-
riquement est aussi bien dans une pagode que dans une
mosquée pour prier Dieu; que, s'il en faisait fessai, il
verrait par lui-même qu'il en est ainsi.
ALA.
Mîr Ala ^ fds de Mîr Wiiâyat ullah Khân , était un
noble de Dehli connu pour son talent poétique. Ibrahim ,
auteur du Gulzâr, fut dans le cas de le voir à fé-
poque de la guerre que soutint, contre les Anglais, le
nabâb Schujâ uddaula dans le gouvernement duquel
Ala occupait un emploi. Il nous apprend qu'il avait
beaucoup de goût pour le luxe et les plaisirs de f amour.
Il cite de lui plusiem^s gazai et quelques vers détachés.
En voici un qui se distingue par son exagération méta-
phorique :
' ^«w^al trh-gènèreux.
* C'est ce qu'on noirnne ^jlï-
' jXcl trh-èlcvè, excellent, nohle , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 53
Le lorrent de mes larmes ne se contente pas de rouler dans
les flots des fragments de mon cœur; mes yeux eux-mêmes sont
entraînés par le courant, avides qu'ils sont de voir ma bien-
aimée.
ALAM.
Sâhib Mîr Alam *, de Dehli, fils de Khàja Mîr Dard \
était un derviche très-versé dans la science du spiritua-
lisme. Il était encore jeune en 1796. Mushafî nous le
représente comme fort doux et très-affable , et comme
ayant hérité du talent, pour la poésie, que son père
possédait à un degré éminent. Il réussissait surtout
dans les quatrains et les matla ^. Il demeura quelque
temps à Murschidâbâd en 119/1 (1780), par suite de
famitié qui le liait au râja Daulat Râm. Lutf nous ap-
prend qu'il vivait à Dehli dans la retraite et fabnégation
en 12 i5 (1800-1801). Il a laissé des poésies hindous-
tani, dont Mushalï, Ali Ibrahim et Lutf citent plusieurs
fragments.
ALL
Munschî Saïvid Balladur Ali *, père dusaiyid Abd uilah ,
éditeur du Coran hindoustani dAbd ulcâdir, est auteur
lui-même d'une autre traduction inédite du Coran écrite
en hindoustani. (Voyez farticle sur Abd uUah.)
' ^/«Jl peine, ajliciion.
'^ \oyez l'article consacre à cet écrivain.
^ Le kMa^ est le premier vers d'un poëme.
' (^ élevé, noble, etc., nom propre du cousin et gendre de Mahomet,
premier imâm.
54 BIOGRAPHIE
ALI (HACAIN).
Mîr Haçan Alî, de Laklinau, fils de Mîr Hajji Schàh,
est un Musulman distingué et fort instruit qui résida
plusieurs années en Angleterre, Il était attaché en qua-
r
lité de munschi à f Ecole militaire de la compagnie des
Indes orientales à Addiscombe, près Croydon. Il re-
tourna ensuite dans flnde, et conduisit avec lui une
dame anglaise qu'il avait épousée, et qui resta à Lakhnau,
pendant douze ans, renfermée dans le harem de son
mari. Elle revint ensuite en Angleterre, et y publia, en
1 83 2 , sous le nom de Madame Mir Haçan Alî , un ouvrage
très-intéressant sur flnde musulmane ^
Haçan Alî est auteur, outre f ouvrage de sa femme,
auquel il a indirectement coopéré , en lui fournissant de
précieux renseignements,
1° D'une traduction hindoustani de ï Evangile de
S. Mathieu, dont on conserve l'original à la bibliothè-
que de ï East-lndia Hoase à Londres ;
2° De la traduction, en hindoustani, d'une portion
du célèbre roman de Goldsmith intitulé le Ministre de
fVaheJield, traduction qui a été publiée dans la seconde
édition des Hindustani Sélections, par M. Shakespear
alors collègue de Mîr Haçan , à Croydon;
o" D'une Grammaire hindoustani, dont le manuscrit
original existe dans la bibliothèque du collège de Fort-
William à Calcutta ^ ;
' Il est intitulé Observations on tlie Miisulmauns oj India. J'en ai donné
une notice clans le Journal asiatKjae , W série, t. IX , p. SSg et siiiv.
' Voyez le catalogue imprimé de celte bibliothèque, n° 6o6.
ET BIBLIOGRAPHIE. 55
/i" De la traduction, en liindoustani, d'une portion
de la liturgie de l'église anglicane. J'ignore si c'est celle
qui a été imprimée à Calcutta en 1 81 4, sous le titre de
A compendium ofthe Book of common prayer.
ALI (HACAN), DU DÉCAIS.
On doit à cet écrivain que feu Charles Stewart nomme
poëte lauréat dans son catalogue des livres de Tippou :
1° L'ouvrage intitulé Bhûk-bai ou Kok-scMstar \ vo-
lume en vers hindi, imité du sanscrit, dont le titre signifie
Liber coitus, id est modortim diversorum coeuudi. Ces ma-
nières, au nombre de trente-quatre, sont décrites scrupu-
leusement. Les femmes y sont divisées en quatre classes ;
elles sont nommées , selon celle à laquelle elles appar-
tiennent, padmanî, chitrinî, sankhini ou schankinî et hastini.
Les hommes sont séparés à leur tour en quatre classes.
Ils se distinguent en ahû (daim ) , scher (lion), khar (âne)
et yï/ (éléphant). On prétend que l'auteur du premier
ouvrage de ce genre était un pandit nommé Kok, et qu'on
a donné son nom à tous les écrits postérieurs sur cette
matière^. Il y a parmi les manuscrits hindoustani du
collège de Fort-William , un volume intitulé Kok-schâstar;
j'ignore si c'est le même ouvrage. H y a aussi parmi les
manuscrits de ÏEast-India House un ouvrage intitulé
Naskhahi kamîr qui est indiqué comme une traduction
' ^jJLmiUÏ c-Oj-*^ iS**^- <-^ "-Ij^ • ^^^ àenx premiers mots doivent
être plutôt, je pense, Jk.^ '^^ ^^^°9 P"-^- '^ moment du plaisir.
^ Je possède dans ma collection particulière un ou\rage persan sur
le même sujet, intitulé Kok-nâma. ^^^\j liL^Ss
56 BIOGRAPHIE
hindi du Kok-schâstra. Je trouve enfin, parmi les ma-
nuscrits indiqués dans le catalogue de la riche biblio-
thèque d'un certain Farzâda Culî, un Traité sur le hok en
vers hindi, intitulé Riçâla-i Koksâr ^
2° Le Mufarrih alculdb^, ou ce (jui réjouit les cœurs;
titre qu'on a donné aussi à une traduction hindoustani
de VHitu-padéça, faite d'après une version persane qui
est intitulée de la même manière ^. Le Mufarrih d'Haçan
Alî est, selon Ch. Stewart, une collection de poëmes et
d'odes de félicitation en persan et en dakhnî; mais c'est
en réalité une sorte de poétique écrite en persan avec
de nombreux exemples en vers hindoustani. On en
conserve un exemplaire à la bibliothèque de ÏEast-India
House, n" 208, fonds Leyden.
Ces deux ouvrages sont dédiés au sidtan Tippou : ils
étaient l'un et fautre dans sa bibliothèque.
AMANI, D'AZIMABAD.
Khâja Imâm Bakhsch Amànî *, d'Azîmàbâd (Patna),
vivait sous le gouvernement du nabab Siràj uddaula, fils
de Haibat-jang.Il existait encore en Tannée 2 4 du règne
de Schah Alam II qui commença à régner en 1 -76 1 , et
il habitait sa ville natale. Alî Ibrahim à qui j'emprunte
ces détails , ne cite qu'un seul vers de ce poète hin-
doustani.
' jU»fcS>j *iL*»(j Traite sur l'essence { l'affaire ) du hok.
' Voyez l'article sur Huça ni (Bahàdur Alî V
' <3^' (dérivé de l'arabe yUl ) , sùrcte , charcje, dépôt.
ET BIBLIOGRAPHIE. 57
AMANI, DE DEHLI.
Mîr Amânî , fils du khâjâ Acimî ^ , naquit à Dehii. Il
alla habiter Murscliidâbâd en 1181 (1 767-1 768). Il y
célébrait avec zèle la fête du Tazia ^. Non-seulement il
composait des marciya^ en bindoustani en rbonneur du
martyr des martyrs (Huçaïn), mais encore il les chan-
tait lui-même du haut des minarets. On raconte qu'à
la suite d'un évanouissement qu'il éprouva dans une des
dix nuits du mois de muharram consacrées à cette fêle,
en 1187 (*77^'^77^)' ^^ quitta cette terre périssable
pour aller habiter féternel jai^din. Alî Ibrahim cite trois
pages de ces vers. J'ai lu aussi un cacîda de ce poète,
à la louange d'Açaf uddaula, nabàb d'Aoude, dans un
recueil manuscrit de pièces de poésies bindoustani. Il
m'a paru écrit avec élégance et facilité.
AMIN.
Khâjâ Muhammad Amîn uddîn ou simplement Amin *,
d'Azîmâbâd (Palna), était fils de Wahîd uddîn Khân qui
exerçait les fonctions de cazi pour le nabâb Najîb ud-
daula. Il était très-lié avec Alî Ibrahim, et un des hom-
mes les plus distingués de son temps pour la poésie et
' /^ ) pécheur, etc. C'est le même personnage dont il a déjà été
parlé , quoique son nom soit orthographié dififéremment.
^ Voyez, sur cette solennité, mon Mémoire sur la religion musulmane
dans l'Inde, pag. 3o et suiv.
* Ibid. pag. 34.
* (jv^t sàr.jidèle.
58 BIOGRAPHIE
l'éloquence. Il y a, en effet, plus d'esprit et de jugement
dans ses écrits que dans la plupart de ceux de ses con-
temporains. Il s'exprimait purement; il était plein de
bonnes qualités et d'un commerce agréable. Il fut, à Dehli,
le voisin de Musliafi, et fréquenta la même société litté-
raire, A cette époque, il était daroga (surintendant) de
la pharmacie impériale. En i i g/i de l'hégire ( i y8/i de
Jésus-Christ ) , après avoir occupé pendant quelques
années un emploi auprès de Mîr Muhammad Rizâ Khàn
Muzaffar-jang Bahâdur, il vivait dans le contentement et
findépendance qui caractérisent les vrais spiritualistes.
Ses œuvres qui ne sont pas nombreuses , ont été réunies
en diwân. De ce recueil Alî Ibrahim a extrait dix pages
dont il a enrichi son Anthologie biographique.
AMIN, DU DÉCAN.
Muhammad Amîn, du Décan, est un poëte distingué
h qui on doit entre autres un Sâqui-nâma et un masnawî
sur Joseph et Zalîkhâ , légende favorite des poètes mu-
sulmans. Il est intitulé Qaissa-i Yuçûf ZalîkM K J'ai, dans
ma collection particulière , un exemplaire de cet ouvrage
que je dois à mon honorable et savant ami M. le capi-
taine Troyer, qui fa fait copier pour moi sur fexem-
plaire qu'on conserve à la bibliothèque de Fort-Wilham,
à Calcutta. Il se compose de 299 pages petit in-/i°. Ce
poëme diffère de celui de Jamî et des ouvrages persans
sur le même sujet'-, ainsi qu'on pourra en juger par
' Tout ic monde ne sait pas que le célèbre Firdaucî composa , dans
ET BIBLIOGRAPHIE. 59
l'analyse que j'en donnerai dans le deuxième volume de
mon travail. Il existe, en hindoustani dakhnî, mi vo-
lume intitulé Yuçûf Zalikhâ dans la bibliothèque du
Nizâm, k Haïderâbâd. C'est probablement un exemplaire
de celui d'Amin.
AMIR.
Le nabab Muhammad Yàr Khân Amîr ^ fds du nabàb
Muhammad Ali Khàn, a écrit en hindouî aussi bien
qu'en urdù'^. C'était un émii^ Afgân de nation, remarqua-
ble par ses bonnes qualités. Il fut le premier de son
siècle dans la science de la musique; il jouait surtout
parfaitement du sitâra ^. Hakîm Kabîr Sumbulî ayant
fait naître en lui le désir de faire des vers, il voulut
prendre des conseils de Mîr Soz et de Mii'zâ Rafî Sauda
qui, à cette époque, étaient à Farrukhàbâd auprès de
Mîhrbân Khân Rind , et se livraient avec distinction à la
culture de la poésie hindoustani. Il leur écrivit pour les
engager h venir passer cpielque temps auprès de lui ;
mais ils ne purent se rendre à son invitation. Il fit alors
la même proposition à Mîyân Muhammad Câïm , qui ré-
sidait, à cette époque, à Baçûlî *. Ce dernier consentit
les dernières années de sa vie, un poëme sur Joseph et Zalikhâ. Il en
existe un exemplaire, malheureusement incomplet, à la bibliothèque
de la Société royale asiatique de Londres. J'ai trouvé Tindication d'un
autre exemplaire dans le catalogue manuscrit des livres de Muhammad
Baksch, catalogue qu'on conserve à VEast-India Housc.
' wA^Î prince , nom qu'on donne aux descendants de Mahomet.
- Grammar of the Hincloostance lantjucKjc. by Gilchrist, pag. 335.
^ Instrument de musique à cordes. Voyez le Canoun-i i.flum , Append.
pag. i4, et Willard, A Treatise oj ihc music of Hindoostnn . pag. 116.
' Ville de la province do Dehii, qui était la capitale du Rohilkand,
sous Hàfiz Rahmat Khân.
60 BIOGRAPHIE
à ce qu'Ainîr désirait. Il fut son maître et reçut de lui
des honoraires de cent roupies ^ par mois. Amîr attira
auprès de lui, de la même manière, d'autres gens de
lettres distingués, tels que Fidwî de Lahore, Mîr Naîm,
Parwâna Ali Schàh de Murâdâbâd , Miyân Isclirat Hazâl
et Hakîm Kabîr Sâhib. Ce dernier, dont il a été parlé
plus haut, devança tous les autres. Mushafî, auteur de la
biographie d'où je tire ces détails, fut du nombre des
littérateurs qu'Amîr appela auprès de lui. Il aimait aussi
beaucoup le dessin, et employait un homme, habile en
ce genre , nommé Aquil Khan , à qui il faisait copier ses
vers sur un album de diverses couleurs. Cet heureux
temps ne dura pas. Zâbit Khan ayant été défait à Sukar-
thal, par l'empereur de Dehli (Schâh Alam) , avec l'aide
des Mahrattes-, tous ceux qui formaient la réunion litté-
raire dont nous parlons se retirèrent. Mushafî se ren-
dit alors à Lakhnau , et , un an plus tard , il alla se fixer à
Dehli. Ce fut là qu'il apprit qu'Amîr était mort peu après
la défaite de Hâfiz Rahmat Khân^ qui eut lieu en 177/1.
Voici un gazai extrait des œuvres de cet écrivain :
Ta tyrannie exerce de nouveau ses ravages dans mon âme. Je
dois te le rappeler, que tu veuilles l'entendre ou ne pas l'en-
tendre. Je pousse des cris et des gémissements. Mon âme est
brisée par l'attaque de celte beauté. Où est-elle pour que je ré-
jouisse mon cœur par sa venue ? Il faut que cette aimable chas-
seresse m'encourage , moi son esclave, et non pas, au contraire,
' C'est-à-dire 280 francs.
* Voyez des détails là-dessus dans l'ouvrage intitulé The Life of Rah-
mat Khan, pag. 96 et suiv.
* Célèbre chef rohilla. Voyez, dans cette biographie, l'article con-
sacré à son fils Muhabhat.
ET BIBLIOGRAPHIE. 61
que ce soit mol qui excite sa tendresse. Ici ta beauté et la coquetterie
se manifestent toujours, et me rappellent bien le bonheur qui
fait ton partage. De mon cœur s'élève la vapeur de mes soupirs ;
ils expriment ce que je ressens. Si ton œil est si rouge, est-ce
par la veille ou par le sang qui provient du meurtre de tes
amants ? Au temps où tu m'as congédié , ô ennemie de mon
âme! quelle n'a pas été la détresse que j'ai supportée! Mais
puisque je suis venu conformément à ton désir, fais de moi ce
que tu voudras. Quelle injure l'homme ne supporte-t-il pas par
désespoir ! Dieu seul connaît celui qui attire les regards de cette
belle : ce narcisse aujourd'hui ne peut lever les yeux, tant il est
faible. A la demeure d'Amîr viennent , pour s'informer de lui,
des personnes qui lui sont étrangères ; leur fera-t-il entendre les
gémissements de son cœur ?
Dans la liste des livres hindoustani-urdu de Sirâj
uddaula d'Haïderâbâd , liste que je dois à l'obligeance du
colonel J. Stevvart, je trouve un volume intitulé Diwân-i
Amir Hacc Dihlawi ^ L'écrivain dont il s'agit ici paraît
être le même que celui dont je viens de parler. Il faudrait
seulement supposer qu'il a pris quelquefois le mot
hacc (vérité) pour surnom poétique. Il peut se faire aussi
que Hacc soit un écrivain distinct d'Amîr.
AMJAD.
Maulawî Amjad ^ est un écrivain hindoustani distin-
gué qui habitait Delili , et à qui Alî Ibrâhîm donne le
titre d'ancien poète , parce qu'il suivait l'ancienne mé-
thode d'écrire. Toutefois , il vivait encore en i ygS , et il
* Js.;SÎÎ louable.
62 BIOGRAPHIE
était âgé de soixante et dix ans. Mushafî qui nous donne
ces détails, fait l'éloge de ses qualités morales et intellec-
tuelles-, il dit qu'il était versé dans la connaissance de la
langue persane, qu'il était, pour les sciences humaines,
disciple de Nizâm uddîn Mujiz , et pour les spirituelles ,
de Maulawî Fakbr uddin Muhammad. Son talent pour la
poésie était le moindre de ses mérites. Il jouit toujours
pendant sa a ie de beaucoup de considération parmi ses
contemporains.
Voici un gazai de lui , que Bénî Naràvan a donné dans
son Anthologie :
Le cœur altéré, l'àme sur les lèvres, je m'en vais de ce monde ;
informe-toi de mon état, ô échanson, car je vais mourir. Si lu
viens me serrer dans tes bras , mes larmes formeront un torrent
dans les flots duquel je me jetterai. Je ne me lèverai pas même
à l'époque de la résurrection , si tes regards ne se tournent pas
vers moi. L'injustice que tu me fais éprouver me jette dans la co-
lère et l'affliction. Un monde entier a trouvé le salut loin de ton
épée sanguinaire ; mais , de tous les coupables , je suis resté seul.
Lorsque tu m'as dit : Viens, assieds-toi , je suis allé m'asseoir. Lors-
que tu m'as dit : Va-t'en d'ici, j'ai dit. Je m'en vais. — Ah ! lorsque
Amjad te voit, des larmes de joie tombent de ses yeux.
AMMAN.
Mîr Amman \ de Dehli, connu, ainsi que le docteur
Gilchrist nous l'apprend dans ïHindee Manual, sous le
' /.y^l 1 c'est ainsi qu'on doit écrire ce nom , d'après Gilchrist et
F. Stnyth -, mais comme il n'y a pas de taschdîd dans ce nom, lorsqu'il
est écrit en caractères persans, on peut supposer qu'il faut lire /y^î , qui
signifie sécurité.
ET BIBLIOGRAPHIE. 63
takhallus de Lutf\ surnom qu'il avait probablement pris
dans ses poésies fugitives, était d'une famille très-dis-
tinguée. Son talent pour la poésie se réveilla tout natu-
rellement, car il nous apprend quelque part^ qu'il n'a
jamais été ni l'élève nile maître de personne. « Je ne suis,
« ajoute-t-il, ni poète (de profession), ni frère de poète;
«mes vers ne sont que des essais.» Il se flatte, néan-
moins, de posséder le vrai dialecte m^dù, parce qu'il est
né et qu'il a vécu à Dehli , parmi les gens les plus dis-
tingués, et que ses parents et ses ancêtres ont été dans le
même cas. Ils furent, en effet, au service des empereurs
mogols depuis le règne d'Humayûn. Pom' récompenser
leur zèle et leur fidélité , ces souverains leur donnèrent
non-seulement des titres et des dignités , mais des jâguir
(terres féodales). Lors du bouleversement de fempire
mogol, Surâj Mail, fondateur de la principauté des Jàt ,
s'empara du jàguîr qui était revenu à Amman, et Ahmad
Khan Durrânî, roi de Caboul, pilla sa maison. Alors il
quitta son pays natal , et il alla vivre pendant quelques
années à Azîmâbâd ou Dacca. Comme il n'y fut pas très-
heureux, il y laissa sa famille et vint à Calcutta dans
fespoir d'y trouver des moyens d'existence. Il resta
quelque temps sans emploi, puis il fut attaché comme
précepteur à un jeune Musulman. Enfm, le munschî
Mîr Bahâdûr Ali ^ le présenta au docteur Gilchrist ; et
dès lors, grâce à ce généreux protecteur, il fut à l'abri
du besoin , et put même nourrir les dix personnes qui
' ■_ tl^i bonté.
^ Préface du Gang-i Ithûbî.
' Il sera qneslion plus tard de cet écrivain sous le nom de Haçàïnt.
64 BIOGRAPHIE
composaient sa famille ^ C'était en 1801. Il traduisit
d'abord, du persan en hindoustani, lintéressant roman
des Quatre Derviches'-, auquel il donna le nouveau titre de
Bag 0 hahàr, ou le Jardin et le Printemps. Celte traduction
a été imprimée plusieurs fois à Calcutta^, elle a été repro-
duite à ]\ladras en 1822. et iithosraphiée à Cawnpour
en 1 83^. On en a donné aussi une édition en caractères
latins [As. Journ. N. S. t. XXR . p. 88). Cet ou\Tage est
du petit nombre des productions hindoustani qui ont été
traduites en anglais. Lewis Ferdinand Smith en a donné
une excellente traduction enrichie de notes intéres-
santes ^. Ce volume, du reste, est extrêmement rare
comme la plupart des ou\Tages imprimés dans flnde.
L'orioinal persan de ce roman in titidé Ouissa-i chahar
danvesch, ou Histoire des quatre Derviches, est dû au
célèbre poète de Dehli, Mir ou Amir Rhosrau , qui a écrit
en persan la plupart de ses ouATages , et qid est compté
néanmoins à juste titre parmi les poètes hindoustani,
parce qu'en effet il a aussi écrit dans cette langue , quoi-
que, à l'époque ou ii l'a fait, peu à,e poètes musulmans
emplovassent cet idiome dans leurs écrits. On rapporte
' Préface du Bag 0 bahar, pag. \.
- Il V a d'autres traductions hindoustani de cet ouvrage. Outre celle
dont je parlerai à larticle ilta, il existe, entre autres, un volume hin-
doustani intitulé Qaissa-i char dancesch, dans la bibliothèque du vizir
du Nizâm , manuscrit qui est probablement écrit en dialecte dakh ni .
et qui est sans doute une traduction du roman persan.
' La g' édition a été donnée par Gulàm-i Akbar, en i8i3. On en
avait commencé une 1" édition en 1802 , qui devait faire partie de
YHindee ifanual: mais il n'en a paru que 102 pages.
* The Taie of the Four Darwesh , translated from the oordoo tongne . etc.
Calcutta, i8i3, in-i.°.
ET BIBLIOGRAPHIE. 65
queKhosrau récita ce roman pour distraii'e, pendant une
maladie, Nizàm uddin Aulivà son maître, personnage
vénéré dans ilnde à cause de son éminente sainteté, de
sa grande charité et de son souverain mépris des choses
du monde ^. D'autres écrivains persans se sont exercés
sui' cette légende très-appréciée par W illiam Jones -.
Après avoir traduit du persan, d'après l'invitation du
D'' Gilchrist, l'Histoire des quatre Derviches . Amman
traduisit, en i2iy (1802). toujours d'après le désir du
même savant, un autre ouvrage persan qui jouit d'une
grande célébrité : ïAkhlâciu-i niuhcini "' de Hucaïn Waiz
Kaschifi, auteur de ïAnwdr-i Suhaïli, ouvrage qui fut im-
primé en partie à Calcutta ^ . en caractères dévanagari ,
sous le titre de Ganj-i hhibi [Trésor de bonté) que lui
donna notre auteur. Je possède un manuscrit complet
de ce dernier ouATage écrit en caractères persans, lequel
a appartenu à Sandford Arnot, spirituel orientaliste
écossais, mort, il v a quelques années, à la fleur de l'âge.
Cette traduction écrite dans un style élégant et facile,
dans le véritable langage urdù de la haute société^,
' \oyez , sur ce personnage nomme Znrrizar bakhsch ou donneur et or,
mon Mémoire sur la religion mnsalmane dans l'Inde, pag. loi et suiv.
- Diss. on ihe musical Modes. {As. Res. tom. II, pag. 63. )
' /ç ^ "^^ i»lV^-^î les Bons usages i buoni costumi). J'ai donné
i analyse de cet ouvrage dans le tome I\ , pag. 61 et suiv. de la IIP série
du Journal asiatique.
* In-fol. de 4i pages. La portion imprimée ne va que jusqu'à la moitié
do ïiv' chapitre, qui roule sur la fermeté. L'année de l'édition n'est point
indiquée dans l'exemplaire de VEast-India Hoase, le seul que j'aie vu.
11 était annoncé comme étant sous presse, en i8o4. [ Primitiœ orientalts ,
tom. III, pag. 3i. )
^ Préface du Ganj-i khûbi. pag. 5.
I. 5
66 BIOGRAPHIE
n'est pas tout à fait littérale ; elle est quelquefois la para-
phrase du texte persan, qui est souvent un peu trop concis.
A tout prendre , cette traduction me semble plus élé-
gante et plus fleurie que le texte persan. Amman a eu
soin de se rendre intelligible aux lecteurs qui ignorent
l'arabe, en rejetant toutes les citations textuelles du Co-
ran et des Hadîs, et en se bornant seulement à en donner
le sens.
Il est probable qu'Amman , avant de traduire ces deux
ouvrages , avait écrit un diwân , et que c'est ainsi que les
professeurs du collège de Fort-William avaient pu juger
de sa capacité. En effet, M. Romer possède un manus-
crit où se trouvent plusieurs pièces de poésie de cet
écrivain. Jignore s'il a écrit d'autres ouvrages, et s'il est
mort ou s'il vit encore.
ANAND-DAS\
Auteur d'un bhagavat écrit en dialecte urdû, dans la
trente-deuxième année du règne de Schâh Alâm , c'est-à-
dire en 1793 de l'ère chrétienne. Le savant professem^
Wilson possède un exemplaire manuscrit de cet ouvrage
écrit en nastalic. Il comprend les neuf premières sec-
tions du Bhagavat inclusivement.
On conserve un bhagavat en dialecte daklinî dans la
bibliothèque duNizâm, à Haïderâbâd.
' C'est-à-dire le serviteur de Wischnou. Anand est pour Anant, ^«^f*^
sans fin, éternel. Le t est changé en d, conformément aux règles sans-
crites sur la permutation des lettres.
ET BIBLIOGRAPHIE. 67
ANÇAR.
Muhammad Ançar ^ est un écrivain hindoustani à qui
on doit un ouvrage intitulé Sar o man Mathriyâ ^ , ce qui
semble signifier, si je lis bien le texte, la tête et l'esprit de
l'habitant de Mathura. Cet ouvrage est aussi nommé sim-
plement Bayâz ^ (album) . Un exemplaire de ce livre est
indiqué dans un catalogue manuscrit qui est entre les
mains du professeur D. Forbes.
ANJAM.
Amîr Khân Umdat ulmulk , de Dehli , prit le mot
Anjâm * pour surnom poétique. Il appartenait à une
famille très-illustre. Il était aussi distingué par sa posi-
tion et par ses bonnes qualités que par son mérite litté-
raire. Il fut rélève de Mirza Bédil. Ses poésies hindous-
tani sont estimées, surtout ses mukrî ^, ses dohra et ses
kabit ^. Il est célèbre aussi comme écrivain en prose ,
comme compositeur de musique , et par l'à-propos de ses
reparties et sa spirituelle conversation. Il vivait sous
* wxaJÎ , forme comparative arabe de l'adjectif »juaj défenseur, ami.
^ ^j4*-^ (iT'J^r**'
'obW
* ^%\j^\ fin, accomplissement.
s
f^ySL^, sorte de madrigal hindouî, sur lequel on peut consulter
Tavant-propos de mes Radiments de la langue hindotistani , pag. i3.
* H. T. Colebrooke, On the sanscrit and pracrit languages. [Asiat. Res,
tom.VII, pag. 220. )
5.
68 BIOGRAPHIE
Muhammad Schâh, dans la compagnie duquel il était
fréquemment. Il mourut, victime d'un assassinat dû à
une vengeance particulière, en 1169 (ly/iô), et selon
Fatli Alî Huçaïnî, six ans avant l'époque où ce dernier
écrivit sa biographie ^
Outre ses poésies hindoustani, Anjâm a aussi écrit
des vers persans.
ANWAR.
Gulâm-i Alî Anwar'^ était de Kalpî, ville de la pro-
vince d'Agra. Voilà la seule indication que donne sur cet
écrivain , dans sa biographie , Alî Ibrahim , qui cite de
lui le vers suivant :
Lorsque sur ta bouche empreinte de missî on vient à cueillir
1'.
un baiser, on trouve tes lèvres plus douces que le sucre de Ralp
AQUIL.
Aquil* Schâh était un jeune poëte qui, se trouvant à
Dehli, en passant, vint souvent chez Mushafî. Tl prenait
beaucoup de plaisir à entendre la lecture des vers de ce
dernier, et il en récitait aussi à son tour. Mushafî, dans
son Tazkira-i scliuara-i hindi, en cite un gazai pour don-
ner une idée de son talent poétique.
^ Cette coïncidence sert du reste à fixer Tannée de la rédaction du
Tazhira de Fath Alî Huçaïnî.
' J%j^ lv,mineux.
' Ville de la province d'Agra , célèbre par ses manufactures de sucre
candi et de papier. [Hamiltons East-India Gazdteer, tom. II, pag. 70. )
* Ji^lft ipirituel.
ET BIBLIOGRAPHIE. 69
ARAM.
Rhaïr uUali Khan Arâm ^ est un poëte hindoustani
dont Mannû Lâi cite, entre autres, dans son Guldasta-i
nischât, un vers qui signifie :
Prends un instant de repos {arâm) dans la maison d'été de ces
♦yeux ; pour en respirer l'air frais , il faut écarter le treillis des
paupières.
A RI F.
Muhammad Arif "^ d'Akbarâbâd (Agra) et originaire
du Kachemyr, fut disciple de Mazmûn. Il tenait simple-
ment une boutique de repriseur ( de châles ) à Dehli et
près de la porte de ce nom. Ce fut en cette dernière ville
qu'il fut élevé et qu'il passa sa vie. Il était contemporain
de Mîr et de Sauda , et faisait des vers hindoustani avec
beaucoup de goût , s' attachant aux expressions nouvelles.
Il écrivait aussi quelquefois en persan. Ses poésies hin-
doustani ont été réunies en diwân, après sa mort, par
les soins d'un de ses amis. Mîr et Mushafî qui l'avaient
beaucoup connu, en citent quelques vers.
ARZU.
Sirâj uddîn Ali Kliân Arzû^, d'Agra, connu aussi sous
le nom de Khan Sâhib, est un des poètes les plus célèbres
del'Hindoustan. MîrTaquî dit, dans son Nikât iisschiiarâ,
^ ^y^tj^ repos . tranquillité.
' C3)^ contemplatif.
70 BIOGRAPHIE
qu'il n'y en avait pas eu, jusqu'à son temps, d'aussi
éloquent et d'aussi instruit. Il vivait sous Scliâh Alam II.
Fath Ali Huçaïnî , suivant en cela l'exemple de Mîr , en
parle avec beaucoup d'emphase. Il le nomme, entre
autres, la lampe de l'assemblée du discours, jouant sur son
nom de Sirâj uddiii ^, qui signifie la lampe de la religion.
Lutf nous fait savoir que, dès l'âge de douze ans, il faisait
des vers, et qu'à fâge de vingt-quatre ans, il avait lu
tous les livres nécessaires à l'instruction. Il s'était aussi
instruit dans la société des gens les plus habiles de son
siècle. Après avoir acquis les connaissances convenables,
il fut promu à un poste important, à Gualior, dans le
commencement du règne du sultan Muhammad Far-
rukh-siy ar. Il alla à Dehli en 1 1 3 6 de fhégire ( i y 2 3-
172/1), et y déploya son talent poétique. En l'année
1 1 lij (1 -73 4-1 735), le schaïkh Muhammad Aiî Hazîn^
vint de la Perse à Dehli, et chacun s'empressa de con-
naître cet homme distingué. Quant à Arzii , il ne partagea
pas l'enthousiasme général. Il trouva des défauts dans
son diwân, et il en fit même la critique dans un opus-
cule [riçâla) qu'il intitula Tambîh ulgâjiliiv' , ou Avis aux
insouciants.
Arzâ était un poète éminent. Il avait une grande ca-
' Ce nom est celui du descendant de Timûr, qui est assis actuelle-
ment sur le trône nominal de Dehli. Il ne faut pas l'écrire, avec plu-
sieurs journalistes, Sàrâj uildîn, ce qui signifierait le soleil de la religion,
s'il était permis de grouper des mots indiens avec des mots arabes.
* Personnage célèbre par sa sainteté et par sa science, dont M. Belfour
n publié les mémoires. Voyez aussi ce que j'en ai dit dans mon Mé-
moire sur la religion musulmane dans l'Inde, pag. 1 1 2 et suiv.
ET BIBLIOGRAPHIE. 71
pacité, le génie de l'invention et la facilité de l'élocution;
qualités qui lui valurent de la célébrité dans l'Inde. A
l'époque de la dévastation de Dehli, il se rendit à Lakli-
nau, d'après le conseil du nabab Salâr-jang, et il mourut
dans cette ville, en 1169 de l'hégire ( lyôS-iySô);
mais, conformément à ses volontés, Salâr-jang envoya
son corps à Delili , où il fut enseveli.
Arzû a laissé des poésies hindoustani très-estimées ,
dont les biographes originaux citent des fragments; mais
il a surtout écrit en persan. Le nombre de ses vers, en
cette langue, s'élève à trente-deux mille. Ses principaux
ouvrages persans sont :
1° Mahit uzmâ, c'est-à-dire le Grand Océan, traité de
rhétorique;
2° Atiya-i kabarâ, c'est-à-dire le Don des grands , traité
sur l'éloquence;
3° Sirâj ulliigat, c'est-à-dire le Soleil du langage, dic-
tionnaire dans le genre du Burlmn-i câti ;
II" Chiragii-i hidâyat, c'est-à-dire la Lampe de la direc-
tion , explication de l'Iskandar-nâma et des cacîda de Urfî ;
5° Khyahan, c'est-à-dire Lit de fleurs, commentaire du
Gulistan;
6° Tazkira, ou Biographie des poètes de l'Inde qui
ont écrit en persan. Cet ouvrage est souvent cité dans le
Nikât usschuarâ de Mîr.
Mais je ne cite ces traités qu'incidentellement, car il
n'entre pas dans mon plan de parler des ouvrages per-
sans. Il paraît, du reste, qu'Arzû est aussi auteur du
Garâïb ullagat^ , c'est-à-dire les Merveilles du langage , dic-
72 BIOGRAPHIE
tioimaire hindoustani des mois mystiques, lequel est
cité par Breton , dans son P'ocabulaire des termes de mé-
decine, pag. 65. Plusieurs poètes hindoustani célèbres
ont été ses élèves. Le principal est Mîr Taquî, qui par-
tage avec Haçan et Sauda la palme de la poésie urdû.
ASCHIC (AJAIB RAÉ).
Munschî Ajâïb Ràé Aschic ^ est un Hindou qui occupe
une place parmi les écrivains hindoustani. Ali Ibrahim
qui avait apparemment demandé, sur Aschic, des ren-
seignements qu'il n'avait pas reçus lorsqu'il rédigea son
ouvrage, avait eu soin de laisser, après le nom de cet
écrivain , un espace blanc dans son manuscrit original ,
espace qu'il espérait remphr plus tard. Son espoir ayant
été déçu, les copistes ont eu soin de laisser cet espace
blanc ^, et je suis incapable d'y suppléer, n'ayant rien
trouvé ailleurs sur ce poëte.
ASCHIC (ALI AZAM).
Ali Azam Khân Aschic , fils de Khâja Mîr Muhammadî
Khan , fut un des disciples spirituels d'Agâh Schâh Gha-
cîta, et il abandonna entièrement le monde pour entrer
dans la voie de la vie contemplative. Alî Ibrahim qui le
' ^^-wlc amant.
' On trouve assez fréquemment des espaces blancs dans l'ouvrage
d'Ibrahîm ; il est fâcheux que l'auteur n'ait pu les remplir. J'éprouve,
à ce sujet, le même regret que les latinistes à l'égard des vers inachevé»
de Virgile.
ET BIBLIOGRAPHIE. 75
connaissait personnellement, nous dit qu'à l'époque où
il écrivait sa biographie , Aschic était mort depuis plu-
sieurs années. Le vers dont la traduction suit est de lui :
11 faut rester nuit et jour avec son amie ; si auprès d'elle on
ne trouve pas le repos , où le trouver ?
ASCHIC (BURHAN UDDIN).
Mir Burhân uddîn Aschic , disciple du célèbre Mir
Haçan, endossa, comme le précédent, le manteau delà
pauvreté spirituelle, et jouit d'une réputation niéritée
de vertu et de sainteté. Il se distingua, non-seulement
comme poète, mais comme peintre. Le gazai mystique,
dont la traduction suit , est de lui :
Si j'étais le jardinier de ce jardin, j'en cueillerais les fleurs,
et j'en ferais sortir le rossignol. — O charmant oiseau! prends
avec joie cette rose, considère comme une proie cet heureux
moment ; c'est le vœu que je forme pour toi. — Qu'on fasse part de
mes plaintes à la rose, j'en jure par son bouton, oui, je serai
réuni à elle. — Si mon cœur était un cerf-volant , il volerait au
moyen de la ficelle du chagrin, et finirait par s'élever en toute
libei'té dans l'atmosphère de l'amour. — Le chasseur peut bien
ne pas connaître la valeur des pleurs du rossignol; Aschic (l'a-
mant) sait l'apprécier, et il te l'indiquera.
ASCHIC (MAHDI ALI).
Mîrzâ Mahdî Ali Khân Aschic est compté parmi les
poètes hindoustani. Dans une anthologie originale, j'ai
trouvé de lui lui vers dont voici la traduction :
Ce ne sont point des feuilles de roses que tu vois parsemées
74 BIOGRAPHIE
sur la terre ( auprès de ce rosier) , ce sont des cœurs de rossignols
qui ont été offerts en sacrifice à la plus belle des fleurs.
ASCHIG (RAMSINGH).
Autre poëte hindoustani , cité plusieurs fois par Man-
nû Lâl, dans sa rhétorique pratique intitulée GaUasta-i
nischât. Voici un vers de lui, singulier par son origi-
nalité :
Ses dents blanches, au milieu du missî et du bétel, ne pro-
duisent-elles pas l'effet du jasmin qui s'épanouit entre la tulipe
et la violette ?
ASCHIG (YAHYA), DU DÉGAN.
Mîr Yahya Aschic, qu'on nomme aussi Aschic Ali
Khân, est un des poètes les plus distingués du Décan.
Il est, entre autres, auteur d'un marciya sur Huçaïn,
dont le biographe Fath Alî Huçaïnî cite un fragment.
De son côté , Béni Narâyan donne de lui un gazai dont
voici la traduction :
0 mon amie! pourquoi faut-il que ton œil ait rencontré le
mien ? Le feu de mon amour était éteint , et actuellement tu l'as
encore appliqué à mon cœur, ô mon amie ! Je fais des vœux
pour que Dieu consolide notre mutuelle amitié, quoique, ô mon
amie, elle m'ait donné un mauvais renom dans le monde. 0
mon amie ! aussitôt que tu m'as montré ta face , le feu de l'a-
mour a jeté des flammes dans la maison de mon cœur.
Si Dieu lui-même était devant moi, je ne verrais jamais per-
sonne autre que loi , ô mon amie ! Après avoir mêlé mon cœur
avec le tien , mes yeux avec tes yeux , la séparation d'avec toi
ET BIBLIOGRAPHIE. 75
peut-elle être supportable ? L'empire des sept climats ne me serait
pas même agréable ; mendier dans ta rue, c'est au contraire ce
que je désire , ô mon amie ! Je n'ai ni repos ni tranquillité; mon
esprit s'en est allé, ma raison m'a abandonné, depuis que, ô
mon amie , ton regard a touché le cœur de Aschic.
ASCHK.
Muhammad Khalîl Aiî Khan Aschk ^ est auteur i " du
Qiiissa-i Amîr Hamza, ou Histoire de l'émir Hamza,
écrite par lui, en prose hindoustani, dans l'année 1 2 1 5
(1 80 1). Cette histoire , est-il dit, dans la préface de l'ou-
vrage de Aschk , fut d'abord écrite en quatorze volumes
pour Mahmûd le Gaznévide , par les écrivains les plus
éloquents du temps , qui s'unirent pour la rédiger. Ce
qui rend, toujours selon Aschk, cette histoire intéres-
sante, c'est qu'elle instruit des usages des différentes
nations, et qu'elle fait connaître l'art de combattre et
de prendre les villes et les royaumes. Aussi Mahmûd,
pour n'avoir besoin des conseils de personne, avait-il
soin de s'en faire lire quelque chose chaque jour. Hamza
a , comme don Quichotte , un écuyer nommé Umr. Les
exploits merveilleux, les histoires agréables, les bons
mots enfin de cet autre Sancho Pança ne sont pas ce
qu'il y a de moins intéressant dans l'histoire dont il s'agit.
Je possède deux exemplaires manuscrits du premier
tome de cet ouvrage -, l'un in-folio ^ et fautre in-/i°; et
' liLiî larme.
^ Cet ouvrage a été annoncé comme étant sous presse à Calcutta ,
en 1802 , dans les Essays of stadents of Fort-William Collège, et comme
publié dans les Primitiœ orientales, pag. Sa.
' Cette copie, qui se compose de 34o pages, a été faite en 1328
76 BIOGRAPHIE
la bibliothèque du collège de Fort-William, à Calcutta,
en possède six volumes ^ L'intention de l'auteur était
d'en porter le nombre jusqu'à vingt-deux , en neuf tomes,
mais ils n'ont pas été faits. Le premier volume est in-
titulé Maulad-qiiissa, ou Histoire de la naissance. Le
texte original en est dû à Mullà Jalâl Balkhî. Jusqu'au
quatrième volume il n'est question que de l'enfance
du héros. Les volumes qui portent le titre de Harmuz-
nâma -, sont ceux où il est question de sa jeunesse
( puberté ). Les livres nommés Kuchak hâkhtar (le Petit
Orient ), et JBfl/d bâkhtar (l'Orient supérieur), roulent
sur la jeunesse plus avancée ou proprement dite; et
dans les livres intitulés Garûhiya (occidentaux), Scha-
mâlija ( boréaux ) et Pâyin bâkhtar ( l'Orient inférieur ) ,
il s'agit de la fin de la jeunesse ainsi que dans le Burj-
nâma (Livre des constellations). Les livres qui portent
le nom de SancluU traitent du commencement de la
vieillesse, et le Tûraj-nâma, de la vieillesse proprement
dite ou de l'essence de la vieillesse. Le Lal-nâma (Livre
des rubis ) est la fin ou le dénoûment de l'ouvrage.
Voici ce qu'on lit dans la Bibliothèque orientale de
d'Herbelot, au sujet du héros de ce roman historique :
( i8i3 ) au port de ^ v)-ftJ (Bahraïch, sur la rive du Sarjû), par Sirâj
uddîn, connu sous le nom de Miinscliî Muhammad Salâh.
' Des romans sur le même sujet existent en persan, en arabe, en
malais. Les Malais ont coutume de lire cette histoire et celle de Mu-
Lammad Hanif avant de marcher au combat , afin d'animer leur cou-
rage par les nobles exemples qu'elle leur présente. (Jacquet, Nouveau
Journal asiatique, tom. IX, pag. ii4. )
- Dans la bibliothèque de VEast-India House , manuscrits de Leyden ,
fi
il y a un conte en prose, de 160 pages, qui porte le titre de ^..Aâ.j»
y^y^ Quissa-i Hurmuz.
ET BIBLTOGRAPHIE. 77
« Hamzah, fils d'Abd ulmutlab et petit-fils d'Haschem ,
u et par conséquent oncle du prophète Mahomet, est
(( aussi nommé Ahû Omar. Quoiqu'il fût frère d'Abd
<(ullah, père de Mahomet, il était cependant frère de
« lait de son neveu. On dit qu'il se fit musulman dans
« la seconde année de la mission de Mahomet , et que
(( son neveu fayant reconnu pour un homme de coû-
te rage et de valeur, il lui donna le titre de Açad ullah
« ( lion de Dieu ) , et lui mit en main le premier éten-
(( dard qu'il fit faire et que l'on appela Râyat ulislam
(' ( fétendard de la foi). Ceci eut lieu en la première
«année de l'hégire. — Il fut tué Tannée d'après, qui fut
« la seconde de l'hégire , à la bataille de Bedr, que Ma-
« homet donna aux Coraïschites ; ceux-ci furent défaits ,
«et il n'y eut que quatorze Musulmans de tués, du
« nombre desquels se trouva Hamza. »
Il existe probablement en hindoustani plusieurs
autres ouvrages sur le même sujet. La Bibliothèque
royale de Paris possède un manuscrit intitulé Histoire
des guerres d'Amir Hamza \ copié par forientaliste
Ouessant, en i ig8 ( i 782 ). C'est un volume m-li°, de
192 pages, qui contient vingt ditférentes histoires.
2° On doit aussi à Aschk un roman en prose sur
Rizwân Schah , personnage qui est le héros de plusieurs
poëmes hindoustani. Il est intitulé Gulzâr-i Chîn ( le
Jardin de la Chine ) ou Qaissa-i Rizwan Schâh 0 Ruh-
afzâ (Histoire de Rizwân Schâh et de Rûh-afzâ). Riz-
wân Schâh était le fils du roi de la Chine, et Rûh-afzâ
^>î* j-^
l.dCL*
aao»
78 BIOGRAPHIE
la fille du roi des Génies. La bibliothèque de la Société
royale asiatique de Londres possède un manuscrit de
cet ouvrage, qui a été écrit en 1219 (180/1). Jignore
si c'est le même ouvrage dont la bibliothèque de la
Société asiatique de Calcutta possède un bel exemplaire
avec des dessins ^ Un poëme en vers daklmî, intitulé
aussi Qaissa-i Rizwân Scliâh, faisait partie de la collec-
tion de Tippou^.
3° Une traduction de ïAkhar-nâma, célèbre ouvrage
d'Abû'lfazl , auteur de ïAyin-i Akbarî. Elle est intitulée
fVâqiiiât-i AhharP, c'est-à-dire les Faits et gestes d'Akbar.
La Société asiatique de Calcutta en possède un exem-
plaire.
4° Un autre ouvrage en prose intitulé Muntakhâb ulfa-
waiz. C'est, à ce qu'il paraît, un recueil; il y en a aussi
un exempiaii^e à la même bibliothèque.
5° La bibliothèque de la Société royale asiatique de
Londres possède aussi, du même auteur, un ouvrage
élémentaire de physique , intitulé Riçâla-i kâînât ^. Il
est divisé en dix chapitres.
Le i" traite de l'air et des animaux qui s'y trouvent;
Le 11% des nuages et de la pluie ;
Le uf, de la neige, de la grêle, de la rosée, etc.;
Le IV*, de l'éclair et du tonnerre ;
Le v% des vents, des saisons, du sumûm;
' Catalo(jue qf tke Asiatic Societj's Lihrary, pag. 76.
^ Stewart, Catalogue of Tippoo's Lihrary, pag. 179.
* c:>lJol^ ^JIawj Traité des élres , ou chs clioaes phjsi(jves.
ET BIBLIOGRAPHIE. 79
Le vi', de l'arc-en-ciel, du halo, etc.;
Le vii^ , des étoiles tombantes et des comètes à
queue , etc. ;
Le vnf, des tremblements de terre;
Le ix% des sources;
Le X*, du quart habité de l'univers \ de l'hémisphère
supérieur et inférieur de la terre.
On doit peut-être à Aschk d'autres travaux, mais je
ne les connais pas.
ASCHNA'.
C'est un poëte peu connu, qui était derviche. Alî
Ibrahim en cite le vers suivant, dans son Gulzâr :
Idole de mon cœur! sois-moi toujours favorable; tu vois en
moi le fidèle esclave de Dieu.
ASCHNA (ZAIN ULABIDIN. )
Mîr Zaïn ulâbidîn Aschnâ, de Dehli, était contem-
porain de Sirâj uddîn Alî Khân Arzû. On le compte
parmi les poètes les plus habiles de l'Inde moderne.
Fath Alî Huçaïnî cite quelques vers de lui, dans sa
biographie.
ASCHRAF'.
Poëte hindoustani sur lequel il n'y a aucun détail
dans les biographies originales. Ah Ibrahim se contente
' Pour bien comprendre cette expression , il faut savoir que les
Orientaux pensent qu'il n'y a que le quart de la terre qui soit habité.
' XÀ^) connaissance, ami, etc.
' (J>jJm\ distingué, nohle, etc.
80 BIOGRAPHIE
de dire qu'il était contemporain de Schâh Najm uddîn
Abrû, et il en cite un seul vers, Mîr n'en dit rien du
tout, et en cite, de son côté, un seul vers différent
du premier.
Afsar a pris aussi pour takhallus le mot Aschraf,
mais il est plus connu sous le premier surnom poétique,
et c'est sous ce titre qu'il est mentionné dans cet ou-
vrage.
ASCHRAF (MUHAMMAD).
Muhammad Aschraf vivait sous l'empereur Schâh
Alam II. Il a composé un ouvrage en vers hindoustani,
sous le titre de Schîr-nâma K Voici un de ses vers :
Viens, mon ami, assieds-toi, causons un peu ensemble : mais
hélas! ces heureux instants ne durent pas. Dans peu de temps
où serai-je? où seras-tu toi-même ?
ASCHUFTA.
Mirzâ Rizâ Calî Hakîm Aschufta^, fds de Muham-
mad Schafî Hakîm, et jeune frère de Mirza Bahjii,
surnommé Zarra, qui a écrit en persan, et de Bî-
mât Miizâ Razî, est compté parmi les poètes hin-
doustani les plus distingués. Il naquit à Agra, puis il
habita Dehli, ensuite Faïzâbâd et surtout Lakhnau où
il mourut et oii il fut enterré. Il alla à Murschidàbâd ,
en 1 208 ( 1 793-1 79/1), pour traiter Mubarâk uddaula,
' XoU >A>M Livre du lait.
" AaJUÎw) troublé [par l'amour), malheureux.
ET BIBLIOGRAPHIE. 81
nabâb du Bengale, qui était atteint de la maladie dont
il mourut. Son fils et son successeur, Nâcir ulmulk, le
prit en alTection , en sorte qu'il resta pendant sept ans
entiers à son senùce, et qu'il gagna près d'un lâkh de
roupies; ce qui n'empêcha pas qu'il ne laissât des dettes
à Murschidâbâd , quand il quitta cette ville pour aller
en 12 1 4 (1799-1800), à Calcutta, où il vivait dans
la considération, en 12 i5 (1800-1 Soi ). Mushafî dit
que c'était un jeune homme h tête folle et à caractère
indépendant. Il ne réussit pas dans la médecine , qu'il
avait apprise auprès de son père , mais il se livra avec
plus de succès à la poésie, et fut disciple de Mîr Soz.
Il excella dans ce dernier art ; ses poèmes , écrits avec
beaucoup de pureté, sont empreints d'une teinte de
mélancolie qui les fait lire avec intérêt. Lutf favait par-
ticulièrement connu, et c'est à lui que je dois une partie
des détails qui précèdent. Il nous apprend qu'Aschufta
avait aussi du goût et de faptitude pour la musique,
et qu'il s'en occupait même plus que de poésie : il lui
reproche d'avoir négligé d'écrire un diwân. Les poètes
de rinde musulmane tiennent en effet à honneur d'en
rédiger au moins un. Auraient-ils produit de nombreux
ouvrages , s'ils n'ont pas fait de diwân , ils sont censés oc-
cuper un rang inférieur aux auteurs de diwân. Lutf et
Béni Narâyan citent plusieurs gazai de ce poëte; voici
la traduction de la plus courte de ces pièces de vers :
Les soupirs oppressent mon cœur lorsque ta face charmante
me vient en mémoire. Comment ne serais-je pas frappé, puisque
ton œil combat si malignement ? Tu as porté dans le sein de ton
amant malheureux le tortillement des boucles de tes cheveux.
1. 6
82 BIOGRAPHIE
Mon cœur est comme un village désole. Pourquoi le laisserai-
je entrer clans une maison dévastée ? Le cadavre d'Aschufla gît
aujourd'hui dans la poussière. Ne viendras-tu pas le relever ?
ASCHUFTA (AZIM UDDIN).
Azîm uddin Khan , surnommé Ascluifta , est compté
parmi les poètes hindous tani. Voici la traduction du
commencement d'un de ses gazai , d'après le texte donné
par Mannû Lâl ^ :
Nous sommes assis clans l'angle de la solitude, après avoir
brisé les liens de l'amour : nous sommes assis les genoux sensés ;
l'amour n'est plus pour nous que le mirage. Personne ne nous
regarde , nous ( derviches ) , que la fortune a délaissés : lorsque
nous nous approchons de quelqu'un , il détourne dédaigneuse-
ment son visage et continue à rester assis.
ASCHUFTA (BHORI KHAN).
Bhorî Rhân Aschufta , natif de Dehli , homme très-
recommandable et militaire de profession, est auteur
d'un diwân liindoustani. Il a fait aussi quelques vers
persans. Il habitait Lakhnau, en 1793. Mushafî, de
qui je tiens ces détails, cite de lui un gazai mystique.
ATAl
Mîr parle , dans sa biographie , d'un écrivain hindous-
' GuUlastâi nichât, pag. SgS.
- ^Vrfe don.
ET BIBLIOGRAPHIE. 83
tani de ce nom , qui vivait sous Alam-guîr ^ : il en cite
un seul vers.
Atâ est aussi le noni d'un traducteur urdû du roman
des Quatre Derviches ; il en sera parlé sous le titre de
Tahcîii , qui est son surnom poétique.
AUBASCHl
Schaïkh Amîr uzzamân Bijnûrî ^ Aubâsch, de Lakh-
nau, est un poëte hindoustani qui paraît jouir d'une cer-
taine réputation. Mushafî dit que c'était (en lygS) un
jeune homme fort estimable et qui avait le génie poé-
tique. Voici la traduction de quelques vers d'entre ceux
qu'il cite de lui :
La beauté qui m'a touché n'accepte pas mon hommage ; le
ciel ne change pas à mon gré. Tout change en ce monde , dans
l'ordre religieux et au civil ; mais elle ne veut pas changer son
caractère méfiant. Ma vie s'écoule dans une vaine attente; mais
cependant je ne changerai pas , moi Aubâsch.
AULYA.
Mîr Aulyâ * était un noble Musulman de Mûhan ou
' Probablement il s'agit ici d' Alam-guîr II qui régna de 17 53 à 1766,
et non pas d'Alam-guîr I, surnommé Aurang-zeb.
' (jiuji libertin.
' Ccst-à-dire de Bijnùr, ville qui est située dans la province de Debli :
apparemment Aubâsch en était originaire.
* LJ5Î saint. Ce mot est proprement le pluriel du mot arabe <J»
saint, mais il est employé comme singulier. On se sert souvent, en efTot,
G.
84 BIOGRAPHIE
Mobaun, ville près de Lakhnau , dans le royaume
d'Aoude. Il habitait depuis longtemps Murschidâbâd ,
dans le Bengale, à l'époque où Alî Ibrahim écrivait son
Gulzâr. Ce fut dans cette dernière ville que ce biographe
le connut. Il nous apprend qu'il faisait de très-bons vers
hindoustani, et il en cite une tii^ade dans son ouvrage.
AWARA.
Mîr Muhammad Kâzim Awàra ' , frère de père et de
mère de Mîr Zaïn ulàbidîn Aschnâ, et beau-père du
jeune frère de Fath Alî Huçaïnî, a écrit des vers hin-
doustani avec esprit et facilité. Voilà tout ce que nous
en dit, dans son TazMra, le biographe que je viens de
nommer.
AWARI.
Ecrivain musulman , du Décan , de la secte des schii-
tes , qui est auteur :
1° D'un roman en vers dakhnî, intitulé PhU-han~.
C'est fhistoire de Taila Schâh et de la princesse Phûl-
ban , qu'on dit traduite d'un ouvrage persan intitulé Bo-
çatin (Baçâtîn?). Cet ouvrage est cité comme une des
I compositions dakhnî les plus célèbres , par Muhammad
dans rinde, du pluriel pour le singulier, par honneur : c'est ce qu'on
nomme le pluriel respectueux. On dit ainsi un omra, ! w*j , pluriel de
wç«l ; un nabâh, <_>l»j, pluriel de t»v.'^' ^*^'^-
' "J^^^' "^"'^ persan qui signifie va(jahomL etc.
- y~> Jj"â-J ou /wj t}*-^, nom de l'héroïne; à la lettre, jardin ou
Jorêt dejlears.
ET BIBLIOGRAPHIE. 85
Ibrâlnm, dans la préface de sa traduction liindoustani
de \Amvâr-'i Sahaïli, pag. i i . Il a été écrit, s'il faut en
croire G. Stewart \ en loSg de l'hégire ( 16/19). I^ Y ^
un autre poëme hindoustani sur le même sujet, dont il
sera parlé à farticle sur Ibn Nischâlî.
1° On doit au même écrivain un Tùti-nâma-, ou Gontes ;
d'un perroquet, légende favorite des Indiens. G'est un |
masnawî écrit en 10/19 ^^ l'hégire (1609-16/10 de
J. G.), lequel est une traduction, ou pour mieux dii^e
une imitation dakhnî du livre persan de Nakhschabî,
dont il y a à Paris un très-bel exemplaii^e enrichi de des-
sins curieux et d'un fini parfait. Get exemplaire, qui a
été rapporté de flnde par le général Allard, est entre les
mains de M. Félix Feuillet.
Outre les ouvrages hindoustani sur le même sujet,
qui sont dus à Ganwâcî et à Haidarî, et dont il sera
parlé en leur lieu, il en existe plusieurs autres rédigés
par différents auteurs. Geux que je connais sont : i° un
en prose dakhnî, dont mon ami, M. F. Falconer, pro-
fesseur de langues orientales à funiversité de Londres ,
possède un exemplaire; 2° un en langue hindouî et en
caractères nagari, dont je possède, dans ma collection
particulière, un bel exemplaire petit in-folio.
11 y a aussi, parmi les livres de la bibliothèque du
collège de Fort-William , mi volume liindoustani intitulé
Muntakhâb-i Tûti-nâma, ou Extraits choisis du Tûti-nâma.
J'ignore de quelle rédaction ces morceaux sont tirés.
Les ouvi'ages d'Awarî sont dédiés au sultan de Gol-
' Tippoo's Catalogue, pag. i8o.
* K^ii ^Jo' Voyez rarticle sur Haklarî.
86 BIOGRAPHIE
conde, Abd iillah Cutb Scliâh, successeur au trône d'Haï-
derâbâd, de Muhammad, frère de Culi Cutb Schâli,
auteur de poésies hindoustani très-estimées, dont il sera
parlé à l'article de Cutb Schâli, Ce fut Abd ullah qui de-
vint tributaire de l'empereur mogol Schâli Jaliân.
Le second ouvrage semble être le même que celui
dont il sera parlé à l'article sur Ganwacî. Ce dernier
écrivain serait-il identique avec celui qui fait le sujet de
cet article?
AWLA.
Mîr Awlâ^ était descendant d'Alî et des saïyid de Ba-
rah ^. Voilà tout ce que dit Alî Ibrahim de cet écrivain ,
si ce n'est qu'il en cite ce vers insignifiant :
Quoique toutes les beautés fascinent généralement le cœur
d'Awlâ, pou rra-t-il jamais oublier les charmes de sa bien-aimée
au visage de péri ?
AYAN.
Mirzâ Hâscham Alî Ayân ^, fds de Kâzim Alî Jawân*^,
a suivi les traces de son père et s'est exercé aussi à la
poésie hindoustani. Voici la traduction d'une pièce de
vers que cite de lui Bénî Narayan :
Il faut occuper son cœur dans le temps de la jeunesse ; il faut
entrer dans le cercle de ceux qu'anime le désir. Il faut savoir sup-
' i/jl meilleur, etc.
* ojl» ville de la province d'AUahâbâd.
* /xIa* visible, inanijcsle.
* Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 87
porter à chaque instant les caprices des belles ; veulent-elles se
lelirer, il faut savoir se jeter à leurs pieds pour les apaiser. 11
faut se tenir constamment à l'entrée de la rue de son amie et
se décider à l'indiquer à tous ceux qui la demanderont
Un monde entier est dans l'attente, sur le bord des terrasses,
lorsqu'elle montre son sourcil pareil au croissant de la lune qui
termine le jeûne du Ramazân. Mais pourquoi, s'étant mise en
colère, me fait-elle sortir de la rue où elle habite, si ce n'est
qu'elle ne veut manifester son éclatante beauté que devant mes
rivaux ?
Il est utile que Ayân fasse entendre maintenant à tous ce ga-
zai , dans la réunion des poètes.
AZAD (FAZIL).
Muhammad Fâzii Azâd ' est un spirituel et ingénieux
écrivain, natif de Haïderàbâd, dans le Décan. Il s'ex-
primait avec pureté ; ses poésies ressemblent à celles
de Wall, dont il était le contemporain. Il appartenait à
l'ordre des faquîrs nommés azâd, et c'est ainsi qu'il prit
ce surnom poétique. Nous devons ces renseignements
à Mîr et à Ali Huçaïnî, qui du reste se contentent de
citer un vers de ce poëte. On lui doit un ouvrage in-
titulé Zafar-nâma^ , ou Livre de la victoire. C'est un mas-
nawî divisé en chapitres où sont décrites les victoires
sur Yazîd de Muhammad Hanîf ou Ben Hanîfa, fils
d'Alî et de Hanîfa, sa seconde femme ^. Ce personnage
refusa plusieurs fois la couronne que les ennemis des
' ilj\ libre, indépendant.
' On sait que la première fenunc à Mi était Fatinie, fille du Pro-
phète, ri mère de Ha\;an et de Iluçaïn.
88 BIOGRAPHIE
khalifes Ommiades lui offi^aient. Ben Hanîfa mourut
en l'an 81 de l'hégire, sous le règne d'Abd ulmalik,
quinzième khalife de la race des Ommiades , laissant des
enfants qui ne firent pas grand bruit, dit d'Herbelot,
après la mort de leur père. Il est nommé Ibn ulivâcî ^ ,
ce qui signifie le fils de fhéritier ou du successeur lé-
gitime de Mahomet, c'est-à-dire d'Aiî. Un exemplaii^e du
Zafar-nâma fait partie de la collection Mackenzie '-. J'ai
aussi trouvé, à la bibliothèque de ÏEast-India House,
n° 337 des manuscrits de la collection Leyden, un ou-
vrage sur le même sujet, intitulé Quissa-i dar Àhvâl-i
jan(ju-i Muliammad Hanîf et aussi Jancf-nâma; mais il
est dû à un autre auteur ^. Il existe en malais mi ro-
man sur le même sujet qui est intitulé Hikâyat-i Muliam-
mad Hanijiah , c'est-à-dire Histoire de Muhammad Hanîf.
Ce livre raconte les glorieux combats de ce héros. Les
Malais le lisent pour exciter leur courage ^.
AZAD (MUZAFFAR ALI):
Mîr MuzafPar Alî Azâd , de Dehlî , est auteur d'un ou-
vrage sur les amulettes ^. Alî Ibrahim le vit souvent à
Murschidâbâd. Il paraît que, quoiqu'il s'occupât sur-
- Tom. II, pag. i46.
^ Voyez l'article sur Séwak.
'' Nouveau Journal asiatique , tom. IX, pag. 119. M. Jacquet y donne
des détails curieux sur l'influence excitative de YHikâjat-Hamza ( dont
il est aussi parlé dans mon ouvrage) , et du Hikdjat Muhammad Ilanifija
sur l'esprit des Malais.
ET BIBLIOGRAPHIE. 89
tout de l'art des amulettes, il faisait aussi des vers hin-
doustani, car le même biographe cite dans son Gulzâr
un fort joli gazai de cet écrivain.
AZAD (ZAIIS ULABIDIN).
Khâja Zaïn ulâbidîn Azâd est un poëte hindoustani
qui vivait pendant le règne de Muhammad Schâh. Alî
Ibrahim est le seul biographe original qui parle de cet
écrivain, mais il n'en dit que ce c[ui précède et il se
contente d'en citer un seul vers. L'article même qui lui
est consacré ne se lit que dans l'un des deux manuscrits
que je possède. L'autre contient, en place de cet article,
celui sur Muzaffar Alî Azàd, lequel ne se trouve pas
dans le premier.
AZAD BALGRAMI.
Mîr Gûlâmi Alî Khân Azâd Balgramî ^ est auteur d'un
traité sur les gazai indiens, intitulé Riçala-i gazalân-i
Hind ^ , ouvrage qu'on trouve indiqué dans le catalogue
des livres arabes, persans et indiens, composant la bi-
bliothèque d'un personnage nommé Farzàda Cùli; cata-
logue qui appartient au professeur D. Forbes. On lui
doit aussi des poésies hindoustani dont Mannû Lâl cite
des fragments dans son Guldcista-i nischât.
' f^)jS^, c'est-à-dire de la ville do Bclgiam ou Balagrama, dans le
royaume d'Aoude.
90 BIOGRAPHIE
AZADA.
Arâm Azâda ^ est un poëte hindoustani dont Mannû
Lâl cite, dans sa Rhétorique pratique, un seul vers qui
n'a rien de remarquable.
AZAM.
Muliammad Azam^ était fils d'un parfumeur de Lakh-
nau. 11 fut employé à la cour du nabâb d'Aoude, Açaf
uddaula. On lui doit des poésies hindoustani.
J'ignore si ce poëte est le même qui est cité par Man-
nû Lâl dans son Galdasta-ï niscliât, sous le nom à'Azam
Khân et sous le surnom poétique dAzam.
AZFARI.
Muhammad Zahîr uddîn Azfarî ^ fut le maître de
Mîrzâ Alî Bakht. Cet écrivain hindoustani est aussi
connu sous le nom de Mirzâ Kalati Gûrgâni. Il habita
d'abord Dehli, vint ensuite à Calcutta, avec Mand-râj ,
puis retourna à Delili. Béni Narâyan, qui nous donne
ces détails , a transcrit dix pièces de vers de ce poëte :
une d'elles roule sur le printemps ; en voici la traduction :
' ûàîjî , synonyme de iîjl .
- ^Jâ^l yrand. proprenienl trcs-(jrand ou plus grand.
' /^vÀlôi . d<' 1'' racine arabe yJdb unciuibus valncravit, et vieil, supe-
ravit: (\c là a:J(iri peut signifier loiigis iiiKjudnis prwditus (vir) , et viclo-
riosas.
ET BIBLIOGRAPHIE. 91
Le printemps s'avance avec force et bruit. Nous le voyons
causer du plaisir aux jeunes têtes. Dieu soit notre sauvegarde
contre les insensés ! Le printemps arrive, il vient réveiller le
tumulte qui était assoupi. — Le printemps fait voler sur vous de
la poussière. Actuellement les enfants jettent des pierres dans
le marché. Gare donc à votre tête ! Libertins , montez prompte-
ment le vaisseau de l'ivresse ; le printemps étale dans les jardins
une immense quantité de fleurs. Et cependant, lorsque ma bien-
aimée aux joues de roses me vient en mémoire, mes yeux n'a-
perçoivent pas dans les champs une seule rose , mais seulement
des épines. Azfarî pleure loin de toi en récitant cet hémistiche de
Mazhar ' :
N'es-tu pas là , échanson ? — A quelle infidèle le printemps plaît-il ?
AZHAR.
Mîr Gulâm-i Alî Azhar -, de Dehli, était un des dis-
ciples de Mîr Schams uddîn Faquîr^. Cet écrivain était,
dit-on, très-fier de son mérite. Après avoir passé quel-
que temps à Murschidâbâd , en Bengale, comme ie cli-
mat de cette ville ne convint pas à sa santé , il se retira
à Azîmâbâd, dans la province de Dehli, où il mourut,
sous le règne de Schâh Alam. Il a laissé différentes pro-
ductions écrites les unes en persan et les autres en hin-
doustani.
AZHAR (GULAM-I MUHI UDDIN).
Gulâm-i Muhî uddîn Azhar est compté parmi les
poètes hindoustani. Son surnom honorifique signifie
' Voyez rarticle consacré à cet écrivain.
' ».^lil manijesle. célèbre.
* Voyez rarlidc consacré à ce poète.
92 BIOGRAPHIE
l'esclave de Muhi uddin , qui est un saint très-célèbre
de l'Inde musulmane ^. Les premiers Musulmans n'a-
vaient pas pris de pareils titres ; ils ne se reconnaissaient
qu esclaves de Dieu, et non esclaves du Prophète, esclaves
d'Ali, etc. C'est surtout dans l'Inde que ces titres nou-
veaux sont usités.
AZIM".
C'était un militaii'e qui s'occupait de poésie et qui
avait soumis ses gazai à Mushafî. Ce dernier en a extrait
trois vers qu'il donne dans sa biographie ; mais il est
probable que ce sont les premiers venus, car ils n'ont
rien de saillant.
AZIM (BEG).
Mirzâ Muhammad Azîm Beg ^ est un des disciples de
Mù^zâ Muhammad Rafî Sauda. Toutefois il prit d'abord
d'utiles leçons de Schâh Hàtim. On dit qu'il resta pen-
dant quelques jours à Farruhkâbâd, dans la province
d'Agra, revêtu de la robe des calandar-, mais à l'époque
où écrivait Mushafî , il avait repris les habits du monde ,
il était même militaire , et il habitait Dehli. Il fréquen-
^ Voyez mon Mémoire sur la reliywn musulmane dans l'Inde, pag. 46
cl suiv.
* <<n1s.£ grand.
^ Alî Ibrâhîm le nomme simplement Muhammad Azîm , et Mushafî ,
Mirzâ Azîm Beg. Il semblerait que c'est le même écrivain que le pré-
cédent, qui était aussi militaire; mais Mushafî le dislingue du premier.
ET BIBLIOGRAPHIE. 93
tait beaucoup les réunions littéraires, et Musliafî nous
fait savoir qu'il y prenait sans façon la première place ;
car il avait une très-haute idée de son mérite poétique,
et ne faisait cas de personne , persuadé qu'il était de son
incontestable supériorité. Toutefois, toujours selon Mus-
liafi, il s'occupait comme amateur de poésie, et il a ef-
fectivement écrit un ou deux cacîda avec énergie ; mais
quant à son diwân, il est dépourvu d'allégories et de
métaphores, et par suite peu digne d'estime, selon le
même biographe.
AZIZ (BHARARIDAS).
Bhakarîdâs ^ Azîz est un disciple du célèbre Khâja
Mîr Dard. Ses ancêtres étaient de Jaunpour; mais pour
lui, il naquit à Dehli. Il fut chargé de différentes fonc-
tions publiques. Il était à Allahâbâd en i ig6 ( l78l-
l782), d'oii il envoya à Ali Ibrahim, pour sa biogra-
phie, une pièce de vers de sa composition. Ce dernier,
néanmoins, se contente d'en citer quatre haït.
AZIZ (SCHIV-NATH).
Schîv-Nâth Azîz est un autre écrivain hindou qui est
cité plusieurs fois par Mannîi Lâl, dans son Guldasta-i
nischât, un des ouvrages les plus importants qu'on ail
publiés à Calcutta, pendant ces dernières années.
' Serait-ce VPTTçÇT 5TH ^'' senitear de Siva ?
94 BIOGRAPHIE
AZIZ ULLAH.
Schâh Azîz ullah ' , et simplement Azîz , estmi homme
d'esprit et même de génie , qui a écrit des poésies mys-
tiques. Voici la traduction de deux vers de lui :
Je ne crains point la blessure que la dague ou le poignard
peuvenl me faire , puisque j'ai été anéanti par ton regard agaçant.
En voyant la fraîcheur de ta beauté , je suis devenu , pour l'ap-
précier, une mine de sel ; et lorsque la flamme de l'absence est
parvenue à moi, je me suis éteint par l'effet de mon chagrin.
Je pense que c'est le même écrivain dont Mîr, dans
sa biographie, parle sous le nom d'Aziz ullah, et dont il
mentionne un gazai où il a dénommé tous les saints
musulmans '-. Voici le macta ou dernier vers de ce
poëme :
Comment aurais-je pu , moi, pauvre Azîz ullah , jeune adolescent ,
célébrer les vertus des saints, si les pîrs du Décan (qui marchent
sur leurs traces ) ne m'avaient prêté leur assistance ?
BABA LAL.
Baba Lâi ^ était de la secte des Cliatriya. H naquit h
Malwa, vers le temps de Jahân-guîr, c'est-à-dire de
i6o5 à 1628. Il adopta de bonne heure une manière
de vivre religieuse, sous la direction de Chétana Swamî,
dont la capacité en ce genre avait été miraculeusement
4MÎ jJVff cher à Dieu.
<ms(| ç5TÔ5 ''' Z'^'''* ^"' ( chéri ).
ET BIBLIOGRAPHIE. 95
prouvée. Ce dernier ayant sollicité les aumônes de Ba-
ba Lâl, en reçut quelques grains de riz cru et du bois
pour les faire cuire. Il alluma le bois, mit le feu entre
ses jambes, et soutint, avec ses pieds, le vaisseau dans
lequel le grain bouillait. A cette vue , Bâlâ Lâl se pros-
terna tout de suite devant lui , le reconnaissant pour son
gurû, et il en reçut un grain de riz cuit. Aussitôt le sys-
tème de funivers se développa complètement à son
intelligence. Il suivit Chétana à Lahore, d'où ayant été
envoyé par son gurû à Dwârikâ , pour se procurer un
peu de la terre nommée gopi chandana ^ , il effectua sa
mission en moins d'une heure. Cette rapidité miraculeuse
(la distance étant de quelques centaines de milles) attes
tant ses progrès spirituels, il fut renvoyé par son gurii ,
pour devenir maître à son tour. Il se fixa à Dhianpùr,
près de Sirhind. Il y éleva un math, c'est-à-dire un cou-
vent et un temple où il initia beaucoup de gens à sa
croyance , qui consistait dans f adoration d'un seul Dieu ,
sans aucune forme de culte extérieur.
Son système tient le milieu entre la philosophie vé-
danta et celle des sofîs. Ses sectateurs se nomment Bâhâ
Lâli.
Parmi ceux qui suivirent les doctrines annoncées par
Bâbâ Lâl, on distingue le prince Darâ-schikoh, que son
esprit libérai rendait digne d'un sort meilleur que celui
dont il fut victime. Il appela le sage en sa présence , pour
être instruit dans ses dogmes; et le résultat des sept
' C'est-à-dire le sandal des (jopi, 4 1 m | ^*3^ < sorte crargile blanche
qu'on trouve, dit-on, à Dvvàrika, et quo li's adorateurs de Wischnou ena-
ploient pour s'enduire le visage.
96 BIOGRAPHIE
entrevues rjuil eut avec lui a été mis par écrit, en forme
de dialogue, entre le prince et le pîr, par deux Indiens
lettrés attachés au prince : le premier nommé Yadii-dch,
chatriya; le second Raichand, le brahmane ^ Cette
entrevue eut heu en 16/19. Leur ouvrage, écrit pri-
mitivement en persan , sous le titre de Nadir iinnikât ~ ,
c'est-à-dire les Excellents bons mots , a été reproduit en
hindoustani sous celui de Ricâla-i açâla 0 ajûba Dârâ
schilioh 0 Bàhâ Lâl'^ , c'est-à-dire Traité des demandes
et des réponses de Dârâ-schikoh et de Baba Lâl. Le pro-
fesseur H. H. Wiison a cité de curieux extraits de cet
ouvrage dans son Mémoire sur les sectes hindoues'^,
auquel je dois la plus grande partie de ce qui précède.
Afsos nous apprend dans son Araïsch-i malijil^ que :
(1 Bâbâ Lâl s'énonçait avec éloquence et facilité, et em-
(( ployait ce talent à développer les principes immuables
(i de funité de Dieu , et à exphquer les autres attributs
« divins. Aussi accourait-on auprès de lui et éprouvait-
« on un plaisir inouï à fentendre. Il a laissé un grand
(( nombre de vers hindi sur les matières religieuses , vers
« que beaucoup de gens lisent réguhèrement , comme
«une tâche journalière. La dévotion à ce saint person-
« nage est très-répandue , tant parmi les gens distingués
« que parmi le peuple. »
' Scher-i Alî Afsos, qui dit la même chose, donne à l'auteur de cet
ouvrage le nom de Munschî Chandarban Schah-jahani.
' Asialic Rescarchcs , toni. XVII, pag. 29G et suiv.
^ Pag. 176.
ET BIBLIOGRAPHIE. 97
BAGA.
Mîr Bacâ Khan, connu sous le surnom poétique de
Bacâ^, est un écrivain hindoustani, dont Mannû Lai cite
un vers dont je joins ici la traduction à cause de son
originalité :
Comment la nouvelle lune pourra-t-elle s'ouvrir un passage au
travers des étoiles qui semblent les nœuds du firmament? Un seul
ongle ^ pourra-t-il défaire ces milliers de nœuds?
BACA (MUHAMMAD).
Muhammad Bacâ ullali, connu sous le surnom poé-
tique de Bacâ, était fds de Hafiz Lutf uUah. Il naquit à
Akbarâbâd (Agra); mais étant encore fort jeune, il vint
habiter Lakhnau. B avait une très-belle plume , avan-
tage très-apprécié chez les Orientaux, et il faisait fort
bien les vers. Il prit d'abord le surnom poétique de
Gamin ^ , puis, à Debli, celui de Bdcâ, sur l'indication
de Schâh Hàtim qui le compta parmi ses disciples. 11 se
fit inscrire aussi au nombre de ceux de I\lir Dard ; mais
il fut spécialement un des disciples de Alîrzâ Fakhr Ma-
tin. Il était très-lié avec Mushafî qu'il voyait souvent
à Debli. Ce dernier dit qu'à l'époque où il écrivait,
c'était un jeune homme aimable, spirituel et content de
son sort, comme doivent l'être les personnes foncière-
' Ub stahiliiè.
- On trouve souvent, chez les poêles orientaux, l'ongle comparé au
croissant, et vice versa. C'est à cause, non-seulement de la forme arquée
(le l'ongle, mais de sa couleur, lorsqu'il est teint de hinna ou menhdi.
' M>$ triste, chacjrin.
ï- 7
98 BIOGRAPHIE
ment religieuses. Son esprit pétulaiil était très-enclin h
la satire. lient, par suite, quelques altercations avec
Mîr, h Dehli, et avec Mîrzâ Muhamniad Rafî Sauda, h
Lakhnau. Lutf nous apprend que Bacâ mourut dans un
pèlerinage qu'il entreprit en 1206 (1-791), pour visiter
Karbala et le tombeau d'Alî, à Najaf, Il a laissé un
diwân, que possède la Société asiatique de Calcutta.
Ce Faklir Makîn, dont il est parlé plus haut, était
tellement fier de son mérite , qu'il se considérait comme
supérieur î\ Ali Ilazîn, célèbre écrivain de l'Inde mo-
derne, qui s'est fait aussi un nom parmi les Musulmans
par sa sainteté \ et dont M. Belfour a publié les mé-
moires. Il avait même osé corriger des vers de ce der-
nier écrivain. Là-dessus firascible Sauda, le Juvénal
de finde, composa une satire dont voici la traduction :
Une histoiie me vient aciuellement en mémoire; est-elle vraie
ou inventée à plaisir ? c'est ce dont je me soucie peu. Il y avait
sous le règne de Scliâh Jaliàn un mulla qui n'était ni précisé-
ment savant ni absolument ignorant. 11 tenait une école où il
apprenait à lire aux enfanls. Tout dépourvu de jugement qu'il
était, les enfants l'aimaient, mais ne le craignaient guère. L'école
était pour eux une salle de jeu. Un jour, un des écoliers qui se
distinguait par son intelligence, dit à ses camarades :« Mes amis,
« nous avons fait cent sortes de jeux , et nous en sommes fatigués ;
«mais sachez que j'ai inventé un jeu nouveau, tout à fait parti-
el culier. — Quel est donc ce jeu , frère? dirent ses camarades : ap-
« prends-nous-le. — Ce jeu , répondit-il , est celui du roi et des mi-
» nistres. S'il vous convient, il ne sera pas difficile à jouer ; aucun
« n'est plus divertissant. Voici ce dont il s'agit : il faut nous amuser
« un peu de notre maître , en feignant de le prendre pour Schâh
^ Voyez l'article que je lui ai consacre dans mon Mémoire sur la reli-
ijioii musulmane dans llinlc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 99
« Jaliân. — Bravo! dirent les autres écoliers en riant, nous y con-
« sentons. — Eh bien ! dit le malin camarade , voici comment il faut
« s'y prendre. Ceux d'entre nous qu'il fera lire demain matin , da-
te vront le regarder attentivement; et comme il en demandera la
«cause, ils lui diront qu'ils admirent la puissance de Dieu qui,
«dans la nuit, a changé le visage du mulla, au point qu'il est
« réellement celui de Schâh Jahân ; que la ressemblance est aussi
« parfaite que celle de deux cheveux, et qu'ils sont, par conséquent,
« surpris de cette merveille. Il faut même s'accorder à exiger qu'il
«fasse serment, sans hésiter, qu'il n'est pas le roi. Par là vous
«jugerez de son esprit; car, j'en suis sûr, il se laissera recon-
« naître pour le souverain. «
La petite intrigue que cet enfant avait préparée fut donc
agréée par ses camarades, et ils agirent si bien, que le maître
finit par dire : " D est très-possible que je ressemble à Schâh
«Jahân.» Il fit plus, il s'imagina que, si ce monarque venait à
décéder avant lui , ses officiers , ne pouvant supporter la douleur
de l'absence, viendraient dans sa maison pour le visiter. Il
pensa même que , puisqu'on le prenait pour Schâh Jahân , il de-
vait imiter ses manières et ses habitudes, et, en conséquence, mal
recevoir le personnage qu'on lui enverrait en députation.
Il est inutile de s'étendre davantage là-dessus ; les gens de sens
comprendront que ceci est l'histoire de quelqu'un ( Mirzâ Fakhr
Makîn ) qui, dans sa propre pensée, est de\enu poète comme le
schaïkh (Hazîn), de même que ce maître d'école était devenu
Schâh Jahân : mais il est loin d'avoir le talent et l'excellence du
schaïkh dont il s'agit; l'égaler est pour lui chose impossible.
BACIT.
Bâcit ^ Kliân est auteur d'un roman urdù intitulé
Guhchan-i Hind, ou le Jardin de l'Inde. C'est, je pense ,
le même ouvrage dont il a été parlé pag. 43.
' îauuiL» tapissier.
I ■
100 BIOGRAPHIE
BAGHARI.
Bagharî LâP, de Dehli, est un poëte hindouslani
qui vivait sous l'empereur mogol Ahmad Schah, fils de
Muhammad Scliâh. Voilà tout ce que je trouve sur ce
personnage dans les biographies originales.
BAHADUR.
Mirzâ Muizz uddîn Balladur - est un poëte hindous-
tani dont Mannû Lâl cite plusieurs vers dans sa rhéto-
rique pratique intitulée Guldastâ-i niscMt, ou le Bouquet
du plaisir, ouvrage dont il sera parlé à l'article sur Man-
nû Lâl.
Mannû Lâl cite aussi des vers de Mîrzâ Jâwân Bakht
Balladur. J'ignore si ce poëte est le même que le pre-
mier; je crois plutôt qu'il s'agit, dans ce cas, de Mîrzâ
Jawân-hakht Jahândàr Schâh. Voyez l'article au sujet
de cet écrivain sous le titre de Jaliânclâr.
BAHAR.
Le munschî Raé Tek Chaud Bahâr ^, de Dehli, est
un écrivain hindoustaiii spirituel et correct. Il était lié
d'amitié avec Sirâj -uddîn Alî Khan et Fath Alî Huçaïnî,
qu'il voyait souvent. Mîr, qui l'avait aussi connu, fait
1 JkjtJ ^jl.^Jlj. Le premier mot est peut-être Vfi| ((>>)( , nn des
noms de Siva; le second est probablement le mot hindî FTTFT, signifiant
cher, etc. de sorte que ce nom propre signifierait cher à Siva.
^ jilw-j hrare, etc.
' jl.j-j printemps. Mir le nomme Lâla Tek Chand «XÀ;^^ n^^ .
ET BIBLIOGRAPHIE. 101
l'éloge de son talent poétique. Il a écrit en hindoui, en
liindoustani-iirdû, et surtout en persan. On cite de
lui, en cette dernière langue, plusieurs ouvrages dont
il est inutile de parler ici. Je me contenterai d'indiquer
un traité sur la langue persane ^, qu'il rédigea après un
voyage en Perse qu'il fut dans le cas de faille. Fath Alî
Huçaïnî donne, dans sa biographie, quatre pages des
vers liindoustani de ce poète.
BARHSCHISCH ALI.
Le saïyid Bakhschisch Alî^ Faïz-âbâdî ou de Faïz-
âbad, est auteur d'une traduction urdû de rHistoi:-e
moderne de l'Hindoustan intitulée Sijar ulmutaaJiliarîn,
ouvrage persan connu et célèbre dont on a donné une
traduction anglaise à Calcutta, en 178g, traduction
qui a été reproduite^ à Londres, par le colonel Briggs.
L'ouvrage de Bakhschisch Alî est intitulé Icbâl-nâma ^,
c'est-à-dire le Livre de la fortune. La bibliothèque de
la Société asiatique de Calcutta en possède un exem-
plaire qui est cité dans le catalogue de cette bibliothèque ,
publié par les soins du savant et zélé secrétaii'e de la
Société, M. J. Prinsep.
' Cet ouvrage intitulé ^/^-^ J^-W '^ Printemps des Persans, est en-
richi de beaucoup d'exemples.
' Il n'a encore paru, de cette réimpression, que le premier volume.
11 a^été publié par le Comité des traductions orientales, à qui on est
redevable de tant de publications importantes.
102 BIOGRAPHIE
BAKHTAWAR.
C'est un faquîr hindou à qui on doit un ouvrage en
vers hindi ou hraj-bhakhâ intitulé Saniçâr, ou l'Essence
du vide ^ , ouvrage où sont exposées les doctrines des
sânyabâdi (secte de Jaïns). Cet ouvrage fut entrepris
sous le patronage de Dâyarâm , protecteur de cette secte ,
qui était râjâ de la ville de Hatras, dans la province
d'Agra, en 1 8 1 7, époque où elle fut prise par le marquis
d'Hastings.
Le but que s'est proposé l'auteur de ce poëme didac-
tique est de montrer que toutes les notions sur Dieu
et l'homme sont trompeuses et nulles. Voici quelques
extraits de cet ouvrage, extraits que le célèbre H. H.
Wilson a fait connaître au monde savant dans son
Escpiisse sur les sectes religieuses des Hindous [Asiatic
Researclies, tom. XVII, p. 3o6 et suiv.). Comme ils sont
remarquables dans leur absurdité, je les cite, quoiqu'ils
énoncent des doctrines déplorables qu'on ne saurait
trop condamner.
Tout ce que je vois est le vide. Le théisme et l'athéisme, Mâjâ
(le visible) elBrahin (l'invisible), tout est faux, tout est erreur.
Le globe lui-même et l'œuf de Brahma, les sept îles {Dwîpa) et
les neuf divisions du continent [Khandu ), le ciel et la terre, le
soleil et la lune, Brahma, VVischnou et Siva, Rûrma et Sescha,
le gara et son élève , l'individu et l'espèce , le temple et le dieu ,
l'observance des rites et des cérémonies , la l'écilation des prières ,
1 Oa trouve un manuscrit de cet ouvrage à la bibliothèque de la
Société asiatique de Calcutta , mais il est indiqué à tort comme écrit
parDàyaràm, de Hatras.
ET BIBLIOGRAPHIE. 103
louL cela esl le vide. Ecouler, parler et discuter, tout cela n'est
rien, et la substance elle-même n'existe pas.
Que chacun donc médite sur soi-même, et non sur aucun
autre; car ce n'est que dans soi qu'on peut trouver autrui
De la même manière que je vois mon visage dans un miroir, je
me vois dans les autres; mais c'est une erreur de croire que ce
que je vois n'est pas ma face, mais celle d'un autre. Tout ce que
vous vovez n'est que vous ; votre père et votre mère mêmes n'ont
pas d'existence réelle. Vous êtes l'enfant et le vieillard, le sage et
l'insensé, le mâle et la femelle C'est vous qui êtes le tueur
et le tué , le roi et le sujet Vous êtes le sensuel et l'ascétique ,
le malade et le robuste, enfin tout ce que vous voyez est vous,
de même que les bulles d'eau et les vagues ne sont auti'e chose
que de l'eau.
Lorsque nous avons des songes, nous pensons que ce que
nous voyons sont des choses réelles , nous nous éveillons et nous
trouvons que c'est faux On raconte ses songes à ses voisins ;
mais quel avantage en retire-t-on ? c'est comme si nous vannions
de la paille.
Je médite sur la doctrine Suni seulement ; je ne connais ni la
vertu ni le vice. J'ai vu bien des princes de la terre; ils n'ont
rien apporté ni rien emporté. La bonne réputation de l'homme
libéral lui a survécu , et le mépris a couvert l'avare de son ombre.
Bien des êtres sont actuellement, beaucoup ont été, et un
grand nombre seront encore. Le monde n'est jamais vide. Telles
sont les feuilles sur les arbres ; de nouvelles se montrent à me-
sure que les vieilles tombent. Ne fixe pas ton cœur sur une
feuille flétrie , mais cherche l'ombre du vert feuillage. Un cheval
de mille roupies n'est bon à rien quand il est mort; mais un
bidet vivant vous conduira dans votre route. N'ayez aucun espoir
dans l'homme qui est mort; fiez-vous seulement à celui qui est
vivant. Celui qui est mort ne revivra plus Un vêlement dé-
chiré ne peut être tissu de nouveau ; un pot cassé ne peut être
refait. Un homme vivant n'a rien à faire avec le ciel et l'enfer;
quand le corps esl devenu poussière, quelle est la différence
entre un saint et un criminel ?
104 BIOGRAPHIE
La terre, l'eau, le feu et le vent, combinés ensemble, cons
tituent le corps. De ces quatre éléments le monde est composé,
et il n'y a rien autre. Cela est Brahmâ, cela est la fourmi; tout
est formé de ces éléments
Les Hindous et les Musulmans sont de la même nature. Ce
sont deux feuilles du même arbre. Ceux-ci nomment leurs doc-
teurs miiUa, ceux-là les nomment pandit. Ce sont deux vases de
la même argile; les uns font le namaz , les autres le pnjâ. Où
est la différence? je n'en vois aucune. Ils suivent les uns et les
autres la doctrine du dualisme ( existence de l'esprit et de la ma-
tière) Ne discute pas avec eux, mais sois bien persuadé
qu'ils sont identiques. Evite tout vain débat et adhère à la vérité,
c'est-à-dire à la doctrine de Dàyarâm.
Enfin voici quelques lignes qui sont plus dignes d'un
vrai philosophe :
Je ne crains pas de déclarer la vérité. Je ne connais aucune
différence entre un sujet et un roi. Je n'ai besoin ni d'hommage
ni de respect, et je n'entretiens société qu'avec les bons. Je ne
désire que ce que je puis facilement obtenir ; mais un palais ou
un hallier sont pour moi la même chose. J'ai renoncé à l'erreur
du mien et du lien, et je ne connais ni le gain ni la perte. Si
l'homme pouvait enseigner ces vérités, il détruirait les erreurs
d'un million de naissances. Un tel docteur est aujourd'hui dans
le monde , il n'est autre que Dàyarâm.
BALA BHADRA^
Auteur du Bala Bhadra Chéantî. Ward cite ce livre
hindî dans son ouvrage sur l'histoire, la littérature et
la mythologie des Hindous^, mais sans donner aucun
détail. C'est peut-être une histoire de Bal-dev, frère de
Krischna.
1 (s^0 force, iTZ excellcidc.
^ Tom. II, pag. /i8o.
ET BIBLIOGRAPHIE. 105
BALIRAM\
Auteur du CJiit-vilas'^, Traité sur la création du
monde, où sont décrits les objets et la fin de l'existence
humaine , la formation des corps épais et légers , et les
moyens d'acquérir le salut ^.
BAQUIR.
Bâquir Ali Khan, connu sous le takhallus de Bâquir'^,
est un poëte liindoustani dont Mannii Lâl a cité des
vers dans son Galclasta-i nischât, vers qui ne sont re-
marquables que par l'exagération des métaphores.
BARC, DE MURADABAD.
Parwâna Alî Schâh Barc^, de Muradâbâd, était un
jeune homme passionné, calandar de profession. II était
adonné à la boisson du hang^ et à celle du vin, et pas-
sait sa vie dans le désœuvrement : cependant le désir de
la renommée s'emparait quelquefois de lui, et il faisait
^ Balirâm est , je pense , ie même mot que Bal-râm ou Bala-râm œJc^I^IH
qui est le nom du frère aîné de Krischna.
^ C'est-à-dire Amusement de l'esprit : des mots t^TT esprit, inlellicjencc .
6t I^Ç^IH amusement, plaisir.
' Mack. tom. II, pag. 108.
* w*l* très-savant.
* MJjo éclair.
* Liqueur faite avec le jus des feuilles du chanvre.
106 BIOGRAPHIE
alors des vers qui lui ont assuré un rang parmi les écri-
vains liindoustani. Barc soumettait ordinairement ses
poésies à Muhammad Yâr Rhàn ^ Mushafî, qui nous
donne ces détails, ne cite de lui que deux vers.
BARC (GULAM-I HAMDANI).
Gulâm-i Hamdânî Barc, disciple de Mushafî, est un
})oëte liindoustani dont Bénî Narâyan cite le gazai sui-
vant :
B y a des lakhs de beautés dans le monde ; mais que m'im-
porte? Par Dieu! sans toi je n'ai point de repos. Comment mon
cœur flétri s'épanouira-t-il ? Il y a des roses dans le jardin, mais
il n'y a pas cette beauté au corps de rose. N'est-ce pas avec la
vapeur de mes soupirs que le nuage s'enfle ainsi dans l'air ?
Hélas ! il n'y a ici ni échanson, ni vin, ni coupe. O Barc! ne
te consume pas au souvenir de cette amie ; s'il y a quelque chose
de bon , ce n'est pas la fin de cette afl"aire.
BARC (JIU).
Miyân Scliâh Jiii Barc, poëte liindoustani distingué,
était d'un caractère vif et aimable, et excellait à manier
les armes. Ce fut Mushafî qui fengagea à prendre pour
takhallus le mot harc, comme propre à donner une
idée de son caractère. Par égard pour ce dernier, Jiii
Barc se disait son disciple.
* Voyez l'article consacré à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 107
BASGHIR.
Mîr Baschârat Alî, connu sous le surnom poétique de
Bascliir^, vint de Schâhjahànâbâd (Debli) à Lakhnau,
oii il fut élève de Mîr Nizàm uddîn Mamnûn^. Mushafî
est le seul des biographes originaux que j'ai pu consul-
ter, qui parle de cet écrivain hindoustani; et il n'en
dit que ce que je reproduis ici, si ce n'est qu'il en cite
quelques vers.
BAYAN.
Ahçan uUah ^ Bayân * fut un des disciples de Mirzâ
Jân Jànân Mazhar. Il naquit à Akbarâbâd (Agra), et il
habitait Debli. Il fut initié à la doctrine des sofîs pai' le
maulawî Fakhr uddîn. Quelque temps avant lygS, il
alla dans le Décan , où l'on dit qu'il occupa un emploi
honorable dans le gouvernement de Nizâm Alî Khan,
souverain d'Haïderâbâd.
Bayân était un poète éloquent; il est cité pour la
beauté de sa figure et la bonté de sa conduite , pour la
finesse et la perspicacité de son esprit. Ses vers sont
remarquables par la pureté et félégance du style. Il
est auteur d'un diwân dont Lutf, Mushafî et Fath Alî
Huçaïnî ont donné de nombreux extraits.
' vAÀMO èvangi'liste , porteur de bonnes nouvelles.
^ Voyez rarticle consacré à cet écrivain.
' Ou, selon Mushafî, Ahçan uddîn Khân.
* /jVU explication.
108 BIOGRAPHIE
Bajân fut aussi le surnom poétique de Mirzà Saïf Ali,
fils de Schuja uddaula, surnom qu'il changea ensuite en
celui de Schicjufta. On trouvera, sous ce dernier titre,
l'article consacré à ce personnage.
BAYAZID ANGARI\
C'est le fondateur de la secte des Roschanî ou Jalalî,
c'est-à-dire des illaminés ; ces deux mots, le premier per-
san, le second arabe, signifiant la même chose. Il na-
quit, selon fauteur du Dabistan, en iSa/i, à Jalindar,
dans le Panjàb; mais tout ce qu'il est essentiel de dii^e
ici, c'est que f écrivain que je viens de citer et Akhûn
Dervvezeh, auteur de f ouvrage puschtu intitulé Malli-
zan-iAfgânî, ou Trésor des Afgâns, nous apprennent que
Bâyazîd Ançârî (qui est du reste le premier auteur qui
ait écrit en puschtu ses compositions), a aussi écrit en
hindi, aussi bien qu'en arabe et en persan. En effet, il
a exposé ses doctrines en hindî pour les Hindous , en
persan pour les Persans , et en puschtu pour les Afgâns.
Il mit, entre autres, au jour un ouvrage tétraglotte in-
titulé Khaïr iilbajân'^, ou l'Excellente Explication. Cet ou-
vrage est considéré comme révélé. Bâyazîd n'étant cité
ici qu'en quahté d'auteur hindoustani, je ne crois pas
devoii^ entrer dans aucun détail , ni sur ses actes , ni sur
ses doctrines; je me contente de renvoyer le lecteur à
^ Le mot «Xj>:? ^ signifie père d'Yazid; nous en avons fait Bajazet.
f^\jt^\ est un adjectif dérive du mot arabe j\jAj\ aides, nom qu ou
donne aux Médinois qui aidèrent Mahomet contre les Mecquois.
ET BIBLIOGRAPHIE. 109
i'inléressanle notice qu'a donnée de ce personnage le doc-
teur J. Leyden, dans le tome X des Recherches asiatiques..
BÉBAK.
Mîr Najaf-i Alî Bébâk ^ est un écmain hindoustani
distingué. Il était saïyid Muçawî, c'est-à-dire un des
descendants de Mûça Kâzim, fds de Jafar, septième
imam. Ses ancêtres étaient Arabes d'origine; mais de-
puis quelques générations ils habitaient Koïl ^. Bébâk
naquit dans cette dernière ville , vint à Dehli à l'âge de
neuf ans; et arrivé à l'âge de discrétion, il retourna à
Ko'il. Il étudia la grammaire, le persan, puis la méde-
cine, science pour laquelle il se sentit des dispositions,
en sorte qu'à vingt-deux ans il exerçait l'art d'Avicenne.
Toutefois il avait un goût décidé pour la poésie, et il
faisait circuler de temps en temps, dans le public, des
pièces de vers de sa composition. Mushafî nous apprend
qu'il les connaissait toutes, attendu que Bébâk les lui
communiquait.
BÉCAID.
Saïyid Fazaïl-i Ali Khân Bécaïd"' était fils de Muham-
mad Alî Khân, qui fut d'abord le lieutenant du nabâb
Umdat ulmulk Amîr KJiân, et ensuite soubadàr de
Thatha, c'est-à-dii'e de la province de Sinde.
' vi)u ^3 /lart/i (sans crainte).
^ Probablement la ville nommée CoilJe clans les cartes anglaises. Longi-
tude, 85° 4i'; latitude, 26° 2 5'.
^ «Xjo ^_j sans lien.
110 DIOGRAPHIE
Bécaïd est auteur d'un masnawî dans le style des an-
ciens écrivains , poëme composé de cinq cents baït envi-
ron, et qui roule sur l'amour qu'il ressentait envers une
jeune bayadère. Ali Ibrahim en cite un long fragment.
BÉCHARA\
Poëte hindoustani cité par Mîr Taquî. Voici la tra-
duction du seid vers cp'en donne ce biographe :
Je ne croyais pas avoir à quitter ma bien-aimée, mais Dieu
a voulu qu'il en fût ainsi. La patience oflfre en vain un remède
à ma peine, je dois rester Bechâra ( sans remède ).
BÉDAR.
Mîr Muhammad Alî , nommé plus ordinairement Mîr
Muhammadî Bédar ^, de Dehli , est un poëte liindous-
tani distingué. Il fut l'ami et le disciple de Murtazâ
Calî Beg Firâc ^, et aussi un des amis de Mîr Dard ,
et le compagnon des littérateurs de Dehli, ses contem-
porains. Il s'était trouvé avec Mîr aux réunions des amis
de la littérature hindoustani qui, à cette époque, avaient
lieu en cette viUe. Il s'habillait en partie à la manière
des derviches, et en partie comme les gens du monde.
Il habitait Arab-saraï ''. Il est auteur d'un diwân rekhta
' Ojl;^Vo sans remède, (Jèsespèrè.
'^ j!<Xaj cveillè.
' Voyez Tarlicle consacré à cet écrivain.
'' C'est-à-rlire le caravansérai ou la chauderie des Arabes.
ET BIBLIOGRAPHIE. 111
ou hindoiistaiii , qui jouit de la plus haute estime. 11 a
laissé aussi quelques poésies persanes. Son style est
très-pur et énergique. Comme il avait beaucoup de
confiance en Fakhr-uddîn Sâhib , toutes les fois qu'il
sortait d'Arab-saraï, il venait dans le madriça (collège) de
Gazî-uddîn Rhân , pour voir ce personnage, et Mushafî
avait eu quelquefois favantage de fy rencontrer. Il ré-
sidait h Akbarâbàd (Agra), en lygS. Mushafî qui avait
eu son divvàn entre les mains, en a donné six pages
in-folio dans sa biographie; de son côté, Alî Ibrahim
en fait connaître cinq. Voici la traduction d'un gazai
de cet écrivain :
Si mon ami venait auprès de ma bière , il réveillerait du som-
meil du néant la sédition. Le potier peut bien, de la terre, faire
à son gré une coupe ou un vase quelconque ; mais c'est à loi
que j'abandonne le soin de, la poussière de mon corps. A la ma-
nière des gens rusés , j'ai emporté une seconde fois mon cœur
en connaissance de cause. Il s'est assis, il m'a fait asseoir
Quelle chose est donc venue dans ton esprit pour que tu aies
rendu plus captif encore mon cœur déjà captif? Il afflige le bouton
du cœur, et il sourit ; il frappe l'œil du narcisse , et le rend malade.
Par un seul regard enivrant, il rend ivre d'amour; il remplit
les fonctions de chef de la caravane au milieu des gens ivres.
Pour terminer toutes ses' gentillesses, il a réveillé (Bédar) pour
les deux mondes la sédition.
BEDIL.
Mirzâ Abd ulcâdii' Bédil ^ était Jagataî d'origine , mais
il naquit dans fHindoustan. C'est un écrivain distingué
' J«Xao sans cœur, c'est-à-dire privé de son cœur par reflet de l'ainour.
112 BIOGRAPHIE
par son esprit et l'élégance de sa diction; il est surtout
célèbre par des productions persanes qui sont em-
preintes de ses opinions mystiques. Il est question de
lui dans plusieurs biographies des poètes persans de
l'Inde. Dans sa jeunesse, il fut d'abord attaché au
prince Muhammad Azam Schâh ; mais il ne resta que
peu de temps à son service, et il y renonça bientôt
pour se livrer à son goût pour la poésie et k la con-
templation. Il avait une force corporelle telle, que peu
de ses contemporains l'égalaient. Un jour qu'un tigre
après avoir tué plusieurs personnes, s'avançait vers le
cortège du prince, Bédil le tua aussi facilement qu'il
aurait fait d'une chèvre.
Dans sa retraite sohtaire, il était souvent visité par
les grands et les petits. On rapporte que le nabab Nizâm
ulmulk, soubadâr du Décan, lui écrivit plusieurs fois
pour rengager h aller le trouver, mais que Bédil lui
adressa en réponse un vers persan qui signifie :
Pourquoi quitterais-je cet angle paisible pour l'agitalion du
monde? Non, mes pieds ne marcheront pas loin de cet asile où
j'éprouve la plus douce satisfaction.
Ses krdhyât ou œuvres complètes se composent de
près d'un lâkh (cent mille) de haït; et toutefois il n'y a
pas un seul hémistiche qui soit à la louange des gens du
monde. Il mourut à Dehh, en 1 1 37 de fliégire (172/1-
1725). Ah Ibrahim et Lutf citent de lui ces deux vers
hindoustani qu'ils donnent comme célèbres, et qui sont
aussi cités par Mir Taquî. En voici la traduction :
Ne me demandez pas de nouvelles de mon cœur; là où il est,
là je suis. Là où est l'eflet produit par le grain de l'amitié ,
ET BIBLIOGRAPHIE. 115
à même je suis. Lorsque l'amour est venu m'appeler sur le seuil
de la porte de mon cœur, mon amie , quoique bien étrangère à
moi , a dit : Là où est Bèdil, là je suis.
BÉJAN.
Azîz Khan Béjân\ Afgân de nation, ou, pour mieux
dii^e, Rohilla, est compté parmi les poètes liindoustani.
Mushafî, qui l'avait connu, en cite quelques vers dans
son Tazkii'a.
BÉKAL.
Saïyid Abd uiwahâb Bekal ^, de Daulatâbâd ^ , profita
des leçons littéraires de Mîr Abd ulwalî Uzlat ^. Alî
Ibrahim eut occasion de voir cet écrivain hindoustani,
pendant l'administration du nabab Sii'àj uddaula , gou-
verneur du Bengale ; il ne donne néanmoins pas d'autres
détails sur lui, et il se contente d'en citer deux vers.
BÉRHUD.
Narâyan-dàsBékhùd^, poëte hindoustani, dont Mannû
Lâl cite , dans son Guldasta-i niscliât, un vers qui signifie :
Tandis que l'infidèle est impuissant dans son infidélité , l'homme
pieux se complaît dans sa piété. Que l'infidélité ou que la piété
règne, la divinité de Dieu n'en sera pas moins immuable.
^ yla»ko 50715 âme, c'est-à-dire, renonçant à son àine , vaillant, brave,
•' JSjj sans repos.
' Ville du Décan, nommée aussi Déoghir.
* Voyez l'article consacré à cet écrivain distingué.
' ^ysS\j hors de soi.
1- 8
114 BIOGRAPHIE
BÉNAWA,
Bénawâ ^ , de Sanam ^ , était un des poètes du siècle
de Muhammad Schâh, et contemporain, par consé-
quent, d'Arzù et d'Abrû. MirTaquî nous apprend, dans
sa biographie , qu'un individu nommé Sikzan tua une
femme du bas peuple, qui vendait des souliers, et que
cet événement mit en émoi tous les cordonniers, au
point qu'ils empêchèrent de faire la prière publique du
vendredi h la mosquée cathédrale. Zafar Khàn Roschân
uddaula, connu sous le nom de Tiirra-Yâr, prit parti pour
la femme susdite. Enfin, le tumulte fut porté à un tel
point , qu'un grand combat eut lieu entre les émirs , et
que plusieurs individus furent tués de part et d'autre.
Zafâr Khan fut vaincu, et en outre, il éprouva de si
grands désagréments, à cause de cette affaii^e, qu'il ne
sortit plus, depuis ce temps-là, de sa maison.
Bénawâ a consacré un mukhammas au récit de cet
événement, et ce poëme est encore cité avec plaisir
dans l'Inde. Voici de Bénawâ deux vers qu'Ali Ibrahim
avait lus dans un album :
Tu présentes l'aspect du plaisir, et moi, celui seulement de
l'espérance. Je suis Bénawâ (pauvre), donne-moi la dime de ta
beauté et quelque chose des avantages de la richesse.
' |%J3 sans richesse (indigent).
^ ^^LiuM ; un manuscrit porte U>m .
ET BIBLIOGRAPHIE. lu
BÉNI NARAYAN.
Bénî Narâyan ^ , fils du maharaja Lakschmî Narâyan
et frère de Râé Khem Narâyan Rind^, est un homme
de lettres hindou natif de Lahore, à qui on doit :
1° L'ouvrage intitulé Diunhi-i Jahân^, ouvrage qui
n'est autre chose qu'une anthologie ou collection de
morceaux choisis , tii'és des principaux poètes hindous-
tani dont il eut les ouvrages à sa disposition. Dans
la préface de cette anthologie, fauteur nous apprend
qu'il vivait heureux dans fHindoustan, lorsque le sort
envieux ayant altéré son honheur, il se vit forcé de
se rendre à Calcutta, dans le Bengale. Là, le sort le
poursuivant toujours de ses rigueurs, il resta douze
ans sans emploi et dans le dénûment le plus fâcheux.
Enfin, f habile et célèbre poëte Haïdar Bakhsch * fut
touché de son état et le consola. D'un autre côté, il fit
connaissance avec le savant indianiste T. Roebuck, qui
se f attacha et le retira , par de bons honoraires , de la
situation pénible où il était. Ce fut pour se conformer
à son désir qu'il composa , en 1 8 1 /i ^, son anthologie
' (>jUj (^^i- Le premier de ces mots signifie, les cheveux tressés
derrière la tête; le second est un des noms de Wischnou.
^ Voyez l'article consacré à cet écrivain.
' /\\-4-s»' M^jr!^ ''' Duvdn du monde, ce qui signifie Collection de
pièces de poésie des écrivains du monde, c'est-à-dire de Tlnde.
* Il est plus connu sous le nom de Haïdari. Voyez, sous ce titre, l'ar-
ticle qui lui est consacre dans cet ouvrage.
' Roebuck's Aniuds of the collège of Fort-JVilUam , yia^. 425.
8.
IIG BIOGRAPHIE
hindoustani ou Dhvân-i Jahân. Cet ouvrage se compose ,
1° d'une invocation et d'une préface en vers; 2" des
extraits de différents poètes ; 3° de quelques pièces de
poésie de l'auteur.
2° On doit aussi à Bénî Narâyan une Histoire du roi
et du faquîr, Qiiissa-i scMli 0 darwesch, qui roule sur
le même sujet que le pocme persan de Hilali, qui
porte le même titre. M. Wilson en a un exemplaire
manuscrit, in-Zi°, écrit en caractères nastalic; il est en
dialecte urdù, comme les autres poésies de cet écrivain.
Cet ouvrage, le premier qu'ait écrit Bénî Narâyan,
est traduit du persan, et il porte aussi le titre de Char
ou Chahâr giilscJian ^ Il en est parlé dans les Annals of
the collège of Fort-fVilliam, par T. Roebuck, pag. SSg.
Le manuscrit de cette production enrichissait la bi-
bliothèque du collège de Fort-W illiam , k Calcutta; il
est aujourd'hui dans celle de la Société asiatique de la
même ville. C'est un roman, car on le cite comme une
histoire divertissante.
BÉRANG.
Dilâwar Khan Bérang^, militaire de profession, est
un spirituel et ingénieux écrivain hindou , disciple d' Ya-
krang et contemporain de Sauda. Il avait d'abord pris
pour takhallus le mot Ham-rang ^ ; mais il le changea
' jl.s». ou /wiiJo jLj-s». les Quatre Jardins.
* <iAj% \ sans couleur.
' (iXj) J^ de la même couleur, du même caractère.
ET BIBLIOGRAPHIE. 117
ensuite en celui de Bérang. Il mourut à Deliii. Ses vers
sont de la bonne facture classique; on en trouve plusieurs
dans les tazkira originaux, surtout dans celui de Mîr.
BÉTAB, D'ALLAHABAD.
Schâlî Muhammad Alîm Bétab \ d'AHahâbâd, jeune
frère du cazî Miiftakhar, était un personnage recom-
mandable, tant par ses qualités personnelles que par
sa naissance et par sa science dans les lois. Il fut un
des poètes les plus distingués du règne de Schâh Alam.
Alî Ibrahim cite de lui deux vers seulement , et Mushafî
trois autres, dont voici la traduction :
Son sourcil est pareil au disque de la lune; son éphélide, au
noir muezzin de Mahomet^. Comment cette amie ne serait-elle
pas rebelle , avec cette taille élancée comme la jeune plante ? Bétab ,
la poussière des pieds qui s'attache à ce bouton de rose, y devient
semblable à la poudre rouge de la fête du Holî '.
BÉTAB, DE DEHLI.
Muhammad Ismaïl Bétab , de Dehli , est un écrivain
hindoustani distingué , dont les poésies sont fort agréa-
bles. Mîr, qui favait connu, nous fait savoir qu'il fut
disciple du poëte Miyân Yakrang, sur qui on trouvera
plus loin une notice. Il nous apprend, de plus, qu'il
^ Lj\i ^ sans force.
- Balâl, fils de Riâh , qui était Éthiopien. Il y a une comparaison sem-
blable dans Walî, pag. 102, lig. 22 démon édition.
' On trouve plus loin une pièce de vers sur cette fête.
118 BIOGRAPHIE
était riche quoique pauvre (spiiituel) ou derviche; et
qu'en allant au palais de Jafar Alî Khan, il tomba de
cheval, se cassa le bras, et mourut des suites de sa
blessure, après avoir langui deux ou trois mois.
BÉTAB (SANTORH RAÉ).
Santokh ^ Râé Bétab est un Hindou qui a cultivé la
poésie hindoustani. Alî Ibrahim dit simplement qu'il
était contemporain de Muhammad Càim^, et Mushafî
nous fait savoir qu'il était son disciple. Ces deux bio-
graphes en citent de plus quelques vers.
BHAGODAS.
C'est un des disciples immédiats de Kabir, et l'auteur
ou le compilateur du petit Bijak ou Vijak ^, le plus
répandu des livres de la secte des Rabir-panthî. L'autre
livre fut communiqué par Kabir lui-même au râjâ de Bé-
narès. Le Bijak de Bhagodâs est la plus grande autorité
parmi les Kabir-panthî en général. Il est écrit en vers
harmonieux , et avec une grande candeur d'explication.
L'auteur, néanmoins, argumente plus qu'il ne dogma-
tise, et il attaque plutôt les autres systèmes qu'il n'ex-
phque le sien propre. Il est, pour ce dernier objet, telle-
ment obscur, qu'on ne peut guère apprendre dans son
livre la doctrine réelle de Kabii^-, aussi ses sectateurs en
' i^^iJi^Mi , HrtlN , contentement.
^ Voyez l'article consacré à ce personnage.
' fcj^cfj. Il sera question du grand Bijak à l'article sur Kabîr.
ET BIBLIOGRAPHIE. 119
interprètent-ils différemment piiisiem^s passages. Les
maîtres , parmi eux , ont un court ouvrage qui est
comme la clef des parties les plus difficiles; mais il n'est
entre les mains que d'un petit nombre : toutefois il n'a
pas une grande valeur, car il n'est guère moins embar-
rassant que l'original ^.
En voici un court fragment :
Nous devons noire existence à Alî et à Râma, et nous devons,
par conséquent, montrer une même tendresse à tout ce qui vit.
A quoi nous sert de nous raser la tête, de nous prosterner, ou
de nous plonger dans la rivière ? Pouvez-vous vous nommer pur,
si vous versez le sang, et vous enorgueillir de vertus que vous
ne déployez jamais ? A quoi bon laver voire bouche, rouler dans
vos doigts les grains de votre chapelet, faire l'ablution et vous
incliner dans les temples , lorsque , pendant que vous récitez vos
prières, ou que vous allez à la Mecque ou à Médine, la trom-
perie est dans votre cœur? Les Hindous jeûnent tous les onze
jours; les Musulmans, pendant le ramazân Le Créateur
peut-il résider dans des temples, lui qui remplit tout l'univers?
Qui est-ce qui a vu Râma parmi les idoles ? qui fa trouvé à la
châsse que les pèlerins vont visiter ? . . . . Ceux qui parlent des
mensonges des Ved et des Feb, sont ceux qui ne comprennent
pas leur essence. Ne vois qu'une chose en tout Tous les
hommes et toutes les femmes qui ont pris naissance, sont de la
même nature que toi. Celui à qui appartient le monde, et dont
Alî et Râma sont fils, c'est mon gurù, c'est mon pîr *.
^ C'est au savant Mémoire de M. Wilson sur les sectes religieuses des
Hindous, que j'emprunte ces détails; je lui emprunte aussi la traduc-
tion que je donne ici. Voyez Asiatic Rcsearches , tom. XVI, pag. 60 et
suiv.
^ Alî est le patron des Musulmans, Râma la divinité favorite des
Hindous. Le gara est le guide spirituel des derniers ; le pîr, des premiers.
Avec celte explication, la phrase du texte devient très-intelligible. On
120 BIOGRAPHIE
BHATRIHARI.
] Il est auteur d'iiymnes braj-bliakha que chante la
classe des joguis indiens nommés Sâringuî-hâr, parce
qu'ils se servent , pour accompagner leurs chants , d'une
sorte de luth nommé sâringui ^ J'ignore si ce poète in-
dien est le même que Bhartriharî, frère de Bikrmajit
(Vikramâditya), à qui on doit, entre autres, un recueil
de sentences célèbres, pubhées par Bohlen. En ce cas,
les stances hindoui dont il est auteur auraient une
grande antiquité.
BHAVANANDA-DASl
Écrivain auquel on doit une exposition écrite en
hindi, du système de philosophie nommé Védanta^.
Cet ouvrage, qui est rédigé d'après le sanscrit, se com-
pose de quatorze chapitres, et il est intitulé Amrita-
dhâra'^, ce qui signifie littéralement [Traité) distillant
l'ambroisie. Ceux de nos lecteurs qui ne connaissent pas
le système védanta , en trouveront le développement
dans ïEssai sur la philosophie des Hindous , par feu Cole-
sait d'ailleurs que le but de Kabir, aussi bien que de Nânak, a été de
fondre ensemble les religions musulmane et brahmanique.
1 Sketch ofthe religious scct oj the Hindus. [Asiatic Researches, t. XVII,
pag. 193.)
^ C'est-à-dire srrvitcur de Bliavanânda. Ce dernier mot est composé de
Vf^ monde, et de tÀ[*^*tt P'^- t^^^t un des noms de Kriscbua.
' Machenzie Catalogue, iota. II, pag. 108.
ET BIBLIOGRAPHIE. 121
brooke ^ et dans la traduction que M. Pauthier en a
publiée en français. Pour en donner une idée, nous
citerons ici ce qu'en dit l'écrivain hindoustani Afsos ,
dans son Araïscli-i malifil :
Le schastar nommé Védanta est l'ouvrage de Viaçadéva. Celui
qui suit la doctrine de ce livre , professe le système de l'unité :
il est tellement imbu de ce principe, que ses yeux ne sauraient
jamais apercevoir qu'un seul et même objet. Selon lui, la multi-
plicité des êtres est imaginaire; il n'en existe réellement qu'un
seul ; et quoique tout ce qui est dans l'univers émane de lui ,
tout n'en est pas moins lui-même. La relation qui existe entre les
objets qui frappent nos sens et l'essence de cet être unique,
est précisément la même que celle du vase d'argile avec la terre ,
des vagues avec l'eau, de la lumière avec le soleil.
BHU PATI.
Bhû Pati^ ouBbû Dev, de la tribu des Kâyath, est
auteur d'un bhagavat en vers liindî intitulé Sri Bliagavat.
Il y en a un exemplaire dans la bibliothèque de la So-
ciété asiaticpie de Calcutta, et Ward cite cet ouvrage
dans son Histoire de la littérature et de la mythologie des
Hindous. J'ignore si cette production est la même dont
on trouve un exemplaire au British Muséum, sous le
n° 5620, collection Halhed. Ce dernier est formé de
strophes de neuf vers -, il est écrit en caractères per-
sans, et le dialecte hindoui qui y est employé, est
difficile à comprendre. Il y a aussi un bhagavat en vers
hindi, à la bibliothèque de VEast-India House, intitulé
' Dans les Transactions de la Société royale asiatujue de Londres.
^ IT Mirt maître de la terre, roi.
122 BIOGRAPHIE
Pothi BJuKjavat ; mais ce n'est, selon le calalogue, qu'une
portion du Dhagavat Poarâna ^ , traduite du sanscrit. Le
dixième livre , Daçam iskandh ^, qui est l'histoire de Kri-
schna , le même qui a fourni la matière du Prem sâgar,
a été traduit spécialement en hindoustani. Il y en a un
exemplaire ^ qu'on trouve indiqué dans le catalogue
de la riche bibliothèque d'un personnage nommé Far-
zâda Culî, catalogue que possède mon honorable ami,
M. D. Forbes, et un autre existe dans la bibliothèque
du collège de Fort- William ; celui-ci est intitulé Pothi
daçam ishandh'^. Il y en a, dans la même bibliothèque,
une troisième copie, sous le titre de Sri Bhagavat daçam
ishaiidh, et une quatrième, en bhakha, dans celle de
VEast-India Home, sous le même titre. Dans le catalogue
des manuscrits orientaux du même Fârzâda , il y a l'in-
dication d'un ouvrage qui porte ce titre : Onzième par-
tie da Bhagavat, savoir, la couronne de la science indiquée
par Krischna à Arjuna ^ . Enfm le P. Paulin de Saint-
Barthélémy cite parmi les manuscrits hindoustani de
' Le Bfeft^aDat est te 1 8^ ou dernier Pourdna; il est néanmoins consi-
déré comme apocryphe par certains Hindous.
^ Il est intitulé otKÀSCwî j<vwi cy».jl^ ^^^^^y^. Le dixième livre
du Sri Bhajavat, etc.
* On a mis par erreur, dans le catalogue manuscrit que j'ai , j«XaX*»(I
au lieu de otXjtXAwt.
oi>jj ^\»wj5 . Je pense qu'il faut lire ojOl au lieu de ^JM^^\ , d'autant
plus que le Bhayavat ne se compose que de douze livres.
ET BIBLIOGRAPHIE. 123
la collection Borgia ^ un volume inlituié Àrjuna-guitn ,
ou le Chant d'Arjuna. Or ce volume est probablement
une version du Bhagavat-giiita, s'il est réellement en
hindoustani ; mais je pense qu'il est sanscrit. Au sur-
plus , il a été traduit en italien , par Marcus à Tumba ,
missionnaire capucin de l'Inde, et cette traduction ma-
nuscrite se trouve dans la même bibliothèque Borgia.
Il existe, en français, une traduction du Bluigavat
sous le titre de Bhagavadam. Elle a été faite, d'après
une version tamoule, par Foucher d'Obsonville.
BIHARI LAL.
Biliârî Lâl '^, contemporain de Kabir, est un des écri-
vains hindoui les plus distingués; les Anglais l'ont
nommé le Thompson de l'Inde. Il est auteur d'un
poëme intitulé Sât-saï, lequel jouit d'une si grande cé-
lébrité que les Hindous en citent sans cesse des frag-
ments, et qu'il a été traduit en vers sanscrits élégants^
par le pandit Haripraçàda, sous les auspices de Chet
Singh, râjâ de Bénarès. Bihârî faisait les délices de la
cour d'Ambher * au commencement du \xf siècle de
notre ère. Ses poèmes ont été arrangés dans l'ordre
qu'ils ont à présent, pour l'usage du prince infortuné
Azam Schâh, et cette sorte d'édition se nomme Azam-
^ Musœi Borgiani Velitris codices manuscripti, etc. pag. 1 5 1 .
^ C'esl-à-dire chéri de Krischna, de fc^«^m, un des noms de Krischna,
et du mot hindî ^Tç5 chéri.
' Asiatic Researches, iom.yil, pag. 221.
* Ancienne capitale de la province de Jaïpûr.
124 BIOGRAPHIE
schâhi '. Le Sdt-saï est une sorte de diwàn composé de
sept cents dohâ ou dohra ( distiques dans le genre des-
criptif). Krischna jouant avec Radha et ies gopî, en
forme le principal sujet. Il semble, d'après le savant
M. Wilson, que Bihârî ait pris l'idée de son Sât-saï du
Sapta sati de Govarddlian, ouvrage qui est aussi un
recueil de sept cents stances sur des sujets divers ( seven
hundred miscellaneoas stanzes ). Il paraît '^ que c'est la
traduction hindoui de ce dernier ouvrage que Lallii
Lâl a publiée à Calcutta, sous le titre de Sapta Satika^.
Quoi qu'il en soit, le Sat-sai de Bihârî a une très-grande
célébrité, et il a été publié à Calcutta, en i 809, in-S",
par le pandit Babû Ram. Je reviendrai sur cette pro-
duction dans le tome II de cet ouvrage,
BIMAR\
Poëte hindoustani qui habitait Dehli , et duquel
Béni Narâyan cite le gazai dont la traduction suit :
Je meurs ivre d'amour pour loi. Ah ! daigne t'informer de
mon état ! 0 mon ami ! informe-toi un peu de mon cœur affligé !
Et toi, zéphyr du matin, di§ à fagaçante heauté que j'aime :
Quelqu'un est mourant au pied du mur de ta demeure , va t'in-
former de ses nouvelles. — Dieu me délivrera-t-il du feu de ce
chagrin, ou bien ressentiras-tu de l'amitié pour moi et t'informe-
' Colebrooke, Dissertations. [Asiatic Researchcs , tom, VII, pag. 221 ,
et tom. X, pag. 4i3.)
^ Je dis, il paraît, car je nai jamais vu un seul exemplaire de cet
ouvrage.
' Voyez rarticlo sur Lallû Lâl.
' jUrjJ malade (d'amour).
ET BIBLIOGRAPHIE. 125
ras-tu de moi ? Comment mon cœur oubliera-t-il un instant ton
souvenir? Je meurs en recheichant ta face; informe-foi de mon
état. — Il n'a pas la force de se traîner jusqu'à ta rue, il tombe
mort à l'extrémité du bazar; ah ! daigne t'informer de lui. Le méde-
cin, en voyant son état, s'est écrié : Le malade (Bîmar) d'amour
est sauvé, viens t'informer de ses nouvelles.
BIRBHAN.
Birbhân qui est reconnu comme le fondateur de la
secte hindoue des Sâdh^, c'est-à-dire purs (puritains),
habitait Brijhacir, près de Nàrnaul, dans la province
de DehH. Il reçut, en 171/1, de Vikramâditya ( i658
de Jésus-Christ), une communication miraculeuse de
Sat fjiirii (le Directeur pur), nommé aussi TJdaka-dâs
( le Serviteur du Dieu unique ) , et Mâlik kâ liukm
(l'Ordre du Seigneur ou le Verbe de Dieu personnifié).
Les doctrines enseignées par le divin maître de
Birbhân furent communiquées aux hommes en sabda
et en sàkM, c'est-à-dire en stances hindi détachées
comme celles de Kabîr. Elles sont réunies dans des
manuels, et on les lit dans les assemblées religieuses
des Sâdh. On a formé de leur substance un traité in-
titulé Adi upades'^, c'est-à-dire les Premiers Préceptes.
Dans ce traité, toute la doctrine sâdh est réduite en
douze commandements ou liukm, qui sont répétés sous
plusieurs formes, mais dont on reconnaît toujours
l'identité. M. Wilson les a fait connaître dans son
126 BIOGRAPHIE
excellent Mémoire sur les sectes hindoues. Je crois être
agréable au lecteur en les reproduisant ici :
I. Ne reconnaissez qu'un Dieu qui vous a créé et qui peut
vous anéantir, auquel aucun être n'est supérieur, et que seul, par
conséquent, vous devez adorer. Il ne faut donc rendre aucun
culte ni à la terre, ni à la pierre, ni au métal, ni au bois,
ni aux arbres , ni enfin à aucune chose créée. Il n'y a qu'un Sei-
gneur et le verbe du Seigneur. Celui qui aime le mensonge et
pratique la fausseté, celui qui commet le crime tombe en enfer.
II. Soyez humble et modesle. Ne placez pas vos affections en
ce monde. Atlachez-vous fidèlement au symbole de la foi; évitez
d'avoir des rapports avec ceux qui ne sont pas de votre religion ;
ne mangez pas le pain de l'étranger.
III. Ne mentez jamais. Ne parlez jamais mal en aucun temps,
ni d'aucune chose; de la terre et de l'eau, des arbres et des ani-
maux. Employez votre langue à la louange de Dieu. Ne volez jamais
ni richesses , ni terre, ni animaux, ni leur pâture. Respectez la
propriété d'autrui, et soyez content de ce que vous possédez.
Ne pensez jamais au mal. Que vos yeux ne se fixent pas sur des
objets indécenls en fait d'hommes, de femmes, de danses, de
spectacles.
IV. N'écoutez pas de mauvais discours, ni rien autre, si ce
n'est les louanges du Créateur. N'écoutez ni contes , ni bavardage,
ni calomnie, ni musique, ni chant, exceplé celui des hymnes.
V. Ne désirez jamais rien, ni pour votre corps, ni en fait de
richesses. Ne prenez pas celles d'un autre. Dieu donne toutes
chosçs; vous recevrez en proportion de votre confiance en lui.
VI. Lorsqu'on vous demande qui vous êtes, déclarez que vous
êtes Sâdh; ne parlez pas des castes; ne vous engagez pas dans des
controverses. Soyez ferme dans votre foi, et ne mettez pas votre
espérance dans riiomme.
VII. Portez des vêtements blancs, n'employez ni fard, ni col-
lyre, niopial, ni mcnhdt; ne vous faites aucune marque sur le
ET BIBLIOGRAPHIE. 127
corps, ni aucun signe distinclif des sectes sur le front; ne portez
pas de chapelet, ni de rosaire, ni de joyaux.
VIII. Ne mangez ni ne buvez jamais aucune substance eni-
vrante, ne mâchez pas de bélel, ne respirez pas de parfums, ne
fumez pas de tabac , ne mâchez ni ne sentez de l'opium ; ne
tenez pas vos mains levées , et n'inclinez pas votre tête devant des
idoles ou des hommes.
IX. Ne commettez point d'homicide ; ne faites violence à per-
sonne-, ne donnez point de témoignage capable de faire con-
damner un accusé ; ne prenez rien par force.
X. Qu'un homme n'ait qu'une femme, et une femme un seul
mari '; que la femme obéisse à l'homme.
XI. Ne pi'enez pas le costume d'un mendiant; ne sollicitez pas
d'aumônes, et n'acceptez pas de présents. Ne craignez pas la
nécromancie et n'y ayez pas recours. Connaissez avant d'avoir
confiance. Les assemblées des gens pieux sont les seuls lieux
de pèlerinage. Saluez ceux d'entre eux que vous rencontrerez.
XII. Que les Sâdh ne soient pas superstitieux quant aux jours,
aux lunaisons , aux mois, aux cris et aux figures des oiseaux et
des quadrupèdes. Qu'ils ne recherchent que la volonté de Dieu.
Nous voyons, par ce qui précède, que les Sâdh,
qu'on peut nommer les unitaires indiens , n'adorent que
le Créateur seul. Ils le nomment Satkara, ou l'Auteur de
la vertu, et Satnâm, c'est-à-dire le Vrai Nom. A cause
de cette dernière expression , qu'ils appliquent à la Di-
vinité, on les nomme quelquefois Satnâmi; mais cette
dénomination s'applique spécialement à une autre secte.
Leur culte est extrêmement simple. Ils rejettent toute
espèce d'idolâtrie. Ils ne vénèrent pas le Gange plus
que les autres rivières. Toute espèce d'ornements leur
' Il y a de plus, dans le texte, que l'homme ne doit pas manger
les restes d'une femme, mais que le coulrairc est loisible, conformé-
ment à l'usage.
128 BIOGRAPHIE
est défendue. Ils ne saluent pas et ne prêtent pas ser-
ment ^ Ils se privent de tous les usages du luxe , tels
que tabac, bétel, opium et vin. Ils n'assistent jamais
aux spectacles des bayadères ^.
Les doctrines des Sâdh dérivent évidemment de
celles de Kabîr, de Nânak et d'autres philosophes re-
ligieux de l'Inde, avec l'addition de quelques principes
du christianisme. Toutefois, quant à leurs notions sur
la constitution de l'univers , sur les divinités inférieures
et sur le maliti, ou délivrance de la vie corporelle , ils
pensent, selon M. Wilson, comme les autres Indiens.
Ils n'ont pas de temples , mais ils s'assemblent à des
époques fixes, dans des maisons ou dans des cours.
Leurs réunions ont lieu à la pleine lune. Toute la jour-
née se passe dans des conversations intéressantes. Au
soir, ils prennent ensemble un repas fraternel, et ils
passent ensuite la nuit en récitant des stances attribuées
à Birbhân ou à son maître, et des poèmes de Dâdu,
de Nânak et de Kabîr.
Les villes où il y a le plus de Sâdh sont Dehli,
Agra, Jaïpùr, Farrukhâbâd. Ils tiennent une grande
réunion annuelle dans l'une de ces villes.
Les ouvrages hindoustani , sur la religion des Sâdh ,
qui sont parvenus à ma connaissance , sont les suivants :
1° Pothijnân bâni Sâdh-satnâmî ké panth ki^, c'est-à-
' CeUe secte a, comme on voit, une grande ressemblance avec celle
des quakers.
^ Ces renseignements sont tirés de la Notice sur les Sâdh, par W.
II. Trant, Transactions of thc royal Asiatic Society , tom. I, p. 25i et suiv.
ET BIBLIOGRAPHIE. 129
dire le Livre du discours de la connaissance de la secte
des Sâdh-satnamî. Cet ouvrage est indiqué comme le livre
religieux des Sâdh, par W. H. Trant, à qui il en fut re-
mis un exemplaire , par Bhavanî-dâs , principal person-
nage de cette secte, à Farrukhâbâd. Cet exemplaire a
été donné, par M. Trant, à la Société royale asiatique
de Londres. C'est un manuscrit in- 4°.
2° An Account on tlie religion oftheSâdh, inHindoostanee;
manuscrit in-lf, de la bibliothèque de la Société royale
asiatique, donné, comme le premier, par M. Trant.
BISMIL^
Poëte peu connu dont Alî Ibrahim cite un seul vers.
C'est probablement le même écrivain dont Mîr Taquî
et Fath Alî Huçaïnî parlent sous le même takhallus de
BisniiL Ils en donnent aussi un vers différent de celui
qui est cité dans le Guhâr. Ce dernier Bismil, si par
hasard il difl'ère du premier, fut le maître de Schâguil,
dont il sera parlé plus loin.
BISMIL, DE CHANAR.
Le saïyid Jabbâr Alî Bismil était de Chanâr, dans
la province d'Allahâbâd. Il habita longtemps Azîm-
âbâd, puisBénarès, où il était chargé d'afiTaires du ma-
hârâj Chet Singh. Ce fut en cette dernière ville et à
' t)>-<\*A-j sacrifié, expression dérivée des mots arabes aMÎ «(w^ «'i
ilom de Dieu, parce que c'est en prononçant le nom de Dieu qu'on im-
mole les animaux destinés aux sacrifices.
130 BIOGRAPHIE
Muhammadâbâd que le vit, en i 196 (1 781-1 782 ), Alî
Ibrahim , auteur de la biographie à laquelle j'emprunte
ces détails. Bismil était très-doux, plein d'intelligence
et très-indépendant de caractère. 11 s'est acquis un nom
distingué parmi les poètes hindoustani. Ibrahim et Luif
citent plusieurs pages de ses vers.
BISMIL (GADA ALI BEG).
Gadâ Alî ^ Beg Bismil vivait à Faïzâbâd dans la der-
nière moitié du xviif siècle. Il a laissé un masnawi in-
titulé Dainok-nâmali- qui a de la célébrité. Alî Ibrahim
cite de lui plusieurs vers dans sa biographie.
BRAHMAN.
Data Râm^ Brahman'^ est un Hindou qui a écrit des
poésies urdù estimées. Mannû Lâl en cite plusieurs gazai
dans son ouvrage sur la rhétorique. Voici la traduction
d'une de ces pièces :
Si tu souris de tes lèvres gracieuses, les fleurs s'épanouissent
clans le parterre; si tu lèves le voile qui couvre ta face, la rose
développe ses pétales.
Lorsque celte beauté qui fait honte au printemps s'attache à
mon cou, mon corps tressaille sous mon vêlement.
' j£_ 1 4X5" /«ne d'Ali.
^ iX^b liuÀji . Je ne suis pas bien sûr de la lecture de ce titre. Si
on le prononce comme je l'ai fait, il signifie Livre de la Jin de décembre.
Ce serait, dans ce cas, un poëme sur l'hiver.
' 6jr1 1 4|H Râma le généreux.
* /w^o brahmane.
ET BIBLIOGRAPHIE. 131
Le printemps est venu. Viens te promener dans ce désert, et
tu pourras voir les oiseaux prendre leurs ébats, les forêts s'émail-
ler de fleurs. — Ici la rose ouvre son calice ; là le rossignol fait
entendre son ramage; plus loin, la tulipe et le jasmin s'épa-
nouissent
Si quelqu'un désire aujourd'hui se promener dans les jardins
et les champs, qu'il sache bien qu'il y a, outre la noire cicatrice
de la tulipe, celle du cœur de Braliman , qui s'est ouverte comme
le bouton d'une fleur.
BRAJBACI-DAS\
Auteur du Braj-viJâs^, ouïes Plaisirs deBraj, poëme
assez étendu sur la vie et les jeux de Krischna, pen-
dant sa résidence à Braj et à Vrindaban, jusqu'à son
départ pour Mathura, et au meurtre de Kans. Ce poëme
qui est écrit en bhâkhâ , est indiqué comme imprimé
dans le catalogue de la collection Mackenzie ^. C'est un
grand in-8°, publié probablement à Calcutta.
BULAQUI.
Saïyid Buiâc[uî * est un poète du Décan à qui on doit
un masnawî sur l'ascension de Mahomet au ciel , poëme
qui est intitulé Mirâj-nâma ^, ou le Livre de l'ascension.
' Ws{ ^fTHl ^Iti '« serviteur de Krischna [ l'habitant de Braj ) .
' Tom. II, pag. 116. Voyez aussi les Asialic Researches, tom. XVI,
pag. 9'i.
* »S^ , adjectif dérivé de i»1Vj , i^oiii de Tanneau que les femmes
portent au nez dans l'Orient.
9-
132 BIOGRAPHIE
J'en possède un exemplake en caractères naskliî , qui
fait partie d'un recueil de treize différents masnawî et de
quelques gazai, formant un épais volume, tout copié
par un certain schaïkh Ahmad, fils de Muhammad Ibra-
him Guîtî \ qui a quelquefois placé des vers de sa façon
à la suite de ce poëme. Le Mirâj-nâma a été copié en
1219 de l'hégire ( i8o/i-i8o5 de J. G.).
CACIMl
Ahu'lcâcim Rhân, et simplement Câcim, était allié
cl la famille impériale de Dehli, s'il faut en croire Béni
Nârâyan, qui lui fut attaché apparemment comme se-
crétaire. Cet écrivain hindousianî demeurait à Calcutta,
en i8i/i. Bénî Nârâyan en cite quatre gazaP. Voici la
traduction d'une de ces pièces; elle appartient au genre
mystico-éro tique cpie les Musulmans ont cultivé avec
tant de succès :
Si tu as prêté l'oreille à l'oiseau qui gémit dans le bosquet,
tu pourras alors seulement apprécier la facture de mes vers. Lors-
que cette beauté qui excite la jalousie du soleil m'a touché, les
fils de la toile qui me couvre se sont changés en autant de rayons.
Le véritable amant peut-il se laisser jamais resserrer dans le man-
teau des pratiques extérieures ? L'insensé fait-il attention à la nu-
dité de son corps ? Comment peut-on dire que je ne verrai pas la
noble stature et ta forme élégante? n'aperçois-je pas dans le jar-
din le cyprès et le lis ? L'or le plus pur ne saurait m'attacher
' 4^ù_A_5^ou le chanteur, ce qui suppose qu'il était musicien de pro-
fession.
^ /<vul; iJislribiiteur . nom d'un fils de Mahomet.
^ Trois dans le corps de son antiiologie et un dans l'appendice.
ET BIBLIOGRAPHIE. 133
La couleur de ton corps est plus agréable encore. La pureté de
ton essence peut se comparer à celle de la fleur nommée sèoti \
Le monde peut-il s'en faire une idée? Et ces boucles de cheveux
en désordre sur ta face n'offrent-elles pas à Câcim l'apparence des
nuages obscurs qui entourent la blanche lune?
Je pense que c'est le même écrivain que Mîr nomme
Câcim Mîrzâ dans sa biographie , et dont il ne cite qu'un
seul vers.
CACIM (CADR ULLAH).
Haldm Cadr uiiah Khan Câcim est un médecin mu-
sulman qui s'est aussi occupé de poésie. Mannû Lâl
cite plusieurs vers de cet écrivain. Voici la traduction
de deux haït qui terminent un de ses gazai :
Tu n'as pas permis à mes lèvres amoureuses d'exprimer leurs
désirs , ou plutôt c'est l'abattement où je suis plongé qui ne leur
a pas permis de remuer. La bien-aimée de Câcim ne viendra-t-elle
pas éteindre de son souffle le feu de la blessure du cœur de son
amant ? Lui permettra-t-elle du moins de s'approcher d'elle ?
CACIM, DU DÉCAN.
Poëte distingué, élève de Uzlat. Voici la traduction
de quelques vers de lui, cités par Fath Alî Huçaïnî :
L'ambre qui a la propriété d'attirer la paille, a perdu (de dé-
pit ) sa belle nuance , en voyant ton visage couleur d'or. Je t'ai
livré mon âme comme une guirlande de mûlçarî ^, et tu ne m'as
' Afsos, dans son Araîsch-i mahjil, ou Statistique et Histoire de l'Hin-
doustan , dit que cette fleur { variété de la rosa (jlandaUfera ) est une des
plus remarquables de l'Inde. Il en compare les étamincs à l'écriture déliée
que trace son calam pour en décrire la beauté.
- Mimusops elcniji.
154 BIOGRAPHIE
pas même donné une tresse de ces fleurs. C'en est fait , tes gen-
tilles agaceries me font mourir. Ah ! du moins , viens demain
planter sur mon tombeau du nâzbo\ puisque les feuilles recoquil-
lées de ce végétal rappellent les boucles musquées de tes cheveux.
GACIR.
Mîrzâ Babar Beg Câcir^ est un poète liindoustani
dont Mannû Lâl cite un seul vers dans son Galdasta-i
nischât, sorte d'anthologie descriptive dont j'ai souvent
fait usage pour mon travail.
CADIRl
Saïyid Khalîi Câdir ou Câdirî vivait dans le Décan à
l'époque où Fath Ali Huçainî écrivait son Tazkira.
C'est un poëte dont les productions sont remarquables
par la facilité avec laquelle elles sont rédigées.
CADR.
Muhammad Cadr'^ est un poëte licencieux, mais ha-
bile et renommé , qui vivait sous le règne de Muham-
mad Schâh. Il avait secoué le joug de la religion et
vivait dans le libertinage le plus effréné, s'adonnant à
l'amour antiphysique. On le voyait sans cesse dans les
rues et les marchés. Les biographes originaux ne citent
que deux vers de lui.
' Ocimum pilosum.
" jjiov court, c'est-à-dire petit.
' jàlij puissant, etc.
' j«XS valeur, quantité, (hstin.
ET BIBLIOGRAPHIE. 135
GAIM.
Quiâmuddin Alî, autrement dit Schaïk Muhammad
Câim \ naquit dans la ville de Chândpûr ou Naddyâ;
mais il résidait ordinairement à Delili, parce qu'il y oc-
cupait les fonctions de gouverneur de l'arsenal. Il eut
de bonne heure du goût pour la poésie. Il fut célèbre
par la fertilité de son imagination et l'élégance de son
style. Il se distingua parmi les littérateurs de son temps
par son jugement sain et la droiture de son esprit. Ali
Ibrahim et Lutf rapportent qu'il commença à s'exercer
à la poésie hindoustani sous Mîr Dard, en qui il eut
toujours beaucoup de confiance, et que plus tard il fut
un des disciples de Mîr Muhammad Rafî Sauda. Mîr
l'avait connu. Mushafî eut occasion de le voir à Cut-
tarab, chez le nabâb Muhammad Yâr Khân^ cpii, à
cette époque, accordait, dans l'Inde , aux gens de lettres
une protection éclairée , et s'occupait lui-même de
poésie. Câim et Mushafî se lièrent ensemble k cause
de l'uniformité de leurs goûts; mais lorsque la pros-
périté de Cuttarah fut détruite, et qu'eut lieu finstal-
lation de Faïz uliah Khân comme souverain de Râmpûr,
alors Câim alla résider auprès du fils du nabâb susdit,
Ahmad Yâr Khân, qui l'employa dans diverses opé-
rations militaires.
Ses gazai ont été réunis en un diwân qui est très-
estimé. Il a en outre composé une grande quantité de
' vj-jb debout , fixe , attentif, persévérant.
* Voyez l'article sur ce personnage sous son surnom poétique d'inuV,
136 BIOGRAPHIE
cacîda et de masnawî , et un tazkira cité par Mushafî c^
l'aiticle sur Kalîm. Lutf nous apprend que ses meil-
leures poésies sont ses gazai et ses masnawî.
Alî Ibrahim dit qu'il vivait dans les environs de son
pays natal, en i 19/1 de l'hégire (1780). Mushafî, qui
écrivait sa biographie en lygS-iyg/i, avait ouï dire
qu'il était mort à Râmpûr. Effectivement, on trouve
dans un exemplaire des Kulliyât de Jurât, qui fait partie
de ma collection, un tarîkh qui fixe la mort de cet
écrivain à l'an de l'hégire 1207 (1792-1793 de J. G.)^
Mushafî a cité, dans son Tazkira, près de dix pages
des vers de Gâim; Mîr près de quatre pages, et Bénî
Narâyan un mukhammas en entier. Voici la traduction
d'un court masnawî de lui qui est cité par Alî Ibrahim.
L HIVER DANS L INDE.
L'hiver est tellement rigoureux cette année, qu'au matin, le
soleil lui-même tremble de froid; bien plus, on dirait qu'il n'y
a plus de soleil dans le ciel, et que le firmament cache ce ré-
chaud dans son sein. La couche d'écume verdâtre, qui en ce
temps surmonte l'eau des étangs, a l'apparence d'une couver-
ture de Cachemire. On passe la journée à se réchauffer aux rayons
du soleil, et à la nuit, on s'enveloppe dans un bon tapis. Le ciel
est toujours revêtu de son manteau de satin ; c'est la voie lactée
qui apparaît sous le costume du pandit. Le lagh^ vient se re-
poser sur la rivière, et s'envole ensuite à tire d'aile. Dans le che-
min il est tombé de la neige tellement blanche , qu'il ressemble
au cardeur, lorsqu'il est recouvert de flocons de coton.
Du ciel sort un bruit sourd ; un vent froid et violent se fait
Lutf dit qu'il mourut en 1210 de l'hégire, c'est-à-dire trois ans plus
tard .
^ Ardca iorra cipaica. Buch.
ET BIBLIOGRAPHIE. 137
sentir; il secoue fortement les arbres, jour et nuit. Grands et
petits ont les mains engourdies par le froid; mais les plus riches
s'enveloppent réellement de colon , comme la poire ou le raisin
qu'on veut conserver. Allez-vous chez les confiseurs , et regardez-
vous leur étalage? vous n'y verrez que delà neige. Si le lecteur
trouve froid ce tableau du froid, Câim espère qu'eu égard à la
saison qu'il décrit, on l'aura pour excusé.
CAIS.
Mirzâ Ahmad Alî Beg , autrement dit Madàr Beg , est
connu sous le takhallus de Ccds ^ Il était père de Mirzâ
Murâd Alî Beg et fils de Dâùd Beg, lequel était un
riche marchand, et petit-fils de Mirzâ Aquil Beg, gardien
du tombeau de l'imâm Alî Muça Riza. La patrie de ses
ancêtres était Mascliliâd ^ ; mais il passa sa jeunesse à
Lakhnau et à Faïzâbâd. Il avait beaucoup de goût
pour la poésie hindoustani et y réussissait. Il soumettait
ses productions à Jafar Alî Hasrat. Mushafî, qui nous
donne ces détails, cite une page et demie des vers de
cet écrivain.
CALANDAR.
LâlaBudh Singh Calandar^ était hindou de religion;
mais on dit que s'étant rendu amoureux d'une bayadère
musulmane, il abandonna l'hindouisme, et entra dans
' ^Jlt..Xi, nom du célèbre amant de Lella, plus connu sous le nom
(le Majnûn ou insensé, que lui valut sa conduite extravagante.
^ Ville du Khoraçàn où se trouve le tombeau de l'imâm Rizâ.
' j«XàA^ sorte de faquîr musulman.
138 BIOGRAPHIE
l'ordre des faquîrs musulmans nommés calandar. C'est
un poëte hindoustani distingué. Alî Ibrâbîm , à qui j'em-
prunte ces particularités, cite de lui trois vers seule-
ment; mais Béni Nârayân en donne un gazai ^ dont je
joins ici la traduction :
0 mon cœur! tu gémis en vain sur ton infortune! Ce que le
calam du destin a écrit arrive inévitablement. A la fin il faut se
décider à voyager dans le royaume de la mort. Réveille-toi donc
du sommeil de l'insouciance; pourquoi dors-tu négligemment?
N'est-il pas nécessaire que l'acacia lui-même porte son fruit ?
En effet, celui qui sème doit recueillir le produit de sa semence.
Ne reste pas dans l'inaction; les jours de la vie sont comme
une proie. Pourquoi perds-tu tes moments dans les jeux et les
plaisirs ? Et toi , Calandar, ne laisse pas prendre ton cœur dans
les replis du chagrin ; crains le filet des épreuves de l'amour.
CHANDl
Très-célèbre historien et poëte hindoui, auteur du
Piitfiwi-râjâ charitra^, ou Histoire de Prithwî-ràjâ, der-
nier roi bindou de Delili. Cet ouvrage écrit en vers,
d'après l'usage suivi dans l'Inde, contient l'histoire du
Rajpoutana, et surtout celle du temps de Chand, his-
toire oii cet écrivain joue un rôle assez important. C'est
assurément une des plus anciennes productions hindî"'.
Chand était le poëte de Pithaura ou Pritwî-râjâ, qu'il a
* W. Price a publié cette pièce de vers dans ses Hindee and Hindoosta-
nee Sélections , tom. II, pag. SgS.
* "of^ lune.
* w. Priée, Hindee and lllndooslancc Sélections, préface, pag. 8.
ET BIBLIOGRAPHIE. 139
célébré ainsi que plusieurs familles râjpùt. Il vivait
par conséquent à la fin du xn* siècle. La Société asia-
tique de Londres a, dans sa bibliothèque, un manus-
crit de cet ouvrage qui lui a été donné par le major
Caufield, et il y en avait un exemplaire parmi les
manuscrits de Mackenzie ^ Un savant russe, Robert
Lenz , en avait traduit une portion qu'il devait publier
en i836, à son retour à Saint-Pétersbourg-, mais la
mort prématurée de ce jeune savant a privé les orien-
talistes de cet intéressant travail. Le manuscrit de la
Société royale asiatique porte un titre persan qui si-
gnifie : Histoire de Prithû-râj , en langue ping al (c'est-à-
dire en vers indiens), par le poëte Chand bardai^. Feu
James Tod a tiré un grand parti de ce poëme pour
son Histoire du Rajastbân ^. Il en avait même traduit
une grande partie; mais la mort l'a empêché de ter-
miner ce travail et de le publier. Il avait seulement
fait imprimer la traduction d'un épisode remarquable
de ce poëme historique sous le titre de The Vow of San-
gopta, c'est-à-dire le Vœu de Sangopta; mais il n'en avait
donné des exemplaires qu'à quelques amis seulement.
On a réimprimé cette traduction dans le tome XXV,
nouvelle série de ïAsiatic Joarnal. Voici, du reste, ce
qu'il dit du poëme de cet écrivain * :
' Mackenzie Collection, tom. II, pag. 1 15.
' Voyez l'arlicle de M. de Sacy, dans le Journal des Savants, i83i,
pag. 7, et i832, pag. 420.
* A nnah and antiquities of Rajasthan, iom. I,pag. 254.
140 BIOGRAPHIE
«L'ouvrage de Cliand est une histoire universelle
« de la période dans laquelle il a écrit. Dans les soixante-
« neuf livres comprenant cent mille stances relatives aux
«exploits de Pritlii-ràj, chaque nohle famille du Rajas-
«thân trouve quelque mention de ses ancêtres. En con-
« séquence on conserve cet ouvrage dans les archives
« de toutes les tribus qui ont des prétentions au nom
« de Râjpût Les guerres de Prithi-râj , ses alliances,
« ses tributaires nombreux et puissants , leurs résidences
« et leurs généalogies rendent les écrits de Cliand inap-
«préciables pour l'histoire et la géographie , aussi bien
«que pour la mythologie, les usages, etc »
Je crois qu'on désigne aussi cet écrivain sous le nom
de Chandra ou Chandrabhât \ et son ouvrage sous celui
de Pritim-râj nyâçû^, c est-à-dire le Grand Sacrifice de
Prithvvi-râjâ.
Ward , dans son Histoire de la littérature et de la my-
thologie des Hindous, t. II, p. A82, cite cet ouvrage
comme étant écrit dans le dialecte hindi de Kanoje,
Je pense que c'est le même ouvrage qui est désigné
dans le Journal de la société asiatique de Calcutta ^,
sous le titre de Prithivi-rajâ baça ( bhasha ) , et dans le
catalogue des livres de la même société , sous celui de
Pritlii, or the exploits of Pritliu-raja, the first monarch of
Biana ^-
' ^2 m^ le barde Chandr (lune).
' i835, pag. 55. !
'' Ville delà province tl'Agro.
ET BIBLIOGRAPHIE. 141
On doit à ce Gliaiidra un autre ouvrage intitulé
Jaya-Chaiidra Prakâçha^, c'est-à-dire Histoire de Jaya-
Cliandra. Il est écrit, comme le premier, dans le dia-
lecte de Kanoje, et il est également cité par Ward.
CHANDA-.
Célèbre reine d'Haidaràbàd, auteur d'un diwân dont
on conserve un exemplaire à la bibliothèque de VEast-
India House. Cet exemplaire fut offert comme un nazar,
par cette femme extraordinaire, au capitaine Malcoîm,
au milieu d'une danse dans laquelle elle remplissait le
principal rôle, le i" octobre 1799 ^. En voici un
gazai qui rappelle l'ode célèbre de Sapbo , traduite par
Boileau :
Après avoir abreuvé mon cœur à la coupe d'un œil charmant ,
j erre à l'aventure, hors de moi-même, comme celui que trouble
l'ivresse. Tes regards brùlanls dévorent tout; ta face qui a l'éclat
de la flamme, a consumé mon cœur. Je me conforme à ton désir
en t'offrant pour mon nazar ma tète; mais, néanmoins, ton cœur
n'est point sans voile pour moi. Comme mes yeux sont fixés sur
ton visage, mon âme est agitée, mon cœur bat violemment. Tout
ce que Chanda désire, c'est que, dans les deux mondes, tu la
places à tes côtés , elle dont le cœur est si sensible * !
^ <XÂâk la lune.
' Ce qui précède est tiré d'une note écrite en anglais dans l'exemplaire
du diwân de Chanda qui appartient à la bibliothèque de YEast-India
House. Celte note est peut-être du docteur Leyden, à qui ce manuscrit
avait appartenu avant de faire partie de la bibliothèque de YEast-India
House.
' A la lettre, la terre du cœur Ji t->îvj, c'est-à-dire, je pense, son
142 BIOGRAPHIE
CHATURBHUJ MISR\
Auteur de la version braj-bliakha du x* livre du blia-
gavat de Viaçadéva, qui roule sur l'histoire de Krischna,
Chaturbhuj Misr la rédigea en clolia et en cliaupaî. C'est
la quintessence^ de cette histoire qui forme le Prem
sâgar de Lallù-jî La] , qui a été imprimé à Calcutta. Je
parlerai de ce dernier ouvrage à l'article sur Lallù-jî
Lâl.
CUBUL.
Abd ulganî Beg Ctibûl ^ naquit dans le Cachemire.
Il est un des poètes persans de l'Inde les plus célèbres;
mais il a aussi écrit en hindoustani, et c'est comme
poète hindoustani seulement qu'il est cité ici. Alî Ibra-
him donne de lui un vers qui paraît tiré d'un poème
satirique.
CUDRAT.
Schâh Cudrat ullah , de Dehli , qui adopta le mot
cœur matériel, son cœur de chair; en d'autres termes, elle (jui est si
sensible !
' "^rl^TÎT qui signifie à quatre bras, est un des noms de Wischnou.
t^T^r est une sorte de titre d'honneur qu'on ajoute aux noms propres.
Ce mot signifie proprement un éléphant; il est analogue à iH^' signi-
fiant lion, qui se place souvent aussi après les noms propres.
* HTT Prcni sâgar, pag. i . Voyez ce que je dis à ce sujet à l'article
sur Lallû-jî Lâl.
' JjaS acceptation, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. U3
Cadrât ' pour takhallus , est un des écrivains hindous-
tani les plus éloquents. Il était parent de Mîr Schams
uddîn Faquîr. Ses vers sont de la bonne facture an-
tique et remarquables surtout par la pureté avec la-
quelle ils sont écrits. Cudrat fut aussi distingué parmi
ses compatriotes par ses bonnes qualités, surtout par
sa fidélité dans l'amitié et par sa franchise. Il était lié
avec les notabilités littéraires de son temps. Il demeurait
près d'Azîmâbâd du temps qu'écrivait Mushafî. Peu
de temps avant l'époque où Alî Ibrahim traçait sa bio-
graphie, il vint de Dehli à Murschidâbâd et y fixa sa
résidence. Ses vers hindoiistani, qu'il a écrits dans
tous les mètres, ont été réunis en un diwân^. Lutf en
cite beaucoup de gazai, et Mannû Lâl un long mu-
khammas. Voici de cet excellent poëte un court gazai
cité par Bénî Narâyan :
Le jardin s'est échappé de ma possession , hélas ! ô soir de
malheur ! puisque ma patrie m'échappe. Ayant donné mon cœur
par l'elTet d'un coup d'œil piquant, j'ai fui comme le daim,
lorsqu'il s'échappe des mains du chasseur. Jusqu'à présent, de
la racine de chaque cheveu de tes amants, des milliers de
sources de sang se sont échappées sous le linceul qui couvre leur
corps. Cudrat, pourquoi écrirai-je la peine de la nuit de l'ab-
sence ? L'âme est séparée du corps, le corps s'échappe de l'âme.
CUDRAT (MAULAWI CUDRAT ULLAH).
Maulawî Cudrat ullah, et simplement Cudrat, qui est
son takhallus, était habile dans la langue arabe et dans
' cyj»Xjj puissance.
* Lutf nous apprend qu'on a aussi de lui des vers persans.
144 BIOGRAPHIE
la inédecinc. Il demeurait à Dehli, où Miishafî l'avait
vu pendant son séjour dans cette ville. Il était le dis-
ciple et l'ami de Sanà ullali Khan Firâc. On lui doit
des poésies liindoustani.
Musliafî nous fait connaître un autre Maulawî Cudrat
ullah Cudrat, auteur d'un Tazkira-i hindi ou Biographie
des écrivains liindoustani, auteur qui, en 1^93-179/1,
résidait à Rampour^
CULI CUTB SCHAH.
Culî Cutb Schâh - , roi de Golconde , qui monta sur
le trône en 1682 de Jésus-Christ, âgé seulement de
douze ans, eut de bonne heure du goût pour la poésie,
et fit de nombreuses pièces de vers dakhnî. On sait
qu'il se distingua par sa capacité, et par la protection
et les encouragements qu'il accorda à la littérature.
C'est à lui c|ue la ville de Haiderâbàd doit sa fondation.
Les poésies liindoustani de ce prince ont été réunies
sous le titre de Kiilliyât ( OEuvres complètes ). Un exem-
plaire de ces Kulliyât faisait partie de la bibliothèque de
Tippou. Il y avait aussi un volume intitulé Diwani-i Cuth-
Sclidhi, dans la bibliothèque de Muhammad Bakhsch.
Ce même ouvrage ou les Kulliyât, sont quelquefois dé-
signés aussi simplement sous le nom de Cutb-Schâhi. Il
en existe un manuscrit sous ce titre à Haiderâbàd.
' Ville de la province de Dehli.
^ Le mot j^Lâ signiGe esclave; il est turc. Ou sait en efiel que la
dynastie des rois de Golconde était d'origine turque. Le mot ' ^^"« signi-
fie pôle; quant au mot sLtii , il signifie, comme on le sait, roi.
ET BIBLIOGRAPHIE. 1/j5
CURBAN.
Mîr Jiyûn Ciirbân \ un des disciples de Sauda, était
un jeune poëte, militaire de profession. Il fut tué, en
se battant contre les Anglais, à Faïzâbâd, après avoir
vendu chèrement sa vie. Voici deux vers de lui, cités
par Alî Ibrahim :
Sa robe, qui était étroitement serrée, s'est ouverte comme le
bouton de rose lorsqu'il se déploie avec grâce. Le zéphyr est-il
venu murmurer quelque chose à l'oreille de cette fleur? Son
cœur serait-il par hasard disposé à aimer ce rossignol qui de
son bec a déchiré ses pétales?
CUTB SCHAH'.
Musulman du Décan à qui on doit un masnawî sur Ma-
homet, intitulé Riçala^, poëme qu'il composa en douze
jours, dans l'année de l'hégire 1018 (1608-1609). On
trouve de cet ouvrage , à la bibliothèque de ÏEast-India
Home , un manuscrit qui se compose de 1 2 o pages en-
viron, grand in-S", Il est divisé en Hikâyat'^ ou histoires.
Ce manuscrit fut copié par Hâjî Muhammad Rizâ , fds
de Murâd Beg, fils de Muhammad Kaiîm, du Mâzende-
rân, dans la ville de Haiderâbâd, en 1 1 34 de l'hégire
( 1 720-172 1 ).
~ aUw c«JaJ» ou »,Mj.s]a'»-
'' >iLwj épîtrc, traite.
' Dans les titres de cette sorte de chants le mol ool^Cs». est écrit de
celte sorte ci> ^< i li) r». .
I. 10
146 BIOGRAPHIE
DADU.
Dâdû, fondateur de la secte des Dàdù-panthi , qui est
une ramification de celle des Ramanandi, et par consé-
quent comprise dans les schismes des Vischnava, était
élève d'un des principaux propagateurs kabir-panlhî et
le cinquième dans leur lignée spirituelle après Râmâ-
nand ou Kabîr, savoir : Kamal, Jamal, Bimal, Buddhan
et Dâdù.
Dâdû était de la caste des cardeurs de laine. Il naquit
à Ahmadâbâd; mais, dans sa douzième année, il alla à
Sambher en Ajmir, de là à Kalyânpur, puis à Naraïna,
ville située à quatre kos de Sambher et à vingt de Jaypur.
Il avait alors trente-sept ans. Ce fut là, qu'averti par
une voix du ciel, de se dévouer à une vie religieuse,
il se retira au mont Baliérana, à cinq kos de Naraïna,
où, après quelque temps, il disparut sans qu'on pût
trouver de lui aucune trace. Ses sectateurs croient
qu'il fut absorbé dans la Divinité. Ceci arriva, dit-on,
vers l'année 1600, à la fin du règne d'Akbar, ou au
•commencement de celui de Jahanguîr. On conserve
encore, à Naraïna, qui est le lieu principal du culte
Dâdû-panthi, le lit de Dâdû et la collection des textes
que ces sectaires vénèrent. Un petit édifice, sur la
montagne, marque le lieu de la disparition de ce légis-
lateur.
Les doctrines de cette secte sont contenues dans diffé-
rents livres, en bâhkhâ, où il paraît que beaucoup de
passages des écrits de Kabir ont été insérés. Dans tous
ET BIBLIOGRAPHIE. 147
les cas, ces différents écrits ont beaucoup de ressem-
blance entre eux ^.
Ward^ cite de cet écrivain le Dâdûhi Vâni^, c'est-à-
dire le Discours de Dâdû. Cet ouvrage est écrit dans le
dialecte de Jaïpùr. Le lieutenant G. R. Siddons^, beau-
frère du célèbre H. H. Wilson, a entrepris de traduire le
traité de cet auteur sâdh, intitulé Dâdd-panthi grantha,
c'est-à-dire le Livre des disciples de Dâdû. Le profes-
seur Wilson avait eu l'intention de s'occuper du même
travail. M. Siddons a donné, dans le numéro de juin
i835 du Journal de la Société asiatujue de Calcutta, le
texte et la traduction du chapitre sur la foi de cet im-
portant ouvrage qui, selon M. J. Prinsep, offre un bon
spécimen de Kliari holî (pur hindoustani) de l'Inde cen-
trale. En voici quelques extraits :
Que la foi en Dieu caractérise toutes vos pensées , vos paroles ,
vos actions. Celui qui sert Dieu ne place sa confiance en rien autre.
Si le souvenir de Dieu était dans vos cœurs , vous seriez capa-
bles d'accomplir des choses qui sans cela seraient impraticables ;
mais ils sont en bien petit nombre ceux qui recherchent la voie
qui conduit à Dieu
0 insensés ! Dieu n'est pas loin de vous ; il en est proche. Vous
êtes ignorants, mais il connaît toutes choses, et il distribue ses
dons à son gré
' Ceci est extrait du Journal de la Société asiatique de Calcutta, n" de
juin 1837. On y trouve, loc. cit. des détails sur la secte des Dâdû-panthî,
ainsi que dans le Mémoire de M. Wilson , Asiatic Researches. tom. XVII ,
pag. 3o2 et suiv.
- History, etc. of ihe Hindoos , tom. II, pag. 48 1.
* Ce jeune indianiste s'occupe spécialement de la langue Iiindouî.
lO.
148 BIOGRAPHIE
Prenez telle nourriture et tel vêtement qu'il plaira à Dieu de
vous départir. Vous n'avez besoin de rien autre. Contentez-vous
du morceau de pain que Dieu vous accorde
Méditez sur la nature de vos corps qui ressemblent à des
vases déterre, et metlez en dehors tout ce qui ne se rapporte
pas à Dieu.
Tout ce qui est la volonté de Dieu arrivera assurément ; en
conséquence ne détruisez pas votre vie par l'anxiété, mais at-
tendez.
Quel espoir peuvent avoir ceux qui abandonnent Dieu, quand
même ils parcourraient toute la terre ? 0 insensé! les hommes
justes, qui ont médité sur ce sujet, vous disent d'abandonner
tout excepté Dieu, puisque tout est affliction.
Crois-en la vérité, fixe ton cœur en Dieu, et humilie-toi,
comme si tu étais mort
Pour ceux qui aiment Dieu , toutes les choses sont extrême-
ment douces ; jamais ils ne les trouveront amères, quand même
elles seraient pleines de poison; bien au contraire, ils les ac-
ceptent comme si c'était de l'ambroisie. Si on supporte l'adver-
sité pour Dieu , c'est bien ; mais il est inutile de faire du mal
au corps
L'esprit qui n'a pas la foi est léger et volage , parce que n'étant
fixé par aucune certitude , il change d'une chose à l'autre
Ne condamne rien de ce que le Créateur a fait. Ceux-là sont
ses saints serviteurs qui sont satisfaits de lui
Dàdù dit : Dieu est mon gain, il est ma nourriture et mon sou-
tien. Par sa subsistance spirituelle tous mes membres ont été
nourris Il est mon gouverneur, mon corps et mon âme.
Dieu prend soin de ses créatures , comme une mère de son
enfant 0 Dieu ! tu es la vérité; accorde-moi le contente-
ment , l'amour, la dévotion et la foi. Ton serviteur Dàdù te de-
mande la vraie patience, et vient se consacrer à toi.
ET BIBLIOGRAPHIE. 149
DAG.
Mîr Mahdî Dàg ^ est le fiis de Mîr Soz. Comme son
père, il se distingua dans la poésie hindoustani. 11 avait
d'abord pris pour takhallus le mot Ah '-; mais il choisit
ensuite celui de Dâg qui lui est resté. Mushafî nous le
représente comme un jeune homme fort doux et d'une
heureuse physionomie. 11 fut violemment épris d'une
femme, et, dans l'impossibilité de la posséder, il tomba
dans un état de langueur qui le conduisit aux portes
du tombeau, 11 allait rendre l'àme, lorsqu'il reçut une
lettre de sa bien-aimée; mais il était trop tard. Il eut
encore néanmoins la force d'écrire sm* cette lettre le
vers dont la traduction suit :
Un souÛle animait encore mes membres au moment ou j ai
reçu ta lettre; que t'écrirai-je quand tu me prives de mon exis-
tence qui aurait pu être si heureuse ?
Mushafi qui nous donne ces détails dans son Taz-
hira, cite de cet écrivain un rubàï hindoustani où Dà?
parle de sa passion. Le voici rendu en français :
Cette passion n'est pas bonne, elle est mauvaise ; elle absorbe
mon esprit , c'est un amour dangereux. Quand je suis loin d'elle,
puis-je m' empêcher de pousser des soupirs ? Disons la vérité r une
telle affection est dangereuse.
' j.)i marque, bhssuic, et aussi blessé.
- ft' soupir.
150 BIOGRAPHIE
DAIM.
Alî Dâïni^ est un poëte hindoustani qui habitait Cal-
cutta avant l'époque où écrivait Bénî Naràyan, qui en
cite onze pièces de vers composées avec goût. En voici
une qui est charmante dans l'original :
0 messager ! va donner à mon amie de mes nouvelles ; si elle
ne veut pas s'unir à moi, il faut le dire à sa famille. Mon cœur
est maintenant agité du désir de la voir ; dis l'état véritable de ce
cœur à ma maîtresse. Si cette beauté sémillante n'agrée pas mes
paroles, ô messager, il faut, en pleurant, les dire à un autre,
dans un tête-à-tête. Je suis malade d'amour, ta face est mon re-
mède ; va dans le jardin le dire au narcisse. 0 messager! la fiole
de mon cœur n'a pas plus de valeur qu'un atome , il est néces-
saire de le dire à mon acheteur. Prends mon message et porte-le
à mon amie; il faut lui dire quelque chose en colère, et quelque
chose avec amitié. Mon cœur a reçu une blessure comme la tu-
lipe; va dans les jardins le dire au parterre de fleurs. Dâîm , tu
fais en vain, en pleurant, connaître à chacun ton état. Il faut le
dire à une rose et non à une épine.
DANA.
Schaïkh Fazl-i Alî de Delili, connu sous le nom de
Schâli Dânâ ^, était de la famille religieuse de Schâh
Burhân uddîn et du nombre des disciples de Miyân
Mazmùn de Schâhjahanâbâd ou Dehli. Il resta long-
temps occupé d'affaires temporelles; il fut entre autres
attaché à la cour du nabâb Sirâj uddaula, gouverneur
'li èlrrnel.
^ bli '^'inf, soraiit.
ET BIBLIOGRAPHIE. 151
du Bengale; mais en i ig/i de l'hégire ( 1780 de J. C),
il renonça aux occupations séculières et il embrassa la
pauvreté spirituelle. Il est auteur de poésies hindous-
tani mystiques où il s'est attaché à employer des expres-
sions nouvelles. Mîr raconte que Dânâ vint assister, un
jour, à la réunion littéraire qui se tenait chez lui le 1 5
de chaque mois , réunion qui coïncidait cette fois avec
la fête du lioli. Son costume était tellement étrange
que Rafî Sauda (qui était un des assistants) dit en
le voyant : «0 mes amis ! voici quelqu'un déguisé en
« ours^ » Cette plaisanterie égaya beaucoup l'assemblée.
Du reste, Mîr dit que Dânâ, qu'il voyait quelquefois,
était un homme excentrique. Il en cite un petit nombre
de vers. Ali Ibrahim fait de lui des citations plus éten-
dues, parce que Dânâ ayant su qu'il travaillait à une
biographie des poètes hindoustani, avait eu soin de lui
envoyer quelques pièces de vers afin qu'il pût les placer
dans son ouvrage.
DARD.
Miyân Sàhib, autrement dit Miyân Khâja Mîr Dard ^,
de Dehli, un des poètes hindoustani les plus distingués
et les plus célèbres, était fils de Khâja Nâcir de Dehli ',
et disciple de Schâh Gulschan , auteur du livre intitulé
' Il faut savoir, à ce propos, que, pendant les jours de la fête du holî.
qui est le carnaval de Tlnde, les gens du peuple et les enfants se dégui-
sent, pour s'amuser, en ours, en singe, en cheval, en chameau. Voyez
ma Notice des fêtes populaires des Hindous, p. 38 et suiv.
" iji peine, douleur.
' Mushafî le donne comme fils de Schâh Gulschan.
152 BIOGRAPHIE
Nâla-i andalib (les Gémissements des rossignols ^). Mîr,
qui fut son disciple, s'exprime à son sujet en termes
hyperboliques. De son côté Alî Ibrahim dit ce qui suit
sur son compte :
Pour louer convenablement le caractère de ce soleil qui éclaire
le monde, de ce descendant du prophète élevé ^ je dois dire
que lorsque Schâhjâhanàbâd (Dehli)qui était le lieu de réunion
des notabilités en tout genre du quart habité de l'univers, et la
demeure des gens les plus distingués par leurs qualités et par
leur naissance; lors, dis-je , que, par suite de nombreux mal-
heurs et d'accidents successifs, cette ville tourna sa face vers la
destruction, et que chacun, tant d'entre les grands que d'entre
les petits , tant des derviches assis dans l'angle de la pauvreté
que des gens puissants et riches, que chacun, dis-je, ne pou-
vant supporter cet état déplorable, ne vit rien de mieux que
de quitter cette ville infortunée , cet homme d'illustre naissance
(Dard) supporta patiemment les malheurs qui étaient tombés
sur sa patrie, il se résigna à ces événements fâcheux, sans ja-
mais abandonner sa ville natale. Il vécut là, retiré du monde,
et ne s'éloigna pas seulement à un farsang de Dehli. Si le
célèbre Farid^, surnommé Schahar ganj (trésor de sucre), eût
pu voir cette montagne de patience, il aurait avec ses dents
mordu son doigt, comme s'il eût été une canne à sucre, par
l'effet de l'étonnement que lui aurait inspiré la véritable pau-
vreté spirituelle de Dard. Et si le saïyid Huçain-jang Sawâr *
eût existé dans ce temps , il aurait mis sur ses épaules la livrée
de son service. Bref, ce grand personnage s'occupait à écrire
des vers hindoustani , non pas pour acquérir de la réputation et
^ Son titre de Mir annonce en effet qu'il descendait de Mahomet.
Voyez mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde, pag. 20.
' Voyez , sur ce saint musulman, mon Mémoire sur des particularités de
la relicjion musulmane dans l' Inde , pag. 100.
* Autre saint musulman.
ET BIBLIOGRAPHIE. 153
de la célébrité, mais pour faire jeter des flammes au feu presque
éteint des cœurs des gens mélancoliques. Le coursier rapide de
son calam n'ayant pas montré d'incapacité à parer d'ornements
sa diction , et le burâc ' léger de son roseau n'étant pas resté en
arrière dans l'emplacement des discours élevés, le papier où il
a écrit ses productions devint semblable à la feuille de rose, et
le bruit de la langue de son roseau devint pareil à celui du bec
des rossignols.
Son diwân ^ n'est pas très-étendu , mais les pièces qui
le composent sont généralement très-agréables, et se
distinguent de la plupart des compositions de ce genre
en ce que le poète y aborde tour à tour toutes les ques-
tions de spiritualisme. Pour expliquer ces matières abs-
truses , il a écrit lui-même un commentaire à ses vers. A
l'époque où Ali Ibrahim écrivait, en i 196 (1 781-82),
ce célèbre personnage était encore à Dehli considéré
comme le guide des spiritualistes. Il a écrit aussi des
gazai et quelques rubàï en persan, Ali Ibrahim cite dans
sa biographie quarante pages in-fol. de ses vers hindous-
tani qui sont effectivement très-remarquables. Son style,
fort éloquent , est clair et intelligible.
Mushafi dit que Dard fut militaire sous le règne de
Muhammad Schâh; qu'il quitta ensuite le monde et
s'assit sur le tapis des derviches; qu'il fut Tunique de
son temps pour la science et la vertu, et ne mit jamais
les pied hors de Dehli. Il appartenait à la lignée reli-
gieuse des Nacsch-band^. Il paraît qu'il en était le chef
' Monture de Mabomet, dans son ascension.
^ J'en ai un exemplaire dans ma coHeclion particulière. Il y en a un
autre dans la bibliothèque du collège de Fort-William, à Calcutta, et
dans d'autres bibliotbèques.
' Voyez le C-aiiùn-i lilant du feu docteur Ilerklolls, pnp:. 200.
154 BIOGRAPHIE
spirituel, car Mîr rapporte qu'il témoigna le désir de
l'avoir pour successeur comme président de ces servi-
teurs de Dieu ; ce qui eut lieu conformément à sa vo-
lonté.
Il était très-liabile en musique : le second jour de
chaque mois il réunissait des musiciens près du tom-
beau de son père, et les habitants de la ville de toutes
les classes venaient assister h ce concert.
Il était tellement plongé dans la pauvreté spirituelle
et dans l'insouciance des choses du monde , que l'empe-
reur étant un jour venu le visiter en personne, Dard
ne tarda pas à s'excuser et à se retirer.
Mushafi dit qu'à l'époque où il traçait sa biographie ,
il y avait un an que ce saint personnage avait trouvé
le remède à l'absence , s'étant réuni au grand médecin
qu'il honorait avec tant d'ardeur. Lutf se sert d'une
autre allégorie pour exprimer le même événement. Selon
lui , « Ce rossignol du jardin de la liberté étant sorti
(c du fdet de l'existence , alla habiter le champ du néants »
Pour parler sans figure, il mourut en 1209 ^^ l'hégire
(1793-179/1).
' Cette expression , qu'on trouve souvent chez les poêles musulmans,
donnerait à penser qu'ils sont matérialistes, tandis qu'ils donnent dans
l'excès contraire , puisqu'ils appartiennent pour la plupart à la secte
des sofîs , qui considèrent la matière comme apparente et non réelle.
Il est donc à propos d'expliquer ce qu'ils entendent ici par le néant. C'est
la non-existence, la cessation de l'existence visible, de l'existence telle
qu'elle est pour nous; mais non pas de cette existence spirituelle et ce-
pendant réelle que Mahomet a proclamée dans l'Alcoran lorsqu'il a dit :
« Ne croyez pas que ceux qui ont succombé dans le combat soient morts ;
Il au contraire, ils vivent , et reçoivent leur nourriture des mains du Tout-
« Puissant. Il Sur. m, vers. iG-?.
ET BIBLIOGRAPHIE. 155
Voici la traduction de quelques vers de cet illustre
écrivain :
Je suis venu regarder çà et là dans le monde , et tu t'es pré-
sentée à ma vue là où j'ai regardé. Les corps sont devenus sans
vie là où lu as regardé de tous tes yeux. En te regardant j'ai
fait entendre des plaintes et des gémissements autant que je l'ai
pu ; que dis-je ? je suis mort de cent manières, mais j'ai vu que
tes lèvres n'ont pas, comme celles du Messie, le pouvoir de
rendre à la vie. Le caractère de l'amant doit être plein de fer-
meté ; Dard en a vu de ses propres yeux des exemples frappants.
DARD (KARAM ULLAH).
Mîr Karam ullali Khân Dard , de Dehli , était frère
utérin d'Amîr Khân Anjâm et neveu (fds de la sœur)
du nabâb Umd ulmulk Amîr Rhân. C'était un militaire
très-courageux et qui était doué d'une grande facilité
de parler et d'écrire. Il fut tué sous le règne d'Alimad
Schàh, fds de Muhammad Schâh, dans une bataille
contre les Malirattes, Mîr avait eu occasion de le voir.
Les biographes originaux citent plusieurs vers de cet
écrivain : ils portent l'empreinte de la mélancolie.
DARDMAND.
Muhammad Faquîh Sâhib, plus connu sous le sur-
nom poétique de DardmanxV, était originaire du Dé-
can; il y naquit même, mais il fut élevé à Dehli. Il
eut pour maître dans l'art de la poésie Mirzà Jân Jânân
Mazhar. Il passa quelque temps à Azimàbàd (Patna),
' *KJL«^ji liisfr , Pic.
15G BIOGRAPHIE
auprès du nabâb Gulâm-i Huçaïn Khân, fils du nabab
Azam Khân, et dans la société de Kâzim Kok, dans une
heureuse aisance. Ensuite il alla dans le Décan, puis il
retourna à Dehli, et de Dehli à Murschidâbâb , d'après
le désir du nabâb Nawâziscli Muhammad Khân Schahâ-
mat-jang, neveu (fds de frère) du nabâb Alî Wardî
Khân Mahabat-jang ^\ et il se fixa dans cette ville, où
il fut attaché au gouvernement et où il mourut en
l'année de l'hégire iiyô (1762-1763)^. Use distingua
par son talent poétique, par son amabilité et la douceur
de son caractère. Il fut connu d'Alî Ibrahim, qui nous
apprend ces particularités. Mîr favait vu une fois seu-
lement, et il n'entre à son sujet dans aucun détail. Il
est auteur d'un diwân hindoustani^, composé de gazai
et de rubâï. Il est aussi auteur d'un Sâquî-nâma ^, dont
on conserve un exemplaire à la bibliothèque du Fort-
William, à Calcutta. Ce poëme a beaucoup de réputa-
tion. Mîr cite encore de lui les masnawî intitulés Caça-
mia^, Fakhriya^ et Ischtiyâc ^. De ce dernier il donne un
vers seulement dont je joins ici la traduction:
' Vice-roi du Bengale qui régna de 1740 à 1766.
* Dans mon manuscrit le plus ancien du Gulzâr-i Ibrahim , il y a »en
«1166(1752-1753);» mais dans l'autre et dans Lutf on trouve la date
que je donne ici.
' Il a aussi écrit un divvân en persan,
'' A^b ^\mi , c'est-à-dire le Livre de l'èchanson. Ces poèmes sont des
espèces de chansons à boire.
^ Aa^^uo poëme relatif au srnnent.
" Ajwiâ. vantrrii'.
fiassion, cinwiir.
ET BIBLIOGRAPHIE. 157
Ce vin et ce jardin ne subsisteront pas toujours, mais la bles-
sure produite par le désir de l'union avec toi demeurera éter-
nellement.
DAUD.
Mîrzâ DâûdBeg, connu sous le nom de Dâûd\ qu'il
prit pour takhalius , est un poëte hindoustani estimé qui
vivait sous le règne de Muhammad Schâh. Il fut élève
de Uzlat et de Miyan Arzû , maître du célèbre Mîr. Ce
dernier le cite dans sa biographie, ainsi que Alî Ibrahim.
DÉVA-RAJAl
Auteur du NakTia sikhâ^ et du Aschta yâmâ^, ouvrages
hindî cités par Ward, dans son savant ouvrage sur l'his-
toire, la littérature et la mythologie des Hindous, t. II,
pag. A8o. Malheureusement Ward n'indique ni le sujet
de ces ouvrages, ni même la signification de leurs titres.
DIDAR^
Poëte dakhni à qui on doit un joli masnawi qui roule
sur les amours de Mâh Munawar, le fils du marchand ■',
' i%îi, nom arabe du prophète David.
- ^z{ i I jf , nom d'Indra qui signifie roi des dieux.
' rfTpfTjn^T- Le premier de ces mots signiGe ongle et spécialement
celui de l'orteil; le deuxième indique la ioiiffe de cheveux que beaucoup
d'Indiens laissent croître au sommet de la tête. De là la réunion de ces
deux mots se prend en hindoustani pour entièrement, à la lettre, de la
tête aux pieds.
'' '^ÇT^ <HIH les huit parties du jour [et de la nuit) ?
158 BIOGRAPHIE
et de Schamschâd Bânû, la fille de l'Européen ^ Il est
intitulé Qiiissa-i Mali Munawar o Schamschâd Bcinû'^ , c'est-
à-dire Histoire de Mâh Munawar et de Schamschâd
Bânû. J'en possède un manuscrit dans ma collection
particulière qui ne me paraît pas complet. Il se compose
de 2 2 pages petit in-fol.
DIL.
Schâh Fath Muhammad Dil ^ était contemporain de
Schâh Abrù et petit-fds de Muhammad Gaus, de Gua-
lior. Alî Ibrahim , le seul des biographes originaux qui
parle de ce poète, ne cite de lui qu'un seul vers.
DIL, D'AZIMABAD.
Le schaïkh Muhammad Abid Dil, natif d'Azîmâbâd
(Patna), était le frère aîné de Muhammad Roschan
Joschisch^. Alîlbrâhîm nous représente ces deux frères
comme des écrivains distingués, graves, d'un caractère
égal et pleins de bonnes qualités. Les poésies de Dil
ont été réunies en diwân. Il en envoya lui-même à
Ibrâhîm , avec qui il était lié , d'es morceaux choisis
pour qu'il pût en faire usage dans sa biographie. Alî
Ibrahim donne en effet cinq à six pages de ces vers,
qu'il compare , pour faire allusion au nom du poëte ,
* Ji cœur.
Voyez rarticle consacré à ce poëte.
ET BIBLIOGRAPHIE. 159
à un ongle qui déchire le cœur. Voici de cet auteur
un gazai cité par Béni Narâyan :
Je remplis de gémissements tous les jours de ma vie ; sans
toi, je suis à l'agonie; puis-je vivre sans toi? ou plutôt ne dois-
je pas mourir? Chacun plongé dans le chagrin se frappe la tête
et la poitrine, tandis que pour soulager mon cœur, j'appuie ma
tête sur mes genoux. 0 mes amies ! vous voulez donc me troubler
par votre absence; mais quoi! les idoles animées ne craignent
pas même Dieu? Elle n'a pas voulu quitter un instant l'oubli
qu'elle fait de moi, celle pour qui je quitte à chaque instant
le monde. Je fais serment de te célébrer désormais dans mes
vers, toi dont le souvenir est sans cesse devant moi. Oui, ce Dil
(cœur ) est agité par l'effet de tes boucles de cheveux en désordre.
DILSOZ.
Khairâtî Khan, connu sous le surnom poétique de
Dilsoz \ est un écrivain hindoustani dont Mannû Lâl
cite un grand nombre de vers dans son Galdasta-i Nis-
cliât. Voici la traduction de quelques-uns :
Si cette fière beauté montée sur un élégant palanquin prenait
la peine de regarder autour d'elle , elle verrait son malheureux
amant qui la suit à pied et sans bagage.
Ses dents blanches, teintes de noir missi, brillent comme
au milieu de la nuit obscure les blancs boutons de la tubéreuse.
Lorsqu'elle se baigne après avoir frotté ses mains du rouge
hinna, on croirait voir du feu dans l'eau
DIRARHSCHANl
Manko Beg Dirakhscbân vivait sous le règne de Schâh
jyiu2^ passio
' " "^ 'yassionné
yUi*ifc.ji hriUanf.
160 BIOGRAPHIE
AJam IL II mourut à Faïzâbâd peu de temps avant la
rédaction du Gulzâr-i Ibrahim. Le vers suivant est de
lui :
0 mes amis ! dans cette nuit de l'absence, j'ai dit adieu à la
vie : j'expirerai au matin , comme s'éteint la bougie après la
A'cillée.
DIWANA.
Raé Sarb-sukh Divvâna ^ était parent du Râjâ Mahâ
Narâyan. Il résidait à Lakhnau. Il fut le maître de Has-
rat, de Haïrat, et d'autres poètes hindoustani. On lui
doit à lui-même des vers en cette langue , mais surtout
en persan, idiome dans lequel il a écrit dix mille vers.
Il mourut en 120/1 de l'hégire ( 1789-1790). Les bio-
graphes originaux citent de ce poëte plusieurs vers
en rekhta.
DOST.
Gulâm-i Muhammad Dost était du Soubah du Bihâr.
Alî Ibrahim fut dans le cas de faire connaissance avec
ce poëte à Murschidâbâd , et celui-ci lui communiqua
une centaine de vers de sa composition , d'où Ibrahim
tira trois vers seulement qu'il a insérés dans sa biogra-
phie. Voici la traduction de deux de ces vers mystiques
qui me paraissent fort beaux.
Elle est sortie sans voile de derrière le rideau du harem ; ce
jour-là le ciel était couvert de nuages, on crut que le soleil se
montrait sur l'horizon.
■ ^ ^T^ ^;^ Q,cf|r^: à h \eHrc, le Raja iout-aise. le fou.
ET BIBLIOGRAPHIE. 161
Celui qui n'a pas Ion amour dans le cœur est infidèle. A quoi
sert la langue si on ne l'emploie à s'entretenir avec loi?
DULHA-RAM\
Il se fit Râmsaiiéhî en 1776, et mourut en 182/1. Il
fut le troisième chef spirituel de sa secte. Il a laissé dix
mille sahd'^ et environ quatre mille sahlii, ou poëmes à la
louange de personnages éminents par leurs vertus, non-
seulement dans sa propre secte, mais parmi les Hin-
dous, les Musulmans et autres : c'est apparemment un
ouvrage dans le genre du Majmâa-i ascliiquin, ouvrage
dont il a été parlé à l'article Aàham. Ces sortes de
livres rentrent tout à fait dans le système libéral des
sofîs musulmans , qui mettent sur la même ligne Jésus-
Christ et Mahomet, Buddha et Zoroastre, Krischna et
Ali, la sainte vierge Marie et Fatime, etc. L'Europe a
vu, il y a quelques années, un vrai spirituaiiste hindou
de cette trempe , le Mahârâj Ram Mohan Roi, qui allait
aussi volontiers à la messe des catholiques qu'au ser-
mon des protestants et aux assemblées philosophico
religieuses des Bralima-sahlia qu'il avait établies.
Le successeur de Dùihâ-Râm fut Chatra-dâs ; il s'assit
sur le gâddi^ en 182/1 et mourut en 1 83 1 . Il composa ,
dit-on , mille sabd ; mais il ne voulut pas permettre qu'on
' ?^^T jp^ Ràma le fiancé.
" UJI'=d(,, sorte d'hymne des ISùnah-panthi, etc.
' j^JO ; ce mot est, dans l'Inde, synonyme de <X.^m^ inasnad. Ces
deux expressions indiquent le trône d'un souverain ou du clief d'une
secte , etc.
]. 1 1
162 BIOGRAPHIE
les écrivît. Nàràyan-Dâslui succéda, et il est en ce mo-
ment le quatrième chef spirituel de cette secte dont les
doctrines ont été exposées dans le n° de février i835,
du Journal de la Société asiaticjue de Calcutta , par le ca-
pitaine Westmacott.
DULHAN' BÉGAM.
Je ne trouve aucun renseignement sur cette femme
auteur dans les ouvrages biographiques originaux que
j'ai pu consulter. Mushafi se contente d'en citer deux
vers qui n'offrent rien de remarquable.
FAIZ.
Mîr Faïz^ Ali, de Dehh, est le fds et l'élève de Mir Mu-
hammad Taquî, connu sous le takhallus de Mir. Mus-
hafi dit qu'il avait hérité, du goût de son père pour la
poésie, et ses vers se ressentent en quelque chose, en
effet, du talent remarquable de Mîr. Faïz était à Lakh-
nau en i 196 de l'hégire (1781-1782), d'où, d'après la
demande d'Alî Ibrahim, il lui envoya, à Bénarès, quel-
ques vers pour son anthologie biographique. Ibrâhîm
cite huit de ces vers, et Béni Narâyan un gazai entier.
Voici la traduction de quelques lignes de ce poète :
0 échanson ! je veux boire de la coupe que , de ta main , tu fais
passer à la ronde ; mais pourquoi est-elle vide ? Crois-tu donc que
j'aie perdu le sentiment?
' (^•f/Jj^ nouvelle mariée.
' ^Ja.xi nhnndnnce. etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 165
Ne me demandez pas de nouvelles du choc que l'amour a fait
subir à mon cœur ; il est si violent que j'en ai perdu la parole
J'ai dit à tous ce que je savais; ton cœur et son désir m'est
connu. Elle se retire non sans être infectée de la maladie de l'a-
mour. Hélas! y a-t-il quelqu'un qui en connaisse le traitement?
FAIZ (MUIN UDDIN).
On doit à cet écrivain hindoustani une traduction en
vers du célèbre poëme mystique du schaikh Farîd uddîn
Attar, intitulé Pancl-nâma , ou Livre des conseils; ou-
vrage dont l'illustre orientaliste feu M. de Sacy a donné
le texte et la traduction accompagnés de notes du plus
grand intérêt. Le travail de Faïz, qui est intitulé Tar-
jama-i Panel nâma-i Attar, se trouve en manuscrit à la
riche bibliothèque de ÏEast-India Home, et à celle de la
Société asiatique du Bengale.
FAIZ (SADR UDDIN).
Sadr uddîn Muhammad Fâïz \ fds de Zabardast Khan ,
est un Musulman de l'Inde qui a écrit en hindoustani
un diwân composé de gazai, de caçîda et de six mas-
nawî où il décrit un pangliat (escalier pour descendre à
une rivière); une joguin, c'est-à-dire la femme d'un jo-
jftti; une jardinière; une gujri, c'est-à-dire la femme d'un
(fûjar (caste de Rajpoutes); une marchande de hang'^;
enfin , d'une épître ou riica. Je donnerai dans le tome II
de cet ouvrage la traduction de l'avant-dernière de ces
' >jIj , celui qui obtient ce qu'il désire, qui en jouit.
" Liqueur faite avec des feuilles de chanvre. Vovez la Chrestomathic
urnhe de feu le baron Silveslrç de Sacv.
1 1 .
164 BIOGRAPHIE
pièces, qui est surtout curieuse sous ie rapport ethno-
graphique.
FAIZ-I MACIH\
Musulman converti, à qui on doit, entre autres, une
traduction en vers hindoustani des dix commande-
ments de Dieu, sous le titre de Das hihn'". Ce petit tra-
vail a été imprimé à Calcutta, en 1822; il forme un
in- 1 2 de 12 pages.
FAIYAZ.
Mîr Wall Faiyâz ^ est auteur du Rauza-i Scliuadâ ^,
long poëme en dakhni, qui roule comme les marciya
sur Haçan , Huçaïn et les autres martyrs de Karbala. Il
est divisé en dix majlis qui équivalent à des chants. Ce
poëme est une imitation de celui d'Huçaïn Wâïz Kâs-
chifî sur le même sujet ^. Il y en a un exemplaire k la
bibliothèque de la Société royale asiatique de Londres,
qui se compose de 35o pages environ in-8°. Il y en a
un autre exemplaire *" à la bibliothèque de YEast-India
Home, en marge du n° i332, qui est un Râmayana. Il
a été écrit en 11 58 de l'hégii-e [i-jkS),
' ^i^Mt>j9 {S^*^ '^ jfrdcp àa Christ.
" c y'W:* '^ (jénèreux.
'' *I*X„<^ ''^^IJ j^'^'^^"- ^^^^ martyrs.
* Voyez ma notice de r^/i7Jd^a-i mu/icinf', par Kâschifî , dans le t. IV
^p la 3° série du Journal asiatique.
" Il commence par ces mots : jUt ^^^m aMÎ -cw^j ^J^Sio\j y%».^= •
ET BIBLIOGRAPHIE. 165
Plusieurs poëmes urdû portant le même titre existent
dans d'autres bibliothèques, un, entre autres, dans
celle de ÏEast-India House, qui a été écrit à Palcat ^
dans le Bahâr, en 1217 ( i8o2-i8o3). Il y a aussi un
ouvrage dakhnî, portant le même titre et sur le même
sujet, ouvrage dont il sera parlé à l'article sur Séwâ,
et un quatrième qui est cité dans le Canoun-i islam ^, et
qui porte le titre de Rauzat ul atliar ^ ; ce dernier est en
vers hindi.
FAKHR\
Mîr Fakhr uddîn, fds d'Aschraf Ali Khan, est un des
disciples de Mirzâ Muhammad Rafî Sauda. Il résidait à
Lakhnau en 1 1 96 de l'hégii'e (1 78 1-1 782). Il est auteur
d'une biographie ou Tazkira ^.
J'ignore si c'est le même écrivain que Mîr, dans sa
biographie, nomme Fakliri^, et dont il cite un vers dif-
férent de l'unique que cite de son côté Ali Ibrahim.
- Traduction du docteur Herklotts, pag. i63.
^ C'est-à-dire, je pense, ^laxJî ^*6S^\ jardin de parfum.
* jji (jloirc.
^ Il est essentiel de faire observer qu'une des deux copies du Giû-
zâr-i Ibrahim que je possède, met sur le compte de Farog, dont Tarticlo
est dans le manuscrit contigu à celui-ci , les détails qui accompagnent
ici l'article de Fakhr, et à celui de Fakhr ceux qu'on lira plus loin
sur Farog. Comme les autres biographes ne parlent pas de ces deux
écrivains, il m'est impossible de savoir dans quel manuscrit se trouve
l'erreur du copiste.
* (^yi^ fjloricux.
I6G BIOGRAPHIE
FAQUIR.
MÎT Schams uddin Faqiiîr^ de Dehli, est un des
poètes les plus distingués de l'Hindoustan. Il a écrit des
vers hindoustani, mais surtout persans, dans tous les
genres.
En 1170(1756-1757), il alla visiter les villes saintes
(la Mecque et Médine). Au retour de son pèlerinage,
dit Lutf, le vaisseau de la vie de ce personnage, qui
connaissait l'océan de l'élocution, périt dans le tour-
billon de la mort. En d'autres termes , ce capitaine du
navire de l'éloquence vit son vaisseau devenir le jouet
des vents contraires, et être submergé dans la mer
profonde de la miséricorde divine.
FARHAT'.
Scbaïkli Farbat ullah, fils du schaïkh Açad ullah,
lequel était un des fils du cazî Mazbar, successeur (spi-
rituel) de Mirzâ Scbâh Badî uddin Madâr^. La patrie
de ses ancêtres était le Ma warâ unna/ir (la Transoxane),
mais Farbat fut élevé à Debli, Il vint de Delili à Mur-
schîdabâd, et y resta jusqu'à sa mort, qui arriva en
' ^xXi pauvre, et surtout pauvre spirituel.
* c:^*^ joie.
^ Voyez l'article consacré à ce personnage clans mon Mémoire sur la
religion musulmane dans l'Inde, pag. 54 et suiv. 11 existe un ordre reli-
gieux dont les membres se nomment Madariens Ajj\<S^. Ils ont à leur
tilc un supérieur qui est censé le successeur de Schâh Madàr.
ET BIBLIOGRAPHIE. 167
1191 (1777-1778). Il a laissé un grand nombre de
vers hindoustani où l'on reconnaît la facture antique à
laquelle il s'était formé dans la compagnie des écrivains
les plus célèbres de Dehli. Il est auteur d'un diwân d'où
Ali Ibrahim, qui était très-lié avec lui, a tiré plus de
huit pages de vers dont il a enrichi son Anthologie bio-
graphique. Ses poésies sont mystiques, et c'est vers ce
genre, en effet, que son esprit devait être enclin, car
l'amour de Dieu l'occupait entièrement.
FARIG\
Nom d'un poëte hindou, natif de Dehli, qui fut dis-
ciple de Miyân Hâlim et ami de Faklir uddîn Jauhar.
Ses poésies hindoustani sont célèbres; il avait surtout
un talent particulier pour commencer ses poëmes ^. Ali
Ibrahim, le seul des biographes originaux qui parle de
cet écrivain, n'en cite qu'un seul vers.
FAROG.
Mîr Ali Akbar Farog^ fut disciple de Schams uddîn
Faquîr *. Il était habile en médecine et en astronomie,
et il faisait aussi des vers en hindoustani et même en
' À)^ ''^'^^ ^'^ soins.
* On nomme sAii.4 et au pluriel u:>ljt)i2,-4 , le premier vers des gazai
dont les deux hémistiches doivent rimer ensemble. On trouve souvcul,
à la suite des diwân, des matia détachés.
"' ittjj splendeur, etc.
^ Voyez Tarticlc consacre à cet écrivain.
168 BIOGRAPHIE
persan. Alî Ibràliîm cite de lui les vers dont la traduc-
tion suit :
En voyant la beauté de ce bras d'argent , j'ai perdu mon libre
arbitre. La cloche de la caravane cesse de sonner durant la nuit,
mais les soupirs de mon cœur n'éprouvent pas d'interruption.
Mes gémissements sont tels, durant la nuit, que mon voisin m'a
crié à travers la muraille, C'est assez. Quoique tes yeux languis-
sants annoncent l'ivresse, ils ont néanmoins assez d'énergie pour
prendre le cœur de ceux dont le vin n'a pas troublé le cerveau.
FARRUKH.
Mîr Farrukh^ Alî était un saïyid d'Etaweh, ville de
la province d'Agra. Il se distingua dans la poésie hin-
doustani; toutefois Alî Ibrâhîm n'en cite qu'un seul
vers dont voici le sens :
De combien de choses ton amour ne m'a pas privé ! 11 a ôte'
de mes yeux la clarté, de mon corps la force, de mon esprit la
patience.
FARUQUI.
Faquîr Ahmad Fàrûquî ^ est un écrivain liindoustani
à qui on doit un hayaz , ou album composé de pièces de
poésie sur différents sujets. Il y en a un exemplaii'e à
la bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta.
' ^vjj hcurcax.
^ iS^jw» "om patronymique dérivé de 13 inU , qui est le surnom
(VOmar. Ce dernier mot signifie : celui ijui cUd'in(juc le juste de l'injuste,
le Musulman de l'infidèle, d'après le sens de la racine arabe separav'd,
dislin.vit.
ET BIBLIOGRAPHIE. 169
FARYAD.
Lâla Sâhib Raé Faryâd^ fils de Lâla Sîndliîmal, de
la tribu des Kâyath, habitait Lakhnau en 1 196 ( 1781-
1 782 ). Il fut un des disciples de Mîr Soz. H avait d'abord
pris pour takliallus le mot Curhân ; il le changea ensuite^
en celui de FaryâcL C'est un auteur hindoustani distingué.
FATH ALI.
Fath Ali Khân Huçaïnî naquit à Gardîz ^. On lui
doit entre autres un Tazldra, ou Biographie des poètes
hindoustani du nord et du midi, dont Tippou possédait
un manuscrit dans sa bibliothèque , lequel a passé dans
celle du collège de Fort-William; c'est sur ce manuscrit
que mon honorable ami M. le capitaine Troyer a bien
voulu faire copier l'exemplaire que je possède. Il y en
a aussi des exemplaires à VEast-IncUa House et dans la
belle collection de sir Gore Ouseley. Je pense que
c'est le même ouvrage dont le ministre du Nizâm pos-
sède une copie dans sa bibliothèque, sous le titre de
TazMra-i Fath AU Khân *. Il se compose d'environ cent
articles. Plusieurs roulent sur des poètes dont Mushafî,
Alî Ibrahim et Béni Narâyan n'ont point parlé. Au sur-
^ ^Imj plainte, etc.
^ Apparemment afin qu'on ne le confondît pas avec un autre poète
de ce nom sur lequel on a lu précédemment un article.
' ^^iiyjS, probablement Gurdaïz. De là on nomme cet écrivain
170 BIOGRAPHIE
plus, je ne cite ici Fath .\ii Huçaïnî que parce que je
suppose qu'il a écrit lui-même des vers hindoustani ;
car le traité dont je viens de parler est rédigé en langue
persane.
Comme cet ouvrage se trouvait dans la bibliothèque
de Tippou , il a été nécessairement écrit antérieurement
à cette époque. Effectivement, par une coïncidence
entre une date donnée dans la biographie rédigée par
notre auteur et celle de Lutf , on peut en conclure que
Fath Ali a écrit en 1 1 53 de l'hégh^e ( 1 7 /lO- 1 7 Zn ).
FATH ULLAH.
Amir Fath ullah ^ Schirâzî , c'est-à-dire de la ville de
Schirâz, soit qu'il en fût originaire, soit qu'il y fût né,
est un des auteurs de la traduction des Nouvelles Tables
astronomie] aes d'Ulugh Beg, du persan en hindouî. Cette
traduction fut exécutée par l'ordre de l'illustre empe-
reur mogol A.kbar. Fath ullah y travailla avec Kischen
ou Krischna Jaïci, Gangàdhar, Mahaïs et Mahânand.
Abu Fazl y travailla aussi, ainsi qu'il nous l'apprend
lui-même dans ïAyîn-i Akbari ^.
¥\ZL\
Schâh Fazl-i Ali , du Décan , nommé aussi simple-
ment Fazlî, selon Fath Ah Huçaïnî, fut contemporain
' aXSÎ .<iCj la victoire de Dieu.
- Tom. 1, pag. 102 do la traduction anglaise.
' J^.Ai9 rcriu. etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 171
de Schâh Najm uddin Abrû. Les biographes originaux
parlent avec éloge de son talent et citent de lui quelques
vers.
FAZLI.
Afzal uddin Kliân Fazlî ^ est un des poètes anciens
du midi de l'Inde. Il a écrit dans le dialecte dakhnî un
masnawî sur un prince du Décan; j'ignore le titre de
ce poëme, dont le style est obscur, au dire de Mir,
qui, du reste, ne considère pas Fazlî comme un bon
poète.
FIDA.
Mirzâ FidâHucain Khân, dont le takhallus est Fidâ^,
était fils d'Acâ Mirzâ et petit-fils du nabâb Hàtim Khân.
Il était incomparable dans l'art de la géomancie, aussi
bien que dans la médecine et dans d'autres sciences.
C'était un jeune homme intéressant qui n'avait que
vingt-deux ans en lygS-iyg/i. Il s'occupait beaucoup
de poésie hindoustani. Il consulta d'abord sur ses vers
Camar uddin Alinnat et son fils. Plus tard il lut aussi ses
gazai à Mushafî , à cause qu'il était son voisin, et ce bio
graphe trouve qu'ils sont empreints du génie poétique.
Il en cite cinq pages entières dans son Tazkira.
^ (iuwii vertaenx.
' î J>wi sacrifice.
172 BIOGRAPHIE
FIDA (ABD USSAMAD).
Mîr Abd ussamad Fidâ est un poëte urdû dont Mannû
Lâi cite un vers dont voici la traduction :
Fidâ est d'avis qu'il faut passer sa vie ou à dormir ou derrière
le rideau de l'insouciance.
FIDA (IMAM UDDIN).
Saiyïd Imâm uddîn Fidâ, de Dehli, fut disciple de
Murtazâ Calî Khan Firâc ^ C'était un homme pauvre,
mais très-indépendant de caractère. Sous le gouverne-
ment du nabâb Ali Wardî Khan Mahabat-jang, il vint
de Delili dans le Bengale, et il s'y fixa. Béni Narâyan
cite dans son Diwân-i Jahân une pièce de vers de cet
écrivain; mais elle me paraît trop surchargée de mé-
taphores exagérées. J'ignore auquel des deux Fidâ que
je viens de citer se rapporte un article du Tazkira de
Fath Ali, sur un poëte nommé Fida (sans autre nom),
dont ce biographe donne un quita qui ne fait pas partie
des citations des autres biographes originaux.
FIDWI.
Mirzà Muhammad Ali Fidwi-, de Delili, connu sous
le nom de Mirzâ BliacM ^ était célèbre comme poëte ,
' Voyez son article.
- (Xî*^* (/éioijf , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 175
et musicien distingué. Il passa quelque temps à Murs-
chidâbâd, et en iig/i il résidait à Azimâbâd (Patna),
auprès de Schâli Ghentâ \ personnage qui l'instruisait
dans les sciences spirituelles et temporelles. Ce fut dans
cette dernière ville qu'il mourut. Alî Ibrahim le con-
naissait, et Fidwî lui remit quelques vers qu'il choisit
parmi ses poésies pour qu'il en enrichît son recueil.
De son côté Béni Narâyan en cite un maçaddas ^ que
Mannû Lai a reproduit. Ses vers sont très-estimés par
les natifs, sous le rapport surtout de l'élocution.
J'ignore si c'est le même poëte qui est cité dans le
Tazkira deMushafî, comme étant d' Azimâbâd (Patna).
Mushafî est le seul qui en parle parmi les biographes
originaux; mais il ne donne sur lui aucun détail, et il
se contente d'en citer quatre vers.
J'ignore encore s'il faut attribuer au même écrivain
des vers cités dans le Guldasta-i niscliât, sous le nom de
Mîr Fazl-i Alî Fidwî.
FIDWI (AZIM BEG SAUDA).
Mirzâ Azîm Beg Sauda prit aussi le takhallus de
Fidwî. Mushafî en parle seul parmi les biographes ori-
ginaux que j'ai pu consulter; mais il ne donne sur lui
aucun détail. Il se contente d'en citer trois vers.
^ Ce mot est écrit peu lisiblement dans les manuscrits. Je crois néan-
moins qu'il y a \jukA..gj , mot hindoustani qui signifie cochon. Si on
Ht 1 1 ° ff'^ , comme dans le manuscrit du Giibchânl Hind, ce mot signifie
alors bois de lit, hiire.
* Pièce de vers composée de strophes de six hémistiches.
17^1 BIOGRAPHIE
FIDWI (MUHAMMAD MUHCIN).
Muhammad Muhcin Fidwî , fils de Mîr Gulâm-i
Mustafa Rhân , était de la tribu des Saïyid Huçaïnî. Il
naquit à Labore; mais, à l'âge de seize ans, il se rendit
à Debli, où il fut disciple de Schâb Mubârak Abrù. Il
se distingua non-seulement comme poëte , mais comme
astronome. Il a écrit dans le style ancien des poètes
bindoustani, style que les Indiens eux-mêmes trouvent
obscur. Ses ancêtres étaient dervicbes, et lui-même
embrassa cet état. Mushafî , qui l'avait connu , nous dit
qu'en effet il ne voulut jamais occuper aucun emploi.
J'ignore si c'est le Fidwî qui est auteur d'un diwân dont
la bibliothèque du collège de Fort-William à Calcutta
possède un exemplaire '. Voici la traduction d'un court
gazai de ce poëte, cité par Béni Narâyan :
Mon cœur est agité soir et matin; ô Dieu ! quelle en est la
cause? Quoique ma belle ne cile pas avec éloge le nom de son
amant, toutefois ce nom est sur la bouche de chacun. Mon corps
a été vide de l'âme, il restera dans un abattement complet. Quand
est-ce que ton esclave pourra se jeter dans tes bras ? Sans cet
espoir il ne se dévouera pas à ton service. Hélas ! Fidwî ne trou-
vera pas un tel ami; qu'il s'y attache si l'occasion s'en présente.
FIDWI, DE LAHORE.
Cet écrivain fut disciple de Sabir Alî Schâb, connu
sous le takhallus de Sâbir. On dit qu'il était fils d'un
' ^c^^y>^~i M^^^ ' Catalogue manuscrit des livres arabes, persans
et hinrloustani de la bibliothèque du collège de Forl-Williain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 175
haccal ^ et nouvellement converti à l'islamisme. Il fut
l'esclave d'un individu nommé Mirzâï, qui le fit élever
convenablement. Plus tard Fidwî quitta son pays et vint
à Farrukhàbâd, où il eut des discussions avec Sauda.
Ce satirique hindoustani par excellence écrivit contre
lui un mukhâmmas intitulé Dar hujâi Fidivi Lahori'^, Sa-
tire de Fidwî de Lahore. Ce poëme fait partie de ses
KuUiyat. Il parait que Fidwî se fit des ennemis par ses
grandes prétentions. D'ailleurs il était, dit-on, querel-
leur, et se livrait à famour antiphysique. De retour à
Lahore, il rédigea un roman en vers hindoustani intitulé
Yuçiif Zalikha, ou Joseph et Zalikha; mais Mîr Fath Ali
ayant entendu la lecture de ce poëme , écrivit , pour le
critiquer, un poëme intitulé Qaissa-i bûm o baccaP, c'est-
à-dire Histoire du hibou et du baccal. J'ignore si le
poëme de Fidwî mérite la criîique ou féloge, car je ne
le connais pas. Selon Mushafî, ce fut d'après l'ordre
du nabab Zâbita Khàn , dont il avait été pendant quelque
temps le compagnon, qu'il écrivit en hindoustani le
masnawî de Zalikha, qui , selon Alushafî, resta inachevé,
mais dont les gens du peuple récitent sans cesse des
fragments ^. Fidwî était habile dans le quita du mètre
' jUù fruitier.
^ JUj^ ^^jj Xwai
* Parmi les manuscrits de la bibliothèque du vizir du Xizàm , il v a
un volume intitulé Yaçûf Zalikha, qui est écrit en dialecte urdû , c'est-à-
dire en hindoustani du nord. Cet ouvrage est probablement une copie
du poëme de Fidwî.
176 BIOGRAPHIE
tawîl et dans le gazai sur tous les mètres. Mushafî donne
deux pages des vers de ce poëte.
Fidwî fut attaché à la maison de Muhammad Yâr
Khan. C'était là que Miyân Muhammad Câim Mushafî
et d'autres littérateurs se trouvaient habituellement avec
lui. En effet, ils tenaient dans la maison de ce person-
nage des réunions littéraires qui , à cause du caractère
du nabab susdit , cessèrent bientôt d'avoir lieu. Après
la défaite de Zâbita Khan par les Mahrattes à SukartâP,
Fidwî mourut de mort naturelle dans la ville de Murad-
âbâd. Il avait alors plus de cinquante ans.
FIGAN.
Aschraf Alî Khan ^ Figân ^, de Dehli , autrement dit
Zarâïf ulmulk Koka ^ Khân Bahâdur, fds de Mirzâ
Alî Khân et frère de lait de l'empereur mogol Ahmad
Schâh, est un des écrivains hindoustani anciens les plus
distingués. Il était très-aimable; sa conversation était
piquante et spirituelle. Il avait beaucoup de goût pour
les jeux de mots , et passait les jours et les nuits à s'en
occuper. Il fut disciple de Nadîm , ainsi qu'il le dit lui-
même dans ce vers :
Quoique Figân soit en ce moment le disciple de Nadîm , vous
le verrez , dans deux jours , maître à son tour.
' Ville de la province de Dehli.
^ Et selon Mushafî , Hishmat Alî Khân.
^ Qjuii lamentation , etc.
'' ^*^^ signifie/rérc de lait, fils de la nourrice. Figân Tétait d'Ahmad
Scliàh.
ET BIBLIOGRAPHIE. 177
Selon Mîr, qvii l'avait beaucoup connu, Quizilbâsch
Khan fut son maître.
DeDehli il alla trouver son oncle (paternel), Muham-
mad Iraj Khan, à Murschidâbâd, puis il revint à Dehli.
Quelques années après il alla k Azîmâbâd en compa-
gnie du Maharaja Schitâb Raé, et y fixa sa résidence.
Il était un des principaux officiers de la cour impé-
riale. Après la ruine de Schâhjahânâbâd, il alla dans
la partie de l'Hindoustan à l'est de Dehli , et par l'en-
tremise de Mîr Naîm, son condisciple, il fut admis à la
cour de Schujàh uddaula (nabâb d'Aoude), et devint
un de ses familiers. Il mourut à Azîmâbâd en 1186
( 1 772- 1 778 ), et y fut enseveli. Il est auteur d'un diwân
estimé dont les vers sont écrits avec beaucoup de pureté
de langage. Alî Ibrahim , qui l'avait connu, cite dans sa
biographie douze pages de vers choisis dans ce recueil ,
et Mushafî six. Parmi ces extraits il y a deux satires.
FIGAN (SCHAMS lIDDIN).
Mîr Schams uddîn Figân est un poëte hindoustani qui
habitait Dehli. Béni Narâyan en cite ]e gazai suivant :
Le sommeil me couvre du rideau de l'insouciance et vient au-
près de moi, ayant vu pleurer mes yeux humides. Depuis que les
épines de mes cils ont été les gardiennes de mes yeux, le sommeil
ne trouve pas moyen de s'y introduire. Mon amie ayant entendu,
à la nuit, mes plaintes et mes soupirs, a témoigné son étonne-
ment de ce que le sommeil n'est pas venu à mes yeux. Mais
quelqu'un n'ira-t-il pas lui dire, de ma part, qu'il n'y a rien en
cela d'étonnant? Lorsqu'elle aura lu ce misra de Figân, elle dira
au messager : Voici les yeux dont la vue éloigne le sommeil.
1. 12
178 BIOGRAPHIE
FIRAC (SANA ULLAH).
Miyân Sanà ullàli Khân Firâc était neveu (fils de frère )
de Hidâyat Khân. Musliafî nous le représente comme
un jemie homme fort doux, très -spirituel, ayant de
l'imagination , s'énonçant avec facilité. Il fut pour la
poésie un des disciples du khâja Mîr Dard, célèbre
poëte hindoustani, et en outre il eut soin de se former
par la lecture des meilleurs ouvrages urdû : il s'occupa
aussi de médecine et acquit un grand renom dans cet
art, en sorte qu'en 1793-1796, il était célèbre sous
le nom du docteur Sanâ ullali Khân. Son diwân hin-
doustani est écrit d'un style élégant et pur. Mushafi,
qui nous donne ces détails , était très-lié avec lui. Il en
cite un bon nombre de vers , et de son côté Bénî Na-
râyan en donne un mukhammas.
FIRAC, DE DEHLI.
Murtazâ Calî Khân Firâc , de Dehli , fut d'abord atta-
ché à l'arsenal de l'Inde sous le règne de Muhammad
Schâh. Il vint à Murschidàbâd pendant le gouverne-
ment du nabâb Muhammad Alî Khân Mahâbat-jang,
fut attaché à sa cour et fixa sa résidence dans cette ville ,
où il mourut. On le compte parmi les poètes hindous-
tani. Il était lié avec Sauda et connu d'Alî Ibrahim, qui
en cite quelques vers.
ET BIBLIOGRAPHIE. 179
FITRAT.
Mirzâ Fitrat ^ a été le collaborateur du révérend Mar-
tyn dans la traduction hindoustani du Nouveau Testa-
ment, écrite sous le titre de InjîV^, traduction dont il a
été publié plusieurs éditions, savoir : celle de Séram-
pore , en cai^actères persans , imprimée en 1 8 1 /i; celle de
Calcutta , imprimée en caractères dévanagari , en 1 8 1 7 ;
celle en caractères persans, imprimée à Londres en
1819, et la dernière qui était sous presse à Calcutta il
y a deux ans.
FURSAT.
Mirzâ Aiif Beg Fursât^ était d'AUahâbâd. Son aïeul
vint de la Perse dans l'Hindoustan, et y fixa sa rési-
dence. A l'époque 011 écrivait Ali Ibràbîm, Fursât n'avait
pas son égal comme poëte à Allahâbâd. Il mourut h
Lakhnau avant i8iZi. Il a laissé des poésies hindous-
tani estimées. Béni Narâyan en cite dans son Anthologie
un gazai erotique très-harmonieux en hindoustani, mais
assez difficile à rendre en français à cause que chaque
vers se termine par deux mots pareils , la rime se repor-
tant au mot précédent.
' «-yjJai sagesse, etc.
- J^A^\ Evangile.
oyi occasion.
12.
180 BIOGRAPHIE
GAIRAT^
Ce poëte est un des disciples de Miyân Calandar
Bakhsh Jurât. Mushafî et Béni Narâyan citent de lui
un court gazai dont voici la traduction :
Ou tu trouveras quelque moyen de venir auprès de moi , ou
tu me donneras un rendez-vous quelque part. Mon âme est dans
mes yeux (pour te contempler); daigne donc maintenant me
montrer ta face. Puisque j'ai quitté volontairement la vie comme
le papillon (qui vient se brûler à la bougie), dorénavant ne me
tourmente pas. Gaïrat crie après toi mille fois ; prends-le sous
ta protection.
GALIB.
Saïyid ulmulkNawâb Açad ullah Khan Balladur Imâm-
jang Gâiib^, de Dehli, vint à Murschîdàbâd sous le gou-
vernement du nabâb Mahâbat-jang et y fixa sa résidence.
Il se distingua par sa générosité et ses autres qualités
honorables. Il avait aussi des talents poétiques, et il a
laissé un bon nombre de vers hindoustani et persans.
Il paraît qu'Ali Ibràliîm avait été attaché à son service ,
apparemment comme secrétaire. Béni Narâyan cite trois
gazai de cet écrivain ^. En voici un :
Ma vue s'est troublée en te contemplant; comment saurais-jc
distinguer des mortelles les célestes bouris? Celui qui, après avoir
quitté ta rue, est allé du côté du jardin, saura la différence qu'il
' cyw*i honnear et jalousie , plc.
^ t.i,ols vainqueur.
' H le nomme Tàlib-jang, fils de Niyàr Bog Khân, habitant de Dchli.
Serait-ce un autre poëte hindoustani ?
ET BIBLIOGRAPHIE. 181
y a entre le zéphyr du matin et l'air embaumé qui entoure ta de-
meure. Si on n'a jamais connu la délicatesse des fibres de la rose,
pourra-t-on distinguer la finesse de ta charmante taille ? La fohe
de l'amour exerce tellement ses ravages dans le monde , qu'il n'y
a plus de distinction entre le dommage et l'utilité. Lorsque j'aper-
çois les rivaux s'asseoir à côté de mon amie , mes sens se troublen t
et mes regards incertains ne distinguent plus rien. Puisque les
gens à vues élevées ne prisent pas plus la pierre philosophale que
la vile poussière , comment sauraient-ils distinguer la valeur de
l'argent et de l'or ? Gâlib est coupable aux yeux de son amie ; quel
autre qu'elle sait faire la distinction entre ses défauts et ses bonnes
qualités ?
GAM \
Je ne sais rien sur cet écrivain. Je me contenterai
d'en citer avec Bénî Narâyan la pièce suivante :
On n'entend ici que mes gémissements et ceux du rossignol , oh
Dieu! oh Dieu ! J'ai affaire à un cœur dur, à une cruelle infidèle ,
oh Dieu! oh Dieu! — Pourquoi as-tu ainsi fasciné mon cœur in-
souciant ? Quelle faute a-t-il donc faite ? oh Dieu ! oh Dieu I —
Laisse aller ce cœur insensé, ne le jette pas dans les liens. Tes
boucles de cheveux sont pour mes pieds des chaînes suffisantes,
oh Dieu! oh Dieu ! — Tu te montres à moi d'un air rude et cou-
verte d'un vêlement rouge: aurais-tu l'intenlion d'immoler quel-
qu'un à ta colère ? oh Dieu ! oh Dieu ! — La douleur accompagne
dans mon cœur le souvenir de cetle infidèle ; sont-ce les atteintes
d'une flèche ou simplement celles de la pointe de ses cils? oh
Dieu! oh Dieu! — Au lieu d'une juste considération pour mon
amour, je ne reçois de toi que des injures et des coups, oh Dieu!
oh Dieu! — Je crois môme que si je mourais à cause de toi, tu
en plaisanterais encore. Ah ! mon destin est affreux, oh Dieu ! oh
Dieu!
clxacjnn.
182 BIOGRAPHIE
GANGA.
Gangâ^ Kavi a écrit sur la rhétorique en 1 555. Il
est cité parmi les auteurs hindi les plus distingués par
M. W. Price, dans la préface de l'important ouvrage
intitulé Hindee and Hindoostanee Sélections ^.
GANGA DHAR'.
Un des collaborateurs d'Abulfazl et d'autres savants
dans la traduction hindouî des Nouvelles Tahles astrono-
miques écrites en persan par Ulugh Beg, traduction qui
fut faite par l'ordre d'Akbar.
GANGAPATI'.
Auteur de l'ouvrage intitulé Vijnyân-Vilâs^, c'est-à-
dire les Divertissements de la science, écrit en 1 775 de
l'ère Samvat (1 7 1 9 de J. G.). C'est un traité sur les dif-
' i{i\\ le Gange, la dcesse Gange.
■^ Tom. I, pag. 10.
' TTTTnr?) épitbète de Siva , c'esl-à-dire celui qui reçoit le Gange,
l'Océan. Ceci fait allusion à une légende d'après laquelle le Gange s'ar-
rêta d'abord sur la tète de Siva, et y resta quelque temps daiis ses
cheveux.
* TITTlTr , c'est-à-dire l'époux de Gangâ ou le Gange. C'est le nom
qu'on donne apparemment à Santanu, incarnation de Varuna, qui fut
roi d'Hastinapura et qui devint le mari de Gangâ dont il eut Bhîschma ,
l'aïeul des Pàndava.
ET BIBLIOGRAPHIE. 183
férenles doctrines philosophiques des Hindous; on y
recommande le système du Védanta et la vie mystique.
L'ouvrage est écrit sous la forme d'un dialogue entre
un gara et un sikhya, ou un précepteur et son pupille.
Un exemplaire de cet ouvrage faisait partie de la collec-
tion Mackenzie ^
GANNA BÉGAM.
Gannâ^ Bégam, épouse de Imâd ulmulk ^, s'est ac-
quis un nom dans la poésie hindoustani. Son maître
fut Mir Camar uddîn Minnat^, dont Imâd faisait beau-
coup de cas à cause de son talent poétique et qu'il rece-
vait volontiers chez lui. D'après l'ordre d'Imâd et en
sa présence, il enseigna la rhétorique à Gannâ. Elle
profita de ses leçons et se distingua presqu'à l'égal de
son maître par ses gazai d'une bonne facture et d'un
style élégant. Elle prenait quelquefois pour takhailus le
mot minnat (faveur), nom de son maître; de là vient
que, selon Mushafî, on lui a attribué un gazai célèbre
de Minnat, celui précisément que Jones a donné sous
le nom de Gannâ dans la dissertation sur l'orthographe
des mots orientaux qui est en tête du tome premier des
' Voyez le tome II , pa g. 109.
* \jS^ canne à sucre.
^ Ou Gazî uddîn Khân, comme W. Jones le nomme. Il était vizir
de l'empereur mogol Ahmad Scbàh , qu'il déposa et qu'il priva de la vue ,
en 1753, pour donner la couronne à Alam-Guîr II, lequel il fit ensuite
assassiner, en 1766, pour élever sur le trône Schâh Jabân II, qui lui hii-
niênie détrôné en 1760.
* Voyez son article.
184 BIOGRAPHIE
Asiatic Researches. Voici la traduction de ce gazai revue
et corrigée :
Mon ennemi lui ' parle avec dissimulation. Mon espoir est
trompe', je ne reçois que des nouvelles désespérées. Hélas ! faut-
il que la surface unie de mon sein soit devenue semblable au
plumage d'un perroquet, par l'effet des marques de brûlure qui
l'ont cicatrisée pendant la triste absence de mon bien-aimé! De-
puis longtemps, ô Hinnâ, ton cœur a été plein de sang comme
le mien. De qui désires-tu baiser les pieds (en y appliquant ta
teinture ) ? Au lieu d'éprouver la douleur, cbaque blessure de ton
sabre suce avec ses lèvres la douceur dont il est rempli. Peu im-
porte qu'on jette sur moi, Minnat, le soupçon de l'amour. Oui,
il est vrai que j'aime passionnément la société de mon bien-aimé.
Mushafî cite d'autres vers de Gannâ qui répondent
à la réputation de cette femme distinguée.
GARIB.
Muhammad Aman Garîb-, selon Mîr, et Muhammad
Zamân Garîb, selon Fath Ali Huçaïnî, est un poëte liin-
doustani dont les vers ne sont pas dépourvus de mérite.
Il bégayait; c'est pourquoi, outre le surnom poétique de
' Au lieu de (^ J^, comme on lit dans les Asiatic Researches. Musliaf î
met ^gA, Qygl , ce qui vaut mieux. Au surplus, Jones , qui ne s'élait occupé
d'hindouslani que dans les derniers temps de sa vie, a fait ici un contre-
sens, en traduisant, parle de moi [speaks of me). Cela tient à ce qu'en
hindoustani, les verbes qui signifient dire, parler, demander, interroger,
promettre, etc. se construisent avec l'ablatif, et non pas avec ie datif. On
dit ainsi, parler avec quelqu'un, demander avec quelqu'un, pour signifier
parler à quelqu'un, demander à quelqu'un. On dit de même en sanscrit
promettre dans quelqu'un, avec le locatif pour le datif.
' t^j yS' èlranijcr ci ytur sxùie malheureux, pauvre.
ET BIBLIOGRAPHIE. 185
Garîb, onlui donna aussi celui de Alkan, ouïe bégayeur *.
Mîr l'avait vu souvent dans les jardins de Mugalpûra, et
il le nommait le libertin des jardins. Les malheurs du
temps le forcèrent d'aller dans le Bengale deux ans envi-
ron avant l'époque où Mîr écrivait sa biographie.
GARIB (MIR TAQUI).
Mîr Taquî Garîb, de Dehli, était un des compagnons
du nabâb Alî-jâh Mîr Muhammad Câcim Khan. On le
compte parmi les poètes hindoustani.
GARM.
MîrzâHaïdar Alî Garni '-^j lîls de Niyâz Alî Beg, est un
poète hindoustani distingué cp.ii haliitait Dehli. Il était
passionné pour la poésie, et consultait sur ses vers
Mushafî, qui l'afTectionnait beaucoup, et qui rend hom-
mage à son mérite. Béni Narâyan cite de lui, dans son
Diivân-i Jahân, une ode ou gazai que je crois devoir
donner ici en français :
Mon cœur est brûlé ; et , par l'ardeur de mes paroles , mes lèvres
sont sèches et des épines sont sur ma langue. 0 mon Dieu ! quel
est ce regard qui m'a pénétré comme une épée , en sorte que je
suis à tel point dégoûté de la vie ? Ne me demande pas l'histoire
des amis qui sont partis ; je suis moi même en peine, ô mon
voisin , de savoir où ils sont. Je vois le soleil et la lune errer ; l'a-
mour de qui les agite-t-il en sorte, qu'ils vont ainsi de porte en
porte ? Les meurtrissures brûlantes du sein sont des roses du
' |3il , adjectif dérivé de la racine arabe /Jî inexplicatâ linijuà Jail.
' ^jS^ chaud , passionné .
186 BIOGRAPHIE
palmier de l'amour, et les larmes sanglantes des yeux en sont
les fruits. Garm ! quel objet à visage de flamme t'a fait pleurer
de chagrin , au point que tes larmes sont répandues çà et là
comme des étincelles ?
GAUHARP.
Parmi les biographes originaux que j'ai pu consulter,
Mushafî est le seul qui mentionne ce poëte hindoustani;
encore ne donne-t-ii aucun détail sur son compte, et
se contente-t-ii d'en transcrire deux vers qu'il avait en-
tendu réciter.
GAUWAGI.
Maulânâ Gauvâcî ^ est un poëte hindoustani dont
Mîr cite seulement le nom et un vers que je donne ici
traduit en français :
Celui qui sèmera la graine de l'absence de l'objet aimé dans le
champ de son cœur, n'y verra jamais fleurir la rose de l'espé-
rance.
C'est-à-dire que dans la séparation de l'objet aimé,
on ne peut se flatter d'avoir aucune jouissance.
On doit à ce poëte un Tâti-nâma, ou Contes d'un per-
roquet, en vers dakhnî, masnawî dont la bibliothèque
de la Société asiatique de Calcutta possède un exem-
plaire. J'ai de cet ouvrage dans ma collection particu-
lière un autre exemplaire qui paraît ancien -, il est écrit en
beaux caractères nastalic et se compose de près de lioo
pages grand in-S". Après l'invocation ordinaire à Dieu
' 4<vJ£s5\ adjectif dérivé du mot persan ylb^^ perle , etc.
' i^\s\ f^ o.eùon dr ]>lonjer.
ET BIBLIOGRAPHIE. 187
et les iouaiiges de Mahomet , on trouve un chapitre de
plus de quatre pages qui contient l'éloge du sultan de
Golconde Abdullah Cutb Schâh, sous le règne duquel
l'ouvrage a été écrit. Puis vient le chapitre d'usage sur
le motif de la composition du livre; ensuite l'histoire
commence; enfin viennent les contes, dont plusieurs
diffèrent des autres rédactions. L'ouvrage se termine par
un wâçùkht , sorte d'ode écrite avec énergie.
GAZANFAR.
Gazanfar^ Alî Khân, autrement dit Miyân Khillû'^, était
petit-fils de Gulàm-i Hucaïn Karorâ^. Ses ancêtres étaient
dans l'origine des Chatrya et occupaient un rang élevé
dans le monde. Quant à lui, il était plein d'esprit et
tenait une conduite régulière. Il fut un des disciples les
plus distingués de Jurât, et il se fit un nom dans la poésie
hindoustani. Bénî Narâyan cite de lui un gazai.
GHACI.
Mîr Ghâcî ''■ est compté pai^mi les écrivains hindous-
tani. Mîr Taquî , qui le connaissait, nous fait savoii' que
c'était un jeune homme d'un esprit distingué qui habitait
Mugàlpûra. Il a affecté de ne pas insérer de takhallus ^
^ yXJUih lion, héros.
^ •J'^J yc-i > jovial.
^ )j^J^ percepteur d'impôts, etc., àç,j%jS dix millions.
* f£*Xfp herbacé ou mieux herhager.
^ Il paraît, d'après cette particularité qui nous est révélée par les bio-
graphes originaux , qu'on ne considère pas le mot Ghâcî comme le sur-
nom poétique de cet écrivain.
188 BIOGRAPHIE
dans le dernier vers de ses gazai, ce qu'ont eu soin de
faire au contraii'e les autres poètes hindoustarti. Les bio-
graphes originaux ne citent qu'un seul vers de lui,
GORUL-NATH.
Gokul-nâth \ de Kacî (Bénarès), fils du poëte Raghû-
nâth, aussi de Bénarès, est auteur du Mahâbhâr cita- dar-
pana^, c'est-à-dii^e Miroir du Mahâbhârata ; et du Hari-
vansa-darpana ^, Miroir du Harivansa , traduction un peu
abrégée du Maliâbhârata et du Harivansa en bhâscliâ ou
hindouî, qu'il fit par l'ordre de Sri uddita Narâyan, râjâ
de Kacî ou Bénarès. Cette traduction se distingue par
son exactitude et par son élégance; elle est seulement
un peu abrégée dans ce sens surtout qu'on a négligé de
traduire les accumulations de synonymes et d'épithètes
si fréquentes dans l'original et les vers de remplissage.
Elle a, du reste, le défaut commun aux traductions du
sanscrit et du persan en hindoustani, c'est qu'il y a trop
de mots et d'expressions empruntés à la langue originale
de l'ouvrage. Elle est toute en vers, mais de différentes
mesures. Cet ouvrage, un des plus importants qui aient
été imprimés en hindouî, a été édité par les soins de
Lakschmî Narayan en quatre volumes grand in-Zt". Il a
paru à Calcutta en 1 76 i du Samvat (ère de Salivahana),
qui correspond à l'année 1829 de J. C. Ces quatre volu-
' ïTÎ^Tç^^rrSJ" seigneur de Golml, un des noms de Krischna.
ET BIBLIOGRAPHIE. 189
mes comprennent les dix-huit parb, ou parties du Ma-
Jiâbliârata, et le Harivansa. On sait que le MahâbMrata
donne des détails curieux sur les discussions des princes
Pândava et Kaurava, c|ui étaient cousins par la nais-'
sance et compétiteurs les uns des autres pour le trône
d'Hastinapur. Les derniers triomphèrent d'abord, et for-
cèrent les premiers à se cacher pendant quelque temps ,
jusqu'à ce qu'ils eussent contracté une alliance avec
un puissant prince du Panjab, et qu'une portion du
royaume leur fût accordée. Plus tard, les PandaA'a per-
dirent cette portion au jeu de dés, et ils furent encore
réduits en exil, d'où ils sortirent pour soutenu^ leurs
droits par les armes. Tous les princes de l'Inde prirent
ie parti des uns ou des autres des parents rivaux; une
série de combats eurent lieu à Kurukschetra , aujour-
d'hui Thanîçar; enfin, ils se terminèrent par la mort de
Duryodhana et des autres princes Kaurava , et par l'élé-
vation de Yudhischitira , l'aîné des frères Pandava, à la
souveraineté suprême de l'Inde. Le Harivansa contient
l'histoire de Krischna; il a été traduit du sanscrit en
français par M. Langlois , et publié sous les auspices du
Comité des traductions orientales de la Grande-Bretagne
et de l'Irlande.
Il y a d'autres traductions hindoustani du MaMhhâ-
rata. Celles qui sont parvenues h ma connaissance sont :
1° Kitâb-i Malidbliârata , ou Livre du Mahâbhârata , dont
une portion faisait partie de la bibliothèque de Farzàda
Cuh; 2° la rédaction dont sir W. Ouseley a aussi une
portion seulement^; 3° il y a, de plus, parmi les manus-
' Ce manuscrit est classé sous le n'GsS de son catalogue. On y lit :
190 BIOGRAPHIE
crits de sir W. Oiiseley, un volume cpji contient une
portion du Maliâbhârata en sanscrit et en hindoustani;
li° au nombre des manuscrits hindoustani du prince de
Borgia , décrits par Paulin de Saint-Barthélémy, il y a
une portion du Mahâbhârata intitulée Bâhha^ Piirâna,
c'est-à-dire la Légende de l'enfant (Krischna). Le manus-
crit original est accompagné d'une traduction en italien
par le P. Marcus à Tumba.
Outre la traduction persane du MaMhhârata attri-
buée à Abû-Fazl , ministre d'Akbar ^, il y en a une
autre plus récente, par Naquîb Khân ben Abd ullatîf,
faite par l'ordre et dans le palais du nabab Mahaldar
Khân Naza^, en i 197 de l'hégire (1782-1783); et ce
qu'il est essentiel de faire connaître, c'est que Naquîb
rédigea son travail d'après l'interprétation verbale que
plusieurs brahmanes lui donnaient en hindoustani du
texte sanscrit. C'est ce qu'il dit lui-même à la fin de son
ouvrage ^. Parmi les manuscrits persans de la Société
asiatique de Calcutta, on trouve une troisième traduc-
Some portions of the Mahabharata , in Nagari and Persian characters, with a
listof hundred and tiventj Jour rajahs who hâve reigned in Ilindostan, in
fol. Prefixed are sonie pages containing a curious extract from a French ma-
nuscript of M. Gentil.
' On a imprimé par erreur Bâlaga. clans l'ouvrage d'où je tire ces
renseignements, Musei Borgiani Veliiris codices manuscripti, etc. pag. i34.
* Sur ceUe traduction, voyez dans le Journal asiatitjac, t. VII, p. 110,
un intéressant article de feu M. Schulz.
' Straker s Catalogue. Ytag- 4o, n" 262.
* Voyez pag. 76 de la traduction que le major D. Price a donnée de la
version persane de la dernière section du Mahâbhârata ( The last days of
Krischna), dans le tome premier des MisccUancous Translations, publié par
le Comité des traductions orientales de la Grande-Bretagne et de l'Irlande.
ET BIBLIOGRAPHIE. 191
tion persane du Mahâbhârata , c'est celle de l'Hindou
Bapâs.
GOVIND SINGH.
Le gurû Govind ' Singh est auteur du Das ^ Padschûh
Ki grantli^, ou Daçama Padschâh Ki grantli^. Livre du
dixième roi , c'est-à-dire de Govind Singh. On nomme
aussi cet ouvrage simplement Gro.nth, ou Livre, titre qui
est cependant plus spécialement réservé à VAdi granili
de Nànak. Dans un catalogue ^, ce dernier ouvrage est
indiqué comme ayant deux volumes. Le premier est
attribué à Gurû Nànak, et le second à Gurû Govind.
GUIRDHAR^
Poète hindouî cité par Gilchrist dans sa Grammaire
liindoastani, p. 335. 11 est auteur de kabit et de doha.
M. Romer possède un manuscrit qui contient une col-
lection de kabit et de doha tant de ce poëte que de Tulcî-
dâs, Kabîr, etc.
Il paraît que c'est le même écrivain qui, sous le nom
de Guiridhara, est cité par Ward (dans son Histoire de
' TTT^T») DO™ <le Krisclina.
- Il faudrait proprement dastven (^yM,:> dixième, cardas est le nom
de nombre cardinal.
^ Celui de la vente de C. Stewai't, pag. 108.
* TIhTT cr lui qui soutient le discours.
192 BIOGRAPHIE
la littérature, etc. des Hindous, t. II, p. kSi), comme
auteur du Kundariya, ouvrage dont j'ignore le sujet,
mais qui est écrit dans le dialecte hindouî de Bhaguel-
khand.
GUIRAMI.
Mirzâ Guirâmî ^ était fds de Ganî Beg du Cachemire.
Il écrivit d'abord en persan-, mais comme il vit que le
goût pour la poésie reklita prévalait généralement, il se
mit à écrire des vers liindoustani. Mîr Taquî , qui était
son contemporain, n'en dit pas autre chose dans sa
biographie. Il se contente de renvoyer le lecteur au
Tazkira de Khân Sâhib , c'est-à-dire de Sirâj uddîn Alî
Kiiân Sâhib Arzù-, que Mîr reconnaissait comme son
maître dans l'art d'écrire.
GUIRIYAN.
Mîr Alî Amjad Guiriyân^, de Dehli, fds de Mîr Alî
Akbar, fut élève de Schâh Cudrat ullah, connu sous le
nom de Cudrat ^, et de Mîr Ziyâ uddîn , connu sous
celui de Ziyâ ^. On le compte parmi les poètes liindous-
tani. Alî Ibrahim et Mannii Lâl citent plusieurs vers de
lui dans leurs ouvrages.
' ç^\jS cher, précieux.
- Voyez Tartide consacré à cet écrivain.
' U-J^ p/ciirrur.
^ Voyez l'article consacré à ce personnage.
'' Voyez l'article consacre à cet écrivain
ET BIBLIOGRAPHIE. 193
GULAM-I AHMAD.
Le cazî Gulâm-i Ahmad ^ est auteur d'un ouvrage
urdû de jurisprudence intitulé Alikâm unniçâ ^, c'est-à-
dire les Commandements (de la loi) sur les femmes.
On en conserve deux exemplaires dans la bibliothèque
de la Société asiatique du Bengale.
GULAM-I HUÇAIN.
Gulâm-i Huçaïn ^ Kliân Lohanî * est auteur d'un
poëme intitulé Jahvâ-îiâma^ , ouvrage qui fait partie de
la riche bibliothèque de la Société asiatique du Ben-
gale. J'en ignore le sujet.
GULAMI.
Schâh Gulâm-i Muhammad prit pour takhallus le
substantif persan Gnlâmi^, formé dumot^uMm, qui fait
partie de son nom. C'est un poëte qui a écrit dans le
style ancien ; il était très-lié avec Schâh Hâtim , et allait
souvent, en compagnie de ce dernier, dans la cellule de
'■ «Xj^i v<^X^ T esclave cl' Ahmad [Mahomet).
" ij-Kj^^tS— ^y^'^ks- esclave de Huçaïn.
* Nom d'une tribu de Pathans.
^ Xx\j oy. Isy Livre de la manifestation (ou splendeur).
** <^^\* esclava(je.
I. i3
19a BIOGRAPHIE
Scliâli Taslîm. Mushafî, à qui nous devons ces détails,
ne cite de cet écrivain qu'un seul vers.
GUMAIN.
Nazar Alî Khân Gumân \ de Delili, était un des amis
d'Aschraf Alî Khân Fighân. Il habitait Faïzâbâd à l'é-
poque où écrivait Alî Ibrâhîm. On a de lui des poésies
estimées.
GUZARATI.
Schâh Alî Guzarâti ^ Darwesch est auteur :
1° D'un ouvrage intitulé Dliora ou Dlioré ^, qui est
une collection de poëmes hindî sur le spiritualisme '\
1° D'un volume qui porte le titre de Sandar Singâr^,
ou l'Ornement de l'amour. Ce dernier volume est aussi,
selon G. Stewart *^, une collection de poëmes hindous-
tani sm* différents sujets; mais je pense que c'est plutôt
une sorte de Kok schastar, comme un ouvrage hindî
portant le même titre et dont il sera parlé à l'article sur
Sundara-dâs. Toutefois il peut se faire que ce soit un
^ fJ^^tS" doute. ^
^ Ou mieux , Gujarati j]^)4^ habitant du Guzaraie.
3 -^jfc_£Ûà pluriel de tj*-^^ . ™ot hindî qui est synonyme de baït
(vers),
* jVSouw j«)sJ*AM. Stewart écrit mal à propos Sindur Sihâr, dans son
Catalogue of the Libraiy oj Tippoo, pag. i8o.
« Ibid.
ET BIBLIOGRAPHIE. 195
roman et que Sundar Sîngâr soit le nom du héros; car
il y a dans le catalogue des manuscrits de sir W. Ouse-
ley, n° 6 1 3 , un volume intitulé Qaissa-i Sundar Singâr
{Histoire de Sundar Singâr). On conserve à ÏEast-India
House^ un manuscrit du Sundar Singâr, écrit dans le dia-
lecte d'Antarbed, c'est-à-dire dans le pur bhâkliâ , et je
vois dans le catalogue de sir W. Ouseley, sous le n" 622,
un volume portant le même titre et indiqué comme
étant écrit en nagarî et dans un bhâkhâ ou dialecte
hindavî. Or ces deux derniers volumes, qui paraissent
deux exemplaires du même ouvrage, sont nécessaire-
ment différents de celui de Scliâh Guzarâtî, qui doit
avoir écrit en dialecte daklinî , s'il est né dans le Guza-
rate , ainsi que son nom paraît l'indiquer.
HABIB ULLAH^
Ali Ibrahim ne donne de ce poëte que son nom et
ie vers suivant qu'il avait entendu réciter :
Mon cœur est en désordre par l'effet de tes cheveux en désordre.
Je voudrais, pour répéter ces mots, avoir cent langues, comme
le peigne qui démêle une à une les noires boucles de ta cheve-
lure.
HAÇAN (KHAJA).
Khâja Haçan, de Dehli, fils de Khâja Ibrahim , fils de
Gaïyâs uddîn, fils de Muhammad Scharîf, fils d'ibrâ-
' Fonds Leyden, n° xxx.
'^ M\ ty^»A5fc romùie Dieu, nom qu'on donne au prophète Mahomet.
i-3.
196 BIOGRAPHIE
hîm , connu sous le nom de KMja Kiimhar ^ Maiidûdi
et de Hacan, était des Saïd Hucaïnî, c'est-à-dire des-
cendants de Huçaïn , et ses pères étaient originaires des
montagnes qui sont près de Schahjahànâbâd (Delili).
Quelques années avant l'époque où Alî Ibrahim écrivait,
Haçan vint résider à Lakhnau, et fut mis au nombre
des officiers du nabâb Sarfarâz uddaula Hacan Rizâ Khan
Balladur. Il avait résidé auparavant à Bareily, puis à
Faïzâbâd. J'ignore l'époque de sa naissance et celle de
sa mort. Alî Ibrahim nous apprend seulement qu'il
vivait en 1196 ( 1781-1782). Il s'occupait avec distinc-
tion de la géométrie et de la musique , sciences sur les-
quelles il a laissé des ouvrages. Il cultivait aussi l'astro-
nomie, et s'adonnait surtout à l'étude du tacawaf ou
spiritualisme. Mushafî dit que c'était un derviche de
la secte des sofîs. Il a mis en vers hindoustani, sous
forme d'histoires et de narrations , la plupart des doc-
trines du spiritualisme , spécialement celle de l'unité de
l'existence , en les appuyant de preuves et d'arguments.
Il a écrit un diwân estimé dont les biographes originaux
citent des fragments. Au commencement qu'il s'occupait
de poésie , il consultait sur ses vers Miyân Jafar Alî
Hasrat , et il était aussi lié avec Calandar Baksch Jurât.
Il était d'un caractère vif et aimable -, il aimait les spec-
tacles et s'occupait même de magie, de talismans et
d'enchantements. Il fut amoureux d'une musicienne
' j\uJ» potier. Je suis ici la version d'Ibrâliîm ; mais Musliafî dit qu'il
était fils du khâjà Ibrabim , petit-fils du khâjâ Kambârî et descendant
du kliâjà Mabdûd (JMaudûd ) Chischtî. On peut voir, sur cette dernière
dénomination, mon Mémoire sur la rclujion miisiiJmane dans l'Inde, p. 67.
ET BIBLIOGRAPHIE. 197
nommée Bakhschî ' , et il a placé dans le dernier vers
de tous ses gazai le nom de cette femme chérie.
HACAN (MIR GULAM-I).
Mîr Gulâm-i Hacan, de Dehli, était fils de Mîr Gulâm-i
Huçain Zâhik , et petit-fils de Mîr Tmam-i Harwî , c'est-
à-dire de Hérat. En efiet, la patrie de ses ancêtres était
la ville de Hérat, et leur tribu celle des Saïd. Par suite
des vicissitudes du temps , ils quittèrent ce pays et vin-
rent se fixer à Delili, dans l'ancienne ville. Ce fut là
que notre poëte vint au monde et qu'il arriva à l'âge de
raison. On dit que son grand-père paternel avait fait le
pèlerinage de la Mecque, et était un homme vertueux;
mais son père ne lui ressemblait point. Toutefois il se
livra un peu à l'étude , et s'occupa surtout de la langue
persane pour laquelle il avait des dispositions; il fit
même des vers en cet idiome. L'auteur de la notice hin-
doustani que je traduis ici- a lu quelques cacîdah re-
marquables de ce personnage; mais comme il aimait
à plaisanter, il avait renoncé à faire des gazai, pièces
ordinairement mystiques et par conséquent graves. Il
était très-jovial et railleur, ainsi que l'indique son sur-
nom poétique de Zâliik, qui est un mot arabe signifiant
en efPet rieur; mais à l'extérieur il inspirait la confiance
et était orthodoxe. Il mettait souvent un turban vert à
la manière des Arabes , et portait un large vêtement. Sa
barbe n'était pas très-longue, il se rasait le dessous des
' Ce mot semble être Tajcî dans la biographie de Lutf.
' Me de Haçan, en tète de Tcdition du Silir idbajân, p. 'j et suiv.
198 BIOGRAPHIE
lèvres; sa taille était moyenne; il était basané. Quant
à Mîr Haçan, il se faisait raser; mais son vêtement
était pareil à celui de son père , tandis qu'il s'arrangeait
le turban comme les anciens natifs de l'Hindoustan. Il
était grand et brun; il avait le caractère gai et était
facétieux; mais il ne tenait jamais de discours futiles
ni obscènes; en outre, il était doux et affable, très-
aimable et fort instruit; personne n'eut jamais à se
plaindre de cet homme distingué. Dès son jeune âge
il se sentit des dispositions pour la poésie , et fut
animé du désir de les exploiter. Il eut l'avantage de
jouir de la société du khâja Mîr Dard ^ ce qui le con-
firma dans sa résolution. Il passa son enfance à Dehli.
Après la destruction du sultanat, forcé de quitter cette
ville, il se retira, avec son père, dans le royaume
d'Aoude, et se fixa h Faïzâbâd^, puis à Lakhnau où il
acquit une grande célébrité. Il fut attaché au nabab Sa-
lar-jang Bahâdur et à Mii^zâ Nawâzich Alî Khan Bahâ-
dur Safdar-jang, fils aîné du nabâb susdit, qui aimait
les vers et les poètes; en sorte que ce prince avait fait
de Haçan son compagnon et son ami. Haçan ne con-
naissait pas du tout l'arabe, mais il savait le persan,
et faisait même quelquefois des vers isolés et des qua-
trains en cette langue. Toutefois c'est surtout comme
poëte hindoustani qu'il était incomparable. Il consul-
tait sur ses vers Ziyâ uddin, connu sous le takhallus de
' Poète hindoustani très-célèbre, natif de Debli. Voyez son article.
' Mushafî dit que le hasard ayant conduit Haçan, à l'âge de douze
ans, dans les contrées à rorient de Dchli, il passa le restant de SxT vie h
Faïzâbâd cl à Lakhnau.
ET BIBLIOGRAPHIE. 199
Ziyâ^, lequel était, dans ce temps, un des plus ha-
biles écrivains de l'Inde musulmane. Il a marché dans
la même voie que Dard, Saudâ et Mîr, et son style a
un degré remarquable de pureté et de délicatesse. Son
langage est élégant et fleuri. Il excellait dans le gazai,
le rubaï, le masnawî et le marsiya (élégie). Le genre
de poëme dans lequel il réussissait le moins, c'est le
cacîdah. Il a parfaitement décrit tout ce qui concerne
la coquetterie; aussi dit-on que ses vers font le charme
des Indiennes dans les zanâna ou gynécées. A la fin du
mois de zihijja 1200 de l'hégire, Haçan fut atteint de
la maladie dont il mourut; et dans les dix premiers
jom^s de muharram 1201 (octobre 1786)^ il quitta
ce monde périssable pour l'éternel, à fâge de plus de
cinquante ans , et fut enseveli à Lakhnau ( où il était
mort) derrière le jardin de Mirzâ Gâçim Alî Khân. Il
laissa quatre fils, encore vivants en i8o3; trois étaient
poètes, et demeuraient àFaïzâbâd. Mîr Mnstahçan, sur-
nommé Khalic, et Mîr Muhcin , connu sous le takhallus
de Malicin, étaient employés auprès de Mirza Taquî,
gendre de Bahû Sâhib , mère d'Açaf uddaulah , et Mîr
Haçan, surnommé Khalc, était avec Darab Aiî Khân
l'inspecteur. Celui-ci et Khalic ont écrit chacun un di-
wân ^. Leurs vers ont quelque ressemblance avec ceux
de leur père. Khalîc consultait Miyân Mushafî, poëte
* Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
^ Mushafî donne un quatrain de sa composition sur le tarîhh (date)
de la mort de Haçan. Quant à Lutf, il fixe l'époque de sa mort à l'an
i2o5 de l'bégire. Il est bon de remarquer, en passant, que Lutf n'est pas
souvent d'accord, pour les dates, avec les autres biographes.
' Voyez leur article.
200 BIOGRAPHIE
hindoustaDi distingué, à qui on doit la biographie hindi
que je cite souvent.
Haçan est auteur :
i°D'un diwân qui se compose de près de huit mille
vers dans les différents mètres usités en hindoustani.
2° D'un Tazkira ou Biographie des écrivains lundi
qui se sont fait connaître par leurs productions; ou-
vrage écrit en style poétique nommé reklita.
3° D'un masnawî sur les amours de Bénazîr et de
Badr-i Munir, poëme intitulé Sïlir ulbayân ^ c'est-à-dire
la Magie de féloquence, et bien digne en effet de porter
ce nom. On a dit de cette composition '^ que chacun de
ses hémistiches est sans égal ( Bénazir ) et que chaque
vers est comme une lune resplendissante [Badr-i Munir).
Ce poëme a été publié à Calcutta^ en i8o5, et on en
a donné une imitation en prose sous le titre de Nasr-i
Bénazîr, c'est-à-dire Prose de Bénazîr, ouvrage dont il
sera parlé à l'article sur Balladur Alî Huçaïnî.
Le Silir ulbayân est le principal ouvrage de Haçan.
On y trouve des détails etlmographiques fort curieux
sur la parure des femmes, sur les danses des baya-
dères et sur les cérémonies du mariage des Musulmans.
Cette dernière description confirme tout à fait le récit
de C. Mackenzie ( Transactions of tlie royal Asiatic Society,
tom. m, pag. 1 6o ) et celui de M"" Mir Haçan Ali ( Ob-
servations on the Musulmaans of India, tom. I, pag. 35o
' Pour faire ailusion au nom du héros et de l'héroïne de ce poëme.
Voyez la préface du Nasr-i Bénazir, pag. 3.
■* Petit iu-ibl. de iG6 pages.
ET BIBLIOGRAPHIE. 201
et suiv.). Le sujet de ce poëme n'a aucun rapport avec
l'histoire du prince Bénazîr, qu'on lit dans l'édition des
Mille et une Nuits de M. Gautliier d'Arc.
Haçan avait été lié avec Mushafi , qiii cite dans sa
biographie quelques pages de ses vers. Lorsque Ibràhîm
travaillait à son Gulzâr, en 1196 (1781-1782), Haçan
lui envoya , de Lakhnau à Bénarès, des fragments de ses
poésies, fragments dont Ibrahim a enrichi son Antho-
logie bibliographique. Il a donné, entre autres , un mas-
nawî sur V Eloge de Fciizâbâd et la critique de Lakhnau^,
opuscule dont je donnerai la traduction dans mon se-
cond volume. De son côté Béni Narâyan publie quelques
gazai de ce poëte éminent et un waçûkht- que Mannû
Lâl a reproduit dans son Guldasta.
HACAN (MIR MUHAMMAD).
Mîr Muhammad Hacan était de Dehli, et du nombre
des disciples de Saudâ. Il avait assisté aux réunions litté-
raires de Mîr. Les biographes originaux le distinguent
d'un autre Mîr Muhammad Hacan. Toutefois Alî Ibrahim
pense que ces deux personnages ne sont peut-être qu'un
seul et même individu.
Outre l'article consacré à Mîr Hacan dans la biogra-
phie de Mîr Taquî, on y trouve un autre article sur un
^ Ok-i^^^A^/Jj. C'est une ode erotique passionnée, qui se compose de
strophes qui ont chacune des rimes particulières répétées à chaque hé-
mistiche. Les strophes sont terminées par un vers persan d'une rime
diflercnte.
202 BIOGRAPHIE
poêle auquel ce biographe ne donne que le nom de
Hacaii, et dont il cite un seul vers.
Il me semble qu'il y a dans les biographies originales
quelque confusion relativement à ces personnages. Peut-
être ce que quelques-uns disent de ce Mîr Haçan doit-il
s'appliquer h l'auteur du Sihr ulhayân.
HACAN-ALI.
Auteur d'un poëme historique sur les victoires de
Tippou dans le Carnatic, sur les guerres avec Nizâm
Alî Khan, les Mahrattes, etc. Cet ouvrage est intitulé
Fath-nâma ^ , ou le Livre de la victoire. Il y en a un
exemplaire dans la bibliothèque de ï East-IncUa Hoiise,
n° 1/19 de la collection Leyden. Il est du genre de com-
position poétique qu'on nomme masnawî.
HACIB'.
Ce poète naquit et fut élevé à Haiderâbâd; il fut le
maître dans l'art d'écrire de Mîr Abd ulwalî Uzlat. Fath
Alî Huçaïnî cite dans son tazkira deux vers de ce poëte,
et Mîr Taquî un troisième vers tiré d'un album de son
maître Arzû.
cstimalle.
ET BIBLIOGRAPHIE. 203
HADI.
Muhammad Jauwâd Mîr Hâdî \ de Delilî, saïd de gé-
néalogie sûre, est un poète hindoustani, dont le schaïkh
Farhat, d'après le témoignage d'Alî Ibrahim, ne faisait
pas grand cas. Mushafî paraît, au contraire, apprécier
ses talents. Il dit qu'il fut d'abord attaché au nabâb
Imâd ulmulk, mais qu'il quitta bientôt la vie du monde
et entra dans la voie de la résignation spirituelle. Il
fréquenta les réunions littéraires de Mushafî pendant
tout le temps que ce dernier habita Dehli. Ce biographe
donne trois pages de vers de cet écrivain.
HADIR.
Auteur du Sarâfrâz-nâmali - , c'est-à-dire le Livre de
l'homme distingué, ouvrage dont j'ignore le sujet.
HAFIZ^
Auteur d'un diwân dont il existe entre autres un
exemplaire dans la belle bibliothèque du râjâ Chandû
Lai, d'Haïderâbâd.
J'ignore si c'est le même écrivain que celui dont
parle Mîr dans sa biographie, à l'article sur Ajiz.
' j^àufe directeur, gaide.
' Le mot Iâ.Aji^ a le même sens que Hâfiz Jôjl-^ , qui est le nom
flu plus célèbre des poètes persans; il signifie celui qui retienf dans sa
204 BIOGRAPHIE
HAIDAR.
Gulâm-i Haïdar, connu sous le takhallus de Haïdar^,
est un poëte hindoustani mentionné seulement dans le
Gulzâr-i Ibrahim. Dans un des deux manuscrits que je
possède de cette biographie, il est nommé Haïclarî,
c'est-à-dire Haïdarien. Ibrâliîm en cite un vers intra-
duisible à cause des métaphores exagérées dont il est
rempli.
HAIDAR DAKHNI.
Mîr Haïdar Schâh Dakhnî, ou du Décan, était aussi
bon guerrier qu'habile écrivain. Il se rendit de Dehli
au Bengale pendant le gouvernement du nabab Schuja
uddîn Muhammad Khân Schuja uddaula, et fut attaché
au nabâb Ala uddaula Sarâfrâz Khân, fils du nabâb
susdit. Il a imité les anciens dans ses vers , et il les ré-
citait si bien qu'on se réunissait en foule pour l'en-
tendre. Il s'occupa à mettre en mukhammas le diwân
de Wall, du Décan, et y intercala des gazai de Hafiz.
Il excellait dans le genre nommé jhûlanâ ou jMlnâ ^.
Il vécut près de cent ans , et mourut dans le Bengale,
pendant le règne d'Alimad Schâh , fils de Muhammad
Schâh.
Il est, je pense, auteur du masnawî dakhnî intitulé
mémoire, spécialement le Coran, et par suite ce nom désigne ceux qui
savent tout le Coran par cœur.
' jù^s^ lion, surnom d'Alî.
' l«.!L. {^ry , sorte de poëmc liindi.
ET BIBLIOGRAPHIE. 205
Qaissa-i Chandar hadan o Muhaijar \ manuscrit dont on
conserve un exemplaire à la bibliothèque du Cliandû
Lai- d'Haiderâbâd , et dont j'ai aussi un exemplaire dans
ma collection particulière, écrit en caractères naskhî.
Cette copie fait partie d un recueil qui contient plusieurs
masnawî : elle est intitulée Haïdar, apparemment par
métaphore, dans la liste des pièces dont se compose
la collection de ce volume.
HAIDARI.
Schaïkh Gulâm-i Alî Haïdarî^, de Delili, est un poëte
hindoustani de la nouvelle école , auquel Aiî Ibrahim
consacre un article dans sa biographie, et dont il cite
quelques vers.
A cause des troubles et des changements politiques
qui eurent heu à Dehli , Haïdarî quitta sa patrie et vint
se fixer à Azîmâbâd (Patna), où il acquit comme poëte
de la réputation.
HAIDARI (HAlDAR RAKHSCH).
Le munschî Mîr ou Saïyid Muhammad Haïdar
Bakhsclî Haïdarî , est un des écrivains hindoustani mo-
dernes les plus féconds. Haïdarî dit, dans la préface du
Totâ Kahânî , qu'il a reçu son instruction littéraire d'Aiî
Ibrahim Khan, auteur du Galzâr-i Ibrâhîm, qui était
^ Voyez son article sous le nom de Schâdâit .
^ (<)«Xa^ Haïdarien, c'est-à-dire sectateur d'Alî, ctc.
206 BIOGRAPHIE
défunt à cette époque (1801), et qu'il est aussi élève
du maulawî Gulâm-i Huçaïn, de Gâzîpûr. Béni Narâyan
nous apprend, dans son Anthologie, qu'il vivait encore
en 181 4, et qu'il était très-lié avec lui. Il en cite un
mukhammas et onze gazai ^ dont un est remarquable
par les singulières allitérations qu'on y trouve à chaque
vers; on conçoit qu'il est par là même intraduisible.
En voici un autre très-court qui n'offre pas le même
inconvénient pour être traduit en français :
La rose a cru te ressembler, mais le zéphyr lui a donné un
soufflet au point de rendre son visage rouge. Lorsque je lui ai de-
mandé un chaste baiser, alors , fronçant le sourcil , elle m'a dit
avec colère : Ne parle pas. — Ton souffle , comme celui du Messie ,
m'a donné la vie , mais à la fin mon âme est sortie de mon corps
Moi Haïdarî, je n'ai pas vu de maîtresse aussi charmante qu elle;
Dieu l'a rendue sans pareille dans notre siècle.
Outre de nombreuses poésies on doit à Haïdarî les
ouvrages suivants :
1° Le Totâ Kaliâiii^, ou Contes d'un perroquet, tra-
duction urdû du roman persan intitulé Tiiti-nâma ^,
c'est-à-dire le Livre du perroquet. Ce roman, écrit
d'abord dans un style obscur et difficile par Ziyâ uddîn
Nakhschabî, a été reproduit dans un langage simple et
sans prétention, et d'une manière un peu plus abrégée,
par Muhammad Câdirî. C'est ce dernier texte qui a servi
' Dix dans le corps de l'ouvrage , et un dans l'appendice.
' A.<L> /isj-îo ; cet ouvrage a été traduit en anglais , et de l'anglais en
français, sous le titre c'e Contes d'un pcrrotjuct, par M""" Colin de Plancy.
M. Trébulien, le traducteur d'une suite des Mille et une Nuits, en a donné
aussi un choix.
ET BIBLIOGRAPHIE. 207
de base au travail d'Haïdarî; mais sa rédaction est plus
élégante que celle qu'il a suivie : elle est en prose en-
tremêlée de vers. L'original de cet ouvrage est, du reste,
sanscrit; on le nomme Sulia Saptati^, c'est-à-dire les
Soixante et dix Contes du perroquet.
Haïdarî écrivit le Totâ Kahâni en 1 2 1 5 de l'hégire
(i8oi de J. C). Il a été imprimé plusieurs fois à Cal-
cutta. On en avait commencé une édition en 1802 pour
l'Hindee Manual; mais il n'en a paru que quatre pages.
Il y a d'autres traductions hindoustani de cet ouvrage.
Celle^ qu'on conservait en manuscrit au collège de Fort-
William est sans doute une copie ou peut-être l'origi-
nal de l'imprimé^-, mais il y en a une autre, proba-
blement différente, dans la bibliothèque du Nizâm :
elle est intitulée, comme en persan, Tûiî-nâma. Il y a
aussi un Tûti-nâma en urdû à la bibliothèque royale de
Berlin.
2° Une traduction hindoustani en prose, entremêlée
de quelques vers , du roman persan d'Hâtim Tdi, dont
mon honorable ami M. Duncan Forbes a donné une
traduction anglaise. Elle porte ce titre : Arâïscli-i mali-
jil, ou l'Ornement de l'assemblée. Ce travail, exécuté
en 1216 de l'hégire (1801 de J. C), dans la qua-
rante-troisième année du règne de Schâh Alam , a été
publié^ in-fol. à Calcutta, en i8o3, parle munschî
^^ HïïfrT
1
' ^«..lo X^aS histoire du perroquet. Un ouvrage portant ce dernier
titre a été rédigé par Hasrat. Voyez l'article consacré à cet écrivain.
' Je doute qu on ait achevé Timpression de cet ouvrage. L'exemplaire
que j'en possède ne va que jusqu'à la page 56.
208 BIOGRAPHIE
Giidrat ullah. Ce n'est point une traduction servile, c'est
plutôt une imitation. Les Orientaux ont trop d'imagi-
nation pour être de simples traducteurs. En général
tous les ouvrages hindoustani qu'on dit traduits du
persan peuvent être considérés comme des ouvrages
originaux sur un sujet déjà traité. Ainsi, le Hâtim Taï
de Haïdarî est un roman différent du persan , quoique
sur le même sujet-, je n'en donnerai pas cependant
l'analyse dans mon second volume , parce qu'on ne peut
guère analyser un ouvrage où sont accumulées tant d'a-
ventures diverses, et que d'ailleurs il est douteux que
le lecteur em"opéen y trouvât beaucoup d'intérêt.
Le vizir du Nizâm possède une liistoii^e de Hâtim
Taï en hindoustani, intitulée Qiiissa-i Hâtim. Jignore
si c'est celle dont je parle ici.
3° Le Gul-i Tiiagjîrat \ c'est-à-dire la Rose du pardon ,
ouvrage en vers et en prose sur les principaux martyrs
musulmans, depuis Mahomet jusqu'à Huçaïn. Cet ou-
vrage est proprement une traduction du Rauzat usch-
schuada^, autrement dit Guhchan-i schaliidâii ^ c'est-à-
dire le Jardin des martyrs. Il fut exécuté en 1227 de
l'hégire (1811); Haïdarî le fit d'après le désir du maulawî
Saïyid Huçaïn Ah Jaunpurî. Il est parlé , dans cet ou-
vrage, de Mahomet, de Fatime, d'Ah, de son fds Haçan;
ensuite de Muslim, de ses fds, de Hurr, martyr de
Karbala, de Cacîm fds de Haçan, d'Abbàs Ali le porte-
ET BIBLIOGRAPHIE. 209
drapeau, d'Alî Akbar et d'Alî Asgar, enfin de Huçaïn.
Les chapitres additionnels roulent aussi sur ce dernier.
Il paraît que cet ouvrage est aussi désigné sous le
titre de Dali Majlis ^, les Dix Séances ; il y en a néan-
moins douze, et quatre chapitres additionnels.
li° Le Gnlzâr-i dânisch^, ou le Jardin de la science,
traduction en prose du Bahâr Danisch.
5° Le TarUih-i NâdirP, ou Histoire de Nadir Schâli.
C'est une traduction de l'histoire de Nadir Schâh, écrite
en persan par Muhammad Mahdî, la même que Sir
W. Jones a publiée en anglais.
6° Je pense que c'est le même Haïdar Bakhsch qui
a rédigé un abrégé du Schâh-nâma en hindoustani, ou-
vrage dont on conserve un exemplaire manuscrit dans
la bibliothèque du collège de Fort-\A illiam , qui fait
actuellement partie de celle de la Société asiatique de
Calcutta.
7° Un masnawî intitulé Haft Paîkar ^, ou les Sept
Images, roman qui roule apparemment sur le même
sujet que l'ouvrage célèbre de Nizâmî, qui porte le
même titre. Il y a aussi un exemplaire de ce dernier
ouvrage à la bibliothèque de la Société asiatique de
Calcutta.
H y a un roman en vers dakhnî dont le sujet, je
' imJ^ û:> . Il y a un manuscrit ainsi intitulé dans la bibliothèque
du collège de Fort-William, à Calcutta. C'est probablement l'ouvrage
de Haïdarî.
^ (SJ^^ ^J^' ^^y^'^ Annals of the collège of Fort-lVilUam, p, 3Zç).
>>^
I. l/,
•210 BIOGRAPHIE
pense, est le même. Ce masnawî intitule Qiiùsa-i Bah-
ram o GnJàndàm ^ Histoii'e de Bahram et de Gulàndàm,
est dédié à l'infortuné sultan Abù'llmçaïn. dernier roi
de Golconde. qui fut vaincu et fait prisonnier pai' Au-
rano[-zeb. en i 68".
Je pense que c'est le même dont feu \\ . Priée de
\\ orcester a donné dis. pages dans sa GrammaiiT hin-
doustani. Seulement il pai'ait que le manuscrit dont il
s'est servi portait le titre de Oaissa-i Bahram Haft Hi-
hàrat. Histoire de Baluam. ou les Sept Récits -.
HAIF ;CHIRAG ALI).
Mir Cliii\àg Ali Haït "\ disciple de Mir Scher Ali
Afsos. est mi poète hindoustani qui se distingucdt par
son esprit et par sa modestie. Il est mentionné pai^
Mushafi dans sa bibliographie, et par Béni Naràvan
dans son Anthologie. Ce dernier cite de lui mi gazai
erotique très-gracieux.
HAIF MOTI LAL).
Moti Lai Haîf. fils de Làla Bat-sen . de la tribu des
' ^«'»XJ^Vo , ^^\y^ Xk£j. Le poète persan Kàtibi a aussi écrit
GQ roman sur le même sujet et portant le même titre.
- Le héros de ce roman est Bahràm-gùr, fils d"l ezdegerd , roi de
Perse, de la d^Tiaslie des Sassanides, lequel, après avoir signalé son
règne par de grandes conquêtes et des actions d'une bravoure surpre-
nante , finit misérablement sa vie dans un fossé où son ardeur pour la
chasse lavait précipite. Gulàndàm était une princesse indienne.
' ■_* 1-^ méchanceté, oppression.
ET BIBLIOGRAPHIE. 211
Kâyatli \ était disciple de Mîr Soz. 11 résidait à Lakh-
nau en 1196 de l'hégii'e (1781-82). Ali Ibrahim en
cite plusieurs vers qui annoncent du talent pour la
poésie.
HAIRAA.
» Mir Haïdar Ali Haïran^, de Delili, fut du nombre
des disciples de Raé Lâla Sarb-sukh Diwâna ^. C'est un
écrivain hindoustani dont les vers sont tellement ap-
préciés qu'on les cite comme des proverbes. Rétait mi-
litaire; il se distinguait par son esprit et par l'éloquence
de son langage. A l'époque où Ali IbrâMm écrivait sa
biographie, c'est-à-dire en 1781-82 , il résidait à Lakh-
nau, où Mushafî, qui écrivait en 1 ygS, l'avait vu. Béni
Naràyan nous apprend qu'il v mourut. Le même bio-
graphe nous fait connaître de lui un élégant gazai.
HAÏRAI (BACA ULLAH).
Hàfiz Bacâ ullah Haïràn est un poëte hindoustani,
probablement moderne , dont Mannù Làl cite des vers
dans son Guldasta-i nischât. \ oici la traduction d'un de
ces vers :
Il n'est pas nécessaire de traiter avec cérémonie Haïràn après sa
mort. 11 ne demande sur ses os qu une poignée de terre.
' Tribu d'Hindous de la caste des Soudra.
■ (jij-y^ (tonné.
' Voyez l'article consacré à cet écrivain.
a.
212 BIOGRAPHIE
HAIRAT\
Mîr Murâd Alî Haïrat naquit à Murâdâbâd, Il a fait
des vers hindoustani remarquables par la pureté du
style. 11 mourut peu de temps avant l'époque où
Mushafî écrivait sa biographie.
HAIRAT (JAFAR ALI).
Poëte hindoustani dont Mannû Lâl cite plusieurs
vers dans sa rhétorique pratique intitulée Galdasta-i
niscliat. Voici la traduction d'un de ces vers :
Crains ce soupir brûlant qui s'échappe de mon cœur. Quoi-
qu'il ne produise en ce moment aucun effet sur toi, il pourra
devenir aussi poignant qu'une flèche aiguë.
HAJI WALL
Auteur du Pirtam-nâmali-, ouvrage dont il existe
un manuscrit dans la bibliothèque du raja Chandû Lâl
Maharaja Balladur, de Haïderàbâd. Le mot Pirtam est
dakhnî ^ et signifie monde. Ce titre semblerait donc in-
diquer un ouvrage sur le monde, mais probablement
mystique plutôt que géographique.
' ^::^y./fS^ étonnement.
^ Cependant cet ouvrage est cité comme urdû dans la liste que
M. Stewart, résident anglais à Haïderàbâd , a eu la bonté de m'envoyer.
ET BIBLIOGRAPHIE. 213
HAJJAM,
Inâyat ullah Hajjâm ^ naquit dans le village de Saha-
rânpùr^. Il résida longtemps à Dehli, où il exerça
le métier de barbier, mais d'une manière distinguée,
et non pas en parcourant les marchés comme ses con-
frères ^. Il écrivait avec goût, et ses poésies sont, dit
Mushafî dans sa biographie , pleines de pensées plus
délicates qu'un cheveu. Il obtint le suftrage de toutes
les sociétés littéraires de Dehli , et y fut souvent couvert
d'applaudissements. Dans le macta, ou le dernier vers
de chacun de ses gazai, il vante la nécessité de son
état d'une manière fort spirituelle, faite pour charmer
les auditeurs ou les lecteurs. Chacun l'aimait à Dehli,
grands et petits. Il était flatté d'être élève de Mirza Rafî
Saudâ. Une autre chose dont il se faisait gloire, c'était
d'être entré dans la famille spirituelle nommée Chis-
cliti *, et d'y avoir été admis par le maulawî Fakhr uddîn
Sâhib. Pendant la vie de ce saint personnage , il le rasait
et lui teimait la barbe le mardi et le vendredi. C'est
depuis l'époque où il connut ce vertueux Musulman,
que Hajjâm endossa la robe et le turban des cheikhs. A
cause de cela on le nommait Schah-ji ^ dans son quar-
tier. Il assistait fréquemment aux réunions pieuses des
1
»l^ harhier et chimrcjien, à la lettre, poseur de ventouses.
^ Ville et district de la province de Debli.
' Dans tout TOrient il v a des barbiers ambulants.
* Voyez mon Mémoire sur la relujion musulmane dans l'Inde, pag. 22.
' Cest-à-dire Se'ujneur schâh ou roi. Voyez, sur celte dénomination, le
Mémoire que je viens de citer, pag. 2 1 .
2U BIOGRAPHIE
contemplatifs de son ordre, et restait habituellement
dans lem^ société.
Musbafi le connaissait depuis longtemps à l'époqiie
où il écrivait sabiographie. Hajjàm avait alors (en i ygS )
environ trente-cinq ans , et il y avait six ans qu'il était
à Dehli. Voici la traduction de quelques vers de lui :
Je me pKopose de faire un jour ceUe demande à tes yeux :
Pourquoi ne vivifient-ils pas ceux qu'ils ont rendus malades ? Mais
n'allons pas dans la rue de cette agaçante beauté; attendons le
jour où ses armes redoutables seront affaiblies.
Il vaut mieux être barbier comme moi, que d'être cette jeune
bayadère dont tout le mérite consiste dans la fraîcheur des joues,
fraîcheur que le temps détruit si promptement
Malgré l'ordre qu'elle me donne avec dédain de me retirer,
je reste dans le chemin où elle doit passer, dans l'espoir que
son palefroi, comme le chameau de Laila, fasse un faux pas et
me donne le temps de l'approcher
HAKIM.
Muhammad Schâh Khân Hakîm, poëte hindoustani,
prit d'abord le takhallus de Niçâr, puis il le changea en
celui de Hakim^. Il était fils de Muhammad Scharîf
Khân. Il commandait mille Sipâhi. C'était, dit Mushafî,
un jeune homme spirituel et aimable, mais passionné
et malheureux par suite de son caractère trop sensible.
Il assistait aux réunions littéraires que Mushafî tenait
à Dehli. Il fit avec lui le voyage de Lakhnau dans la
même caravane. Il retourna ensuite à Dehh, puis il re-
vint à Lakhnau. Il était habile dans l'histoire, la méde-
' ^^^jSom- sa<jr , médecin.
ET BIBLIOGRAPHIE. 215
cine et la musicpie. Il était, pour la poésie, élève de
Mîr Dard. Ses poëmes roulent principalement sur l'a-
mour.
HAMDAM.
Hamdam ^ , d'Azîmâbâd ( Patna ) , était fils de Mîr
Muhammad Haïyât Hasrat. A l'époque oii écrivait
Ibrahim, il habitait Murschidàbâd , et pouvait consul-
ter Cudrat et d'autres poètes distingués qui résidaient
dans cette ville. Ses poésies sont estimées de ses
compatriotes. Elles sont réunies en un diwân dont il
existe entre autres un manuscrit dans la bibliothèque
du premier vizir du Nizâm d'Haïderâbâd.
HAMID.
Mîr Hâmid^ vivait à Lakhnau à l'époque où écrivait
Ibrâliîm, et il était au nombre des disciples spirituels
de Mîr Nacîr, qui remplaça le défunt Khâjâ Bâcit. Il
était plein de bonnes qualités , faisait profession d'indé-
pendance religieuse, et était passionné pour la poésie
hindoustani, dans laquelle il obtint cpielques succès.
HAMID UDDIN.
Saiyid Hamîd uddîn ^ Bihari, c'est-à-dire de la pro-
' ^,^)y^ compacjiwn, etc.
■ iX^l.^ , participe présent de la racine arabe *Xj^ louer. Ce mot
signifie spécialement celui qui célèbre les louanges de Dieu.
' , w>«^vjl <Xa.^ le loué de la riTicjion.
216 BIOGRAPHIE
vince de l'Inde nommée Bihàr, est autem^ d'un ouvrage
en prose intitulé Klidn-i nimat ^ la Table de la faveur.
Jignore le sujet de ce livre, dont la bibliothèque de la
Société asiatique du Bengale possède un exemplaire.
HAOUIOUAT.
Saïyid et Mîr Schàh Huçaïn Kliàn Haquîquat- fut dis-
ciple de Jurât. Ses ancêtres étaient de Balkh. Quant à
lui, il naquit à Delili, et à l'âge de discrétion il vint
à Lakhnau. Ce fut, disons-nous, sous Jurât qu'il étudia
l'art de la poésie, et il écrivait souvent les vers de son
maître, qui étant aveugle, ne pouvait le faire lui-même.
Imàm Baklisch Khàn, du Cachemire, qui s'occupait
d'une anthologie , demanda à Jurât de lui procurer quel-
qu'un qui put le seconder dans ses travaux. Jurât lui
procura Haquîquat, et rendit ainsi service à l'un et à
l'autre; mais Imam Bakhsch femploya à transcrire un
tazkira qu'il avait copie en partie d'un ouvrage pareil
de ]\Iushafî. Selon le dire de ce dernier, Imàm Baklisch
lui avait emprunté des caliiers du brouillon du tazkira
dont il s'occupait à la même époque , et il y prit tout à
son aise les fragments qui lui plurent et que Mushafi
avait eu beaucoup de peine à recueillir. Ce dernier se
plaint amèrement de cet abus de confiance à farticle
consacré à Haquiquat, et il donne à ce sujet un quita
( quatrain ) hindoustani que termine un vers du célèbre
(.jajUa^ renie, récit.
ET BIBLIOGRAPHIE. 217
poëte persan Nizamî. Voici la traduction de cette petite
pièce :
Tout le monde sait que le tazkira de Mushafî est depuis
longtemps célèbre. Eh bien, le tazkira que Haquîquat [vérité) a
écrit, il l'a en vérité pillé de Mushafi. Peu importe, du reste;
quand même tu allumerais cent lampes aussi brillantes que la
lune, elles ne seraient pour le soleil qu'une tache noire.
On doit à cet écrivain hindoustani un ouvrage en
prose entremêlée de vers , et intitulé Jazb-i iscluj \ ou
l'Attraction de l'amour. Il fut témoin de l'événement
qui fait le sujet de cette composition. Cet événement
se passa en 120/1(1789-90), à Simarî, qiii est à la
distance d'un pargana de Bindràban , et Mîr Huçaïn en
écrivit la relation en 1 2 1 1 (1 796-97 ). Son ouvrage se
trouve parmi les manuscrits du collège de Fort-William ,
qui appartiennent aujourd'hui à la Société asiatique
de Calcutta. La troisième copie - de cet ouvrage , copie
que je possède dans ma collection particulière, fut faite
par l'auteur lui-même, en 1212 (1797-98), pendant
qu'il était au camp de Fatbgarh, attaché, probablement
en qualité de munsclii, au docteur Henderson. Cette
copie était destinée à être offerte en cadeau à M. Robert
Francis.
Après les louanges du Créateur, féloge de Mahomet
et une citation des premiers vers du charmant poëme
de Mîr, intitulé Schuala-i isclic ^, l'auteur entre en ma-
- Dans cette troisième copie il est question d'une quatriônic copie l'aile
pour un capitaine Augustin.
" Voyez le texte et la traduclion de ce morceau dans les Aventures de
Kanirùp , pag. 186.
218 BIOGRAPHIE
tière. Nous donnerons dans le second volume de cet
ouvrage l'analyse de cette nouvelle qui occupe 1 38 pages
petit in-/!!"-
HARINATH.
Harînath-jî ^ est auteur du PotM ScMh Muhammad
SchahV% c'est-à-dire Histoire de Muhammad Schâh, dont
on conserve une copie manuscrite au British Muséum,
sous le n° 665i E, additional manuscripts.
HASCHIMl
Poëte hindoustani dont Mîr, dans sa biograpliie, cite
seulement le nom et un vers qui semblerait prouver
qu'il a écrit dans le Décan.
HASGHIMI'.
Mir Hàschimî est un des disciples de Saudà. Il a
formé dans l'Inde une sorte d'école appelée l'école mo-
derne, ou le nouveau style, par opposition à celui des
écrivains hindoustani qui l'ont précédé. Mushafi, qui
l'avait vu à Lakhnau, dit qu'à l'époque oîi il écrivait
' <^*|«iiH le seigneur Harî [\Yisch.nou).
' Tftrft SJT^ H^ii^K 5ÏÏ^
■^ M:j\jb (jènéreax , nom propre du père d'^Uxl ulinulallib, père d'Ab-
bas, oncle de Maboniet.
* ^^i,\jb Haschèmite , descendant d'Abd ulmutallib, père d'Abbas.
Voyez la Chrest. ar. de feu le baron Silvestre de Sacy, 2" édit. t. I , p. 36.
ET BIBLIOGRAPHIE. "219
son tazkira (en 1793-96), il avait probablement plus
de soixante ans. On en cite, dans les biographies ori-
ginales, des vers fort éloquents.
HASRAT (JAFAR ALI).
Mirza Jafar Alî HasratS fils de Mirzâ Abulkhaïr,
pharmacien à Lakhnau, devant la porte d'Akbar, était
professeur de littérature et poëte distingué. On lui doit
un diwân, des gazai détachés et beaucoup de cacîdah;
on le considère comme un des meilleurs poètes de
Lakhnau. La plupart des jeunes poètes qui habitaient
cette ville du temps qu'Alî Ibrahim écrivait sa biogra-
phie , furent les disciples de Hasrat. Mushafî le vit à
Lakhnau, dans des réunions littéraires , et il dit de lui,
dans son tazkira, que c'était an jeune homme aimable,
doux et spirituel. Il fut quelcpe temps employé chez
Mirzâ Jahândâr Schâh. A la mort de son père il quitta
le service de ce grand personnage, et tint lui-même
la boutique de pharmacien. Mais tout à coup il renonça
au monde, endossa le froc des derviches et se retira
dans l'angle de la solitude, ce qui n'empêcha pas que
les poètes de ce pays ne le reconnussent toujours pour
lem- maître. Il consultait lui-même sur ses vers Raé
Sarb-sukh Diwâna. Lutf nous apprend qu'il habitait
Dehli , apparemment en dernier lieu , et qu'il mourut
en 1210 de l'hégire (1795-96), ou, comme il le dit,
qu'il ferma la boutique de l'existence pour aller dans
le bazar de la mort. Toutefois on trouve dans les
^J'
soupir, etc.
220 BIOGRAPHIE
kulliyât de Jurât, qui fut son disciple, un tarîkh qui
fixe sa mort à l'année de l'hégire 1206 (1791-1792
de J. C). Bénî Narâyan en cite cinq gazai et un long
mukhammas. Je me contenterai de donner la traduc-
tion d'un gazai :
Ne touche pas mon pouls , ô divin médecin ! si ta main s'ap-
plique sur la mienne, je suis mort. Hélas ! telle est ma manière
d'être : si tu me touches, je suis mort. Je vivrai tant que je
resterai en désaccord avec mon amie ; mais souvenez-vous , ô mes
compagnons , que lorsque le papillon s'est réuni avec la bougie ,
il est mort. Enlevez-moi de sa rue , et vous verrez aussi , qu'éloigné
d'elle, je suis mort. Pour nous tous, harassés, l'hôtellerie est-
elle proche ? 0 triste sort ! le malheureux voyageur s'est épuisé
de fatigue, et il est mort. Ma vie affligée et agitée est venue à
la nuit sur mes lèvres. Aujourd'hui le poids du chagrin s'est
fait sentir dans mon cœur, et je suis mort. Si le messager ne
vient pas me donner les nouvelles que j'attends, qu'il sache que
j'ai compris , et que je suis mort. Va , crois-en Hasrat , n'attache
ton cœur à personne ; pour lui , il est allé se prendre dans le
dangereux filet de l'amour, et il y est mort.
HASRAT (MURAD ALI).
Murâd Ali Hasrat de Mouradâbâd est un poëte hin-
doustani qui vivait dans le siècle de Schâh Alam ; voilà
tout ce qu'en disent les biographes originaux; ils citent
de lui le vers suivant :
J'ai voulu me séparer un instant de la caravane; mais on m'a
laissé dans le désert, soit que le son de la cloche du départ n'ait
pas été assez fort, soit que mon oreille ne l'ait pas entendu.
Ce vers rappelle naturellement cet autre baït du
GuUstan de Saadi, qui a un charme particulier dans
l'original et dans la traduction urdû d'Afsos :
ET BIBLIOGRAPHIE. 221
Il est agréable de dormir au bord de la route , à l'ombre d'un
acacia , le jour du départ de la caravane ; mais il faut être décidé
à renoncer à la vie'.
HASRAT, DE DEHLI.
MîrMuhammadHaïyâtHasrat, deDehli^, est un poëte
hindoustani connu aussi sous le nom de Haïbat Calî-
khân. Il fut attaché pendant quelque temps au nabab
Schaukat-jâng, fils du nabâb Saulat-jâng, gouverneur
de Pûruya, dans le Bengale, et au nabâb Sirâj uddaula,
vice-roi du Bengale. Puis en i igS (1780-1781), il fut
un des officiers du nabâb Mubârak uddaula Mîr Mubâ-
rak Alî Khân, gouverneur du Bengale. Il mourut en
12x5 de l'hégire ( 1800-1801 de J. C. ). Il se distin-
guait par la justesse et la finesse de son esprit, et par
ses promptes reparties et ses à-propos. Il fut un des
disciples de Mirzâ Jân-Jânân Mazhar. Son diwân se
compose de près de deux mille vers. Alî Ihrâhîm , avec
qui il était lié, en cite dans son Gulzâr un bon nombre
que Hasrat avait choisis lui-même pour être placés
dans cette biographie anthologique.
Je pense que c'est à cet écrivain qu'on doit un roman
en vers urdû qui roule sur une légende que beaucoup
de poètes indiens ont exploitée , c'est-à-dire le Livre du
perroquet. L'ouvrage de Hasrat est intitulé Qaissa-i
Tûtî-nâma ^, Histoire de Tùtî-nâma. Il y en a un exem-
' Chap. II, hikâyat 12.
^ Selon Lutf, il était d'x\zîinâbà(l ou Patna.
222 BIOGRAPHIE
plaire à la bibliothèque de la Société asiatique de Cal-
cutta.
HATIF.
Mirzâ Muhammad Hâtifs est un poëte hindoustani
qui babitait Dehli à l'époque où Alî Ibrâliîm écrivait
son ouvrage, et qui y vivait à la manière des dervicbes.
Lorsque Mushafî était dans cette ville , Hâtif avait des
entrevues littéraires avec le fils du râja Ram Nâth. Ce
fut Miyân Sanâ ullah Kbân Firâc qui les avait engagés
à s'occuper ensemble de poésie. Avant l'époque où
Mushafî écrivait son tazkira , il avait entendu dire que
Hâtif était mort à Dehli.
HATIFT.
Poëte hindoustani dont Mîr Taquî cite le vers que
je rends ici en français :
La beauté de tes yeux et des boucles de tes cheveux a voué
le monde entier à l'infidélité. Que sont devenues la foi et la piété ?
où est l'abstinence et la dévotion?
HATIM.
Schaïkh Zuhûr uddîn, nommé Schâli Hâtim^, naquit
à Dehli. C'est un des auteurs hindoustani les plus cé-
' OCjUû antjc, voix du ciel.
^ /iouft , adjectif relatif dérivé du mot précédent.
oL^ libéral, nom propre d'un Arabe extrêmement célèbre par
sa générosité.
ET BIBLIOGRAPHIE. 223
ièbres. On dit que la date de sa naissance se tire de la
valeur numérique des lettres du mot zuhûr ^ ; ce mot
donne en effet l'année 1 1 1 1 de l'hégire , qui corres-
pond aux années de J. C. 1699-1700. Il était mili-
taire et des anciens Mîrzà de l'Hindoustan. Mushafî
rapporte qu'il a entendu dire que dans la seconde an-
née du règne de Muhammad Schâh, le diwân de Walî
étant parvenu à Dehli, et ses gazai ayant été retenus
par cœur et répétés par les grands et les petits, Hâtim
fut piqué d'émulation et se mit à faire des vers dans sa
langue maternelle, lesquels atteignirent un haut degré
de perfection. Ce personnage distingué assista souvent
aux réunions littéraires que tenait à Dehli Mushafî. Le
fait est que pendant toute sa vie il fut considéré comme
le premier poëte de son temps , et que ceux qui s'occu-
paient de poésie le reconnaissaient comme leur maître.
Lui-même il écrivit sur deux ou trois feuilles , en forme
de table, les noms de ceux qui avaient étudié sous lui
l'art des vers , et les mit en tête de son diwân , afin
que l'on connût le nombre de ses disciples. Parmi ces
noms se trouve celui de Mirzà Rafî Saudâ, qui est con-
sidéré comme le poëte hindoustani le plus distingué de
ce pays (le nord de l'Inde). Hâtim parvint à près de
cent ans (lunaires); il mourut à Dehli de 1791 à 1792.
Hâtim a écrit deux diwân ^, un très-obscur, à la
' j^Wrlà • Jfi pense que cet écrivain est le même que Mîr et Fath Alî
Huçaïnî nomment Mahammad Hâlim, qu'ils disent natif de Dehli, et dont
ils citent un bon nombre de vers.
* Il sera parlé à l'article sur Zakî d'un poëme sur la pipe, pccme dont
Hâtim est auteur.
22a BIOGRAPHIE
manière antique , et un autre selon le goût nouveau ' .
Alî Ibrahim cite de lui quatre pages de vers qu'il dit
avoir choisis parmi ses productions. De son côté Béni
Narâyan en donne un gazai dont voici la traduction :
Je sacrifierai ma vie à l'heure, que dis-je? à l'inslant où ma
bien-aimée viendra dans mon logis. Les beautés du monde ayant
vu ta face dans l'assemblée, sont restées silencieuses et stupé-
faites , au point qu'on dirait que ce sont des statues ou des au-
tomates. Le sommeil du repos ne viendra-t-il point à moi sur le
lit du chagrin , dont les coussins de velours ont été foulés par tes
pieds délicats ? Est-ce pour le bétel de tes lèvres , le missi
de ta bouche, le collyre de tes yeux que mon âme doit s'offrir en
holocauste ? Chère amie , l'âme de Hàtim vient à chaque instant
s'offrir en sacrifice pour ta démarche, ta forme, ta grâce, tes
boucles tortillées.
HAWAS.
Mirzâ Muhammad Taquî Khan Hawas^, fils du feu
nabàb Mirzâ Alî Khân, petit-fils par son père du nabab
Ishâc Khân, et gendre de Baliû Sahib, mère d'Açaf
uddaula ^, est un littérateur liindoustani distingué qui
habitait Lakhnau en 1 8 1 /i . Il est très-admiré dans l'Inde
pour la pureté et l'élégance de son style. On lui doit
plusieurs poëmes, et entre autres un roman en vers
liindoustani sur l'iiistoire des amours de Majnûn et
de Laïla, intitulé Qaissa-i Majnûn o Laila, légende
' Dans la bibliothèque du vizir du Nizàm il y a un volume intitulé
Dmân-i Hâlim. J'ignore si on n'y trouve qu'un seul des deux diwân cités
ici , ou s'ils y sont tous les deux.
^ (j*»»-^ désir, ambition , etc.
' Voyez l'article sur Khalîc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 225
pleine d'intérêt que plusieurs poètes musulmans ont
exploitée, particulièrement Jâmî, dont feu M. de Chézy
a traduit en français le charmant poëme. On conserve
un manuscrit de cet ouvrage dans la bibliothèque du
roi d'Aoude.
Bénî Narâyan cite dans son Anthologie onze gazai
de cet écrivain. Je me bornerai à donner la traduction
d'une de ces pièces :
Quoique j'eusse ressenti îa crainte de l'absence, dans funion
même avec mon amie, toutefois mon cœur sans repos éprouvait
quelque tranquillité. Pendant toute ma vie je suis troublé par
l'effervescence de l'amour : me plaindra-t-on du moins lorsque
je serai dans le tombeau ? Du cbemin que parcourait Caïs (Maj-
nûn) s'élevait un tourbillon de poussière, et l'agitation de son
cœur se manifestait même dans cette poussière . . . Non-seulement
les pierres ont été rougies par mes blessures , mon sang teignait
encore la pointe de chaque épine. Aujourd'hui mon oreiller est
une pierre, et mon lit la terre, mais en aucun temps ai-je été
(comme Majnûn) dans les bras de ma bien-aimée? Je craignais
ses caprices, et pour cela je n'osais m' avancer dans son amitié. . .
Mes larmes coulent avec une telle abondance qu'on n'en vit ja-
mais de pareille dans les pluies du printemps. Comme j'avais
toujours en mon cœur l'image de mon amie, l'espérance me
donnait un avant-goût de funion. Ne vantez pas le temps de ceux
qui nous ont précédés : dans ce temps-là il y avait précisément
le même chagrin et la même douleur que nous ressentons. Le
cœur de Hawas est à présent le séjour du chagrin par l'effet de ta
venue; mais quoi! la joie a-t-elle jamais passé dans celle contrée?
HAZIN\
Mushafi dit seulement que ce poctc vécut sous
' {;V?V*» triste.
1. i5
226 BIOGRAPHIE
Muhammad Schâh. Il en cite ensuite trois vers qu'il
avait entendu réciter. En voici la traduction :
Je n'ai aucun avantage à aimer cet infidèle ; je ne puis pas
même atteindre ses pieds. — Le jardin a été tellement dévasté
parle vent de l'automne, que si je voulais me brûler pour perdre
la vie, je ne trouverais pas même de broussailles. — Comment
en ce temps la rose ne déchirerait-elle pas son collet, puisque le
printemps se retire? 0 Hazîn! les soupirs ne sont pas suffisants.
HAZIN (ABU'LRHAIR).
Abû'lkhaïr Hazîn, de Delili, est un poëte hindi à qui
on doit entre autres un j oli gazai cité par Bénî Narâyan ,
pièce dont je joins ici la traduction :
C'est à la rose qu'il faut demander ce que c'est que la beauté ,
au rossignol qu'il faut demander des nouvelles de l'agitation des
amants. C'est au nard qu'il faut demander quelle est la nature
de ces boucles qui font sur moi une impression si profonde. Le
sourire des belles est agréable aux buveurs ; il faut demander au
vin ce que c'est que le délire qui en résulte. Les habitants du
Cachemire et d'Ispahân jouissent toujours de la vie; mais il faut
demander au Caboul ce que c'est que les plaisirs de l'Inde. On
nomme Hazîn ( triste) Abû'lkliaïr, et cependant il est Saudâ
( folie ^ ) ; il faut demander aux boucles de cheveux de son amie
le remède à cette maladie.
HAZIN (BAQUIR).
Mîr Muhammad Baquîr Hazîn, de Dehli, fut un
des disciples de Mirzâ Jân-Janân Mazhar. H quitta Dehli
' C'est-à-dire, il mérite d'êlre nommé folie comme le cclébic poète
surnommé Saiidà.
ET BIBLIOGRAPHIE. 227
et vint habiter le Bengale, et notamment Azîmâbâd, où
il mourut. Il était lié avec Ali Ibrahim, à qui on doit
la biograpliie hindoustani intitulée Galzâr-i Ihrâliim. Il
est auteiu: de cacîdah et d'un diwân dont un grand
nombre de vers sont cités dans les biographies origi-
nales. Il est considéré par les natifs comme un écrivain
hindoustani fort distingué.
'»"
HAZIN (MUHAMMAD).
Le schaïkh Muliammad Ali Hazîn^ est un personnage
célèbre par sa science et par sa piété, qui naquit à
Ispahân en 1692, et qui alla habiter l'Hindoustân sous
le règne de Muhammad Schâh. Il mourut à Bénarès en
1766-1767. J'en ai parlé dans mon Mémoire sur la
religion musulmane dans l'Inde, pag. 1 1 2 et suiv. Il est
auteur de plusieurs ouvrages rédigés en persan, entre
autres, d'intéressants mémoires qui ont été traduits en
anglais par M. Belfour, d'un sâqui-nâma, de contes et de
plusieurs diwân dont la réunion forme un épais volume
Il a aussi laissé des vers hindoustani; Mannû Lâl en
cite quelques-uns dans son Guldasta-i nischat.
HENGA.
Mîr Hengâ^, de Dehli, est compté parmi les poètes
' Surnommé G uildni ou du Guilàn. Voyez la raison de ce cotjnomen
dans mon Mémoire sur la relirjton musulmane dans l'Inde, pag. i i 3.
" IXAAiÛ hersr.
i5.
228 BIOGRAPHIE
hindoustani. On raconte qu'il devint amoureux d'une
jeune personne, et que ses rivaux le tuèrent par envie.
Alî Ibrahim cite de lui un rubâyî dans son Gulzâr.
HIDAYAT.
Miyân ou Scliaïkh Hidâyat ullah ^, de Dehli , prit pour
takliailus le mot Hidâyat ^ , qui est la première partie
de son nom honorifique. Il fut l'ami, le disciple et l'ad-
mirateur du khâja Mir Dard. Il a écrit entre autres
un poëme masnawî très-estimé sur la description de
Bénarès. Il est aussi auteur d'un divvân hindoustani cpii
n'est pas très-étendu, mais qni jouit d'une grande es-
time. Mushafî fait l'éloge de ses qualités morales et
intellectuelles, et il dit que ses vers sont très-éloquents.
Mîr, qui l'avait connu , loue beaucoup aussi la noblesse
de son caractère : il nous apprend cp.i'il était très-mo-
deste, quoiqu'il fût doué d'un grand talent poétique.
On le considère en eflet comme un des meilleurs poètes
urdû de fancienne école ^. Il vivait encore en lygS-
1794*, mais il avait plus de soixante ans. Ali Ibrahim
cite dans sa biographie sept pages de ses vers.
HIDAYAT (ALI).
Hidâyat Alî était contemporain du schaïkh Farhat
ullah. Voilà tout ce qu'en dit Ali Ibrahim, le seul des
' Mushafî le nomme simplement Hidâyat Khân.
* Ocj!«Xi5 direction.
" J'ai dit ailleurs ce qu'il faut entendre pnr cette expression.
ET BIBLIOGRAPHIE. 229
biographes originaux qui en parle, si ce n'est qu'il en
cite un vers.
HISCHMAT (MUHAMMAD ALI).
Muhammad Ali Hischmat ^ , ami , et selon quelques-
uns , maître de Mîr Abd ulhaïyî Tàbân , fut célèbre par
son talent poétique et par son courage. Il accompagna
à Murâdâbâd Cutb uddîn Khân, qui faisait la guerre
aux fils de Muhammad Ali Kliân Rohilla , et il mourut
en brave dans cette campagne. Il excellait dans la poésie
hindoustani. Alî Ibrahim, à qui j'emprunte ces détails,
n'en donne que deux vers, les mêmes qui sont cités
dans la biographie de Mîr. Ce dernier dit que Hischmat
était disciple de Ganî Beg GubûP, et qu'il aimait à
soutenir des discussions en vers avec d'autres gens de
lettres, discussions dans lesquelles il trouvait toujours
des reparties heureuses.
HISCHMAT, DE DEHLL
Mîr ou Saïyid Muhtascliam Alî Khân , de Dehli , était
originaire du Badakhschân. Il prit pour surnom poé-
tique le mot Hischmat, emprunté à la même racine
arabe que son nom honorifique. Il était fils de Mîr Bâquî
et frère cadet de Mîr Wilâyat^ ullah Khân. Il descendait
' c:i^.fw^&» honneur, nom d'action de la racine arabe ,c<v^«- , de la-
quelle dérive, à la 8" forme, le participe passé xûJCai honoré, etc.
^ Voyez l'article consacré à cet écrivain.
' Poëte distingué dont il sera question plus loin.
230 BIOGRAPHIE
réellement de Mahomet. Il était militaire, et se dis-
tinguait par la finesse de son esprit et par sa fertile
imagination. Il était, du reste, très-bon et très-doux.
On le considère comme un des meilleurs écrivains
Iiindoustani de Dehli. Outre les poésies hindoustani
qu'il a laissées, il a fait aussi beaucoup de vers persans
qui ont été réunis en diwân et qui sont pleins de pen-
sées neuves heureusement exprimées. Il quitta Dehli et
alla habiter Mugalpûra, où il vivait dans la retraite. Il
avait connu Mîr, à qui il témoignait beaucoup d'amitié.
Il mourut sous le règne de Muhammad Schâh.
HOSCH\
Elégant écrivain, disciple de Mîr Soz. Mushafî, qui
nous le fait connaître, en cite un court gazai.
HUCAINI (BAHADUR ALI).
Mîr Balladur Alî Huçaïnî ^ est un écrivain hindous-
tani très-estimé. Il est auteur : i° d'une imitation du
Sihr ulhaYan, masnawî du célèbre Hacan sur l'histoire
de Bénazir et de Badr-i munir, laquelle a été imprimée
à Calcutta en 12 ly de l'hégire (1802), parles soins
du docteur Gilchrist, après avoir été revue par Mîr
' (Aj^ intelligence, jucj entent.
^ ^^yç»*fc=s. Huçaînicn, descendant de Huraïn, de la classe des Saïd de
Huçaïn. Il paraît que le takhallus de cet écrivain est aussi Mîr, car Afsos,
dans l'épilogue de sa traduction du Galistan, toni. II,pag. 2/11 ,1e nomme
Mir Balladur AU Mir.
ET BIBLIOGRAPHIE. 231
Scher Aiî Afsos. Cet ouvrage est intitulé Nasr-i Bénazîr^,
c'est-à-dire Prose de Bénazîr, nom du héros du Silir
ulbayân; il est toutefois entremêlé de vers 2. On en avait
commencé une édition à Calcutta, en 1802, édition
qui devait faire partie du Hindee Manual; mais il n'en
a paru que /i8 pages. La seconde édition a vu le jour
à Calcutta en i8o3, in-/i°.
2° D'un Riçâla ou traité sur la grammaire hindous-
tani intitulé Caivâïd-i Hindi ou Cawâïd-i urdû ^, c'est-à-
dire Règles de la langue hindoustani, prétendu abrégé
de la grammaire de Gilchrist; car il a été imprimé à
Calcutta * sous le titre de Gilchrist urdu Riçâla [Gilchrist
oordoo Risala), Traité de Gilchrist sur la langue urdû,
puis lithographie sous le titre de Riçala-i Gilchrist.
Afsos en a donné un extrait en tête de sa traduction
du Galistan en hindoustani ^.
^ J'ai, dans ma collection particulière, une histoire manuscrite en
prose de Bénazir, dont la rédaction est différente.. C est un in-8° de i3o
à i4o pages.
' ^<<XÀ^ *X*!fcj> ou «iijl . Ce titre seul indique bien qu'il ne s'agit,
dans cet ouvrage, que de Thindoustani du nord. Muhammad Haniid,
grammairien distingué, qui habite Madras, a témoigné par la voie du
journal hindoustani qui se publiait dans cette ville sous le titre de
Mirât ulalîhbâr, le désir de rédiger une grammaire hindoustani pour le
dialecte du Décan, celles de Gilchrist et de Shakespear étant défectueuses
sous ce point de vue , et celle de Stewart ( Introduction ta the stadj of
ihe Hindoostanee lancjuage as spohen in the Carnatic ) étant trop concise et
d'ailleurs épuisée depuis longtemps. J'ignore si le gouvernement local
a encouragé ce travail et s'il a été fait.
' Aux frais du Calcutta school book Society, en 1 820 , in-8°, tiré à 2000
exemplaires.
* Voyez-en mon analyse dans le numéro de janvier i838 du Journal
asiatique.
232 BIOGRAPHIE
3° De la traduction en hindoustani de ÏHitopadeça,
sous le titre de Akhlâqii-i Hindi ^ c'est-à-dire l'Éthique
indienne, qu'il rédigea en 1217 (1802), d'après une
version persane faite par ordre du schâh Nâcir uddîn,
nabâb du Bihâr, et intitulée M«/arn7iu/caZ«6-. Des exem-
plaires manuscrits de la version de Huçaïnî portent le
même titre, qui signifie Ce cjiii réjouit les cœurs. On
en trouve efiectivement dans les riches bibhothèques
de ÏEast-India House, du British Muséum et ailleurs. La
traduction hindoustani a été imprimée à Calcutta en
i8o3, réimprimée à Madras et lithographiée en partie
à Londres, en 1828, par feu S. Arnot. On trouve un
extrait de cette traduction dans les Hindee and Hindoos-
tanee Sélections de Tarini Charan Mitr et W. Priée de
Calcutta,
Il y a plusieurs autres traductions hindoustani de cet
ouvrage. M. D. Forbes, professeur au King's Collège de
Londres, possède un exemplaire manuscrit d'une tra-
duction tout à fait différente de celle de Bahâdur Ali.
Elle est très-littérale et paraît avoir été rédigée dans le
Bengale. Malheureusement il n'y a pas de nom d'auteur.
C'est un in-8° de 26/1 pages.
On avait annoncé comme étant sous presse , à Cal-
cutta, en i8o3^, une version de VHitopadeça en pur
* (^«XÀiÛ Hk^Xj^t or Indian Ethics, a Hindoostanee Translation of the
Hitopadesa or salutary counsel , under the superintendence of U^ Gilchrist .
in-4°, Calcutta, i8o3.
^ t-jjAiJî ^yJu9. Dans Straker's Catalogue, i836, n° 297 , il est dit
que cette traduction persane fut faite sur l'hindoustani par Tâj ulmélikî.
' Primitiw Orientales, tom. III, pag. 53.
ET BIBLIOGRAPHIE. 235
hindouî. J'ignore si c'est la môme dont la Société
asiatique de Calcutta possède un exemplaire. Elle est
indiquée dans le Journal de la Société asiatique du Ben-
gale ^ sous ce titre : Hitopadesi, ivitli a Hindee Translation
made hy a pundit of tlie raja of Bliartpur. J'ai aussi dans
ma collection particulière un exemplaire manuscrit de
VHitopadeça en sanscrit, accompagné d'une traduction
hindouî, sloka par sloka. C'est un petit in-folio très-
bien écrit, en caractères dévanagari.
à° Huçainî est aussi auteur d'une traduction de
l'Histoire d'Assam, intitulée Tarjama-i târihli-i Ascliâni^,
travail qu'il rédigea en i8o5, d'après l'invitation du
savant indianiste H. T. Colebrooke. L'original de cette
intéressante histoire a été écrit sous le règne d'Aurang-
zeb, par Walî Alimad Schahâb uddîn Tâlisch. Cette
traduction est le plus important des ouvrages de Hu-
çaïnî. J'en ai un manuscrit que je dois à la généreuse
obligeance de M. J. Prinsep, secrétaire de la Société
asiatique du Bengale. Il a été copié sur le manuscrit
de la Société asiatique , lequel provient de la biblio-
thèque du collège de Fort-William. Je reviendrai sur
cet ouvrage dans mon second volume.
Huçaïnî a coopéré aux ouvrages suivants :
1° A Y Oriental Fahulist, traduction liindoustani , etc.
des Fables d'Esope et autres auteurs, publiée par le
docteur Gilchrist.
' Année i835, pag. 55.
' ^/*Ui) -f-jlï AiJ^ ; Toriginal est intitulé ^^Lw\ d)X« j^jlj
Histoire du royaume d'Assam.
254 BIOGRAPHIE
2° A une traduction du Coran en hindoustani. Parmi
les autres collaborateurs de cette version , on compte
entre autres Kâzim Ali Jawân.
Huçaïnî est le père du saïyid Abd ullab^, éditeur du
Coran hindoustani d'Abd ulcàdir, imprimé à Calcutta
en 1829.
HUWAIDA.
Mîr Muhammad AzamHuwaïda-, frère de Mîr Muham-
mad Maçûm, de Delili, est auteur de beaucoup de mar-
ciya sur l'imam Huçaïn; mais la plupart de ses poésies
sont écrites en persan, parce qu'il partageait les idées
absurdes de bien des écrivains de l'Inde qui préfèrent
se servir du persan pour rédiger leurs ouvrages, quoique
cette langue soit morte pour eux et cpi'ils l'écrivent par
suite fort mal^. Il est néanmoins cité comme poëte hin-
doustani. Alî Ibrahim donne en effet plusieurs vers de
lui écrits en cet idiome .
HUZUR.
Schaïkh Gulàm-i Yahya Huzûr ^ était un des person-
nages les plus distingués d'Azîmâbâd, capitale du Bihâr,
' Voyez Tarticle consacre à ce savant Musulman.
'^ l<Xjt^ manifeste, évident.
'" Il en est de même en Europe pour la langue latine. Ce pâle latin de
nos rliétoriciens serait probablement aussi peu intelligible aux anciens
Romains que Test souvent le persan de l'Inde aux habitants d'Ispahan
pt de Cliyrax.
4
j_yit9- pr
esencr.
ET BIBLIOGRAPHIE. 235
plus connue sous le nom de Patna. Sans avoir étudié l'art
des vers sous aucun maître, il se livra à la culture de
la poésie , pour laquelle il avait les plus heureuses dis-
positions. Dans sa jeunesse il avait appris les principes
de la grammaire arabe, sous son oncle paternel, le
maulawî Muhammad Bâquîr; et à l'époque où Alî
Ibrahim écrivait sa biographie, il était encore tout jeune
et se livrait à quelques entreprises de commerce. Il était
très-hé avec ce dernier, et il lui remit plusieurs pages
de ses vers pour les insérer dans sa biographie. Il est,
entre autres, auteur d'un masnawî sur le dargâh ou
châsse tumulaire de Schâh Arzân \ cpii existe à Azîm-
âbâd. Alî Ibrahim, dans son Gulzâr, a cité de ce mas-
nawî quelques vers dont je joins ici la traduction :
La coupole qui surmonte le tombeau de ce saint personnage
brille de loin ; c'est là que se manifestent des choses merveil-
leuses. Les deux bassins qui existent auprès de ce monument ne
sont pas comme de simples résenoirs d'eau. Ni sur la terre , ni
dans les cieux, on ne peut voir un pareil spectacle; mes yeux
avides l'ont contemplé fixement. Des beautés à visage de fée s'y
rendent en foule pour captiver les cœurs ; les boucles de leurs
cheveux leur servent de chaînes pour les serrer. Leurs regards
produisent un effet prodigieux; que puis-je dire, si ce n'est que
mon cœur en a reçu une impression violente? Les paupières
secondent admirablement les regards; elles font l'effet d'un car-
quois d'où s'élancent ces flèches meurtrières. Lorsque je pense
à la fossette qui embellit le menton de ces jeunes Indiennes, je ne
1 Afsos, dans son Araîsch-i inahjil, dit que la châsse de ce saint ^lu-
sulman est à un kos de la porte ouest de Patna. W. Hamilton en parle
aussi dans son Gazetteer, tom. Il, pag. 382. Il nous apprend qu' Arzân
mourut en io32 de Thégire (1622-1623), et que son tombeau attire
des Hindous aussi bien que des Musulmans.
236 BIOGRAPHIE
sais comment décrire cette sorte de puits où mon âme est sub-
mergée. Parlerai-je de la beauté des vêtements qui ornent leur
corps? Eb ! pour peindre le poli de leur cou, dois-je le comparer
à la bougie renfermée dans une lanterne opaque, mais dont la
flamme se fait voir au-dessus ?
HUZUR (BAL KAMAND).
Lâla Bal Râmand Huzûr, de Delili, est un poëte
hindoustani qui vivait dans la dernière moitié du
xvnf siècle , et qui fut élève de Mîr Dard. Il a écrit à
la manière antique. Il fréquentait les réunions littéraires
de Delili. Les biographes originaux citent plusieurs vers
de lui.
IBN NISCHATr.
Il est auteur d'un masnawî dakhnî intitidé PMl-han ^,
charmant poëme rédigé sous le règne d'Haïder Alî,
dont l'auteur célèbre les louanges après l'invocation , et
à qui il donne le titre de Àmîr iilmiiminîn, prince des
croyants. On conserve un manuscrit de cet ouvrage à
VEast-India Home, manuscrit qui se compose d'environ
i3o pages grand in-8°. C'est un roman-féerie, comme
la plupart des romans asiatiques. Il y est question d'A-
lexandre, de Locman, etc. On v décrit la ville nommée
Kanjan patan ^, ou la ville d'or, sorte de pays de cocagne
' Voyez la mention d'un poëme sur le même sujet à l'article Awari.
' /jJL> /Y-js^_^3 , la même ville apparemment qu'on nomme en
persan ibî jjbys» ville desjojaux.
ET BIBLIOGRAPHIE. 257
situé à l'orient. Il est question de cette ville fabuleuse
dans d'autres ouvrages hindoustani.
IBRAHIM.
Navvâb Alî Ibrâliîm Khân occupait la charge déjuge,
ou pour mieux dire de président du tribunal de Bé-
narès\ sous le gouvernement du lord Hastings. Outre la
Biographie anthologique des poètes hindoustani ^ qu'on
lui doit et dont j'ai parlé dans ma préface , il est auteur
d'un article sur fordalie inséré dans les Asiatic Resear-
ches, t. I, pag. Ziyi, et très-probablement de poésies
hindoustani , car les auteurs de tazkira des écrivains
urdû en ont tous écrit. Il mourut en 1793 ou 179/1
de l'ère chrétienne , ainsi cpie nous l'apprenons par une
pièce de vers ^ dans laquelle le célèbre poëte hindous-
tani Jurât a fixé cette date. Voici la traduction de ce
tarîkh :
Hélas ! cent fois hélas! le soleil de la justice, la lune brillante
de l'équité est allée se cacher dans la citadelle de la mort. Y
a-t-il une injustice qui par ses soins n'ait pas été éloignée
du monde? Le jardin de l'équité était verdoyant par lui
Cent fois hélas! de ce que cet homme, qui était si éloquent dans
le palais de la justice, est actuellement silencieux sous la terre.
Comment la chaleur du marché du discours ne se changerait-elle
pas en froideur, puisque cet éloquent défenseur de la justice
n'est plus juge? Mais c'est assez de complainte, ô Jurât ! pensons
- Gulzâr-i Ihrâhim. Cet ouvrage fut terminé en 1198 ( 1784). Il avait
été commencé douze ans auparavant.
' Pag, 83 1 de mon exemplaire des œuvres de Jurât.
238 BIOGRAPHIE
à faire connaître le tarîkh de la mort de ce personnage recom-
mandable :
Hélas ! elle s'est éteinte, lajlavime de cette hongie; il a été effacé.
le matla ' du diwân de la justice' !
Je pense que c'est le même écrivain dont Mîr, dans
l'article de sa biographie sur Râquim , parle sous le nom
de Miyân Ibrâliîm. Il était tout jeune à cette époque,
et il était très-lié avec Mîr. Il partageait son goût pour
la poésie, et il avait la même manière d'écrire.
IBRAHIM ADIL SCHAHl
Sultan de Béjapour* qui régna de 1679 à 1626,
année de sa mort. Il est compté parmi les écrivains
hindoustani. On lui doit un ouvrage en vers sm' la mu-
sique intitulé Nau-ras^, c'est-à-dire le Nouveau Goût.
Il en existe deux exemplaires dans la bibliothèque de
la Société asiatique de Calcutta.
' xJLia.^ , nom qu'on donne au premier vers d'un poëme. Le diwân
est, comme on le sait, un recueil de poésies; le maila d'un diwân est
donc le premier vers de ce recueil.
- En additionnant les lettres qui forment ce tarikh, c'est-à-dire le
second hémistiche de ce dernier vers, on trouve le nomhre 1208 qui
indique cette année de l'hégire, laquelle correspond aux années lygS-
179/1. de l'ère chrétienne.
* Ville et royaume du Décan, plus connus sous le nom de Visapour.
i
IJMj^ ou ^Jt,J y} (-}
u^,
ET BIBLIOGRAPHIE. 239
IHCAN.
MÎT Schams iiddîn Ihcân^ fils de Mîr Camar uddîn
Minnat^, est compté parmi les poètes hindoiistani. Alî
Ibrâhîm, le seul des biographes originaux qui en parle,
se contente d'en citer un vers.
ÏKRAM ALF.
Maulawî Ikrâm Alî était frère de Turâb Alî^, qui,
d'accord avec le capitaine Abraham Locket, secrétaire
du collège de Fort- William ^, l'engagea de se rendre à
Calcutta. Par la protection de ce dernier, il fut attaché,
en octobre 1816, au collège de Fort-William en qualité
de bibliothécaire. Alors John William Taylor, profes-
seur d'hindoustani, qui s'intéressait à lui, lui donna
l'idée de traduire de l'arabe en hindoustani l'ouvrage
o
intitulé Riçâla-i Ikhwân ussafa^, ou simplement Ikivân
nssafa '^. Il lui recommanda de se servir d'expressions
simples et d'éviter celles qui pourraient jeter de l'obs-
' /jL*fciï».î hienfait.
* Voyez son article.
^ (^ ^/^Iv^sî rhonneur cl Alî.
* (^ <_»lvj la terre d'Alî.
' Orientaliste distingué, auteur de plusieurs ouvrages.
" On a attribué, par erreur, cette traduction à Turab Alî, dans lesPu-
blic Dissertations qf ihe studenis oflhe collège of Fort- William, p. 3o et 44.
' Cet ouvrage est intitulé en arabe \.i.xsJ\ {j^^^^ 'J^Jtsf' Tuhfat Ikh-
wân ussafâ. L'auteur du texte arabe est Ibn-el-Jeldî. L'ouvrage complet
est intitulé liaçâïl ihhivân ussafâ. Le premier ouvrage n'est qu'un extrait
du second.
240 BIOGRAPHIE
curité dans le discours, sans renoncer toutefois à l'élé-
gance du style et sans rejeter entièrement les nîéta-
phores faciles à saisir. Ikrâm Ali se livra donc à ce travail ,
l'exécuta conformément aux indications du capitaine
Taylor, et l'intitula Tarjama-i Ikhvân ussafa, c'est-à-dire
Traduction de Ylkhwân ussafa.
Cet ouvrage est un recueil de discours entre les
hommes et les animaux. Ils disputent entre eux sur
leur prééminence et leurs mérites respectifs. Ikrâm nous
dit, dans la préface de la traduction hindoustani, que les
gens intelligents ne s'arrêtent point à la pai'tie fabu-
leuse de cet ouvrage , mais cpi'ils en comprennent les
allégories et qu'ils éprouvent du plaisir en lisant ces
subtilités spirituelles et ces allusions aux doctrines reli-
gieuses. Les auteurs arabes de cet écrit sont Abu Salmân ,
Abuihaçan, Abu Ahmad, etc.-, en tout dix collabo-
rateurs. Es demeuraient à Basra, et Us employaient leur
temps à étudier la religion et les sciences. Ils composè-
rent cinquante et un traités différents , la plupart sur des
sciences importantes. UBilnvân ussafa est un de ces trai-
tés. Leur but fut d'exposer les prérogatives de l'homme
sur les animaux. Ils déclarent que c'est par la con-
naissance des choses spirituelles que l'homme est au-
dessus des créatures, et ils renvoient à leurs autres
traités où sont développées ces sciences importantes.
Dans ce dernier traité , ils ont voulu rappeler ces vérités
par la bouche des animaux , afin d'exciter à la réflexion
les indifférents.
La traduction hindoustani fut faite en 1228 de f hé-
gire (1 8 1 o de J. C), et imprimée in-8° à Calcutta l'année
ET BIBLIOGRAPHIE. 241
suivante , c'est-à-dire une année avant l'impression du
texte arabe, qui fut édité aussi dans la même ville et
sous le gouvernement de lord Minto. Elle est extrême-
ment estimée pour ia pureté du style, quoiqu'on y ait
laissé trop de mots et de constructions arabes. Feu
James Micbaël, qui en a donné des extraits sous le
titre de Intihhâh-i Ikliwân ussafa \ pensait que c'est
peut-être l'ouvrage le mieux écrit en prose hindous-
tani.
lia paru dans ïAsiatic Journal, t. XXVIII, une tra-
duction de Ylliliwân ussafa.
ILHAM (FAZAIL BEG).
Fazâïl Beg lihâm ^ fut un des disciples d'Abd ulwâlî
Uzlat. Il vivait sous l'empereur mogol Ahmad Schâh,
fils de Mubammad Scliâb. Fath Ali Hucaïnî cite de lui
dans sa biographie deux vers qu'il fit pour critiquer un
lialâwant ou musicien nommé Bachî ^.
ILHAM (SCHARAF UDDIN).
Schaïkh Scharaf uddîn Ilbâm, autrement dit Schâh
Malûl, est auteur de deux diwân persans, et il a com-
posé aussi un bon nombre de vers hindoustani. Son
takhallus était d'abord Maldl^, puis il en changea et prit
' LiAaJI e)'.?^' olsiCjî, in-4°, Londres, i83o.
^ ^^LjJi inspiration [divine).
* J%A«« triste, abattu.
I. i6
242 BIOGRAPHIE
celui d'Ilhâm. 11 habitait Lakhnau, où plusieurs litté-
rateurs ont été ses disciples et ses amis. Ses ancêtres
résidaient à Lakhnau comme lui, mais précédemment
à Murâdâbâd. Il avait plus de soixante et dix ans en i -y gS .
Lutf donne de lui un gazai où ce poëte peint énergi-
quement l'agitation de son cœur.
IMAM UDDIN\
Le saïy id Imâm uddîn Alî , de Dehli , est auteur du
Tarjama-i Miftâh ussalat^, traduction, en langue hin-
doustani , de l'ouvrage persan de Fath Muhammad de
Burhânpûr, intitulé Miftâli iissalat, ou la Clef de la
prière, ouvrage de théologie estimé qui contient tous
les préceptes sacrés sur la purification, la prière, le
pèlerinage, etc. L'original de ce traité est arabe : on le
doit au schaïkh Ahmad ben Salmân ^. La traduction
dont il s'agit ici est écrite en hindoustani du Décan,
selon l'indication qui en est donnée dans le catalogue
des manuscrits de la bibliothèque du collège de Fort-
William , parmi lesquels on en conserve un exemplaire.
IMAN.
Imân * est un poëte hindoustani du Décan. Béni Na-
râyan en cite cinq gazai et un mukhammas fait avec
^ /w«XJI >^U»! ministre de la religion.
Si
- ii^oâi! J^xj» ifS^^yi
' Voyez StevidTt, Catalo(jne of Tippoo's Lihrary, pag. i5o.
ET BIBLIOGRAPHIE. 243
un gazai de Cdïm^ Voici la traduction d'un court poëme
de cet écrivain distingué.
Si mon âme n'a pas été prise dans les chaînes que forment les
tresses de tes cheveux , hélas ! elle se laisse prendre par un seul
soupir du rossignol. Quoique les traits brûlants de tes regards
soient éteints par l'eau de la vie qui mouille ta bouche , mon âme
est néanmoins blessée par l'eflfet de ces flèches meurtrières qui
attaquent victorieusement leur proie. 0 mon amie! comment
font donc ceux qui sont audacieux ? Mon cœur se laisse abattre
par une seule faute! Toi dont le sourcil est semblable à l'arc,
viens quelque jour de ce côté-ci; mon cœur n'est pas pour tes
flèches une chasse défendue. Lorsque tu an-iveras vers moi pour
opérer les miracles du Messie , à mesure que tu parleras , mon
cœur prendra la forme de l'existence. Puisque ma bien-aimée
vient en riant rencontrer mes regards, je me flatle que mes sou-
pirs ont jeté son cœur dans un état indicible, résultat de leur
effet. 0 Imân! tes vers seront agréables à l'objet que tu chéris,
lorsque ton cœur y exprimera , avec la douceur convenable , les
sentiments qui l'animent.
INCAFl
Poëte hindou qui vivait sous Muhammad Schâh. AJî
Ibrâliim se contente de donner cette indication et de
citer de lui un vers.
' Les mukhammas ont souvent pour thème un court gazai ; dans ce
cas, les deux derniers hémistiches de chaque stance appartiennent à
la pièce originale. — Câim est un poëte hindoustani célèbre dont il a été
parié précédemment.
^ oUajî justice.
i6.
244 BIOGRAPHIE
INCAN.
L'émir Acad uddaiilah Yâr Khân Incân \ connu aussi
sous le surnom de Pîr Jagnûn, était fds de Lutf Alî
Khân, Il était né à Agra; on le nomme cependant
quelquefois Inçdn de Dehli, parce cpi'il résidait dans
cette ville. Il fut une des personnes les plus recom-
mandables qui aient vécu sous le règne de Muhammad
Schâli^, et un de ses principaux omra. La faveur mar-
quée dont il jouissait à la cour excita l'envie de ses
contemporains. Malgré les devoirs multipliés de son
poste il cultiva la poésie , pour laquelle il avait des
dispositions réelles. C'est surtout dans le genre mys-
tique qu'il a écrit des vers hindoustani. Il excellait dans
les marciya (élégies sur Huçaïn, etc.).
Il était mort quelques années avant fépoque où Fath
Ali Huçaïnî écrivait son tazkira, et jeune encore, à ce
qu'il paraît, car Mîr fait observer que la mort l'atteignit
bientôt, la fortune n'étant fidèle à personne.
INSCHA.
Mîr Inschâ ullah ^ Khân , connu sous le nom de
Inschâ, qui est son surnom poétique ou takhallus, était
fds de Hakîm Ma schâ ullah MasdarKhân, qui était le
Bûcînâ (Avicenne) de son temps. La patrie des ancêtres
' M^-»«>j5 homme.
- Selon Mîr Fath Alî Huçaïnî; et Ahmad Schah, selon Alî Ibrâbîm.
' aWÎ *Ui /jî si Dieu veuf , s'il plaii à Diea.
ET BIBLIOGRAPHIE. 245
d'Inschâ était Najaf-Aschraf^; mais pour lui il naquit
à Murschidâbâb, et il résida ensuite à Lakhnau. Il était
en cette dernière ville en 1200 (1785-1786), et il
jouissait de la faveur du prince Sulaïmân Schikoh. Il
s'appliqua à l'étude de l'arabe , du persan et de la mé-
decine; et il devint habile dans la langue du Cachemire
et du Marwar. Dès son enfance il montra du goût pour
la poésie. Il faisait des vers dans plusieurs langues. II
a écrit en arabe des cacîdah et des masnawî, et en turc
des gazai. Il a fait en persan deux diwân. 11 est, de plus,
auteur d'un excellent masnawî aussi persan, intitulé
ScMro birinj'^, c'est-à-dire le Lait et le Riz, pour répondre
à celui du maulânâ Baba uddîn Ahlî ^, intitulé Nân 0
lialiva, le Pain et le Gâteau^; mais il s'appliqua surtout
à la poésie bindoustani , et acquit de la célébrité en ce
genre. Il a réuni ses poèmes en un diwàn qui se dis
tingue par l'élégance du style et le goût exquis des
pensées, diwân dont la bibliothèque du collège de Fort-
William à Calcutta possède un exemplaire. La réunion
de toutes les poésies de cet écrivain porte le titre de
KuUijât. Il y en a un exemplaire dans la bibliothèque
du Siraj uddaulade Haïderâbàd; BénîNarâyan en donne
dans son Anthologie onze pièces. Inschâ a fait entre au-
tres, à la louange du nabàb Umâd ulmuik, un cacîdali en
rekhta, dans lequel il n'a employé que des lettres non
' C'est-à-dire la noble Naiaf, ville de l'Irac Arabî où se trouve situé le
tombeau d'Alî,
^ Poëte musulman de l'Inde qui a écrit en persan.
246 BIOGRAPHIE
ponctuées, c'est-à-dire sans points diacritiques, ce qui
est un véritable tour de force; aussi cette pièce lui
valut-elle de la part du nabab susdit des félicitations et
une généreuse gratification. Voici la traduction d'un gazai
qu'on chante dans les rues des villes de flnde. J'en
donne ici la traduction, quoique cette pièce offre un
genre de figures qu'il est impossible de faire passer
dans une autre langue. Je veux parler des nombreux
parallélismes qui rendent cette pièce délicieuse dans
l'original :
Une houri m'ayant vu venir, s'est retirée, elle s'est sauvée au
plus vite en mordant sa langue entre ses dents.
Au bruit que j'ai fait, elle s'est promptement glissée par la
porte; elle en a saisi le battant, et s'est aussitôt évanouie.
Comme je fai censurée avec juste raison, de honte elle a re-
culé malgré elle.
Malheureux bruit qui a troublé mon bonheur! pourquoi le
coq matinal faisait-il entendre ses cris ?
Le discours d'Inscha n'est pour cette houri qu'une colonne de
fumée que disperse le vent printanier.
lîNTIZAR.
Alî Naquî Khân, de Dehli, prit pour surnom poé-
tique le nom d'action arabe Intizâr^. Il était fils d'Alî
Akbar Khân, défunt en 1781-1782. H vint résider h
Murschidâbâd dans le temps du nabab Alî Werdî Khân ,
et y vécut paisiblement. Ce fut là qu'Ah Ibrahim le
connut personnellement, et qu'il reconnut en lui un
' jlJôAJÎ attente.
ET BIBLIOGRAPHIE. 247
poëte hindoustani très-distingué. Il cite de lui une dou-
zaine de vers dans son Gnlzâr.
ISGHC (IZZAT ULLAH).
Mîr Izzat ullah Ischc^ est un poëte hindoustani dont
Mannû Lâl cite deux vers. En voici la traduction :
0 infidèle! tandis que le cœur de ton amant est en désordre,
tu arranges avec coquetterie, tranquillement assise , les boucles de
tes cheveux. — Ainsi le voyageur goûte le repos, arrivé au cara-
vanséraï ( sans se mettre en peine de ceux qui sont encore sur la
route); ainsi la terre reçoit avec indifférence les larmes des mal-
heureux.
ISCHG (RUKN UDDIN).
Schâh Rukn uddîn Ischc, de Dehli, est aussi connu
sous le nom de Scliâli Kahtiyâ ou Kahtiyayî-. Il était
un des principaux schaïkhs de Dehli. Pendant sa jeu-
nesse, étant venu de Dehli à Murschidâbâd , il y occupa
un rang distingué avec le khâja Muhammadî Khân;
puis, à l'exemple de ses aïeux, il endossa le manteau
de la pauvreté spirituelle et alla se fixer à Azîmâbâd,
où il était encore occupé, en 1190 (1780-1781), à
diriger les novices de son ordre religieux, animé qu'il
était de l'amour réel et spirituel de Dieu. Il devint ainsi
une sorte de roi (Schâh) dans le monde de la pauvreté
t>«**
amour.
' f^\^^^t, est un adjectif dérivé de ovJL|^~^3 qui signifie hièrc
[cercueil) et Ut. Mannû Lâl a écrit ce mot IXa^^Es •
248 BIOGRAPHIE
spirituelle. Il a laissé un grand nombre de vers hindous-
tani qui sont réunis en un diwân, dont je possède un
exemplaire d'une bonne écriture ^ que je dois à l'obli-
geance de mon excellent ami et ancien élève M. F.
Falconer. Dans le tome II de cet ouvrage, je donnerai
la traduction de quelques-unes des pièces qu'on y lit,
ISGHQUI.
Abd ulwâhid Balgramî, surnommé Ischqui^ dans le
dialecte bindoustani-musulman, et Pi^ dans le dialecte
hindoustani-hindou , est un poëte hindoustani à qui on
doit un ouvrage intitulé Mnjmûa ^, ou Recueil. Ce vo-
lume est indiqué dans le catalogue d'un personnage
nommé Farzàda-Culî, catalogue dont M. Forbes a fait
don à la Société royale asiatique de Londres.
ISCHQUI, DE MURADABAD.
Iscbquî, de Murâdâbâd, était un faquîr de la con-
naissance de Musbafî. Ce dernier le compte parmi les
poètes hindoustani, et il en cite un vers.
^ Petit in-fol. de 168 pages.
" xJ..Àwi.£ amant, amoureux, adjectif dérivé du subst. arabe Jj r"- ^
amour.
' ^T qui dérive du sanscrit tTT^ ^st effectivement synonyme de
^*!*£ et signifie, comme ce dernier mot-, amant.
f^ ^^OsÂJft, c'est-à-dire Majmûa, composition de S. S. Abd ulwâhid Bal-
tjramî, etc. Le premier mot est écrit fautivement^^ dans le catalogue.
ET BIBLIOGRAPHIE. 249
ISCHRAT.
Gulâm-i Alî Ischrat ^ est auteur d'un masnawî écrit
en dialecte dakhnî sur l'histoire de PadmûwaV^, légende
favorite des Indiens dont il sera parlé à l'article sur le
poëte Jaïcî. L'auteur nous apprend qu'il a reproduit
cette histoire dans le dialecte de sa province, parce
qu'elle est attachante et pleine d'intérêt. Le style de
cette production est clair et facile; il n'a aucun rapport
avec celui des poèmes hindi en strophes, à la manière
des anciens poëmes italiens, lesquels sont généralement
écrits dans un dialecte fort obscur. On trouve un exem-
plaire de cet ouvrage dans la belle collection de livres
hindoustani de \East-Ind'ia House ; il se trouve relié avec
d'autres ouvrages sous le n° SgS , fonds Leyden. Il y en
a aussi un exemplaire dans la bibliothèque de la Société
asiatique de Calcutta.
ISCHTYAC.
Schâh Wall uUah Ischtyâc^ était de la lignée de Mu
jaddad alf Sânî'' par Schâh Muhammad Kal son grand-
père, selon Ibrahim. Il naquit à Sirhind ^, et il y habitait
le château de Firoz-Schâh. Ischtyâc était fort savant,
* cjij.Àw>g plaisir, etc.
* c^jU^Xj» AAâJ» Qaissa-i Padmâwat.
' (JjIaa*»;Î désir.
^ Ville de la province de Dehli où Firoz Schâh III fit élever le fort
dont il s'agit ici.
250 BIOGRAPHIE
surtout dans les hadîs, et il était très-habile dans l'exé-
gèse du Coran. Il a conservé jusqu'à ce jour dans l'Inde
une grande réputation en ce genre , due aux excellents
ouvrages qu'il a faits sur ces matières , et qui ont eu
beaucoup de publicité. Lutf en cite deux spécialement:
le premier est un Traité sur le martyre de Huçdin^\ le
second sur les qualités difficiles à acquérir'^. Il fut, du reste,
plus célèbre encore par sa piété que par son mérite
littéraire. On lui doit quelques vers persans, mais sur-
tout des poésies hindoustani fort estimées dont les bio-
graphes originaux citent des fragments.
Lutf nous apprend qu'il est le père du célèbre mau-
lawî Abd ulazîz, de.Dehli^, à qui on doit plusieurs ou-
vrages remarquables , entre autres un traité contre les
hérétiques musulmans, c'est-à-dire, je pense, contre
toutes les innovations contraires à l'esprit de-l'islamisme.
Cet ouvrage est intitulé Radd-i Rawcifiz'^, c'est-à-dire
Réfutation des réfractaires.
' (^jV*«*-^ 5il-<--w Jllajî jj (^*J' Oj»S- Ce titre, qui est arabe,
signifie à la lettre : La satisfaction [fraîcheur] de l'œil, ou la réfutation du
martyre de Huçaïn. Il indique que l'auteur était un Sunnite exagéré ; car on
connaît la dévotion des Scliiites envers Huçaïn, dont la commémora-
tion du martyre nommée aschùrà est célébrée par eux avec grande pompe.
Voyez mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde, pag. 3o et suiv.
- iu«\.Jt)î c-oIà-o ^ AaJIxÎÎ ^J;^Aàm,, cest-h-dire le champ des choses
élevées ou les vertus difficiles.
' Le même probablement dont il a été parlé pag. 7 de ce premier
volume , comme auteur d'un commentaire sur le Coran. Ce qui a donné
surtout de la célébrité à ce personnage, c'est qu'il fut le directeur spi-
rituel du zélé réformateur Saïyid Ahmad. Voyez, à ce sujet, ma Notice
sur des vêtements à inscriptions, dans le Journal asiatique , n" d'avril i838.
ET BIBLIOGRAPHIE. 251
ISMAIL.
Maulawî Muhammad Ismaïl \ savant et dévot mu-
sulman, un des plus zélés partisans du saïd Ahmad,
fondateur de la secte nommée Tarîca-i Muhammadiya,
ou la Voie mahométane ^, a écrit sur cette secte, pareille
sous tant de rapports à celle des Wahabites , un traité
hindoustani qui a été imprimé ^, et qui est intitulé Ta-
qwiyat ulimân *, c'est-à-dire la Corroboration de la foi.
Il paraît que le but que l'auteur s'est proposé dans cet
ouvrage est surtout de détourner les Musulmans de
la dévotion superstitieuse aux saints, du pèlerinage aux
tombeaux lointains , en un mot , de tout ce qui semble
s'éloigner de la foi pure en un seul Dieu. Ces erreurs
sont classées sous quatre titres différents : i" polythéisme
relatif à l'omniscience de Dieu; 2° polythéisme relatif
aux fonctions de cette omniscience; 3° polythéisme re-
latif au culte qu'on doit à Dieu seul; k" polythéisme rela-
tif à d'autres usages de la vie commune. On trouve des
détails extrêmement curieux tirés de cet ouvrage dans
le Journal de la Société asiatique de Calcutta ^. Les
doctrines exposées dans les écrits d'Ismaïl sont du
' J>oowv«î ) nom du père des Arabes, fds du patriarche Abraham.
■' Voyez , au sujet de cette secte et de son fondateur, ma Notice sur
(les vêtements à inscriptions , dans le Journal asiaticjue, n° d'avril i838.
' Voyez tom. I, pag. 485 du Journal de la Société asiatique de Cal-
cutta.
'' /jLc^l ovijkjij Taciviyat ulimun, comme on a écrit pag. 489 du
Journal de la Société asiatique de Calcutta, 1882, et non pas Tacwiyat iil-
imdni, comme on a mis pag. 485.
•"' Novembre i832.
252 BIOGRAPHIE
reste, je crois, les vraies et pures doctrines de l'isla-
misme. On ne distingue généralement pas assez sur ce
point le dogme des abus qiie l'usage a introduits.
Ismaïl a écrit un autre volume intitulé Sirât ulmusta-
(juim^, c'est-à-dire la Voie droite; mais je crois que ce
dernier traité est rédigé en persan. Il a, du reste, été
publié à Calcutta, par un de ses confrères, le maulawî
Muhammad Ali , de Ràmpur, durant l'absence d'ismaïl,
et on en a donné l'analyse dans le Journal de la Société
asiaticjue de Calcutta -. Isma'il était neveu du célèbre spi-
ritualiste de Debli, Abd ulazîz ^, qui fut le maître du
saïyid Abmad. On le considérait généralement comme
un homme de beaucoup de talent et de savoir. Ce
fut accompagné d'ismaïl et du maulawi Abd ulbaïyî,
que le saïyid Abmad vint de E^bli à Calcutta , pour se
rendre de là en pèlerinage à la Mecque.
Ismaïl et l'autre maulawî firent donc le voyage de la
Mecque avec ce réformateur. Ils s'embarquèrent à Cal-
cutta, au commencement de l'année 1822, et ils re-
tournèrent en octobre de l'année suivante. Voilà tout
ce que je sais sur Ismaïl-, j'ignore s'il est encore en
vie, ou s'il a péri, avec son maître, dans un des com-
bats que les saïyid Ahmadî livrèrent aux Sikbs.
' /■Q.V'^v^.U IsiwwJl . Le maulawî Abd ulhaïyî, gendre d'Abd ulazîz
et, je crois, frère d'ismaïl, coopéra à cet ouvrage.
* Numéro de novembre i832.
' Voyez ma Notice sur des vêtements à inscriptions, dans le Journal asia-
ti()ue de Paris, n° d'avril i838.
ET BIBLIOGRAPHIE. 253
ISMAIL (MIRZA MUHAMMAD).
Auteur du Décan, à qui on doit deux contes eu
prose dont on conserve une copie manuscrite in-8°
à la bibliothèque de YEast-India House. Le premier in-
titulé Hikâyat-i saudâgar ^ ou Qaissa-i saudâgar, est l'his-
toire du fils d'un marchand. Elle forme 80 pages en-
viron. Le second intitulé Nacl~i maus là padschâhat
kard 2, est l'histoire d'un rat qui fit la conquête du
Guilân. Il ne se compose que de 3 1 pages. Ces deux
opuscules sont écrits en hindoustani dakhnî.
ISMI.
Khâja Burhân uddîn Ismî ^, de Dehli, est un des
poètes les plus célèbres parmi ceux qui ont écrit des
marsiya, dans le nord de l'Inde. Il s'est attaché à imiter
les anciens dans ses vers. Ibrâliîm en cite quelques-
uns , qui] tenait de Mîr Hajji, fils d'Ismî.
IZZAT.
Gidâm-i Haïdar Izzat*^ est auteur d'un roman en
prose hindoustani intitulé Hasn 0 ischc ^, c'est-à-dire
1 yS^^^jM u-oUC^, n° 44-4- de la collection de Leyden.
' /<«c5 coupable.
* \:i>'y& honneur, etc.
254 BIOGRAPHIE
la Beauté et l'Amour. Il y en a un exemplaire à la bi-
bliothèque de la Société asiatique de Calcutta. C'est pro-
bablement une imitation de l'ouvrage persan de Kâtibî
qui porte le même titre.
JAFAR.
Mîr Jafar ' est un poëte hindoustani qui habitait Dehli.
Béni Narâyan cite de lui deux gazai ; voici la traduc-
tion de celle de ces deux pièces qui a été reproduite dans
les Hindee and Hindoostanee Sélections :
Cette idole est toujours retenue loin de moi, elle qui sans cesse
par sa retenue, retient ma respiration. Des pleurs sont dans mes
yeux, le tremblement est à ma main , le chagrin dans mon cœur :
aussi quand je veux lui écrire une lettre, le calam s'arrête. Je
reste un moment en silence, hélas! ma respiration s'arrête; je
soupire , et alors cette idole s'arrête loin de moi. Toutes les créa-
tures s'arrêtent à cause de toi ; et toi aussi , charmant objet, tu t'ar-
rêtes loin de moi. 0 injustice! que le mauvais œil soit éloigné!
Cette coupe est le miroir du monde : Alexandre et Jamschîd se
sont arrêtés pour la regarder. Maintenant pourquoi Jafar ne
pousserait-il pas des soupirs, puisque, selon le dire de Saudâ,
lorsque les larmes coulent , il n'est pas facile de les arrêter ?
J'ignore si c'est le même poëte que Mîr cite sous
le seul nom de Jafar.
• , nom propre arabe ; c'est ainsi , entre autres , qu'on nomme
le sixième imâm. Voyez les Monuments arabes, persans , etc. par M. Reinaud,
tom. II, pag. 186 et suiv.
ET BIBLIOGRAPHIE. 255
JAFAR ALI KHAN.
Poëte hindoustani dont Mannû Lâi cite des vers
dans sa rhétorique pratique intitulée Gnldasta-i nischât.
Voici la traduction d'un baït de ce poëte :
En voyant briller les dents de mon amie à travers les lignes
du Tnissî\ on dirait que ce sont les diamants des étoiles au mi-
lieu du firmament azuré.
JAFAR SCHAH.
Jafar Schâh, fils du saïyid Camar uddîn, est auteur
d'une traduction hindoustani du Tarikh-i Tahari ou His-
toire de Tahari, dont M. Duheux publie en ce moment
une traduction française d'après la version persane de
Bélamî. La version hindoustani a été faite pour l'usage
des élèves du collège de Fort- William , à l'époque de sa
fondation. Le célèbre professeur H. H. Wilson en a
dans sa bibliothèque un exemplaire en deux volumes
in-folio.
JAFAR SCHARIF.
Jafar Scharîf , autrement dit Lâlâ Miyân , fils de Alî
Scharîf, de la tribu de Coreïsch, est un Musulman
sunnite, natif d'EUore, dans fancien royaume de Gol-
conde, ville où il vivait en i832. Son père était natif
de Nagor.
' On sait que le missî est une poudre noire que les Indiennes ap-
pliquent aux dents par coquetterie.
256 BIOGRAPHIE
Il est auteur d'un ouvrage hindoustani très-impor-
tant, le Canûn-i islam \ c'est-à-dire Règle de l'islamisme,
ouvrage publié en anglais par le docteur G. A. Herklots ,
savant estimable, mort à Wallajàbàd le 8 janvier i83/i.
La traduction de cet ouvrage avait été revue par feu
Sandford Arnot, orientaliste écossais, qu'une mort pré-
maturée a aussi enlevé à la science et à ses amis. Ce
traité est très-certainement un des plus importants qui
aient été rédigés sur la religion de Mahomet; c'est un
tableau complet de l'islamisme tel qu'il existe dans le
Décan. Dans le Journal des Savants (i8o3) j'en ai
donné l'analyse, du moins pour ce qui concerne les
curieuses particularités de la religion musulmane dans
l'Inde. Le lecteur pourra recom^ir à cet article. Celui
que j'ai publié dans le Nouveau Journal asiatique (t. IX )
sur l'intéressant ouvrage de M"^ Mir Hacan Ali, et mon
Mémoire sur la religion musulmane dans llnde, contiennent
aussi des renseignements généralement peu connus sur
cet objet.
JAGJIVAN-DASl
C'est le nom du fondateur de la secte des Satnâmî.
Il était Rschatriya de naissance. Il naquit à Oude, et
sa châsse tumulaire [samâdh] se voit encore à Katwa,
* >^^A»(5 MV*5 Qanoon-e Islam, or ihe ciistoms of the Moosulmans
of India; comprisimj a full and exact account ofthcir varions rites and cé-
rémonies ,from the moment of birlh till the hour oj death. London, iSSa ,
royal in-8° de 582 pages.
' ■It'M^^IH '^ serviteur de Dieu ( la vie du monde).
ET BIBLIOGRAPHIE. 257
entre Lakhnau et Oude. Pendant toute sa vie il fut
grihastha ou homme marié. Il écrivit plusieurs traités
qui sont tous en stances liindî.
Le premier porte le titre de Prathama Grantha \ ou
Premier Livre. C'est un traité sous forme de dialogue
entre Siva et Parvatî.
Le second est intitulé Jnjân Praliâs ^ , c'est-à-dire Ma-
nifestation de la science. Il fut rédigé en l'année de
Jésus-Christ i y 6 1 .
Le troisième est intitulé Mahâ Pralaja ^, c'est-à-dire
le Grand Anéantissement. En voici un court extrait que
nous en a fait connaître M. Wilson * :
L'homme pur vit au milieu de tous , mais il est loin de tous.
E ne doit avoir d'affection pour rien. 11 connaît ce qu'il peut
connaître , mais il ne fait point de recherches. Il ne va ni ne
vient ; il n'apprend ni n'enseigne ; il ne crie ni ne soupire , mais
il discute avec lui-même. Pour lui , il n'y a ni plaisir ni peine ,
ni clémence ni colère , ni fou ni sage ; Jagjîvan-dâs voudrait
savoir s'il y a un homme aussi parfait, qui vive à part de la na-
ture humaine , et qui ne se livre pas à de futiles discours.
JAGNU.
Miyân Jagnû^, cousin maternel de Scher Afkan Kliân
Bastî, vivait dans le nord de flnde, pendant le temps
^ Asiatic Researches. tom. XVII, pag. 3o4
'•" ^'jS-z^ ver luisant. Dans le Gulzâr-i Ihrâhim on lit /j»à5L> ; dans
les tazkira de Mîr et de Fath Alî Huçaïnî, (>X.> •
I. 17
258 BIOGRAPHIE
de Muhammad Schàli. Il se faisait une gloire d'être
élève de Mîr Taquî. Voilà tout ce que nous apprennent,
au sujet de ce poëte liindoustani, les biographes ori-
ginaux. Ils en citent un vers dont je joins ici la tra-
duction :
La maladie est une bonne cbose pour ce cœur malade d'a-
mour ; le guérir serait un crime : la maladie est pour lui pré-
férable.
JAHANDAR.
Mirzâ Jawân Bakht Jaliândâr ^ Scliâli, prince royal,
fds et héritier présomptif de Schâh Alam II et petit-
fds d'Alam-guîr II , est compté parmi les écrivains hin-
doustani distingués. Il quitta Dehli en 1198 ( lySS-
178/1), lors des désastres de l'empire mogol, et se
retira à Lakhnau où il fut comblé de politesses par
Açaf uddaula, et où Alî Ibrahim lui fut présenté par
le gouverneur général lord Warren Hastivgs. Ibrahim
le vit souvent plus tard à Bénarès, où Jahândàr alla
vers la fm de l'année ci-dessus indiquée. A Lakhnau,
Jahândàr tenait des réunions littéraires deux fois par
mois, réunions où il accueillait avec empressement les
poètes liindoustani qui se trouvaient en cette ville. Ce
fut là que Lutf eut occasion de le voir. Lutf nous
apprend qu'il mourut à Bénarès en 1201 de l'hégire
(1786-1787).
On conserve à la bibliothèque de YEast-India Eonse
un manuscrit de ses poésies, volume qu'il avait remis,
à ce qu'il paraît, à lord Hastings. Il est intitulé Bayâz-i
' jî<Xjl.|-s» roi, prince; à la lettre, possesseur du monde.
ET BIBLIOGRAPHIE. 259
inâjat-i Marschad-zâda \ ou Album fortuné du prince
royal.
Ibrahim et Lutf vantent son bon goût et citent de
lui plusieurs vers. Bénî Narâyan cite de son côté un
gazai qui ne se trouve pas dans Alî Ibrahim. Mushafî
qui donne deux pages des vers de ce prince, parle de
son aptitude aux sciences, qu'il cultiva en effet avec
succès , et dit qu'il s'occupa de poésie hindoustani et
fit aussi des vers persans. Il nous fait savoir, de plus,
qu'il avait rédigé une anthologie hindoustani qui n'était
encore qu'en brouillon au moment de sa mort, et qui,
on ne sait par quel motif, était restée chez Imâm-baksch
du Cachemire, lequel (toujours selon Mushafi ) en fit
usage sans scrupule pour la composition de la sienne.
Voici la traduction d'un petit gazai hindoustani de
Jahândàr, dont les Indiens font beaucoup de cas :
Ne m'interrogez pas sur ce que nous faisons en passant dans
le monde; le désir de le posséder nous consume, et nous mou-
rons souvent au milieu de noire course. Nous restons une nuit
seulement dans cette maison de deuil, et comme la bougie , nous
nous consumons en brûlant. Jahândàr! nous nous sommes at-
tachés aux idoles de chair; mais, Dieu aidant, nous approchons
de notre éternelle demeure (où nous jouirons d'un objet plus
digne de nous).
JAICI.
Malik Muhammad Jaïcî 2, quoique musulman , a com-
^ ^^vw_jL> doit être un nom patronymique. Il est dit dans une note
du manuscrit de la Bibliothèque royale que cet auteur était natif de Jahen.
17-
260 BIOGRAPHIE
posé des dohra et des kabit en hindouî. H a écrit aussi
en urdù ou hindoustani musulman du nord. Il est cité
par Colebrooke dans la Dissertation siw les langues sans-
crite et pracrite^, et par le docteur Gilchrist dans sa
Grammaire hindoustani'-. Il est auteur d'un poëme in- ^
titulé Padmâwati ^. C'est une histoire de Padmâwati, \
reine de Chîtor, en vers hindouî et en octaves , dont il
existe une superbe copie en caractères nagarî à la bi-
bliothèque de YEast-India Home. C'est un beau volume
in-folio de yZio pages, enrichi, sur chaque revers de ses
pages, de dessins enluminés. Il y en a un autre exem-
plaire à la même bibliothèque, en caractères persans,
petit in-folio de 3oo pages environ. Cet exemplaire a
aussi de fort jolis dessins coloriés. La Bibliothèque
royale de Paris en possède également un exemplaire ^
en caractères dévanagarî. On en trouve plusieurs autres
exemplaires dans différentes bibliothèques et collections.
Il existe des ouvrages écrits en persan sur le même sujet;
mais ils sont traduits ou imités de l'hindoustani. Il y
en a un, entre autres, mentionné dans le catalogue de
la collection Mackenzie, qui est entremêlé de stances
hindi ^.
Padmâwat était fdle du rajah de Ceylan. Elle fut ma-
riée à Ratan Sen, rajah de Chîtor; mais c^ la prise de
^ Toni. VII, pag. aSo des Asiatic Researchcs.
- Pag. 325. *•
' ^^^IT^ÏÏÎ, *^3U«Xj ou jjUtXj.
' Fonds Gentil , n° 3 1 .
^ Voyez tom. II, pag. i38.
ET BIBLIOGRAPHIE. 261
cette ville par Ala uddîn, en i3o3, elle et treize mille
autres femmes, plutôt que d'être la proie des vainqueurs
musulmans, se renfermèrent dans une caverne et s'y
firent périr au milieu d'un feu violent quelles allu-
mèrent ^ Le P. Catrou, qui a écrit un roman sous le
titre d'Histoire diiMogol, confond la prise de Chîtor par
Akbar, en 1569, avec celle dont il s'agit ici, et raconte ,
à ce sujet, l'histoire de cette princesse qu'il nomme
Padmani '-; mais il n'en est pas parlé dans lAkhar-nâma,
ainsi qu'on peut s'en assurer en lisant la traduction que
le major Da^dd Price ^ a donnée du récit relatif à fé-
vénement dont il s'agit.
On doit au même auteur un ouvrage intitulé Soratli ^\
il est écrit en vers du genre nommé dohra. On en con-
serve un exemplaire dans la bibliothèque de la Société
asiatique du Bengale, à Calcutta.
JALAL.
Mullâ ou MuUân Jalâl ^ Balkhî , c'est-à-dire de Balkh,
auquel on donne le titre de Qaissa hMn^ ou Conteur, est
^ Ces mœurs barbares dans leur sévérité existent encore dans le Raj-
poutana. Voyez, à ce sujet, le tome XVII de YAsiatic Journal, nouvelle
série, pag. 86 et suiv.
- Tom. I, jiag. i85 et suiv.
' Miscellaneoiis Translations from Oriental lan(jaages [Oriental Transla-
tion Fancl ) , tom. II.
*" "Hl^^> no'ïï d'un ragnî ou mode musical secondaire.
" J^Vs» éclat, splendeur.
262 BIOGRAPHIE
auteur d'une histoire d'Amîr Hamza, intitulée Qaissa-i
Amîr Hamza. Cette histoire est écrite en prose; elle
roule sur le même sujet que celle dont j'ai parlé à l'ar-
ticle sur Aschk; il paraît môme que c'est d'après la ré-
daction de Jalâl que Aschk a fait la sienne. M, Romer
possède un exemplaire manuscrit de cet ouvrage; mais
je pense qu'il ne contient que la première partie de l'his-
toire de Hamza , celle qui est intitulée Quissa-i maulad, ou
Histoire de la naissance , et dont la rédaction originale
est en effet attribuée par Aschk à Jalâl .
JAN-I ALAM.
Jân-i Alam ^ Khan , neveu du nabàb Roschan ud-
daula, est un poëte hindoustani disciple de Mîr Soz. Ali
Ibrahim cite dans son Giilzâr un vers extrait de ses
poésies.
JAN-I MUHAMiMAD.
Schâh Jân-i Muhammad - Faquîr est auteur d'un ou-
vrage intitulé Prem lilâ ^, ou le Jeu de l'amour. Cet ou-
vrage est au nombre des manuscrits hindoustani qui
sont indiqués dans le catalogue des livres de Farzâda.
* *X.«fc^sjl.:*' l'âme de Mahomrl.
ET BIBLIOGRAPHIE. 265
JANA BÉGAM\
Femme de lettres indienne , à qui on doit un Traité
écrit en hindoustani sur les râg, c'est-à-dire sur la mu-
sique indienne, essai dont Sir W. Ouseley possède un
exemplaire dans sa belle collection.
JAUDAT, DE MURSCHIDABAD.
Hardab Ram Jaudat ^ , originaire de Katac ^, était at-
taché à la personne du nabab Ala uddaula Sarfarâz
Kbân. Il mourut en ce pays pendant le règne de Schâh
Alam. Ali Ibrahim, qui le connaissait, cite de lui un
rubâî dont voici la traduction :
0 prédicateur! tes paroles ne sont pas propres à mon cœur.
La fiole ne saurait supporter le choc de la pierre. Retire-toi,
ô abstinent! toi dont les yeux ne sont jamais mouillés par les
larmes; tant que tu seras près de moi, le sang ne saurait couler
de mes yeux humides.
JAUHAR (AHMAD ALI).
Mirzâ Ahmad Ah Jauhar^ naquit à Dehh. Ses an-
cêtres étaient Persans d'orio;ine. Il fut tué à Delili dans
"O"
' ^^^S.^ bl>. Le mot ^rnrr est le féminin sanscrit de ^(«i:
signifiant connaissant; et bégam est le féminin de beg , titre honorifique.
' c:>iifc> honte.
' District de la province dOrissa.
* yJb^s^ perle, et le naturel, le caractère, etc.
264 BIOGRAPHIE
une querelle particulière. Il est auteur de poésies per-
sanes et hindoustani. Voici la traduction d'un eazal
o
qu'on trouve dans les Hînclce and Hindoostanee Sélec-
tions de W. Price, parmi les chants populaires hin-
doustani :
Lorsqu'on ouvrira ici le cahier de mes gémissements, et là
celui des tiens, bêlas! ces soupirs ne passeront-ils pas ici sur
mon cœur, là sur le tien ? Ne combats pas avec moi , ô ma
bien-aimée! laisse-moi te dire ce mot, ou plutôt ces deux mots:
Bientôt il ne sera plus parlé de nos maisons ; ici de la mienne,
là de la tienne. Sur mon cœur est la marque du soupir, et sur
ton visage celle de la petite vérole. Ces deux marques brilleront
comme des astres ; ici la mienne, là la tienne. Actuellement, je
t'en conjure, puisqu'il faut aller réunis, soyons joints de telle
sorte que dans cela, le cbagrin de l'absence ne vienne pas sur
nos cœurs, ici au mien, là au tien. Je suis incertain de savoir
comment je me joindi'ai à cette amie, quoique je n'ignore pas
que des deux côtés est le désir de l'union. Si des espions
errent ici, il y a des maisons pour se mettre à l'abri de leurs
recherches; ici la mienne, là la tienne. Quelle bonne réponse
pourras-tu donner au sujet de ta tyrannie, si le Créateur t'in-
terroge ? Il y aura des arbitres au jour de la résurrection ; ici
le mien, là le tien. On dit qu'il est mauvais de boire du vin;
et toutefois, dans l'ivresse, ne découvre-t-on pas le caractère
( Jauhar ) : ici le mien , là le tien ?
JAUHAR (SCHIV RAM).
Munschî Schîv Râm, connu sous le surnom poétique
de Jauhar, est un poëte hindoustani dont Mannû Lâl
cite un gazai fort agréable dans l'original, mais peu
propre à traduire à cause des jeux de mots et des alli-
térations qui y abondent.
ET BIBLIOGRAPHIE. 265
JAULAN.
Mîr Ramazânî Alî Jaulan ^ vivait à Dehli pendant
le règne de Muliammad Schâh. Il avait environ quatre-
vingts ans de lygS à 179/i. On dit que dans sa jeu-
nesse il était le premier de son temps pour le tir aux
flèches. Mushafi le compte parmi les poètes hindous-
tani.
JAWAN (RAZIM ALI).
Mirzâ Kâzim Ali Jawân ^, de Dehli , est un écrivain
hindoustani très-distingué. Il habitait Lakhnau en 1196
( lySi-iySa ). Il se rendit, en 1800, de Lakhnau
à Calcutta, sur l'invitation du colonel Scott, et il fut
attaché comme collaborateur au docteur Gilchrist,
professeur d'hindoustani au collège de Fort-William ^.
Béni Narâyan nous apprend qu'il vivait en 1814 à
Calcutta, où ses fils Ayân et Mumtaz ^ se distinguaient
aussi, à l'exemple de leur père, dans la carrière des
lettres.
Jawân est auteur :
1° D'un roman urdû sur la légende favorite des
Indiens, Sacoiintala, sous le titre de Sakuntala Nâtak^,
' U^y^ course, etc.
- ^îj-s» jeune homme.
' Conf. The Hiiidee roman orthoepigraphical ultimatum, pag. 26.
'' Voyez leurs articles respectifs.
266 BIOGRAPHIE
ou le Dizaine de Sacountala. Ce roman qui avait d'abord
été rédigé en braj-bhâkhâ, n'est pas une imitation du
drame de Kalidâça ; on a plutôt suivi le récit du Ma-
Mhhârata. Il a été imprimé en 1802 à Calcutta, en
caractères nagarî, in-Zi" \ et en caractères latins, en
i8o/i, grand in-S", Le docteur Gilcbrist en a donné
une nouvelle édition à Londres, en 1826; et il a été
reproduit en caractères persi-indiens , dans les Hinclee
and Hindoostanee Sélections de W. Price.
2° Il travailla ensuite à une traduction hindoustani
de ïAlcoran. Je pense que c'est la même dont l'impres-
sion avait été commencée à Calcutta, en i8o/i, sous
la surveillance du docteur Gilchrist '^.
3° Il composa, d'après Firiscbta, une bistoire de la
dynastie Bbamanî, du Décan. Celte histoire est men-
tionnée dans les Annales du collécje de Fort-William , par
Roebuck, pag. iSg.
4° 11 publia le Barah Mâça^, ou les Douze Mois, le
plus intéressant de tous ses ouvrages. C'est un poëme
du genre masnawî, qui porte aussi le titre de Dastâr-i
Hind *, Usages de l'Inde. On peut très-bien le comparer
aux Fastes d'Ovide. Dans cet ouvrage, qui a été imprimé
à Calcutta, en 1812, grand in-8°, l'auteur décrit les
fêtes et les usages des Hindous et des Musulmans,
^ Dans YHindee Mamial or Casket of India. Il n'en a paru que trenl
pages.
- Primitiœ Orientales, tom. III.
* ^Xsb
jy^l
ET BIBLIOGRAPHIE. 267
et tous les phénomènes physiques des révolutions an-
nuelles du soleil et de la lune, révolutions qu'il a eu
soin de faire coïncider ensemble; ce qui eut lieu en
l'année 858 de l'hégire, qui commença le i^' janvier
I AS /i. Je donnerai, dans mon second volume, plusieurs
extraits de cet ouvrage, dont j'ai souvent cité des mor-
ceaux dans mon Mémoire sur la religion musulmane clans
l'Inde, et dans celui sur les Fêtes populaires des Hindous.
On a écrit plusieurs ouvrages hindoustani sur le même
sujet. J'ai eu occasion de parler de celui de Gopal, et
je parlerai plus loin de celui de Wahschat. A la Bi-
bliothèque royale de Paris, il y a un ouvrage manus-
crit très-intéressant, intitulé aussi Duâzda Mânsa \ ou
les Douze Mois, et dont le sujet est pareil. C'est un
masnawî de 28 pages in-lf, divisé en douze petits chants.
II a été copié à Calcutta pour Ouessant , mais il n'y a
pas le nom de l'auteur.
5° Il a composé un bon nombre de poésies détachées
qui ont été probablement réunies en un diwân. Quel-
ques-unes ont été insérées dans le G uhâr-i Ibrahim et le
Strancjers East-India Guide. Béni Narâyan cite douze
gazai de cet écrivain distingué, deux desquels furent
lus le 2 4 juillet ( probablement en 181/1) dans une
assemblée littéraire qui fut tenue à Calcutta.
6° Enfin, il a coopéré h la rédaction du Singliaçan
battîcî avec Lailû Lâl , et il a revu le Khirad afroz et
l'édition des poésies choisies de Saudâ.
Voici la traduction d'un court poëme de Jawân :
268 BIOGRAPHIE
L AMOUR DE DIEU.
Gazai.
Si ma verve a produit un diwàn , c'est qu'elle a senti dans
mon cœur la blessure de l'amour: aussi ai-je fait de ce brillant
soleil le matla* de mon diwân. Mon cœur est enflammé d'a-
mour pour cet être qui, en faveur d'Abraham, changea en
tulipes le feu de Nemrod et la fumée en nâfarmân ^. Je suis
privé de la vie par l'épée de celui à l'égard duquel Ismaël, s'é-
tant reconnu comme une victime de Yîd, s'immola avec ardeur.
La lune de Canaan ( Joseph ) ayant vu la chaleur du marché
de cette beauté, donna l'argent comptant de sa vie comme des
arrhes , ayant reconnu le pi-ofit qu'il y avait à faire dans ce
commerce. L'un est hors de lui, l'autre fou; celui-là est attiré
par l'amour loin des choses terrestres. Tels sont les effets ordi-
naires de l'amour. L'amour est évident partout; c'est une chose
e'tonnante. 0 beauté aussi brillante que l'éclair ! montre sans
retard ton éclat, pourquoi te caches-tu? Cet œil, d'où s'é-
chappent des larmes comme des perles, est le prix du sang de
mon cœur. Par lui les paupières garnies de cils sont deve-
nues la honte de la plante du corail. Dans l'admiration où je
suis, que te dirai-je, o toi qui es le reflet de mon ami? le
miroir du cœur où je te vois m'a étonné moi-même. Le cheikh
a amoindri sa sainteté et m'a gardé auprès de lui ; l'échanson
des siècles m'a enivré du vin de la contemplation. Va, recon-
nais Dieu, entretiens-toi de lui; sinon bois, et que ta boisson
soit du vin. 0 Jawân ! tu es le rossignol du jardin de l'unité
divine: pourquoi, comme la l'Ose, déchires-tu ton collet jusqu'à
la ceinture ?
' &Ma» premier vers.
^ Violettes.
ET BIBLIOGRAPHIE. 269
JAWAN (NAIM BEG).
Mirzâ Naîm Beg Jawân, originaire de Schâhjahân-
âbâd (Delili), était, selon Mushafî, un jeune homme
distingué, d'une belle figure, d'une taille avantageuse
et s' énonçant avec facilité. Il était particulièrement lié
avec l'illustre Mirzâ Muhammad Sulaïmân Schikoh. Dès
sa plus tendre jeunesse il se sentit des dispositions
prononcées pour la poésie. Il venait de temps en temps
à Dehli, et ainsi Mushafî put le connaître en cette
ville. Jawân soumit même à ce dernier des gazai et
d'autres poésies pleines d'imagination et de bon goût,
pièces dont il a extrait deux pages qu'il donne dans
son tazkira.
JAYA CHANDRA.
Jaya Chandra ^, de Jaypûr, est auteur d'un ouvrage
sanscrit et bhâkhâ sur la doctrine des Jaïns , écrit en
l'année 1 863 du Samvat. Cet ouvrage est intitulé Swâmî
Kârtikéyânuprekscliâ ^. M. le professeur Wilson en pos-
sède un exemplaire dans sa précieuse collection de
livres hindî.
' îl^ "^A la lane de la victoire.
270 BIOGRAPHIE
JINA' BÉGAM.
Je n'ai trouvé aucun détail sur cette femme auteur ,
dans les biographes originaux que j'ai pu consulter.
Mushafî, le seul qui en parie, n'en cite qu'un vers.
JOSGHl
Rahîm ullali Josch était un jeune homme laborieux
qui, à Dehli, s'amusait à improviser des vers hindous-
tani dans les assemblées et les réunions. Comme il
avait beaucoup de dispositions pour la poésie, il écrivit
ensuite , à tête reposée , des pièces de vers sur lesquelles
il consulta Mushafî. Il passa quelques années à s'oc-
cuper de cette manière, et acquit ainsi une habileté
remarquable en ce genre, surtout pour le gazai. Il
vivait à Dehli, de lygS à 179/1.
JOSCH (ROSCHAN).
Muhammad Roschan Josch est un autre poëte hin-
doustani dont Mannù Lâl cite un vers qui me paraît
digne d'être traduit :
Puisqu'il est près de mon cœur, j'en ferai comme un miroir;
il s'y regardera , et je pourrai ainsi l'admirer à mon gré.
' Uaj»- vie.
' jjijj*' effervescence , passion.
ET BIBLIOGRAPHIE. 271
JOSCHISCH.
Le schaïkh Muhammad Abid ^ Joschisch ^ était fils
de Jaswant Nâyar Gobiiid , et natif d'Azîmâbâd. Il paraît,
d'après son nom et celui de son père , que ce dernier
était hindou et que Joschisch était musulman. Il arrive
souvent , en effet , que des Hindous renoncent à l'idolâtrie
et embrassent fislamisme. Ram Mohan Raé, qu'on a
représenté comme un unitaire chrétien, était simple-
ment monothéiste juif, musulman ou chrétien, n'im-
porte. Il parlait avec le plus grand respect de Mahomet,
et faisait le plus grand cas du Coran comme ouvrage
religieux. Il m'a semblé, dans les conversations que j'ai
eues avec lui, qu'il ne mettait aucune différence entre
Jésus-Christ et Mahomet ; qu'il les considérait comme
deux prophètes suscités par l'Eternel.
Joschisch est un très-habile poëte hindoustani, à qui
on doit un diwân empreint d'un goût exquis. En 1 1 g/i
( 1780 ), époque où Alî Ibrahim écrivait sa biographie,
il lui envoya des vers choisis parmi ceux de son diwân ,
afin qu'il pût les citer. Ces vers occupent une vingtaine
de pages dans l'ouvrage d'Ibrahim , et il les donne comme
étant très-remarquables et ayant de l'analogie avec ceux
de Mîr Dard.
Ou, selon Lutf , Muhammad Roschan.
* ^ji«vî_j.> désir violent.
272 BIOGRAPHIE
JUNUIV\
Ecrivain hindoustani , cité par Ali Ibrahim dans sa
Biographie anthologique. Il était natif de Dehli et un
des amis de Mîr Dard. Ibrahim donne trois vers de lui,
pris au hasard dans ses poésies.
JUNUN, D'ALLAHABAD.
Schaïkh Gulâm-i Murtazâ Junùn, d'Allahâbâd, était
fils de Schâh Timûr Sahsrâmî^. Il était un des dis-
ciples de Maulawî Muhammad Barakat. C'est un poète
hindoustani estimé. Les biographies originales en citent
quelques vers.
JURAT.
Yahya Mân^ Calandar-bakhsch Jurât ^, fils de Hafiz
Mân , est un des poètes hindoustani les plus célèbres.
Yahya Mân est le surnom de ses ancêtres , sous lequel
ils ont été désignés dès le temps dAkbar. Celui du-
quel cette famille tire son origine est Yahya Râé Mân
qui habitait près de Chandni-chauk ( Grand Marché ) , à
Dehli, dans un lieu connu sous le nom de Kûcha-i
Râé Mfm (l'Angle de Râé Mân ). Pai' l'effet des vicissi-
tudes des temps, Jurât quitta Dehli dans son enfance,
^ Au lieu de «.t» , on lit dans plusieurs biographies originales yUi .
* cyivc» hardiesse.
ET BIBLIOGRAPHIE. 273
et alla dans les contrées orientales de l'Inde. Il y grandit
et y atteignit l'âge viril. Malheureusement il perdit la
vue étant encore jeune. Il se, distingua par son talent
pour la musique, pour l'astronomie des. Hindous, et
surtout pour la poésie , car ses compatriotes le recon-
naissent comme un poëte très-distingué. Il fut disciple
de Mirzâ Jafar Ali Hasrat. Il a formé beaucoup d'élèves.
Il dit dans un de ses poëmes \ qu'il quitta Dehli à
l'époque où cette capitale fut pillée, et vint s'établir à
Faïzâbâd. 11 paraît néanmoins qu'il habita première-
ment Lakhnau , puis Faïzâbâd en i i gy ( i ySa-i y83). Il
fut d'abord pensionné par le nabab Muhabbat Khân,
connu sous le takhallus de Muliahhat - ; puis en i 2 i 5
(1800-1801), il reçut des secours du prince impérial
Sulaïman Schikoh ^.
Il eut un fils nommé Gulâm-i Abbâs, qui mourut en
1204 de f hégire (lySg-i'ygo). On trouve le tarîkli
de sa mort dans les œuvres de son père, ce qui prouve
que Jurât vivait encore à la même époque.
Jurât est auteur d'un énorme volume de poésies liin-
doustani intitulé Kiilliyut ou OEuvres complètes *, qui
se compose de gazai très-admirés dans flnde , et de dif-
férents poëmes erotiques écrits dans le goût moderne.
Parmi les masnawî qui sont placés à la suite du divvân,
il y en a deux qui ne sont pas de nature à pouvoir être
' Pag. G91 de mon exemplaire.
- Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
' Voyez l'article consacré à ce prince poëte.
^ J'en possède, dans ma collection particulière, une fort belle copie
qui a appartenu aux célèbres orientalistes T. Roebuck et T. Macan. Elle
se compose de 835 pages in-fol.
I. 18
274 BIOGRAPHIE
traduits, car le sujet en est immoral; c'est d'autant plus
fâcheux qu'ils ne manquent pas d'intérêt et sont écrits
aA'^ec facilité. Un autre, intitulé Masnaivî sur le Klidjâ
Hoçaii Sâhib, roule sur une simple aventure d'amour;
mais le tableau de la beauté de la femme qui y est cé-
lébrée, celui de son amour et de l'affection de son
amant pour elle, sont tellement développés, qu'une
anecdote qui aurait pu être contée en deux pages, en
occupe cinquante-liuit. Il y a aussi des satires ; la plus
intéressante est celle sur la pluie, dont je donnerai la
traduction dans le second volume, ainsi que de quel-
ques gazai. Les autres roulent sur le froid, sur la gale,
la petite vérole, etc.; mais elles sont pleines de mots
à double entente et d'allusions licencieuses. Jurât est
malheureusement du nombre de ces poètes orientaux
dont les vers offrent souvent d'obscènes images.
JURAT (SCHER ALI).
Mîr Scher Alî Jurât, contemporain de Mirzâ Rafî
Sauda , quitta Dehli pour aller habiter le Décan , quel-
ques années avant fépoque oi^i Fath Ali Huçaïnî écrivit
son tazkira. On le compte parmi les poètes hindous-
tani, et les biographies originales donnent plusieurs vers
de lui. Il en a cependant peu écrit. Fath Alî Huçaïnî,
qui f avait beaucoup connu, dit qu'il était très-érudit.
RABIR.
Le Bliahta Mâla, précieux ouvrage hindouî, nous
donne des détails intéressants sur ce réformateur ce-
ET BIBLIOGRAPHIE. 275
îèbre ^ qui est aussi un des écrivains hindî les plus an-
ciens, et dont il nous reste le plus de productions
remarquables. Il est inutile de faille connaître ces récits
fabuleux; qu'il nous suffise de dire que Kabîr vécut sous
le règne de Sikandar Schâh Lodî, qui régna de i liS8
à i5i6. C'était un simple tisserand^, qui fut un des
douze principaux disciples de Ramânand, et qui, à son
tour, propagea une réforme plus profonde et plus
large. Son nom de Kabîr n'est qu'un titre signifiant
le plus grand. On le nomme aussi Jnâni ou le sage. Ce
sont deux différents takhallus plutôt que des noms
propres. Ce personnage est nommé Gourou Kabîr ou
Kabîr Sâliib, selon que ce sont des Hindous ou des
Musulmans qui en parlent. On sait que Kabîr est en
effet vénéré par les uns et par les autres, et qu'ils le
réclament les uns et les autres comme appartenant à
leur culte. A sa mort il y eut même, dit-on, une
grande contestation entre ces sectaires , les uns voulant
enterrer son corps , et les autres le brûler. Kabîr parut
alors au milieu d'eux, et leur dit de regarder sous
fétoffe qui couvrait ses dépouilles mortelles. Ils le
firent, et ne trouvèrent qu'un monceau de fleurs. Banâr
Râjâ ou Birsinh Râjâ, alors souverain de Bénarès, prit
la moitié de ces fleurs qu'il emporta dans cette ville,
où elles furent brûlées, et leur cendre déposée dans
la chapelle nommée Kabîr cliaura. D'un autre côté, Bijiî
' W. Price , Hindee and Hindoostanee Sélections , tom. I , pag. 84 et suiv.
•* J'ai un dessin original qui le représente devant son atelier de tisse-
randerie : il a à sa gauche son fils Kamal, et à sa droite un autre ouvrier
et disciple qui a le titre de \\ak\m ou sage.
18.
276 BIOGRAPHIE
Khan, Patan, chef du parti musulman, éleva un tom-
beau sur l'autre portion, à Mugm% près de Gorakhpur,
là précisément où Kabir mourut. Ces deux lieux sont
également fréquentés par les Kabîr-pantbî ou sectateurs
de Kabîr.
Les écrits qu'on attribue à Kabîr sont trop variés et
trop volumineux pour avoir été entièrement son ou-
vrage , et quelques-uns sont évidemment modernes ; mais
parmi ceux qui sont nommés Ramaïnî ^ et Sabcl ~, il y
en a plusieurs dont fantiquité est évidente^, et qui sont
antérieurs à la généralité des compositions urdù. Ils ont
néanmoins le même genre caractéristique de construc-
tion, mais ils diffèrent essentiellement par le choix des
expressions, dont presque ai.cune n'appartient au persan,
JNI. \A . Priée ^, à qui j'ai emprunté une partie de ce qui
précède, a donné un choix de /i3 pages des Rekhta^
de Kabîr, dans la langue originale seulement , et le gé-
néral Harriot, des extraits de son Bijak °, ouArage dont
il a bien voulu me donner la copie qu'il possédait , co-
' M. Wilson nous apprend [Asiaiic Bescarches , tom. XVI, pag. 58)
que dans ces recueils on distingue par les mots hahdhi halir, c'est-à-dire
Kabir a vraiment dit, ce qui est réellement de lui; par les mots kahaï
Kabîr, ce qui est la substance de ses paroles ; et par ceux kahajé clâs
Kabir, ce qui est dû à quelqu'un de ses disciples (esclaves).
* Hindee and Hindoostance Sélections , introduction, pag. 9.
° N-rl<=^, c'est le grand Bijak. Voyez sur le petit, l'article consacré à
Bhagodâs.
ET BIBLIOGRAPHIE. 277
pie qu'il devait à l'amitié de Ram Singb , soubadâr de
Chanar, et qui est très-bien écrite en caractères nommés
kaïtlii nacjari. M. Wilson a une autre copie du même
ouvrage , et un recueil des poëmes de Kabîr, tels que
Ramaïni, Rekhta, etc. en caractères nagarî. Le Bijak se
compose de trois cent soixante-cinq sâkhi ^ ou distiques ,
de cent douze pièces de vers nommées Sahd, de quatre-
vingt-quatre poëmes nommés Ramaïnî, et de plusieurs
autres, formant en tout 1/19 pages in-/t°. Je reviendrai,
dans le tome II, sur cette importante production.
On a fait un cboix des sâkbî de Kabîr, sous le titre
de Bayâz-i sâlM Kabîr ^, ou Album des sâkbî de Kabîr.
Toutes ces poésies sont écrites dans la forme usuelle
des vers bindî , le dobà , le chaupaï et le samaï.
Voici la liste complète de tous les ouvrages qui sont
attribués à Kabîr. Ils forment la collection nommée
Khâs Grantha, ou Livre par excellence, telle qu'elle est
conservée par les Kabîr-pantbî, dans le monument de
Bénarès nommé Chaura.
1° Siikli nîdhân, ou le Séjour du bonheur. Ce livre
est la clef de tous les autres : il a la bonne qualité
d'être clair et intelligible.
2° Gorakli nâth M Goschthi, Discussion de Kabîr avec
Gorakb-nâth.
3° Kabîr pânjî.
h° Balalilihi ramaïnî.
' HT^
^ Un exemplaire de cet ouvrage est inrliqué dans le catalogue ma-
nuscrit des livres de Farzâda Culî, catalogue qui appartient actuelle-
ment à la Société royale asiatique.
278 BIOGRAPHIE
5° Rdmânand ki Gosclithi Ce livre coutienl les dis-
putes de Kabîr avec Ramanaiid.
6" Anand Ram Sâcjara.
7° Sabddvali.
8° Mangala, cent courts poëmes.
9° Vacant, cent hymnes écrits dans le râg ainsi
nommé.
10° Holi, deux cents hymnes nommés holî ou horî,
chants du carnaval de l'Inde ^
1 1° Reklita, cent odes. Le sujet de ces poëmes et
des suivants est toujours moral ou religieux.
1 2" Jhûlana, cinq cents odes dans un style différent.
iS" Kahâra, cinq cents odes dans un autre style.
ià° Hiiidola, douze autres odes.
1 5" Bârali Mâça, les Douze Mois , sous un point de
vue religieux, conformément au système de Rabîr.
1 6° Chanchara, au nombre de vingt-deux.
1 7° Chautiça, au nombre de deux. Ces pièces con-
tiennent l'explication des trente-quatre lettres de l'al-
phabet nagarî, avec leur signification religieuse.
18" Alif-ndma, falphabet persan développé de la
môme manière.
1 9° Ramaïnî, courts poëmes de doctrine et de con-
troverse.
20° Sdkhî, au nombre de cinq mille. Ils consistent
chacun en une stance composée d'un distique seule
ment.
21" Le Bijak, en six cent cinquante-quatre sections.
H y a aussi une grande variété de stances nommées
' Voyez la traduction crun chani de cette espace à l'article sur Zamîr.
ET BIBLIOGRAPHIE. 279
âgam, hâni, etc., composant un cours d'études formi-
dal)le pour ceux qui veulent pénétrer dans les doc-
trines de cette école. Les Kabîr-panthî savent géné-
ralement par cœur un certain nombre de sâkhî, de sal)da
et de rekhta, et ils les citent à propos. Le style de
toutes ces compositions se distingue par une simplicité
naïve , qui charme et qui persuade : il a une énergie et
une couleur particulières. On prétend que les vers de
Kabîr ont quatre sens différents : l'illusion ( mâyâ ) , l'es-
prit (d^d), l'intellect [man], et la doctrine exotérique
des Védas ^
Tous les ouvrages de Kabîr respirent la croyance
ferme en l'unité de Dieu et l'horreur de l'idolâtrie. II
les a adressés aux Hindous aussi bien qu'aux Musul-
mans. Il y tourne en ridicule les pandit et les sâstra,
aussi bien que les mullâ et le Coran. C'est des doc-
trines de Kabîr que Nànak, fondateur des Sikhs, tira
les siennes; aussi les Sikhs ressemblent-ils beaucoup
aux Kabîr-panthî, si ce n'est qu'ils sont bien moins
sévères que ces derniers.
De son côté Paulin de Saint-Barthélémy nous ap-
prend que les Kabîr-panthî, qu'il nomme Cabirii et
Cahiristœ, ont pour livres fondamentaux de leur reli-
gion les deux ouvrages suivants , écrits en langue hin-
doustani :
i" Le Satnam Kabîr, ouvrage qui n'est pas cependant
cité dans la longue liste que M. VVilson a donnée des
ouvrages attribués à Kabîr, liste que j'ai reproduite
plus haut.
' H. H. VVilsou, Asîalic Researches, tom. XVI , pag. 62.
280 BIOGRAPHIE
2° Le Miîla panci, c'est-à-dire Livre de l'origine \
ouvrage dont une copie manuscrite, accompagnée d'une
traduction italienne parle P. Marcus à Tumba, se trou-
vait dans la collection Borgia. La traduction a été publiée
dans le tome III des Mines de l'Orient.
Ce que dit de ces sectaires le P. Marcus à Tumba,
cité par le P. Paulin de Saint-Barthélémy, s'accorde
avec l'idée qu'en donne le général Harriot, dans son
Mémoire sur les Kahirpantliî", où il les représente comme
de purs déistes. Kabir fut pour l'Inde brahmanique
un réformateur à peu près semblable à ce que fut plus
tard le saïyid Ahmad pour flnde musulmane. 11 prêcha
une réforme complète, et son zèle ne fut pas sans
succès, puisque dans les provinces du Bengale, du Bi-
hâr, d'Aoude et de Malwa, on trouve encore un grand
nombre de Kabîr-panthî, remarquables par la simpli-
cité de leurs mœurs et par leur bonne conduite.
Voici quelques lignes des écrits de ce réformateur,
traduites par le général Harriot ^ :
Que peut effectuer f âme entourée de désirs mondains ? . . . .
Parler d'un pays qu'on n'a pas vu, c'est sottise. Ils mangent
du sel amer, et ils vont vendre du camphre.
La moitié d'un vers est suffisante, si on y réfléchit conve-
nablement. Que sont les écrits des pandit qui sont chantés nuit
et jour ?
^ M. Wilson pense qu'il faut lire Mûla panilâ, c est-à-dire le Disciple
radical.
- Journal asiatùiiie, n° de février iSSa.
' Ibid. On trouve aussi de longs extraits des ouvrages de Kabîr dans
le Mémoire du professeur Wilson sur les sectes hindoues, Asiatic Re-
searches, tom. XYI.
ET BIBLIOGRAPHIE. 281
De même que le lait qui donne le beurre est bon , ainsi la
moitié d'un vers de Kabir égale les quatre Védas.
Ici on honore Dieu sous le nom de Har, là sous celui d'Allah:
examine ton cœur soigneusement, lu y trouveras toute chose. . . .
Les uns étudient le Coran , les autres les Schâstar. Sans l'ins-
truction donnée par un maître plein de l'esprit de Dieu , vous
détruisez sciemment la vie. Réfléchis et mets de côté ce qui est
inutile, tu seras alors un vrai philosophe.
Quitte toute illusion [maya) , et tu ne trouveras point d'obs-
tacle H n'y a point de lieu où ne soit le Créateur
Ds saisissent un nom faux qu'ils suivent, le prenant pour
la vérité. Quand les étoiles brillent, le soleil se couche. Ainsi,
quand l'àme réfléchit, elle détruit la fausseté
Ce corps ne recevra jamais la sagesse : elle est proche d'eux,
à leurs côtés; ils ne la cherchent pas, mais ils disent : Elle est
éloignée. De toutes paris ils sont remplis de crainte
0 insensé! brûle l'amitié du genre humain, dans laquelle sont
les soucis et la mauvaise volonté. Le temple est bâti sans fonde-
ment; je le dis, échappe-toi, autrement tu seras englouti.
Peux-tu écouter les jongleries des Brahmanes ? Sans avoir la
connaissance de Har, ils coulent le bateau à fond. Peut-on être
Brahmane sans connaître l'esprit de Brahm (Dieu) ?
RABIR SUMBULI.
Hakîm Kabîr^ Sumbulî Scliaïkh Ansarî était un mé-
decin célèbre qui s'occupa aussi de poésie bindoustani.
Dans ses ouvrages il a pris le surnom poétique de Kabîr.
Musbafî l'avait connu cbez le nabab iMubammad Yâr
Khan Amîr^.
' y-xjS^ grand. Il sera encore question de cet écrivain à l'article de
son fils Muruwat.
^ Voyez l'article consacré à cet écrivain.
282 BIOGRAPHIE
Il paraît que ses poésies ont été réunies en un diwân ,
car parmi les manuscrits de la bibliothèque du col-
lège de Fort-William on trouve un volume bindoustani
intitulé Diwân-i Kabir.
RAFIR.
Mîr Alî Naquîi Râfir^, de Debli, était un saïyid d'une
famille illustre, qui s'occupait avec succès de poésie bin-
doustani. Il prit d'abord pour takballus le nom de
Taskin ^, puis celui de Jumin ^, enfin il choisit celui de
A'o/jr. Il est aussi connu sous le nom de Kâfir tika, parce
que, selon Ibrâbîm, lorsqu'il lisait ses productions, il
disait à chaque vers : a Ceci est un tîka^. » Il était militaire
de profession. Il fut très-lié avec ]\lir Taquî et avec
Fath Ali Huçaïnî. Mîr nous apprend que les réunions
littéraires des amis de la poésie rekhta se tinrent chez
lui pendant deux ou trois mois. Ali Ibrâbîm l'avait vu
à Murschidâbâd , et avait lu ou entendu lire ses poésies;
mais il ne paraît pas en faille beaucoup de cas.
KARUL.
Schâb Kâkul*", de Debli, est un poëte bindoustani
qui fut le contemporain d'Abrû. Il quitta de bonne
' ^ïj propre, net.
* yi^ injidele, mécréant.
' (^j^S%M*2 consolation, etc.
^ A5yo OU IjCo . J'ignore si ce mot est ici dans le sens de commen-
taire, ou de la marque distinctive que les Hindous mettent au front.
* joW boucle de cheveux.
ET BIBLIOGRAPHIE. ^283
heure le monde, et endossa le manteau des faquîrs. Sa
cellule était située dans le marché de Sad uliah Kliân.
x\lî Ibrahim en cite quelques vers.
KALÏ RRISGHNA.
Le râjâ Kalî Krischna ^ Bahâdur, de Sobha Bâzâr
(Calcutta), est un savant hindou, très-zélé pour les
lettres qu'il cultive avec succès. Il est fils du feu râjâ
Râj-Krischna 2, et petit-fils du feu râjâ Nava-Kiischna
Bahâdur. Il est né en i8o5 ou 1806. 11 est du nombre
des Hindous amis de l'Europe, et surtout de f Angle-
terre et de sa littérature. On peut nommer ces Orientaux
qui se livrent à l'étude des littératures du Franhstân,
Occidentahstes. Kalî Krischna est un des plus labo-
rieux. Il a une typographie particulière où il imprime
ses ouvrages. Quoique jeune encore, il a publié de
nombreux travaux qui annoncent un goût décidé pour
rinstruction; aussi les Sociétés asiatiques de Calcutta,
de Londres et de Paris se sont-elles empressées de fad-
mettre dans leur sein , et il a reçu du gouvernement an-
glais et de divers souverains de l'Inde, des khila, des
médailles et des décorations.
C'est seulement comme écrivain hindoustani qu'il est
cité dans cet ouvrage; nous ne devons pas par consé-
quent parler de ses publications anglaises ni même ben-
gali -, toutefois il sera parlé ailleurs d'une des premières ,
' ^TT^5T", nom deDurga, et ^J\3", nom d'une incarnation célèbre
de Wischnou.
^ Il en sera question plus loin.
284 BIOGRAPHIE
attendu que c'est une traduction du braj-bhâkhâ. Les
autres sont des traductions du sanscrit en anglais, et de
l'anglais en bengali. Ses ouvrages hindoustani sont :
1° Le Majma-i laUuf \ c'est-à-dire Collection de plai-
santeries. C'est un choix de fables et d'historiettes em-
pruntées à d'autres langues , et notamment au persan et
à l'anglais , au nombre de soixante. Kalî Krischna a été
aidé dans ce travail par Hakîm Maulawî Abd ulmajîd 2.
Il y a joint, comme appendice, quelques pièces qu'il
nomme didactiques, et qui ne sont autre chose que
des sentences de sa façon, composées chacune d'un vers
hindoustani, et accompagnées d'une traduction en prose
anglaise. J'ai déjà donné des détails sur cet ouvrage,
et j'en ai fait connaître quelques fragments dans le
Journal des Savants (i836). Pour ne pas me répéter, j'y
renvoie le lecteur.
2° Une traduction urdù des fables du célèbre poëte
anglais Gay. Elle est intitulée en hindoustani Ahçan ul-
mawâiz ^, c'est-à-dire les Meilleurs des avis , et en anglais ,
Fahles hy ilie late M. Gay, ivitli a translation -mto urda
poetrj'. Cet ouvrage a été imprimé à Calcutta en i836;
c'est un volume grand in-8°, sur deux colonnes , Tune
hindoustani et l'autre anglaise. 11 commence par une
préface hindoustani dans laquelle l'auteur fait connaître
le motif qui l'a décidé à traduire cet ouvrage, la mé-
thode qu'il a suivie dans son travail, etc.; puis vient la
traduction des fables. Chaque hémistiche correspond à
* (_ÀjUaJ j4t. un vol.in-12 de 199 pages. Calcutta, i835.
- Voyez son article.
ET BIBLIOGRAPHIE. 285
un vers anglais. Les misra ou hémistiches riment en-
semble, et sont tous sur une même mesure. Chacpie
fable est donc un masnawî , et leur réunion un grand
masnawî. L'ouvrage se termine par le tarihh ( chrono-
gramme en vers ).
3° Il est aussi auteur d'une esquisse écrite en urdii
sur le Système solaire \ esquisse adaptée aux écoles et
imprimée d'après le procédé hthographique.
KALIM.
Schaïkh Muhammad Huçaïn Kahm ^, de Dehli, est
un des plus célèbres écrivains hindoustani. C'était un
officier de pohce qui vivait sous le règne d'.llimad
Schâh , lils de Mohammad , et qui était hé avec les gens
de lettres de son temps les plus estimés. 11 était le père
de Miyân Hâjî Tajjalli, et parent de Mîr Taquî qui lui
était très-attaché , et qui en avait reçu , de son côté , des
marques d'affection. Il a écrit en hindoustani un grand
nombre d'ouvrages qui lui ont assuré un rang distingué
dans cette littérature. Ces ouvrages sont :
1° Un Traité sur la prosodie et la rime en hindous-
tani ^, le même apparemment dont IMushafi parle sous
le titre des Dix Séances hindi ^ sur la versification.
1° La traduction en hindoustani du hvre arabe in-
1 Shetch. of the solar System, intended for ihc use oj schools.
^ pÇsX interlocuteur.
286 BIOGRAPHIE
titulé Fuçiis ulhukm ou ulhikam ^ C'est un ouvrage de
théologie mystique, écrit en 6 2 y de l'hégire ( 12/40 de
Jésus-Christ), par Muliî uddîn Abu Abd Allah ben
Arabî Damischquî. Le célèbre Jâmî a écrit un com-
mentaire persan sur ce livre.
3° Un Traité sur la diffusion de l'hindoustani 2.
Il" Un Diwân composé de gazai, de cacîdah, de mu-
khammas, de rubâî. On distingue surtout parmi ces
pièces de vers un cacîdah intitulé Rauzat asclisclmara ^,
ou Jardin des poëtes, poëme oi^i sont cités les noms
de tous les poëtes hindoustani.
Toutes les œuvres poétiques de Kalîm ont été réunies
sous le titre de KiilUjât ou Œuvres complètes. Il mourut
à Dehh. Mushafî nous apprend que Muhammad Càim
en a parlé avec éloge dans son tazkira. Mîr se sert,
pour le louer, d'allégories hyperboliques, et il cite
quatre pages et demie de ses vers.
KALLAN-HAJJAM.
Poëte hindoustani dont Mannû Lâl a cité des vers
dans son Galdasta-i niscMt. En voici un traduit en
français :
A cbaque instant se montrent de nouveaux amants que t'a
acquis ta coquetterie. Si telle n'est pas ta conduite, je me ré-
signe à mourir.
1 ^, C-Il ^, A/t,» , c est-à-dire les Chatons de la sagesse , si on lit
hàm avec C. Stewart, et les Chatons des sciences, si on lit hikam avec
d'Herbelot.
ET BIBLIOGRAPHIE. 287
RALLAN JAFAR.
Mîr Rallan Jafar est un poëte hindoustani dont le
même Mannû Lâi a cité plusieurs vers. Voici la tra-
duction d'un singulier baït de cet écrivain :
Ah ! si la main de mon amie touchait la frange de ma robe ,
je briserais le fil de ma vie et je la jetterais loin de moi.
KAMAL.
Scliâh Kamâl uddîn Huçaïn, nommé simplement
KamâU, est un poëte hindoustani distingué. Ses an-
cêtres étaient de Manikpùr^, puis ils vinrent dans le
Soubah du Bihâr, où ils occupèrent des postes impor-
tants dans l'empire mogol. Dès que Kamâl fut parvenu
à la jeunesse, il se fit initier à un ordre de derviches, et
il en prit l'habit. Il vint ensuite dans le Bengale , puis
à Lakhnau; et à l'époque où Mushafî écrivait, il de-
meurait chez le râjâ Hidâs Raé, qui était son patron.
Il avait depuis longtemps un désir extrême d'écrire
en vers hindoustani; c'est pourquoi il réunit près de
trente diwân hindoustani des grands maîtres anciens
et modernes , et tant par la société de ses parents que
par la lecture de ces écrits, il forma son style et s'as-
sura une honorable considération. Il ne fut d'abord
l'élève de personne ; toutefois il se mit ensuite au
nombre de ceux de Calandar-bakhsch Jurât.
' i}v perfection.
^ Dans la province d'Allah âbâd.
288 BIOGRAPHIE
Nous devons les détails qui précèdent à Mushafî, qui
cite une page des vers de ce poëte. En voici un gazai
qui fait partie du Diwân-i Jahân :
Chère amie , qui viens auprès de moi , lève un peu les yeux
et regarde ici! Quelqu'un t'appelle, tourne un peu ton visage.
Pourquoi me dis-tu : Que ferai-je ? je suis désespérée. Regarde-moi
quelques instants sans être interdite.. . . Si tu ne connais point
mon état véritable, place le miroir devant toi et regarde un peu.
Le sort a conduit auprès de Kamâl, dont le cœur est blessé, son
amie; regarde-moi, et ce voyage sera heureux pour moi.
KAMIL\
Poëte hindoustani dont Bénî Narâyan cite un gazai
que je joins ici en français :
Où est ce vainqueur de mon cœur, qui le jette dans le trouble ?
■ Où est ce chaland qui m'a acheté ? Pourquoi me demander ma
demeure, à moi qui suis sans gîte, et dont tout le bagage est
sur le dos? Tu le sais, j'habite à l'ombre du mur de ta maison.
Tout musulman que je suis , je me reconnais l'esclave des idoles
vivantes. Sous mon chapelet se cache le cordon des Brahmanes.
Celui qui en veut à mes jours est venu inopinément à moi, et
m'a demandé avec rudesse : « Est-ce bien toi qui me poursuis ? —
«Oui, lui ai-je dit, hors de moi; et en vérité, mon cœur affligé
«s'offre à toi en sacrifice. » Lorsqu'il a entendu ces paroles,
il a tiré son épée et s'est écrié : « Débarrasse-moi de cet esclave. »
Ayant vu cet incident, l'épée a semblé lui dire : « Laisse-le,
« car il est mon compagnon de douleur. » Il a dit alors : « Quelle
« épée es-tu donc ? éloigne-toi d'ici ; je veux tuer Kàmil qui est
« coupable envers moi. »
' J^^ parfait.
ET BIBLIOGRAPHIE. 289
KAMTARIN.
Miyân Kamtarîn^ de Dehli, était un des officiers
du nabâb Imâd ulmulk Gâzî uddîn Khân. Il a imité le
style d'Abrù -. Il était d'un caractère satirique : aussi
a-t-il écrit des satires ^ contre tout le monde. Il aimait
aussi beaucoup la plaisanterie, et il avait du goût pour
les métapbores obscures et les allégories difficiles à
saisir. Les gens du peuple de l'Inde font beaucoup de
cas de ses poésies : ils les récitent souvent. Cependant
Mîr qui s'était trouvé quelquefois avec lui dans des
réunions d'amis du genre burlesque, dit qu'il n'a ja-
mais entendu de lui un vers qui eût le sens commun.
Il cite néanmoins des fragments de ses diatribes.
RANARA-DAS\
Écrivain du Bandelkand, à qui on doit le Snéhâ-Lîlâ^,
ouvrage cité par Ward dans son savant et important tra-
vail intitulé A View of tlie History , etc. of the Hindoos^.
^ / o»JCi» le moindre.
^ Voyez l'article consacré à cet écrivain.
5 s »^î Vi-f^-îî , à la lettre , trouhle-ville. On donne ce nom aux
pièces de vers destinées à exciter du scandale.
'' Probablement =t\ Uj [ 6 ^IH serviteur ou disciple de Kanâda, l'au-
teur du système de philosophie nommé Faischeschika.
^ Tom. II, pag. 481.
290 BIOGRAPHIE
KARIM HUCAIN.
Le maulawî Saïyîd Rarîm Huçaïn ^ a traduit en hin-
doustani, sous la direction du major Pogson (et aussi
en arabe et en persan), l'ouvrage de Robert Dodsley,
intitulé Economy of Imman life. On en conserve une
copie dans la bibliothèque de la Société royale asiatique
de la Grande-Bretagne et de l'Irlande. Le major Pogson
est celui à qui nous devons une Histoire des Bandélas ,
traduite de l'hindouî, travail dont il sera parlé plus loin,
à l'article sur Lâl.
RARTA.
Kartâ^ Kischan ou Krischna, pandit, est un poëte hin-
dou qui a écrit en urdû. Mannû Lâl en cite, dans son
Galdâsta-i nischât, un gazai où se trouvent en abondance
les lieux communs de la rhétorique persi-indienne , et
les allusions ordinaires aux amants célèbres de l'Orient :
Yûçuf et Zahkhâ, Farhâd et Schîrîn, Majnûn et Laïla.
KAZIM'.
Kâzim uddîn Munschî est un écrivain du Décan à
qui on doit la traduction en vers hindoustani de Sulirâb,
charmant épisode du ScJiâli-nâma de Firdaucî, rendu
dans le même mètre que l'original. Cet épisode est
' (;jv.*Mw:>- fsJiy^s le généreux Huçaïn.
* \j%$ niaitrc , propriétaire , etc.
^ ^^.^Jà^ celui qui retient sa colère.
ET BIBLIOGRAPHIE. 291
connu en Europe par l'élégante traduction anglaise
qu'en a donnée J. Atkinson, et il mérite en effet la
célébrité qu'il a obtenue en Orient. La version liin-
doustani porte le titre de Jang-nâma-î Siilirâh o Riistam,
c'est-à-dire le Livre du combat de Suhrâb et de Rus-
tam. J'en ai un exemplaire dans ma collection parti-
culière, lecjnel a appartenu à Sir Graves Ghamney
Haughton.
KÉGAVA-DAS.
Kécava-dâs, ou mieux Kécav-dâs\ est un célèbre écri-
vain hindouî qui vivait à la fm du xvi* siècle et au com-
mencement du xwif, sous les règnes de Jabânguîr et de
Schâh Jahân. Il a employé dans ses vers une grande
variété de mesures ^. Il est auteur :
1° D'un poëme sur Rama, intitulé Râmacliandrika^.
Selon M. Wilson, ce poëme est une traduction abrégée
du Râmayana, c'est-à-dire probablement du Râmayana
sanscrit de Valmîki. Il se compose de trente-neuf sec-
tions.
2° On doit aussi à Kéçava deux expositions poétiques
de la rhétorique hindoue, mtitulées Racik Prija'^ et
Kavi Prya ^.
' C'est-à-dire serviteur de Krischna; de ef^yjcj qui est un des noms
de Krischna et signifie possesseur de beauj: cheveux, et de ^[^ serviteur.
^ Voyez Asiatic Researches, tom. X, pag. 896; Mack, CoUect. t. II,
pag. 1 1 3 ; Broughton , Popular Hindoo Poeiry, pag. 1 4 ; et Ward , tom. II ,
pag. 480.
^ ^|^x(|*^af^ Ramayade.
292 BIOGRAPHIE
3° Il est encore auteur du Vignâna gaîta \ ou le
Chant de la science, et d'autres ouvrages.
Le Kavi Prya, ou les Délices du poëte , est un traité
en seize livres sur la rhétorique des compositions poé-
tiques, d'après le système sanscrit. Quoiqu'il n'ait été
écrit qu'en l'année de Samvat 1 658 ou en 1602 de
Jésus-Christ, il est néanmoins, selon M. Wilson, un
des monuments hindi les plus anciens d'une date bien
certaine. Le même indianiste en possède un exemplaire
dans sa belle collection; il est in-Zi" et en caractères
nagarî. Il y en a aussi des exempl ailles au British Mu-
séum, dans la Collection Mackensie et ailleurs.
Le Racik Priya, ou les Délices de l'homme de goût,
a été écrit en 1692 de Jésus-Christ.
Les ouvrages de Kéçava-dâs sont d'autant plus dignes
d'attention, qu'outre leur intérêt intrinsèque, ils offrent
un intérêt philologique en ce qu'ils forment le lien
entre les anciennes compositions hindi des indigènes et
les ouvrages hindoustani modernes des Musulmans ^.
REZ-DAllAZ.
Abd uUah Huçaïnî Kez-Darâz^, de Kalbargah, est au-
teur d'un ouvrage intitulé Nischât iiUsclic *, c'est-à-dire
les Plaisirs de l'amour divin. C'est un commentaire
dans le dialecte dakhnî, d'un des traités mystiques du
1 t^^T*T <t ild • Cet ouvrage est cité par Ward dans sou Histoire
de la liitcrature des Hindous, lom. II, pag. 48o.
^ H. H. Wilson, Introdud.to Mach. Collect. pag. Hi.
jiji ijt^^^s [homme à) lon(js cheveux.
s
4
ET BIBLIOGRAPHIE. 293
célèbre Gûs ulâzam Abd iilcâdir Guîlânî. Cet ouvrage se
trouvait parmi les livres de la bibliothèque de Tippou ,
et fait actuellement partie de celle de ÏEast-Inclia House ,
à Londres.
Parmi les livres de la Société asiatique de Calcutta,
il y a aussi un volume qui porte le titre de Nischât
ulischc. Il est en prose et roule sur les Hadîs. C'est
peut-être le même ouvrage que celui qui est indiqué
plus haut. Toutefois l'auteur de ce volume est désigné
sous le nom de Abd idgafâr ^ ; mais comme c'est un
titre d'honneur, il peut se faire qu'il s'applique au même
individu.
RHADIM^
Khâdim-i Huçaïn Khân , d'Azîmâbâd ( Patna ) , fds de
Hâjî Ahmad AlîQuiâmat, et cousin d'Ali Ibrahim, au-
teur de la biographie hindoustani, était dans la magis-
trature. Par son père , il faisait partie des Schaïkh qu'on
nomme Bani Hâscliam ^ , et par sa mère , des Saïyid Hu-
çaïnî^. Il avait un caractère doux et grave. On le compte
parmi les poètes hindoustani.
' j*À*JÎ *Xa& serviteur du miséricordieux.
^ ^^ilite. serviteur.
' Ou fils de Hàschem. Ce sont , je pense , les mêmes qu'on nomme
aussi Coraîchî. Hàschem était Taïeul de Mahomet; Coraïsch était aussi
un de ses aïeux, celui qui a donné son nom à la tribu du Prophète.
'' On sait que les saïyid sont les descendants de Mahomet. Ceux qui
tirent leur origine de Huçaïn se distinguent par le titre de Huçaïnî ou de
Huçaïn.
294 BIOGRAPHIE
RHAKHSAR.
Schàli 1 Muhammad Yàr Rhàkhsàr -, autrement dit
Kallau ^ était un derviche indépendant de l'ordre des
caiandar, et un des gardiens de la châsse du Cadam-i
Scharifàe Dehli, c est-à-dire du monument où on con-
serve Tempreinte miraculeuse du pied de Mahomet^.
Il est compté parmi les bons poètes hindoustani, et il
est du nombre de ceux qu'on nomme anciens, c'est-à-
dire qui ont précédé la génération qui a fourni les trois
célèbres poètes hindoustani du nord , Saudà , Haçan et
Mir. Lorsque ce dernier, tout jeune encore, se mit à
fan-e des vers, Khâkhçâr se déclara son patron. C'est
dans le Guhâr-i Ibrâlnm qu'on trouve ces détails. Toute-
fois je dois dire que Mii^ ne pai'le pas, dans sa biogra-
phie, de la dernière circonstance dont il \\enX d'être
question. Il reproche au contraire à Khàkhsâr d'être
fier de son talent, et U critique la prétention qu'il avait
de se faire nommer le roi des poètes. Selon lui (et il
partage en cela l'opinion de quelques natifs), c'est un
poète fort médiocre qui s'est attaché à imiter Mazhar.
Huçaïnî n'est pas de cet avis; il trouve au contraire
^ Mushafî nous apprend qu'il eut d'abord le titre de Mir, puis celui
de ScMh. Voyez , sur ces titres, mon Mémoire sur la relujion musulmane
dans ÏInde, pag. 21.
* jL*^)Uw humble ; à la lettre , conveH de poussière.
' ^ ou ^.
'* Vovez, à ce sujet, mon Mémoire sur la religion musulmane dans
l'Inde, pag. 1 i.
ET BIBLIOGRAPHIE. 295
beaucoup trop sévères les critiques qiie je rapporte. Mir
prétend en outre , que lorsqu'on invitait Khàklisâr à faire
ou à improviser des vers, il prétextait toujours quel-
que excuse pour refuser. Quoi qu'il en soit, Mir et Ibra-
him, Mushafî et Fath Ali Huçaïni en citent plusieurs
vers , et Béni Naràvan un long mukhammas.
Lutf dit que c'était un poëte éloquent, et qu'il est
auteur d'un diwân.
RHALIC.
Mirzâ Zuhûr-i Ali Kbabc\ fds de Mirzâ Hoschdâr,
est très-célèbre parmi les musiciens indiens et les
chanteurs de marsiva. Il s'exerça aussi à la poésie hin-
doustani. Il vint à Murschidàbàd, dans le temps de
Muhammad Schàh , à la demande du nabàb Nawâzisch
Muhammad Khan Schahâmat-jang, et il se fixa dans cette
ville. Il était encore fort jeune en 1199 (lySZi-iySS),
et y occupait des fonctions dans le gouvernement du
Bengale. Béni Naràyan, et d'après lui Price -, en ont
donné un gazai qui n'offre rien de saillant.
RHALIC (MUSTAHÇAN).
Mir Mustahçân Khahc est un des fils du célèbre
Haçan (il sera bientôt parlé de Ivhulc, son aîné). Dès
l'âge de seize ans il se sentit un goût prononcé pour la
poésie, et se mit à écrire quelques pièces de vers. H
' ^]j.aA^ , adjectif arabe signifiant d'an bon naturel, d'un hcurrax cu-
ractcrc.
- Dans le tome II des Hindec and Hindoostanec Sélections.
296 BIOGRAPHIE
les soumit à son père, qui se fit un plaisir de les
corriger^. Gomme à cette époque Mushafî vint à Lakh-
nau, Haçan le chargea de former son fils. Ge dernier
vivait encore à Faïzâbâd en i8o3, ainsi que nous l'ap-
prend l'auteur de la notice sur Haçan , qu'on lit en tête
de fédition du Sihr iilbajân , et il était attaché à Mii'zâ
Taquî , gendre de Bahù Sàliib , mère d'Açâf uddaula , et
lui-même poète distingué, ainsi qu'on le verra plus loin.
Il est auteur d'un diwàn dont Mushafî a cité plusieurs
vers.
RHALIL.
Muhammad Khalîl " Khan Faïzâbâdî , c'est-à-dire de
la ville de Faïzâbâd, est auteur d'un ouvrage histo-
rique en prose urdù , intitulé Intikliâb-i saltâniya ^, c'est-à-
dire Ghoix impérial. Il existe un manuscrit de cet
ouvrage dans la bibliothèque de la Société asiatique du
Bengale, manuscrit qui provient de celle du collège de
Fort-William. J'ignore quel en est le sujet.
KHANI\
Ecrivain du Décan, à qui on doit un masnawî in-
' Il est dit à l'article sur Khulc, qu'il avait dix-neuf ans en 1798;
or celui-ci était plus jeune; ainsi, en supposant qu'il n'eût qu'un an
de moins, il n'aurait été âgé que de onze ans à l'époque de la mort
de son père, en 1786. Il y a sans doute quelque inexactitude dans tout
cela.
^ JuçHà. ami ( de Dieu ) , surnom d'Abraham et de Mahomet.
'' jU». , adjectif dérivé de hhân . titre d'honneur des Pathâns.
ET BIBLIOGRAPHIE. 297
titillé Qaissa-i Ahulfaïz Nûrî \ ou Histoire d'Abu'l-
faïz Nùrî. Je possède dans ma collection particulière un
manuscrit de ce poëme, qui se compose de 3o pages
in-li° écrites en caractères neskhî. Il contient le récit
d'une aventure intéressante. J'en donnerai l'analyse dans
le second volume de cet ouvrage.
RHIDMAT.
Farhat Aiî Rhidmat ^ est un poëte hindouslani qui
habitait Laklmau. Voici la traduction d'un court gazai
de cet écrivain, pièce qui fait pai^tie de l'Anthologie
de Béni Narâyan :
Dans ma vie de deux jours , celle qui a ravi mon cœur est
venue une seule fois prendre place en ma maison. (Je lui ai
dit) : «N'oublie pas que la beauté ne demeure à personne; ac-
« cepte mon salut et accorde-moi un baiser. »
Ayant relevé îe pan de ma robe (pour agir plus librement),
je dis aujourd'bui à ma bien-aimée : « Tu es la reine de la beauté,
« prends-moi pour ton esclave. Hélas ! tu me l'avais promis , ac-
« complis donc ta promesse. »
Mais qu'apprends-je ? mon amie au teint de rose est partie ,
me dit-on; je dois désoi'mais renoncer à son service [Khidmat).
KHIYAL.
Gulâm-i Hiiçaïn Khiyâl ^ est un poëte hindoustani
dont Mannû Lâl, dans son Galdasta-i nischât, cite plu-
^ Oc<«4Xà^ service.
'' Jva^ iinacjination.
298 BIOGRAPHIE
sieurs vers. Je n'essayerai pas de rendre en français
leurs hyperboles outrées. Voici toutefois la traduction
d'un de ces baït qui est simple et gracieux :
Tu désirais montrer ton visage aux étrangers qui t'entouraient;
la chaleur t'a fourni fort à propos un prétexte plausible pour
ôter ton voile.
Ce vers rappelle celui de Virgile :
Et fugit ad salices, et se cupit ante videri.
RHULC.
Mîr Ahçan Rhulc \ fils de Mîr Haçans, n'était âgé, à
l'époque où écrivait Musbafî (1793-179/1), que de
dix-neuf ans. Il était modeste et avait une belle phy-
sionomie. On pensait qu'il avait hérité du talent poé-
tique de son père, qui l'avait instruit de bonne heure
à son école. Il vivait encore en i8o3, ainsi que nous
l'apprend l'auteur de la notice hindoustani sur Hacan,
qu'on lit en tête de l'édition du Sihr iilhayân, et il de-
meurait à Faïzâbâd, où il était attaché, à cette époque,
à Darâb Ali Khân le nâzir ^. Il a réuni ses vers en un
diwân. Mushafî en cite plusieurs.
KHUSCH-HAL.
Khusch-Hâl '' Khân est auteur d'un diwân hindous-
' (^X^ nature, qualité, etc.
* Voyez l'article sur ce poète célèbre.
' Inspecteur, sorte d'ofïicicr supérieur du gouvernement.
'' Jlata- jjifc^ hrurewc d'état.
ET BIBLIOGRAPHIE. 299
tani, dont on trouve un exemplaire dans la bibliothèque
du collège de Fort- William à Calcutta, collection qui
fait actuellement partie de celle de la Société asiatique
du Bengale.
KHUSGH]NUD\
Poëte hindoustani cité par Mir dans sa biographie.
Voici un vers de lui, que ce même écrivain nous fait
connaître :
J'ai été sur pied toute la nuit; mais je n'ai pas vu ma bien-
aimée, même à l'aurore. Je me suis caché pour regarder dans
le chemin , mais en vain ; elle ne s'est pas montrée à moi.
RHUSRAU.
Le khâjâ Abulhaçan Khusrau^, de Dehli, est un des
plus grands poètes de fTnde musulmane. On le nomme
Tûti-i Hind, ou le Perroquet de l'Inde ^. Son aïeul nom-
mé Tark vint, du temps de Genghiz-Khân , du Màwarâ
unnahr dans l'Inde. Son père ^ fut comblé de faveurs
par le sultan de Dehli, Taglicschâh. Il périt dans la
guerre contre les infidèles ( Hindous ) . Rhusrau naquit
au xin^ siècle , dans une ville nommée Mûmînâbâd. Il
remplaça son père dans ses fonctions. Le sultan Mu-
' >>yj^'vt) '^ content, charmé.
^ jjyow.-^ Kosroës.
^ Nous (lirions plutôt le rossignol de l'Inde.
'■' Dauletschâh le nomme Amir Mahmûd Mihtar, chef de la com-
manderie de Làchîn. Un autre biographe l'appelle Saïf uddin Lâchin
Turh du Hazàra (commanderie ) de Balkh.
300 BIOGRAPHIE
hammad Taglicschâh, à la louange duquel Khusrau a
écrit plusieurs cacîdali, avait pour lui beaucoup d'amitié.
Il occupa des emplois sous sept souverains, et devint
le commensal et le compagnon de quelques-uns. Il con-
nut Saadî dans sa vieillesse ^ On dit que ce poète per-
san distingué fit le voyage de l'Inde pour voir notre
écrivain. Khusrau finit par abandonner tout à fait le
monde, et par se vouer entièrement à la piété et aux
exercices de la charité religieuse. Il effaça de ses ouvrages
les louanges qu'il avait prodiguées aux rois et aux grands
de la terre, pour n'y laisser que celles de TEtre à qui
rois et sujets sont également soumis. Il devint effective-
ment un fervent sofi, et parvint aux plus hauts degrés
du spiritualisme. Ses poésies mystiques sont encore fré-
quemment chantées par les dévots musulmans. Il fut
un des disciples spirituels de Nizâm uddîn Aulyâ 2, qui
le fut lui-même du célèbre Farîd Schakarganj ~\ Il fut
si affligé de la mort d' Aulyâ , qu'il en mourut à un âge
avancé , en y 1 5 de fhégire ( 1 3 1 5- 1 3 1 6 ). Il fut enterré
près du tombeau de son maître, de Farîd et d'autres
contemplatifs, dans un endroit délicieux de Dehii.
Khusrau a, dit-on, écrit quatre-vingt-dix-neuf ou-
vrages en persan, tant en prose qu'en vers, compre-
nant près de cinq mille vers. On lui doit, entre autres,
un Khiimça, c'est-à-dire les Cinq (Romans) sur les lé-
' Ce poëte, le seul des écrivains persans qui ait acquis en Europe
de la popularité, mourut en 1291 de Tère chrétienne.
- Voyez mon Mémoire sur la religion musulmane dans l'Inde, p. io4
et suiv.
' Voyez le même Mémoire , pag. 1 00 et suiv.
ET BIBLIOGRAPHIE. 301
gendes favorites des Musulmans ; le Qiiirân-i Sada'in,
poëme en l'honneur du sultan de Dehli, Ala uddîn,
et une Chronique de DelilL II avait des connaissances
très-étendues en musique. Ce ne fut qu'à la fin de sa
vie qu'il écrivit des vers hindoustani ; mais Mîr Taquî
nous apprend, dans sa biographie, qu'ils sont néan-
moins nombreux. Parmi ces derniers, il y en a qui
sont faits de telle manière qu'ils ont toujours un sens,
soit qu'on les considère comme écrits en persan ou
comme écrits en hindoustani. Mannù LâP cite de Khus-
rau un long mukhammas écrit en hindoustani, dont le
cinquième hémistiche de chaque strophe est en persan.
Voici, de cet homme célèbre, ia traduction d'un gazai
qui est devenu dans l'Inde un chant populaire- Ce qu'il
offre de particulier dans l'original, c'est que le premier
hémistiche de chacpie vers est en persan et le second
en hindoustani. Ce chant, ainsi cp^i'on peut le penser,
retentit souvent dans les zanâna solitaii^es :
Ne sois pas insouciant de l'état de ta pauvre amie ; montre-
moi tes yeux, et fais-moi entendre tes paroles. 0 mon bien-
aimé ! je n'ai pas la force de supporter ton absence Serre-
moi contre ta poitrine. Comme la bougie qui se consume. . . .
je pleure sans cesse par l'effet de l'amour que j'éprouve pour
cette lune. A mes yeux point de sommeil, à mon corps point
de repos; car il ne vient pas lui-même, mais il se contente de
m' écrire. Les nuits de fabsence sont longues comme ses boucles
de cbeveux , et le jour de la réunion court comme la vie. Ah !
que les nuits me paraissent obscures, ô mes amies, lorsque je
ne vois pas mon bien-aimé ! Tout à coup, après cent tromperies,
son œil a accordé à mon cœur le repos et la tranquillité. Y a-t-il
' Guldasia-i nùc/id(, pag. 487 et suiv.
502 BIOGRAPHIE
quelqu'une de vous qui puisse faire entendre mes paroles à mon
bien-aimé? Khusrau, j'en jure par la réunion du jour de la ré-
surrection, puisque à ma justice est tromperie, je ne découvrirai
pas , ô mon bien-aimé , les paroles que je pourrais te dire !
RRISCHNA-DAS.
Auteur d'un TiM ^ ou Commentaire sur le BhaUa-mâl,
biographie célèbre des dévots de la secte de Wisch-
nou. Je pense que c'est le même Krischna-dâs à qui
on doit le Bliramara-guîta -, ou le Chant du taon noir,
ouvrage cité par Ward ^ comme étant écrit dans le
dialecte du Bandelkand. Il y a un chapitre qui porte
le même titre dans l'histoire de Krischna, écrite en
hindouî et inthulée Prem Sâgar. Le sujet de ce chapitre
est le message d'Udho, qui est aussi nommé Maclhu-
kar (taon). Krischna l'envoie auprès des gopis in-
consolables de son absence. Une d'elles, faisant allusion
au nom de ce messager, interpelle une abeille qui est
posée sur une fleur, et lui tient ce langage :
O Maduhkar ! tu as pris le suc du lotus des pieds de Krischna ,
c'est pourquoi tu te nommes Madhukar ( produisant le miel). —
C'est parce que tu es l'ami du fourbe Krischna qu'il t'a choisi
pour son messager. Prends garde de toucher nos pieds; sache
que nous n'ignorons pas que tous ceux qui comme toi sont
noirs (ou bruns) de couleur, sont trompeurs. Ainsi ne crois
pas te rendre agréable à nous par tes salutations. Comme toi qui
' Asiatic Researches. tom. XVI, pag. 8.
2 "iJfT^ îttrî le Chant du taon noir, on pour mieux dire, relaiif au
iaon noir.
^ History. etc. of thc Flimloos. tom. II, pag. 48 1.
ET BIBLIOGRAPHIE. 305
erres de Heur en fleur, sans être à aucune, ainsi il témoigne de
l'amitié à toutes les femmes et ne s'attache à aucune.
Krischna-dâs est aussi auteur du Prem satwa niriîpa ^,
traité religieux. M. Wilson a dans sa collection un
exemplaire de cet ouvrage en caractères devanagarî.
KRISCHNA (OU KISCHAN) JAICI.
Un des collaborateurs d'Abulfazl, de Fatli ullah,
de Gangâdhar, de Mahaïs et de Mahânand , dans la
traduction hindouî des Nouvelles Tables astronomicjues
d'Ulugh Beg, traduction exécutée par l'ordre d'Akbar.
Voyez l'article sur Abulfazl.
KRISCHNA RAO.
Krischna ou Kischan Râo est auteur d'un ouvrage
intitulé Polyglot interlinear, heing ilie jirst instnwtor in
English, Hiridui, etc., ouvrage qui a été imprimé à Cal-
cutta en i83Zi. Le même auteur a écrit des poésies
hindoustani, dans lesquelles il a pris le takhallus de
Masnir'^. Mannû Lai en cite un spirituel gazai qui finit
par un vers fort joli dans l'original et dont voici la tra-
duction :
Ta tyrannie m'a rendu triste intérieurement, quoique exté-
rieurement mon surnom soit çjai.
' MH H'^ THt^M • Si, comme je le pense, ce dernier mot est
substantif, ce titre me paraît signifier investigation mr l'excellence de
l'amour.
jxy*^
content.
504 BIOGRAPHIE
KRISCHNA SINGH.
Auteur jaïn k qui on doit un Manuel des Joins, in-
titulé Kriyâ liathâ Kaiistuhh ^ Cet ouvrage a été écrit
en l'année de Samvat 1784 (1728 de Jésus-Christ).
M. Wiison en possède une copie.
laïc.
Laïc ^ est un auteur hindoustani du nord , dont les
poésies ont été réunies en diwân. Siràj uddaula, d'Haï-
deràbâd, en possède un exemplaù^e dans sa bibliothèque.
C'est à l'obligeance du colonel Josiah Stewart que je
dois cette indication.
LAL.
Lâl^ ou Lâl Kavi, c'est-à-dii'e Làl le poëte, est un
célèbre bai'de hindou , auteur du Clihatra PraMsch ^, ou
Histoire de Chhatra, ouvrage en vers hindi ou braj-
bhâkliâ, qui roule sur les guerres et l'ordre de succes-
sion des anciens ràjàs du Bandelkhand, et sur la valeur,
l'intiTpidité et l'héroïsme de la nation guerrière des
Bandélas. Cet ouvrage, qui est historique, paraît avoir
été écrit pendant la vie et probablement sous la dù'ection
' I9t)^l <=t)^l cfj|trt*T- Ce titre semble signifier lejojaadc l'his-
toire des cérémonies relitjieuses.
' (*^,^ digne.
^ (^1^ chéri.
' ^ îRiTîT
ET BIBLIOGRAPHIE. 305
du célèbre râjà Chhatra Sâl, souverain de Bandelkhand,
sur le règne duqtiel il contient des détails circonstanciés
aussi bien que sur celui de son père, le râjâ Champat
Râé. Aucunrâjâ, avant ou après Clibatra Sàl, ne paraît
avoir arrêté, avec plus de succès que lui, le torrent
de la conquête musidmane, en attaquant et mettant
en déroute les troupes d'élite du plus capable, du plus
entreprenant et du plus brave des empereurs mogols,
d'Aurangzeb, qui fut en même temps le persécuteur
des Hindous le plus intolérant et le plus vindicatif.
C'est la mutilation de leurs idoles, la démolition de
leurs temples, ou leur changement en mosquées qui
outra les Hindous d'indignation et les détermina à s'in-
surger. Une fois leur juste colère excitée, l'enthousiasme
religieux, l'honneur militaire et le principe de Chhatra,
de ne jamais fuir, les conduisit à la victoire. Sous ce
chef qui, par ses vertus et son caractère héroïque, com-
mandait leur confiance et leur amom% ils chassèrent
promptemcnt leurs oppresseurs. Le capitaine W. R.
Pogson a donné en anglais la traduction de l'ouvrage
de Lâl, sous le titre de A Historj of Boondelas^, et le
major W. Priée a donné le texte de la portion de cet
ouvrage qui contient fhistoire de Chhatra Sâl, sous le
titre de The Chhatra Prakash or Biographical account of
Chhatra Sal, etc.^
' Calcutta, 1828, in-/i.°.
■■^ Ibiclcm. 1829, in-8°.
20
506 BIOGRAPHIE
LALA'.
Poëte hindoustani dont le gazai suivant ^ est devenu
un chant populaire :
Ma bien-aimée s'est levée; elle vient vers moi de sa chambre à
coucher ; elle est courbée par l'ivresse ; elle est imprégnée d'es-
sences précieuses. Le sommeil auquel elle vient de se livrer a mis
en désordre les boucles de ses cheveux ; la marque de sandal qui
ornait son front a été effacée durant la nuit. Ses yeux languissants
sont appesantis par le sommeil; un turban printanier enveloppe
sa tête.
Une fois, à la fin de la nuit, j'étais sans repos; je tremblais
de crainte comme le voleur Tout à coup je vis que toutes
les rivales de ma bien-aimée étaient couchées çà et là ; un châle
voilait le visage de celle que je préfère ; mais je me mis à le
soulever, et bientôt ma lèvre fut collée à sa lèvi'e. Alors ses yeux
s'ouvrirent, et ce que j'allais prendre par force, elle me le donna
par goût. Je lui dis : « 0 ma bien-aimée ! Lâla est ton esclave; quel
« mal y a-t-il s'il t'a dérobé un baiser en secret ? »
LALAGHl
Poëte hindouî cité par le docteur Gilchrist dans sa
Grammaire hindoustani, pag. 335.
LALLU.
Sri Lallû Jî Lâl Rabi^ est un Brahmane natif du
1 *JiJ talîpe.
' Voyez-en le texte dans Priées Select, toni. II, pag. 407.
' q5Tq5^ avidité, avarice.
ET BIBLIOGRAPHIE. 307
Guzarate, auteur de plusieurs ouvrages tant en braj-
bhâkbâ qu'en hindoustani urdû. Quelques-uns cependant
de ces derniers sont écrits en caractères dévanagarî.
Ces ouvrages sont les suivants :
1° Le Prem Sâgar \ traduction abrégée du braj-
bbâkbâ, non pas en urdû, mais en kbarî bolî ou tlienth ,
c'est-à-dire en hindoustani pur, en hindoustani hindou
de Dehli et d'Agra, sans mélange de mots arabes ni
persans ^. Cet ouvrage avait d'abord été rédigé en doha
et chaûpaî braj-bhâkhâ, par Chaturbhuj Misr, d'après
le dixième chapitre du Bhagavat de Byâs Déo. C'est
ce. texte braj-bhâkhâ que notre auteur a reproduit en
prose hindi entremêlée de sloka. Comme je ne connais
pas l'original braj-bhâkhâ , je ne sais pas au juste en quoi
la traduction de Lallû Jî diffère du texte. Je puis dire
néanmoins que la prose y est écrite en véritable hindi ,
tandis qu'on a conservé dans la plupart des vers les
formes anciennes ou braj-bhâkhâ. Je th'e de là la con-
séquence que Lallû Jî s'est peut-être contenté de re-
toucher la prose et de retrancher les vers les plus diffi-
ciles. Ces suppressions présumées sont probablement
la cause de l'obscurité qui règne quelquefois dans cet
ouvrage.
La rédaction et fimpression du Prem Sâgar furent
commencées à Calcutta, sous le gouvernement du mar-
quis Wellesley, et sous la direction du docteur Gilchrist,
en 1860 de Samwat (180/i de J. C); mais le départ
' îHT FTTîT^ l'Océan de Vamour.
' ^T^'ii mm STT Prejarc du Prem Sù(jar. pag. 2.
■20.
308 BIOGRAPHIE
de l'orientaliste écossais interrompit cette impression :
elle fut reprise plus tard , pendant le gouvernement de
lord Minto , par l'ordre de John William Taylor, et avec
l'assistance du docteur W. Hunter; et tant le travail
que l'impression furent terminés en 1866 ( 1810), sous
la direction d'Abraham Lockett. Il forme un volume
grand in-/i°de 280 pages. J'ignore si c'est le même ou-
vrage qui, sous le titre de Sri Bhagcnvat, en pur hindi,
est annoncé comme sous presse , dans les Primitiœ Orien-
tales, tom. III, pag, /ni; ou bien si ce serait la version
originale de Chatur-bhuj Misr. Outre l'édition de 1810
dont je parle ici, il y en a plusieurs autres dans les-
quelles on a supprimé les finales sanscrites des chapitres
qui en forment les titres , et on les a remplacées par des
titres anglais indiquant les numéros des chapitres. Celle
qui a été imprimée en 1828 est en caractères plus petits
que ceux qu'on a employés dans la première. Le format
est encore grand in-/i°. La dernière, je crois, est celle
de 1 83 1 , de format petit in-Zi'', et d'une impression
très-jolie à fœil et sur beau papier, mais bien moins
soignée que les premières , car il y a nombre de fautes
d'impression qu'on ne trouve pas dans celles-là. Il y a
aussi une édition lithographiée qui fait partie de la
nouvelle édition des Hinclee and Hindoostanee Sélections
de W. Price , et qui est accompagnée du vocabulaire
des mots kharî bolî qui y sont employés.
2" Le Latâïf-i Hindi \ ou Gentillesses hindoustani,
recueil de cent historiettes plus ou moins intéressantes,
en urdù et en hindouî ou braj-bhakhâ. Cet ouvrage a
ET BIBLIOGRAPHIE. 309
été imprimé à Calcutta en 1810 sous le titre de The new
CyclopecliaHindoostanica, etc.; Carmichael Smyth l'a réim-
primé en grande partie à Londres sous son véritable
titre de Latâïf-i Hindi ^ ; enfin ce recueil fait partie des
Hindee and Hindoostanee Sélections citées plus haut.
3" Le Râj niti -, ou l'Art du gouvernement , ouvrage
traduit du sanscrit de Narâyan , pandit, en braj-bhâkhâ.
C'est une collection d'anecdotes propres à inculquer les
doctrines morales et la politique civile et militaire des
Hindous. On le considère comme un extrait de YHito-
padéça.
lx° Le Sahliâ hilâs ou Vilâça ^, c'est-à-dire les Plaisirs
de l'assemblée. C'est un recueil choisi d'extraits poéti-
ques de différents écrivains distingués, en braj-bhâkliâ.
Ce volume a été imprimé à Khizirpur, en caractères
dévanagarî ^.
5" Le Sapta Satika ^, ou les Sept cents Distiques. Je
n'ai jamais vu cet ouvrage, quoiqu'il soit imprimé à
Calcutta. Il n'en existe pas , je crois, un seul exemplaire
à Londres. Je ne le connais que par d'anciens catalogues
de librairie; mais je soupçonne que c'est une traduction
de fouvrage de Govardhan qui porte aussi le titre de
Sapta Sati'^, ou Sept cents Distiques.
' Londres, 1811, in-8°.
* Annnls of the collège of Forfjrf/îi'am, App. pag. 2861478.
310 BIOGRAPHIE
6° Maçâdir-i bhâkhâ \ ou les Noms d'actions de la
langue ( hindî ) , ouvrage de grammaire rédigé en prose
et écrit en caractères nagarî. 11 en existe un exemplaire
dans la riche bibliothèque de la Société asiatique de
Calcutta.
Lallû a de plus coopéré à la rédaction des ouvrages
ci dessous désignés, savoir :
- 1 ° Le Singhâçan battîcî -, c'est-à-dire les Trente-deux
(Histoires) du trône. Cet ouvrage, d'abord écrit en sans-
crit, puis traduit en braj-bhâkhâ, a été mis en urdù,
en 1 8o 1 , mais en caractères dévanagarî, sur l'invitation
du docteur Gilchrist, par Lallû, aidé de Mirzâ Kâzim
Alî Jawân. 11 fut imprimé en i8o5. Feu le baron Les-
calier a donné en français , sous le titre du Trône en-
chanté, la traduction d'un roman persan qui roule sur
la même légende , mais qui diffère essentiellement du
roman hindoustani. On pourra s'en convaincre par fana-
lyse que je donnerai du Sincjhâçan hatticî, dans le second
volume de mon travail.
2° Le Baïtal Pacluci ^ c'est-à-dire les Vingt-cinq His-
toires d'un génie. Cet ouvrage a été traduit, comme le
précédent, du sanscrit en braj-bhâkhâ, par Sûrat Ka-
bischwar, et de ce dialecte en hindoustani. Lallû fut
aidé dans ce second ouvrage par Mazhar Ah Khan Wilâ,
^ TR^ITFr ^rftFft. Il y a d'autres rédactions hindî de cet ou-
vrage. J'en ai, entre autres, dans ma collection particulière , une en
octaves et en caractères persans. Elle est intitulée /y^X^SiÀ^ /<4JV
ET BIBLIOGRAPHIE. 311
ou pour mieux dire , ce fut lui qui aida Wiiâ , qui est
ainsi le principal rédacteur de cette version. De plus,
James Mouat , alors professeur d'hindoustani au collège
de Fort-William , chargea Tarinî Charan Mitr de revoir
ce travail, et d'en enlever les mots braj-bhâkhâ peu
usités dans l'hindoustani courant.
3° Le roman de Mâdhûnal ^ , dans la rédaction du-
quel il aida encore Mazhar Alî Khan Wilâ.
h° Le roman de Sacoiintala ^ , à la rédaction duquel il
coopéra avec Kâzim Alî Jawân.
LASSAN.
Mîr Kalîm ullah Lassân ^ est un écrivain hindous-
tani distingué qui mourut à la fleur de fâge, pendant
le règne du sultan mogol Ahmad Schâh. Il était lié avec
Fath Alî Huçaïnî, qui nous apprend que c'était un jeune
homme d'une intéressante figure et d'un bon caractère,
et qui cite plusieurs vers extraits de ses écrits.
LATIF.
Mîr Schams uddîn Latîf ^ est un écrivain hindoustani
natif de Surate. Il était âgé de trente-deux ans lorsque
Mushafî écrivait sa l^iographie , et il habitait Lakhnau ,
peu de temps avant f époque où Bénî Narâyan mit au
fi
^ ^J^•^ élocjuent.
' '_**hi* cujréablc , bon, bienveillant.
312 BIOGRAPHIE
jour son Anthologie. Selon les biographes originaux, ii
avait le génie de la poésie. Effectivement on trouve de
lui, dans le Diiuân-i Jalidn, un coui't gazai qui est assez
remarquable.
LUTF.
Mirzâ Ali Lutf \ spirituel écrivain hindoustani, était
fils de Kàzim Beg Khân , qui habitait Asteràbàd, dans
le Jorjan. En l'année i i54 de l'iiégii^e ( lyAi-iyàa ),
Kâzim vint à Dehli avec Nadii' Schâh, et par l'entremise
d'Abulmansur Kliàn Safdàr-jang, il obtint des faveurs
royales. Il est auteur de poésies persanes dans lesquelles
il a pris le takhallus de Hijri (hégirien ). Quant à Lutf
son fils , il s'est adonné au contraire à la poésie hin-
doustani. On lui doit un Tazkira - ou Biographie des
poëtes hindoustani, auquel il a donné le titre de Gal-
schan-i Hind^, ou Jardin de flnde. Il fa écrit en 1210
de fhégire (1800-1801 ). Ce tazkira se compose de
notices écrites en hindoustani, plus étendues générale-
ment que celles des autres biographes originaux, et de
beaucoup de citations. Lutf nous fait savoii', dans sa
préface , qu'il a rédigé son travail dans le genre du
Giilzâr-i Ihrâhim, et que, dans le but de donner de la
popularité à la biographie des poëtes de flnde moderne,
il fa écrit en hindoustani, langage plus à la portée
du commun des lectem's. Comme, d'après la préface
de Lutf, on pourrait croire cpie le Guhchnn-i Hind est
' ._iUj honte, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 313
un travail presque identique avec celui d'Ibrâliîm , je
dois dire au contraire qu'il en est entièrement distinct ;
qu'on y trouve des notices qui n'existent pas dans le
Giilzâr, et que les autres offrent des citations et des ren-
seignements nouveaux, et sont généralement beaucoup
plus étendues. Dans la première partie il s'agit de
soixante poètes que iem^s diwân ont rendus célèbres ; car
un poète ne saurait acquérir de la réputation dans
l'Inde, s'il n'a produit un ou plusieurs de ces recueils
de gazai dont les rimes parcourent toutes les lettres
de l'alphabet. Dans la seconde partie, Lutf devait parler
des poètes d'un rang inférieur; mais il nous apprend,
dans sa préface, que cette partie n'a pas été terminée.
En effet, le premier ministre du Nizâm possède, dans
sa bibliothèque, un exemplaire de cette biographie qui
ne contient que le tome I. Il en est, par suite, de même
de la copie que j'ai dans ma collection particulière,
copie que M. le colonel J. Stewart a bien voulu faire
prendre pour moi sur fexemplaire de Haïderàbàd. C'est
un volimie in-folio de plus de /loo pages , écrit par le
saïyid Zu Ificàr Ali Tajalli, en i2 53 de l'hégire ( iSSy-
i838). Lutf rédigea cet ouvrage sous le règne du na-
bab d'Aoude Saadat Alî, dont il fait, dans sa préface, un
pompeux éloge.
Les poésies hindoustani de Lutf sont nombreuses.
Il en est cité y 2 pages dans son tazkira , comprenant des
gazai, des cacîdah et un long masnawî erotique ^ J'en
donnerai quelques extraits dans mon second volume.
' Lutf a aussi inséré quelquefois, dans son tazkira, des vers urdù de
sa façon, entre autres, à l'article sur Taannâ.
314 BIOGRAPHIE
LUTFT.
C'est un des anciens poètes du Décan; mais les bio-
graphies originales ne donnent aucun détail sur lui.
Mîr cite seulement trois vers de cet écrivain, et Alî
Ibrahim se contente de transcrire le dernier de ces vers.
En voici la traduction :
J'étais étendu par terre dans la rue de l'amour, souffrant sans
me plaindre les peines les plus cruelles ; mais la mère de ma
jeune maîtresse est arrivée , et a augmenté , par ses remontrances ,
les tourments de mon cœur.
J'ignore si c'est au même écrivain qu'on doit une His-
toire de Baillai le Juste et de la reine Narkhâ la Chinoise ^,
conte dont on conserve un manuscrit à la bibliothèque
de XEast-lndia House, et qui a pour auteur un personnage
nommé Lutfî.
MACBAH.
Muhammad Ibrahim ÎMacbah^ Munschî est auteur
d'une Grammaire hindoustani imprimée à Bombay,
en 1828, sous le titre de Tahfa-i Elphinstone'^, après
avoir été revue par le major V. Kennedy. Depuis 1 802 ,
l'auteur enseignait, à Bombay, l'hindoustani aux Anglais
qui arrivaient dans cette ville sans savoir cette langue ;
' ^ [fds) adoptif.
"■ iijJuo. J'ignore quel est ce mot-, il paraît arabe.
' mv->**jOcII xk^ présent à Elplùnstoiie ( gouverneur do la prési-
dence de Bombay ).
ET BIBLIOGRAPHIE. 315
et ainsi il avait acquis , par leur fréquentation , la
connaissance de la langue anglaise. Après avoir lu les
ouvrages que Gilchrist a composés pour l'étude de la
langue hindoustani , il écrivit à son tour une grammaire
élémentaire en anglais ^ , spécialement destinée à l'usage
de ses élèves, et dont ceux-ci lui corrigèrent le style.
Cette grammaire me paraît contenir bien des paradoxes;
elle est certainement inférieure à celle de Shakespear.
Ce qu'il y a d'intéressant seulement, ce sont de nom-
breux exercices, en anglais et en hindoustani, sur les
temps et les modes des verbes, exercices qui font al-
lusion à beaucoup d'usages de l'Inde, et une pétition
originale adressée à un juge par un individu nommé
Schaïkh Mançùr. On y trouve aussi la description de
la bataille de Panipat, écrite en hindoustani. Macbah
a été élu, en 1 836 , membre non résident de la Société
asiatique de Londres.
MACSUDl
Macsûd fournissait de l'eau aux gens du bazar ( ap-
paremment de Dehli) , et réussissait assez bien à com-
poser des vers hindoustani qui faisaient les déhces des
vendeurs et des acheteurs. Alushafî dit qu'à cause qu'il
était illettré , on ne l'a pas compté parmi les poètes an-
ciens, c'est-à-dire ceux qui, dans le nord, ont précédé
l'époque oii florissaient Saudâ, Alir etHaçan. Toutefois
il lui a consacré un article assez étendu dans sa biogra-
' La préface seulement est en hindoustani et en anglais.
■ ^jp^ajC* [hut] proposé, intention.
316 BIOGRAPHIE
pliie. Ses enfants furent ses élèves. On chante ses poésies
dans les réunions et les foires , surtout pendant la fête
hindoue du Holi ^.
MACTUL.
Mirzâ Ibrahim Beg Mactûl ~, fds de Mirzâ Muham-
mad Ali, descendait d'anciens Mirzâ d'Ispahan. Quant
à lui , il fut élevé à Schâhjahânâbàd. Il connaissait bien
les règles de Yinschâ^ et de la poétique, et il joignait
à la théorie la mise à exécution , car il écrivait les vers
hindoustani avec beaucoup de goût et d'imagination. Il
était élève de Mushafi qu'il consultait sur ses vers , et
auquel, en outre , l'amitié le liait. Il dit quelque part :
Je dois à Mushafî la facilité que j'ai à m'énoncer en vers: que
Dieu prolonge sa vie dans ce monde!
Il avait plus de trente ans en i 793.
MADHUSGH.
Mir Banî-Jân Madhûsch*, petit-fds dukhâja Muham-
mad Bâcit, est un des disciples de Mir Soz. C'est un
poète hindoustani très-distingué.
' Voyez ma Notice des fêtes populaires des Hindous, pag. 38 et suiv.
- J^ÏLa tué.
^ Lioî indique spécialement l'art cpistolaire, c'est-à-dire la connais-
sance du protocole des lettres, du style qu'on doit y employer, etc. Dans
un sens plus vague, il signifie l'art d'écrire en général.
ET BIBLIOGRAPHIE. 517
MAFTUN.
Mirzâ Ibrahim Beg Maftûn \ originaire d'Ispahân,
fut disciple de Miyân Gulâm-i Hamdânî Mushafî. Béni
Narâyan en cite un court gazai dont je joins ici la tra-
duction :
Lorsque ces beautés qui rendent idolâtres tressent leurs che-
veux , elles lient mon cœur amoureux dans les replis de leurs
boucles. Je ne vis pas comme le rossignol dans son jardin , je
fais maintenant mon nid séparément. Je répandrai des larmes
de sang , si de leurs mains elles mettent du hinna à leurs pieds. Je
supporterai la tyrannie, mais je ne renoncerai pas à la vie -, je
contracte avec vous cet engagement de fidélité Dans chacune
de leurs tresses ayant serré le cœur des amants , elles occasion-
nent leur malheur. Ma bien-aimée, pourquoi n'as-tu pas regardé
l'état de Maftûn , qui a lui-même lié fortement la ceinture de
l'esclavage ?
Mirzâ Ali Rizâ Marhûn prit d'abord le surnom de
Maftûn, s'il faut en croire Bénî Narâyan. Il en sera
parlé au mot Marhûn.
MAFTUN, D'ALLAHABAD.
Kâzim Alî Maftûn, d'Allahâbâd, est un poëte hin-
doustani cité par Alî Ibrahim dans sa biographie. Voici
la traduction du seul vers qu'il en donne :
A quoi bon me plaindre de mes rivaux à cette insouciante ?
cette jeune et charmante étourdie ne sait pas distinguer ce qui
est bien de ce qui est mal.
' ijyXÀ^ séJiiil , fasciné , amoureux.
318 BIOGRAPHIE
MAGMUM.
Râm Jas Magmûm \ habitant de Lakhnau, est un
poète hindou dont le cœur avait été hrâlé par le Samoum
de l'amour. Ah Ibrahim nous apprend qu'il travailla
avec William Jones. Magmûm remit lui-même au bio-
graphe dont je parle, en 1 199 de l'hégire (178/1-1785),
quelques pièces de vers pour qu'il les insérât dans
son Gulzâr. Celui-ci en a extrait deux pages qu'on lit
dans son ouvrage.
MAHAIS.
Un des collaborateurs d'Abù'lfazi et d'autres savants
pour la traduction, en hindouî, des Nouvelles Tables
astronomiciues d'Ulugh Beg. Voyez, à ce sujet, l'article
consacré à Abu Ifazl.
MAHANAND^
Un des collaborateurs de la traduction hindouî des
Nouvelles Tables astronomiques d'Ulugh Beg, citée dans
ÏAjini Akbari, tom. Il, pag. 102.
' ^^kii^jbo triste , chagrin.
^ H'^l'lS nrande joie. On entend parla la félicité éternelle.
ET BIBLIOGRAPHIE. 319
MAHBUB.
Mîr Guiâm-i Haïdar Curaïsch Mahbûb ^ , fils du célèbre
Saudâ , est aussi compté parmi les poètes hindoustani.
D naquit à Dehli, patrie de son père. Il est estimé
pour la douceur et la flexibilité de son style. Lutf nous
apprend qu'il a écrit entre autres deux divvân qui cor-
respondent à ceux de Mîr. Il vivait à Laklinau , dans la
détresse, en 12 i5 de l'hégire (1800-1801).
Bénî Narâyan en cite un gazai , et Lutf plusieurs vers
détachés.
MAH-LIGAl
Auteur d'un diwân urdû dont il existe une copie
dans la bibliothèque du râjâ Chandû Lâl, d'Haïderâbâd,
et d'un masnawî très-étendu et fort intéressant intitulé
Qaissâ-i Khmvir Schâh ^, ou Histoire de Rhâwir Schâh ,
poëme écrit en dialecte dakhnî sous le règne de Schâh
Alam, doat l'auteur chante les louanges à la suite de
l'invocation , ainsi que celles du gouverneur de la pro-
vince où il a écrit. L'auteur raconte dans sa préface
qu'un jour, dans une réunion de httérateurs qui eut
lieu chez ce nabâb, on rappela fhistoire des amants
célèbres, Nal et Daman, Gais et Laïla, Kohkan et
Schîrîn-, mais que ce nabâb, amateur du nouveau,
chargea Mâh-Licâ de célébrer d'autres héros , de tracer
^ t-»»^^ aimè , aimable.
^ Ixî ôUi visage de lune.
520 BIOGRAPHIE
d'autres aventures. Il rédi2;ea en conséquence l'histoire
dont il s'agit, ((histoire, dit-il, dont personne n'a jamais
«entendu le récit. ^^
Je donnerai dans mon second volume Tanalyse de
cet ouvrage, dont je possède dans ma coUection parti-
culière un exemplaiiT très-hien peint et enrichi dejohs
dessins.
MAHIR.
Miyàn Fakhr uddin Màhir^. fds d'Ascliraf Ali Khàn
d'une famille célèhre, était assez âgé à l'époque où
écrivait Mushafi. Il lut employé pendant quelque temps
auprès de Saiidà pour transcrii'e son diwàn. Formé de
tomie heure, dans la société de ses parents, à la pui-eté
du langage, il vonhit. à l'imitation de Saudà, écrire
aussi des vers liindoustani. et il 3es montra à ce dernier,
qui put ainsi lui donner de hons conseils. On le compte
parmi les écrivains urdù.
MAHSCHAR-.
Ce poète était natif du Cachemire , mais il hahita
Lakhnau. ou il acquit de la réputation. Mushafi cite
de lui un gazai qui. selon ce biographe, annonce du
talent. Il le trouva dans un ancien album qui était
depuis longtemps en sa possession.
' ^U habile, adroit.
' j »«« ."^ assemblée, celle, entre autres, dujour du jugement.
ET BIBLIOGRAPHIE. 521
MAHSCHAR (ALI NAQUI).
Les ancêtres de Mirzâ Ali Naqui Mahschar étaient des
gens de lettres, et lui-même , après avoir reçu son édu-
cation à Lakiinau, se sentit des dispositions prononcées
pour la poésie , et se mit à faire des pièces de vers en
hindoustani et en persan. Il avait, au sujet de son talent,
des prétentions telles qu'il ne faisait aucun cas des gens
de lettres ses contemporains. Il se rendit coupable du
meurtre de Mirzâ Ali Muhlat, et en consécpience il
quitta Lakhnau et se retira à Schâlijahânâbâd (Delili);
puis, deux ans après, il alla à Akbaràbâd (Agra), et
croyant n'avoir plus rien à craindre des parents de
Mulilat, il retourna à Lakhnau, et s'y comporta avec
beaucoup de prudence. Quelques années se passèrent
ainsi; mais les parents de la victime ayant trouvé une
occasion favorable dans la fête de muharram, i 208 de
l'hégire ( 1 ygS- 179/1), ils le tuèrent, et vengèrent ainsi
par le talion le sang de Muhlat. Mahschar pouvait avoir
alors trente ans. Mushafî, qui nous donne ces détails,
cite de lui trois vers seulement.
MAHZUN.
MaulaAvî Saïyid Muhammad Huçaïn Mahzûn ^ était
des Saïyid nommés Mûçawi^. Il fut le disciple le plus
distingué de Muhammad Barkat. 11 quitta son pays
* C'est-à-dire des Saïyid descendants de Mùça sixième imâm.
I. 21
322 BIOGRAPHIE
( apparemment Dehli ) , et choisit pour sa résidence
AUahâbâd. Alî Ibrahim, qui l'avait connu, nous ap-
prend qu'il était grave dans ses manières , quoique plein
de vivacité. Il déclamait bien ses vers. Il a écrit tant
en hindoustani qu'en persan.
MAHZUN, D'AMROHA.
Alam Schâh Pîrzâda Mahzûn demeurait à Amroha ,
et avait dans ce zila ( district ) la réputation d'être un
fort bon poëte , à l'époque où Mushafi tenait ses séances
académiques. Il faisait entre autres des marsiya et des
salâm pour la grande fête musulmane du mois de
muharram. Mushafî cite de lui trois vers seulement.
MAJEUR.
Miyân hacc-raça Majbùr ^ est un écrivain hindoustani
dont Mannû Lâl cite deux vers. En voici la traduction :
Donne de la patience, ô mon amie! à ce cœur sans patience,
dont l'agitation inspire de la jalousie au mercure ennemi du
repos.
On peut comparer, avec juste raison, au fruit du jujubier,
ces lèvres auxquelles le rubis porte envie , et de dépit se cache
dans la mine.
MAJNUN.
Schâh Majnûn^ était, selon Ah Ibrahim, un des fils,
et selon Mushafî, un des petits-fils de Raé Bischan
1 ifcX:^ contraint et par suite opprimé.
- i^yi^Joii; à la lettre, touché par iinjinn.
ET BIBLIOGRAPHIE. 325
Nâtli, ministre de Muhammad Schâh. Il prit tour à tour
le takhallus de Hâfi ^ et de Majnûn. Il fut disciple de
Mîr Muhammad Taquî, nommé simplement Mîr, et se
distingua lui-même parmi les poètes hindoustani qui
ont écrit dans le style ancien; car il est effectivement
de la vieille école. Il résidait à Lakhnau à fépoque où
écrivait Ibrâliîm, et y faisait profession d'indépendance
religieuse , allant nu-tête et nu-pieds. Il envoya néan-
moins à ce dernier, sur sa demande, en 1 196 de l'hé-
gire ( 1781-1782), des vers qu'Ibrahim a placés dans
son Anthologie bibliographique. Mushafi nous fait savoir
qu'il est auteur d'un diwân qu'il a vu , lequel est plein
de vers gracieux et élégants. Béni Narâyan dit simple-
ment qu'il était faquîr, et il cite de lui un court gazai
seulement.
MAJNUN (HIMAYAT ALI).
Himâyat Ali Majnûn naquit à Dehli et habitait Mur-
schidâbâd. Il fut un des disciples de Schâh Cudrat
ullah , dont le takhallus est Cudrat. Ayant fait, par
ordre du nabab Mubârak Ali Khân Mubârak uddaula
Balladur, un sâquî-namah - en vers hindoustani , cet
ouvrage décela en lui un habile poëte. On a de lui
d'autres pièces de vers.
' ,jl^ allant nu-pieds.
* A-«b (S Wi , à la lettre , livre d'échanson , sorte de poème où Ton
fait, entre autres choses, l'éloge du vin.
21.
324 BIOGRAPHIE
MAJRUH.
Munschî Krischna, ou Kishan Chand Majrûh\ était
originaire du Cachemire; mais il naquit dans l'Hin-
doustan. Il fut un des élèves de Mirzâ Mazhar Jàn
Jânân '-. 11 vivait à Lakhnau en i 1 96 de l'hégire ( 1781-
1782). On le compte au nombre des écrivains hin
doustani.
MAJZUB.
Mirzâ Gulàm-i Haïdar Majzûh^ de Dehli, était fds
du prince des poètes hindoustani, Mirzâ Muhammad
Rafî Sauda. Il vivait à Laklmau en 1196 de l'hégire
{1781-1782). On le compte parmi les poètes hin-
doustani, parce qu'en effet il a écrit un bon nombre
de vers qui ne sont pas sans mérite. Au talent poétique
qui le distinguait, il joignait la modestie et aussi la
fidélité dans famitié. Mushafî et Alî Ibrahim citent de
lui plusieurs vers.
MAKHRIM.
Khâja Muhammad Makhrim*, de Dehh, était frère
du Khâja Muhammadî Khân. Il était adonné à l'amour
de Dieu et à la culture de la poésie, pour laquelle il
avait beaucoup de disposition. Il résida à Murschidâbâd,
' — «j,^ blessé [par l'amour).
^ Voyez l'article consacré à ce personnage.
' OktX^ altirè.
/^yJ^ sommet d\ine montagne.
ET BIBLIOGRAPHIE. 325
où il fut attaché à la cour du nabâb Mîr Muhammad
Câcîm Khan. Il était très-lié avec le célèbre spiri tua-
liste Schâh Kahtia, et aussi avec Ali Ibrâliîm.
MALIR\
Poëte hindoustani dont Mîr cite seulement le nom
et un vers dont je joins ici la traduction :
Je sacrifie , sans hésiter, mon corps et mon esprit pour ce char-
mant échanson qui m'a mis hors de moi par une seule goutte du
vin qu'il m'a versé.
MAMNUN.
Mîr Nizâm uddîn Mamnûn^ , fds de Mîr Camar uddîn
Minnat ^, habitait Dehli en 1 8 1 û , et y était attaché à
la personne de feu sa majesté Akbar U. jMamnùn s'est
distingué comme poëte hindoustani, et par ses bonnes
qualités. Pendant la vie de son père, après avoir étudié
les livres de jurisprudence, poussé par son inclination
naturelle , il s'adonna à la poésie hindoustani et même
persane, au point qu'en peu de temps il accp.iit cette
force d'expression qui distingue les vrais poètes, et
parvint à être aussi bon écrivain que son père. Beau-
coup d'auteurs se sont formés auprès de lui dans l'art
de la poésie. On lui doit un diwân dont la biblio-
' kilX« roi. Peut-être faut-il lire mulJc, royaume, car il n'y a pas de
point-voyelle dans le manuscrit du I\ikàt uschuurâ.
^ My^ reconnaissant.
' Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
326 BIOGRAPHIE
thèque du collège de Fort-William à Calcutta possède
un exemplaire. Bénî Narâyan cite de lui huit différentes
pièces de vers. Voici la traduction d'une de ses pièces :
Lorsque, à la nuit, j'ai commencé à faire entendre des gémis-
sements semblables à ceux du rossignol, la flèche de l'effet s'est
appliquée au cœur de la pierre. L'image de celte peinture reste
dans mon cœur étonné, comme la figure dans le miroir. Si au-
jourd'hui le zéphyr répand l'odeur du musc, c'est qu'il a sou-
levé les boucles en désordre de ma bien-aimée. Puisque je n'ai
pas dans le monde d'ami intime ( à qui je puisse confier mes
peines), mon cœur affligé s'unira avec ma poitrine , et je pousserai
des gémissements. Pourquoi donc l'étonnement est-il mon par-
tage? A chaque instant le miroir cherche à asservir les parîzâda.
Des flammes se sont élevées du calam et du papier, lorsque j'ai
commencé à décrire la brûlure de mon cœur. Du feu s'est élevé
de la poitrine de Mamnûn , lorsqu'il a commencé à décrire le feu
du chagrin de l'absence.
"C
MANCUR-I ALI.
Saïyid Mançûr-i Alî^ Sabzwârî est auteur du Qaissâ-i
Saïf ulmulûk, ou Histoire de Saïf ulmulùk, roman en
prose hindoustani, qui porte aussi le titre de Bahr-i
isclic, ou l'Océan de l'amour. Il paraît que c'est une tra-
duction du persan. Saïf ulmuluk était un prince d'Egypte
sous le règne de Sulaïmân (Soliman). L'ouvrage dont
il s'agit contient l'histoire de ses amours avec Badi ul-ja-
mâl (la Merveille de la beauté), fille du roi des génies.
Il y a un manuscrit de ce roman à la bibliothècpie de
la Société asiatique du Bengale à Calcutta.
' (^ j^^ajL* protê(jé d'AU.
ET BIBLIOGRAPHIE. 527
MANNU LAL.
Le munschî Mannû Lâl ^ Lahorî, c'est-à-dire de
Laliore , est auteur d'une sorte de rhétorique pratique ,
c'est-à-dire d'une collection considérable d'exemples va-
riés des différentes espèces de descriptions et de tableaux
poétiques. Ces fragments sont empruntés aux principaux
poètes de l'Inde, tant à ceux qui ont écrit en persan
qu'à ceux qui ont écrit en hindoustani; et quoique ces
derniers y occupent la plus petite place , ils n'en forment
pas la portion la moins intéressante ni la moins cu-
rieuse. Cet ouvrage a été imprimé à Calcutta, dans la
typographie particulière de l'auteur, en i836, en un
volume grand in-Zi" de 486 pages, sous le titre de Gul~
dasta-i niscliâi-, ouïe Bouquet du plaisir. Il m'a été utile
pour mon travail; j'y ai trouvé en effet l'indication de
plusieurs poètes hindoustani qui ne sont pas cités dans
les biographies originales; écrivains dont plusieurs sont
probablement vivants. J'en dois un exemplaire à l'obli-
geance de M. J. Prinsep, au frère de qui il est dédié.
MANZAR.
Khâja Bakhsch Manzar^, d'Allahâbâd, est compté
parmi les écrivains urdû. Les biographes originaux nous
* iol^iij àJKMd(S.yS^ The Gnldasta-i Nischat, or nosegay of pleasure :
a collection of poelical extracts in Persian and Hindustani , from more tJian
hundred oj the niost celehrated aathors , arranged accordincj ta the subject
or sentiment, and well adapted for the stiident of thèse lanfjuages.
^ jiÀM aspect, spectacle, etc.
328 BIOGRAPHIE
font seulement savoir qu'il alla à Azîmâbâd (Patna),
en 1190 de l'hégire (1776-1777), et qu'il retourna
ensuite à son pays natal. Il avait le génie poétique, et
il était d'un caractère doux et affable.
MARHTJN.
Mirzâ Alî Rizâ Marhûn ^ s'appelait d'abord Mazmûn
selon Musliafî , et Maftûii selon Béni Naràyan. Ses an-
cêtres étaient de Mascbhad , et quant à lui , il fut élevé
à Debli, et s'y distingua comme écrivain hindoustani.
Il fut disciple de Mîr Nizàm uddîn , autrement dit Camar
iiddîn Miniiat. Mushaf î et Bénî Narâyan citent des pièces
de ses vers. Voici la traduction d'un gazai de lui fort
joli dans foriginal.
Depuis que la renommée de cette mine de douceur est par-
venue à mon cœur, on dirait que du sel a été répandu sur mes
plaies et que le jour terrible de la résurrection^ est arrivé pour
moi.
Conduis-moi, pieds nus, vers cet acacia dont chaque épine
est plus aiguë que la lancette la mieux afrdée.
Depuis longtemps les poignards de ses cils ne se sont pas
tournés de ce côté-ci; et toutefois le sang de la blessure de mon
cœur vient mouiller mes lèvres et exprimer une plainte muette.
Quoique je n'aie pas plus de force qu'un brin de paille légère,
néanmoins je supporte en ce moment des peines plus lourdes
que cent montagnes.
' M»-^v-* ^"3^5^» """^ en gage.
- Le mot c:a..«IaS qui indique en arabe le jour de la résurrection , se
prend par suite en hindoustani dans le sens de excès, malheur, cala-
mité, etc. On l'emploie aussi comme adverbe signifiant excessivement ,
extrêmement.
ET BIBLIOGRAPHIE. 329
Je suis martyr de cette douce mais sanguinaire beauté, qui
après avoir fait périr tous ses amants par indifférence, a permis
cependant à son doigt de se poser en signe de repentir sur sa lèvre
plaintive.
MARUF.
Ilahî Bakhsch Kbân Mariif \ fils de Arif Khan, était
un jeune homme d'une société agréable et d'une phy-
sionomie intéressante. Il alla de Dehli à Lakhnau à
l'époque où Mushafi mettait la dernière main à son
tazkira , et retourna ensuite dans sa ville natale. Il
aimait beaucoup la poésie et s'y livrait avec succès.
Mushafî n'en cite qu'un seul matla; mais Mannû Lâl
en donne plusieurs vers.
MASGHSCHAG.
Abd ullah Khan Maschschâc ^, fds d'Abu'lhusn Khân ,
fds de Saif ullah Khân , était de la nation des Afgàns et
de la tribu des Yûçûf Zâï '. La patrie de ses ancêtres
était Kâschân. Son père et son grand-père étaient poètes
l'un et l'autre. Ce dernier avait pris povu^ takhallus le
mot Sahaquî, et son père le mot Hass, et ils avaient
été distingués l'un et l'autre dans leur temps; son grand-
père avait même été le précepteur de Balladur Schâh,
^ (Ji^yX^ connu.
■^ ijjUi.^ apprenti.
' Tribu afgàne qui prétend descendre du patriarche Joseph, comme
celle des Lodî de Loth. Elle habite les montagnes situées près de Pescha-
war. Ce fut surtout cette tribu qui adopta la réforme du saïyid Ahmad,
et qui combattit sous ses ordres contre les Sikhs. Voyez ma Notice sur des
vêlements à inscriptions dans le Journal asiatique, numéro d'avril i838.
330 BIOGRAPHIE
autrement dit Schâh Alam P'; quant à son père, il
vécut dans la retraite , les richesses dont il était posses-
seur suffisant à ses désirs.
Maschschâc reçut de l'erapereur le titre honorifique
de Muschtâqu-i Ali Khan , accompagné d'un jâguîr con-
sidérable , et fut aussi chargé de l'éducation du prince
impérial.
Il était versé, selon Mushafî, dans la science des amu-
lettes, dans la géomancie et la géométrie; il était aussi
le plus habile cahigraphe de son temps pour l'écriture
nastalîc, sulus et schafîa ^ C'était, toujours selon ce
biographe, un jeune homme agréable, spirituel et
aimant. Il commença à écrire en vers à Allàhâbâd, et
montra ses productions à Schâh Muhammad Alim
Haïrat, d'Allâhâbâd ; et ensuite, à Dehli, il profila des
conseils de Muhammad Taquî Mîr, Mushafi cite une
page et demie de ses vers.
MASDAR.
Mîr Ma Schâ ullah Masdar^ était le père de Mîr ïnschâ
ullah Klîân^. Mushafî dit que ses perfections naturelles
sont tellement célèbres qu'elles n'ont pas besoin d'être
décrites. Lui aussi a écrit des vers hindoustani, et il
' Les principaux genres d'écriture arabe, outre ceux dont il est parlé
ici, sont le neskhî, le tallc , leschikasta, le rïliâni, Yyacûti, le dhvânî ei
le hirma. On trouve l'alphabet de la plupart de ces caractères dans la
Grammaire turque d'Holdermann , imprimée à Constantinople en lySo.
' j«XAra^ source, origine.
'•' Voyez son article.
ET BIBLIOGRAPHIE. 331
est mis au nombre de ceux qui ont enrichi- de leurs
productions la littérature urdû.
MAST.
Mîr Camar uddmMast\ de Dehli, descendait par sa
mère du saïyid Jalâl Bukhârî Mîr. Il retira des avanta-
ges littéraires de la société de Mîr Nûr uddîn Nawed et
de Mîr Schams uddîn Faquîr, et fut initié par eux aux
difficultés de la versification. Il fut un des disciples du
spirilualiste le maulawî Fakhr uddîn , et se dévoua à
la vie spirituelle, en sorte que Bénî Narâyan le nomme
faquîr. Il a écrit beaucoup de vers hindoustani et per-
sans ; il avait une grande célérité de conception ; il
s'énonçait avec esprit et pureté de langage. En i 196
de l'hégire ( 1781-1782), il était attaché à l'honorable
M. Jones-. Il était très-enclin à l'amour, et faisait beau-
coup attention à la beauté.
Ah Ibrahim cite deux pages et demie de ses vers hin-
doustani, et Bénî Narâyan, un gazai mystique qui me
paraît très-beau dans l'original. Je joins ici la traduction
de quelques hémistiches de ce poëme :
Aujourd'hui j'ai vu en songe ma bien-aimée ; j'ai vu la lumière
de Dieu sous le voile. Moi qui suis néant, m'unir à son essence:
j'ai vu ce spectacle pareil à celui de la bulle d'eau qui se perd
dans l'Océan
Etant assis, parcourir la région du monde spirituel : j'ai eu cet
avantage dans les livres. Etre enivré par une seule coupe de vin :
j'ai éprouvé ce plaisir lorsque j'ai bu la liqueur des doctrines éso-
teriques.
' LJ^JM^ ivre.
^ Probahlcnient le célèbre Sir W. Jones.
332 BIOGRAPHIE
J'ignore si ce poëte est le même dont parle Mushafî,
et qu'il donne comme disciple de Mir Amânî Açad , et
comme un des habitués de ses réunions littéraires.
MATIRAMA\
Excellent poëte hindi à qui on doit le Raça-rojâ^\
ouvrage cité par Ward et par Colebrooke, et dont je
possède un exemplaire en caractères dévanagarî , que
je dois à l'amitié du savant et zélé secrétaire de la
Société asiatique de Calcutta, M. J. Prinsep. Je revien-
drai, dans mon second volume, sur cet important
ouvrage.
MAUZUN (FARZAND-I ALI).
MîrFarzand-i Ali Mauzûn^, natif de Sâmâna\ n'était,
selon Mushafî, qu'un grand parleur, qui avait la préten-
tion d'être un excellent poëte, meilleur même que les
écrivains hindoustani qui ont le plus de réputation. Il
écrivait non-seulement des vers hindoustani, mais des
persans. J'ignore si c'est le même dont parle Fath Alî
Huçaïnî, sous le nom de Mîr Ralim AU Mauziîn, et qu'il
dit avoir été habile en arabe et en persan.
' H i d (I H ■ Serait-ce le même que Motirâma dont il sera parlé plus
loin ?
^ Hf n^ le souverain du (joât ?
^ [j^jyA mesuré, symétrique , cadencé.
' Ville de la province de Dehli.
ET BIBLIOGRAPHIE. 333
MAUZUN, D'AZIMABAD.
Maharaja Ram NarâyanMauzûn, d'Azîmâbâd (Patna),
était gouverneur du soubah d'Azîmâbâd pour les chefs
du gouvernement du Bengale. 11 fut l'élève du schaikh
Muhammad Alî Hazîn ^. B a écrit en hindous tani et en
persan, tant en prose qu'en vers.
Sous le gouvernement du nabâb Mîr Muhammad
Câcîm Khân , ayant été destitué pour une faute dont il
s'était rendu coupable, il se noya dans le Gange.
MAUZUN, DU DÉGAN.
Nawâb Khâjam Calî Khân ^ Zû'lficâr uddaula Mau-
zûn est un écrivain distingué du midi de l'Inde. B
était général ^ du Soubahdâr de Burhânpûr.
MAYIL.
Mîr Hidâyat Alî Mâyil^ naquit à Azîmâbâd (Patna);
mais il voyagea dans le Dakhan. Dès sa plus tendre
jeunesse il fut enclin à la poésie hindoustani , au
moyen de laquelle il pouvait donner un libre essor à
l'expression de ses sentiments religieux, B se distinguait
par son esprit solide et sain. Alî Ibrâhîm en cite quelques
vers.
' Voyez , sur ce personnage , mon Mémoire sur la religion musulmane
dans l'Inde, pag. 112 et suiv.
' tojv^ OOU^, à la lettre, commandant de dix mille hommes.
* Jul* enclin, appli^jnè [k quelque c/io5e).
334 BIOGRAPHIE
MAYIL (MUHAMMAD YAR BEG ).
Mirza Muhammad Yâr Beg Mâyil était disciple du
célèbre Jurât. Mushafî cite plus d'une page de ses vers;
mais il dit simplement que c'était un spirituel jeune
homme. On le compte parmi les poètes hindoustani.
MAYIL (MUHAMMADI).
Miyân et Mîr Muhammadî Mâyil, de Dehli, résidait
dans cette ville, près de la mosquée de Fathpûrî, à
l'époque oii Mushafî écrivait sa biographie , et à Mur-
schidâbâd, pendant que Alî Ibrahim écrivait la sienne.
C'est un poëte qui n'est pas sans mérite; Mushafî et
Mannû Lâl en citent des vers.
MAZHAR.
Mirzâ Jân-jàn, ou Jan-janân ^ Mazhar^, de Dehli,
est un des écrivains hindoustani les plus célèbres de
son siècle. Il appartenait à une famille distinguée, ori-
ginaire de Bokhara. Son père se nommait Mirzâ Jân.
On dit qu'il appelait son fils, par amitié, Jân-jânân,
c'est-à-dire mon cher (à la lettre, âme des âmes), et que
' yl:S^l> , selon Mushafî ; ybl:^l> , selon Mîr, Fatli Alî Huçaïnî
et Alî Ibrâhîm; et selon Lutf -jbl.^ (j^i*- • Mîr, dans l'article qu'il
a consacré à Yâquîn, fait observer que c'est par erreur qu'on le nomme
vulgairement Jân-Jân; que c'est son père qui s'appelait ainsi, mais que
le nom du poëte est Jân-jânân.
^ y fJ/^r^ spectacle, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 335
c'est ainsi que ce nom lui est resté. Il naquit à Akbarâbâd
(Agra); mais il fut élevé à DehH, et choisit pour sa ré-
sidence cette ville, où il acquit une réputation méritée,
non-seulement par son esprit, mais par la droiture de
son caractère. Il était habile dans la science de la juris-
prudence, et il savait allier à une vive piété l'enthou-
siasme pour la beauté humaine, qu'il considérait avec
juste raison comme un reflet de l'éternelle beauté. On
compte au nombre do ses disciples les poètes hindous-
tani Hazîn, Inâm ullah Khan Yaquîn, Faquîh Sâhib
Dardman et Mîr Abd ulliaïyî Tâbân \ qui était de plus
son ami. Il était sunnite, faisait profession de pauvreté
spirituelle, et opérait même, dit-on, des miracles. On
raconte que, pour manifester ses opinions religieuses,
un jour qu'il était assis sur la terrasse de sa maison ,
tandis qu'une procession de schiites passait sous ses
croisées , à l'occasion du Taazia'^ ou de la Commémora-
tion de la mort du prince des martyrs (Huçaïn), il s'en
moqua; il exprima même l'opinion qu'il était ridicule
que depuis douze cents ans que Huçaïn était mort, on
renouvelât encore ce deuil chaque année , et qu'il était
absurde de se prosterner devant des morceaux de bois
( c'est-à-dire devant la représentation en bois du tom-
beau de Huçaïn). Ces discours malsonnants furent en-
tendus des porteurs de bannières et de drapeaux, qui
faisaient partie du cortège -, aussi résolurent-ils de venger
la cause de leur secte. En effet, la dernière nuit de la
' Voyez les articles consacrés à ces personnages.
^ Sur cette fête, qui dure pendant les dix premiers jours du mois de
muharram, voyez monMéni. sur la religion musulmane dans l'Inde, p. 3o.
336 BIOGRAPHIE
fête dont il s'agit, savoir, le lo de muharram, un d'eux
se rendit à la porte de la maison de Mazhar et l'appela;
celui-ci étant sorti sans méfiance, le fanatique partisan
de Huçaïn lui tira à bout portant , sans mot dire , un
coup de fusil qui cependant permit encore à Mazhar
de se sauver sur sa terrasse, malgré la grave blessure
qu'il avait reçue. Mazhar mourut de cette blessure, et
il est , en conséquence , considéré comme martyr par
ses coreligionnaires. Ceci eut lieu à Dehli, en i iqA de
l'hégire (i ySo de J. C). Lutf dit que Mazhar avait alors
près de cent ans.
Mazhar a écrit avec éloquence en vers et en prose
hindoustani ^ ; ses vers, en cette langue, sont coulants
et faciles. Il est, selon Mushafî, le premier qui ait
calqué ses poésies sur celles des auteurs persans, dont
il a, du reste, préféré la langue pour écrire la plupart
de ses productions. Mîr Taquî cite, dans sa biographie,
quelques fragments de ses poésies. Voici la traduction
d'un court gazai de lui, publié dans les Hindee and
Hiiidoostanee Sélections de VV. Price ^.
La lettre de cette rose m'est pai'venue de la main du zéphyr
matinal, cette lettre qu'elle a tracée dans le jardin, avec la main
du désir. Ecrivez sur le pétale du hinna l'état de mon cœur; il
peut se faire que cette feuille parvienne un jour à la main de
ma bien-aimée. J'ai été libre des liens du monde, depuis que la
coupe du vin de l'amour est venue dans la main de moi , mal-
^ On trouve, dans le Catalogue des livres de Farzâda Cûlî, que j'ai
souvent cité, Tindication du diwàn de Mazhar, mais il est apparem-
ment en persan.
* Tom. Il, pag. 4oo.
ET BIBLIOGRAPHIE. 337
heureux Mazhar ! tiens aujourd'hui caché ce cœur délicat;
il faut en vendre la fiole à quelque autre Mirzâ.
MAZMUN (IMAM UDDIN).
Saïyid Imam uddîn Khân Mazmùn, fils du saïyid
Muîn uddîn Khân, est compté parmi les poètes hin-
doustani. Alî Ibrahim, qui nous le fait connaître, n'en
cite que deux vers.
MAZMUN (SGHARAF UDDIN).
Schaïkh ou Miyân Scharaf uddîn Mazmûn ^ naquit
à Jâj ou Jâjyû^, village près d'Akbarâbâd (Agra). Étant
encore tout jeune, il alla à DeUi, et resta attaché à
la mosquée nommée Zinat ulmaçâjid ( Ornement des
mosquées ). C'est un poète hindoustani distingué, qui
fut élève de Mazhar et de Sirâj uddîn Alî Khân Arzù.
Comme il avait perdu toutes ses dents par suite d'un
coup d'air, Arzû. le nommait, pour plaisanter, le poëte
sans pepiii^. Il a laissé un diwân composé de pièces char-
mantes, mais pleines de métaphores très-recherchées.
Mîr Fath Alî Huçaïnî, Alî Ibrahim et Lutf ont donné
plusieurs pages de ses vers dans leurs Anthologies biblio-
graphiques. Il était un des petits-fds du célèbre pîr
' ly.fÀà^ sens, signification.
^ Ce nom est écrit Jahjow dans VEast-India Gazetteer.
' *jîi ^ ^^Lw. On se sert du mot ^ΫXaj en parlant des fruits,
du raisin de Corinthe, par exemple.
I. 22
338 BIOGRAPHIE
Farîd uddîn, surnommé Schakar ganj^, ou Trésor de
sucre. Il dit quelque part à ce sujet :
Comment n'apprivoiserai-je pas les beautés aux lèvres de sucre,
puisque mon aïeul est le vénérable Farîd ?
Mîr, qui l'avait vu dans les dernières années de sa
vie , dit que sa conversation était très-animée , quoiqu'il
fût fort vieux.
Mirzâ Ali Rizâ prit aussi d'abord le takhallus de
Mazmûn, mais il adopta ensuite celui de Marliûn, nom
sous lequel il en a été parlé dans cet ouvrage.
MIHNAT.
Mirzâ Huçaïn Alî Beg Mihnat^, de Dehli, était fils
de Mirzâ Sultan Beg. Il naquit à Mugalpoura ^ ; mais à
l'âge de cinq ans il alla à l'orient de la capitale (appa-
remment dans le royaume d'Aoude). Mihnat était fort
spirituel; mais il parlait peu. Il avait un talent remar-
quable pour la poésie, et il consultait sur ses pro-
ductions Calandar Bakhsch Jurât, dont il a été parlé.
Mushafî cite près d'une page et demie de ses vers.
' Voyez, sur ce saint personnage musulman, mon Mémoire sur la
religion musulmane dans l'Inde, pag, loo.
^ ' •'1 \r^ peine , a£liction.
' C'est, je pense, un faubourg de Dehli,
ET BIBLIOGRAPHIE. 339
MIHRBAN.
Mihrbân ^ Khan est un poëte hindoustani dont les
marciya ont de la célébrité. Ses œuvres ont été réunies
en divvân ^. Bénî Narâyan en cite une pièce de vers.
MINNAT.
Mîr Camar uddîn Minnat^, de Dehli, selon Lutf^,
descendait par sa mère du saïyid Jalài Bokhàrî , célèbre
saint musulman. Il fut d'abord disciple de Mubammad
Câim, puis, surtout pour le persan, de Mîr Schams
uddîn Faquîr; il eut aussi des rapports littéraires avec
Futuwat Huçaïn Khan. Selon Lutf, il fut élevé dans la
maison de Schâh Walî ullah Muhdis , et ce fut l'illustre
contemplatif, le maulawî Fakhr uddîn, qui l'instruisit
dans la science du spiritualisme. Il fut initié à l'art des
vers par Faquîr, et au bon goût poétique par Nùr uddîn
Nawed ; il acquit ainsi dans la littérature une réputation
méritée. Son calam , dit Lutf, fit honte au pinceau du
célèbre Bihzâd. Il avait des connaissances variées, et
' lÀtyM^ affectionné , ami.
- Dans le catalogue des livres de Farzâda Cûli , il y a l'indication de
deux manuscrits des œuvres de cet écrivain. Le premier est intitulé
/Mvik U i.Mr* j^ ^^y-^ i ul>r!^ ^^^^'^ ^^ "i<^rcija de Mihrbân Khân; le
second, ^jVi»- ljk>"lr* *"*^J j^ c5J*^^ Portion des poésies de Mihrbân
Khân.
' cajL« obligation et supplication.
* Selon Mushafî, il était natif de t^^o f^y<Mi, et selon Bénî Narâyan ,
de oii^JLui.
22.
340 BIOGRAPHIE
possédait entre autres l'arabe et le persan. Il a écrit en
prose et en vers, dans ce dernier idiome, différents
ouvrages , et s'est fait par là un nom distingué parmi
les écrivains qui, dans l'Inde, se sont servis du persan
pour écrire leurs compositions. On cite surtout de lui
un ouvrage dans le genre du Giilîstan, ouvrage inti-
tulé Schakaristân , ou Sucrerie. Il a aussi écrit en hin-
doustani, et c'est seulement comme écrivain liindous-
tani que Lutf, Mushafi et Béni Naràyan le citent dans
leurs ouvrages. En 1191 de l'hégire (1777-1778 de
J. C), à cause de la dévastation de Dehli, il alla
à Lakhnau , où il resta quelque temps , puis il se rendit
à Calcutta, en 1206 (1791-1792), et trois à quatre
mois après, la fièvre le saisit et le conduisit au tombeau.
Il mourut dans cette dernière ville, en 1207 (1792-
1793), et y fut enterré. Mushafi donne un tarîkh de
cinq vers sur sa mort , et un échantillon de ses poésies
hindoustani. De son côté, Lutf en cite deux pages.
MIR (MUHAMMAD).
Mîr Muhammad désigné, comme Mîr Taquî, sous
le takhallus de A/iV, est auteur de poésies hindoustani
agréablement écrites. Mîr nous le représente dans sa
biographie comme un jeune homme très-capable et
d'un esprit fort distingué. Quoique la facture de ses vers
soit toute différente de celle de Mîr Taquî son homo-
nyme, toutefois ce dernier exprime son déplaisir de
ce qu'il avait pris le même surnom poétique que lui.
ET BIBLIOGRAPHIE. 341
MIR (TAQUI).
Mîr Muhammad Taquî, connu sous le nom de MtrK
qui est son takliallus, naquit à Akbarâbâd (Agra); mais
il quitta de bonne heure cette ville pour habiter Dehli,
où il fut élevé-, il alla ensuite à Laklmau. Il était parent
éloigné de Sirâj uddîn Ah Rhân Arzû ^ et ce fut lui
qui veilla à son éducation. Ses ouvrages donnent une
juste idée de l'élévation de son esprit, de son beau
talent poétique, de la sûreté de sa logique, uCeux, dit
« Ah Ibrahim , qui ont tant soit peu de pénétration , et
« qui peuvent discerner la douceur de l'amertume ,
«comprendront aisément que Mîr doit être distingué
«de tous les poètes hindoustani de son temps. » Lutf va
plus loin, il le met au-dessus de tous les écrivains
urdû anciens et modernes. Quoique Mîr ait écrit dans
tous les genres, toutefois, parmi les natifs, les appré-
ciateurs de la poésie pensent qu'aucun poëte , et que
Saudâ lui-même ne saurait lui être comparé dans le
gazai et le masnawî. Saudâ, au contraire, l'a surpassé
dans la satire et le cacîdah.
Cet illustre poëte était encore vivant, à Dehli, à
l'époque du décès de Saudâ (en 1780); mais il quitta
cette vihe en 1782-1783 pour aher h Laklmau, où le
nabâb d'Aoude , Açaf uddaula , lui donna une pension
qu'il conserva sous son successeur, le nabâb Saadat Alî
^ yXjo pour wv^î prince, nom qu'on donne aux descendants de
Mahomet.
2 Porte hindoustani très-distinsiué-, voyez son article.
342 BIOGRAPHIE
Khan, pension (ju'ii touchait encore en i2i5 de l'hé-
gii^e (1800-1801 ). Cette dernière année est celle de
la rédaction du Galschan-i Hind; Mîr n'était par consé-
quent pas mort à cette époque. Bénî Narâyan , qui parle
de son décès, n'en donne pas la date; il dit seulement
qu'il avait près de quatre-vingts ans quand il mourut.
Or, selon Mushafî, il avait déjà cet âge en 1 -790-1 y g 4.
Mîr a composé en hindoustani un très-grand nombre
de poésies qui ont été réunies sous le titre de Kulliyât.
On lui doit aussi une biograpliie abrégée des poètes
hindoustani, au nombre de cent deux; elle est écrite
en langue persane, et intitulée Nikdt aschschiarcV . C'est
dans cet ouvrage qu'il nous apprend qu'il tenait , le 1 5
de chaque mois , une réunion où l'on s'occupait exclusi-
vement de poésie hindoustani (rekhta). Cette réunion
avait auparavant lieu chez Dard^, et ce fut pour se
conformer à ses désirs que Mîr la tint chez lui. Dans
sa biographie , Mîr, d'après l'usage des biographes orien-
taux, s'est consacré un article à lui-même; c'est le der-
nier de son ouvrage; malheureusement il n'y donne
aucun détail sur sa vie; il dit simplement qu'il était
d'Akbaràbâd, et que, par l'effet des révolutions du jour
et de la nuit, il résidait depuis quelque temps à Schâh-
' Sir Gore Ouseley a un exemplaire de cet ouvrage qu'il a bien voulu
me communiquer. li se compose de iSa pages in-8°. Il a été copié en
12 n (1796-1797 ). D'après l'orthographe qu'on y a suivie, il semblerait
qu'il a été transcrit dans le Décan. Toutefois la ville où ce manuscrit
U . ,.. .
a été écrit semble être Soohait l^x^mi Xwa» ^^UÙ« , village de Ja
province d'Ajmîr, division de Harawti.
^ Voyez l'article sur ce poète.
ET BIBLIOGRAPHIE. 345
jahânâbâd-, puis il transcrit dix-sept pages de ses vers,
mais seulement des gazai et des rubâyât. Il est évident
par là que cette biographie fut une de ses premières
productions.
Les poésies liindoustani de Mîr ont été publiées en
totalité à Calcutta , sous le titre de KuUiyât-i Mîr Taqui;
elles forment io85 pages grand in-/i°. Elles se com-
posent d'un cacîdah d'invocation , de deux cacîdah à la
louange d'Alî, d'un à celle de Huçaïn, et d'un autre à
celle d' Açaf uddaula , nabab d'Aoude ; puis viennent six
différents diwàn, des vers isolés (fardiyât), des tazmîn^
des quatrains (rubâî), des mustazâd'^, un quita-band^,
dont le refrain signifie : « Nous ne reconnaissons pas Ali
« comme Dieu; mais nous ne le séparons pas de Dieu; »
beaucoup de mukhammas^, muçaddas^, musallas ^, etc.,
dont plusieurs sont très-remarquables; quelques pièces
d'éloges et d'autres de satire; enfin, un grand nombre
de masnawî dont plusieurs sont fort longs et très-inté-
ressants : quelques-uns roulent sur des aventures d'a-
mour; d'autres sur différents animaux, entre autres sur
' f^_ ■ t ^^ ' ■ Ce mot signifie : intercaler dans ses propres vers ceux
d'un autre. On donne ce nom aux pièces de vers où cette intercalation
a Heu.
^ On nomme ainsi les poèmes dont chaque vers est suivi d'un ou
plusieurs mots qu'on peut lire à volonté ou ne pas lire avec les vers. Il
y a quelques pièces de ce genre dans les œuvres de Walî, que j'ai pu-
bliées, pag. ii3 et suiv. —
^ «XJo AjJai, sorte de poème en strophes, dont le dernier vers com-
plète le sens du premier.
" Poèmes à strophes de cinq hémistiches.
^ Idem à strophes de six hémistiches.
' Idem à strophes Je trois héiui.^liches.
344 BIOGRAPHIE
un chien et un chat qui demeuraient dans ia maison d'un
faquîr et qui étaient liés d'amitié ; il y en a sm^ la chasse ,
sur le holî , sur le vin , sur le mensonge , sur le miroir,
sur sa maison, qui avait été dévastée par les pluies,
sur un glouton, etc. etc. M. Shakespear a reproduit un
de ces masnawî^ (poëme dont j'ai publié la traduction
sous le titre de Conseils aux mauvais poètes), et le major
Carmichael Smyth, un autre intitulé Schuala-i isclic-,
Or tlie Jlame of love. Je me propose de donner la tra-
duction de cet intéressant morceau, ainsi que de plu-
sieurs autres poèmes de Mir, dans le second volume
de cet ouvrage.
Lutf nous apprend qu'un des masnawî de Mir les
plus populaires, est celui qui est intitulé Daryâ-é ischc^.
On le ht beaucoup, surtout à Lakhnau, selon ce qu'a
dit à M. le colonel Low , résident anglais , le bibliothé-
caii'e du feu roi d'Aoude.
MIR MIRAN.
Mîr Mîrân, autrement dit Saïjid Naivâzisch Khân
Zâhir, est compté parmi les écrivains du Décan; c'est
ainsi que s'exprime, à son sujet, Fath Ali Huçaïnî.
De son côté, Mîr nous apprend que Mîr Mîrân prit
* Celui qui est intitulé JU^ ré^S-!^' •
* ^A^ aKxau . Dans le recueil imprimé des œuvres de Mîr, ce titre
est donné à un autre masnawî.
^ jA-ii*-^ (Aj\^ ■ Je ne trouve pas ce masnawî dans les œuvres im-
primées de Mir. C'est peut-être celui dont je viens de parler sous le titre
de Schualai ischc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 345
le takhallus de Bhed ^ Ces biographes en citent le vers
dont la traduction suit :
Hélas ! si ce cyprès à la taille élancée venait à passer dans ce
jardin, les tourterelles l'inonderaient d'un déluge de pleurs (par
suite du tendre amour qu'il exciterait en elles).
MIRA BHAI.
li est auteur d'hymnes hindi à l'usage des Sikhs. Le
célèbre indianiste, AL Wilson, le cite dans son savant
Mémoire sur les sectes hindoues ^.
MIRAN.
Le chaïkh Walî-i Muhammad ben Hafiz Mîrân^ est
l'auteur du Qaissa-i Pairambarân ^, l'Histoire des pro-
phètes, traduite du persan en hindoustani du Décan.
Je possède un exemplaire manuscrit de cet ouvrage,
qui a été copié dans la ville de Pondichéry, capitale
de l'Inde française. M""^ Hacan Alî cite souvent, dans
son intéressant travail sur les Musulmans de l'Inde,
l'original persan de ce livre; il est intitulé Haj'ât ulculûb,
' *>yyg.^ secret.
- Asiatic Researchcs , tom. XVII, pag. 233.
' (jijji^, titre d'honneur qui est probablement, je pense, le pluriel
de wv« , employé d'abord par respect, et pris ensuite comme un singulier,
de même que nawâb , umrâ , etc.
* jj|j-c«oiAJ AAoi. La bibliothèque du collège de Fort- William , à
Calcutta, possède un exemplaire manuscrit d'un livre urdû intitulé i%aÀai
L.A-o,y) Histoire des prophètes. Ce dernier ouvrage est aussi , sans doute ,
une traduction hindoustani du Hajàt ulculûb; mais la rédaction en est
probablement différente.
3/i6 BIOGRAPHIE
ou la Vie des Cœurs , et il a été imprimé à Téhéran , à
la typographie établie par Abbas Mirzâ , en deux vo-
lumes; le premier contient l'iiistoire des prophètes,
depuis Adam jusqu'à Mahomet, et le second celle de
Mahomet, de ses compagnons et des saints personnages
de sa famille. Ce travail est dû à Mullâ Muhammad
Bâquîr Majlicî.
Dans le catalogue des livres de Tîppou, on trouve
la mention d'un ouvrage persan intitulé Qaissas iilan-
biyâ, par Muazzîm Hàkîm, de Dehli. Il contient,
comme le précédent, l'histoire des anciens patriarches
et prophètes. Il a été écrit en lyiS. Le principal ou-
vrage persan sur cette matière est celui de Muhammad
ben Haçan al Deinûrî al Hanéfî, qui a pris pour base
de son travail celui de Salabî \ écrit en arabe. Il y a
plusieurs ouvrages arabes qui portent le même titre
et qui sont sur le même sujet. Le premier qui a
paru sous ce titre , a été composé par Wahâb , fils de
Moubah ^. Salabî , Kessaï et plusieurs autres ont écrit
après lui.
Parmi les livres hindoustani manuscrits du collège de
Fort-William, il y en a un intitulé Qaissas ulanhiyâ,
qui est apparemment une traduction ou une imitation
en hindoustani d'un des ouvrages persans dont je viens
de parler. Voyez aussi à l'article Abd ullah, du Décan,
la mention d'un ouvrage en vers sur le môme sujet.
' ^^wAjCijI. M. Caussin de Perceval père possédait un manuscrit de
l'ouvrage de Salabî ( n° i65i du catalogue de ses livres).
* Biblioth. orient, de d'Herbelot.
ET BIBLIOGRAPHIE. 347
MIRZA.
Nawâb Mi^zâ^ de Dehli, nommé Muhammad Haçan
Khan Ihtirâm uddaula, était fils du nabâb Aschraf Khan,
petit-fils du nabâb Samsâm uddaula Khân-i Daurân,
neveu ( fds de sœur) du saïyid Fazâyil Ali Khân, et
frère cadet de Raklitar Rustam Alî Kliân , connu sous
le takhallus de Rustam'^. Cet homme distingué s'occu-
pait des lettres, et spécialement de poésie. Ses vers
hindoustani sont très-nombreux. Il est apparemment
l'auteur du volume intitulé Diwân-i Mirzâ, dont la bi-
bliothèque du collège de Fort-William, à Calcutta, pos-
sédait un exemplaire. Il vivait à Bénarès en i 196 de
l'hégire ( 1782 ).
MIRZA (ALI RIZA).
Mirzâ Alî Rizâ, de Dehli, connu simplement aussi
sous le nom de Mirzâ ^, est autem' d'un grand nombre
de vers hindoustani. Après avoir passé quelque temps
dans les soubah du Bihâr et du Bengale, il habitait
Bénarès, en 1 196 de l'hégire.
' l)j"* P""^^ (pour ù^\j jj^] Jils de prince).
* Voyez son article.
' Dans un de mes manuscrits \e copiste a écrit Mazâ []y^ goût), pro-
bablement par erreur.
348 BIOGRAPHIE
MIRZAYI.
• Muhammad Alî Khan Mirzâyî\ fils de Naîm uUah
Khan, était attaché à la cour du wizîr des provinces,
le nabab Schujâ uddaula. Il avait l'esprit poétique, et
il était très-habile en musique. Alî Ibrahim cite de lui
deux vers seulement.
J'ignore si cet écrivain est le même que le munschî
MirzâyîBeg, natif d'Aoude , un des réviseurs du Khiracl
afroz, traduction hindoustani du Ajâr Dânisch, et au-
teur d'un ouvrage hindoustani intitulé Bidya Darpan ^,
ou le Miroir de la science. Ce dernier ouvrage est
calqué sur celui de Sri Lâl Kavi ^, écrit il y a environ
deux siècles , dans le dialecte nommé pûrbi bhahhâ ou
hindi oriental, et intitulé Aivad Bilâs'^, ou les Plaisirs
d'Aoude. Il contient f liistoire de Rama et une petite
encyclopédie des sciences connues chez les Indiens.
On le considère comme un des ouvrages hindi les plus
curieux : on le dit écrit dans le dialecte hindi , tel qu'il
est parlé par les Sipàhi; j'ignore s'il a été publié; il
était prêt à l'être [readyfor tlie press] en 181 4 ^.
' <S^Jy^ principauté.
' Il ne faut pas confondre ce Lâl Kavi, auteur du Chhatra Prahâsch,
avec son homonyme Lallû-jî Lâl Kavi.
* Annals of the collège of Fort William bj Roebuck . pag. 42 4 et 52 1.
ET BIBLIOGRAPHIE. 349
MISRIN.
Mîr Abd ullah Miskîn ^ est un poëte distingué dont
le docteur Gilchrist a souvent cité des vers dans les
exemples de sa Grammaire hindoustani, et dont il a
même donné en entier un marsiya qui jouit d'une
grande popularité. Cette pièce, intitidée Marsiya-i Mis-
hîn -, est une élégie sur la mort de Muslim ^ et de ses
deux fds; elle a été imprimée à Calcutta, en 1802 , en
caractères nagarî-*, pour entrer dans la collection inti-
tulée Hindee manual or casket ofIncUa, choix d'ouvrages
classiques publiés par le docteur Gilchrist, mais c[ui
est resté inachevé. On a même reproduit ce poëme en
prose hindoustani, comme on l'a fait pour le Silir ul-
bayân, et cette version a paru à Calcutta, en i8o3, sous
le titre de Marseeu of Misheen in prose ^.
Je me propose de donner, dans le second volume
de cet ou\T.age , la traduction de ce célèbre marsiya.
MISRIN, D'AZIMABAD.
L'Hindou Lâla Tajammul Miskîn, d'Azîmâbâd, a
écrit un grand nombre de vers; mais, selon AJî Ibrahim,
ils ne sont pas très-estimés.
' (^y^~\M*^ pauvre , mesquin.
' Cousin de Huçaïn , et son envoyé auprès des habitants de Koufa.
H fut mis à morl avec ses deux fils peu de temps avant Huçaïn.
' Murseau by Miskeen , in-4°.
* Primitiœ Orientales, tom. III, pag. lij.
350 BIOGRAPHIE
MOHANA\IJAYA\
Il est auteur d'un ouvrage intitulé Mânatanga charitra,
ou Histoire du Manatunga. Cet ouvrage est rempli de
discussions sur les croyances des Jaïns et de développe-
ments de leurs doctrines; toutefois sa forme est roma-
nesque, et la légende dont il fait le récit est pleine
d'intérêt. Voici, en peu de mots, quel en est le sujet :
Manatunga , roi d'Avanti ^, ayant eu à se plaindre de
sa femme , nommée Manavati , peu de»temps après son
mariage avec elle , il la renferma dans une maison sé-
parée; elle s'échappa, et sous différents déguisements,
elle jouit de la société de son mari; elle devint en-
ceinte , et pendant que Manatunga s'était absenté pour
aller épouser la fille de Dalathamba , roi du Décan , elle
accoucha d'un fils. Au retour du roi son époux, une
explication eut lieu , et ils vécurent heureux ^.
MOTL
i Motî*^ était une bayadère, et pour trancher le mot,
[une courtisane ^ douée de beaucoup d'esprit, très-ap-
' *HI<('*i l^^rt'H 1 c'est-à-dire, je pense, le triomphe sur la tentation.
' La moderne Ujjaïn.
' Voyez Mackenzie Collection , toni. II, pag. ii^.
' ay^ perle.
* Dans rinde, cette profession n'est pas précisément déshonorante;
elle est, en quelque sorte, estimée. Les jeunes fiHesquiy sont destinées
reçoivent une éducation soignée qui développe les facultés de leur esprit,
tandis que les autres restent dans l'ignorance la plus complète. Le beau
ET BIBLIOGRAPHIE. 351
préciée et très-considérée dans sa profession. Elle naquit
à Delili. Mirzâ Ibrahim Beg Mactùl , poëte hindoustani
distingué, en fut amoureux; il lui a consacré un radîf
dans son diwân qu'il écrivait en i 782 environ, et il lui
resta constamment fidèle. Quelques années avant l'é-
poque 011 Musliaf î écrivait , elle avait quitté Dehli , et
résidait à Laklinau , où ce dernier l'avait vue chez Mac-
tùl. On a de cette spirituelle bayadère des gazai hindous-
tani très-gracieux.
MOTI-RAMl
Célèbre poëte erotique hindouî , auteur :
1° Du roman intitulé Mâdhonal, que Wilâ^ et Lallû-
jî Lâl ont mis en hindoustani urdû. J'ignore si c'est le
même ouvrage dont j'ai, dans ma collection particulière,
un exemplaire écrit en caractères persans et en stances
de six vers. Il est en braj-bhâkhâ, et il porte le titre
de Quissa-i Mâdhonal^, ou Histoire de Mâdhonal. Mâ-
dhonal^ est le nom de l'héroïne; le héros se nomme
Kâm Kandala ^ . Je donnerai l'analyse de ce r^man dans
le tome II de cet ouvrage.
drame indien intitulé Mrichchahati donne une idée exacte de la ma-
nière dont on considère dans Tlnde les courtisanes.
* Dans la pièce nommée radîf on répète, après la rime, un ou plu-
sieurs mots. Les vers de la pièce dont il s'agit ici se terminent sans doute
par le mot motî.
^ Hlrt Î^^IH • Voyez rarticle sur Mati-râm.
' Voyez Tarticle sur TVilfi.
352 BIOGRAPHIE
Dans le catalogue des livres de la bibliothèque de
la Société asiatique de Calcutta , on mentionne un
volume intitulé Tarjama-i Madhonal Atâli^, c'est-à-dire
Traduction de Madhonal, par Moti-Râm; mais comme
il est dit que cet ouvrage est imprimé en caractères
nagarî, je pense qu'il s'agit de la rédaction de Wilâ, etc.
dont il sera parlé plus loin.
2° Motî-Râm est auteur d'un autre roman en prose
intitulé Quissa-i Dilârâm o Dilruhâ^, Histoire de Dilâ-
râm et de Dilrubâ, ouvrage dont on trouve un exem-
plaire sous ce titre à la bibliothèque de la Société
asiatique de Calcutta, et un autre sous celui de Kitâh-i
Dilrubâ.
MUCAWI.
Mîrzâ Muizz Fitrat, connu sous le sobriquet de Mu-
çawî^ ou de Maçawi Kliân, comme aussi sous le ta-
khallus de Muizz et de Fitrat, est un poëte indien qui
a surtout gcrit en persan. Dans quelques-unes de ses
pièces de vers , il s'est à la fois servi de l'idiome savant
et de l'idiome usuel , en écrivant un hémistiche en hin-
doustani et l'autre en persan, ce qui est une sorte
de juste milieu employé pour plaire à la fois aux savants
et à la nation entière.
Mir Taquî, à qui je dois ces détails, renvoie le
lecteur à la biographie de Sirâj uddîn Ali Khan Sâhib,
' J}c\ . Ce mot est peut-être le surnom du héros.
' (5*^%.^ Mosuïle , adjectif relatif dérivé de ^^ Moïse.
ET BIBLIOGRAPHIE. 353
connu sous le nom d'Arzâ, et il se contente de citer
de Muçawî un seid vers hindoustani dont je joins ici
la traduction :
Elle est parvenue jusqu'à mon cœur la renommée de tes noirs
clieveux, dont l'ondulation s'est communiquée au miroii' qui les
a réfléchis.
MUCIBAT.
Schâh Gulâm-i Cutb uddîn Mucîbat\ d'Allàhàbâd,
est un des fds de Schâh Khùb-i ullah, aussi d'Allâhâbâd.
Ce personnage, d'une naissance illustre, et distingue
par ses excellentes qualités, surtoul pour le bon accueil
qu'il faisait aux étrangers , a laissé des écrits tant hin-
doustani qu'arabes et persans. Ali Ibrâliîm paraît flatté
d'avoir été lié avec ce savant.
MUDDAA.
Mîr Iwaz Alî Muddaa^, de Dehli, est un écrivain
hindoustani dont on vante les qualités du cœur aussi
bien que celles de l'esprit. Il était très-habile en méde-
cine et avait une réputation méritée comme littérateur.
Il occupa un poste élevé auprès du célèbre Hafiz ulmulk
Hafiz Rahmat Khan ^. On cite surtout de lui un cacîdah
sur le mariage du nabab Muhabbat Khân *, fds de Hafiz
' CiMJkAA,* malheur.
• l£«X^ ilcsir, lut.
•' Voyez ses Mémoires rédigés par un de ses fils et publiés en abrégé
par M. C. Elliot, Londres, i83i.
^ Poète lui-même. Voyez son article.
1. 'j3
354 BIOGRAPHIE
Rahmat, poëme tellement apprécié qu'il a été traduit
en vers dans la langue puschtû ou afgânî.
Voici un fragment de ce cacîdah, cp.ii ne me paraît
remarquable que par l'exagération des pensées et l'ori-
ginalité de l'expression :
La tyrannie du destin est à la poursuite de ceux qui sont
privés de leur raison par l'effet de l'amour; il vient jeter du sel
sur l'ulcère de leur cœur. La lune a ouvert la paume de sa main
d'argent, et si elle en trouvait une autre pareille à la sienne, elle
applaudirait avec elle. Par l'effet de la chaleur que produit sur
elle la flamme de la beauté de mon amie , la lune a son front
couvert de sueur. A-t-on jamais vu se produire un tel effet sur
cet astre qui, dans les sphères, roule comme la pièce d'or ? Le
murmure du flacon qui se vide paraît dire de ne pas rester assis
dans l'inaction , tandis que la coupe semble cligner les yeux pour
regarder le cercle des buveurs.
C'est aujourd'hui la noce du nabâb Muhabbat Rhân, aussi
élevé que les cieux par son rang et son mérite personnel ; fête
qui réunit tout le monde, grands et petits. Quelle description
ferai-je de ta monture particulière, que couvre une étoffe couleur
de rose ? Je dois avouer seulement que mon esprit est confondu en
la voyant. Si un peintre voulait en faire la représentation, le
pinceau s'échapperait sans doute des mains de son imagination.
Que dirai-je de la rapidité de ce coursier qui, semblable à l'oiseau
de la prière, a élevé ses pieds de la terre jusqu'aux cieux?. . .
MUGAL.
Mirzâ MugaP Karbalâî, ou de Karbala, est auteur
d'une traduction en prose urdû du Bostan de Saadî, in-
' Jju» Mofjol.
ET BIBLIOGRAPHIE. 355
titulée Tarjama-i Bostân ou Bâ(ju-i siikhan ', c'est-à-dire
le Jardin du discours.
On avait annoncé une traduction du Bosfan sous
presse à Calcutta en i8o3, in-8° [Primitiœ Orientales,
t. III, p. Lin); mais j'ignore quel était l'auteur de cet
ouvrage. Je pense que c'est la même traduction qui
porte le titre de Bâga-i suklian. Une traduction urdû,
probablement différente, existe aussi parmi les livres
du vizir du Nizâm, à Haïderâbâd. Je connais encore
une autre traduction du Bostan, en dialecte dakhnî.
M. F. Falconer, mon ancien élève et ami, en possède
un exemplaire manuscrit.
MUHABBAT.
Le nabâb Mubabbat^ Khan était fds légitime du
nabab Hafiz ulmulk (conservateur de l'empire) Hafiz
Rahmat Khân^. Ayant senti en lui un grand désir d'en-
trer dans la carrière des lettres, il se forma sous le
Mii'zâ Jafar Alî Hasrat à l'art des A'ers; et à cause de
ses dispositions naturelles, il acquit bientôt parmi ses
contemporains une grande réputation par la chaleur de
son style éloquent. Il a écrit dans tous les genres de
'^ OsA^ amour.
' Célèbre prince indien, souverain du Rohilkand, qui fut lue à la
bataille de Cutterah, en 1774. M. C. Elliot en a publié, il y a peu d'an-
nées, les Mémoires écrits par un de ses fils, le nabâb Mustajâb Khân
Bahàdur. On peut consulter cet ouvrage (entre autres pag. 120 et suiv.)
sur le compte de Muhabbat Khân ; mais on n'y trouve rien qui ait trait
à ce personnage considéré comme écrivain.
23. s
356 BIOGRAPHIE
poésie, et il a réuni en un diwân^ ses pièces détachées.
Sir Gorc Ouseley possède un exemplaire de ce diwân
dans sa belle collection^.
Ali Ibrahim et Lutf nous représentent IMuhabbat
comme un beau jeune homme, doué des plus brillantes
qualités , et entre autres de la bravoure et de la géné-
rosité. Après la défaite du nabab Hàfiz Rahmat Khan,
il alla résider à Lakhnau, d'où il envoya, en i 196 de
l'hégire (1781-1782), à Ali Ibrahim , plusieurs pièces
de vers, et entre autres un masnavvi, ou roman en vers
dont il était auteur. Cet ouvrage, qui porte le titre
d'Asrâr-i Muliahbat, les Secrets de l'y^mour ^, est l'his-
toire des amom^s de Sacî et de Panûn ^. Selon Ibrahim
et Lutf, Muhabbat l'écrivit pour répondre au désir de
Master Jânas , apparemment sir William Jones.
^ Dans un catalogue manuscrit qu'on trouve à VEast-India House, il
V a l'indication de deux manuscrits de cet ouvrage : le premier intitulé
Vu
aKa^jh M^ '-^■^ lâiU^ tj^ c:aj^ U^^-^ Diwân de Muhab-
bat Ehân, fds de Hajiz Bahniat Khân le Rohilla ; et le second /jî^ji
jjVÀ. OvA^ Vl^* OUÀAiJ AXiSj {J^jj^ Ot-sSÎ Diwân de Mu-
habbat, en langue rchhta, composition du nabâb Muhabbat Khân.
- Muhabbat a aussi écrit en puscbtou , c'est-à-dire dans l'idiome par-
ticulier aux Afj^âns, idiome nommé aussi af<jânî, lequel était, à propre-
ment parler, sa langue maternelle. Sir Gore possède aussi un exem-
plaire du diwân de Muhabbat en ce langage peu cultivé. On trouve
l'indication du même volume dans le catalogue manuscrit de Muham-
mad Bakhsch , cité à la note précédente.
' CiOb^ j^y-^^ • Ç^ titre fait aussi allusion au nom de l'auteur, et
peut se traduire par les Secrets de Muhabbat.
* Il y a un poème persan sur le même sujet, écrit par un Hindou
uommé Làla Jot Parkàsch, et intitulé The Dasioor-i ischh, or the Loves
oj Sasee and Panoon. Il y en a un autre très-court par Mîr Maçùm Ba-
ET BIBLIOGRAPHIE. 357
Le nabab d'Aoude Acaf uddaula combla Muhabbat
d'honneurs et d'égards , et ils firent des vers ensemble.
Ce dernier demeurait encore à Lakbnau en 1 2 1 5
(1800-1801), époque de la rédaction du Gulschan-i
Hind, et s'y occupait toujours de poésie. Plus tard il
habitait Bareilly \ ainsi que nous l'apprend Béni Na-
râyan, qui se flatte d'avoir été lié avec lui. Il cite un
mukhammas de cet écrivain , et Alî Ibrahim et Lutf en
donnent d'autres pièces.
Voici, en peu de mots, la légende qui fait le sujet
du poëme de Sact et Panûn dont je viens de parler^ :
Un puissant Hindou qui n'avait pas d'enfants , quoique marié
depuis plusieurs années, eut enfin une fille. Il consulta les
astrologues sur le sort futur de cet enfant, dont la naissance
comblait ses vœux, et auquel il donna le nom de Saci (lune),
pour exprimer la beauté qu'on distinguait déjà dans ses traits
enfantins. Ils prédirent qu'elle épouserait un ^Musulman. La dou-
leur du père, en apprenant cette triste nouvelle, fut telle, que
pour prévenir ce malheur, il se décida à faire périr sa fille. A
cet effet, il la plaça dans un coffre qu'il jeta dans la rivière. Par
hasard, ce coffre fut recueilli par un blanchisseur, qui l'ayant
ouvert, y trouva l'enfant encore vivant; et comme cet homme
n'avait pas d'enfants non plus , il l'adopta. Saci devint, en arrivant
à l'âge de puberté, d'une beauté extraordinaire. Une caravane
de marchands ayant passé par l'endroit où elle se trouvait, quel-
ques-uns d'entre eux eurent occasion de la voir, et, à leur retour,
en parlèrent au fils du gouverneur de leur province, lequel était
kerî; il est intitulé Husn o Nâz, la Beauté et la Gentillesse [Journal of
ihe Asiatic Society oj Bengal . février i838).
' Ville de la province de Debli et chef-lieu d'un district de ce nom.
Ce fut la capitale de la principauté de courte durée de Hâfiz Rahmat
Khân, père de notre écrivain.
- Voyez le Journal de la Socièiè asiatique de Calcutta , loc. cit.
358 BIOGRAPHIE
musulman. Celui-ci, enflammé par les discours de ces marchands,
voulut aller juger par lui-même de l'exactitude de leur description.
Il se déguisa en marchand , et partit avec la prochaine caravane.
Pour parvenir plus facilement à son but, il se mit au service du
blanchisseur qui avait adopté Saci, et eut ainsi l'occasion d'ad-
mirer sa beauté, qui était réellement très-remarquable. Bientôt il
lui fit connaître l'amour violent qu'il avait conçu pour elle, il eut
la satisfaction de la voir partager ce sentiment, et de l'épouser en-
suite. Cependant la nouvelle de cet étrange mariage parvint aux
oreilles du père de Panùn, et il envoya deux autres de ses fils
pour ramener Panûn. Ceux-ci prirent si bien leurs mesures,
qu'une nuit ils enlevèrent leur frère, et l'ayant placé sur un agile
chameau, ils le conduisirent à leur père. Lorsque Saci apprit le
départ de son époux, sa douleur ne connut point de bornes. Elle
résolut de suivre ses traces ; et après avoir marché l'espace de
quarante kos, épuisée de soif et de fatigue, elle tomba sur la
terre : mais une source miraculeuse jaillit à ses pieds. Elle conti-
nua sa roule vers les montagnes , et là elle fut de nouveau assaillie
par la soif En ce moment un berger voulut lui faire violence;
mais elle l'engagea à lui donner d'abord à boire. Pendaiit qu'il
allait prendre du lait pour elle, Saci pria Dieu de la délivrer des
malheurs de tout genre auxquels elle était en butte. Dieu exauça
sa prière ; la montagne sur laquelle elle était s'entr'ouvrit et se
referma sur elle, laissant seuleruent en dehors le bord de son
vêtement. De son côté Panùn fut à la recherche de sa bien-
aimée , et arrivé au lieu où elle avait été engloutie , il pria Dieu
de lui faire partager le même sort, ce qui eut lieu en effet.
MUHABBAT (ALI).
Bénî Narâyaiî cite un autre poëte hiiidoustani dont
Miihahbat est le takhallus. C'est Mirzâ Aiî Muhabbat, de
Deliii , qui fut disciple de Calandar-baklisch Jurât. J'i-
gnore si cet écrivain est ie même que celui que cite
Mannii Lai sous le nom de Balladur Ali Muhabbat.
ET BIBLIOGRAPHIE. 359
MUHABBAT ( WALI ULLAH ).
Le schaïkh Waiî ullah Muhabbat, de Delili, fut un
des disciples de Saudà et des amis de Rind. Il habitait
FaiTukhàbâd à l'époque où écrivait Ali Ibrahim , qui ne
nous donne pas d'autres renseignements sur ce poète.
Il ne cite de lui que deux vers dont il me parait inutile
de joindre ici la traduction.
MUHACGAC.
Ancien poëte du Décan de qui Ali Ibrahim cite sim-
plement un vers dont voici la traduction :
Ne promets pas de montrer ta face à tous ceux qui te le de-
manderont; évite de prononcer de ta langue un mensonge.
MUHAMMAD ALL
Mîr Muhammad Alî Tazmazî est auteur d'un tazkira
ou Biographie des poètes hindoustani, citée dans celle
de Ali Ibrahim. On doit au même écrivain, qui est
aussi nommé Maulaivî et Saïyid MuJiammad Ali, une
traduction du SchamscJier Khâni ~, abrégé en prose du
Schâh-nâma de Firdaucî, par Tawakkul Beg. On sait que
cet ouvrage est non-seulement une analyse du Schâh-
nâma, mais cfu'on y trouve des citations de ce poème et
' (*Ai^ vérifié.
reconnu vrai.
560 BIOGRAPHIE
des anecdotes sur tous les personnages célèbres men-
tionnes par Firdaiirî . avec leur histoire succincte. C'est
cet omrage qu'a surtout suivi M, Atkinson dans son
abrégé du Schdh-ndma , publié par le Comité des tra-
ductions orientales. La traduction de Muhammad Alî
est intitulée Sclidh-nâma ; il v en a un exemplaire à la
bilDliotliècpje de la Société asiatique de Calcutta, copie
qui provient de la collection du collège de Fort-\\'illiam,
Elle est en prose. On vante sa fidélité et l'élégance de
son stvle ^.
MUHAMMAD HACA^V.
C'est un élève et un imitateur de Mir Taqui, Fath Ali
Hucaïnî en cite un bon nombre de vers.
MUHAMMAD IBRAHIM.
Miyân Muhammad Ibràliim résidait, en 182^, à Ma-
dras, où il était mimscbî, c'est-à-dire qu'il v donnait
des leçons d'hindous tani. Muhammad était fils de Malik
Huçaïn, et petit-fils de Schaïkh Muhammad. de Béja-
pùr; il était jamaddr de cavalerie ( commandant de
mille cavaliers 1. H a traduit la célèbre version persane
des Fables de Pidpav intitulée Anu-dr-i SahaïU , en liin-
doustaniduDécanoudakhni, langue, dit-ii'-, que parlent
tous les habitans de ce pays , grands et petits , riches et
pauvres, militaires et marchands, hommes et femmes.
Il a rendu la prose par de la prose, les vers par des
' Roebuck, Annals of ihe collège of Fort-Tïllliam . pag. SSg.
- Dans la préface hindoustani de cet ouvrage, pag. 10.
ET BIBLIOGRAPHIE. 361
vers, et a intitulé son livre Dahhân anjân \ ou le Collyre
du Décan. Toutefois cet ouvrage a été imprimé à Ma-
dras , non pas sous ce titre , mais simplement sous
celui de Dakhnee Unwaree Soheïlee , a Translation into tlie
daklmn tondue of the Persian Lmcar-i Soheïlee , for the use
or the milltarY officers of the Madras estahlishment, br order
ofthe hoard of superintendence for the collège of Fort Saint
George. Br Mahammad Ibraheem Moonshee; Madras, at the
collège Press, i 82 i, in-fol. de 4^i pages. Cet ouvrage est
suivi d'un vocabulaire des mots particuliers au dialecte
dakhni qui s'v rencontrent; ils sont rendus en lilndous-
tani du nord ou urdu. M. Shakespear a tiré beaucoup
de mots de ce volume pour la troisième édition de son
dictionnaire.
Ibrahim nous apprend qu'il vovagea pendant trois
années dans tout le Décan , afm de recueillir ça et là
des expressions particulières aux provinces méridionales
de l'Inde , pour les insérer, lorsqu'il en trouverait l'oc-
casion, dans son ouvrage, qui offre ainsi une sorte de
répertoire de ces mots inusités dans le nord. L'auteur
fait observer aussi que les genres des noms ne sont pas
toujours les mêmes dans le nord et dans le midi de
l'Inde, ainsi qu'on peut s'en assurer en lisant les ouvrages
dakhni les plus connus, tels que Phûl-ban , GaUhan-i
ischq, Mantic altaïr et ^uçuf Zalikha'-: que les noms,
par exemple, de Kalila et de Dimna, masculins dans le
nord, sont féminins dans le midi.
' Vovez, dans ia table des ouvrages, l'indication des articles ou il
est parlé de ces poëmes.
561 BIOGRAPHIE
Il y a plusieui's autres traductions daklmî de ÏAn-
wâr-i Sohaïli; mais j'ignore le nom de leurs auteurs :
1° J'ai uii bel exemplaire manuscrit d'mie de ces tra-
ductions qui a appartenu à Adam Clarke. Il a été copié
en 1179 de l'hégii^e (1760 de Jésus-Clirist). 2° Mon
ancien élève et mon ami , M, Falconer, a un manuscrit
d'mie rédaction ditTérente. 3° Il v a un manuscrit liin-
doustani de ce titre dans la bibliothèque rovale de Ber-
lin ; il porte le n° 220 ^. 4° Deux autres copies faisaient
partie de la collection de sir G. G. Haughton , et il y en
a eu plusieurs en vente chez des libraires. 5° Il y a
aussi à la bibliothèque de VEast-India House un volume
intitulé Tarjama-i Ainrar-i Sahaïli, c'est-à-dire Traduc-
tion de ÏAnirâr-i Suhaïh. en langue hindi [bazahân-i
hindi). 6° Il v a un manuscrit qui porte le même titre
à la bibliothèque de la Société asiatique de Galcutta,
manuscrit dont la rédaction est attribuée au doctem'
Gilclnist.
MUHGn.
Mir Muhammad ^luhcin-, d'Akbaràbàd (Agra), était
neveu (fils de frère) de Mir Muhammad Taqui, et pa-
rent aussi bien qu'élève de Siràj uddîn Ali Khân Arzù.
-\lir, qui fut son maitre , fait . dans sa biographie , l'éloge
de son esprit et de son talent poétique . et il cite trois
pages de ses vers. Muhcin n'avait que vingt ans à cette
époque, et on avait tout lieu de croire qu'il se distin-
guerait de plus en plus dans une carrière où il avait
' C'est au savant professeur Wilken que je dois cette indication.
" -1 ■■- *^ hiinfaisanl, bienfaiteur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 363
déjà obtenu des succès. Telle était l'opinion de son
oncle. En effet plus tard, lorsque Ali Ibrahim rédigeait
son Galzâr, Muhcin était attaché à la cour du nabâb
Sâlàr-jang, et avait écrit des poésies hindoustani esti-
mées.
MUHIBB.
Schaikli Walî idlah Muhibb ', ami et compagnon de
Saudâ , était ori,?inaire de Schâhjahânàbàd. D a écrit
des vers hindoustani dont le style est énergique et pm';
et il en a formé un diwân. Son talent poétique le fit
accueillir avec empressement par le prince Sulaïman
Scliikoh. Musliafi nous apprend qu'il mourut d'un ul-
cère , en 12 0- de l'hégire. Le même biographe cite trois
pages de ses vers.
MUHLAT.
Mirza Ail Muhlat- était disciple de Jurât. Mushafi
nous apprend que quelques années avant le temps où
il écrivait sa bio,o:i'aphie , Muhlat a^-ait eu une discussion
avec Ali Xaqui Alalisliar, et qu'ils allèrent se battre en
duel au delà de la Gumti^. Mulilat fut blessé, et lors-
qu'il fut arrivé à sa maison , ses héritiers ^ eurent beau
le presser de leur faire connaître celui qui l'avait frappé,
' ■:_,^,<J amant.
' i^j<Xj-A retard, paresse.
' Rivière qui so trouve dans l"Hindoustan du uord, et qui se jette
dans le Gange, au-dessous de Bénarès.
' C'est-à-dire ses proches parents.
364 BIOGRAPHIE
il ne voulut pas le leur indiquer , et peu de temps après
il mourut de sa blessure.
MUHTARIM.
Khâja Muhtarim^ Khân est compté parmi les poètes
hindoustani; mais je ne trouve aucun renseignement
sur son compte dans les ouvrages biographiques origi-
naux que j'ai pu consulter. Mushafî ne cite de lui que
trois vers.
MUIN.
Schaïkh Muïn uddîn , et simplement Miiïn ^, fut un
des élèves les plus distingués de Mirzâ Muhammad
Rafî Saudâ; toutefois il suivit le style de l'ancienne
école. Il était habile dans tous les genres de poésie,
mais un peu enclin aux discussions littéraires. Il était
encore plein de vie à Lakhnau , en 1196 de l'hégire
( i'78i-i'782). Mushafî et Mannû Lâl citent de lui un
gazai qui jouit de beaucoup de célébrité.
MUJRIM/.
Auteur d'un diwân hindoustani dont la bibliothèque
du collège de Fort-William possède un exemplaire qui
a passé dans celle de la Société asiatique du Bengale.
^yji^ honoré , respecté.
* (>AX* aide (sous-entendu /ojJî de la religion).
' >^wsiî pécheur .
ET BIBLIOGRAPHIE. 365
MURHLIS, DE MURSCHIDABAD.
Mukhlis^ Alî Khan, de Murschidâbàd, connu sous
le nom de Mir Bdkir, était le neveu ( fds de sœur ) du
nabab Nawâzisch-i Muhammad Khân Schahâmat-jang.
Les biographes originaux le représentent comme un
beau jeune homme, qui faisait l'ornement des cercles. Il
avait l'air ouvert et était d'un caractère égal , et il aimait
le plaisir et la bonne chère. Il vivait dans le Bengale
à l'époque où Ibrahim rédigeait son Gulzâr. Il a écrit
un grand nombre de vers hindoustani , et les a réunis
en un diwân fait à la manière des grands maîtres dans
l'art d'écrire, mais où il s'agit un peu trop d'amour.
Alî Ibrahim , qui l'avait connu particulièrement , cite
quatre pages de vers extraits du recueil de ses œuvres.
Lutf nous apprend que cet éloquent rossignol s'échappa
du filet de l'existence en i 207 de l'hégire (1792-1 793).
En d'autres termes, il mourut en l'année susdite, dans
la ville de Murschidâbàd sa patrie.
Voici la traduction d'un court gazai de ce poëte
urdû :
Ah! ne te venge pas davantage de cet amant que lu as déjà
immolé à demi. Je te rendrai mille grâces si tu renonces à me
captiver entièrement.
Les gens favorisés du ciel désirent le martyre; pour eux l'épée
de l'injustice est pareille à l'aile de l'oiseau merveilleux (le huma),
dont l'ombre est le pronostic d'un trône.
Lorsque mon amie dans un moment d'ardeur s'est unie à
> ,ja^
ami sincère.
366 BIOGRAPHIE
moi, les larmes qu'elle a versées ont enflammé de dépit le cœur
de mes rivaux.
Aussi Mukhlis doit le dire, il ne se plaint d'aucune injustice
de la part de sa bien-aimée : il demeure ferme dans la voie de
l'amour.
MUKHLIS (ANAND RAM).
Râé Anand Ram Mukhlis , de Dehli , était woMl
(agent) du nabab Itimâd uddaula. Il a écrit des vers
hindoustani estimés ; Ali Ibrahim en cite quelques-uns.
Mir nous apprend qu'il avait été d'abord élève de Mirzâ
Bédil, puis de Siraj uddîn Arzû, qui l'a mentionné dans
son tazkira. Un an environ avant l'époque où Mîr écri-
vait sa biographie, il mourut d'une hémorragie dont il
était atteint depuis quelque temps.
MUKHLIS (BADI UZZAMAN).
Badî uzzamân Khan Mukhlis, de Dehli, auteur de
poésies hindoustani, était remarquable par sa beauté
physique et par ses qualités morales. Il était attaché à
la cour du nabâb Schujâh uddaula, nabab d'Aoude.
MUMTAZ.
Hafiz Fath Ali Mumtâz \ de Dehli, est un des dis-
ciples de Saudâ. Il occupa un rang distingué [mnmtâz)
parmi les écrivains de son temps, ses émules. Il est,
' j\jJi tlistinrjnc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 367
entre autres, auteur d'un masnawî où il décrit un bâ-
ton \ et qui est écrit avec beaucoup d'énergie.
MUMTAZ (GAGIM).
Mirzâ Câcim Mumtâz , fds aîné de Mirzâ Kâzim Alî
Jawân, dont il a été parlé ^, a, comme son père, cultivé
la poésie hindoustani. Béni Narâyan cite de lui un gazai
dans son Anthologie.
MUNIM'.
Cet écrivain était frère de Câyim *, dont il a été parlé
plus haut. Il jouit de quelque célébrité parmi ses com-
patriotes comme poëte hindoustani.
MUNSCHl (GULAM-I AHMAD).
Gulâm-i Ahmad Munschî fut un des disciples de
Mirza Mazhar Jàn Jànân. Il naquit à Dadrî, petite ville
du district de Narnaul (province d'Agra). Il prit d'abord
pour surnom poétique le mot Wâcjmf (intelligent).
Il écrivait également bien en vers et en prose , en hin-
doustani et en persan.
- Voyez l'article sur Jawàn et Tarticle sur Ayân, autre fils de Jawân.
' ^^jtM libéral.
* Voyez l'article consacre à ce poëte.
368 BIOGRAPHIE
MUNSCHI (MUHAMMAD HUCAIN).
o
Mîr Muhammad Huçaïn Munschî\ de Delili, était de
la classe des Saïyid qui descendent de Riza, le huitième
imâm. Son père se nommait, selon Béni Narâyan, Mr
Ahalkhaïr, et selon Mushafî , Mir Abiilhusii. Munschî
était connu sous le nom de Mir Kalan, et il exerçait la
profession de maître d'écriture. Ses ancêtres étaient ori-
ginaires de la Perse , mais depuis deux ou trois généra-
tions ils habitaient Scliâhjahânâbâd. Munschî écrivait
parfaitement le nastalic et était très-habile dans l'inscha 2.
Il avait lu un grand nombre d'écrivains persans, et il
connaissait la langue arabe. 11 remplissait, à l'époque
où écrivait Mushafî , les fonctions de munschî ou de
secrétaire auprès du prince Sulaïman Schikoh, et rédi-
geait beaucoup de lettres pour son patron; ce dont il
s'acquittait parfaitement Bien. Comme il avait une
grande facilité à écrire en hindoustani , tant en prose
qu'en vers, il retouchait souvent les vers de Sulaïman
Schikoh en les transcrivant, et de temps en temps il
composait lui-même des poésies hindoustani. Il pouvait
avoir vingt-huit ans en 1793-179/1. Mushafî, qui nous
donne ces renseignements , cite plus d'une page de ses
vers; Bénî Narâyan en donne un gazai.
Je pense que c'est à cet écrivain qu'on doit un mas-
nawî intitulé Guldasta-i ischc^, c'est-à-dire le Bouquet
' i^CUm écrivain (amanuensis), professeur d'hindoustani et de persan.
^ Voyez, au sujet de cet art, une note pag. 3 16.
ET BIBLIOGRAPHIE. 369
d'amour, ouvrage dont ia Société asiatique de Calcutta
possède un exemplaire.
MUNSCHI (MU-RAMAND).
Mû-Kamand Munschî est compté parmi les poètes
hindoustani. Mannù Lâl le cite dans^sa rhétorique pra-
tique intitulée Guldasta-i niscliât.
MUNTAZIR.
Miyân Nùrulislâm Muntazir\ de Lakhnau, était fds
de Schâli Faïz Alî, autrement dit Pir-galâm, lequel était
le frère aîné de Schâh Badr-i Alî , et le fils de Schâli
Muhammad Jalîl , qui était le frère cadet de Schâh Aquil,
lequel était constamment vêtu de vert, et ne s'occupait
que de Dieu et aucunement de lui-même. Mushafî , qui
fut le maître de Muntazir, fait le plus grand éloge de ses
qualités intellectuelles. Il dit qu'il avait étudié l'arabe, et
qu'il avait lu beaucoup d'ouvrages persans tant en vers
qu'en prose. Dès l'âge de dix ou douze ans il eut un
goût prononcé pour la poésie; et comme la poésie
et l'amour sont jumeaux^, en même temps qu'il s'oc-
cupait de l'art des vers, il aimait une jeune beauté de
douze ans, et cette passion le rendait presque insensé.
Quand il commença à faire des vers, il demanda des
conseils à Mushafî , et continua depuis ce temps d'avoir
toujours en lui la même confiance , quoique d'autres
' vl^VÂ,'^ atlendant.
^ Réflexion de Mushafî.
I. 24
370 BIOGRAPHIE
poëtes habiles fissent leurs efforts pour l'attirer auprès
d'eux. Il écrivait avec élégance et pureté, et Mushafî
le considère comme un de ses élèves les plus distingués.
11 avait vingt-cinq ans en 1793-1794. Béni Narâyan cite
dix pièces de vers de cet écrivain. Voici un de ces
morceaux rendu en français :
Durant le temps de mon existence, je suis mort pour elle;
mais, nouveau Messie, elle m'a rendu la vie. Tout ce que j'ai
fait, en dehors de l'amour, a été mauvais.
Elle avait un caractère sauvage, mais à la fm je me suis lié
avec elle. Mes amis ayant entendu mes vers bons et mauvais ,
les ont applaudis. Ce que Majnùn et Farhâd ont fait , je l'ai fait,
et plus encore. Par le tortillement de ses boucles recoquillées , le
trouble s'introduit dans mon cœur. Muntazir étant chaque joui^
dans la nuit de la séparation, ses soupirs brûlent son cœur
comme la bougie enflammée.
MURID\
C'est le nom du père de Mîr Hamza Alî Rînd 2. Il est
un des écrivains hindoustani les plus célèbres parmi
ceux qui ont vécu dans le temps de Muhammad Schâh.
Il était également habile en musique.
MURUWAT.
Saguîr Alî Muruwat^, connu sous le nom défis de
' «Xjwj« disciple.
'•' Voyez rartide consacré à cet écrivain.
' v:y» wo (]énèrosité.
ET BIBLIOGRAPHIE. 371
lEcjYptien^, était fils, selon Mushafî, de Kabîr Alî, au-
trement dit Hakim Kabir Samhiili - Schaïkh Ançârî, dont
il a été parlé dans cet ouvrage. C'est, dit Mushafî, un
jeune homme capable et instruit. Il s'appliqua d'abord
à la médecine sous son père, à Râmpour; ce qui ne
l'empêcha pas de s'occuper de la poésie, art pour le-
quel il avait un goût décidé. Il se lia, à cet effet, avec
un jeune poëte, Bakhû Khan, fiis de Mustaquîm Khan.
Sa société lui fut avantageuse à son début dans cette
carrière. Il fit surtout des gazai et des cacîdah qui ont le
cachet poétique. Il imitait la manière de Saudà. Pen-
dant qu'il était à Râmpour, en i 782 , il mit en vers, à
la manière du Sihr alhayân, une ou deux histoires, et
il voulait les soumettre à Haçan; mais comme à cette
époque ce dernier était en voyage, Muruvvat ne put
agir conformément à son désir. Cinq années après,
étant revenu à Râmpour d'un voyage qu'il avait fait à
Bénarès, il écrivit une sorte de réponse à ce masnawî.
Ce poëme était plein d'expressions et de figures nou-
velles. Après qu'il feut terminé, il en fit faire des copies
qu'il répandit. Plusieurs de ses amis s'en procurèrent,
et sa réputation fut fondée sur ce masnawî. C'était, du
reste, Mîr Haçan qui avait engagé Muruwat à s'occu-
per de poésie urdû, et qui avait aussi revu ses pre-
miers essais. Ensuite, lorsqu'il résida à Rustamnagar,
il consulta, à cause de la proximité, Mîyân Calandar-
bakhsch Jurât. Toutefois il ne se donne comme dis-
^ C'est-à-dire le docteur Kabîr, liahîin signifiant médecin. Alî Ibrâhîm
nomme son père le schuïhk Muhamwad Kabir le médecin.
24.
372 BIOGRAPHIE
ciple d'aucun de ces deux écrivams. Il était, à ce qu'il
paraît , éclectique ; car il s'exprime ainsi quelque part :
J'ai trouvé un épi dans chaque moisson ; j'ai trouvé du plaisir
dans chaque angle.
Muruwat lut attaché à la cour du nabàb Faïz ullah
Khàn, Musbafî, à qui nous devons ces détails, cite
deux pages de ses vers.
MUSCHTAC (nAYAT ULLAH).
Inâvat ullah Muschtâc ^ était un pîi^zàda de Sarhind.
Mushafî dit qu'il n'était pas très-instruit , mais qu'il
assistait souvent aux réunions de l'espèce d'académie
que ce dernier avait étahhe à Dehli. 11 paraît, du reste,
que ce Muschtâc a écrit des poésies; car Mushafî le
compte au nombre des poètes hindoustani, et il cite
de lui quelques vers.
MUSCHTAC, D'AZIMABAD.
Mubammad Culî - Khàn Muschtâc , d'Azîmâbàd
(Patna), était fils de Hatim Culî Khàn, qui était un
des principaux ofliciers du nabàb Zîn uddîn Ahmad
Khàn Haïbat-jang, soubadàr d'Azimàbâd. A l'époque
oii écrivait Alî Ibrahim, Muschtâc était un jeune homme
distîngné par son esprit juste et par ses bonnes qua-
lités. Il était très-habile en musitpie, et il est auteur
d'un grand nombre de vers.
' ^^IXjïi^ désireux.
' fA.S esclave. Mannû Làl écrit ^^ ^4//.
ET BIBLIOGRAPHIE. 373
MUSCHTAC, DE DEHLI.
MÎT Haçan Muschtâc, de Dehli, est un poète qui
ne manquait pas de talent, mais qui s'était laissé aller
à la paresse , et qui vivait dans la misèreà Faïzâbàd , à
l'époque où écrivait Ali Ibrahim.
MUSHAFI.
Gulàm-i Hamdàni Mushafi \ nommé aussi Mushafi
Sâhib, était fds de Wali Muhammad, et petit-fds de
Danvesch Mubammad. Il appartenait à une famille dis-
tinguée d'Amroha^, Ses ancêtres étaient attachés à la
cour du Mogol ; mais à l'époque des désastres de l'em-
pire des descendants de Tamerlan, sa famille fut ruinée.
Mushafi se sentit, dès sa jeunesse, des dispositions réelles
pour la poésie, et il acquit de bonne heure une gi^ande
facilité à écrire correctement. Il se mit alors à faire des
vers hindoustani , vers qui se distinguent par la clarté ,
la pureté et l'originalité du stvle. Dans son tazkira, il
s'excuse pour ainsi dire de ne pas avoir employé dans
ses poésies la langue savante de finde nmsulmane; il
dit à ce sujet (ju'on n'écrit guère dans l'Inde que des vers
hindoustani, d'autant plus que cette langue a acquis le même
degré d'excellence qui distingue l'idiome persan.
Mushafi habita d'abord Lakhnau, puis, vers i i 90 de
' ^J. — aS5_>« Coranien, c'est-à-dire qui a rapport au Coran, lequel est
nommé v^i^s^, c'est-à-dire Ze livre [par excellence).
- Ville de la province de Dehli, célèbre parla châsse de Miranjî ou
Scliaikh Saddou, que les natifs v vénèrent.
374 BIOGRAPHIE
i'hégire ( i yyG-iyy y) , il alla à Dehli, où il demeura
pendant douze ans sous l'administration du nabab Najaf
Kbân, sans solliciter de personne aucune faveur, uni-
quement occupé à se former au pur langage urdû qu'on
parle dans cette capitale. Il tenait des réunions littéraires
dans le genre de nos sociétés savantes, réunions qui
furent fréquentées par les gens de lettres les plus dis-
tingués de Dehli, Il paraît qu'il retourna ensuite à
Lakhnau, où il fut admis auprès du prince royal Sulaï-
mân Scliikoh \ et fut comblé de ses bontés. Ce fut alors
qu'il mit au net le tazkira dont il est auteur, ouvrage
dont il s'était occupé plusieurs années auparavant, et
qu'il avait laissé en portefeuille. On lui doit les ouvrages
suivants :
1° Trois diwân hindoustani. H y a un exemplaire de
son diwân ( ou de ses dîwan ) dans la belle bibliothèque
de Chandù Lâl, d'Haïderàbâd.
2° Un autre diwân hindoustani qu'il fit à Dehli, et
qui se compose de cacîdah, de gazai, de masnawî, etc.
3° Un Tazkira-i Scliiiarâ-i Hindi, écrit du reste en
persan, avec une préface, un appendice consacré aux
femmes auteurs , et un épilogue qui se termine par deux
tarîkh sur la date de l'ouvrage.
Il" Une portion d'un Scliâli-nâma, jusqu'à la généa-
logie de Schâh Alam.
5° La bibliothèque du collège de Fort- William , à
Calcutta, possède un manuscrit intitulé Kalliyât-i Mus-
hafi, ou Œuvres complètes de Mushafî.
Il a fait en outre un tazkira des poètes persans , deux
' Voyez l'article consacré à ce personnage.
ET BIBLIOGRAPHIE. 375
divvân persans et même un troisième inachevé; mais je
ne cite ces ouvrages que pour mémoire.
Les renseignements qui précèdent sont extraits du
propre tazkira de Musliafî , qui a donné dans cette bio-
graphie un article sur lui-même, à la suite duquel il
a cité huit pages environ de vers extraits de ses diwân
hindoustani. Dans la préface du même ouvrage, il nous
apprend cjn'il écrivit cette biographie pour complaire
à Mîr Mustahçan Khalîc ^ , fils du célèbre Hacan , qui ,
enthousiaste delà poésie hindoustani, l'engagea à s'oc-
cuper de cet ouvrage. Il n'y parle guère , malheureuse-
ment, que des poètes urdû qui ont vécu depuis le règne
de Muhammad Schâh, en 1710, jusqu'à l'époque où
il termina son ouvrage, c'est-à-dire en 1 209 de l'hégire
( 1793-179/1), sous le règne de Schâh Alam. Il a eu
surtout en vue de faire connaître ses contemporains,
sur lesquels il a pu avoir des renseignements certains.
Lutf nous apprend qu'en 1 2 1 5 ( 1800-1801) il était
depuis quatorze ans à Lakhnau, dans une position peu
fortunée. Bénî Narâyan, qui a écrit son Anthologie en
181/1, ne dit pas que Mushafî fût mort à cette époque.
Il en cite onze différents gazai.
Il paraît que Mushafî avait été lié avec le célèbre
Haçan, car celui-ci termine le Sihr ulbayân par un ta-
rîkli- en hindoustani, que Mushafî fit pour ce poëme,
et par lequel on voit qu'il fut composé en l'année 1199
de l'hégire (178/1-1786).
' Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
' J*v a ê (J^ ^^ <^V^ ^
376 BIOGRAPHIE
MUSTAMAND.
Mustamand \ de Dehli, est un des élèves de Faquîh
Sâhib Dard. Il habitait Azîmâbâd, puis Murschidàbâd ,
à l'époque oii écrivait Alî Ibrâliîm. C'est un poëte hin-
doustani distingué.
MUZAMMIL.
Muhammad Muzammil ^ , contemporain de Schâh
Abrû, est un écrivain hindou stani qui a de la célébrité
parmi ses compatriotes. On dit qu'il devint fou dans
les dernières années de sa vie. Quoi qu'il en soit, il se
retira à Dehli, et y mourut entièrement retiré de la
société. Alî Ibrahim cite de lui un vers dont voici la
traduction :
n doit être interdit de recevoir de l'or à cette belle, qui s'ap-
pelle ajuste titre Sîmtan (corps d'argent).
MUZTARAB.
Lâla Durgâ Parschâd Muztarab ^ , fils de Diwân *
Bhawânî Parschâd, de la tribu des Kâyath (caste des
' Jsjv.pUw.-« triste.
' Jc«v.«, nom d'agent de la 2' forme du verbe arabe J^, qui
signifie involvit, recondiJit [illum in veste siiâ).
•' i^J^jihj» agité, iroublè , chagrin .
'^ C'est-à-dire ministre.
ET BIBLIOGRAPHIE. 377
Soudra), était, dit Musliafî, un jeune homme spiri-
tuel, d'une heureuse physionomie et d'un bon carac-
tère. Il aimait beaucoup la poésie , et mettait de temps
en temps au jour des pièces de vers. Il était lié avec
Muhammad Içâ Tanhâ. On le compte avec juste raison
parmi les poètes urdû.
MUZTARR.
Lâlâ Kunwar Sen Muztarr \ fils de Diwân Débî^ Par-
schâd, et frère de Muztarab dont il vient d'être parlé,
s'adonna, comme ce dernier, à la culture de la poésie.
Ses ancêtres occupaient à Dehli un rang honorable et
distingué; mais il naquit, selon Mushafî, à Lakhnau,
et y fut élevé. Arrivé à l'âge de discrétion, il sentit en
lui-même du goût pour la poésie-, pendant qu'il fréquen-
tait l'école , il faisait des vers hindoustani et même per-
sans, qu'il n'osait, par timidité, montrer à personne :
il se cachait même de ses parents. Plus tard, par fen-
tremise de Muhammad Iça Tanhâ , il fut admis au
nombre des élèves de Mushafî. «Muztarr a beaucoup
«de facilité, dit Mushafî, mais il lui manque des con-
« naissances théoriques. S'il s'applique à les acquérir,
« nul doute qu'il ne devienne un écrivain distingué. »
' jJaJ^X^ dans la détresse , affl'ujè.
^ Débî est ici synonyme de Bahvânî, nom sous lequel Parschâd a été
désigné plus haut. Ce sont des noms de l'épouse de Sivâ , déesse de la
mort , plus ordinairement nommée Darcjd.
378 BIOGRAPHIE
NABHAjr.
Ce célèbre écrivain hindi florissait à la fin du règne
d'Akbar et au commencement de celui de Jahânguîr
son successeur, c'est-à-dire à la fin du xvf siècle et au
commencement du wïf. Il était de la caste des Dom -,
dont l'occupation est de tresser des paniers et de faire
d'autres travaux analogues. Il naquit, dit-on^, aveugle,
et lorsqu'il n'avait que cinq ans, il fut exposé par ses
parents, pendant un temps de disette, au milieu des
bois, où il devait périr. Ce fut dans cette situation
qu'Agradâs et Kîl, zélés propagateurs de la secte des
Vaïschnava, le trouvèrent. Ils eurent pitié de son
état d'abandon, et Kîl jeta sur ses yeux l'eau de son
hamandal^ , ce qui fit recouvrer la vue à l'enfant. Ils le
portèrent à leur math, où il fut élevé et initié dans la
secte des Vaïschnava par Agradâs. Lorsqu'il fut parvenu
à l'âge de maturité , il écrivit le Bhakta mâla ^, d'après
le désir de son giirâ. Cet ouvrage, dont le titre signifie
le Rosaire des dévots, contient la vie des principaux saints
hindous, spécialement des Vaïschnava. Il est composé
de stances en hindouî très-difficile. Il a été revu et
■* ^^^ ou )5-«5^ .
5 H. H. Wilsou, As'miic Bescarches , tom. XVI, pag. 47.
* ^vR^FT. en sanscrit <=t>HsiCl pot à eau, de terre ou de bois,
employé par les faquîrs.
ET BIBLIOGRAPHIE. 379
augmenté par Narâyan-dâs , sous le règne de Schâli
Jahàn, et commente par Kriscbna-dâs , en lyiS. Il a
été aussi reproduit en hindoustani usuel. M. W. Priée a
donné des extraits intéressants , tant du texte ( mûl ) que
du commentaire ( tihl ) , dans ses Hindee and Hindoos-
tanee Sélections. Cet ouvrage a été très-utile à M. Wilson
pour son savant et important travail sur les sectes liin-
doues. Cet habile indianiste possède plusieurs exem-
plaires de l'ancienne rédaction et de la moderne.
NABI.
Mîr Gulâm-i Nabi ^ Balâgramî, ou de Belgram , neveu
(fds de sœur) de Mîr Abd uljalîl Balâgramî, a écrit deux
mille quatre cents dobra^ en langue bindî, si estimés
qu'ils égalent, dit-on, ceux du célèbre Bibârî^. Il était
aussi très-babile dans différentes sciences et dans l'art
de la musique.
NACIRH.
Scbaïkb Imâm-bakbscb, connu sous le surnom poé-
tique de Nâcihh^, natif, à ce qu'il paraît, de Laklmau,
est auteur d'un diwân bindoustani écrit dans un style
original, à l'imitation de la poésie persane. C'est au
lieutenant-colonel Low, résident de Lakbnau, que je
dois ce renseignement, qu'il tient du bibliotbécaire du
' (S^ prophète, pour /aj >*5X^ serviteur du prophète.
' Ijjfiji , synonyme de cisjo îJcrs, en ancien hindoustani.
' Poëte hindi dont il a été parlé dans cet ouvrage.
* ^b copijtc (amanuensis).
%
380 BIOGRAPHiE
dernier roi d'Aoude. Il v a un exemplaire de ce diwân
dans la bibliothèque rovale d'Aoude, et un autre dans
celle du premier ministre du Nizàm, à Haïderàbàd.
^ACIR.
Mivcàn Xàcir ^ est un des fils de Mir Haïdai' Jaliàn.
Musliaii dit que c'était un jeune homme éloquent, qui
fréquentait les remuons littéraii'es de Dehli, et qui y
prit du goût pour la poésie, qu'il cultiva ensuite. Je
pense que c'est le même écrivain dont Mannù Làl cite
plusiem^s vers sous le nom de J/;'r Aciczr udcliii ?>tâcir.
>ACIR (ALI).
Nàcii^ .\ii était natif d'Azimabad. On le compte parmi
les poètes liindoustani. Béni Narcàvan donne de lui un
gazai plein d'intérêt.
^ADIM.
Schaïkh .\li Culi \adim -. de Dehli . fut le maitre
d'Aschraf Ali Khcàn Fiç-àn. Il alla de Deldi à Murschid-
àbàd. et v fut attaché à la cour du nabab Mir Muham-
mad Jafar Khàn. Ce fut en cette ville qu'il mourut. Il
a surtout écrit beaucoup de marciva et de salàm, et
c'est en ce genre qu'il a acquis de la célébrité.
^ yjioli défenseur.
«Xj compaqnnn.
ET BlBLlOOliAPlIlE. 381
NADIR.
Nadir ^ de Dehli. habitait Kotla Firoz Schah-. Il
vivait sous le rèi^ne de Muliammad Schâh. C'est un
poëte hindoustani qui. selon Ali Ibrahim, ne jouit pas
d'une grande réputation.
NADIR (LALA GANG A SINGH).
Làla Gangâ Singh Xâdir est un Hindou, disciple de
Hacan. que Mushafi compte parmi les poètes hindous-
tani. et dont il cite un vers.
NAIM'.
Naim ullah, de Dehli, disciple et ami de Schâh
Muhammad Hàtim.est auteur d"un petit diwân hin-
doustani. Il fut employé par le nabàb Muhammad Yâr
Khàn , et avant écrit des vers à sa louange, il eut l'avan-
tage d'être admis dans sa société, qui se composait des
beaux esprits du temps. Il a été déjà question, dans cet
ouvrage, des réunions que tenait cet ami de lalittérature
hindoustani . réunions ou les poètes urdù faisaient assaut
de talent et de iacihté. Naim mourut d'hvdropisie , à
^ jàb étonTW.nt.
* Lautenr veut désigner par lu, apparemment, le quartier de Debli
où se trouve la tour de Firoz Schàli et d'autres anciens édifices élevés
par ce monarque pâthan.
^ VSAJ aise, volupté.
382 BIOGRAPHIE
Dchli, qu'il n'avait jamais quitté. Les biograplies ori-
ginaux citent de lui plusieurs vers.
NAJAF'.
Parmi les biographes originaux que j'ai pu consulter,
Mushafî est le seul qui parle de cet écrivain. Toutefois
il ne donne aucun renseignement sur ce poëte , mais il
en cite trois gazai qu'il a copiés dans un album, et
qui lui ont paru d'une bonne facture.
NAJAT.
Schaïkh Haçan Rizâ Najât-, de Dchli, avait le génie
poétique et maniait très-bien la langue urdû. Après la
dévastation de Dehli, ce poëte vint à Azîmàbàd, et y
jouit pendant quelque temps de la bienveillance de
Amî Hâjî Ahmad Alî Quiâmat. Il demeurait depuis
quelques années, à l'époque où écrivait Alî Ibrahim,
dans un village du sirkâr de Sâran , qui est une dépen-
dance de la province de Bihâr. Il a écrit, entre autres,
des marciya en l'honneur du prince des martyrs, mais
peu de pièces de vers dans les autres genres ; ce qui
fait que sa réputation n'est pas aussi grande qu'elle aurait
pu l'être.
' OU^ , nom de la ville où est situé le tombeau d'Alî.
- cyUtf' salut, fuite.
ET BIBLIOGRAPHIE. 383
NAJI.
Muhammad Schâkir Nâjî ^, de Dehli, fut le contem-
porain et l'émule de Scliâh Najm uddîn Al^rû. Il vivait
en effet sous le règne de Muhammad Schâh. Il était
militaire de profession-, mais il a acquis de la célébrité
comme poëte hindoustani. Il était très-aimable, plaisan-
tait volontiers et avait l'habitude de critiquer tout le
monde. Un jour Mîr lui entendit réciter, dans une so-
ciété, des vers facétieux de sa composition, qui exci-
tèrent l'hilarité de l'assemblée. Il mourut à la fleur
de l'âge. Ses vers ont été réunis en un diwân très-célè-
bre encore actuellement à Dehli, surtout par les idées
gracieuses qui y abondent. Les biographes originaux
en contiennent de nombreux extraits. Il a écrit dans le
style métaphorique obscur qui distingue les écrivains
hindoustani de l'époque où il vécut.
NALAN.
Muhammad Askar^ Alî Khân Nâlân^, de Dehli, était
Mogol de nation. Il fut le premier élève qu'eut Mushafi,
à Dehli. Ce dernier dit, à ce sujet, que Mîr Haçan* fa
donné, dans son tazkira , comme disciple de Schâh Hâ-
tim , mais que c'est une erreur. Nâlân fréquentait assidû-
' ^Ij sauvé, libre, etc.
"^ Mushafî et Bénî Narâyan le nomment Mijân Askari Nâlân.
* (jiilj se lamentant.
* Et aussi Alî Ibrâhîm.
384 BIOGRAPHIE
ment les réunions que Mushafî tenait chez lui, et avait en
ce biographe la plus grande confiance. Toutefois Mushafi
l'avait perdu de vue à l'époque où il écrivait son tazkira.
Il en cite un vers seulement; mais Béni Narâyan trans-
crit de lui le gazai dont la traduction suit :
Le sort a pris dans son filet le rossignol; le sort, 6 Dieu! i'uni-
ra-t-il jamais avec la rose ? Après avoir demandé congé à mon
ami, j'ai éprouvé le mauvais effet du sort par le signe de ses yeux.
Hélas ! dans le temps où je suis séparée de mou ami de cœur, le sort
fait écrire ce qui était dans mon sort. 0 mes amies ! la faute que
j'ai faite ne vient pas de mon cœur, ce sont les yeux de mon bien-
aimé qui font produite , ou bien c'est le sort. A qui Nàlàn pein-
dra-t-il ton isolement? C'était un cœur (qui l'avait causé), mais
non pas le mien; ou plutôt c'était l'effet du sort.
NALAN (AHMAD ALI).
Mîr Alimad Alî Nâlân, de Dehli, était, s'il faut fen
croire, un des disciples de Mirzà Rafî Saudà. Ali
Ibrahim, en nous révélant cette circonstance dans f ar-
ticle qu'il lui a consacré dans son tazkira, déclare en
même temps qu'il ne lui reconnaît pas beaucoup de
talent.
NALAN (WARIG-I ALI).
Mîr Wâric-i Alî Nàlàn, d'Azîmàbàd (Patna), fils de
Mîr Arzânî, naquit dans un village du Bihàr; mais il
habita constamment Azîmâbâd, où il était à la tête
d'une fabrique de verre. En i i gS de f hégire (1781 ) ,
il était encore jeune, et se distinguait par son talent
poétique. Il fut un des disciples de Mirzà Aschraf Alî
Rhân Figân.
ET BIBLIOGRAPHIE. 385
NANAK.
Nânak Schâh , célèbre fondateur de la secte des
Sikhs ^ , est auteur de leur livre sacré nommé Acli
Granth^, ou le Premier Livre. C'est peut-être le même
qui existe à YEast-India Hoiise, sous le titre de PotM
Gara Nânak Schâhi (Livre du gurû Nànak Schâh), et qui
est souvent cité sous le nom vague de Granth ^, comme
le Coran des Musulmans sous celui de Musliaf (cahier).
Ce livre enseigne qu'il n'y a qu'un Dieu tout-puissant
et présent partout , qui remplit tout l'espace et pénètre
toute la matière, et qu'on doit l'adorer et l'invoquer;
qu'il y aura un jour de rétribution, où la vertu sera
récompensée et le vice puni. Non-seulement Nânak y
commande la tolérance universelle, mais encore il dé-
fend de disputer avec ceux d'une autre croyance. Il
défend aussi le meurtre , le vol et les autres mauvaises
actions; il recommande la pratique de toutes les vertus ,
et principalement une philanthropie universelle , et
l'hospitalité envers les étrangers et les voyageurs ^.
' On ne sait généralement pas que l'étyniologie du mot 5(7.7t est hin-
doustani. Il vient de ,,^X**( apprends (impératif de Tinfinitif U^V^w ), mot
que Nânak disait souvent à ses disciples. Wilkins, Asiatlc Researches.
tora. I, pag. 317.
2 ïîTTt^ HZH ■ Ward, dans son History, etc. ofthe Hindoos. tom. III,
pag. 46o et suiv., donne des extraits intéressants de cet ouvrage.
^ Voyez le Catalogue de la vente de C. Stewart, n" 108. Le véritable
Granth, ouX.ivre de Nânak, a été écrit en vers dans le dialecte du Penjâb
ouPenjabî, avec les caractères de l'invention de Nânak, nommés par
suite (jiirû muhht (delà boucbe du maître). Ce sont les mêmes dont on
se sert encore dans ce dialecte.
'' Wilkins, Asiatic Researches, tom. T, pag. 817 de la trad. française.
I. 25
386 BIOGRAPHIE
On conserve à la Bibliothèque royale de Paris une
histoire manuscrite de Nânak, en hindoustani, où les
sentences de cet habile réformateur sont citées en très-
grand nombre, et à celle de YEast-India House le Nir-
mala Grantli^, ou le Livre pur, en brajbhâkhâ , et le Pothi
Sarah gani^, autre livre qui contient l'exposé des doc-
trines de Nànak. Il y a aussi à YEast-India House un vo-
lume intitulé ; Sikh-darsan, Pothi Nânak Scliâh, dar nazm,
c'est-à-dii^e Sikh-darsan, Livre de Nânak, envers. C'est
apparemment le même ouvrage dont je possède un
exemplaire qui porte le litre de Sikhni Bâhâ Nânak ^, ou
l'Enseignement de Bâhâ Nânak, en vers. Ce manuscrit
se compose de 172 pages in-8° oblong ^. Un ouvrage
portant le même titre est indiqué parmi les livres de
Farzâda. Dans le catalogue manuscrit des livres de
Muhammad Baksch , se trouve un volume sur la religion
des Sikhs , écrit en hindi , et intitulé Sikliân Granth ^,
c'est-à-dire le Livre des Sikhs. Enfui, il y a plusieurs
ouvrages qui contiennent des vers et des hymnes reli-
gieuses de la secte de Nânak-, tel est, par exemple, celui
' t«i^Ç^ <i4èJ| . Une copie de ce livre fait partie de la collection
Mackenzie. Cet exemplaire, dit M. Wilson dans son catalogue (tom. II,
pag. 109), contient les quatre mahal ou lectures oi!i sont exposées les
doctrines religieuses des Sikhs, dans le dialecte hindou du Penjàb. Le
manuscrit de VEast-India Home ne contient que le premier mahal.
* Je n'ai pas vu ce titre écrit en caractères orientaux ; j'en ignore l'or-
thographe véritable et la signification.
* J'ai encore, dans ma collection particulière, un Granlh liindî eu
caractères persans, vers et prose.
ET BIBLIOGRAPHIE. 387
dont on conserve un exemplaire à VEast-India Home, et
qui est intitulé Ascliâr ha zabân-i bhâkliâ bar din-i Nânak
SchâM (vers en langue bhâkhâ sur la religion de Nânak
Schâli) , et cet autre intitulé : Diwân dar zabân-i bMkliâ,
yané Potlii Gurû Nânak ScMh (Diwân en langue bhâkhâ,
c'est-à-dire Livre du gurû Nânak Schâh).
Nânak naquit en 1/169, dans un village de la pro-
vince de Lahore nommé Talbindî ; d'autres disent qu'il
naquit sous le règne de l'empereur Bâbar, c'est-à-dire
de 1 5o5 à 1 53o. Il était encore jeune lorsqu'il se retira
du monde pour vivre dans la dévotion et l'austérité.
Ce fut dans la retraite qu'il forma un nouveau système
de religion et qu'il composa le livre nommé par anto-
nomase GranthK Nânak mourut à fâge de quatre-vingt-
dix ans. Ses sectateurs visitent encore religieusement sa
tombe jusqu'à ce jour. M. Ouseley a donné le portrait
de Nânak dans ses Oriental Collections, t. II, p. 36o;
mais j'ignore si le dessin en est authentique.
NAND-DASl
Auteur du Panchâdlijâï , ou les Cinq Lectures, poëme
hindouî imité du Guita Govinda, sur les amours de
Krischna et de Radhâ. On connaît le poëme sanscrit
par la traduction de Jones , qui a paru dans les Asiatic
^ Le savant M. Wilson m'a dit que par Granth on désigne générale-
ment la collection de tous les ouvrages religieux des Nânak panthî, y
compris les poésies de Sùrdàs, le Rdmâyana de Tulcîdâs, enfin les prin-
cipaux chants hindouî. C'est ainsi que le mot Bihle ( Biblia) signifie la
réunion des livres révélés des Juifs et des Chrétiens.
^ ^T^ <^IH serviteur de Nand, père putatif de Krischna.
25.
388 BIOGRAPHIE
Researches, t. III, et dans ses œuvres. Le Panchâdhjâî
a été édité par Aladan Pal et imprimé à Calcutta , à la
typographie de Bâbû Ram; il forme un in-8° de 5 à
pages.
NARAYA^-DAS\
' . .
Ecrivain hindi qui vivait sous le règne de Schâh
Jahân. C'est lui qui a mis dans la forme actuelle, par
des modifications et des additions , l'important ouvrage
de Nâbhâji, intitulé Bhaklita mâla, production dont nous
avons parlé un peu plus haut '^.
NAWA.
Schaïkh Zuhûr Nawâ ^, fds du maulawî Dalîl ullah ,
est un écrivain hindoustani spirituel et grave qui fut
disciple de JVIiyân Bacâ ullâh. Mushafî, qui cite des fi'ag-
ments de ses poésies , nous fait savoir qu'il excellait sur-
tout dans le cacîdah. Il nous apprend aussi qu'il reçut du
prince Jaliandâr * le titre de KMni, qui est synonyme
de Khan.
Nawâ est, je pense, auteur du diwân hindoustani dé-
signé dans le catalogue manuscrit des livres du collège
de Fort- William sous le titre de Diwân-i Nawâï^.
' •1[M^«i STH serviteur de Nârâjan ( Wischnou).
' Aslalic iîe5earc/ie5, tom. XVI, pag. 8.
' 5»j voix, chant.
* Voyez l'article consacré à ce poète royal.
ET BIBLIOGRAPHIE. 389
NAWAZ.
Nawâz Kabischwar\ poète musulman qui est auteur
d'une traduction en vers braj-bhâkhâ du drame sanscrit
de Sacountala, traduction qu'il fit sur l'invitation de
Maulâ Khân, fds de Fidaï Khân, lequel reçut de Far-
rukhsiyar, empereur mogol du temps duquel il vivait,
le nom d'Azam Khân. M. Romer possède un exem-
plaire de cet ouvrage. Nawâz est cité dans la préface
de Sacountala par Kâzim Ali Jawân. Voyez l'article
consacré à cet auteur.
NEM CHANDl
Hindou de la tribu des Kschatrya à qui on doit un
poëme hindoustani intitulé Qiiissa-i cjul ha Sanauhar Kâ^.
Ce masnawî a été imprimé récemment à Calcutta , sous
les auspices de Bàbù Cliaran Sen et par les soins du
brahmane Data Ràm. C'est, à ce qu'il paraît, un roman-
féerie, et il est indiqué comme traduit d'un ouvrage
persan.
Nous avons déjà eu l'occasion de parler, à l'article
1 cfjic(jyi Ce mot signifie prince des poètes ; il équivaut à l'expres-
sion îjjciJi lilXo des Musulmans. Il accompagne le nom propre de
plusieurs écrivains hindî, entre autres de Sundar et de Sûrat , traduc-
teurs, le premier du Slncjhaçan batticî . le second du Baîtal Pachîci.
^ <^-À=5~ /<\j
y3yKtO
\i yS lf>,j>&i The Rose and Pine tree.
590 BIOGRAPHIE
sur Ahmad-Alî , de plusieurs ouvrages hindoustani por-
tant le même titre , et roulant probablement sur le même
sujet.
NIGAIl (ABD ULRACUL).
Mîr Abd ulraçul Niçâr ^ était d'Akbarâbâd (Agra).
Ses ancêtres avaient occupé des emplois éminents sous
l'empereur mogol Farrukh Siyar. Quant à lui, c'était un
poète distingué, ami de Mîr Taquî. On dit qu'il prit
du goût pour la poésie dans la société de ce dernier
écrivain. Quoi qu'il en soit, Mîr nous apprend dans
sa biographie qu'il lui donnait des conseils pour ses
vers. Mîr et Mushafî font l'éloge de son esprit, de son
savoir et de son goût. Ce dernier l'avait souvent vu
dans le village d'Amroha lorsqu'il commençait à s'oc-
cuper de poésie. Niçâr avait alors soixante ans environ.
Mushafî ignorait s'il vivait encore à l'époque où il écri-
Vciit. Il cite de lui plusieurs vers , deux entre autres qui
ont été attribués, dans le tazkira de Mîr Hacan, à Muham-
mad Schâkir Nâjî.
Bénî Narâyan parle d'un autre poète nommé aussi
Abd iilraçiil Niçâr, qui liabitait Jahânguirâbâd (Dacca);
mais c'est peut-être le même que celui dont il s'agit
plus haut, quoique dans son Anthologie Bénî Narâyan
lui ait consacré un article différent. Voici, au surplus,
la traduction d'une courte pièce de vers que Bénî Na-
râyan donne comme l'ouvrage de ce dernier écrivain :
Le moindre souvenir de moi n'est pas resté à cet infidèle, et à
moi il n'est pas resté la force de gémir. Quelle est la manière
^ jIaj action de répandre quelque chose, par suite sacrifice.
ET BIBLIOGRAPHIE. 391
d'agir, envers la rose , de ce rossignol qui se contente de rester
esclave sous le filet du chasseur? S'il ne peut habiter dans le
même lieu que la rose, il doit se résigner à voir sa vie inutile rester
en proie au vent de la destruction. Niçâr ayant entendu dire que
la terre était un lieu de plaisir, y était accouru; mais pendant le
temps qu'il y est resté, elle n'a été pour lui qu'un lieu de détresse.
Il y a un autre poëte qui avait d'abord pris pour
takhallus le mot Niçâr, mais qui le changea ensuite en
celui de Hâkim. On en trouvera la mention sous ce
dernier nom.
NICAR (MIMAR).
Muhammad Zamân ^ Mimâr, ou l'architecte, connu
sous le surnom poétique de Niçâr, était de la classe
des Schaïkh. Ses ancêtres étaient architectes ; ce fut un
d'entre eux qui dressa le plan de la principale mosquée
de Dehli. Niçâr trouva dans sa propre famille tous les
moyens d'étudier l'architecture. Il fut d'abord employé à
Dehii, comme architecte, par le nabab Muhammad ud-
daula; mais lorsque celui-ci fut fait prisonnier, il entra
au service du nabâb Zâbita Khàn , et à l'époque où Mus-
hafî écrivait, il était dans le nord de Dehli, attaché en la
même qualité au raja Takaït Râé. Mushafi, pour faire
' Il faudrait prononcer proprement Muhammad-i Zamân , c'est-à-dire
le Mahomet du siècle : mais dans les expressions semblables, qui sont de-
venues des noms propres, et qui, par conséquent, sont souvent em-
ployées dans la conversation , on ne fait pas sentir Vi de Yizâfat. On dit
ainsi Turâb Ali, Chirac) AU, Ikrâm AU, etc. pour Turâh-i AU, Chiràcju-i
AU, Ikrâm-i AU, etc. Au lieu de Muhammad Zamân, Mushafî et Bénî Na-
râyan nomment cet auteur Muhammad Aman. Le dernier biographe lui
donne au surplus, par erreur, le takhallus de Niyâz.
592 BIOGRAPHIE
un jeu de mots, dit que comme il était architecte d'ori-
gine , il n'y a rien d'étonnant qu'il sût bâtir ( faire ) avec
adresse les vers hindoustani. Il fut disciple de Schâli
Hâtim. Il fréquentait les réunions littéraires que tenait
Mushafi. Il a écrit un petit diwân, dont Mushafî donne
trois pages. Bénî Narâyan cite de cet écrivain, dans son
Anthologie, un poëme remarquable par des jeux de
mots. Voici la traduction de quelques-uns de ses vers
que nous fait connaître Mannù Lâl :
Cette beauté qui fait honte à la lune, s'est emparée de mon
cœur. De ses yeux tombent des larmes comme si elles s'étaient
détachées des éloUes. Le hinna, charmante parure, est jour et
nuit appliqué à ses pieds.
Sache bien que mon cœur se brise plus facilement qu'une
fiole légère. Tiens-le en ta possession et ne le jette pas au loin
comme une balle. Les boucles attrayantes de tes noirs cheveux
ont serré mon cœur, malgré les conseils réunis des sages du
siècle.
NIGAR (SADA SINGH).
Sadâ Singh Niçâr, de Dehli, est un poëte hindous-
tani duquel Ali Ibrahim se contente de citer un vers.
NIHAL-CHAND.
Le munschî Nihâl-Chand ^ est un écrivain hindous-
tani natif de Dehli et surnommé cependant Lft/ion, c'est-
à-dire de Lahore , ville où il avait apparemment résidé
longtemps. Il a reproduit, en hindoustani-urdû , l'ancien
' '^•^?- tJ^-f^
heureuse lune.
ET BIBLIOGRAPHIE. 395
roman hindi d'abord traduit en persan , en 112/1 de
l'hégire (1712), par le schaïkh Izzat uliah du Ben-
gale, sous le titre de Gul-i Baliâwali \ c'est-à-dire la Rose
de Bakâwalî, et il lui a donné le titre de Mazhah-i isclic -,
c'est-à-dire la Doctrine de l'amour. Toutefois la première
édition de ce roman, publiée par les soins du docteur
Gilchrist, a paru sous le titre de : Gool-i Bakmvalee , a
taie, etc.^; mais la seconde, publiée en 1 8 1 5 par T. Roe-
buck, porte le véritable titre que lui a donné Nihâl-
Chand\ Cette traduction a été revue par Mîr Scher Ali
Afsoz; elle est écrite en prose entremêlée de vers. C'est
un des ouvrages hindoustani le plus élégamment écrits ,
et un de ceux qui sont considérés comme classiques.
Il est d'ailleurs plein d'intérêt comme narration, et sous
le point de vue des doctrines religieuses et philoso-
pliiques de l'Inde , aussi bien que sous le rapport ethno-
graphique. On a pu en juger par l'abrégé que j'en ai
donné dans le Journal asiaticfue, en i836.
Nihâl paraît avoir aussi rédigé un masnawî sur le
même sujet; car dans le catalogue des livres de la So-
ciété asiatique de Calcutta , après la mention de la ré-
daction en prose, il y a un autre article qui porte les
' CalcuUa, Hindoostanee Press, i8o/i, in- 4°. Cette édition est dédiée
ù David Robertson, protecteur de Nihâl.
Je soupçonne que, dans l'origine, le titre hindoustani de ce roman
devait être Tùj ulmulàk , qui est le nom de son héros; car l'impression
d'un ouvrage sous ce titre avait été annoncée à Calcutta, en 1802, dans
les Primitiœ Orientales et ailleurs , et je suis persuadé qu'il n'est pas ques-
tion d'un antre ouvraçre.
394 BIOGRAPHIE
mots Aïdan manzûm, c'est-à-dire même ouvrage en vers.
Pressé par les circonstances difficiles qui ont signalé
dans l'Inde la fin du siècle dernier, Niliâl vint à Cal-
cutta, actuellement h, capitale de l'Hindoustân ^. Là* il fut
attaché au capitaine D. Robertson, et ce fut par son
entremise qu'il connut le docteur Gilchrist. Ce dernier
reconnaissant en lui des talents littéraires, l'engasea à
entreprendre le travail dont je viens de parler, en 1217
de l'hégire (1801-1802 de Jésus-Christ). Outre les
deux éditions mentionnées plus haut, il y en a une,
entre autres, publiée à Calcutta, en un volume grand
in-8°, dans l'année 1827, par Muhammad Faïz ullah
et Muhammad Ramazân, à l'imprimerie du maulawî
Badr-i Ali.
NISCHAT.
Aïçar Singh Nischât ^ est un Hindou qvii est compté
parmi les poètes hindous'ani. Mannû Lâl cite de lui ces
deux vers remarquables par la singulière allégorie qui
les termine :
Celle que mon cœur aime est très-belle; c'est une péri, une
houri aux formes charmantes, au visage agréable. En voyant la
beauté de l'anneau qui orne sa narine, le souffle s'est arrêté dans
son joli nez pour la contempler.
1 Ce sont les propres paroles de Nihâl. Voyez la préface hindoustaui
du Mazliah-i isclic , pag. 7.
^ loUiJ j'oie, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 395
NIYAZ\
Il est auteur d'un masnawî intitulé MaJidî hé Nazîr^,
c'est-à-dire Mahdî^ l'incomparable.
Cet ouvrage traite apparemment de Mahdî, le dou-
zième imâm que les Musulmans imamiens croient en-
core vivant. Il y en a un exemplaire à la bibliothèque
de la Société asiatique de Calcutta.
NIZAM.
Le nabab Imâd ulmulk gazî uddîn Kbân Balladur
Firoz-jang Nizâm, nommé Baklischi ulmamâlik sous le
règne d'Alimad Schâh, fils de Muhammad Schâh, et
TVazir ulmamâlik sous celui d'Alamguîr II, prit pour
takhallus le mot iVfzam*, qui fait partie de son nom,
et aussi le nom à'Açaf, sous lequel il est même plus
connu. C'est sans doute cet auteur dont il existe un
diwân persan cité dans la collection de Tippou ^, diwân
dont M. N. Bland possède une copie. Nizâm se distingua
parmi les omra de son temps par sa bravoure, son ha-
' j\AJ supplication, pauvreté, etc.
* On pourrait lire aussi mihdî, qui est le nom du Laivsonia inermis avec
les feuilles duquel les Indiens se teignent les mains et les pieds.
* ^^\jàj ordre, arran(]ement. Cet auteur devait se nommer proba-
blement Nizâm ulmulk (et par suite, simplement Nizâm ). Dans le diwân
persan que je lui attribue, il est nommé Mirzâ Nizâm ulmulh.
^ C. Stewart , A descriptive Catalo(juc oj ihc Oriental Librarv nj Tippoo ,
pag. 78.
396 BIOGRAPHIE
bileté dans différentes sciences , et par son intelligence
facile. Il écrivait admirablement les lettres et s'énonçait
parfaitement bien. En i i 90 de fbégire ( 1 780 ), il était
dans le Sinde, où il vivait dans la détresse. Il a laissé
des poésies liindoustani très-estimées; Mushafi en cite
des fragments.
NIZAM UDDI.\ \
Ecrivain dakhnî qui est auteur d'un poëme sur le
mariage de Fatime, fdle du Prophète, poëme cjni est
intitidé Tazivij-i Bihi Fdtima - ou Dar hayân-i Taz-
u'ij-i, etc. ^ Il y a plusieurs autres poèmes liindoustani
sur Fatime, dont je ne connais pas les auteiu"s. Le
premier est la vie de Fatime; il est intitulé Qaissa dai
ahiiâl-i Bihî Fâtiina ^. C'est un masnawi en dialecte
dakhnî, où il est question, non-seidement de Fatime,
mais de son mari Ali et de ses enfants Hacan et Hucain.
Le second traite des miracles de Fatime; il est intitulé
Qaissa-i Muji:a-i Bibî Fdtima^'. Il est dû, je pense, à
l'auteur du Traité des miracles de Jésus-Christ ^, car il se
trouve dans le même volume de la bibhothèque de
VEast-India Hoase', et il est de la même écriture. Le
^ / wjtXJî -^lU» ; arrancjement de la reliijion.
* X^Jols ^£_> «<3VJ ^^ mariage de Madame Fatime.
' ^%'yi mW j^ > ^'^^- ^^^ l'explication da mariage, etc.
* Voyez l'Appendice sous le titre de Qiiissa-i Bihi Mariam.
' N" 393 du fonds Leyden.
ET BIBLIOGRAPHIE. 597
troisième est le Tawallad nâma-i Khâtiîn-i jinnat \ c'est-
à-dire le Livre de la naissance de la reine du ciel (Fa-
time); le quatrième, le Wafât nâma-i Khâtûn jinnat'^,
c'est-à-dire le Livre de la mort de la reine du ciel (Fa-
time). J'ai dans ma collection particulière un exemplaire
de ces deux derniers ouvrages; ils sont écrits en carac-
tères nasklaî. Nizâm uddîn est aussi auteur d'un autre
masnawî intitulé Kliopri-nâma ^, ou le LiATe du crâne ,
qui n'est autre chose qu'une anecdote de la vie de Jésus-
Christ, anecdote qui a été racontée par différents écri-
vains orientaux. D'Herbelot cite un ou\Tage dont cette
histoire fait le sujet. Il est intitulé Kissat al jamjamat,
c'est-à-dire Histoire du crâne. «C'est, dit-il, l'histoire
(( d'une tête de mort ressuscitée par Jésus-Christ , et du
« discours qu'elle lui tint. Cette fiction est tirée du crâne
«d'Adam, que les Chrétiens orientaux tiennent avoir
(( donné le nom au mont Calvaire où Jésus-Christ fut
« crucifié. ))
NIZAR.
Khâja Muhammad Akram Nizâr* est un des disciples
de Mîr Muhammad Taquî Mir ; il appartenait à l'ordre
religieux des Faquîrs. Les biographes originaux le
comptent parmi les poètes urdû et citent quelques vers
de lui.
^ w I * I 1
* jKJ "iinre . chétif.
398 BIOGRAPHIE
NUR-I ALI.
Le saïyid Nûr-i Alî^ Bangâlî, c'est-à-dire du Bengale,
est auteur d'un roman en prose urdû sur Nal et Daman
intitulé Baliâr-i ischc ^, c'est-à-dire le Printemps de l'a-
mour. On conserve un exemplaire de cet ouvrage à la
bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta. Cet
exemplaire provient de la bibliothèque du collège de
Fort-Wilham.
NUR KHAN.
Nûr Khân Quissa Khan ^ est auteur :
1° D'un poëme descriptif sur Calcutta intitulé Mas-
naivi-i AInvâl-i Kalkatta *, ouvrage dont il existe un exem-
plaire manuscrit à la bibliothèque de la Société asiatique
de Calcutta.
2° D'un roman intitulé Qiiissa-i buland aklitar ^, c'est-
à-dire Histoire de l'astre élevé. Ce second ouvrage,
dont j'ignore le sujet, se trouve à la suite du premier,
dans le même volume.
' jkg j»j la lumière d'AlL
' ^1^»:^ A<»â5 , c'est-à-dire conffur.
*" AjS-j6 JI_j^I i£y*M
* -■'■■^.1 JsjJj ^uaJ»
ET BIBLIOGRAPHIE. 399
NUSRATI.
Nusrati ^ est un très-célèbre écrivain du Décan. Il
vivait vers le milieu du xvi* siècle. Il est auteur des ou-
vrages suivants :
1° GulscJian-i iscJic , ou le Jardin d'amour, histoire du
Kunwar Manohar, fds de Suràj Blianû et de Madmâlâti.
On trouve des copies de cet ouvrage dans la bibliothè-
que de ïEast-India Home et dans d'autres collections. La
bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta en pos-
sède un exemplaire avec des dessins coloriés. Du reste,
je pense qu'il y a des histoires de Manohar et de Mad-
mâlâti par d'autres auteurs hindoustani. Il existe un ma-
nuscrit intitulé Manohar Madmâlâti, en dialecte dakhnî,
dans la bibliothèque du Nizâni, à Haiderâbâd, et ce
manuscrit n'est peut-être pas l'ouvrage de Nusratî, qui
porte proprement le titre de Gulschan-i isclic. Outre ce
dernier ouvrage, il y a aussi à Y East-India Honse plusieurs
manuscrits sur ce sujet intitulés Qaissa-i Manohar Kun-
ivar 0 Madmâlâti^, c'est-à-dire Histoire du prince Ma-
nohar et de Madmâlâti. Un entre autres se compose de
5 00 pages environ -, il est écrit en dialecte dakhnî. Ward^
cite un ouvrage intitulé Madhû Mâlatî, qui est écrit dans
le dialecte de Jaïpûr. Il roule apparemment sur la même
légende. Un ouvrage sur le même sujet, écrit en per-
san mêlé de stances hindoustani, et portant le titre de
' s j ^^ ' victorieux.
^ Historj oj the hteralare, etc. of the Hindoos , toni. II, pag. 48 1.
400 BIOGRAPHIE
Qttissa-i Madamâlâti, fait partie de ia collection Mac-
kenzie et est indiqué par M. Wilson dans le catalogue
de cette précieuse bibliothèque , comme étant d'origine
hindoue.
1° Galdasta-i isclic, ou le Bouquet d'amour, recueil de
pièces de poésie dakhnî.
3° Alî-nâma ou Tarikh-i AU Aclil Scliâbî, c'est-à-dire
Histoire de Alî Adii Schâh, roi de Béjapour, masnawî
très-étendu comprenant des cacîdah et d'autres pièces
de poésie destinées à célébrer des événements men-
tionnés dans cet ouvrage. La bibliotliècpie de VEast-
India House en possède un exemplaire ancien en carac-
tères naskhî d'une belle conservation.
PAKBAZ.
Miyân ou Mîr Salâh uddîn, autrement dit Makhan,
et connu sous le surnom poétique de Pâkhâz \ était fds
du saïyid Miyân Schâh Kamâl, et petit-fds dusaïyid
Schâh Jalâl. Il se forma dans la ville de Delili à la poésie ,
sous Yakrang et Uzlat. Il vivait habituellement dans la
retraite, occupé principalement de pratiques de piété.
Il assistait néanmoins aux réunions des Amis de la litté-
rature hindoustani , réunions qui se tenaient à Dehli le
1 5 de chaque mois, et dont Mîr^ parle souvent dans sa
biographie. Fath Alî Huçaïnî cite de lui plusieurs vers
dans son tazkira.
' j\-A-*^L« pur, c'est-à-dire /lonnéfe.
- Voyez rarticle consacré à ce célèbre écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 401
PANCHYA.
Schâh Panchyâ \ de Delili, était un derviche de
l'ordre des Azâcl^. Il a laissé des vers hindoiistani en
grand nombre. Toutefois Ali Ibrahim, le seul des bio-
graphes originaux qui parle de cet écrivain , n'en cite
qu'un seul vers.
PARAMALLA.
Paramalla, fils de Sankara ', est auteur d'un livre
jaïn intitulé Srîpâla Cliaritra \ M. Wilson possède un
exemplaire de cet ouvrage dans sa nombreuse collec-
tion de livres hindî. Il sera parlé plus loin d'un autre
ouvrage jaïn, qui porte le même titre.
PARWANA.
Le raja Jaswant Singh Parwâna^, autrement dit Gâgâ-
ji, était fds du mahâ râjâ Béni Balladur, un des princi-
paux lieutenants du nabâb Schujà uddaula. Cet écrivain
fut disciple de Lâla Sarb Singh Diwâna^. Il était spirituel
et instruit. Il commença d'abord à écrire en persan;
' Ce mot paraît être écrit Li^^Lj.i ï^^ ignore la signification,
^ Ou indépendants, sorte d'ordre religieux musulman.
' J'ignore si c'est le même personnage dont il sera parlé sous le nom
de Sanhara Acharya.
' AjijwJ papillon, la teigne qui se brûle à la buugie.
* Voyez son article.
I.
26
402 BIOGRAPHIE
mais voulant rendre son nom plus populaire , il renonça
à cette langue savante, désormais morte pour l'Inde, et
adopta, pour ses compositions, l'hindoustani sa langue
maternelle. Il travailla nuit et jour pendant douze ans,
nous dit Mushâfî, à tracer des vers hindoustani; aussi, à
l'époque où ce dernier travaillait h sa biographie , Par-
wâna avait-il acquis ime grande facilité à versifier. Il a
imité Saudâ dans le gazai et le cacîdah; toutefois il s'est
attaché à exprimer des figures nouvelles; ses poésies
sont intéressantes et écrites avec élégance. Il faisait grand
cas de Mîr Taquî, de Mîr Haçan, de Miyân Bacâ ullah,
et avait quelquefois recours à eux pour les consulter.
Plus tard il s'adressait à Mushafî, et lui soumettait ses
productions. Il paraît qu'il a réuni en diwân ses poëmes
de peu d'étendue, car la bibliothèque du collège de
Fort-William, à Calcutta, en possède un exemplaire.
En l'an 2/1 du règne de Schâh Alam II (1785), il
habitait Laklinau.
PARWANA, DE MURADABAD.
Saïyid Parwân Alî Parwâna, de Muradâbâd, est un
poète hindoustani distingué. Il renonça de bonne heure
au monde, et prit les vêtements de la pauvreté spiri-
tuelle. Les biographes originaux citent de lui plusieurs
vers.
ET BIBLIOGRAPHIE. 405
PETAMBUR SINGH.
Hindou converti au christianisme, à qui on doit des
Mémoires écrits en hindoustani, et publiés à Calcutta,
en 1 820 \ sous le titre de : Memoir of Petambiir Singh,
a native Christian.
PHATYOLA-VÉLO.
Ecrivain du Jaïpûr, qui est auteur d'un guîta cité par
Ward dans son précieux ouvrage sur l'histoire, la my-
thologie et la littérature des Hindous ^.
PIR.
Pir^ est, à ce qu'il paraît, le takhallus d'un poète
liindoustani du Décan, de la secte des Sunnites, qui se
nommait MaJimûd, et h qui on doit, entre autres, un
masnawî intitulé Kissa-i Malïka hâclscliâli'^, c'est-à-dire
Histoire de la reine Malïka. Or cette Malïka est une
princesse grecque sur laquelle il y a aussi un roman
persan dont on trouve un exemplaire parmi les manus-
crits de la Bibliothèque royale de Paris. L'auteur du
roman hindoustani sur le même sujet donne en effet
' Missionary Press,in-i2.
^ Tom. II, pag. 481.
5
vieillard.
* oL-wil* AXj»,A^ A.iâJ> . J'ai un exemplaire de cet ouvrage clans ma
collection particulière.
26.
404 BIOGRAPHIE
son travail comme une traduction du persan; mais on
sait que, par traduction , les Orientaux entendent géné-
ralement une imitation , ou même un ouvrage écrit sur
une légende qu'un ou plusieurs écrivains ont déjà fait
connaître.
Je pense que c'est le même écrivain dont Mîr parle
sous le nom de Mahmûcl, et dont il cite deux vers écrits
en dialecte dakhnî.
PIYAM.
Scharaf uddîn Alî Kkân Piyâm ^ naquit à Akbarâbâd
(Agra). Il vivait sous l'empereur mogol Muhammad
Schâh. C'est un écrivain distingué , qui est auteur d'un
diwân rekhta ou hindoustani. Il a aussi écrit en persan.
Mîr, qui était son compatriote, et qui était très-lié
avec son fds Miyân Najm uddîn Salàm -, avait été dans
le cas de connaître cet auteur. Il cite de lui quelques
vers , que reproduisent Alî Ibrâliîm et Fatli Alî Huçaïnî.
PREM KESWARA DAS.
Auteur d'une traduction liindouî du xn' livre du
Bhagavat, ouvrage dont la bibliothèque de l'East-India
Bouse possède un exemplaire. Voyez à l'article Bhû Pati
la mention de deux autres traductions liindî du même
ouvrage.
' v^Lu message.
^ Voyez l'article consacré à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 405
PRIYA-DAS\
Est auteur d'un Bhagavat en dialecte du Bandelkand ,
ouvrage qui est cité dans Ward ( View of the History, etc.
of the Hindoos, t. II, p. 48 1).
PUSCHPA DANTA^
Auteur d'un poëme intitulé Mahîna Stotra. J'en trouve
la désignation dans le catalogue des livres de feu Mars-
den, p. Soy; mais la manière ambiguë dont il est in-
diqué me fait craindre qu'il ne soit en sanscrit ou en
bengali ^.
QUINAAT.
Mîrzà Muhammad Beg Quinâat ^, de Lahore , fils de
Haçan Beg, est un des disciples de Mîrzâ Jafar Alî Has-
rat. Il résidait à Laklinau en i 196 (1781-82). On le
compte parmi les écrivains hindoustani.
QUISMAT.
Le nabab Schams uddauia Quismat ^ était le fils aîné
' TîT^ ^j\ti serviteur du bien-aimè.
2 rnUTJT^; de TJTJJ fleur, et de ^^T^tT donneur.
^ Voici ce qu'il y a dans ce catalogue, au sujet de ce volume : Mahinâ
Stotrâ : a Hindà poem bj Pushpa Danta , i 2"° oblongo.
'' Ot^UJ» contentement , avjdpxeia.
^ Ci^.<wJ» sort.
406 BIOGRAPHIE
du iiabàb Culî Khàn. Il appartenait à une famille célèbre
par son ancienneté et par sa bravoiu'e. A l'époque où
Ouismat jouissait de toute la confiance de Mii^zà Jaliàn-
dàr Schàh , Musbafî eut occasion de le connaître , il
devint même très-lié avec lui. Quismat consultait , sur
ses vers, Miyàn Jafar Ali Hasrat, et après la mort de ce
dernier, Musbafî. Il se distingua surtout dans les salàm
et les marsiya. On le compte pai'ini les écrivains hin-
doustani les plus distingués. On lui doit, entre autres, le
gazai dont la traduction suit :
Si cette idole infidèle venait une nuit sur le toit de mon losis,
elle paraîtrait une seconde lune devant la lune du firmament.
Tes cils se sont introduits dans mon sein, de telle manière que
je n'ai pas eu une seule portion de mon cœur qui ne fût percée.
Qui est-ce qui peut résister à ton ordre? Si Rustam ne s'y sou-
mettait pas, il périrait. Si tu paraissais dans le bazar du monde,
le soleil descendrait du fuinament, la tète baissée. Quismat! lors-
que ce visage semblable à la lune paraîtra , on le prendi'a pour
l'astre lumineux de la nuit obscure.
RACAI \
-\li Ibraliim est le seul des biograpbes originaux qui
paille de ce poète urdù. Il en cite deux vers singidiers
dont voici la traduction :
Le cœur de bien des malbeureux est attaclié à ces tresses
ambrées. 0 peigne, prends bien garde qu'aucun de ces cbeveux
ne se rompe. Tu emportes le cœur de Raçàï, qui est aussi tendre
que la fiole la plus légère est fragile ; mais il ne se brisera pas (il
pourra supporter le cboc violent de l'amour).
' i£^J 'in6(7f <f , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 407
RAGIRH.
Tâlib-i Huçaïn Râcikh^ est compté parmi les poètes
lîindoustani. J'ignore si c'est le même écrivain dont
Béni Narâyan cite un gazai sous le nom seul de Râcikh.
RAE-SINGH^
Auteur d'un Râmdyana hindouî intitulé Potht Râ-
mâyana, ou le Livre du Râmâyana. On en conserve un
exemplaire au British Muséum, écrit en caractères per-
sans. Il est formé de strophes de sept, huit ou neuf
vers.
RAFAT.
Schaïkh Muhammad Rafi, connu sous le takhallus
de Rafat^, était originaire d'Ailahâbâd; mais il vint
résider à Azîmâhâd, et y fut du nombre des officiers
du nabâb élevé Mît Muhammad Câcîm Khan. Selon
Alî Ihrâhîm, qui l'avait connu, il avait l'air ouvert et
était très-aimable. On lui doit des poésies urdû.
' '<^^)f^^^^' solide.
* ^^5lju«oîj ou mieux ^TÏÏT TH^ roi-lion.
»% élévation.
408 BIOGRAPHIE
RAFIC,
Poëte hiiidoiistani qui résidait dans la ville de Patna ,
avant l'époque où Béni Narâyan écrivait son Anthologie.
Ce biographe cite de lui un gazai très-remarquable dans
l'original, et dont je ne donne cependant pas la traduc-
tion, parce qu'il ressemble trop à un autre qu'on trouve
pag. 1 9 de ce volume.
RAGUIB.
Muhammad Jafar Khan Râguib '^ de Dehli , neveu
du nabâb Lutf ullah Khan Sâdik, était d'une famille très-
distinguée. A l'époque où Ibrahim écrivait, Râguib ré-
sidait depuis quelque temps à Azîmâbâd, où il jouissait
de la considération, et se livrait avec avantage à la culture
de la poésie hindoustani et persane. Il est auteur d'un
diwân urdû dont la bibliothèque du collège de Fort-
William, à Calcutta, possède un exemplaire.
RAHMAN^
Auteur d'un diwân hindoustani dont la bibliothèque
que je viens de mentionner possède aussi un exem-
plaire.
' (4«A<9j compagnon.
^ <— »^îj désireux.
U^^J ru(5encorf/(ftJ.r.
ET BIBLIOGRAPHIE. 409
RAJ-KRISCHAN.
Le mahâ raja Râj-Krischan Bahâdur naquit en i ySs ^
Son père, le mahâ râjâ Naba ou Nava-Krisclian Bahâdur,
fut d'abord munschî de l'honorable Warren Hastings ,
lorsqu'il était bien jeune encore, jusqu'en l'année i ySo.
Plus tard il accompagna le gouverneur général, lord
Clive, à la cour de DeUi, en qualité de secrétaire. Après
avoir reçu différentes distinctions qu'il dut à sa bonne
conduite, il mourut en i ygS, à fâge de soixante-trois ans.
Son père fit don à la Compagnie anglaise d'une por-
tion de terre située au centre de Calcutta, terrain sur
lequel fut élevée la cathédrale de Saint-Jean. Ce râjâ
fut très-zélé pour la cause anglaise pendant les troubles
qui précédèrent l'élévation de Mîr Jafar au soubadârî.
Pendant la guerre qui eut lieu avec Mîr Câcîm, il ac-
compagna le major Adams, jusqu'à ce que ce soubadâr
fut chassé de la province.
Il était le petit-fils de Râm-charana Déva , qui était
le payeur général de son altesse le nabâb d'Arcate, et
qui ayant été chargé d'anéantir une tribu de Mahrattes,
nommés Barguî, qui habitait le midi de finde, la défit
plusieurs fois, mais finit par être tué en combattant
avec ces rebelles.
Raj-Krischan reçut le titre de Mahâ-râjâ et de Bahâ-
dur du gouverneur général Sir John Macpherson, de
sa hautesse le prince Mîrzâ Schigufta Bakht Bahâdur,
fils de Mîrza Jahândar Schahî, héritier du trône de
' Cet article est tiré en grande partie de la préface du Pooroos-pari-
Jihja, traduit par kalî Krisclina.
410 BIOGRAPHIE
l'empereur Schâh Alâm, et d'autres princes indiens. Il
demeurait à Calcutta, où il fréquentait les Européens et
les Musulmans les plus instruits. La culture des lettres
était son occupation favorite, et il se distingua comme
écrivain hindoustani. Il avait accueilli chez lui et avait
employé l'un comme aide de camp , et l'autre comme
secrétaire, des écrivains distingués, Azuf Schâhî et
Jhontapesch. Il mourut à l'âge de quarante-deux ans,
en 182 II, laissant deux filles et huit fils, le second des-
quels est le mahâ râjâ Kalî Krischna, occidentaliste dis-
tingué, dont il a été déjà parlé.
Les ouvrages urdû de Râj-Krischan sont les suivants :
1° Une histoire de Muazzam Schâh, intitulée Qaissa-i
Muazzam Schâhî h c'est apparemment l'histoire du sultan
Muhammad Muazzam Balladur Schâh, Schâh Alâm, fils
aîné d'Alamguir Aurangzeh, lequel ne régna que cinq ans.
2° Cinq Diwân hindoustani, c'est-à-dire sept collec-
tions de différentes pièces de vers, et notamment de
gazai.
Ces ouvrages sont entre les mains de son fils Kalî
Krischna.
RAKHSCHAN.
Muhammad Chând Gobind, connu sous le takhallus
de Ralihschân^, vivait sous Ahmad Schâh, fils de Mu-
hammad Schâh. Il est compté parmi les poètes hindous-
tani. Il devint amoureux d'une personne nommée Zafa-
^ rj^i"-^ j resplendissant.
ET BIBLIOGRAPHIE. 411
ràn (safran), et la violence de sa passion, disent les
biographes originaux, amaigrit son corps et rendit son
teint jaune comme du safran.
RAM-CHARAN.
Râm-charan ^ est le fondateur de la secte hindoue
des Râm-sanéhî, ou Amis de Dieu, qui sont répandus
dans l'ouest de l'Inde. Râm-charan était un bairaguî cpii
naquit en 1776 du Samwat (1719 de J. C), à Sorah-
chacen, village dans la principauté de Jaïpùr. On ne
connaît pas l'époque précise où il abjura la religion de
ses pères, ni les causes qui le portèrent à cette action;
mais il s'éleva de bonne heure contre l'idolâtrie , et fiit
violemment persécuté à ce sujet par les brahmanes.
Il quitta son pays natal en 1750, et après avoir erré
quelque temps, il arriva par hasard à Bhîlwarâ, dans
le territoire d'Oudipûr, où il résida pendant deux ans.
Après ce temps, Bhîm Singh, souverain de ce pays et
père du Rânâ actuel, le persécuta tellement, à l'insti-
gation des brahmanes, qu'il fut obligé de quitter la ville.
Le chef de Schâhpura, qui se nommait aussi Bhîm
Singh, touché de ses malheurs, lui offrit un asile à sa
cour, et lui donna une escorte convenable. Le sage
profita de cette offre bienveillante, mais par humilité
il refusa d'accepter les éléphants et tout le cortège qui
avait été envoyé pour l'escorter, et il arriva à Schâhpura
à pied, en 1 767 ; mais il paraît qu'il ne se fixa tout à fait
dans cette ville que deux années plus tard, époque de
' ^IH^(U| pied de Ràma.
412 BIOGRAPHIE
laquelle date précisément l'établissement de sa secte.
Râm-charan mourut dans le mois d'avril 1798, dans
la soixante et dix-neuvième année de son âge , et son
corps fut réduit en cendres dans le grand temple de
Scliâhpura.
On raconte que Sadhu Ram, gouverneur de Bhîl-
wâra , banian de la tribu des Deopura , et qui était un
des plus grands ennemis de Râm-charan, envoya un
jour un singuî^ pour l'assassiner. Râm-charan, qui con-
nut probablement ce projet, baissa la tête lorsque cet
homme arriva, et kii dit d'exécuter l'ordre qu'on lui
avait donné, mais de se souvenir que de même que
Dieu seul donnait la vie , ainsi on ne pouvait la détruire
sans sa permission. Ces mots firent croire à l'assassin
que Râm-charan avait prévu d'une manière surnaturelle
la mission dont il était chargé; il se jeta aux pieds du
réformateur et lai demanda pardon.
Râm-charan a composé trente-six mille deux cent
cinquante sabd ou hymnes, contenant chacune de cinq
à onze vers. Trente-deux lettres composent chaque sloka.
Ces chants, aussi bien que ceux qui ont été composés
par les successeurs de ce philosophe^, sont écrits en
caractères dévanagarî et principalement en hindi, avec
un mélange d'expressions propres au Râjwârâ , de mots
persans et arabes, et de citations sanscrites et panjabî.
J'ai emprunté les détails qui précèdent au capitaine
^ Caste particulière d'Hindous qui conduisent leurs coreligionnaires
aux lieux de pèlerinage. Ce mot paraît être une corruption de ^^*-Um
compacjuon.
^ Voyez les articles Jiâmjan et Dulhâ Râm.
ET BIBLIOGRAPHIE. 413
Westmacott, qui les a publiés dans le Journal de la
Société asiatkjiie de Calcutta (février i835), où l'on
trouvera un aperçu des doctrines des Râm-Sanéhî.
.7 1
RAMJAN
Cet Hindou succéda à la suprématie spirituelle de
Râm-charan, fondateur de la secte des Râm-sanéhî,
personnage dont il était un des douze chéla ou dis-
ciples. Il naquit dans le village de Sircin , embrassa la
nouvelle doctrine en 1768, et mourut à Schâbpur en
1809, après un règne spirituel de douze ans, deux
mois et six jours. Il a composé dix-huit mille sahd ou
hymnes, la plupart en hindi, comme celles de Râm-
charan ^.
RAM MOHAN RAÉ.
L'illustre Râm Moban Râé ^, ou Râjâ Râm Mohan,
n'est cité ici que comme écrivain hindoustani. On lui
doit bien peu de chose en cette langue, attendu qu'il
a généralement rédigé ses ouvrages en anglais ; mais on
a néanmoins de lui un abrégé du Védanta en hindous-
tani; et quoique ce traité n'ait pas été imprimé, il a
été mis par lui en circulation au moyen de copies
manuscrites.
Voici une courte esquisse * sur la vie de cet homme
' ^lH^*i homme de Râma.
* Journal of the Asiatic Society of Bengal , february i835.
* tsb ty-^^— * .X'b °^ i^lH 'li<ç^ {\s[\ ■ Mohan est un des
noms de Krischna.
' Il a paru une notice biographique étendue, sur ce célèbre person-
^14 BIOGRAPHIE
remarquable, que j'ai eu l'avantage de voir souvent
pendant son séjour à Paris, et dont j'ai reçu plusieurs
lettres en hindoustani et en anglais .
Ram Mohan descendait d'une longue suite de brah-
manes d'un ordre élevé. Son grand-père occupait un
poste important à la cour de Murschidâbâd , capitale de
la province du Bengale. Son fils Ràm Ranth Râé, père
de notre râjâ, se dégoûta de la cour et se retira à
Râdhânagar, dans le district de Bardwân , où il possé-
dait de riches propriétés. Ce fut là que Ram Mohan
naquit, en 1780. Il fut envoyé de bonne heure à
l'école musulmane de Patna , pour apprendre l'arabe et
le persan, connaissances indispensables à ceux qui se
destinaient à occuper des emplois sous des souverains
musulmans. Ce fut là qu'il acquit quelques notions rai-
sonnables sur la religion. Ces premières idées influèrent
sur les opinions et sur la conduite de sa vie. Il s'occupa
aussi du sanscrit et des sciences hindoues , les uns disent
à Bénarès, les autres à Calcutta. Mais dès l'âge de seize
ans il avait secoué le joug de l'idolâtrie, et dans un
écrit qu'il rédigea à cette époque, il fit connaître ses
sentiments. Cette production fayant mis en froideur
avec sa famille, il se mit à voyager. Il alla dans le
Tibet pour voir s'il trouverait la vérité chez les boud-
dhistes. Il y resta deux ou trois ans. Mais leurs doctrines
nage, dansïAsiatic Journal, tom. XII, pag. igS et suiv. et pag. 28-
et suiv., 1 833. C'est de ce mémoire que j'ai pris ce que je dis ici sur cet
Hindou distingué. Il y a aussi celle de Lant Carpenter, London, i833;
et celle deVAthenaeum (cet. i833), par feu Sandford Arnot, qui lui ser-
vait de secrétaire en Angleterre. Voyez aussi ce que Râm Mohan dit de
lui-même, dans ses Translations of the Vedas, pag. 4.
ET BIBLIOGRAPHIE. 415
obscui'es n'eurent aucun attrait pour lui. Il voyagea dans
d'autres pays jusqu'à l'âge de vingt ans. Alors son père
le rappela. Depuis ce temps il se lia avec des Européens,
apprit la langue anglaise, et devint peu à peu un chaud
partisan de la domination britannique.
Son père, qui mourut en i8o3, le déshérita; mais
il obtint une place du gouvernement anglais , et il de-
vint dhvân auprès du receveur de Rangpur. A l'âge de
vingt-quatre ans il déclara formellement qu'il abjurait
l'idolâtrie brahmanique , et il commença à faire tous ses
efforts pour réformer la religion de sa nation. En 1 8 1 /i
il se fixa à Calcutta, et il ne cessa, depuis ce temps,
par ses écrits, ses discours et ses actes, de propager
la réforme qu'il voulait faire. Cette réforme consistait
en une sorte de religion éclectique , dont les principes
fondamentaux étaient la croyance en Dieu et en la vie
future. On y considérait comme également respectables
les hommes qui avaient propagé des doctrines religieu-
ses fondées sur ces principes. Moïse et Jésus-Christ,
Vyaça et Mahomet; et comme également bons les hvres
où étaient déposées ces doctrines, le Pentateuque,
l'Évangile, les Védas, le Coran. Cette doctrine n'est
point nouvelle : c'est celle des philosophes religieux
de l'Orient nommés 50/15. Tous les efforts de Râm
Mohan tendirent à la populariser. Il établit des assem-
blées régulières des partisans de sa réforme, réunion
à laquelle il donna le nom de Brahma sahhâ ou Congré-
gation de Dieu. Il voulut prouver, par l'abrégé du Vé-
danta dont nous avons parlé et par la traduction des
principaux chapitres des Védas , que les écritures in-
416 BIOGRAPHIE
diennes enseignaient l'unité de Dieu. Pour mieux con
naître les doctrines bibliques , il apprit le grec et l'hé-
breu. En 1820 il publia son ouvrage intitulé : les Pré-
ceptes de Jésus, guides de la paix et du bonheur. Cet
ouvrage, qui a évidemment une tendance unitaire,
comme tous les autres écrits du râjà, fit beaucoup de
sensation, plus encore parmi les Chrétiens que parmi
les Hindous et les IMusulmans. Ce fut à tel point,
qu'un zélé missionnaire baptiste, W. Adam, fut, dit-on,
converti par Ram Molian et devint unitaire. Râm Mo-
ban employa aussi la voix des journaux pour se faire
entendre : le Caumûdi et le Bengal Herald, dont il était
propriétaire, lui ouvrirent leurs colonnes. Ce fut dans
ces gazettes qu'il s'éleva avec fruit contre la barbare
pratique des sait, qu'il avait déjà stigmatisée, en 1810,
dans un petit écrit en bengali. L'idolâtrie et la supers-
tition, voilà ce cju'il combattit toujours avec les armes
de l'esprit et du bon sens.
Il désirait depuis longtemps de faire un vovage en
Europe; aussi saisit-il avec empressement foccasion
favorable qui s'offrait à lui pour l'exécution de ce projet
à la fm de i83o. La cour de Debli avait à se plaindre
du gouvernement anglais de l'Inde. Personne ne parut
plus propre au descendant de Timûr, pour porter ses
doléances au roi d'Angleterre en personne, que notre
râjà. On lui fit effectivement des ouvertures, et il
accepta A^olontiers le rôle d'ambassadeur ou d'envoyé
du prince mogol, avec le titre de râjâ. Il partit de Cal-
cutta le 1 5 novembre , accompagné de son fils adoptif
Râm Ràé et de deux domestiques indiens, et il aborda
ET BIBLIOGRAPHIE. 417
en Angleterre le 8 avril 1 83 1 . Il y fut accueilli avec
honneur et distinction par les directeurs de la Compa-
gnie des Indes. Il fut présenté à Guillaume IV, et le but
politique de sa mission eut tout le résultat qu'il pouvait
espérer. Il resta un an et demi à Londres, fréquen-
tant la haute société, assistant aux réunions politiques
et religieuses, littéraires et d'amusement, recherché
partout à cause de son esprit, de l'affabilité de son
cai^actère et de son exquise politesse. Il vint en France
dans l'automne de l'année i832, et retourna en An-
gleterre en janvier i833; mais sa santé était altérée et
ses facultés intellectuelles affaissées. Après une courte
maladie, il mourut à Bristol, le 27 septembre i833,
âgé de cinquante-trois ans. On a observ é qu'il priait
souvent Dieu avec ferveur dans ses derniers moments.
Son intention était de retourner dans l'Inde l'année
suivante, en passant par la Turquie, la Russie et la
Perse.
Voilà en peu de mots un aperçu de la vie de cet
homme extraordinaire. Son physique répondait à ses
belles qualités morales; il avait une physionomie noble
et expressive; son teint était extrêmement brun, pres-
que noir; mais son nez régulier, ses yeux brillants et
animés, son front large, la beauté de ses traits, ren-
daient son visage remarquable. Il était bien propor-
tionné; sa taille était de six pieds. Son costume était ha-
bituellement bleu. Il portait un châle blanc roidé sur
les épaules, cpii descendait par devant jusqu'à la cein-
ture. Il portait un turban à la manière des Musulmans
de l'Inde.
I. 27
418 BIOGRAPHIE
RAM PRAGAD^
Auteur du Dliarma tatwa sâra~, ou l'Essence de la
réalité des devoirs , ouvrage vaïschnava écrit à Ahmad-
âbâd. M. Wilson en possède un exemplaire; et c'est à
lui que je dois ce que je dis ici de cet ouvrage.
RANGUÏN^
Ce poëte hindoustani était originaire du Cachemire ,
et il vivait à Dehli en même temps que Saudâ. Alî
Ibrahim, qui nous le fait connaître , ne cite de lui qu'un
seul vers.
RANGUIN (AMAN BEG).
Mirzâ Aman Beg Ranguîn était attaché à la cour
du nabab Iftikhâr uddaula Mirzâ Alî Khan, où il se dis-
tingua par sa belle écriture nastalîc, genre de talent
auquel les Orientaux mettent le plus grand prix. Il est
aussi connu par des poésies urdû.
RANGUIN (SAADAT YAR KHAN).
Saâdat Yâr Khan Ranguîn était originaire du Turân.
Il connaissait bien l'art militaire et écrivait avec beau-
^ "^ rR^ ïïïï
' ^jv.Xjj coloré, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 419
coup de goût. Quoiqu'il ne fût pas très-savant, sa perspi-
cacité rélevait au-dessus des hommes les plus instruits.
Il était à Dehli lorsqu'il ressentit le désir d'écrire des
vers. Il soumit ses premiers essais h Schàh Hàtim, et
plus tard, quand il eut acquis en ce genre l'habileté
que sa capacité ne pouvait manquer de lui procurer,
il soumit son diwân en entier à Mushafî, qui nous
apprend ces particularités dans sa biographie. Il était
très-adonné à l'amour; aussi ses gazai et ses autres
ouvrages contiennent un grand nombre de quita pas-
sionnés. Il était attaché au prince Sulaïmân Schikoh,
Mushafî cite plus de trois pages de vers extraits du
diwân de Ranguîn.
RAQUIM.
Nand Râyan Gobind Râquim \ de Dehli, est un
Hindou qui fut disciple de Saudâ. Il avait d'abord pris
des conseils de Mîr Taquî, avec qui Miyân Ibrahim,
jeune homme distingué, lui avait fait faire connaissance.
Ses poésies ont de l'analogie avec celles de Câim, dont
il a été parlé plus haut. Mîr en cite de nombreux
fragments.
RASGHID\
Ce poète fut un des disciples du muUa Nizâm-uddîn.
• ^/♦Jjî) écrivain.
^ «X.ju^j le sage, etc., ou, comme on disait autrefois, le droiturier.
C'est le surnom du célèbre khalife Haroun (c'est-à-dire Aaron) urra-
schîd.
27.
420 BIOGRAPHIE
Il résidait à Lakhnau, où, fort jeune encore, il fut tué
par accident. Il était très-habile dans les sciences exactes
et se distinguait par sa pénétration et son intelligence.
Alî Ibrahim cite de lui quelques vers.
RASMI.
Kamâl Khan Rasmî ', fils d'Ismâil Khattât Khân,
lequel était secrétaire des rois de Béjapour, est un des
poëtes hindoustani du Décan les plus distingués. On
lui doit des cacîdah et des gazai, tant en dakhnî qu'en
persan ; mais le plus remarquable de ses ouvrages est
un poëme épique du genre masnawî, composé de vingt-
quatre mille vers : il est intitulé Khâwir-nâmah ^, le Livre
de l'Orient. Ce poëme est imité d'un ouvrage persan
qui porte le même titre. Les exploits d'Ali en sont le
sujet. Rasmî nous apprend dans son épilogue qu'il
exécuta ce travail pour répondre aux désirs de la
princesse Khadîja, surnommée grande dame, Jille de
Muhammad Amîn cutb Schâh, fds d'Ibrâhîm cutb
Schâh, sœur du sultan Abdullah cutb Schâh, fds de
Muhammad cutb Schâh, roi de Golconde, épouse du
sultan de Béjapour, Muhammad Gâzi âdîlschàh, fils
d'Ibrâhîm âdîlschàh, et mère de Schâh Alî, qui com-
mença à régner en 1071 (1660) sur le royaume de
Béjapour. Rasmî nous apprend qu'il rédigea ce poëme
en un an et demi; il le termina en loSg de l'hégire
' /— çwj coutumier. Ce mot est le takliallus de l'auteur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 421
(16/19). ^^ paraît qu'il a cru avoir acquis par là un
brevet d'immortalité , car voici ce qu'il dit de lui-même
à la fin de son ouvrage :
Mon corps pourra bien être anéanti sous la poussière; mais
mon nom vivra, qu'ai-je donc à craindre' ?
RATAN.
Bâbâ Ratan ^ est auteur d'un ouvrage hindi intitulé
Ahâdis-i mardiya, ou Traditions humaines^. Cette pro-
duction est indiquée dans le catalogue manuscrit de
Farzâda culî.
RAUNAC*.
Poëte hindoustani dont Béni Nârâyan cite trois gazai.
Voici la traduction d'une de ces pièces de vers :
Je n'ai pas la force de retenir mes lamentations, ô conseiller
bienveillant! j'en jure par Dieu, je n'ai pas la force d'avoir pa-
tience. Je n'ai pas la force de te regarder, ô ma lune ! je crains
que mon cœur ne soit réduit en morceaux, comme la mousseline
que déchirent les rayons de la lune. De la surface de mon cœur
efface l'image de ces idoles , car je n'ai pas la force de les adorer.
Les paroles insensées sontici inutiles; il faut raccourcir salangue;
mais je n'en ai pas la force. Dans le puits [chah) du monde , j'ai
été le compagnon de Joseph. Je n'ai pas la force d'élever mon
- /^j ou ^^ pierre précieuse.
422 BIOGRAPHIE
désir [chah) au delà du monde. En pleurant j'ai perdu, comme
le papillon , ma vie dans le chagrin : hélas ! ô bougie du matin ! je
n'ai pas la force de faire différemment. Comment serai-je décou-
ragé par l'effet de l'épreuve que tu me fais subir? je n'ai pas de
moi-même la force de la supporter; mais si tu me fais miséri-
corde , ô mon Dieu , cela me suffit. Délivrance a été , au pauvre
Raunac, du chagrin de l'absence; il n'a pas eu la force de résister
au faucon de la douleur.
RAWAN.
Saïyid Jafar Alî Rawâii \ de Lakhnau, est un des
disciples de Kâzim Alî Jawâii. Il a laissé des poésies
liindoustani remarquables.
RICCAT.
Mirzâ Câcim Alî Riccat ^ était de la nation des Mo-
gols. On lui donna le surnom de Irârjuî, c'est-à-dire
de rirâc, parce qu'en effet ses ancêtres étaient de Ma-
schliad. Plusieurs d'entre eux se fixèrent au Cachemire;
mais Riccat naquit à Schâhjahânâbâd : on le conduisit
ensuite à Faïzâbâd, où il parvint à l'âge de raison. A
quatorze ans il sentit en lui le désir irrésistible de faire
des vers. Ce fut sous Calandar-bakliscb Jurât qu'il se
forma h cet art. Il avait trente ans en i -793-9/1. Mushafî
cite de lui plusieurs vers.
lj^*)j '«<' . etc.
-^J c^ff^^ction , etc.
2 o^
ET BIBLIOGRAPHIE. 423
RIFACAT.
Mirzâ Makhan Rifâcat\ élève de Jurât, était un
jeune homme plein d'esprit et éloquent, qui a écrit un
bon nombre de vers hindoustani. Il n'avait que vingt-
deux ans lorsqu'il mourut de phthisie. Mushafî cite de
lui quelques vers dans son tazkira.
RIND (ALI).
Schâh Hamzah Alî Rind ^ est compté parmi les poètes
urdû. Il passa quelque temps dans l'état militaire, en
compagnie de Alî Naquî Khân Intizâr, autre poëte urdû,
et de Mubammad Naquî Khân , fils l'un et l'autre de Alî
Akbar Khân. Enfin, mû par la grâce divine, il quitta
toutes les choses du monde , et il parcourait les rues de
Murschidâbâd, la tête et les pieds nus, et couvert seule-
ment du hing ^ et du manteau des derviches. Il récitait
des vers et pleurait en poussant des gémissements. Alî
Ibrahim le vit souvent, et s'assura qu'il était un vrai
spiritualiste et un contemplatif. Il vivait encore à Azîm-
âbâd en 119/1 (1780). Il est auteur d'un diwân hin-
doustani, dont les vers sont très-estimés et écrits dans
le style des derviches.
' '-'ilsj compagnie, amitié.
- Jsjj débauché, etc.
^ dljO, pièce d'étoffe qu'on met entre les jambes pour couvrir les par-
ties sexuelles.
424 • BIOGRAPHIE
RIND (MIHRBAN).
jVlihrbân Khan Riiid était ha]3ile musicien et poëte
ingénieux. Il excellait dans les kabit, les dohra et les
marcîya. Il fut employé à Farrukliâbâd dans les bureaux
du nabàb Ahmad Khan Gàlih Jang. Il fut disciple de
Saudâ et de Soz^ Il excellait aussi à tirer de l'arc et à
manier l'épée. Outre ces détails que nous devons à Alî
Ibrahim, Mushafî donne de plus, sur ce poëte, quel-
ques particularités insignifiantes, et licite de lui plusieurs
vers. Sir Gore Ouseley possède un exemplaire des Kal-
liyât ou OEuvres complètes de ce poëte distingué ^. Le
nabab \^'^izîr Muhammad Bakhsch avait dans sa biblio-
thèque un exemplaire de son diwàn.
RIND (NARAYAN).
Râé Khem Narâyan Rind, fils de Mahâràj Lakschmî
Narâyan , et frère de Bénî Narâyan , auteur de l'Antho-
logie hindoustani intitulée Diwân-i Jahân, qui est un des
ouvrages que j'ai mis le plus à contribution pour mon
travail , doit être rangé parmi les écrivains liindoustani
distingués. Il occupa des postes importants à Delili,
et il se retira ensuite à Hoiigly. Son frère cite de lui
sept gazai. Voici la traduction d'une de ces pièces de
vers :
Voyez l'arlicle sur Amîr.
^ Ce manuscrit est intitule fj»- ^ /jL*w.>^ ^l^^i (_:<^.A-A-L^b
ET BIBLIOGRAPHIE. 425
Hier je me suis placée sous l'épée de mon ami; il a voulu m'en
frapper, mais je ne me suis pas enfuie , et je n'ai pas cessé d'être
assise. Je me suis enfin levée de la porte de cet ami; mais cent et
cent fois, comme une proie blessée, j'ai raarclié et je me suis
assise. Je suis venue un ou deux jours dans le jardin du siècle , et
je m'y suis assise sans porter de fruits, ni de fleurs comme le cy-
près. Maintenant, il y a une compagnie de jalouses rivales. Ecoute,
ô mon cœur! je me lèverai et j'irai auprès d'elles, au lieu de rester
assise. Quel ne sera pas leur contentement quand elles sauront que
je suis l'holocauste du jour de Yid? Moi aussi , étant agitée, je suis
restée assise sans m' arrêter à aucune considération, ni brûler de
chagrin. Par le torrent de mes larmes et la flamme de mes sou-
pirs le mobilier de mon esprit ayant été submergé et s'étant
brûlé , je me suis assise.
Rind se joint chaque nuit (par la pensée) à Caïs (Alajnûn) et à
Farhâd; il s'est assis en pleurant jusqu'à ce qu'étant réuni à son
amie, il la tienne embrassée.
RIZA\
Alî Ibrâliîm parle d'un poëte dont le surnom poétique
est Rizâ; mais il ne donne aucun détail sur son compte.
Il dit simplement qu'il a lu de cet écrivain beaucoup de
pièces de poésie , et il en cite un vers dont voici le sens :
Viens t'asseoir un instant auprès de Piizà, car aujourd'hui il
quitte ce monde.
Peut-être ce poëte est Rizâ d'Azîmâbàd dont il est
parlé plus bas.
RIZA (ALI).
Mîr Rizâ Alî prit pour takhailus le mot Rizâ. Il était
tarjranawis (sorte de garde des sceaux ou de secrétaire)
' l-O), nom d'action du verbe arabe (^msj être satisfait.
426 BIOGRAPHIE
de l'empereur de Dehli, Mushafî le donne plutôt comme
un amateur de poésie que comme un poëte proprement
dit. Il assure néanmoins lui avoir entendu réciter, à
Dehli, des vers très-remarquables par l'élégance et le
coloris du style, et il en cite une page.
J'ignore si ce poëte est le même qu'un autre bio-
graphe nomme Mirzâ AU Rizâ. Ce dernier était un des
amis de Lala Sarb sukli Diwâna. On cite de lui un mas-
nawî erotique.
RIZA, D'AZIMABAD.
Mîr Muhammad Rizà d'Azîmâbâd (Patna) était fds
de Mîr Jamâl uddîn Huçaïn Jamâl et parent de Mîr
Habîb ullah ^ Les liaisons d'amitié qui existaient entre
lui et les gens de lettres les plus notables d'Azîm-
âbâd, lui donnèrent le goût de la poésie. Il fut élève de
Mii^zâ Muhammad Rafî Saudâ. Il écrivit des vers hin-
doustani dans le genre nouveau, lesquels sont réunis
en diwân. Ali Ibrâhîm et Mushafî en citent plusieurs.
Voici la traduction d'une pièce de vers de ce poëte , la-
quelle est citée par Bénî Narâyan :
J'ai été content lorsque ces lèvres de sucre m'ont fait entendre
des injures ; car ces injures que j'ai supportées ont été douces
pour moi. Quelle douceur n'élait-elle pas dans tes injures! Dieu!
Dieu! elles étaient peut-être préparées avec du sucre d'Egypte.
Si je me suis exposé à tes injures, c'est que je t'ai moi-même
irrité ; mais tes injures sont du lait pour tes amants. Quoique de
tes douces lèvres lu me dises des injures accompagnées d'un vi-
sage austère, elles ont encore , pour moi , de la douceur dans leur
* Voyez l'article consacré à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 427
amerlume. Rizâ, ta langue est vraiment du lait et du sucre : ceci
est un nouveau chant iTinjures ' que tu as imaginé.
RIZA KHAN.
Saïyid Riza ^ Rhân. Je n'ai rien à dire de cet écrivain,
dont Alî Ibrâliim cite simplement un vers.
RUH ULAMIN^
Poëte hindoustani natif de Delili. Bénî Narâyan cite
de lui un gazai dans son Anthologie intitulée Diwân-i
Jaliân.
RUKHCAT.
Mîr Cudrat ullah Rukhçat \ de Delili, fds de Mîr
Saïf ullah, était disciple de Mirzâ Jafar Alî Hasrat, et
avait aussi reçu des conseils de Calandar-bakhsch Jurât.
Ce poëte urdù vivait encore à Lakhnau en 1 1 96 (i 78 1-
82).
^ jjo signifie, à la lettre, injure; mais par ce mot, et surtout par
son pluriel #jl.jjlj, on désigne spécialement des chansons indécentes
qui se font entendre aux noces. C'est quelque chose de pareil aux expres-
sions grossières que fait connaître le Catéchisme poissard du carnaval.
^ (^*àjy autre forme de nom d'action du verbe (^^j cité plus haut.
' (JX-*'^5 î»-3) e5/)rit^(ic/e, surnom de l'archange Gabriel.
* OvAAàkj concjè.
428 BIOGRAPHIE
RUSTAM.
Rustam ^ Alî Khan Ihtischâm uddaula, de Dehli , plus
connu sous le nom du nabâb Balladur, fils du nabab
Aschraf Rhân, fils du nabâb Samsâm uddaula Khân-i
Daûrân, et frère aîné de Muhammad Haçan Mirzâ '^,
est compté parmi les poètes liindoustani distingués.
Par suite des malheureuses circonstances du temps,
Rustam et son frère quittèrent Dehli leur patrie , et se
dirigèrent vers le soubah du Bengale et du Bihâr, en
compagnie du nabàb Saadat Alî Kliân Balladur, et se
fixèrent à Bénarès. Alî Ibrâhîm fait, dans son Gulzâr,
l'éloge de leurs bonnes qualités et de leur talent. Il reçut
d'eux-mêmes, quoiqu'il ne les connût pas personnelle-
ment, quelques pages de leurs vers qu'il a citées dans
leurs articles respectifs.
RUSWA.
Mahtâb ^ Râé Ruswâ était un Hindou qui, tout jeune
encore, embrassa fislamisme sous Muhammad Schàh.
Il avait été d'abord employé dans farsenal; mais ensuite
il quitta ses fonctions. Malheureusement il était adonné
au vin , et de plus, il s'était rendu amoureux d'un jeune
Indien nommé Manûn, qui était joaillier de profession.
Cette passion fut portée à un tel point, que Ruswâ en
perdit la raison et qu'il se couvrit d'ignominie. C'est
' (*^'*^J ' "'^'^ '^'^"^ célèbre héros persan.
^ Voyez Tarlicle consacré au poctc Mirzâ.
^ Ou lune, selon Alî Ibrâhîm-, et Aftâb (soleil), selon Mushafî.
ET BIBLIOGRAPHIE. 429
ainsi qu'il prit le surnom poétique de Rnswâ ^ Il allait
tout nu, errant çà et là. Il adressait la parole à tous ceux
qu'il rencontrait , et se mettait ensuite à pleurer. Il ré-
pétait sans cesse un vers hindoustani dont voici le sens :
Quiconque entre dans la voie de cet amour, est couvert d'op-
probre {Ruswâ), ruiné, et errant de porte en porte.
On raconte qu'il avait la tête tellement dérangée,
qu'étant allé un jour se promener juscp.i'au village d'Am-
roha, et étant descendu chez un Saïd qui l'accueillit
avec honneur, tant en sa qualité d'homme de lettres dis-
tingué que comme citoyen de Dehli, Ruswâ ne cessa de
boire du vin. La petite provision du descendant de Ma-
homet fut bientôt épuisée, et.il envoya un enfant cher-
cher du vin dans un endroit près d'Amroha, nommé
Ahmadnagar. Comme cet enfant tarda beaucoup à re-
venir, le saïyid engagea Ruswâ à se promener en atten-
dant dans le jardin. Celui-ci répondit par un vers hin-
doustani qui signifie :
L'enfant est allé chercher du vin , pourquoi me promènerais-je ?
Je souhaite toute sorte de bonheur à l'enfant ; mais , néanmoins ,
il est cause que je suis obligé de me passer de vin.
Ruswâ mourut à Dehli sous le règne de Muhammad
Schâh; par conséquent avant i 7^7, époque du décès de
cet empereur. Mushafî rapporte à ce sujet que Ruswâ
avait exprimé le désir qu'on lavât son cadavre avec du
vin^. Mais on rapporte qu'après l'ablution légale que
' îji-»»') discjrâce, opprobre, ignominie.
- On sait que l'usage des Orientaux, y compris les Juifs, est de laver
les cadavres aussitôt après la mort des individus. Conf. Actes des Apôtres.
chap. IX, vers. 87.
430 BIOGRAPHIE
ses amis eurent soin de faire exécuter avec du vin, con-
formément à ses volontés, on s'aperçut que ni son corps,
ni le linceul dont on l'enveloppa , ne prirent l'odeur de
cette liqueur ^
D'autres auteurs racontent que Ruswâ conduisait avec
lui, dans les rues et les marchés, le jeune joaillier dont
la vue lui avait fait perdre la raison; qu'il l'avait mis
dans un dolî (sorte de palanquin pour les femmes), et
qu'il se faisait frapper par les enfants et par d'autres
personnes , moyennant des cauris qu'il leur distribuait.
On ajoute qu'un jour ce jeune homme, fatigué des im-
portunités de Ruswâ, le tua d'un coup d'épée. Dieu seul
sait au juste la vérité, dit Mushafî. Quoi qu'il en soit,
Ruswâ mourut à la fleur de f âge. Bénî Narâyan cite de
lui le gazai dont la traduction suit :
Dans chaque rue el ruelle, mon cœur palpite hors de mesure.
La rivière roule hors de mesure, cette année, ses flots tumultueux.
Si tu désires connaître , ô mon cher, l'état de cet infidèle , sache
que je l'ai vu hier, et qu'il est agité hors de mesure. J'ai de la
terre sur la tête , des épines aux pieds ; j'erre auprès de chaque
porte et dans chaque rue. Si je pleure hors de mesure, c'est que
je désire d'être uni à toi. Ne ressens-tu pas encore de la pitié à
l'égard de ce fou ? Un amour pour toi , hors de mesure , a pénétré
dans mon cœur.
Que dans ces jours Dieu garde cet homme frappé d'égare-
ment! il a été couvert d'opprobre [Ruswâ), hors de mesure, par
les mains de l'amour.
' Il paraît, d'après ceci , que Ruswâ , malgré son libertinage apparent,
mourut en odeur de sainteté , puisque ses compatriotes croient à ce fait
miraculeux. Il en est ainsi de Hafiz et d'autres célèbres poètes musulmans
de la secte des Sofîs.
ET BIBLIOGRAPHIE. 431
SAADAT.
Miyân ou Mîr Saâdat Alî, et simplement Saaclat^ qui est
son takhallus , était un saïyid d'Amrolia qui fut disciple
de Schâh Wiiâyat vdlah. Il a composé un masnawî inti-
tulé Séli sanjîwan^, du nom de deux amants qui vivaient
à Dehli, sous le nabab Camar uddîn Khan Wazîr.
Saâdat a écrit pendant le règne du sultan Muhammad
Schâh, époque où les poètes bindoustani aimaient les
expressions vagues et obscures; aussi ses vers sont-ils
pleins d'allégories souvent peu intelligibles, mais neuves
et hardies; le style en est élégant et recherché ; ils eurent
une grande réputation dans le temps oii ils furent com-
posés, et l'ont conservée en grande partie. Saâdat a aussi
écrit plusieurs manâquih ^, sorte de poëme à la louange
des Imâms. Mîr qui était lié avec lui, dit qu'il était doux,
modeste, religieux, et qu'il parlait peu. Mannû Lâl
rapporte un seul de ses vers , qui n'offre rien de remar-
quable, dans son Galdasta-i nischât.
^ tiyàLx-w bonheur. Selon Fatli Alî Huçaïnî, il se nommait Saâdat
iillah, bonheur de Dieu.
^ Ces deux mots sont peu lisibles dans mes deux manuscrits du Gul-
zâr-i Ibrahim, où se trouve cette indication. Toutefois je crois qu'il y a
' <.^^\m, h la lettre, louantes, pluriel du substantif arabe ïLkJlk^
( en bindoustani (j^xxXj» ).
432 BIOGRAPHIE
SABA.
Lâla Kân Jî Mal Sabâ \ Hindou de la tribu des
Kayath , est compté parmi les poëtes urdû, La patrie de
ses ancêtres était Firozâbâd; mais il fut élevé à Lakhnau.
A l'époque ou Mushafî vint dans cette ville, il passa
quelcpae temps auprès de lui. Précisément dans le
même temps, Sabâ, qui ressentait en lui le feu du génie
poétique, se mit à faire des vers hindoustani sur les-
quels il consulta Mushafî en qui il avait beaucoup de
confiance, en sorte qu'en peu de temps il mit au jour
un diwân de poésies choisies d'un très-bon goût. Malheu-
reusement la mort l'arrêta dans ses travaux littéraires :
il mourut à la fleur de l'âge , c'est-à-dire dans sa vingt-
cinquième année. Mushafî cite deux pages de ses vers.
SABACAT.
Mirzâ Mugal Sabacat^, fds de JVIirzâ Ali Akbar, était
Persan d'origine. Ses ancêtres, depuis quelques géné-
rations, habitaient Schâhjahânâbâd. Après la ruine de
cette dernière ville, ils vinrent à Lakhnau et s'y fixèrent;
ce fut là que Sabacat fut élevé. C'était , dit Mushafî , un
jeune homme plein de bonnes qualités, très-poli et fort
aimable. Comme il se sentit du goût pour la poésie, il
se mit à écrire des vers hindoustani, conformément à
fusage de son temps, et les soumit à Calandar-bakhsch
' Lmo zéphyr du matin.
' c:\JU^w excellence, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 433
Jurât. 11 paraît qu'il a laissé un grand nombre de poésies.
Mushafî en donne deux pages.
SABAI.
Sabàî ^ est un poète hindoustani natif d'Ahmadâbâd ,
ancienne capitale du Guzarate. Mîr, le seul biographe
qui en parle , cite de lui un vers dont voici la traduc-
tion :
Avec l'or, on se procure des amis, des frères. Sans or, rien
dans le monde; avec l'or, tout.
SABIT (ICALAT KHAN).
Le poète hindoustani nommé Içâlat Khân Sâhit- était
Afgân de nation; mais il habitait depuis longtemps Azîm-
âbâd, à l'époque où Alî Ibrahim écrivait (1780-1782),
et il s'y occupait, avec succès, de poésie hindoustani,
sous la direction de Mirzâ Muhammad Alî Fidwî, dont
il est par conséquent disciple.
SABIT (SCHUJAAT ULLAH KHAN).
Ce poète était originaire de Panipat. Il fut disciple
de Mirzâ Jafar Alî Hasrat et du nabab Dilîr Khân. On ne
cite de lui qu'un vers dans le Gulzâr-i Ibrâhîm.
' (^W»*' adjectif relatif dérivé du substantif Ixo, qu'on vient d'ex-
pliquer.
^ cxjiji ferme , constant.
I. • 28
434 BIOGRAPHIE
SABR.
Mîr Muhammad Alî Sabr \ de Faïzâbâd, est un cé-
lèbre auteur de marcîya; les biographes originaux ci-
tent de lui un petit nombre de vers.
SABZWARI.
Mîr Abu Icâcim Sabzwârî ^ est auteur d'un roman en
prose hindoustani intitidé Husn-i ikhtilât'^, c'est-à-dire
l'Excellence des relations d'amour ou d'amitié. On trouve
un exemplaire de cet ouvrage dans la bibliothèque de
la Société asiatique de Calcutta , lequel provient de celle
du coliége de Fort- William : j'en ignore le sujet.
SADI, DU DÉGAN\
C'est un des principaux écrivains hindoustani du Dé-
can, qui n'est, par conséquent, pas indigne d'avoir le
takhailus du chantre de Schirâz. Mîr Taquî fait observer
dans sa biographie, que quelques Indiens le confondent
mal à propos avec le schaïkh Sadî^, c'est-à-dire avec le
poète persan de ce nom. Il cite de lui un court gazai
' jj<AO patience.
^ (<)^*iyi-*^ de Sahzwâr, nom de lieu.
* ^4J i (^ù^Xmj . Le mot ^^ù^^xjm signifie heureux.
^ Voyez une anecdote peu connue sur ce célèbre écrivain, p. 289 de
ce volume, et l'indication de différentes traductions hindî de ses ouvrages
intitulés Giilistân. Bosiân et Pand-nâma, aux articles Afsos, Mugal et
IVila.
ET BIBLIOGRAPHIE. 455
qui, dans l'original, est remarquable par les allitérations
spirituelles qui s'y trouvent. Voici la traduction de deux
de ses vers :
Je t'ai donné mon cœur, tu l'as pris; et en échange tu m'as
donné du chagrin. Ainsi tu as agi, ainsi j'ai agi moi-même. Cette
façon de faire est-elle bonne ! Sadî a publié des gazai qui
sont un mélange de lait et de sucre; il a parsemé des perles dans
ses poésies rekhta ^; il a écrit ses vers, tantôt à la manière arabe ^,
tantôt à la manière indienne '.
SADIG.
Mîr Jafar Khân Sâdic ', de Dehli , était petit-fils de
Mir Saïyid Muhammad Câdir, célèbre contemplatif dont
le tombeau est situé dans les environs de Dehli. Sâdic
fut élevé par son grand-père dans la droiture et la
piété. A sa mort, il lut enterré dans le sépulcre de son
aïeul.
Sâdic est auteur, entre autres, d'un ouvrage intitulé
Bahâristân-i Jafarî^, c'est-à-dire le Bahâristân (séjour du
printemps) de Jafar. J'en ignore le sujet.
SADIC (ALI).
Mîr Sâdic Alî , fils d'un officier de Schâh Alam , et lui-
' AX^j signifie, à la lettre, répandu, parsemé.
* ^i5i>l.o vénditjue.
j<»JUt> /\VX*M)L<-j . Le second mot tait allusion au nom de l'écri-
5
vain et du sixième imâm
28.
436 BIOGRAPHIE
même officier du prince royal Sulaïmân Schikoh, avait
beaucoup de goût pour la poésie, et soumettait ses essais
à Mîr Inschâ ullah. On lui doit un bon nombre de vers
hindoustani. Mushafî en cite plus d'une page in-folio.
SAFA\
Je ne trouve rien sur ce poëte hindoustani dans les
biographies originales que j'ai sous les yeux. Mushafî se
contente de citer de lui un matla ^ qu'il avait entendu
réciter. Safa est auteur d'un diwân dont le raja Ghandû
Lâl, de Haïderâbâd, possède un exemplaire.
SAFDAR'.
Ancien poëte natif d'Haïderâbâd. Alî Ibrahim ne dit
pas autre chose sur cet écrivain, mais il rapporte de lui
un vers dont voici la traduction :
L'étoffe verte et moirée dont elle a couvert son sein , ne res-
semble-t-elle pas au fanal de cristal dont on garantit la bougie
de camphre ?
SAFDARI'.
Les biographes originaux rangent cet écrivain parmi
les poètes hindoustani anciens, et par là ils veulent
' \Àdo pureté.
' Voyez, au sujet de cette expression, une note p. 52.
' jùJus hrave , à la lettre , hn&ewr des rangs [ de l'armée ennemie ) .
' ^^j4yJuo bravoure . substantif dérivé de jJsJUo que je viens d'ex-
pliquer.
ET BIBLIOGRAPHIE. 437
dire, je pense , qu'il a écrit dans le goût ancien. Mushafî
et Béni Narâyan citent de lui des pièces de vers.
SAIYID (IMAM UDDIN).
Mîr Imâm uddîn Saïyid , de Dehli , est un poëte hin-
doustani qui jouit d'une certaine réputation. Alilbrâliîm
ne rapporte de lui qu'un seul vers.
SAIYID (YADKAR-I ALI). •
Le Saïyid ou Mîr Yâdkâr-i Alî est, selon Ali Ibrahim,
un des poètes qui se sont fait remarquer sous le règne
de Schâh Alam IL
SAIYID AHMAD.
Parmi les manuscrits hindous tani indiqués dans le
catalogue d'une riche bibliothèque de l'Inde, catalogue
dont la Société royale asiatique possède une copie, se
trouve mentionné un ouvrage intitulé Pothî az hazrat
Saïyid Ahmad Kalpâi S c'est-à-dire Livre (religieux) de
sa seigneurie le Saïyid Ahmad de Kalpî^. Or je pense
que ce Saïyid Ahmad est le réformateur musulman qui
s'éleva, il y a quelques années, dans l'Inde , et que l'ou-
vrage dont il s'agit est celui où il déposa ses doctrines.
Peut-être aussi ce livre a-t-il été écrit seulement par
^ Ville (le la province d'Agra.
438 BIOGRAPHIE
un de ses disciples, ce que semble désigner dans le
titre la préposition az. Quoi qu'il en soit, il doit con-
tenir l'exposé de son système.
Pour ne pas répéter ce que j'ai dit ailleurs ^ sur l'ins-
tituteur de la secte musulmane nommée Tarica-i Mu-
hammadiya, je me contenterai de rappeler que ce fut à
son instigation , et même par son ordre , que le Coran
arabe-hindoustani et plusieurs autres traités religieux
rédigés en hindoustani ou en persan, furent publiés à
l'imprimerie qu'il avait établie lui-même. Parmi ces
traités, je dois citer surtout le Targaib-i Jiliâd^, c'est-
à-dire l'Excitation à la guerre religieuse, travail qui
fut rédigé en hindoustani par un maulawî de Kanoje ^-^
puis :
i" VHidâyat ulmiimînim (la Guide des croyants);
2" Muzi ulkahaïr ualbidaat (Exposition des grands
principes et des innovations);
3° Nacihat nlmuslimîn (Avis aux Musulmans);
à" Tanbili ulgcifilin (Avertissement aux négligents);
5° Miyat iilmâçâil (Les Mille Questions). Ce dernier
ouvrage contient des réponses du scbaïkb Muhammad
Ishac, petit-fds de Schâli Abd ulazîz, à des questions
qui lui avaient été adressées par un membre de la fa-
mille royale de Debli. J'ignore dans quelle langue sont
rédigés ces cinq derniers ouvrages.
' Dans le Journal des Savants. i836, et dans le Journal asiaiufiic ,
n" d'avril i838.
' Il en est parlé assez longuement dans rinléressanle notice sur les
doctrines particulières des Suïyid Alimadi . insérée dans le Journal de la
Société asiatique de Calcutta , en 1 832 , n" de novembre.
ET BIBLIOGRAPHIE. 439
Parmi les ouvrages hindoustani de la bibliothèque de
la Société asiatique du Bengale, je trouve l'indication
d'un traité en prose urdû de Saïyid Ahmad, auquel on
donne le titre de Câdiri, c'est-à-dire de la lignée re-
ligieuse d'Abd ulcâdir Guilâni^. Ce traité est intitulé Ri-
çala-i Saïyid Alimad, et plus spécialement Hiijjat ulcuâ ^ ,
la Raison des vertus. C'est probablement un ouvrage
ascétique.
saïyid ALI.
Écrivain hindoustani à qui on doit: i° un ouvrage
de morale, en prose, intitulé Gulschan-i akhlâc'^, c'est-
à-dire Jardin des vertus, ouvrage dont il existe un exem-
plaii'e dans la bibliothèque de la Société asiatique de
Calcutta; 2° un volume de rubajât ou quatrains, dont
on conserve une copie dans la bibliothèque du râjâ
Chandû Lâl d'Haïderâbâd.
SAJJAD.
Mîr Sajjâd*, d'Akbarâbâd (Agra), est un poëte hin-
doustani distingué. Ses ancêtres étaient originaires de
l'Azarbaijân; mais ils s'établirent à Dehli. Sajjâd était
un des disciples de Schâh Najm uddin Abrû; mais les
' \ oyez mon Mémoire sur la religion musulmane dans l' Inde . pag. 90 et
suiv.
- 4<jAÎi ii^. Je pense que ;<*-* est le pluriel de iy^ force , pris
dans le sens de vertu ( cardinale ) .
* ^\^ adorateur.
440 BIOGRAPHIE
connaisseurs donnent à ses écrits la préférence sur
ceux de son maître, quoiqu'ils soient pleins de méta-
phores, souvent plus obscures que celles qu'on trouve
dans les vers d'Abrû. Mir en fait un pompeux éloge.
Il nous apprend que Sajjâd tenait chez lui une réunion
des amis de la poésie hindoustani, réunion à laquelle
Mîr avait assisté; mais cette réunion n'existait plus à
l'époque où ce dernier écrivait sa biographie, et, en
raison des circonstances, Sajjâd vivait dans la retraite.
Ses vers , qui sont fort éloquents , ont été réunis en
diwân. Mîr, Lutf et Fath Alî Huçaïnî en donnent plu-
sieurs gazai. Voici la traduction d'un vers de Sajjâd
sur l'instabilité des choses humaines, vers que M. Sha-
kespear a cité dans son Dictionnaire :
Le rossignol perché joyeusement sur un arbre jouissait de la
tranquillité, lorsqu'une balle cruelle est venue le mettre en pièces.
On dit que l'aïeul de Sajjâd, Muhammad Akram
Khân, était, dans la chancellerie impériale, l'auxiliaire
du nabâb Yahyâ Khàn , munschî en chef. C'était un
homme grave et contemplatif.
SALAM.
Miyân Najm uddîn Alî Khân Salâm \ natif d'Agra,
était fils de Scharaf uddîn Alî Khân Piyàm'-. Il prit
auprès de son père du goût pour la poésie hindoustani
et participa à son talent. Mîr, qui était très-lié avec
^ ^yy^^^-M* paix , saint.
^ Voyez l'article consacre à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 441
lui, fait l'éloge des qualités de son esprit et de son
cœur. Ils se réunissaient quelquefois pour causer litté-
rature et s'exercer ensemble à improviser des vers et
à faire des saillies. Le même biographe et Fath Alî
Huçaïnî citent quelques vers de Salâm dans leurs
tazkira.
SALIH.
Schaïkli Sâlili ^ Muhammad Usmânî vint dans le
Décan (on ne dit pas d'où) en 12/10 de l'hégire. Il se
rendit à Bombay et fut attaché au service de la Com-
pagnie des Indes. Là, d'après le vœu du colonel Ken-
nedy et sous l'administration du gouverneur Elphins-
tone, il rédigea et publia l'ouvrage hindoustani intitulé :
Saïr-i isclirat , jami ulliikâyât'^, c'est-à-dire la Récréation,
collection de narrations. Les deux premiers mots de
ce titre donnent le nombre 12/io, qui est l'année mu-
sulmane de la publication de cet ouvrage. Ils font en
même temps allusion au nombre de chapitres dont il
se compose. Les deux derniers mots indiquent le sujet
de l'ouvrage, et ils donnent aussi le tarîkli de l'année de
l'ère chrétienne 1825, qui correspond à celle de l'hé-
gire qui vient d'être indiquée , en joignant l'addition
de la valeur numérique des lettres qui composent ces
mots à celle des premières.
C'est un ouvrage écrit à l'imitation du Galistan, en
prose entremêlée de vers. Il est divisé en dix parties.
' iL*© vertueux.
^ c:^L»\iCiI ^^>- i^jJi^ j-A^ -r^^i^o^raiMe de 266 pages in-4°.
442 BIOGRAPHIE
La première rouie sur la justice; la deuxième sur la
pauvreté spirituelle; la troisième sur la conduite des
souverains; la quatrième sur les mœurs des vizirs; la
cinquième sur le discernement et la perspicacité; la
sixième sur la retraite; la septième sur la société; la
huitième roule, je crois \ sur la générosité; la neuvième
sur le gain, la fidélité (envers ceux de qui on dépend)
et la mendicité; la dixième sur l'envie, l'avidité et la
concupiscence.
Je donnerai, dans mon second volume, quelques
narrations extraites de cette intéressante collection.
SALIR.
Sâlik ^ est un poëte hindoustani dont Mîr fait men-
tion et dont il cite un vers écrit dans le dialecte du
Décan, vers qui prouve par conséquent que cet écri-
vain est du midi de flnde. Voici la traduction du baït
dont il s'agit :
Toi qui as charmé Sâlik , demande , ô ma bien-aimée , quel est
son état véritable, et tu sauras que hors de lui, il erre nu-pieds
tout le jour, à cause de toi.
SALIM.
Mîr Muhammad Salîm ^ était de la classe des Saiyid
' Je dis je crois, car on a oublié d'indiquer le titre de cette partie.
* tiJJLiw contemplaiif , à la lettre , celui qui marche (dans la voie du
spiritualisme ).
'^ /<vXaw pacifujue . do\ix , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 443
de la ville de Patna; il s'occupait du commerce, et
comme il avait beaucoup de dispositions naturelles pour
la poésie, il les exerçait volontiers. Il a composé, entre
autres, un masnawî sur un événement extraordinaire
qui eut lieu près d'Azîmâbâd, masnawî qui n'est pas
sans mérite. Alî Ibrahim l'avait connu dans cette der-
nière ville. Il y mourut en 1 1 98 de l'hégire (1 780-8 1) ,
et il y fut enterré.
SALIM (SCHAH).
Schâh Sâlim ^ est un poëte hindoustani cité par
Mannû Lâl dans son Guldasta-i nischât. Voici la traduc-
tion d'un vers de cet écrivain :
Cette beauté au cœur de pierre m'a fait mourir en me mon-
trant la couleur vermeille de son visage. On devra mettre une
pierre rouge comme amulette à mon tombeau.
SAMAN.
Mîr Nacir Gobind Sâmân^, de Jaunpour, fut un
des disciples de Mirzâ Mazhar Jânjânan. C'est un poëte
hindoustani estimé , qui a aussi écrit en persan. Il
mourut quelques années avant l'époque où Fath Alî
Huçaïnî fit paraître son tazkira.
' ^Uo, participe présent de la racine aralie !,»«£( radicltus excidit et
lauidavit, etc.
^ yUL*) préparatifs.
kkli BIOGRAPHIE
SAMSAM.
Le nabab Amîr ulumarâ Samsâm uddaula Khân-i
daurân , autrement dit Khâja Mahammad Acim et sim-
plement Samsâm ^ , qui est son surnom poétique , faisait
partie des omra du sultan mogol Farrukh Siyar, Alî
Ibrâhîm dit que ses faits et gestes sont trop connus
pour qu'il soit nécessaire de les exposer. Comme il
n'en parle qu'en qualité d'écrivain, il se borne à dire
qu'il se livrait à la culture de la poésie et qu'on a de
lui des vers bindoustani et persans.
S AN A.
Sanâ ^, d'Azîmâbâd, disciple de Scbâb Muschtâc
Talab, est un poète bindoustani dont les productions
sont peu nombreuses. Musbafî et Bénî Narâyan ne rap-
portent de lui que deux vers.
SANAT.
Mugal Kbân Sanat -^ était un des familiers du nabàb
Açaf Jâh Nizâm ulmulk. Alî Ibrâbîm et Fatb Alî Hu-
çaïnî ne disent pas autre cbose sur cet écrivain bin-
doustani, et ils se contentent de citer de lui quelques
vers pour donner une idée de son talent.
' ^^\j^^AS èpèe iranchantc.
' vÀj louange.
' c;<otJMo mjstcre.
ET BIBLIOGRAPHIE. 445
SANI.
Nizâm uddîn Ahmad Sâni^ de Balgrâm^, était un
des amis intimes d'Ali Ibrahim Khân et de Mirzâ Mu-
hammad Rafî Saudâ. Il a laissé un diwân de vers per-
sans, et quoiqu'il en ait moins écrit en hindoustani,
il est compté avec juste raison parmi les poètes qui
ont enrichi la littérature de cette langue. Il lisait par-
faitement les vers et avait beaucoup de perspicacité
pour comprendre les plus obscurs. En 1788 il habi-
tait alternativement Murschidâbâd et Calcutta. J'ignore
l'année de sa mort.
SAQUI.
Mîr Huçaïn Ali est un poëte urdû qui prit le sur-
nom de Sâcfiii ^. Ali Ibrahim dit simplement qu'il a lu
des gazai de cet écrivain , mais qu'il ne peut donner
sur son compte aucun autre renseignement. Il ne cite
de lui qu'un seul vers.
SAQUIB.
Miyân Schihâh uddîn Sâquib ^ était derviche de pro-
fession et vivait à Dehli sous Muhammad Schâh. C'était
un homme d'esprit, qui s'occupait de poésie hindous-
' «JLo auteur, etc.
* ^/*Li-Xj . Voyez p. 89.
' ^i^Au échanson.
* fci.^lj brillant , sublime.
^46 BIOGRAPHIE
tani. Il fut d'abord élève de Miyân Schâli Mubârak
Abrû; puis il soumettait ses vers à Sirâj uddîn Alî
Khan Arzû. Mîr l'avait beaucoup connu. A l'époque
où il écrivait sa biographie , Sâquib était retourné dans
son pays natal, qui était des dépendances de Bârah^;
il y pratiquait toutes les vertus et ne s'occupait en
aucune façon des choses du monde. Voici la traduc-
tion de deux vers de lui cités dans les biographies
originales.
La maîtresse cruelle qui a occasionné la mort de Sâquib, est
venue auprès de son cercueil , et a osé demander qui était mort et
quel était ce convoi.
SARMAD.
Muhammad Sarmad ^ Câzî (juge), de Séringapatam ,
est auteur d'un ouvrage intitulé Kliulcœa-i sultâni ', ou
Exposition abrégée de la loi musulmane, compilé par
l'ordre du sultan Tippou , en dialecte dakhnî. L'exem-
plaire de cet ouvrage qui était dans la' bibliothèque
de Tippou a passé dans celle du collège de Fort- William.
C'est apparemment un commentaire sur cet ouvrage
dont on trouve un exemplaire dans la bibliothèque du
ministre du Nizâm à Haïderâbâd ; il est intitidé Kaschf
ulkhalâça ^. Ce dernier ouvrage est sans doute le même
qu'on a pubhé à Calcutta (à X Asiatic Iitli0(jrap1iic press).
ty^^j^Mi éternel.
" jUaA.*v iUa^V^ . i'i i.'i lettre, abréçjè st\ltanien.
ET BIBLIOGRAPHIE. kkl
Il est écrit en urdû et en vers. Il roule sur les ques-
tions de là loi musulmane les plus nécessaires à con-
naître, matières dont il est indispensable d'être ins-
truit si l'on veut être compté au nombre des savants.
C'est ainsi qu'on s'exprime au sujet de cette publication
dans un catalogue rédigé en persan.
SAR-SABZ
Mirza Zaïn ulâbidîn Khan Sar-sabz \ connu aussi
sous le nom de Mirzâ Mendo ^, était un des fils du
nabâb Sâlâr-jang. Ses ancêtres vinrent dans l'Hindous-
tan sous le règne de Farrukh Siyâr et y occupèrent un
rang distingué qui les rapprocha du souverain. Mushafî
dit que Sar-sabz était un jeune homme modeste et
plein d'intelligence , qui était adonné à l'étude des livres
de religion et des questions positives de la théologie.
Il eut aussi, dès son enfance la plus tendre, un goût
prononcé pour la poésie hindoustani. Parvenu à l'âge
de dix-sept ans, il fit un diwân, et depuis ce temps il
fréquenta pendant quatre ans Mushafî, et se perfec-
tionna sous lui dans l'art de la poésie. Ce dernier cite
deux pages et demie des vers de notre écrivain.
SARSCHAR.
Mulûk-chand Sarschâr^ est compté parmi les poètes
' y^..^»^y,Aln tète verte , c'est-à-dire frais , florissant.
^ Ce mot est écrit ^tSJ<Aya clans \e tazkira de Mushafî.
' jU'w^w ivre, etc.
448 BIOGRAPHIE
hindoustani. Mannû Lâl cite de lui, dans son Giildasta,
un vers dont voici la traduction :
Cette voleuse de cœurs marche au milieu de ses belles com-
pagnes, avec grâce et d'un air compassé. On croirait voir la lune
lorsqu'elle fait lentement sa promenade nocturne au milieu des
étoiles.
SAUDA.
Mirzâ Muhammad Rafî Saudâ \ fds de Muhammad
Schafî, du Caboul, est un des poëtes hindoustani les
plus célèbres. On lui donne même le nom de Malik-i
Schuarâ-é hindi, ou Prince des poëtes hindoustani. Il
y a néanmoins des Indiens, selon Mushafî , qui trouvent
dans les poésies de Saudâ des fautes évidentes et des
plagiats réels. Il naquit à Dehli, où, selon l'expression
des biographes originaux, il fut le maître du sultan et
du vizir, et le compagnon des omra. Ali Ibrahim s'ex-
prime ainsi sur son compte : « Quoique , dit-il , sa cé-
« lébrité soit telle qu'elle n'a pas besoin d'être inscrite
«sur les tables du palais de la gloire, cependant, par
«justice, je dois orner ces pages de la mention de ses
« qualités. Ce grand personnage est un des plus rares
«génies et des plus habiles écrivains de l'Hindoustan.
«Entre ses contemporains, ajoute Ali Ibrahim en se
^ tâk»Aw folie ( d'amour). Au sujet de ce takhallus, quelques auteurs
européens ont prétendu que notre poëte le prit parce que ses satires
lui ayant attiré des ennemis , il contrefit l'insensé ; mais je ne lis rien
de cela dans les Biographies originales, et je suis porté à croire que c'est
un conte imaginé pour rendre raison de ce singulier surnom de Folie ,
lequel n'est cependant pas plus ridicule que celui de Brûlure ( Soz ) ,
Soupir ( Afsos ) , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 449
«servant du style le plus métaphorique, il plaça la
«balle de la prééminence sur la fenêtre de l'élévation
« de telle façon que la main de ses émules n'a pu y
« atteindre. La sueur de la faiblesse atteint le feu lui-
« même , qui se trouve surpassé dans sa chaleur par la
«langue brûlante de Saudâ, dont les vives étincelles
«pénètrent jusqu'à lui; et l'eau, à cause de la jalousie
«qu'elle éprouve de ses vers coulants, va se cacher sous
«terre.»
Les poésies de Saudâ sont remarquables par la har-
diesse des métaphores, foriginalité des pensées et le
charme de l'expression. Son diwân est étendu. Il a ex-
cellé dans tous les genres de poésie, notamment dans
le cacîdalî, le gazai, et surtout la satire; il était aussi
habile en musique. Le degré de supériorité de ce poète
hindoustani n'est, dit-on, surpassé par aucun autre. Il
occupe, selon les biographes originaux, le premier rang
parmi les anciens et les modernes.
Les Anglais ont avec raison surnommé Saudâ le
Juvénal de l'Inde, parce qu'il a écrit des satires où
brille l'esprit de ce poète romain, mais où se trouve
aussi souvent le peu de retenue de ses expressions.
Mîr Taquî a consacré un article à cet écrivain dans
sa biographie. Il en parle comme d'un spirituel jeune
homme, ami de la joie et du plaisir, qui excellait dans
le gazai, le masnawî, le quita, le mukhammas, le rubâî,
enfin dans tous les genres de poésie. Lutf trouve, au
contraire, que ses cacîdah sont ce qu'il a écrit de plus
parfait.
Mîr reconnaît aussi en lui le premier des poètes
1. 29
/i50 BIOGRAPHIE
hindoiistani , leur roi; et il emploie à son tour, pour
le louer, ces paroles hyperboliques : a Chacun de ses
avers charmants qui ont été introduits dans le jardin
« de l'éloquence indienne sont des bouquets de fleurs
u des pensées , et chacun de leurs hémistiches bien
(( mesurés est pareil au cyprès libre. » Lutf se sert ,
en le louant, d'expressions encore plus hyperboliques
Mir fait surtout l'éloge de sa satire du cheval, intitulée
Dérision du siècle ^ Il dit que dans ce poëme Saudâ a
dépassé les limites de l'art ^. Mushafî compare les vers
de Saudâ à ceux du poëte persan Khacânî. Il dit qu'il
était reçu avec honneur partout où il allait.
Saudâ , qui était du reste militaire de profession ,
quitta Dehli après la dévastation de cette ville , à fâge
de soixante ans, et après avoir séjourné dans différents
endroits, il alla jeter à Lakhnau fancre de la résidence,
comme s'expriment les biographes originaux. Le nabab
Açaf uddaula le combla d'honneurs et de dignités, et
lui donna un jàguîr (terre féodale) du revenu de 6000
roupies par an (iSooo fr.). C'est par reconnaissance
qu'il a écrit plusieurs cacîdah à la louange de ce géné-
reux souverain. Schuj a uddaula, nabab du Bengale, le
reçut aussi avec distinction à sa cour. Parvenu à fâge
de soixante et dix ans, selon Ibrahim et Lutf, d'autres
disent de quatre-vingt-dix, il se rendit à fappel de
Dieu. Pour parler sans figure, il mourut k Lakhnau
1 j\S\»\ .4 L -ai 'i. Ce titre n'existe pas dans les manuscrits des
œuvres de Saudâ.
* Dans le second volume de cet ouvrage ou trouvera la traduction
de plusieurs pièces de cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 451
en 1 195 de l'hégire (1780 de J. C), et y fut enseveli
dans rimâm-bârâ d'Acâ Bâquir. Chacun s'empressa
d'écrire des tarîkh en vers pour fixer dans la mémoire
l'époque de la mort de ce grand poëte. Un des plus cé-
lèbres est celui que cite Alî Ibrahim : il est en persan, et
on le doit à Mir Camar uddîn Minnat. Mushafi en rap-
porte un, en hindoustani, de Mir Fakhr uddîn Mâhir,
et un autre de lui-même, en persan. Il paraît même
que Lutf fit sur cette date un quatrain hindoustani
qu'on grava sur la pierre du tombeau de Saudâ , tarîkh
dont il donne le texte et dont voici la traduction :
Lorsque Saudâ partit pour l'élernité, les gens équitables lais-
sant toute prévention, confessèrent qu'il était mort un homme
d'une incontestable habileté; bien plus, que le prince des poètes
de l'Inde avait quitté la terre.
Mushafî dit que le diwân de Saudâ a acquis une
si grande célébrité, que des exemplaires en sont par-
venus en Perse et en Europe, et on peut ajouter qu'il
a été apprécié par ceux qui ont pu le lire.
La collection complète des poésies de Saudâ porte
le titre ordinaire de Kallijât : j'en possède plusieurs
manuscrits dans ma collection particulière; un entre
autres très-beau, que je dois à la généreuse obligeance
de M. N. Bland, un de mes anciens auditeurs, membre
distingué de la Société royale asiatique de Londres. Il
y en a, à la bibliothèque de la Société asiatique de
Calcutta, un exemplaire enrichi de dessins.
On a donné à Calcutta, en 1810, un volume in-/i° ^
' Uns édition complète des œuvres de Saudâ avait été annoncée
452 BIOGRAPHIE
de morceaux choisis de Saudâ , sous le titre de IntikMb-i
Kulliyât-i Saudâ (Choix des œuvres complètes de Saudâ ) .
Cette publication, revue par Scher Alî Afsos, Kâzim
Alî Jawân et Muhammad Aslam \ n'est pas parfaite-
ment correcte, parce que les éditeurs n'avaient à leur
disposition qu'une seule copie très-fautive des œuvres
de ce poète.
Parmi les livres de la bibliothèque de Sirâj uddaula
d'Haïderâbâd , il y a un volume intitulé Marâcî-i Mirzâ
Rafî '^ ou Élégies de Saudâ. Or il est bon de faire
savoir au lecteur que dans les collections de poésies
de Saudâ que je possède il n'y a pas de pièce portant
le titre de Marsiya, ce qui suppose que ces collections
ne sont pas complètes. Il n'y a pas non plus de salâm ^,
et cependant les biographes originaux nous apprennent
qu'il en a fait.
SAYA.
Salim Sâya* est un poète qui habitait Dehli; le court
gazai suivant est de lui :
Dans l'amour de cette infidèle, je n'acquerrai pas de renom-
mée; hélas! je n'ai pas l'habileté nécessaire pour parvenir à m'en
faire aimer. Me plaindrai-je de la tyrannie du ciel ? Je voudrais
comme étant sous presse, à Calcutta, en i8a3 ; elle devait se composer
de trois volumes in-4°. Voyez Primitiœ Orientales, tom. III, pag. lij.
' (t^M^ 6st rendu dans le Dictionnaire de Meninsky par certior, tatior.
2 • t • ••• t
^j Ur* 3>*
' ><<^Vav, sorte de poëme à la louange d'un individu, c'est-à-dire le
contraire de la satire; j'en ai déjà parlé p. 27 et ailleurs.
* XjLm( ombre.
ET BIBLIOGRAPHIE. 453
périr consumé par le feu , mais il n'y a nulle part le menu bois
nécessaire à cette opération.
Comment les rossignols pourront-ils se sauver de leur cage,
eux à qui personne ne rend justice?
Quoique j'aie déchiré mon cœur, je n'ai pu atteindre, comme
l'ombre {Sâja), jusqu'aux tresses de ma bien-aimée ( malgré leur
longueur).
SAYIL.
Mirzâ Muhammad Yâr Beg Sâyii ^ était de la nation
des Uzbek, mais il naquit dans l'Hindoustan et était mi-
litaire de profession. C'est un poète qui fut d'abord dis-
ciple de Schâh Hàtim, et qui s'attacha ensuite à Mirzâ
Rafî Saudâ. Il a suivi les doctrines de l'ancienne école
urdû, ainsi que le prouvent quelques-uns de ses vers
cités par Mushafi dans son tazkira.
SCHAD.
Ilah Yâr Beg Schâd ^ est un poëte hindoustani ,
Mongol de nation et disciple de Mushafî. Béni Narâyan
cite une pièce de vers de cet écrivain.
SGHADAB.
Lâlâ Kliusch-wact Râé Schâdâb ^ habitait la ville
connue sous le nom de Naddia et appelée aussi Chand-
fi
' ^oU*i mendiant.
* ^L«w content.
* <_>!:> Lw frais, etc.
454 BIOGRAPHIE
pur. Il excellait surtout dans Yiiischâ^. Il a aussi laissé
des vers hindoustani. Aiî Ibrahim en cite quelques-uns.
SGHADANl
Le râjâ Chandù LaP Maliârâj Balladur, d'Haïder-
âbâd, est un personnage distingué par sa naissance et
son amour pour les lettres qu'il cultive avec succès.
Dans les poésies hindoustani (urdù) qu'il a mises au jour,
il a pris le takhallus de Scliâdân. Parmi les livres de sa
bibliothèque, où il existe plusieurs manuscrits hindi
précieux dont plusieurs sont peut-être uniques , se trou-
vent trois volumes de ses ouvrages : le premier est inti-
tulé Diwân 0 caçâïd tasnîf Mahârâj Bahâdur; le deuxième
Diiuân-i Scliâdân ; le troisième, qui est le recueil complet
de ses œuvres poétiques , porte le titre de Kulliyât-i Ma-
hârâj Balladur miitalîhallas ha Scliâdân. C'est au colonel
J. Stewart, résident anglais à la cour de son altesse le
Nîzâm, que je dois la liste des ouvrages hindoustani qui'
font partie de la bibliothèque de Chandù Lai , collection
que j'ai citée plusieurs fois dans le courant de mon
ouvrage.
SCHAFL
Mîr Muhammad Schafi * fut un des compagnons de
' J'ai expliqué plus haut ce qu'il faut entendre par ce mot.
^ /jliLw content.
' J^x) 5 «XÀs» serait-ce un mot composé hindou-persan , signifiant
chéri dnsincje? de ^T? p^^'t singe, et de Jk.xJ pour JiJ chéri, enfant, etc.
' AAXïi intercesseur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 455
Mirzâ Muhammad Rafî Saudâ et de Muhammad Taqiiî
Mîr. Il vivait à Lakhnau à l'époque où écrivait Ali
Ibrâliîm, et y faisait profession d'indépendance spiii-
tuelle. On a de lui des vers hindoustani estimés dont
Ail Ibrahim donne un échantillon.
SCHAFI (AMIN UDDIN).
Amîm uddîn Schâfî \ de Dehli, est un poëte urdû
qui était dans la misère à Patna, en 1 196 de l'hégire
(1781-1782), époque où Ali Ibrahim écrivait sa bio-
graphie. C'est une chose fort commune dans tous les
pays que les gens de lettres malheureux. Pétrarque a dit
quelque part :
Povera e nuda vai , filosofia.
Ali Ibrahim rapporte un seul vers de ce poëte aban-
donné de la fortune.
SGHAFIG.
Mazhar Ali Khan Schafîc^ est compté parmi les
poètes hindoustani. Mannû Lâl cite de lui un vers dont
voici la traduction :
Ecarte loin de ton visage ce voile importun, et serre-moi contre
ion sein : tel est le désir de mon cœur.
' il*y guérisseur.
' /ÀJJLii compatissant , affectionné , ami.
456 BIOGRAPHIE
SCHAGUIL^
Ce poëte fut élève de Bismil; il consulta quelquefois
aussi Mîr Taquî. Ce dernier, ainsi que Fath Ali Huçaïnî,
citent de lui un vers dont je joins ici la traduction :
Le souvenir de ton visage vermeil et des noires boucles de tes
cheveux ne s'éloignera jamais de Scliâguil , puisque ta face et ta
chevelure sont pour lui le jour et la nuit.
SCHAGUIRD.
Muhammad Schaguird - fut un des amis de Muham-
mad Alî Hisclimat, célèbre écrivain dont il a été parlé
précédemment. Il a surtout fait des poëmes en stances
de trois vers, compositions qu'on nomme salâçat^.
SCHAH ALI.
Mîr Schâh Alî Khan, de Dehli, était un jeune poëte
remarquable par sa beauté, mais dans une position fâ-
cheuse de fortune. Il vint à Murschîdâbâd , où il vécut
quelque temps dans le bien-être; mais lors du ren-
versement de la fortune de Siràj uddaula, il quitta
Murschîdâbâd et alla â Lakhnau; puis étant venu à
Azîmâbâd , sous le gouvernement du nabâb Alî Jâh Mîr
*■ J<s\jSi occupé , attentif, etc.
^ àjS Li disciple.
o^V5', mot arabe qui signifie trois.
ET BIBLIOGRAPHIE. 457
Muhammad Càcîm Khàn , il fut attaché à la cour de ce
prince. Enfin, il se rendit dans le Décan où il mourut.
SCHAHI.
Schâh Culî Khan , du Décan , prit pour surnom poé-
tique l'adjectif scluihi^ (royal), formé de son prénom
honorifique Schâh (roi) 2. Il vivait à Haïderâhâd, et il
était du nombre des officiers de Tânâ Schâh ^. Il a
écrit surtout beaucoup de marciya : on le cite parmi les
poètes anciens. Dans la bibliothèque d'Açaf uddaula,
roi d'Aoude, se trouvait un manuscrit de ses cacîdah
et de ses gazai. Il est intitulé Caçâïd 0 cjazUyât-i Hazrat
Schâhi
4
SCHAHID.
Le maulawî Gulàm-i Huçaïn Schaliîd ^, de Gâzîpûr,
est compté parmi les poètes urdû. Il fut pendant quel-
que temps le compagnon du nabab Fazl Ali Khân de
Gâzîpûr, et il vécut alors dans les honneurs. Ali Ibra-
him nous fait savoir que c'était un homme grave qui
s'exprimait avec facilité. Il fut un des savants juriscon-
sultes qui furent désignés pour former le tribunal de
Bénarès, à la tête duquel Ali Ibrahim fut placé. Il vivait
encore en 1 1 96 (1 782). .
" Voyez, sur ce nom que se donnent les derviches, mon Mémoire sur
la relitjion mmiilmane clans l'Inde , pag. 47-
~' Voyez l'article consacré à ce personnage.
^ <XA.f-vw marh'r, etc.
458 BIOGRAPHIE
SGHAIC.
Mîr Hâjî Schâïc^ est compté parmi les poètes hin-
doustani. Mannû Lâi cite de lui un vers dont je joins
ici la traduction :
Je ne m'inquiète de rien dans le monde : la poussière du cha-
grin ne souille jamais le miroir de mon cœur.
SCHAIC (MUHAMMAD).
Miyân Pîr Muhammad Schâïc est un poète urdû
distingué, qui fut d'abord disciple de Miyân Hâschamî,
puis de Calandar-bakhsch Jurât, écrivains dont il a été
parlé. Béni Narâyan rapporte de lui un gazai erotique.
SCHAIC (NAZIR UDDIN).
Nazîr uddîn Haçan Schâïc Curaïschî, fils de Gulâm-i
Muhî uddîn ^, est auteur d'une grammaire rédigée en
hindoustani et intitulée Masdar-i fayûz ^, titre qui sert
en même temps de tarîkli à cet ouvrage. En effet, en
additionnant la valeur numérique des lettres arabes qui
' /«->»-w désireux.
^ Mahi uddîn est le nom d'un saint célèbre dans l'Inde musulmane,
sur lequel on peut consulter mon Mémoire sur la religion musulmane dans
l Inde , pag. i6 ctsuiv.
' / yskA* jJs-kO^ la source abondante. En employant le premier mot,
l'auteur a voulu jouer sur son autre signification de nom d action, sorte
d'infinitif.
ET BIBLIOGRAPHIE. 459
forment ce titre, on a le nombre i2 3o. Or cette année
de i'hégire correspond à 181 5 de J. G. L'auteur nous
fait savoii% dans sa préface, que ce traité, destiné à
ceux qui étudient le persan dans la ville de Bareily, son
pays apparemment, a été écrit sous les auspices du
nabâb Ahmad Yâr Khan, fils de Muhammad Zulficâr
Khân. Je possède une copie manuscrite de cet ouvrage,
que je dois à l'obligeance du laborieux occidentaliste
le mahârâj Kâli Krichna. La transcription de cet exem-
plaire , faite à Galcutta pour cet Hindou distingué par le
saïyid Muhammad Alî Sâkin , a été terminée le 2 8 açarh
12 36 de fère du Bengale, qui correspond au mois de
juillet 1829 de J. G. Ge traité est une sorte de nomen-
clature grammaticale raisonnée -, il se compose d'une
invocation en vers urdû, d'une préface, de trois sec-
tions et d'un épilogue. G'est un petit in-h° de 2 2 /i pages
très-bien peint.
SCHAIDA (AMANAT ULLAH).
Le maulawî Amânat uUah Bangalî, c'est-à-dire du
Bengale, prit pour takhallus le mot Schaïdâ^. Il habi-
tait Galcutta en 1 8 1 /i , époque où Bénî Narâyan écrivait
son Anthologie. Il est auteur :
1° De la traduction en hindoustani de fEucologe
musulman ou Musulmans common Prajer, à fusage des
Musulmans sunnites, volume qu'il a intitulé Hidâyat
ulislâm -, ou Guide de l'islamisme, et qui a été imprimé
' 1 1.V \ r\'v fou d'amour.
460 BIOGRAPHIE
à Calcutta en 180 4. J'ai traduit en français la première
partie de cet ouvrage, dans l'opuscule intitulé Doctrine
et devoirs de la religion musulmane, etc. La deuxième
partie contient un catéchisme dans le genre de celui
que j'ai traduit du turc sous le titre d'Exposition de la
foi musulmane, etc. Ce volume deyait être suivi d'un
autre qui n'a jamais paru : je crois qu'il devait contenir
une histoire des prophètes, extraite peut-être du Quissa-i
Païrambarân dont il a été parlé à l'article sur Mîràn.
2° Du Sarf-i urdâ \ ou Grammaire urdù en vers hin-
doustani. Ce poëme didactique a été imprimé à Calcutta
en 1810, in-S". J'en ai donné l'analyse dans le Journal
asiatique, en iSSy, je ne saurais mieux faire que d'y
renvoyer le lecteur.
3° D'une version hindoustani du Coran, intitulée
Tarjama-i Curân-i scliarif'^, c'est-à-dire Traduction du
nohle Coran. Il paraît qu'il fut aidé, dans ce travail,
par d'autres savants. On conserve cet ouvrage en ma-
nuscrit, à la hihliothèque de la Société asiatique de
Calcutta.
li° D'une traduction urdù de l'ouvrage persan inti-
tulé Akhlâcju-i Jalâli ^, ou les Caractères de Jalâl uddîn
Ardéwanî. Cet ouvrage, qui est en prose, était sous
presse à Calcutta en iSoli ^, mais je crois qu'il n'a ja-
* Vhldcuj-i Julalce , or the Ëtliics of Julalee . trunslatcd from the Persian
hy Umaiml uUah , iindrr the siiperintcndcnce of captain James Moiiat, as-
sislanl professer of Hind. lantj. [Primitiœ Orientales, iom. III, pag. xxxij.)
ET -BIBLIOGRAPHIE. 461
mais paru. Dans le catalogue des manuscrits hindous-
tani du collège de Fort-William , il y a l'indication d'une
traduction àeYAkhlcuia-i Jalâli, intitulée Jâmi ulalMâc^,
c'est-à-dire Collection des caractères. C'est le même ou-
vrage qui porte cette autre désignation : il est effective-
ment indiqué sous ce double titre, dans le catalogue
des ouvrages arabes, persans et hindoustani de la bi-
bliothèque de la Société asiatique du Bengale.
5" De différentes pièces de vers. Voici la traduction
d'une de ces pièces citée par Bénî Narâyan :
Je suis venu dans ta rue, puis je me suis retiré après avoir
beaucoup pleuré, et maintenant je me suis retiré ayant lavé mes
mains de ton union. J'étais venu dans l'espoir de gagner quelque
chose dans le bazar de l'amour, mais je me suis retiré après avoir
perdu l'argent comptant de mon cœur. Considérez un peu la pro-
menade du jardin de l'existence; oui, je m'en suis retiré après y
avoir planté le palmier de la folie. Que vous dirai-je, mes amis! je
me suis retiré du jardin de l'union , avec mon amie , après y être
resté un matin comme la rosée. Je me suis l'etiré en me plaignant,
ô mon amie, de ta tyrannie envers Schaïdâ, et de ta fidélité en-
vers mes rivaux , résultat de ton mauvais naturel.
SGHAIDA (FATH ALI).
Mîr Fath Alî Scliaïdâ ^, de Schamsâbâd ^, fds adoptil"
de Mîr Soz et disciple de Saudâ , fut , selon Alî Ibrâhîm ,
un des poètes distingués du siècle de Schâh Alam.
Mushafî parle aussi d'un poëte nommé Scliaïdâ, dis-
^ Un manuscrit porte «Xjyiw tromperie.
^ Près d'Agra , 78° 10' de longitude, 27° 2' de latitude.
462 BIOGRAPHIE-
ciple de Mîr Muhammadî Bédâr, qui était un jeune
homme d'un caractère agréable et passementier de
profession. Il résidait à Schahjahânâbâd, où il jouissait
d'une position honorable et employait ses moments de
loisir à écrire des vers. Il a laissé un diwân dont on
trouve des copies à Dehli. Mushafî en cite quelques
vers.
SGHAIDA (HENGA).
Khâjâ Hengâ Schaïdâ est un poëte hindoustani dont
Mannû Lâl cite plusieurs vers dans sa Rhétorique pra-
tique; mais je ne trouve aucun détail sur cet écrivain
dans les biographies originales.
SCHAIR.
Mîr Gulû Schâïr^ était parent du célèbre Khâja Mîr
Dard. Il se distingua par la justesse de son esprit parmi
les poètes du siècle de Schâh Alam II. Les biographes
originaux citent des extraits de ses productions.
SGHAMSGHER.
Schamscher ^ Khan Munschî fut d'abord attaché
au service du célèbre orientaliste, diplomate et mili-
taire John Malcolm, et plus tard, en 182 5, il habitait
Bangalor, dans le Mysore, où il rédigea, avec M. James
' -cLi poëtr.
^ -jyôwç^ (■pèe , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 463
Edward Alexander, une traduction en hindoustani du
Décan, tel qu'on le parle à Madras, des Voyages d'Iti-
çâm uddîn , écrits en persan par ce dernier, et dont la
Société asiatique de Paris possède un exemplaire, qui
lui a été donné par lord Ringsborough. Cet ouvrage,
intitulé ScMgarf nâma-i fVilâyat \ c'est-à-dire les Mer-
veilles de l'Europe, contient la relation d'un voyage fait
en Europe en 1766, intéressante année pour la Com-
pagnie anglaise des Indes orientales-, car c'est dans son
cours que fut conclu le fameux traité d'AUahâbâd, par
lequel lord Clive obtint du malheureux Schâh Alam le
gouvernement des provinces du Bengale, du Biliâr et
d'Orissa. Itiçâm uddîn fut chargé d'une mission de
Schâh Alam, à ce sujet, auprès de S. M. Britannique,
et ce fut le motif de son voyage, dont il crut devoir
écrire une relation. Jen ai donné des extraits dans le
Manuel du cours dliindoustani, pag. 3o et suiv.
SCHARAF.
Mîr Muhammadî Scharaf 2, neveu du nabab Khân-i
Dauran , s'est fait un nom parmi les écrivains hindous-
tani.
SCHARAR.
Mirzâ Ibrahim Beg Scharar ^ est un poëte hindoustani
00 5)» <3(-«U o>iLvi, à la lettre, livre étonnant d'Europe.
^ 0>-*2 noblesse , excellence , etc.
' jwiw étincelle.
464 BIOGRAPHIE
distingué. Il a aussi écrit en persan; en sorte que Mu-
sliafî lui ayant consacré un article dans sa Biographie
persane, il se contente de mentionner son nom et de
rapporter de lui quelques vers dans son tazkira urdû.
W. Price ^ a publié de Scharar deux gazai, qui sont
devenus dans l'Inde des chants populaires. Voici la tra-
duction d'un de ces morceaux :
Mon cœur apprécie le goût de ce doux regard. Une boisson dé-
licieuse semble en eflFet contenue dans ses yeux voluptueux. Mille
blessures sont ouvertes à cause d'elle comme des yeux; moi aussi
je montrerai mon sein brûlé par l'amour. Cette homicide beauté
n'a aucune pudeur du meurtre qu'elle a commis en me privant de
la vie ; que dis-je? elle en a été fière. La renommée du poil follet
qui lui tient lieu de moustache, est parvenue jusqu'en Syi'ie, et
la blessure de mon cœur s'est ouverte de nouveau. Le zéphyr
printanier n'a pu épanouir mon cœur; il est resté, pour toujours,
resseiTé comme le bouton ... Je suis venu dans la mer rouge de
la mort, mais je n'ai pu y demeurer un seul instant sans y périr
comme la bulle d'eau qui se forme à sa surface. Conformément
au discours de Mir', Scharar a jeté loin de lui l'argent comptant
de la vie. C'est ainsi , grâce au ciel , que la vérité de son amour a
été constatée.
SCHAUC (GULAM-I RACUL).
Mirzâ Gulâm-i raçûl Schauc ^ est un écrivain hin-
doustani dont on trouve un haït dans le Giildasta-i
nischât. Voici la traduction de cette sorte de distique :
' Hindee and Hindoostanee Sélections, pag. 4i4, i"'' édit.
'^ Mîr Taquî. Voyez son article.
■' ^ij^-vï désir.
ET BIBLIOGRAPHIE. 465
Hier, eu faisant voir ses beaux yeux, celle infidèle a, de ses
l'egards, tué le monde. Elle ne sort jamais qu'après avoir formé
sur ses cils une ligne de surma pareille à celle de l'écriture.
SCHAUG (HAGAN ALI).
Miyân et Mîr Haçan Alî Schauc naquit à Dehli. Il
était militaire, et il fut attaché à la cour du nabab Imâd
ulmuik Gazî uddîn Khan. Son maître dans l'art de la
poésie fut Sirâj uddîn Aiî Khân Arzû, chez qui Mîr l'a-
vait souvent rencontré. Ses vers sont remarquables par
l'originalité des pensées et le coloris de l'expression, Mîr
en cite environ deux pages.
Schaac est aussi le takhalius du père de Tahcîn. Voyez
ce titre.
SGHAUKAT^
Jonathan Scott, connu par sa traduction des Mille et
une Nuits, s'était aussi occupé d'hindoustani. Il nous a
fait connaître quelques pièces de vers du poète Schau-
kat, pièces d'où je tire les lignes suivantes :
Quel ange implorerai-je ? Mon cœur est atteint d'égarement. La
folie m'a été destinée ; c'est un instrument de la Providence. J'ai
caché mes pensées, ô ma bien-aimée! toutefois le dard de tes
sourcils a trouvé sa place dans mon cœur.
Je t'ai crue sans art , ô ma bien-aimée ! mais par l'effet de la
compagnie de mes rivaux, tu es devenue adroite et rusée. Qui-
conque a visité la limite du néant, n'est jamais revenu. Retourner
d'un lieu pareil, c'est chose difficile. Ainsi personne, ô Schaukat,
' ij^^J^ puissance , dignité.
I. 3o
46G BIOGRAPHIE
ne saurait renoncer à ton amour, quand même le genre humain
tout entier voudrait l'y forcer \
SCHIFA.
Hakîm \âr Alî Schifà^ était contemporain de Mu-
hammad Alî Hischmat. Voilà tout ce que dit de ce poëte
médecin Alî Ibrahim, qui, de plus, cite de lui un vers.
SGHIGUFTA (BUDH SINGH).
Budh Singh Schigufta ^ est compté parmi les poètes
hindoustani. Mannû Làl rapporte de lui un vers dont
voici la traduction ; il paraît extrait d'un Sâqui nâma :
Les buveurs ont brisé les verres, ils ont mis en pièces les bou-
teilles. Dis-moi donc, ô échanson, à qui est le jardin où sont de
pareils ivrognes ?
SCHIGUFTA (SAIF ALI).
Mirzâ Saïf Alî Schigufta Bakht , et simplement Schi-
gufta, était fds de Schujâ uddaula, nabâb d'Aoude, qui
régna sur ce pays de lySG à lyyS. Mushafî, dans sa
biographie, dit que c'était un jeune homme spirituel,
doux et modeste, qui s'occupait de poésie. Il prit d'a-
bord le takhallus de Bajân, et ensuite celui de Schi-
gufta. Il consultait sur ses productions Mirzâ Râzim
' W. Ouseley, Orienlal Collections , tom. II, pag. 896.
^ IjuCi (juérison. allusion à sa profession de médecin.
' AXÀX.W èpanoai.
ET BIBLIOGRAPHIE. 467
Ail Jawân. Ses vers sont écrits dans un style sublime
et pur, ses cacîdali surtout. Mushafî avait vu à Laklinau
la collection des poésies de Schigufta, et il en cite
quelques vers. De son côté, Mannù Lâl en cite aussi
un bon nombre dans son Guldasta-i nischât.
SGHIHAB UDDIN\
On doit à cet écrivain un recueil en vers contenant
différentes pièces, et nommément un Kok Schastar'^. Il
est intitidé Majmûa, etc. ^ La bibliothèque de la Société
asiatique de Calcutta en possède un exemplaire.
SCHIKÉBA.
Schaikli Gulâm-i Huçaïn Schikéba ^ est un poëte
hindoustani dont Mannû Lâl cite un vers seulement,
qui n'offre rien de remarquable, dans son curieux et
intéressant ouvrage intitulé Guldasta-i niscliât.
SCHIROH.
Muhammad Rizâï Schikoh '', ami de Mirzâ Catîl, est,
selon Mushafî , un poëte qui n'a pas beaucoup écrit ,
' /wtXJÎ oL<^ l'étoile de la religion.
^ Voyez, pag. 55, ce que j'ai dit des ouvrages portant ce titre.
* IaaX*»; palirnt.
^ a%iw.w dicjniiè , grandeur, etc.
3o.
/
468 BIOGRAPHIE
mais dont toutes les pièces de vers sont marquées au
coin du véritable génie poétique.
SCHOR.
Aslû^ Beg Schor^ est compté parmi les poètes hin-
doustani. Mannû Lâl cite dans sa Rhétorique pratique
un fragment d'un gazai de cet écrivain.
SGHORI.
Poëte hindoustani, natif de Lakhnau, dont le général
J. S. Harriot a recueilli des vers qu'il prise beaucoup.
SGHORISH.
Mîr Gulâm-i Huçaïn Scliorisli '\ d'Azîmâbâd (Patna),
plus connu sous le nom de Mîr Balinya, était neveu (fils
de sœur) de Mulla Mîr Wahîd et disciple de Mîr Bàkir
Hazîn. Il était très-orgueilleux et fier de son mérite. Il
a composé en rekhta un tazkira (ou biographie) des
poètes hindoustani. Il a écrit aussi beaucoup de poésies,
qui ont été réunies en diwân. Il mourut en iigS
(1781). Alî Ibrâhîm, qui le connaissait, cite plusieurs
pages de ses vers.
' ^\
- jy^ brait.
ET BIBLIOGRAPHIE. 469
SGHUHRAT.
Mirzâ Muhammad Alî Scliulirat ^ de Dehli , était un
des disciples de Yahya Mân Jurât. Il se retira à Lakh-
nau, où il vivait encore en i 196 (1781-1782). Alî Ibra-
him cite seulement deux vers de ce poëte urdû, et
Mushafî quatre.
SGHUHRAT (GULAM-I HUGAIN).
Maulawî Gulâm-i Huçain, de Gâzîpûr, passa quel-
que temps dans les honneurs avec le nabâb Fazl-i Alî
Khân, de Gâzîpûi'; puis il fut attaché, à Bénarès, au
même tribunal dont Alî Ibrahim était président. On le
compte parmi les écrivains hindoustani, et on trouve
dans le Gulzâr-i Ibrahim un échantillon de ses poésies.
SGHUHRAT (IFTIKHAR UDDIN).
Iftikhâr uddîn Alî Rhân Schuhrat , homme de lettres
distingué, était frère du nabâb Wâcic Alî Rhân. 11 ré-
sidait à Calcutta en 1 8 1 4 , et Bénî Narâyan lui était
attaché, apparemment en qualité de secrétaire. Ce der-
nier cite de lui cinq gazai , quatre dans le corps de son
ouvrage et un dans l'appendice. Voici la traduction d'un
de ces morceaux :
Elle a brûlé mon cœur au point que ma vie s'en va Ah !
regarde dans ce cœur avec Ion charmant regard qui , hélas !. y a
' «_j>wr,^ célébrité.
470 BIOGRAPHIE
fixé une flèche de telle sorte, que ma vie s'en va. En la voyant
boire du vin en compagnie d'un rival, j'en ai éprouvé un tel
chagrin, à la nuit, que ma vie s'en va. Mon cœur a ressenti une
telle agitation, qu'il comprend que cette amie a tourmenté mon
âme au point que ma vie s'en va. Le souvenir de ta stature m'a
fait lever et rester appuyé sur mon oreiller toute la nuit, au point
que ma vie s'en va. La plainte s'élève à chaque instant de mon
cœur; en effet, mon amie m'a tellement obligé à rester dans
ma demeure, que ma vie s'en va. Dans la voie de mon amour
pour toi, j'ai supporté la peine et le chagrin à tel point que,
tout vivant que je suis, je sens que ma vie s'en va. 0 Schaïkh!
ne m'interroge pas sur la religion ; cette idole impie m'éblouit
de telle façon que ma vie s'en va. J'ai fondé sur ma vie ma cé-
lébrité { Schilirat ) \ mais j'ai attaché mon cœur à une infidèle
telle, que ma vie s'en va.
J'ignore si c'est de ce poëte ou de l'un des précé-
dents, qui portent le même nom, qu'il existe un diwân
manuscrit dans la bibliothèque du vizir du Nizâm, à
Haïderâbâd.
SGHUURI.
Schuùrî ^ est un poëte hindoustani natif de Gualior '^.
Il n'est cité que dans la biographie de Mîr, qui donne de
lui un seul vers dont voici la traduction :
Pendant la saison des pluies j'ai pu regarder fixement le soleil,
et voir clairement qu'il est amoureux de loi , à la pâleur qui dé-
colore sa face.
' f^jyXMi saije , inlclliçjent, eic.
^ iOjJ'^U^i c'est-à-dire, je pense, de Jiialior ou Gualior. On pour-
rail lire aussi (Cjy^.^^%^ •
ET BIBLIOGRAPHIE. 471
SÉWA\
Auteur d'un ouvrage intitulé Rauzat uscJischaadâ -, ou
le Jardin des martyrs. C'est un recueil de marciya ou
élégies, en vers dakhnî, sur la mort de Huçaïn et des
autres membres de sa famille qui furent tués àKarbala.
Le docteur Herklots parle de cet ouvrage dans son Ca-
nûn-i islâm^. Selon C. Stewart^, il a été écrit en 1681
de J. C. Ces marciya sont chantés, dans les Imâm-hârâ^,
chaque nuit, pendant le temps que dure la commémo-
ration annuelle du martyre de Huçaïn, c'est-à-dire
pendant les dix premiers jours du mois à muharram,
et ils arrachent généralement des larmes à l'auditoire.
J'ai parlé, à l'article sur Faïyâz, d'autres ouvrages
portant le même titre et roulant sur le même sujet.
SÉWAK^
Auteur d'un masnawî écrit en dakhnî sur les guerres
de Muhammad Hanîf, et intitulé Quissa dar aluvâl-i
Muhammad Hanif, c'est-à-dire Histoire des guerres de
' l%jç.4w service, etc.
5 Pag. i63.
* Catalotjue of Tippoo's Lihrary, pag. 181.
^ Au sujet de cet édifice particulier à l'Inde, voyez mon Mémoire sur
la religion musulmane dans l'Inde, pag. 36.
' dLjÇAw H^^R serviteur, etc.
472 BIOGRAPHIE
Muliammad Hanîf, et aussi Jang-nâma, ou Livre du
combat. C'est une imitation du persan. La riche biblio-
thèque de ïEcist-India Hoiise possède un manuscrit de
cet ouvrage qui n'a pas de date , mais qui paraît ancien.
Il se compose de i3o pages environ in-/i°. Il est écrit
en caractères neskhî.
Il y a plusieurs poëmes hindoustani sur le même
sujet. On peut voir ce que j'en ai dit à l'article Azâd.
SIKANDAR.
Khalîfa Muhammad Alî Sikandar ^ était surtout très-
habile dans la composition des marciya. Il en a beau-
coup composé en hindoustani oriental ou pûrbî^, et
dans les dialectes du Marwâr et du Panjâb. Ce dernier
idiome était celui de son pays natal, car Mushafî nous
apprend que sa patrie était du côté de Lahore. Sikandar
a aussi écrit, en vers, un ouA^rage intitulé Qaissa-i Mal-
lâli 0 mâlii 0 Bâdscliâli dil Khdr^. Il était disciple de
Miyân Nâjî. Mushafi dit qu'il était aimable et spirituel,
et que dans ses vers urdû il a suivi tour à tour l'école
ancienne et la nouvelle. Malheureusement il était
adonné au vin. A l'époque où le biographe que je cite
écrivait son tazkira (1793-179/1), il avait plus de cin-
quante ans.
' j4>vj»Xiw Alexandre.
^ Voyez TAppendice à mes Rudiments, pag. 5i.
5 j\^^ J:> oUiiL j ^gU j ^^X^ .VAoi Ilisloire du warin, du
poisson et du roi maïKjear de cœur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 473
SIPAHI.
Mîr Iinâm-baksch Sipâhî ^ est un poète hindoustani
qui est cité dans Mannû Lâl. Il me paraît inutile de
donner la traduction du seul vers qu'on trouve de lui
dans le Guldasta-i nischât.
SIRAJ.
Mîr Sirâj uddîn, d'Aurangâbâd ^, prit pour surnom
poétique le mot Sirâj ^, qui fait partie de son titre ho-
norifique. C'est un des poètes les plus distingués du
Décan. Mîr nous fait savoir, dans sa biographie, qu'il
avait ouï dire cpie Sîrâj était disciple de Saïyid Hamza,
et qu'il avait mis à contribution le Bayâz ou Album de
ce dernier. Il déclare, du reste, que ses vers ne sont
pas dépourvus de goût.
Fath Alî Huçaïnî cite trois pages des vers de Sirâj , et
Béni Narâyan un gazai dont voici la traduction :
Ayant entendu la nouvelle de l'extase occasionnée par l'amour,
ni le jinn ni la fée n'ont pu subsister; ni toi, ni moi, tout ce
qui est resté , demeure privé de sentiment. Le roi de l'extase m'a
donné pour vêtement la nudité ; la couture du dépouillement de
soi-même est restée , la déchirure de la folie est restée. Un vent
a soufflé du côté du monde invisible, il a brûlé le jardin de la
joie; mais une branche de l'arbrisseau du chagrin, qu'on nomme
îe cœur, est restée verte. Quelle expression emploierai-je pour me
' j^^Aw soldat, militaire.
' Capitale de la province de ce nom , dans le Décan.
474 BIOGRAPHIE
plaindre du regard insouciant de mon amie ? J'éprouvais le désir
de boire cent coupes de vin, et cependant mon cœur est plein
de cette boisson. Ce fut un beau moment que celui où je vis le
manuscrit de l'amour; car ce qu'on lit sur le talc du livre de
l'esprit est mondain. L'effet de l'extrême surprise causée par ta
beauté a été tel, que le miroir a perdu son éclat, et la fée a
renoncé à se montrer. Le feu de l'amour a réduit en poussière
le cœur désolé de Sirâj; l'idée du danger n'est pas restée; il n'est
resté que celle d'être sans danger.
Je pense que c'est le même poëte dont il existe les
Kullijât ou Œuvres complètes en manuscrit dans la
bibliothèque du râja Cbandû Lai d'Haïderâbàd , et le
diwân sous le titre de Diiuân-i Schâh Sirâj, dans la bi-
bliothèque du Nizâm. M. Romer a aussi dans sa collec-
tion un masnawî du même écrivain.
SIVA-DAS.
Le râjâ Siva-dâs ^ est un écrivain hindou, de Jaipùr
dans la province d'Agra, à qui on doit le Siva CJiaupajî,
ce qui signifie les Quatrains de Siva , ouvrage cité par
Ward dans son Histoire de la littérature des Hindous,
t. II, p. 481.
Il est aussi auteur d'un ouvrage intitulé : Potlii lok
ûkat, ras jagat^. Comme ce titre n'oilVe pas un sens
très-clair, je nose pas le traduire, attendu cjue j'ignore
le sujet de l'ouvrage. Il est indiqué dans le catalogue
des livres de Farzâda Culî, comme rédigé d'une manière
' T3T^ <5TTT smitrar de Siva.
ET BIBLIOGRAPHIE. 475
nouvelle et peu usitée, et on y donne à l'auteur le
nom de Raé scliîv-dâs da Soubah d'Akbarâbâd.
SIVA-NARAYAN.
Siva-Nârâyàn , fondateur de la secte des Siva-Nâ-
râyanâî, était un Rajpout de la tribu nommée Nérivâna,
natif de Chandâwan, village près de Gâzîpour. Il vécut
sous le règne de Muhammad Schâh, et un de ses
ouvrages est daté de l'ère de Samvat 1791 (lySS de
J. C). Il -a laissé de nombreux écrits pour inculquer
ses doctrines. On lui attribue onze livres différents en
vers hindi , savoir :
1° Lao ou Lava Granth; 2° Santvilâs; 3° JVajan
Granth; k° Santsandara; 5° Gura Nyâs; 6° Sant AcMri;
7" Sant Opadeça; 8° Sahdâvalî; 9° Sant parwâna; 1 0° Sant
Maliima; 1 1° Sant Sâcjar.
J'ignore si c'est la collection de tous ces ouvrages
qui porte le titre de Sant Saran. Quoi qu'il en soit, le
savant professeur Wiison a un exemplaire manuscrit de
ce dernier ouvrage en trois volumes in-fol. Il se com-
pose de poëmes et d'hymnes hindi des Siva-Nârâyanâî;
il est écrit en caractères nagarî.
Il y en a un douzième, qui est le sceau de tous les
autres; mais il n'a pas encore été divulgué ; il reste à la
charge exclusive du chef de la secte. Cette personne
réside à Balsande , dans le district de Gâzîpour, où il y a
un collège et le principal établissement ^
' Asiaiic Researches. toni. XVII, pag. 3o5.
476 BIOGRAPHIE
SIVA-RAJA^
Ecrivain de Jaïpûr, à qui on doit un ouvrage intitulé
Ratna-mâla^, c'est-à-dire le Collier de perles, cité par
Ward dans son Histoire de la littérature des Hindous ,
t. II, p. 48 1. J'ignore si c'est le même dont M. Wilson
a fait usage pour son Dictionnaire : ce dernier est une
liste des noms des drogues, tant végétales que miné-
rales, en sanscrit et en hindouî.
On doit au même écrivain le Siva-sâgara^, c'est-à-
dire l'Océan de Siva, ouvrage cité aussi par Ward,
soz.
Saïyid Muhammad Mîr Soz*, de Dehli, est un des
écrivains hindoustani les plus habiles et les plus célè-
bres. Outre son mérite littéraire, il connaissait aussi
l'art de tirer les flèches et de bien monter à cheval. Il
se distinguait encore par la beauté de son écriture,
genre de talent très-estimé des Orientaux; il savait
même écrire dans les diverses manières les plus re-
cherchées. Ses vers sont d'un style clair et facile; ils
ont une facture particulière extrêmement agréable qui
le fait considérer comme le chef d'une école nouvelle.
' î<^s^ rrïT le râjâ Siva.
* j»»ui brûlure, ardeur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 477
Selon le docteur Gilchrist ' , Soz ainsi que Figân dont il
a été parlé, ont écrit avec succès dans une sorte de
dialecte particulier aux femmes, quoique, dans l'opi-
nion des Hindous, il soit inconvenant aux hommes de
s'en servir.
Au commencement de sa carrière , Soz se laissa do-
miner par la violence de ses passions sensuelles; plus
tard, c'est-à-dire dans la dix-huitième année du règne de
Schâh Alam, il entra dans la voie de la liberté spiri-
tuelle , et endossa le froc des derviches.
Mushafî nous apprend qu'il prit d'abord le mot Mîr
pour takhallus, mais que Mîr Muhammad Taquî étant
déjà célèbre sous ce nom, il le changea et adopta celui
de 5oz.Il avait plus de soixante et dix ans en lygS-i yg/i.
En 1 196 de l'hégire (i'78i-i782) il habitait Laklinau,
et partageait son temps entre la contemplation et la
prière. En 1212 (1 -797- 17 98) il alla à Murschîdâbâd ;
mais il n'y resta pas et retourna à Lakhnau , où il mourut
âgé de quatre-vingts ans ^.
Ali Ibrahim , qui cite quinze à seize pages de ses vers ,
nous fait savoir qu'il parlait fort peu et consentait diffi-
cilement à ce qu'on lui demandait. Mushafî dit au con-
traire qu'il était poli, qu'il avait l'air riant-, ce qui suppose
un caractère ouvert et aimable. Il dit qu'il l'avait connu,
et que Soz lui avait témoigné de l'amitié.
Soz a écrit en vers et en prose : ses poésies urdû sont
' Hindoostanee Grammar, p. 247, 2/i8.
^ Bénî Narâyan dit qu'il mourut à Talhor. J'ignore quelle est la ville
qu'il entend par là. Dans les cartes anglaises il y a une ville du Moultan
désignée sous le nom de TuUar.
478 BIOGRAPHIE
réunies en un divvân. On en a imprimé, dans l'Inde,
un volume in-/i.° de 67 pages, sans indication de lieu
ni d'année , mais imprimé , en effet , à Calcutta en 1810.
Toutefois ce n'est qu'un choix de ses œuvres, consis-
tant seulement en odes et en quatrains ^ Dans mon
deuxième volume, je ferai connaître quelques extraits
de cette édition. La pièce dont je donne ici la traduc-
tion n'en est pas tirée; elle est prise dans l'Anthologie
de Bénî Narâyan :
Ma vie s'en va; mes amis, retenez-la : une épine est entrée dans
mon cœur, faites-la sortir. La vie ne me convient pas ; non , elle
ne me convient pas : tuez-moi! tuez-moi! Pour l'amour de Dieu,
ô mes compagnons , appelez et retenez cette belle qui s'en va !
Si elle ne vient pas, d'après ce que vous lui direz, suppliez, ap-
pelez-la à chaque instant. Si elle se fâche et dit des injures, res-
tez silencieux, ne dites rien, ne soyez pas méchants envers elle.
Dites-lui : « Un de vos esclaves se meurt; allez le délivrer de l'ago-
« nie où il se trouve. »
Chère amie ! les soupirs des gens qui ont été brûlés par l'a-
mour sont énergiques; accepte les vœux que Soz (la brûlure)
forme à ton sujet.
SOZAN \
Ce nom est le takhallus du nahâb Mirzâ Ahmâd Ah
Khân Schaukat-jang, fils du nabâb Iftikhâr uddaula
Mirzâ Ali Khân et neveu du nabâb Sâlâr-jang Balladur.
Il vivait à Lakhnau, où il jouissait de la faveur du na-
bâb-vizir Acaf uddaula. Comme il fut dans le cas de
I
Annals of the collège of Fort-William , pag. 266.
^ /.il>v*w hràlure.
ET BIBLIOGRAPHIE. 479
fréquenter Mîr Ziyâ, il prit du goût pour la poésie urdû,
et il a laissé des vers estimés , dont les ouvrages bio-
graphiques originaux donnent des extraits.
SRUTGOPALDAS^
Ce fat le premier disciple de Kabîr. On lui attribue
la rédaction du Sukh nidhân, ouvrage dont il a été déjà
parlé à l'article sur Kabîr. Ce grand réformateur est
censé s'adresser lui-même , dans ce traité, à Dharmadâs,
son principal élève. Dans cet ouvrage se trouve exposé
le système de Kabir. Le savant M. Wilson l'a analysé
d'une manière lumineuse dans le tome XVI des Re-
cherches asiatiques, pag. 70 et suiv., et je ne puis mieux
faire que d'y renvoyer le lecteur,
SURDEY OU SUKADÉVAl
Auteur du Phâdilali-Prakâscha , livre hindi cité par
W. Ward dans son ouvrage intitulé : A View of the His-
tory, literatare and mythology of the Hindoos, etc. t. II,
p. 480.
SURHAN.
Muhammad Huçaïn Khân Sukhan ^ est compté parmi
les poètes hindoustani. Il est cité par Mannû Lâl dans
son Galdasta-i nischât.
I
^nTTnrT^CTH serviteur de Wischnou ( le gardien des Védas ).
5T<=f|/,^ , nom du fils de Vyâça.
/wsiî' discours, etc.
480 BIOGRAPHIE
SUKH DÉV^
Écrivain hindou qui florissait dans le xvf siècle sous
un raja d'Orscha, ancienne ville de la province d'Al-
lahâbâd. C'est sous le patronage de ce raja nommé
Mardan ou Mardana , que ce poëte se livrait à la culture
des lettres. On lui doit un ouvrage en vers, intitulé
Raçarnau ou Raçarnava '^, lequel traite, ainsi que le titre
l'indique, des sentiments poétiques et dramatiques. Le
professeur Wilson en possède, dans sa belle collection,
un exemplaire en caractère nagarî. Je dois à l'obli-
geance de ce savant indianiste les renseignements que
je donne ici sur cet auteur distingué.
Cet auteur serait-il le même que Sukdev ?
SULAIMAN.
Jeune homme vivement chéri par le célèbre poêle
hindoustani Saïyid Abd ullah Tâbân ^, et qui, à l'exem-
ple de son ami, s'adonna à la poésie. Alî Ibrâliîm, à
qui j'emprunte ces détails, cite de lui un seul vers.
* Ce nom est écrit dans le manuscrit de M. Wilson ÏJ bj ^ ; mais
je pense que ST^ est pour ^t9| , qui signifie repos, tranquillité, bon-
heur. Quant à Z^, c'est ici un titre d'honneur; il équivaut, à la suite
des noms hindous, au mot t-^^^-Lo, qui accompagne souvent les noms
musulmans.
' Voyez Tarticle consacré à cet écrivain.
ET BIBLIOGRAPHIE. 481
SULAIMAN-SCHIKOH.
Mirzâ Muhammad Sulaïmân-Schikoli ^ Bahâdur était
le second fils du sultan mogol Schâh Alam II, et le
frère, par conséquent, d'Akbar Schâh II, père de Sirâj
uddîn, souverain actuel de Dehli. 11 occupe une place
distinguée parmi les poètes urdû. Mushafî lui a con-
sacré , dans son tazkira , un long article où il a épuisé ,
à sa louange, les hyperboles les plus outrées de l'Orient.
Les poésies de Sulaimân-Schikoh ont été réunies en
un diwân dont il existe, entre autres, un exemplaire
dans la bibliothèque du vizir du Nizâm. Mushafî en
cite cinq pages , Béni Narâyan un gazai , et Mannû Lâl
un distique. Ce prince vivait à Lakhnau de 1 8 1 3 à
i8i /i. Il demeura ensuite à la cour de son frère Akbar
Schâh , puis il se retii^a à Agra , où il est mort le 2 /i fé-
vrier i838, âgé de quatre-vingt-deux ans. Il a laissé un
fds nommé Mirzâ Kamber, que le gouvernement anglais
de rinde a refusé de reconnaître officiellement comme
l'héritier de son père ^.
SULTAN ^
Poëte hindoustani dont Bénî Narâyan cite un gazai ,
et Târinî Charan Mitr * une autre pièce qui est devenue ,
* OkX^ /jM?vX,ui, titre honorifique qui signifie (possesseur de) la di-
<jmté de Salomon.
^ Asiatic Journal, nouv. sér. toni. XXVII, as. int. pag. i54.
' fj' Vl V^¥ sultan, roi.
* Hindee and Hindoostanee Sélections, toni. II, pag. 4io.
I. 3z
482 BIOGRAPHIE
dans l'Inde, un chant populaire, et dont je joins ici la
traduction :
Là où je suis, j'entends les gémissements du rossignol ; Allah !
Allah! Partout le chagrin accompagne mon cœur affligé; Allah!
Allah!
Au milieu de la douleur de mon cœur, je me souviens de cette
infidèle , de la pointe de ses cils et de celle des flèches ( de ses
regards); Aflah! AUah !
Pourquoi as-tu fasciné ce cœur innocent? quelle faute a-t-il
donc commise ? Allah ! Allah !
Ton amour m'a entraîné dans le puits du malheur où je suis
tombé. Telle est l'explication du songe de Joseph ; Allah ! Allah !
Laisse ce cœur insensé, ne le mets pas dans les liens; les
boucles de tes cheveux sont pour mes pieds des chaînes suffi-
santes; Allah! AUah!
Lorsque tu te montres avec sévérité, couverte d'un vêtement
rouge , ( comment ne pas dire : ) Pour quel meurtre sont ces pré-
paratifs ? Allah ! Aflah!
Tandis que je meurs de chagrin par rapport à toi, tu crois que
c'est une plaisanterie. Oh ! que mon sort est funeste ! Allah ! Allah !
Tu ne crains pas Dieu et ne connais pas l'amitié ; tu es un
être injuste, au cœur de pierre et sans pîr^; Allah! Allah!
Mon cœur s'en est allé de ma main (je n'en suis plus le maître);
la force et l'énergie m'ont quitté, à cause de celle dont la poussière
des pieds est pour moi la pierre philosophale ; Allah ! Allah !
Je baiserai la main du peintre qui a tiré le dessin du visage
de mon amie ; Allah ! Allah !
A quoi bon décrire ta beauté? Qu'il me suffise de dire que
Dieu t'a ornée, et que tu es un rayon de son éternelle lumière;
Allah ! Allah !
O toi qui es le repos du cœur! depuis que Sultan a vu ta
face, son existence a été rajeunie; Allah! Allah!
' Sur ce mot, voyez mon Mémoire sur la religion musulmane ilans l'ïnde ,
pag. i5.
ET BIBLIOGRAPHIE. 485
SUNDAR OU SUNDAR-DAS^
Célèbre poëte erotique hindouî à qui on donne le
titre pompeux de Kavirâj , roi des poètes, ou de Mahâ-
kavi, grand poëte. On le nomme aussi Kahisivar, c'est-
à-dire Prince des poètes. Il florissait sous le règne de
Schâh Jahân , et il a écrit ses ouvrages sous le patronage
de ce prince , dont il loue la générosité dans la préface
du Sundar singâr ou sringâr'^, c'est-à-dire l'Ornement de
l'amour, ouvrage qu'il écrivit en 1 688 du Samvat (i 682
de J. C). Il paraît que dans cette production, comme
dans les ouvrages de Matirâma , on trouve des descrip-
tions d'amants et de maîtresses systématiquement classés
par leurs tempéraments , leur âge et d'autres circonstan-
ces, et définis logiquement avec le sérieux et la pré-
cision élaborée des écrivains classiques. Ces poèmes ne
sont point plaisants ni badins, mais légers, et ils parais-
sent être dans le goût de la nation ^. M. Wilson a un
manuscrit de cet ouvrage dans sa riche collection. Il y
en a un aussi sous le titre de Pothi Sundar sincjâr, à la
bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta; mais
dans le catalogue des livres de cette bibliothèque , l'au-
teur est indiqué sous le surnom seul de Mahâkavi J'i-
gnore si Sundar-dâs est auteur du livre intitulé Pothi
Sandar bidya", le Livre de la belle science, omTage
' H^T 7tT^ serviteur de Kâma ( l'Amour ).
■^ HS? TH^TTT, ou d'après l'orthographe sanscrite, J<^J(|^.
5 Asiatic Rcsearches, tom. VII, pag. 220, et toni. X, pag. 420.
3i.
/i84 BIOGRAPHIE
dont on trouve l'indication dans le catalogue de Farzâ-
da Culî.
On doit aussi au même Sundar une rédaction en
dialecte braj-bhâkhâ du Singhaçan battici \ ou les Trente-
deux histoires du trône , ouvrage qu'il traduisit du sans-
crit par ordre de l'empereur Schâh Jahân. C'est, je
pense , cette version que Ward cite dans son Histoire
de la littérature des Hindous -, sous le titre de Singaçana
vatrischi. La rédaction urdû du même ouvrage a été faite
d'après celle de Sundar.
Sundar-dâs est encore auteur du Jnjâna samudra^,
ou l'Océan de la science , qui est un traité de philo-
sophie.
SURAT.
Sûrat Kabîschwar traduisit le Baïtâl Pacliîci "■ en
braj-bhâkhâ, sous le règne de Muhammad Schâh, et
d'après l'ordre du râjâ Jaïsingh Siwaî, gouverneur de
Jaïpour, le même qui demanda aux rois de France et
de Portugal de lui envoyer des savants, et qui fit tra-
duire en sanscrit les Eléments d'Euclide ^. L'original
sanscrit intitulé Vétâla PancJiavinsati, ou les Vingt-cinq
(Histoires) du Vétâl (ou Baïtâl), a pour auteur Sîva-
dâça; mais il est apparemment perdu, car le laborieux
' Voyez l'article sur Lallû.
- Tom. II, pag. 48o.
' 5!i|«i ^7{T Asiatic Rescarches, toni. XVII , pag. 3o5; Mackenzie ,
tom. II, pag. 109.
'' Voyez l'article sur Lallû.
'■' Asiatic Researches, tom. X, pag. 9.
ET BIBLIOGRAPHIE. 485
Hindou Kâlî Krischna a donné une traduction anglaise
de cet ouvrage, d'après le texte braj-bliâkhâ^. Ce recueil
de contes fait aussi partie d'une collection plus consi-
dérable et très-célèbre d'anciens contes sanscrits, in-
titulée Frihat kathâ, ou la Grande Histoire, à laquelle
appartient aussi le Singhâçan battici (en sanscrit, Sinliâ-
çana dvâtrinsati), ou les Trente-deux contes du trône
enchanté, et une grande partie de YHitopacléça et du
Panchatantra'^. La grande collection dont il s'agit est
due à Soma-déva ^ : elle a été rédigée, à ce qu'il paraît,
dans le xn* siècle de notre ère. Il existe un abrégé de
ce volumineux recueil : il est intitulé Kathâ sarit Scujara,
c'est-à-dire l'Océan des rivières des histoires.
J'ignore si la version de Surat, du Baïtâl pachîci, est
la même que celle qui est citée parWard, sous le titre
de Vétâla pacMcî , dans son Histoire de la littérature , etc.
des Hindous, t. II, p. /i8o.
Il existe , du reste , des versions de cet ouvrage ainsi
que du Singhâçan battici, dont on vient de parler, dans
plusieurs langues modernes de l'Inde. Voyez ce que
j'ai dit à ce sujet, dans mon article sur les ouvrages
du Maharaja Kâlî Krischna, dans le Journal des Savants
( i836, pag. /iiZi).
' Bjtal Puchisi, or the twenty five taies of Bjtal, transJated from ihe
Bruj-hhahha into Enfjlish , Calcutta, i834, in-8°.
^ Eugène Burnouf, Journal des Savants, i833, pag. 286. On a donné
l'analyse du Vrihat kathâ, dans le Calcutta monthly Magazine, années
1824 et 1825. Cette analyse a été reproduite dans le Blackivood's Edn-
hurcjli Magazine, n° de juillet 1826.
^ Préface de la première édition du Dictionnaire sanscrit de Wilson ,
pag. xi.
486 BIOGRAPHIE
SURDAS\
Célèbre poëte et musicien hindou , fils de Baba Râm-
dâs, aussi musicien. Sûrdâs était aveugle; il vivait vers
la fin du XVI* siècle et dans la première moitié du xvn^
Il est auteur d'un grand nombre de chants populaires -,
surtout d'hymnes religieux en hindouî, de différentes
longueurs, mais généralement courts. Dans le premier
vers de ces chants, le sujet est indiqué, et il se trouve
répété à la lin du poëme. Ces vers sont généralement
chantés par les faquîrs vaïschnava. Surdâs est l'inven-
teur du Bischanpad (ou Vischmi pada), sorte d'hymne
en riionneur de Vischnu, auquel il était très-dévot. On
le considère même comme fondateur d'une secte de
Vaïschnava^, car les mendiants aveugles qui chantent
des hymnes de lui, au son d'instruments de musique,
sont nommés Sârdâcî.
La collection de ses poésies qui, chose singulière,
est écrite en caractères persans , porte le titre de Sûr
Sâgar'^ ou Bal lilâ^. C'est une espèce de diwân formé de
" ^i ^IH serviteur du soleil ( Sûiya ) .
^ Price en cite plusieurs dans les Hiudee and Hindoostanee Sélections ,
parmi les chants populaires liindî.
^ Asiatic Researches, tom. XVI, pag. 48.
* OLu) j3-*w, c'est-à-dire l'Océan de Sûr [dâs).
^ 5^^ Jlj- Dans le manuscrit de ce recueil, qu'on trouve à la biblio-
thèque de VEast-India House, n° 2082 de la belle collection Leyden, le
premier titre se lit sur la couverture et à la fin du volume, et le second
a été écrit sur le revers de la première page. Le premier titre se trouve
sur deux manuscrits de ce recueil que possède la Bibliothèque royale de
ET BIBLIOGRAPHIE. kSl
petits poëmes ressemblants à des gazai, et portant pour
titre le mot Râg \ accompagné d'mie des dénomina-
tions particulières des râg ou des ragni^. Le nom du
poète se trouve dans le dernier vers , d'après l'usage des .
poètes urdû. Il y a un exemplaire de cet ouvrage dans
la bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta,
qu'on dit être en prose (apparemment parce que les
vers sont écrits à la suite les uns des autres , comme de
la prose), dans le catalogue de la même collection. Le
même ouvrage est cité par Ward^, parmi les livres
Paris, savoir : au n° 80, fonds Gentil, manuscrit qui a été copié à Su-
rate , en 1180 de Thégirc, et au n° 2 du fonds Polier. Ce dernier est
beaucoup plus considérable que l'autre; il en diffère essentiellement.
Celui de Gentil a été copié par un Musulman, qui a commencé par les
mots sacramentels /<\..s».wjl /j<5>-)Ji ^1 fi>**«> au nom da Dieu clément
et miséricordieux. Celui de Polier commence, au contraire, par les mots
y-ifi jJ^iU» Uû^lj ç^yMu Sri Râdhâ aux doux amusements. On lit au
frontispice: ov^l ^î yLA-«ji> dJTj ^^Lc j5Ia»i j^»w c_>U^> ,
c'est-à-dire Livre du Sûr Sâcjar cjui comprend tous les râcj. Malheureuse-
ment il est de plusieurs écritures différentes, et il semble formé de plu-
sieurs autres manuscrits. Dans quelques endroits il y a des notes interli-
néaires en persan. Il paraît se terminer par une portion du Bhacjavat. Le
premier ne renferme, peut-être, qu'un choix de râg. Je ne trouve pas,
du reste, les mêmes pièces dans les deux manuscrits; ce qui n'est pas
étonnant, puisqu'on dit que Sûrdàs a composé cent vingt-cinq mille
pièces devers nommées ^ada ou quatrains. Wilson, Asiatic Researches .
tom. XVI, pag. 48.
^ Plusieurs des noms de râg ou ragnî, employés dans cet ouvrage, ne
se trouvent pas dans le tableau qu'en a donné Gilchrist dans sa Gram-
maire, pag. 276 et suiv. Il est probable que quelques-uns de ces râg
ont différents noms synonymes; d'ailleurs il y a plusieurs systèmes de
classification des modes musicaux.
' Historj, etc. of the Hindoos, tom. II, pag. fySo.
488 BIOGRAPHIE
hindî. J'ignore si le Ras lila ^, qui est aussi cité par lui
comme un ouvrage de Surdâs , en dialecte de Bandel-
kand , est un autre titre du même recueil , ou si c'est un
ouvrage à part. J'ignore aussi si le livre intitulé Riçâ-
la-i râg, qui est indiqué comme un ouvrage en vers sur
la musique , par Sùrdâs , dans le catalogue des livres de
la Société asiatique de Calcutta, est le même ouvrage.
Ward cite encore le Sârdâs kavitva (poëme de Sùrdâs),
livre qu'il dit écrit dans le dialecte de Jaipûr^.
On attribue enfin à Sùrdâs un long poëme épique,
si on peut le nommer ainsi, en dizains, intitulé iVa/
Daman ou Bhâhhâ Nal Daman'^, ou enfin Quissa-i Nal
Daman, c'est-à-dire Histoire de Nal et de Daman ^,
personnages célèbres dans l'Inde, nommés en sanscrit
Nala et Damayanti. Serait-ce de ce texte que Faïzî , ïvhve
du ministre d'Akbar, Abu Fazl, traduisit le roman per-
san qui roule sur le même sujet? car il est dit, dans
\Ayeen-i Akberj, que cet ouvrage a été traduit de l'iiin-
douî^. Il y a une autre Histoire de Nal et de Daman à la
bibliothèque de VEast-India House, intitulée Qaissa-iJSal
0 Daman; elle est indiquée comme une traduction du
sanscrit. C'est un volume in- 4° de 3oo pages (n° 433,
fonds Leyden).
' Historj, etc. of ihe Hindoos , pag. 48 1.
'- Ici. ibid.
^ Ces mots signifient i\la lettre Nal daman, en roman (langue romane
de rinde ) .
* Je possède , dans ma collection particulière , une belle copie de cet
ouvrage, en caractères persans comme les ouvrages de Sùrdâs. Elle a
été faite àDehli, en 1752-1753, sous le règne d'Ahmad Schâh.
^ Tom. I, pag. 1 o/i
ET BIBLIOGRAPHIE. 489
SURUR.
Mîr Muhammad Khan Surûr ^ est un poëte hindous-
tani distingué dont Mannû Lâl cite plusieurs vers dans
son Guldasta-i niscliât. Voici la traduction de deux de
ces vers seulement qui sont très-remarquables dans
l'original :
Ne jette point sur ma tombe des fleurs odorantes de tulipe.
Puisque ce sont tes yeux fendus en amande qui m'ont privé de
la vie, jettes-y plutôt des fleurs d'amandier. Mais que dis-je! si
tu passes une seule fois auprès de la tombe de ton amant, tu
vivifieras celui que tes charmes ont fait périr.
SURUR (HIMAYAT ULLAH).
Himâyat ullah Rhân Surûr est compté parmi les
poètes hindoustani; mais on me dispensera de donner
la traduction du seul vers que Mannû Lâl cite de cet
écrivain , dans son excellent ouvrage intitulé Guldasta-i
nischât.
TARAN.
Mir Abd ulhaïyî Tâbân '^, de Dehli , était un écrivain
hindoustani aussi remarquable par la beauté de son
visage que par son esprit et son talent poétique. Il fut
d'abord élève de Schâh Hâtim , puis de Muhammad Alî
Hischmat, qui lui-même l'avait été de Muhammad Ganî
' j^Y^ joie, etc.
^ (julï rrsplcncUssant.
490 BIOGRAPHIE
Beg Cubûl, de Cachemire. Il reçut aussi des leçons de
Muhtascliam Ali Khan Hischmat, frère de Mîr Wilâyat
ullah, et fils de Mîr Baquî. Il fut lié avec Mazhar et
Saudâ. Ce dernier avait même revu un grand nombre
de ses vers. Tàbân est auteur d'un diwân hindoustani
qui a de la célébrité. Mîr Taquî, Mushafî et Fatli Alî
Huçaïnî en citent plusieurs pages. Lutf assure qu'il n'y
avait personne , à Dehli , qui lui fût comparable pour la
beauté , si bien qu'il faisait perdre la raison à toutes les
femmes. Il fut néanmoins insensible à leurs avances,
et il s'attacha à un jeune homme nommé Sulaïmân,
connu sous le nom de Schâh Salaïmân, et qui faisait
profession de l'état de demche. Mushafî parle avec
enthousiasme de la beauté enchanteresse de ce poëte;
néanmoins il ne l'avait pas connu, le loup de la mort
l'ayant dévoré jeune encore avant l'arrivée de ce bio-
graphe à Dehli en 1776; mais il avait vu son portrait,
à Chandnî Chauk (grande rue), dans la boutique d'un
marchand d'objets d'occasion, cpii avait des collections
de portraits de différents genres. Tâbân descendait de
Mahomet par son père et par sa mère. Mîr, qui nous
l'apprend, en fait un pompeux éloge plein de méta-
phores charmantes dans foriginal persan, mais généra-
lement peu propres à être appréciées en français. Mîr
avait été lié avec lui. Toutefois il y eut ensuite entre eux
de la froideur occasionnée par la mauvaise habitude,
qu'avait prise Tâbàn, de se livrer à la boisson; habitude
telle, qu'on le trouvait ivre quand on allait le voir, ce
qui avait déterminé ses amis à cesser leurs visites. Il finit
par leur écrire pour leur annoncer qu'il avait renoncé
ET BIBLIOGRAPHIE. 491
à la boisson. Il tint effectivement sa promesse, mais
une mort prématurée l'arrêta dans sa nouvelle vie.
Selon Lutf , Tâbân mourut dans un âge avancé : ce
biographe nous fait savoir qu'il le connut vieux à Lakh-
nau en 1201 de l'hégire (1 -786-1787), et qu'à cette épo-
que son extérieur annonçait que la grande réputation de
beauté qu'il avait eue était méritée.
Bénî Narâyan donne de Tâbân trois pièces de vers;
voici la traduction d'une de ces pièces :
Qu'est-ce que l'amour? Il faut le demander à un homme
parfait dans ce sentiment. Comment vient-il dans le cœur? H
faut le demander à quelqu'un qui lui ait abandonné son cœur.
Quel agrément y a-t-il d'être tué par la main de son amant, dans
l'agitation de l'amour? Il faut le demander à celui qui a été
immolé de cette manière. Quel est l'effet produit par la blessure
de l'amour? Il faut le demander à celui qui a été atteint par
l'épée des sourcils. Aucun moyen de m'unir à mon amie ne
vient à mon imagination ; il faut demander la façon dé s'unir à
elle, à quelqu'un qui ait joui de son union. C'est dans l'éloigne-
ment de l'objet aimé, que je vois ce que sont réellement les
soupirs et les gémissements. Il faut demander au cœur, ô Tâbân !
ce qui s'y passe dans cet instant.
TACALLI.
Lâla Tikâ Râm Taçaili \ fils de Gopal Raé Bakhschî ,
général d' Açaf uddaula , et frère cadet de Lâla Bhola
Nâth, président du tribunal militaire du même nabâb
d'Aoude, est un Hindou qui s'est livré, avec succès,
à la culture de la poésie urdû. Le biographe Mushafî,
' (JLmJ consolation.
492 BIOGRAPHIE
qu'il avait quelquefois consulté, fait l'éloge de son talent
et de ses bonnes qualités. Ses ancêtres étaient origi-
naires du district d'Etawa, dans la province d'Agra :
quant à lui, ce fut à Lakhnau qu'il naquit. Il n'avait
guère plus de vingt-cinq ans en 1798, et à cette épo-
que il avait déjà une réputation très-étendue. On a de
lui, en hindoustani (car il faisait aussi des vers persans),
1° Des masnawî en grand nombre.
2° Deux divvân, dont les copies circulent paimi le
public lettré de l'Inde.
Musliafi rapporte de lui quatre pages de vers. Je me
contenterai de donner la traduction d'un gazai de ce
poëte , cité par Bénî Narâyan :
Si tu ne passes pas dans le jardin , au lever de l'aurore , le
zéphyr n'ira pas auprès de la rose , pour lui donner cette odeur
qui en fait le charme. Il n'y a personne dans le monde qui ne
donne à -ton amour une place dans son cœur. ( Je me livre avec
ardeur à cet amour) , et cependant il semble que tu ne veux pas
laisser le zéphyr s'élever, jusqu'à ce que tu aies répandu, de rue
en rue, la poussière de ma destruction. Qui, dans le monde,
s'informera de l'état de Taçallî, si tu n'as pitié loi-même de son
état , ô mon amie !
TACAUWUR.
Saïyidlliçân Huçaïn Taçauwur \ fils du Saïyid Haïdar
Huçaïn Khan, était des Saïyid qui descendent de l'i-
mam Zaïn Ulàbidîn. C'est un poëte hindoustani que
Mushafî nous représente comme un jeune homme de
belle apparence et plein de bonnes qualités. Il était âgé
* j^j^a^ Jfnatji nation , contemplation, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 493
de vingt-cinq ans seulement à l'époque où le biographe
que je viens de citer écrivait son tazkira, c'est-à-dire
en 1793. Il fut disciple de Miyân Calandar-bakhsch
Jurât. Ali Ibrahim le dit auteur d'un grand nombre de
poésies urdû.
TAHGÏN.
Mîr Muhammad Atâ-é Huçaïn , surnommé Mukhâtih
ou orateur, prit d'abord pour takhallus le nom d'action
arabe Taficîn\ et, après la mort de son père, le mot
composé Miirassa-racam ^. Il était fds de Mîr Muham-
mad Bàquir, qui avait le takhallus de Schauc (amour).
Ce fut la lecture des vers de Saudâ qui lui inspira le
désir de s'occuper de la poésie hindoustani. Il demeura
tour à tour à Calcutta, à Azîmâbâd (Patna) et à Faïz-
âbâd, où il fut bien traité par le nabab Schujâ uddaula
Abu'lmançûr Khân Balladur Safdar-jang, et par Mirzâ-i
Jî Khân Bahâdur Hizbar-jang, à la louange duquel il
composa un cacîdah dont il lui fit hommage. Il paraît
que c'est par Tordre du premier qu'il fit l'ouvrage, dont
le titre hindoustani est, je crois, Gulclasta-i dâstân, ou
Bouquet d'histoires , ouvrage que Hizbar approuva aussi
et dont on conserve un exemplaire au British Museam,
sous le titre de Historiée jiiciindœ Hindostanicè, petit in-fol.
Cette histoire n'est autre que celle des Quatre Derviches,
dont la rédaction intitulée Bâg 0 haliâr, par Amman de
Dehli, est plus connue et plus estimée. Tahcîn la tra-
' (jv-v*.:*" approbation.
^ ^y^j lUoyA écriture dorée.
494 BIOGRAPHIE
duisit du persan de Khiisraii \ et il donna à son travail
le titre de : Nau tarz-i marassa ^, qaissa-i chahâr darwesch.
On trouve qu'il a laissé dans sa version trop d'expres-
sions persanes et arabes. Il y a deux exemplaires de cet
ouvrage parmiles manuscrits du collège de Fort-William,
et un exemplaire dans la bibliothèque de la Société
royale asiatique de Londres , écrit en 12/11 de l'hégire
(1826). Il y a aussi parmi les livres du vizir du Ni-
zâm, dont je dois le catalogue à l'obligeance du colonel
J. Stewart, un manuscrit en dialecte hindoustani-urdù ,
intitulé Qaissa-i chahâr darwesch, ou Histoire des quatre
derviches; mais j'ignore si c'est la même rédaction.
TAHCIN UDDIN.
Le schaïkh Tahcîn uddîn ^ est l'auteur du poëme
dakhnî intitulé Histoire de Kâmrâp etKalâ'^, ouvrage que
j'ai publié sous le titre de Aventures de Kâmrûp. Il n'est
pas sans utilité de remarquer que Tahcîn uddin ne peut
être que le titre honorifique de l'écrivain dont il s'agit.
Dans mi manuscrit que j'ai acquis depuis l'impression
de cet ouvrage, le vers final porte ce qui suit :
Fazlî Alî a fini d'écrire cette histoire, par la faveur de l'il-
lustre Mahomet , l'ami de Dieu.
' Voyez ce qni a été dit à ce sujet, pag. 6i.
~ lUoyA j Jo *3 nouvelle rédaction ( à la lettre, arrangement) enrichi
de joyaux , etc. Ce dernier mot a été mis évidemment pour faire allusion
au surnom de l'auteur.
'" / w>*3^3! M^'**'^ l'approbation de la rrl\(jion.
ET BIBLIOGRAPHIE. 495
II semblerait, d'après cela, que l'auteur de Kâmrûp
serait ce Fazlî Alî, et en effet ces mots pourraient bien
être le nom propre de Tahcîn uddîn; mais je pense que
c'est simplement le nom du copiste de ce manuscrit ^.
Ce manuscrit diffère, du reste, des trois copies qui
ont servi à mon édition, comme ces copies diffèrent
entre elles.
Sir Gore Ouseley possède aussi un exemplaire de
cet ouvrage, et on trouve l'indication d'autres exem-
plaires dans les catalogues de différentes bibliothèques
de l'Inde.
Le célèbre Goethe ^ dit qu'il doit au professeur Ko-
segarten la traduction exacte du commencement du
poëme inappréciable (unschàtzbare) de Camarapa, et
qu'il lui a causé un plaisir infini. J'ignore si cette tra-
duction a été faite sur le texte hindoustani ou sur l'ou-
vrage persan en prose, relatif au même sujet, dont je
possède deux exemplaires, et dont M. Jomard a donné
dernièrement à la Bibliothèque royale un bel exem-
plaù-e enrichi de fort jolis dessins.
Il y a à YEast-India House, sous le n" 42 3 du fonds
Leyden, un masnawî intitulé Histoire en vers daklinî dé-
signée sous le nom de Kâlâ Kâm ^. Ce titre semblerait
annoncer une Histoire de Kola notre héroïne; mais je
pense que c'est un autre roman dont le sujet est tout
différent. Il y est, entre autres, question de conversions h
la religion musulmane, autant que j'ai pu en juger en le
' Voyez, au surplus, l'article sur P'azlî Alî.
- Dans le tome XXXII de ses œuvres, pag. 194.
496 BIOGRAPHIE
parcourant; car le copiste y a laissé de nombreuses la-
cunes , quand apparemment il n'a pu lire le manuscrit
original; ce qui fait qu'il est difficile de suivre le sens.
J'ignore le nom de l'auteur de cet ouvrage. La copie de
VEast-India House semble écrite par une main euro-
péenne, quoiqu'on lise, à la fin du volume, que le
copiste se nomme Saïyid Muçâ Rizâ Ali.
TAJARRUD.
]VIîr Abdullah Tajarrud ^ fut disciple du saïyid Abd
ulwalî Uzlat, ainsi que ce poëte l'a dit lui-même. Il
naquit dans le Décan , où il se distingua par son talent
pour la poésie. Mîr et Fath Ali Huçaïnî ne citent de lui
que le vers dont la traduction suit :
Ton visage a une gentillesse inconnue aux anges ; le soleil ne
peut en donner une idée au monde qu'il éclaire.
TAJJALLI.
Muhammad Haçan , connu sous le nom poétique de
TajjaUi-, est un écrivain dont Mannû Lâl, dans son Gal-
dasta-i niscMt, cite plusieurs vers écrits dans le style et
avec les métaphores qui plaisent aux Orientaux.
TAJJALLI (HAJJI).
Miyân Hâjjî Tajjallî était fils de Mîr Muhammad Kalîm
' i»j^ isolement, célibat.
^ /Ji-;*' éclat, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 497
et neveu (fils de sœur) de Mîr Muhammad Taquî, Selon
Mushafî, il n'avait pas son pareil comme poëte hin-
doustani. Il est auteur :
i" D'un diwân dont les gazai, du mètre nommé kâ-
mil, mode ancien, particulier aux poésies arabes, ont
eu beaucoup de vogue parmi les habitants de'Dehli.
2° D'un masnawî sur la légende de Laïla etMajnûn.
3° De beaucoup de mukhammas et de muçaddas.
En 1793 il était âgé de quarante ans environ. Il
était militaire , et il servit en cette qualité avec distinc-
tion. Mushafî, de qui nous tenons ces détails, était lié
avec lui. Il donne environ une page de ses vers comme
un échantillon de ses œuvres. Voici la traduction d'un
court poëme de cet écrivain cité par Béni Narâyan :
Lorsque tu as reçu dans ton cœur la flèche de son regard et
que tu as été en proie à l'évanouissement, on dirait que cet éva-
nouissement est pareil à l'agonie de l'animal offert en sacrifice.
Que ferai-je, ô mes compagnons! puisque je n'ai pu soutenir
ses regards sans que la défaillance soit venue à mon cœur? Quel
meurtre n'a-t-elle pas commis ? mais , en voyant le sang couler,
le meurtrier a été sans assurance, défaillance a été au meurtrier.
La couleur de la joie est venue sur le visage de la rose, et je
me suis épanoui comme le bouton , à mesure que cette beauté
aux joues de rose est venue. Ta vie s'en ira actuellement dans
l'agitation, ô chasseur! Ne dis point que la saison du printemps
est revenue dans le jardin. Etant mort, je me suis mêlé avec la
terre. Hélas ! le repos n'est pas venu cependant à mon cœur agité.
Pourrais-tu douter de ma fidélité, ô injuste amie ! Prends, si tu
veux , une épée pour donner un exemple , et brandis-la sur ma
tête. Tajjallî a ouvert les yeux dans la bière, quand il a entendu
que cette amie est venue. Voyez quelle est son ardeur, quoiqu'il
soit mort.
I. 32
498 BIOGRAPHIE
TALAB.
Schâh Muschtâc Talab ' fut le maître de Sanâ , poëte
hindoustani, natif de Patna, dont il a été précédemment
parlé. Qn le compte, lui aussi, parmi les écrivains urdiî.
TALI.
Mîr Schams uddîn Tâli ^ était un jeune homme des
environs de Lakhnau, qui a acquis de la réputation par
son talent poétique. Son esprit et sa physionomie inté-
ressante le faisaient remarquer; malheureusement les
serres du faucon de la mort , pour me servir de la mé-
taphore de Fath Ali Huçaïnî , saisirent de bonne heure
l'oiseau de son âme. Le biographe que je viens de citer
donne plusieurs vers de ce jeune écrivain.
TALIB.
Tâlib ^ Huçaïn Khan, fils de Miyân Askarî, était un
jeune homme très-distingué par son esprit, et d'un ca-
ractère ouvert et aimable, qui était attaché en qualité de
dâroga '' au prince royal Muhammad Sulaïmân-Schikoh.
Ses relations avec des gens de lettres qui s'occupaient
de poésie lui donnèrent du goût pour cet art. Il consulta
sur ses premiers essais Mîr Inschâ ullah Khan qui fai-
^ t-Jds demande , etc.
^ îtîUs prospérité.
^ «.-olis amant, etc.
* Siirintendanl, premier ofTicier.
ET BIBLIOGRAPHIE. 499
mait comme un frère, et aussi apparemment Mushafî ,
qui se flatte dans sa biographie d'avoir eu sa confiance.
11 a laissé des poésies hindoustani ; Mushafî en cite des
fragments.
TAMANNA.
Khâja Muhammad Alî Tamanna^ d'Azîmâbâd, fils de
Khâja Abd ullah Tayîd, est un poëte distingué qui fut
lié avec Alî Ibrahim. Ce dernier cite de lui dans son
Galzâr quelques vers dont il fait féloge.
TAMANNA ( ASCHIQU-I ALI).
Aschiqu-i Alî Khân, connu sous le surnom poétique
de Tamannâ, est un écrivain hindoustani dont Mannû
Lâl cite dans son Gnldasta-i niscMt un vers qui signifie :
La terre est une chose agréable dans mes rapports avec ma
bien-aimée; lorsqu'elle veut m'écrire, c'est sur le sable qu'elle
dépose ses pensées.
TAMRIN.
Miyân ou Mîr Salâh uddîn Tamkîn^, de Dehli, était
un derviche qui vivait du temps de Muhammad Schâh,
et qui se distinguait par l'indépendance et l'originahté
de sa conduite. Ses poésies hindoustani sont estimées.
Mîr, Fath Alî Huçaïnî et Alî Ibrahim en citent un seul
et même vers dont voici la traduction :
Le jour où Dieu a créé l'amour et la beauté, il t'a faite une
pérî, et il m'a rendu fou de toi.
• L^jf désir, demande, etc.
^ ' - ^ ir pouvoir, etc.
32.
500 BIOGRAPHIE
TAMRIN (SIRAJ UDDIN).
Mîr Sirâj uddîn Tamkîn est un autre poëte hindous-
tani plus moderne, qui est cité seulement dans l'ou-
vrage de Mannû Lâl intitulé Guldasta-i niscMt
TANA.
Tânâ ^ est le surnom poétique du dernier sultan de
Golconde, de la dynastie Cutbschâhi, connu dans l'his-
toire sous le nom à'Ahadiaçan '^ Schâh. Lutf, qui lui
consacre trois pages de son taskira, en fait un pom-
peux éloge. Lorsque la ville de Golconde eut été livrée
par trahison, en 1690, au célèbre Aurangzeb, il retint
Abû'lhaçan prisonnier dans cette ville. Ce dernier mou-
rut (en lyo/i), parce que, selon Lutf, il ne pouvait
dans sa détention se donner toutes les aises auxquelles
il était habitué. A ce sujet, ce biographe s'étend sur
l'instabilité des choses humaines et sur le néant des
grandeurs. Il exprime tour à tour ses pensées en prose
et en vers; mais comme elles n'offrent rien de particu-
lier, je me dispenserai de les reproduire ici.
' Apparemment pour /jww, nom d'action de la racine -lî , signifiant
gémissement.
^ Ou Abu Huçaïn.
ET BIBLIOGRAPHIE. 501
TANHA.
Muhammad Ica Tanliâ ' naquit à Lakhnau. Ses ancê-
tres étaient de Dehli , et il alla y habiter lui-même. En
effet, Bénî Narâyan nous dit qu'en i8i/i, époque où il
écrivait son Anthologie , Tanhâ résidait dans cette der-
nière ville. Il avait vingt-sept ans en i 793, et par con-
séquent quarante-huit en 1 8 1 4 . Il avait embrassé l'état
militaire. Mushafî dit, dans sa biographie, qu'il joignait
aux qualités de l'esprit celles du cœur. Dès son enfance,
il fit des vers qui annonçaient un talent naturel pour la
poésie; arrivé à fàge viril , il écrivit des pièces remarqua-
bles par la brillante imagination qui les animait. On a
de lui des poèmes de différents genres, entre autres des
marsiya et des salâm. Mushafî cite trois ou quatre pages
de ses vers, et Bénî Narâyan en donne un mukhammas.
TAPAN.
Mîrzâ Ahmad Tapân^ est un poète hindoustani distin-
gué dont Mannû Lâl cite un cacîdah. Voici la traduction
de trois vers seulement de ce poème :
Je vais çà et là comme le zéphyr errant. A quelle fleur mon
cœur doit-il s'attacher?
Mes pleurs, à f extrémité des cils, ressemblent à f enfant du
jongleur en haut du bambou
Dans quelles délices se serait passée la nuit de l'union, si je
n'avais appréhendé l'aurore !
' l.<Jo seul.
^ CJ^^ pai^jftt/if, agité.
502 BIOGRAPHIE
TAPISCH.
Miihammad Ismaïl, autrement dit Mirzâ Jân Ta-
pisch \ de Dehii, était originaire de Bokhara, patrie
de son père. Il était Mogoi de nation, et descendait du
saïyid Jalàl Bukhârî. C'est un poëte hindoustani très-
célèbre, auteur, entre autres, d'un ouvrage intitulé
Schams ulhayân'^, ou le Soleil de l'élocution, ouvrage
qui consiste en une collection de proverbes avec des
exemples en rubâî, en quita et en misra. Il a écrit dans
le pur hindoustani nommé thenth ^. Ses poésies ont
été réunies sous le titre de Kulliyât ou Œuvres com-
plètes. La bibliothèque du collège de Fort- William, à
Calcutta, en possédait, je crois, l'exemplaire original.
Il est en outre auteur d'un ouvrage en vers hindous-
tani; c'est un masnawî intitulé BaMr dânisch \ ou le
Printemps de la science. On en conserve, dans la bi-
bliothèque de la Société asiatique de Calcutta, un ma-
nuscrit qui provient du collège de Fort- William. L'ori-
ginal persan de ce livre est dû au schaikh Inâyât uîlah.
Il a été traduit en anglais, d'abord en partie par le
colonel Dow, puis en entier par Jonathan Scott, qui en
a rendu fautivement le titre par Garden of hiowledge.
Enfin il a été traduit en français, du moins en partie,
par Lescallier. La traduction ou imitation dont il s'agit
' (jiiw^is ou (Ji>XS affliction.
^ f^XjkA^ , c'est-à-dire pur.
ET BIBLIOGRAPHIE. 503
ici est différente de celle qui est intitulée Gulzâr-i
dânisch, ou le Jardin de la science, production dont il
a été parlé à l'eii^ticle sur Haïdarî.
Ce poëte fut attaché au prince Mirzâ Sulâïmân-Schi-
koli, et fut recommandé par ce dernier au maharaja
Râja Krischna Balladur, père du râja Kâlî Krischna
actuellement existant, lequel est connu par la publica-
tion de plusieurs ouvrages bengali, hindoustani et
anglais, qui lui assurent un rang honorable parmi les
Indiens occidentalistes de notre siècle.
Tapisch étudia la rhétorique sous Mirzâ Muhammad
Yâr Beg Sâyil, puis il fut disciple de Mîr Dard. Il était
militaire et un des officiers du prince royal Murchid
Zâda-i Afàc Jahândar Schâh Sâhib , avec qui il vint à
Bénarès. Ce fut dans cette ville que Ali Ibrâliîm eut oc-
casion de le voir, et il nous le représente comme étant,
en 1 198 de fhégire (c'est-à-dire lySS-iyS/i de J. C),
un jeune homme de belle apparence, modeste et plein
de bonnes qualités. Mushafî, qui était très-lié avec lui,
ajoute que dès l'âge de seize ans il était passionné pour
la poésie et faisait de fort bons vers qui se distinguent
par beaucoup de fraîcheur et de pureté. Il ajoute qu'il
était d'un commerce agréable et sûr.
Tapisch était à Calcutta en 1 8 1 2 ; en 181/1 il était
encore vivant et habitait l'Hindoustan proprement dit.
Béni Narâyan cite de cet écrivain distingué huit pièces
différentes.
504 BIOGRAPHIE
TAQUI.
Saïyid Muhammadde Dehli, autrement dit Mîr Ghâcî,
et connu sous le surnom poétique de Tacjut \ est un
poëte hindoustani distingué dont les biographes origi-
naux citent quelques vers.
TARINI GHARAN MITR^
Savant Hindou qui est auteur :
1° Du Purasch Parîchâ ^ ( la Pierre de touche ou l'é-
preuve de l'homme). C'est un recueil d'histoires desti-
nées à expliquer les doctrines morales des Hindous ; il
est traduit du sanscrit en hindoustani , et 11 a été publié
à Calcutta en 1 8 1 3. Kalî Krischna a donné une traduc-
tion anglaise du texte sanscrit.
2° D'une notice sur les fêtes populaires des Hindous,
publiée dans le tome I des Hindee and Hindoostanee Sé-
lections, imprimées à Calcutta en 1827, notice que j'ai
mise à contribution pour celle que j'ai donnée sur le
même sujet dans le Nouveau Journal asiatique, t. XIII,
p. 9-7 et suiv. et p. 2 1 9 et suiv.
Il a coopéré aux ouvrages suivants :
1° The Oriental Fahulist, traduction des fables d'Esope
et autres en hindoustani , braj-bhâkhâ , etc. , publiées
' (i^ /JjVté, crainte de Dieu.
^ fTTÎ^'Un "cf^MJ TRW, c'est-à-dire l'ami des pieds de Diirgâ.
ET BIBLIOGRAPHIE. 505
par le doctem^ Giichrist. Il est l'auteur de la traduction
braj-bhâkhâ.
2" Hindee and Hindoostanee Sélections. Il a publié cet
ouvrage en commun avec M. W. Price ^ On lui en doit
le plan et l'exécution.
Il a revu entre autres :
Le Baïtal Pachici, ouvrage dont il est parlé aux arti-
cles sur Surat et sur Wilâ.
TARZ.
Gurûhârî Lai Tarz ^ était de la tribu des Kâyath ^ et
habitait Amroha. Il fut disciple de Miyân Muhammad
Câîm. On le compte parmi les écrivains hindoustani.
TASKIN.
Mîr Saâdat Ali Taskîn * est un écrivain hindoustani,
estimable tant pour ses talents que pour ses bonnes
qualités. Il était disciple de Mîr Camar uddîn Minnat ^.
Mushafî cite de lui quelques vers dans sa biographie.
' La première édition a été imprimée à Calcutta, en 1827 -, la seconde
édition, qui est lithographiée, a paru en i83o. On y a ajouté le Prem
SârjareiXe Vocabulaire de W. Price des mots kharî bolî qui s'y trouvent.
Voyez l'article que j'ai consacré à cet ouvrage dans le Joarnai des Savants,
année i832, pag. 428 et suiv. et 478 et suiv.
^ jJ^ manière.
^ Subdivision de la caste des Soudra, au Bengale.
'' /jvX*»o consolation, etc.
* Voyez l'article consacré à cet écrivain.
506 BIOGRAPHIE
TASWIR.
Schâh Jauwâd Alî Taswîr \ de Murschîdâbâd , était
un derviche qui adopta une nouvelle manière d'écrire ,
laquelle ne fut pas trop approuvée par les connaisseurs.
Voici la traduction d'un de ses vers :
Cette idole à l'air fier, à la stature élevée, est un reflet de la
lumière de Dieu.
TILAK.
Tilak ^ Chand est auteur d'un masnawî urdû intitulé
Giibchan-i ischc, c'est-à-dire le Jardin d'amour. J'ignore
le sujet de cet ouvrage, qui existe en manuscrit à la bi-
bliothèque de la Société asiatique de Calcutta.
TIPOU.
Le sultan Tîpou^, autrement dit Tifon Sâhih (ce der-
nier mot étant employé dans ce cas comme un titre
d'honneur équivalent à celui de Sultan), naquit en 17/19
et mourut, comme on le sait, en mai 1799, en com-
' - «j^.^" peinture , portrait.
^ di.Aj marque (distinctive des sectes , que les Hindous se font au front,
entre les sourcils ).
' b^j^-A^ • Ce mot signifie lion, ou pour mieux dire, fiyre, en langue
canara. C'est ainsi que s'appelait un pîr musulman célèbre , dont on vé-
nère le tombeau à Arkât, dans le Carnatic. Haïder Alî, qui avait envers
ce saint une dévotion particulière, donna, en son honneur, le nom de
Tlpou à notre roi poète, comme autrefois Akbar avait donné, par la même
raison , le nom de Sallm à son fils Jahânguîr. Voyez mon Mémoire sur la
relujion musulmane dans l'Inde, p. 67.
ET BIBLIOGRAPHIE. 507
liattant vaillamment au siège de Séringapatam. Il était
fils d'Haïder Ali, le Hugues Capet du Maïçûr, et il lui
succéda sans opposition le 6 décembre i -782. 11 n'entre
pas dans mon plan de parler ici de la vie politique de
Tîpou, je le cite seulement comme écrivain hindoustani.
On lui attribue, en effet, dans le catalogue des livres
de la Société asiatique de Calcutta, un ouvrage inti-
tulé Mafarrih ulculûb \ c'est-à-dire la Joie des cœurs, re-
cueil de poésies daklinî dont la bibliotbèque de la So-
ciété susdite possède neuf exemplaires. On lui doit aussi
d'autres ouvrages que la même Société possède , mais ils
sont rédigés en persan ; ce sont le Hukm-nâma ^, sorte
de mélanges, et le Zabarjad ^, livre d'astrologie.'
TULCI-DAS.
Tulcî ou Tulacî-dâs ^, un des écrivains bindouî les
plus célèbres, est représenté dans le Bhaktamâla comme
ayant été excité à la dévotion particulière envers Râma
par sa femme qu'il aimait passionnément. Il adopta une
vie errante; il visita Bénarès, puis il alla à Cliitrakûta
où il eut une entrevue personnelle avec Hanuman , de
qui il reçut son inspiration poétique et le pouvoii' de
^ <\^Ià$s^ le livre du commandement.
' iXr>.wj\ èmeraade.
^ dC^tll 6TH serviteur de Tulcî ou Tulacî [ocymum sancliim) . Cetle
espèce de basiiic est en grande vénération chez les Hindous. Ils croient
que Tulcî était une nymphe que Krischna aima et qu'il métamorphosa
en cette plante.
508 BIOGRAPHIE
faire des prodiges. Sa réputation parvint jusqu'à Dehli
où régnait Schâh Jahân. Ce monarque le fit venir; mais,
peu satisfait de ses doctrines religieuses, il le fit ren-
fermer. Alors des milliers de singes se réunirent mira-
culeusement et se mirent à détruire la prison. Schâh
Jahân, frappé d'étonnement, le mit aussitôt en liberté
et lui offrit même de lui accorder la faveur qu'il de-
manderait en réparation de l'indigne traitement qu'on
lui avait fait subir. Tulcî-dâs pria alors Schâh Jahân
de quitter l'ancien Dehli qui était la résidence de Râma,
ce que l'empereur fit; et il bâtit la nouvelle ville à la-
quelle il donna le nom de Scliâhjahânâhâd ou la ville
de Schâh Jahân. Ensuite Tulci-dâs alla à Brindâban, où
il eut une entrevue avec Nâbhâjî ^ Il se fixa là et prêcha
le culte de Sîta et de Râma, de préférence à celui de
Râdhâ et de Krischna.
M. Wilson '^ ajoute à cette singulière légende du
Bhâktamâla, que je viens de reproduire, d'autres parti-
cularités tirées des propres écrits de cet homme cé-
lèbre ou conservées par la tradition , particularités qui
diffèrent sous quelques rapports de ce qui précède.
Selon ces documents, Tulcî-dâs était un Brahmane de
la branche des Serwariah , et natif d'Hâjîpûr, près de
Chitrakûta. Lorsqu'il fut arrivé à fàge mûr, il s'établit
à Bénarès et y remplit les fonctions de ministre du râjâ
de cette ville. Son précepteur spirituel était Jagannâth-
dâs, élève, aussi bien que Nâbhâji, d'Agradas. Il accom-
pagna son maître à Govardhan , près de Brindâban ; mais
' Voyez l'article consacré à cet écrivain.
^ Asiatic Researches , tom. XVI, pag. /i8.
ET BIBLIOGRAPHIE. 509
il retourna ensuite à Bénarès. Ce fut là qu'il commença
son Râmâyana, en i63i de Samvat (iSyS de J, C),
âgé seulement de trente et un ans. Il continua à résider
dans cette ville, où il bâtit un temple à Sîta-Râma et
fonda un collège contigu, édifice qui existe encore. Il
mourut en 1680 de Samvat (162/1 de J. G.), sous le
règne de Jahanguîr ^
Le Râmâyana est écrit en purhhî hhâkliâ ou hindouî
oriental. Il se divise en sept chants ou parties [kânda) ^,
savoir : le Bâlakânda, c'est-à-dire la section de l'enfance,
introduction à tout f ouvrage; on y déduit les causes
de rincarnation de Wischnu, etc. Le Ayodhyâkânda ,
section d'Ayodhya (Oude); on y traite des actions de
Râma dans cette ville. Le Aranyakânda; il y est parlé
de ce que fit Râma dans les forêts et les déserts. Le
Kischkindhâkânda , section de Golconde : Râvana en-
levé Sîta et l'emmené à Lanka (Geylan). Le Sundara-
kânda ou la belle section; il s'agit, dans ce chant, de la
beauté et des vertus de Râma et de Sîta son épouse.
Le Lankâkânda, section de Lanka où Râvana emmena
Sîta. Enfin ïUttarakânda, section du nord (de l'Inde);
elle comprend les actions de Râma après son retour de
Geylan.
Le Râmâyana a été imprimé par Bâbù Râm , et par
' Asiatic Researches, tom. XVI, pag. 48.
^ Dans la note des ouvrages lithographies dans Field exercises of the
Army , on le dit composé de six chants [fasl] seulement; mais c'est
une erreur. Le P. Paulin de Saint-Barthélémy , dans son ouvrage in-
titulé Musei Borcjiani cocUces manuscripti, pag. i63, parle de la traduction
que le P. Marcus à Tumba a donnée , d'après l'hindoustani , du septième
chant (uttara hànda ).
510 BIOGRAPHIE
les soins de Lakschmî Narâyan , à Kidderpoiir ( Khizar-
pûr)\ en 18282, et lithographie à Calcutta, en carac-
tères nagarî cursifs, en i832. On trouve en outre des
manuscrits de ce poëme dans plusieurs bibliothèques.
On en a pubhé, aussi à Khizarpùr, un abrégé, sous le
titre de Kabita Râmâyana.
Outre le Râmâyana de Tulcî-dâs, il y a plusieurs com-
positions hindi qui portent ce titre. On en trouve une
entre autres dans la bibliothèque de YEast-India House,
copiée à Dehh en 1728, sous Muhammad Schâh; elle
est en caractères persans et en strophes de onze vers.
L'auteur paraît se nommer Surâj Ghand.
Indépendamment du Râmâyana, qui est l'ouvrage le
plus populaire de Tulcî-dâs , on lui doit encore :
1° Un Sat saï, collection de cent stances sur diffé-
rents sujets.
2° Le Râmganâwalî , suite de vers à la louange de
Rama.
3° Un Guitâwali, composition poétique d'un but mo-
ral et religieux.
à" Vinaya Patrikâ, sorte de traité en vers sur la ma-
nière de se conduire; et une grande variété d'hymnes,
tels que Râga, Kabit et Pada, en l'honneur de sa divinité
chérie et de son épouse, c'est-à-dire de Rama et de Sîta.
Aces ouvrages, cités par M. Wilson ^ Ward ajoute :
' jyijjux^ la ville de Khizr (le prophète Élie ).
^ Un volume grand in-4°. Il y a une édition antérieure , en un volume
petit in-i" -, cette dernière est mieux imprimée et sur meilleur papier.
J'en ai vu un exemplaire à ÏEasl-India House.
' Asiatic Researches, tom. XVI, pag. 5o.
ET BIBLIOGRAPHIE. 511
5° Le Râmo, janma, écrit, selon lui, en dialecte de
Bhojpûr-,
6° Et le Râma schalakâ, en dialecte de Kanoje \ ou-
vrages où il s'agit encore de Râma, ainsi que le titre
l'annonce.
Toutes les productions de Tulcî-dâs jouissent dans
l'Inde d'une très-grande réputation; aussi le savant et
justement célèbre H. H. Wilson n'hésite pas de dire ^
« qu'elles exercent plus d'influence sur la masse de la
« population hindoue que les nombreux volumes des
« compositions sanscrites. »
J'ignore si c'est à Tulcî-dâs qu'est dû l'ouvrage inti-
tulé Katliâ Barmalâ ^, ou l'Histoire manifeste. Je ne
connais pas le sujet de ce livre, qui est indiqué dans le
catalogue des manuscrits hindoustani de Muhammad-
bakhsch comme ayant Tulcî pour auteur *.
ULWL
Ulwî ^ Khân est auteur d'un ouvrage hindoustani sur
la médecine, intitulé Bayâz dar ilm Tibb ^, c'est-à-dire
Album sur la science de la médecine. Un exemplaire
manuscrit de cet ouvrage se trouvait dans la biblio-
thèque de Muhammad-bakhsch. J'ignore si Ulwî est
^ History, etc. of thr Hindoos , tom. II, pag. 48o.
^ Asiatic Researches , tom. XVI, pag. Ag.
5 (<;%J^ ilcvè , céleste.
512 BIOGRAPHIE
auteur d'un autre ouvrage hindoustaui sur la médecine ,
lequel est cité dans le catalogue de la même biblio-
thèque, et qui est intitulé Gâlib o maglûb ' (le vain-
queur et le vaincu).
UMDA.
Sîta Râm Umda^, du Cachemire, était contemporain
de Sirâj uddîn Alî Rhân Arzù. Il a écrit un grand nombre
de vers hindoustani fort agréables, dans lesquels il pa-
raît avoir voulu imiter Inâm ullah Khàn Yaquîn. Fath
Alî Huçaïnî en cite trois pages entières.
UMMED (ALI).
Ummed^ Alî Nawâb Khàn , fds de Jahân Khan, habi-
tait Hougly , à l'époque où Bénî Narâyan écrivait son
Anthologie. On trouve cinq gazai de ce poëte hindous-
tani dans le Diwân-i Jahân. Voici la traduction d'une de
ces pièces :
Loué soit Dieu mille fois, de ce qu'une lettre matinale m'est
arrivée de la part de mon amie , lettre au moyen de laquelle la
conciliation est arrivée! A mon cœur épanoui, la nouvelle de
mon amie est arrivée; à la rose flétrie, la nouvelle du printemps
est arrivée. Mille tulipes et mille roses croissent réellement là
où le pied de mon amie aux joues de rose est arrivé. Ne
croyez pas que ce soit le hinna qui teigne ses pieds ; cette couleur
rouge leur est arrivée par le sang du meurtre général de ses
amants. 0 charmante chasseresse ! est-ce que , quand tu as vu
' f^<y^ÀSb c:vW^ V^'^'^.9 (->wJI^
' ôJsJj noble, etc. *
•* <Xa.«I espoir, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 515
l'oiseau de mon cœur, l'envie de le chasser ne t'est pas ari'ivée ?
Un de tes regards a enivré le monde ; regarde de ce côté , et tu
verras que l'ivresse y est arrivée. L'esprit de Ummed s'est livré
à la joie lorsque le message de cette belle au visage de rose est
arrivé jusqu'à lui.
Voici une autre pièce du même écrivain :
0 soupir! je n'ai pas découvert l'effet que tu as produit; je n'ai
pas ressenti, ce soir, le résultat de ta magie.
Elle passera peut-être bien auprès de ma tombe ; mais , hélas !
je ne pourrai la voir, car je serai mort. Actuellement il ne se passe
pas un seul jour, sans que j'aperçoive le pan de sa robe souillé
de mon sang.
0 tvrannique beauté! je n'ai pas trouvé, dans le miel et le sucre,
de douceur pareille à celle de tes lèvres. Tu es toujours armée de
flèches, d'épées, de poignards dont les boucliers ne sauraient
repousser les atteintes.
Je n'ai jamais goûté le fruit du dattier de la vie; mais l'espoir
[Ummed) en AU rae soutient.
UMMED (CAZALBASCH).
Mirzâ Muhammad Rizâ, connu sous le takhallus de
Ummed, était de Hamadân, Il quitta son pays natal dès
sa jeunesse, et alla s'établir à Ispahân où il fut le dis-
ciple de Mirzâ Tâhir, surnommé Wâhià; puis il alla
dans l'Hindoustan, sous le règne d'Aurangzeb; et sous
celui de Balladur Scliâh, il reçut avec le titre honorifique
de Cazalbâsch Khân le grade de colonel. Il fut employé
dans plusieurs opérations militaires, et mourut en 1 7/16.
On le compte parmi les poètes urdû. Il a écrit, en effet,
plusieurs gazai en cette langue et huit mille vers en per-
san. Lutf entre dans des détails circonstanciés sur la vie
de cet écrivain , et il cite de lui deux pièces de vers.
1. 33
514 BIOGRAPHIE
Mîr, qui l'a connu, dit qu'il était d'une société agréable
et d'un caractère fort gai. Il donne de lui deux vers dans
sa Biographie des poètes liindoustani , vers dont je joins
ici la traduction :
Lorsque je suis privé de mon ami, j'ai une admirable société:
des murs et une porte, voilà ce qui la compose. En voyant tes
yeux malins, j'ai eu peur, et j'ai appelé au secours \
UMR.
Muquirr^ Khân Umr ^, du Décan, était Mançab-dàr '*
dans cette partie de l'Inde. Il est cité comme un des
disciples de Walî. Il s'est attaché surtout à exprimer
de nouvelles pensées , loin de répéter, comme la plupart
des poètes orientaux, les idées des autres écrivains.
Fath Alî Huçaïnî cite une page environ de ses vers.
UNRARA.
Sri Unkara Bhât , un des principaux et des plus ha-
biles jotIscM ou astronomes de Malvva , est auteur d'un
ouvrage hindi destiné à expliquer à ses compatriotes le
système correct d'astronomie dont bien peu ont une
» liuÀilla^
^ wic« est le nom d'agent de la quatrième forme verbale de la racine
arabe jjj , forme qui signifie établir, et par suite avouer, etc.
' yî vie.
* jl<Xx*ajc« officier (militaire), maijistrat . toute personne revêtue
de fonctions publiques.
ET BIBLIOGRAPHIE. 515
juste idée. Cet ouvrage, intitulé Bhikjola Saro Likhyaté,
est proprement une traduction libre d'un livre sur le
système astronomicpie , d'après les Pourana, le Sid-
dhânta et Copernic, écrit en maliratte ^ par Subhâjî
Bâpu, et intitulé Siddhânta Siromani Prakâça. Ces deux
productions se trouvent dans la bibliothèque de la So-
ciété asiatique de Calcutta. Voici ce que dit de ce der-
nier traité M. Wilkinson, agent du gouverneur général
à Bhilsa, dans une lettre communiquée à la Société
asiatique de Calcutta par M. Macnaghten :
« C'est un ouvrage cjui pourrait supporter l'épreuve
« de la critique la plus sévère : il est plein de réflexions
«philosophiques. De ce que les productions des diffé-
« rents pap sont nécessaires réciproquement aux autres,
«l'auteur en tire la conséquence que l'intention de la
«Providence est d'unir tous les hommes par le com-
« merce dans les liens d'une affection basée sur l'intérêt
« personnel. Il pense conséquemment que la défense
« faite aux Hindous de voyager dans les contrées étran-
« gères est contre nature. Il attaque la folie des prédic-
« tions astrologiques , et il défend la sagesse et la bonté
«de la Providence qui voile favenir à notre curiosité,
«et qui nous maintient toujours dans notre devoir par
« une espérance assurée. Il ne laisse aucune des nom-
u breuses erreurs vulgaires des Hindous cpii ont rapport
«à la géographie ou à fastronomie, sans les réfuter
« d'une manière complète et satisfaisante. »
' Cet ouvrage a été imprimé. Voyez le Journal de la Société asiatique
de Calcutta, tom. VI, pag. 4o2.
33.
516 BIOGRAPHIE
USCHSCHAC^
Hindou de la caste des Kschatrya, qui s'est occupé
de poésie hindoustani , mais dont les vers , selon Mîr, ne
sont pas toujours conformes aux règles de l'art. Son sur-
nom poétique annonce quelles étaient ses dispositions.
Il fréquenta les assemblées des amis de la littérature
rekhta qui avaient lieu chez Mîr et Dard; toutefois, à
l'époque où Mîr écrivait sa biographie , Uschschâc ne
voyait plus personne, au point qu'on aurait pu croire
qu'il était mort.
UZLAT.
Le faquîr Saïyid Abd ulwalî Uzlat^, un des poètes
dakhnî les plus distingués, naquit à Surate. Il était fds
de Saïyid ou Schâh Sad ullah, surnommé Siirâti ou de
Surate, parce qu'il habitait cette ville. Ce dernier était
distingué par sa science et renommé surtout par sa sain-
teté. Le célèbre empereur Alamguîr (Aurangzeb) le
protégeait et faisait grand cas de lui. Il était originaire
d'un village près de Lakhnau ^ ; mais il se retira à Surate,
où Uzlat naquit. Ce dernier, après la mort de son père ,
alla à Dehii pour se former à l'art d'écrire. Il y fré-
' (^L-<i-_£. Ce mot prononcé uschscliâc , comme je l'ai fait, est un
pluriel irrcgulier arabe de l'adjectif verbal ^^.^Le -, prononcé ascKschâc ,
ce qui est peut-être la vraie leçon, c'est un adjectif d'intensité dérivé du
même nom, et signifiant tris-amoureux .
- Ci^Jwft retraite.
' Selon Fath AU Huçaïnî , il était de Barîli ( (A_j wj ) , que les An-
glais écrivent Baredj.
ET BIBLIOGRAPHIE. 517
quenta les gens de lettres les plus notables , et y étudia
les écrivains arabes et persans. Il s'exerça un peu sur
la poésie persane; mais son goût l'entraîna vers la poésie
rekhta, qu'il cultiva avec succès. Il n'était pas seulement
distingué par les qualités de son esprit, mais encore
par sa piété et par sa grande droiture. Il était d'ailleurs
très-aimable et savait manier délicatement la plaisan-
terie. Il alla à Murschîdâbâd , sous le gouvernement du
nabab Muhammad Ali Wardî Khan Mahâbat-jang, et
fut l'objet des faveurs de ce prince. Après la mort de ce
souverain , il retourna dans le Décan et y passa le reste
de ses jours. Ses poésies sont empreintes d'un carac-
tère de mélancolie qui n'empêche pas qu'elles ne soient
très-remarquables et parfaites dans tous les genres. C'est
Mîr, poëte très-distingué lui-même , qui , dans sa biogra-
phie, porte ce jugement sur Uzlat, et qui nous fait sa-
voir que cet écrivain du Décan avait pour lui beaucoup
d'amitié. Uzlat est, entre autres, auteur :
1 ° D'un diwân dont on conserve un exemplaire ma-
nuscrit à VEast-India Hoase, et dont les biographes ori-
ginaux citent plusieurs pages.
2° D'un masnawî intitulé Râg mâla, c'est-à-dire la
Couronne ou la Guirlande des ràg (modes musicaux),
poème qu'on trouve aussi parmi les manuscrits hindous-
tani de ÏEast-India Hoase ^
M. H. H. Wilson a deux ouvrages manuscrits en ca-
ractères nagarî intitulés l'un et fautre Râga mâla; ce
^ Il y en a deux manuscrits; l'un des deux porte, en outre, le titre de
CV iù'**'i'"**' °" peut-être ^j^ ».<**»-<-«*» siihasr ras.
518 BIOGRAPHIE
sont sans doute des ouvrages sur le même sujet. Le
premier est dû au swâmi Kârtik, le second à Hulâs
Pàthaki.
VALLABHA.
Vallabha Swâmi, fils de Lakschmana Bhatt, bramane
taïlanga, est l'instituteur de la secte des Vallabhâcharî. Il
vivait au commencement du xvi* siècle. Il habita d'abord
Gokul, village sur la rive gauche de la Jamna, à trois kos
environ à l'est de Mathura; puis il visita tous les lieux de
pèlerinage de l'Inde; il s'établit ensuite à Bénarès. Enfin ,
ayant accompli sa mission, il entra dans le Gange, à Ha-
numânghât, où il disparut; une flamme brillante, dit-on,
s'éleva de cet endroit. H serait trop long de s'arrêter sur
tous les détails de la vie religieuse et de l'apostolat de
notre auteur, et il n'entre pas dans mon sujet d'entre-
tenir le lecteur des principes de la secte nouvelle que
Vallabha établit, d'après l'ordre de Krischna, qui lui ap-
parut en personne; je ne pourrais, d'ailleurs, que copier
le savant travail de M. \\ ilson sur les sectes religieuses
des Hindous (tom. XVI des y4siatic Researches, pag. 84 et
suiv.); aussi préféré-je y renvoyer le lecteur. Qu'il me
suffise de dire que Vallabha est auteur de stances braj-
bhâkhâ, en l'honneur de Wichnu, intitulées FTichnii
Pada; il est aussi le héros d'un ouvrage hindoustani
qui porte le titre de Vârtta ou Bârtta, lequel est une
collection d'anecdotes merveilleuses sur ce chef de
secte, et sur ses premiers disciples, au nombre de
quatre-vingt-quatre , renfermant des personnes des deux
ET BIBLIOGRAPHIE. 519
sexes, et de toutes les classes des Hindous. On trouve
des extraits de ce dernier ouvrage dans l'excellent Mé-
moire déjà cité, ibid. pag. 96 et suiv. M. Wilson pos-
sède un exemplaire du Bârtta; c'est un volume in-8°,
écrit en caractère nagarî.
VARGARAYA'.
Auteur du Gopâchalcikathâ, à la lettre, Histoii^e de la
terre des vachers , c'est-à-dire Histoire de Gualior, ville
célèbre de l'Inde dans la province d'Agra , qui a eu des
râjâ particuliers dès l'année 1 008 de J. C, Elle fut prise
par les Musulmans en 1 1 97, mais les Hindous s'en ren-
dirent maîtres de nouveau. Elle fut subjuguée ensuite,
en 1225, par Altamscli, souverain pathan de Dehli. On
trouve un exemplaire de l'ouvrage de Vargarâya écrit
en caractère nagarî, parmi les manuscrits de la biblio-
thèque royale du fonds Polier. Il est écrit en vers,
comme tous les ouvrages hindi et sanscrits.
YÉDANGA-RAYAl
Auteur du Pârsi-prakâs ^, ouvrage où se trouve dé-
crite la manière de compter les mois, etc., chez les
Hindous et les Musulmans, et qui fut rédigé par l'ordre
de Schâh Jahân, Cet ouvrage faisait partie de la coHec-
101 du livre.
1 ^i|^|i| roi (lu II
' ^^rr^T i|^ le roi (le la science des Védas.
' TTITTT rr^îTîT manifestalwn persane.
520 BIOGRAPHIE
tion Mackenzie : il est mentionné dans le catalogue
qu'en a donné le professeur Wilson, t. II, p. i lo.
VINAYAVIJAYA-GAINI \
Auteur du Srîpâh-cTiaritra^, ou Histoire de Srîpâla,
roi de Malva, en quatre sections, ouvrage en faveur de
la religion jaïna. C'est une production toute différente
de celle qui est due à Paramalla , quoiqu'elle porte le
même titre et que ce soit aussi un livre jaïn. On la
trouve indiquée dans la collection Mackenzie, tom. II,
p. 1 13. Voici la courte analyse qu'en donne le savant
indianiste M. Wilson :
Srîpâla avait deux lllles; ayant eu à se plaindre de
l'une d'elles nommée Mayanaçundari, il la maria à un
lépreux de basse condition; mais ce lépreux se trouvait
être un jaïn : il convertit la princesse à sa croyance, et
fut guéri de sa lèpre.
Srîpâla soumit Dhavaleça, roi de Kançambi, et il
épousa Madanamanjûschâ sa fdle. Ensuite il épousa
encore cinq autres princesses dont il obtint la main par
différents artifices.
Puis il défit Ajitséna, roi de Champa, et prit cette
ville. Dans la description de cette cité, se trouve inter-
calé l'éloge de la religion jaïn. Srikantba, roi de Hira-
nyapur, en expose les dogmes, et les éclaircit par des
narrations intéressantes. Cette dernière partie, où sont
' Je pense que ce nom doit être écrit l^«i^i=<il^ Tl 'D •
ET BIBLIOGRAPHIE. 521
développés les neuf principes fondamentaux de cette
secte, se nomme, à cause de cela, Navapada Mahima,
ou l'Excellence des neuf mots.
WAFA.
Lâla Nol Raé Wafâ \ jeune frère du râjâ Gulâb Raé,
ministre de Najîb uddaula Najîb Khân, était un Hindou
fort instruit qui s'était occupé de poésie. Les biographes
originaux citent de lui quelques vers.
WAHIDIl
Ecrivain du Décan , à qui on doit un poëme sur Mu-
hammad Hanif, le même, je pense, dont il se trouve
un exemplaii^e à la bibliothèque de VEast-India House,
et qui est intitulé Kissa-i dar aluvâl-ijangu-i Muliammad
Hanif. Je possède un exemplaire de ce poëme qui fait
partie d'un recueil assez considérable. Dans la liste des
pièces dont ce recueil se compose, on l'a intitulé, je
ne sais pourquoi, Hazrat Ali SU (apparemment pour
Qaissa-i Hazrat Ali SU). Il a été écrit en 1 2 1 8 de f hégire.
Je pense que c'est au môme écrivain qu'on doit un
autre masnawî intitulé Mardé ahvâl ou Mardéké ahvâl ^,
poëme qui, dans le manuscrit dont je viens de parler,
est joint au premier.
' Uj fidélité.
522 BIOGRAPHIE
WAHM.
Mîr Muhammad Alî Wahm \ fils, selon Alî Ibrahim,
et selon Mushafî, petit-fils de Mîr Muhammad Taquî
Khayâl, auteur de l'ouvrage intitulé Bostan-i Khayâl", est
un écrivain hindoustani qui résidait à Lakhnau, à l'é-
poque où Alî Ibrâhîm écrivait , et il y était attaché à la
cour du nabâb Açaf uddaula Bahâdur, qui avait la plus
haute idée de son mérite.
WAHSGHAT.
Mîr Bahâdur Alî Wahschat ^ était un des officiers de
la cour du nabâb d'Aoude, Schujâh uddaula. Il a com-
posé un ouvrage intitulé Bârah mâça, ou les Douze Mois ,
en thenth ou pur hindoustani.
WAHSCHAT, DE DEHLI.
Mîr Abulhusn Washchat, de Delili, petit-fils de Tîr-
andâz Khân, hit élève de Mirza Rafî Saudà. On le
compte parmi les écrivains urdû .
' J^ imagination, idée, conjecture.
^ JIaj^ M^'j'^%^ ^^ j^i->'diii d( l'iniaiji nation. Ce dernier mot a été
t iiiployé pour faire allusion au nom de Tauteur.
■' •■ ■'■ >.k aversion.
ET BIBLIOGRAPHIE. 525
WALL
Munschî Muhammad Wâlî \ de Pandua-, habitait
Hougiy à l'époque ou écrivait Alî Ibrahim : ce dernier
le compte parmi les poëtes hindoustani, et il cite de lui
quelques vers.
WALI, DE DEHLI.
Mirzâ Muhammad Walî^, de Dehli, neveu (fils de
frère) du spiritualiste Scbâh Asrâr ullah, résidait à Mur-
schîdàbâd en i ig/ide l'hégire (1780 de Jésus-Christ).
Il est auteur d'un grand nombre de vers urdû qu'il a
réunis en un diAvân. Béni Narâyan le confond avec Walî
du Décan; et parmi les onze gazai qu'il cite comme
dus à la plume de Walî de Dehli, il s'en trouve huit
qui sont l'ouvrage de Walî du Décan. Lutf était très-
lié avec ce poëte, et il rapporte de lui plusieurs pièces
de vers.
' <i U prince , chef.
'^ Ville du Bengale renommée pour l'excellent air qu'on respire dans
ses environs, et pour ses fruits provenants tant de l'Inde que de l'Europe.
Les Anglais convalescents vont y changer d'air. Dans une des montagnes
qui l'entourent on trouve la caverne de Bùbûân, remarquable par ses sta-
lactites, ses cristaux et ses pétrifications. On a exploré, jusqu'à un mille,
une branche de cette caverne , et on s'est assuré qu'elle ne se terminait
pas là; on a senti en effet un courant d'air, et on en a tiré la conséquence
que cette branche va aboutir au côté opposé de la montagne , qui est
ainsi percée de part en part. W. Hamilton , East-Jndia (iazettcer, tom. II,
pag. 426.
"^ (j« ami, etc. Il y a un auteur nonmié fVali Muhammad , c'est-à-dire
l'Ami de Mahomet. Vnvez l'article Mlrâii.
524 BIOGRAPHIE
J'ignore si c'est cet écrivain qui est auteur d'un ou-
vrage en vers urdû intitulé Dali majlis, ou les Dix Séan-
ces, livre dont on conserve un manuscrit à la biblio-
thèque de la Société asiatique de Calcutta. Cet ouvrage,
comme celui de Haïdarî qui porte le même titre, est,
à ce que je pense, une collection de marciya destinés
à être lus pendant les dix premiers jours de muharram,
dans les réunions que tiennent les Musulmans pour
honorer la mémoire de Hucaïn.
WALI, DU DÉCAN.
Muhammad Walî, ou pour mieux dire, Schâh Mu-
hammad Walî ullah Walî, est considéré par les Musul-
mans de l'Inde , surtout par ceux du Décan , comme le
poëte par excellence, le père de la poésie hindoustani. Il
se donne lui-même le nom de souverain de Tempire du
discours, et il dit aussi : «Par mes vers harmonieux
«j'ai privé de sa supériorité le rossignol, qui est re-
« connu cependant comme le prince de l'harmonie . »
Ses ancêtres habitaient le Guzarate; quant à lui, il na-
quit à Aurangâbâd \ capitale de la province de ce nom
dans le Décan. Il écrivait dans la dernière moitié du
XVII* siècle, soit dans cette ville, soit dans d'autres cités
du Guzarate ou du Décan , ainsi qu'il le dit dans les vers
dont voici la traduction :
Walî est connu dans l'Iran et le Tourân, quoiqu'il ait écrit ses
vers dans le Décan Walî est, dans le Décan , soumis à tes
ordres.
' Selon le Nikâl uschuarâ. par Mîr Taquî.
ET BIBLIOGRAPHIE. 525
Et dans celui-ci où il désigne Satara, ville du Décan,
comme étant le pays qu'il hal)ite :
Les noires boucles de tes cheveux, dit-il, entourent la perle
de ton oreille, comme l'armée indienne la ville de Satara.
Il doit avoir aussi écrit dans le Bengale , ainsi que paraît
le prouver l'hémistiche suivant :
Le Bengale est dans le ravissement en contemplant les charmes
de tes yeux.
Et celui-ci :
Tes vers , ô VValî , font les délices du Bengale.
Il a aussi écrit, à Dehli, des pièces de vers; car il cite
la Jamna de préférence à toute autre rivière, dans ce
vers :
Les tresses ondoyantes de tes cheveux ressemblent aux ondes
delà Jamna; ta noire lentille au sannyâcî , qui, sur la rive, at-
tend l'instant favorable pour se baigner.
Ailleurs , il se plaint d'être éloigné du Guzarate , dont il
était originaire :
Mon cœur, dit-il, est dans l'angoisse, parce que je suis éloigné
du Guzarate.
Mîr, qui dans sa biographie ne donne des détails
que sur quatre poètes dakhnî (Walî, Uzlat, Sirâj et
Azâd), lesquels, selon lui, ont égalé les plus distingués de
l'Hindoustan, Mîr, dis-je, place Walî à leur tête. Il nous
apprend, ainsi que Lutf, que Walî alla dans le nord de
l'Inde et notamment à Dehli , qu'il y vit souvent Miyân
Gulschan Sâhib, et qu'il lui récita des fragments de ses
vers. Gulschan, dit-on, lui donna quelques conseils sur
526 BIOGRAPHIE
la manière de rajeunir les pensées des poètes persans,
en les reproduisant en rekhta. Mîr dit, du reste, qu'il
n'a pas les données nécessaires pour écrire convenable-
ment la biographie de ce célèbre poëte. Il ne cite qu'une
page et demie de ses vers : Lutf en donne quatre pages.
De son côté, Ali Ibrahim, dans son Anthologie bio-
graphique intitulée Gulzâr-i Ibrâliîm, ne consacre que
quelques lignes à ce poëte renommé : « Schams Schâh
uWâlî ullah, dit-il, originaire du Guzarate, est un des
« poètes les plus distingués et les plus célèbres du Dé-
u can. On dit qu'il vint dans l'Hindoustan sous le règne
ud'Alamguîr (Aurangzeb), et qu'il eut part à ses faveurs
«royales. Walî est un des auteurs hindoustani les plus
« estimés ; il est le premier poëte qui ait écrit dans le
u dialecte du Décan un diwân digne d'être cité. » A la
suite de cette notice succincte, Ibrahim donne quelques
morceaux choisis dans le diwân de ce poëte, morceaux
qui remplissent trois pages in-folio. Mushafî, auteur du
Tazkira-i schuarâ-i Hindi, ou Biographie des poètes hin-
doustani, ne parle pas de Walî-, et Bénî Naràyan, dans
son Anthologie hindoustani intitulée Diwân-i Jaliân, le
confond avec Mirzâ Muhammad Walî, de Dehli, dont
il a déjà été parlé.
Il semble que Walî ait tenu un juste milieu entre les
Imamiens et les Sunnites. Tantôt, en effet, il s'exprime
sur les quatre premiers khalifes comme s'il était sun-
nite ; et ailleurs, les louanges immodérées qu'il prodigue
à Alî peuvent le faire considérer comme schiite ou
imamien.
On a lieu de croire qu'il conserva l'indépendance
ET BIBLIOGRAPHIE. 527
d'un vrai poëte, car aucun prince n'est célébré dans ses
vers. Il ne ressemble pas en cela à Saudà, à Mîr ni à Ha-
çan, les trois poètes bindoustani qui, avec lui, ont le
plus de réputation, lesquels ont épuisé les ressources
des métapbores et des allégories orientales pour louer
les empereurs de Dehli et les nababs d'Oude et du Ben-
gale sous lesquels ils ont écrit.
Il a connu les arts de l'Europe : « Les peintures euro-
ce péennes, dit-il quelque part, sont ravies d'étonnement
« en voyant ta face, honte du pays de Daman. »
Il paraît qu'il a formé des disciples. Aiî Ibrâliim cite
comme tel, dans son Anthologie biographique, Mu-
quirr Khan, dont le surnom poétique était Umr \ poëte
distingué qui occupait des fonctions civiles importantes
dans le Décan.
Wall est du nombre des poètes hindoustani qu'on
peut appeler mystiques ou spiritualistes. On ne saurait
mieux le comparer qu'à Hàfiz , dont il a les beautés et
aussi les défauts. Sous fapparence de la légèreté et du
libertinage, il dévoile le sy^stème des sofîs musulmans;
il le reproduit sous toutes les formes afin d'être bien
compris. «Mon esprit, dit-il dans un de ses gazai, est
«plein de pensées sublimes; il n'attend qu'une oreille
« pour les écouter. » Ce système se retrouve dans cha-
cune de ses allégories, de ses métaphores, de ses allu-
sions. Quelquefois, cependant, il parle ouvertement,
lorsqu'il dit, par exemple : « Dirige à chaque instant ton
« intelligence vers le Créateur; dans chaque circonstance
«tourne la tète vers ton Dieu. » Et ailleurs : «Celui qui
' Il a été parlé plus haut de cet écrivain.
528 BIOGRAPHIE
{( a trouvé l'empire de la pauvreté spirituelle , ne désire
«point la souveraineté.)) Dans un cacîdali sur Maho-
met , il révèle presque systématiquement la doctrine des
sofis. Ailleurs il s'écrie : «Mes vers sublimes ont leur
«portée jusqu'au trône de l'Eternel; ils sont au-dessus
«de l'intelligence qui reste dans les bornes humaines.»
On trouve en effet, dans W alî, des traits de cette poésie
vivante, écho d'un esprit religieux qu'on ne saurait taxer
d'hypocrisie, ainsi qu'il le dit lui-même.
Le recueil des poésies de Walî se compose d'un grand
nombre de gazai formant un diwân qui occupe plus des
trois quarts du volume; puis viennent quelques autres
pièces de vers de différents genres , parmi lesquelles se
trouve un poëme sur la ville de Surate. Le style de ces
productions est élégant et facile : il a servi de modèle
aux poètes qui ont écrit postérieurement en hindous-
tani. Walî mettait le plus grand prix à la pureté de i'é-
locution. Il dit dans un de ses gazai :
0 Alexandre! ne cherclie pas la source de l'eau delà vie,
dont Khizr est le gardien ; cette eau n'est autre chose que l'élo-
quence.
Ce recueil se distingue du grand nombre de volumes
hindoustani connus sous le titre de Diwân, comme les
Odes de J. B. Rousseau de celles qu'on a écrites en
France avant ou après lui. Les œuvres de Walî ne sont
pas volumineuses ; il en donne quelque part la raison
avec le peu de modestie en usage chez les poètes orien-
taux : « Je n'ai pas besoin , dit-il , d'un grand nombre de
«cahiers pour écrire mon diwàn, car chaque vers a le
« mérite de cent cahiers. ))
ET BIBLIOGRAPHIE. 529
Je possède aujourd'hui, dans ma coilection particu-
lière , neuf copies ^ manuscrites des poésies de Walî.
J'en dois deux à mes honorables amis MM. S, Lee et
J. Shakespear. On sait que j'ai publié une édition des
œuvres de ce poëte distingué, et la traduction d'un
grand nombre de ses compositions. Je renvoie le lecteur
à ce travail, d'où j'ai tiré, en partie, le présent article.
WALI ULLAH.
Saïyid Walî uîlah-, mufti ou juge du Zillah de Far-
ruklîâbâd, était fort savant en arabe, et ce qui vaut
encore mieux, il était un juge intègre, un homme
vertueux et aimable, et de plus un zélé mais tolérant
Musulman. On lui doit un Coran arabe , persan et hin-
doustani, dont M. Andrew, orientaliste écossais, pos-
sède le manuscrit original en deux volumes in-fol.
WALIH.
Saïyid Muhammad Mûçulî^, connu sous le surnom
poétique de Wâlïh'^, est auteur d'un poëme du genre
nommé masnawî, intitulé Qiiissa-i Tâlib o Molianî, Uis-
toii^e de Tâlib et de Mohanî, autrement dit AchambJiâ
' Un de ces manuscrits a fait partie de la bibliothèque de Tempereur
mogol Muhammad Schâh.
^ AMJ (J» l'ami de Dieu.
^ tij-ivfc^ • Ce mot paraît être un nom patronymique.
" *iî»/ou (d'amour).
I.
34
550 BIOGRAPHIE
Guftâr\ Discours étonnant. C'est une histoire intéres-
sante , écrite en dialecte dakhnî. Il y en a un exemplaire
manuscrit à la bibliothèque de ÏEast-India House , qui a
été écrit à Muhammadpûr, en i 171 de l'hégire [ijb'j-
1788 de J. C.) : il se compose de 120 pages environ
WALIH, DE DEHLI.
Mîr Mubârak Ali Wâlih , de Dehli, fds légitime de
Schâh Cudrat ullah, connu sous le takhallus de Cadrât,
s'occupa surtout de poésie. Il résidait à Murschîdâbâd
à l'époque où Ali Ibrahim écrivait son Anthologie bi-
bliographique.
WAQUIF.
Schâh Wâquif^, de Dehli, était un derviche qui s'oc-
cupait avec distinction de la science des traditions.
Dans le temps du nabab Schujâh uddaula, il fut mis
en prison pour avoir lu une adresse en faveur des Si-
pâhî, adresse qu'il avait probablement rédigée. Il fit à ce
sujet un gazai dont Ali Ibrahim cite le matla^. Ce der-
nier nous fait savoir qu'il fut relâché quelque temps
après, sans nous dire si ce gazai y contribua. En 119/1
(1780), Wâquif vivait â Lakhnau. Il est auteur d'un
' jUàj l^AÀrs^J U>*w« (S^^ i c-JUs AahS- Le mot tàlïb est
peut-être pour tâlih ulilni (écolier)-, i/io/ianî signifie, A la lettre, en-
chanteresse.
* y_JCi\^ connaissant.
' Il est utile de rappeler que c'est le premier vers d'un gazai.
ET BIBLIOGRAPHIE. 531
diwân dont la bibliothèque du collège de Fort-William,
à Calcutta , possède un exemplaire. Mushafî cite environ
une page et demie de ses vers.
WARIS.
Muhammad Wâris ^ est un écrivain hindoustani dis-
tingué, qu'Ali Ibrahim avait vuà Allahâbâd. Ce biographe
nous fait savoir qu'il s'occupait des sciences tradition-
nelles. Il le compte aussi parmi les poètes urdû, et il
cite de lui plusieurs vers.
WASL.
Mirzâ Ishâc Wasl ^, fils de Hâjî Ibrahim et petit-fils
d'Aca Cadîr Isfahânî , est un poète hindoustani distingué.
En 1196 ( i-ySi-i 782 ) , il vivait à Lakhnau depuis
quelque temps. Il était disciple de Schâh Malûl. Il a
surtout écrit beaucoup de marciya et aussi des gazai.
«
WAZIRI.
Le nabâb Wazîr Alî Khân, surnommé fVazîrî^, est
compté au nombre des poètes hindoustani. Il était fils
du célèbre souverain d'Aoude , Açaf uddaula , qui fit
lui-même avec distinction des vers hindoustani ^, et il
dy îî • héritier.
^ J<AO% aiuoii.
'y 3
'3
^ w)\» vizirat , ministère.
Voyez l'article sur Açaf.
34.
532 BIOGRAPHIE
lui succéda en 1797; mais il fut bientôt détrôné par
lord Teignmouth, parce qu'on le considéra comme bâ-
tard, et il fut remplacé , le 2 1 janvier 1798, par Saadat
Alî, frère d'Açaf uddaula.
Béni Narâyan cite de ce prince détrôné un gazai dont
voici la traduction. Il semble faire allusion à la position
politique de Wazîrî.
Comme le gazon, je suis foulé aux pieds; par l'effet de la
révolution des orbes célestes je ne fleuris, ni ne fructifie — Je
pleure jour et nuit, ô mon Dieu! avec celte pensée, que bien
que je sois une rose, je ne me suis pas épanoui dans le jardin,
comme le bouton. Je ressentais beaucoup de désirs dans le jar-
din de mon cœur ; je n'étais jamais assis avec plaisir à l'ombre.
La rose sur laquelle je jetais mes regards, offrait une épine à
ma vue. Etant allé dans le jardin, je me suis joint à l'épine
Hélas! le lotus de mon cœur n'a pu s'épanouir : je m'en vais,
après avoir vécu ( un jour ) sur la terre. Hélas ! dès le commen-
cement j'ai été foulé aux pieds; à qui me plaindrai-je, moi qui
suis consumé par le feu dévorant du destin ? C'est en vain que je
dis ma douleur devant ceux qui sont sans compassion. Le monde
étant impuissant (pour me secourir), je suis tombé, mais je n'ai
poinf disparu. Qui voudra venir dans la prison du malbeur, et
rester jour et nuit réuni avec Wazîrî ?
WILA. i
Mirzâ Lutf Alî Wilâi, autrement dit Mazhar AU Khan
PFilâ'-^, était fils de Sulaimân Alî Kliân , nommé aussi
Mirzâ Miiliammad Zamân Jf iclâd, et petit-fds de JMuham-
madHucain, surnommé Ali Culi Khan. C'est un écrivain
' ii» amitié, etc.
^ C'est ainsi qu'il est désigné dans la préface du Baïidl PachîcL
ET BIBLIOGRAPHIE. 533
hindoustani distingué , natif de Dehii , où il occupa des
fonctions importantes. Il fut élève, pour la poésie, de
Mirzâ Jân Tapisch, poëte urdû célèbre, et aussi de Mus-
hafi , auteur de la biographie qui m'a fourni une partie
des renseignements que je donne ici. A l'époque où ce
dernier écrivait , Wilâ consultait , sur ses productions ,
Mîr Nizâm uddîn Mamnûn, Il habitait Calcutta en 1 8 1 A.
Béni Narâyan, qui l'avait particulièrement connu, cite
de lui douze ^ pièces de vers. Il est auteur :
1° D'un diwân dont on conserve des exemplaires à
la bibliothèque du collège de Fort-\\ illiam à Calcutta,
dans celle du vizir du Nizâm, et dont j'ai une copie
(|ui a appartenu à Sir Graves Chamney Haughton. Il y
a dans la bibliothèque du râjâ Chandû Lai, d'Haïder-
âbâd, un volume de poésies de Wilâ, intitulé Caçâid o
Matlahâé Wilâ, c'est-à-dire Cacîdah et Matla de Wilâ;
mais ce sont probablement les mêmes pièces qui font
partie de son diwân.
2° De l'ouvrage publié par le docteur Gilchrist, sous
le titre anglais de Hindee moral Preceptor, et hindoustani
de Atâlic]ii-i Hindi'^, ou le Maître hindoustani, livre élé-
mentaire hindoustani et persan, pour apprendre l'hin-
doustani aux Persans et le persan aux Indiens. Cet
ouvrage, imprimé d'abord à Calcutta, en i8o3, a été
réimprimé à Londres, presque entièrement en carac-
tères latins, en 1821. Cette seconde édition ne vaut
pas la première. Elles sont toutes deux in-8°.
3° De la traduction du Pand-nâma, ou Livre des
' Onze dans le corps de l'ouvrage, et une dans l'appendice.
» ,JOiJÛ
534 BIOGRAPHIE
conseils, attribué à Saadî\ traduction qui fait partie
de l'ouvrage dont je viens de parler, et qui a été aussi
imprimée à la suite du Bagn-i urdâ, ou Traduction du
Gulistan en hindoustani , par Afsos, et dans l'ouvrage
lithographie, intitulé Majmûa talim iissahiyân '^ . Il y en
a encore une édition à part, avec le texte persan. Ce
même opuscule existe en manuscrit à la bibliothèque
du collège de Fort- William , à Calcutta.
Il y a plusieurs autres traductions hindoustani du
Pand-nâma de Saadî. Un manuscrit de cet opuscule se
trouve parmi les livres du ministre du Nizâm d'Haï-
derâbâd; il est en dialecte dakhnî, et intitulé Karîmâ^,
premier mot de ce poëme. J'en ai une traduction litté-
rale, interlinéaire au texte, dans ma collection particu-
lière. Elle est aussi en dialecte du Décan,
h" Il a rédigé, en i 2 1 5 de l'hégire ( 1 80 1 ) , dans ie
dialecte urdû, le roman intitidé Mâdhonal'^, avec l'aide
^ J'ai donné une traduction française de ce poème à la suite de
mon ouvrage intitulé Exposition de la foi musulmane.
^ C'est-à-dire Collection de ( ce cjui concerne ) l'enseignement des enfants.
Cet ouvrage est écrit en persan-, mais il contient, outre le Pand-nâma
bilingue: un vocabulaire bindoustani-persan , rédigé alphabétiquement,
d'après la dernière lettre du mot bindoustani (le mot persan précède et
n'est soumis à aucun ordre); des tables des paradigmes des verbes, en
hindoustani et en persan, et des infinitifs ou noms d'action, disposés par
ordre alphabétique de la première lettre ; enfin , les noms de nombre
et ceux des poids et mesures.
■' ^^j^ ô généreux.
* Jo»,^:>L» Xwa*. Dans l'annonce de l'édition de cet ouvrage, il
est dit qu'il a été traduit du braj-bhâkhâ, par Wilà et Lallû-jî Lâl Kabi ;
mais il n'est pas question de ce dernier écrivain dans la préface de
Màdhonal.
ET BIBLIOGRAPHIE. 555
de Srî Lallù-jî ^ Les dix premières pages seulement ont
été imprimées en caractères dévanagarî , à Calcutta , en
1 80 5, dans ïHindee Manaal or Casket oflndia^ du docteur
Gilchrist; mais j'en ai un exemplaire complet, en carac-
tères persans, dans ma collection particulière. Cet ou-
vrage avait d'abord été écrit en braj-bhâkhâ, par le poëte
Motirâm ^.
5° Il est auteur de la traduction hindi du Baïtal pa-
chicî, qui a été imprimé à Calcutta, en caractères déva-
nagarî*, et dont j'ai un exemplaire manuscrit, en carac-
tères persans, dans ma collection particulière. C'est
Wilâ qui, d'après la préface du Baïtâl pachici, a rédigé
cette traduction. Quant à Lallû-jî, qui est cité dans le
titre ^, il l'a apparemment revue et en a surveillé l'im-
pression.
6° On lui doit encore le Tarikli-i Scher Schâhi , c'est-
à-dire l'Histoii^e de Scher (ou Schîr) Schâh, traduite du
persan. L'original de cet ouvrage a été écrit par Abbâs
ben Ali Schirvvânî, d'après l'ordre du grand Akbar. Wilâ
' Voyez l'article consacré à cet écrivain.
'^ Cette collection a été publiée à Calcutta, in-4°, sous ce titre : Hin-
dee Mamial or Cashet of India, compded for the use of the Hindoostanee stu-
dents of the collège of Fort-Wdliam iinder the superintendence of' doctor
Gdchrist: mais l'impression de cet ouvrage est restée inachevée. Il de-
vait comprendre : i° le Bâg o bahâr; 2° le Nasr-i bènazir: 3° le Bcuju-i
urdû; 4° le Tota hahânî; 5° le Singhaçan battîci; 6° le Marsija de Mis-
kîn; 7° le Sahinialâ; 8° YAhhlâcju-i Hindi; 9° le Baïtal pachici; 10° le
Mâdhonal. Il n'a paru que des portions de ces ouvrages.
* Voyez son article.
* Il n'a paru que vingt pages de la première édition , qui devait faire
partie du Hindcc Manual.
^ Translated into Hindoostanee bj Mazhar Ali Khân-i Vda and Shree Lulloo
Lai Kub moonshees in the collège of Forl-William.
55(3 BIOGRAPHIE
fit son travail en i8o5. Il sembie. d'après une note de
M. Shakespear, que cet ouvrage a été traduit en an-
glais. Il y a un exemplaii^e de la version de \\ ilà, in-8°,
cai'actères nastaiic. parmi les manuscrits recueillis par
]\Iackenzie \ J'en ai un aussi dans ma collection parti-
culière; cest a M. J. Prinsep que je le dois.
Scher Schâh détrôna Humayùn , fds de Bàbar et père
d Akbai% en i 009 , et s'empara de l'autorité souveraine.
Toutelois Humayun régna de nouveau après la mort
de ce cbef patliàn ou afgân, et son fds lui succéda.
7° Le Hnft Gabchan'-. les Sept Jardins, ou Tarjama-i
Haft Gabchan , traduction en prose urdù du roman per-
san intitulé les Sept Jardins.
Cet ouvrage a été annoncé comme étant sous presse
en 1802 . dans les K^says of Students oj Fort-fïlUiam. et
comme publie dans les Primitiœ Orientales, t. III. p. li.
Il existe manuscrit dans la bibliothèque du collé'ye de
Fort-"\A illiam . qui a passé à la Société asiatique du
Bengale.
8° Un ouvrage en prose urdù intitulé Jaliângnir-
Schàhi'\ Cestune traduction de ï Icbâl-ndma-i Jahângniri^ .
c'estTà-dire le Livre de la prospérité de Jaliànguir. La
bibliothèque de la Société asiatique de Calcutta possède
un exemplaire de cet ouvrage, qui est l'histoire de Nùr
uddm Jahanguu^ Bàdschah. bis d'Akbar. qui régna sur
' \oyez le catalogue qu'en a publié M. Wiison , toin. II, pac. i45.
ET BIBLIOGRAPHIE. 537
i'Hindoustan. de i 6o5 à 1628. L'original a été écrit en
persaii pai' Mutamad Khàri Muhammad Scharîf Irânî.
WILAYAT \
]\Iîr Wilâvat ullah Khàn, de Delili. fils de Alir Bâqui
Khûsti. disciple du Khaja Jafàr, et frère aîné de Muhta-
scham .Alî Khàn Hischmat. se distingua non-seulement
comme écrivain urdù, mais encore il fut, par sa bra-
voure, par sa générosité, par son indépendance et sa
droiture . un des hommes les plus remarquables de son
temps. Il mourut peu de temps avant fépoque où Alî
Ibrahim rédigea son ouvrage , sous le gouvernement
du nabàb d'Aoude, Schujà uddaula. Ce dernier bio-
graphe, qui lavait connu, cite de lui plusieurs vers.
YARDIL.
Mîr Izzat idlah ^ akdil- était un saïvid qui vivait sous
le règne de Muhammad Schàh. Il cultivait les lettres
avec succès. Il a surtout écrit des éloges, pièces qu'on
nomme Mancabat'\ et qui sont le contraire des satires
nommées Hajo^. Mîr. qui parle de cet écrivain, d'après
ce qu'il en avait ouï dire au poète Arif. cite de lui un fort
joli gazai, plein dallusions au Coran, mais qui. dans
' Oyji^» sauLtitè.
" J«X5o un cœur, cest-à-dire dune même manière de penser.
538 BIOGRAPHIE
une traduction, perdrait tout à fait sa couleur, et ne
serait même intelligible qu'à force de paraphrases et
d'explications.
YARRANG.
Mustafâ Culî Khân Yakrang\ deDehli, était un des
petits-fils de Khân-i Jahân Lodî. Il fut un des officiers
de iMuhammad Schâh, et vécut ainsi dans les dignités
et les honneurs. Il est compté parmi les écrivains les
plus distingués de Dehli. Son style, plein de métaphores
neuves et hardies, ressemble à celui de Parwâna, de
Mazmûn et d'Abrû, dont il fut le contemporain. Selon
les uns, il est élève d'Arzû; selon d'autres, de Miyân
Abrû; mais il se déclare lui-même disciple de Mirzâ
Mazhar. Il est auteur d'un diwân estimé. Comme la plu-
part des diwân urdû , persans et turcs , cette collection
se compose de pièces érotico-mystiques , que le vulgaire
considère comme des chants inspirés par un amour
profane, tandis que le spiritualiste y reconnaît les ac-
cents passionnés de l'amour divin.
Lutf nous apprend que Yakrang mourut à Dehli;
mais il ne nous fait pas connaître l'époque de son décès.
Les biographes originaux citent un grand nombre de
ses vers. Mîr donne, entre autres, des extraits d'un mar-
siya de la composition de notre poète , sur l'iraâm Hu-
çaïn.
' i^XjjS^i unicolore, sincère.
ET BIBLIOGRAPHIE. 539
YARRU.
Miyân Abd ulwahliâlj Yaki'û ^ fut un des disciples de
Schâh Najm uddîn Abrû. B a écrit à la manière des
anciens et d'une façon fort obscure, ce cjui n'empêche
pas que ses poésies ne soient estimées. Mîr, qui l'avait
vu deux ou trois fois dans des réunions des amis de la
littérature hindoustani, le considère néanmoins comme
très-peu habile dans la poésie rekhta; j'ignore jusqu'à
quel point cette assertion est fondée. Voici, de ce poëte,
la traduction de quelques vers cités par Mushafî et par
Mîr :
Cette belle inhumaine m'a emmené loin de mes amis. Le
cœur d'un amant a été ainsi livré à ses desseins sanguinaires.
Désormais Yakrû ne peut plus vivre , puisque son cœur est à la
merci de cette sémillante mais bien cruelle beauté Aujour-
d'hui, par l'effet de ton absence, il y a dans mon cœur des bles-
sures en si grand nombre, que ma vie peut se passer à les
compter.
YAQUIN.
Miyân Li'âm ullah Khan Yaquîn ^, de Dehli , était fils
d'Azhar uddîn Khân Balladur Mubârac-jang. Son aïeul
paternel était sa seigneurie le schaïkh Mujaddad Alif II,
et son aïeul maternel Hamîd uddîn Khàn Nimcha. Il
attira fattention de Mirzâ Mazhar, fut son élève, et de-
vint un écrivain hindoustani très-distingué. Toutefois
' jmX> un visa(je , c'est-à-dire sincère. Cette expression est l'opposé de
«j ji deux visages, c'est-à-dire ybur6e.
^ (jvAJb eertitude, etc.
540 BIOGRAPHIE
bien des natifs n'ont pas une très-haute idée du talent
poétique de Yaquîn , et disent qu'il a mis sous son nom
des vers de la composition de Mazhar. Mushafî rapporte
les 071 dit que je viens de mentionner. Il ajoute que Ya-
quîn était lié avec Mirzâ Jân-jânân Mazhar d'une amitié
très-étroite ; que Yaquîn passait souvent la nuit dans la
maison de Mazhar, et qu'ils faisaient de la nuit le jour
et du jour la nuit. Ainsi, la supposition qu'on fait n'a,
d'après cela, rien d'improbable. De son côté, Mîr n'hé-
site pas à dire, que bien que Yaquîn ait une grande
réputation, il ne la mérite néanmoins pas. Il combat
cependant l'idée que l'on a communément parmi les
Indiens, qu'il a hérité (légalement) des vers de Mazhar;
parce que, dit-il, on hérite de tout, excepté des vers,
et qu'on ne pourrait pas même s'attribuer les vers de
son père, sans être accusé, ajuste titre, de plagiat : à
quoi donc servirait-il de le faire ? Mais il pense qu'on
peut seulement reprocher à Yaquîn d'avoir, comme
bien d'autres, pillé cà et là des expressions et des vers.
Il dit, du reste, qu'après avoir vu Yaquîn, il se con-
vainquit bien qu'il n'avait ni goût ni intelligence pour
la poésie. C'est apparemment pour cela qu'on s'est ima-
giné qu'il n'était pas le véritable auteur des vers qui cir-
culaient sous son nom. Lutf dit, en effet, que la plupart
des habitants de Dehli pensaient qu'il n'avait pas rédigé
les vers qui portaient son takhallus; mais que c'était
Mazhar qui les faisait lui-même , et qui y mettait le nom
de son ami. Toutefois on rapporte cpi'un jour Yaquîn
se trouvait dans la maison de Atiyat uUah Khan, fils
du nabab Inâyat ullah Khan, et qu'il dit que de-
ET BIBLIOGRAPHIE. 541
puis le jour qu'il avait cessé d'être disciple du Mirzâ
(Mazhar), la facture de ses vers s'était améliorée. Il
est vrai qu'un des assistants cita alors , à haute voix, un
hémistiche du célèbre poète persan Nizâmî , hémistiche
dont le sens est : «C'est cet oiseau qui a pondu cet
« œuf d'or. » Il voulait évidemment par là faire allusion
aux obligations que Yaquîn avait à Mazhar. Miyân
Schiliàb uddîn Sàquib , dont il a déjà été question,
rapporte, de son côté, qu'il alla un jour à la maison
de Yaquîn, pour éprouver lui-même son talent, et qu'il
lui proposa de faire, ainsi que lui, un gazai sur un sujet
donné. Sàquib l'avait terminé que Yaquîn n'en avait pas
seulement fait un hémistiche. Au surplus, ajoute Mîr,
Dieu seul sait la vérité. Toutefois Kalîm, qui a écrit
un cacîdah sur les poètes hindoustani, dit en parlant
de Yaquîn :
« En lisant les vers de Yacpiîn , bien des gens pensent
«méchamment qu'ils ne sont pas de lui; c'est une er-
«reur, je le tiens de Jân-jânân lui-même.»
Du reste , si son talent est contestable , Mîr fait ob-
server qu'il. n'en est pas de même de la noblesse et de
la distinction de sa naissance, qui en effet était il-
lustre.
On dit que sous le règne d'Ahmad Schâh, Yaquîn
ayant eu une contestation avec son père, ce dernier le
tua et jeta ensuite son corps à la rivière, et selon
Mushafî, dans une chaudière. D'autres disent que son
père ayant voulu faire avec lui une action honteuse,
qu'il paraît que Mazhar se permettait sans obstacle,
\aquîn résista, et que son père, irrité de fopposition
5'42 BIOGRAPHIE
qu'il rencontra, le tua. C'est Alî Ibrâhîm qui nous fait
connaître ces bruits fâcheux; Yaquîn était alors âgé de
vingt-cinq ans.
Les vers de Yaquîn , ceux du moins qui lui sont attri-
bués, sont fort estimés et fort agréables à lire. On les
apprend par cœur dans l'Inde , et on les cite sans cesse.
Parmi les écrivains hindoustani de l'ancienne école,
Yaquîn est le premier qui se soit exprimé avec élégance
et pureté. Ceux qui ont écrit postérieurement à lui l'ont
imité , comme il le dit lui-même dans ce vers :
Mes amis, ne cherchez point à eflfacer la réputation de Yaquîn,
car vous avez pris sa manière d'écrire.
Les gazai de Yaquîn ont été réunis en un diwân\ dont
j'ai un exemplaii^e dans ma collection particulière ; diwân
d'où Alî Ibrâhîm a extrait dix-huit pages, qu'il donne
dans son ouvrage comme un choix fait dans les œuvres
de Yaquîn. De son côté , Bénî Narâyan cite de lui une
grande quantité de rubâyî ou quatrains, les premiers
vers d'un grand nombre de gazai, et des vers isolés nom-
més/arj'^, formant en tout quatre-vingt-cinq pages in-
folio. Fath Alî Huçaïnî rapporte aussi vingt et une pages
de vers de notre poëte, et il nous apprend qu'il était
très-lié avec lui; mais il n'entre dans aucun détail bio-
graphique.
Je ferai connaître , dans le second volume de cet ou-
vrage, quelques poëmes de cet écrivain.
' n est bien entendu que quelques-uns l'attribuent à Mazhar.
^ i>y» et au pluriel cyL:>jJ.
ET BIBLIOGRAPHIE. 543
YAR.
Schâh Muhammad Zamân Yâr^ est un poëte duDécan
à qui on doit le Qaissa-i Doli nâma^, ou le Livre du
palanquin, masnawî erotique dont je possède un exem-
plaire manuscrit, et dont je me propose de donner l'a-
nalyse dans le second volume de cet ouvrage.
YAR, DE DEHLL
Mîr Muhammad Yâr, de Dehli, fils de Schâh ullah
Yâr, est un éloquent écrivain qui fut disciple de Mîr
Taquî, et l'objet de l'affection de Mîr Ziyâ. Il fut lié avec
les poëtes les plus distingués qui florissaient du temps
d'Ahmad Schâh, sous le règne duquel il vivait. On lui
doit des poésies hindoustani.
YAS.
Haçan Alî Khân Yâs ^ descendait du nabâb Aquîdat
Khân Nimat ilahî. C'est un poëte urdû estimé. Il vivait
à Lakhnau à l'époque où Alî Ibrahim écrivait son Gnl-
zâr, et il s'y occupait de poésie hindoustani. Il soumet-
tait ses ouvrages à Mirzâ Jafar Alî Hasrat.
Ai ami.
iyj\j> désespoir.
^ X<oIj (i^.S <Xkâj»
544 BIOGRAPHIE
YUCUF\
Auteur du Décan à qui on doit un Inscliâ, ou Recueil
de modèles de lettres, en hindoustani. M. F. Falconer
a un exemplaire manuscrit de cet ouvrage, qui porte le
titre de Inschâ-i Yûçufi ^, c'est-à-dire Inschâ de Yùçuf.
YUNASl.
Médecin célèbre qui vivait sous l'empereur Akbar, et
qui est connu sous le nom de HaMm Yiînas. Il a écrit
des poésies hindoustani. Voici la traduction de deux vers
de lui, qui font partie de ceux que Mîr a extraits de
l'album de son maître Arzû :
Lorsqu'à l'aurore cette beauté au visage de rose s'en est allée
hors du jardin, toute la plaine a été parfumée de son odeur
suave ; des roses sont nées sous ses pas.
ZABT.
Mîr Haçan Schâh Zabt ^ est un poëte hindoustani qui
est cité par Mannû Lâl. Voici la traduction d'un de ses
vers :
Je suis devenu fou après avoir perdu dans l'irrésolution l'argent
comptant du cœur : quelle sorte de trafic ai-je fait dans le bazar
de l'amour?
' oUufcj , nom arabe du patriarche Joseph.
' (jt*^^, Jonas.
kxo
possession.
ET BIBLIOGRAPHIE. 545
ZAFAR.
Le nabab Zafar ^ Khân est compté parmi les poètes
hindoustani. Mannû Lâl cite de lui deux vers dont voici
la traduction :
A la nuit ma bien-aimée m'est apparue au bord de la terrasse
de ma maison : c'est l'étoile de mon bonbeur qui s'est levée sur
l'borizon.
La fumée qui entoure en ondoyant la bougie, ressemble aux
cbeveux que la femme du joguî laisse flotter sur son visage.
ZAHIR.
Mîr Gulâm-i Huçaïn Zâbik^, de Debli, père du célèbre
Mîr Gulâm-i Haçan , est compté lui-même au nombre
des poètes hindoustani. J'ai déjà parlé de lui dans l'ar-
ticle sur Haçan. Je me contenterai de dire ici qu'il eut
surtout de la célébrité par ses calembours et ses plai-
santeries spirituelles. Il était aussi habile en musique.
11 vivait à Faïzâbâd en 1196 (i'78i-i772).
ZAHIR.
Khâja Muhammad Khân Zâhir^, de Dehii, fut un
des disciples de Mirzâ Mazhar Jân Jânân. Il mourut pen-
dant le règne de Muhammad Schâh , après l'invasion de
Nadir Schâh (entre 1789 et 17/17). Il est auteur de
plusieurs pièces de vers hindoustani. Un de ses gazai est
^ jJUà victoire.
' liljfc-Uij rieur.
' wCbUi manifeste,
1. 35
546 BIOGRAPHIE
encore clianté, de nos jours, par le peuple de l'Inde; il
a été publié dans les Hindee and Hindoostanee Sélections
parmi les chants populaires'. Voici la traduction de
quelques vers de lui, cités par Fatli Alî Huçaïnî.
Zalîkha ne porta plus ses regards sur aucun objet quand elle
eut vu Joseph en songe.
Sans l'amour qui colora les visages de Khusrau et de Schîrîn ,
celle-là n'aurait pas été jaune, ni celle-ci rouge.
Relève un peu ce voile importun avec ta grâce charmante ;
pour toi la modestie est un voile suffisant.
Quoique je ne me flatte pas que mes soupirs puissent pro-
duire un grand effet, toutefois il est impossible qu'ils ne fassent
quelque impression sur ton cœur.
Tu as beau n'avoir d'amitié évidente pour personne, ah! ne
le défends pas de quelque bienveillance envers Zâhir.
ZARA.
Khùb Ghand Zaka^ est un Hindou qui a écrit en urdù.
Mannû Lâl cite entre autres, de ce poëte, un gazai mys-
tico - erotique , genre dans lequel excellent les poètes
orientaux. Malheureusement les métaphores y dépassent
non-seulement les bornes de notre goût, mais elles sont
même d'une exagération réelle qui les rend peu propres
à être traduites.
ZAKI.
Jafar Alî Khan Zakî^ de Dehh, fds de Mirza Mumin
* Tom. II, pag. 42 1,
^ WS pcnctration. sagaciir , etc.
ET BIBLIOGRxVPHIE. 547
Beg, occupait un poste important parmi les officiers
de Muhammad Schàh , et était un des familiers du nabab
Umd ulmulk Amîr Khan , après la mort duquel il resta
sans emploi jusqu'à son décès. On raconte que l'empe-
reur Muhammad lui donna ordre de faire un masnawî
sur la pipe ^ Il le commença, en effet; mais n'ayant pu
y réussir au gré du monarque, ce fut le schaïkh Hâtim
qui le termina. Mîr, à qui j'emprunte ces détails , dit
que ce poëme n'est pas dépourvu de bon goût. Quatre
à cinq ans avant fépoque où Mîr écrivait sa biographie ,
Zakî tenait chez lui des réunions des amis de la litté-
rature rekhta; Mîr ne nous fait pas connaître ce qui
en occasionna la cessation.
Zakî est compté parmi les bons poètes hindoustani.
Il avait en effet un talent remarquable pour la poésie
rekhta , et il s'attachait à imiter le style antique. Mîr
cite plusieurs vers extraits de différentes pièces de Zakî.
On a entre autres de lui un poëme sur Alî, poëme qui
est très-célèbre. Il est intitulé Masnawî clar Mancab-i
Schâli-i TVilâyat-, c'est-à-dire Masnawî à la louange du
Roi de la sainteté.
ZARIR.
Le saïyid Huçaïn Dost Zâkir^, de Murâdàbâd, dans
la province de Delili, est compté parmi les poëtes hin-
doustani. Alî Ibrahim, le seid des biographes originaux
qui en parle, ne cite de lui qu'un vers.
' Ajûfc (S^^ Masnawi-i Hucca.
j,jli reconnaissant.
35.
548 BIOGRAPHIE
ZAMAN.
Saïvid Muhammad Zamân \ de ia caste des Saïyid
d'Alî", et natif de la ville d'Amroha, était un jeune
homme qui avait beaucoup de capacité. Il se dégoûta
bientôt des choses du monde, prit le froc des derviches
et se retira dans un jardin. Ses poésies ne sont pas en
grand nombre ; mais elles sont empreintes du véritable
génie poétique. Voici la traduction d'un vers que Mushafî
cite de cet écrivain :
La rose a bien la fraîcheur de ta joue , mais elle n'a pas son
éclat; le narcisse ressemble bien à ton œil, mais il n'a pas les
cils aigus qui percent les cœurs.
ZAMIR.
Saïyid Hidâyat Ali Khan Zamîr^, de Delili, nommé
aussi Nacîr uddaula Bakhschî ulmulk Açad-jang Balla-
dur, se retira de Dehli à Patna, où il se fit connaître
par sa bravoure et sa générosité. Il était parent du nabab
Schujâh ulmulk jVIuhammad Ali Wardî Khan Mahâbat-
jang. Il occupa avec distinction, pendant quelque temps,
le poste de sûbadâr d'Azîmâbâd ; puis il alla à Dehli et
dans les environs de cette ville , chargé d'une mission
du gouvernement; et dans les premiers temps du sul-
tanat de Schâh Alam, il revint à Azîmâbàd. Enfin, il
* C'est-à-dire de ceux qui descendent d'Alî, par tout autre de ses fils
que Haçan et Huçaïn.
' ^Ji-t-^Js esprit , etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 549
mourut à Huçaïnâbâd. Il a laissé un bon nombre de vers
bindoustani, et il en a composé aussi quelques-uns en
persan. J'ai donné dans ma Notice sur les fêtes popu-
laires des Hindous \ un boli de ce poëte, cbant que je
crois devoir transcrire ici, à cause de son intérêt ethno-
graphique.
C'est pour le holi, je le vois, que tu as teinl de couleur jaune"
ton visage vermeil, et que ta tête ressemble au safran épanoui.
Quelle est donc cette fête dont la venue met en mouvement
chaque maison de la ville ? Pourquoi tout est-il ainsi teint en
jaune ? A la nuit je me suis rendu à la réunion du holî:
charmant coup d'oeil! tout était jaune. Quelle description ferai-je
de cette assemblée? Tous les amis étaient assis, vêtus de jaune.
On avait placé des lustres éclatants autour de la salle ; les portières
étaient couleur de safran, les rideaux étaient jaunes; les femmes,
ornées de leur corset serré, s'étaient couvertes avec coquetterie
de châles jaunes. Ces houris étaient assises symétriquement , rang
par rang; elles s'étaient parées de colliers d or jaune. Leur pan-
talon avait pour ornement un galon d'or jaune. Chacune avait
mis autour de son cou des guirlandes de roses jaunes. Ces beautés
jaunes étaient satisfaites de leurs charmes. De tous côtés les sar-
bacanes lançaient de la poudre avec force. La terre et le ciel
étaient jaunes. C'était à qui jetterait plus de poudre jaune de sa
fiole. Les lustres de cornaline même en devenaient jaunes. Tout
était jaune par ]a poudre des sarbacanes ; les boucliers de talc ',
qui brillaient dans toutes les mains, n'en garantissaient personne.
Des femmes charmantes , assises sur le masnad *, se trouvaient
ainsi placées au milieu de tous ceux qui prenaient part au jeu.
' Pag. i!\ , et dans le Journal des Savants. i832 , pag. 485.
- Tous les vers se terminent par le mot ijj, qui signifie Jaune.
- On se sert, dans ce jeu, d'élégants boucliers de talc pour se garantir
io visage des atteintes trop vives do la poussière.
^ Ou sofa.
550 BIOGRAPHIE
Devant elles étaient des boîtes de bétel d'or jaune, artistement
arrangées. Chacune était, pour la beauté, la reine du temps. En
les voyanl, que de gens dont l'amour altéra les traits et rendit
le visage jaune! Dans cette nuit, mes yeux contractèrent la
jaunisse; que dis-je! elle pénétra même mes os. Zamir, ta des-
cription s'est bien assez prolongée : elle est elle-même teinte en
jaune '.
ZAR (JIWAN).
Mîr Jîvvân Zâr^ était originaire du Cachemire; mais
il fut élevé à Delili, où il fréquenta les meilleures so-
ciétés littéraires. C'était un jeune homme passionné qui
avait beaucoup de talent pour la poésie. jNIushafî avait
eu occasion de le voir souvent, soit à Dehli, soit h
Lakhnau. Zâr avait , à fépoque où Mushafî écrivait sa
biographie (en i ygS-i 79/1 ), plus de trente ans. Bénî
Naràyan cite un mukhammas de ce poëte,
ZAR (MAZHAR ALI).
Mîr Mazhar Ali Zâr, homme très-recommandable ,
disciple du spiritualiste le maulawî Schâh Hafîz ullah,
fut un des officiers du nabab Mirzâ Alî Khan Bahâdur,
probablement le même que Mushafî nomme Ahmad
Alî Khan Schaûkat-jang. Il faisait de temps en temps des
vers urdù. Les biographes originaux en citent quelques-
uns.
^ A cause des adjectifs ^\>XS\ i><\ et ^^iÀ**fcj, signifiant j'au/ic, qui
s'y trouvent si souvent répétés.
- jij àèsir, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 551
ZAR (MUGAL BEG).
Alî lljrâhîm dit seulement que cet écrivain hindous-
tani était lié avec le célèbre Muhammad Taquî Mîr, et il
donne un de ses vers.
ZARRA.
Jîné-dâs^, connu sous le surnom poétique deZarra'-,
est un écrivain cité par Mannù Lâl dans son Galdasta-i
nischât. Voici la traduction d'un de ses vers :
Secourez le faible, jetez la semence du bien; le monde est
une eau courante, lavez-y vos mains.
ZATALI.
Mîr ou Mirzâ Jafar Zatalî^, plus connu, selon Mir,
sous le. simple nom de Jafar, est un auteur dakhnî très-
distingué qui a écrit tant en prose qu'en vers, sous le
règne de Farrukli Siyar. Il fut la rareté de son siècle et
la merveille de son temps. Grands et petits le considé-
raient et l'aimaient. Lorsqu'il allait en la maison de
quelqu'un , il écrivait sur un morceau de papier l'éloge
du maître de la maison , et sur un autre il en traçait la
critique. S'il avait à se louer de sa politesse, il lisait
l'éloge; sinon, il mettait en circulation la satire. Malheu-
reusement ses vers , dont le style est , du reste , soigné ,
' C*^^ (S^'fi^ serviteur de Jina, saint personnage de la secte des Jaïn.
(M
^ oji atome.
' ^Joj habillard, adjectif dérivé du mol hindouslaui JsSj ou
habd.
552 BIOGRAPHIE
sont souvent fort obscènes. Ils ont été réunis en un
diwân très-volumineux, et l'entière collection de ses poé-
sies porte le titre de Kullijât, ou OEuvres complètes.
Il existe dans la bibliothèque du Nizam d'Haïderâbâd
un manuscrit de cet ouvrage qui se compose de deux
volumes. Zatalî est aussi auteur d'un volume intitulé
Bayâz \ ou Album , dont il existait un exemplaire dans la
bibliothèque de Muliammad-bakhsch , et d'un ouvrage
intitulé Hazlijât^, ou Facéties, genre pour lequel il avait
beaucoup de goût. C'est lui recueil de plaisanteries et de
jeux de mots dont Sir Gore Ouseley possède un exem-
plaire dans sa belle collection.
ZAUQUI.
Schâh Zauquî^ était un faquîr errant , auteur de chants
hindoustani très-appréciés dans les bazars de l'Inde. Voici
la traduction d'un vers de lui cité par Mannû Lâl :
Elle tient en ses mains un arc et une flèche, et moi je suis
là. A quoi peut me servir la prudence ? le destin désigne sa vic-
time.
ZIHN.
Mîr Muliammad Mustaad Zihn'*estun poëté hindous-
' ^^b> joyeux, etc., adjectif dérivé du mot arabe njjS (joiîi; et par
suite, délices, joie, plaisir, etc.
* uy^^ esprit, sagacité. Dans l'exemplaire que je possède du tazkira
de Fatli Alî Huçaïnî, on a écrit (j-i^i, mot appartenant à la même
racine arabe et signifiant 5piri7HrZ, sagace, etc.
ET BIBLIOGRAPHIE. 553
tani qui fut lié d'amitié avec Fath Ali Huçaïnî. Il mourut
à la fleur de l'âge.
ZINAT^
Femme distinguée par son esprit , que l'on compte
parmi les Indiennes qui ont cultivé avec succès la poésie
hindoustani. Mîr Mustahcan Khalîc l'avait connue à Faïz-
âbâd. Obligé de la quitter pour suivre l'armée -dont il
faisait partie , il en reçut un gazai de dix vers que cite
Musbafî. Dans cette pièce remarquable, elle exprime
ses vœux et ses désirs.
ZIYA.
Miyân ou Mîr Ziyâ uddin, de Dehli, prit pour takhal-
lus le mot Ziyâ^, qui fait partie de son titre honorifique.
Il fut contemporain de Saudà, l'ami et le disciple de
Mîr Taquî et le maître du célèbre Haçan, auteur du
Sihr ulhayân, lequel l'a beaucoup loué et avait en lui une
grande confiance. C'est un poëte hindoustani très-dis-
tingué. Il alla de Dehli à Lakhnau, où il passa quelque
temps , et où plusieurs littérateurs, à qui il donna le goût
de la poésie hindoustani, se formèrent sous lui. Il a
surtout écrit des gazai, mais pas de cacîdah et peu de
masnawî. Ses poésies ont été réunies en un diwân ,
lequel est très-estimé. A la fin de sa vie il alla demeurer
à Azîmâbàd ( Patna ) , et y vécut dans la solitude et la
retraite, dans le contentement [àuldpKSKx] et la contem-
' c:ajo\ oriiemenl.
- Ijus? lumière, splendcar.
554 BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE.
plation. Il résidait dans cette dernière ville en 1196
(1781-1782), époque où Ali Ibrahim écrivait son taz-
kira. Lutf nous apprend qu'il y mourut, sans préciser
l'époque de son décès. On trouve quatre pages des vers
de ce poëte dans le Gnlzar-i Ihrâhîm.
ZUHUR (MUHAMMAD).
Muliammad Scliâh Zuhûr ^ est un poëte hindoustani
dont Mannû Lai cite un vers qui signifie :
Cet œil en pleurs est resplendissant de beauté : telle est la lune;
elle brille d'un plus vif éclat dans la saison des pluies.
ZUHUR (SGHIW SINGH).
Lâla Sclîiw Singh Zuhûr vivait à Agra sous le règne
d'Ahmad Schâh, fils de Muhammad Schàh. Il se distin-
gua par son talent poétique et obtint de la célébrité.
Le divvân de Yaquîn paraît lui avoir servi de modèle.
ZUHURI'.
Ecrivain urdù qui est auteur d'un Scujiiî-nâma dont il
existe un exemplaire manuscrit dans la bibliothèque du
vizii' du Nizâm d'Haïderâbâd. Cette pièce est intitulée
Sa(iiiî-nâma-i Zuhûrî, c'est-à-dire Poëme bachique de
Zuhùrî.
• (SJ^ir^ visible, iiianijestc. .
APPENDICE.
LISTE
DES OUVRAGES HINDOUI ET HINDOUSTANI
IMPRIMLS ET MANUSCRITS
DONT IL N'A PAS ETE PARLE DANS LA BIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Anécartlia manjari, Dictionnaire des mots hindoiiî qui
se ressemblent.
Volume in-8° imprimé à Calcutta, mais dont il n'y a pas, je
crois, un seul exemplaire en Europe.
Abridgment ( An ) of the Holy Scriptm^es , by the Rev.
M'' Sellan, late minister of S' James's Cicrkenwell,
translated into ilindoostanee , by direction of the Cal-
cutta diocesan committee of the Society for pro-
moting Christian knowledge. — Calcutta, printed at
the Hindoostanee press. 1822.
C'est un volume in-8° de 3o3 pages, en caractères persans nas-
talic, bien imprimé. Il a dû cire plus utile aux natifs que les tra-
ductions complètes de la Bible, qu ils ont de la peine à comprendre.
Abstract of the articles of war, in English, Persian and
Hindoostanee, by Kirkpatric andWilkins. — Calcutta,
1 782 cl 1 787, in-k".
556 APPENDICE.
Anatomy of tlie urinary organs, by Breton, superin-
tendent ofthe Native médical Institution , printed at
the government lithographie press. — Calcutta,
1828.
C'est un volume in-8° de 18 pa;jes , très-bien exécuté. Il est
intituléenliindoustani: jjî ^ ^^S^^j^\ S {^^^^ -^y*»*^
{^y^r-^ (S-^^J ^LLJ f^ y! *J /j^^a». 3-^ . Il y en a une
seconde édition publiée par le savant et respectable feu J. Tytler;
elle est revue, corrigée et augmentée. C'est un grand in-8° de 2 5
pages. Le titre bindoustani, qui me paraît préférable au précé-
dent, est : -srj--*-> S J^^5 '^^^ ■
Anatomy ofthe maie organs of génération , by Breton.
— Grand in-8°.
Volume litbograpbié de 22 pages, en caractères persans. Il est
intitulé en bindoustani: Jf (_aAa2£ ^jt> ij»^mj ^^j.
Anatomy of the human integuments, lithographie pu-
bliée par Breton.
Anatomy Diseases and incidental Complaints of the
human ear, by P. Breton, superintendent ofthe Na-
tive médical Institution. — Calcutta, Seplember 1 829.
L'ouvrage est intitulé en bindoustani : \^ ^|^ (C-^P. m^> '-i^ •
C'est une litbograpbié de 102 pages, grand in-S", dédiée à Lord
William Bentinck, gouverneur général de l'Inde, avec quatre
plancbes, une table des matières et l'explication, en bindoustani,
des mois tecbniques anglais employés dans ce traité.
Arithmetic, with tables of logarithms, ])y Brown.
Ouvrage imprimé à Calcutta (je crois en i834) et intitulé en
bindoustani <_>Iaw.s». ^.c llin-i hiràb.
APPENDICE. 557
Arilhmetic, in Hindui, by tbe Rev. M. T. Adam. —
Calcutta, 1807, in-S".
Cet ouvrage est du nombre de ceux qui ont été publiés par la
société nommée School-book Society. On doit à l'auteur plusieurs
autres ouvrages.
Astronomy of Fergusson, abridged by Brewster and
translated in Hindi by Miss Bird , assisted by tbe Rev.
Mill and M^ J. Tytler.
Ouvrage qu'on a annoncé comme étant sous presse, à Calcutta,
en i834.
Apology for female éducation, in Hindi kari boli. —
Calcutta, 1822, in-8°.
Ouvrage publié par le Calcatta school-book Society.
Address to tbe people of Hindustan, on tbe advantages
of tbe Roman alpbabet, by Trevelyan. — Calcutta,
i83/i.
Ce traité est rédigé en hindoustani, il est imprimé à la fois en
caractères persans et en caractères latins. On sait que M. Trevelyan
veut, comme le docteur Gilcbrist Ta tenté auparavant, habituer
les Indiens à écrire l'hindoustani et leurs autres langues usuelles
en caractères latins. Il est douteux qu'il puisse y réussir. Dans tous
les cas, je dois dire que, pour les Indiens à qui on veut apprendre
l'anglais au moyen de leur langue, et à lire leur langue en carac-
tères latins, l'ortliograpbe du docteur Gilcbrist semble préférable
à celle de M. Trevelyan et de ses amis, qui n'est autre que l'an-
cienne orthographe de W. Jones, à laquelle on avait renoncé de-
puis longtemps. Du reste, cette nouvelle méthode de transcrip-
tion est ce qu'on nomme l'hindoustani romanisè.
Atlas, Hindoostanee, by Miss Bird. — Oblong form.
Calcutta, iS3/i.
558 APPENDICE.
Ancient History, by Archdeacon Corrie. — Calcutta,
Tdem, by Miss Bird, en caractères persans.
On en préparait une édition à Bénarès, en caractères latins, en
juillet i838.
Abujed «Xjstî, abécédaire bindoustani. — In-12.
Anglo-Indian Primer, ou Abécédaire anglais-indien.
Le Scliool-hooli Society de Calcutta en a publié deux diûerents ;
Tun Anglo-Hindooee , apparemment en caractères dévanagarî; et
l'autre Anglo-Hindoostanee , probablement en caractères persans.
Anglo-Hindoostanee Library of moral instruction, for
the natives, n°^ 1 et 2. — Calcutta.
Voyez Library of eniertaining knowledcje. J'ignore si ces deux pu-
blications sont distinctes.
Agguir Saguir j.5Lwj51.
Ouvrage bindouî qui a été traduit en persan. Il y a un exem-
plaire de cette traduction parmi les man. de Sir W. Ouseley, n" 488.
Astarbân, conte en prose dakhnî.
Manuscrit de la Bibliot. royale de Paris, fonds Anquetil, n" 20.
Am\vâj-i kbûbî (les Flots du bien ) , ou Scharb-i kbûb
tarang ( Développement des bonnes sensations ).
w
Ouvrage sur le spiritualisme o^aûj , en bindi et en persan.
Manuscrit de YEast-India House, fonds Johnson, n° 46o.
APPENDICE. 559
Aschar-i bliàkhâ mutazamman-i acsâm-i rag, c est-à-dire
Vers en bliâkhâ sur les modes musicaux indiens.
ÎNIanuscrit de VEast-India House, fonds Johnson, n" 1677.
Astrologie (Traité d') en sanscrit et en hindi, caractères
dévanagarî.
Manuscrit in-8° de 76 pages, qui fait partie de ma collection par-
ticulière. Il est incomplet.
Alfàz-i râghâ UjT, lilÀJî.
Bibliothèque de Sir Gore Onseley.
Acts of the Apostles (Tlie) inHinduwce. — Lushington's
Calcutt. Inst. App. xLi.
Ark ou Urag nâma x«b iàj\ .
Si on lit arli, ce titre signifie Livre du soleil; si on lit nracj , il
signifie Livre du serpent. J'ignore quel est le sujet de cet ouvrage
hindoustani. Il se trouve dans une bibliothèque de l'Inde dont on
conserve le catalogue à VEast-India House, n° 626 de la précieuse
collection Leyden.
Atmânuçâçan iH^^^HiliUHH la Règle de l'âme.
Ouvrage jaïn en bhâkhâ. [Asiatic Researches, tom. XVII, pag.
2 44.) M. Wilson en possède un exemplaire. C'est la traduction d'un
ouvrage sanscrit ou pracrit de Guna-Bhadra, élève de Jniacéna.
Selon le savant M. Wilson, les ouvrages jaïn sont pour la plupart
modernes. Ils ont été, en général, composés à Jaïpur, sous le
règne de Jaïcingh et de Jagat Singh.
Acâid-i Jâmî i^ùJjb ij^j^ ».^j^'j »^x^ c^W- «^-j^-Ji-ft les
Principes de la foi musulmane par Jâmî, avec une
traduction hindoustani.
Manuscrit delà bibliothèque du nabâb wazîr Mubammad-bakhsch
560 APPENDICE.
Alî Khân , etc. C'est prut-être le même ouvrage qui est indiqué
dans le catalogue de la Société asiatique de Calcutta , sous le titre
de Riçâla-i acâid, c'est-à-dire Traité des principes ( de la foi musul-
mane). Ce dernier ouvrage est eu vers, et il a été composé parle
maulawî Amîn uddin, le même auteur probablement dont j'ai parlé
pag. 67 et 58.
Bible (la sainte) traduite en hindoustani, caractères
dévanagarî. — 5 vol. in-8°, Serampore, 1812, 1816,
1818.
Le titre hindoustani est ^V| o(^ mSTl ''' Livre de la loi, et
TJ^ ^l ^m ^TtT Tontes les paroles de Dieu. Ces volumes
contiennent tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament,
excepté ceux que les protestants considèrent comme apocryphes. Le
premier volume contient le Pentateuque; le second, les Livres his-
toriques; le troisième, les Livres poétiques; le quatrième contient
les Livres prophétiques; le cinquième, le Nouveau Testament.
Bible (la) traduite en hindoustani par le missionnaire
B. Schultz.
On conserve cet ouvrage, en manuscrit , à la bibliothèque royale
de Berlin, en deux volumes in-4°, n"" 160 et 161. Je dois cette in-
dication à l'obligeance du professeur Vilken.
Barnamâlâ, or Hindoo Alphabet. — Serampore, 1820.
c^U|m(v^| , de ^^ lettre , et de HlÇil guirlande.
Book (The) of common prayer, translated in Hindoos-
tanee by Lewis Dacosta. — Calcutta , in-Zi".
Idem, in -8°.
Idem, Abstract, in-8".
APPENDICE. 561
Birah bilâs f^^ f^Q^ÏÏT les Plaisirs de l'amour ( à la
lettre, de l'amour dans l'absence).
Manuscrit hindoustani de la bibliothèque du collège de Fort-
William , écrit en caractères dévanagarî.
Bayân-i islam ^^^^t ij^ Exposition de l'islamisme.
Composition hindoustani faite d'après les ouvrages sur la religion
musulmane , publiés par le professeur Garcin de Tassy , et rédigée
parle capitaine Millingen, fils du savant antiquaire de ce nom,
avec Taide de plusieurs natifs. Ce traité n'a pas été imprimé , mais
on en a fait plusieurs copies qui sont répandues à Madras.
Bayân Tap naubat kâ ^ «^j^ <-^' ^Vaj Explication de
la fièvre intermittente. — Brochure hindoustani de
P. Breton, sans titre anglais.
C'est une lithographie de 1 7 pages grand in-8°, qui n'est pas aussi
bien exécutée que les brochures du même auteur.
Bayâz-i marciya *aS^ o^W •
Manuscrit de la bibliothèque du Nizâm.
Bijaï-Pâl Râça, ou la Ballade de Bijaï-pâl.
Poëme braj-bhâkhâ , sur ce fameux souverain de Biana , sur ses
prouesses, ses victoires et ses aventures romanesques. ( J. S. Lu-
shington, Journa/ o/"(/ie Asiatic Society of Calcutta, i832, pag. 273.)
Bâlavibodha.
De SfXçÇ enfant , et de |sjc|j {^t^ intelligence. Sorte de catéchisme ,
en bhâschâ , sur les doctrines et les pratiques extérieures de la re-
ligion jaïn. ( Wilson, Asiatic Researches, tom. XVII, pag. 2 44.)
I.
36
5G2 APPENDICE.
Baranbhavanaçandlii ^Tljvr^rr ^tf^. c'est-à-dire l'Union
de la nature des castes.
Autre ouvrage écrit en bhâschà , sur les doctrines et les pratiques
extérieures de la religion des jaïn. ( Wilson , Asiatic Researches ,
tom. XVII, pag. 2 44.)
Common Prayer of the church of England, by Martyn.
— Calcutta, 1818, in-8^
Idem, edited by Archdeacon Corrie (le même qui a été
ensuite nommé évêque de Madras). — Calcutta,
i83/i.
Compendium (A) of the Book of common prayer, and
the administration of the sacraments and other rites
and cérémonies according to the use of the church
of England, translated into the Hindoostanee lan-
guage. — Calcutta, 1816, grand in- 8°.
Compendium (A) of Geography, in Hindoostanee. —
Calcutta , 182/1, in- 1 2 .
Petit volume de 76 pages, par demandes et par réponses, publié
par le School-book Society, en août 1824, au nombre de mille exem-
plaires. Le titre hindoustani est : ^ ij^j^ it^^ «X^^^Xi». ■
Catéchisme catholique en hindoustani. — Rome, 1778.
Catechism (A) on the Principles of religion, in English
and Hindusthani. — In-i 8, Rom. char.
Catéchisme anglican, publié par le Calcutta auxiliary
APPENDICE. 563
chiirch missionary Society. — Lushington's Calcutta
Institutions, p. 33.
J'ignore si cet ouvrage est le même qu'un petit catéchisme de 2 A
pages in-12 , en caractères dévanagarî, qui porte le titre de Kitâb
larkon hé liyé, c'est-à-dire Livre pourles enfants. J'ai ce dernier opus-
cule dans ma collection.
Catéchisme musulman, ou pour mieux dire : Ouvrage
sur le Fikh AJij, ou la Jurisprudence religieuse mu-
sulmane, en vers hindoustani-urdû.
Manuscrit de la Bibliothèque royale de Paris , n" 1 , fonds hin-
doustani. C'est un masnawî divisé par chapitres. Le nom de l'auteur
n'est pas indiqué ; il n'y a pas de titre non plus.
Chaturdaca Gunasthâna ^ïï65T i|U|^M le Livre des
quatorze qualités.
Ouvrage écrit en bhâshâ , sur les doctrines religieuses des jaïn.
( Wilson , Asiatic Researches, tom. XVII , pag. 2 44.)
Collection de chansons hindoues : Pada , Tappâ , Holî ,
Râga, etc.
Manuscrit de la collection de M. Wilson.
Collection of Hindustani Songs.
Manuscrit en caractères persans , petit in-fol. de 80 pages, qui fait
partie de la bibliothèque de la Société royale asiatique de la Grande-
Bretagne et de l'Irlande.
Collection (A) of Hindoostanee Songs, by C. Trinks. —
London, in-fol.
Ce recueil contient trois chants populaires hindoustanl renom-
més, savoir: Schîschî bharl (julâh hî, etc. ; DU na dâna Ujâ, etc. ; Hari ,
Kischnu, de. On y a joint la chanson persane connue, Mutrib i
36.
564 APPENDICE.
khusch naivâ bago, etc. qu'on doit à Hâfiz du Cachemire , qu'il ne faut
pas confondre avec le célèbre Hâflz de Schiraz.
Collection (A) of divine Sayings, in English and Hin-
doostanee. — Calcutta, 1820, in-8°.
Collection (A) of Proverbs and Proverbial Phrases in
the Persian and Hindoostanee languages. Compiled
and translated, chiefly, by tlielate Thomas Roebuck.
— Calcutta, 182/4, grand in-8°.
La partie des proverbes hindoustani se compose de 897 pages. Ce
travail important a été publié par le savant indianiste Wilson , et
il a été dédié par lui au célèln-e Gilchrist, qui par ses nombreux
travaux a donné une grande impulsion à l'étude de l'hindoustani
parmi ses compatriotes. Je n'hésite pas à considérer cette collection
de proverbes hindoustani comme un des ouvrages les plus utiles
qu'on ait publiés en faveur de ceux qui s'occupent des langues de
l'Inde.
Collection (A) of moral Precepts and Reflections, ga-
thered from varions sources , in English and Hindus-
tani. — 2 vol.
Chandrâwatî.
Manuscrit hindî , en écriture nagarî, de la bibliothèque du collège
de Fort-William. La Société asiatique de Calcutta possède un exem-
plaire de cet ouvrage; l'auteur se nomme Sadalamisr Hi^Ç^l^H"^ •
Chennapatan Vertanta (Chcnapatna Vrittànta), Nou-
velles de Madras.
Journal de Madras, qui paraît le mercredi elle samedi de chaque
semaine. ( Asiatic Journal , XXIV, as. inl. 1 47. )
APPENDICE. 565
Chhaiidogaya Upanischad, traduction hindi de cetUpa-
nischad du Sâma véda.
Mackenzie, Catalogue, tom. Il, pag. iio.
Gurân-i scharîf oM;-i {j\^, c'est-à-dire le Noble Coran.
— Calcutta, Asiatic lithographie press.
Edition litliographiée du Coran, avec les commentaires de Huçaïn
et de Abbàs en marge, et la traduction liindî de Schâli Abd ulcâdir,
de Dehli , interlinéaire. ( Voyez l'article sur Abd ulcàdir. )
Gawâid-i aklilâc ^^^^^o^i *>oi_^ Règles de morale.
Ouvrage envers, exécuté d'après Tordre du roi d' Aoude , à l'A-
siatic litbograpbic press de Calcutta.
Chahâr anwâ ^î^î j^-^ •
Ouvrage bindî, qui est indique dans le catalogue manuscrit des
livres de Farzàda Culî.
Chârana-raca.
Ouvrage en dialecte de Jaïpûr, cité par Ward , Hist. Liter. etc. of
the Hindoos, tom. II, pag. 48 1.
Démonstration of the abdominal Viscera <Jj«Xji ^ ôvv^
Traité lithographie de lo pages, grand in-8°.
Démonstration of the thoracic Viscera <J jJo^ J" jl^r
Traité lithographie de 1 5 pages , grand in-8°.
Description of intermittent Fevers ^ <^^^ «-^ u^ •
Traité lithographie de 17 pages, grand in-8°.
566 APPENDICE.
Dâya Bhâgah ^FT HPT: Division des successions.
La traduction de ce traité , en liindî, a été imprimée à Calcutta.
Defence of female éducation ^ fsjTST f%^i<H=r\, en
hindouî. — Calcutta, i83/i.
Le même traité, peut-être, déjà cité sous ie titre de Apology for
female éducation.
Dâdi â Ï[T5T .
Sorte de chant ou d'hymne , ouvrage en dialecte de Jaïpûr, cité
par Ward , dans son History. Literature, etc. of the Hindoos , t. II,
pag. 48 1.
Diirgâ bhâschâ.
Ouvrage en dialecte de Kanoj , cité par Ward, Hi^fory, Litera-
ture, eic of the Hindoos, tom. II, pag. 482.
Dhannâyî.
Autre ouvrage dans le même dialecte, cité par Ward, History.
Literature. etc. oftheHindoos.tom.il, pag. 482.
Dhû-Lîlâ.
Ouvrage en dialecte de Kanoj , cité par Ward, History. Litera-
ture, etc. of the Hindoos, tom. II, pag. 482,
Dîn-i haquîquî kâ khulâça xo>>^ ^ J^JU- (j^.i> , c'est-
à-dire Abrégé de la vraie doctrine.
Petit catéchisme chrétien, par demandes et par réponses, im-
primé en caractères naskhî. Très-petit in- 1 2 de 30 pages.
Dialogue (A) between Ramhuree and Shadhoo <^ — i-5
Dialogue entre un Indien converti au christianisme et un Indien
non converti. In-8° de 22 pages.
i
i
APPENDICE. 567
Dialogue (A) belvveen a Durwan and a Malee ^jl?;i> iiLI
(j?^ 4^-^^ '-^j (:3V» (j*sîJ <i^ ^j' j^', c'est-à-dire
Dialogue entre un portier et un jardinier.
Opuscule religieux , anglais-hindoustani , en caractères persans,
de 92 pages, publié à Calcutta , en 1822, parle Bencjal anxïliary
missionarj Society. On a tiré deux mille exemplaires du texte hin-
doustani seulement.
Dialogus man. in-/i°, pag. 92, quo Christianus, et ethni-
cus Indostanus simul loquentes de veritate religionis
inducuntur, quique Betthiae Régi, aliisque illius dy-
nastise proceribus anno m. dccli, a Josepho M. Gar-
guanensi, et a Cassiano Maceratensi missionariis ca-
puccinis oblatus est. In Bibliotbecà collegii urbani
de Propagande Fide. (Alphabetum Branimhanicum
seu Indostanum, etc. p. xvn.)
D'après une note du cardinal Mai , qui m'a été transmise par
MM. de Lurde et Cintrât , le texte hindoustani est accompagné
d'une traduction italienne.
Diwân-i dar zabân-i bliâkhâ, on Sikh theology.
Manuscrit de la bibliothèque de ÏEast-India House.
Durr-i uçûl ^ Jj-»ol j:> la Perle des principes du droit
musulman.
Traité en dialecte dakhuî, composé de deux volumes. Un exem-
plaire de cet ouvrage se trouve dans une bibliothèque d'Haïderàbâd.
Dohra râg dlT^ ojJi^b. Vers descriptifs des modes mu-
sicaux.
Manuscrit de la bibliothèque de Muhammad-bakhsch , etc.
' Peut-Ctrc faut-il lire dar uçûl, ce qui signifierait simplement Sur les prin-
cipes (lu droit musulman.
568 APPENDICE.
Dar bayân-i natâiqu-i Nâyak o Nâyakâ, bhed Hindî, etc.
Colloques entre l'époux et l'épouse, secrets indiens,
accompagnés de vers persans.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Dar riçâla-i râg-mâlâ iiU J\j ^il^wj j^ Traité des modes
musicaux.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Daçakschapanavratavidhi
Ce qui paraît signifier : Règles à suivre pour les actes satisfactoires
des dix sortes d'impuretés. C'est un traité religieux des jaïn, écrit
en braj-bhâkhâ, lequel est cité par M. Wilson, Asiatic Researches ,
tom. XVII, pag. 2/4/i.
Dharnia buddhi cbatusclipadi ^^ 5rf% t^H^hQ» Qua-
trains (braj-bhâkhâ) sur la convenance des devoirs
religieux -
Ouvrage jaïn. ( Asialic Researches. tom. XVII, pag. 2 44.)
Dharma-sâstra ^JT SJR^, c'est-à-dire le Livre de la loi.
Ouvrage hindoustani , indiqué par Paulin de Saint-Barthélémy ,
dans le volume intitulé Musei Borgiani manuscripti Avenses , etc.
pag. i56. Je pense que c'est une version du livre de Manu qui est
intitulé Dharina sâstra manava. Toutefois elle est divisée en dix-huit
portions , au lieu que le livre de Manu n'en a que douze.
Examinations and Exercises of the students of the col-
lège of Fort-William, in the Hindoostanee, Bengalee,
APPENDICE. 569
Persian and Arabie languages, published by professer
Gilchrist. — Calcutta, 1801 et 1802, m-/i°.
Extracts from Torrens , etc. , for the use of native Ranks
of infantry. — Adjutant generai's office , Fort Saint-
Georges, 1 83 1 , in- 4°.
Volume liindoustani de 538 pages, lithographie à Madras, avec
figures. Cet ouvrage est surtout traduit de celui de Sir H. Torrens,
intitulé Field exercises of the arrny. On doit ce travail au capitaine
Brown , attaché à l'adjudant général. Il est intitulé en bindoustani
Câida-i Farhang i^Xj<^ya û«XfiljJ, c'est-à-dire B.e(jle de l'art [mili-
taire ) .
Evangelium Lucae in linguam Indostanicam translatum
à Benj. Schultzio, edidit Jo. Henr. Gallenbergius. —
Halaî Saxonum, 17/19, in-12.
Benjamin Schultz était un missionnaire protestant fort zélé,
qui avait résidé dans le Décan , et qui s'était ainsi familiarisé avec
l'idiome vulgaire de cette partie de l'Inde. On lui doit une gram-
maire bindoustani , et la traduction , en cette langue , de la sainte
Bible.
Elementary Treatise on Geography and Astronomy, in
Hindi.
Traité publié, je crois , à Calcutta, en caractères dévanagarî.
Ekavinsati sthâna XJ^ïf^SfJ'irr ^H les Vingt et un de-
ÎS.
Ouvrage jaïu, en bhâschâ. [Asiutic Res. lom. XVII, pag. 244-)
gres.
570 APPENDICE.
Fables in Hinduwee (intitulées dans l'original Nîti kallia
nlfd <=n^l ' c'est-à-dire Fables de morale). — Cal-
cutta, 1802, in- 12; autre édit. en i83/i.
Cet opuscule est publié par le Scliool-booh Societj.
Fables in Hindoostanee. — Calcutta, 1818, in-8''.
Ouvrage publié par le School-book Societj.
Fables in Oordoo c::>l>K&. , for tlie use of tlie schools.-—
1™ part. 2^ édit. 1819.
La première édition a été tirée à mille exemplaires ; la seconde
à deux mille. J'ai dans ma collection particulière un exemplaire de
la seconde édition , qui a appartenu à un de mes anciens condisciples
de l'Ecole des langues orientales , où je suis actuellement professeur,
M. Larocbe, de Bàle, pieux et savant jeune bomme , qui s'était
consacre à la carrière des missions dans l'Inde , et qui y est mort
en 1821 ou 1822.
Fables , nagari character. — Calcutta.
Idem, Persian character. — Calcutta.
Fables en vers hindi , etc.
Manuscrit in-4° de YEasi-India Ilouse , collect. Leyden, n° XXV,
écrit en 1861 de Samwat ( 1785 de J. C. ).
Fragments de la Bible , en hindoustani du Décan , tra-
duits par Schultz. — Halle en Saxe, i 76 5- 1 7/17, in-S".
Bibliotbèque de M. Marcel , ancien directeur de l'Imprimerie im-
périale.
Family Prayer, by Rev. T. Morris. ^^Lci . ^^ mj^^
APPENDICE. 571
<J^ S ojy^j-è^ S' c'est-à-dire Prières du matin et
du soir, à l'usage des familles.
Petit volume in-12 de 3o pages, très-bien imprimé, en carac-
tères persans. Il a été imprimé à Calcutta, à la typographie des
Missions de TEglise anglicane, et publié à Bénarès, en 1826.
Field exercises of the army, in nagree and Roman
character, by L' Arthur Hogg (Oordoo translation).
— Calcutta, iSSy, in-8° de 3/i3 pages.
Cet ouvrage est demi-imprimé , demi-lithographié; la partie en
caractères latins est imprimée , celle en caractères dévanagarî est
lithographiée-, le tout est exécuté avec soin. Le titre hindoustani
est ainsi rendu en lettres latines : Ungrezee lashkaree huwaed ha tar-
jumu.
Fruitos de arvore da vida, c'est-à-dire Les fruits de l'ar-
bre de la vie.
Ouvrage composé et traduit par P. Antonio de Saldanha. Manus-
crit hindoustani en caractères latins. Catalogue de Marsden, p. 807.
Farhângu-i Hindoui , ou Dictionnaire hindoustcini , avec
une grammaii^e et des explications sur les sciences
des Indiens, etc.
Catalogue des livres d'Adam Clarke, pag. SgS.
Four Gospels (The) in Hinduwee.
Lushington , Calcutta Inst. App. xli.
Genèse, Proverbes et Isaïe, en hindoustani-urdû.
Volume in-8°, imprimé à Calcutta , aux frais de la Société bi-
blique, en 1825 et 1826. Le type de ce volume, qui est nastalic ,
ressemble beaucoup aux caractères des manuscrits. C'est le plus
572 APPENDICE.
joli de tous ceux qu'où a gravés. Il a servi à imprimer plusieurs opus-
cules bindoustaui, qui ont paru à Calcutta.
Goladhva,
Lusliington , Calcutta InstU. App. xl. Il faut probablement lire
Golàâhyâja iW^^ytH [H Leçons de ijèoyraphie.
Geography, in Hindostanee, by Miss Bird. — Calcutta,
Giddasta-i Haidarî <^j j^a^^ ajc^j^Jo .
Ouvrage annoncé comme ayant été imprimé à Calcutta , dans les
Priinitiœ Orientales, tom. III, pag. Li.
Gospels (The) traiislated into Hindooslaiiee by learned
natives ; revised and collected with the original Greek
by ^^illiam Hunter (nagree character). — Calcutta,
i8o5.
Gospel according to Saint Matthew , Englisli and Hin-
doostanee, Latin character. — Calcutta, i83Zi, in-S".
Les éditeurs de cette publication et de la plupart des écrits en
hiudoustani romanisé, ont souvent échoué dans la transcription des
mots arabes, en suivant plutôt l'orthographe que la prononciation de
ces mots. Je désire , du reste , de tout mon cœur, que Thindoustani
romanisé puisse servir, comme s'en flattent ses partisans , à répandre
parmi les Européens la connaissance de l'hindoustani ; parmi les
natifs celle de l'anglais, et surtout nos sciences et nos principes
religieux.
Gospel of Saint Matthew, in Ilindooslanee and English.
— Calcutta , 1819, in-8".
APPENDICE. 573
Gospel of Mark, English and Hindustbani, Roman cha-
racter. — ln-8°.
Générations française, persane, maure (hindoustani) et
bengali, ou Liste de tous les degrés de parenté et de
fdiation, en ces quatre langues.
Manuscrit de la Bibliothèque royale de Paris.
Gulschan-i tauhîd «Xx»-^ (j-*-J^ le Jardin de l'unité de
Dieu.
Traduction du Mantic uitaïr - > Vi i| ^ Ul^ le Colloque des
oiseaux. C'est un ouvrage mystique écrit en vers dakhnî; il est cé-
lèbre dans le midi de l'Inde. Muhammad Ibrahim le cite dans la
préface de sa traduction de YAnwâr-i Siihaïlî. Il y a un exemplaire
de cet ouvrage à la bibliothèque de YEast-India House, exemplaire
qui porte le titre de l'original persan. Il y en a un autre qui est
désigné sous le premier titre dans la liste des manuscrits du vizir
du Nizàm , mais ce dernier volume est indiqué comme urdù. Un
autre manuscrit dakhnî delà même bibliothèque et intitulé Pan-
chhî hâchha ^g-j^b ^-^ C*^' ^^ ^l^^ paraît signifier Discours
de l'oiseau, est peut-être une traduction ou une imitation de l'ou-
vrage d'Attar.
On sait que l'original persan est dû au célèbre écrivain mysti-
que Farîd-uddîn Attar, dont feu M. de Sacy a publié le Pand-nâma.
On trouve, dans les notes de cet ouvrage, beaucoup de morceaux
traduits du Mantic nttaïr, qui donnent une idée avantageuse de l'in-
térêt spirituel de cette production.
Gîmâlâ witli a translation in Hindee , by a pundit of
tbe Raja of Bhurtpore.
Catal. of the As. Soc. Cale.
574 APPENDICE.
Guiyân niâlà ^U ^Ip ^^FT WT^ la Guirlande de la
science.
Manuscrit de la bibliotlièque de Farzâda Culî.
Gaj a-sukumâra-cbaritra .
Ouvrage jaïn eu bhâscliâ. ( Asiatic Res. tom. XVII , pag. 2 45. )
Hymnes chrétiennes. Dharm pustak kâ sâr ^Jtt L|^ch
^ HTX Essence du liv re de la loi.
Petit in-12, en hindouî , composé de dohâ et de chaupaï.
Hatta-Pradîpa.
Ouvrage en dialecte de Jaïpur, cité par Ward, Historj , Lite-
rature , etc. of the Hindoos , tom. II, pag. 48 1.
Steward's Historical Anecdotes , with a sketch of the His-
tory of England, and her connexion with India.
Translated by Rev. W. T. Adam. Anglo-Hindawee.
— Calcutta, printed at the Calcutta school-book So-
ciety's press, 1826, in-8".
Ce volume est intitule en hindoustani : ^CfXSJ ^STT ^7
^T^JT^ 3mi^TîT=RT "^R^, c'est-à-dire Fables d'ins-
truction et Extrait de l'Histoire d'Angleterre. On doit au traducteur
plusieurs autres ouvrages, entre autres, un dictionnaire hindî avec
les explications dans la même langue. Il en sera parlé ailleurs.
Humane (The) Society's Rules, in Hindoostanee. — Lon-
don, 1826, in-S".
Hindce S tory Telier, or Entertaining Expositor of the
Roman, Persian and nagrec characters simple and
APPENDICE. 575
compound in tlieir application to tlie Hindoostanee
language as a writleii and literary vehicle, by J. Gii-
christ. — Calcutta, i8o2-i8o3, in-8°.
Cet ouvrage est un des plus utiles de ceux qu'a publiés le doc-
teur Gilcbrist. Il se compose de deux volumes : le premier contient
cent huit courtes anecdotes ; le second, qui est très-rare, des anec-
dotes plus longues.
Hindee Roman ortlioepigraphical ultimatum, or the
Hindoostanee Story Teller, by J. B. Gilchrist. — Lon-
don, 1820, in-8°, second edit.
Nouvelle édition du Hindee Story Teller, imprime à Calcutta. Les
anecdotes ne sont ici qu'au nombre de cent; elles sont répétées,
comme dans la première édition, une fois en caractères persans,
une autre fois en caractères dévanagarî, une troisième fois enfin
en caractères latins. Ces trois parties occupent i4o pages; l'intro-
duction et les remarques, 2i4 pages. Il n'y a pas de traduction.
Hindui Proverbs. — Calcutta, i83/i.
Hindoostanee Version of the London Pharmacopeia
published in january 180 4, printed in lithograpby
in the nagree character, for the use of the students
of the Native médical Institution. — Calcutta , 182/1,
grand in-8° de 166 pages.
C'est la traduction de l'ouvrage intitulé : Pharmacopœia collegii
regalis mediconim Londinensis. Les i46 premières pages sont la tra-
duction de l'ouvrage anglais. Il y a ensuite l'explication des mots
techniques anglais rendus en bindoustani , ce qui forme 20 pages.
Cet ouvrage a été rédigé par P. Breton , chef de l'Institution mé-
dicale des natifs, et il est dédié par lui à Lord Amberst, gouverneur
général de l'Inde. C'est le même P. Breton qui a publié en bin-
doustani beaucoup de traités de médecine, tâche dans laquelle il
fut remplacé par J. Tytler son successeur.
Il y a une édition du même traité en caractères persans.
576 APPENDICE.
Hindoostaiiee Fables. — Serampore, 1821.
Ces fables sont eu caractères dévanagarî. Ceci est la seconde
édition ; elle a été tirée à deux mille exemplaires.
Hiiidoostanee (The) is the most generally useful lan-
guage in India. — Thèse rédigée en hindoustani (ca-
ractère dévanagarî) par W. B. Bayley, et publiée
dans l'ouvrage intitulé : Essays hy the students of the
collège of Fort-PFilliam in Bengal, 1802.
Cette dissertation a été reproduite, en partie, par S. Arnot,
dans sa Grammaire hindoustani, tant en caractères dévanagarî qu'en
caractères persans.
Harmony of the four Gospels, containing a complète
History of the Life of Christ chronologically arranged,
in the words of the Evangelists. (In the Hindoostanee
language.) — Calcutta, printed at the Baptist Mission
press, 1823 , in-8°.
Volume de Sgo pages, très-bien imprimé, en caractères nastalic.
Il est divisé en six portions, lesquelles sont subdivisées en chapitres.
Cette composition a été faite par M. Macknight, d'après la traduc-
tion du Nouveau Testament de Martyn. Elle est intitulée en urdû :
j^ ^ .f^m^ JUfc. <-«»**( (^jvcu*-> 1^ J^'=^5 j^^ »S-y*s^ ., c'est-
à-dire Concordance des quatre Evangiles, comprenant toute Ihistoire du
Messie.
Homilies of the united church of England and Ireland ,
in Hindoostanee.
Voici la liste de celles qui ont été publiées , à ma connaissance :
1 " Homily. A fruitful Exhortation to the readin(j and knowJedgc of
holj Scripture. — Grand in-S" de i5 pages. J'en connais deux éditions
litbographiées à Calcutta en i83i.
APPENDICE. 577
2'' Homily. A Sermon of the miseij of ail mankind and of his con-
demnation to death everlasting , hy his own sin. — Brochure de 1 7
pages , imprimée.
S"*. A Sermon of the salvation ofmanhind hy only Christ onr saviour,
from sin and death everlasting. — Brochure de 2 4 pages, imprimée
à Calcutta.
li^. Of the true , lively , and Christian Faitk.
5"". Of good TForh annexed unie Faith. — Brochure de 32 pages,
Calcutta, 1828.
6' . Of Christian Love and Charitj. — 16 pages.
7' . Against Sivearing and Perjury.
g'*". Against the Fear of death. — 38 pages.
26' . On the Passion : for good friday. — 20 pages.
Hacpiîquat-i Muhammad Mustafà Ajila»A.« «x^î- cxjujis^
Histoire de Mahomet l'élu.
Masnawî sur le prophète des Arabes. Manuscrit de la bibliothèque
de YEast-India Hoiise , n" 303 , fonds Leyden.
Heavenly (The) Way, ou le Chemin du ciel.
Brochure hindoustani de 36 pages , publiée à Bombay par les mis-
sionnaires américains [^American hoard of commissioners for foreign
Missions ) .
Hadîs (les quarante). Recueil des quarante célèbres
sentences de Mahomet qui sont la base de tous les
autres hadîs.
Manuscrit de la Bibliothèque royale de Paris.
Historical Fragment respecting the sultans Gaïyâs uddîn
and Muïz uddîn.
Catalogue de Sir W. Ouseley, u'ôiS.
37
578 APPENDICE.
Histoire d'Haïder Alî, en dakhnî.
M. le capitaine Millingen, fils du savant antiquaire de ce nom ,
et M. G. Broadfoot, mon ancien auditeur, possèdent des exem-
plaires manuscrits de cette production. J'ignore si c'est le même ou-
vrage que le Haîdar-nâma. qui est une histoire de Haïder et de
Tîpou , traduite du persan en liindoustani , histoire dont M. Duncan
Forbes possède un exemplaire sans nom d'auteur. Ce dernier tra-
vail a été fait par l'ordre du capitaine Thomas Little , qui était un
des chefs de l'armée anglaise contre Tîpou. Il a été écrit en 1220
de l'hégire ( i8o5 de J. C. ). Le manuscrit de M. Forbes est forme
de 200 pages environ, in-fol. Il y a à la Société royale asiatique
de Londres un manuscrit hindoustani in-4°, qu'on a intitulé : Poem
on Haidcr war with the Mahrattas , ivrhten hy ordcr of Tippoo.
Inschâ-i murassa ^j-o -«^Uot Composition ornée.
Titre d'une histoire en langues persane et hindoustani. Manus-
crit de la bibliothèque de Farzàda.
Introductory Lecture on Anatomy, by P. Breton, super-
intendent of the Native médical Institution.
Brochure de 1 2 pages, intitulée en hindoustani k_jc ic.^Js.Ji »
1/» .: .. r
Jang-nâma-i Râo Bhâo jl^ jr, JUb ^^ , c'est-à-dire
Livre du combat de Râo Bhâo.
Poème sur la mémorable bataille que remportèrent , le 7 janvier
1761, les Musulmans sur les Mahrattes, près de la ville de Pànîpat.
Le chef de l'armée musulmane était Ahmad Schâh Ahdallî , souverain
du Caboul-, celui de l'armée mahratte était Râo Bhâo. Un manuscrit
de cet ouvrage fait partie delà collection Mackenzie. Voyez tom. II,
pag. 1 4.5 du catalogue qu'en a publié M. Wilson.
Jahânguîr-nâma.
Manuscrit en dialecte dakhnî de ÏEast-lndia Home, fonds Leyden ,
11 i35. M. F. Falconer a un autre exemplaire de cet ouvrage. C'est
APPENDICE. 579
une histoire Je JaLànguîr, traduite probablement de l'ouvrage per-
san qui porte le même titre.
Jog baçaiit Pothî.
Manuscrit hindî de la bibliothèque de Muhammad-bakhsch Alî
Khân.
Kitàb Tahajjî Urdii zabân men yl>j jij^ cs^^^Jr' V^*^
Abécédaire hindoustani, en caractères latins, première partie avec
une lithographie représentant une école hindo-anglaise. Brochure
de 18 pages In- 12, publiée par le School-book Society , CsAcuttsi ^ i834.
J'ai dans ma collection particulière un exemplaire d'un autre abécé-
daire hindoustani , en caractères persans , imprimé très-probable-
ment à Calcutta, mais sans titre. Il y a seulement, au commence-
ment de la première page, J^v?* (J^-^r» premier chapitre. C'est une
brochure de 2i pages in-12, qui est rédigée avec soin; elle se ter-
mine par une histoire intéressante.
w
Kitâb-i tacallubât «^^UXiG oUS^ Livre des changements.
Manuscrit de la bibliothèque du collège de Fort-William. J'en
ignore le sujet.
Kitâb-i cawâid «xaî_^ v^-^ Livre des règlements.
J'ignore le sujet de ce volume, qui fait partie des manuscrits
hindoustani de la bibliothèque du collège de Fort-William.
Kitâb hazâr dhurpad «x_j^ijlj^ cjU^) le Livre des
mille dhurpad.
Curieux traité sur la musique indienne. ( Catalogue de Sir W.
Ouseley, n° 619. )
37.
580 APPENDICE.
Kitâb-i mantar ^^Xv» t_>U5' Livre des charmes, ou de
magie, en hindi.
Petit in-fol. manuscrit de la bibliothèque de VEast-India House.
n" 44 1, fonds Leyden.
Kitâb-i azrâb-i sultanî jliaXw o5^î t_>U5' Livre des
exploits impériaux; ou simplement : Azrâb-i sultanî,
ou les Exploits impériaux.
Manuscrits de la Société asiatique du Bengale (ci-devant du col-
lège de Fort-William ) , et de la Société royale asiatique. C'est This-
toire abrégée de la guerre des Mabrattes et de Nizâm Alî, écrite
par Tordre du sultan Tîpou. Le manuscrit de la Société asiatique
de Londres est un grand in-8° de i36 pages.
Kacîr ulfawâid *x^lyiJî jmiS' les Grands Avantages.
J'ignore le sujet de ce volume, qui fait également partie des ma-
nuscrits de la bibliothèque du collège de Fort-William, à Calcutta.
Kavi Prakâsch.
Ouvrage en dialecte de Kanoj , cité par Ward , HisiorY, LUera-
tiire, etc. of ihe Hindoos , lom. II, pag. 482.
Kab bidya 1>«Xj <_^ Science du poëte.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Khan-i (The) ulwan ^\^\ y 5^ (à la lettre, Table
de mets variés ) , or Hindoostanee Cookery. — Sous
presse â Calcutta en i8o3. [Primitiœ Orientales,
tom. III, pag. liij.)
Le manuscrit de ce traité existe parmi les livres de Fort- William.
Un ouvrage pareil a été traduit par feu Sandford Arnot, sous le
titre de Indian Cookerj, et il fait partie des Miscellancoiis Transla-
tions, publiées par le Comité des traductions orientales; toutefois
loriginal de ce dernier traité est en persan, mêlé de phrases hin-
doustani. Il paraît avoir été écrit par un Indien du Bengale.
APPENDICE. 581
Kalpa sûtra.
Ouvrage jaïna contenant le récit de la naissance et des actions
de Mahàvîra, le dernier Tirthankara ou Jina de la période actuelle
du monde, et des autres Tirthankara, en ordre inverse, du dernier
au premier; et aussi des descendants et des élèves de plusieurs
d'entre eux, tels que Rischabba, Néminâth et Mahàvîra. L'ouvrage
est terminé par la description des devoirs de ceux qui suivent la
foi des Jaïn. (H. H. Wilson , Mackenzie's Catalogue, t. II, p. ii5.)
Kalpa kédûr d^t<M ^Î6TX-
Titre qui signifie, je pense, le Champ des préceptes sacrés. C'est
un ouvrage tantrika ou relatif aux tantra (sorte de charmes). Il est
écrit esi bhâkhâ. M. Wilson en possède un exemplaire.
Khalîc bârî ^$Jj (j-k^s^ .
Masnawî de lo pages seulement, écrit à Akbarâbâd ( Agra ) en
1 1 3 4 de l'hégire (1721-22 de J. C. ) . C'est une sorte de vocabulaire
persan-hindoustani dans le genre du Nlçâb tajnîs ulla(]àt, par Jamî,
titre que Gladwin a traduit par Resemblances lincal and verbal, dans
l'édition qu'il a donnée de ce petit poëme-lexique. Manuscrit de la
bibliothèque de YEast-India House.
Kîd-i zan yj *>v^ les Ruses des femmes; ou Nacl-i
Brahmaiidar bâb-i Kîd-i zan yj <\./S' JJ^j ji, ^^ JJù
Récit d'un Brahmane au sujet des ruses des femmes.
Manuscrit de ÏEast-India Housc , en 2 vol. in-8°, fonds Leydeu,
n"' 359 et 407. Il est écrit en hindoustani du Décan.
Il y a un conte arabe qui porte aussi le titre de Ktd anniçâ ùsjS^
\m*Jij\ , et qui a été édité et traduit par feu Langlès.
Krischn chandr j«XÀrï^ ^jJZ^ .
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Kallânî scbam o parwâna aur gui o bulbul ç^ jW^
582 APPENDICE.
cKv^j tP^j' ^'j?^^ ' c'est-à-dire Histoire de la bou-
gie et du papillon , et de la rose et du rossignol.
Cet ouvrage est cité dans la Biographie de Lutf. La bougie et la
rose sont, comme on le sait, l'image de Dieu, et le papillon et le
rossignol, celle de l'homme. Voyez l'allégorie de la bougie dans
mon ouvrage intitulé les Oiseaux et les Fleurs; lepoëme turc intitulé
Gui 0 hulhul, publié par M. de Hanimer, et l'opuscule arménien sur
la rose, publié par M. de Florival.
Khaïr khâh-i Hind «XÂ^ ù\^ jaà. l'Ami de l'Inde.
Journal religieux écrit en hindoustani et imprimé à la Baptist
Mission press de Calcutta. Il est à la fois en caractères persans et
en caractères latins, d'après l'orthographe de Trevelyau.
Looking-glass for children ^^:> ^ ij^îj^ •
In-12 de 44 pages, publié par le School-book Society de Calcutta.
C'est un petit traité de morale à l'usage des enfants. Il est suivi de
quelques avis pour les parents.
Library of entertainingknowledge (Anglo-Hindusthani).
Ce sont des publications faites parles Baptistcs, en hindoustani
romanisé. Le format est in-i 2.
N° 1 . Pitiful Story of the unhappj niothcr who sacrifœed her in-
fant.— Brochure de 17 pages, avec trois gravures sur bois. L'hin-
doustani est rendu en caractères latins. Elle est accompagnée, comme
tous les opuscules de ce genre, d'un alphabet harmonique et de
quelques détails sur la prononciation des voyelles et des consonnes.
N° 2 . Memoir of Mohan Lai.
N" 3. Cnielty to animais. — 15 pages avec deux gravures sur bois.
Elle se termine par huit vers anglais, traduits par neuf vers hin-
doustani.
N° 4. Moral Preccpts , n° 1. — Ils sont au nombre de soixante et
quinze. Le texte est accompagné d'un vocabulaire anglais-hindous-
tani. l'y pages.
N° 5. Lucj and her niolher. — 17 pages, deux gravures sur bois.
N° 6. Murder of ihc innocent children bj their parents. — The Utile
Girland the Butterfly. — And the shepherd's Bor. — 17 pages, une
gravure sur bois.
APPENDICE. 583
M° 7. The Grejhound and ihe Miistiff. — Virlue and Vice contra-
sted. — And the Coiintrjman and tlic Snahe. — 17 pages, une gravure
sur bois.
N" 8. Ibrahim and his happy family. 3i pages.
iV 9. Hislorj of Joseph. — 87 pages, neuf gravures sur bois.
Labal abab.
Probablement pour cjLaJ^I oJ Luh ulalhdb , l'Essence des
quintessences; ouvrage traduit du persan de Muhanimad Haïder,
sur l'art de dire la bonne aventure, de découvrir les vols, les trésors
cacbés, de prévenir les desseins secrets, etc.; en un mot tout ce qui
constitue la science que les Arabes nomment ramai Jc«j ou géo-
mancie. Catalogue de la Collection Mackenzie , tom. Il , pag. ii4.
Lugât-i Hindi t5*x>v* ci>UI Mots hindoustani, c'est-à-dire
Dictionnaire hiiidoustani-anglais.
Manuscrit de la bibliothèque de VEast-India House.
Lois mahométanes, ou Recueil des us et coutumes des
Mahométans dans la presqu'île de l'Inde , par F. E.
Sicé , jeune de langue. — Pondichéry, 1 83/i.
In-i° de 66 pages avec six tableaux sur le partage des successions.
Ce traité est rédigé d'après des renseignements écrits en hin-
doustani, par un munscbî nommé Scbaïkb Ahmad. A défaut de
caractères persans , l'auteur a copié à la main les noms qu'il était
nécessaire de donner dans la langue originale. Il y a aussi une
invocation en vers hindoustani, et la traduction, dans le même
idiome, d'un chapitre du ^y^^^^^l ii^s'^^Ksi^ , commentaire per-
san sur le Coran.
Liber de re militari, Hindustanicè conversus.
Manuscrit du Brilish Muséum [additional il/55. 8920, i46 H).
Cet ouvrage est traduit de l'anglais. Il est intitulé en hindoustani :
(^-^ _ji>jl , c'est-à-dire Traduction du livre des Reniements de la
cavalerie, de la lamjuc an(jluisc en hindoustani-urdù.
584 APPENDICE.
Lizzat uniiiçâ U*Àiî c^JJ la Jouissance des femmes.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Manbâï kâ harkâra ojYjJi \^t^UÀ^ le Messager de Bom-
bay.
Journal hindoustani dont la publication avait été annoncée;
j'ignore si elle est restée seulement en projet.
Metlîods of treatment for the recovery of Persons dead;
translated into Hindoostanee, by D"^ Gil christ, and
written in the Persian and nagree character, by T.
Myers. — London, 1826.
Mootufurroqat (The), a Hindoostanee book.
Ouvrage dont l'impression a été annoncée en 1 8o3 dans les Pri-
mitiœ Orientales, tom. III, pag. li et ailleurs. Le mot y^Uv i, x .^
inutafarricât est arabe; il signifie variétés, mélanges. Ce titre semble
donc indiquer un Recueil de pièces détachées.
Mirât ulakhbârjUà^^i »|^ le Miroir des nouvelles.
Journal rédigé en hindoustani et publié à Madras, en i834. Ce
journal paraissait le mercredi de chaque semaine. J'en ai , dans ma
collection particulière, un assez grand nombre de numéros, que
je dois à l'obligeance de M. J. G. Malcomson. Ces numéros, de
format très-grand in-folio, sont lithographies avec soin sur papier
du pays, en caractères nastalic fort distincts. L'éditeur officiel se
nomme Muhammad Abd ullah, autrement dit Hàjî Miyàn; mais
le journal est rédigé sous une inspiration britannique. Les derniers
numéros sont accompagnés d'une traduction anglaise. La rédaction
hindoustani est soignée , et le journal est d'ailleurs intéressant en
lui-même, non-seulement à cause des nouvelles et des articles sur la
politique qu'on y trouve, mais à cause du caractère scientifique et
littéraire qu'on a eu soin de lui donner, en y insérant des sen-
tences orientales, des réflexions historiques et religieuses, des dc-
veloppenicnls sur le droit musulman , des observations sur Ihis-
APPENDICE. 585
loire naturelle de Tlnde, etc. On doit regretter que des circons-
tances particulières aient arrêté cette publication.
Mûla sûtra (R^ ÇT^ Piègle du commencement) , Rowe's
Hindee spelling Book. i"" édition. — Calcutta, 1820,
in-8°.
Idem, 2* édit. in-S". — Calcutta, 1823.
11 y a un autre Spelling Book hindoustani, en caractères persans,
imprimé à Calcutta, aux frais du School-hooh Societj.
Mrigâvati chaupaï ^ .
Légende jaïn, écrite en bhàschâ et citée par M, Wilson,dans
son Mémoire sur les sectes hindoues, tom. XVII, pag. 2 45 des Asiatic
Researches.
Moral precepts, translated from the English into Hin-
dustani verse. Published under the patronage of His
Majesty the King of Oude. — Gawnpour, 1 83 A.
Cet ouvrage, différent de celui qui fait partie de la collection
intitulée Lihrary of entertainimj hnoiiiedge, est un in-64 de i3i pages,
très-bien lithographie. J'ai dans ma collection particulière un exem-
plaire de cette petite curiosité bibliographique.
Mufîd-i sabiyân ytuwo «Xax^ Ce qui est utile aux en-
fants.— Calcutta, 1734, 3 vol. in-12.
Ouvrage intitulé aussi Hindoostanee Reader, le Lecteur hindous-
tani. C'est une collection de phrases et de fables, contes et histoires
tirées du Khirad afroz et d'autres ouvrages connus.
Mahkzan ulislâm ^/«^X^i/Î uj^ Magasin de l'Islamisme.
Manuscrit de la bibliothèque du collège de Fort-William.
' Ce titre paraît signilicr les Chaupaï ou les Quatrains de Mrigâvati , c'est-à-
dire sur Mrigâvati.
586 APPENDICE.
Malfùzàt-i Jaliângiiîrî ^^Ol^.»- cuUàyiA^ Paroles (Mé-
moires) de Jahanguîr.
Cet ouvrage est le même que celui dont feu David Price a donné
la traduction sous le titre de Memoirs of the emperor Jahaïujueir, et
dont James Anderson a fait connaître des extraits. On pourrait,
peut-être, considérer la rédaction hindoustani comme originale,
car il n'est pas dit qu'elle soit traduite du persan. Au surplus, j'ai
dans ma collection particulière deux exemplaires de ces Mémoires,
et il y a entre eux des différences analogues à celles qui existent
entre les versions de Price et d'Anderson , différences que feu M. de
Sacy a signalées dans l'article qu'il a consacré à l'examen de cet ou-
vrage ( Journal des Savants , i83o ).
Matbù ussabiyân ^jlwuaJI ^y^ht^ Ce qui est convenable
aux enfants.
Vocabulaire persan-hindoustani , par ordre alphabétique de la
dernière lettre des mots. Manuscrit de ÏEast-lndia Hoiisc.
fi
Majmûâ-i dawânîn y^jî^i) *-£_j-^.
Manuscrit de la bibliothèque du Nîzâm.
Man lagan (^J ^j^ l'Aflection du cœur.
Manuscrit en dialecte dakhnî de la bibliothè([ue du Nizâni.
Mihr o màh oU ^ -^ le Soleil et la lune.
Manuscrit dakhnî, en deux volumes, de la bibliothèque du Nizàu».
Il y a un masnawî urdu récemment rédigé qui porte le même titre,
ou pour mieux dire, celui de Quissa-i Mihr o mâh. Histoire de Mihr
o mâh. Il est dû à un poète nommé Akhî ^î . Mon excellent ami
M. Falconer en possède un exemplaire. Je reviendrai sur cette pro-
duction et sur son auteur dans mon second volume.
Mahâvîra s ta va îT^^^ 'RT^ l'Eloge de Mahâvîra.
Ouvrage écrit en bhâschâ, et relatif à la religion des Jaïn.
[Asiatic Rcscarches , tom. XVII, pag. 245. ) Mahâvîra est le dernier
et le plus célèbre propagateur jaïn. On suppose qu'il a vécu dans la
APPENDICE. 587
province de Bahâr, dans le sixième siècle avant l'ère chrétienne.
Wilson, Sanscrit Dict.
Madâr ulafâzil J^wlii/I j\<y<^ le Centre des savants.
Manuscrit de YEast-India Hoiise, fonds persan , n° 769. C'est un
dictionnaire arabe-persan expliqué en hindoustani, divisé en quatre
parties, réunies en un grand in-4°. L'écriture en est très-belle. Il a
été exécuté à Macsûdâbâd, en 1187 (1773-1774). J'ignore si c'est
le même qui est cité dans le catalogue de Tippou , p. 1 3 1 . Ce der-
nier ouvrage, qui porte aussi le titre de Madâr ulafâzil, est un dic-
tionnaire persan qui contient tous les mots arabes, turcs et autres
qui ont été introduits dans cette langue. L'auteur se nomme Allah
Dâd Faïzî ben Alwî Sirhindî.
Masna\vî-i jân pahchân y^-szjHi uW- <^^i-«, poënie hindi.
Si Jân Pahchân n'est pas le nom de l'auteur, ce titre si^fuifie
Masnawî sur la connaissance de l'âme.
Mîzân ussarf cJ^-vaJI ^J\j.^^ Balance de la grammaire.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Madlîu-nâyak singâr jUj-w viJ.jU£û«x«.
Manuscrit delà bibliothèque de Farzâda Culî. Si je lis bien ce
titre, il doit signifier l'Ornement du doux amant, et c'est probable-
ment un ouvrage erotique ; mais je ne suis pas même sûr de cette
traduction, car je ne connais pas le contenu du livre.
New Testament (The) in Hindooslanec, revised hy Hun-
ter. — Calcutta, i8o5, in-A".
New Testament (The), etc. altered from Martyn's Oordoo
translation into the Hinduee language by the Révé-
rend VV. Bowley, under the patronage of the Calcutta
auxiliary Bible Society. — Calcutta, i82 6,in-8°.
Rédaction à l'usage des Hindous, sans mélange de mots persans
ni arabes.
588 APPENDICE.
New Testament (The) of our Lord and Savioiir Jesus-
Christ, translated into the Hindoostanee language
from the original Greek, by the Missionaries of Se-
vampore. — Serampore , 1811, in-Zi".
Namâz-i subh ké ahkâm ^/*l<=».| S ^-^j^, c'est-à-dire
Formule des prières du matin. — Grand in-8° de y y
pages.
Traduction de la portion du Common Frayer, qui contient les
Morning Prayers.
Nâm mâlâ ^U ^*l» .
Dans le catalogue de la bibliothèque de Farzàda Culî, sont indi-
qués trois manuscrits de cet ouvrage qui paraît être un vocabulaire,
si le titre signifie, comme je le crois, Guirlande des noms. Un des
trois manuscrits est intitulé Ricdla-i ndm mâld. c'est-à-dire Traité
du j\dni mâlâ.
jN'risinhopaniscliad îjflf^TïTfîT^ •
Traduction de TUpaniscbad qui porte ce titre, et qui est un des
appendices de YAtharvan vèda, en neuf khanda. Il traite de la diffé-
rence qui existe entre la vie et l'esprit ; de la nature du Pranava
ou de la syllabe mystique Bralim , et des lettres dont elle est com-
posée; de l'identité de l'individu et de l'esprit universel. Le ca-
ractère de cet ouvrage est autant mystique que ihéologique; il
suit plutôt le système tdntriha que le vaïdika. (H. H. VVilson,
Machenzie Collection, tom. II, pag. i lo. )
Naclivât cyUJij .
Historiettes en prose, en deux volumes; ouvrage indiqué daus
le catalogue des livres de la Société asiatique de Calcutta. On a
voulu peut-être désigner sous ce titre l'ouvrage du docteur Gilchrist
intitulé Hindcc Story Teller.
APPENDICE. 589
Old Testament, in Hindmvee.
Lusliington, Calcutta Institutions, Appenclix, p. vu.
On Rheumatism.
Brochure Hthographiée, grand in-8° de i3 pages, publiée par
Breton, sous le titre oriental de j»i c:>wju.iûL» ^ ,J3y^ ^ «.::*U
^^l^ljt^ jijî ^y%\^**j)\ j^\ «^U^Xft, c'est-à-dire, De la nature du
rhumatisme , de ses signes, de ses espèces et de son traitement.
On the Choiera Morbus, by P.Breton, superintendent
of tbe Native médical Institution.
Brochure lithographiée , grand in-8° de 22 pages. Le titre hin-
doustani est /jVaj I^ ^^j^jfjSi . Le mot }iaï:a iUtiixSi» , qui est arabe ,
est le plus usité dans l'Inde pour exprimer le choléra. Il y en a
plusieurs autres, tels que sit-ras, tahobâlâ, ola-uthâ, munh-pet, etc.
Ils sont tous d'origine indienne; le dernier est le plus vulgaire.
On tbe Brain and its Appendages jjî S i^^ ^j — ^-J"
ij^ (S^j -sjj!^ i£^ 4j^ ^ {-s^y^!^ >=?- Anatomie
du cerveau et de tout ce qui en dépend.
Brochure lithographiée de 42 pages grand in-8°, publiée par
P. Breton.
On tbe Eye and its Appendages j^S ^r^^ <^ ^4-^^
(J^ (S-^j ^^ t^«-^^ ^^ ^ ij'r'j'^ yr" Anatomie
de l'œil et de tout ce qui y a rapport.
Opuscule publié par P. Breton. C'est une lithographie de )6
pages grand in-8°, très-bien exécutée.
On Vaccination y'vs? ^ !5X^vs^ ^j^j" _jO , Explication sur la
petite vérole du pis des vacbes.
Opuscule publié par P, Breton. C'est une lithographie de 1 5
pages grand in-S".
590 APPENDICE.
On Air, by P. Breton, superintendent of the Native mé-
dical Institution. — Calcutta, government lithogra-
phie près s, 1829.
Brochure grand in-8° de 63 pages, avec plusieurs planches re-
présentant les effets merveilleux de l'air. Le titre hindoustani de
cet opuscule est : \^ î^^jft —kjXi j^\ c>._a^U /jIaj »i 2>iUvj
Traité sur l'explication de la naturf et des effets de l'air.
On Cataract ^ <s^\a3^ ^Uj , Explication de la catai^acte.
Opuscule de Breton, lithographie-, il y en a une édition en
caractères persans et une autre en caractères dévanagarî. Celle en
caractères persans se compose de 3i pages grand in-8°, et d'une
planche représentant les instruments dont on se sert pour l'opéra-
tion delà cataracte. Celle en caractère dévanagarî, intitulée Tract
on the cataract, se compose de 36 pages grand in-8°, et de cinq
planches représentant tous les instruments de l'opération de la
cataracte, l'infirmité elle-même et la manière dont on doit l'opérer.
On Hydrocele ^ t>«-^-w j^^vs^ u^. Explication surl'hy-
drocèle.
Traité publié par Breton. Il y en a deux éditions : une en ca-
ractères persans, et une autre en caractères dévanagarî. La pre-
mière se compose de 48 pages grand in-8'', et l'autre de 54 pages,
avec deux planches.
On Dislocation \<aj^5^I S u^*>^ *i^J , Traité de la
dislocation des os.
Il y a deux éditions de ce traité, en caractères persans : la pre-
mière publiée par P. Breton, et la seconde par J. Tytler, et très-
augmentée, mais malheureusement entremêlée de titres anglais
en grands caractères latins, qui font un très-mauvais effet. Il se
compose de 170 pages grand in-8°, et de sept planches. Breton a
donné une édition du même traité en caractères dévanagarî, qui
se compose de 108 pages. Tytler en préparait une nouvelle édition
en 1 834. J'ignore si elle a paru.
APPENDICE. 591
On the Venom of serpents , or Essay on tlie Venoni of
serpents.
Traité hindoustani sur le venin des serpents, matière impor-
tante pour rinde. Lithographie publiée par P. Breton.
Osteology S uJ^*^^ ^J^*^ Anatomie des os.
Brochure lithographiée de 1 6 pages grand in-8°, publiée par
P. Breton.
Outlines of geography and astronomy (Hindui.) — Cal-
cutta, i82 5,m-8".
Ouvrage publié par la Société des livres d'école de Calcutta
[Calcutta School-hook Societj ) . Il porte en hindoustani le titre de
H *Uç6 cjJTllrt , c'est-à-dire Bécit du globe de la terre.
Parbat pâl JL. ^-^j^., ou Rukminî mangal JXà^ (S^^j
l'Epithalame de Rukminî.
Manuscrit de ma collection particulière, in- 12 de 160 pages
environ. C'est un poème sur le mariage de Rukminî. Il se compose
de dohra et d'autres pièces de poésie hindouî. M. Langlois a tra-
duit un épisode du Bhâgavat, sur le même sujet, dans ses Mo-
numents littéraires de l'Inde, pag. 85 et suiv.
Pieasing ( The ) Instructor, or A Sélection of moral
pièces in Hindoostanee. — Calcutta, 182Z1, in-8°.
Ouvrage publié par le School-hook Society. Le titre hindoustani
est : ]yi] ^Y'^ Ce qui cuigmenie l'instruction. C'est une brochure
de 93 pages qui se compose de trente-quatre historiettes. Elle a été
tirée à cinq cents exemplaires.
Pieasing Taies (Anglo-Hindui). — Calcutta, 1836.
Ces contes amusants ont été publiés par le School-hook Society.
592 APPENDICE.
Pentateuclî, in Hindoostanee.
Lushington, Calcutta Institutions , Ai-)pendi\ , p. vu.
Psalterium Davidis, in lingnam Indostanicam transîatum
à Benjamine Schultzio, edidit J. H. Cailenbergius. —
Halœ, 17/17, in-8".
Phulwârî <^jîy>e^. Parterre de fleurs.
Manuscrit de la bibliothèque de Muhammad-bakhsch.
Pem kalhâ \^S' ^j Histoire d'amour.
Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Cet ouvrage est aussi nommé apparemment Peni Kahânî jL^/<\j ;
car je trouve dans un autre catalogue (celui des livres de Muham-
mad-bakhsch) un volume intitulé 5c/iar/t-j Pem A'a/iânf rf>.j j-v^
f^\'<^ , c'est-à-dire Commentaire du Pem Kahânî.
Pratikramana sûtra.
Ouvrage jaïn en bhâschâ. (Asiat. Res. t. XVII, p. 2 44.)
Puruschârtlia siddhopâyana.
Livre jaïn écrit par Amrit Chand Suri à Jaïpur, en 1827 du
Samvat. M. Wilson possède un exemplaire de cet ouvrage.
Pakschi sûtra.
Ouvrage en bhâschâ relatif à la religion jaïn. [As. Bes. t. XVII,
p. 244.)
Pûjâ paddhati ^3TT ^'^f^ Piituel du pûjâ.
Ouvrage de la religion jaïn écrit en bhâschâ. [As. Res. t. XVII,
p. 244.)
Padma Purânà tf^jf TJJJUl le Purânà de Padma.
Légende jaïn écrite en bhâschâ sur Padma, un des douze chak-
ravartî ou principaux princes des Jaïn. [As. Res. t. XVII, p. 245. )
\
APPENDICE. 595
Polhî prît bal JL cx^ cs^^. •
Manuscrit de la bibliothèque de Muhammad-bakhsch.
Pothî kiihuk lîlâ 5XjJ dL^^^y..
Je ne suis pas sûr de la prononciation de ces mots , et, par suite ,
de leur sens. Le manuscrit dont il s'agit ici est indiqué dans le
catalogue des livres de Farzâda Culî.
Pothî Hindî az Ram Râé (^^j ^j'J^ (^tXÀift (^y^ .
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Pothî prem ^/t-jj^. cs^'j^. Livre sur l'amour.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Pothî alankâr singâr j\Sj<^ jKJI (_^^. .
Ce titre semble signifier Livre sur les Ji(jures de rhétori(jue. H est
indiqué parmi les manuscrits de la bibliothèque de Farzâda.
Pothi jagat bilâs (j-t^j ciX> <^>?. Livre des plaisirs
du monde.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda Culî.
Pothî chatr mukut iii^jXs^ cs^yi •
Ce titre signifie, si je lis bien, Livre du parasol [royal] et du dia-
dème. Manuscrits de la bibliothèque de Farzâda.
Pothî manzûm dar tibh t-Jo j:> ^^J.]â^.^ (s^yt et Tibb-i
hindî manzûm ^ii^JâjL* ^^^SJ^ (Z<Xo.
Livre en vers sur la médecine. Manusc, de labiblioth. de Farzâda.
Quissa-î Roschan-i zamîn o Aram-i jân, Histoire de Ros-
chan-i zamîn et de Aràm-i jân.
Conte ou roman hindoustani dont le savant professeur Wilson
possède un exemplaire sans nom d'auteur,
I. 38
594 APPENDICE.
Quissa-i iiiàh o Païkar jS^kj.^ oU «xasS Histoire de la
]une et de i'image.
Roman en vers hindoustani , dialecte du Décan. Un exemplaire de
te masnawî faisait partie de la collection de Tippou. (Stewart, CataJ.
of the Ubrary of Tippoo, p. 1 79.) Le même exemplaire a passé proba-
blement à la bibliotlièque de la Société asiatique de Calcutta, après
avoir fait partie de celle du collège de Fort-William. Cet ouvrage
est, en eflet, indiqué dans le catalogue des livres de cette société.
Qiiissa-i sultan Muizz uddîn /w>«xJt «*^ ^jUJu. xuaS.
Plusieurs sultans de Debli et du Bengale ayant porté ce nom,
j'ignore duquel d'eux il s'agit ici.
Qiiissa-i Schaïkli Zaa U^ :a^ <îua5 Histoire du Schaïkh
Zaà.
Poëme mystique en hindoustani du Décan, suivi d'une autre
pièce de vers. Manuscrit de la bibliothèque de M. Marcel , ancien
directeur de l'Imprimerie impériale.
Quissa-i Anâr rànî, Histoire de la reine Anâr.
Conte en dialecte hindoustani du Décan ; manuscrit de VEast-
India House, n° 262, fonds Leyden.
Oiiissa-i bandagân-i Alî ^^ ^jISj^âj x»ai .
Conte hindoustani-dakhnî ; manuscrit de la bibliothèque de
YEast-India House , n" 262, fonds Leyden .
Quissa-i Abu Schahma ic«^ yA Axai Histoire d'Abû
Schahnia.
Ouvrage en hindoustani du Décan, écrit à Scringapatan, par un
Musulman sunnite. Manuscrit de la bibliothèque de VEast-IiuJia
House, n° 43g, fonds Leyden.
Quissa-i Hurmuz j-*^ AAai Histoire de Hurmuz.
Manuscrit de VEasi-India House, n" 239, fonds Leyden, en prose,
APPENDICE. 595
de 160 pages environ , sans nom d'auteur. C'est l'histoire fabuleuse
de Hurmuz, fils d'un roi de Rûm (Grèce), et de Gui (Rose), fille
du roi de Kbûzân.
Quissa-i Bibi Mariam ^^♦•^ ^j Ltaj> Histoire de Ja
vierge Marie.
Manuscrit de la bibliothèque de VEast-India Honte, n" SgS de la
collection Leyden. Cet ouvrage est un masnawî de 1 20 pages en dia-
lecte dakbnî , sans nom d'auteur. Il est très-bien écrit et paraît an-
cien (il n'a pas de date). Il est aussi intitulé Riçâla dar Mujizât-i Iça
^^v«aa£ cyJ^:j^^ji hWmhj , c'est-à-dire Traité sur les miracles de
Jésas-Christ. Il y est en effet question, à la fois, de Jésus-Christ et
de Marie.
Quissa-i Maïna \Xk^ xwai Histoire de Maïna.
Manuscrit de VEast-India House. Conte en vers dakhnî de 44 pages
in-8°.
Quissa-i Bibî Bandi ^^.Xjl* jij. La5 Histoire de Bibî
Bandî.
Le mot handî signifie femme esclave. Ce volume est un poëme
ndoustan
de Farzâda
hindoustani dont on trouve l'indication dans le catalogue des livres
Réfutation du paganisme indien -, avec double traduction
interlinéaire en italien, dont l'une, mot à mot, par
le P. Costauro da Borgo, faite vers la seconde moitié
du siècle dernier. — i vol. in-A^de 270 pages.
Manuscrit hindî du musée Borgia de la Propagande, à Rome.
(Note du cardinal Mai, transmise à l'auteur par MM. de Lurde et
Cintrât.)
Règlements de l'armée anglaise stationnée aux Indes.
Manuscrit en persan et en hindoustani in-folio, n" 2 53 de la
38.
596 APPENDICE.
bibliothèque royale de Berlin. C'est à l'obligeance de M. le professeur
Vilken que je dois cette indication.
Riyâz-i ischc ^^-i^ tj=\) 1^^ Jardins de l'amour.
Deux exemplaires de cet ouvrage sont indiqués dans le catalogue
de Farzâda Culî.
Racik bidya l>t>vj dUvj .
Ouvrage hindî sur le racik, qui est l'art de connaître les pensées
et les actions secrètes, surtout en matière d'amour. On le nomme
aussi pothi racik bidja. Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Rogântaka sâra , c'est-à-dire les Meilleurs Médicaments.
Matière médicale, en hindoustani , publiée par André Forbes. Cal-
cutta, 181 1, in-8°.
Râm vinod.
Ouvrage des Vaïschnava , dont M. le professeur Wilson possède
un exemplaire dans sa collection.
Rasclik-i harnâ-é Hindî ^^^XÀ^ iskj^ "^^J ^^ Jalousie
des antilopes indiennes.
J'ignore quel est le sujet de cet ouvrage; il fait partie de la bi-
bliothèque du nîzâm d'Haïderâbàd.
Ratna chûra Muni ^ ^ 5^ ^^ Muni Ratna chûra.
Cbaupaï en bhâschà sur une légende jaïn. (As. Res. tom. XVII,
pag. 2 45.)
Romance (The) of Jaandak and Hurak, or the Fairy
Palace of tlie lake.
Manuscrit in-/i.° avec beaucoup de dessins coloriés. Ce manuscrit
est écrit en caractères persans singuliers. Il fait partie de la riche
bibliothèque de S. A. R. le duc de Sussex, oncle de S. M. la reine
de la Grande-Bretagne.
APPENDICE. 597
Kiçala-i niçâb-i sabiyân, o clîgar fawâid az Kutub o kbayâl
JIa^j 4;.vjcj j! «x..jljj ^5Lji^ fjKxKjta oUaj 2«iuwj , Iraite
sur le capital des enfants , et autres cboses utiles ex-
traites de différents livres et prises dans l'imagination.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzàda. On nomme niçâh ussa-
hyân (capital des enfants) un vocabulaiie arabe avec une traduction
persane en vers. Ici ce doit être un Vocabulaire persan-hiadoustani qui
est indiqué par ces mots.
Riçâla-i surtid o râg dlTj j ^^j-^ ^JU«; Traité sur la mé-
lodie et les râg (modes musicaux indiens).
C'est plutôt, selon Stewart , une collection de cbants populaires
hindi et dakhnî. (Catal. deTippou, p. 182.)
Riçâla-i fikb ou Riçâla dar fikh ^i *JLw; Traité sur
la jurisprudence.
Manuscrit dakhnî de la bibliothèque du collège de Fort-William
et de YEasl-India House.
Riçâla nazm ^^^isj *iUy Traité, ou simplement Ou-
vrage en vers.
Collection de poëmes dans le dialecte purbî ou oriental. Manus-
crit de la bibliothèque de Tippou. (Catal. de Stewarl, pag. 182.)
Riçâla dar achâr-i Mubâracbâd :>U53U^jUAiî j:s ^Lvj
Traité sur les vers de lelicitation.
Manuscrit de la bibliothèque du collège de Fort- William.
Riçâla-i istikbrâj-i cbaumar vvârîd j-^yss^ ~!j-£Jv.^t *il^j
Manuscrit en hiudî-urdû de la bibliothèque du vizir du Nizâm.
' Ce litre me parait faiilil , et j'en ignore le sens.
598 APPENDICE.
Riçàla-i jog dÇ> ^JLw; Traité sur l'union avec Dieu.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Riçâla-i dar muaiija-i jânwarân-i schikârî parinda ^U^
0'>^j^. isj^ ^jliyla- <xj^Ijc« ji , Livre sur l'art de
dresser et de traiter, dans leurs maladies , les oiseaux
propres à la chasse, tels que le faucon, etc.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda. Il existe des traités ara-
bes et persans du même genre.
Riçâla-i awârif ô;î^ >iL«j .
Je crois que ce titre signifie : Traité sur les contemplatifs. Deux
manuscrits de cet ouvrage hindi sont indiqués parmi les livres de
Farzâda.
Riçâla-i jawâhir-i asrâr ulhind JO^^I jLawÎ v-d>Lj»- /JUm
Traité des perles des secrets de l'Inde.
J'ignore le sujet de cet ouvrage qui est écrit en bindoustani du
Uécan, nommé ijujrî. Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Riçâla-i schifà-bakhsch ^j^js? Liû kl^j Traité d'hygiène.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Salât uljamâat cxfiU4 «>^ Prière de l'assemblée, par
Lewis Dacosta.
Ce volume est imprimé. C'est apparemment le Commoii Prayer
cité p. 56o. Il est indiqué dans le catalogue des livres arabes, per-
sans et hindî de la Société asiatique de Calcutta.
Summula Doctrinœ Christianœ in linguam Hindostani-
cam translata à Benjamino Schultzio; odidit J. H.
Callenbcrgius.— Hala3, 17 43, in-8".
APPENDICE. 599
Substance of Bell's Inslitulioiis for scliools, trauslaled
in Ilindiii by M. T. Adam, published by the Scbool-
book Society. — Calcutta, i83Zi.
Sermon on the Mount (Macîh kî nacîhat), 2"^ édition
cnlarged, with extracts on relative duties in English
and Hindustani, in the Roman character. — Calcutta,
i83/i, in-32.
Soldier's (The) Manual, in English and Hindi, compiled
for the use of infantry. Part I comprising the squad
and Company drill; part II conlaining the manual and
platoon exercises, etc., by J. S. Harriot. — In-8°.
Le premier volume de cet utile opuscule a été imprimé à Cal-
cutta en 1826, et le second à Sérampore en 1828. Ils sont imprimés
sur deux colonnes. Tune en anglais et l'autre en hindi. Le second
volume est orné d'une lithographie représentant deux sipâhî. L'au-
teur est le général Harriot, mort à Paris le 1 1 février iSSg.
Siyar-i mutaccadamîn (;y^>><JiJL«j^j** Gestes des anciens,
c'est-à-dire Abrégé de l'histoire ancienne arrangée
en hindoustani pour l'instruction de la jeunesse in-
dienne. — Calcutta, 1 83 1 , in-8*'.
C'est un volume de 368 pag. très-bien imprimé en caractères nas
khî et rédigé avec soin. 11 s'étend jusqu'à la fin de l'empire romain.
Sinjar Siromanî.
Ouvrage en bhâkhâ de la secte des Râdha Wallabhî, sur laquelle
on peut consulter le Mémoire du professeur Wilson (/I5, Rcs. toni.
XVI, pag. 125). Ce savant poisède un exemplaire manuscrit de cet
ouvrage en caractères nagai'î.
Scva sakhî Vanî, ou simplement Vanî ou Banî.
Ouvrage de la même secte. Le professeur Wilson en possède uu
600 APPENDICE.
exemplaire en caractères nagarî : il se compose de plus de quarante
sections.
Solar (The) System, in Hindoostanee.
Il y en a deux éditions : une en caractères persans, et une en ca-
ractères romains. C'est un petit traité imprimé aux frais du dernier
roi d'Aoude , par un savant anglais. {Asiat. Journal, iSSy.)
Scientific Dialogues Engiish and Hindustani, Roman
characters.
Ouvrage annoncé dans le volume intitulé The Application oj the
Pioman alphabet ta ail the Oriental languages, pag. 127.
Sin no trifle M|L(<=h) «RT^ la Gravité du péché.
Il y a deux éditions de ce petit traité religieux : une en caractères
dévanagarî, et l'autre en caractères kaïthinagarî, très-usités pour
écrire riiindoustani. Cette dernière édition est imprimée à Calcutta
en 1826; elles sont Tune etTautre composées de 20 pages in- 12.
Sawâl jawàb H^T^ ^c(|cj Demandes et réponses.
Petit catéchisme de 7 pages in-i 2, à l'usage des enfants.
Saty mukt mârgkâ sankschep H?^ ^T^ Tm^ïï ti^M
Abrégé de la voie du vrai salut.
Petit catéchisme par demandes et par réponses , composé de 1 9
pages in- 12.
Safîna-i aschâr-i Hindi ^^«xjLôjUaïI xJvuLw Album de
vers hindoustani.
Manuscrit de la bibliothèque de Farzâda.
Scliirin schakar jXw (j>)^*i Doux Sucre.
Manuscrit de VEast-India Ilousc . C'est un masnawî en vers hin-
doustani-dakhnî de /1.1 pag., copié à Bangalor en 1 i 52 de l'hégire
( 1 789-1 740}, par Haçan Muhammad Farûquî , habitant d'Yhayapùr.
APPENDICE. 601
Sikandar-nâma n^^ii jù^iS^ Histoire d'Alexandre.
Manuscrit de la bibliothèque du ministre du Nizâm à Haïder-
âbàd. C'est probablement un roman en vers sur Alexandre le Grand,
dans le genre des romans persans sur le même sujet par Nizâmî,
Hatifî et Ahmadî.
SA 11 rry A A
uyabhaya- 1 uri.
Ouvrage en dialecte de Jaïpûr, cité par Ward dans son Histoire,
Littérature, etc. des Hindous, t. II, pag. 48 1 .
Surûd Hindi ^^«xà^ i>i)j^ , Traité, enhindî, sur lamiisique.
Manuscrit de la bibliothèque de Muhammad-bakhsch.
Schattrinsat karma katliâ ^^f^^TITrî ^PT <=h^l .
Ce titre paraît signifier \ Histoire des trente-six actions. C'est un
ouvrage en bhâschâ sur la religion des Jaïn. {As. Res. tom. XVII,
pag. 2^4.)
Sânti jina stava.
Ouvrage en bhâschâ sur la religion des Jaïn. [As. Res. tom. XVII,
pag. 245.)
Sâlabliadra charilra HTç^Vf^ ^f^^^ Histoire de Sala
bhadra.
Légende jaïn. Ouvrage cité par M. Wilson dans son Histoire des
sectes reli(jieiues des Hindous. [As. Res. tom. XVII, pag. 245.)
Sélections from tlie popular Poetry of the Hindoos;
arranged and translated by T. D. Broiighton. — Lon-
don, iSilx, in- 12 de i56 pages.
L'auteur de cet ouvrage, mort à Londres le i6 novembre i835,
a réuni sous ce titre quelques chants populaires en hindouî. Ils
sont niallieurcusemcnt rendus en lettres latines, et même l'ortho-
graphe n'en est pas Irès-régulière.
6<:»i APPENDICE
Suicâfde <(Tlie) oi the Hindoo W ido« s. hs bumiu^ them-
sehres with the Bodies of their deceased Husbands,
is a jpactice repu^joant to the natnral feeJings and
înccmsistait wîdi moral durv .
TVèse ic^^ée «b hi^hiasUM (oiacièRS ili'i wi'hij par W.
EBe se tmm dbns le tome m de Tonnage ietitirié Pri-
. CaksUa, iSoi.
Sansait (Tbe) is the parent ïai^;nage of India.
ré£gée ea hi»Afwi^ljw (cafadérK <léTaBagm). pu- J.
et ÎMMniuE. èams, ToviTage ÎBlitMlé Primmà^ Oriaààes, Cai-
Treatise on min^^ Poisons, by P. Breton, surgeon in
dic serrice of the hcmoarahle ^isî-India Company
and snpaintendexit of tiie Native médical Institution .
— GoTenmirait liifaogra^iic ^"ess. July lo^ 1826.
•^ • • ■^^% i i\jL3 EsJSaàSam. mr les ■■ans. H ▼ a éemx é£tioiB
w^^ ^ <J — • " *
oc oc HBBC: 1 L — r OcS pma», OCm^B^ OOS. -MI
et ^Bi se «Esti . _ ^ -.■ _=» w «^ », ^,
■■B ^ Diat <ifmtm ef ■ùeraonlKaK, qne rei
par Thn vji.-^i-ii :>rrT "-miiqae
'-- »^ •- ' Mur II" M La pRsnlze a i32 pages
-_:.__. . - — g2S, iBÊne formai «pe la premKre.
Treatîse cm Tcgetable Poisons.
Ovna^ pdhfié ea kndeost^, par P. Brttam. B y ea a dcox
raae ea caadàes pi 11 laïf, et TasSie ea caractères déia-
i; raae et TaBlre
Treatîse on sn^ended Animation £rom the effects of
Ai-ï-LShiCE- 6Ci3
solMiiaaoo, hanging, ooiïons air aod tigfatHwng, and
tlie means onploTed fiH* resosôialian. Pdntâd kx
theaseof diestodentsof die liîatîvie medial iDstaiu-
tjtrm. — ^î *39,graiidiii-8"d!e 38 p^. awecimepfeBiicise.
: -s Un, for P. Ikcta^
Tarjana-î Madan irlalaT?^ ^i-é «y jv j^, .Cj^y» . c'est-4-
dire Tradnclion du 3kl: _ Jiine des sa-
"ruif?^ =fi nnmm-
Taijaiiia-î tamhidâl-i aîn nkant j^ ^ .s^^ 1^.4
iLùiîi Trs'*~:~*^?D du Tamlitdâ^ lio i^cûat (Dé-
Ycic " 7 T ~ V . . - : f -^^scnce des TiiL-.ÈS. .
!1't lastatmes du i-i..z}:in. Babar.
Qm. SBJt ■■£ œ liloBnRs oM âê észib wes R»fc«ir
et cfs^î ; 1 TTfaB a
■61 : : ueiÉ
"^ " :t of Bama and
604 APPENDICE.
personages, in the Hindostani language and vulgar
nagri character.
Manuscrit de la collection Marsden, pag. 807 de son catalogue.
Tamyîz iilmîzân (j]j-fX^ >AAjf , c est-à-dire la Distinction
de la balance.
J'ignore le sujet de cet ouvrage, dont il existe un manuscrit parmi
les livres du ministre du Nizâm.
Tuhfa-i kân-i iiàj „5X^ ^J^ fi.x^ , c'est-à-dire Présent (ex-
trait) de la mine du traitement.
Traité complet de l'art vétérinaire, où sont décrits les maladies
des chevaux et leur traitement. Cet ouvrage a été traduit du hindî
en persan, par Muhammad Câcim ben Scharîf Khân. Voyez Ainslie,
Materia medica, tom. Il, pag. 5 16.
Vaçanta-Râjâ.
Ouvrage en dialecte de Jaïpûr, cité par Ward, History , litera-
ture.etc. of the Hindoos, tom. II, pag. 48i.
Vanî Bhùschana.
Ouvrage en dialecte de Kanoje, cité par Ward, History, litera-
ture , etc. ojthe Hindoos, tom. II, pag. 482.
Wafât-nâma-i Paîrambar jJt^jj^. *.x>b cyli^ Livre de la
mort du Prophète (Mahomet).
Manuscrit dakhnî de la bibliothèque de YEast-lndia Hoiise.
Vie de Mahomet.
Masnawîde 100 pages environ, divisé en plusieurs jur ou chants.
Ce pocme est écrit sur la marge du riçâla concernant les miracles
de Jésus-Christ, dont il a clé parlé plus haut.
APPENDICE. 605
Yoga Vasischta.
Manuscrit hindî de la collection Mackenzie. C'est un ouvrage
sur les principes de la philosophie védanta , dans lequel Ràma ,
en conversation avec Vasischta, Viswamitra et autres sages, dis-
cute sur la non-réalité de l'existence matérielle, les mérites des
œuvres et de la dévotion, et la suprématie de l'âme. Cet ouvrage se
compose de trente-six sections. Il est traduit du sanscrit. ( Wilson ,
A descriptive Caialo(jue oj Mack. Coll. tom. Il, pag. 109. )
Zarb ulamsâl JLi^i^l <-fj^ Proverbes en prose.
Manuscrit de la bibliothèque du collège de Fort- William. Il
fait aujourd'hui partie des livres de la Société asiatique de Cal-
cutta.
'oas
PREMIÈRE TABLE.
NOMS DES AUTEURS.
Page.
Abd albarr i
Abd ulcadîr Ihid.
Abd ulgafûr 297
Abd ullah 5
Abd ullab, du Décan 9
Abd ulmajîd 10
Abd ulwàcî 11
Abd urrabîm 12
Abidî Ibid.
Abjadî 1 4
Abrû i5
Abu Ifazl 17
Açad Ibid.
Açaf. 18
Açar 20
Acî 21
Acimî 22
Adham 28
Afgân 2 5
Afgâr /tîV/.
Afsab 26
Afsar Ibid.
Afsos 28
Aftâb 32
Afzal 34
Agâh { Jawân ) 35
Agâh (Salâh) Ibid.
Ah. ... 3G
Ahçaii Ibid.
Ahçan nllah 87
Page,
Abcar ^ 87
Abmad ( Hafîz uddîn) 38
Abmad Alî 42
Abmad Wabbab , . 43
Abmad, du Guzarate 44
Ahmadî Ibid.
(V. aussi Ahmad, du Guz.)
Aïsch , de Dcbli 45
Aïsch (Haçan Rizaï) Ibid.
Aïscbî 46
Ajiz Ibid.
Ajiz (Arif uddîn) 47
Ajiz ( Mubammad ) Ibid.
Ajmal 4g
Ajomâyara 5o
Akbar Ibid.
Akbî 586
Akbtar 5i
Akram 52
Ala Ibid.
Alam 53
Alî Ibid.
Alî (Haçan) 54
Alî (Haçan) , du Dccan 55
Alkan. Voyez Garib.
Amânat ullah. Voyez Schaîda.
Amânî, d'Azîmâbâd 56
Amânî , de Debli 57
Amîn 57 , 56o
Amîn, du Dccan 58
G08
TABLE
Page.
Amir 59
Amjad... . 61
Amman 62
Amrit Chand SgS
Anand-Dâs 66
Ançar 67
Anjam Ibid.
Anwar 68
Aquil Ibid.
Arâm 69
Arif Ibid.
Arzû Ibid.
Aschic ( Ajàîb Râé ) 72
Aschic ( Aiî Azam ) Ibid.
Aschic (Burbân uddîn ) . . . . 78
Aschic ( Mahdî Alî ) Ibid.
Aschic { Râm Singh ) 74
Aschic (Yahya), du Décan, . Ibid.
Aschk 75
Aschnà 79
Aschnâ ( Zaïn ulabidîa ) . . . . Ibid.
Aschraf. Ibid.
{ Voyez aussi AJçar. )
Aschraf ( Muhammad ) 80
Aschufta Ibid.
Aschufta (Azîm uddîn) 82
Aschufta ( Bhorî Khân ) . . . . Ibid.
Ata Ibid.
Aubâsch 83
Auliyâ Ibid.
Awâra 84
Awarî Ibid.
Awlâ 86
Ayân Ibid.
Azâd(Fâzil) 87
Azâd (MuzafTar Alî) 88
.^zâd (Zaïn ulabidîn ) 89
Azâd Balgràmî Ibid.
Page.
Azâda go
Azam b id.
Azfarî Ibid.
Azhar. 91
Azhar (Gulàm-i muhî uddîn) . Ibid.
Azîm 92
Azîm ( Beg ) Ibid.
Azîz ( Bhakarî-Dâs) 9 3
Azîz (Schiv-nath) Ibid.
Azîz uUah g4
Bâbà Lâl Ibid.
Bacâ 97
Bacâ ( Muhammad ) Ibid.
Bàcit 99
Bagharî 100
Bahâdur Ibid.
(Voyez Huçaïnî.)
Bahâr Ibid.
Bakhschisch Alî 101
Bakhtawar 102
Bala Bhadra io4
Balirâm io5
Bàquir Ibid.
Barc , de Murâdàbàd Ibid.
Barc (Gulâm-i Hamdânî).. . 106
Barc ( Jiû ) Ibid.
Baschîr 107
Bayân Ibid.
Bâyazîd Ançarî 108
Bébâk 109
Bécaïd Ibid.
Béchâra 110
Bédar Ibid.
Bédil 111
Béjân ii3
Békal Ibid.
Békhud Ibid.
Bénawâ 1 1 4
DES NOMS DES AUTEURS.
609
Page.
Bénî-Narâyan 1 1 5
Bérang 116
Bétab, d'AUahàbâd 117
Bétab, de Dehli Ibid.
Bétab (Santokb Bâé) 118
Bbagodàs Ibid.
Bhatrihari 120
Bhavananda-dàs.. Ibid.
Bhed. Voyez Mir Mirân.
Bhûdev. Voyez Bhûpati.
Bhùpati 121
Bihârî Lâl laS
Bîmâr 124
Birbbàn i25
Bismil 126
Bismil, de Chanàr 129
Bismil (Gadâ AU Beg) i3o
Brahman Ibid.
Brajbàcî-dàs i3i
Bulàquî /6k/.
Câcim 182
Càcim (Cadr ullah) i33
Câcim , du Décan Ibid.
Câcir i34
Câdir Ibid.
Cadr Ibid.
Câim i35
Caïs 187
Calandar Ibid.
Chand 1 38
Chanda 1 4 1
Chaudû Lai. Voyez Schâdân.
Chatur bhuj Misr i42
Cubùl Ibid.
Cudrat Ibid.
Cudrat (MaidawiCudratuUah) Ibid.
Culî Cutb Schâh i44
Curbân i45
I.
i^age.
Cutb Schâh i45
Dàdù i46
Dàg 1^9
Daim 1 5o
Dànâ Ibid.
Dard i5i
Dard ( Karam uHah ) i55
Dardmand Ibid.
Daùd 187
Déva-râjâ Ibid.
Dîdâr Ibid.
Dil i58
Dil , d'Azîmâbâd Ibid.
Dilsoz 169
Dirakhschân Ibid.
Diwàna 160
Dost Ibid.
Dùlhâ Râm 161
Dùilian Bégam 162
Faïyàz i64
Faïz 162
Faïz (Muïn uddîn ) i63
Faïz ( Sadr uddin ) Ibid.
Faïz-i Macîh 1 64
Fakhr i65
Fakhrî. Voyez Fakhr.
Faquîr 1 66
Farhat Ibid.
Fàrig 167
Farog
Ibid.
Farrukh 168
Fârûquî Ibid.
Faryâd
169
Fath Alî Ibid.
Fath uUah 170
Fazl Ibid.
Fazlî 171
( Voyez aussi Fazl. )
39
610
TABLE
Page.
Fidâ 171
Fidâ ( Abcl ussaniad ) 172
Fidâ ( Imâm uddîn) Ibid.
Fidwî Ibid.
Fidvvî (Azîm Beg Saudâ).. . . 173
Fidwî ( Muhammad Mulicin ) . 174
Fidvvî, de Lahore 174
Figân 176
Figân ( Schams uddîn ) 177
Firâc (Sanà ullah ) 178
Firâc, de Deldi Ibid.
Filrat 179
( Voyez aussi Muçawi. )
Fursat Ibid.
Gaïrat 1 80
Gâlib Ibid.
Gani... 181
Gamîn. Voyez Bacâ.
Gangâ 182
Gangâ Dhar Ibid.
Gangâ Pati , Ibid.
Gannà Bégani i83
Garîb 184
Garîb (Mîr Taquî) i85
Garm Ibid.
Gaubarî 186
Gauwâcî Ibid.
Gazanfar 187
Gbâcî Ibid.
Gokulnàth 188
Govind Singh 191
Guirdhar Ibid.
Guirâmî 192
Guiridhara. Voyez Guirdhar.
Guiriyân Ibid.
Gulâm-i Ahmad 198
Gulâm-i AU. Voyez Ischrat.
Gulàm-i Huçaïn , Ibid.
Page.
Gulâniî 193
Gumân 1 94
Guzarâtî Ibid.
Habîb uHah 195
Haçan ( Khâjâ ) Ibid.
Haçan ( Mîr Gulâm-i ) 1 97
Haçan (Mîr Mubammad) ... 201
Haçan Alî 202
Hacîb Ibid.
Hâdî 2o3
Hadik Ibid.
Hafî. Voyez Majnân.
Haf îz Ibid.
Hafîz uddîn. Voyez Ahmad.
Haïbat. Voy. Hasrat, deDehli.
Haïdar 2o4
Haïdar Dakhnî Ibid.
Haïdarî 2o5
Haïdarî (Haïdar Bakhscb ). Ibid.
Haïf ( Chirâg Alî ) 210
Haïf (MotîLâl) Ibid.
Haïràn 211
Haîrân { Bacâ ullab ) Ibid.
Haïrat 212
Haïrat ( Jafar Alî ) Ibid.
Hàjî Walî Ibid.
Hajjâm 2i3
Hakîm 2 1 4
Hamdam 2i5
Hâmid Ibid.
Hânild uddîn Ibid.
Hamrang. Voyez Bèrang.
Haquîquat 216
Harinâlh 218
Hàscbim Ibid.
Hâschimî Ibid.
Hasrat ( Jafar Alî ) 219
Hasrat (Murâd Alî ) 220
DES NOMS DES AUTEURS.
611
Page.
Hasrat, de Dehlî 221
Hatif. 222
Hatifî Ibid.
Hâtim . Ibid.
Hawas 224
Hazîn 225
Hazîn ( Abùlkhaïr ) 226
Hazîn ( Bàquir) Ihid.
Hazîn ( Muhammad ) 227
Hengâ Jhid.
Hidâyat 228
Hidâyat (Ali) Ibid.
Hidâyat (Muhammad Alî). . . 229
Hidâyat, de Dehli Ibid.
Hosch 280
Huçaïnî. Voyez Fath Alî.
Huçaïnî ( Bahâdur Alî ) Ibid.
HulâsPâthak 5i8
Huwaïda 234
Huzûr Ibid.
Huzûr (Bal Kamand) 236
Ibn Nischâtî Ibid.
Ibrahim 287
Ibrâhîm Adil Schâh 238
Ihçân 289
Ikrâm Ali Ibid.
Ilhâm (Fazâil Beg, ) 2 4i
Ilhâm ( Scharaf uddîn ) Ibid.
Imâmuddîn 242
Imân Ibid.
Insâf. 243
Insân 2 44
Inschâ Ibid.
Intizâr 246
Ischc (Izzat uUah ) 247
Ischc ( Rukn uddîn ) Ibid.
Ischquî 2 48
Tschquî, de Murâdâbâd Ibid.
i^age.
Ischrat 249
Ischtyâc 2 49
Ismâïl 2 5 1
Ismâïl (Mirzâ Muhammad).. 253
Ismî Ibid.
Izzat Ibid.
Jafar 2 54
(Voyez aussi Zataîî. )
Jafar Alî Khân 2 55
Jafar Schâh Ibid.
Jafar Scharîf Ibid.
Jagjivan-dâs 266
Jagnû 257
Jahândar 2 58
Jaïcî 259
Jalâl 261
Jân-i Alam 262
Jân-i Muhammad Ibid.
Jânâ Bégam 2 63
Jaudat Ibid.
Jauhar ( Ahmad Alî) Ibid.
Jauhar ( Schiv Râm ) 264
Jaulân 265
Jawân ( Kâzim Alî ) Ibid.
Jawân ( Naîm Beg ) 269
Jaya Chandra Ibid.
Jînâ Bégam 270
Jnânî. Voyez Kabi'r.
Josch Ibid.
Josch ( Roschan ) Ibid.
Joschisch 271
Junùn 272
( Voyez aussi Kâfir. )
Junûn , d'Allahâhâd Ibid.
Jurât Ibid.
Jurât (Scher Alî) 274
Kabîr Ibid.
Kabîr Sumbulî ., 281
39.
612
TABLE
Page.
Kâfir 282
Kakul 282
Kalî Krischna 283
Kalîm 285
Kallan-Hajjàm 286
Kallan Jafar 287
Kallau. Voyez Khâkçâr.
Kamâl 287
Kâmil 288
Kamtarîn 289
Kanâra-Dâs Ihid.
Karîm Huçaïn 290
Kartâ Ibid.
Kartik 5i8
Kâzim 290
Kéçava-Dâs 291
Kez-Darâz 292
Khâdim 298
Khâksâr 294
Khalîc 295
Khalîc ( Mustahçan) Ibid.
Khalîl 396
Khânî Ibid.
Khidmat 297
Khiyâl Ibid.
Khulc 298
Khusch-Hâl Ibid.
Kbuschnûd 299
Khusrau Ibid.
Krischna-dâs 3o2
Krischna (ou Kischan) Jaïcî.. 3o3
Krischna Râo Ibid.
Krischna Singh 3o4
Laïc Soi
Lâl Ibid.
Lâla 3o6
Lâla Miyân. V. Jafar Scharîf.
Lâlach Ihid.
Page.
Lallû 3o6
Lassàn 3 1 1
Latîf. Ibid.
Lutf. 3 1 2
(Voyez aussi Amman. )
Lutfî. 3i4
Macbah Ibid.
Macsûd 3 1 5
Mactûl 3i6
Madhùsch Ibid.
Maftûn 317
Maftûn, d'AUahâbâd Ibid.
Magmùm 3i8
Mahais Ibid.
Mahâkavi. Voyez Sundar.
Mahânand Ibid.
Mahbûb 319
Mâh-Licâ Ibid.
Mâhir 320
Mahmûd. Voyez Pir.
Mahschar Ibid.
Mahschar ( AU Naquî ) 32 1
Mahzùn Ibid.
Mahzûn , d'Amrohâ 32 2
Majbùr Ibid.
Majnûn Ibid.
Majnûn (Himàyat Aiî ) 323
Majrûh 32i
Majzûb Ibid.
Makhrim. Ibid.
Malik 325
Malûl. Voyez Ilhâm (ScharaJ
iiddin.)
Mamnûn Ibid.
Mançûr-i Alî. 326
Mannû Làl 327
Manzar Ibid.
Marhûn 3?8
DES NOMS DES AUTEURS.
613
Page.
Marùf. 329
Maschschàc. Ibid.
Alasdar 33o
Masrùr. Voyez Krischna Rdo.
Mast 33 1
Matirâma 332
Mauzûa ( Farzand-1 ou Rabm
AH) Ibid.
Mauzùn , (l'Azîmâbâd 333
Mauzùn , du Décan Ihid.
Mâyd Ibid.
Mâyil (Muhammad Yar beg) . 33d
Mâyil ( Muhammad î ) Ibid.
Mazhar Ibid.
Mazmùn (Imâm uddîn).... 337
Mazmùn ( Scharaf uddîn ) . . . Ibid.
Mihnat 338
Mihrbân 339
Minnat Ibid.
(Voyez aussi Gannâ Bécjam.)
JVIîr ( jMubammad ) 34o
Mîr (Taquî) 3ài
Mîr Mîrân 344
MirâBhâi 345
Miràn Ibid.
Mirzâ 347
Mirzà ( Aii Rizâ) Ibid.
Mirzâyî 348
Miskîn 349
MiskÎQ, d'Azîmâbàd Ibid.
Mobanavijaya 35o
Motî Ibid.
Motî Râm 35i
Muçawî 352
Mucîbat 353
Muddaa Ibid.
Mugai 354
Mubabbat 355
Page.
Mubabbat ( Alî ) 358
M ubabbat ( Walî uHah ) 369
Mubaccac. 359
Muhammad Alî Ibid.
Muhammad Haçan 36o
Muhammad Ibrâhîm Ibid.
Muhcin 362
Muhibb 363
Mublat Ibid.
Muhtarim 364
Muïn Ibid.
Muizz. Voyez Maçaivi.
Mujrim Ibid.
Mukhlis, de Murscbidâbâd.. 365
Mukblis ( Anand Râm ) 366
Mukhlis Badî uzzamân Ibid.
Mumtàz Ibid.
Mumtâz (Câcim ) 367
Munim Ibid.
Munschî (Gulâmi Ahmad).. Ibid.
Munschî ( Muhammad Hu-
çaïn ) 368
Munschî (Mû Kamaod).... 369
Muntazir Ibid.
Murassa Racam. Vov. Tahcin.
Murid 370
Muruwat Ibid.
Muschtâc (Inayât uUâh).. . . 372
Muscbtâc , d'Azimàbâd Ibid.
Muschtâc, de Dehli 378
Mushafî Ibid.
Mustamand 376
Muzammil. Ibid.
Muztarab Ibid.
Muztarr 377
Nâbbâji 378
Nabî.. . 379
Nàcikh Ibid.
614
TABLE
Page.
Nâcir 38o
Nâcir (A]î) Ihicl.
Nadîm Ibicl.
Nadir 38i
Nadir (Lâla Gangâ Singh).. Ibicl.
Naîm Ibid.
Najaf. 382
Najât Ibid.
Nâjî 383
Nâlân Ibid.
Nâlân ( Ahmad Alî ) 384
Nâlân (Wâriç-i Alî) Ibid.
Nânak 385
Nand-Dâs 387
Nârâyan-Dâs 388
Nawâ Ibid.
Nawâz 389
Nem Chand Ibid.
Niçâr ( Abd ulraçûl ) = 390
Niçâr (Mimâr) 391
Niçâr (Sadâ Singh) 392
Nihâl Chand Ibid.
Nischât 394
Niyâz. 395
Nizâm Ibid.
Nizâm uddîn 396
Nizâr 397
Nûr-i Alî 398
Nûr Khân Ibid.
Nusratî 399
Pâkbâz 4oo
Panchhyâ 4oi
Paramalla Ibid.
Parvvâna Ibid.
Parwâna,dc Muràdâbâd. . . . 4o2
Pétambur Singh 4o3
PhatyolaVélo Ibid.
Pî. Voyez Isclnjui.
Page.
Pîr 4o3
Piyâm 4o4
Prem Keswara-Dâs Ibid.
Priya-Dâs 4o5
Puschpa Dànta Ibid.
Quinâat Ibid.
Quismat Ibid.
Raçài 4o6
Râçikh 407
Ràé Singh Ibid.
Rafat Ibid.
Rafîc 4o8
Raguîb Ibid.
Rahmân Ibid.
Raj-Krischan 409
Rakhschân 4io
Râm-Charan 4ii
Râmjan 4i3
Ràm Mohan Ràé Ibid.
Râm Praçâd 4i8
Ranguîn Ibid.
Rànguîn (Aman Beg) Ibid.
Ranguîn ( Saâdat Yâr Khân ) . Ibid.
Râquim 419
Raschîd Ibid.
Rasmî 420
Ratan /121
Raunac Ibid.
Rawân 422
Riccat Ibid.
Rifâcat 423
Rind (Alî) .. Ibid.
Rind ( Mihrbàn ) 424
Rind ( Nârâyan ) Ibid.
Rizâ 425
Rizâ(Alî) Ibid.
Rizâ , d'Azîniâbàd 426
Rizâ Khân 427
DES NOMS DES AUTEURS.
615
Rûh ulamin 427
Rukhsat Ibid.
Ruslani 428
Ruswâ Ibid.
Saâdat 43 1
Sabâ 432
Sabâcat Ibid.
Sabâî 433
Sâbit ( Içàlat Khân ) Ibid.
Sâbit (Schujâal iillah) Ibid.
Sabr 434
Sabzwârî Ibid.
Sadalamisr 564
Sadî, du Décan 434
Sâdic 435
Sâdic (Alî) Ibid.
Safâ 436
Safdar Ibid.
Safdarî Ibid.
Sâbib Quiiân. Voyez Aftâb.
Saïyid (Iniâm uddîn ) 437.
Saïyid (Yâd Kâr-i Alî) Ibid.
Saïyid Ahmad Ibid.
Saïyid Alî 439
Sajjâd Ibid.
Salàm 44o
Sâlib 44i
Sâlik 442
Salîm Ibid.
Salîm (Schâh) 443
Sâmân Ibid.
Samsani 444
Sanâ Ibid.
Sanat Ibid.
Sâni 445
Sàquî Ibid.
Sàquib Ibid.
Sarmad 446
P.,go.
Sar-Sabz . 447
Sarschâr Ibid.
Saudà 448
Sàya 452
Sâyil 4 53
Scbâd Ibid.
Schâdâb Ibid.
Schâdân 4-54-
Scbaf î Ibid.
Scbafî ( Aniîn uddîn ) 455
Schafîc Ibid.
Schâguil 456
Schâguird . . Ibid.
Schâb Alam. Voyez Aftâb.
Schâb Alî Ibid.
( Voyez aussi Guzarâlî. )
Scbâbî 457
Scbabîd Ibid.
Schâïc 458
Scbâïc ( Muhammad ) Ibid.
Schâïc ( Nazîr uddîn ) Ibid.
Schaïdâ (Amânat uHah) 459
Schaïdâ (Fath Alî) 46 1
Schaïdâ (Hengâ) 462
Schâïr Ibid.
Schamscher Ibid.
Scharaf. » 463
Scharar. . , Ibid.
Schauc (Gulâm-i Raçûl ).. . . 464
Schauc ( Haçan Alî ) 465
Schaukat Ibid.
Schifà 466
Schigufta (Budh Singh) Ibid.
Schigufta(SaïfAlî) Ibid.
Schihâb uddîn 467
Schikébâ Ibid.
Schikoh . . Ibid.
Schor 468
616
TABLE
Page.
Schorî 468
Schorisch Ihid.
Schuhrat 469
Schuhrat (Gulâm-i Huçaïn). Ihid.
Schuhrat (Iftikhâr uddîn).. Ibid.
Schuûrî 470
Séwâ 471
Séwak Ibid.
Slkandar 472
Sipâhî 473
Sirâj Ibid.
Siva-Dâs 474
Siva Nârâyan 470
Siva-Râjâ 476
Soz Ibid.
Sozân 478
Srutgopâldâs 479
Sukdév Ibid.
Sukhan Ibid.
Sukhdev 48o
Sulaïmàn Ibid.
Sulaïmân-Schikoh 48 1
Sultan Ibid.
Suudar ou Sundar-Dâs 483
Sûrâj-Chand 5io
Surat 484
Surdâs 486
Surûr 489
Surûr ( Himâyat uHah ) . . . . Ibid.
Tâbân Ibid.
Taçallî 491
Taçauwur 492
Tahcîn 493
Tahcîn uddîn 494
Tajarrud 496
Tajailî Ibid.
Tajallî (Hajjî) Ibid.
Talab , 498
Tâii
Tàlib
Tamannâ
Tamannâ ( Aschiqu-i Alî ) . . .
Tamkîn
Tamkîn ( Sirâj uddîn )
Tânâ
Tanhâ
Tapân
Tapisch
Taquî
( Voy. aussi Mir et Hauas. )
Târinî
Tarz
Taskîn
( Voyez aussi Kâfir. )
Taswîr
Tilak. .
Tîpou
Tulcî-Dâs
Turàb Alî
Ulwî
Umda
Ummed ( AU )
Ummed ( Cazalbâsch )
Umr
Unkara
Uschschâc
Uzlat
Vallabha
Vargarâya
Védanga-Râya
Vinayavijaya-Gani
Wafâ
Wâhidî
Wahm
Wahschat
Wahschat , de Dehli
Pag«.
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Ibid.
5oo
Ibid.
5oi
Ibid.
5o2
5o4
5o4
5o5
Ibid.
5o6
Ibid.
Ibid.
507
289
5ii
5l2
Ibid.
5i3
5i4
Ibid.
5i6
Ibid.
5i8
519
Ibid.
520
521
Ibid.
522
Ibid.
Ibid.
DES NOMS DES AUTEURS.
617
Page.
Wâlî 523
WâU, de Dehli Ibid.
Wâlî , du Décan 524
Wâlî ullah 529
Wâlih Ibid.
Wâlih,deDeUi 53o
Wâquîf. Ibid.
( Voy. aussi Miuischî, Gu-
lâm-i Ahmad. )
Wâris 5 3 1
Wasl Ibid.
Wazîrî Ibid.
Wilâ 532
WHâyat 537
Yakdil Ibid.
Yakrang 538
Yakrù SSg
Yaquîn Ibid.
Yâr 543
Yâr, de Dehli Ibid.
Yâs Ibid.
Yuçuf 544
Page.
Yûnas 544
Zabt Ibid.
Zafar 545
Zàhik Ibid.
Zâhir Ibid.
Zakâ 346
Zakî Ibid.
Zâkir 547
Zamân 348
Zamîr Ibid.
Zâr (Jîwàn) 55o
Zâr (Mazhar Alî ) Ibid.
Zâr (Mugal Beg) 55i
Zarra Ibid.
Zatalî Ibid.
Zauquî 552
Zihn Ibid.
Zînat 553
Ziyâ Ibid.
Zuhùr ( Muhammad ) 554
Zuhûr (Schiw Singh ) Ibid.
Zuhûrî Ibid.
DEUXIÈME TABLE.
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Abrégé de la loi musulmane. ^46
Abrégé de l'Histoire ancienne. 699
Abridgmentof the holy Scrip. 555
Abstract of the articles of vvar. Ibid.
Abujed 558
Abu Shahma ( Histoire d' ) . . 594
Acâid-i Jàmî 559
Account of the Sâdh 129
Achambha Guftar 529
Acts of the Apostles SSg
Adamî kî zindaguî kâ intizâni. 290
Address to the people of Hiu-
dusthan 557
Adi granth 385
Adi upades i25
Agguir Sàguir 558
Ahâdîç-i mardiva 421
Ahçan ulmawâiz 284
Ahkâm unniçâ igS
Air (Sur V ) 590
Akbar-nâma 78
Akhlâqu-i Hindî 282
Akhlâqu-i jalâlî 46o
Akhiàqu-i muhcinî 65
Album de vers hindoustani. . 600
Album de Saïyid Hamza 478
Alexandre ( Histoire d') 601
Alfaz-i râghâ 559
Alî Adil Schâh (Histoire de). 4oo
Page,
Alî (Masnawî sur) 547
Alî-nâma 4oo
Alif-nâma 278
Ami de rinde(L') 582
Amîr Hamza ( Histoire d' ). . . 74
Amour (Secrets de 1') 356
Amours de Mâh Munawar
(Les) i58
Amritadhara 120
Amulettes ( Sur les ) 88
Amwâj-i Khûbî 558
Anand Râm Sàgara 278
Anatomie des os 589
Anatomy (Introductory lecture
on) 578
Anatomy of the ear 556
Anatomy of the human inte-
guments Ibid.
Anatomy of the maie organs
of génération Ibid.
Anatomy of the urinary or-
gans Ibid.
Ancient History 558
Anéantissement ( Le grand ). . 257
Anécartha manjarî 555
Anecdotes 574
Anglo-Hindusthani Library. . 558
Anglo-Indian Primer Ibid.
Anvvâ ululûm 22
TITRES DES OUVRAGES.
619
Page.
Amvâr-i Subaïlî 36o
Apology for female éducation. 557
Arâïsch-i mahfil 3i
Arithmetic 556, 567
Arjuna Guita 1 aS
Ark-nâma 569
AscLâr bar dîn-i Nânak 887
Aschâr-i bhâkhà dar Ràg. . . . SSg
Ascbta Yâmâ 167
Aspbyxie ( Sur 1) 6o3
Asrâr-i Mubabbat 356
Assam ( Histoire d' ) 233
Astarbân 558
Astrologie ôSg
Astronomie (Traité d') 5i4
Astronomy 557
Atalîqu-i Hindi 533
Atlas 557
Atmânuçâçan 550
Aventures de Kâmrûp 494
Awad bilàs 3^8
Ayâr Dànisch. Voyez Kliirad
afroz.
Azrâb-i Sultânî 58o
Baber ( Mémoires de ) 6o3
Badr Munir ( Amours de ). . . 200
Bâg o babâr 64 , 493
Bâgu-i urdû 3o
Bàgu-i sukhan 355
Bahâr dâniscb 209, 5o2
Bahâr-i iscbc 898
Babaristân-i Jafarî 435
Babrâm ( Histoire de ) 210
Babr-i iscbc 398
Baïtal Pacbicî., 3io, 484
Bala bbadra cbéanti io4
Bâlaka Purâua 190
Balakh ki Ramaïui.. ....... 277
l'âge.
Bâl lîlâ 486
Bâlavibodba 56 1
Bang ( Sur une marchande
de) i63
Bâni , 599
Bârab mâça 34, 266, 522
Baranbhavanaçandbi 562
Barnamâla 56o
Bârtta 5i8
Batelet (Le) 44
Bayân-i islam 56 1
Bayàn tap naubat kâ 56 1
Bayâz 19, 67, 168
Bayâz-i dar ilm-i tibb 5 1 1
Bayâz-i inàyat-i murchad Zâda. 2 59
Bayâz-i Saïyid Hamza. ...... 473
Bayâz Sâkhî Kabîr 277
Beli's instructions 599
Bénazîr ( Histoire de ) 200
Bbagavat. 121, i42, 307, 4o4,
4o5.
Bbaktamâl 3o2 , 878, 388
Bbamanî (Hist. de la dynastie) . 266
Bbog pal 55
Bbramara-guîta 3o2
Bbûgola 5i4
Bible ( La sainte ) 560,570
Bidya darpan 348
Bijaï-pâl Râça 56 1
Bijek 118, 278
Bikat kabânî 35
Biographie des poètes hindous-
tani. i36, i44, i65, 169, 200,
287, 3i2, 342, 374, 468
Birab bilâs 56 1
Biscban pad 486
Bombay ( Le messager de ) . . 584
Boslàn 354
620
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Bougie et le papiHon (La).. . 582
Bouquet d'amour ( Le ) 4oo
Braj-vilâs 1 3 1
Caçâid o matlâé wilâ 523
Cacîda , Pass.
Caïda-i Farhang 569
Calcutta ( Poëme sur ) 398
Canûn-i islam 2 56
Caiumcha Hindî Sg
Cartes ( Sur les ) 1 y
Casketofindia 349, 535
Cataracte ( Sur la ) 590
Catéchisme 562
Catéchisme (petit) 600
Catéchisme anglican 562
Catéchisme catholique Ibid.
Catéchisme musulman 563
Cavalerie ( Règlements de la ) . 583
Cawâîd-i Akhlâc 565
Cawâïd-i Hindî ou urdù. ... 23 1
Cerveau ( Sur le ) 589
Chahâr anwâ 565
Chanchara 278
Chandrâwati 564
Chârana-raça 565
Char gulschan 116
Chatr mukut 593
Chatur-daça gunasthâna 563
Chautiça 278
Chenna patan Vertanta 564
Chhandogaya 565
Chhatra Prakàsch 3o5
Chit vilàs io5
Choléra ( Sur le ) 589
Coïtûs ( Liber ) 55
Collection de chansons 563
CoHect. ( A ) of divine Sayings. 564
CoUect. (A)ofHind.Proverbs. 564
Hagc.
Collect. ( A) of Hind. Songs.. 563
CoUect. (A) of Hind. Songs,
manuscrit 563
Collect. (A) of moral Precepts. 564
Commandements (Les dix).. i64
Conimon Prayer 5 60, 598
Common Prayer of the church
of England 562
Common Prayer (Moosulm. ). 459
Compendium ( A ) of the book
of Common Prayer 562
Compendium of Geograpby. . Ibid.
Conseils ( Livre des ) 533
Conseils aux mauvais poètes. . 344
Contemplatifs ( Sur les ) 598
Contes 591
Contes d'un perroquet.. 85, 206
Coran arabe, persan, hind. 529
Coran traduit en hindoustani. 1 ,
6 , 53 , 266, 460, 564.
Cordonnière ( Sur le meurtre
d'une ) 11/1
Countryman ( The ) and the
Snake 583
Cruelty to animais 582
Curân-i scharîf 565
Cutb Schâbî 1 44
Daçakschapanavratavidhi .... 568
Dacima Padschâh kâ granth.
Voyez Dus Padschâh, etc.
Dàdrâ 566
Dàdû kî vânî 1 47
Dàdû panthî grantha 1 47
Dah majlis 524
Dainok-nâma i3o
Dakhan anjan 36 1
Dânisch afroz /io
Dar bayân-i natàïqu-i Nàyak. 568
TITRES DES
Page.
Dargâli deSchâh Arzân (Poëme
sur le) 235
Dar hujù-i Fidwî 176
Dar riçâla-i râg-mâla 568
Dârâ Schikoh et Bâbâ Lâl (De-
mandes et réponses de ). . . 96
Daryâ-é ischc 344
Das liukm 1 6i
Das Padschàh kî granth 191
Dastûr-i Hind 266
Dâya bbâgah 566
Defence offemale éducation.. Ihid.
Démonstration of the abdomi-
nal Viscera 565
Démonstration of tbe tboracic
Viscera Ibid.
Derviches (Hist. des Quatre) 64, 83
Description of intermittent Fe-
vers 565
Dbannâyî , 566
Dharm pustak kà sâr 574
Dharma buddhî , etc 568
Dharma sâstra Eiid.
Dharma tatva sâra Iii8
Dhiyâ calbî 12
Dhoré 1 9 1.
Dhûlîla 566
Dialogue between a Durwan
and a Malee 567
Dialogue between Ramharee
and Sadhoo 566
DialogusChristiani et ethnici. 567
Diction, des mots mystiques. 7 1
Dictionnaire hindî 1 1
Dictionnaire hind. angl 583
Dictionnaires 587 , 6o3
Dislocation (Sur la ) 590
Dîn-i haquîquî, etc 566
OUVRAGES. 621
Page.
Diwân Pass.
Doctrine et devoirs de la reli-
gion musulmane 21
Dohà et dohrà Pass.
Dohrâ râg 567
Dolî-nâma 543
Duâzda mânsa 267
Dûrgà bhàschâ 566
Durr-i uçûl 567
Durr ulmajâlis 9
Economy of human life 290
Ekavinsati sthâna 569
Elementary Treatise on Geo-
graphy and Astronomy. . . . 569
Eléments d'histoire générale. . 1 1
Essaysby the students, etc.. . 577
Ethique indienne 232
Eucologc musulman 459
Evangelium Lucœ 569
Evangile. Voyez Gospel.
Examinationsofthe collège of
Fort-William 568
Extracts from Torrens 569
Extraits des principaux poètes
persans et hindoustani.. . . 327
Fables de Gay, en hind 284
Fables de Pidpaï 36o
Fables d'Esope en hindousta-
ni 32, 233, 5o4.
Fables (Autres) 570, 576
Faïzàbâd (Sur)., 201
Fakhriya i56
Family Frayer 570
Farhângu-i Hindouî 571
Fath-nâma. . . , 202
Fatime ( Vie de ) , etc. . 396, 493
Félicitation (Vers de) 597
Femmes (Education des). 556, 566
622
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Femmes ( Ruses des ) 58 1
Field Exercises 871
Fièvre intermittente 56 1
Fikh 563
Firoz Schâh (Histoire de). . , 48
Flame (The) of love 344
Froid ( Poème sur le ) i36
Fruitful exhortation 576
Fruits de Tarbre de la vie.. , 671
Fuçûs ulhukm 286
Gaïyàs uddîn ( Histoire de).. 577
Gaja Sukumara Charitra 074
Gâlib o maglûb 5i2
Ganj-i khûbî 65
Garâib ullugât 71
Gazai Pass.
Générations ou liste des de-
grés de parenté 878
Genèse , Proverbes et Isaïe. , . 571
Geography 572
Géomancie (Sur la ) 583
Gilchrist riçâla 281
Gîmâlâ 573
Golâdhya 572
Gopâlachalâ kathâ 5 1 9
Gorakh nâth ki goschtî 277
Gospel of Marc 578
Gospel of Matthew 572
Gospels (Four) 071, 572
Grammaire hindoust. 54, 281, 3 1 4
Idem, en vers 458
Grammaire persane.. ..... 46i
Granth 191,885
Greyhound ( The ) and the
Mastif. 583
Gualior ( Hist. de) 519
Guîtâ 5o , 4o3
Guîtâwalî 5 1 o
l'iige.
Guîyân mâla 574
Gûjrî (Sur une ) i63
Guldasta-i dâstân »... 498
Guldasta-i Haïdarî 572
Guldasta-î ischc 368, 4oo
Guldasta-i nischât 827
Gul-i Bakâwalî 893
Gul-i magfirat 208
Gulistân en hindoustani .... 3o
Gui oSanaubar 48, 889
Gulschan-i akhlâc 489, 578
Guischan-i Hind. .. 48, 99, 812
Gulscban-i ischc 899, 5o6
Gulschan-i tauhîd 678
Gulzâr-i chîn 77
Gulzâr-i Dânisch 209, 5o2
Gulzâr-i Ibrahim x , 287
Guru nyâs 478
Hadîs 577
Haft gulschan 536
Haft païkar , 209
Haïdar Alî (Histoire de) . . . 578
Haïdar-nâma Ibid.
Hamza (Histoire de ) 74
Hanîf (Hist. de).. 87, 471, 52i
Hansawi 1 1
Haquîquat-i Muhammad.. . . 877
Harivansa 189
Harmony of the four Gospels. 576
Hâtim Taï (Histoire de).. . . 207
Hatta pradîpa 574
Hazliyât 552
Hazrat Alî Sîl 521
Heavenly way (The) 577
Hidâyat ulislâm 458
Hikâyat-i Saudàgar 2 53
Hindee and Hindoostanee Sé-
lections 5o4
TITRES DES OUVRAGES.
623
Page.
Hindee Manual.. 266, 349, ^35
Hindee moral Preceptor 533
Hindee Ultimatum 576
Hindee Story Teller 574.
Hindola 278
Hindoustani (Dissertation sur
r) 286, 576
Hindusthani Reader 585
Histoire. Voyez les titres par-
ticuliers des ouvrages.
Historiae jucundae /igS
Histor^' of Boondelas 3o3
History of Joseph 583
Hitopadéça 232
Hiver ( Poème sur V) 1 3o
Holî 278, 549
Homilies 576
Hujjatulcuâ 439
Humane ( The ) Society's Ru-
les 574
Hurmuz (Hist.de) 594
Husn-i ikhtilàt 433
Husn o ischc 2 53
Hydrocèle (Sur 1' ) Sgo
Hygiène 598
Hymnes chrétiennes 574
Ibrahim and his happy family. 583
Icbâl-nâma 101
Ikwân ussafâ 239
Indiau Cookery 58o
Injil 179
Inschâ-i murassa 578
Inschâ-i Yuçufî 544
Intikhâh-i ikhwân ussafâ., . . 24i
Intikhâb-i kulliyât-i Saudà.. . 452
Intikhâh-i Sultâniya 296
Tschtiyàc 1 56
Jaandak and Hurak 596
Page.
Jahânguir-nâma 578
Jaïn ( Ouvrages sur les). Voy.
leurs titres respectifs.
Jalwâ-nâma 193
Jâmi ulakhlâc 459
Jâmi ulhikàyàt 44i
Jang-nâma 88, 472
Jang-nâma-i Râo Bhâo 578
Jardinière (Sur une) i64
Jaya-Chandra Prakâscha i4i
Jazb-i ischc 217
Jésus-Christ (Miracles de) .. . 595
Jhûlanâ 278
Jnyân Prakâs 267
Jnyâna-Samudra 484
Jog haçant pothî 579
Joguin ( Sur une ) 1 64
Joseph et Zalikhâ 58
Journaux hindoustani. 554, 582,
584, 585.
Jurisprudence ( Sur la ) 597
Kah bidya 58o
Kabîr pânjî 277
Kahit Pass.
Kabita Râniâyana 5 10
Kacîr ulfawâid. . 58o
Kahâni Scham o parvvâna.. . 58 1
Kahâra 278
Kalâ Kâm ... 495
Kalîla o Dimna 4o
Kalpa Kédar 58 1
Kalpa sûtra Ibid.
Kâmrup et Kalâ 494
Karîmâ 534
Kaschf ulkhulâça 446
Kathâ barmalâ 5i i
Kavi-hhadra chéanti 1 o4
Kavi Prakâsch 58o
624
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Kavi-Priya 292
Khaïr Khâh-i Hind 582
Khaïr ulbayân 108
Khâlic bârî 58 1
Khân-i nimat 216
Khan-i ulwan 58o
Khâs grantha , 277
Khâvvir-nâma 420
Khâwir Schâh (Histoire de) . 519
Khirad afroz ho, 267, 348
Khulâça-i Sultânî 446
Khulàçat ulmuâmalat 21
Kîd-i zan 58 1
Kitâb-i cawâïd 579
Kitâb-i Farâiz 22
Kitàb-i bazar dburpad 579
Kitâb-i tacallubât 679
Kitâb-i tahajjî 579
Kitâb iarkon ké liyé 562
Kitâb-i mantar 58o
Kok Schâstar 55
Kriscbn cbandr 58 1
Kriscbna (Histoire de). i42, 807
Kriyâ Katbâ Kaustubb 3o4
KuUiyât. , . i45 , 278, 286, 343,
374, 424, 45i, 454, 474,
5o2, 552.
Kundariyâ 192
Labâb abab 583
Laïlâ et Majnûn 497
Lait ( Sur le ) 80
Laknau (Sur) 201
Lai o gaubar 48
Lac ou Lava granth 475
Latâif-i Hindî 3o8
Liber de re militari 583
Library of entertaining Know-
ledge 582
Page.
Little (Tbe) Girl and tbe But-
terfly 582
Lizzat unniçà 584
Lois mahométanes 583
Looking-glass 582
Lubb uttawârîkb 11
Lucy and her motber 582
Lugât-i Hindî 583
Maçadir-i bbâkbâ 3io
Madan ulafàzil 6o3
Madâr ulafàzil 587
Madhumalatî 399
Madbu nâyak singâr . 587
Madbûnal 3n, 35i, 534
Mabâbhârata 188
Mabâpralaya 257
Mabâvîra stava 586
Mabdî bénazîr 396
Mabîna Stotra 4o5
Mabomet (Poëmes sur ). i45, 6o4
Mabrattes (Guerres des).... 58o
Majina-i latâif. 11, 284
Majmûa-i àscbiquîn 2 3
Majmûa-i dawânîn 586
Majmûa talîm ussabiyân. . . . 534
Majnûn et Laïla 124
Makbzan ulislâm 585
Maifùzàt-i Jabânguîrî 586
Manibaï kà barkâra 584
Manâquib 434
Mànatunga cbaritra 35o
Mangala 278
Man lagan 586
Manobar (Histoire de) 899
Mantac uttaïr 578
Manzùm-i acdas 33
Marçiya Pass.
Marçiya-i Miskîn 349
TITRES DES OUVRAGES.
G25
Page.
Mariage de Muliabbat Kliân 353
Alardé Ké alnvàl 52i
Marie ( Hist. de la Vierge ) . . SgS
Martyrs musulmans (Les)... 208
Masdar-i Fayùz 46 1
Masnawî Pass.
Masnawî dar ahwâl-i Kalcat-
ta 398
Masnawî-i hucca 547
Masnawî-i jân pahchân 587
Matbû ussabiyân 586
Matière médicale 596
Mauaza-i àràisch-i maschûc. . . 1 5
Maulad quissa 76
Mazhab-i iscbc 398
Médecine ( Traité de ) SgS
Memoir of Mohan Lâl 582
Mémoires de Pétambur Singb. 4o3
Metbods of treatment for tbe
recovery of persons dead. . 584
Miftàh ussalat 242
Mibr o màb 586
Miracles de Jésus-Christ 595
Mirâj-nâma i32
Mirât ulakbbâr 584
Mîzân ussarf. 087
Modes musicaux (Sur les ) . . 597
Mois ( Poëme sur les). 266, 522
Mootufurrocat 584
Moral Precepts 582 , 585
Mor pankbî 43
Mrigâvati cbaupaï 585
Muazzam Scbâb ( Hist. de ) . . . 4 1 o
Mufarrih ulculùb 56, 282
Mufîd-i Sabiyân 585
Mubammad Scbâb (Hist. de). 218
Muhammad Hanîf ( Hist. de ) . 88 ,
471-
I.
Page.
Mubarram ( Poëme sur le ). . . 19
Muïzz uddîn (Hist. de). 578, 5g4
Mukrî 67
Mûla Sûtra 585
Mûl pancî 280
iVIukbammas , . Pctss.
Muntakbâb-i Tûtî-nâma 85
Muntakbâb ulfawâiz 42,77
ÎNIurder of tbe innocent cbil-
dren 583
Musique (Traité sur la). 262, 601
Muzib-i curân 5
Nacl-i Brabman < . , 58 1
Nacl-i Maus 253
Nacliyât 588
Nadir Scbâb (Hist. de) 209
Nakba Sikbâ 157
Nal Daman 898 , 488
Namâz Subb ké abkâm 588
Nâm mâla 588
Naskbabi Kamîr 55
Nasr-i Bénazîr 281
Nauras 238
Nau tarz murassa 494
New Cyclopaedia Hind. (Tbe). 809
New Testament 587, 588
Nikât uscbscbuarâ i , 342
Nirmala granth 386
Niscbât uliscbc 297
Nîti Katbâ 470
Nosological Table 11
Notice sur les fêtes populaires
des Hindous 5o4
Nrisingbopaniscbad 588
Œil (Sur r) 589
Œuvres. Voyez KaUijât.
Oiseaux ( Traitement des).. . SgS
Old Testament 589
ho
626
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Oordoo risaiuh 281
Organes urinaires 556
Oriental fabulist 3i, 50i4
Osteology 591
Outlines of Geography and As-
tronomy Sg 1
Padma purâna 592
Padmawât (Hist. de ).. 249, 260
Paganisme indien. SgS
Pakschi Sûtra 592
Panchâdhyài 887
Panchhî bâchhâ SyS
Pand-nânia 533
Pand-nâma-i Atlâr i63
Panghat (Sur un) i64
Panipat (Bataille de) 3i5
Parbal-pal Sgi
Parsî-prakàs 5i9
Pem kaliànî 592
Pem kathâ Ibid.
Pentateuch 592
Perroquet (Contes d'un ) . 83 , 186,
206 ,221.
Phâdilalî-Prakâscha /1.79
Pharmacopœia Londinensis. . SyS
Phûlban 8/1, 236
Phûlwârî 592
Pipe ( Poëme sur la ) . . 2 23, 5 47
Pirtam-nâma 212
Pitiful Story of the mother
who sacrificed ber infant. . 582
Pleasing Instructor Sgi
Pleasing Taies IbiJ.
Pluie (Poëme sur la ) 274
Poétique 56
Poisons ( Sur les) 602
Polyglot interlinear 3o3
Pothî Pass.
Page.
Potbî alankâr singâr 593
Pothî daçam iskandh 122
Potbî jnâu bânî , etc 128
Potbî Gurù Nânak Scbâh. . . . 385
Potbî Hindî az Râm Râé.. . . SgS
Potbî Kubuk Lîlâ Ibid.
Potbî jagat bîlâs Ibid.
Potbî lok ukat , etc 474
Potbî prem 893
Potbî prît bâl 598
Potbî Saïyid Abmad 487
Pratbama grantha 287
Prati-Kramana Sûtra 5g 2
Prem Lîlâ 2 63
Prem Sâgar 1 42 , 807
Prem Satwa niriipa 3o3
Prières du matin 588
Principes de la foi musulmane. 559
Pritbu râjà Râjâçû 1 4o
Pritbwî râjâ cbaritra 1 38
Prophètes ( Hist. des )... . 9, 345
Prosodie ( Traité de ) 285
Proverbes bindoustani. 5o2 , 564,
575, 6o5.
Psalterium Davidis 592
Pûjâpaddbati 592
Puruscbârtba Slddbopâyana. . 592
Purusch Parîchà 5o4
Quaçamiya 1 56
Quatre Derviches ( Hist. des ). 64 ,
83, 4g3.
Quiças ulanbiya 346
Quissa Pass.
Quissa-i Abû'lfaïz Nûrî 2g9
Quissa-i Anàr rânî 594
Quissa-i bandagân-i Alî Sgi
Quissa-i Bîbî bandî 595
Quissa-i buland Akhtar 898
TITRES DES OUVRAGES.
627
Page.
Quissa-i bûm o baccâl 175
Quissa-i chandar-badan o mu-
haïyar 2o5
Quissa-i Diiàrâm o dilrubâ. . . 332
Quissa-i Dolî nàma 543
Quissa-i mâh munawar, etc. i58
Quissa-i mâh o païkar SgA
Quissa-i maïna SgS
Quissa-i Malîka 4o3
Quissa-i mallâh o mâhi , etc. . 472
Quissa-i Païrambarân 345
Quissa-i Roschan-i zamîn. . . . 593
Quissa-i saïf ulmulûk 327
Quissa-i scbaïkh Zaâ 594
Quissa-i Tâlib o Mohanî.,.. 529
Raça-râjâ 333
Raçarnava 48o
Racik bidyâ 596
Racik priya 293
Râg (Sur les ) 597
Ràg-mâia 517
Râj-nîti 309
Râma ( Hist. de ) 6o3
Râmachandrica 292
Ramaïnî 278
Ramajanma 5ii
Ràmânand kî goscbtî 278
Ràma Scbalakâ 5i 1
Raraâyana 292, 407, 5o9
Râmgaiiâwalî 5 10
Ràm-vinod 596
Raschk-i barnâ-é Hindî Ibid.
Rascbk-i parî 44
Râs lîlâ 488
Ratna cbûra muui 596
Raina mâla 476
Rauzat ulalbar i65
Rauzat uschschuadâ.. . i64, 471
Page.
Rauzat uschscbuarâ 286
Reader ( Hindoostanee ) . . . . 585
Réfutation du paganisme in-
dien 595
Règlements de l'armée an-
glaise 595
Rekbta 278
Rhumatisme (Sur le ) 589
Riçâla Pass.
Riçâla-i açùla o ajùba 96
Riçâla dar aschâr-i mubarac-
bâd 597
Piiçâla-i acâid 56o
Riçâla-i awârif. 598
Riçâla-i gazalân-i Hind 89
Riçâla-i Gilchrist 23 1
Riçâla i istikbrâj-i chaumar. . 597
Riçâla-i jawàbir-i asrâr 598
Riçâla-i jog Ibid.
Riçâla-i Kâinât 78
Riçâla-i Koksâr 56
Riçâla-i niçâb-i Sabiyân.... 597
Riçâla- i Saïyid Ahmad 439
Riçâla-i Schifâ bakhsch 598
Riçâla-i surûd o râg 597
Riçâla nazm Ibid.
Riyâz-i ischc 596
Rizwân Schâh (Hist. de)... 77
Rogântaka sâra 596
Rose and Pine tree (The).. 389
Rose de Bakâwalî ( La ) 393
Rossignol et la Rose (Le). 33, 582
Rubâî et rubàyât Pass.
Rubâyât-i Saïyid Alî 439
Rucâ 164
Rukminî mangal 591
Ruses des femmes 58 1
Sabd 277
628
TITRES DES OUVRAGES.
Page.
Sabdâwali h'] 5
Sabba bilâs 809
Sacî et Panûn 356
Sacountala 265 , 889
Sâdh(Surles) 128, 129
Saf îna-i aschâr 600
Sabasr ras 517
Saints Hindous (Vie des)... 878
Saïr-i iscbrat 44 1
Sâkhî 278
Sakuntala-nâtak 265
Sàlabbadra cbaritra 601
Salàçat Pass.
Salâm , Pass.
Salât uljamaât SgS
Sanscrit (Sur le) 602
Sant acbâri 475
Sant mabîma Tbid.
Sant opadéça Ibid.
Sant ParAvâna Ibid.
Sant Sâgar ^ Ihid.
Sant saran Ibid.
Sant sundara Ibid.
Sant vilâs Ibid.
Santi jina stava 601
Sapta satika 124, Sog
Sâquî nâma i56, 324, 534
Saràfràz-nâma 2o3
Sarf-i urdû , 458
Satires 175, 289, 449
Satnam kabir 279
Satsaï 123, 5io
Saty mukt 600
SaAvàl jawâb 600
Scbabd. Voyez Sahd.
Scbâb-nàma 209, 869
Schàb o darvvescb 116
Schamscber khânî 359
Page.
Scbams ulbayân 5o2
Scbar-i kbûb tarang 558
Scbar-i Pem kabânî 592
Scbattrinsat karma katbâ. .. . 601
Scber Scbâb ( Hist. de ) 535
Scbigarf nàma-i wilâyat 463
Scbîr-nâma 80
Scbirîn scbakar 600
Scbuala-i iscbc 344
Scientific Dialogues 600
Séances (Les Dix) 285
Sélections from tbe popular
poetry of tbe Hindoos. . . . 601
Sélî sanjîwan 483
Sermon on tbe mount 599
Séva Sakbî \anî Ibid.
Sbepberd's Boy ( Tbe ) 582
Sibr ulbayân 200
Sikandar-nâma 601
Sikh Tbeolog)' 567
Sikb darsan 386
Sikbân grantb Ibid.
Sikbanî bâbâ nânak Ibid.
Sin no trifle 600
Singbâçan battîcî. 267, 810, 484
Siujar siromani 599
Sirât ulmustaquîm 2 52
Siva cbaupayî 474
Siva Sâgara 476
Siyar-i mutaccadamîn 599
Siyar ulmutaakharîn 101
Sketch of tbe solar System.. . 285
Snéba-Lîlâ 289
Solar System 600
Soldiers Manual (Tbe) 599
Soratb 261
Spelling book 585
Spiritualisme ( Sur le ) j 94
TITRES DES OUVRAGES.
629
Page.
Srîpâla charitra 4oi , 620
Substance ofBeirs institutions. 699
Suhràb o Rustam 290
Suicide des veuves indiennes. 602
Sukhnidhân 277, ^79
SummuladoctrinœChrislianae. 698
Sundar bidyà 483
Sundar singar 1 gS , 483
Suniçâr 102
Sûrdâs-kavitva 488
Sûr sâgar 486
Sùyabhaya-Tûrî 601
Swami kartikéyânuprescbâ. . . 269
Tabarî (Hist. de) , . ; 255
Tacwiyat ulimàn 25i
Tâj ulmulûk SgS
Talîmât-i khirad afroz 4i
Tambîb ulgàfilîn 70
Tambîdàt-i aïn ulcazat 6o3
Tamyîz ulmîzân 6o4
Targuîb-i jibâd 438
Tarîkh Pass.
Tarîkh-i Ali Adil scbàb 4oo
Tarîkh-i âschâm 233
Tarjama Pass.
Tawallud-nàma-i kbatùn-i jin-
nat 397
Tazkira. i36, i44, i65, 169,
200, 3i3, 374 , 468.
Tazwîj-i Bîbî Fâtima 396
Testament ( Nouveau ) 587
Tibb-i Hindî 593
Tika 3o2
Tipou ( Hist. de ) 578
Totâ kahàni 206
Treatise on suspended Anima-
tion 602
Trône enchanté ( Lr ) 5 1 o
Page.
Tubfa-i kân-i ilâj 6o4
Tubfa-i Elpbinstone 3i4
Tûtî-nàma 85, 186, 206
Tuzuk-i Babarî 6o3
Ulug Beg ( Nouvelles Tables
astronomiques d'). 17, 170,
182, 3o3 , 3i8.
Urag-nâma. Voyez Ark-nâma.
Urinary Organs 556
Uttara kânda Sog
Vacant 278
Vaçanta-râjà 5o4
Vaccine 589
Vanî 599
Vanî bûschana 5o4
Vârtta 5x8
Védanta ( Abrégé du ) 4 1 3
Venom of serpents (On the). 591
Vétâla Pacbîcî 485
Vétérinaire ( Art ). . . 6o4
Vijek. Voyez Bijeh.
Vijnân bilàs ou vilàs 182
Vijnàna guita 293
Vinaya Patrika 5io
Virtue and Vice contrasted. . 583
Vocabulaire persan-hindousta-
ni 586, 597
Vocabulary ( A ) of the names
of buman body , etc 11
Voyages dTtiçâm 463
Wâçûkbt 201
Wafat-nâma-i khatùn-i jinnat. 397
Wafat-nâma-i Païrambar. . . . 6oi
Wajau grantb 475
Wakefield (Le Minisire de) 54
Wâquiàt-i Akbarî 78
Wischnu pada 5i8
Yoga Vasichta 60 5
650 TITRES DES OUVRAGES.
P-'ge- Pi.g<..
Yûçui' Zalîkhâ 58, 176 Zamîr (Holi de) 549
Zafar-nània. 87 Zarb ulamçâl 6o5
FIN DU TOME PREMIER.
^'^^%^.
isir
M
Ë^»
.r ■■^•
\ ^M: