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Full text of "Histoire de la médecine arabe"

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/ 


HISTOIRE 


DE   LX 


MEDECINE  ARABE 


PRINCIPALES  PIBLICATIO^S  DE  L'AUTEIR 

IIKLATIVKS    A    LA    MÉDECINE    ARAHE 


TRADUCTION  DK  LA  CUIUURGIE  IVABULCASIS 
(rnc  «leuxièmo  (vlition  ou  préparation i. 

TRADUCTION  DK  LA  VARIOLE  DE  RAZfciS. 

TUADUCITION  DU  KACHEF  D'ABD  ER-REZZAQ 
(Dictionnaire  de  Matière  médicale}. 

TRADUCTION  DES  SIMPLES  D'EBN  EL  BEITHAR. 

(sous  ]»n'sst».  dans  los  Notices  et  Extraits). 


•MK'^I'NT   V^    ')•    -'   1'^!.' :i>IM'.i:-:    \      HMV.    î'."'K    fV.  l'-M' 


HISTOIRE 


DE   LA 


.MÉDECINE  ARABE 

PAR 

LE  D'   LUCIEN    LECLERC 


EXPOSÉ    COMPLET 

DES    TRADUCTIONS    DU    GREC 


LES    SCIENCES    EN    ORIENT 

LEUR   TRANSMISSION    A    L'OCCIDENT 
PAR    LES  TRADUCTIONS    LATINES 


^j,. 


TOME     PREMIER 


PARIS 

ERNEST   LEROUX,   ÉDITEUR 

LIRRAIRR    DK8    SOCII^TliS    ASIATIQUES    DR    PARIS,     DR    CALCUTTA, 
DE      SCRW-DAVRN      (BTATS-UNIS  ),      DR      SHANOIIAI    (cHINK), 

DE  l'École  drs  lanours  orientales  vivantes,  etc. 
28,    RUE   BONAPARTE,   28 

1H70 


■.il 


AVANT-PROPOS 


Ayant  achevé,  il  y  a  quelques  années,  la  traduction  du 
Traité  des  Simples  d'Ebn  el  Beîthâr,  nous  voulûmes  la  com- 
pléter par  les  biographies  d'une  centaine  de  médecins  arabes 
qui  s'y  trouvent  cités.  Le  travail  était  à  peu  près  terminé 
quand  l'idée  nous  vint  de  l'étendre  à  toute  l'école  arabe. 

Mais  c'était  plus  qu'un  surcroît  de  notices  que  nous  avions 
en  vue.  Nous  nous  proposâmes  de  faire  l'histoire  collective 
de  la  médecine  arabe,  d'exposer  ses  origines,  son  caractère, 
ses  institutions,  son  développement  et  sa  décadence,  en 
entremêlant  des  vues  d'ensemble  aux  séries  biographiques, 
au  fur  et  à  mesure  des  événements. 

C'était  un  travail  tout  nouveau,  pour  lequel,  sans  doute,  le 
liremier  était  une  préparation,  mais  qui  exigeait  des  recher- 
ches plus  étendues  et  nous  faisait  entrer  dans  un  nouvel 
ordre  d'i<lées.  Malgré  ses  difficultés,  nous  osîlmes  l'entre- 
prendre, soutenu  par  cette  pensée  qu'il  y  avait  là  une  lacune 
à  remplir  dans  notre  littérature,  jusqu'à  présent  tributaire 
de  l'étranger. 

Dans  l'histoire  des  sciences,  la  période  arabe  est  aussi  in 
téressante  qu'elle  est  i)eu  connue.  Et  cepcn'lant  elle  est 
riche,  extrêmement  riche  eu  documents  connus  à  l'heure 
qu'il  est. 

i 


tt  HISTOKi:   DE   LA    MÉDECINE   AIIAUE. 

Ce  qui  caractérise  cette  période,  c'est  la  profonde  origina- 
lité de  ses  débuts.  Chez  les  divers  peuples  qui  ont  tour  îi  tour 
occupé  la  scène,  le  développement  des  sciences  et  leurs 
évolutions  suivent  à  peu  près  identiquement  les  mêmes 
lois.  Il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  Arabes  :  leur  initiation 
à  la  science  est  un  fait  unique  dans  l'histoire. 

Dans  la  péninsule  arabique,  protégé  par  les  sables  et  la 
mer,  vivait  sous  le  toit  et  la  tente  un  peuple  de  pasteurs  et 
de  commerçants,  passionné  pour  la  liberté,  la  guerre  et  les 
aventures,  l'éloquence  et  la  poésie  ;  peuple  intelligent  mais 
tout  d'intuition,  étranger  à  l'analyse.  Confiant  à  la  mémoire 
ses  poésies,  ses  grands  jours  et  ses  généalogies,  il  ne  connut 
que  tardivement  l'usage  de  l'écriture.  Ses  relations  avec  la 
Perse  lui  avaient  procuré  quelques  vagues  notions  de  mé- 
decine. 

Une  révolution  soudaine  détourna  le  cours  de  ses  destinées 
et  ouvrit  de  vastes  champs  à  son  activité.  Les  Arabes  étaient 
idolâtres.  Mahomet  les  convertit  à  la  croyance  en  l'unité  de 
Dieu  dont  il  leur  donna  la  formule  la  plus  sublime  et  la  plus 
pure.  Il  fit  plus.  D'un  peuple  resté  jusqu'alors  étranger  aux 
révolutions  extérieures,  il  fit  une  armée  de  prosélytes  en- 
thousiastes, qui  se  ruèrent  h  la  conquête  du  monde.  Un 
siècle  à  peine  s'était  écoulé  depuis  la  mort  de  Mahomet,  que 
l'Arabie  avait  débordé  de  l'Atlantique  h  l'Indus. 

Quelles  pouvaient  être  les  conséquences  de  cette  invasion 
nouvelle  d'un  peuple  fanatisé,  après  toutes  les  invasions 
barbares  qui  s'étaient  partagé  les  débris  du  monde  romain 
et  avaient  refoulé  les  lumières  et  la  civilisation  abritées  en- 
core, mais  faiblement  et  maladives,  dans  Byzanco  énervée?  Le 
choc  imminent  du  fanatisme  et  de  la  barbarie  n'allait-il  pas 
produire  un  cataclysme  encore  plus  désastreux  que  le  précé- 
dent ?  Pouvait-on  supposer  que  la  science  grecque,  tombée 
en  déshérence,  allait  devenir  l'héritage  de  ces  nouveaux 
convertis?  Le  miracle  devait  se  produire. 

Ce  peuple  que  le  fanatisme  fit  le  conquérant  de  la  moitié 
du  monde,  prit  aussitôt  pour  maîtres  les  chrétiens  ses  vain- 
cus. 11  mit  h  s'assimiler  leur  science  un  tel  enthousiasme  et 
•nie  promptitude  si  merveilleuse,  déployant  des  aptitudes  qui 


AVANT-l»ROPOi. 


ocmblaieut  etniugères  à  la  race,  qu'il  les  eut  bientôt  dép.iîi- 
>é.s.  Pcudantcinq  ou  six  siècles  il  tint  le  sceptre  des  lumières 
et  de  la  civilisation.  Troublé  par  les  assauts  deux  fois  sécu- 
laires d'un  autre  fauatisme  venu  de  TOccident,  il  rendit  à  ses 
autagronistes  barbares  les  services  qu'il  avait  reçus  des 
chrétiens  de  l'Orient  ;  il  leur  transmit  les  sciences  dont  ils 
avaient  laissé  tarir  la  source.  Pendant  la  seconde  moitié 
du  moyen-âgre,  la  science  arabe  défraya  l'Occident.  Quand 
vint  la  Uenaissance,  l'admiration  fit  place  à  l'ingratitude 
et  au  dénigrement. 

Depuis  deux  siècles  surtout  on  s'est  remis  à  l'étude  de  l'O- 
rient et  particulièrement  de  la  littérature  arabe,  de  beaucoup 
hi  plus  riche.  Mais  ces  études  ont  porté  de  préférence  sur 
riiistoire,  la  fréographie,  la  poésie,  les  religions,  et  les 
M-'iences  n'ont  provoqué  qu'un  petit  nombre  de  travaux. 

louant  à  des  travaux  d'ensemble  rien  encore  n'a  été  fait, 
•lu  moins  en  France,  où  nous  sommes  sous  ce  nipport  d'une 
inglorieuse  pauvreté.  Quelques  ouvrages  de  seconde  main 
ne  sauraient  entrer  en  ligne  de  compte.  L'histoire  des 
sciences  en  Orient  par  Cuvier  est  un  travail  sans  portée.  Celle 
lies  sciences  au  moyen-âge  de  M.  Pouchet,  bien  que  de 
iR'aucoup  supérieure  à  celle  de  Cuvier,  n'est  cependant 
f^ii'une  ébauche,  comme  en  peut  faire  un  auteur  complète- 
ment étranger  aux  langues  de  l'Orient,  c'est-à-dire  aux 
trourccs. 

Un  émiuent  orientaliste,  M.  Sédillot,  a  vaillamment  dé- 
fondu la  valeur  scientifique  des  Arabes  et  jeté  de  vives  lu- 
mières sur  leur  astronomie.  Il  est  k  regretter  qu'il  n'ait  pas 
aongé  k  écrire  l'histoire  sommaire  et  méthodique  de  la  science 
arabe. 

Si  nous  abordons  le  tt;rrain  de  la  médecine,  nous  cons- 
taterons la  même  pénurie. 

Freind  n'a  bien  traité  que  les  principaux  médecins.  11  en 
laisse  un  grand  nombre  dans  une  obscurité  qu'ils  ne  méri- 
taient pas.  Nous  ajouterons  qu'il  se  méprend  sur  le  carac- 
tère d'une  œuvre  importante,  l'histoire  des  médecins  arabes 
imr  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  qu'il  ne  connaissait  que  très  im- 
ji:irfaiu»ment,  et  k  laquelle  il  ne  reconnaît  d'autre  mérite 


/ 


4  HISTOIRI::   DE   LA   MÉDEOINl::    A1IABL\ 

que  celui  de  nous  apprendre  combien  la  médecine  était  en 
honneur  et  richement  récompensée  par  les  souverains  de 
rOrient. 

Sprengel  vaut  mieux,  d'autant  plus  qu'il  avait  une  cer- 
taine connaissance  de  l'arabe,  mais  son  cadre,  bien  que  plus 
élargi,  n'en  est  pas  moins  par  trop  restreint. 

La  France  ne  peut  citer  qu'un  seul  ouvrage,  dont  elle  n'a 
pas  droit  d'être  fière,  c'est  VEssai  historique  et  littéraire 
sur  la  Médecine  des  Arabes^  par  Amoreux,  ouvrage  au-des- 
sous du  médiocre.  Avec  les  documents  qu'il  avait  à  sa  dispo- 
sition, l'auteur  avec  un  peu  de  méthode  pouvait  encore  faire 
un  ouvrage  passable,  tandis  qu'il  n'a  fait  qu'une  mauvaise 
compilation,  sans  jugement,  sans  ordre,  farcie  de  répéti- 
tions oiseuses  et  de  réflexions  sans  esprit. 

Jusqu'à  présent  c'est  à  l'Allemagne  qu'il  faut  s'adresser 
pour  avoir  des  idées  correctes  sur  l'histoire  de  la  méde- 
cine arabe. 

Deux  ouvrages  ont  trait  à  cette  matière. 

Le  premier  est  l'histoire  des  médecins  et  des  naturalistes 
arabes,  par  Wttstenfeld.  (1)  Ce  n'est  pas  à  proprement  par- 
ler une  histoire  de  la  médecine  arabe,  mais  une  série  de 
notices  au  nombre  de  '3Q0.  Ces  notices,  extrêmement  sobres 
de  renseignements  biographiques,  sont  assez  souvent  com- 
plètes au  point  de  vue  bibliographique.  C'est  une  révé- 
lation nouvelle  des  richesses  de  la  littérature  médicale  ara- 
be; mais  les  questions  de  doctrines  générales  ou  particu- 
lières n'y  sont  aucunemept  touchées:  la  bibliographie  n'est 
qu'une  nomenclature.  C'est  à  peine  si  de  très  courts  aper- 
çus insérés  en  tète  des  six  divisions  de  l'ouvrage,  indi- 
quent les  progrès  sucessifs  de  la  médecine  arabe,  et  don- 
nent la  liste  des  principaux  médecins  de  chaque  période. 
L'ouvrage  d'ailleurs  ne  contient  que  1(K)  pages. 

La  principale  autorité  de  Wttstenfeld  est  la  biographie  des 
médecins  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah.  Ce  sont  ensuite  Ebn  Khal- 
likan,  Hadji  Khalfa  et  les  catalogues  des  diverses  biblio- 

(1)  Gcschichtc  dcr  arabischon  Aerzte  und  Naturforschcr.  vi>n  F. 
Wûstenfeld,  Goettingeo,  1840. 


AVAKT-PROPOS.  i) 

thèques,  notamment  de  celles  de  TEscurial,  de  laBodléienne, 
de  Paria,  etc. 

Ne  connaissant  pas  encore  le  Kitab  el  hokama,  WUstenfeld       ^  ^ 
s*adresse  fréquemment  à  son  plagriaire,  Aboulfaragfe,  l'au- 
teur des  Dynasties.  Il  ne   fait  non   plus  aucun  usagpe  du 
Fihrist  de  Mohammed  ben  Ishaq. 

En  somme,  Touvragre  de  WUstenfeld,  le  premier  ouvrage 
sérieux  sur  la  matière,  n'est  qu'une  esquisse  recommandable 
surtout  par  la  bibliographie.  On  peut  regretter  qu'il  ait 
passé  parfois  trop  légèrement  sur  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  qu'il 
se  soit  trop  flé  &  Casiri,  ce  qui  l'a  entraîné  dans  quelques 
erreurs  et  quelques  répétitions,  enfin  qu'il  ait  tu  le  nom 
de  quelques  médecins  dignes  d'être  mis  en  lumière. 

Le  second  ouvrage  est  une  exposition  des  livres  grecs 
traduits  en  sjnriaque,  en  arabe,  en  arménien  et  en  persan.  (1) 
La  catégorie  des  traductions  arabes  est  de  beaucoup  la 
plus  nombreuse.  C'est  ici  une  œuvre  plus  achevée,  dans 
laquelle  on  ne  peut  que  signaler  quelques  oublis  ou  incor- 
rections de  détail. 

Cet  ouvrage  de  Weurich  se  divise  en  deux  parties. 
Dans  la  première,  il  expose  l'extension  progressive  de  la 
littérature  grecque  en  Orient,  puis  l'histoire  générale 
des  traductions  du  grec  dans  les  divers  idiomes  orientaux. 
Dans  la  seconde,  il  fait  l'histoire  des  traductions  de  chaque 
auteur  grec  en  particulier,  en  suivant  un  ordre  chronologi- 
que; exposant  aussi  les  commentaires  des  écrivains  de 
rOrient.  On  peut  regretter,  h  notre  avis  du  moins,  que 
Tauteur  n'ait  pas  adopté  une  autre  méthode,  à  savoir  la 
classiflcation  des  auteurs  grecs  par  ordre  de  matière. 

L'ouvrage  de  Wenrich,  bien  que  venu  deux  années  seu- 
lement après  celui  de  WUstenfeld,  accuse  une  extension 
très  remarquable  dans  rexploitation  des  sources.  Il  s'a- 
dresse surtout  au  Fihrist  de  Mohammed  ben  Ishaq  et  au 
Kitab  j*lJiokama  de  Djemal  Eddin.  Xous  aurions  pu  nous 

X  De  muctorum  grœcorura  versionibus  et  comiDenturiis  syriacis. 
ftrabicifi,  aniieniacis,  persicis(|ue  commentatio.  bcripsit  J.  O.  W'^o- 
rich.  Lip-i:r  lî^»9. 


r 


(\  BISrOIKE  DE   L\   MÉDEOIKK   AllABE. 

confiera  ce  travail;  mais  nous  avons  préféré  le  contrôler 
par  les  originaux,  et  nous  aurons  occasion,  dans  le  courant 
de  notre  travail  sur  les  traductions  arabes,  de  signaler  les 
quelques  lacunes  ou  incorrections  de  Wenrich. 

Nous  allons  maintenant  indiquer  les  sources  auxquelles  ^ 
nous  avons  puisé,  nous  réservant  de  revenir  en  son  temps 
sur  leurs  auteurs,  dont  le  plus  important    compte  aussi 
parmi  les  médecins. 

Le  premier  ouvrage  en  date  est  le  Fihrist  ou  catalogue 
de  Mohammed  ben  Ishaq  Ennedim.  L'auteur  nous  indique 
lui-même,  au  début  de  son  livre,  son  but  et  son  contenu,  à 
savoir  le  recensement  des  ouvrages  de  sciences  qui  se  ren- 
contrent en  langue  arabe,  tant  des  écrivains  arabes  que  des 
écrivains  étrangers,  avec  des  renseignements  sur  leurs  au- 
teurs, depuis  l'origine  des  sciences  jusqu'à  l'année  377 
(987).  Le  Fihrist  se  divise  en  dix  traités  consacrés  chacun  h 
une  catégorie  d'écrivains.  Le  septième  nous  intéresse  par- 
ticulièrement. Il  se  divise  en  trois  chapitres. 

Le  premier  traite  des  philosophes,  de  leurs  œuvres,  des  tra- 
traductions  et  des  commentaires  qui  en  ont  été  faits;  le 
deuxième  des  mathématiciens  et  des  astronomes  et  le  troi- 
sième des  médecins. 

Le  Fihrist  existe  à  la  bibliothèque  de  Paris,  n*  874  de 
l'ancien  fonds,  et  1400  du  supplément.  M^^Fhiegel  vient 
d'en  donner  une  édition.  Un  pareil  ouvrage  est  assurément 
de  nature  à  étonner  les  personnes  étrangères  aux  richesses 
de  la  littérature  arabe.  Il  a  été  mis  à  contribution  par 
les  écrivains  dont  nous  allons  parler. 

Vers  la  fin  du  XIII*  siècle,  Djemal  Eddin  el  Kofthy, 
dit  aussi  El  Kady  el  Akram  ou  le  cadi  généreux,  publiait  le 
Kitab  Tarikh  el  hokama  ou  livre  de  l'histoire  des  savants, 
qui  ne  contient  pas  moins  de  trois  cents  notices  relatives  à  la 
vie  et  aux  écrits  des  savants  tant  anciens  que  modernes. 
Les  Grecs  y  sont  largement  représentés  et  nous  sommes 
informés  non  seulement  de  leurs  écrits,  mais  de  ceux  qui 
ont  été  traduits  en  arabe  et  en  syriaque.  Djemal  Eddin 
a  puisé  dans  le  Fihrist,  mais  il  était  riche  au&si  de  son  pro- 
pre fonds,  attendu  que  ce  fut  le  idus  grand  bibliophile  des 


AVANT-PROPOS.  7 

Arabes  qui  en  ont  tant  compté.  Il  laissait  à  sa  mort  une 
bibliothèque  estimée  60,000  pièces  d'or.  Le  Kitab  el  hokama 
n'est  autre  que  la  Biblioiheca  philosophorum^  qui  a  fourni 
tantde  notices  à  Casiri,  et  la  démonstration  de  cette  identité 
est  an  fait  assez  récent.  Une  autre  confusion  est  l'attribution 
da  Kitab  el  hokama  à  Zouzeni,  qui  n'en  fut  que  l'abrévia- 
leur.  Un  contemporain  de  Djemal  Eddin,  un  peu  plus  jeune 
que  lui,  Aboulfara^«  l'auteur  des  Dynasties,  a  inséré  dans 
son  ouvrage  une  centaine  de  notices  empruntées  au  Kitab  el 
hokama.  L'origine  de  ces  notices  a  été  méconnue  jusqu'à 
ces  derniers  temps,  et  Wûstenfeld  en  fait  encore  honneur 
au  planaire.  Aboulfarage  a  seulement  quelques  notices  qui 
lui  appartiennent  en  propre. 

A  la  mâme  époque,  Ebn  Abi  Ossaïbiah  publiait  son  his* 
toire  des  médecins,  sous  le  titre  d'Ouyoun  el  anba  fi  tha 
bacat  elathibba^  ce  qui  veut  dire  :  Sources  de  renseigne- 
ments sur  les  différentes  classes  de  médecins.  C'est  ici  le 
plus  important  et  le  plus  riche  de  tous  les  monuments  que 
nous   avons  dû    consulter.   Aux   renseignements    fournis 
par  ses  prédécesseurs,  Ebn  Abi  Ossaïbiah  en  ajoute  qu'il  a 
puisés  à  d'autres  sources  et  il  en  a  de  personnels  relatifs 
aux  médecins  de  son  temps  et  à  ceux  qui  l'ont  immédiate- 
ment précédé.  Nous  nous  contenterons  ici  de  donner  la  liste 
des  matières  traitées  dans  cet  ouvrage,  pour  en  faire  com- 
prendre la  richesse.   Il  se  divise  en  quinze  chapitres. 
I.  Origines  de  la  médecine. 
II.  Des  premiers  médecins. 

III.  Des  médecins  grecs  depuis  Esculape. 

IV.  Hippocrate  et  ses  contemporains. 
V.  Galien  et  son  époque. 

VI.  Médecins  d'Alexandrie. 

VII.  Médecins  contemporains  de  Mahomet. 

VIII.  Médecins  syriens  sous  les  premiers  Abhassîiles. 

IX.  Les  traducteurs  et  leurs  i>rotec'teurs. 

X.  Médecins  de  l'Irak. 

XI.  Médecins  de  la  Perse. 

XII.  Médecins  de  l'Inde. 

XIII.  Mé<lecins  du  Magreb  et  do  rEsi)agne. 


8  HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE   ARABE. 

XIV.  Médecins  de  VEgypXe. 
XV.  Médecins  de  la  Syrie. 

Nous  aurons  à  revenir  sur  la  valeur  de  cet  ouvrage 
quand  nous  donnerons  la  biographie  de  l'auteur.  Nous 
dirons  seulement  ici  que  les  notices  sur  les  médecins  de 
l'école  arabe  sont  au  nombre  d'environ  quatre  cents.  Ces 
notices,  malgré  des  longueurs  et  des  hors  d'œuvre,  ont 
un  puissant  intérêt  par  cela  seul  qu'elles  se  terminent  tou« 
jours  par  un  index  bibliographique.  Elles  jettent  un  jour 
tout  nouveau  sur  une  époque  trop  peu  connue,  et  nous 
montrent  l'activité  scientifique  toujours  vivace  chez  les 
Arabes  à  travers  et  nonobstant  deux  siècles  de  croisades. 

C'était  encore  l'époque  d'Ebn  Khallikan,  dont  le  recueil 
de  biographies  conçu  suivant  une  autre  direction,  n'a  pas 
pour  nous  un  grand  intérêt,  après  les  ouvrages  dont  nous 
avons  parlé  précédemment. 

Un  ouvrage  extrêmement  précieux  à  notre  point  de  vue 
pour  les  derniers  temps  de  la  littérature  arabe,  est  le  Dic- 
tionnaire bibliographique  de  Hadji  Khalfa,  qui  vivait  au 
W  siècle  de  notre  ère.  Voici  comment  M.  Mohl  parle  de  cet 
ouvrage  prodigieux  :  «  L'auteur  a  réuni  les  titres  de  15,000 
ouvrages  arabes,  persans  et  turcs,  mais  surtout  arabes,  ou- 
vrages qu'il  a  dû  tous  ou  presque  tous  voir  lui-même,  et 
dont  il  indique  le  titre,  les  mots  du  commencement  et  de 
la  fin,  l'auteur,  avec  quelques  données  concises  sur  sa  vie 
et  souvent  le  contenu  et  les  divisions  principales.  Il  ne 
cherche  nulle  part  à  grossir  son  livre  :  au  contraire  tout  y 
est  bref,  positif  et  restreint  au  nécessaire.  »  (1) 

M.  Fluegel  en  a  donné  une  édition  avec  une  traduction 
latine  en  sept  volumes  in-4*,  dont  le  dernier,  outre  les  index, 
contient  un  précieux  supplément,  à  savoir  les  catalogues  de 
vingt-six  bibliothèques  publiques  de  Constantinople,  de 
Damas,  du  Caire,  de  Rhodes  et  d'Alep,  contenant  à  peu  près 
vingt-quatre  mille  titres  de  manuscrite. 

(1)  Pétis  de  la  Croix,  auteur  d*une  traduction  française,  assez 
médiocre  du  reste,  qui  euste  à  la  Bibliothèque  nationale,  compte 
3,494  titres  et  25,014  ouvragres.  La  médecine  compte  pour  envi- 
ron  non. 


AVANT-PROPOS.  0 

Il  est  d*autres  documents  encore  à  consulter. 

Ce  sont  les  catalogrues  des  bibliothèques  européennes 
qui  fournissent  souvent  des  renseieruements  originaux,  tant 
sur  les  écrivains  que  sur  leurs  écrits,  alors  qu'on  ne  saurait 
les  visiter. 

Le  catalogrue  de  TEscurial,  rédigé  il  y  a  un  siècle  par 
Casiri,  est  le  plus  célèbre  de  tous  et  a  longtemps  été  une 
mine  où  Ton  puisait  surtout  les  notices  tirées  de  ce  que 
Casiri  appelait  la  Bibliotheca  philosophorum  qui  n*est  autre 
que  le  Kitab  el  hokama.  La  reconnaissance  de  cette  identité 
a  foit  perdre  de  l'importance  au  catalogue  de  l'Escurial.  De 
plus,  et  nous  nous  en  sommes  assuré  personnellement,  dans 
un  voyage  que  nous  avons  fait  à  TEscurial,  les  détermina- 
tions de  Casiri  ne  sont  pas  toujours  exactes,  notamment 
dans  la  partie  médicale,  dont  il  ne  possédait  pas  bien  la 
technologie.  Nous  avons  aussi  constaté  plus  d'une  fois  que 
Casiri  n'a  fait  que  feuilleter  des  ouvrages  dont  il  rend 
compte  et  s'est  mépris  sur  leur  contenu. 

Les  catalogues  de  la  bibliothèque  Bodléienne  et  du  British 
Muséum  sont  des  sources  utiles  à  consulter. 

Le  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Paris  est  à  refaire, 
non-seulement  en  raison  du  Supplément,  mais  aussi  pour 
corriger  ses  défectuosités.  Nous  avons  dépouillé  les  deux  à 
trois  cents  volumes  qui  constituent  le  fonds  médical  arabe 
de  Paris  et  nous  nous  sommes  félicité  d'avoir  entrepris  ce 
labeur  qui  nous  a  fourni  des  renseignements  non  seulement 
sur  les  écrits,  mais  sur  les  auteurs  ou  sur  divers  points  de 
l'histoire  de  la  médecine. 

Nous  citerons  encore  les  catalogues  des  bibliothèques  de 
Florence,  de  Dresde,  de  Leyde,  de  Munich,  etc. 

On  peut  consulter  aussi  les  Bibliothèques  orientales  de 
d'Herbelot  et  de  Zenker,  le  Handbuch  der  Bilcher  Kunde  de 
Choulant,  etc. 

La  Bibliothèque  orientale  d'Assemani  fournit  des  rensei- 
gnements précieux  sur  les  premiers  temps  de  la  médecine 
chez  les  Arabes,  sur  la  position  des  médecins  nestoriens,  sur 
leurs  (•coles,  etc. 


10  HISTOIRE  DB  LA  M£DBCIN£  ARABE. 

Ou  peut  grlaner  aussi  dans  le  Journal  asiatique,  (1)  dans  la 
Relation  de  l'Egypte  d'Abdellatif  traduite  par  M.  de  Sacy, 
où  la  biographie  de  l'auteur  est  un  document  curieux  à  con- 
sulter particulièrement  au  point  de  vue  de  l'éducation  scien- 
tifique chez  les  Arabes. 

Les  vies  des  illustres  Arabes  de  Léon  l'Africain  ne  doivent 
être  consultées  que  sous  bénéfice  d'inventaire.  Léon  l'Afri- 
cain écrivait  probablement  de  mémoire  et  il  se  trouve 
souvent  en  désaccord  avec  les  traditions  courantes. 

Quant  aux  Biographies  modernes,  on  ne  trouve  pas  dans 
celle  de  Michaud  ce  que  l'on  serait  en  droit  d'en  attendre. 
La  biographie  générale  de  Didot  contient  de  meilleures 
notices  et  accuse  un  recours  plus  étendu  aux  sources 
originales. 

Il  est  un  ouvrage  qui  côtoyé  l'histoire  de  la  médecine 
arabe,  sur  laquelle  il  aurait  jeté  un  nouveau  jour  s'il  eût 
été  sérieusement  exécuté,  c'est  ï Histoire  des  Médecins  juifs 
de  M.  Carmoly.  Malheureusement  l'auteur  n'a  pas  donné 
assez  d'ampleur  à  ses  investigations,  et  il  a  fait  la  part  trop 
large  aux  Juifs,  soit  comme  doctrines,  soit  comme  person- 
nages. On  ne  rencontre  guère  dans  cet  ouvrage  que  ce 
que  Ton  rencontre  déjà  dans  Wtistenfeld,  qui  paraît  avoir 
tenu  lieu  des  originaux  arabes.  En  somme  c'est  un  mau- 
vais ouvrage. 

Le  Dictionnaire  historique  des  Auteurs  arabes  de  Rossi 
doit  être  cité  pour  mémoire,  mais  il  n'a  plus  d'intérêt  au- 
jourd'hui pour  l'historien  de  la  médecine.  Ce  n'est,  du  reste, 
qu'un  sommaire. 

Parmi  les  ouvrages  ayant  trait  à  l'histoire  générale  des 
sciences  chez  les  Arabes  nous  citerons  VEssai  sur  les  Ecoles 
philosophiques  chez  les  Arabes,  de  Schmœlders,le8  Mélanges 
de  Philosophie  juive  et  arabe  de  Munk,  Averroès  et  VAver^ 
roïsme  de  M.  Renan,  les  divers  écrits  de  M.  Sédillot,  Vlntro^ 
duction  à  la  géographie  d'Aboulféda  par  M.  Reinaud,  les 

(1)  Cherbonneau  :  Galerie  des  littérateurs  de  Bougie.  —  Sangui- 
netti  :  Extraits  d'Ebn  Abi  Odsalbiah  et  Essafady. 

Dugat,  études  sur  le  Zad  el  mocaflr  ;  Clément-Muliet,  divers  mé- 
moires sur  rhistoire  naturelle  chez  les  Arabes  ;  llunck,  notice  sur 
Joseph  ben  leliouda.  etc. 


AVANT-PROPOS.  11 

Recherches  sur  les  traductions  d'Aristote,  par  Jourdain,  et 
enfin  on  lira  avec  intérêt  le  chapitre  du  Cosmos  relatif  aux 
Arabes. 

Il  &ut  espérer  que  nous  verrons  paraître  quelque  jour 
la  traduction  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  par  M.  Sanguinetti.    ^^^^^   l/^  f 

n  nous  reste  maintenant  à  exposer  la  méthode  et  le  pïSa^^^        ' 
que  nous  avons  adoptés.  ^^^^x_ 

On  a  vu  quelle  mine  abondante  de  matériaux  nous 
avions  à  exploiter.  Cette  énumération,  qui  étonnera  sans 
doute  les  personnes  étrangères  à  la  littérature  arabe,  nous 
Tavons  faite  pour  justifier  les  proportions  de  notre  travail  et 
nous  dispenser  de  citations  incessantes,  que  nous  réserve- 
rons pour  les  cas  où  elles  seront  opportunes  ou  nécessaires. 
Nous  ne  marcherons  constamment  qu'appuyés  sur  les 
auteurs  originaux. 

Il  nous  eût  été  facile  de  relever  des  myriades  d'erreurs 
on  de  lacunes  dans  les  écrits  qui  touchent  à  notre  sujet,  tels 
qu'histoires  et  biographies  médicales  ou  scientifiques,  mais 
cela  nous  a  semblé  inutile,  d'autant  plus  que  l'autorité  fait 
défaut  aux  ouvrages  de  seconde  main  et  qu'il  ne  convient 
de  rectifier  que  les  travaux  qui  peuvent  en  avoir.  Nous 
serons  donc  sobre  de  rectifications,  à  moins  qu'elles  n'aient 
un  certain  Intérêt. 

Notre  histoire  sera  principalement  ce  que  l'on  pourrait 
appeler  l'histoire  extérieure  ou  hio^ihliographique  de  la 
médecine  arabe,  et  nous  croyons  que  c'est  par  là  qu'il  faut 
commencer,  quand  il  s'agit  d'un  sujet  à  peu  près  com- 
plètement neuf.  Toutefois,  nous  ne  saurions  nous  désin- 
téresser de  l'histoire  des  doctrines,  notre  cadre,  beaucoup 
plus  large  que  celui  de  Wttstenfeld,  ne  nous  le  permet* 
tant  pas. 

En  tète  de  chaque  période,  et  même  de  chaque  région, 
quand  le  besoin  de  méthode  et  de  clarté  nous  fera  un 
devoir  de  fractionner  la  famille  arabe  répandue  sur  un  vaste 
espace,  nous  donnerons  des  aperçus  généraux  sur  le  carac- 
tère scientifique  de  chaque  siècle  et  de  chaque  contrée. 

Nous  consacrerons  un  chapitre  particulier  à  l'histoire  des 
Institutions  médicales  et  scientifiques. 


12  HISTOIRE  DB  LA  MÉOECIKB  ARABE. 

Nous  ferons  plus  aussi  dans  les  notices  que  de  donner 
le  récit  des  événements  et  la  nomenclature  des  écrits. 
Pour  les  plus  éminents  médecins  surtout,  nous  rechercherons 
quel  est  leur  genre  de  talent  et  de  mérite  et  quel  part  leur 
revient  dans  les  progrès  de  la  science. 

Nous  n'avons  pas  cru  devoir  passer  sous  silence  une  foule 
de  médecins  de  second  ou  de  troisième  ordre  sur  le  compte 
desquels  nous  avons  des  renseignements  positifs,  par  la 
raison  que  si  chacun  d'eux  en  particulier  ne  présente  qu'un 
faible  intérêt,  ils  peuvent  en  avoir  beaucoup  comme  groupe, 
accusant  le  mouvement  scientifique  actuel  et  local. 

Ecrivant  surtout  à  l'adresse  des  médecins,  nous  avons 
écarté  tout  caractère  exotique  et  tout  ce  qui  pourrait  avoir 
par  trop  la  couleur  locale.  Ainsi,  de  la  nomenclature  par- 
fois si  longue  des  noms,  nous  ne  donnerons  que  le  nécessaire. 
Nous  agirons  de  même  pour  les  écrits.  Les  grands  mé- 
decins arabes  étaient  quelque  peu  encyclopédistes.  Elkendj" 
et  Razès  nous  ont  laissé  chacun  une  liste  de  deux  cents 
écrits.  Après  avoir  donné  intégralement  ce  qui  a  trait  à  la 
médecine,  nous  ferons  un  choix  dans  le  reste  en  rapport 
avec  le  personnage  ou  le  sujet. 

Nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  borner  strictement, 
dans  nos  généralités,  aux  sciences  médicales  et  naturelles, 
nous  avons  aussi  esquissé  le  développement  des  sciences 
mathématiques  et  philosophiques,  et  cela  pour  plus  d'une 
raison.  Plusieurs  médecins  ont  cultivé  ces  sciences,  et  puis 
on  a  trop  dit  que  les  Arabes  n'avaient  pas  le  génie  scientifi- 
que, sans  articuler  des  preuves.  Nous  les  verrons  apporter 
la  lumière  et  l'ordre  dans  les  sciences  d'observation,  en 
même  temps  que  se  passionner  pour  la  culture  des  sciences 
abstraites. 

Tel  est  le  plan  que  nous  avons  adopté. 

Nous  diviserons  notre  histoire  en  huit  livres. 

I.  Origines  de  la  médecine  arabe,  ou  autrement  ce  que 
l'on  pourrait  appeler  son  âge  héroïque,  jusqu'à  la  chute  des 
Ommiades. 

II.  Initiation  des  Arabes  à  la  science,  principalement  par 
la  traduction  dos  ouvrages  scientifiques  de  la  Cirèco;  histoire 


AVANT-l'ROl'OS.  13 

complète  de  ces  traductions  dans  toutes  les  parties  de  la 
science  ;  histoire  des  traducteurs  et  des  ouvrages  traduits  ; 
notices  des  médecins  de  l'époque  c'est-à-dire  du  neuvième 
siècle  de  notre  ère. 

Les  quatre  livres  suivants,  III,  IV,  V  et  VI,  embrasse- 
ront successivement  l'histoire  des  X*,  XI*,  XIP  et  XIII* 
siècles.  Nous  devrons  alors,  pour  plus  de  méthode  et  de  clarté, 
diviser  chacun  de  ces  livres  en  autant  de  sections  que  nous 
rencontrerons  de  centres  scientifiques  depuis  la  Perse  jus- 
qu'à l'Espagne. 

VII.  Ici,  par  suite  des  commotions  politiques,  la  science 
arabe  tombe  en  décadence.  Nous  la  poursuivrons  dans  ses 
dernières  manifestations  et  nous  dirons  un  mot  de  la  renais- 
sance contemporaine. 

VIIL  Dans  le  8*  livre,  nous  ferons  l'histoire  de  la  méde- 
cine arabe  en  Occident,  c'est-à-dire  que  nous  parlerons  des 
traductions  qui  se  sont  faites  de  l'arabe  dans  les  langues 
modernes  et  surtout  en  latin,  en  même  temps  que  nous 
signalerons  l'influence  de  la  science  arabe  sur  le  dévelop- 
pement de  la  science  européenne  au  moyen-âge.  Nous  don- 
nerons la  biographie  des  traducteurs,  et  pour  être  complet, 
nous  étendrons  nos  investigations  sur  les  traductions  ayant 
trait  non-seulement  à  la  médecine,  mais  à  toutes  les  bran- 
ches de  la  science,  comme  nous  Tavons  fait  pour  les  traduc- 
tions du  grec  en  arabe. 

L'Orient  rendit  ainsi  aux  chrétiens  d'Europe  le  service 
qu'il  avait  reçu  des  chrétiens  d'Asie.  Les  Arabes  devinrent 
à  leur  tour  les  représentants  et  les  dispensateurs  de  la 
science  ;  mais  il  faut  le  dire,  les  circonstances  leur  furent 
moins  favorables. 

I^  transjwrt  de  la  science  grecque  aux  Arabes  s'était  fait 
par  le  concours  heureux  d'hommes  éminents,  encouragés  et 
i^outenus  par  les  souverains  et  par  de  riches  particuliers, 
pris  d'un  véritable  enthousiasme.  En  Occident,  au  contraire, 
c'est  à  l'époque  troublée  des  croisades  que  de  simples  amis 
de  la  science,  ne  la  trouvant  pas  dans  leur  pays,  vont  la 
demander  à  la  littérature  arabe. 
Des  textes  qu'ils  ne  comprennent  qu'imparfaitement,  ou 


11  HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINE  AliABB. 

qu'ils  sont  réduits  à  se  faire  interpréter  en  langage  vulgaire, 
ils  les  transcrivent  dans  un  latin  barbare,  et  sous  ces  livrées 
la  science  arabe  tomba  bientôt  dans  un  discrédit  immérité. 
L'histoire  de  la  science  arabe  en  Occident  fera  l'objet 
d'une  publication  spéciale.  Les  matériaux  en  sont  déjà  prêts. 


HISTOIRE 


DE  LA 


MÉDECINE  ARABE 


LIVRE    PREMIER 


N  U  IfiDEGINE  AI4BE  JUSQU'A  LA  CHUTE  DES  OIIIADES 


I"  Partie.  —  PÉRIODE  ANTÉISLAMIQUE. 
II'  Partie.  —  ÉPOQUE  DE  MAHOMET. 


1.  lÉDECIIIS  PERSMS 

II.  lÉDECINS  IMBES 

Théodore. 
Bourzouih. 

Harets  ben  Caladah. 
Ennadhr  ben  Harets. 
Kbn  Abi  Habitaa. 
Mahomet  et  la  médecine  du  Pro- 
phète. 

lU^  Partie.  —  ÉPOQUE  DES  OMMIADES. 


I.  L'ÉCOLE  DiLEXARDRIE  ET  LES 
IRIBES 

1*  LES  DBRNIKRS  MOMENTS  DE 
L'ÉCOLE.    LES  SEIZE   LIVRES. 

2*  LINCENDIE  DE  LA  BIBLIOTHÈ- 
QUE BT  JEAN  PHIL0P0NU8. 

3*  LES  TRADUCTIONS  BT  LES 

alchimistes: 

Adhfar  et  Morienus. 
Etienne  et  Khaled  ben  Yézid. 
Djafar  Essadiq. 
Géber. 


II.  LES  TRtDUCTIORS  (  LES  iÉDECIRS 

V  LES  TRADUCTIONS  : 

Ahroun. 

Djasieus  ou  Gosius. 

Masserdjouih. 

Issaben  Masserdjouih. 

2*  LES  médecins; 

Siméon-le«Moine. 

ThéodoGus  et  Théodunus. 

Abouhakam. 

Hakam  Eddimachky. 

Issa  ben  Hakam. 

Ebn  Athal. 

Zeinab. 


LIVRE    PREMIER 


N  LA  Wtmm  AIABE  JUSdl'A  LA  CHUTE  DES  OiirADES 


PREMIERE   PARTIE 

PÉUIODE    ANTÉISLAMIQUE 

Les  débuts  de  la  médeciue  furent  sans  doute  chez  les  Ara- 
bes ce  qvLÏls  furent  ailleurs.  Nous  voulons  parler  de  la  mé- 
decine populaire  avant  qu*elle  se  fût  constituée  à  l'état  de 
science. 

Le  hasard,  robser\'ation,  Tinstinct,  le  raisonnement  con- 
duisirent à  la  découverte  de  quelques  remèdes.  Avec  le 
temps  ces  découvertes  s'accrurent.  Certains  hommes  en 
conservèrent  le  dépôt  et  les  appliquèrent  et  on  leur  donna 
le  nom  de  médecins. 

Ebn  Abi  Ossaîbiah,  dans  son  histoire  des  médecins,  con- 
sacre son  premier  livre  aux  origines  de  la  médecine,  et 
nons  croyons  que  c'est  ici  le  lieu  d'en  dire  un  mot.  Il  ne 
lionne  {uts  seulement  sa  manière  devoir,  mais  encore  celle  de 
ses  devanciers,  et  particulièrement  celle  d'Ebn  el  Mathran, 
un  des  médecins  de  Saladin. 

Les  h}iK)thèses  d'Ebn  el  Mathran  sont  ing'éniou.*>cs  ;  mais 
ne  iKjuvant  les  reproduire  en  entier,  nous  en  donnerons 
quelques  spécimens. 

Sup{>osons,  dit-il,  qu'un  premier  homme  ait  eu  besoin  de 


18         HISTOIIŒ   DE   L\   MÉDEJlNE   AUALE.    —  LIVUE   l'KEMIIiU. 

l'art  médical.  Admettons,  par  exemple,  qu'il  ait  éprouvé  des 
pesanteurs  dans  le  corps,  que  ses  yeux  aient  rougi,  qu'il  ait 
été  saisi  en  un  mot  de  la  pléthore  sanguine  et  qu'il  n'ait  pas 
su  quoi  faire.  Or,  par  l'excès  de  son  mal,  le  saignement  du 
nez  survint,  à  la  suite  duquel  les  incommodités  qu'il  endu- 
rait cessèrent.  Il  apprit  donc  ce  fait.  Plus  tard  revinrent 
exactement  les  mêmes  symptômes,  et  l'individu  s'empressa 
alors  d'égratigner  son  nez,  d'où  coula  le  sang.  Tout  ce  dont 
il  souffrait  disparut.  Il  n'oublia  point  ces  détails  ;  de  plus, 
il  en  instruisit  ses  enfants  et  toutes  les  personnes  qu'il  vit 
de  sa  parenté.  Peu  à  peu  l'art  médical  se  perfectionna  jusqu*à 
ce  que  la  veine  fût  ouverte  avec  une  dextérité  intelligente 
et  une  main  légère. 

Supposons  maintenant  qu'une  personne  se  soit  trouvée 
avec  l'estomac  rempli  d'aliments,  d'une  manière  excessive, 
et  que  par  une  réaction  naturelle  il  soit  survenu  l'une  ou 
l'autre  de  ces  deux  évacuations,  le  vomissement  ou  la  diar- 
rhée ;  mais  cela  à  la  suite  de  nausées,  d'anxiété,  d'agitation, 
d'efforts  pour  vomir,  de  douleurs  d'entrailles,  de  gargouil- 
lements et  de  vents  circulant  dans  le  ventre.  Après  l'évacua- 
tion, tout  le  mal  s'évanouit.  Admettons  qu'un  autre  individu 
ait  manié,  par  hasard,  quelque  espèce  des  plantes  laiteuses, 
qu'il  l'ait  mâchée  et  qu'elle  lui  ait  occasionné  des  évacua- 
tions alvines  et  des  vomissements  copieux.  Il  aura  ainsi 
connu  l'effet  de  cette  plante,  et  appris  que  cet  événement 
allège  et  fait  cesser  les  accidents  du  cas  qui  précède.  Or  il 
aura  indiqué  cela  h  l'individu  souffrant  et  l'aura  excité  h  se 
servir  d'une  petite  quantité  de  ce  végétal,  lorsque  le  vomis- 
sement ou  le  cours  de  ventre  ne  venait  pas,  et  que  les  sym})- 
tômes  avaient  de  la  gravité.  Il  en  obtint  l'effet  désiré,  et  ses 
maux  furent  soulagés. 

Plus  tard,  l'art  se  perfectionna,  il  fit  des  progrès,  et  les 
regards  se  portèrent  sur  les  plantes  qui  avaient  du  rapport 
avec  celle  nommée  tout  h  l'heure,  pour  voir  laquelle  parmi 
celles-ci,  donnait  lieu  a  l'effet  cité,  et  quelle  autre  ne  le 
produisait  point  ;  quelle  espèce  le  faisait  avec  violence  et 
(luelle  autre  faiblement  ;  puis  vint  le  raisonnement  pur  oli 
par  induction  au  moyen  duquel  on  remarqua,  dans  le  médi- 


PÊKIODK   ANTÉmLAMWUU.  10 

camout  qui  produisait  cet  effet,  quelle  était  sa  saveur,  quelle 
sensation  il  produisait  d'abord  sur  la  langue,  et  quelle  autre 
la  suivait  Tel  fut  en  réalité  son  chemin  pour  arriver  aux 
découvertes.  L'expérience  l'aida  et  convertit  son  hypothèse 
en  fait. 

Ebn  Abî  Ossaïbiah  personnellement  admet  plusieurs 
sources  à  la  médecine  :  l'inspiration  divine,  les  songes,  le 
hasard,  Tobserxation  de  ce  qui  se  mssc  chez  certains  ani- 
maux, l'instinct  II  conclut  ainsi  :  En  somme,  la  plupart 
des  connaissances  médicales  sont  sans  doute  parvenues  aux 
hommes  au  moyen  de  l'inspiration  divine  et  aussi  au  moyen  W 
de  l'expérience,  du  hasard  et  des  événements  fortuits:  "^^^ 
puis  ces  notions  se  sont  multipliées  parmi  eux,  aidées  sur- 
tout en  cela  par  le  raisonnement  établi  sur  les  faits  obser- 
vés, et  auquel  ils  furent  amenés  par  leurs  propres  qualités 
naturelles.  Ainsi  ils  acquirent  la  connaissance  de  choses 
nombreuses,  assemblage  de  toutes  les  notions  partielles 
pro\'enant  des  dites  voies  différentes  et  opposées.  Plus  tard, 
les  hommes  méditèrent  sur  ces  matières,  ils  déduisirent 
leurs  causes  et  leurs  analogies,  et,  par  là,  ils  furent  en  pos- 
session des  règles  générales  et  des  principes  de  la  science. 
J'ajouterai  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  supposer  que  le 
commencement  de  la  médecine  ait  été  particulièrement 
dans  un  Heu  h  l'exclusion  d'un  autre,  ni  qu'un  peuple  ait 
été  seul  en  ceci  et  en  dehors  de  tous  les  autres.  Il  ne  peut 
exister  h  ce  sujet  qu'une  diflférence  du  plus  au  moins.  (1)     ^^ 

L'histoire  ne  nous  dit  pas  précisément  quelle  était  la  pra- 
tique médicale  chez  les  Arabes  avant  l'établissement  de 
rislamisme.  Cependant  nous  i)ossédons  des  documents  qui 
doivent  en  être  en  grande  partie  la  reproduction.  Ces  docu- 
ments .sont  les  nombreux  propos  de  Mahomet  relatifs  h  la 
médecine,  proi>os  assez  nombreux  pour  qu'ils  aient  été 
réunis  en  corps  d'ouvrage,  sous  le  titre  de  Médecine  du  Pro~ 
phblc.  Ces  préceptes,  se  rapportent  évidemment,  en  bonnepar- 
tie,  aux  pratiques  observées  par  Mahomet  chez  les  Arabes  et 
qu'il  avait  reconnues  salutaires.  D'autres  de  ces  préceptes  ont 

ri'  TrtduotioQ  do  M.  Saoguinotti.  /.  Âiiat.  18o4. 


20        UISTOIUE  DU   LA  MÉDEOmE   ARADK.    —  LIVUli  l'RliMlEU. 

une  autre  provenance,  et  c'est  ce  que  nous  exposerons 
bientôt  dans  un  article  consacré  à  la  médecine  du  Prophète. 

Les  écrivains  arabes  rapportent  à  l'époque  antéislamique 
l'histoire  d'un  ventouseur  qui,  bien  que  d'un  pays  voisin, 
dut  les  avoir  pour  clients,  attendu  que  son  nom  passa  chez 
eux  en  proverbe.  Il  s'agit  d'un  homme  de  Sabath,  localité 
voisine  de  Madaïn.  Comme  il  n'avait  pas  de  pratiques,  dit 
M.  de  Sacy,  il  attendait  sur  les  chemins  le  passage  des  ar- 
mées, et,  quant  il  passait  des  troupes  il  appliquait  des  ven- 
touses aux  soldats,  leur  faisant  crédit  jusqu'à  l'époque  de 
leur  retour.  Nous  lisons  dans  Kazouïny,  qu'à  défaut  de 
pratiques  il  ventousait  sa  mère,  ce  qu'il  ne  cessa  de  faire 
jusqu'à  ce  qu'elle  mourût.  De  là  vient  le  proverbe  arabe  : 
«  Plus  désœuvré  que  le  chirurgien  de  Sabath.  » 

Un  fait  considérable  que  nous  devons  relater  appartient 
à  la  période  antéislamique,  et  ce  fait  est  la  première  appa- 
rition de  la  variole. 

Un  passage  du  Coran  avait  déjà  laissé  entrevoir  une  épi- 
démie variolique,  mais  les  témoignages  historiques  que 
nous  avons  recueillis,  donnent  à  ces  conjectures  un  carac- 
tère de  certitude. 

Tel  est  l'événement  auquel  fait  allusion  le  Coran. 

Vers  l'année  570,  un  prince  chrétien  de  Tlémen,  lieute- 
nant du  Négus  et  du  nom  d'Abraha,  voulut,  dans  l'inté- 
rêt du  christianisme,  faire  de  Sana,  sa  résidence,  une  autre 
La  Mekke,  en  la  constituant  comme  centre  de  pèlerinage. 
L'idolâtrie  arabe,  dont  le  i)èlerinage  à  la  Mekke  était  uu 
des  principaux  actes,  devait  en  être  ébranlée  d'autant.  A 
cet  e£fet,  Abraha  construisit  une  église  magnifique.  Mais 
les  Koreichites,  qui  avaient  dans  leurs  attributions  la  garde 
de  la  Kaba,  et  qui  devaient  à  cela  leur  importance  et  leur 
fortune,  songèrent  à  ruiner  cette  entreprise.  Un  homme 
fut  soudoyé  par  eux,  qui  i)arvint  à  se  faire  nommer 
gardien  de  l'église  de  Sana.  La  veille  d'un  jour  de  grande 
cérémonie,  il  s'introduisit  nuitamment  dans  le  temple  et 
le  souilla  de  ses  ordures  ;  puis  il  s'enfuit  en  proclamant 
ce  qui  était  arrivé  inir  son  fait. 

Abraha  se  mit  en  devoir  de  venger  cette  profanation.  Il 


PÉRIODE  ANT£ISLA.UIQUE.  21 

leva  des  troupes  et  vint  mettre  le  siège  devant  la  Mekkc, 
monté  sur  un  éléphant  blanc  dont  riiistoire  a  conservé 
le  nom  de  Mahmoud.  Un  accident  imprévu  porta  le  trou- 
ble dans  ses  troupes  et  les  Mekkois  virent  dans  cette  déroute 
une  vengreance  du  ciel.  Voici  comment  le  Coran  parle  de 
cet  événement  dans  la  sourate  GV,  dite    de  V Éléphant: 

«  As-tu  vu  comment  le  Seigneur  a  traité  les  compagnons 
de  l'Éléphant? 

«  NVt-il  pas  fait  manquer  leurs  stratagèmes  ? 

«  N'a-t-il  pas  envoyé  contre  eux  les  oiseaux  ababil  et  lancé 
gur  leurs  tètes  des  pierres  portant  des  marques  imprimées 
au  ciel  ? 

«  Il  les  a  tous  foulés  comme  le  grain  foulé  par  les 
bestiaux.  > 

Dieu  donc  aurait  envoyé  contre  les  sacrilèges  Abyssins 
les  oiseaux  ababil^  porteurs  chacun  de  trois  pierres,  une 
dans  le  bec  et  une  dans  chaque  patte,  qu'ils  auraient  lancées 
contre  les  Abyssins,  tués  du  coup,  excepté  leur  chef  qui 
s'enfuit  précipitamment  en  Abyssinie.  Là  comme  il  racon- 
tait sa  désastreuse  entreprise  à  son  souverain,  un  der- 
nier oiseau  lui  aurait  lancé  ses  pierres  et  l'aurait  étendu 
raide  mort.  (1) 

Il  était  tout  simple  de  chercher  un  fait  naturel  derrière 
ces  prodiges  que  toutes  les  religions  ont  h  leur  service. 
L'auteur  italien  des  Annales  musulmanes,  Rampoldi,  pense 
que  l'on  pourrait  admettre  que  des  tourbillons  violents  au- 
raient aveuglé  les  soldats  d'Abraha. 

Avec  plus  d'un  orientaliste  nous  pensons  qu'il  est  beau- 
coup plus  naturel  de  voir  dans  ces  pierres  portant  des  mar- 
ques, une  épidémie  de  variole,  d'autant  plus  que  cette  inter- 
prétation concorde  avec  des  témoignages  historiques. 

L'année  du  siège  de  la  Mekkc,  qui  est  aussi  celle  de  la 
naissance  de  Mahomet,  a  reçu,  des  chroniqueurs  arabes, 
le  nom  d'année  de  TÉlépliant.  Or,  c'est  précisément  à  cette 
année  que  des  documents  historiques  rapportent  la  pre- 
mière invasion  de  la  variole  chez  les  Arabes. 

T  MfiPou.U  lo  fait  survivre  lonpftcmps  oncor»^.   III    101. 


22        HTSTOIRK  DE  LA  MÉDF.CINR  ARABE.  —  LIVRE  PRElfflER. 

M.  Kasimirski,  dans  sa  traduction  du  Coran,  cite  un  té- 
moi^a^e  rapporté  par  de  Hammer,  qui  pourrait  bien 
n'être  pas  différent  de  ceux  que  nous  allons  rapporter. 

On  lit  dans  le  recueil  des  Opuscules  médicaux  de  Reiske,  (1) 
que  la  variole  et  la  rougeole  apparurent  pour  la  pre- 
mière fois»  chez  les  Arabes  Tannée  de  TËléphant,  d*aprës  le 
témoignage  de  Maçoudi  et  d'Ëbn  Doreid.  (2) 

La  déroute  de  l'armée  d'Abraha  fut  donc  le  fait  d'une  épi- 
démie de  variole  qui  mit  nécessairement  fin  aux  hostilités. 

Sprengel,  qui  voit  aussi  la  variole  dans  l'épidémie  de  505 
et  568  relatée  par  Grégoire  de  Tours,  cite  l'ouvrage  de 
Reiske,  mais  sans  faire  allusion  aux  oiseaux  ababil.  (3) 

Il  est  un  autre  fait  de  variole,  que  l'on  n'a  pas  relevé 
jusqu'à  présent,  et  qui  se  passait  une  trentaine  d'années 
après  l'expédition  d'Abraha.  L'aventure  dans  laquelle  est 
encadré  ce  cas  de  variole  est  émouvante  et  héroïque  et  l'on 
nous  pardonnera  de  la  reproduire  avec  quelques  dévelop- 
pements. 

Nous  l'empruntons  à  l'excellent  ouvrage  de  Caussin  de 
Perceval,  Histoire  des  Arabes  avant  l'Islamisme,  et  nous 
allons  lui  céder  la  parole. 

«  C'était  en  l'année  001  de  notre  ère. 

«  Un  parti  de  Soulaïm,  commandé  par  Noubaicha,  fils  de 
Habib,  rôdant  sur  le  territoire  de  Kinana,  rencontra  h  l'en- 
droit appelé  Cadid  (entre  la  Mekke  et  Médine),  un  convoi  do 
femmes  de  Benou  Firas,  accompagné  d'un  petit  nombre  de 
cavaliers,  parmi  lesquels  était  Ilabia,  fils  de  Mocaddam,  son 
frère  Harith  et  son  beau-frère  Abdallah. 

«  Kabia  était  malade  de  la  petite  vérole^  et  se  faisait  porter 

(1)  Opuscula  medica  ex  monimoatis  Araburaet  Ebrœorura,  pa|>c8. 

(2)  Nous  n'avons  pu  retrouver  jusqu'à  présent  le  passage  de 
Maçoudi  dans  les  sept  volumes  des  Prairies  d'or,  publiés  par  la 
Société  asiatirjue. 

(3)  Comme  contraste  avec  le  fait  héroïque  dont  nous  allons  parler, 
rappelons  un  fait  mentionné  par  Grégoire  de  Tours.  La  reine  de 
Bourgogne,  femme  de  Contran,  étant  atteinte  de  l'épidémie,  fit  pro- 
mettre à  son  mari  de  tuer  ses  doux  médecins  si  elle  venait  h  suc- 
comber. KUc  succomba  et  la  promesse  fut  exécutée. 


PÉRIODE  ANTÉISLAMIQDE.  23 

dan?  une  litière.  Il  monte  h  cheval  et  part  au  ffalop.  Il  est 
atteint  «l'une  flèche,  son  sang*  coule  et  il  est  obligé  de  re- 
joindre le  convoi.  Il  retourne  h  la  charge  et  repousse  les 
ennemis,  mais  son  sang  coulait  toujours.  Il  dit  alors  aux 
femmes  :  Mettez  vos  chameaux  au  trot  et  gagnez  les  habita- 
tions les  plus  voisines.  Je  reste  ici  pour  protéger  votre  re- 
traite. J'attends  l'ennemi  au  défilé  de  la  montagne,  à  che- 
val, appuyé  sur  ma  lance  ;  il  n'osera  passer  sur  moi  pour 
aller  &  vous. 

«  Il  se  porta  donc  au  lieu  le  plus  étroit  d'un  défilé  dans  le- 
quel le  convoi  était  entré,  et  pour  ne  pas  tomber  de  cheval, 
il  ficha  en  terre  la  pointe  de  sa  lance  et  resta  appuyé  sur 
la  hampe  tandis  que  les  femmes  s'avançaient  en  diligence 
vers  le  camp.  Cependant  Tennemî  n'osait  point  s'approcher 
de  Habia.  Noubaicha,  qui  l'observait,  s'écria  ;  Il  penche  la 
tète,  je  gage  qu'il  est  mort.  A  l'instant  il  décocha  une  flèche 
contre  le  cheval  de  Rabia.  L'animal  blessé  fit  un  bond  et 
jeta  par  terre  le  cadavre  qui  était  sur  son  dos.  Les  Soulaïm 
accoururent  alors  et  franchirent  le  défilé.  Mais  ayant  reconnu 
que  le  convoi  leur  avait  échappé,  ils  revinrent  près  du  coq)s 
de  Ilabia  et  l'ensevelirent  sous  un  monceau  de  pierres.  » 


DEUXIEME   PARTIE 

ÉPOQUE  DE  MAHOMET 

Les  Arabes  durent  h  la  Perse  les  premières  notions  systé- 
matiques de  médecine. 

C'est  encore  à  la  Perse  qu'ils  empruntèrent  les  noms  d'un 
grand  nombre  de  médicaments,  noms  qui  se  conservèrent 
soit  dans  leur  forme  primitive,  soit  dans  une  forme  arabisée. 
^  Ces  aromates,  ces  parfums,  ces  médicaments  qui  firent  aux 

^  Arabes  une  réputation  fabuleuse  de  richesse,  n'étaient  pas 

tous  le  produit  du  sol,  ^mais  leur  venaient  soit  de  la  Perse, 
soit  de  l'Inde,  et  ils  n'en  étaient  que  les  colporteurs. 

A  cette  époque  déjà  quelques  éléments  de  médecine  parais- 
sent avoir  existé  en  Perse,  indépendants  de  l'école  de  Djon- 
disabour. 

Nous  avons  recueilli  les  noms  de  deux  médecins,  dont 
nous  devons  dire  quelques  mots,  attendu  que  leurs  écrits 
furent  traduits  et  mis  à  profit  par  les  Arabes. 


I.  MÉDECINS  PERSANS. 

\V  1°    THÉODORE. 

Théodore  était  un  médecin  chrétien  qui  vivait  en  Perso 
où  il  était  réputé  pour  habile  dans  son  art.  Le  roi  Sapor 
Dhoul  Aktaf,  ou,  selon  d'autres,  son  petit-fils  Bahram,  fit 
îi  son  intention  élever  une  ég-lise  chrétienne,  ce  qui  prouve 
son  crédit,  et  ce  qui  fixe  l'époque  de  son  existence  dans  le 
courant  du  quatrième  siècle  de  notre  ère. 

Théodore  écrivit  un  Coinpendium  ou  Kounnach  et  l'au- 
teur du  Fihrist  nous  apprend  qu'il  fut  traduit  en  arabe.  Il 
serait  peut-rtre  le  même  que  Théo<lore,tlit  le  Commen/a/ewr, 


ÉPOQUE  DE  MAHOMET.  —  TiÉDECINS  ARABES.  :^5 

«lont  Cumas,  Probii.s  et  Hibas,  qui  vivaient  au  commence- 
ment <lu  cinquième  siècle,  traduisirent  les  œuvres. 


2»   BOURZOUin. 

Rourzouili  était  un  médecin  persan  renommé  dans  son 
art  aussi  bien  que  dans  les  sciences  de  la  Perse  et  de  Tlnde. 
Ce  fut  lui  qui  apporta  de  l'Inde  au  roi  Anouchirouan,  que 
nous  appelons  vulgairement  Chosroës-le-Grand,  le  célèbre 
ouvrage  de  Calila  et  Dimna,  qu'il  traduisit  en  persan.  Ce 
fut  sur  cette  traduction  que,  plus  tard,  sous  le  règne  d'El 
Mansour,  Ebn  el  Mocaffa  en  fit  une  traduction  arabe. 

Bourzouih  vivait  donc  au  sixième  siècle  de  notre  ère,  et 
peut-être  Harets  ben  Caladah  profita-t-il  de  ses  leçons.  On 
ne  dit  pas  ce  qu'il  a  écrit,  mais  nous  pensons  qu'on  peut 
lui  rapporter  les  citations  de  Razès  dans  le  Haouy  sous  cette  !  /)  V' 
forme  des  traductions  latines  :  Buriezu.  Nous  n'avons  pas 
rencontré  le  nom  de  Bourzouih  dans  le  texte  arabe,  que,  du 
reste,  nous  ne  pouvions  exploiter  d'une  façon  définitive 
dans  le  i>eu  de  temps  qui  nous  fut  donné. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  croyons  devoir  lui  rapporter  les 
pilules  mentionnées  dans  l'Antidotaire  de  Sérapion  sous 
cette  forme  :  Pilulœ  Barzuiati  sapientis.  Ne  pourrait-on  pas 
rapporter  h  Ilourzouih  l'ouvrage  cité  par  M.  Renan  :  L. 
I^rozi,  sapientis  maximi,  de  temperamento  terra;  ?  —  De 
philosopbia  i>eripatetica  apud  Syros,  page  40. 


II.    MÉDECINS  ARABES. 

(^ap-d*<Dll  Mtr  r Arable 

Le  siècle  qui  précéda  rétablissement  de  l'islamisme  fut 
rhez  les  Arabes  une  des  périodes  les  plus  remarquables  de 
liMir  histoire. 

Il  serait  plus  remarqué  si  le  siècle  suivant  avait  fait  moins 
de  bniit.  Il  marque  l'entrée  en  scène  des  Arabes  dans  l'ortlre 
•l«»s  travaux  de  resi)rit  et  il  est  k  certains  éprarils  le  procur- 


20        HISTOIRE  DB  LA   MÉDECINE  ARADE.  —  LIVRE  PXISMIBR. 

seur  (lu  siècle  suivant  qui  fut  leur  entrée  en  scène  dans  l'or- 
dre des  faits  religieux  et  politiques. 

Le  sixième  siècle  marque  l'éveil  de  l'activité  intellectuelle 
chez  les  Arabes.  Ainsi  que  chez  tous  les  peuples,  cette  acti- 
vité se  fit  jour  d'abord  par  la  poésie.  La  poésie  du  reste  fut 
un  des  traits  saillants  du  caractère  national.  Des  concours 
étaient  établis  et  les  œuvres  couronnées  écrites  en  lettres 
d'or  et  suspendues  aux  portes  de  la  Kaba. 

Chose  remarquable,  ces  premiers  poèmes,  qui  nous  ont 
été  conservés,  portent  un  cachet  de  perfection  que  n'attei- 
gmirent  pas  les  poèmes  des  siècles  plus  civilisés,  plus  ing^é- 
nieux  et  moins  raides,  mais  ayant  moins  de  sève  et  de  vi- 
grueur. 

Entre  tous  les  poètes  d'alors,  il  faut  citer  Ântar,  qui  fut 
tout  h  la  fois  l'Homère  et  l'Achille  de  son  temps  ;  Antar,  une 
de  ces  grandes  et  trop  rares  figures,  devant  lesquelles  on  ne 
saurait  s'arrêter  sans  un  sentiment  d'admiration  mêlé  d'at- 
tendrissement, auquel  il  n'a  manqué  qu'un  plus  vaste 
théâtre  pour  laisser  une  trace  profonde  de  son  passage  h 
travers  l'humanité. 

C'est  au  milieu  de  ces  temps  d'aventures  et  de  poésie,  vers 
le  milieu  du  VP  siècle,  que  naquit  Harets,  qui  s'en  fut  en 
Perse  chercher  la  science  que  son  pays  connaissait  h  peine 
de  nom.  De  retour  dans  son  pays,  Harets  eut  des  disciples, 
son  fils  d'abord  et  même  on  peut  dire  le  Prophète  lui-même. 
Sans  la  révolution  politique  et  religieuse  qui  troubla  si 
profondément  le  siècle  suivant,  Harets  fut  peut-être  devenu 
le  chef  d*une  école  ou  le  point  de  départ  d'un  mouvement 
intellectuel  dont  on  ne  saurait  apprécier  la  portée.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ce  n'en  est  pas  moins  une  coïncidence  remar- 
qua])le  que  cet  épanouissement  de  la  poésie  chez  les  Arabes 
et  cette  introduction  de  la  médecine  en  tant  que  science. 

!•  HARETS  BEN  CALADAH. 

Harets  ben  Caladah  est  le  premier  parmi  les  Arabes  qui 
ait  mérité  le  nom  de  médecin,  le  premier  qui  ait  joint  h 
la  pratique  de  la  médecine  les  doctrines  qui  la  dominent. 


lipOQUE  DE   MAHOMBTr.  —  MÉDECINS  ARABBS.  37 

11  naquit  à  Thaïef,  probablement  vers  le  milieu  du  VI® 
Biëcle  de  Tère  chrétienne. 

Il  se  rendit  en  Perse,  où  il  étudia  la  médecine,  particu- 
lièrement h  récole  de  Djondisabour  ;  il  y  resta  quelque 
temps  et  la  pratique  de  son  art  lui  valut  de  grandes  riches* 
ses* 

Admis  à  la  cour»  il  eut  avec  Ghosroës  une  longue  con- 
versation qu'il  rédigea  plus  tard  et  publia.  Dans  cet  entre* 
tien,  qui  nous  a  été  conservé,  Harets,  à  part  quelques  gé- 
néralités sur  les  éléments  et  les  humeurs,  ne  traita  guère 
que  des  questions  d*hygiène.  La  base  de  son  hygiène  est  la 
modération  dans  le  manger. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  grave,  dit-il,  c'est  d'introduire  des 
aliments  sur  des  aliments,  c'est-à-dire  de  manger  quand  on 
est  rassasié.  Il  proscrit  l'usage  des  bains  après  le  repas,  le 
coït  à  l'état  d'ivresse,  recommande  de  se  couvrir  la  nuit, 
de  boire  de  l'eau  de  préférence  et  de  n'user  jamais  du  vin 
pur.  Les  viandes  salées  et  séchées,  celles  des  jeunes  ani- 
maux lui  paraissent  un  mauvais  aliment.  Les  fruits  doivent 
être  mangés  au  commencement  de  leur  saison  et  à  leur 
propre  époque.  Quant  h  l'usage  des  médicaments,  telle  est 
sa  réponse  à  Ghosroës  :  Tant  que  dure  ta  santé,  laisse-les  de 
côté,  mais  si  une  maladie  survient,  coupe-la  par  tous  les 
moyens  convenables  avant  qu'elle  ne  prenne  racine.  Il 
donne  aussi  les  moyens  de  combattre  clmcune  des  humeurs 
en  particulier. 

n  recommande  l'usage  des  lavements.  Les  ventouses  doi- 
vent être  employées  au  déclin  do  la  lune,  par  un  temps 
serein  et  quand  le  corps  est  dispos.  La  description  qu'il  fit 
de  la  femme,  telle  qu'on  peut  la  désirer,  plut  infiniment  à 
Chosroës:  dans  cette  description,  le  médecin  semblait  doublé 
d*un  poète.  On  rencontre  aussi  une  prescription  renouvelée 
par  plus  d'un  médecin  arabe,  celle  de  no  pas  avoir  de  rap- 
ports avec  une  vieille  femme.  Chosroës  le  combla  de  pré- 
sents. 

Harets  s'en  revint  dans  son  pays,  où  il  pratiqua  la  méde- 
cine. Il  connaissait,  dit  un  historien,  les  habitudes  des 
Arabes  et  les  médicaments  qui  leur  conviennent. 


28        IIISTOinR   DE   LA   MÉDB0I2CE   AR\BE.   —  LIVRE  PREilIEB. 

Il  fut  en  relations  avec  Mahomet,  qui  lui  adressait  des 
malades,  et  il  est  probable  que  c'est  à  ces  relations  que 
Mahomet  dut  en  partie  ses  connaissances  étendues  en  méde- 
cine. Dans  les  propos  attribués  à  Mahomet,  il  en  est  quel- 
ques-uns qui  le  sont  aussi  à  Harets. 

On  rapporte  de  Harets,  un  fait  de  sagacité  qui  s'est  repro- 
duit plus  d'une  fois  dans  les  annales  de  la  médecine.  Un 
arabe,  avant  de  se  mettre  en  voyagpe,  avait  confié  sa  femme 
à  son  frère.  Celui-ci  en  devint  amoureux  au  point  de  tom- 
ber malade.  On  appela  Harets  qui  fit  à  plusieurs  reprises 
administrer  du  vin  au  malade,  et  sous  l'influence  du  vin  le 
malade  se  mit  à  réciter  des  vers  dans  lesquels  la  passion  se 
dévoila  peu  à  peu  et  ne  laissa  plus  de  doute  aux  assistants. 
Le  frère  divorça  et  voulut  donner  sa  femme  au  pauvre  amou- 
reux, qui  refusa  et  mourut  de  langueur. 

Malgré  ses  relations  avec  Mahomet,  il  ne  paraît  pas  que 
Harets  se  soit  fait  musulman.  La  date  de  sa  mort  est  contro- 
versée, mais  il  paraît  qu'il  mourut  peu  de  temps  après  le 
Prophète. 

Harets  laissa  un  divan,  qui  est  mentionné  par  Hadji 
Khalfa,  n«5309. 

2»    EXXARDHR,   FILS  DE  HARETS. 

Ennadhr,  fils  de  Harets,  était  par  sa  mère  cousin  do 
Mahomet.  Comme  son  père,  il  voyagea  et  se  mit  en  rapport 
avec  les  savants  de  toutes  les  croyances.  Il  connut,  dit  Ebn 
Abi  Ossaïbiah,  une  partie  considérable  des  sciences  ancien- 
nes. Son  père  lui  communiqua  ses  connaissances  tant  en 
médecine  que  dans  les  autres  sciences. 

On  trouve  dans  le  V*  livre  du  canon  d'Avicenne  une  for- 
mule de  pilules  qui  nous  paraissent  devoir  être  rappoi*tées 
à  Ennadhr,  sous  ce  titre  :  Pilules  du  fils  de  Harets.  C'est  un 
composé  de  substances  purgatives,  ix  l'adresse  des  afifections 
de  nature  biliaire  et  atrabilaire. 

Ce  qui  rend  surtout  intéressant  Ennadhr,  c'est  sa  fin  tra- 
gique. Il  était  devenu  l'ennemi  de  Mahomet.  Supérieur  au 
Prophète  par  l'étendue  de  ses  connaissances,  il  tourna  en  ri- 


Éi»OQU£  DK  MAHOMET.  —  MÉDECINS  ARABES.  21) 

ilicule  SU  personne  et  ses  écrits.  Certains  passages  du  Coran 
semblent  faire  allusion  à  la  conduite  d'Ennadhr.  A  la  jour- 
née de  Uedr  (024  de  notre  ère),  Ennadhr  combattit  contre 
le  Prophète  et  se  trouva  parmi  les  vaincus.  Cédant  à  un 
mouvement  de  rancune,  qui  n'était  pas  dans  ses  habitudes, 
Mahomet  ordonna  la  mort  d'Ennadhr,  qui  fut  exécuté  par 
la  main  de  l'enthousiaste  Ali,  fils  d'Abou  Thaleb. 

Koteila,  sœur  d'Ennadhr,  pleura  la  mort  de  son  frère  dans 
une  touchante  élégie  qui  nous  a  été  conservée.  Ces  vers,  dit 
rhistorien,  sont  les  plus  nobles  qui  aient  été  composés  par 
une  femme  offensée.  En  les  lisant,  Mahomet  se  repentit  de 
sa  rigueur. 

3«  EBN    ABI    RAMITSA. 

Il  était  de  la  tribu  de  Témim  et  pratiquait  la  chirurgie. 
Etant  un  jour  chez  Mahomet,  il  lui  vit  entre  les  épaules 
l'excroissance  qui  est  considérée  comme  l'apanage  des  Pro- 
phètes et  il  lui  proposa  de  Texciser.  Mahomet  s'y  refusa. 
C'est  tout  ce  que  nous  en  savons. 

MAHOMET   ET  LA  MÉDECINE   DU  PROPHETE. 

Xous  avons  déjà  parlé  des  relations  de  Mahomet  avec 
Ilarcts  ben  Caladah.  Il  dut  sans  doute  à  ces  relations  une 
]mrtic  de  ses  connais.sances  médicales.  D'autres  lui  vinrent 
(les  observations  faites  tant  dans  ses  voyages,  qu'au  milieu 
de  ses  concitoyens.  A  côté  de  Ilarets  il  y  avait  des  Arabes 
<iui  pratiquaient  la  médecine  populaire,  cautérisaient,  ven- 
tousaient,  saignaient,  pansaient  les  blessures,  adminis- 
traient des  médicaments,  ou  même  faisaient  appel  h  des 
moyens  surnaturels.  L'histoire  nous  a  conservé  le  nom  de 
quelques-uns  de  ces  hommes  qui  furent  en  rapport  avec  lui. 
Ainsi,  nous  savons  que  tel  et  tel  lui  pratiquèrent  des  cau- 
térisation.^,  des  saignées,  lui  appliquèrent  des  ventouses. 
Nous  avons  la  preuve  de  retendue  de  ses  observations  dans 
le  graQ<l  nombre  des  propos  relatifs  aux  pratiquas  médicales 
qui  lui  sont  attribués.  Ces  recommandations  sont  la  preuve 


30        UlSrOlRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  PREMIER. 

de  sa  sollicitude  en  même  temps  qu'elles  étaient  un  moyeu 
d'influencée 

Il  n'y  a  peut-être  pas  dans  l'antiquité  un  seul  personnage 
sur  le  compte  duquel  nous  ayons  des  renseignements  aussi 
étendus  et  aussi  minutieux  que  le  législateur  des  Arabes. 
Ses  actes  et  ses  propos  ne  tardèrent  pas  à  être  recueillis 
avec  le  plus  grand  soin,  et  des  hommes  passaient  leur  vie 
à  les  contrôler  et  à  les  apprendre  par  cœur.  Leur  authenti- 
cité s'établit  par  l'exposé  des  témoignages  successifs  aux- 
quels ils  sont  dus. 

Ces  traditions  ou  hadita^  sont  le  complément  de  la  loi  et 
c'est  en  les  lisant  que  l'on  peut  bien  mieux  que  dans  le 
Coran  se  faire  une  idée  juste  et  complète  de  ce  grand  homme. 

Les  traditions  médicales  qui  nous  ont  été  conservées  se 
montent  à  environ  trois  cents.  S'il  en  est  qui  reproduisent 
simplement  la  médecine  populaire,  il  en  est  aussi  qui  ac- 
cusent une  importation,  peut-être  par  le  fait  de  Harets. 

On  en  a  fait  des  recueils  intitulés  :  Médecine  du  Prophète, 
recueils  qui  se  rencontrent  dans  toutes  les  collections  de 
manuscrits  arabes.  Il  en  existe  deux  à  Paris,  sous  les  n^ 
lOGl  et  1897  du  supplément. 

Hadji  Khalfa,  dans  son  Encyclopédie  bibliographique,  en 
cite  une  demi-douzaine  de  divers  auteurs.  Le  plus  accrédité 
semblerait  être  celui  d'Abou  Nouaïm  que  nous  trouvons 
souvent  cité  autre  part.  M.  Perron  a  traduit  celui  de  Djelal 
Ëddin  Abou  Soleiman  Daoud. 

Ces  recueils  encadrent  les  hadits  dans  un  traité  métho- 
dique de  médecine,  les  commentent  et  les  complètent.  Tel 
est  l'ordre  suivi  dans  le  Ms.  1061,  conforme  aux  trois  sortes 
de  moyens  thérapeutiques  employés  par  le  Prophète  :  Re- 
mèdes naturels,  remèdes  surnatiircls,  combinaison  des  uns 
et  dos  autres. 

Il  semblerait  que  l'esprit  de  l'Islamisme,  la  résignation, 
dût  détourner  des  soins  du  corps.  Il  n'en  est  rien^  Mahomet 
attache  la  plus  grande  importance  a  la  santé.  Le  premier 
hadits  qui  se  produit  dans  le  recueil  de  Djelal  Eddin  est  co- 
lui-ci  :  Le  meilleur  d'entre  vous  est  celui  qui  a  reçu  de  Dieu 
la  nature  physique  la  meilleure.  II  répète  souvent  et  sous 


w 


MAUOM&T  KT  LÀ   MÉDKCINli  DU  l'UOPUKTK.  31 

plusieurs  formes:  Dieu  n'a  pas  fait  descendre  de  maladie 
qu'il  n'en  ait  fait  descendre  le  remède. 

Aussi  bien  que  chez  les  Juifs,  les  pratiques  de  l'hygiène 
sont  imposées  aux  Musulmans  par  la  religion.  Celles  qui  ne 
sont  pas  mentionnées  dans  le  Coran  sont  imposées  par 
l'exemple  du  Prophète. 

Ce  qu'il  recommande  surtout,  c'est  la  sobriété.  Nous  avons 
trouvé  quelque  part  cette  anecdote.  Au  temps  de  Haroun 
Errachidun  chrétien  dit  à  un  musulman  :  Votre  Prophète  a- 
t-il  oublié  la  science  du  corps,  ou  bien  en  est-il  question  dans 
votre  livre?  Le  musulman  répondit:  Notre  livre  n'a  donné  à 
ce  sujet  que  la  moitié  d'un  verset,  mangez  et  buvez  sans 
faire  d'excès.  Quant  à  notre  Prophète,  voici  l'un  de  ses  pro- 
pos: l'estomac  est  le  réceptacle  dos  maladies  ;  la  diète  est  le  "^ 
principe  de  la  guérison  et  l'intempérance  la  source  de  tou-  ^ 
tes  les  maladies.  Le  chrétien  répliqua  :  Votre  Prophète  n'a 
rien  laissé  à  dire  à  Galien. 

Ce  précepte  fut  peut-être  emprunté  à  Harets  auquel  il 
est  également  attribué. 

Chacun  sait  que  les  ablutions  et  l'entretien  de  toutes  les 
parties  du  corps  à  l'état  de  propreté,  sont  chez  les  Musul- 
mans de  précepte  religieux. 

Dans  la  pratique  de  l'hygiène,  il  fait  entrer  la  modération 
et  recommande  d'éviter  la  colère  et  les  passions  tristes. 

Il  proscrit  le  vin,  même  à  titre  de  remède,  et  proclame 
que  Dieu  n'a  pas  fait  dépendre  la  santé  de  son  peuple  de  ce 
qui  lui  est  interdit.  Il  croit  que  l'usage  excessif  de  la  viande 
peut  avoir  les  mêmes  inconvénients  que  le  vin. 

Le  laitage  et  les  fruits,  le  miel  et  l'huile  d'olives  sont  fré« 
quemment  l'objet  de  ses  éloges. 

Parfois,  ses  préceptes  revêtent  une  forme  ingénieuse  et 
lactique.  Il  dit  que  les  palmiers  sont  des  arbres  bénis.  Il 
recommande  de  les  respecter  comme  des  parents,  attendu 
que  Dieu  fit  le  palmier  avec  l'argile  qui  lui  restait  d'Adam. 
Celui  qui  aura  chez  soi  du  miel  et  de  l'huile  d'olives,  les  i  - 
anges  prieront  Dieu  pour  lui« 

Nous  trouvouô  dans  uu  hadits  la  mention  de  l'auber- 
gine. 


32         UiSTOUŒ   0£   LA   MÉDKCINE   ARAUK.   —  LlVfiE  PREMIBR. 

Les  principaux  médicaments  recommandés  sont  la  nigelle, 
'  le  miel,  le  henné,  le  cresson  alénois,  le  harmel  (Pegranum 
harmala),  le  séné.  C'est  peut-être  dans  ces  hadits  que  le  séné 
fit  sa  première  apparition  dans  un  monument  écrit.  Nous 
citerons  encore  comme  nouveautés  le  ouirs  fmcmecylontinc- 
torumj  et  le  Kadi  (Pandanus  odoratiasimiisj  ce  spécifique 
indien  de  la  variole,  qui  n'avait  pas  jusqu'à  nous  été  reconnu 
par  les  traducteurs. 

Beaucoup  d'autres  fruits  sont  aussi  recommandés  à  titre 
de  médicaments. 

La  guérison,  disait-il,  s'obtient  surtout  par  trois  choses  : 
r     le  miel,  les  scarifications  et  le  cautère. 

Mahomet  se  fit  cautériser  et  saigner  par  Absy  ben  Kab  et 
il  se  fit  ventouser  pour  une  souffrance  à  la  cuisse. 

Ayant  eu  une  hémorrhagie  par  suite  de  la  rupture  d'une 
incisive,  Fathma,  sa  fille,  fit  brûler  du  papyrus,  et  appliqua 
les  cendres  pour  arrêter  l'hémorrhagie. 

Mahomet  arrêta  l'hémorrhagie  par  la  cautérisation  sur  la 
personne  de  Sad  ben  Moaz. 

Il  s'occupait  des  blessés.  En  expédition  il  emmenait  Oum 
Solaïm  et  des  femmes  des  Ansars  pour  les  panser.  A  la  ba- 
taille d'Ohod  il  fit  venir  deux  médecins  de  Médine. 

Contre  la  céphalalgie  et  la  fièvre  il  employait  les  affû- 
tions froides  et  les  scarifications,  mais  il  proscrivait  l'appli- 
cation des  ventouses  à  la  nuque,  comme  faisant  perdre  la 
mémoire  dont  le  siège  est  h  la  partie  postérieure  du  cer- 
veau. 

Lui-même  était  sujet  à  la  céphalalgie,  et  certains  auteurs 
y  ^        ont  dit  à  l'épUepsie,  les  deux  mots  s'écrivant  h  peu  près 
de  la  même  manière  en  arabe. 

Dans  l'hydropisie,  il  recommandait  l'urine  et  le  lait  de 
chameau,  sans  toutefois  s'opposer  à  la  ponction. 

Dans  le  dévoiement  il  prescrivait  le  miel. 

Dans  les  douleurs  du  pied  il  employait  le  henné. 

Tout  en  recommandant  la  santé  aux  malades,  il  obtem- 
pérait cependant  à  leurs  désirs,  et  on  cite  un  cas  où  il  per- 
mit l'usage  du  porc. 

A  l'égard  des  maladies  contiigieuses  il  recommandait  la 


ÉPOQUE  DE   MAHOMET.  33 

prudence,  mais  il  défendait  de  quitter  le  paya  en  temps  de 
peste. 

A  certaines  calamités  il  offrait  des  consolations  particu- 
lières. C'est  ainsi  qu'il  considérait  comme  martyrs  les  pesti- 
férés, les  brûlés,  les  noyés  et  les  femmes  mortes  en  cou- 
ches. 

Mahomet  ne  s'en  tenait  pas  à  des  paroles  prononcées  au 
hasard  des  événements  ;  jl  donnait  des  consultations.  C'est 
en  assistant  à  ces  consultations  que  sa  femme  Aïclia,  qui 
l'assistait  et  l'aidait,  devint  elle-même  habile  dans  la  prati- 
que médicale.  Dans  les  cas  difficiles  le  Prophète  envoyait 
ses  malades  à  Harets. 

Nous  avons  déjà  dit  qu'il  cmi)loyait  les  moyens  surnatu- 
rels. Un  hadits  semblerait  faire  entendre  qu'il  ne  prenait 
cela  que  comme  pis-aller,  mais  d'autre  part  nous  le  voyons 
admettre  la  réalité  des  sorts  et  l'influence  des  charmes. 

A  un  charmeur  qui  lui  demandait  conseil  il  répondit  :  Va, 
que  celui  qui  peut  faire  du  bien  à  un  de  ses  frères  le  fasse. 
Il  exigreait  seulement  dans  l'emploi  des  paroles  qu'elles  ne 
blessassent  en  rien  l'orthodoxie.  Il  recommandait  surtout 
la  lecture  du  Coran  et  particulièrement  de  la  première  sou- 
rate ou  Fatha. 

Si  les  hadits  sont  rarement  cités  par  les  g'rands  médecins, 
ou  autrement  si  l'autorité  du  Prophète  est  bien  rarement 
invoquée  par  eux,  ils  apparaissent  fréquemment  chez  les 
écrivains  de  second  ordre.  Kazouiny  lui-même  en  a  cité  un 
grand  nombre.  Nous  avons  pu  nous  assurer  en  Algérie  que 
les  préceptes  du  Prophète  occupent  encore  une  grande  place 
dans  la  médecine  populaire. 

Quelle  que  soit  leur  valeur  absolue,  ils  n'en  ont  pas  moins 
une  certaine  importance  historique.  Quelques-uns  accusent 
évidemment  une  dérivation  de  la  science  f^recquc. 

Les  hadits  ont  déjà  plus  d'une  fois  attiré  l'attention. 
C'est  ainsi  que  Gagnier  leur  a  consacré  le  dernier  chapitre 
de  son  histoire  de  Mahomet,  que  Ueiske  leur  a  consacré  une 
quarantaine  de  pagfes  dans  ses  Opuscula  medica. 

Enfin  M.  Perron  a  publié  en  1800  la  traduction  d*un  traité 
de  la  médecine  du  prophète,  dans  la  Gazette  médicale  de 

3 


34       HISTOIRE  DE   L\  MÉDECINE  ARADE.   —    LIVRE   I^REMIER. 

V  Algérie,  et  nous  en  avons  rendu  compte  dans  la  Gazette  des 
Hôpitaux  de  septembre  de  la  même  année.  Il  est  à  regretter 
que  M.  Perron  n'ait  pas  suffisamment  annoté  sa  traduction. 

Nous  rencontrerons  plus  tard  un  certain  nombre  d'ouvra- 
ges bur  la  médecine  du  Prophète. 


TROISIEME    PARTIE 

ÉPOQUE   DES   OMMIADES 

La  domination  des  Oinmiades  répond  à  la  majeure  partie 
de  la  période  que  nous  allons  parcourir.  Cette  période 
forme  un  ensemble  assez  bien  caractérisé,  qui  se  détache 
aussi  nettement  de  la  période  qui  la  précède  que  de  celle 
qui  la  suit. 

C'était  le  moment  de  l'expansion  des  Arabes  ;  ce  fut  aussi 
le  moment  de  leurs  premiers  pas  dans  la  carrière  scienti- 
fique. 

Malgré  les  troubles  et  les  dissensions  intestines  qui  reje- 
tèrent à  récart  la  généreuse  famille  des  Alides  et  compro- 
mirent Tunité  musulmane,  cette  unité  se  maintint;  les 
Arabes  envahissant  de  proche  eu  proche  les  contrées  voisi- 
ne» débordèrent  en  moins  d'un  siècle  depuis  Tlndus  jusqu'à 
TAtlantique. 

Un  déplorable  événement  signala  leur  entrée  en  Egypte. 
Mai»  cet  attentat,  inspiré  par  le  fanatisme  de  la  première 
heure,  fut  un  fait  accidentel,  et  les  Arabes  ne  tardèrent  pas 
à  en  payer  la  rançon. 

On  a  du  reste  singulièrement  exagéré  le  fanatisme  mu^ 
nulman  conëidéré  dans  l'ensemble  de  l'histoire.  Le  Coran, 
fmit  de  l'enthousiasme,  dont  les  germes  législatifs  se  déve- 
loppent et  m  complètent  par  les  traditions  et  ser\'irent  à 
Tamiette  de  la  société  nouvelle,  le  Coran  contient  beaucoup 
de  dispositions  contradictoires  et  restrictives  qui  se  balan^ 
cent  et  se  compensent  les  unes  les  autres. 

A  défaut  de  conversion,  les  Arabes  se  contentaient  d'un  tri-> 
bat*  Du  reste  Thistoire  politique,  et  surtout  l'histoire  scien- 
tifique des  Arabes,  témoigne  d'un  esprit  large  et  tolérant 
dont  l'Europe  du  moyen-âge  fit  son  profit  sans  l'imiter. 

IjCs  Arabes  trouvèrent  en  Egypte,  en  Syrie  et  en  Perse 


30       HISTOIRE  DE  LA   UÉOBCIKE  ARÀBK.    —  LIVRF.   PREMIER. 

(les  populations  întelligentes  et  lettrées,  et  les  nécessités 
administratives  aussi  bien  que  le  bon  sens  leur  imiK)sèrent 
l'emploi  des  hommes  instruits  de  toutes  les  religions.  Le 
gouvernement  des  vifles  et  des  provinces  fut  confié  maintes 
fois  à  des  chrétiens  et  au  milieu  du  VII«  siècle  de  notre  ère 
un  évoque  nestorien  se  louait  des  égards  que  les  musulmans 
avaient  pour  la  religion  chrétienne  :  «  Nec  tamen  religio- 
nem  christianam  impugnant  ;  sacerdotes  sanctos  que  Domi- 
ni  honorant.  »  (Assemani,  B.  or.  III.  96.) 

Il  faut  bien  le  dire  aussi,  les  chrétiens  prêtèrent  quelque- 
fois le  flanc,  la  jalousie  divisant  les  communions  chrétiennes. 
Les  Nestoriens  défendirent  avec  trop  d'âpreté  la  supériorité 
qu'ils  devaient  h  leur  nombre  et  a  leurs  lumières.  Ces  dis- 
sensions entraînèrent  des  défiances  et  des  rigueurs.  (Asse- 
mani,  III,  2,  XCVII.) 

C'est  à  la  médecine  que  revient  l'honneur  d'avoir  ménagé 
la  concorde  et  l'alliance  heureuse  de  la  science  et  de  l'Isla- 
misme. Assemani  se  complaît  à  citer  la  longue  liste  des 
médecins  chrétiens  qui  furent  attachés  à  la  personne  des 
Khalifes.  Nous  ne  le  suivrons  pas,  toute  cette  histoire  de 
la  médecine  arabe  devant  nous  en  fournir  continuellement 
des  exemples,  même  à  l'époque  des  croisades. 

Trois  ordres  de  faits  caractérisent  cette  période. 

Le  premier  est  l'importance  que  commencent  à  conquérir 
les  Nestoriens  en  raison  de  leur  culture  intellectuelle.  Nous 
ne  ferons  que  l'indiquer  ici,  devant  y  revenir  bientôt  à 
propos  des  traductions  dont  ils  furent  les  principaux  agents. 

Le  deuxième  est  le  premier  entraînement  des  Arabes  vers 
la  culture  de  la  science,  dont  ils  venaient  de  détruire  le  plus 
précieux  dépôt  et  dont  ils  recueillirent  les  débris  sur  cette 
même  terre  d'Egypte.  Que  ce  soit  le  fait  de  leur  intelligence 
prompte  et  naïve,  ou  que  ce  soit  le  fait  des  circonstances,  ils 
n'attaquèrent  d'abord  de  la  science  que  le  côté  merveilleux. 
Ils  se  passionnèrent  surtout  pour  l'alchimie,  qui  s'était 
toujours  complue  dans  la  vallée  du  Nil,  et  l'on  vit  des  per- 
sonnages du  plus  haut  rang,  des  intelligences  d'élite  à  la 
tête  de  ce  mouvement  qui  aboutit  à  la  grande  personnalité  de 
Géber,  la  plus  haute  expression  des  doctrines  hermétiques. 


I%P0QUB  DES  0MMIADE8.  37 

Cependant,  en  dehors  des  œuvres  d'alehimie,  d'autres 
avaient  été  traduites.  En  dehors  de  TEgrypte  nous  verrons 
des  ouvragées  de  médecine  passer  du  gfrec  en  syriaque  et  du 
syriaque  en  arabe,  et  même  nous  constaterons  les  encou- 
ragrements  du  pouvoir  souverain  qui  devaient  se  montrer 
bientôt  si  puissants  et  si  féconds. 

On  a  dit  souvent  que  les  Arabes  avaient  recueilli  l'héritagre 
de  récole  d'Alexandrie.  Cotte  assertion,  prise  d'une  fayon 
générale,  est  une  erreur  historique.  Elle  ne  saurait  s'appli- 
quer qu'à  l'époque  dont  nous  parlons,  époque  trop  peu 
coooue,  sur  laquelle  nous  allons  essayer  de  jeter  quelque 
lumière.  Quant  à  la  véritable  initiation  des  Arabes  à  la 
science  grrecque,  elle  se  fit  plus  tard  et  sur  un  autre  terrain. 

Notre  étude  de  la  médecine  arabe  sous  les  Ommiades 
va  donc  se  diviser  eu  deux  sections. 

Dans  la  première  nous  verrons  les  Arabes  en  contact  avec 
les  derniers  représentants  de  l'école  d'Alexandrie,  et  dans 
la  seconde  nous  les  suivrons  en  dehors  de  cette  école. 


Premlèro  iiecllofi. 


I/ÉCOLE  D'ALEXANDRIE  ET  LES  ARABES. 

De  rEnseiffnement  de  la  Médecine  à  TÉcole  d'Alexandrie 
avant  rinvasion  arabe,  ou  les  XVI  Livres  de  Oalien. 

Au  commencement  du  VII*  siècle  de  notre  ère  la  méde- 
cine était  encore  de  toutes  les  sciences  la  plus  digrnement 
représentée  à  Técole  d'Alexandrie.  Au  milieu  de  noms  plus 
ou  moins  connus  se  détache  celui  de  Paul  d'Égrine,  le  plus 
ffrand  chirurg'îen  de  l'antiquité.  Nous  en  citerons  tout  a 
l'heure  d'autres  moins  éminents,  au  milieu  desquels  on  peut 
s'étonner  de  ne  pas  rencontrer  le  sien,  car  il  s'ag^it  d'une 
institution  médicale  dont  il  dut  être  le  témoin. 

Quelques  médecins  conçurent  et  exécutèrent  le  projet 
d'orpraniser  l'enseignement  de  la  médecine.  Ils  fondèrent 
une  école,  instituèrent  des  cours  et  prirent  pour  base  de 
l'enseig'nement  un  recueil  de  XVI  livres  choisis  à  travers 
les  œuvres  de  Galien. 

Ce  fait  important  de  l'histoire  de  la  médecine  n'en  est  pas 
moins  resté  dans  l'ombre  jusqu'à  présent.  Cette  institution, 
bientôt  troublée  par  l'invasion  musulmane,  ne  put  être 
que  de  courte  durée,  et  c'est  là  sans  doute  la  raison  pour 
laquelle  on  n'en  trouve  aucune  mention  chez  les  écrivains 
grecs  et  latins. 

Les  Arabes  seuls  nous  en  ont  conservé  le  souvenir.  Ils 
firent  plus,  et  ce  qui  prouve  que  ce  mode  d'enseignement, 
nonobstant  sa  courte  existence,  ne  fut  pas  sans  éclat,  et  dut 
attirer  leur  attention  lors  de  leur  entrée  dans  Alexandrie, 
ils  l'adoptèrent  plus  tard,  une  fois  qu'ils  se  furent  institués 
les  héritiers  de  la  Grèce.  Les  XVI  livres  de  Galien  devin- 
rent encore  chez  eux  la  base  de  l'enseignement  médical  et  fu- 
rent l'objet  de  nouveaux  travaux.  Il  en  est  souvent  question 
dans  leurs  écrits. 


L'iIiCOLS  DALBXilKDRIE   ET   LES  ARABES.  30 

Malgré  des  témoigrnages  multiples  et  répétés  sous  toutes 
les  formes,  les  XVI  livres  sont  restés  lettre  close  pour  les 
orientalistes  les  plus  éminents,  même  pour  ceux  qui  étalent 
les  moins  excusables  de  les  ignorer,  qui  avaient  en  main  les 
éléments  de  la  question.  Le  plus  illustre  de  tous,  M.  de  Sacy, 
en  essaya  vainement  la  détermination.  M.  Munk  reconnut 
leur  destination  seulement.  Il  en  fut  de  même  de  Freind  qui 
reçut  des  communications  tirées  des  sources  orientales.  Tout 
récemment  le  catalogue  des  Mss.  hébreux  de  la  bibliothèque 
nationale  a  reconnu  vaguement  les  XVI  livres,  mais  il  en  a 
méconnu  deux. 

Il  nous  a  semblé  intéressant  de  recueillir  et  de  mettre  en 
ordre  tous  les  documents  relatifs  à  cette  institution  qui  sur- 
vécut bTécole  d'Alexandrie  et  s'acclimata  chez  les  Arabes,  et 
mâme  de  signaler  les  méprises  auxquelles  elle  a  donné  lieu. 

Pour  être  méthodique  et  aussi  complet  qu'il  convient, 
nous  diviserons  ce  travail  en  IV  sections. 

I.  Choix  et  rédaction  des  XVI  livres,  médecins  qui  pri- 
rent part  à  cette  opération. 

II.  Ce  qu'étaient  les  XVI  livres. 
IIL  Les  XVI  livres  chez  les  Arabes. 

IV.  Les  XVI  livres  chez  les  écrivains  modernes. 

I.  —  Choix  et  Rédaction  des  XVI  Livres.  Médecins  qui 
prirent  part  à  cette  opération. 

Le  fait  de  l'enseignement  de  la  médecine  à  Alexandrie, 
fondé  sur  un  recueil  de  XVI  livres  de  Galien,  nous  est 
rapporté  plus  ou  moins  explicitement  par  les  trois  grands 
ouvrages  consacrés  spécialement  h  l'histoire  do  la  médecine 
et  des  sciences.  Nous  voulons  parler  du  Fihrist  de  Moham- 
med ben  Ishaq  Ennedim,  du  Kitab  el  hokama  de  Djemal 
Eddin  el  Koftliy,  et  de  la  Vie  des  Médecins  d'Ebn  Abi 
Ossaîbiah. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit  sommairement,  au  com- 
mencement du  VII*  siècle  de  notre  ère,  quelques  médecins 
d'Alexandrie  se  préoccupèrent  d'organiser  l'enseignement 


40.     IIISTOIRK   DE   LA   MÉDECINE   ARADE.   —    LIVRE   PREMIER. 

de  la  médecine.  A  cet  eflfet,  ils  instituèrent  une  école  et  des 
cours.  Comme  base  de  l'enseignement,  ils  adoptèrent  un 
choix  de  XVI  livres  fait  à  travers  les  œuvres  de  Galien. 
Pour  mieux  les  adapter  à  Fiustruction  des  élèves,  ces  livres 
furent  remaniés,  abrégés,  paraphrasés,  accompagnés  do 
commentaires.  On  dit  que  leur  réduction  sous  un  plus 
petit  volume  les  rendit  plus  propres  à  être  transportés  en 
voyage.  On  dit  aussi  que  leur  concision  nécessita  souvent 
des  commentaires.  On  ajoute  encore  qu'ils  furent  mis 
par  demandes  et  réponses,  ce  qui  n'est  pas  leur  forme 
habituelle. 

Si  Ton  s'accorde,  sur  le  fait  en  lui-même,  il  y  a  divergence 
quant  au  nombre  des  savants  et  h  la  part  que  chacun  d'eux 
prit  h  l'opération  commune. 

Le  plus  ancien  de  nos  trois  monuments,  le  Fihriat,  est 
assez  bref.  Use  borne  h  citer  les  noms  d'Astephan  (Etienne), 
Djasious,  Ankilaous  et  Marinons,  puis  il  ajoute  que  ce  sont 
eux  qui  choisirent  XVI  livres  de  Galien,  en  firent  des  som- 
maires, des  abrégés,  des  paraphrases,  et  que  ce  recueil  est 
connu  sous  le  nom  des  XVI  livres  de  Galien. 

Le  Kitab  el  hokama  de  Djemal  Eddin  el  Kofthy,  chez  qui 
l'on  trouve  les  renseignements  que  nous  avons  donnés  ci- 
déssus,  tout  en  produisant  les  mêmes  quatre  noms,  s'attache 
particulièrement  à  ce  fait  que  l'initiative  et  la  plus  large 
part  du  travail  revient  à  Ankilaous,  au  point  que  certaines 
personnes  rattachent  son  nom  au  recueil  des  XVI  livres.  Ce 
renseignement  est  donné  d'après  Honein,  qui  l'aurait  consi- 
gné dans  sa  traduction  syriaque  du  recueil.  On  lit  encore 
dans  le  Kitab  el  hokama  :  «  Cet  arrangement  et  cet  emploi 
des  livre»  de  Galien  se  sont  conservés  jusqu'à  nos  jours 
(XIII«  siècle).  . 

Nous  trouvons  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  des  renseigne- 
ments plus  copieux  dont  nous  signalerons  le  plus  important. 
Aux  quatre  noms  déjà  cités,  il  ajoute  sur  l'autorité  d'Ebn 
Hotlan  (1),  les  noms  de  trois  autres  collaborateurs,  à  savoir 

(1)  Aboul Hassan elMokhtur,  dit  aussi  Ebn  Botlao,  est  1  auteur  du 
livre  intitule:     Takouim    Ea^akha^  dont  l:i  traduction   latine  a  été 


CHOIX  ET  RÉDACTION  DES  XVI  LIVRES.  41 

Théodose,  Palladius  et  Jean  le  fframmairien.  Il  dit  aussi, 
comme  Ebn  el  Kofthy,  que  le  chef  de  ces  médecins  fut 
Ankilaous  et  que  ce  fut  lui  qui  provoqua  la  collection  des 
XVI  livres.  Il  ajoute  encore  ceci:  «  De  tous  les  commentaires 
des  XVI  livres,  le  meilleur  que  j'aie  rencontré  est  celui  de 
Djasious. 

Au  lieu  de  quatre  médecins  nous  en  aurions  donc  sept  : 
Etienne,  Djasious,  Ankilaous,  Marinons,  Théodore,  Palla- 
dius  et  Jean  le  grammairien. 

De  ce  double  témoigrnagre  quel  est  le  meilleur?  Ne  pour- 
raitron  pas  admettre  que  le  travail  primitif  opéré  par  quatre 
médecins  fut  postérieurement  continué  ou  remanié.  Ce  qui 
est  positif  c'est  que  le  recueil  des  XVI  livres  fut  l'objet  de 
travaux  de  diverse  nature  pendant  tout  le  temps  que  dura 
le  culte  de  la  médecine  chez  les  Arabes,  c'est-à-dire  jusques 
et  y  compris  le  XIIP  siècle  de  notre  ère. 

Nous  allons  maintenant  nous  arrêter  sur  chacun  de  ces 
médecins  et  produire  tous  les  renseignements  qu'il  nous  a 
été  donné  de  recueillir. 

1*  Ankilaous.  Nous  n'avons  rien  à  ajouter  sur  son  compte 
aux  renseignements  que  nous  avons  déjà  donnés.  Jusqu'à 
présent  nous  avons  essayé  inutilement  de  rapprocher  son 
nom  de  ceux  qui  nous  ont  été  conservés  par  les  monuments 
classiques.  Quelque  jour  peut-être  serons-nous  plus  heureux. 

2*  Etienne,  ou  Astefan.  Le  nom  d'Etienne  est  bien  connu 
dand  les  derniers  temps  de  l'école  d'Alexandrie.  D'une  part 
nous  connaissons  Etienne  d'Athènes  ou  Etienne  d'Alexan- 
drie et  Etienne  le  philosophe  ou  le  chimiste,  dont  les  écrits 
flont  parvenus  jusqu'à  nous  :  de  l'autre  Etienne  V Ancien  des 
Arabes,  qui  traduisit  du  grec  en  arabe,  pour  Khaled  ben 
Yezid,  des  ouvrages  d'alchimie  et  d'autres  sciences. 

Les  trois  Etienne  ne  sont-ils  qu'un  seul  et  unique  person- 
nage, ou  bien  sont-ils  trois  personnages  distincts  1 

L'identité  du  deuxième  et  du  troisième  nous  paraît  établie 
par  ridcntité  des  travaux. 

imprimée  sous  ce  titre  déformé:  Tacuini  sanitatis  Elluclmsem 
Kiiroithar  medici  de  Baldath.  Ar^entorati,  1531. 


42       HISTOIRE  DE  L\  MÊDKCIKR  ARABE.    —  LIVRE  PREMIER. 

Quant  au  premier,  nous  devons  observer  que  son  nom 
n'est  pas  accompagné  ici  de  l'épithèta  V Ancien,  que  les  Ara- 
bes joignent  toujours  au  nom  du  maître  de  Khaled  ben  Yezid, 
pour  le  distinguer  d'Etienne,  fils  de  Basile,  traducteur  comme 
lui.  Nous  savons  aussi  qu'on  le  distingue  généralement  du 
second.  Mais  n'est-il  pas  naturel  qu'un  médecin  d'Alexan- 
drie ait  aussi  cultivé  l'alchimie,  qui  s'est  complue  depuis  si 
longtemps  dans  la  vallée  du  Nil  ? 

Nous  croyons  devoir  admettre  l'identité  de  cet  Etienne 
avec  le  collecteur  des  XVI  livres  et  voici  pourquoi.  Etienne 
d'Athènes  est  l'auteur  du  commentaire  sur  le  livre  de  la 
thérapeutique  à  Glaucon,  qui  nous  est  parvenu  et  qui  a  été 
imprimé  en  traduction  latine.  Or  ce  livre  h  Glaucon  fait 
précisément  partie  du  recueil  des  XVI  livres.  En  somme, 
nous  ne  verrions  dans  ces  trois  Etienne  qu'un  seul  person- 
nage. 

Freind  a  connu  cet  Etienne,  la  part  qu'il  prit  à  la  rédac- 
tion des  XVI  livres  et  leur  destination. 

3*  Djasious.  Nous  le  considérons  comme  identique  avec  ce 
Goaiua  qui  nous  est  donné  comme  ayant  traduit  du  grec  en 
syriaque  les  Pandectes  d'Aaron.  (V.  la  Bibl.  or.  d'Assemani). 
On  ne  saurait  le  confondre  avec  ce  Gésius  dont  parle  Sui- 
das, qui  lui  fut  antérieur  d'un  siècle,  attendu  qu'il  vivait  du 
temps  de  Zenon.  Nous  avons  déjà  parlé  du  cas  que  l'on  fai- 
sait de  ses  commentaires.  Nous  ajouterons  que  parmi  les 
écrits  de  Honein  il  en  est  un  qui  porte  ce  titre  :  Solution  des 
doutes  élevés  par  Djasious  d'Alexandrie  sur  le  livre  des  or- 
ganes souffrants  de  Galien.  (1) 

4*  Marinons.  Nous  le  croyons  identique  avec  ce  Mari- 
nons ou  Marianous  dont  il  est  question  plus  d'une  fois  dans 
Hadji  Khalfa,  et  qui  fut  avec  Etienne  le  maître  de  Khaled  ben 
Yezid  dans  le  grand  art.  C'est  le  Morienus  des  Alchimistes, 
dont  les  opuscules  se  rencontrent  dans  tous  les  recueils 
hermétiques. 

5»  Théodose.  Nous  ne  connaissons  qu'un  seul  nom  que 

(1)  Djasious  et  Marinous  sont  quelquefois  cités  dans  le  Tedkira 
de   Souidv.  Ainsi  n«*  1024  et  1C34,  f.  48  et  60  de  TA.  F.  de   Paris. 


CHOIX  £T  RÂDACTIOX  DBS  XVI  LIVRES.  4.{ 

Ton  pourrait  rapprocher  de  celui-ci  ;  c'est  Théodose  le  Pa- 
triarche, cité  par  Aflfiemani  parmi  les  plu»  célèbres  méde- 
cins syriens,  après  Siméonditïaiboutha  et  Tévèque  Grégfoire. 
(Voyez  Blbllot.  Orient.  II.  315). 

O»  Palladius.  Dans  la  forme  arabe  Afladious  nous  croyons 
qu'il  est  impossible  de  voir  autre  chose  que  Palladius.  Les 
Arabes  le  connurent,  et  11  est  assez  fréquemment  cité  dans 
le  Continent  de  Razès. 

7«  Jean  le  grammairien.  Jean  Phlloponus  est  assez  connu 
pour  que  nous  n'ayons  pas  h  noua  étendre  sur  son  compte. 
Nous  dirons  seulement  que  les  sommaires  ou  paraphrases 
quMl  fit  des  XVI  livres  de  Gallen  sont  mentionnés  nomina- 
tivement par  Ebn  Abl  Ossatblah.  Mais  il  y  a  plus  :  ses  écrits 
nous  sont  parvenus  en  traduction  arabe,  sous  forme  de  re- 
cueil, et  nous  aurons  bientôt  Toccaslon  d'en  reparler. 

De  l'ensemble  des  noms  que  nous  avons  cités.  Il  résulte 
que  le  travail  des  XVI  livres  se  fit  au  commencement  du 
VII*  siècle  de  notre  ère. 

Nous  IgnDrons  combien  de  temps  a  pu  durer  renseigne- 
ment dont  ces  livres  étaient  la  base  ;  mais  ce  qui  nous  paraît 
incontestable,  c'est  qu'il  dut  jeter  un  certain  éclat,  et  qu'il 
prospérait  encore  lors  de  l'Invasion  musulmane.  Nous  en 
avons  pour  preuve  le  souvenir  qu'en  ont  conservé  les  con- 
quérants et  les  traces  multiples  et  profondes  qu'il  a  laissées 
dans  l'histoire  de  la  médecine  arabe. 

Nous  aurons  bientôt  à  continuer,  chez  les  Arabes,  l'his- 
toire des  XVI  livres.  Nous  verrons  qu'ils  leur  accordent  tou- 
jours une  place  à  part  dans  leur  énumération  des  écrits  de 
Galien,  qu*ils  les  adoptèrent  aussi  pour  l'enseignement  de  la 
médecine  et  que  plusieurs  médecins  en  firent  l'objet  de  leurs 
études  et  de  leurs  écrits,  tant  que  dura  chez  eux  le  culte  de 
la  science,  ('e  sera  toujours,  bien  que  sur  un  autre  théâtre, 
riiistoire  de  l'institution  fondée  par  les  médecins  d'Alexan- 
•Irie.  Le  développement  qu'elle  acquit  en  passant  à  d'autres 
mains,  nous  donnera  une  idée  de  ce  qu'elle  dut  être  entre  les 
mains  de  ses  fondateurs. 

Avant  d'aborder  ce  côté  de  la  question,  nous  dresserons 
d'abord  l'état  des  XVI  livres. 


44       HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  UVRE  PREKIER. 

n.  —  Ce  qu'étaient  les  ZVI  Livres. 

La  liste  du  Fihrist  étant  la  plus  ancienne,  nous  la  pren- 
drons pour  type.  Elle  figure  en  tète  de  la  liste  des  écrits  de 
Galien  avec  cette  indication  :  État  des  XVI  livres  de  Ga- 
lien  qui  sont  lus  par  les  étudiants.  Après  le  XVI*  on  lit  :  En 
dehors  des  XVI  livres. 

Il  en  est  de  même  pour  le  Kitab  el  hokama. 

Chez  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  les  XVI  livres  ne  viennent  qu*en 
troisième  lieu;  mais  au  livre  VP  de  son  histoire  il  nous  donne 
les  renseignements  les  plus  détaillés  sur  les  XVI  livres  et 
les  autres  ouvrages  de  Galien  qui  leur  servent  de  complé- 
ment. 

On  trouve  encore  des  listes  complètes  des  XVI  livres  dans 
les  biographies  de  Jean  le  grammairien  et  d*Aboulfaradj 
ben  Thaïeb  ;  dans  le  Pantegni  de  Constantin,  dans  le  u*  444 
du  British  Muséum.  Le  fonds  hébreu  de  Vienne  en  possède 
la  collection  complète. 

Le  n*  1117  du  fonds  hébreu  de  Paris  en  contient  XIV  et 
le  n*  1118  en  contient  X.  Le  n*  335  de  Florence  en  contient 
XIII.  Le  n*  1350  du  Muséum  a  les  VIII  premiers. 

Quelques  livres  n'occupent  pas  constamment  la  même 
place  dans  la  série.  Le  n*  444  du  British  Muséum  offre  cette 
particularité  que  les  XVI  livres  y  sont  classés  par  caté- 
gories, que  Ton  retrouve  chez  Ebn  Abi  Ossaïl)iah, 

Dans  le  Ms.  de  Florence,  dans  celui  de  Vienne,  etdans  le 
n*  1118  du  fonds  hébreu,  les  livres  de  Turine  et  du  marasme 
se  trouvent  intercalé.^. 

Telle  est  la  liste  du  Fihrist  : 

1.  Livre  des  sectes  (en  médecine). 
.  2.  Livre  de  l'art  (petit  art). 

3.  Livre  à  ïeutra  sur  le  pouls. 

4.  Deuxième  livre  à  Glaucon  sur  le  traitement  des  ma- 
ladies. 

5.  Cinq  livres  sur  l'anatomie. 

0.  Livre  des  éléments  (selon  llippooratiM. 
7.  Livre  du  tempérament. 


CE  Qn*ÉTAI£NT  LES  XVI  LIVRES.  45 

8.  Livre  des  propriétés  naturelles. 

9.  Livre  des  maladies  et  des  accideut.5  (symptômes). 
10.  Des  maladies  des  orgfaiies  internes. 

IL  Grand  livre  du  pouls. 

12.  Li\Te  des  fièvres. 

13.  Des  crises. 

14.  Des  jours  critiques. 

15.  De  la  conservation  de  la  sauté. 
10.  De  l'art  de  fi^uérir  (du  grand  art). 

Telle  est  ensuite  la  liste  de  Constantin  ;  et  voici  comment 
il  est  amené  à  la  donner.  Reprenant  en  sous-ordre  dans  le 
Pante^i,  qui  n*est  autre  qu'un  remaniement  du  Maleki,  la 
célèbre  préface  d'Ali  ben  Abbas,  il  dit  ce  qui  suit  :  Galieu  fit 
dcd  traités  spéciaux  sur  chaque  matière  et  le  nombre  de  ses 
écrits  s'élève  à  140.  On  ne  lit  plus  guère  que  les  XVI  livres 
qui  sont  : 

Periton  hereseos  medicorum,  particula  I. 

(Le  premier  mot  donne  beaucoup  de  variantes). 

Microtegni  (le  petit  art),  I. 

Pulsuum  minores  (tractatus),  II. 

Epistola  ad  Glauconem,  II. 

De  démentis,  I. 

De  comj)lexione,  III. 

De  virtutibus  naturalibus,  III. 

De  anatomia,  Y. 

De  morbo  et  accidenti,  VI. 

Megfapulsuum,  XVI. 

De  interioribus  membris,  XV. 

Criseos,  III. 

Ymera  criseos  (des  jours  critiques),  III. 

De  febribus,  IL 

Megategiii,  XIV. 

De  regrimento  sanorum,  XII. 

Nous  allons  maintenant  prendre  chacun  de  ces  livres  en 
particulier.  Nous  donnerons  les  variantes  que  i)résentent  les 
divers  documents  quant  aux  titres  que  nous  ramènerons  aux 
titres  classiques. 

l*  Des  sectes  en  médecine. 


M 


40        UISrOIUE  DIS  Lk  MÉDECIN£   AliÂBE.   —  LIVRE   PREMIEH. 

Le  titre  de  Constantin  n'est  autre  chose  qn'une  imitation 
(lu  grec.  Cet  ouvrage  existe  à  Paris,  n*  1043,  A.  F.  sous  le 
titre  :  Des  sectes  en  médecine.  C'est  h  tort  que  Casiri  a  tra- 
duit :  De  diffcrentiis  fébrium.  Le  catalogue  de  Florence, 
n"  335,  a  rendu  par  :  De  sectis. 

2*»  Le  petit  art.  C'est  le  traité  de  Tart  médical,  Ars  medi- 
cinalis,  et  non  le  traité  de  la  constitution  de  l'art,  comme  a 
traduit  Casiri.  La  traduction  arabe  existe  à  Paris  et  à  Flo- 
rence, n'»  précités,  sous  le  titre  de  petit  art.  C'est  proba- 
blement &  Constantin  que  l'on  doit  l'introduction  du  mot 
microtegni,  qu'ont  adopté  les  arabistes. 
Aliben  Rodhouan  en  fit  un  commentaire  qui  a  été  traduit 
•  en  latin  et  plusieurs  fois  imprimé.  Dans  son  prologue,  il  dis- 
cute ce  titre  de  Petit  Art.  Honein  écrivit  une  introduction  à 
l'Art  de  Cralien,  qui  fut  aussi  traduite  et  imprimée.  Nous 
pensons  que  c'est  la  même  qui  est  à  tort  attribuée  à  Jean,  fils 
de  Sérapion,  par  le  catalogue  des  Mss.  de  Montpellier. 

3^  Du  pouls,  petit  livre  du  pouls,  du  pouls  à  Teutron, 
(Theutra),  petit  livre  du  pouls,  livre  du  pouls  aux  élèves  : 
tels  sont  les  titres  divers  de  ce  troisième  livre. 

Nous  n'avons  ainsi  *qu'un  seul  traité  spécialement  dési- 
gné, le  livre  destiné  aux  commençants,  ^itpl  twv  ^çutï^wv  toî«  ei; 
oroîxtvoi;,  mais  Constantin  divise  le  livre  en  deux  parties.  La 
seconde  ne  saurait  être  que  le  traité  de  l'usage  des  pouls, 
de  iisii  puhiium,  rtpl  xp««Ç  ççuyïawv. 

Ce  livre  se  trouve  encore  à  la  suite  des  précédents  dans  les 
Mss.  précités  de  Paris  et  de  Florence. 

4*  Livre  Ji  Glaucon,  de  la  guérison  des  maladies:  c'est  le 
livre  bien  connu  de  la  thérapeutique  à  Glaucon.  Les  listes 
arabes  indiquent  seulement  le  deuxième  livre»  ce  dont  nous 
croyons  comprendre  la  raison.  Le  premier  traite  des  fièvres 
et  ferait  double  emploi  avec  un  traité  des  fièvres  qui  figure 
dans  la  liste.  Le  Ms.  hébreu  donne  betheba  et  le  n*  1350  du 
Dritisch  Muséum  fiesm  etthabiâ^  du  nom  de  la  nature. 

Ces  quatre  livres  se  trouvent  à  la  suite  l'un  de  l'autre  dans 
le  n^  1043  de  Paris,  A»  F.  Le  Ms.  444  du  British  Muséum  les 
donne  comme  formant  une  introduction, 
o""  Les  cinq  livres  d*anatomie«  On  leur  donne  aussi  le  nom 


CE  QU*ÉTAl£Kr   LES  XVI   UVUËS.  47 

de  petits  livres  d'auatomie,  par  opposition  aux  Démoiistrci- 
tioQs  anatomiques  qui  sont  les  grands  livres.  Dans  la  liste  de 
Constantin,  dans  l'index  Ibibiiogfraphique  d'Aboulfaradj  bon 
Thaïeb  et  dans  celle  de  Jean  le  grammairien,  dans  les  deux 
Mss.  du  British  Muséum,  dans  le  n*  335de  Florence  et  dans  le 
n»  1117  du  fonds  hébreu,  ces  livres  ne  viennent  qu'en  hui- 
tième lieu. 

Wenrich,  qui  ne  savait  pas  ce  qu'étaient  les  XVI  livre:-, 
fait  suivre  la  mention  des  V  livres  d'Anatomie  de  ces  ré- 
flexions: «  In  Galeni  operibus  plura  occurrunt,  qua;  de 
anatomiâ  tractent  :  quorum  tamen  nuUum  Y  libris  absolvi- 
tur.  Quare  difficile  est  dijudicare  cuinam  operum  illorum 
liber  Arabicus  respondeat.  » 

L'ignorance  de  Wenrich  peut  s'expliquer  en  ce  qu'il  ne 
8'est  ser\'i  de  la  liste  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  qu'après  avoir 
épuisé  celles  du  Fihrist  et  du  Kitab  el  hokama.  Ebn  Abi 
Ossaïbiiih  nous  donne  le  détail  des  V  livres.  On  les  trouve 
aufifii  détaillés  dans  le  n*  1350  du  Uritish  Muséum  et  dans  le 
Ma.  335  de  Florence.  (1)  Ce  sont  les  traités  des  os,  des  mus- 
cles, des  nerfs  et  des  vaisseaux.  Les  vaisseaux  comprenant 
]£  veineslel  les  artères,  nous  avons  ainsi  un  total  de  cinci 
livre». 

0-  Des  éléments.  Quelques-uns  de  nos  documents  donnent  \    n 

le  titre  complet  :  Des  éléments  suivant  Hippocratc.  *<C 

?•  Des  tempéraments,  irs?!  xp«<ito)v.  Constantin  a  donné  De 
oomplexione,  ce  qui  répond  ix  l'arabe  Kitàb;;iél  miz&dj» 

§•  Des  propriétés  naturelles,  ?:tpl  wvaiiiwv  çtioixiov. 

9*  Des  maladies  et  des  accidents  (symptômes). 

Nous  trouvons  ici  réunis  des  traités  qui  se  suivent  mais 
sont  distincts  chez  Galien  :  des  différences  et  des  causes  des 
maladies,  des  différences  et  des  causes  des  symptômes. 

10*  Des  maladies  des  organes  internes.  Constantin  dit  sim^ 
plement  ;  De  interioribus  membris»  C'est  le  traité  vulgaire-- 
ment  connu  sous  le  titre  :  De  locis  affectis. 

(1;  Wenrich  a  fait  deux  citations  du  Ms»  de  Florence.  Page  2'iG,  il 
cite  lc«  veines  et  les  artères,  et  page  2'i8  les  os  et  les  nerfs,  auxquels 
il  joÎBl  abuaivcment  les  urines.  Nous  obsenrcrons  que  lo  livre  des 
muscles  n^cst  pas  cité  dans  lo  Ms.  de  Florence. 


48       UlSTOlIiE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.    —  LIVRE  PREMIER. 

11°  Le  grand  livre  du  pouls,  Megapuhuum,  XVI,  de  Cons- 
tantin. Le  chiffre  donné  par  Constantin  et  ce  qu'on  lit  dans 
le  Kitab  el  hokama,  que  ce  livre  est  divisé  en  quatre  parties 
et  seize  discours,  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  détermina- 
tion de  ce  livre.  Ce  sont  les  quatre  livres  connus  vulgraîre- 
ment  sous  les  titres  :  De  differentiis  pulsuum,  de  dignoscen-- 
dis  pulsibus,  de  caiisis  pulsuum,  de  prœsagiis  pulsuum. 

M.  de  Sacy,  le  premier  qui  ait  essayé,  mais  en  vain,  de 
déterminer  les  XVI  livres  de  Galien,  les  avait  reconnus  dans 
ces  quatre  traités  sur  le  pouls  qui  sont  eux-mêmes  divisés 
chacun  en  quatre  parties.  (Abdellatif,  page  491). 

12*  Des  fièvres.  C'est  le  livre  qui  porte  le  titre  :  De  diffe^ 
rentiis  febrium, 

13«  Des  crises.  De  crisibus. 

14*  Des  jours  critiques,  De  diebus  criticis. 

15°  De  l'art  de  guérir.  C'est  le  livre  connu  vulgairement 
sous  le  titre:  De  methodo  medendi.  Constantin  lui  adonné  le 
titre  Megafec/ini,  par  opposition  au  microtegni.  C'est  le  grand 
livre  de  l'Art  des  Arabes. 

10'  Du  régime  à  l'état  de  santé,  kitàb  tedbir  el  asihhà,  De 
regimento  sanorum  de  Constantin.  C'est  le  livre  connu  vul- 
gairement sous  le  titre:  De  sanitatc  tucnda. 

Tel  est  l'ensemble  des  XVI  livres. 

?^'ous  avons  déjà  vu  que  certains  d'entre  eux  n'occupent 
pas  la  même  place  dans  la  série. 

Deux  manières  se  présentent.  L'une  est  particulière  aux 
historiens  et  c'est  celle  que  nous  avons  donnée  d'après  le 
Fihrist.  L'autre  paraît  avoir  pour  type  l'ordre  adopté  par 
Jean  le  grammairien,  que  l'on  rencontre  dans  la  liste  de  ses 
écrits,  dans  le  n»  444  du  British  Muséum,  dans  les  divers 
recueils  anonymes,  dans  la  liste  de  Constantin  et  dans  celle 
des  écrits  d'Aboulfarage  ben  Thaïeb.  La  principale  diffé- 
rence porte  sur  le  rang  occupé  par  les  livres  anatomiques, 
qui  est  tantôt  le  cinquième  et  tantôt  le  huitième. 

Nous  considérons  aussi  Jean  le  grammairien  comme  l'au- 
teur des  titres  nouveaux  donnés  à  certains  livres,  tels  que 
le  petit  et  le  grand  livre  de  l'Art,  les  petits  et  les  grands 
livres  des  Pouls. 


CE  QU^ÉTÂIBKT  LES  XVI  LIVRES.  4V) 

Jean  le  Grammairien  est  aussi  l'auteur  d'une  classification 
des  XVI  livres  que  Ton  trouve  dans  le  n*  441  du  Britisli 
Muséum.  Les  quatre  premiers  sont  considérés  comme  une 
introduction  ;  les  quatre  suivants  ont  trait  aux  choses  natu- 
relles; les  six  qui  suivent  ont  trait  aux  choses  contre  na- 
ture. Le  XV*  a  pour  objet  la  conservation  des  choses  natu- 
turelles,  et  c'est  le  livre  de  la  conservation  de  la  santé.  Le 
XVI*  a  pour  objet  de  combattre  les  choses  contre  nature, 
et  c'est  le  traité  de  l'art  de  guérir. 

Nous  avons  cru  inutile  de  reproduire  nominativement 
chacun  de  ces  livres,  l'ordre  suivi  par  Constantin,  dont  nous 
avons  reproduit  la  liste,  étant  le  même  que  celui  de  Jean  le 
Grammairien.  Cet  ordre  est  aussi  le  même  que  celui  du  li- 
vre VI  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  où  l'ensemble  des  livres  est  di- 
visé en  VII  classes,  et  où  l'on  trouve  de  curieux  détails  sur 
leur  contenu  et  sur  les  autres  écrits  de  Galien  qui  leur  ser- 
vent de  complément.  Ce  passage  est  une  citation  d'Ali  ben 
Rodhouân. 


ni.  —  Les  XVI  Livres  chez  les  Arabes. 

L'histoire  des  XVI  livres  chez  les  Arabes  nous  paraît  être 
le  reflet  de  leurs  destinées  chez  les  Alexandrins.  A  ce  titre 
nous  la  considérons  comme  le  complément  obligé  de  nos 
études  précédentes.  Cette  histoire  présente  encore  un  autre 
intérêt.  Nous  serons  étonnés,  après  leur  vogue  et  les  mul- 
tiples mentions  qui  en  sont  faites,  qu'ils  aient  été  méconnus 
par  un  bon  nombre  d'orientalistes,  chez  quelques-uns  des- 
quels c'était  un  devoir  de  les  connaître  et  qui  n'avaient  qu'à 
tourner  la  page  pour  en  prendre  connaissance. 

Les  documents  qui  les  concernent  peuvent  se  ranger  en 
trois  catégories. 

!•  Les  traditions  historiques. 

2*  Les  travaux  ultérieurs  dont  ils  furent  l'objet. 

'Ji*  Les  Manuscrits  qui  nous  les  ont  conservés. 


uO       UISTOIUU   DE  LA  MÉDKCINE  A1L\BE.   —  LIVRE  PREMIER. 


!•  TRADITIONS  HISTORIQUES. 

L'attention  particulière  accordée  par  les  Arabes  aux  XVI 
livres  et  le  cas  qu'ils  en  firent,  nous  sont  attestés  par  leranç 
qu'ils  occupent  dans  les  listes  bibliographiques  de  nos  histo- 
riens. Ils  commencent  tous  les  trois  leurs  listes  des  écrits  de 
Galien  par  l'exposé  des  XVI  livres,  et,  leur  énumératîon  finie, 
ils  ajoutent:  en  outre  des  XVI  livres. 

Un  autre  témoignagfe  est  celui  de  Constantin.  Ce  per- 
sonnage d'origine  orientale  mais  mystérieuse,  qui  importa 
le  premier  la  médecine  arabe  en  Occident,  au  milieu  du 
XP  siècle  de  notre  ère,  nous  dit  dans  l'introduction  du 
Pantegui,  contrefaçon  du  Maleki  d'Ali  ben  el  Abbâs,  que  des 
nombreux  écrits  de  Galien,  on  ne  lisait  plus  guère  de  son 
temps  que  les  XVI  livres,  et  il  nous  en  donne  la  liste  que 
nous  connaissons. 

Dans  répilogue  de  son  commentaire  sur  les  questions  de 
Honein,  Ebn  Abisadeq  dit  que  les  Alexandrins  qui  firent  les 
résumés  des  XVI  livres  pour  les  élèves  de  Técole,  estimaient 
que  ces  livres  dispensaient  de  tout  autre  (101)0  A.  F.  et  1003 
du  Suppl.  de  Paris). 

2*    TRAVAUX    ULTÉRIEURS. 

Honein  traduisit  la  majorité  des  XVI  livres.  Hobeïch  en  tra- 
duisit trois  ou  quatre.  Indépendamment  de  ces  traductions, 
le  !!•  1350  du  British  Muséum  le  donne  comme  traducteur  du 
Recueil.  De  plus  le  Kitab  el  hokama  dit  qu'il  réduisit  les 
XVI  livres  et  les  rédig'ea  par  demandes  et  par  réponses. 

Vers  le  milieu  du  dixième  siècle,  Ebn  Abîl  Achats,  profon- 
dément versé  dans  la  connaissance  des  œuvres  de  Galien^ 
s'occupa  des  XVI  livres  et  eu  arrêta  les  divisions  et  les 
subdivisions.  Ebn  Abi  Ossaïbiah  cite  ses  commentaires  sur 
les  livres  des  sectes  et  des  fièvres.  Le  n*  087  du  supplément 
de  Paris  contient  ceux  des  éléments  et  dos  tempéraments. 

Un  siècle  plus  tard,  Aboulfaradj  ben  Thaïeb  commenta  le 


LBg  XVI  LIVRK8  CHEZ  LBS   ARABES.  51 

Recueil  complet  et  fit  de  plus  un  Fruit  des  XVI  livres,  au- 
trement un  résumé. 

Les  commentateurs  de  Galien  furent  nombreux  chez  les 
Arabes.  Ceux  qui  embrassèrent  un  certain  nombre  d'ouvra- 
ges s*âdressèrent  particulièrement  aux  XVI  livres  et  con- 
servèrent les  dénominations  consacrées  dans  le  Recueil. 
Nous  citerons  entre  autre  Ebn  el  Heitsam  et  Ali  ben 
Kodhonan. 

Le  commentaire  d'Ali  ben  llodhouan  sur  le  Petit  Art  fut 
traduit  en  latin  et  jouit  d'une  certaine  vo^e  au  moyen-âge. 
Il  foi  de  plus  imprimé.  Au  XII*  eiècle,  Aboul  Fadlel  Molian- 
des  étudiait  les  XVI  livres,  à  l'école  d' Aboul  Medjcd. 

Au  XIII*  siècle  on  s'occupait  encore  des  XVI  livres. 

Maimonides  en  fit  des  résumés,  ainsi  que  de  cinq  autres 
livres  de  Oalien. 

Rechid  eddin  ben  Khalifa,  oncle  de  riiistorien  de  la  méde- 
cine Ebn  Abi  Ossaïbiah,  commençait  à  la  même  époque  ses 
études  médicales  par  la  lecture  des  XVI  livres. 


s»   MANUSCRITS. 

Ilanuscrits  arabes. 

Le  n*  444  du  Britisli  Muséum  contient  un  sommaire  des 
XVI  livres  par  Jean  le  Grammairien.  Nous  avons  déjà  dit 
que  les  XVI  livres  sont  classés  par  catégories. 

Le  n*  1330  contient  une  partie  du  Recueil  des  XVI  livres 
arrangée  pour  l'enseignement  par  les  Alexandrins.  Ce  sont 
les  yin  premiers  livres*  Dans  ce  Ms.  sont  donnés  nominati- 
vement les  traités  qui  composent  le  livre  de  l'Anatomie. 

Le  n*  335  de  Florence,  sous  le  titre  Galeniopuscula  quœdam 
medica^  contient  treize  ou  quatorze  livres  sur  XVI.  Nous 
disons  treize  ou  quatorze,  les  deux  livres  des  pouls  étant 
représentés  par  une  seule  mention:  depulsibus.  Les  deux  au- 
tres manquants  sont  le  Petit  Art  et  le  livre  à  Glaucon.  On 
trouve  aussi  détaillés  les  écrits  d'anatomie.  Deux  traités 
étrangers  aux  XVI  livres:  Des  urines  et  du  marasme,  se 
trouvent  intercalés. 


52       HISTOIRE  DK  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  PREMIER. 

Le  11**  1043  de  Paris,  ancien  fonds,  contient  insciemment, 
les  quatre  premiers  livres,  dans  l'ordre  où  ils  sont  habituel- 
lement disposés. 

Le  Fruit  des  XVI  livres,  peut-être  celui  d'Ebn  Abil  Achats* 
se  trouve  k  Constantinople  dans  la  bibliothèque  de  Koprili 
Zadeh.  (Fluegel,  Hadji  Khalfa,  tome  VU). 

Manuscrits  hébreux. 

Le  n*  1117  du  fonds  hébreu  de  Paris  contient  XIV  des 
XVI  livres  distribués  à  peu  de  chose  près  suivant  Tordre 
de  Constantin.  De  même  que  dans  le  Ms.  de  Florence,  on 
trouve  intercalés  les  livres  des  urines  et  du  marasme  ;  mais 
le  traducteur  a  soin  d'avertir  que  ces  deux  livres  ne  font 
pas  partie  du  Recueil  des  résumés  de  Galien.  Le  caractère 
de  ces  livres  est  encore  accusé  par  ce  titre  :  Résumé  de  l'ou- 
vrag'e  de  Galien  sur  les  éléments,  par  les  Alexandrins, 
lelaleksandriin. 

La  traduction  hébraïque  s'est  faite  en  1322. 

Le  n*  1118  contient  X  livres  sur  XVI;  les  dix  derniers, 
moins  le  grand  livre  du  Pouls.  A  la  fin  du  livre  de  la  con- 
servation de  la  santé  on  lit:  Par  là  se  termine  la  totalité 
des  résumés  des  Alexandrins. 

Le  n®  1203  contient  en  arabe  et  en  caractères  hébraïques 
les  trois  derniers  des  XVI  livres  commentés  par  Maimc^- 
des,  c'est-à-dire  les  traités  de  febribus,  de  sanitate  tuenda^de 
methodo  medendi. 

La  Bibliothèque  de  Vienne  possède  aussi  les  XVI  livres 
traduits  en  hébreu.  (1) 

Nous  n'avons  pas  poussé  plus  loin  nos  investigations. 

Nous  aurions  probablement  découvert  d'autres  Mss.  des 
XVI  livres  ;  mais  nous  pensons  que  l'exposition  que  nous  en 
avons  fait«  suffit  pour  établir  leur  importance.  On  pourra 
s'étonner  aussi  qu'ils  aient  été  méconnus  par  les  écrivains 
dont  nous  allons  parler. 

(1)  Signalons  une  mcpriso  do  Lambeccius,  qui  a  pris  Uonoin  pour 
Tautour  de  la  traduction  hébraïque.  Ajoutons  que  les  traités  des 
urines  et  du  marasme  se  trouvent  aussi  intercalés. 


Ltg  XVI  LIVIIBS  CHEZ   LES  ÉCRIVAINS  M0OBRNB8.  53 


IV.  —  Les  XVI  Livres  chez  les  Écrivains  modernes. 

Malgré  la  masse  considérable  de  documenta  que  noua  ve- 
nons de  produire,  beaucoup  d'orientalistes  sont  passés  à  coté 
des  XVI  livres  sans  les  reconnaître.  Nous  avons  cru  qu'il 
était  iutéres.sant  de  signaler  ces  méprises,  dont  quelques- 
unes  sont  véritablement  inconcevables. 

Casiri  n'a  pas  reconnu  les  XVI  livres  en  tète  de  la  notice 
de  Galien  qu'il  donne  d'après  le  Kitab  el  hokama,  qu'il  ap- 
pelle Bibliotheca  philosophorum. 

Nous  igrnorons  si  c'est  la  faute  de  son  Ms.  que  nous  avons 
OQblié  de  consulter  à  cet  endroit  lors  de  notre  voyage  à 
I^Escurial.  D'autre  part  nous  avons  constaté  bien  des  étour- 
deries  de  Casiri.  C'est  ainsi  qu'il  n'a  pas  reconnu  la  para- 
phrase du  Tableau  de  Cébès  par  Âboulfaradj  ben  Thaïeb  dans 
son  n*  883  aujourd'hui  888.  Il  n'a  pas  non  plus  reconnu  les 
XVI  livres  dans  la  notice  de  Maimonides. 

Il  rend  ainsi  ce  passage  :  Galeni  libres  XXI  in  epitomem 
coQtractos  libris  XVI  comprehendit.  Son  texte  est  fautif 
dans  la  fin  de  cette  proposition. 

n  iSsut  lire  ainsi  la  fin  : 

c  II  fit  des  abrégés  de  21  livres  de  Galien,  c'est-à-dire  de 
mnq  en  tus  des  XVI  livres.  » 

Nous  sommes  étonné  que  M.  de  Sacy  n'ait  pas  rectifié  ce 
teste  dans  son  Abdellatif,  page  491. 

Mtink,  dans  sa  notice  de  Maimonides  insérée  dans  le  Dic- 
tionnaire des  sciences  philosophiques,  mentionne  l'abrégé 
dea  XVI  livres  de  Galien  que  les  médecins  arabes  prenaient 
pour  guides  de  leurs  études,  mais  il  ignore  quels  sont  ces 
livres. 

Carmoly,  dans  son  Histoire  des  médecins  Juifs,  n'en  sait 
pas  davantage  et  s'en  réfère  &  l'Abdellatif  de  M.  de  Sacy. 

M.  Kabbinowicz,  dans  son  index  bibliographique  de  Mai- 
monides, placé  en  tète  de  sa  traduction  du  livre  des  Poisons, 
ne  fait  aucune  mention  de  l'abrégé  des  XVI  livres. 

L*anteur  «lu   o:italo?ue  du   Britis^   Muséum  oonn  lît  ^*^^ 


54       HiSTOmS  DB  LA   MÉDECINE  ARABB.   —  LIVRE  PREMIER. 

XVI  livres  et  nous  dit  même  que  leur  rédaction  était  faite 
avant  Tannée  1190,  mais  il  n'a  pas  connu  le  contenu  du  re- 
cueil. 

Les  quatre  derniers  auteurs  que  nous  venons  de  citer  étant 
coreligionnaires  de  Maimonides,  on  est  en  droit  de  conclure 
que  les  documents  hébraïques  ne  sont  pas  très  explicites  h 
l'endroit  des  compositions  médicales  de  Maimonides,  le  pre- 
mier et  le  dernier  surtout  étant  des  érudits  de  premier 
ordre. 

Nous  avons  déjà  dit  que  l'illustre  de  Sacy  avait  cru  re- 
connaître les  XYI  livres  dans  ce  que  les  Arabes  appellent 
le  grand  livre  du  Pouls,  recueil  de  quatre  ouvrages  de  Ga- 
lien  relatifs  au  pouls  et  contenant  chacun  quatre  chapitres. 

Wûstenfeld,  dans  son  histoire  des  médecins  arabes,  n*a 
pas  parlé  une  seule  fois  des  XYI  livres  à  propos  des  auteurs 
qui  les  ont  traduits,  abrégées,  commentés  ou  réduits  à  leur 
forme  définitive.  Cependant  Wttstenfeld  opérait  d'après  Ebn 
Abi  Ossaïbiah  ;  mais  bien  souvent  il  n'y  a  recours  qu'après 
avoir  fait  usage  de  la  Bibliotheca  philosophorum  de  Gasiri, 
ce  qui  l'induit  plus  d'une  fois  en  erreur  ou  lui  fait  commet- 
tre des  répétitions. 

Los  méprises  de  Wenrich  sont  encore  plus  inconcevables, 
en  raison  de  la  nature  de  son  travail  et  des  documents  qu'il 
avait  en  plus  que  Wttstenfeld.  Nous  avons  déjà  cité  son  pas- 
sage relatif  au  petit  recueil  d'anatomie.  Voici  ce  qu'il  dit  à 
propos  des  abrégés  de  Maimonides  :  »  Galeni  libros  XXI  a 
Mose  ben  Mimoun  in  compendium  redactos,  librisque  XVI 
comprehensos  fuisse  tradit  Djemaleddinus  ;  neque  tamen, 
quinamilli  fuerintlibri,  diserte  memorat.  »  (Page  272). 

Ailleurs,  page  260,  il  considère  le  petit  livre  des  pouls 
comme  un  abrégé  du  grand  livre. 

En  un  mot,  les  XVI  livres  lui  sont  complètement  in- 
connus. 

On  ne  comprend  pas  comment  les  citations  si  nombreuses 
des  XVI  livres  que  nous  avons  mises  en  relief  n'ont  pas 
crevé  les  yeux  à  Wenrich,  quand  on  le  voit  citer  incessam- 
ment Mohammed  ben  Ishaq,  Djemaleddin  el  Kofthy  et  Ebn 
Abi  Ossaïbiali.  Il  faut  bien  ndmettre  qu'à  l'instar  de  Wfts- 


LBf  XVI  UVaSfl  CHEZ  LES  ÉCRIVAINS  MODERNBS.  r>5 

tenfeld  il  opérait  autant  que  possible  sur  Casiri,  au  lieu  d'al- 
ler prendre  directement  tous  ses  renseignements  dans  les 
originaux  qu'il  avait  en  main. 

Dans  son  travail  sur  le  Zàdel  Moçafir  d'Ebn  Eddjezzar,  à 
propos  des  attributions  indûment  faites  à  Constantin  et  parti- 
ealièrement  du  Pantegni,  M.  Daremberfir  reproduit  d'après 
Constantin  la  liste  des  XY I  livres  et  dit  en  note  : 

«  Cette  énumération  fort  intéressante  pour  connaître  l'é- 
tat des  études  médicales  du  temps  de  Constantin  manque 
dans  Ali  Abbas  :  il  me  faudrait  plus  de  temps  et  d'espace 
que  je  n'en  ai  aujourd'hui  pour  la  commenter  dans  tous  ses 
détails  ou  pour  la  rectifier  dans  certains  points.  > 

On  voit  que  M.  Daremberg:  s'est  mépris  à  l'endroit  des 
XVI  livres  qu'il  rattache  &  l'époque  de  Constantin.  En  eût- 
il  abordé  la  discussion,  étrangler  qu'il  était  aux  sources  ara- 
bes, il  eût  infailliblement  échoué,  quand  nous  voyons  tant 
d'orientalistes  passer  à  côté  de  la  question. 

Il  y  avait  cependant  un  siècle  et  demi  qu'on  pouvait  lire 
dans^reiipd,  qai  avait  reçu  des  traductions  partielles  de  Sa- 
lomon  Negrri  :  >  Abi  Osbaia,le  biogrraphe  arabe,  fait  mention 
de  sept  médecins  d'Alexandrie,  entre  lesquels  Etienne  est 
Ton  de  ceux  qui  ont  rédigé  les  œuvres  de  Galien  en  16  li- 
vrea,  et  qui,  selon  les  différents  sujets,  les  ont  encore  divisés 
en  aept  classes.  11  ajoute  que  lire  ces  livres  était  leur  unique 
étode,  et  qu'ils  faisaient  aussi  leur  unique  occupation  de  les 
commenter  et  de  les  expliquer  à  leurs  auditeurs.  >  Traduc- 
tion française,  II,  400. 

Il  n'entre  pas  dans  notre  sujet  de  faire  l'histoire  des  der- 
niers médecins  de  l'école  d'Alexandrie.  Nous  aurons,  du 
reste,  plus  tard  l'occasion  d'en  dire  quelques  mots,  à  propos 
des  traductions  qui  furent  faites  de  leurs  œuvres.  Nous  ré- 
servons la  notice  d'Aliroun  pour  la  placer  à  côté  de  celle 
de  son  traducteur  en  langue  arabe. 

Cependant  il  est  un  homme  que  nous  ne  saurions  passer 
sous  silence,  par  la  raison  que  son  nom  reste  inséparable 
d'an  événement  dont  nous  allons  parler,  l'incendie  de  la 
Bibliothèque  d'Alexandrie,  et  cet  homme  est  Jean  le  Gram- 
mairien, autrement  dit  Jean  Philoponus. 


u 


50       niSTOIRB  DE  LA   MénROfNE   AR\BE.   r—  LIVRB  PREMIER. 


Jean  le  Grammairien  et  la  Bibliothèque  d'Alexandrie. 


Un  des  évèmements  qui  ont  fait  le  plus  de  bruit  dans  Vhinr 
toire  et  qui  ont  été  le  plus  contestés  est  l'incendie  do  la  Bi- 
bliothèque d'Alexandrie  par  les  Arabes.  D'autre  part  une 
des  existences  contemporaines  de  cet  événement  les  plus 
curieuses  et  les  moins  connues  est  celle  de  Jean  le  Gram- 
mairien, autrement  dit  Philoponus. 

Nous  allons  nous  occuper  de  l'un  et  de  l'autre  dans  les 
limites  que  comporte  notre  travail  et  mettre  au  jour  des  do- 
cuments inédits  tirés  des  écrivains  arabes. 

L'historien  des  Dynasties,  Aboulfarag'e,  a  passé  jusqu'à 
présent  pour  le  premier  ou  le  seul  auteur  qui  ait  raconté,  du 
moins  formellement  et  m  extenso,  l'incendie  de  la  Biblio- 
thèque d'Alexandrie  par  les  Arabes.  Tel  est  son  récit  : 

c  Jean  le  Grammairien  vécut  jusqu'il  la  prise  d'Alexandrie 
par  Amrou  ben  el  Aas.  Celui-ci  ayant  reconnu  son  mérite 
et  sa  science  le  tint  en  considération.  Il  aimait  h  s'entretenir 
avec  lui  de  philosophie,  chose  nouvelle  pour  les  Arabes. 
Or  Amrou  était  un  homme  intelligent  et  d'une  conception 
facile.  Jean  lui  dit  un  jour  :  Tu  as  inspecté  tous  les  édifices 
d'Alexandrie  et  mis  sous  le  séquestre  tout  ce  qu'ils  renfer- 
ment. Je  n'ai  rien  à  dire  des  choses  qui  te  conviennent, 
mais  il  en  est  qui  sont  sans  utilité  pour  vous  et  qui  en  ont 
pour  nous.  —  Quels  sont  ces  objets,  dit  Amrou  ?  —  Ce  sont, 
répondit  Jean,  les  ouvrages  de  philosophie  qui  se  trouvent 
dans  les  Bibliothèques  de  l'État.  —  Je  n'en  puis  disposer, 
répondit  Amrou,  sans  un  ordre  du  prince  des  croyans,  Omar 
l)en  Khattab. 

«  La  demande  de  Jean  fut  transmise  h  Omar,  qui  répondit: 
Quant  aux  livres  dont  tu  as  parlé,  si  ce  qu'ils  contiennent 
est  conforme  au  livre  de  Dieu,  le  livre  de  Dieu  nous  sujffit  : 
si  au  contraire  il  est  contraire  au  livre  de  Dieu,  nous  n'en 
avons  que  faire,  il  faut  les  détruire.  En  conséquence  Amrou 
lit  (listribuor  los  livres  aux  bains  d'Alexandrie  pour  allumer 


LA  BIBLIOTHÈQUE  d'aLEXANDBI£.  57 

le  feu  et  Ton  en  brûla  pendant  six  mois.  Apprenez  ce  qui 
s*est  paâsé  et  soyez  stupéfaits  !  > 

A  ce  récit  on  a  objecté  qu'il  ne  se  rencontrait  que  dans 
Aboulfaragre,  et  nullement  dans  les  écrivains  arabes  ;  puis 
on  est  allé  jusqu'à  supposer  qu'Aboulfarage,  en  sa  qualité 
d'évêque,  aurait  bien  pu  l'inventer  de  toute  pièce  pour  cliar- 
ger  la  mémoire  des  Arabes  d'un  fait  odieux. 

A  cette  dernière  imputation  nous  pouvons  répondre  qu'A- 
boalfaragre  écrivit  ses  Dynasties  avec  assez  d'impartialité 
pour  mériter  l'estime  des. Musulmans.  Pocock  en  donne  une 
preuve  entre  autres,  à  savoir  quelques  lignes  qui  terminent 
un  exemplaire  de  ce  livre  et  qu'il  croit  de  la  main  d'Ebn 
Khallican  : 

«  L'auteur  de  ce  livre  était  un  homme  qui  avait  beaucoup 
lu,  qui  s'était  appliqué  avec  fruit  à  l'étude  de  sciences  va- 
riées, qui  avait  acquis  dans  la  médecine  une  si  rare  habileté 
qu'on  venait  des  contrées  de  l'Occident  pour  le  consulter  : 
bien  qu'il  fut  chrétien,  il  compta  parmi  ses  élèves  un  gTB,ud 
nombre  d'hommes  distingués  d'entre  les  Musulmans.  » 

Un  lit  encore  qu'il  passait  pour  s'être  fait  Musulman  dans 
ses  vieux  jours,  ce  qui  de  la  part  d'un  écrivain  musulman 
semble  vouloir  dire  qu'il  ne  lui  manquait  pour  être  parfait 
que  d'avoir  embrassé  l'Islamisme. 

Quant  à  la  première  objection,  nous  répondrons  avec 
M.  de  Sacy  (1)  que  l'incendie  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie 
par  les  Arabes,  bien  qu'il  ne  soit  pas  raconté  avec  les  mêmes 
détails,  n'en  est  pas  moins  relaté  sommairement  par  un 
écrivain  arabe  d'une  grande  valeur,  Abdellatif,  qui  dit  for- 
mellement que  Amrou  ben  el  Aas  brûla  la  bibliothèque  d'A- 
lexandrie avec  la  permission  d'Omar,  et  nous  ajouterons 
que  Abdellatif  était  antérieur  à  Aboulfarage,  attendu  qu'il 
mourut  en  1231. 

Nous  apprenons  d'Ebn  Khaldoun,  éminent  et  grave  histo- 
rien, que  des  faits  identiques  se  passèrent  en  Perse  &  projios 
des  livres  des  Mages.  Une  lettre  fut  pareillement  adressée  au 
Khalife  Omar  et  la  réponse  fut  faite  dans  les  mêmes  termes. 

'r  Relation  rlo  l'Epripte.  2'<0. 


58       mSTOIBB  DB  t4  UÈDKCIMZ  ARàSE.  •—  UTEB  PBBMIBR. 

Enfin  Makrizy  et  Hadji  Khalfa  rapportent  que  des  biblio- 
thèques furent  brûlées  par  les  Arabes  aux  premiers  temps 
de  l'Islamisme, 

Nous  concluerons,  avec  M.  de  Sacy,  que  les  témoi^ages 
plus  ou  moins  explicites  que  nous  venons  de  produire,  inva- 
lident l'objection  faite  contre  le  récit  d'Aboulfarage, 

Mais  il  y  a  plus,  et  nous  pensons  qu'il  ne  restera  plus  rien 
de  cette  objection  quand  nous  aurons  dit  ceci  :  Le  récit  d'A- 
boulfarage  est  emprunté  de  toute  pièce  et  littéralement  au 
Kitab  el  hokama  de  DJemaleddin. 

Nous  avons  constaté  cet  emprunt  tant  dans  l'exemplaire 
de  Paris,  n*  672  du  supplément  145,  que  dans  l'exemplaire 
de  l'Escurial,  n'  1T78,  qui  n'est  autre  que  la  Bibliotheca  phi-- 
loMphorum  de  Gasiri,  d'où  il  a  tiré  tant  de  notices. 

Nous  disons  que  l'emprunt  est  fait  de  toute  pièce,  car  on  y 
rencontre  aussi  l'exclamation  finale  :  Apprenez  ce  qui  s'est 
passé  et  soyez  stupéfaits  !  exclamation  qui  ne  saurait  nous 
étonner  dans  la  bouche  de  Djemaleddin,  l'illustre  et  pas- 
sionné bibliophile. 

Nous  aurons  plus  tard  à  revenir  gur  ces  emprunts  d' Aboul- 
faragre  au  Kitab  el  hokama,  emprunts  ignorés  de  Casiri,  re- 
connus seulement  dans  ces  derniers  temps,  et  qui  se  mon- 
tent h  une  centaine  de  notices.  On  s'étonnera  moins  du  si- 
lence d'Aboulfarage  sur  Torig-ine  de  ces  emprunts,  meAgré 
qu'il  ait  parlé  deux  ou  trois  fois  de  l'auteur,  si  l'on  se  rap- 
pelle que  c'est  là  un  procédé  assez  répandu  chez  les 
Arabes. 

Ce  passage  est  extrait  de  la  biographie  de  Jean  le  Grammai* 
rien,  lahya  Ennahouy,  que  personne  jusqu'à  nous  ne  paraît 
encore  avoir  consultée.  Ce  n'en  est  pas  moins  une  des  noti* 
ces  les  plus  longues  et  les  plus  intéressantes  du  Kitab  el  ho- 
kama, et  elle  fournit  de  curieux  renseignements,  que  nous 
mettrons  bientôt  à  contribution,  sur  la  personne  de  Jean  le 
Grammairien,  dont  la  biographie  nous  paraît  encore  à  faire. 

Aboulfarage  n'a  reproduit  qu'un  fragment  de  cette  notice, 
où  l'on  trouve  encore  des  renseignements  plus  ou  moins 
conformes  à  la  tradition  classique  sur  rancienne  bibliothè- 
que de»  Ptolémées.  Djemaleddin  les  avait  puisés  dans    le 


J£AN  LS  ORAMICAIBUSN.  59 

Fihridt  de  Mohammed  ben  bhaq,  et  c'est  là  aussi  qu'a  puisé 
l*historiea  des  médecins,  Ebn  Âbi  Ossalbiah. 

Il  faut  remarquer  cependant  que  Mohammed  ben  Ishaq  et 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  ne  parlent  pas  de  l'incendie  de  la  Biblio- 
thèque d'Alexandrie  par  les  Arabes. 

Djemaleddin  puisart-ii  à  d'autres  sources  que  connut  sans 
doute  Abdellatif,  qui  mentionne  le  fiait  sommairement?  ou 
bien  le  silence  des  deux  écrivains  précités  fut-il  commandé 
par  un  sentiment  de  pudeur  nationale  qui  ne  put  retenir  la 
plume  de  notre  bibliophile? 

Les  études  orientales  élargissent  incessamment  leur  cadre 
et  défrichent  tous  les  jours  des  terrains  inexplorés.  On  peut 
espérer  que  de  nouvelles  lumières  viendront  éclairer  ces 
questions.  Quoi  qu'il  en  soit,  historien  impartial  de  l'école 
arabe,  nous  avons  dit  tout  ce  qui  est  à  sa  charge  comme  tout 
ce  qui  est  à  sa  louange. 

Pour  nous  résumer,  nous  diront  avec  M.  Matter  (1)  que 
l'existence  et  l'incendie  d'une  bibliothèque  dans  Alexandrie, 
au  temps  d'Omar,  est  un  fait  à  rétablir  dans  l'histoire. 

La  personnalité  de  Jean  le  Grammairien  fut  aussi  l'objet 
de  controverses.  On  a  contesté  que  Philoponus  ait  pu  vivre 
jusqu'à  l'arrivée  des  Arabes  devant  Alexandrie.  A  cela  nous 
répoudrons  avec  M.  Matter  que  l'on  a  confondu  Jean  Philo- 
ponus avec  un  autre  Jean  qui  fut  l'auteur  de  l'hérésie  des 
Trithéi.stes.  Certains  documents  arabes  semblent  avoir  fiait 
la  même  confusion. 

Quant  à  l'identité  de  Jean  le  Grammairien  des  Arabes 
avec  Jean  Philoponus  elle  ne  saurait  être  mise  en  doute. 
Les  Arabes  connurent  ce  surnom  de  Philoponus  et  même  ils 
en  connurent  l'étymologie.  De  plus  l'énumération  qu'ils  font 
de  ses  ouvrages  concorde  avec  ce  que  l'on  sait  d'ailleurs. 
Les  renseignements  copieux  qu'ils  nous  donnent  fourniraient 
la  matière  d'une  intéressante  biographie. 

Je^n  fut  d'abord  batelier.  Il  transportait  les  habitués  de 
l'école  située  dans  une  ilc  d'Alexandrie.  Leurs  entretiens  lui 
donnèrent  le  goftt  de  la  science.  Il  avait  alors  quarante  ans. 

a^  Histoire  do  rRcole  d'Alexnndrie,  I.  342. 


m       MIITi'OlHK  UU  Uh  U^.OtUnilE  ARABB.  —  LITIIB  PRBlflEB. 

Il  11*1111  vitiiillt  ))fiM  inoInH  Ha  barque  et  se  mit  à  suivre  les 
l'ouprt  Mt  ilnvint  liil-tnAme  un  savant.  Ses  travaux  se  dirigè- 
nml  pi*ln(*i|»iilMm«nt  vers  Aristote. 

Oii  \imi  lirn  <lanH  Kbn  Abi  Ossalfbiah  la  liste  de  ses  corn- 
iiioiitiilrt«rt  ni  loH  rotrouvor  dans  la  Bibliothèque  de  Fabricius. 
Non  ootiuiioiiliilrn  Hur  la  ithysiquo  ne  comprenait  pas  moins 
«lo  <ll\  vt)luinoii  (it  DJemaloddin,  dans  le  Kitab  el  hokama, 
\u\\\^  Hp|»r<MMl  ((uMI  fut  on  sa  posseseion.  Dans  cet  écrit,  il 
uuUM  \\\\\\w  la  (lato  do  Ha  composition,  Tannée  343  de  l'ère 
do  IMooUNlion,  oo  qui  nous  roporte  en  Tannée  626  de  Tère 
oUis^tiouuo.  njoumloddlu  i\jouto:  Il  s'est  donc  écoulé  plus 
do  tis^U  hIiVIom  tlopuU  hvMx  jusqu^à  nous  et  il  pandt  qu'il 
\\M\M  «H^t  ouvrHtft>  dauH  m  jouueâse.  Jean  fournit  donc  une 

A  oAW  dt^^  \H\uuw^ulalr^.^  «ur  Arîsiote  il  faut  citer  en- 
osv^^  sM^  ^^f^UMltou  do  l^iwlu^  que  Ujesudeddin  possédait 
d^^A  «M^  hiNMU<^uo;  M^  iHxmm^ulaiivs  sur  Pdiphvre,  sur 
Usa*  \^^  ^KvNw  d^^  l^iH«^^v^^  <»u\ 

\^^^  «\\x^  sU^jf^  \VMrt^  d^  $l^$  cvUttUMutaii»  sor  les  XYI 
U\^.và  sKs  \^)u^i  U  ifm  iKl  ^u$À  $ur  le«  lim»  île  ITsi^e  des 
^s^H^>ïV.  H^^  t»  tVn^^i^  ^K^l*  :^ii^nM^e(  u  ècriTif  mi  traité 
x^v^k.^'^^^Mfei.  ^Vi^  ï^^  lf^>^x>^  v"^ît^  .&*»  W  0^-tcè%«it  de  Ru^ 

U  ^l'^tWl  ^''^Mfi^  Mt  \*^  4Ui^^<^  ^  ^  3»4ic»e  ec  Bd»  M»- 


\r^;y<ilN4td(M  t>MiJN»w^mi^       Lw 


PREMlÈliES  1KADUC1I0K8.    LES  ALCBIMJSTkS.  01 

Un  autre  médecin  qui  nous  est  donné  comme  enseignant  la 
médecine,  se  fit  musulman  et  s'attacha  à  la  personne  d*Omar. 

La  science  grecque,  qui  avait  déjà  séduit  Âmrou,  fit  bien- 
tôt une  conquête  encore  plus  importante  et  plus  féconde, 
celle  d*un  prétendant  au  Khalifat,  Khaled  ben  Yezid. 

Lsk  passion  de  Klialed  ne  fut  pas  une  admiration  stérile. 
Désirant  entrer  en  possession  de  la  science  grecque,  il  invita 
les  derniers  savants  qui  se  trouvaient  encore  dans  Alexandrie 
à  traduire  les  livres  des  Grecs  en  arabe.  Mais  que  ce  fut  par 
le  fait  de  ces  savants  ou  par  le  fait  de  Khaled,  ces  traductions 
qui  s'adressèrent  aussi  aux  ouvrages  d'astronomie  et  de  mé- 
decine, embrassèrent  plus  particulièrement  les  ouvrages 
d*alchimie.  Ces  deux  causes  furent  sans  doute  enjeu,  attendu 
que  nous  voyons  d'une  part  celui  de  ces  traducteurs  qui 
nous  est  désigné  nominativement,  compter  parmi  les  adeptes 
de  l'art,  et  que  d'autre  part  nous  voyons  Khaled  provoquer 
aasû  des  traductions  de  la  langue  du  pays,  cette  terre  clas- 
cdque  delà  science  hermétique. 

L'alchimie,  chez  les  Arabes,  est  un  legs  direct  et  immédiat 
de  l'école  d'Alexandrie.  Ce  sont  ses  derniers  savants  qui 
l'ont  importée  chez  les  Arabes  où  elle  produisit  des  fruits  sou- 
dains et  merveilleux.  Les  études  hermétiques  marquent  le 
premier  éveil  de  la  pensée  arabe  et  ce  fut  par  son  côté  le 
plus  faible  qu'ils  ont  attaqué  la  science  antique. 

Chose  étrange!  nous  voyons  tout  d'abord  deux  grands 
personnages  appartenant  aux  familles  qui  se  disputaient 
l'empire,  un  Ommaide,  un  Khalife  désigné,  Khaled  ben 
Yezid  ;  un  Alide,  un  Imam,  Djafar  es  Sadiq,  se  passionner 
pour  l'alchimie,  et  le  dernier  former  comme  élève  le  fameux 
Géber  qui  en  est  resté  la  plus  haute  expression. 

Le  cachet  original  des  origines  de  l'alchimie  chez  les  Arabes 
n'a  pas  encore  été  remarqué.  Des  noms  légèrement  altérés 
dans  les  tra<luctions  latines  et  qu'un  peu  d'attention  suffisait 
pour  restituer  et  rétablir  ii  leur  place,  ont  été  méconnus. 
Les  créateurs  de  l'alchimie  chez  les  Arabes  ont  été  rajeunis 
de  trois  siècles  et  transportés  bien  loin  après  leurs  disciples. 
C*est  ainsi  que  les  historiens  de  l'alchimie  ont  méconnu  la 
filiation  des  faits  et  sont  allés  chercher  des  origines  fabu- 


02       UISTOIRB  DE  Lk  HÈD&ClHE  AliABK,  —  UVRE  PB&MIEK. 

leuses  à  Byzance,  tandis  qu'il  fallait  rester  sur  le  sol 
d'Alexandrie. 

Si  de  telles  erreurs  se  comprennent  chez  Tauteur  de  V Al- 
chimie et  les  AlchimisteSf  elles  se  comprennent  moins  chez 
Tauteur  de  l'Histoire  de  la  chimie,  qui  nous  a  donné  de 
bonnes  études  sur  les  alchimistes  grecs  et  qui  paraît  avoir 
une  porte  ouverte  sur  l'Orient. 

On  sait  que  l'Egypte  est  le  berceau  de  l'alchimie  et  la  pa- 
trie d'Hermès,  qui  donna  son  nom  k  la  science.  Elle  ne  cessait 
d'y  être  cultivée,  au  point  que  Dioclétien  en  prit  ombrage 
et  craignit  que  les  ressources  qu'elle  pouvait  créer  ne 
fournissent  des  armes  à  la  révolte.  Ces  traditions  se  main- 
tinrent pendant  toute  la  durée  de  l'école  et  nous  allons  les 
voir  représentées  par  ses  derniers  savants,  qui  les  transmi- 
rent aux  Arabes. 

Toujours  vivaces,  comme  nous  allons  le  voir,  elles  grandi- 
rent subitement  sous  l'impulsion  de  Khaled  et  atteigniieat 
bientôt  leur  apogée  dans  la  personne  de  Oéber. 

ADFAR    ET    MORIENUS. 

Voici  en  résumé  ce  qu'on  lit  dans  un  opuscule  intitulé  : 
Liber  de  composione  Alchemiœ,  quem  cdidit  Morienus  ro- 
mxinus  Calid  régi  ^gyptiorum,  et  qui  fut  traduit  de  l'arabe 
en  latin  sur  la  fin  du  XU*  siècle. 

Il  y  avait  à  Alexandrie  un  philosophe  chrétien,  du  nom 
d'Adfar,  qui  avait  consacré  de  longues  années  à  étudier  le 
livre  d'Hermès,  et  dont  la  renommée  s'était  répandue  jusqu'à 
Rome. 

Un  jeune  romain,  du  nom  de  Morienus,  en  a^^ant  entendu 
parler,  quitta  sa  famille  et  se  rendit  ii  Alexandrie,  où  il  de- 
vint le  disciple  d'Adfar  qui  lui  révéla  tous  ses  secrets.  Quel- 
ques années  après,  Adfar  étant  mort,  l'Egypte  était  gouvernée 
par  Macoya.  Celui-ci  fut  remplacé  par  son  fils  Geztd,  qui  le 
fut  par  son  fils  Calid.  Or  Calid  était  un  prince  passionné 
pour  la  science.  Il  entretenait  plusieurs  savants  et  philoso- 
phes desquels  il  espérait  apprendre  la  doctrine  d'Hermès  et 


ADFAR  ET   MORIENUS.  03 

imrticulièrement  Texplication  du  livre  d'Adfar.  Morienus, 
qui  s'était  retiré,  à  la  mort  d'Adfar,  dans  un  ermitage  près 
de  Jérusalem,  entendit  parler  de  Calid  et  vint  le  trouver  à 
deux  reprises.  Morienus  nous  a  laissé  le  récit  de  son  entre- 
tien avec  Calid  dans  un  opuscule  qui  fait  suite  au  premier. 
n  nous  apprend  qu'il  se  retira  dans  la  solitude  quatre  années 
après  la  mort  dui  roi  Hercule,  c'est-ènlire  de  l'empereur 
Héraclius,  ce  qui  lui  suppose  une  longue  existence. 

Nous  sommes  étonné  que  dans  Calid,  fils  de  Gezid,  fils  de 
Macoya,  les  historiens  de  l'Alchimie  n'aient  pas  reconnu 
Khaled  ben  YezidbenMaouya,  et  qu'il  aient  reculé  l'existence 
de  Morienus  jusqu'au  onzième  siècle.  N'auraient-ils  pas  dû 
auMi  s'arrêter  au  nom  d'Héraclius?  Quant  au  nom  de  roi 
donné  à  Calid,  bien  que  Khaled  ben  ïezid  n'ait  pas  régné,  il 
est  possible  que,  dans  le  cercle  de  ses  intimes,  le  titre  de 
Khalife  lui  ait  été  donné  et  que  son  ins^tallation  ait  été  eu 
rapport  avec  ses  espérances. 

Avant  de  parler  de  Khaled,  d'après  les  documents  arabes, 
dégageons  d'abord  les  deux  personnalités  moins  importan* 
tes  d'Adfar  et  de  Morienus. 

Nous  croyons  qu'il  y  a  de  fortes  présomptions  pour  ad- 
mettre l'identité  d'Adfar  et  d'Ebn  Abjar,  dont  le  nom, 
comme  tant  d'autres,  aura  pu  être  altéré  par  les  traducteurs. 
Ebn  Abjar  nous  est  donné  comme  professeur  à  Alexandrie 
lors  de  l'invasion  arabe.  Ne  serait-ce  point  \h  le  savant  qui 
fit  fil  ire  à  Morienus  le  voyage  d'Alexandrie  ?  Ebn  Abjar  se  fit 
musulman.  Cette  apostasie  ne  seraitr-elle  point  un  des  motifs 
qui  auraient  engagé  son  disciple  h  se  retirer  du  monde? 

Quant  h  Morienus  une  difficulté  se  présente.  Peut-on  le 
confondre  avec  le  Morienus  dont  parlent  le  Fihrist,  le  Kitab 
el  hokama  et  l'histoire  des  médecins,  que  nous  avons  vu  con- 
courir à  la  rédaction  des  XVI  livres  de  Galien  ?  Le  doute 
est  permis. 

Ebn  Klmllican  et  Hadji  Khalfa  s'accordent  ii  donner  le 
nom  de  Mourianous  ou  Marianous  h  l'initiateur  de  Khaled 
dans  la  science  du  grand  œuvre. 

Voici  ce  que  dit  le  premier  dans  la  notice  de  Khaled  :  Il 
apprit  Vreuvre  d'an  moine  grec,  roumy,  du  nom  de  Mou- 


\^ 


04        UiSIOlKE   DE   LA  M£DE(;i.^U   AR\BB.  —  LIVRE  PREMIER. 

rianous,  et  parmi  les  trois  livres  qu'il  a  composés,  Tun  deux 
est  consacré  au  récit  de  ses  relations  avec  lui. 

A  propos  de  l'alchimie  et  de  la  faible  quantité  d'élixir  ou 
pierre  philosophale  nécessaire  pour  la  transmutation  des 
métaux,  Hadji  Khalfa  cite  un  mot  de  Morienus,  maître  de 
Khaled  ben  Yezid.  Au  n*  12,098,  il  cite  un  livre  d'alchimie 
composé  par  Morienus  pareillement  qualifié  de  maître  de 
Khaled. 

Les  écrits  de  Morienus  ont  été  traduits  en  latin  en  1182, 
dit  Lengplet  Dufresnoy,  dans  l'histoire  de  la  philosophie  her- 
métique, par  Robert  Castrensis,  que  M.  Jourdain,  dans  ses 
Recherches  sur  les  traductions  d'Aristote,  pense  être  le  même 
que  Robert  de  Rétines.  Nous  ne  savons  pour  quelle  raison 
M.  Hoefer  a  traduit  par  Robert  de  Chartres.  M.  Jourdain 
pense  que  la  traduction  de  Khaled  est  du  même  auteur. 

Nous  avons  vu  Etienne  d'Alexandrie  figurer  parmi  les 
médecins  qui  rédigèrent  les  XVI  livres  de  Oalien.  Cet 
Etienne  ne  nous  parait  pas  pouvoir  être  différent  de  celui 
qui,  d'une  part,  nous  a  laissé  des  ouvrages  d'alchimie  en  grec, 
et  de  l'autre  nous  est  donné  par  les  Arabes  comme  ayant 
traduit  du  grec  en  arabe  des  ouvrages  d'alchimie  pour 
Khaled  ben  Yezid,  bien  que  l'identité  ne  soit  pas  littérale- 
ment formulée. 

ETIENNE    d'aLEXANDRIE   OU   l' ANCIEN   ET   KHALED   BEN  YEZID. 

Le  rédacteur  des  XVI  livres  est  dit  Etienne  d'Alexandrie; 
de  même  aussi  l'auteur  des  ouvrages  d'alchimie  qui  nous 
sont  parvenus  sous  ce  nom.  Les  Arabes  l'appellent  Etienne 
V Ancien,  pour  le  distinguer  d'Etienne,  fils  de  Basile,  qui  fut 
aussi  traducteur,  notamment  de  Dioscorides,  mais  qui  vécut 
au  moins  un  siècle  plus  tard. 

Etienne  l'Ancien  figure  en  tète  de  la  liste  des  traduc- 
teurs donnée  dans  le  Fihrist,  avec  cette  mention  :  «  Il  tra- 
duisit pour  Khaled  ben  Yezid  des  ouvrages  d'alchimie  et 
d'autres  matières.  »  Ce  fait  qui  donne  de  l'importance  à 
Etienne  n'en  a  pas  moins  été  méconnu  par  Wenrich.  Ce 
fait  a  aussi  son  importance  historique. 


ÈTIENNK  II' ALEXANDRIE  ET  KHALED  BEN  YÉZID.  05 

Il  prouve  que  les  traductions  du  grec  en  arabe  commen- 
cèrent beaucoup  plus  tôt  qu'on  ne  le  croit  généralement. 

Un  autre  passage  du  Fihrist  est  plus  explicite. 

Il  y  est  dit  que  Klialed  ben  Yezid  fut  le  premier  pour 
lequel  on  traduisit  des  livres  de  médecine,  d'astronomie  et 
d'alchimie.  Ailleurs  il  est  dit  que  ces  traductions  portèrent 
»ar  les  livres  grecs  et  coptes  ou  égyptiens. 

Etienne  fut  le  principal  agent  de  ces  traductions  et  c'est 
le  seul  dont  le  nom  nous  ait  été  conservé. 

Nous  lisons  dans  Hadji  Khalfa  qu'Etienne  le  grec,  d'A- 
lexandrie, traduisit  aussi  la  Logique  et  les  Catégories  d'Â- 
ristote. 

Il  nous  est  resté  d'Etienne  des  ouvrages  d'alchimie,  les 
uns  en  manuscrits  grecs  et  les  autres  en  traductions  la- 
tines. 

Déjà  Vanderlinden  (De  scriptis  medicis,  liber primtis,  435) 
en  signalait  un  à  Leyde  sous  le  titre  :  De  divina  et  sacra  artc 
chrysopceœ. 

Ce  manuscrit  est  sans  doute  le  même  qui  se  trouve  à  Pa- 
ris dans  les  n*»  2275,  2325,  27  et  29  du  fonds  grec  de  la  Bi- 
bliothèque nationale. 

Dans  le  n*  2275  cet  opuscule  commence  au  verso  du  P  21 
et  finit  au  verso  du  f»  55.  Il  est  suivi  d'un  traité  de  chimie  de 
Zozyme  avec  figures.  Tel  est  le  titre  latin  donné  par  le  cata- 
logue :  0*  Stephani  philosophici  cecumenici  de  divina  et  sa- 
cra arte  auri  conficiendi  lectiones  novem  ad  imperatorem 
Ueraclium^ 

Etienne  figure  sous  forme  de  traduction  latine  dans  la  Bi- 
bliothèque chimique  de  Manget.  Ainsi,  à  la  page  472,  du 
premier  volume,  on  lit  :  Questio  Herculis  régis  à  Stephano 
alexandro.  Puisque  tu  es  le  prince  des  philosophes  de  notre 
temps,  dit  Héraclius  &  Etienne,  que  penses-tu  de  l'or,  du 
cuivre,  du  mercure,  du  plomb,  du  fer,  etc  ?  Les  réponses  sont 
courtes  et  substantielles. 

Les  mots  :  Herculis  regis^  nous  font  supposer  que  la  tra- 
duction s'est  faite  de  l'arabe. 

Plus  loin  nous  trouvons  encore  une  page  sous  le  titre  : 
Dicta  Stephani. 


00        HISTOIRE  DE  LK  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  PREMIER. 

Khaled  ben  Yézid  ben  Moaouyah,  par  la  haute  fortune  qui 
l'attendait  et  qui  lui  fut  ravie,  ce  dont  il  se  consola  noble- 
blâment,  est  une  des  figures  les  plus  originales  et  les  plus 
intéressantes  de  l'histoire. 

Son  père,  le  Khalife  Yézid,  mourut  en  683,  âgé  de  moins 
de  quarante  ans.  Moaouyah  II,  frère  de  Khaled,  recueillit 
l'héritage  paternel  et  ne  vécut  que  quelques  mois.  Khaled  eut 
bien  quelques  partisans,  mais  Mérouan  finit  par  être  procla- 
mé Khalife,  Khaled  ayant  été  trouvé  trop  jeune,  à  la  condi- 
tion toutefois  qu'il  succéderait  immédiatement  à  Mérouan. 
A  défaut  de  date  nous  voyons  approximativement  jusqu'où 
doit  remonter  la  naissance  de  Khaled  :  il  devait  avoir  alors 
de  quinze  à  vingt  ans.  Cependant  Mérouan  oublia  sa  pro- 
messe et  désigna  son  fils  Âbd  el  Malek  pour  lui  succéder. 
Khaled  en  fit  des  reproches  à  Mérouan,  qui  avait  épousé  sa 
mère  a  son  avènement  au  trône.  Mérouan  s'oublia  jusqu'à 
traiter  Khaled  de  bâtard.  Khaled  irrité  rapporta  ce  propos  à 
sa  mère  qui  se  vengea  en  donnant  du  poison  à  Mérouan,  ou 
selon  d  autres,  en  l'étouffant  sous  des  coussins  pendant  son 
sommeil.  Mérouan  avait  régné  moins  d'une  année.  Khaled 
renonça  dès  lors  au  pouvoir  et  consacra  les  vingt  années 
qu'il  survécut,  sa  mort  étant  arrivée  en  704,  à  encourager  les 
savants  et  cultiver  la  science  et  particulièrement  l'alchimie. 

Un  homme  qui  fut  un  éminent  historien,  mais  qui  vécut  h 
une  époque  de  décadence  et  dans  les  contrées  les  moins 
éclairées  de  l'islamisme,  qui  mena  du  reste  une  vie  trop  agi- 
tée pour  être  un  érudit,  Ebn  Khaldoun  a  contesté  que  Khaled 
ben  Yezid  ait  cultivé  la  science  hermétique.  On  attribue,  dit- 
il,  certains  procédés  de  l'art  et  certains  dictons  qui  s'y  rap- 
portent a  Khaled  ben  Yezid  ben  Moaouyah,  beau -fils  de  Mé- 
rouan, mais  comme  nous  savons  parfaitement  bien  que 
Khaled  était  de  la  race  arabe  bédouine  et  que  la  civilisation 
de  la  vie  nomade  lui  était  bien  plus  sympathique,  il  a  dû 
ignorer  complètement  les  sciences  et  les  arts.  (1) 

Nous  ne  comprenons  pas  le  raisonnement  d'Ebn  Khaldoun, 

(1)  Prolégomènes,  traduits  par  M.  Do  Slane.  Notices  el  Extraits, 
XXI,  207. 


fiTISNNB  D'ALUCilNORIB  ET  KBALEO  BSN  YÛZIO.  07 

qui  est  la  négation  de  la  liberté  et  de  la  spontanéité  humaine, 
que  l'on  constate  chez  les  races  aussi  bien  que  chez  les 
individus. 

Nous  ne  comprenons  pas  davantage  certains  écrivains  mo- 
dernes, qui  ont  pour  habitude  de  caractériser  les  races  par 
les  faits  de  leur  enfance,  sans  tenir  compte  de  leurs  évolu- 
tions ultimes  ;  qui  prétendent  qu'un  artiste,  un  poète  doi- 
vent fatalement  reproduire,  comme  un  photographe,  le  mi- 
liea  dans  lequel  ils  vivent  et  grandissent.  Mais  n'est-ce  pas, 
aujourdliui  surtout,  un  fait  général  que  l'ascension  sponta- 
née des  individus  à  des  sphères  plus  élevées  ?  Ne  voit-on  pas 
toas  les  jours  des  familles  d'artistes  et  de  savants  s'éteindre, 
tandis  que  d'autres  montent  et  s'épanouissent?  Sur  le  ter- 
rain de  la  médecine,  ne  voyons-nous  pas  aujourd'hui  la  plu- 
part de  nos  grands  maîtres  sortir  de  la  pauvreté  et  arriver 
par  le  travail  à  une  vieillesse  florissante  et  glorieuse  ?  Nous 
insistons  d'autant  plus  volontiers  qu'on  a  dit  trop  souvent 
que  les  Arabes  n'avaient  pas  le  génie  scientifique,  comme 
s'il  ne  fallait  pas  pour  les  juger  embrasser  la  plénitude  de 
leur  existence  et  de  leurs  manifestations,  au  lieu  de  se  bor- 
ner à  nne  phase  de  leur  enfance. 

Ebn  Khaldoun  ajoute  :  On  n'avait  encore  publié  ni  même 
traduit  les  écrits  laissés  par  les  savants  qui  s'étaient  adonnés 
à  la  cultare  des  sciences  telles  que  la  physique  et  la  mé- 
decine. 

Ebn  Khaldoun  fait  ici  preuve  d'ignorance,  mais  on  est 
encore  plus  étonné  de  lire  quelques  pages  plus  loin  les  li- 
gnes suivantes:  La  philosophie  est  une  science  vaine  eu 
elle-même  et  nuisible  dans  son  application. 

Anx  assertions  téméraires  d'un  historien  du  XIV*  siècle^ 
nous  allons  opposer  le  témoignage  formel  d'un  auteur  com-^ 
pètent  et  plus  rapproché  des  faits,  car  il  vivait  au  X'  siècle. 
Cet  homme  est  l'auteur  du  Fihrist,  assez  explicite  sur  Khaled 
ben  Yézid.  Il  en  parle  à  plusieurs  reprises.  Et  d'abord  :  Kha- 
led ben  Yezid,  appelé  le  philosophe  des  Mérouanides,  était 
nn  homme  distingué,  ami  des  sciences  et  cultivant  le  grand 
art.  Il  réunit  les  savants  grecs  restés  en  Egypte  et  leur  fit 
traduire  les  ouvrages  d'alchimie  du  grec  et  du  copte  ou 


08        HISTOIRE  DJi  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  PREMIER. 

arabe,  «  et  ce  furent  là  les  premières  traductions  d'une  lan- 
gue dans  une  autre  qui  se  firent  dans  Vlslam.  » 

Et  ailleurs  :  Le  premier  qui  fit  traduire  les  anciens  ouvra- 
gées d'alchimie  fut  Khaled  ben  Yezid.  C'était  un  homme  élo- 
quent, poète,  intelligent  et  judicieux.  Ce  fut  le  premier 
pour  lequel  on  fit  des  traductions  de  livres  de  médecine, 
d'astronomie  et  d'alchimie.  On  rapporte  qu'on  lui  fit  cette 
obser\'ation  :  Qu'avais-tu  à  faire  de  t'occuper  d'alchimie?  Ce 
à  quoi  il  répondit  :  J'espérais  le  Khalifat  et  on  me  l'a  enle- 
vé. 11  ne  me  reste  que  le  grand  œuvre  pour  être  utile  à  mes 
frères  et  à  mes  amis. 

J'ai  vu,  dit  Mohammed  ben  Ishaq,  quatre  livres  de  Kha- 
led, la  grande  et  la  petite  feuille,  ses  conseils  à  sou  filF, 
plus  un  autre  (dont  le  titre  est  illisible).  Il  écrivit  aussi  des 
poésies  sur  l'art  et  j'en  ai  vu  environ  cinq  cents  feuilles» 

Nous  avons  déjà  vu  que  Mohammed  place  en  tète  des  tra- 
ducteurs Etienne,  et  il  ajoute  :  Ce  fut  lui  qui  traduisit  pour 
Khaled  ben  Yézid  des  ouvrages  d'alchimie  et  d'autres  mar- 
tières. 

Ebn  Khallican  dit  que  Khaled  était  savant  dans  la  méde- 
cine et  dans  l'alchimie  et  qu'il  écrivit  sur  ces  deux  scien- 
ces. Il  fut  instruit  dans  l'art  par  le  moine  grec  Marianous, 
et  do  ses  trois  écrits  l'un  est  consacré  à  reproduire  ses  rap- 
ports avec  Marianous.  Je  pourrais  en  dire  plus  long,  ajoute 
Ebn  Khallican,  mais  ce  n'est  pas  le  lieu. 

Le  récit  de  l'entretien  de  Khaled  avec  le  moine  Marianous 
est  cité  dans  Hadji  Khalfa,  sous  le  n*  12,098. 

Hadji  Khalfa  cite  au  n*  10,133,  un  autre  livre  de  Khaled, 
intitulé  le  livre  de  la  Miséricorde,  divisé  en  quatre  parties: 
De  la  connaissance  des  peines,  des  poids,  du  régime,  des 
propriétés.  On  trouve  encore  au  n*  7114,  le  livre  de  l'Art  ad- 
mirable sur  l'explication  des  secrets  de  l'alchimie. 

Enfin,  sous  le  n*  0010,  nous  trouvons  la  mention  du  Para- 
dis de  sagesse,  poème  hermétique  de  Khaled  ben  Yézid,  le 
prince  philosophe,  qui  ne  contient  pas  moins  de  2315  vers. 

Le  Divan  do  Khaled  existe  à  la  Bibliothèque  de  Bécliir 
Kislnr  Aga.  Hadji  Khalfa,  VII,  p.  205. 

Il  nous  reste  de  Khaled  trois  livres  en  traduction  latine  : 


DJAVAR  ES8ADIQ.  00 

Le  livre  des  secrets,  le  livre  des  trois  paroles,  son  entretien 
arec  Morien. 

Le  livre  des  secrets  est  un  petit  traité  méthodique  et  subs- 
tantiel, divisé  en  10  chapitres.  On  y  trouve  une  citation  de 
Géber,  qui  ne  saurait  être  qu'une  interpolation. 

Ces  opuscules  se  trouvent  dans  les  recueils  hermétiques,  et 
quelquefois  imprimés  à  part  et  même  traduits  en  français. 

Terminons  par  une  dernière  citation  de  Hadji  Khalfa,  V. 
286:  Le  premier,  dans  Tlslam,  qui  s'occupa  de  la  science 
chimique,  en  composa  des  livres,  donna  la  composition  de 
Vélixir  et  étudia  les  livres  de  philosophie  fut  Khaled  hen 
Yézid,et  le  premier  après  lui  qui  s'illustra  dans  cette  science 
fut  Géber,  qui  la  tenait  de  l'imam  Djafar  Ëssadiq. 

DJAFAR  ESSADIQ. 

Nous  venons  de  voir  un  Ommiade  se  consoler  de  la  perte 
d'un  trône  par  la  culture  de  la  science,  nous  allons  lui  trou- 
ver un  émule  dans  la  famille  rivale  des  Alides,  dans  son 
chef  spirituel  le  sixième  des  Imams. 

Djafar,  dit  Essadiq  ou  le  Véridique,  naquit  en  l'année 
000,  cinq  ans  avant  la  mort  de  Khaled.  On  lui  offrit  l'empire 
qu'il  refusa,  se  contentant  de  l'imamat.  Il  nous  est  donné 
comme  ayant  écrit  sur  l'alchimie,  mais  nous  n'avons  ren- 
contré aucun  ouvragée  sous  son  nom. 

Toutefois  on  le  trouve  assez  fréquemment  cité  comme  au- 
torité dans  les  ouvrages  hermétiques,  et  il  est  bien  établi 
qu*il  eût  pour  disciple  le  fameux  Géber. 

Un  a  prétendu,  mais  à  tort,  que  le  maître  de  Géber  était 
Djafar  le  Barmécide.  Nous  avons  la  preuve  du  contraire.  Il 
existe  à  la  bibliothèque  de  Paris  un  manuscrit  sous  le  nom 
de  Géber,  coté  n*  1080  du  supplément.  Géber  le  cite  souvent 
et  quelquefois  comme  son  maître,  ouatady, 

Djafar  est  surtout  connu  par  des  écrits  relatifs  à  la  divina- 
tion, dont  plusieurs  nous  sont  parvenus  et  se  trouvcMit  dans 
Ii*s  collections  orientales.  Hadji  Khalfa  on  a  mentionné  une 
•lizîiine. 


70        niSTOmB  DE   LX  MÉOECINfi  ABABK.   —  LIVRE  PREMIER. 

L'un  d'eux  est  le  traité  des  convulsions^  ikhtiladj,  d'après 
lesquelles  on  devine  l'avenir.  Il  est  fréquemment  cité  dans 
un  ouvrage  de  ce  genre  de  la  bibliothèque  de  Paris,  n*  1008, 
ancien  fonds. 

D'autres  ont  trait  aux  songes,  à  l'emploi  magique  des  let- 
tres, h  la  géomancie. 

Le  plus  connu  est  celui  qui  porte  le  nom  de  Djefr,  ou  do 
petite  Djefr,  car  la  grande  Djefr  est  l'œuvre  d'Ali,  qui  la 
reçut  par  révélation.  Elle  fut  écrite  sur  une  peau  de  cha- 
meau, d'où  lui  vint  son  nom.  La  petite  n'en  est  qu'un  abrégé 
fait  par  Djafar.  La  Djefr  contient  les  destinées  de  l'islar- 
misme. 

D'Herbelot  rapporte  qu'Abou  Hanifa,  quand  il  se  pré- 
sentait devant  Djafar  était  saisi  d'un  plus  grand  respect  que 
quand  il  se  présentait  devant  le  Khalife  Almansour.  Djafar 
mourut  en  705.  En  résumé,  s'il  nous  intéresse  par  sa  haute 
position  et  ses  écrits,  il  nous  intéresse  surtout  ici  pour  avoir 
été  le  maître  de  Géber. 

Ajoutons  qu'Ebn  Khallican  lui  attribue  cinq  cents  opus- 
cules et  lui  donne  pour  disciple  Géber. 

GÉBER. 

Si  le  nom  de  Géber  est  bien  connu,  son  existence  Test 
beaucoup  moins. 

Tels  sont  les  noms  qu'il  porte  dans  le  Fihrîst,  le  plus  an- 
cien document  dans  lequel  nous  l'ayons  trouvé  mentionné, 
en  même  temps  que  le  plus  explicite  :  Abou  Abd  Allah  Djaber 
ben  Hayân  ben  Abdallah  el  Koufy,  surnommé  Essoufy.  (1) 

Nous  lui  trouvons  ailleurs,  notamment  dansHadjî  Khalfa, 
les  surnoms  de  Thoussy,  Tharsoussy  et  même  Magrerby, 
ce  qui  impliquerait,  sinon  l'origine,  du  moins  le  séjour  à 
Thons,  îv  Tarse,  dans  le  Magreb.  Le  dernier  surnom  se 
trouve  deux  fois  dans  Hadji  Khalfe,  mais  il  nous  paraît  sus- 
pect. 

D'après  le  Fihrist  l'opinion  commune  est  qu'il  était  origi- 

(1)  Il  est  dit  aussi  Abou  Moussa,  du  nom  d*un  autre  fils. 


aÉBER.  71 

naire  do  Koufa,  ot  qu'il  y  passa  la  plus  grande  partie  de  son 
existence.  Toutefois  le  Fihrist  n'ignore  pas  qu'on  le  fait 
naître  à  Thous  et  il  rapporte  un  propos  de  Razès  favorable 
à  cette  opinion.  Le  Kitab  el  hokama  ne  lui  donne  que  les 
deux  8umom&  de  Koufy  et  de  Soufy.  Ebn  Khallican,  dans 
la  vie  de  Djafar  ajoute  Tharsoussy.  Le  surnom  de  Soufy 
a  trait  à  la  doctrine  du  Soufisme,  dont  il  était  un  adepte. 

Nous  Ignorons  la  date  de  sa  naissance,  mais  ses  relations 
avec  rimam  Djafar  nous  prouvent  qu'il  dut  naître  vers  le 
commencement  du  YIII*  siècle.  Hadji  Khalfa  le  fait  mourir 
en  Tannée  T70,  date  que  nous  avons  en  vain  cherchée  ail- 
leurs, mais  qui  nous  paraît  vraisemblable.  Nous  avons  déjà 
dît  que  dans  Djafar  d'aucuns  avaient  voulu  voir  Djafar  le 
Barmécide,  et  que  cette  hypothèse  était  infirmée  par  ce  que 
nous  lisons  dans  les  écrits  de  Géber.  Nous  ajouterons  que 
cette  hypothèse  est  aussi  rappelée  mais  combattue  par  l'au- 
teur du  Fihrist,  et  que  le  Kitab  el  hokama,  dans  la  notice  de 
Djafar  Essadiq,  lui  donne  pour  élève  Géber.  Il  est  vrai  que 
l'on  trouve  dans  la  liste  bibliographique  donnée  par  le 
Fihrist  un  livre  dédié  à  Djafar  ben  Jahya  le  Barmécide,  qui 
mourut  en  802  k  l'âge  de  38  ans.  Au  cas  où  cette  dédicace 
serait  authentique  et  non  une  interpolation,  il  faudrait  peut- 
être  reculer  de  quelques  années  la  mort  de  Géber. 

Léon  l'Africain  a  consacré  quelques  lignes  à  Géber,  à  pro- 
pos de  la  ville  de  Fez,  oii  de  son  temps  fiorissait  encore 
Talchimie  :  c  Habent  autem  ejus  artis  multa  opuscula  &  doctis 
vins  conscripta,  inter  quos  potiorem  locum  habet  Geber, 
qui  centum  annis  post  Mahumetem  vixit,  quem  natione 
groecum  aiunt  fidem  abjurasse.  »  (l) 

On  est  allé  souvent  prendre  des  renseignements  sur  Gé- 
ber dans  ce  passage  de  Léon  l'Africain  :  c'est  la  seule  raison 
qui  nous  l'ait  fait  reproduire. 

On  a  dit  que  Géber  passait  sa  vie  en  voyages,  craignant 
pour  ses  jours.  L'auteur  du  Fihrist  dit  qu'il  tient  d'un 
ailepte  de  confiance,  que  Géber  résidait  surtout  à  Koufa  et 

(l)  J.  Leonis  Africani  doscriptionis  Africœ,  liber  III,  folio  13G, 
verso,  Romœ,  Anno  restituta?  salutis  M.D.XXVl.  V.  îdus  Mart. 


72       HISTOIRE   DE  LA   MÊDKCINK   ARABE.   —  LIVRE  PREMIER. 

que  du  temps  d'Azzecldoula  on  trouva  dans  cette  ville,  à 
l'endroit  où  se  trouvait  la  maison  de  Géber  un  mortier  con- 
tenant deux  cents  livres  d'or.  Il  rapporte  aussi  que  les  écri- 
vains de  son  temps  étaient  en  désaccord  au  sujet  de  Géber 
et  de  son  origine,  et  que  d'aucuns  affirmaient  que  le  seul  au- 
thentique de  ses  livres  était  le  livre  de  la  Miséricorde. 
Mohammed  ben  Ishaq  n'ajoute  pas  foi  à  ces  dires.  Il  voit 
dans  Géber  un  homme  laborieux  et  qui  a  couvert  deux  mille 
pa^ifes  de  ses  écrits.  Il  rapporte  aussi  que  les  Sabiens  le  cou- 
Bidéraient  comme  un  des  leurs,  et  d'Herbelot  croit  qu'il  pro- 
fessait le  Sabisme. 

Géber  écrivit  beaucoup.  Il  y  avait  deux  catalogues  de  ses 
écrits,  le  grand  contenant  toutes  ses  œuvres,  et  le  petit  ne 
contenant  que  les  écrits  relatifs  h  l'alchimie.  J'en  ferai  le 
recensement,  dit  l'auteur  du  Fihrist,  tant  d'après  ce  que  j'ai 
vu  que  d'après  le  témoignage  de  personnes  qui  ont  vu  les 
autres.  Cette  liste  se  monte  à  plus  de  deux  cents  titres  d'ou- 
vrages. A  la  fin,  nous  trouvons  cité  Géber  lui-même  qui  dit 
avoir  produit  des  quantités  fabuleuses  d'écrits  sur  la  philo- 
sophie, les  arts,  la  médecine,  l'astronomie,  etc. 

Nous  nous  en  tiendrons  aux  livres  dont  nous  avons  les  ti* 
très.  Ils  ont  trait  non-seulement  à  l'alchimie,  mais  encore  à 
la  divination,  à  l'interprétation  des  songes,  u  la  prestidigita- 
tion, à  l'astronomie,  à  l'histoire  naturelle,  à  la  philosophie, 
à  l'anatomie,  à  la  médecine. 

Il  est  une  série  de  Corrections  de  Pythagore,  de  Socrate, 
de  Platon,  d'Aristote,  de  Démocrite,  etc.  On  y  remarque  dix 
livres  suivant  les  doctrines  de  Balinas,  l'homme  aux  tali^ 
mans,  dont  nous  avons  établi  l'identité  avec  Apollonius  de 
Tyane.  On  y  voit  cités  des  commentaires  sur  Euclides  et 
l'Almageste. 

Sans  doute,  ces  écrits  sont  d'une  authenticité  douteuse. 
Cependant  il  ne  faut  pas  les  nier  formellement.  D'une  part, 
nous  savons  que  Khaledfit  traduire,  outre  les  ouvrages  her- 
métiques, (les  ouvrages  d'astronomie  et  de  médecine.  D'au- 
tre part,  dans  les  écrits  qui  nous  sont  restés,  on  trouve  un 
traité  de  l'astrolabe  attribué  à  Géber.  Il  n'est  pas  admis.sî- 
])le  que  ce    dernier  écrit  fut  l'œuvre  d'un  astronome  ospa- 


G&BBR.  73 

gnol,  Djaber  ben  Aflah,  Texistence  de  cet  écrit  ayant  été 
constatée  à  Alexandrie,  d'après  le  Kitab  el  bokama,  comme 
étant  de  Djaber  ben  Hayan. 

Ce  qui  est  incontestable,  c'est  que  des  livres  d'astronomie 
et  de  médecine  furent  traduits  antérieurement  h  Géber  par 
ordre  de  Khaled  ben  Yézid.  Il  y  a  plus.  Quand  même  le  fait 
de  ces  traductions  ne  nous  serait  acquis,  nous  n'en  devrions 
pas  moins  admettre  que  Géber  eut  à  sa  disposition  des  tra- 
ductions du  grrec,  quelle  qu'en  fût  la  provenance.  En  effet, 
rien  ne  nous  autorise  à  supposer  que  Géber  ait  pu  lire  les 
savants  ^ecs  dans  leur  langue  originale. 

Il  y  eut  nécessairement  avant  Géber  des  traductions  du 
grec  en  circulation  :  seulement  nous  ignorons  sur  quel  au- 
teur en  particulier  elles  ont  porté.  Le  peu  de  manuscrits 
arabes  qui  nous  reste  de  Géber  n'a  pas  encore  été  complète- 
ment étudié  ;  peut-être  que  l'avenir  nous  réserve  là-dessus 
de  nouvelles  lumières. 

Nous  n'avons  jamais  eu  l'intention  de  faire  une  étude 
complète  et  critique  sur  Géber,  nous  n'en  avons  ni  le  temps 
ni  les  moyens.  Nous  avons  voulu  seulement  tirer  des  docu- 
ments jusqu'alors  inexplorés  une  somme  de  renseignements 
suffisants  pour  donner  de  la  consistance  à  la  biographie  de 
Géber,  qui,  jusqu'à  présent,  du  moins  dans  les  écrits  que 
nous  avons  pu  consulter,  était  vraiment  dérisoire. 

On  a  droit  de  s'étonner  en  lisant  ces  mots  dans  l'Histoire 
de  la  chimie  :  «  Yéber  ou  Géber.  Son  père  s'appelait  Moussa 
et  il  avait  un  fils  nommé  Haygan.  (1)  »  On  doit  aussi  consi- 
dérer comme  du  roman  ce  qui  est  dit  de  Géber  dans  Z'/fis- 
ioire  des  savants  du  moycn-^ge  de  M.  Figuier.  Ce  qui  est 
surtout  inexact,  c'est  que  Géber  ait  professé  à  Édesse. 

A  l'époque  de  Géber,  l'école  d'Édesse  n'existait  plus  depuis 
longtemps.  (2) 

Nou.s  dirons  quelques  mots  des  écrits  de  Géber  qui  nous 
sont  restés. 

Et  d'abonl  jetons  un  coniwl'œil  sur  cou\  dont  parle  Iladji 

(V  Deuxième  cdition,  pnj^e  320. 
•->*  Vfiyci  AsHcinnDÎ. 


74        HISTOIRE  DB  LA  MÉDECINE  ARABE.    -  •  LIVRE  PREMIER. 

Khalfa,  qu'on  peut  espérer  retrouver  quelque  jour,  s'il  est 
vrai,  comme  le  pense  M.  Mohl,  que  Hadji  Khalfa  n'ait  consi- 
gné que  les  ouvragées  existants. 

Il  en  cite  une  vingtaine,  dont  la  majeure  partie  est  con- 
sacrée h  l'alchimie»  considérée  dans  son  ensemble  ou  dans 
ses  détails. 

Le  Kitah  el  Khalis,  inscrit  sous  le  n<*  1083,  nous  paraît 
être  l'original  du  Summa  perfecHonis,  dont  nous  parlerons 
tout  à  l'heure. 

Le  livre  de  la  Miséricorde  (qui  se  trouve  en  arabe  à  Paris) 
est  inscrit  sous  le  n^  10,133. 

A  propos  du  livre  des  Cinq  Cents  nous  lisons  :  Ordinaire- 
ment les  médecins  résument  l'esprit  de  leurs  publications 
dans  un  écrit  particulier  qui  sert  comme  d'introduction  à 
leur  doctrine  :  c*est  ainsi  que  Géber  recommande  le  livre 
intitulé  les  Cinq  Cents. 

Nous  trouvons  aussi  des  écrits  sur  les  minéraux,  les  pier- 
res, un  livre  des  Propriétés,  un  appendice  à  un  traité  de  Tas- 
trolabe  ;  enfin  dans  un  autre  il  est  question  de  la  métaphysi- 
que de  Géber. 

La  Bibliothèque  de  Paris  possède  quelques  manuscrits  de 
Géber.  Nous  avons  examiné  l'un  d'eux,  inscrit  sous  le  n' 
1080,  supplément. 

Ce  volume,  de  160  feuilles,  contient  vingt-et-un  opuscules, 
parmi  lesquels  le  livre  de  la  Miséricorde,  Kitah  errahma,qui 
commence  à  la  feuille  138. 

La  plupart  de  ces  opuscules  traitent  des  différents  métaux, 
l'or,  l'argent,  le  cuivre,  le  fer,  le  plomb,  etc. 

A  propos  de  l'étain,  f*  44,  nous  lisons  :  On  rapporte  ce  mé- 
tal h  Jupiter,  appelé  chez  les  Grecs  et  les  Romains  Zeus  et 
chez  les  Persans  Bardjis, 

L'imam  Djafar  est  souvent  invoqué  ou  cité  comme  son 
maître  et  même  quelques  chapitres  sont  donnés  comme  tirés 
de  ses  écrits. 

A  propos  de  livre  du  Serment  ou  du  Testament,  Kitabel 
Ahed,  nous  lisons  :  Quand  Djafar  eut  composé  ce  livre  il  me 
dit  :  0  Djeber,  j'ai  découvert  le  secret  de  Dieu. 


GÂBEB.  75 

Ce  qui  noua  intéresBe  surtout  dans  ce  livre  ce  sont  des 
passages  relatifs  à  la  médecine. 

Cette  médecine  est  celle  de  Galien,  qui  est  cité  une  fois, 
pour  l'influence  du  physique  sur  le  moral. 

Toute  chose»  dit  Géber,  a  son  opposé,  qui  est  son  antago- 
niste. Ainsi  le  chaud  est  l'opposé  du  froid,  et  le  sec  de  l'hu* 
mide.  Ainsi  la  bile  est  l'opposé  de  la  pituite  et  le  sang  de  l'a- 
trabile. 

Il  7  a  de  môme  opposition  entre  les  éléments  du  remède 
et  ceux  de  la  maladie.  Ainsi  contre  les  affections  biliaires 
on  opposera  les  courges,  le  petit  lait,  le  mucilage  de  psyl- 
Uum  ;  contre  les  maladies  du  sang  les  substances  froides  et 
sèches  telles  que  la  Thabachir  (concrétions  du  bambou),  le 
vinaigre,  les  grenades  ;  contre  les  affections  atrabilaires  l'o- 
Srnon,  la  roquette,  l'eau  miellée  ;  contre  les  affections  pitui- 
taires,  le  castoreum,  l'opopanax,  l'asa  fœtida,  etc. 

Géber  donne  de  longs  détails  sur  les  diverses  variétés  de 
céphalalgie,  parmi  lesquelles  il  compte.celle  qui  provient  de 
Tabus  du  vin. 

La  cadmie  et  la  tuthie  sont  indiquées  comme  employées 
en  collyres. 

A  côté  de  Galien,  nous  voyons  cités  Socrate,  Platon,  Aris- 
tote.  Porphyre,  Andromaque,  Osthanes,  etc.  Nous  relève- 
TOUS  la  citation  de  Mahraris  l'Indien,  qui  accuse  des  rela- 
tions avec  l'Inde. 

Des  ouvrages  traduits  et  imprimés,  le  plus  connu  et  le  plun 
important  est  la  Somme  de  perfection  du  Magistère,  qui  est 
un  traité  général  de  la  matière.  (1)  Tel  est  son  début  :  Toute 
notre  science  de  la  transmutation  des  métaux  que  nous  avons 
extraite  des  livres  des  anciens  philosophes  et  répandue 
dans  nos  divers  écrits,  nous  en  donnons  ici  l'abrégé. 

La  Somme  de  perfection  est  en  quelque  sorte  la  philoso- 
phie de  la  science  hermétique.  Géber  commence  par  établir 
la  réalité  de  la  science  et  réfute  ses  détracteurs.  Si  Ton  nous 
objecte,  dit-il,  que  l'espèce  ne  se  transforme  pas  en  une  autre 

(1)  Gebri  Arabis  Chimia,  sive  Traditio  summsc  perfectionis...,  û 
Ca-ipare  Hornio,  Lugduni  Batavorum  1668,  petit  in-12. 


70        HI8T0IBE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  PBEMIEB. 

espèce,  nous  répondrons  que  c'est  un  menson^.  Ne  voit-on 
pas  un  verse  transformer  en  mouche  et  le  froment  en  ivraie? 
Ce  n'est  pas  nous  qui  agissons,  mais  la  nature  dont  nous 
sommes  les  serviteurs.  Ce  n'est  donc  pas  nous  qui  transfor- 
mons les  métaux,  mais  la  nature,  à  laquelle,  par  un  art  ingé- 
nieux, nous  aidons,  préparant  la  matière  et  les  moyens,  car 
c'est  toujours  elle  qui  agit  et  nous  ne  faisons  que  la  se- 
conder. (1) 

Il  exige  des  adeptes  des  qualités  et  des  ressources  et  il  les 
met  en  garde  contre  de  vaines  espérances.  Cette  science,  ditr 
il,  ne  convient  pas  aux  pauvres  ;  elle  leur  est  plutôt  con- 
traire. 

Ces  conseils  furent  rarement  écoutés.  Hadji  Khalfa  cite 
cette  imprécation,  sous  forme  de  jeu  de  mots,  d'un  adepte 
qui,  sans  doute,  ne  put  réussir  à  faire  de  l'or  :  «  Voilà 
l'homme  qui  a  trompé  les  anciens  et  les  modernes.  0  Géber, 
tu  n'es  qu'un  casseur  et  non  un  réducteur  (Djabir.)  » 

La  Somme  de  perfection  est  ordinairement  suivie  du  petit 
traité  de  V Investigation  du  Magistère.  La  Somme  a  été  tra- 
duite en  français  par  Salmon. 

Il  n'est  pas  dans  notre  sujet  d'entrer  dans  le  détail  des  œu- 
vres de  Géber. 

Pour  leur  ensemble  et  leurs  éditions  on  peut  consulter 
l'histoire  de  la  philosophie  hermétique.  Ils  font  naturelle- 
ment partie  de  tous  les  recueils  d'alchimie. 

On  peut  en  lire  des  extraits  dans  l'histoire  de  la  chimie  par 
M.  Hoefer.  Le  caractère  de  Géber  et  de  ses  écrits  y  est  bien 
apprécié  et  nous  sommes  de  son  avis  quand  il  dit  que  Géber 
est  pour  l'histoire  de  la  chimie,  ce  qu'Hippocrate  est  pour 
l'histoire  de  la  médecine. 

En  somme  Géber  est  une  des  plus  grandes  figures  du 
moyeu-âge.  Nul  homme  de  son  temps  n'embrassa  un  aussi 
vaste  horizon,  mais  il  concentra  son  regard  sur  un  domaine 
dont  il  est  resté  le  souverain.  Ce  qui  le  frappa,  ce  sont  les 
transformations  que  subissent  les  corps  par  leur  action  réci- 
proque. S'il  se  trompa  dans  l'interprétation  de  ces  faits,  il  eut 


LSS  TRADUCTIONS  £T  LES  MÉDECINS.  77 

surtout  le  mérite  de  susciter  pendant  de  longs  siècles  une 
phalange  de  disciples  fervents  dont  les  travaux  ininterrom- 
pus préparèrent  l'avènement  de  la  science  moderne. 
Nous  parlerons  plus  tard  des  disciples  de  Géber. 


IL  —  LES  TRADUCTIONS  ET  LES  MÉDECINS  SOUS 
LES  OMMIADES. 

Nous  avons  déjà  vu  que  des  ouvrages  de  médecine  figu- 
rèrent dans  le  nombre  des  traductions  commandées  par 
Khaled  ben  Yézid.  Nous  savons  encore  que  ces  traductions 
durent  être  connues  de  Géber  et  embrasser  un  large  ensem- 
ble de  connaissances.  Seulement,  nous  ignorons  sur  quels 
auteurs  eu  particulier  elles  ont  porté.  Il  n'en  est  pas  moins 
acquis  qu'un  travail  d'infiltration  scientifique  se  faisait  à  tra- 
vers les  Arabes. 

Nous  allons  enfin  mettre  le  doigt  sur  la  traduction  d'un 
livre  dont  l'auteur  nous  est  connu,  et  même  nous  remarque- 
rons que  la  traduction  de  ce  livre  en  langue  arabe  se  fit 
sous  la  recommandation  d'un  Khalife. 

En  même  temps  nous  constaterons  la  présence  d'un  cer- 
tain nombre  de  médecins  parmi  les  Arabes.  Il  est  vrai  que 
ce  ne  sont  encore  que  des  étrangers  à  leur  service.  Ce  n'en 
est  pas  moins  une  préparation  au  grand  événement  de  l'i- 
nitiation des  Arabes  à  la  science,  qui  marqua  la  fin  du  VIII* 
siècle  et  remplit  le  IX^ 

Ce  chapitre  se  divisera  donc  naturellement  eu  deux  para- 
graphes :  les  traductions  et  les  médecins. 

AIIROUN,    DJASIOUS  ET   BfASSERDJOUIH. 

De  ces  trois  noms  de  médecins,  le  premier  est  l'auteur 
d'un  livre  que  les  deux  autres  ont  successivement  traduit 
du  grec  en  syriaque  et  du  syriaque  en  arabe. 

Ahroun  el  qiuus  ou  le  Prêtre,  dit  aussi  Ahroun  filsd'Ayan, 
est  vulgairement  connu  sous  le  nom  d'Aaron.  Nos  histo- 


:  I 


4^ 


78        HI8T01RS  Dl  Ul  MÉDBOIMB  AIUBB.   «—  LIVRB  PREMIER. 

riens,  Mohammed  ben  Ishaq  en  tôte,  nous  apprennent  qu'il 
vivait  au  commencement  de  llslamisme. 

Il  composa  un  compendium  de  médecine,  en  syriaque,  di- 
sent-ils et  Masserdjouih  le  traduisit  en  arabe.  Il  y  a  là  un 
mot  à  rectifier.  Nous  lisons  dans  Assemani  qu'Aaron  n'était 
pas  syrien,  et  que  Gosius  d'Alexandrie  fit  passer  son  traité 
de  médecine  du  grec  en  syriaque. 

Aboulfarage  a,  suivant  son  habitude,  reproduit  ce  passage. 
Dans  l'édition  qu'en  a  donné  Pococke,  on  lit  que  la  traduc- 
tion et  la  continuation  en  fut  faite  par  Sergius,  erreur  que 
nous  aurons  tout  à  l'heure  h  redresser,  et  qui  a  été  adoptée 
par  Sprengel  et  par  Wûstenfeld. 

Ahroun  ne  nous  est  connu  personnellement  que  par  les 
quelques  renseignements  donnés  par  les  médecins  arabes. 

Son  livre  ne  nous  est  pas  parvenu,  et  nous  ne  le  connais- 
sons que  par  les  nombreux  emprunts  que  lui  a  faits  Rasés 
dans  le  Continent.  On  peut  lire  dans  Sprengel  un  choix  de 
ces  citations. 

Nous  trouvons  dans  le  Maleky  d'Ali  ben  el  Abbas  un  ju- 
gement porté  sur  le  livre  d' Ahroun.  C'est  à  propos  des  motifs 
qui  l'ont  engagé  h  composer  le  Maleky.  Ali  met  en  avant 
l'insuffisance  et  les  défauts  des  écrits  de  ses  devanciers.  Ce 
passage  n'est  pas  identique  dans  la  traduction  latine  et  dans 
les  Mss.  de  Paris  et  de  l'Escurial  que  nous  avons  consultés. 
<  Quant  aux  modernes,  dit  Ali,  Ahroun  a  fait  un  livre  où  il 
traite  de  toutes  les  maladies,  de  leurs  causes,  de  leurs  symp- 
tômes et  de  leur  traitement.  Mais  il  est  trop  concis.  D'ail- 
leurs la  traduction  en  est  mauvaise  et  peut  égarer  le  lec- 
teur, surtout  celui  qui  ne  possède  pas  la  traduction  de  Ho- 
nein.  »  La  traduction  latine  ajoute  à  ces  reproches  d'avoir 
été  trop  bref  sur  les  choses  naturelles  et  non  naturelles  et  de 
ne  pas  s'être  occupé  de  l'hygiène  et  de  la  chirurgie. 

Relevons  en  passant  une  erreur  de  la  traduction  latine  qui 
dans  Honein  a  vu  Jean,  ce  qui  l'a  fait  tomber  dans  un  con- 
trensens. 

Quelle  que  soit  la  valeur  de  ces  reproches,  on  peut  dire 

(cependant  que  c'est  déjà  un  honneur  pour  Ahroun,  d'avoir 

iré  parmi  leê  grands  médecins,  passés  en  revue  par  Ali^ 


AHEOUN»  DJA8I0US  BT  MASSEaOJOUIH.  70 

dont  les  écrits  pochent  soit  pour  n'avoir  pas  embrassé  la  to- 
talité de  la  médecine,  soit  pour  en  avoir  négliffé  certaines 
parties. 

Le  compendium  ou  Pandectes  d'Ahroun,  était  primitive- 
ment divisé  en  trente  livres. 

Il  fdt,  comme  nous  Tavons  déjà  dit,  traduit  du  grec  en 
syriaque  par  Gosius. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  possible  de  voir  dans  Go- 
sius un  autre  personnage  que  Djasious  qui  nous  est  déjà 
connu  comme  un  des  derniers  médecins  d'Alexandrie,  qui 
concourut  à  la  rédaction  des  seize  livres  extraits  des  œuvres 
de  Galien,  qui  en  fit  d'excellents  commentaires,  et  qui  fut 
nécessairement  contemporain  d'Ahroun. 

On  ne  saurait  le  confondre  avec  ce  Gésius,  dont  parle 
Suidas,  qui  fut  antérieur  d'un  siècle,  attendu  qu'il  vivait  sous 
Zenon.  Gésius,  dit  Suidas,  était  originaire  de  Pétra.  Il  s'ac- 
quit un  grand  renom,  tant  par  son  habileté  dans  la  pratique 
médicale,  que  par  l'ensemble  de  ses  connaissances. 

En  somme  tout  concourt  pour  nous  faire  voir  un  seul  et 
même  personnage  dans  Djasious,  le  rédacteur  des  seize  livres 
et  dans  Gosius  le  traducteur  des  Pandectes  d'Ahroun. 

Honein  écrivit  un  livre  dont  tel  est  le  titre  :  Solution  des 
doutes  élevés  par  Djasious  d'Alexandrie  sur  le  livre  des  Or^ 
ganeê  90uffrant$  de  Galien. 

Voici  la  première  traduction  arabe  sur  laquelle  nous  ayons 
des  renseignements  précis. 

Elle  fut  l'œuvre  d'un  juif  de  Dassora,  généralement  con- 
nu sous  le  nom  de  Masserdjouib,  mais  qui  porte  aussi  celui 
de  Masserdjis,  et  c'est  même  sous  ce  nom  qu'il  est  inscrit 
dans  le  Pihrist.  Il  traduisit,  dit  le  Fihrist,  du  syrUujue  en 
arabe,  et  il  composa  deux  écrits,  sur  les  aliments  et  sur  les 
médicaments,  leur  utilité  et  leurs  inconvénients.  Sous  la  ru- 
brique Ahroun,  le  Fihrist  dit  que  son  livre,  divisé  entrente 
ehapitresi  fût  traduit  par  Masserdjis,  qui  en  ajouta  deux 
nouveaux. 

Cette  dualité  de  noms  a  fait  tomber  dans  une  confusion 
que  nous  allons  éclaircir.  On  eût  pu  l'éviter  en  recourant 
au  Kitab  el  hokama,  qui  inscrit  ce  médecin  sous  le  nom  de 


80        UISTÙIRL  DE   LA  MÉDECINE  AlcABE.  —  LIVRE  PBBMIER. 

Masserdjouib,  mais  ajoute  qu'on  l'appelle  aussi  Masserdjis. 
Malheureusement  le  Kitab  elhokama  n'a  été  connu  que  tout 
récemment  et  Wiistenfeld  lui-même  Ta  complètement  laissé 
de  côté,  pourj  recourir  suivant  l'usage  aux  Dynasties  d'A- 
boulfarage. 

On  lit  dans  Aboulfarage,  à  l'article  Ahroun,  que  ses  Pan- 
dectes  se  rencontrent  en  syriaque,  divisés  en  trente  chapitres 
et  que  Sergius  en  ajouta  deux  nouveaux. 

D'autre  part,  on  lit  à  l'article  Masserdjouib  que  ce  médecin 
juif  connaissait  le  syriaque  et  traduisit  les  Pandectes 
d' Ahroun  en  arabe,  sous  le  règne  de  Mérouan,  et  cela  sous 
l'autorité  d'Ebn  Djoldjol.  (1) 

Ces  deux  passages  ont  mis  Wiistenfeld  dans  l'embarras.  Il 
comprenait  bien  qu'il  était  difficile  d'attribuer  la  traduction 
des  Pandectes  à  Sergius  de  Ras  el  aïn,  contemporain  de  Jos- 
tinien,  (outre  qu'une  traduction  en  langue  arabe  ne  saurait 
être  raisonnablement  admise  h  cette  époque).  Voici  comme 
il  lève  la  difficulté.  Il  admet  d'un  côté  qu'Ahroun  pourrait 
bien  avoir  été  contemporain  de  Sergius,  et  de  l'autre  il  attri- 
bue les  deux  chapitres  surnuméraires  à  Sergius  et  la  tra- 
duction à  Masserdjouib. 

Cette  confusion  tient  donc  à  la  double  forme  du  nom  de 
notre  traducteur.  Elle  eût  été  évitée  si  l'on  eût  lu  dans 
Aboulfarage  Masserdjis,  au  lieu  de  Serdjis,  et  nous  croyons 
pour  notre  part  que  c'est  une  restitution  de  texte  à  faire. 

Une  autre  difficulté  se  présente,  celle  de  l'époque  où  cette 
traduction  fut  opérée.  Cette  difficulté  provient  d'une  diver- 
gence dans  les  témoignages  de  Djemaleddin,  l'auteur  du 
Kitab  el  hokama,  et  de  l'historien  espagnol  Ebn  Djoldjol, 
cités  par  Djemaleddin,  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  et  par  Aboul- 
farage. 

Djemaleddin  dit  d'abord  que  Masserdjouib  vivait  du  temps 
d'Omar  ben  Abdelaziz.  Il  rapporte  ensuite  le  témoignage 
d'Ebn  Djoldjol,  suivant  lequel  Masserdjouib  fut  chargé  du 
temps  de  Mérouan  de  traduire  en  arabe  le  livre  d' Ahroun. 

(1)  Relevons  en  passant  Terreur  de  Sprengel  qui  ne  fait  qu*uQ  seul 
personnage  du  juif  Masserdjouib  et  d*Ebn  Djoldjol,  di  Ba$sora,  II. 
300. 


MASSfiKDJÛUlU.  81 

La  première  aâsertiou  est  personnelle  à  Djemaleddin.  Quant 
à  la  seconde,  il  ne  la  donne  que  comme  Topinion  d*Ëbn 
Ujoldjol.  Nous  croyons  devoir  nous  en  tenir  à  la  première, 
qui  nous  parait  plus  en  rapport  avec  le  caractère  d'Omar  ben 
Abdel  Aziz  qu'avec  celui  de  Mérouan.  Ainsi  la  traduction,  au 
lieu  d'avoir  été  faite  dans  les  dernières  années  du  VIP  siècle, 
serait  reportée  au  commencement  du  YIII*.  (1) 

Nous  avons  vu  précédemment  dans  le  passag'c  cite  d'Ali 
ben  el  Abbas  que  Honein  avait  fait  une  traduction  du  même 
ouvrage. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  ne  s'accorde  pas  complètement  sur  les 
écrits  de  Masserdjouih  avec  le  Fihrist.  Il  lui  attribue  un 
compendium  de  médecine,  un  traité  sur  les  aliments  et  un 
traité  sur  l'œil.  Il  fait  remarquer  de  plus  que  c'est  lui  qui  est 
désigné  dans  le  Continent  de  Hazès  sous  le  nom  de  juif, 
El  Ihoudy.  Ces  citations  du  Continent  sont  souvent  défigurées 
dans  la  traduction  latine.  Masserdjouih  est  encore  cité  un 
grand  nombre  de  fois  dans  Ebn  el  Beitbâr,  ce  qui  atteste 
une  certaine  valeur. 

Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  un  fait  qui  donne  de  l'im* 
portaoce  à  Haroun,  la  première  mention  de  la  variole, 
ayant  déjà  parlé  précédemment  de  la  première  invasion  de 
cette  épidémie. 

Masserdjouih  eut  un  fils  appelé  généralement  Issa  ben 
Masser^jifl»  qui  fut  aussi  médecin  et  écrivit  deux  ouvrages, 
l*un  sur  les  couleurs  et  l'autre  sur  les  odeurs  et  les  saveurs. 
Son  nom  figure  parmi  les  traducteurs  et  on  nous  dit  qu'il 
marcha  sur  les  traces  de  son  père  ;  mais  nous  ignorons  quels 
ouvrages  il  a  traduits. 

'D  On  peut  invoquer  aussi  à  Tappui  de  notre  manière  de  voir,  la 
place  occapée  par  Masserdjouih  dans  les  listes  d'Ebn  Abi  Os^aïbiaii, 
après  Sabour  ben  Sahl. 


S2        UISTOJllfc;  Dt:   L\   MÉUliOIN'IS   ARAUE.    —   LIVUL  PKEMIEU. 

LES  MÉDECINS  SOUS  LES  OMML\DES. 

SIMKOX-LE-MOINE. 

Aboulfiirag'o  et  Ebii  Abi  Ossaïbiali  parlent  do  Sîméoii, 
Chcmaoun,  moine  syrien,  comme  d'un  habile  médecin.  Il 
reçut  le  surnom  de  Taîhouta,  du  nom  d'un  livre  qu'il  com- 
posa, et  vivait  sur  la  fin  du  VII*  siècle.  Nous  pensons  que 
c'est  à  lui  que  se  rapportent  les  citations  du  Continent. 

THÉODOCUS  ET  TUÉODUNUS. 

Nous  croyons  que  ces  deux  noms  ne  représentent  réelle- 
ment qu'un  seul  et  même  personnage. 

Il  n'est  question  que  de  Théodocus,  rtadouç^dansle  Fihrist 
et  chez  Ebn  Abi  Ossaïbiali,  pour  tous  les  faits  qui  se  |px>a- 
pent  sous  les  deux  noms.  Cependant  le  Kitab  el  hokama  et 
naturellement  aussi  Aboulfarage  en  distinguent  deux.  Maii» 
nous  avons  trouvé  plus  d'une  répétition  dans  le  Kitab  el 
hokama,  notamment  à  propos  d'Oribase.  D'ailleurs  ces  deux 
noms  peuvent  se  confondre  dans  l'écriture  arabe.  Nous  ne 
parlerons  donc  que  d'un  seul  Théodocus.  C'était  un  médecin 
distingué  et  en  grand  renom  de  son  temps.  Il  fut  le  médecin 
du  terrible  Hedjadj,  cet  homme  sanguinaire,  qui  naquit 
l'anus  imperforé  et  que  l'on  dut  opérer.  Hedjadj  consultait 
volontiers  Théodocus.  Quelques-uns  de  ses  conseils  et  d'an» 
très  encore  nous  ont  été  conservés.  Ils  ont  trait  en  général 
il  l'hygiène. 

On  raconte  que  Hedjadj  étant  pris  d'une  violente  migraine^ 
Théodocus  lui  ordonna  un  bain  de  pied.  Sur  quoi  un  eunu- 
que témoigna  son  étonnement  qu'on  traitât  les  pieds  pour 
une  affection  de  la  tête.  Mais  tu  es  toi-même  une  preuve  de 
l'excellence  de  ma  prescription,  lui  répondit  Théodocus  ;  de- 
puis que  l'on  t'a  retranché  les  organes  génitaux,  ta  barbe  a 
tombé. 


SiM£OK*L£-MOINE.   TUÉUDOCUS  LT  TUÉ0DUNU8.  83 

Iledjadj  avait  rhabitiide  de  manger  de  Targile.  Voulant 
%'ei\  défaire,  il  demanda  &  Théodocus  quel  était  le  remède 
contre  une  pareille  habitude.  La  volonté  d'un  homme  de  ta 
trempe,  lui  répondit  Théodocus.  Hedjadj  cessa  dès  lors  de 
manger  de  l'argile. 

Théodocus  a  réuni  en  dix  préceptes  ses  idées  hygiéniques  : 
Ne  pas  manger  tant  qu'il  reste  des  aliments  dans  l'estomac  ; 
ne  manger  que  ce  que  les  dents  peuvent  broyer;  ne  i)a8 
boire  immédiatement  après  le  repas  ;  prendre  un  bain  tous 
les  deux  jours;  faire  abonder  le  sang  dans  le  corps;  se  pur- 
ger à  chaque  saison  ;  ne  pas  retenir  l'urine  ;  aller  h  la  selle 
avant  de  se  coucher;  ne  pas  abuser  du  coït;  ne  pas  épouser 
de  vieilles  femmes. 

Quatre  choses  sont  fatales  disait-il  :  Aller  au  bain  à  Tétat 
de  saturation;  voir  une  femme  après  le  repas;  manger  de 
la  viande  sèche  et  salée  ;  boire  de  l'eau  froide  à  jcùn. 

Théodocus  atteignit  un  âge  avancé  et  mourut  en  l'année 
7W.  Il  laissa  deux  écrits  :  une  grande  collection  adressée  à 
son  fils;  un  traité  de  la  préparation  des  médicaments  et  des 
succédanés.  Le  Kitab  el  hokama  dit  qu'il  forma  plusieurs 
élèvesdistingués,  entreautres  FouratbenChahnata,  Israélite^ 
qui  fat  anssi  le  médecin  de  Hedjadj. 

Théodocus  est  plusieurs  fois  cité  dans  le  Continent. 

ABOU-HAKAIt  (lB  PERE  DE  HAKAM). 

Abou  Uakam,  médecin  chrétien,  était  instruit  dans  son  art 
et  possédait  la  confiance  du  Khalife  Moaouiah«  au  point 
que  celui-ci  lui  fit  accompagner  son  fils  Yéasid  dans  sou  pè- 
lerinage de  la  Mekke. 

Le  petit-fils  d*Abou  Hakam  devait  plus  tard  accompagner 
aussi  le  chef  de  la  caravane.  Ou  dit  qu'Abou  Ilakam  vécut 
plud  de  cent  ans. 

IIAKAM  EDDIMACIIKY   (DE   DAMAs). 

Hakam,  fils  du  précédent,  fut  ainsi  que  son  père,  un  nuMlc- 
cin  distingué.  Il  habitait  Damas»  où  il  atteignit  un  îi^^'e 
«a-îHi  avancé  que  son  père. 


81        HISTOlUk;   DE  LA.   MLDIâCINE   ARABE.  —  LIVKE  PUEMIEU. 

Ou  nous  a  conservé  un  fait  de  sa  pratique.  Passant  un 
jour  dans  les  rues  de  Damas,  il  rencontra  un  barbier  qui,  en 
pratiquant  la  saignée  du  bras,  avait  ouvert  Tartère  au  lieu 
de  la  veine,  et  ne  savait  comment  arrêter  rbémorrhagrie. 
Hakam  prit  une  pistache,  la  fendit  en  deux,  enleva  Tamande 
et  appliqua  une  moitié  de  l'écorce  qu*il  maintint  par  un 
bandage  aussi  serré  que  possible.  Il  fit  ensuite  coucher  le 
malade  près  de  la  rivière,  le  bras  dans  Teau,  jusqu'au  soir. 
Le  troisième  jour  un  gonflement  s'étant  déclaré,  il  desserra 
le  bandage.  Au  cinquième  jour  il  Tenleva  et  laissa  sur  place 
la  pistache  qui  tomba  le  septième  jour.  Il  défendit  ensuite 
au  malade  de  toucher  aux  concrétions  sanguines  qui  recou- 
vraient la  plaie  et  qui  ne  disparurent  qu'au  quarantième 
jour.  Le  malade  fut  complètement  guéri.  (1) 

ISSA   BEN   HAKAM   EDDIMACHKY. 

Il  est  aussi  connu  sous  le  nom  de  Massih  Eddimachky. 
Bien  qu  il  appartienne  h  l'époque  des  Âbbassides,  nous  en 
parlons  ici  i>our  ne  pas  le  distraire  de  son  père  et  de  son 
grand-père  et  aussi  parce  qu'il  vécut  et  se  forma  en  dehors 
du  grand  mouvement  scientifique  issu  de  Djondisabour. 

Il  apprit  la  médecine  k  l'école  de  son  père  Hakam,  et 
habitait  Damas,  d'où  lui  vint  le  surnom  de  Dimachky  ou  de 
Damasquin.  Cependant  il  habita  liagdad  où  il  nous  est 
donné  comme  vivant  au  milieu  des  médecins  distingués  de 
son  temps. 

On  ne  nous  a  laissé  sur  son  compte  que  des  anecdotes  de 
pou  d'intérêt  scientifique.  Nous  en  citerons  une.  Il  reçut  un 
jour  à  Damas  Yousef  ben  Ibrahim,  qui  était  affecté  d'un 
rhume,  et  le  traita  avec  des  mets  succulents  et  de  l'eau  à  la 
;rlace.  Yousef  observa  que  ce  régime  ne  convenait  pas  à  un 
homme  affecté  de  rhume.  Issa  prétextai  l'influence  du  cli- 
nuit,  disant  que  des  choses  nuisibles  dans  l'Irak  ne  Tétaient 
pas  à  Damas.  Cependant  quand  son  hôte  prit  congé  de  lui, 
Issa  lui  donna  une  provision  d'aliments  préparés  exprès,  et  lui 

(1)  Ëbn  Abi  Ossaibinb  et  lo  Kitab  el  hokama. 


ABOU-HAHAII.  BAKAM  EDDIMACHKY.  ISSA  BBN  HAKAM .  85 

recommanda  un  régime  alimentaire  différent  de  celui  qu'il 
venait  de  subir.  Yousef  lui  manifesta  son  étonnement.  Sur 
quoi  Issa  lui  répondit  :  Un  homme  d'esprit,  quand  il  reçoit 
an  hôte,  ne  peut  observer  strictement  envers  lui  les  règles  de 
la  médecine. 

Issa  ben  Hakam  laissa  deux  écrits,  dit  Ebn  Abi  Ossaîbiali  : 
La  Collection,  et  les  Propriétés  des  animaux. 

Nous  possédons,  et  on  le  trouve  aussi  mentionné  dans  le 
cttalogrue  de  la  Bibliothèque  de  Munich,  p.  372,  un  écrit 
attribué  à  Massih  ben  Hakam. 

Cet  ouvrage  porte  le  nom  de  Risalat  el  Harounya^  en 
raison  de  sa  dédicace  à  Haroun  Errachid.  Son  titre  de  Risalat 
et  son  peu  d'étendue  nous  font  croire  que  c'est  une  œuvre 
iliflérente  des  deux  autres  que  nous  avons  citées.  Il  ne  con- 
tient que  73  pages.  Quant  à  la  Collection,  si  elle  a  fourni,  ce 
qu'il  était  naturel  de  croire,  les  nombreuses  citations  de 
Massih  que  l'on  rencontre  dans  le  Continent  de  Razès  et  dans 
les  Simples  d'Ebn  el  Beithâr  (1),  elle  dut  avoir  des  propor- 
tions beaucoup  plus  considérables.  Du  reste  ces  citations  ne 
se  trouvent  pas  dans  notre  opuscule. 

Notre  manuscrit  ne  nous  paraît  pas  représenter  la  forme 
primitive  de  la  Harounya.  Bien  souvent  on  prendrait  l'auteur 
pour  un  musulman,  et  rien  ne  nous  autorise  à  admettre 
qae  Massih  ben  Hakam  ait  quitté  la  religion  de  ses  pères.  De 
plu«  il  y  a  dans  ce  livre  du  décousu  et  des  répétitions. 

En  somme,  c'est  un  traité  sommaire  d'hygiène  et  de  méde- 
cine générale,  exécuté  d'après  les  doctrines  de  Galien.  Il  est 
terminé  par  un  traité  des  propriétés  des  animaux  qui  pour- 
mît  bien  être  celui  que  nous  avons  vu  attribuer  à  Massih. 

On  trouve  dans  cet  ouvrage  plusieurs  citations  de  Galien 
ot  d'Hippocrate,  ce  qui  indique  la  connaissance  de  ces  auteurs 
avant  le  grand  travail  des  traductions.  On  y  tro*uve  encore 
une  fois  celle  de  Dioscorides  et  de  Mahraris. 

Il  est  une  autre  citation,  que  nous  n'avons  jusqu'à  présent 
rencontré  nulle  autre  part,  c'est  celle  d'un  médecin  indien, 

1)  Nous  en  :ivon>  (•ninpt»*  ir»<)  dans  R)>n  el  Beitliar. 


se»        HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARADE.   —  LIVRE  PREMIER. 

«lit  aussi  lo  philosophe,  du  nom  de  Falthî?  où  Falthious.  Il 
i?3t  cité  une  vingtaine  de  fois. 

En  résumé  la  Harounya  n'est  pas  un  ouvrage  d'une  gran- 
<le  valeur,  telle  que  nous  la  possédons. 

Nous  avons  rencontré  en  Algérie,  sous  ce  même  titre,  plu- 
sieurs petits  traités  de  médecine  de  dimensions  difiérentes  et 
d'une  rédaction  plus  méthodique  que  celle  du  manuscrit  dont 
nous  venons  de  parler,  ce  qui  nous  porte  à  croire  que  la 
Harounya  put  avoir  jadis  de  l'importance  et  de  la  vogue, 
au  point  de  donner  son  nom  k  des  traités  de  médecine  se  rap- 
prochant plus  ou  moins  de  sa  forme  primitive. 

Nous  avons  déjà  dit  que  Massih  Eddimachky  était  souvent 
cité  dans  le  Continent  de  Razès. 

Parfois  la  traduction  latine  a  rendu  le  nom  de  Massih  par 
Christianellus. 


KBN    ATHAL. 

Ebn  Athal  était  un  médecin  distingué  de  Damas.  Le  Khalife 
Moaouya  se  l'attacha,  le  combla  de  bienfaits  et  utilisa  la 
connaissance  qu'il  avait  des  poisons  pour  se  défaire  des  per- 
sonnes qui  lui  déplaisaient.  Ebn  Athal  fut  assassiné  par  le 
neveu  d'une  de  ses  victimes. 

Ebn  Athal  était  chrétien. 


ZKINA». 

Zoînab,  f(»inme  do  la  tribu  dos  Boni  Aoud  .Vontondait  dans 
la  i)raliquo  médicalo,  lo  traitomont  dos  blossuros  et  de^ 
ophthîilniios. 

On  no  prociso  p;is  l'rpoqno  où  ollo  vivait. 


LIVRE    II. 


IX'    SIÈCLE 


SIÈCLE  DEL  HANOIN  OU  SIÈCLE  DES  TRADUCTIONS 


I  '  Partie.  —  LU^COLE  DE  DJOXDISABOUR  ET  LES 
PREMIERS  MÉDECINS. 


La  Fa^jillc  des  Dakhtichou  : 

Djorjditt  ben  Djabril. 
hua  ben  Thaberbaht 
Autres  élevés  de  Djordjia. 
Bakhtiehou  ben  DjordjU. 
Djabril  beu  Bakhtichou. 
l»I:htichou  ben  Djabril. 

Mtt.sHouih  ou  Mésué  le  père. 
Mikbaïi  ben  Ma.suouVh. 


louhanna  ben  Massouïh. 
Sahl  ben  Sabour. 
Sabour  ben  Sahl . 
Sérapion  (Jean  fils  de}. 
SalmouYli. 

Abdallah  Etthifoury. 
Zakarva  ben  Thifourv. 
Israïl  ben  Zakarva. 
Abou  Koreich. 


ir  Partir.  —  LES  TRADUCTIONS. 

1«  LKS  TRADUCTIONS  EN'   Gt:NÉRAL. 
2*   LES   TIIADUOTEUUS. 


LES  GRANDS  TRADUCTEURS 

'  Iluueia  bt'u  I»haq. 
Ifthaq  ben  Hunein. 
Daoud  et  Hakim  bon  lionciu.' 
Jlubt'ûh. 
CuaU  [hhi  Luca. 
vKl  Kendy. 
NîilMn  y»'n  (*orra. 


TRADUCTEURS  DE  DEUXiÈlE  ORDRE 

I*renilt*ro  P^rloUt* 

Scrgius  de  lins  cl  Aïu. 

Etienne  l'Ancien. 

Djiisious  ou  Go.siu.s. 

Mas.*ii.Tdjouih. 

Issa  ben,  Masserdjouih . 

Jacob  d'KdeKse. 


TRADUCTEURS  DE  DEUXIÈME  ORDRE 

Ppemlère  Période 

Sadjious. 

Djordjis  ben  Bakhtichou. 

Djabrilben  Bdkhtichou 

Bakhtichou  bea  Djabril. 

Daoud  fils  de  Sérapion. 

Salmouïh. 

Klisa. 

Israïl  ben  Zakarya. 

Luca  fils  de  Sérapion. 

Deastlème   Période 

Abd  Ichou  ben  Bahr. 

Abou  Amrou  ben  Yousef. 

Abou  Hassan. 

Salma. 

AboaNouh. 

Abou  Otsman  de  Damas. 

Abou  Rouh  Essab}. 

Abou  Yousef  el  Kateb. 

Abou  Zéïd  ben  Noqta. 

Aïoub  Errohaouy. 

Aïoub  el  Abrach". 

Aïoub  Errokky. 

Abou  Hafs  Etthabarv. 

El  Bathriq. 

Basile. 

Chahdv. 

Ebn  Chahdy. 

Chemlv. 

Dar  Icfiou. 

Ebn  Naëma. 

Ebn  Rabetha. 

Djiroun. 

Etienne  fils  de  Basile. 

Fadhl  Ennaïrizy. 

Habib  ben  Bahr. 

Hassan  ben  Sahl. 

Hedjadi  ben  Mather. 

Hélai  a'Emesse. 

lahya  ben  Bakhtichou. 

lahya  ben  Bathrio. 

Ibraliim  ben  Abdallah. 

Ibrahim  ben  Essalt. 

Ibrahim  Kouaïrv. 


Issa  ben  Assed. 

Issa  ben  lahya. 

Issa  ben  Nouh. 

Ishaq  ben  Abil  Hassen. 

lousef  Ennakel. 

Kaïda  Errohaouv. 

Mansourben  Banns. 

Sallam  el  Abrach. 

Siméon. 

Sergius  fils  d'Hélia. 

Thabary. 

Tsabet  l'interprète. 

Théodore. 

Thomas. 

Fadlil  ben  Mari. 

Théophile. 

Daria  le  Moine. 

Saliba. 

Beniout. 

Eddeheky. 

Merlalii. 

DadouYh  ou  Zarouba. 

Keinoun. 

Moussa  ben  Khaled. 

Abou  Nasr  ben  Naz. 

Asthat. 

Trolsiènie  Période 

Abou  Bachar  MattaT 
Aboulfateh  ben  Mohammed. 
Aboulhassan  Blharany. 
Aboulkheir  ben  Saouar. 
Aboul  Ouéfa. 
lahya  ben  Adi. 
lahva  ben  Mohammed, 
louhanna  elquass. 
Ibraliim  ben  Baks. 
Ali  ben  Ibrahhn. 
Issa  ben  Zeril. 
Joseph  le  Prêtre. 
Issa  Eonefissy. 
Nedhif  el  quass. 
Sinan  ben  Tsabet. 
Haditsy  cl  Kateb. 
Ebn  Bahloul. 
Aboulfaradj  ben  Tliaïeb. 
Aboulfaradj  Grégoire, 


o*  LES  AUTEURS   TRA.DUIT8. 


PHILOSOPHES 


Hermès. 

Thaïes. 

pNthagore. 

Kinpédocle. 

Auaxaprore. 

Ari.sti|)pe. 


Démocrite, 

Cébès 

Platon. 

A  ris  to  te. 

niéophrastc. 

Plutarquc. 

Ptolémée. 

Apollonius  de  Tyain>. 


PHILOSOPHES 

Nicolas  de  Damas. 

Polémon. 

Anémidore. 

Alexandre  d'Aphrodisias 

Plotin. 

Porphvre. 

Libanius. 

Thémistius. 

Svrhinus. 

Jamblique. 

Ammonius. 

Simplicius. 

ProcluB. 

Macidore. 

Jean  Philoponus. 

La  Bible. 

UTHÉMTICIENS 

Euclide. 

Archimède. 

Aj^Uonius  de  Perge 

Héron. 

liiophante. 

Pappus. 

Dioclès. 

Eutociua. 

Nicomaque. 

ISTROHOIES  ET  GÉOGRAPHES 

Marin  de  Tyr. 

AutolicuB.  * 

Ariatarque  de  Samos. 

HvpaicleN. 

Hipparque. 

Théodose. 

MénélaUs. 

Ptolémée . 

Théon. 

Dorothée. 


■ÉOECINS 

Hlppocrote.   /^ 

Dioseorides .     x 

Rttfus. 

Galien .       * 

Magnus. 

ArclUgène . 

Oribase. 

Philagrius. 

Alexandre  de  Trallcs. 

Paul  d'Egine. 

Jean  Philoponus. 

Théommeatus. 

TRADUCTIONS  ANONYIES  t  AUTEURS 
CITÉS  DANS  RAZÉS 

Diogène. 
Dioclès. 
Criton. 
Arthémide. 
Erasistrate. 
Philumène. 
Asclépiade . 
Palladius. 
Antillus . 
Aétius . 
Etienne . 
Maxime . 
Pohbe. 
Severus. 
Simplicius. 
Athoursoquos. 
Badigoras . 
Mahraris . 
Columelle . 
Costus . 
Aslimon. 
Missousaen . 
Auteurs  Arabes 
Livres  et  Recueils. 
El  Khouzv, 


4*   TRADUmONS   DU   PER'AX,   DU   CHALOftEN'   ET   r^E    l/lMOfFA' 


■ÉDECINS  DE  L'INDE 


Sendahchnr. 
Cliarak 
Quollioman . 
Atlira. 


Kanka . 

Sandjahal. 

Chanak. 

Djoudar. 

Saieh  beu  Bahla . 

Uankn. 


IIP  PARTm.  —  LES  DERNIERS  MÉDECINS. 


■ÉDECINS  DE  PREMER  ORDRE 

Rabban  Etthabary. 
^Ali  ben  Rabban/ 
Sarakhsy. 
Issa  ben  Massa. 
Ali  ben  Moussa  Krridha. 
Abou  Hanifa  Ëddinourv. 

II.  ■ÉDECINS  DE  DEUXIÉIE  ORDRE 

Gabriel  Toculiste. 

MoiMsa  bon  larall; 

Ibraliim  ben  Fezzarorn. 

Galeb. 

Yézid  ben  loubanna. 

Abdoiis  ben  Yézid. 

Ibrahim  ben  Aïoub. 

Foutrv. 

lousef  Essahir. 

Ebn  Koruib. 

Issa  ben  Ali. 

Eihalladjy . 

Ebn  Mahan. 

Ehn  Ellakladj . 

Ibrahim  ben  el  Molidv. 


III.  ALCHIIISTES 

Écrits  d'Alchimie. 
Elèves  de  Géber. 
El  Akhmimy. 
Dhoulnoun.* 
Abou  Karan. 
Etienne. 

Mohammed  ben  Iczid. 
El  Alaouy . 

IV.  NATURIUSTES 

Ebn  Ouahchya  et  rAgriculturc 

Natathéenne. 
Djahidh. 

V.  SCIENCES  PHYSnHIES  ET 

UTHÉIATIQUES 

Physique. 
Géographie. 
Astronomie . 
Mathématiques . 

VI.  PHILOSOPHIE 

VII.  ÉPILOGUE 


NEUVIÈME   SIECLE 


INTRODUCTION 


La  période  que  nous  venons  de  parcourir,  celle  des  Om- 
miades,  avait  été  caract<^risée  par  deux  faits  g'énéraux. 

Au  début,  nous  voyons  «le  g'rands  personnapres,  nés  sur 
les  marches  du  trône,  se  passionner  pour  la  science,  mais 
n'en  cultiver  que  le  côté  merveilleux,  Talcliimie  ;  études 
qui  aboutirent  à  la  faraude  i)errfonnalité  de  Géber. 

A  la  fin,  ce  sont  des  efforts  i)lus  modestes,  mais  plus  sé- 
rieux, et  déjh  le  Khalife  Omar  ben  Abd  el  Aziz  provoque  la 
traduction  d'Ahroun  en  arabe.  Cette  traduction  répondait 
sans  doute  à  des  besoins  instinctifs;  cependant  un  demi 
siècle  se  passera  avant  que  cette  idée  soit  reprise  sur  une 
l)Ius  {rninde  échelle  et  se  «léveloppe  avec  un  ensemble  et 
une  intensité  qui  font  du  IX*  siècle  une  époque  unique  dans 
Ifs  aniiakM  de  Thumanité. 

Le  monde  n'a  vu  qu'une  fois  le  spectacle  merveilleux  que 
les  Arabes  vont  nous  offrir  au  IX*'  siècle.  Ce  peuple  de  pas- 
teurs, que  le  fanatisme  a  rendus  soudainement  les  maîtres 
de  la  moitié  du  monde,  une  fois  leur  empire  assis,  tout  aus- 
sitôt se  préocu'upent  d'acquérir  la  science,  qui  manquait  h 
-a  ^'•randtMir.  StMils,  entre  tous  les  envahisseurs  qui  se  dis- 
juitent  le^  .ji'hri.:  (]«*  Teinpire  romnin,  ils  ont  ce-  préoeeupn- 
îioiH. 


02       HISTOIRE  DR  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIKME. 

Taudis  que  les  baudes  Germaniques  se  fout  une  gfloire  de 
leur  brutale  ig-norance  et  mettent  un  millier  d'années  à 
renouer  la  chaîne  des  traditions,  les  Arabes  le  font  en  moins 
d'un  siècle,  et  ce  sont  eux  qui  provoquent  le  concours  des 
chrétiens  vaincus,  concours  heureux  qui  assure  l'harmonie 
des  races. 

A  la  fin  du  VIIP  siècle  tout  leur  bagrage  scientifique 
connu  se  réduisait  à  la  traduction  d'un  traité  de  médecine 
et  à  des  livres  d'alchimie. 

Le  IX«  siècle  ne  s'écoulera  pas  que  les  Arabes  n'aient  en 
leur  possession  toute  la  science  de  la  Grèce,  ne  comptent 
parmi  eux  des  savants  de  premier  ordre,  n'aient  suscité 
parmi  leurs  initiateurs  des  hommes  qui,  sans  eux,  croupis- 
saient dans  l'obscurité,  et  ne  montrent  dès  lors  pour  la  cul- 
ture des  sciences  exactes,  une  aptitude  que  n'eurent  pas  ces 
mêmes  initiateurs,  désormais  dépassés. 

Nous  connaissons  déjà  l'école  de  Djondisabour,  école  tenue 
par  des  médecins  nestoriens,  et  qui  avait  été  fréquentée  par 
Harets  ben  Kalada  contemporain  et  ami  du  Prophète.  C'est 
encore  elle  qui  jouera  le  principal  rôle  dans  la  révolution 
scientifique  dont  Bagrdad  sera  le  théâtre,  c'est  elle  surtout 
qui  fournira  le  ferment  qui  va  remuer  tout  le  monde  mu- 
sulman. 

Sur  la  fin  du  VHP  siècle  le  chef  de  l'école  et  de  l'hôpital 
de  Djondisabour  est  appelé  h  Bagdad  pour  donner  ses  soins 
au  Khalife  El  Mansour.  Georges  amène  avec  lui  sa  famille 
et  ses  élèves  :  les  honneurs  et  les  richesses  accueillent  les 
nouveaux  venus.  Des  faveurs  plus  éclatantes  encore  atten- 
daient les  descendants  de  Georges,  désormais  attiichés  à  la 
cour. 

Dès  lors  les  vagues  aspirations  des  Abbassides  prennent 
un  corps.  Sur  l'invitation  d'El  Mansour,  Georges  fait  passer 
des  ouvrages  de  médecine  en  arabe.  Ses  successeurs,  no- 
tumment  Haroun  Errachid  et  El  Mtimoun,  continuent  cette 
œuvre  sous  de  plus  larges  proportions.  On  ne  se  borne  pas 
H  la  médecine  ;  toutes  les  branches  de  la  science  vont  être 
résolument  attaquées. 

Vu     heureux    concours    de    circonstînict»;    favorisa    les 


INTRODUCTION.  03 

Abbassides.  Non-seulement  les  élèves  de  Djondisabour  af- 
fluaient à  Bagdad  :  les  splendeurs  du  Khalifat  attiraient 
aussi  les  savants  de  la  Perse  et  de  l'Inde. 

Les  Khalifes  étaient  encore  merveilleusement  secondés 
imr. une  famille  de  ministres  intelligents,  les  Barmécides. 
Enfin  leur  zèle  pour  la  science  fit  parmi  leurs  sujets  une 
foule  de  prosélytes. 

C'était  de  la  Grèce  que  s'inspiraient  les  Nestoriens  et 
récole  de  Djondisabour  :  ce  fut  de  la  Grèce  que  les  Khalifes 
attendirent  la  lumière.  Ils  la  firent  explorer  par  des  émissai- 
res qui  en  rapportaient  des  livres,  et  aussitôt  des  bureaux 
de  traduction  furent  institués.  Le  merveilleux  lui-même  se 
mêlait  à  ces  faits,  et  l'on  dit  qu'Âristote  apparut  en  songe 
au  Khalife  El  Mâmoun.  A  l'instar  des  princes,  les  riches  et 
les  grands  prirent  des  traducteurs  à  leur  solde  :  une  fièvre 
de  science  gagna  tous  les  degrés  de  l'échelle  sociale.  Le 
siècle  ne  s'était  pas  écoulé  que  non-seulement  les  Arabes 
s'étaient  assimilé  les  trésors  scientifiques  de  la  Grèce,  mais 
qu'ils  possédaient  eux-mêmes  de  leur  crû  des  savants,  des 
philosophes,  des  mathématiciens,  des  astronomes,  des  mé- 
decins. 

Trois  ordres  de  faits  remplissent  cette  période. 

L'école  de  Djondisabour  s'eflFace  et  livre  son  personnel  à 
Bagdad.  Avec  la  famille  de  Georges  viennent  les  Sérapion 
et  les  Mésué. 

Le  travail  des  traductions  se  fait  avec  entrain.  On  ne  s'a- 
dresse pas  seulement  à  la  Grèce,  mais  encore  à  la  Perse,  à 
l'Inde,  k  la  Chaldée. 

Ce  travail  porte  son  fruit  ;  les  Arabes  comptent  déjà  parmi 
eux  des  médecins  et  des  savants  de  tout  ordre. 

Telle  sera  donc  la  marche  que  nous  suivrons  en  faisant 
Thistoire  du  IX*  siècle  : 

l»  Nous  parlerons  d'abord  des  médecins  qui  procèdent  de 
l'école  de  Djondisabour,  en  réservant  toutefois  ceux  qui 
nous  semblent  devoir  figurer  de  préférence  au  chapitre  des 
Traducteurs  : 

2"  Nous  donnerons  ensuite  l'histoire  des  Traductions  qui 
ôC  divisera  en  trois  sections  :  l'histoire  des  traductions  eu 


IM       IIISTÛIKE   DK   L.\  MâDKClNE  AKABK     —   LIVUE  DIlUXlÉMi:. 

général  ;  la  biograpliie  des  traducteurs,  que  nous  prolon- 
gerons au-delà  du  IX •  siècle  pour  n'avoir  plus  à  y  revenir  ; 
enfin  nous  passerons  en  revue  les  ouvrages  traduits. 

3*  Nous  parlerons  en  troisième  lieu  des  médecins  de  se- 
cond ordre,  qui  doivent  plus  ou  moins  leur  savoir  au  tra- 
vail des  traductions;  des  alchimistes  ;  des  naturalistes  et  des 
poly graphes  qui  intéressent  plus  ou  moins  Thistoire  de  la 
médecine  et  des  sciences  naturelles.  Enfin  pour  compléter 
le  tableau  du  IX'  siècle  et  mieux  caractériser  le  mouvement 
de  renaissance  qui  s*opère,  nous  dirons  quelques  mots  sur 
le  développement  que  prennent  dès  lors  les  sciences  physi- 
ques, mathématiques  et  philosophiques. 

Nous  terminerons  par  une  revue  d'ensemble  et  sommaire 
du  IX*  siècle. 


PREMIERE    PARTIE. 

L'ÉCOLE  DE  DJONDISABOUR  ET  LES  PREMIERS 
MÉDECINS. 

La  famille  des  Bakhtiohou. 

Nous  donnerons  à  cette  famille  le  nom  de  Bakhticliou,  qui 
fut  le  plus  anciennement  et  le  plus  fréquemment  porté  par 
ses  membres. 

Elle  était  sans  doute  établie  depuis  longtemps  à  Djondi- 
sabour,  attendu  que  dès  son  apparition  dans  Thistoire,  ^ou 
chef  se  présente  h  nous  comme  le  directeur  de  la  célèbre 
école  et  de  l'hôpital  de  cette  ville,  où  il  formait  des  élèves 
par  renseigfnement  et  la  clinique.  Cet  hôpital  avait  sans 
doute  de  l'importance,  pour  que  Georges,  interrogé  par  le 
Khalife  de  Bagdad  pourquoi  il  n'avait  pas  amené  son  fils 
avec  lui,  ait  répondu  que  l'hôpital  ne  pouvait  se  passer  de  sa 
présence. 

Cette  famille  exerça  l'influence  la  plus  puissante  sur  la 
révolution  scientifique  dont  nous  allons  nous  occuper.  Ce 
u*est  pas  qu'elle  ait  produit  des  médecins  de  premier  ordre^ 
de  la  taille  de  llazès  ou  d'Avicenne  ;  mais  ses  titres  sont  ail^ 
leurs. 

Sa  présence  à  Bagdad  fut  un  événement.  Au  lieu  des  em- 
piriques auxquels  les  Khalifes  avaient  jusqu'alors  confié 
leur  santé,  c'étaient  des  savants  qui  leur  arrivaient  avec  un 
corps  de  doctrines,  et  ils  arrivaient  à  temps.  Les  horizons 
vjiguement  entrevus  par  les  Abbassides  se  dévoilèrent,  et  un 
inonde  nouveau  leur  apparut.  Ils  comprirent  ce  qui  manquait 
à  la  grandeur  de  leur  empire,  et  certainement  la  présence 
de  «teorges  à  Bagdad  fut  en  partie  ce  qui  provoqua  le  tra- 
vail des  traductions.  Georges  lui-même  prit  sa  part  dans  ce 
travail.  .Ses  des^rendant.^,  sans  y  contribuer  beaucoup  person- 


\Jlv\ 


'JO       HISTOIRE   DE   L\   MÊDUCINE   ARABE.   —  LIVRE  DKUXIÈMÉ. 

nellement  le  favorisèrent,  en  prenant  à  leur  solde  des  traduc- 
teurs. Plusieurs  générations  se  succédèrent  à  la  cour  de 
Bagdad,  avec  des  alternatives  où  la  fortune  l'emporta  sur 
l'es  revers,  et  ces  hautes  positions,  faites  à  des  savants  chré- 
tiens, ne  purent  que  mettre  la  science  en  faveur  chez  les 
Arabes  et  les  entr^ner  h  son  étude.  Pendant  quatre  siècles 
cette  famille  produisit  des  hommes  dignes  de  sa  vieille  re- 
nommée. 

DJORDJIS  BEN   DJABRIL  BEN  BAKHTICHOU,  AUTREMENT  GEORGES 
FILS   DE    GABRIEL. 

Depuis  longtemps  l'histoire  de  la  médecine  n'avait  enre- 
gistré une  existence  aussi  complète  et  aussi  remarquable 
que  celle  de  Georges  ou  Djordjis.  Sa  vie  est  une  date,  non- 
seulement  parce  que  nous  trouvons  chez  lui  un  médecin 
complet,  attaché  à  un  hôpital  et  formant  des  élèves»  mais 
aussi  parce  qu'il  peut  être  considéré  comme  le  promoteur 
du  mouvement  scientifique  en  Orient. 

Il  va  paraître  à  la  cour  de  Bagdad,  et  désormais  les  Abbas- 
sides  s'attacheront  des  médecins  éminents  issus  de  sa  famille 
et  de  son  école,  mais  aussi  favoriseront  les  études  et  les  tra- 
ductions, afin  que  les  Arabes  puissent  eux-mêmes  former  des 
savants.  La  présence  de  Djordjis  à  Bagdad  fut  l'étincelle 
qui  devait  y  allumer  le  feu  sacré. 

Chrétien  nestorien,  il  était  chargé  de  l'hôpital  de  Djondi- 
sabour  quand  en  l'année  148  de  l'hégire,  765  de  l'ère  chré- 
tienne, il  fut  appelé  &  Bagdad  par  le  Khalife  El  Mansour. 
Forcé  de  partir  subitement,  il  confia  la  gestion  de  l'hôpital  à 
son  fils  Bakhtichou  (dont  le  nom  signifie  la  fortune  du  Christ) 
et  à  un  de  ses  élèves  Sergis,  et  en  emmena  deux  autres 
Ibrahim  et  Issa  ben  Chahlata.  Il  fut  accueilli  généreuse- 
ment et  guérit  le  Khalife  atteint  de  dyspepsie.  El  Mansour 
voulait  aussi  qu'on  fit  venir  Bakhtichou,  fils  de  Georges, 
mais  celui-ci  fit  observer  que  son  fils  était  nécessaire  à  Djon- 
disabour,  et  lui  proposa  son  élève  Issa,  qui  resta  attaché  à  la 
personne  du  Khalife. 


GEORGES   Fil  S   DE    GABRIEL.  *Jt 

Cepciulcint  lîeorfces  tomba  malade,  et  voulut  s'en  retour- 
ner dans  son  pays,  voulant,  disait-il  à  Mansour,  être  enterré 
avec  ses  i>ères.  Crains  Dieu,  lui  dit  le  Khalife,  et  je  te  pro- 
mets le  paradis.  Je  veux  mourir  dans  la  relig-ion  de  mes 
l)êres,  lui  répondit  Georges,  et  me  trouver  avec  eux  en  pa- 
ra<lis  ou  en  enfer. 

Le  Khalife  se  mit  à  soarire,  et  le  laissa  partir  après  lui 
avoir  adressé  dix  mille  pièces  d'or. 

Georjres  n'eut  pas  à  se  louer  de  son  élève  Issa,  qui  abusa 
de  sa  position  pour  intimider  les  évêques  et  leur  extorquer 
de  l'argent.  Ayant  écrit  ces  mots  à  l'évèque  de  Nisibe  au- 
<juel  il  demandait  des  vases  de  prix  appartenant  à  l'église  : 
«  C'est  moi  (jui  tiens  la  santé  du  Khalife  entre  mes  mains,  » 
révèque  montra  la  lettre  au  Khalife  ;  Issa  fut  chassé  et  ses 
biens  confisqués. 

Mansour  voulut  que  (leorges  revint  à  Bagdad,  mais  Geor- 
;res  avait  fait  une  chute,  et  envoya  à  sa  place  son  élève 
Ibrahim.  Georges  mourut  en  l'année  771  de  notre  ère. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  place  Georges  en  tête  des  traducteurs, 
et  dit  qu'il  fut  le  premier  qui,  sur  l'invitation  d'El  Mansour, 
commença  des  traductions  d'ouvrages  de  médecine  en  arabe. 
Malheureusement,  on  ne  dit  pas  quels  furent  ces  ouvrages. 
<  >n  ne  dit  pas  non  plus,  fait  observer  Wenrich,  si  ces  livres 
furent  traduits  directement  des  originaux  grecs  ou  d'après 
le  syriaque.  Pour  notre  part,  nous  croyons  que  ces  traduc- 
tions furent  directes  et  nous  en  donnerons  plus  tard  la  rai- 
son. 

Bien  que  nous  ayons  à  revenir  sur  cette  question  des  tra- 
ductions, nous  croyons  cependant  devoir  en  dire  un  mot  ici. 
La  question  des  traductions  n'a  jamais  été  bien  posée.  Il  y 
t'u  eut  de  deux  sortes:  celles  (pie  les  Syriens  firent  i»our  eux- 
mrmes  et  celles  ({u'ils  firent  pour  les  Arabes.  Ces  dernières 
n<»ns  paraissent  avoir  dû  être  directes,  toutes  les  fuis  que 
!•'.-  traducteurs  connnaissaicnt  le  grec,  et  c'est  la  règle,  ainsi 
*{W*  nous  le  verrons  plus  tard  pour  le  grand  travail  des  tra- 
durtions  :  on  coinpreiul  en  elfet  (pie  dans  ce  dernier  cas  le 
passage  i»ar  le  syria(pic  ii\i  i)as  de  raison  d'(Hre. 
<iuui  qu'il  en  soit,  le.i  traduction;?  de  Georges  se  firent  eu 

7 


98       HISTOIRE   DE  LA   MÊDKCINB  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

arabe.  Il  couuaissait  cette  laiigfue  ainsi  que  le  persan.  Quand 
il  fut  présenté  au  Khalife,  il  le  salua  en  arabe  et  en  persan, 
et  Mansour  admira  non-seulement  sa  belle  physionomie, 
mais  aussi  l'élégance  de  son  discours.  Dans  le  cas  où  Geor- 
ges n'aurait  pas  connu  le  grec,  ce  qui  est  invraisemblable, 
nous  devrions  admettre  que  ses  travaux  portèrent  surdos  tra- 
ductions déjà  faites  en  syriaque.  En  tout  cas,  il  ne  paraît  pas 
qu'ils  portèrent  sur  ses  proprés  ouvrages,  du  moins  sur  les 
Pandectes  ou  Kounnach  dont  il  nous  est  donné  comme  l'au- 
teur, et  qui  acquirent  de  la  célébrité,  attendu  que  Honcin  les 
fit  passer  plus  tard  du  syriaque  en  arabe.  Georges  est  cité 
fréquemment  dans  le  Continent  de  Razès. 

ISSA  BEN  THAHERBAKIIT  ET  LES  DISCIPLES  DE   GEORGES. 

Issa  ben  Thaherbakht,  né  à  Djondisabour,  fut  un  des  meil- 
leurs élèves  de  Georges,  et  se  fit  de  son  temps  un  renom 
comme  médecin.  Quand  Georges  tomba  malade  sur  ses  vieux 
jours,  ce  fut  h  Issa  qu'il  confia  son  hôpital.  Issa  écrivit  un 
traité  des  médicaments,  que  nous  avons  trouvé  plusieurs  fois 
cité  dans  un  traité  de  médecine  de  Soueidy  intitulé  Tadkira 
qui  figure  dans  l'ancien  fonds  de  Paris  sous  les  n^  1034  et 
1024. 

Nous  croyons  devoir  rappeler  ici  les  noms  des  autres  élè- 
ves de  Georges  étrangers  à  sa  famille,  afin  de  donner  une 
idée  complète  de  l'école  de  Djondisabour. 

Quand  Georges  se  rendit  h  Bagdad  il  laissa  l'hôpital  à  son 
fils  et  à  son  élève  Sergis,  et  emmena  avec  lui  un  autre  élève, 
I&ea  bcn  Chahlata  dont  nous  avons  vu  les  déportements. 
Quand  la  maladie  l'empêcha  plus  tard  de  faire  un  second 
voyage,  il  envoya  un  autre  de  ses  élèves,  Ibrahim  à  la  cour 
de  Bagdad.  Nous  parlerons  bientôt  des  Mésué. 

BAKIITICHOU  BEN  DJOUDIS,  OU  BAKHTICHOU  FILS  DE  GEORGES. 

Bakhtichou  fut  considéré  il  l'égal  do  son  père,  en  Tabsence 
duquel  nous  avons  déjà  vu  qu'il  était  resté  chargé  de  l'hôpi- 
tal de  Djondisabour. 


BAKIITICIJOU   h  EN    DJOUDJIS.  UO 

Le  Khalife  El  Hady  étant  tombé  malade,  ou  fit  venir  en 
consultation  Bakhtichou  avec  d'autres  médecins,  Abou 
Koreich,  Thifoury  et  David  fils  de  Sérapion.  Bakhtichou  ne 
put  s'accorder  avec  le  jaloux  Abou  Koreich,  pharmacien 
vulgaire  qui  avait  capté  la  faveur  du  Khalife  pour  avoir  an- 
noncé, d'après  l'urine  d'une  favorite,  la  naissance  de  deux 
princes.  Il  demanda  à  s'en  retourner  h  Djondisabour.  Haroun 
étant  tombé  malade,  sur  l'indication  du  vizir  lahya  ben 
Khaled,  on  fit  venir  d6  nouveau  Bakhtichou  et  on  le  mit 
eu  présence  des  autres  médecins.  Cette  fois  Abou  Koreich 
s'avoua  vaincu.  Prince  des  croyants,  dit-il,  personne  de  nous 
ne  peut  tenir  tète  à  cet  homme:  c'est  l'éloquence  en  per- 
sonne. Lui,  son  père  et  toute  sa  race  sont  des  philosophes. 
On  présenta  de  l'urine  d'une  bète  de  somme,  et  Bakhtichou 
en  reconnut  la  provenance,  nonobstant  l'opposition  d'Abou 
Konûch.  Eh  bien,  dit  Haroun,  que  faut-il  administrer  à 
celui  qui  a  rendu  cette  urine?  —  De  l'org-e,  répondit  Bakhti- 
chou. Haroun  se  mit  à  rire,  combla  Bakhtichou  d'honneurs 
et  de  présents,  et  le  nomma  chef  de  tous  les  médecins.  C'est  le 
premier  archiàtre  que  nous  connaissions.  Nous  lui  verrons 
bien  des  successeurs,  et  nous  verrons  aussi  que  cette  dignité 
n'était  pas  une  sinécure. 

Nous  ignorons  la  date  de  la  mort  do  Bakhtichou. 

Sa  consultation  près  de  Haroun  se  passait  en  787.  (1) 

Il  écrivit  une  collection  ou  Kounnach,  et  un  aide-mémoire, 
Tedkira,  adressé  à  son  fils  Djabril. 

DJAUIUL  ou  GAHUIEL  FILS  DK   BAKHTICHOU.  1  ^ 

Djabril  fut  le  plus  célèbre,  et  malgré  quelques  disgrâces, 
le  plus  puissant  et  le  plus  heureux  do  la  famille. 
Son  i)èrc  Bakhtichou,  l'avait  envoyé  à  Djafar  le  Barmé- 

l,  Kn  792  il  était  appelé  à  donner  ses  soins  à  Djafjir,  fils  du  vizir 
S'il  faut  en  croire  le  KUab  elhokama  qui,  du  reste  en  réfère  au  Fihrist. 
Bakhtichou  servit  les  Khalifes,  Harouu,  El  Amin,  El  Mamount  El 
Motajtseuu  Kl  Onatcq  et  Moutaounkkcl)  main  il  y  a  une  confusion 
AVccso.n  |>ctit-Hls. 


l'Iih'  fomlH'i  tiiitliMt(%  raniluc  175  de  THég-irc,  701  de  notre 
«MM»,  nii  htl  dUrtiit:  Mon  AIh  en  «ait  plus  que  moi  et  pasuu 
llH^ilorln  nn  INV^l*-  Djubril  (guérit  Djafar. 

^Vp^fidnnt  tnin  cIoh  favorites  de  Haroun,  pur  au  violent 
olt^n't  do  Imllloment,  avait  tellement  étendu  le  bras  qu'elle 
H^Malt  luxi\  IV^patilo.  t)n  sVtait  empressé  de  faire  des  fric- 
\U\\\f^  avoe  doM  onfrtunvti>.  Djafar  envoya  Djabril  à  Haroun. 
l\|abt»tl  w  oharjroado  la  fruérison  pourvu  que  le  Kkalife  le 
U\\^k\{  Mw  ot  uo  so  fArhAt  pas.  S'approchant  alors  de  la 
J^HlUt»  HUt^i  tl  so  pouoha  ot  lui  prit  le  bas  de  la  robe  comme 
ç^'il  wmlhlt  U  lUVouvrir»  La  pudeur  alarmée  de  la  jeune 
ïVlWUU*  lui  l^uiUt  PuïM^^^  do  sou  membre  et  elle  étendit  la 
\mi\\  voï^  ïMi  r\>b<*.  \m  VMih\  ^uério.  dit  Djabril.  Haroun 
^^«i^nt^Uli^v  |M^v»  oofh^  ouro  ohuj  eout  mille  ilrachmos,  prit 
Hln^^il  01^  »î^niUxU>  nrtWMÙMV  ol  lo  uouuu:4  chef  de=;  mêtlecins. 
A  v\^  (l^M^iouv  Imihnuoul  Djîihnl  douu»  uuo  explicatiuu, 
vUUMU  V<Wi  m^  Wv>Wîi  |Mt«ît  ^.h^rv'  ti>u  wpwrî  avec  riJêo  qui 

1\4^v^  V^I^O  t^^lH^'litvM^  H<t^  lUïWiîî:^  :\Mitr  l^fAbirtu  qui!  lui 

Hm.    h<M^*»     ^»     M^^Nv^lx*     s.,^    , .^  ••>>     ■  v**lt^      t.^<4iu.»v    i.    î  vue 


> 

DJADRIL  OD   GABRIEfi   FILS   DE  BAKHTICHOU.  101 

vontîon  (lu  vizir  El    Fadhl,  il  risquait  de  perdre  la  vie. 

Djabril  avait  servi  Harouu  pendant  une  vingtaine  d'années 
et  il  en  avait  été  comblé  dUionneurs  et  de  présents.  Son  cré- 
dit était  prrand  et  c'est  par  lui  qu'arrivaient  les  faveurs. 

El  Amin  renchérit  encore  sur  son  père;  mais  survint 
El  Màmoun,  que  Djabril  avait  nég'lig'é,  et  qui  donna  l'ordre 
de  l'emprisonner.  Cependant  Hassan  fils  de  Sahl,  étanttombé 
malade,  fut  fifuéri  par  Djabril  et  il  parvint  à  le  faire  élarg^ir. 
Màmoun  lui-même  tomba  malade  et  fut  oblig'é  de  se  faire 
soigner  par  Djabril  qui  revint  en  faveur, 

Quand  El  Mfimoun  se  mit  en  marche  contre  les  Grecs,  en 
828  de  notre  ère,  Djabril  était  malade  et  donna  son  fils 
l^akhtichou  pour  accompagner  le  Khalife. 

Quelque  temps  après,  Djabril  mourut  et  fut  enterré  à 
Madaïn  dans  le  couvent  de  St-Serge  avec  des  honneurs 
extraordinaires. 

Malgré  qu'il  nageât  dans  l'opulence,  il  tendait  toujours  la 
main.  Il  fit  inscrire  par  son  secrétaire  les  sommes  d'argent 
et  les  cadeaux  qu'il  avait  reçus  de  différentes  sources  et  le 
total  dépasse  le  chiff're  énorme  de  quatre-vingt-dix  millions 
de  drachmes. 

Ces  largesses  avaient  tellement  frappé  Freind,  qui  n'avait 
pris  de  l'ouvrage  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  qu'une  connaissance 
trè.vsuperficielle  qu'il  se  prend  à  dire  :  Cet  ouvrage  ne  peut 
servir  qu'à  nous  apprendre  les  honneurs  extrêmes  et  les 
pensions  excessives  que  les  médecins  recevaient  alors  des 
Khalifes. 

(labriel  composa  plusieurs  écrits: 

!•  Une  lettre  à  El  MAmoun  sur  les  aliments  et  les  boisson3T\ 
2*  Une  introduction  à  la  logique,  où  WUstenfeld  a  vu,  par     1 
inadvertance,  une  introduction  à  la  médecine;  .T  Un  trait*?     \ 
sur  le  coït;  1*  Un  abrégé  de  médecine;  5"  des  Pandectes;      j 
<J*  Vn  traité  de  la  composition  des  parfums  dédié  îi  El  MA- 
moun. '"' 

Ciabriel  favorisa  aussi  les  traductions.  Abd  Ichou  ben 
Dahr  b(»n  Mathnin  en  exécuta  pour  lui.  On  rapporte  que  sur 
ses  vieux  jours  il  ne  dédaignait  pas  d'assister  aux  cours  du 
jeune  HuniMU  et  de  l'appeler  son   înaître.  Comme  on  lui  eu 


102    IIîSTOmK  DE   LA  M/:onCIXK    ARATÎR.   —  LIVRE  DECXlÈMi:. 

faisait  l'observation,  il  répondit  qu'il  ne  pouvait  trop  hono- 
rer ce  jeune  homme  qui  devait  un  jour,  s'il  vivait  long- 
temps, éclipser  Sergpius  (le  traducteur). 

Les  écrits  de  Gabriel  sont  cités  par  Razès,  Sérapion  et 
Mesué.  Il  ne  servit  pas  seulement  la  science  par  ses  écrits, 
il  la  servit  encore  par  la  haute  position  qu'il  sut  conquérir, 
nonobstant  sa  qualité  de  chrétien.  Il  en  fit  une  force  morale 
et  politique,  et  ses  g-randeurs  durent  contribuer  h  en  propa- 
ger le  goût  parmi  les  Musulmans. 

Gabriel  avait  aussi  un  frère  du  nom  de  Georges  ou  Djordjis 
ben  Bakhtichou,  qui  est  cité  par  Aboulfarage  parmi  les 
médecins  d'El  Mftmoun. 


nAKHTICHOU    FILS    DE    DJABRIL,    OU    BAKHTICnOU 
FILS   DR   OADRIF.L. 

Nous  avons  déjà  vu  que  son  père  l'avait  donné  au  Khalife 
El  Màmoun  pour  l'accompagner  dans  son  expédition  contre 
les  Grecs  en  l'année  828  de  notre  ère. 

Bakhtichou  parvint  comme  son  père  au  faîte  des  gran- 
deurs et  de  la  fortune,  mais  comme  lui  il  connut  les  revers. 

A  l'avènement  d'El  Ouatseq  des  envieux  le  desservirent 
et  le  firent  exiler  à  Djondisabour.  Cependant  El  Ouatseq  se 
trouvant  atteint  d'hydropisie,  fit  appeler  Bakhtichou  qui  ne 
put  arriver  avant  la  mort  du  Khalife. 

Avec  Moutaouakkel  la  fortune  sourit  à  Bakhtichou.  Mais 
il  vivait  avec  un  faste  singulier.  Tout  chez  lui  respirait  le 
luxe  et  le  riifflnement.  Il  savait  pendant  l'été  se  procurer 
la  fraîcheur  de  l'hiver,  et  pendant  l'hiver  la  chaleur  de  l'été. 
Moutaouakkel  se  fit  un  jour  inviter  par  Bakhtichou,  qui 
déploya  une  pompe  telle  que  le  Khalife  en  prit  ombrage  et 
le  dépouilla  de  ses  biens.  On  raconte  qu'au  temps  de  sa  fa- 
veur, étant  un  jour  assis  près  du  Khalife,  celui-ci  se  mit  h 
élargir  et  allonger  une  solution  de  continuité  qui  se  trouvait 
aux  vêtements  de  l^ikhtichou,  jusiiu'à  la  ceinture,  puis 
tout  {i  coup  il  se  mit  à  lui  dire:  (Juand  voyez-vous  qu'un 
fou  est  à  lier?  —  Quanti  il  déchire  la  n>be  de  son  méilecin 


BAKHTICHOTI,    Flf.S   DE  DJABRIL.  103 

jii5;qu'à  la  ceinture,  lui  répondit  Bakhtîehou.  Le  Khalife  se 
mit  :i  rire  jusqu'à  tomber  h  la  renverse. 

Hakliticliou  écrivit  un  tniité  de^  scarifications.  Ce  qui  le  ^ 
recommande  surtout,  ce  sont  les  traductions  qu'il  fit  faire 
h  Honein.  On  lui  attribue  ces  mots  :  C'est  mauvais  de  boire 
quand  on  a  faim,  mais  c'est  pire  de  manger  quand  on  est 
rassasié.  Il  mourut  en  870,  laissant  un  fils,  Obeid  Allah  et 
trois  filles. 

MKSUÉ   ET   SES   FILS. 

Voici  encore  une  famille  de  médecins  chrétiens  formés  à 
récole  de  Djondisabour,  sous  les  auspices  des  Bakhtichou. 
Si  la  famille  des  Mésué  ne  fournît  pas  une  aussi  long^ue 
S4'»rio  de  médecins  disting'ués  que  celle  des  Bakhtichou,  elle 
ont  un  membre  plus  éminent  dans  la  personne  de  Jean,  qui 
prit  une  part  très  active  dans  la  diffusion  de  la  science  fifrec- 
que  chez  les  Arabes,  en  même  temps  qu'il  travaillait  à  la 
propag*er  par  ses  nombreux  écrits. 

MASSOUm    .\BOU    lOUHANNA,  OU    MÉSUK    PERE  DE    JEAN. 

Massouih  était  ce  que  nous  appellerions  un  grarçon  phar- 
macien attaché  à  l'hôpital  de  Djondisabour,  où  il  était  chargé 
de  la  trituration  des  médicaments.  C'était  vers  la  fin  du  hui- 
tième siècle  de  notre  ère. 

Ignorant  jusqu'à  la  lecture,  Massouih  finit  cependant  par 
acquérir  une  grande  connaissance  des  médicaments,  des  w 
maladies  et  de  leurs  remèdes.  Le  médecin  de  l'hôpital  était 
Djabril  ou  Gabriel,  fils  de  Bakhtichou,  qui  tenait  Massouih 
on  amitié.  Le  voyant  amoureux,  d'une  esclave  de  Daoud  fils 
de  Sérapion,  autre  médecin  de  Djondisabour,  il  l'acheta  huit 
ct»nt^  ilrachmes,  et  la  lui  fit  épouser.  De  ce  mariage  naqui- 
HMit  loulianna  et  Mikhaïl,  autrement  Jean  et  Michel. 

Mîîssouih  ét<iit  depuis  trente  ans  attaché  à  l'iiôpital  quand 
Djabril,  on  ne  dit  pas  puuniuoi,  lui  fit  perdre  sa  position. 

Ma>'souih,  fort  de  son  expérience,  vint  à  Bagda<l  pratiquer 
la  médi»rini». 


101      HITOIUE  DS  LA  MEDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Il  avait  gfiiéri  d'une  ophthalmie  un  serviteur  de  Fadhl  fils 
de  Rabi,  vizir  du  Khalife.  Erracliid  fut  lui-même  atteint  de 
la  même  maladie.  Gabriel,  qui  se  trouvait  à  Bagfdad,  lui  en- 
voya des  oculistes  qui  le  traitèrent  sans  succès.  Le  domes- 
tique fit  appeler  Massouih.  Fadhl  en  parla  à  Gabriel  qui  le 
pria  de  faire  venir  Massouih.  Comment,  lui  dit  Gabriel,  te 
voilà  donc  devenu  médecin.  Pourquoi  me  dis-tu  cela,  répli- 
qua Massouih  :  est-ce  donc  en  vain  que  j'ai  travaillé  trente 
ans  dans  un  hôpital  ! 

Fadhl  fit  donner  à  Massouih  une  pension  de  six  cents 
drachmes  par  mois  et  des  vivres  pour  cinq  domestiques. 
Massouih  fit  alors  venir  de  Djondisaboursa  femme  et  son  fils 
louhanna. 

Errachid  ayant  donc  été  lui-même  atteint  d'ophthalmie, 
Massouih  le  guérit  au  bout  de  deux  jours  de  traitement.  Le 
Khalife  lui  assîgfna  une  pension  de  deux  cents  drachmes  par 
mois,  le  combla  de  présents  et  lui  fit  prendre  rang*  h  côté  de 
Djabril  et  de  ses  autres  médecins. 

La  sœur  de  Rachid  tomba  malade  et  Gabriel  l'avait  traitée 
sans  succès.  Si  nous  faisions  venir,  dit  Rabi  au  Khalife,  ce- 
lui qui  a  travaillé  trente  ans  dans  les  hôpitaux  !  Massouih 
fut  appelé  en  consultation,  et  annonça  la  fin  prochaine  de 
la  malade.  Il  ment,  dit  Gabriel.  Rachid  fit  emprisonner 
Massouih.  Cependant  sa  prédiction  se  réalisa.  Rachid  le  fit 
appeler  et  lui  fit  une  position  et  des  appointements  ég*au\ 
à  ceux  de  Gabriel. 


MIKHAÏL  BEN  MASSOUIH  OU  MICHEL  FILS  DE   MKSUK. 

Mikhaïl  devint  le  médecin  du  Khalife  El  Màmoun  qui 
avait  pour  lui  beaucoup  de  considération,  de  confiance  et 
d'amitié  :  il  ne  prenait  aucun  remède  que  ceux  préparés  par 
Mikhaïl  et  il  le  préférait  à  Djabril  ben  lîakhtichou. 

Mikhaïl  ne  nous  est  autrement  connu  que  pour  son  an- 
tipathie contre  les  innovations. 

Il  ne  prescrivait,  en  fait  de  médicaments,  que  ceux  qui 
étaient  connus  depuis  an  moins  deux  siècles. 


MASSOUin  BKN  lOUHANXA.  MIKHAÏL  DKN  MARSOUIH.  105 

Ou  lui  demauda  uu  jour  sou  avis  sur  la  bauaue.  Il  u'ou 
est  pas  questiou,  dit-il,  daus  les  écrits  des  anciens  :  aussi 
je  n'ose  ni  la  manfifer  ni  la  recommander  aux  autres. 

Il  n'employait  jamais  que  le  miel  dans  la  préparation  de 
l'oxymel  et  pour  confire  la  rose  :  jamais  il  ne  se  servait  du 
sucre.  En  un  mot,  iF  se  conformait  en  tout  aux  errements 
des  anciens. 


lAUVA  or  lOTIHANXA   HKX   MASSOUIH,  VULGAIREMENT  JEAN   FILS 

DE  MKSr'K,  ou  ENCORE  MESlÉ  l'aXCIEN.  V  X. 

Jean  paraît  être  né  vers  l'an  777  de  notre  ère,  si  l'on  en 
croit  Léon  l'Africain,  qui  le  dit  avoir  vécu  environ  quatre- 
vinprts  ans.  On  lui  a  donné  vulgairement  le  nom  de  Mésué 
Vancien,  pour  le  distingfuer  d'un  médecin  du  même  nom 
(|ui  lui  est  postérieur,  et  dont  les  œuvres  ont  été  traduites  en 
latin  et  imprimées. 

Nous  croyons  devoir  ajouter  que  les  noms  d'Ialiya  et  de 
louhanna  sont  la  même  chose  sous  deux  formes  différentes, 
parce  qu'il  est  arrivé  que  l'on  en  a  fait  deux  personnag'es. 
I/nn  de  ces  noms  est  la  forme  arabe  et  l'autre  la  forme 
syriaque.  Nous  relèverons  encore  une  autre  erreur.  Les 
biogrniphies  de  Michaud  et  de  Hœfer  donnent  ix  son  père  le 
nom  de  fteorpres.  Nous  pensons  que  les  auteurs  do  ces  noti- 
ces se  sont  appuyés  sur  ce  qu'on  lit  dans  la  Bibliothèque 
orientale  d'As.semani.  A  propos  des  médecins  qui  furent  em- 
ployés parles  Khalifes,  on  lit  en  tète  de  cette  longrue  liste: 
Gcorgius  Mesue  ejusquc  filius  Johanncs,  etc.  (1)  Nous  pen- 
sons qu'il  faut  disjoindre  les  deux  mots  Geor^ius  et  Mésué. 

Le  premier  nous  paraît  devoir  être  appliqué  à  juste  titre 
a  Djordjis  ou  (reor^^'es,  la  première  illustration  de  la  famille, 
(jui  fut  appelé  à  Ha«rdad  pour  soigner  le  Khalife  El  Mansour. 
Si  Ton  fait  un  seul  i)ersonna*re  de  ces  deux  noms,  Geor^ius 
Mésué,  (Teorpres  fils  de  lîakhtirhou,  qui  commença  la  gran- 
deur de  s:i  race,  ne  serait  point  nonuné,  ce  qui  ne  saurait 

1)  Tf»:nH  ÎH.  O   partit*,  pnpro  ^'T. 


100  HISTOIRE   DE   LA  MÉDECINE   AHARB.    —    LIVRE   DEUXIÈME. 

être  admis.  Ce  qui  nous  semble  aussi  prouver  notre  manière 
de  voir,  c'est  qu'immédiatement  après  Jean,  fils  de  Mésué,  est 
cité  Bochtiesus  magnus.  Or  nous  pensons  que  cette  citation 
s'applique  à  Bakhtichou,  fils  de  Georges,  qui  laissa  des  écrits, 
tandis  que  l'autre  Bakhtichou  ne  fut  grand  que  par  son 
faste.  Enfin  ce  nom  de  Georges  aurait  dû  se  retrouver  dans 
le  Kitab  el  hokama,  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  Aboulfarage  et  Léon 
l'Africain. 

D'après  l'histoire  de  Mésué,  il  semblerait  que  son  fils  Jean 
a  dû  naître  à  Djondisabour.  Léon  l'Africain  le  fait  cependant 
naître  dans  une  bourgade  voisine  de  Ninive.  Ce  que  rapporte 
ensuite  Léon  de  l'arrivée  de  Jean  à  Bagdad  ne  s'accorde  pas 
non  plus  avec  le  récit  des  historiens  arabes  qui  l'y  font  ap- 
peler par  son  père,  auquel  la  fortune  venait  de  sourire. 

Léon  lui  prête  aussi  l'envie  d'entrer  dans  les  ordres,  et 
môme  Saint-Martin,  qui  a  écrit  la  notice  de  Mésué,  dans  la 
biographie  de  Michaud,  dit  que  ce  fut  sous  les  auspices  du 
patriarche  Nestorien  Timothée,  mais  que  le  goût  de  lascience 
le  fit  renoncer  à  l'état  ecclésiastique.  Nous  ignorons  sur 
quelles  autorités  s'est  appuyé  Saint-Martin.  En  tout  cas, 
d'après  les  historiens  arabes,  ce  serait  plutôt  sous  les  auspi- 
ces de  son  père  que  Jean  se  serait  adonné  à  l'étude  des  scien- 
ces et  de  la  médecine. 

Il  ne  tarda  pas  à  s'y  faire  remarquer  au  milieu  des  savants 
qui  commençaient  à  affluer  à  Bagdad.  Léon  rapporte  que  le 
Khalife  Haroun  Errachid,  voulant  confier  le  commandement 
du  Khorassan  à  son  fils  Mâmoun,  lui  avait  recommandé  de 
s'entourer  d'hommes  de  mérite.  Le  secrétaire  de  Mâmoun  lui 
indiqua  Jean  fils  de  Mésué.  Haroun  s'étonnant  que  son  fils 
ait  fait  choix  d'un  chrétien,  Mâmoun  lui  répondit  qu'il  l'a- 
vait pris  non  pas  pour  sa  religion,  mais  pour  sa  science,  les 
chrétiens  et  les  juifs  pouvant  seuls  alors  fournir  des  savants. 
Ce  récit  de  Léon  nous  paraît  suspect  et  peu  en  rapport  avec 
l'esprit  de  Haroun.  Du  reste  nous  aurons  souvent  occasion 
de  relever  des  inexactitudes  dans  Léon  l'Africain,  qui  n'eut 
probablement  pas  le  temps  de  prendre  une  connaissance 
exacte  des  personnages  dont  il  nous  a  laissé  la  biographie. 

Suivant  Ebn  Djoldjol,  cittS  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  le  Kha- 


lAHTA   OU   lOUHANNA    BEN    MA8S0UJH.  107 

life  HarounErrachidcharg^ea  Jean,  fils  de  Mésué,<le  traduire 
les  livres  que  l'on  avait  trouvés  à  Ang-ora  et  h  Amouria,  ainsi 
que  dans  tout  le  pays  grec,  et  le  nomma  chef  des  traduc- 
teurs. Aboulfarag'e  rapporte  aussi  que  Jean  fut  chargé  par 
le  Khalife  Haroun  de  traduire  les  livres  des  Anciens. 

D'après  le  Fihrist  et  Hadji  Khalfa,  Jean  serait  même  allé 
en  Grèce  h  la  recherche  des  manuscrits,  mais  seulement  sous 
le  règfne  d'El  MAmoun. 

Jean  n'était  pas  seulement  traducteur,  il  enseignait  aussi 
la  médecine  et  la  dialectique,  prenant  pour  base  de  son  en- 
seignement les  livres  de  Galien.  Se.^  cours  étaient  fréquen- 
tés par  les  savants  et  les  lettrés,  en  partie,  dit-on,  pour  ses 
saillies,  que  l'on  se  plaisait  à  recueillir. 

Nous  en  donnerons  un  échantillon.  Un  jour  il  tomba  ma- 
lade, à  ce  point  qu'on  désespéra  de  ses  jours.  Suivant  la  cou- 
tume des  chrétiens,  les  membres  du  clergé  vinrent  prier 
chez  lui.  Tas  de  gredins,  leur  dit  Jean,  que  faites-vous  chez 
moi  ?  —  Nous  venons  prier  Dieu  pour  qu'il  te  rende  la  san- 
té. —  Les  pastilles  de  roses,  répliqua  Jean,  valent  mieux 
que  les  prières  des  chrétiens,  durassent-elles  jusqu'à  la  ré- 
surrection. 

Issa,  fils  d'Ibrahim,  venait  de  se  faire  musulman  quand 
Jean,  fils  de  Mésué,  rentrant  chez  lui  trouva  du  monde  qui 
l'attendait.  Allez- vous-en,  leur  dît-il,  et  embrassez  l'islamis- 
me: le  Messie  (Issa)  vient  de  se  faire  musulman. 

Un  prêtre  vint  un  jour  se  plaindre  h  lui  de  maux  d'esto- 
mac. Prends  l'électuaire  el  Khouzy,  lui  dit  Jean.  —  Je  l'ai 
fait.  —  Prends  celui  de  cumin.  —  J'en  ai  pris.  —  Prends 
alors  le  macédonique.  —  J'en  ai  pris  une  jarre.  —  Prends 
donc  de  l'ambrosia.  —  J'en  ai  pris  et  m'en  suis  trouvé  mal. 
—  Eh  bien,  lui  dit  en  colère  Jean,  fais-toi  musulman  :  l'isla- 
misme assainit  l'estomac. 

On  connaît  sa  réponse  au  Khalife  El  Ouatseq.  Celui-ci  pé- 
chait un  jour  à  la  ligne  en  compagnie  de  son  médecin. 
Comme  il  ne  prenait  rien,  vas-t-en,  dit-il  à  Jean,  malheu- 
reux, tu  me  portes  malheur.  —  Prince  des  croyants,  lui  ré- 
pondit Jean,  ne  dites  pas  que  je  suis  malheureux.  Je  suis  né 
d'une  esclave  achetée  par  mon  père,  et  cependant  je  suis 


108      HISTOIRE  DE  LA    MÉDECINE  AOABE.    —   LIVUE  DEUXIÈME. 

devenu  le  favori  et  le  commensal  de  plusieurs  Khalifes  et  j'ai 
prospéré  au  delà  de  mes  espérances.  Cela  ne  peut  pas  se  dire 
être  malheureux.  Mais  si  vous  me  le  permettez,  je  vous  di- 
rai qui  Ton  peut  appeler  malheureux.  —  Parle.  —  C'est  un 
prince  descendu  de  quatre  Khalifes,  Klialife  comme  eux,  qui 
laisse  son  empire  et  son  palais  pour  se  log:er  dans  une  ca- 
bane large  de  vingt  coudées  qu'un  coup  de  vent  peut  sub- 
merger, et  qui  fait  ce  que  font  les  plus  malheureux  des  hom- 
mes. El  Ouatseq  fut  blessé  de  cette  hardiesse,  et  il  eut  pro- 
bablement sévi  contre  Jean,  sans  la  présence  de  son  frère 
Moutaouakkel. 

Malgré  sa  science,  Jean  ne  passait  pas  pour  un  heureux 
praticien.  Quand  Salmouïh,  médecin  de  Motassem,  fut  près 
de  mourir,  il  recommanda  au  Khalife  de  i\e  pas  s'abandon- 
ner à  Jean,  et  de  ne  prendre  de  ses  prescriptions  que  les 
moins  compliquées. 

Il  eut  un  fils  de  la  fille  de  Thifoury,  qui  était  peu  intelli- 
gent. Ce  fils  étant  tombé  malade,  Jean  le  saigna  contraire- 
ment à  l'avis  de  Thifoury,  et  on  attribua  sa  mort  h  cette  sai- 
gnée intempestive. 

Malgré  la  coopération  de  Jean  au  travail  des  traductions, 
il  n'en  est  pas  cependant  qui  nous  soit  restée  sous  son  nom. 
Il  eut  pour  disciple  Honein,  qu'il  jugea  d'abord  incapable 
d'étudier  la  médecine  et  qu'il  rebuta  par  se ->  brusqueries,  au 
point  que  Honein  le  quitta  et  s'en  fut  en  Grèce  se  perfec- 
tionner dans  la  langue  du  pays. 

Jean  mourut  à  Samarra  en  l'année  857  de  notre  ère.  Il 
composa  un  grand  nombre  d'écrits  dont  quelques-uns  .seu- 
lement sont  parvenus  jusqu'à  nous. 

Telle  en  est  la  liste  : 

La  démonstration,  en  trente  livres. 

La  vue  attentive. 

Le  complément  et  la  perfection. 

Livre  des  fièvres,  (sous  forme  dichotomique^  traduit  en 
latin. 

Les  aliments  et  les  boissons. 

Pandectes  et  Pandectes  abrégées,  adressées  à  Mrlmoun. 
De  la  saignée  et  des  scarifications. 


I.VIIYA  OU    lOUUANN.V    liBX   AiA&iOUllI.  100 

De  la  lèpre  tuberculeuse.   * 

Des  substances. 

Des  pollutions  nocturnes. 

De  la  prééminence  de  Testomac.  (Stomachi  repletio,  WUs- 
tcnfeld). 

De  l'emploi  et   do  la  correction  des  médicaments  pur- 
jyatifs. 

Du  secret  parfait. 

De  la  correction  des  aliments. 

Des  bains. 

Des  poisons  et  de  leur  traitement. 

Livre  de  Tintroduction. 

Livre  des  temps. 

Livre  des  attributs  et  des  siyfnes. 

Du  dévoiement. 

De  la  décoction. 

De  la  céphalal^^ie,  ses  causes,  ses  variétés  et  son  traite- 
ment. 

Du  vertigre  et  du  tournoiement. 

Pourquoi  les  médecins  doivent  s'abstenir  de  traiter  les 
femmes  pendant  certains  mois  de  la  grossesse. 

De  l'examen  des  médecins. 

De  l'examen  des  oculistes. 

De  l'altération  de  l'œil. 

Du  toucher  des  veines. 

De  la  voix  et  de  l'enrouement. 

De  l'eau  «l'org'e. 

De  l'atrabile. 

Du  traitement  qui  fait  concevoir  les  femmes  stériles. 

De  l'embryon. 

Du  ré^nme  à  l'état  de  santé. 

Des  dentifrices  et  collutoire.". 

De  restoniac. 

De  la  colicpie. 

Curiosités  médicales. 

De  lanatomie. 

Du  réj,''ime  des  pur;,Mtifs,  suivciut  les  temps  et  les  tji  'j»é- 
rament^. 


110    lilSTOlKE   DE   LA   MÉDECINE  AUàUE.   —     LIVRE   DEUXIÈME. 

De  la  constitution  de  Thomme,  de  ses  organes  et  des  cau- 
ses des  maladies,  dédié  à  Màmoun. 

Notre  liste  est  beaucoup  plus  complète  que  celle  de  Wûs- 
tenfeld  qui  a  donné  celle  du  Kitab  el  hokama,  probablement 
d'après  Casiri,  tandis  que  nous  avons  suivi  Ebn  Abi  Ossaï- 
biah. 

Maintenant  se  présente  une  double  question  :  que  nous 
est-il  resté  des  écrits  de  Mésué?  Peut-on  lui  attribuer  les 
traductions  latines  ou  hébraïques  qui  portent  ce  nom  ? 

P  En  fait  de  textes  arabes,  nous  ne  connaissons  que  deux 
écrits  mentionnés  par  Casiri,  sous  le  n*  888,  et  le  n°  1,302 
de  la  Bibliothèque  de  Leyde. 

Le  premier  est  intitulé  :  Propriétés  des  aliments.  Nous 
avons  rencontré  dans  notre  liste  un  Traité  des  aliments 
et  des  boissons. 

Le  deuxième  écrit  a  plus  d'importance.  Nous  avons  traduit 
son  titre  Nouadher  etthobb  par  Curiosités  de  la  médecine.  Ou 
pourrait  traduire  aussi  par  Raretés  ou  Secrets.  Wûstenfeld 
considère  cet  ouvrage  comme  répondant  aux  Aphorismes  de 
Janus  Damascenus,  mais  il  ne  donne  pas  de  preuves  à  l'appui 
de  cotte  opinion.  Nous  croyons  en  avoir  trouvé.  Malheureu- 
sement ce  Ms.  a  disparu  de  l'Ecurial,  ainsi  que  nous  l'avons 
constaté  :  mais  le  titre  a  son  importance  :  il  donne  l'ouvrage 
comme  dédié  à  Honein,  disciple  de  Mésué.  En  tète  des 
Aphorismes,  nous  trouvons  en  effet  une  dédicace  à  son  fils 
bien-aimé  pour  lequel  cet  ouvrage  a  été  composé.  Puis  à  la 
lin  nous  lisons  :  «  Praeterea  valde  cœptum  opus  non  negligere 
hortor  propter  quod  me  nimis  lœtificasti:  et  quod  librum 
Galieni  gloriosissimi  transtulisti,  cujus  titulum  ei  placuit 
vocari  megategni.  Nunc  autem  deo  gratias  ago  quod  te 
hujusmodi  primum  translatorem  inveni.  » 

De  tels  propos  adressés  à  Ilonein  ne  sauraient  convenir 
qu'à  notre  Mésué. 

Le  manuscrit  de  Leydc  no  laisse  aucun  doute  sur  la  ques- 
tion d'identité. 

2°  On  a  sous  le  nom  de  Mtsué  la  traduction  latine  d'un 
Traité  des  fièvres.  Ce  traité  figure  dans  notre  liste  ])ibliogra- 
phique. 


SAUL    BiiN   SAUOUU.  111 

Nous  croyons  qu'il  faut  rapporter  h  Mésuc  le  jeune,  un 
ouvrage  souvent  imprimé  et  qui  contient  un  traité  des  mé- 
iicamentâ  purgatifs,  un  formulaire  et  la  thérapeutique  par- 
ticulière à  chaque  maladie.  Mésué  l'ancien,  écrivit  aussi  sur 
les  purgatifs. 

Nous  avons  rencontré  quelques  citations  de  cet  écrit  dans 
Ebn  el  Beithar,  ainsi  le  Turbith.  Nous  avons  comparé  avec 
l'imprimé  et  nous  n'avons  trouvé  aucune  ressemblance.  Ce 
que  nous  disons  des  traductions  latines,  nous  l'appliquerons 
aux  traductions  hébraïques  et  nous  considérons  comme 
erronée  l'attribution  du  catalogue  des  Mss.  de  Paris. 

Il  y  a  d'ailleurs  une  raison  péremptoire  de  chronologie. 
Dans  l'ouvrage  en  question,  nous  trouvons  cités  :  liazès, 
Ebn  ed  Djezzar,  Ishaq  ben  Amran,  Avicenne,  etc. 

Jean  nous  est  donné  comme  ayant  pris  une  part  active  au 
travail  des  traductions.  Cependant  son  nom  ne  figure  pas 
dans  les  listes  de  traducteurs  et  nous  ne  connaissons  aucune 
traduction  donnée  sous  son  nom.  Il  est  probable  que  son  rôle 
se  borna  à  celui  de  directeur. 


SAIIL   HEN    SABOUR.  (TW^- 

Il  était  aussi  nommé  El  Kousedj.  Il  était  de  l'Ahouazet 
avait  apporté  dans  Bagdad  un  cachet  de  terroir.  C'était 
l'éïKKiue  d'El  Màmoun,  et  Sahl  se  trouvait  en  compagnie 
des  grands  médecins  de  l'époque,  Jean  ^.Is  de  Mésué,  Geor- 
ges fils  de  Bakhtichou,  Issa  ben  Hakam,  Issa  ben  Abi 
Khaled,  Zakarya  Etthifoury,  etc.  Sahl  était  un  de  ces  hom- 
mes qui  vinrent  un  peu  avant  l'époque  des  traductions,  et 
qui  se  firent  par  l'expérience.  S'il  était  moins  savant  que  ses 
confrères,  il  les  égalait,  dit-on,  par  la  pratique.  Tous  redou- 
taient sa  langue  et  ses  malices.  Ou  nous  en  a  conservé  quel- 

y;i;  Nous  trouvons  dans  le  n"  7131  du  fonda  latin  de  Paris,  un  traité 
de  chirur-^ie  de  Mcsuc,  traduit  en  latin,  à  Naples,  par  maître  Ferra- 
nos,  juif  de  religion.  La  réduction  des  fractures  est  rendue  par  le  mot 
Alrebra.  Uien  ne  nous  autorise  jusqu'à  présent  h  rapporter  cet  ou- 
Trajice  à  Mésuc  l'Ancien. 


IX 


ll:i   liiSTOlUK   DK  L\    MÉUEClNIi   AKABE.    —   LIVRE    DKUXiLME. 

qucs  traits.  En  l'année  200  de  Thég'ire,  il  se  dit  un  jour  ma- 
lade, et  fit  venir  des  témoins  pour  leur  dicter  ses  dernières 
volontés.  Il  instituait  pour  héritiers  ses  enfants,  et  en  tète 
Georges  et  Jean  fils  de  Mésué,  alléguant  qu'il  avait  eu  com- 
merce avec  leurs  mères,  et  qu'il  en  reconnaissait  la  pater- 
nité. A  ces  mots,  Georges  bondit.  Soufflez-lui  du  Coran  dans 
l'oreille,  dit  El  Kousedj,  il  est  pris  d'épilepsie. 

Une  autre  fois,  un  jour  de  fête  chrétienne,  il  aperçut  Jean, 
fils  de  Mésué,  dans  une  tenue  magnifique  et  il  en  prit  om- 
brage. S'adressant  à  un  chef  de  poste,  il  le  pria  d'adminis- 
trer à  Jean,  qu'il  lui  dit  être  son  fils,  une  correction  de  vingt 
bons  coups  de  bâton,  lui  promettant  autant  de  pièces  d'or. 
Jean  fut  saisi  par  les  hommes  du  poste,  et  cria  vainement 
qu'il  n'était  pas  le  fils  de  Kousedj.  Tu  le  vois,  dit  Kousedj,  il 
est  fou.  Jean  reçut  la  volée  de  coups  de  bâton. 

On  ne  dit  pas  quelle  était  la  religion  de  Sahl,  tandis  que 
l'on  fait  remarquer,  à  propos  de  son  fils  Sabour,  qu'il  mourut 
chrétien. 


SAlJOUll  BEN    SAHL. 

Siibour  était  fils  de  Sahl  cl  Kousedj. 

C'était  un  médecin  savant  et  renommé,  attaché  à  l'hôpi- 
tal de  Djondisabour.  Le  Kitabel  hokamanous  apprend  qu'il 
mourut  chrétien  l'année  255  de  l'hégire,  8()0  de  notre  ère. 

Sabour  était  très  versé  dans  la  connaissance  des  propriétés 
des  médicaments  simples  et  de  leurs  combinaisons.  Il  com- 
posa un  grand  formulaire,  Acrabadin  Kcbir,  le  premier 
probablement  dont  l'histoire  nous  ait  conservé  le  souvenir. 

Ce  formulaire,  divisé  en  vingt-deux  livres,  fut  générale- 
ment adopté  dans  les  hôpitaux  et  les  officines,  et  eut  une 
grande  vogue  avant  l'apparition  du  formulaire  d'Amin 
Eddoulat  Ebn  Ettalmid. 

11  paraît  en  avoir  aussi  composé  un  autre,  car  on  trouve 
cités  dans  le  Continent  de  Razès  un  grand  et  un  moyen 
antidotaires  de  Sabour. 

Il  écrivit  aussi  d'autres  ouvra<»es. 


SABOUR  BEX  SAHL.  SÉRAPION  L*ANCIIi.N.  113 

Un  traité  des  propriétés  des  aliments,  de  leurs  inconvé- 
nients et  de  leur  utilité. 

Une  critique  de  Touvraje  de  Honein  sur  la  différence  entre 
les  aliments  et  les  médicaments  laxatifs. 

Un  discours  sur  le  sommeil  et  la  veille. 

Un  traité  des  succédanés  cité  par  Hadji  Klialfa  et  par 
d'Herbelot.  A  ce  propos  nous  relèverons  une  erreur  deTédi- 
teur  allemand  de  Hadji  Khalfa,  qui  a  rendu:  AbdaL  el 
Adotit/a^ par:  compendiumde  medicamentis.  (N*17,éd.  Flue- 
gel.) 

Nous  ferons  remarquer  ici  que  Sabour  n'est  cité  cependant 
qu'une  seule  fois  par  Ebn  Beithâr,  h  propos  de  la  cuscute. 
La  même  citation  se  lit  dans  les  simples  de  Sérapion. 

n  est  quelquefois  cité  dans  le  Continent  de  Razès,  et  une 
fois  on  le  trouve  même  cité  de  la  sorte: 

Sahur  in  lapidario,  ce  qui  semble  indiquer  que  Sabour 
s'était  aussi  particulièrement  occupé  des  minéraux.  Nous 
n'avons  pu  constater  la  citation  dans  le  texte.  Nous  devons 
relever  les  citations  de  Sabour  dansMésué. 

Nous  les  trouvons  sous  des  formes  diverses  :  Sabor,  Sahor 
hcn  Girges,  Sabor  filius  Girges,  filius  Girges,  filius  Girges 
rcx  medorum,  Sabor  rex  medorum.  Nous  pensons  que  l'on 
doit  voir  dans  le  mot  Girges  une  altération  de  Kousedj,  alté- 
ration qui  peut  s'expliquer  en  admettant  dans  l'arabe  une 
écriture  défectueuse.  Quanta  la  qualification  de  Rex,  serait- 
ce  la  traduction  du  mot  cheikh  ?  On  lit  de  même  dans  Tan- 
tidotaire  de  Sérapion  cette  qualification  de  Rex,  on  trouve 
même  des  pilules  sous  le  nom  de  lacissuba  rcgis  medorum. 
Dans  lacissuba  il  serait  encore  permis  de  voir  une  altération 
de  Kousedj.  Enfin  on  trouve  encore  Xiraxeg  régis  medorum, 
qui  peut  se  prêter  à  la  même  explication. 


JEAN   FILS    DE    SERAPION,    OU    SÉRAPION    L  ANCIEN. 

De  même  qu'il  y  a  deux  Mésué,  il  y  a  deux  Sérapion,  et  on 
les  a  pareillement  disting-ués  par  les  épithètes  d'ancien  et  de 
jeune.  Un  les  a  aussi  confondus,  et  c'est  ainsi  que  Freind  at- 

s 


114    HISTOIRE  DK  LA  MÂDECINK  ARABE.    —  LIVRE  OEUXXÂME. 

tribue  à  Sérapion  le  jeune  Vantidotaire  qui  appartient  à 
l'ancien.  Une  des  causes  de  cette  confusion;  c'est  le  peu  de 
documents  qui  nous  restent  sur  leur  compte.  Il  en  existe 
cependant,  et  Wiistenfeld  s'est  mépris  en  disant  que  les  histo- 
riens et  biographes  arabes  ne  parlent  pas  de  Sérapion  l'an- 
cien. Nous  allons  prouver  le  contraire. 

Sérapion  l'ancien  est  cité  dans  le  Fihrist  entre  Jean  fils  de 
Mésué  et  le  second  Thabary.  Il  y  est  dit  qu'il  écrivit  exclu- 
sivement en  syriaque,  qu'il  vivait  aux  premiers  temps  de 
l'islamisme,  qu'il  composa  deux  traités  ou  Pandectes,  l'un  le 
grand  en  XII  livres,  l'autre  le  petit  en  VII,  et  que  ces  ouvra- 
ges furent  traduits  en  arabe. 

Le  Fihrist  est  reproduit  par  le  Kitab  el  hokama. 

On  lit  à  lafin  du  VIII'  livre  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  à  propos 
des  derniers  médecins  d'Alexandrie  et  à  la  suite  d'Ahroun  : 
«  Jean  fils  de  Sérapion,  n'a  écrit  qu'en  syriaque.  Son  père 
Sérapion  eut  deux  enfants,  tous  deux  médecins  distingués, 
à  savoir  Jean  et  David  (louhanna  et  Dâoud).  Jean  est  l'auteur 
d'un  grand  traité  en  XII  livres  et  d'un  petit  en  VII.  Il  a  été 
traduit  par  Haditsy  le  secrétaire,  (1)  pour  Aboul  Hassen  ben 
Nefis,  le  médecin,  en  Tannée  318  de  l'hégire,  et  cette  traduc- 
tion vaut  mieux  que  celle  de  Hassen  ben  Bahloul.  Il  a  été 
aussi  traduit  par  Abou  Bachar  Matta.  > 

Ces  citations  soulèvent  une  difficulté,  celle  de  l'époque  où 
vécut  Jean  fils  de  Sérapion.  L'historien  de  la  médecine,  en 
le  rapprochant  d'Ahroun,  semble  lui  assigner  le  septième 
siècle,  et  le  Fihrist  ne  paraît  pas  abonder  en  ce  sens  en  di- 
sant qu'il  a  vécu  dans  les  premiers  temps  de  la  dynastie 
(Abbasside)  et  en  le  plaçant  entre  Jean  fils  de  Mésué  et  le 
jeune  Thabary,  ce  qui  nous  porte  au  neuvième  siècle. 

Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'il  faut  s'en  tenir  à  cette 
dernière  date,  si  l'ont  tient  compte  des  autorités  citées  dans 
les  œuvres  qui  nous  sont  restées  de  Sérapion. 

Le  petit  traité,  Kounnach  ou  Pandectes,  en  VII  livres, 
n'est  autre  chose  que  ce  que  nous  possédons  en  traduction 
latine  sous  le  nom  de  Sérapion  et  avec  le  titre  de  Practica 
ou  Breviarium. 

(1)  Le  Fihrist  donne  ainsi  ce  nom  t  Mousa  ben  Ibrahim  el  Haditsy. 


SÉUAWON    L*ANC1£N.  115 

Freind  a  déjà  fait  observer  que  les  citations  de  Jean  fils  de 
Sérapion  dans  le  Continent  de  Ilazès  se  retrouvent  mot  pour 
mot  dans  le  Breviarium.  Nous  avons  constaté  la  même  iden- 
tité pour  les  citations  faites  par  Ebn  Beitliâr. 

Nous  sommes  arrivé  dernièrement  à  des  preuves  plus  direc- 
tes. Il  existe  à  la  Bibliothèque  de  Paris  un  frag*ment  de  Jean 
fils  de  Sérapion,  que  les  rédacteurs  du  catalog'ue  ont  mé- 
connu, et  que  nous  avons  déterré  dans  le  manuscrit  n* 
105G,  ancien  fonds  arabe.  Le  fragment  va  du  folio  153  au 
folio  170,  c'est-iKlire  qu'il  ne  contient  qu'une  trentaine  de 
jmges.  C'est  dans  ce  même  volume  que  nous  avons  aussi 
fait,  entre  autres  découvertes,  celle  d'un  fragment  du  Haouy 
de  Razès,  le  seul  que  l'on  possède  à  Paris. 

Le  fragment  de  Jean  fils  de  Sérapion,  contient  la  fin  du 
troisième  discours,  Maqala,  du  Kounnach,  et  le  commence- 
ment du  quatrième.  Le  dernier  chapitre  du  troisième  dis- 
cours ou  traité,  est  relatif  à  la  colique  et  porte  le  numéro 
d'ordre  32,  tout  comme  dans  le  Breviarium.  Il  est  accompa- 
gné de  cette  indication  :  fin  du  troisième  discours  du  Koun- 
nach d'Iouhanna  ben  Serafioun  le  médecin. 

Le  titre  du  quatrième  discours  est  ainsi  conçu  :  Quatrième 
discours  du  Kounnach  d'Iouhanna,  comprenant  trente  cha- 
pitres. C'est  encore  le  chiffre  du  Breviarium.  Suit  l'exposé 
des  chapitres  et  de  leur  contenu,  qui  est  encore  de  tout  point 
conforme  à  ce  que  nous  trouvons  dans  le  Breviarium,  L'i- 
dentité du  Kounnach  et  du  Breviarium  ou  Practica  est  donc 
parfaitement  établie. 

Les  auteurs  cités  dans  Sérapion  seront  pour  nous  l'indice 
de  réi)oque  où  il  vécut. 

De  mèmt)  que  dans  toutes  traductions  latines,  les  seules 
autorités  que  nous  puissions  invoquer  h  défaut  d'un  manus- 
crit complet,  parmi  les  noms  cités  dans  le  Breviarium,  il  en 
est  d'indéchiffrables.  Mais  il  en  est  de  parfaitement  reconnais- 
sablés  et  ce  sont  ceux  d'Ahroun  (dit  aussi  El  Kessed,  pour  El 
qa.s.-;,  le  i)rètre),  des  fils  de  Mésué,  de  Humain  (Honein),  (1) 
de  Zacharya  et  d'Isratîl,  (sans  doute  les  deux  Thifoury),  de 

(l)  Désigne  auB«i  soiui  le  nom  d'Abou  Zeïd. 


IIG     HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE   ARABE.   —  LIVKK  DEUXIÈME. 

Salmouïli,  enfin  de  Gabriel  et  de  ses  écrite  dédiés  à  El  Mà- 
moun.  Nous  passons  sur  les  autres  tant  ils  sont  altérés  dans 
la  traduction  latine. 

Jean  fils  de  Sérapion,  vécut  donc  jusque  vers  la  seconde 
moitié  du  neuvième  siècle  de  Tère  chrétienne. 

A  propos  des  citations  faites  dans  Sérapion,  il  n'est  pas 
sans  intérêt  de  relever  les  noms  des  auteurs  anciens  :  c'est 
peut-être  une  preuve  que  beaucoup  de  traductions  syriaques 
circulaient  déjà  de  son  temps.  A  côté  des  noms  d'Hippocrate 
et  de  Galien,  on  lit  ceux  de  Rufus,  d'Asclépiade,  de  Paul 
d'Égine,  de  Magnus,  de  Philagrius,  d'Archigène.  Il  paraît 
même  que  Sérapion  aurait  fait  plusieurs  emprunte  textuels 
à  Alexandre  de  Tralles,  bien  qu'il  ne  le  cite  pas  nominative- 
ment. Ajoutons  à  ces  noms  ceux  de  Jean  le  Grammairien, 
et  du  Persan  BourzouYli. 

D'autre  part,  parmi  les  médecins  arabes  qui  ont  parlé  de 
Sérapion  et  qui  lui  sont  ainsi  postérieurs,  nous  citerons  Razès 
et  Ali  Abbas. 

Nous  croyons  devoir  transcrire  sommairement  ce  qu'eu 
dit  ce  dernier.  Dans  les  prolégomènes  du  Maleky,  Ali  Abbas 
expose  les  motifs  qui  l'ont  engagé  h  écrire,  à  savoir  les  dé- 
fectuosités ou  lacunes  des  ouvrages  composés  par  ses  devan- 
ciers, et  parmi  ces  devanciers  il  compte  Jean  fils  de  Séra- 
pion. 

«  Quant  à  louhanna  ben  Serafiouu,  dit  Ali,  son  livre  ne 
contient  que  le  traitement  par  le  régime  et  les  médicamente, 
et  il  ne  s'occupe  aucunement  des  moyens  chirurgicaux.  De 
plus  il  a  oublié  de  mentionner  beaucoup  de  maladies,  et  su 
méthode  est  vicieuse.  Il  traite  des  maladies  par  régions, 
mais  sans  les  rattacher  aux  organes.  Ainsi  les  maladies  de 
la  bouche,  de  la  matrice,  etc.,  sont  rangées  parmi  celles  de 
la  surface  cutanée.  Enfin  il  a  oublié  de  parler  des  poisons  et 
des  médicamente  toxiques.  »  Ali  fait  une  longue  énumératiou 
des  maladies  oubliées  par  Jean  fils  de  Sérapion.  Nous  repro- 
duirons le  passage  entier  h  propos  d'Ali  ben  Abbas. 

Outre  le  fragment  de  Paris,  il  en  existe  aussi  un  a  l'Escu- 
rial,sou8  le  n*814,  et  la  Bibliothèque  bodléiennc  paraît  avoir 
un  manuiicrit  complet  de  Sérapion  sous  le  u'  5D8. 


SÈRAPION   L' ANCIEN'.  117 

Lo  Kouiuiacli  fat  traduit  ou  latin  par  Gérard  de  Crémone 
Bons  lo  titre  de  Bveviarium,  et  plus  tard  par  Alpagfo,  sons  le 
litre  de  Practica, 

Il  comprend  deux  parties.  La  première,  qui  se  compose  des 
six  premiers  livres,  est  un  traité  de  médecine  où  les  maladies 
sont  exposées  dans  l'ordre  que  nous  avons  vu  critiqué  par 
Ali  Abbas.  La  deuxième  partie,  ou  le  septième  livre,  est  un 
formulaire  en  trente-sept  chapitres,  contenant  les  uns  des 
g^énéralités  sur  la  thérapeutique,  les  autres,  en  bien  plus 
ffrand  nombre,  un  exposé  de  la  préparation  des  différentes 
classes  de  médicaments  composés. 

L'antidotaire  de  Sérapion  est  fréquemment  cit^i  par 
Mésué. 

On  a  aussi  donné  à  Sérapion  l'Ancien,  le  nom  de  Janus 
Daniascenus  et  une  édition  en  a  été  faite  sous  ce  titre  par 
Albanus  Torinus. 

Nous  avons  aussi  des  Aphorismes  sous  le  nom  de  Janus 
Damascenus,  que  nous  avons  rapportés  à  Mésué  l'Ancien. 

Le  Kounnach  de  Sérapion  fut  commenté  par  Aboul  Has- 
san el  Harran y. 

Nous  avons  pu  prendre  connaissance  du  Ms.  de  l'Escu- 
rial.  C'est  un  fragment  de  six  feuillets  seulement,  qui 
pourtîint  ne  manque  pas  d'intérêt:  il  contient  le  début  de 
l'ouvrage,  avec  cet  entête:  Kounnach  d'Iouhanna  ben 
Serafioun,  traduit  par  Moussa  ben  Ibrahim  el  Hadechy, 
avec  des  additions  d'Ebn  el  Bahlbul.  Ce  dernier  est  qualifié 
plus  loin  d'Essarhany. 

Nous  trouvons  d'alK)rd  la  table  du  premier  livre,  qui  con- 
tient trente-deux  chapitres  dont  la  nomenclature  est  donnée: 

1»  Des  nodosités,  de  l'ophiasis  et  de  l'alopécie  ; 

2»  De  la  chute  des  cils  ; 

:5*  De  la  teigrne  molle,  qui  ressemble  au  favus; 

'!•  Des  furfures  de  la  tète  et  do  tout  le  corps; 

r»»  Des  poux  de  la  toto  et  du  corps; 

(;•»  De  la  céphalalg-ie  causée  par  la  chaleur  du  soleil,  etc. 

Xous  trouvons  ensuite  le  premier  chapitre. 

On  voit  (jne  nous  possédons  l)ien  là  dos  fragrments  du 
Kounnach  d'Ialiva  ben  Sérapion. 


1/' 


118      inSTOIRE   DR   LA    MÉDECINE   ARABE.    —  LIVRE  DEnXlKME. 


SALMOUIU    BEN    BAYAN. 

Honein  rapporte  que  son  père  le  considérait  comme  le 
médecin  le  plus  instruit  de  son  temps.  Le  Khalife  Motas- 
sem,  à  son  avènement  à  l'empire,  en  833  de  notre  ère,  l'atta- 
cha à  sa  personne  et  le  tint  en  grande  considération.  11 
l'appelait  :  mon  père.  On  rapporte  qu'il  dit  un  jour  :  Je 
considère  mon  médecin  Salmouïh  plus  que  le  cadhi  des 
cadhis,  car  celui-ci  ne  gère  que  mes  biens  et  Salmouïh  est 
chargé  de  ma  personne  qui  m'est  plus  chère  que  ma  for- 
tune et  mon  empire.  Il  le  chargea  même  de  sa  correspon- 
dance. Salmouïh  n'avait  pas  une  grande  estime  de  la  prati- 
que de  Jean  fils  de  Mésué,  et  quand  il  se  sentit  près  de 
mourir,  il  recommanda  à  Motassem  de  ne  pas  s'abandonner 
entièrement  à  Jean.  La  première  chose  en  médecine,  disait- 
il,  c'est  d'apprécier  l'intensité  de  la  maladie,  et  c'est  ce  que 
ne  fait  pas  Jean,  malgré  son  énidition. 

A  la  mort  de  Salmouïh,  Motassem  s'abstint  de  manger,  se 
fit  présenter  la  bière,  et  y  pria  avec  accompagnement  de 
cierges  et  de  parfums,  à  la  manière  des  chrétiens,  car  Sal- 
mouïh était  chrétien.  Il  passait  pour  fidèle  à  sa  religion  et 
pour  un  homme  de  bien. 

Motassem  ne  survécut  que  vingt  mois  à  la  mort  de  Sal- 
mouïh, et  l'on  attribua  l'issue  fatale  de  sa  maladie  au  trai- 
tement institué  par  Jean,  contradictoirement  aux  habitudes 
de  Salmouïh. 

On  lit  dans  la  vie  d'Issa  ben  Hakam  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah 
que  Salmouïh  partageait  les  opinions  des  moines,  au  sujet 
des  aphrodisiaques  et  de  leuriufluence  funeste  sur  la  santé. 

Salmouïh  composa  des  ouvrages,  mais  nous  n'en  avons 
pu  trouver  le  titre,  le  Ms.  du  Fihrist  de  la  Bibliothèque  do 
Paris,  les  laissant  en  blanc.  (1) 

Il  est  cité  quelquefois  par  Sérapion,  Razès  et  Ebn  Bei- 
thâr,  chez  ce  dernier  a  propos  du  cresson  alénois  et  du  ca- 
nard. 

(1)  Il  en  est  de  même  dans  l'édition  donnée  par  Flnegel. 


LES  THIFOURI.   ABDALLAH   ETTHIFOURY.    ZAKARYA.  119 

Motassem  étant  mort  le  21  octobre  841  (Elmacin),  et 
n'ayant  survécu  que  vingt  mois  à  Salmouïh,  celui-ci  serait 
mort  sur  la  fin  de  839  ou  au  commencement  de  840. 


LES   TIIIFOURY. 

Les  Thifoury  étaient  une  famille  de  médecins  chrétiens, 
et  jouirent  de  quelque  faveur  auprès  des  Khalifes.  S'ils  n'ont 
pas  laissé  d'écrits,  leurs  noms  se  trouvent  mêlés  et  cer- 
tains faits  qui  offrent  un  véritable  intérêt  pour  l'histoire 
de  la  médecine.  L'un  d'eux  a  le  mérite  d'avoir  favorisé  les 
traductions  de  Honein. 

ABDALLAH    ETTHIFOURY. 

C'était  un  homme  intelligent  et  disert,  un  des  favoris  d'El 
Hady  le  Khalife.  Il  était  attaché  en  qualité  de  médecin  à 
Thifour,  frère  de  Khizrâna,  femme  d'El  Mohdy,  et  l'on  dît 
même  qu'il  était  affranchi  de  cette  favorite. 

Quand  le  Khalife  El  Mansour  envoya  Mohdy  contre  Sen- 
gtir,  il  emmena  Khizrâna  qui  était  enceinte  de  Moussa  El 
Hady.  Thifour  était  de  l'expédition,  et  Thifoury  l'accompar- 
^ait.  L'urine  de  Khizrâna  fut  montrée  h  tous  les  méde- 
cins de  l'armée.  Abou  Quoreich  crut  découvrir  qu'elle  était 
enceinte  d'un  g'arçon.  Quant  à  Thifoury,  nonobstant  les 
instances  de  Thifour,  il  ne  voulut  pas  se  prononcer  sur  le 
sexe  de  l'enfant.  Il  devint  plus  tard  le  médecin  d'El  Hady. 

Ce  quî  recommande  surtout  le  nom  de  Thifoury,  c'est 
qu'il  fit  faire  à  Honein  un  certain  nombre  de  traductions. 
Thifoury,  d'après  ces  faits,  vivait  sur  la  fin  du  VIII»  sièrle 
de  notre  ère  et  au  commencement  du  IX^. 

ZAKARYA   FILS   DE    THIFOURY. 

Zakarya  ne  nous  est  connu  que  par  une  anecdote  que 
nous  croyons  devoir  raconter.  Il  accompagrnait  Afchin,  gé- 


120      HISTOIRE  DR  LA  ÎJÉDECfNE  ARABE.  —    LIVRE  DEUXIÈME. 

néralissime  de  l'expédition  contre  Babek,  Afchin  voulut 
faire  inspecter  les  commerçants  de  Tarmée,  et  quand  vint  le 
tour  des  drogfuistes  ou  pharmaciens,  il  chargrea  Zakarya  de 
cette  inspection.  Zakarya  voulut  préalablement  lui  raconter 
Thistoire  du  chymiste  Joseph.  El  Mâmoun  lui  contestant  la 
valenr  de  la  Chymie,  Joseph  lui  répondit  que  la  chymie 
n'était  pas  une  chimère,  mais  que  les  drogfuistes  en  étaient 
la  plaie.  Comment  cela,  dit  Mâmoun.  Si  tu  leur  demandes 
quelque  chose,  répliqua  Joseph,  qu'ils  l'aient  ou  non,  ils 
n'en  délivrent  pas  moins.  Que  le  Kalife  essaye,  et  il  verra. 
Mâmoun  se  mit  à  écrire  le  nom  d'une  localité  voisine  de 
Bagdad,  et  en  envoya  demander  à  tous  les  droguistes,  et 
tous  en  délivrèrent,  donnant  les  uns  une  poudre,  d'autres 
des  fragments  de  pierre,  d'autres  de  la  bourre.  Afchin  en  fit , 
autant,  prit  une  liste  de  friandises,  écrivit  vingt  noms  et 
envoya  demander  ces  objets  chez  les  droguistes.  Les  uns 
dirent  qu'ils  n'en  possédaient  pas,  et  les  autres  en  donnè- 
rent. Afchin  fit  sortir  du  camp  tous  ces  derniers  et  écri- 
vit à  Motassem  pour  lui  demander  des  droguistes  et  des 
médecins  auxquels  on  pilt  se  confier,  ce  que  le  Kkalife 
s'empressa  de  faire. 

Nous  voyons  que  Zakarya  vivait  dans  la  première  moitié 
du  IX«  siècle  de  notre  ère. 


ISRAIL    FILS   DE   ZAKARYA. 

Il  nous  est  donné  comme  un  médecin  éminent.  Il  était 
attaché  à  la  personne  du  vizir  Fateh  ben  Khakan,  et  fut  en 
crédit  auprès  des  Khalifes  et  des  grands  personnages. 

Telle  était  sa  position  auprès  de  Moutaouakkel  que  le 
Khalife  s'étant  fait  ventouser  sans  l'en  avoir  prévenu,  lui  fit 
donner,  pour  le  calmer,  trois  mille  dinars  et  une  ferme  d'un 
revenu  annuel  de  cinquante  mille  drachmes. 

Israïl  vivait  donc  au  milieu  du  IX«  siècle. 


AnOU   QUOUEICH  ISgA   E.-SIDLANY.  121 


ABOU   QUOREICII   ISSA   ESSIDLANY   (lE   DROGUISTE 

OU  LE  pharmacien). 

Abou  Quoreich  était  un  droffuiste  ou  pliarmacien  de 
Bagdad,  qui  dut  au  hasard  une  importance  et  une  célébrité 
de  mauvais  aloi. 

C'est  à  titre  de  renseig-nement  historique  seulement  que 
nous  donnons  sa  biog:raphie. 

Khizouran,  favorite  du  Khalife  El  Mahdi  chargea  un  jour 
une  de  ses  suivantes  de  porter  son  urine  à  un  médecin.  La 
suivante  la  porta  à  un  pharmacien,  Abou  Quoreich,  qui 
habitait  au  voisinage  du  palais,  la  lui  donnant  comme 
celle  d'une  pauvre  femme.  Ce  n'est  pas  d'une  pauvre  femme, 
dit  Abou  Quoreich,  mais  d'une  sultane  qui  doit  accoucher 
d'un  prince.  Khizouran,  joyeuse  de  cette  nouvelle,  ordonna 
de  remarquer  Totâcine.  Quelque  temps  après  elle  se  recon- 
nut enceinte,  et  envoya  des  présents  à  Abou  Quoreich,  pui:^ 
elle  accoucha  de  Moussa.  L'aventure  fît  du  bruit,  et  Georges, 
fils  de  Gabriel,  contesta  la  légitimité  de  la  prédiction  et  de- 
manda une  contre-épreuve.  Cependant,  Khizouran  devint 
enceinte  de  Haroun.  On  porta  de  nouveau  l'urine  au  phar- 
macien, qui  annonça  encore  la  naissance  d'un  fils.  Abou 
Quoreich  fut  dès  lors  en  faveur  auprès  d'El  Mohdy,  nonobs- 
tant son  ignorance  en  médecine,  et  devint  un  de  ses  méde- 
cin.-*. On  le  vit  plus  tard  appelé  en  consultation,  et  n'appor- 
ter dans  les  discussions  que  l'entêtement  de  l'ignorance.  Il 
accompagnait  aus.si  le  Khalife. 

Abou  Quoreich  vivait  donc  sur  la  fin  du  VIII*  siècle  do 
1  ère  chrétienne. 


hàktr 


DEUXIEME     PARTIE 


LES   TRADUCTIONS 

I.  —  Des  Traductions  en  général  et  de  la  culture  du  grec 
dans  l'Asie  centrale. 

C'est  aux  Nestoriens  que  les  lettres  grecques  durent  de 
s'établir  et  de  se  perpétuer  dans  l'Asie  moyenne. 

La  connaissance  du  grec  n'était  pas  seulement  nécessaire 
pour  la  connaissance  et  la  traduction  des  livres  sacrés,  mais 
aussi  pour  entretenir  des  relations  avec  la  Grèce,  relations 
particulièrement  établies  dans  les  Conciles.  Outre  la  Bible, 
on  traduisit  les  Pères.  Des  offices  de  traducteurs  furent  ins- 
titués, et  les  noms  de  plusieurs  docteurs  nous  sont  parve- 
nus avec  la  qualification  àUnterprètes.  Ces  interprètes 
avaient  un  rang  élevé.  Nous  les  voyons  figurer,  ainsi  que 
les  médecins,  dans  les  assemblées  où  se  discutaient  les  dog- 
mes, les  rites  et  les  intérêts  de  la  communauté  nestorienne. 

Il  en  fut  ici  comme  ailleurs.  Le  dogme  religieux,  tout  en 
fermant  son  domaine  à  la  discussion,  n'en  cherche  pas 
moins  à  faire  usage  pour  sa  défense  des  armes  que  peut  lui 
fournir  le  raisonnement,  et  il  emprunte  ces  armes  à  la  phi- 
losophie. 

Dès  le  milieu  du  V«  siècle,  Aristote  fut  traduit  en  syria- 
que par  des  savants  de  l'école  d'Edesse,  Ibas,  Cumas  et 
Probus,  dont  le  premier  gouverna  cette  église  de  435  à  457. 
Avant  son  épiscopat,  Ibas  avait  déjà  traduit  des  commen- 
taires de  Théodore  sur  Aristote. 

A  la  mort  d'Ibas,  l'école  d'Edesse  fut  détruite.  Ses  savants 
se  réfugièrent  en  Perse,  à  Nisibe,  et  probablement  aussi  à 


LES  TRADUCTIONS.  123 

Dîondisabour,  dont   Técole  comptait  déjà  plus  d'un  siècle 
d'existence. 

Un  siècle  plus  tard,  Sergius  de  Ras  el  Aïn,  contemporain 
de  Justinien,  traduisait  des  ouvrages  de  médecine  et  de  phi- 
losophie. 

Ce  fut  le  premier,  dit  Ebn  Abi  (3ssaïbiah,  qui  traduisit  des 
livres  grecs  en  syriaque.  Nous  croyons  Serfïfius  ou  Serg'is 
des  auteurs  arabes,  identique  avec  celui  qu'Agathias  nous 
dit  avoir  traduit  du  grec  sur  l'invitation  de  Chosroës  dit  le 
Grand,  et  qu'il  nous  donne  comme  un  éminent  interprète. 
Malgrré  les  réserves  d'Agathias  on  ne  saurait  refuser  à  Chos- 
roës un  certain  goût  pour  la  science.  On  sait  qu'il  accorda 
nne  courte  hospitalité  aux  philosophes  proscrits  d'Athènes. 

Dans  une  trêve  conclue  avec  les  Byzantins,  il  mit  pour 
condition  qu'on  lui  enverrait  le  médecin  Tribunus. 

Wttstenfeld  n'a  fait  qu'un  seul  personnage  de  Sergius  de 
Ras  el  Aïn,  et  de  Sergius  fils  d'Hélia,  qui  traduisit  du  grec 
en  arabe  l'agriculture  de  Costus.  A  l'époque  de  Chosroës  et 
de  Justinien  nous  avouons  ne  pas  comprendre  une  traduc- 
tion du  grec  en  arabe,  et  nous  repoussons  la  confusion  de 
WQstenfeld,  ainsi  que  la  traduction  d'Ahroun  par  Serdjis. 

Les  traductions  de  Sergius  durent  pénétrer  à  Djondisabour. 
Vers  les  premières  années  du  VII»  siècle,  Ilarets  ben  Kala- 
dad  y  fut  étudier  la  médecine,  et  Mahomet  dut  à  Harets  une 
partie  de  ses  connaissances  médicales.  Or,  chez  l'un  et  chez 
l'autre,  on  reconnaît  facilement  des  réminiscences  grec- 
ques. 

L'arabe  se  parlait-il  h  Djondisabour  ?  Il  est  permis  de  le 
croire  vu  la  proximité  des  Arabes  de  Hira  qui  mêlèrent  si 
.souvent  leurs  armes  à  celles  des  Perses. 

Georges  fils  de  (labriel,  le  premier  qui  illustra  l'école, 
quand  il  fut  présenté  au  Khalife  El  Mansour,  le  complimenta 
en  arabe  et  en  persan. 

Il  est  probable  que  l'enseignement  officiel  se  faisait  en 
.syriaque.  En  effet,  cette  pléiade  de  médecins  que  nous 
voyons  apparaître  sous  les  Abbassides  sortait  de  Djondisa- 
liour  et  ne  comptait  que  des  Nestoriens.  Ensuite  nous  devons 
le  croire  aussi  d'après  la  multiplicité  des  traductions  syria- 


121     HISTOIRE  DE  lA  MfiDECINE  ARABE.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

ques  et  leur  persistance  après  que  l'on  eut  entrepris  les  tra- 
ductions arabes. 

Des  traductions  commandées  en  Egypte  par  Khaled  ben 
Yézid  tout  ce  que  nous  savons,  c'est  que  dans  le  nombre 
quelques-unes  eurent  trait  à  la  médecine.  Elles  pénétrèrent 
sans  doute  dans  l'Irak,  et  Géber  leur  dut  probablement  ses 
connaissances,  tant  en  médecine  qu'en  alchimie.  La  multi- 
plicité de  ses  écrits  ne  prouve  pas  seulement  l'étendue  de 
ses  connaissances,  mais  aussi  la  diffusion  des  livres  où  il  les 
a  puisées. 

La  première  traduction  sur  laquelle  nous  ayons  des  ren- 
seignements positifs,  est  celle  des  Pandectes  d'Ahroun. 

Primitivement  écrit  en  grec,  ce  livre  futtraduit  en  syriaque 
par  un  certain  Gosius,  dit  Assemani.  Ce  Gosius  ne  peut 
être  que  le  Djasious  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah. 

En  tout  cas,  il  n'a  rien  à  voir  avec  le  Gésius  de  Suidas. 

La  traduction  syriaque  fut  elle-même  traduite  en  arabe 
par  Masserdjouih.  On  a  placé  l'époque  de  cette  traduction 
en  683  sous  Mérouan;  mais  nous  préférons  nous  en  rappor- 
ter au  Kitab  el  hokama  qui  la  recule  jusqu'au  règne  d'Omar 
ben  Abd  el  Aziz,  lequel  l'aurait  lui-même  commandée. 

Le  caractère  d'Omar  nous  autorise  à  croire  qu'il  favorisa 
les  sciences.  Quant  il  parvint  au  Khalifat,  dit  Ebn  Abi 
Ossaïbiah,  l'enseignement  fut  transféré  à  Antioche  et  à 
Harran,  d'où  il  se  répandit  dans  les  autres  contrées  musul- 
manes. C'est  ainsi  que  déjà  un  Ommiade  préludait  au  rôle 
dévolu  bientôt  aux  Abbassides. 

En  l'année  705  le  Khalife  El  Mansour  tomba  malade  et  on 
lui  indiqua  comme  le  plus  habile  médecin  de  son  temps 
Djordjis,  chef  dès  médecins  de  Djondisabour. 

Georges  vint  à  Bagdad,  et  sa  présence  fut  l'étincelle  qui 
devait  embraser  le  monde  musulman  du  feu  de  la  science. 
Ajoutons  que  Georges  laissait  deux  de  ses  disciples  à  l'hôpi- 
tal de  Djondisabour,  et  qu'il  en  emmenait  un  autre  avec  lui  : 
les  acteurs  étaient  prêts  pour  le  rôle  d'initiateurs  qui  allait 
leur  être  confié. 

Georges  traduisit  pour  El  Mansour  de  nombreux  ouvra^ 
gcfi  grecfi  en  arabe,  «lit  Ebn  Abi  ()s^a'i1)iah  dans  sa  bîogra- 


LES  TRADUCTIONS.  125 

pliic.  Wenrich  fait  observer  que  l'historien  de  la  médecine 
arabe  ne  dit  pas  si  Georgces  traduisit  d'après  les  originaux, 
mais  il  nous  semble  ne  s'être  ici  souvenu  de  Georges  que 
d'après  sa  mention  en  tète  du  chapitre  des  traducteurs.  Dans 
ce  chapitre  Ebn  Abi  Ossaïbiah  dit  seulement  qu'il  traduisit 
des  ouvrages  de  médecine  en  arabe,  mais  ailleurs,  dans 
l'article  biographique,  il  s'exprime  ainsi  que  nous  l'avons  dit 
plus  haut.  Or,  comme  évidemment  ces  traductions  devaient 
être  au  bénéfice  des  Arabes  et  non  pas  à  l'usage  des  élèves 
de  Djondisabour,  nous  ne  voyons  pas  pourquoi  ces  traduc- 
tions auraient  passé  par  le  syriaque. 

Si  Georges  fit  plusieurs  traductions,  on  ne  nous  signale 
qu'un  seul  ouvrage  de  son  crû,  et  il  ne  paraît  pas  que  sou 
travail  de  traducteur  portât  sur  cet  ouvrage,  attendu  que 
Honein  le  traduisit  plus  tard  du  syriaque  en  arabe.  Georges 
devait  connaître  le  grec,  dont  la  connaissance  était  nécessaire 
aux  médecins  de  son  importance,  qui  assistaient,  aussi  bien 
que  les  interprètes,  aux  assemblées  du  clergé  nestorîen.  La 
connaissance  du  grec  dut  se  maintenir  pendant  longtemps* 
Nous  eu  avons  pour  preuve  la  persistance  des  traductions  eu 
langue  syriaque,  même  au  XIII*  siècle.  (1) 

Si  l'on  en  croit  Hadji  Khalfa,  le  Khalife  El  Mansour  en- 
voya des  ambassadeurs  à  Constantinople,  qui  en  rapportè- 
rent les  œuvres  d'Euclide  et  des  ouvrages  de  physique.  On 
le^  traduisit  en  arabe  et  ils  furent  lus  avec  empressement. 

Suivant  Ebn  Djoldjol,  Haroun  Errachid  fit  traduire  à  Jean, 
fils  de  Mésué,  les  livres  grecs  trouvés  dans  les  villes  d'Angora 
et  d'.Vmouria  et  le  nomma  chef  des  traducteurs. 

Aboulfarage  rapporte  aussi  que  Jean  fut  chargé  de  traduc- 
tions par  le  Khalife  Haroun  Errachid. 

D'après  le  Fihrist  et  Hadji  Khalfa,  Jean  serait  même  allé 
en  Grèce  à  la  recherchede  manuscrits,  mais  seulementsous  le 
règne  d'El  Màmoun. 

iiuoi  qu'il  en  soit,  ce  qui  reste  acquis  c'est  que  le  mouve- 
ment commencé  sous  le  règne  d'El  Mansour  se  continua 

11)  Ajoutons  qu'il  y  avait  un  autre  centre  d'hellénisme  chez  les  Sa- 
bicna  de  llarran,  d'où  sortit  Tliabet  ben  Corra. 


120      HISTOIRE   DE  LA   MÉDECINE   ARABE.    —   LIVRE   DEUXIÈME. 

SOUS  celui  de  Haroun,  secondé  par  les  Barmécides,  et  prit  tout 
son  développement  sous  El  Màmoun. 

Ses  instincts  le  poussaient  dans  cette  voie,  mais  ce  qui 
excita,  dit-on,  le  zèle  d*El  Màmoun  ce  fut  surtout  qu'il  vit 
Aristote  en  sone^e.  Il  se  mit  aussitôt  en  relations  avec  Tempe- 
reur  grec  et  lui  demanda  la  communication  de  tous  les  livres 
qui  restaient  des  anciens.  On  résista  d'abord,  puis  on  se 
rendit,  et  sur  l'ordre  du  Khalife,  Hedjadj  ben  Mater,  Ebn 
Bathriq  et  Salma  s'en  allèrent  dans  le  pays  grec  faire  un 
choix  de  livres  qui  furent  livrés  à  la  traduction.  Les  fils  de 
Chaker,  Mohammed,  Hassen  et  Ahmed  en  recrutaient  aussi. 
D'autres  furent  livrés  par  Costa  ben  Luca,  et  divers  person- 
nages. Enfin  Honein  se  rendit  en  Grèce  pour  y  apprendre  le 
grec.  On  dit  qu'un  choix  fut  fait  parmi  ces  livres,  et  que 
ceux  qui  ne  furent  pas  agréés  furent  livrés  aux  flammes. 

Le  travail  de  traduction  se  continua  avec  la  même  ferveur 
sous  les  règnes  d'El  Ouatseq  et  de  Moutaouakkel. 

Un  homme  dont  nous  respectons  le  caractère  et  la  saine 
érudition,  M.  Munk,  a  dit  que  le  besoin  plutôt  que  le  goût 
avait  entraîné  les  Arabes.  Nous  ne  saurions  être  de  cet  avis. 
Nous  accordons  aux  Abbassides  de  plus  larges  idées.  Et  puis 
ce  ne  furent  pas  seulement  les  Khalifes  et  leurs  ministres 
qui  propagèrent  le  mouvement  scientifique:  un  entraîne- 
ment général  saisit  même  les  simples  particuliers  dont  un 
grand  nombre  remplirent  généreusement  à  l'égard  des  tra- 
ducteurs le  rôle  de  Mécènes.  Enfin  les  traductions  ne  por- 
tèrent pas  seulement  sur  des  ouvrages  de  médecine  ou  d'agri- 
culture, mais  de  bonne  heure,  ou  s'attaque  résolument  aux 
parties  purement  théoriques  de  la  science. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  des  traductions  et  de  leurs 
auteurs,  nous  donnerons  le  nom  des  particuliers  qui  favori- 
sèrent ces  travaux.  C'est  d'abord  une  justice  à  leur  rendre  ; 
c'estensuite  une  preuve  à  l'appui  de  ce  que  nous  venons  de  dire 
sur  le  caractère  du  mouvement  scientifique  chez  les  Arabes. 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  consacre  la  fin  de  son  neuvième  livre  à 
la  liste  des  particuliers  qui  favorisèrent  les  traductions  en 
dehors  de  l'action  officielle  des  Khalifes.  Nous  la  reprodui- 
rons intégralement  : 


LSa  TRADUCTIONS.  ]27 

c  Cbirchou  beu  Kothrob,  de  Djondisabour.  Il  ne  cessa  de 
protéger  et  de  favoriser  les  traducteurs,  leur  procurant  des 
livres  de  ses  deniers.  Il  poussait  aux  traductions  en  syria- 
que plutôt  qu'en  arabe. 

«  Mohammed  ben  Moussa  l'astronome.  Il  était  un  des  fils 
de  Moussa  ben  Chaker,  bien  connus  pour  leur  mérite  et 
leur  science  ainsi  que  leurs  écrits  sur  les  mathématiques. 
Mohammed  fut  un  des  amis  de  Honein,  qui  traduisit  pour 
lui  plusieurs  ouvrages  de  médecine. 

c  Âli  ben  lahya,  surnommé  l'astronome.  C'était  un  des 
secrétaires  et  un  intime  d'El  Mâmoun,  homme  de  mérite  et 
qui  avait  du  goût  pour  la  médecine.  Plusieurs  ouvrages  fu- 
rent traduits  à  son  intention. 

Tsadry  (Théodore)  l'Evêque.  Il  était  évêque  de  Kharkh,  à 
Bagdad,  (1)  s'occupait  à  rechercher  des  livres  et  à  les  faire 
traduire.  Les  médecins  chrétiens  composèrent  beaucoup  de 
livres  qui  lui  furent  dédiés. 

c  Mohammed  ben  Moussa  ben  Abd  el  Malek.  On  traduisit 
pour  lui  plusieurs  livres  de  médecine.  C'était  un  savant 
éminent,  qui  s'occupait  de  corriger  les  livres  et  d'en  réta- 
blir les  textes. 

«  Issa  ben  lounes  l'écrivain.  C'était  un  savant  éminent  de 
riraq,  très  occupé  à  la  recherche  des  livres  anciens  et  aux 
sciences  grecques. 

«  Ali«  surnommé  El  Fayoumy,  du  nom  de  sa  ville  natale, 
entretenait  des  traducteurs. 

«  Ahmed  ben  Mohammed,  l'écrivain.  Il  dépensait  beau- 
coup pour  les  traducteurs. 

«  Ibrahim  ben  Mohammed  ben  Moussa.  Il  s'appliquait  à 
faire  traduire  les  grecs  en  arabe  et  protégeait  les  savants  et 
surtout  les  traducteurs. 

«  Abdallah  ben  Ishaq  s'occupait  de  la  recherche  des  livres 
et  de  leurs  traductions. 

c  Mohammed  ben  Abd  ei  Malek  Ëzzeyat.  Il  dépensait  pour 
les  savants,  les  copistes  et  les  traducteurs  près  de  deux  mille 
pièces  d'or  chaque  mois.  Plusieurs  traductions  d'ouvrages 

,1;  Kharkh  était  un  faubourg  de  Bagdad. 


128      0ISTOIIUS   DE   LA.   MÉDECINE   ARABE.   -^  LIVRE  DEUXIEME. 

de  médecine  lui  furent  dédiées  par  les  grands  médecins,  tels 
que  Jean  fils  de  Mésué,  Gabriel  fils  de  Bakhtichou,  Bakhti- 
cliou  fils  de  Gabriel,  David  fils  de  Sérapion,  Elisa,  Israïl 
fils  de  Zacharya,  Ebn  el  Bathriq,  Hobeïch  ben  el  Hassan.  » 

Ce  qui  prouve  encore  l'intensité  du  mouvement  scientifi- 
que, c'est  que  l'on  ne  s'adressa  pas  seulement  aux  Grecs  mais 
encore  aux  Persans,  aux  Indiens  et  aux  Nabathéens  dont  ou 
traduisit  les  livres  en  arabe. 

Nous  trouvons  dans  le  Fihrîst  une  douzaine  de  traduc- 
teurs du  persan  parmi  lesquels  nous  nous  bornerons  à  citer 
les  fils  de  Noubakht,  et  Ebn  el  Mocaffa,  le  traducteur  de  Ca- 
lila  et  Dimna. 

Parmi  les  Indiens,  on  cite  surtout  Manka  qui  traduisit  un 
livre  indien  sur  les  poisons. 

Parmi  les  traducteurs  du  Nabatliéen,  nous  citerons  Ebn 
Ouachcliya  particulièrement  connu  par  sa  traduction  de  Ta- 
griculture  nabathéenne. 

Cet  appel  aux  anciennes  littératures  de  l'Asie  datait  déjà 
du  temps  d'El  Mansour  et  de  Haroun  Errachid. 

Ce  qui  prouve  que  ces  médecins  de  la  Perse  et  de  l'Inde 
avaient  quelque  mérite,  c'est  qu'ils  sont  fréquemment  invo- 
qués dans  le  Continent  de  Razès  à  côté  des  médecins  de  la 
Grèce. 

Haroun  avait  à  son  service  un  médecin  indien,  Saleh  ben 
Bailla,  qui  acquit  une  certaine  célébrité  pour  avoir  guéri 
l'oncle  du  Khalife,  Ibrahim,  tombé  en  léthargie. 

Les  Syriens  ayant  été  les  principaux  initiateurs  des  Arabes, 
on  s'est  demandé  souvent  si  toutes  les  traductions  avaient 
passé  par  le  syriaque.  De  nos  jours  quelques  médecins  et 
même  des  orientalistes  croient  encore  que  la  plupart,  sinon 
la  totalité  des  traductions,  ont  passé  du  syriaque  en  arabe. 
Cette  manière  de  voir  nous  paraît  le  résultat  d'une  étude 
incomplète  et  superficielle  de  la  question.  Nous  sommes  d'un 
avis  contraire  et  nous  apporterons  {i  l'appui  des  faits  et  des 
considérations  do  diverse  nature. 

Les  premières  traductions  faites  en  syriaque  par  les  Nea- 
toriens  étaient  h  l'usage  du  clergé  et  des  écoles.  Nous 
avons  déjà  dit  que  l'eusciguomeut  devait  se  faire  dans  cette 


LES   TRADUCTIONS.  129 

lang*ue.  Quand  les  Khalifes  prirent  à  leur  service  des  mé- 
decins chrétiens,  quand  surtout  ils  se  proposèrent  d'ins- 
truire les  Arabes,  les  Nestoriens  n'en  continuèrent  pas  moins 
à  former  des  élèves,  et  alors  même  que  des  traductions 
commencèrent  à  se  faire  en  arabe,  il  s'en  lit  parallèlement 
en  syriaque. 

Mais  quand  on  eut  apporté  à  Bagdad  les  livres  de  la  Grèce, 
quand  on  eut  des  traducteurs  connaissant  le  grec  et  devant 
travailler  non  plus  pour  les  Syriens,  mais  pour  les  Arabes, 
c'eût  été  un  non  sens  de  passer  encore  à  travers  le  syriaque. 
Les  grands  traducteurs  d'alors  connaissaient  le  grec  :  ainsi 
Tsabet  ben  Corra,  Honein,  son  fils  Ishaq  et  son  neveu  Ho- 
beïch,  dont  plusieurs  traductions  passèrent  sous  le  couvert 
de  son  oncle.  Dans  la  liste  de  leurs  traductions,  nous  trou- 
vons les  unes  en  syriaque,  les  autres  en  arabe.  Chez  Honein  (1) 
et  chez  Ishaq,  les  traductions  en  arabe  dépassent  de  beau- 
coup celles  en  syriaque.  Chez  Hobeïch  nous  les  trouvons  tou- 
tes en  arabe.  Chacune  de  ces  traductions  sans  doute  avait  sa 
destination,  mais  celles  qui  se  firent  alors  en  arabe  durent 
généralement  être  directes.  L'un  des  grands  traducteurs  de 
l'époque,  l'émule  de  Honein,  auquel  il  dispute  la  palme  de 
traducteur,  Costa  ben  Luca,  versé  dans  la  langue  grecque, 
fit  de  nombreuses  traductions  du  grec  et  toutes  en  arabe.  (2) 

Il  est  encore  un  fait  auquel  n'ont  pas  songé  les  partisans 
du  syriaque.  Ce  n'est  guère  qu'en  m:idecine  que  les  Syriens 
furent,  à  proprement  parler,  les  initiateurs  des  Arabes.  Dès 
l'époque  des  traductions,  nous  voyons  les  Arabes  cultiver 
avec  ardeur,  outre  la  philosophie,  les  mathématiques  et 
l'astronomie,  demander  des  lumières,  non  pas  seulement  aux 
Grecs,  mais  encore  aux  Indiens  et  aux  Persans.  Tandis  que 
les  Nestoriens  cultivent  peu  ce  côté  de  la  science,  nous  voyons 

(1' Cependant  on  lit  dans  le  F<7ins(  que  Honein  traduisit  surtout 
de  Galien  on  syriaque  et  revisa  beaucoup  de  traductions  arabes. 

(2)  Nous  pensons  qu'au  début  on  utilisa  des  versions  syriaques  ot 
qu  on  les  lit  passer  en  arabe,  sauf  à  y  revenir,  afin  de  livrer  aux  Ara* 
bes,  le  plus  promptement  possible  et  le  plus  abondamment,  le«  mo- 
numents scientifiques  do  la  Grèce. 

& 


130     HISTOIRE   DE   LA   MÉDECINE   ARABE.    —   LIVRE  DEUXIÈME. 

les  Arabes  produire  des  hommes  éminents  de  très-bonne 
heure.  Déjà,  sous  le  règne  d'El  Mùmoun,  nous  voyons  des 
astronomes  mesurer  un  degré  du  méridien  terrestre.  El 
Kendy,  le  grand  philosophe  arabe,  était  aussi  profondément 
versé  dans  les  mathématiques  et  l'astronomie  :  plusieurs  le 
considèrent  comme  connaissant  le  g-rec  :  Abou  Machar  le 
compte  parmi  les  quatre  grands  traducteurs.  C'est  en  vain 
que,  dans  la  liste  des  traductions  établie  par  Wenrich,  nous 
avons  cherché  des  traductions  syriaques  relatives  aux  scien- 
ces mathématiques,  elles  sont  toutes  en  arabe,  ce  qui  signi- 
fie pour  nous  qu'elles  furent  directes  et  faites  pour  les  Ara- 
bes. Sur  ce  terrain  donc  les  Arabes  ne  doivent  rien  aux 
Syriens. 

Pour  nous  résumer,  les  grands  traducteurs  datant  de 
répoque  où  les  livres  grecs  affluaient  à  Bagdad  pour  être 
mis  entre  les  mains  des  Arabes,  il  est  probable  que  la  grande 
majorité  des  traductions  qui  nous  sont  parvenues,  ont  été 
faites  directement  ;  et  l'on  ne  saurait  admettre  le  i)assage  h 
travers  le  syriaque  que  dans  les  cas  particuliers  où  l'on 
pourrait  en  fournir  des  preuves  positives,  ce  que  nous  aurons 
à  constater. 

Quant  aux  traductions  qui  nous  sont  passées  entre  les 
mains,  notamment  celles  de  Dioscorides  et  de  Galien,  les 
noms  techniques,  en  très-grande  quantité,  y  sont  reproduits 
avec  assez  d'exactitude,  à  part  les  points  diacritiques,  et  il 
nous  semble  qu'un  passage  par  le  syriaque  eût  apportai  plus 
de  trouble  dans  leur  transcription. 

Notre  manière  de  voir  est  d'ailleurs  celle  de  plusieurs 
orientalistes  éminents,  et  nous  croyons  devoir  consigner  ici 
leurs  témoignages. 

A  propos  des  tnxductions  d'Hippocrate,  Casiri  prend  chau- 
dement la  défense  des  traducteurs  contre  Kenaudot.  Dans 
une  lettre  h  Dacier,  Renaudot  i)rétend  que  les  traductions 
arabes  d'Hippocrate  et  des  Grecs  en  général  sont  peu  soi- 
gnées, infidèles  et  sans  utilité  pour  Tépuration  des  textes  ori- 
ginaux. 

Casiri  lui  oppose  l'opinion  d'érudits,  tels  que  Saumaise, 
Golius,  Erpénius,  Pococke  et  Gravius,  et  il  lui  fait  le  repro- 


LliS   1  REDUCTIONS.  I3l 

che  de  n'avoir  pas  le  droit  d'être  aussi  tranchant.  Reprenant 
la  question  pour  ainsi  dire  ab  oi>o,  Casiri  expose  les  efforts 
inouïs  des  Abbassides  pour  se  procurer  les  ouvrages  des 
Grecs  et  les  faire  passer  dans  leur  langue,  leurs  libéralités 
envers  les  savants  et  leur  enthousiasme  pour  la  science.  Il 
conclut  que  les  traductions  arabes  ne  reposent  pas  sur  les 
traductions  syriaques,  ainsi  que  Tinsinue  llenaudot,  mais 
qu'elles  découlent  des  sources  grecques  et  sont  l'œuvre  de 
Bavants,  connaissant  parfaitement  les  deux  langues.  On  ne 
saurait  nier,  dit-il,  que  ces  traductions  ont  été  faites  alors 
que  le  grec  était  en  quelque  sorte  une  langue  vulgaire  pour 
les  savants  qui  possédaient  encore  d'anciens  manuscrits  da- 
tant d'une  époque  voisine  de  celle  des  originaux.  Quant  a 
Honeiu,  dont  llenaudot  lui-même  reconnaît  le  rare  mérite, 
il  réunit,  au  dire  de  tous,  toutes  les  qualités  d'un  éminent 
traducteur.  Dans  son  introduction  aux  Aphorismes,  il  dit 
s'être  abstenu  de  toute  témérité,  de  tout  changement,  de  toute 
addition.  Pour  les  passages  obscurs,  il  a  consulté  plusieurs 
manuscrits  grecs  et  plusieurs  savants.  Certainement,  conclut 
Casiri,  Renaudot  aurait  triomphé,  il  aurait  imposé  son  opi- 
nion sur  les  Arabes  au  monde  des  lettres,  si  dans  les  tra- 
ductions d'Hippocrate  et  des  autres  médecins,  coUationnant 
avec  les  originaux,  il  avait  reconnu  et  corrigé  des  fautes. 
C'est  là  ce  qu'il  aurait  dû  faire.  I.  239. 

Il  est  un  ouvrage  que  nous  ne  saurions  passer soussilence, 
qui  est  une  sorte  de  traité  ex  professa  sur  la  matière,  et  qui 
pourrait  en  imposer  en  raison  du  grand  nom  qu'il  porte. 
Nous  voulons  parler  du  Traité  De  Interpretationc  de  Huet. 

Les  documents  arabes,  entrés  dans  le  domaine  public,  n'é- 
taient pas  alors  bien  nombreux  ;  d'autre  part,  Huet  n'avait 
qu'une  connaissance  très-bornée  de  la  littérature  arabe.  Il 
l'avoue  lui-même,  afin,  dit-il,  que  l'on  n'attende  pas  trop  de 
lui,  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  trancher  des  questions  dont 
les  éléments  lui  faisaient  défaut. 

Huet  ignore  combien  le  grec  était  familier  aux  Nestoriens. 
H  croit  que  les  Arabes  eux-mêmes  furent  traducteurs.  Il 
dit  leurs  traductions  lâches,  diflFuses,  infidèles.  Il  accuse  ces 
étrangers    d'avoir   enlevé,    ajouté,   bouleversé.  Il    ajoute 


132     HISTOIRIS    DE  LA   MÉDECINE   AUiViiE.  —   LIVRE   DEUXIÈME. 

qu'ils  ne  furent  pas  plus  heureux  pour  la  littérature  latine  ! 
Il  cite  quelques  auteurs,  tels  que  Galien,  Aristote  et  au- 
tres, qui  ne  leur  seraient  pas  venus  des  Grecs,  mais  altérés 
en  passant  par  les  Latins  !  On  souffre  à  reproduire  de  telles 
assertions. 

Mêmes  erreurs  dans  les  détails. 

Déjà  M.  Renan  a  sig-nalé  les  erreurs  dont  fourmille  le 
traité  de  Huet  sur  le  chapitre  des  versions  orientales. 

Dédoublant  Constantin  et  le  Viatique,  il  fait  de  l'un  deux 
personnages,  et  de  l'autre  deux  livres,  dont  il  attribue  l'un 
au  juif  Isaac  et  l'autre  à  Ebn  Eddjezzar. 

Il  cite  une  foule  d'ouvrajifes  que  nous  avons  en  traduc- 
tions latines  et  dont  il  dit  les  origfinaux  arabes  perdus! 

Il  jug-e  aussi  sévèrement  et  souvent  avec  raison  les  tra- 
ductions latines,  qui  se  produisirent  en  des  circonstances 
moins  favorables,  et  sur  lesquelles  nous  aurons  à  reve- 
nir. 

En  somme,  à  l'époque  où  fut  écrit  le  traité  de  l'Interpré- 
tation, les  éléments  de  la  question  n'étaient  pas  suffisants, 
et  l'auteur  manquait  de  compétence  pour  la  traiter. 

«  La  Bibliothèque  du  Roi,  à  Paris,  dit  Schmolders,  i)Ossède 
des  traductions  d' Aristote,  comparables  en  fidélité  et  en  cor- 
rection aux  meilleures  traductions  latines,  et  tellement  dis- 
ting-uées  par  la  critique  circonspecte  qu'on  y  remarque, 
qu'elles  vont  presque  de  pair  avec  les  travaux  modernes.  » 
Ecoles  philosophiques  des  Arabes,  92. 

Nous  lisons  enfin  dans  les  Mélangées  de  philosophie  d^ 
Munk  :  «  Les  ouvrages  d' Aristote  furent  traduits  en  grande 
partie  sur  des  traductions  syriaques.  On  voit,  du  reste,  par 
les  nombreuses  notes  interlinéaires  et  marginales  que  porte 
le  Ms.  n*  882  (de  la  Bibliothèque  de  Paris)  qu'il  existait  dès 
le  X*  siècle  plusieurs  traductions  de  différents  ouvrages 
d'Aristote,  et  que  les  travaux  faits  à  la  hâte  sous  les  Khalifes 
El  Mamoun  et  Moutaouakkel  furent  revus  plus  tard,  corri- 
gés sur  le  texte  syriaque  ou  grec,  ou  même  entièrement 
refaits. 

«  Le  livre  des  Réfutations  des  Sophistes  se  présente  dans 
notre  Ms.  dans  quatre  traductions  différentes.  La  seule  vue 


LES  TRADUCTKUR8.  133 

de  l'appareil  critique  que  présente  ce  précieux  Mb.  peut 
nous  convaincre  que  les  Arabes  possédèrent  des  traductions 
faites  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude,  et  que  les  auteurs, 
qui,  sans  les  connaître,  les  ont  traitées  de  barbares  et  d'ab- 
surdes, étaient  dans  une  profonde  erreur.  Ces  auteurs  ont 
basé  leur  jugement  sur  de  mauvaises  versions  latines,  déri- 
vées non  de  l'arabe  mais  de  versions  hébraïques.  » 

Nous  ne  saurions  donc  admettre  d'une  façon  générale  ce 
qu'on  lit  dans  l'Averroës  de  M.  Renan  :  «  Quant  à  la  barbarie 
du  langage  d'Averroës,  peut-ou  s'en  étonner  quand  on  songe 
que  les  éditions  imprimées  de  ses  œuvres  n'offrent  qu'une  tra- 
ducHon  latine  d'une  traduction  hébraïque  d'un  commentaire 
fait  sur  une  traduction  arabe  d'une  traduction  syriaque 
d'un  texte  grec  »  p.  52.  Du  reste,  nous  reviendrons  lii-dessus 
à  propos  d'Aristote,  et  nous  verrons  ce  que  l'assertion  de 
M.  Munk  a  de  trop  absolu. 


II.  LES  TRADUCTEURS. 


Nous  trouvons  une  liste  d'une  trentaine  de  traducteurs  du 
grec  seulement  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah.  Le  Fihrist  donne 
la  sienne  aussi,  dans  laquelle  figurent  quelques  noms  nou- 
veaux. Ou  peut  recueillir  encore  d'autres  noms,  ce  qui  porte 
le  chiffre  des  traducteurs  de  tout  genre  aune  centaine.  Si 
Ton  se  rappelle  les  noms  des  protecteurs,  on  verra  quelle 
grande  agitation  le  travail  des  traductions  dut  opérer  dans 
le  monde  musulman. 

L'ouvrage  de  Wenrich,  d'ailleurs  si  recommandable,  nous 
parait  ici  défectueux.  Il  a  souvent  admis  des  traductions 
opérées  par  des  Arabes  d'après  des  annotations  de  manuscrits, 
sans  se  demander  si  ces  traductions  étaient  bien  réellement 
authentiques,  et  s'il  ne  fallait  pas  y  voir  soit  descommentai- 
res, soit  simplement  des  attributions  erronées.  Il  a  passé  lé- 
gèrement sur  de  graves  questions  que  nous  croyons  devoir 
nous  poser,  k  savoir  :  Les  Arabes  ont-ils  joué  un  rôle  per- 
sonnel et  direct  dans  le  travail  des  traductions?  Dans  quelles 


134       IITSTOIRB  DE  L\   MÉDECINE  ARABE.    —  LIVRR  DEUXIÈME. 

langnes  purent-ils  eu  opérer?  A  quelles  races  ou  commu- 
nions diverses  doit-on  les  traductions  ? 

Dans  l'ensemble  du  travail,  les  traductions  du  ffrec  en 
arabe  comptent  pour  la  grramle  majorité,  au  point  que 
bien  souvent  on  néglig-e  de  tenir  compte  des  autres,  qui  ont 
cependant  leur  importance.  On  doit  aux  Nestoriens  la  ma- 
jeure partie  de  ces  traductions. 

A  côté  d'eux  se  placent  aussi  les  Sabiens  de  Harran,  qui 
entretinrent  long'temps  la  culture  du  grec.  C'est  h  peu  près 
exclusivement  à  ces  deux  groupes  que  nous  devons  les  tra- 
ductions du  grec  en  arabe. 

Certaines  personnes  ont  cru  que  les  Arabes  avaient  coopéré 
personnellement  à  cette  catégorie  de  traductions.  Ce  qui  a 
pu  contribuer  à  propager  et  accréditer  cette  opinion,  c'est 
une  assertion  doublement  erronée,  qui  n'en  est  pas  moins 
couverte  du  grand  nom  de  d'Herbelot:  «  Averroës  est  le  pre- 
mier qui  ait  traduit  Aristote  du  grec  en  arabe.  »  En  présence 
de  cette  assertion,  ce  que  l'on  éprouve  c'est  l'étonnement plu- 
tôt que  le  besoin  de  la  réfuter.  Ajoutons  encore  la  distinction 
que  l'on  a  oublié  de  faire  entre  les  Arabes  proprement  dite 
ou  Musulmans  et  les  écrivains  de  race  étrangère  vivant  au 
milieu  d'eux  et  écrivant  en  langue  arabe. 

Connaissons-nous  des  traductions  du  grec  exécutées  par 
les  Arabes,  ou  autrement  quelques  Arabes  surent-ils  le  grec? 
Telle  est  la  question  que  l'on  n'a  pas  encore  résolue  définiti- 
vement, h  notre  connaissance  du  moins. 

M.  Renan  se  prononce  d'une  façon  générale  pour  la  néga- 
tive. «  Il  n'y  aurait  pas,  dit-il,  beaucoup  d'exagération  h  af- 
firmer qu'à  aucune  époque  aucun  savant  musulman  n*a  connu 
le  grec.  »  (1)  J'ai  essayé  de  prouver,  dit-il  encore,  que  ja- 
mais les  études  grecques  n'ont  été  cultivées  parmi  eux.  (2) 

Nous  nous  rangeons  volontiers  h  cette  dernière  assertion 
On  rencontre  bien  chez  les  Arabes  une  certaine  connaissance 
de  la  lexicologie  grecque  et  beaucoup  d'étymologies  sont 

(1)  Hist.  des  lang.  sémit.,  2«  éd.,  291. 

(2)  De  philosophia  apud  Syros. 


LES  TRADUCTEURS.  135 

données  par  eux,  ainsi,  par  exemple,  dans  les  tableaux  synopti- 
ques qui  terminent  le  Continent  de  Razès.  (1)  Mais  ce  n'est 
pas  encore  là  une  preuve  de  ce  qu'on  peut  appeler  raisonna- 
blement la  culture  du  grec. 

Quant  à  la  première  assertion,  nous  croyons  qu'elle  est  en- 
core discutable  jusqu'à  présent. 

Au  sujet  d'Abdellatif,  M.  de  Sacyse  prononce  pour  ianéffa- 
tive  et  nous  sommes  de  son  avis.  (2) 

Mais  il  est  un  homme  pour  lequel  la  question  est  plus  dif- 
ficile à  trancher,  à  savoir  El  Kendy.  Plusieurs  orientalistes 
éminents  lui  accordent  la  connaissance  du  g-rec. 

M.  de  Sacy  admet  qu'El  Kendy  a  pu  savoir  le  g'rec  ou  le 
syriaque,  Ebn  Abi  Ossaïbiah  le  comptant  au  nombre  des 
principaux  traducteurs  qui  ont  traduit  en  arabe  les  ouvrages 
d'Aristote.  (3) 

WUstenfeld  compte  El  Kendy  parmi  les  savants  que  le 
Khalife  El  Màmouu  chargea  de  traduire  les  auteurs  grecs.  (4) 

M.  Sédillot  ne  paraît  pas  admettre  le  doute  et  nous  donne 
simplement  El  Kendy  comme  versé  dans  la  connaissance  de 
la  langue  grecque.  (5) 

Comment  croire,  dit  M.  Jourdain,  que  le  grec  fut  inconnu 
d'EI  Kendy  ?  (0)  Puis  il  ajoute  en  note  :  «  Dans  un  petit  traité 
sur  la  sphère  armillaire,  Alkindi  indique  plusieurs  causes 
de  l'infidélité  des  versions  arabes  de  l'Almageste,  ce  qui 
montre  qu'il  savait  le  grec.  » 

(1)  On  en  trouve  aussi  dans  los  listes  do  synonymies. 

(2)  Relation  de  TEgypte,  p.  494. 

(3)  Idem,  p.  488. 

(4)  Gcschichte  der  arabischen  Aerzte,  p.  22. 

(r>)Prolég.  d'Oloug  beg,  XVIII;  et  Hist.  des  Arabes,  p.  3i0. 

(C>  Voici  la  phrase  entière  que  l'on  est  tout  étonné  de  rencontrer 
cliez  M.  Jourdain  :  «  Comment  croire  qu'elle  fut  ignorée  des  tils  de 
Mouça,  d'Alkindi,  do  Costa  ben  Luca,  d'Honein  et  do  sou  llls  Isaac, 
et  de  plusieurs  autres  traducteurs  ou  philosophes  arabes  que  jo 
pourrais  citer  ?»  —  Comment  M .  Jourdain  a-t-il  pu  laisser  tomber 
de  sa  plume  les  noms  do  Costa,  de  Uonein  et  d'Ishaq  sur  lesquels 
le  doute  ne  saurait  être  permis . 


136   nisToinE  de  lk  médecine  arabe.  —  livre  deuxième. 

Nous  avons  consulté  le  \U.  indiqué  par  M.  Jourdain,  qui 
occupe  les  folios  54  à  58  du  n*  1157,  ancien  fonds  arabe,  et 
voici  de  quoi  il  est  question  dans  cet  opuscule. 

Un  des  amis  d'El  Kendy  lui  demande  des  éclaircissements 
sur  la  forme  et  l'usage  d'un  instrument  destiné  h  déterminer 
la  position  du  soleil  et  des  astres,  instrument  mentionné  dans 
le  V*  discours  de  l'Almageste. 

El  Kendy  répond  que  l'obscurité  tient  uniquement  à  l'élé- 
vation du  style  et  à  l'enchaînement  des  idées  de  l'autear, 
d'où  résulte  pour  les  traducteurs  du  grec  en  arabe  une  dou- 
ble difficulté,  bien  saisir  le  sens  et  le  rendre  par  des  expres- 
sions équivalentes,  et  que  ces  deux  difficultés  peuvent  être 
aoît  isolément  soit  concurremment  une  source  d'erreurs  pour 
les  traducteurs. 

Nous  avouons,  pour  notre  part,  que  la  réponse  d'El  Kendy 
n'implique  pas  nécessairement  la  connaissance  du  grrec, 
nous  en  verrions  plutôt  une  preuve  dans  ce  fait  que  les 
traductions  attribuées  à  El  Kendy  portent  sur  le  terrain 
des  mathématiques,  terrain  qui  ne  fut  pas  cultivé  par  les 
Syriens. 

Telles  sont  les  autres  considérations  qui  peuvent  militer 
en  faveur  de  la  connaissance  du  grec  par  El  Kendy. 

On  lit  dans  Ebn  Âbi  Ossaïbiah  et  le  Kitab  el  hokama  qu'il 
traduisit  plusieurs  livres  de  philosophie,  et  qu'Abou  Machar 
le  compte  parmi  les  quatre  grands  traducteurs  qui  ont  paru 
dans  l'Islamisme.  On  peut  dire  aussi  que  sa  grande  et  pré- 
coce connaissance  de  la  philosophie  grecque  porte  naturel- 
lement a  supposer  qu'il  fut  avec  cette  science  en  communi- 
cation directe;  sinon  il  faudrait  admettre  que  de  son 
temps  le  travail  des  traductions  avait  déjà  fait  de  bien 
rapides  progrès.  La  liste  de  ses  écrits  se  monte  à  plus  de 
deux  cents.  Il  embrassa,  dit  leFihrist,  la  totalité  des  sciences 
antiques. 

Un  fait  est  hors  de  conteste,  El  Kendy  a  fait  ou  revu  des 
traductions.  Il  revisa   les    traductions  d'Autolycus  (1)    et 

(1)  Le  Kitab  el  hokama. 


LES  TRADUCTEURS.  137 

d'H}T)8iclès.  (1)  Nous  apprenons  même  du  Filirist  qu'il  fit  une 
traduction  de  la  gréographie  de  Ptolémée.  (2) 

En  présence  de  tous  ces  faits,  il  est  bien  difficile  de  ne  pas 
admettre  qu'El  Kendy  connaissait  le  grec;  mais  en  l'absence 
d'une  assertion  formelle  relative  au  g:rec,  nous  croyons  qu'il 
vaut  mieux  réserver  encore  la  question,  et  admettre,  en 
attendant,  que  les  traductions  d'El  Kendy  se  firent  d'après  le 
syriaque.  Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  refuser  à  El  Kendy, 
la  connaissance  de  cette  langue  beaucoup  plus  facile  pour 
les  Arabes  que  la  langfue  grecque.  Une  hypothèse  :  auraît-il 
fait  des  traductions  à  deux,  comme  au  moyen-âge  ? 

Un  homme  d'une  saine  érudition,  M.  Munk,  rapporte 
qu'El  Kendy  fut  chargé  de  traductions  par  le  Khalife  El 
Mâmoun,  ce  qui  peut  faire  supposer,  dit-il,  qu'il  était  versé 
dans  le  grec  ou  dans  le  syriaque. 

Rappelons  notre  hypothèse.  Ne  put-on  pas  employer 
quelquefois,  pour  les  traductions  arabes,  le  procédé  des  tra- 
ductions latines  au  moyen-ûge,  c'est-à-dire  la  collaboration 
à  deux  ou  même  à  trois?  El  Kendy  ne  put-il  pas  participer 
à  ces  collaborations? 

Casiri,  et  après  lui  Wenrich,  se  sont  fourvoyés  h  pro])Os 
de  Mohammed  ben  Moussa.  Ils  le  donnent  comme  ayant 
traduit  en  arabe,  d'après  le  syriaque  d'Ayoub,  des  com- 
mentaires de  Galien  sur  les  Epidémies  d'Hippocrate.  La 
note  de  Honein,  reproduite  par  Casiri,  se  trouve  dans  un 
Bis.  identique  de  Paris  (n*  1002*  sup.)  Mais  il  y  est  dit  que 
la  traduction  fut  faite  pour  Abou  Djafar  Mohammed  et 
non  par  lui.  Et  puis,  ce  qu'il  y  a  d'étrange,  c'est  que  le 
texte  donné  par  Casiri  porte  Abi  Djafar  au  lieu  d'Abou 
Djafar!  (3) 

Omar  ben  El  Farkhan  est  compté  parmi  les  grands  tra- 
ducteurs, mais  c'est  tout  ce  que  Ton  nous  apprend.  Il  est 
probable  qu'il  traduisit  d'après  le  syriaque. 

(1)  Uadji  Khalfa,  V.  152. 

(2)  Ua  Md.  hébreu  de  Paria,  n*  1028  coDtieat  la  preuve  qu'El 
Kendy  savait  le  syriaque  et  peut-être  le  grec  (Zotenberg). 

(3;  Casiri,  I,  251.  Wenrich,  250.  Nous  y  reviendrons. 


138     HISTOIRE  DE  L\  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

D'après  le  Kitab  el  hokama,  Aboul  Ouéfa  traduisit  lo  livre 
des  grandeurs  et  des  distances  du  soleil  et  de  la  lune  d'Aris- 
tarque  de  Samos,  ainsi  que  le  traité  des  divisions  d'Aris- 
tippe.  Il  aurait  encore  traduit  Diophante,  s'il  fallait  en 
croire  Ppcocke  dans  sa  traduction  des  Dynasties  d'Aboulfa- 
page.  Mais  le  texte  arabe  donne  fesser,  que  Pococke  a  rendu 
abusivementpar  :  interpretatus  est.  (1) 

Enfin  Ennaïrizy  nous  est  donné  comme  ayant  traduit 
TÂlmageste,  par  le  Kitab  el  hokama.  Nous  admettons  sans 
peine  ces  traductions,  mais  en  les  considérant  comme  faites 
du  syriaque  en  arabe. 

Il  en  est  encore  quelques  autres  attribuées  à  des  Arabes  et 
admises  par  Wenrich,  même  du  grec  en  arabe,  et  à  des  épo- 
ques de  décadence.  Nous  les  regardons  comme  apocryphes. 

En  résumé,  s'il  est  encore  permis  de  douter  que  les  Arabes 
aient  traduit  d'après  le  grec,  il  est  plus  admissible  qu'ils 
ont  traduit  d'après  le  syriaque. 

11  serait  oiseux  d'appliquer  ce  travail  de  critique  aux  tra- 
ductions d'après  l'indien,  le  chaldéen  et  le  persan.  Nous  men- 
tionnerons plus  tard  ces  traductions  et  leurs  auteurs.  Pour 
cette  catégorie  de  traductions  nous  ferons  un  choix  et  nous 
ne  mentionnerons  que  ce  qui  rentre  plus  ou  moins  intime- 
ment dans  notre  sujet. 

Quant  aux  traductions  qui  procèdent  du  grec  soit  direc- 
tement, soit  indirectement,  nous  mentionnerons  autant  que 
possible  tous  les  travaux  et  tous  les  traducteurs,  attendu  que 
ces  travaux  ont  pour  nous  un  intérêt  plus  immédiat  et  que 
l'ouvrage  de  Wenrich  ne  nous  paraît  pas  suffisamment  connu 
en  France.  Il  serait  d'ailleurs  assez  difficile  de  faire  un 
choix  parmi  les  traducteurs,  la  plupart  d'entre  eux  ayant 
exploité  plusieurs  catégories  d'écrits.  C'est  enfin  le  moyen 
de  faire  connaître  ce  grand  fait  aussi  intéressant  et  aussi 
original  que  peu  connu  de  l'initiation  des  Arabes  à  la 
science.  Nous  ne  nous  occuperons  des  commentateurs  qu'à 
propos  des  ouvrages  traduits,  et  nous  devrons  faire  un  choix 
parmi  eux;  leur  énumération  complète  nous  entraînerait 
trop  loin,  tant  ils  sont  nombreux. 

(1)  Hist.  Djn.,  page  888  du  texte. 


HOXEIN   DEN   ISHAQ.  13Î) 

Le  grrand  nombre  de  commentateurs  n'a  rien  qui  doive 
nous  étonner.  Le  génie  différent  des  deux  langues  nous  en 
donne  l'explication.  La  phraséologie  grecque,  avec  son  am- 
pleur et  ses  inversions,  devait  être  pour  les  traducteurs  une 
cause  d'embarras  et  pour  les  lecteurs  une  cause  d'obscurité. 
Aussi  beaucoup  de  traductions  nous  sont  données  comme 
défectueuses,  et  comme  ayant  été  corrigées  ou  reprises  à 
nouveau.  Nous  aurons  l'occasion  d'en  signaler  quelques- 
unes.  Naturellement  ces  difficultés  variaient  suivant  la  na- 
ture de  l'ouvrage. 

Parmi  ceux  qui  nous  sont  familiers,  il  en  est  un  dont  la 
traduction  dut  être  bien  facile,  c'est  celle  de  Dioscorides.  Il 
n'en  est  pas  de  même  de  Galien. 

En  tête  de  nos  traducteurs,  nous  allons  donner  d'abord 
les  plus  éminents,  tels  que  Honein  et  sa  famille,  Costa  ben 
Luca. 

Nous  donnerons  ensuite  les  traducteurs  do  second  ordre 
en  entier,  pour  n'avoir  plus  à  y  revenir,  les  disposant  sui- 
vant l'ordre  chronologique. 

Nous  ne  parlerons  actuellement  que  des  traducteurs  du 
grec  ou  du  syriaque  en  arabe,  réservant  les  autres  pour  des 
chapitres  particuliers  où  nous  exposerons  en  même  temps 
les  acquisitions  dont  la  littérature  arabe  leur  est  redevable. 

Si  parmi  les  traducteurs  il  en  est  qui  aient  aussi  de  l'im- 
portance comme  médecins,  il  en  sera  de  nouveau  ques- 
tion en  temps  et  lieu. 


—>   HONEIN  BEN   ISHAQ  (aBOU   ZKID   EL   IBADy).  ^  A 

Honein  est  la  plus  grande  figure  du  IX*  siècle.  On  peut 
même  dire  qu'il  est  une  des  plus  belles  intelligences  et  un 
des  plus  beaux  caractères  que  l'on  rencontre  dans  l'histoire. 
I^  merveilleuse  étendue  de  ses  travaux,  leur  variété,  leur 
supériorité  et  leur  importance,  les  épreuves  qu'il  supporta 
noblement  au  début  et  dans  le  cours  de  sa  carrière,  tout 
chez  lui  provoque  l'intérêt  et  la  sympathie.  S'il  ne  créa  pas 
le  mouvement  de  renaissance  en  Orient,  personne  n'y  prit 


140     HISTOIRE  DE  LA   MÊDEOTN'E  ARABE.  —  LIVRE  DEUXlP:ME. 

une  part  aussi  active,  aussi  sure  et  aussi  féconde.  C'est  un 
devoir  autant  qu'un  plaisir  de  donner  à  sa  biographie  des 
proportions  inusitées. 

Il  naquit  en  Tannée  800,  d'une  famille  d'Ibadites,  chré- 
tiens arabes  qui  s'étaient  fixés  à  Hira,  où  son  père  Ishaq 
exerçait  la  profession  de  pharmacien.  (1)  De  là  son  surnom 
d'El  Ibady. 

Les  gens  de  Hira  passaient  pour  des  Béotiens,  et  quand 
Honein  vint  à  Bagdad  se  présenter  à  Jean,  fils  de  Mésué 
pour  être  son  élève,  Jean  le  renvoya,  prétextant  que  les  gens 
de  Hira  n'étaient  pas  aptes  à  l'étude  de  la  médecine.  Cepen- 
dant Honein,  qui  s'en  fut  en  pleurant,  ne  se  découragea 
pas.  n  se  rendit  en  Grèce,  y  séjourna  deux  ans,  se  perfec- 
.tionna  dans  la  langue  du  pays  et  en  rapporta  des  livres. 

On  lit  aussi  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  qu'il  étudia  le  grec  ii 
Alexandrie.  Ce  fait,  qui  aurait  son  intérêt  s'il  était  avéré, 
n'est  pas  relaté  dans  le  Kitab  el  hokama. 

Honein  s'en  revint  à  Bagdad,  voyagea  dans  la  Perse,  alla 
se  perfectionner  dans  la  langue  arabe  &  Bassora,  puis  se 
fixa  définitivement  à  Bagdad.  Il  s'était  ainsi  acquis  une 
connaissance  approfondie  du  syriaque,  de  l'arabe  et  du 
grec. 

S'étant  mis  à  traduire  l'anatomie  de  Galien,  le  vieux  Ga- 
briel fils  de  Bakhtichou,  l'écoutait  avec  un  étonnement 
mêlé  de  respect,  l'appelait  son  maître  et  voyait  en  lui  un 
nouveau  Sergius  (le  célèbre  traducteur  de  Ras  el  Aïn).  Jean 
fils  de  Mésué,  fut  pareillement  émerveillé.  Il  ouvrit  sa  porte 
à  Honein  et  le  pria  de  lui  faire  des  traductions. 

Honein  fut  aussi  encouragé  dans  la  voie  des  traductions 
par  les  fils  de  Moussa  ben.Chaker,  qui  l'employèrent  avec 
Tsabet  et  Hobéïch.  Ces  protecteurs  des  savants  dépensaient 
pour  eux  500  dinars  par  mois. 

Honein  était  jeune  encore  quand  le  Khalife  El  Mâmounle 
chargea  de  traduire  les  grecs  en  arabe  et  de  reviser  les  tra- 

(1)  M.  Sanguinetti  adopte  l'année  792,  de  préférence  à  l'année  809. 
Nous  avons  adopté  cette  dernière  en  raison  d'un  mot  d'Ebn  Abi 
Ossaïbiah  qui  dit  que  Honein  était  encore  jeune,  quand  El  Mâmoun 
le  chargea  de  traductions. 


UONEIN   UEK   ISHAQ.  1  il 

(luctions  des  autres.  Les  traductions  de  Honein  lui  étaient 
payées  littéralement  au  poids  de  Tor. 

L'activité  de  Honein  dut  être  prodigieuse.  Sans  parler  de 
ses  révisions,  il  commenta  tout  Hippocrate,  traduisit  une 
bonne  partie  de  Galien,  Oribase,  Paul  d'Eg-ine,  plusieurs 
écrits  d*Aristote  et  de  Platon,  des  mathématiciens,  des  astro- 
nomes, des  philosophes,  etc.,  associant  à  ses  travaux  son 
neveu  Hobéïch  et  son  fils  Ishaq.  Il  écrivit  encore  une  cen-' 
taine  d'ouvrages  dont  les  uns  restèrent  classiques  dans  l'en- 
seignement et  les  autres  attestent  qu'il  unissait  la  pratique 
à  la  théorie,  tels  que  son  traité  des  maladies  des  yeux. 

Le  Khalife  Moutaouakkel  frappé  de  la  réputation  de  Ho- 
nein le  fit  appeler  et  lui  constitua  une  riche  pension.  Cepen- 
dant ayant  conçu  h  son  égard  quelques  soupçons  d'intelli- 
gence avec  les  Grecs,  chers  sans  doute  h  Honein,  il  voulut 
réprouver. 

Il  le  fit  venir,  le  revêtit  d'un  vêtement  d'honneur  et  lui 
donna  un  titre  de  50,000  drachmes,  puis  il  lui  dit:  Je  désire 
que  tu  me  prépares  un  remède  secret  au  moyen  duquel  je 
puisse  me  débarrasser  d'un  ennemi.  Honein  répondit  :  Je 
n'ai  jamais  appris  que  des  remèdes  salutaires  et  je  pensais 
que  le  Prince  des  Croyants  ne  m'en  demanderait  pas  d'autres. 
Cependant  si  telle  est  sa  volonté  j'essaierai,  mais  il  me  faut 
du  temps.  Malgré  délais  et  menaces,  Honein  n'en  fit  rien  et 
le  Khalife  le  fit  mettre  en  prison.  Honein  y  resta  une  année, 
qu'il  employa  à  traduire  et  composer.  Moutaouakkel  le  fit 
de  nouveau  comparaître,  ayant  étalé  d'un  côté  des  trésors  et 
de  l'autre  des  instrumonts  de  supplice.  La  temps  se  passe, 
lui  dit-il,  et  mes  désirs  ne  sont  pas  remplis.  Si  tu  obéis,  ces 
trésors  et  d'autres  encore  sont  à  toi,  sinon  je  te  ferai  périr 
dans  les  supplices.  —  J'ai  déjà  dit  au  Prince  des  Croyants, 
répondit  Honein,  que  je  n'avais  appris  à  composer  que  des 
rem«^*des  s'iliitaires.  Sur  celé  Khalife  lui  dit:  Console-toi, 
Honein  ;  tout  cela  n'était  que  pour  t'éprouver.  Mais  à  quoi 
donc  a  pu  tenir  ton  refus?  — A  deux  choses,  répondit  Honein, 
ma  religion  et  ma  profession.  La  première  ordonne  de  faire 
du  bien  h  nos  ennemis,  et  à  plus  forte  raison  à  nos  amis.  La 
seconde  nous  défend  de  nuire  au  genre  humain,  instituée 


142      HISTOIRE  DE  LA.   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

qu'elle  est  pour  lui  être  utile.  Tout  médecin  a  fait  serment 
de  ne  jamais  délivrer  de  poison.  —  Ce  sont  là  deux  belles 
lois,  répliqua  Motaouakkel,  et  il  combla  Honein  de  présents. 

Le  mérite  de  Honein  ne  pouvait  manquer  de  lui  susciter 
des  envieux  et  des  ennemis.  Une  épreuve  nouvelle  lui  était 
réservée.  Cette  aventure,  diversement  racontée,  mais  iden- 
tique au  fond,  nous  a  été  conservée  par  Honein  lui-même 
dans  un  récit  empreint  de  tristesse.  Honein  avait  probable- 
ment rapporté  de  son  séjour  en  Grèce  de  Taversion  pour  le 
culte  des  imagées.  C*est  sur  ce  terrain  que  ses  ennemis  lui 
tendirent  un  piège,  qui  paraît  avoir  été  imagriné  par  Bakliti- 
chou,  fils  de  Gabriel  et  exécuté  par  Thifoury.  D'après  Aboul- 
farage  ce  serait  le  fait  exclusif  de  Thifoury,  auquel  Honein 
aurait  reproché  sa  vénération  pour  les  images. 

Nous  nous  en  tiendrons  au  récit  de  Honein.  Bakhtichou 
fit  exécuter  une  belle  peinture  de  la  Vierge,  et  la  fit  voir  à 
Moutaouakkel,  qui  lui  demanda  si  tous  les  chrétiens  avaient 
pour  cette  image  line  pareille  vénération.  Oui,  répondit 
Bakhtichou,  excepté  un  de  tes  sujets  que  tu  as  comblé  de  tes 
bienfaits,  qui  est  un  impie  et  ne  croit  &  rien.  —  Quel  est-il, 
demanda  le  Khalife.  —  C'est  Honein.  Moutaouakkel  ordonna 
de  le  faire  comparaître  et  lui  dit  :  Tu  vois  cette  image,  c'est 
la  représentation  de  votre  Seigneur  et  de  sa  mère.  —  Dieu 
me  garde,  répondit  Honein,  de  croire  qu'il  puisse  être  r^ 
présenté  !  Ce  sont  là  simplement  des  images,  comme  on  en 
voit  dans  les  églises  et  autres  lieux.  —  C'est  donc  chose 
insignifiante?  —  Comme  l'a  dit  le  Prince  des  Croyants.  —  S'il 
en  est  ainsi,  tu  peux  cracher  dessus.  —  Honein  cracha  sur 
l*image. 

Le  Catholique  ou  chef  de  la  communauté  chrétienne  fut 
appelé,  et  Moutaouakkel  lui  demanda  ce  que  méritait  un 
homme  qui  avait  craché  sur  cette  image.  Si  c'est  un  chré- 
tien, répondit  le  catholique,  et  si  j'en  avais  le  pouvoir  il  se- 
rait fustigée*  Toutefois,  je  lui  défendrai  l'entrée  de  nos  temples 
et  je  le  mettrai  en  interdit  jusqu'à  ce  qu'il  se  soit  repenti  sin- 
cèrement et  se  soit  purifié  par  le  jeftne  et  la  prière.  —  Fais  ce 
qu'il  te  plaira,  lui  dit  le  Khalife.  Honein  reçut  cent  coups 
d'étrivières,  et  fut  mis  aux  fers  dans  la  maison  du  Catboli- 


UONEIX   BEN    ISllAQ.  113 

que,  où  il  resta  six  mois,  frappé  déplus  de  temps  à  autre.  Il 
n'est  pas  étonnant  que  ces  persécutions  l'aient  aigri.  Ceux 
que  j'ai  instruits,  dit-il,  pour  lesquels  je  fus  g-énéreux,  que 
j'ai  élevés  au  dessus  de  leurs  concitoyens,  m'ont  rendu  le 
mal  pour  le  bien.  Je  n'en  ai  pas  moins  loué  Dieu,  et  je  me 
suis  rappelé  le  propos  de  Galien  que  Ton  peut  tirer  profit  des 
inimitiés.  Mais  cependant  comment  rester  calme  !  On  me  vi- 
lipende,on  honore  ceux  qui  me  honnissent  et  on  honnit  ceux 
qui  m'honorent.  Ils  voient  la  supériorité  de  ma  science  sur 
la  leur,  mes  traductions  qui  leur  ont  livré  la  science  de  lan- 
f^ues  auxquelles  ils  ne  comprenaient  rien,  qu'eux-mêmes 
disaient  supérieures  à  toutes  celles  qui  les  avaient  précédées. 
Les  hommes  instruits  de  toutes  les  communions  m'aimaient 
et  me  respectaient.  Mais  ces  médecins  chrétiens  qui  me  doi- 
vent tout  leur  savoir  en  veulent  à  mes  jours.  Ils  disent  : 
c'est  lace  traducteur  de  Honein,  qui  a  reçu  pour  ses  traduc- 
tions un  salaire  comme  en  reçoit  un  artisan  pour  ses  peines. 
Il  se  fait  appeler  Honein  le  médecin  et  non  pas  Honein  le 
traducteur.  Quand  j'entends  ces  choses,  mon  cœur  se  resserre 
et  il  me  prend  envie  de  me  donner  la  mort!  L'envie  n'a  cessé 
d*habiter  la  terre  depuis  Abel  !  Si  j'ai  raconté  ces  faits, 
ajoute-t-il,  c'est  pour  que  l'homme  intellig'ent  comprenne 
que  les  calamités  atteig-nont  le  savant  et  l'ig'norant,  le  grand 
et  le  petit. 

Cependant  Moutaouakkel  tomba  malade  et  Honein  prit 
part  aux  consultations.  Enfin  on  le  tira  de  prison,  et  il  com- 
parut chez  le  Khalife  revêtu  de  riches  vêtements,  et  au  mi- 
lieu do  ses  ennemis,  qui  croyaient  h  son  supplice.  C'est  donc 
h  tort  qu'on  lit  dans  Aboulfarag'e,  qu'après  son  excommuni- 
cation, Honein  rentra  chez  lui  et  y  mourut  subitement  de 
chagTin  ou  par  le  poison. 

Il  paraît  d'après  Ebn  Abi  Ossaîfbiah,  que  Honein  fut  nom- 
mé chef  des  médecins  de  Bagtlad  à  propos  de  la  publication 
lie  son  livre  :  Des  Questions, 

On  s'accorde  h  placer  la  mort  de  Honein  en  Tannée  200  de 
l'hégrire,  873  de  l'ère  chrétienne. 

IHen  que  Honein  ait  beaucoup  écrit  en  dehors  de  ses  tra- 
ductions, c'est  par  elles  surtout  qu'il  se  recommande  à  la  pos- 


114    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

térité.  Il  marche  à  la  tète  de  tous  les  traducteurs  de  son 
temps,  non-seulement  par  la  correction  de  ses  traductions, 
mais  surtout  par  leur  importance  et  leur  étendue. 

Son  œuvre  embrasse  et  peu  près  tous  les  chefs-d'œuvre  de 
la  médecine  antique.  On  a  dit  que  les  traductions  de  Costa 
ben  Luca  avaient  la  correction  de  celles  de  Honein,  mais  Luca 
traduisit  bien  peu,  comparativement  &  Honein.  On  a  dit  aussi 
que  Honein  avait  bénélScié  de  la  ressemblance  de  son  nom 
avec  celui  de  Hobéïch.  Quand  cela  serait,  malgrré  quelques 
attributions  douteuses,  il  n'en  resterait  pas  moins  assez 
deg-loire  à  Honein,  et  le  mérite  d'avoir  formé  des  collabora- 
teurs comme  son  fils  Ishaq  et  son  neveu  Hobéïch. 

Outre  les  traductions  de  son  crû,  Honein  en  revisa  une 
foule  d'autres.  H  avait  pareillement  fait  une  révision  des 
textes  origrinaux  d'Hippocrate  et  de  Galien. 

Si  l'on  s'en  rapporte  au  catalogrue  des  livres  de  Galien 
dressé  par  Honein,  il  semblerait,  dit  l'auteur  du  Fihrist,  qu'il 
en  a  plus  traduit  en  syriaque  qu'en  arabe,  mais  il  révisa 
beaucoup  de  traductions  arabes  faites  par  d'autres. 

Honein  traduisit  tantôt  en  syriaque  et  tantôt  en  arabe, 
sans  doute  suivant  les  cas.  S'il  traduisait  pour  Gabriel  ou 
Mésué,  pour  ses  coreligionnaires,  il  pouvait  le  faire  en  syria- 
que ;  mais  il  en  était  autrement  s'il  traduisait  pour  les  fils 
de  Moussa,  ou  pour  satisfaire  aux  désirs  d'El  Màmoun.  D'ail- 
leurs il  traduisit  plus  d'une  fois  le  même  ouvrage  à  la  fois 
en  syriaque  et  en  arabe. 

On  a  dit  trop  souvent,  pour  infirmer  le  valeur  des  traduc- 
tions arabes,  qu'elles  avaient  passé  du  grec  à  travers  le  syria- 
que. C'est  là  une  assertion  gratuite  qu'il  est  presque  oiseux 
de  réfuter.  Quand  se  firent  les  traductions  en  arabe,  com- 
mandées par  les  Anibes  et  pour  les  Arabes,  il  existait  àpeine 
quelques  traductions  en  syriaque,  et  ce  nefutpas  à  elles  que 
l'on  s'adressa.  On  recueillit  à  grands  frais  les  originaux 
grecs,  et  on  les  confia  à  des  hommes  qui  savaient  le  grec 
et  pouvaient  en  épurer  les  textes.  Que  si  ces  hommes  firent 
aussi  des  traductions  en  syriaque,  dont  quelques-unes  furent 
traduites  de  rechef  en  arabe  soit  par  eux-mêmes  soit  par  d'au- 
tres, c'est  sans  doute  que  les  traducteurs  tout  eu  travaillant 


HONLIN    BEN    JSU.W.  1  15 

pour  le.s  Arabes,  u'oubliaieut  pas  leurs  coreligiounaires  qui 
«levaient  quelque  temps  encore  tenir  le  sceptre  de  la  science 
et  (le  la  pratique  en  attendaut  que  se  fit  Téducation  des  Ara- 
bes ;  c'est  aussi  probablement  parce  que  dans  ce  moment  de 
ferveur  on  voulut  employer  le  plus  d'agents  possibles  pour 
avoir  plus  de  produits  et  que  Ton  confia  des  traductions  en 
BjTiaque,  à  faire  passer  dans  la  langue  arabe,  à  ceux  qui  ne 
connaissaient  pas  suffisamment  le  grec. 

Honein  et  les  siens,  profondément  versés  dans  la  langue 
grecque,  livrèrent  aux  Arabes  des  traductions  irréprocha- 
bles, qui  embrassaient  la  meilleure  partie  de  la  médecine 
grecque.  Les  traductions  qui  n'eurent  pas  la  bonne  fortune 
de  tomber  entre  les  mains  des  maîtres  de  l'art,  furent  ensuite 
reprises  et  corrigées. 

Nous  allons  donner  aussi  sommairement  que  possible  la 
liste  des  traductions  de  Honein,  devant  y  revenir  à  propos 
des  auteurs  traduits.  Là,  certains  détails  trouveront  mieux 
leur  place  qu'ici. 

Nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  en  rapporter  à  Wenrich. 
Nous  avons  vérifié  presque  toutes  ses  citations  et  nous  avons 
trouvé  des  erreurs  et  des  omissions.  Nous  diviserons  les  au- 
teurs traduits  en  deux  catégories,  savants  divers  et  méde- 
cins. Cet  ensemble  de  travaux  encyclopédiques  accuse  chez 
Honein  plus  que  la  connaissance  du  grec  et  l'activité,  il  ac- 
cuse encore  une  large  et  facile  intelligence. 

Première  catégorie,  savants  divers  : 

Platon.  La  politique,  les  loisetTimée. 

Aristotc.  Honein  traduisit  en  syriaque  une  partie  de  l'Or- 
ganon,  le  Traité  de  la  génération  et  de  la  corruption,  celui  de 
rame  et  un  fragment  de  métaphysique.  Il  traduisit  en  arabe 
les  Catégories,  révisa  une  traduction  des  premiers  Analyti- 
ques, traduisit  (1)  les  Ethiques  et  la  Physique  s'il  faut  eu 
croire  un  Ms.  de  Leyde. 

(1;  Dans  la  notice  d'Alexandre  d'Aphrodisias,  laliaq  est  donné 
comme  avant  traduit  les  Sophistiques,  la  Rhétorique  et  la  Poétique. 
(*aj$iri  qui  a  reproduit  cette  notice,  p.  Î43,  I,  donne  Ishaq  dans  lo 
texte  et  Honein  dans  sa  traduction  latine. 

iO 


1  iO    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Autolycus.  De  la  sphère  en  mouvement. 

Euclide.  D'après  Ebn  Khallîcan,  Honein  aurait  traduit 
Euclide,  fait  qui  n'a  pas  été  mentionné  par  Wenrich. 

Nicolas  de  Damas.  Sommaire  de  la  philosophie  d'Aristotc. 
—  Des  Plantes  (ouvrage  attribué  à  Aristote).  (1) 

Mcnelaûs.  Des  sphériques. 

Archimède.  De  la  sphère  et  du  cylindre. 

Apollonius  de  Tyane.  Traité  d'astrologrie. 

Artémidore.  De  l'interprétation  des  songes. 

Alexandre  d'Aphrodisias.  Quelques  opuscules.  (2) 

Porphyre.  L'IsagOge. 

Thémistiits.  Commentaire  sur  le  livre  de  l'âme. 

Deuxième  catégorie.  Médecins. 

Honein  eut  l'heureuse  idée  de  s'adresser  à  peu  près  exchi- 
sivement  aux  deux  maîtres  de  la  science  médicale,  Hippo- 
crate  et  Galien,  et  le  Kitab  eî  hokama  fait  observer  qu'il  eut 
soin  d'en  reviser  les  textes. 

Hippocrate  : 

Epidémies.  Pronostics.  Aphorismes. 

De  l'air,  des  eaux  et  des  lieux. 

De  la  nature  de  l'homme.  Du  serment. 

Grand  traité  des  maladies  (aiguës).  (3)  De  l'officine.  (1) 

La  naissance  à  huit  mois.  (5) 

Honein  fit  aussi  des  commentaires  sur  Hippocrate  et  Ga- 
lien. 

Nous  suivrons,  pour  l'énumération  des  écrits  de  Galien, 
traduits  par  Honein^  la  liste  donnée  par  le  Fihrist,  et  qui  se 
retrouve  dans  le  Kitab  el  hokama. 

Nous  ne  voulons  pas  reproduire  ici  la  liste  des  seize  écrits 

(1)  Nicolai  Damasceni ,  de  Plantis,  ex  Isaaci  Torsione  arabica  : 
ireccDsuit  Meyer.  Aboulforage  dit  qu'il  en  possédait  une  traduction 
syriaque  de  Honein» 

(2)  V.  Casiri,  I,  242. 

(3)  Le  Traité  des  maladies  aiguës  existe  à  Paris  en  arabe  arec  des 
traractères  hébreux. 

(4)  La  plupan  d«  ces  écrits  se  trouvent  à  TEscurial. 

(5)  Cet  écrit  se  trouve  h  Munich, 


HONBIN   B£N   ISUAQ.  147 

(le  Galieu  arrang-és  par  les  Alexandrins  pour  l'enseignement 
(le  la  médecine.  Nous  dirons  seulement  que  Honein  en  tra- 
duisit les  trois-quarts,  les  autres  Tayant  été  par  Hobeïcli,  et 
qu'il  les  refondit  aussi  par  demandes  et  par  réponses,  d'a- 
jirès  le  Kitab  el  liokama.  Il  existe  sous  le  nom  de  Honein,  au 
lîritish  Muséum,  n«  MCCCLVI,  un  exemplaire  des  XVI  livres 
arrangés  par  les  Alexandrins.  Il  semblerait  donc  que  Honein 
en  fit  une  double  traduction,  Tune  partielle  de  ces  livres  in- 
tacts et  l'autre  complète  de  ces  livres  remaniés.  (1) 

Après  rénumération  des  XVI  livres,  on  lit  dans  le  Fihrist  : 
Livres  en  surplus  des  XVI. 

La  grande  Anatomie  nous  est  donnée  comme  ayant  été  tra- 
duite  par  Hobéïch.  Ce  n'est  pas  autre  chose  que  les  Admi- 
nistrations anatomiques.  Cependant  les  Mss,  d'Oxford  et  du 
Hritish  Muséum  en  attribuent  la  traduction  à  Honein. 

Des  mouvements  de  la  poitrine  et  du  poumon.  Traduction 
faite  par  Etienne  et  revue  par  Honein. 

Des  maladies  de  l'âme,  idem. 

De  la  voix,  par  Honein. 

Des  mouvements  des  muscles.  Traduction  par  Etienne,  re« 
vue  par  Honein. 

De  la  nécessité  de  la  respiration,  idem. 

Des  mouvements  obscurs.  Quelle  que  soit  Tautheucilé  de 
ce  livre,  Wenrich  a  oublié  de  dire  qu'il  avait  été  traduit  par 
Marcusde  Tolède,  d'après  la  version  ara]>e  de  Honein, 
Johannitius.  Il  faut  dire  aussi,  à  l'appui  de  son  authenticité, 
qu'il  est  cité  souvent  par  Galien  lui-même. 

De  rasage  des  parties,  traduction  par  Hobeïch,  revue  par 
Honein. 

De  la  meilleure  conformation»  par  Honein. 

Du  bon  état  du  corps,  Honein  ou  Hobéïch,  suivant  Tune 
ou  l'autre  liste. 

Du  mauvais  tempérament.  Honein. 

Des  simples,  idem. 

(1  Wenrich  n'a  rien  compris  aux  cinq  livrée  (TAnaicmiei  qui  font 
partie  des  seize,  p.  251  :  V.  ce  que  nous  en  avons  dit.  Le  Fihrist  at- 
tribue les  Divergences  en  anatomie  à  Honein,  d'après  Wenrich,  Il 
€0  est  autrement  dans  le  Ms.  que  nous  avons  consulté. 


1 18     HISTOIRE   DE   LA   MÉDECINE  AlUBE.  —   LlVliE   L'LUXILME. 

De  r^iccoiichement  à  sept  mois,  idem. 

De  l'atrabile,  Honein  ou  Etienne. 

De  la  dyspnée,  Honein. 

Du  marasme,  idem.  (1) 

Sur  un  enfant  épileptique,  idem. 

Des  propriétés  des  aliments,  idem. 

Du  rég^ime  atténuant,  idem.  (2) 

De  la  médecine  d'Aristote,  (3)  idem. 

Traitement  des  maladies  aiguës  suivant  Hippocrate,  idem. 

Lettre  à  Thrasybule,  idem. 

Qu'un  bon  médecin  doit  être  philosophe,  idem. 

Des  vrais  livres  d'Hippocrate,  idem. 

De  Texamen  du  médecin  (du  médecin  ?)  idem.  (1) 

De  la  secte  (de  la  meilleure  secte),  idem. 

De  la  démonstration  en  XV  livres.  C'est  seulement  dans 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  que  nous  trouvons  des  renseig*nement^ 
sur  cet  écrit.  Honein  ne  put  en  trouver  une  copie  originale 
complète. 

Déjà  Gabriel  avait  fait  des  recherches.  Honein  en  fit  dans 
la  Mésopotamie,  la  Syrie,  la  Palestine  et  l'Egypte,  et  eu 
trouva  la  moitié  seulement  à  Damas,  qu'il  traduisit  en 
syriaque.  Des  traductions  en  furent  faites  aussi  par  Aioub  et 
par  Issa  ben  lahya,  et  par  Ishaq  en  arabe.  Ce  livre  ne  se 
trouve  pas  dans  les  listes  que  nous  possédons. 

Faudrait-il  en  voir  une  reproduction  dans  un  chapitre  de 
l'histoire  philosophique,  ouvrage  du  reste  considéré  comme 
douteux. 

De  la  connaissance  de  ses  défauts,  traduction  de  Thomas, 
revue  i)ar  Honein. 

Le  Timée  de  Platon.  Sur  vingt  livres,  Honein  en  traduisit 
dix-sept  et  Ishaq  les  autres. 
Du  premier  moteur,  Honein. 
Grand  livre  sur  la  saignée,  idem. 

(l)Caâin  a  traduit  par:  de  Stcrcorc,  I.  2ôô, 

(2)  Casiri  a  rendu  par  :  de  benigno  rcgiuiiae,  id. 

(3)  Casiri  ne  le  mentionne  pas.  Id, 

(4)  Casiri  voit  ]h  dos  Obseroationx, 


HOXEIN'   lîEN    rSIIAQ.  1  tO 

Introduction  à  la  logique. 

On  attribue  à  Galien  un  opusrule  sur  le.^  lavoments,  qui 
fut  traduit  en  hébreu  et  plus  tard  en  latin,  d'après  la  version 
arabe  de  Honein.  Razès,  dans  le  Continent,  dit  à  plusieurs 
reprises  que  cet  écrit  est  plutôt  de  Rufus  que  de  Galien. 

Il  est  un  livre  des  plantes,  rangé  à  juste  titre  parmi  les 
douteux,  qui  fut  traduit  en  arabe  par  Honein  et  plus  tard 
en  latin.  On  lit  dans  la  traduction  latine  que  Honein  fit 
cette  traduction  pour  Abou  Djafar  Mohammed  ben  Moussa, 
parce  que  d'autres,  qui  avaient  précédé  la  sienne,  étaient 
défectueuses. 

Honein  traduisit  aussi  des  commentaires  de  Galien  sur 
Hippocrate,  qui  nous  sont  restés,  les  commentaires  sur  les 
épidémies,  les  septénaires,  etc. 

Le  commentaire  sur  les  épidémies,  qui  existe  à  l'Escurial 
et  maintenant  à  Paris,  est  accompagné  d'une  annotation  de 
Honein  qui  a  été  mal  rendue  par  Casiri ,  et  que  nous  allons 
reproduire,  d'autant  plus  qu'elle  contient  de  graves  erreurs 
qui  ont  échappé  à  Wenrich  et  l'ont  égaré. 

«  Le  premier  livre  des  épidémies  fut  l'objet  d'un  com- 
mentaire de  Galien,  en  trois  parties.  Aïoub  le  traduisit  d'a- 
bord eu  syriaque,  puis  en  arabe  pour  Abou  Djafar  Moham- 
med ben  Moussa.  (1)  Galien  fit  sur  le  II»  livre  un  commen- 
taire en  six  parties. 

«  L'original  grec  me  tomba  sous  la  main,  mais  il  y  man- 
quait une  partie,  et  de  plus  il  y  avait  des  fautes,  des  lacunes 
et  de  la  confusion.  Après  l'avoir  révisé  et  transcrit  en  grec, 
je  le  traduisis  en  syriaque,  puis  en  arabe,  à  radres.se  d'Abou 
Djafar  Mohammed  ben  Moussa.  (2)  Cependant  il  se  fit  que  je 
ue  l'achevai  pas  complètement.  Galien  fit  encoie  sur  le  VI" 
livre  des  éjûdémies  un  commentaire  en  huit  parties,  qui 
fut  traduit  en  syriaque  par  Aïoub. 

«  Tous  ces  commentaires  sur  les  épidémies  se  retrouvent 

(1)  C)n  lit  dans  C'asiri  :  Quos  svriaee  Job.  Arabico  Ab;  (iiafur  Mo- 
hammed ben  Musa  transtulit.  —  Abi  aurait  dû  cependant  indiquer 
u  <.*a-siri  que  ce   mol  était  un  réjjriuie  et  non  un  sujet. 

.2)  Casiri  :  quos  et  arabice  postea  Ahi  (iiafar  Mohammed  ben  Musa 
crmveriir.  —Toujours  Abi, 


150     HISTOIRE  DE  LA  MÉDBOIME  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

dans  mes  écrits.  Galien  ne  commenta  que  ces  quatre  livres.  (1) 
Quant  aux  trois  autres,  c'est-à-dire  le  IV*,  le  V*  et  le  VIP, 
il  les  rejeta  comme  apocryphes. 

«  Il  existe  encore  d'autres  discours  de  Galien  sur  les  épi- 
démies, où  il  reproduit  tantôt  la  lettre  et  tantôt  l'esprit 
d'Hippocrate,  mais  je  n'en  ai  trouvé  qu'en  faible  quantité.  » 

Commentaire  de  Galien  sur  les  Âphorismes  d'Hippocrate, 
par  Honein.  Le  manuscrit  existe  à  Paris,  n«085,  A.  F. 

Commentaire  de  Galien  sur  le  livre  des  Septénaires,  par 
Honein.  Il  en  existe  un  exemplaire  h  Munich  sous  le  n*  802. 
M.  Daremberff  en  ayant  obtenu  l'extradition,  nous  en  avons 
pris  une  copie,  que  nous  traduirons  quelque  jour,  si  Dieu 
nous  prête  vie. 

Il  exista  encore  dans  les  collections  européennes  quelques 
traductions  de  Gralien  attribuées  à  Honein,  tandis  que  les 
historiens  les  attribuent  à  Hobéïch.  (2) 

Orîbaae. 

Honein  a  traduit  le  livre  à  son  fils  Ëustathe,  et  la  grande 
collection  en  soixante-dix  livres. 

Paul  d'Egine.  Honein  traduisit  ses  Pandectes. 

Theomnestus. 

11  existe  à  Paris,  sous  le  n*  1038,  ancien  fonds,  une  tra- 
duction du  Traité  d'art  vétérinaire  de  Theomnestus,  par 
Honein. 

Parmi  les  traductions  revues  par  Honein,  nous  citerons 
celle  de  Dioscoride,  exécutée  par  Etienne,  fils  de  Basile.  Il 
en  existe  à  Paris,  n*  1067  du  supplément,  un  exemplaire 
chargré  de  notes  précieuses,  sur  lequel  nous  avons  publié 
un  travail  dans  le  Journal  asiatique. 

Il  est  encore  une  traduction  de  Honein,  qui  était  restée 
jusqu'alors  ignorée,  c'est  la  traduction  de  l'Ancien  Testu- 

(1)  Il  y  a  nécessairement  une  lacune  ea  cet  endroit.  Nous  savons 
que  Galien  ne  commenta  que  les  trois  premiers  et  le  sixième  livre 
des  Epidémies,  c'est-à-dire  quatre  en  tout.  La  traduction  par  Honein 
de  ces  quatre  commentaires  existe  à  TEscurial.  Vovez  pages  2jO  et 
suivantes,  1"  partie. 

i9)  Le  Commentaire  sur  le  pronostic,  traduit  par  Honein,  se  trouve 
à  Oxford, 


HONBIN  BSN  ISHAQ.  151 

ment.  Le  Kitab  el  hokama,  dans  la  notice  du  roi  Ptolémée, 
dit  qu'il  se  fit  traduire  l'Écriture  de  l'hébreu  en  grec,  et  que 
Honein  en  fit  la  traduction  du  grec  en  arabe.  (1) 

Au  milieu  de  ses  traductions,  Honein  avait  encore  le 
temps  de  composer  des  ouvrages.  Nous  avons  les  titres 
d'une  centaine. 

Plusieurs  de  ces  ouvrages  ont  trait  à  Hippocrate  et  à  Ga- 
lien.  Il  commenta  quelques  écrits  du  premier.  Le  second 
l'occupa  davantage.  Honein  fit  des  sommaires  des  seize  li- 
vres de  Galien,  qu'il  rédigea  par  demandes  et  par  réponses. 
Il  publia  sous  le  titre  de  Fruits  des  extraits  des  commentai- 
res de  Galien  sur  les  apliorismes,  les  pronostics,  les  maladies 
aiguës,  les  plaies  de  tète,  les  épidémies,  l'officine,  l'air,  les 
eaux  et  les  lieux  et  la  nature  de  l'homme.  Il  dressa  une  liste 
des  écrits  de  Galien  et  de  ceux  qu'il  avait  traduits.  Son  in- 
troduction au  petit  art  de  Galien  a  été  traduite  en  latin  et 
imprimée  sous  le  titre  Isagogc  lohannitii. 

Parmi  les  écrits  originaux  de  Honein,  il  en  est  deux  qui 
eurent  de  Tinfluencc  sur  l'enseignement  et  la  pratique  de  la 
médecine  chez  les  Arabes,  ce  sont  les  Questions  et  le  Livre 
de  Vœil. 

Les  questions  de  Honein  sont  un  traité  élémentaire,  une 
sorte  d'introduction  h  la  médecine,  par  demandes  et  par  ré- 
I>onses.  Il  eut  les  honneurs  de  plusieurs  commentaires.  Celui 
d'Ebn  Abi  Sadeq  se  trouve  h  Paris. 

Le  livre  sur  l'œil,  en  dix  discours,  dont  le  dernier  est  de 
Hobelcli,  n'eut  pas  moins  de  crédit  chez  les  oculistes  arabes. 
Honein  écrivit  encore  d'autres  opuscules  sur  l'oculiatique. 

Nous  indiquerons  sommairement  les  autres  écrite  de 
Honein  en  les  classant  par  catégories. 

Il  écrivit  plusieurs  traités  sur  les  aliments  simples  et  com- 
posés ;  sur  la  différence  des  aliments  et  des  médicaments  ; 
Bur  les  caustiques  ;  sur  le  lait  ;  sur  le  régime  tant  à  l'état 
.sain  qu'en  certains  états  morbide.4  ;  sur  l'hygiène,  les  bains, 
la  conservation  des  dents,  les  eaux  pestilentielles,  le  coït, 

(i;  Le  a«  1167,  A.  F.  do  Paris,  contiout  un  écrit  d*Hermè«,  qui 
muntit  été  traduit  par  Honein. 


ir>2     inSTOIRE   DE  LA   MÉDKCIXE   ARADE.    —   LIVRE  DLUXlftMF. 

etc.  Son  opuscule  sur  le  clmtouillemeut  so  trouve  à  TEs- 
curial. 

Il  écrivit  un  traité  sur  Tanatomie  de  l'appareil  digrestif  et 
un  autre  sur  les  maladies  de  Testomac  ;  d'autres  sur  le  pouls, 
sur  Turine,  sur  les  sig:nes  des  maladies  ;  sur  les  fièvres,  la 
dyspnée,  l'épilepsie,  les  ulcères,  les  calculs. 

Les  sciences  physiques  l'occupèrent  aussi  et  il  écrivit  sur 
l'action  du  soleil  et  de  la  lune,  sur  les  météores,  sur  la  sa- 
lure de  la  mer,  sur  le  flux  et  le  reflux.  Enfin  il  écrivit  un 
traité  d'ag^riculture. 

Citons  encore  des  traités  de  grammaire  et  de  logique,  des 
catégories  suivant  Thémistius,  un  recueil  de  curiosités  et 
sentences  des  anciens  philosophes,  des  annales,  et  la  rela- 
tion de  ses  infortunes. 

Honein  est  fréquemment  cité  dans  le  Continent  de  Razès. 
Une  douzaine  de  ses  livres  sont  mentionnés,  ce  qui  prouve 
qu'il  éfciit  aussi  considéré  comme  praticien. 


ISILVQ   BEN   IIOXELV,    ISAAC   FILS   DE   IIOXEIN. 

Ishaq,  élevé  par  son  père  Honein,  s'occupa  comme  lui  dos 
traductions  du  grec  en  syriaque  et  surtout  en  arabe.  Son 
intelligence  en  cela,  dit  le  Kitab  el  hokama,  égalait  au 
moins  celle  de  son  père.  Comme  lui  il  fut  attaché  à  la  per- 
sonne des  grands  et  des  Khalifes  et  finit  par  devenir  le  fa- 
milier de  Cassem  beu  Obéid  Allah.  Frappé  d'apoplexie,  il 
resta  quelque  temps  paralysé  et  mourut  en  l'année  010  de 
notre  ère. 

Comme  le  fait  remarquer  Ebn  Khallican,  Ishaq  s'occupa 
jdutôt  des  philosophes  que  des  médecins. 

Parmi  les  ouvrages  deGalien  il  traduisit  les  suivants: 

Do  la  démonstration. 

SurleTimée  de  Platon. 

Des  sortes  de  raisonnements. 

Commentaire  sur  Aristote. 

Du  premier  moteur.  ; 

Sur  la  méleoine  (riuM^Ntritc\ 


J 


ISIIAQ   HRN   HONEIN'.  ITkJ 

Quolques-uiifi  do  ces  ouvra<:^o.^  ftinnit  traduits  conrniTom- 
meiitavec  son  père. 

Ishaq  traduisit  plusieurs  ouvrag'es  d'Aristuto  : 

Les  premiers  et  les  deuxièmes  Analytiques. 

De  l'interprétation. 

Les  topiques. 

La  rhéthoriquc. 

La  gfénération  et  la  corruption. 

Le  livre  de  Tàme. 

La  métaphysique  jusqu'à  la  lettre  M. 

Le  livre  des  plantes,  attribué  aussi  à  Nicolas  de  Damas. 
Il  en  traduisit  aussi  des  commentaires  : 

Les  topiques.  Commentaires  d'Alexandre  d'Aphrodir;ias  et 
d'Ammonius. 

La  génération  et  la  corruption,  commentaire  d'Alexandre 
d*Aplirodisias. 

L'éthique,  commentaire  de  Porphyro. 

L'âme,  commentaire  de  Thémistius. 

Il  traduisit  d'Euclide  : 

Les  éléments. 

Les  données. 

L'optique. 

Les  proportions.  (1) 

Tels  sont  ses  ouvrages  originaux  : 

Livre  des  médicaments  simples. 

Origines  de  la  médecine. 

Des  médicaments  que  l'on  trouve  partout. 

Correctifs  des  médicaments  purgatifs. 
.    Du  traitement  par  les  instruments  tranchants. 

Des  moyens  de  conserver  la  santé  et  la  mémoire. 

Pandectes. 

Extraits  d'Euclide. 

Sur  les  catégories ,  El  Maqoulat. 

Isagoge. 

Mœurs  et  propos  des  philosophes. 

(1)  Il  existe  encore  à  Oxford  la  traduction  de  la  sphère  et  du 
c>iindre  d*Archimêde,  et  à  Florence  celle  dj  la  sphère  ec  niouve- 
nient  4l*Aiitolyr»iiH,  attribuées  a  Ishaq. 


^K 


loi     HlSTOlRG  DE  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 
DAOUD   BEX    IIONEIN,    DAVID   FILS   DE    HONEIN. 

Il  ne  paraît  gfuère  s'être  adonné  aux  traductions  mais  plu- 
tôt à  la  pratique  de  la  médecine.  On  lit  son  nom  parmi  les 
traducteurs  h  la  solde  de  Mohammed  Ezzeytlt. 

HAKIM    BEN   IIONEIN. 

On  trouve  cité  dans  le  Continent  de  Razès  un  Hakim  fils 
de  Honein,  dont  nous  n'avons  pas  retrouvé  de  traces  ailleurs. 

^J^HOBÉÏCH   BEN   EL   HASSAN. 

La  paralysie  d'une  main  lui  valut  le  surnom  iVEl  Aasam. 
Hobéïch  était  fils  de  la  sœur  de  Honein.  Celui-ci  le  forma 
dans  la  connaisssance  des  langues  et  l'associa  au  travail  des 
traductions  du  grec  en  syriaque  et  en  arabe.  L'élève  s'éleva 
à  la  hauteur  du  maître,  au  point  que  Honein  acceptait  ses 
traductions  comme  définitives  et  que  plusieurs  ont  passé  sous 
le  couvert  de  Honein  comme  ayant  la  perfection  des  siennes 
propres.  On  a  même  dit  que  la  réputation  de  Honein  s'en  ac- 
crut d'autant. 

Hobéïch  vécut  en  qualité  de  médecin  à  la  cour  de  Mou- 
taouakkel  et  de  ses  successeurs.  Il  atteignit  donc  probable- 
ment ladeuxième  moitié  du  neuvième  siècle,  mais  nous  igno- 
rons son  âge  et  l'époque  de  sa  mort. 

  part  la  traduction  du  Serment  d'Hippocrate,  toutes  les 
traductions  qui  nous  sont  signalées  comme  étant  de  Hobéïch 
portent  sur  les  ouvrages  de  Galien.  Telle  en  est  la  liste. 

Grand  et  petit  livre  du  pouls. 

Des  causes  et  des  symptômes. 

De  la  conservation  de  la  santé. 

De  l'art  de  guérir.  Les  six  premiers  livres  furent  revus  par 
Honein. 

La  grande  anatomie,  ou  les  administrations  anatomiques. 
C'est  à  tort  que  les  Mss.  d'Oxford  attribuent  cette  traduction 
à  Honein. 


DAOUD  BEN  KONKIX.  HAKIM  BEN  HONEIK.        155 

Des  diverg'ences  en  anatomie. 

Anatomie  ou  dissection  des  animaux  morts. 

Anatomie  ou  dissection  des  animaux  vivants. 

De  Tanatomie  d'Hîppocrate. 

De  Tanatomie  d'Aristote. 

Anatomie  de  la  matrice. 

De  l'usag'e  du  pouls. 

Du  bon  état  du  corps,  attribué  aussi  à  Honein. 

Des  opinions  d*Hippocrate  et  de  Platon. 

Des  foutions  des  org:anes,  revu  par  Honein.  (1) 

Des  mouvements  insensibles,  que  Ton  attribue  aussi  à 
Honein. 

Des  habitudes. 

Du  sperme. 

Du  chyme. 

De  la  composition  des  médicaments  suivant  les  gfenres  et 
suivant  les  lieux.  Les  Arabes  réunissent  ces  deux  ouvragées, 
mais  en  donnant  au  premier  le  nom  de  Katadjcnê  et  au  se* 
cond  celui  de  Miamir. 

De  l'exercice  à  la  boule. 

De  l'examen  du  médecin  que  l'on  attribue  aussi  à  Honein. 

Des  mœurs. 

Du  profit  que  les  bons  peuvent  retirer  de  leurs  ennemis. 

Que  l'état  de  Tàme  suit  le  tempérament. 

Introduction  à  la  logrique. 

Des  lieux  affectés. 

Des  mots  employés  en  médecine. 

De  la  ptisane. 

On  voit  que  les  travaux  de  Hobéïch  ont  porté  sur  les  ouvra"- 
flres  les  plus  importants  de  Gailen. 

i\)('e%i  à  tort  que  Wenrich  altribus  la  traduction  de  cet  ouvrage  à 
Rbo  Abi  Sadek.  Il  cite  le  Mi.  lO'i'é  dt*  Paris.  Nous  avons  examiné 
ftttentîvein:'nt  ce  Ms.  et  nous  y  voyons  que  l'auteur  se  pose  fraB- 
chement  comme  un  simple  commentateur.  Bans  le  corps  de  lou- 
vru^^e  on  rencontre  constamment  ces  mots  ;  quai  $1  wMufêitvr^  propos 
du  commentateur.  C'est  ép^alement  k  tort  que  Wennch  a  considéré  la 
nrâe  Bbn  Abi  Sadeq  comme  ayant  traduit  les  Aphorismea  d'Hippo* 
crate. 


ITiO     ni&TÛIRR   DE   LA   MfiDKnXR  ARAnE.   —  LIVRS   DRUXll-ME. 

Hobeifli  liiiH.sa  aussi  (l(\souvra«"es(le8on  crft. 

Traité  de.s  correctifs  des  médicaments  évacuants. 

Traité  des  médicaments  simples. 

Traité  des  aliments. 

Traité  de  Thydropisic. 

Traité  du  pouls. 

Sérapion  lui  attribue  un  traité  de  la  thériaque. 

Ce  traité  ne  serait  probablement  pas  autre  chose  qu'une  par- 
tie des  questions  de  Honein.  Nous  savons  que  Hobéïcli 
/  termina  cet  ouvrage  et  que  son  travail  commence  à  la  thé- 
riaque.    . 

Wttstenfeld  s'est  trompé  ii  l'endroit  de  Hobéïch.  A  la  suite 
de  la  notice  sur  Hobeïch  ben  el  Hassan,  il  donne  celle  d'un 
autre  Hobéïch  l)en  Mohammed  Aboulfadhl  Kemal  eddin 
Ettiflissy,  qui  vécut  à  une  époque  indéterminée.  Oubliant 
de  donner  la  liste  des  écrits  de  Hobéïch  ben  el  Hassan,  que 
Von  trouve  cependant  chez  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  Wûstenfeld 
attribue  au  second  Hobéïch  (ou  ben  Hobéïch)  un  traité  des 
médicaments  simples,  qui  nous  paraît  devoir  être  rapporté  à 
Hobéïch  ben  Hassan.  Nous  ne  comprenons  pas  comment 
WUstenfeld  a  pu  placer  ici  le  second  Hobéïch,  pour  la  seule 
raison  d'une  similitude  de  nom.  (1) 

On  peut  se  faire  quelque  idée  des  écrits  de  Hobéïch  et  de 
leur  importance  par  les  citations  qui  se  rencontrent  dans  le 
Continent  de  Razès,  dans  Ebn  el  Beithar  et  dans  Sérapion  le 
jeune.  Ces  extraits  accusent  un  véritable  praticien,  et  une 
connaissance  dos  médicaments  pui.sée  autre  part  que  chez  les 
Grecs,  et  c'est  un  fait  qui  nous  paraît  intéressant  à  signaler, 
n  prouve  que  déjà  les  Arabes  puisaient  ailleurs. 

Un  certain  nombre  de  médicaments  nouveaux  apparaissent 
chez  Hobeïch.  Nous  voyons  aussi  que  le  traité  des  correctifs 
des  médicaments  évacuants  était  un  ouvrage  importîint. 
Quelques  citiUions  sont  longues  et  ont  de  l'originalité:  elles 
traitent  plus  encore  de  la  thérapeutique  que  de  la  matière 
médicale  proprement  dite. 

(1)  Lu  liste  des  travluctours  douuéo  dans  le  Fihri-ït  se  termine  par 
ce  nom  «lo  Telli<^v,  «jui  ne  nou<  e<t  pris  autrement  connu. 


COSÏX    bli.N    LUC  A.  107 

Telles  sont  les  principales,  qui  ont  trait  au  Turbith,  au    ' 
ConvolvulusNil,à  lanoix  vomique,  àlacoloquinthe,  au  Dend 
<iui  n'est  autre  que  le  Croton  Tigliura,  à  quelques  espèces  du 
i^enre  Euphorbe,  à  Taloës,  aux  myrobolans,  etc. 

Dans  les  traductions  latines  du  Continent  de  llazès  et  des 
simples  de  Sérapion  le  nom  de  Hobéïch  est  plus  ou  moins 
altéré. 

C'est  par  erreur  que  M.  de  Sacy,  dans  son  Abdellatif,  page 
70,  a  écrit  Djeicli  au  lieu  de  Hobeïch.  Nous  avons  pour  cette 
dernière  transcription  non-seulement  l'immense  majorité  des 
documents  arabes,  mais  aussi  les  documents  hébreux,  où  1q 
doute  n'est  plus  permis. 

COSTA    IJEN    LUC  A.  Q?u^^« 

f 

Costa  fils  de  Luca  était  grec  et  chrétien,  originaire  de 
Balbeky  ainsi  que  l'indique  sou  surnom  de  Balbeky.  Nous 
ignorons  l'époque  de  sa  naissance  et  de  sa  mort.  On  nous  dit 
d'une  part,  qu'il  était  contemporain  d'El  Kendy,  et  de  l'au- 
tre, qu'il  vécut  sous  le  Khalifat  de  Moctader  Billah,  ce  qui 
indique  qu'il  vit  la  première  moitié  du  X*  siècle. 

Il  excellait  dans  la  langue  arabe  aussi  bien  que  dans  la 
langue  grecque  et  il  connaissait  de  plus  le  syriaque.  Ses 
traductions  étaient  estimées  à  l'égal  de  celles  de  Honein. 
Après  avoir  séjourné  dans  le  pays  grec  et  en  avoir  rapporté 
des  livres,  il  fut  appelé  dans  l'Irak  pour  travailler  aux  tra- 
ductions. Il  fut  plus  tcird  attiré  en  Arménie  par  un  prince  du 
pays  du  nom  de  Sendjarib.  Là  il  rencontra  aussi  le  patriar- 
che El  R'athriq  pour  lequel  il  écrivit  divers  ouvrages.  A  sa 
mort  on  lui  éleva  une  coupole  sur  sa  tombe,  ainsi  qu'on  le 
fait,  dit  son  biographe,  pour  les  rois  et  les  grands  person- 
nages. 

Costa  ne  connaiss;iit  pas  seulement  les  langues,  mais  aussi 
la  médecine,  la  philosophie,  les  mathématiques,  l'iistronomic 
et  la  musique.  Outre  ses  traductions,  il  composa  divers  ou- 
vrages. 

Cîisiri,  sans  citer  aucune  autorité,  affirme  que  Co.sla  tra- 


<8     HISTOIRE  DB  LA  MÉDECINE  ARAUE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

aisit  les  Âpliorismes  d*Hippocrate,  etWenricli  a  répété  cette 
.ssertion.  Ces  deux  écrivains  lui  attribuent  aussi  la  traduc- 
;ion  des  commentaires  de  Galien  sur  les  Apliorismes.  La 
seule  autorité  à  l'appui  de  cette  dernière  assertion  est  un 
Ms.  de  Florence,  n»  200,  qui  donne  cette  traduction  comme 
ayant  été  foite  en  arabe  par  Costa  d*aprës  le  syriaque  de 
Honein. 

Les  renvois  au  n»  983  de  Paris,  ancien  fonds,  ne  prouvent 
rien,  attendu  que  ce  Ms.  porte  le  nom  de  Honein  seulement. 

Costa  ben  Luca  traduisit  surtout  des  ouvragres  de  mathé- 
matiques et  d'astronomie,  ainsi  :  les  éléments  d*Euclide  et 
le  supplément  d'Hypsiclès,  les  ouvrages  de  Tliéodose,  d'Aris- 
tarque  de  Samos,  de  Héron,  les  Ascensions  d'Hypsiclès,  l'ai- 
gèhvG  de  Diopliante  (oubliée  par  Wenricb). 

Il  traduisit  aussi  une  partie  de  la  physique  d'Aristote  et 
les  commentaires  d'Alexandre  d'Aphrodisias  et  de  Philoponus 
sur  la  physique,  ceux  sur  le  livre  de  la  génération  et  de  la 
corruption  ;  les  deux  livres  de  Plutarque  sur  la  pratique  de 
la  vertu  et  sur  les  opinions  des  philosophes  en  physique. 

Enfin  il  traduisit  l'agriculture  de  Costiis. 

Plusieurs  des  traductions  de  mathématiques  sont  parvenues 
jusqu'à  nous. 

Tels  sont  ses  ouvrages  de  médecine  : 

Introduction  à  la  médecine. 

De  l'ordre  à  suivre  dans  les  ouvrages  de  médecine. 

Des  éléments. 

Des  quatre  humeurs  (et  non  des  qualités,  Casiri). 

De  la  pituite.  De  Tatrabile. 

Des  maladies  du  sang  (cité  dans  le  Continent). 

De  la  veille.  Du  sommeil  et  des  songes. 

De  la  force  et  de  la  faiblesse. 

De  Torgane  principal  de  l'économie. 

De  la  soif4 

Des  poils  (ou  des  cheveux); 

Du  Cott; 

Des  bains. 
Des  vents; 
Des  aliments.  Généralités  sur  les  aliments. 


COSTA  BEN  LUCA.  150 

De  Tusage  du  vin  dans  les  festins. 

Du  régime  dans  le  pèlerinage  (au  Britisli  Muséum}. 

Pourquoi  les  Ethiopiens  sont  noirs. 

Du  pouls,  des  fièvres  et  des  crises. 

Des  indications  de  l'urine. 

Du  foie  et  de  ses  maladies. 

De  l'engourdissement. 

Des  jours  critiques  dans  les  maladies  aiguës. 

De  la  mort  subite. 

Des  contrepoisons. 

Comme  on  le  voit  Costa  ben  Luca  n'a  produit  aucun  ou- 
vrage capital  sur  la  médecine.  Cependant  il  est  assez  fré- 
quemment cité  dans  le  Continent  de  Razès. 

Autres  écrits: 

Des  définitions  suivant  les  Philosophes. 

De  l'animal  raisonnable  et  non  raisonnable. 

Diflférence  entre  l'âme  et  l'esprit. 

Introduction  à  la  logique. 

Des  variétés  chez  les  hommes. 

De  la  politique. 

Des  sectes  (philosophiques)  chez  les  Grecs. 

Introduction  aux  mathématiques. 

Des  poids  et  mesures. 

De  l'algèbre.  Commentaires  sur  Diopluiute. 

Des  endroits  douteux  d'Euclidc. 

Questions  relatives  au  IIP  chapitre  d'Euclide. 

De  la  sphère  et  du  cylindre. 

Des  miroirs  brûlants. 

Introduction  à  l'astronomie. 

De  l'ordonnance  des  sphères. 

De  la  musique. 

Beaucoup  de  ces  écrits  sont  adressés  à  des  contemporains. 

Le  traité  de  la  diflFérence  de  l'âme  et  de  l'esprit  a  été  tra- 
duit en  latin  par  Jean  d'Espagne  en  1070.  Les  exemplaires 
Mss.  en  sont  nombreux. 


100     illSlOlllE    DL    LA    MLULCINJ:    AUAlili.  —    LIVRE   DHJXItMli. 
EL      KENDY.  )^  ' 


Ki/v»  cvi. 

1>^ 


ly 


Abou  Yousef  Iakoub  beu  Isliaq  el  Keudy  fut  chez  les  Arabes 
celui  qui  entra  le  plus  largfemeut  et  le  plus  t<jt  dans  le  mou- 
vement scientifique  provoqué  par  les  Abbassides.  On  reste 
étonné,  quand  on  parcourt  la  liste  de  ses  nombreux  écrits, 
qu'il  ait  pu  s'assimiler  sitôt  presque  toutes  les  branches  des 
connaissances  humaines. 

Il  laisse  loin  derrière  lui  Khaled  ben  Yézid  et  l'imam 
Djafar  Essadiq,  comme  lui  de  race  princière.  Embrassant 
un  horizon  plus  vaste  que  celui  de  Géber,  il  marche  sur  un 
terrain  beaucoup  plus  solide. 

Nul  autre  parmi  ses  contemporains  ne  saisit  avec  plus 
d'empressement  et  de  facilité  l'aliment  intellectuel  que  la 
Grèce  venait  offrir  aux  Arabes. 

Il  reçut  le  surnom  d'El  Kendy,  parce  qu'il  appartenait  à 
la  famille  princière  de  Kenda.  On  s'étonne  que  d'Herbelot 
en  ait  fait  un  Juif.  Cette  erreur  cependant  s'est  propagée  au 
point  que  M.  de  Sacy  ait  cru  devoir  en  faire  une  réfutation 
en  règle,  et  encore  ne  l'a-t-il  fait  qu'imparfaitement.  Il  fal- 
lait remonter  un  peu  plus  haut  l'échelle  des  ascendants  d'El 
Kendy  que  Ton  nous  donne  jusqu'à  Kahtan. 

Comme  le  fait  observer  M.  de  Sacy,  le  père  d'El  Kendy, 
Ishaq  ben  Soubbah,  était  gouverneur  de  Bassora  pour  les 
Khalifes  El  Mahdy  et  Haroun  Errachid. 

Mais  il  y  a  plus.  Un  de  ses  ancêtres,  El  Achats,  fils  de 
Quîs,  est  compté  parmi  les  compagnons  du  Prophète,  ce  qui 
est  un  argument  sans  réplique.  Deux  de  ses  ancêtres,  El 
Madi  et  Maouya  régnèrent  dans  le  Hadramaut,  et  d'autres 
dans  riémama  et  le  Bahrein. 

El  Kendy  vint  h  Bassora,  puis  à  Bagdad  où  il  se  livra  tout 
entier  à  l'étude.  C'était  dans  les  premières  années  du 
IX*  siècle,  car  nous  ignorons  la  date  de  sa  naissance. 

Ce  fut  la  merveille  de  son  siècle,  disent  les  biographes.  Il 
embrassa  toutes  les  sciences.  Nul  ne  connut  comme  lui  la 
science  des  Grecs,  des  Persans  et  des  Indiens,  et  il  fut  sur- 


EL   KEXbV.  1(51 

nommé  le  Philosophe,  c'est-à-dire  le  Philosophe  par  excel- 
lence. 

Il  dut  connaître  plus  d'une  lang-ue,  puisqu'il  nous  est 
donné  comme  ayant  traduit  plusieurs  ouvragées  de  philoso- 
phie. Nous  n'avons  de  données  positives  que  sur  quelques- 
unes  de  ses  traductions,  et  encore  ces  données  sont-elles  in- 
complètes. Nous  ne  reviendrons  pas  sur  la  discussion  à  la- 
quelle nous  nous  sommes  livré  précédemment  à  son  sujet, 
à  propos  des  traducteurs.  Nous  dirons  en  deux  mots  qu'il 
dut  savoir  le  syriaque  et  traduire  de  cette  langue  en  arabe, 
et  que  peut-être  il  sut  le  grec.  Il  semble  que  pour  s'assimi- 
ler aussi  promptement  un  aussi  vaste  ensemble  de  connais- 
sances, il  dut  se  mettre  en  communication  directe  avec  les 
monuments  de  la  Grèce.  Quoi  qu'il  en  soit,  El  Kendy  n'en 
reste  pas  moins  un  phénomène  intellectuel  par  la  précocité, 
l'étendue  et  la  supériorité  de  .ses  connaissances. 

Il  nous  est  donné  comme  jouissant  de  la  faveur  des  Kha- 
lifes El  Màmoun  et  Motassem.  C'est  sous  le  règne  de  ce 
dernier,  en  840  de  l'ère  chrétienne,  qu'il  observa  pendant 
trois  mois  des  taches  sur  le  soleil,  qu'il  attribuait  à  l'inter- 
position de  la  planète  Vénus. 

El  Kendy  eut  des  envieux,  et,  parmi  eux,  on  compte  avec 
peine  les  fils  de  Moussa  ben  Chaker.  Ils  le  desservirent  au- 
près du  Khalife  Moutaouakkel,  qui  fit  confisquer  ses  livres, 
dont  ils  formèrent  une  bibliothèque  qui  porta  son  nom. 
Cependant  ces  livres  lui  furent  rendus  quelque  temps  avant 
la  mort  de  Moutaouakkel,  ce  qui  prouve  qu'El  Kendy  vivait 
encore  en  Tannée  861  de  notre  ère. 

Un  de  ses  ennemis  finit  par  devenir  son  disciple. 

Ses  opinions  philosophiques  lui  avaient  sans  doute  aliéné 
l'esprit  d'Abou  Machar,  l'Albumasar  des  Occidentaux,  alors 
occupé  à  Badgad  à  recueillir  les  traditions  du  Prophète. 
£1  Kendy  lui  adressa  un  savant  mathématicien  qui  lui  donna 
le  goût  de  ra,stronomie,  et  bientôt  El  Kendy  jmrtagea  aussi 
le  goût  d'Abou  Machar  pour  ces  sciences  auxquelles  il  se 
livra,  dit-on,  à  l'âge  de  quarante-sept  ans. 

Nous  ignorons  l'époque  où  il  mourut.  Wttstenfeld  donne 
la  date  approximative  de  873  par  la  raison  qu'il  fut  contem* 

il 


1G2      HISTOIRE  DE   LA   MÉDECINE   ARABE.    —   LIVRE   DEUXIÈME. 

porain  de  Costa  ben  Luca,  ce  qui  nous  paraît  fautif,  attendu 
que  Costa  vécut  longtemps  encore  après  cette  date.  Spren- 
gél  donne  celle  de  880,  et  nous  dirons  avec  M.  de  Sacy, 
nous  ne  savons  d'après  quelle  autorité.  Si  Ton  se  rappelle 
qu'il  fut  en  faveur  auprès  d'El  Mâmoun,  on  verra  qu'El 
Kendy  put  à  peine  atteindre  les  limites  extrêmes  du 
IX«  siècle. 

Malgré  son  surnom  de  philosophe,  dit  M.  Munk,  El  Kendy 
est  rarement  cité  par  les  philosophes  arabes,  ce  qui  prouve 
que  ses  doctrines  n'avaient  rien  d'original  :  et  puis  elles 
furent  éclipsées  par  les  travaux  plus  importants  d'Alfaraby. 

El  Kendy  n'en  reste  pas  moins  une  haute  et  vaste  intelli- 
gence. On  en  a  la  preuve  dans  la  liste  presque  fabuleuse  de 
ses  écrits,  qui  se  montent  à  plus  de  deux  cents.  Il  témoigne 
éloquemment  du  goût  et  de  l'aptitude  de  sa  race  pour  les 
travaux  scientifiques. 

Sans  reproduire  cette  liste  intégralement,  nous  la  donne- 
rons aussi  complète  que  possible,  passant  sous  silence  les 
ouvrages  qui  nous  sembleront  moins  importants  ou  faire 
double  emploi. 

Nous  suivrons  la  classification  primitivement  donnée  par 
le  Fihrist  et  adoptée  par  les  écrivains  ultérieurs, 
r  Philosophie,  XVI  traités. 

f  Traité  de  philosophie, 

h,  .fu  Que  l'étude  de  la  philosophie  exige  la  connaissance  des 

mathématiques. 

De  la  classification  des  livres  d'Aristote- 

De  la  division  de  la  science  humaine. 

Que  la  justice  règne  dans  les  œuvres  du  Créateur- 

De  l'infini.  —  De  la  nature  de  l'intellect,  etc. 

Que  le  monde  n'est  pas  infini  (ou  éternel),  etc. 

Logique,  IX  traités. 

Introduction  ix  la  logique. 

Divers  traités  sur  l'organoc  et  la  physique,  d'Aristotc, 
etc. 

Arithmétique,  XI  traités. 

Introduction  à  Tarithmétique. 

De  la  numération  Indienne. 


EL   KENDY.  163 

Des  nombres  mentionnés  par  Platon  dans  le  livre  de  la 
politiqne. 

De  l'extraction  des  nombres. 

De  la  chronologie,  etc. 

De  la  sphéricité,  VIII  traités. 

Que  l'univers,  et  ce  qu'il  contient  a  la  forme  sphérique. 

Que  les  corps  élémentaires  et  les  corps  extrêmes  ont  la 
forme  sphérique. 

Que  la  forme  sphérique  a  plus  de  capacité  que  les  autres. 

Déterminer  l'azimut  sur  une  sphère,  ou  tirer  une  ligne 
perpendiculaire  sur  une  sphère. 

Que  la  surface  de  la  mer  est  sphérique. 

De  la  planisphérie. 

Musique,  VI  traités.  Art  et  histoire. 

Astrologie,  XVII  traités. 

Sous  quels  signes  et  quelles  étoiles  sont  placés  les  diffé- 
rents pays. 

Des  horoscopes  et  de  leurs  figures. 

De  la  durée  de  l'existence  chez  les  anciens  et  les  modernes. 

Des  révolutions  des  astres. 

De  l'influence  des  astres. 

Des  météores. 

Pourquoi  il  ne  pleut  pas  eu  certains  pays,  etc. 

Géométrie,  XXII  traités. 

Commentaires  et  rectifications  d'Euclidc. 

De  la  construction  des  figures  cylindriques. 

De  la  superficie  des  édifices. 

De  la  construction  d'un  cercle  égal  en  superficie  à  un 
cylindre  donné. 

Deja  division  d'un  cercle  en  trois  parties. 

liectificatipn  des  quatorzième   et  quinzième  propositions 
d'Euclide. 
.  Itectification  d'Hypsiclès  sur  les  ascensions. 

De  la  construction  de  l'astrolabe. 

Détermination  de  la  méridienne  et  de  l'azimut  de  la  Kibla. 

De  la  construction  d'un  gnomon  par  voie  géométrique. 

De  la  construction  d'un  gnomon  sur  une  surface  orientée, 
Ce  qui  e.st  la  meilleure  condition. 


^A«A 


134    UISTOIRK   DE   LA   MÉDECINE  AR\B£.   —   LIVKË   DEUXtÉMI::. 

De  la  construction  d'un  gnomon  sur  une  demi-sphère,  etc. 

Des  sphères  célestes,  X  traités. 

Que  rétendue  de  la  sphère  extrême  est  incommensurable. 

Que  sa  nature  est  différente  des  quatre  éléments  et  qu'elle 
en  constitue  un  cinquième. 

Que  Ton  ne  saurait  admettre  que  Tunivers  est  une  subs- 
tance infinie. 

De  la  nature  de  la  sphère  et  de  Taspect  azuré  du  ciel,  etc. 

Médecine,  XXII  traités  seulement  dans  Gasiri. 

Ici  nous  ne  suivrons  plus  le  texte  donné  par  Gasiri,  gfuide 
infidèle.  Nous  donnerons  in  extenso  Ebn  Abi  Ossaïbiah. 
I       De  la  médecine  spirituelle. 

De  la  médecine  d'Hippocrate. 

Des  aliments  et  des  médicaments  qui  sont  des  poisons. 

Des  fumigations  qui  assainissent  Tair  en  temps  de  peste. 

Des  médicaments  qui  détruisent  les  émanations  toxiques. 

Des  médicaments  purgatifs. 

Des  causes  de  l'hémoptysie. 

Du  régime  &  l'état  de  santé. 

Des  contre-poisons. 

De  l'organe  principal  du  corps  humain  (d'après  Gasiri  il 
faudrait  :  que  l'esprit  est  l'organe,  etc.) 

De  l'éléphantiasis. 

Description  du  cerveau. 

Des  maladies  du  cerveau  et  de  leur  traitement. 

Des  maladies  pituitaires  et  de  la  mort  subite. 

Des  maladies  de  l'estomac  et  de  la  goutte. 

Des  fièvres  et  de  leurs  espèces. 

Du  traitement  des  indurations  de  la  rate  de  nature  atrabi- 
laire. 

De  la  corruption  des  corps  animaux. 

Du  régime  alimentaire. 

De  la  préparation  des  aliments. 

De  la  vie. 

Des  crises  dans  les  maladies  aiguës. 

Des  médicaments  éprouvés. 

Pharmacoi)ée. 
wi     <^:«=^r=ri  ^^  1*  différence  entre  les  convulsions  qui  sont  le  fait 


EL  KENDY.  105 

des  fifénies  et  de  celles  qui  proviennent  <le  Taltération  de» 
Immeurs. 

De  la  physionomie. 

De  la  cause  des  poisons. 

Des  moyens  de  combattre  la  tristesse. 

Sommaire  des  simples  de  Galien. 
A     De  Futilité  de  la  médecine. 

^  Du  pronostic  (placé  par  Casiri  dans  la  section  suivante). 
Une  réflexion  peut  se  présenter  ici.  On  ne  rencontre  pas  la 
mention  du  Petit  Traité  sur  la  graduation  des  médicaments, 
traduit  en  latin  et  imprimé.  Nous  pensons  que  cet  opuscule 
appartient  à  la  Pharmacopée,  Acrabadin. 
Airt,        De  l'astrologie  judiciaire,  IX  traités. 

De  la  prescience  d'après  les  corps  célestes  (V.  le  pronostic). 

Introduction  à  l'astrologie. 

De  l'utilité  de  l'astrologie  et  de  ceux  qui  méritent  le  nom 
d'astrologues. 

Des  indications  tirées  des  éclipses. 
iirt^    Controverse^  XI  traités  dans  Casiri. 

De  la  vérité  des  missions  des  prophètes. 

Démonstration  du  premier  moteur. 

De  la  liberté  et  du  libre  arbitre. 

De  l'unité  de  Dieu. 

Des  différentes  manières  dont  elle  est  comprise  par  les  di- 
verses religions. 

Que  l'unité  de  Dieu  exclut  la  corporéité. 

Des  parties  indivisibles. 
♦-        Psychologie,  V  traités. 

Que  l'esprit  est  une  substance  simple  et  incorruptible. 

Que  l'esprit  préexiste  avant  sa  présence  dans  le  monde 
sensible. 

-    De  la  cause  du  sommeil  et  de.s  rêves, 
f^  Politique,  XI  traités. 

De  la  politique. 

Moyen  de  rendre  facile  le  chemin  dos  verlur^. 

Des  mœurs  ou  de  l'éthique. 

Des  vertus,  des  propos  et  de  la  mort  de  Soeratt». 

Des  pliénomènes  (de  la  nature),  X  traités. 


<JHu 


Ak'p^ 


106    IIISTOIRB   DB   LA   MÉDECINE   ARABE.   —  LIVRE  DEUXrKME. 

De  la  cause  efficiente  et  prochaine  de  l'existence  et  de  la 
corruption. 

Comment  les  éléments,  le  feu,  l'air,  l'eau  et  la  terre  sont 
des  causes  de  corruption. 

Pourquoi  les  parties  élevées  de  l'atmosphère  sont  froides 
tandis  que  celles  qui  touchent  h  la  terre  sont  chaudes. 

Des  phénomènes  ou  des  feux  qui  apparaissent  accidentel- 
lement dans  l'air. 

Pourquoi  il  fait  froid  dans  les  jours  dits  El  Adjoiiz  (fin  de 
février). 

De  la  cause  des  nuag'es. 

Relation  d'un  grand  événement  arrivé  on  l'année  222  de 
l'hég^ire. 

Optique,  VII  traités. 

Détermination  de  la  distance  du  centre  de  la  lune  à  la 
terre. 

Construction  d'un  instrument  propre  à  apprécier  les  dis- 
tances. 

Détermination  de  la  distance  du  sommet  des  montagfnes. 

De  la  prévision  de  l'avenir,  III  traités. 

Mélanges,  XXX  traités. 

Des  pierres  et  des  gemmes,  de  leurs  gîtes  et  de  leur  valeur. 

De  la  teinture. 

Du  fer  et  des  épées. 

Des  variétés  du  palmier  (ou  des  abeilles,  suivant  la  ponc- 
tuation). 

Des  fraudes  des  alchimistes. 

Du  flux  et  du  reflux. 

Des  corps  plongeant  dans  l'eau. 

De  la  construction  des  miroirs  brûlants. 

Des  vapeurs  qui  se  produisent  au  centre  de  la  terre  d'où 
résultent  des  tremblements. 

De  la  cause  du  tonnerre,  des  éclairs,  de  la  neige,  de  la 
grêle,  des  orages  et  de  la  pluie. 

De  l'inanité  de  la  recherche  de  l'or  et  l'argent  (alchimie). 
A  ^  ^  Des  chevaux  et  de  l'art  vétérinaire. 

Des  sectes  philosophiques  qui  observaient  le  silence. 

La  liste  donnée  par  Casiri  est  incorrecte  et  sa  traduction 


vaji^ 


£L  KENDY.  167 

Test  encore  plus.  Ou  u*y  trouve  pas  certains  titres  donnés 
par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  surtout  en  fait  de  médecine. 

Plusieurs  ouvrages  d'El  Kendy  ont  été  traduits  en  latin. 
Nous  allons  donner  la  liste  de  ceux  que  nous  avons  recueil* 
lis  jusqu'à  présent.  Quelques-uns  nous  sont  déjà  connus. 

Liber  Electionum  (Kitab  el  ikhtiarat). 

De  diebus  criticis. 

De  Radiis. 

De  judiciis. 

De  judiciis  ex  eclipsibus. 

De  imbribus.  Imprimé. 

De  quinque  essentiis. 

De  intellectu  et  intellecto. 

De  ratione. 

De  somno  et  visione. 

El  Kendy  ne  figfure  qu'au  second  rang  parmi  les  médecins: 
les  Arabes  l'avaient  justement  nommé  le  philosophe.  11  jouit 
cependant  d'une  certaine  autorité  et  liazès  a  cité  plusieurs 
de  ses  livres  dans  le  Continent.  Ainsi  : 

Le  livre  des  élections,  ikhtiarat,  que  les  catalogues  ne 
font  pas  figurer  dans  la  série  médicale. 

Le  livre  de  la  goutte  et  celui  des  maladies  articulaires. 

Le  livre  de  la  certitude  de  la  médecine. 

Le  livre  de  l'évacuation  des  humeurs, 

La  livre  des  remèdes  purgatifs. 

Dans  son  Traité  des  pierres,  El  Birouny  le  considère  comme 
le  plus  important  de  ses  devanciers. 

Quant  aux  traductions  d'Ël  Kendy  nous  avons  déjà  dit 
qu'il  les  fît  probablement  d'aprèà  le  syriaque  et  que  si  l'on 
avait  des  présomptions  on  n'avait  pas  la  certitude  qu'il  ait 
connu  le  grec. 

Nous  avons  vu  qu'il  révisa  les  traductions  d'Autolycus  et 
d'H>T)siclès  et  qu'il  fit  une  traduction  de  la  géograpliie  de 
Ptolémée.  Telles  sont  les  seules  traductions  sur  lesquelles 
nous  avons  pu  recueillir  des  renseignements. 

En  somme,  si  El  Kendy  n'est  qu'un  médecin  de  second  or- 
dre, il  se  place  au  premier  rang  parmi  les  philosophes.  Ce 
qui  le  recommande  à  notre  admiration»  c'est  d'avoir  pu  em- 


I  $y  (xh  vf 


108    HISTJIOC  DB   LA   MÊDEOINB   ARABE.   —  LIVRE  OEUXIÉUB. 

brasser  si  promptement  un  aussi  vaste  horizon,  alors  que  les 
monuments  de  la  Grèce  venaient  à  peine  de  se  produire.  S*il 
n*a  pas,  comme  le  dit  M.  Munk,  laissé  une  trace  profonde 
dans  le  domaine  de  la  philosophie,  c'est  que  d*autres,  après 
lui,  purent  plus  aisément  cultiver  ce  champ  restreint,  tandis 
qu'il  embrassa  l'encyclopédie  de  la  science,  et  qu'il  porta 
partout  le  cachet  d'un  esprit  supérieur. 
El  Kendy  fit  aussi  des  élèves.  Le  pluséminent  fut  El  Saraksy. 


TSABET    BEN    CORRA. 

Aboul  Hassan  Tsabet  ben  Corra,  vulgairement  connu  chez 
nous  sous  le  nom  de  Thebit,  occupe  un  des  premiers  rangs 
parmi  les  traducteurs.  Il  partage  avec  Costa  ben  Laça  la 
gloire  d'avoir  secondé  le  goût  des  Arabes  pour  la  culture 
des  sciences  mathématiques  et  astronomiques,  en  traduisant 
dans  leur  langue  les  écrits  des  principaux  savants  de  la 
Grèce. 

Il  naquit  à  Harran,  d'une  famille  de  Sabiens,  en  l'année 
820  de  notre  ère.  D'autres  disent  dix  années  plus  tard.  Il  dut 
à  ces  conditions  de  pouvoir  se  familiariser  avec  la  langue 
grecque,  dont  les  Sabiens  de  Harran  avaient  toujours  con- 
ser\'é  le  culte.  Sa  vocation  cependant  se  décida  tardivement, 
et  fut  l'eflFet  d'un  heureux  hasard.  Il  exerçait  à  Harran  la 
profession  de  changeur,  quand  Abou  Djafar  Mohammed  ben 
Moussa,  de  retour  de  sa  mission  en  Grèce,  passa  par  Harran, 
vit  Tsabet  et  fut  frappé  de  son  intelligence.  Il  l'emmena  avec 
lui  à  Bagdad  et  en  fit  son*  disciple.  C'est  à  ce  maître  qu'il 
dut  la  direction  que  prirent  ses  études. 

Mohammed  ben  Moussa  le  fit  admettre  plus  tiird  parmi  les 
astronomes  deMothaded. 

On  raconte  que  quand  Mouaffeq  mit  aux  arrêts  son  fils 
Mothaded,  il  permit  à  Tsabet  de  le  visiter  trois  fois  par  jour, 
et  Tsabet  lui  donnait  des  leçons  de  philosophie,  de  mathéma^- 
tiques  et  d'astronomie.  Quand  Mothaded  parvint  au  Khalifat, 
en  l'année  8Ô2,  il  combla  d'honneurs  et  de  présents  Tsabet, 
et  l'admit  dans  sa  familiarité  la  plus  intimo,  nu  point  qu'on 


TSADET  BEN  CORRA.  100 

les  voyait  se  promener  bras  dessus  bras  dessous  dans  le  par- 
terre du  palais. 

Tsabet  mourut  en  Tannée  901  de  notre  ère. 

Tsabet  se  livra  aux  traductions,  h  la  composition  et  à  la 
pratique  de  la  médecine. 

11  connaissait  parfaitement  le  grec,  le  syriaque  et  Tarabe, 
et,  s'il  faut  en  croire  un  Ms.  de  Paris,  le  persan.  Nous  avons 
déjà  dit  que  les  fils  de  Moussa  ben  Gkaker  l'entretenaient 
comme  traducteur  avec  Honein  et  Hobéïch,  et  qu'ils  dépen- 
saientpour  eux  cinq  cents  dinars  par  mois.  Ses  traductions, 
qui  touchèrent  à  peine  à  la  médecine  portèrent  surtout  sur 
les  mathémathiques  et  Tastronomie.  Il  forma  des  disciples, 
parmi  lesquels  Issa  ben  Âssid  el  Ansary,  qui  traduisait  pour 
lui  du  sjrriaque  en  arabe. 

Tsabet  ne  se  borna  pas  à  traduire,  il  écrivit  sur  les  sciences 
qu'il  traduisait,  et  de  plus  il  joig^nit  la  pratique  à  la  théorie, 
comme  astronome  et  comme  médecin. 

Comme  médecin,  il  reste  au  second  rangr-  Il  &  cependant 
une  certaine  importance  comme  vulg^arisateur. 

n  fit  quelques  commentaires  sur  Hippocrate  et  abréga  le 
traité  des  eaux,  des  airs  et  des  lieux. 

Il  s'adressa  surtout  à  Galien  et  fit  des  abrégées  d'un  grand 
nombre  de  ses  ouvragées.  Tels  sont: 

Les  médicaments  simples. 

Les  vomitifs. 

L'atrabile. 

Les  aliments. 

Les  jours  critiques. 

L'art  de  guérir. 

Le  mauvais  tempérament. 

Le  régrime  des  maladies  aigut^s,  d'après  Hipporrate. 

Des  organes  souffrants. 

De  la  pléthore. 

Du  marasme  (Casiri,  pour  avoir  mtil  lu  le  texte  arabe,  a 
traduit:  Des  excréments). 

L'auatomie  de  la  matrice. 

L'excellence  de  la  médecine. 

Le  livre  de  la  saignée. 


170      UI8T0JRB  DE  L.\   MftDBCINS  ARABE.    ^  LIVRE  D£UX[ÉMB. 

Le  traité  du  pouls. 

Il  écrivit  aussi  des  ouvrages  de  son  crft,  ainsi: 

Questions  de  médecine. 

De  la  goutte. 

Des  maladies  des  articulations. 

De  la  coloration  blanche  de  la  peau. 

De  la  variole  et  de  la  rougeole. 

Des  maladies  des  reins  et  de  la  vessie. 

Du  pouls. 

Des  questions  qu'un  médecin  doit  adresser  h  un  malade. 

Du  repos  qui  existe  entre  les  deux  battements  dos  artères 
en  réponse  h  El  Kendy. 

De  l'embryon. 

Du  temps  convenable  pour  le  coït. 

Du  régrime  à  l'état  de  santé. 

Du  mauvais  tempérament. 

Des  formes  du  corps. 

Des  poids  des  médicaments. 

De  l'anatomie  des  oiseaux. 

Nous  renonçons  à  donner  intégralement  tous  les  ouvrages 
de  Tsabet. 

On  en  compte  près  d'une  centaine  dans  la  liste  du  Kitab 
el  liokama. 

D'après  Assemani  il  en  écrivit  cent  cinquante  en  arabe  et 
seize  eu  syriaque.  Peut-être  ses  traductions  sont  comprises 
dans  ce  nombre. 

Parmi  ses  ouvrages  sur  la  physique  nous  citerons  : 

De  la  cause  des  montagnes. 

Pourquoi  l'eau  de  la  mer  est  salée. 

On  cite  de  lui  ce  mot  :  Ce  qu'il  y  a  de  pire^^our  un  vieillard, 
c'est  un  bon  cuisinier  et  une  jeune  femme. 

Il  écrivit  plusieurs  ouvrages  sur  la  musique. 

Il  commenta  les  écrits  d'Aristote  relatifs  h  la  logique  et  h 
la  métaphysique. 

Il  écrivit  un  livre  sur  la  coordination  des  sciences. 

Une  réponse  à  l'opinion  que  l'àme  est  composée. 

Ses  opinions  philosophiques  le  firent  exclure  de  la  secte  des 
Sabiens. 


T8A.BBT  BSN  CORRA.  171 

Il  écrivit  plusieurs  ou\Tages  sur  le  sabéisme,  que  Ton  peut 
voir  mentioanés  dan»  Aboulfarage. 

Nous  avons  les  titres  d'une  vingtaine  d'ouvrages  relatifs 
aux  mathématiques  et  à  l'astronomie.  Nous  nous  abstiendrons 
d*eu  faire  l'énumération,  la  liste  de  ses  traductions  que  nous 
allons  donner  fera  comprendre  quelles  étaient  les  études 
de  Tsabet.  Nous  ferons  seulement  une  réflexion  ;  Quand  on 
Bonge  à  ces  écrits  et  qu'on  se  rappelle  ceux  d'El  Kendy,  on 
ne  peut  qu'être  frappé  de  la  promptitude  avec  laquelle  la 
science  grecque  s'était  répandue  parmi  les  Arabes. 

Telles  sont  les  traductions  de  Tsabet. 

KucUde, 

Les  éléments.  \^n  Ms.  de  Paris  dit  que  la  copie  do  Tsal)et 
contenait  490  figures. 

Les  Données  et  l'optique.  Tsabet  revisa  la  traduction  faite 
l>ar  Isbaq. 

Les  divisions,  traduction  revue  par  Tsabet. 

Archimède. 

De  la  sphère  et  du  cylindre. 

De  la  superficie  du  cercle. 

Les  lemmes. 

Apollonius  de  Perge. 

Les  ftections  coniques. 

Un  autre  livrb  traduit  par  Tsabet,  et  qui  n'existe  plus  en 
firrec,  fut  depuis  traduit  en  latin  sous  ce  titre;  De  sectione 
rationis. 

Pappu». 

Commentaire  sur  le  Planisphère  de  Ptolémée. 

Eutociii8. 

Traité  des  lignes. 

Nicomaque, 

Introduction  à  l'étude  des  nombres.  Suivant  le  Kitab  el 
hokama,  il  en  fit  aussi  un  abrégé. 

Il  semblerait  d'après  un  Ms.  du  Hritish  Muséum,  qu'il  au- 
rait traduit  un  autre  ouvrage  de  Nicomaque  sur  les  figures 
coniques. 

Autolycus. 

De  la  sphère  en  mouvement. 


172    HlàTOlRE  DE  LA  MÉOBCIN'fi  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Du  lever  et  du  coucher  des  astres. 

Théodose. 

Les  sphériques. 

Ptolémée. 

L'almageste. 

La  géogrraphie. 

Les  hypothèses. 

Il  fit  un  abrégé  du  Tetrabiblou  et  écrivit  un  livre  intitulé: 
De  ce  qu'il  faut  savoir  avant  de  lire  Ptolémée,  qui  fut  depuis 
traduit  en  latin. 

Il  traduisit  de  Galien  : 

Du  chyme. 

De  la  meilleure  secte. 

Un  Ms.  de  la  bibliothèque  de  Paris,  le  if  1038,  ancien 
fonds,  le  donne  comme  ayant  traduit  du  persan  un  traité  de 
médecine  vétérinaire. 

M.  Sédillot  dit  de  Tsabet:  «  Cet  habile  mathématicien 
paraît  avoir  appliqué  le  premier  l'algèbre  à  la  géométrie.  » 
Prolég.  d'OlougBeg,  XXIII. 

Plusieurs  ouvrages  de  Tsabet,  sont  parvenus  jusqu'à  nous 
et  un  certain  nombre  ont  été  traduits  en  latin. 

Ce  qui  recommande  encore  Tsabet,  c'est  qu'il  introduisit 
dans  sa  famille  le  culte  de  la  science  qui  s'y  maintint  pen- 
dant plusieurs  générations,  ainsi  qu'il  en  avait  été  pour  la 
famille  des  Bakhtichou  et  qu'il  en  fut  plus  tard  pour  la  fa- 
mille des  Ebn  Zohr. 

En  somme,  Tsabet  fut  une  des  plus  belles  intelligences  du 
IX*  siècle.  Il  se  place  au  premier  rang  k  côté  de  Honein,  de 
Costa  ben  Luca  et  d'El  Kendy.  Moins  versé  dans  la  connais- 
sance de  la  médecine  que  le  premier,  il  le  fut  beaucoup  plus 
dans  les  sciences  mathématiques,  et  en  cela  il  a  plus  d'affi- 
nité avec  El  Kendy  et  Costa  ben  Luca.  Personne  plus  que 
lui  ne  favorisa  l'étude  des  mathématiques  et  de  l'astrono- 
mie chez  les  Arabes. 


TUADUCTEUBS  DE  SLCONO  ORDliE.  173 


IV.  Liste  générale  des  Traducteurs  de  second  ordre. 

Nous  rangerons  la  foule  de  ces  traducteurs  en  trois  pério- 
des :  Période  antérieure  au  IX«  siècle,  ou  période  de  début  ; 
période  du  IX*  siècle,  ou  période  de  ferveur  ;  période  posté- 
rieure au  IX«  siècle,  ou  période  de  déclin.  Parmi  ces  traduc- 
teurs il  en  est  quelques-uns  qui  devront  figurer  plus  tard 
parmi  les  médecins,  quand  leur  importance  médicale  l'exi- 
gera. 

Promlcre   P6rlod«« 

Scrgius.  V/l 

Le  premier  traducteur  qui  intéresse  Tliistoire  de  la 
médecine  est  Scrgius  de  Ras  el  Aïn.  Il  traduisit,  dit  Ebn 
Abi  0«saïbiah,  beaucoup  de  livres,  mais  ses  traductions 
sont  médiocres,  à  part  celles  qui  ont  été  revues  par  Honeiu. 
Sergius,  dit  Aboulfarage,  était  un  chrétien  jacobite,  qui 
traduisit  en  syriaque  les  livres  des  Grecs.  C'est  à  tort  que 
dans  l'édition  d' Aboulfarage  donnée  par  Pococke,  on  attri- 
bue la  traduction  des  Pandectes  d'Ahroun  à  Sergius.  Au  lieu 
de  Sergis^  il  faudrait  mettre  dans  le  texte  Masserdjisj  va- 
riante du  nomdeMasserdjouïh.  D'ailleurs  Sergius,  contem- 
jiorain  de  Justinien,  ne  put  traduire  les  pandectes  de  Ha- 
rouo.  Nous  ne  connaissons  guère  les  ouvrages  sur  lesquels 
portèrent  les  traductions  de  Sergius.  (1)  Elles  lui  firent  tou- 
tefois une  grande  réputation.  Gabriel,  fils  de  Georges  pré- 
dit à  Honein  qu'il  serait  un  autre  Sergius. 
Etienne  l'ancien.  v\\ 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  tout  ce  que  nous  avons 
dit  précédemment  des  traductions  d'Etienne,  commandées 

(1)  M.  Renan  cite  panni  ces  traductions  les  livres  VI,  VII  et 
VIII  des  iimpUi  de  (îalien  et  le  livre  des  jours  critiquée.  Il  se  trompe 
quand  il  aTance,  d'après  Aboulfarage,  que  Sergius  ajouta  deux  livres 
aux  Pandectes  d'Âaron.  Cette  addition  est  du  fait  do  Masserdjouih, 
dit  au8si  Masserdjis.  (De  pliilosophia  apud  Syros,  p.  20  et  27). 


174      HISTOIRE   DE  LA   MÉDECINE   ARABE.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 

par  Khaled  ben  Yézid,  qui  furent,  dit  le  Fihrist,  les  pre- 
mières traductions  opérées  dans  Tlslam. 

Etienne  eut  des  collaborateurs,  et  les  traductions  du  grec 
et  du  copte  en  arabe  portèrent  sur  des  ouvrages  de  méde- 
cine, d'astronomie  et  d'alchimie. 

Elles  durent  se  répandre  chez  les  Arabes,  et  c'est  là  pro- 
bablement que  Géber  puisa  ses  connaissances  encyclopé- 
diques. 

Dans  le  courant  du  VII*  siècle,  Djaaious  ou  Gosius  tradui- 
sit, du  grec  en  syriaque,  les  Pandectesd'Ahroun. 

Masserdjouih  ou  autrement  Ma.sserdji3  fit  passer  en  arabe 
la  traduction  de  Gosius,  vers  le  commencement  du  YIII" 
siècle. 

Issa  fils  de  Masserdjis,  est  compté  parmi  les  traducteurs, 
mais  nous  ignorons  ce  qu'il  a  traduit. 
vil  Jacob  d'Edcssc,  mort  en  710,  traduisit  en  syriaque  plu- 

sieurs ouvrages  d'Aristote.  (Assemani). 

Sadjions, 

Nous  placerons  ici  le  traducteur  d'Apollonius  de  Tyane, 
le  prêtre  Sadjious,  dont  l'époque  est  inconnue. 

Il  semblerait  qu'outre  le  livre  des  Secrets  de  la  création^ 
qui  existe  sous  son  nom  h  la  Bibliothèque  de  Paris,  n»  959, 
il  traduisit  d'autres  ouvrages  d'Apollonius.  On  lit  en  effet 
dans  ce  manuscrit  :  C'est  moi,  Sadjious  le  commentateur, 
qui  ai  traduit  le  Livre  des  causes  de  Balinous, 

M.  de  Sacy  pense  que  Sadjious  était  chrétien,  attendu 
qu'il  réfute  Bardesane,  Marcion  et  Porphyre  dans  l'introduc- 
tion qui  précède  la  traduction  proprement  dite.  Il  ajoute  que 
cette  traduction  dut  être  faite  en  syriaque  avant  de  passer 
en  arabe.  (1)  On  peut  tirer  une  induction  sur  l'époque  de 
Sadjious,  de  ce  fait  qu'Apollonius  de  Tyane  est  cité  par 
Géber. 

Georges  ou  Djordjis  fils  de  Bakhtichou* 

Ce  chef  de  l'école  et  de  l'hôpital  de  Ujondisabour,  dont 
l'arrivée  h  Bagdad  fut  la  cause  occasionnelle  de  l'initiation 
des  Arabes  à  la  .science  grecque,  fit  des  traductions  i>our 

(1)  Notices  des  Manuscrits,  tome  IV,  p   107. 


TRADUCTEURS  DB  SECOND  ORDRE.  175 

El  Màmoun,  ainsi  que  noiis  l'avons  dit  précédemment,  mais 
nous  ignorons  sur  quels  écrits  elles  ont  porté. 

Parmi  les  traducteurs  à  la  solde  de  Mohammed  ben  Abd 
el  Malek  Ezzeyàt,  nous  en  trouvons  quelques-uns  qui  ne 
nous  sont  pas  si^alés  d'autre  part. 

Djebraïl  ben  Bakhtichou. 

Bakhtichou  ben  Djebraïl. 

Daoud  ben  Sérapion. 

Salmouïh  ben  Baïan. 

Elisà. 

Israîl  ben  Zakarya  Ettiphoury. 

Nous  ignorons  absolument  ce  qu'ils  ont  traduit. 

II  est  encore  un  traducteur  qui  ne  nous  est  connu  que  par 
un  Ms.  de  la  Bibliothèque  de  Paris,  sup.  n**  870.  II  contient 
le  livre  des  pierres  d'Aristote,  qui  aurait  été  traduit  par 
Liœa  fils  de  Sérapion. 

Nous  ignorons  si  ce  Sérapion  est  de  la  famille  de  Sérapion 
l'ancien. 


Denxièino  Période  ou  IXc  BIèclo, 

Le  IX*  fut  le  siècle  de  ferveur  pour  les  traductions  et  c'est 
ce  qui  fait  son  cachet  et  sa  grandeur.  Les  Arabes  étaient  ar- 
rivés au  faîte  de  la  puissance.  Ils  r^naicnt  du  Gange  à 
l'Atlantique.  Un  élément  de  grandeur,  la  science,  leur  man- 
quait encore  et  ils  étaient  en  voie  de  l'acquérir. 

Leur  éducation  scientifique,  déjàcommencée  dans  le  siècle 
précédent,  prit  dans  celui-ci  un  merveilleux  essor.  Provo- 
qué par  les  souverains,  il  fut  secondé  par  leurs  sujets,  saisis 
d*un  véritable  enthousiasme.  Le  siècle  ne  sVtaît  pas  écoulé, 
qu'ils  pouvaient  compter  chez  eux  de  nombreux  et  habiles 
astronomes,  un  philosophe  El  Kendy  et  revendiquer  une 
partie  de  la  gloire  de  leurs  collaborateurs,  lesMésué,  Honein 
et  sji  famille,  Tsal)ct  ben  Gorra,  Costa  ben  Luca,  etc. 

A  côté  de  ces  grands  noms,  s'élevaient  une  foule  de  tra- 
tailleurs  plus  modestes  dont  nous  allons  énumérer  les 
travaux. 


i\ 


/ 


]70    HISTOIRE   DE  Lk   MÉDECINE  AUÂUE.   —   LIVRE   DEUXIÈME. 

Il  en  est  quelques-uns  sur  lesquels  nous  n'avons  pas  de 
renseig-nements  bien  positifs  et  que  nous  avons  cru  devoir 
placer  dans  cette  période.  Il  en  est  d'autres  sur  lesquels  nous 
aurons  à  revenir  à  titre  de  médecins.  Ne  pouvant  les  classer 
chronologiquement  avec  exactitude,  nous  avons  pris  le  parti 
de  les  ranger  suivant  Tordre  alphabétique. 

Abd  Ichou  ben  Bahr.  (Habib  ben  Bahriz  du  Fihrist  ?) 

Fils  du  métropolitain  de  Mossoul,  il  était  ami  de  Gabriel 
fils  de  Bakhtichou,  pour  lequel  il  fît  des  traductions.  Il  en  fit 
aussi  beaucoup  sur  l'invitation  d'El  Màmoun  (s'il  est  iden- 
tique avec  Habib). 

Abou  Amrou  Youhanna  ben  Yousef.  Il  est  dit  aussi  El 
Katcb^  ou  l'écrivain,  et  c'est  probablement  le  même  que 
celui  qui  est  cité  dans  le  Continent  de  Razès  sous  les  noms 
d'Abou  Amrou  et  d'El  Kateb.  Le  Fihrist  lui  attribue  la  tra- 
duction d'un  livre  de  Pédagogie  de  Platon.  Wenrich  pro- 
pose au  lieu  de  Platon,  de  lire  Plutarque. 

Abou  Djafar  Mohammed  ben  Moussa.  C'est  à  tort  que 
Wenrich  lui  attribue  la  traduction  des  commentaires  de 
Galien  sur  le  livre  des  Epidémies. 

Rien  n'autorise  à  considérer  Mohammed  ben  Moussa 
comme  traducteur.  Il  n'en  fut  pas  moins  un  savant,  culti- 
vant les  sciences,  en  même  temps  qu'il  les  encourageait, 
comme  M.  de  Luynes,  et  il  écrivit  surtout  sur  les  mathéma- 
tiques et  l'astronomie.  Ce  qui  semblerait  indiquer  qu'il  con- 
nut une  autre  langue  que  l'arabe,  ce  sont  ses  commentaires 
sur  les  coniques  d'Apollonius. 

Abou  Hassan  et  Salma  furent  chargés  par  lahya  ben 
Khaled  le  Barmécide  de  revoir  une  traduction  de  l' Aima- 
geste  que  ce  vizir  avait  déjà  fait  exécuter  précédemment, 
mais  dont  nous  ignorons  l'auteur.  (On  lit  aussi:  Abou 
Hayan,  Aioub  et  Chemâoun). 

Abou  Nouh  ben  Essalt  est  cité  par  le  Fihrist  dans  la  foule 
des  traducteurs. 

Abou  Otsman  Saîd  ben  Iakoub  de  Damas,*  nous  est  donné 
comme  un  excellent  traducteur.  Il  traduisit  en  arabe,  peut- 
être  d'après  le  grec,  bien  que  son  nom  ait  une  physionomie 


TRADUCTEURS  DU  SECOND   ORDRE.  177 

musulmane,  divers  ouvrages  d'Aristote,  d'Euclide,  d'Alexan- 
dre d'Aphrodisias,  de  Porphyre  et  de  Pappus.  (l) 

Abou  Rouh^Essabi/y  c'est-à-dire  le  Sabien.  Il  traduisit  en 
arabe,  sans  doute  d'après  le  grec,  dont  la  connaissance  était 
répandue  parmi  ses  corelig'ionnaircs,  des  commentaires 
d'Alexandre  d'Aphrodisias,  sur  la  physique  d'Aristote,  tra- 
duction qui  fut  revisée  par  lahya  ben  Adi. 

Abou  Youscf  el  Kateb  ou  l'écrivain.  C'était  un  traduc- 
teur de  force  moyenne  qui  traduisit  plusieurs  ouvragées 
d'Hippocrate. 

Abou  Zéïd  ben  Nokta. 

Il  traduisit  du  g'rec  en  arabe  les  sphériques  de  Théodose. 

Aîoub  Errohaouy^  ou  Job  d'Edesse. 

C'était  un  bon  traducteur,  connaissant  bien  les  langues, 
mais  plus  encore  le  syriaque  que  l'arabe. 

Aîoub  el  Abrach,  ou  Job  le  lépreux. 

Il  traduisit  du  grec  en  syriaque  et  en  arabe  et  ses  traduc- 
tionsétaient  médiocres.  Cependant  les  dernières  approchaient 
de  celles  de  Honein.  Il  traduisit  une  partie  du  commentaire 
de  Galien  sur  les  épidémies  d'Hippocrate  d'abord  en  syriaque, 
puis  en  arabe  pour  Mohammed  ben  Moussa.  Nous  avons  eu 
déjà  l'occasion  de  relever  l'erreur  de  Casiri,  qui  attribue  la 
traduction  en  arabe  à  Mohammed  ben  Moussa,  erreur  qu'a 
partagée  AVenrich.  Aîoub  traduisit  aussi  une  partie  du  li- 
vre de  la  démonstration  de  Galien  pour  Djebraïl  ben  Bakhti- 
chou.  Il  s'occupait  aussi  de  médecine,  dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah  ; 
et  nous  le  trouvons  cité  dans  le  Continent  de  Razès.  C'est  lui 
que  la  traduction  latine  désigne  sous  le  nom  de  Job  lentigi* 
noBus.  Ce  dernier  mot  est  la  traduction  d*El  Abrach. 

Aîoub  ben  el  Cassera  Erroqquy,  Job  de  Roqqa. 

Il  est  auteur  d'une  traduction  de  l'Isagoge  de  Pori)hyrc. 
Au  dire  du  Fihrist  il  traduisait  du  syriaque  en  arabe. 

(1)  Les  traductions  d'Kuclidc  et  de  Pappus  semblent  indiquer  chez 
Abou  Otsman  la  coniiaissanco  du  grec  ,  IcsSvrieus  n'ayant  pas  cul- 
tivé les  mathématiques. 

Noua  le  croyons  auteur  d'un  traité  d'algèbre,  qui  fut  traduit 
en  latin,  (n»»  7266  et  9335  de  Paris)  sous  le  nom  de  Baïd  Abou  Otsmau, 
que  M.  Chasles  a  visé,  comptes-rendus  do  PAc.  des  Se.,  Année  1841. 

12 


C7>t9^  > 


\IU* 


176    HtSTOia£  Dîu  L\   ^i:0£CINC  AEABC.  —  LIVRE  DLUXl^Ut:. 

Abou  Hafs  Omar  ben  el  Farkhan  Etthabary. 

Il  ne  paraît  avoir  traduit  que  d'après  le  persan,  aussi  est- 
ce  dans  cette  catégt)rie  de  traducteurs,  qu'il  est  rangé  par  le 
Fihrist.  On  sait  qu'il  est  compté  parmi  les  quatre  grands 
traducteurs. 

El  Bathriq  (Abou  Yahya}. 

Il  vivait  sous  le  Khalife  El  Mansour,  pour  lequel  il  fit  des 
traductions,  excellentes  dit  Ebn  Abi  Ossaîbiah,  mais  infé- 
rieures à  celles  de  Ilonein.  Sérapion  le  jeune  parle  des  tra- 
ductions de  Galien  par  El  Bathriq;  85,  104,  197,  309  et  374. 
Il  traduisit  aussi  en  arabe  le  Tetrabiblon  de  Ptolémée. 

Basile^  dit  l'interprète. 

Basile  traduisit  les  quatre  premiers  livres  des  commen- 
taires de  Porph\Te  sur  la  physique  d'Aristote.  Nous  lisons 
dans  Gazouïny  1 1}  qu'il  accompagnait  Haroun  Errachid  au 
siège  d'Angora  et  qu'il  y  lut  en  présence  du  Khalife  une 
Inscription  lapidaire  en  grec.  Basile  est  sans  doute  le  père 
d'Etienne  dit  Etienne  fils  de  Basile. 

Chahdy,  de  Karkh,  faubourg  de  Bagdad,  traduisit  du 
syriaque  en  arabe  le  traité  de  l'embryon  d'Hippocrate,  dit 
Wenrich.  Cette  version  est  aussi  attribuée  à  son  fils. 

Ebn  Chahdy. 

C'est  le  fils  du  précédent.  Il  se  livra  comme  son  père  aux 
traductions.  Il  finit  par  le  surpasser,  mais  toutefois  sans  s'é-* 
lever  au-dessus  de  la  médiocrité.  Il  traduisait  du  syriaque  en 
arabe.  Wenrich  lui  attribue  la  traduction  d'un  livre  du  Re-^ 
pos  d'Hippocrate,  mentionné  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah.  Cette 
mention  nous  a  échappé.  Le  livre  du  Repos  ne  se  trouve  pas 
non  plus  dans  les  listes  bibliographiques  d'Hippocrate.  Nous 
pensons  que  Wenrich  aura  confondu  avec  le  livre  de  l'em- 
bryon. 

Chemly, 

Il  est  cité  dans  la  liste  du  Fihrist.  Il  traduisit  concur- 
remment avec  Tsabet  et  Hobéich,  le  livre  du  Chyme  d'Hip- 

(1)  WOstenfeldi  II  ^  ^1.  On  lit  aussi  dans  le  Fihrist  que  Basile 
était  au  Mnrice  do  Douliomiain. 


TU\DU0T£UR3   DE    SECOND   OUDHK.  17U 

pocrate.  Il  traduisit  aussi  le  commentaire  de  Thémistius 
sur  la  lettre  L  de  la  métapliysique  d'Aristote. 

Dar  Ichou. 

Il  est  donné  par  le  Fihrist  comme  ayant  traduit  pour  Ishaq 
ben  Soleiman  bcn  Ali  el  Hachemy,  du  syriaque  en  arabe. 

Ebn  Naëma. 

Abd  el  Messih  Ebn  Naëma  el  Homsy  ou  d'Edessc,  tra- 
duisit en  syriaque  les  commentaires  d'Alexandre  sur  les 
Sophismes  d'Aristote,  et  en  arabe  la  deuxième  partie  des 
commentaires  du  même  sur  la  physique,  suivant  le  Kitab 
el  hokama.  Wenrich  pense  qu'il  faut  lire,  au  lieu  d'Alexan- 
dre d'Aphrodisias,  Jean  le  Grammairien  d'Alexandrie,  d'a- 
près le  Fihrist. 

Ebn  Rabetha  (et  Djiroun). 

Il  est  simplement  cité  dans  la  liste  du  Fihrist.  Il  l'est  aussi 
dans  certaines  copies  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  ainsi  dans  celle 
du  musée  britannique  et  dans  celles  données  par  Wûsten- 
feld  et  Reiske.  Ces  mêmes  listes  le  donnent  sous  cette  forme  : 
Djiroun  ben  Rabetha.  Serait-ce  une  erreur,  c'est-à-dire  un 
dédoublement?  Le  fait  est  que  le  Ms.  du  Fihrist  de  Paris 
donne  Etienne  fils  de  Basile  entre  Djiroun  et  Ebn  Rabetha. 
Il  eu  est  de  même  dans  l'édition  de  Fluegel. 

Etienne  fils  de  Basile. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  dit  que  ses  traductions  approchent  de 
celles  de  Honein  pour  la  perfection.  Toutefois  celles  qui 
nous  sont  connues  sont  ou  revues  ou  faites  en  collabora- 
tion. Il  traduisit  surtout  les  écrits  de  Galien,  ainsi  : 

Des  mouvements  de  la  poitrine,  traduction  revue  par 
Honein» 

Des  causes  de  la  respiration,  idem. 

Des  mouvements  des  muscles,  i(leni« 

Du  rôle  de  la  respiration,  idem. 

De  la  pléthore. 

De  l'atrabile. 

De  la  saignée,  en  collabofatiori  avec  Isda. 

Des  sortes  de  raisonnement^  avec  Ishaq. 

Une  traduction  d'Etienne  qui  nous  estparrenue  et  qui  exiiite 


180    lUSTOlRt:   DE   LA   MÉDEOIXE   ABÂBE.  —  LIYUE   DEUXIÈME. 

à  Paris,  à  TEscurial,  à  Oxford,  est  celle  de  Dioscorides.  Elle 
fut  aussi  revue  par  Honein. 

Il  traduisit  aussi  le  Traité  des  médicaments  usuels  d'Ori- 
base. 

Nous  croyons  devoir  signaler  deux  graves  erreurs  de 
Casiri. 

Au  lieu  de  voir  la  respiration  dans  le  mot  Nefsy  il  y  a  vu 
rame,  et  a  traduit  en  conséquence,  I.  254. 

Fadhl  ben  Hatem  Ennaïrizy. 

C'était  un  persan.  Il  nous  est  donné,  d'une  part,  comme 
ayant  commenté  l'Almageste,  Euclide,  le  Tétrabiblon,  etc.  ; 
d'autre  part,  comme  ayant  fait  une  traduction  de  l'Alma- 
geste,  traduction  qui  fut  revue  par  Tsabet.  Nous  ignorons 
s'il  traduisit  d'après  le  syriaque  ou  le  persan.  Sa  notice  dans 
le  Kitab  el  hokama  parle  seulement  de  commentaires. 

Habib  bcn  Bahr  ben  Mathran  (ou  ben  Bahriz). 

Il  était  de  Mossoul  et  traduisit  plusieurs  ouvrages  pour 
El  Màmoun.  Tel  est  le  récit  du  Fihrist. 

Ce  Habib  serait-il  identique  avec  l'Abd  Icliou  d'Ebn  Abi 
Ossaïbiah,  ou  serait-il  son  frère?  (1) 

El  Hassan  bcn  Sahl. 

Tout  ce  que  nous  eu  s  ivons  c'est  qu'il  était  de  la  société 
d'ialiya  ben  Bathriq.  N'était-ce  qu'un  protecteur  ? 

ElHedjadj  ben  Yousefben  Mather. 

Il  travailla  pour  El  Mâmoun,  dit  le  Fihrist,  et  traduisit  les 
Éléments  d'Euclide  et  l'Almageste. 

D'après  le  Fihrist  et  le  Kitab  el  hokama,  Hedjadj  aurait 
fait  des  traductions  des  Éléments,  l'une  dédiée  à  Haroun 
Errachid  et  l'autre  à  El  Mâmoun. 

La  traduction  de  l'Almageste  est  pareillement  relatée. 

Les  deux  autorités  que  nous  venons  de  citer,  en  parlant 
(les  écrits  d'Aristote,  font  traduire  par  Hedjadj  un  Traité 
du  miroir.  C'est  à  tort  que  Casiri,  I,  306,  a  vu  là  un  commen- 
taire, ce  qui  a  entraîné  Wenrich  dans  la  même  faute,  ou 
plutôt  il  une  contradiction,  161,  17 1. 

(l)  D'après  le  Ms.  1028  du  fonds  hébreu  de  Paris,  Habib  ben 
Bahriz  aurait  traduit  du  svrlaque  en  arabe,  rArithmétique  de  Nico- 
maque« 


TRADUCTFX'RS    DR   8K0OXD   ORDUK.  181 

Hélai  d'Émesse. 

Il  traduisit  les  quatre  premiers  livres  des  sectious  coni- 
ques d'Apollonius  de  Pergre.  Wenrich  s'est  encore  fourvoyé 
ici  à  la  suite  de  Casiri,  qui  donne  ces  livres  comme  révisés 
par  Ahmed  ben  Moussa  ;  quos  emcndavit  Ahmed  ben  Musa. 
Le  texte  dit  simplement  que  la  traduction  se  fit  sous  les 
auspices  d'Ahmed.  Nous  aurons  aussi  plus  d'une  fois  à  cons- 
tater des  erreurs  de  Casiri,  adoptées  par  Wttstenfeld  de 
confiance.  Les  assertions  de  Casiri  ne  doivent  jamais  être 
acceptées  que  sous  bénéfice  d'inventaire. 

lahya  ben  Bakhtichou. 

Il  fit  plusieurs  traductions  en  syriaque. 

Jahya  ben  elBaihriq  (Abou  Zakarya). 

Jean  fils  d'El  Bathriq,  dont  nous  avons  parlé  précédem- 
ment, n'était  pas  considéré  comme  très  versé  dans  la  con- 
naissance du  grec  et  de  l'arabe.  C'était  un  affranchi  de  Ma- 
moun.  Il  traduisit  en  syriaque  et  en  arabe.  On  cite  de  lui 
les  traductions  suivantes  : 

Ilippocrate  :  des  Signes  de  la  mort,  qui  se  trouve  à  Paris, 
n»  1022. 

Platon  :  le  Timée.  On  trouve  dans  le  recensement  des 
livres  de  Platon  deux  livres  sous  ce  nom,  l'un  traduit 
par  lahya  ben  Ady  et  l'autre  par  lahya  ben  el  Bathriq. 
Nous  pensons  avec  Wenrich  que  l'un  de  ces  livres  pourrait 
être  le  traité  de  Timée  de  Locres,  de  l'âme  et  des  mondes, 
considéré  comme  un  abrégé  du  livre  de  Platon. 

Aristote  :  des  Animaux.  Casiri  dit  à  tort  que  la  traduction 
se  fit  en  syriaque.  (1)  Le  texte  du  Kitab  el  hokama  porte  que 
la  traduction  se  fit  par  lahya,  et  qu'on  en  trouve  aussi  une 
traduction  syriaque. 

Du  ciel. 

Livre  de  la  politique  et  conduite  des  .souverains. 

Il  ne  s'agit  pas  ici  du  livre  bien  connu  de  la  politique 
d' Aristote,  et  c'est  inutilement  que  Wenrich,  qui  s'est  mé- 
pris ici,  a  cherché  à  expliquer  les  dissemblances  par  Tinfi- 
délité  des  traduction<. 

(1)  1,306. 


182    HISrOîRR   DR  LA   MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Il  s'agit  (l'un  autre  ouvrage  d'une  attribution  douteuse, 
qui  est  aussi  connu  sous  le  nom  de  Livre  du  secret  des  «e- 
cretSf  qui  fut  traduit  en  latin  par  Philippe  de  Tripoli  et 
abrégé  par  Jean  d'Espagne,  et  sur  lequel  nous  reviendrons  k 
propos  d'Aristote. 

Jean  nous  est  donné,  dans  la  liste  des  traducteurs,  comme 
sachant  le  latin,  et  c'est  d'après  le  latin  qu'il  aurait  fait  la 
traduction  arabe.  Le  texte  arabe  existe  à  Paris  sous  les  ^ 
n~  944  et  945,  A.  F.  Il  débute  par  une  introduction  où  Jean 
nous  dit  qu'il  a  d'abord  traduit  l'ouvrage  du  grec,  iounany^ 
en  latin,  roumy^  puis  en  arabe.  C'est  à  tort  que  les  traduc- 
tions latines,  dont  il  existe  plusieurs  exemplaires  à  Paris, 
ont  rendu  le  mot  roumy  par  arabice  ou  chaldaice. 

L'ouvrage  fut  aussi  traduit  en  hébreu,  et  il  en  est  resté 
plusieurs  exemplaires.  Ainsi  le  n*  896  du  fonds  hébreu  à 
Paris,  le  donne  sous  le  nom  de  Mystère  des  mystères,  sans 
reconnaître  son  identité  avec  le  Liber  secreti  secretorum. 

Alexandre  de  Tralles:  de  la  Pleurésie. 

Galien  :  de  la  Thériaque  à  Pison. 

Ptolémée:  le  Tétrabiblon.  Cette  traduction  est  mentionnée 
dans  la  vie  d'Omar  ben  Farkhan.  (l) 

Ibrahim  ben  Abdallah. 

C'était  un  chrétien.  Il  traduisit  en  arabe  le  huitième  livre 
des  Topiques  d'Aristote  et  la  Rhétorique. 

On  lit  dans  le  Fihrist:  lahya  ben  Ady,  assistant  à  la  vente 
des  livres  laissés  à  sa  mort  par  Ibrahim  ben  Abdallah,  vit 
les  commentaires  d'Alexandre  sur  la  Physique  et  sur  le 
II«  livre  des  Analytiques,  adjugés  au  prix  de  3,000  dinars  ; 
et  il  n'avait  pu  obtenir  du  même  Ibrahim  le  texte  des  So- 
phistiques, de  la  Rhétorique  et  de  la  Poétique,  au  prix  de 
cinquante  dinars.  —  Casiri  reproduisant  ce  récit,  d'après  le 
Kitabel  hokama  (Bibliotheca  philosophorum),  a  commisune 
étourderie.  Il  porte  la  première  somme  h  300,000  dinars, 
dans  sa  traduction,  tandis  que  le  texte  ne  donne  que  3.000. 

(1)  Casiri,  I.  362. 


TRADUCTEURS  DE  SECOND  OBDRB.  183 

Jbrahim  bcn  Essalt. 

Il  ijaraît  avoir  pris  pour  modèle  Sergpius  de  Ras  el  Aïii. 
C'était  un  traducteur  de  force  moyenne.  Il  traduisit  : 

Aristote:  le  l'Mîvre  de  la  physique,  (le  Fihrist). 

Galien  :  Des  tumeurs. 
—       Conseils  pour  un  enfant  épileptique,  en  syriaque 
et  en  arabe. 

Ptolémée  :  le  Tetrabiblon,  traduction  en  arabe,  revue  par 
Ilonein. 

Ibrahim  Kouaïry. 

Il  est  cité  par  le  Fihrist  dans  la  foule  des  traducteurs. 

Il  fit  plusieurs  commentaires  sur  l'Organon. 

Issa  bcn  Assid. 

C'était  un  chrétien  de  l'Irak  et  un  élève  de  Tsabet  ben 
Corra.  Il  était  habile  à  traduire  du  syriaque  en  arabe,  dit  le 
Kitab  el  hokama.  Nous  ne  connaissons  qu'une  de  ses  traduc- 
tions, mentionnée  par  le  même  livre  dans  la  vie  de  Tsabet. 
C'est  la  traduction  du  livre  de  Tsabet:  Qu'il  existe  un  repos 
entre  les  deux  battements  artériels.  Ce  livre  avait  été  écrit 
en  syriaque  et  Tsabet  en  revit  la  traduction  arabe. 

Issa  ben  lahya  ben  Ibrahim,  de  Damas. 

C'était  un  disciple  deHonein.  Il  traduisit  du  grec  en  arabe 
et  composa  des  ouvrages. 

Telles  sont  ses  traductions  : 

Hippocrate  : 

Pronostics  (commentaires  de  Galien). 

Aphorismes?  (admis  par  Wenrich). 

Du  régime  des  maladies  aiguës,  III  livres. 

Des  humeurs,  (avec  le  commentaire). 

Du  serment,  idem. 

Des  plaies  de  la  tête,  (des  fractures,  le  Fihrist). 

Les  épidémies,  (avec  le  commentaire). 

De  la  nature  de  l'homme. 

Issa  collaborait  avec  Honein,  qui  traduisit  le  texte  des 
Pronostics  et  laissa  les  commentaires  à  son  élève. 

Galien  : 

De  la  saignée. 

Du  pronostic. 


184    IlISTOmE  DE   LA.  MÉDECINE  ARABE.  —   LIVllE   DEUXIÈME. 

Des  antidotes. 

De  la  démonstration  (une  partie). 

Du  premier  moteur. 

Quelques-unes  de  ces  traductions  furent  aussi  exécutées, 
soit  par  Honein,  soit  par  Etienne. 

Oribase  : 

Le  livre  des  LXX  chapitres  (Collection). 

Issa  ben  Nouh. 

11  est  cité  parmi  les  traducteurs. 

Ishaq  ben  Abil  Hassen  cl  Kateb. 

Il  n'est  connu  que  par  un  opuscule  de  l'Escurial  : 

Réponse  à  Galiensur  le  possible,  par  Alexandre  d'Aphro- 
disias. 

lousef  Ennakel,  Joseph  V interprète. 

Abou  Iakoub  lousef  ben  Issa,  médecin  de  profession,  était 
élève  d*Issa  ben  Taherbaht.  On  dit  ses  traductions  médio- 
cres et  son  style  barbare. 

Kaïdha  Errohaouy^  ou  Kaïdlia  d*Edesse. 

Quand  Honein  était  surchargé  de  besog'nc,  il  se  faisait 
aider  par  Kaïdha,  dont  il  revoyait  les  traductions. 

Mansour  ben  Babas. 

On  le  dit  plus  habile  en  syriaque  qu'en  arabe. 

Sallam  el  Abrach. 

C'est,  dit  le  Fihrist,  un  des  anciens  traducteurs.  Il  vivait 
du  temps  des  Barmécides.  Il  laissa  une  traduction  de  la 
physique  d'Aristote. 

Siméon,  Chemaoun. 

Il  traduisit  (avec  un  certain  Aïoub),  les  tables  de  Ptolémée 
pour  Mohammed  ben  lahya  ben  Barmek,  ainsi  que  d'autres 
ouvrag-es. 

Scrgius  ben  Uélia. 

Il  n'est  connu  que  par  une  citation  de  Hadji  Khalfa, 
n*  10,037,  qui  le  donne  comme  le  meilleur  traducteur  de 
l'Agriculture  grecque  de  Costus,  ouvrage  qui  nous  est  par- 
venu et  qui  existe  notamment  à  Oxford,  et  qui  fut  aussi  tra- 
duit par  Costa  ben  Luca,  Eustathe  et  lahya  ben  Ady. 

Nous  aurons  à  revenir  sur  la  personnalité  de  Costus  ;  mais 
nous  devons  observer  ici  que  Wilstenfeld  s'est  trompé  en  &i- 


1  REDUCTEURS  DE  SECOND  ORDRE.  185 

sant  (le  Sereins  bon  Ilelia  le  même  personnag'e  que  Ser^îus 
de  Ras  el  Aïn. 

Théophile. 

D'après  le  Filirist,  il  traduisit  les  Sophismes  d'Aristote 
eu  syriaque,  traduction  rendue  en  arabe  par  lahya  ben  Ady. 

Thahary. 

Rabban  Ettliabary,  qui  nous  occupera  plus  tard  comme 
médecin,  était  un  juif  du  Thabarestan,  d'où  lui  vint  son 
surnom.  Il  traduisit  l'Almag'este,  et  on  fait  observer  que 
dans  sa  traduction  se  trouve  un  chapitre  sur  la  réflexion  des 
rayons  lumineux,  qui  manque  dans  les  versions  de  Tsabet 
ben  Corra  et  d'El  Kendy. 

Tsabet  rinterprète.  (Tsabet  ben  Kama). 

Ce  fut  un  traducteur  de  valeur  médiocre,  qui  traduisit  le 
livre  des  Chymes  de  Galien. 

Tsadry,  ouTlîéodore.  (Théodore  Sankal.) 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  le  cite  parmi  les  promoteurs  de  tra- 
ductions, et  le  Fihrist  parmi  les  traducteurs.  C'est  proba^ 
blement  le  même  qui  traduisit  en  arabe  les  premiers  Analy- 
tiques d'Aristote,  traduction  revue  par  Honein. 

Thomas. 

Il  traduisit  le  li\Te  de  Galien  sur  les  maladies  de  Tâme  ou 
les  défauts. 

Le  chapitre  des  traducteurs  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  repro- 
duit par  Wenrich,  est  conforme  au  Ms.  de  Paris,  quant  au 
nombre.  D'autres  Mss.  ajoutent  d'autres  noms  ;  ainsi  ceux 
qui  servirent  à  Reiske  et  à  WUstenfeld  et  celui  du  musée 
britannique.  On  trouve  encore  dans  le  Fihrist  d'autres  noms 
plus  ou  moins  défigurés.  Nous  allons  en  faire  l'inventaire 
autant  que  possible. 

Le  Fihrist: 

Fadhl  ben  Mary  ben  Aîoub  (Fluegel  :  Fetsioun). 

Théophile  on  Roufil? 

Daria  le  moine. 

Saliba  ? 

Hyabetsioun  ou  Beniout  (Fluegel) 

Merlahyf  qui  travaillait  avec  Eddeheky,  (idem). 


180  niSTOinE  de  la  médecine  arabe.  —  livre  deuxième. 

Musée  brit.  : 

Zarouba  ben  Manahou  (Wust.  Dadouïh  et  Ileiske  Dar^^ia 
ben  Mandjouih). 

Keinoun  l'interprète  (Reiske  et  Wilst.). 

Moussa  benKhaled. 

Abou  Nasr  ben  Naz  (Abou  Nasr  ben  Aouy,  Fluegel). 

Asthat  (Reiske,  Ostanus). 

Dans  la  vie  d'Alexandre  d'Aphrodisias  nous  trouvons  men- 
tionné un  commentaire  de  Macidore,  traduit  en  arabe  par 
Abou  Bachar  Etthabary  ?  (1) 

Asthat  el  Kendy. 

Asthat  ou  Eustatbe,  déjà  cité  ci-dessus,  nous  est  connu 
par  plusieurs  traductions.  Nous  le  plaçons  ici,  n'ayant  aucun 
renseignement  sur  l'époque  où  il  vécut. 

Il  traduisit  l'Agriculture  de  Costus. 

Le  chapitre  N  de  la  métaphysique  d'Arîstote,  avec  les  com- 
mentaires d'Alexandre. 

Le  livre  de  la  génération  et  delà  corruption  d'Aristote  avec 
le  commentaire  de  Macidore. 


Troli»lème  et  dernière  Période  oa  I^érlode  de  déelln. 

Nous  rencontrerons  encore  au  X*  siècle  des  traducteurs  de 
mérite  ;  mais  les  siècles  suivants  seront  à  peu  près  stériles. 
Le  travail  des  traductions  est  clos  et  alors  s'ouvre  l'ère  des 
commentaires. 

Abou  Bachar  Mattax. 

Abou  Bachar  Mattaï  ben  Younes,  de  la  communion  nesto- 
rienne,  était  de  Dorkana,  faubourg  de  Bagdad  où  les  Ne&- 
toriens  avaient  établi  une  école.  Il  fréquenta  de  plus  diffé- 
rents maîtres,  tels  que  Kouairy,  Ebn  el  Kornib,  Roufil  et 
Benjamin.  Ces  deux  derniers  étaient  des  religieux  jacobites. 
Il  était  réputé  comme  le  premier  dialecticien  de  son  temps.  Il 
mourut  en  l'année  941. 

Ses  traductions  portèrent  a  peu  près  exclusivement  sur 

(1)  Il  y  a  probablement  confusion  avec  Abou  Bachar  MattaT,  non- 
obstant radhéaion  de  Wenrich. 


TRADUCTEURS  DE  SECOND  ORDRE.  187 

Aristote,  dont  il  fit  aussi  des  commentaires.  Il  traduisit  ou 
commenta: 

De  l'interprétation  (commentaire). 

Les  II"  analytiques,  en  arabe. 

Une  partie  des  topiques  (commentaire). 

Les  sophismes,  en  syriaque. 

La  poétique,  du  sjTiaque  en  arabe  (se  trouve  à  Paris). 

La  lettre  L  de  la  métaphysique,  en  arabe. 

Une  partie  du  ciel  et  du  monde. 

Les  commentaires  d'Alexandre  d'Aphrodisias  sur  la  méta- 
physique, sur  le  ciel  et  le  monde,  sur  la  génération  et  la  cor- 
ruption, ainsi  que  ceux  de  Macidore  sur  ce  dernier  ouvrage. 

On  lui  attribue  la  traduction  d'un  traité  de  géométrie  de 
Platon. 

Il  traduisit  aussi  des  commentaires  de  Macidore  sur  le  livre 
des  Météores.  Nous  relèverons  ici  deux  erreurs  de  Casiri.  Il 
a  rendu  les  mots:  El  atsar  el  alaouya  par  de  astrorum  m- 
fluxu.  C'est  aussi  à  tort  qu'il  a  lu  Abou  Bachar  Etthabary  au 
lieu  de  Mattaï.  Abou  Bachar  traduisit  le  Kounnach  de  Jean 
fils  de  Sérapion. 

11  traduisit  enfin  un  opuscule  d'Alexandre  sur  la  Provi- 
dence, en  réponse  h  Démocrite  et  Epicure,  qui  existe  ii 
l'Escurial;  et  un  commentaire  de  Thémistius  sur  la  physique 
d'Aristote. 

Aboulfateh  ben  Mohammed,  d'Ispah'an. 

Un  Ms.  de  la  Bibliothèque  de  Florence  lui  attribue  la  tra- 
duction des  sections  coniques  d'Apollonius.  C'est  probable- 
ment une  traduction  faite  d'après  le  persan.  Nous  en  igno- 
rons du  reste  l'époque. 

Aboul  Hassan  el  Harantfy  ou  de  Charres. 

Il  traduisit  deux  ouvrages  de  Philagrius,  le  traité  de  l'impé- 
tigo, et  le  traité  des  vents.  Plusieurs  savants  Sabiens  ont  porté 
le  nom  d'Aboul  Hassan.  Aurions-nous  affaire  avec  Tsabel? 

Ahoul  Kheir  el  Hassan  ben  Saoïiar,  dit  Ebn  el  Khammar. 

C'était  un  chrétien,  disciple  d'Iahya  ben  Ady.  Il  traduisit 
du  syriaque  en  arabe  les  ouvrages  suivants: 

Aristote  :  l'Ethique  et  les  Météores. 

Théophmste:  les  Questions. 


ISS    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARAOE.  -^  LIVRE  DEUXIÈME. 

Il  traduisit  encore  un  autre  ouvrage  diversement  écrit 
dans  les  Mss.  Le  Fihrist  donne  Lakes,  le  Kitab  el  liokama 
Labiset  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  Julien  ou  Elien  d'Alexandrie.  — 
Nous  le  retrouverons  comme  médecin. 
Aboul  Ouéfa. 

Il  naquit  près  de  Nisabour  en  939  et  mourut  en  998.  C'était 
un  mathématicien  et  un  astronome  éminent.  Il  ouvrit  une 
école  à  Bagdad.  On  lui  attribue  la  traduction  du  livre  d'A- 
ristarque  de  Samos  sur  la  grandeur  et  la  distance  du  soleil 
et  de  la  lune  et  la  correction  du  traité  algébrique  dit  des  D^- 
finitions  d'Aristippc.  Nous  ignorons  si  ce  fut  du  syriaque 
ou  du  persan.  Aboulfarage  lui  attribue,  après  le  Fihrist,  un 
commentaire  sur  le  traité  de  Diophante.  Le  texte  dit  fesser^ 
que  Pocockearendu  h  tort  n^v  interprétât  us  est.  Woepcke  ad- 
met, à  tort  suivant  nous,  la  traduction  de  Diophante  par 
Aboul  Ouéfa.  Nous  croyons  plutôt  qu'il  commenta  celle  do 
Costa  ben  Luca.  (1) 

làhya  ben  Adi  (Abou  Zakarya). 

lahya  ben  Adi,  chrétien  jacobite,  eut  pour  maîtres  Abou 
Bachar  Mattaïet  El  Faraby.  Il  traduisait  du  syriaque  en  arabe. 
Telles  sont  ses  traductions  : 

Platon: 

Les  Lois  et  le  Timée(avec  commentaire  de  Phitarque). 

Livres  à  Critou,  sur  les  lois. 

Aristote  ; 

Les  Catégories  avec  commentaire  d'Alexandre  d'Aphrodi- 
bias. 

Les  Topiques  et  les  commentaires  d'Alexandre  et  d'Ammo- 
nius  sur  les  IV  derniers. 

Les  premiers  Analytiques. 

Les  Sophismes  avec  commentaires  d'Alexandre.  Il  en  fit 
lui-même  un  commentaire. 

La  Poétique  avec  le  commentaire  d'Alexandre,  et  le  com- 
mentaire de  Thémistius. 

Commentaire  d'Alexandre  sur  la  physique. 

Commentaire  du  même  sur  les  météores. 

(1)  Diaprés  un  M»,  de  Lcvde,  Abou  Sàid  Abdallah  traduisit  en  arabe 
le  L.  d'Hippocrate  sur  les  Inhumations  prématurées. 


lRADUCr£Ui;S   DB  SECOND   OllbRE.  18*J 

Le  livre  de  Fàme  avec  le  commentaire  de  Macidore. 

La  métaphysique,  une  partie. 

Commentaires  de  ïhémistius  sur  le  L.  du  ciel. 

Théophraste: 

Les  mœurs,  les  météores,  la  métaphysique. 

Costus:  l'Agriculture. 

lahya  ben  Mohammed. 

D'après  un  Ms.  de  Leyde  il  aurait  traduit  les  sphériques  de 
Théodose.  Cela  nous  paraît  suspect. 

louhanna  el  quass,  ou  le  prêtre. 

louhanna  ben  Yousef  ben  el  Harets  ben  Bathriq,  savant 
appliqué  à  l'étude  d'Euclide  et  des  mathématiques,  traduisit 
du  grec.  Voilà  ce  qu'en  rapportent  le  Fihrist  et  le  Kitab  el 
bokama. 

Ibrahim  ben  Bahs  ou  ben  Bakous. 

C'est  à  tort  que  Wenrich  écrit  Takouin  au  lieu  de  Bakous. 

Ibrahim  traduisit  le  Sens  et  le  Sensible,  et  les  causes  des 
Plantes  de  Théophraste.  D'après  le  n*  882  du  fonds  arabe  de 
Paris,  il  aurait  traduit  les  Sophismes  d'Aristote  du  syriaque 
en  arabe. 

Ali  ben  Ibrahim  ben  Baks. 

On  nous  apprend  seulement  qu'il  traduisit  à  l'instar  de  son 
l)ère. 

Issa  ben  Zera. 

Abou  Ali  Issa  ben  Ishaq  ben  Zera  ben  Marcous  traduisit  du 
sjTiaque  en  arabe.  Telles  sont  ses  traductions  : 

Aristote.- 

Les  Sophismes,  d'après  le  Fihrist. 

Les  Catégories,  d'après  un  Ms.  de  Paris. 

Cinq  livres  de  Nicolas  sur  la  philosophie  d'Aristote. 

Les  parties  des  animaux,  avec  le  commentaire  de  Jean  le 
(irammairien.  D'après  le  Fihrist,  il  commença  aussi  la  tra- 
duction du  livre  des  animaux. 

Joseph  le  Prêtre. 

Il  fit  des  Triangles  d'-Vrchimède  une  traduction  d'après  le 
nyriaque,  revue  par  Sinan  ben  Tsabet. 

Issa  Ennefissy. 

C'était  nn  médecin  au  service  de  l'émir  Seifeddoula,  qui  lui 


ID()    HISTOIRE   DE   LX  MÈDEOiXE   AUABE.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

payait  une  triple  solde,  dont  une  à  titre  de  traducteur  du  sy- 
riaque en  arabe. 

Nedhifel  quass  crroumy,  ou  le  prêtre  chrétien. 

C'était  un  médecin  savant,  traduisant  du  grec  en  arabe. 
Âdhad  eddoula  le  comprit  parmi  les  médecins  attachés  à  ThA- 
pital  qu'il  fonda  à  Bagdad.  Il  traduisit  peut-être  Euclide, 
ayant  découvert  un  exemplaire  plus  complet  que  les  traduc- 
tions courantes,  ainsi  qu'on  le  lit  dans  le  Fihrist. 

Sinan  bcn  Tsabet. 

Il  traduisit  en  arabe  les  lois  d'Hermès  et  les  Généalogies 
et  Annales  des  Sabiens. 

Haditsy  el  Katéb  {Moussa  ben  Ibrahim). 

Il  traduisit  en  l'année  930,  du  syriaque  en  arabe,  le  Xoim- 
nachy  ou  Pandectes  de  Jean  fils  de  Sérapion,  vulgrairement 
connu  sous  le  nom  de  Sérapion  l'ancien  :  avec  addition,  dit 
un  Ms.  de  l'Escurial. 

EbnBahloul  (El  Hassen  el  Aouany). 

D'après  un  Ms.  du  British  Muséum,  n*  1309,  il  semble 
avoir  traduit  un  traité  de  gréographie  de  Sérapion,  qui  ne 
nous  est  pas  connu  d'ailleurs. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  le  donne  comme  ayant  traduit  les  Pan-- 
dectes.  D'après  un  Ms.  de  l'Escurial  il  n'aurait  fait  que  les 
augmenter.  (1)  En  tout  cas,  sa  traduction  nous  est  donnée 
comme  inférieure  à  la  précédente.  Ces  deux  traductions  ne 
sont  pas  mentionnées  par  Wenrich. 

Aboulfarage  ben  Thaîcb. 

Aboulfarage  Abd  Allah  ben  Tliaïeb,  chrétien  nestorien  du 
XI»  siècle,  nous  est  donné  par  son  homonyme,  l'auteur  des 
Dynasties,  comme  ayant  traduit  du  grec  en  arabe  Aristote, 
et  aussi  comme  ayant  traduit  la  Bible  en  arabe.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  ces  écrits,  nous  savons  qu'Aboulfarage  était  très 
familier  avec  l'antiquité  grecque.  Parmi  ses  écrits  on  compte 
une  trentaine  de  commentaires  sur  Aristote,  Hippocrate  et 
Galien.  Il  est  un  écrit  que  nous  devons  signaler,  le  Fruit  des 
seize  livres  de  Galien,  sous  forme  de  sommaire.  11  commenta, 

(1)  Ebn  BalUoul  est  cité  dans  Assemani  parmi  la  foule  des  méde^ 
oins  Historiens,  sous  la  forme  :  Bar  Bahloul. 


LES  AUTBUUS  TRADUITS.  191 

8*il  ne  traduisit  pas  en  arabe,  le  tableau  de  Cébèf?,  dont  nous 
avons  retrouvé  un  fragment  ignoré  à  TEscurial,  sous  le 
n*  888,  ancien  883. 

Au  XIII*  siècle  Aboulfarage  Grégoire,  autrement  dit  Bar 
Hebrœus,  faisait  encore  des  traductions,  et  ce  furent  les  der- 
nières. Aboulfarage  connaissait  le  grec,  le  syriaque  et  l'a^- 
rabe. 

Il  traduisit  de  Tarabe  en  syriaque  les  parties  d'Avicenne 
relatives  aux  indications  et  au  pronostic. 

11  fit  même  une  traduction  syriaque  du  canon  d'Avicenne, 
qui  ne  fut  pas  achevée. 

Il  fit  un  sommaire  des  questions  de  Honein  en  syriaque. 

Un  commentaire  sur  les  Aphorismes  d'Hippocrate,  et  un 
abrégé  de  Dioscorides,  accompagné  de  figures,  furent  écrits 
en  arabe.  Il  écrivit  aussi  un  grand  ouvrage  où  il  recueillit 
toutes  les  opinions  des  médecins. 

Tous  ces  traducteurs  que  nous  venons  de  passer  en  revue, 
procédaient  directement  ou  indirectement  de  la  Grèce.  Nous 
verrons  plus  loin  les  emprunta  des  Arabes  aux  littératures 
de  rOrient. 


LES   AUTEURS   TRADUITS. 

Nous  avons  vu  que  le  nombre  des  traducteurs,  à  noua 
connus,  s^élève  à  une  centaine.  Ce  chiffre  élevé  témoigne  de 
l'intensité  et  de  retendue  du  mouvement  intellectuel  qui  se 
produisit  à  Bagdad.  L*énumération  des  ouvrages  traduits 
nous  renseignera  sur  la  nature  de  ce  mouvement.  Il  fut  es^ 
sentiellement  scientifique. 

Les  Arabes  ne  demandèrent  rien  aux  poètes  de  la  Grèce  ! 
le  génie  et  la  religion  des  deux  peuples  étaient  trop  diffé- 
rents pour  qu'ils  pussent  se  rencontrer  sur  le  terrain  de  la 
poésie.  D'une  part,  il  n'y  avait  pas  de  place  pour  la  mytho- 
logie grecque  dans  la  langue  du  Coran  :  de  l'autre  les  Arabes 
étaient  déjà  assez  riches  de  leur  propre  fonds. 

Il  en  fut  h  peu  près  de  même  pour  l'histoire^  du  moins 


lU2    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  AKxVBE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

dans  les  premiers  temps,  et  nous  n'avons  pu  rencontrer  le 
nom  d'un  traducteur  qui  s'en  fût  occupé. 

Les  Arabes  cependant  ne  restèrent  pas  étrangpers  aux  évé- 
nements historiques  de  la  Grèce,  non  plus  qu'aux  faits 
qui  intéressent  plus  particulièrement  l'histoire  des  sciences, 
mais  ils  paraissent  avoir  puisé  bien  rarement  aux  sources 
originales.  Ils  sont  assez  abondamment,  sinon  toujours 
exactement,  renseignés  sur  tout  ce  qui  intéresse  la  science 
et  les  savants. 

Un  seul  historien  de  l'Occident  paraît  avoir  passé  dans  la 
langue  arabe,  et  ce  qui  est  étrange  c'est  qu'il  s'agit  non  pas 
d'un  grec  mais  d'un  latin  :  c'est  presque  le  seul  contact 
connu  des  deux  littératures.  Cette  traduction  paraît  deyoir 
être  admise.  Orose  est  cité  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  dans  la 
notice  d'Esculape,  de  manière  à  faire  croire  qu'il  le  cite 
de  première  main.  D'ailleurs  il  figure  dans  Hadji  Khalfa, 
n*  10,626. 

Nous  trouvons  une  citation  d'Eusèbe  dans  la  vie  de  Ga- 
lien,  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah.  Est-elle  directe,  cela  est  pos- 
sible. 

On  peut  voir,  dans  les  Prairies  d*Or,  que  les  Arabes 
avaient  quelques  notions  sur  l'histoire  de  l'Occident.  On  en 
découvrirait  davantage  encore  dans  les  ouvrages  perdus  de 
Maçoudy.  Comment  ces  notions  arrivèrent-elles  aux  Arabes, 
ce  n'est  pas  le  lieu  de  le  rechercher.  Nous  dirons  seulement 
que  les  Nestoriens  durent  composer  des  écrits  historiques 
en  arabe,  et  que  les  astronomes  grecs  livrèrent  aux  Arabes 
un  certain  fonds  de  chronologie. 

Quant  aux  faits  qui  intéressent  l'histoire  des  sciences  et 
des  savants,  nous  avons  des  renseignements  plus  précis. 

Les  écrits  do  Jean  le  Grammairien  sont  souvent  invoqués 
en  pareille  matière.  Ensuite  les  chrétiens,  initiateurs  des 
Arabes,  écrivirent  aussi  sur  les  annales  des  sciences.  Le 
Fihrist  est  riche  en  renseignements  sur  les  savants  de  la 
Grèce.  Les  autorités  les  plus  fréquemment  invoquées,  tant 
par  Mohammed  ben  Ishaq  que  par  Djemaleddin  et  Ebn 
Abi  Ossaïbiah,  sont  Honcin  et  son  fils,  Ishaq  ben  AU 
Errohaouy,  Obéid  Allah  ben  Djabril  et  Ebn  Bothlan. 


LES   AUTEURS   TRADUITS.  193 

Ce  fut  donc  à  peu  près  exclusivement  sur  des  ouvrages  de 
science  que  portèrent  les  traductions  provoquées  par  les 
Abbassides  :  elles  embrassèrent  la  médecine,  la  philosophie, 
les  mathématiques  et  l'astronomie,  et  toutes  ces  sciences 
gagfnèrent  à  la  culture  arabe. 

Quand  on  jette  un  coup  d'oeil  sur  l'ensemble  de  ces  tra- 
ductions, sur  les  savants  qui,  pendant  cinq  siècles,  ne  ces- 
sèrent de  s'en  inspirer  et  de  les  féconder  par  leurs  écrits, 
on  s'étonne  que  des  écrivains  modernes  aient  pu  refuser  aux 
Arabes  le  génie  scientifique. 

Il  nous  semble  que  le  génie  scientifique  se  produit  de  deux 
manières  et  se  reconnaît  à  deux  signes,  d'un  côté  la  classi- 
fication méthodique  d'un  ensemble  de  faits  donné,  de  l'au- 
tre la  culture  des  sciences  abstraites. 

Les  Arabes  marchèrent  dans  l'une  et  l'autre  voie. 

Quant  à  la  première,  nous  les  voyons  de  bonne  heure 
préoccupés  de  classer  suivant  un  ordre  systématique,  les 
notions  et  les  faits  afférents  à  la  médecine,  et  c'est  dans  cet 
esprit  que  furent  exécutés  le  Maleky  d'Aly  ben  el  Abbas  et 
le  Canon  d'Avicenne. 

Nous  les  voyons  aussi  passionnés  pour  Aristote,  le  génie 
scientifique  par  excellence. 

Parmi  les  philosophes  grecs,  dit  M.  Munk,  ils  choisirent 
de  préférence  Aristote,  sans  doute  parce  que  sa  méthode 
empirique  s'accordait  mieux  que  l'idéalisme  de  Platon  avec 
la  tendance  scientifique  et  l'esprit  positif  des  Arabes. 

Nous  pourrions  ajouter  à  ces  paroles  que  les  Arabes  eu- 
rent des  émules,  et  que  la  science  moderne  s'est  plus  inspi- 
rée d' Aristote  que  de  Platon. 

Si  l'on  refusait  aux  Arabes  le  génie  scientifique,  comment 
expliquer  l'ardeur  et  le  succès  avec  lequel  ils  cultivèrent  les 
mathématiques  et  l'astronomie  ? 

Nous  céderons  ici  la  parole  à  un  homme  qui  fait  autorité, 
à  M.  Sédillot  : 

«  Ce  qui  caractérise  surtout  Técole  de  Bagtiad  à  son  dé- 
but, c'est  l'esprit  véritablement  scibntitique  qui  pré.sida  ii 
.ses  travaux.  Marcher  du  connu  à  Tinconnu,  se  rendre  un 
compte  exact  de.>  phénomènes   pour  remonter  ensuite  des 

13 


194    HISTOlRIi   DE  LA  MÉDECINS  ABABB.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 

effets  aux  causes,  n'admettre  comme  vrai  que  ce  qui  a  été 
démontré  par  l'expérience,  tels  sont  les  principes  enseignés 
par  les  maîtres.  Les  Arabes  étaient  au  IX»  siècle  en  posses- 
sion de  cette  méthode  féconde  qui  devait  être,  si  longtemps 
après,  entre  les  mains  des  modernes,  l'instrument  de  leurs 
plus  belles  découvertes.  »  Prolég".  d'Olougf  Beg-,  23. 

Et  ailleurs  :  «  L'école  de  Bagdad  marqua  son  passage  par 
des  progrès  incontestables  :  pendant  sept  siècles  elle  est  à 
la  tète  de  la  civilisation  et  remplit  avec  éclat  l'immense  in- 
tervalle qui  sépare  les  écoles  d'Athènes  et  d'Alexandrie  de 
l'école  moderne.  Les  mathématiques  pures  deviennent  l'ob- 
jet d'études  suivies  ;  des  traités  ex  professo  développent  les 
principes  de  l'arithmétique  et  des  rapports  des  nombres. 
L'algèbre  perfectionnée  s'étend  jusqu'aux  équations  du  troi- 
sième et  du  quatrième  degré.  La  trigonométrie  se  trans- 
forme par  la  substitution  des  sinus  aux  cordes  et  par  l'em- 
ploi des  tangentes  dans  les  calculs.  »  Lettre  à  M.  de  Hum- 
boldt,  25. 

Une  dernière  citation  : 

«  De  quelque  côté  qu'on  tourne  ses  regards,  on  voit  tou- 
jours les  Arabes  nous  précéder  dans  les  innovations  utiles 
et  dans  les  perfectionnements  d^une  civilisation  avancée. 
S'ils  ont  été  nos  maîtres  en  algèbre  et  en  géométrie,  dans 
les  sciences  naturelles,  dans  les  arts  mécaniques,  si  nous 
leur  devons  nos  chiffres  et  notre  système  décimal,  la  bous- 
sole, le  pendule,  la  poudre  à  canon,  l'alcool,  etc.,  on  ne  peut 
s'étonner  de  retrouver  chez  eux  ces  écoles,  ces  académies, 
ces  correspondances  mathématiques  qui  font  la  gloire  des 
sociétés  modernes,  ces  encyclopédies  qui  résument  méthodi- 
quement les  travaux  de  plusieurs  siècles,  ces  dictionnaires 
bibliographiques  oii  les  titres  de  plus  de  20,000  ouvrages  dif- 
férents, reproduits  avec  exactitude  nous  révèlent  l'une  des 
plus  vastes  littératures  que  l'on  connaisse,  tré.^or  inépuisa- 
ble auquel  il  n'a  manqué  que  l'imprimerie*  » 

Les  livres  et  les  auteurs  dont  nous  allons  parler,  nous 
sont  en  partie  connus  par  l'histoire  des  traducteurs.  Nous 
croyons  cependant  faire  plus  qu'une  répétition  oiseuse  en 
classant  les  ouvrages  traduits  d'après  leurs  auteurs* 


LES  AUTEURS  TRADUITS.  193 

Il  est  bien  des  détails  qui  ue  coavieuiient  qu'ici.  Le  receu- 
.sement  de3  traducteurs  ne  peut  donner  une  idée  nette  de 
l'ensemble  des  écrits  livrés  aux  Arabes  dans  chaque  branche 
des  connaissances  humaines,  tandis  qu*on  Tembrasse  par- 
faitement par  la  méthode  que  nous  avons  adoptée,  de  classer 
les  auteurs  par  catégfories. 

Il  est  enfin  des  auteurs  dont  les  écrits  furent  traduits  et 
dont  nous  ne  connaissons  pas  les  traducteurs  :  ils  vont  donc 
être  mis  en  lumière  ici  pour  la  première  fois. 

Nous  diviserons  les  auteurs  en  quatre  classes  :  Philoso- 
phes et  naturalistes,  mathématiciens,  géographes  et  astro- 
nomes, médecins. 

Bien  que  nous  ayons  pour  objet  à  peu  près  exclusif  This- 
toire  de  la  médecine  et  des  sciences  accessoires  chez  les 
Arabes,  nous  n'avons  pas  cru  pouvoir  nous  borner  aux  mé- 
decins. Jusqu'à  présent  on  s'est  fait  des  idées  fausses  ou 
incomplètes  sur  le  travail  des  traductions.  Le  seul  ouvrage 
qui  traite  de  la  matière,  celui  de  Wenrich,  ouvrage  excel- 
lent, n'est  pas  connu  suffisamment  en  France,  où  il  n'a  pas 
été  traduit,  ce  qui  le  relègue  un  peu  à  l'écart.  Nous  n'avons 
pu  résister  au  désir  de  le  reprendre  en  sous-œuvre,  de  le  con- 
trôler, de  le  compléter,  de  le  rectifier  parfois,  et  de  le  pré- 
senter dans  un  meilleur  cadre. 

Cet  ensemble  complet  des  traductions  fera  bien  mieux 
connaître  le  milieu  scientifique  dans  lequel  se  mouvaient 
les  médecins  qui,  bien  souvent  eux  aussi,  furent  de  grands 
philosophes,  et  qui  doivent  nous  occuper  à  ce  titre. 

Après  l'exposé  des  auteurs  dont  les  traductions  nous  sont 
signalées  avec  ou  sans  le  nom  du  traducteur,  nous  passe- 
rons la  revue  d'une  foule  d'auteurs,  mentionnés  surtout  dans 
le  Continent  de  Ilazès,  que  nous  croyons  en  grande  partie 
avoir  été  traduits  en  arabe,  mais  dont  quelques-uns  peuvent 
•e  trouver  là  cités  de  seconde  main.  Quelques-uns  de  ces 
noms  méritent  d'être  mis  au  jour.  Malheureusement  la  lii- 
bliothèque  de  Paris  ne  possède  qu'un  misérable  fragment 
du  Continent. 

C'est  pour  avoir  le  texte  en  main  que  nous  avons  fait  le 
voyage  de  l'Escurial,  les  traductions  latines  ne  donnant  ces 


106    HISTOIRE   DE   LA   MÉDECINE  AlUBE.   —   LIVRE   DEUXIÈME. 

noms  que  sous  une  forme  le  plus  souvent  travestie  et  mé- 
connaissable. 

Nous  pensons  que  bien  des  traductions  se  sont  faites  obs- 
curément sans  avoir  été  signalées  par  les  biographes.  A 
l'appui  de  cette  opinion,  nous  avons  un  passage  d'Ebn  Abi 
Ossaïbiali  qui  dit  que  la  plupart  des  médecins  qu'il  cite 
après  les  Alexandrins,  furent  traduits  et  se  retrouvent  chez 
Uazès.  On  pourrait  même  s'appuyer  sur  Djemaleddin  et 
Hadji  Khalfa,  qui  indiquent  beaucoup  d'ouvrages  apparem- 
ment traduits,  sans  indiquer  le  nom  des  traducteurs,  s'il  est 
vrai  que  ces  deux  écrivains  n'ont  mentionné  que  les  écrite 
en  circulation  chez  les  Arabes. 

Il  est  encore  un  genre  d'écrits  qui  contribuèrent  puissam- 
ment à  la  vulgarisation  de  la  science  grecque,  ce  sont  les 
commentaires.  Kous  avons  déjà  dit  que  le  génie  différent 
des  deux  langues  les  rendait  souvent  nécessaires.  Nous 
n'avons  pas  cru  devoir  à  chaque  ouvrage  traduit,  mention- 
ner le  nom  des  commentateurs,  dont  la  liste  est  parfois  trop 
longue,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  travail  plus  qu'ordi- 
naire. 

I.  —  Les  Philosophes. 

HERMÈS. 

Les  Arabes  se  sont  beaucoup  occupés  du  père  de  l'Alchimie. 
Nous  n'avons  pas  à  reproduire  ces  récits,  que  chacun  peut 
liredans  Alboulfarage,dans  la  traduction  d'Ebn  AbiOssaïbiah 
par  M.  Sanguinetti  et  dans  d'Herbelot. 

Nous  dirons  seulement  qu'ils  en  admettent  trois. 

Le  premier  ne  serait  autre  que  l'Enoch  des  Hébreux  ou 
Idris  ;  le  deuxième  est  Babylonien  et  le  troisième  Égyptien. 
C'est  le  dernier  qui  aurait  porté  le  surnom  de  Trismégiste. 

Mohammed  ben  Ishaq  nous  a  conservé  dans  le  Filirîst  le 
nom  d'une  douzaine  d'ouvrages  attribués  h  Hermès,  qui  doi- 
vent être  considérés  comme  existant  de  son  temps.  (1) 

(1)  Le  British Muséum  possède,  sous  k  n»  1517,  un  opuscule  d'Her- 
mès, intitulé:  El  Mahthis.  qui  su  trouve  mentionné  dans  la  liste  du 
Fikrist. 


LES   PHILOSOPHES.  107 

D'Herbelot  en  mentionne  deux  :  Les  paroles  secrètes  d'Her- 
mès et  Le  lever  de  Syrius,  qui  se  trouve  à  Paris. 

D'autres  ouvrages  d'Hermès  se  trouvent  aussi  dans  les  di- 
verses collections  orientales.  Nous  croyons  inutile  d'en  faire 
le  recensement.  Nous  préférons  reproduire  quelques  rensei- 
firnements  positifs  sur  les  traductions  qui  en  ont  été  faites 
en  arabe. 

Il  est  plus  que  probable  que  ces  ouvrages  figurent  parmi 
les  traductions  ordonnées  parKhaled  ben  Yézid,  ces  traduc- 
tions ayant  porté  en  grande  partie  sur  l'alchimie.  Toutefois, 
nous  avons  quelques  renseignements  sur  des  traductions 
ultérieures.  Ils  ont  trait  à  deux  ouvrages  seulement,  ce  qui 
prouve  sans  doute  qu'il  en  restait  peu  à  traduire  après  le 
siècle  de  Géber. 

Le  n*  1107  de  Paris,  ancien  fonds,  contient  un  ouvrage 
d*Hermès  sur  les  influences  spirituelles.  Honein  l'aurait 
trouvé  parmi  les  écrits  d'Aristote  et  l'aurait  traduit  du  grec 
en  arabe. 

Nous  lisons  dans  la  vie  de  Sinan  ben  Tsabet  qu'il  tradui- 
sit les  Lois  d'Hermès  en  arabe.  (1) 

THALÈS. 

Nous  apprenons  du  Fihrist  que  deux  de  ses  écrite  furent 
traduits  en  arabe. 

rYTHAGORE. 

Ebn  Abi  (3.ssaïbiah  lui  consacre  un  long  article  en  grande 
partie  emprunté  h  Porphyre.  Tels  sont  les  écrits  mention- 
nés par  l'historien  arabe  et  que  l'on  retrouvait  encore  de  son 
temps. 

Traité  d'arithmétique. 

(i;  Nous  possédons  encore,  sous  le  nom  d'Hermès,  la  table  d'I'^mo- 
raude,  le  traité  de  la  pierre  philosophale,  le  traité  de  la  composi- 
tion, les  signaturoH,  qui  ont  été  imprimés.  Il  existe  aussi  des  opus- 
cule i  en  ^ec  inédits.  V.  I.anglet-Dufresnoy. 


1'j8    histoire  de  la  médecine  AHABR.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Du  sommeil  et  de  la  veille. 

Livre  des  tables. 

De  la  nature  du  corps  et  deTâme. 

Lettre  au  Tyran  de  Sicile. 

Lettre  h  Sicaïs  (ou  Siphanes)  sur  la  détermination  dea  si- 
g^niâcations. 

Les  vers  dorés. 

Lettre  h  Médésius  ? 

Lettre  sur  la  politique  rationnelle. 

Le  Fihrist  ajoute  que  ces  écrits  se  rencontrent  aussi  avec 
des  commentaires  de  Jamblique. 

On  sait  que  les  vers  dorés  ont  été  trouvés  dans  un  Ms.  de 
Leyde  contenant  un  recueil  fait  par  Miskaouïh,  avec  le  ta- 
bleau de  Cébès.  Nous  avons  fait  une  pareille  rencontre,  igno- 
rée de  Casiri,  dans  un  Ms.  de  l'Escurial,  avec  cette  diffé- 
rence qu'ici  le  collecteur  n'est  pas  Miskaouïh,  mais  Aboul- 
faragre  ben  Thaïeb. 

Leu**  888,  ancien  883,  contient  après  le  livre  des  lavements 
de  Cfalien,  un  commentaire  d'Aboulfarage  ben  Thaïeb  ftur 
les  vers  dorés  de  Pythag-ore,  avec  un  commentaire  d'Hiéro- 
rlès,  en  24  feuilles. 

Le  texte  arabe  pourrait  ou  même  devrait  se  lire  Proclus, 
mais  nous  croyons  devoir  lire  Hiéroclès,  dont  les  commen- 
taires sont  bien  connus. 

La  fin  du  volume  contient  un  commentaire  du  même  Aboul- 
farag-e  ben  Thaïeb  sur  le  tableau  de  Cébès,  mutilé  et  réduite 
six  pagres. 

Il  semblerait  ainsi  que  Ton  ait  eu  l'habitude  de  réunir  ces 
deux  écrits. 

Les  Arabes  écrivent  toujours  le  nom  de  Pythag-ore  sous  la 
forme  Fitsagouras,  Nous  aurons  k  parler  plus  tard  d'un 
homonyme,  donné  sous  la  forme  Badigouras,  et  qui  nous 
paraît  être  un  des  derniers  médecins  de  l'école  d'Alexandrie. 

EMPÉDOCLE. 

Ebn  Abi  Ossaïbîah  le* donne  comme  un  des  grands  philo- 
sophes de  la  Grèce.  Les  autres  sont   Pythagore,  Socrate, 


LB8   raUiOSOPIIM.  100 

Platon  et  Aristote.  Il  le  fait  vivre  du  temps  de  David  et  appren- 
dre la  sagresse,  à  l'école  de  Lokman,  en  Syrie.  Hadji  Khalfa 
et  Aboulfaragre,  l'auteur  des  Dynasties,  lui  attribuent  un 
traité  contre  la  résurrection  de  l'àme  et  a  fortiori  du  corps. 
C'est  le  même,  sans  doute,  que  l'auteur  du  Kitab  el  hokama 
vit  à  Jérusalem. 
Le  premier  lui  attribue  aussi  un  traité  de  Métaphysique. 

ANAXAGORE. 

Le  Kitib  el  hokama  dit  que  l'on  a  traduit  quelque  chose 
de  ses  écrits. 

ARISTIPPE   DE   CYRÈNE. 

Le  Kitab  el  hokama,  dit  que  l'on  traduisit  son  livre  des  Dé- 
finitions, qui  fut  revu  par  Aboul  Ouéfa. 

DÉMOCRITE. 

Les  Arabes  reconnaissent  plusieurs  Démocrite,  dont  ils 
font  des  personnages  distincts,  un  médecin,  un  philosophe 
et  un  alchimiste.  En  tout  cas  ils  distinguent  le  philosophe 
des  deux  autres,  ou  tout  au  moins  du  médecin. 

Il  possédèrent  sous  le  nom  de  Démocrite  un  traité  sur  Tu- 
rine,  qui  dut  être  traduit  eu  arabe,  car  on  le  trouve  cité 
dans  le  Continent  de  Razès. 

C'est  au  philosophe  qu'ils  rapportent  le  traité  d'Agricul- 
ture, dont  Ëbn  Ouachchyah  nous  est  donné  comme  le  tra- 
ducteur. A  ce  propos,  Wenrich,  admettant  les  éloges  donnés 
à  ce  traité  par  les  anciens,  ajoute  :  Verum  haud  mdetur 
verisimile  opus  illud  ab  Abderitano,  generis  humant  irriêore, 
perfection  esse. 

Nous  devons  relever  cette  étrange  assertion  de  Wenrich. 

Il  suffisait  de  lire  la  biographie  de  Diogène  de  Laêrce  pour 
se  convaincre  que  l'Abdéritain  fut  autre  chose  qu'un  simple 
rieor.  IHogèoe  ne  lui  attribue  pas  moins  de  soixante-dix  ou- 


200    HISTOIRE  DE  LA  MéOBCINR   ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

vragesjdont  il  donne  les  titres,  etparmi  lesquels  précisément 
un  livre  sur  l'Agriculture  et  un  autre  sur  les  Plantes.  Démo- 
crite  put  donc,  avant  Rabelais,  marier  le  rire  à  l'érudi- 
tion. 

De  graves  témoignages  attestent  d'ailleurs  la  science  de 
Démocrite.  Dans  son  traité  delà  Génération,  Âristote discute 
fréquemment  les  opinions  de  Démocrite,  et  Théophraste 
mentionne  ses  travaux  sur  les  plantes. 

Quant  à  l'Agriculture,  tous  les  écrivains  spéciaux,  Varron, 
Columelle  et  Palladius  le  signalent  comme  un  de  leurs  de- 
vanciers et  Columelle  le  donne  formellement  comme  abdéri- 
tain. 

Les  Arabes  ont  partagé  cette  estime.  Le  traité  d'Agricul- 
ture de  Démocrite  est  fréquemment  cité  par  Ebn  el  Aouam. 
Démocrite  et  Costus,  dit  Ebn  el  Aouam,  sont  les  princes  de 
la  science  agricole. 

Comme  complément  en  faveur  de  Démocrite,  nous  allons 
en  citer  un  autre  qui  a  bien  sa  valeur,  et  qui  nous  permettra 
de  conclure  que  les  Arabes  se  sont  trompés  en  admettant 
deux  Démocrite,  un  philosophe  et  un  médecin. 

On  lit  dans  l'Introduction  des  œuvres d'Hippocrate  tradui- 
tes par  Littré  :  «  Démocrite  fut  le  plus  savant  des  Grecs  avant 
Aristote  et  universel  comme  lui.  L'anatomie,  la  physiolo- 
gie, la  diététique,  les  épidémies,  la  fièvre,  peut-être  la  rage 
et  les  maladies  convulsives,  tout  cela  avait  été  traité  par  lui. 
Le  nom  d'ulcère  phagédénique  se  lit  dans  ses  écrits.  11  com- 
liosa: 

De  la  nature  de  l'homme. 

Des  humeurs. 

Des  pestes. 

Des  causes  touchant  les  animaux. 

Le  pronostic. 

La  diète  ou  le  régime. 

Les  fièvres. 

De  l'éléphantiasis. 

De.s  maladies  convulsives. 

Ces  ouvrages  lui  sont  attribués  par  Cœlius  Aurélianus.  > 

Démocrite  est  encore  cité  dans  le  Continent  ii  propos  de  la 


LRS  PHILOSOPHES.  201 

paralysie  et  de  la  coxalg^ie.  Mésué  le  cite  une  vingtaine  de 
fois  au  moins. 

Le  livre  des  Animaux  dut  être  aussi  traduit  en  arabe,  at- 
tendu qu'on  lit  dans  Hadji  Khalfa:  Démocrite,  dans  le  livre 
des  Animaux,  en  décrit  les  mœurs  et  les  utilités.  (1) 

Il  nous  reste  un  livre  d'alchimie  sous  le  nom  de  Démo- 
crite. Ameilhon  (Notices  et  Extraits,  VI),  ne  saurait  admet- 
tre, dans  sa  forme  actuelle,  qu'il  soit  de  l'Abdéritain.  Quand 
au  fonds  il  n'ose  se  prononcer,  et  suppose  que  c'est  une  com- 
pilation d'un  autre  Démocrite  qui  vivait  au  troisième  siècle. 

Cet  ouvrage  fut  connu  des  Arabes. 


CÉBÉS. 

Nous  ignorons  par  qui  fut  traduit  le  célèbre  ouvrage  du 
disciple  de  Socrate,  connu  sous  le  nom  de  Tableau  de 
Cébès. 

On  sait  qu'il  a  été  publié  en  texte  arabe,  grec  et  latin  par 
Elichmann  et  Saumaise,  d'après  un  manuscrit  do  la  Biblio- 
thèque de  Leyde,  contenant  aussi  les  vers  dorés  de  Pytha- 
gore  et  d'autres  opuscules  de  morale  recueillis  par  Mes- 
couili. 

Nous  avons  eu  la  chance  d'en  découvrir  un  nouvel  exem- 
plaire, abrégé  et  malheureusement  incomplet,  car  il  ne  se 
compose  que  de  six  pages,  dans  le  Ms.  888  de  l'Escurial.  Ce 
manuscrit  contient  diflférents  ouvrages  d'Aboulfarage  ben 
Thaïeb.  Le  Tableau  de  Cébès  se  trouve  à  la  fin  du  volume, 
et  n'a  pas  été  reconnu  par  Casiri.  On  peut,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  pardonner  cette  méprise  à  Casiri,  l'écriture  étant 
défectueuse  et  le  titre  se  présentant  sous  une  forme  qui,  de 
prime  abord,  ne  saurait  être  lue  que  :  Tefsir  Lourganous  ; 
mais  avec  un  peu  d'attention  on  voit  que  la  ponctuation  est 

(1)  Lets  Arabes  connurent  encore  les  ouvrages  philosophiques  de 
Démocrite,  attendu  qu'on  lie  dans  le  Kitab  el  hokama  :  C'est  lui 
qui  prétend  que  les  curps  sont  composés  do  particules  indivisibles 
ou  d'atomes.  Il  a  écrit  là-dessus  des  ouvrages  qui  ont  été  traduits 
•a  tTriaque,  puis  en  arabe. 


203      HISTOIRE  DR  LA   MÉOECIKB  ARABE.  -     LIVRE   DEUXIÈME. 

défectueuse  et  qu'il  faut  lire  :  Tefsir  Lour'ous  Kabous  :  Sxpli« 
cation  de  rénigme  de  Cébès. 

Tel  est  le  titre  complet  :  Exposition,  sous  forme  abrég'ée, 
de  rénig'me  de  Cébès  par  le  cheikh  Aboulfarage  Abdallah 
ben  Thaïeb. 

Aboulfarage  ben  Thaïeb  était  contemporain  de  Miskaouih 
et  mourut  quelques  années  après  lui,  vers  le  milieu  du 
XI*  siècle. 

On  lit  tout  d'abord  :  Le  but  de  l'énigine  de  Cébès,  est  de 
montrer  la  manière  dont  les  hommes  entrent  dans  le  monde, 
comment  ils  s'y  répartissent  et  comment  ils  en  sortent.  Il 
se  divise  en  quatre  parties  suivant  la  répartition  des  hommes. 

Vient  ensuite  l'exposition  de  chacune  de  ces  parties. 
«  La  première  partie  représente  l'entrée  dans  le  monde... 
Dans  la  deuxième  partie  est  représentée  une  femme  aveu- 
gle et  sourde,  assise  sur  une  pierre  arrondie,  la  main  éten- 
due et  figurant  la  Fortune.  Elle  est  figurée  la  main  étendue 
par  la  raison  qu'elle  prend  et  qu'elle  donne,  et  sur  une 
pierre  arrondie  pour  indiquer  son  peu  de  stabilité,  etc.  » 

Le  même  manuscrit  contient  encore  une  paraphrase  des 
vers  dorés  de  Pythagore  par  Aboulfarage  ben  Thaïeb,  ce  qui 
prouve  que  Miskaouih  n'était  pas  le  seul  h  se  préoccuper 
des  monuments  de  la  sagesse  antique. 

En  1793,  Lozano  publiait  à  Madrid,  d'après  l'édition  d'El- 
lichmann,  une  nouvelle  édition  du  texte  arabe  avec  une  dou- 
ble traduction  espagnole,  le  tout  précédé  d'un  prologue, 
et  suivi  de  proverbes  arabes. 

Lozano  soupçonne  que  Miskaouih  est  l'auteur  de  la  tra- 
duction arabe  :  «  Que  sea  este  mismo  Ahmed  ben  Mescowia 
quien  interpreto  la  Tabla  de  Cebes  de  Griego  en  Arabe  no 
se  puede  affirmar  ;  ma  que  fué  capaz  de  hacerlo,  se  colige 
de  loque  dice  el  Abul  Pharah  en  la  historia  de  lasDynastias, 
(pages  XVIII-XIX)  et  plus  loin  [pages  XX-XXI)  :  y  es  muy 
verisimil  que  el  traductor  de  la  Tabla  de  Cebes  sea  el  Mismo 
Mescowia.  » 

Il  est  inutile  de  réfuter  l'opinion  de  Lozano. 

A  cette  époque,  on  ignorait  encore  comment  se  fit  le  tra- 


LES   PHILOSOPHES.  203 

vail  (les  traductions.  D'Herbelot  avait  dit,  et  après  lui  Casiri, 
Rossi,  etc.,  répétaient  qu'Averroës  avait  traduit  Aristote. 


PLATON. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  philosophie  de  Platon  fut  loin 
d'avoir  la  vogue  immense  qu'eut  celle  d' Aristote,  et  M.  Munk 
nous  en  a  donné  la  raison. 

Les  Arabes  connurent  de  nom  tous  les  ouvrages  de  Platon. 
Ils  nous  en  donnent  une  liste  aussi  complète  que  Diogène  de 
Laêrce,  mais  tous  ne  furent  pas  traduits. 
Le  Fihrist  en  donne  la  liste  d'après  Théon  d'Alexandrie, 
La  Politique  fut  traduite  par  Honein. 
Les  Lois  le  furent  par  Honein  et  par  lahya  ben  Adi. 
Honein,  lahya  ben  Adi  et  Ebn  el  Bathriq  concoururent  à 
la  traduction  ou  à  la  révision  du  Timée.  (1) 

On  lit  dans  le  Fihrist  qu'un  livre  sur  l'éducation  des  en- 
fants fut  traduit  par  Abou  Amrou  louhanna  ben  Yousef 
(liste  des  traducteurs}. 

L'auteur  du  Fihrist  a  vu  un  traité  des  Sophistes,  traduit 
par  Ishaq  ben  Honein  et  de  la  main  d'Iahya  ben  Adi,  avec 
un  commentaire  de  Macidore. 
Un  livre  des  proportions  fut  traduit  par  lahya  ben  Adi. 
Abou  Bachar  Mattaï  traduisit  un  traité  de  géométrie. 
Le  Fihrist  dit  que  l'on  trouve  plusieurs  lettres  de  Platon. 
Il  donne  une  liste  copieuse  de  ses  écrits. 

Un  ouvrage  attribué  à  Platon,  sous  le  titre  de  Kitab 
errouabi  existe  à  la  Bibliothèque  de  Munich. 

Citons  encore  un  livre  à  Criton  sur  les  lois,  traduit  par 
lahya  ben  Ady. 

Les  Arabes  connurent  aussi  un  autre  Platon  qu'ils  appel- 
lent l'homme  aux  cautères,  Sahebel  Key.  Il  aurait  composé, 
dit  le  Kitab  el  hokama,  un  livre  sur  la  cautérisation  et 
Galien  lui  aurait  fait  des  emprunts. 

* 
(1)  Nous  avons  déjà  dit  que  Ton  rencontre  le  Timée  deux  foisdans 
la  Unie  des  écrits  de  Platon,  donnée  par  le  Fihrist. 


204     HISTOIRE   DE  LA   MÉDECINE   ARADR.   —   LIYRK   DEDXU-IME, 


ARISTOTE. 

«  Aristote,  dit  M.  Munk,  fut  considéré  comme  le  i)liiloso- 
plie  par  excellence,  et  si  Ton  a  eu  tort  de  soutenir  que  les 
philosophes  arabes  se  sont  traînés  servilement  à  sa  suite,  du 
moins  il  est  vrai  qu'il  a  exercé  une  véritable  dictature  pour 
tout  ce  qui  concerne  les  formes  du  raisonnement  et  de  la 
méthode.  On  se  tromperait  cependant  en  croyant  que  tous 
les  philosophes  arabes  partagfeaient  cette  admiration  sans 
aucune  restriction.  » 

Déjà,  comme  nous  l'avons  vu,  les  Syriens  avaient  traduit 
Aristote  dans  leur  langrue.  Honein  en  fit  de  nouvelles  tra- 
ductions, et  secondé  par  son  fils  Ishaq,  il  fit  passer  presque 
tout  rOrganon  en  syriaque.  D'autres  ouvragées  furent  tra- 
duits dans  la  même  langue,  ce  qui  prouve  que  les  Syriens, 
tout  en  travaillant  àl'initiation  des  Arabes,  songeaient  encore 
à  enrichir  leur  littérature. 

Les  traductions  arabes  furent  beaucoup  plus  nombreuses. 
Honein  et  son  fils  en  produisirent,  soit  d'emblée,  soit  après 
les  avoir  déjà  exécutées  en  syriaque.  D'autres  versions  ara- 
bes nous  sont  données  comme  faites  d'après  le  syriaque  par 
des  traducteurs  qui  n'en  connaissaient  pas  moins  le  grec. 

Cette  particularité,  que  nous  signalons,  a  son  importance. 
On  a  trop  souvent  dit,  sans  examen  et  pour  déprécier  les  tra- 
ductions arabes,  qu'elles  avaient  été  faites  d'après  le  syria- 
que par  des  traducteurs  ne  connaissant  pas  le  grec.  Les 
traductions  dont  nous  venons  de  parler  ont  évidemment 
une  toute  autre  valeur  que  des  traductions  de  seconde 
main  ;  les  traducteurs  qui  opéraient  d'après  le  syriaque,  ou 
qui  s'en  aidaient,  ne  pouvaient  certainement  pas  faire  abs- 
traction de  leur  connaissance  de  la  langue  grecque. 

Nous  donnerons  la  nomenclature  des  écrits  d'Aristote  telle 
qu'on  la  trouve  dans  le  Fihrist. 

Organon  :  L  Catégories. 

Elles  furent  traduite.s  du  grec  en  arabn  i)\t  Ilonoin. 

Elles  le  furent  du  syriaque  par  lahyaben  Adi  et  L^saben 


LES    PHILOSOPHES.  205 

Zcrû,  qui  no  traduisaient  pas  d'après  le  grec.  Ce  dernier  tra- 
duisit aussi  un  commentaire  d'Alexandre  d'Aphrodisias. 
Divers  commentateurs  gérées  furent  traduits  en  syriaque  et 
en  arabe.  (1) 

II. -De  l'Interprétation. 

Ce  livre  fut  traduit  par  Honein  en  syriaque  et  par  Ishaq 
en  arabe.  Nous  ne  voyons  pas  pourquoi  Wenrich  pense  que 
la  dernière  version  en  fut  faite  d'après  la  première.  Divers 
commentaires  grecs  furent  aussi  traduits. 

Les  Analytiques. 

III.  Le  premier  livre  fut  traduit  en  arabe  (probablement 
d'après  le  g:rec)  par  Théodore,  et  Honein  révisa  cette  traduc- 
tion. Honein  en  fit  aussi  une  syriaque,  qui  fut  achevée  par 
Ishaq.  Une  traduction  arabe  d'après  le  syriaque,  par  lahya 
ben  Ady,  se  trouve  à  Paris. 

IV.  Honein  fit  uue  traduction  partielle  en  syriaque  du 
deuxième  livre,  et  Ishaq  une  traduction  complète  qu'Abou 
Bachar  Mattaï  fit  passer  en  arabe. 

V.  Topiques. 

Ishaq  ben  Honein  en  fit  une  traduction  syriaque  qui  fut 
rendue  en  arabe  par  lahya  ben  Ady. 

Abou  Otsman  Eddimachky  en  traduisit  sept  chapitres  et 
Honein  ben  Abdallah  le  huitième.  Ou  en  trouvait  de  plus  une 
ancienne  traduction. 

Abou  Hachar  Mattaï  en  traduisit  le  P'  livre. 

Les  commentaires  d'Ammonius  et  d'Alexandre  furent  tra- 
duits en  arabe  par  Ishaq  ;  et  plus  tard  par  lahya  ben  Ady. 

VL  Les  Sophismes. 

Ebn  Naëma  et  Abou  Bachar  Mattaï  les  traduisirent  eu 
syriaque.  lahya  ben  Ady  en  fit  une  traduction  arabe  d'après 
Théophile.  Ils  furent  aussi  traduits  par  Issa  ben  ZerA,  d'après 
le  Kihrist,  ainsi  que  par  Ishaq,  aussi  d'après  le  Fihrist,  té- 
moiprnanfe,  du  reste,  reproduit  par  le  Kitab  cl  hokama  dans 
la  vie  (fAlexandre  d'Aphrodisias.  Enfin  d'après  une  note 

(1)  Plusieurs  noms  sont  donnés  par  le  Fibrist.  Nous  rappellerons 
ici  qu'il  a  l'habitude  de  sigilalcr  les  ouvrages  que  l'on  ne  trouve  /'/ai. 
Il  paraît  qu'on  possédait  celui  de  Jamblique. 


108    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME.     ' 

Du  sommeil  et  de  la  veille. 

Livre  des  tables. 

De  la  nature  du  corps  et  deTâme. 

Lettre  au  Tyran  de  Sicile. 

Lettre  h  Sicaïs  (ou  Siphanes)  sur  la  détermination  des  si- 
gnifications. 

Les  vers  dorés. 

Lettre  à  Médésius  ? 

Lettre  sur  la  politique  rationnelle. 

Le  Fihrist  ajoute  que  ces  écrits  se  rencontrent  aussi  avec 
des  commentaires  de  Jamblique. 

On  sait  que  les  vers  dorés  ont  été  trouvés  dans  un  Ms.  de 
Leyde  contenant  un  recueil  fait  par  Miskaouïh,  avec  le  ta- 
bleau de  Cébès.  Nous  avons  fait  une  pareille  rencontre,  igrno- 
rée  de  Casiri,  dans  un  Ms.  de  l'Escurial,  avec  cette  diffé- 
rence qu'ici  le  collecteur  n'est  pas  Miskaouïh,  mais  Aboul- 
farageben  Thaïeb. 

Len*»  888,  ancien  883,  contient  après  le  livre  des  lavements 
de  Galien,  un  commentaire  d'Aboulfaragfe  beu  Thaïeb  sur 
les  vers  dorés  de  Pythagore,  avec  un  commentaire  d'Hiéro- 
clés,  en  24  feuilles. 

Le  texte  arabe  pourrait  ou  même  devrait  se  lire  Proclus, 
mais  nous  croyons  devoir  lire  Hiéroclès,  dont  les  commen- 
taires sont  bien  connus. 

La  fin  du  volume  contient  un  commentaire  du  même  Aboul- 
faragre  ben  Thaïeb  sur  le  tableau  de  Cébès,  mutilé  et  réduit  à 
six  pagres. 

Il  semblerait  ainsi  que  l'on  ait  eu  l'habitude  de  réunir  ces 
deux  écrits. 

Les  Arabes  écrivent  toujours  le  nom  de  Pythagore  sous  la 
forme  Fitsagouras.  Nous  aurons  h  parler  plus  tard  d'un 
homonyme,  donné  sous  la  forme  Badigouras,  et  qui  nous 
paraît  être  un  des  derniers  médecins  de  l'école  d'Alexandrie, 

EMPKDOCLE. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  le- donne  comme  un  des  grands  philo- 
sophes de  la  Grèce.  Les  autres  sont   Pythagore,  Socrate, 


LBS    rBILOSOPHKfl.  190 

Platon  et  Aristote.  Il  le  fait  vivre  du  temps  de  David  et  appren- 
dre lasagresse,  à  l'école  de  Lokman,  en  Syrie.  Hadji  Khalfa 
et  Aboulfarage,  l'auteur  des  Dynasties,  lui  attribuent  un 
traité  contre  la  résurrection  de  l'âme  et  a  fortiori  du  corps. 
C'est  le  même,  sans  doute,  que  l'auteur  du  Kitab  el  hokama 
vit  à  Jérusalem. 
Le  premier  lui  attribue  aussi  un  traité  de  Métaphysique, 

ANAXAGORE. 

Le  Kitvb  el  liokama  dit  que  l'on  a  traduit  quelque  chose 
de  ses  écrits. 

ARISTIPPE    DE   CYRÈNE. 

Le  Kitab  el  hokama,  dit  que  l'on  traduisit  son  livre  des  Dé- 
finitions, qui  fut  revu  par  Aboul  Ouéfa. 

DÉMOCRITE. 

Les  Arabes  reconnaissent  plusieurs  Démocrite,  dont  ils 
font  des  personnages  distincts,  un  médecin,  un  philosophe 
et  un  alchimiste.  En  tout  cas  ils  distinguent  le  philosophe 
<les  deux  autres,  ou  tout  au  moins  du  médecin. 

Il  possédèrent  sous  le  nom  de  Démocrite  un  traité  sur  l'u- 
rine, qui  dut  être  traduit  en  arabe,  car  on  le  trouve  cité 
dans  le  Continent  de  Kazès. 

C'est  au  philosophe  qu'ils  rapportent  le  traité  d'Agricul- 
ture, dont  Ebn  Ouachchyah  nous  est  donné  comme  le  tra- 
ducteur. A  ce  propos,  Wenrich,  admettant  les  éloges  donnés 
à  ce  traité  par  les  anciens,  ajoute  :  Verum  haud  videtur 
vcrisimilc  opus  illudàb  Abderitano,  generishumaniirrisore, 
perfectum  esse. 

Nous  devons  relever  cette  étrange  assertion  de  Wenrich. 

Il  suffisait  de  lire  la  biographie  de  Diogène  de  Laôrce  pour 
se  convaincre  que  l'Abdéritain  fut  autre  chose  qu'un  simple 
rieur.  Diogène  ne  lui  attribue  pas  moins  de  soixante-dix  ou- 


200    HISTOmS  DE  LA  MÉOBCINR   ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

vrageSjdont  il  donne  les  titres,  et  parmi  lesquels  précisément 
un  livre  sur  l'Agriculture  et  un  autre  sur  les  Plantes.  Démo- 
crite  put  donc,  avant  Rabelais,  marier  le  rire  à  l'érudi- 
tion. 

De  graves  témoignages  attestent  d'ailleurs  la  science  de 
Démocrite.  Dans  son  traité  delà  Génération,  Aristote discute 
fréquemment  les  opinions  de  Démocrite,  et  Théophraste 
mentionne  ses  travaux  sur  les  plantes. 

Quant  à  l'Agriculture,  tous  les  écrivains  spéciaux,  Varron, 
Columelle  et  Palladius  le  signalent  comme  un  de  leurs  de- 
vanciers et  Columelle  le  donne  formellement  comme  abdéri- 
tain. 

Les  Arabes  ont  partagé  cette  estime.  Le  traité  d'Agricul- 
ture de  Démocrite  est  fréquemment  cité  par  Ebn  el  Aouam. 
Démocrite  et  Costus,  dit  Ebn  el  Aouam,  sont  les  princes  de 
la  science  agricole. 

Comme  complément  en  faveur  de  Démocrite,  nous  allons 
en  citer  un  autre  qui  a  bien  sa  valeur,  et  qui  nous  permettra 
de  conclure  que  les  Arabes  se  sont  trompés  en  admettant 
deux  Démocrite,  un  philosophe  et  un  médecin. 

On  lit  dans  l'Introduction  des  œuvres d'Hippocrate  tradui- 
tes par  Littré:  «  Démocrite  fut  le  plus  savant  des  Grecs  avant 
Aristote  et  universel  comme  lui.  L'anatomie,  la  physiolo- 
gie, la  diététique,  les  épidémies,  la  fièvre,  peut-être  la  rage 
et  les  maladies  convulsives,  tout  cela  avait  été  traité  par  lui. 
Le  nom  d'ulcère  phagédénique  se  lit  dans  ses  écrits.  11  com- 
posa: 

De  la  nature  de  l'homme. 

Des  humeurs. 

Des  pestes. 

Des  causes  touchant  les  animaux. 

Le  pronostic. 

La  diète  ou  le  régime. 

Les  fièvres. 

De  l'éléphantiasis. 

Des  maladies  convulsives. 

Ces  ouvrages  lui  sont  attribués  par  Cœlius  Aurélianus.  » 

Démocrite  est  encore  cité  dans  le  Continent  à  propos  de  la 


LRS  PHILOSOPUES.  201 

paralysie  et  de  la  coxalg^ie.  Mésué  le  cite  une  vingtaine  de 
fois  au  moins. 

Le  livre  des  Animaux  dut  être  aussi  traduit  en  arabe,  at- 
tendu qu'on  lit  dans  Iladji  Khalfti:  Démocrite,  dans  le  livre 
des  Animaux,  en  décrit  les  mœurs  et  les  utilités.  (1) 

Il  nous  reste  un  livre  d'alchimie  sous  le  nom  de  Démo- 
crite. Ameilhon  (Notices  et  Extraits,  VI),  ne  saurait  admet- 
tre, dans  sa  forme  actuelle,  qu'il  soit  de  l'Abdéritain.  Quand 
au  fonds  il  n'ose  se  prononcer,  et  suppose  que  c'est  une  com- 
pilation d'un  autre  Démocrite  qui  vivait  au  troisième  siècle. 

Cet  ouvragre  fut  connu  des  Arabes. 


CÉBÈS. 

Nous  ignorons  par  qui  fut  traduit  le  célèbre  ouvrage  du 
disciple  de  Socrate,  connu  sous  le  nom  de  Tableau  de 
Cébès. 

On  sait  qu'il  a  été  publié  en  texte  arabe,  grec  et  latin  par 
Elichmann  et  Saumaise,  d'après  uu  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque de  Leyde,  contenant  aussi  les  vers  dorés  de  Pytha- 
gore  et  d'autres  opuscules  de  morale  recueillis  par  Mes- 
couih. 

Nous  avons  eu  la  chance  d'en  découvrir  un  nouvel  exem- 
plaire, abrégé  et  malheureusement  incomplet,  car  il  ne  se 
compose  que  de  six  pages,  dans  le  Ms.  888  de  l'Escurial.  Ce 
manuscrit  contient  diflférents  ouvrages  d'Aboulfarage  ben 
Thaïeb.  Le  Tableau  de  Cébès  se  trouve  à  la  fin  du  volume, 
et  n'a  pas  été  reconnu  par  Casiri.  On  peut,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  pardonner  cette  méprise  à  Casiri,  l'écriture  étant 
défectueuse  et  le  titre  se  présentant  sous  une  forme  qui,  de 
prime  abord,  ne  saurait  être  lue  que  :  Tefsir  Lourganous  ; 
mais  avec  un  peu  d'attention  on  voit  que  la  ponctuation  est 

(1)  Les  Arabes  connurent  encore  les  ouvrages  philosophiques  de 
Démocrite,  attendu  qu'on  lie  dans  le  Kitab  el  hokama  :  C'est  lui 
qui  prétend  que  les  curps  sont  composés  do  particules  indivisibles 
ou  d*atomes.  Il  a  écrit  là- dessus  des  ouvrages  qui  ont  été  traduits 
•a  syriaque,  puis  en  arabe. 


â03      HISTOIRR  DR  LA  MÉOECmS  ARABE.  -     LIVRE   DEUXIÈME. 

défectueuse  et  qu'il  faut  lire  :  Tefsir  Lour'ous  Kabous  :  Expli- 
cation de  rénigme  de  Cébès. 

Tel  est  le  titre  complet  :  Exposition,  sous  forme  abrég^ée, 
de  rénig-me  de  Cébès  par  le  cheikh  Aboulfarage  Abdallah 
ben  Thaïeb. 

Aboulfarage  beu  Thaïeb  était  contemporain  de  Miskaouih 
et  mourut  quelques  années  après  lui,  vers  le  milieu  du 
XI*  siècle. 

On  lit  tout  d'abord  :  Le  but  de  l'énigine  de  Cébès,  est  de 
montrer  la  manière  dont  les  hommes  entrent  dans  le  monde, 
comment  ils  s'y  répartissent  et  comment  ils  en  sortent.  Il 
se  divise  en  quatre  parties  suivant  la  répartition  des  hommes. 

Vient  ensuite  l'exposition  de  chacune  de  ces  parties. 
«  La  première  partie  représente  l'entrée  dans  le  monde... 
Dans  la  deuxième  partie  est  représentée  une  femme  aveu- 
gle et  sourde,  assise  sur  une  pierre  arrondie,  la  main  éten- 
due et  figurant  la  Fortune.  Elle  est  figurée  la  main  étendue 
par  la  raison  qu'elle  prend  et  qu'elle  donne,  et  sur  une 
pierre  arrondie  pour  indiquer  son  peu  de  stabilité,  etc.  » 

Le  même  manuscrit  contient  encore  une  paraphrase  des 
v^ers  dorés  de  Pythagore  par  Aboulfarage  ben  Thaïeb,  ce  qui 
prouve  que  Miskaouih  n'était  pas  le  seul  à  se  préoccuper 
des  monuments  de  la  sagesse  antique. 

En  1793,  Lozano  publiait  à  Madrid,  d'après  l'édition  d'Ei- 
lichmann,  une  nouvelle  édition  du  texte  arabe  avec  une  dou- 
ble traduction  espagnole,  le  tout  précédé  d'un  prologue, 
et  suivi  de  proverbes  arabes. 

Lozano  soupçonne  que  Miskaouih  est  l'auteur  de  la  tra- 
duction arabe  :  «  Que  sea  este  mismo  Ahmed  ben  Mescowia 
quien  interpreto  la  Tabla  de  Cebes  de  Griego  en  Arabe  no 
se  puede  affirmar  ;  ma  que  fué  capaz  de  hacerlo,  se  colige 
delo  que  dice  el  Abul  Pliarah  en  la  historia  de  lasDynastias, 
(pages  XVIII-XIX)  et  plus  loin  (pages  XX-XXI)  :  y  es  muy 
verisimil  que  el  traductor  de  la  Tabla  de  Cebes  sea  el  Mismo 
Mescowia.  » 

Il  est  inutile  de  réfuter  l'opinion  de  Lozano. 

A  cette  époque,  on  ignorait  encore  comment  se  fit  le  tra- 


LES   PHILOSOPHES.  203 

vail  (les  traductions.  D'Herbelot  avait  dit,  et  après  lui  Casiri, 
Uossi,  etc.,  répétaient  qu'Averroës  avait  traduit  Aristote. 


PLATON. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  philosophie  de  Platon  fut  loin 
d'avoir  la  vogue  immense  qu'eut  celle  d' Aristote,  et  M.  Munk 
nous  en  a  donné  la  raison. 

Les  Arabes  connurent  de  nom  tous  les  ouvragées  de  Platon. 
Ils  nous  en  donnent  une  liste  aussi  complète  que  Diogène  de 
Laêrce,  mais  tous  ne  furent  pas  traduits. 
Le  Fihrist  en  donne  la  liste  d'après  Théon  d'Alexandrie, 
La  Politique  fut  traduite  par  Honein. 
Les  Lois  le  furent  par  Honein  et  par  lahya  ben  Adi. 
Honein,  lahya  ben  Adi  et  Ebn  el  Bathriq  concoururent  à 
la  traduction  ou  à  la  révision  du  Timée.  (1) 

On  lit  dans  le  Fihrist  qu'un  livre  sur  l'éducation  des  en- 
fants fut  traduit  par  Abou  Amrou  louhanna  ben  Yousef 
(liste  des  traducteurs). 

L'auteur  du  Fihrist  a  vu  un  traité  des  Sophistes,  traduit 
par  Ishaq  ben  Honein  et  de  la  main  d'Iahya  ben  Adi,  avec 
un  commentaire  de  Macidore. 
Un  livre  des  proportions  fut  traduit  par  lahya  ben  Adi, 
Abou  Bachar  Mattaï  traduisit  un  traité  de  géométrie. 
Le  Fihrist  dit  que  Ton  trouve  plusieurs  lettres  de  Platon. 
Il  donne  une  liste  copieuse  de  ses  écrits. 

Un  ouvrage  attribué  à  Platon,  sous  le  titre  de  Kitab 
errouabi  existe  à  la  Bibliothèque  de  Munich. 

Citons  encore  un  livre  à  Griton  sur  les  lois,  traduit  par 
lahya  ben  Ady. 

Les  Arabes  connurent  aussi  un  autre  Platon  qu'ils  appel- 
lent rhomme  aux  cautères,  Saheb  el  Key.  Il  aurait  composé, 
dit  le  Kitab  el  hokama,  un  livre  sur  la  cautérisation  et 
Galien  lui  aurait  fait  des  emprunts. 

(1;  Nous  avons  déjà  dit  que  Ton  rencontre  le  Timéc  deux  fois  dans 
la  lÎHte  des  écrits  de  Platon,  donnée  par  le  Fihrist. 


212       UIôTOIRË  DB  LA  MÀbECINB  ARABE.  —  LlVRli;  DEUXIÈME. 

forts  pour  avoir  une  connaissance  pleine  et  sûre  du  texte 
d'Aristote. 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  les  premières  traduc- 
tions ont  été  les  plus  mauvaises,  la  plupart  ayant  été  faites 
par  des  maîtres.  Nous  avons  vu  les  noms  de  Honein  et 
d'Ishaq  figurer  une  douzaine  de  fois.  Nous  avons  aussi  vu 
ceux  de  Costa  etdeTsabet  qui  ne  leur  étaient  pas  inférieurs. 
Des  23  personnages  qui  traduisirent  Aristote  plus  de  la 
moitié  savaient  le  grec.  Ce  sont  Basile,  Costa,  Ebn  Naëma, 
Eustathe,  Honein,  Ibrahim  ben  Bathriq,  Ibrahim  ben  Essalt, 
Abou  Bachar  Mattaï,  Théophile,  Tsabet,  auxquels  on  peut 
ajouter  Abou  Saïd  Eddimachky,  et  Hedjadj  ben  Mather, 
qui  traduisirent  des  mathématiciens.  Si  la  plupart  d'entre 
eux  ont  fait  des  traductions  en  syriaque,  cela  prouve  d'a- 
bord qu'on  avait  les  originaux  grecs,  et  cela  peut  s'expli- 
quer. Sans  doute  les  Syriens  étaient  désireux  d'avoir  de  nou- 
velles traductions  dans  leur  langue,  et  les  Arabes  ne  pou- 
vaient qu'avec  le  temps  se  passer  d'eux.  Quant  aux  traduc- 
tions déjà  faites  en  syriaque,  on  les  utilisa  probablement 
pour  répondre  plus  vite  aux  désirs  des  Abbassides.  Nous 
avons  dépouillé  ces  traductions  d'originaux  et  de  commen- 
taires. Elles  se  classent  à  peu  près  ainsi  :  présumées  du  grec 
en  arabe,  les  auteurs  connaissant  le  grec,  36  ;  données  com- 
me du  syriaque,  22;  du  grec  en  syriaque,  16;  douteuses,  15. 
Ainsi,  plus  de  la  moitié  des  traductions  arabes  d' Aristote 
procéderaient  directement  du  grec,  43  sur  72  (les  syriaques 
déduites). 

Il  existe  à  Paris  un  manuscrit  qui  parle  hautement  en  fa- 
veur des  traductions  arabes,  c'est  le  n*  882  de  l'ancien  fonds, 
qui  contient  VOrganon,  Pour  certaines  parties  il  n'y  a  pas 
moins  de  quatre  traductions  en  regard.  Pour  toutes  on  nous 
donne  leur  filiation  qui  remonte  à  deux  ou  trois  degrés  jus- 
qu'à l'autographe.  Çà  et  là,  nous  trouvons  des  variantes  ti- 
rées des  traductions  syriaques.  Déjà  M.  Munk  avait  relevé 
une  partie  de  ces  faits,  et  nous  avons  cité  ses  paroles.  La  Re- 
naissance a-t-elle  fait  mieux?  Voyez  encore  ce  que  nousdi- 
sons  plus  loin  des  traductions  de  Galien.  Les  neuf  dixièmes  en 
ont  été  faites  par  des  hommes  sachant  pertinemment  le  grec! 


LES   PHILOSOPHES.  213 

TIIÊOPHRASTE. 

Les  Arabes  ont  connu  plusieurs  ouvragées  de  Théophrastc, 
ils  en  ont  traduit  quelques-uns.  Cependant  son  nom  appa- 
raît assez  rarement  dans  leurs  écrits.  Il  semblerait  qu'il  dùv 
en  être  autrement  pour  le  Livre  des  Pierres  et  pour  les 
Livres  des  Plantes,  eh  bien  !  c'est  à  peine  si  le  livre  des 
Pierres  est  cité  et  nous  n'avons  pas  rencontré  de  citations 
du  livre  des  Plantes.  Cela  tient  sans  doute  à  ce  que  Théo- 
phraste  fit  de  la  science  pure,  et  que  les  Arabes  cultivèrent 
la  botanique  au  point  de  vue  pratique  et  surtout  médical. 
Dans  le  grand  Traité  des  simples  d'Ebn  Beîtliar,  nous  trou- 
vons trois  citations  :  elles  sont  relatives  au  succin,  au  crys- 
tal  et  à  l'albâtre.  Il  en  est  une  aussi  relative  au  crystal  dans 
Tifâchy,  qui  cite  le  Livre  des  Pierres.  (1) 

Voici  ce  que  l'on  rencontre  dans  le  Fihrist,  h  propos  de 
Théophraste  : 

«  C'est  l'un  des  disciples  d'Aristote,  son  neveu,  un  de  ses 
exécuteurs  testamentaires,  et  après  sa  mort,  son  successeur 
dAD5i  l'enseifirnement.  Il  composa  les  livres  suivants  :  Traité 
de  rame  ;  Traité  des  phénomènes  météorologiques,  traduit 
par  Tsabet  ben  Corra  ;  Traité  des  mœurs  ;  Traité  du  sens  et 
da  sensible,  en  quatre  parties,  traduit  par  Ibrahim  ben 
Baks;  Traité  de  Métaphysique,  traduit  par  Abou  Zakarya 
lahya  ben  Adi  ;  Traité  des  causes  des  plantes,  traduit  par 
Ibrahim  ben  Raks.  > 

A  l'article  Aboulkheir  ben  Saouar  ben  Khammar,  le 
Fihrist  nous  le  donne  comme  ayant  traduit  les  Questions 
de  Théophraste.  On  aurait  donc  traduit  Théophraste  en 
syriaque. 

PLUTARQUE. 

Costa  ben  Louka  traduisit  du  grec  en  arabe  les  Opinions 
des  philo.'iophes  en  matière  de  physique,  et  le  Traité  de 
Texercice.  (Wenrich  :  de  la  pratique  de  la  vertu). 

(l)  Nous  avoDs  aussi  rencontré  une  citation  do  Théophraste  dans 
las  Tableaux  synoptiques  du  Haouj. 


214     HISTOIRE  DE  LA   MÉDROINB  AttABE.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Les  Arabes  ne  connurent  que  peu  d'écrits  de  Plutarque. 
On  sait  du  reste  qu'ils  ne  demandèrent  à  la  Grèce  que  la 
science. 

Ils  admettent  un  autre  Plutarque,  ou  plutôt  ils  ont  fait 
de  Plutarque  un  double  personnage.  Ils  attribuent  au  der- 
nier un  Traité  des  fleuves  et  des  montagnes  et  un  Traité  de 
la  colère.  Nous  avons  rencontré  dans  El  Bii?ouny  une  cita- 
tion curieuse  du  Livre  de  la  colère,  à  propos  du  pavillon 
hexagonal  qui  fut  envoyé  à  Néron.  El  Birouny  le  dit  de 
crystal,  tandis  que  Plutarque  parle  seulement  de  sa  richesse. 
(N*  905  de  l'Escurial.) 

Dans  la  liste  des  ouvrages  de  Razès,  nous  en  trouvons 
deux  qui  se  rapportent  à  Plutarque,  l'un  relatif  à  son  com- 
mentaire sur  le  Timée  et  l'autre  intitulé  :  Complément  du 
livre  de  Plutarque. 

PTOLÊMÉE. 

Les  Arabes  connurent  un  philosophe  de  ce  nom,  de  la 
secte  d'Aristote,  qui  rédigea  la  liste  des  écrits  de  son  maître. 
Après  une  longue  énumération  d'écrits,  on  lit  dans  Ebn 
Abi  OssaYbiah  :  Voilà,  dit  Ptolémée,  tous  les  ouvrages  que 
je  lui  connais.  Le  biographe  arabe  en  cite  encore  un  grand 
nombre  d'autres. 

Wenrich  pense  qu'il  s'agit  d'un  Ptolémée  cité  par  Por- 
phyre dans  la  vie  de  Plotin. 

Lo  Fihrist,  qui  le  cite  parmi  les  philosophes  naturalistes, 
lui  attribue  un  Extrait  d'Aristote. 


APOLLONIï^S    DE   TYAN'E. 

Le  nom  d'Apollonius  de  Tyane  s'est  altéré  chez  les  Arabes. 
On  le  trouve  le  plus  souvent  cité  sous  la  forme  Balinas, 
Mais  on  tète  des  écrits  qui  nous  en  sont  restés,  on  trouve 
aus>i  la  forme  qu'on  lit  Bclinous,  qu'il  serait  plus  exact  de 
lire  Boulonious. 

La  nature  de  ces  écrits  fait  naturellement  penser  à  ceux 


LES  PHILOSOPHES.  215 

d'Apollonius.  Il  eflt  été  bien  étrange,  en  effet,  que  des  écrits 
de  la  nature  de  ceux  d'Apollonius  n'aient  pas  attiré  l'atten- 
tion des  Arabes,  amis  du  merveilleux. 

Dans  un  mémoire  inséré  au  Journal  asiatique,  nous  avons 
démontré  par  de  nombreux  témoignag'es,  l'identité  de  Ba- 
linas  et  d'Apollonius,  identité  déjà  mise  en  avant  par  M.  de 
Sacy.  Une  certaine  similitude  de  noms  l'avait  fait  prendre 
pour  Pline.  (V.  d'Herbelot). 

Les  écrits  d'Apollonius  durent  être  du  nombre  do  ceux 
que  l'on  traduisit  pour  Khaled  ben  Yézid.  La  preuve  de  ces 
traductions  ressort  implicitement  de  ce  fait  que  les  ouvrages 
d'Apollonius,  l'homme  aux  talismans^  furent  connus  de 
Géber,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  liste  de  ses  écrits,  donnée 
par  le  Fihrist.  On  lit  autre  part  dans  le  Fihrist  queBalinas 
était  de  Tyane. 

Le  Livre  des  secrets  de  la  nature,  par  le  sage  Belinous,  a 
été  traduit  en  arabe  par  un  prêtre  du  nom  de  Sadjious,  qui 
ne  nous  est  pas  autrement  connu.  M.  de  Sacy  a  fait  sur  ce 
livre,  qui  nous  est  parvenu,  (1)  un  savant  mémoire  inséré 
dans  le  tome  IV  des  Notices  et  Extraits. 

Le  n'  910  de  l'Escurial  contient  un  livre  du  sage  Boulinas 
sur  les  influences  sidérales,  traduit  par  Honein.  C'est  proba- 
blement le  même  ouvrage  qui  figure  à  Paris,  dans  le  fonds 
hébreu,  sous  le  n"  1010,  sous  le  nom  de  Balianous,  et  qui 
traite  également  d'astrologie.  Il  nous  est  donné  comme  tra- 
duit en  hébreu  d'après  l'arabe  de  Honein. 


NICOLAS    DE    DAMAS. 

Il  naquit  k  Latakieh,  dit  le  Kitab  el  hokama. 

Wenrich  se  borne  a  citer  son  livre  des  Plantes.  Mais  c'est 
ce  même  livre  des  plantes  dont  nous  avons  déjà  parlé  pré- 
cédemment à  propos  d'Aristote,  auquel  on  l'attribue  géné- 
ralement, et  que  Meyer,  dans  une  publication,  antérieure 
cependant  h  celle  de  Wenrich,  revendique  pour  Nicolas  de 
Damas.  Le  traité  des  plantes  a  été  traduit  par  Ishaq,  fils  de 

(1}  Paris,  n<*  959,  British  muséum,  n*  444. 


2<X^     HISTOIKE  DE   LA   MÉDEOIKE  ARABE.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

(le  Hassen  ben  Saouar  dans  le  Ms.  n?  882,  iU  Tauraieut  été 
par  Ibrahim  ben  Bakd. 

VII.  Rhétorique. 

Elle  fut  traduite  en  arabe  par  Ishaq  ben  Honein.  On  en 
trouvait  une  traduction  ancienne  et  une  autre  d'Ibrahim  ben 
Abd  Allah. 

VIII.  Art  poétique. 

Il  fut  traduit  du  syriaque  en  arabe  par  Abou  Bachar  Mat- 
taï  et  par  lahya  ben  Ady,  avec  les  commentaires  de  Thémis- 
tius.  Ishaq  en  fit  aussi  une  traduction  arabe,  suivant  le 
Kitab  el  hokama,  dans  la  vie  d'Alexandre  d'Aphrodisias. 
lahya  ben  Adi  rapporte  que  pour  les  trois  livres  des  Sophis- 
mes,  de  la  Rhétorique  et  de  l'Art  poétique,  traduits  par  Ishaq 
en  arabe,  il  offrit  cinquante  écus  que  l'on  refusa. 

IX.  Physique. 

Elle  fut  traduite  en  arabe  par  Honein,  s'il  faut  en  croire 
un  Ms.  de  Leyde.  Déjà,  dit  le  Fihrist,  elle  avait  été  traduite 
du  temps  des  Barmécides  par  Sallam  el  Abrach.  Ibrahim  ben 
Essalt  traduisit  le  l**"  livre.  Le  texte  avec  les  commentaires 
d'Alexandre  furent  traduits  mi-partie  par  Costa  ben  Luca  et 
Ebn  Naëma.  Abou  Rouh  Essaby  et  Dimachky  en  traduisi- 
rent chacun  un  livre.  Basile  traduisit  un  commentaire  de 
Porphyre  sur  les  IV  premiers  livres.  Abou  Bachar  Mattaï 
traduisit  les  commentaires  de  Thémistius  en  syriaque.  On 
traduisit  en  arabe  un  commentaire  de  Jean  le  Grammairien, 
dont  un  exemplaire  en  dix  volumes  appartint  h  l'auteur  du 
Fihrist. 

X.  Livre  du  Ciel  et  du  Monde. 

Ebn  cl  Bathriq  en  fit  une  traduction  arabe  qui  fut  revue 
par  Honein.  Abou  Bachar  Mattaï  traduisit  le  !•' livre.  Le 
commentaire  de  Thémistius  fut  traduit  en  arabe  par  lahya 
ben  Adi. 

XL  De  la  Génération  et  de  la  corruption. 

Honein  a  traduit  ce  livre  en  syriaque  et  son  fils  en  arabe, 
ainsi  qu'Abou  Otsman  Eddimachky. 

On  rapporte  qu'Ibrahim  ben  Baks  le  traduisit  en  arabe 
d'après  le  commentaire  d'Alexandre  d'Aphrodisée.  Abou 
Bachar  Mattaï  le  traduisit  aussi.  Costa  traduisit  la  l^  partie* 


LES    PHILOSOPHES.  207 

Le  commentaire  de  Macidore  fut  traduit  par  Eustathe  et  par 
Abou  Bachar  Mattaï  qui  fut  corrigé  par  lahya  ben  Adi.  En- 
fla le  commentaire  de  Jean  le  Grammairien  fut  traduit  en 
syriaque  et  en  arabe.  Le  syriaque  est  dit  préférable.  (1) 

XIL  Les  Météores. 

Le  grand  commentaire  de  Macidore  fut  traduit  par  Abou 
Bachar  Mattaï.  Celui  d'Alexandre  fut  d'abord  traduit  en 
arabe.  Plus  tard  lahya  ben  Adi  le  traduisit  en  arabe  d'après 
une  version  syriaque.  (2) 

Aboul  Kheir  ben  el  Khammar  traduisit  les  Météores  du 
syriaque  en  arabe.  (3)  D'après  un  Ms.  du  Vatican,  cette  tra^ 
duction  aurait  été  faite  aussi  par  lahya  ben  Bathriq. 

XIIL  De  l'Ame. 

Honein  le  traduisit  en  syriaque  et  Ishaq  en  fit  une  se- 
conde version.  Macidore  en  fit  une  paraphra.se  qui  fut  tra- 
duite en  syriaque  par  lahya  ben  Adi.  On  traduisit  de  môme 
celle  de  Simplicius,  qui  fut  aussi  traduite  en  arabe.  Thémis- 
tius  en  fit  un  commentaire,  dont  Ishaq  fit  d'abord  une  tra- 
duction arabe  d'après  une  mauvaise  copie.  Ce  ne  fut  qu'au 
bout  de  trente  ans  qu'il  trouva  une  copie  parfaitement  cor- 
recte. La  traduction  de  l'Ame  est  attribuée  à  Honein  par 
Hadji  Khalfa. 

XIIL  Du  Sens  et  du  Sensible. 

On  ne  cite  pas  de  traducteurs,  mais  Abou  Bachar  en  laissa 
des  commentaires,  ce  qui  prouve  que  le  livre  fut  traduit. 

XIV.  Histoire  des  animaux. 

Ebn  el  Bathriq  la  traduisit  en  arabe.  Il  en  existait  une  meil- 
leure traduction  syriaque.  Issa  ben  Zerà  en  fit  aussi  une  tra- 
duction, ainsi  que  du  livre  des  org'anes  des  animaux  avec  un 
commentaire  de  Jean  le  Grammairien.  Nicolas  en  fit  un 
abrégé  qui  fut  traduit  par  Issa  ben  Zerà  en  arabe,  avec  ré- 
vision du  texte.  —  Tous  les  traités  relatifs  aux  animaux 
furent  traduits,  et  réunis  sous  un  seul  titre. 

U)  Lo  Fihrîst.  Aristote. 

(2)  Id.  id. 

(3)  Id.  Ebn  el  Khammar. 

Pour  Aristote,  nous  nous  sommes  appuyé  sur  le  Fihrist  très  fiche 
en  renseignements,  et  négligé  par  Wenrich. 


208    iJiSTOiut:  Dii:  la  médecine  arabe.  —  livre  deuxième. 

XV.  Métaphysique. 

Les  livres  de  métaphysique  furent  traduits  par  Ishaq.  Mo- 
hammed ben  Ishaq  trouva  cette  traduction  jusqu'à  la  lettre 
M  qui  fut  traduite  par  lahya  ben  Adi.  Une  traduction  jusqu'à 
la  lettre  N  avec  le  commentaire  d'Alexandre  fut  faite  par 
Eustathe  el  Kendy.  Abou  Bachar  Mattaï  traduisit  la  lettre 
L  avec  le  commentaire  d'Alexandre  en  arabe,  ainsi  que  le 
commentaire  de  Thémistius.  Chemly  traduisit  aussi  cette 
lettre. 

Honein  traduisit  plusieurs  parties  des  métaphysiques,  ainsi 
que  son  fils  Ishaq  (avec  les  commentaires.) 

Un  commentaire  de  Syrianus  sur  la  lettre  B  fut  traduit 
en  arabe. 

XVI.  Ethique,  à  Nicomaque. 

Le  Fihrist  et  le  Kitab  el  hokama  ne  s'accordent  pas  sur  la 
traduction  de  ce  livre.  L'un  l'attribue  à  Ishaq  et  l'autre  à 
Honein.  On  lit  cependant  chez  l'un  et  l'autre  qu'Iahya  ben 
Adi  en  avait  de  nombreuses  parties  de  la  main  d'Ishaq,  avec 
le  commentaire  de  Thémistius.  Le  Fihrist  donne  de  plus  la 
traduction  comme  accompagnée  du  commentaire  de  Por- 
phyre. —  La  morale  à  Eudême  est  simplement  citée.  Ebn 
el  Khammar  traduisit  l'éthique  en  arabe.  On  traduisit  en 
syriaque  le  commentaire  de  Thémistius. 

XVII.  Livre  du  miroir. 

11  fut  traduit  par  Hedjadj  ben  Mater. 

XVIII.  Livre  de  la  politique,  à  Alexandre. 

Ce  n'est  pas  des  livres  bien  connus  d'Aristote  que  nous 
voulons  parler.  Ils  furent  connus  des  Arabes  mais  non  tra- 
duits. Nous  voulons  parler  du  livre  intitulé  :  De  la  politique 
et  de  la  conduite  des  souverains,  qui  fut  traduit  par  lahya 
ben  Bathriq,  et  plus  tard  traduit  en  latin  sous  le  titre:  Liber 
Moralium  de  regimine  dominoriim  ou  sccrctum  secrctorum. 
Wenrich  s'est  mépris  sur  ce  livre  qu'il  confond  avec  la  po- 
litique proprement  dite. 

XIX.  Les  Œconomiques. 

Il  en  existe  une  traduction  anibe  àl'Escurial,  n"  888. 

XX.  Le  livre  des  Plantes. 

Les  Arabes,  aussi  bien   que  les   Modernes,  considèrent 


LBS    PUILOSOPUES.  209 

Aristote  comme  l'auteur  du  livre  des  Plantes.  Des  doutes 
cependant  se  sont  élevés.  Aboulfaragpeben  Thaïeb  écrivait  au 
XP  siècle  un  traité  des  Plantes,  considérant  celui  d' Aristote 
comme  au-dessous  de  la  réputation  de  l'auteur.  D'autre  part 
on  en  attribue  un  aussi  à  Nicolas  de  Damas,  et  Hadji  Khalfa 
le  donne  comme  une  paraphrase  de  celui  d' Aristote.  (1) 
Meyer,  dans  l'édition  latine  qu'il  a  donnée  de  cet  opuscule, 
le  rapporte  à  Nicolas  de  Damas.  (2)  Quoi  qu'il  en  soit,  cet 
écrit  fut  traduit  en  arabe  par  Ishaq  fils  de  Honein,  avec  des 
corrections  de  Tsabet  ben  Corra. 

XXI.  Livre  des  Pierres  et  livre  des  Minéraux, 

Ces  deux  livres  sont  considérés  par  les  Arabes  comme 
étant  d' Aristote,  et  plusieurs  savants  du  moyen-âge  ont 
adopté  cette  opinion.  Dans  le  livre  des  Pierres,  dit  Hadji 
Kbalfa,  n*  0773,  Aristote  en  décrit  six  cents.  Kazouiny ,  dans 
sa  description  des  minéraux,  ne  marche  qu'appuyé  sur  Aris- 
tote. Il  existe  à  la  Bibliothèque  de  Paris  un  Traité  des  Pierres 
d\\ristote  traduit  par  Luca  fils  de  Sérapion.  C'est  la  seule 
citation  à  nous  connue  de  ce  traducteur. 

XXII.  La  Théologie.  £1  Kendy  en  fit  un  commentaire, 
et  Abou  Otsmin  edlimachky  une  traduction. 

XXIII.  Les  Arabes  eurent  en  main  plusieurs  autres  écrits 
d* Aristote  sur  lesquels  nous  ne  pouvons  nous  étendre,  d'au- 
tant plus  que  nous  n'avons  plus  de  nom  de  traducteur  à  re- 
caeillir,  et  puis  un  certain  nombre  de  ces  écrits  sont  dou- 
teux. (3) 

On  traduisit  en  arabe  les  petits  traités  connus  sous  le  no 
de  parva  naturalia,  mais  le  nom  des  traducteurs  ne  nous 
est  pas  connu. 

Aboulfarage  ben  Thaïeb  nous  est  donné  comme  ayant 
encore  traduit  Aristote,  du  grec  en  arabe,  au  XP  siècle  de 
notre  ère. 

i)i\  peut  lire  dans  Casiri  et  dans  Weurich  la  longue  liste 

,1)  N»  lo,5«4. 

(2)  Nicolaï  Damasceni,  de  Plantis,  L.  II,  Lipsiœ  1841. 

(3)  Ainsi  le  livre  des  Propriétés  des  éléments,  qui  fut  traduit  en 
latin,  le  livre  de^  Causes,  des  Lettres  à  Alexandre  et  à  sa  mère,  etc. 

14 


210     HISTOIRE  DE  L.V   MÉDECINE   ARABE,    —  LIVRE   DEUXIÈME. 

des  écrits  attribués  à  Aristote  par  les  Arabes.  Nous  dirons 
seulement  un  mot  des  ouvrages  de  médecine. 

Plusieurs  ouvrages  d'anatomie  et  deux  de  médecine  sont 
compris  dans  la  liste  de  Diogène  Laerce. 

Les  Arabes  en  comptent  plusieurs  dans  leurs  listes.  Ain.si: 
du  régime  des  aliments,  du  vin,  du  coït,  du  pouls,  de  la  san- 
té et  de  la  maladie,  de  riiémorrhagie,  le  livre  dit  latricous^ 
généralités  sur  la  médecine,  les  questions  médicales,  les 
questions  naturelles.  (1) 

Ces  traités  se  rencontrent  ailleurs  que  dans  les  catalogues. 
Le  Continent  de  Razès  fait  des  emprunts  au  Traité  des  Ques- 
tions médicales,  aux  questions  naturelles,  aux  questions  sur 
le  coït,  h  l'anatomie  d'Aristote. 

On  ne  traduisit  pas  seulement  Aristote,  mais  encore  ses 
commentateurs  parmi  lesquels  nous  rencontrerons  bientôt 
Nicolas  de  Damas,  Alexandre  d'Aphrodisîas,  Jean  le  Gram- 
mairien, Thémistius,  etc. 

Quant  aux  commentaires  faits  par  les  Arabes,  ils  sont  par 
trop  nombreux  et  d'ailleurs  nous  n'avons  pas  h  en  faire  l'his- 
toire. Nous  citerons  seulement  les  noms  les  plus  éminents 
parmi  les  commentateurs:  El  Kendy,  Tsabet  ben  Corra, 
Costa  ben  Luca,  Ishaq  ben  Honein,  Alfaraby,  liazès,  Avi- 
cenne,  Ahmed  ben  Thaïeb,  Ebn  Badja  vulgairement  Aven- 
pace,  enfin  le  plus  illustre  de  tous,  qui  parttigea  pendant  le 
moyen-âge  la  gloire  d'Aristote,  le  commentateur  par  excel- 
lence, Echcharih,  en  un  mot  Averroës. 

Cet  ensemble  considérable  detravaux,  traductions  et  com- 
mentaires, nous  semble  prouver  que  les  Arabes  entrèrent 
en  pleine  possession  de  l'œuvre  d'Aristote,  et  directement  du 
grec  en  arabe.  Si  les  traductions  latines  du  moycn-igc  fu- 
rent si  défectueuses,  c'est  peut-être  que  les  traducteurs  ne 
purent  faire  un  choix  parmi  les  monuments  à  traduire. 

Un  coup  d'œil  jeté  sur  l'ensemble  des  traductions  d'Aris- 
tote nous  paraît  de  nature  h  combattre  les  préjugés  qui  rè- 

(1)  On  lit  dans  Ebn  Abi  Ossaibiah,  qui  donne  du  reste  une  biblio- 
graphie assez  confuse  d'Aristote,  que  ce  livre  portait  aussi  le  nom 
do  MahaU  llazês  Ta  froJiuemincnt  cité  sous  ce  nom. 


LES    PHILOSOPHES.  t?ll 

l^nent  à  leur  é<^rd,  préjugés  qui  se  sont  de  là  étendus  à 
toutes  les  traductions  arabes  en  général. 

On  a  fait  remonter  jusqu'aux  traductions  primitives  opé- 
rées en  arabe  les  défectuosités  des  traductions  latines  du 
moyen-âge. 

On  a  dit  que  le  travail  primitif  était  défectueux  par  la  rai- 
son surtout  que  les  traductions  arabes  avaient  généralement 
été  faites  d'après  le  syriaque,  ce  qui  impliquait  l'ignorance 
du  grec  chez  les  traducteurs  au  service  des  Abbassides.  On 
oubliait  que  les  Arabes  avaient  non-seulement  recueilli  sur 
place  ce  qu'ils  avaient  pu  des  monuments  de  la  Grèce,  mais 
qu'ils  l'avaient  fait  explorer  par  des  émissaires  ;  (1)  que  la 
plupart  des  traducteurs  auxquels  on  s'adressa  savaient  le 
grec,  condition  qui  dut  nécessairement  préoccuper  les  Ab- 
bassides, et  qui  ne  fut  pas  difficile  à  remplir^  soit  chez  les 
Xestoriens,  soit  chez  les  Sabicns  de  Harran;  que  certaines, 
les  plus  difficiles,  celles  qui  fructifièrent  particulièrement 
chez  les  Arabes,  les  traductions  de  mathématiques,  ne  pro- 
cédaient pas  des  Syriens,  ne  s'adressaient  pas  à  eux,  incom- 
pétents et  inhabiles  à  les  féconder,  traductions  dont  la  plu- 
part sont  le  fait  de  Tsabet  ben  Corra;  on  oubliait  enfin  l'ap- 
pareil imposant  de  critique  apporté  dans  les  plus  importan- 
tea»,  notamment  dans  celles  d'Aristote,  et  lejpeu  de  traduc- 
tions syriaques  préexistantes. 

Noos  venons  de  voir  les  traductions  d'une  vingtaine  d'é- 
crits d'Aristote  et  de  nombreux  commentaires.  Nous  avons 
rencontré  un  nombre  égal  de  traducteurs.  A  part  deux  ou 
trois  cas,  plusieurs  traducteurs  sont  intervenus  pour  cha- 
cune de  ces  versions,  la  plupart  multiples,  et  au  nombre  de 
88,  ce  qui  fait  une  moyenne  de  4  pour  chaque  écrit.  Il  en 
est  où  nous  voyons  figurer  les  noms  de  0,  7  et  même  10  tra- 
ducteurs. Cela  prouve  combien  les  Arabes  ont  dépensé  d'ef- 

(1)  On  lit  dans  la  biographie  de  Honein  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah  : 
t  Je  n  ai  pu,  dit  Honein,  me  procurer  au  complet  l'originul  grec  de 
la  Démonstration  do  Gulien.  Déjà  Gabriel  s'était  mis  à  sa  recherche . 
Moi-même  je  le  recherchai  dans  l'Irak,  la  Svrie,  la  Palcotino  et 
rÉgjpto,  et  ce  n'est  qu'à  Damas  que  je  pus  en  trouver  la  moi-» 
tié.  • 


Ul2       nUlOtUti  DE  LA  UkUECl^iE  ADABE.  —  LIVIIL  DEUXIÈME. 

forlH  pour  avoir  une  connaissance  pleine  et  sûre  du  texte 
<rArlntotiî. 

11  n<s  fttut  pHH  croire  cependant  que  les  premières  Iraduc- 
tloMM  ont  été  IcH  plus  mauvaises,  la  plupart  ayant  été  faites 
pur  des  maîtres.  Nous  avons  vu  les  noms  de  Honein  et 
d*lMha(|  flffurer  une  douzaine  de  fois.  Nous  avons  aussi  vu 
ceux  do  Costa  etdeXsabet  qui  ne  leur  étaient  pas  inférieurs. 
Des  2:1  porsonnaifes  qui  traduisirent  Aristote  plus  de  la 
moitié  savaient  le  R*rec.  Ce  sont  Basile,  Costa,  Ebn  Naëma« 
KuHtuthe.  Honein,  Ibrahim  ben  Bathriq,  Ibrahim  ben  Essalt^ 
Ahou  Uucluir  Mattaï,  Théophile,  Tsabet,  auxquels  on  peut 
•ijo\itor  Abou  Suïd  Eddimachky,  et  Hedjadj  ben  Mather« 
qui  tradulslront  des  mathématiciens.  Si  la  plupart  d'entre 
iuix  ont  fait  des  traductions  eu  syriaque,  cela  prouve  d'à- 
boni  qu*on  avait  les  oria-inaux  gérées,  et  cela  peut  s'expli- 
quor.  Sans  doute  les  Syriens  étaient  désireux  d'avoir  de  nou- 
voUos  traductions  dans  leur  langue,  et  les  Arabes  ne  poa- 
valout  qu'uvtH)  lo  toni{>s  se  passer  d'eux.  Quant  aux  traduc- 
tlou.H  dt\ji4  faites  imi  syriaque,  ou  les  utilisa  probablement 
)H^ur  rt\)HUulro  plus  vite  aux  désirs  des  Abbassides.  Nous 
avons)  di^iHUiillé  ces  tnul notions  d^orig'iuaux  et  de  commen- 
tairtvH.  Kilos  so  classent  ii  tH>u  près  ainsi:  présumées  du  grec 
ou  HrHbt\  Uv!^  autours  connaissant  lo  grec,  ^)0  ;  données  coin- 
mo  du  syriaquo*  :^.\  du  jrrwr  ou  syriaque*  10;  douteuses,  15. 
Viusix  vins  do  la  moitié  dos  traductions  arabes  d^Aristote 
j^iXHHHlortuout  dirwtomout  du  grec,  43  sur  T:?  îles  syriaques 
doduitOç^V 

U  o\Uto  À  )\iris  ttu  m«uu:>cra  qui  parle  h&utement  en  tat- 
\  wr  vlc^  urtkluoUv>us  arabe^is  o'eti4  le  u^  5>î>::?  Je  Taucien  fondât 
qui  v.vuUout  C  i^'ya*K>«.  IVur  vertaiaes  j^irùes  il  nV  a  pas 
Uj^uus  vIn-^  quatre  ir^iucùous  ou  re^rù.  Pvur  loates  on  noos 
doauo  leur  âlisAÛow  qiii  roiuvate  à  deux  ou  nx^ii>  ieirnfs  jitî- 
qu^j^  ";iuîv»^rwij^îte*  v^^à  es  t3.  ucîjl>  :rv(i'.v:a;>  des  Tarla:i>îï>  lî- 
r\s^^  doc»^  urtw^'ùv^acv  :?yn;ique8îv  lVj:i  M.  M^taii  ;it^î  rvceviè 
ime  tHw:^  sie  cets  wù^  ec  -joîts  a\oii;$  c;>r  >es  parvîes.  La  Re- 

.><^ac^  ^ç^u>\*iu  dos.  Urtuiu^^^cu^ de  v-dL.-ea-  L1^^  leoi  ii.\ieaiir^^it 
%^t  -o^x^  :ah:^oc>  JNC  de^ W4t;ue^  ^4icà»i:i;  ^ctuieaiiiKah  Le  ^sik! 


LBS   PHILOSOPHES.  213 

THÊOPHRASTE. 

Les  Arabes  ont  connu  plusieurs  ouvrages  de  Théophraste, 
ils  en  ont  traduit  quelques-uns.  Cependant  son  nom  appa- 
raît assez  rarement  dans  leurs  écrits.  Il  semblerait  qu'il  dut 
en  être  autrement  pour  le  Livre  des  Pierres  et  pour  les 
Livres  des  Plantes,  eh  bien  !  c'est  à  peine  si  le  livre  des 
Pierres  est  cité  et  nous  n'avons  pas  rencontré  de  citations 
du  livre  des  Plantes.  Cela  tient  sans  doute  à  ce  que  Théo- 
phraste fit  de  la  science  pure,  et  que  les  Arabes  cultivèrent 
la  botanique  au  point  de  vue  pratique  et  surtout  médical. 
Dans  le  grand  Traité  des  simples  d'Ebn  Beithar,  nous  trou- 
vons trois  citations  :  elles  sont  relatives  au  succin,  au  crys- 
tal  et  à  l'albfitre.  Il  en  est  une  aussi  relative  au  crystal  dans 
Tifâchy,  qui  cite  le  Livre  des  Pierres.  (1) 

Voici  ce  que  l'on  rencontre  dans  le  Fihrist,  h  propos  de 
Théophraste  : 

«  C'est  l'un  des  disciples  d'Aristote,  son  neveu,  un  de  ses 
exécuteurs  testamentaires,  et  après  sa  mort,  son  successeur 
Aau»  l'enseignement.  Il  composa  les  livres  suivants  :  Traité 
de  l'âme  ;  Traité  des  phénomènes  météorologiques,  traduit 
par  Tsabet  ben  Corra  ;  Traité  des  mœurs  ;  Traité  du  sens  et 
du  sensible,  en  quatre  parties,  traduit  par  Ibrahim  ben 
Baks;  Traité  de  Métaphysique,  traduit  par  Abou  Zakarj'a 
lahya  ben  Adi  ;  Traité  des  causes  des  plantes,  traduit  par 
Ibrahim  ben  Baks.  » 

A  l'article  Aboulkheir  ben  Saouar  ben  Khammar,  le 
Fihrist  nous  le  donne  comme  ayant  traduit  les  Questions 
de  Théophraste.  On  aurait  donc  traduit  Théophraste  en 
syriaque. 

PLUTAKQUE. 

Costa  ben  Louka  traduisit  du  grec  en  arabe  les  Opinions 
des  philosophes  en  matière  de  physique,  et  le  Traité  de 
l'exercice.  (Wenrich  :  de  la  pratique  de  la  vertu). 

(1)  Nous  avoDs  aussi  rencontré  une  citation  do  Théophraste  dans 
les  Tableaux  synoptiques  du  Haouj. 


514     IIlSTOmE  DE  LA   MÉDROINB  ARADE.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Les  Arabes  ne  connurent  que  peu  d'écrits  de  Plutarque. 
On  sait  du  reste  qu'ils  ne  demandèrent  à  la  Grèce  que  la 
science. 

Ils  admettent  un  autre  Plutarque,  ou  plutôt  ils  ont  fjiît 
de  Plutarque  un  double  personnagre.  Ils  attribuent  au  der- 
nier un  Traité  des  fleuves  et  des  montag-nea  et  un  Traité  do 
la  colère.  Nous  avons  rencontré  dans  El  Birouny  une  cita- 
tion curieuse  du  Livre  de  la  colère,  à  propos  du  pavillon 
hexag'onal  qui  fut  envoyé  à  Néron.  El  Birouny  le  dit  de 
crystal,  tandis  que  Plutarque  parle  seulement  de  sa  riches.se. 
;N*905derEscurial.) 

Dans  la  liste  des  ouvrages  de  Razès,  nous  en  trouvons 
deux  qui  se  rapportent  à  Plutarque,  l'un  relatif  à  son  com- 
mentaire sur  le  Timée  et  l'autre  intitulé  :  Complément  du 
livre  de  Plutarque. 

PTOLÉMÉE. 

Les  Arabes  connurent  un  philosophe  de  ce  nom,  de  la 
secte  d'Aristote,  qui  rédigrea  la  liste  des  écrits  de  son  maître. 
Après  une  long'ue  énumération  d'écrits,  on  lit  dans  Ebn 
Abi  Ossaïbiah  :  Voilà,  dit  Ptolémée,  tous  les  ouvrages  que 
je  lui  connais.  Le  biographe  arabe  en  cite  encore  un  grand 
nombre  d'autres. 

Wenrich  pense  qu'il  s'agit  d'un  Ptolémée  cité  par  Por- 
phyre dans  la  vie  de  Plotin. 

Le  Fihrist,  qui  le  cite  parmi  les  philosophes  naturalistes, 
lui  attribue  un  Extrait  d'Aristote. 


APOLLONIT\S    DE   TYANK. 

Le  nom  d'Apollonius  de  Tyane  s'est  altéré  chez  les  Arabes. 
On  le  trouve  le  plus  souvent  cité  sous  la  forme  Balinas. 
Mais  en  tète  des  écrits  qui  nous  en  sont  restés,  on  trouve 
aussi  la  forme  qu'on  lit  BeUnous,  qu'il  serait  plus  exact  de 
Vire  Boulonious, 

La  nature  de  ces  écrits  fait  naturellement  penser  à  ceux 


LBS  PHILOSOPHES.  215 

(rApollonius.  Il  eilt  été  bien  étrange,  en  effet,  que  des  écrits 
(le  la  nature  de  ceux  d'Apollonius  n'aient  pas  attiré  l'atten- 
tion des  Arabes,  amis  du  merveilleux. 

Dans  un  mémoire  inséré  au  Journal  asiatique,  nous  avons 
démontré  par  de  nombreux  témoignagres,  l'identité  de  Ba- 
linas  et  d'Apollonius,  identité  déjà  mise  en  avant  par  M.  de 
Sacy.  Une  certaine  similitude  de  noms  l'avait  fait  prendre 
pour  Pline.  (V.  d'Herbelot). 

Les  écrits  d'Apollonius  durent  être  du  nombre  do  ceux 
que  l'on  traduisit  pour  Khaled  ben  Yézid.  La  preuve  de  ces 
traductions  ressort  implicitement  de  ce  fait  que  les  ouvrages 
d'Apollonius,  l'homme  aux  talismans^  furent  connus  de 
Géber,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  liste  de  ses  écrits,  donnée 
par  le  Fihrist.  On  lit  autre  part  dans  le  Fihrist  queBalinas 
était  de  Tyane. 

Le  Livre  des  secrets  de  la  nature^  par  le  sage  Belinous,  a 
été  traduit  en  arabe  par  un  prêtre  du  nom  de  Sadjious,  qui 
ne  nous  est  pas  autrement  connu.  M.  de  Sacy  a  fait  sur  ce 
livre,  qui  nous  est  parvenu,  (1)  un  savant  mémoire  inséré 
dans  le  tome  IV  des  Notices  et  Extraits. 

Le  n*  01(5  de  l'Escurial  contient  un  livre  du  sage  Boulinaa 
sur  les  influences  sidérales,  traduit  par  Honein.  C'est  proba- 
blement le  même  ouvrage  qui  figure  à  Paris,  dans  le  fonds 
hébreu,  sous  le  n"  1010,  sous  le  nom  de  Balianous,  et  qui 
traite  également  d'astrologie.  Il  nous  est  donné  comme  tra- 
duit en  hébreu  d'après  l'arabe  de  Honein. 


NICOLAS    DE    DAMAS. 

Il  naquit  à  Latakieh,  dit  le  Kitab  el  hokama. 

Wenrich  se  borne  h  citer  son  livre  des  Plantes.  Mais  c'est 
ce  même  livre  des  plantes  dont  nous  avons  déjà  parlé  pré- 
cédemment à  propos  d'Aristote,  auquel  on  l'attribue  géné- 
ralement, et  que  Meyer,  dans  une  publication,  antérieure 
cependant  à  celle  de  Wenrich,  revendique  pour  Nicolas  de 
Damas.  Le  traité  des  plantes  a  été  traduit  par  Ishaq,  fils  de 

(1}  Paris,  n«  959,  Britîsh  muséum,  n»  444. 


210    HISTOIRR   DE   LA   MÊDECINB  ARABE.    —   LIVRE   DEUXIÈME. 

Honein,  et  la  traduction  revue  par  Tsabet.  Le  Kitab  el  ho- 
kama  revendique  '  ég-alement  le  livre  des  Plantes  pour 
Nicolas. 

Honein  traduisit  en  syriaque  son  abrég-é  de  la  philosophie 
d'Aristote,  qui  dut  passer  en  arabe,  attendu  que  nous  le 
trouvons  cité  dans  le  Continent  de  Razès. 

Issa  ben  Zerâ  traduisit  en  arabe  Tabrég-é  des  Animaux 
d'Aristote.  Il  traduisit  également  cinq  discours  sur  la  philo- 
sophie d'Aristote. 

Parmi  les  citations  de  Nicolas  dans  le  Continent,  il  en  est 
une  relative  à  l'influence  des  vents  sur  la  conception. 

POLÉMON   ou   PHILÉMOX. 

La  dernière  lecture,  que  Ton  rencontre  dans  les  Mss.  ara- 
bes, est  sans  doute  une  faute  de  copiste. 

Son  traité  de  la  Physiogfnomonie,  a  été  traduit  du  gnrec  en 
arabe,  nous  ignorons  par  qui.  Philémon  est  fréquemment 
cité  dans  un  écrit  du  même  genre,  qui  existe  h  Paris,  u*  963, 
suppl. 

ARTÉMIOORE. 

Nous  lisons  dans  le  Fihrist  que  son  Traité  de  l'Interpréta- 
tion des  songes  fut  traduit  par  Honein. 

ALEXANDRE   d'aPHRODISÉE  OU   d'aPHRODISLAS. 

Alexandre  d'Aphrodiséc  fut  un  grand  commentateur  d'A- 
ristote,  et  à  ce  titre  jouit  d'une  haute  estime  chez  les  Arabes. 
Ses  commentaires  se  vendirent  à  des  prix  fabuleux.  Deux 
d'entre  eux  furent  payés  trois  mille  pièces  d'or. 

Nous  ne  rentrerons  pas  dans  le  détail  de  ses  traductions  ; 
(1)  nous  dirons  seulement  qu'elles  furent  l'œuvre  des  plus 
éminents  traducteurs,  tels  que  Honein,  son  fils  Ishaq,  lahya 

(1)  Voyez  Aristote. 


LES   PHILOSOPHES.  217 

ben  Adî,  Costa  ben  Luca,  Abou  Bachar  Mattaï,  Ebn  Na(?ma, 
Abou  Otsman  Eddimachky,  Abou  Rouh  Essaby. 

Plusieurs  de  ces  traductions  se  firent  en  syriaque. 

Alexandre  fut  même  l'objet  de  commentaires. 

Parmi  ses  productions,  quelques-unes  ont  trait  à  la  physi- 
que et  &  la  médecine,  voilà  pourquoi  Ebn  Abi  Ossaïbiah  lui 
a  consacré  une  notice  dans  laquelle  il  n*énumère  pas  moins 
de  quarante-cinq  de  ses  productions,  parmi  lesquelles  nous 
citerons  un  traité  sur  la  mélancolie,  (1)  un  traité  sur  la  vi- 
sion et  qu'elle  ne  se  fait  pas  par  des  rayons  émanés  de  l'œil. 

Un  Ms.  de  TEscurial,  actuellement  le  n*  708  contient  une 
quinzaine  d'opuscules  d'Alexandre,  parmi  lesquels  nous 
en  signalerons  sur  la  couleur,  sur  la  vision,  sur  la  sensa^ 
tion.  Les  autres  ont  un  caractère  plus  particulièrement  phi- 
losophique. 

Le  Traité  sur  la  sensation  est  évidemment  identique  avec 
un  Ms.  latin  déjà  signalé  par  M.  Jourdain,  et  qui  se  trouve 
à  la  Bibliothèque  de  Paris,  fonds  St-Victor,  u*  171,  sous  ce 
titre  :  Tractatus  Alexandri  Aflfrodisei  de  sensu  secundum 
verbum  Aristotelis. 

PLOTIN. 

Plotin  fit  des  commentaires  sur  les  œuvres  d'Aristote.  Le 
Kitab  el  hokama  dit  que  l'on  traduisit  ^e  ses  œuvres  en 
syriaque,  mais  qu'il  ignore  s'il  en  fut  traduit  en  arabe. 

Le  Fihrist  se  borne  à  citer  Plotin  parmi  les  philosophes 
naturalistes. 

PORPHYRE. 

Des  écrits  de  Pori^hyre,  les  uns  nous  sont  dits  avoir  été 
traduits  en  syriaque  et  les  autres  en  arabe. 
Honein  traduisit  en  syriaque  l'Isagoge  ou  introduction  de 

(1)  Dans  la  traduction  latino  duHaouy,  on  lit  Alexandre  d'Aphro^ 
diiéi,  alors  que  le  texte  donne  seulement  Iscander,  en  plus  J*un 
endroit. 


218      HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Porphyre  et  nos  bibliothèques  en  ont  conservé  des  exem- 
plaires. 

On  traduisit  dans  la  même  lan^fue  un  Traité  sur  les  élé- 
ments; un  Traité  sur  Tintellect  en  réponse  à  un  philosophe, 
dont  le  nom  se  trouve  écrit  Pammachus  (1)  dans  le  Kitab 
el  hokama  ;  l'Histoire  des  philosophes  dont  le  IV«  se  trouvait 
en  syriaque.  Ce  dernier  ouvrage  dut  être  aussi  traduit  en 
arabe,  attendu  qu'Ebn  Abi  Ossaïbiah  donne  de  longs  détails 
sur  Pythagore,  qu'il  dit  tirés  de  la  vie  des  philosophes  par 
Porphyre. 

Bar  Hœbreus,  ainsi  que  Aioub  ben  el  Cassem  Erroqquy  tra- 
duisirent en  arabe  Vlsagoge  ;  Basile  ses  commentaires  sur  la 
physique  d'Aristote,  et  Abou  Otsman  Eddimachky  son  In- 
troduction des  raisonnements,  qui  doit  répondre  à  Tlntroduc- 
tion  aux  choses  intelligibles,  que  nous  connaissons  comme 
un  de  ses  écrits  perdus. 

Enfin  Porphyre  eut  des  commentateurs  parmi  lesquels 
nous  citerons  Razès  et  Averroës.  llazès  écrivit  une  critique 
des  commentaires  de  Lîbanius  sur  Porphyre. 


LIBANIUS. 

On  dut  le  traduire  en  arabe,  attendu  que  Razès  compte 
parmi  ses  écrits  une  critique  des  commentaires  de  Libanius 
sur  Porphyre,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  vu  dans  la  notice 
précédente. 

Libanius  est  mentionné  dans  le  Fihrist  parmi  les  pliiloso- 
phes  naturalistes. 

THÉMISTirS. 

Parmi  ses  commentîiires  sur  Aristote,  on  traduisit  en  syria- 
que ou  en  arabe  ceux  sur  l'âme,  sur  la  génération,  sur  la  mé- 
taphysique, sur  le  ciel  et  le  monde,  sur  l'éthique  et  sur  la 
physique.  Les  traducteurs  étaient  Honein,  Ishaq,  Abou  Ba- 

(1)  Nous  pensons  avec  M.  Renan  qu'il  faut  lire  Jamblique. 


LES  PHILOSOPHES.  210 

char  Mattaï,  laliya  bon  Adi.  Les  commentaires  sur  les  Caté- 
grorles  furent  h  leur  tour  commentés  par  Ilonein.  (1) 

Le  Fihrist  et  le  Kitab  el  hokama  nous  donnent  Thémis- 
tius  comme  le  secrétaire  de  Julien,  qui  quitta  la  secte  chré- 
tienne pour  embrasser  celle  des  philosophes.  Ils  lui  attribuent 
une  lettre  h  Julien  sur  la  politique  et  un  traité  sur  l'Ame. 

D'après  Aboulfarage,  Thémistius,  dans  sa  lettre  à  Julien, 
l'aurait  détourné  de  persécuter  les  chrétiens,  lui  disant  que 
la  diversité  des  cultes  était  une  chose  agréable  h  Dieu.  Le 
commentaire  de  Thémistius  sur  le  livre  du  ciel  et  du  monde 
fut  traduit  en  arabe  par  lahj-a  ben  Adi. 

lahya  ben  Adi  traduisit  peut-être  en  arabe  ses  commentai- 
res sur  la  métaphysique  d'Aristote.  L'auteur  du  Fihrist  les 
vit  écrits  de  la  main  d'Iahya. 

JAMBLIQUE. 

On  traduisit  en  syriaque  et  en  arabe  une  partie  de  f:es 
commentaires  sur  Aristote. 

AMMONIUS. 

Ishiiq  fils  de  Ilonein  et  lahya  ben  Adi  traduisirent  ses 
commentaires  sur  les  Topiques  d'Aristote.  On  traduisit  é^rale* 
ment  .son  commentaire  sur  les  Catégories. 

SIMPLICirS. 

On  traduisit  en  syriaque  et  en  arabe  son  commentaire  sur 
l'Ame  d*Aristote,  que  le  Fihrist  dit  un  bon  commentaire. 

Le  Kitab  el  hokama  et  le  Fihrist  lui  attribuent  un  com- 
mentaire sur  les  Éléments  d'Euclide,  cité  dans  le  n**  055  du 
supplément  arabe  de  Paris. 

(2)  On  traduisit  aussi  les  commoataires  de  Thémistius  sur  les 
Aoalvtiques  postérieures,  attendu  que  nous  en  possédons  une  ver- 
sion latine  qui  procède  incontestablement  do  l'arabe.  Voyez  les  re- 
cherches de  M.  Jourdain  sur  les  traductions  d'Aristote,  2*  édition, 
pages  106  et  405. 


230     HISTOIRR  DE  L.\  MÉDBCINR  ARABE.   —  LIVRR  LKUXIÈyR. 

PROCLUS. 

On  traduisit  en  arabe  son  Institution  théologfique  et  ses 
commentaires  sur  les  vers  dorés  de  Pythagore. 

On  en  fit  aussi  une  version  syriaque  oubliée  par  Wenrîch. 
Tsabet  en  entreprit  une  traduction,  que  la  mort  arrêta. 
Razës  écrivit  un  livre  sur  les  parties  discutables  des  œuvres 
de  Proclus.  Nous  ignorons  s'il  eut  à  sa  disposition  d'autres 
ouvrages  que  les  Institutions. 

Le  traité  de  Proclus  sur  Téternité  du  monde  fut  réfuté  par 
Jean  Philoponus,  et  cette  réfutation  fut  traduite  en  arabe. 
L'auteur  du  Kitab  el  hokama  la  possédait  dans  sa  bibliothè- 
que. Le  Fihrist  mentionne  aussi  comme  ayant  été  traduits  en 
syriaque  le  Gorgias  de  Platon  et  le  Phédon  qui  fut  traduit 
en  arabe  par  Issa  ben  Zerà. 

MACIDORE. 

On  traduisit  de  lui,  en  syriaque  et  en  arabe,  des  commen- 
taires sur  quelques  livres  d'Aristote  :  ainsi  les  livres  de  la 
Génération  et  de  la  Corruption,  des  Météores  et  de  l'Ame  ; 
un  commentaire  sur  les  Sophistes  de  Platon. 

JEAN   LE   GRAMMAIRIEN   OU   PHILOPONUS. 

Malgré  quelques  écrits  et  ses  travaux  sur  Galien,  Jean 
Philoponus  appartient  plus  &  la  philosophie  qu'à  la  méde- 
cine. Il  est  surtout  un  commentateur  d'Aristote. 

Les  Arabes  connurent  ces  commentaires  et  la  plupart 
durent  être  traduits  dans  leur  langue  ;  mais  nous  n'avons 
de  renseignements  que  sur  quelques-uns  d'entre  eux. 

Les  commentaires  sur  la  physique  furent  traduits  en  arabe 
par  Costa  ben  Luca  et  Ebn  Naëma.  Ils  sont  cités  par  l'auteur 
du  Kitab  el  hokama  et  le  passage  est  curieux. 

On  y  lit  que  l'auteur  écrivait  en  l'année  343  de  l'ère  de  Dio- 
clétien,  qui  équivaut  à  l'année  027  après  J.-C.  Cette  date  peut 


LES    PHIL030PU£8.  221 

entrer  comme  un  document  précieux  dans  la  controverse  bien 
souvent  élevée  à  propos  de  Tépoque  où  vécut  Jean  Philo- 
ponus. 

Issa  ben  Zerâ  traduisit  du  syriaque  en  arabe  les  commen- 
taires sur  les  Animaux  et  les  Orgunes  des  animaux. 

Un  commentaire  sur  le  livre  de  la  Génération  et  de  la 
Corruption  fut  traduit  en  syriaque  puis  en  arabe.  Djemal 
eddin  fait  observer  que  la  seconde  traduction,  dérivée  de  la 
première,  ne  la  vaut  pas. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  sa  réfutation  de  Proclus,  que 
Fauteur  du  Kitab  el  hokama  possédait  dans  sa  bibliothèque 
et  dont  il  faisait  grand  cas. 

LA    niBLE. 

Nous  croyons  devoir  placer  ici  une  traduction  qui  n'a 
encore  été  signalée  jusqu'à  présent  par  personne  que  nous 
sachions.  Cette  traduction  est  citée  brièvement  et  incidem- 
ment dans  le  Kitab  el  hokama  à  propos  de  Ptolémée,  le 
fondateur  de  l'école  d'Alexandrie.  Après  avoir  parlé  de  la 
traduction  de  l'Écriture  du  grec  en  hébreu,  traduction  qui 
n'est  autre  que  celle  des  Septante,  l'auteur  ajoute,  «  et  c'est 
cette  même  Écriture  que  Honein  ben  Ishaq  traduisit  du  grec 
en  arabe.  > 

Ce  fait  de  la  traduction  de  la  Bible  en  arabe  est  du  plus 
haut  intérêt.  Il  peut  servir  à  expliquer  certains  faits  qui 
avaient  été  mal  interprétés. 

C'est  ainsi  que  l'on  avait  soupçonné  El  Birouny  d'être 
Juif  par  la  raison  qu'il  e.st  plus  versé  que  ses  corcligionnai- 
crés  dans  les  antiquités  hébraïques.  Aux  faits  déjà  connus, 
nous  en  ajouterons  un  que  nous  avons  récemment  découvert 
dans  le  Traité  des  pierres  de  cet  auteur.  A  propos  du  cuivre, 
il  dit  que  dans  le  livre  du  prophète  Samuel,  on  parle  de  l'ar- 
mure de  Goliath  et  que  toutes  les  pièces  étaient  en  cuivre, 
sans  qu'il  soit  question  du  fer.  Ajoutons  qu'il  se  sert  de 
l'expression  Kouliad  qui  est,  dit-il,  le  même  que  Djalout. 

Il  faut  bien  encore  admettre  que  les  Arabes  avaient  une 


222    UISTOIUE  DE   LA   MÉDËCINK  AR\OE.    —  LIVRE   DEUXIÈME. 

traduction  de  la  Bible,  quand  on  voit  un  auteur  cité  par 
Aboulféda  signaler  les  étranges  imperfections  du  système 
religieux  des  Juifs  et  les  lacunes  du  Pentateuque,  où  il  n'est 
question  ni  de  Timmortalité  de  IVime,  ni  de  la  vie  future, 
ni  du  paradis,  ni  de  Tenfer,  où  les  récompenses  sont  toutes 
mondaines,  ainsi -que  les  châtiments,  etc.,  etc.,  etc. 

Voyez  THistoria  anteislamica,  publiée  par  Fleischer,  p.  150. 

Les  Évangiles  avaient  été  traduits  du  syriaque  en  arabe 
par  le  patriarche  Jean,  sur  Tinvitation  d'Amrou  ben  Saïd. 


II.  —  Mathématiciens. 


EUCLIDE. 

Les  Éléments.  Hedjadj  en  fit  deux  versions,  l'une  pour 
Haroun  et  Tautre  pour  El  Mâmoun.  Ishaq  ben  Honein  eu 
lit  une  qui  fut  revue  par  Tsabet.  Abou  Otsman  Ëddimachky 
en  traduisit  une  partie.  Costa  ben  Luca  traduisit  les  deux 
derniers  livres  attribués  h  Hypsiclès. 

Il  paraît  que  les  copies  variaient.  On  lit  dans  le  Flhrist  : 
Le  médecin  Nedhif  m'a  raconté  qu'il  avait  vu  dans  l'origi- 
nal grec  le  X«  livre  d'Euclide  contenant  quarante  figures  de 
plus  que  les  exemplaires  courants,  qui  en  contiennent  cent 
neuf  et  qu'il  avait  songé  h  traduire  ce  supplément  en  arabe. 
Le  texte  das  Éléments  a  été  publié  h  Rome  en  1501. 

UnMs.  de  Paris,  n*  1129,  dit  que  la  version  de  Heci^adj 
contenait  486  figures  et  celle  de  ïsabet  400.  Nous  en  trou- 
vons 491  dans  une  édition  que  nous  avons  sous  les  yeux. 

Lshaq  ben  Honein  traduisit  les  Données  et  VOptiquc,  tra- 
ductions qui  furent  revues  par  Tsabet.  Il  traduisit  aussi  les 
Proportions. 

Une  traduction  des  Divisions  înt  revue  par  ïsabet. 

On  ignore  qui  traduisit  les  Phénomènes. 

El  Kendy  nous  est  aussi  donné  comme  ayant  corrigé  le 
livre  d'Euclide,  sans  doute  les  Éléments. 

Un  commentaire  de  Pappus  sur  le  X«  livre  des  Éléments, 


LES  MATUÉMATICIEXS.  X'23 

fut  traduit  en  arabe  par  Abou  Saïd  Oaman  Eddimachky.  V. 
ci-après  Pappus.  (1) 

Les  commentateurs  arabes  furent  nombreux,  et  parmi  eux 
on  cite  des  noms  illustres,  El  Kendy,  Costa,  Avicenne, 
etc.  (2) 

Euclide  fut  traduit  en  persan  et  en  arménien,  mais  on  ne 
cite  pas  de  traduction  syriaque.  Nous  aurons  à  relever  d'au- 
tres faits  analogues. 

D'après  Ebn  Khallican,  Euclide  fut  aussi  traduit  par 
Ilonein. 

ARCIIIMÈDE. 

Le  Traité  de  la  Sphère  et  du  Cylindre  fut  traduit  par 
Ishaq  ben  Houein  et  par  Tsabet  ben  Corra.  Il  existe  à  la  bi- 
bliothèque Bodléienue. 

Il  en  existe  un  commentaire  à  Paris,  sous  le  n«  055  bis,  du 
supplément  arabe. 

Tsabet  ben  Corra  traduisit  le  traité  de  la  superficie  du  cer- 
cle et  les  Lemmes. 

Ces  deux  ouvrages  existent  dans  nos  collections. 

On  a  publié  h  Florence,  une  traduction  latine  des  Lem- 
mes,  d'après  la  traduction  de  Tsabet,  par  Abraham  Echel- 
lenBis.  Gravius  en  publia  à  Londres  en  1050  une  édition 
arabe  latine.  La  première  édition  parut  avec  les  V*,  VI*  et 
VII*  Livres  des  Coniques  d'Apollonius,  et  nous  allons  en  re- 
parler. Dans  cette  œuvre  Echellensis  fut  aidé  par  le  ma- 
thématicien Borelli. 

Le  Prêtre  Joseph  fit  une  traduction  du  syriaque  des  Trian- 
gles, revue  par  Sinan  ben  Tsabet. 

Nous  pensons  que  le  Traité  des  Lignes  spirales,  contenu 
dans  le  n°  055  de  l'Escurial  et  donné  sous  le  nom  do  Sou- 
midcs  doit  être  restitué  h  Archimède.  Il  y  a  sans  doute  Ih 
une  lacune  et  Soumides  qu'il  faut  lire  Choumides  est  la  fin 
du  nom  d'Archimède. 

(l)Cabiri  a  rendu  lo  nom  de  Pappus  par  Valtns.  I,  340. 

(2)  Lo  n*  05:>  du  supplémont  arabe  de  Paris  contient  des  commen- 
taires sur  Ica  Kléments. 


224     HISTOIRE  DE  L\  MÉDECINE  AUABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Le  !!•  955  de  Paris,  supplément,  contient  un  Traité  d'Ar- 
chimède  sur  la  construction  d'une  clepsydre  compliquée  de 
figures  mobiles  et  chantantes,  traité  qui  paraît  exister  aussi 
au  British  Muséum  dans  le  n«  1326.  Ce  n'est  autre  chose  que 
VOrganum  musicum  hydraulicum  rangé  par  Fabricius 
parmi  les  ouvrages  perdus  d'Ârchimède. 

Les  Arabes  connurent  d'autres  ouvrages  d'Archimède. 

Le  Fihrist  en  énumère  une  dizaine  parmi  lesquels  un 
traité  de  balistique. 

Sinan  ben  Tsabet,  El  Kendy,  El  Batany,  Ebn  el  Heitam, 
commentèrent  Archimède. 


APOLLONIUS    DE    PERGE. 

Les  quatre  premiers  livres  des  Sections  coniques  d'Apollo- 
nius furent  traduites  par  Helal  d'Emesse,  sous  les  auspices 
d'Ahmed  ben  Moussa.  C'est  h  tort  que  Casiri  donne  cette 
traduction  comme  revue  par  Ahmed  ben  Moussa.  Le  texte 
dit  mot  à  mot  :  entre  les  mains  d'Ahmed  ben  Moussa.  Wen- 
rich  a  adopté  cette  erreur. 

Tsabet  ben  Corra  traduisit  les  trois  livres  suivants.  (1) 

On  sait  que  l'on  ne  possède  en  grec  que  les  quatre  pre- 
miers livres,  et  que  Borelli  découvrit  un  Ms.  arabe  à  Flo- 
rence, quand  Viviani  s'occupait  de  reconstituer  les  quatre 
derniers.  On  en  fit  une  traduction  latine  avec  l'aide  d'Abra- 
ham Echellensis.  Elle  contient  une  paraphrase  d'Aboul- 
fateh  d'Ispahan,  auquel  on  a  voulu  à  tort  en  attribuer  la 
traduction  arabe.  D'autres  Mss.  existent  dans  nos  collections. 

Tsabet  ben  Corra  traduisit  le  livre  de  la  section  ration-- 
neïle,  qui  existe  à  la  Bodléienne. 

Il  traduisit  aussi  le  livre  de  la  Proportion  déterminée  et 
peut-être  la  rencontre  de  deux  lignes  qui  s'écartent  un  tant 
soit  peu  de  l'angle  droit,  du  moins  il  le  possédait. 

Les  n"  055  de  Paris  et  1336  du   British    Muséum,  attri- 

(1)  Diaprés  leFilirist,  on  ne  possédait  que  quatre  figures  du  YIII* 
livre. 


LES  M.VrUEMATICIENi. 


buent  aussi  à  Apollonius  un  traité  sur  la  construction  de 
Tordue  hydraulique. 
Apollonius  eut  des  commentateurs,  dont  Ebn  el  Heitam. 


HERON. 

Il  existe  plusieurs  savants  de  ce  nom,  sous  lequel  les 
Arabes  ont  connu  plusieurs  écrits. 

Costa  ben  Luca  traduisit  en  arabe  un  traité  sur  la  manière 
d'élever  les  corps  pesants  (c'est  le  Barulcus). 

On  traduisit  aussi  des  commentaires  sur  Euclide.  (Leyde). 

La  B.  Bodléienne  possède  un  traité  de  méchanique  et 
d'hydraulique.  Hadji  Khalfa  cite  un  traité  des  machines  de 
g-uerre. 

DIOPilANTE. 

On  sait  que  Diophante  est  considéré  comme  l'inventeur 
de  l'algèbre,  ou  du  moins  d'un  système  de  calcul  n'admet- 
tant encore  qu'un  signe  et  n'employant  pas  les  lettres, 
mais  qui  devait  conduire  la  science  à  sa  forme  actuelle.  On 
H  voulu  donner  les  Arabes  comme  inventeurs  de  l'algèbre, 
mais  ils  reconnaissent  eux-mêmes  qu'ils  la  doivent  à  Dio- 
phante. Voici  ce  qu'on  lit  dans  le  Kitab  el  hokama  :  Son 
livre  sur  l'algèbre  a  été  traduit  en  arabe  et  c'est  sur  lui  que 
s'appuient  ceux  qui  cultivent  cette  science. 

L'ouvrage  de  Diophante  avait  été  commenté  par  l'infor- 
tunée Hypatia.  Il  le  fut  plus  tard  par  Aboul  Ouéfa.  Ebn  el 
Heitam  laissa  des  notes  sur  Diophante. 

D'après  M.  Sédillot,  les  Arabes  seraient  redevables  de  leurs 
connaissances  en  algèbre  aux  Grecs  exclusivement,  tandi* 
que,  d'après  Colebroke,  ils  les  auraient  empruntées  aux  In- 
diens. Les  Arabes  adoptèrent  dans  leur  dénomination  des 
puissances  un  système  différent  de  celui  des  Grecs,  ce  qui 
prouve  qu'ils  ne  leur  avaient  pas  tout  emprunté. 

La  traduction  de  Diophante  est  attribuée   par  Ebn  Abî 

15 


226     HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE   ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Ossaïbiah  à  Costa  ben  Luca,  fait  ignoré  par  Weiiricb.  De 
plus  Costa  en  commenta  une  partie. 


PAPPUS. 

Wenrich  ne  l'a  reconnu  ni  dans  le  Fihrist  ni  dans  le 
Kitab  el  hokama,  et  Casiri  Ta  pris  pour  Valens  ;  mais  l'iden- 
tité n'en  est  pas  moins  incontestable,  malgré  rincorrection 
des  copies  qui  tient  à  l'essence  même  de  l'écriture  arabe. 

Ces  deux  documents  lui  attribuent  un  commentaire  sur 
le  Planisphère  de  Ptolémée,  qui  fut  traduit  en  arabe  par 
Tsabet  ben  Corra. 

Le  Kitab  el  hokama  lui  attribue  aussi  un  Commentaire 
sur  le  dixième  livre  d*Euclide. 

Ce  livre,  qui  fut  traduit  par  Abou  Otsman  Eddimachkjs  a 
été  récemment  imprimé  (chez  Didot),  sans  que  l'on  ait  re- 
connu le  nom  de  Pappus  donné  sous  la  forme  indéterminée 
de  Bis  (Balis?)  Il  en  existe  une  traduction  latine,  n»  7377  du 
fonds  latin  de  Paris. 


DIOCLKS. 

Un  Traité  des  miroirs  brûlants,  existe  à  TEscurial,  I.  382. 

Nous  ignorons  quel  peut  être  ce  Dioclès.  En  tout  cas  on 
peut  rapprocher  ce  livre  d'un  livre  du  même  genre,  traduit 
par  Gérard  de  Crémone,  sous  le  nom  de  Tideus,  qui  se  trouve 
aussi  dans  le  n®  9335  du  fonds  latin. 


EUTOCIUS. 

Honein  traduisit  son  Commentaire  sur  la  sphère  et  le  cyliu- 
dre  d'Archimède,  et  Tsabet  bon  Corra  son  Traité  des  lignes. 

On  traduisit  aussi  un  commentaire  sur  le  Tctrabiblon  de 
Ptolémée. 


LES  MATHÉMATICIENS.  227 


NICOMAQUE. 


On  ne  s'accorde  pas  sur  Tépoque  où  il  vécut.  Les  uns  le 
placent  avant  et  les  autres  après  J.-C,  Il  était  de  Géraseen 
Cœtéflyrie  et  pythagoricien.  Les  Arabes  se  sont  trompés  à  son 
endroit  et  l'ont  confondu  avec  Nicomaque,  père  d'Âristote  et 
médecin  de  Philippe. 

Il  nous  a  laissé  deux  écrits,  une  introduction  à  l'arithmé- 
tique et  un  manuel  d'harmonie. 

Ces  deux  écrits  sont  relatés  par  le  Fihrist  et  le  Kitab  el 
Hokama.  Le  Fihrist  ajoute  que  l'on  fit  des  abrégés  du  grand 
traité  de  musique. 

Le  British  Muséum  possède  deux  Mss.  de  Nicomaque,  sur 
le  calcul  et  sur  les  figures  coniques. 

!•  L'Introduction  à  la  science  des  nombres,  par  Nicoma- 
que de  Gérase,  le  pythagoricien,  traduite  par  Tsabet  ben 
Corra.  Le  Kitab  el  hokama  dit  que  Tsabet  en  fit  un  abrégé. 
D'après  le  n®  1028  du  fonds  hébreu  de  Paris,  Habib  benBahriz 
aurait  traduit  l'arithmétique  de  Nicomaque. 

2*  Le  livre  des  figures  coniques. 

Parmi  toutes  ces  traductions  de  mathématiciens,  il  est  un 
fait  à  observer,  c'est  que  nous  ne  trouvons  plus  ici,  comme 
à  propos  des  philosophes,  l'indication  de  traductions  du  grec 
en  syriaque  et  du  syriaque  en  arabe.  Toutes  ces  traductions 
«e  font  directement  et  exclusivement  du  grec  en  arabe.  Gela 
prouve  deux  choses,  que  les  Syriens  n'avaient  ni  le  goût  ni 
l'aptitude  pour  les  sciences  mathématiques  et  que  les  Arabes 
les  avaient  à  un  haut  degré. 

On  peut  conclure,  d'après  le  contenu  du  n*  055  de  l'Escu- 
rial,  que  d'autres  mathématiciens  grecs  ont  été  traduits  en 
arabe. 

m.  —  Astronomes  et  Géographes. 

MARIN   DE   TYR. 

Le  passage  suivant  de  Maçoudy  fait  croire  qu'il  a  été  tra- 
duit :  <  J'ai  vu  les  sept  climats  enluminés  de  diverses  cou-^ 


228    HISTOIRE  DK  LA  MÉDECINE  AUABfi.  —  LIVUE  DEUXIÈME. 

leurs,  dans  plusieurs  livres  ;  ce  que  j'ai  vu  de  mieux  en  ce 
genre,  c'est  le  traité  de  géographie  de  Marin,  et  la  représen- 
tation faite  pour  le  Khalife  El  Mâmoun,  figure  pour  la  confec- 
tion de  laquelle  plusieurs  savants  de  ce  temps  avaient 
apporté  le  concours  de  leurs  lumières.  On  y  avait  retracé  le 
monde  avec  les  sphères  célestes,  les  astres,  le  continent,  la 
mer,  les  terres  habitées,  celles  qui  sont  désertes,  les  régions 
occupées  par  chaque  peuple,  les  grandes  villes,  etc.  Cette  re- 
présentation vaut  beaucoup  mieux  que  les  précédentes  qui 
se  trouvent  dans  la  Géographie  de  Ptolémée,  dans  celle  de 
Marin  et  autres.  » 

AUTOLYCUS. 

Son  livre  de  la  sphère  en  mouvement  fut  traduit  par  Ho- 
nein  et  par  Tsabet  ben  Gorra  et  revu  par  El  Kendy. 

Une  traduction  du  lever  et  du  coucher  des  astres  fut  revue 
par  Tsabet. 

Le  livre  de  la  sphère  existe  à  Paris,  n"*  055  du  supplément 
arabe, 

ARISTARQUE   DE   SAMOS. 

Son  livre  des  grandeurs  et  des  distances  du  soleil  et  de  la 
lune  fut  traduit  en  arabe  par  Costa  ben  Luca  et  commenté 
par  Âboul  Ouéfa.  D'après  le  Kitab  el  hokama  il  existait  de 
lui  un  Traité  de  la  division  des  nombres. 

HYPSICLES. 

Costa  ben  Luca  traduisit  les  deux  derniers  livres  des  Elé- 
ments qui  lui  sont  attribués  et  les  Ascensions  qui  furent 
revues  par  El  Kendy.  Le  liitab  el  hokama  lui  attribue  un 
Traité  des  corps  célestes  et  de  leurs  distances. 

HIPPARQUE. 

On  traduisit  en  arabe  son  traité  du  Secret  des  astres^  dont 
Djemal  eddin  fait  un  grand  éloge.  Il  ajoute  qu'Hipparque 


ASTRONOMES   RT  Ol^IonRAPHES.  230 

vint  trois  cents  ans  après  Métlion  et  Eiictémon,  dont  l'iden- 
tité n'a  pas  été  reconnue  par  Fleisclier,  dans  son  historia 
antc  islamica.  Un  traité  d*alg:èbre,  qui  aurait  été  traduit, 
puis  annoté  par  Aboul  Ouéfa,  lui  est  attribué  par  le  Fihrist. 


THEODOSE. 

Les  spliériques  furent  traduites  en  arabe  par  Costa  ben 
Luca,  Tsabet  ben  Corra,  Abou  Zéid  ben  Nocta  et  lahya  ben 
Mohammed. 

Costa  ben  Luca  traduisit  aussi  Les  Jours  et  les  nuits  et  Les 
Habitations  qui  furent  commentées  par  El  Kendy. 

MÉNÉLAUS. 

Les  Sphériques  furent  d'abord  traduites  en  syriaque,  dît  le 
Kitab  el  hokama,  puis  en  arabe.  Cependant  les  exemplaires 
qui  en  restent  les  donnent  comme  ayant  été  traduites  du 
«•rec  en  arabe  par  Ilonein.  Nous  avons  déjà  fait  remarquer 
la  rareté  des  traductions  syriaques  d'ouvrages  de  mathéma- 
tiques. 

Le  Kitab  el  hokama  lui  attribue  aussi  un  Traité  sur  le 
moyen  de  reconnaître  les  proportions  des  corps  composés. 

Le  n*  955  du  fonds  arabe  de  Paris  contient  des  écrits  de 
Thi'odosi»  et  dt»  MénélaUs. 

PTOLÉMÊE. 

On  sait  que  du  titre  d'un  livre  de  Ptolémée,  Suntaxis  me- 
gistè  la  g'rande  collection,  les  Arabes  ont  fait  Almageste, 
nom  qui  est  resté.  Une  première  traduction  de  l'Almagreste 
fut  entreprise  par  ordre  d'Iahya  ben  Khaled  le  Barmécide. 
Ayant  été  reconnue  défectueuse,  il  la  fit  reprendre  par 
Abou  Haïan  el  Salma.  Elle  le  fut  encore  plus  tard  par  H(i- 
iiein,  Hedjadj  ben  Mather  et  Tsabet  ben  Corra.  La  Biblio- 


230    HISTOIRE  DE  LA  IIÉDBOINB  ARABE.  —  UYRE  DEUXIÈME. 

thèque  de  Leyde  en  possède  une  traduction  anonyme  faîte 
par  ordre  de  Mâmoun.  Le  Fihrist  nous  apprend  qu'elle  fut 
l'œuvre  de  Hedjadj  ben  Mather. 

La  Géographie  fut  d'abord  traduite  en  syriaque.  El  Kendy 
en  fit  une  traduction  arabe,  dite  mauvaise  par  le  Fihrist,  et 
bonne  par  le  Kitab  el  hokama.  Tsabet  ben  Corra  en  donna 
une  meilleure. 

Le  Tetrabiblon  fut  traduit  en  arabe  par  Ibrahim  ben 
Essalt  et  cette  traduction  fut  corrigée  par  Honein.  Il  le  fut 
aussi  par  Abou  lahya  el  Bathriq. 

Siméon  traduisit  les  Tables  pour  Mohammed  ben  Rhaled. 

Tsabet  ben  Corra  traduisit  les  Hypothèses. 

Le  Centiloquium  fut  aussi  traduit  en  arabe  ainsi  que  le 
Planisphère,  dont  Tsabet  traduisit  le  commentaire  de  Pappus- 

Nous  renonçons  à  donner  la  liste  des  nombreux  commen- 
tateurs de  Ptolémée.  Tsabet  écrivit  une  introduction  à  l'Al- 
mageste  qui  a  été  traduite  en  latin  sous  ce  titre  :  De  his  quœ 
indigent  expositione  antequam  legatur  Almagesti. 

Il  semblerait,  d'après  le  Fihrist,  que  les  Arabes  eurent 
d'autres  écrits  de  Ptolémée  ;  c'est  ainsi  qu'il  cite  un  com- 
mentaire du  Fruit  par  Ahmed  ;ben  Yousef.  Du  reste  des 
exemplaires  de  la  traduction  du  Fruit  nous  sont  parvenus. 

TIIÉON     d'aLEXANDRIE. 

Le  Fihrist  et  le  Kitab  el  hokama  citent  quatre  ouvrages  de 
lui  :  une  Introduction  à  VAlmageste,  \%  Sphère  armillairc, 
les  Tables  de  Ptolémée  et  V Astrolabe  ;  mais  ils  parlent  seu- 
lement d'une  ancienne  version  de  l'Introduction.  D'autre  part 
nous  connaissons,  d'après  le  Kitab  el  hokama,  un  livre  de 
Tsabet  ben  Corra  sur  les  erreurs  de  Théon  à  propos  des  éclip- 
ses de  soleil. 

DOROTHÉE. 

Le  Fihrist  et  le  Kitab  el  hokama  citent  de  lui  plusieurs 
ouvrages,  dont  la  liste  a  été  incomplètement  donnée  par 
Wenrich.  Ils  ajoutent  que  ces  livres  (qui  ont  trait  à  l'astrolo- 


LES   MÉDECINS.  231 

g-ie)  ont  été  commentés  par  Omar  ben  el  Farkhan,  ce  qui 
prouve  qu'ils  ont  été  traduits  en  arabe. 

On  voit  que  les  Arabes  firent  preuve  pour  les  sciences 
mathématiques  d'un  goilt  et  d'une  aptitude  qui  firent  défaut 
aux  Syriens,  leurs  initiateurs. 


IV.  —  Les  Médecins. 


HIPPOCRATE. 

Les  œuvres  d'Hippocrate  comptaient  probablement  parmi 
les  ouvrages  traduits  en  syriaque  par  Sergius  de  Rasel  Aïn. 
Elles  durent  nécessairement  figurer  à  l'école  de  Djondisa- 
bour,  où  l'on  enseignait  et  pratiquait  la  médecine  grecque. 
Les  Syriens  qui,  tout  en  travaillant  pour  les  Arabes,  son- 
geaient encore  à  leurs  coreligionnaires,  n'avaient  donc  plus 
guère,  au  IX*  siècle,  à  s'occuper  d'Hippocrate.  Voilà  pour- 
quoi Ton  ne  nous  mentionne  plus  alors  de  traductions 
d*Hippocrate  en  syriaque.  Si  des  traductions  en  syriaque  pu- 
rent alors  être  mises  entre  les  mains  des  traducteurs  qui  ne 
savaient  pas  le  grec,  afin  de  répondre  plus  promptement  aux 
vœux  des  Khalifes,  il  ne  paraît  pas  cependant  qu'il  en  fut 
ainsi  pour  les  traductions  d'Hippocrate.  L'immense  majo- 
rité de  celles  qui  nous  sont  connues  furent  exécutées  par  des 
hommes  éminents  et  connaissant  le  grec,  tels  que  Honeiû, 
son  élève  Issa  ben  lahya,  son  neveu  Hobéïch  et  Costa  ben 
Luca?  C'est  à  peine  si  deux  traductions  d'ouvrages  de  peu 
d'importance  nous  sont  données  comme  ayant  été  faites  du 
syriaque  par  Chahdy  et  son  fils. 

Nous  lisons  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  que  les  livres  d'Hip- 
pocrate considérés  comme  authentiques  se  montaient  à  une 
trentaine,  et  ceux  employés  dans  l'enseignement  à  douze, 
qui  sont: 

L  embryon. 

La  nature  de  l'homme. 

Les  airs   les  eaux  et  les  lieux 


232    HISTOIRE   DE   LA   MÉDECINE   ARABE.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

Les  apliorismes. 

Le  pronostic. 

Les  maladies  aig'uës. 

Les  maladies  des  femmes. 

Les  épidémies. 

Les  humeurs. 

L'aliment. 

L'officine  du  médecin. 

Les  fractures,  lesluxations  et  la  réduction. 

Il  ajoute  que  beaucoup  d'autres  lui  sont  attribués  et  il 
donne  la  liste  d'une  cinquantaine. 

En  raison  de  l'importance  d'Hippocrate  nous  donnerons  la 
liste  de  ses  écrits,  en  commençant  par  ceux  dont  la  traduc- 
tion nous  est  connue,  soit  par  le  témoignage  des  historiens, 
soit  par  les  monuments  arrivés  jusqu'à  nous.  D'ailleurs  il 
ressort  des  citations  faites  par  les  Arabes  que  plusieurs  tra- 
ductions ont  été  faites  qui  ne  nous  sont  ni  signalées,  ni 
connues. 

Aphorismes. 

Ils  furent  traduits  par  Honein,  et  plusieurs  exemplaires 
nous  sont  parvenus.  Il  en  existe  un  à  Paris  n«  1040,  A.  F. 
Casiri  (I.  234)  donne  aussi  comme  traducteurs  Costa  ben  Luca 
et  Issa  ben  lahya,  mais  sans  citer  d'autorités  à  l'appui 
(le  son  assertion.  A  l'égard  de  Costa  ben  Luca  on  peut  seu- 
lement citer  un  Ms.  de  Florence,  n*  260.  Wenrich  et  Wûs- 
tenfeld  ont  adopté  l'opinion  de  Casiri,  le  premier  sans  la 
contrôler,  le  deuxième  en  renvoyant  au  Ms.  de  Florence. 
Wenrich  se  trompe  en  donnant  aussi  comme  traducteur 
Abderrahman  ben  Ali,  qui  n'est  autre  qu'Ebn  Abi  Sadeq, 
qui  fit  simplement  des  commentaires  sur  les  Aphorismes, 
dont  il  existe  plusieurs  exemplaires  à  Paris. 

Les  Arabes  n'admettent  que  VII  livres  dans  les  Aphoris- 
mes, et  encore  le  septième  ne  paraît-il  pas  aussi  complet 
que  ceux  qui  sont  entre  nos  mains.  Nous  avons  consulté 
une  dizaine  de  Mss.  de  Paris,  avec  ou  sans  commentaires. 
Quelques-uns  s'arrêtent  k  l'aphorisme  les  individus  à  chairs 
molles,  coté  n*  50  dans  l'édition  de  Vanderlinden,  un  autre 


LEfi  MÉDECINS,  233 

aux  sueurs  abondantes,  n*  01,  un  autre,  le  plus  complet,  aux 
fièvres  continues  et  crachats  sanguinolents,  n*  00. 

Les  Arabes  songèrent  aussi  à  classer  méthodiquement  les 
Aphorismes.  Il  en  existe  un  exemplaire  à  Paris,  n»  908  bis 
du  supplément,  divisé  en  XII  chapitres. 

Il  exista  aussi  des  commentaires  des  Aphorismes  par  Ga- 
lien,  sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir. 

Parmi  les  nombreux  commentateurs  arabes  des  Aphoris- 
mes nous  ne  citerons  que  ceux  qui  existent  à  Paris,  sous  les 
noms  d'Ebn  Abi  Sadeq  (Abderrahman  ben  Ali),  Ebn  Ennefls, 
Ebn  el  Koff,  Ebn  Menfah. 

Nous  aurons  du  reste  à  indiquer  les  autres  en  parlant  de 
leurs  auteurs. 

Épidémies. 

Nous  manquons  de  renseig'nements  sur  la  traduction  des 
Épidémies.  Ce  livre  fut  évidemment  traduit,  attendu  que 
nous  le  trouvons  cité  par  les  auteurs  arabes,  notamment  par 
Razës  dans  le  Continent,  par  Ebn  el  Beithar,  etc. 

Il  ne  nous  est  arrivé  qu'en  compagnie  du  commentaire  de 
Galien,  dont  nous  parlerons  plus  tard. 

Pronostics. 

Ce  livre  fut  traduit  par  Honoin,  et  il  se  trouve  à  Paris, 
avec  le  nom  du  traducteur.  Le  rédacteur  du  catalogue  a 
rendu  abusivement  le  titre  par  :  Introduction  à  la  science. 

Issa  ben  lahya  traduisit  aussi  les  Pronostics. 

Il  en  existe  àlaBodléienneun  commentaire  parMohaddeb 
eddin  ben  Ali,  sur  lequel  nous  reviendrons  en  temps  et  lieu. 

Du  régime  dans  les  maladies  aiguës. 

Il  fut  traduit  par  Issa  ben  lahya.  Il  en  existe  un  exem- 
plaire donné  par  Casiri  comme  traduit  par  Honein. 

Des  airs,  des  eaux  et  des  lieux. 

Honein  en  traduisit  deux  livres. 

De  la  nature  de  l'homme. 

Honein  le  traduisit  avec  le  commentaire  de  Galien. 

Des  signes  de  la  mort. 

Il  en  existe  à  Paris,  n*  1022,  A.  F.,  une  traduction  i)ar 
lahya  ben  Bathriq. 

Des  ulcères. 


234     HISTOIRE  DB  LA  MÉDECINE  ARABE.  -^   LIVRE  DEUXIÈME. 

Il  en  existe  une  traduction  à  la  B.  Bodléienne. 

De  l'embryon. 

Cbahdy  en  fit  une  traduction  d'après  le  syriaque. 

Des  symptômes. 

Ce  livre  est  cité  par  Hadji  Khalfa,  n**  9770. 

Des  humeurs. 

Issa  ben  lahya  le  traduisit  avec  le  commentaire  de  Galien. 

Le  serment. 

Il  fut  traduit  par  Honein,  Hobéïch  et  Issa  ben  lahya. 

Traitement  des  maladies  de  l'œil. 

Il  en  existe  à  la  Bodléienne  deux  exemplaires. 

Des  plaies  de  tête. 

Il  fut  traduit  avec  le  commentaire  de  Galien  par  Issa  ben 
lahya. 

Traité  des  plaies. 

Il  est  mentionné  par  Hadji  Khalfa,  n'  10,019. 

Des  fractures  et  de  la  réduction. 

Il  est  mentionné  par  Hadji  Khalfa,  n®  10,422.  On  sait  que 
d'Herbelot  a  vu  là  un  traité  d'algèbre. 

Grand  traité  des  maladies. 

Il  fut  traduit  par  Honein  avec  un  commentaire  de  Galien. 

Du  repos. 

Il  fut  traduit  du  syriaque  par  Ebn  Chahdy . 

Les  Septénaires. 

Il  en  existe  une  traduction  avec  le  commentaire  de  Galien, 
par  Honein,  à  la  Bibliothèque  de  Munich.  Nous  avons  pu 
en  prendre  une  copie,  et  en  donner  une  à  la  Bibliothèque 
nationale.  On  peut  lire  dans  la  traduction  de  M.  Littré  une 
savante  dissertation  sur  cet  ouvragée"  controversé. 

De  l'épilepsie. 

La  mention  faite  de  ce  livre  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah  fait 
croire  qu'il  en  avait  pris  connaissance. 

De  l'extraction  des  flèches. 

D'Herbelot  s'est  mépris  au  sujet  de  co  livre.  Le  mot  flèches 
est  rendu  par  foussoul,  qui  veut  dire  aphorisme^,  tandis 
qu'il  faut  lire  noussouL  Hadji  Khalfa  donne  cette  dernière 
lecture  et  ajoute  que  noussoul  est  le  pluriel  de  nasl^  qui  si- 
gnifie flèche,  cequi  a  échappé  à  Wenrich.  (H.  Khalfa,'n*60I.) 


LES  MÉOBOINS.  235 

De  l'officine  du  médecin. 

La  traduction  est  attribuée  à  Honein  et  h  Issa  ben  lahya. 

De  l'œdème  ou  do  la  tuméfaction. 

Wenrich,  et  Fluegel  dans  son  édition  deHadji  Khalfa,  ont 
rendu  le  titre  sous  cette  forme  que  nous  ne  saurions  admet- 
tre :  De  testiculorum  hemia.  S'agirait-il  du  traité  Deflatibus  ? 

De  la  superfétation.  (1) 

Il  est  cité  par  Hadji  Khalfa,  n»  10,039. 

De  la  fièvre  chaude,  cité  par  Hadji  Khalfa,  n^  10,0d9. 

De  Taliment,  cité  par  Hadji  Khalfa,  n*  10,346. 

De  la  saig^née  et  des  ventouses. 

Il  est  cité  par  Hadji  Khalfa,  n*  10,371. 

De  la  naissance  à  huit  mois. 

La  Bibliothèque  de  Munich  en  possède  un  exemplaire. 

Nous  trouvons  encore  cités  dans  le  Continent  de  Razès 
les  livres  de  Tancienne  médecine,  de  l'eau  d'orge,  du  ré- 
gime et  un  commentaire  du  livre  des  fractures  par  un  au- 
teur que  la  traduction  latine  a  rendu  par  Herilius  et  qu'où 
pourrait  lire  Simpliciua. 

Tels  sont  les  autres  ouvrages  mentionnés  par  Ebn  Abi 
Ossafbiah,  dont  il  n'a  pas  encore  été  question  : 

Des  maladies  des  vierges. 

Des  régions  du  corps. 

Du  cœur. 

De  la  génération  de  l'homme. 

De  l'hémorrhagie. 

Des  glandes. 

Lettre  au  roi  Démétrius. 

Préceptes. 

Loi  de  la  médecine. 

Onlonnance  de  la  médecine. 

Des  chairs. 

Du  pronostic  par  l'altération  de  l'air. 

Des  i)rénotions. 

De  la  nature  des  animaux. 

(1)  Petis  de  la  Croix  a  fait  une  singulière  méprise.  Il  prend  le  mot 
Hùbl  pour  corde,  nerf,  et  voit  là  un  Traité  de$  nerfs. 


230     HISTOIRE  DE   LA   MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Des  sig'nes  des  crises. 

Introduction  à  la  médecine. 

De  la  naissance  à  sept  mois. 

Des  convulsions  ou  de  la  manie. 

De  la  veine  axillaire. 

De  Turine. 

Lettre  au  roi  Antiochus. 

De  la  médecine  inspirée. 

Lettre  à  Artaxerxès. 

Lettre  aux  Abdéritains,  concitoyens  de  Démocrite,  en  ré- 
ponse à  celle  qu'ils  lui  avaient  adressée,  le  priant  de  venir 
soigner  Démocrite. 

Des  variations  des  saisons  et  des  correctifs  des  aliments. 

De  l'org-anisation  de  l'homme. 

Des  couleurs. 

De  la  luxation. 

Des  prorrhétiques. 

Du  serment,  traduit  du  grec  par  Honein. 

Il  serait  peut-être  téméraire  d'affirmer  que  toute  cette  der- 
nière liste  contient  des  écrits  existants  encore  du  temps 
d'Ebn  Abi  Ossaïbiali.  Quant  à  ceux  qui  la  précèdent,  il  est 
incontestable  qu'ils  furent  entre  les  mains  des  Arabes, 
Hadji  Khalfa  n'ayant  mentionné  que  des  ouvrages  existants. 


DIOSCORIDES. 

Après  les  noms  d'Hippocrate  et  de  Galien,  il  n'en  est  pas 
de  plus  populaire  parmi  les  Arabes  que  celui  de  Dioscorides. 
Ses  cinq  livres  font,  avec  les  Simples  de  Galien,  la  base  de 
leur  matière  médicale,  autour  de  laquelle  ils  accumulèrent 
de  nombreuses  acquisitions.  Il  n'est  pas  exact  de  dire  comme 
Wenrich  d'Ebn  Beithar  :  Totus  fere  ex  Dioscoride  pendet. 
Dans  le  grand  ouvrage  d'Ebn  Beithar,  Dioscorides  ne  compte 
guère  que  pour  un  quart. 

Dioscorides  paraît  avoir  été  traduit  en  syriaque. 

Il  le  fut  en  arabe  et  directement  du  grec,  sous  le  khalifat 
de  Moutaouakkel,  c'est-k-dire  au   milieu  du  IX*  siècle  par 


LES   MÉDECINS.  237 

Etienne  filrf  de  Basile,  et  sa  traduction  fut  revue  par  Honein. 

Au  siècle  suivant,  elle  le  fut  de  nouveau  en  Espagne,  et 
riiistoire  de  cette  révision»  nous  a  été  conservée  par  Ebn 
Djoldjol.  M.  de  Sacy  en  a  donné  la  relation  complète  dans 
son  Abdellatif.  Nous  la  reproduirons  en  l'abrégeant. 

Astephan  ou  Etienne  ne  connaissait  pas  les  équivalents 
de  tous  les  noms  grecs  mentionnés  dans  Dioscorides,  et  Ton 
ne  saurait  s'en  étonner,  quand  les  critiques  modernes  ne  se 
sont  pas  encore  aujourd'hui  mis  d'accord  làrdessus. 

Il  conserva  donc  la  transcription  grecque  pour  les  noms 
inconnus.  Quant  à  ceux  qu'il  connaissait  il  fit  suivre  le  mot 
grec  de  son  équivalent  arabe.  C'est  ce  que  l'on  peut  voir 
dans  une  copie  de  cette  traduction  qui  existe  à  Paris  et  sur 
laquelle  nous  avons  publié  un  mémoire  dans  le  n*  de  jan- 
vier 1867  du  Journal  asiatique.  Les  titres  des  paragraphes 
se  présentent  généralement  ainsi  :  Kinnamoumon  et  c'est 
le  darainy^  le  cinnamome  ;  Libanous^  et  c'est  le  Koundour^ 
l'encens;  Mali  et  c'est  VasseU  le  mielj;  Alectouridea^  et  ce 
sont  les  deddjâdj,  les  poules  ;  etc.  Etienne  parait  avoir  fait 
à  la  suite  de  sa  traduction  quelques  additions  où  il  aurait 
noté  les  synonymies  d'abord  inconnues  :  c'est  ce  qui  résulte 
de  notes  marginales  de  l'exemplaire  cité.  Parfois  il  s'est 
trompé  dans  ses  déterminations  ;  c'est  ainsi  que  Ebn  Bei- 
thir  lui  reproche  d'avoir  pris  le  Gingidium  de  Dioscorides 
pour  le  fumeterre. 

Etienne  espérait  que  des  savants  combleraient  plus  tard 
les  lacunes  de  sa  traduction. 

Or,  en  Tannée  918,  le  Khalife  de  Cordoue,  Nasser  Abder- 
rahman  reçut  des  présents  de  l'empereur  de  Gonstantinople 
llomain,  et  parmi  ces  présents  se  trouvait  un  exemplaire 
de  Dioscorides  enrichi  de  figures.  Mais  ce  livre  était  en  grec 
et  personne  h  Cordoue  ne  savait  lire  le  grec.  Sur  la  demande 
de  Nasser,  Romain  fit  partir  un  moine  du  nom  de  Nicolas, 
qui  arriva  à  Cordoue  en  V)51. 

Nicolas  se  mit  en  relations  avec  quelques  médecins,  occu- 
pés déjà  de  la  détermination  des  noms  techniques  de  Dios- 
corides. Parmi  eux  se  trouvait  le  savant  juif  Hasdaï  beu 
Chaprout,  qui  jouissait  à  la  cour  d'une  grande  considéra- 


238      HISTOIRE   DE   LA   MÉDECINE   ARABE.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 

tion,  le  même  qui  reçut  Jean  de  Gorze,  envoyé  à  Gordoue 
par  l'empereur  Othon  (1).  On  en  cite  cinq  autres,  qui  ne 
sont  pas  connus  d'ailleurs.  Le  travail  commun  de  cea 
hommes  aboutit  à  la  reconnaissance  des  médicaments  et  à 
la  rectification  des  termes  gfrecs,  dont  il  ne  resta  plus  qu'une 
dizaine,  dit  le  narrateur,  sur  lesquels  on  conservât  des 
doutes. 

Le  Dioscorides  arabe  de  la  Bibliothèque  de  Paris,  qui  a 
séjourné  en  Espagne,  porte  la  trace  de  ces  travaux  de  cri- 
tique. On  paraît  avoir  conservé  le  texte  original,  mais  les 
marges  du  livre  sont  littéralement  couvertes  de  notes,  dont 
un  grand  nombre  s'appuient  sur  l'autorité  d'Ebn  Beîthar. 
Beaucoup  de  synonymies  sont  données,  qui  manquent  dans 
le  texte. 

Ces  notes  ont  encore  un  autre  et  double  intérêt. 

D'abord  elles  donnent  beaucoup  de  synonymies  qui  sont 
dites  appartenir  à  la  langue  des  étrangers  de  l'Andalousie, 
c'est-à-dire  à  la  langue  latine.  Nous  en  avons  relevé  près 
d'une  centaine.  Parmi  ces  noms  il  en  est  qui  ont  conservé 
une  physionomie  franchement  latine  ;  d'autres  sont  encore 
aujourd'hui  les  noms  de  ces  plantes  en  Espagne.  On  y  trouve 
même  quelques  synonymies  Berbères,  qui  accusent  le  passage 
des  Almoravides  et  des  Almohades  en  Andalousie. 

Un  autre  mérite  de  ces  notes  c'est  qu'elle  accusent  des 
herborisations.  Beaucoup  de  stations  de  plantes  sont  men- 
tionnées, telles  que  Séville,  Malaga,  Dénia,  Grenade,  Elvire, 
Alméria,  etc. 

La  botanique  fut  donc  cultivée  tout  particulièrement  en 
Espagne,  et  nous  en  donnerons  tout  à  l'heure  une  nouvelle 
preuve. 

Parmi  ces  notes,  de  provenance  diverse,  il  en  est  une  série 
que  nous  regrettons  beaucoup  de  ne  pouvoir  rapporter  à  un 
nom. 

Elles  sont  précédées  de  cette  indication  :  De  moi.  Seraient- 
elles  d'Aboul  Abbas  dit  Ennabaty  ou  l'herboriste,  qui  fut 
compatriote  et  contemporain  d'Ebn  Beithar,  et  qui,  s'il  ne 

(1)  Voir  sur  Hasdav  une  brochure  de  M.  Luzzato. 


LES   SdÉDECIN^.  230 

ré^'-ala  pas   en   érudition,    le  surpassa  peut-être   dans  la 
connaissance  pratique  des  plantes. 

En  somme  cette  copie  arabe  de  Dioscorides  est  un  monu- 
ment unique  pour  Tétude  de  la  nomenclature  botanique  chez 
les  Arabes.  Son  état  de  vétusté  en  réclamerait  une  nouvelle 
transcription. 

Ebn  Djoldjol,  qui  vit  encore  le  moine  Nicolas,  écrivit  un 
livre  sur  l'explication  des  noms  des  Simples  de  Dioscorides.  Il 
en  écrivit  un  autre  consacré  à  l'exposition  des  médicaments 
inconnus  à  Dioscorides. 

Un  autre  médecin  célèbre  de  l'Espagne  et  qui  vivait  au 
onzième  siècle,  Ebn  Guéfit,  dont  Wenrich  n'a  pas  reconnu 
l'identité  pour  n'avoir  pas  lu  jusqu'au  bout  la  série  de  ses 
noms,  fit  un  nouveau  travail  de  critique  sur  la  nomenclature 
botanique  tant  de  Dioscorides  que  de  Galien. 

Ebn  Beithar  compte  parmi  ses  ouvrages,  un  commentaire 
sur  Dioscorides. 

Abdellatif  en  composa  un  abrégé. 

Enfin  Aboul  Abbas  ennabaty  composa  aussi  une  explica- 
tion des  noms  de  simples  qui  se  trouvent  dans  Dioscorides. 

Il  existe  à  l'Escurial  un  exemplaire  assez  mal  exécuté  du 
reste  et  incomplet  de  Dioscorides,  où  les  synonymes  arabes 
font  défaut  dans  le  tiers  environ  des  cas.  En  lisant  ce  ma- 
nuscrit, on  comprend  la  nécessité  du  travail  de  révision  dont 
fut  chargé  le  moine  Nicolas. 


UUFUS   D^KPUKSEi 


Rufus,  dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  naquit  à  Éphèse  et  fut  le 
premier  médecin  de  son  temps.  Galien  Ta  cité,  et  en  faisait 
grand  cas.  Le  Fihrist  n'est  pas  plus  explicite,  et  le  Kitab  el 
hokama,  suivi  par  l'auteur  des  Dynasties,  le  fait  contempo- 
rain de  Platon.  On  croit  généralement  que  Rufus  vivait  au 
commencement  du  second  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

Telle  est  la  liste  de  ses  œuvres  donnée  par  Ebn  Abi  Ossaï- 
biah : 

Traité  de  la  mélancolie,  un  de  ses  meilleurs  écrite. 


2-10    UISTOIKB   DU  LA   MÉDECINE   AllABK.    —   LIVRE   DKUXlP:MK. 

Traité  en  quarante  livres  ou  chapitres. 

Des  noms  des  organes. 

De  la  cause  de  Thydrophobie. 

De  l'ictère  et  de  la  bile. 

Des  maladies  des  articulations. 

De  la  diminution  des  chairs. 

Du  régime  à  suivre  en  l'absence  de  médecin. 

De  l'enrouement. 

De  la  médecine  d'Hippocrate. 

De  l'usage  du  vin. 

Du  traitement  des  femmes  stériles. 

Préceptes  sur  la  conservation  de  la  santé. 

De  l'épilepsie. 

De  la  fièvre  quarte. 

De  la  pleurésie  et  de  la  pneumonie. 

Traité  du  régime. 

Du  coït. 

Traité  de  médecine. 

Des  opérations  des  hôpitaux. 

Du  lait. 

De  la  distinction  1  (ferqj  ou  du  hoquet  (fouàq). 

Des  vierges. 

Des  marisques. 

Du  régime  en  voyage. 

De  la  fétidité  de  la  bouche. 

Du  vomissement. 

Des  médicaments  mortels. 

Des  remèdes  à  employer  dans  les  affections  des  reins  et  de 
la  vessie. 

S'il  est  utile  d'user  largement  de  remèdes  dans  les  repas. 
Ici  nous  différons  de  Wenrich,  dont  le  texte  n'est  pas  conforme 
k  celui  du  Ms.  de  Paris. 

Des  tumeurs  indurées. 

De  la  mémoire. 

De  la  suppuration. 

Des  blessures. 

Du  régime  des  vieillards. 

Des  préceptes  des  médecins. 


LES    MÉDECINS.  241 

Des  lavements. 

De  laparturition. 

De  la  luxation. 

De  la  suppression  des  règles. 

Des  maladies  chroniques  suivant  Hippocrate. 

Des  classes  de  médicaments. 

Des  questions  que  le  médecin  doit  faire  aux  malades. 

De  l'éducation  des  enfants. 

Du  vertige. 

De  l'urine. 

Du  vin  dit  d'une  nuit  ?  C'est  sous  toute  réserve  que  nous 
donnons  ce  titre,  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  Weurich. 

Des  fluxions  au  poumon. 

Des  affections  chroniques  du  foie. 

De  la  suppression  de  la  respiration. 

De  l'achat  des  esclaves. 

Du  traitement  d'un  enfant  épileptique. 

Du  régime  des  femmes  enceintes. 

De  l'indigestion. 

De  la  vue  (ou  du  Peganum,  ainsi  que  traduit  Weurich). 

De  l'iléus. 

De  la  sueur. 

Notre  liste  donne  une  dizaine  d'écrits  dont  les  titres  ne  se 
trouvent  pas  chez  Wenrich. 

Si  les  biographes  arabes  ne  nous  fournissent  aucun  reu- 
neignement  sur  les  traductions  de  Rufus,  il  n'eu  est  pas 
moins  incontestable  que  ses  ouvrages  ont  été  traduits  en 
arabe.  Nous  en  avons  la  preuve  dans  les  nombreuses  cita- 
tions que  nous  rencontrons  dans  Sérapion,  dans  Mésué,  dans 
le  (Continent  de  Razès  et  dans  les  Simples  d'Ebn  el  Beithar. 

Le  Continent  cite  une  douzaine  de  livres  de  Rufus  qui  se 
retrouvent  la  plupart  dans  notre  liste,  à  part  cependant  les 
suivants  : 

Livre  des  poisons. 

De  l'hypochondrie. 

Livre  du  peuple.  Cet  écrit  pourrait  être  celui  que  nous 
avons  vu  désigné  sous  ce  titre  :  A  qui  n'a  pas  de  médecin 
présent. 

iù 


242     HISTOIRE  DE  L\  MÉDEOIKE  ARABE.    —   LIVRE  DEUXIÈME. 

Il  est  probable  que  le  livre  ainsi  désigné  par  Razès  :  Du 
régime  à  suivre  contre  Tobésité,  n'est  autre  que  celui  de  la 
diminution  des  chairs. 

liazès  estime  que  le  traité  de  la  colique  et  des  lavements 
attribué  à  Galien  est  bien  de  Rufus. 


OALIEN. 


Les  Arabes  se  sont  beaucoup  occupés  de  Galien.  Son  im- 
portance nous  paraît  légitimer  les  détails  dans  lesquels  nous 
allons  entrer. 

Les  documents  les  plus  explicites  sur  les  traductions  de 
ses  écrits  se  trouvent  dans  le  Fihrist.  Ils  ont  été  reproduits 
dans  le  Kitab  el  hokama.  (1) 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  s'est  plus  particulièrement  occupé  de 
sa  personne  et  de  ses  écrits.  Il  cherche  d'abord  à  établir 
l'époque  où  il  vécut,  s'appuyant  sur  Obéïd  Allah  ben  Djabril, 
qui  paraît  avoir  traité  cette  question. 

Nous  trouvons  ici  une  dissertation  en  règle  où,  entre  autres 
autorités,  sont  cités  les  Septante  et  Eusèbe  de  Césarée. 

On  remonte  jusqu'à  la  création  et  l'on  donne  un  intervalle 
de  5,180  années  entre  Adam  et  Darius.  Nous  trouvons  ensuite 
la  série  des  empereurs  romains  depuis  César  jusqu'à  l'épo- 
que de  Galien,  dont  la  naissance  est  fixée  à  la  10*  année  du 
règne  de  Trajan.  Nous  supposons  que  l'erreur  tient  à  la 
confusion  des  noms,  particulièrement  de  celui  d'Antonin. 
Viennent  ensuite  des  synchronismes  entre  la  naissance  de 
J.-C.  et  son  ascension  (qui  est  donnée  juste)  et  la  naissance 
de  Galien.  Suivant  une  tradition  qui  remonte  à  Jean  le 
Grammairien,  Galien  aurait  vécu  87  ans,  Maçoudy,  cité  par 
Èbn  Abi  Ossaïbiah,  mettrait  un  intervalle  d'environ  deux 
cents  ans  entre  Jésus-Christ  et  Galien,  ce  qui  répond  à  ce 

(1)  On  peut  rapprocher  la  statistique  suivante  c!c  ce  quo  nous 
avons  dit  à  propos  des  traductions  d'Aristote.  Sur  '.;5  noms  de  tra- 
ducteurs, nous  voyons  figurer  Honein  43  foid.  Hobeïch  29,  Etieooe 
8,  Ishaq  3,  etc..  tous  sachant  pertinemment  le  grec  î 


LIES  MÉDECINS.  2i3 

que  nous  lisons  dans  les  Prairies  d'or  (II.  306).  Une  autre 
citation  de  Maçoudy  relate  que  son  tombeau  se  trouve  à 
Farama  (Péluse)  où  il  mourut.  On  lit  pareillement  dans  Ebn 
Haucal  que  le  tombeau  de  Galien  se  trouve  à  Farama,  ce 
qui  rappelle  cette  autre  tradition  qui  le  fait  mourir  en  Pales- 
tine. 

Nous  trouvons  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  une  citation  cu- 
rieuse de  Galien  qu'on  peut  lire  aussi  dans  la  notice  du 
Kitab  el  hokama,  reproduite  par  Casiri  (1).  Le  passage  serait 
extrait  du  commentaire  de  Galien  sur  la  République  de  Pla- 
ton, et  il  a  trait  aux  chrétiens.  Galien  y  parle  avec  admira- 
tion de  la  pureté  de  leurs  mœurs  et  de  leurs  vertus. 

Nous  lisons  ensuite  qu'au  récit  qu'on  lui  fit  des  miracles 
opérés  par  le  Messie  à  Jérusalem,  Galien  s'enquit  s'il  restait 
encore  de  ses  disciples,  et  que  s'étant  mis  en  marche  pour 
s'y  rendre,  il  mourut  en  route. 

Nous  donnerons  encore  une  anecdote.  Djabril  fils  de 
Dakhtichou  accompag-nait  Haroun  dans  son  expédition  con- 
tre les  Grecs.  S'étant  trouvé  à  deux  parasanges  de  la  patrie 
de  Galien,  il  demanda  au  Khalife  la  permission  d'aller  la 
visiter  et  d'y  rester  quelque  temps  afin  qu'il  put  dire  qu'il 
avait  bu  et  mangé  dans  la  patrie  de  son  maître.  Haroun  le 
fit  accompagner  par  une  escorte  de  mille  cavaliers. 

De  nombreux  renseignements  sur  Galien  sont  empruntés 
à  Témir  Mobacher  ben  Fateq,  dons  nous  dirons  plus  loin  la 
passion  pour  les  livres. 

Galien  fut  en  vénération  parmi  les  Arabes.  Ils  l'appellent 
généralement  Véminent  Galien. 

Ou  trouve  dans  le  Fihrist  une  liste  des  principaux  ouvra- 
ges de  Galien  avec  le  nom  des  traducteurs,  liste  qui  a  été 
reproduite  dans  le  Kitab  el  hokama  et  qu'on  peut  lire  dans 
Casiri  (2). 

Nous  la  reproduirons  intégralement,  toutefois  en  l'anno- 
tant, mais  sans  déranger  la  série. 

Wcnrich,  qui  a  procédé  autrement,  ne  s'est  pas  douté  de 

(1)  1, 253. 
(2;  I,  2Zk 


21  i      HISTOIRE   DE   L.V   .MtDIiClN'Ifi   ARABE.   —  LIVRE   OEUXIÈ&IB. 

ce  qu'étaient  les  seize  livres  de  Galien,  que  nous  counais- 
«ons  déjà,  et  qui  figurent  en  tête  de  la  liste,  avec  cet 
énoncé  : 

«  Etat  des  seize  livres  de  Galien  que  les  médecins  lisent 
aux  élèves.  » 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  place  également  les  seize  livres  en  tète 
de  sa  liste,  mais  il  parle  préalablement  du  catalogue  établi 
par  Galien,  qu'il  dit  divisé  en  deux  parties  dont  la  première 
comprend  les  ouvrages  relatifs  à  la  médecine,  puis  il  indi- 
que le  livre  de  Galien  sur  l'ordre  suivant  lequel  on  doit  lire 
ses  livres. 

Telle  est  la  liste  du  Filirist,  que  nous  comparerons  à  celle 
du  Kitab  el  liokama  donnée  par  Casiri  : 

•  «  Des  sectes,  traduction  de  Honein.  » 

Casiri  s'est  trompé  en  traduisant:  Defebriumdiffercntiis. 
Ce  livre  existe  à  Paris,  n*  1043,  A.  F. 

Il  semblerait  que  le  Ms.  fût  le  commencement  d*une  col- 
lection des  seize  livres,  attendu  qu'il  en  donne  quatre  et  cela 
dans  l'ordre  que  nous  allons  suivre. 

•  a  Du  petit  art,  traduction  de  Honein.  »  (De  l'art  médical.) 
Casiri  traduit  encore  à  faux  :  De  constitutione  artis  modics. 

•  «  Petit  livre  du  pouls,  à  Teuthra.  Traduction  de  Honein 
et  de  Hobeïch.  »  (Du  pouls  aux  commençants  ;  de  l'usage  du 
pouls). 

Cette  traduction  est  attribuée  d'autre  part  à  Honein  seul. 

•  ^  A  Glaucon,  sur  le  traitement  des  maladies,  traduction 
de  Honein.  » 

•  «  Cinq  livres  d'anatomie,  traduction  de  Honein.  » 
Wenricli  se  demande  ce  que  peuvent  être  ces  cinq  livres, 

et  parmi  les  ouvrages  d'anatomie  de  Galien  il  n'en  voit  pas 
qui  se  divisent  en  cinq  livres. 

Ils  sont  désignés  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  et  dans  un  Ms. 
du  British  Muséum  que  nous  avons  déjà  cité  précédem- 
ment (1).  Ce  sont  les  traités  des  os,  des  muscles,  des  nerfs, 
des  veines  et  des  artères. 

•  «  Des  éléments,  traduction  de  Honein.  » 

(1)  N»  1356. 


LB8  MfoBCIKg.  245 

•  «  Des  tempéraments,  traduction  de  Honein.  » 

•  «  Des  facultés  naturelles,         idem.  » 

•  «  Des  causes  et  des  symptômes  des  maladies,  traduction 
de  Hobéïch.  » 

Le  Kitab  el  hokama  donne  encore  Honein. 

•  «  Des  maladies  des  organes  souffrants,  traduction  de 
Hobéïch.  . 

Le  Kitab  el  hokama  dit  Honein. 

«  Le  grand  livre  du  pouls,  dont  trois  parties  traduites  par 
Hobéïch  et  une  par  Honein.  » 

•  «  Des  crises,  traduction  de  Honein.  » 

•  «  Des  jours  critiques,      idem.  » 

'  «  De  la  conservation  de  la  sauté,  traduction  de  Hobéïch.  » 

•  «  De  l'art  de  guérir,  traduction  de  Honein.  » 

D'après  le  Kitab  el  hokama,  Hobéïch  fit  cette  traduction 
dont  Honein  révisa  les  six  premiers  livres. 

•  «  Des  fièvres,  traduction  de  Honein.  » 

Nous  lisons  ensuite  :  Livres  en  dehors  des  seize  livres  : 

•  «  Livre  de  la  grande  Anatomie  ou  des  Administrations 
anatomiques,  traduction  de  Hobéïch.  » 

On  sait  que  les  six  derniers  livres  sur  XV  n'existent  plus 
qa*en  arabe.  La  Bibliothèque  de  Paris  en  a  fait  prendre  une 
médiocre  copie  sur  l'exemplaire  d'Oxford. 

«  Des  dissidences  de  l'anatomie,  traduction  de  Hobéïch.  » 

<  De  la  dissection  des  animaux  morts,  idem.  » 
«  De  la  dissection  des  animaux  vivants,  idem.  » 
«  De  l'anatomie  d'Hippocrate,  idem.  » 

«  De  l'anatomie  d'Aristote,  traduction  de  Hobéïch.  » 

<  De  l'anatomie  de  la  matrice,  idem. 

«  Des  mouvements  de  la  poitrine  et  du  poumon,  traduc- 
tion d'Etienne,  revue  par  Honein.  » 

«  Des  maladies  de  Tàme,  traduction  d'Etienne  revue  par 
Honein. 
«  De  la  voix,  traduction  de  Honein.  » 
«  De  l'usage  du  poulg,  traduction  de  Hobéïch.  » 
«  Des  mouvements   des  muscles,    traduction   d'Htienup. 
revno  par  Honein.  » 


240     HISTOIRE  DIS  LA  MÉDBCINB  ARABE.   —  LIVRE  DEUXÎÈMB. 

«  De  l'usage  de  la  respiration,  traduction  d'Etienne,  revue 
par  Honein.  » 

«  DU  bon  état  du  corps,  par  Hobéïch,  » 

Le  Kitab  el  liokama  dit  Honein. 

a  Des  opinions  d'Hippocrate  et  de  Platon,  traduction  de 
Hobéïch.  » 

a  Des  mouvements  insensibles,  traduction  de  Honein.  » 

Le  Kitab  el  liokama  dit  de  Hobéïch. 

«  De  la  pléthore,  traduction  d'Etienne.  » 

•  «  De  l'usage  des  organes,  traduction  de  Hobéïch,  revue 
par  Honein.  » 

c  De  la  meilleure  constitution,  traduction  de  Honein.  > 

•  «  Du  mauvais  tempérament,  traduction  de  Honein.  » 

•  «  Des  simples,  traduction  de  Honein.  » 

c  Des  tumeurs,  traduction  d'Ibrahim  ben  Essalt.  » 
«  Du  sperme,  traduction  de  Hobéïch.  » 
Le  Kitab  el  hokama  dit  de  Honein. 
<  De  l'accouchement  à  sept  mois,  traduction  de  Honein.  » 
«  De  la  bile,  traduction  de  Honein.  » 
Le  Kitab  el  hokama  dit  d'Etienne. 
«  De  la  dyspnée,  traduction  de  Honein.  » 
«  Du  pronostic,  traduction  d'Issa  ben  lahya.  » 
«  De  la  saignée,  traduction  d'Issa  ben  lahya  et  d'Etienne.  » 
«  Du  marasme,   traduction  de  Honein.  »   Une  lecture  vi- 
cieuse a  fait  traduire  à  Casiri  :  De  Stercore. 

«  Sur  un  enfant  épileptique,  traduction  syriaque  et  arabe, 
de  Honein.  » 
Le  Kitab  el  hokama,  dit  d'Ebn  Essalt. 
•-  «  Des  propriétés  des  aliments,  traduction  de  Honein.  » 
«  Du  régime  atténuant,  traduction  de  Honein.  » 
a  Du  chyme,  traduction  de  Tsabet,  de  Chemly  et  de  Ho- 
béïch. 
«  De  la  médecine  d'Aristote,  traduction  de  Honein.  » 
Nous  ne  trouvons  pas  ce  livre  mentionné  dans  le  Kitab  el 
hokama. 

«  Du  traitement  de.s  raaladie>i  aiguës^,  d'Hîppoorato,  tra- 
<laction  do  Honein.  » 


LES  MÉDECINS.  Zil 

«  De  la  composition  des  médicaments,  traduction  de 
Hobéïch.  »  Voir  une  note  ci-après. 
«  Des  antidotes,  traduction  d'Issa  ben  Ali.  » 
Le  Kitab  el  hokama  dit  Issa  ben  laliya. 
«  De  la  thériaque,  traduction  d'Iahya  ben  Bathriq.  » 
«  A  Thrasybule,  traduction  de  Honeiu.  » 
«  De  l'exercice  à  la  boule,  traduction  de  Hobéïch.  » 
«  Qu'un  bon  médecin  doit  être  philosophe,  traduction  de 
Honein.  » 
«  Des  vrais  livres  d'Hippocrate,  traduction  de  Honein.  » 
«  De  l'examen  du  médecin,  traduction  de  Honein.  » 
«  De  la  meilleure  secte,  traduction  de  ïsabet.  » 
«  De  la  démonstration,  en  XV  livres,  dont  il  reste  seule- 
ment quelques-uns.  » 

<  De  la  connaissance  de  ses  défauts,  traduction  de  Thomas 
revue  par  Honein.  »  (1) 
«  Des  mœurs,  traduction  de  Hobéïch. 
«  De  l'utilité  que  les  bons  peuvent  retirer  de  leurs  ennemis, 
traduction  de  Hobéïch.  » 
«  Sur  le  Timée,  traduction  de  Honein  et  d'Ishaq.  » 
«  Que  les  facultés  de  l'âme  suivent  le  tempérament,  tra- 
duction de  Hobéïch. 
«  Introduction  à  la  logique,  traduction  de  Hobéïch.  » 
c  Que  le  premier  moteur  n'est  pas  mu,  traduction   de 
Honein.  > 

«  Des  sortes  de  raisonnements,  [traduction  d'Etienne  et 
d*l8haq. 
«  Commentaires  d'Aristote,  traduction  d'Ishaq.  » 
L'auteur  du  Kitab  el  hokama  dit  aussi  qu'il  a  vu  un  grrand 
traité  de  la  saig^née  plus  étendu  que  le  traité  courant,    et 
qu'il  fut  traduit  par  Honein,  avec  une  introduction. 

Pour  abréftrer,  nous  avons  cru  devoir  simplement  noter 
d'une  astérisque  les  traductions  qui  nous  sont  restées 

Nous  allons  poursuivre  l'énumération  des  autres  ouvrag-es 
de  Galien,  d'après  Ebn  Abi  Ossaïbiah. 

(1)  Casiri  s'est  fourvoyé  en  traduisant  :  De  Tremore,  palpitatîonc 
et  spasnio. 


248   HiSToms  de  l\  mêdscixb  arubs.  —  urns  druxiéxb. 

Extrait  des  livres  de  Marin  sur  Tanatomie. 

Extrait  des  livres  de  Lycus  sur  l'anatomie. 

Des  choses  que  Lycus  igrnorait  en  anatomie. 

Des  erreurs  de  Lycus  en  anatomie. 

Des  différences  dans  les  organes  similaires. 

De  Tanatomie  des  organes  de  la  voix.  Honein  le  considérait 
comme  apocryphe.  Les  modernes  l'admettent,  malgré  sa 
rédaction. 

De  l'anatomie  de  l'œil,  même  réflexion  de  Honein. 

Sur  les  erreurs  relatives  à  la  distinction  du  sang  et  de  Tu- 
rine. 

Des  propriétés  des  médicaments  laxatifs. 

Des  habitudes. 

De  l'organe  de  l'odorat. 

Des  signes  des  affections  de  l'œil. 

Des  causes  occasionnelles. 

Des  tremblements,  des  frissons  et  des  convulsions. 

Des  parties  de  la  médecine. 

De  l'atrabile. 

Des  périodes  des  fièvres. 

Du  pouls,  en  réponse  à  Archigène. 

Des  opinions  d'Aristote  sur  la  thérapeutique. 

Des  médicaments  faciles  à  trouver. 

De  la  thériaque,  deux  traités. 

Ici  commence  une  série  de  commentaires  sur  Hippocrate. 

Commentaires  sur  le  serment,  les  aphorismes,  les  fractu- 
res, les  luxations,  le  pronostic,  (1)  le  régime  des  maladies 
aiguës,  (2)  les  ulcères,  les  plaies  de  tète,  les  épidémies,  les 
humeurs,  les  prénotions,  l'officine  du  médecin,  les  airs,  les 
eaux  et  les  lieux,  l'aliment,  la  nature  de  l'embryon,  sur  la 
nature  de  rhonune,  sur  le  bon  médecin  qui  doit  être  philo- 
plie,  sur  les  livres  authentiques  ou  non  d'Hippocrate,  sur  les 
termes  d'Hippocrate. 

Nous  trouverons  plus  loin  d'autres  commentaires,  mais 
considérés  comme  apocryphes  par  Honein. 

*  (1)  Il  en  existe  à  Oxford  une  traduction  par  Honein. 

*  (2)  Il  existe  à  Paris,  traduit  par  Honein  en  arabe  et  en  caractères 
hébreux.  F.  H.  1203 


LES  UÉDBGIKI.  240 

Nous  ferons  quelques  observations  sur  les  précédents. 

•Le  commentaire  sur  les  Aphorismes  fut  traduit  par 
Honein  et  il  en  existe  un  exemplaire  à  Paris,  n*  985.  A.  F. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  traduction  de  Costa  était  pro- 
blématique. 

•  Le  commentaire  sur  les  épidémies  fut  en  partie  traduit 
en  syriaque  et  en  arabe  par  Aïoub. 

Il  en  existe  à  Paris  une  traduction  de  Honein,  n*  1002  du 
supplément  arabe.  Nous  avons  déjà  parlé  de  la  note  qui  le 
termine,  mal  comprise  par  Gasiri  en  ce  qui  concerne  Moham- 
med ben  Moussa,  erreur  adoptée  de  confiance  par  Wenrich. 

Nous  continuons  Ténumération  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah. 

On  trouve  ici  un  livre  de  controverse  sur  les  quatre  élé- 
ments dont  nous  n'avons  pu  bien  déchiflfrer  le  titre. 

Du  coma. 

De  la  substance  de  Tâme. 

•  De  l'expérience  médicale,  (traduit  en  latin). 
De  l'enseignement  de  la  médecine.  (1) 
Sommaire  de  l'expérience  ? 

Des  termes  de  médecine,  dont  la  première  partie  fut  tra- 
duite par  Hobéïcli. 

De  la  démonstration,  en  XV  livres,  Honein  ne  put  en  trouver 
un  original  complet.  Après  les  recherches  de  Gabriel,  il  en  fit 
lui-même  dans  l'Irak,  la  Syrie,  la  Palestine  et  l'Egypte,  et 
n*en  trouva  que  la  moitié  à  Damas.  Aïoub  en  traduisit  ce 
qu'il  trouva.  Une  traduction  en  fut  faite  par  Honein,  en  sy- 
riaque, et  une  autre  par  Issa  ben  lahya,  qui  fut  rendue  par 
Ishaq  en  arabe.  Y.  p.  247. 

Du  fondement  de  l'art. 

Commentaire  du  Il'livrede  l'interprétation.  Y.  ci-devant. 

De  ce  qu'il  faut  faire  coutre  la  loquacité. 

Des  chefs  de  secte. 

De  la  consolation. 

Des  prescriptions  d'Hippocrate. 

Du  médecin. 

(1)  Nous  ne  comprenons  pas  comment  Wenrich  a  pu  rendre  le 
texte,  qu'il  donne  du  reste  parJD^plimmi.p.  259. 


250    BmOlBE  DE  LA  yéOBCISX  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÊIfC. 

Discours  sur  la  physique. 

De  la  médecine  d'après  Homère. 

Que  les  attributs  sont  incorporels. 

Si  les  organes  du  fœtus  se  forment  tous  simultanément. 

Si  le  fœtus  dans  la  matrice  est  un  animal. 

Que  r&me  ne  meurt  pas. 

Du  lait. 

Du  dessèchement  de  la  chair  (ou  de  son  allégement). 

De  l'urine. 

liéponse  aux  partisans  de  la  troisième  secte. 

Des  causes  des  maladies. 

De  l'ictère. 

Des  humeurs  suivant  Praxagroras. 

Du  besoin  de  la  saignée  au  printemps. 

Tels  sont  les  ouvragées  qu'Ebn  Abi  Ossaîbiah,  d'après 
Honein  considère  comme  authentiques.  Il  donne  ensuite  la 
liste  d'autres  écrits  attribués  à  Galien. 

Commentaire  des  maladies  des  femmes  d'Hippocrate. 

Commentaire  du  régime  à  l'état  de  santé. 

'  Commentaire  des  septénaires,  traduit  par  Honein. 

M.  Littré,  dans  son  édition  d'Hippocrate,  a  fait  sur  ce  livre 
une  longue  et  savante  dissertation,  à  laquelle  nous  ren- 
voyons. Malgré  que  Galien,  comme  le  dit  M.  Littré,  l'ait 
regardé  comme  faussement  attribué  à  Hippocrate,  nous  n'en 
possédons  pas  moins  une  traduction  arabe  du  commentaire 
de  Galien  sur  le  livre  des  septénaires.  Ou  sait  qu'il  existe  une 
traduction  latine  tronquée,  n**  7027  du  fonds  latin. 

A  l'époque  où  écrivait  M.  Littré  l'existence  de  la  traduc«* 
tiou  arabe  n'était  pas  encore  connue.  Cette  traduction  existe 
il  la  bibliothèque  de  Munich,  n*  802,  et  elle  est  donnée  comme 
étant  de  Honein. 

Ce  Ms.  ancien  et  d'une  exécution  soignée  est  un  petit 
in-8"  de  soixante-quatre  feuilles.  Il  date  de  471  de  l'hégire. 

M.  Daremberg  ayant  obtenu  une  extradition  de  ce  livre, 
nous  eu  avons  pris  une  copie  que  nous  traduirons  quelque 
jour  si  Dieu  nous  prête  vie. 

Le  Ms. paraît  complet,  mais  le  texte  d'Hippocrate  n'est  pas 
intégralement  rendu  dans  toutes  les  citations.  Galien   y 


LB8  MÊDEOIKS.  251 

parle  de  plusieurs  de  ses  livres,  des  causes  des  maladies  et 
des  crises,  des  fonctions  des  organes,  etc. 

Le  livre  des  septénaires  pose  en  principe  que  le  nombre 
sept  domino  tout.  II  le  trouve  dans  l'univers,  les  planètes, 
les  vents,  les  saisons,  les  plantes  et  les  animaux,  Thomme, 
la  tète,  l'esprit  vital,  les  voyelles  et  même  la  terre,  dont  la 
tète  est  représentée  par  le  Péloponèse. 

On  ne  saisit  pas  bien  les  rapports  de  cette  doctrine  avec  la 
théorie  des  fièvres  qui  termine  le  livre. 

Commentaire  du  livre  de  la  médecine  des  pauvres. 

De  la  réduction. 

De  la  mort  soudaine. 

Des  lavements  et  de  la  colique,  (traduit  par  Honein). 

Du  sommeil  et  de  la  veille. 

•  De  l'interdiction  d'inhumer  avant  vinfft-quatre  heures. 

De  la  providence. 

Lettre  à  la  reine?  sur  les  secrets  des  femmes. 

Lettre  à  ?  sur  les  secrets  des  hommes. 

Des  remèdes  secrets. 

De  l'extraction  du  suc  d'herbes. 

Des  succédanés. 

Sur  l'action  du  soleil,  de  la  lune  et  des  astres. 

Des  couleurs. 

Réponse  à  ceux  qui  ont  écrit  sur  les  Xypen, 

Do  la  nature  de  la  sensation. 

Des  plantes.  Il  s'en  fit  une  traduction  latine  d'après  celle 
de  Honein. 

Sur  les  opinions  attribuées  à  Érasistrate. 

Des  saveurs. 

De  rhydroi>hobie  ou  de  la  rag-e. 

Des  causes  adhérentes. 

Commentaire  du  livre  de  Polybc  sur  le  régime  îi  Téttit  do 
santé. 

Sur  les  médicaments  détersifs. 

En  somme,  ajoute  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  il  est  encore  d'au- 
tres livres  de  Galien  que  l'on  ne  trouve  plus,  et  qui  se  trou- 
vent mentionnés  dans  son  livre  intitulé  lePinax,  c'est-à-dire 
dans  son  catalosruo. 


252    HISTOIttB  DE  LA  MÉOBCIXB  ARABE.  —  LIVRS  DEUXIÈME. 

Nous  citerons  encore  quelques  autres  écrits  mentionnés 
par  Wenrich,  et  dont  nous  n'avons  pas  trouvé  trace. 

Synopsis  des  dialogues  de  Platon. 

Des  époques  des  maladies. 

Des  médicaments  émétiques. 

De  l'intellect. 

Qu'Hippocrate  a  dépassé  tout  le  monde  sur  la  connaissance 
des  temps. 

Nous  devons  dire  un  mot  sur  deux  ouvrages  de  Galien. 

Les  Arabes  ont  réuni,  mais  en  deux  parties,  les  livres  de 
la  composition  des  médicaments  suivant  les  genres  et  celui 
de  la  composition  des  médicaments  suivant  les  lieux.  Ils  ont 
donné  au  premier  le  nom  de  Kata  DjaneSj  et  au  second  celui 
de  Miamir.  Ces  expressions  se  sont  conservées  chez  les 
arabistes  du  moyen-âge  ;  ainsi  dans  Guy  de  Ghauliac  on  lit 
le  Catageni,  le  Miamir^  le  Techni  de  Galien. 

MAGNGS    d'kPHÈSE,    OU  d'ÉMESSE. 

Magnus  d'Éplièse  était  contemporain  de  Galien  qui  le  cite 
à  propos  du  pouls.  Serait-il  le  même  que  Magnus  d'Ëmesse 
mentionné  par  le  Fihrist  et  le  Kitab  el  liokama,  qui  lui 
attribuent  un  livre  âur  l'urine?  Ce  livre  existe  à  Paria  au 
fonds  hébreu,  n"  1202,  en  arabe  et  en  caractères  hébreux. 
Magnus  est  cité  plusieurs  fois,  à  propos  de  l'urine,  dans  le 
Continent  de  Razès. 

Le  Kitab  el  hokama  cite  un  autre  Magnus,  d'Alexandrie, 
qui  aurait  vécu  au  VU*  siècle  de  notre  ère. 


ARCIHGENE. 

On  pense  qu'il  vécut  sous  le  règne  de  Trajan. 
Tous  nos  historiens  parlent  de  lui,  mais  sommairement. 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  dit  que  l'on  traduisit  en  arabe  les  ou- 
vrages suivants  : 
Des  maladies  de  la  matrice. 


LL8  MÉDECINS.  253 

De  la  nature  de  riiomine. 
De  la  goutte. 

On  en  trouve  d'autres  cités  dans  le  continent  de  Kazès  : 
Des  maladies  chroniques. 
Du  diabète. 

Du  vomissement  et  du  vomissement  par  riiellébore. 
De  la  bile. 
De  Tatrabile. 

Son  nom  se  trouve  altéré  sous  plusieurs  formes,  dans  le 
Continent  traduit  en  latin. 


ORIBASE. 

Le  Kitab  el  hokama  admet  deux  Oribase,  l'un  qu'il  appelle 
Vaccoucheur  et  l'autre  qu'il  dit  médecin  de  l'empereur  Julien. 
Nous  n'en  trouvons  qu'un  dans  le  Fihrist. 

Tels  sont  les  ouvrages  qu'ils  lui  attribuent  : 

Un  livre  en  IX  parties,  adressé  à  son  fils  Eustathe,  et  tra- 
duit par  Honein.  (C'est  la  synopsis). 

Un  traité  d'anatomie. 

Un  traité  des  médicaments  usuels,  traduit  par  Etienne 
fils  de  Basile. 

Un  traité  en  soixante-dix  chapitres,  traduit  en  syriaque 
par  Honein  et  par  Issa  ben  lahya. 

C'est  la  Collectionmédicale^  dont  nous  ne  possédons  qu'une 
partie. 

Un  livre  h  Eunape,  en  quatre  parties,  traduit  par  Honein. 

Les  Ms8.  donnent  Eunape  comme  fils  ou  père  d'Oribase, 
dont  il  n'était  que  l'ami. 

Ce  dernier  écrit  n'est  mentionné  que  dans  le  Fihrist  et  le 
Maleky.  Wenrich  n'en  a  pas  parlé.  C'est  probablement  une 
répétition  du  Traité  des  médicaments  usuels  ou  faciles  à  se 
procurer. 

Dans  la  préface  du  Maleky,  Ali  ben  Abbas  passe  en  revue 
les  médecins  qui  l'ont  précédé,  et  pour  motiver  son  travail, 
signale  les  lacunes  de  chacun  d'eux.  Chemin  faisant  il  arrive 
à  Oribase.  Nous  citerons  ce  passage:  «  Quant b  Oribase,  dans 


254     HISTOIRE  DE   L\  MÉUEGINE   ARABE.   —  LIVRE   DEUXIÈME. 

son  livre  adressé  h  Eunapc  et  au  public,  il  a  procédé  som- 
mairement, ne  disant  rien  des  choses  naturelles  et  passant 
rapidement  sur  les  causes.  Il  en  est  de  môme  dans  son  livre 
il  son  fils  Eustathe,  en  IX  parties,  où  il  ne  dit  presque  rien 
des  choses  naturelles,  c'est-à-dire  des  éléments,  des  tempé- 
raments, des  organes,  des  humeurs,  de.^  forces,  des  pro- 
priétés, des  esprits.  Dans  ces  deux  écrits  il  ne  dit  rien  de  la 
chirurgie.  Quant  ix  son  g'rand  livre  en  soixante-dix  chapi- 
tres, je  n'en  trouve  qu'un  seul  où  il  soit  question  de  l'ana- 
tomie.  » 

INous  ferons  quelques  réflexions  sur  ce  passage,  qui  se 
trouve  aussi  reproduit  dans  le  Pantechni  de  Constantin,  et 
que  M.  Daremberg  a  mis  en  regard  du  Maleki  pour  établir 
le  plagiat  de  Constantin.  (1) 

Disons  d'abord  que  les  Arabes  donnent  à  tort  Eunapc, 
comme  le  fils  d'Oribase,  dont  il  fut  seulement  l'ami. 

Le  mot  Eunapus  nous  paraît  avoir  été  écrit  en  arabe  de 
telle  sorte  qu'on  a  pu  lire  Oceanus,  et  nous  pensons  que 
telle  peut  être  Texplication  du  nom  (Tlmmensus  donné  par 
le  Pantechni  au  prétendu  fils  d'Oribase. 

Certains  Mss.  arabes,  ainsi  celui  de  Paris,  donnent  le  livre 
en  soixante-dix  chapitres  comme  dédié  h  la  Reine,  et  nous 
trouvons  cette  particularité  dans  la  traduction  latine. 
M.  Daremberg  a  cherché  l'explication  de  cette  dédicace  dans 
ce  fait  que  Suidas  mentionne  un  livre  d'Oribase  péri  fraai- 
leias»  Nous  croyons  que  l'explication  est  plus  simple  et  qu'il 
faut  lire  Malik^  roi  ou  empereur,  au  lieu  de  Malika,  reine. 
Il  y  aurait  donc  là  simplement  une  petite  erreur  de  copiste* 
On  sait  que  la  grande  collection  d'Oribase,  porte  en  tète 
cette  dédicace  :  Divc  Juliane  Cœsar.  Le  Ms.  de  l'Escurial  ne 
porte  pas  cette  dédicace  :  le  mot  Malek  ne  s'y  trouve  pas. 

Il  est  encore  une  autre  altération^  k  propos  du  livre  adressé 
h  Eunape  et  au  public.  C'est  ce  livre  que  le  Pantechni 
appelle  L*  de  Rcpublica. 

Oribase  a  été  mis  à  contribution  par  les  médecins  arabes. 
11  est  fréquemment  cité  dans  le  Continent  de  Razès,  dans 

(1)  Archives  des  missions  scientiflque.^,  IX*  cahier,  p.  'jO'ù» 


LE)   MÉDECINS  '2oO 

Sérapîou,  Mésué,  Ebn  el  Beitliar,  etc.  Dans  le  Morny  d'Ebu 
el  Beitliar  nous  trouvons  cité  un  autre  livre  d'Oribase  :  A 
qui  na  pas  de  médecin  présent,  (1)  Ce  livre  nous  paraît  être 
VEuporiston,  des  médicaments  faciles  h  trouver. 


rniLAORius. 

Il  n'est  pas  mentionné,  dit  le  Fihrist,  dans  les  Annales  des 
médecins  d'Isliaq  fils  de  Honein. 

Tout  ce  que  nous  savons  sur  l'époque  de  Philagrius,  c'est 
qu'il  est  antérieur  à  Oribase,  qui  l'a  mis  à  contribution. 
Aétius  nous  en  a  aussi  conservé  des  fragments. 

Tels  sont  les  écrits  mentionnés  par  Wenrich  : 

De  l'impétigo,  traduit  en  arabe  par  Aboul  Hassan  de 
Harran. 

Des  affections  des  dents  et  des  gencives,  traduction  du 
même. 

A  qui  n'a  pas  de  médecin  présent. 

De  la  colique. 

Des  signes  des  maladies. 

De  la  goutte. 

Des  calculs  des  reins. 

De  l'hépatite. 

De  l'ictère. 

Du  cancer. 

De  la  morsure  des  chiens  enragés. 

Le  Ms.  du  Fihrist  que  nous  avons  consulté  en  porte  d'au- 
tres que  Wenrich  n'a  pas  trouvés  dans  le  sien. 

De  la  sérosité  citrine. 

De  l'hystérie. 

De  la  préparation  de  la  thériaque  au  sel. 

On  trouve  encore  d'autres  ouvrages  cités  dans  le  Continent 
de  liazès,  outre  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  qui  sont 
cités  pour  la  plupart. 

Un  grand  et  un  petit  compendium,  Kounnachi 

(1)  Supplément  arabe,  n«  lOid,  folio  204. 


250     HISTOIRE  DE  LA   MÉDBCINE  ARABE.   —   LIVKE  DEUXIÈME. 

Le  petit  compeudium  porterait  aussi  le  titre  de  Livre  au 
peuple. 

Livre  des  trois  discours,  assez  fréquemment  cité. 

Traité  de  la  phthisie. 

Traité  du  diabète. 

Le  traité  de  la  goutte  et  celui  de  la  rage  portent  chacun 
une  dédicace  ;  mais  ces  noms  étant  dépourvus  de  points  dia- 
critiques nous  renonçons  à  les  reconstituer. 

Citons  encore  :  Livre  du  traitement  des  maladies. 

La  traduction  latine  du  Haouy  ou  Continent  donne  sou- 
vent Philaretus  quand  le  texte  donne  Philagrius.  De  plus  ce 
dernier  nom  est  fréquemment  défiguré. 

Ali  ben  Rodhouan  recueillit  des  recettes  du  livre  de  Phi- 
lagrius  sur  les  boissons  utiles  et  agréables  à  l'état  de  ma- 
ladie. 


ALEXANDRE   DE   TRALLES. 

Il  vivait  au  VI«  siècle  de  l'ère  chrétienne. 

On  cite  de  lui  : 

Traité  des  maladies  des  yeux,  avec  une  ancienne  version 
arabe  anonyme. 

De  la  pleurésie,  traduction  d'Ebn  el  Bathriq. 

Des  vers  intestinaux,  avec  une  ancienne  version. 

Ebn  el  Beithar  lui  attribue  un  traité  des  maladies  chro- 
niques, et  llazès  un  compendium,  un  traité  de  la  mélancolie 
et  un  livre  de  l'estomac. 


PAUL    DKGINE. 

Paul  d'Égine,  dit  le  Kitab  el  hokama,  connu  sous  le  sur- 
nom à' Accoucheur  y  fut  un  médecin  célèbre  dans  son  temps 
et  habile  dans  la  connaissance  des  maladies  des  femmes. 
Aussi  les  accoucheuses  venaient-elles  lui  demander  des  con- 
seils, n  sur\'écut  à  Jean  le  Grammairien  et  vit  les  premiers 
temps  de  l'Islamisme.  Il  habitait  Alexandrie.  Parmi  ses  livres 


LES   MLOËCiNS.  'Joi 

sont  ses  Paudectes  de  médecine,  qui  furent  traduites  par 
Honein  et  un  traité  des  maladies  des  femmes. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  ajoute  un  traité  sur  le  régime  et  la 
thérapeutique  des  enfants. 

Après  Hippocrate,  Oalien  et  Dioscorides,  Paul  d'Égine  est 
peut-être  le  médecin  grec  le  plus  fréquemment  cité  par  les 
Arabes.  On  peut  s'en  assurer  en  lisant  surtout  le  Continent 
de  llazès.  Abulcasis  a  mis  à  contribution  son  VI®  livre  et 
parfois  il  le  reproduit  textuellement.  On  peut  s'étonner  qu'il 
ne  Tait  pas  cité  ;  mais  c'est  une  habitude  assez  commune 
chez  les  Arabes. 

Ali  ben  el  Abbas  lui  reproche,  comme  à  Oribase,  de  n'avoir 
pas  été  complet. 

JEAN  Li:  GRAMMAIRIEN  OU  PHILOPONUS. 

Xous  l'avons  déjà  compté  parmi  les  Philosophes  :  il  adroit 
aussi  à  prendre  place  parmi  les  médecins. 

Nous  savons  qu'il  prit  part  au  choix  que  firent  les  Alexan- 
drins parmi  les  œuvres  de  Galieu  pour  servir  à  l'enseigne- 
ment de  la  médecine.  Quelques-uns  de  ses  travaux  nous  sont 
arrivés,  mais  un  seul  avec  le  nom  de  Jean  le  Grammairien. 

Le  u*  444  du  Musée  britannique  contient  le  Recueil  des 
seize  livres  deGalien  coordonnés  par  Jean  le  Grammairien  et 
traduits  en  arabe.  Nous  avons  déjà  donné  la  liste  de  ces  li- 
vres et  nous  n'avons  pas  à  y  revenir. 

Le  n*  1350  contient  un  autre  Recueil  des  seize  livres  abrégés 
par  les  Alexandrins  et  traduits  par  Honein.  Ne  connaissant 
ces  deux  Mss.  que  par  le  catalogue,  nous  ignorons  si  leur 
contenu  est  identique,  et  si  le  second  appartient  aussi  a 
Jean  le  Grammairien.  Ce  recueil  est  incomplet  et  s'arrête 
aux  livres  d'anatomie  dont  il  nous  donne  le  détail. 

I^  u*  1117  du  fonds  hébreu  de  Paris  contient  à  peu  de 
chose  près  les  seize  livres  de  Galien,  dont  quelques-uns  sont 
annotés  comme  exécutés  par  les  Alexandrins. 

Le  u*  1118  en  contient  une  dizaine  et  se  termine  par  le 
traité  de  la  conservation  de  la  santé,  qui  nous  est  donné 

17 


258    HI8T0IRIS   DE  LA  MÉDECINE  ABABE.    —   LIVRE  DEUXIÈME. 

comme  le  dernier  livre  du  Recueil.  Jean  n'est  pas  plus 
nommé  ici  qu'au  n®  1350  du  British  Muséum.  î 

Dans  la  liste  des  ouvrages  de  médecine  de  Jean  le  Gram- 
mairien, Ebn  Abi  Ossaïbialu  commence  par  les  seize  livres 
de  Galien,  puis  énumère  les  suivants  : 

Livre  des  fonctions  des  organes. 

De  la  thériaque. 

De  la  saignée. 

Le  Continent  de  Razès  mentionne  plusieurs  fois  le  com- 
mentaire de  Jean  sur  le  livre  du  pouls  de  Galien, 

TIÏÊOMNESTUS. 

Le  n'  1038,  A.  F.  de  la  Bibliothèque  de  Paris  contient  deux 
ouvrages  de  médecine  vétérinaire. 

Le  premier  nous  est  donné  comme  ayant  pour  auteur 
Théomnestus  et  pour  traducteur  Honeiu. 

Il  se  compose  de  47  feuilles. 

C'est  moins  un  traité  méthodique  qu'une  série  de  recettes 
données  aussi  souvent  sous  le  nom  d'Absyrte  que  sous  celui 
de  Théomnestus.  On  trouve  encore  d'autres  noms  assez  mal 
écrits  que  nous  n'avons  pu  '  mettre  en  regard  d'aucun  drf 
ceux  qui  figurent  dans  le  recueil  des  vétérinaires  grecs.  (1) 

La  patrie  de  Théomnestus  nous  est  donnée  sous  une  forme 
incorrecte  où  l'on  pourrait  voir  Nicopolis. 

M.  Clément  MuUet,  qui  s'est  aussi  occupé  de  ce  Ms.  dans 
sa  traduction  de  l'Agriculture  d'Ebn  el  Aouam,  n'y  voit  pas 
une  véritable  traduction  de  l'ouvrage  grec,  mais  plutôt  une 
traduction  de  morceaux  détachés. 

La  deuxième  partie  de  ce  volume,  qui  contient  123  feuille», 
nous  est  donnée  comme  une  traduction  arabe,  faite  d'après  le 
l)€rsan,  par  Tsabet  ben  Corra.  L'auteur  n'est  pas  nommé. 

(1)  Il  est  un  de  ces  noms  que  Ton  serait  tenté  de  rendre  par 
Agonothète, 


LES  TRADUCTIONS  ANONYMES.  230 


Les  Traductions  anonymes  et  les  Auteurs  cités  dans  le 

Continent. 

Les  citations  faites  par  les  Arabes  de  certains  médecins 
grecs  nous  autorisent  à  croire  qu'il  y  eut  des  traductions  dont 
les  liistorieus  de  la  médecine  ont  négligé  de  nous  signaler 
les  auteurs. 

Sans  doute  il  est  de  ces  citations  que  Ton  peut  croire  de 
seconde  main.  Il  en  est  certainement  d'empruntées  à  Ga- 
lien.  C'est  ainsi  que  dans  un  Recueil  anonyme  de  thérapeu- 
tique de  la  Bibliothèque  de  Paris,  n"  1024  et  1034,  A.  F.,  qui 
n'est  autre  que  le  Tedkirat  de  Soueidy,  nous  trouvons  plu- 
seurs  citations  de  Cléopâtre,  qui  viennent  évidemment  du 
Traité  de  la  composition  des  médicaments  selon  les  lieux. 
On  peut  en  dire  autant  de  celles  de  Chrysis,  de  Cratévas,  de 
Diogène,  etc.,  et  peut-être  même  deCriton,  qui  se  trouve  cité 
par  un  grand  nombre  d'auteurs. 

Cependant  il  est  un  passage  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  qui  nous 
autorise  à  croire  que  quelques-uns  de  ces  auteurs  ont  été 
traduits.  Après  avoir  énuméré  sommairement  les  médecins 
grecs  des  derniers  temps  il  ajoute:  <  On  rencontre  la  plupart 
de  leurs  livres,  et  Razès  en  a  inséré  beaucoup  de  passages 
dans  sou  Haouy  ou  Continent.  » 

Ce  qui  nous  autorise  à  croire  que  Hazès  citait  parfois  de 
première  main,  c'est  qu'il  lui  arrive  souvent  de  citer  les  li- 
vres en  même  temps  que  leurs  auteurs. 

Il  y  a  donc  un  certain  intérêt  &  relever  ces  noms,  qui  bleu 
que  de  second  ordre,  n'accusent  pas  moins  Textension  qœ  la 
médecine  grecque  avait  prise  chez  les  Arabes,  même  par  ses 
plus  modestes  représentants. 

Ce  qui  nous  engage  encore  aies  passer  en  revue»  c^est  que 
beaucoup  de  noms  ont  été  tronqués  ou  même  fabriqués  dé 
toute  pièce  par  les  traducteurs  du  Haouy,  au  point  de  les  ren- 
dre méconnaissables  pour  qui  n'a  pas  vu  les  textes^. 

Ou  pourrait,  jusqu'à  un  certain  point,  appliquer  cette  in- 
vestigation à  Sérapion,  mais  nous  nous  bornerons  à  Kasèsi 


20U     HISTOIRE  DE  LX  MÉDËOINK  AK.VDU.   —  Li\ll\ù  DEUXIÈME. 


Les  Auteors  cités  dans  le  Continent  de  Razès. 

Nous  n'avons  jusqu'à  présent  donné  place  dans  notre  gale- 
rie Qu'aux  médecins  les  plus  éminents,  dont  les  traductions 
nous  sont  formellement  dénoncées  par  les  historiens.  Il  en 
est  beaucoup  d'autres  dont  les  œuvres  furent  traduites,  et 
dont  les  noms  figurent,  comme  le  dit  Ebn  Abi  Ossatbiali, 
dans  le  Haouy  ou  Continent  de  Razès.  La  mise  en  lumière 
de  ces  noms  a  un  grand  intérêt:  elle  prouve  quelle  extension 
avait  prise  en  Orient  la  médecine  grecque,  même  par  ses  plus 
modestes  représentants.  D'autres  que  nous  se  sont  occupés 
déjà  d'en  faire  le  recensement,  mais  ce  travail  devait  néces- 
sairement être  défectueux,  opéré  sur  la  traduction  latine.  Il 
faut  avoir  comparé  le  texte  avec  cette  traduction  pour  se 
faire  une  idée  des  transformations  que  ces  noms  ont  subies 
en  passant  à  travers  lelatin.  Si  quelques-uns  pouvaient  être 
suffisamment  reconnus,  un  grand  nombre  restaient  indéchif- 
frables. Il  fallait  donc  recourir  au  texte  pour  la  confirmation 
des  premiers  et  l'établissement  des  seconds,  et  c'est  pour  cela 
que  nous  avons  fait  le  voyage  de  l'Escurial,  où  l'on  trouve 
la  collection  la  plus  complète  des  copies  du  Haouy. 

Il  serait  fastidieux  d'étaler  tous  ces  travestissements,  qui 
portent  non-seulement  sur  les  médecins  grecs,  mais  encore 
sur  les  médecins  de  l'Orient  dont  les  œuvres  ont  été  mises  à 
coutribulionpar  Razès,  sur  les  noms  des  livres  et  sur  les  ter- 
mes techniques.  Nous  devons  cependant  en  dire  quelques 
mots,  d'une  manière  générale,  avant  de  signaler  pour  cha- 
cun des  auteurs  dont  nous  aurons  à  parler  ici,  les  altérations 
qu'il  a  subies  sous  la  plume  du  traducteur,  que  ce  soit  sa 
faute,  que  ce  soit  celle  des  copistes  arabes,  ou  même  des 
copistes  européens,  ou  enfin  des  imprimeurs.  Nous  pensons 
en  eflfet  que  les  causes  d'erreurs  sont  multiples,  maislaimu- 
cipale,  à  notre  avis,  est  l'ignorance  et  l'étourderie  du  traduc- 
teur. (1) 

(1)  il  ne  faut  pas  trop  s'étonnor  de  cos  faits.  La  collation  de  plu- 
ëicurs  exemplaires  n'était  pas  possible  alors  comme  aujourd'hui. 


AUTEORS  CITÉS  DAXS  LE  CONTINENT.  201 

Parlons  d'abord  des  médecins  dont  il  a  été  question  précé- 
demment. 

On  sait  que  certains  livres  de  Gallen  sont  adressés  à  des 
personnages.  On  en  a  fait  l'auteur  du  livre,  et  c'est  ainsi  que 
nous  lisons,  à  propos  du  livre  à  Glaucon,  Dixit  Galaricon^ 
etc. 

Certains  titres  des  œuvres  de  Galien  ont  été  de  même  pris 
pour  des  noms  d'auteurs.  Le  livre  des  médicaments  selon  les 
g-enres  e.st  appelé  par  les  Arabes  Katadjenes.  De  ce  mot, 
assez  souvent  répété,  on  a  fait  un  médecin  et  même  un  chi- 
rurgien ;  Catagenisius^  ou  Catagenisiua  chirurgicus.  Il  en  a 
été  de  même  pour  le  livre  des  Chymes  et  nous  lisons:  Dixit 
Caymousia. 

Nous  tairons  les  formes  innombrables  sous  lesquelles  se 
produit  le  nom  de  Philagrius,  mais  nous  devons  dire  que  le 
latin  donne  bi(în  souvent  et  indûment  Philaretus,  en  place 
de  Philagriui». 

Polybe  se  rencontre  de  même  k  la  place  de  Paul. 

D'un  mot  mal  écrit  peut-être,  on  a  fait  un  auteur  et  nous 
rencontrons  Platon,  dans  la  traduction  latine,  là  où  le  texte 
arabe  donne  le  mot  lakin,  cependant. 

Du  mot  lladjj  ou  Aladj,  traitement,  on  a  fait  le  nom  d'un 
médecin. 

A  propos  de  la  Pivoine,  en  arabe  Faounya,  Kazès  dit  qu'il 
a  TU  son  nom  (dans  un  tableau  synoptique  de  synonymes) 
en  regard  du  mot  Glukiisidê.  Là-dessus  on  lit  dans  la  tra- 
duction latine  :  Pœonia  appellatur  in  libre  Aly  Fascary,  etc. 

Nous  allons  maintenant  donner  la  list«  des  médecins  cités 
dans  Razês,  dont  les  traductions  ne  nous  sont  pas  signalée» 
d'autre  part. 

DIOGKNE. 

Il  ne  saurait  être  question  du  cynique,  désigné  d'ailieur» 
par  les  Arabes  sous  le  nom  d'El  Kelby,  bien  qu'il  ne  aoit  paa 
resté  étranger  à  la  médecine.  Nous  pensons  qu'il  est  ques- 
tion de  Diogène  d'Apollonie,  qui  fut  quelque  peu  antérieur 
k  Ilippocrate.  Il  est  cité  notamment  k  propos  de  la  paralysie. 


HISTOIRE  02   LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVEB  DEUXIÈME. 


DIOCLES. 

Parmi  ses  quelques  citations,  il  en  est  qui  nous  semblent 
d'une  lecture  facile.  D'autres  pourraient  laisser  du  doute  ; 
mais,  d'après  les  textes  que  nous  avons  eus  sous  les  yeux, 
nous  ne  croyons  pas  qu'on  puisse  lire  Théophile  comme  Ta 
fait  la  traduction  latine.  De  ces  citations,  il  en  est  de  relatives 
à  la  paralysie,  au  rhumatisme,  à  la  sciatique.  L'une  d'elles, 
ayant  trait  à  la  mélancolie,  serait  tirée  du  11*  livre  des  Orga- 
nes souffrants.  Nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  tirer  parti 
de  cette  indication. 

CRITON. 

Criton  est  mentionné  par  nos  trois  historiens  comme  au<- 
teur  d'un  Traité  de  la  cosmétique  ou  de  la  beauté. 

C*est  le  même  livre  qui  est  assez  souvent  cité  dans  Ra^ès 
et  qui  l'est  aussi  dans  Ebn  Beithar.  Les  citations  de  Razès 
sont  des  recettes  contre  le  larmoiement,  contre  la  chute  des 
cils,  contre  l'abondance  du  lait,  contre  la  flaccidité  des  ma- 
melles, contre  les  fissures  de  l'anus,  contre  les  défauts  des 
ongrles,  etc.,  enfin  pour  faire  disparaître  les  traces  de  la 
variole. 

Nous  devons  rappeler  à  ce  propos  que  Razès  a  cru  recon- 
naître la  ^-ariole  parmi  les  affections  cutanées  décrites  par 
Qalien.  Le  nom  de  Criton  est  presque  toujours  défigfuré  dans 
la  traduction  latine.  Ainsi  on  y  lit  :  Cliton,  Caritan  et  Car- 
taten. 

TIMKE. 

Raxès  paraît  en  admettre  deux,  attendu  que  l'un  est  sou- 
vent cité  soUs  cette  forme  :  ïhimaous  et  ïhobby.  Il  en  est 
question  à  propos  des  affections  cérébrales,  de  l'hysté- 
rie, ptc. 


AXJtBVBM  OITâS  DANS  LE  COHTINBKT  DE  RAZÊd.  263 


ARTHAMIDES. 

Cet  auteur,  sur  le  compte  duquel  nous  n'avons  pu  recueil- 
lir aucun  renseignement,  aurait  écrit  un  Traité  sur  la 
culture  ou  le  perfectionnement  de  la  voix.  Il  est  cité  deux  ou 
trois  fois. 

ANAXAXDER. 

C'est  la  forme  sous  laquelle  paraît  en  latin  un  auteur  dont 
le  nom,  mal  écrit  d'ailleurs,  pourrait  se  lire  Asalsikon  ?  et 
qui  est  remplacé  dans  l'autre  par  la  qualification  d'tnconnu. 
Il  est  cité  à  propos  de  la  strangurie. 

LEUC0PHR.VGIS? 

Nous  lisons  à  peu  près  sous  cette  forme  que  la  chaux  vive 
convient  contre  les  ulcères  cancéreux.  La  traduction  latine 
donue  Lucubrachis. 

ÊRASISTRATE. 

Nous  le  trouvons  cité  plusieurs  fois,  ainsi  h  propos  de  la 
paralysie  du  foie  et  de  ses  abcès.  Il  est  même  donné  comme 
auteur  d'un  livTe  d'anatomie.  Ce  nom  est  quelquefois 
assez  mal  écrit  pour  que  la  traduction  latine  ait  pu  y  voir 
Aristote,  mais  comme  la  lecture  Ërasistrate  est  forcée  dans 
plusieurs  cas,  nous  l'avons  adoptée  pour  tous. 

PIIILIMÈNE. 

Nous  considérons,  suivant  toute  probabilité,  ce  nom  comme 
l'équivalent  de  Tarube  Philomou,  que  la  version  latine  a 
rendu  par  Philomeus.  Il  en  est  question  à  propos  des  mala- 
dies de  l'estomac. 


2C4       HlâTOIRB  Dfi  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  UVRE  DEUXIÈME. 


ASCLEPIADK,    OU  ASCLEPIUS. 

Il  n'est  cité  qu'une  seule  fois.  D'après  Archiffène  et  Asclé- 
piade,  lit-on  dans  le  Haouy,  les  Ethiopiens  vieillissent  vite, 

LISANOUS  ? 

C'est  ainsi  que  nous  croyons  pouvoir  donner,  sous  forme 
dubitative,  le  nom  d'un  auteur  d'un  Traité  des  Pierres, 
qui  recommande  le  port  de  la  marcassite  contre  la  lèpre. 
Vu  la  nature  superstitieuse  de  ce  traitement  nous  serions 
tenté  de  voir  ici  une  altération  du  nom  d'Apollonius  de 
Tyane.  La  traduction  latine  a  lu  Libarius  et  Lilarus.       % 

PALLADIUS. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  possible  de  lire  autrement 
le  nom  que  nous  trouvons  écrit  dans  l'arabe  sous  la  forme 
Bladious  ou  Fladious.  La  traduction  latine  a  lu  Palladius, 
Baladius  et  Philarius. 

Palladius  est  cité  à  propos  des  ulcères  de  la  vessie  et  des 
reins  ;  des  abcès  des  reins,  qu'il  dit  siéger  dans  l'enveloppe 
et  non  dans  la  substance  rénale  ;  &  propos  de  la  suppression 
des  règfles,  qu'il  dît  annoncer  la  grossesse  en  l'absence  de 
frissons  et  de  fièvre,  proposition  qui,  soit  dit  en  passant,  est 
relevée  par  Razès  comme  contraire  &  la  vérité,  etc.  Il  dit 
aussi  quelque  part  que  les  personnes  à  l'état  de  santé  n'ont 
pas  besoin  de  médecins.  Parmi  ses  citations  nous  distin- 
guerons celles-ci:  Palladius,  dans  les  Aphorismes;  Palla- 
dius dans  les  Aphorismes  où  il  est  question  du  lait. 

ANTVLLUS. 

Antyilus  est  fréquemment  cité  par  Razès.  Ainsi  à  propos 
de  l'opération  de  la  cataracte,  des  tumeurs,  des  varices,  du 


AUTEURS  CITÉS   DANS  LE  CONTINENT  DE  RAZÊ8.  20j 

cancer,  de  la  hernie,  de  Topération  de  la  taille.  La  descrip- 
tion du  catéther  et  de  son  mode  d'emploi  lui  est  empruntée 
in  extenso.  Nous  n'avons  pas  rencontré  le  titre  d'un  livre. 
Nous  croyons  aussi  devoir  rapporter  à  Antyllus  une  citation 
mal  écrite  sous  la  forme  Anthiloiis, 


ATIILAOL-S,    AÉÏIUS? 

On  trouve  ce  nom  assez  fréquemment  cité,  parfois  avec 
l'addition  (ïEbn  fils  de,  soit  Ebn  Thalaous,  et  nous  trouvons 
dans  le  latin  tantôt  Thalaus,  tantôt  Filius  Thalai.  Les  cita- 
tions ont  trait  aux  ophthalmies,  aux  vomissements,  aux 
hernies,  aux  squirrhes,  aux  scrophules,  aux  tumeurs  œdé- 
mateuses, etc.  Â  propos  de  TafTection  cholérique,  hidha^ 
nous  lisons  :  Du  livre  attribué  aussi  à  Gralien,  contre  cette 
affection  ;  si  l'on  remarque  une  altération  des  aliments  dans 
l'estomac,  etc.  Nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  vérifier  si 
ces  pages  peuvent  se  retrouver  dans  Aétius,  mais  nous 
inclinerions  à  croire  que  ce  nom  a  pu,  par  une  série  de  dé- 
gradations dont  nous  avons  plusieurs  exemples  dans  la  tech- 
nologie arabe,  arriver  à  la  forme  définitive  Athlaous. 

Nous  pouvons  citer,  par  exemple,  Apollonius  de  Tyane  qui 
s'est  converti  en  Balinas,  le  Pont-Euxin  qui,  de  Pontho.s, 
s'est  transformé  en  Nithech,  etc.  Toutefois,  il  y  a  certaines 
mentions  d'Aétiusoùil  est  plus  facile  de  lereconnaître,  d'au- 
tant plus  qu'il  porte  souvent  l'épithète  El  Amdy. 

Nous  le  trouvons  aussi  mentionné  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah 
parmi  la  foule  des  médecins  de  l'école  d'Alexandrie,  (l) 

Dans  un  traité  d'oculistique  anonyme,  qui  figure  actuelle- 
ment à  TEscurial  sous  le  n""  894,  nous  trouvons  une  citation 
d'Ebn  Thalaous  et  une  autre  d'El  Amdy.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  est  positif  qu'Aétius  a  été  traduit  en  arabe.  Nous  en  avons 
trouvé  dernièrement,  à  l'Escurial,  l'assertion  formelle  dans 
le  Traité  des  Pierres  d*El  Birouny. 

(i;  Nous  devons  dire  qu'Ebn  Abi  Ossaïbiah  cite  Ebn  Thalaous  ou 
Btfthalaoas,  quelques  lignes  avant  Aétius  ;  mais  cette  partie  de  son 
livre  est  bien  confuse. 


200     HISTOIRE  OB  LA  MÉOBCINB  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

A  propos  du  diamant  il  y  est  dit  :  Du  traité  d'Âthious  el 
Amdy,  qui  a  été  traduit  en  arabe  par....  Le  nom  de  Tauteur 
se  trouve  malheureusement  mal  écrit  et  indéchiffrable,  mais 
il  n'en  reste  pas  moins  acquis  qu'il  s'agit  ici  d'Âétius  d'A- 
mide.  D'autres  que  nous  avaient  déjà  songé  sans  doute  à 
retrouver  Aétius  chez  Razès,  attendu  que  nous  lisons  dans 
l'informe  compilation  d'Amoreux,  que  Razès  a  emprunté 
beaucoup  à  Aétius  :  mais  nous  ignorons  à  quelle  source  a 
puisé  Amoreux. 

ETIENNE. 

Nous  le  trouvons  une  fois  cité  comme  auteur  d'un  livre 
sur  l'urine.  Il  y  a  bien  encore  une  autre  citation,  mais  comme 
il  s'agrit  d'une  question  de  synonymie,  nous  pensons  que 
cette  citation  doit  être  rapportée  à  Etienne,  le  traducteur  de 
Dioscoride. 

MAXIME. 

Ce  nom  n'est  pas  parfaitement  lisible  dans  les  Mss.  de 
l'Escurial.  Peut-être  en  était-il  de  même  dans  le  texte  tra- 
duit, le  latin  ayant  rendu  par  Mahsafis.  Nous  croyons  notre 
lecture  aussi  bonne  que  possible.  Il  est  question  de  Maxime 
h  propos  du  sang  de  bouc,  conseillé  pour  opérer  la  matura- 
tion des  phlegmons. 

PYTHAGORE   d' ALEXANDRIE. 

Il  est  cité  à  propos  des  indications  que  peut  fournir  l'urine 
relativement  à  la  digestion. 

PAUL  ou  POLYBE. 

Il  est  quelques  citations  que  nous  croyons  devoir  attri- 
buer à  Paul  d'Egine,  bien  que  le  nom  soit  mal  écrit,  suivant 
nous,  par  la  faute  des  copistes  arabes.  On  peut  lire  Boulbous 


AUTBUR8  CITÉS  D\N8  LB  CONTINENT  DB  lUZÉS.  267 

OU  Boalibous.  Pour  quelques-unes  de  ces  citationa,  nous 
avons  pu  confronter  deux  manuscrits,  et  l'un  d'eux  portait 
BouUs  ou  Paul  d'Ëgriue.  La  traduction  a  même  écrit  Apol- 
lonius. 


SEVERUS. 

C'est  ainsi  que  nous  croyons  devoir  transcrire,  ou  bien 
encore  SouarinouB,  d'après  certaines  transcriptions  de  Ta- 
rabe,  le  nom  d'un  auteur  cité  à  propos  de  la  rage,  de  l'hel- 
lébore et  des  affections  de  l'œil. 


SIMPLICICS. 

Nous  donnons  ici  pour  mémoire  ce  nom  qu'il  faudrait 
écrire  Senflious^  pour  s'en  tenir  à  la  lettre  de  Tarabe.  Le 
latin  a  rendu  par  Sterilim.  L'auteur  aurait  commenté  le 
livre  des  fractures  d'Hippocrate. 


ATHOURSOQOS. 

Telle  est  la  forme  la  plus  généralement  reproduite  de  ce 
nom  que  la  traduction  latine  a  rendu  sous  vingt  formes 
difRérentes.  Cet  auteur  est  cité  très-firéquemment  dans  le 
Haouy.  Il  est  cité  un  peu  moins  souvent  dans  le  Traité  des 
Simples  d'Ebn  Beithar,  et  ces  citations  portent  générale* 
ment  sur  des  remèdes  empruntés  aux  animaux. 

Du  caractère  de  ces  citations  en  général,  et  du  caractère 
particulier  de  certaines  d'entre  elles,  nous  croyons  qu'il  est 
possible  de  voir  dans  Athoursoqos,  dont  le  nom  aura  pu  se 
modifier  avec  le  temps,  un  auteur  dont  il  est  question  dans 
Galien.  Du  reste  ce  rapprochement  avait  été  fait  déjà  par 
Fabricius.  Dans  le  X*  livre  des  médicaments  simples,  à  pro- 
pos des  aberrations  de  Xénocrate,  qui  employait  comme 
médicament  la  chair  humaine,  et  des  prescriptions  aussi 
étranges  de  certains  médecins  qui  recommandaient  l'usage 


263     BI8T01RB  DS  L\  yÉOECINB  ARABE.   —  LIVRE  DECXIÉME. 

d'animaux  fabuleux  ou  d'un  abord  impossible,  Galien 
ajoute  :  «  J*ai  trouvé  qu'un  certain  Âtheuristi  conseillait 
cette  sorte  de  traitement.  Mais  je  crois  qu'il  n'en  a  aucune 
expérience  personnelle,  et  je  ne  parlerai  ni  des  basilics,  ni 
des  éléphants,  ni  des  chevaux  du  Nil.  »  Parmi  les  prescrip- 
tions d'Athoursoqos,  consignées  dans  le  Haouy,  nous  trou- 
vons la  fiente  de  canard,  l'urine  humaine,  vieille  et  puante, 
etc.  Les  citations  d'Ebn  Beithar  ont  le  même  caractère. 
Dans  les  tables  de  synonymies  qui  terminent  le  Haouy 
de  Razès,  nous  trouvons  Athoursoqos  citant  le  livre  des 
Pierres  de  Théophraste. 

BAOIGORAS. 

Badifforas  est  très  fréquemment  cité  dans  le  Haou}-.  Il 
l'est  de  même  fréquemment  dans  Ebn  Beithar,  c'est-à-dire 
une  trentaine  de  fois.  Il  l'est  moins  souvent  dans  Sérapion. 
Toutes  ces  citations  prises  dans  leur  ensemble  ont  un  carac- 
tère  particulièrement  accusé  dans  Ebn  Beithar,  mais  saillant 
aussi  chez  les  autres,  c'est  d'avoir  trait  à  des  substances  ti- 
rées de  l'extrême  Orient,  substances  qui  ne  furent  pas  con- 
nues des  anciens  Grecs.  C'est  ainsi  que  les  citations  d'Ebn 
Beithar  portent  sur  TEmblic,  l'Andahiman,  substance  indé- 
termiuée,*tirée  du  Kerman,  le  Kadhy  (Pandanus  odoratissi- 
mus),  le  Sadrouân  que  nous  croyons  une  lichénée  tirée  de 
l'Oman,  le  Bétel,  le  Kicht  ber  Kicht  qui  n'est  autre  chose  que 
l'Helicteres  ixora,  etc.  Chez  Razès  nous  trouvons  cités  l'Azé- 
derach,  le  Bell(Œgrle  marmelos),  le  Sell  et  le  FelKetc.  Enfin 
dans  Sérapion  nous  trouvons  cités  les  Myrobolans,  la  Zé- 
doaire  et  l'Arec.  Tout  cela  n'a  pas  empêché  le  traducteur  alle- 
mand d'Ebn  Beithar,  Sontheimer,  de  voir  dans  Badigt)ura.s 
le  célèbre  Pythagore. 

Pour  ce  qui  nous  concerne,  nous  inclinerions  à  voir  dan.s 
Badigoras  un  homonyme  de  l'illustre  philosophe,  que  les 
événements  auraient  conduit,  comme  plusieurs  autres,  à  la 
cour  du  roi  de  Perse,  ou  bien  à  Djondisabour,  où  il  aurait 
pu  prendre  connaissance  de  tant  de  substances  exotiquea, 
dont  on  ne  rencontre  pas  la  mention  dans  Paul  d'Égine. 


TK4ITÉS   D*AGUIOULTURE.  :2G0 


MAHRARIS. 


Nous  manquons  é^^alement  de  renseignements  sur  ce  per- 
r>onnag-e,  qui  se  trouve  néanmoins  cité  par  divers  auteurs 
arabes.  Son  nom  se  rencontre  dans  le  Traité  des  Simples 
d'Ebn  Beithar,  dans  TAg^riculture  d'Ebn  el  Aouûm  et  dans 
le  Fihrist.  Razès  lui  donne  la  qualification  de  Hakim,  Ebn 
Beithar,  celle  de  Roûmy,  et  Ebn  cl  Aouâm,  celle  (Tlounàny, 
Ce  serait  donc  un  Grec  ?  Les  citations  d'Ebn  Beithar  sont  au 
nombre  de  six.  L'une  d'elles,  relative  aux  propriétés  abor- 
tives  de  la  Cannelle,  se  retrouve  dans  Razès.  Les  autres  ont 
trait  aux  propriétés  de  l'opium,  du  stellion,  de  la  taupe,  de 
la  pastenague  et  de  l'aloës.  Ebn  el  Aouàm  cite  Mahraris  {i 
propos  de  la  plantation  des  arbres.  Il  se  serait  donc  occupé 
d*agrriculture.  D'autre  part,  le  Fihrist  se  borne  à  mentionner 
son  nom  dans  la  foule  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  l'alchi- 
mie. Nous  ne  croyons  pas  cependant  pouvoir  conclure  avec 
Meyer,  dans  son  histoire  de  la  botanique,  à  l'identité  de 
Mahraris  avec  Hermès,  malgré  même  que  la  Bibliothèque 
Itodléiennc  semble  incliner  à  cette  confusion.  I,  3*  partie, 
1,0?7. 


Traités  d'Agriculture. 

Ce  rterait  ici  le  moment  de  parler  des  livres  d'agriculture, 
que  l'on  trouve,  il  est  vrai,  mentionnés  ailleurs,  mais  plus 
fréquemment  cités  dans  le  Continent.  Nous  réservant  de 
faire  de  nouvelles  recherches  sur  l'agriculture  grecque,  sur 
Costus  et  sur  Jounious,  etc.,  nous  nous  bornerons  actuelle- 
ment à  une  simple  mention,  sans  autre  discussion. 

On  trouve  cités  dans  le  Continent,  trois  traités  d'Agricul- 
ture, celui  de  Jounious^  que  nous  admettrons  provisoire- 
ment comme  identique  avec  Columelle,  celui  de  Costus^  et 
l'Agricultuie  persane. 


270    HISTOIRE  DE  L\  M£DBCIKB  ÂRADS.   -*-  LIVRE  DEUXIÈME. 

Le  mot  Jounious  prêtant  beaucoup  à  des  erreurs  de  copis- 
tes, il  ne  faut  pas  s'étonner  si  toutes  les  traductions  latines 
l'ont  altéré.  Celle  du  Haouy  le  rend  quelquefois  par  Tritus 
et  même  par  Bonoset,  Ces  altérations  ont  engagé  Meyer  en 
des  discussions  stériles.  Parfois  on  pourrait  lire  aussi  Paul, 
et  le  latin  a  rendu  par  Paulus. 

Costus  a  été  souvent  méconnu  par  le  traducteur  latin  qui 
écrit  Costa,  au  lieu  de  Costus.  Costa  ben  Luca  fut  le  traduo- 
teur  en  arabe  de  cette  agriculture  grecque. 

On  trouve  plusieurs  fois  citée  V Agriculture  persane.  Il  se 
pourrait  que  cet  ouvrage  fût  identique  avec  le  précédent, 
car  nous  lisons  dans  la  notice  consacrée  à  Costus  par 
Hadji  Khalfaque  son  ouvrage  fut  aussi  traduit  en  persan, 
langue  nécessairement  connue  de  Razès. 

Citons  encore  une  bévue  du  traducteur.  Il  lui  est  arrivé 
de  rendre  le  mot  Fellaha,  Agriculture,  par  :  De  libro  Fallax. 
Rien  n*accuse  Tagriculture  nabathéenne.  Du  reste  Ebn 
Ouahchya,  contemporain  de  Razès,  ne  mit  pas  la  dernière 
main  à  son  œuvre. 


Les  Médecins  arabes  cités  dans  Razès. 

Nous  allons  donner  ici  la  liste  des  médecins  de  l'Orient 
cités  par  Razès,  pour  une  double  raison.  La  plupart  appar- 
tiennent au  siècle  dont  nous  retraçons  Thistoire  ;  ensuite  ce 
sera  le  moyen  de  ne  pas  scinder  notre  travail  sur  le  Haouy. 
Comme  nous  manquons  de  renseignements  sur  un  grand 
nombre  d'entre  eux,  et  qu'il  nous  est  impossible  de  les  clas- 
ser suivant  un  ordre  chronologique,  nous  avons  pris  le  parti 
de  les  classer  suivant  l'ordre  alphabétique. 

Nous  tairons  ici  les  médecins  indiens,  dont  nous  avons 
fait  un  article  spécial. 

ABOU  AMROr. 

Nous  le  trouvons  quelquefois  cité  avec  la  qualificati<m 
iïEl   Kahhal^    c'est-à-dire    l'oculiste.    Il  serait   peut-être 


LES  lliDECINS  ARABES  CITta  DAK8  BAZÊ8.  271 

identique  avec  Fauteur  cité  sous  le  nom  d'El  Kateb  qui 
8*est  pareillement  occupé  d'oculistique,  et  le  nom  complet 
serait  probablement  Abou  Amrou  ben  louhanna  ben  lousef 
cl  Kateb,  qui  est  le  nom  d'un  traducteur,  dont  nous  avons 
parlé.  £1  Kateb  est  rendu  dans  la  traduction  latine  par 
Notarius, 


ABOU  DAOCD. 

Il  est  cité  à  propos  des  affections  de  la  luette. 

ABOU  njORREIDJ   ER&AH£B. 

Abou  Djorreidj,  dit  Erraheb,  c'est4i-dire  le  moine,  est 
simplement  cité  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah  dans  la  foule  des 
petits  médecins  qui  parurent  aux  confins  de  rétablissement 
de  rislamisme.  Razès  mentionne  un  de  ses  livres.  Abou 
DjoYreidj  est  cité  vingrt-cinq  fois  dans  Ebn  Beithar,  et  il  est 
une  citation  que  Ton  trouve  à  la  fois  dans  Ebn  Beithar  et 
dans  Razès,  celle  relative  aux  différentes  espèces  de  Dend  ou 
de  Croton. 

ABOU   HILAL   EL  HOMSr. 

Nous  Tavons  déjà  vu  comme  traducteur.  Il  est  cité  plu- 
sieurs fois  à  propos  du  régime. 

ABOCL  HASSAN  LE  CHIRCROlES. 

Plusieurs  médecins  ont  porté  le  nom  d*Aboul  Hassan. 
Parmi  eux,  il  en  est  même  un  qui  porte  le  nom  de  Chirur- 
gien^ et  qui  fut  attaché  en  cette  qualité  &  ITiôpital  fondé  par 
Adbad  eddhoula  ;  mais  il  faudrait  lui  supposer  une  bien  lon- 
gue existence  pour  admettre  qu*îl  ait  déjà  pu  être  cité  par 
Razès.  Celui  dont  il  est  ici  question  préconise  l'iris  contre 
les  scropbules. 


272    uisroiuE  de  la  méorcine  arabe.  —  livre  deuxième. 


ABDALLAH   BEN   LàHYA. 

Il  écrivit  un  Kounuach  cité  plusieurs  fois.  On  lit  encore  : 
labya  ben  Abdallah. 

Nous  pensons  qu'il  s'ag-it  d'un  médecin  philosophe,  dont 
nous  avons  déjà  parlé,  qui  revendique  ces  deux  noms,  mais 
qui  est  beaucoup  plus  connu  sous  le  nom  de  Sarakhsy. 
Parmi  les  écrits  de  Ilazès,  il  en  est  un  h  l'adresse  d'Ahmed 
ben  Thayeb  essarakhsy,  où  il  prend  la  défense  de  Galieu. 
Ahmed  ben  Thayeb  est  cité  notamment  à  propos  de  l'urine. 
La  traduction  latine  a  rendu  son  nom  par  :  Laudatus  filius 
Boni,  traduisant  au  lieu  de  transcrire.  On  lit  encore  :  C/ic- 
mec  filius  Tayp.  Nous  parlons  ailleurs  de  Sarakhsy. 


£L  BASRY. 

Nous  le  trouvons  cité  comme  auteur  d'une  compilation 
sur  l'œil.  Il  nous  est  impossible  de  savoir  s'il  est  identique 
avec  Ebn  Sirin  el  Basry  qui  écrivit  sur  l'interprétation  des 
song'es,  ou  bien  avec  Issa  ben  Massa,  que  nous  trouvons 
quelquefois  cité  dans  Ebn  Beithar  avec  la  qualification 
d'El  Basry. 

AÏOUB   EL   ABRACII. 

Nous  ne  parlerons  ici  de  ce  médecin,  dont  nous  avons 
déjà  parlé  à  titre  de  traducteur,  que  pour  signaler  la  forme 
étrange  que  revêt  parfois  son  nom  dans  la  traduction  latine. 
C'est  ainsi  qu'on  lit  :  Job  Lentiginosus,  ce  qui  est  une  traduc- 
tion de  l'arabe  El  Abrach^  et  Job  Pinzolicus,  dont  l'explica- 
tion nous  échappe. 

EBN   FARAS. 


11  est  cité  à  propos  de  la  cataracte. 


LbS  MÉDECINS  AIIA.B£S  CITÉà   DkHB  KXZÈS.  273 


EL   FARSY. 

Le  Kounnacb  ou  Compendium  d'Ebn  Abi  Khaled  el  Farsy 
est  très  souvent  cité,  soit  isolément,  soit  avec  le  nom  de 
Tauteur.  Nous  croyons  que  la  traduction  latine  a  tort  de 
rendre  ces  mots  :  Kounnach  el  Farsy,  par  :  un  livre  persan. 
Nous  croyons  que  ce  mot  el  Farsy  doit  toujours  être  con- 
sidéré comme  le  nom  de  l'auteur.  Ce  nom  d'El  Farsy  a 
même  été  quelquefois  rendu  par  :  Ptiscianus. 


HAKIM   BEN   HONEIN. 

Cet  auteur  est  aussi  quelquefois  cité  par  Ebn  Beitbar. 
Nous  igruorons  si  c'est  un  fils  de  Tillustre  Honein. 

Les  historiens  n'en  parlent  pas.  La  traduction  latine  rend 
quelquefois  son  nom  par  :  Sapiens  filius  jubeir  où  joan- 
nis,  etc. 


UAMDAOUY. 

Cet  auteur  est  cité  à  propos  de  l'urine,  n  y  a  aussi  une 
autre  citation  sur  le  même  sujet  d'un  Ebn  Âmraouy  qui 
peut  être  identique  avec  le  premier. 

MOHAMMED  BEN  KHALED. 

Il  est  cité  comme  auteur  d'expériences  médicales. 

ISRAIL. 

Nous  le  trouvons  cité  comme  médecin  de  Soleiman  ben 
Abd  el  Malek  et  comme  auteur  d'une  formule  de  pilules. 


is 


27i      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DBOXUbiltE. 


lOUSEP  ETTELMID. 

Il  est  cité  comme  auteur  d'un  Mémorial,  et  on  trouve  quel- 
quefois dans  la  traduction  latine  son  nom  sous  cette  forme: 
Infuaua  discipulus. 

TBRMBDY. 

Parmi  ses  quelques  citations,  nous  relèverons  celle  d*une 
pommade  contre  la  variole  confluente.  La  traduction  latine 
Ta  quelquefois  rendu  par  :  Tamarindi. 

ASLIMON  ET  MEISSOUSEN. 

Nous  avons  réservé  ces  deux  noms  pour  clore  la  liste  des 
auteurs  cités  par  Raies,  afin  d'appeler  plus  particulièrement 
sur  eux  l'attention.  Du  reste  ils  se  distinguent  des  précé- 
dents sous  un  double  rapport.  Ils  se  sont  plus  spécialement 
occupés  des  maladies  des  femmes,  le  dernier  surtout,  et 
puis,  vu  l'importance  de  leurs  citations,  nous  sommes  éton- 
né de  n'avoir  pu  rencontrer  autre  part  aucun  renseigne- 
ment sur  leur  compte.  Quant  à  la  lecture  de  leurs  noms  il  y 
a  bien  quelques  variantes,  mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il 
soit  possible  de  les  établir  autrement.  Il  est  indifférent  de 
lire  Achlimon  ou  Achimoun  au  lieu  d'Aslimon.  Le  dernier 
nom,  Meissoussen,  a  bien  quelques  variantes  fautives  dans 
la  traduction  latine,  mais  le  texte  arabe  a  pris  le  soin,  à  plu- 
sieurs reprises,  d'en  régler  la  lecture  sous  la  forme  que 
nous  avons  adoptée:  Meissoûsen.  La  traduction  latine  donne 
souvent  Misits. 

a?;limon. 

Aslimon  ou  Achlimon  nous  est  donné  comme  auteur  d*uil 
Kounnach  ou  Compendium.  *• 
Il  est  cité  plusieurs  fois  à  propos  de  la  paralysie  et  du 


LES   MÉDECINS  CITÉS  DANS   RAZÉ8.  275 

tétanos,  Il  conseille  la  thériaque  dans  Tépilepsie.  Contre  le 
cancer  il  prescrit  les  purgatifs,  et  dans  Téléphantiasis  il 
conseille  la  saignée  de  la  saphène. 

Quant  aux  maladies  des  femmes,  nous  le  voyons  cité  à 
propos  de  la  surabondance  du  lait,  à  propos  de  rœdème  des 
pieds  qui  survient  chez  les  femmes  enceintes  et  chez  les 
convalescents,  etc.  Il  donne  la  recette  d'une  fumigation 
propre  à  faire  reconnaître  la  grossesse,  il  conseille  plusieurs 
moyens  pour  faciliter  l'accouchement,  entre  autres  l'aristo- 
loche et  les  bains,  il  indique  ce  qu'il  faut  faire  après  la  sor- 
tie de  l'arrière-faix. 

Pourrait-on  voir  dans  Aslimon  une  altération  de  Philu^ 
menusy  qui  écrivit  aussi  sur  les  accouchements  ? 


MBISSOUSEN  (mOSCHION). 

Les  citations  de  Meissousen  portent  exclusivement  sur  les 
organes  génito-urinaires,  particulièrement  de  la  femme,  et 
ce  n'est  sans  doute  qu'incidemment  qu'il  s'est  occupé  des 
calculs  chez  l'homme. 

Il  nous  est  donné  comme  auteur  d'un  livre  sur  les  accou- 
chements ou  sur  les  femmes  enceintes,  el  qouabel.  Ce  livre 
est  quelquefois  cité  sans  nom  d'auteur,  comme  s'il  était 
inutile  de  le  qualifier  davantage. 

Les  passages  cités  sont  généralement  assez  longs,  et  ils 
portent  sur  toutes  les  questions  qui  intéressent  la  femme  en 
dehors  ou  à  l'état  de  grossesse. 

Nous  citerons  d'abord  le  traitement  qu'il  indique  dans  la 
défloration  :  un  bain  d'huile  et  de  vin»  puis  des  onguents  et 
une  canule  pour  empêcher  les  adhérences» 

Il  fixe  les  limites  extrêmes  des  âges  propres  à  la  conception 
à  15  et  à  40  anSé 

Il  indique  les  divers  traitements  emménagogues  à  em-^ 
ployer  suivant  les  divers  tempéraments» 

Nous  citerons  textuellement  le  passage  suivant:  le  fœtus 
urine  par  le  cordon.  Si  vou^  voulez  vous  en  assurer,  ne  l'en- 
levex  pas  au  nouveau  né,  et  tant  qu'il  restera^  il  s'en  écou- 


27G    HISTOIRE   DE   Lk   MÉDECINE   ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

lera  de  Turine.  Si  vous  Tenlevez,  Turine  reprendra  son 
cours  naturel  vers  la  vessie. 

Citons  encore  la  métrorrhagie,  les  divers  procédés  et  les 
divers  médicaments  h  employer  pour  l'arrêter,  rinflamma- 
tion  de  la  matrice  et  les  polypes  utérins. 

Il  s'est  aussi  occupé  des  calculs.  Il  veut  préalablement  que 
Ton  fasse  usage  des  eaux  thermales  avant  de  recourir  à  To- 
pération.  Les  eaux  thermales,  dit-il,  dissolvent  les  calculs. 
Làr-dessus  Razès  fait  observer  que  cette  proposition  est  trop 
absolue.  Il  parle  aussi  d'une  certaine  pince  pour  l'extraction 
des  calculs.  Enfin,  il  prescrit  les  injections  de  lait  dans  les 
affections  chroniques  de  la  vessie. 

Jusqu'à  nouvel  ordre  nous  croyons  que  l'on  peut  voir  dans 
Meissoussen  le  nom  altéré  de  Moschion. 

Les  Livres  et  Recueils. 

Il  y  a  dans  le  Haouy  de  nombreuses  citations  d'œuvres 
anonymes  ou  collectives  dont  nous  devons  parler. 

Le  Mokhtâr.  Jusqu'à  présent  nous  n'avons  pu  reconnaître 
la  paternité  de  ce  livre. 

Le  Mdbâl.  Nous  en  dirons  autant  de  celui-ci,  qui  est  plus 
fréquemment  cité.  Le  titre  pourrait  faire  croire  qu'il  s'agit 
du  livre  bien  connu  et  si  souvent  commenté  de  Honein,  les 
Questions,  Mais  nous  ne  pouvons  nous  y  arrêter,  attendu 
que  nous  trouvons  citées  les  Questions  sous  leur  titre  natu- 
rel, Masaîl.  Outre  le  nom  de  Mabal,  le  latin  a  donné  à  ce 
livre  ceux  de  liber  problematum,  liber  de  problematibus, 
etc. 

Les  Questions  naturelles  d'Aristote,  sont  aussi  connues 
sous  le  nom  de  MabaL 

Formulaires. 

Outre  les  grand  et  petit  formulaires,  qui  doivent  être  rap- 
portés à  Sabour  ben  Sahl,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  toujours 
accompagnés  de  son  nom,  nous  en  trouvons  aussi  sous  la 
forme  de  Formulaire  moyen,  et  Formulaire  ancien. 

Oculistes. 

Nous  rencontrons  plusieurs  fois  la  collection  des  oculistes 


LKS  UVRRS   ET  RECUEILS.  'iti 

et  le  livre  sur  Vœil  par  demandes  et  par  réponses.  On  trouve 
pareillement  cités  dans  le  Breviarium  de  Jean  fils  de  Sera- 
pion  les  Oculistes  de  Bagdad, 

Expériences  des  hôpitaux. 

Ce  livre  est  souvent  cité  surtout  pour  les  faits  de  chirurgie  ; 
on  trouve  aussi  bien  souvent  :  les  chirurgiens,  nos  collègues 
des  hôpitaux.  Enfin  Razès  cite  beaucoup  d'observations  qui 
lui  sont  propres. 

El  Khouzy  et  el  Faîk. 

Voilà  deux  noms  par  lesquels  nous  terminerons,  et  nous 
avouerons  humblement  n'être  pas  fixé  à  leur  égard.  Faudrait- 
il  voir  dans  le  premier  Mésué  le  père?  Nous  inclinerions  à 
voir  dans  le  second  Hippocrate,  par  la  raison  seule  que  Ga^ 
lien,  dans  son  commentaire  sur  les  Septénaires,  lui  donne  sou- 
vent cette  qualification. 

Nous  avons  relevé  une  cinquantaine  de  citations  relatives 
à  El  Khouz  dans  la  traduction  latine  du  Continent,  mais  on 
en  rencontre  aussi  ailleurs.  Sérapion  l'ancien  nous  en  a 
donné  3,  Sérapion  le  jeune  26,  Mesué  8,  Ebn  el  BeithAr  44, 
Avicenne  13  et  le  Tedkira  de  Soueïdy  un  assez  grand  nom- 
bre. 

Le  fait  de  la  citation  d'El  Khouz  par  Sérapion  l'ancien  nous 
reporte  aux  premiers  temps  de  la  médecine  arabe,  c'est-à- 
dire  au  commencement  du  IX*  siècle  de  notre  ère.  C'est  là  ce 
qu'il  y  a  de  plus  important  et  de  plus  positif.  Les  citations 
sont  absolument  sèches,  et  en  dehors  d'elles,  nous  ne  trou- 
vons aucun  autre  renseignement. 

Le  nom  lui-même  a  des  variantes.  Le  texte  d'Ebn  el  Bei- 
thar  et  ce  que  nous  avons  parcouru  de  celui  du  Continent 
donnent  presque  toujours  El  Khouz,  mais  parfois  El  Khouzy. 
Cette  dernière  forme  compte  pour  un  tiers  dans  la  traduction 
latine  de  Razès.  Chez  Avicenneon  lit  El  Khouzy  et  El  Kanzy, 
mais  ici  on  ne  sait  pas  si  Ton  a  affaire  à  un  qualificatif  ou  à 
un  substantif.  Chez  Soueïdy  on  trouve  toujours  El  Khouz.  La 
iraduction  hébraïque  des  Simples  de  Sérapion  donne  toujours 
El  Khouzy.  (1)  Les  traductions  latines  des  deux  Sérapion  et 

(l)  N*  1187  du  food.s  hébreu^  mév'onnu  ptr  le  catalo^nie. 


278    HISTOIBE  DB  LA  MÉOECINE  ARàBB.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

deMesué  donnent  constamment  JfZJTanri^  d*oii  Ton  pourrait 
conclure  qu'elles  ont  été  faites  sur  l'hébreu. 

Autre  cEose.  La  traduction  latine  de  Razès  présente  quel* 
quefois  dixerunt  au  lieu  de  dixit  El  Khuz^  et  le  texte  arabe 
légitime  cette  traduction.  On  lit  pareillement  chez  Ebn  el 
Beithar,  et  cela  assez  souvent,  qualet,  au  lieu  de  qual^  ce  qui 
concorde  avec  la  traduction  de  Razès.  Ce  fait,  la  forme  do- 
minante El  Khouz,  l'absence  d'indications  caractéristiques 
d'un  personnage  sembleraient  autoriser  à  voir  dans  El  Khouz 
les  doctrines  de  l'école  de  Djondisabour,  située  dansleKhou* 
zistan. 

Les  citations  portent  partout  sur  la  matière  médicale.  On 
voit  apparaître  quelques  substances  nouvelles,  ainsi  le 
BouU,  Œgle  marmelos;  le  Thabachir,  concrétion  du  bam-* 
bou,  le  Dioudar,  le  Guilandina  bonduc,  etc. 


Traductions  du  Persan,  du  Chaldéen  et  de  l'Indien, 

Les  Arabes  ne  s'adressèrent  pas  seulement  à  la  littérature 
grecque,  mais  encore  aux  littératures  de  TOrieut.  Si  la  mois- 
son fut  moins  riche  sur  ce  nouveau  terrain,  elle  eut  cepen- 
dant son  importance  et  mérite  d'être  signalée.  Toutes  les 
sciences  profitèrent  de  ces  emprunts,  et  particulièrement  la 
médecine,  les  mathématiques  et  l'astronomie.  Les  relations 
rares  jusqu'alors  et  peu  connues  de  l'Orient  avec  l'Occident» 
prirent  enfin  de  la  consistance  et,  grâce  aux  Arabes,  enrichi- 
rent le  domaine  de  la  science.  L'Inde  et  la  Perse  fournirent 
un  contingent  considérable  à  la  médecine,  aux  mathémati- 
ques et  à  l'astronomie,  et  la  Chaldée  livra  de  curieux  docu- 
ments sur  l'histoire  naturelle  et  l'agriculture  des  époques 
les  plus  reculées.  Tous  ces  documents  devaient  bientôt  pas- 
ser des  mains  des  Arabes  aux  nations  de  l'Occident  qui,  jus- 
qu'alors, n'avaient  guère  connu  de  l'Orient  que  ses  produits 
naturels. 

Nous  ignorons  si  les  traductions  du  chaldéen  furent 
provoquées  ou  spontanées. 

Quant  h  celles  du  persan  et  de  l'indien  on  ne  saurait  dou- 


TRADUCTIONS    DU  PISSAN.  27 

ter  qu'elleâ  n'aient  été  encouragées.  Les  Barmécides  ne  pou* 
vaient  oublier  leur  littérature  nationale,  et  nous  savons 
qulahya  ben  Khaled  envoya  des  émissaires  dans  l'Inde  pour 
étudier  les  produits  du  pays  et  son  histoire. 

Nous  trouvons  dans  le  Continent  de  Razès  bien  des  cita- 
tions d'ouvrages  persans:  rien  ne  nous  force  à  admettre  que 
Razès  les  ait  lus  dans  la  langue  originale  et  les  ait  traduits 
en  arabe  pour  leur  donner  place  dans  le  Continent:  il  y  a 
donc  présomption  qu'ils  avaient  passé  en  arabe. 

TRADUCTIONS  DU  PERSAN. 

Les  notions  scientifiques  de  la  Perse  lui  vinrent  de  deux 
sources,  l'Orient  et  l'Occident,  l'Inde  et  la  Grèce. 

Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  la  fondation  de  l'école  de 
Djondisabour,  sur  la  protection  accordée  &  la  science  et  aux 
savants  grecs  par  Chosroës  dit  le  Grand,  sur  les  traductions 
qu'il  fit  opérer  par  Sergius,  sur  la  connaissance  qu'il  avait 
lui-même  de  la  philosophie  grecque,  au  point  qu'il  possédait 
Aristote  et  que  le  Timéede  Platon  n'avait  pas  de  secrets  pour 
lui.  Chosrofis  provoqua  donc  sous  de  plus  petites  proportions 
le  travail  entrepris  plus  tard  par  les  Abbassides.  (1) 

Quant  aux  Indiens,  nous  rappellerons  Bourzouih  et  son 
voyage  dans  l'Inde,  d'où  il  rapporta  le  célèbre  roman  de  Ca- 
illa et  Dimna;  nous  dirons  aussi  que  Chosro6savait  àsacour 
des  médecins  de  divers  pays  parmi  lesquels  on  cite  un  In- 
dien. 

La  science  persane,  alors  qu'elle  attira  les  regards  des 
Arabes  manquait  donc  d'originalité,  car  rien  ne  nous  fait 
voir  que  les  greffes  étrangères  aient  pris  en  Perse  le  mer- 
veilleux et  prompt  développement  qu'elles  prirent  chez  les 
Arabes. 

Puisant  aux  mômes  sources  que  les  Persans  et  plus  large- 
ment, les  Arabes  ne  leur  firent  nécessairement  que  de  faibles 
emprunts. 

(1)  Voyez  Agathias.  Nous  rappellerons  tout  à  Theure  ctt  traduc« 
tioiu  en  parlant  d'Bbn  el  MocalAi. 


vtrsi  4:i  j^r^Mi  >a  «sm»:.  suis  3iMft  i 


■fc2c.fc.:j,tr  SET  »-icirri. 

I>r  {^L'V^  ^j^»t>.  ^z  AhdaUak  ben  Mùcmfà.  \ml  xirûï  i 
vw(«t  ^'E!  ybxk^jnr.  Pcrua  d'origine  «c  ^  rrfîgw»,  3  : 
^/nv^rtit  ft  VyùutkisstÈt.  Oa  Ih  daos  le  Fîïuûx  ^i 
ni^^  I^  P<;rMUu  «rue&t  tndoitdes  ociTngc»  de  1 

|4if  Y^m  ti  yUjuudbL.  Xoui  ignorons  si  ce»  tnlnctioi»  ] 
r^it  •^  ymnu:  mr  le*  ^<Tit«  qa^Ebo  el  IfocalEà  fit 
yt^TMiU  Hu  nnifd  et  qai  siont  :  les  Catégories  d\\Ratatey  In 
\uM\y\U{t%0mf  naterprétation,  llntiodnctic»!  oa  Isagoge  de 
l'oryUjr^.  (Hi  luiit  qu'il  traduisît  aussi  Calila  et  Dimna.  D 
('ttxnym^  tk\xm\  it^  écrits  qui  ne  rentrent  pas  dans  notre  sn* 
jirt. 

Ce  qui  nous  paraît  attester  la  traduction  d^oarrages  de 
médecine  du  j>ersan  en  arabe^c'est  le  grand  nombre  de  mots 
[lernanM,  mrUMi  de  matière  médicale,  qui  sont  restés  dans 
la  lanfoie  aral>e,  les  uns  conservés  intégralement,  les  an- 
tren  légèrement  mo^lifiés.  Nous  ne  croyons  pas  que  la  part 
prise  par  les  Arabes  au  commerce  des  drogues  venues  de 
rOrient  puisse  rendre  suffisamment  compte  de  ces  faits. 

Tels  H<int  les  autres  noms  de  traducteurs  donnés  par  le 
iMhnst. 

Les  flis  de  Noubakht,  Moussa  et  Yousef,  qui  traduisaient 
]Miur  Daoud  )>en  Abdallah  ben  Humid. 

Ali  ben  Zeyad  Ettemimy.  II  traduisit  de  rastronomie. 

Kl  IlnMHen  ben  Suhl. 

Ahmed  bfui  lahyu  ben  Djaber  VA  Beladory. 

lien  Salem  el  Kuteb. 

iMJinq  bon  léxid.  Il  traduisit  Ylkhtiar  Namch, 


TRADUCTIONS  DR  L'iNDIKN  ET   OU  CHALDÉEN.  SSl 

Mohammed  ben  Eddjahem  el  Barmeky. 

Hecham  ben  Gassem. 

Moussa  ben  Issa  el  Kourdy. 

Dadouïh  ben  Chahrya  dlspahan. 

Mohammed  ben  Bahram  ben  Mathiar  dlspahan. 

Bahram  ben  Mordanchali. 

Omar  benel  Farhan. 

Nous  trouvons  plusieurs  fois  cité  chez  les  écrivains  arabes 
un  médecin  de  Herât,  Ebn  Hazardar  el  Haraouy. 

Le  Continent  de  Razès  parle  aussi  quelquefois  d*un  compen- 
dium  persan,  ou  d*un  auteur  persan,  Kounnach  el  farsy. 

TRADUCTIONS   DE    l/iNDIEN. 

Ces  traductions  furent  beaucoup  plus  importantes  que  cel- 
les du  persan,  aussi  avons-nous  cru  devoir  consacrer  un  ar- 
ticle spécial  à  la  médecine  des  Indiens,  autant  qu'elle  se 
trouve  représentée  chez  les  Arabes. 

Nous  connaissons  les  noms  de  deux  traducteurs  de  l'indien 
en  arabe,  Manka,  médecin  de  Haroun  Errachid,  et  Ebn 
Dehh  an  attaché  à  l'hôpital  des  Barmécides. 

Les  Indiens  paraissent  avoir  fourni  aux  Arabes  un  contin- 
geni  considérable  de  connaissances  astronomiques.  Le  livre 
connu  sous  le  nom  de  Send  hend  fut  traduit  dès  l'année  773 
par  Mohammed  ben  Ibrahim  el  Fazary,  et  plus  tard  sous  le 
règne  de  Mftmoun  abrégé  par  Mohammed  ben  Moussa  el 
Khouarezmy.  On  a  prétendu  que  les  Arabes  devaient  aux 
Indiens  la  connaissance  de  l'algrèbre,  opinion  qui  n*est 
pas  celle  de  M.  Sédillot. 

Dans  la  notice  de  Kanka,  le  Kitab  el  hokama  parle  aussi 
de  traités  de  musique  etd'arithmétique  qui  seraient  parvenus 
des  Indiens  aux  Arabes. 

TRADUCTIONS  DU  CHALDKEN. 

Ebn  Ouahchya  traduisit  du  Nabathéen  en  arabe  plusieurs 
ouvrages,  parmi  lesquels  le  célèbre  traité  d'Agriculture  Na- 
bathéen ne  dont  nous  parlerons  plus  loin. 


3S2    HISTOIRE  DE  LA  VÊDBCIME  ARABE.  —  LITRE  DROXIÊIIE. 


Pe  la  Médecine  et  des  Médeciiis  de  llnde. 


Après  les  Grecs,  ce  sont  les  Indiens  qui  apportèrent  le  plus 
fort  contingent  de  connaissances  médicales  aux  Arabes*  On 
peut  même  dire  que  leur  apport,  après  celui  des  Grecs,  est 
le  seul  sur  lequel  nous  ayons  des  renseignements  étendus  et 
précis. 

La  supériorité  des  Grecs  n*empôcha  pas  les  Arabes  de  s*a* 
dresser  aux  Indiens,  et  le  cas  qu'ils  en  firent  est  attesté  par 
les  nombreux  emprunts  consignés  dans  le  Continent  de 
Razès,  dans  Thabary,  dans  Ëbn  el  Beithar,  dans  Sérapion, 
etc.,  mais  surtout  dans  le  Continent.  Ces  fragments  réunis 
pourraient  déjà  nous  donner  une  idée  suffisante  de  la  méde» 
cine  indienne. 

Les  Arabes  ne  pouvaient  rester  étrangers  à  la  médecine 
des  Indiens.  Dès  la  plus  haute  antiquité ,  bon  nombre  d'aro- 
mates et  de  médicaments  arrivaient  de  l'Inde  à  l'Occident. 
Les  Arabes  comptaient  parmi  les  agents  de  leur  transport, 
et  le  bénéfice  que  leur  rapportait  ce  commerce  leur  fit  une 
réputation  de  richesse  exagérée,  en  même  temps  qu'ils  pas- 
sèrent souvent  pour  producteurs  tandis  qu'ils  n'étaient  que 
courtiers. 

On  dit  que  Harets  ben  Kaladah  poussa  jusque  dans  l'Inde 
ses  excursions. 

Plus  tard  lahya  ben  Khaled  le  Barmécide  envoya  dans 
l'Inde  un  émissaire  chargé  d'en  étudier  les  médicaments. 
Ce  fut  peut  être  à  la  suite  de  cette  mission  que  des  médecins 
indiens  vinrent  se  fixer  à  la  cour  de  Bagdad. 

Les  relations  entre  les  Arabes  et  les  Indiens  devaient 
bientôt  devenir  plus  intimes  et  plus  fréquentes  à  la  faveur 
des  événements  politiques.  Nous  verrons  plus  tard  Abour- 
rihan  el  Birouny  faire  de  l'Inde  l'objet  de  ses  explorations. 

Quant  à  la  médecine  indienne,  ses  origines  sont  encore 


ns  L4  IIÉOBCINB  ET   DB3  MÉ0XGIN8  D£  L*1NDE.  283 

peu  connues.  Ce  qui  nous  importe  ici  c'est  de  constater  qu*a« 
vaut  réducation  scientifique  des  Arabes,  les  Indiens  possô* 
daient  sur  la  médecine  de  nombreux  ouvrages  que  les  Ara- 
bes ne  crurent  pas  devoir  négliger  alors  même  qu'ils  étaient 
en  possession  de  ceux  des  Grecs. 

Déjà  quelques  savants  se  sont  occupés  de  la  médecine  in- 
dienne. On  peut  lire,  dans  les  Analecta  de  Dietz,  le  dépouil- 
lement d'une  centaine  d'ouvrages  de  médecine  dont  l'ensem- 
ble accuse  déjà  une  science  constituée.  Malheureusement 
l'époque  de  ces  monuments  est  incertaine.  Il  est  cependant 
permis  de  croire  que  la  médecine  des  Indiens,  aussi  bien  que 
leur  littérature,  remonte  &  une  haute  antiquité.  Les  tradi- 
tions médicales,  cl\ez  les  Indiens  aussi  bien  que  chez  les 
Grecs,  se  rattachentauxplusancienssouvenirsmythologiques. 

En  France  les  origines  de  la  médecine  indienne  n'ont  en- 
core été  étudiées  que  par  MM.  Briau  et  Liétard.  11  nous  a 
semblé  que  l'exhibition  des  fragments  de  médecine  indienne 
que  nous  trouvons  chez  les  Arabes  pourrait  être  un  utile 
complément  à  ces  études.  Ces  fragmente  seront  encore  une 
date  et  auront  ainsi  leur  utilité,  car  il  paraît  que  les  docu- 
ments sanscrits  ont  pour  cachet  une  absence  complète  de 
données  chronologiques. 

A  côté  des  questions  de  fait,  les  origines  de  la  médecine 
indienne  soulèvent  des  questions  de  doctrines  auxquelles 
les  Arabes  ont  touché  et  que  nous  devons  relater. 

L'ancienneté  de  la  médecine  indienne,  ses  analogies  avec 
la  médecine  grecque  et  certaines  traditions  autorisent  à  po- 
ser cette  question  :  quelle  est  la  plus  ancienne  de  la  science 
grecque  ou  de  la  science  indienne,  et  l'une  d'elles  procède- 
t-elle  de  l'autre  ? 

Sans  avoir  la  prétention  de  résoudre  cette  question,  nous 
ne  pouvons  la  passer  sous  silence.  Les  Arabes  s'en  étant 
déjà  préoccupés,  ce  sera  notre  excuse  de  l'avoir  posée. 

A  propos  des  origines  de  la  médecine,  Ebn  Abi  Ossaïbiah 
rapporte  ce  qui  suit  :  «  Abou  Soleiman  rapporte  qu'il  tient 
d'Ebn  Ady  que  les  Indiens  possèdent  des  sciences  sublimes 
touchant  la  philosophie  et  il  pensait  que  la  science  avait  été 
transmise  par  eux  aux  Grecs.  » 


284    HlâTOiRS  DE  LK  MÉOECINfi  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Une  anecdote  curieuse  nous  a  été  conservée.  Ibrahim  ben 
Mahdy  tomba  eu  léthargrie.  Le  nestorien  Djabril  le  crut 
mort.  L'Indien  Saleh  ben  Bahla  le  rappela  à  la  vie  iMur  un 
stemutatoire,  disent  les  uns,  par  Timplantation  d'une  ai- 
guille sous  l'ongle,  disent  les  autres.  Haroun  Errachid  était 
présent.  Prince  des  Croyants,  lui  dit  Djafar,  Djabril  suit  la 
médecine  des  Grecs^  et  Saleh  celle  des  Indiens. 

Un  fait  non  moins  curieux  se  lit  dans  l'ouvrage  d*Abou 
Mansour  Mouaffeq  ben  Ali,  édité  par  M.  Séligmann.  La 
théorie  des  éléments  se  produit  chez  les  Indiens  aussi  bien 
que  chez  les  Grecs,  avec  de  légères  différences.  Comparant 
les  doctrines  des  uns  avec  celles  des  autres,  Abou  Mansour 
s'exprime  ainsi  :  «  L'humide  et  le  sec  procèdent  du  chaud  et 
du  froid.  Or,  comme  l'effet  ne  saurait  être  supérieur  à  sa 
cause,  les  médecins  grecs  se  trompent  en  admettant  qu*un 
médicament  peut  être  chaud  au  premier  degré  et  sec  au  se- 
cond. Les  Indiens  pensent  autrementet  je  suis  de  leur  avis.  » 

Si  les  Grecs  eurent  quelques  notions  sur  la  médecine  des 
Indiens,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans  Strabon,  les  Indiens 
aussi  connurent  les  Grecs,  et  nous  verrons  bientôt  à  l'article 
Sandjahal  qu'un  livre  indien  fut  écrit  sur  les  différences  qui 
existent  entre  la  médecine  des  Indiens  et  celle  des  Grecs. 

Entre  tous  les  médecins  de  l'Inde,  il  en  est  quatre  que  nous 
trouvons  particulièrement  cités  par  Ilazès,  Ebn  Beithar  et 
Sérapion  le  jeune,  et  il  est  à  remarquer  que  l'on  en  trouve 
rarement  la  trace  ailleurs.  Ce  sont  Sendahchar,  Quolhoman« 
Charak  et  Athra. 

Nous  trouvons  de  plus  chez  Razès  des  citations  fréquentes 
d'ouvrages  anonymes.  En  dehors  de  ces  citations,  quelques 
autres  noms  nous  ont  été  conservés  par  les  historiens. 

Nous  commencerons  par  les  premiers. 


SENDAHCHAR. 

Que  ce  nom  soit  celui  d*un  livre  ou  d'un  homme,  c'e.st 
ainsi  que  nous  avons  cru  devoir  le  lire  d'après  ren.semble 
des  documents  que  nous  avons  «eus  à  notre  disposition.  Dietx 


DB  LK  MKDECINE  &T  DES  MÉDECINS  DE  L  INDE.  285 

et  WUstenfeld  ont  adopté  la  lecture  Sendhichân,  d'après  Ebn 
Âbi  Ossaïbiah  seulement. 

Razès  lui  fait  de  fréquents  emprunts.  Nous  en  citerons 
quelques-uns. 

L*aloës  est  l'évacuant  de  l'atrabile. 

La  preuve  d'un  vomissement  salutaire  est  quand  il  se  ter- 
mine par  une  émission  de  bile. 

Les  vomitifs  sont  avantagpeux  dans  l'incontinence  d'urine. 

Contre  les  angines,  administrer  l'eau  chaude  et  contre  le 
hoquet  l'eau  salée. 

Les  vers  intestinaux  sont  annoncés  par  des  accès  de  fiè- 
vres erratiques,  de  la  pâleur,  des  palpitations  et  quelquefois 
de  la  céphalalgie. 

L'usage  du  coco  est  salutaire  dans  les  affections  de  la  ves- 
sie. 

Dans  Ebn  Beithar  on  trouve  cités  le  liiz,  le  Lycium,  le 
Mungo,  la  Banane,  l'Acore,  etc. 

CHARAK. 

C'est  l'auteur  indien  le  plus  fréquemment  cité  par  liazès. 
Nous  reproduirons  quelques  citations. 

Si  les  aliments  se  digèrent  mal,  si  l'estomac  est  lourd,  sa- 
chez qu'il  y  a  là  un  afflux  de  pituite  :  faites  vomir  avec  une 
décoction  de  noix  vomique,  de  moutarde  et  de  poivre  long. 

Contre  le  tic  facial,  employer  les  sternutatoires. 

Contre  le  hoquet,  faire  des  affusions  froides  sur  l'estomac. 

Contre  les  calculs,  administrer  une  préparation  composée 
de  graines  de  melon,  de  carthame,  de  safran  et  de  litho- 
sperroon. 

Charak  donne  le  mode  de  préparation  du  suc  de  Lycium. 

Il  dit  la  noix  métel  tonique  &  la  dose  d'un  mitsqual  ;  et  la 
traduction  latine  s'est  trompée  en  rendant  par  hermodactyle. 

Le  nom  de  Charak  est  parfois  écrit  de  manière  à  pouvoir 
se  lire  Susrud,  mais  dans  la  majorité  des  cas  son  nom  est 
parfaitement  lisible. 

Dietz  a  mentionné  dans  ses  Analecta  plusieurs  ouvrages 
de  Charaka.  II  cite  entre  autres  un  livre  intitulé:  Charaka 


286    HISTOIRE  D£  LA  MÉDBOINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

sanhita,  qui  n'a  pas  moins  de  480  feuilles,  et  qui  contiendrait 
l'œuvre  entière  de  Charaka.  (1) 

Nous  pensons  qu'il  faut  distingncr  Gharak  de  Ghanak,  dont 
nous  parlerons  tout  à  l'heure. 


QUOLHOMAX. 

C'est  après  Gharak,  l'indien  le  plus  fréquemment  cité  par  nos 
auteurs  arabes.  Nous  avons  en  vain  cherché  le  nom  de 
Quolhoman  dans  les  Analecta  de  Dietz. 

Il  conseille  l'ammi  comme  dig^estif,  et  le  doronic  comme 
carminatif. 

Dans  l'hydropisie  il  donne  l'urine  de  chameau  et  remblic. 

Pour  accélérer  l'accouchement  il  prescrit  des  fumier&tions 
avec  le  Costus. 

Ebn  Beithar  le  cite  à  propos  du  Guilandina  bonducella, 
du  Basilic,  du  Gostus,  du  Musc,  de  la  Banane. 


ATHRA. 

C'est  l'auteur  le  plus  rarement  cité. 

Il  conseille  l'usage  du  lait  dans  la  dysurie. 

Il  décrit  la  manière  dont  il  faut  s'y  prendre  pour  adminis^ 
trer  les  lavements. 

Nous  pensons  que  cet  auteur,  qui  est  généralement  cité 
avec  l'épithète  d'Indien,  n'est  pas  diflférent  de  l'Athreyas,  dont 
nous  lisons  la  merveilleuse  histoire  dans  les  Analecta  de 
Dietz.  Athreyas  aurait  reçu  d'Indra  lui-même  VAyurveda, 
ou  la  science  de  la  vie,  puis  il  aurait  institué  des  écoles  et 
formé  des  élèves  qui  recueillirent  ses  leçons.  Elles  furent  ré- 
digées par  Charaka,  lequel  vivait  h  l'époque  où  Vichnou 
existait  sous  la  forme  de  poisson. 

Ces  récits  fabuleux  attestent  au  moins  la  haute  antiquité 

(1)  Ebn  Beithar  ne  donne  que  trois  citations  de  Gharak.  A  propos 
do  Temblic,  Gharak  rappelle  le  roi  des  médicaments. 


DE  LA   MÉDBCIMB  ET  DBS  lIÉDBCimi  DB  l'iNOB.  387 

de  la  médecine  chez  les  Indiens,  et  rappellent  1* Apollon  et 
l'Esculape  des  Grecs. 

Nous  mentionnerons  aussi  quelques  emprunts  faits  à  des 
ouvrages  anonymes. 

A  propos  du  Gadi  (Pandanus  odoratUsimus)  nous  trou- 
vons cité  un  livre  des  noms  indiens»  sans  doute  des  noms 
techniques  particuliers  à  la  médecine.  On  sait,  d'après  Razës, 
que  le  Gadi  était,  chez  les  Indiens,  le  spécifique  réputé  in- 
faillible de  la  variole. 

Gontre  le  hoquet  nous  voyons  recommandées  les  onctions 
sur  répigrastre  avec  le  Gastoreum. 

Gontre  Thémorrhagie  on  applique  la  poudre  d'os  de  sèche. 

Gontre  les  calculs  administrer  la  myrrhe. 

Gontre  la  diarrhée,  chez  les  enfants,  donner  de  la  présure 
de  lièvre  :  à  ceux  qui  pissent  au  lit  donner  de  l'extrait  de 
feuilles  de  cyprès. 

Pour  compléter  nos  renseignements  sur  la  médecine  des 
Indiens  nous  allons  maintenant  céder  la  parole  à  Ebn  Abi 
Ossalbiah. 

KAtKA   ou   KANKA. 

Il  compte  au  premier  rang  parmi  les  plus  anciens  et  les 
plus  éminents  médecins  de  l'Inde.  Il  connaissait  la  méde^ 
cine  et  les  médicaments  tant  indigènes  qu'exotiques.  C'était 
un  des  hommes  qui  connaissaient  le  mieux  l'univers,  la 
disposition  des  sphères  et  les  mouvements  des  astres.  Abou 
Machar  le  dit  un  des  plus  grands  astronomes  de  Tlnde.  Tels 
sont  ses  écrits  :  Le  Nemouzar,  traité  sur  les  âges;  le  Secret 
des  naissances  ;  le  grand  et  le  petit  Livre  des  conjonctions  ; 
Gompendium  de  médecine  ;  Livre  du  jugement  ;  Livre  des 
origines  du  monde.  -^  (On  trouve  aussi  dans  le  Kitab  el  ho- 
kama  une  notice  sur  Kanka,  reproduite  par  M.  Sédillot.) 

SANDJAHAL. 

Ce  fut  un  des  médecins  de  l'Inde  les  plus  savants  et  les 
plus  habiles,  et  en  môme  temps  un  grand  astronome.  Il  a 


270    HISTOIRE   DE   Lk   MÉDECINE   ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

lera  de  Turine.  Si  vous  l'enlevez,  l'urine  reprendra  son 
cours  naturel  vers  la  vessie. 

Citons  encore  la  métrorrhagie,  les  divers  procédés  et  les 
divers  médicaments  à  employer  pour  l'arrêter,  l'inflamma- 
tion de  la  matrice  et  les  polypes  utérins. 

Il  s'est  aussi  occupé  des  calculs.  Il  veut  préalablement  que 
l'on  fasse  usage  des  eaux  thermales  avant  de  recourir  à  l'o- 
pération. Les  eaux  thermales,  dit-il,  dissolvent  les  calculs. 
Là-dessus  Razès  fait  observer  que  cette  proposition  est  trop 
absolue.  Il  parle  aussi  d'une  certaine  pince  pour  l'extraction 
des  calculs.  Enfin,  il  prescrit  les  injections  de  lait  dans  les 
affections  chroniques  de  la  vessie. 

Jusqu'à  nouvel  ordre  nous  croyons  que  l'on  peut  voir  dans 
Meissoussen  le  nom  altéré  de  Moschion. 

Les  Livres  et  Recueils. 

Il  y  a  dans  le  Haouy  de  nombreuses  citations  d'oeuvres 
anonymes  ou  collectives  dont  nous  devons  parler. 

Le  Mokhtâr.  Jusqu'à  présent  nous  n'avons  pu  reconnaître 
la  paternité  de  ce  livre. 

Le  Mabâl.  Nous  en  dirons  autant  de  celui-ci,  qui  est  plus 
fréquemment  cité.  Le  titre  pourrait  faire  croire  qu'il  s'agit 
du  livre  bien  connu  et  si  souvent  commenté  de  Honein,  les 
Questions.  Mais  nous  ne  pouvons  nous  y  arrêter,  attendu 
que  nous  trouvons  citées  les  Questions  sous  leur  titre  natu- 
rel, MasaîL  Outre  le  nom  de  Mabal,  le  latin  a  donné  à  ce 
livre  ceux  de  liber  problematum,  liber  de  problematibus, 
etc. 

Les  Questions  naturelles  d'Aristote,  sont  aussi  connues 
sous  le  nom  de  Mabal. 

Formulaires. 

Outre  les  grand  et  petit  formulaires,  qui  doivent  être  rap- 
portés à  Sabour  ben  Sahl,  bien  qu'ils  ne  soient  pas  toujours 
accompagnés  de  son  nom,  nous  en  trouvons  aussi  sous  la 
forme  de  Formulaire  moyen,  et  Formulaire  ancien. 

Oculistes. 

Nous  rencontrons  plusieurs  fois  la  collection  des  oculistes 


LBS  L1VRRS   ET  RCCUEILS.  ^éi 

et  le  livre  sur  Vœil  par  demandes  et  par  réponses.  On  trouve 
pareillement  cités  dans  le  Breviarium  de  Jean  fils  de  Sera- 
pion  les  Oculistes  de  Bagdad. 

Expériences  des  hôpitaux. 

Ce  livre  est  souvent  cité  surtout  pour  les  faits  de  chirurgie  ; 
on  trouve  aussi  bien  souvent  :  les  chirurgiens,  nos  collègues 
des  hôpitaux.  Enfin  Razès  cite  beaucoup  d'observations  qui 
lui  sont  propres. 

El  Khouzy  et  el  Faxk. 

Voilà  deux  noms  par  lesquels  nous  terminerons,  et  nous 
avouerons  humblement  n'être  pas  fixé  &  leur  égard.  Faudrait- 
il  voir  dans  le  premier  Mésué  le  père?  Nous  inclinerions  à 
voir  dans  le  second  Hippocrate,  par  la  raison  seule  que  Ga- 
lien,dans  son  commentaire  sur  les  Septénaires,  lui  donne  sou* 
vent  cette  qualification. 

Nous  avons  relevé  une  cinquantaine  de  citations  relatives 
à  El  Khouz  dans  la  traduction  latine  du  Continent,  mais  on 
en  rencontre  aussi  ailleurs.  Sérapion  l'ancien  nous  en  a 
donné  3,  Sérapion  le  jeune  20,  Mesué  8,  Ebn  el  Beithâr  44, 
Avicenne  13  et  le  Tedkira  de  Soueïdy  un  assez  grand  nom- 
bre. 

Le  fait  de  la  citation  d'El  Khouz  par  Sérapion  l'ancien  nou.s 
reporte  aux  premiers  temps  de  la  médecine  arabe,  c'est-à- 
dire  au  commencement  du  IX*  siècle  de  notre  ère.  C'est  là  ce 
qu'il  y  a  de  plus  important  et  de  plus  positif.  Les  citations 
sont  absolument  sèches,  et  en  dehors  d'elles,  nous  ne  trou- 
vons aucun  autre  renseignement. 

Le  nom  lui-môme  a  des  variantes.  Le  texte  d'Ebn  el  Beî- 
thar  et  ce  que  nous  avons  parcouru  de  celui  du  Continent 
donnent  presque  toujours  El  Khouz,  mais  parfois  El  Khouzy. 
Cette  dernière  forme  compte  pour  un  tiers  dans  la  traduction 
latine  de  Razès.  Chez  Avicenneon  \\i  El  Khouzy  Qi  El  Kanzy, 
mais  ici  on  ne  sait  pas  si  Ton  a  affaire  à  un  qualificatif  ou  à 
un  substantif.  Chez  Soueïdy  on  trouve  toujours  El  Khouz.  La 
traduction  hébraïque  des  Simples  de  Sérapion  donne  toujours 
El  Khouzy,  (1)  Les  traductions  latines  des  deux  Sérapion  et 

(l)  N*  1187  du  fonds  hébrta,  méjonnu  p&r  le  catalofnie. 


278    HI8T0IRE  DE  LA  BIÉDEOINE  ARABE.  —  UVRE  DEUXIÈME. 

deMesué  donnent  constàmment\El  Kanzi,  d'où  Ton  pourrait 
conclure  qu'elles  ont  été  faites  sur  l'hébreu. 

Autre  chose.  La  traduction  latine  de  Razès  présente  quel- 
quefois dixerunt  au  lieu  de  dixit  El  Khuz>  et  le  texte  arabe 
légitime  cette  traduction.  On  lit  pareillement  chez  Ebn  el 
Beithar,  et  cela  assez  souvent,  qualet,  au  lieu  de  qual^  ce  qui 
concorde  avec  la  traduction  de  Razès.  Ce  fait,  la  forme  do- 
minante El  Khouz,  l'absence  d'indications  caractéristiques 
d'un  personnage  sembleraient  autoriser  avoir  dans  El  Khouz 
les  doctrines  de  l'école  de  Djondisabour»  située  dansleKhou- 
zistan. 

Les  citations  portent  partout  sur  la  matière  médicale.  On 
voit  apparaître  quelques  substances  nouvelles,  ainsi  le 
Boull,  Œgle  marmelos;  le  Thabachir^  concrétion  du  bam- 
bou, le  Dioudar,  le  Guilandina  bonduc,  etc. 


Traductions  du  Persan,  du  Oialdéen  et  de  llndien* 

Les  Arabes  ne  s*adressèrent  pas  seulement  à  la  littérature 
frrecque»  mais  encore  aux  littératures  de  TOrieut.  Si  la  mois- 
son fut  moins  riche  sur  ce  nouveau  terrain,  elle  eut  cepen- 
ilant  son  importance  et  mérite  d'être  :>igiialée.  Toutes  les 
sciences  profitèrent  de  ces  emprunts^  et  particulièrement  la 
médecine,  les  mathématiques  et  Tastronomie.  Les  relations 
rares  jusqu'alors  et  peu  connues  de  TOrientavec  TOccident, 
prirent  enfin  de  la  consistance  et,  ^rràce  aux  Arabes,  enrichi- 
rent le  domaine  de  la  science.  Llnde  et  la  Perse  fournirent 
un  contiu^nit  considérable  à  la  médecine,  aux  mathémati- 
ques et  à  Tastronomie.  et  la  Chaldét?  livra  de  curieux  docu- 
ments sur  rhistoire  naturelle  et  Ta^riculture  des  époques 
les  plus  reculées.  Tous  ces  documents  devaient  bientôt  pas- 
ser des  mains  des  Arabes  aux  uaiionsde  TUccident  qui,  jus- 
qu'alors^ u  avaient  yuère  connu  de  TOrieut  que  ses  produits 
naturels. 

Nous  ignorons  si  les  traductions  du  chaldéen  furent 
provoquées  ou  s|K)niHuêos. 

Quant  à  c^U^  du  (H^rsau  et  de  rimlien  on  ne  saurait  don- 


TBAOUCTI0N8    DU  P£BIAN.  27 

ter  qu'elles  n*aient  été  encouragées.  Les  Barmécides  ne  pou- 
vaient oublier  leur  littérature  nationale,  et  nous  savons 
qu'Iahya  ben  Khaled  envoya  des  émissaires  dans  llnde  pour 
étudier  les  produits  du  pays  et  son  histoire. 

Nous  trouvons  dans  le  Continent  de  Razès  bien  des  cita- 
tions d'ouvrages  persans:  rien  ne  nous  force  à  admettre  que 
Razès  les  ait  lus  dans  la  langue  originale  et  les  ait  traduits 
en  arabe  pour  leur  donner  place  dans  le  Continent:  il  y  a 
donc  présomption  qu'ils  avaient  passé  en  arabe. 

TRADUCTIONS  DU  PERSAN. 

Les  notions  scientifiques  de  la  Perse  lui  vinrent  de  deux 
sources,  l'Orient  et  l'Occident,  l'Inde  et  la  Grèce. 

Nous  n'avons  pas  à  revenir  sur  la  fondation  de  l'école  de 
Djondisabour,  sur  la  protection  accordée  &  la  science  et  aux 
savants  grecs  par  Chosroës  dit  le  Grand,  sur  les  traductions 
qu'il  fit  opérer  par  Sergius,  sur  la  connaissance  qu'il  avait 
lui-même  de  la  philosophie  grecque,  au  point  qu'il  possédait 
Aristote  et  que  le  Timéede  Platon  n'avait  pas  de  secrets  pour 
lui.  Chosroës  provoqua  donc  sous  de  plus  petites  proportions 
le  travail  entrepris  plus  tard  par  les  Abbassides.  (1) 

Quant  aux  Indiens,  nous  rappellerons  Bourzouih  et  son 
voyage  dans  l'Inde,  d'où  il  rapporta  le  célèbre  roman  de  Ca- 
illa et  Dimna;  nous  dirons  aussi  que  Ghosroësavaitàsacour 
des  médecins  de  divers  pays  parmi  lesquels  on  cite  un  In- 
dien. 

La  science  persane,  alors  qu'elle  attira  les  regards  des 
Arabes  manquait  donc  d'originalité,  car  rien  ne  nous  fait 
voir  que  les  greffes  étrangères  aient  pris  en  Perse  le  mer- 
veilleux et  prompt  développement  qu'elles  prirent  chez  les 
Arabes. 

Puisant  aux  mêmes  sources  que  les  Persans  et  plus  large- 
ment, les  Arabes  ne  leur  firent  nécessairement  que  de  faibles 
emprunts. 

(1)  Voyez  Agathias.  Nous  rappellerons  tout  à  Theure  cts  traduc- 
tions en  parlant  d'Bbn  el  Mocaflk. 


i?80    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ADABB.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Nous  avons  bien  les  noms  d'un  certain  nombre  de  traduc- 
teurs du  persan  en  arabe,  mais  nous  n'avons  que  des  rensei- 
gnements très  bornés  sur  les  ouvrages  qu'ils  firent  passer 
d'une  langue  dans  une  autre. 


Traducteurs. 


ABDALLAH  BEN  MOCAFFA. 

Le  plus  célèbre  est  Abdallah  ben  Mocaff a,  qui  vivait  du 
temps  d'El  Mansour.  Persan  d'origine  et  de  religion,  il  se 
convertit  à  l'Islamisme.  On  lit  dans  le  Fihrist  qu'ancienne- 
ment les  Persans  avaient  traduit  des  ouvrages  de  logique  et 
de  médecine,  et  que  ces.  ouvrages  furent  traduits  en  arabe 
par  Ebn  el  Mocaffa.  Nous  ignorons  si  ces  traductions  portè- 
rent en  partie  sur  les  écrits  qu'Ebn  el  Mocaffa  fit  passer  du 
persan  en  arabe  et  qui  sont  :  les  Catégories  d'Aristote,  les 
Analytiques,  l'Interprétation,  l'Introduction  ou  Isagoge  de 
Porphyre.  On  sait  qu'il  traduisit  aussi  Calila  et  Dimna.  Il 
composa  aussi  des  écrits  qui  ne  rentrent  pas  dans  notre  su- 
jet. 

Ce  qui  nous  paraît  attester  la  traduction  d'ouvrages  de 
médecine  du  persan  en  arabe,  c'est  le  grand  nombre  de  mots 
persans,  surtout  de  matière  médicale ,  qui  sont  restés  dans 
la  langue  arabe,  les  uns  conservés  intégralement,  les  au- 
tres légèrement  modifiés.  Nous  ne  croyons  pas  que  la  part 
prise  par  les  Arabes  au  commerce  des  drogues  venues  de 
l'Orient  puisse  rendre  suffisamment  compte  de  ces  faits. 

Tels  sont  les  autres  noms  de  traducteurs  donnés  par  le 
Fihrist. 

Les  fils  de  Noubakht,  Moussa  et  Yousef,  qui  traduisaient 
pour  Daoud  ben  Abdallah  ben  Hamid. 

Ali  ben  Zeyad  Ettemimy.  Il  traduisit  de  l'astronomie. 

ElHassen  ben  Sahl. 

Ahmed  ben  lahya  ben  Djaber  El  Beladory. 

Ben  Salem  el  Kateb. 

Ishaq  ben  lézid.  II  traduisit  Vlkhtiar  Nameh, 


TRADUCTIONS  DR  L'iNDIKN  ET   OU  CHALDÉEN.  SSl 

Mohammed  ben  Eddjahem  el  Barmeky. 

Hecham  ben  Gassem. 

Moussa  ben  Issa  el  Kourdy. 

Dadouïh  ben  Chahrya  d'Ispahan. 

Mohammed  ben  Bahram  ben  Mathiar  d*Ispahan. 

Bahram  ben  Mordanchali. 

Omar  benel  Farhan. 

Nous  trouvons  plusieurs  fois  cité  chez  les  écrivains  arabes 
un  médecin  de  Herât,  Ebn  Hazardar  el  Haraouy. 

Le  Continent  de  Razès  parle  aussi  quelquefois  d*un  compen- 
dium  persan,  ou  d*un  auteur  persan,  Kounnach  el  farsy. 

TRADUCTIONS   DE    l'iNDIEN. 

Ces  traductions  furent  beaucoup  plus  importantes  que  cel- 
les du  persan,  aussi  avons-nous  cru  devoir  consacrer  un  ar- 
ticle spécial  à  la  médecine  des  Indiens,  autant  qu'elle  se 
trouve  représentée  chez  les  Arabes. 

Nous  connaissons  les  noms  de  deux  traducteurs  de  l'indien 
en  arabe,  Manka,  médecin  de  Haroun  Errachid,  et  Ebn 
Dehh  an  attaché  à  l'hôpital  des  Barmécides. 

Les  Indiens  paraissent  avoir  fourni  aux  Arabes  un  contin- 
gent considérable  de  connaissances  astronomiques.  Le  livre 
connu  sous  le  nom  de  Send  hend  fut  traduit  dès  Tannée  773 
par  Mohammed  ben  Ibrahim  el  Fazary,  et  plus  tard  sous  le 
règne  de  Mftmoun  abrégé  par  Mohammed  ben  Moussa  el 
Khouarezmy.  On  a  prétendu  que  les  Arabes  devaient  aux 
Indiens  la  connaissance  de  l'algèbre,  opinion  qui  n*est 
pas  celle  de  M.  Sédillot. 

Dans  la  notice  de  Kanka,  le  Kitab  el  hokama  parle  aussi 
de  traités  de  musique  et  d'arithmétique  qui  seraient  parvenus 
des  Indiens  aux  Arabes. 

TRADUCTIONS  DU  CHALDÉEN. 

Ebn  Ouahchya  traduisit  du  Nabathéen  en  arabe  plusieurs 
ouvrages,  parmi  lesquels  le  célèbre  traité  d'Agriculture  Na- 
bathéenne  dont  nous  parlerons  plus  loin. 


282    HISTOIRE  DE  LA  MÉDIOIMB  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 


Pe  la  Médecine  et  des  Médecins  de  llnde. 


Après  les  Grecs,  ce  sont  les  Indiens  qui  apportèrent  le  plus 
fort  contingent  de  connaissances  médicales  aux  Arabes.  On 
peut  même  dire  que  leur  apport,  après  celui  des  Grecs,  est 
le  seul  sur  lequel  nous  ayons  des  renseignements  étendus  et 
précis. 

La  supériorité  des  Grecs  n*empècha  pas  les  Arabes  de  s'a- 
dresser aux  Indiens,  et  le  cas  qu'ils  en  firent  est  attesté  par 
les  nombreux  emprunts  consignés  dans  le  Continent  de 
Razès,  dans  Thabary,  dans  Ëbn  el  Beithar,  dans  Sérapion, 
etc.,  mais  surtout  dans  le  Continent.  Ces  fragments  réunis 
pourraient  déjà  nous  donner  une  idée  suffisante  de  la  méde- 
cine indienne. 

Les  Arabes  ne  pouvaient  rester  étrangers  à  la  médecine 
des  Indiens.  Dès  la  plus  haute  antiquité ,  bon  nombre  d'aro- 
mates et  de  médicaments  arrivaient  de  l'Inde  à  l'Occident. 
Les  Arabes  comptaient  parmi  les  agents  de  leur  transport, 
et  le  bénéfice  que  leur  rapportait  ce  commerce  leur  fit  une 
réputation  de  richesse  exagérée,  en  même  temps  qu'ils  pas- 
sèrent souvent  pour  producteurs  tandis  qu'ils  n'étaient  que 
courtiers. 

On  dit  que  Harets  ben  Kaladah  poussa  jusque  dans  l'Inde 
ses  excursions. 

Plus  tard  lahya  ben  Khaled  le  Barmécide  envoya  dans 
l'Inde  un  émissaire  chargé  d'en  étudier  les  médicaments. 
Ce  fut  peut  être  à  la  suite  de  cette  mission  que  des  médecins 
indiens  vinrent  se  fixer  à  la  cour  de  Bagdad. 

Les  relations  entre  les  Arabes  et  les  Indiens  devaient 
bientôt  devenir  plus  intimes  et  plus  fréquentes  à  la  faveur 
des  événements  politiques.  Nous  verrons  plus  tard  Abour- 
rihan  el  Birouny  faire  de  l'Inde  l'objet  de  ses  explorations. 

Quant  à  la  médecine  indienne,  ses  origines  sont  encore 


ns  LA  IIÉDBCINB  BT   OB3  MÊ0BCIN8  DB  L*1N0E.  283 

peu  connues.  Ce  qui  nous  importe  ici  c'est  de  constater  qu'a* 
Tant  réducation  scientifique  des  Arabes,  les  Indiens  possé- 
daient sur  la  médecine  de  nombreux  ouvragres  que  les  Ara^ 
bes  ne  crurent  pas  devoir  négrliger  alors  même  qu'ils  étaient 
en  possession  de  ceux  des  Grecs. 

Déjà  quelques  savants  se  sont  occupés  de  la  médecine  in- 
dienne. On  peut  lire,  dans  les  Analecta  de  Dietz,  le  dépouil- 
lement  d'une  centaine  d'ouvrages  de  médecine  dont  l'ensem- 
ble accuse  déjà  une  science  constituée.  Malheureusement 
l'époque  de  ces  monuments  est  incertaine.  Il  est  cependant 
permis  de  croire  que  la  médecine  des  Indiens,  aussi  bien  que 
leur  littérature,  remonte  à  une  haute  antiquité.  Les  tradi- 
tions médicales,  cl\ez  les  Indiens  aussi  bien  que  chez  les 
Grecs,  se  rattach  eut  aux  plus  anciens  souveni  rs  mythologiques. 

En  France  les  origines  de  la  médecine  indienne  n'ont  en* 
core  été  étudiées  que  par  MM.  Briau  et  Liétard.  11  nous  a 
semblé  que  l'exhibition  des  fragments  de  médecine  indienne 
que  nous  trouvons  chez  les  Arabes  pourrait  être  un  utile 
complément  à  ces  études.  Ces  fragmente  seront  encore  une 
date  et  auront  ainsi  leur  utilité,  car  il  paraît  que  les  docu- 
ments sanscrits  ont  pour  cachet  une  absence  complète  de 
données  chronologiques. 

A  côté  des  questions  de  fait,  les  origines  de  la  médecine 
indienne  soulèvent  des  questions  de  doctrines  auxquelles 
les  Arabes  ont  touché  et  que  nous  devons  relater. 

L'ancienneté  de  la  médecine  indienne,  ses  analogies  avec 
la  médecine  grecque  et  certaines  traditions  autorisent  à  po- 
ser cette  question  :  quelle  est  la  plus  ancienne  de  la  science 
grecque  ou  de  la  science  indienne,  et  l'une  d'elles  procède- 
t-elle  de  l'autre  ? 

Sans  avoir  la  prétention  de  résoudre  cette  question,  nous 
ne  pouvons  la  passer  sous  silence.  Les  Arabes  s'en  étant 
déjà  préoccupés,  ce  sera  notre  excuse  de  l'avoir  posée. 

A  propos  des  origines  de  la  médecine,  Ebn  Abi  Ossaîfbiah 
rapporte  ce  qui  suit  :  «  Abou  Soleiman  rapporte  qu'il  tient 
d'Ebn  Ady  que  les  Indiens  possèdent  des  sciences  sublimes 
touchant  la  philosophie  et  il  pensait  que  la  science  avait  été 
transmise  par  eux  aux  Grecs.  » 


284    HlâTOiRE  DR  LA  MÉDECINS  AIt.VBE.   —  LIVRR  DEUXIÈME. 

Une  anecdote  curieuse  nous  a  été  conservée.  Ibrahim  ben 
Mahdy  tomba  en  létharg^ie.  Le  nestorien  Djabril  le  crut 
mort.  L'Indien  Saleh  ben  Bahla  le  rappela  à  la  vie  par  un 
sternutatoire,  disent  les  uns,  par  Timplantation  d'une  ai- 
guille BOUS  l'ongle,  disent  les  autres.  Haroun  Errachid  était 
présent.  Prince  des  Croyants,  lui  dit  Djafar,  Djabril  suit  la 
médecine  des  Grecs^  et  Saleh  celle  des  Indiens. 

Un  fait  non  moins  curieux  se  lit  dans  l'ouvrage  d*Âbou 
Mansour  Mouaffeq  ben  Ali,  édité  par  M.  Séligmann.  La 
théorie  des  éléments  se  produit  chez  les  Indiens  aussi  bien 
que  chez  les  Grecs,  avec  de  légères  différences.  Comparant 
les  doctrines  des  uns  avec  celles  des  autres,  Abou  Mansour 
s'exprime  ainsi  :  <  L'humide  et  le  sec  procèdent  du  chaud  et 
du  froid.  Or,  comme  l'effet  ne  saurait  être  supérieur  à  sa 
cause,  les  médecins  grecs  se  trompent  en  admettant  qu'un 
médicament  peut  être  chaud  au  premier  degré  et  sec  au  se- 
cond. Les  Indiens  pensent  autrement  et  je  suis  de  leur  avis.  » 

Si  les  Grecs  eurent  quelques  notions  sur  la  médecine  des 
Indiens,  ainsi  que  nous  le  voyons  dans  Strabon,  les  Indiens 
aussi  connurent  les  Grecs,  et  nous  verrons  bientôt  à  l'article 
Sandjahal  qu'un  livre  indien  fut  écrit  sur  les  différences  qui 
existent  entre  la  médecine  des  Indiens  et  celle  des  Grecs. 

Entre  tous  les  médecins  de  l'Inde,  il  en  est  quatre  que  nous 
trouvons  particulièrement  cités  par  Razès,  Ebn  Beithar  et 
Sérapion  le  jeune,  et  il  est  à  remarquer  que  l'on  en  trouve 
rarement  la  trace  ailleurs.  Ce  sontSendahchar,  Quolhoman, 
Charak  et  Athra. 

Nous  trouvons  de  plus  chez  Razès  des  citations  fréquentes 
d'ouvrages  anonymes.  En  dehors  de  ces  citations,  quelques 
autres  noms  nous  ont  été  conservés  par  les  historiens. 

Nous  commencerons  par  les  premiers. 


SENDAHCHAR. 

Que  ce  nom  soit  celui  d'un  livre  ou  d'un  homme,  c'est 
ainsi  que  nous  avons  cru  devoir  le  lire  d'après  l'ensemble 
des  documents  que  nous  avons  -eus  à  notre  disposition.  Dietx 


U&  LK  MKDECINE  ET  DES  UÉOECIKS  DE  L'iNDE*  285 

et  Wûstenfeld  ont  adopté  la  lectnTQ  Sendhichàn,  d*aprèsEbn 
Abi  Ossaîbiah  seulement. 

Razës  lui  fait  de  fréquents  emprunts.  Nous  en  citerons 
quelques-uns. 

L*aIo^  est  l'évacuant  de  Tatrabile. 

La  preuve  d'un  vomissement  salutaire  est  quand  il  se  ter- 
mine par  une  émission  de  bile. 

Les  vomitifs  sont  avantageux  dans  l'incontinence  d'urine. 

Contre  les  angines,  administrer  l'eau  chaude  et  contre  le 
hoquet  l'eau  salée. 

Les  vers  intestinaux  sont  annoncés  par  des  accès  de  fiè- 
vres erratiques,  de  la  pâleur,  des  palpitations  et  quelquefois 
de  la  céphalalgie. 

L'usage  du  coco  est  salutaire  dans  les  affections  de  la  ves- 
sie. 

Dans  Ebn  Beithar  on  trouve  cités  le  lliz,  le  Lycium,  le 
Mungo,  la  Banane,  l'Acore,  etc. 

CHARAK. 

C'est  l'auteur  indien  le  plus  fréquemment  cité  par  llazès. 
Nous  reproduirons  quelques  citations. 

Si  les  aliments  se  digèrent  mal,  si  l'estomac  est  lourd,  sa- 
chez qu'il  y  a  là  un  afflux  de  pituite  :  faites  vomir  avec  une 
décoction  de  noix  vomique,  de  moutarde  et  de  poivre  long. 

Contre  le  tic  facial,  employer  les  sternutatoires. 

Contre  le  hoquet,  faire  des  affusions  froides  sur  l'estomac. 

Contre  les  calculs,  administrer  une  préparation  composée 
de  graines  de  melon,  de  carthame,  de  safran  et  de  litho- 
spermon. 

Charak  donne  le  mode  de  préparation  du  suc  de  Lycium. 

II  dit  la  noix  métel  tonique  à  la  dose  d'un  mitsqual  ;  et  la 
traduction  latine  s'est  trompée  en  rendant  par  hermodactyle. 

Le  nom  de  Charak  est  parfois  écrit  de  manière  h  pouvoir 
se  lire  Susrud,  mais  dans  la  majorité  des  cas  son  nom  est 
parfaitement  lisible. 

Dietz  a  mentionné  dans  ses  Analecta  plusieurs  ouvrages 
de  Charaka.  Il  cite  entre  autres  un  livre  intitulé:  Charaka 


286    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

sanhitaj  qui  n'a  pas  moins  de  480  feuilles,  et  qui  contiendrait 
l'œuvre  entière  de  Charaka.  (1) 

Nous  pensons  qu'il  faut  distinguer  Gharak  de  Gbanak,  dont 
nous  parlerons  tout  à  l'heure. 


QUOLHOMAN. 

C'est  après  Charak,  l'indien  le  plus  fréquemment  cité  par  nos 
auteurs  arabes.  Nous  avons  en  vain  cherché  le  nom  de 
Quolhoman  dans  les  Ânalecta  de  Dietz. 

Il  conseille  l'ammi  comme  digestif,  et  le  doronic  comme 
carminatif. 

Dans  l'hydropisie  il  donne  l'urine  de  chameau  et  l'emblic. 

Pour  accélérer  l'accouchement  il  prescrit  des  fumigations 
avec  le  Costus. 

Ebn  Beithar  le  cite  à  propos  du  Guilandina  bonducella, 
du  Basilic,  du  Gostus,  du  Musc,  de  la  Banane. 


ATHRA. 

C'est  l'auteur  le  plus  rarement  cité. 

Il  conseille  l'usage  du  lait  dans  la  dysurie. 

Il  décrit  la  manière  dont  il  faut  s'y  prendre  pour  adminis^ 
trer  les  lavements. 

Nous  pensons  que  cet  auteur,  qui  est  généralement  cité 
avec  l'épithète  d'Indien,  n'est  pas  différent  de  l'Athreyas,  dont 
nous  lisons  la  merveilleuse  histoire  dans  les  Analecta  de 
Dietz.  Athreyas  aurait  reçu  d'Indra  lui-même  VAyurveda, 
ou  la  science  de  la  vie,  puis  il  aurait  institué  des  écoles  et 
formé  des  élèves  qui  recueillirent  ses  leçons.  Elles  furent  ré- 
digée» par  Charaka,  lequel  vivait  à  l'époque  où  Vichnou 
existait  sous  la  forme  de  poisson. 

Ces  récits  fabuleux  attestent  au  moins  la  haute  antiquité 

(1)  Ebn  Beithar  ne  donne  que  trois  citations  de  Charak.  A  propos 
de  Temblic,  Charak  Tappello  le  roi  des  médicaments. 


DB  LA   MÉDBCINB  ET  DBS  UftDBCDni  DB  l'iNDB.  287 

de  la  médecine  chez  les  Indiens,  et  rappellent  TApollon  et 
l'Esculape  des  Grecs. 

Nous  mentionnerons  aussi  quelques  emprunts  faits  à  des 
ouvrages  anonymes. 

A  propos  du  Gadi  (Pandanua  odoratissimus)  nous  trou- 
vons cité  un  livre  des  noms  indiens,  sans  doute  des  noms 
techniques  particuliers  à  la  médecine.  On  sait,  d'après  Razès, 
que  le  Gadi  était,  chez  les  Indiens,  le  spécifique  réputé  in- 
faillible de  la  variole. 

Contre  le  hoquet  nous  voyons  recommandées  les  onctions 
sur  Tépigrastre  avec  le  Gastoreum. 

Gontre  Thémorrhagie  on  applique  la  poudre  d'os  de  sèche. 

Gontre  les  calculs  administrer  la  myrrhe. 

Contre  la  diarrhée,  chez  les  enfants,  donner  de  la  présure 
de  lièvre:  à  ceux  qui  pissent  au  lit  donner  de  l'extrait  de 
feuilles  de  cyprès. 

Pour  compléter  nos  renseignements  sur  la  médecine  des 
Indiens  nous  allons  maintenant  céder  la  parole  à  Ebn  Abi 
Ossalbiah. 

KATKA   ou   KANKA. 

Il  compte  au  premier  rang  parmi  les  plus  anciens  et  les 
plus  éminents  médecins  de  l'Inde.  Il  connaissait  la  méde^ 
cine  et  les  médicaments  tant  indigènes  qu'exotiques.  C'était 
un  des  hommes  qui  connaissaient  le  mieux  l'univers,  la 
disposition  des  sphères  et  les  mouvements  des  astres.  Abou 
Machar  le  dit  un  des  plus  grands  astronomes  de  l'Inde.  Tels 
sont  ses  écrits  :  Le  Nemouzar,  traité  sur  les  âges;  le  Secret 
des  naissances  ;  le  grand  et  le  petit  Livre  des  conjonctions  ; 
Compendium  de  médecine;  Livre  du  jugement;  Livre  des 
origines  du  monde.  -^  (On  trouve  aussi  dans  le  Kitab  el  ho- 
kama  une  notice  sur  Kanka,  reproduite  par  M.  Sédillot.) 

SANDJAHAL. 

Ce  fut  un  des  médecins  de  l'Inde  les  plus  savants  et  les 
plus  habiles,  et  en  même  temps  un  grand  astronome.  Il  a 


;*2ci8    UISTOIRS  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DhUXlÂME. 

écrit  un  grand  livre  sur  les  naissances.  Quelques-uns  pré- 
tendent  que  le  nom  de  Sandjahal  est  un  nom  collectif  qui 
représenterait  différents  auteurs  ayant  écrit  sur  la  méde- 
cine et  sur  d'autres  sujets,  tels  que  Bakhar,  Daker,  Djabhar, 
Rahak,  Ankar,  Andi,  Sakah,  Djari.  C'étaient  des  savants 
qui  cultivaient  en  même  temps  la  philosophie,  la  médecine 
et  l'astronomie.  Les  Indiens  recueillirent  leurs  écrits  et  on 
en  a  traduit  beaucoup  en  arabe.  C'est  ainsi  que  j'ai  trouvé 
dans  le  Haouy  de  Razès  et  dans  d'autres  ouvrages,  des  em- 
prunts faits  aux  auteurs  indiens,  notamment  au  livre  de 
Chirak  (Charak),  qui  fut  traduit  du  persan  en  arabe  par 
Abdallah  ben  Ali,  après  avoir  été  traduit  de  l'indien.  J'en  ai 
trouvé  d'autres  faits  au  livre  de  Susrud,  qui  traite  des  ma- 
ladies et  de  leurs  remèdes,  livre  qui  fut  traduit  par  ordre 
d'Idhya  ben  Khaled«  (1) Parmi  les  œuvres  de  Sandjahal  sont: 
Le  livre  del'Idan  ou  Nidan,  qui  expose  les  caractères  de  404 
maladies  sans  indication  de  traitement;  le  livre  de  Sendhi- 
chan  et  son  commentaire;  le  livre  du  pronostic?;  le  livre 
des  divergences  entre  les  médecins  de  l'Inde  et  ceux  de  la 
Grèce,  sur  la  chaleur  et  le  froid,  les  propriétés  des  médica- 
ments et  les  saisons  de  l'année;  un  commentaire  sur  les  mé- 
dicaments les  plus  usités  ;  le  livre  du  traitement  des  femmes 
enceintes  suivant  les  Indiens  ;  le  livre  de  Roussa  l'Indienne 
sur  les  maladies  des  femmes  ;  le  livre  du  sucre  suivant  les 
Indiens;  le  livre  de  Ray  l'Indien,  sur  les  serpents  et  leurs 
venins;  le  livre  du  diagnostic  des  maladies  par  Abou  Kahil  ; 
le  livre  de  Noufassal,  comprenant  cent  maladies  avec  leurs 
remèdes. 

CHANAK. 

C'était  un  médecin  habile  et  expérimenté.  Il  entendait  éga- 
lement les  sciences  et  la  philosophie  et  avait  du  renom 
comme  astronome.  Les  grâces  de  sa  parole  le  faisaient  re- 
chercher par  les  souverains  de  l'Inde.  Il  composa  plusieurs 
ouvrages:  Traité  des  poisons  en  cinq  parties,  traduit  de  l'in- 

(1)  D*aprè8  le  Fihrist,  Manka  fut  l'auteur  de  cotte  traduction. 


DB   LA  MtDECINB  ET  DES  MÉDECINS  DE  L*1NDB.  289 

dien  en  persan  par  Manka,  sous  la  direction  d'Abou  Hatsem 
pour  lahya  ben  Khaled  le  Barmécide,  et  plus  tard  pour 
Mâmoun  sous  la  direction  d'Abbas  ben  Saïd  eddjouhary,  qui 
fût  charg'é  de  le  lire  au  Khalife  (traduction  mentionnée  aussi 
parHadji  Khalfa);  le  livre  de  l'art  vétérinaire  (traduction 
citée  aussi  par  Hadji  Khalfa)  ;  traité  d'astronomie  ;  le  choix 
des  perles,  ouvrage  composé  pour  un  roi  de  l'Inde. 

DJOUDER. 

Il  occupait  une  place  distinguée  parmi  les  savants  et  les 
médecins  indiens.  Il  excellait  non-seulement  dans  la  méde- 
cine, mais  aussi  dans  la  connaissance  dés  ouvrages  de  phi- 
losophie. Il  composa  un  livre  sur  les  naissances,  qui  fut 
traduit  en  arabe. 

Tel  est  le  récit  d'EbnAbi  Ossaïbiah. 

On  trouve  de  plus  dans  le  Fihrist  la  mention  de  deux  tra- 
ductions opérées  par  Ebn  Dehhan,  d'ouvrages  dont  les  titres 
ne  nous  apprennent  rien  sur  leur  contenu. 

Nous  en  finirons  avec  les  médecins  indiens  par  la  notice 
de  deux  médecins  contemporains  de  l'époque  des  traductions 
et  qui  contribuèrent  chacun  de  son  côté  à  propager  la  mé- 
decine indienne  chez  les  Arabes. 

SALEU  BEN  BAHLA. 

n  était  venu  de  l'Inde,  versé  dans  la  médecine  de  son  pays, 
et  passait  pour  habile  dans  le  pronostic.  Il  vivait  dans 
Ilrak  à  l'époque  de  Haroun  Errachid,  et  ce  qui  le  mit  en 
réputation  ce  fut  la  cure  d'Ibrahim,  oncle  du  Khalife.  Ibrahim 
était  tombé  dans  une  léthargie  telle  qu'on  le  croyait  mort. 
Saleh  fut  aussi  appelé  en  consultation.  Ayant  fait  pénétrer 
une  aiguille  sous  l'ongle  d'un  doigt  de  la  main  gauche, 
Ibrahim  retira  aussitôt  la  main.  Crois-tu,  Prince  des  Croyants, 
dit  Saleh  à  Haroun  qui  était  présent,  qu'un  mort  sente  ainsi? 
Ibrahim  sortit  aussitôt  de  sa  léthargie,  disant  avoir  rêvé 
qu'un  chien  lui  mordait  le  doigt.  Ce  fait  a  été  raconté  au- 
trement et  on  a  dit  que  le  moyen  employé  par  Saleh  était  un 
Btemutatoire. 

19 


200     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

MANKA. 

Nous  avons  déjà  cité  son  nom  parmi  les  traducteurs  de 
l'indien,  et  nous  avons  cité  notamment  sa  traduction  du  li- 
vre des  poisons  de  Ghanak  et  le  livre  de  Susroud. 

Nous  ajouterons  qu'il  fut  aussi  attaché  comme  médecin  à 
la  personne  du  Khalife  Haroun  Errachid.  Il  travaillait  aussi 
pour  Ishaq  ben  Soleiman,  auquel  il  dédia  une  synonymie 
des  médicaments  indiens. 

A  propos  de  la  médecine  indienne  et  comme  complément 
de  l'histoire  des  sciences  au  IX*  siècle,  nous  rappellerons  ici 
que  les  Arabes  firent  d'autres  emprunts  à  la  science  indienne. 
Non-seulement  ils  lui  empruntèrent  un  système  de  numéra- 
tion, mais  c'est  encore  une  question  débattue  de  nos  jours 
de  savoir  jusqu'à  quel  point  ils  leur  sont  redevables  de  leurs 
connaissances  en  alg'èbre,  qu'ils  tinrent  d'autre  part  des 
Grecs,  ce  qu'atteste  la  traduction  de  Diophante  et  les  tradi- 
tions arabes.  Nous  ne  pouvons  nous  engager  dans  une  dis- 
cussion où  les  spécialistes  ne  s'accordent  pas,  mais  nous 
rappellerons  que  Wallis,  cité  par  Montucla,  fait  observer 
que  les  Arabes  ont  adopté  dans  leurs  dénominations  des 
puissances  un  système  différent  de  celui  de  Diophante,  opinion 
réfutée  par  M.  Sédillot,  Matériaux,  etc.,  300. 

On  peut  aussi  consulter  les  travaux  récents  de  Wœpcke 
publiés  dans  le  Journal  asiatique. 

Troisième   Partie.   —    LES   DERNIERS  MÉDECINS. 

Nous  entendons  par  là  ceux  qui,  généralement,  ne  précé- 
dèrent pas  le  mouvement  des  traductions,  ou  n'y  prirent 
qu'une  faible  part. 

I.  —  Médecins  de  premier  ordre. 
LES  THABARY, 

Thabary  le  père  ou  Rabban  Etthabary. 
\  ^         Sahl,  Israélite,  né  dans  le  Thabaristan,  en  reçut  le  sur- 


LES  Df.RXIËBS   MÉDECINS.  2'Jl 

nom  deTliabary.  Ses  mérites  lui  valurent  aussi,  dit  son  fils, 
le  surnom  de  Rabban,  ce  qui  veut  dire:  notre  excellent,  notre 
maître.  Les  noms  de  Itabb,  Rabban  ou  Rabbin,  dit  le  Kitab 
el  hokama,  se  donnent  à  ceux  qui  excellent  dans  la  juris- 
prudence des  juifs.  Il  est  généralement  connu  sous  le  nom 
de  Rabban  Etthabary,  que  Ton  écrit  aussi  vicieusement 
Zein  Etthabary.  Il  se  forma  dans  la  pratique  de  la  médecine, 
dit  encore  son  fils,  d'après  l'exemple  de  ses  ancêtres.  Après 
avoir  habité  le  Thabaristan,  il  vint  dans  l'Iraq  et  se  fixa  ii 
Sorrmenra. 

Rabban  Etthabary  s'occupa  non-seulement  de  médecine, 
mais  encore  de  mathématiques,  d'astronomie  et  de  philoso- 
phie. De  plus  il  fit  des  traductions. 

Abou  Machar,  vulgairement  Albumasar,  dit  qu'il  a  vu 
dans  la  traduction  de  l'Almageste,  faite  par  Rabban  Ettha- 
bary, un  passage  sur  la  réflexion  des  rayons  lumineux,  que 
Ton  ne  rencontre  pas  dans  les  traductions  d'El  Kendy,  de 
Tsabet  ben  Corra  et  de  Honein.  Ceci  indique  une  traduction 
en  arabe  et  probablement  d'après  le  syriaque,  qu'il  lui  était 
plus  facile  de  savoir  que  le  grec.  C'est  là  tout  ce  que  nous 
savons  des  traductions  de  Thabary.  Nous  ignorons  d'après 
quelles  autorités  Wilstenfeld  a  pu  dire  que  ces  traductions 
étaient  faites  d'après  l'hébreu,  et  Carmoly  qu'il  traduisit 
une  foule  d'ouvrages.  Rien  ne  nous  autorise  à  admettre  qu'il 
y  eut  alors  des  ouvrages  de  médecine  en  hébreu,  malgré 
que  nous  ayons  déjà  constaté  l'existence  de  quelques  méde- 
cins juifs. 

On  rencontre  dans  le  Continent  de  Razès  des  citations  de 
Thabary,  sous  des  formes  diverses,  mais  il  est  assez  difficile 
de  dire  ce  qui  peut  appartenir  au  père  et  ce  qui  appartient 
au  fils.  Si  Ton  nous  parle  des  traductions  de  Thabary  le  père, 
on  ne  nous  donne  le  titre  d'aucun  livre  qu'il  aurait  pu  écrire. 
On  rencontre  aussi,  dans  les  Simples  d'Ebn  el  Beithar,  en- 
viron soixante-dix  citations,  qui  pourraient  être  do  Thabary 
le  fils. 


\)^ 


21)2      IIIST0]1Œ   DE   L\  MÉDECINE   ARABE.    —  LIVRE  DEUXIÈME. 


ALI    BEN   RABBAN    ETTILABARY. 

Aboul  Hassan  Ali  fils  de  Rabban  Etthabary  naquit  dans 
le  Tliabaristan,  où  il  fit  ses  études  et  exerça  la  médecine. 
Une  guerre  l'en  fit  sortir  et  il  vint  se  fixer  à  Rey.  Là,  il  eut 
l'honneur  de  former  un  éminent  élève  dans  la  personne  de 
Ilazès.  Il  compta  aussi  parmi  ses  disciples  Ebn  el  AïnZerby. 
Plus  tard  il  vint  se  fixer  à  Sorrmenra,  où  il  commença  le 
Firdous  elhikma,  qu'il  acheva  la  troisième  année  du  règne 
de  Moutaouakkel,  c'est-à-dire  en  Tannée  850. 

Il  avait  d'abord  été  secrétaire  de  Maziar  ben  Khacan.  S'é- 
tant  converti  à  l'islamisme,  le  Khalife  Motassem  le  prit  en 
considération  et  l'admit  dans  son  intimité.  C'est  la  première 
des  conversions  du  judaïsme  à  l'islamisme  que  nous  ayons  à 
constater  :  nous  en  verrons  bien  d'autres.  Il  arrive  quelque- 
fois que  les  historiens  ajoutent  à  propos  de  ces  conversions: 
et  ce  fut  une  conversion  solide.  On  ne  nous  dit  rien  de  celle 
de  Thabary  le  jeune. 

Ali  ben  Rabban  a  laissé  plusieurs  écrits  dont  telle  est  la 
nomenclature  : 

Le  Paradis  de  sagesse,  Fcrdous  cl  hikma,  traité  de  méde- 
cine. 

Les  avantages  du  don. 

Le  cadeau  des  rois. 

Des  pandectes. 

De  l'emploi  des  aliments,  des  boissons  et  des  médicaments. 

De  la  conservation  de  la  sauté.  C'est  sans  doute  par  inad- 
vertance que  Wttstenfeld  traduit:  Liber  de  custodia  veri. 
Nous  parlerons  tout  à  l'heure  de  ce  livre. 

Livre  des  charmes. 

Livre  des  ventouses. 

De  la  classification  des  médicaments. 

Le  Paradis  de  sagesse  existe  au  musée  britannique  sous 
le  n«  445.  Le  catalogue  donne  longuement  le  contenu  du  li- 
vre, qui  se  divise  en  sept  parties.  Nous  allons  en  donner  un 
aperçu. 


LES  DERNlEnS   MllDECINS.  203 

I.  Cette  partie  traite  des  éléments,  de  leurs  transforma- 
tions, de  l'existence,  de  la  corruption,  etc.,  en  un  mot,  des 
généralités  de  la  science.  A  propos  des  éléments,  nous  trou- 
vons un  paragraphe  traitant  ce  sujet:  Réponse  à  ceux  qui 
prétendent  qu'il  y  a  cinq  éléments.  Ceci  ne  doit  pas  nous 
étonner.  Thabary  était  versé  dans  la  médecine  indienne,  et 
Ton  sait  que  les  Indiens  admettaient  un  cinquième  élément. 

II.  De  la  génération,  des  tempéraments,  des  organes,  de 
l'esprit,  des  passions,  de  riiygiène,  etc. 

III.  Des  aliments. 

IV.  Pathologie  et  thérapeutique  générales  et  particulières. 

V.  Des  propriétés  des  corps,  des  couleurs,  de  la  fusion,  de 
la  combustion,  de  la  putréfaction,  de  la  végétation. 

VI.  Propriétés  des  fruits,  des  légumes,  des  chairs,  du  lai- 
tage, des  condiments,  des  odeurs,  des  simples,  des  animaux, 
des  médicaments  composés. 

VIL  Des  pays,  des  eaux,  des  vents  ;  de  la  certitude  de  la 
médecine  ;  des  astres  ;  de  la  science  médicale  ;  du  régime  à 
l'état  de  santé  ;  des  causes  des  maladies,  etc. 

Nous  trouvons  au  début  de  l'ouvrage  quelques  renseigne- 
ments sur  Thabary  le  père. 

Il  existe  à  la  Bibliothèque  Bodléienne,  sous  le  n*  578,  un 
ouvrage  dont  le  titre  annonce  le  contenu  :  De  sanitate  tuenda 
ac  conservanda  tractatus  ex  Indorum  et  Grœcorum  scriptis 
concinnatus,  ubi  potissimum  de  potu  cibisque  sanis  disseri- 
tur.  L'auteur  est  le  Rcya  Abou  Ali  ben  Rayan  (qu'il  faut 
rétablir  ben  Rabban).  Ce  livre  est  évidemment  celui  que 
nous  avons  rencontré  au  début  de  l'index  bibliographique  et 
sur  lequel  Wûstenfeld  s'est  mépris  (page  150). 

Thabary  paraît  d'après  les  citations  du  Continent  de  Razès, 
avoir  été  versé  dans  la  connaissance  de  la  médecine  indienne, 
et  l'on  trouve  quelquefois  cette  citation  :  Thabary  d'après 
les  Indiens.  On  trouve  aussi  dans  le  Continent,  et  ici  nous 
parlerons  d'après  l'original  arabe,  les  citations  formelles 
d'Ali  ben  Rabban,  ce  qui  le  distingue  de  son  père.  Ou  trouve 
cité  Thabary,  dans  la  certitude  de  la  médecine. 


291      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  I  IVfiE  DEUXIÈME. 

SARAKIISY. 

Aboul  Abbas  Ahmed  ben  Thayeb  Essarakhsy  fut  un  dis- 
ciple d'El  Kendy.  Profondément  versé  dans  les  sciences 
antiques  et  dans  celles  des  Arabes,  disert  et  bon  écrivain,  il 
avait,  dit  le  Fihrist,  et  après  lui  ses  copistes,  plus  de  science 
que  de  jugement.  D'abord  précepteur  de  Motadhed,  il  devint 
son  commensal  et  son  intime.  Le  Khalife  le  consultait  sur 
les  affaires  de  TEtat.  Lui  ayant  un  jour  confié  un  secret  inté- 
ressant des  tiers,  Sarakhsy  le  divulgua,  et  le  Khalife  le 
sacrifia  à  la  vengeance  de  ses  ennemis. 

Saraksy  a  laissé  de  nombreux  écrits  qui  attestent  la  va- 
riété et  rétendue  de  ses  connaissances.  Nous  en  donnerons 
la  liste  intégrale  comme  un  indice  de  l'état  où  était  arrivée 
la  culture  intellectuelle,  même  chez  les  écrivains  de  second 
ordre.  Motadhed  régnait  de  892  à  902.  Sarakhsy  vécut  donc 
toute  la  seconde  moitié  du  neuvième  siècle  et  sa  vie  se  pro- 
longea, comme  nous  l'apprenons,  par  un  ses  livres,  de 
soixante  à  soixante-dix  ans  (1). 

Abrégé  de  l'Isagoge  de  Porphyre. 

Extrait  des  catégories  d'Aristote. 

—  de  l'interprétation. 

—  des  analytiques. 
Livre  de  l'àme. 

Des  sophistications  et  du  commerce,  grand  et  petit  traité. 

On  lit  autrement  dans  le  Fihrist  édité  par  Fluegel. 

Récréations  des  esprits. 

Livre  de  jeux  et  d'amusements,  dédié  au  Khalife.  L'autour 
avait  soixante  et  un  ans  quand  il  composa  cet  ouvrage. 

Grand  et  petit  traité  de  politique. 

Introduction  à  l'étude  des  astres. 

Grand  et  petit  traité  de  musique. 

Des  routes  et  des  royaumes.  (C'était  un  traité  do  géogra- 
phie dans  le  genre  do  celui  de  Khonhulbeh,  qui  porte  le 
mémo  titre.) 

(1)  D'IIerbplot  donne  pour  la  date  de  sa  raort  le?  années  270.  28r. 
et  2«8 


LK8  DERNlSbS  MÉDECINS*  S05 

De  rarithmétique  et  de  l'algèbre. 

Introduction  à  Tart  médical,  où  il  combat  Honein. 

Livre  de  questions. 

De  Texcellence  et  des  annales  de  Bagdad. 

De  la  coction  ou  des  préparations  par  coction,  k  Mota<lhe<l. 

Provision  du  voyageur  et  service  de.s  rois. 

Livre  des  sociétés  ou  associations. 

Réponse  à  Tsabet  ben  Corra. 

De  la  lèpre  et  du  vilitigo. 

De  l'utilité  des  montagnes. 

Histoire  de  la  secte  des  sabéens. 

Que  les  choses  créées  ne  possèdent  par  elles-mêmes  ni  le 
mouvement  ni  le  repos. 

De  la  nature  du  sommeil  et  des  songes. 

De  l'intellect. 

Du  précepte  de  Pytliagore  (vers  dorés). 

Propos  de  Socrate. 
De  Tamour. 

Du  froid  des  jours  dits  El  adjoiiz  (fin  de  l'hiver). 
Des  étoiles  nébuleuses  1 
De  la  divination. 
Du  jeu  des  échecs. 

De  l'éducation  de  l'àme,  à  Motadhed. 
De  la  différence  du  nahou  des  Arabes  et  de  la  logique. 
Des  fondements  de  la  philosophie. 
Des  phénomènes  atmosphériques. 
Réponse  à  Galien. 
Héponse  à  Ebn  Maouih. 
De  la  coloration  des  cheveux. 
Que  les  parties  se  divisent  k  l'infini. 
Des  caractères  de  l'âme. 
De  la  vie  de  l'homme. 

Sur  la  dialectique,  suivant  la  doctrine  d'Aristote. 
On  lit  dans  les  Mines  d'or  de  Maçoudy:  c  Ahmed  bon 
Thayeb,  l'ami  d'El  Motadhed  Billah,  composa  pour  ce  prince 
un  ouvrage  sur  le  même  sujet,  et  qui  traite  de  ITiistoire  du 
monde:  il  y  est  presque  toujours  en  contradiction  avec 
Khor«.ladbeh,  aus.^i  je  serais  porté  à  croire  que  ce  livre  lui  a 


200      HISTOIRE  DE  L\  MÊDBOIKE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

été  faussement  attribué,  car  sa  science  était  bien  supérieure 
à  une  pareille  œuvre.  »  Traduction  de  MM.  Barbier  de  Mey- 
nard  et  Pavet  de  Courteille,  II,  72. 

On  lit  dans  Kazouiny  (IL  261.  Wttst.),  un  mot  de  Sarakhsy, 
qui  accuse  un  grossier  disciple  d'Épicure. 


^  \>-  '  ISS  A  BEN  IkUSSA. 

0 


Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  ce  médecin.  Ebn 
Âbi  Ossaïbiah  lui  donnant  une  place  entre  les  Mésué  et 
Honein,  nous  devons  croire  qu'il  fut  leur  contemporain.  (1) 

Ebn  Beithar  nous  fournit  quelques  indications.  Il  le  cite 
quelquefois  sous  la  forme  d'Issa  el  Basry  et  d'Ebn  Massa 
el  Basry.  Nous  devons  en  conclure  qu'il  naquit  à  Basera. 

Nous  apprenons  de  plus  qu'il  exerçait  la  médecine  à  l'hô- 
pital de  Merou.  Ainsi,  à  propos  du  Peganum  harmala^  nous 
trouvons  cette  citation  :  Pour  notre  part,  à  l'hôpital  de 
Merou,  nous  l'administrons  pour  évacuer  l'atrabile  et  la  pi- 
tuite. Il  est  excellent  contre  l'épilepsie.  A  l'article  Nym-- 
phœa,  nous  lisons  :  Il  en  existe  h  Merou  une  espèce  qui 
a  de  la  chaleur,  de  la  pénétration  et  de  la  subtilité.  Nous 
l'employons  quand  nous  voulons  provoquer  la  chaleur  dans 
les  affections  froides,  et  nous  nous  en  sommes  bien  trouvé. 
Il  cite  encore  une  espèce  de  melon  particulière  à  Merou. 

Les  citations  d'Ebn  Massa  dans  Ebn  Beithar  sont  générale- 
ment courtes,  et  ont  trait  aux  médicaments  aussi  bien  qu'aux 
aliments.  Un  seul  article  est  étendu,  celui  relatif  au  miel. 

Le  Kitab  el  liokama  et  Ebn  Abi  Ossaïbiah  s'accordent  à 
nous  donner  Ebn  Massa  comme  un  des  bons  médecins  de  sou 
temps  et  un  excellent  praticien. 

Tels  sont  les  ouvrages  qu'ils  lui  attribuent  : 

Des  propriétés  des  aliments. 

(1)  Nous  lisons  d'autre  part,  dans  la  vie  d'Ibrahim  bon  Aioub  el 
Abrach,  uue  auecdote  du  temps  de  Motaouakkel,  relative  à  Ibra- 
him, et  rapportée  d'après  le  récit  d'Issa  ben  Massa  qui  eu  fut  le 
témoin. 


LES  DEaNIEOS  MÊDRCIK8.  307 

A  qui  n'a  pas  de  médecin  présent. 

Questions  sur  la  génération.  Cet  opuscule  de  huit  feuilles, 
que  nous  avons  vu  à  TEscurial,  est  plus  théorique  que  pra- 
tique. 

Des  causes  pour  lesquelles  on  ne  médicamente  pas  les 
femmes  enceintes. 

Du  lever  des  astres. 

De  la  saignée  et  des  scarifications. 

De  remploi  des  bains. 

On  trouve  de  plus  cité  dans  le  Continent  de  Razès  le  livre 
du  Régime. 

Il  est  encore  question  d*Issa  ben  Massa  dans  le  Fihri.st,qui 
ne  mentionne  que  les  deux  premiers  ouvrages. 


ALI  BEN  MOUSSA  ERRIDHA. 

Bien  que  cet  homme  ait  peu  marqué  dans  l'histoire  de  la 
médecine,  nous  ne  pouvons  le  passer  sous  silence,  tant  à 
cause  de  son  importance  politique,  que  par  la  preuve  qu'il 
nous  donne  de  la  considération  qui  s'attachait  alors  à  l'étude 
de  la  médecine. 

Ali  était  le  huitième  Imam,  et  nous  avons  déjà  vu  par 
Texemple  d'un  de  ses  aïeux,  Djafar  Essadiq,  que  l'étude  de 
la  science  était  héréditaire  dans  sa  famille. 

Il  composa  et  dédia  au  Khalife  El  Mâmoun  le  Livre  doré 
de  la  médecine,  mentionné  par  Hadji  Khalfa  sous  le  n*  0220, 
et  dont  la  Bibliothèque  de  Florence  possède  encore  un  exem- 
plaire» Il  écrivit  aussi  sur  la  médecine  du  Prophète. 

Ali  était  né  en  770  de  notre  ère.  On  sait  que  les  Alides, 
écartés  du  trône,  avaient  conservé  la  souveraineté  morale  et 
religieuse  et  comptaient  de  nombreux  et  dévoués  partisans. 
MAmoun  vit  dans  ce  fait  uu  péril  pour  l'empire,  et  crut 
pouvoir  le  conjurer  en  associant  Ali  ben  Moussa  au  trOne. 
En  l'année  810  il  le  déclara  solennellement  son  successeur. 
Cependant  les  Abbassides  étaient  par  trop  nombreux.  On  se 
révolta  et  Bagdad  élut  pour  autre  Khalife  son  oncle  Ibrahim. 

Mamouu  et  Ali  marchèrent  contre  les  rebelles.  Mais,  à 


200      HISTOIRE  DE  L\  MÊDBCIKE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

été  faussement  attribué,  car  sa  science  était  bien  supérieure 
à  une  pareille  œuvre.  »  Traduction  de  MM.  Barbier  de  Mey- 
nard  et  Pavet  de  Courteille,  II,  72. 

On  lit  dans  Kazouiny  (II.  201.  Wtist.),  un  mot  de  Sarakhsy, 
qui  accuse  un  grrossier  disciple  d'Épicure. 


ISS  A  BEN  MASSA. 

Nous  avons  peu  de  renseignements  sur  ce  médecin.  Ebn 
Âbi  Ossaïbiah  lui  donnant  une  place  entre  les  Mésué  et 
Honein,  nous  devons  croire  qu'il  fut  leur  contemporain.  (1) 

Ebn  Beithar  nous  fournit  quelques  indications.  Il  le  cite 
quelquefois  sous  la  forme  d'Issa  el  Basry  et  d'Ebn  Massa 
el  Basry.  Nous  devons  en  conclure  qu'il  naquit  à  Basgora. 

Nous  apprenons  de  plus  qu'il  exerçait  la  médecine  à  l'hô- 
pital de  Merou.  Ainsi,  h  propos  du  Peganum  harmala^  nous 
trouvons  cette  citation  :  Pour  notre  part,  à  l'hôpital  de 
Merou,  nous  l'administrons  pour  évacuer  l'atrabile  et  la  pi- 
tuite. Il  est  excellent  contre  Tépilepsie.  A  l'article  Nym^ 
phœa^  nous  lisons  :  Il  en  existe  à  Merou  une  espèce  qui 
a  de  la  chaleur,  de  la  pénétration  et  de  la  subtilité.  Nous 
l'employons  quand  nous  voulons  provoquer  la  chaleur  dans 
les  affections  froides,  et  nous  nous  en  sommes  bien  trouvé. 
Il  cite  encore  une  espèce  de  melon  particulière  à  Merou. 

Les  citations  d'Ebn  Massa  dans  Ebn  Beithar  sont  générale- 
ment courtes,  et  ont  trait  aux  médicaments  aussi  bien  qu'aux 
aliments.  Un  seul  article  est  étendu,  celui  relatif  au  miel. 

Le  Kitab  el  hokama  et  Ebn  Abi  Ossaïbiah  s'accordent  à 
nous  donner  Ebn  Massa  comme  un  des  bons  médecins  de  sou 
temps  et  un  excellent  praticien. 

Tels  sont  les  ouvrages  qu'ils  lui  attribuent  : 

Des  propriétés  des  aliments. 

(1)  Nous  lisons  d'autre  part,  dans  la  vie  d'Ibrahim  bcn  Aioub  el 
Abrach,  une  anecdote  du  temps  de  Motaouakkcl,  relative  à  Ibra- 
him, et  rapportée  d'après  le  récit  d'Issa  bcn  Massa  qui  en  fut  le 
témoin. 


LES  DE&MIEaS  IIÉORCIKS.  207 

A  qui  n'a  pas  de  médecin  présent. 

Questions  sur  la  génération.  Cet  opuscule  de  huit  feuilles, 
que  nous  avons  vu  à  TEscurial,  est  plus  théorique  que  pra- 
tique. 

Des  causes  pour  lesquelles  on  ne  médicamente  pas  les 
femmes  enceintes. 

Du  lever  des  astres. 

De  la  saluée  et  des  scarifications. 

De  remploi  des  bains. 

On  trouve  de  plus  cité  dans  le  Continent  do  Razès  le  livre 
du  Réfifime. 

Il  est  encore  question  d^Issa  ben  Massa  dans  le  Fihrist,qui 
ne  mentionne  que  les  deux  premiers  ouvrages. 


ALI  BEN  MOUSSA  ERRIDHA. 

Bien  que  cet  homme  ait  peu  marqué  dans  Thistoire  de  la 
médecine,  nous  ne  pouvons  le  passer  sous  silence,  tant  à 
cause  de  son  importance  politique,  que  par  la  preuve  qu'il 
nous  donne  de  la  considération  qui  s'attachait  alors  à  l'étude 
de  la  médecine. 

Ali  était  le  huitième  Imam,  et  nous  avons  déjà  vu  par 
l'exemple  d'un  de  ses  aïeux,  Djafar  Essadiq,  que  l'étude  de 
la  cN^ience  était  héréditaire  dans  sa  famille. 

Il  composa  et  dédia  au  Khalife  El  Mâmoun  le  Livre  doré 
de  la  médecine,  mentionné  par  Hadji  Khalfa  sous  le  n*  0220, 
ot  dont  la  Bibliothèque  de  Florence  possède  encore  un  exem- 
plaire.  Il  écrivit  aussi  sur  la  médecine  du  Prophète. 

AU  était  né  en  770  de  notre  ère.  On  sait  que  les  Alides, 
écartés  du  trùne,  avaient  conservé  la  souveraineté  morale  et 
religieuse  et  comptaient  de  nombreux  et  dévoués  partisans. 
Mftmoun  vit  dans  ce  fait  un  péril  pour  l'empire,  et  crut 
pouvoir  le  conjurer  en  associant  Ali  ben  Moussa  au  trône. 
En  l'année  810  il  le  déclara  solennellement  son  successeur. 
Cependant  les  Abbassides  étaient  par  trop  nombreux.  On  se 
révolta  et  Bagdad  élut  pour  autre  Khalife  son  oncle  Ibrahim. 

Mâmoun  et  Ali  marchèrent  contre  les  rebelles.  Mais,  à 


298     HISTOIRE  DE  LA  UÉDBCINE  ARABE.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Tous,  Ali  mourut  subitement,  les  uns  disent  d*une  indignes- 
tion  de  raisin,  les  autres  de  poison,  laccideut  ayant  trop 
bien  servi  la  cause  des  Abbassides. 

Ali  n'en  fut  pas  moins  un  objet  de  vénération.  Enterré 
près  de  Tous,  son  tombeau  devint  un  centre  de  population 
qui  prit  dès  lors  le  nom  de  Mechhed  Ali,  ou  simplement  de 
Mechhed,  c'est-àr-dire  lieu  du  martyre  d'Ali,  nom  qu'il  a 
conservé,  et  qui  a  fait  oublier  l'ancien  ;  ce  fut  dès  lors  un 
lieu  de  pèlerinag-e  plus  vénéré  même  que  celui  de  la  Mekke. 

Ali  mourut  en  818.  Le  surnom  d'Erridha^  Tagréé,  lui  fut 
donné  lors  de  son  accession  ou  trône. 


ABOU   IIANIFA  KDDINOURY. 

Abou  Hanifa  Ahmed  ben  Daoud  fut  surnommé  Eddinoury 
(lu  nom  de  sa  patrie  Dinaouer,  localité  de  l'Iraq  persique. 

Jusqu'à  présent  c'est  le  plus  éminent  botaniste  de  l'Orient 
et  nous  sommes  étonné  que  l'historien  de  la  médecine  l'ait 
oublié. 

Nous  savons  très  peu  de  chose  sur  son  compte ,  malgré 
la  considération  qui  s'attache  à  son  nom.  Abouiféda,  qui 
l'appelle  l'Auteur  du  Livre  des  Plantes,  fixe  la  date  de  sa 
mort  à  l'année  282  de  l'hégrire,  ou  805  de  notre  ère.  Hadji 
Khalfa,  outre  cette  date,  donne  celle  de  290  et  il  a  été  suivi 
par  D'Herbelot  et  Casiri. 

Nous  trouvons  quelques  lignes  sur  son  compte  dans  un 
Manuscrit  de  la  Bibliothèque  de  Paris,  n»  1022,  supplément 
arabe.  Ce  manuscrit  est  im  commentaire  de  l'Ardjouza 
d'Avicenne,  et  l'auteur  complète  son  œuvre  par  une  courte 
notice  sur  chacun  des  auteurs  cités.  Abou  Hanifa,  qu'il 
appelle  aussi  Abou  Abdallah  ben  Ali  cl  Achchâb,  ou  l'her- 
lx)riste,  tiendrait  le  premier  rang*  dans  la  connaissance  des 
plantes  et  les  propriétés  des  médicaments.  Il  aurait  cons- 
tamment voyagé  pour  connaître  leurs  lieux  de  naissance  et 
leurs  noms.  La  date  de  sa  mort  est  indéchiffrable. 

Hadji  Khalfa  lui  attribue  des  traités  sur  la  logique,  les 
successions,  l'algèbre,  l'astronomie,  un  traité  de  la  substance 


LB8  DERMIBRS  MÉOBCÎNS.  200 

de  l'univers,  et  enfin  le  Traité  des  Plantes  qui  nous  inté- 
resse particulièrement.  Gasiri  lui  rapporte  aussi  un  traité 
d'agfriculture  et  d'art  vétérinaire  que  M.  de  Sacj  croit  iden- 
tique avec  le  Traité  des  plantes,  ce  qui  est  douteux. 

C*est  dans  Ebn  Beithar  que  nous  pouvons  apprécier  le 
mérite  d'Abou  Hanifa.  Nous  y  trouvons  cent  vingt  citations. 

Il  est  égralement  cité  dans  Sérapion  le  jeune.  S*il  manque 
dans  le  Continent  de  Razès,  cela  tient  sans  doute  à  ce  qu'il 
fut,  ainsi  que  nous  allons  le  voir,  plus  botaniste  encore  que 
médecin.  Il  est  quelquefois  cité  par  Ebn  el  Âouftm. 

Dans  Ebn  Beithar,  tous  les  chapitres  commencent  par  la 
description  des  plantes  :  et  c'est  toujours  en  tète  que  figure 
Abou  Hanifa.  Nous  ne  l'avons  pas  rencontré  dans  la  partie 
thérapeutique  proprement  dite.  Quelquefois  il  figure  seul. 

Parmi  ses  citations,  il  en  est  une  cinquantaine  concernant 
des  plantes  nouvelles,  inconnues  des  anciens,  avec  lesquels 
on  ne  lui  reconnaît  pas  d'attaches  apparentes. 

Ses  articles  portent  le  cachet  de  l'observation  directe.  Il  a 
surtout  observé  dans  l'Oman.  Il  a  pris  aussi  des  informa- 
tions notamment  à  Sorra.  Parmi  ses  articles  originaux  nous 
citerons  ceux  relatifs  à  l'Arak,  au  Bétel,  au  Tamarin,  au 
Séné,  au  Cadi,  au  Mahaleb,  au  Bananier,  au  Coco,  à  l'Ouars 
(Memecylon  tinctorium),  etc.  Il  est  à  remarquer  qu'il  ne 
parle  jamais  que  de  plantes,  et  que  son  nom  ne  se  rattache 
à  aucun  médicament  des  autres  règnes.  Il  se  préoccupe  des 
synonymies,  et  il  en  donne  souvent  surtout  tirées  du  persan. 

Parfois  il  est  cité  sous  le  nom  d'Ahmed  ben  Daoud,  ainsi 
aux  articles  Zerneb,  Oucchar  (Asclépiade),  etc. 

D'après  ce  que  nous  avons  ditd'Abou  Hanifa,  il  semblerait 
qu'il  y  eût  déjà  en  Orient  un  certain  mouvement  scientifi- 
que spontané,  indépendant  et  antérieur  à  celui  récemment 
provoqué  par  les  Grecs,  issu  peut-être  de  Djondisabour.  On 
le  croirait  d'autant  plus  volontiers  que  l'on  voit  aussi  Abou 
Hanifa  citer  à  quatre  reprises  un  de  ses  devanciers,  un  bota- 
niste du  nom  d'Afcou  Zeyad,  une  fois  écrit  Ebn  Zeyad.  Ce 
personnage  serait  peut  être  identique  avec  un  certain  Abou 
Abdallah  Mohammed  ben  Zeyad  ben  el  Arabi,  cité  par 
Hadji  Khalfa  comme  un  polygraphe,  et  quelquefois  aussi 


300    HISTOIRE  DB  LA  UÉOECIMB  ARABK.  -*  LIVRE  DEUXIÈME. 

X)ar  Ebn  Beithar.  Nous  trouvons  une  fois  dans  Abou  Hanifa 
la  qualification  d'El  Araby.  Dans  Ebn  Beithar  les  citations 
ont  plutôt  trait  à  des  questions  de  synonymie  qu'à  des  des- 
criptions, ce  qui  convient  bien  à  un  polygraphe. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nous  relèverons  un  mot  d'Abou  Hanifd, 
à  propos  du  mélilot.  Il  dit  l'avoir  vu  dans  l'Irak,  où  les  Na- 
bathéens  lui  donnaient  le  nom  de  Handaqouqua.  Le  nom 
de  Nabathéens  s'était  donc  encore  conservé. 

Relevons  aussi  un  autre  fait  relatif  au  fameux  Perséa, 
dont  les  Arabes  ont  fait  le  Lebakh,  Abou  Hanifa  dit  avoir 
appris  d'un  homme  sûr  qu'aux  environs  d'Encina,  dans  le 
Saïd,  il  en  existait  encore  quelques  échantillons. 

Abou  Naïm  Ali  ben  Hassan  Basry,  suivant  Hadji  Khalfa, 
releva  les  fautes  du  livre  d'Abou  Hanifa,  et  le  célèbre 
Abdellatif  en  rédigea  un  abrégé. 

Abou  Hanifa  cultiva  aussi  l'astronomie  et  à  ce  sujet  on 
trouve  de  curieux  détails  dans  un  travail  de  M.  Caussin* 
Notices  et  extraits,  tome  XII. 

En  335  de  l'hégire  on  montrait  à  Dinaouer  la  maison  sur 
laquelle  on  l'avait  vu  observer  les  astres.  Il  laissa  un  écrit 
sur  les  constellations. 


2"*  Quelques  Médecins  de  second  ordre. 

Parmi  les  médecins  dont  les  noms  nous  ont  été  conservés, 
il  en  est  quelques-uns  qui  n'ont  pas  de  valeur  scientifique, 
mais  auxquels  se  rattachent  certains  faits  à  divers  titres  in- 
téressants. Nous  avons  cru  devoir  leur  consacrer  une  notice 
sommaire. 

DJABRIL  ou  GABRIEL,  OCULISTE  DE  MAMOUX. 


S 


Rien  ne  prouve  que  Djabril  appartenait  à  la  famille  des 
Bakhtichou.  C'était  l'oculiste  de  Màmoun  qui  Taimait  à 
cause  de  la  légèreté  de  sa  main,  et  lui  faisait  une  solde  de 
mille  drachmes  par  mois.  Djabril  pénétrait  le  premier  cha- 


QUELQUES   MÉDECINS   DS   8EC0N0  OBORK.  301 

que  matin  auprès  du  Khalife  et  prenait  soin  de  ses  yeux. 
Son  indiscrétion  lui  valut  une  disgrâce.  Gomme  on  lui  de- 
mandait un  jour  ce  que  faisait  Mâmoun,  il  répondit  qu'il 
dormait.  Le  Khalife  fin  fut  piqué  et  lui  dit  qu'il  l'avait  pris 
comme  oculiste  et  non  comme  nouvelliste.  La  pension  de 
Djabril  fut  réduite  à  cinquante  écus. 


MOUSSA  BEN  ISRAÏL,   DE  KOUFA. 

C'était,  dit-on,  un  médecin  de  valeur  moyenne,  mais  versé 
dans  la  littérature  et  l'astronomie.  Il  fut  attaché  au  service 
d'Ibrahim  ben  el  Mahdy.  Né  en  120  de  l'hégire,  il  mourut  en 
222  (820  de  l'ère  chrétienne). 

IBRAHIM  BEN  FEZZAROCN. 

Il  accompagna  dans  l'Inde,  en  qualité  de  médecin,  Gassan 
ben  Abad.  Il  fit  là  quelques  observations  d'histoire  natu- 
relle et  recueillit  des  savants  de  l'Inde  une  étrange  tradi- 
tion qui  prouve  tout  au  moins  que  l'on  croyait  alors  la  mer 
des  Indes  fermée.  D'après  cette  tradition  le  fleuve  indien  et 
le  Nil  auraient  une  source  commune,  de  laquelle  chacun 
d'eux  s'échapperait,  l'un  pour  arroser  l'Inde,  et  l'autre  pour 
arroser  le  pays  des  Noirs  et  se  jeter  dans  la  mer  de  lloum. 
(Méditerranée). 

GALEB,  MÉDECIN  DE  MOTHADED. 

Galeb  mourut  eu  accompagnant  h  Amide  le  Khalife  Mo- 
thaded.  Il  eut  un  fils  du  nom  de  Saïd,  qui  lui  succéda  dans  la 
confiance  du  Khalife. 

IKZID  BEN  lOUHANNA  BEN  KIIALED. 

Il  nous  est  donné  comme  un  médecin  savant  et  un  excel- 
lent praticien.  11  fut  attaché  à  la  personne  du  Khalife  el 


302      HISTOIRE  DB  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

Màmoun.  Une  cure  l'avait  déjà  recommandé  à  ratteution 
de  Haroun  Erracliid.  Il  fut  aussi  en  relations  avec  Ibrahim 
ben  Mahdy. 

ABDOUS  BEN  lÉZID. 

Abdous  paraît  être  le  fils  du  précédent.  On  nous  cite  de 
lui  la  cure  d'une  violente  colique  par  l'administration  de  cer- 
feuil, de  fenouil,  d'huile  de  ricin  et  d'hiera  picra. 

Il  paraît  avoir  joui  d'une  certaine  considération,  attendu 
qu'un  ouvrage  de  sa  composition,  intitulé  Mémorial  de  thé- 
rapeutique, est  fréquemment  cité  dans  le  Continent  de  Razès. 
LeKitab  olhokama  le  donne  comme  habile  dans  le  diagnos- 
tic. 

IBRAHIM  BEN  AÏOUB  EL  ABRACH. 

C'est  le  fils  du  traducteur.  Ayant  traité  avec  succès  Ismaîl, 
frère  du  Khalife  Mouattaz,  Quabidja  mère  du  prince  lui  fit 
parvenir  un  cadeau  de  dix  mille  drachmes  (une  badra, 
«omme  réduite  par  d'autres  à  sept  mille  drachmes).  Moutaou- 
akkel  en  fit  parvenir  autant,  et  sa  mère  crut  devoir  faire 
un  nouvel  envoi.  L'émulation  se  prolongea  au  point  d'abou- 
tir h  seize  badra.  Quabidja  crut  alors  devoir  en  finir.  Si  tu 
avais  continué,  dit  Moutaouakkel,  je  continuais  aussi. 
Ibrahim  devint  le  médecin  de  Mouattaz. 


ABOU  lAHYA  KL  MEROUxVZY. 

C'était  un  Syrien,  savant  dans  la  dialectique  et  pratiquant 
avec  éclat  la  médecine  h  Bagdad.  Il  eut  pour  élève  Abou 
Bachar  Mattaï. 

lOUSEF  ESSAHIR. 

On  lui  donne  aussi  le  nom  de  lousef  el  Qas^,  c'est-Ji-dire 
Joseph  le  prêtre.  C'était  un  chrétien  prêtre  ot  médecin. 


QUELQUES  MÉDECINS  DE  SECOND   ORDRE.  303 

Quant  au  nom  de  Sahir  il  signifie  le  veilleur ^  et  ce  nom 
lui  fut  donné  parce  qu'il  passait  la  majeure  partie  de  la  nuit 
à  travailler.  On  dit  aussi  que  la  cause  de  son  insomnie  était 
un  cancer  de  la  tête,  et  qu'en  examinant  ses  écrits  on  y  dé- 
couvre qu'il  devait  être  affecté  de  cette  maladie. 

Il  vivait  du  temps  du  Khalife  el  Moctafy  et  composa  des 
Pandectes  ou  Kounnach  assez  fréquemment  citées  dans  le 
Continent  de  Ilazès.  On  lit  parfois  dans  la  traduction  latine 
du  Haouy:  Esseher  id  estvigilans,  sive  vigilator. 

EBN  EL  KORNIB. 

Abou  Ahmed  el  Hossein  ben  Ishaq  ben  Ibrahim  el  Kateb, 
surnommé  Ebn  El  Kornib  ,  philosophe  naturaliste,  était 
très  versé  dans  les  sciences  naturelles  des  anciens.  Il  écrivit 
une  réponse  à  Tsabet  ben  Corra  sur  les  repos  qui  existent 
entre  les  battements  des  artères,  et  un  traité  des  genres  et  des 
espèces. 

ISSA  BEN   ALI. 

Wttstenfeld  a  confondu  ce  médecin  avec  le  célèbre  oculiste 
arabe.  Nous  croyons  devoir  les  distinguer. 

Voici  d'abord  ce  qu'on  lit  dans  le  Fihrist  :  Issa  ben  Ali, 
élève  de  Honein,  a  composé  un  livre  sur  les  avantages  que 
Ton  peut  retirer  des  organes  des  animaux. 

Au  huitième  chapitre  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  chapitre  qui 
manque  dans  certains  manuscrits,  ainsi  que  l'a  remarqué 
Wûstenfeld  dans  sa  nomenclature,  page  134,  nous  trouvons 
une  notice  un  peu  plus  détaillée,  et  qui  se  lit  ainsi  dans  le 
manuscrit  de  Paris:  Issa  ben  Ali  était  un  médecin  distingué, 
qui  s'occupa  de  philosophie  et  composa  des  ouvrages  sur 
cette  matière.  Il  eut  pour  maître  Honein  ben  Ishaq  et  fut  un 
de  ses  meilleurs  élèves.  Il  a  composé  un  ouvrage  sur  les 
utilités  des  animaux,  et  un  sur  les  poisons. 

Nous  devons  dire  que  le  manuscrit  du  Kitab  el  hokama, 
tel  qu'il  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Paris,  fait  la  même 
confusion  que  Wûstenfeld,  mais  nous  avons  constaté  des  ré- 


301      HISTOIRB  D£  hK  MÉDBCINJS  ARABS. —  LlYRB  DEUZIÈMB. 

pétitions  et  des  confusions  dans  ce  manuscrit,  et  noua  pré- 
férons nous  en  rapporter  au  Fihrist  et  à  Ebn  Abi  Ossaïbiah. 
D'autre  part  ce  dernier  nous  donne,  au  chapitre  dix,  la 
biographie  de  Toculiste  sous  le  nom  d'Âli  ben  Isaa,  et  il 
ajoute  qu*on  dit  aussi  Issa  ben  Ali.  Telle  est  peut-être  la  cause 
de  la  confusion  :  la  communauté  des  noms. 


EL   HALLAWY. 

lahya  ben  Abi  Hakim  el  Halladjy,  médecin  du  Khalife 
Motadhed,  composa  un  traité  du  régime  à  suivre  dansTamai- 
grissement  causé  parle  fait  de  la  bile,  et  le  dédia  à  ce  prince. 

EBN   MAHAN. 

Ebn  Mahan  Iakoub  Essirafy  que  nous  plaçons  à  côté  du 
précédent,  à  l'instar  d*Ebn  Abi  Ossaïbiah,  composa  jun 
traité  de  médecine  à  l'usage  des  voyageurs  et  des  sédentai- 
res. 

EBN  ELLAIILADJ. 

Ebn  EUahladj  vivait  à  l'époque  du  Khalife  el  Mansour,  et 
quand  ce  Khalife  accomplit  le  voyage  de  la  Mekke,  il  se  fit 
accompagner  par  Ebn  EUahladj. 

Ebn  EUahladj  est  l'auteur  d'un  compendium  plusieurs  fois 
cité  dans  le  Continent  de  Razès,  notamment  à  propos  de*  af- 
fections thoraciques.  Ainsi  que  plusieurs  autres,  ce  nom  est 
défiguré  dans  les  traductions  latines. 

IBELAHIM   BEN  EL  MOHDY. 

L'illustre  musicien  cultivait  aussi  la  médecine.  Le  Fihrist 
mentionne  deux  de  ses  écrits:  un  traité  de  la  cocUon  et  un 
livre  sur  la  médecine, 

A  la  suite  d^lbrahim,  nous  trouvons  aussi  une  courte  notice 


ALCHIMISTES.  305 

littéraire  sur  le  Khalife  el  Mâmoun  et  nous  nous  faisons  un 
devoir  de  la  signaler.  Il  nous  est  donné  comme  le  Khalife  le 
plus  savant  dans  la  jurisprudence,  et  nous  trouvons  de  lui 
trois  ouvrages  ayant  trait  à  la  politique  et  à  la  religion. 


m.  —  Les  Alchimistes. 

Géber  eut  des  disciples  qui  continuèrent  à  cultiver  Talchi- 
mie  et  firent  eux-mêmes  des  élèves. 

Nous  avons  précédemment  éclairci  les  origines  de  l'alchi- 
mie chez  les  Arabes.  Nous  dirons  aussi  quelques  mots  de 
son  état  pendant  le  neuvième  siècle.  Cette  période  n*a  pas 
mieux  été  connue  que  la  précédente  par  ses  historiens. 

Il  y  a  dans  le  Fihrist  un  curieux  chapitre  sur  cette  ma- 
tière. Mohammed  ben  Ishaq  y  donne  la  liste  des  adeptes  de- 
puis les  temps  les  plus  reculés,  à  partir  d'Hermès,  la  nomen- 
clature des  principaux  écrits  qui  en  traitent,  enfin  de  cour- 
tes notices  sur  les  Arabes  qui  s'y  sont  distingués. 

Dans  la  liste  des  adeptes,  il  y  a  malheusement  beaucoup  de 
noms  altérés  que  nous  ne  pouvons  restituer  d'après  un  seul 
manuscrit.  On  peut  cependant  y  reconnaître  la  plupart  des 
noms  qui  figurent  dans  le  manuscrit  grec  de  Paris,  n* 
2250,  dont  Lenglet-Dufresnoy,  puis  M.  Hœfer  ont  reproduit 
le  passage.  Quelques  noms  qui  manquent  se  retrouvent  plus 
loin  à  propos  des  écrits.  La  liste  du  Fihrist  est  aussi  plus 
longue,  presque  du  double,  attendu  qu'elle  donne  les  pre- 
miers adeptes  arabes. 

La  nomenclature  des  écrits  est  plus  explicite,  et  donne 
parfois  quelques  renseignements  sur  les  auteurs.  Ils  sont  au 
nombre  d'une  quarantaine.  Nous  en  citerons  quelques-uns: 

Deux  livres  de  Dioscorus. 

Deux  livres  de  Marie  la  Copte,  un  grand  livre,  et  un  autre 
où  il  est  question  de  sa  réunion  avec  les  philosophes. 

Le  livre  du  soufre  rouge. 

Le  livre  d'Ktienne. 

Le  livre  d'Eugenius. 

Le  livre  de  la  reine  Cléopàtre. 

20 


306      HISTOIRE   DE  LA  MÉDECIME  ARABE.    —  UVRE  DEUXIÈME. 

Le  livre  de  la  reine  Balkis. 

Le  livre  de  Serdjius  de  Ras  el  Aïn  adressé  à  Kouïri,  évèque 
d'Edesse. 

Le  livre  de  ?  adressé  à  l'empereur  Adrien. 

Le  grand  et  le  petit  livre  d'Orus. 

Le  livre  du  philosophe  Théodore. 

Le  livre  d'Andria,  d'Ephèse,  à  Nicépliore. 

Le  livre  de  Démocrite. 

Le  livre  de  Zosime. 

Le  livre  de  Germanus,  patriarche  de  Rome. 

Le  livre  de  Sergius  le  moine. 

Le  livre  de  Magnus  le  philosophe. 

Le  livre  de  Bathernus. 

Le  livre  de  Djamasb.  (1) 

Trois  élèves  de  Géber  sont  cités  par  le  Fihrist.  Ce  sont  :  El 
Kharquy,  Ebn  Aïadh  et  Ikhmimy,  ces  deux  derniers  égyp- 
tiens. 

Parmi  les  auteurs  cités,  il  en  est  d'une  époque  postérieure, 
tels  que  Razès  lui-même,  dont  nous  ne  parlerons  pas  ici. 

On  rapporte  à  Ebn  Aïadh  un  livre  intitulé  iTifab  el  Afsâhj 
que  d'autres  attribuent  à  Aboul  Abbas  Ahmed  ben  Soleiman . 

Otsman  ben  Souïd  fut  surnommé  El  Ikhmimy,  du  nom  de 
sa  patrie  Ikhmira,  ville  d*Eg'ypte.  C'était  un  alchimiste  émi- 
nent,  qui  entretenait  une  correspondance  avec  Ebn  Ouah- 
chiah.  Il  composa  plusieurs  ouvragées: 

Le  livre  du  soufre  rouge. 

Le  livre  de  l'exposition. 

Le  livre  des  rectifications.  Un  autre  des  annotations. 

Un  livre  contre  D'houlnoun. 

Un  livre  des  instruments  des  anciens. 

Un  livre  de  la  dissolution  et  de  la  concrétion. 

Un  livre  de  la  sublimation  et  de  la  distillation,  etc. 

D'houlnoun,  dont  il  vient  d'être  question,  était  aussi 
d'Ikhmim.  Il  fut  disciple  de  l'Imam  Malek,  et  fut  ai)pclé  à 

(1)  A  propos  de  ces  livres,  l'auteur  a  soin  de  nous  dire  qu'il  ne 
parle  que  de  ceux  qu'il  a  vus,  ou  sur  lesquels  il  a  reçu  des  rensei- 
gnements sûrs. 


ALCHIMISTES  ET  NATURàLISTSS.  307 

Baffdad  par  le  Khalife  Moutaouakkel.  C'était  un  homme 
pieux,  pratiquant  la  médecine  et  l'alchimie.  On  le  considère 
comme  le  chef  des  Soufis.  Il  laissa  des  écrits  sur  Taichimie 
dont  il  existe  encore  des  exemplaires  dans  nos  bibliothèques. 

Âbou  Karan  était  un  alchimiste  ayant  foi  dans  son  art, 
dit  le  Fihrist,  et  considéré  par  les  adeptes.  Il  commenta  le 
Traité  de  la  miséricorde  de  Géber,  et  composa  plusieurs  ou- 
vragées, entre  autres  un  traité  du  pouls. 

Etienne  le  moine,  de  Mossoul,  écrivit  plusieurs  ouvrages 
de  chimie  qui  ne  parurent  qu'après  sa  mort. 

Aboubekr  Ali  ben  Mohammed  el  Alaouy,  du  Khorassan, 
voyagea  pour  se  mettre  à  l'abri  de  la  persécution.  Il  écrivit 
plusieurs  livres  sur  l'alchimie. 

Mohammed  ben  lézid  surnommé  Dinas  écrivit  un  livre  sur 
la  préparation  des  teintures  et  de  l'encre. 

Passons  sur  Aboul  Abbas  Ahmed  ben  Soleiman,  Ishaq  ben 
Nasir,  Abou  Djafar  Mohammed  ben  Ali,  et  finissons  par 
Aboul  Hassen  Ahmed  el  Hachalil.  Ce  dernier  était  un  ami 
de  l'auteur  du  Fihrist.  Il  avait  foi  dans  son  art,  dit  Moham- 
med ben  Ishaq,  mais  je  ne  m'en  suis  pas  aperçu,  car  je  l'ai 
toujours  vu  pauvre  et  malpropre. 


Vf.  —  Naturalistes. 

Abou  Bekr  Ahmed  ben  Ali  ben  Kis,  dit  Ebn  OUahchyah, 
fut  aussi  l'un  des  coryphées  de  la  science  hermétique.  M. 
Quatremère  ne  s'en  est  pas  douté,  car  il  cite  comme  une  cu- 
riosité un  traité  de  magie  nabathéenne  traduit  par  EbnOuah- 
chiah,  et  mentionné  parHadji  Khalfa* 

Le  célèbre  chaldéen  cultiva  tout  ce  qui  touche  au  mer- 
veilleux, les  secrets,  les  charmes,  l'astrologie,  la  prestidigi- 
tation, de  même  que  l'alchimie.  Nous  nous  abstiendrons  de 
citer  tous  les  livres  que  lui  attribue  le  Fihrist,  et  qui  se  mon- 
tent à  une  vingtaine. 

Nous  en  citerons  seulement  quelques-uns  d'un  ordre  plus 
élevé  : 

Du  culte  des  idoles  chez  les  Chaldéens. 


.'308     UISTOIKË  D£  LA   MÉDECINE   ARABE.   —  LIVRE  OEUXIÉ&IE. 

De  la  vie  et  de  la  mort  et  du  traitement  des  maladiejâ,  par 
Uaoutha  ben  Samouthau  le  chaldéen,  traduit  par  Ebn 
Ouahchiah. 

Traité  des  poisons,  qui  est  aussi  une  traduction. 

Traité  des  médicaments,  suivant  les  Nabathéens. 

Traité  des  sacrifices. 

Ce  qui  recommande  Ebn  Ouahchiah,  c'est  la  traduction  du 
célèbre  traité  à! Agriculture  nahathcennc. 

L'Agriculture  Nabathéenne. 

Tout  n'est  pas  encore  dit  sur  l'Agriculture  nabathéenne, 
après  les  travaux  de  savants  orientalistes  français  et  étran- 
gers, en  tète  desquels  il  faut  placer  M.  Quatremère.  Malheu 
reusement  les  Manuscrits  sont  rares,  ce  qui  en  rend  Tétude 
difficile,  et  cependant  une  étude  sérieuse  et  complète  de  ce 
curieux  monument  serait  du  plus  grand  intérêt,  non  seule- 
ment pour  l'agriculture  et  les  sciences  naturelles,  mais  en- 
core pour  la  philologie,  l'ethnographie  et  l'histoire.  L'exhu- 
mation des  caractères  cunéiformes  lui  donnerait  encore  un 
intérêt  de  plus. 

Jusqu'à  présent  nous  n'avons  pu  consulter  que  les  manus- 
crits de  Paris.  Il  n'en  existe  à  proprement  parler  que  deux, 
les  autres  n'étant  que  des  imitations.  Nous  y  reviendrons. 

Le  premier,  n®  882,  supplément  arabe,  nous  est  donné 
comme  un  abrégé  et  ne  contient  qu'une  centaine  de  pages. 
Tout  ce  que  nous  eu  dirons,  c'est  qu'il  est  aussi  une  imitation 
plutôt  qu'un  abrégé. 

Le  n**  1)13,  ancien  fonds,  est  le  texte  même  de  l'Agriculture 
nabathéenne,  mais  il  ne  comprend  (jue  deux  livres  sur  neuf, 
le  deuxième  et  le  troisième  :  encore  a-t-il  une  lacune  d'une 
cinquantaine  de  pages.  11  contient  trois  cents  feuilles. 

Ebn  Ouahchiah  n'eut  pas  le  temps  de  mettre  la  dernière 
main  à  son  œuvre.  C'est  ce  qui  résulte  surtout  de  ce  qu'on 
lit  à  la  feuille  285,  verso.  Par  disposition  testamentaire,  il 
chargea  de  sa  mise  au  net  Abou  Thaleb  Ahmed  ben  ol 
Ilossein  ben  Ali  ben  Ahmed  ])en  Mohammed  ben  Abd  el 
Malek  Ezzeyàt,  à  qui  sa  veuve  remit  le  manuscrit  dans  un 


i/aortculture  nabath<î:exne.  îUX) 

certain  désordre.  Il  y  avait  notamment  des  blancs,  ainsi  à 
Tarticle  de  la  vipfne  ving't  pagres  restaient  en  blanc.  L'éditeur 
se  demande  si  rorig-inal  était  tel,  ou  si  le  traducteur  recula 
devant  Tarticle  consacré  au  vin,  car  il  passait  pour  être 
affilié  à  la  secte  des  Soulis. 

La  lang^ue  dans  laquelle  était  écrit  le  traité  d'Agriculture 
est  dite  tantôt  nabathéenne,  tantôt  chaldéenne  ;  mais  on 
fait  observer  que  les  Nabathéens  occupaient  le  territoire  de 
Babylone  avant  les  Chaldéens. 

Koutsami  est  l'auteur  du  livre;  mais  la  composition 
primitive  est  comme  noyée  dans  une  foule  de  suppléments 
empruntés  à  divers  auteurs  subséquents,  ou  introduits  par 
le  traducteur  lui-même,  Ebn  Ouahchiah,  qui  prend  sou- 
vent la  parole  en  son  propre  nom.  Il  y  a  un  article  sur  le 
Rh.  Ribes,  que  l'éditeur  croit  avoir  été  surajouté. 

Les  auteurs  qui  ont  le  plus  ajouté  à  l'œuvre  primitive  de 
Koutsami  sont  Sa^^rit  et  Lamboucliad.  Celui-ci,  le  dernier 
venu,  était  antérieur  h  Abraham. 

On  invoque  aussi  le  témoignage  d'Adam,  de  Setli  et 
d'Hénoch. 

On  cite  même  comme  antérieur  à  Adam,  et  comme  ayant 
écrit  sur  l'agriculture  Douaïabi,  le  Prince  des  sages,  qui 
aurait  adressé  son  livre  au  syrien  Merdaïad. 

Viennent  ensuite  Thamiry  le  chananéen,  Machy  ennahry 
qui  écrivit  un  livre  adressé  à  Thamiry,  Machy  le  syrien, 
Kamach  ennahry,  Rouahtha  le  médecin. 

Les  Nabathéens  nous  sont  donnés  comme  versés  plus  que 
tous  les  autres  peuples  dans  la  connaissance  des  plantes. 
Il  est  un  fait  qui  semblerait  infirmer  l'antiquité  de  l'Agri- 
culture nabathéenne,  c'est  que  les  qualités  élémentaires  des 
liantes  sont  données,  même  dans  les  livres  attribués  à 
Adam,  au  i)oint  de  vue  de  la  chaleur,  du  froid,  de  l'humidi- 
té et  de  la  sécheresse.  Mais  ne  peut-on  pas  admettre  que  la 
théorie  des  éléments  précéda  la  sr^ience  des  (fr<*cs,  qui,  du 
re.ste,  vinrent  de  bonne  heure  en  Orient  juiiser  une  partie  de 
leur  science.  Nous  avons  vu  d'ailleurs  les  Indiens  (»n  posses- 
sion de  la  théorie  des  éléments. 

L'agriculture  était  aussi  en  honiveur,  et  ilans  le  II*  livre 


310    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARÂBB.  —  LIVRE  DEUXIÈME. 

nous  rencontrons  une  éloquente  invective  contre  les  fainéants 
de  toutes  les  religrions,  qui,  méprisant  le  monde,  se  retirent 
dans  la  solitude.  Dieu,  est-il  dit,  veut  que  la  terre  soit  cultivée 
et  qu'elle  favorise  ainsi  la  propagation  de  l'espèce  humaine. 
Négliger  l'agriculture,  c'est  ouvrir  la  porte  au  mal  et  à  la 
corruption.  Le  corps  a  besoin  d'aliments  et  d'habitation, 
et  la  meilleure  occupation  de  l'esprit  est  la  recherche  de  ces 
choses.  Pour  cela  le  laboureur  fatigue  et  sue,  tandis  que  ces 
imposteurs  viennent  lui  demander  l'aumône.  Les  Nabathéens 
noiis  sont  donnés  comme  usant  volontiers  d'un  langage 
énigmatique  et  figuré.; 

Telles  sont  les  matières  traitées  dans  les  deux  seuls  livres 
que  contient  le  Manuscrit  de  Paris. 

Dans  le  II®  livre,  il  est  question  des  phénomènes  et  des 
variations  atmosphériques,  de  l'influence  de  la  lune  et  des 
astres,  des  saisons,  du  climat,  des  qualités  diverses  de  la 
terre  et  des  engrais. 

A  propos  des  mois,  il  est  dit  qu'ils  tirent  leurs  noms  d'an- 
ciens personnages  éminents  et  vertueux,  qui  vivaient  dans 
les  premiers  temps.  Ainsi  le  mois  de  Tamouz  (juillet)  n'est 
autre  que  celui  d'un  sage  qui  n'était  ni  Chaldéen,  ni  Ghana- 
néen,  ni  Irakien,  ni  Djeramka,  mais  appartenait  à  la  race 
qui,  la  première,  occupa  le  sol.  Les  deux  Tisrin  prirent  ce 
nom  de  deux  frères  éminents  dans  les  sciences. 

Nous  lisons  au  commencement  du  III*  livre  qu'Ebn 
Ouahchiah  le  composait  en  l'année  201  de  l'hégire,  qui  répond 
en  majeure  partie  à  Tannée  004  de  l'ère  chrétienne.  Ce  livre 
est  consacré  aux  plantes  potagères,  à  la  vigne  et  à  quelques 
arbres  et  arbustes. 

Un  curieux  passage  nous  donne  la  synonymie  d'un  certain 
nombre  d'expressions  techniques  nabathéennes.  On  en  cite 
même  de  particulières  à  des  fractions  nabathéennes,  tels 
que  les  Djeramka.  Meyer,  dans  son  histoire  de  la  botanique, 
a  recueilli  une  liste  déjà  longue  de  ces  termes  nabathéens, 
puisés  surtout  dans  Ebn  Beithar:  mais  il  faudrait  consulter 
plusieurs  manuscrits  pour  en  éta])lir  définitivement  la 
lecture. 

Telles  sont  les  principales  plantes  mentionnées  : 


l'agriculture  nabathékknk.  311 

Le  girofle,  l'estragron,  la  citronelle,  le  Rh.  Ribes,  les 
raarum,  la  coriandre,  le  pourpier,  l'épinard,  l'arroche,  la 
blette,  les  rumex,  la  corète,  le  taraxacum,  le  fénu-grec,  le 
fumeterre,  le  chou,  le  fenouil,  Taneth,  la  luzerne,  le  chou- 
fleur,  Taubergrine,  les  courges,  le  concombre,  le  melon,  le 
porreau,  etc. 

Beaucoup  d*autres  plantes  sont  mentionnées  aussi,  mais 
sous  des  noms  nabathéens.  Comme  leur  détermination  nous 
entraînerait  à  des  détails  déplacés  ici,  nous  remettons  ce 
travail  à  notre  traduction  d*Ebn  Beithar,  où  nous  avons 
déjà  traité  plusieurs  de  ces  questions. 

Nous  allons  relever  sur  quelques-uns  de  ces  végétaux  ce 
qui  nous  a  semblé  le  mériter. 

A  propos  du  girofle,  Ebn  Ouahchiah  dit  qu*on  remploie 
pour  tuer  le  ver  des  dents,  et  il  fait  cette  réflexion  qu*à  son 
âge,  GO  ans,  il  n'a  jamais  vu  de  ver  dans  les  dents,  et  qu'en 
réalité  il  n'y  a  que  des  humeurs  putrides. 

Il  dit  la  citronelle  importée  de  l'Inde  à  Babylone. 

Au  dire  d'Iambouchad,  l'épinard  ne  serait  autre  chose  que 
l'arroche  cultivée. 

Le  chou  compte  plusieurs  espèces.  Le  médecin  Uouahtha 
signale  dans  son  usage  plusieurs  inconvénients. 

Le  chou-fleur  est  cultivé  pour  sa  tète. 

La  luzerne  est  cultivée  comme  fourrage,  particulièrement 
par  les  gens  de  Nivive.  A  propos  de  Nivive  nous  ajouterons 
que  nous  avons  rencontré  deux  autres  citations  de  cette  ville, 
ainsi  à  propos  de  l'épinard.  Cette  citation  a  été  relevée  par 
M.  de  CandoUe  dans  sa  Géographie  botanique,  et  elle  a  été 
pour  M.  Quatremère  une  des  preuves  de  Tantiquité  de  l'A- 
griculture nabathéenne. 

L'aubergine  est  dite  d'origine  persane. 

Un  article  d'une  douzaine  de  pages  est  consacré  au  melon, 
Battikh.  Tous  les  auteurs  d'agriculture  en  ont  parlé.  Sa  cul- 
ture exige  de  grands  soins.  Il  est  beaucoup  d'espèces  qui 
diffèrent  pour  le  volume,  la  forme,  la  couleur,  l'état  de  la 
surface  et  la  douceur  plus  ou  moins  prononcée. 

Après  les  plantes  alimentaires  vient  la  vigne  qui  n'occupe 
pas  moins  de  cent  quarante  feuilles.  Outre  les  autres  auto^ 


312    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

rites  que  nous  avons  déjà  citées,  on  voit  paraître  en  plus 
Sardana  le  chananéen  et  Siahy  le  djeramka. 

Une  large  place  est  occupée  par  la  vigne  dite  thériaque. 
Tous  les  auteurs  en  ont  parlé»  depuis  l'antique  Douïaby,  qui 
lui  reconnaissait  plus  de  cent  vertus,  jusqu'à  Adam,  Sagrit, 
lamboucliad  et  les  autres.  Cette  vigne  est  caractérisée  par 
des  dimensions  restreintes  dans  son  ensemble  et  dans  ses 
parties,  qui  lui  avaient  fait  donner  le  nom  de  Djada^  crépue 
ou  rabougrie,  et  par  des  graines  petites,  arrondies,  d'un, 
rouge  clair,  d'une  saveur  douce  amère,  ramassées  en  un  point 
de  la  grappe. 

Nous  chercherons  maintenant  à  compléter  l'histoire  de 
l'Agriculture  nabathéenne  par  les  ouvrages  qui  l'ont  imitée 
ou  qui  l'ont  mise  à  contribution. 

Le  manuscrit  882  nous  paraît  plutôt  une  imitation  libre 
qu'un  abrégé.  L'ordre  n'est  pas  le  même  de  tout  point.  Après 
des  généralités  de  culture,  il  est  question  des  arbres  puis  des 
plantes  alimentaires  et  autres.  Nous  relèverons  ses  conseils 
hygiéniques  relatifs  aux  personnes,  à  l'eau  et  aux  habita- 
tions. Ces  derniers  semblent  une  réminiscence  d'Hippocrate. 
Du  reste  la  seule  autorité  citée  est  celle  de  Démocrite.  Cha- 
que localité,  dit  l'auteur,  doit  avoir  un  médecin,  un  vétéri- 
naire, des  bains,  etc.,  et,  à  défaut  de  médecin,  un  homme 
expérimenté.  Nous  ajouterons  que  la  plupart  des  recomman- 
dations des  plantes  ont  trait  à  la  médecine. 

Le  manuscrit  883  contient  84  feuilles.  L'ordre  suivi  n'est 
pas  non  plus  celui  d'Ebn  Ouahchiah,  mais  ici  il  est  assez 
fréquemment  cité.  Le  compilateur  est  un  certain  Taibogha. 
La  citation  d'Ebn  Beithar  prouve  qu'il  est  postérieur  au 
XIIP  siècle. 

Le  manuscrit  884  est  supérieur  aux  précédents.  Le  nom  de 
l'auteur  n'est  pas  très  lisible,  mais  les  citations  d'Ebn  Bei- 
thar et  d'Abdellatif  reportent  la  composition  du  livre  au 
moins  au  XIII*  siècle.  C'est  donc  encore  ici  une  compilation  : 
inais  la  forme  a  une  certaine  originalité.  Tel  est  le  plan  de 
l'ouvrage.  Il  se  divise  en  neuf  parties:  I.  Description  des 
plaiites;  II.  Des  terres  et  dei  engrais  ;  III.  Do.^  grains  ;  IV.  Des 
légumes;  y.  Des  végétaux  dont  le  fruit  a  une  (Vorco;  VI.  De 


l'agriculture  nabathébnne.  *313 

ceux  qui  ont  un  noyau  ;  VIL  De  ceux  qui  n'ont  ni  écorce  ni 
noyau  ;  VIII.  Des  plantes  odorantes;  IX.  Des  arbres  à  manne 
et  à  gomme. 

Tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  l'agriculture  et  la  bota- 
nique sont  mis  à  contribution  et,  au  premier  rang,  Ebn 
Ouahchiah.  Il  est  un  livre  cité  qui  soulève  quelques  obser- 
servations.  Il  porte  le  nom  d'Agriculture  égyptienne.  Jus- 
qu'alors nous  avions  cru  que  le  titre  d'Agriculture  copte 
était  une  altération  d'Agriculture  nabatkéenne,  altération 
qu'explique  l'écriture  arabe,  mais  ici  il  n'y  a  pas  de  doute. 
On  ne  lit  pas  Agriculture  copte,  mais  égyptienne,  fellaha 
mesrya.  Serait-ce  une  erreur  de  l'auteur?  Nous  inclinons  à 
le  croire,  attendu  que  nous  ne  connaissons  pas  d'autre  part 
d'agriculture  égyptienne.  Nous  trouvons  une  Agriculture 
romaine,  fellaha  roumya^  sous  le  nom  d'Ebn  Bassal  l'Anda- 
lou.  Un  autre  auteur  espagnol  est  quelquefois  cité  :  Aboul 
Kheir. 

Nous  trouvons  cité  un  livre  des  secrets  d'Ebn  Ouahchiah. 
Ce  traité  d'Agriculture  est  d'une  bonne  rédaction  et  bien  rem- 
pli. Nous  en  citerons  quelques  traits.  Il  en  est,  dit  l'auteur, 
qui  accordent  aux  plantes  le  sentiment,  le  mouvement  et  le 
sommeil.  Ailleurs  il  leur  accorde  les  sexes  et  il  cite  pour 
preuve  le  palmier.  Le  palmier,  dit-il,  a  les  passions  de 
l'homme,  il  a  des  soucis,  du  chagrin,  de  l'amour:  on  voit 
la  femelle  se  tourner  du  côté  du  mâle,  et  s'il  est  absent,  dé- 
périr et  ne  pas  donner  de  fruit. 

Il  est  encore  un  ouvrage  qui  peut  servir  à  compléter  nos 
renseignements  sur  l'Agriculture  nabathéenne,  en  tant  que 
représentée  par  les  deux  livres  du  manuscrit  de  Paris,  c'est 
le  traité  d'Agriculture  de  l'espagnol  Ebn  el  Aouam,  récem- 
ment traduit  par  M.  Cl.  Mullet,  et  déjà  publié  en  texte  et  en 
traduction  espagnole  par  Banqueri.  L'Agriculture  naba- 
théenne y  est  citée  environ  trois  cents  fois,  et  ces  citations 
portent  tant  sur  le  titre  du  livre  que  sur  les  auteurs  qui  en 
font  le  fonds.  C'est  à  la  publication  de  Banqueri  que  Ton  a 
Aii  d'abord  de  comprendre  toute  l'importance  de  l'Agriculture 
nabathéenne. 

De  graves  qïiestions  se  sont  élevées  à  propos  de  ce  livre 


314    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  AEABK.   —  LIVRE  DEUXIÈME. 

et  Ton  s*est  particulièrement  demandé  quelle  pouvait  en  être 
ladate.  Telle  est  la  conclusion  des  recherches  auxquelles  s'est 
livré  M.  Quatremère  :  «  On  peut  donc,  si  je  ne  me  trompe, 
regttrder  comme  très  vraisemblable  que  ce  livre  fut  écrit 
dans  l'espace  de  temps  qui  s'écoula  entre  Tépoque  où  Bélésis 
affranchit  la  Babylonie  du  joug  des  Mèdes  et  la  prise  de 
Babylone  par  Cyrus.  Peut-être,  dans  ce  laps  de  temps,  pour^ 
rait-on  s'arrêter  au  règne  de  Nabuchodonosor  II  du  nom.  > 

Cette  haute  antiquité  a  été  niée  d'une  part,  et  reculée  de 
l'autre. 

Telles  sont  les  principales  raisons  de  M.  Quatremère.  Un 
monument  tel  que  l'Agriculture  nabathéenne  implique  une 
civilisation  puissante  et  autonome.  Le  fait  qu'il  n'y  est  pas 
question  ni  du  christianisme  ni  de  certaines  grandes  cités 
dont  la  fondation  nous  est  connue,  le  rejette  nécessairement 
au-delà  de  l'ère  chrétienne.  Il  y  voit  même  un  certain  cachet 
officiel. 

Sans  adopter  la  date  précise  donnée  par  M.  Quatremère, 
nous  croyons  avec  lui  à  la  haute  antiquité  de  l'Agriculture 
nabathéenne.  Les  traditions  historiques  sont  unanimes  sur 
les  Chaldéens.  De  très  bonne  heure  de  grands  empires  furent 
fondés  dans  la  Ghaldée,  et  les  sciences  y  furent  cultivées.  Que 
les  traditions  consignées  dans  l'Agriculture  nabathéenne  ne 
puissent  pas  être  admises  intégralement  et  sans  contrôle, 
nous  l'admettons,  mais  nous  croyons  que,  derrière  elles,  est 
un  fonds  de  vérité,  et  nous  ne  pouvons  rejeter  parmi  les 
fables  tant  de  personnages  et  tant  de  travaux  mentionnés. 
Nous  ne  pensons  pas  que  le  livre,  dans  la  forme  où  il  nous 
est  arrivé,  remonte  à  la  date  de  M.  Quatremère.  Nous  pen- 
sons plutôt  qu'il  est  le  développement  d'ouvrages  antérieurs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'importance  de  l'Agriculture  nabathéen- 
ne est  hors  de  doute,  et  nous  appelons  de  tous  nos  vœux 
une  étude  complète  et  sérieuse,  une  traduction  même,  car 
ce  n'est  qu'en  traduisant  un  ouvrage  qu'on  arrive  à  bien  le 
posséder,  tant  en  lui-même  que  dans  ses  tenants  et  aboutis- 
sants. Un  tel  travail  rendrait  les  plus  grands  services  à 
l'histoire,  à  la  philologie,  à  l'ethnographie,  à  la  géographie 
et  aux  sciences  naturelles.  Le  peu  que  nous  en  connaissons 


NATtRAI.18T£S.  315 

nous  a  déjà  permis  de  relever  quelques  opinions  émises  par 
M.  de  GandoUe,  dans  sa  Géographie  botanique. 

Le  n*  1093  de  la  bibliothèque  de  Paris,  ancien  fonds  arabe, 
contient  un  abrégé  de  rAgriculture  nabathéenne,  qui  n'a 
pas  été  reconnu  par  le  catalogue. 


EDDJAHIDII.  IK 

Abou  Otsman  Amr  ben  Bahr  ben  Mahboub  el  Kinany 
EUeithy  el  Basry,  fut  surnommé  Eddjahidh^  h  cause  de  la 
saillie  de  ses  yeux.  Comme  l'indique  un  de  ses  surnoms,  il 
naquit  à  Bassora. 

Djahidh  était  d'une  laideur  repoussante,  à  ce  point  qu'une 
femme  le  fit  un  jour,  à  son  insu,  poser  pour  le  portrait  du 
diable,  Qt  que  le  Khalife  Moutaouakkel  qui,  sur  sa  réputa- 
tion, voulait  en  faire  le  précepteur  de  son  fils,  le  renvoya 
avec  un  cadeau  de  dix  mille  dinars,  aussitôt  qu'il  l'eût  vu. 

Djahidh  mourut  à  Bassora  en  l'année  255  de  l'hégire,  868 
de  l'ère  chrétienne,  à  l'âge  de  quatre-vingt-seize  ans. 

Il  écrivit  plusieurs  ouvrages,  entre  autres  un  sur  les 
sectes  musulmanes,  et  fut  lui-même  chef  de  secte.  Mais  le 
seul  qui  nous  intéresse  ici  est  son  livre  sur  les  Animaux  qui 
a  fourni  quelques  citations  à  Ebn  Beithar.  S'il  faut  en  croire 
Hadji  Khalfa,  cet  ouvrage  ne  doit  pas  avoir  d'originalité, 
Djahidh  étant  plutôt  un  littérateur  qu'un  naturaliste. 

Il  composa  aussi  un  traité  sur  le  Garum,  qui  n'est  pas 
cité  par  Wiistenfeld,  et  auquel  Ebn  Beithar  a  emprunté  un 
passage.  Il  est  encore  cité  à  propos  de  l'ours,  du  loup  et  du 
tigre. 

Le  n*>  897  de  l'Escurial  contient  un  abrégé  du  livre  des 
animaux  de  Djahidh.  C'est  uu  ouvrage  farci  de  citations,  de 
poésies  et  d'anecdotes,  où  l'histoire  naturelle  tient  peu  de 
place.  A  l'article  chien,  des  faits  de  bestialité,  par  trop  com- 
plaisamment  racontés,  ne  présentent  pas  l'auteur  sous  un 
jour  bien  sérieux. 


310      HCSTOIRE  DE  LA  MÉDI^CINE  ARABE.  —   LIVRE  DEUXIÈME. 

V.  —  Des  Sciences  physiques  et  mathématiques  chez 
les  Arabes  au  IX*  Siècle. 

Bien  que  ces  sciences  ne  soient  pas  comprises  dans  le 
cadre  que  nous  nous  sommes  imposé,  nous  n'eu  croyons  pas 
moins  à  propos  de  les  passer  sommairement  en  revue. 

Ayant  fait  l'inventaire  général  des  traductions  du  grec 
en  arabe,  il  convient  d'exposer  comment  les  semences  diver- 
ses recueillies  par  les  Arabes  depuis  la  Grèce  jusqu'à  l'Inde 
ont  fructifié  chez  eux,  avec  une  merveilleuse  précocité. 
D'ailleurs  sur  ce  terrain  nous  rencontrons  un  certain  nom- 
bre de  médecins.  Et  puis  c'est  le  moment  opportun  non- 
seulement  de  compléter  l'histoire  du  siècle  d'El  Mâmoun, 
ce  siècle  si  grand  et  si  peu  connu,  mais  encore  de  montrer 
l'enthousiasme  et  l'aptitude  des  Arabes  pour  toutes  les 
branches  des  sciences  humaines,  aptitude  que  l'ignorance 
leur  a  contestée. 

PHYSIQUE. 

Sur  ce  terrain  les  quelques  noms  que  nous  allons  rencon- 
trer sont  des  noms  de  médecins,  ou  de  philosophes  revendi- 
qués aussi  par  la  médecine. 

Dans  cette  longue  liste  des  écrits  d'El  Kendy,  que  nous 
avons  donnée  presque  in  cxtensoy  nous  en  trouvons  plu- 
sieurs ayant  trait  à  des  questions  qui  relèvent  de  la  physi- 
que. Tels  sont  ces  écrits: 

Des  météores.  —  De  la  formation  des  nuages.  —  \a\ 
traité  des  pierres,  mis  à  profit  par  El  Dironny  et  Tifachy.  — 
Pourquoi  les  parties  élevées  de  l'atmosphère  sont  plus  froi- 
des que  celles  qui  touchent  à  la  terre.  —  Des  vapeurs  qui  .^e 
forment  dans  l'intérieur  de  la  terre  et  d'où  résultent  des 
tremblements.  —  Des  variations  de  température  suivant  les 
saisons.  —  De  lu  construction  d'un  instrument  pour  appré- 
cier les  distances,  etc.  Son  livre  des  pluies  a  été  traduit  en 
latin  et  imprimé. 

HoiuMU  s'occupa  aussi  des  sciences  jihysiques.  11  écrivit  les 


PHYSIQUE.  317 

ouvrag-es  qui  suivent:  Des  couleurs.  —  Des  météores.  —  De 
Tarc-en-ciel.  —  Du  flux  de  la  mer.  —  Pourquoi  l'eau  de  la 
mer  est  salée. 

Enfin  dans  la  liste  des  écrits  de  Sarakhsy  nous  rencontrons 
ceux-ci:  Des  phénomènes  atmosphériques.  —  De  l'utilité 
des  montagnes,  sujet  traité  aussi  par  Tsabet  ben  Corra. 

GÉOGRAPHIE  ET  MATHÉMATIQUES. 

La  science  g-éographique  chez  les  Arabes,  dit  Reiuaud, 
s'appuya,  presque  dès  Torigine,  sur  les  principes  mathéma- 
tit^ues. 

On  lit  dans  M.  Sédillot  (Histoire  des  Arabes)  :  «  En  820 
après  J.-C,  Al  Màmoun  ordonne  que  de  nouvelles  observa- 
yons  soient  faites  à  Bagdad,  et  la  Table  vérifiée  corrige  TAl- 
mageste:  il  veut  aussi  que  les  longitudes  terrestres  soient 
déterminées  avec  plus  de  précision  et  le  Resm  el  Ardh  (des- 
cription de  la  terre)  reproduit  le  système  grec  mais  avec  de 
notables  améliorations...  On  peut  croire  qu'une  partie  de  ces 
améliorations  était  due  aux  savants  nestoriens  qui  avaient 
conservé  intact  le  dépôt  des  connaissances  des  derniers 
temps  de  l'école  d'Alexandrie,  et  dont  les  Khalifes  s'assurè- 
rent l'utile  coopération  par  leurs  bienfaits.  » 

Nous  croyons  devoir  faire  ici  quelques  observations.  Et 
d'abord,  que  les  traditions  de  l'école  d'Alexandrie  aient  été 
soigneusement  et  particulièrement  conservées  par  les  Nes- 
toriens, c'est  ce  qui  ne  nous  est  pas  démontré,  bien  que  cette 
assertion  se  soit  fréquemment  reproduite.  Les  Nestoriens  et 
les  Arabes  succédèrent,  dans  le  temps,  à  l'école  d'Alexandrie, 
mais  les  uns  et  les  autres  héritèrent  de  la  Grèce  toute  en- 
tière et  non  pas  seulement  de  l'école  d'Alexandrie. 

Ensuite  il  est  un  fait  très  curieux  à  propos  des  mathéma- 
tiques et  des  sciences  cjui  eu  relèvent. 

Quellequ'ait  étélacompétencedesSyrienstraducteurs,  quel 
qu'ait  été  leur  rôle  dans  Tinitiation  des  Arabes,  il  n'en  est 
pus  moins  vrai  que  les  Arabes,  une  fois  les  traductions  ter- 
minées, entrèrent  résolument,  et  restèrent  kpeu  près  seuls 
dans  les  voies  de  la  science  que  leur  avaient  ouvertes  cer- 


318      HISTOIRE  DZ  Ul   MÉOSCIME  ABÀBS.  —  LIVRB  DEUXIÈME. 

tains  Syriens.  Nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  parmi  toutes 
les  traductions  qui  se  rattachent  aux  sciences  mathémati- 
ques, il  en  est  extrêmement  peu  qui  se  soient  faites  en  syria- 
que. Sur  une  soixantaine,  on  n'en  peut  compter  que  six  en 
syriaque.  (1)  Parmi  lestraducteurs  en  arabe,  nous  voyons  fi- 
gnrev  20  fois  Tsabet  ben  Corra,  9  fois  Costa  ben  Luca,  6  fois 
Honein,  5  fois  son  fils  Ishaq,  puis  Hadjadj  ben  Mather,  Eddi- 
mackhy,  etc.  Cette  statistique  nous  parait  éloquente.  Du  reste 
les  Arabes  avaient  aussi  fait  appel  à  d'autres  civilisations 
que  celle  de  la  Grèce,  et  ils  avaient  mis  à  contribution  la 
Chaldée,  la  Perse  et  l'Inde,  etces  diverses  traductions  s'étaient 
faites  par  d'autres  mains  que  celles  des  Syriens. 

Nous  ne  pensons  pas  que  M.  Sédillotnous  sache  mauvais 
gré  de  ces  observations,  qui  sont  à  l'avantagée  de  la  race 
arabe  dont  il  a  constamment  cherché  à  démontrer  l'aptitude 
et  la  valeur  scientifiques.  Ajoutons  encore  une  dernière  ob- 
servation. C'est  particulièrement  sur  le  terrain  des  sciences 
mathématiques  que  les  historiens  nous  parlent  de  traductions 
ayant  été  revues  par  des  Arabes.  Ils  opéraient  sans  doute  un 
travail  de  critique  plutôt  qu'une  véritable  traduction. 


ASTRONOMIE. 

Parmi  les  savants  qui  la  cultivèrent  avec  succèâ  nous  cite- 
rons en  première  ligne  deux  hommes  éminents  qui  nous 
sont  déjà  connus,  El  Keudy  et  Tsabet  ben  Corra,  le  premier 
arabe  de  race  princière,  et  le  second  d'origrine  et  de  religion 
sabienne. 

El  Kendy  est  un  de  ces  génies  encyclopédiques  dont  nous 
avons  vu  de  nos  jours  un  spécimen  dans  M.  de  Humboldt. 

El  Kendy  nous  étonne  par  la  précocité,  la  hauteur  et  l'é- 
tendue de  ses  connaissances:  on  peut  dire  de  lui  qu'il  est  le 
neuvième  siècle  fait  homme.  Ayant  donné  précédemment  et 
à  peu  près  complètement  la  longue  liste  de  ses  ouvrages, 

(1)  Nous  en  comptons  trois  sur  lesquelles  dut  opérer  El  Kendy, 
auquel  nous  ne  pouvons  encore  définitivement  accorder  la  connais^ 
sauce  du  fçrec. 


ASTRONOMIK.  310 

nous  y  renverrons  pour  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  mathé- 
matiques et  h  Tastronomie. 

N'ayant  donné  qu'une  liste  restreinte  des  écrits  de  Tsabet 
ben  Corra,  nous  allons  produire  ici  la  plupart  de  ceux  qui 
ont  trait  aux  sciences  dont  nous  nous  occupons  actuelle- 
ment. 

Introduction  à  TAlmageste.  Cet  ouvrage  fut  traduit  en 
latin  sous  le  titre  :  De  iis  quœ  indigent  expositione  antequam 
legatur  Almag^stum.  Il  fut  connu  de  Bacon. 

De  la  division  de  la  terre. 

De  la  sphère.  De  la  sphère  en  mouvement. 

Des  sphères,  de  leurs  nombres  et  de  leurs  mouvements. 

De  l'année  solaire. 

De  l'immobilité  du  Zodiaque. 

Du  triangle  rectangle. 

Des  figures  sécantes.  Du  cône  et  du  cylindre. 

Des  figures  d'Euclide  et  de  l'Almageste. 

Résolution  de  problèmes  mathématiques,  etc. 

Au  IX*  siècle  appartient  encore  un  médecin  qui  cultiva 
l'astronomie,  et  dont  l'époque  a  été  indûment  rapportée  au 
XIIP,  par  M.  Sédillot.  Nous  voulons  parler  d'Abou  Hanifa 
Eddinoury,  qui  nous  est  déjà  connu  comme  botaniste.  Il 
écrivit  un  traité  des  Constellations,  Anoua^  et  h  ce  propos 
nous  citerons  un  passage  d'Abderrahman  Essoufy  :  «  J'ai 
trouvé  sur  les  Anoua  beaucoup  de  livres  dont  le  meilleur 
est  celui  d'Abou  Hanifa  Eddinoury.  Me  trouvant  à  Dinaouer 
en  355  (940  de  J.-C.)  je  logeai  dans  la  chambre  qu'avait 
habitée  Abou  Hanifa,  et  plusieurs  personnes  respectables 
me  dirent  que  pendant  nombre  d'années  il  avait  observé  les 
étoiles  au-dessus  de  cette  chambre.  >  (Notices  et  Extraits, 
tome  XII,  Caussin). 

Déjà  même  sur  la  fin  du  VIII*  siècle,  nous  voyous  les  Ara- 
bes écrire  sur  l'astronomie. 

Machalla,  dit  M.  Sédillot,  écrivit  un  traité  sur  l'astrolabe 
et  l'armille. 

El  Fezzari,  dit  l'auteur  du  Fihrist,  fut  le  premier,  dans 
Vlnlarriy  qui  construisit  un  astrolabe. 

An  IX*  siècle  appartiennent  plusieurs  nstronomeSf  qui  ont 


320    UISTOIRB  DE  LA  MÉDECINE  ARA.BB.  —  LIVRE  DBUXIÉIIB. 

écrit  (les  ouvrages,  dont  la  plupart  ont  eu  l'honneur  d'une 
traduction  latine. 

Ce  sont  El  Batany,  vulgairement  Âlbatenius  ;  Âlfargan  ; 
Âlbumasar,  élève  d'El  Kendy  ;  Mohammed  ben  Moussa 
el  Khouarezmy,  qui  fut  le  bibliothécaire  d'El  Mâmoun  ;  les 
fils  de  Moussa  ben  Chaker,  etc. 

Enfin  ce  fut  vers  le  milieu  du  IX*  siècle  qu'un  degré  du 
méridien  fut  mesuré  dans  la  plaine  de  Sennaar  par  Send 
ben  Âli,  Khaled  ben  Âbd  el  Malek,  Âli  ben  Issa  et  Ali  ben 
el  Bahtary. 


MATHEMATIQUES. 

Ici  nous  laisserons  la  parole  à  deux  spécialités,  MM.  Sé- 
dillot  et  Chasles. 

«  On  a  longtemps  prétendu,  dit  le  premier,  que  les  Arabes 
n'avaient  fait  que  copier  les  Grecs.  On  ne  peut  plus  main- 
tenant soutenir  une  semblable  thèse  sans  être  taxé  d'igno- 
rance et  d'erreur.  Les  Arabes  introduisirent  les  tangentes 
dans  les  calculs,  et  substituèrent  aux  méthodes  anciennes 
des  solutions  plus  simples  en  proposant  trois  ou  quatre 
théorèmes  qui  sont  le  fondement  de  notre  trigonométrie 
moderne.  » 

«  Montucla,  dit  M.  Chasles,  pensait  que  les  Arabes  avaient 
eu  l'idée  heureuse  d'appliquer  l'algèbre  à  la  géométrie. 
Cette  conjecture  est  devenue  un  fait  certain  par  la  publicar- 
tion  de  l'ouvrage  de  Mohammed  ben  Moussa  (en  1836,  par 
Rosen)  et  par  celle  d'un  fragment  d'algèbre,  où  les  équa- 
tions du  troisième  degré  sont  résolues  géométriquement.  La 
trigonométrie  est  une  des  parties  des  mathématiques  que 
les  Arabes  cultivèrent  avec  le  plus  de  soin,  îi  cause  de  ses 
applications  à  l'astronomie.  Les  premiers  progrès  datent 
d'El  Bategni. 

Les  Arabes  attachèrent  une  grande  importance  à  la  cons- 
truction des  cadrans.  Dès  le  IX*  siècle,  des  géomètres  célè- 
bres s'en  occupaient.  C'est  à  cet  art  que  se  rapportaient  sans 
doute  deux  ouvrages  d'Alkindi,  intitulés  :  De  horolog.  scia'- 


MATHÉMATIQUES.  321 

thericorum  descriptione  et  De  horolog,  horisontali  prœston- 
tiore,  et  les  deux  suivants  de  Thébit  ben  Corah  :  De  horo^ 
metria  seu  horis  diumis  ac  noctumis^  et  de  figura  linearum 
quas  gnomometrum  (Styli  apicia  umbra)  percurrit.  Ce  der- 
nier titre  semble  annoncer  que  Thébit  se  servait  de  la 
considération  des  sections  coniques  dans  la  construction  des 
cadrans.  > 

On  a  souvent  agité  deux  questions  :  Tune  de  savoir  à  qui 
des  Grecs  ou  des  Indiens  les  Arabes  sont  le  plus  redevables 
de  leurs  connaissances  en  algèbre,  la  seconde  de  savoir 
quelle  part  leur  revient  et  à  quelle  époque  se  fit  la  transmis- 
sion du  système  de  numération  qui  porte  leur  nom.  Il  nous 
suffit  d'indiquer  ces  questions  pour  rappeler  les  titres  scien- 
tifiques des  Arabes.  Outre  les  savants  dont  nous  avons  invo- 
qué les  témoignages,  on  peut  aussi  consulter  entre  autres, 
les  travaux  récemment  publiés  par  M.  Yoepke,  dans  le 
Journal  asiatique. 

Parmi  les  ouvrages  d'El  Kendy,  nous  en  trouvons  une 
dizaine  sur  la  science  des  nombres. 

Sarakhsy  écrivit  aussi  sur  Tarithmétique  et  sur  Talgèbre. 


VI.  —  La  Philosophie  arabe  au  IX*  Siècle. 

Nous  ne  pouvons  passer  sous  silence  la  philosophie.  Elle 
est  surtout  représentée  par  un  homme,  mais  cet  homme 
est  un  esprit  d'élite,  que  nous  avons  déjà  rencontré  au  pre- 
mier rang  sur  toutes  les  voies  ouvertes  à  l'activité  intellec- 
tuelle des  Arabes,  cet  homme  est  El  Kendy. 

Il  publia  de  nombreux  écrits  dont  on  peut  voir  la  liste 
complète  dans  Gasiri,  sous  la  double  rubrique  philosophie 
et  logique.  Nous  n'en  rappellerons  qu'un  seul,  qui  repré- 
sente bien  l'esprit  de  celui  que  les  Arabes  appelèrent  le 
Philosophe  par  excellence  ;  tel  en  est  le  titre  :  Que  Ton  ne 
peut  acquérir  la  science  de  la  philosophie  sans  une  étude 
préalable  des  mathématiques. 

Aucun  philosophe  musulman,  dit  Ebn  Djoldjol,  ne  suivit 
de  plus  près  les  traces  d'Aristote. 

21 


322    lilSTOlRI:;   DK   LA   MÉOEOIKE  ABABS.  —  LIVRE   DEUXIÈME. 

Il  composa,  dit  M.  Munk,  un  grand  nombre  d'oavragM 
philosophiques  qui  devaient  répandre  parmi  les  ArabeB  U 
connaissance  de  la  philosophie  péripatéticienne,  mais  que 
les  travaux  plus  importants  d*Elfaraby  firent  tomber  dans 
Toubli. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  encore  assez  pour  El  Kendy 
d'avoir  ainsi  débuté  en  maître  dans  la  carrière  philosophique. 

El  Kendy  avait  formé  un  disciple,  qui  malheureusement 
ne  vécut  peut^tre  pas  assez  pour  pouvoir  donner  la  mesure 
de  ce  don  t  il  était  capable.  Nous  voulons  parler  de  Sarakhasy, 
dont  nous  avons  déjà  plusieurs  fois  rencontré  le  nom.  Set 
écrits  philosophiques  sont  presque  aussi  nombreux  que 
ceux  de  son  maître  et  s'inspirent  des  mêmes  doctrines. 

  côté  d'El  Kendy  nous  citerons  encore  Costa  ben  Luca« 
dont  le  Traité  de  la  différence  entre  l'âme  et  Tesprit  fut  tra- 
duit en  latin.,  et  jouit  d'une  certaine  vçgue  au  moyen  âge» 


VU.  —  Épilogue. 

Avant  de  quitter  le  IX''  siècle,  nous  ne  pouvons  nous  em- 
pêcher de  nous  retourner  en  arrière,  et  d'y  arrêter  un  ins- 
tant notre  reg'ard. 

Ce  siècle,  dont  nous  ne  séparons  pas  les  règnes  d'El 
Mansour  et  de  Haroun  Errachid,  est  un  des  plus  grands 
siècles  dont  l'histoire  nous  ait  conservé  le  souvenir. 

Il  est  grand  non-seulement  par  son  élévation  relative  au 
milieu  de  la  décadence  contemporaine,  mais  aussi  par  rori* 
ginalité  de  l'œuvre  entreprise,  la  ferveur  et  la  promptitude 
avec  laquelle  elle  fut  conduite,  l'emploi  généreux  des  agents 
et  la  grandeur  des  résultats.  C'est  h  ce  siècle  que  le  nom 
arabe  devra  de  vivre  éternellement  sur  la  terre  et  dans  les 
cieux. 

Quelque  grande  que  soit  la  part  de  gloire  qui  revient  aux 
Abbassides  et  k  leurs  ministres,  l'empressement  avec  lequel 
la  race  arabe  répondit  à  leur  appel,  malgré  les  antipathies 
politiques  et  religieuses,  sa  persistance  à  marcher  résolu-* 


ÉPXLOous.  323 

ment  dans  la  voie  tracée»  accusent  de  nobles  instincts  et  des 
aptitudes  auxquelles  on  était  loin  de  s'attendre,  qui  méritent 
Tadmiration  de  la  postérité. 

Cette  admiration  sera  plus  vive  encore  si  l'on  jette  un 
coup  d'œil  sur  ce  qui  se  passait  en  Occident  en  des  circons- 
tances analogues. 

Une  invasion  s'y  était  faite  aussi  chez  des  peuples  d'une 
intelligence  cultivée,  mais  une  invasion  de  barbares  étran- 
gers aux  choses  de  Tesprit,  persistant  à  les  dédaigner  et  à 
les  abandonner  aux  peuplades  vaincues,  se  complaisant  dans 
leur  ignorance  et  même  s'en  faisant  un  titre  pour  établir  des 
distinctions  de  castes  que  nous  voyons  survivre  à  toutes  les 
révolutions  et  à  tous  les  progrès.  Un  homme  supérieur  k  sa 
race,  mais  n'en  ayant  pas  dépouillé  tous  les  instincts,  Char- 
lemagne,  contemporain  de  Haroun  Errachid,  usa  sa  longue 
existence  autant  à  protéger  son  vaste  empire  qu'à  le  policer. 
Sa  mort  fut  le  commencement  d'une  ère  nouvelle  de  ténàbresi 
de  troubles  et  d'anarchie. 

Il  ne  pouvait  en  être  de  môme  en  Orient 

Entre  tous  les  conquérants  du  monde  romain,  les  Arabes 
seuls  avaient  l'heureux  privilège  d'une  culture  intellectuelle. 
Cette  culture  était  ce  qu'elle  fut  toujours  dans  l'adolescence 
des  nations  comme  dans  celle  des  individus^  essentiellement 
poétique.  Le  siècle  qui  précéda  l'Islam  est  Tftge  d'or  de  la 
poésie  arabe. 

La  possession  de  l'empire  devait  mftrir  cette  race  intelli- 
gente. Prenant  pour  maîtres  leurs  vaincus,  les  Arabes  entrè- 
rent résolument  dans  les  œuvres  de  la  virilité:  leurs  maîtres 
furent  bientôt  dépassés. 

Trois  ordres  de  faits  résument  le  IX*  siècle. 

Les  Arabes  font  sortir  des  hommes  éminents  d'une  obscu- 
rite  stérile,  ils  revendiquent  l'héritage  de  la  science  grecque, 
ils  s'en  montrent  les  digues  héritiers. 

Si  la  famille  des  Bakhtichou,  qui  fut  la  cause  occasionnelle 
de  la  Renaissance  arabe,  ne  compta  pas  d'hommes  réelle- 
ment supérieurs,  elle  contribua  du  moins  à  les  faire  éclore, 
et  produisit  pendant  plusieurs  siècles  des  médecins  distin- 
gués. A  c(yté  d'elle  se  placent  les  Mésué  et  les  Sérapioni 


32 1      HISTOIRE  DE   LA  MÉDECINS   AIUBE.   —  LIVUE  DEUXIÈME. 

C'est  particulièrement  chez  les  traducteurs  que  nous  ren- 
controns des  hommes  d'élite.  Le  contact  immédiat  avec  la 
science  g^recque  féconda  leur  intelligence. 

Honein,  Costa  ben  Luca,  Tsabet  ben  Corra  furent  des 
savants  de  premier  ordre.  Leurs  traductions,  qui  embrassè- 
rent tant  de  sujets  divers,  ne  témoignent  pas  seulement  de 
leurs  connaissances,  mais  leur  perfection  en  accuse  la  sûreté. 

A  quelque  distance  d'eux  viennent  se  placer  le  fils  et  le 
neveu  de  Honein. 

Dans  la  foule  des  traducteurs,  qui  se  montent  à  une  cen- 
taine, on  compte  bien  des  noms  éminents,  ainsi  Abou 
Otsman  de  Damas,  Basile  et  son  fils  Etienne,  Ebn  Naéma, 
Hedjadj  ben  Mather,  Jean  fils  d'El  Bathriq,  Ibrahim  ben 
Essalt,  Abou  Bâcher  Mattaï,  lahya  ben  Adi,  Ibrahim  ben 
Baks,  Issa  ben  Zérâ,  Aboulfaradj  ben  Thaïeb. 

Quatremère  dit  à  propos  des  traductions:  U  faut  pourtant 
avouer  que  ces  emprunts  faits  aux  autres  peuples  ne  furent 
pas  toujours  judicieusement  choisis. 

Cette  manière  de  voir  nous  parait  contredite  par  les  faits. 

D'une  part,  on  ne  saurait  refuser  la  compétence  aux  hom- 
mes qui  dirigèrent  le  travail  des  traductions  ;  de  l'autre,  il 
suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  liste  des  traductions  que 
nous  avons  donnée  aussi  complète  qu'il  nous  a  été  possible 
de  le  faire,  pour  s'assurer  du  choix  judicieux  qui  fut  fait 
entre  les  originaux  grecs. 

Nous  comptons  une  trentaine  de  philosophes,  parmi  les- 
quels Platon,  Aristote  largement  représenté,  Théophraste, 
Nicolasde  Damas,  Alexandre  d'Aphrodisias,  Plotin,  Porphyre, 
Thémistius,  Jamblique,  Proclus,  etc. 

Les  mathématiques  sont  représentées  par  Euclide,  Archi- 
mède,  Apollonius  de  Perge,  Diophante,  Pappus,  Euto- 
cius,  etc. 

L'astronomie  et  la  géographie  le  sont  par  Hypsiclès,  Hip- 
parque,  Théodose,  Ménélaûs,  Ptolémée,  etc. 

La  médecine  par  Uippocrate,  Dioscoride,  Galien  plus 
complet  que  nous  ne  le  possédons,  Rufus,  Archigène,  Ori- 
base,  Philagrius,  Alexandre  de  Tralles  et  Paul  d'Egine. 

Parmi  une  soixantaine  de  noms,  il  en  est  trois  seulement 


ÉPILOGUE.  325 

dont  une  censure  austère  pourrait  discuter  l'opportunité, 
ceux  d'Hermès,  d'Apollonius  de  Tyane  et  d'Artémidore.  Pour 
notre  part,  nous  avouons  que  leur  absence  serait  non-seule- 
ment inexplicable  mais  regrrettable. 

En  somme  il  nous  semblé  que  les  grands  noms  de  la 
science  grecque  sont  bien  représentés,  et  qu'il  était  difficile 
de  faire  un  meilleur  choix  parmi  les  écrivains  de  second 
ordre. 

Quant  à  la  valeur  des  traductions,  ce  que  nous  avons  déjà 
dit  de  la  compétence  de  leurs  principaux  auteurs  nous  dis- 
pense d'y  revenir. 

Mais  les  traducteurs  ne  se  bornèrent  pas  à  traduire.  Ils 
composèrent  dans  toutes  les  branches  des  sciences  de  nom- 
breux écrits,  où  la  vulgarisation  devait  se  faire  plus  facile- 
ment encore  que  dans  la  simple  reproduction  d'écrits  com- 
posés dans  une  langue  étrangère. 

Parmi  les  traducteurs  écrivains  nous  citerons  particuliè- 
rement Honein,  son  fils  Ishaq,  Costa  ben  Luca  et  Tsabet 
ben  Corra. 

A  côté  des  traductions  du  grec,  il  faut  rappeler  aussi  celles 
faites  de  l'Indien,  du  Chaldéen  et  du  Persan. 

L'Inde  paraît  avoir,  en  matière  de  mathématiques  et  d'as- 
tronomie, fourni  un  contingent  presque  égal  k  celui  de  la 
Grèce.  Nos  savants  sont  encore  à  discuter  aujourd'hui  si 
c'est  à  la  Grèce  ou  à  l'Inde  que  les  mathématiciens  arabes 
doivent  le  plus. 

Quant  à  la  Chaldée,  nous  citerons  l'Agriculture  naba- 
théenne,  dont  l'importance  ne  peut  que  grandir,  aujourd'hui 
qu'une  partie  du  voile  qui  recouvrait  cette  antique  civilisa- 
tion est  déjà  soulevé. 

Ce  ne  furent  pas  seulement  les  traducteurs  qui  enrichi- 
rent déjà  d'écrits  originaux  la  littérature  arabe,  leurs  élèves 
entrèrent  aussi  dans  la  lice. 

Nous  nous  bornerons  à  citer  sans  commentaire  le  nom 
d'El  Kendy,  qui  se  rencontre  partout  avec  un  ample  cortège 
d'écrits  et  souvent  avec  une  supériorité  qui  fut  naturelle- 
ment éclipsée  par  ses  successeurs. 

Son  disciple  EsSarakhsy  marcha  dignement  sur  ses  traces 


.S26     HISTOIRE  DS  L\  MÉDECINE  ÀRABK.  —  LIVRE  DEUXIÈME, 

La  science  fut  cultivée  jusque  sur  les  marches  du  trône. 
L'Imam  Moussa,  Khalife  désigné,  plus  malheureux  encore 
que  Khaled  ben  Yézid,  écrivit  sur  la  médecine. 

Nous  ne  reproduirons  pas  les  noms  des  nombreux  méde- 
cins de  second  ordre  que  nous  avons  donnés  précédemment 
Il  en  est  d'autres  encore  qui  se  produisent  dans  le  Conti- 
nent de  Razès  :  ce  qui  atteste  que  la  science  grr^qu^  avait 
déjà  pénétré  l'Orient,  que  les  traductions  avaient  déjà  porté 
leurs  fruits. 

Au  moment  où  se  fermait  le  IX*  siècle,  Razès  était  dana 
toute  la  plénitude  de  son  talent. 

Nous  ne  voulons  pas  répéter  ici  ce  que  nous  avons  dit,  il 
y  a  quelques  pagres  seulement,  des  travaux  accomplis  en 
physique,  en  gréogrraphie,  en  astronomie,  en  mathématiques 
et  en  philosophie.  Nous  signalerons  seulement  la  part  à  pen 
près  exclusive  que  prit  la  race  arabe  dans  cette  culture  des 
sciences  exactes,  et  nous  rappellerons  les  noms  des  fils  de 
Moussa  ben  Ghaker,  Mohammed,  Ahmed  et  Hassan,  qui  ne 
se  bornaient  pas  à  encourager  la  culture  des  sciences,  mais 
les  cultivaient  eux-mêmes,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  de  nos 
jours  chez  le  duc  de  Luynes. 

Le  IX*  siècle  vit  donc  la  science  grecque,  non  seulement 
importée,  mais  déjà  naturalisée  sur  le  sol  arabe. 

Nous  verrons  cette  culture  se  continuer  avec  ferveur  pen- 
dant quatre  siècles  et  ne  faiblir  qu'à  la  suite  des  grandes 
commotions  qui  bouleversèrent  l'Asie. 

C'est  là  un  événement  dont  il  nous  semble  que  l'on  n'a  pas 
suffisamment  apprécié  l'importance. 

Nous  avons  déjà  fait  remarquer  cette  heureuse  coïnci- 
dence des  musulmans  vainqueurs  initiés  à  la  science  par  les 
chrétiens  vaincus,  et  ses  conséquences  pour  l'harmonie  des 
races. 

Les  conséquences  ne  furent  pas  moindres  au  point  de  rue 
scientifique.  Les  Arabes  seuls  étaient  alors  capables  de  re- 
cueillir l'héritage  de  la  Grèce,  et  ils  remplirent  dignement 
ce  rôle  providentiel. 

On  sait  généralement,  et  nous  le  dirons  plus  tard  en  dé- 
tail, combien  leur  fut  re^levable  notre  moyen  âge.  Eflfecez 


ÉPILOGUE.  327 

les  Arabes  de  riiistoire,  a  dit  Libri,  et  la  renaissance  des 
lettres  sera  retardée  de  plusieurs  siècles  en  Europe. 

Les  Arabes,  a  dit  Humboldt  font  reculer  en  partie  la  bar-  * 
barie  qui  déjà,  depuis  deuxsiècles,a  couvert  l'Europe  ébran- 
lée par  les  invasions  des  peuples  ;  ils  remontent  aux  sources 
éternelles  de  la  philosophie  g-recque;  ils  ne  se  bornent  pas      i 
h  sauvegarder  le  trésor  des  connaissances  acquises,  ils  l'a-     I 
grandissent  et  ouvrent  de  nouvelles  voies  à  l'étude  de  la     . 
nature.  ^^ 


LIVRE    III 


X'    SIÈCLE 


lETUE  SOIIAIIR  BU  DIXIfilR  SIfiCLE 


I.  —  PERSE, 


'      Razès.  932 

Clir.  Aboulkheirben  Saouar.  991 
M.  Abou  Sahl  el  Messihy.  1001 
Abou  Soleimao  Essed- 
jestâDv. 


Aboul!- Hassan    Ahmed 

Btthabarv. 
El  Comrv.  " 

Alfkrabj.  9S0 

Abou  M ansonr  MouafTeq 

ben  Ali. 


II.  —    IRAK, 


S.M 

.  Sinan  ben  Tsabet.           942 

ErroqquT. 
Moussa  ben  Saîar. 

Tsabet  ben  ftinan. 

Ishaq  ben  Tsabet. 

Aboul  Hoasdn  ben  Omar 

S. 

Tsabet  ben  Zahroun.      975 

Founoun. 

S. 

Chr.  El  Merouazy. 

s. 

EbnOuassifEssabv. 
lahja  ben  Bakhticbou. 

Aboul  Hassan  ben  Rech- 

Chr. 

keraîa. 

Id. 

Bakhtichou  ben  lahva. 

Abou  Iakoub  el  Ahouazy . 

Id. 

Obéîd  Allah  ben  Djagril. 

Abou  Saîd  el  lamanv. 

Id. 

DjabrilbenObéîdAUah  1005 
Obéïd  Allah  benDjabril  105S 

Saad  ben  Bâcher. 

Id. 

lahja  ben  Saîd. 

9 

Abou  Osman  Saîd. 

Daniel. 

Chr. 

Issa  ben  Zerâ. 

Bbn  Abil  Achats. 

Id. 

Ibrahim  beo  Baks. 

J.    ElQousaïn. 

Id. 

Ali  ben  Ibrahim. 

Ali  ben  Brrahba. 

Id. 

Iah\a  ben  Adi. 
NeonifErrouTnv. 

Aboul   Hossein  Eddje- 

M. 

raïhT. 

970 


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.L.imi'tt  'MB.  oÊÊaanm^ 

•iooa. 
Lihaa  h«tt  el  H^ 
Eha  UjoldjoL 


Ahb  b»  SaJ«l  el  Kmteb. 

Abaleani  ExzmhracMT.  lui;!* 
Hti'i'Ui?  b«:n  diaproot. 


REVUE  SOMMAIRE  DU  X*  SIÈCLE. 


Le  IX*  siècle  nous  a  présenté  ce  spectacle,  unique  dans 
l'histoire,  d'un  peuple  de  pasteurs  que  Tenthousiasme  reli- 
gieux avait  rendus  maîtres  du  plus  vaste  empire  qui  se  soit 
jamais  vu,  se  préoccuper  tout  aussitôt  d'acquérir  la  gran- 
deur intellectuelle  qui  leur  manquait,  et  transporter  la 
science  de  la  Grèce  dans  leur  lang-ue,  étonnée  de  ces  nou- 
veautés. Nous  avons  vu  le  zèle  de  ces  néophytes  se  produire 
sur  le  terrain  de  la  science  avec  autant  de  ferveur  qu'ils  en 
avaient  montrée  dans  leur  prosélytisme  religieux.  Au  X* 
siècle  nous  allons  voir  que  cette  passion  pour  la  science  n'é- 
tait pas  un  caprice  passager,  mais  répondait  à  des  besoins  et 
à  des  aptitudes.  La  greflFe  importée  de  la  Grèce  a  grandi  ; 
elle  produit  déjà  des  fruits  merveilleux.  (1) 

Le  mouvement  intellectuel  au  X«  siècle  se  résume  en 
deux  ordres  de  faits.  D'une  part,  l'initiation  scientifique,  en 
même  temps  qu'elle  se  complète,  se  propage  à  tous  les  mem- 
bres de  la  vaste  famille  musulmane.  De  l'autre  les  Arabes, 
non-seulement  s'émancipent  de  leurs  initiateurs  désormais 
impuissants  à  les  suivre  dans  les  voies  qu'ils  leur  ont  ou- 
vertes, mais  s'engagent  déjà  dans  des  voies  inconnues  des 
Grecs,  soit  en  fécondant  les  notions  qu'ils  en  ont  reçues,  soit 
en  systématisant  l'ensemble  des  connaissances  dont  ils  sont 
les  possesseurs. 

Le  travail  des  traductions  se  prolonge  encore,  tantôt  il 
exploite  de  nouveaux  filons,  tantôt  il  reprend  en  :>ous-œu- 

(1)  Mîmturquc  novns  frondes  ft  non  su»  pomfi. 


:^12     HISTOIRB  I»  hk  MÉDECIN£  ARABK.  —  LITRE  TBOmÊlfK. 

vre  des  travaux  défectueux  ou  inachevés.  Il  se  complète 
aussi  par  les  commentaires,  rendus  parfois  nécessaires  par 
le  firénie  différeut  des  langues. 

Le  IX*  siècle  ne  nous  avait  guère  présenté  chez  les  Arabes 
qu'une  personnalité  hors  ligne,  El  Kendy.  Au  X*  siècle  les  rô- 
les sont  changés.  Les  chrétiens  ne  produisent  plus  que  des  sa- 
vants de  second  ordre,  et  c'est  chez  les  Arabes  qu*il  fiant 
chercher  les  hommes  supérieurs,  tels  que  Razès,  Alfaraby, 
Ali  ben  el  Abbas,  Abulcasis,  autour  desquels  se  pressent 
une  foule  de  médecins,  de  mathématiciens,  d'astronomes  et 
de  gréographes. 

Non-seulement  les  rôles  sont  changés,  mais  la  scène  s^est 
prodigieusement  agrandie.  Restreinte  pendant  le  IX*  siècle 
à  peu  près  à  l'Irak,  elle  s'étend  au  X*  de  l'Oxus  à  TAtlanti* 
que  et  du  Nil  au  Caucase. 

Nous  manquons  de  renseignements  pour  suivre  pas  à  pas 
durant  le  IX"*  siècle  les  progrès  de  l'infiltration  scientifique 
à  travers  l'empire  musulman,  mais  les  faits  constatés  au  X* 
siècle  accusent  partout  son  existence.  Indépendamment  de 
quelques  voyages  individuels  à  nous  connus,  le  pèlerinage 
de  la  Mekke  en  fut  probablement  le  plus  puissant  véhicule. 
C'est  ainsi  que  le  fanatisme  trouvait  dans  la  science  un  déri- 
vatif et  un  calmant. 

Telle  était  la  puissance  de  l'impulsion  primitive,  que  les 
révolutions  politiques,  les  dissensions  intestines,  le  morcelle- 
ment du  Khalifat  ne  purent  en  arrêter  le  cours. 

Si  les  Khalifes  subalternisés  n'ont  plus  la  même  influence, 
nous  les  voyons  cependant  encore  intervenir  en  faveur  de  la 
science.  L'un  d'eux  réglementa  la  pratique  de  la  médecine. 
Le  fils  du  Khalife  El  Moktafy,  Djafar,  était  profondément 
versé  dans  la  connaissance  des  philosophes  anciens  et  mo- 
dernes, et  cultivait  lui-même  l'astronomie. 

Un  fait  arrivé  en  Tannée  931  de  l'ère  chrétienne  prouve 
l'extension  qu'avait  déjà  prise  la  médecine  à  Bagdad,  en 
même  temps  qu'il  fut  l'occasion  d'une  loi  de  police  médicale. 
Un  malade  ayant  succombé  par  la  faute  d'un  médecin,  le 
Khalife  décida  que  désormais  personne  n'exercerait  la  mé- 
decine, h  moins  d'avoir  été  examiné  par  Sinan  ben  Tsabet. 


BKVUK  SOMMAIRE  DU  DiXIÂMB  BIÉCLB.  933 

Le  nombre  des  médecins  qui  se  présentèrent  de  Bagdad  et 
des  environs  dépassa  le  chiffre  de  huit  cents,  et  encore  on     OffV 
dispensa  de  l'eiiamen  les  médecins  attachés  à  la  cour  et  ceux     9^^^-^^ 
qu'une  habileté  notoire  semblait  mettre  au-dessus  des  épreu- 
ves. 

Adhadeddoula,  qui  régnait  effectivement  à  Bagdad  comme 
nos  anciens  maires  du  Palais,  fit  revivre  un  instant  les  tra- 
ditions des  premiers  Abbassides.  Il  protégea  |les  savants  et 
fonda  des  mosquées,  des  écoles  et  des  hôpitaux.  L'hôpital 
el  Adhedy,  ainsi  nommé  du  nom  de  son  fondateur,  fut  immé- 
diatement pourvu  de  vingt-quatre  médecins,  répartis  en  des 
services  divers,  et  dont  un  certain  nombre  nous  sont  connus. 
Nous  dirons  plus  tard  le  moyen  imaginé  pour  s'assurer  de 
l'emplacement  le  plus  salubre  de  la  grande  ville. 

Deux  familles  conservaient  encore  à  Bagdad  les  traditions 
de  leurs  ancêtres  :  celle  des  Bakhtichou  qui  avait  présidé  à 
l'initiation  scientifique  des  Arabes,  et  celle  de  Tsabet  qui  l'a- 
vait puissamment  secondée. 

G'e^  à  l'émir  Adhad  eddoula  qu'Ali  ben  el  Abbas  dédia 
son  Maleky,  le  premier  ouvrage  qui  ait  réuni  dans  un  fais- 
ceau méthodique  et  complet  toutes  les  branches  de  la  méde- 
cine, entreprise  hardie  que  l'antiquité  grecque  n'avait  pas 
encore  tentée.  Déjà  un  essai  plus  modeste  avait  été  fait  par 
Abou  Sahl  el  Messihy  dans  le  Meya. 

Ce  que  nous  constatons  à  Bagdad  se  reproduit  ailleurs. 

En  Perse,  Razès  était  protégé  par  les  souverains,  auxquels 
il  dédiait  ses  ouvrages.  En  même  temps  qu'il  écrivait  le 
Continent,  vaste  répertoire  de  la  médecine  ancienne  et  mo-  ^#  ^  ^ 
derne,  enrichi  de  sa  propre  expérience  et  sans  prétention  ^ 
dogmatique,  il  donnait  ses  leçons  à  de  nombreux  élèves  qui 
eux-mêmes  en  donnaient  à  d'autres.  La  philosophie  était  en- 
core à  cette  époque  représentée  en  Perse  par  Alfaraby. 

En  Syrie,  les  savants  trouvaient  un  protecteur  dans  l'émir 
Seif  eddoula. 

En  Egypte,  nonobstant  le  caractère  violent  du  chef  des 
Toulonides,  les  sciences  furent  encouragées  par  lui  et  par  ses 
successeurs.  Ahmed  ben  Touloun  fit  construire  un  hôpital  et    Vv  • 
la  mosquée  qui  porte  encore  aujourd'hui  son  nom.  A  cette 


334     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.    —  LIVRE  TROISlÉyS. 

mosquée  était  aunexée  une  école  dont  les  cours  sWvrirent 
en  sa  présence. 

Les  Fathmides  suivirent  les  mômes  traditions.  Le  célèbre 
astronome  Ebn  lounis  était  encouragé  dans  ses  travaux  par 
les  Khalifes  El  Aziz  et  El  Hakem.  D'autre  part  le  vizir  Djouhar 
faisait  construire  la  célèbre  mosquée  El  Âzhar,  qui  fût  pen- 
dant de  longs  siècles  une  pépinière  de  savants  et  se  montre 
encore  aujourd'hui  digne  de  son  passé. 

Dans  le  Magreb,  la  médecine  brilla  pendant  le  X*  siècle 
d'un  éclat  malheureusement  passager. 

En  Espagne,  les  sciences  et  les  arts  n'étaient  pas  moins  en- 
couragés par  les  Ommiades  qu'en  Orient  par  les  Âbbassidee. 

Le  trône  fut  occupé  pendant  un  demi*siècle  par  un  prince 
intelligent,  Âbderrahman,  troisième  du  nom,  dignement 
remplacé  par  £1  Hakem. 

C'est  l'époque  la  plus  brillante  du  Khalifat  de  Ck>rdoiie. 
Si  les  sciences  brillèrent  alors  d'un  moindre  éclat  que  les 
arts,  on  leur  posait  les  solides  assises  d'un  édifice  futur. 
'  Partout  on  fonda  des  écoles  et  des  bibliothèques  d^une 
richesse  inouïe.  S'il  faut  en  croire  les  historiens,  la  Biblio- 
thèque royale  de  Gordoue  ne  contenait  pas  moins  de 
600,000  volumes,  et  son  catalogue  en  avait  exigé  quarante- 
quatre.  (1) 

El  Hakem  n'était  pas  seulement  un  protecteur  des  savants, 
il  était  savant  lui-^mème  et  ne  lisait  pas  un  ouvrage  qu'il  ne 
l'enrichît  de  ses  annotations. 

Telle  était  la  splendeur  des  écoles  de  l'Espagne,  qu^elles 
attirèrent  l'attention  de  l'Europe  ignorante  et  barbare,  et 
que  Gerbert  passa  pour  y  être  venu  puiser  sa  science.  Il  pa- 
rait bien  avéré  cependant  qu'il  ne  les  visita  pas,  n'ayant 
pas  dépassé  Barcelone  et  s'étant  contenté  de  quelques  livres 
traduits  en  latin. 

Au  milieu  d'une  foule  de  savants  modestes,  dont  les  noms 
nous  ont  été  conservés,  deux  hommes  seulement  se  déta- 
chent de  la  foule.  L'un  est  Moslama,  de  Madrid,  savant 
mathématicien  et  astronome,  qui  fit  de  nombreux  et  illua- 

(1)  Casiri,  II,  38. 


REVUE   SOMMAIRE  DU   DIXIÈME   SIÈCLE.  335 

très  élèves.  L'autre  est  Abulcasis,  le  plus  haut  représentant 
(le  la  chirurgie  dans  l'école  arabe. 

Il  faut  citer  aussi  un  fait  de  l'histoire  scientifique  de  l'Es- 
pagne, l'envoi,  par  l'empereur  de  Byzance,  du  texte  grec  de 
Dioscorides,  dont  la  traduction  fut  revue  avec  une  certaine 
solennité. 

Non-seulement  la  médecine  et  la  philosophie,  mais  aussi 
les  sciences  mathématiques  étaient  cultivées  partout  avec 
ardeur.  C'était  l'époque  d'El  Batany,  d'Aboul  Ouéfa,  d'Ab- 
derrahman  Essoufy,  d'Ebn  lounis,  dont  les  noms  ont  retenti 
dans  notre  Occident. 

Les  observations  astronomiques  se  poursuivaient  partout 
avec  zèle  et  ténacité.  Les  Béni  Amadjour  en  continuèrent 
pendant  près  d'un  demi-siècle. 

La  géographie  de  l'Asie,  peu  connue  des  anciens,  s'enri- 
chissait par  les  travaux  d'Ebn  Haukal  et  d'Istakary.  Abou 
Zéïd  publiait  une  relation  de  l'Indeà  la  Chine. 

Alors  vivaient  aussi  le  savant  polygraphj  Massoudy,  et 
l'auteur  du  Fihrist,  Mohammed  ben  Ishaq,  dont  l'ouvrage 
étonne  par  la  somme  de  documents  qu'il  renferme  sur  les 
savants  de  la  Grèce  (1). 

En  résumé  le  X*  siècle  accuse  la  prise  de  possession  et  la 
mise  en  culture  par  les  Arabes  de  la  science  de  la  Grèce. 

Si  l'on  jette  un  coup  d'œil  sur  la  liste  que  nous  avons 
donnée  des  savants  au  X"*  siècle,  on  verra  que  le  nombre 
des  chrétiens  s'amoindrit.  En  même  temps  apparaissent 
quelques  juifs,  qui  deviendront  plus  nombreux  aux  siècles 
suivants. 

La  multiplicité  des  centres  de  lumières  et  le  besoin  de 
méthode  et  de  clarté  nous  font  maintenant  un  devoir  de 
diviser  l'histoire  de  la  médecine  par  contrées.  Nous  la  sui- 
vrons d'Orient  en  Occident. 

(1)  Il  est  encore  un  ouvragée  que  nous  devons  mentionner,  c'est  le 
célèbre  Recueil  connu  sous  le  nom  de  Prisent  dei  Frèrei  dé  la  pureté^ 
que  Ton  pourrait  appeler  l'Ënc}  clopédie  des  Arabes.  Il  rappeUe  en 
effet,  sous  plus  d'un  rapport,  r£ncjcIopédie  du  XVIII*  siècle.  Sous 
prétexte  de  rendre  h  la  religion  musulmane  sa  pureté  primitive,  par 
son  alliance  avec  la  philosophie,  il  ne  tendait  pas  moins  qu'à  la 
renverser. 


I.  —   PERSE. 


Si  dès  à  présent  nous  traitons  à  part  des  médecins  per- 
sans, ce  n*est  pas  qu'il  y  eût  déjà  en  Perse  une  école  distincte 
et  un  centre  permanent  de  lumières  comme  dans  l'Irak.  Les 
médecins  dont  nous  allons  parler  vinrent  puiser  leur  science 
à  Bagdad,  avant  de  la  répandre  dans  leur  pays. 

Ces  germes  ne  tardèrent  pas  à  grandir  et  à  fructifier,  et  si 
la  Perse  ne  compte  pas  comme  d'autres  contrées  de  l'Islam 
un  cortège  nombreux  de  savants,  un  ensemble  imposant 
d'institutions  scientifiques,  pendant  deux  siècles  elle  eut 
l'honneur  de  fournir  à  l'Orient  ses  deux  plus  grands  mé- 
decins. 

Le  plus  illustre  des  médecins  persans  au  X*  siècle  et  même 
de  toute  l'école  arabe>  Razès,  étudia  la  médecine  &  Bagdad, 
puis  revint  à  Rey,  sa  patrie,  où  il  passa  une  bonne  partie  de 
son  existence,  et  y  termina  ses  jours.  Il  y  enseigna  la  méde- 
cine à  de  nombreux  élèves,  qui  eux-mêmes  en  instruisaient 
d'autres.  La  présence  de  liazès  en  Perse  ne  pouvait  man- 
quer de  provoquer  l'étude  et  la  diffusion  de  la  médecine,  et 
elle  dut  être  une  des  principales  causes  de  ses  destinées 
ultérieures  dans  cette  contrée  et  dans  les  contrées  voisines. 

A  côté  de  ce  grand  nom  il  en  est  deux  autres  assez  re- 
commandables,  ceux  d'El  Messihy  et  d'El  Comri  qui  tous 
deux  eurent  l'honneur  de  compter  Avicenue  parmi  leurs 
disciples.  Le  premier  habitait  le  Kborassan  et  fut  eu  grand 
crédit  auprès  du  prince  du  paya. 


RAZK8.  337 

Parmi  les  illustrations  de  ce  siècle  nous  ue  pouvons  oublier 
le  philosophe  El  Faraby,  qui  est  aussi  revendiqué  par  la  mé- 
decine. 

Nous  rappellerons  enfin  Texistence  d'hôpitaux,  à  Rey, 
tenu  par  llazès  ;  à  Merou,  que  nous  avons  cité  à  propos 
d*Ebu  Massah,  et  probablement  à  Ispahan. 

RAZÈS. 

fAbou  Becr  Mohammed  ben  Zakarya). 

Si  nous  avons  dit  d'El  Kendy  qu'il  fut  le  premier  philoso- 
phe qui  ait  paru  chez  les  Arabes,  nous  pouvons  dire  de 
Razës  qu'il  fut  leur  premier  grand  médecin.  On  peut  faire 
un  autre  rapprochement  entre  ces  deux  hommes.  De  même 
qu'El  Kendy  nous  étonne  par  l'étendue  et  la  précocité  de 
ses  connaissances  en  matière  de  philosophie,  Razès  n'est 
pas  moins  remarquable  par  la  connaissance  approfondie  des 
travaux  de  ses  devanciers  en  matière  de  médecine»  et  c'est 
à  juste  titre  que  nous  avons  donné  son  nom  au  X*  siècle. 

Razès  naquit  à  Rey,  d'où  lui  vint  son  nom  de  Razy.  Nous 
ignorons  la  date  de  sa  naissance,  mais  ce  fut  probablement 
au  commencement  de  la  seconde  moitié  du  IX*  siècle.  Il 
passa  les  trente  premières  années  de  son  existence  étranger 
à  la  médecine,  ce  qui  doit  faire  supposer  une  longue  exis- 
tence, vu  rétendue  de  ses  connaissances  et  le  grand  nombre 
de  ses  écrits. 

II  se  passionna  d'abord  pour  la  musique,  puis  il  se  livra  à 
l'étude  de  la  philosophie  et  de  la  littérature  et  cultiva  la 
poésie.  Il  exerça  même  la  profession  de  changeur. 

On  raconte  qu'une  visite,  qu'il  fit  à  l'hôpital  de  Bagdad, 
détermina  sa  vocation.  On  rapporte  même  les  faits  observés 
dans  cette  visite.  Ce  que  l'on  raconte  au  sujet  de  la  fondation 
du  grand  hôpital  de  Bagdad  par  Adhad  Eddoulah,  et  de 
la  part  que  prit  Razès  à  son  installation,  ne  résiste  pas  à  la 
critique.  Il  aurait  été  choisi  parmi  beaucoup  d'autres  méde- 
cins et  après  des  éliminations  successives  pour  choisir  l'em- 
placement de  l'hôpital,  aurait  suspendu  en  divers  endroits 

22 


IX 


Aboul  Kheir  Eddjeraïhy. 

Abou  Saïd  el  Ardjany. 

Abou  Sahl.  — 

Ebn  Dilem. 

Hassen  ben  Abi  Naïm. 


Ali  ben  el  Abbas. 

Temimy. 

Maçoudy. 

Les  Frères  de  la  Pureté. 


957 


III.  —   EGYPTE. 


Saïd  ben  Naoufel. 
Hassan  ben  Zirek. 
Khalef  Etthoulouny . 
Nesthas  beaDjorreidj. 
Isliaq  ben  Nesthas. 
El  Balsy. 

Moussa  ben  Rlazzan  et 
fils. 


Chr.  lousef  Ennesrany. 

Chr.  Saïd  ben  Bathriq.  940 

Chr.  Kissan.  9«8 

Aboulfateh  ben  Moqua- 
cher. 

Aïan  ben  Aïan.  995 


IV.—  MAGREB. 


Isha()  ben  Amran.         905  ?| 
J.    Soleiman  el  Israïly,       960?  I 


Ebn  Eddjezzar. 
J .  Dounach  ben  Temim . 


1009 


V.  ~   ESPAGNE. 


Abd  el  Malek  ben  Habib. 

Abdallah  Elchafky. 

lahya  ben  Semina.  927 

Moslama  el  Madjrithy.  1007 

Ahmed  ben  Khamis. 

Hamed  ben  Berracha. 
Chr.  Djouâd. 
Id.  Khaled  ben  Yézid. 
Id.  Ebn  Mesonka. 

Amran  ben  Abi  Amr. 

Mohammed  ben  Them- 
loun. 

Tonnes  Elharrany. 

Ahmed  ben  lounes. 

Omar.  — 
Chr.  Ishaq. 
M.  lahya  ben  Ishaq. 

Abou  Becr  ben  Sadj. 

El  Arif. 


Saïd  ben  Abd  Rabbihi. 
Amrou  ben  Bariq. 
Asbar*  ben  lahya. 
Mohammed  ben  Temlih. 
Aboul  Oualid  ben  el  Ki- 

nany. 
Abou  Abdallah.  —         1028 
Ahmed  ben  Hafsoun. 
AbouBekr  benDjaber. 
Etthakify. 
Hâroun  el  A»dy. 
Mohammed  ben  Ham- 

doun. 
Ishaq  ben  el  Heitsam. 
Ebn  Djoldjol. 

Arib  ben  Saïd  elKateb.  900? 
Ebn  Samadj^un.  1201 

Abulcasis  Ezzahraony.  lorj? 
Hasdaï  ben  Chaprout. 


REVUE  SOMMAIRE  DU  X*  SIÈCLE. 


Le  IX*  siècle  nous  a  présenté  ce  spectacle,  unique  dans 
l'histoire,  d'un  peuple  de  pasteurs  que  l'enthousiasme  reli- 
f^ieux  avait  rendus  maîtres  du  plus  vaste  empire  qui  se  soit 
jamais  vu,  se  préoccuper  tout  aussitôt  d'acquérir  la  gran- 
deur intellectuelle  qui  leur  manquait,  et  transporter  la 
science  de  la  Grèce  dans  leur  lang-ue,  étonnée  de  ces  nou- 
veautés. Nous  avons  vu  le  zèle  de  ces  néophytes  se  produire 
sur  le  terrain  de  la  science  avec  autant  de  ferveur  qu'ils  en 
avaient  montrée  dans  leur  prosélytisme  religieux.  Au  X* 
siècle  nous  allons  voir  que  cette  passion  pour  la  science  n'é- 
tait pas  un  caprice  passager,  mais  répondait  à  des  besoins  et 
à  des  aptitudes.  La  greflFe  importée  de  la  Grèce  a  grandi  ; 
elle  produit  déjà  des  fruits  merveilleux.  (1) 

Le  mouvement  intellectuel  au  X«  siècle  se  résume  en 
deux  ordres  de  faits.  D'une  part,  l'initiation  scientifique,  en 
même  temps  qu'elle  se  complète,  se  propage  à  tous  les  mem- 
bres de  la  vaste  famille  musulmane.  De  l'autre  les  Arabes, 
nouHseulement  s'émancipent  de  leurs  initiateurs  désormais 
impuissants  à  les  suivre  dans  les  voies  qu'ils  leur  ont  ou- 
vertes, mais  s'engagent  déjà  dans  des  voies  inconnues  des 
Grecs,  soit  en  fécondant  les  notions  qu'ils  en  ont  reçues,  soit 
en  systématisant  l'ensemble  des  connaissances  dont  ils  sont 
les  possesseurs. 

Le  travail  des  traductions  se  prolonge  encore,  tantôt  il 
exploite  de  nouveaux  filons,  tantôt  il  reprend  en  sous-œu- 

(1)  Mîrnturquc  novns  frondes  ft  non  su»  pomfi. 


340    HISTOIRE  DE   LA  MÉDECINE  ÂliABE.   —  L1VBE  TROISIÈME. 

après  avoir  cité  ses  devanciers.  Il  a  même  des  écrits  qui  ne 
sont  autre  chose  que  des  recueils  d*observations. 

Nous  rapporterons  un  fait  mentionné  par  Ettenoukhy. 

Un  jeune  homme  de  Bagdad  vint  à  Rey  le  consulter.  Il 
crachait  le  sang*.  Après  Tavoir  examiné,  Razès  écartant  l'idée 
de  phthisie  etd'abcès,  lui  demanda  s'il  n'avait  pas  bu  en  route. 
Le  malade  répondit  qu'il  avait  un  jour  bu  dans  une  mare. 
Razès  songea  aussitôt  à  une  sangsue.  Il  se  procura  une 
grande  quantité  de  lentilles  d'eau,  en  ingéra  de  force  dans 
les  voies  digestives  du  malade,  qui  finit  par  vomir,  et  rendre 
au  milieu  des  lentilles  d'eau  une  sangsue. 

Razès  jouissait  d'une  grande  considération  tant  à  Rey 
que  dans  le  Djebal.  Les  grands  du  pays  avaient  recours  à 
lui,  et  les  savants  les  plus  éminents  de  son  époque  entrete- 
naient avec  lui  une  correspondance  attestée  par  plusieurs 
écrits  de  Razès,  rédigés  sous  forme  de  lettres, 

La  date  de  sa  mort  est  controversée.  On  la  fixe  générale- 
ment et  l'année  320  de  l'hégire,  932  de  notre  ère,  et  c'est  celle 
qu'ont  adoptée  Ebn  Djoldjol  et  Hadji  Khalfa. 

Quelque  temps  auparavant,  il  était  venu  à  Rey  un  certain 
Ebn  el  Hamid,  qui,  à  la  mort  de  Razès,  acheta  de  sa  sœur, 
pour  une  forte  somme,  le  manuscrit  du  Haouy,  qui  était 
resté  inachevé,  et  auquel  ses  élèves  donnèrent  la  forme  sous 
laquelle  il  nous  est  parvenu. 

Razès  a  beaucoup  écrit.  On  le  trouvait  toujours  chez  lui, 
dit-on,  occupé  à  composer  ou  à  mettre  au  net.  Le  nombre 
de  ses  ouvrages  dépasse  deux  cents.  Quelques-uns  ne  sont 
que  des  opuscules,  des  lettres,  des  monographies,  mais  il  eu 
est  d'une  étendue  considérable,  tels  que  le  Mansoury  et  sur- 
tout le  Haouy  ou  Continent.  La  liste  la  plus  complète  et  la 
plus  explicite  nous  a  été  conservée  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah. 
Son  défaut  est  de  nous  donner  les  ouvrages  pêle-mêle  et  sans 
ordre  de  matières  :  aussi  la  lecture  en  est  fastidieuse.  Voilà 
pourquoi  sans  doute  Wttstenfeld  s'est  abstenu  de  la  repro- 
duire, ce  qui  l'a  fait  tomber  dans  des  erreurs  et  des  répéti- 
tions que  nous  devons  relever,  parce  qu'elles  portent  égale- 
ment sur  le  catalogue  de  l'Escuriâl. 
Wûstenfeld  a  commencé  par  énumérer  les  ouvrages  tra« 


RAZÊS.  1  341 

duits  et  imprimés,  puis  les  ouvrages  conservés  dans  nos 
bibliothèques,  dont  il  a  consulté  les  catalogues,  notamment 
celui  de  Casiri.  Mais  le  catalogue  de  Casiri  est  défectueux 
à  l'endroit  de  la  médecine.  Certains  titres  sont  erronés. 
WUstenfeld  les  a  reproduits,  et  en  achevant  sa  liste  au 
moyen  du  Kitab  el  hokama  et  de  VAïoun  el  Anba^  il  a  re- 
produit les  mêmes  ouvrages  sous  des  titres  nouveaux.  C'est 
ce  que  nous  ferons  remarquer  plus  tard. 

Au  lieu  de  suivre  pas  à  pas  les  listes  des  écrivains  arabes, 
nous  classerons  les  écrits  de  Razës  par  ordre  de  matières, 
donnant  d'abord  les  plus  importants  en  médecine,  et  glis- 
sant parfois  sur  ceux  d'une  faible  importance,  nous  réser- 
vant d'en  donner  plus  tard  une  liste  complète. 

A  l'instar  de  Galien,  Razès  a  composé  de  nombreuses  mo- 
nographies, mais  il  a  composé  aussi  plusieurs  ouvrages 
embrassant  toute  la  médecine  pratiq  ue  ou  l'ensemble  des 
connaissances  médicales. 

De  ces  ouvrages,  le  plus  considérable  et  le  plus  important 
est  sans  contredit  le  Haouy  ou  Continent.  Il  lui  donna  ce 
titre  parce  qu'il  contient  tout  un  corps  de  médecine  prati- 
que. Il  y  a  condensé  les  opinions  de  tous  les  médecins  an- 
ciens et  modernes,  contrôlées  et  complétées  par  son  expé- 
rience personnelle.  C'est  donc  autre  chose  qu'une  simple 
compilation,  car  il  prend  souvent  la  parole,  et  ne  craint 
pas  de  contredire  parfois  les  princes  de  la  médecine  grec- 
que. 

Il  commence  par  les  maladies  locales,  à  partir  de  la  tète, 
puis  il  traite  des  maladies  générales,  ensuite  des  venins  et 
des  poisons,  des  médicaments  et  de  leurs  synonymies.  On 
comprend,  et  Razès  le  fait  ressortir,  combien  ce  dernier 
article  avait  de  l'intérêt,  la  médecine  arabe  se  trouvant  en- 
combrée d'une  foule  de  termes  exotiques  venus  de  la  Grèce, 
de  la  Perse  et  de  l'Inde.  Le  tout  est  distribué  en  vingt-deux 
livres,  mais  il  paraît  que  la  distribution  n'est  pas  identique 
dans  toutes  les  copies. 

Outre  sa  valeur  intrinsèque,  ce  qui  donne  au  Continent 
un  mérite  et  un  cachet  particulier,  c'est  précisément  cette 
mention  de  tous  les  médecins  qui  ont  précédé  Razès. 


342      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

Parmi  les  anciens  nous  en  trouvons  dont  les  ouvrages 
sont  perdus,  et  h  propos  des  modernes,  nous  sommes  étonné 
de  la  grande  quantité  d'écrits  sur  la  médecine  déjà  publiés 
avant  lui. 

Les  noms  de  ces  médecins  ont  été  la  plupart  singulière- 
ment travestis  dans  la  traduction  latine.  Quelques-uns  ne 
sont  pas  reconnaissables.  On  en  a  fait  le  recensement,  mais 
ce  travail  ne  pouvait  être  fait  d'une  façon  fructueuse  qu'en 
opérant  sur  le  texte  arabe,  et  c'est  pour  cela  que  nous  avons 
entrepris  le  voyage  de  l'Escurial.  Nous  donnerons  ici  un  ré- 
sumé des  découvertes  auxquelles  nous  ont  conduit  nos 
recherches,  nous  réservant  d'en  traiter  l'ensemble  dans  un 
travail  spécial. 

Nous  commencerons  par  les  Grecs.  On  ne  pouvait  guère 
s'attendre  à  trouver  du  neuf  relativement  à  Hippocrate  et 
à  Galien,  mais  nous  trouvons  des  documents  curieux  rela- 
tifs à  des  médecins  de  second  ordre.  Quelques  nouveaux 
écrits  apparaissent,  et  parmi  ceux  qui  nous  sont  connus,  il 
en  est  que  nous  ne  savions  pas  avoir  été  traduits,  ce  qui 
agrandit  d'autant  le  champ  des  traductions. 

A  côté  d'ouvrages  d'Aristote  relatifs  à  la  médecine,  nous 
rencontrons  les  noms  de  Démocrate,  de  Diogène,  de  Criton 
l'auteur  d'un  traité  de  Cosmétique,  d'Érasistrate,  d'un  Arthé- 
mide  qui  aurait  composé  un  livre  sur  la  culture  ou  l'embel- 
lissement de  la  voix. 

Dans  les  Ages  suivants  on  trouve  Nicolas  de  Damas,  Rufus 
avec  une  douzaine  d'écrits  mentionnés  ;  Archigène  avec  une 
escorte  moindre  ;  Philagrius,  avec  une  liste  plus  considéra- 
ble, Antillus,  Palladius,  Oribase,  Alexandre,  Paul  d'Égine, 
Magnus,  Etienne,  Jean  le  Grammairien,  sans  compter  quel- 
ques noms  d'une  lecture  douteuse. 

A  l'époque  de  transition  nous  trouvons  Siméon,  Ahroun, 
Tiadouk  ou  Théodocus,  MasserdjouYh.  Nous  placerons  ici  le 
nom  de  deux  auteurs  sur  le  compte  desquels  nous  sommes 
jusqu'à  présent  dénué  de  renseignements  positifs,  Aslimon^ 
peut-être  Philumène,  et  Misoussen  (probablement  Moschîon). 
Ce  dernier  est  l'auteur  d'un  traité  des  Accouchements  fré- 
quemment cité  par  Razès. 


RAZÉ8.  343 

Parmi  les  noms  illustres  chez  les  Arabes  nous  citerons 
Gabriel,  Georges  et  Bakhtichoua  ;  la  famille  de  Honein,  lui, 
son  fils  Ishaq,  un  autre  du  nom  de  Hakim,  et  son  neveu 
Hobéïch  ;  El  Kendy  ;  Mésué  et  Sérapion  ;  Thabary  père  et 
fils  ;  Costa  ben  Luca,  Massih  de  Damas,  Tsabet  ben  Corra, 
Ebn  Massa,  Ahmed  ben  Thayeb  (Essarakhsy). 

Parmi  les  noms  moins  brillants  Ou  compte  Âbdous,  l'au- 
teur du  Mémorial,  Salmouïh,  Aïoub  el  Abrach,  Abou  Djor- 
reih  Erraheb,  Ebn  el  Lahladj,  El  Bathriq,  Abou  Hilal  d'É- 
messe,  El  Basry,  Sabour,  lousef  Essahir.  Quelques-uns  ont 
été  négrligrés  par  les  biographes,  tels  que  Termedy,  lousef 
Ettelmid,  Abdalla  ben  lahya. 

De  la  Perse,  nous  voyons  citer  l'Agriculture  persane  et  le 
Compendium  d'Ebn  Abi  Khaled  el  Farsy. 

Les  Indiens  fournissent  un  contingent  considérable  et 
nous  rencontrons  les  noms  fréquemment  cités  de  Gharak, 
de  Sendahchar  et  de  Quolboman.  On  lit  aussi  parfois  le 
nom  d'Athra  llndien,  et  même  nous  avons  cru  découvrir,  à 
travers  les  incorrections  du  texte,  le  nom  de  Susruta.  Sou- 
vent on  lit,  sans  autre  qualification:  vn  livre  indien.  Aux 
Indiens  se  rattache  aussi  le  nom  de  Mohraris. 

Les  sources  chaldéennes  sont  représentées  par  TAgricul- 
ture,  assez  souvent  citée,  et  que  pour  plusieurs  citations 
nous  regardons  avec  certitude  pour  être  l'Agriculture  chai- 
déenne.  On  trouve  aussi  le  livre  des  Talismans  qui  peut 
être  rapporté  au  traducteur  de  l'Agriculture  chaldéenne, 
Ebn  Ouhchyah,  ou  bien  peut-être  à  Apollonius  de  Tyane. 
Quelques  citations  paraissent  aussi  devoir  être  rapportées  à 
ce  dernier.  C'est  ici  le  moment  d'ajouter  que  certaines  cita- 
tions sont  empruntées  à  un  livre  attribué  à  Hermès. 

Il  est  une  autre  Agriculture,  l'Agriculture  grecque  de 
Costhus,  bien  connue  des  Arabes,  dont  un  exemplaire  existe 
à  la  Bibliothèque  Bodléienne,  mais  sur  laquelle  nous  ne  sau- 
rions encore  nous  prononcer,  qui  se  trouve  aussi  quelquefois 
mise  à  contribution.  Enfin  nous  ajouterons  ici  que  Ton 
trouve  deux  ou  trois  citations  avec  le  nom  plus  ou  moins 
altéré  d'Iounious,  que  l'on  est  convenu  jusqu'à  nouvel  ordre, 
de  considérer  comme  identique   avec  Columelle,  Junius. 


344     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  ~  LIVRE  TBOISIÈMS. 

Parmi  les  noms  mystérieux,  il  en  est  un  que  nous  serions 
tenté  de  considérer  comme  représentant  Mésué  le  père, 
c'est  celui  d'El  Khouz  ou  d'El  Khouzy,  à  moins  qu'il  ne 
représente  l'école  de  Djondisabour.  Il  en  est  encore  deux 
pour  lesquels  nous  sommes  réduit  à  des  conjectures,  mal- 
gré qu'ils  reviennent  très  souvent,  ce  sont  ceux  d'Athour- 
soqos  et  de  Badigoras.  Leurs  noms  ont  une  physionomie 
grecque,  mais  ils  ne  sauraient  être  bien  anciens,  car  ils 
parlent  de  substances  de  provenance  indienne,  que  les  an- 
ciens Grecs  n'ont  pas  connues.  Le  dernier  se  trouve  aussi 
qualifié  d'Alexandrin. 

A  côté  de  ces  noms,  il  faut  citer  quelques  ouvrages  anony- 
mes fréquemment  invoqués  par  Razès.  Ce  sont  d'abord  des 
formulaires,  puis  des  compendiums,  deux  au  moins  relatifs 
à  Toculistique,  ensuite  un  recueil  d'observations  faites  dans 
les  hôpitaux,  Tedjareb  el  Marestan.  Il  y  a  dans  ce  dernier 
recueil  des  procédés  thérapeutiques  et  des  observations  in- 
téressantes. On  trouve  aussi  dans  Razès  bien  des  faits  em- 
pruntés directement  à  la  pratique  des  hôpitaux. 

Il  est  encore  deux  ou  trois  noms,  peut-être  plus,  sur 
lesquels  nous  ne  pouvons  actuellement  nous  prononcer. 
D'ailleurs,  les  manuscrits  de  TEscurial,  bien  que  nombreux, 
ne  représentent  pas  tout  à  fait  intégralement  le  Haouy,  et 
nous  éprouvons  encore  le  besoin  d'en  consulter  d'autres 
avant  de  nous  prononcer  définitivement.  On  comprend  aussi 
que  ces  noms,  surtout  les  noms  étrangers,  se  trouvant  défi- 
gurés par  leur  passage  h  travers  l'arabe,  il  faut  consulter 
plusieurs  documents  avant  de  les  restituer. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  traiter  in  extenso  des  transfor- 
mations qu'ont  subies  les  noms  propres  et  les  termes  tech- 
niques sous  la  plume  des  Arabes,  et  surtout  du  traducteur 
en  latin;  mais  nous  devons  cependant  en  dire  quelques 
mots. 

On  sait  que  les  mots  arabes,  avec  des  points  diacritiques 
absents  ou  mal  placés,  peuvent  subir  une  foule  de  lectures. 
Le  traducteur  n'y  a  pas  fait  défaut,  ce  qui  prouve  qu'il  man- 
quait de  moyens  de  contrôle  et  même  qu'il  ne  s'est  pas  relu. 
(Quelques  noms  sont  écrits  sous  des  formes  trôs  variées,  où 


RAZÈS.  345 

Ton  ne  rencontre  la  bonne  que  rarement.  Ainsi  Tiadouk, 
Abou  Djorreidj,  Bakhtichou,  Archigène,  etc.  Il  «n  est  qui 
sont  complètement  méconnaissables,  ainsi  dans  Job  Pinzoli- 
cus,  il  est  difficile  de  reconnaître  Aioub  el  Abrach.  Parfois 
au  lieu  du  nom  véritable  on  trouve  celui  d'un  autre  méde- 
cin. Par  exemple,  on  lit  fréquemment  Philaretus  au  lieu  de 
Pliilagrius,  et  Costus  au  lieu  de  Costa.  Il  arrive  aussi  que 
les  noms  arabes  sont  traduits  au  lieu  d*ètre  simplement 
transcrits.  Au  lieu  de  Salier,  nous  lisons  Yigilans  ;  au  lieu 
de  Massih  nous  lisons  Christianellus.  D'autres  fois,  d'un  nom 
de  livre  on  fait  un  nom  d'auteur,  ce  qui  arrive  maintes  fois 
pour  le  livre  de  Galien,  des  Médicaments  selon  les  gfenres, 
Katadjenes  ;  ce  qui  arrive  aussi  pour  le  livre  des  Chymes  : 
dixit  Chamousia, 

Les  mêmes  confusions  se  reproduisent  à  propos  des  ter- 
mes techniques.  A  propos  du  Dryopteris,  on  lit  qu'il  ressemble 
à  la  fougère,  ce  que  le  traducteur  a  rendu  par  :  Duruanta- 
lau8  quod  assimilatur  narcisso.  La  pivoine  est  dite  se  trouver 
(dans  une  table  de  synonymes)  en  regard  du  mot  Glitcuaide^ 
et  le  traducteur  a  rendu  cela  par  :  Pœonia  appellatur  in 
libro  Ali  Fascari,  On  a  même  trouvé  des  noms  d'auteurs 
dans  une  particule,  ainsi  du  mot  Lakin^  mal  lu,  on  a  fait  le 
mot  Platon,  ce  qui  peut  faire  tourner  la  tète  à  un  érudit 
qui  ne  peut  recourir  au  texte  arabe. 

De  ces  travestissements,  il  en  est  qui  sont  incontestable- 
ment du  fait  du  traducteur,  mais  il  est  aussi  des  variantes 
que  nous  croyons  devoir  mettre  sur  le  compte  des  copistes 
ou  des  imprimeurs. 

Relativement  aux  transcriptions  du  grec  en  arabe  nous 
citerons  un  fait  qui  a  un  certain  intérêt  philologique.  Le 
mot  Archigène  est  rendu  de  trois  manières,  en  supposant 
bien  entendu  les  points  diacritiques  à  leur  place  respective. 
On  pourrait  les  rendre  ainsi  avec  nos  caractères  latins: 
Arkhidjanea,  la  forme  la  plus  commune,  Arkidjanes  et 
Archidjanes.  Ceci  nous  semble  prouver  que  le  X  des  Grecs 
ne  sonnait  pas  de  la  même  manière  h,  toutes  les  oreilles.  En 
résumé  le  Haouy  n'est,  si  l'on  veut,  qu'une  mosaïque,  mais 
faite  de  morceaux  précieux,  tant  ceux  empruntés  par  l'au- 


340     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINS  ARABE.    —  LIVRE  TROISIÈME. 

teur  que  ceux  qu*il  a  tirés  de  son  propre  fonds.  On  a  fait 
des  abrégrés  du  Haouy  et  nous  en  avons  rencontré  un  à  TEa- 
curial,  qui  prouve  que  l'original  fut  transporté  de  bonne 
heure  en  Espag^ne,  car  il  est  Tœuvre  du  savant  médecin  Ben 
Ishaq,  dit  le  Vizir,  Âbderrahman  en  Nacer  lui  ayant  conféré 
cette  dignité.  Nous  en  parlerons  ailleurs.  Un  autre  abrégé 
composé  au  XII*  siècle  existe  à  Florence. 

Quant  aux  manuscrits  du  Haouy  il  en  existe  à  la  Bibliothè- 
que Bodléienne  et  à  celle  do  TEscurial,  ceux-ci  à  peu  près 
complets.  Paris  n*en  a  qu'un  fragment  qui  était  inconnu, 
quand  nous  en  fîmes  la  découverte  dans  le  n*  10j6,  ancien 
fonds,  n  traite  des  fièvres. 

Au  XIII*  siècle  Farraguth  faisait  du  Haouy,  sous  le  nom 
de  Continents  une  traduction  latine  qui  a  été  plusieurs  fois 
imprimée,  et  qui  contient  deux  volumes  in-folio. 

Après  le  Continent  l'ouvra^  le  plus  connu  de  Uazèseat  le 
Man$oury,  dont  nous  avons  déjà  raconté  Torigine. 

Il  n*a  pas  retendue  ni  l'importance  du  Continent,  mais  il 
embrasse,  sous  des  proportions  restreintes,  la  généralité  de 
la  science.  Il  se  divise  en  dix  livres.  Le  premier  traite  de 
Tanatomio,  le  2*  des  tempéraments,  le  3*  des  alimenta  et  des 
médicaments  le  -!•  de  Thygiène,  le  5»  de  la  cosmétique,  le 
!>•  du  r^irime  en  voya^,  le  7»  de  la  chirurîrie,  le  8'  des  poi- 
sons, le  \^  des  maladies  en  irènêra!,  et  îe  10*  des  fièvres.  Le 
Mîinsoury  a  été  iradui:  on  blin  par  Gérard  de  Crémone  et 
plusieurs  fois  imprimé.  Le  o'  livre  se  rencontre  aussi  impri- 
mé aveo  Serapioa,  e:  le  ^>  fat  souvent  commenté. 

fois  s*o nt  les  deux  ouvrières  les  plus  imiH>rtants  de  Raies. 
AU  bea  Abbass  dans  sa  préface  du  Maîeki,  exposant  que  les 
motifs  qui  Tout  vvuduit  à  écrire  son  livr>?  sont  l'absence  d*nn 
liYw»  \vmi^»oî,  ouihnus^san;  la  médecine  en  de5  pr3poniona 
suffisamment  eîeadues,  arrive  à  ces  deux  écrit?  de  Kazès. 
\u  MAUS;>ary,  iî  roprvvhe  s^i  brlèT^»:ê,  qu:  nVii  fait  qu'un 
a^^i'i^^.  Au  i\  at:ueut,  il  Tvpr.vie  sa  laetbo^ie  un  peu  décou- 
sue, de  sV:re  r>f^:r^:::î  à  la  me».leci:ie  proi^remeat  dite,  et 
o.îsvre  vi'Avo:?  Ut'^'i.j^*  la  oiirurvr.e.  L  reccuaaf:  du  reste 
v;ue  îe  :o::.ls  e<^:  e\xvl>:::,  eî  ^ue  o  eï^;  le  re;5ume  de  tout  ce 
>;u\^nt  ecr:î  les^aesieor^s  ie  r,^u*Ie*  :e:r:r»se:  de  tous  le»  pays. 


RAZÂS.  347 

Uuo  autre  grande  composition  de  Kazës  est  le  Djami,  ou 
Recueil,  qui  embrasse,  à  la  façon  du  Continent,  non  pas  seu- 
lement la  médecine  pratique,  mais  toutes  les  branches  de 
l'art.  Il  y  a  même  un  chapitre,  le  dernier,  qui  traite  des 
écrits  de  Galien  oubliés  dans  le  catalognie  donné  par  Ho- 
nein. 

Un  autre  livre  se  rapprochant  du  précédent  est  le  Fakhir  (1) . 

Avec  le  Mansoury,  on  a  imprimé  plusieurs  opuscules  de 
Razès  sous  le  titre  collectif  de  Opéra  parva  Abubetri.  Ce 
sont  :  les  divisions,  les  antidotes,  les  maladies  des  articula- 
tions, les  maladies  des  enfants,  les  aphorismes,  les  pronostics, 
les  faits  d'expérience,  les  observations  médicales,  le  régime, 
les  propos  d*Hippocrate,  ce  que  doit  être  un  médecin,  un  for- 
mulaire» la  prophylaxie  des  calculs,  les  cautères  et  les  ven- 
touses, les  propriétés  des  animaux. 

Un  des  ouvrageâ  de  Razès,  qui  restera  dans  les  annales  de 
la  médecine  comme  le  premier  ouvrage  sur  la  matière*  est 
son  traité  de  la  variole  et  de  la  rougeole.  Avant  lui  déjà,  la 
variole  avait  été  mentionnée  parHaroun,  et  dans  une  traduc- 
tion française  que  nous  avons  donné  de  ce  traité,  nous  avons 
fait  voir  que  la  légende  des  oiseaux  ababils  représentait 
probablement  une  épidémie  de  variole,  et  qu'en  tout  cas,  la 
première  mention  positive  remontait  au  célèbre  Rabiah  ben 
Mocaddem,  qui  en  était  affecté  au  moment  de  son  héroïque 
trépas,  en  l'année  602  de  notre  ère.  Le  traité  de  la  variole,  de 
bonne  heure  traduit  et  imprimé  sous  le  titre  de  pestilentia, 
a  été  publié  dans  le  siècle  dernier  par  Channing,  en  texte  et 
en  traduction  latine.  M.  Grenhill  en  a  donné  une  traduction 
anglaise. 

(1)  Le  Fakhir  ou  le  Précieux^  est  aussi  un  traité  de  médecine  pra- 
tique, exécuté  dans  des  proportions  beaucoup  plus  restreintes  que 
le  Continent.  Les  maladies  y  sont  exposées,  suivant  la  môme  mé- 
thode, des  pieds  à  la  tête.  Les  devanciers  de  l'auteur  j  sont  égale- 
ment mis  a  contribution,  seulement  nous  ne  les  trouvons  pas  en 
aussi  grand  nombre  que  dans  le  Continent,  et  les  attaches  de  l'ou- 
vrage avec  les  Grecs  sont  beaucoup  plus  étroites.  L'auteur  apporte 
aussi  son  contingent.  La  B.  de  Paris,  possède  sous  le  n«  1004  de 
l'ancien  fonds,  la  l*"*  partie  de  cet  ouvrage,  qui  s'arrête  aux  affec- 
tions de  l'estomac. 


348     HISTOIRE  DB  LA   MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  TROISIÈME. 

Un  des  bons  ouvrages  de  Razès,  qui  se  trouve  dans  plu- 
sieurs bibliothèques  européennes,  est  son  traité  des  Correc^ 
tifs  des  aliments.  Il  est  question  dans  ce  livre  non-seulement 
des  aliments  à  Tétat  naturel,  mais  aussi  de  toutes  les  prépa- 
rations culinaires  et  des  boissons.  En  raison  de  cette  variété 
d'aliments  et  de  boissons,  il  serait  à  désirer  que  cet  ouvrage 
fût  traduit  et  accompagné  d'un  commentaire,  car  les  ali- 
ments et  les  boissons  ne  sont  que  rarement  décrits,  mais 
appréciés  au  point  de  vue  de  leur  action  sur  Téconomie,  de 
leurs  inconvénients  et  des  moyens  de  les  neutraliser. 

Il  existe  à  l'Escurial,  n®  887  du  nouveau  catalogue,  deux 
opuscules  de  Razès  dont  Casiri  a  complètement  méconnu  le 
titre  et  le  contenu.  Le  titre  sommaire  du  premier  signifie 
qu'il  faut  user  de  souplesse  et  de  condescendance  quand  il 
s'agit  de  supprimer  les  goûts  ou  les  appétits  des  malades. 
On  a  pris  le  mot  appétit,  chahoua,  dans  le  sens  d*appétit 
vénérien.  La  première  note  que  nous  rencontrons  sur  les 
pages  de  garde,  porte,  même  en  espagnol  :  Del  dano  que  pro- 
cède del  coïtoporlasalud.  Une  note  qui  suit  porte  en  latin  .*  De 
exacta  et  exquisita  diligentia  adhibenda  in  curatione  affedus 
quo  quis  impotens  est  seu  ineptus  ad  venerem.  En  vrai  mou- 
ton de  Panurge,  Casiri  a  catalogué  cet  opuscule  sous  ce 
titre:  De  viris  frigidis  et  ad  venerem  ineptis  eorum  que  cu- 
ratione. Ce  qui  est  étrange,  c'est  que  l'un  des  annotateurs 
s'appuye  sur  ce  qu'il  a  lu  dans  le  corps  de  l'ouvrage  pour 
appuyer  sa  traduction  du  titre.  Il  suffirait,  pour  établir  la 
fausseté  de  cette  version,  de  la  formule  plus  explicite  du  titre 
dans  la  liste  donnée  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah  :  Que  les  méde- 
cins ignorants  aggravent  l'état  des  malades  en  contrariant 
leurs  appétits.  C'est  à  peu  près  ce  qu'on  lit  au  début  de  l'ou- 
vragé, et  Razès  ajoute  que  l'on  commet  aussi  la  même  faute 
au  sujet  des  hommes  bien  portants. 

Cette  idée  est  reproduite  sous  une  autre  forme  dans  un 
opuscule  inséré  à  la  suite  du  premier  dans  le  même  volume. 
Casiri  a  traduit  le  titre  par  :  De  immoderata  calore,  ne 
comprenant  pas  le  sens  du  mot  hommya,  qui  veut  dire 
diète,  régime.  Ici  encore  il  suffirait  de  lire  attentivement  le 
commencement  de  l'opuscule.  En  voici  le  début  :  Un  régime 


RAZÉS.  310 

excessif,  une  alimentation  trop  restreinte,  un  usage  abusif 
des  médecines  ne  conservent  pas  la  santé,  tout  au  contraire, 
etc. 

Wiistenfeld,  au  lieu  de  comparer  avec  la  liste  d'Ebn  Abi 
Ossaïbiah,  s'en  est  tenu  de  confiance  à  l'interprétation  de 
Gasiri,  ce  qui  l'a  fait  non-seulement  endosser  une  erreur,  mais 
tomber  dans  une  répétition.  Le  même  ouvrage  est  reproduit 
au  n"  32,  cette  fois  sous  le  couvert  d'Assemani,  dans  cette 
forme  :  Quod  nimis  thermarum  usas  noceat. 

Ce  qu'il  a  fait  pour  le  deuxième  ouvrage,  il  l'a  fait  pour  le 
premier.  Après  avoir  reproduit  le  titre  de  Casiri  :  De  viris 
frigidis  et  ad  venerem  ineptis  eorum  que  curatione,  nous 
retrouvons  au  n*  125  le  titre  véritable  :  Quod  medicus  non  sa- 
lumpmdens  esse  debeat,  sed  cegrotorum  desideriis  indulgens. 

Il  est  encore  un  autre  manuscrit  del'Escurial  que  l'auteur 
du  catalogue,  avec  une  étourderie  dont  nous  avons  constate 
bien  des  exemples,  attribue  à  Razès.  Un  mauvais  petit 
fragment  de  médecine,  où  Casiri  a  rencontré  par  hasard  les 
tumeurs,  à  côté  d'une  foule  d'autres  maladies,  où  Ton  trouve 
cité  Avenzoar,  voilà  ce  qu'il  a  pris  pour  un  Traité  des  Tu- 
meurs de  Razès,  et  Wiistenfeld  a  inscrit  ce  titre  dans  sa  liste. 

Le  n*  887  de  l'Escurial  contient  un  autre  opuscule  de 
Razès  sur  l'usage  des  fruits  avant  ou  après  le  repas.  L'au- 
teur, écartant  une  conclusion  générale,  énumère  les  fruits 
les  uns  après  les  autres,  et  conclut  pour  chacun  d'eux  en 
particulier.  C'est  ainsi  qu'il  proscrit  l'usage  du  coing  avant 
le  repas,  et  qu'il  le  considère  comme  salutaire  à  la  fin  et 
comme  aidant  à  la  digestion  par  son  action  tonique  sur 
l'estomac. 

Cette  fois  Casiri  ne  s'est  pas  trompé  non  plus  que  Wiis- 
tenfeld en  le  produisant,  mais  Wiistenfeld  n'en  a  pas  moins 
donné  une  seconde  fois  le  même  livre  au  n*  51.  Il  en  a  fait 
de  même  pour  la  saignée  qui  figure  sous  ces  deux  formes: 
De  venœ  scctione  et  de  sanguinis  missione,  etc. 

Nous  avons  parcouru  à  l'Escurial  un  petit  traité  de  Razès 
sous  le  titre  de  Secrets  de  VArt  médical^  qui  ne  justifie  pas 
sou  titre.  L'opuscule  est  assez  court  et  ne  contient  que  des 
propositions  aphoristioues  ou  des  recettes. 


350    HISTOIRE  DE  LA.  HÉDEGIMB  AJUBC.   —  LIVRE  TROISIÈME. 

Il  en  est  une  relative  à  Tauleup,  qui  accuse  avoir  éprouvé 
sur  ses  vieux  jours  un  affaiblissement  de  la  vue  et  des 
facultés  génitales.  Cet  ouvrage  se  ressent  de  la  vieillesfle 
de  Razès. 

Ce  qui  rend  fastidieuse  la  lecture  des  listes  des  écrits  de 
Razès,  que  nous  ont  données  le  Kitab  elhokama  et  TOuioùn 
el  amba,  c'est  que  les  ouvrages  y  sont  exposés  pêle-mêle  et 
sans  ordre  de  matière.  Nous  avons  pensé  qu'il  valait  mieux, 
après  avoir  donné  les  principaux,  grouper  les  autres,  et  en 
passer  sous  silence  quelques-uns  des  moins  importants,  sauf 
à  donner  plus  tard  et  sous  forme  de  note  la  liste  in  extenso 
d'Ebn  Abi  Ossaïbiah. 

Nous  commencerons  par  les  ouvrages  de  médecine. 

Que  l'organisation  de  l'homme  est  bien  entendue. 

Du  plaisir. 

De  l'habitude. 

De  la  soif.  • 

Des  saveurs. 

Différentes  descriptions  :  du  cœur,  du  foie,  de  l'œili  de 
l'oreille,  des  testicules,  des  articulations. 

De  la  vision,  qu'elle  ne  se  fait  pas  par  des  rayons  émanés 
de  l'œil. 

De  la  prééminence  du  sens  de  la  vue. 

Des  paupières  et  de  l'utilité  de  leurs  mouvements. 

Pourquoi  l'œil  se  resserre  à  la  lumière  et  se  dilate  dans 
l'obscurité. 

Des  fonctions  des  organes. 

Comment  s'opère  la  nutrition. 

Des  causes  qui  relient  le  cœur  aux  viscères. 

Du  coït. 

Pourquoi  les  émanations  du  semoum  tuent  les  animaux. 

Pourquoi  l'automne  engendre  des  maladies. 

Introduction  à  la  médecine. 

A  qui  n'a  pas  de  médecin  présent,  connu  aussi  sous  ce 
titre  : 

De  la  médecine  des  pauvres. 

Examen  du  médecin  (dans  les  opéra  parva). 

Qu'un  médecin  ne  peut  guérir  toutes  les  maladies. 


RAZÈs.  351 

Que  des  maladies  légères  peuvent  être  difficiles  h  guérir. 

Des  maladies  obscures. 

Des  maladies  mortelles. 

De  la  goutte  et  de  la  sciatique. 

Des  calculs. 

De  la  colique. 

Des  hémorrhoïdes. 

Des  maladies  cutanées. 

De  la  lèpre. 

De  la  paralysie. 

Du  tic  facial. 

Du  coryza. 

De  la  saignée. 

Du  régime  alimentaire  dans  les  maladies. 

Des  opérations  chirurgicales. 

De  la  réduction  des  fractures. 

Pourquoi  les  parties  excisées  ne  B*agglutinent  plus. 

Des  vins  qui  enivrent. 

Des  vins  qui  n'enivrent  pas. 

Du  lait. 

De  la  neige.  De  Teau  refroidie  par  la  ueige. 

De  Targile. 

Des  médicaments. 

De  la  préparation  des  médicaments»  à  son  élève  lousef  ben 
Iakoub. 

Des  purgatifs  chez  les  tempéraments  chauds. 

Des  succédanés. 

Formulaire. 
^  Pourquoi  si  peu  de  gens  arrivent  à  un  âge  avancé. 

Pourquoi  tant  de  gens  s'adressent  aux  mauvais  médecins 
plutôt  qu'aux  bons. 

De  la  médecine  royale  ;  traitement  des  maladies,  particu- 
lièrement par  les  aliments. 

Des  hôpitaux. 

A  ces  livrera  nou.4  ajouterons  plusieurs  extraits  ou  com- 
mentaires de  Galien,  et  des  lettres  adressées  à  divers  contem- 
porains, tant  sur  des  questions  de  doctrine  que  sur  des  ques- 
tions de  fait. 


352    UISTOIKE  DE  LA   MÉDECINE  AHABE.   —  UVBE  TBOIâl&ME. 

Alchimie. 

Quelle  que  soit  Tépoque  de  son  existence  à  laquelle  Razès 
cultiva  rAlchimie,  ce  qui  est  certain  c'est  qu'il  a  composé 
plusieurs  livres  sur  l'Art. 

Nous  citerons  d'abord  un  livre  en  douze  chapitres  où  il 
traite  de  toutes  les  questions  afférentes  à  l'alchimie.  Nou.h 
en  trouvons  encore  beaucoup  d'autres  dans  la  liste  de  scf- 
œuvres. 

Ainsi  un  livre  sur  la  probabilité  de  l'alchimie,  un  autre 
sur  sa  certitude,  un  livre  sur  la  pierre  jaune,  un  autre  sur 
Tor  et  l'argent,  une  réponse  à  El  Kendy  qui  avait  écrit  sur 
la  futilité  de  l'alchimie,  un  livre  sur  l'As  de  Géber. 

Enfin  il  en  est  plusieurs  sur  le  contenu  desquels  nous  ne 
saurions  actuellement  nous  prononcer,  le  mot  hikma  pou- 
vant avoir  une  double  acception  :  celle  d'alchimie  ou  celle 
de  philosophie. 

Le  nom  de  Razès  figure  dans  les  recueils  hermétiques,  et 
quelques  productions  sous  le  nom  d'Abubetri  lui  doivent 
être  attribuées. 

Philosophie. 

Ces  écrits  sont  nombreux:  nous  citerons  les  plus  impor- 
tants. 

Divers  écrits  sur  la  logique  et  la  métaphysique,  dont  quel- 
ques-uns en  vers. 

Plusieurs  écrits  sur  l'Organon  d'Aristote  ou  sur  les  matiè- 
res qui  y  sont  traitées. 

Quelques  écrits  sur  l'àme,  et  son  incorporéité. 

Du  libre  arbitre. 

De  la  matière. 

Du  vide  et  du  plein,  du  temps  et  de  l'espace. 

Plusieurs  écrits  contre  l'éternité  du  monde. 

Que  le  monde  a  été  créé  avec  sagesse. 

Des  propriétés  des  choses. 

Pourquoi  les  bêtes  et  les  reptiles  ont  été  créés. 

Quelques  écrits  sur  certains  ouvrages  de  Libanius,  de  Pru-- 
dus  et  de  Plutarque. 

Plusieurs  écrits  en  réponse  aux  matérialistes. 

Sur  la  métaphysique  de  Platon,  et  sur  celle  d'Aristote. 


rEKâ£.  353 

De  la  médecine  spirituelle. 

Des  songes. 

Des  qualités  que  doivent  avoir  les  élèves. 

Quelques  ouvrages  ont  particulièrement  un  caractère  reli- 
gieux,  ainsi  : 

Des  anges. 

De  la  foi. 

De  la  bonne  voie. 

Nécessité  de  la  prière. 

Des  fautes  imputées  aux  saints. 

Dos  prodiges  et  des  prophéties. 

De  ce  qu'ont  ignoré  les  philosophes. 

Quant  aux  ouvrages  relatifs  aux  sciences  naturelles  et 
mathématiques,  nous  citerons  : 

Du  mouvement:  qu*il  est  spontané  ou  naturel. 

Des  opinions  fausses  en  physique. 

Pourquoi  Taimant  attire  le  fer. 

Plusieurs  ouvrages  sur  la  sphéricité  de  la  terre,  entre  au- 
tres celui  qui  a  pour  titre  : 

De  la  forme  du  monde,  que  la  terre  est  sphérique,  qu'elle 
est  placée  au  milieu  des  sphères,  qu'elle  a  deux  pôles  sur 
lesquels  elle  tourne,  qu'elle  est  plus  petite  que  le  soleil  et  plus 
grande  que  la  lune. 

Que  ce  que  nous  voyons  en  haut  dans  ce  monde  ne  saurait 
être  admis  ainsi. 

Que  le  coucher  du  soleil  et  des  astres  est  indépendant  du 
mouvement  de  la  terre. 

Contre  ceux  qui  prétendent  que  les  astres  ne  sont  pas 
ronds. 

Du  degré  de  confiance  ii  accorder  à  l'astrologie. 

Livre  sur  les  mathématiques. 

Razès  laissa  un  Compendium  sur  la  musique,  qui  avait  été 
la  passion  de  sa  jeunesse. 

Il  écrivit  enfin  son  autobiographie. 

En  résumé  Razès  fut  le  premier  grand  médecin  qu'aient 
produit  les  Arabes,  et  Ton  peut  même  dire  qu'il  ne  fut  sur- 
passé ni  peut-être  égalé  par  aucun  de  ceux  qui  vinrent 
après  lui.  On  ne  saurait  lui  comparer  qu'Avicenne  et  Aven- 

23 


354      HISTOIRG  DE  LA.  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÉMK. 

zoar  ou  bien  encore  Ali  ben  el  Abbas.  Comme  praticien,  le 
premier  lui  est  incontestablement  inférieur. 

Quant  au  second,  s'il  l'égale  à  ce  point  de  vue,  Razès  lui 
est  supérieur  pour  l'étendue  de  ses  connaissances  et  de  ses 
travaux.  Le  Continent  de  Razès  n'a  pas  la  savante  ordon- 
nance du  canon  d'Avicenne,  mais  on  doit  savoir  gré  de  sa 
réserve  à  Razès.  11  comprit  que  le  moment  n'était  pas  encore 
venu  de  faire  un  traité  complet  et  dogmatique  de  la  médecine  ; 
mais  il  ne  se  borna  pas  à  faire  un  simple  inventaire  de  la 
science  de  ses  devanciers,  il  la  soumit  au  contrôle  de  sa  lon- 
gue et  vaste  expérience. 

Le  temps  lui  manqua  pour  donner  à  ce  vaste  répertoire 
une  forme  véritablement  scientifique,  et  en  élaguer  les  répé- 
titions et  les  longueurs,  qui  lui  ont  été  justement  reprochées 
par  Ali  ben  el  Abbas,  dont  le  Maleki  a  pour  caractéristique 
l'ordre  et  la  mesure. 


ABOUL  KIIEIU  HASSAN   BEN   SAOCAR  BEN  EL   KHAMMAR. 

Aboul  Kheir  el  Hassan  ben  Saouar  ben  Baba  ben  Bahnam, 
dit  aussi  Ebn  el  Kharamar,  naquit  en  Tannée  331  de  l'hé* 
gire,  942  de  notre  ère.  C'est  par  erreur  que  le  texte  arabe 
d'Ebn  Abi  Ossaïbiali  donne  Tannée  381,  comme  le  fait  re- 
marquer Wilstenfeld,  qui  en  prouve  la  fausseté  par  des  .sj^n- 
chronismes.  Mais  Wtlstenfeld  aurait  pu  voir  que  la  date  de 
:331  est  donnée  par  le  Kitab  el  hokama  et  le  Fihrist.  Celle 
de  381  serait  probablement  celle  de  sa  mort,  qui  ne  nous  ei^t 
pas  donnée. 

Aboul  Kheir  était  chrétien.  C'était  aussi  un  homme  intel- 
ligent, versé  dans  les  sciences  antiques  et  médecin  consom- 
mé. L'exercice  de  son  art  Téleva  au  plus  haut  degré  de  consi- 
dération, et  son  mérite  lui  fit  pardonner  sa  hauteur.  Etait- 
il  appelé  par  des  gens  modestes  et  honnêtes,  il  s'y  rendait  à 
pied  en  disant:  Je  fais  cette  course  en  expiation  de  celles  que 
j'ai  faites  pour  des  gens  malhonnêtes  et  puissants.  Etait-Il 
appelé  par  un  prince,  il  s  y  rendait  à  cheval,  en  grand  ap- 
pareil, escorté  parfois  d'une  troupe  de  trois  cents  cavaliers. 


PERSE.  356 

G*est  ainsi,  dit  Ebn  Rodhouan,  qui  nous  a  conservé  ces  faits, 
qu'agissaient  Hippocrate  et  Galien  et  d'autres  savants  méde- 
cins. 

Aboul|Kheir  avait  eu  pour  maître  en  philosophie  le  savant 
traducteur  lahya  ben  Adi. 

Il  fut  lui-même  traducteur  et  traduisit  plusieurs  ouvrages 
du  syriaque  en  arabe. 

Tels  sont  d'autre  part  les  ouvrages  de  son  cril  : 

De  l'examen  des  médecins. 

De  la  constitution  de  l'homme  et  de  son  organisation. 

Du  régime  des  vieillards.  Nous  pensons  que  c'est  ainsi 
qu'il  £aut  traduire  ce  que  WUstenfeld  a  rendu  par  DcinstitU" 
tione  prœceptorum. 

De  la  maladie  sacrée  ou  épilepsie. 

Des  femmes  enceintes. 

Des  phénomènes  qui  sont  produits  dans  l'atmosphère  par 
les  vapeurs,  tels  que  le  halo,  Tarc-en-ciel,  etc. 

Des  concordances  entre  les  opinions  des  philosophes  et 
celles  des  chrétiens. 

De  la  vie  des  philosophes.  Le  Fihrîst  donne  cet  ouvrage 
comme  lui  appartenant,  et  le  Kitab  el  hokama  comme  une 
traduction. 

De  la  prospérité. 

Des  amis  et  de  l'amitié. 

Abrégé  de  l'Isagoge  de  Porphyre. 

Commentaire  de  l'Isagoge. 

De  la  discussion  survenue  entre  labyabcn  Adi  et  Ibrahim 
ben  Baks  sur  la  nature  du  feu. 

Telles  sont  ses  traductions,  qui  sont  nettement  distinguées 
parle  Fihristetle  Kitab  el  hokama  : 

Des  météores,  d'Aristote. 

De  l'éthique,  du  même. 

Questions  de  Théophraste. 

Nous  avons  déjàparlé  de  la  vie  des  philosophes. 

L'autre  traduction  est  diversement  indiquée.  On  lit  dans 
Ebn  Abi  OssaTbiah  :  Division  de  l'Isagoge  et  des  Catégories 
d'Elien  d'Alexandrie; 


'T/;     IlisrOIRB  DE  LA    MÈOFaIIUZ  XJJUiB'd.    —   LIVRE  TKOISIfeJIE. 

1/6  Fihriât  et  le  Kitab  el  hokama  disent  :  Traduction  des 
quatre  livres  qui  se  trouvent  sur  la  logique. 

Mais  ils  ne  s'accordent  pas  sur  le  nom  de  Fauteur,  du  moins 
leurs  manuscrits.  Le  premier  donne  Lakis  et  le  deuxième 
Lcbes. 

Nous  ne  savons  de  quel  auteur  il  peut  être  question. 

Wenrich  n*a  parlé  ni  de  ce  dernier  ouvragée  ni  de  la  vie  des 
philosophes. 

AHOi;    S.VIIL   EL   MESSniY. 

Ahou  Suhl  Issa  ben  lahya  el  Messihy  el  Djordjany  était 
originaire  du  Djordjan  et  chrétien  de  religion,  comme  Tin- 
(liqucnt  ses  surnoms.  Ou  dit  aussi  qu'il  habita  le  Khorassan 
et  qu'il  fut  ou  faveur  auprès  des  souverains. 

On  nous  vante  ses  connaissances  théoriques  et  pratiques, 
Hon  éloquence,  son  habileté  dans  la  composition  et  Tesprit 
oxcellont  do  ses  écrits.  Ce  qui  le  recommande  encore  c'est 
d'avoir  compté  parmi  ses  disciples  Avicenne  et  d'avoir  influé 
sur  sa  vocation  médicale.  Avicenne  lui  dédia  quelques-uns 
de  SOS  ouvrages. 

Abou  Sahl  ol  Messihy  mourut  en  l'année  1000  de  notre  ère 
à  1  Ago  de  10  ans. 

liO  pins  important  de  ses  écrits  nous  est  parvenu.  Il  porte 
lo  titre  do  Kitah  cl  Mcya.  {D  ce  qui  ne  veut  pas  dire  les  cent 
/ir»v>\  comme  ou  Vu  traduit  abusivement  et  en  ]>articulier 
Pooooko  (huis  sa  traduction  des  Dynasties  d'Aboulfarage, 
p.  ,?H,  m:us  lo  Uvri>  eu  cent  chapitres.  Telle  est  en  effet  sa 
(U^itribution. 

Lo  Moya  est  un  traité  sommaire  et  complet  de  médecine, 
divisé  on  oont  ohapitros  ot  contenant  de  cinq  à  six  centspageô. 
CVst  lo  premier  ouvniçro  en  ce  genre  que  nous  ayons  ren- 
oovitn\ius*prA  prôseuts  c>^t  lo  premier  essai  d'encyclopédie 

(1  l.c  \4r>ii  s«r  trouve  à  i^xlord  sons  Ir  tï'  r>S5.  La  bibliothèque  de 
Paris  on  possovlo  deux  exemplair*^.  8ou^  les  n*^  1009  et  1010  de 
THncien  fonds.  Lo  premier  ne  contient  que  les  trente  premiers  du- 
pitres. 


PRRse.  Î157 

m<^(licale  tenté  par  l'école  arabe,  et  en  quelques  sorte  le  pro- 
gramme du  Canon  d'Avicenne. 

On  pourrait  dire  que  le  premier  tiers  de  cet  ouvrage  est 
consacré  aux  généralités  qui  servent  d'introduction  à  la  mé- 
decine proprement  dite,  à  l'hygiène,  aux  aliments,  aux  mé- 
dicaments; le  deuxième  à  la  médecine  générale,  et  le  troi- 
sième à  la  médecine  spéciale  et  pratique. 

C'est  dans  son  cadre  un  ouvrage  bien  conçu  et  bien  exécuté. 
Amin  eddoula  en  fit  l'objet  d'annotations  et  le  recomman- 
dait comme  un  excellent  et  substantiel  résumé.  Il  le  fut  aussi 
de  la  part  de  Noman  ben  Abirrdha  el  Israïly,  qui  avait  pris 
cet  ouvrage  à  cœur  sur  les  recommandations  de  ses  maîtres. 
La  bibliothèque  de  Paris  possède  cet  ouvrage  sous  le  n"*  1024 
du  supplément. 

Tels  sont  les  autres  écrits  d'Abou  Sahl  el  Messihy  : 

Exposition  de  la  sagesse  dont  Dieu  a  fait  preuve  dans  la 
création  de  l'homme.  Ce  livre  faisait  l'admiration  d'Ebu  Abi 
Ossaïbiah. 

De  la  science  de  la  nature. 

Traité  de  médecine  générale  en  deux  parties. 

Traité  de  la  variole. 

Traité  de  la  peste,  dédié  au  roi  Malek  el  Adel  Khouaresm- 
chah  ben  Màmoun. 

Extrait  de  l'Almageste. 

De  l'interprétation  des  songes. 

On  cite  encore  un  traité  du  pouls. 

ABOU   SOLEIMAN   ESSEDJESTANY. 

Abou  Soieiman  Mohammed  ben  Dhaher  ben  Bahram  fut 
surnommé  Essedjestany  du  Sedjestan,  sa  patrie.  On  le 
nomme  encore  El  Mantakyy  ou  le  Dialecticien. 

Ami  et  élève  d'Iahya  ben  Ady,  il  cultiva  aussi  la  philoso- 
phie et  la  littérature.  Il  écrivit  un  traité  sur  l'organisation 
des  facultés  humaines  ;  un  traité  sur  la  dialectique  ;  des 
réponses  à  des  demandes  qui  lui  étaient  adressées  ;  des 
notes  sur  la  Philosophie  et  les  curiosités;  que  les  corps 


K 


358       HISTOIRE  DB  LA  MÉDECINE  ABABE    —  LIVRE  TROISIÈME. 

célestes  ont  une  nature  spéciale  et  sont  doués  d*une  âme 
raisonnable. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah,  dans  son  livre  P',  fait  deux  citations  de 
Sedjestany.  Telle  est  la  première  :  «  Ebn  Ady  m*a  assuré 
que  les  Indiens  possèdent  des  sciences  sublimes  touchant  la 
philosophie,  et  il  pensait  que  la  science  avait  été  par  eux 
transmise  aux  Grecs.  Je  ne  sais  d'où  lui  est  venue  cette 
opinion.  »  La  seconde  a  trait  à  Esculape  et  contient  des 
erreurs  historiques. 

ABOUL   HASSAN  AHMED   ETTIIABARY. 

Aboul  Hassan  Ahmed  ben  Mohammed,  natif  du  Thabaris* 
tan,  reçut  le  surnom  d'Etthabary. 

Il  était  au  service  de  l'émir  Rokn  eddoula  ben  Bouîh,  et 
mourut  en  l'année  970. 

Il  écrivit  un  compendium  de  médecine,  connu  sous  le  titre 
de  Traitements  hippocratiques^  dont  il  existe  trois  exem* 
plaires  à  Oxford.  Il  semblerait  que  cet  ouvrage  ait  traité 
d'une  façon  toute  particulière  de  l'œil  et  de  sa  thérapeutique. 
Un  autre  Ms.  h  Munich,  n®  810. 

Il  est  bien  souvent  cité  sous  ce  même  titre  dans  un  Traité 
d'oculistique  de  Khalifa  ben  Abil  Mahassen,  qui  existe  & 
Paris  sous  le  n*  1043  du  supplément. 

Quelques-unes  de  ces  citations  semblent  avoir  été  inter- 
calées après  coup. 

EL   COMRY. 

Abou  Mansour  ol  Hassen  bon  Xouh  ol  Comri  nous  est 
donné  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah  comme  le  médecin  le  plus 
disting-ué  de  son  temps  pour  son  excellence  dans  la  pratique 
de  la  médecine,  son  excellente  méthode,  sa  connaissance 
des  principes  de  la  médecine,  et  son  habileté  dans  la  pratique 
de  l'art.  Il  était  en  faveur  auprès  des  souverains. 

Chems  eddin  Abd  el  Hamid  ben  Issa  rapporte  qu'Avicenne 
assistait  avec  profit  aux  leçons  d'El  Comry,  (h»jJi  avancé  en 


PfiRSB.  359 

âge.  Les  relations  d*El  Comry  avec  le  jeune  Avicenne,  éta- 
blissent qu'il  prolongea  sa  carrière  jusque  vers  la  fin  du 
X*  siècle. 

El  Comry  composa  sous  le  titre  Rany  ou  Many  un  com- 
peudium  de  médecine,  où  il  traite  parfaitement  de  toutes 
les  maladies  et  de  leur  traitement,  et  passe  en  revue  les 
opinions  des  anciens  et  des  modernes  et  particulièrement 
celles  de  Razès.  Cet  ouvragée  se  trouve  à  la  Bibliothèque 
Bodléienne,  sous  le  n"  042.  Il  se  divise  en  trois  parties  :  des 
maladies  internes,  des  maladies  externes  et  des  fièvres.  B.  de 
Florence,  n*  2 17. 

Il  écrivit  aussi  un  traité  des  causer?  des  maladies. 


ALFARABY. 

Abou  Nasr  Mohammed  ben  Mohammed  ben  Tarkhau,  que 
les  Musulmans  considèrent  comme  le  prince  de  leurs  philo- 
sophes, reçut  le  surnom  d'Alfaraby  du  nom  de  sa  ville  na- 
tale, Farab  dans  le  Turkestan,  ou  suivant  d'autres,  Fariab 
dans  le  Khorassan.  Il  se  rendit  à  Bagdad,  où  il  étudiad'abord 
la  langue  arabe,  puis  la  philosophie. 

Il  eut  pour  maîtres  Abou  Bachar  Matta  et  lahya  ou  Jean 
fils  de  Djilân  (dit  Djelabad  par  Casiri  et  Pococke).  Ses  débuts 
furent  laborieux,  car  il  était  pauvre,  et  il  lui  arriva  parfois 
de  se  retirer  le  soir  dans  les  corps  de  garde  pour  y  profiter 
de  leur  lumière.  Bientôt  il  professa  lui-même  h,  Bagdad  et 
compta  de  nombreux  et  éminents  élèves.  11  se  retira  plus 
t;inl  à  la  cour  de  Seif  eddoula,  prince  d'Alep,  qui  le  reçut 
avec  distinction. 

Ayant  accompagné  ce  prince  à  Damas,  il  y  mourut  en  l'an- 
née 050  de  rèrc  chrétienne. 

Alfaraby  compte  plutôt  pnrmi  les  philosophes  que  parmi 
les  médecins.  Il  se  passionna  pour  Aristote,  dont  ses  écrits 
reproduisent  les  doctrines.  Il  rapporte  lui-même  avoir  lu 
deux  cents  fois  le  traité  de  l'ûme,  et  cinquante  fois  la  phy- 
sique d' Aristote.  Avicenne  déclare  qu'il  a  puisé  toute  sa 
science  dans  les  ouvrages  d'Elfaraby,  et  Munk  pense  que 


300     HISTOIRE  DK  lA   MÉDECINE   ARABE.    —  LIVRE  TROISIÈME. 

l'usag'e  fait  par  Avicenne  des  écrits  d'Alfaraby,  est  peut- 
être  la  cause  de  leur  grande  rareté.  On  lit  aussi,  dans  les 
Mélanges  de  philosophie  juive  et  arabe,  que  Ebn  Tophaïl  ne 
faisait  pas  un  très-grand  cas  de  la  philosophie  d'Alfaraby, 
que  sa  doctrine  n'était  pas  orthodoxe,  qu'il  ne  paraissait  pas 
admettre  l'immortalité  de  Tàme,  et  que  d'autre  part  Mai- 
monide  estimait  beaucoup  son  livre  de  la  politique. 

Les  autres  sciences  ne  lui  étaient  pas  étrangères,  et  parmi 
une  centaine  d'ouvrages  que  lui  attribue  Ebn  Abi  Ossaï- 
biah,  on  remarque  des  commentaires  sur  Porphyre,  Alexan- 
dre d'Aphrodisée,  Euclide  et  Ptolémée. 

Le  même  biographe  nous  a  conservé  un  curieux  fragment 
dlAlfaraby  sur  l'école  d'Alexandrie.  On  y  lit,  entre  autres 
choses,  qu'Auguste  fit  traduire  les  œuvres  d'Aristote,  qu'il 
chargea  Andronicus  de  les  prendre  pour  base  de  son  ensei- 
gnement à  Alexandrie,  et  qu'il  en  fit  porter  des  copies  à 
Rome.  Quand  le  chritianisme  domina  dans  Alexandrie,  les 
évêques  seconcertèrent  pour  faire  dans  les  œuvres  d'Aristote, 
un  choix  de  ce  qui  pouvait  être  enseigné.  A  l'avènement  de 
l'islamisme,  l'enseignement  finit  à  Alexandrie  et  fut  trans- 
porté h  Antioche. 

Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  des  œuvres  d'Al- 
faraby. Nous  dirons  seulement  qu'outre  la  philosophie,  il 
cultiva  aussi  l'astronomie,  les  mathématiques  et  même  la 
musique. 

Cependant  nous  devons  parler  de  son  ouvrage  intitulé  : 
Ihça  el  Oiiloum,  sorte  d'encyclopédie  où  il  traite  sommaire- 
ment de  la  classification  des  sciences  et  de  leur  objet.  Munk 
pense  que  nous  avons  un  abrégé  de  cet  ouvrage  dans  la  tra- 
duction latine  imprimée  sous  le  titre  Compendium  omnium 
scientiarum,  dont  il  existerait  à  Paris  une  meilleure  traduc- 
tion manuscrite. 

Quant  aux  ouvrages  de  médecine  nous  trouvons  une  mé- 
decine théorique  et  pratique  traduite  en  hébreu  et  existant  à 
la  Bibliothèque  de  Paris,  des  ol)jections  à  Oalien,  des  objec- 
tions à  Razès,  des  traités  sur  les  organes  des  animaux,  .sur 
les  concordances  entre  llippocrate  et  Platon,  ainsi  que  entre 
AristoU»  et  (îalien,  snr  la  physiciue  et  sur  les  météores. 


PkRSB.  361 

Enfin  nous  devons  citer  un  traité  sur  la  certitude  de  Val- 
chimie. 

Malg'ré  l'assertion  de  Munck,  il  existe  cependant  un  nom- 
bre assez  considérable  de  manuscrits  d'Alfaraby  dans  nos 
bibliothèques,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer. 

La  Bibliothèque  de  Paris  en  contient  plusieurs  tant  en 
hébreu  qu'en  arabe.  V.  le  cat.  des  Mss.  hébreux  rédigé  par 
M.  Zotenbergf.  Plusieurs  ouvrages  nous  sont  restés  en  tra- 
duction latine. 


ABOU  MANSOUR  MOUAFFEQ  BEN  ALI. 

Abou  Mansour  vivait  dans  le  courant  du  X*  siècle  de  no- 
tre ère.  Il  habitait  Hérat,  et  porta  le  surnom  de  Haraouy. 

Il  écrivit  en  langue  persane,  (1)  sous  forme  alphabétique, 
un  traité  de  matière  médicale,  dédié  au  prince  Nouh  bon 
Mansour,  le  Samanide,  qui  nous  est  connu  comme  ayant 
protégé  les  savants,  et  mourut  en  987. 

L'auteur  et  son  livre  ne  nous  sont  connus  que  par  un  tra- 
vail de  M.  Seligman,  exécuté  d'après  un  manuscrit  unique. 

D'après  ce  qu'en  dit  l'éditeur,  l'ouvrage  ne  paraît  pas  d'une 
grande  importance.  Au  milieu  d'emprunts  faits  à  ses  devan- 
ciers, l'auteur  a  cependant  quelques  parties  originales.  Son 
intérêt  est  surtout  historique,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
fait  observer  précédemment. 

Les  citations  portent  sur  des  médecins  grecs,  sjTiens, 
arabes  et  indiens.  La  position  de  l'auteur  le  mettait  en  quel- 
que sorte  au  confluent  de  ces  divers  courants  scientifique?. 

Les  médecins  grecs  figurent  au  nombre  d'une  dizaine, 
parmi  lesquels  Dieuchès,  et  Philotimus  que  nous  n'avons 
pas  vu  cité  autre  part.  Ont-ils  été  traduits  ou  bien  les  cita- 
tions sont-elles  empruntées  à  d'autres  écrivains? 

Les  médecins  syro-arabes  sont  un  peu  plus  nombreux. 

Les  Indiens  sont  au  nombre  de  quatre  ou  cinq. 

Ces  dernières  citations  sont  particulièrement  intéressan- 

(1)  Los  traditions  persanes  se  réveillaient  à  mesure  que  le  Kliali- 
int  (i  v!ia:ii'.  et  notre  auteur  paraît  avoir  un  faible  pour  leparsi^mp. 


302     HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE   AR.VBE.   —  LIVRE  TROisiÊME. 

tes.  A  propos  de  la  théorie  des  éléments,  l'auteur  met  en 
comparaison  les  doctrines  des  Grecs  et  celles  des  Indiens  et 
il  se  prononce  pour  ces  dernières. 

Nous  en  avons  déjà  parlé  à  propos  de  la  médecine  des 
Indiens.  Abou  Mansour  avait  voyagé  dans  l'Inde  et  y  avait 
étudié  la  médecine  du  pays. 


II.  —  L'IRAK, 


Le  travail  dos  traductions  opéré,  Bagdad  perdit  néceâsai- 
rement  un  peu  de  son  importance  comme  centre  de  lumiè- 
res. Toutes  les  fractions  du  vaste  empire  musulman  étaient 
venues  faire  leurs  provisions  de  science,  et  de  nouveaux 
foyers  s'étaient  partout  allumés,  bien  qu'elle  en  restât  le 
principal.  D'autre  part  le  Khalifat  était  en  pleine  décadence, 
et  démembré  :  le  mouvement  scientifique  procédait  surtout 
de  l'impulsion  primitive. 

C'est  il  l'émir  Adhad  eddoula  que  les  lettres  et  les  sciences 
furent  le  plus  redevables  au  X*  siècle,  et  c'est  à  peine  si 
nous  rencontrons  quelquefois  la  main  des  Khalifes  subal- 
temisés.  Adhad  eddoula^  sur  la  fin  du  X*  siècle,  fit  revivre 
un  instant  les  beaux  jours  des  premiers  Khalifes  Abbassides. 
Ami  des  arts  et  des  sciences,  il  protégea  ceux  qui  les  culti- 
vaient. Il  fit  construire  des  mosquées,  des  écoles,  des  hôpi- 
taux, des  bibliothèques.  L'hôpital,  qui  de  son  nom  porta 
celui  d'El  Adhedy,  fut  construit  avec  grandeur,  et  immédia- 
tement pourvu  de  vingt-quatre  médecins  traitants.  Les 
services  y  étaient  distingués  par  catégories  de  malades.  Il 
y  avait  des  fiévreux,  des  blessés,  des  ophthalmiques,  et  les 
mé<lecins  y  étaient  répartis  suivant  leurs  aptitudes.  Nous 
entreron.s  dans  plus  de  détails  sur  cet  établissement,  quand 
nous  ferons  l'histoire  des  hôpitaux,  et  nous  nous  bornerons 
maintenant  à  ajouter  que  la  fondation  de  cet  hôpital  parut 
un  assez  grand  événement  pour  que  son  anniversaire  fî\t 
plus  tird  célébré  par  des  fotes  annuelles. 


:lfVl      HISTOIRE  DE  LA   HÊDEaXK  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME* 

C'est  à  l'émir  Adhad  eddoula  qu'Ali  ben  Abbaâ  dédia  le 
Maleky. 

Nous  avons  déjà  vu  la  di^ité  de  chef  des  médecins  confé- 
rée notamment  à  Honein.  Mais  chez  Sinan  ben  Tsabet, 
ce  ne  fut  pas  seulement  un  titre  honorifique.  Nous  racon- 
terons dans  sa  bio^aphie  comment  il  procéda  à  l'examen 
de  tous  les  individus  exerçant  la  profession  médicale. 

Pendant  ce  siècle  se  prolongea  le  travail  des  traductions. 

La  médecine  fut  surtout  représentée  dans  l'Irak  par  deux 
familles  de  médecins  avec  lesquelles  nous  avons  déjà  Cait 
connaissance,  celle  de  Tsàbet  et  celle  des  Bakhtichou  qui 
conserva  des  représentants  notables  au-delà  des  limites  dn 
X*  siècle. 

Cependant  nous  comptons  déjà  quelques  noms  parmi  les 
Arabes,  et  dans  ce  groupe  de  médecins  attachés  à  l'hôpital 
fondé  par  Adhad  eddoula,  parmi  ceux  qui  nous  ont  été 
conservés,  presque  tous  sont  des  noms  arabes.  Toutefois,  à 
Bagdad,  nous  verrons  longtemps  encore  le  nombre  des  mé* 
decins  chrétiens  balancer  celui  des  musulmans. 

Ce  fut  surtout  dans  la  culture  des  sciences  mathémati- 
ques que  le  génie  arabe  se  donna  carrière. 

Ajoutons  que  le  X«  siècle  fut  celui  du  polygraphe  Mas- 
soudy. 

Eu  somme  l'Irak,  au  X*  siècle,  se  maintint  digne  de  la 
hauteur  où  il  s'était  élevé  pendant  le  siècle  précédent 
autant  par  les  institutions  que  par  les  hommes.  Si  peu 
d'hommes  réellement  supérieurs  fleurirent  à  Bagdad,  ce  fut 
encore  là  surtout  que  l'Asie  vint  s'instruire,  et  ce  fut  à 
Bagdad  que  se  forma  le  plus  grand  médecin  de  l'école 
arabe,  l'illustre  Razès,  puis  Ali  ben  Abbas,  dont  le  Maleky 
est  le  premier  corps  complet  et  méthodique  de  médecine 
composé  par  un  Arabe,  livre  dont  la  vogue  ne  céda  qu'au 
Canon  d'Avicenne. 


/ 


l'iuak.  365 


I.  —  Les  Sabiens. 

ABOU   SAÏD   SIXAN   BEN   TSABET. 

Sinan  se  montra  digue  de  son  père  Tsabet  ben  Corra.  Si 
dans  la  liste  de  ses  ouvrages  nous  ne  rencontrons  pas  d'écrits 
relatifs  à  la  médecine,  ses  importantes  fonctions  annoncent 
un  médecin  distingué.  Sa  biographie  est  une  des  plus  inté- 
ressantes que  nous  ayons  à  enregistrer. 

Nous  ignorons  la  date  de  sa  naissance,  mais  nous  connais- 
sons celle  de  sa  mort,  qui  eut  lieu  en  331  de  l'hégire,  942         ']  -^ 
de  notre  ère. 

Il  servit  les  Khalifes  Moctader  Billah,  Kaher  et  Radhy. 
Le  premier  lui  conféra  la  charge  de  chef  des  médecins.  Kaher 
voulut  qu'il  se  fit  mulsuman.  Sinan  résista  d'abord,  puis  céda. 
Cependant,  peu  confiant  dans  le  Khalife,  il  s'enfuit  dans  le 
Khorassan,  d'où  il  revint  ensuite  à  Bagdad,  qu'il  habita  jus- 
qu'à sa  mort.  Son  fils  Tsabet  écrivit  des  Annales,  où  il  a 
consigné  deux  faits  de  la  vie  de  son  père,  qui  sont  des  dates 
dans  l'histoire  de  la  médecine.  Nous  lui  céderons  la  parole, 
mais  en  l'abrégeant. 

<  Mon  père  était  chargé  non-seulement  de  l'hôpital  de  Bag- 
dad, mais  encore  des  autres  hôpitaux.  Or,  une  année  d'épi- 
démie, le  vizir  Ali  beu  Issa  lui  écrivit  une  lettre  où  il  disait: 
J'ai  réfléchi  sur  la  situation  des  troupes.  En  raison  de  leur 
nombre  et  de  l'éloignement  de  leurs  habitations,  il  doit  y 
avoir  beaucoup  de  malades  manquant  du  nécessaire.  Il  faut 
que  des  médecins  leur  soient  spécialement  affectés,  qu'ils  les 
visitent  chaque  jour  pour  leur  distribuer  des  médicaments 
et  des  boissons,  qu'ils  aillent  dans  tous  les  corps  de  troupes 
soigner  les  malades  et  se  rentre  compte  de  leurs  besoins. 
Mon  père  se  conforma  toute  sa  vie  à  ces  prescriptions.  Le 
vizir  lui  écrivit  une  seconde  lettre  :  J'ai  pensé  que  les  cam- 
pagnes devaient  aussi  avoir  des  malades  et  manquer  de 
médecins  pour  les  soigner.  11  faut  leur  en  envoyer  avec  des 
provisions  de  médicaments;  qu'ils  séjournent  dans  chaque 


360     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÉBCS. 

localité  le  temps  nécessaire  et  qu'ils  se  transportent  partout 
Mou  père  obéit  encore. 

«  Des  médecins  lui  arrivèrent.  On  lui  écrivit  aussi  des 
campagnes  que  les  malades  étaient  nombreux,  qu'aux  envi- 
rons de  Nahr  el  Malek  les  juifs  étaient  en  majorité  et  récla- 
Jiaient  aussi  des  soins.  Mon  père  en  informa  le  vizir  et  lui 
demanda  ce  qu'il  fallait  faire,  l'informant  toutefois  que  le 
règlement  des  hôpitaux  accordait  des  secours  aux  Zimmis 
(sujets  non  musulmans)  tout  aussi  bien  qu'aux  Croyants.  Le 
vizir  répondit  :  J'ai  compris  ce  que  tu  m'as  écrit,  et  ton  avis 
est  le  mien.  Il  faut  traiter  les  zimmis  et  même  les  animaux. 
Les  hommes  d'abord,  puis  les  animaux  ;  les  musulmans  les 
premiers,  puis  les  zimmis.  Ce  qui  reste  après  les  dépenses 
faites  pour  les  musulmans  doit  être  employé  pour  les  autres 
malades.  Fais-le  savoir  à  tes  collègues:  qu'ils  se  rendent 
dans  les  campagnes  et  dans  les  localités  infestées  par  l'épi- 
démie autant  que  la  sécurité  des  routes  le  leur  permettra. 

c  Lesdépenses  de  l'hôpital  étaient  assurées  par  un  immea<- 
ble  engagé  par  la  mère  de  Moutaouakkel,  et  une  partie  des 
revenus  de  cet  immeuble  appartenait  aux  Béni  Hachem. 
L'administrateur,  Abou  Salir,  favorisait  les  Béni  Hachem 
au  détriment  de  l'hôpital.  Mon  père  en  informa  le  vizir 
Ali  ben  Issa,  et  lui  apprit  que  les  malades  manquaient  de 
charbon,  de  vêtements  et  d'approvisionnements.  Une  lettre 
sévère  fut  adressée  à  Abou  Sahr,  et  il  lui  fut  enjoint  de  don- 
ner à  l'hôpital  la  part  qui  lui  revenait  et  d'assurer  l'exécution 
de  ce  service. 

«  En  l'année  30C  mon  père  ouvrait  l'hôpital  dit  Esseyda 
pour  lequel  on  dépensait  chaque  mois  six  cents  pièces  d'or. 

«  La  même  année  il  engageait  le  Khalife  Moctader  à  fonder 
un  hôpital  qui  porterait  son  nom.  Le  Khalife  Moctader  y 
dépensait  chaque  mois,  de  ses  revenus,  deux  cents  pièces  d'or^ 

«  En  l'année  310  (931  de  l'ère  chrétienne)  il  arriva  qu'un 
homme  mourut  par  la  faute  d'un  médecin.  Il  fut  dès  lors 
intjrdit  h  tout  médecin  d'exercer,  avant  d'avoir  été  examiné 
par  mon  père  et  d'en  avoir  reçu  un  diplôme.  Il  s'en  présenta 
de  Bagdad  et  des  environs  plus  de  huit  cents  (le  Kitab  el 
Hokama  dit  huit  cent  soixante)  sans  compter  ceux  que  leur 


L'IRAK.  367 

notoriété  dans  l'art  de  g^uérir  dispensait  de  cet  examen,  et 
ceux  qui  étaient  attachés  au  service  du  sultan.  > 

Nous  n'avons  rien  rencontré  qui  nous  autorise  à  admettre 
que  ces  examens  officiels  se  continuèrent  par  la  suite  et 
que  Sinan  ait  eu  des  successeurs,  dans  ces  fonctions  d'exa- 
minateur. 

Dans  le  nombre  des  examens  faits  par  Sinan,  il  y  en  eut 
un  que  sa  singrularité  afait  relever  par  les  écrivains  étrangers 
à  la  médecine.  Un  vieillard  se  présenta  à  Sinan,  bien  mis  et 
d'un  aspect  imposant.  Il  fut  reçu  avec  tous  les  ég'ards  que 
semblait  commander  un  extérieur  aussi  recommandable.  Je 
désirerais,  lui  dit  Sinan,  entendre  quelques  propos  du  doc- 
teur, afin  d'en  faire  mon  profit.  Le  vénérable  candidat  tira 
alors  de  sa  manche  un  papier  contenant  des  pièces  d'or,  et 
les  offrit  à  Sinan,  en  lui  disant  :  Je  ne  sais  ni  lire  ni  écrire, 
mais  j*ai  une  famille  à  nourrir,  et  je  te  prie  de  ne  jmis  m'en- 
lever  ce  qui  nous  fait  vivre.  Sinan  sourit,  et  lui  répondît  :  A 
une  condition,  c'est  que  tu  n'entreprendras  jamais  le  traite- 
ment d'un  malade  que  tu  ne  connaisses  parfaitement  sa  ma- 
ladie, et  que  tu  n'emploies  jamais  la  saignée  ni  les  purgtitifs 
que  dans  des  cas  bien  évidents.  C'est  ce  que  j'ai  fait  jusqu'a- 
lors, répondit  le  vieillard,  et  je  n*ai  jamais  administré  que 
de  Toxymel  et  des  juleps.  Sinan  le  congédia. 

Sinan  composa  plusieurs  ouvrages  d'histoire,  de  mathé- 
matiques et  d'astronomie.  11  fat  aussi  traducteur. 

Dans  la  première  catégorie,  nous  citerons  les  annales  des 
Kis  de  Syrie,  les  annales  de  sa  famille,  la  religion  des  Sa- 
biens,  une  traduction  arabe  de  leurs  rites  et  cle  leurs  prières* 

Dans  la  seconde,  des  commentaires  sur  des  éléments  de 
géométrie  ;  des  lignes  tracées  dans  un  cercle»  dédié  à  Adhad 
eddoula;  des  commentaires  sur  les  ouvrages  d'El  Kouhy,  des 
commentaires  sur  le  livre  des  triangles  d' Archimède  dont  une 
traduction  du  syriaque  en  arabe  avait  été  faite  par  le  prêtre 
Yousef,  traduction  qui  fut  revue  par  Sinan. 

Enfin  dans  la  troisième  nous  citerons  un  traité  de  l'équi- 
noxe,  de  la  division  des  jours  de  la  semaine  suivant  les  pla- 
nètes, des  sciences  astronomiques. 

Il  traduisit  aussi  le  traité  des  lois  d'Hermè:^. 


3(58     HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINE  ARA.BE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

Un  catalogue  de  ses  ouvrages  avait  été  établi  par  un  de  ses 
anciens  coreligionnaires,  le  sabien  Ibrahim  ben  Hilal. 


ABOU  L   HASSAN   TSABET   BEN   SINAN. 

Ainsi  que  son  père,  il  fut  médecin  des  Khalifes,  et  il  servit 
Mottaquy,  Mostacfy  et  Mouty.  En  Tannée  313  il  fut  chargé 
du  service  d'un  hôpital,  où  il  enseignait  la  médecine,  pre- 
nant pour  base  de  ses  leçons  Hippocrate  et  Galien. 

Il  n*a  pas  laissé  d'écrits  sur  la  médecine,  et  ce  qui  le  re- 
commande à  notre  attention,  c'est  qu'il  fut  chargé  de  soigner 
le  malheureux  Ebn  Mocla.  On  sait  que  ce  célèbre  calligpra- 
phe,  qui  passe  pour  avoir  donné  aux  caractères  arabes  leur 
forme  définitive,  devint  aussi  vizir,  et  qu'ayant  encouru,  pour 
divers  motifs,  plusieurs  disgrâces  succcessives,  il  fut  con- 
damné à  avoir  la  main,  et  plus  tard  la  langue  coupée.  Tsabet 
fut  chargé  d'aller  le  panser.  Je  le  trouvai,  raconte-t-il,  dans 
ses  annales,  livide  comme  du  plomb,  affaibli  et  agité  par 
la  souffrance.  A  ma  vue  il  se  mit  à  pleurer.  Son  bras  était 
gonflé.  Sur  le  lieu  de  l'amputation  était  de  la  fiente  mainte- 
nue par  un  linge  grossier.  Sur  l'extrémité  du  membre  était 
une  ligature  qui  entrait  dans  les  chairs.  Je  l'enlevai  et  fis 
remplacer  la  fiente  par  du  camphre.  Un  autre  jour  il  se  mit 
à  pleurer  en  disant  :  cette  main  qui  a  servi  trois  Khalifes  et 
qui  a  copié  deux  fois  le  Coran,  ou  l'a  coupée  comme  on  fait 
pour  un  voleur.  Quand  plus  tard  on  lui  coupa  la  langue,  il 
tomba  dans  un  tel  abandon,  que  n'ayant  plus  personne  pour 
le  servir,  il  puisait  de  l'eau  lui-même,  s'aidant  de  sa  main 
gauche  et  tenant  la  corde  entre  ses  dents. 

Tsabet  a  laissé  des  annales  où  il  raconte  les  événcmcuts 
survenus  depuis  l'année  295jusqu'à l'époque  de  samort,  dout 
nous  ignorons  la  date. 

Tsabet  eut  un  frère  du  nom  d'Ibrahim  qui  cultiva  l'astro- 
nomie, et  laissa  un  fils  du  nom  d'Ishaq  qui  s  adonna  à  la 
médecine. 


L  IRAK.  àOd 

Autres  Médecins  Sabiens. 

A  côté  de  la  famille  de  Tsabet,  nous  trouvons  encore  quel- 
ques Sabiens  qui  se  firent  un  nom  dans  la  médecine. 

Le  plus  marquant  est  Aboul  Hassan  Tsabet  ben  Ibrahim 
ben  Zahroun.  Son  père  Ibrahim  était  aussi  médecin,  et  ha- 
bitait Harran,  l'ancienne  Carrhes.  Aboul  Hassan  était  un 
médecin  expérimenté,  judicieux,  n'acceptant  la  tradition  que 
sous  bénéfice  d'inventaire.  Ebn  Bothlan  le  cite  dans  son 
livre  où  il  parle  du  traitement  récemment  institué  contre 
certaines  maladies  telles  que  la  paralysie,  que  l'on  avait 
antérieurement  l'habitude  de  combattre  au  moyen  de  mé- 
dicaments excitants.  Un  jour  l'émir  Abou  Daher  fut  frappé 
d'apoplexie,  et  tous  les  médecins  le  croyaient  mort.  S'il  en  est 
ainsi,  dit  Âboul  Hassan,  une  saignée  ne  saurait  lui  faire  de 
tort.  On  lui  permit  de  la  faire,  et  le  malade  revint  à  la  santé. 
Âboul  Hassan  expliqua  la  maladie  par  la  suppression  de 
pertes  hémorrhoïdaires,  et  sa  cure  par  leur  remplacement 
par  la  saignée. 

Obéid  Allah  ben  Djabril  cite  encore  des  faits  de  la  pratique 
d' Aboul  Hassan,  qui  témoignent  de  son  expérience  médicale. 
On  en  trouve  dans  Aboulfarage  qui  annoncent  plutôt  de  la 
hardiesse  que  de  l'instinct  médical. 

Aboul  Hassan  commenta  le  compendium  de  Jean  fils  de 
Sérapion  et  mourut  en  365  de  l'hégire,  975  de  notre  ère. 

n  eut  un  frère,  Hilal  ben  Ibrahim,  qui  pratiqua  la  méde- 
cine à  Bagdad  avec  succès  et  distinction.  H  fut  attaché  à  la 
personne  de  Touzoun,  Émir  el  Omra,  qui,  pour  une  méde- 
cine active  le  récompensa  si  généreusement  que  Hilal  en  fut 
soucieux.  Si  cet  ignorant,  dit-il  à  son  fils  Ibrahim,  me  ré- 
compense de  la  sorte  pour  un  purgatif  dont  j'ai  dû  combattre 
Tintensité,  pour  une  cause  futile  je  puis  encourir  sa  disgrâce. 

EB.\  OUACIF  E88ABY  OU  LE  SABIEN. 

Il  vivait  au  milieu  du  X*  siècle,  et  jouissait  à  Bagdad 
d'une  grande  réputation  comme  oculûste.  Bv»n  Younes  rap- 

24 


370     HlffrOlBB  DB  LA.  IIÉOECIKE  ARABE.  —  UVRB  TROISIÉICK. 

porte  qu'un  jour  qu'il  allait  le  voir,  il  vit  à  sa  porte  sept 
malades  attendant  leur  tour  d'opération  (de  la  cataracte). 
L'un  deux  lui  oflfrit  80  drachmes,  lui  affirmant  que  c'était  là 
toute  sa  fortune.  Mais  un  geste  le  trahit  et  fit  voir  une  cein- 
ture pleine  de  dinars.  Ebn  Ouacif  le  renvoya  comme  men- 
teur et  ne  voulut  pas  l'opérer. 


n.  —  La  Famille  des  Bakhtichoa. 

Nous  sommes  restés  au  livre  précédent  sur  Bakhtichoa 
ben  Djabrily  médecin  de  Moutaouakkel,  mort  en  870,  laissant 
un  fils  du  nom  d'Obéid  Allah. 

;   Pendant  un  siècle  et  demi  nous  rencontrons  encore  des 
médecins  issus  de  cette  famille. 

Meyer,  dans  son  histoire  de  la  botanique,  a  dressé  an 
tableau  de  la  race,  d'après  ce  qu'il  a  trouvé  dans  Wûsten- 
feld.  Cet  arbre  ^généalogique  ne  nous  paraît  pas  irréprocha- 
ble, certaines  filiations  n'étant  pas  bien  établies. 

Nous  allons  voir  bientôt  que  certaines  filiations  admises 
par  Wûstenfeld  reposent  sur  des  hypothèses. 

lAHYA      BEN      BAKHTICHOÛ 

Jean,  fils  de  Bakhtichou 

Nous  ne  le  connaissons  que  par  quelques  mots  d'Ebn  Abi 
Ossaïbiah,  qui  le  donne  comme  ayant  traduit  plusieurs  ou- 
vrages en  syriaque,  sans  qu'il  sache  s'il  en  a  traduit  en 
arabe.  Wûstenfeld  a  supposé  que  cet  lahya  ou  Jean  était  le 
fils  de  ce  Bakhtichou  beu  Djabril  ;  mais  nous  avons  vu  que 
Bakhtichou  n'aviait  laissé  en  fait  de  postérité  mâle,  qu'un  fils 
du  nom  d'Obéid  Allah,  et  puis  l'époque  de  notre  traducteur 
ne  nous  est  pas  donnée.  D'ailleurs  il  faut  bien  admettre  que 
cette  famille  fut  nombreuse  et  que  nous  n'en  connaissons 
pas  tous  les  membres.  Nous  verrons  tout  à  l'heure,  à  propos 
d'un  Djabril  ben  Obéid  Allah,  qu'il  avait  des  oncles  à  Bag- 
dad, dont  l'historien  de  la  médecine  a  tu  les  noms. 


l'ikkk  371 

BAKHTICHOU     BEN     lAHYA 

Bakhtichou  fils  de  Jean. 

Celui-ei  pourrait  être  fils  du  précédent.  Le  Kitab  el 
Hokama,  et  après  lui  Aboulfarage,  nous  donnent  ce  Backhti- 
chou  comme  étant  attaché  &  la  personne  du  Khalife  Mocta- 
der,  qui  régna,  de  908  à  932,  et  jouissant  auprès  de  lui,  en 
môme  temps  que  Sinan  ben  Tsabet,  d'une  grande  consi- 
dération. 

OsélD  ALLAH  BEN  DJABRIL  BEN  BAKHTICHOU. 

Wûstenfeld  a  supposé  qu'il  était  un  petit-fils  du  Bakhti- 
chou, médecin  de  Moutaouakkel  :  cela  est  possible,  mais  ce 
que  WUstenfeld  affirme  b  tort,  c'est  qu'il  est  l'auteur  du 
Parterre  de  médecine,  Raoudhat  Etthobb,  que  nous  dirons 
bientôt  être  l'œuvre  d'un  homonyme,  son  petit-fils.  Tout  ce 
que  nous  savons  de  cet  Obéid  Allah,  c'est  qu'il  laissa  un  fils 
du  nom  de  Djabril,  dont  nous  allons  parler. 

DJABRIL     BEN     OBÉID     ALLAH 

Gabriel  fils  iTObéid  Allah. 

Laissé  orphelin  par  son  père,  il  s'en  vint  pauvre  h  Bagdad 
et  se  mit  à  étudier  la  médecine  sous  différents  maîtres, 
notamment  sous  El  Ouassithy. 

En  même  temps  il  suivait  les  hôpitaux.  Ses  oncles  l'avaient 
recueilli,  mais  ils  le  traitaient  un  peu  fudement,  lui  trouvant 
Tesprit  lourd  et  paresseux.  Cependant  un  envoyé  du  Bouïde 
Moëz  Eddoula  était  venu  à  Bagdad,  apportant  au  Khalife  des 
présents,  parmi  lesquels  on  nous  cite  des  nains  et  un  âne 
rayéy  probablement  un  zèbre.  Il  avait  avec  lui  une  femme 
affectée  d'hémorrhagie  que  les  médecins  du  Kerman,  de  la 
Perse  et  de  l'Irak  avaient  inutilement  traitée.  Djabril  la 
guérit  et  fut  comblé  de  présents.  Dès  lors  ses  oncles  le  tit- 


372     HISTOIRE  DB   L.V  MÊDBOINE  ARA^E.    —   LIVRE  TROISIÉUB. 

rent  en  honneur.  L'ambassadeur,  à  son  retour,  raconta  le 
fait,  et  Djabril  fut  mandé  auprès  d'Adhad  eddoula,  dont  on 
connaît  le  goût  pour  les  choses  et  les  gens  d'esprit.  Gabriel 
composa,  h  son  intention,  un  traité  sur  les  nerfs  ou  les  mus- 
cles de  l'œil.  Gabriel  fut  encore  envoyé  soigner  un  autre 
prince  malade.  Ceci  se  passait  en  357  de  l'hégire,  967  de 
notre  ère. 

Cependant  Âdhad  eddoula  entrait  dans  Bagdad  et  avec  lui 
Gabriel,  qui  fut  attaché  au  grand  hôpital  fondé  par  l'émir.  Il 
touchait,  h  ce  titre,  une  pension  mensuelle  de  trois  cents 
drachmes,  et  autant  comme  médecin  particulier  du  prince.  Il 
passait  deux  jours  par  semaine  au  palais. 

Saheb  ben  Abad  se  trouvant  affecté  h  Rey  d'une  maladie 
de  l'estomac,  Adhad  eddoula  lui  envoya  Gabriel,  qui  com- 
posa pour  ce  personnage  un  compendium  de  médecine,  où 
il  traitait  de  toutes  les  maladies,  de  la  tète  aux  pieds.. 

Gabriel  était  depuis  plus  de  trois  ans  de  retour  à  Bagdad 
quand  un  prince  du  Dilem,  Khosrouchah  se  trouvant  malade, 
Gabriel  lui  fut  envoyé.  Là,  sur  l'invitation  de  Khosrouchah, 
il  composa  deux  traités,  l'un  sur  la  céphalalgie  sympathi- 
que d'une  affection  du  diaphragme,  et  l'autre  sur  cette  ques- 
tion que  le  sang  est  l'élément  le  plus  précieux  du  corps. 

A  son  retour  à  Bagdad  il  se  mit  à  composer  un  grand 
traité  de  médecine  dédié  à  Saheb  ben  Abad  et  intitulé  £"?  Kafy^ 
ou  le  suffisant.  Il  composa  de  plus  un  livre  sur  les  concor- 
dances entre  les  prophètes  et  les  philosophes,  un  livre  con- 
tre les  Juifs,  et  un  autre  sur  l'emploi  du  vin  dans  le  sacrifice. 

Après  un  voyage  à.  Jérusalem  il  fut  encore  demandé  à 
Rey,  puis  à  Mossoul,  enfin  à  Meyafarikin  où  il  mourut  en 
1005  à  l'âge  de  85  ans. 

Pour  compléter  l'histoire  de  la  famille,  nous  allons  donner 
la  biographie  du  dernier  membre  connu,  Obéid  Allah  ben 
Djabril,  bien  qu'il  appartienne  au  XP  siècle. 

Il  habitait  Meyafarikin  où  nous  avons  vu  que  son  père 
était  mort,  et  passait  pour  un  éminent  médecin  et  versé 
dans  toutes  les  sciences  cultivées  par  les  chrétiens.  Ebn 
Botlan  fut  un  de  ses  amis.  Il  cessa  de  vivre  en  1058.  Il  com- 
posa plusieurs  ouvrages.  Des  différentes  sortes  de  lait.  — 


L*IIUK.  .'^73 

Des  beaux  faits  des  médecins.  —  Comment  on  peut  arriver  à 
conserver  sa  descendance.  —  De  la  nécessité  des  mouve- 
ments respiratoires.  —  Curiosités  tirées  des  Anciens.  — 
Mémorial  du  résident  et  provision  du  voyag-eur.  —  Livre 
des  Propriétés.  —  Le  Parterre  de  médecine. 

Wilstenfeld  nous  paraît  s'être  mépris  en  traduisant  Tan- 
tépénultieme  titre  par:  Liber  memorialis  Cogitantis,  etc. 
Le  mot  Hadhir,  sédentaire,  nous  paraît  être  ici  mis  en  oppo- 
sition avec  Moçafir,  voyageur. 

Nous  croyons  encore  que  Wtistenfeld  s'est  mépris  en  attri- 
buant le  Parterre  de  médecine  à  un  autre  Obéid  Allah,  dont 
nous  avons  parlé  précédemment. 

Le  Parterre  de  médecine,  Raoudhat  etthebb^  existe  à  TEs- 
curial  et  h  Paris.  Nous  avons  vu  les  deux  Manuscrits  et  ils 
sont  identiques  à  peu  de  choses  près  ;  le  nombre  et  le  titre  des 
chapitres  étant  absolument  le  même.  Le  premier  répond  au 
n*  889  ancien  884,  et  le  second  au  n'  1000,  ancien  fonds.  L'un 
contient  40  feuilles  et  l'autre  32.  Nous  avons  lu  dans  le  Ms. 
de  Paris:  On  m'a  prié  de  composer  un  abrégé  de  mon  livre 
connu  sous  le  titre  de  Mémorial  du  résident  et  Provision  du 
voyageur  ;  et  je  lui  ai  donné  le  nom  de  Parterre  de  médecine. 
Cet  ouvrage  contient  50  chapitres  consacrés  aux  généralités 
de  la  philosophie  et  de  la  médecine.  Ainsi  :  Qu'est-ce  que  le 
genre,  l'espèce,  la  différence,  la  propriété,  l'accident,  la 
substance,  la  quantité,  la  qualité,  l'élément,  la  complexion, 
rhumeur,  l'organe,  la  force,  l'action,  l'âme,  l'esprit,  l'intel- 
lect, le  désir,  la  sensation,  l'imagination,  la  pensée,  la  mé- 
moire, le  mouvement,  le  temps,  l'espace,  l'existence  et  la 
corruption,  la  maladie,  le  sommeil,  les  songes,  le  pouls,  la 
crise,  la  maladie,  la  cause,  le  signe,  la  santé,  l'aliment,  le 
médicament,  etc. 

Il  existe  à  Paris,  sous  le  n**  1077  de  l'ancien  fonds,  un 
traité  des  Propriétés  des  animaux  par  Obéid  Allah  ben 
Djabril. 

La  forme,  le  caractère,  les  habitudes  de  chaque  animal 
sont  brièvement  exposés  avant  d'en  venir  aux  propriétés.  Il 
existe  chez  les  Arabes  plusieurs  ouvrages  de  ce  genre,  qui 


374     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TB0I8IÉ1CB. 

portent  tous  le  cachet  du  merveilleux  et  de  la  crédulité,  tout 
comme  celui  dont  nous  parlons. 

Le  manuscrit  de  Paris  a  cela  de  particulier  qu'il  est  accom- 
paginé  de  la  représentation  des  animaux.  Ces  figures  sont 
généralement  assez  mal  réussies. 


m.  —  Médeoins  traducteurs. 

'  Parmi  les  traducteurs  de  second  ordre,  dont  nous  avons 
donné  la  liste  en  son  lieu,  il  en  est  quelques-uns  qui  se  di»- 
tingruèrent  aussi  comme  médecins.  Pour  ne  pas  ouvrir  une 
digression,  nous  ne  les  avons  alors  considérés  que  comme 
traducteurs.  Nous  allons  maintenant  en  parler  sommaire- 
ment à  titre  de  médecins. 

ABOU  OSTMAN  SAÎD  BEN  IAKOUB  EDDIHACHQUY  OU  Ï>B  DAMAS. 

Cet  auteur  ayant  vécu  pendant  le  premier  quart  du  dixième 
siècle,  nous  le  placerons  ici  avec  ses  congénères. 

Tsabet  ben  Sinan  rapporte  qu'Ali  ben  Issa  le  vizir,  en 
l'année  302  de  l'hégire  (914  de  l'ère  chrétienne)  fonda  un  hô- 
pital qu'il  dota  de  ses  biens,  et  qu'il  y  attacha  Abou  Otsman 
Saïd,  ainsi  qu'aux  autres  hôpitaux  de  Bagdad,  de  Médine 
et  de  la  Mekke.  Abou  Otsman  publia  des  Questions  tirées  du 
livre  de  Galien  sur  les  mœurs.  Nous  le  croyons  auteur  d'un 
traité  de  Géométrie  qui  existe  en  traduction  latine  à  Paris» 
n"  7266  et  9335. 

ABOU    ALI    ISSA    BEN    ZERAA. 

Abou  Ali  Issa  ben  Ishaq  ben  Zeraa  ben  Marcous  fut  un 
traducteur  et  un  philosophe  plutôt  qu'un  médecin.  Parmi 
ses  traductions,  deux  seulement  se  rattachent  à  la  médecine, 
le  livre  des  Animaux,  et  le  traité  des  [Organes  des  animaux 
d'Aristote.  C'est  pour  un  autre  motif  que  nous  le  mention- 


l'irak.  375 

nons  ici.  D*après  Ebn  Botlan  il  fut  le  premier  auquel  on  fit 
application  d'idées  nouvelles  en  thérapeutique. 

Et  d*abord  les  historiens  ne  s'accordent  pas  sur  les  dates 
de  sa  naissance  et  de  sa  mort.  Le  Kitab  el  hokama  donne 
les  années  de  rbégrire  381  et  398,  tandis  que  nous  trouvons 
dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah  381  et  448. 

Quoiqu'il  en  soit,  Issa  ben  Zer&  était  un  homme  sec,  vif, 
sédentaire,  occupé  constamment  à  lire,  à  traduire  et  à  com- 
poser. Il  aimait  les  aliments  épicés  et  les  salaisons,  et  parti- 
culièrement la  moutarde.  Sur  ses  vieux  jours  il  travaillait 
jour  et  nuit  à  la  composition  d'un  traité  sur  l'immortalité  de 
l'âme.  D'autre  part  il  s'occupait  de  commerce,  et  il  avait  des 
concurrents  qui  le  desservirent  auprès  du  sultan.  Ces  occu- 
pations et  ces  contrariétés  aboutirent  à  de  la  fièvre,  du  délire 
et  une  attaque  d'apoplexie.  Comme  il  était  tenu  en  grande 
estime,  les  principaux  médecins,  tels  que  Ebn  Baks,  Ebn 
Kachkeraya,  Âbou  Mansour  Saad  benBachar,  etc.,  se  réuni- 
rent en  consultation  pour  le  traiter.  Or  on  avait  jusqu'alors 
rhabitude  de  traiter  la  paralysie,  le  tic  facial  et  autres 
affections  de  ce  genre  par  des  médicaments  chauds  et  exci- 
tants. Âbou  Mansour  fit  observer  que  ces  maladies  prove- 
naient de  causes  excitantes,  et  qu'il  fallait,  contrairement  à 
l'opinion  des  anciens,  les  traiter  par  des  moyens  contraires. 
Il  fit  donc  usage  d'émoUients  et  le  malade  revint  à  la  santé. 

Issa  ben  Zeraa  était  chrétien  jacobite. 


IBRAHIM  BEN  BAKS  OU  BEN  BAKOUS. 

Ibrahim  était  aussi  habile  médecin  |que  savant  traducteur. 
Ayant  perdu  la  vue,  il  n'en  continua  pas  moins  l'exercice  de 
la  médecine.  Il  fit  partie  des  vingt-quatre  médecins  qu'Adhad 
eddoula  attacha  h  l'hôpital  fondé  à  Bagdad  vers  l'année  980 
et  qui  de  son  nom  prit  celui  d'El  Adhedy.  Il  composa  un 
compendium  de  médecine  et  un  formulaire  y  faisant  suite, 
un  traité  pour  prouver  que  l'eau  pure  est  plus  fraîche  que 
l'eau  d'orge,  un  traité  sur  la  variole. 


o7G    nîSTOIRF.   DK   LA   MÉDECIXK   ARARE.    —  LIVRE  TROISIÈME. 


ABOl'L  HASSAN   ALI  BEN  IBRAHIM  BEN  BAKS, 

Ainsi  que  son  père,  il  fut  aussi  éminent  médecin  que  tra- 
ducteur. Il  était  très  adonné  h  sa  profession,  et  il  fut  égtile- 
ment  attaché  à  l'hôpital  El  Adhedy.  Il  composa  peu,  et  ne 
laissa  que  des  opuscules  dont  nous  ne  connaissons  pas  les 
titres.  Il  mourut  en  Tannée  de  Thégrire  394,  1003  de  Tère 
chrétienne. 

C'est  donc  à  tort  que  Wûstenfeld,  page  26,  a  placé  ces  deux 
médecins  dans  le  neuvième  siècle. 


lAHYA   BEN    ADY. 

Abou  Zacharya  laliya  ben  Adi,  chrétien  jacobite,  natif  de 
Takrit,  fut  un  philosophe  et  un  dialecticien  aussi  éminent 
que  traducteur.  Cependant,  bien  qu'il  soit  compris  par  Ebn 
Abi  Ossaïbiah  parmi  les  médecins,  on  ne  trouve  aucun  ou- 
vragre  de  médecine  parmi  ses  écrits,  non  plus  que  dans  ses 
traductioifô.  Il  avait  eu  pour  maîtres  Abou  Bachar  Matta  et 
Alfaraby.  Telle  était  son  assiduité  à  la  composition  qu*il 
remplissait  cent  pages  dans  vingt-quatre  heures. 


NEDHIF    ERROUMY. 

Nedhif  el  qass  erroumy,  c'est-à-dire  le  prêtre  grec,  se  fit 
une  réputation  surtout  pur  ses  traductions  du  grec  en  arabe. 
Il  fut  du  nombre  des  vingt-quatre  médecins  chargés  par 
Adhad  eddoula  du  service  de  l'hôpital  El  Adhedy.  On  rap- 
porte que  Nedhif  ne  fut  pas  aussi  [heureux  dans  ses  cures 
que  dans  ses  traductions. 


l'irak.  377 


IV.  —  Autres  Médecins. 

ERROi^QUY. 

Abou  Bekr  ben  Mohammed  ben  Khelil,  dit  Erroqquy  sans 
doute  parce  qu'il  naquit  à  Rocca,  nous  est  donné  comme  un 
savant  médecin  et  un  bon  praticien  et  comme  ayant  formé 
des  élèves.  Il  fut  le  premier  à  commenter  les  [questions  de 
Honein.  Obéid  Allah  ben  Djabril  rapporte  qu'Erroqquy  ne 
composait  qu'excité  par  le  vin.  Il  mourut  en  Tannée  330  de 
rhéffire,  942  de  notre  ère. 

MOUSSA   BEN    SATAR. 

Abou  Maher  Moussa  ben  Yousef  ben  Sayar  était  un  savant 
et  un  bon  praticien.  Il  écrivit  un  traité  de  la  saig^uée  comme 
complément  du  compendium  d'Ishaq  ben  Honein.  Le  Kitab 
el  hokama  lui  attribue  aussi  des  commentaires  sur  Jean  fils 
de  Sérapion. 

Moussa  ben  Sayar  compta  parmi  ses  disciples  l'illustre  Ali 
ben  el  Abbas  qui  se  glorifiait  de  l'avoir  eu  pour  maître. 

ABOUL    HOSSEIN     BEN    OMAR. 

Aboul  Hossein  ben  Omar  Eddakhely  ne  nous  est  connu 
que  comme  ayant  été  le  médecin  du  Khalife  el  Mot}\ 

FOCNOUN. 

Au  dire  d'Ebn  Abi  OssaYbiah,  Founoun  était  médecin  de 
Bakhtiar,  qui  en  faisait  grand  cas.  Nous  pensons  qu'il  est 
identique  avec  Abou  Nasr  Finoun,  que  le  Kitab  el  hokama 
nous  donne  comme  un  médecin  distingué  attaché  a'.i  service 
de  l'émir  Azz  eddoula  Bakhtiar. 


378    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINS  ABABB.    —  LIVRE  TROISIÂME. 


EL    MEROUAZY. 

Abou  laliya  Ibrahim  el  Merouazy  professait  avec  distinc- 
tion la  médecine  à  Bagdad.  Il  était  aussi  versé  dans  la  phi- 
losophie, et  il  commenta  les  Analytiques  d'Aristote.  II  eut 
pour  élève  le  célèbre  traducteur  Abou  Bachar  Mattaï. 


ABOUL  HASSAN  BEN  KACHKERATA. 

C'était  un  médecin  renommé  pour  la  sûreté  de  sa  pratique. 
Il  fut  attaché  à  l'émir  Seif  eddoula  ben  Hamdan.  Il  comptait 
aussi  parmi  les  médecins  attachés  à  l'hôpital  El  Adhedy. 

Il  écrivit  deux  ouvrages  de  médecine,  dontuncompendium 
intitulé  le  Haouy. 

Il  avait  un  frère  moine,  qui  se  fit  une  notoriété  pour  un 
lavement  contre  la  diarrhée. 


ABOU   IAKOUB    EL    AHOUAZY, 

Il  compta  parmi  les  médecins  de  l'hôpital  El  Adhedy  et 
écrivit  pour  prouver  que  l'oxymel  aromatique  est  plus  chaud 
que  la  thériaque. 

ABOU    SAÏD    EL    lAMANY. 

Renommé  comme  médecin  savant  et  bon  écrivain,  il  com- 
posa des  commentaires  sur  les  questions  de  Honein  et  un 
discours  sur  l'examen  des  médecins. 


ABOU  MANSOUR  SAAD  BEN  BACHER. 

Abou  Mansour  est  cité  par  Ebn  Bothlan  comme  le  premier 
qui  ait  inaugfuré,  dans  l'hôpital  de  Hag'dad,  la  substitution 
des  saignées  et  des  réfripférants  aux  médicaments  excitants 


l'ibak.  379 

que  Ton  employait  dans  les  affections  cérébrales  d^origine 
congestive. 

Il  fit  enlever  les  médicaments  chauds  ot  excitants  et  les 
remplaça  par  Teau  d'orge  et  les  tisanes.  Certaines*  cures  le 
mirent  en  crédit.  Il  guérit  entre  autres,  par  une  saignée,  un 
vizir  affecté  de  congestion  sanguine  que  les  médecins  de  Bag- 
dad réunis  en  consultation,  avaient  cru  mort.  Un  autre  vizir, 
pris  de  violentes  coliques,  fut  guéri  par  le  même  traitement. 

ABOULFARADJ    lAHYA    BEN    SAÏD. 

C'était,  dit-on,  un  médecin  savant  et  un  bon  praticien.  Il 
est  aussi  noté  par  Ebn  Bothian  comme  partisan  de  la  mé- 
thode nouvelle. 


DANIEL. 

Il  ne  nous  est  connu  que  par  un  acte  de  brutalité  dont  il 
fut  la  victime.  Il  était  médecin  de  Moëz  eddoula,  qui  lui  dit 
un  jour  :  Selon  toi  le  coing  pris  avant  le  repas  constipe,  et 
pris  après  il  relâche.  —  Cela  est  la  vérité.  —  Cependant  j'en 
ai  pris  après  le  repas  et  il  m'a  resserré.  —  Il  n'en  est  pas 
généralement  ainsi.  LèMiessus  Moôz  eddoula  lui  donna  un 
coup  de  poing  dans  la  poitrine  en  lui  disant  :  Vas  apprendre 
comment  on  se  comporte  avec  les  rois.  Daniel  se  retira,  pris 
d'un  crachement  de  sang  à  la  suite  duquel  il  succomba  quel- 
que temps  après. 


EBN    ABIL    ACHATS. 

Abou  Djafar  Ahmed  ben  Mohammed  ben  Ahmed  ben 
Abil  Achats,  originaire  de  Perse,  quitta  son  pays  dans  le 
dénùmeut  et  vint  se  fixer  à  Mossoul  où  il  mourut  dans  un 
Ige  avancé  vers  l'année  970.  La  guérison  d'un  enfant  de 
Nasser  eddoulah  fut  le  point  de  départ  de  sa  réputation  et 
de  sa  fortune. 


380     HISTOIRE  DE  LK  MÉDECINE  ARABE.  — -  LIVRE  TROISIÉUC. 

C'était  un  homme  d'un  esprit  distingué  et  judicieux, 
versé  dans  les  sciences  médicales  et  philosophiques.  Il  forma 
de  nombreux  élèves,  et  l'un  de  ses  fils,  Mohammed,  fut  un 
médecin  renommé  de  son  temps. 

Il  laissa  plusieurs  écrits.  L'un  d'eux  sur  la  métaphysique 
nous  est  donné  comme  excellent. 

Tels  sont  les  autres  relatifs  k  la  médecine. 

Des  médicaments  simples  et  des  médicaments  compasés. 

De  l'aliment  et  du  nourri. 

De  l'estomac  et  de  ses  maladies. 

De  la  phrénésie  et  de  la  pleurésie. 

De  l'épilepsie. 

De  la  mélancolie. 

De  l'hydropisie. 

De  l'éruption  du  sang. 

De  la  variole  et  de  la  rougeole. 

De  la  colique. 

De  la  lèpre  et  de  l'impétigo. 

Du  sommeil  et  de  la  veille. 

Des  animaux  ;  il  en  existe  un  Ms.  à  Oxford. 

Ebn  Abil  Achats  avait  une  connaissance  approfondie  de 
Galién.  Il  commenta  les  Sectes  et  les  Fièvres,  et  nous  avons 
de  lui  à  Paris,  n'  987  du  supplément,  un  commentaire  sur 
les  Éléments  et  les  Tempéraments. 

Ce  fut  lui  qui  établit  les  divisions  et  subdivisions  des  seixe 
livres  de  Galien. 

EL    QUOUSAÏN. 

C'était  un  médecin  juif  de  Mossoul,  qui  se  fit  .lusulman  et 
qui  écrivit,  selon  l'habitude,  une  réfutation  de  la  religion 
qu'il  venait  d'abandonner.  II  est  inscrit,  sans  date,  à  la  suite 
d'Ebn  el  Achats. 

ALI   BEN    ERRAHBA. 

Il  était  en  grande  faveur  auprès  du  Khalife  El  Motak y,  dont 
il  était  le  médecin,  concurremment  avec  Bakhtichou  et  Sinan 
ben  Tsabet. 


L'IRAK.  381 


ABOUL  HUSSEIN  EDDJARRAIDT,  OU  LE  CHIRURGIEN. 

Nous  connaissons  deux  médecins  de  ce  nom,  renommés 
tous  deux  pour  leur  habileté  dans  la  pratique  chirurgicale, 
auxquels  Adhad  eddonla  confia  la  direction  de  Thôpital 
El  Adhedy  qu'il  venait  de  fonder. 

Nous  connaissons  aussi  deux  chirurgiens  de  ce  nom.  L'un 
d'eux,  renommé  à  Bagdad,  naquit  en  966  et  mourut  en  1051. 
L'autre  fut  attaché  par  Adhad  eddoula  au  service  de  l'hôpital 
El  Adhedy. 

ABOUL    KHEIR  EDDJERRAÏDJY. 

Abou  Saïd  et  Abou  Sahl,  tous  deux  surnommés  El  Ardjany, 
sont  donnés  par  le  Kitab  el  hokama  comme  ayant  servi  la 
dynastie  Bouïde. 

EBN     DILEM. 

C'était  un  médecin  chrétien  qui  vivait  à  Bagdad  au  com« 
mencement  du  X*  siècle. 


ABOU  ALI  HASSEN  BEN  ABI  NAIM. 

C'était  un  médecin  renommé  de  son  temps  à  Jérusalem, 
où  il  enseigna  la  médecine  à  Témimy. 

ALI  BEN  EL  ABBAS  EL  MADJOUSSY.  X 

On  peut  s'étonner  qu'il  nous  soit  resté  si  peu  do  renseigne- 
ments sur  la  personne  d'Ali  beu  el  Abbas,  l'un  des  plus 
grands  médecins  de  l'Orient. 

Généralement,  on  lui  donne  le  surnom  (VEl  Madjoussy,  le  - 
mage,  ce  qui  indique  une  origine  persane,  mais  quelquefois 
on  le  dit  fils  de  mage.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  savons  qu'il 
était  originaire  de  l'Ahouaz. 


382    UISTOIRB  DE  LA  MÉOECINB  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÂMB. 

Il  eut  pour  maître  un  médecin  distingué,  Abou  Maher 
ben  Salar,  mais  il  paraît  qu'il  dut  à  l'étude  autant  qu*aiix 
leçons  du  professeur.  Frappé  de  ce  fait,  que  parmi  tous  les 
ouvrages  anciens  et  modernes,  aucun  n'embrasse  la  méde- 
cine dans  la  totalité  de  ses  parties,  il  se  proposa  de  remplir 
cette  lacune  par  un  livre  auquel  il  donna  le  nom  de  MaUkg^ 
livre  royal,  et  de  Kamely  livre  complet.  Il  en  fit  la  dédicace 
à  l'homme  de  son  siècle  qui  protégea  le  plus  les  travaux  de 
l'esprit,  Adhad  eddoula.  On  ne  nous  dit  pas  cependant  qn^ 
ait  pris  du  service  dans  le  célèbre  hôpital  fondé  par  Témir  à 
Bagdad.  Il  vécut  jusqu'en  994. 

Le  Maleky,  dit  l'auteur  du  Kitab  el  hokama,  jouit  d'une 
grande  vogue  jusqu'à  l'apparition  du  Canon  d'Avicenne,  qui 
le  fit  un  peu  négliger.  Le  Canon  est  supérieur  par  la  théorie» 
mais  le  Maleky  Test  par  la  pratique. 

A  ce  jugement  nous  pourrions  ajouter  que  le  Maleky  nooi 
paraît  aussi  bien  ordonné  que  le. Canon  :  si  les  proportions 
en  sont  moins  vastes,  le  tissu  en  est  plus  homogène  et  plus 
serré. 

Ce  livre  marque  un  grand  pas  fait  par  la  médecine  en 
Orient.  Un  Arabe  ose  faire  ce  qu'il  n'avait  pas  trouvé  ches 
les  Grecsj  enfermer  toute  la  médecine  dans  un  seul  ouvrage* 

Il  ne  s'agit  plus  ici,  comme  dans  le  Continent  de  Razès^ 
de  l'inventaire  de  tous  les  faits  légués  à  la  médecine  pratique 
par  les  anciens  et  les  modernes.  La  science  est  embrassée 
dans  sa  généralité,  toutes  ses  parties  coordonnées  ;  les  faits 
que  chacune  revendique^  soumis  au  contrôle  de  la  critique 
et  de  l'expérience,  viennent  se  ranger  dans  leurs  cadres  res- 
pectifs. 

Le  Maleky,  traduit  en  latin  en  1127,  a  été  plusieurs  fois 
imprimé.  Au  lieu  d'en  donner  l'analyse,  nous  croyons  ne 
pouvoir  mieux  le  faire  connaître  qu'en  reproduisant  à  peu 
près  intégralement  son  introduction.  Cette  préface,  qui  rend 
parfaitement  le  caractère  et  le  but  du  livre  et  qui  atteste  le 
grand  sens  de  l'auteur,  restera  comme  une  des  plus  belles 
pages  dans  l'histoire  de  la  médecine; 

Ali  ben  Abbas  passe  en  revue  les  plus  éminents  médecinSf 
tant  anciens  que  modernes.  Il  constate  qu'Hipi)0crate  et 


L'IRAK.  383 

Galien  n'ont  pas  écrit  d'ouvrage  d'ensemble  ;  que  le  défaut 
de  l'un  est  la  concision,  et  celui  de  l'autre,  la  prolixité.  Il 
sigrnale  les  lacunes  d'Oribase,  de  Paul  d'Epine,  puisd'Ahroun, 
de  Jean  fils  de  Mésué,  et  de  Jean  fils  de  Sérapion.  C'est  à 
Razès,  le  plus  éminent  des  modernes,  qu'il  s'arrête  le  plus 
longruement.  Il  fait  voir  que  le  Continent,  restreint  d'ail- 
leurs à  la  médecine  pratique,  n'est  qu'une  compilation  dont 
les  parties  sont  mal  ordonnées  et  sans  liaison,  que  les  cita- 
tions, par  cela  même  qu'elles  visent  à  être  complètes,  en- 
traînent des  répétitions  et  des  longueurs  qui  rendent  l'ou'- 
vmge  inabordable  au  commun  des  médecins.  En  somme,  il 
constate  qu'il  n'existe  pas  de  livre  complet,  et  qu'une  saine 
méthode  ne  se  rencontre  nulle  part.  Voilà^  ce  nous  semble, 
une  preuve  que  le  génie  de  la  science  n*a  pas  fait  défaut  à  la 
médecine  arabe,  car  il  ne  consiste  pas  seulement  à  en  reculer 
lei(  bornes,  mais  aussi  à  porter  la  lumière  et  l'ordre  dans  un 
ensemble  de  faits  connus* 

Lfi    MALEKt. 

<  En  toutes  choses  il  faut  commencer  par  louer  t)ieUi.« 
(Suivent  des  éloges  et  des  vœux  à  l'adresse  d'Adhad  ed-» 

doula....) 

<  La  science  de  l'art  médical  étant  la  plus  éminente  de 
tontes  les  sciences,  la  plus  importante  par  sa  puissance  et 
ses  dangers,  la  plus  utile  de  toutes  parce  que  tous  en  ont 
besoin,  j'ai  voulu  la  renfermer  dans  un  livre  complet  sur 
Vart  médical,  contenant  tout  ce  qui  est  nécessaire  au  méde^ 
cin  et  à  tout  le  monde  pour  conserver  la  santé  à  ceux  qui 
la  possèdent  et  la  rendre  aux  malades,  n'ajant  trouvé  chez 
aucun  des  médecins  anciens  ou  modernes  de  livre  complet, 
qui  contienne  tout  ce  qui  est  relatif  à  la  pratique  et  à  la 
science  médicale* 

«  Hippocrate,  qui  est  le  prince  de  l'art  et  le  premier  qtii 
eu  ait  écrit,  a  composé  de  nombreux  ouvrages  sur  toutes 
les  branches  de  la  médecine.  L'un  d*eux  est  un  grand  recueil 
comprenant  tout  ce  qui  est  nécessaire  à  celui  qui  veut 
posséder  cet  art,  et  c'est  le  livre  des  Aphorismes.  Il  serait 


384     HISTOIRE  DR  UL  MÉO£ClNB  ARABE.  —  LIVRE  TROIfllÂME. 

facile  de  réunir  tous  ces  livres  et  d'en  composer  un  seul  qui 
renfermerait  tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  perfection  de 
cet  art.  Mais  Hippocrate  a  fait  usage  dans  ses  écrits  d*u]ie 
telle  concision,  que  beaucoup  de  ses  paroles  sont  obscures 
et  ont  besoin  pour  le  lecteur  d'un  commentaire. 

c  Quant  h  Galien,  si  grand  et  si  excellent,  il  a  composé 
de  nombreux  ouvrages,  dont  chacun  n'embrasse  qu'une  des 
parties  de  la  science.  Mais  il  a  des  longueurs  et  des  répéti- 
tions dans  l'établissement  de  ses  démonstrations  et  de  ses 
preuves  en  réponse  à  ceux  qui  suivent  la  voie  des  sophistes. 
Je  ne  trouve  aucun  de  ses  livres  complet  au  point  de  vue 
que  j'ai  exposé  précédemment. 

c  Oribase  et  Paul  d'Egine  ont  aussi  écrit  des  lirres,  où 
chacun  d'eux  s'est  efforcé  d'être  complet.  Pour  ma  part,  j*ai 
trouvé  Oribase  incomplet  dans  le  petit  livre  qu'il  a  adressé 
à  son  fils  Eunape  et  au  public.  Il  n'y  parle  pas  des  choses 
naturelles  et  il  est  très-bref  sur  les  causes.  (1)  U  en  est  de 
même  pour  le  livre  qu'il  a  dédié  à  son  fils  Eustathe  et  qui 
contient  sept  chapitres.  Il  n'y  a  parlé  des  choses  naturelles, 
des  tempéraments  et  des  organes  que  très-sommairement 
Dans  ces  deux  ouvrages,  il  ne  traite  aucunement  de  la  chi- 
rurgie. Quant  à  son  grand  ouvrage,  en  soixante-dix  chapi- 
tres, je  n'y  en  ai  trouvé  qu'un  seul  où  il  soit  question  de 
l'anatomie  des  viscères. 

«  Quant  à  Paul  d'Egine  son  livre  ne  mentionne  que  très- 
peu  les  choses  naturelles.  Les  causes,  les  signes,  les  diverses 
espèces  de  traitement  sont  bien  exposées  avec  développement 
mais  non  avec  méthode. 

«  Quant  aux  modernes  je  ne  trouve  chez  eux  aucun  livre 
qui  traite  la  matière  complètement. 

«  Ahroun  a  composé  un  ouvrage  où  il  décrit  les  maladies 
et  leur  traitement,  leurs  causes,  leurs  signes  et  autres  choses 
de  ce  genre,  mais  il  le  fait  d'une  manière  brève  et  sans 
développement  ;  de  plus  la  traduction  est  mauvaise  et  peut 
égarer  le  lecteur  ;  bien  des  passages  ont  besoin  d'explica- 

(1)  Voyez  plus  loin  ;  vojoz  aussi  Tarticle  Oribase,  à  propos  de  aes 
écrits. 


LIRAK.  385 

lions,  surtout  quand  on  ne  possède  pas  la  traduction  de 
Honein  ou  de  son  école. 

<  Quant  à  Jean  fils  de  Sérapion,  il  a  composé  un  livre  où 
il  ne  mentionne,  en  fait  de  traitement  des  maladies,  que  la 
thérapeutique  par  les  médicaments  et  le  régime,  sans  s'occu- 
per de  la  chirurgie.  De  plus,  il  a  passé  sous  silence  beaucoup 
de  maladies.  G*est  ainsi  que  parmi  les  maladies  du  cerveau 
il  ne  parle  pas  de  la  lycantropie,  de  Tamour,  de  la  résolu- 
tion des  membres  par  suite  de  coliques.  Parmi  les  maladies 
de  l'œil  il  ne  parle  pas  du  traitement  de  la  suppuration  qui 
se  produit  sans  ulcération,  du  traitement  des  taies  et  de 
l'albugo,  ni  du  traitement  de  l'exophthalmie  d'une  façon 
convenable.  11  ne  parle  pas  du  traitement  du  cancer  de 
l'œil,  de  l'œdème,  du  chémosis,  des  indurations,  du  grêlon, 
du  squirrhe,  de  l'exubérance  des  cils,  de  l'orgeolet,  de  l'ec- 
tropion,  de  l'adhérence  des  paupières  ni  des  autres  maladies 
des  paupières,  ni  de  la  mydriase. 

«  Parmi  les  aflFections  de  l'estomac,  il  ne  parle  pas  du  traite- 
ment du  lait  caillé  dans  l'estomac,  ni  du  sang.  Il  ne  parle 
pas  du  traitement  des  tumeurs  noueuses,  des  glandes,  de 
l'éléphantiasis,  des  tumeurs  anévrismales  produites  par  la 
déchirure  des  artères.  Parmi  les  maladies  de  la  matrice,  il 
ne  parle  pas  de  celle  dite  el  quoub^  de  la  môle,  des  polypes, 
des  fissures,  des  ulcères,  du  gonflement  et  des  vapeurs  uté- 
rines. Parmi  les  maladies  de  la  verge,  il  ne  parle  pas  de 
l'érection  qui  ne  s'accompagne  pas  de  désir  du  coït.  Dans 
les  affections  de  la  surface  cutanée,  il  ne  parle  pas  des  ver- 
rues, du  ver  de  Médine,  des  varices  des  jambes,  de  celles 
du  testicule,  des  gerçures  des  poignets  et  des  pieds,  du 
gonflement  des  doigts  dit  chamlisl  (1)  du  panaris,  de  la 
blancheur  des  ongles,  des  framboises  de  la  face.  Il  ne  parle 
pas  du  traitement  des  piqûres  venimeuses.  Il  ne  parle  pas 
du  traitement  des  poisons,  des  médicaments  toxiques,  des 
piqûres  faites  par  les  scorpions,  du  pou  de  vautour.  Il  ne 
jwirle  pas  non  plus  des  ulcères  pour  lesquels  on  emploie  les 

(l)  Nous  Huons  à  Paris  samlis  et  à  rEscunal  ehamlii.  Il  y  a  là 
sans  doute  une  ultératioD  que  nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  dé- 
terminer. 


386    HISTOIRE  DE   LA  MÉDECINS  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÈME. 

banisl  ni  des  abcès.  De  plus,  son  exposition  des  maladies ii*« 
pas  d'ordre.  Beaucoup  de  maladies  qui  auraient  dû  être  rat- 
tachées aux  organes  qui  en  sont  le  siège,  sont  exposées  à 
propos  de  la  surface  cutanée  :  c'est  ainsi  qu'il  y  rapporte  les 
maladies  de  la  matrice,  le  traitement  de  Tanaphrodisie  et  la 
spermatorrhée.  C'est  encore  dans  ce  même  chapitre  qiill 
parle  de  la  mauvaise  odeur  de  la  bouche  et  du  nez  et  de 
l'expulsion  des  sangsues  (introduites  dans  la  gorge),  tandis 
qu'il  aurait  dû  les  ranger  suivant  l'ordre  des  organes.  En 
somme,  son  exposition  manque  de  méthode.  Cependant  il  est 
complet  dans  ce  qui  a  trait  au  traitement  des  maladies,  à 
leur  description,  à  l'exposé  de  leurs  causes  et  de  leurs  symp- 
tômes. 

c  Quant  à  Massih,  il  a  suivi  les  errements  de  Haroun*  H 
s'étend  peu  sur  les  choses  naturelles  et  non  naturelles.  La 
partie  théorique  de  son  livre  est  vicieuse  et  prouve  qu'il  ne 
savait  pas  composer  un  livre.  C'est  ainsi  qu'il  donne  les 
règles  de  la  préparation  des  médicaments  au  septième  cha- 
pitre de  son  livre,  suivies  de  l'exposition  des  choses  naturel- 
les. Il  parle  ensuite  des  affections  et  des  maladies  à  partir 
de  la  tète,  commençant  par  où  il  devrait  finir  et  finissant  jNir 
où  il  devrait  commencer. 

«  Quant  à  Mohammed  ben  Zakarya  Errazy  (Razès),  dans 
son  livre  dit  El  Mansoury  il  traite  sommairement  de  tout  ce 
qui  regarde  l'art  médical  et  ne  néglige  rien  de  tous  les  su- 
jets qu'il  aborde,  mais  il  est  concis  et  abrégé,  et  c'est  du  reste 
le  but  qu'il  s'était  proposé.  Dans  son  livre  connu  sous  le  nom 
de  Haouy  (Continent ,  j'ai  trouvé  qu'il  parle  de  tout  ce  qui 
importe  aux  médecins  pour  la  conservation  de  la  santé  et  le 
traitement  des  maladies  par  l'emploi  des  médicaments  et  des 
aliments.  Il  expose  les  signes  des  maladies  et  ne  néglige  rien 
de  ce  qui  est  nécessaire  à  qui  veut  apprendre  cet  art  pour  le 
traitement  des  maladies.  Mais  il  ne  parle  pas  des  choses  na- 
turelles, ainsi  de  la  science  des  éléments,  des  tempéraments, 
des  humeurs,  non  plus  que  de  la  structure  des  organes  et  de 
la  chirurgie  ;  la  matière  de  son  livre  est  disposée  sans  ordre 
ni  enchaînement,  sans  caractère  scientifique  ;  il  ne  la  divise 
pas  par  discours,  sections,  chapitres,  ainsi  qu'on  devrait  l'at- 


L*iRAK.  387 

tendre  de  sa  science,  de  ses  connaissances  en  médecine,  et 
de  son  talent  d'écrivain.  Certes,  je  ne  nie  pas  son  mérite,  sa 
science,  ses  connaissances  dans  Tart  médical  et  dans  Tart 
d'écrire.  » 

Ali  cherche  ensuite  quelles  purent  être  les  causes  des  dé  - 
fectuosités  du  Haouy.  Peut-être  Razès  ne  voulut-il  faire 
qu'un  aide-mémoire  pour  sa  vieillesse.  Le  destina-t-il  au 
public?  on  sait  que  la  mort  l'empêcha  d'y  mettre  la  dernière 
main.  Sa  rareté  tient  à  ces  défauts. 

<  Dans  sa  description  de  chaque  maladie,  de  ses  causes,  de 
ses  signes,  de  son  traitement,  il  rapporte  ce  qu'en  QUt  dit 
tous  les  médecins  anciens  et  modernes  depuis  Hippocrate 
et  Galien  jusqu'à  Ishaq  ben  Honein  et  tous  ceux  qui  vécu- 
rent dans  cet  intervalle,  ne  laissant  passer  rien  de  ce  que 
chacun  a  écrit  sans  le  consigner  dans  son  livre,  de  sorte  que 
tous  les  ouvrages  de  médecine  s'y  trouvent  contenus.  C'est 
nn  fait  que  les  grands  médecins  s'accordent  dans  leurs  des- 
criptions des  maladies,  leur  nature,  leurs  causes,  leufs 
qrmptdmes,  leur  traitement  :  il  n'y  a  chez  eux  que  des  dlflfé- 
rences  du  plus  au  moins,  leurs  procédés  étant  les  mêmes 
dans  cette  voie.  Les  choses  donc  étant  telles,  il  n'y  avait  pas 
besoin  d'exhiber  les  propos  des  anciens  et  des  modernes,  ce 
qui  entraîne  des  répétitions  qui  se  ressemblent  et  diffèrent  à 
peine  les  unes  des  autres.  S'il  y  a  chez  eux  quelques  diver- 
gences elles  portent  sur  l'emploi  de  médicaments  d'espèces 
différentes,  mais  se  ressemblant  par  leurs  propriétés  et  leurs 
actions,  comme  par  exemple  le  coing,  la  poire,  la  nèfle,  ou 
bien  le  gingembre,  le  pidivre  et  le  poivre  long,  médicaments 
qui,  bien  que  d'espèce  différente,  n'en  ont  pas  moins  des  pro- 
priétés et  des  actions  pareilles,  seulement  plus  ou  moins 
prononcées.  Il  fallait  réduire  le  nombre  des  citations  des 
anciens,  se  borner  aux  témoignages  des  savants  les  plus  sé- 
rieux, les  plus  complets,  les  plus  autorisés,  dans  la  mesure 
du  nécessaire,  par  ce  moyen  le  livre  aurait  acquis  plus  de 
valeur;  en  perdant  une  longueur  démesurée,  il  aurait  été 
recherché  et  transcrit  et  se  trouverait  dans  toutes  les  mains, 
tandis  qu'on  ne  le  rencontre  que  chez  un  petit  nombre  de  sa- 
vants. 


>< 


388    iflSTOIKE  DE  LA   MÉDECINE  AttABS.  —  UTRB   TSOiaiÊlU. 

«  Quant  à  moi,  j'exposerai  dans  mon  livre  tout  ce  qui  etX 
nécessaire  pour  la  conservation  de  la  santé  et  la  gnénatm 
des  maladies  et  dont  un  habile  médecin  ne  saurait  se  passer.» 

M.  Daremberg*  a  publié  lapré£Bu;e  du  Malel^  en  regard  de 
celle  du  Pantegni,  dans  son  travail  sur  le  Viatique,  afin  d*eii 
établir  Tidentité. 

Nous  ferons  à  ce  sujet  quelques  observations. 

Les  ouvrages  de  Galien  cités  dans  le  Pantegni  et  dont  il 
n*est  pas  question  dans  le  Maleky,  sont  précisément  ceux 
que  les  Arabes  appellent  les  seize  livres.  Nous  en  avons 
parlé. 

Quant  aux  livres  d'Oribase,  le  premier  est  adressé  à  son  fils 
Eunapeet  au  public.  Voilà  le  livre  Derepublica  du  Pante- 
gni. Quant  au  mot  Immensus^  nous  ne  voyons  guère  qu*ane 
hypothèse.  On  aurait  peut-être  lu  le  mot  Eunape  Ckeanom. 
Une  variante  marginale  du  Ms.  de  l'Escurial  se  prêterait 
encore  à  cette  interprétation.  Le  second  livre  est  dédié  à  «on 
fils  Eustathe. 

Dans  la  traduction  latine  du  Maleky,  nous  avons  reconnu 
quelques  erreurs.  Au  lieu  de:  Maguus  autem  hypocras  qui 
antc  hanc  artem  fuisse  perhibetur,  il  faut  lire  :  qui  princeps, 
imam,  hujus  artis  fuisse  perhibetur. 

Un  peu  plus  haut,  le  mot  camerc  accosté  d'un  point  d'in- 
terrog-atioD,  est  représenté  dans  l'arabe  par  ce  mot  :  Khazna, 
(jui  signifie  trésor,  dépôt,  magasin,  lieu  de  garde,  etc.  Le 
sens  est  donc  :  J'ai  voulu  renfermer  la  science  dans  un  livre 
complet. 

Dans  la  suite,  dont  nous  avons  omis  la  traduction,  on  voit 
Ilarac  et  Feresic  représenter  assez  mal  l'Irak  et  la  Perse,  et 
Charhitu  au  lieu  de  Kharbeq  représenter  l'hellébore,  etc. 

Ali  ben  el  Abbas  est  cité  une  trentaine  de  fois  dans  le 
Traité  des  Simples  d'Ebn  Beithar,  sous  le  nom  (VEl  Mad^ 
joussy, 

TÏCMIMY. 

Mohammed  ben  Ahmed  ben  Saïd  Ettemiaiy  vivait  au 
dixième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il  habitait  Jérusalem,  d'oii 


LIRAK.  380 

le  surnom  d'El  Moquaddessy,  qui  lui  fut  donné.  Son  aïeul 
Saïd  était  aussi  médecin  et  fut  un  de  ses  maîtres.  Témimy 
fut  attaclié  au  service  du  gouverneur  de  Ramla,  et  suivit 
en  Egypte  Iakoub,  vizir  des  Khalifes  el  Moôz  et  El  Aziz,  au- 
quel il  dédia  son  livre  connu  sous  le  nom  de  Madat  el  Ba- 
qa.  Ebn  Abi  Ossaïbiali  ne  lui  consacre  que  quelques  lignes, 
complétées  par  le  Kitab  el  hokama,  et  le  dit  très  versé  dans 
la  connaissance  des  médicaments  simples  et  bon  praticien. 

Témimy  a  laissé  plusieurs  ouvrages.       i 

Wttstenfeld  a  commis  une  légère  erreur  sur  le  titre  du 
premier,  le  Madat  el  Baqua^  qu'il  rend  ainsi  ;  Augmentum 
durationis  vitœ  restauratione  corrupti  appetitua  et  cautio  a 
noxa  pestis.  D'après  la  version  du  Kitab  el  hokama,  version 
dont  un  peu  de  réflexion  fait  comprendre  la  rectitude, 
bi  aalah  fassed  el  haoua,  il  faut  lire  :  Par  la  purification  de 
l'air  corrompu,  et  non  :  Par  la  restauration  de  l'appétit  dé- 
pravé, attendu  qu'il  s'agit  de  peste. 

Ses  autres  ouvrages  sont  : 

Un  traité  détaillé  sur  la  thériaque,  adressé  à  son  fils  Ali. 
D'après  le  Kitab  el  hokama,  Témimy  aurait  composé  sur  la 
thériaque  plusieurs  traités  d'étendue  diverse. 

Un  traité  sur  l'ophthalmie  purulente. 

Un  traité  intitulé  :  El  Fahs  ou  el  Akhbar  dont  nous  igno- 
rons le  contenu. 

Le  Morched,  oublié  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  et  qui  est  ce- 
pendant un  ouvrage  d'une  grande  valeur,  où  il  est  traité  des 
aliments  et  des  médicaments  simples.  Il  n'en  existe  malheu- 
reusement que  la  moitié  à  la  Bibliothèque  de  Paris,  n*  1088, 
ancien  fonds. 

Le  manuscrit  de  Paris  commence  au  chapitre  XI  et  se  ter- 
mine par  le  chapitre  XIV . 

D'après  ce  qui  nous  reste,  le  Morched  est  un  ouvrage  re- 
marquable par  un  essai  de  classification  et  par  l'abondance 
et  l'originalité  des  renseignements. 

Le  chapitre  XI  traite  des  mannes  et  des  bitumes.  Aux  man- 
nes sont  annexées  les  substances  sucrées.  Les  mannes 
aont  des  rosées,  des  vapeurs  qui  tombent  du  ciel,  variables 
suivant  l'air,  les  lieux,  la  terre  et  les  plantes  sur  lesquelles 


i^ 


«lÙO  iirATjmt:  de  la  MÉDEaxs  arâee.  —  litre  TKOXsutxz. 


elles  tombent.  Parmi  elles  figure  la  laque,  qui  ne 
être  prise  pour  uuegromme  par  la  raison  qu'elle  n*m  mocvM 
attache  vasculaire  avec  la  branche  sur  laquelle  elle  icpoie. 
On  y  voit  auKsi  figurer  TOuars,  qui  serait  un  ciyptogiBB 
dans  le  genre  des  Lecanora^  et  que  Fauteur  recamnuuide 
comme  un  spécifique  de  lliéméralopie. 

La  section  des  Bitumes  est  curieuse.  EUe  comprend  tas 
Momies,  et  l'auteur  en  relate  une  espèce  recueillie  sur  le  ri» 
vagc  des  Ketama  dans  le  Magreb,  et  qui  se  récolte  encore  de 
nos  jours  de  Bône  à  Djidjelly  sous  le  nom  de  Bellima.  (Test 
une  substance  de  la  consistance  et  de  la  nature  de  la  poix, 
que  les  femmes  emploient  comme  masticatoire  et  dont  Von- 
gine  est  encore  un  mystère  pour  nous.  Est-ce  une  épave  ou 
un  produit  naturel  dans  le  genre  de  l'ambre  ? 

Le  bitume  de  Judée  nous  vaut  un  long  et  curieux  article 
sur  la  Mer  morte  et  la  nature  de  ses  eaux,  où  Ton  voit  que 
l'auteur  a  longtemps  observé  et  parle  d'abondance. 

Toute  cette  section  mériterait  d'être  reproduite  intégrale- 
ment. 

Le  chapitre  XII  traite  des  terres  et  des  sels. 

Parmi  les  terres  figure  le  Djouz  djoundoum^  que  l'auteur 
confond  avec  le  lichen  des  rochers  des  anciens. 

Dans  la  biographie  d'Ishaq  ben  Soleiman  nous  avons  rap- 
porté une  intéressante  anecdote  à  ce  propos. 

Le  Djouz  djoundoum  portait  aussi  le  nom  de  Tabachir. 
Témimy  saisit  l'occasion  de  nous  parler  du  véritable  Taba- 
chir. Bien  qu'il  provienne  du  liquide  concrète  des  bamboua 
encore  verts,  il  ne  compte  pas  moins  parmi  les  substances 
terreuses.  Témimy  contredit  l'opinion  de  Galien  qui  prétend 
que  l'on  ne  peut  tirer  de  sel  de  l'eau  de  la  Mer  morte.  Les 
riverains,  dit-il,  n'en  usent  pas  d'autre,  seulement  celui  des 
berges  orientales  est  bon  parce  que  les  terres  y  sont  bonnes, 
et  celui  de  la  rive  opposée  est  mauvais  parce  que  les  terres  y 
sont  mauvaises. 

Dans  le  chapitre  XIII  il  est  question  des  métaux. 

Le  XIV*  traite  des  pierres.  Nous  y  voyons  invoquer  l'au- 
torité d'Ebn  Djezzar,  ce  qui  prouve  deux  choses:  que  cet 
auteur  aurait  écrit  un  traité  sur  les  pierres,  que  les  biogra- 


L*IRAK.  301 

phes  ont  oublié  de  mentionner,  et  qu'il  y  avait  alors  des 
relations  suivies  entre  TOccident  et  TOrient,  Ebn  Djezzar 
étant  un  contemporain  de  Témimy. 

Nous  possédons  ainsi  deux  dates  pour  fixer. approximati- 
vement l'époque  de  Témimy.  Il  fut  attaché  au  vizir  d'El 
Moëz  et  d'El  Aziz.  Or  ce  dernier  cessa  de  vivre  en  975  de  l'ère 
chrétienne.  Il  cite  Ebn  Djezzar.  Or  celui-ci  mourut  vers 
l'année  1009.  Témimy  vécut  ainsi  probablement  jusque  vers 
*la  fin  du  dixième  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Le  Kitab  el 
hokama  place  son  séjour  en  Egypte  vers  l'année  376  (986), 

Témimy  est  cité  soixante-dix  fois  par  Ebn  Beithar,  et  bien 
souvent  à  propos  des  huiles  composées. 

La  plupart  de  ces  extraits  portent  le  cachet  que  nous 
avons  signalé  comme  étant  celui  du  Morched,  c'est-à-dire 
qu'ils  sont  le  fruit  de  l'observation. 

Témimy  n'est  pas  étranger  aux  Grecs,  mais  il  ne  les  ac- 
cepte que  sous  bénéfice  d'inventaire  et  nous  avons  déjà  dit 
qu'il  relevait  une  assertion  de  Galien. 

Un  certain  nombre  de  passages  ont  un  intérêt  particulier 
pour  la  Palestine,  ainsi  les  articles  relatifs  à  l'huile  de  Zaq- 
qoum,  au  Sylibum,  au  Bitume  des  Juifs,  etc.  Il  y  a  là  des 
renseignements  toujours  bons  à  consulter. 

Parmi  les  autres  articles  remarquables  nous  citerons  ceux 
relatifs  au  sycomore,  au  caroubier,  au  saule,  à  l'huile  de 
roses,  au  scinque,  à  la  bière,  etc. 

M.  de  Sacy  dans  Abdellatif,  après  avoir  cité  le  long  arti- 
cle de  Témimy  sur  le  bitume,  donne  sa  biographie  d'après  le 
manuscrit  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  de  la  bibliothèque  de  Leyde. 
Il  y  a  là  quelques  détails  intéressants  que  nous  n'avons  pas 
rencontrés  dans  le  manuscrit  de  Paris.  <  Ce  médecin  s'est 
particulièrement  occupé  de  la  composition  des  antidotes  et 
contre-poisons,  et  a  composé  divers  ouvrages  sur  la  matière. 
Il  avait  beaucoup  profité  à  Jérusalem  des  leçons  d'un  moine 
chrétien,  nommé  l'abbé  Zacharie,  fils  de  Thaouaba.  » 

M.  de  Sacy  lui  reproche  d'avoir  confondu  ce  que  Galien 
dit  du  Persea  avec  ce  qui  concerne  le  sycomore. 

D'après  ce  qu'on  lit  dans  Témimy,  notamment  à  l'article 
Sylibum,  on  peut  conclure  qu'il  y  avait  de  son  temps  un 
certain  nombre  de  chrétiens  résidant  en  Palestine. 


.Tj3  BiSTomn  de  la  m^dscinb  arabe.  —  livre  teoisiéue. 


MAÇOUDY. 

Aboul  Hassan  Ali  ben  el  Hossein  ben  Ali  fut  surnommé 
El  Maçoudy,  du  nom  d*un  de  ses  ancêtres  Maçoud,  contem- 
porain de  Mahomet. 

Il  naquit  sur  la  fin  du  IIP  siècle  de  rhégire.  Dès  Tannée 
.'300,  il  se  mit  à  voyager,  visita  la  Perse,  l'Inde,  Madagrascar, 
TArabie,  et  habita  tour  à  tour  TÉgypte  et  la  Syrie,  On  fixe 
répoque  de  sa  mort  en  340  ou  957  de  l'ère  chrétienne. 

Les  études  et  les  voyages  de  Maçoudy  lui  acquirent  une 
somme  incomparable  de  connaissances  et  de  documents  qu'il 
a  consignés  dans  un  grand  nombre  d'ouvrages.  M.  de  Sacy 
nous  a  relaté  le  titre  d'une  vingtaine,  dont  quelques-uns 
n*ont  pas  moins  de  vingt  à  trente  tomes. 

Le  plus  connu  est  celui  qui  porte  le  titre  de  Mouroudj 
eddeheb  oua  maden  eddjouhar.  Prairies  d'or  et  mines  de 
pierres  précieuses.  Il  en  a  déjà  paru  la  plus  grande  partie, 
c'est-à-dire  sept  volumes,  texte  et  traduction,  par  MM.  Pa- 
vet  de  Courteille  et  Barbier  de  Meynard.  Il  y  a  de  tout  dans 
cet  ouvrage,  qui  est  en  quelque  sorte  le  résumé  des  nom- 
breux écrits  de  l'auteur.  Si  la  méthode  est  absente,  l'intérêt 
ne  fait  jamais  défaut.  L'histoire  naturelle,  la  physique  et 
même  la  médecine  y  occupent  une  assez  large  place. 

On  s'étonne  aujourd'hui  du  jugement  de  Reiske,  qui  n'a- 
vait vu  dans  les  Prairies  d*Or  qu'un  tissu  de  divagations. 

Nous  n'avons  pas  ici  à  parler  des  autres  ouvrages  de  Ma- 
çoudy. Pour  cela,  on  peut  consulter  l'intéressante  notice  de 
M.  de  Sacy,  à  propos  du  Kitab  ettenbih,  ou  livre  de  Taver^ 
tissement,  publiée  dans  les  Notices  et  extraits  des  manuscrits. 

Nous  trouvons  cinq  citations  de  Maçoudy  dans  Ebn  Bei- 
tliar,  à  propos  du  Guilandina  bonduc,  du  bétel,  du  mercure. 
(lu  Kesmouta,  plante  (lue  nous  n'avons  pu  déterminer  et  qui 
serait  mentionnée  dans  le  livre  des  Poisons,  lequel  n'est  pas 
compris  dans  la  liste  bibliographique  de  M.  de  Sacy,  enfin 
il  i)ropos  du  musc. 

L'article  du  musc,  reproduit  aussi  par  Avicenne  et  Sera- 


L*inA.K.  393 

pion,  est  peut-être  encore  aujourd'hui  ce  que  Ton  peut  lire 
de  plus  complet  sur  la  matière.  Nous  relèverons  ici  deux 
petites  erreurs  des  traducteurs  de  Maçoudy.  La  première 
c'est  d'avoir  pris  le  nard  pour  la  lavande.  La  seconde  c'est 
d'avoir  donné  deux  incisives  h  chaque  mâchoire,  tandis  que 
le  texte  n'en  porte  réellement  qu'à  la  mâchoire  supérieure, 
ce  qui  est  du  reste  conforme  à  la  vérité. 

Les  ouvrages  de  Maçoudy  ont  un  intérêt  tout  particulier 
au  point  de  vue  de  la  somme  des  connaissances  que  possé- 
dèrent les  Arabes  sur  l'histoire  ancienne  de  l'Occident.  Les 
Prairies  d'or  en  contiennent  beaucoup,  mais  les  autres  ou- 
vrages, auxquels  il  renvoie  et  que  nous  n'avons  pas,  en  pro- 
mettent une  masse  encore  plus  considérable,  4ont  les  traduc- 
tions à  nous  connues,  ne  rendent  pas  suffisamment  raison. 
Il  est  probable  qu'ils  les  puisèrent  dans  les  ouvrages  des 
Syriens  écrits  en  arabe.  C'est  ainsi  que  nous  voyons  citer  par 
Djemal  eddin,  Mohammed  ben  Ishaq  et  Ebn  Abi  Ossaïbiah, 
les  noms  d'Eusèbe,  d'Orose,  ceux  d'Obéid  Allah,  de  Honein, 
de  son  fils,  d'Ishaq  ben  Ali  Errohaouy,  d'Obéid  Allah  ben 
Djabril,  d'Ebn  Botlan,  à  l'appui  de  leurs  renseignements. 
L'avenir  lèvera  sans  doute  quelques-uns  de  ces  voiles. 


Les  Frères  de  la  Pureté. 


Parmi  les  productions  du  X«  siècle,  il  est  un  écrit  anonyme 
sur  lequel  nous  devons  nous  arrêter,  à  savoir  la  célèbre  en- 
cyclopédie des  Frères  de  la  pureté  (ou  de  la  sincérité). 

Cet  écrit  nous  intéresse  d'abord  au  point  de  vue  des  scien- 
ces naturelles,  qui  sont  comprises  dans  son  cadre. 

Mais  il  a  surtout  de  l'intérêt  en  ce  qu'il  représente  bien  la 
situation  actuelle  de  l'esprit  arabe,  épris  de  la  science  grec- 
que mais  entravé  par  les  croyances  religieuses,  et  rêvant 
l'accord  de  la  raison  et  de  la  foi.  C'est  à  ce  double  point  de 
vue  que  nous  l'étudierons,  et  cela  d'autant  plus  volontiers 
qu'il  est  trop  peu  connu,  dumoinsen  France,  où  Ton  n'a  sur 
son  compte  que  des  idées  générales  et  sommaires.  Il  serait  à 


394    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISiéSiS. 

désirer  que  Ton  en  fît  une  traduction,  qui  aurait  certaine- 
ment pour  effet  de  détruire  des  préjugés. 

Ce  ne  sont  pas  précisément  les  sciences  cultivées  par  lei 
Arabes  qui  gagneraient  à  cette  exposition  ;  nous  les  connais 
sons  d'autre  part,  et  ici  on  s'occupe  plutôt  de  la  théorie  que 
des  détails  :  mais  on  verrait  un  côté  curieux  de  leur  philo- 
Sophie. 

Le  but  avoué  des  Frères  de  la  pureté  était  l'alliance  de  la 
philosophie  avec  l'Islam.  Nous  verrons  bientôt  ce  qu'il  faut 
penser  de  cette  alliance,  sur  laquelle,  du  reste,  l'orthodoxie 
musulmane  ne  pouvait  se  méprendre.  Quant  à  la  philosophie 
en  question,  elle  est  elle-même  un  mélange  de  celle  d'Ari»- 
tote  et  de  celle  de  Platon,  la  première  pour  la  forme,  la 
deuxième  pour  le  fonds. 

C'est  à  Bassora,dans  le  courant  du  X*  siècle  que  cette  œu- 
vre fut  composée.  Elle  porte  le  titre  de  :  Tohfat  dkhouan 
essafa,  présent  des  Frères  de  la  pureté  ou  de  la  sincérité.  H 
en  existe  h  Paris  un  exemplaire,  n*  1845  du  supplément, 
qui  compte  530  feuilles  in-folio  d'une  écriture  fine  et  serrée. 

C'est  donc  plutôt  une  esquisse  qu'une  véritable  ency* 
clopédie. 

Les  Frères  de  la  pureté  formaient  une  société  secrète  qui 
paraît  s'être  recrutée  particulièrement  chez  les  Motazélites  : 
ce  qui  en  indique  le  caractère  et  les  tendances.  Leur  ency- 
clopédie parut  sous  le  voile  de  l'anonyme,  ce  qui  était  pru- 
dent; aussi  ne  sait-on  pas  encore  positivement  quels  en 
furent  les  auteurs.  Le  Kitab  el  hokama  met  cependant  quel- 
ques noms  en  avant.  Ils  prétendaient,  litron  dans  la  curieuse 
notice  de  Djemal  eddin,  que  la  loi,  souillée  par  l'ignorance 
et  altérée  par  l'erreur,  ne  pouvait  être  rendue  h  son  état  de 
pureté  que  par  la  philosophie;  que  l'on  atteindrait  ce  but  par 
l'alliance  de  la  loi  et  de  la  philosophie  grecque. 

Les  sciences  sont  divisées  en  quatre  catégories,  dans  les- 
quelles sont  répartis  les  51  traités. 

I.  Sciences  mathématiques  et  logiques,  13  traités. 

II.  Sciences  naturelles,  y  compris  celle  de  l'homme,  17 
traités. 

III.  Métaphysique,  10  traités. 


l'jrak.  385 

IV.  Théologie,  11  traités. 

Dans  la  première  partie,  sur  laquelle  nous  ne  ferons  que 
passer,  nous  voyons  d'abord  Tarithmétique,  la  géométrie, 
l'astronomie,  la  musique,  la  géographie,  puis  la  Logique, 
les  Catégories,  l'Interprétation  et  les  Analytiques  d'Aristote. 
Tels  sont  les  chapitres  de  la  deuxième  partie,  où  nous  ren« 
controns  encore  Aristote  au  premier  rang: 

1*  De  la  matière  et  de  la  forme,  du  temps  et  de  l'espace. 
2*  Du  ciel  et  du  monde. 
8*  De  l'existence  et  de  la  corruption. 
4*  Des  météores  ou  faits  atmosphériques. 
5*  Des  minéraux. 

6*  De  la  nature  et  des  éléments  et  de  leur  action. 
?•  Des  végétaux. 
8»  Des  animaux. 

0*  De  la  constitution  du  corps  humain. 
W  De  sa  physiologie.  Des  sens  et  des  notions. 
11*  De  la  génération. 
12»  Du  microcosme. 
13*  De  l'âme  individuelle. 
14*  De  la  faculté  de  connaître  et  de  ses  limites. 
15*  De  la  vie  et  de  la  mort. 
16*  Du  plaisir  et  de  la  douleur. 
17*»  De  la  diversité  des  langues. 
Tel  est  le  titre  développé  du  quatrième  traité  : 
Des  météores,  Atsar  alouya,  où  l'on  se  propose  d'exposer 
l'origine  des  phénomènes  de  l'atmosphère,  des  changements 
survenus  dans  l'air  par  le  fait  de  la  lumière  et  des  ténèbres, 
du  chaud  et  du  froid  ;  de  la  répartition  des  vents  ;  des  éma- 
nations et  des  vapeurs  qui  s'élèvent  dans  l'air  de  la  mer  et 
des  fleuves,  etc. 

Les  minéraux  sont  divisés  en  trois  classes,  en  raison  de 
leur  plus  ou  moins  de  promptitude  à  se  constituer  à  l'état 
parfait  ou  définitif.  Ils  sont  aussi  considérés  au  point  de  vue 
de  leur  consistance  et  de  leur  aptitude  à  la  fusion.  Ils  pro- 
viennent de  vapeurs  et  de  liquides  souterrains,  inégalement 
soumis  à  l'action  du  chaud  et  du  froid. 
Les  montagnes,  soulevées  au  sein  des  eaux  par  des  vapeurs 


396    HISTOntE  DE  LA  MÉDECINB  ARABE.  —  LIVRE  TBOI81ÊHB. 

intestines,  se  fragmentent,  et  les  eaux  repoussées  se  niveUent 
etdessinent  les  contours  des  contrées.  Aussi  bien  que  les  vé- 
gétaux et  les  animaux,  les  minéraux  sont  inégalement  répar- 
tis. Le  feu  est  l'agent  universel  auquel  les  minéraux  sont 
soumis. 

Ici  nous  voyons  déjà  se  produire  les  doctrines  philosophi- 
ques du  livre.  Tous  les  phénomènes  qui  se  manifestent  dans 
les  corps  sont  le  fait  de  VAme  universelle^  que  l'on  appelle 
aussi  Nature.  Dieu  n'intervient  que  pour  les  tirer  du  néant 
11  en  abandonne  ensuite  le  gouvernement  aux  Anges,  qui 
sont  ses  ministres,  et  il  ne  s'en  occupe  pas  personnellement 
et  directement. 

Un  peu  plus  loin,  nous  lisons  à  propos  des  végétaux  que 
ce  que  l'on  appelle  Forces  ou  agents  naturels  en  philoso- 
phie, est  ce  que  l'on  appelle  les  Anges  en  religion. 

Nous  voyons  encore  ici,  par  anticipation,  se  produire  cette 
allocution  :  Sache,  ô  mon  frère,  que  ton  âme  est  une  partie 
de  l'âme  universelle,  qu'elle  est  une  force  d'entre  les  forces 
universelles. 

Les  végétaux  sont  étudiés  sous  bien  des  points  de  vue 
mais  sans  originalité.  La  sensibilité  leur  est  accordée,  et  la 
preuve  c'est  que  leurs  racines  prennent  une  direction  déter- 
minée. Ils  ne  connaissent  pas  la  douleur,  impuissants  qu'ils 
seraient  à  en  écarter  les  agents. 

Les  végétaux  ont  été  créés  avant  les-  animaux,  auxquels 
ils  fournissent  leur  nourriture. 

Par  la  même  raison  les  animaux  ont  été  créés  avant  l'hom- 
me, car  tout  s'enchaîne  et  c'est  un  axiome  qui  n'a  pas  besoin 
de  démonstration.  Les  trois  règnes  s'enchaînent  aussi  en 
série  linéaire,  de  telle  sorte  que  leurs  extrêmes  se  touchent 
mutuellement. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  le  Traité  des  Ani- 
maux, que  nous  nous  dispenserons  d'analyser,  est  un  conte 
philosophique  où  se  trahit  aussi  l'esprit  du  livre.  Tel  en  est 
le  sujet:  Les  animaux  lassés  de  la  tyrannie  de  l'homme 
prennent  pour  arbitre  le  roi  des  Génies,  qui  écoute  leurs 
longues  doléances  (1). 

(1)  Elles  sont  exprimées  surtout 'par  les  animaux  domestiques. 


l'ibak.  307 

Nous  voudrions  pouvoir  donner  ici  le  discours  de  la  Gre- 
nouille, en  réponse  h  celui  d'un  prince  indien,  qui  avait  fait 
de  la  nombreuse  population  de  son  pays  un  titre  h  la  supré- 
matie de  rhomme. 

La  grenouille  lui  oppose  Tinfinie  variété  des  habitants  des 
eaux  douces  et  salées,  qui  échappent  à  la  connaissance  de 
l'homme. 

Du  reste  M.  Garcin  de  Tassy  a  publié  la  traduction,  d'après 
rindoustany,  du  livre  des  Animaux. 

Malgré  les  accusations  multiples  et  plus  ou  moins  méri- 
tées portées  contre  l'homme,  le  roi  des  Génies  lui  conserve 
la  suprématie,  parce  que  la  science  est  un  de  ses  attributs. 
Vient  ensuite  la  physiologie  de  l'homme,  qui  est  le  mi- 
crocosme, et  l'exposition  de  ses  analogies'  avec  le  macro- 
cosme. 

Un  chapitre  intéressant  est  celui  de  la  croissance  des 
âmes,  qui  se  nourrissent  de  science  et  de  sagesse,  comme 
les  corps  se  nourrissent  d'aliments  et  de  boissons.  L'âme 
particulière  a,  comme  le  corps,  ses  maladies,  son  régime  et 
sa  thérapeutique,  ses  douleurs  et  ses  plaisirs  à  elle. 
Tels  sont  les  chapitres  de  la  troisième  série  : 
1*  De  la  création  des  esprits,  suivant  Pythagore. 
2*  De  la  création  des  esprits,  suivant  les  Frères. 
3'  Du  macrocosme. 
4»  De  l'intellect  et  de  l'intelligible. 
&*  De  la  cosmogonie. 
6"  De  l'amour  et  de  l'amitié. 
?•  De  la  résurrection. 
S^  Des  sortes  de  mouvements. 
!)•  Des  causes  et  des  effets. 
lO*  Des  définitions  et  des  descriptions. 
Quatrième  série  : 
1*  Des  croyances  et  des  sectes  religieuses. 
2*  De  la  voie  qui  conduit  à  Dieu. 

ly  De  la  doctrine  des  Frères  et  de  l'immortalité  delïime. 
•!•  De  Tassociation  des  Frères  de  la  pureté. 
5*  De  la  foi. 
G*  De  la  loi  divine  et  du  prophétisme.  1 


HlSTOiaE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÉMK, 

V  De  la  prière. 

8»  Des  forces  ou  agents  spirituels,  et  qu'il  en  est  dans  le 
monde  d'immatériels. 
9"  De  la  Providence. 

W  Organisation  de  l'univers  et  enchaînement  des  êtres. 

II*  De  la  magie,  de  la  divination,  des  sorts,  etc. 

L'exposé  de  ces  chapitres  suffit  pour  faire  voir  la  distance 
qui  sépare  la  doctrine  des  Frères  de  la  pureté,  de  celle  du 
Coran.  La  combinaison  de  ces  deux  éléments  était  impossi- 
ble, et  l'un  ne  pouvait  jouer  h  l'égard  de  l'autre  que  le  rôle 
de  dissolvant.  La  doctrine  des  Frères  de  la  pureté,  malgré 
de  nombreuses  concessions,  malgré  un  système  habile  d'in- 
terprétation, était  la  négation  du  Coran.  On  le  comprit  bien 
ainsi  de  part  et  d'autre. 

Quelle  qu'ait  été  la  pensée  intime  des  Frères  de  la  pureté, 
qu'ils  aient  voulu  tenter  le  mariage  de  la  raison  et  de  la  foi, 
revendiquer  simplement  l'indépendance  de  la  pensée,  battre 
sourdement  en  brèche  un  dogme  qui  les  tenait  à  la  gêne, 
qu'ils  aient  voulu  tout  cela  à  la  fois,  ils  ne  se  trompèrent  pas 
sur  la  portée  de  leur  œuvre,  sur  les  colères  qu'elle  allait 
soulever,  et  ils  se  cachèrent  prudemment  sous  le  voile  de 
l'anonyme. 

Un  jugement  sévère  est  porté  sur  cette  œuvre  dans  le 
Kitab  el  hokama,  et  suivant  son  habitude,  Aboulfarage  se 
l'est  approprié  dans  ses  Dynasties.  Telle  en  est  la  conclusion 
dans  la  version  de  Pococke  :  In  summa,  discursus  sunt  qui 
affectum  quidam  moveant,  sed  et  ad  metam  neutiquam  per- 
tingant,  nec  probationes  et  argumenta  manifesta  adhibeaut. 

Nous  savions  déjà  que  chacun  des  traités  de  ce  livre  est 
plutôt  une  esquisse,  une  i)hilosophie  de  la  science,  ou  une 
introduction,  conçue  d'après  un  but  déterminé,  plutôt  qu'un 
traité  substantiel.  Jusqu'à  présent  nous  n'avons  rencontré 
chez  les  médecins  qu'une  seule  citation  des  Frères  de  la 
pureté.  Elle  se  trouve  dans  l'Oculistique  d'Ebn  Abil  Mahas- 
sen,  n"  1043  du  supplément  de  Paris,  f»  162,  et  a  trait  h  l'or. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  nous  a  semblé  que  cette  œuvre  méri- 
tait d'être  mise  au  jour. 


III.—   L'EGYPTE. 


Nous  avons  raconté  précédemment  les  eflPbrts  dépensés  par 
Khaled  ben  lézid  pour  faire  revivre  à  Alexandrie  la  science 
grecque  et  transmettre  aux  Arabes  ce  qui  était  resté  de  sa 
célèbre  école.  De  l'œuvre  de  Khaled  il  ne  resta  guère  que 
la  culture  de  TAlchimie,  que  les  Alides  et  Géber  transpor- 
tèrent ailleurs,  mais  qui  conserva  toujours  des  adeptes  en 
Egypte. 

Les  traditions  scientifiques  n'étaient  pas  cependant  com- 
plètement effacées  en  Egypte,  où  les  Jacobltes  conservèrent 
toujours  une  certaine  culture  intellectuelle,  mais  les  scien- 
ces ne  reparurent  véritablement  qu'à  la  suite  du  grand  tra- 
vail opéré  à  Bagdad. 

Ce  qui  nous  semble  attester  l'existence  de  cette  culture 
intellectuelle,  c'est  que  parmi  les  quelques  médecins  que 
nous  voyons  apparaître  en  Egypte,  sur  la  fin  du  IX*  siècle, 
la  plupart  étaient  chrétiens. 

Ce  fut  surtout  quand  l'Egypte,  cessant  d'être  une  simple 
province  de  l'empire  musulman,  recouvra  son  indépen- 
dance et  vécut  de  sa  vie  propre,  qu'elle  rentra  dans  ces 
voies  où  elle  avait  jadis  marché  si  glorieusement,  où  elle 
devait  bientôt  encore,  pendant  un  siècle  ou  deux,  tenir  le 
sceptre  de  la  science  en  Orient,  alors  que  les  Abbassides  le 
laissaient  tomber  de  leurs  mains  débiles  à  Bagdad. 

Ce  fut  vers  la  fin  du  IX»  siècle  que  les  liens  qui  rattachaient 
l'Egypte  à  l'Irak  se  relâchèrent  ou  se  rompirent.  Nous  avons 
passé  sous  silence  les  noms  de  quelques  médecins  qui  appar- 
tiennent déjà  à  ce  siècle,  pour  en  donner  l'histoire  au  dixième, 
afin  de  donner  à  notre  récit  plus  d'unité. 

Malgré  certains  actes  de  violence,  dont  nous  parlerons 


400      HISTOIRE   DE  LA.  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÊMB. 

bientôt,  les  lettres  et  les  sciences  furent  redevables  aux  Tou- 
lonides.  Leur  chef,  Ahmed  ben  Touloun,  était  fils  d'an 
esclave  turc.  S'il  ne  dépouilla  pas  complètement  la  barbarie 
de  sa  race,  il  n'en  fit  pas  moins  preuve  d'activité  et  d*intel- 
licence.  Il  dota  Fostath  d'un  riche  hôpital,  et  fit  construire 
la  mosquée  qui  porte  son  nom  et  qui  s'est  conservée  jusqu'à 
nos  jours.  A  cette  mosquée  était  annexée  une  école,  et  il 
assista  en  personne  à  la  première  leçon  qui  y  fut  donnée. 
Tous  les  vendredis  des  consultations  gratuites  y  étaient 
données  aux  pauvres. 

Son  fils  Khomarouyah  marcha  sur  ses  traces.  Parmi  toutes 
ses  fondations  on  cite  une  sorte  de  musée  zoologîque  où  Ton 
conservait  des  animaux  vivants. 

Après  la  courte  domination  des  Toulonides,  vint  celle  aussi 
courte  des  Ikhchidites,  qui  furent  bientôt  remplacés  par  les 
Fathmides  de  Caïrouan. 

En  Tannée  972,  Moëz  eddoula  entrait  au  Caire. 

L'Egypte  allait  être,  pour  deux  siècles,  k  l'abri  des  révolu- 
tions. C'est  à  partir  de  ce  moment  que  les  sciences  y  prirent 
une  marche  ascendante. 

Cette  même  année,  le  vizir  Djouhar  faisait  construire  la 
célèbre  mosquée  dite  El  Azhar,  k  laquelle  fut  annexée  une 
ôcole,  sorte  d'université  où  Ton  enseignait  toutes  les  scien- 
ces, et  qui  devint  une  véritable  pépinière  de  savants,  oii  Ton 
accourait  de  toutes  les  parties  de  l'empire  musulman. 

Si  le  dixième  siècle  fut  en  Egypte  assez  pauvre  en  hommes 
remarquables,  car  parmi  les  quelques  noms  que  nous  aurons 
h  relater,  un  seul  a  de  l'importance,  celui  de  Saïd  ben 
Bathrik,  autrement  dit  Eutycliius,  c'est  à  ses  institutions 
que  l'Egypte  dut  de  fîiire  revivre  aux  onzième,  douzième  et 
treizième  siècles,  les  beaux  jours  de  l'École  d'Alexandrie. 


SAlD    HEX    NOUFEL    ET    HASSAN    lîEN   ZIREK. 

Au  lieu  de  Saïd  ben  Noufel,  Marcel,  dans  son  Histoire  de 
l'Egypte,  écrit  Sîiïd  Théophile.  Cette  lecture  peut  être  bonne, 
les  caractères  arabes  s  y  prêtant  ;  mais  nous  gommes  obligé 


l'égvpte.  40t 

de  conserver  Noiifel,  que  nous  avons  trouvé  dans  tous  nos 
manuscrits,  bien  qu'il  s'ag-isse  d'un  chrétien. 

Saïd  ben  Noufel,  médecin  habile,  était  attaché  à  la  per- 
sonne d'Ahmed  ben  Touloun,  mais  il  ne  prenait  le  service 
qu'autant  que  Témir  quittait  sa  résidence  pour  voyager  ou 
entrer  en  campagne.  En  résidence,  le  service  était  faitpar  un 
autre  médecin,  Hassan  ben  Zirek. 

En  l'année  269  de  l'hég^ire,  882  de  notre  ère,  Ahmed,  qui 
rég^nait  sur  la  Syrie  aussi  bien  que  sur  l'Ég^ypte,  était  allé 
la  défendre  contre  les  attaques  de  MoualBfeq,  frère  du  Khalife 
abbassideElMotamed.  S'étant  arrêté  à  Antioche,  il  y  futpris 
d'une  diarrhée  bilieuse,  pour  avoir  abusé,  disent  les  histo- 
riens, du  lait  de  buffle.  Saïd  était  alors  à  sa  campagne,  aux 
environs  d* Antioche,  l'émir  le  fit  appeler  et  lui  reprocha  mal 
à  propos  sa  lenteur,  impatient  et  violent  qu'il  était.  Saïd 
lui  prescrivit  la  diète,  mais  l'émir  ne  voulant  pas  se  sou- 
mettre à  ce  régime,  sa  maladie  empira,  ses  forces  tombèrent 
et  il  songea  à  s'en  retourner  en  Egypte,  se  faisant  d'abord 
porter  en  litière,  puis  transporter  sur  une  barque.  A  sou 
arrivée,  il  se  souvint  de  Saïd  ben  Noufel  et  de  sa  prudence  et 
lui  dépêcha  son  secrétaire.  Celui-ci  lui  fit  observer  que  l'émir 
bien  qu'instruit  et  disert,  avait  du  sang  de  barbare  dans  les 
veines,  qu'il  fallait  user  de  ménagements  à  son  endroit,  et 
que  d'ailleurs  il  avait  songé  à  se  défaire  de  lui  ;  en  un  mot,  il 
fit  comprendre  à  Saïd  que  s'il  était  bon  médecin  il  ne  compre- 
nait pas  la  position  de  médecin  de  l'émir.  Ma  position,  répli- 
qua Saïd,  est  celle  de  la  souris  avec  le  chat,  mais  autant  vaut 
la  mort  qu'un  pareil  commerce.  Il  proposa  une  consultation. 
Les  médecins  se  rendirent  au  Palais,  et  parmi  eux  le  vieil 
Hassan  ben  Zirek.  En  les  recevant,  Ahmed  les  prévint  qu'ils 
aient  à  se  mettre  d'accord,  sous  peine  de  perdre  leurs  têtes. 
Le  pauvre  Zirek  fut  tellement  eiafrayé  qu'il  s'enfuit  tout 
tremblant,  et  mourut  le  lendemain.  Ahmed  fit  comparaître 
Saïd  et  lui  dit:  Sache  que  la  seule  campagne  que  tu  aies  h 
exploiter  est  ma  santé.  Saïd  lui  demanda  combien  il  avait 
mangé  de  coings.  Deux,  répondit  Ahmed.  Tu  les  as  mangés 
pour  ton  appétit,  répondit  Saïd,  mai.s  non  pour  ton  traite- 
ment. A  ces  mots  Ahmed  s'emporta  contre  lui  et  commanda 


j-i>!i  IxL  i*î:iLî:iJ»sz!i  Lhix  xas  rcus*  Le  Jûoet.  ScSdK  «r- 

ccs^ia;crtr:,4  m  icxi  «siL;ar«>s  pscr  iziciii?^.  iOQ»  su  2usx 

i'Ar->->r»i  4^11  *'a^  î«:i  T^ia  flsa  esclar»  sac  qui.  malgré  la 

tr»è:Aijni,  j^i-rlirii  rlfiâe  r^  bartart.  On  Z£  trocLTerAit  qu'un 
ikz.ZT't  iii*  L*  r^  ^i^T:-  r.rl:ii  iLiLi-i  cea  Antran*  et  encore 

f  i:-ll  Ia  Tir^LZL^  1:1=.  ^^:Ji•^r  iiii  ne  r£;&pecs&  pA5  même  sa 
farir.'lle.  Q*i2^:  ;l  ■;^:iel.:ii9  aziiz^:*  déiiecioâ.  qui  ZBOuruxeat 
le  zn'sr:  TL^Lezii.  : r  f:::  ss^ii  I'Lzit :i:a:ioa  de  crime».  J^auis 
la  ii-î»Lii:i:;c  e;  sis  rt^S*r3.îaiis  ne  rir^nî  aosài  hoaore»  e( 
a^Li-:;  magnIfi'^iieiLeiL;  récùzipciLif^  -^ce  cî;ex  le&  AxaiMs. 


.VjO'd  Ali  Khale:,  a5rdncLî  ie  Touloua.  le  àorvît  en  qua- 
lité 'le  mMerria.  Il  était  très  versé  iaas  la  coaaaîàsance  des 
mala  lies  de  l'œil  et  de  leur  traiiemeat,  et  il  composai  sur  ce 
sujet  un  livre  iatiîul'^  El  Kcfaya,  commeaeê  en  2»>4  de  Thé- 
^It^  et  achevé  en  ^>2  014  .  Nous  crovons  que  c'est  lui  qui 
ej5t  meationaé  dans  Ebn  Beithar,  s-jus  le  nom  altéré  de 
Kkalefel  Thobny, 

NESTHAS    BEN   WORRElDf. 

Il  était  chrétien  et  vivait  sous  le  règ^ae  d'Ichkhid.  Il  com- 
posa un  cornpendium  de  médecine,  et  une  lettre  à  Zéid  ben 
liouman  l'Audalous,  sur  Tarine. 


ISHAQ  DE.N  IBRAHIM  BEN  NESTHAS. 

C'était  apparemment  le  petit-fils  du  précédent.  Il  était  aussi 

chrétien  et  médecin  distingué.  Le  Khalife  El  Hakem  avait 

confiance  en  lui,  le  nomma  chef  des  n^édecins  et  rattacha  à 


l'éqypte.  403 

sa  personne.  Il  mourut  sous  le  règne  de  Hakem  et  fut  rem- 
placé dans  son  poste  par  Ali  ben  Rodhouan. 


EL    BALSY. 

D'après  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  c'était  un  médecin  versé  dans 
la  connaissance  des  médicaments  simples,  et  qui  composa 
sur  ce  sujet  un  livre  intitulé  Ettekmil,  dédié  à  Kafour  el 
Ichkhidy. 

Kafour  mourut  en  900  de  notre  ère,  après  avoir  été  régent 
sous  deux  princes,  puis  lui-même  souverain  de  TÉgypte.  El 
Balsy  vivait  donc  sur  la  fin  du  dixième  siècle. 

Ebn  Beithar  cite  le  Tekmil  une  quinzaine  de  fois.  Il  est  h 
remarquer  que  ces  citations  ne  portent  jamais  sur  des  médi- 
caments d'origine  grecque,  mais  souvent  de  provenance  in- 
dienne. Il  en  est  quelques-uns  que  nous  n*avons  pu  détermi- 
ner. En  somme  les  citations  d'El  Balsy  prouvent  un  obser- 
vateur. Nous  signalerons  entre  autres  sa  citation  relative  à 
la  martre»  qu'il  dit  venir  du  pays  des  Turcs. 

MOUSSA  BEN  EL  H'aZZAN  (eL  AÏZAR)? 

Son  nora  patronymique  se  trouve  encore  écrit  El  Azar  ou 
El  Aïzar.  C'était  un  israëlite.  Le  Khalife  Fathmide  Moëz  Lidi- 
nallah  se  rattacha  dès  son  arrivée  en  Egypte.  En  même 
temps,  il  s'attachait  son  fils  Ishaq  ben  Moussa,  et,  h  la  mort 
de  ce  dernier,  en  Tannée  30,S  de  l'hégire,  il  le  remplaça  par 
son  frère  Ismaïlben  Moussa,  et  son  neveu  Iakoubben  Ishaq. 
La  mort  d'Ishaq  avait  été  précédée  de  celle  d'un  frère,  qui  se 
fit  musulman  et  porta  dès  lors  le  nom  d'Aoun  Allah  ben 
Moussa.  Le  chef  de  la  famille  vivait  encore. 

Moussa  était  renommé  pour  sa  science  et  son  habileté.  Il 
avait  aussi  une  grande  connaissance  des  médicaments,  et  il 
composa  une  préparation  qui  jouissait  do.  propriétés  apériti- 
ves  et  carmiuatives,  qui  calmait  le3  douleurs  de  l'état  mens- 
truel et  favorisait  l'écoulement  des  règles.  11  composa  un 
livre  sur  les  préparations  pharmaceutiques  dédié  à  Moëz,  un 


•101      llISTOllii:   Dli    L\    MÉDKCINE    AR.VDK. —   LlVllE  TUOISIILME. 

autre  sur  la  toux,  et  uu  troisième  sur  les  subtilités  de  la 
science.  (1) 

lOUSEF    EXNKSRANY. 

Comme  l'indique  son  surnom,  il  était  chrétien.  C'était  un 
médecin  instruit  et  uu  savant.  laliya  ben  Saïd  rapporte  clans 
ses  Annales  que  la  cinquième  année  du  règ-ne  d*El  Moëz, 
Yousef  fut  nommé  patriarche  de  Jérusalem,  et  qu'il  exerra 
cette  fonction  trois  ans  et  huit  mois.  Il  revint  en  Egypte  où 
il  mourut,  et  fut  enterré  dans  l'égrlise  de  Sainl-Théodore. 


X 


SAlD  BEN  BATHRIQ  OU  EUTYCHIUS. 

Il  naquit  à  Fostath  en  Tannée  870  de  l'ère  chrétienne,  le 
dimanche  27  de  Doulhadja  de  l'année  263  de  Thégrirc.  Ebn 
Abi  Ossaïbiah,  qui  nous  donne  ces  détails,  dit  que  la  première 
année  du  Khalifat  de  Caher  billah,  il  fut  nommé  xmtriarche 
d'Alexandrie,  et  il  ajoute  qu'on  l'appelait  Outoquious^  nom 
légfèrcment  altéré  dans  l'original.  Il  garda  cette  dignité  sept 
ans  et  sept  mois,  et  il  eut  des  difficultés  avec  ses  administrés. 
Se  trouvant  au  Caire  pris  d'une  grave  dyssenterie,  ilcomprit 
que  sa  fin  était  prochaine,  et  retourna  à  Alexandrie  où  il  ne 
tarda  pas  à  mourir,  en  l'année  328  de  l'hégire,  940  de 
'lotro  ère. 

Il  avait  un  frère  qui  fut  aussi  renommé  comme  médecin  et 
qui  s'apl)eiait  Issa  ben  Bathriq. 

Saïd  ben  Bathriq,  dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  étiiit  très  instruit 
dans  les  sciences  cultivées  par  les  chrétiens  et  dans  leur 
religion.  Nous  sommes  étonné  de  n'en  trouver  aucune  men- 
tion dans  les-  Annales  d'Aboulfaradje. 

Eutychius  composa  un  traité  de  médecine,  mais  ce  qui  Vu 
fait  connaître  en  Orient  ce  sont  ses  compositions  historiques 
et  polémiques.  Tels  sont  ceux  que  lui  attribue  .son  biogra- 

vl)  On  lit  dans  le  Kitab  fl  Iiokama  :  Moussa  ben  Kl  Aïzar  ou  Kl 
Aïzau.  Il  prépara  aussi  pour  Mooz  un  sirop  de  tamarin  dont  la  for- 
mule serait  donnée  par  Témimv  dans  sou  livre  intitulé.)/a(ia(  el  laqa. 


plie:  Discuftsioa  entre  un  chrétien  et  un  ilissi(lent;'—Collior 
de  perles  eu  trois  livres,  dédié  à  son  frère  Issa,  où  il  traite 
du  jeftne  des  chrétiens,  de  leurs  annales,  de  leurs  fêtes; 
livre  qui  fut  continué  sons  le  nom  d'Annales  supplémen- 
taires par  un  de  ses  parents  lahya  ben  Saïd  ben  lahya.  Le 
Collier  de  perles  a  été  publié  sous  le  titre  d'Anna/es  par  Sel- 
den  et  Pococke.  Selden  a  aussi  publié  les  Annales  de  Tégrlise 
d'Alexandrie. 

On  cite  encore  d'Eutychius  des  Annales  de  Sicile  et  une 
lettre  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Paris. 

Eutychius,  d'après  Ebn  el  Beithar  et  Sérapion  le  jeune, 
paraît  avoir  traduit  en  arabe  les  Simples  de  Dioscorides  et 
de  Galien.  Voyez,  dans  Sérapion,  les  chapitres  194  et  374.  On 
pourrait  toutefois  rapporter  ces  traductions  a  un  autre  Ebn 
Bathriq,  son  contemporain,  dont  nous  parlons  au  chapitre 
des  traducteurs. 


KISSAX. 

Abou  Sahl  Kissan  ben  Otsman,  médecin  chrétien,  vivait 
en  É[rypte  du  temps  de  Moi';^,  et  mourut  en  1578  de  Thég-ire, 
î)88  de  l'ère  chrétienne.  C'est  tout  ce  qu'en  dit  l'auteur  du 
Kitab  cl  hokama. 


ABOUL  FATKU  MANSOIR  lîEN  CHEMr.AN  DEX   MOQL'ACIIErv. 

Aboulfateh  était  chrétien.  Il  fut  d'abord  médecin  du  Kha- 
life el  Aziz  qui  le  tenait  en  grand  honneur.  Etant  un  jour 
malade  et  ne  pouvant  se  rendre  auprès  du  Khalife,  celui-ci 
ayant  appris  qu'il  se  portait  mieux  lui  écrivit  cette  lettre  : 
«  Au  nom  du  Dieu  clément  et  miséricordieux,  que  Dieu  accor- 
de h  notre  médecin  la  santé  et  ses  grâces  !  Nous  aivons 
appris  l'heureuse  nouvelle  que  Dieu  t'avait  rendu  la  santé. 
Or  la  santé  que  Dieu  accorde  à  notre  médecin  nous  est  aussi 
chère  que  la  nôtre.  Nous  le  prions  maint'înant  qu'il  le 
conserve  le  corps  et  IVime  toujours  dispos.  » 


400    HISTOIRE  DE  LÀ   MÉDECINE  ARABE.   —  UVRE  TBOISIÊftIE. 

Aboulfateh  jouit  auprès  d'El  Hakem  de  la  même  faveur. 

Cependant  il  ne  put  le  guérir  d'une  tumeur  chronique  du 
pied,  et  le  Khalife  fut  obligée  d'avoir  recours  à  un  pauvre 
chirurgien  juif  qui  le  guérit  au  bout  de  trois  jours.  Hakem 
le  combla  de  largesses,  l'admit  au  nombre  de  ses  médecins 
privés  et  lui  donna  le  surnom  d'J?I  Fakir  ennafi^  ou  du 
pauvre  bienfaisant.  Aboulfateh  mourut  sous  le  règne  d'El 
Hakem  et  fut  remplacé  par  Ishaq  ben  Ibrahim  ben  Nestas. 

Il  est  question  un  peu  plus  loin,  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah, 
d'un  autre  médecin  du  nom  d'Ebn  Machar  ou  Ebn  Mokacher 
dont  la  mention  nous  paraît  une  faute  de  copiste,  et  que 
nous  croyons  identique  avec  le  précédent. 


AYAN   BEN  AYAN  L  EGYPTIEN. 

Il  est  mentionné  dans  certaines  copies  d'Ebn  Abi  Ossan>iah, 
et  dans  Hadji  Khalfa  comme  auteur  d'un  compendium.  II 
mourut  en  995. 


IV.  —  LE  MAGREB 


De  tous  les  états  musulmans,  le  Magreb  fut  le  seul  où  la 
science  ne  prit  pas  définitivement  racine  et  ne  brilla  que 
d*un  éclat  passager.  Et  encore  l'apôtre  de  la  médecine  dans 
cette  contrée  en  fut  le  martyr. 

Dès  le  conunencement  du  X*  siècle,  Ishaq  ben  Âmran  quit- 
tait l'Orient  pour  se  rendre  dans  le  Magreb  sur  l'invitation 
de  Zyadet  Allah,  prince  aglabite  de  Gaïrouan.  Nous  dirons 
bientôt  sa  fin  déplorable. 

Ishaq  ben  Amran  eut  pour  disciple  Ishaq  ben  Soleiman 
l'Israélite»  qui  lui-mâme  fut  le  maître  d'Ebn  Djezzâr.  Nous 
devons  en  passant  faire  remarquer  cette  preuve  de  la  tolé- 
rance arabe,  cette  transmission  de  la  science  qui  ne  fait  pas 
acception  de  religion,  dont  nous  verrons  partout  de  conso- 
lants exemples. 

Après  ces  trois  médecins  éminents,  recommandables  tous 
les  trois,  le  premier  pour  son  malheureux  apostolat,  les  deux 
autres  pour  avoir  fourni  des  éléments  d'instruction  à  notre 
moyen  âge,  nous  n'aurons  plus  guère  &  parler  de  cette  terre 
inhospitalière  qu'à  propos  de  Constantin  l'Africain,  dont  elle 
fut  la  patrie. 

C'est  h  peine  si,  plus  tard,  on  recueille  sous  les  Hafsides 
quelque  nom  de  savant. 

Quant  au  reste  du  Magreb  nous  en  parlerons  sommaire- 
ment plus  tard  pour  constater  une  fois  de  plus  que  de  toutes 
les  contrées  envahies  par  l'Islamisme,  le  Miigreb  fut  la  plus 
stérile. 


40S     HTSTOIRK  DE  LA  MÉDRCINE  ARABE.  —   L!VRE  TROISIÉHE. 


ISHAQ   BBN   AMRAN. 

Ishaq  ben  Amran  appartient  plutôt  au  IX*  siècle,  mais 
nous  l'avons  réservé  pour  le  X%  afin  de  ne  pas  le  distraire 
des  deux  médecins  qui  continuèrent  son  œuvre  dans  le 
Magreb.  Il  y  apporta  la  science  et  y  périt  misérablement, 
victime  de  la  brutalité  du  prince  imbécile  qui  l'avait  appelé 
dans  ses  états. 

Ce  prince  nous  est  donné  sous  le  nom  de  Zyadet  Allah  ben 
Ag'lab.  La  dynastie  des  Agflabites  en  compta  trois  de  ce  nom. 
II  ne  saurait  être  question  que  du  dernier.  En  Tannée  fi03 
de  l'ère  chrétienne,  il  se  frayait  le  chemin  du  trône  en  faisant 
assassiner  son  père  par  ses  eunuques,  puis  aussitôt  il  faisait 
crucifier  ces  eunuques  et  déporter  une  trentaine  de  ses  pa- 
rents qui  ne  tardèrent  pas  à  être  mis  b,  mort.  En  909,  obligé 
de  fuir  devant  le  Mohdy  victorieux,  il  se  retira  en  Égjrpte, 
l)uis  à  Jérusalem,  où  il  périt  dans  la  misère  et  la  débauche. 

Tel  est  le  prince  qui  fit  venir  de  l'Orient  Ishaq  ben  Amran 
originaire  de  Ba^rdad,  s'eng^ag-eant  k  le  laisser  repartir  quand 
il  lui  conviendrait.  Ishaq  fixa  su  résidence  à  Caïrouan,  oii 
Soleiman  el  Israïly  vint  le  rejoindre  et  se  constitua  son 
disciple. 

Cependant  Ishaq  ne  put  s'accorder  avec  Zyadet  Allah, 
tant  par  le  fait  du  caractère  de  ce  prince  que  par  l'arrivée 
d'un  médecin  juif  d'Espa^pne.  Ishaq  était  chargé  de  vérifier 
les  aliments  de  Zyadet  Allah,  mais  quand  il  en  admettait  un, 
le  juif  le  refusait,  et  quand  il  en  repoussait,  le  juif  en  auto- 
risait l'usage.  Ishaq  voulait  s'en  retourner,  mais  Zyadet 
Allah  ne  le  voulut  pas  et  décida  la  mort  d'Ishaq.  Il  ordonna 
qu'on  lui  ouvrît  les  veines  des  bras  et  qu'on  laissât  le  sang* 
couler  jusqu'à  ce  qu'il  mourut.  Telle  fut  la  fin  de  l'apôtre  de 
la  médecine  dans  le  Magreb  !  Le  corps  d'Ishaq  fut  ensuite 
mis  en  croix  et  laissé  en  pâture  aux  oiseaux  ! 

Ishaq  ben  Amran  a  laissé  plusieurs  ouvrages.  Il  les  écrivit 
])n)l):il)loineiit  sinon  tous,  en  partie  du  moins,  avant  sc)n  arri- 


LE  MAGREB.  400 

vée  dans  le  Ma^eb,  où  il  ne  résida  qu*un  petit  nombre 
d'années. 

Des  médicaments  simples. 

Lettre  à  Saïd  ben  Noufel  sur  les  médicaments  réputés 
curatifs. 

Recueil  de  passages  d'Hippocrate  et  de  Galien  sur  le  vin. 

Le  principe  et  le  complément  de  la  médecine. 

De  la  saignée. 

De  la  mélancolie  (1). 

De  rhydropisie. 

De  la  blancheur  du  pus»  des  dépôts  de  l'urine  et  du  sperme. 

Du  pouls. 

Des  causes  de  la  colique  et  de  son  traitement. 

Le  plaisir  de  Tesprit. 

Aucun  de  ces  écrits  ne  nous  est  parvenu»  que  nous  sachions, 
mais  nous  trouvons  l'auteur  fréquemment  cité  par  les  écri- 
vains postérieurs.  C'est  ainsi  que  Ishaq  ben  Âmran  est  cité 
plus  de  cent  cinquante  fois  dans  Ebn  el  Beithar.  Parmi  ces 
citations,  il  en  est  une  relative  au  schœnanthe  récolté  à 
Cafsa,  ce  qui  prouve  qulshaq  avait  déjà  étudié  le  pays  ;  mais 
Ishaq  est  bien  plus  pénétré  de  la  matière  médicale  de 
l'Orient. 


ISHAQ  BEN  SOLEIMAN  EL  ISRAÏLY.  (</«./€  C  /ia"^ 4 

X 

Abou  Iakoub  Ishaq  ben  Soleiman  était  Israélite,  ainsi 
que  l'indique  le  surnom  d'israïly  qui  lui  est  plus  particuliè- 
rement affecté  qu'à  ses  coreligionnaires  et  sous  lequel  il  est 
cité. 

Il  naquit  en  Egypte,  probablement  vers  le  milieu  du 
X*  siècle,  et  vécut  dit-on  plus  d'un  siècle.  Nous  aurons  plus 
tard  à  discuter  l'époque  de  sa  mort. 

Il  exerçait  la  profession  d'oculiste  quand  il  fut  invité  à  se 
rendre  dans  le  Magreb  par  le  prince  Aglabite  Zyadet  Allah, 
qui  lui  envoya  cinq  cents  pièces  d'or.  Il  accepta  et  se  rendit 

(1}  Le  texte  arube  se  trouTC  à  Munich,  n»  SCo»  en  30  feuilles. 


402    HISTOIRE  DE   LA.  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TROlfllÈMB. 

qu'on  lui  administra  deux  cents  coups  de  fouet.  Saïdne  sur- 
vécut que  deux  jours  b,  ces  violences. 

Nous  avons  dû  raconter  ces  faits,  dont  certains  auteurs 
contemporains  se  sont  emparés  pour  montrer,  sous  un  faux 
jour,  la  position  des  médecins  en  Orient.  Il  faut  remarquer 
d'abord  qu'il  s'agit  ici  d'un  fils  d'esclave  turc  qui,  malgré  la 
culture  de  son  esprit,  avait  conservé,  comme  le  disait  son  se- 
crétaire, quelque  cliose  du  barbare.  On  ne  trouverait  qu*un 
autre  fait  de  ce  genre,  celui  d'Isliaq  ben  Amran,  et  encore 
fut-il  la  victime  d'un  prince  qui  ne  respecta  pa.s  même  sa 
famille.  Quant  à  quelques  autres  médecins,  qui  moururent 
de  mort  violente,  ce  fut  sous  l'imputation  de  crimes*  Jamais 
la  médecine  et  ses  représentants  no  furent  aussi  honorés  et 
aui^si  magnifiquement  récompensés  que  chez  les  Arabes. 


KHALEF   EL   TIIOULOCXY. 

Abou  Ali  Khalef,  aflFranclii  de  Touloun,  le  servit  en  qua- 
lité de  médecin.  Il  était  très  versé  dans  la  connaissance  des 
maladies  de  l'œil  et  de  leur  traitement,  et  il  composa  sur  ce 
sujet  un  livre  intitulé  El  Kefaya,  commencé  en  26 1  de  l'hé- 
gire et  achevé  en  302  (914).  Nous  croyons  que  c'est  lui  qui 
est  mentionné  dans  Ebn  Beithar,  sous  le  nom  altéré  de 
Khalef  el  Thohny, 

NESTHAS   BBN   DJORREÏDK 

Il  était  chrétien  et  vivait  sous  le  règne  d'Ichkhid.  Il  com- 
posa un  compendium  de  médecine,  et  une  lettre  à  Zéid  ben 
Rouman  l'Audalous,  sur  l'urine. 


ISHAQ  BEN  IBRAHIM  BEN  NESTHAS. 

C'était  apparemment  le  petit-fils  du  précédent.  Il  était  aussi 

chrétien  et  médecin  distingué.  Le  Khalife  El  Hakem  avait 

confiance  en  lui»  le  nomma  chef  des  lAédecins  et  l'attacha  à 


l'éqyptb.  403 

sa  personne.  Il  mourut  sous  le  règne  de  Hakem  et  fut  rem- 
placé dans  son  poste  par  Ali  ben  Rodhouan. 


EL    BALSY. 

D'après  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  c'était  un  médecin  versé  dans 
la  connaissance  des  médicaments  simples,  et  qui  composa 
sur  ce  sujet  un  livre  intitulé  Ettekmïl,  dédié  à  Kafour  el 
Ichkhidy. 

Kafour  mourut  en  900  de  notre  ère,  après  avoir  été  régent 
sous  deux  princes,  puis  lui-même  souverain  de  TÉgypte.  El 
Balsy  vivait  donc  sur  la  fin  du  dixième  siècle. 

Ebn  Beithar  cite  le  Tekmil  une  quinzaine  de  fois.  Il  est  à 
remarquer  que  ces  citations  ne  portent  jamais  sur  des  médi- 
caments d'origine  grecque,  mais  souvent  de  provenance  in- 
dienne» Il  en  est  quelques-uns  que  nous  n*avons  pu  détermi- 
ner. En  somme  les  citations  d'El  Balsy  prouvent  un  obser- 
vateur. Nous  signalerons  entre  autres  sa  citation  relative  à 
la  martre»  qu'il  dit  venir  du  pays  des  Turcs. 

MOUSSA  BEN  EL  h'azzan  (el  aizar)? 

Son  nom  patronymique  se  trouve  encore  écrit  El  Azar  ou 
El  AYzar.  C'était  un  israëlite.  Le  Khalife  Fathmide  Moëz  Lidi- 
nallah  se  rattacha  dès  son  arrivée  en  Egypte.  En  même 
temps,  il  s'attachait  son  fils  Ishaq  ben  Moussa,  et,  à  la  mort 
de  ce  dernier,  en  l'année  303  de  l'hégire,  il  le  remplaça  par 
son  frère  Ismaïlben  Moussa,  et  son  neveu  Iakoubben  Ishaq. 
La  mort  d'Ishaq  avait  été  précédée  de  celle  d'un  frère,  qui  se 
fit  musulman  et  porta  dès  lors  le  nom  d'Aoun  Allah  ben 
Moussa.  Le  chef  de  la  famille  vivait  encore. 

Moussa  était  renommé  pour  sa  science  et  son  habileté.  Il 
avait  aussi  une  grande  connaissance  des  médicaments,  et  il 
composa  une  préparation  qui  jouissait  do  propriétés  apériti- 
ves  et  carmiuatives,  qui  calmait  les  douleurs  de  l'état  mens- 
truel et  favorisait  l'écoulement  des  règles.  11  composa  un 
livre  sur  les  préparations  pharmaceutiques  dédié  à  Moëz,  un 


•101      UWTOlliE   Dli    L\    MÉUKCINK    AR^DE. —   LlVllE  TUOISIÈME. 

autre  sur  la  toux,  et  un  troisième  sur  les  subtilités  de  la 
science.  (1) 

lOUSEF    DNNESRANY. 

Comme  l'indique  son  surnom,  il  ét<iit  chrétien.  C'était  un 
médecin  instruit  et  un  savant.  laliya  ben  Saïd  rapporte  dans 
ses  Annales  que  la  cinquième  année  du  règ-ne  d'El  Moëz, 
Yousef  fut  nommé  patriarche  de  Jérusalem,  et  qu'il  exerra 
cette  fonction  trois  ans  et  huit  mois.  Il  revint  en  Kg-yptc  où 
il  mourut,  et  fut  enterré  dans  l'égrlise  de  Saint-Théodore. 


X 


SAÏD  BEN  BATHRIQ  OU  EUTYCHIUS. 

Il  naquit  à  Fostath  en  Tannée  870  de  l'ère  chrétienne,  le 
dimanche  27  de  Doulhadja  de  l'année  263  de  Thégrire.  Ebn 
Abi  Ossaïbiah,  qui  nous  donne  ces  détails,  dit  que  la  première 
année  du  Khalifat  de  Caher  billah,  il  fut  nommé  patriarche 
d'Alexandrie,  et  il  ajoute  qu'on  l'appelait  Oidoquious^  nom 
léf»:èrcment  altéré  dans  Toriginal.  Il  g*arda  cette  dignité  sept 
ans  et  sept  mois,  et  il  eut  des  difficultés  avec  ses  administrés. 
Se  trouvant  au  Caire  pris  d'une  grave  dyssenterie,  ilcomprit 
que  sa  fin  était  prochaine,  et  retourna  à  Alexandrie  où  il  ne 
tarda  pas  à  mourir,  en  l'année  328  de  l'hégire,  010  de 
!)otre  ère. 

Il  avait  un  frère  qui  fut  aussi  renommé  comme  médecin  et 
qui  s'apl)eiait  Issa  ben  Bathriq. 

Saïd  ben  Hathriq,  dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  était  très  instruit 
«laus  les  sciences  cultivées  par  les  chrétiens  et  dans  leur 
religion.  Nous  sommes  étonné  de  n'en  trouver  aucune  men- 
tion dans  les  Annales  d'Aboulfaradje. 

Eutychius  composa  un  traité  de  médecine,  mais  ce  qui  Vu 
fait  connaître  en  Orient  ce  sont  ses  compositions  historiques 
et  polémiques.  Tels  sont  ceux  que  lui  attribue  son  biogra- 

^1}  On  lit  dans  le  Kitab  cl  Iiokama  :  Moussa  ben  Kl  Aïzar  ou  Kl 
Aïzan.  Il  prépara  aussi  pour  Mooz  un  sirop  de  tamarin  dont  la  for- 
mule serait  donnée  pur  Témimv  dans  sou  hvre  iniiiuléMadat  el  baqa. 


L'huvriE.  405 

plie:  DLscii.ssioa  entre  un  chrétien  et  un  ilisàident;'— Collier 
de  perles  eu  trois  livres,  dédié  à  son  frère  Issa,  où  il  traite 
du  jeftne  des  chrétiens,  de  leurs  annales,  de  leurs  fêtes; 
livre  qui  fut  continué  sons  le  nom  d'Annales  supplémen- 
taires par  un  de  ses  parents  lahya  ben  Saïd  ben  lahya.  Le 
Collier  de  perles  a  été  publié  sous  le  titre  d'Amiales  par  Sel- 
den  et  Pococke.  Selden  a  aussi  publié  les  Annales  de  l'église 
d'Alexandrie. 

On  cite  encore  d'Eutychius  des  Annales  de  Sicile  et  une 
lettre  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Paris. 

Eutychius,  d'après  Ebn  el  Beithar  et  Sérapion  le  jeune, 
paraît  avoir  traduit  en  arabe  les  Simples  de  Dioscorides  et 
de  Galien.  Voyez,  dans  Sérapion,  les  chapitres  194  et  374.  On 
pourrait  toutefois  rapporter  ces  traductions  à  un  autre  Ebn 
Bathriq,  son  contemporain,  dont  nous  parlons  au  chapitre 
des  traducteurs. 


KISSAX. 

Abou  Sahl  Kissan  ben  Otsman,  médecin  chrétien,  vivait 
en  Éprypte  du  temps  de  }ilol%  et  mourut  en  ÎTTS  de  Thég-ire, 
988  de  l'ère  chrétienne.  C'est  tout  ce  qu'en  dit  l'autiMir  du 
Kitab  cl  hokama. 


ABOUL  FATKU  MANSOIR  REN  riIKMLAN   HEN   MOQUVCIIErv. 

Aboulfateh  était  chrétien.  Il  fut  d'abord  médecin  du  Kha- 
life el  Aziz  qui  le  tenait  en  grand  honneur.  Etant  un  jour 
malade  et  ne  pouvant  se  rendre  auprès  du  Khalife,  celui-ci 
ayant  appris  qu'il  se  portait  mieux  lui  écrivit  cette  lettre  : 
«  Au  nom  du  Dieu  clément  et  miséricordieux,  que  Dieu  accor- 
de h  notre  médecin  la  santé  et  ses  grâces  !  Nous  avons 
appris  l'heureuse  nouvelle  que  Dieu  t'avait  rendu  la  santé. 
Or  la  santé  que  Dieu  accorde  à  notre  médecin  nous  est  aussi 
chère  que  la  nôtre.  Nous  le  prions  maint'Miant  qu'il  le 
conserve  le  corp><  et  l'àme  trjnjoursdispo.^.  » 


40G     HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE.   —  UVRE  TROISIÈME. 

Aboulfateh  jouit  auprès  d'El  Hakem  de  la  même  faveur. 

Cependant  il  ne  put  le  g^uérir  d'une  tumeur  chronique  du 
pied,  et  le  Khalife  fut  obligée  d'avoir  recours  à  un  pauvre 
chirurgien  juif  qui  le  guérit  au  bout  de  trois  jours.  Hakem 
le  combla  de  largesses,  l'admit  au  nombre  de  ses  médecins 
privés  et  lui  donna  le  surnom  (TEl  Fakir  ennafi^  ou  du 
pauvre  bienfaisant.  Aboulfateh  mourut  sous  le  règne  d'El 
Hakem  et  fut  remplacé  par  Ishaq  ben  Ibrahim  ben  Nestas. 

II  est  question  un  peu  plus  loin,  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah, 
d'un  autre  médecin  du  nom  d'Ebn  Machar  ou  Ebn  Mokacher 
dont  la  mention  nous  paraît  une  faute  do  copiste,  et  que 
nous  croyons  identique  avec  le  précédent. 


AYAN   BEN  AYAN   L  EGYPTIEN, 

Il  est  mentionné  dans  certaines  copies  d'Ebn  Abi  OssaYbiah, 
et  dans  Hadji  Khalfa  comme  auteur  d'un  compendium.  Il 
mourut  en  995. 


IV.  —  LE  MAGREB 


De  tous  les  états  musulmans,  le  Magreb  fut  le  seul  où  la 
science  ne  prit  pas  définitivement  racine  et  ne  brilla  que 
d*un  éclat  passager.  Et  encore  Tapôtre  de  la  médecine  dans 
cette  contrée  en  fut  le  martyr. 

Dès  le  commencement  du  X*  siècle,  Ishaq  ben  Âmran  quit- 
tait l'Orient  pour  se  rendre  dans  le  Magreb  sur  Tinvitation 
de  Zyadet  Allah,  prince  aglabite  de  Gaïrouan.  Nous  dirons 
bientôt  sa  fin  déplorable. 

Ishaq  ben  Amran  eut  pour  disciple  Ishaq  ben  Soleiman 
risraélite,  qui  lui-mâme  fut  le  maître  d*Ebn  Djezzâr.  Nous 
devons  en  passant  faire  remarquer  cette  preuve  de  la  tolé- 
rance arabe,  cette  transmission  de  la  science  qui  ne  fait  pas 
acception  de  religion,  dont  nous  verrons  partout  de  conso- 
lants exemples. 

Après  ces  trois  médecins  éminents,  recommandables  tous 
les  trois,  le  premier  pour  son  malheureux  apostolat,  les  deux 
autres  pour  avoir  fourni  des  éléments  d'instruction  à  notre 
moyen  fige,  nous  n'aurons  plus  guère  à  parler  de  cette  terre 
inhospitalière  qu'à  propos  de  Constantin  l'Africain,  dont  elle 
fut  la  patrie. 

C'est  h  peine  si,  plus  tard,  on  recueille  sous  les  Hafsides 
quelque  nom  de  savant. 

Quant  au  reste  du  Magreb  nous  en  parlerons  sommaire- 
ment plus  tard  pour  constater  une  fois  de  plus  que  de  toutes 
les  contrées  envahies  par  l'Islamisme,  le  Magreb  fut  la  plus 
stérile. 


408     HTSTOIRK   DE  LA   MÉDRCINE  ARABE.  —   LIVRE  TROISIÈME. 


ISHAQ   BEN   AMRAN. 

Ishaq  ben  Âmran  appartient  plutôt  au  IX*  siècle,  mais 
nous  l'avons  réservé  pour  le  X%  afin  de  ne  pas  le  distraire 
des  deux  médecins  qui  continuèrent  son  œuvre  dans  le 
Magreb.  Il  y  apporta  la  science  et  y  périt  misérablement, 
victime  de  la  brutalité  du  prince  imbécile  qui  l'avait  appelé 
dans  ses  états. 

Ce  prince  nous  est  donné  sous  le  nom  de  Zyadet  Allah  ben 
Âg'lab.  La  dynastie  des  Agriabites  en  compta  trois  de  ce  nom. 
Il  ne  saurait  être  question  que  du  dernier.  En  l'année  903 
de  l'ère  chrétienne,  il  se  frayait  le  chemin  du  trône  en  faisant 
assassiner  son  père  par  ses  eunuques,  puis  aussitôt  il  faisait 
crucifier  ces  eunuques  et  déporter  une  trentaine  de  ses  pa- 
rents qui  ne  tardèrent  pas  à  être  mis  h  mort.  En  909,  obligé 
de  fuir  devant  le  Mohdy  victorieux,  il  se  retira  en  Egypte, 
puis  à  Jérusalem,  où  il  périt  dans  la  misère  et  la  débauche. 

Tel  est  le  prince  qui  fit  venir  de  l'Orient  Ishaq  ben  Amran 
originaire  de  Bag-dad,  s'eng-ageaut  à  le  laisser  repartir  quand 
il  lui  conviendrait.  Ishaq  fixa  sa  résidence  à  Caïrouan,  où 
Soleiman  el  Israïly  vint  le  rejoindre  et  se  constitua  .son 
disciple. 

Cependant  Ishaq  ne  put  s'accorder  avec  Zyadet  Allah, 
tant  par  le  fait  du  caractère  de  ce  prince  que  par  l'arrivée 
d'un  médecin  juif  d'Espag-ne.  Ishaq  était  chargé  de  vérifier 
les  aliments  de  Zyadet  Allah,  mais  quand  il  en  admettait  un, 
le  juif  le  refusait,  et  quand  il  en  repoussait,  le  juif  en  auto- 
risait l'usage.  Ishaq  voulait  s'en  retourner,  mais  Zyadet 
Allah  ne  le  voulut  pas  et  décida  la  mort  d'Ishaq.  Il  ordonna 
qu'on  lui  ouvrît  les  veines  des  bras  et  qu'on  laissât  le  sang 
couler  jusqu'à  ce  qu'il  mourut.  Telle  fut  la  fin  de  l'apôtre  de 
la  médecine  dans  le  Magreb  !  Le  corps  d'Ishaq  fut  ensuite 
mis  en  croix  et  laissé  en  pâture  aux  oiseaux  ! 

Ishaq  ben  Amran  a  laissé  plusieurs  ouvrages.  Il  les  écrivit 
])rol)*ihlement  sinon  tous,  en  partie  du  moins,  avant  son  arri- 


LE  MAGREB.  400 

vée  dans  le  Magrreb,  où  il  ne  résida  qu'un  petit  nombre 
d'années. 

Des  médicaments  simples. 

Lettre  à  Saïd  beu  Noufel  sur  les  médicaments  réputés 
curatifs. 

Recueil  de  passages  d'Hippocrate  et  de  Galien  sur  le  vin. 

Le  principe  et  le  complément  de  la  médecine. 

De  la  saignée. 

De  la  mélancolie  (1). 

De  rhydropisie. 

De  la  blancheur  du  pus,  des  dépôts  de  l'urine  et  du  sperme. 

Du  pouls. 

Des  causes  de  la  colique  et  de  son  traitement. 

Le  plaisir  de  l'esprit. 

Aucun  de  ces  écrits  ne  nous  est  parvenu»  que  nous  sachions, 
mais  nous  trouvons  l'auteur  fréquemment  cité  par  les  écri- 
vains postérieurs.  C'est  ainsi  que  Ishaq  ben  Âmran  est  cité 
plus  de  cent  cinquante  fois  dans  Ebn  el  Beithar.  Parmi  ces 
citations,  il  en  est  une  relative  au  schœnanthe  récolté  à 
Cafsa,  ce  qui  prouve  qu'Ishaq  avait  déjà  étudié  le  pays  ;  mais 
Ishaq  est  bien  plus  pénétré  de  la  matière  médicale  de 
l'Orient. 


ISHAQ  BEN   SOLEIMAN   EL   ISRAÏLY.  cT^ei/tC 


Âbou  Iakoub  Ishaq  ben  Soleiman  était  Israélite,  ainsi 
que  l'indique  le  surnom  d'israfly  qui  lui  est  plus  particuliè- 
rement affecté  qu'à  ses  coreligionnaires  et  sous  lequel  il  est 
cité. 

Il  naquit  en  Egypte,  probablement  vers  le  milieu  du 
X*  siècle,  et  vécut  dit-on  plus  d'un  siècle.  Nous  aurons  plus 
tard  &  discuter  l'époque  de  sa  mort. 

Il  exerçait  la  profession  d'oculiste  quand  il  fut  invité  h  se 
rendre  dans  le  Magreb  par  le  prince  Aglabite  Zyadet  Allah, 
qui  lui  envoya  cinq  cents  pièces  d'or.  Il  accepta  et  se  rendit 

(i;  Le  texte  arube  se  troure  à  Munich,  n»  805^  en  30  feuilles. 


410      HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINE  ARABE.  «-  LIVRE  TROISIÈME. 

&  Calrouàn,  où  il  trouva  Ishaq  ben  Amran  qu'il  adopta 
comme  son  maître.  (1) 

A  la  chute  des  Aglabites,  Ishaq  ben  Soleiman  passa  au 
service  du  Fathmide  el  Mohdy.  Témimy,  dans  le  Morched, 
nous  a  conservé  une  anecdote  que  nous  allons  rapporter. 
«  Un  jour,  le  docteur  Zeyad  ben  Khalfoun  entra  chez  le 
MoTidy  qui  lui  demanda  ce  qu'était  le  Djouzdjoundoum.  — 
C'est,  lui  répondit  Zeyad,  une  drogue  qui  nous  vient  de 
rinde.  Peu  après  entra  Ishaq,  et  le  Mohdy  lui  demanda  son 
avis  sur  le  Djouzdjoundoum.  —  As-tu  demandé  celai  de 
Zeyad,  répliqua  Ishaq?  —  Oui.  —  Et  qu'a-t-il  dit? —  Que 
c'était  une  drogue  de  l'Inde.  Ishaq  se  mit  à  rire  et  dit:  Il 
s'est  trompé. —  Qu'est-ce  donc  ?  —  C'estla  terre  de  6arca.(2) 

Ishaq  vécut  dans  le  célibat.  Comme  on  lui  demandait  un 
jour  s'il  ne  serait  pas  heureux  de  laisser  après  lui  des  en- 
fants. Mais,  répondit-il,  je  laisse  mon  traité  des  Fièvres.  — 
D'autres  disent  qu'il  énuméra  quatre  de  ses  ouvrages. 

Ishaq  fut  encore  attaché  h  la  personne  d'El  Mansour, 
deuxième  successeur  du  Mohdy.  Les  relations  et  la  mort 
d'El  Mansour  nous  sont  racontées  avec  plus  ou  moins  de 
détail  par  Ebn  Khaldoun,  Ebn  Khallican  et  l'historien  des 
Hafsides,  El  Keirouany.  Ces  renseignements,  tout  en  nous 
faisant  connaître  la  position  d'Ishaq,  nous  serviront  h  établir 
la  date  controversée  de  sa  mort. 

Tel  est  le  récit  d'Ebn  Khallican,  que  nous  abrégeons: 
«  Abou  Dhaher  Ismaïl  ben  Mansour,  après  avoir  été  assailli 

(1)  M.  ilô  Sacy,  dans  son  Abdellatif,  a  donné  la  biog^raphie  dlsbaq 
ben  Soleiman,  d'après  Ebn  Abi  Ossaïbiah.  On  peut  la  lire  pour  y 
trouver  quelques  détails  insignifiants  et  un  échantillon  de  la  ma- 
nière un  peu  décousue  du  biographe  arabe.  Il  est  dit  que  la  rencon- 
tre dlshaq  avec  Zyadet  Allah  so  lit  au  camp  (ïel  Ôr6uf,  ce  que 
M.  de  Sacj  a  rendu  vicieusement  par  Alaris.  On  y  voit  aussi  que  le 
nouveau  venu  no  tarda  pas  à  juger  le  mauvais  esprit  de  la  cour 
Aglabite. 

(2)  Témimy  ajoute:  «La  terre  de  Barca est  la  terre  d'Andalousie, 
dont  les  Espagnols  font  dans  rcspaccd'un  jourdu  vin  qu'ils  boivent 
et  qui  les  enivre.  Isliaq  parle  de  cette  terre  dans  son  livre  des  Ali- 
uients  à  rarticle  vin.  ■ 

Pour  nous,  le  Djouzdjoundoum  est  une  hecanora. 


LE  IfAGRSB.  411 

par  une  pluie  violente  et  un  vent  froid  se  rendit  à  Mansou- 
rya,  où  il  mourut  en  Tannée  341,  et  voici  comment.  En 
entrant  dans  la  ville,  des  frissons  le  prirent  et  11  voulut  aller 
au  bain.  Ishaq  le  lui  défendit,  mais  le  sultan  n*en  fit  rien. 
De  rinsomnie  survint,  et  Mansour  demanda  s'il  n*y  avait  pas 
h  Kaïrouan  un  médecin  qui  pût  le  soulagper.  On  lui  amena 
un  jeune  homme  du  nom  d*Ibraliim,  qui  lui  administra  des 
narcotiques  et  le  sultan  s'assoupit.  Ishaq  vint  alors  et  voulut 
entrer,  mais  on  lui  objecta  que  le  sultan  dormait.  Si  ce  som- 
meil est  l'effet  de  médicaments,  dit  Ishaq,  ce  sommeil  est 
mortel.  Mansour  en  effet  succomba  et  on  voulait  mettre  à 
mort  Ibrahim.  Il  n'y  a  pas  de  sa  faute,  dit  Ishaq.  Il  a  fait  ce 
que  prescrivent  les  médecins,  mais  vous  ne  l'avez  pas  ren- 
seigné sur  la  nature  de  la  maladie.  On  a  donné  au  prince 
des  remèdes  qui  éteignent  la  chaleur  naturelle,  et  il  est 
mort.  » 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  fixe  la  mort  d'Ishaq  ben  Soleiman  à 
l'année  320  de  Thégire,  date  adoptée  par  Hadji  Khalfa. 
Nous  ne  saurions  souscrire  à  cette  date,  en  présence  des 
témoignages  unanimes  des  historiens  arabes  sur  l'interven- 
tion d'Ishaq  ben  Soleiman  lors  du  décès  d'El  Mansour.  Nous 
croyons  donc  qu'Ishaq  ben  Soleiman  vivait  encore  en  l'an- 
née 341  de  l'hégire,  053  de  notre  ère,  ce  qui  du  reste  s'accorde 
avec  ce  que  Ton  nous  raconte  de  sa  longévité. 

Ishaq  laissa  plusieurs  écrits,  dont  nous  allons  donner  la 
liste  d'après  Ebn  Abi  Ossaïbiah  : 

«  Le  traité  des  Fièvres,  ouvrage  qui  n'est  inférieur  à  rien  de 
ce  qui  a  été  composé  sur  cette  matière.  J'ai  vu  le  témoignage 
suivant  écrit  de  la  main  d'Ali  ben  Rodhouan  :  Je  déclare, 
moi  Ali  ben  Rodhouan,  que  ce  livre  est  très-utile,  et  que 
c'est  l'ouvrage  d'un  homme  d'un  rare  mérite.  J'ai  mis  en 
pratique  la  plus  grande  partie  des  choses  prescrites  dans  ce 
livre  et  je  n'ai  rien  trouvé  h  y  ajouter.  »  (1) 

Traité  des  médicaments  simples  et  des  aliments. 

Traité  des  urines,  abrégé  d'un  plus  grand. 

(\)  Le  texte  eiUtc  à  Constantinople.  V.  Hadji  Khalfa,  Vil.  B. 
Kopril  Zadch 


412     HISTOIRE  DE  L\  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÈME. 

Traité  des  éléments. 

Traité  des  définitions  et  des  prescriptions. 

Jardin  de  la  philosophie,  où  se  trouvent  uussi  traitées  des 
questions  de  théologie. 

Introduction  à  la  logique. 

Introduction  à  la.médecine. 

Traité  du  pouls. 

Traité  de  la  thériaque. 

Traité  de  philosophie. 

Très-peu  de  ces  ouvrages  nous  sont  parvenus  en  texte 
arabe  et  Ton  peut  s'en  étonner  quand  on  pense  aux  traduc- 
tions latines  qui  en  ont  été  faites. 

Le  livre  de  l'urine  existe  à  Oxford,  celui  des  fièrres  à 
Leyde  et  celui  des  aliments  à  Munich.  Ces  trois  ouvrages,  le 
Traité  des  éléments  et  celui  de  l'hydropisie,  non  mentionné 
par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  se  trouvent  à  Paris  en  traduction 
hébraïque.  D'autres  Mss.  hébreux  se  trouvent  aussi  dans 
diverses  collections. 

On  a  traduit  en  latin  et  imprimé  les  ouvrages  suivants, 
sous  le  titre:  Opéra  omuia  Isaac,  israelitîP  —  Salomonis 
Arabia;  régis  filii  adoptivi  : 

Liber  de  definitiouibus. 

—  de  démentis. 

—  dietarum  universalium. 

—  —        particularium. 

—  de  urinis. 

—  de  febribus. 

Liber  Pantegni  Isaac  ysraelita^  filii  adoptivi  Salomonis 
régis  Arabiir,  quem  Constantinus  aphricanus  monacus 
montis  Cassineusis  sibi  viudicavit.  —  Nous  savons  que  le 
Pantegni  n'est  pas  d'Isaac. 

Ici  nous  ferons  une  réflexion. 

Le  titre  du  livre  des  aliments  et  des  médicaments  a  été  mal 
rendu  par  Diutîe  générales  (ît  1).  particulares.  Il  valait 
mieux  dire  :  Generalitcr  et  particulariter. 

En  effet,  il  est  question  d'abord  des  aliments  et  de  quelques 
médicaments  en  général  dans  la  première  partie,  et  eu  parti- 
culier dans  la  secon^lo. 


LE  MAGRBB.  413 


EBN     EDDJEZZAR.  X 

Aboli  Djdfar  Ahmed  beu  Ibrahim  ben  Ali  ben  Abi  Khaled, 
dit  Ebn  Eddjozzàr  (le  fils  du  boucher),  naquit  à  Caïrouan  au 
commencement  du  X*  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Il  eut  pour 
maître  Isliaq  ben  Soleiman  el  Israïly. 

Ebn  Eddjezzar  était  un  homme  sobre,  austère,  méthodique, 
tout  entier  k  l'étude  de  la  médecine  et  de  sa  pratique,  qu'il 
exerçait  généreusement.  Indépendant  de  caractère,  il  ne  vou- 
lut pas,  comme  ses  prédécesseurs  dans  le  Magrcb,  être  atta- 
ché à  la  personne  des  princes.  Il  dépassa  l'âge  de  quatre- 
vingt  ans.  Hadji  Khalfa  place  la  date  de  sa  mort  vers  Tannée 
400  de  l'hégire,  autrement  en  l'année  1009  de  notre  ère.  - 

M.  de  Slane,  d'après  Eddeheby,  la  fixe  en  l'année  350  de 
l'hégire,  901  de  l'ère  chrétienne,  Ebn  Khallican  ayant  sans 
doute  oublié  de  la  donner.  Pour  notre  part  nous  repoussons 
cette  date  et  voici  pourquoi.  Nous  avons  déjà  vu,  dans  la 
notice  d'Ishaq  ben  Soleiman,  qu'il  vivait  encore  en  341  de 
l'hégire,  952  de  J.-C,  date  de  la  mort  de  son  client,  le  prince 
Fathmide  El  Mansour,  et  qu'il  vécut,  à  ce  que  Ton  dit,  plus 
d'un  siècle.  Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  longévité  nous  pou- 
vons très  bien  admettre  qu'Ishaq  ben  Soleiman  survécut  de 
quelques  années  au  Khalife  El  Mansouret  qu'il  atteignit  au 
moins  l'année  ÎX}1  (350  de  l'hégire).  D'autre  part  il  nous 
semble  raisonnable  d'admettre  qu'Ebn  Eddjezzar,  disciple 
d'Ishaq,  dut  survivre  à  son  maître  environ  la  valeur  d'une 
génération.  Il  nous  semble  donc  qu'il  vaut  mieux  s'en  tenir 
à  lîi  date  donnée  par  Hadji  Khalfa. 

Wilstenfeld  a  donné  la  date  100 1,  nous  ne  savons  d'après 
quelle  autorité. 

Ebn  Eddjezzar  laissa,  à  sa  mort,  une  collection  d'ouvrages 
de  médecine  qui  fut  trouvée  du  poids  de  vingt-cinq  quintaux. 

Il  écrivit  plusieurs  ouvrages,  dont  le  plus  célèbre  est  le  Zad  el 
Moqafir,  Provision  du  voyageur,  qui  fut  traduit  par  Constantin 
sous  le  titre  de  Vialicum,  et  plus  tard  cngrec,  sous  celui  d'£- 
phodcs.  Il  a  été  récemment  l'objet  d'un  double  travail  de  la 


414     HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINS  ARàBE.  —  LIVRE  TROISI&ICK. 

part  de  MM.  Daremberg  etDugat,  où  ces  deux  savants  ont  ap- 
porté chacun  leur  contingent  de  connaissances  pour  élucider 
la  question  du  Viatique.  (1) 

M.  Daremberg  s'est  attaché  surtout  à  démontrer  que  le 
moine  Constantin,  cru  longtemps  l'auteur  du  Viatique,  n'en 
est  que  le  traducteur  de  mauvaise  foi,  un  plagiaire,  attendu 
qu'il  en  a  tu  l'origine,  et  que  cette  traduction  a  été  faîte  sur 
l'arabe  et  non  sur  le  grec.  M.  Dugat  a  donné  la  biographie 
d'Ebn  Eddjezzftr  d'après  Ebn  Âbi  Ossaïbiah,  deux  chapitres, 
texte  et  traduction,  la  table  des  matières  et  des  notes  sur 
les  médecins  grecs  et  arabes  cités  par  l'auteur.  Ces  deux 
études  nous  dispensent  d'entrer  dans  de  nouveaux  détails. 

Nous  parlerons  seulement  d'un  Ms.  de  l'Escurial,  dont 
Casiri  a  fait  un  compte-rendu  inexact,  le  n*  857.  Tel  est  le 
titre  que  lui  a  donné  Casiri:  Peregrinantium  commeatus, 
autore  Ahmed  ben  Ibrahim^  medico  hispano,  vulgo  Ebn  et 
Eozar  el  Caruni.  Wûstenfeld  a  pris  ce  Ms.  pour  un  exem^ 
plaire  du  Viatique.  Voici  les  réflexions  que  nous  a  inspirées 
sa  lecture.  Ce  n'est  pas  une  reproduction  fidèle  du  Viatique, 
c'en  est  tout  au  plus  une  refonte  ou  une  copie  de  fantaisie. 
Quelques  chapitres  se  trouvent  avec  des  titres  identiques, 
mais  ils  sont  au  nombre  de  70,  au  lieu  de  155.  Les  quelques 
lignes  arabes  qui  se  trouvent  en  tète  indiquent  du  reste  un 
abrégé.  Quant  au  nom  de  l'auteur,  il  a  été  mal  lu  par  Casiri, 

Nous  croyons  que  dans  ces  caractères  incorrects  on  peut 
très  bien  lire  Ebn  Eddjezzàr  el  Quirouany  au  lieu  de  Ebn 
el  hozar  el  Carouny.  Enfin  la  qualité  d'Espagnol,  medico 
hispano,  est  tout  à  fait  de  Tinvention  de  Casiri.  Cela  ne  doit 
pas  surprendre  quand  on  a  comparé  les  Mss.  de  l'Escurial  au 
catalogue.  Casiri  en  a  fait  tout  autant  pour  le  n'892,  ancien 
887.  Sou  lahya  ben  Mohammed  ben  el  Maudy^  Espagnol,  n'est 
autre  que  lahya  ben  Mohammed  ben  Elloboudy,  syrien  et 
non  pas  espagnol,  qui  vivait  au  VU'*  siècle  de  l'hégire,  et 
non  pas  au  IV*. 

Il  est  généralement  connu  sous  le  nom  de  Sahib  Nedjem 

(1)  Dugat,  /.  asiatique,  1853.  Daremberg,  Archives  des  MissionSf 
IX*  cahier. 


LB  MAORBB.  415 

eddin  ebn  Elloboudy.  La  Bibliothèque  de  Paris  possède,  de 
lui,  sous  le  n*  1056,  ancien  fonds,  un  abrégé  du  Oanoa  d  A- 
vicenne. 

Tels  sont  les  autres  ouvrages  d'Ebn  Eddjezzâr: 

Vltimad,  ou  des  médicaments  simples. 

Le  Bourya,  ou  des  médicaments  composés. 

Des  moyens  de  prolonger  l'existence. 

Un  livre  d'histoire  dont  le  titre  répond  h  celui  bien  connu 
de  l'Art  de  vérifier  les  dates 

De  l'âme,  suivant  les  diverses  opinions  des  anciens. 

De  l'estomac,  ses  maladies  et  leurs  traitements. 

De  la  médecine  des  pauvres. 

Des  succédanés.  (1) 

Des  maladies  qui  proviennent  de  causes  identiques  avec  des 
symptômes  différents. 

Du  danger  de  saigner  sans  nécessité. 

Du  coryaa  et  de  son  traitement. 

Du  sommeil  et  de  la  veille. 

Observations  ou  expériences  de  médecine.  (2) 

De  la  lèpre  tuberculeuse,  ses  causes  et  son  traitement. 

Livre  des  propriétés. 

Livre  de  nouvelles. 

Des  causes  de  la  peste  en  Egypte,  de  ses  préservatifs  et  dé 
0on  traitement. 

Lettres  &  quelques  frères  sur  le  mépris  de  la  mort. 

Des  maladies  du  rectum. 

De  l'éducation  ou  préceptes  de  conduite. 

Des  fièvres. 

De  la  conservation  de  la  santé. 

Histoire  de  la  dynastie,  où  il  raconte  l'apparition  du  Mohdy 
dans  le  Magreb.  (3) 

Ebn  Eddjezzâr  estcité  parÈttémimy  etparTifachy comme 

(1)  Casiri  s'eat  encore  ici  trompé,  n" 891,  ea donnant  l'auteur  comme 
Espagnol  et  du  VI«  siècle. WilstonleM,  qui  a  reconnu  Ebn  lîddjezzâr, 
n'en  a  pas  moins  fait  un  double  emploi. 

(8)  Cet  ouvrage  existe  à  Constantinople. 

(3)  M.  Dugat  donne  cet  ouvrage  comme  découvert  par  M.  de  Slane, 
cependant  il  se  trouve  mentionné  dans  le  texte  consulté  parWilsten- 
ield,  et  reproduit  à  la  fin  de  son  histoire  des  médecins  arabes,  p.  12. 


410      HISTOIRE  DE  L\  MÉDECINE  ARABB.^—  LIVRE  TROISIÈME. 

auteur  d'un  traité  des  Pierres,  tantôt  sous  la  forme  d'Ah- 
med ben  Abi  Khaled,  tantôt  sous   celle  d'Ebn  Eddjezzâr. 

Ebn  el  Beithar,  qui  le  cite  une  trentaine  de  fois,  lui  attri* 
bue  aussi  un  livre  des  poisons.  Ces  citations  n'ont  du  reste 
pas  de  cachet,  à  part  une  qui  a  trait  à  la  manne  qui  tombe  à 
Castilya,  dans  la  régence  de  Tunis,  ce  qui  prouve  qu'Ebn 
Eddjezzâr  connaissait  les  produits  du  pays. 

La  [B.  Bodléienne  contient,  sous  le  n*  579,  des  fragrments 
qui  appartiennent  peut-être  au  Zad  el  Moçafir.  La  B.  Na- 
tionale a  une  copie  faite  par  M.  Dugat,  d'après  an  Ms.  de 
Dresde. 


DOCNACHBEN    TEMIM. 

Nous  nous  en  rapporterons  pour  ce  personnage,  du  reste 
assez  obscur,  à  ce  qu'en  a  dit  Munk  dans  sa  notice  d'Ebn 
Djanah,  Journal  asiatique^  1850. 

Dounach  est  aussi  connu  sous  le  nom  d'Adomm,  et  porte 
le  surnom  à'Abou  Sahl.  C'était  un  juif  de  Caïrouan,  d'une 
famille  originaire  de  Bagdad,  qui  naquit  au  commencement 
du  X*  siècle.  Il  fut  le  disciple  et  l'ami  du  célèbre  Ishaq  ben 
Soleiman  el  Israïly,  avec  lequel  on  l'a  confondu,  parce  qu'ils 
écrivirent  tous  deux  un  commentaire  de  VIecira.  Il  fut 
aussi,  pour  la  même  raison,  confondu  avec  Jacob  ben  Nessim. 

Dounach  compte  parmi  les  premiers  Juifs  qui  s'occupèrent 
de  leur  grammaire.  Il  s'occupa  aussi  de  l'écriture,  de  mathé- 
matiques, de  philosophie  et  de  médecine. 

Dans  le  commentaire  susdit  il  cite,  entre  autres  ouvrages 
qu'il  a  composés,  un  traité  sur  le  calcul  indien  et  un  traite 
d'astronomie  dédié  au  Khalife  Fathmide  El  Mansour. 

Il  paraît  avoir  écrit  sur  les  simples,  attendu  que  nous  le 
trouvons  cité  trois  fois  dans  Ebn  el  Beithar.  La  première 
citation  n'est  qu'une  question  de  synonymie,  à  propos  de  la 
gentiane.  La  deuxième  est  relative  au  gingembre  et  il  re- 
commande de  choisir  celui  qui  est  récent.  La  troisième  a 
trait  à  la  rose.  «  Il  en  est,  dit-il,  de  jaunes,  et  j'ai  entendu 
dire  qu'il  y  en  avait  de  noires  dans  l'Irak.  La  meilleure  est 


LE  MAGIiEB.  417 

celle  de  Perse,  qu'on  dit  ne  pas  s'ouvrir.  Il  faut  choisir  celle 
qui  a  le  plus  d'odeur,  d'un  rouge  prononcé,  à  pétales  serrés.  » 
Voici  pourquoi  Munk  n'a  connu  que  cette  dernière  cita- 
tion. Il  s'en  est  rapporté  à  Sontheimer,  qui,  pour  les  deux 
autres,  écrit  JRu/ua,  au  lieu  de  Dounàch.  Dans  les  manuscrits 
que  nous  avons  consultés,  on  peut  lire  quelquefois  Douîs  au 
lieu  de  Dounach,  ce  qui  est  une  faute  de  copiste,  mais  nous 
avons  rencontré  constamment  bcn  Tcmim. 


^n 


V.  -  ESPAGNE. 


Les  Arabes  ne  trouvèrent  pas  d'initiateurs  en  Espagfne,  et 
ils  durent  emprunter  à  l'Orient  la  semence  qui  devait  porter 
chez  eux  de  si  beaux  fruits.  Nous  rencontrons  bien  dès 
l'abord  quelques  noms  de  médecins  chrétiens,  mais  nous  ne 
croyons  pas  qu'ils  aient  pu  puiser  à  d'autres  sources  que 
les  Arabes,  dont  la  langue  leur  fut  bientôt  familière. 

Le  pèlerinage  de  la  Mekke  fut  sans  doute  pour  la  science 
un  puissant  véhicule,  mais,  en  dehors  du  voyage  religieux, 
nous  en  connaissons  d'autres  qui  avaient  la  science  pour 
objet. 

Mohammed  ben  Abdoun  se  rendit  en  Orient,  fut  chargé 
quelque  temps  du  service  de  l'hôpital  de  Fostath,  et  s'en 
revint  en  Andalousie. 

lounes  de  Harran  quitta  son  pays  pour  s'établir  en  E.spa- 
gne.  Ses  deux  fils,  Ahmed  et  Omar,  allèrent  passer  dix 
années  en  Orient  et  étudièrent  la  médecine  à  Bagdad  sous 
Tsabet  ben  Sinan,  et  l'oculistique  sous  Ebn  el  Ouacif,  tous 
les  deux  d'origine  sabienne.  Amrou  ben  Hafs  allait  h  Caï- 
rouan  du  temps  d'Ebn  Eddjezzar  et  en  rapportait  le  Viatique. 

Makkari  a  consacré  un  chapitre  aux  Espagnols  qui  se  ren- 
dirent  en  Orient  (n'  70-1,  ancien  fonds  arabe). 

D'autre  part  des  orientaux  furent  attirés  en  Espagne  par 
les  souverains  du  pays» 

Le  IX*^  siècle  avait  déjà  compté  un  prince  ami  des  savants, 
et  qui  lui-même  était  un  poète,  Abderrahman,  deuxième  du 
nom.  Mais  ce  fut  surtout  au  dixième  siècle  ({ue  les  Omméia- 


ESPAGNE.  410 

des  d*Espagne  se  montrèrent  les  dignes  émules  des  Abbas- 
sides. 

Le  X'  siècle  fut  le  plus  brillant  pour  l'Espagne  musul- 
mane. Il  fut  presque  rempli  tout  entier  par  les  règnes  de 
deux  princes  qui,  sur  un  trône  solidement  établi,  encoura- 
gèrent les  lettres,  les  sciences  et  les  arts. 

Abderrahman,  troisième  du  nom,  dit  Ënnasser,  était  en 
relation  d'amitié  avec  plusieurs  princes  chrétiens.  On  connaît 
la  célèbre  ambassade  qui  lui  fut  envoyée  par  Tempereur 
d* Allemagne  Othon-Ie-Grand,  et  qui  était  conduite  par  Jean 
de  Grorze,  dont  le  fanatisme  ne  put  troubler  la  sérénité  et  la 
courtoisie  d' Abderrahman. 

Une  autre  ambassade,  qui  fut  un  événement  heureux  pour 
la  science,  lui  vint  de  Constantinople. 

Parmi  les  présents  que  l'empereur  Romain  adressait  au 
Khalife,  se  trouvait  un  exemplaire  grec  de  Dioscorides  avec 
les  figures  des  plantes  merveilleusement  peintes.  «  Pour 
profiter  de  Dioscorides,  disait  liomain  dans  sa  lettre,  il  faut 
uu  homme  qui  possède  parfaitement  le  grec.  Quant  &  Orose 
(dont  un  exemplaire  était  aussi  envoyé)  vous  pouvez  trouver 
chez  vous  des  latins  qui  peuvent  le  lire.  »  Or,  personne  à 
Gordoue  ne  savait  le  grec.  Ennasser  pria  donc  Romain  de 
lui  envoyer  un  homme  sachant  le  grec  et  le  latin,  et  en  l'an- 
née 051  arriva  le  moine  Nicolas. 

Il  y  avait  alors  à  Cordoue  un  certain  nombre  de  médecins 
qui  s'occupaient  activement  à  reconnaître  les  médicaments 
cités  par  Dioscorides  et  restés  inconnus. 

Parmi  eux  on  comptait  surtout  le  juif  Hasdaï  ben  Cha^ 
prout,  le  même  qui  reçut  Jean  de  Gorze,  Abou  Othman 
Djezzàr,  le  médecin  Mohammed  ben  Saïd,  Abderrahman 
ben  Heitam,  Abou  Abdallah  Sakaly  qui  parlait  le  grec.  Par 
leurs  soins  on  parvint  à  reconnaître  les  noms  de  tous  les 
simples  de  Dioscorides,  à  part  une  dizaine  (1) . 

Le  moine  Nicolas  fut  le  premier  qui  composa  à  Gordoue  la 
grande  thériaque,  dite  El  Farouk.  Il  s'était  lié-  d'amitié  avec 
le  juif  Ua«daï  ben  Chaprout  qui  était  aussi  en  faveur  auprès 

(l)Pour  d*autres  rôoseignements  sur  ce  fait,  voir  les  articles 
Dioscorides  et  Bba  Djoidjoi. 


4*J0      HISTOIRE  DE   L\  MÂDIîiCINE  ARABE.   —    LIVRE  TROISIÈME. 

du  prince  et  que  Ton  dit  même  avoir  été  son  ministre  (1). 
Ces  faits  témoigrnent  de  i'esprit  de  tolérance  qui  régrnait  à  la 
cour  d'Abderrahman  Ennasser 

Nous  n'avons  pas  à  raconter  ici  les  travaux  comman- 
dés par  Âbderrahman,  mais  nous  ne  pouvons  passer  aooâ 
silence  la  construction  d'Ezzahra,  dont  il  fit  sa  résidence,  et 
d'où  le  célèbre  Abulcasis  tira  son  surnom  d'Ezzahrsouy^ 

Hakem  fut  le  dig^ne  continuateur  de  l'œuvre  de  son  père. 
Il  envoyait  par  tous  les  pays  des  émissaires  pour  lui  recruter 
des  livres  et  particulièrement  en  Orient.  Il  adressa  mille 
pièces  d'or  à  son  parent  Aboulfarage  el  Ispabaay,  Tautear 
du  célèbre  recueil  de  chants  arabes  connu  sous  le  nom  de 
Kitab  el  Agany,  et  il  en  obtint  un  exemplaire  avant  que 
l'ouvrage  n'ait  paru  dans  l'Irak.  Il  entretenait  des  copistes 
et  des  relieurs,  et  il  institua  dans  l'Espagne  des  bibliothèques 
telles  que  l'on  n'en  avait  jamais  vues  de  pareilles  ni  avant 
ni  après  lui.  (Makkari). 

Le  catalogue  de  sa  bibliothèque  ne  contenait  pas  moins 
de  quarante-quatre  volumes,  et  on  rapporte  que  le  nombre 
des  volumes  se  montait  à  six  cent  mille  (Gasiri,  II,  38). 

Le  fameux  général  El  Mansour,  qui  gouverna  de  fait  sous 
le  règne  de  Hecham,  protégeait  aussi  les  savants  et  se  plaisait 
dans  leursociété.  S'il  faut  en  croire  Léon  l'Africain  etConde, 
Abulcasis  aurait  été  attaché  à  sa  personne  en  qualité  de 
médecin. 

Ces  encouragements  ne  tardèrentpasà  porter  leurs  fruits. 
A  travers  une  foule  de  savants  obscurs  nous  voyons  apparaî- 
tre déjà  quelques  hommes  éminents. 

Le  plus  illustre  de  tous  est  Abulcasis,  qui  embrassa  dans 
ses  écrits,  publiés  sous  le  titre  collectif  de  Tesrif^  la  totalité 
de  la  science  médicale,  mais  qui  s'est  fait  un  nom  surtout 
comme  chirurgien.  A  côté  de  lui  nous  pouvons  encore  citer 
Ebn  Djoldjol  qui  s'adonna  particulièrement  à  l'histoire  na- 
turelle médicale  et  compléta  Dioscorides. 

La  plupart  des  médecins  de  second  ordre  dont  nou?;  aurons 

(1)  Voir  aussi  la  notice  de  M.  Pliiloxcuc  Luzzato  ïsiir  Abou 
Yousouf  Hasdaï  Ebn  Schaprout. 


ESPAGNE.  421 

&  parler  étaient  attachés  à  la  personne  des  Khalifes  Abder- 
rahman  Ennasser,  et  de  Hakem  el  Mostancer.  Le  premier  en 
admit  plusieurs  dans  son  intimité,  leur  confia  des  charges 
importantes  ou  leur  conféra  la  dignité  de  vizir.  Nous  avons 
déjà  parlé  du  juif  Hasdaï  ben  Chaprout  qui  comptait  parmi 
ses  ministres. 

Les  sciences  mathématiques  et  astronomiques  brillèrent 
aussi  d*un  vif  éclat  dans  la  personne  de  Moslema,  qui  lit 
plusieurs  bons  élèves,  dont  nous  parlerons  au  siècle  suivant. 
A  cette  époque,  Gerbert  habitait  Barcelone,  qu'il  ne  paraît 
pas  avoir  dépassée.  Nous  savons  positivement  qu'il  réclama 
plus  tard  la  traduction  de  deux  livres  arabes,  l'un  d'arith- 
métique et  l'autre  d'astronomie.  Ces  écrits  sortaient  sans 
doute  de  l'école  de  Moslema.  Gerbert  a  passé  pour  un  magi- 
cien. Il  est  probable  que  ses  connaissances  hermétiques  pro- 
venaient de  la  même  source,  Moslema  ayant  aussi  cultivé 
l'alchimie.  Nous  ne  pouvons  oublier  ici  le  célèbre  calendrier 
de  Cordoue. 

En  somme,  c'est  à  la  grandeur  et  à  la  solidité  des  assises 
posées  au  X*  siècle  que  l'édifice  scientifique  de  l'Espagne 
musulmane  dut  de  pouvoir  s'élever  et  se  maintenir  pendant 
les  guerres  civiles  qui  désolèrent  les  siècles  suivants  et  de 
produire  enfin  son  magnifique  couronnement  au  XII^  siècle, 
au  milieu  de  la  double  invasion  chrétienne  et  berbère. 


Observations  générales  sur  les  Médecins  de  cette  période. 

Nous  n'avons  que  d'assez  maigres  renseignements  sur  les 
médecins  espagnols  du  X»  siècle.  Ce  qui  fait  surtout  défaut, 
ce  sont  les  dates  :  nous  ne  pouvons  en  assigner  qu'à  un  petit 
nombre  d'entre  eux.  De  plus,  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  qui  est  à 
peu  près  notre  seul  guide,  a  dans  sa  nomenclature  fréquem- 
ment interverti  Tordre  des  temps.  Il  met  côte  à  côte  des  mé- 
decins distants  l'un  de  l'autre  de  plus  d'un  siècle.  C'est  ainsi 
qu'il  place  après  des  médecins  du  VI*  siècle  de  l'hégire  Ebu 
Samadjoun,  qui  appartient  au  IV'  d'après  la  date  donnée  par 
rhistorien  lui-même  dans  la  notice  de  ce  médecin. 


422    HISTOIRE  DE  LÀ  MÉOECINB  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

Nous  n'en  avons  pas  moins  recueilli  tous  ces  noms  en 
suivant  la  nomenclature  d'Ebn  Âbi  Ossaîbiah  toutes  les  fois 
qu'il  ne  se  mettait  pas  en  contradiction  avec  lui-même.  Le 
nombre  considérable  de  médecins,  si  obscurs  qu'ils  soient, 
accuse  au  moins  un  grand  développement  de  la  médecine 
en  Espagne. 

ABD  EL  MALEK  BEN  HABIB  ESSALAMY. 

Nous  ne  le  connaissons  que  par  les  extraits  d'Ebn  el  Eba* 
tib  donnés  par  Gaslri.  C'était  un  fécond  polygrraphe,  qoi 
aurait,  nous  dit-on,  écrit  plus  de  mille  ouvrages  sur  toutes 
sortes  de  sujets,  et  soixante  sur  la  médecine  seulement.  Il 
mourut  à  Cordoue  en  l'année  389  de  l'hégire,  901  de  Tère 
chrétienne  (II,  107). 

ABDALLAH  BEN  MOHAMMED  EL  CHAKEFT. 

C'était  un  philosophe  et  un  médecin  éminent,  qui  mourut 
à  Cordoue  en  1012,  laissant  un  livre  intitulé  :  Observations 
confirmées  par  l'expérience  (Casiri,  II,  130). 

lAHYA    BEN    lAHYA. 

lahya  ben  Yahya  ben  Essmina,  de  Cordoue,  nous  est  donné 
comme  instruit  dans  les  mathématiques,  l'astronomie,  la 
médecine,  la  logique,  la  jurisprudence,  les  hadits,  l'histoire 
et  la  poésie.  Il  voyagea  dans  l'Orient  et  mourut  en  l'année 
315  de  l'hégire,  927  de  l'ère  chrétienne. 

^  ABOUL  CASSEM  MOSLAMA  BEN  AHMED  EL  MADJRITHY. 

Il  habitait  Cordoue  et  vivait  du  temps  d'El  Hakem.  C'était 
plutôt  un  mathématicien  et  un  astronome  qu'un  médecin. 
Cependant  il  ne  dut  pas  être  étranger  à  la  médecine,  attendu 
qu'il  compte  des  médecins  parmi  ses  disciples.  Il  surpassa, 
dit-on,  les  astronomes  qui  l'avaient  précédé  en  Espagne,  ce 
qui  suppose  que  cette  science  était  déjà  cultivée  bien  que 


KSPAQNS.  423 

l'histoire  n*en  dise  rien.  Il  étudia  TÂlmageste  de  Ptolémée, 
composa  un  traité  sommaire  comprenant  les  tables  d'Âlba- 
tani,  commenta  celles  de  Mohammed  ben  Moussa  et  réduisit 
ses  années  persanes  en  années  arabes  ;  enfin  un  traité  de 
l'astrolabe.  Les  Bibliothèques  de  Paris  et  de  l'Escurial  ont  de 
lui  un  traité  d'alchimie,  et  la  Bodléienne  un  traité  des  pierres 
précieuses.  Il  existe  aussi  à  l'Escurial  un  traité  de  la  gêné-  y^ 
ration  des  animaux.  Il  vécut  jusqu'en  Tannée  1007  de 
notre  ère. 

Moslama  fut  sans  doute  un  de  ceux  qui  secondèrent  le 
plus  efficacement  les  efforts  d'Âbderrahman  et  surtout  d'El 
Hakem.  Il  fut  en  tout  cas  le  premier  grand  nom  de  l'Espa-  ^ 
gne  savante  et  compta  parmi  ses  disciples  Ebn  Samedj,  Ebn 
SofEEu:,  Eszahraouy,  El  Kermany,  Ebn  Khaldoun,  dont  nous 
n'aurons  à  parler  que  dans  le  siècle  suivant 

ABOU  DJAFAR  AHMED  BEN  KHAMIS. 

Il  était  de  Tolède,  et  tout  ce  que  nous  savons  sur  son 
compte,  c'est  qu'il  cultiva  les  mathématiques,  l'astronomie  et 
la  médecine. 

HAMED  BSN  BERRACHA. 

Il  vivait  SOUS  l'émir  Mohammed  ben  Abderrahman,  et  c'é- 
tait un  habile  médecin  de  Cordoue. 

nJOUAD. 

C'était  un  chrétien.  Il  vivait  au  temps  de  l'émir  Moham- 
med et  il  laissa  son  nom  attaché  h  un  looch  et  à  un  sirop. 

KHALED  BEN  lAziD. 

Khaled  ben  lézid  ben  Rouman  était  chrétien.  Ce  fut  un 
médecin  renommé  de  son  temps,  et  il  excellait  dans  la  chi- 
rurgie. Nesthas,  médecin  du  Caire,  lui  adressa  une  lettre  sur 
l'urine. 


42i      niSTOlRS  DE  L\  MÉDECINS  ARABE.   —  LIVRE  TR0I8IÊ1IB. 

Khaled  lai&sa  un  fils  aussi  médecin,  mais  qui  fut  inférieur 
h  son  père. 


EBN  MELOUKA. 

C'était  aussi  un  chrétien.  Il  vivait  sous  l'émir  Obéid  Allah 
et  au  commencement  du  règne  d'Abderrahman  Ennasser.  Il 
pratiquait  la  chirurgie  et  on  voyait,  dit-on,  trente  siégres  à 
sa  porte  pour  l'usage  des  clients. 

AMRAN  BEN  ABI  AMR. 

C'était  un  médecin  intelligent,  qui  fut  attaché  à  Témir 
Abderrahman.  Il  a  écrit  un  compendium. 

MOHAMMED  BEN  FATEH  BEN  THEMLOUN. 

Il  nous  est  donné  comme  le  médecin  le  plus  renommé  de 
son  temps. 

Ebn  Djoldjol  relate  une  cure  qu'il  fit  sur  le  fils  du  vizir 
Abdallah  ben  Bedr,  affecté  d'un  ulcère. 

lOUNES  EL  HARRANY. 

lounes  vint  de  l'Orient  s'établir  en  Espagne  sous  le  règne 
de  Mohammed  ben  Abderrahman.  Il  était  habile  médecin  et 
se  fit  une  réputation  à  Cordoue.  On  nous  a  conservé  sur  son 
compte  une  curieuse  anecdote.  Il  avait  apporté  un  remède 
secret,  un  électuaire  contre  les  coliques,  et  il  ne  le  délivrait 
qu'au  prix  de  cinquante  dinars.  Il  fit  fortune  avec  son  remède. 
Cependant  cinq  médecins,  parmi  lesquels  Hamed  et  Djouad, 
se  concertèrent  et  se  cotisèrent  pour  l'acheter.  Chacun  d'eux 
en  emporta  un  fragment  et  le  soumit  à  l'analyse.  Ayant  mis 
par  écrit  ce  qu'ils  en  pensaient,  ils  vinrent  chez  lounes  lui 
faire  part  de  leurs  conjectures  et  lui  dirent  :  Si  nous  avons 
rencontré  juste,  ton  remède  est  connu;  .^ir.on  en  qualité  de 


B8PAGNI.  425 

médecins  nous  te  prions  de  livrer  ton  secret.  lounes  avoua 
qu*il  ne  leur  manquait  que  de  connaître  les  doses  et  il  leur 
donna  la  formule  de  ce  remède,  qui  fut  depuis  vulgaire  eu 
Espagne,  sous  le  nom  de  Marits  el  Kebir.  Ebn  Ouafed 
(Eben  Guefith)  paraît  en  avoir  fait  le  sujet  d'un  traité. 

AHMED  ET  OMAR,  FILS  DE  lOUNES. 

Sous  le  règne  de  Nasser,  en  Tannée  330  (942  de  notre  ère), 
ils  s*en  furent  dans  TOrient,  où  ils  restèrent  dix  années. 

Us  étudièrent  à  Bagdad  sous  Tsabet  ben  Sinan  ben  Tsabet 
les  livres  de  Galien,  et  Toculistique  sous  Ebn  Ouassif.  Ils 
ne  rentrèrent  en  Espagne  qu*en  351  et  se  fixèrent  à  Zahra 
où  ils  furent  attachés  au  service  de  Mostancer  billah,  qui  les 
préférait  à  tous  autres.  A  la  mort  de  son  frère,  Ahmed  resta 
au  service  de  Mostancer  qui  le  tenait  en  grande  considéra- 
tion. C'était  un  homme  affable  et  d'un  esprit  solide.  Il  con- 
naissait parfaitement  les  médicaments  simples  et  composés. 

Ebn  Djoldjol  rapporte  qu'il  y  avait  chez  lui  douze  garçons 
occupés  à  la  préparation  des  médicaments.  Il  avait  obtenu 
d'en  délivrer  gratuitement  aux  pauvres.  Il  employait  sa 
science,  dit  son  biographe,  à  consoler  ses  amis,  ses  voisins 
et  les  pauvres.  Il  laissa  à  Gordouo  la  réputation  d'un  habile 
oculiste.  C'est  peut-être  lui  qui  apprit  à  Abulcasis  que,  dans 
l'Irak,  on  pratiquait  l'opération  de  la  cataracte  avec  une  ai- 
guille creuse. 

ISHAQ,  DIT  LE  PERE  DU  VIZIR. 

C'était  un  médecin  chrétien,  expérimenté  et  bienfaisant.  Il 
vivait  sous  l'émir  Abdallah. 


lAHYA    BEN    ISHAQ. 

Il  vivait  sous  l'émir  Abderrahman  Eunacer  Lidinillah,  (I) 

(l)Ebn  el  Khatib  (dans  Casiri)  le  rapporte  nu  premier  Abder- 
rahman, et  le  fait  auteur  d*un  traité  de  médecine  intitulé  Ibr'êjm,  la 
Soie. 


426     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  UTRR  TROISIÊUB. 

qui  avait  eu  lui  la  plus  grande  confiance*  le  tenait  en  gnadt 
considération,  en  fit  un  vizir  et  lui  confia  pendant  quelque 
temps  le  gouvernement  de  la  ville  de         ? 

lahya  quitta  la  religion  de  son  père  et  se  fit  masnlmui. 
C'était  un  médecin  intelligent  et  savant,  et  un  habile  chirw- 
gieu.  Il  composa  un  traité  de  médecine  en  cinq  volumes, 
d'après  la  doctrine  des  Grecs,  dit  Ebn  Abi  Ossaîbiab,  ce  qui 
prouve  que  les  traductions  avaient  pénétré  dans  TOccidenl 

Ebn  Djoldjol  rapporte  un  fait  de  sa  pratique.  Un  homme 
de  la  campagne  vint  un  jour  le  réclamer  à  grands  cris  s*è- 
criant  qu'il  allait  mourir  de  douleur.  Le  vizir  lui  demanda 
ce  qu*il  avait  J'ai  la  verge  enflammée  et  gonflée,  dit  le  ma- 
lade, et  je  n'en  puis  dormir.  Le  vizir  lui  fit  chercher  une 
pierre  lisse,  lui  fit  placer  l'organe  malade  par  dessus,  et 
appuyant  avec  la  main  il  en  fit  sortir  du  pus  et  au  milieu 
de  ce  pus  un  grain  d'orge.  Tu  es  uu  homme  dépravé,  dit-il 
au  campagnard  :  tu  as  abusé  de  ta  monture,  et  tu  as  rencon- 
tré uu  grain  d'orge  qui  t'est  resté  dans  la  verge  et  que  voiUu 
Yas-t'en«  tu  es  guéri.  Le  campagrnard  avoua  le  £ait.  L'anec- 
dote se  trouve  aussi  dans  le  Kitab  el  hokama. 

C'est  bien  à  tort  que  Reiske  (Mon.  med.]  a  voulu  trouver 
dans  ce  fait  un  cas  de  sj-philis. 

SOLEIMAN  ABOU  BEKR  BEN  SADJ. 

Il  vécut  (lu  temps  de  Nacer,  qui  le  prit  à  son  service,  et 
même  lui  confia  le  gouvernement  de  Sadouna.  Soleiman 
était  un  médecin  habile  et  connaissant  les  secrets  de  sou  art. 


EBN  OUM  EL  BENNIN,   DIT  EL  ARIF. 

Il  était  de  Cordoue.  L'émir  Nasser  se  l'attacha  en  qualité 
de  médecin,  et  en  raison  de  sa  sapicité,  il  le  consultait  fré- 
quemment et  l'admettait  dans  son  intimité.  C'ét^iit  un  mé- 
decin distingué. 


KSPAaNS.  427 

SAID  BEN  ABD   RABBIIII. 

Affranchi  de  Témir  Hecliam,  Saïd  était  neveu  du  poète 
Ahmed  ben  Mohammed  ben  Abd  Rabbihi,  auteur  du  livre 
dit  El  Aquad.  Ayant  un  jour  demandé  une  audience  à  son 
oncle  il  fut  repoussé.  Gomme  il  était  aussi  poète,  il  fit  parve- 
nir à  son  oncle  un  quatrain  que  nous  traduirons  de  cette  ma- 
nière : 

Si  vous  me  refusez  un  moment  d'entretien, 
J'ai  pour  me  consoler  Hippocrate  et  Galien. 
Dans  mon  isolement  ils  me  viennent  en  aide  : 
Leurs  écrits  à  tout  mal  apportent  un  remède. 

L*oncle  répliqua  sur  le  même  ton  : 

Voilà  donc  tes  amis  :  Hippocrate  et  Galien, 

Ce  sont  des  invités  qui  ne  dépensent  rien. 

Pour  eux  dédaigne  tout  :  mais  crains  qu'il  ne  t' arrive, 

De  trouver  un  beau  jour  le  diable  pour  convive. 

Saïd  était  un  médecin  distingué.  Il  avait  une  méthode  par- 
ticulière de  traitement  pour  les  fièvres. 

Il  écrivit  un  poème  sur  la  médecine  qui  prouve  la  connais- 
sance qu'il  avait  des  doctrines  anciennes.  H  écrivit  aussi 
des  observations  de  médecine  et  un  dispensaire  cité  par 
Ebn  Beithar. 

Il  excellait  dans  le  pronostic  et  dans  la  connaissance  des 
faits  atmosphériques. 


AMROU  BEN  HAFS  BEN  BARIQ. 

Il  alla  passer  six  mois  h  Gaïrouan  auprès  d'Ebn  Djezzar, 
et  rapporta  en  Espagne  le  Zad  el  Moçafir. 

Il  fut  attaché  au  service  de  Nasser,  ainsi  qu'à  la  personne 
du  grand  fauconnier  et  mourut  jeune. 

ASBAR  BEN  lAHYA. 

Il  était  au  service  de  Nasser.  C'est  le  premier  que  nous 
voyons  mentionné  comme  ayant  préparé  pour  le  prince  les 


428     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

pilules  OU  pastilles  d'anis^  préparation  dont  nous  ignorons 
la  formule. 


MOHAMMED  BEN  TEMLIH. 

C'était  un  médecin  savant  et  versé  dans  la  littérature. 
Il  fut  attaché  au  service  de  Nasser  et  fut  aussi  le  médecin  et 
l'intime  de  Mostancer  Hakem,qui  le  chargea  de  surveiller  les 
constructions  ajoutées  au  sud  de  la  mosquée  de  Gordoue. 
Cette  construction  fut  achevée  en  2&S  (1008).  Le  nom  de 
Mohammed  était  inscrit  sur  le  Mihrab  en  lettres  d*or.  Il 
écrivit  un  livre  de  médecine. 


ABOUL  OUALID  MOHAMMED  BEN  EL  HOSSEIN  BEN  EL  KINANI. 

Il  servit  Nacer  et  Mostancer.  C'était  un  médecin  savant, 
bienfaisant  et  désintéressé. 


ABOU  ABDALLAH   BEN  EL  KINANY. 

C'est  le  neveu  du  précédent,  qui  fut  aussi  son  maître  en 
médecine.  Abou  Abdallah  fut,  dit-on,  un  esprit  délié,  une 
intelligence  facile,  un  médecin  instruit  et  versé  dans  les 
sciences.  Outre  son  oncle,  il  eut  plusieurs  maîtres  dont  on 
nous  a  conservé  les  noms,  que  nous  donnerons  ici  h  titre  de 
curiosité. 

Ce  furent  Mohammed  ben  Abdoun  eddjily,  Omar  ben 
lounes  el  harrany,  Ahmed  ben  Hafsoun  le  philosophe, 
Abou  Abdallah  Mohammed  ben  Ibrahim  Ennahouy,  Abou 
Abdallah  Mohammed  ben  Mesaoud  ennahrj-,  Mohammed 
ben  Mimoum  dit  Marcous,  Aboulcassem  ben  Nedjem,  Saïd 
de  Sarragosse,  Aboul  Ilarets  Tévêque,  élève  de  Uaby  ben 
Zaïd  l'évoque  et  le  philosophe,  Abou  Merin  ennahry,  Mos- 
liima  el  Madjrity. 

Quelques-uns  de  ces  noms  nous  sont  déjà  connus  :  d'autres 
r^ont  intéressants  à  divers  titre.^.  Abou  Ab'lallah  fut  médecin 


EÔPAONE.  421) 

d*Abou  Mansour  ben  Abi  Amr  et  de  son  fils  el  Modhaffer.  Il 
mourut  vers  Tannée  420  (1028)  à  près  de  80  ans. 

Ebn  Beithar  cite  un  Ebn  Kinany  qui  recueillit  l'Aconit 
Antkora  à  Sarragosse.  Abou  Abdallah  s'y  était  retiré  et  y 
mourut  peut-être. 

AHMED  BEN  HAKAM  BEN  HAFSOUN. 

Médecin  instruit  et  versé  dans  les  sciences  philosophi- 
ques, il  fut  attaché  au  Hadjeb  Djafar  et  servit  el  Mostancer 
jusqu'à  la  mort  de  Djafar,  où  il  cessa  de  faire  partie  du 
conseil  des  médecins. 

Nous  relèverons  ces  derniers  mots,  qui  ont  une  grande 
importance  bien  que  peu  explicites. 

ABOU  BEKR    AHMED  BEN  DJABER. 

C'était  un  médecin  éminent,  au  service  d'El  Mostancer. 
La  famille  de  Nacer  le  tenait  en  grande  considération. 

ABOU    ABD    EL    MALEK    ELTHAQUIFY.  ^^^ 

Outre  la  médecine  il  s'occupa  de  littérature  et  de  mathé- 
matiques et  étudia  les  livres  d'Euclide. 

Il  fut  médecin  do  Nacer  et  de  Mostancer  et  fut  aussi  atta- 
che à  l'arsenal.  Sur  ses  vieux  jours  il  fut  pris  de  cataracte. 

HAROUN  BEN  MOUSSA  EL   A8DY. 

C'était  un  éminent  chirurgien.  11  servit  Nacer  et  Mostan- 
cer. (Wustenfcld  écrit  El  Adouy). 

MOHAMMED  BEN  HAMDOUN  EDDJILY  EL  ADAOUV. 

En  Tannée  341)  (000)  il  se  rendit  en  Orient,  habita  Uassora, 
puis  vint  à  Fostath,  où  il  fut  chargé  de  l'hôpital,  position 


/ 


430  HXSTOIBE  DE  LA.  HÉDBaSB  ARABB.  —  UTBM  TROÎSiÈME. 

dans  laquelle  il  fit  preuve  d*habileté.  Sedjestanylni  enaeignt 
la  logique. 

En  Tannée  360  (970)  il  revint  en  Espagrne  où  il  servit 
Mostancer  et  Mouyed.  H  passait  pour  le  médecin  le  plus 
éminent  de  Cordoue.  Il  a  laissé  un  livre  intitulé  Elidcnr. 
Il  s'était  aussi  occupé  de  mathématiques.  (Il  est  dit  aussi 
ben  Abdoun.) 


ABDUBBRAHMAX  BEN  ISUAQ  BEN  EL  HSITHAM. 

Il  naquit  à  Cordoue  et  fut  un  des  grands  médecins  de 
TEspagne.  En  Tannée  051  de  notre  ère,  il  faisait  partie  des 
médecins  chargés  d*aider  le  moine  Nicolas  à  la  déterminar 
tion  des  plantes  mentionnées  dans  Touvrage  de  DioscorideSt 
dont  un  exemplaire  original  avait  été  envoyé  au  Khalife 
Nasser,  par  Romain  empereur  de  Gonstantinople. 
'  Il  écrivit  aussi  un  traité  de  médecine  sous  le  nom  d^Iktifa 
ou  le  livre  suffisant  ;  le  complément  et  la  perfection  des 
médicaments  purgatifs;  un  relevé  des  erreurs  contenues 
dans  TIttimad  d'Ebn  Djezzàr. 

Ebn  Beithar  cite  quelquefois  Ebn  el  Heitsam  et  notam- 
ment son  livre  dit  el  Iktifa,  à  propos  du  Stellion. 

EBN  DJOLDJOL. 

La  notice  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  sur  Ebn  Djoldjol  a  été 
donnée  in  exteusopar  M.  de  Sacy  dans  son  Abdellatif.  Nous 
en  reproduirons  le  résumé. 

Ebn  Djoldjol  était  le  surnom  d'Abou  Daoud  Soleiman  ben 
Hassan.  Nous  ignorons  les  dates  de  sa  naissance  et  de  sa 
mort,  mais  son  nom  se  rattache  à  des  événements  connus. 
C'est  ainsi  que  nous  savons  qu'il  fut  le  médecin  du  Khalife 
Ommeyade  Hechani,  qui  régnait  dans  la  seconde  moitié  du 
X«  siècle. 

Son  nom  se  rattache  aussi  à  un  événement  importante 
dont  il  nous  a  conservé  le  souvenir,  dont  nous  avons  déjà 
parlé  précédemment,  mais  que  nous  devons  rappeler  ici; 


ESPAGNE.  431 

Nous  croyons  que  cet  événement  fut  la  cause  qui  détermina 
la  direction  qu'Ebn  Djoldjol  imprima  à  ses  travaux  scienti- 
fiques. 

En  l'année  948  de  Tère  chrétienne,  le  Khalife  Nasser 
Abderrahman  reçut  des  présents  de  Tempereur  byzantin 
Romanus,  et  parmi  ces  présents  se  trouvait  un  exemplaire 
de  Dioscorides  enrichi  de  figfures.  Ce  livre  était  en  grec  et 
personne  ne  pouvait  le  lire  à  Cordoue.  Abderrahman  écrivit 
à  l'empereur  de  lui  envoyer  un  homme  capable  de  déchiffrer 
le  manuscrit,  et  Romain  désigna  le  moine  Nicolas,  qui  arriva 
à  Cordoue  en  951. 

Nicolas  se  mit  en  relations  avec  quelques  médecins,  qui 
s'étaient  déjà  préoccupés  de  la  détermination  des  termes 
techniques  de  Dioscorides.  Parmi  eux  se  trouvait  un  savant 
juif  Hasdaï  ou  Khachda  ben  Chaprout,  qui  jouissait  &  la 
cour  d'une  grande  considération,  et  le  même  qui  reçut  Jean 
de  Gorze  envoyé  à  Cordoue  par  l'empereur  Othon.  On  cite 
cinq  autres  noms,  qui  ne  nous  sont  pas  connus  d'ailleurs,  h 
part  Ebn  el  Heitham.  Le  travail  commun  de  ces  hommes 
aboutit  il  la  connaissance  des  médicaments  et  à  la  rectifica- 
tion des  termes  grecs,  dont  il  ne  reste  plus  qu'une  dizaine, 
dit  le  narrateur,  sur  lesquels  on  conserve  des  doutes.  Nous 
avons  vu  à  l'Escurial  une  copie  assez  mauvaise  de  Diosco- 
rides, incomplète,  où  les  sjmonymes  arabes  font  défaut  dans 
le  tiers  environ  des  cas.  En  lisant  ce  manuscrit,  on  comprend 
la  nécessité  du  travail  de  révision  dont  nous  parlons. 

Ebn  Djoldjol  vit  le  moine  Nicolas,  et  il  écrivit  lui-même 
sur  le  sujet  en  question.  Un  de  ses  livres  est  l'explication 
des  noms  de  médicaments  simples  mentionnés  dans  l'ou- 
vrage de  Dioscorides,  écrit  h  Cordoue  en  982.  Un  autre  livre 
est  le  supplément  des  médicaments  simples  inconnus  à 
Dioscorides.  Dietz  l'a  reproduit  dans  son  travail  sur  Ebn  Bei- 
thar.  Ebn  Djoldjol  écrivit  aussi  un  traité  de  la  thériaque  ; 
une  exposition  des  erreurs  commises  par  quelques  méde- 
cins enfin  une  histoire  des  médecins  qui  fleurirent  sous  le 
règne  de  Hecham.  (1)  Ebn  Abi  ()s.saïî)iah  cite  souvent  Ebn 

(I)  On  lit  dnDB  Djcmal  eddin:  Il  composa  un  petit  ouvrage  sur 
les  Annales  des  savants,  Tapkh  cl  hokima. 


\ 


4^2    HISTOIRE   DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TROISl&lCK. 

Djoldjol.  Nous  pensons  qu'il  a  dii  écrire  encore  aatre  chose, 
en  raison  des  citations  faites  par  le  même  Ebn  Abi  Ossalbiah 
et  par  Ebn  Beithar,  citations  qui  ne  paraissent  pas  directe- 
ment provenir  des  ouvrages  susdits.  Ebn  Beithar  le  cite  une 
trentaine  de  fois  dans  son  traité  des  simples,  tantôt  eoofl 
son  surnom,  tantôt  sous  le  nom  de  Soleiman  ben  Hassan. 

Le  travail  biographique  d'Ebn  Djoldjol  prouve  que  la 
science  avait  déjà,  au  X*  siècle,  de  nombreux  représentants 
en  Espagne. 


JLRIB  BEN  SAID  EL  KATEB. 

Nous  connaissons  ce  médecin  d'abord  par  un  livre  de  sa 
composition  qui  existe  à  la  Bibliothèque  de  TEscurial. 
Gasiri  l'appelle  Garib  :  cependant  nous  avons  lu  constam- 
ment Ârib. 

Il  vivait  sous  le  règne  de  Mostancer,  au  milieu  et  vers  la 
fin  du  dixième  siècle  de  notre  ère. 

Son  livre,  qui  porte  le  titre  de  Génération  du  fœtus  et 
traitement  des  femmes  enceintes  et  des  nouveau-nés,  est  un 
véritable  et  complet  traité  d'accouchement,  où  il  traite  de 
tout  ce  qui  s'y  rapporte,  et  poursuit  l'enfant  jusqu'à  la 
puberté. 

Il  est  divisé  en  quinze  chapitres  et  contient  quatre-vingt- 
six  pages.  Les  cinq  premiers  traitent  de  la  semence,  des 
organes  génitaux  et  de  la  procréation  des  sexes,  le  sixième 
de  la  gestation  et  de  sa  durée,  le  septième  du  régime  des 
femmes  enceintes,  le  huitième  de  raccouchement,  le  neu- 
vième de  l'allaitement,  le  dixième  de  la  dentition,  les  sui- 
vants du  régime  des  enfants  dans  leurs  Ages  successifs,  le 
quinzième  de  la  puberté. 

Le  fonds  de  cet  ouvrage  est  tiré  d'IIippocrate  et  de  Galieu. 
On  y  trouve  encore  cités  Aristote  et  Archigène.  Il  reproduit 
aus.si  les  opinions  ayant  cours  chez  les  Arabes,  mais  sans 
leur  accorder  une  entière  confiance.  Il  cite  même  les  Indiens 
comme  ayant  la  prétention  de  posséder  des  recettes  pour  la 
procréation  des  jumeaux. 


ESPAQNB.  433 

On  sait  que  chez  les  Arabes  la  durée  lég-ale  de  la  gestation 
est  de  quatre  ans.  L'auteur  rapporte  un  propos  de  Ouafedy 
suivant  lequel  les  femmes  de  Tlémen  prétendraient  que  la 
durée  de  leur  g^rossesse  n*est  pas  inférieure  à  deux  ans,  et  à 
ce  propos  il  s'écrie  :  Dieu  est  tout  puissant. 

Dans  ce  chapitre,  le  sixième,  il  rapporte  deux  faits  inté- 
ressants d'inhumation  précipitée,  dont  l'un  arriva  do  son 
temps  en  Tannée  340  de  l'hégire,  931  de  notre  ère. 

Dans  le  chapitre  de  Taccouchemeut,  il  dit  que  la  sage- 
femme  doit  être  expérimentée,  habile  et  munie  d'instruments. 

Les  causes  de  dystocie  sont  de  troi.i  provenances,  de  la 
part  de  la  mère,  de  la  part  de  l'enfant,  d'accidents  exté- 
rieurs. (I) 

Il  mentionne  comme  présentations  vicieuses  celle  du  côté 
ot  celle  de  la  tète  avec  un  des  membres  supérieurs  ou  infé- 
rieurs. 

Dans  ces  cas,  la  sage-femme  doit  introduire  la  main  dans 
la  matrice  et  remettre  l'enfant  en  position  convenable  avant 
de  chercher  à  l'extraire. 

A  propos  du  choix  d'une  nourrice,  il  rappelle  que  les 
Arabes  ont  une  expression  pour  désigner  le  lait  d'une  femme 
enceinte,  et  que,  suivant  une  tradition  du  Prophète,  les 
femmes  enceintes  chez  les  Grecs  et  les  Persans  donnaient  le 
sein  sans  inconvénient. 

Pour  la  division  des  périodes  de  l'enfance,  il  s'appuie  sur 
Hippocrate.  Il  en  fait  de  même  pour  les  âges  en  général,  et 
il  cite  l'ouvrage  des  Septénaires,  ouvrage  perdu,  dont  nous 
ne  possédons  plus  qu'une  traduction  arabe,  dont  nous  avoni 
pris  copie  sur  le  Ms.  do  Munich,  et  que  nous  ferons  quel- 
que jour  passer  en  français,  si  Dieu  nous  prête  vie. 

Toutes  les  maladies  particulières  à  l'enfance  sont  traitées 
successivement  dans  les  chapitres  consacrés  aux  différents 
àgôs.  Il  entre  dan^  quelques  détails  à  propos  de  la  variole. 
Dès  son  apparition,  dit-il,  on  doit  appliquer  une  ventouse  h 
la  nuque.  Durant  la  maladie  on  doit  tenir  le  ventre  libre. 

(1)  Ajoutez  l'arricre-faix  et  co  sera  uao  citation  do  Paul  d'B'jine. 
Son  nom  ne  se  rencontre  pas  dans  Arib. 

28 


434    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÈME. 

Il  s'occupe  aussi  de  la  parole  et  de  la  marche,  enfin  il 
traite  de  la  circoncision,  de  l'époque  où  l'on  doit  la  faire, 
c'est-à-dire  de  huit  à  dix  ans,  et  du  procédé  opératoire.  Le 
plus  avantageux  lui  paraît  l'incision  pratiquée  avec  im 
rasoir,  après  avoir  préalablement  appliqué  une  ligature  sur 
le  prépuce,  afin  d'éviter  de  blesser  le  gland. 

Dans  le  dernier  chapitre,  celui  de  la  puberté,  il  en  cite 
plusieurs  faits  de  précocité.  C'est  ainsi  qu'on  vit  à  Sana  une 
femme  de  dix  ans  être  mère.  L'illustre  Âmrou  ben  el  As 
aurait  été  père  à  douze  ans.  (1)  Il  poursuit  ensuite  rhomme 
dans  ses  différents  âges  jusqu'à  la  décrépitude. 

Le  Traité  d'Ârib  est  inscrit  dans  le  catalogue  de  TEacurial 
sous  le  n'  828,  aujourd'hui  833.  Casiri  donne  h  l'auteur  le 
Jiom  de  Garibaï. 

Arib  ben  Saïd  paraît  avoir  écrit  un  traité  d'Hippiatriqne. 
Nous  le  trouvons  en  effet  cité  deux  fois  à  propos  des  chevaux 
dans  le  traité  d'Agriculture  d'Ebn  el  Âouam  (II,  31  et  33  de 
la  traduction  de  M.  Clément  MuUet)  et  aucune  de  ces  cita* 
tions  ne  se  rencontre  dans  un  autre  ouvrage  dont  uoas 
allons  parler.  Elles  appartiennent  donc  à  un  traité  spécial. 

Ce  qui,  dans  ces  derniers  temps,  a  donné  surtout  de  la  noto- 
riété au  nom  d'Arib  est  un  calendrier  dont  il  est  l'auteur, 
qui  est  vulgairement  connu  sous  le  nom  de  Calendrier  de 
Cordoue,  et  qui  porte  en  arabe  le  titre  de  Kitab  el  Anoua^ 
livre  des  anouas.  Par  anouas,  les  Arabes  entendent  certaines 
étoile3,dont  le  lever  et  le  coucher  sont  des  indices  de  temps^ 
et  ils  donnent  le  nom  de  Kitab  el  Anoua  à  leurs  Almanachs. 

Ce  livre  existe  en  arabe  avec  caractères  hébreux  sous 
le  n*  1082  du  fonds  hébreu  de  Paris,  et  en  latin  sous  le 
n*  9335  du  fonds  latin.  11  est  dédié  au  Khalife  el  Hakem, 
surnommé  Mostancer,  dont  l'avènement  au  trône  date  de 
l'année  061.  Libri  qui,  le  premier,  le  publia  dans  son  His- 
toire des  sciences  mathématiques  en  Italie,  s'était  d'abord 
mépris  sur  Mostancer,  dont  il  avait  fait  un  Khalife  do  Itag- 
dad,  qui  régna  trois  siècles  plus  tard. 

(1)  Dans  un  autre  chapitre,  il  mentionne  un  cas  de  monstruosité  : 
Deux  bustes  sur  un  même  tronc. 


K6PA0NB.  435 

L'objet  du  livre  est  annoncé  dans  une  introduction. 

En  tète  de  chaque  mois,  sont  des  généralités  qui  en  indi« 
quent  le  caractère,  Thumeur  prédominante,  les  moyens  de 
la  neutraliser,  la  convenance  du  mois  avec  certains  tempé- 
raments, l'opportunité  ou  l'inopportunité  des  saignées  et  des 
évacuations. 

A  la  fin,  ce  sont  des  indications  qui  touchent  plus  particu- 
lièrement h  l'agriculture,  mais  aussi  à  la  récolte  des  simples 
et  à  des  préparations  domestiques  et  officinales.  Outre  les 
faits  d'astronomie  et  de  météorologie,  on  trouve  dans  le  cou- 
rant du  mois  les  fêtes  célébrées  par  les  chrétiens  d'Espagne. 
On  y  rencontre  aussi  des  faits  relatifs  à  la  médecine.  Ainsi 
le  5  juin  est  le  jour  où  l'on  chasse  les  vipères  pour  la  thé- 
riaque.  Le  8  juillet,  les  purgatifs  sont  proscrits  dix  jours 
avant  la  canicule.  En  octobre,  on  change  de  vêtements.  Le 
commencement  des  saisons  est  aussi  noté. 

Nous  avons  dit  que  le  calendrier  se  rencontre  sous  les 
deux  formes,  arabe  et  latine.  Ces  deux  formes  ne  diffèrent 
pas  seulement  par  quelques  détails,  mais  aussi  par  le  nom 
de  l'auteur.  Tandis  que  l'arabe  donne  Arib  ben  Saïd  le  se- 
crétaire^ le  latin  donne  Arib  fils  de  Zeid  l'évêque. 

M.  Dozy  qui  a  publié  dernièrement  les  deux  textes  en 
regard,  malheureusement  sans  annotation,  ce  qui  enlève  du 
prix  à  sa  publication,  incline  à  croire  que  la  rédaction,  telle 
que  nous  la  possédons  actuellement,  est  une  compilation 
faite  postérieurement.  Pour  notre  part,  nous  admettrions  vo- 
lontiers que  le  travail  primitif  fut  l'œuvre  du  secrétaire,  et 
qu'il  fut  plus  tard  accommodé  par  l'évêque.  (1) 

Le  texte  arabe  donne  un  grand  nombre  de  fêtes  chréticn- 
'les,  mais  il  en  est  quelques-unes  qu'il  ne  pouvait  guère 
donner.  Telle  est  celle  de  Pelage,  qui  subit  le  martyre  sous 
le  règne  d'Abderrahman,  père  de  Hachem,  ce  qui  a  fait  le 
sujet  d'un  poème  de  Hrosvîta. 
Le  mot  adjem  qui  représente  constamment  les  chrétiens 

(1)  Nous  avons  vu  plus  haut,  dans  la  notice  d'Abou  Abdallah  bcn 
el  Kinani,  citer  parmi  ses  maîtres  uu  élève  de  liabi  fils  do  Zaïd 
l'évêque  et  le  philosophe.  Aurions«nou8  ici  le  véritable  nom  de  l'au- 
teur du  calendrier  ? 


4oO    UISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  UVRE  TROISIÈME. 

dans  le  texte  arabe,  est  rendu  quelquefois  enlatin  par  le  mot 
latiniy  mais  plus  souvent  par  le  mot  christiani. 

Le  livre  d'Arib  est  plusieurs  fois  cité  dans  TÂgriculture 
d'Ebn  el  Aouam. 


EBN    SAMADJOUN. 

Ebn  Samadjoun  est  un  sujet  de  controverse  relativement 
à  l'époque  où  il  vécut.  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  dans  son  chapi- 
tre des  médecins  espagpnols,  le  relègfue  au  milieu  des  méde- 
cins du  VI*  siècle  de  Théffire.  Malgré  cela,  dans  sa  notice,  il 
le  dit  contemporain  du  Hadjib  Mohammed  ben  Abi  Amr 
surnommé  Elmansour,  (1)  (que  M.  de  Sacy  dans  son  Abdel- 
latif  et  d'après  Casiri  dit  être  mort  en  302),  et  il  affirme 
qu'Ebn  Samadjoun  est  mort  en  cette  même  année,  1001  de 
notre  ère.  Dans  un  recueil  de  notices  qui  accompa^e  cm 
commentaire  de  TArdjouza  d'Avicenne,  n*  1022  du  supplé- 
ment arabe  de  Paris,  l'auteur  adopte  la  même  date,  392  de 
riiéffire.  Ebn  Abi  Ossaïbiah  nous  donne  Ebn  Samadjoun 
comme  un  médecin  distingué,  ayant  une  connaissance  toute 
particulière  des  médicaments  simples,  et  possédant  tout  ce 
que  les  anciens  et  ses  devanciers  ont  écrit  sur  la  matière.  Il 
considère  son  traité  des  Simples  comme  un  livre  excellent. 

Outre  le  traité  des  Simples,  il  cite  aussi  d'Ebn  Samadjoun 
un  Formulaire. 

Nous  ne  possédons  pas  le  traité  des  Simples,  mais  les  ci- 
tations qui  en  sont  faites  accusent  siX  valeur.  Elles  sont 
dans  Kbn  Beithar,  au  nombre  d'une  quarantaine  et  elles 
accusent  effectivement  chez  Ebn  Samadjoun  l'érudition  plu- 
tôt que  l'observation  directe. 

C'est  ainsi  qu'il  parle  de  l'Azéderach,  de  l'Aconit  Xapcl, 
de  la  Koqua,  du  Zerneb,'  des  Myrobolans,  d'après  Honein, 
Hobéïch,  Abou  Hanifa,  etc. 

Nous  le  trouvons  encore  cité  fréquemment  dans  le  Ted- 
kirat  de  Soueidy  et  ailleurs,  notamment  dans  Abdollatif. 

(1)  C'est  le  fameux  capitaine  qui  aimait  aussi  les  savants  et  les 
lettrés,  et  que  Lcju  dit  avoir  eu  Abulcasis  pourmédeciu. 


ESPAGNE.  437 

ABULCASIS 

Aboul  Cassem  Khalef  bcn  Abbas  EzzahraouyJ. 

Abulcasis  est  resté  dans  l'histoire  do  la  médecine  comme 
la  plus  haute  expression  de  la  chirurgie  chez  les  Arabes. 
C'est  aussi  l'autorité  la  plus  fréquemment  invoquée  par  les 
chirurgiens  du  moyen  âge. 

Malgré  le  bruit  qui  s'est  fait  autour  de  son  nom,  il  nous 
reste  bien  peu  de  renseignements  sur  son  compte.  L'opinion 
qui  le  fait  vivre  en  Orient  ne  vaut  pas  la  peine  d'être  discu- 
tée. Nous  savons  positivement  qu'il  naquit  à  Zahra,  localité 
voisine  de  Gordoue,  fondée  en  l'honneur  de  la  favorite  Zahra 
par  Abderrahman,  troisième  du  nom,  en  l'année  930  de 
notre  ère.  Telle  est  l'origine  du  surnom  à^Ezzahraouy. 

L'époque  de  son  existence  a  été  un  sujet  de  controverse. 
On  s'en  rapporta  d'abord  à  Léon  l'Africain,  qui  lui  consacre 
une  courte  notice  dans  ses  biographies.  Léon  le  donne  comme 
médecin  du  grand  capitaine  Elmansour,  et  le  fait  mourir 
en  l'année  de  la  guerre  de  Cordoue,  404  de  l'hégire,  1013  de 
l'ère  chrétienne.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  que  cette  date 
ne  doit  guère  s'écarter  de  la  vérité. 

Vint  ensuite  Casiri,  qui  fit  passer  Abulcasis  du  X«  au  XP 
siècle  de  notre  ère.  Il  affirme  d'abord,  dans  le  premier  volume 
de  son  catalogue,  page  173,  que  tous  les  historiens  espagnols 
le  font  mourir  en  l'année  500  de  l'hégire;  puis  dans  le 
deuxième  volume,  page  130,  il  donne  la  traduction  libre 
d'un  passage  d'Eddhobby  et  reproduit  la  même  date.  Ce 
passage  est  le  même  qu'on  lit  en  tète  de  l'édition  d' Abulca- 
sis, dans  la  lettre  adressée  par  Casiri  à  Channing,  éditeur  du 
chirurgien  arabe.  A  la  suite  d'Eddhobby,  Casiri  cite  comme 
faisant  l'éloge  d'Abulcasis  un  historien  des  médecins  espa- 
gnols, Abou  Mohammed  Ali,  qui  ne  nous  est  pas  autrement 
connu. 

Nous  avons  voulu  vérifier  la  citation  d'Eddliobby  dans 
rori^*'inal,  c'est-à-dire  dans  le  n*  1070  de  l'Escurial.  Après 
avoir  f lit  Télogo  d'Abulcasi?,  d?  sa  science  et  de  son  livr* 


438      HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINE  AEABB.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

intitulé  Ettesrif,  Eddhobby  ajoute  qu'il  mourut  après  Vati" 
née  400.  Voilà  ce  que  Gasiri  a  rendu  par  l'année  500  de 
rhéffire.  Cela  peut  sembler  étrange  à  qui  n'a  pu  contrôler 
Casiri,  mais  non  pas  à  nous,  qui  l'avons  trouvé  souvent  en 
défaut  en  comparant  son  catalogue  avec  les  Mss.  de  l'Esca- 
rîal.  C'est  ainsi  que  lui,  qui  donnait  à Channing  des  rensei- 
gnements sur  Abulcasis,  n*a  pas  reconnu  sa  Chirurgie  dans 
le  n*  871-6,  qui  en  contient  la  bonne  moitié  avec  les  figures 
si  caractéristiques  des  instruments.  Anonymi  opus  satis 
amplum,  écrit-il  simplement. 

Le  Tesrif  d* Abulcasis  est  mentionné  par  Hadji  Khalfa 
sous  le  n*  3034.  Suivant  son  habitude,  Hadji  Khalfa  donne 
la  date  de  la  mort  de  l'auteur,  et  de  même  que  chez  Eddhobby 
nous  lisons  chez  Hadji  Khalfa  que  l'auteur  du  Tesrif  mou- 
rut aprbs  Vannée  400  de  l'hégire. 

Certaines  copies  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  mentionnent  Abul- 
casis, mais  nous  ignorons  si  elles  donnent  une  date.  Wûs- 
tenfeld  adopte  la  date  de  500,  probablement  d'après  Casiri. 

La  date  donnée  par  Eddhobby  et  par  Hadji  Khalfa,  bien 
que  vague,  est  dans  le  vrai.  Déjà  cette  question  avait  attiré 
l'attention  des  éditeurs  du  British  Muséum,  qui  rappellent, 
d'après  Makkary,  que  Ebn  Hazm,  né  en  004  de  notre  ère,  se 
dit  le  contemporain  d'Abulcasis.  M.  Dozy  a  eu  la  bonté  de 
nous  transmettre  le  passage  de  Makkary  et  de  nous  appren- 
dre de  plus  que  Ebn  Hazm  était  mort  en  430  de  l'hégire, 
1003  de  notre  ère.  Les  expressions  sommaires  employées 
dans  ce  passage,  je  l'ai  vu,  je  l'ai  connu,  nous  semblent 
signifier  que  Ebn  Hazm,  tout  en  étant  contemporain  d'Abul- 
casis, était  moins  ftgé  que  lui. 

Nous  trouvons  dans  Conde  un  renseignement  dont  nous 
ignorons  la  source,  mais  qui  nous  paraît  bon  h  recueillir  : 
«  Dans  la  maison  du  vizir  Issa  ben  Isliaq  et  de  Calef  ben 
Abès  elzahrawi,  deux  médecins  célèbres  par  leurs  connais- 
sances dans  toutes  les  sciences  et  en  particulier  pour  leurs 
savants  ouvrages  do  médecine,  se  tenaient  des  conférences 
d'hommes  appliqués  aux  sciences  physiques,  astronomiques 
et  mathématiques.  Tous  deux  étaient  médecins  d'Abderrah- 
man,  et  d'autre  part  si  vertueux  et  si  bienfaisants  que  leur 


XSPAONB.  430 

maisons  étaient  ouvertes  le  jour  et  la  nuit,  et  leurs  cours 
remplies  de  pauvres  qui  attendaient  leurs  consultations.  » 

Âbderrahman  est  mort  en  061  de  notre  ère,  et  Âbulcasis 
était  un  de  ses  médecins.  En  rapprochant  ce  fait  du  récit 
d'Ebn  Hazm  on  est  conduit  à  regarder  comme  vraisemblable 
les  dates  données  par  Léon  l'Africain,  qui  fait  mourir  Ezzah* 
raouy  en  Tannée  1013,  à  V&ge  de  101  ans. 

Nous  avons  encore  un  moyen  de  reconnaître  approximar- 
tivement  l'époque  d'un  auteur,  c'est  de  relever  les  citations 
des  écrivains  postérieurs.  C'est  ce  que  nous  allons  faire,  et 
cela  pour  une  double  raison. 

Contrairement  à  l'opinion  de  Freind,  qui  avance  qu'Âbul- 
casis  n'a  été  mentionné  par  aucun  auteur  arabe,  nous  le 
trouvons  cité  par  un  grand  nombre  de  médecins,  tant  de 
l'Occident  que  de  l'Orient. 

Parmi  les  premiers,  nous  citerons  ses  compatriotes  Erra- 
fequy,  auteur  d'un  traité  d'oculistique  existant  à  l'Escurial, 
qui  vivait  sur  la  fin  du  XI»  siècle,  et  l'auteur  de  l'Agricul- 
ture, Ebn  el  Aouam,  qui  vivait  dans  le  courant  du  XIP. 

Les  seconds  sont  en  beaucoup  plus  grand  nombre.  Ainsi, 
nous  trouvons  des  mentions  d'Ezzahraouy  dans  le  Nihyat 
el  Idrac,  formulaire  du  XII*  siècle  (1036,  A.  F.);  dans  les 
Simples  etle  Momy  d'Ebn  el  Beithar  (1029,  sup.,  etc.);  dans 
le  Menhadj  Eddokkan  de  Cohen  el  Attâr  (1086,  A.  P.);  dans 
le  Tedkirat  el  Mohdya  de  Soueidy,  qui  date  de  la  même  épo- 
que (1024-34,  A.  F.)  ;  dans  les  traités  d'oculistique  de  Salah 
eddin  ben  Yousef  (1042,  sup.,  et  1043)  et  d'Aboul  mahassan  ; 
dans  la  Chirurgie  d'Ebn  el  Koff  (1023,  sup.),  et  enfin  dans 
les  Simples  de  Sérapion.  Quelques-unes  de  ces  citations  ont 
de  l'importance,  et  nous  aurons  à  y  revenir. 

Il  semblerait  donc  qu' Abulcasis  a  joui  d'une  plus  grande 
réputation  en  Orient  qu'en  Occident.  Cela  tient  probable- 
ment à  plusieurs  raisons.  Abulcasis  a  une  importance  bien 
accusée,  surtout  comme  chirurgien.  Or,  nous  savons  que  la 
pratique  cliirurgicale  u^était  pas  en  honneur  en  Espagne. 
C'est  Abulcasis  lui-même  qui  nous  Tapprena,  ei  nous  savons 
d'autre  part  qu'Avenzoar  la  dédaignait.  Nous  savons  aussi 
que  l'Espagne  no  produisit  qu'au  XII'  siècle  ses  mrands 


4^0     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

iaédecins,  et  que  la  science  s'y  alimentait  des  produits  de 
rOrient.  Enfin,  nous  avons  entre  les  mains  beaucoup  pins 
de  monuments  de  la  médecine  arabe  de  provenance  orientale 
que  de  provenance  espagnole. 

Les  écrits  d'Abulcasis  ne  soulevèrent  pas  moins  de  contro- 
verses que  sa  personne,  et  les  discussions  furent  plus  stériles 
encore.  Ce  n*est  pas  cependant  que  les  éléments  de  la  ques- 
tion fissent  défaut.  Ils  existaient  sous  plus  d'une  forme.  Le 
moyen  âg-e  en  eut  pleine  possession  ;  puis  la  tradition  dispar- 
rut,  et  les  historiens  même  les  plus  éminents  ne  surent  pas 
la  retrouver.  Il  y  a  quinze  ans,  quand  nous  publiâmes  la 
traduction  de  la  Chirurgie  d'Abulcasis,  nous  lui  consacrâmes 
une  maigre  notice.  Il  nous  semblait  qu'après  Casiri  et  Chan- 
ning  il  ne  restait  plus  guère  à  glaner.  Nous  étions  dans  une 
profonde  erreur.  Par  des  recherches  multiples  et  continues, 
par  l'étude  surtout  que  nous  avons  dû  faire  des  manuscrits 
hébreux,  nous  sommes  par\'enu,  non  sans  une  certaine 
satisfaction,  à  reconstituer  l'œuvre  complète  d'Abulcasis. 

Il  serait  trop  long  et  peut-être  de  peu  d'utilité  de  relever 
toutes  les  méprises  des  historiens  qui  nous  ont  précédé. 
L'exposition  que  nous  allons  faire  de  documents  aussi  copieux 
que  nouveaux  permettra,  par  la  comparaison,  d'apprécier 
rinanité  des  notices  consacrées  jusqu'à  présent  à  notre  au- 
teur. On  s'étonnera  que  le  jour  ne  se  soit  pas  plus  tôt  fait, 
môme  avec  les  documents  depuis  longtemps  tombés  dans  le 
domaine  public  et  que  l'on  oubliait  d'exhumer. 

Abulcasis  publia  l'ensemble  de  ses  œuvres  en  un  corps 
d'ouvnige  qu'il  divisa  eu  trente  livres  et  auquel  il  donna  le 
titre  de  Tesrif. 

Tel  Qïd  le  titre  en  entier:  Ettesrif  limen'adjaz'an  Ettalif,  ce 
que  l'on  a  diversement  interprété.  Le  désaccord  éclate  sur- 
tout à  propos  du  mot  tesrif,  que  d'aucuns  ont  envisagé  isolé- 
ment ;  et  cela  devait  être.  Ce  mot  ne  saurait  être  compris  si 
on  le  détache  de  ce  qui  le  suit.  Mais  il  y  a  plus  :  le  titre  entier 
lui-même  ne  saurait  être  bien  compris  si  Ton  n'a  la  parfaite 
connaissance  du  contenu  de  l'ouvrage,  ce  qui  jusqu'à  présent 
n'était  arrivé  à  personne  ;  d'autant  plus  que  le  mot  tesrif  et 
sa  racini^  ont  des  acceptions  multiples  et  variées.  Il  semble- 


BSPAQNB.  441 

rait  qu'un  des  traducteurs  hébreux  lui-même,  Mechoulam, 
8*est  trouvé  embarrassé,  car  il  reproduit  le  titre  arabe,  Kitab 
ettesrif^  que  Ghem  Tob  a  rendu  par  l'hébreux  Chimouch,  qui 
répond  au  latin  servitor.  Tel  est  l'ensemble  des  interpréta- 
tions diverses  du  titre  que  nous  avons  recueillies  : 

!•  Pétis  de  la  Croix,  la  Pratique^  pour  ceux  qui  ne  savent 
pas  composer  les  remèdes  : 

2^  Ghanningr,  Gollectio,  in  illius  usum  cui  desunt  aliœ 
compositiones. 

3*  Wllstenfeld  etFluegel,  Goncessio  eidata  qui  componere 
non  valet. 

4«  Gatalogrue  hébreu,  le  livre  des  manipulations,  pour  celui 
qui  est  incapable  de  composer  des  recettes. 

Quant  au  mot  tesrif  isolé,  la  B.  Bodléienne,  l'a  rendu  par 
praxis^  Garmoly  par  service  ou  pratique^  et  Rossi  par  mé- 
thode. 

Si  le  Tesrif  n'était  qu'un  formulaire,  les  titres  cotés  n*  1 
et  n*4  pourraient  être  admis  ;  mais  l'antidotaire  n'est  qu'une 
partie  de  l'œuvre.  Le  Tesrif  est  une  véritable  encyclopédie 
médicale,  et  on  doit  se  le  rappeler  pour  comprendre  son  titre. 
Nous  adopterions  volontiers  celui-ci  :  La  Pratique  (ou  bien 
Présent),  à  qui  ne  peut  recueillir  (une  collection  médicale 
complète). 

La  collection  complète  fut  traduite  en  latin,  mais  nous 
ignorons  à  quelle  date  et  par  qui.  Dans  le  courant  du  XII* 
siècle,  Gérard  de  Grémone  traduisit  la  Ghirurgie,  et  rien  ne 
nous  autorise  à  le  considérer  comme  ayant  traduit  les  œu- 
vres complètes.  Dans  la  longue  liste  de  ses  traductions  don- 
née dans  le  manuscrit  14,390  du  fonds  latin  de  Paris,  la 
même  qui  avait  été  déjà  donnée  par  M.  Boncompagni,  nous 
lisons  seulement  :  Liber  Açaragui  de  Girurgia,  Tractatus  III. 
On  détacha  aussi  de  l'ensemble  des  trente  livres  le  premier 
et  le  deuxième  sous  le  titre  Liber  Theoricœ  nec  non  Practicœ 
Asaharavii,  et  le  vingt-huitième  sous  le  titre  Liber  Servito- 
ris.  Nous  aurons  h  revenir  en  particulier  sur  chacun  de  ces 
trois  fragments  détachés  du  Tesrif,  qui  furent  plusieurs  fois 
imprimés  à  part,  les  seuls  que  l'on  considère  vulgairement 
comme  représentant  l'œuvre  d'Abulcusis,  et  dont  le  premier 


442    BIBTOIRB  DE  LA  MÉDSOINB  ARABE.  —  UVRB  TROISIÈm. 

a  été  souvent  et  à  tort  pris  comme  représentant  le  Tesrif. 
Nous  dirons  seulement  ici  que  la  critique  historique  s'est 
bornée  jusqu'à  présent  à  discuter  l'identité  par  la  compaimi- 
son  de  la  Chirurgie  avec  la  Théorie  et  la  Pratique,  sans 
remonter  à  la  collection  dont  ils  ne  sont  que  des  fragments. 

Quel  qu*en  ait  été  l'auteur,  la  traduction  des  œuvres  com- 
plètes d'Abulcasis  se  fit  de  bonne  heure  en  latin  et  se  pro- 
duisit sous  le  titre  d'Âlsaharavius  ou  Açaravius.  Il  est  pos- 
sible que  l'on  ait  détaché  et  transcrit  à  part  les  livres  consa- 
crés h  la  thérapeutique^  à  l'instar  de  ce  que  Ton  a  fait  pour 
la  chirurgie  par  exemple.  En  effets  àpropos  de  thérapeutique, 
nous  voyons  aussi  les  auteurs  du  moyen  âge  renvoyer,  non 
pas  au  livre  d'Âlsaharavius,  maisèkl'Ântidotaireou  au  Grand 
Ântidotaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  incontestable  que  les  œuvres  com- 
plètes d'Abulcasis  ont  paru  intégralement  réunies  sous  le 
titre  d'Alsaharavius,  et  divisées  en  trente  parties.  Les  preu- 
ves en  sont  multiples,  et  nous  allons  passer  en  revue  les 
documents  qui  les  fournissent. 

Le  n»  7016  du  fonds  latin  de  Paris  contient  un  opuscule 
qui  porte  pour  titre  :  Liber  de  calcula  compilatua  ex  p/wrî- 
bu8  libris.  On  y  lit: 

«  De  libre  Zahravi.  Cibaria  eorum  qui  lapidem  patiuntur 
hœc  sunt.  Panis  frumenti  levions  et  rarioris  quod  possit 
inveniri,  mundati  ab  omni  arena  et  pulvere,  etc.  » 

Le  livre  XXVI  du  Tesrif  est  celui  qui  traite  spécialement 
des  aliments  dans  les  diverses  maladies. 

Que  l'extrait  ci-dessus  soit  tiré  du  Tesrif,  nous  en  avons  la 
preuve  en  ce  que  nous  trouvons  la  même  citation  dans  le 
Morny  d'Ebn  el  Beithar,  à  propos  de  l'alimentation  des  cal- 
culeux  :  «  Extrait  de  Zahraouy  et  d'autres.  Du  pain  fermenté 
de  froment,  poreux,  léger,  net  de  toute  partie  terreuse  et  de 
graines,  etc.  »  n«  1029  du  supplément  arabe,  folio  291. 

Au  XIV*  siècle,  nous  trouvons  dans  Guy  de  Chauliac  en- 
viron deux  cents  citations  d'Abulcasis.  Il  paraît  que  lo 
morcellement  dont  nous  avons  parlé  tout  à  l'heure  existait 
déjà  de  son  temps.  Nous  le  voyons,  en  effet,  mettre  en  ques- 
tion l'identité  d'Abulcasis  et  d'Açaravi  et  renvoyer  h  l'Anti- 


BspjLaKB.  443 

dotaire,  au  Grand  Antidotaire,  dont  il  cite  nominatiTement 
les  vinert-et-unième  et  vingt-troisième  parties.  Cependant 
la  collection  complète  du  Tesrif  ou  d'Asaharavius  existait 
Indivise,  ainsi  que  nous  allons  le  voir. 

Au  XV*  siècle,  nous  trouvons  une  dizaine  de  citations  de 
l'œuvre  d'Abulcasis  chez  un  médecin  italien,  Ferrari,  autre- 
ment dit  Mathieu  de  Gradibus.  En  raison  de  la  nature  de  son 
sujet,  il  ne  renvoie  gruère  qu'à  un  livre,  le  vinert-sixième,  qui 
traite  du  régime  alimentaire,  et  il  le  fait  sous  cette  double 
forme  :  Azaravius  in  particula  XXVI,  Abulcasis  in  XXVI 
particula  Azaravii  {Consilia  aecundum  vias  AvicenncBs 
Lugrd.,  1535). 

Vers  la  même  époque,  un  autre  médecin  italien,  Santés  de 
Ardoynis  de  Pesaro,  publiait  un  Traité  des  poisons  {Liber  de 
venenis^  Venet.,  1492),  où  Ton  rencontre  h  chaque  page  le 
nom  d' Abulcasis  :  nous  n'avons  pas  moins  de  cent  vingt 
citations.  Il  semblerait  ici  que  l'on  s'est  mépris  sur  la  valeur 
du  mot  Alsaharavius^  attendu  que  les  citations  se  font 
constamment  sous  cette  forme  :  Abulcasis  in  secunda  parti- 
cula Azaravii,  Abulcasis  in  septima  particula  Açaravii, 
etc.  Santés  paraît  voir  dans  le  mot  Açaravius  un  titre  du 
livre  plutôt  qu'un  surnom  de  l'auteur.  Le  livre  des  poisons 
n*en  est  pas  moins,  pour  la  question  qui  nous  occupe,  d'une 
importance  capitale.  Il  nous  fournit  un  double  renseigne- 
ment :  il  prouve  que  son  auteur  possédait  la  traduction 
complète  et  intégrale  du  Tesrif  ;  il  nous  fournit  des  rensei* 
gnements  sur  le  contenu  de  la  moitié  de  ses  trente  livres. 
Ce  qui  prouve  que  Santés  possédait  le  Tesrif  en  entier,  c'est 
que  bon  nombre  de  citations  renvoient  à  ces  livres  qui  en 
ont  été  depuis  détachés,  à  savoir  le  trentième,  le  vingt- 
huitième  et  le  deuxième.  Nous  ne  possédons  pas  moins  de 
soixante-dix  citations  empruntées  au  deuxième  livre,  c'est-fc* 
dire  au  livre  de  la  Pratique. 

Les  citations  portent  sur  quinze  livres,  dont  tels  sont  les 
numéros  d'ordre  :  2,  3,  4,  5,  7,  0,  13,  15,  17,  18,  23,  24,  25,  28, 
30.  On  pourrait  donc,  avec  ces  renseignements,  reconstituer 
à  peu  près  l'œuvre  d' Abulcasis.  Nous  croyons  inutile  de 
relater  ici  la  matière  de  chacun  de  ces  emprunts,  ayant 


444      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  AEABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

bientôt  à  revenir  sur  Téconomie  distributive  du  Tesrif.  Noos 
dirons  cependant  que  du  livre  III  au  livre  XXY,  il  n*eat 
question  que  de  médicaments  composés,  ce  qui  explique 
pourquoi  le  Tesrif  est  cité  sous  le  nom  d'Antidotaire,  et  Tob- 
servation  de  Hadji  Khalfa,  que  les  médicaments  composés 
en  occupent  la  majeure  partie.  (1) 

En  1600,  Schenck  publiait  la  Biblia  iatrica,  où  nous  lisons 
ce  qui  suit,  à  propos  d'Abulcasis  :  «  Ejusdem  Alsaharami 
Antidotarius  ms.  inf*  paginis  310  et  sectionibus  23  exstat  in 
medica  Bibliotheca  schenkiana.  Sed  et  Abulcasis  Antidotor- 
rium  apud  Matheum  Bresserum  exstare  fertur.  Unde  diK- 
genti  Alsaharavii  Theoricœ  et  Praticœ  nec  non  Abulcasœ 
atque  Galaf  librorum  collatione  et  lectione  facile  apparehit 
unius  auctoris  esse  hœc  omnia  ;  nec  maie  de  re  medica  pro^ 
meriturum  quisquis  ea  publiée  faceret.  Desiderantur  hujus 
auctoris  3  libri  alii,  idque  ex  proœmio  Antidotarii  constat. 
quorum.  I  De  ratione  victus  sanorum  et  œgrorum  ;  II  De 
Alimentis  et  apparatu  eorum  ;  III  Explicatio  vocabulorum 
medicorum,  Antiballomenon,  Fondera  et  mcnsurœ.  » 

Nous  ferons  quelques  observations  sur  ce  passage. 

Il  existait  donc  encore,  au  commencement  du  XVII*  siècle, 
deux  exemplaires  plus  ou  moins  complets  de  la  traduction 
latine  du  Tesrif.  Qu'étaient-ce  que  ces  vingt-trois  sections 
dont  se  composait  le  manuscrit  de  Schenck?  étaient-ce  les 
vingt-trois  derniers  livres,  comme  dans  le  numéro  415  du 
fonds  hébreu  de  la  Bibliothèque  Bodléienne  ?  ou  bien  étaient- 
ce  les  vingt-trois  livres  qui  traitent  des  médicaments  com- 
posés, car  tel  est  précisément  leur  nombre,  et  que  l'on  aurait 
pu  réunir  àpart,ainsi  que  nous  Tavons  déjàditprécédemment. 
Quant  aux  trois  autres  livres,  le  premier  répond  au  livre 
XXVI  du  Tesrif,  et  le  troisième  au  livre  XXIX.  Le  second 
nous  paraît  une  méprise  ou  le  dédoublement  du  premier. 

(1)  Dans  la  dédicace  de  son  édition  de  la  Théorie  et  de  la  Prati- 
que, Uiceius  s'écrie  avec  emphase  qu'il  ue  comprend  pas  quelle  noire 
destinée,  quelle  influence  fatale  a  tenu  dans  un  obscur  cachot  le 
nom  d'un  homme  qui  ne  le  cède  qu'à  Hippocrate  et  à  Galien.  et  qui 
fut  connu  du  seul  Mathieu  de  Gnidibus.  Riccius  oubliait  Guy  de 
Chauliac  et  Santés.  Freind  iiVna  pns  moins  adopté  les  déclaraationa 
de  Uiceius. 


ESPAGNB.  445 

On  voit  que  Scheuck  se  prononce  pour  l'identité  d'Albu- 
casis  et  d'Alsaharavius,  identité  dont  on  a  fait  honneur  b 
Freind. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  étonnant,  c'est  qu'un  manuscrit  do 
l'Alsaliaravius  paraît  devoir  exister  encore  en  Angleterre. 
Dans  sa  Chirurg'ie,  Abulcasis  fait  de  nombreux  renvois  h  ce 
qu'il  appelle  la  Division  des  maladies^  ce  qui  n'est  autre  que 
le  livre  de  la  Théorie  et  de  la  Pratique,  renvois  qui  ont  été 
vérifiés  tant  par  Freind  que  par  Channing",  et  que  nous-mèmo 
avons  trouvés  exacts.  Il  en  fait  d'autres  encore  à  ce  qu'il  a 
écrit  précédemment,  et  notamment  une  fois  au  dix-huitième 
livre,  où  il  traite  des  caustiques.  Channing'  a  signalé  les  fo- 
lios où  se  trouvaient  des  renvois  dans  l'Antidotaire.  Il  l'avait 
donc  à  sa  disposition.  Les  recherches  que  nous  avons  faites 
dans  le  Catalogue  de  la  Bibliothèque  Bodléienne  n'ont  pu 
nous  faire  retrouver  l'Antidotaire. 

Il  résulte  des  documents  que  nous  venons  de  passer  en  re- 
vue que  le  Tesrif  a  été  exploité  par  plusieurs  médecins  du 
moyen  âge,  que  du  temps  de  Schcnk  il  en  existait  encore 
deux  exemplaires  connus,  et  qu'il  en  existe  peut-être  encore 
un  en  Angleterre.  Avec  ces  documents,  on  peut  reconstituer 
un  peu  plus  de  la  moitié  du  Tesrif. 

Les  auteurs  arabes  que  nous  avons  signalés  comme  ayant 
parlé  d' Abulcasis,  nous  citent  bien  le  Tesrif,  mais  ne  nous 
donnent  aucun  renseignement  sur  ses  divisions.  Ils  ne  ci- 
tent que  le  trentième  livre,  qui  traite  de  la  chirurgie.  Et 
encore  rencontre-t-on  chez  quelques-uns  une  variante  qui 
se  produit  aussi  dans  certaines  traductions  latines,  où  la 
chirurgie  porte  le  numéro  10  ou  11.  M.  Perron  nous  a  com- 
muniqué un  manuscrit  qui  n'est  qu'un  abrégé,  où  la  chirur- 
gie porte  le  numéro  10. 

On  on  serait  peut-être  autorisé  h  conclure  que,  dans  les 
abrégés,  le  nombre  des  livres  était  réduit  au  tiers.  Ebn  el 
Beithar,  dans  le  Morny,  fait  de  nombreux  emprunts  au  livre 
qui  traite  du  Régime  dans  les  maladies,  le  livre  XXVI,  mais 
il  ne  donne  pas  le  numéro  de  ce  livre. 

Nous  étions  en  possession  de  ces  documents  quand  nous 
nous  mîmes  à  l'étude  de  l'hébrçu,  espérant  trouver  de  nou- 


440    HISTOIRE  DE  LÀ  MÉDECINE   ARABE.   —  LIVRE  TROISIÈlIff. 

veaux  renaeigrnements  dans  les  manuscrits  de  la  Bibliothè- 
que nationale.  Notre  espoir  n*a  pas  été  dégu.  Le  peu  de  con- 
naissance que  nous  avons  pu  acquérir  de  la  langue  hébnE- 
que  nous  a  suffî  pour  confirmer  nos  précédentes  acquisitions 
et  en  faire  de  nouvelles.  Malheureusement,  tous  ces  manus- 
crits ne  contiennent  que  des  fragments  du  Tesrif.  Eu  les 
réunissant  tous,  on  n'arrive  qu'a  la  moitié  des  trente  livres. 
Les  livres  III  à  XVII  inclus  font  défaut.  Tel  est  le  contenu  de 
chacun  de  ces  manuscrits. 

Les  numéros  951, 1162,  1167  et  1168,  contiennent  les  deux 
premiers  livres,  autrement  dit  la  Théorie  et  la  Pratique. 
Le  numéro  1163  contient  les  livres  XVIII  h  XXX. 
Le  numéro  1164  contient  les  livres  XXI  à  XXVI.  Une  note 
donne  la  traduction  latine  de  leur  contenu.  Cette  note  a  été 
prise  ou  reprise  par  Carmoly. 
Le  numéro  1165  contient  le  livre  XXV. 
Le  numéro  1166  contient  le  livre  XXX  ou  la  Chirurgie. 
Le  numéro  1162  fournit  en  outre  la  liste  des  trente  livres 
avec  leur  contenu,  mais  dans  un  caractère  si  fin  et  si  difficile 
à  lire,  que  nous  avons  eu  de  la  peine  à  en  tirer  quelque  i)arti. 
En  somme,  la  Bibliothèque  nationale  possède  en  traduc- 
tion hébraïque  les  livres  I  et  II,  et  les  livres  XVIII  à  XXX. 
La  Bibliothèque  Bodléienne  est  plus  heureuse  ;  elle  possède 
Touvrag-e  entier  sous  les  numéros  414  et  415. 

Le  contenu  des  trente  livres  justifie  pleinement  ce  qu'on 
lit  dans  Hadji  Khalfa,  à  savoir  qu'il  est  surtout  question 
dans  le  Tesrif  des  médicaments  composés.  En  eflfet,  il  eu  est 
question  dans  vingt-trois  livres  sur  trente. 

La  répartition  des  médicaments  composés  dans  chacun  de 
ces  vingt-trois  livres  n'étant  pas  faite  suivant  une  méthode 
régulière,  nous  pensons  qu'il  serait  sans  intérêt  d'en  donner 
la  nomenclature. 

Quant  aux  autres  livres,  nous  allons  en  donner  le  contenu 
en  laissant  d'abord  de  côté  ceux  qui  ont  été  imprimés,  sur 
lesquels  nous  reviendrons  plus  tard. 

Le  livre  XXVI  traite  du  régime  alimentaire  dans  les  divers 
états  de  maladie  et  de  santé.  Nous  avons  déjà  signalé  les 


BSPAaMB. 


447 


nombreux  emprunts  faits  à  ce  livre  par  Mathieu  de  Gradibus 
et  par  Ebn  el  Beithar. 

Le  livre  XXVII  traite  des  médicaments  simples  et  des 
aliments^  rangés  par  ordre  alphabétique.  Ce  livre  est  inté- 
ressant à  plus  d*un  titre.  Il  peut  d'abord  éclairer  sur  la  véri- 
table transcription  de  certains  mots  arabes  à  points  diacriti- 
ques douteux.  Il  peut  encore  aider  à  la  détermination  des 
Simples.  Enfin,  les  synonymies  vulgaires  qui  sont  données 
ont  un  intérêt  tout  particulier.  Nous  les  considérons  comme 
du  fait  du  traducteur  ;  elles  ont  un  cachet  tel  qu'on  ne  sau- 
rait les  rapporter  h  Abulcasis,  malgré  qu'il  écrivit  quelque 
temps  après  la  célèbre  révision  de  Dioscorides.  C'est  du  reste 
ce  qu'affirme  Steinschneider  dans  le  Catalogue  du  Briiish 
Muséum,  numéro  7125.  Les  synonymies  vulgaires  données 
aussi  par  Ebn  el  Beithar  ne  portent  pas  une  livrée  aussi  mo- 
derne. La  traduction  hébraïque  était  faite  à  Marseille  par 
Chem  Thobb  dans  le  milieu  du  XIII*  siècle. 

Nous  allons  eu  présenter  quelques  échantillons. 


Roat  arabes. 

KoaM  ▼■Igairet. 

NooM  ■oderacf* 

Adhfiu*cttheib. 

Blaqti  bisanti. 

Blattes  de  Bjzance. 

Boundouq. 

Aouillanous. 

AveUana. 

Holba. 

Finougrik. 

Fenugroc. 

Halazoïm. 

Limassa. 

Limace. 

Kkall. 

Ouinagri. 

Viaaigre. 

Kharbek  asoud. 

Alibourous  nigra. 

Ellébore  noir. 

Dar  felfol. 

Pifari  loung. 

Poivre  long. 

Rasiancdj. 

Finoulii. 

Fenouil. 

Zibaq. 

Bibardjenth. 

Vif  argent. 

Zadj. 

Ouitrioul. 

VitrioL 

Thabaehir. 

Asfoudioum. 

Spodium. 

Kottsbourctelbir. 

Kaliloas  ouiniris 

Capillu»  Teaeris. 

Kourats  )K)ustany. 

Fourousdoumestikous  Poireau  cultivé. 

Kourkoum. 

Tirra  marîta  (]}. 

;  Curcuma. 

Sadaf. 

Couquila. 

CoquiUaga 

Dafdha. 

Oaraouha. 

Gronouilio. 

OuDnab. 

Djoudjoubes. 

Jujubes. 

Aneb  ettsalob 

Mourilla. 

MorcUe. 

Ooafour. 

Safran  ourtoulan. 

Bafran. 

Aasaerraay 

Ouirdja  fachtoura. 

Virga  pastorin. 

Quanfoud. 

Arissoun. 

HérissoDi 

8ous. 

Riglissa. 

Réglisse. 

Soult. 

Sigl. 

Seigle. 

Chahtaradj. 

Foomous  tirra. 

Fuineterre. 

(I)  Tirrë  merOë  m  <■  4t  oo«s  <!■•  porUic  aacimiMatat  le  ûmrtuMtk 


448      UISTOIEE   DE  LA   MÉDECINE  ARikBE.    —  UVRE  TBOISIÉMS. 

Le  livre  XXIX  traite  des  synonymies,  des  succédanés,  des 
poids  et  mesures. 

A  propos  des  synonymies,  nous  ferons  les  mêmes  réflexions 
qu'à  propos  des  simples.  Nous  rencontrons  ici  des  synony- 
mes à  physionomie  latine,  qui  ne  nous  semblent  pas  remon- 
ter à  l'époque  d'Abulcasis.  Nous  en  citerons  quelques-uns  : 

Noms  arabft.  Koms  Talgaircs.  Neof  modemei. 

Bassal  el  far.  Cepa  marina.  Scille. 

Behmen  abiodh.  Ben  Album.  Behen  blanc. 

Thin  Makhtoum.  Tira  Sigillata.  Terre  sigillée 

Iklil  eddjebeL  Rous  Marinous.  Romarin. 

L'ordre  alphabétique  suivi  est  l'ordre  hébreu. 

Nous  retrouvons,  à  propos  des  succédanés,  les  mêmes 
expressions.  Ainsi  Djouskiamoun,  Laouisticum,  fastinadja, 
Cassia  fistoula,  etc.  Il  y  aurait  là,  ce  nous  semble,  quelques 
études  intéressantes  à  faire  pour  la  philologie. 

Nous  allons  maintenant  aborder  les  parties  du  Tesrif  qui 
ont  été  imprimées. 

I.  Livre  de  la  Théorie  et  de  la  Pratique,  Liber  Theoricae 
necnon  Practicae.  Nous  avons  déjà  dit  que  c'étaient  les  deux 
premiers  livres  du  Tesrif.  Nous  avons  dit  aussi  que  l'on  ig^io- 
rait  qui  les  avait  traduits.  C'est  à  tort  que  l'on  en  a  fait  hon- 
neur à  Riccius,  qui  n'en  fut  que  l'éditeur.  Cette  édition  parut 
en  1519.  Il  semblerait  qu'elle  avait  été  déjà  précédée  par  une 
autre,  car  nous  lisons  dans  Haller  :  Alteram  editioncm  video 
citari.  Aug*.  Vind.  1490. 

Le  titre  du  livre  en  indique  l'ordonnance  et  le  contenu. 

La  première  partie,  première  du  Tesrif,  contient  la  Théo- 
rie ou  les  gfénéralités  de  la  médecine.  C'est  quelque  chose 
comme  le  Mansoury  de  Razès,  le  premier  livre  du  Canon 
d'Avicenne,  le  Collig'et  d'Averroès.  Dès  les  i)remiore3  pagres, 
l'auteur  rappelle  qu'il  avait  eu  des  devanciers  dans  ce  genre 
d'écrits:  «  Libri  vero  introductorii plurcs  sunt,  scilicct  liber 
introductorius  honen,  L,  introductorius  Razis,  L.  introduc-' 
torius  ben  Algezar,  L.  introductorius  Galeni  et  L.  introduc^ 
torius  Isahac  ben  Amran  qui  dicitur  Kethab  Aluazha  (sans 
doute  le  Kitab  Nozhat  cnnefs,  les  Délices  de  l'esprit).  » 

C'était  donc  une  introduction  à  la  médecine  qu'Abulciisis 


SSPAQKE.  449 

a  voulu  composer,  et  c'est  à  ce  point  de  vue  qu'il  faut  se 
placer  pour  juger  sou  œuvre.  Ce  livre  est  divisé  en  seize 
traités. 

La  deuxième  partie,  la  Pratique,  deuxième  livre  du  Tesrif, 
traite  des  maladies  en  particulier,  de  la  tète  aux  pieds  ;  seu- 
lement, les  derniers  chapitres  s'écartent  de  cette  règle,  et  tel 
en  est  l'objet  : 

Traité  XXVI.      Du  régime  des  enfanta. 

—  XXVII.    Du  régime  des  vieillards. 

—  XXVIIl.  De  la  goutte  et  du  rhumatisme. 

—  XXIX.     Des  abcès  et  des  plaies. 

—  XXX.       Des  poisons  et  des  venims. 

—  XXXI.     Des  affections  externes  (de  la  peauj. 

—  XXXII.    Des  fièvres. 

C'est  par  inadvertance  que  plusieurs  écrivains  ont  répété 
que  chacune  des  deux  parties  contenait  seize  chapitres  et  en 
tout  trente-deux.  Le  total  serait  de  quarante-huit. 

Dans  son  Traité  de  chirurgie,  Âbulcasis  renvoie  souvent 
au  livre  de  la  Pratique,  et  il  le  désigne  ainsi  :  Livre  des 
divisions  des  maladies,  Teqâsim  el  amrâdh. 

Dans  le  livre  de  la  Pratique,  il  renvoie  pareillement  au 
livre  de  la  Chirurgie,  quand  la  maladie  comporte  un  traite- 
ment chirurgical  et  que  l'on  a  épuisé  le  traitement  par  les 
médicaments  sans  succès. 

Nous  trouvons  au  vingt  et  unième  Traité  un  passage  qui 
mérite  d'être  relevé  et  qui,  jusqu'à  présent,  nous  avait 
échappé.  Il  s*agit  des  affections  de  la  vessie,  et  le  paragra- 
phe porte  pour  titre  :  Du  calcul  de  la  vessie.  Tel  est  ce  pas- 
sage : 

«  Et  si  cum  hoc  regimine  non  exierit,  studeat  implere 
ipsam  (vesicam)  cum,  instrum^nto  quod  nominatur  alnul, 
aptid  viam  transitus,  vel  accipiatur  instrumentum  subtile 
quod  nominatur  m4ishabarebilia,  et  suaviter  intromittatur 
in  virgam,  et  volve  lapidem  in  medio  vesicœ,  et  si  fuerit 
mx)llis  frangetur  et  exibit  ;  si  vero  non  cxivcrit,  oportet 
incidi,  ut  in  cirurgia  determinatur.  » 

Voilà  donc  de  la  lithotritie.  Malheureusement,  nous  n'a- 
vons pu  déterminer  ni  le  vrai  nom  ni  la  forme  des  deux 

29 


450    HISTOIRE   DE  LA  MÉDECINE  ABÂBE.  —  LIYRB  TROISIÂIOB. 

instruments  cités,  et  le  procédé  n'est  pas  relaté  dans  la  Chi- 
rurgie. Nous  avions  dans  le  temps  signalé  le  broiement 
pour  les  calculs  arrêtés  dans  Turèthre  au  chapitre  LX  de  U 
Chirurgie  ;  mais  ici  nous  nous  trouvons  en  pleine  vessie. 

Freind,  tout  en  admettant  que  ce  livre  est  écrit  avec  beau- 
coup d'ordre  et  de  méthode,  fait  remarquer  quebeaueoupde 
passages  des  derniers  livres,  et  particulièrement  à  propos  de 
la  variole,  sont  empruntés  à  Razès.  Dezeimeris,  après  avoir 
cité  l'observation  de  Freind,  dit  qu'il  y  a  plus  ici  qu'une 
imitation  de  Razès,  et  signale  les  parties  originales  de  l'ou- 
vrage. On  lit  aussi  dans  Haller  :  Adparet  librum  non  esse 
indignumqui  sit  Albucasis  opus. 

Terminons  en  disant  que  la  traduction  latine  est  très- 
mauvaise,  et  qu'un  très-grand  nombre  de  mots  techniques 
sont  simplement  transcrits  de  l'arabe  au  lieu  d'être  traduits 
par  des  équivalents  latins. 

Nous  avons  indiqué  les  manuscrits  hébreux  de  Paris  qui 
contiennent  les  deux  premiers  livres  duTesrif.  La  traduction 
n'est  pas  identique.  L'une  est  faite  par  Chem  Tob  et  l'autre 
par  Mechoulam.  Nous  ferons  à  ce  sujet  quelques  observa- 
tions. On  lit  chez  Mechoulam  (dont  nous  n'avons  que  les 
deux  premiers  livres)  :  et  je  lui  ai  donné  le  nom  de  Tesrif, 
Kitab  ettesrif,  titre  transcrit  de  l'arabe.  Ce  passage  nous  a 
échappé  dans  Chem  Tob,  mais  nous  lisons  à  l'explicit  du 
trentième  livre,  manuscrit  1163:  Fin  de  la  chirurgie  qui 
termine  le  livre  dit  Sefer  hechemouch;  ce  qui  répond  à 
Liber  servitoris.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  cette  diffé- 
rence de  traduction  a  son  importance  pour  l'interprétation 
du  mot  Tesrif. 

Autre  diflférence  :  dans  les  deux  manuscrits  de  Mechou- 
lam, nous  trouvons  en  tète  les  mots  hébreux  hafets  he  chc-* 
lem^  que  le  catalogue  de  Paris  a  rendu  par  -Bijou  parfait. 
Nous  pensons  qu'il  faudrait  peut-être  les  rendre  par:  De  la 
conservation  de  la  santé. 

II.  Livre  XXVIII  ou  Liber  servitoris.  Préparation  des 
simples  (1).  Ce  livre  fut  traduit  en  latin  vers  la  fin  du  XIII* 

(1)  Ces  mots  terminent  l'argument  du  livre  XXVIII  donné  par  le 
manuscrit  hébreu  n°  1162. 


ESPAGNE.  451 

siècle  par  le  juif  Abraham  et  Simon  de  Gênes.  Des  traduc- 
tions à  deux  se  faisaient  fréquemment  en  Espagne.  Un  juif 
ou  un  musulman  rendait  le  texte  arabe  en  langue  vulgaire 
et  un  lettré  le  transcrivait  en  latin  (1). 

Nous  allons  reproduire  le  début  de  ce  livre.  Cette  citation 
nous  montrera  d'abord  quel  en  est  l'objet,  puis  nous  verrons 
que  c'est  indûment  qu'on  lui  a  donné  le  titre  de  Liber  ser- 
vitoris. 

Dixitaggregatorhujus  operis.  Postquamegocollegi  librum 
hune  magnum  in  m,edicini8  com,positi8  qui  est  Liber  m,agni 
juvamenti  quem  nominavi  Librum  servitoris,  et  complevi 
libres  suos  omnes  secundum  voluntatem  m,eam,  inveni  in 
multis  medicinis  compositis  libri  hujus  medicinas  m,ultos 
simplices  quœ  indigent preparalione...  Previdi  igitur  aggre- 
gareomne  quodestnecessariumin  hoc,  etc. 

L'auteur  a  donc  voulu  consacrer  ce  livre  à  la  préparation 
des  médicaments  simples,  à  leur  mise  en  état.  Mais  ce  n'est 
pas  à  ce  livre  que  revient  le  titre  de  Liber  servitoris,  c'est 
aux  précédents  livres,  qui  traitent  des  médicaments  compo- 
sés, que  le  moyen  Age  appelait  VAntidotaire.  Il  serait  inté- 
ressant d'avoir  un  texte  arabe  eu  main.  Nous  croyons  que 
l'on  trouverait  ici  le  mot  Tesrif,  La  traduction  hébraïque  de 
Chem  Tob  a  donné  le  mot  Chemouch,  que  nous  avons  déjà 
TU  correspondre  au  mot  Tesrif  donné  par  Mechoulam. 

Le  Liber  servitoris  fut  plusieurs  fois  imprimé.  Tel  est  le 
titre  de  l'édition  de  1471,  qui  se  trouve  à  la  réserve  de  Paris  ; 
Liber  servitoris  Liber  XXVIII  BuchasiBenaberaserin  trana- 
lotus  à  Simoè  janu'ese  interprète  Abraàjudeo  tortuosièsi.  Le 
titre  n'a  pas  toujours  été  aussi  défiguré.  Ainsi,  nous  lisons 

(l)Steiiitchncider,daD8  le  Catalogue  duBritiah  Muséum,  n<*  7406, 
incline  à  croire  que  la  traduction  latine  s*est  faite  d'après  Thébreu, 
ou  tout  au  moins  en  présence  de  Thébreu,  et  il  se  fonde  tant  sur  la 
concordance  des  traductions  hébraïque  et  latine,  que  sur  l'emploi 
du  mot  chemous  qui  répond  à  iervitor,  ce  dernier  mot  ne  pouvant 
guère  procéder  de  Tarabe  tésrif.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  deux  rai- 
sons ne  nous  a  convaincu.  La  première  nous  paraît  faible  ;  quant  à 
la  seconde,  on  sait  que,  sous  Timpulsion  d'Alphonse,  les  traductions 
d'après  l'arabe  fleurirent  au  XIII'  siècle. 


4o2     HIStOlRE  DE  LA.  MÉOECIN'B  ARABE.   —  LIVRE  TROISIÈME. 

le  nom  d'Abulcasis  sous  cette  forme  plus  correcte  dans  le 
manuscrit  10,236  du  fonds  latin  :  Bulcasin  ben  Chelef  hen 
abcs  azarui. 

L'auteur  divise  les  médicaments  simples  en  trois  classes, 
suivant  leur  origine  minérale,  végétale  ou  animale.  Son 
livre  porte  un  profond  cachet  d'originalité,  et  il  abonde  en 
renseignements  curieux  non-seulement  pour  l'histoire  de 
la  matière  médicale,  mais  aussi  pour  l'histoire  de  la  chimie 
et  de  certains  arts  industriels.  Ebn  el  Âouftm,  dans  son 
Traité  d'agriculture,  a  pensé  qu'il  n'avait  rien  de  mieux  à 
faire  que  d'emprunter  de  toutes  pièces  la  préparation  de 
l'eau  de  roses  au  livre  d'Ezzahraouy.  On  peut  comparer  le 
Liber  servitoris  avec  l'édition  arabe  espagnole  de  l'Agricul- 
ture par  Banqueri  (II,  30),  ou  avec  la  traduction  française 
de  M.  Clément  MuUet  {II,  380  et  392),  et  l'on  verra  qu'il  y  a 
parfaite  conformité. 

Un  passage  assez  étendu  du  vingt-huitième  livre  du  Tesrif 
a  été  reproduit  par  Ebn  el  Beithar  dans  son  Traité  des  sim- 
ples, Kitab  el  Moufridat,  k  savoir  la  préparation  de  l'huile 
de  briques. 

Nous  signalerons  encore  un  paragraphe  qui  rappelle  les 
célèbres  cachets  d'oculistes.  Tel  en  est  le  titre  :  Modus  fa-- 
ciendi  sigillum  quo  sigillanturtrochisci.  L'auteur  décrit  mi- 
nutieusement la  manière  de  préparer,  avec  de  l'ébène,  du 
buis  ou  de  l'ivoire,  un  cachet  sur  lequel  on  grave  en  creux 
et  en  sens  inverse  le  nom  des  tablettes.  Le  manuscrit  de 
Paris,  n«  10,236,  reproduit  la  ligure  du  cachet  que  nous  n'a- 
vons pas  rencontrée  dans  les  éditions  imprimées.  On  trouve 
encore  dans  ce  manuscrit,  sous  la  rubrique  forma  colandi 
potioncs  et  decoctiones,  des  figures  de  filtres  que  nous  n'a- 
vons pas  rencontrées  non  plus  dans  les  éditions  imprimées. 
Ce  n'est  donc  pas  seulement  dans  sa  Chirurgie  qu' Abulcasis 
VL  inauguré  l'ère,  aujourd'hui  si  florissante,  des  illustrations. 

Ajoutons,  enfin,  qu'Abulcasis  ne  se  borne  pas  à  décrire 
la  préparation  des  médicaments  simples,  mais  qu'il  s'occupe 
aussi  tout  particulièrement  de  leur  conservation,  et  qu'il 
indique  la  matière  des  récipients  qui  conviennent  à  chacun 
d'eux. 


ESPAGNE.  453 

En  somme,  le  Liber  servitoris  est  l'œuvre  la  plus  originale 
d'Abulcasis  et  méritera  d'être  toujours  consulté  (1).  Nous 
croyons  qu'il  en  existe  un  exemplaire  arabe  au  British 
Muséum  ;  nous  lisons,  en  effet,  sous  le  n*  085,  le  titre  d'un 
ouvrage  attribué  à  Zahraouy,  sur  la  pratique  ou  l'entretien 
des  drogues,  et  qui  commence  précisément  de  la  même  ma- 
nière que  le  Liber  servitoris  :  «  Sachez  que  les  médicaments 
sont  de  trois  sortes  :  minéraux,  animaux  et  végétaux.  > 

Ce  début  se  lit  aussi  dans  un  manuscrit  arabe-hébreu  de 
Paris,  le  n'  1213  ;  mais  ici  le  doute  n'est  pas  permis.  Nous 
avons  pris  pleine  connaissance  de  ce  manuscrit^  écrit  en 
langue  arabe  et  en  caractères  hébreux;  il  s'agit  bien  d'abord 
des  médicaments  simples,  mais  c'est  pour  arriver  aux  médi- 
caments composés  et  à  la  thérapeutique.  On  pourrait  admet- 
tre que  l'auteur,  qui  n'est  pas  nommé,  s'est  inspiré  du  Tesrif. 

m.  Livre  XXX  ou  Chirurgie.  —  De  tous  les  ouvrages 
d'Âbulcasis,  la  chirurgie  est  celui  qui  a  popularisé  son  nom 
et  qui  tient  la  place  la  plus  importante  dans  l'histoire  de  la 
médecine. 

Nous  avons  déjà  dit  que  dans  le  Tesrif  il  occupe  la  tren- 
tième et  dernière  place,  mais  que  certains  documents  lui  en 
assignent  une  différente.  Ainsi,  des  deux  manuscrits  arabes 
de  la  Bodléienne,  l'un  lui  donne  le  n*  X  et  l'autre  le  n«  XL 
Le  manuscrit  de  M.  Perron,  qui  n'est  d'ailleurs  qu'un  abrégé, 
l'intitule  dixième  livre.  Dans  le  Nour  el  ouyoun,  n*  1042  du 
supplément  arabe  de  Paris,  il  est  donné  généralement  comme 
le  trentième  et  une  fois  comme  le  dixième. 

Le  manuscrit  arabe  de  Paris  lui  assigne  le  n*  XXX.  Dans 
les  traductions  latines,  tant  manuscrites  qu'imprimées,  il 
occupe  le  même  rang.  Vexplicit  du  n*  7127  du  fonds  latin 
de  Paris  se  termine  ainsi  :  et  est  triceaima  parlicula  Ubri 
açaraguiquem  composuit  Albticaaim.  C'est  encore  ce  qu'on 
lit  dansTédition  de  Strasbourg,  1532,  et  dans  celle  de  Venise, 
1520.  Haller  cite  un  manuscrit  qui  portait  liber  decimtis. 

(l)  Il  y  a  certes  lieu  do  s'étonner  que  WQstenfeld  motte  on  doute 
Tattributioa  du  Liber  servitoris  à  Abulcasis  (Geschichte,  n'*  147).  On 
s'étonnera  moins  que  ce  doute  ait  été  reproduit  dans  la  Biographie 
Didot. 


iTri     HISTOIRE    DE   LA   MÉCTECINÉ   ARABE.  —  LIVRE  TROISIÈME. 

Le  titre  des  imprimés  varie.  Ainsi  on  trouve  Liber  chirur- 
gicœ;  Albulcasœ  de  chirurgia  lihri  très;  methodus  medendi 
prœcipue  quœ  ad  chirurgiam  requiruntur  libris  III  ejcpo- 
nens. 

Vers  le  milieu  du  XIP  siècle,  à  Tolède,  Gérard  de  Crémone 
traduisit  en  latin  la  Chirurgie  d'Abulcasis.  Un  siècle  plus 
tard,  Chem  Tob  la  traduisit  en  hébreu.  On  la  traduisît  même 
en  provençal,  et  il  en  existe  un  exemplaire  à  la  bibliothèque 
de  Montpellier. 

Ces  traductions  contribuèrent  puissamment  aux  progrrès 
de  la  chirurgie  au  moyen  âge.  Parmi  les  écrivains  de  cette 
époque,  les  uns  avouèrent  hautement  ce  qu'ils  devaient  au 
chirurgien  arabe,  les  autres  se  parèrent  de  ses  dépouilles 
anonymes. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  placer  ici  un  passage 
emprunté  à  l'Histoire  littéraire  de  la  France. 

«  Il  y  a  un  fait  digne  d'attention  dans  l'histoire  de  la  chi- 
rurgie en  France  dans  la  seconde  moitié  du  XIII»  siècle  : 
plusieurs  docteurs  italiens  abandonnèrent  leur  patrie  à  la 
suite  des  troubles  suscités  par  les  Guelfes  et  les  Gibelins,  se 
réfugièrent  sur  le  sol  français  et  y  importèrent  les  doctrines 
et  les  ouvrages  d'Abulcasis,  de  ce  célèbre  médecin  arabe 
d'Espagne  qui  passe  pour  avoir  été  le  restaurateur  de  la 
science  médicale.  Cette  importation  semble  dater  de  l'arri- 
vée à  Paris  d'un  docteur  de  l'école  de  Salerne,  appelé  com- 
munément Roger  de  Parme.  Après  lui  vinrent  Bruno  de 
Calabre,  Lanfranc,  Taddée,  Louis  de  Reggio,  Hugues  de 
Lucques,  Nicolas  de  Florence,  Valescus  de  Tarente.,  Louis 
de  Pise,  Auguste  de  Vérone,  Silvestre  de  Pistoie,  Armand 
de  Crémoneet  plusieurs  autres.  Guy  deChauliac  ne  fournit 
pas  de  nom  depuis  les  Grecs  jusqu'à  Guillaume  de  Salicet  :  on 
comprend  que  Lanfranc,  qui  arriva  en  France  vers  1290,  ait 
dit  :  «  Les  chirurgiens  français  étaient  presque  tous  idiots, 
a  sachant  à  peine  leur  langue,  tous  laïques,  vrais  mancpu- 
«  vres,  et  si  ignorants  qu'à  peine  trouvait-on  parmi  eux  un 
«  chirurgien  rationnel.  » 

a  Nous  serons  alors  moins  étonnés  de  voir  dans  les  écoles 
fi-ançaiscs  Abulcasis  prendre  rang  à  côté  (rHippocrato  et  de 


BSPAQKB.  455 

Galien,  et  former  avec  eux  une  sorte  de  triumvirat  scienti- 
fique. » 

La  chirurgie  se  divise  en  trois  parties.  La  première  traite 
de  la  cautérisation,  la  deuxième  de  la  médecine  opératoire 
par  les  instruments  tranchants,  la  troisième  des  luxations 
et  des  fractures. 

Ce  qui  fait  l'originalité  de  cet  ouvrage  et  une  partie  de  son 
mérite,  ce  qui  a  contribué  sans  doute  à  sa  vogue,  c'est  Tintro- 
duction,  jusqu'alors  inusitée,  des  figures  d'instruments  h  côté 
du  texte.  On  pourrait  réduire  le  nombre  de  ces  figures  à  150  ; 
mais  en  tenant  compte  des  variantes,  on  dépasserait  200. 

Il  faut  bien  le  dire,  le  fond  de  la  chirurgie  d'Abulcasis  est 
le  sixième  livre  de  Paul  d'Égine,  et  l'on  pourrait  s'étonner 
que  ce  nom  ne  soit  pas  prononcé,  que  cette  origine  ne  •  soit 
pas  indiquée;  mais  c'était  une  habitude  chez  les  Arabes, 
dans  les  ouvrages  de  synthèse,  de  fondre  les  emprunts  de 
l'auteur  avec  ce  qui  lui  appartient  en  propre,  à  moins  qu'il  ne 
s'agisse  d'une  autorité  comme  celle  d'Hippocrate  et  de  Ga- 
lien.  Ils  en  usaient  de  même  sur  le  terrain  de  la  littéra- 
ture tout  comme  sur  celui  de  la  science.  Roger  de  Parme 
et  Guillaume  de  Sallcet  usèrent  des  mêmes  procédés  envers 
Abulcasis. 

La  chirurgie  n'en  accuse  pas  moins  un  grand  et  émi- 
nent  praticien.  Très-souvent,  à  côté  du  précepte,  Abulca- 
sis fournit  une  observation  tirée  de  sa  pratique  ;  le  chapitre 
de  l'extraction  d^s  flèche»  abonde  particulièrement  en  faits 
de  ce  genre. 

Ce  qui  recommande  l'auteur,  c'est  qu'au  début  de  son  li- 
vre il  pose  la  connaissance  de  l'anatomie  comme  la  base 
de  la  chirurgie  ;  c'est  qu'il  est  prudent  et  qu'il  conseille  de 
ne  pas  s'engager  témérairement  dans  des  opérations  diffi- 
ciles. A  l'appui  de  ces  conseils,  il  cite  plusieurs  cas  où  l'i- 
gnorance de  Tanatomie  entraîna  des  terminaisons  fatales. 

Toute  imparfaite  que  puissse  paraître  aujourd'hui  la  chi- 
rurgie d'Abulcasis,  les  historiens  sont  unanimes  k  reconnaî- 
tre son  importance  relative  et  son  heureuse  influence  sur 
les  progrès  de  l'art. 

Guy  de  Chauliac  l'invoque  plus  de  deux  cents  fois. 


45G   nisTomn;  de  la  médecine  arabe.  —  livre  TRonoftifi. 

Fabrice  d'Âcquapendente  considère  Âbulcasis  comme  mie 
des  notabilités  de  la  science. 

Haller  constate  qu'Âbulcasis  a  indiqué  la  ligature  des  ar- 
tères avant  Ambroîse  Paré. 

Portai  le  considère  comme  le  premier  qui  ait  fait  usage  du 
crochet  pour  l'extraction  des  polypes. 

Freind  lui  consacre  une  longue  étude  et  le  regarde  comme 
le  restaurateur  de  la  chirurgie.  Une  autre  chose  fort  remar- 
quable, dit  Freind,  et  qui  lui  est  entièrement  particulière, 
c'est  qu'il  avertit  son  lecteur  partout  où  il  y  a -du  danger  dans 
l'opération,  précaution  souvent  aussi  utile  que  les  descrip- 
tions détaillées  des  autres  touchant  la  manière  d'opérer  dans 
chaque  cas  particulier. 

Il  est  le  premier  que  je  sache,  ditSprengel,  qui  ait  enseigné 
la  manière  d'opérer  la  lithotomio  chez  les  femmes.  Cepen- 
dant alors,  les  opérations  chez  les  femmes  ne  se  faisaient  que 
par  les  matrones,  sous  la  direction  d'un  médecin  ;  aussi  les 
chapitres  relatifs  aux  accouchements  ont-ils  été  diversement 
jugés  :  les  uns  y  voient  d'excellents  préceptes,  les  autres  en 
jugent  la  pratique  barbare. 

Nous  avons  indiqué  précédemment  un  procédé  de  litho- 
tritie,  fait  qui  était  resté  jusqu'à  présent  presque  inaperçu. 

Abulcasis,  dit  Malgaigiie,  est  le  premier  qui  ait  songé  à 
appliquer  un  bandage  comme  à  l'ordinaire  dans  les  fractures 
et  h  y  tailler  ensuite  avec  des  ciseaux  une  ouverture  de  la 
grandeur  nécessaire.  C'est  aussi  le  premier  qui  se  soit  occupé 
(les  luxations  anciennes. 

L'ouvrage  d' Abulcasis  restera  dans  l'histoire  de  la  médecine 
comme  la  première  expression  de  la  chirurgie  se  constituant 
îi  rétilt  de  science  distincte  et  se  fondant  sur  la  connaissance 
(le  l'anatoniie.  Les  figures  dont  il  est  orné  sont  une  heureuse 
et  féconde  innovation  qui  lui  assure  un  souvenir  impérissa- 
ble. Cette  innovation  ne  tarda  pas  à'  porter  ses  fruits.  On  re- 
trouve les  figures  d'Abulcasis  dans  le  Traité  d'ophthalinolo- 
gie  d'un  autre  Espagnol,  Erraféquy  (Escurial,  835);  on  les 
retrouve  en  Orient  dans  les  traités  de  Salah  Eddin  ben 
Youscf  et  de  Khalifa  ben  Abil  Mahassen.  Chez  ce  dernier, 
los  figures  occupent  doux  pages  et  sont  d'une  exécution  par- 


BBPAGNB.  4S7 

faite  (n*  1043  du  supplément  arabe).  Enfin,  on  lès  retrouve 
dans  la  Chirurgie  d'Ebn  el  Koff. 

Le  texte  arabe  de  la  Chirurgie  a  eu  les  honneurs  de  l'im- 
pfession  ;  il  y  a  un  siècle  que  Channing  en  donnait  une 
édition  arabe  latine.  C*est  en  partie  d'après  cette  édition  et 
en  partie  d'après  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale 
que  nous  avons  fait  notre  traduction  française,  il  y  a  une 
quinzaine  d'années.  Ce  travail,  fait  en  Algérie^  devait  être 
imparfait.  Depuis  lors,  nous  nous  sommes  constamment 
préoccupé  d'Abulcasis  ;  nous  avons  fait  une'  collation  plus 
minutieuse  du  manuscrit  de  Paris  et  nous  avons  aussi  con- 
sulté le  manuscrit  de  l'Escurial  qui  a  échappé  à  Casiri.  Nous 
regrettons  de  n'avoir  pu  jusqu'à  présent  nous  familiariser 
avec  les  traductions  hébraïques.  Nous  pensons  toutefois  que 
cette  notice  témoignera  de  nos  efforts  pour  améliorer  une 
nouvelle  édition. 

Nous  terminerons  par  une  citation  de  llosâi  : 

c  Alcuni  suoi  poemisulle  malattieesulla  loro  cura  vedonsi 
parimente  nel  codice  743  délia  Biblioteca  delV  universita  di 
Leida. 

«  Il  mio  gabinetto  présenta  nel  codice  1344,  il  suo  Trat- 
TATo  DBi  RiMEOi  dbll'occhio,  traspoTtato  delV  arabo  da  Natan 
Amateo.  > 

Serait-ce  un  fragment  de  la  Chirurgie? 


ABOD  YOUSOUF  HASDAl  BEN  CIIAPROOT. 

Nous  avons  déjà  vu  ce  médecin  juif  figurer  parmi  les  per- 
sonnages qui  travaillèrent  à  la  révision  des  œuvres  de 
Dioscorides. 

Telle  est  la  notice  que  lui  .consacre  Ebn  Abi  Ossaïbiah, 
traduite  ptir  M.  Munk:' 

<  Hasdaï  ben  Ishaq,  versé  dans  l'art  de  la  médecine,  était 
au  Service  d'El  Hakem  fils  d'Abderrahman.  Il  était  au  nom- 
bre des  auteurs  juifs  au  premier  rang  dans  la  connaissance 
de  leur  loi.  Il  fut  le  premier  à  ouvrir  à  leur  population 
d'Andalousie  la  porte  de  leurs  connaissances  en  fait  de  juris- 


458     HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.    —  LIVRE  TROISIÈMB. 

prudence  religieuse,  de  chronologie,  etc.  Auparavant  !!• 
avaient  été  obligés  de  s'adresser  aux  juifs  de  Bagdad  pour 
faire  venir  de  chez  eux  le  calcul  d'un  certain  nombre  d'an- 
nées afin  de  connaître  les  procédés  de  leur  calendrier  et  les 
commencements  de  leur  année.  Mais  Hasdaï  ayant  été  atta- 
ché à  El  Hakem  et  ayant  obtenu  près  de  lui  une  position 
très  élevée,  parvint  par  lui  à  se  procurer  tout  ce  qu'il  dési- 
rait en  fait  de  livres  des  juifs  de  l'Orient.  Depuis  lors  les 
juifs  d'Andalousie  connaissaient  ce  qu'auparavantils  avaient 
ignoré  et  étaient  dispensés  de  la  peine  qu'ils  avaient  été 
obligés  de  se  donner.  » 

M.  Philoxène  Luzzato  publia  depuis  une  notice  étendue 
sur  Hasdaï,  où  il  établit  quelques  faits  nouveaux. 

Il  pense  que  Hasdaï  occupait  auprès  d'El  Hakem  la  posi- 
tion de  ministre  des  finances.  Il  raconte  la  part  que  prit 
Hasdaï  à  la  restauration  du  roi  de  Léon  Sanche  !•%  et  parle 
de  la  lettre  qu'il  écrivit  au  prince  des  Khazars  qui  s'était 
avec  son  peuple  converti  au  judaïsme. 

Hasdaï  protégeait  ses  coreligionnaires  et  entretenait  des 
correspondances  avec  les  savants  juifs,  qui  le  traitent  de 
prince. 

Il  serait  mort  vers  990,  laissant  un  fils  digne  de  lui  du 
nom  de  Yousouf. 

Ce  fut  aussi  Hasdaï  (Hasdeu  des  chroniques  latines),  qui 
reçut  Jean  de  Gorze,  ambassadeur  d'Othon  le  Grand  auprès 
d'Abderame  III. 


LIVRE    IV 

XI*    SIÈCLE 
REVUE  SOIIAIRE  DU  ONZIÈME  SlfiCLE 


I.  —  PERSE. 


Aviccnne. 
Eben  Mendouih. 
Essedjary. 
Ebn  Abi  Sadek. 
El  Ilakv. 


1036 


1072 


El  Birouny. 
Miskaouih. 
El  Azraquy. 
Abou  NoaTin. 


1030 
1038 


II.  —   IRAK. 


Chr.  Aboulfaradj  bcnThayeb.1043 

S.  Haroun  ben  Sad.  1052 

Chr.  Eben  Bothlan.  1005 

Saïd  bcn  Hibac  Allah. 
CM.  Eben  Djezla.  1099 

Eben  Bahtouih. 

Ebn  el  Ouassitliv. 


El  Barakhchv. 
Ishao  ben  Aly 
Chr.  Zahiu  el  Olama. 
El  Makily. 
Ennily . 
Issa  ben  Aly. 
Méâué  le  jeune. 


1015 


III. 


SYRIE, 


El  Biroudy. 
Essokry  (Dhafer). 
Mouhoub  ben  Dhafer. 


Djaber  ben  Mouhoub. 
Mobarek  el  Haleby. 


1096 


IV.—  EGYPTE. 


Ebn  el  Ilcitsam. 
Aly  ben  Rodhouan. 
AlJou  Bâcher. 
Aly  ben  Soleiman. 
Môbacher  ben  Fateq . 


1038 
1061 


Ishaq  ben  lounes. 
J.  Afranim  ben  Aselfan . 
J.  Slama  ben  Hahmoun. 
J .  Mobarek  ben  Slama. 

Omar  ben  Aly  cl  Mously. 


V.  —  MAGREB. 

Constantin. 

VI.  ~  ESPAGNE. 


Ebn  Essamedj.  1020 

Ebn  Essoifar. 

Ebn  Khaldoun.  1056 

Ëzzahraouy. 

El  Kermany.  1006 

Aboul  A.iab  Yousef.  1038 

Aboul  Bagounech.  1052 

Ebn  Ouafed.  1074 

Erramly. 

Ebn  Eddeheby.  1063 

Ebn  Ennabbach. 

Abou  Djafar  ben  Khamis . 


Eddarmy. 

Ebn  el  Khayat.  1055 

J    El  Kaoual. 
J.  Ishaq  ben  Caftar.  103G 

Ebn  el  Hedjadj . 

Témimy. 

ElBécry.  1096 

J.  Ebn  Djanah« 
.M. Aboul  Fadhl^  Khachdtj . 

Ben  Chekid.  1034 

EbnelHeitsam.  1063 

Abdallah  ben  Younes.  1037 


REVUE  SOMMAIRE  DU  Xr  SIÈCLE 


La  diffusion  des  sciences  et  leur  culture  par  toutes  les  par- 
ties de  l'empire  musulman,  fondée  au  X»  siècle,  se  maintint 
et  s'affermit  pendant  le  XI*  malgré  les  révolutions  qui  l'agi- 
taient et  déplaçaient  le  pouvoir. 

Sans  entrer  dans  le  détail  des  événements  nous  devons  en 
sig'naler  cependant  les  traits  les  plus  saillants. 

  Bagfdad,  les  Khalifes  continuent  k  subir  la  tutèle  des 
étrangers.  A  celle  des  Bouïdes,  succéda  celle  des  Seldjouci- 
des  :  Alp  Arslan  entrait  h  Bagdad  en  l'année  1055. 

Cependant  les  sciences  trouvèrent  encore  des  protecteurs 
chez  ces  nouveaux  maîtres.  Alp  Arslan  eut  l'heureuse  idée 
de  prendre  pour  ministre  Nizam  el  Moulk,  et  ce  fut  encore 
celui  de  son  successeur  Malek  Chah,  le  plus  grand  prince 
de  la  dynastie.  Nizam  el  Moulk  était  non-seulement  le  pro- 
tecteur des  savants,  mais  il  occupait  parmi  eux  une  des  pre- 
mières places.  Il  fonda  des  écoles  dans  les  villes  de  Hérat, 
d'Ispahan  et  de  Bassora.  Mais  sa  fondation  la  plus  célèbre  est 
la  fameuse  école  de  Bagdad,  comme  sous  le  nom  de  Afcdrea- 
sat  cnnizamia.  Cette  belle  existence,  de  près  d'un  siècle,  fut 
tranchée  par  le  fer  d'un  assassin. 

A  rOrient,  l'empire  était  démembré  par  les  Gaznévides. 
Mahmoud,  qui  résidait  h  Gazna,  se  plaisait  dans  la  compa- 
gnie d'El  Birouny  et  de  Firdoussy.  Il  avait  même  invité 
Avicenne,  qui  préféra  son  indépendance. 

L'Égypto  maintint  son  autonomie,  mais  clic  eut  sos  cala- 
mités. Nous  voyons  d'abord  l'imbécile  Hakem  protégeant 
aussi  les  savants,  mais  persécutant  les  dissidents.  Le  long 
règne  de  Mostancer  est  marqué  par  les  discordes  civiles,  la 
peste,  la  famine  et  le  pillage  de  riches  bibliothèques.  Ce  ne 


402    HISTOIRE  DE   LA   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  QUATRIÊIIS. 

fut  que  vers  la  fin  que  le  visir  Bedr  Eddjemaly  rendit  à  l'E- 
gypte son  ancienne  prospérité. 

L'Espagne  fut  pareillement  éprouvée.  La  dynastie  de» 
Ommiades  s'éteignit  au  milieu  des  troubles  civils,  TEspagne 
se  morcela  et  dans  ces  agitations  nous  avons  encore  à  déplo- 
rer des  sinistres  pour  les  livres. 

En  dépit  des  circonstances,  nous  voyons  cependant  les 
sciences  poursuivre  leur  cours  tant  en  Orient  qu'en  Occi- 
dent. 

Si  nous  enregistrons  un  nombre  un  peu  moins  considéra- 
ble de  savants,  nous  comptons  autant  d'hommes  supérieurs, 
dominant  la  foule  et  laissant  après  eux  une  trace  de  leur 
passage. 

Les  productions  médicales  continuent  à  prendre  une  allure 
indépendante  et  déjà  un  certain  cachet  d'originalité.  Les 
Arabes  se  sentent  déjà,  riches  de  leur  propre  fonds.  Nous 
voyons  apparaître  certains  écrits  non  moins  remarquables 
par  la  nouveauté  de  la  forme  que  par  la  valeur  du  fonds. 

Au  premier  rang  de  tous  les  médecins  du  XP  siècle  se 
place  Avicenne.  Avec  un  génie  différent  de  celui  de  Razès,  il 
pesa  d'un  poids  encore  plus  grand  sur  les  destinées  de  la 
médecine.  Le  Canon  d' Avicenne,  conçu  suivant  un  plan  plus 
large  que  le  Continent,  avec  une  méthode  plus  rigoureuse, 
embrassant  toutes  les  parties  de  la  science,  eut  une  influence 
capitale  sur  les  destinées  de  la  médecine,  non-seulement  dans 
les  limites  du  monde  musulman,  mais  en  dehors  de  ces  li- 
mites chez  les  nations  chrétiennes.  L'Orient  ne  cessa  de  l'é- 
tudier et  de  le  commenter  en  tout  ou  en  partie  :  l'Occident  le 
prit,  pendant  des  siècles,  pour  base  de  son  enseignement, 
après  l'avoir  traduit  en  latin. 

C'est  encore  au  XP  siècle  qu'appartient  un  homme  peut- 
être  d*origine  arabe  et  converti  au  christianisme,  qui  le  pre- 
mier importa  dans  l'Occident  non-seulement  les  œuvres  des 
médecins  arabes,  mais  celles  d'Hippocrate  et  do  Galien,  qu'il 
traduisit  en  latin,  et  fit  sortir  l'Europe  barbare  de  sa  longue 
torpeur.  Nous  voulons  parler  de  Constantin  l'Africain. 

En  même  temps  que  les  attaches  avec  les  anciens  se  lais- 
sent de  moins  en  moins  apercevoir,  nous  voyons  le  chiffre 


RKVOS  30MMA1RB  DU  ONZiÈMB  SIÈCLE.  403 

des  médecins  chrétiens  diminuer  et  n'apparaître  pour  ainsi 
dire  que  dans  l'Irak.  Dans  les  sciences  étrangères  à  la  méde- 
cine et  relevant  des  mathématiques,  nous  ne  voyons  que  des 
noms  arabes. 

En  môme  temps  les  Juifs  se  montrent  plus  nombreux  sur 
la  scène. 

Si  nous  jetons  un  coupd'œil  rapide  sur  les  diverses  contrées 
de  rislamisme,  nous  voyons  d'abord  en  Perse  Avicenne, 
presque  toujours  en  voyagre,  rencontrer  dans  toutes  les  par- 
ties de  la  haute  Asie  des  aliments  pour  ses  travaux,  former 
des  élèves  et  compter  El  Birouny  parmi  ses  amis  et  ses  cor- 
respondants. 

A  Bagdad,  ce  sont  Eben  Botlan,  Eben  Djezla  et  Aboulfa- 
radj  ben  Thayeb,  les  deux  premiers  donnant  à  la  médecine 
et  à  l'hygiène  une  forme  d'exposition  plus  commode  pour 
l'enseignement,  et  le  dernier,  familiarisé  avec  les  Grecs,  com- 
menter leurs  philosophes  aussi  bien  que  leurs  médecins.  A 
cette  époque  nous  croyons  aussi  devoir  rattacher  le  célèbre 
oculiste  Aly  ben  Issa. 

La  Syrie  commence  à  se  réveiller,  et  se  prépare  au  rôle 
qu'elle  doit  jouer  dans  les  deux  siècles  suivants. 

En  Egypte,  les  sciences  sont  cultivées  avec  ferveur  en  dé- 
pit des  troubles  politiques.  Ce  qui  caractérise  l'Egypte  à 
cette  époque,  c'est  la  quantité  prodigieuse  de  livres  qu'elle 
recueille,  l'importance  presque  fabuleuse  de  ses  bibliothè- 
ques publiques  et  privées. 

La  mosquée  El  Azhar  est  toujours  une  pépinièi'e  de  sa- 
vants, où  se  forme  le  grand  mathématicien  Ebn  el  Heitsam, 
dont  la  fécondité  nous  étonne.  En  môme  temps  apparaissent 
l'oculiste  Omar  ben  Aly,  et  le  grand  médecin  Aly  ben  Uo- 
dhouan,  qui  fut  nommé  chef  des  médecins  en  Egypte. 

En  Espagne,  les  élèves  sortis  de  l'école  de  Moslema  culti- 
vent la  médecine  aussi  bien  que  les  sciences  mathématiques. 
Parmi  les  médecins  et  naturalistes  nous  citerons  Ebn  Ouafed 
qui  fut  traduit  en  latin  sous  le  nom  d'Eben  Guefîth,  le  géo- 
graphe El  Bécry,  l'agriculteur  Ebn  el  Hedjadj,  enfin  le  pre- 
mier médecin  de  la  famille  des  Avenzoar. 


404     UISTOJHB  DE  LA.  MÉDBOlNfi  ARABE.   «—  LIVRE  QUATRIÉMB. 

Parallèlement  à  la  médecine  marchaient  les  autres 
sciences. 

Dans  l'extrême  Orient,  El  Birouny,  polygrraphe  éminent, 
étudiait  l'Inde  et  traduisait  les  ouvrages  sanscrits,  écrivait  le 
Canoun  el  Massoudy^  traité  de  géographie  mathématique 
dédié  à  Massoud  fils  de  Mahmoud,  en  même  temps  qu'il  s'oc- 
cupait de  physique  et  d'histoire. 

À  Bagdad,  Omar  ben  el  Kheyam  cultivait  les  mathéma- 
tiques, réformait  le  calendrier  persan,  réformation  connue 
sous  le  nom  d'ère  Djélaléenne^  d'un  surnom  de  Malek  Chah, 
et  dirigeait  l'observatoire  fondé  par  Nidham  el  Moulk,  dont 
nous  avons  déjà  signalé  les  fondations  scientifiques. 

En  Egypte,  alors  que  s'éteignait  Ebn  el  Younis  florissait 
Ebn  el  Heitsam,  peut-être  le  plus  profond  et  le  plus  fécond 
des  mathématiciens  arabes. 

En  Espagne,  les  mathématiques  et  l'astronomie  étaient 
cultivées  par  les  disciples  de  Moslemah  et  par  Arzakel,  et 
Bécry  composait  un  remarquable  traité  de  géographie. 

Ajoutons  qu'en  Orient  la  philosophie  était  représentée  par 
le  célèbre  Gazzaly,  qui  finit  par  se  retourner  contre  sa  nour- 
rice et  s'éteindre  dans  le  mysticisme.  11  fut  à  la  tète  de  la 
Medressa  Nidhamia. 

Nous  devons  enfin  ajouter  ici  le  nom  d'Avicenue,  qui  ne 
cultiva  pas  exclusivement  la  médecine,  mais  las  autres 
sciences,  et  jusqu'à  l'alchimie.  On  sait  que  son  ouvrage  dit 
El  Chefa  se  trouve  imprimé  avec  le  Canon. 


I.  —  PERSE. 

La  Perse  eut  encore,  comme  au  siècle  précédent,  l'honneur 
de  produire  le  plus  grand  médecin  de  Tépoque.  Razès  eut  un 
digne  successeur  dans  Âvicenne. 

Avec  des  génies  différents,  on  peut  dire  que  ces  deux 
hommes  arrivèrent  à  une  égale  hauteur.  Razès  était  un  pra- 
ticien plus  consommé,  Âvicenne  avait  des  tendances  plus 
particulièrement  portées  vers  la  philosophie,  et  la  connais- 
sance qull  avait  de  la  médecine,  il  l'avait  puisée  dans  ses 
lectures  autant  que  dans  la  pratique,  doué  qu'il  était  d'une 
merveilleuse  facilité  d'assimilation.  Mais  il  possédait  à  un 
haut  degré  le  génie  scientifique,  en  tant  qu'il  s'applique  à 
porter  la  lumière  et  l'ordre  dans  un  ensemble  de  faits 
donnés.  Ce  que  Razès  avait  fait  avec  réserve  et  sous  forme 
d'inventaire  méthodique  et  partiel  dans  le  Continent^  Avi- 
cenne le  fit  d'une  façon  complète  et  systématique  dans  le 
Canon,  le  plus  grand  corps  complet  de  médecine  que  l'on 
ait  publié  jusqu'alors. 

La  vie  un  peu  errante  d' Avicenne  et  les  ressources  qu'il 
rencontrait  partout  pour  continuer  ses  études  et  ses  travaux 
sont  une  preuve  de  la  diffusion  des  sciences  en  Perse  et  dans 
la  haute  Asie;  mais  nous  n'y  apercevons  pas  un  centre  fixe 
de  lumières  comme  à  Bagdad,  au  Caire  et  plus  tard  à 
Damas. 

Avicenne  eut  cependant  des  élèves,  ainsi  Ebn  Abi  Sadek, 
El  Uaky,  El  Mendouih.  Parmi  ses  amis  on  compte  aussi 
El  Birouny  qui  avait,  outre  ses  connaissances  dans  les  scien- 
ces naturelles  et  mathématiques,  une  connaissance  toute 
particulière  des  littératures  des  Juifs  et  des  Indiens. 

Une  autre  preuve  de  la  diffusion  des  lumières  en  Perse, 
c'est  la  grande  quantité  des  écrits  d' Avicenne  adressés  à  ses 
contemporains. 

30 


466    HISTOIRE  DE   LA  MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÉMK. 


AVICENNE. 

Avicenne  est  un  phénomène  intellectuel.  Jamais  peut-être 
on  ne  vit  une  intelligence  précoce,  facile  et  étendue  se  pro- 
longer et  se  soutenir  avec  une  aussi  étrange  et  aussi  infati- 
Sfable  activité.  Il  eut  des  maîtres,  mais  il  se  fit  surtout  lui- 
même  par  des  lectures  assidues,  doué  qu'il  était  d'unt 
merveilleuse  facilité  d'assimilation*  De  bonne  heure  en 
possession  d'une  immense  érudition^  il  la  féconda  par  son 
génie,  attaqua  en  maître  toutes  les  branches  de  la  soience» 
et  révéla  particulièrement  sur  le  terrain  de  la  médecine  aott 
esprit  organisateur.  Sa  vie  est  marquée  du  cachet  de  rori* 
ginalité,  par  sa  mobilité  et  son  excentricité.  Placé  dans  la 
haute  Asie,  il  y  atteint  un  développement  complet  et  nous 
le  voyons  courir  incessiamment  du  Turkestan  à  l'Irak  persaOi 
s'arrêtent  çà  et  là  pour  y  entreprendre,  y  commencer  ou  y 
achever  quelques  volumineuses  compositions^ 

Les  ressources  qu'il  rencontre  dans  ces  pays  lointains,  qui 
confinaient  aux  frontières  de  la  Chine,  la  multiplicité  des 
savants  avec  lesquels  il  se  met  eu  relations,  nous  prouvent 
combien  avait  été  puissante  l'irradiation  scientifique  éma« 
née  de  Bagdad.  Ces  faits  et  la  valeur  personnelle  d' Avicenne 
nous  autorisent  à  décrire  avec  des  détails  inaccoutumés 
cette  existence  vagabonde  et  si  remplie. 

Avicenne  nous  a  raconté  lui-même  la  première  moitié  de 
sa  vie,  et  nous  croyons  ne  pouvoir  mieux  faire  que  de  lui 
céder  la  parole. 

«  Mon  père  était  de  Balkh  et  vint  habiter  Boukhara  du 
temps  de  Nouh  ben  Mansour.  Il  se  maria  dans  un  village 
voisin,  du  nom  d'Afchana,  et  c'est  là  que  je  naquis  ainsi 
que  mon  frère.  Nous  retournâmes  à  Boukhara  et  l'on  me 
donna  un  maître  pour  m'onseigner  le  Coran  et  les  humani-^ 
tés.  Je  n'avais  pas  encore  dix  ans  que  je  possédais  le  Coran 
et  une  bonne  partie  des  humanités,  au  point  que  Cela  parut 
un  prodige.  Mon  père  me  fit  apprendre  le  calcul  auprès  d'an 
marchand  d'herbes  qui  connaissait  le  calcul  indien. 


P£R8S  467 

<  Un  philosophe  du  nom  d*Âbou  Abdallah  Ennately  vint 
alors  &  Boukhara.  Mou  père  le  recueillit  à  la  maison  pour 
en  faire  mon  précepteur.  11  m'enseigna  la  logique  dont  je 
possédais  le  mécanisme  sans  en  connaître  Tesprit.  (On  lit 
dans  le  Kitab  el  hokama  que  cet  enseignement  se  fit  avec 
le  livre  de  VIsagoge).  Je  me  mis  à  étudier  seul,  m*aidant 
par  la  lecture  des  commentaires.  Il  en  fut  de  même  pour  le 
livre  d'Euclide.  J'étudiai  sous  la  direction  de  mon  maître 
cinq  ou  six  propositions,  puis  j'étudiai  seul  tout  l'ouvrage. 
J'avais  entrepris  l'Almageste  quand  Ennately  nous  quitta. 

«  C'est  alors  que  je  m'adonnai  à  l'étude  de  la  médecine, 
complétant  mes  lectures  par  l'observation  des  malades,  ce 
qui  m'apprenait  bien  des  faits  de  thérapeutique  que  Ton  ne 
trouve  pas  dans  les  livres.  J'avais  alors  seize  ans. 

«  Je  me  consacrai  alors  à  la  lecture  pendant  une  année  et 
demie.  Toutes  les  fois  que  je  ne  pouvais  saisir  un  raisonne- 
ment, je  me  rendais  à  la  mosquée  et  j'adressais  mes  prières 
au  Gréateur  afin  qu'il  m'aplanit  les  difficultés. 

c  La  nuit,  chez  moi,  à  la  lueur  d'une  lampe,  je  lisais  et 
j'écrivais,  et  quand  le  sommeil  me  gagnait,  que  je  sentais 
mes  forces  faiblir,  je  prenais  un  verre  de  vin  pour  les  soute- 
nir, et  je  recommençais  mes  lectures.  Tout  en  sommeillant, 
j*avais  l'esprit  rempli  de  mes  études  et  parfois,  en  me  réveil- 
lant, je  voyais  des  questions  obscures  s'éclaircir.  Je  conti- 
nuai de  la  sorte  jusqu'à  ce  que  j'eusse  une  connaissance 
complète  de  la  dialectique,  de  la  physique  et  des  mathéma^- 
tiques.  Je  me  dirigeai  ensuite  vers  la  Théodicée  et  les  ou- 
vrages de  métaphysique. 

t  Cependant  je  ne  pouvais  en  comprendre  le  sens  bien  que 
j'eusse  lu  mon  livre  quarante  fois  au  point  de  le  savoir  par 
coBur»  et  je  désespérais  de  jamais  y  parvenir. 

c  Me  trouvant  un  jour  chez  un  libraire,  il  m'offrit  un  livre 
qui  était  à  vendre.  Je  le  repoussai  eu  disant  que  cette  science 
n'était  bonne  à  rien.  Achèt^le,  répliqua-t-il,  son  maître  a 
besoin  d'argent  et  il  ne  t'en  coûtera  que  trois  drachmes.  Je 
Tachetai.  C'était  l'ouvrage  d'El  Faraby  sur  le  but  de  la  méta^ 
physique*  De  retour  à  la  maison  je  lus  ce  livre  et  par  lui  je 
etmprifl  celui  que  je  savais  déjà  par  cœur*  Je  fus  au  comble 


468      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIEME. 

de  la  joie,  je  rendis  grâce  à  Dieu  et  je  répandis  d'abondantes 
aumônes. 

c  Le  prince  Nouh  ben  Mansour  étant  tombé  malade,  je  fas 
appelé  en  consultation  et  pus  ainsi  pénétrer  dans  sa  riche 
bibliothèque. 

c  À  rage  de  dix-huit  ans  j'avais  complété  l'étude  de  toateB 
ces  sciences,  les  ayant  alors  plus  présentes  à  l'esprit  qu'an- 
jourd'hui,  oii  elles  sont  plus  mûries,  mais  toujours  les 
mêmes,  sans  que  j'aie  depuis  rien  ajouté  à  ce  que  j'en 
savais. 

«  Un  de  mes  voisins,  Âboul  Hassan  el  Aroudhy  m'ayant 
prié  de  lui  faire  un  recueil  de  toutes  les  sciences,  je  lui  en 
fis  un  sous  le  titre  de  Madjmoua. 

«  Un  jurisconsulte,  Abou  Bekr  el  Barguy,  m'ayant  prié  de 
lui  en  faire  un  commentaire,  j'en  écrivis  vingt  volumes. 
J'avais  alors  vingt  et  un  ans. 

c  Mon  père  étant  venu  à  mourir,  je  fus  chargé  d'un  emploi 
et  obligé  de  quitter  Boukhara.  Je  me  dirigeai  vers  le  Djop- 
djan,  cherchant  l'émir  Cabous,  qui  se  laissa  prendre  et  mon- 
rut  en  prison.  Je  me  rendis  alors  au  Daghestan  où  je  tombai 
gravement  malade,  puis  au  Djordjan,  où  je  fus  accueilli  par 
Abou  Obéid  Eddjordjany.  « 

Ici  finit  le  récit  d'Avicenne.  Le  reste  de  sa  vie  nous  a  été 
conservé  par  Djordjany.  Nous  le  laisserons  parler. 

«  Un  homme  du  pays,  Abou  Mohammed  Echchirazy,  ami 
des  sciences,  lui  acheta  une  maison  où  chaque  jour  j'allais 
étudier  TAlmageste.  Là  il  composa  plusieurs  de  ses  ouvrages 
sur  la  logique,  sur  l'astronomie,  le  commencement  du 
Canon,  l'abrégé  de  l'Almageste  et  d'autres  encore.  Il  alla 
ensuite  au  Djebal,  continuant  toujours  à  écrire,  puis  à  Rey 
où  il  se  mit  au  service  de  la  princesse  et  de  son  fils  Ma^jed 
Eddoula,  qu'il  guérit  de  la  mélancolie.  Il  y  resta  jusqu'à 
l'arrivée  de  Chems  Eddoula.  C'est  là  qu'il  composa  le  li\Te 
de  la  Création  et  de  la  Résurrection. 

a  II  dut  ensuite  se  retirer  à Cazouin,  puisa  Hamdan.  Cepen- 
dant Chems  Eddoula  se  trouvant  affecté  de  colique,  l'invita 
à  venir  le  trouver.  Avicenne  le  guérit,  raccompagna  dans 
une  expédition  puis  devint  son  vizir.  Mais  les  soldats  mé- 


PBR8B.  400 

contents  de  lui  Tassiégrèrent  dans  sa  maison,  le  retinrent 
aux  arrêts  et  demandèrent  sa  mort.  Chems  Eddoula  pour 
les  calmer  leur  accorda  son  exil.  Avicenne  fut  obligé  de  se 
cacher  pendant  quarante  jours  chez  un  certain  Abou  Sald 
ben  Dahdoul.  Chems  Eddoula  tomba  de  nouveau  malade  et 
rappela  Avicenne  qui  le  gfuérit  encore  et  fut  réintég^ré  dans 
son  vizirat  et  sa  faveur.  Il  se  remit  à  composer,  travaillant 
la  nuit,  en  raison  de  ses  occupations  auprès  de  Chems 
Eddoula.  Celui-ci,  en  gruerre  avec  Boha  Eddoula  fit  une 
seconde  rechute,  et  succomba  pour  n'avoir  pas  suivi  les 
conseils  d'Avicenne. 

c  Le  fils  de  Chems  Eddoula  offrit  aussi  les  fonctions  de  vizir 
à  Avicenne  qui  refusa,  et  alla  se  réfugier  chez  un  pharma- 
cien du  nom  d'Abou  R'aleb.  Là  il  se  mit  à  travailler  de- 
rechef au  livre  dit  Echchefa. 

c  Cependant  Tadjel  Moulouk  surprit  une  correspondance 
d* Avicenne  avec  Ala  Eddin  auprès  duquel  il  projetait  de  se 
retirer,  et  l'enferma  dans  une  forteresse.  Avicenne  parvint 
à  s'en  échapper,  déguisé  en  soufi,  et  grâce  à  moi  gagna 
Ispahan  oii  il  fut  dignenient  accueilli  par  Ala  Eddoula. 
Tous  les  vendredis,  des  savants  se  réunissaient  autour  de 
lui.  Là  il  acheva  le  livre  de  la  Chefa,  ses  ouvrages  de  logi- 
que et  l'Almageste,  fit  un  abrégé  d'Euclide,  écrivit  sur 
l'arithmétique,  sur  la  musique  et  acheva  divers  autres 
ouvrages. 

«  Il  accompagna  l'émir  à  Hamdan  et  fut  chargé  par  lui 
d'opérations  astronomiques. 

c  Avicenne  était  robuste,  mais  adonné  aux  femmes,  ce  qui 
lui  enleva  de  ses  forces.  Ayant  été  pris  de  coliques  en  même 
temps  que  d'accès  d'épilepsie,  un  premier  traitement  lui 
rendit  un  peu  do  santé.  Mais  ne  s'étant  pas  ménagé,  la 
maladie  récidiva.  Comprenant  alors  que  tout  traitement 
devenait  impuissant,  il  tomba  dans  le  découragement  et  dit  : 
le  directeur  de  ma  santé  s'est  retiré  de  moi,  tout  traitement 
devient  inutile.  Après  quelques  jours,  il  mourut  à  Hamdan, 
en  l'année  428  (1036),  à  l'âge  de  58  ans.  (1)  » 

(1)  D'après  M.  Schlimmer  le  tombeau  d'Avicenne  existe  encore, 
mais  tombant  en  ruines. 


470    HISTOIRE  DE  LA  MÉOECINB  ARABE.  —  LIVRE  QUATRl&UE. 

Aboulfarage  prétend  qu'Avicenne  fut  le  premier  entra 
les  philosophes  qui  se  livra  aux  excàs  du  vin.  11  ajoute,  et 
nous  trouvons  la  même  tradition  dans  le  Ms.  de  Paru  d'Elm 
Abi  Ossafbiah^  qu'Avicenne  eut  pour  mettre  le  médeein 
ehrétien  Abou  Sahl  el  Messihy,  l'auteur  du  livre  dit  Blmm 
ou  le  livre  aux  cent  chapitres.  Nous  trouverons  en  elM 
parmi  les  livres  d'Avicenne,  le  traité  de  l'Angle,  dédié  k 
Abou  Sahl  el  Messihy. 

On  a  donné  souvent  Avicenne  oonune  un  débauché,  dont 
les  excès  auraient  abrégé  Texistence,  mais  on  n'a  pas  aam 
songé  à  ses  excès  intellectuels  qu'il  a  pratiqués  si  constam* 
ment  et  si  prématurément.  Sa  précocité  et  sa  fécondité,  an 
milieu  d'une  vie  si  tourmentée,  tiennent  du  prodige.  Noos 
avons  vu  chacune  de  ses  étapes  marquée  par  une  composition 
nouvelle,  qui  semblait  ne  rien  lui  coûter.  Quant  à  son 
voyage  en  Espagne,  c'est  une  fable.  On  peut  en  dire  autant 
de  ses  études  à  Bagdad,  suivant  Léon  l'Africain  ;  Avicenne, 
ainsi  que  nous  l'avons  vu  n'ayant  jamais  mis  le  pied  dans  la 
bassin  du  Tigre,  et  comme  nous  l'avons  déjà  fait  observer, 
Avicenne  se  fît  lui-mâme. 

Il  embrassa  toutes  les  sciences  et  dans  toutes  se  montra 
supérieur.  Cette  supériorité  est  attestée  par  les  surnoms  qui 
lui  furent  donnés  de  Reys,  prince,  et  de  Cheikh^  nuiître, 
comme  qui  dirait  le  prince  de  la  science,  le  maître  par  excel- 
lence. Fréquemment  il  est  cité  sous  ces  titres  de  Cheikh 
erreys,  et  l'équivoque  n'est  pas  permise. 

Dans  l'étude  de  ses  ouvrages,  nous  commencerons  par 
ceux  relatifs  à  la  médecine. 

Il  n'a  pas  ainsi  que  Razès  et  môme  que  beaucoup  de  mé- 
decins de  second  ordre  écrit  de  nombreux  ouvrages  sur  la 
médecine,  mais  l'un  d'eux  est  une  vaste  composition  qui  en 
embrasse  toutes  les  parties  :  nous  voulons  parler  du  Canon, 

Ce  mot  pris  du  grec  signifie  la  règle.  Avicenne  s'était 
proposé  de  faire  un  traité  classique  et  complet  de  médecine. 

Le  Canon  rappelle  le  Continent  de  Razès,  mais  surtout  le 
Maleky  d'Ali  ben  el  Abbas.  Ce  sont  là  les  trois  grands  corps 
de  médecine  les  plus  importants  que  les  Arabes  aient 
produits. 


PBB6B.  471 

H&zès  n'embrassa  que  la  médecine  pratique.  Ali  ben  el 
Abbas  et  Avicenne  embrassèrent  toute  la  science  médicale. 
Leurs  ouvrages  se  distinguent  encore  du  Continent,  en  ce 
qu'ils  se  proposèrent  de  coordonner  méthodiquement  toutes 
les  parties  de  la  médecine,  tandis  que  chez  Razès  il  n'y  a 
aucune  prétention  à  la  méthode. 

Le  Maleky  diffère  du  Canon  en  ce  qu'il  est  plus  concis  et 
plus  restreint,  et  que  l'auteur,  adoptant  la  médecine  comme 
constituée,  les  divergences  ne  portant  que  sur  des  faits 
secondaires,  fond  eu  un  seul  corps  toutes  ses  acquisitions, 
saps  se  préoccuper  de  les  recommander  par  des  noms  d'au- 
teurs. 

Le  Canon  a  de  plus  larges  proportions  et  parfont  est  plus 
complet  ;  aussi  fit-il  oublier  le  Maleky,  malgré  son  grand 
mérite  et  son  volume  plus  accessible  à  tous. 

Le  Canon  se  divise  en  cinq  parties:  généralités  de  la 
science,  matière  médicale,  maladies  particulières,  maladies 
communes  aux  divers  organes  ou  régions,  pharmacopée. 

La  première  partie,  qui  est  en  quelque  sorte  la  médecine 
théorique  ou  générale,  fut  souvent  commentée  sous  le  titre 
de  Koullyat  el  Kanoun,  généralités  du  Canon. 

Le  deuxième  livre  du  Canon  fut  de  son  temps  le  traité  le 
plus  complet  des  médicaments  simples.  Il  comprend  environ 
huit  cents  paragraphes  et  on  y  voit  apparaître  un  certain 
nombre  de  médicaments  nouveaux.  Quant  aux  autres,  c'est 
Dioscorides  et  Galien  mis  en  pièces  et  reproduits  méthodi- 
quement suivant  un  ordre  invariable. 

Nous  avons  traduit  ce  livre,  que  nous  avons  renoncé  à 
produire  aussitôt  que  nous  avons  pu  nous  procurer  Ebn  el 
Beithar. 

Le  texte  imprimé  à  Rome  est  criblé  d'incorrections. 

Nous  ferons  observer,  et  propos  de  la  troisième  partie, 
qu' Avicenne,  bien  qu'il  ait  traité  de  l'anatomie  dans  la  pre- 
mière, y  revient  dans  la  troisième,  et  avant  de  parler  des 
maladies  particulières  h  chaque  organe  ou  à  chaque  système 
d'organes,  commence  par  en  faire  l'anatomie  et  la  physio- 
logie. 
Le  Canon  fut  aussi,  dans  son  ensemble,  l'objet  de  corn- 


472    HI8T0IIIF.  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÈmE. 

mentaires.  En  raiâon  de  son  volume  on  en  fit  des  abrogés 
dont  le  plus  célèbre  est  celui  d'Ebn  Ennefis,  qui  parut  goufl 
le  titre  de  Moudjiz  et  qui  fut  imprimé  à  Calcutta  en  1888. 

Il  fut  traduit  en  latin  par  Gérard  de  Crémone  et  par 
Alpagus  et  plusieurs  fois  imprimé.  On  en  fit  aussi  des 
éditions  partielles  parmi  lesquelles  nous  mentionnerons 
celle  de  Plempius. 

C'est  à  ces  traductions  qu'Avicennedut  de  dominer  rensei- 
gnement et  la  pratique  de  la  médecine  en  Europe  pendant 
environ  cinq  siècles. 

On  fit  plus  que  traduire  le  Canon,  on  en  imprima  le  texte 
arabe  h  Rome  en  1593.  Ce  volumineux  in-folio,  qui  contient 
aussi  des  œuvres  philosophiques  d'Avicenne,  est,  malgré  les 
incorrections  du  texte,  un  monument  unique  dans  la  typo- 
graphie orientale,  et  son  caractère  est  resté  type. 

Parmi  les  traductions  en  d'autres  langues,  nous  signale- 
rons seulement  celles  en  hébreu,  dont  il  existe  plusieurs 
exemplaires  à  la  Bibliothèque  de  Paris. 

Les  biographies  d'Avicenne,  publiées  récemment  dans  la 
biographie  de  Didot  et  le  Dictionnaire  encyclopédique,  trou- 
vent singulière  la  division  du  Canon.  Cette  appréciation 
nous  paraît  elle-même  singulière.  Nous  la  repoussons 
d'abord  quant  à  la  distribution  générale  de  l'ouvrage,  qui 
nous  paraît  se  prêter  assez  bien  au  but  d'Avicenne  ;  quant 
aux  subdivisions,  qui  se  subdivisent  elles-mêmes,  nous  ne 
comprenons  pas  que  l'on  en  fasse  un  crime  à  l'auteur,  nous  y 
voyons  plutôt  un  cachet  de  méthode  et  de  clarté. 

On  pourra  lire  dans  Sprengel  une  appréciation  plus  détail- 
lée de  la  valeur  médicale  du  Canon. 

Après  le  Canon,  l'ouvrage  de  médecine  le  plus  considéra- 
ble d'Avicenne  est  son  abrégé  de  médecine  en  vers,  qui 
porte  dans  Toriginal  le  nom  d'Ardjouza,  du  mètre  Redjez^  et 
qui  prend  aussi  celui  de  Mendhouma,  ou  poème.  C'est  ce 
que  l'on  connaît  chez  nous  sous  le  nom  de  Canticum  ou 
Cantica,  adopté  par  les  traducteurs,  Armengandet  Alpagus. 
Il  y  a  lieu  de  s'étonner  que  Wilstenfeld,  tant  dans  la  biblio- 
graphie d'Avicenne  que  dans  celle  d'Averro(»s,   n'ait  pas 


PBRSB.  478 

compris  que  ces  deux  titres  ne  portaient  que  sur  un  seul  et 
même  ouvrage. 

Le  mérite  de  TArdjouza,  et  le  cas  que  Ton  en  faisait  sont 
attestés  par  ses  nombreux  commentaires.  Le  plus  connu  est 
celui  d'Âverroés,  qui  fut  pareillement  traduit  en  latin.  Il  en 
existe  un  autre  à  la  Bibliothèque  de  Paris,  sous  le  n*  1023, 
supplément,  qui  n'est  pas  sans  mérite.  Il  est  plus  développé 
que  celui  d*Averroës.  Il  cite  fréquemment  des  hadits  ou 
propos  du  prophète  que  nous  n'avons  pas  rencontrés  dans 
les  recueils  spéciaux,  et  il  se  termine  par  une  biographie  de 
tous  les  auteurs  cités.  Une  seule  a  de  la  nouveauté,  celle 
d'EbnEnnefis,  commentateur  et  abbréviateur  du  Canon.  Ce 
commentaire  de  l'Ârdjouza  fut  écrit  en  788  de  l'hégire,  1386 
de  notre  ère,  par  Mohammed  ben  Ismall.  Nous  lisons  dans 
cet  ouvrage  qu'Âvenzoar,  qui  ne  professait  pas  une  grande 
vénération  pour  le  Canon,  tenait  en  grande  estime  l'Ârdjou- 
za, disait  qu'il  contenait  tous  les  principes  de  la  science  et 
valait  mieux  qu'une  collection  de  livres. 

Dans  le  Ms.  1022  que  nous  avons  cité,  le  commentateur  a 
passé  par-dessus  le  vin,  et  lors  de  la  reproduction  du  poème, 
non  commenté,  cet  article,  qui  du  reste  se  borne  à  une 
quinzaine  de  lignes,  n'est  écrit  qu'en  marge.  La  traduction 
latine  qui  a  opéré  sur  un  exemplaire  complet,  a  traité  du 
vin. 

Le  Canon  et  l'Ârdjouza,  sont  les  ouvrages  d'Âvicenne 
dont  les  textes  se  rencontrent  le  plus  communément  dans 
nos  bibliothèques  européennes. 

Un  autre  ouvrage  d'Âvicenne  d'une  étendue  beaucoup 
moindre  et  d'une  médiocre  valeur  est  le  traité  des  médica- 
ments cordiaux.  Il  fut  aussi  traduit  en  latin,  et  se  trouve  le 
plus  souvent  imprimé  avec  le  Canon. 

Le  traité  de  l'oxymel  a  été  aussi  traduit  en  latin. 

Michel  Scot  traduisit  son  abrégé  des  Animaux  d'Âristote. 

C'est  ici  le  moment  de  parler  des  ouvrages  d'alchimie, 
qui  furent  aussi  traduits  en  latin.  Ils  sont  adressés  à  Âboul 
Hassen  Essoheily,  auquel  Âvicenne  adressa  aussi  un  traité 
sur  les  constellations.  On  le  trouve  dans  les  recueils  d'al- 
chimie. 


474     HISTOIRE  DE  LA.  MÂOBCINB  ARABE.  —  LIVRE  QUATRlAlCE. 

On  a  déjà  fait  remarquer  certains  passades  du  tnité  qui, 
dans  les  traductions,  porte  le  titre  :  De  CongluHnatùme  loypî^ 
dum.  Avicenne  y  devance  son  siècle  notamment  dana  le 
deuxième  chapitre  où  il  traite  de  la  formation  des  montaffueSt 
Elles  sont  produites,  dit^il,  par  des  causes  essentielles  et 
par  des  causes  accidentelles.  Parmi  les  causes  aooidenteUes 
il  cite  les  tremblements  de  terre. 

Nous  citerons  un  autre  fait  qui  ne  nous  paraît  pas  avoir 
été  relevé.  Il  parle  de  corps  de  substance  cuivreuse  qui  tom- 
bèrent en  Perse,  avec  déflagration,  et  dont  on  ne  pouvait 
obtenir  la  fusion. 

Il  ajoute  qu'il  tomba  aussi  un  morceau  de  fer  du  poids  de 
100  marcs  que  l'on  porta  au  roi  du  pays  qui  ordonna  que 
Ton  en  fit  des  épées,  et  il  dit  que,  suivant  l'opinioa  des 
Arabes,  les  épées  des  Allemana,  qui  sont  de  la  meilleure 
qualité,  sont  fttbriquées  avec  ce  fer. 

Parmi  les  autres  ouvrages  de  médecine,  qui  ne  furent  pas 
traduits  en  latin,  nous  citerons: 

De  la  chicorée. 

Compendium  de  médecine,  traduit  en  hébreu  (Oxfbrd). 

Du  pouls,  en  persan. 

Des  propriétés  naturelles. 

Principes  de  thérapeutique. 

Vingt  questions  de  médecine. 

Notes  sur  les  questions  de  HQuein. 

De  la  colique. 

Il  existe  à  la  Bibliothèque  de  Paris  n"  1085  et  1093  de 
Tancien  fonds,  un  poème  médical  d' Avicenne  autre  que  celui 
connu  sous  le  nom  d'Ardjouza  ou  Çanticum,  et  d'une  éten* 
due  beaucoup  moindre. 

Casiri  a  mentionné  sous  le  n*  868  (du  nouveau  catalogue] 
un  écrit  d' Avicenne,  de  vingt-et-une  feuilles  seulement,  qui 
certes  ne  répond  aucunement  au  pompeux  éloge  qu'il  en 
fait  :  «  Compendium,  quod  latinae  adhuc  litterae  nesciunt 
et  plane  rarum  de  multis  expetitum,  » 

La  Bodléienne  possède  aussi  dQ\i\  poèmes  d' Avicenne 
antres  que  le  Çanticum. 


Il  existe  h  la  Bibliothèque  de  Flof^nee  de9  fraff meata  d'une 
traduction  syriaque  par  Aboulfaragi^, 

Il  n'entre  pas  dans  nos  vues  de  donner  la  liste  des  autres 
écrits  d'Avioenne.  I^ur  somme  totale  se  monte  à  environ 
une  centaine.  Nous  dirons  seulement  qu'ils  ont  trait  à  la 
philosophie,  h  la  métaphysique,  à  la  logique,  à  la  physique, 
aux  mathématiques,  à  l'astronomie,  è^  la  musique,  à  l'alcbi^ 
mie,  à  la  religion,  etc. 

Nous  ne  pouvons  cependant  prendre  congé  de  cette  grande 
personnalité  sans  parler  de  son  rôle  comme  philosophe,  et  i^ 
cet  effet  nous  emprunterons  les  paroles  d'un  juge  compé^ 
tent,  M.  Munck. 

«  La  philosophie  d'Avicenne  est  essentiellement  péripatéti- 
cienne. On  y  remarque  généralement  une  méthode  sévère. 
Il  cherche  à  coordonner  les  différentes  branches  d^a  sciences 
philosophiques  dans  une  suite  très  rigoureuse  et  à  montrer 
leur  enchaînement  nécessaire.  Dans  VAlchefa  (1)  il  divise 
les  sciences  en  trois  parties  :  It  Supérieure  (métaphysique)  ; 
2*  Inférieure  (physique)  ;  3*  Moyenne  (mathématiques).  On 
reconnaît  dans  ces  divisions  le  fldèle  disciple  d'Aristote  ; 
mais  on  trouvera  qu'ici  comme  ailleurs  Avicenne  expose 
avec  beaucoup  de  clarté  et  de  précision  ce  qui,  dans  les 
écrits  de  son  maître,  n'est  exprimé  que  d'une  manière  vague 
et  indécise. 

Bien  qu'il  paraisse  faire  des  concessions  aux  Motecallemin 
(scholastiques),  il  n'hésite  pas  à  admettre  avec  les  philosophes 
l'éternité  du  monde.  Il  admet  encore  que  la  connaissance 
de  Dieu  s'étend  sur  les  choses  universelles,  mais  il  attribue 
aux  ftmes  des  sphères  la  connaissance  des  choses  partielles. 

La  théorie  de  l'âme  a  été  traitée  par  Avicenne  avec  un 
soin  tout  particulier.  Il  proclame  hautement  la  permanence 
individuelle  de  l'âme  humaine. 

Il  admet  positivement  l'inspiration  prophétique,  reconnais- 
sant qu'il  y  a  entre  l'âme  humaine  et  la  première  Intelligence 
un  lien  naturel,  sans  que  l'homme  ait  toujours  besoin  de 
recevoir  par  l'étude  Vintellect  acquis. 

(1)  Il  se  troQve  imprimé  à  la  suite  du  Canon. 


470     HISTOIAB  DR  Là,  MÉDECINS  ADADE.  —  LIVRE  QUATRIÉUB. 

Quoiqu'il  ait  fait  de  nombreuses  concessions  aux  idées  reli* 
gieuses  de  sa  nation,  il  n'a  pu  trouver  grâce  pour  l'ensemble 
de  sa  doctrine,  qui,  en  effet,  ne  saurait  s'accorder  avec  les 
principes  de  l'Islamisme,  et  c'est  surtout  contre  lui  qu'Ai 
Gazzali  a  dirigé  sa  Destruction  des  Philosophes,  »  (1) 

Une  citation  de  M.  Hauréau  nous  fera  comprendre  l'iu* 
fluence  exercée  par  Avicenne  au  moyen  âge. 

c  A  la  fin  du  XII*  siècle,  Gérard  de  Crémone  avait  traduit 
en  latin  son  Canon,  D.  Gundisalvi  ses  Commentaires  sur  les 
livres  de  Vâme,  du  ciel  et  du  monde,  ainsi  que  sur  la  Physi^ 
que  et  la  Métaphysique,  et  le  juif  Avendeath  son  analyse  de 
VOrganon.  On  possédait  ainsi,  dès  le  commencement  du 
XIIP  siècle,  toutes  les  œuvres  philosophiques  d' Avicenne, 
qui  furent  imprimées  à  Venise  vers  la  fin  du  XV*.  Leur 
succès  fut  immense  dans  les  écoles  du  moyen  âge,  et  Bruc- 
ker  a  pu  dire  sans  exagération  :  «  Usque  ad  renatas  litteras 
non  inter  Arabes  modo,  verum  etiam,  inter  christianos,  do^ 
minatus  est  Avicenna  tantum  non  solus,  >  (2) 

Avicenne  est  peut-être  la  plus  belle  intelligence  de  l'école 
arabe.  Parmi  ses  devanciers  deux  seulement  peuvent  lui  être 
comparés,  El  Kendy  et  Razès.  S'il  n'embrassa  pas,  comme 
savant  une  aussi  grande  étendue  de  sujets  que  le  premier,  il 
eut  plus  de  profondeur,  et  d'autre  part  El  Kendy  compte  à 
peine  comme  médecin.  S'il  est  inférieur  au  second  sur  le  ter- 
rain de  la  médecine  pratique,  il  lui  est  de  beaucoup  supé* 
rieur  sur  celui  de  la  philosophie.  Parmi  ceux  qui  l'ont  suivi 
on  ne  saurait  lui  comparer  qu'Avenzoar  et  Averroës.  Il  a,  re- 
lativement au  premier,  la  même  infériorité  que  vis-à-vis  de 
llazès,  mais  Avenzoar  ne  fut  qu'un  médecin.  Quant  au  second, 
il  peut  lutter  avec  lui  comme  philosophe,  mais  comme  mé- 
decin la  comparaison  n'est  pas  à  établir  :  Averroës  le  com- 
mentait comme  il  commentait  Aristote. 

Ce  qui  frappe  dans  Avicenne,  ce  n'est  pas  seulement  sa 
passion  pour  la  science,  mais  sa  préoccupation  d'y  apporter 
Tordre  et  la  méthode.  C'est  en  définitive  le  plus  haut  repré- 

(1)  Mélanges  de  philosophie  juive  et  arabe. 
(:3)  De  la  philosophie  scholastiquc . 


PEBSE.  477 

sentant  de  Técole  arabe  sur  le  double  terrain  de  la  médecine 
•et  de  la  philosophie. 

Il  existe  à  la  Bibliothèque  nationale,  sous  le  n*  10Q2  du 
supplément,  une  traduction  arabe  des  Sectes  de  Galien.  Sur 
la  première  page  on  lit  un  titre  de  propriété.  Nous  croyons 
avec  M.  Reinaud  que  ce  propriétaire  n'est  autre  qu'Âvicenne. 
D'ailleurs  la  date  porte  407  ou  409  de  Thégire  et  les  carac- 
tères ont  un  cachet  archaïque  bien  prononcé. 


EBN  MENDOUIH. 

Abou  Ali  Ahmed  ben  Abderrahman  ben  Mendouïh  el 
Isfahany,  naquit  et  Ispahan,  ainsi  que  l'indique  son  surnom. 
Ce  fut  un  des  médecins  renommés  de  son  temps  et  il  servit 
plusieurs  princes.  Nous  ne  savons  pas  au  juste  l'époque  où 
il  vécut,  Hadji  Khalfa  ne  donne  pas  la  date  de  sa  mort, 
contrairement  à  son  habitude.  Il  paraîtrait,  d'après  un  on-dit, 
rapporté  par  le  Kitab  el  hokama,  qu'il  fut  attaché  à  Thôpi- 
tal  el  Adhedy,  et  l'époque  de  sa  fondation.  Ce  qui  est  positif, 
c'est  qu'il  était  en  correspondance  avec  Avicenne. 

Si  nous  manquons  de  renseignements  biographiques  sur 
Ebn  Mendouïh,  nous  connaissons  les  titres  d'une  quaran- 
taine d'ouvrages  qu'il  a  produits,  mentionnés  tant  par  Ebn 
Abi  Ossaïbiah  que  par  Hadji  Khalfa.  La  plupart  sont  adressés 
à  des  personnages  contemporains  dont  les  noms  ne  nous  sont 
pas  connus  d'ailleurs,  et  dont  trois  ou  quatre  sont  qualifiés 
médecins.  Généralement  ce  ne  sont  que  des  opuscules,  risaa^ 
lot,  consacrés  à  des  monographies.  Pour  en  rendre  la  liste 
moins  fastidieuse  à  lire,  nous  les  rangerons  par  catégories. 

Nous  placerons  en  tète  trois  ou  quatre  compendiums  ou  In- 
troductions à  la  médecine. 

Lettre  à  Djahidh,  en  réponse  à  ses  attaques  contre  la  mé« 
decine. 

Trois  opuscules  sur  le  régime. 

Du  régime  du  voyageur. 

De  l'action  des  boissons. 

Des  vins,  de  leurs  avantages  et  de  leurs  inconvénients 


478    HISTOIRE  DB  LA   MÉDECINS  ABABB.<—  LIVRE  QUATRIÈME. 

Ici  nous  trouvons  employé  le  tenne  générique  Cahoua,  et 
dans  un  autre  opuscule  celui  de  Nebid,  vin  artificiel. 

Que  Teau  ne  nourrit  pas. 

De  la  bière,  deux  opucusles* 

Des  membranes  de  l'œiL  De  la  mydriaae. 

De  Testomac  et  de  ses  maladies. 

De  la  colique. 

De  la  faiblesse  des  reins. 

Des  hémorrhoïdes,  et  Avicenne. 

De  rhumatisme  du  genou. 

Du  prurit.  De  Timpetigo. 

Des  poux  et  de  leur  origine. 

Des  maladies  de  l'enflance. 

Du  coït. 

Du  tamarin. 

Du  camphre. 

De  l'eau  de  roses. 

Du  millet  comme  topique. 

Aux  médecins  de  l'hôpital  d'Ispahan. 

De  l'âme  et  de  l'esprit  suivant  les  Grecs. 


ESSADJARY   OU  EBSENDJARY. 

Aboul  hassan  Thaher  ben  Ibrahim  ben  Mohammed  ben 
Thaher  Essadjary  était,  dit-on,  un  savant  médecin  et  un 
excellent  praticien.  Nous  ignorons  la  date  précise  de  eoa 
existence.  Il  composa  un  guide  de  thérapeutique  adressé 
au  cadi  Aboul  Fadl  Mohammed  ben  Hamaouih.  (Nous  lisons 
ici  lladj,  traitement,  ce  que  Wûstenfeld  paraît  avoir  lu 
SalahJ.  —  Des  commentaires  sur  le  pouls  et  sur  l'urine,  — 
Une  classification  des  Aphorismes  d'Hippocrate.  —  Le  n* 
998  bis  de  la  Bibliothèque  nationale,  supplément  arabe, 
contient  les  Aphorismes  d'Hippocrate  classés  par  ordre  de 
matière.  Serait-ce  l'œuvre  d'Essadjary,  le  Ms*  étant  anonyme? 


PEBâB.    '  479 


EBN  ADI   8ADEK. 


Aboul  Cassem  Âbderrahman  ben  Âli  ben  Ahmed  ben  Abi 
Sadek  était  de  NiBabour.  Médecin  distin^fué,  il  cultiva  aussi 
les  sciences  et  la  philosophie  et  jouit  d'une  grande  réputation 
d'éloquence.  Il  s'attacha  particulièrement  à  Tétude  et  à 
l'interprétation  des  ouvrages  de  Galien.  L'historien  de  la 
médecine  signale  comme  un  ouvrage  parfait  son  commen«- 
taire  sur  le  Traité  des  fonctions  des  organes  de  Oalien« 
qu'il  compléta  par  des  emprunts  faits  tant  aux  autres  ou- 
vrages de  Galien  qu'à  ceux  d'autres  médecins.  Il  terminait 
ce  livre  en  459  de  l'hégire,  1066  de  notre  ère.  On  dit  qn'Ebn 
Abi  Sadek  fut  un  des  disciples  d'Avicenne. 

Tels  sont  ses  autres  ouvrages  : 

Commentaire  des  questions  de  Honein« 

Commentaire  des  Aphorismes  d'Hippocrate. 

Commentaire  des  Pronostics. 

Chroniques. 

Les  commentaires  d'Ehn  Abi  Sadek  nous  ont  été 
conservés. 

La  Bibliothèque  nationale  possède  les  commentaires 
d'Hippocrate  et  de  Honein,  plus  un  commentaire  sur  l'usage 
des  parties  de  Qalien. 

fiL  ILAKY. 

Abou  Abdallah  Mohammed  ben  Yousef  Cherf  eddin  ei 
tlaky  fut  un  des  disciples  d'Avicenne.  Il  nous  est  donné 
comme  un  savant  philosophe  et  un  habile  médecin. 

Il  composa  un  Abrégé  du  Canon  d'Avicenne  et  un  Traité 
des  causes  et  des  symptômes  des  maladies. 

La  Bibliothèque  nationale  possède,  sous  le  n*  1019,  du 
supplément,  l'abrégé  du  Canon  fait  par  el  Ilaky  et  commenté 
par  Essamnany.; 


480    HISTOIRE  DE  LA  MKDBOINS  ARABE.  —  LIVRE  QUAl'RlâME. 


AL  BIROUNT. 

El  Oustad,  le  Maître,  Âbourrihân  Mohammed  ben  Ahmed, 
reçut  le  surnom  d'El  Birouny,  de  Biroun»  ville  de  rindct 
suivant  l'opinion  la  plus  commune. 

Bien  qu'il  ait  surtout  cultivé  les  sciences  physiques»  ma- 
thématiques et  astronomiques,  et  même  l'histoire,  il  s'occupa 
aussi  de  médecine.  Il  fat  l'ami  d'Âvicenne  et  entretint  avec 
lui  un  commerce  épistolaire. 

Il  fit  une  étude  particulière  de  la  science  des  Indiens, 
chez  lesquels  il  habita  long^temps,  ainsi  que  de  celle  des 
Grecs. 

Ce  qui  le  recommande  aux  médecins,  c'est  un  Traité  d'his- 
toire naturelle  médicale,  qui  a  échappé  à  Wiistenfeld.  Il  le 
mentionne  cependant  mais  sommairement  dans  le  texte 
arabe  qu'il  a  donné  à  la  fin  de  son  livre,  et  il  n'en  parle  pas 
dans  la  liste  des  ouvrages  d'El  Birouny.  Le  texte  donné  par 
Wiistenfeld  est  incomplet  et  ne  contient  que  ces  quelques 
mots  :  Des  drogues  au  point  de  vue  médical.  On  lit  de  plus 
dans  le  manuscrit  de  Paris  que  l'auteur  traite  des  carac- 
tères des  médicaments,  de  leurs  synonymes,  des  diverses 
opinions  des  anciens,  médecins  et  autres,  le  tout  disposé 
par  ordre  alphabétique.  Ce  livre  ne  nous  est  pas  parvenu. 

Il  est  un  autre  ouvrage  qui  n'a  pas  encore  été  étudié  que 
nous  sachions,  et  que  nous  avons  pu  consulter  et  l'Elscurial, 
c'est  le  Traité  des  Pierres  précieuses  dédié  au  sultan  Ghihab 
Eddoula  Âboul  fateh  Moudoud  ben  Masoud  ben  Mahmoud. 

Le  Manuscrit  de  l'Escurial,  le  seul  que  nous  connaissions, 
contient  cinq  cents  feuilles  à  quinze  lignes  à  la  page. 

Déjà  le  sujet  avait  été  traité.  El  Birouny  cite  plusieurs  de 
ses  devanciers,  parmi  lesquels,  et  au  premier  rang,  l'illustre 
El  Kendy.  Bien  que  l'auteur  cite  Aristote,  Galien,  Diosco- 
rides,  Aétius  et  même  Ptolémée  et  Plutarque,  on  ne  trouve 
aucune  mention  de  Théophraste.  A  propos  du  Livre  des 
Pierresy  il  se  borne  h  dire  qu'on  l'attribue  à  Aristote.  Parmi 
les  autres  citations  nous  relèverons  encore  celles  d'ApoUo- 


PURSE.  481 

nius  de  Tyane  sous  la  forme  Balinas,  de  Géber  et  d'Âbou 
Hanifa  eddinoury.  El  Birouny  s'occupe  aussi  de  l'emploi 
médical  des  pierres.  (1) 

Nous  ne  pouvons  entrer  dans  tous  les  détails  de  ce  livre, 
mais  nous  devons  en  produire  ce  qui  nous  a  paru  le  plus 
intéressant. 

Les  Pierres  précieuses  et  les  métaux  y  sont  traités,  surtout 
au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle,  du  commerce  et  de 
l'industrie,  mais  il  est  aussi  question  des  propriétés  médicales 
des  pierres. 

Le  corail  est  déjà  mentionné  comme  récolté  sur  les  rives 
de  la  mer  franque.  Dans  le  livre  des  Pierres,  dit  l'auteur, 
la  racine  est  appelée  Mordjân,  et  la  partie  rameuse  Boussad. 

A  propos  de  l'aimant,  il  est  dit  que  Géber  en  vit  un  mor- 
ceau qui  soutenait  un  fragment  de  fer  du  poids  de  cent 
drachmes. 

La  porcelaine  est  assez  long^uement  traitée  et  l'on  trouve 
dans  cet  article  des  renseignements  curieux.  Il  y  avait  déjà, 
du  temps  d'El  Birouny,  des  amateurs  qui  faisaient  des  collec- 
tions, et  des  vases  atteignaient  le  prix  de  dix  dinars,  qui 
équivalent  à  cent  cinquante  francs. 

L'article  du  cuivre  contient  une  curieuse  citation  :  <  On 
lit  dans  le  livre  du  Prophète  Samuel  la  description  des 
annes  de  Kouliad  le  Palestinien,  autrement  dit  Djalout. 
Toutes  sont  eu  cuivre,  et,  dans  leur  énumération,  il  n'est  pas 
question  du  fer.  » 

Cette  observation  nous  en  suggère  une  autre.  On  cuit 
qu'El  Birouny  fut  soupçonné  d'être  d'origine  juive  et  cela 
pour  sa  grande  connaissance  des  livres  hébreux. 

Nous  le  trouvons,  sur  ce  terrain,  cité  par  Âboulféda  dans  ses 
Annales  antéislamiques.  Il  est  un  fait  que  nous  croyons  avoir 
le  premier  découvert,  qui  peut  nous  expliquer  l'érudition 
d'El  Birouny.  La  Bible  fut  traduite  en  arabe  par  Honein.  Ce 
fait  mentionné  par  Djemal  eddin,  dans  la  notice  de  Ptolé- 

(1)11  y  a  pluâicurs  citations  déco  genre  dans  le  TedkifadeSouiJiji 
n*»  10-^4-34  de  Paris,  A.  F. 

31 


\ 


482    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINS  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 

mée,  roi  d'Egypte,  h  propos  de  la  traduction  des  Septante, 
n'avait  pas  encore  été  remarqué, 

El  Birouny  parle  d'un  procédé  de  ramollissement  du  fer 
par  un  mélange  d'arsenic. 

Il  faut  mentionner  aussi  un  passage  curieux  sur  U 
comparaison  des  armes  blanches  de  Damas  avec  celles  de 
rinde. 

Ajoutons  que  l'on  trouve  dans  cet  ouvrage  deux  tableaux 
des  valeurs  commerciales  des  pierres  précieuses.  (1) 

Parmi  les  autres  écrits  d'El  Birouny  nous  ne  citerons 
que  les  principaux. 

Deux  traités,  Tun  sur  la  fabrication  et  l'autre  sur  l'usage 
de  l'Astrolabe. 

Le  Canoun  el  Masoudy,  traitant  d'astronomie,  de  géogra- 
phie et  d'histoire. 

Les  tables  astronomiques,  dédiées  au  sultan  de  Gazna 
Masoud  ben  Mohammed. 

Un  traité  sur  la  Kibla. 

De  la  planisphérie. 

Le  Kitab  el  Atsar  el  baquya,  récit  des  faits  des'  siècles 
passés,  cité  par  Aboulféda.  Il  a  passé  de  la  Bibliothèque  de 
l'Arsenal  à  la  Bibliothèque  nationale. 

Introduction  à  l'astronomie. 

De  la  correction  du  langage. 

Catalogue  des  écrits  de  Razès. 

La  plupart  de  ces  ouvrages  nous  ont  été  conservés. 


% 


MISKAOUIH. 


Abou  Ali  Ahmed  ben  Mohammed  Miskaouih  appartient 
autant  au  X»  siècle  qu'au  XP,  car  il  fournit  une  longue 
carrière.  Il  était  trésorier  de  l'émir  Adhad  Eddoula,  dont  il 
avait  la  confiance.  C'était  un  des  hommes  les  plus  éminents 
de  la  Perse,  appliqué  à  l'étude  des  anciens,  versé  dans  la 

(1)  La  citation  de  Plutarque  et  du  livre  de  la  colore  a  trait  au  pa« 
Villon  hexagonal  qui  fut  envoyé  à  Néron.  El  Birouny  le  dit  de 
crystal,  tandis  que  Plutarque  parle  seulement  de  sa  richesse. 


PBasB.  483 

philosophie  et  la  médecine  tant  pratique  que  théorique.  Il 
vécut  jusqu'en  1030. 

Miskaouih  composa  un  traité  des  médicaments  simples,  un 
traité  des  boissons  et  un  traité  des  préparations  alimentaires 
dont  Texcellence  nous  est  vantée. 

Ses  autres  ouvrages  portent  sur  l'histoire  et  la  philoso- 
phie. Ce  sont:  Le  Compagnon  du  solitaire,  contenant  de 
courtes  anecdotes  et  des  maximes  ingénieuses  ;  l'Expérience 
des  peuples,  chroniques  menées  jusqu'en  372,  année  de  la 
mort  d'Adhad  Eddoula,  ouvrage  cité  par  Âboulféda  dans  ses 
annales  antéislamiques  ;  le  grand  et  le  petit  Livre  du  Salut. 

On  a  de  Miskaouih  un  recueil  d'opuscules  empruntés  aux 
sages  de  l'Orient  et  de  la  Grèce,  qui  existe  à  Leyde  et  à 
Oxford,  et  duquel  on  a  tiré  la  traduction  arabe  du  célèbre 
tableau  de  Cébès.  Lozano,  l'éditeur  espagnol,  s'est  laissé 
aller  à  cette  idée  qu'un  homme  tel  que  Miskaouih  pourrait 
bien  être  l'auteur  de  cette  traduction. 

Grâce  à  M.  de  Sacy,  nous  savons  à  quoi  nous  en  tenir  sur 
le  liecueil  de  Miskaouih.  Il  porte  le  titre  à'Adab  cl  Ardb 
ou  cl  Fars,  ou  maximes  des  Arabes  et  des  Persans.  C'est  à 
tort  qu'on  l'a  confondu  avec  le  Djaouidan  Khircd,  l'Éternelle 
liaison,  livre  persan  contenu  dans  ce  recueil.  Voyez  les 
Mémoires  de  l'Institut,  tome  IX. 

Nous  avons  dit  ailleurs  qu'un  Ms.  de  l'Escurial  contient, 
à  l'instar  de  celui  de  Leyde,  les  vers  dorés  de  Pythagore  et 
le  tableau  de  Cébès  commenté  par  Aboulfarad^  ben  Thaleb. 


EL  AZRAQUY. 

îl  ne  nous  est  connu  que  par  un  écrit  mentionné  par  Hadji 
Khalfa,  reproduit  sans  doute  par  d'Herbelot.  Cet  écrit,  cité 
au  n*  1153,  porte  le  titre  d'Elfya,  ce  qui  signifie  le  millénaire 
et  telle  en  est  la  raison.  Il  fut  composé  pour  Touranchah, 
neveu  de  Thogrul,  qui  était  tombé  dans  l'impuissance.  Le 
fonds  de  l'ouvrage  est  l'histoire  d'une  femme  qui  a  des  rela- 
tions avec  un  millier  d'hommes.  Le  texte  était  accompagné 
de  figures  variées,  que  d'Herbelot  qualifie  bonnement  d'im- 


•18 i    IlISrOIBE   DE   LA    MÉDECINE  ARABE. —  LIVKL  QUATRIÈME. 

pudiques,  et  que  Hadji  Khalfa  dit  être  de  nature  à  exciter 
Tappétit  vénérien.  El  Azraquy  vivait  donc  dans  le  courant 
du  XP.  siècle. 


ABOU  NOAIM. 

Abou  Noaïm  Ahmed  ben  Abdallah  el  Isfahany,  natif  d'Is- 
pahan,  vivait  au  XP  siècle  et  mourut  en  1038,  d'après  Hadji 
Khalfa,  n«  7877,  qui  mentionne  son  traité  de  la  Médecine  du 
Prophète^  au  milieu  de  plusieurs  autres. 

Cet  ouvragée  paraît  avoir  joui  d'un  certain  crédit,  attendu 
que  Tifachy,  au  dire  du  même  Hadji  Khalfa,  n*  7615,  en  fit 
un  résumé. 

Nous  trouvons  encore  l'ouvrage  d'Abou  NaYm,  cité  dans 
des  écrits  du  même  genre,  ainsi  dans  celui  qu'a  traduit 
M.  Perron,  à  propos  des  dattes  et  de  Toliban. 

Nous  savons  déjà  ce  qu'étaient  ces  traités  de  la  médecine 
du  Prophète,  un  recueil  des  traditions  relatives  h  la  médecine, 
enregistrées  méthodiquement  et  plus  ou  moins  appuyées  par 
les  opinions  des  médecins. 

ABOUL  ABBAS  DJAFAR  BEN  MOHAMMED  EL  MOSTARFIRY. 

Hadji  Khalfa  mentionne  aussi  de  lui  sous  le  même  n*  une 
médecine  du  Prophète.  Aboul  Abbas  mourut  en  1040. 


II.   -   IRAK. 


La  culture  des  sciences  se  maintint  pendant  le  XI*  siècle 
à  Bag'dad.  Les  traditions  d'Adhad  Eddoula  reparurent  avec 
autant  d'éclat  chez  un  homme  qui,  dans  une  position  moins 
éminente,  celle  de  vizir,  provoqua  constamment  et  durant 
une  longue  existence  la  création  d'établissements  d'utilité 
publique. 

Nous  voulons  parler  de  Nidham  el  Moulk,  qui  périt 
malheureusement  sous  le  poigrnard  d'un  assassin.  Ami  des 
sciences  et  savant  lui-même,  il  créa  des  écoles  en  même 
temps  que  des  hôpitaux. 

Il  est  à  observer  que  les  plus  éminents  médecins  de  cette 
période  sont  des  chrétiens,  ainsi  Ebn  Bothlan,  Ebn  Djezla 
qui  se  convertit  à  l'islamisme,  ainsi  Aboulfaradj  ben  Thaîeb. 
Celui-ci  était  nourri  de  la  lecture  des  Grecs  tant  médecins 
que  philosophes.  Il  commentait  les  écrits  de  Galien,  les  Vers 
dorés  de  Pythagfore,  le  Tableau  de  Gébès,  et  reprenait  en  sous- 
œuvre  le  Traité  des  Plantes  d'Aristote.  Nous  ne  citerons 
que  pour  mémoire  le  célèbre  oculiste  Issa  ben  Ali  que  nous 
avons  cru  devoir  placer  dans  cette  période. 

Nous  avons  à  sigrnaler  une  forme  de  composition  qui  pa- 
raît avoir  pris  alors  naissance  dans  Tlrak,  et  qui  fut  souvent 
imitée,  la  forme  de  tableaux  synoptiques. 

C'est  sous  cette  forme  que  furent  publiés  deux  écrits  aux- 
quels la  traduction  latine  a  donné  une  certaine  notoriété, 
les  Takouim  ou  tableaux  de  médecine  et  d'hygriène  d'Ebn 
Botlan  et  d'Ebn  Djezla.  Cette  forme  avait  évidemment  un 
g-rand  avantage  dans  l'enseignement  de  la  médecino,  si  le 
fonds  manquait  d'originalité. 


<v 


486   HISTOIRE  DE  LA.  MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÂMI. 

Nous  sigfnalerons  aussi,  pendant  cette  période,  la  fonda- 
tion d'un  hôpital  à  Meyafarikin. 

Parmi  les  médecins  attachés  à  l'hôpital  El  Adhedy,  nous 
n'avons  recueilli  que  deux  noms,  ceux  de  Saïd  ben  Hibat 
Allah  et  de  Haroun  ben  Sad,  dernier  représentant  dans  la 
science  de  ces  Sabiens  qui  fournirent  tant  de  savants. 

Disons  encore  que  ce  siècle  fut  celui  de  Gazzaly,  placé 
par  Nidham  à  la  tête  de  l'école  dite  Nidhamya. 


ABOULPARADJ  BEN  THAÏEB. 

Aboulfaradj  Abdallah  benThaïeb  était  un  prêtre  nestorien, 
versé  dans  les  sciences  religrieuses,  philosophiques  et  médi- 
cales. Sa  facilité  de  composition  était  telle  que  la  plupart  de 
ses  ouvragées  s'écrivaient  sous  sa  dictée,  et  il  en  produisit  un 
grand  nombre. 

Avicenne  l'estimait  beaucoup  comme  médecin,  mais  n'en 
faisait  pas  très  grand  cas  comme  philosophe.  Aboulfaradj 
était  en  correspondance  avec  lui  ainsi  qu'avec  Ebn  el  Heitam. 
Il  vécut  jusqu'en  1043. 

La  plupart  de  ses  productions  sont  des  commentaires  :  ce- 
pendant il  en  est  aussi  d'originales. 

Les  commentaires  médicaux  portent  sur  les  Epidémies  et 
les  Aphorismes  d'Hippocrate  ;  sur  les  seize  livres  de  Gralien 
adoptés  par  les  Alexandrins  pour  l'enseignement,  dont  nous 
avons  donné  la  liste  autre  part;  le  livre  des  Fonctions  des 
organes  du  même,  et  les  Questions  de  Honein. 

Il  fit  aussi  un  résumé  des  seize  livres  de  Galien. 

Quant  à  ses  commentaires  philosophiques,  ils  portent  sur 
les  Catégories,  l'Interprétation,  les  Analytiques,  les  Topiques, 
la  Rhétorique,  TArt  poétique  et  les  Animaux  d'Aristote;  sur 
l'Isagoge  de  Porphyre. 

Les  ouvrages  originaux  relatifs  à  la  médecine  sont  : 

Des  propriétés  naturelles. 

Du  vin. 

De  l'œil. 


l'jrak.  487 

Pourquoi  toutes  les  humeurs  ont  des  évacuants»  àTexcep-^ 
tion  du  sang. 

Recueil  de  propositions  sur  la  médecine  et  la  philosophie. 

De  la  divination  des  objets  perdus  et  de  la  valeur  des  signes 
en  médecine,  en  justice  et  en  philosophie. 

Sur  le  terrain  de  la  philosophie  il  écrivit  : 

Des  sectes  philosophiques. 

Des  parties  indivisibles  ou  des  atomes. 

Nous  ne  le  suivrons  pas  sur  le  terrain  de  la  religion»  du 
dogme»  de  la  controverse»  des  pratiques  religieuses^  etc. 
Nous  nous  bornerons  à  citer  le  livre  :  A  ceux  qui  prétendent 
'que  Marie  est  mère  de  Dieu. 

Nous  parlerons  maintenant  d*un  Ms.  de  TEscurial,  dans 
lequel  nous  avons  rencontré  plusieurs  opuscules  d'Âboul- 
faradj»  dont  nous  citerons  les  plus  intéressants.  Il  s'agit  du 
n*  888  du  catalogue  actuel. 

Le  n*  2  du  Ms.  est  un  Traité  des  Plantes.  «  Quand  j*ai  vu, 
dit  Aboulfaradj,  le  Traité  d'Aristote  sur  les  plantes  si  défec- 
tueux, si  peu  en  rapport  avec  les  autres  ouvrages  de  cet 
homme  divin,  j'ai  recueilli  chez  les  anciens  tout  ce  qui  pou- 
vait le  compléter.  »  Ce  traité  contient  quatre-vingts  feuilles. 
La  forme  en  rappelle  celle  des  Causes  de  Théophraste,  que 
Fauteur  n*a  pas  mentionné»  bien  qu'il  ait  été  traduit  en 
arabe. 

Tels  sont  les  titres  des  chapitres:  Pourquoi  ou  quelle  est 
la  cause  ?  des  piquants,  des  gommes,  des  fruits,  des  éeorces» 
des  plantes  mftles  et  des  plantes  femelles,  des  parties  des 
arbres  et  des  plantes,  racines,  tiges,  branches»  écorces»  ra- 
meaux, feuilles,  fleurs,  fruits,  graines»  sucs»  etc.  C'est  en 
sonmie  de  la  botanique  générale. 

Les  n«*  3,  4,  5,  0,  traitent  des  odeurs»  des  cheveux»  de  Tes* 
prit  et  de  l'ftme,  de  la  soif»  par  Aboulfaradj. 

Le  n*  8  est  un  commentaire  d' Aboulfaradj  sur  les  vers  do- 
rés de  Pythagore  commentés  par  Proclus. 

Après  des  fragments  des  lois  de  Platon  et  des  économiques 
d'Aristote,  nous  trouvons  un  traité  du  coït  par  Issa  ben  Massa, 
dont  nous  avons  parlé  en  son  lieu. 

Le  volume  est  terminé  par  un  fragment  d'Aboulfora^j»  qui 


488     HISTOIRE  DE  L\  MÉDECINE   ARABE. —  LIVRE  QUATRIÈME. 

a  échappé  à  Casiri,  dont  nous  avons,  du  reste,  pendant  le  peu 
de  temps  que  nous  avons  séjourné  à  TEscurial,  constaté  plu- 
sieurs erreurs  ou  inadvertances. 

Ce  fragment,  qui  est  malheureusement  incomplet  et  ne 
contient  que  six  feuilles,  n'est  autre  chose  qu'un  commen- 
taire sur  le  célèbre  Tableau  de  Cébès,  Le  titre  est  mal  écrit, 
ej;  ne  saurait  guère  se  lire  que:  Tefsir  Varqanous  Kabous,  au 
lieu  de  Tefsir  lourouz  Kabous,  explication  de  Ténig^me  de 
Gébès  :  mais  en  lisant  quelque  peu  on  voit  bientôt  de  quoi 
il  s'agit.  La  transcription  Kabous  au  lieu  de  Kabis,  est  éga- 
lement celle  que  nous  avons  rencontrée  dans  l'édition  espa- 
gnole de  Lozano.  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  le  tableau  de 
Gébès,  dont  nous  avons  déjà  parlé  à  propos  des  traductions, 
et  à  propos  de  Miskaouih. 

Âboulfaradj  ben  Thaïeb  enseignait  la  médecine  et  compta 
parmi  ses  élèves  Ebn  Botlan. 

La  Bibliothèque  nationale  possède  un  commentaire  d'A- 
boulfaradj  sur  les  éléments  et  les  tempéraments  de  Oalien, 
n»  1097,  A.  F. 


IIAROUN  BEN  S  AD  (bEN  HAROUN). 

Abou  Nasr  Haroun  ben  Saad  ben  Haroun  Essaby,  était, 
ainsi  que  l'indique  son  surnom,  un  Sabéen  de  Bagdad,  où  il 
se  fit  une  réputation  comme  médecin.  Il  devint  même  méde- 
cin en  chef  de  l'hôpital  El  Adhedy,  et  mourut  en  1  année  414 
de  l'hégire,  1052  de  notre  ère. 

Il  n'est  mentionné  que  dans  le  Kitab  el  hokama,  et  nous 
nous  étonnons  qu'Ebn  Abi  Ossaïbiah  l'ait  passé  sous  silen- 
ce, attendu  qu'il  est  doublement  intéressant  et  comme  repré- 
sentant de  sa  race  et  comme  médecin  en  chef  du  célèbre 
hôpital.  Pour  exprimer  cette  dignité  le  texte  arabe  se  sert  de 
l'expression  sârour;  ou  sarrou. 


LIRAK. 


EBEN  BOTHLAN. 


Aboul  Hassan  el  Mokthar  ben  Hassan  ben  Âbdoun  ben 
Sadoun  ben  Bothlan  était  un  médecin  chrétien  de  Bagdad. 
C'est  lui  dont  les  traducteurs  latins  ont  travesti  le  nom  sous 
la  forme  Eluchas^em  Elimithar. 

Il  eut  pour  maître  Âboulfaradj  ben  Thaïeb  et  pour  ami 
Ali  ben  Rodhouan,  avec  lequel  il  était  en  correspondance.  (1) 

Après  avoir  habité  la  Syrie,  il  se  rendit  en  Egypte,  puis  à 
Gonstantinople  où  il  séjourna  une  année.  C'était,  au  dire 
d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  en  l'année  44G  de  l'hégire,  1054  de  notre 
ère.  Une  peste  s'était  déclarée  dans  la  capitale  de  l'empire 
Byzantin,  tellement  intense  qu'après  avoir  rempli  les  cime- 
tières on  avait  présenté  quatorze  mille  cadavres  à  l'église 
Saint-Luc.  (2)  D'après  le  même  auteur,  Ebn  Bothlan  était 
encore  àAntioche,  en  455  de  l'hégire,  1063 de  Tère  chrétienne, 
attaché  à  un  hôpital,  tandis  qu' Aboulfaradj,  l'auteur  des 
Dynasties,  rapporte  que,  fatigué  de  ses  voyages,  il  se  retira 
dans  un  monastère  d' A  ntioche,  où  il  serait  mort  en  444. 

Ebn  Bothlan  était  laid  et  noir,  et  disait  qu'il  ne  convenait 
pas  à  un  médecin  d'être  beau. 

11  écrivit  plusieurs  ouvrages. 

Traité  de  l'administration  des  purgatifs. 

De  l'introduction  des  aliments  dans  le  corps,  de  leur  diges- 
tion, de  leur  issue  et  de  leurs  résidus. 

Lettre  à  l'adresse  d'Ali  ben  Rodhouan.  Aboulfaradj  nous 
en  donne  le  sommaire,  qui  accuse  un  excellent  esprit. 

Ebn  Bothlan  s'était  rendu  en  Egypte  auprès  d'Ali  ben 
Rodhouan.  Les  deux  savants  eurent  de  vives  discussions, 
mais  ne  purent  s'entendre  et  se  quittèrent  aigris.  C'est  alors 
qu'Ebn  Bothlan  écrivit  sa  lettre  dont  nousdirons  un  mot.  11 

(1)  11  eut  aussi  pourm&itre  Aboul  Hassan  Tsabet  ben  Ibrahim  ben 
Haroun  el  Harrany  qui  ne  nous  est  pas  connu  d'autre  part. 

(2)  Cette  peste  sévit  aussi  en  Egypte  et  en  Arabie.  Ebn  Abi 
OnaTbiah  cite  d'après  Ebn  Bothlan  plusieurs  savants  qui  succom- 
bèrent. 


X» 


490   msTomiâ  de  la  médbcink  jlbabe.^  liyrb  quatbiêms. 

établit  d'abord  Tignorance  d'Ali  ben  Rodhouan  dans  la 
science  des  anciens.  Il  combat  ensuite  une  opinion  d*Âli, 
que  l'étude  des  sciences  peut  se  faire  dans  les  livres,  sans 
qu'il  soit  besoin  d'un  miutre.  Eben  Bothlan  établit  la  supé- 
riorité de  l'enseignement  oral.  Plus  loin  il  se  moqae  d'un 
disciple  d'Âli  ben  Rodhouan  et  de  ses  idées. 

Pourquoi  des  médecins  habiles  ont  quitté  l'habitude  quV 
valent  les  anciens  de  traiter  certaines  maladies  telles  que 
la  paralysie,  le  tic  facial,  la  résolution  par  des  médicaments 
chauds,  et  emploient  aujourd'hui  un  traitement  réfHgérant 
Ce  traité  fut  écrit  à  Antioche,  où  l'auteur  était  chargé  d*an 
service  d'hôpital,  en  l'année  455  de  l'hégire. 

Introduction  à  la  médecine. 

Du  conflit  des  médecins. 

Défense  des  médecins. 

Défense  des  prêtres. 

De  l'achat  des  esclaves. 

Il  existe  à  Paris,  sous  le  n*  1056  de  l'ancien  fonds,  un  opus- 
cule d'Eben  Bothlan  sur  les  maladies  des  moines.  Cet  opuscule 
divisé  en  quarante-deux  chapitres  se  résume  en  unedousaine 
de  pages.  Il  ne  présente  guère  d'intéressant  que  les  chapi** 
très  des  aliments  en  temps  de  jeûne,  et  sur  les  parfums  em- 
ployés dans  les  églises. 

L'ouvrage  le  plus  important  d'Ebn  Bothlan  et  qui  a  donné 
le  plus  de  notoriété  à  son  nom  est  son  traité  d'hygiène,  qui 
porte  le  titre  de  Takouîm  essahha,  état  ou  assiette  de  la  santé. 

Cet  ouvrage,  sans  être  remarquable  par  le  fonds,  est  ingé- 
nieux et  nouveau  pour  la  forme.  Cette  forme  est  celle  de 
tableaux  synoptiques,  et  nous  penchons  h  croire  qu'Eben 
Bothlan  en  est  l'inventeur.  Son  émule,  Eben  Djezla,  qui 
publia  l'état  du  corps  et  de  ses  maladies,  sous  la  même 
forme,  est  bien  son  contemporain,  maïs  plus  jeune  que  lui. 

L'ouvrage  contient  280  paragraphes,  dont  le  développe- 
ment se  fait  sur  deux  pages  en  regard,  divisées  par  quinze 
colonnes  verticales. 

La  l'«  est  le  n*  d'ordre,  la  2<»  contient  le  nom  de  l'objet 
en  question,  la  3^^  sa  uature  au  point  de  vue  des  quatre 
éléments,  la  4«  le  degré,  la  5«  le   choix  à  faire,  la  6«  les 


L'iRikK.  401 

adjuvants,  la  V  les  inconvénientSi  la  8«  les  correctifs»  la 
9*  les  humeurs  produites»  la  10*  les  tempéraments  conve- 
nables, la  11*  la  saison»  la  12*  Tftge»  la  13*  le  pays»  la 
14*  les  autorités,  la  15*  contient  quelques  détails  renfermés 
dans  trois  ou  quatre  lignes  en  moyenne. 

Une  seizième  section,  qui  occupe  le  haut  et  le  bas  des 
pages»  traite  à  un  point  de  vue  général  la  matière  de  l'ou- 
vrage et  ses  diverses  parties.  Elle  se  divise  en  quarante 
chapitres.  C'est  ainsi  que  le  1*'  chapitre  donne  le  moyen  de 
reconnaître  la  nature  des  aliments»  le  5*  traite  de  leurs  cor- 
rectifs, le  7*  des  fruits  en  général,  le  11*  du  pain»  le  12*  des 
légumes»  le  17*des  viandes  en  général»  le  10*  des  poissons,  le 
22*  des  aliments  qui  s'excluent  l'un  l'autre»  le  24*  des  signes 
d'une  bonne  digestion,  le  26*,  des  sucreries»  le  27*  des  prépa- 
rations pour  les  dents,  le  28*  des  eaux»  le  20*  du  vin»  le 
31*  du  dessert,  le  32*  de  la  musique»  le  33*  du  sommeil»  le 
34*  des  purgatifs  et  du  coït»  le  35*  de  l'exercice»  le  36*  et  le 
37*  des  bains,  le  38*  des  fumigations»  le  3d*  des  sirops»  le 
40*  de  Tair»  le  41*  de  Tassiette  des  habitations. 

Nous  avons  dit  que  le  nombre  des  paragraphes  se  montait 
à  280.  Les  deux  premières  centaines  ont  trait  aux  produits 
des  différents  règnes»  non  pas  seulement  à  l'état  simple» 
mais  à  Tétat  de  combinaison.  Il  y  a  là  quelques  chapitres 
curieux  de  préparations  culinaires»  de  condiments  et  de 
pharmacie  domestique. 

Il  est  ensuite  question  de  l'exercice»  des  eaux»  des  vête- 
ments» des  habitations,  des  saisons,  etc. 

Le  Takouim  essahha  fut  traduit  en  latin,  nous  ne  savons 
par  qui»  et  imprimé  sous  le  titre  :  Tacuini  sanitatis  Ellu-- 
chcLum  Blimithar  medici  de  Baldath.  On  ajoute  aussi  : 
Filii  hahadum  filii  Du  cellani.  On  voit  que  le  titre  a  été 
simplement  transcrit»  et  les  noms  de  l'auteur  étrangement 
défigurés.  Nous  n'en  connaissons  qu'une  édition»  Strasbourg» 
1531»  qui  est  d'une  exécution  remarquable. 

Le  peu  de  succès  de  ce  livre  tient  peut-être  à  sa  traduc- 
tion, qui  est  aussi  défectueuse  que  possible. 

Bien  des  noms  techniques  ne  sont  pas  traduits  mais  sim- 
plement transcrits»  et  cela  parmi  les  plus  vulgaires.  C'est 


492    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÈME. 

ainsi  que  le  mot  houlou  douceur,  sucreries,  n'a  pas  été 
compris,  mais  rendu  sous  la  forme  Kalde  et  Choloc. 

Le  texte  arabe  existe  à  l'ancien  fonds  de  Paris  sous  le 
n*  1020*  ,  il  en  existe  aussi  à  la  Bodléienne. 


SAID  BEN  HIBAT  ALLAH, 

Âboul  Hassan  Saïd  ben  Hibat  ÂUah  ben  el  Hossein,  méde- 
cin distingué,  très  versé  dans  l'étude  de  la  philosophie, 
servit  les  Khalifes  Moctady  et*  Mosthader,  qui  régnèrent 
dans  la  seconde  moitié  du  XP  siècle.  Il  fut  aussi  attaché  au 
célèbre  hôpital  de  Bagdad  dit  el  Adhedy,  composa  quelques 
ouvrages  et  forma  plusieurs  élèves. 

Le  Morny,  ou  Livre  suffisant,  en  médecine,  qui  existe  à 
Paris  sous  les  n"  1007  et  1075  de  l'ancien  fonds,  n'est  autre 
chose  qu'un  résumé  de  médecine  pratique,  disposé  sous 
forme  de  tableaux  synoptiques.  Telles  en  sont  les  divisions  : 
Maladies,  causes,  symptômes,  *  traitement.  Ce  résumé  est 
excellent  dans  son  cadre. 

Il  pourrait  fournir  à  un  dictionnaire  de  bonnes  et  courtes 
définitions  des  maladies.  (1) 

De  la  préparation  des  médicaments  indiqués  dans  le 
Mor'ny. 

De  la  constitution  de  l'homme.  Cet  ouvrage  se  trouve  à  la 
Bibliothèque  Bodléienne. 

De  l'ictère. 

Des  définitions  et  des  différences. 

Un  livre  intitulé  Telkhis  cnnidhamy,  fut  sans  doute  dédié 
au  célèbre  Nidham  el'Moulk,  qui  fut  pour  les  sciences  au 
XI*  siècle  ce  qu'avait  été  l'émir  Adhad  eddoula  au  X«.  Nous 
en  ignorons  le  contenu. 

Livre  de  la  consolation  ou  du  contentement. 

Réponse  à  des  questions  de  médecine. 

Outre  ces  ouvrages,  mentionnés  par  Ebn  Abi  Ossallîîah, 
Hadji  Khalfa  cite  encore  un  Traité  des  causes  et  des  symp- 
tômes. 

(1)  Le  Mor'ny  est  dédié  au  Khalife  Moctady. 


l'ibak.  403 

Saïd  forma  plusieurs  élèves,  parmi  lesquels  Ebn  Djezla, 
Amin  eddoula  et  Âboul  Barakat,  le  juif  converti. 


EBN  DJEZLA.  \i 

Aboul  hassan  Ali  ben  Issa  ben  Djezla  el  Kateb  el  Bagfdadi, 
est  aussi  appelé  dans  le  Kitab  el  hokama  et  dans  Aboulfa- 
faradj,  son  copiste,  Abou  Ali  Yahya  ben  Issa.  La  première 
nomenclature  se  lit  non-seulement  dans  Hadji  Khalfa,  mais 
aussi  en  tète  d*un  beau  manuscrit  du  Tacouim  que  nous 
avons  trouvé  à  Constantine,  et  dont  nous  avons  pris  copie. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  plus  généralement  connu  sous  le 
nom  d'Ebn  Djezla. 

Il  naquit  h  Bagdad,  probablement  au  commencement  du 
onzième  siècle  de  Tère  chrétienne,  et  mourut,  suivant  Hadji 
Kkalfa,  Tan  493  de  l'hégire,  qui  répond  à  la  dernière  année 
du  onzième  siècle  de  notre  ère  et  à  la  première  de  l'occupa- 
tion de  Jérusalem  par  les  Croisés. 

Le  Kitab  el  hokama  le  fait  mourir  en  473,  et  Aboulfaradj, 
qui  s'est  assimilé  sa  notice  à  peu  près  textuellement,  adopte 
la  même  date.  Nous  croyons  cependant  devoir  préférer  celle 
de  Hadji  Khalfa  par  la  raison  qu'Ebn  Djezla  dédia  plusieurs 
de  ses  ouvrages  au  Khalife  Moctady  qui  monta  sur  le  trône 
en4d8. 

Ebn  Djezla  étudia  d'abord  la  médecine  chez  des  chrétiens 
de  Bagdad,  ses  coreligionnaires.  On  lui  donne  encore  pour 
maître  Saïd  ben  Hibat  Allah.  Le  désir  lui  vint  aussi  d'étu- 
dier la  logique  et  il  fréquenta  l*école  d'Abou  Ali  ben  el 
Oualid,  alors  chef  des  Motazalites.  D'Herbelot  nous  paraît 
dans  l'erreur  quand  il  avance  qu'Ebn  Djezla  enseigna  lui- 
même  la  logique  à  Abou  Ali  et  que  le  disciple  convertit  le 
mi^tre.  Nous  croyons  plutôt  à  ce  qu'on  lit  dans  le  Kitab  el 
hokama  qu'Abou  Ali  fut  le  maître  d'Ebn  Djezla  pour  la  logi- 
que, et  qu'à  force  de  lui  vanter  l'excellence  de  l'Islamisme 
et  de  lui  exposer  les  preuves  de  sa  vérité,  il  finit  par  le  conver- 
tir. A  la  suite  de  cette  conversion,  Ebn  Djezla  fut  choiBi 
comme  secrétaire  par  Abou  Abdallah  eddamigany,  cadhi 


404     HISTOIRE  DE  LÀ  MÉDECINE  ABiLBE.—  UVRE  QUATRUÈMB. 

des  Kadhis,  ou  comme  le  dit  d'Herbelot,  chancelier  du 
Khalife  Moctady.  Comme  il  est  arrivé  plus  d'une  fois  en  parûl 
cas,  notamment  à  plusieurs  médecins  juifs  ou  chrétiens, 
Ebn  Djezla  paya  sa  bienvenue  dans  l'islamisme  en  écrivant 
contre  ses  anciens  coreligionnaires.  Cet  ouvrage,  qui  paraît 
avoir  suivi  de  près  sa  conversion,  fut  écrit  en  466  de  l'hégire 
et  adressé  à  un  prêtre  chrétien  du  nom  d'Elie. 

Ebn  Djezla  fut  un  homme  de  bien.  Non-seulement  il  trai- 
tait ses  malades  gratuitement,  mais  il  leur  fournissait  encore 
des  médicaments.  En  mourant,  il  légua  ses  livres  à  la  mot* 
quéed'Abou  Hanifa. 

Ebn  Djezla  composa  plusieurs  ouvrages.  Ainsi  le  livre  des 
conseils  ou  quintessence  des  définitions,  Kitâb  el  ichâra  /I 
telkhis  el  ïbâra^  dont  nous  ignorons  le  contenu  ;  un  Traité 
de  Texcellence  de  la  médecine  et  de  ses  rapports  avec  la 
justice.  Mais  ses  deux  ouvrages  les  plus  connus  sont  le 
Menhadj  et  le  Tacouim,  dédiés  tous  deux  au  Khalife  Môctadj. 
Le  premier  porte  le  titre  de  Menhahj  el  bayân  fima  isto» 
mel  el  insân,  c'est-à-dire  Exposition  méthodique  des  objets 
employés  par  l'homme.  C'est  un  traité,  sous  forme  alphabé- 
tique, des  médicaments  et  aliments  simples  et  composés. 

11  en  existe  un  exemplaire  à  la  Bibliothèque  de  Paris,  qui 
ne  contient  pas  moins  de  360  feuilles  in-folio.  Dans  sa  préface, 
qui  se  prolonge  jusqu'à  la  feuille  23  et  contient  des  généra- 
lités  sur  les  médicaments,  l'auteur  annonce  qu'il  a  consulté 
les  ouvrages  des  maîtres,  mais  que,  pour  ne  pas  allonger 
son  livre,  il  se  bornera  à  citer  les  noms  des  plus  éminents 
tels  que  Hippocrate,  Dioscorides,  Rufus,  Oribase,  Paul  d'E^ 
gine,  Ishaq,  Razès  et  Ali  Abbas.  A  l'époque  où  parut  le 
Menhadj  nous  ne  voyons  guère,  pour  la  matière  médicale, 
d'ouvrage  h  lui  comparer  comme  ampleur  que  le  second  livre 
du  Canon  d'Avicenne,  qui  lui  est  certainement  inférieur.  Le 
Menhadj  dut  avoir  un  certain  crédit  pour  qu'Ëbn  Beithar  se 
soit  donné  la  peine  décomposer  un  écrit  destiné  à  en  relever 
les  erreurs.  Il  y  a  eflFectivement  dans  le  Menhadj  quelques 
confusions,  que  nous  avons  constatées.  Dans  son  Traité  des 
Simples,  Ebn  Beithar  en  relève  quelques-unes,  notamment 
celle  relative  aux  lotus  mais  il  ne  le  cite  pas  moins  d'une 


L*XRAK.  405 

quarantaine  de  fois.  Malgrré  ses  défectuosités,  le  Menhadj  nous 
parait  bon  à  consulter  pour  la  composition  de  certaines  pré- 
parations alimentaires,  que  Ton  trouverait  difficilement  ail-^ 
leurs,  même  dans  le  Traité  des  correctifs  des  aliments  de 
Razès.  Nous  avons  particulièrement  remarqué  celle  de  Tali- 
ment  connu  sous  le  nom  dlsfidabadj. 

L'ouvrage  le  plus  connu  d'Ebn  Djezla  est  le  Tacouim  el 
abdàn  fi  tedbîr  el  insàn^  c'est-ènlire  état  du  corps  relative- 
ment au  régime  de  Thomme.  G*est  un  traité  sommaire  de 
pathologie,  rédigé  sous  forme  de  tableaux  synoptiques.  Ges 
tableaux  sont  au  nombre  de  44  et  contiennent  chacun,  en 
deux  pages,  Thistoire  de  huit  maladies,  ce  qui  en  fait  en  tout 
332.  La  première  page  contient  le  nom  de  la  maladie,  le  tem- 
pérament, l'âge,  la  saison,  le  pays,  la  gravité,  les  causes,  les 
signes,  l'indication  des  évacuants,  le  traitement  royal  et  le 
traitement  facile.  Quant  à  cette  expression  de  traitement 
royal,  tedbir  maleky,  nous  en  trouvons  l'explication  dans  la 
nature  des  moyens  indiqués,  qui  ne  sont  pas  à  la  portée  de 
toutes  les  bourses.  La  seconde  page  donne  le  traitement  or- 
dinaire. 

Le  Tacouim  paraît  avoir  été  l'un  des  livres  les  premiers 
publiés  sous  cette  forme,  attendu  qu'Aboulféda  en  adoptant 
la  forme  synoptique  pour  sa  géographie,  Tacouim  elbouldàn^ 
dit  l'avoir  empruntée  à  Ebn  DJesla.  Il  existe  à  la  Bibliothè- 
que de  Paris  un  exemplaire  du  Tacouim  el  (ibdàn,  exécuté 
parle  mâme  copiste  que  le  Tacouim  essahha  d'Ebn  Botlan, 
et  concourant  à  former  avec  lui  le  n*  1034,  ancien  fonds.  En 
haut  et  en  bas  des  pages  sont  des  généralités  sur  les  divers 
groupes  de  maladies,  généralités  qui  ont  été  comme  pour  le 
Tacouim  essaha,  mises  en  avant  sous  forme  d'introduction, 
car  le  Tacouim  a  été  lui  aussi  traduit  en  latin  et  imprimé  à 
Strasbourg  en  1532.  Cette  traduction,  accollée  à  celle  d'Ebn 
Botlan,  a  fait  confondre  les  deux  auteurs.  Celui  d'Ebn 
Djezla  a  été  travesti  comme  celui  d'Ebn  Botlan.  Tel  est 
le  titre  de  cette  traduction  :  Tacuini  egritudinum  et  nior- 
borum  fere  omnium  corpori$  humani  cum  curie  eorun- 
dem,  Buhu  hylyha  byn  Gezla  autore. 

On  voit  que  Ton  s'est  trompé  sur  le  sens  du  mot  Tacouinif 


€4t,  mmtùom  se,  ljl  wkn«»r>»  aaabl  —  ltpilz  ^CATiré'ji 


fipd  ne  JiMnxfie  po»  en  snfae  vMemxix,  ce  qai  esc  remm  ; 
Ifjeâmd,  mm  hun  éttt,  lœeoe.  L'onirage  esc  dédié  aa 
trè9<iisésîe&  diarfes  de  Xapiea,  fœ  Ton  a  conftmtfai  j 
Cbarienuigiie. 

Tel  eut  rordfe  sani  daoâ  le  Tacoom  d  afadso. 

Il  commence  par  les  fièrres  nn  pea  trop  mshîpiiées»  pu 
lea  maladka  de  la  peau,  les  plaies,  les  Teoixis,.  te»  pecscnf^ 
pniji  le»  maladies  des  dÎTers  appareils  et  organes,  de  la  tte 
aox  pieds.  Il  se  termine  par  des  généralités  d*an  bon  e:^is 
et  des  pronosties. 

I..es  maladies  des  femmes  sont  assez  longuement  traitées» 
mais  on  j  voit  par  nne  pratiqne  dont  il  a  été  aussi  qneslîoa 
de  nos  jours,  à  propos  de  Iliystérie,  qne  Fonderait  en  confier 
le  traitement  à  des  sages-femmes.  Il  est  question  desmojeas 
d'empèclier  la  conception,  mais  l'antenr  a  soin  d^obtsnver 
que  cela  ne  doit  se  pratiquer  que  dans  certains  cas  et  dans 
rintérctde  la  femme. 

En  8omme  le  Tacouim  el  abdan  est  un  assez  bon  résumé 
de  médecine,  qui  se  recommande  autrement  que  par  sa  forme 
ori^nale. 

Le  n*  1021  anciens  fonds  de  Paris,  qui  contient  le  Menbadj 
el  Heïan,  ne  termine  par  une  biographie  d'Ebn  Djezla,  em- 
jinintée  h  plusieurs  sources.  On  y  dit  que  sa  conversion  à 
TiBlamisme  fut  bonne,  et  Ton  vante  sa  réfutation  à  Tadresse 
de»  chrétiens  et  des  juifs,  qui  ont  altéré  les  écritures,  où  se 
trouve  annoncé  l'avènement  de  Mahomet.  On  sait  que  les 
Arabe» ont  rapproché  le  mot  Paraclet  du  mot  Mohanmied. 
On  (lit  au»»i  que  sa  mort  arriva  sur  la  fin  de  Châban  de  Tan- 
née 493,  ce  qui  nous  porterait  au  mois  d'août  de  Tan  1100. 

KBN  BAIITOUIH. 

Aboul  IIoH»ein  Abdallah  benissa  beu  Bahtouih,  fils  de  mé- 
decin, (Hait  d'Ouasith.  Il  laissa  quelques  écrits,  qui  sont  la 
n^prodiiction  de»  doctrines  des  anciens.  Ainsi  le  livre  des 
ProUî^omùno»,  dit  aussi  le  Trésor  des  médecins,  qu'il  dé- 
diait à  son  fils  eu  l'année  1029;  de  l'abstinence  en  méde- 
cine. 


l'irak.  407 


EBN  EL  OUASSITHY. 

C'était  peut-être  le  fils  du  précédent.  Tout  ce  que  nous  en 
savons,  c'est  qu'il  fut  attaché  au  Khalife  Mosthader  qui  le 
tenait  en  considération.  Il  vivait  donc  vers  la  fin  du  XI* 
siècle. 

ABOU  DHAHER  EL  DARAKHCHY. 

MouafFeq  cddin  Abou  Daher  el  Barakhchy  ne  nous  est 
guère  connu  que  par  une  anecdote  qu'Ëbn  Âbi  Ossaïbiah 
raconte  aussi  dans  ses  origrines  de  la  médecine. 

Il  traitait  un  hydropique  qui  se  mit  h  mang'er  des  saute- 
relles et  guérit.  On  reconnut  que  ces  sauterelles  s'étaient 
nourries  sur  dos  ti^es  de  mézéréum,  d'où  l'on  conclut  que 
c'était  au  mézéréum  qu'était  due  la  gfuérison.  La  cure  fit 
du  bruit  dans  Ouassith. 

ISIIAQ   BEN  ALI  EaROIUOUY. 

La  notice  d'Ishaq  de  Roha  manque  dans  le  Manuscrit  de 
Paris.  (1)  Wtistenfeld  le  fait  vivre  sur  la  fin  du  XI«  siècle  et 
lui  attribue  un  livre  qu'il  intitule:  Institutio  mcdici.  C'est 
probablement  celui  dont  parle  Ebn  Abi  Ossaïbiah  sous  le 
nom  iTAdeb  etthobib  en  divers  endroits,  notamment  dans  les 
notices  de  Salmouih  et  de  Jean  fils  de  Mésué.  Ce  serait  sans 
donte  un  livre  où  l'histoire  se  mêlerait  à  la  morale. 


ZAHID   EL  OLAMA. 

Abou  Saïd  Mansourben  Issa  Zahid  el  Olama»  chrétiennes^ 
torienet  frère  du  métropolitain  de  Nisibc,  exerçait  la  méde- 

(1}  Il  est  mentionné  dans  la  liste  donnée  par  Reiake,  miscol. 
med.,  50.  , 


498      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.*-  LIVRE  QUATRIÈME. 

cine  au  service  de  Nasser  Eddoula,  le  même  à  qui  Ebn  Botlan 
dédia  son  livre  intitulé  Daouat  elathibba.  Nasser  Eddoula  se 
trouvait  à  Meyafarikin,  quand  sa  fille  tomba  malade,  et  il 
promit  son  poids  d'argent  à  qui  la  guérirait  Zahid  el  Olama 
lui  rendit  la  santé  et  conseilla  à  Nasser  de  consacrer  cet  ar- 
gent à  la  construction  d'un  hôpital,  qui  ferait  honneur  à  sa 
mémoire,  et  ce  conseil  fut  suivi.  Des  sommes  considérables 
furent  dépensées,  et  des  immeubles  affectés  à  l'entretien  de 
cet  hôpital.  On  y  réunit  tous  les  instruments  et  tout  le  ma- 
tériel nécessaire  aux  malades.  On  ne  pouvait  trouver  rien  de 
mieux,  dit  l'historien  de  la  médecine. 

Zahid  el  Olama  écrivit  un  livre  sur  les  hôpitaux;  un  re- 
cueil par  demandes  et  réponses  des  cas  traités  h  l'hôpital  de 
Meyafarikin  ;  enfin  un  traité  des  songes. 


EL  MAKILY  OU  EL  MAQBILY. 

Abou  Nasr  Mohammed  ben  Yousef  el  Maquily,  que  Wûs- 
tenfeld  écrit  El  Macbil,  passait  pour  un  bon  médecin.  Il 
écrivit  un  traité  sur  le  vin  et  des  commentaires  sur  les  ques- 
tions de  Honein. 


ENNILY. 

Abou  Sahl  Saïd  ben  Abd  el  Aziz  Euuily  (ou  Ennobly)  avait 
la  réputation  d'un  bon  médecin  et  d'un  bon  écrivain.  Il 
composa  un  sommaire  des  questions  de  Houein  et  des  expli- 
cations du  commentaire  de  Galion  sur  les  Aphorismes  d'Hip- 
pocrate. 


^J  ALI  BEN  ISSA  OU  ISSA  BEN  ALI. 

Nous  savons  déjà  que  ce  nom  soulève  des  controverses. 
Pour  les  uns,  il  ne  représente  qu'un  seul  médecin,  et  pour 
nous  il  en  représente  deux. 


L'IRAK.  499 

La  première  opinion  peut  s'appuyer  sur  Djemal  eddin  el 
Kofthy,  Hadji  Khalfa  et  Assemani. 

La  seconde  sur  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  et  même  implicite- 
ment sur  Mohammed  ben  Ishaq,  l'auteur  du  Fihrist. 

Djemal  eddin  mentionne  un  seul  Issa  ben  Ali,  qu'il  fait 
disciple  de  Honein  et  auteur  du  Tedkirat  el  Kahhâlin,  ou 
Mémorial  des  Oculistes. 

L'Ali  ben  Issa  d'Assomani,  qu'il  dit  auteur  du  Tedkirat, 
est  évidemment  le  même. 

Quant  h  Hadji  Kbalfa,  il  ne  mentionne  non  plus  qu'un 
Ali  ben  Issa,  l'auteur  du  Tedkirat. 

Ebn  Abi  Ossaïbiah  en  mentionne  deux,  le  premier  au 
chapitre  VIII,  traitant  des  médecins  qui  fleurirent  au  com- 
mencement de  la  dynastie  Abbasside,  et  le  second  au  chapi- 
tre X,  parmi  les  médecins  de  l'Irak.  Il  donne  le  premier 
comme  Tun  des  meilleurs  disciples  de  Honein,  et  comme 
l'auteur  des  deux  ouvrages  :  Des  avantages  que  l'on  peut 
retirer  des  organes  des  animaux  ;  des  Poisons. 

Quant  au  second,  voici  ce  qu'il  en  dit  :  <  Ali  ben  Issa,  dit 
aussi  Issa  ben  Ali,  oculiste  consommé,  composa  un  livre 
intitulé  Tedkirat  el  Kahhâlin,\iyTe  célèbre,  indispensable  à 
tout  oculiste  et  universellement  admis  à  l'exclusion  de  tout 
autre.  Toutefois  la  partie  pratique  de  l'ouvrage  vaut  mieux 
que  la  partie  théorique.  Il  mourut  après  l'année  400  de  l'hé- 
gire. » 

Ceci  nous  reporte  après  Tannée  1010  de  notre  ère,  c'est-à- 
dire  un  siècle  et  demi  après  Honein,  d'où  il  suit  que  notre 
oculiste  ne  peut  être  son  élève. 

Mohammed  ben  Ishaq  dit  Issa  ben  Ali  disciple  de  Honein, 
mais  il  ne  lui  attribue  qu'un  écrit,  celui-là  même  dont  parle 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  :  De  l'avantage  qu'on  peut  retirer  des 
animaux.  Cet  Issa  n'est  donc  pas  l'oculiste.  Du  reste,  Mo- 
hammed ben  Ishaq  n'a  pu  parler  de  l'auteur  du  Tedkirat,  le 
Fihrist  s'arrêtant  à  l'année  3T7  de  l'hégire ,  987  de  notre 
ère. 

Outre  le  témoignage  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah,  ce  qui  nous 
porte  encore  à  ne  pas  admettre  le  premier  Ali  ben  Issa 
comme  l'auteur  du  Mémorial  des  oculi  tes,  c'est  que  Honein, 


500     UISTOIRK   DB  LA   MÉDECINE  ARABE. —  LIVBE  QUATBIÉIIB. 

SOU  maître,  avait  déjà  composé  deux  ouvragées  sur  Toculi*- 
tique,  et  nous  avons  de  la  peine  à  croire  que  son  disciple  ait 
traité  de  nouveau  la  matière. 

Nous  avons  cherché  dans  les  écrits  des  médecins  arabes 
des  mentions  qui  puissent  nous  apporter  quelque  lumière, 
mais  nous  n'avons  rien  trouvé  de  concluant. 

Dans  l'introduction  placée  en  tète  du  Mémorial  des  oai^ 
listes^  Ali  ben  Issa  nous  dit  qu'il  s'est  approprié  tout  ce  qu'il 
a  trouvé  de  mieux  dans  les  écrits  de  Galien  et  de  Honein.  Il 
semblerait  qu'un  disciple  de  Honein  ne  se  serait  pas  borné  à 
une  mention  aussi  sèche  de  son  maître,  cité  purement  et 
simplement  h  la  suite  de  Galien,  qui  a  reçu  la  qualification 
la  plus  honorable. 

Ileiske  admet  comme  nous  la  dualité  des  personnages 
connus  sous  le  nom  d'Ali  ben  Issa,  dans  ses  Opuscula  medica 
ex  monumentis  Arabum.  Au  chapitre  VIII,  n*  30,  licite  fJ«- 
susj  Issa  filius  Ali,  car  ces  deux  noms  se  trou  vent  souvent  in- 
tervertis. C'est  évidemment  ici  le  disciple  de  Honein,  dont  le 
nom  se  lit  un  peu  plus  haut.  Au  chapitre  X,  consacré  aux 
médecins  de  l'Irak,  n'43,  on  lit,  au  lieu  d'une  simple  mention  : 
«  Alius  filius  Isal  Kahhali,  cujus  opus  de  morbis  oculomm, 
quod  autor  nostcr  summopere  laudat  et  valde  commendat 
chirurgicis  tanquam  eo  carere  nequeantj  elcganter  scriptum 
possideo.  »  Cette  annotation  marque  d'autant  mieux  la  ma- 
nière de  voir  de  Reiske  qu'elle  est  unique  dans  cette  long-ue 
et  sèche  nomenclature. 

La  reproduction  des  deux  Ali  ben  Issa  ou  Issa  ben  Ali  se 
retrouve  également  dans  la  liste  de  Nicoll. 

Wûstenfeld  n'a  reconnu  qu'un  seul  Ali  ben  Issa,  le  fai- 
sant disciple  de  Honein  et  l'auteur  du  Tcdkirat  et  Kahhàlin 
ou  Mémorial  des  oculistes  ;  mais  il  a  commis  une  méprise. 
Il  renvoie  précisément  à  cette  notice  du  chapitre  X  d'Ebn 
Abi  Ossaïbiah,  qu'il  n'aura  pas  lue'sans  doute,  car  il  y  est  dit 
qu'Ali  ben  Issa  mourut  après  l'année  400  de  l'hégire,  ce  qui 
ne  saurait  convenir  à  un  disciple  de  Honein. 

Ne  pourrait-on  pas  encore  objecter  h  l'opinion  qui  fait  de 
Tauteur  du  Mémorial  un  disciple  de  Honein,  que  Honein  et 
Hobeïch  ayant  écrit  déjà  sur  les  maladies  des  yeux,  il  u'eît 


L'iRAIf.  501 

pas  probable  qu'an  disciple  ait  fait  un  nouveau  traité  sur  le 
même  sujet. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  nombreux  médecins  arabes  qui  ont 
écrit  plus  tard  sur  l'oculistique  ont  toujours  tenu  le  Mémo- 
rial en  g-rande  considération,  et  l'ont  toujours  cité  à  côté  do 
celui  de  Honein. 

Mais  il  est  un  livre  où  l'on  trouverait  certainement  une 
mention  du  Mémorial  et  de  son  auteur,  s'il  était  contempo- 
rain de  Honein,  c'est  le  continent  de  Razës.  Or  il  n'en  est 
rien,  et  c*est  pour  nous  une  preuve  que  le  Mémorial  et  son 
auteur  n'appartiennent  pas  au  IX*  siècle. 

Nous  nous  en  tenons  donc  au  second  Ali  ben  Issa  d'Ebn 
Abl  Ossalbiah,  et  nous  pensons  qu'il  a  prolongée  sa  carrière 
jusqu'au  commencement  du  XI*  siècle. 

On  lit  dans  Assemani  qu'Ali  ben  Issa,  qui  aurait  aussi 
porté  les  noms  de  David  Aboul  Hossein»  aurait  quitté  la 
secte  nestorienne  pour  embrasser  la  communion  grecque. 

Le  Tedkirat  se  divise  en  trois  parties.  La  première  est 
consacrée  à  la  description  de  l'œil,  la  seconde  aux  maladies 
qui  sont  appréciables  aux  sens  et  la  troisième  aux  maladies 
qui  ne  sont  pas  appréciables  aux  sens,  telles  que  la  myopie, 
rhéméralopie,  etc. 

L*auteur  nous  annonce  dans  son  Introduction  qu'il  s'est 
appuyé  surtout  sur  Galien  et  sur  Honein.  On  rencontre,  en 
effet,  le  premier  assez  souvent  cité  soit  pour  des  questions  de 
doctrine  soit  pour  des  formules  (1). 

On  rencontre  aussi  le  nom  de  Paul  d'Ègine  et  celui  de 
Criton. 

Dans  le  Ms.  de  Paris  on  trouve  une  note  d'encre  différente 
relative  à  l'aiguille  à  cataracte  creuse,  dont  on  donne  même 
la  figure,  mais  ceci  est  une  interpolation. 

Le  Mémorial  des  oculistes  fut  traduit  de  bonne  heure,  on 
ne  sait  par  qui,  et  publié  sous  ce  titre  :  De  cognitione  infir-' 
mitatum  oculorum  et  curatione  eorum.  On  l'a  souvent 
imprimé  avec  les  œuvres  d'Abulcasis  et  de  Guy  de  Ghauliac. 

(1)  On  peut  observer,  à  propos  de  la  cataracte,  qu'Iiua  réfute  par 
trop  vivement  Honeia  pour  croire  qu'il  était  son  disciple. 


502    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ARABE. —  LIVfiE  QUATRIÈME. 

Guy  de  Chauliac  emprunte  beaucoup  à  Jesu  hali.  Nous 
citerons  un  passag^e  du  chapitre  de  la  cataracte  :  «  Si  cette 
humidité  s'assemble  entre  la  cornée  et  Tuvée,  comme  le 
prouve  Jésus  ou  entre  Talbuginée  et  le  crystallin,  comme 
signifie  Galien  au  X^  de  l'usage  (des  parties]  il  ne  me  chaut 
d'en  déterminer  à  présent  (traduction  de  Joubert).  » 

Sans  exagérer  la  valeur  du  Mémorial  dlssa  ben  Âli, 
valeur  inférieure  à  celle  de  plusieurs  écrits  arabes  du  même 
genre,  mais  supérieure  en  tout  cas  à  la  monographie  vul- 
gairement connue  sous  le  nom  de  Ganamusali,  on  peut 
s'étonner  que  Sprengel  n'en  ait  pas  parlé  dans  son  histoire 
de  la  médecine. 

En  1845,  Hille  publiait  à  Dresde  un  échantillon  du  Tedki- 
rat  sous  le  titre  Alii  ben  Issa  monitorium  oculariorum 
spécimen,  annonçant  une  prochaine  édition  du  texte  arabe, 
qui  n'a  point  paru. 

Après  une  assez  longue  introduction ,  où  il  trace  une  es- 
quisse historique  de  l'ophtalmologie,  il  donne  la  traduction 
du  premier  livre,  puis  la  liste  des  chapitres  des  deuxième  et 
troisième,  le  tout  comprenant  soixante-quatre  pages. 

Hille  se  range  de  l'avis  de  Wilstenfeld,  et  considère  Ali 
ben  Issa  comme  le  disciple  de  Honein.  Il  emprunte  égale» 
ment  à  Wilstenfeld  tous  les  éléments  de  son  esquisse  de 
l'oculistique  chez  les  Arabes,  esquisse  qui  n'a  par  conséquent 
rien  de  neuf,  mais  qui  renferme  quelques  erreurs  et  bien 
des  lacunes,  que  nous  signalerons  en  passant  et  par  occasion. 
Hille  prétend  à  tort  que  les  Arabes  sont  redevables  aux 
Romains.  Il  confond  Alexandrie  avec  le  Caire  (p.  32),  Djaber 
ou  Géber  avec  Djafar  (34),  fait  d'Issa  ben  Ali  un  traducteur 
(37),  admet  d'après  Léon  l'Africain  le  voyage  de  Razès  en 
Occident,  etc. 

Quant  aux  lacunes,  il  n'a  pas  reconnu,  pas  plus  du  reste 
que  Wilstenfeld,  Omar  ben  Ali  el  Mously  dans  Ganamusali, 
et  il  a  méconnu  de  nombreux  ouvrages  d'oculistique  écrits 
par  les  Arabes.  Il  en  existe  cependant  dans  nos  Bibliothè- 
ques ;  ainsi  celui  d'Ebn  Ouafed  ou  Ebn  Guefith  h  l'Escurial  ; 
le  Nour  el  ouîoun  de  Salah  eddin  ben  lousef,  la  Netidja 
d'Elquis^y,  le  Kafy  d'Ebn  Abil  Mahassen,  qui  existent  tous 


l'ibak.  503 

les  trois  à  Paris.  Nous  connaissons  encore  une  monoerraphle 
de  Tsabet  ben  Corra»  fréquemment  citée  par  les  oculistes 
postérieurs  et  d'autres  ouvrages  encore,  les  Arabes  ayant 
cultivé  Toculistique  plus  particulièrement  que  toute  autre 
partie  de  la  médecine.  Pour  être  complet,  Hille  aurait  dû 
signaler  ce  fait,  entrevu  déjà  par  Abulcasis,  de  l'opération  de 
la  cataracte  avec  une  aiguille  creuse  et  par  succion,  et  la 
pratique  de  cette  opération  par  extraction.  M.  Siebel  a  rendu 
compte  de  la  publication  de  Hille  dans  le  Journal  asiatique 
d*août  1847.  Il  a  comparé  avec  le  texte  arabe  de  Paris  celui 
de  Dresde  dont  on  obtint  l'extradition,  et  il  a  trouvé  que  les 
deux  copies  proviennent  d'un  même  original,  mais  ayant 
chacun  des  variantes  ou  des  gloses  qui  les  complètent  réci- 
proquement. Comme  spécimen  il  a  donné  le  chapitre  7  du 
livre  II  relatif  &  l'adhérence  des  paupières. 

La  lettre  sur  Toculistique,  citée  par  WUstenfeld  comme 
existant  &  Florence,  ne  paraît  pas  autre  que  le  Tedkirat. 

On  attribue  encore  à  Ali  une  liste  des  mots  syriaques 
introduits  dans  l'arabe  et  un  traité  du  Planisphère,  mais 
nous  donnons  ces  renseignements  sous  toute  réserve.  Le 
Tedkirat  existe  dans  plusieurs  bibliothèques. 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  en  Algérie,  nous  avions 
cru  le  rencontrer  à  la  suite  d'un  compendium  du  Marocain 
Ben  Azzouz,  mais  après  une  collation  plus  attentive  nous 
avons  reconnu  que  notre  Ms.,  tout  en  prenant  pour  base  le 
plus  souvent  le  Tedkirat,  différait  par  d'autres  emprunts, 
notamment  à  Paul  d'Ëgine,  et  ne  suivait  pas  constamment 
et  pas  à  pas  le  Tedkirat. 

ISSA  BEN  ALI  EL  A8DY.  ^^' 

Sous  le  n*  898  de  l'Escurial  est  inscrit  un  magnifique  in-  ^  "^ 
folio  d'environ  cinq  cents  pages,  traitant  de  la  chasse  par 
les  oiseaux.  L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties.  La  pre- 
mière traite  des  oiseaux  chasseurs,  de  leur  histoire  naturelle, 
de  leur  éducation  et  de  leur  emploi,  avec  une  incroyable 
richesse  de  détails  :  le  toutentremèlé  d'anecdotes  et  de  poésies. 


t^' 


490     HIST0IB8  DB   LA.   MÉO£0IN£  ÀRàBE. —  LIVRE  QUATRIÈME. 

qui  ne  signifie  pas  en  arabe  tableaux,  ce  qui  est  rendu  par 
Djedoul,  mais  bien  état,  assiette.  L'ouvrage  est  dédié  au  roi 
très-chrétien  Charles  de  Naples,  que  Ton  a  confondu  avec 
Gharlemagne. 

Tel  est  Tordre  suivi  dans  le  Tacouim  el  abdan. 

II  commence  par  les  fièvres  un  peu  trop  multipliées,  puis 
les  maladies  de  la  peau,  les  plaies,  les  venins,  les  poisons, 
puis  les  maladies  des  divers  appareils  et  organes,  de  la  tète 
aux  pieds.  Il  se  termine  par  des  généralités  d'un  bon  esprit 
et  des  pronostics. 

Les  maladies  des  femmes  sont  assez  longuement  traitées, 
mais  on  y  voit  par  une  pratique  dont  il  a  été  aussi  question 
de  nos  jours,  à  propos  de  l'hystérie,  que  Fonderait  en  confier 
le  traitement  à  des  sages-femmes.  Il  est  question  des  moyens 
d'empêcher  la  conception,  mais  l'auteur  a  soin  d'observer 
que  cela  ne  doit  se  pratiquer  que  dans  certains  cas  et  dans 
l'intérêt  de  la  femme. 

En  somme  le  Tacouim  el  abdan  est  un  assez  bon  résumé 
de  médecine,  qui  se  recommande  autrement  que  par  sa  forme 
originale. 

Le n*  1021  anciens  fonds  de  Paris,  qui  contient  le  Meuhadj 
el  Beïan,  se  termine  par  une  biographie  d'Ebn  Djezla,  em- 
pruntée îi  plusieurs  sources.  On  y  dit  que  sa  conversion  à 
l'islamisme  fut  bonne,  et  l'on  vante  sa  réfutation  à  l'adresse 
des  chrétiens  et  des  juifs,  qui  ont  altéré  les  écritures,  où  se 
trouve  annoncé  l'avènement  de  Mahomet.  On  sait  que  les 
Arabes  ont  rapproché  le  mot  Paraclet  du  mot  Mohammed. 
On  dit  aussi  que  sa  mort  arriva  sur  la  fin  de  Châban  de  l'an- 
née 493,  ce  qui  nous  porterait  au  mois  d'août  de  l'an  1100. 

EBN  BAHTOUIH. 

Aboul  Hossein  Abdallah  beu  Issa  ben  Bahtouih,  fils  de  mé- 
decin, était  d'Ouasith.  Il  laissa  quelques  écrits,  qui  sont  la 
reproduction  des  doctrines  des  anciens.  Ainsi  le  livre  des 
Prolégomènes,  dit  aussi  le  Trésor  des  médecins,  qu'il  dé- 
diait h  son  fils  en  l'année  1029  ;  de  l'abstinence  en  méde- 
cine. 


l'xrak.  407 


EBN  EL  OUASSITHY. 


C'était  peut-être  le  fils  du  précédent.  Tout  ce  que  nous  en 
savons,  c'est  qu'il  fut  attaché  au  Khalife  Mosthader  qui  le 
tenait  en  considération.  Il  vivait  donc  vers  la  fin  du  XI® 
siècle. 


ABOU  DHAIIER  EL  DARAKUCHY. 

Mouaffeq  eddin  Abou  Daher  el  Barakhchy  ne  nous  est 
eruère  connu  que  par  une  anecdote  qu'Ëbn  Âbi  Ossaïbiah 
raconte  aussi  dans  ses  orig^ines  de  la  médecine. 

Il  traitait  un  hydropique  qui  se  mit  à  manger  des  saute- 
relles et  guérit.  On  reconnut  que  ces  sauterelles  s'étaient 
nourries  sur  des  tiges  de  mézéréum,  d'où  l'on  conclut  que 
c'était  au  mézéréum  qu'était  due  la  guérison.  La  cure  fit 
du  bruit  dans  Ouassith. 


ISIIAQ   BEN  ALI  EllROHAOUY. 

La  notice  d'Ishaq  de  Roha  manque  dans  le  Manuscrit  de 
Paris.  (1)  Wtistenfeld  le  fait  vivre  sur  la  fin  du  XI"  siècle  et 
lui  attribue  un  livre  qu'il  intitule:  Institutio  medici.  C'est 
probablement  celui  dont  parle  Ebn  Abi  Ossaïbiah  sous  le 
nom  à'Adeb  ctthobib  en  divers  endroits,  notamment  dans  les 
notices  de  Salmouih  et  de  Jean  fils  de  Mésué.  Ce  serait  sans 
doute  un  livre  où  l'histoire  se  mêlerait  à  la  morale. 


ZAHID   EL   OLAMA. 

Abou  Saïd  Mansourben  Issa  Zahîd  el  Olama,  chrétien  nes- 
torien  et  frère  du  métropolitain  de  Nisibe,  exerçait  la  méde- 

(1)  Il  est  mentionné  dans  la  liste  donnée  par  Reiake,  mitool. 
med.,  &0.  , 

30 


506     HISTOIRE  DE  hk  MÉDECINE  ARABE.*-  LIVBE  QUATRIÈME. 

La  troisième  partie  est  un  formulaire  des  médicaments 
composés,  grabadin.  Nous  croyons  inutile  d*en  donner  la 
nomenclature.  Mésué  emprunte  ses  formules  aux  anciens  et 
aux  modernes  et  en  donne  aussi  de  son  crû. 

Dans  la  quatrième,  de  egritudinibus^  il  traite  des  médica- 
ments propres  à  chaque  maladie  en  particulier. 

Cette  partie  ne  fut  pas  achevée.  Les  maladies  commencent 
par  la  tête  et  s'arrêtent  au  cœur.  Dans  les  éditions  de  Mésué 
on  trouve  une  continuation  par  Pierre  d'Abano. 

Nous  savons  que  Mésué  TÂncien  composa  pareillement  un 
traité  sur  la  correction  des  médicaments  purgatifs. 

Il  n*y  a  là  qu'une  coïncidence  mais  non  pas  une  identité. 
Nous  en  avons  la  preuve  en  ce  que  nous  lisons  dans  Mésué 
le  Jeune  le  nom  d'Ebn  Eddjezzâr  et  bien  certainement  celui 
d'Âvicenne  sous  la  forme  Ali  senis,  sans  parler  de  Hamech^ 
qui  peut  représenter  Razès.  Il  est  une  autre  citation,  que 
nous  considérons  comme  altérée,  et  sur  laquelle  nous  aurons 
à  revenir.  On  peut  s'étonner  que,  parmi  les  noms  de  ses  de- 
vanciers, Mésué  ne  mêle  jamais  celui  de  son  homonyme. 
Le  Traité  de  l'Ancien  est  donné  comme  existant  en  hébreu, 
au  fonds  hébreu  de  Paris.  Quelques  analogries  observées  d'a- 
près le  catalogue,  nous  ont  laissé  du  doute,  de  même  que 
cette  désignation  de  Jeau  de  Damas  qui  convient  plutôt  à 
Mésué  le  Jeune  qu'à  l'Ancien.  D'autre  part,  certaines  dis- 
semblances nous  ont  fait  suspendre  notre  jugement  jusqu'à 
ce  que  nous  puissions  prendre  connaissance  des  Manuscrits 
hébreux  et  les  comparer  à  la  traduction  latine  de  Mésué. 

On  lit  dans  les  annotations  d'Alpagus  insérées  à  la  suite 
du  Canon  :  Et  ego  vidi  librum  arabicum  filii  Mesue  anti- 
quioris,  sed  librum  filii  Mesue  posterioris  nullibi  in  arabico 
reperire  potiii. 

Mésué  le  Jeune  aurait-il  repris  en  sous-œuvre  le  travail 
de  l'Ancien  ? 

La  quatrième  partie  n'est  guère  qu'un  mémorial  de  thé- 
rapeutique. Après  une  courte  définition  on  ne  trouve  guère 
en  fait  de  pathologie  que  ce  qui  est  strictement  nécessaire 
pour  comprendre  l'indication  des  divers  médicaments. 

On  a  discuté  l'époque  de  Mésué.  Les  derniers  auteurs  cités 


L*JRAK.  507 

le  ramènent  à  la  date  donnée  par  Léon.  Nous  avons  déjà 
dit  qu'on  trouvait  une  citation  suspecte.  Il  s'agit  de  celle 
d'Avenzoar.  Nous  pensons  qu'il  faut  lire  Ebn  Zezar»  Ebn 
Djezzar.  Si  l'on  admettait  Avenzoar  on  ne  comprendrait 
pas  comment  Mésué,  après  avoir  cité  tous  les  grands  méde- 
cins qui  ont  précédé  Avicenne,  n'aurait  cité  aucun  des 
médecins  compris  dans  l'espace  d'un  siècle  et  demi  qui 
sépare  Avicenne  d'Avenzoar. 

Avicenne  est  le  plus  récent  des  auteurs  cités,  ce  qui  concorde 
avec  Léon  l'Africain. 

Mésué  cite  aussi  les  Grecs.  A  ce  propos  nous  relèverons 
quelques  citations  qui  prouvent  qu'il  était  crédule  ou  mal 
informé. 

Il  parle  d'une  poudre  composée  par  Aristote  pour  Alexan- 
dre dans  laquelle  il  entre  des  myrobolans,  du  girofle,  du 
camphre  et  du  sucre  tabarzedj  ou  crystallisé. 

Il  cite  une  formule  de  Galien  dans  laquelle  il  entre  du 
séné. 

Très  souvent  il  emprunte  à  Démocrite. 

En  somme  l'œuvre  de  Mésué  n'est  qu'une  œuvre  médiocre. 

On  ne  peut  s'expliquer  sa  vogue^car  elle  n'en  eut  qu'à  titre 
de  formulaire.  (1) 

Nous  ignorons  quand  et  par  qui  fut  faite  la  traduction 
latine.  Certaines  transcriptions  nous  sembleraient  indiquer 
qu'elle  a  pu  procéder  de  l'hébreu.  Ainsi  la  fréquence  d'Eben 
Zezar  au  lieu  d'Eben  Gesar,  Sapor  rex  medorum»  qui  ne  nou 
semble  guère  pouvoir  procéder  de  l'arabe»  etc. 

(1)  Mésué  fut  imprimé  de  bonne  heure.  On  en  compte  plus  de  trente 
éditions  complètes  ou  partielles. 


III.—  SYRIE. 


Tout  ce  que  Ton  peut  dire  de  la  Syrie  pendant  cette 
période,  c'est  qu'elle  préluda  modestement  au  rôle  brillant 
qu'elle  devait  jouer  dans  les  siècles  suivants  et  surtout  dans 
le  treizième  siècle,  en  dépit  des  événements  ou  des  révolu- 
tions dont  elle  fut  le  théâtre. 

EL  BIROUDY. 

Aboul  Faradj  ben  Djordjisben  Youhanna  ben  Sahl  ben 
Ibrahim,  chrétien  jacobite,  dit  El  Biroudy,  du  lieu  de  sa 
naissance,  n'était  d'abord  qu'un  simple  cultivateur  des  envi- 
rons de  Damas. 

Un  jour  qu'il  allait  à  la  ville,  vendre  une  charge  de  chih 
(Armoise  judaïque)  dont  on  se  servait  pour  allumer  les 
fours,  il  rencontra  un  médecin  pratiquant  des  scarifications 
à  un  homme  atteint  d'épistaxis,  précisément  auprès  de  Ten- 
droitd'où  s'écoulait  le  sang*.  Il  s'arrêta  et  dit  au  médecin: 
Pour  arrêter  le  sang",  on  saigne  chez  nous  dans  un  autre 
endroit  que  celui  où  il  coule. 

La  saignée  ne  se  fait  que  pour  détourner  le  cours  du  sang. 
Ton  malade  en  a  déjà  trop  perdu.  Le  médecin  trouva  l'avis 
bon,  s'y  conforma  et  Thémorragie  s'arrêta.  Frappé  du  bon 
sens  d'El  Biroudy,  il  lui  proposa  d'étudier  la  médecine.  El 
Biroudy  l'écouta  et  pour  cela  vint  se  fixer  à  Damas.  Plus 
tard  il  s'informa  d'un  bon  maître,  et  on  lui  indiqua  Aboul- 
faradj  ben  Taïeb.  El  Biroudy  se  rendit  en  conséquence  à 


LA  SYRIE.  500 

Bagfdad,  oii  il  suivit  les  leçons  d'Âbôulfaradj  et  devint  un 
médecin  habile.  En  même  temps  il  s'occupait  de  philosophie. 
Enfin  il  retourna  à  Damas  oii  il  se  fixa  et  mourut  probable- 
ment dans  le  milieu  du  XI*  siècle. 

El  Biroudy  entretenait  une  correspondance  avec  Ali  ben 
Rodhouan  et  quelques  autres  médecins  de  TEgjrpte. 

G*est  ainsi  que  les  traditions  médicales  allaient  reprendre 
leurs  cours  à  Damas,  après  une  longue  interruption. 

DHAFER  BEN  DJABER  ESSOKRY. 

Né  à  Mossoul,  Dhafer  vint  à  Bagdad  où  il  suivit  les  leçons 
d*Aboulfaradj  ben  Thaïeb,  s'occupant  aussi  de  philosophie 
et  pratiquant  le  bien.  Il  vint  ensuite  à  Alep»  qu'il  habita 
jusqu'à  la  fin  de  sa  carrière.  En  1089,  il  vivait  encore.  Lh  il 
enseigna  la  médecine  et  forma  des  élèves.  Au  XIIP  siècle, 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  retrouvait  encore  des  traces  do  son  école. 
Dhafer  écrivit  un  livre  sur  cette  thèse:  que  la  mort  arrive 
chez  l'animal  parce  que  les  aliments  cessent  d'être  assimilés. 

ABOUL  FAHDL  HOUHOUB  BEN  DHAFER. 

C'était  le  fils  du  précédent.  Il  habitait  Alep  où  il  avait  la 
réputation  d'un  bon  médecin.  Il  écrivit  un  extrait  des 
questions  de  Honein. 

DJABER  BEN  HOUHOUB. 

Fils  du  précédent,  il  se  montra  digne  de  lui  et  pratiqua 
la  médecine  à  Alep. 

MOBAREK  EL  HALEBY. 

Mobarek  ben  Sara  Aboul  Kheir  Etthabib  el  Haleby,  mé- 
decin chrétien,  se  trouvait  en  résidence  à  Alep,  quand  Ebn 
Botlan  y  passa,  et  depuis  lors  s'établit  entre  eux  une  cor* 


510     HISTOIRE  DE  LA    MÉOROINE  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 

respondance.  Il  était  encore  à  Âlep  lors  de  Tarrivée  des 
Turcs.  Un  jour  qu'il  se  trouvait  chez  leur  chef  Rodhouan, 
celui-ci,  pris  de  vin,  lui  proposa  de  se  faire  musulman,  ce 
que  Mobarek  ayant  refusé,  Rodhouan  le  frappa  d*une  épée 
qu'il  tenait  à  la  main.  Dès  lors  Mobarek  cessa  ses  visites  et 
se  réfugia  à  Antioche,  puis  à  Tyr,  où  il  mourut  vers  400  de 
l'hégire,  1096  de  l'ère  chrétienne. 


IV.  —   L'EGYPTE. 


Pendant  cette  période,  les  sciences  continuèrent  à  se  déve- 
lopper, malgré  les  troubles  et  Tinstabilitédu  pouvoir  disputé 
par  des  ministres  ambitieux. 

Parmi  les  vizirs  qui  se  succédèrent  durant  le  règne  long 
et  agité  de  Mostancer,  il  en  fut  qui  protégèrent  les  arts  et  les 
sciences,  notamment  le  vizir  Bedr  ed  Djemaly. 

La  mosquée  d*El  Âzhar  commençait  déjà  h  porter  ses  fruits. 
C*e8t  h  son  ombre  que  se  forma  le  plus  fécond  mathémati- 
cien de  récole  arabe,  Ebn  el  Heitsam.  C'est  là  sans  doute 
aussi  en  partie  que  se  forma  Ali  ben  Rodhouan,  bien  qu'il 
préférât  l'étude  solitaire  à  l'audition  d'un  professeur.  Nous 
avons  dans  ces  deux  hommes  un  exemple  frappant  de  ce  que 
peut  le  goût  passionné  de  l'étude  et  la  ténacité. 

Parmi  les  médecins  notables,  nous  citerons  encore  Omar 
ben  Ali,  l'auteur  d'un  traité  d'oculistique  dédié  au  Khalife 
el  Hakem,  que  nous  croyons  identique  avec  celui  qui  fut 
traduit  en  latin  et  imprimé  sous  le  nom  de  Canamusali. 

Ce  qui  prouve  la  difFusion  des  lumières  en  Êg}rpte  c'est  la 
merveilleuse  richesse  de  ses  bibliothèques.  Les  Fathmides 
en  avaient  créé  une  au  Caire  composée  de  dix-huit  chambres 
remplies  de  livres  :  on  y  comptait  2,400  Corans.  Un  vizir,  en 
une  seule  fois,  en  fit  enlever  la  charge  de  25  chameaux.  Une 
autre  collection  fut  pillée  par  les  Berbères  Louata,  qui  enle- 
vèrent les  couvertures  et  jetèrent  les  feuillets  :  telle  était 
leur  quantité  que  les  sables  les  ayant  recouverts  en  firent 
une  butte,  dite  la  Colline  des  livres.  (Voyez  Quatremère.) 


512     HISTOIRE  DE  LA  MÊDBCIKK  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÊMB. 

Les  bibliothèques  privées  étaient  h  l'avenant.  Le  vizir  AfdaU 
fils  de  Bedr  Djemaly,  laissa  une  collection  de  500,000  volumes 
(Quatremère).  L'émir Mobacher  benFateq  et  le  Juif  Afranim 
en  avaient  aussi  de  considérables. 

Ali  ben  Rodbouan  fut  nommé  chef  des  médecins  d'Egypte. 


EBN   EL   HEITSAM 

(AlahzenJ. 

Abou  Ali  Mohammed  ben  el  Hassen  ben  el  Ileitsam  est, 
après  Avicenne,  le  savant  le  plus  remarquable  du  XI*  siècle. 
S'il  n'eut  pas  la  merveilleuse  précocité  d' Avicenne,  car  il  se 
mit  tard  à  l'étude,  s'il  n'édifia  pas  une  œuvre  aussi  consi- 
dérable que  le  Canon,  il  aborda  tant  de  sujets  d'un  ordre 
élevé,  il  composa  tant  de  livres  ou  d'opuscules,  le  nombre 
s'en  monte  h  deux  cents  parmi  lesquels  un  traité  d'optique 
universellement  admiré,  qu'on  peut  se  demander  lequel  des 
deux  eut  Tintelligence  la  plus  élevée  et  la  plus  étendue,  la 
plus  prodigieuse  facilité  d'assimilation. 

Ebn  el  Heitsam  est  un  génie  encyclopédique.  La  médecine 
est  son  côté  le  plus  faible.  Il  ne  fit  guère  que  des  compila- 
tions et  rien  ne  nous  dit  qu'il  ait  été  un  véritable  praticien. 
Il  est  un  philosophe,  un  physicien,  et  par-dessus  tout  un 
mathématicien.  Nous  le  suivrons  sur  ces  divers  terrains 
malgré  l'embarras  que  nous  éprouvons  parfois  en  présence  de 
termes  techniques  avec  lesquels  nous  sommes  peu  familiers. 
Sa  personnalité  est  trop  grande  pour  être  négligée.  C'est 
une  des  gloires  de  la  race  arabe  et  c'est  aussi  une  date  dans 
rhistoire  des  sciences.  D'ailleurs,  son  nom  a  retenti  chez 
nous  dans  ces  derniers  temps  et  on  ne  lui  a  rendu  qu'une 
partie  de  la  justice  qui  lui  est  due. 

Depuis  bien  longtemps,  l'attention  des  savants  s'est  portée 
sur  lui.  Un  traité  d'optique,  déjà  connu  de  Roger  Bacon,  fut 
traduit  en  latin  sous  l'un  de  ses  noms.  On  admira  le  livre, 
sans  rien  savoir  sur  l'auteur,  et  quand  son  nom  se  produisit 
au  complet,  d'un  personnage  on  en  fit  deux  et  ce  malentendu 


l'égyptf.  513 

n'a  pas  encore  cessé.  Nous  aurons  bientôt  h  faire  Thistoire 
de  ce  curieux  imbroglio. 

Ebn  el  Heitsam  naquit  àBassoraenrannée354  Jeriiégrire, 
905  de  notre  ère.  C'est  lui-même  qui  nous  l'apprend  dans  une 
notice  de  ses  écrits  où  il  dit  qu'en  l'année  417  il  avait  03 
années  (lunaires). 

On  rapporte  qu'il  devait  être  gouverneur  de  sa  ville  natale, 
que  son  esprit  était  tout  entier  aux  bonnes  œuvres,  à  l'étude 
et  à  la  contemplation  ;  puis  qu'on  remarqua  chez  lui  de  la 
bizarrerie»  une  sorte  de  dérangement»  qu'il  donna  sa  démis- 
sion pour  se  livrer  tout  entier  à  ses  goûts  et  qu'il  se  mit  à 
voyager.  Arrivé  au  Caire  il  se  fixa  dans  la  célèbre  mosquée 
d'El  Azhar,  où  il  commença  par  transcrire  Euclide  et  l'Al- 
mageste  et  à  vivre  du  produit  de  ses  copies.  C'était  proba- 
blement dans  les  premières  années  du  règne  d'El  Hakem, 
qui  date  de  900.  On  raconte  qu'Ebn  el  Heitsam  s'étant  vanté 
de  pouvoir  construire  un  appareil  qui  mettrait  l'Egypte  à 
l'abri  des  inondations  du  Nil,  il  fut  appelé  par  Hakem,  mais 
qu'ayant  ensuite  parcouru  le  pays  et  reconnu  des  impossi- 
bilités d'exécution,  il  contrefit  le  fou  pour  ne  pas  encourir  la 
colère  du  souverain. 

Toute  sa  vie  était  consacrée  à  l'étude  et  à  la  composition. 
Il  connaissait  parfaitement  la  langue  et  la  littérature  arabe. 
C'était  d'ailleurs  un  homme  bienveillant  et  charitable. 

Il  nous  a  laissé  la  liste  méthodique  d'une  partie  de  ses 
œuvres.  Il  divise  les  sciences  philosophiques  en  mathémati* 
ques,  physique  et  métaphysique,  et  ses  écrits  sont  rangés 
suivant  cet  ordre.  Arrivé  au  n»  70  il  ajoute  :  «  Sans  compter 
beaucoup  d'autres  écrits  dont  j'ai  dressé  le  catalogue.  Les 
affaires  et  les  voyages  en  ont  interrompu  le  cours,  ainsi 
qu'il  arrive  souvent  et  qu'il  est  arrivé  h  Galien,  comme  il  le 
dit  lui-même.  Si  Dieu  m'accorde  la  vie,  j'espère  en  composer 
encore  sur  ces  sciences.  Voilà  ce  que  j'ai  cru  devoir  exposer 
relativement  à  ce  que  j'ai  écrit.  Je  l'ai  fait  pour  me  conserver 
un  souvenir  dans  la  mémoire  des  savants  et  des  philosophes, 
car,  comme  dit  Aboulcassem  ben  el  Ouizir  Aboul  Hassan 
Ali  ben  Issa  :  Le  savant  peut  mourir  et  se  survivre  par  sa 
science,  tandis  que  l'ignorant  meurt  tout  entier.  » 

211 


514      HISTOIHE  D£  LA  MÉDECINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÉMC. 

Son  biographe  nous  signale  encore  un  catalogue  de  Tannée 
420.  Ebn  el  Heitsam  mourut  Tannée  suivante,  1038  de  Tère 
chrétienne. 

Nous  avons  hésité  &  donner  intégralement  la  liste  de  ses 
écrits  :  elle  est  démesurément  longue,  car  elle  n*en  comprend 
pas  moins  de  deux  cents.  De  plus  elle  porte  sur  des  matièreB 
avec  lesquelles  nous  ne  sommes  pas  familier,  d*une  tech- 
nologie difficile,  et  nous  n'avions  qu'un  manuscrit  à  notre 
disposition. 

Nous  la  donnerons  cependant,  non-seulement  en  considé* 
ration  de  l'auteur  qui  n'a  pas  été  jusqu'ici  suffisamment 
apprécié,  mais  parce  que  cette  liste  est  une  date  dans  l'his^ 
toire  des  sciences.  Elle  montre  combien  de  questions  agitait 
un  savant  égyptien  au  XI*  siècle  de  notre  ère. 

Jusqu'à  présent  on  n'avait  pas  eu  recours  à  la  liste  d'Ebn 
Abi  Ossalbiah,  (1)  et  l'on  s'était  contenté  de  celle  du  Kitabel 
hokama,  reproduite  par  Gasiri,  qui  ne  contient  qu'environ  60 
écrits. 

Nous  n'avons  pas  cru  devoir,  air  si  que  nous  l'avons  fait 
quelquefois,  refondre  cette  liste  et  en  classer  les  éléments 
par  ordre  de  matières.  Les  lecteurs  qui  voudront  recourir  à 
l'original  pourront  plus  facilement  corriger  nos  traductions 
quand  il  y  aura  lieu,  car  il  en  est  quelques-unes  dont  nous 
ne  sommes  pas  sûr.  Nous  les  avons  du  reste  indiquées  pour  la 
plupart. 

Nous  avons  passé  sous  silence  une  dizaine  d'articles,  dont 
la  majorité  n'était  qu'une  répétition  et  dont  quelques  autres 
n'étaient  pas  nettement  écrits  dans  lo  texte  arabe. 

Mathématiques. 

Commentaire  des  Éléments  d'Euciide. 

Extrait  critique  d'Euciide  et  d'Apollonius. 

Commentaire  de  l'Almageste. 

Sommaire  des  éléments  du  calcul. 

De  la  perspective,  d'après  Euclide  et  Ptolémée. 

Solution  de  théorèmes  géométriques. 

(1)  Ou  du  moins  on  n  en  avait  parcouru  que  la  moitié. 


L*iaYPTK.  515 

Solution  de  théorèmes  arithmétiques  par  la  voie  de  Tal- 
gèbre. 

Solution  de  théorèmes  géométriques  et  arithmétiques. 

Eléments  de  géométrie. 

De  l'arithmétique  commerciale. 

Des  constructions,  avec  figures. 

Commentaire  des  sections  coniques  d'Apollonius. 

Du  calcul  indien. 

De  l'azimut  de  la  Kibla,  avec  tables. 

Des  rapports  du  droit  avec  les  mathématiques. 

Sur  les  observations  astronomiques. 

Introduction  aux  mathématiques. 

Que  l'hyperbole  et  les  deux  lignes  qui  raccompagnent  ne 
se  rencontrent  jamais. 

Réponse  à  sept  questions  théoriques  adressées  de  Bagdad. 

De  la  composition  et  de  la  résolution  mathématiques,  aux 
élèves. 

Extrait  du  livre  d'Ibrahim  ben  Temnan. 

Déterminer  la  distance  entre  deux  localités  par  voie  géo- 
métrique. 

Éléments  de  problèmes  arithmétiques,  avec  leur  solution. 

Solution  des  parties  obscures  du  V^*  livre  des  éléments 
d'Euclide. 

Démonstration  de  la  figure  d'Archimède  sur  la  division 
d'un  angle  en  trois  parties. 

«  Quant  &  mes  ouvrages  en  physique  et  en  mathématiques 
j'en  ai  composé  quarante-quatre.  » 

Commentaire  de  l'Introduction  de  Porphyre  et  des  IV  livres 
d'Aristote  sur  la  logique. 

Abrégé  du  précédent. 

De  la  poésie,  d'après  une  traduction  du  grec  en  arabe. 

Commentaire  du  liv^re  de  l'âme  d'Aristote,  etc. 

Des  rapports  entre  le  microcosme  et  le  macrocosme. 

Du  syllogisme. 

De  la  démonstration. 

Du  monde,  son  origine,  sa  nature  et  sa  perfection. 

De  la  création  et  des  créatures. 

De  lu  forme  du  mondes 


51G     HISTOIRE  DE  LA   MÉOECIKB  ARABE.  —  LIVBJC  QUATRIÈME. 

Réponse  à  Jean  le  Grammairien  sur  ses  objections  à  Aris- 
tote,  à  propos  du  ciel  et  du  monde. 

Lettre  à  quelqu'un  sur  le  même  sujet. 

Réponse  h  Aboul  Hassan  Âli  ben  el  Abbas,  à  propos  des 
opinions  des  astronomes. 

Réplique  à  la  réponse  du  même. 

De  la  distinction  ? 

Du  désir  de  la  mort,  d'après  les  anciens. 

Du  désir  de  la  mort,  d'après  les  modernes. 

Réponses  aux  scolastiques  qui  prétendent  que  l'action  de 
Dieu  est  intermittente. 

Qu'au  delà  du  ciel  il  n'y  a  ni  plein  ni  vide. 

Réponse  à  Abou  Hachem,  chef  des  Motazélites,  sur  ses 
objections  au  livre  d'Aristote  sur  le  ciel  et  le  monde. 

Sur  les  Djebariens  et  les  astrolog^ues. 

De  la  supériorité  physique  de  l'Ahouar.  sur  Bagdad. 

a\ux  savants,  sur  le  sens  de...? 

Qu'il  n'y  a  qu'un  côté  pour  saisir  les  vérités. 

Que  la  démonstration  n'a  qu'un  sens,  mais  qu'il  en  est 
d'artificielles  en  mathématiques. 

De  la  douleur  et  du  plaisir. 

De  la  nature  des  trois  sortes  de  plaisirs. 

Que  les  hommes  s'accordent  sur  le  bien,  mais  qu'ils  diffè- 
rent sur  le  but  et  les  moyens. 

De  la  preuve  de  la  création. 

De  la  certitude  de  l'astrologie. 

Des  existences  et  des  destinées. 

De  l'intellect. 

Contre  ceux  qui  pensent  que  les  arguments  sont  égaux. 

Réponse  k  un  Motazélite  de  Bassora. 

De  l'écriture  d'après  les  anciens. 

Conseils  aux  écrivains. 

Que  le  savant  se  révèle  par  son  œuvre. 

liéponse  à  un  dialecticien. 

De  la  substance  de  l'âme  universelle. 

De  l'opinion  d'Aristote  que  la  faculté  rectrice  réside  dans 
le  cœur. 

Réponse  au  dialecticien  Ebn  Essamedj  de  Bagdad. 


L*ÉGYPTE.  517 

«  Etat  de  la  médecine  diaprés  les  écrits  de  Galien,  trente 
volumes.  » 

(Sur  les  XVI  livres  de  Galien  qui  nous  sont  connus,  il  en 
est  cité  XIV  que  nous  passerons  sous  silence. 

De  la  démonstration. 

De  Tusage  des  orgfanes. 

Des  opinions  d'Hippocrate  et  de  Platon. 

Du  sperme. 

De  la  voix. 

Propriétés  des  médicaments  simples. 

Des  médicaments  composés. 

Du  bon  et  du  mauvais  chyme. 

Que  les  qualités  de  r&mo  suivent  le  tempérament. 

Du  mauvais  tempérament. 

De  la  pléthore. 

De  remploi  de  la  saignée. 

Du  marasme. 

De  la  meilleure  constitution. 

Des  aliments  d*après  Uippocrate  et  Galien. 

c  Ce  que  j'ai  composé  sur  les  sciences  des  anciens.  > 

Que  les  choses  spirituelles  et  temporelles  sont  du  ressort 
de  la  philosophie. 

Commentaire  de  la  physique  d'Aristote. 

Sur  le  lieu  et  le  temps,  d'après  les  doctrines  d'Aristote. 

Lettre  à  Aboulfaradj  ben  Thaïeb  sur  diverses  questions  do 
physique  et  de  métaphysique,  où  il  combat  les  opinions  de 
Razès. 

Contre  ceux  qui  prétendent  que  le  monde  est  composé  de 
parties  indivisibles. 

Sur  la  pratique  des  observations  astronomiques. 

De  la  certitude  des  prophéties. 

Lettre  sur  certains  livres  d'Ebn  el  Raouendy. 

Lettre  sur  l'action  des  sons  musicaux  sur  les  animaux. 

Que  la  preuve  que  le  monde  a  été  créé,  donnée  par  leâ  sco- 
lastiques,  est  mauvaise. 

Réponse  aux  Motazélites  sur  les  attributs  de  Dieu. 

Réponse  aux  Motazélites  sur  les  prédictions. 


518     HISTOmE  DE  LA  MÉOECINI   ARABE.  —  LH^B  QUATRIÈME. 

Réponse  à  des  questions  de  mathématiques  adressées  de 
Bagdad  en  Tannée  418. 
Réfutation  de  Terreur  de  ceux  qui  prétendent  que  Dieu  ne 

crée  plus. 

Lettre  sur  les  grandeurs  et  les  distances  des  corps  célestes. 

Commentaire  sur  les  Météores  d'Aristote. 

Commentaire  sur  les  Animaux. 

Des  miroirs  brûlants. 

Extrait  de  la  partie  pratique  de  TAlmageste, 

De  la  substance  visuelle  et  du  mécanisme  de  la  vision. 

Réponse  &  Aboulfaradj  ben  Thaïeb  à  propos  des  opinions 
de  Galien  sur  les  propriétés  naturelles  du  corps  humain. 

(Tout  ce  qui  précède  est  tiré  d'un  manuscrit  autographe). 

De  la  forme  du  monde. 

De  la  perspective,  en  VU  livres. 
;   Pratique  des  observations  astronomiques. 

Des  astres  qui  apparaissent  dans  Tair. 

De  la  lumière  de  la  lune. 

De  Tazimut  de  la  Ribla. 

De  Tarc-en-ciel  et  du  halo.  ^ 

Des  inégalités  de  hauteur  des  astres. 

Des  cadrans  horizontaux. 

De  Taspectdes  astres. 

Des  centres  de  sections. 

Des  centres  de  contacts  ? 

Principes  ou  éléments  de  géométrie  des  surfaces. 

Mesure  de  la  surface  de  la  sphère. 

Mesure  de  la  surface  des  solides. 

Des  miroirs  brûlants  par  cercles. 

Des  miroirs  brûlants  par  segments. 

Des  figures  en  croissant  ou  des  figures  de  la  nouvelle  lune 
(deux  traités). 

Des  centres  des  grands  cercles. 

Des  centres  des  cercles. 

De  Tazimut. 

Sur  les  erreurs  dans  les  observations  astronomiques. 

Que  la  sphère  a  plus  de  capacité  que  les  corps  terminés  par 
des  plans. 


l'éotpti.  510 

De  l'optique,  selon  Ptolômée. 

De  la  certitude  des  actions  sidérales. 

Extraire  quatre  lignes  entre  deux  lignes. 

De  la  quadrature  du  cercle. 

Détermination  exacte  do  la  méridienne. 

Propriétés  de  la  parabole. 

Propriétés  de  l'hyperbole. 

De  la  cause  des  arcs  de  temps,  relativement  à  leur  éléva- 
tion? 

Des  crépuscules  (El  Athlal). 

Que  l'on  voit  du  ciel  plus  de  la  moitié* 

Solution  de  questions  obscures  du  premier  livre  de  l'Aima- 
geste. 

Solution  de  difficultés  relatives  aux  solides  dans  le  livre 
d'Euclide. 

De  la  division  des  grandeurs  diverses  mentionnées  dans  la 
!'•  figure  du  X*  livre  d'Euclide. 

Sur  les  variations  de  la  perspective. 

Extraction  d'un  cOté  d'un  heptagone. 

Division  de  la  ligne  employée  par  Archimàde  dans  le  traité 
de  la  sphère  et  du  cylindre. 

Inscrire  un  pentagone  dans  un  carré. 

De  la  voie  lactée. 

Extraire  le  côté  d'un  cube. 

De  la  lumière  des  astres. 

De  l'infiuence  de  la  lune. 

«  De  harmonia  numerica»  (Casiri,  Sédillot). 

Du  mouvement  sur  un  plan. 

De  l'analyse  et  de  la  composition. 

Des  connues. 

Solution  de  difficultés  du  XII*  livre  d'Euclide. 

Solution  de  difficultés  du  I*^  livre. 

Des  calculs  erronés  f 

Réponse  à  des  questions  de  géométrie. 

Delà  lumière. 

Du  monvement  des  spirales. 

Réponse  à  propos  de  la  voie  lactée. 

Solution  de  difficultés  relatives  au  mouvement  des  spirales. 


5'iO     HISTOIRE  DE  L\  MâDBGINK  KVLhBE.   —   LIVRE  QUATRÎÊMB. 

Solution  de  diffîcultéâ  dans  Ptolémée. 

Des  choses  indivisibles. 

Des  ligfnes  horaires. 

De  la  balance,  ou  du  levier. 

Du  lieu. 

Déterminer  la  base  des  montagnes. 

Du  calcul  indien. 

De  la  base  des  corps  triangulaires. 

Des  propriétés  des  cercles. 

De  la  figure  des  Béni  Moussa. 

Inscrire  un  heptagone  dans  un  cercle. 

Déterminer  l'élévation  du  pôle. 

Construction  d'un  compas. 

De  la  sphère  en  mouvement. 

Théorèmes  de  géométrie. 

Théorèmes  de  mathématiques. 

Description  des  éclipses. 

De  la  plus  grande  ligne  qui  tombe  sur  un  segment  de 
cercle. 

Du  mouvement  de  la  lune. 

Théorèmes  des  contacts. 

Commentaires  de  l'arithmétique. 

Commentaires  du  Canon  (d'Euclide). 

Division  du  trapèze. 

Des  mœurs. 

Des  mœurs  des  écrivains. 

De  la  politique. 

Annotations  d*Ishaq  ben  lounis  sur  le  livre  de  Diophante. 

Théorèmes  d'algèbre. 

Théorèmes  d'arithmétique. 

Comme  on  le  voit,  dans  cette  longue  liste  la  médecine  est 
faiblement  représentée,  par  une  trentaine  d'écrits  qui  ne  sont 
autre  chose  que  la  refonte  de  ceux  de  Galien,  et  sans  aucun 
ouvrage  original.  Ebn  el  Heitsam  est  essentiellement  un 
mathématicien  et  un  philosophe. 

Ajoutons  encore  qu'il  traite  de  beaucoup  de  questions  de 
physique  touchant  h  la  médecine. 

La  liste  donnée  par  Casiri  est  assez  incorrecte.  M.  Sédillot 


l'êqtpte.  521 

l'a  corrigée  parfois,  mais  en  conservant  la  traduction  latine. 
Le  traité  des  Connues  géométriques  a  été  l'objet  d'un  tra- 
vail de  M.  Sédillot,  inséré  dans  ses  Matériaux  pour  servir  à 
l'histoire  des  sciences  mathématiques,  I.  378. 
L'original  existe  à  Paris,  n*  1104. 

La  B.  Bodléienne  et  celle  de  Leyde  possèdent  des  com- 
mentaires d'Ebn  el  Heitsam  sur  Euclide.  Cette  dernière  pos- 
sède en  outre  un  traité  de  la  sphère,  un  traité  des  bases  des 
montagnes,  un  autre  sur  la  ligne  d'Archimède,  un  autre  sur 
les  miroirs  ardents,  enfin  un  commentaire  de  sa  Perspective. 
Nous  croyons  devoir  nous  arrêter  sur  le  traité  de  la  Perspec- 
tire,  auquel  Ebn  el  Heitsam  doit  sa  célébrité,  mais  dont  la 
paternité  fut  longtemps  méconnue  et  n'est  pas  encore  bien 
établie.  C'est  d'ailleurs,  à  notre  avis,  le  meilleur  moyen  de 
rendre  &  son  auteur  la  part  de  gloire  qui  lui  revient,  en 
détruisant  une  équivoque  trop  longtemps  prolongée. 

L'Optique  d'Ebn  el  Heitsam  fut  traduite  de  bonne  heure, 
sous  le  nom  à^Alhazen.  L'estime  qu'en  faisaient  les  Arabes 
est  attestée  par  ces  mots  d'Ebn  Khaldoun  :  «  Le  plus  célèbre 
des  musulmans  qui  aient  écrit  sur  cette  matière  est  Ebn  el 
Heitsam.  >  Le  traité  d'Optique  dut  venir  de  bonne  heure  en 
Espagne.  M.  Jourdain  pense  que  l'on  doit  considérer  Gérard 
de  Crémone  comme  l'auteur  de  la  traduction  latine,  mais  il 
ne  dit  pas  sur  quoi  reposent  ses  présomptions,  probablement 
sur  ce  que  Gérard  de  Crémone  traduisit  un  opuscule  d'AZAa- 
zen  sur  le  Crépuscule,  dont  nous  n'avons  pas  retrouvé  net- 
tement le  titre  dans  la  liste  de  ses  œuvres. 

Le  traité  d'Optique  était  connu  de  Roger  Bacon,  qui  le  lut 
peut-être  dans  l'original,  car,  dit-on,  il  savait  l'arabe.  Il  en 
faisait  grand  cas,  attendu  qu'en  parlant  des  travaux  de  Ptolé- 
mée  et  d'Alhazen  sur  l'optique,  il  s'exprime  ainsi  :  Nullinn 
falsum  dicunt  ;  in  omnibus  recipiendi;  florem,  philosophiœ 
explicant  sinefaUitate  qualibet.  Jourdain,  Recherches,  380. 

Un  siècle  après  Gérard  de  Crémone,  un  contemporain  de 
Bacon,  le  Polonais  Vitello,  se  nourrissait  du  livre  d'Alhazen 
et  en  prenait  la  substance  pour  composer  sonlivre  delà  Pers^ 
pective. 

Dans  le  courant  du  seixième  siècle,  l'Optique  d'Alhaxen 


522  nisToms  de  la  médsoinb  ar\bb. —  livrb  quatrièicb. 

était  imprimée  parles  soins  de  Ramna  et  deRisner,  qui  édita 
aussi  Vitello. 

Ici  nous  devons  nous  arrêter  un  instant  pour  relever  dea 
erreurs  relatives  au  rôle  de  traducteur  attribué  tantôt  k 
Vitello  (Sédillot,  Histoire  des  Arabes,  386),  tantôt  à  Rianer 
(Jourdain  père,  Biographie  universelle  de  Michaud  ;  Sédiilot, 
Histoire  des  AraheSj  351). 

Nous  avons  lu  attentivement  les  préfaces  et  dédicaces  qui 
accompagnent  la  double  édition  d'Alhazen  et  de  Vitello,  et 
nous  n'y  avons  rien  rencontré  qui  autorise  à  conclure  que  le 
premier  fut  traduit  par  le  second.  Les  éditeurs  disent  le 
contraire. 

Vitello  par^^t  vouloir  dissimuler  ce  qu'il  doit  à  El  HaaeD 
et  le  cite  rarement.  Mais  ses  emprunts  ont  été  mis  en  évi- 
dence par  l'éditeur  commun,  dans  l'édition  double,  et  ces 
emprunts  reviennent  presque  à  chaque  pag^e.  L'auteur  de  la 
notice  de  Vitello,  dans  la  Biographie  universelle^  reproche 
à  Montucla  et  à  Brisson  d'avoir  prétendu  que  «  La  gloire 
d'avoir  découvert  et  annoncé  k  l'Europe  les  premiers  éléments 
de  l'optique  n'appartient  point  à  Vitello,  qui  ne  fait  que  tra- 
duire ce  que  deux  siècles  avant  lui  El  Hazen  avait  publié  en 
arabe.  Ces  deuxphysiciens,  ajoute  M.  Gley,  n'auraient  point 
hasardé  cette  opinion  s'ils  avaient  comparé  entre  eux  El 
Hazen  et  Vitello.  »  Eh  bien,  c'est  précisément  cette  compa- 
raison, facile  &  faire  dans  l'édition  double,  qui  prouve  com- 
bien Vitello  doit  à  El  Hazen.  Risner  a  eu  le  soin  de  noter 
tous  ces  emprunts.  Il  les  reconnaît  dans  sa  dédicace  à  Cathe- 
rine de  Médicis,  tout  en  accordant  à  Vitello  le  grand  mérite 
d^avoir  fait  une  œuvre  mieux  exécutée  et  plus  complète  que 
celle  de  son  devancier.  On  y  lit  en  effet:  «  in  X  lUnis  optids 
quos  ex  Alhazeno  imprimisy  deindé  è  grœcorum  auAorum 
fontibushauserit,  arte  mirandis accessianibus  amplificaxni... 
opticorum   longe    majcimam  nobilissimam  que  partem  ex 
Alhazeno  desumsit.  >  Plus  loin  il  ajoute:  <  St  artis  opifex 
atque  author  habendus  sit  qui   arti  formam  animam  que 
dédit,  Vitello  jure  optimo  opticœ  artis  atdhorhabetur.  » 

Vitello  ne  fit  donc  que  reconstruire  et  embellir  l'édillee 
commencé  par  Alhazen,  auquel  il  emprunta  aes  matériaux. 


L*ÈaTPTB.  523 

D'ailleurà  Vitello  lui->môme,  daufi  sa  dédicace  à  Guillaume 
de  Morbcka,  donne  assez  h  entendre  qu'il  s'est  proposé  pour 
but  de  reproduire  avec  plus  de  méthode  les  travaux  de  ses 
devanciers:  «  Libros  itaque  veterum  Hbi  super  hoc  negotto 
pcrquirenti  occurrit  tœdium  verhositatis  arabicœ^  tmph'ca- 
tionia  grœca,  paucitas  quoque  exarationia  latinœ,  meque 
putans  vacare  otio,  9ub  amoris  nexu  quo  tibi  conjiengor,  vo^ 
luUticonstringere  itttibi  hoc  laboris  tibiplaciti  oniu  subirem. 
At  ego,  quod  de  ordinc  eniium  olim  conscribendum  suscepC" 
ram  capitulwn^  in  tempus  removd^  proaentûque  operis  dis- 
pendium  pro  meœ  possibilitatis  viribuê,  quibuM  hic  impar 
fateoTj  adii  conscribendum.  » 

Ce  n'est  donc  point  là  le  travail  d*un  savant  dont  les 
recherches  sont  dirigées  constamment  vers  une  spécialité, 
et  qui  écrit  d'abondance. 

Relevons  en  passant  une  erreur  de  M.  Gley.  Guillaume  de 
Morbeka  n'était  point  le  frère  de  Vitello.  Celui-ci  était  Po- 
lonais et  celui-là  Flamand.  La  citation  que  nous  venons  de 
faire  montre  comment  il  faut  entendre  le  mot  fratri,  mis  en 
tète  de  la  dédicace. 

Quant  à  Risner,  pour  se  convaincre  qu'il  ne  fut  aucune- 
ment traducteur  d'Alhazen»  il  suffit  de  lire  son  épître  à 
Catherine  de  Médicis.  M.  Gley  en  a  cité  un  passage  :  «  Ramus 
et  moi  nous  cherchions  depuis  longtemps  Alhazen.  En  ayant 
enfin  trouvé  deux  Manuscrits,  j'ai  employé  une  année  en- 
tière à  les  publier.  >  Il  semblerait  implicitement  résulter  de 
cette  citation  que  Ramus  a  découvert  le  texte  arabe  d' Alha- 
zen, inconnu  de  Vitello.  Mais  qu'on  lise  attentivement  cette 
épître  et  on  verra  que  la  découverte  de  Ramus  n'a  pu  porter 
que  sur  des  traductions  latines,  que  Risner  s'est  borné  au 
rdle  d'éditeur  intelligent,  et  que  le  rôle  de  traducteur  lui  fut 
étranger. 

c  Diligentiam  sane  et  docfrinam  in  arabe  hamine  mtra- 
bilem  deprehendi^  nec  eid  modunt  quod  animadvertere  po^ 
tuerim  à  veieribuê  grœcia  opticiê  adjutam  quamobrem  cum 
Imadentum  quidem  êcriptorem  et  copio9um  opticum  ud  valde 
pergpexi,  id  mihi  P.  Ramo  9ua$are  et  authore 


52i      HISTOIRE  DE  LA  MÉDBCINK  ARABE.   —  LIVRE  QUATRIÈME. 

consilium  sumsi.  Annum  integrum  in  authore  isto  restUuen- 
do  et  conformando  (Ramus)  occupavit  » 

On  voit  en  somme  que  dans  cette  édition  revue,  corrigée 
et  classifiée  sous  forme  de  chapitres,  le  rôle  le  plus  impor- 
tant est  encore  celui  de  Ramus. 

Tous  les  historiens  de  la  science  ont  reconnu  le  mérite 
exceptionnel  du  traité  d'Optique  d'Alhazen,  mais  on  ne  par- 
lait pas  d*Ebn  el  Heitsam,  ou  s'il  en  était  question  c'était 
pour  en  faire  un  autre  personnage. 

Il  serait  oiseux  de  relever  toutes  les  citations  qu'on  en  a 
faites.  Nous  voulons  seulement  nous  placer  sur  le  terrain  de 
l'époque  actuelle. 

Les  hommes  spéciaux  eux-mêmes  ont  maintenu  le  dédou- 
blement et  la  confusion. 

Nous  ne  citerons  de  M.  Sédillot  que  son  Histoire  des  Ara- 
bes, parce  qu'il  y  a  condensé  des  documents  épars  dans  ses 
autres  publications,  et  que  celle-ci  est  la  plus  accessible  au 
commun  des  lecteurs.  Malheureusement  il  a  négligé  d'en 
revoir  certaines  parties,  que  les  nouvelles  acquisitions  bi- 
bliographiques lui  eussent  permis  de  corriger. 

Tantôt  il  voit  Ebn  el  Heitsam  dans  Alhazen,  tantôt  il  en  fait 
deux  personnages.  C'est  ainsi  qu'à  la  page  351  nous  lisons  : 
Le  plus  illustre  des  successeurs  d'Ebn  lounis,  Hassan  ben 
Haithem,  composa  plus  de  80  ouvrages.  Il  a  fait  un  traité 
d'optique  traduit  par  Risner.  Page  304  on  lit:  Si  nous  avons 
à  regretter  l'ouvrage  que  Hassan  ben  Heithem  écrivit  sur  la 
vision  directe  réfléchie  et  rompue,  du  moins  nous  pouvons 
citer  l'optique  d'Alhazeu. 

A  la  page  386,  il  fait  traduire  l'optique  d' Alhazen  cette  fois 
par  Vitellion  le  polonais. 

Nous  détacherons  quelques  morceaux  d'une  longue  et  in- 
téressante citation  de  M.  Chasles,  page  371. 

«  L'optique  a  été  traitée  chez  les  Arabes  par  un  grand 
nombre  d'auteurs  dont  le  plus  célèbre  est  Alhazen.  Son  ou- 
vrage, qui  nous  est  parvenu,  se  recommande  par  des  consi- 
dérations de  géométrie  savantes  et  étendues.  On  y  remarque 
surtout  la  solution  d'un  problème  qui  dépendrait  en  analyse 
d'une  équation  du  4*  degré.  Il  s'agit  de  trouver  le  point  de 


L*ÂQYPTff.  525 

réflexion  sur  un  miroir  sphérique,  le  lieu  de  Tœil  et  celui  de 
l'objet  étant  donnés.  L'ouvragée  d'Alhazen  fait  honneur  aux 
Arabes  et  nous  devons  le  regarder  comme  l'origine  de  nos 
connaissances  en  optique.  Yitellion  y  a  puisé  utilement  pour 
la  composition  de  sou  traité  d'optique.  Enfin  Hassan  ben 
Haithem,  qui  mourut  au  Caire  en  1038,  a  composé  un  ou- 
vrage original  sur  les  données  géométriques,  qui  est  une 
imitation  et  une  continuation  du  livre  des  Données  d'Eu- 
clide.  » 

Gomme  on  le  voit,  ce  sont  toujours  deux  savants  au  lieu 
d'un.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  étonnant  c'est  que  Wttstenfeld, 
dans  sa  bibliographie  d'Ebn  el  Heitsam,  ne  touche  pas  à  ces 
questions,  ne  mentionne  môme  pas  le  traité  de  l'Optique  et  se 
borne  &  une  liste  bibliographique  sommaire,  d'une  incroyar- 
ble  brièveté.  Il  ne  se  doute  pas  qu'il  s'agit  d'Alhazen. 

Nous  pensons  que  l'importance  du  sujet  nous  fera  pardon- 
ner les  longs  développements  dans  lesquels  nous  sommes 
entré. 


ALI   BEN  RODHOUAJÎ.  )is,t 

Nous  avons  déjà  vu  dans  Ehn  el  Heitsam  ce  que  peuvent 
la  résolution  et  la  ténacité.  Nous  en  verrons  un  autre 
exemple  dans  Ali  ben  Rodhouan.  S'il  n'arriva  pas  aussi  haut, 
il  partit  de  plus  bas.  C'est  en  outre  un  des  plus  dignes  carac- 
tères de  médecins  que  nous  offre  l'histoire  de  la  médecine 
arabe.  (1) 

Aboul  Hassan  Ali  ben  Rodhouan  ben  Ali  ben  Djafar  naquit 
à  Ghizeh  vers  la  fin  du  X*  siècle,  peut-être  vers  080.  Nous 
ignorons  l'année  de  sa  naissance,  mais  nous  savons  qu'il 
vécut  plus  de  soixante  ans,  car  il  en  avait  cinquante-neuf 
quand  il  rédigea  son  autobiographie. 

Il  serait  cependant  possible  de  déterminer  cette  date,  car 
il  nous  a  donné  lui-mâme  son  thème  généthliaque. 

(1)  Ali  ben  Rodhooan  professe  de  très  nobles  sentiments.  Cepen- 
dant Djemal  eddin  le  peint  en  noir  et  ne  le  considère  que  comme  un 
vulgaire  compilateur.  V.  Aboulfarage.  Dyn.  834. 


520     UlSTOiRE  DE  LA  MÉDECINS  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÈUB. 

Nous  n'avons  pu  le  déchiffrer,  mais  nous  en  citerons  l'en* 
semble,  comme  curiosité.  Il  naquit  alors  que  le  soleil  était 
dans  le  Verseau,  la  lune  dans  le  Scorpion,  Saturne  dans  le 
Sagittaire,  Mercure  dans  le  Capricorne,  Mars  et  Jupiter  dans 
le  Verseau,  Vénus  dans  le  Sag-ittaire. 

C'est  à  lui-même  que  nous  devons  les  détails  de  sa  curieuse 
existence.  Son  père  était  boulanger  ou  chaufournier.  X  dix 
ans  il  vint  au  Caire,  déjà  instruit,  et  h  quinze  il  étudia  la 
médecine. 

Nous  allons  lui  laisser  la  parole  : 

«  Comme  il  faut  que  tout  homme  ait  un  état,  et  que  la 
médecine  est  une  profession  pieuse,  je  l'embrassai.  D'ailleurs 
les  si^es  sous  lesquels  j'étais  né  le  voulaient  ainsi.  Mais 
j'étais  pauvre,  et  je  rencontrai  bien  des  difficultés.  Je  gra^rnai 
ma  vie  par  l'astrologrie,  l'enseignement  et  l'exercice  de  la 
médecine.  Je  continuai  mes  études  assidues  jusqu'à  l'âge  de 
trente-deux  ans,  où  je  me  trouvai  dans  l'aisance.  La  méde- 
cine me  rapportant  plus  que  le  nécessaire  me  laissa  du 
superflu.  Dès  ce  moment  je  réglai  mes  dépenses  de  telle 
sorte,  qu'après  celles  nécessaires  à  ma  santé,  je  pusse  faire 
des  aumônes  et  conserver  des  économies  pour  les  mauvais 
jours.  Après  mon  travail  de  la  journée,  j'examine  l'emploi 
que  j'en  ai  fait.  S'il  y  a  du  bien,  je  m'en  réjouis,  s'il  y  a  du 
mal  je  m'en  afflige  et  prends  la  résolution  de  n'y  plus  retom- 
ber. J'ai  composé  cinq  livres  extraits  des  ouvrages  de  morale 
des  anciens.  J'ai  aussi  composé  des  extraits  d'autres  savants. 
—  Suivent  les  noms  d'Hippocrate,  de  Galien,  de  Dioscorides, 
de  Rufus,  d'Oribase,  de  Paul  d'Égine,  de  Razès,  de  livres 
de  pharmacie  et  d'agriculture,  de  Ptolémée,  de  Platon, 
d'Aristote,  d'Alexandre  (d'Aphrodisias),  de  Thémistius  et 
d'Alfaraby.  —  Je  vends  ces  livres  ou  je  les  garde.  » 

Ces  derniers  mots  expliquent  comment  nous  avons  des 
ouvrages  d'Ali  ben  Rodhouan,  qui  ne  sont  pas  mentionnés 
dans  les  listes  qui  en  sont  données  ;  ainsi  le  Tetrabibloa 
commenté,  qui  fut  traduit  en  latin. 

On  ne  lui  connaît  pas  de  maître  sous  lequel  il  ait  étudié, 
dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah.  ^lous  dirons  bientôt  qu'Ali  croyait 
la  lecture  plus  profitable  que  les  leçons.  1!  est  probable  qu'il 


L*JlGYPT£.  527 

dut  à  ses  études  solitaires  la  raideur  qu'il  apporta  dans  la 
controverse  et  que  son  biogrraphe  signale  dans  ses  observa- 
tions sur  Honein  et  sur  Razès,  ainsi  qu'à  l'endroit  d'Aboul- 
faradj  ben  Thaïeb.  Plusieurs  savants  de  son  époque  étaient 
en  correspondance  avec  lui. 

Ali  ben  Rodhouan  fut  attaché  au  Khalife  El  Hakem  et  fut 
nommé  chef  des  médecins  d'Egypte.  Il  habitait  une  maison 
située  près  du  vieux  Caire,  dont  Ebn  Abi  Ossaïbiah  vit  en- 
core des  restes  au  XIII*  siècle. 

En  l'année  445  de  l'hégire,  1053  de  notre  ère,  une  famine 
se  déclara,  bientôt  suivie  de  i)este  qui  s'accrut  encore  les 
années  suivantes,  au  point  que  le  Khalife  Mostancer  dut 
faire  lui-même  les  frais  de  80,000  sépultures,  puis  s'enrichit 
par  de  nombreux  héritages. 

Au  milieu  de  ces  calamités,  Ali  ben  Rodhouan  recueillit 
une  orpheline,  qui  paya  ses  bienfaits  en  lui  volant  des 
objets  précieux  et  environ  20,000  dinars.  Elle  échappa  à 
toutes  les  recherches,  et  Ali  bon  Rodhouan  en  perdit  la 
tète.  Il  survécut  ainsi  jusqu'en  l'année  1061.  (1) 

Nous  parlerons  toutà  l'heure  des  écrits  d'Ali  ben  Rodhouan 
mais  avant  nous  citerons  les  propos  qu'on  lui  prête  relative- 
ment au  médecin,  et  qui  nqppellent  le  Serment. 

Le  médecin  selon  le  cœur  d'Hippocrate,  dit  Ali,  est  celui 
qui  réunit  sept  qualités  :  I.  Il  doit  être  sain  de  corps  et  d'es- 
prit ;  II.  Il  doit  avoir  le  corps  et  les  vêtementspropres  et  une 
bonne  tenue  ;  III.  Il  doit  garder  les  secrets  des  maladeset  ne 
rien  divulguer  de  leurs  maladies;  IV.  Il  doit  s'occuper 
exclusivement  de  la  guérison  des  malades  et  ne  pas  songer 
à  la  rémunération  qui  lui  en  reviendra  ;  se  donner  aux  pau- 
vres de  préférence  aux  riches  ;  V.  Il  doit  chercher  à  être 
savant  et  utile  autant  que  possible  ;  VI.  Il  doit  avoir  le  cœur 
pur  et  exempt  de  convoitise,  détourner  les  yeux  des  trésors 
et  des  femmes  qu'il  voit  dans  les  maisons  des  grands  et  se 

(1)  Telles  sont  les  raisons  qui  nous  portent  à  croire  qu'Ali  vécut 
environ 80  ans.  Il  se  produisit  tard;  il  servit  El  Hakem,  qui  mourut 
en  1031  ;  à  la  date  de  son  autobiographie,  qui  précéda  Taonéo  1055, 
il  avait  eo  ans  ;  enfin  il  vécut  encore  jusqu'à  l'année  IWl,  d'après 
Bbn  Abi  Ossaïbiah. 


528      IllSTOIHE   DE   LA   MÉOGCINE  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÉICB. 

g'arder  de  les  convoiter  ;  VII.  Il  doit  être  sur  et  fidèle,  ne 
préparer  aucun  poison  et  ne  pas  en  divulgpuer  la  prépara- 
tion, ne  pas  donner  d'abortif,  soigner  ses  ennemis  comme 
ses  amis. 

Par  un  corps  sain  il  entendait  celui  dont  chaque  organe 
accomplit  sa  fonction  spéciale.  Pour  apprécier  cet  état  da 
corps  il  entre  dans  des  détails  intéressants  qui  rappellent 
l'ensemble  des  épreuves  subies  dans  nos  conseils  de  révision. 
Pour  reconnaître  les  défauts  il  prescrit  Texploration  des 
organes  de  chaque  région  par  le  toucher  et  par  la  vue,  tant 
de  près  que  de  loin,  afin  de  juger  de  Touïe  et  de  la  vision, 
de  s'assurer  de  l'état  de  la  langue  et  de  la  parole,  de  faire 
soulever  des  corps  pesants,  serrer,  marcher  de  face  et  par 
derrière,  de  faire  coucher  le  sujet  parterre,  de  tâter  le  pouls, 
de  faire  des  questions  pour  apprécier  l'intelligence  et  le 
caractère,  etc. 

Nous  ignorons  quelles  étaient  les  prérogatives  attachées 
au  titre  de  chef  des  médecins  en  Egypte,  s'il  comportait, 
comme  nous  l'avons  vu  à  Bagdad  dans  la  personne  de  Sinan 
ben  ïsabet,  le  contrôle  de  la  profession.  En  tout  cas  le  carac- 
tère et  les  principes  d'Ali  ben  Rodhouan  durent  exercer  une 
influence  salutaire  sur  les  médecins  de  son  temps. 

Il  a  laissé  de  nombreux  écrits,  environ  soixante-dix.  Ils 
portent  sur  la  médecine  et  la  philosophie  en  général.  Aucun 
d'eux  n'a  l'importance  ni  l'originalité  qui  recommandent  un 
homme  à  l'admiration  de  la  postérité.  Ali  ben  Rodhouan  ne 
peut  prendre  place  que  parmi  les  médecins  de  second  ordre. 

Il  écrivit  plusieurs  commentaires  sur  Hippocrate  et  surtout 
sur  Galien,  dont  quelques-uns  nous  sont  parvenus.  Ainsi 
des  commentaires  sur  les  Sectes,  sur  le  petit  livre  de  l'Art, 
sur  le  petit  livre  du  Pouls,  sur  le  livre  à  Glaucon,  sur  la 
Guérison  des  maladies,  sur  les  Éléments,  sur  les  Tempéra- 
ments, sur  les  Commentaires  des  œuvres  d'Hippocrate,  sur  la 
méthode  de  l'un  et  de  l'autre.  Nous  rappellerons  encore  les 
noms  qu'il  a  cités  dans  son  autobiographie.  Comme  tant 
d'autres  il  commenta  aussi  les  questions  de  Honein. 
Telles  sont  ses  productions  originales  en  médecine  : 
Eléments  de  médecine. 


l'égyptb.  529 

Pandectes  do  médecine. 

Mémorial  de  médecine.  Ouvrage  inachevé. 

Notes  sur  la  médecine.  De  l'excellence  de  la  médecine. 

De  la  manière  d'étudier  la  médecine. 

Ce  dernier  ouvrage  ne  nous  a  pas  été  conservé,  mais  nous 
savons,  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  qu'Ali  ben  Rodhouan  consi- 
dère l'étude  dans  les  livres  comme  préférable  aux  leçons  d'un 
maître.  Cette  opinion,  réfutée  par  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  fut 
aussi  combattue  par  plusieurs  contemporains,  notamment 
par  EbnBothlan.  Deux  lettres  adressées  par  Ali  ben  Ilodhouan 
à  Ebn  Botlan  touchent  sans  doute  à  cette  question. 

Il  écrivit  aussi  pour  expliquer  sou  désaccord  avec  ses 
contemporains. 

Plusieurs  de  ses  ouvrages  ont  trait  aux  aliments  et  aux 
médicaments. 

Traité  alphabétique  des  simples. 

De  l'orge.  Du  lait  d'anesse,  tous  deux  adressés  au  mé<lecin 
Juif  Abou  Zâkarya  ben  Sada. 

Des  purgatifs. 

De  la  préparation  des  boissons  et  des  électuaircs. 

Du  livre  de  Témimy  sur  les  aliments  et  les  médicaments. 

Divers  recueils  de  recettes  tirées  d'Hippocrate,  de  Galien  et 
de  Philagrius. 

De  ce  qui  doit  se  trouver  dans  l'officine  du  médecin. 

Tels  sont  les  autres  ouvrages  relatifs  h  la  médecine. 

De  l'air  du  Caire. 

Des  moyens  de  combattre  ce  qui,  dans  la  ville  du  Caire,  est 
nuisible  au  corps. 

De  la  conservation  de  la  santé. 

Des  propriétés  naturelles. 

Solution  des  doutes  d'Iahya  ben  Ady  sur  la  chaleur. 

Que  chaque  organe  se  nourrit  de  l'humeur  qui  lui  ist 
spéciale. 

Du  coït. 

Des  fièvres  et  de  leur  variétés. 

Des  fièvres  et  de  leurs  périodes. 

De  la  dyspepsie. 

De  la  lèpre  noueuse. 

34 


530      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE. —   LIVRE  QUATRIÉIIB. 

De  réléphantiasis  chez  les  enfants* 

Sur  un  cas  d'hémiplégie  gauche. 

Des  tumeurs. 

De  la  chronicité  dans  les  maladies. 

Réponse  à  des  questions  sur  le  pouls. 

Tels  sont  ses  ouvrages  étrangers  &  la  médecine  : 

De  l'origine  de  la  science. 

Du  rôle  de  la  logique  dans  les  sciences. 

De  l'excellence  de  la  philosophie. 

Du  nécessaire  et  du  contingent. 

Lettre  sur  la  matière. 

De  l'existence  et  de  la  corruption. 

Que  tous  les  individus  dans  chaque  espèce  sont  nés  d'un 
père* 

Des  moyens  d'être  heureux. 

Du  bonheur. 

Différence  entre  les  bons  et  les  mauvais. 

Commentaire  du  traité  de  Pythagore  sur  la  vertu. 

De  l'immortalité  de  l'âme. 

De  l'immortalité  de  l'âme  selon  Platon  et  Aristote. 

De  l'unité  de  Dieu  suivant  les  philosophes. 

Réponse  à  Âfranim  et  &  Âli  ben  Zerâ  sur  les  divergences 
en  matière  de  religion. 

Réponse  à  Razès  sur  la  métaphysique  et  les  prophéties. 

De  la  mission  de  Mahomet  d'après  l'écriture  et  les  philo- 
sophes. 

Correspondance  avec  Ebn  el  Heitam  sur  l'hégire. 

De  l'astrologie» 

Rappelons  que  son  commentaire  sur  le  Tetrabiblon  de 
Ptolémée,  qui  a  été  traduit  en  latin  et  imprimé,  n*est  pas  cité 
par  Ebn  Abi  Ossaïbiahi 

Des  écrits  sur  Aristote,  Platon  et  Porphyre. 

De  la  politique. 

Du  gain  licite. 

Autobiographie. 

Le  commentaire  sur  Tart  de  Oalien  a  été  traduit  en  latin 
et  imprimé. 


L  KaYPTJi. 


ABOU   BACHER. 


531 


Il  vivait  du  temps  du  Khalife  el  Uakem  et  comptait  parmi 
les  bons  médecins.  A  ces  quelques  renseignements  nous 
ajouterons  que  son  nom  est  accompagné  d'une  qualification 
que  Wilstenfeld  n'a  pas  comprise,  et  qu'il  a  rendue  ainsi: 
Thabib  cl  Adhymia.  Cela  ne  signifie  rien  et  nous  croyons 
qu'il  faut  lire  :  Thabib  el  Fathmya^  médecin  des  Fathmides. 
Abou  Bâcher  aurait  été  probablement  attaché  à  la  cour. 

ALI  BEN  SOLEIMAN. 

C'était  un  médecin  éminent,  cultivant  aussi  la  philosophie 
et  les  mathématiques  et  incomparable,  dit  son  biographe, 
comme  astronome.  Il  vécut  sous  El  Âziz,  El  Hakem  et 
Eddaher.  Il  composa  les  ouvrages  suivants: 

Abrégé  du  Continent  de  Razès. 

Recueil  d'observations,  d'expériences  et  de  faits  curieux 
tirés  surtout  d'Hippocrate  et  de  Galien. 

Mémorial. 

Notes  de  philosophie,  commencées  à  Alep  en  1020. 

BL  IIOBACUER  BEN  FATBQ. 

L*émir  Mobacher  ben  Fateq  el  Amry  compte  parmi  les  sa* 
vants  et  les  bibliophiles  de  l'Egypte. 

C'était  un  homme  avide  de  sciences,  recherchant  la  société 
des  hommes  d'élite,  et  pratiquant  les  bonnes  œuvres.  Ali 
ben  Rodhouan  fut  un  de  ses  amis.  Il  enseigna  la  philoso- 
phie et  les  mathématiques,  et  compta  parmi  ses  élèves  Aboul 
Kheir  Salâma* 

Les  livres  étaient  sa  passion.  Il  avait  une  riche  bibliothè- 
que, où  il  passait  tout  son  temps  à  l'étude  et  à  la  composition. 
Quand  il  mourut,  sa  femme,  qui  avait  sur  le  cœur  les  mo- 
ments que  son  mari  passait  avec  les  livres*  à  son  détriment, 
les  jeta  dans  un  grand  bassin,  d'où  ils  furent  en  partie  ret 


532     HISTOIRE  Ii£  LA   MÉDECINE  ARADE. —  LIVRE   QUATRIKMfi* 

rés,  mais  endommagés,  et  c'est  ainsi  que  Ton  en  reconnaissait 
plus  tard  la  provenance. 

L'émir  Mobacher  écrivit,  entre  autres  livres,  un  Recueil 
de  sentences  et  de  maximes  et  un  Traité  de  médecine. 

Le  premier  livre  est  cité  plusieurs  fois  par  Ebn  Abî  Ossaî- 
biah  dans  ses  origines  de  la  médecine. 


ISHAQ  BEN  lOUNES. 

Il  passait  pour  un  médecin  savant  et  un  bon  praticien,  et 
comme  versé  dans  la  philosophie. 

AFRANIM  BEN  ASELFAN. 

Ce  nom  d'Âfrauim  est  quelquefois  écrit  Afratsim.  C'était 
un  Israélite.  Malgré  l'opinion  d'Ali  ben  Rodhouan  que  la 
lecture  était  préférable  pour  l'étude  de  la  médecine,  il  n'en 
donnait  pas  moins  des  leçons  et  Afranim  fut  un  de  ses  meil- 
leurs élèves. 

Il  servit  les  Khalifes,  et  il  y  gagna  la  fortune  et  les  hon- 
neurs. 

Les  livres  étaient  sa  passion,  comme  celle  de  l'émir  Mo- 
bacher. Non-seulement  il  en  achetait,  mais  il  s'attachait  à 
leur  transcription.  Il  entretenait  continuellement  des  copis- 
tes, parmi  lesquels  on  cite  Mohammed  ben  Saïd  dit  Ebn  el 
Melsaka.  Un  Arabe  de  l'Irak  lui  proposa  un  jour  de  lui  eu 
acheter,  et  Afranim  consentit  à  lui  céder  10,000  volumes. 
Cependant  El  Fadhl  ben  el  émir  Habous,  en  ayant  eu 
connaissance,  ne  voulut  pas  que  ces  livres  sortissent  de  TÉ- 
gyptc  et  dépêcha  quelqu'un  qui  paya  la  somme  convenue  et 
fit  transporter  les  livres  dans  la  Bibliothèque  d'El  Fadhl. 
Afranim  n'en  laissa  pas  moins  à  sa  mort  plus  de  20,000  vc- 
lumcs.  Dans  ce  nombre  la  médecine  était  largement  repré- 
téc. 

Afranim  laissa  quelques  écrits. 

Notes  et  observations  de  médecine,  sous  forme  de  com- 
peudium. 


L'EGYPTE.  5KÎ 

Mémorial  d'hyeriène,  dédié  à  Nasser  eddoula,  quand  il  quitta 
le  Caire  pour  Alexandrie  (on  1068). 

Que  la  bile  prédomine  en  été  et  les  autres  humeurs  en 
hiver. 

SALAMA  BEN  RAIIMOUN. 

Aboul  Kheir  Salâma  ben  Mobarck  ben  llahmoun  était 
Israélite.  Il  étudia  la  médecine  sous  Afranim  et  la  philoso- 
phie sous  Mobacher  ben  Fateq.  Il  s'appliqua  particulièrement 
à  rétude  et  h  Texplication  des  ouvragées  de  Galien.  Eu  même 
temps  il  étudiait  les  livres  de  physique,  de  métaphysique 
et  de  philosophie. 

Quand  Abous  Sait  Ommeya  viut  d'Espagrne  en  Egrypto, 
vers  l'année  1116,  dit  l'auteur  du  Kitab  el  hokama,  Salama 
ben  Rahmoun  se  lia  d'amitié  avec  lui,  et  Abous  Sait  le  men- 
tionne dans  la  relation  de  sou  voyage  en  Egypte. 

Salama  ben  Rahmoun  écrivit  quelques  ouvragres. 

De  la  série  des  êtres. 

De  la  métaphysique. 

Pourquoi  la  pluie  est  rare  au  Caire. 

Pouiquoi  les  femmes  du  Caire  engrraissent  quand  elles 
commencent  à  vieillir. 


MOBAREK  DEN  SLAMA. 

Mobarek  ben  Slama,  fils  du  précédent,  fut  un  des  bons 
médecins  du  Caire,  et  nous leplacerons  ici  pour  n'avoir  pas  à 
y  revenir  au  siècle  suivant. 

ABOCL  CASSEM  OMAR  DEX  ALY  EL  MOUSLY,  fLw^i 

CANAMUSALI    DU  MOYEN  AQE. 


^l 


Ebn  Abi  Ossaïblah  en  dit  quclqur^s  mots  que  nous  repro- 
duirons intéfrralomcnt  : 
«  Omar  him  Aly  el  Mously  (natif  de  Mos.'oiil)  était  un 


534     ilISTOIUE  DE  hX  MÉDECINE  ARVBE. —  LIVRE  QUATRIÙMB. 

oculiste  célèbre  et  un  praticien  renommé,  cité  pour  le  trai- 
tement des  maladies  oculaires  et  l'emploi  de  rinstrument 
tranchant.  Il  se  rendit  en  Egypte  où  il  demeura.  Il  écrivit 
un  sommaire  des  maladies  des  yeux  et  de  leur  traitement 
tant  par  les  médicaments  que  par  les  instruments,  qu'il  dédia 
au  Khalife  El  Hakem.  » 

C'est  la  première  fois,  à  notre  connaissance,  que  ce  nom 
se  produit  dans  tout  son  jour.  Nous  verrons  cependant  qu'il 
a  de  l'intérêt  et  qu'il  occupe  une  certaine  place,  modeste  il 
est  vrai,  dans  l'histoire  de  la  médecine. 

Omar  a  été  méconnu  par  Wttstenfeld,  qui  se  borne  à  le 
mentionner  ainsi,  dans  sa  liste  des  médecins  égyptiens, 
page  141  :  «  Ammar  (Amman)  ben  Ali  el  MauailL  »  (1)  Plus 
loin,  à  la  page  161,  il  le  cite  encore,  mais  sans  se  douter  de 
l'identité,  parmi  les  médecins  dont  il  ignore  l'époque.  Cette 
citation  est  empruntée  à  Gasiri,  qui  cite  son  Traité  d'oculi»- 
tique  sous  le  titre:  Liber selectus^  de  oculorum  morbis^ 
n»  880  de  spu  catalogue.  On  peut  s'étonner  que  la  citation  de 
Casiri  n'ait  pas  fait  reconnaître  h  Wttstenfeld  Tidentité  et 
l'époque  d'Omar.  Ce  sont  les  mêmes  noms,  et  dans  la  liste 
des  médecins  égyptiens  Omar  précède  un  médecin  dit  des 
Fathmides.  Il  est  vrai  que  Wttstenfeld  a  lu  malencontreuse- 
ment El  Adhimia,  qui  ne  signifie  rien,  au  lieu  de  Fathmya. 

L'ouvrage  d'Omar,  qui  porte  en  arabe  le  titre  de  Afoun- 
tekheb,  extrait,  sommaire,  titre  donné  aussi  par  Casiri,  est 
cependant  bien  connu  des  médecins  arabes.  Un  oculiste 
espagnol  du  XII°  siècle,  Errafequy,  dont  un  exemplaire 
existe  à  TEscurial,  le  cite  parmi  ses  devanciers,  mais  lui 
reproche  une  excessive  brièveté.  Un  oculiste  du  XIII*  siècle, 
Salah  eddin,  auteur  d'un  remarquable  traité  d'oculistique 
intitulé  Noiir  el  Ouyoun^  la  lumière  des  yeux,  fait  de  nom- 
breux emprunts  à  Omar.  Nous  reproduirons  le  plus  im- 
portant. 

Omar  ben  Aly  paraît  avoir  eu  l'habitude  d'opérer  la  cata- 
racte par  succion,  et  c'est  a  son  livre  que  Salah  eddin  em- 
prunte le  procédé  opératoire.  Dans  ce  passage  Omar  prétend 

(1)  Amrann  est  aussi  la  lecture  adoptée  par  Reiske,  p.  53. 


l'éotptb.  535 

que  personne  avant  lui  n'avait  employé  ce  procédé,  ce  qui 
est  une  erreur.  Nous  lisons  en  effet  dans  le  Nour  el  Ouyo%m 
cette  citation  de  Tsabet  ben  Corra  qui  repousse  l'aiguille 
creuse  et  son  emploi  :  «  Ce  procédé  n'est  pas  sûr  et  il  ne  faut 
pas  ajouter  foi  à  ceux  qui  prétendent  qu'il  leur  a  réussi.  En 
effet  il  y  a  dans  l'œil  des  humeurs  plus  ténues  que  la  cata- 
racte, et  si  Ton  tente  l'opération  par  succion,  on  attirera 
plutôt  les  humeurs  de  l'œil  que  la  cataracte  elle-même. 
D'ailleurs  la  cataracte  est  recouverte  d'une  enveloppe  qui 
est  encore  un  obstacle  à  son  issue  par  la  succion.  » 

Omar  n'en  raconte  pas  moins  comment  l'idée  lui  vint 
d'imaginer  ce  procédé,  dont  il  a  fait  usage  maintes  fois  en 
Egypte,  et  qui  lui  a  réussi. 

Le  procédé  a  les  mêmes  préliminaires  que  le  procédé  ordi- 
naire. Seulement,  comme  l'instrument  est  un  peu  plus  gros, 
on  pratique  l'incision  préalable  de  la  cornée  pour  faciliter  son 
introduction.  On  dirige  l'une  des  trois  facettes  de  l'aiguille, 
celle  qui  est  munie  d'une  ouverture,  sur  la  cataracte,  et  l'on 
fait  aspirer  par  un  aide.  L'aspiration  doit  être  modérée  et 
continue,  tant  pour  ne  pas  dépasser  le  but  que  pour  empê- 
cher le  retour  des  matières  aspirées.  D*après  une  observa- 
tion rapportée  par  Omar,  son  procédé  aurait,  sur  le  procédé 
ordinaire,  l'avantage  de  ne  pas  exiger  le  décubitus  dorsal, 
mais  seulement  le  bandange  des  yeux. 

Tous  les  praticiens  ne  furent  pas  aussi  heureux.  Un  ocu- 
liste renommé,  sur  lequel  nous  manquons  jusqu'à  présent  de 
renseignements  précis,  Mansour,  cité  dans  le  Kafy  d'Ebn 
Abll  Mahassen,  dit  qu'il  a  vu  des  gens  employer  ce  procédé, 
et  qui,  en  même  temps  que  la  cataracte,  attiraient  l'humeur 
albuginée. 

Ce  procédé  paraît  cependant  avoir  eu  quelque  vogue. 
Abnlcasis  dit  qu'il  le  sait  en  usage  dans  l'Irak.  On  lit  abso- 
lument la  même  chose  dans  un  traité  d'oculistique,  existant 
à  l'Escurial  sous  le  n*  876,  donné  par  Gasiri  comme  anonyme, 
et  que  nous  rapportons  à  Ebn  Ouafed,  autrement  dit  Eben 
Guefith. 

Le  Kafy,  dont  nous  venons  de  parler,  qui  existe  à  Paris, 
sous  le  n*  1043  du  supplément  arabe,  contient  deux  tableaux 


53G     inSTOIIlB  DE   XJi   Mf.DEriNE  ARABE.   —  LIVRE  QUaTRIÉMB. 

(rinstniments  d'oculistique  exécutés  avec  une  élé^^ance  tr^a 
remarquable.  Parmi  ces  instruments  on  voit  fi^rer  Faiguille 
creuse. 

Le  Mountekhcb  d'Omar  ben  Ali  existe  à  VEscurial,  sous  le 
n""  889  du  catalogrue  de  Casiri,  ainsi  que  nous  Tavons  ludique 
précédemment.  Ce  manuscrit  est  malheureusement  en  mau- 
vais état.  Il  a  été  relié  à  tort  et  à  travers,  après  avoir  été 
sans  doute  mis  en  javelle.  Bien  que  Casiri  ne  Tannonce  pas, 
une  certaine  feuille  annonce  un  traité  d*£bn  Ouafed,  vulgai- 
rement Ebn  Guéfith,  qui  se  trouve  dans  un  autre  volume. 
Les  deux  ouvragées  annoncés  par  Casiri  ne  nous  paraissent 
pas  autre  chose  que  deux  parties  disloquées  du  Mountekheb, 
Tune  afférente  au  traitement  par  les  médicaments,  Tautre 
relative  aux  maladies  et  à  leur  traitement  chirurgical.  Lors 
de  notre  séjour  h  TEscurial,  occupé  surtout  &  étudier  le 
Continent  de  Razès,  nous  ne  pûmes  donner  que  quelques 
instants  à  beaucoup  d'autres  Manuscrits  également  intéres- 
sants. Nous  transcrivimes  de  celui-ci  une  dizaine  de  pages. 
Il  en  contient  260,  à  15  lignes.  En  le  parcourant,  une  chose 
nous  frappa,  la  mention  d'une  aiguille  à  cataracte  creuse,  et 
la  description  du  procédé  opératoire.  Nous  ne  songions  pas 
alors  à  rapporter  ce  procédé  à  notre  oculiste  et  ce  n'est 
qu'après  avoir  pris  connaissance  du  NourelOuyoun  et  avoir 
mis  en  présence  le  Ms.  de  l'Escurial  avec  la  citation  du 
Nour  cl  Ouyoun  que  la  lumière  se  fît.  Nous  ne  conservâmes 
plus  aucun  doute,  le  fragment  qui  parle  de  l'aiguille  creuse 
et  de  l'opération  de  la  cataracte  par  succion  est  une  partie 
intégrale  du  Mountekheb  d'Omar  ben  Aiy.  Entre  le  manus- 
crit do  l'Escurial  et  celui  de  Paris  il  y  a  identité  parfaite. 

Mais  il  y  a  plus.  Nous  croyons  positivement  qu'Omar  ben 
Aly  el  Mously  n'est  autre  chose  que  le  Canamusali  du 
moyen  âge,  auteur  d'un  petit  traité  d'oculistique  imprimé 
habituellement  à  côté  du  Monitorium  d'Issaben  Ali.  D'Aboul- 
casscm  el  Mously  il  n'y  a  pas  bien  loin  de  Canamusali,  et 
l'histoire  des  traductions  de  l'arabe  en  latin  nous  fournit 
des  altérations  do  noms  propres  bien  plus  étranges  que 
celle-ci. 

Nous  savons  que  l'on  va  nous  objecter  une  difficulté  de 


l'égtpte.  537 

chronoloffie.  Les  quelques  maigrc3  notices  que  nous  avons 
rencontrées  sur  Cauamusali,  le  font  appartenir  au  XIII* 
siècle,  mais  sans  nous  dire  d'après  quelle  autorité. 

Hille,  qui  en  a  parlé  dans  son  spécimen  d'Ali  ben  Issa, 
dît  qu'il  vivait  quelque  temps  avant  l'entrée  des  Tartares  h 
Ba^ad,  mais  il  ne  dît  pas  où  il  a  pris  ce  renseignement. 
Nous  igrnorons  encore  h  quel  titre  il  en  fait  un  Arménien. 
L'esquisse  de  l'iiistoire  des  oculistes  arabes  donnée  par 
Hille,  dans  son  introduction,  manque  absolument  d'origina- 
lité et  partant  de  crédit.  Il  n'a  fait  qu'emprunter  à  Wttsten- 
feld  sans  donner  rien  de  neuf,  et  partant  il  a  oublié  bon 
nombre  d'oculistes  et  de  faits  intéressant  l'oculistique,  dont 
il  est  question  dans  notre  histoire.  Nous  avons  déjà  relevé 
ces  lacunes  h  propos  d'Ali  ben  Issa.  En  somme,  l'autorité  de 
Hille  est  sans  valeur  aucune. 

On  peut  faire  une  autre  objection.  Canamusali  nous  est 
donné  comme  étant  de  Bagdad,  non-seulement  dans  le  titre, 
mais  dans  le  corps  du  livre. 

Nous  lisons  même  au  prologue  du  livre  V  :  Ego  Canamu" 
8ali  fui  in  Baldach  coram  cahp/it,  etc.  A  cela  nous  répon- 
drou.s  d'abord  qu'Omar  ben  Aiy,  natif  de  Mossoul,  a  Aii 
séjourner  à  Bagdad  avant  de  se  rendre  en  Egypte  et  qu'il 
peut  citer  des  faits  de  sa  pratique  dans  l'Irak.  Nous  pensons 
aussi  que  l'on  aurait  bien  pu  prendre  Mossoul  pour  Bagdad, 
ou  bien  encore  qu'Omar  ben  Aly  a  pu,  dans  certains  Ms., 
être  qualifié  de  Bagdady,  en  raison  des  études  et  du  séjour 
qu'il  a  dû  faire  h  Bagdad. 

Si  jusqu'à  présent  nous  ne  pouvons  établir  péremptoire- 
ment l'identité  d'Omar  ben  Ali  el  Mously  et  de  Canamusali, 
par  la  concordance  de  la  traduction  latine  de  ce  dernier  avec 
le  Ms.  de  TEscurial,  cela  tient  d'abord  à  la  confusion  avec 
laquelle  se  trouve  relié  ce  manuscrit,  puis  à  la  faible  quan- 
tité d'extraits  que  nous  en  avons  pris,  en  raison  du  peu  de 
temps  à  notre  disposition.  Si  nous  n'avons  pu  retrouver  dans 
Canamusali  la  mention  de  l'aiguille  creuse  d'Omar  ben  AU, 
nous  trouvons  cependant  une  certaine  ressemblance  générale 
entre  le  Ms.  et  la  traduction  latine,  à  savoir  la  division  de 


538    HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  UVRE  QUATRIÈME. 

l'ouvrage  en  deux  parties,  d*une  part  des  médicaments,  de 
l'autre  des  procédés  opératoires. 

Dans  Ganamusali,  les  cinq  premiers  livres  ne  sont  pas 
autre  chose  qu'un  formulaire.  Le  sixième  traite  des  opéra- 
tions, et  le  septième  du  régfime  alimentaire.  Dans  Tédition 
imprimée,  on  lit  à  propos  de  ce  dernier  livre  :  Quœ  scquuntur 
addita  non  Canamusali.  Dans  le  Ms.  10,234  du  fonds  latin  de 
Paris  on  lit  simplement  :  Explicit  liber  sextus,  incipit  sep- 
timw. 

Canamusali,  au  commencement  de  ces  chapitres  «et  sous 
forme  de  prologue,  se  donne  comme  ayant,  à  l'instar  do 
l'abeille,  emprunté  aux  Ghaldéens,  aux  Hébreux  et  aux 
Indiens.  Parmi  les  rares  autorités  citées,  nous  remarquons, 
après  Hippocrate  et  Galien,  Âlmansor.  Nous  ignorons  s'il 
est  identique  avec  un  auteur  de  Tedkira  cité  par  Ebn  Abil 
Mahassan  et  que  nous  ne  connaissons  pas  d'ailleurs. 

Au  prologue  du  2*  livre  nous  rencontrons  encore  Alman- 
sor, Jean  Damascène,  le  grand  Mahomet^  puis  un  autre 
Mahomet  portant  un  surnom  qui  serait  peut-être  celui  do 
Razès. 

Citons  encore  le  passage  du  livre  V  qui  pourrait  servir  à 
établir  la  date  de  ce  Mahomet:  «  Et  hoc  collyrium  fccit 
Magister  Machomethus^  philosophus  de  Arabia  pro  calipho 
de  Baldachqui  stetcrat  per  très  annos  quod  non  viderai.  > 
Nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  reconnaître  ce  Khalife. 


V.  —  LE  MAGREB 


CONSTANTIN    L  AFRICAIN. 

Bien  que  nous  nous  réservions  de  traiter  de  Constantin  à 
propos  des  traductions  de  Tarabd  en  latin,  dont  il  eut 
l'honneur  d'inaugrurer  Tère,  nous  ne  pouvons  cependant 
le  passer  ici  sous  silence,  car  il  est  un  produit  de  Técole 
arabe. 

Constantin  est  un  âtre  amphibie.  De  son  existence  nous  ne 
connaissons  bien  que  la  seconde  moitié,  celle  qu'il  passa  en 
Italie,  au  Mont-Cassin.  Quant  à  la  première,  les  détails 
dans  lesquels  entre  son  biographe,  Pierre  Diacre,  ne  sau- 
raient être  admis  que  comme  le  fruit  de  Timagination  se 
donnant  carrière  sur  un  fonds  dont  la  réalité  ne  saurait  être 
contestée. 

Au  dire  de  Pierre  Diacre,  Constantin  serait  né  à  Cartha- 
ere,  ce  qui  veut  dire  probablement  Tunis,  et  serait  allé  à 
Babylone,  sans  doute  Bagdad,  ou  le  Caire,  étudier  la 
grammaire,  la  dialectique,  la  physique,  la  géométrie,  l'arith- 
métique, les  mathématiques,  l'astronomie,  la  nécromancie, 
la  musique,  et  la  physique  des  Chaldéens,  des  Arabes,  des 
Perses  et  des  Sarrasins. 

Il  aurait  même  poussé  jusque  dans  l'Inde,  puis  traversant 
l'Ethiopie,  il  serait  revenu  en  Egypte,  dont  il  se  serait  assi- 
milé toutes  les  sciences.  Après  avoir  consacré  trente-neuf 
années  à  ses  études,  il  serait  retourné  dans  son  pays,  où 


510  HisrroiRR  db  la  m&decixb  arabk.  —  litre  qcatri^f. 

tant  de  mérite  lui  aurait  suscité  des  envieux.  Ayant  appris 
que  l'on  en  voulait  à  ses  jours,  il  se  serait  embiurqué  secrè- 
tement pour  Saleme.  Après  être  resté  quelque  temps  ignoré, 
il  aurait  été  reconnu  par  le  frère  du  sultan  de  Babylone,  qui 
s*y  trouvait  alors,  puis  il  aurait  été  magrnifiquement  accueilli 
par  le  duc  Robert  (Guiscard).  Quelque  temps  après  il  se  serait 
retiré  au  Mont-Gassin,  où  Tabbé  Didier,  Desiderius^  l'aurait 
aimis  au  nombre  de  ses  moines.  Là  il  aurait  traduit  ou  com- 
posé un  grand  nombre  d'ouvrages,  dont  on  donne  la  liste, 
et  sur  lesquels  nous  reviendrons  plus  tard. 

L'éditeur  dit  en  note  qu'il  étudia  l'hébreu,  le  syriaque,  le 
chaldéen,  le  errec,  le  latin,  l'italien,  le  persan,  l'arabe,  l'é- 
gr^-ptien,  l'éthiopien  et  l'indien,  puis  il  le  donne  comme  floris- 
sant vers  l'année  1072.  (1)  ' 

Telle  est  la  première  moitié  de  l'existence  de  Constantin, 
que  nous  avons  cm  devoir  reproduire  en  entier. 

n  est  assez  difficile  de  savoir  quelle  part  de  vérité  peut  se 
trouver  dans  ce  récit  romanesque.  Jusqu'à  présent  nous 
avons  fait  de  vaines  recherches  pour  trouver  une  mention 
de  Constantin  chez  les  Arabes.  Les  trente-neuf  années  dont 
on  nous  parle  sont  peut-être  l'âge  qu'il  avait  lors  de  son 
retour  dans  son  pays.  Il  n'aurait  fait  ainsi  que  passer  rapi- 
dement dans  les  diverses  contrées  de  l'Orient,  ce  qui  pour- 
rait expliquer  le  silence  des  auteurs  arabes  sur  un  homme 
d'un  mérite  réel. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Constantin  l'Africain  ne  fait  pas  moins 
partie  de  l'école  arabe.  Ses  divers  écrits,  tant  de  son  crû 
que  traduits,  attestent  une  science  peu  commune,  et  son 
nom  figure  avantageusement  parmi  ceux  de  ses  anciens  co- 
religionnaires. 

Nous  aurons  à  y  revenir  plus  tard,  quand  nous  ferons 
l'histoire  de  la  médecine  arabe  en  Occident,  c'est-à-dire 
l'histoire  des  traductions  de  l'arabe  en  latin,  dont  Constantin 
adonné  les  premières. 

Cette  seconde  partie  de  son  existence  ne  sera  pas  sans 

(1)  Potri  Diaconi  Monachi  de  vins  illustribus  Casincnsibus,  stu- 
dio .T.  B.  Mari  Romani.  Lutotiœ,  1G'30,  p.  45. 


LE  MAGRBB.  511 

gloire,  malgfré  Thabitude  fâcheuse  et  d*une  e^^plication  dou- 
teuse de  taire  le  nom  des  auteurs  arabes  traduits,  dont  les 
ouvragées  parurent  sous  son  propre  nom. 

Quoi  que  l'on  doive  penser  de  ce  procédé,  Constantin  n*en 
a  pa^  moins  l'honneur  d'avoir  provoqué  en  Europe  un  com- 
mencement de  renaissance  médicale,  et  à  ce  titre  occupera 
toujours  une  place  importante  dans  l'histoire  de  la  médecine 
au  moyen  âge.  (1) 

(1)  La  provenance  de  Tarabe  n*en  est  pas  moins  accusée  tantôt  par 
ConKtantin  dans  ses  préfaces,  tantôt  par  les  copistes;  mois  le  nom  de 
l'auteur  ne  paraît  pas. 


VI.  -  ESPAGNE. 


Le  XP  siècle  fut  pour  TEspag^e  un  siècle  de  malheurs. 
La  race  des  Ommiades  s'étant  abâtardie»,  les  deacendauts 
d'El  Mansour  ne  se  contentèrent  plus  du  titre  de  Hm^jib  et 
aspirèrent  au  KUalifat.  La  guerre  civile  désola  Cordoue  peu* 
dant  de  longues  années,  Tempire  se  démembra  et  les  princes 
chrétiens  profitèrent  de  ces  troubles. 

La  science  devait  souffrir.  Plusieurs  hommes  éminents  fu- 
rent masacrés  dans  Cordoue,  et  le  grand  chirurgien  Abul- 
casis,  que  Léon  fait  mourir  dans  la  guerre  civile  de  Cordoue, 
fut  peut-être  du  nombre  (1012). 

Ce  siècle  ne  nous  offrira  donc  que  des  personnalités  de  se- 
cond ordre,  cependant  en  assez  grand  nombre  encore. 

C'est  d'abord  Técole  de  Moslema,  cultivant  la  médecine  à 
côté  des  mathématiques.  Ce  sont  ensuite  les  noms  connus 
d'Ebn  Ouafed,  dont  nous  avons  fait  Eben  Guefith,  et  de 
Bécri,  qui  cultivait  l'histoire  naturelle  en  même  temps  que 
la  géographie.  Nous  voyons  aussi  paraître  des  ouvrages  d'a- 
griculture touchant  à  l'histoire  naturelle. 

Un  traité  curieux  de  clinique  médicale,  que  nous  avons 
découvert  à  TEscurial,  nous  paraît  appartenir  à  ce  siècle. 

Il  faut  signaler  aussi  comme  un  caractère  de  l'époque  un 
nombre  plus  considérable  de  savants  juifs,  dont  un  se  fit 
musulman  et  parvint  au  vizirat. 

A  ce  siècle  appartient  le  premier  des  Avenzoar,  que  nous 
remettrons  aU  siècle  suivant,  afin  de  présenter  eu  un  seul 
faisceau  tous  les  membres  de  cette  illustre  famille. 


B8PAGNB.  543 

Malgré  cet  affaissement,  les  efforts  dépensés  au  X'  siècle 
par  les  Ommiades  ne  furent  point  stériles,  et  le  XP  siècle  a 
du  moins  le  mérite  d'avoir  préparé  le  XII%  le  plus  grand  siè- 
cle de  TEspagne  musulmane. 


EBK  fiSSAMEDJ. 

C'est  un  des  élèves  que  Moslema  léguait  au  XI*  siècle. 

Ainsi  que  son  maître,  il  fut  avant  tout  mathématicien  et 
astronome.  Cependant  il  nous  est  donné  comme  a'étant  aussi 
occupé  de  médecine.  Il  laissa  plusieurs  ouvrages. 

Des  commentaires  d'Euclide,  sous  forme  d'introduction 
aux  mathématiques. 

De  la  nature  des  nombres. 

Des  calculs  usités  dans  le  commerce. 

Un  grand  traité  de  mathématiques. 

Des  tables  astronomiques  établies  d'après  le  système  du 
Sendhendé 

Un  traité  de  la  construction  et  de  l'usage  de  l'astrolabe. 

Il  mourut  à  Grenade  sous  le  prince  Djious  ben  Ziry  ben 
Menad  le  Sanhadjite,  en 420  de  l'hégire,  1029  de  notre  ère,  à 
l'âge  de  59  ans>  et  son  biographe  a  soin  de  nous  dire  que  ce 
sont  des  années  solaires. 

EBN    ESSOFFAR. 

Àboul  Caesem  Ahmed  ben  Abdallah  ben  Omar  ben  Soffar 
étudia  d'abord  les  mathématiques  et  l'astronomie  à  ToIèdCi 
puis  s'en  vint  suivre  les  leçons  do  Moslema  el  Madjrithy. 
Lors  de  la  guerre  civile,  Ebn  Essoffar  quitta  Cordoue  et  vint 
à  Dénia,  près  de  l'émir  Modjahed  el  Amry,  où  il  fut  rejoint 
par  plusieurs  de  ses  disciples.  Il  y  mourut  à  une  époque  in- 
connue. Ebn  Abi  Ossaïbiah,  dans  sa  notice  d'Ebn  Essoffar, 
ne  dit  pas  qu'il  ait  cultivé  la  médecine.  Il  lui  attribue  un 
traité  de  Tastrolabe  et  des  tables  astronomiques. 

Ebn  EssofRstr  avait  un  frère,  Mohammed,  qui  passa  pour 
le  meilleur  constructeur  d'astrolabe  en  Andalousie. 


544     HISTOIRE  DE  XJL  SIÉDSCINS  ABâBE. —  UVKi  QUATRIÈUK. 


EBN    KHALDOUN. 

Abou  Moslem  Omar  ben  Ahmed  Ehaldoun  el  ben  Hadramj, 
d'une  famille  distinguée  de  Séville,  fut  un  élève  de  Moslema, 
et  cultiva  la  philosophie,  les  mathématiques,  rastronomie 
et  la  médecine.  Il  mourut  à  Séville  en  1056.  Bien  qu*élève  de 
Moslema  il  était  plus  ancien  qu'Ebn  Essoffar,  attendu  que 
celui-ci  nous  est  donné  comme  ayant  été  son  disciple. 

EZZAHRAOUT. 

Aboul  Hassan  Ali  ban  Soleiman  Ezzahraouy  fut  aussi  dis- 
ciple de  Moslema,  qui  lui  enseigna  les  mathématiques.  Il 
était  sans  doute  de  Zahra,  de  même  que  son  illustre  homo- 
nyme Abulcasis  avec  lequel  M.  de  Slane  Ta  confondu,  dans 
sa  traduction  des  prolégomènes  d'Ebn  Khaldoun.  Il  cultiva 
aussi  la  médecine  et  composa  un  livre  intitulé  les  colonnes, 
dont  nous  ignorons  le  contenu. 

EL  KERMANY. 

Aboul  Hakam  Omar  ben  Abderraliman  ben  Ahmed  bon  Ali 
el  Kermany,  de  Cordoue,  et  suivant  d'autres  de  Malaga,  s'en 
fut  en  Orient  à  Harran,  où  il  étudia  les  mathématiques  et 
la  médecine.  Il  en  rapporta  eu  Espagne  le  Livre  des  frères 
de  la  pureté,  et  se  fixa  à  Saragosse.  Il  y  exerça  la  médecine 
et  se  distingua  dans  la  pratique  de  la  chirurgie. 

Il  mourut  à  Saragosse  en  1066  à  Tàge  de  90  ans,  ou  même 
plus,  dit  le  Kitab  el  hokama. 

ABOUL  ARAB  lOUSEF  DEN  MOHAMMED. 

C'était  un  médecin  éminent  et  savant,  que  Ton  plaçait  im- 
médiatement après  Ebn  Abdoun,  le  premier  médecin  de  Cor- 
doue, dont  nous  avons  parlé  au  siècle  précédent.  Sur  ses 


ESPAGNE.  Ôïb 

vieux  jours  il  se  donna  à  l'ivrcijse  et  fut  délaissé.  Il  vécut 
au-delà  de  Tanuée  1038. 


ABOUL  BAGOUNECH. 

Abou  Otsman  Saïd  ben  Mohammed  ben  el  Bagounccli  na- 
quit à  Tolède.  Il  vint  à  Cordoue  suivre  les  leçons  de  Mos- 
lema^  de  Mohammed  ben  Âbdoun  et  d*£bn  Djoldjol,  puis  il 
s'en  retourna  à  Tolède  et  s'attacha  &  Témir  Eddaher  Ismaïl 
ben  Dhoulnoun,  qui  en  fit  son  intime  et  son  conseiller.  Il 
étudia  aussi  le  Coran,  la  philosophie  et  les  mathématiques. 
Il  étudia  la  médecine  dans  les  œuvres  de  Galien,  mais  il  ne 
fut  jamais  un  bon  praticien  et  n'eut  pas  l'instinct  médical.  Il 
mourut  en  1052  âgé  de  75  ans. 

EBN    OUAFED 

(Ebcn  GucfithJ 

Aboul  Motharref  Abderrahman  ben  Mohammed  ben  Abdel 
Kebir  ben  lahya  ben  Ouafed  EUakhmy,  dont  nous  avons  fait 
Eben  Guefith,  appartenait  à  l'une  des  meilleures  familles 
de  l'Espagne. 

Il  était  de  Tolède  et  naquit  en  l'année  389  de  l'hégire,  098  ^f 
de  l'ère  chrétienne.  Il  s'appliqua  particulièrement  à  l'étufle 
de  Galien  et  d'Aristote,  mais  surtout  à  Tétude  des  médica* 
ments  simples,  où  il  surpassa  tous  ses  contemporains.  Il  ^ 
composa  sur  cette  matière  un  livre  où  il  fit  entrer  tout  ce 
qu'avaient  dit  Galien  et  Dio8Coridcs,etqui  passait  pour  un  ou- 
vrage complet  et  bien  ordonné. 

L*émir  Dhoulnoun  lui  conféra  la  dignité  de  vizir.  D'après 
Ebn  el  Khathib,  cité  par  Casiri  (II,  131)  il  mourut  en  407 
(1074). 

Ce  qui  caractérise  Ebn  Ouafed  ce  sont  ses  grandes  connai.i- 
sances  en  matière  médicale  et  en  thérapeutique.  Il  avait, 
dit  Djemal  eddin,  des  procédés  simples  et  faciles  pour  traiter 
les  maladies  graves  et  insidieuses.  Tel  était  le  principe  qui 

3.-S 


/» 


54G      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINS  ABA.BE.  —  LIVRE  QUATRIÉlf B. 

réglait  sa  thérapeutique.  II  employait  autant  que  possible 
les  aliments  dans  le  traitement  des  maladies.  Quand  il 
devait  employer  les  médicaments,  il  donnait  la  préférence 
aux  médicaments  simples  sur  les  composés.  Quand  il  devait 
employer  des  médicaments  composés,  il  employait  de  préfé- 
rence les  moins  compliqués. 

Tels  sont  ses  écrits  : 

Des  médicaments  simples.  Ce  livre,  dit  l'auteur  du  Kitab 
el  hokama,  contenait  cinq  cents  feuilles  et  Fauteur  mit 
vingt  ans  h  en  recueillir  et  en  assurer  les  matériaux.  Ce  que 
nous  avons  en  traduction  latine,  de  Medicamentis  stmpJî- 
cihus,  en  est  probablement  un  fragment. 

Expériences  médicales. 

Traité  des  maladies  des  yeux. 

L'oreiller  médical.  Cet  ouvrage  nous  a  été  conservé.  Wûs- 
tenfeld,  d'après  Casiri,  l'indique  dans  le  n'  828  de  TEscurial, 
sous  le  titre  Manuductio  ad  artem  medicam.  Mais  Casiri 
s'est  trompé.  Il  a  lu  Rached  au  lieu  de  Ousad,  qui  se  lit  par- 
faitement. C'est  en  somme  un  mémorial  de  thérapeutique, 
où  l'auteur  donne  des  recettes  pour  les  diverses  maladies,  à 
commencer  par  la  tète  ;  ainsi  des  formules  de  gargarismes, 
confections,  potions,  fumigations,  cataplasmes,  collyres, 
robs,  pastilles,  pilules,  etc.,  sans  compter  les  indications  de 
la  saignée. 

Nous  y  avons  remarqué  une  recette  curieuse,  pour  traiter 
le  dévoiement  chez  les  rois  :  Prescrire  comme  aliment  du  riz 
cuit  avec  de  Teau  de  roses,  des  pigeons  rôtis»  des  confitures 
de  coing,  des  boissons  d'eau  de  grenades  avec  du  sucre,  etc» 

On  rencontre  aussi  des  observations  relatives  à  des  malades 
qui  se  sont  adressés  à  lui. 

A  la  fin  du  volume  on  rencontre  la  formule  d'une  prépa- 
ration recommandée  par  les  médecins  francs  contre  les 
affections  de  l'estomac  et  du  foie.  Ce  sont  des  excitants  tels 
que  le  girofle,  le  galanga,  l'ambre,  Tagallochc,  la  cannelle, 
le  nard,  le  cardamome,  le  mastic,  le  gingembre,  le  safran, 
tmis  à  la  rhubarbe,  à  l'agaric  et  h  l'aloôSj  donnés  sous  forme 
pilulaire. 


KBPAQNE.  547 

Ebn  el  Khatib,  cité  par  Gaâiri,  lui  attribue  un  traité  du 
Sommeil  et  un  traité  d'Agriculture  (II,  131). 

On  a  traduit  aussi  un  opuscule  d'Ëbn  Guefith  sur  les 
bains.  Il  composa  aussi  le  Kitab  cl  Mor'its,  que  Wûstenfeld 
a  rendu  sans  doute  par  Liber  auxiliaris.  Nous  préférons  y 
voir  ce  remède  secret  rapporté  par  lounous  el  Harrany ,  que 
nous  avons  déjà  vu  sous  ce  même  nom. 

ERRAMLY. 

Il  habitait  Âlméria  du  temps  d'El  Maouïu.  C*était  un  méde- 
cin renommé  pour  sa  bienfaisance.  Il  écrivit  un  Parterre  de 
médecine. 

EBN  EDDEHEBY. 

Abou  Mohammed  Abdallah  el  Azdy  Eddeheby  était  aussi 
un  philosophe  et  un  alchimiste.  Il  mourut  à  Valence  en  456 
(1063)  et  laissa  un  livre  sur  cette  thèse  :  Que  l'eau  ne  nour- 
rit pas. 

EBN  ENNABBACn. 

Il  porte  aussi  le  nom  d'El  Bedjfiy,  sans  doute  parce  qu'il 
était  originaire  de  Beja.  Il  habitait  les  environs  de  Murcie. 
C*était  on  bon  praticien  cultivant  aussi  la  philosophie  et  la 
physique. 

ABOU  DiATAR  BEN  RHAMIS. 

Il  était  de  Tolède.  Sa  médecine  était  celle  de  Galien.  C'était 
aussi  un  mathématicien. 

EDDAlOfT. 

Aboul  Hassan  Abdén'ahman  ben  Khalef  Eddanny  étudia  la 
médectne  dans  Galien,  sous  la  direction  d'Bbn  èl  BagounecU: 


518     UISTOiUlS  DE   L\   MÉDECINE   AR.VDE.    —    LIVRE  QUATUIÉME. 

C'était  un  homme  ing^énieux,  un  habile  praticieOt  faisant 
prouve  de  sagracité  dans  les  cas  difficiles. 


EBN    EL    KHAYAT. 

Abou  Bekr  lahya  ben  Ahmed  ben  el  Khaiat  étudia  les 
mathématiques  sous  Moslema.  Il  dirigea  ensuite  ses  études 
vers  l'astronomie  et  s'y  fit  un  renom.  Il  était  attaché  comme 
astronome  à  Soleiman  ben  Hakem  ben  Ennacer,  à  l'époque 
des  troubles  de  l'Espagne  musulmane.  Il  servit  ensuite 
l'émir  El  Mansour  lahya  ben  Ismaïl  ben  Dhoulnoun.  Il 
s'occupait  aussi  de  médecine  et  la  pratiquait  avec  habileté. 
C'était  en  outre  un  homme  doux  et  bienfaisant.  Il  mourut  à 
Tolède,  en  447  (1055)  à  l'âge  de  près  de  80  ans. 

MOUNEDJEM  BEN  EL  KAOUAL. 

C'était  un  juif  de  Saragosse,  habile  médecin  et  s'occu- 
pant  de  philosophie.  Il  écrivit  un  traité  sur  la  logique. 

ISHAQ  BEN  KAFTAR. 

C'était  un  juif  au  service  de  Mouaflfeq  el  Amri  et  de  son  fils 
Akbal  Eddoula.  Outre  la  médecine  il  cultivait  aussi  la  philo- 
sophie et  connaissait  parfaitement  la  littérature  et  la  juris- 
prudence des  Juifs.  C'était  aussi  un  homme  d'esprit  et 
plein  d'aménité.  Il  mourut  à  Tolède  en  448  (1050)  à  l'âge  de 
75  ans. 

EBN  HEDJADJ. 

Kl  Khatib  Abou  Omar  Ahmed  ben  Mohammed  ben  Hedjadj 
est  l'auteur  d'un  traité  d'Agriculture,  intitulé  le  Momy, 
cité  parEbn  Heithar,  et  mis  à  contribution  par  Ebn  el  Aouâm. 
Voici  ce  qu'en  dit  ce  dernier  dans  l'introduction  de  son  li- 
vre: «  J'ai  pris  pour  base  de  mon  travail  ce  qu'a  écrit  le 


ESPAGNE.  549 

Cheikh  savant  et  illustre  Abou  Omar  ebn  el  Hedjadj,  dans 
son  livre  qui  porte  le  titre  de  Mor'ny  (le  suffisant)  qu'il  com- 
posa en  Tannée  440  (1073  de  J.-C).  »  Traduction  de  M.  Cl. 
MuUet,  tome  !•%  page  7. 

A  la  page  suivante,  Ebn  el  Aouâm  parle  aussi  du  livre  de 
Hedjadj  de  Cordoue,  qui  serait  sans  doute  la  patrie  de  notre 
auteur. 

Ebn  el  Hedjadj  paraît  avoir  écrit  d'autres  livres  que  le 
Mornyt  si  l'on  s'en  rapporte  au  passage  suivant  d'Ebn  el 
Aouâm  :  Ebn  el  Hedjadj  dit  dans  le  Morny,  un  des  livres 
qu'il  a  composés  sur  Tagriculture,  etc.,  page  380.  Aut.  cit. 
Nous  verrons  plus  tard,  en  parlant  d'Ebn  el  Aouâm,  qu^il 
eut  d'autres  devanciers  dans  la  carrière  agricole. 

MOHAMMED    ETTEMIMY.  "fâ^ 

n  ne  nous  est  connu  que  par  un  écrit  qui  existe  à  TEscu- 
rial,  sous  le  n*  887,  ancien  882.  C'est  un  manuscrit  d'une 
trentaine  de  feuilles,  acéphale,  mutilé,  relié  à  tort  et  à  tra- 
vers. Nous  allons  voir  cependant  qu'il  mérite  une  mention, 
d'autant  plus  que  le  catalogue  de  l'Escurial  s*est  trompé  sur 
l'auteur  et  son  livre. 

Casiri  s'est  mépris  d'abord  sur  le  nom  de  l'auteur.  Le  nom 
qu'il  adopte  est  celui  d'un  personnage  cité  incidemment.  Il 
s'est  bien  plus  mépris  sur  le  contenu  de  Touvrage. 

Le  nom  de  Mohammed  Ettemimy  est  cité  plusieurs  fois  en 
tout  ou  en  partie  dans  des  conditions  telles  qu'il  est  néces- 
sairement l'auteur  du  livre. 

Quant  au  livre,  Casiri  y  a  vu  un  manuel  d'examens  à 
l'usage  des  candidats  au  titre  de  médecin.  Amoreux  qui  l'a 
reproduit^  a  fait  à  ce  propos  quelques  plaisanteries  que  l'on 
peut  lire  dans  son  informe  compilation,  page  134,  sous  le 
titre  Abou  Djafar  Ahmed  ben  Ishaq  el  Hassaini.  La  méprise 
de  Casiri  s'explique  par  une  lecture  superficielle  du  livre, 
faute  qu'il  commet  trop  souvent. 

Cet  ouvrage  n'est  pas  autre  chose  qu'un  recueil  d'obser- 
vations prises  aux  consultations  d'un  médecin  et  recueillies 


550    HISTOIRE  DE  LA   MÉDECINE  ABABE.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 

par  son  élève.  On  comprend  qu'à  ce  titre  il  mérite  notre 
attention.  Pour  notre  part,  c'est  le  premier  de  ce  genre  qui 
nous  soit  tombé  sous  la  main. 

Il  se  divise  en  séances  ou  consultations,  et  ces  séances  sont 
au  nombre  d'une  cinquantaine,  complètes  ou  non.  Telle  en 
est  la  forme  habituelle.  Un  malade  se  présepte.  Le  médecin 
l'observe,  le  questionne,  et  le  fait  observer  par  son  élève,  ce 
qui  amène  des  questions  échangées  entre  l'un  et  Tautre.  Le 
maître  fait  ses  prescriptions  et  il  lui  arrive  souvent  de  ques- 
tionner l'élève  sur  ce  qu'il  sait  de  la  maladie  représentée. 
Si  l'élève  ne  la  connaît  pas  bien,  le  maître  en  parle  ex-pro- 
fesso  ainsi  qu'il  arrive  chez  nous  dans  les  conférences  faites 
après  la  visite. 

Si  d'autre  part  l'élève  a  remarqué  dans  le  diagnostic,  le 
pronostic  ou  le  traitement  quelque  chose  qui  l'a  frappé,  il 
en  demande  l'explication  au  maître  qui  la  lui  donne.  Voilà 
comment  Casiri,  après  une  lecture  très  superficielle  de  l'ou- 
vrage, a  pu  le  prendre  pour  un  manuel  d'examens. 

La  nationalité  de  l'auteur  ne  comporte  aucun  doute.  Quant 
à  son  époque  voici  les  raisons  pour  lesquelles  nous  Tavons 
placé  au  XI*  siècle. 

Un  malade  affecté  de  tumeur  frambésiforme  de  la  joue 
se  présente,  ayant  été  déjà  traité  à  Talavera  par  un  certain 
Ebn  Aflah  (que  nous  ne  pouvons  identifier  avec  l'astronome 
de  ce  nom)  puis  à  Tolède  par  plusieurs  médecins. 

Une  femme,  affectée  de  polype  du  nez,  se  présente  en  l'an- 
née 62,  qui  fut  revue  quelques  années  après.  Rapprochant 
cette  date  de  la  citation  de  Tolède,  qui  fut  conquise  vers  la 
fin  du  XP  siècle  de  notre  ère,  nous  avons  dû  croire  que  cette 
date  écourtée  62,  appartenait  au  cinquième  siècle  de  l'hé- 
gire, soit  donc  l'année  462  qui  répond  à  l'année  1009  de 
notre  ère.  Il  se  pourrait  que  notre  auteur  habitât  Tolède 
alors  encore  au  pouvoir  des  Musulmans,  ou  bien  les  envi- 
rons. Il  est  encore  quelques  autres  citations,  mais  dont 
nous  ne  pouvons  tirer  parti.  Ainsi  Abou  Djafar  Ahmed  ben 
Issa  el  Hachemy  et  non  el  Hossein,  que  Casiri  a  pris  à  tort 
pour  l'auteur  du  livre,  tandis  que  l'élève  appelle  Temimy  son 
père,  son  oncle,  et  dit  formellement  à  la  séance  XI*  que  le 


B8PA0NB.  551 

malade  se  présenta  à  lui.  Il  est  encore  question  d'un  Man- 
90ur,  et  d'un  Fakih  ben  Âbi  Rochd.  Ce  Mansour,  dans  des 
lettres  qui  suivent  l'ouvrage  ,  est  dit  avoir  écrit  à  l'un  de 
ses  confrères  de  Badajoz,  dit  Ebn  Thifour. 

Nous  avons  dit  que  le  nombre  des  consultations  était 
d'une  cinquantaine,  mais  le  livre  étant  mutilé,  nous  ne 
savons  s'il  en  comportait  davantage.  Quelques-unes  ont  trait 
à  la  même  maladie,  avec  des  conditions  différentes. 

Nous  reproduirons  in  extenso  deux  consultations,  ce  qui 
suffira  pour  donner  une  idée  du  livre  et  de  sa  manière. 

La  première  séance,  qui  se  trouve  au  milieu  du  recueil  par 
la  faute  du  relieur,  est  précédée  de  quelques  mots  ne  formant 
pas  un  sens  complet,  mais  prouvant  que  l'ouvrage  commen- 
çait par  une  préface  ou  une  introduction.  La  voici  au  com- 
plet : 

Il  lui  vint  un  homme  racontant  qu'il  souffrait  d'un  violent 
mal  de  tâte.  Mon  maître  lui  dit:  Est-ce  par  devant  ou  par 
derrière,  et  conunent  ressens-tu  des  battements  dans  les  tem- 
pes! Il  répondit  :  Gomme  si  Ton  me  donnait  des  coups  de 
marteau  sur  le  devant  du  crftne.  •—  Prescription  :  Tu  pren- 
dras de  la  camomille,  des  feuilles  de  roses  et  des  tètes  de  pa- 
vot, tu  mêleras  le  tout  dans  une  marmite  et  tu  y  verseras  de 
l'eau  en  quantité  suffisante  pour  le  recouvrir  ;  tu  feras  bouil- 
lir, puis  tu  te  pencheras  sur  les  vapeurs  émanées  du  vase. 
Fais  cela  pendant  trois  jours,  matin  et  soir,  et  tu  guériras. 
Aliments:  quelque  chose  de  mou  et  de  relâchant.  Il  guérit. 

XVI*  séance  : 

Un  homme  se  présenta,  disant  avoir  à  la  paupière  supé- 
rieure un  boutoncomme  une  verrue.  Mon  mattre  m'ordonna 
d'aller  m'assurer  avec  la  main  si  la  tumeur  était  mobile  ou 
non.  Je  le  fis,  et  elle  était  mobile  comme  si  c'eût  été  un  grain 
de  pois  sous  la  peau.  Je  lui  en  rendis  compte  et  il  me  pres- 
crivit de  renverser  la  paupière  et  de  regarder  s'il  y  avait 
une  saillie  à  l'intérieur.  Je  le  fis  et  ne  trouvai  rien.  Il  dit 
alors  :  C'est  la  maladie  appelée  grêlon.  Frictionner  avec  de 
l'huile  d'olives  et  placer  un  topique  avec  du  pain  chaud.  Le 
malade  le  fit  pendant  quelques  jours  et  guérit.  —  Dois-je  le 
faire  sortir,  dis-je  à  mon  maître.  —  Oui,  répondit-il,  si  tu 


T)o2  HrsTorRE  de  la  médecine  arabe.  —  livre  quatrième. 

sais  ce  que  c'est  que  le  gnrêlon  et  combien  il  y  en  a  d'espèces. 
Eh  bien,  il  y  en  a  trois.  —  Le  maître  fait  alors  Thistoire  du 
grêlon  et  de  ses  variétés. 

A  la  X?  séance,  &  propos  d^une  autre  affection  de  l'œil,  il 
fait  la  description  anatomique  de  cet  organe. 

A  la  XIY*  séance,  il  est  question  d'un  liéméralopique. 

Le  maître  lui  prescrit  du  rognon  de  bouc  rôti,  sans  autre 
médication.  Là  dessus  Télève  s'étonne  et  demande  au  maître 
comment  il  peut  traiter  une  maladie  sans  médicaments.  Le 
maître  répond  que  l'aliment  prescrit  combat  la  cause  de  la 
maladie. 

Ailleurs  il  est  question  d'une  tumeur  lacrymale.  Elle  est 
traitée  par  une  composition  de  vert  de  gris,  d'aloês,  de  myrrhe 
et  d'orpiment,  puis  le  maître  dit  à  l'élève  qu'on  la  traite  aussi 
par  la  cautérisation  avec  le  fer  rouge  et  il  entre  dans  les  dé- 
tails du  traitement. 

Une  longue  séance  est  consacrée  àunphthisique  Le  maître 
fait  particulièrement  remarquer  à  son  élève  la  forme  des  on- 
gles. Après  un  traitement  sans  succès,  le  maître  finit  par 
dire  au  malade  qu'il  renonçait  à  le  traiter  et  qu'il  ait  à  faire 
son  testament.  L'élève  demande  au  maître  la  raison  d'un  pro- 
nostic aussi  grave.  Le  maître  lui  dit  qu'il  s'agissait  d'un 
sujet  tombé  dans  le  marasme. 

L'élève  demande  si  la  maladie  avait  des  analogues.  Le 
maître  répond  affirmativement,  et  lui  fait  l'histoire  de  la 
phthisie,  du  marasme  et  de  la  fièvre  hectique. 

Une  observation  intéressante  aussi  est  celle  d'une  hernie. 
Le  maître  fait  pratiquer  le  taxis  par  son  élève  et  traite  par 
la  suture.  Dans  une  autre  observation,  il  emploie  le  cautère. 

Citons  encore  une  observation  d'hémorrhoïde  sèche,  traitée 
par  la  ligature. 

Nous  croyons  avoir  dit  suffisamment  pour  faire  compren- 
dre la  nature  de  cet  ouvrage  et  son  intérêt,  tant  au  point  de 
vue  du  fond  que  de  la  forme  et  de  la  méthode  d'enseigne- 
ment de  la  médecine  par  la  clinique. 


ESPAGXK.  «YiS 


EL    BÉKRY.  ^  \ 

<  Abou  Abdallah  OU  ÂbouObeïd  Abdallah  ben  Abdel  Aziz 
el  Békry,  de  Mureie,  d*une  famille  de  princes  espagnols, 
était  très  versé  dans  la  connaissance  des  médicaments  sim- 
ples et  de  leurs  propriétés,  de  leurs  emplois  de  leurs  noms, 
de  leur  administration  et  de  tout  ce  qui  concerne  cet  objet. 
Il  a  laissé  un  livre  sur  les  principales  plantes  et  arbres  de 
l'Andalousie.  > 

Voilà  tout  ce  qu'on  lit  dans  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  du  moins 
dans  certaines  copies,  et  voilà  probablement  la  cause  pour 
laquelle  cette  courte  mention  a  échappé  à  M.  de  Slane,  qui 
ne  la  cite  pas  dans  son  introduction  à  la  description  du 
Magreb,  autre  ouvrage  d'El  Békry 

D'après  l'éminent  orientaliste  que  nous  avons  cité,  Békry 
aurait  vécu  pendant  presque  tout  le  onzième  siècle  de  Tèro 
chrétienne,  étant  mort  en  l'année  487  de  l'hégire,  1094  après 
Jésus-Christ,  à  un  âge  très  avancé. 

On  lui  donne  encore  le  nom  d'El  Gorthoby,  en  raison  d'un 
long  séjour  qu'il  aurait  fait  dans  la  ville  de  Gordoue. 

Outre  l'ouvrage  édité  et  traduit  par  M.  de  Slane,  et  qui 
porte  le  titre  de  Messalek  oua  Memalek^  les  lioutes  et  les 
Royaumes,  Békry  serait  encore  auteur  d'un  livre  sur  la  mis- 
sion de  Mahomet,  de  commentaires  sur  Abou  Ali  el  Cali, 
d'un  traité  sur  la  dérivation  des  noms  propres. 

Il  est  cité  une  dizaine  do  fois  dans  Ebn  Beithar.  Parmi 
ces  citations  nous  signalerons  la  description  de  l'ombellifèrc 
qui  produit  l'asa  fœtida,  et  celle  de  la  fougère,  dont  il 
donne  le  nom  berbère  Khalendj  qu'il  <lit  équivalent  du  grec 
Erikè,  et  dont  il  dit  que  la  racine  est  employée  en  Espagne 
à  faire  un  charbon  excellent  pour  les  forgerons. 

Il  est  probable  que  Békry  aurait  pu  fournir  un  contingent 
plus  considérable  à  Ebn  Beithar.  Dans  sa  description  du 
Nord  de  l'Afrique  nous  trouvons  ça  et  là  quelques  faits  cu- 
rieux d'histoire  naturelle.  C'est  ainsi  que  sur  la  route  d' Ar- 
mât à  Fez  il  rapporte  que  l'on  rencontre   beaucoup  d'eu- 


554  mSTOIRB  DE  LA  MÉOBCINK  AEABB.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 

phorbes,  fourbioun,  arbrisseau  épineux,  à  tiges  herbacées, 
d'où  découle  un  suc  laiteux,  jouissant  de  propriétés  pur- 
gatives. 

n  parle  assez  longruement  de  TÂrganier.  Il  rapporte  un 
fait  que  nous  avons  entendu  reproduire  en  Algérie,  mais 
nié  par  les  Marocains,  à  savoir  que  pour  se  procurer  l*huile 
d'Ârgan  on  récolte  les  fruits,  on  les  donne  à  manger  aux 
bestiaux,  ensuite  on  en  ramasse  les  noyaux,  on  les  fait  cuire 
après  les  avoir  broyés,  puis  on  en  obtient  de  l'huile  par  la 
pression. 

^1  ÀBOUL  OUALU)  MEROUAN  EBEN  DJANAH. 

Tel  est  le  nom  arabe  d'un  savant  juif,  connu  chez  ses 
coreligionnaires  sous  le  nom  de  Rabbi  louna. 

A  la  courte  notice  que  lui  consacre  Ebn  Abi  Ossalbiah 
nous  ajouterons  les  renseignements  puisés  dans  une  mono- 
graphie de  Munk,  Joimtal  asiatique^  1850. 

D'après  l'historien  arabe,  EbuDjanah,  savant  dialecticien, 
s'adonna  particulièrement  à  la  langue  arabe  et  à  la  langue 
hébraïque,  fut  un  habile  médecin,  et  composa  un  livre  inti- 
tulé Telkhisy  où  il  traite  des  médicaments  simples  et  de  leurs 
doses.  Nous  n'avons  pas  rencontré  de  date,  mais  Eben  Djanah 
est  placé  avant  Rhachdaï  ben  Ishaq,  ce  qui  semblerait  signi- 
fier qu'il  lui  est  antérieur. 

Il  n'en  est  rien,  mais  d'autre  part  on  a  eu  tort  de  le  reculer 
au  XII®  siècle,  et  Munk  a  prouvé  qu'il  appartient  au  XI*. 
Dans  sa  grammaire  Eben  Djanah  dit  qu'il  quitta  Gordoue 
pour  se  rendre  à  Saragosse  lors  des  troubles  qui  éclatèrent 
dans  la  première  ville,  ce  qui  nous  place  en  l'année  1012.  Il 
devait  alors  avoir  dépassé  vingt  ans.  Le  fait  d'une  polémi- 
que entre  Eben  Djanah  et  Samuel  ha  Naghid,  ajoute  Munk, 
prouve  aussi  qu'il  florissait  dans  la  première  moitié  du  Xl^ 
siècle. 

Munk  le  suppose  plusieurs  fois  cité  par  Ebn  el  Beithar. 
Nous  n'avons  rencontré  qu'une  citation  à  l'article  Adryoun. 
Munk  ajoute  qu'il  est  cité  plusieurs  fois  dans  le  n»  1034  de 
l'ancien  fonds  arabe.  Il  fallait  dire  1024  et  1034,  car  ce  sont 


BSPAOMB.  555 

deux  parties  d'un  môme  ouvrage  de  Soueidy,  sorte  de  Mé- 
morial thérapeutique  dans  le  genre  du  Morny  d'Ebn  el  Bei- 
thar,  mais  plus  concis  et  plus  farci  de  noms  propres. 

Nous  avons  remarqué  une  quinzaine  de  citations. 

Quant  au  mérite  d*£ben  Djanah  comme  grammairien,  on 
peut  consulter  un  long  travail  de  M.  Behrnauer  publié  dans 
le  Journal  asiatique,  1861  et  1862. 

Pour  les  autres  écrits  on  peut  lire  Munk,  etc. 

ABOUL  FADHL  KIIACHDAÎ. 

C'était  un  pqtit-âls  de  Khachdal  ben  Ghaprout.  Il  naquit 
h  Saragosse,  où  sa  famille  s'était  retirée. 

Il  avait  fait  une  étude  sérieuse  de  la  langue  arabe,  culti- 
vait l'éloquence  et  la  poésie,  excellait  dans  l'arithmétique, 
la  géométrie  et  l'astronomie,  en  même  temps  qu'il  s'occupait 
de  musique,  de  philosophie,  de  physique  et  de  médecine. 

Il  se  fit  musulman,  les  uns  disent  par  amour,  les  autres 
par  ambition,  peut-âtre  pour  les  deux  motifs  à  la  fois.  Sa 
position  de  Zimmi  le  tenait  dans  une  position  subalterne, 
pour  laquelle  il  ne  se  sentait  pas  né,  et  il  en  souffrait.  Après 
sa  conversion  il  devint  vizir  et  secrétaire  du  roi  de  Sara- 
gosse Âbou  Djafar  Ahmed  ben  Houd. 

On  raconte  qu'un  jour,  lisant  un  livre  en  présence  du 
prince,  un  de  ses  collègues  Âboulfadhl  ben  Dabbar,  ou  le 
fils  du  corroyeur,  voulant  l'humilier,  lui  demanda  si  le  vo- 
lume qu'il  tenait  à  la  main  n'était  pas  le  Pentateuque.  Oui, 
répondit  le  juif  converti,  et  le  volume  est  relié  d'une  peau 
tannée  par  on  ne  sait  trop  qui.  La  réplique  divertit  beaucoup 
le  prince,  et  l'agresseur  en  mourut  de  honte. 

Aboulfadhl  Khachdaï,  dit  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  était  encore 
jeune  en  l'année  458  (1066). 

Pour  plus  de  détails,  on  peut  lire  la  notice  de  Munk. 

Les  médecins  dont  les  noms  suivent  no  nous  sont  connus 
que  par  Casiri. 


556  HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE   ARABE.  —  LIVRE   QUATniÊBCE. 


BEN  CHËHID. 


Âbou  Amer  Ahmed  ben  Abd  el  Malek,  vulgairement 
connu  sous  le  nom  de  Ben  Ghehid^  de  Murcie,  orateur,  poète 
incomparable  et  médecin  estimé,  mourut  à  Cordoue  en  103^. 


EBN  EL  HEITSAM. 


Ebn  el  Heitsam  de  Cordoue,  médecin  très  renommé,  écri- 
vit sur  les  aliments,  les  poisons,  les  propriétés  et  la  nature 
des  simples.  Il  mourut  en  1003.  Nous  voyons  par  les  dates 
que  cet  Ebn  el  Heitsam  est  différent  de  celui  dont  nous 
avons  déjà  parlé. 


ABDALLAH  BEN  lOUNES. 


Abdallah  ben  loune^  ben  Talha  ben  Amran  né  à  Oran, 
vint  habiter  Séville.  C'était  un  habile  médecin,  trC  s  veràé 
dans  la  science  des  nombres.  Il  mourut  eu  1037. 


HISTOIRE  DES  INSTITUTIONS  MÉDICALES 
CHEZ  LES  ARABES. 


L*histoire  de  la  Médecine  serait  incomplète  si  l'on  se 
bornait  à  la  biographie  des  hommes  qui  se  sont  distingués 
par  sa  pratique  et  son  enseignement  :  ce  n'en  est  là  qu'une 
partie. 

Il  en  est  une  autre  :  celle  des  Institutions,  qui  n'est  pas 
moins  importante  que  la  première. 

En  effet,  si  les  hommes  passent,  les  institutions  restent. 
Elles  accusent  le  progrès  accompli  et  assurent  le  progrès  à 
venir,  elles  fournissent  à  l'étude  des  encouragements  et  des 
aliments,  elles  protègent  la  santé  publique  et  l'exercice  ré- 
gulier de  la  profession,  elles  en  indiquent  le  caractère  et  le 
développement,  le  crédit  et  la  considération  attachés  aux 
médecins. 

Ces  institutions  apparaissent  de  bonne  heure  chez  les 
Arabes.  Inaugurées  à  Bagdad,  elles  s'établissent  partout  où 
se  répandit  l'invasion  musulmane,  avec  plus  ou  moins 
d'éclat,  mais  surtout  dans  les  grandes  cités,  sièges  de  la 
souveraineté. 

Sous  le  titre  d'institutions  médicales,  nous  comprendrons 
les  hôpitaux,  les  écoles,  les  bibliothèques,  les  inspections 
générales  de  police,  les  inspections  plus  particulièrement 
médicales,  enfin  les  fonctions,  titres  et  dignités  conférés 
aux  médecins. 

Nous  commencerons  par  Bagdad  et  nous  dirons  préala- 
blement quelques  mots  de  l'hôpital  de  Djondisabour,  qui 
fut  en  quelque  sorte  le  berceau  de  la  médecine  arabe. 


^Ji  MiiZjtas,  3S  lA,  x&as3ss  ja^ax.  —  z^till  ^Tfc^'Tzr 


L  — 


?*Otta  îgporooâ  à  «jneLe  éfMîii^ie: 
ilu'>pital  ie  pJofuiLalxMir^  et  «ie  aan&iai  ii*  : 
ceLl'^  4e  la  f^éle&re  école  moÊomaBA,  Tcfs  la  ±l  ixTnS* 
cle  II  était  ea  ptein  fonction nearf^n^ 

Cart  «i*  DjOTifliiaboar  qu'en  l'azLDée  T^So  ie  ITstï 
tienne,  le  Klialîfe  el  Mandoor.  moeist  < 
à  Bagdad^  Iijofiljia  liea  Djabiil,  ca 
filadeOabri^  Georges  était  à  la  fus  dwf  ée  n 
4e  récole  4e  n^decine.  En  quittant  soa  «errice.  A  «a 
confia  intérim  à  ioa  fila  BakhticlMKi  el  cnBaoa  avec  lai 
Mju  élève  bm  ben  ChaUata.  A  la  mort  de  Geaqpei^  Bakkt»- 
choa  ie  remplaça  dana  ses  fonctiona. 

Voilà  donc  ainsi  qae  nooà  TaTons  déjà  dit  aiUeus.  le  pva* 
mier  exemple  de  la  médecine  régulièrement  praSÂqnée  et 
tmsieifçnée  dam»  on  hôpital. 

L'hdpital  de  Ujcmdlaaboar  fat  aoâ&i  le  bercean  d*ane  autre 
famille  de  médecins.  Mésoé  le  père  en  fat  le  pharmacien 
pendant  quarante  anâ,  avant  d  aller  se  fixer  à  Bagdad  arec 
son  fils. 

Djondisaboar  ne  tarda  pas  à  tomber  dans  robscuritéf  les 
l5akhticbou  s'étant  fixés  à  Bagdad  auprès  des  Khalifes.  Ce 
fut  à  Itagdad  que  se  concentra  dès  lors  le  mouvement  seien- 
tifique. 

A  quelque  temps  de  là  nous  voyons  cependant  encore 
Sabour  ben  Salil  attaché  à  rhôpital  de  Djondisaboar.  Sabour 
fut  Tauteur  d'un  Formulaire,  le  premier  dont  nous  ayons 
connaissance  et  qui  fut  employé  dans  les  hôpitaux  et  les 
offir^incm  junqu'à  Tapparition  de  celui  d*Amin  Eddonla  ebn 
Ëttalmidf  qui  le  fit  oublier. 


mSTlTUTIONS  MtolGALES  CHEZ  LES  ARàBBS.  551) 


BAGDAD. 

Bagtlad  ne  tarda  pas  à  posséder  un  hôpital.  Dès  le  coin- 
mencement  du  IX*  siècle,  concurremment  au  travail  des 
Traductions,  nous  voyons  Jean  fils  de  Mésué  chargé  d*un 
hôpital  à  Bagdad  où  il  enseignait  la  médecine.  C'est  \h  qu*ir 
compta  parmi  ses  élèves  le  célèbre  traducteur  Honein  bon 
Ifihaq,  dont  il  avait  d*abord  désespéré  de  pouvoir  faire  un 
médecin. 

C'est  au  X*  siècle  que  les  hôpitaux  se  multiplièrent  dans 
la  grande  cité.  L'historien  de  la  médecine  nous  a  conservé 
de  curieux  détails  sur  leur  fondation. 

Nous  lisons  dans  la  vie  d'Âbou  Saïd  Otsman  de  Damas, 
le  traducteur,  qu'en  Tannée  302  de  l'hégire  (914  de  notre 
ère),  le  vizir  Ali  ben  Issa  fondait  à  Bagdad  un  hôpital  qu'il 
dotait  de  ses  biens,  et  qu'il  en  confia  la  direction  à  Otsman 
qui  fut  en  même  temps  chargé  d'inspecter  les  autres  hôpi- 
taux de  la  ville,  ainsi  que  ceux  de  Médina  et  de  la  Mekke. 

Nous  avons  sur  ce  vizir  de  plus  amples  renseignements, 
coxiaignés  dans  la  vie  de  Sinan,  le  fils  du  célèbre  Tsabet 
ben  Corra,  qui  paraît  avoir  remplacé  quelques  années  après 
la  date  précitée,  Âbou  Sald  Otsman,  et  ces  renseignements 
sont  tirés  de  la  biographie  de  Sinan,  écrite  par  son  fils. 
Ces  renseignements  nous  ont  paru  si  intéressants  que  nous 
les  reproduirons  in  extenso  dans  leur  forme  originelle. 

<  Le  vizir  Ali  ben  Issa  était  chargé  de  la  surveillance  gé^ 
nérale  des  hôpitaux,  alors  que  le  service  en  avait  été  confié 
à  mon  père  par  ordre  du  Khalife  Moctader.  Une  année  les 
malades  se  multiplièrent  et  le  vizir  écrivit  à  mon  père  :  J'ai 
pensé  à  la  situation  des  troupes  et  vu  leur  nombre  et  la  na- 
ture de  leurs  habitations,  il  m'a  semblé  que  les  malades 
devaient  manquer  du  nécessaire.  Le  personnel  des  médecins 
doit  aussi  être  insuffisant.  Il  faut  que  des  médecins  leur 
soient  attachés  spécialement,  qu'ils  les  visitent  chaque  jour, 
qu'ils  les  soignent,  qu'ils  visitent  tous  les  corps  de  troupes  et 
qu*ils  leur  distribuent  des  aliments  et  des  médicaments 


500  UISTOIEE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  -*  LIVRE  QUATRIÈME. 

Œ  Mon  père  exécuta  ces  prescriptions.  Vint  une  nouvelle 
lettre  du  vizir.  J*ai  pensé,  disait-il,  que  les  campagfnes  avaient 
nécessairement  des  malades  et  pas  de  médecins  pour  les 
soigner.  Il  faut  leur  en  envoyer  avec  des  provisions  de  médi- 
caments. Ils  séjourneront  dans  les  localités  le  temps  néces- 
saire, puis  ils  se  transporteront  dans  une  autre.  Mon  père 
se  conforma  à  ces  ordres.  Cependant  les  médecins  qu'il 
avait  envoyés,  arrivèrent  à  Saoura  dont  la  population  était 
presque  entièrement  juive.  D'autre  part  on  lui  écrivait  des 
campagnes,  que  les  malades  étaient  très-nombreux  et 
qu'aux  environs  de  Nahr  el  Malek  les  Juifs,  qui  étaient  en 
majorité,  réclamaient  aussi  des  soins.  Mon  père  transmit  ces 
nouvelles  et  demanda  ce  qu'il  fallait  faire.  Ne  connaissant 
pas  les  intentions  du  vizir,  il  lui  rappelait  que  les  règle- 
ments des  hôpitaux  accordaient  des  secours  aux  Zimmis 
aussi  bien  qu'aux  musulmans.  Le  vizir  répondit:  J'ai  compris 
ce  que  tu  m'as  écrit  et  ton  avis  est  le  mien. 

<  Il  faut  traiter  les  zimmis  et  môme  les  animaux  :  les  mu- 
sulmans d'abord,  puis  les  zimmis.  Ce  qui  reste  après  le  trai- 
tement des  musulmans  doit  être  dépensé  pour  les  autres  ma- 
lades. Ecris  cela  h  tes  collègues  :  Qu'ils  se  rendent  dans  les 
campagnes  et  dans  toutes  les  localités  envahies  par  l'épidé- 
mie autant  que  la  sécurité  des  routes  le  permettra.  » 

«  Les  dépenses  des  hôpitaux  reposaient  sur  un  immeuble 
engagé  par  la  mère  de  Moutaouakkel,  mais  une  partie  des 
revenus  appartenait  aux  Béni  Hachem.  L'administnitcur 
Abou  Sahr,  favorisait  les  Béni  Hachem  au  détriment  des 
hôpitaux.  Mon  père  en  informa  le  vizir  Ali  ben  Issa  et  lui 
apprit  que  les  malades  manquaient  de  charbon,  d'approvi- 
sionnements et  de  vêtements.  Une  lettre  sévère  fut  adressée 
à  l'administrateur  Abou  Sahr  et  il  lui  fut  enjoint  de  donner 
strictement  aux  hôpitaux  la  part  qui  leur  revenait. 

«  En  Tannée  306  mon  père  ouvrait  l'hôpital  dit  Esseida 
fondé  sans  doute  par  une  princesse  Abbasside)  pour  lequel 
on  dépensait  chaque  mois  000  dinars.  La  même  année  mon 
père  engageait  le  Khalife  à  fonder  un  hôpital  qui  porterait 
son  nom,  et  Moctader  y  affecta  un  revenu  de  200  dinars  par 
mois.  » 


INSriTUTIONS  MÉUIOALEâ  CHEZ  LLB  AUAUES.  001 

Sinaii  est  le  même  dont  nous  aurons  k  parler  plus  tard  à 
propos  de  la  police  médicale. 

liazès  était  alors  à  Bagdad,  où  il  fut  quelque  temps  chargé 
d'un  service  d'hôpital. 

On  en  a  fait  le  médecin  en  chef  d'un  autre  étîiblissement 
dont  nous  allons  raconter  la  fondation,  mais  c'est  une  erreur, 
attendu  que  Kazès  n'existait  plus  à  l'époque  de  cette  fon- 
dation. 

En  l'année  977  de  notre  ère,  Adhad  Eddoula  le  Bouïde, 
vainqueur  à  Tacrit,  entrait  dans  Bagdad,  où  il  régna  de  fait 
à  l'instar  de  nos  maires  du  palais  sous  les  rois  fainéants. 

Adhad  Eddoula  fit  revivre  un  instîint  les  beaux  jours  dos 
premiers  Abbas^ides.  Ami  des  sciences  et  des  arts,  il  protégea 
ceux  qui  les  cultivaient,  et  marqua  son  court  passage  au 
pouvoir  par  de  nombreuses  et  utiles  créations,  parmi  les- 
quelles nous  n'avons  à  signaler  que  l'hôpital  qui,  de  son  nom, 
fut  appelé  El  Adhcdy, 

Tel  fut  l'accueil  fait  à  cette  fondation  que  des  réjouissan- 
ces publiques  furent  instituées  pour  en  célébrer  l'anni- 
versaire. 

Avant  de  construire  l'édifice  on  voulut  reconnaître  l'endroit 
le  plus  salubre  de  Bagdad. 

Suivant  la  tradition  erronée  dont  nous  avons  parlé,  Razùs 
en  aurait  été  chargé  et  aurait  employé  le  moyen  suivant. 
Il  aurait  suspendu  des  morceaux  de  viande  en  divers  en- 
droits de  la  ville  et  aurait  signalé  comme  le  plus  salubre 
celui  où  la  putréfaction  se  serait  faite  le  plus  lentement. 

L'hôpital  construit,  on  y  attacha  un  personnel  de  vingt- 
quatre  médecins  dont  les  noms  nous  ont  été  en  partie  conser- 
vés. Parmi  les  plus  connus  nous  citerons  Nedhif  le  prêtre 
grec,  qui  traduisait  de  sa  langue  en  arabe  ;  Ibrahim  bcn 
Bakous,  aussi  traducteur  ;  Aboul  Hassen  ben  Kechkeraja  ; 
Abou  Iakoub  el  Ahouazy  ;  Djabril  ben  Obéïd  Allah,  de  la 
famille  des  Bakhtichou  de  Djondisabour  ;  Aboul  Hassan 
Tsabet  ben  Sinan,  petit-fils  de  Tsabet  ben  Corra  ;  Alx)u 
Mansour  Saïd  ben  Bêcher,  etc.  Ce  dernier  est  particulière- 
ment connu  par  la  révolution  qu'il  introduisit  dans  la  thi'î- 
rapeutique  et  dans  son  hôpital»  à  savoir  la  substitution  des 


502     HISTOIRE  DE  LA  MÉOSCINE  ARABE. —  LIVRE  QUATRIÈME. 

réfrigérants  aux  toniques  dans  le  traitement  de  certaines 
maladies  afférentes  aux  centres  nerveux. 

Les  malades  étaient  divisés  par  catégories  et  les  médecins 
placés  suivant  leurs  aptitudes?.  Il  y  avait  des  services  de 
fiévreux,  de  blessés  et  d'ophthalmiques.  Il  y  avait  même  des 
rebouteurs. 

Dans  le  courant  du  XI«  siècle  nous  n'avons  recueilli  les 
noms  que  de  deux  médecins  ayant  été  attachés  à  l'hôpital 
El  Adhedy.  Cependant  il  est  difficile  de  croire  que  ces  fonc- 
tions n'aient  pas  été  remplies  par  des  hommes  tels  que  Ebn 
Bothlan  et  Ebn  Djezla.  L'un  d'eux  est  Saïd  ben  Hibat  Allah 
qui  fut  aussi  attaché  à  la  personne  des  Khalifes  Moctadi  et 
Mosthader  et  qui  écrivit  plusieurs  ouvrages  de  médecine, 
dont  un,  le  Morny,  existe  à  la  Bibliothèque  de  Paris,  sous  le 
n®  1007,  anc.  fonds. 

L'autre  est  Abou  Nasr  Haroun  ben  Sad,  sabien  de  religion, 
mentionné  seulement  dans  le  Kitab  el  hokama,  comme  chef 
des  médecins  et  chef  de  l'hôpital  El  Adhedy,  et  qui  mourut 
en  1053  de  l'ère  chrétienne. 

Dans  ce  môme  siècle  nous  trouvons  cité  un  administrateur, 
le  cadi  Abderrahim  ben  Ali  el  Morzabany. 

Le  XII°  siècle  nous  donne  plusieurs  noms  :  Abou  Nar.s 
Saïd,  fils  d'El  Messihy  ;  Saïd  ben  el  Atredy  ;  Amiu  Edduula 
ebn  Ettalmid,  qui  passa  pour  le  plus  savant  médecin  de  son 
temps  et  composa  un  formulaire  auquel  dut  céder  T^incien 
formulaire  de  Sabour  ben  Sahl  ;  enfin  Ebn  el  Marystania, 
qui  écrivit  l'histoire  de  cet  hôpital. 

Le  dernier  fonctionnaire  de  l'hôpital  El  Adhedy  dont  nous 
ayons  rencontré  le  nom  n'est  pas  un  médecin,  mais  nous 
devons  le  citer  comme  une  preuve  de  la  permanence  de  cet 
établissement.  En  l'année  012,  dit  Eddeheby,  c'est-ànlire  eu 
l'année  1215  de  l'ère  chrétienne,  mourut  Ahmed  ben  Ahmed, 
économe  de  l'hôpital  El  Adhedy. 

Les  hôpitaux  de  Bagdad,  comme  ceux  de  lancienne  Grèce, 
conservaient  des  registres  d'observations.  Nous  en  avons  la 
preuve  dans  le  Recueil  d'observations  des  hôpitaux  fréquem- 
ment cité  dans  le  Continent  de  Razès.  On  y  trouve  égale- 


INSTITUTIONS   MÉDICALES   GUEZ  LES  ARABBS.  503 

ment  cité  le  Recueil  des  oculistes  de  Bagdad,  qui  Test  aussi 
dans  Sérapion. 


MEYAFARIKIN. 

La  fondation  d'un  hôpit^il  y  y  fit  dans  les  circonstances 
suivantes.  D.ins  le  courant  du  XI*  siècle,  Zaliid  cl  Clama 
prêtre  nestorien  et  médecin,  frère  du  métropolitain  de  Nisibe, 
ayant  g'uérila  fille  de  Nasser  Eddoula,  fut  largement  récom- 
pensé et  employa  l'argent  qui  lui  fut  offert  k  la  construction 
d'un  hôpital  à  Meyafarikin,  ville  de  l'Irak  arabe.  Il  y  réunit 
tous  les  instruments  et  tout  le  matériel  nécessaire  au  traite- 
mont  des  malades.  Il  écrivit  même  un  livre  sur  les  hôpitaux. 


PerEe. 

Nous  trouvons  quatre  hôpitiux  mentionnés  dans  la  Perse, 
à  Merou,  à  Uey,  à  Ispahan  et  à  Cbiraz. 

MEROU. 

Au  IX*  siècle,  Issa  bon  Massa  le  traducteur,  étiiit  attaché 
à  l'hôpital  de  Merou.  C'est  lui-même  qui  nous  l'apprend 
dans  les  quelques  fragments  de  ses  ouvrages  cités  dans  le 
Traité  des  Simples  d'Ebn  Beithar.  A  i)ropos  du  Nymphîca  et 
d'autres  médicaments,  il  nous  parle  de  l'emploi  qu'il  en  faisait 
à  son  hôpital  de  Merou  et  des  résultats  obtenus.  C'est  ainsi 
qu'il  recommande  le  Peganum  Ilarmala  contre  l'énilepsie. 


UEY 


C'ost  la  patrie  du  célèbre  Ilazès  qui  fit  le  service  de  son 
hôpital.  C'est  aussi  là  qu'il  passai  se:  dcrniern  jours. 


556  HISTOIRE  DE  LA  MÉDECIME   ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 


BEN  CHÉHID. 

Abou  Amer  Ahmed  ben  Abd  el  Malek,  vulgairement 
connu  sous  le  nom  de  Ben  Chehid^  de  Murcie,  orateur,  poète 
incomparable  et  médecin  estimé,  mourut  h  Cordoue  en  1034. 

EBN  EL  HEITSAM. 

Ebn  el  Heitsam  de  Cordoue,  médecin  très  renommé,  écri- 
vit sur  les  aliments,  les  poisons,  les  propriétés  et  la  nature 
des  simples.  Il  mourut  en  1063.  Nous  voyons  par  les  dates 
que  cet  Ebn  el  Heitsam  est  différent  de  celui  dont  nous 
avons  déjà  parlé. 

ABDALLAH   BEN  lOUNES. 

Abdallah  ben  loune^  ben  Talha  ben  Amran  né  h  Cran, 
vint  habiter  Séville.  C'était  un  habile  médecin,  tros  versé 
dans  la  science  des  nombres.  Il  mourut  eu  1037. 


HISTOIRE  DES  INSTITUTIONS  MÉDICALES 
CHEZ  LES  ARABES- 


L'histoire  de  la  Médecine  serait  incomplète  si  l'on  se 
bornait  à  la  biographie  des  hommes  qui  se  sont  distingués 
par  sa  pratique  et  son  enseignement  :  ce  n'en  est  là  qu'une 
partie. 

Il  en  est  une  autre  :  celle  des  Institutions,  qui  n'est  pas 
moins  importante  que  la  première. 

En  eflfet,  si  les  hommes  passent,  les  institutions  restent. 
Elles  accusent  le  progrès  accompli  et  assurent  le  progrès  à 
venir,  elles  fournissent  à  l'étude  des  encouragements  et  des 
aliments,  elles  protègent  la  santé  publique  et  l'exercice  ré- 
gulier de  la  profession,  elles  en  indiquent  le  caractère  et  le 
développement,  le  crédit  et  la  considération  attachés  aux 
médecins. 

Ces  institutions  apparaissent  de  bonne  heure  chez  les 
Arabes.  Inaugurées  &  Bagdad,  elles  s'établissent  partout  où 
se  répandit  l'invasion  musulmane,  avec  plus  ou  moins 
d'éclat,  mais  surtout  dans  les  grandes  cités,  sièges  de  la 
souveraineté. 

Sous  le  titre  d'institutions  médicales,  nous  comprendrons 
les  hôpitaux,  les  écoles,  les  bibliothèques,  les  inspections 
générales  de  police,  les  inspections  plus  particulièrement 
médicales,  enfin  les  fonctions,  titres  et  dignités  conférés 
aux  médecins. 

Nous  commencerons  par  Bagdad  et  nous  dirons  préalsr 
blement  quelques  mots  de  l'hôpital  de  Djondisabour,  qui 
fut  en  quelque  sorte  le  berceau  de  la  médecine  arabe. 


558  HISTOIRE  DB  lA  MÉOECIME   ABABB.  ^  LIVRE  QUATRIÈJilE. 


I.  —  Hôpitaux. 

DJONDISABOUR. 

Nous  ignorons  à  quelle  époque  remonte  la  fondation  de 
l'hôpital  de  Djondisabour,  et  de  combien  de  temps  la  précéda 
celle  de  la  célèbre  école  nestorienne.  Vers  la  fin  duVIII»  siè- 
cle il  était  en  plein  fonctionnement. 

C'est  de  Djondisabour  qu'en  l'année  765  de  Tère  chré- 
tienne, le  Khalife  el  Mansour,  atteint  de  dyspepsie,  fit  venir 
à  Bagdad,  Djordjis  ben  Djabril^  ou  autrement  Georges, 
fils  de  Gabriel.  Georges  était  à  la  fois  chef  de  l'hôpital  et 
de  l'école  de  médecine.  En  quittant  son  service,  il  en 
confia  l'intérim  à  son  fils  Bakhtichou  et  emmena  avec  lui 
son  élève  Issa  ben  Chahlata.  A  la  mort  de  Georges»  Balditi- 
chou  le  remplaça  dans  ses  fonctions. 

Voilà  donc  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit  ailleurs,  le  pre- 
mier exemple  de  la  médecine  régulièrement  pratiquée  et 
enseignée  dans  un  hôpital. 

L'hôpital  de  Djondisabour  fut  aussi  le  berceau  d'une  autre 
famille  de  médecins.  Mésué  le  père  en  fut  le  pharmacien 
pendant  quarante  ans,  avant  d'aller  se  fixer  à  Bagdad  avec 
son  fils. 

Djondisabour  ne  tarda  pas  à  tomber  dans  l'obsctiriié)  les 
Bakhtichou  s^étant  fixés  à  Bagdad  auprès  des  Khalifes.  Ce 
fut  à  Bagdad  que  se  concentra  dès  lors  le  mouvement  seien- 
tifique. 

  quelque  temps  de  là  nous  voyons  cependant  encore 
Sabour  ben  Sahl  attaché  à  Thôpital  de  Djondisabour.  Sabour 
fut  l'auteur  d'un  Formulaire,  le  premier  dont  nous  ayons 
connaissance  et  qui  fut  employé  dans  les  hôpitaux  et  les 
officines  jusqu'à  l'apparition  de  celui  d'Amin  Eddoula  ebn 
Ettalmid,  qui  le  fit  oublier. 


inSTlTUnOIVS  IIADICALES  CHXS  LBS  ARàBSS.  K)l) 


BAGDAD. 

Bafirdad  ne  tarda  pas  à  posséder  un  hôpital.  Dès  le  com- 
mencement du  IX*  siècle,  concurremment  au  travail  des 
Traductions,  nous  voyons  Jean  fils  de  Mésué  chargé  d*un 
hôpital  à  Bagdad  où  il  enseignait  la  médecine.  C'est  là  qu'ir 
compta  parmi  ses  élèves  le  célèbre  traducteur  Honein  bon 
Ishaq,  dont  il  avait  d'abord  désespéré  de  pouvoir  faire  un 
médecin. 

Cest  au  X*  siècle  que  les  hôpitaux  se  multiplièrent  dans 
la  grande  cité.  L'historien  de  la  médecine  nous  a  conservé 
de  curieux  détails  sur  leur  fondation. 

Nous  lisons  dans  la  vie  d'Âbou  Saïd  Otsman  de  Damas, 
le  traducteur,  qu'en  l'année  302  de  l'hégire  (914  de  notre 
ère),  le  vizir  Ali  ben  Issa  fondait  à  Bagdad  un  hôpital  qu'il 
dotait  de  ses  biens,  et  qu'il  en  confia  la  direction  à  Otsman 
qui  fut  en  même  temps  chargé  d'inspecter  les  autres  hôpi- 
taux de  la  ville,  ainsi  que  ceux  de  Médine  et  de  la  Mekke. 

Nous  avons  sur  ce  vixir  de  plus  amples  renseignements, 
consignés  dans  la  vie  de  Sinan,  le  fils  du  célèbre  Tsabet 
ben  Corra,  qui  paraît  avoir  remplacé  quelques  années  après 
la  date  précitée,  Âbou  Saïd  Otsman,  et  ces  renseignements 
sont  tirés  de  la  biographie  de  Sinan,  écrite  par  son  fils. 
Ces  renseignements  nous  ont  paru  si  intéressants  que  nous 
les  reproduirons  in  extenso  dans  leur  forme  originelle. 

<  Le  vizir  Ali  ben  Issa  était  chargé  de  la  surveillance  gé^ 
nérale  des  hôpitaux,  alors  que  le  service  en  avait  été  confié 
à  mon  père  par  ordre  du  EJialife  Moctader.  Une  année  les 
malades  se  multiplièrent  et  le  vizir  écrivit  à  mon  père  :  J'ai 
pensé  à  la  situation  des  troupes  et  vu  leur  nombre  et  la  na- 
ture de  leurs  habitations,  il  m'a  semblé  que  les  malades 
devaient  manquer  du  nécessaire.  Le  personnel  des  médecins 
doit  aussi  être  insuffisant.  Il  faut  que  des  médecins  leur 
soient  attachés  spécialement,  qu'ils  les  visitent  chaque  jour, 
qu'ils  les  soignent,  qu'ils  visitent  tous  les  corps  de  troupes  et 
qu*ils  leur  distribuent  des  aliments  et  des  médicaments 


508      HISTOIRE  DE  LA  MÉDECINE  ARABE.  —  LIVRE  QUATRIÈME. 

commodités  et  les  douceurs  dont  on  y  jouissait  et  qu'on  ne 
saurait  nombrer,  il  conçut  le  dessin  d'y  demeurer,  contre- 
faisant le  malade,  et  y  resta  pendant  3  jours.  Le  médecin 
étant  venu  à  lui  pour  savoir  quelle  était  sa  maladie  et  lui 
ayant  tàté  le  pouls,  reconnut  ce  qu'il  en  était  et  lui  prescri- 
vit de  prendre  ce  qui  lui  plairait  d'aliments,  de  poulets  fins, 
de  confitures,  de  sorbets  et  de  fruits  de  toute  espèce.  Trois 
jours  s'étant  écoulés,  il  lui  écrivit  une  ordonnance  dont  le 
sens  était  qu'un  hôte  ne  doit  pas  rester  chez  celui  qui  lui 
accorde  l'hospitalité  au-deli\  de  3  jours.  On  dit  que  depuis 
que  cet  hôpital  a  été  construit  le  fou  ne  s'y  est  jamais  éteint.  » 

Egypte. 

Les  institutions  médicales  en  Egypte  ont  un  certain 
caractère  qui  les  distingue  de  celles  de  Damas  et  de  Bagtlad. 

Nous  n'y  rencontrons  pas  un  aussi  grand  nombre  de  mé- 
decins éminents  chargés  du  service  des  hôpitaux,  mais  noua 
y  trouvons  davantage  de  médecins  inspecteurs  chargés  de 
la  police  de  leur  profession.  D'autre  part  un  des  hôpitaux 
du  Caire,  tardivement  fondé,  a  eu  la  bonne  fortune  de  se 
conserver  jusqu'à  nos  jours  et  même  de  rester,  aux  yeux  du 
viil^'aire,  comme  modèle  de  l'hôpital  musulman.  Son  nom 
même  a  été  considéré  comme  typique,  bien  qu'il  ne  soit  que 
la  corruption  d'un  nom  très  anciennement  et  généralement 
adopté.  Nous  voulons  parler  du  Moristan, 

Les  études  médicales  suivirent  en  Egypte  une  marche 
ascondante,  et  au  Xll°  .siècle  le  Caire  en  était  le  plus  brillant 
foyer  tlo  l'Orient. 

C'est  au  X®  siècle  que  nous  trouvons  la  première  mention 
d'un  hôpital.  A  cette  époque,  Mohammed  ben  Al)doun,  ori- 
ginaire de  l'Andalousie,  vint  passer  quelques  années  en 
Egypte  et  fut  chargé  du  service  de  l'hôpital  de  Fostath. 

Il  existait  phuûeurs  hôpitiiux  au  Caire.  L'un  d'eux  portait 
le  nom  deNacery.  Nous  n'avons  pu  jusqu'à  présent  retrouver 
la  date  de  sa  fondation,  mais  nous  connaissons  les  noms 
de  plusieur.s  des  médecins  qui  y  furent  attachés.  Comme  ils 


INSTITUTIONS  MËDÎOAIES  CHEZ  I«E8  ARAIlBS.  500 

appartiennent  à  la  fin  du  XIP  siècle  et  au  commencement 
du  XlIP,  nous  pensons  qu'il  fut  fondé  par  Saladin,  qui  lui 
aurait  donné  le  nom  de  Nacery  en  Thonneur  du  Khalife 
Ennacer  et  en  reconnaissance  de  la  confirmation  qu'il  en 
reçut  dans  la  souveraineté  de  TÉçypte  et  de  la  Syrie.  Du 
reste  Saladin  s'appelait  aussi  Malek  Ennacer,  et  dans  cer- 
taines monnaies  on  voit  réunis  les  noms  du  sultan  et  du 
Khalife,  portant  tous  les  deux  le  surnom  de  Nacer. 

Aboulfadhl  Daoud  ben  Abil  Beyân  l'Israélite  fut  attaché 
à  rhôpital  Ennoury  vers  le  commencement  du  XIII*  siècle. 
Ebn  Abi  OssaïbiïiU,Jiui  fut  aussi  chargé  de  service  dans  le 
même  hôpital,  rapporte  qu'il  put  apprécier  le  rare  mérite 
de  ce  médecin  juif,  la  sûreté  de  son  diagnostic  et  l'excel- 
lence de  sa  pratique.  Aboulfadhl  composa  un  formulaire 
traitant  des  médicaments  employés  dans  les  hôpitaux  do 
l*Égypte,  de  la  Syrie  et  de  l'Irak,  dont  l'historien  de  la  méde- 
cine fait  reloge. 

Nefis  eddin  ben  Zobéïr,  qui  fut  nommé  chef  des  médecins 
de  rÉgypte,  avait  h  l'hôpital  Ennacery  un  service  d'oph- 
thalmiques,  qui  fut  suivi  par  l'oncle  d'Ebn  AbiOssaYbiah. 

Ibrahim  ben  Heis  Moussa,  fils  du  célèbre  Maimonide,  fut 
chargé  d'un  service  dans  un  des  hôpitaux  du  Caire. 

Aboul  hedjadj  lousef,  israélite  aussi,  fut  attaché  h  un 
hôpital  en  qualité  d'oculiste.  Le  père  d'Ebn  Abi  OssaYbiah 
suivait  ses  visites,  tandis  que  son  oncle  suivait  celles  de 
Djemal  eddin.  Le  premier  fut  plus  tard  inspecteur  des  ocu- 
listes. 

Cette  multiplicité  d'oculistes  prouve  que  les  ophthalmies 
furent  de  tout  temps  endémiques  en  Egypte. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  l'hôpital  qui  a  conservé  jusqu'à 
nos  jours  le  nom  de  Moristan,  altération  de  Bimarestan,  qui 
veut  dire  hôpital  en  persan.  S'il  faut  en  croire  le  grand 
ouvrage  de  la  commission  d'Egypte,  Makrisi  rapporterait 
sa  fondation  à  la  fille  de  Moëz  Lidin  Allah,  c'est-à-dire  qu'il 
aurait  été  fondé  vers  la  fin  du  X«  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Ce  que  nous  allons  dire  de  cet  hôpital  est  tiré  du  même  ou- 
vrage et  repose  sur  la  même  autorité,  (pic  nous  regrettons 
de  n'avoir  pu  consulter. 


570  histoihg  db  la  médeoine  arabe.  —  livre  quatrième. 

Dansrorigriue  les  aliénés  seuls  y  étalent  admis,  et  pins  tard 
on  rouvrit  à  toutes  sortes  de  maladies.  Chaque  espèce  de 
maladies  avait  des  salles  particulières  et  des  médecins  spé- 
ciaux.Des  revenus  considérables  assuraient  aux  malades  un 
entretien  confortable,  et  aux  médecins  de  riches  appointe- 
ments. Des  malades  sujets  à  Tinsomnie  avaient  des  salles  à 
part  où  ils  trouvaient  des  musiciens  et  des  conteurs  pour  les 
distraire.  D'autres  distractions  étaient  données  aux  conva- 
lescents. Enfin  les  malades  g^uéris  ne  sortaient  qu'en  rece- 
vant cinq  pièces  d'or,  ce  qui  leur  permettait  de  vivre  avant 
d'être  obligés  de  se  livrer  à  un  travail  pénible. 

Le  sultan  Kalaoun  restaura  cet  hôpital  vers  la  fin  du 
XIII*  siècle  et  y  annexa  une  école  de  médecine. 

A  l'arrivée  des  Français  en  Egypte,  à  la  fin  du  XVIII*  siè- 
cle, on  comptait  encore  dans  le  Moristan,  outre  les  aliénés, 
une  cinquantaine  d'autres  malades. 

L'histoire  ne  fait  pas  mention  d'un  autre  Moristan,  dit 
M.  Jomard,  auteur  de  ce  Mémoire.  Ce  que  nous  avons  dit 
précédemment  fait  justice  de  cette  assertion,  h  moins  que 
l'on  ne  veuille  entendre  par  Moristan  un  hôpital  exclusive- 
ment réservé  h  des  aliénés. 

M.  Jomard  ajoute:  Les  gens  du  lieu  m'ont  appris  l'existence 
d'un  autre  Moristan  et  la  tradition  m'a  appris  en  outre  l'exis- 
tence d'un  hôpital  pour  les  femmes,  fondé  par  Abderrahraan 
Kikyeh. 

Outre  les  grands  hôpitaux  il  y  avait  encore  en  Egypte  de 
petits  éttiblissemcnts  hospitaliers  connus  sous  le  nom  de 
Tehyeh. 

Médine  et  la  Mekke. 

Voici  ce  qu'on  lit  d'après  M.  de  Sacy  dans  l'histoire  de  la 
Mokke  par  Cothob  eddin  el  Ilanefy  : 

En  l'année  810  de  l'hégire  (1413-14  de  notre  ère),  le  Chérif 
Hassan  rebâtit  l'hôpital  de  la  Mekke,  originairement  fondé 
parle  Khalife Mostancer (au  IX<*  siècle).  Il  le  pourvut  de  tout 
ce  qui  était  nécessaire  au  service  des  pauvres  et  des  maladie. 
Il  ordonna  que  les  pauvres  qui  voudraient  s'y  faire  traiter  y 


INSTITUTIONS  MÉDICALES  CHEZ  LES  AltADES.  571 

demeurassent  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  recouvré  la  santé  et 
que  quand  il  n'y  en  aurait  pas,  les  revenus  fussent  consacrés 
à  Tavantagre  des  pauvres  malades. 

Quant  à  l'hôpital  de  Médine,  nous  avons  déjà  vu  précé- 
demment qu'il  avait  été  placé  sous  la  surveillance  d'Abou 
Otsman  et  de  Sinan  fils  de  Tsabet,  concurremment  avec  celui 
de  la  Mekke. 

C'est  là  seule  mention  que  non?  en  ayons  rencontrée. 


Maroc. 

Léon  l'Africain  nous  apprend  qu'il  y  avait  à  Fez  des  hôpi- 
taux et  des  hospices  avec  des  salles  exclusivement  réservées 
aux  aliénés.  D'après  Casiri,  Mohammed  ben  Casscm  aurait  été 
chef  de  l'hôpital  de  Maroc  vers  le  milieu  du  XIV*  siècle 
(II,  78). 

Espagne. 

Nous  manquons  de  renseignements  sur  les  hôpitaux  de 
l'Espag'ne.  Tout  ce  que  nous  avons  pu  recueillir  se  réduit  à 
ceci:  vers  la  fin  du  XII*  siècle,  Abou  Ishaq  Ibrahim,  origi- 
naire (le  Bougie,  vint  habiter  Algésiras  et  fut  attaché  à  l'hô- 
pital de  cette  ville. 

Nous  ne  croyons  pas  cependant  que  les  Ommiades  d'Espa- 
gne^  ces  dignes  émules  des  Abbassides,  aient  oublié  les  hô- 
pitaux au  milieu  des  fondations  de  toutes  sortes  qu'ils 
multiplièrent  dans  ce  pays  de  prédilection. 

Il  existe  à  llEscurial  un  Manuscrit  coté  n*  887  (ancien 
882),  sur  le  compte  duquel  Casiri  s'est  mépris  et  qui  est  un 
curieux  échantillon  de  la  pratique  médicale  chez  les  Arabes 
d'Espagne. 

Il  ne  s'agit  pas  d'un  hôpital,  mais  de  consultations  don- 
nées à  domicile.  Casiri  n'a  fait  que  feuilleter  le  Manuscrit, 
comme  cela  lui  est  arrivé  si  souvent,  du  moins  pour  la  mé- 
decine, et  il  y  a  vu  un  manuel  d'examens  à  l'usage  des  can- 
didats au  titre  de  médecin. 


w 


56 1       UISTOIHE  DE  LA  MJ^:DECINE  ARABE    —  LIVRE  QUATRIÈME. 


ISPAHAN. 

Tout  ce  que  nous  savons  de  l'hôpital  d'Ispahan,  c'est 
qu'Ebn  cl  Mendouïh,  un  des  disciples  présumés  d'Avicenne 
et  fécond  écrivain,  adressa  une  lettre  aux  administrateurs  de 
cet  hôpital. 

CHIRAZ. 

Nous  savons  qu'il  existait  un  hôpital  àChiraz,  attendu  que 
Cothob  eddin  Chirazy,  médecin  éminent  et  commentateur 
d'Avicenne,  commença  ses  études  médicales  dans  l'hôpital 
de  cette  ville,  où  son  père  avait  un  ser\ice.  Nous  citerons 
encore  Dhya  eddin  el  Cazrouny. 

Syrie. 

Nous  connaissons  en  Syrie  trois  villes  pourvues  d'hôpital: 
Jérusalem,  Antiochc  et  Damas. 


JERUSALEM. 

Racllid  eddin  ebn  Essoury,  le  zélé  botaniste,  qui  herbori- 
sait dans  les  montagnes  du  Liban,  accompagné  d'un  peintre 
chargé  do  reproduire  les  plantes  à  leurs  divers  états  de  déve- 
lopi)cmcntet  môme  dans  leurs  différentes  parties,  fut  attaché 
à  l'hôpital  de  Jérusalem.  Il  mourut  au  milieu  du  X1II«  siècle 
de  notre  ère.  Iakoub  ben  Saclab  fut  aussi  attaché  à  l'hôpital 
de  Jérusalem. 

ANTIOCHE. 

L'existence  d'un  hôpital  à  Antioche  nous  est  révélée  par 
le  service  qu'y  fit  Ebn  Botlau,  l'auteur  du  Tacouim  cssahha, 
qui  fut  traduit  eu  latin  et  imprimé  sous  le  titre  Tacuitii^ 


INSTITUTIONS  MÉDICALES   CHEZ  LES  ARABES.  5G3 

sanitatis.  Quant  au  nom  de  l'auteur,  Aboul  Hassan  el  Mokb- 
tar,  le  traducteur  en  a  fait  Elluchasem  Elimitthar^  si  ce 
n'est  toutefois  la  faute  des  copistes  ou  des  imprimeurs. 


DAMAS. 

Nous  avons  d'amples  renseigrnements  sur  les  hôpitaux  rto 
Damas,  et  nous  connaissons  les  noms  d'un  fi-rand  nombre 
de  médecins  qui  y  pratiquèrent  ou  y  enseignt'^rent  la  méde- 
cine. 

Nous  connaissons  particulièrement  un  hôpital  h  Damas/ 
celui  qui  fut  fondé  par  le  célèbre  Noureddin,  le  Noradin  do 
nos  chroniques. 

11  paraît  toutefois  qu'il  y  eut  plusieurs  hôpitaux  h  Damas. 
Nous  croyons  en  avoir  la  preuve  dans  la  qualification  de 
Grand  Hôpital  donnée  h  celui  que  fonda  Noureddin. 

Ces  fondations  paraissent  avoir  été  l'une  de  ses  préoccu- 
pations. Nous  lisons  en  effet,  dans  l'histoire  des  Atabeks 
d'Ebn  el  Athir,  que  Noureddin  fit  construire  d'autres  hôpi- 
taux que  celui  de  Damas,  mais  que  celui-ci  fut  le  plus  consi- 
dérable. (1) 

C'est  aussi,  de  tous  les  hôpitaux  de  l'Orient,  ridui  sur 
lequel  nous  avons  le  plus  de  renseig'nements  et  nous  pou- 
vons donner  une  assez  longue  liste  des  mt'^decius  qui  y 
furent  attachés. 

Un  des  premiers  fut  Aboul  Medjed  ben  Haknm.  A  l'Issue* 
de  son  service,  Aboul  Medjed  se  rendait  dans  la  ^randiî 
cour  tendue  de  tapis,  et  y  restait  trois  heures  ii  jirofess^'r  et 
faire  des  conférences  avec  les  élèves.  C'e^t  dans  la  bio;''ra- 
phie  de  ce  médecin  qu'Ebn  Abi  (Jssaïliiah  dit  que  Nourtîd- 
din  avait  doté  cet  établissement  d'une  biblioth<*que  médicale. 

Mouhaddeb  eddin  Ennaqqach  était  suivi  de  nombreux 
élèves.  Il  fut  aussi  attaché  à  la  personne  de  Noureddin  et 
mourut  en  1178. 

Ebn  Mathran,  le  superbe  et  fastueux  mnh»cin  di»  Saladin, 

(1)  Il  fit  aufisi  construire,  dit  le  même  historieo,  (Jf»s  collé^ffs  a 
Alcp.  Hmms.  I>iiina8  ^t  milleum. 


574     UISTOIRE   DK  LA  UâOGClNB  ARABE,   --  LIVRE  QUATRIÈME. 

Les  biograplies  et  chroniqueurs  arabes  nous  donnent  fré- 
quemment la  liste  minutieuse  des  professeurs  qui  enseignè- 
rent à  tel  ou  tel  savant  l'une  des  diverses  branches  des 
connaissances  humaines.  On  trouve  particulièrement  de 
nombreux  renseignements  de  ce  genre  dans  la  chronique 
d'Eddeheby  (Bibliothèque  de  Paris,  A.  F.  N.  753). 

On  nous  dit  aussi  de  tel  médecin  qu'il  lut  sous  la  direction 
de  tel  maître  tel  ou  tel  ouvrage  fondamental,  conmie  Hippo- 
crate,  ou  Galien.  C'était  en  eflfët  une  habitude  générale  de 
prendre  un  livre  en  renom  pour  base  de  l'enseignement  et 
de  le  commenter  en  présence  des  élèves. 

Dans  cette  longue  série  de  siècles  que  vécut  la  médecine 
arabe,  les  traditions  scientifiques  forment  une  chaîne  conti- 
nue dont  nous  pouvons  suivre  les  anneaux  à  travers  les 
âges. 

Pour  la  grande  majorité  des  médecins  nous  savons  d'où 
leur  vint  la  science  et  à  qui  ils  la  transmirent. 

Ali  ben  Rodhouan  écrivit  un  livre  où  il  prétendait  qu'il 
était  plus  avantageux  d'étudier  la  médecine  dans  les  livres 
que  sous  un  maître.  Eu  cela  il  fut  contredit  par  Ebn  Botlan 
et  par  d'autres.  Ebn  Abi  Ossaïbiah,  qui  nous  rapporte  ces 
faits,  combat  aussi  l'opinion  d'Ali  ben  Rodhouan  par  de  so- 
lides raisons. 

A  une  certaine  époque  l'usag'e  s'établit  que  les  professeurs 
donnaient  aux  élèves  une  sorte  de  diplôme,  Idjàza,  qui  était 
une  garantie  d'études  complètes. 

Une  institution  religieuse,  le  pèlerinage  de  la  Mekke,  fa- 
vorisa singulièrement  la  diffusion  des  sciences  dans  le  vaste 
empire  musulman.  C'était  une  occasion  pour  les  pèlerins  de 
compléter  leurs  études,  soit  eu  achetant  des  livres,  soit  en 
écoutant  de  nouveaux  maîtres.  On  venait  du  Magreb  et  de 
l'Espagne,  de  la  haute  Asie  suivre  les  écoles  de  l'Egypte,  de 
l'Irak  et  même  de  la  Perse,  quand  un  professeur  y  était  en 
renom.  L'hospitalité  arabe  et  les  fondations  pieuses  étaient 
une  ressource  précieuse  pour  ces  voyages  scientifiques.  Nous 
connaissons  aussi  des  médecins  qui  offrirent  une  large  hos- 
pitalité à  des  savants  pauvres. 

Nous  allons  maintenant  céder  la  parole  à  l'un  des  honuaes 


INSTITUTIONS  MÉDI0ALS8  CH£Z  LBS  ARABSS.  575 

les  plus  ominents  qu'ait  produits  rislamisme,  et  nous  le  fe- 
rons d'autant  plus  volontiers  qu'il  est  un  peu  question  de 
notre  Algérie,  que  nous  avons  vue  occuper  si  peu  de  place 
dans  l'histoire  de  la  médecine  arabe. 

Voici  ce  qu'écrivait  Ebn  Khaldoun  vers  la  fin  du  XIV" 
siècle  de  notre  ère  : 

«  A  l'époque  ou  Caïroun  et  Cordoue  étaient  les  métropoles 
du  Magreb  et  de  l'Espagne,  la  civilisation  y  avait  fait  beau- 
coup de  progrès  :  les  sciences  et  les  arts  y  trouvaient  de 
grands  encouragements  et  formaient  un  océan  rempli  jus- 
qu'aux bords. 

Vers  le  milieu  du  VIP  siècle,  le  cadi  Aboulcassem  ben 
Zeitoun  quitta  l'ifriquya  pour  aller  suivre  les  cours  de 
Faklir  eddin  Errazy,  et  s'en  revint  à  Tunis.  Ebn  Choaïb, 
berbère  de  Dokkala,  en  fit  autant.  Abou  Ali  Noureddin  des 
Mechdalla,  quitta  le  pays  des  Zouaoua  et  se  rendit  en  Orient. 
A  son  retour  il  se  fixa  à  Bougie,  où  ses  disciples  conservent  en- 
core la  tradition  de  sonexcellent  système  d'enseignement.  Un 
de  sesdisciples,  AmranelMeclidally,  alla  se  fixer  àTlemcen. 

Depuis  la  ruine  de  l'enseignement  à  Cordoue  etàCaïrouan, 
Fez  et  les  autres  villes  du  Magreb  n'ont  aucun  système 
d'instruction  passable. 

La  tradition  de  l'enseignement  n'a  pas  été  interrompue  en 
Orient.  Quelques  grandes  villes  telles  que  Bagdad,  Basra  et 
Goufa,  ont  pu  tomber  en  ruines  après  avoir  été  les  dépôts 
de  toutes  les  sciences,  mais  elles  ont  été  remplacées  par 
d'autres  encore  plus  grandes,  d'où  la  science  s'est  répandue 
dans  l'Irak  persan,  de  là  dans  le  Khorassan  et  la  Transoxiane, 
puis  au  Caire  et  dans  les  pays  voisins. 

Autant  que  je  puis  en  juger,  les  sciences  ne  se  trouvent 
de  nos  jours  que  dans  le  Caire,  et  cela  parce  que  l'Egypte  a 
joui,  depuis  plusieurs  milliers  d'années,  d'une  grande  pros- 
périté et  d'une  civilisation  bien  établie.  Les  gouvernements 
des  derniers  siècles  ont  bâti  un  grand  nombre  de  collèges 
auxquels  ils  ont  assigné  des  immeubles  ouaqf.  Les  ouaqfs 
sont  très  nombreux  au  Caire  et  produisent  des  revenus 
considérables,  dont  une  partie  est  consacrée  &  l'entretien 
dea  étudiants  et  au  traitement  des  professeurs.  (De  Slane.)  > 


57u     HISTOIRE  DE  LA  MÉDKCINB  ARA.BE,  —  LIVRE  QUATRIÈME. 


m.  —  Jardin  Botanique. 

Casiri  nous  a  conservé  le  nom  d'un  botaniste  dont  mal- 
heureusement il  n'a  pu  nous  donner  l'époque. 

Mohammed  ben  Ali  ben  Farak,  surnommé  El  Chafra, 
natif  de  Corella,  était  médecin  du  prince  de  Guadix  et  renom- 
mé dans  son  art.  Il  était  particulièrement  très  instruit  en 
botanique.  Recherchant  toutes  les  plantes  rares  et  curieuses, 
voulant  les  observer  dans  leur  sol  natal  et  les  récolter  lui- 
même,  il  s'aventurait  à  travers  les  lieux  les  plus  abruptes  et 
les  contrées  les  plus  sauvages. 

Il  établit  dans  les  dépendances  du  Palais  un  jardin  bota- 
nique installé  avec  le  plus  grand  soin. 


IV.  —  Police  Médicale. 

TITRES,    DIGNITÉS    ET    FONCTIONS.    —   POSITION    SOCIALE 
DES   MÉDECINS. 

Dans  le  courant  du  IX«  siècle,  nous  voyons  bien  des  méde- 
cins occuper  à  Bagdad  une  haute  position,  notamment  les 
Bakhtichou.  Nous  voyons  encore  le  titre  de  chef  des  médecins 
conféré  par  Moutaouakkel  à  Ilonein,  et  par  Motiidhed  à 
Ghalib.  Cependant  nous  ignorons  si  ces  fonctions  compor- 
taient la  surveillance  de  la  profession  médicale,  ce  qui  nous 
paraît  vraisemblable,  ou  si  ce  n'était  qu'un  simple  titre 
honorifique. 

Quoi  qu'il*  eu  soit,  au  commencement  du  X'  siècle,  \n\ 
accident  provoqua  l'intervention  de  l'autorité.  En  l'année 
031  de  notre  ère,  un  médecin  se  trompa  et  le  malade  mourut. 

Aussitôt  le  Khalife  Moctader  publia  un  édit  interdisant  la 
pratique  de  la  médecine  à  quiconque  n'aurait  pas  été  exami- 
né par  Sinan  ben  Tsabet,  son  médecin,  fils  du  célèbre  Tsabet 
ben  Corra.  De  la  ville  de  Bagdad  et  des  environs  huit  cent 
soixante  médecins   se  présentèrent^   exclusion    fuite    des 


INSTITUTIONS  MÉDICALES  CHEZ  LES  ABABES.  577 

médecins  attachés  à  la  cour  ot  de  ceux  que  leur  capacité 
bien  reconnue  mettait  au-dessus  d'un  examen.  Quelle  que 
put  être  l'élasticité  du  titre  de  médecin,  nous  devons  cepen- 
dant nous  étonner  du  grand  nombre  d'individus  ayant  la 
prétention  de  le  porter.  Sans  doute  il  y  avait  là  bien  des  em- 
piriques, de  vulgaires  marchands  de  remèdes,  bien  des  gens 
n'ayant  que  de  faibles  attaches  &  la  révolution  scientifique 
qui  venait  de  s'opérer  à  Bagdad.  C'est  ce  que  prouve  l'anec- 
dote suivante  rapportée  parles  historiens.  Un  des  candidats 
se  présenta,  avec  des  dehors  tellement  avantageux,  que  Sinan 
ne  crut  pas  devoir  le  soumettre  aune  épreuve  et  se  contenta 
de  lui  dire  qu'il  désirait  avoir  de  lui  quelque  maxime  sur 
l'art,  qu'il  conserverait  pour  en  faire  son  profit.  A  cela  notre 
homme  répondit,  en  tirant  un  papier  contenant  de  belles 
pièces  d'or:  Comment  ferais-je  pour  écrire  ne  sachant 
même  pas  lire;  mais  j'ai  une  famille  &  nourrir  et  je  prie 
Monseigneur  de  ne  pas  lui  enlever  son  pain.  Sinan  se  mit 
à  sourire  et  lui  imposa  des  conditions  de  pratique  restreinte 
qui  furent  acceptées  avec  plaisir. 

Ce  qui  semblerait  prouver  que  les  fonctions  d'examinateur 
étaient  attachées  au  titre  de  chef  des  médecins,  c'est  qu'au 
XII'  siècle  nous  voyons  encore  à  Bagdad  Amin  Eddoula 
procéder  &  un  semblable  examen  et  même  rencontrer  un 
vieillard  qui  avait  aussi  plus  d'extérieur  que  de  science. 
Remarquons  en  passant  qu'Amin  Eddoula,  mort  en  IlOI,  en 
pleines  croisades,  tout  chrétien  qu'il  était,  n'en  fut  pas  moins 
nommé  chef  des  médecins  à  Bagdad. 

La  police  de  la  médecine  était  aussi  exercée  par  le  iMo/i- 
tasseb.  Ce  fonctionnaire  n'était  autre  chose  qu'un  Insiiectcur 
de  police,  ayant  dans  ses  attributions  la  surveillance  de  la 
profession  médicale  et  de  toutes  celles  qui  s'y  rattachaient, 
comme  celles  de  pharmacien,  de  droguiste,  de  parfumeuri 
de  ventouseur,  etc. 

Pour  de  plus  amples  renseignements  sur  cette  institution 
nous  renverrons  à  un  travail  de  longue  haleine  publié  il  y  a 
une  dizaine  d'années  dans  le  Journal  abiatiquc.  (1) 

(1)  Il  est  sculcmcDt  à  regretter  que  l'auteur  n*ait  pas  mieux  connu 
le  froDrais. 

37 


578     UISTOIBB  DB  LA  MâoSCllYB  ARABE. —  UYIIB  QUATRIÈME. 

Le  Mohtasseb  se  rencontrait  aussi  en  Espagne,  et  même 
le  mot  est  resté  dans  la  langue  espag^nole. 

Les  fonctions  de  chef  des  médecins  et  d'inspecteur  ne 
furent  pas  seulement  instituées  et  Bagdad,  mais  aussi  en 
Syrie  et  en  Egypte. 

Nous  en  trouvons  deux  cas  à  Damas  :  Mohaddeb  eddin  ebn 
Dakhouar,  et  Sadid  eddin  ebn  Refiqua. 

Nous  en  trouvons  davantage  en  Egypte. 

Le  premier  médecin  en  chef  fut  un  chrétien,  Ibrahim  ben 
Nestas,  et  cette  fonction  lui  fut  confiée  par  le  Khalife  El 
Hakem  d'étrange  mémoire. 

Dans  le  XI*  siècle  Âli  ben  Rodhouan  fut  nommé  chef  des 
médecins  d'Egypte. 

Au  siècle  suivant  nous  trouvons  Sadid  eddin  dont  le  titre 
de  Reis  el  Âthibba  resta  désormais  inséparable  de  son  nom. 

Au  XIII*  siècle,  ce  furent  Nefis  eddin  ben  Zobeïr  et  Djemal 
eddin  ben  Otsman. 

Le  célèbre  Ebn  Beithar  fut  à  la  même  époque  nommé  ins- 
pecteur des  droguistes  et  des  herboristes. 

Enfin  le  père  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  fut  nommé  inspecteur 
des  oculistes. 

Plusieurs  médecins  furent  investis  de  la  dignité  de  vizir. 
Pour  quelques-uns  ce  fut  peut-être  un  titre  honorifique,  à 
l'instar  de  ce  qui  s'est  fait  de  nos  jours  en  Egypte  pour  le 
titre  de  Bey  :  du  moins  nous  ignorons  jusqu'à  quel  point  le 
titre  impliqua  la  fonction  et  s'ils  se  bornaient  à  ce  qui  concer- 
ne la  profession  médicale.  Pour  un  certain  nombre  ce  fut 
bien  positivement  une  fonction  politique. 

Nous  savons  que  l'illustre  Avicenne  fut  malheureux  dans 
son  vizirat,  qu'il  mécontenta  les  soldats  et  qu'il  dut  se  cacher 
pour  échapper  h  leurs  violences. 

Plus  malheureux  encore  fut  Rachid  eddin,  l'historien  des 
Mongols,  vizir  de  Gazan  Khan  et  d'Oldjaïtou,  dont  nous 
n'avons  pas  h  retracer  ici  la  mort  violente,  mais  dont  nous 
parlerons  bientôt  comme  bibliophile. 

En  Syrie  la  dignité  de  vizir  fut  conférée  à  Nedjem  eddin 
lahya  ben  el  Loboudy,  h  l'israëlite  Mohaddeb  cddiu  Ësda- 


INSTITUTIONS     MÉDICALES    CBEZ  LES   ARABES.  570 

miry,  pour  qui  ce  ne  fut  pas  une  sinécure,  ainsi  qu*ii  son 
neveu  Fakhr  eddin  ben  Essaaty. 

Dans  rirak  Aboulfaradj  ben  Tourna,  chrétien,  fut  élevé  à  la 
diffnité  de  vizir. 

En  Espagne  nous  avons  recueilli  les  noms  d'Iahya,  do 
Khasdaï,  d'Ebn  Guéfith  et  d'Ebn  Tophaïl  le  célèbre  auteur 
du  Hay  el  laqdan  publié  par  Pococke  sous  le  titre  de  Phî- 
losophus  autodidactus.  Enfin  nous  trouvons  aussi  le  titre  de 
vizir  accolé  au  nom  d'Avenzoar. 

Un  grand  nombre  de  médecins  furent  attachés  à  la  per- 
sonne des  souverains  des  diverses  dynasties  musulmanes.  Il 
serait  par  trop  long  et  fastidieux  d'en  donner  la  liste,  car  il 
faudrait  y  inscrire  les  noms  de  presque  tous  les  médecins 
éminentset  une  foule  d'individualités  d'un  ordre  secondaire. 
Il  est  cependant  un  fait  que  nous  devons  mettre  en  lumière. 

Les  premiers  Abbassides  avaient  confié  généreusement 
leur  personne  et  leur  éducation  scientifique  à  leurs  sujets 
chrétiens,  malgré  les  protestations  de  quelques  zélés  musul- 
mans qui  voyaient  là  un  danger  pour  l'islamisme. 

Leurs  successeurs  ne  se  départirent  jamais  de  ces  tradi- 
tions. En  Egypte  l'imbécile  Hakem,  qui  voulait  se  faire 
passer  pour  un  Dieu,  n'en  avait  pas  moins  h  son  service  des 
médecins  chrétiens.  Les  croisades  elles-mêmes  ne  purent 
eflEacer  le  souvenir  de  ce  neuvième  siècle,  le  siècle  d'El 
Màmoun,  où  chrétiens  et  musulmans  avaient  en  commun 
dépensé  tant  d'eflForts  pour  conquérir  la  science  grecque. 
Nous  connaissons  une  quinzaine  de  médecins  attachés  au 
service  de  Saladin  :  les  deux  tiers  sont  des  juifs  ou  des 
clirétiens. 

Les  successeurs  de  Saladin  n'agiront  pas  autrement. 
Malek  el  Mouadhcm  avait  à  son  6er\  ice  et  emmenait  dans 
ses  expéditions  le  médecin  chrétien  lakoub  ben  Saclab,  cet 
homme  d'une  mémoire  extraordinaire,  qui  lisait  Galien  dans 
le  texte  et  récitait  ses  commentaires  sur  Hippocrate  comme 
s'il  eftt  eu  le  livre  sous  les  yeux.  L'historien  de  la  médecine 
Ebn  Abi  Ossaïbiah  fit  une  campagne  avec  lui. 

L'histoire  de  la  médecine  arabe  est  remplie  de  faits  qui 
attestent  d'une  part  la  tolérance  des  vainqueurs  et  de  l'autre 


580     HISTOIRE  DE  LA  KIÉOKCINE  ARABE.  —  LIVRE   QUATRILilE. 

la  considération  qu'ils  portaient  à  la  profession  médicale. 
Cette  considération,  légitimée  par  de  longs  services,  fut  telle 
que  certains  médecins  en  abusèrent.  On  connaît  l'histoire 
de  Gabriel  fils  de  Bakhtichou.  Nous  rappellerons  le  cas  d'Ebn 
Mathran,  médecin  de  Saladin,  chrétien  d'abord  et  converti 
plus  tard  h  l'islamisme.  C'était  un  homme  intelligent  et  ins- 
truit, mais  égoïste,  aimant  le  faste  et  rempli  d'orgueil.  Un 
jour  un  autre  médecin  chrétien,  pareillement  attaché  à  la 
personne  du  Sultan,  Aboulfaradj,  vint  trouver  Saladin  et 
lui  exposa  qu'ayant  des  filles  à  marier,  il  était  embarrassé 
pour  leur  faire  un  trousseau.  Saladin  lui  répondit  qu'il  ait  à 
lui  présenter  une  note  de  ce  qui  lui  était  nécessaire.  Elle  se 
montait  h  une  valeur  de  trente  mille  drachmes,  et  Saladin 
donna  l'ordre  d'acheter  le  tout.  Ebn  Mathran  le  sut  et  dès 
lors  fit  à  Saladin  de  plus  rares  visites.  Saladin  comprit  la 
jalousie  et  fit  délivrer  à  Ebn  Mathran  l'équivalent  du  cadeau 
fait  h  Aboulfaradj. 

On  vit  aussi  parmi  les  médecins  arabes  quelques  actes 
d'intolérance.  Nous  avons  déjà  parlé  de  Hibat  Allah  refu- 
sant l'entrée  de  son  école  au  juif  Aboul  Barakat.  Il  eut  un 
imitateur  dans  Radhy  eddin  Errahaby  qui  ne  voulait  pas 
admettre  de  Zimmi  parmi  ses  élèves.  Il  ne  dérogea  que  pour 
deux  dont  un  fut  Omran  el  Israïly.  Mais  il  faut  dire  que 
Radhy  eddin  était  un  original  dont  les  singularités  ont  été 
signalées  par  les  biographes.  C'est  ainsi  qu'il  refusait  d'aller 
visiter  les  malades  chez  lesquels  il  fallait  monter  des  esca- 
liers, disant  que  les  escaliers  étaient  la  scie  de  l'existence. 

Nous  avons  déjà  cité  plus  d'un  médecin  qui  refusèrent  de 
s'astreindre  au  service  exclusif  d'un  souverain.  C'est  ainsi 
qu'Omran  el  Israïly  refusa,  nonobstant  l'oflFre  d'une  pension 
mensuelle  de  1500  drachmes. 

Jamais  les  médecins  ne  furent  aussi  magnifiquement 
récompensés  que  par  les  princes  musulmans,  suivant  en 
cela  l'exemple  qui  leur  avait  été  donné  par  les  premier^ 
Abbassidcs. 

La  famille  dos  Bakhtichou  fut  comblée  de  largesses  par 
Mansour,  Ilaroun  et  Màmoun.  Djabril  ben  Bakhtichou  fut 
le  plus  opulent  de  tous.  11  tint  compte  de  toutes  les  sommes 


INSTITUTIONS  MÉDICALES   CHEZ  LES  AH\nn.S.  581 

(l'argent  et  do  tous  les  cadeaux  qu'il  avait  reçus  et  leur 
ensemble  s'élevait  à  la  somme  fabuleuse  de  quatre-vingt-dix 
millions  de  drachmes  :  on  nous  en  a  conservé  le  détail. 

C'est  a  propos  de  ces  largesses,  que  Freind,  qui  no  connut 
guère  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah  que  ses  notices  sur  les  Bakhti- 
chou,  s'est  avisé  de  dire  qu'il  n'y  avait  d'autres  renseigne- 
ments à  tirer  de  cet  historien  sur  les  médecins  arabes  que  la 
générosité  des  Khalifes  à  leur  égard. 

Quand  une  cure  inespérée  se  faisait  dans  une  famille 
régnante,  c'était  un  assaut  de  libéralités  entre  tous  les 
membres  et  les  libéralités  ne  faisaient  aucune  acception  de 
croyance. 

A  la  médecine  revient  l'honneur  d'avoir  rendu  possible  en 
Orient  l'harmonie  entre  les  vainqueurs  et  les  vaincus,  en  en- 
chaînant les  premiers  par  la  reconnaissance,  en  créant  pour 
les  uns  et  les  autres  un  terrain  neutre,  celui  de  la  science  où 
s'arrêtaient  les  antipathies  de  races  et  de  religion,  terrain 
sur  lequel  l'Europe  en  proie  à  la  barbarie  ne  se  présenta  que 
trop  tard. 

Mais  c'est  aussi  un  honneur  pour  les  Arabes  de  n'avoir 
pas  oublié  ce  qu'ils  devaient  aux  chrétiens,  quand  ils  les 
eurent  dépassés  dans  les  voies  de  la  science,  de  leur  avoir 
accordé  leur  confiance  même  à  l'époque  des  croisades. 

Alors  que  les  croisés  entraient  dans  Jérusalem,  les  porte» 
de  Tolède  récemment  conquise,  s'ouvraient  à  Gérard  de 
Crémone  et  à  toute  une  légion  de  savants  qui  s'en  allaient 
demander  à  rétranger  les  moyens  d'étude  qu'ils  ne  pouvaient 
trouver  dans  leur  patrie. 

Les  Arabes  d'Espagne  payèrent  aux  catholiques  d'Europe 
la  dette  que  leurs  ancêtres  avaient  contractée  envers  les 
Nestorieus  d'Asie.  La  scolastique  fit  dès  lors  une  connais- 
sance complète  avec  Aristote,  et  la  médecine  reçut  en  même 
temps  qu'Hippocrate  et  Galien,  Razès,  Aviccnne,  Ali  ben 
el  Abbas,  Abulcasis,  etc. 

Avant  de  quitter  le  terrain  des  religions,  nous  dirons  un 
mot  des  quelques  médecins  qui  passèrent  de  l'uue  à  l'autre. 
Nous  connaissons  une  vingtaine  de  médecins  ou  de  fils  de 


58â    HISTQIRB  DS  LA  MtolSOlNB  ARABE.  —  LIVBB  QUAT&1ÉM£. 

médecins  qui  se  firent  musulmans.  Les  deux  tiers  étaient 
des  Juifs,  ce  qui  ne  doit  pas  nous  étonner. 

La  position  des  Juifs,  malgré  la  tolérance  musulmane, 
était  inférieure  à  celle  des  chrétiens.  Les  Arabes  n'avaient 
pas  les  mômes  raisons  de  les  ménag^er,  et  puis  lis  ne  pou- 
vaient oublier  le  poison  deKhaibar.  Les  Juifs  gagnaientdonc 
matériellement  ètse  convertir.  Maisne  pourrait-on  pas  admet- 
tre aussi  qu'ils  furent  frappés  de  la  supériorité  du  dogme  mu- 
sulman sur  le  dogme  mosaïque,  où  les  questions  vitales  de 
toutes  les  religions  même  les  plus  grossières,  sont  passées 
sous  silence,  telles  que  l'immortalité  de  Tftme,  la  vie  future, 
le  paradis  et  l'enfer.  Ces  lacunes  du  Pentateuque  et  son 
caractère  matérialiste  ont  été  relevés  par  les  écrivains 
musulmans:  on  peut  lire  à  ce  propos  un  passage  d'Âboulféda. 

La  position  des  chrétiens  était  différente.  Us  pouvaient  en 
changeant  de  religion  trouver  une  conception  supérieure  de 
la  Divinité  plus  en  rapport  avec  leurs  instinct  de  race,  (1) 
mais  c'était  une  compensation  insuffisante,  la  conception  de 
Dieu  et  de  son  unité  pouvant  s'allier  &  un  système  religieux 
incomplet  et  défectueux,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  pour  le 
Mosaïsme  (2)  :  aussi  peu  de  médecins  chrétiens  se  firent-ils 
musulmans. 

Les  Juifs  ne  furent  inquiétés  pour  leurs  croyances  qu'en 
Espagne,  et  encore  les  persécuteurs  étaient-ils  des  Berbères. 
Le  Languedoc  et  l'Egypte  recueillirent  les  proscrits  et 
bénéficièrent  de  leur  science.  Parmi  ces  derniers  comptait 
l'illustre  Maimonide.  Saladin  avait  plusieurs  médecins  juifs 
à  son  service. 

Un  fait  curieux  à  noter,  c'est  que  la  plupart  de  ces  rené- 
gats payaient  leur  bienvenue  chez  les  musulmans  par  une 
réfutation  de  la  religion  qu'ils  avaient  abandonnée.  C'est  ce 
que  fit  Ebn  Djezla,  l'auteur  du  Tacouïm  el  Abdan,  imprimé 
en  traduction  latine  sous  le  titre  de  Tacuini  œgritudinum. 

(1)  Les  Nestoriens  se  refusaient  à  donner  à  Marie  le  titre  de 
Mère  de  Dieu.  Nous  trouvons  parmi  les  ouvrages  d'Aboulfaradj 
ebn  Thaïeb celui-ci  :  A  ceux  qui  disent  que  Marie  est  mère  de  Dieu. 

(3)  On  peut  en  dire  autant  de  l'Islamisme^  dans  une  moindre 
mesure. 


INSTITUTIONS  MEDICALKS  CHBZ  LES   ARABES.  r>8:i 


V.  —  Les  Bibliothèques. 

Nous  ne  voulons  pas  refaire,  après  Etienne  Quatremèro, 
l'histoire  des  bibliothèques  et  du  s*oilt  des  livres  cliez  les 
Arabes.  Nous  nous  bornerons  à  quelques  emprunts  et  nous 
ajouterons  des  faits  nouveaux  tirés  de  notre  histoire  do  la 
médecine  arabe. 

Avant  même  la  gprande  initiation  des  Arabes  k  la  science 
ffrecque,  le  fcoftt  des  livres  s'était  déjà  répandu  chez  eux. 
Nous  en  avons  la  preuve  dans  ce  que  nous  savons  de  Khaled 
ben  lézid,  qui  dès  le  VII°  siècle  de  notre  ère  faisait  traduire 
du  grec  en  arabe,  de  Djafar  Essadiq  et  surtout  de  Géber. 
Jusqu'alors  les  Arabes  n'embrassèrent  de  la  science  que  le 
côté  merveilleux.  Cependant  Géber  ne  resta  pas  exclusive- 
ment sur  ce  terrain  qui  est  en  quelque  sorte  resté  son 
domaine.  Nous  trouvons  dans  le  Fihrist  une  liste  nombreuse 
de  plus  de  deux  cents  ouvrages  de  Géber  et  l'auteur  nous 
avoue  qu'il  n'a  consigné  que  ceux  qu'il  avait  vus  ou  qui  lui 
ont  été  signalés  par  des  personnes  dignes  de  foi.  Il  en  donne 
cependant  quelques-uns  d'après  les  écrits  de  Géber,  lui- 
même.  Dans  cette  foule  d'ouvrages  il  n'est  pas  seulement 
question  du  Grand  Art,  mais  aussi  d'histoire  naturelle,  de 
médecine,  de  philosophie,  etc.  Tant  d'écrits  accusent  des 
lectures  étendues  et  variées,  et  partant  une  riche  biblio- 
thèque. 

Toutefois  le  goftt  des  livres  ne  devint  général  qu'avec  le 
IX*  siècle  qui  laissa  chez  les  Ara1)cs  un  ferment  scientifique 
d'une  incomparable  activité.  Dans  toutes  les  parties  du  vaste 
empire  musulman,  nous  voyons  apparaître  des  bibliothèriues 
publiques  et  privées. 

Dans  la  seconde  moitié  du  IX*  siècle,  Mostancer  faisait 
construire  un  collège  qui  porta  son  nom  et  qui  iK)ssédait  une 
bibliothèque  de  80,000  volumes.  ^ 

Les  Fathmides  construiront  au  Caire  une  bibliothèque  où 
18  chambres  étaient  remplies  de  livres.  Celle  du  Palais  en 
contenait  2,000,000. 


i 


584    HISTOIUE   DE   L\  MÉDKOTNR  ARABE.  —  LIVRE  QUATRlJ-iME. 

La  Bibliotlièque  de  Tripoli,  qui  fut  brûlée  par  les  Francs, 
ne  contenait  pas  moins,  dit-on,  de  trois  millions  de  volumes. 

Au  milieu  du  XIP  siècle,  dans  une  émeute,  cinq  bibliothè- 
ques brûlèrent  h  Nichabour. 

Un  siècle  plus  tard  le  Hafside  Abou  Zacharya  laissait  à 
Tunis  une  bibliothèque  de  36,000  volumes. 

Nous  savons  par  Léon  TAfricain  que  les  livres  abondaient 
jadis  à  Maroc  et  à  Fez. 

L'Espagne  fut  aussi  passionnée  pour  les  livres.  Casiri 
mentionne  soixante-dix  villes  pourvues  de  Bibliothèques. 
Celle  de  Cordoue  comptait  600,000  volumes  et  son  catalogue 
seul  40. 

Ces  renseignements,  que  nous  aurions  pu  multiplier,  sont 
presque  tous  empruntés  au  travail  de  Quatremère. 

Nous  allons  parler  des  bibliothèques  privées  des  médecins, 
d'après  les  documents  qui  nous  ont  servi  h  composer  leur 
histoire.  A  part  ceux  relatifs  h  Rachid  eddin  et  k  l'auteur 
du  Kitab  el  hokama,  ils  sont  tirés  d'Ebn  Abi  Ossaïbiah 
c'est-à-dire  qu'ils  sont  inédits  et  inconnus  à  Quatremère. 

Ebn  Djez25àr,  l'auteur  du  Viatique,  laissa  à  sa  mort  à 
Caïrouan  une  bibliothèque  du  poids  de  vingt-cinq  quintaux. 

Amin  Eddoula  ebn  Ettalmid,  chef  des  médecins  k  Bagdad, 
en  laissa  une  considérable,  que  Ton  nous  a  de  même  esti- 
mée par  son  poids. 

Le  goût  des  livres  fut  très-vif  en  Egypte,  cette  patrie  du 
papyrus. 

Dans  le  courant  du  XI«  siècle,  l'émir  Mobacher  ben  Fateq 
versé  dans  toutes  les  sciences  et  même  dans  la  médecine, 
était  un  grand  amateur  de  livres.  Il  vivait  presque  cons- 
tamment au  milieu  d'eux,  mais  on  ne  nous  en  a  pas  donné 
le  chiffre.  A  la  mort  de  l'émir,  sa  veuve  qui  avait  sur  le 
cœur  les  moments  que  ces  livres  lui  avaient  fait  perdre,  les 
jeta  dans  un  grand  bassin,  d'où  quelques-uns  furent  retirés 
mais  endommagés  :  c'était  à  ces  mouillures  que  l'on  recon- 
naissait leur  prove^^ance. 

A  la  même  époque  le  médecin  juif  Afratsim  entretenait 
chez  lui  des  ateliers  de  copistes  et  de  relieurs.  11  vendit  un 
jour  dix  mille  volumes  à  un  habit-.uit  do  l'Irak,  vouto  qui 


INSTlTCTlONà   MÉDICALES   CUtZ   LES    ARABES.  IS'} 

fut  rétrocédée  au  bénéfice  de  l'Etat,  et  n'eu  laissa  pas  inoius 
ving-t  mille  h  sa  mort. 

Un  autre  médecin  juif,  Omran  el  Israïly,  recueillit  une 
bibliothèque  qui  passait  pour  une  merveille. 

Ebn  Mathran  avait  la  passion  des  livres.  Il  entretenait 
trois  copistes,  continuellement  occupés.  Le  nom  de  l'un 
d'eux  nous  a  été  conservé,  Djemal  eddin. 

Aboul  Modhaflfer  ben  Mouarref  ne  se  contentait  pas  d'avoir 
une  riche  bibliothèque  et  d'y  passer  la  plus  grande  partie 
de  son  existence  :  tous  ses  ouvrages  portaient  des  épigraphes 
écrits  de  sa  main  et  relatifs  aux  matières  dont  ils  traitaient. 

L'homme  qui  dépensa  le  plus  pour  les  livres  fut  liachid 
eddin,  l'historien  des  Mongols,  attaché  à  la  personne  de 
(iazan  Khan  en  qualité  de  médecin  et  de  ministre.  Il  ne 
dépensa  pas  moins  de  00,000  dinars  ;^KX),000  francs)  pour  la 
transcription  des  ouvrages  qu'il  composa,  pour  les  vignettes 
et  les  cartes  qui  les  accompagnaient.  Il  déposa  un  exem- 
plaire en  grand  format  de  ses  ouvrages  dans  l'édifice  affecté 
à  sa  sépulture.  Avec  les  revenus  attachés  à  la  fondation,  on 
devait  en  faire  des  copies  sur  grand  papier  de  Bagdad  et  en 
envoyer  aux  grandes  villes  de  l'Asie. 

Un  vrai  bibliomane  fut  l'auteur  du  Kitab  el  hokama, 
Djemal  eddin  el  Kofty,  auquel  nous  devons  tant  et  de  si 
précieux  renseignements  sur  les  savants  tant  anciens  que 
modernes.  Les  livres  étaient  son  unique  passion  et  il  vivait 
au  milieu  d'eux  dans  le  célibat.  Il  en  recrutait  de  tous  les 
pays.  A  sa  mort  il  légua  au  prince  de  Ilaleb  (M.  Quatremère 
dit  de  Damas)  sa  bibliothèque,  estimée  cinquante  mille 
dinars,  c'est-à-dire  six  cent  mille  franc:^  On  raconte  do 
Djemal  eddin  des  choses  extraordinaires. 

Il  lui  tomba  un  jour  entre  les  mains  une  excellente  copie 
du  livre  des  Généalogies  d'K.ssafady,  mais  il  y  manquait  un 
volume.  Il  courut  aussitôt  à  sa  recherche.  Quelqu'un  lui  dit 
en  avoir  vu  quelques  j)ages  sur  le  marché  des  bonnetiers. 
Il  sy  rendit.  L'ouvrier  lui  avoua  qu'il  eti  avait  pos.sédé 
quelques  feuilles,  mais  qu'il  en  avait  fait  dcîs  formes.  Dje- 
mal eddin  fut  attéré.  Pendant  plusieurs  jours  il  cessa  de  8e 
rendre  au  palais  comme  il  en  avait  l'habitude,  et  il  prit  lo 


586     HlSTÛIttB  DE  LÀ   MÉDECINE  ARABE.   —  LIVRE  QUATRIÈME. 

deuil  de  ce  livre,  comme  on  le  fait  pour  un  homme  décédé, 
et  les  principaux  habitants  de  la  ville  vinrent  lui  faire  des 
visites  de  condoléance. 

Les  Arabes  n'eurent  pas  seulement  des  bibliothèques,  ils 
eurent  aussi  des  bibliog^raphes,  ainsi  pour  ne  citer  que  les 
plus  éminents:  Mohammed  ben  Ishaq  Ennedim,  l'auteur  du 
Fihrist,  et  Hadji  Khalfa,  récemment  édité  par  Fluegel. 

Bien  que  les  historiens  ne  parlent  pas  de  la  bibliothèque 
de  Mohammed  ben  Ishaq,  il  faut  qu'elle  ait  été  bien  riche, 
tant  son  livre  abonde  en  documents  bibliographiques  aussi 
sûrs  que  variés.  Le  Fihrist,  écrit  au  X*  siècle,  atteste  deux 
choses  :  la  connaissance  intime  que  les  Arabes  avaient  déjà 
faite  avec  les  savants  de  la  Grèce  et  le  grand  nombre  d'é- 
crivains qui  avaient  déjà  marché  sur  leurs  traces. 

Quant  au  Dictionnaire  encyclopédique  de  Hadji  Khalfa, 
nous  nous  bornerons  à  rappeler  qu'il  ne  contient  pas  moins 
de  vingt  mille  articles. 

C'est  ainsi  que  l'Orient  précéda  de  plusieurs  siècles  l'Eu- 
rope dans  la  voie  de  la  bibliographie. 

Nous  avons  encore  d'autres  preuves  de  l'abondance  des 
livres  en  Orient,  ce  sont  malgré  les  désastres  que  subirent 
les  bibliothèques  par  le  fait  des  guerres  et  du  fanatisme,  la 
grande  quantité  qui  s'en  est  exporté  en  Europe  et  la  quan- 
tité remarquable  aussi  qui  en  reste  dans  les  grandes  villes 
musulmanes.  V.  H.  Khalfa,  éd.  Fluegel,  VIP  Tome. 

Aux  faits  que  nous  avons  déjà  produits  nous  en  ajouterons 
quelques  autres. 

Une  horde  de  Berbères  Louata  surprit  en  Egypteun  convoi 
de  livres,  le  pilla  pour  ses  riches  reliures  et  jeta  le  reste  en 
si  grande  quantité  qu'il  s'en  forma  deux  buttes  qui  furent 
dites  les  Collines  des  Livres, 

Il  y  eut  aussi  des  auto-da-fé  de  livres,  mais  du  moins  on 
respecta  les  auteurs.  lousef  Essebty  raconte  que  vers  la  fin 
du  XII«  siècle  de  notre  ère,  il  vit  à  Bagdad  brdler  eu  i)lace 
publique  les  livres  dWbJessalem  par  les  soins  d*Ebn  el 
Marestanya.  On  jeta  dans  le  feu  des  ouvrages  d'astronomie 
d'Ebn  el  Heitam.  Et  cependant,  dit  Essebty,  l'astronomie  loin 
de  conduire  à  Timpiété  conduit  à  la  foi. 


INSTITUTIONS   MÉDICALES   CHEZ   LEH  AUA.UL.S.  Ô87 

Les  mêmes  faits  se  produisent  en  Espagne.  L*Almoliade 
lousef  el  Mansour  voulut  faire  disparaître  les  ouvrages  de 
pliilosophie.  El  Hafidh,  le  fils  du  grand  Avenzoar  eut  seul 
le  droit  d*en  conserver,  mais  avec  la  charge  de  les  confis- 
quer là  oii  il  les  trouverait.  Les  ennemis  d'El  Hafidh  l'accu- 
sèrent de  faire  de  ces  livres  une  lecture  assidue.  El  Mansour 
fit  saisir  et  emprisonner  Tauteur  de  la  dénonciation,  et  dé- 
clara que  quand  même  toute  l'Espagne  témoignerait  contre 
El  Hafidh,  il  n'en  croirait  rien. 

Mais  ce  fut  bien  pis  lors  de  la  conquête  espagnole.  Conde 
estime  à  un  million  le  nombre  des  livres  brAlés.  Ximenèsj 
dit  son  historien  Fléchier,  brûla  de  sa  main  plus  de  cinq 
mille  exemplaires  du  Coran,  sans  épargner  les  enluminures, 
ni  les  riches  reliures  d'or  et  d'argent.  (1)  Il  fallait  que  l'Es- 
pagne capturât  des  vaisseaux  chargés  de  livres  iwur  avoir 
cette  riche  collection,  dont  Casiri  a  dressé  le  catalogue. 

(1)  C'est  aussi  le  momout  de  s'ôcrior  comme  Djcmal  cddîn  à  pro- 
pos de  la  Bibliothèque  d'Alexandrie:  l^icoiitez  et  sovcz  stupéfaits  I 
Ce  vandalisme  a  rég^né  longtemps  en  Espagne.  Nous  avons  observé 
À  TEseurial  bien  des  inanuserits  où  l'invocation  à  Mahomet  est 
biffée  ou  raturée. 

On  lit  à  la  tin  du  u**  B33  de  l'Escurial:  Co  livre  n'est  bon  à  rien, 
])arcc  qu'il  parle  beaucoup  do  Mahomet. 


UN    1»L    rKKMIEK   VuLlMli. 


DU    PREMIER   VOLUME 


Avamt-Propos I 

Livre   Premier.  —   Do  la   Médecine  arabe  jusqu'à  la  chute 
des  Omniiades  : 

Liste  des  Médecins 17 

Livre  Deuxième. —  Neuvième  Siècle  ou  Siècle  des  Traductions  : 

Liste  des  Médecins,  des  Traducteurs  et  des  Auteurs  traduits.  s7 

Introduction '.»1 

Epilogue J'-Ji 

Livre  Troisième.  —  Dixième  Siècle: 

Liste  des  Médecins .... :i'2^ 

Revue  sommaire  du  Di.vicmc  Sieelc» 331 

LivRK  QuATRiKME.  —  Ouzlème  Siècle: 

Liste  des  Médeciurj jV.» 

Revue  Soiumnirc  du  OiizicMuo  iSiècIo \*\\ 

llifatoirc  des  lutititutious  médicales  clicz  le.»  Arabcj o'-u 


AVIS.—  Le  lIuTiKMH  Livi.K,  contenant  rilittuire  des  Traducli'Mis 
Arabes  et  Latines,  terminera  le  II'"  Volume. 


OMttu.uo.Nr  {'*i^y:).  —  iMrkiMKiusA.  daix,  nuis  bK  condl,  27. 


u  3  3  B    u  2  '^/ 


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